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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames, messieurs, la commission élue permanente de
l'éducation reprend ses travaux. Je vous rappelle immédiatement
le mandat de cette commission qui est d'entendre toute personne ou tout groupe
qui désire intervenir sur le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire public.
Les membres de la commission sont: M. Brouillet (Chauveau), M.
Paré (Shefford), M. Maltais (Saguenay), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Hains (Saint-Henri), M. Laurin
(Bourget), M. Leduc (Fabre), M. LeMay (Gaspé), M. Payne (Vachon) et M.
Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), Mme Juneau
(Johnson), M. French (Westmount), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Gauthier (Roberval), Mme Harel (Maisonneuve), M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
Fréchette (Sherbrooke), M. Rochefort (Gouin) et M. Saintonge
(Laprairie).
Aujourd'hui, nous entendrons, à compter de 10 heures,
l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue Inc. et,
ensuite, le Comité multi-agents des commissions scolaires du territoire
Grand-Portage. À compter de 15 heures, les commissions scolaires de
l'Asbesterie, Coaticook, Lac-Mégantic, La Sapinière, Magog et le
comité exécutif de la commission scolaire régionale de
l'Estrie et, ensuite, la Maison internationale de la rive sud.
Donc, sans plus tarder, étant donné que nos premiers
invités sont déjà installés à notre table
d'invités, je les invite donc, d'abord, à s'identifier et,
ensuite, à nous présenter, comme c'est l'habitude, le contenu de
leur mémoire en une vingtaine de minutes.
Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue Inc.
Mme Labelle (Noëlla): M. le Président, mesdames et
messieurs de la commission parlementaire, à titre de présidente
de l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue Inc. -
je dirai ACSAT pour aller plus vite - et de commissaire à la commission
scolaire de Val-d'Or, il me fait plaisir de vous présenter, à mon
extrême droite, M. Jean-Paul Rouleau, président de la commission
scolaire de Lebel-sur-Quévillon et membre du conseil de l'ACSAT, Mme
Nicole Pagé-Simard, commissaire à la commission scolaire de
Chapais-Chibougamau et membre du conseil d'administration de l'ACSAT, M.
Jacques Lafrenière, président de la commission scolaire
Rouyn-Noranda et vice-président de l'ACSAT; à mon extrême
gauche, M. Guy Bellehumeur, président de la commission scolaire d'Amos,
président de la commission scolaire régionale Harricana et membre
du conseil d'administration de l'ACSAT, M. Jacquelin Bergeron, directeur
général de la commission scolaire Lac-Témiscamingue.
La fondation de l'Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue Inc. date de 1952. Elle est constituée de
douze commissions scolaires du territoire. Je vous fais grâce de la
nomenclature étant donné que vous avez le dossier. Le territoire
géographique de l'association correspond exactement à celui de la
région administrative no 8, exception faite des territoires appartenant
aux commissions scolaires Crie, Kativik et Nouveau-Québec. L'association
a pour objectifs la promotion et le développement de l'éducation
en Abitibi-Témiscamingue en mettant sur pied, entre autres moyens, des
tables régionales de travail auxquelles participent les
représentants des commissions scolaires constituantes. Les objectifs du
mémoire. Tout en appuyant fortement la position soutenue par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, l'association désire profiter de l'occasion qui lui est
offerte pour faire valoir le point de vue de l'ensemble des commissions
scolaires de sa région. Notre intervention touchera l'ensemble du projet
de loi 40 et ensuite certains points particuliers, sans ordre prioritaire, dont
le leadership de la commission scolaire, le suffrage universel, la
décentralisation et les commissions scolaires linguistiques.
Le projet de loi. Le projet de loi 40 ainsi que le livre blanc qui le
précédait affirment que l'essentiel de la réforme scolaire
est la responsabilisation de l'école par la prise en charge de son
projet éducatif.
En regard de cet objectif, on ne peut s'empêcher de noter
l'ampleur de la réforme et de la trouver excessive. Il est difficile de
croire qu'une révision du conseil d'orientation tel que
préconisé par la loi 71 n'aurait pas atteint l'objectif
visé et ce, sans aucun
doute, plus rapidement et plus économiquement. Les comités
d'école actuels, s'ils étaient transformés en conseils
d'orientation, deviendraient alors décisionnels sur les
éléments prescrits par la loi 71.
Un tel conseil dont la préoccupation fondamentale serait le
projet éducatif aurait intérêt à regrouper des
personnes dont la contribution distinctive viendrait enrichir la
réflexion commune: enseignants, directeurs d'école,
représentants des élèves au secondaire et professionnels
non enseignants.
Le coeur de l'école, son essence est, somme toute, le vécu
quotidien de l'acte pédagogique, soit la relation
maître-élève. Quelle place est faite à l'enseignant
dans le projet de loi 40? N'aurait-il pas été souhaitable que les
enseignants soient partie prenante et ce, de façon égale aux
autres entités qui composent l'école? Pourquoi les parents
devraient-ils être majoritaires ou encore est-il souhaitable qu'un groupe
prime sur d'autres alors que le projet à réaliser se doit
d'être, comme le soulignait la proposition gouvernementale, communautaire
et responsable?
On pourrait aussi inclure dans l'actuelle loi 71 un veto accordé
aux parents - droit d'approbation - pour tout ce qui a trait au projet
éducatif. S'il s'agit de bonifier l'école, de favoriser la prise
en charge de son projet éducatif, les moyens que nous venons de
mentionner nous semblent pertinents et suffisants.
Le projet de loi 40 dit vouloir responsabiliser l'école, lui
donnant des pouvoirs accrus. Tous ces nouveaux pouvoirs dans l'école
sont presque tous sous la réserve des politiques et règlements du
ministre et du ministère de l'Éducation ou de la commission
scolaire. En quoi les choix relatifs aux manuels scolaires, calendriers
scolaires, application du régime pédagogique changeront-ils pour
l'école, sur le plan pédagogique, la marge de manoeuvre qui est
présentement sienne?
Si l'application des régimes pédagogiques relève
directement de l'école, faut-il conclure que le ministère de
l'Éducation s'adressera directement à cette dernière? Ne
doit-on pas penser que le leadership de l'école au plan
pédagogique se résumera plutôt à un leadership
d'application n'étant effectif que pour sanctionner les choix qui lui
sont imposés? Le sentiment d'impuissance qui risque d'atteindre le pivot
de l'école n'entraînera-t-il pas le
désintéressement, la démotivation et la
déresponsabilisation des gens devant soutenir et entourer
l'école?
Au plan des ressources humaines, est-ce responsabiliser l'école
que de lui réserver le pouvoir de sélectionner, d'affecter et
d'évaluer ses personnels sans lui confier les responsabilités
subséquentes, notamment celles de mettre en disponibilité, de
sanctionner, de congédier?
Au plan des ressources matérielles et financières -
prévision et administration -qui, en dernier ressort, pourra
remédier aux conflits qui pourraient survenir entre certaines
écoles entre elles, entre certaines écoles et leur commission
scolaire? N'est-il pas illusoire de penser responsabiliser l'école en la
soumettant à plus de tâches administratives que politiques? Le
jugement de la Cour d'appel sur la loi 57 confirme-t-il l'autonomie et
l'autorité de la commission scolaire en matière de financement
des besoins des écoles?
La concurrence tout à fait loyale à laquelle se livreront
les divers conseils d'école d'une même commission scolaire sera
aussi une source de conflit. La commission scolaire "coopérative de
services" ne pourra pas toujours rendre des services équitables à
chacune des écoles puisqu'elle-même ne disposera que de pouvoirs
limités au plan de la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières. Il lui faudra trancher entre deux
écoles qui désireront avoir le même directeur, viser
à bien répartir dans chaque école le personnel
administratif, enseignant, professionnel et de soutien selon le plan
d'effectifs que chaque école lui aura soumis bien sûr, mais en
tenant compte des dispositions des conventions collectives, des règles
budgétaires et des budgets autorisés par le ministère.
Chaque décision que prendra une commission scolaire risque de
devenir une cause de jalousie, de rivalité et de conflit entre les
écoles d'autant plus que ces décisions seront prises par le
conseil d'administration de la commission scolaire, lequel conseil est
formé d'un représentant par école ayant chacun un droit de
vote sans considération pour les niveaux, la provenance et la
clientèle qu'il représente. La disparité même de la
représentation entre les niveaux primaire et secondaire, les milieux
urbains et ruraux, les écoles de très petites tailles et les
grandes écoles ne sera-t-elle pas elle aussi source de conflit?
Leadership. "La commission scolaire s'assure que la population de son
territoire reçoit les services éducatifs auxquels elle a droit
dans les écoles situées sur son territoire". Article 199. Si,
pour les auteurs du projet de loi, cela signifie que la commission scolaire est
responsable de l'accessibilité, de la dispensation et de la
qualité des services éducatifs sur un territoire donné,
les commissions scolaires doivent donc être capables de retrouver
à l'intérieur de même projet de loi les mécanismes
nécessaires et les éléments susceptibles de lui permettre
la réalisation de sa mission. L'absence de ces mécanismes aura
pour effet non seulement de compromettre son efficacité, mais aussi
de
la déposséder du leadership essentiel au palier
intermédiaire.
Les commissions scolaires, de façon constante, ont lancé
et devront aussi lancer de nombreux projets de développement
pédagogique sur leur territoire. Elles ont soutenu les efforts de leurs
écoles pour la réalisation de plusieurs projets pilotes. Elles
devront continuer à voir à la coordination, favoriser la
concertation dans de nombreux dossiers, que ce soit l'enseignement
professionnel, l'éducation à la sexualité ou la
micro-informatique. Il est important de noter que plusieurs commissions
scolaires ont pris les mesures nécessaires pour contrer en partie les
effets néfastes des programmes-cadres qu'un ministre de l'Education
qualifiait, jadis de "cadres plutôt que de programmes". Les commissions
scolaires continueront d'apporter un soutien pédagogique aux
écoles mais devront également avoir les possibilités
d'exercer un leadership propre à inciter les écoles à un
développement tant sous forme d'innovation que d'application.
Les nouvelles commissions scolaires, telles que nous les percevons dans
le nouveau projet de loi, auront très peu d'autorité. Les
écoles ont besoin dans leur fonctionnement de commissions scolaires
fortes, solides, qui leur offrent l'appui pédagogique légal et
politique nécessaire. En éliminant la juridiction des commissions
scolaires dans les matières concernant le curriculum et le personnel, on
abolit la commission scolaire en tant qu'intermédiaire valable et
à l'écoute des besoins de son milieu. Par qui et par quoi sera
comblé le vide ainsi créé?
Si, pour les auteurs du projet de loi, il s'agit de confier ce
rôle de leadership aux bureaux régionaux, la commission scolaire
est alors confinée à incarner le rôle d'un chien de garde
étroitement maintenu par des entraves juridiques.
Suffrage universel. Malgré leurs déficiences qui
pourraient être atténuées, les commissions scolaires
représentent, après les municipalités, une des rares
réalités de quelque consistance dans notre vie
démocratique locale. Porteuses d'une tradition qui remonte à
1841, elles viennent encore loin devant les conseils d'administration des
collèges et des hôpitaux en matière de participation des
citoyens. Il faut du temps pour mettre en place des mécanismes
d'expression collective.
L'efficacité des commissions scolaires dépend totalement
de leur habileté à répondre aux besoins de ceux qui les
ont élus. Elles sont mandatées par la population pour les
représenter et doivent demeurer indépendantes de toute
interférence directe ou indirecte, du gouvernement.
Le projet de loi 40 au sujet des élections ne ressemble
guère au principe du suffrage universel. Nous avons la certitude que la
tenue d'élections dans 2700 écoles n'est pas une façon
constructive de réduire la bureaucratie et d'augmenter
l'efficacité. La seconde certitude, c'est que les commissions scolaires,
par leurs représentants élus, participent au pouvoir politique
dont la fonction n'est pas que d'administrer des biens publics mais de
gérer le bien commun et de travailler au progrès de la
société.
Un des aspects du suffrage universel qui nous est proposé dans le
projet de loi 40 est le mandat que devra assumer le commissaire siégeant
au conseil d'administration de la nouvelle commission scolaire. Ce double
mandat ne sera-t-il pas la source d'une confusion de rôles? Lorsqu'il
siégera à la commission scolaire, celui-ci devra-t-il
défendre uniquement les besoins et les intérêts de
l'école qu'il représente? Nous croyons qu'au niveau de la
commission scolaire les commissaires doivent voir plus large que
l'intérêt d'un enfant d'une école. Il faut tenir compte des
multiples points de vue, il faut respecter et appliquer les règlements
et les dispositions juridiques. Même au niveau de l'école, les
parents nouvellement élus au nouveau conseil d'école se
retrouveront avec la même approche. Ils devront eux aussi agir et
réagir comme des administrateurs, par-delà les
intérêts limités de leurs enfants ou des parents de la rue,
au risque de déplaire à bien du monde. Fonction oblige!
Décentralisation. Nécessaire en 1960, la centralisation
dans les années quatre-vingt constitue un handicap. Pour les commissions
scolaires, la centralisation au plan du financement s'exprime par une
normalisation serrée des commissions scolaires par la
récupération d'une partie de la taxe locale pour financer des
décisions provinciales, par des règles budgétaires
très strictes et restrictives, par des approbations préalables
à obtenir, enfin, par trop de directives et de règlements
à respecter, par trop de rapports d'étapes à soumettre,
etc.
Au plan des ressources humaines, nous sommes d'avis qu'il serait
important que les commissions scolaires et le gouvernement entreprennent
conjointement une étude sérieuse afin de préciser ce qui
pourrait être décentralisé dans le cas de
l'établissement des conditions de travail de l'ensemble du personnel
syndiqué et des mesures reliées à la gestion des
ressources humaines de ce personnel: perfectionnement, recyclage, etc.
Quant au personnel non syndiqué, le projet de loi - article 309 -
prévoit que le ministre pourra déterminer toutes les conditions
de travail du personnel non membre d'une association accréditée.
Nous réclamons que la loi soit modifiée de façon que les
commissions scolaires puissent continuer de déterminer les conditions de
travail de ce personnel. La commission scolaire doit être pleinement
participante à
la détermination des conditions de travail qui affectent tous ses
employés.
D'autre part, à la suite de la parution de la proposition de
développement intitulée: Le choix des régions, la question
fondamentale que nous nous posons est celle-ci: Pourquoi, d'une part, le
gouvernement croit-il qu'il faille morceler l'autorité de la commission
scolaire et décentraliser vers les écoles certains pouvoirs qui
n'en seront plus sous prétexte de rapprocher le citoyen et l'usager des
services et de leur permettre d'influencer les décisions, alors que dans
le monde municipal le même gouvernement propose un processus inverse - la
régionalisation - pour atteindre le même résultat?
Doit-on comprendre que le gouvernement a décidé
d'abandonner son projet de confier aux municipalités régionales
de comté des responsabilités en matière de gestion
scolaire et opte, du moins pour un certain temps, pour le maintien des
commissions scolaires ou si, au contraire, le projet de loi 40 doit être
compris comme une étape dans la réalisation du projet retenu il y
a quelques années par le ministre d'État à
l'Aménagement?
Alors que le gouvernement s'apprête à mener une
consultation auprès de la population sur le mode de scrutin du
Québec et qu'il préconise un nouveau système
électoral, la proportionnelle régionale, qui a pour but
d'améliorer les modalités de la représentation du citoyen,
pourquoi, dans le monde scolaire, présenter un mode de suffrage
universel handicapé qui ne respecte pas le droit à tous les
citoyens d'influencer le système public d'enseignement qui forme
aujourd'hui la société de demain?
Les commissions scolaires linguistiques. Le projet de loi 40 implique
également le redécoupage des commissions scolaires.
Dorénavant, le territoire du Québec sera divisé en
territoire de commissions scolaires anglophones et de commissions scolaires
francophones. En Abitibi-Témiscamingue, les commissions scolaires
catholiques actuelles composées majoritairement de francophones ont
toujours fourni à nos concitoyens anglophones catholiques des services
éducatifs de qualité.
Toutefois, la clientèle anglophone de notre territoire justifie
la création d'une commission scolaire anglophone en
Abitibi-Témiscamingue. Nous appuyons donc la formation d'une telle
commission pour autant que les intervenants concernés, parents,
commissaires, enseignants et cadres du milieu anglophone catholique et
protestant, s'entendent sur les services qu'ils voudront se donner et les
modalités à retenir.
En conclusion, au moment où le gouvernement est aux prises avec
les problèmes d'une éventuelle reprise économique et de la
création ainsi que du maintien des emplois, est-il logique de s'engager
dans une réforme de structures aussi illusoire?
Le monde scolaire et tous ses intervenants ont besoin d'une trêve
pacifique suffisamment longue pour leur permettre, d'abord, de compléter
l'implantation des nouveaux programmes, d'innover et de développer des
instruments et des moyens propres à instaurer d'une façon logique
et sensée la micro-informatique dans les écoles.
La politique de formation professionnelle chez les jeunes ainsi quel'insertion sociale demanderont également des énergies
additionnelles. Nous attendons toujours les suites logiques à la
commission Jean en ce qui concerne l'éducation des adultes et nous
notons que le projet de loi 40 a ignoré complètement cet
aspect.
Il est de nombreux aspects que nous n'avons pas touchés comme
l'intégration et la déconfessionnalisation des structures, parce
que nous croyons qu'il eût été possible d'actualiser ces
aspects sans procéder à une réforme en profondeur.
Il nous apparaît qu'une démarche progressive bien que moins
attrayante et plus conservatrice du point de vue du ministère aurait
été propre à assurer l'évolution du réseau
scolaire. Il aurait fallu rechercher avant tout la réforme des points de
friction en s'efforçant de n'apporter que les changements les plus
immédiatement nécessaires et qui font consensus auprès de
tous les intervenants.
Le projet de loi 40 dans son ensemble, tel qu'il est
présenté, n'est pas conforme aux orientations des commissions
scolaires de notre région et ne respecte pas la volonté de notre
milieu. Nous avons proposé certaines améliorations possibles
à l'intérieur des structures actuelles. Ces modifications
n'entraîneront pas un fouillis administratif dont les
bénéficiaires du système, nos enfants, seraient les
premiers à en subir les conséquences. Nous demandons donc que le
projet de loi soit révisé de façon à tenir compte
des besoins réels du monde scolaire, qu'il tienne compte
également de nos orientations et qu'il soit modifié en
conséquence.
À défaut des modifications demandées, nous n'avons
pas d'autre choix que de rejeter le projet de loi et d'en demander le retrait.
Cependant, à la lumière des récentes déclarations
du ministre de l'Éducation, le Dr Camille Laurin, à savoir qu'il
se préparait à réécrire complètement le
projet de loi, nous réalisons que le mémoire que nous vous
présentons aujourd'hui peut être dépassé. Aussi nous
avons un message à vous livrer. Nous espérons qu'à la
suite de la réécriture du projet de loi notre région et
nos commissions scolaires qui le désireront pourront se faire entendre
à la commission parlementaire résultant de nouveaux textes. Nous
nous devons de vous faire part, au nom de notre
population, de notre vive déception et d'une légitime
frustration qu'à la présente commission parlementaire nous ayons
été invités à la dernière minute. Nous avons
le sentiment que le parti ministériel n'était
intéressé à entendre aucun porte-parole de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Pourtant, nous sommes des citoyens à part entière de la
province de Québec. Nous vivons des situations particulières
à notre coin de pays. Nous prétendons qu'en toute justice
démocratique nous avons le droit d'être entendus.
Fondamentalement, donc, nous venons demander à l'Assemblée
nationale de respecter les milieux, de permettre à chaque région
de déterminer et définir la formule de structures convenant
à ses besoins. L'Abitibi-Témiscamingue, au nom de sa jeunesse, en
particulier, réclame qu'on lui fasse confiance, qu'on la respecte. (10 h
30)
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Labelle. M. le
ministre.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier l'Association des
commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue en même temps que la
saluer ainsi que la nombreuse délégation qui l'accompagne.
D'emblée, dans son mémoire, l'Association des commissions
scolaires Abitibi-Témiscamingue nous déclare qu'elle appuie
fortement la position qu'est venue défendre à la commission la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Évidemment, cela est assez compréhensible et
normal même, car on peut s'attendre que les commissions scolaires
défendent la position de leur fédération, position
d'ailleurs adoptée par le concours des commissions scolaires du
Québec. S'il n'en était qu'ainsi, le débat pourrait
être abrégé en ce sens que nous avons eu l'occasion
d'entendre la Fédération des commissions scolaires et d'engager,
durant de longues heures, le débat avec elles.
Mais il reste que le mémoire de l'Association des commissions
scolaires Abitibi-Témiscamingue présente d'autres traits
intéressants outre cet appui à la position de leur
fédération. Par exemple, l'association fait une lecture du projet
de loi qui lui est personnelle et qui peut mériter quelques commentaires
en ce sens qu'elle ne me paraît pas correspondre tout à fait au
texte même du projet. D'autre part, elle va plus loin que sa propre
fédération dans sa considération de certains objets du
projet de loi. À ce double titre, je crois qu'il est
intéressant d'entendre ce qu'a à nous dire, ce matin,
l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue.
Par exemple, l'association appuie plus nettement que sa
fédération le principe des commissions scolaires linguistiques
même si elle pose certaines conditions ou exigences à cette
réforme ou à ce progrès qui lui paraît souhaitable
quant aux critères de division des nouvelles commissions scolaires. Ces
recommandations ont d'ailleurs été notées et nous y
apporterons l'attention souhaitée.
Par ailleurs, l'Association des commissions scolaires nous recommande,
comme l'avait fait, d'ailleurs, la fédération, de nous en tenir
à l'insertion, dans le projet de loi 40, des principaux
éléments de la loi 71, particulièrement en ce qui concerne
le conseil d'orientation de l'école. Il faut noter ici, à cinq
ans d'intervalle, que la loi 71 semble receler des vertus qu'elle ne semblait
pas posséder aux yeux des commissions scolaires, au moment où
elle a été adoptée. En effet, je me rappelle très
bien les réticences, les réserves, pour ne pas dire la suspicion
qu'elle avait engendrée à l'époque, sans parler de
quelques oppositions sur des points particuliers dont ce conseil
d'orientation.
Il faut noter aussi que cette loi 71 n'a pas été mise en
pratique en ce qui concerne, en particulier, la mise en place de conseils
d'orientation. On peut se demander pour quelles raisons ces conseils
d'orientation n'ont pu voir le jour; quelques raisons ont été
mentionnées ici, à cette commission, mais le fait demeure qu'une
dizaine de conseils d'orientation, à peine, ont été mis en
place, au cours des cinq dernières années, dans les écoles
du Québec.
Il reste cependant que, pour l'Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue, ces conseils d'orientation semblent maintenant
être une excellente chose au point qu'on voudrait maintenant les rendre
opérationnels, si on peut s'exprimer ainsi. Ce qui veut dire, en somme,
que l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue Inc.
trouve souhaitable la constitution au sein d'une école d'une table de
concertation qui regroupe les divers intervenants de l'école et qui aura
comme fonctions celles que lui assignait le projet de loi 71 et, en
particulier, l'élaboration et la réalisation d'un projet
éducatif. Je prends cette affirmation comme le signe d'une
évolution dans un sens souhaité par plusieurs analyses,
recherches, études et, en particulier, les nombreuses études du
Conseil supérieur de l'éducation.
Cependant, il y a une affirmation qui me surprend un peu. L'association
des commissions scolaires dit que, si ces conseils d'orientation étaient
introduits dans le projet de loi 40, ils deviendraient par le fait même
décisionnels. Je ne crois pas que ce soit le cas, puisque dans la loi 71
les conseils d'orientation n'avaient malgré tout qu'un caractère
largement consultatif, leurs pouvoirs décisionnels étaient
très limités et, en particulier, en ce qui concerne les projets
éducatifs. Peut-être faut-il y voir le signe que l'Association des
commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue Inc., souhaiterait ou désirerait que
les pouvoirs mentionnés à la loi 71 impartis au conseil
d'orientation devraient être décisionnels. Si cela est vrai,
j'irais tout à fait dans leur sens et je dirais que le fossé
apparent qui nous sépare est beaucoup moins large qu'on semble le
dire.
Par ailleurs, dans son mémoire, l'Association des commissions
scolaires Abitibi-Témiscamingue Inc. déplore le peu de place que
fait le projet de loi aux enseignants. On l'a souvent dit ici à cette
commission, et je pense qu'il convient de le répéter, les
enseignants dans le système actuel n'ont pas de place, que ce soit
à l'école ou à la commission scolaire. Leur contribution
n'est que rarement mentionnée et lorsqu'elle l'est, c'est sur des sujets
qui n'engagent pas la vie de l'école et qui n'engagent d'aucune
façon leur contribution, en particulier en ce qui concerne la vie de
l'école et la préparation d'un projet éducatif.
Le projet de loi 40, au contraire, leur fait une place beaucoup plus
importante que celle que leur font les structures actuelles et la Loi sur
l'instruction publique. En effet, ils pourront constituer un comité
pédagogique au sein de l'école qui possède des pouvoirs de
décision limités, mais des pouvoirs de recommandation très
étendus. De plus, la loi leur permettrait d'être partie prenante
aux décisions du conseil de l'école. Est-ce assez? Il est
possible de se poser la question; c'est une question très pertinente.
J'ai déjà dit que ce qui est important dans le projet de loi 40,
c'est l'exercice collégial d'un pouvoir décisionnel en ce qui
concerne la vie de l'école, l'environnement éducatif de
l'école, le projet éducatif de l'école et, non pas,
l'introduction d'un primat que pourrait exercer un groupe sur l'autre. Si le
projet de loi 40 a retenu cette possibilité, c'est
précisément pour empêcher que ces conseils d'école
ne connaissent le même sort qu'ont connu les conseils d'orientation,
c'est-à-dire qu'ils ne puissent même pas être mis en place,
qu'ils ne puissent même pas fonctionner, parce que les conditions de leur
mise en place et de leur fonctionnement ne peuvent pas se réaliser.
Cependant, je serais prêt, si les garanties de l'existence et de
fonctionnement de ces conseils d'école pouvaient être obtenues,
à modifier la composition du conseil d'école de façon que
l'esprit qui inspire le projet de loi, c'est-à-dire une gestion
collégiale participative du projet éducatif en particulier, soit
assuré car c'est là le véritable esprit, la
véritable intention du projet de loi.
Je serais donc tout à fait d'accord avec l'Association des
commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue pour valoriser davantage la
place de l'enseignant au niveau de l'école et en particulier au niveau
du conseil d'école car je suis bien d'accord avec ce que sous-tend le
mémoire de l'association que l'enseignant occupe au sein de
l'école une place essentielle, une place indispensable, que c'est lui
l'agent principal de l'instruction et même de l'éducation des
enfants. Voilà donc un autre point sur lequel la position de
l'association m'apparaît intéressante et qui pourrait justifier
des améliorations ou des modifications éventuelles.
Par ailleurs, sur certains autres sujets, il m'est plus difficile de
suivre l'association. Par exemple, quand l'association reconnaît, d'une
part, qu'il est de la responsabilité de l'école de mettre sur
pied, d'élaborer, de réaliser un projet éducatif mais,
d'autre part, que les parents ne conserveraient à cet égard qu'un
droit de veto. Il me semble que c'est là une solution un peu
négative étant donné qu'il est incontestable que les
parents, à titre de premiers éducateurs de l'enfant,
intéressés à la poursuite de cette éducation au
sein du milieu scolaire, ont une fonction importante à assumer à
cet égard au sein de l'école. Il me semble qu'il serait mieux
d'envisager, au lieu de cette solution négative, une solution positive,
c'est-à-dire une participation pleine et entière à
l'élaboration et à la réalisation du projet
éducatif. Il n'est pas interdit de penser qu'ils pourraient
peut-être en plus avoir un droit de veto mais ce droit de veto ne
pourrait être envisagé qu'ultérieurement,
consécutivement à leur participation. Il me semble que ce serait
là reconnaître davantage la responsabilité importante des
parents dans le champ de l'éducation.
Par ailleurs, l'association semble penser que d'une part les pouvoirs de
l'école sont trop importants puisqu'on dit que ces pouvoirs sont
enlevés à la commission scolaire qui devrait les conserver mais
que, d'autre part, ces pouvoirs sont illusoires, que ces pouvoirs n'en seront
pas puisqu'ils sont sujets aux réserves, aux règlements du
ministère et du ministre. L'association va même plus loin et
affirme que par le projet de loi 40, le gouvernement s'arroge un pouvoir direct
sur l'école. (10 h 45)
Je ne crois pas que le projet de loi 40 corresponde à ces
affirmations. D'abord, l'école reste soumise à la commission
scolaire. C'est la commission scolaire qui répartit les services aux
écoles, qui inscrit les enfants aux écoles, qui planifie, qui
oriente, qui coordonne les activités de l'école, qui assure le
soutien aux écoles avec tout ce que ce mot peut comporter. C'est la
commission scolaire qui a la charge de veiller à ce que l'école
assume toutes les fonctions, toutes les responsabilités, tous les
pouvoirs que lui donne le projet de loi. C'est même elle qui pousse le
contrôle jusqu'au point de la mettre en demeure d'appliquer ces
règlements et même de se substituer à elle à
défaut, pour l'école, de les assumer ou de les réaliser.
Ce n'est donc pas une
abolition de la commission scolaire d'une part. Ce ne sont pas non plus
des pouvoirs inexistants. Ce n'est pas non plus une intrusion, directe ou
indirecte, du ministère dans les affaires de l'école puisque
l'intermédiaire obligé de l'école et exclusif de
l'école demeure la commission scolaire. Je pense qu'il convenait de
faire cette mise au point.
De la même façon, je ne crois pas que l'Association des
commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue soit justifiée de
demander que l'école n'affecte pas de personnel de son école car
- le projet de loi est très clair à ce sujet - c'est la
commission scolaire qui demeure l'employeur, qui conserve la
responsabilité de négocier en partenariat avec le gouvernement
les négociations collectives et qui conserve le droit de négocier
les conditions locales. Donc, l'école n'a aucun pouvoir en ce qui
concerne l'affectation du personnel. Tout ce que lui confère le projet
de loi à cet égard, c'est de déterminer ses besoins
particulièrement en ce qui concerne les plans d'effectifs, de
déterminer ses besoins en matière budgétaire et c'est, par
la suite, la commission scolaire qui, lors de son examen de toutes ces demandes
lui venant des diverses écoles, conserve le pouvoir soit de les modifier
ou de les accepter telles quelles et ensuite de prendre les décisions en
conséquence, que ce soit sur le plan de l'adoption des recommandations
de l'école ou que ce soit sur le plan de la gérance.
De la même façon, je ne puis suivre l'association quand
elle dit que le projet de loi confère à l'école un
très grand nombre de tâches administratives. J'ai eu l'occasion
d'en faire la démonstration à plusieurs reprises au sein de cette
commission. Ce qui est confié à l'école relève
d'une façon primordiale et quasi exclusive de la pédagogie ou de
l'environnement éducatif. Les quelques tâches administratives ou
responsabilités administratives qui sont jointes à cette
responsabilité pédagogique n'ont pour but, en corollaire naturel,
que de l'aider à assumer cette fonction ou responsabilité
pédagogique ou communautaire. Je ne veux pas refaire cette
démonstration, mais si l'on y regarde de très près, les
responsabilités de l'école en matière d'affectation de
ressources humaines, de ressources matérielles et financières
sont limitées et restreintes. Les quelques-unes qui lui sont
affectées, constituent encore une fois un corollaire obligé,
nécessaire, de la responsabilité pédagogique qui leur est
confiée.
L'association parle aussi de concurrence entre les écoles. Je
pense qu'il faudrait plutôt parler d'émulation et de
diversité. Car, en vertu du projet de loi 40, le ministère de
l'Éducation conserve la mission de définir le régime
pédagogique qui constitue un cadre d'organisation de l'enseignement et
des services éducatifs pour toutes les écoles du Québec
avec, cependant, une marge de manoeuvre qui permet aux commissions scolaires
ainsi qu'aux écoles d'adapter, de modifier ce régime
pédagogique en fonction des besoins particuliers des clientèles
qu'elles ont à desservir. Il en est de même pour les programmes.
Donc, on ne peut pas penser que cette diversité entre les écoles
puisse aboutir à cette atomisation ou à cette perte de
qualité que l'on appréhende en certains milieux.
Par ailleurs, je pense qu'il est important de conserver une
possibilité de diversification des projets éducatifs en fonction,
justement, des clientèles qu'il importe de desservir et qui varient
beaucoup d'une région à l'autre. Qu'il s'agisse de milieux
urbains ou ruraux, qu'il s'agisse de milieux bien nantis ou
socio-économiquement plus faibles, qu'il s'agisse de francophones ou
d'anglophones, qu'il s'agisse de Néo-Québécois ou de
Québécois de vieille souche, qu'il s'agisse de régions qui
ont des particularités et des besoins économiques variables sur
le plan de l'implantation, par exemple, des entreprises ou de la vocation
particulière des régions plutôt forestières,
minières ou industrielles, je pense qu'il importe de conserver au milieu
cette capacité de diversifier ses projets éducatifs en fonction
des besoins particuliers des clientèles, en s'assurant, cependant, que
cette diversité n'altère en rien cette égalité des
chances, cette qualité minimale de l'éducation qu'il importe
à un système scolaire d'assurer.
Je ne peux guère suivre non plus l'association des commissions
scolaires quand elle dit que les commissions scolaires ne conservent que
très peu d'autorité et que le projet de loi 40, à toutes
fins utiles, vise à l'abolition d'un intermédiaire valable. Je
pense que dans le projet de loi 40 les commissions scolaires demeurent des
entités intermédiaires très fortes, qui conservent une
très grande autorité sur leurs écoles. Je pense aussi
qu'il faut - et on nous le disait hier soir - que les écoles soient
également fortes. Si les écoles sont fortes, les commissions
scolaires seront fortes et la mission éducative du gouvernement sera
également forte. Ceci provient, justement, d'une répartition des
responsabilités là où elles peuvent s'exercer le mieux et
là où ces responsabilités conviennent le plus et le mieux
à ceux qui peuvent les assumer avec le plus d'efficacité et d'une
façon qui colle le plus aux réalités de
l'éducation.
Donc, je ne crois pas que, par le projet de loi 40, les commissions
scolaires perdent une autorité dont elles ont absolument besoin et,
surtout, je ne crois pas du tout que l'effet du projet de loi sera d'amoindrir
d'une façon marquée cette autorité et ce leadership des
commissions scolaires.
J'en profite aussi pour répéter que cette crainte
qu'exprime l'association des commissions scolaires en ce qui concerne un
rôle éventuel de gestion des commissions scolaires par les
municipalités régionales de comté ne constitue en rien une
des visées proches ou lointaines du projet de loi. Cette idée, si
elle a pu être envisagée à un moment donné, a
été abandonnée, et pour des raisons que je partage. Je
pense qu'il convient de garder au système scolaire sa
spécificité aussi bien quant à sa mission que quant
à sa gestion. Je n'entrevois pas le jour où les
municipalités régionales de comté auront à assumer,
en ce qui concerne les objectifs propres de la mission éducative et
l'exécution de cette mission éducative, les tâches que les
commissions scolaires exercent actuellement.
Je croyais donc important de rétablir le texte même du
projet ainsi que ses intentions par rapport aux affirmations que nous fait la
commission. J'aurais un certain nombre de questions à poser, mais je me
limiterai à une ou deux qui sont en fait reliées l'une à
l'autre. Ma première aurait pour but de demander à l'Association
des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue, à la suite de la
lecture qu'elle fait de la loi 71 et des conclusions qu'elle en tire, si elle
serait d'accord que les fonctions et responsabilités mentionnées
à la loi 71, en ce qui concerne le conseil d'orientation, deviennent
décisionnelles dans le projet de loi 40.
Ma deuxième question concernerait les enseignants. Si
l'association estime que les enseignants devraient être davantage partie
prenante de la mission de l'école, est-ce qu'elle serait d'accord que
leur place, leur rôle au sein du comité pédagogique et au
sein du conseil d'école soit davantage valorisé et, si oui,
quelles recommandations pourrait-elle nous faire à ce sujet, d'une part,
quant au nombre d'enseignants qui pourraient siéger au conseil
d'école ou d'orientation, d'autre part, quant à leur
participation facultative ou obligatoire soit au sein du comité
pédagogique ou au sein du conseil d'école?
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: Quant à la question du conseil d'orientation
et des pouvoirs à donner au conseil d'école, j'aimerais vous lire
deux résolutions qui ont été votées, le 12
septembre 1982, à une assemblée générale de
l'association. La première se lit ainsi: "Maintenir les structures
actuelles et concentrer les énergies des agents d'éducation pour
bonifier le système scolaire actuel, entre autres, en accentuant la
participation et l'autorité des parents." Cette résolution avait
été adoptée à l'unanimité des douze
commissions scolaires des parents présents.
Et l'autre: "Que les responsabilités dévolues au conseil
d'orientation soient transférées au comité
d'école." On sous-entend les pouvoirs décisionnels. Cette
résolution avait été aussi adoptée à
l'unanimité par douze commissions scolaires en assemblée
générale. Je vous répète que c'était en
1982.
Pour ce qui est de la participation des enseignants, je pense qu'au
niveau de l'association et au niveau des commissions scolaires du Nord-Ouest,
c'est une chose dont on ne peut se passer. Si vous permettez, M. le
Président, je donnerai la parole à M. Jacquelin Bergeron.
M. Bergeron (Jacquelin): Merci, M. le Président. Ce que
les commissions scolaires de la région ont voulu faire ressortir dans le
mémoire concernant le peu de participation des enseignants,
c'était cette espèce de mésestimation du rôle
important de ces gens-là que nous considérons comme étant
nos piliers et les acteurs principaux dans l'école pour le
développement de l'enfant.
Concernant votre question directe: Est-ce que les commissions scolaires
chez nous voudraient en voir un nombre dans un conseil d'école qui
serait décisionnel? eh bien! non, ce n'est pas l'optique dans laquelle
nous voulons travailler. Ce n'est certainement pas ce genre de proposition que
nous voulons vous faire. Tout au contraire, et avec l'assentiment du personnel
professionnel enseignant chez nous, ces gens-là ne réclament pas
d'être dans un conseil d'école décisionnel et d'être
à la fois employé et patron en soirée. Ce qu'ils veulent
continuer à faire, c'est que lors des décisions d'ordre
pédagogique qui les concernent, dans les questions de programmes,
d'évaluation, de perfectionnement, ils tiennent à être
membres des différents comités que créent les commissions
scolaires. (11 heures)
Or, les structures de participation des commissions scolaires chez nous
font obligation à travailler en équipe-école. C'est un
terme qui n'est certainement pas exclusif à notre région. Ils
font obligation à nos directions d'école de faire participer les
professionnels enseignants. Ces gens-là sont là pour donner leur
point de vue, faire part de leur vécu dans leur classe, mais ne
réclament en rien d'être partie à un pouvoir
décisionnel dans un conseil d'école. Les commissions scolaires de
notre région, nous ne pouvons vous faire de recommandation dans ce
sens-là parce qu'on partage aussi l'avis de ces gens-là.
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: M. le Président, j'aimerais revenir sur
différents points que
M. le ministre a précisés. Je suis heureuse de savoir que
les commissions scolaires sont considérées comme des employeurs
et conservent leurs droits. Quoiqu'il en soit, je tiens à vous assurer
qu'au Nord-Ouest on n'a pas non plus l'intention de les laisser aller.
Lorsque vous parlez de suspicion et réserve, c'est
peut-être parce que les actions ne suivent pas toujours les mots. Vous
nous dites que les MRC n'ont absolument pas d'option. C'est curieux que ce
qu'on retient des personnes qui vont aux MRC, parce qu'on y a des
délégations, c'est qu'on commence à s'intéresser
à faire des projets et des perspectives d'avenir sur la gestion
éducative. Lorsque vous parlez de suspicion et réserve, je me dis
que c'est peut-être naturel que, lorsque les règles du jeu sont
continuellement changées et qu'on dit blanc et qu'on joue noir, il y ait
des réactions comme celles-là.
Lorsque vous parlez d'émulation et de la diversité des
représentants dans les commissions scolaires, je suis d'accord
jusqu'à un certain point pour avoir aussi participé aux ateliers
pédagogiques, pour avoir évolué avec les parents et pour
avoir été commissaire assez longtemps. Je me suis aperçue
que l'émulation, c'est simplement le goût qui nous fait rester.
Évidemment, on nous dira que c'est parce qu'on tient à notre
pécule. Je vous avouerai que ce n'est pas cela qui me fait rester comme
commissaire, mais la diversité est certainement intéressante
lorsqu'on poursuit le même objectif. Dans une commission scolaire, pour y
avoir été en 1973, lorsque nous y avons implanté les buts
éducationnels, à Val-d'Or, nous étions avec les parents et
il y en avait de toutes les écoles. On avait un but qui rejoignait tous
les enfants de la commission scolaire. Mais lorsqu'on vous parle de la personne
qui siégera au conseil d'administration - appelez-la comme vous voudrez
dans votre nouveau projet - c'est une personne qui arrive pour défendre
les idées d'une école face à d'autres écoles. Si je
vous parle, et on vous en parlera un peu plus tard, des différentes
grandeurs d'école, parce qu'au Nord-Ouest on peut avoir de petites
écoles, quelle force aura cette personne pour discuter des besoins de
son école, si elle a environ 200 élèves, face à une
personne qui vient d'une polyvalente de 2000 élèves? À ce
moment-là, l'émulation, je vous jure qu'elle ne peut pas
être constante, parce que l'objectif n'est pas le même. En toute
conscience, je crois qu'au départ, lorsqu'on représente les
enfants, dans une commission scolaire, en tant que commissaire, ce n'est pas
simplement ceux de notre quartier. Les objectifs d'une commission scolaire -
c'est peut-être une des raisons fondamentales pour lesquelles on
prône que la commission scolaire doit demeurer l'employeur et doit
conserver ses droits de gouvernement responsable et autonome - c'est justement
de clarifier une idée qui est générale et de laisser, bien
sûr, différentes écoles avoir des buts différents.
C'est de la diversité. Mais il faut quand même avoir un objectif
général qui représente la commission scolaire.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Labelle.
M. Laurin: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne pensais pas que le ministre avait
déjà terminé de vous interroger. J'espère que, sur
tous les autres points, sauf ceux sur lesquels il a exprimé un
désaccord sur lequel je reviendrai, il est enclin à accepter vos
points de vue. Cela faciliterait le règlement de bien des
problèmes qui découlent de son projet de loi.
Il me fait extrêmement plaisir, au nom de l'Opposition, de
souhaiter la bienvenue à la délégation qui nous rencontre
ce matin au nom de la grande région de l'Abitibi, du Nord-Ouest
québécois. Je pense qu'en plus de ceux qui sont à la table
il y a ici plusieurs personnes de la région qui les accompagnent. C'est
extraordinaire pour nous Nous avons failli manquer cela, vous savez.
N'eût été de la semaine qui a été
ajoutée aux audiences, nous aurions manqué le plaisir de vous
rencontrer. Je pense que le plaisir va en être encore plus grand. Je
voudrais aussi souligner, en plus du mémoire que nous a adressé
l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue, que nous
avons reçu un certain nombre de mémoires individuels de
commissions scolaires représentées par l'un ou l'autre ou l'une
ou l'autre d'entre vous, ce matin. Il y a le mémoire de la commission
scolaire Lac-Témiscamingue, qui est représentée par M.
Bergeron à la table principale. Il y a le mémoire de la
commission scolaire de Chapais-Chibougamau, qui est représentée
par Mme Pagé-Simard. Il y a le mémoire de la commission scolaire
de Lebel-sur-Quévillon, qui est représentée, je pense, par
M. Rouleau.
Vous autres, vous aviez envoyé des mémoires en plus et,
dans la réaction que je vais vous donner, je vais essayer de tenir
compte de tous ces mémoires et, d'ailleurs, j'aurais quelques questions
qui portent sur des points soulevés dans ces mémoires. Je trouve
qu'ils font partie du corps général d'idées et
d'observations que vous êtes venus nous communiquer, ce matin. Comme on a
seulement cette période pour causer avec les gens de votre
région, on va essayer de prendre cela tous ensemble de la manière
la
plus constructive possible. J'ai énormément
apprécié le contenu du mémoire de l'association. Je pense
que c'est une critique vigoureuse du projet de loi, mais aussi une critique
éclairée et fondée sur l'expérience et une critique
qui demeure foncièrement constructive. Votre critique de fond est facile
à résumer - nous l'avons entendue à maintes reprises
depuis le début des travaux de la commission - c'est que vous trouvez
que le projet de loi vient rompre de manière dangereuse
l'équilibre qui préside au fonctionnement d'un système
scolaire, qui comprend trois éléments majeurs: l'école, la
commission scolaire et le ministère de l'Éducation.
Si on veut prendre cela sous un autre aspect, il y a l'enfant, il y a
les parents, il y a les éducateurs, il y a les professionnels qui
offrent des services éducatifs et il y a les administrateurs élus
par la population. Comme nous avons essayé de le faire voir à
bien des reprises depuis le début des travaux de la commission, il
s'agit de faire en sorte que tous ces éléments soient
harmonisés les uns avec les autres de façon que chacun puisse
fournir une contribution optimale et que l'ensemble du système
fonctionne avec efficacité, harmonie et unité dans le plus grand
souci de la qualité générale des services offerts à
la population. La critique que vous adressez très justement, à
mon point de vue, au projet de loi, c'est qu'il vient rompre un
équilibre qui n'était pas parfait, mais qui, au moins, comprend
certains pôles essentiels qu'on ne peut pas déranger ou
déplacer sans risquer de compromettre tout l'ensemble. C'est cela qui
est le résultat d'une lecture objective, je pense, et
indépendante surtout du projet de loi 40. Il risque de conduire à
toutes sortes de disruptions de rôles, à toutes sortes de tensions
souvent artificielles, inutiles et coûteuses. Vous venez nous dire vous
autres: Gardons le sens des proportions. N'oublions pas ce que nous avons
été, ce que nous sommes. S'il y a des changements à faire,
faisons-les dans le respect des milieux en tenant compte d'une certaine
gradation qui doit marquer des évolutions souvent
nécessaires.
Il me semble que, si le gouvernement veut entendre ce message, il va se
remettre sur le métier. Il va remettre son ouvrage sur le métier.
Il va essayer de faire une oeuvre qui est meilleure que ce qu'on a
actuellement. J'écoutais le ministre essayer de justifier le projet de
loi. Je le comprends. Il ne le fait pas avec une vigueur particulière,
ces temps-ci, parce que je pense qu'il se rend compte, devant l'accumulation de
preuves qu'on lui a apportées, qu'il a un gros job de "redrafting"
à faire comme on dit, c'est-à-dire de réécriture.
Il a employé le terme lui-même. Mais je ne voudrais pas que ce
soient simplement des mots changés de place, parce qu'il y a des
équilibres à redéfinir, dans ce projet, pour qu'il
devienne acceptable. Des fois, le ministre s'étonne. C'est vrai qu'il y
a certains passages du projet de loi qui pourraient être
interprétés de deux manières. C'est très mauvais en
soi, mais je comprends que le ministre soit enclin à prendre
l'interprétation plus favorable au gouvernement. C'est bien naturel. Et
que ceux qui sont en dehors soient enclins à prendre
l'interprétation la moins favorable au gouvernement. Je pense que les
cours de civisme les plus élémentaires enseignent aux citoyens
à se méfier a priori des gouvernements. Par nature, ils sont
enclins à étendre leur empire, à multiplier leurs
tentacules dans toutes les directions. Moi-même, je l'ai pratiqué
comme journaliste assez longtemps d'ailleurs, quand je reçois un texte
du gouvernement, mon premier réflexe est de me dire: Qu'est-ce qu'il y a
en dessous de cela? C'est bien rare, les gouvernements n'ont jamais
été cités dans les récits d'histoire pour leur
fidélité à la franchise et à la limpidité;
au contraire, il y a des petits rapports qu'ils aiment garder en dessous de la
table, il y a bien des intentions qu'ils ne dévoileront pas au grand
jour même s'ils les ont souvent.
Je rappelle au ministre, en ce qui regarde les commissions scolaires,
que les appréhensions qu'on nourrit ne sont pas nées de la cuisse
de Jupiter, elles n'ont été inventées par personne, elles
sont alimentées par des sources très sérieuses, qui sont
très familières au ministre et à ses collègues du
côté ministériel. Je prends la dernière version du
programme politique du Parti québécois, dont le gouvernement nous
a toujours dit qu'il veut s'inspirer. C'est écrit textuellement dans le
programme du Parti québécois - je ne sais pas s'il est dit que
l'on "s'engage à", en tout cas, ce sont des expressions fortes - qu'on
s'engage à abolir complètement les commissions scolaires pour les
remplacer par une structure régionale neutre et pluraliste, ayant une
juridiction directe sur toutes les écoles de niveaux
élémentaire et secondaire situées sur son territoire,
celui-ci correspondant généralement à celui des
municipalités régionales de comté.
Deuxièmement, il s'engage à modifier la loi de telle sorte
que le conseil des commissions scolaires régionales soit composé
d'un nombre égal d'administrateurs et d'administratrices nommés
par le gouvernement - on n'a pas été aussi loin que cela dans le
projet de loi, mais c'est dans le programme - de parents, de professeurs et
d'élèves de niveau secondaire choisis parmi les conseils des
écoles élémentaires et secondaires élus par
eux.
On n'a jamais entendu le ministre de l'Éducation dénoncer
ce programme, on s'imagine qu'il a dû avoir une part
là-dedans,
c'est le principal porte-parole du parti en matière
d'éducation. C'est cela, le programme qu'est censé poursuivre le
parti au pouvoir. Le ministre nous dit: Là, on ne veut pas le
réaliser complètement maintenant, il y a des points sur lesquels
on s'interroge. Très bien, mais il faudrait que le ministre comprenne
cette espèce de méfiance qui s'est installée dans bien des
esprits. Elle n'a pas pris naissance dans l'imagination des gens, mais dans la
doctrine du parti dont il prétend encore maintenant être l'un des
principaux théoriciens, du moins si on en juge par les ateliers savants
qu'il a convoqués ces derniers temps.
Voyez-vous? Il y a même des journalistes là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, c'est intéressant.
M. Ryan: II y a même des journalistes
intéressés à l'éducation.
Pour continuer notre propos, je ne voudrais prendre qu'un exemple. En
matière pédagogique, vous dites dans votre mémoire que
c'est très important que la commission scolaire ait un rôle de
leadership. C'est évident que ce ne peut être qu'un rôle de
support passif. Dans le projet intitulé L'école communautaire, le
livre blanc, la commission scolaire, vous en faisiez, M. le ministre, une
station-service ou un magasin Eaton, une espèce de magasin à
rayons où tu vas chercher ceci et cela. C'est même une
espèce de coopérative où c'est le client qui lui dit:
Tourne la tête à gauche, tourne la tête à droite,
marche en avant, marche en arrière. C'était cela, la conception
de la commission scolaire dans le livre blanc. Les résistances ont
été tellement fortes que vous n'avez pas pu vous rendre jusqu'au
bout, il n'y avait plus de suffrage universel dans le livre blanc pour la
commission scolaire. Cela, c'était plus près du programme du
Parti québécois. Recule un peu.
Il y avait une phrase d'un auteur célèbre qui disait: Un
pas en avant, deux pas en arrière. Parfois, le gouvernement, c'est: Deux
pas en avant, un pas en arrière. De toute manière, on en est
rendu à une conception extrêmement ambiguë et flottante. Je
pense que c'est la caractéristique du projet de loi: extrêmement
flottant et équivoque. C'est ce qu'on vous demande de clarifier et je
pense que c'est le sens des représentations qui vous sont faites ce
matin.
Je voudrais attirer l'attention des délégués qui
sont ici ce matin et du ministre sur un document publié ce matin par
l'Association des cadres scolaires du Québec et qui est
extrêmement éclairant pour la discussion que nous avons. Ces gens
sont venus nous rencontrer il y a à peu près un mois maintenant
et nous avions beaucoup discuté avec eux du rôle
pédagogique de la commission scolaire, du rôle de leadership
pédagogique qui doit revenir à la commission scolaire. Ils nous
avaient dit des choses tellement intéressantes à un moment
donné que nous leur avons demandé de travailler davantage ces
points et d'essayer de fournir plus de lumière à la commission
parlementaire sur ces sujets à propos desquels ils ont évidemment
une expertise que ne peuvent pas avoir des députés. (11 h 15)
Ce matin même, ils rendent public à Québec un
document intitulé Partage des responsabilités au sein d'une
commission scolaire entre l'école et les services éducatifs en
matière de gestion des activités éducatives. Vous
remarquez, M. le ministre, la formulation que je trouve bien judicieuse. Ils
n'opposent pas l'école à la commission scolaire: Partage des
responsabilités au sein d'une commission scolaire entre l'école
et les services éducatifs. Par conséquent, c'est tout le monde de
la commission scolaire, c'est tout le monde qui en fait partie, ce n'est pas
l'école, un étage et l'autre... C'est tout le monde qui en fait
partie. Ils touchent à bien des points du projet de loi. C'est ce que je
voudrais illustrer rapidement. Par exemple, dans le projet de loi, on dit: le
choix des manuels scolaires va relever de l'école. Ils montrent dans ce
document que c'est impossible que ce soit fait seulement par l'école.
D'abord, une proportion importante d'élèves vont changer
d'école durant leurs cours; plusieurs manuels vont véhiculer
à la fois un contenu, une méthode particulière; un
changement peut souvent constituer un handicap majeur, parfois
irréparable, surtout au plan primaire; les enseignants vont être
appelés à changer d'école. Vont-ils toujours apporter les
manuels différents avec eux? Il y a une part de responsabilité
qui doit revenir à l'école et une part de responsabilité
qui doit rester également à la commission scolaire. Pour le
calendrier scolaire, quand on regarde cela de près, c'est impossible de
séparer les deux opérations non plus. Il y a un rôle de
leadership qui doit revenir à la commission scolaire. Dans la
répartition du temps prescrit par le régime pédagogique,
on dit: l'école va être chargé de cela dans le projet de
loi. Il faut qu'il y ait des normes de base de définies par la
commission scolaire. Ils disent très bien pourquoi dans ce document. Je
n'ai pas le temps de le lire, mais il serait bien intéressant de
l'examiner au complet. Je suis sûr que le ministre et ses collaborateurs
auront l'occasion de le faire. L'information aux parents, l'application des
programmes, j'avais demandé qu'on regarde en particulier l'application
des nouveaux programmes, mais le partage des responsabilités entre la
commission scolaire et l'école, il suffit de regarder. Il y a une annexe
dans le document
à ce sujet.
Il n'y a personne qui oserait écrire sérieusement:
l'application du régime pédagogique relève de
l'école. C'est évident qu'il y a un rôle qui revient
à la commission scolaire. C'est ce qui manque dans le projet de loi
presque d'un bout à l'autre. Le ministre s'est engagé à
réviser cela. Hier, il a commencé à parler de
réviser ces choses-là de manière que ce soit plus clair.
Si le ministre pense comme vous et comme nous, qu'il le dise dans le projet de
loi et on peut lui dire en toute simplicité qu'on sait lire, autant que
lui et ses collaborateurs. Si c'est écrit clairement, on se rencontrera
quelque part. On a intérêt à ce que l'éducation soit
bien servie et que des progrès véritables soient faits. Sur ces
points-là, je vous remercie de ce que vous apportez. Ce sont des
éléments de base qui aideront beaucoup à la discussion et
qui viennent s'ajouter à bien d'autres témoignages que nous avons
entendus jusqu'à maintenant.
Mes collègues auront des questions à vous poser. J'en ai
quelques-unes que je voudrais poser en particulier aux représentants des
commissions scolaires qui ont présenté des mémoires
particuliers aussi mais, avant cela, j'aurais une question
générale à poser: Dans quelle mesure les parents et les
autres agents de l'éducation -vous êtes des commissaires et il y a
un directeur général des commissions scolaires aussi - ont-ils pu
être associés à l'élaboration de la démarche
qui vous amène ici ce matin, à la mise au point des positions que
vous avez pu définir? J'aimerais que vous nous le disiez.
Peut-être que certaines commissions scolaires ont raconté des
expériences que vous avez eues de ce côté-là. De
plus, comment voyez-vous le rôle des parents dans un système
d'éducation qui fonctionne bien au plan local et régional?
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: Si vous me permettez de faire une remarque avant -
je passerai la parole à M. Bergeron pour répondre à votre
question - j'aimerais souligner que oui, la réécriture des textes
ne va peut-être pas nous poser des problèmes, mais nous aurons
certainement une grande réserve. On espère que nous serons
respectés dans nos demandes; il est bien facile de
réécrire des textes, mais si la philosophie est la même ce
ne sera pas plus acceptable pour nous. À ce moment-ci, j'aimerais
laisser la parole à M. Jacquelin Bergeron.
Le Président (M. Blouin): M. Bergeron.
M. Bergeron: Les commissions scolaires de la région sont
heureuses que le porte-parole de l'Opposition nous permette de parler du coeur
même de notre préoccupation face au projet de loi,
c'est-à-dire la responsabilité pédagogique.
Auparavant, je voudrais vous répondre concernant les parents.
Prenez le mémoire qui vous a été envoyé par notre
commission scolaire; nous l'avons accompagné avec copie au ministre et
au porte-parole de l'Opposition, de l'appui formel par voie de
résolution de 80 organismes de notre coin dont, en premier lieu, le
comité de parents se ralliant de façon unanime derrière la
position de la commission scolaire, nos directeurs d'école, nos cadres
de services, la municipalité régionale de comté, la
chambre de commerce régionale. Il y avait 80 organismes. Chez nous, les
parents ont été associés à la confection, à
la rédaction et à l'esprit général du
mémoire. On retrouve cela également dans les trois autres
commissions scolaires qui vous ont fait parvenir des mémoires.
Pour nous, les parents ont un rôle très important. Dans nos
commissions scolaires, nous avons créé des comités
où ces gens ont un rôle particulier à jouer. Par exemple,
il y a la répartition de la clientèle sur un territoire comme le
nôtre, où il y a des petites localités avec des petites
clientèles et où les gens doivent se rencontrer pour discuter de
la meilleure organisation pédagogique possible des écoles. Les
gens commencent par travailler en comité d'école concernant la
répartition de la clientèle, pour voir comment ils peuvent
organiser les classes pour l'année suivante. Ils se rencontrent ensuite
en comité de secteur; c'est référé au comité
de parents et, finalement, leur position est présentée au conseil
des commissaires. Pour toutes les grandes questions, comme l'éducation
sexuelle, la formation professionnelle, l'éducation populaire, la
formation des adultes, nous avons de nombreux comités à
l'intérieur desquels des parents représentent le comité de
parents et sont mandatés par celui-ci pour faire valoir leur point de
vue.
L'association de ces gens, comme structure formelle du comité de
parents et comme comité d'école, encore une fois, nous
apparaît essentielle. C'est une chose qui se vit et qui doit se vivre
passablement bien chez nous, puisqu'une de nos résolutions
commençait par affirmer la croyance à la structure actuelle comme
étant l'instrument privilégié pour assurer une bonne
organisation pédagogique pour les niveaux préscolaire, primaire,
secondaire et adulte. Les parents l'ont appuyée unanimement. Cela doit
donc être que leur participation, leur association à nos travaux
les satisfait.
Concernant des aspects que vous soulignez quant à la
responsabilité pédagogique de la commission scolaire, je suis
content de vous dire qu'il n'y a pas que nous qui ayons des
appréhensions sur
l'équivoque qui nous semble dans le projet de loi. C'est
partagé. Hier, un responsable de la Faculté des sciences de
l'éducation de l'Université McGill en a fait état, M.
Burgess, soulignant que le projet de loi dépouille complètement
les commissions scolaires de leur vocation éducative. Il n'y a pas que
les commissaires d'école ou les gens de régions
éloignées comme nous qui ayons des mauvaises lunettes pour lire.
Il y a des gens qui semblent avoir les mêmes appréhensions que
nous.
Ce qu'il est important de vous dire et ce, du fond du coeur - encore une
fois, c'est vérifié par les appuis que nous avons - c'est que
l'on ne considère pas les écoles et la commission scolaire comme
des choses opposées. Chez nous, une école et la commission
scolaire, cela se confond. Ce sont des institutions qui sont au service des
jeunes et des adultes. C'est pour cette raison qu'on a trouvé curieux
que des gens loin de notre milieu nous arrivent avec la proposition de scinder
des choses, de mettre de l'opposition, de semer de la confusion, alors que ce
n'est pas comme cela qu'on le vit chez nous. Les responsabilités de la
commission scolaire sur le plan de la pédagogie, dans une région
comme la nôtre, sont fondamentales parce que nous avons une
pléiade de petites écoles.
Je vais vous donner un exemple. Dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, il y a 140 écoles primaires et
secondaires. Hier, on faisait encore un tour de table le plus objectif
possible. On se disait: Combien y en aurait-il qui pourraient assumer
totalement toutes les fonctions prévues aux articles 90 à 132? Il
fallait regarder la taille et la clientèle. Nous arrivions à un
chiffre: le chiffre énorme de 7 écoles. 5% de nos écoles
ont une clientèle qui pourrait leur permettre d'avoir l'ensemble des
ressources humaines, matérielles et financières pour assumer tout
le mandat qui leur est donné aux articles 90 à 132. Alors, selon
nous, 95% de nos écoles n'ont pas cette taille.
Je vous donne l'exemple de notre commission scolaire,
Lac-Témiscamingue. Nous avons 22 écoles: 5 écoles
secondaires qui contiennent entre 210 et 550 élèves. Chez nous,
il n'y a pas de grosses polyvalentes de 1000 à 1500
élèves. Nous avons 17 écoles primaires. Écoutez
bien les chiffres. Nous avons 15 écoles sur 17, au Témiscamingue,
de moins de 200 élèves. Les 2 autres ont 364 et 320
élèves. Sur les 15 écoles de moins de 200, savez-vous
combien on en a de moins de 100 élèves? Neuf. Des écoles
de 23 élèves, de 48 et de 55 élèves. Pour
Rouyn-Noranda, on peut vous faire les mêmes témoignages en vous
donnant le nom des écoles. Ce sont des choses à vérifier.
La commission scolaire d'Abitibi, qui est ici présente, peut vous en
nommer également. C'est vrai aussi pour Amos, pour Val-d'Or.
Comment voulez-vous que tous les mandats qui sont confiés dans
les articles 90 à 132 puissent être réalisés par ces
écoles? C'est tout le contraire chez nous. Avant même que la loi
27 ne soit adoptée, s'il y a une région où il y a eu
plusieurs regroupements volontaires de commissions scolaires locales, c'est
bien chez nous. La raison en était fort simple. Devant la petite taille
des clientèles, les gens sentaient le besoin de se regrouper. Là,
on veut nous amener une démarche inverse et recréer de petites
commissions scolaires au niveau de l'école, avec des
responsabilités qui sont présentement assumées de
façon très satisfaisante par les commissions scolaires, si on
juge encore une fois d'après les appuis.
Chez nous, le morcellement ne s'envisage pas sur le plan de la
pédagogie. Bien au contraire. Le premier objectif d'une commission
scolaire, c'est l'enseignement, l'éducation. Si le gouvernement, si
l'Assemblée nationale veut enlever cette raison d'être des
commissions scolaires et qu'il nous reste simplement à faire les paies,
à s'occuper du transport et des aménagements des cours
d'écoles et des toitures, on se dit que ce doit être une
étape pour démontrer que les commission scolaires n'ont pas
besoin d'exister parce que, pour faire ce genre de travaux, on n'a pas besoin
d'une structure aussi importante. Il y en a d'autres, comme les MRC, qui
pourraient le faire. Or, la raison d'être, quant à nous, d'une
commission scolaire est de s'occuper de pédagogie et on pense que la
taille même de notre région, l'immensité
géographique que nous avons, avec les petites tailles des
clientèle de nos écoles, obligent à un regroupement,
obligent à se serrer les coudes et à mettre nos ressources en
commun. Le leadership, l'animation, la supervision de la pédagogie
doivent continuer à être l'oeuvre première des commissions
scolaires et le souci premier des commissaires d'école.
Le Président (M. Blouin): Oui, Mme Labelle.
Mme Labelle: Brièvement, M. le Président, sur la
participation des parents, je pense que Mme Nicole Pagé-Simard aurait
quelque chose à vous dire.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Blouin): Mme Pagé-Simard.
Mme Pagé-Simard (Nicole): Merci, M. le Président,
mesdames et messieurs. Tout d'abord, je voudrais dire que je suis totalement en
accord avec M. Bergeron pour
ce qui est des grandes lignes. Je ne recommencerai pas là-dessus.
Comme M. Ryan demandait qu'on explicite un petit peu la démarche de
chacune de nos commissions scolaires face au mémoire qui est devant
lui...
M. Ryan: Oui.
Mme Pagé-Simard: Pour ce qui est de chez nous, à
Chapais-Chibougamau plus spécifiquement, ce fut une démarche
qu'on a voulue générale. On a tout d'abord demandé
à chacun des intervenants du milieu scolaire de s'asseoir et
d'étudier la loi 40 pour regarder ce que c'était et de nous faire
parvenir un mémoire quelconque, soit la conclusion de leurs
études et leur rapport. Cependant, on ne voulait pas que le
mémoire des commissaires de la commission scolaire Chapais-Chibougamau
soit l'ensemble, parce que, pour nous, le respect du milieu était
très important. Comme chacun - tant le comité de parents, les
cadres que les directeurs d'école - pouvait faire un rapport, s'il le
désirait, c'est pourquoi on retrouve un rapport qui est
spécifiquement relié aux commissaires. Je pense qu'on peut aussi
dire qu'à la table des commissaires, chez nous, on retrouve sept
commissaires qui sont issus de comités d'école.
M. Ryan: Ce ne sont pas des parents? Mme Pagé-Simard:
Oui. M. Ryan: Oui.
Mme Pagé-Simard: Bien oui. C'est cela que je vous
demandais. J'avais hâte de poser cette question, à savoir quelle
est la différence entre un "commissaire commissaire", qui a trois
enfants dans une école, et un "commissaire parent", comme on en veut
dans la loi 40.
Alors, on a sept commissaires qui sont des parents et qui nous arrivent
des comités d'école. Pour ma part, j'ai siégé
pendant six ans à un comité d'école. Il y a maintenant
trois ans que je suis à la table des commissaires. J'ai vraiment
l'impression d'être un parent et de voir "at large" ce qui se passe dans
toutes les écoles, ce qui me fait un petit peu peur, comme on le disait
tout à l'heure dans notre mémoire, quand on parlait de la
représentation d'un commissaire par le biais d'une école. C'est
peut-être prétentieux de croire que je puisse savoir ce qui va se
passer, mais, selon ma propre expérience, il m'a quand même fallu
un certain temps, ayant fait partie d'un comité d'école pendant
six ans, quand je suis arrivée à la table des commissaires... Il
y a eu une certaine démarcation avant que je puisse voir pour tout le
monde. Je suis très consciente que cela a existé, ce point de
vue.
Maintenant, je me demande, lorsque chacun sera vraiment assis sur sa
chaise pour représenter son école et ses besoins, ce que cela va
donner. Je ne sais pas si cela répond à votre question.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Mme Labelle.
Mme Labelle: Si on pouvait demander à M. Lafrenière
de répondre. (11 h 30)
Le Président (M. Blouin): Allez-y.
M. Lafrenière (Jacques): II me fait plaisir d'être
ici. Voir travailler une commission parlementaire, c'est assez impressionnant
pour les gens de chez nous. Si j'ai demandé la parole, c'était
tout simplement pour dire que j'ai fait partie d'un comité
d'école. Je suis commissaire depuis quatre ans. Peut-être que
j'aurais dû entrer plus jeune ou attendre un peu plus longtemps, mais je
peux vous dire que chez nous le regroupement s'est fait, comme M. Bergeron l'a
dit, par besoin. Notre association est là par besoin, c'est l'ensemble
des commissions scolaires. Si notre point de vue approche celui de la
fédération, tant mieux, mais c'est le point de vue de la
région.
Si un commissaire est élu par le biais d'une école, je
pense que c'est un handicap, probablement le même que vous auriez si vous
étiez élus par le biais d'une municipalité. C'est
impossible de demander à quelqu'un d'aller à un conseil
d'école et, ensuite, d'aller au conseil de la commission scolaire et
qu'il pense de façon générale. Ils vont tous être
là pour défendre l'école en particulier. Si vous avez deux
grosses écoles à peu près de même clientèle,
il va y avoir une compétition. Si, en plus, il y a une
compétition politique qui se fait, je pense que c'est provoquer toutes
ces chicanes et ces affrontements. Si le commissaire d'école est
élu pour représenter l'ensemble des citoyens au conseil de la
commission scolaire... C'est son rôle, il est là pour administrer
l'ensemble des écoles, qu'elles soient dans n'importe quelle
municipalité; il est là aussi pour l'ensemble de la population,
pour le bien commun de toute la population. Je pense que le rôle du
commissaire serait beaucoup plus intéressant si on avait des
responsabilités qui sont normales pour un représentant au sein
d'une table de commissaires.
Le Président (M. Blouin): Merci.
M. Ryan: M. le Président, dans le mémoire que la
commission scolaire de Quévillon a adressé à la
commission, je trouve un passage, à la page 17, qui traite de la carte
scolaire. Vous dites ceci: "La
commission scolaire de Quévillon dessert un territoire
isolé dans le bois à une très grande distance de tout
autre centre. La carte scolaire, dans sa répartition des commissions
scolaires, doit donc tenir compte de cet isolement et maintenir la commission
scolaire de Quévillon dans son entité actuelle en y
intégrant l'enseignement secondaire. C'est d'ailleurs ce que
prévoyaient les deux cartes scolaires qui ont
précédé la dernière parution, mais, pour une raison
que nous ignorons, le dernier découpage nous intégra à une
autre commission scolaire contre toute logique économique et contre la
volonté clairement exprimée de la population desservie par la
commission scolaire de Quévillon. En effet, le comité de parents,
comme le syndicat des enseignants, comme le conseil de ville, comme la chambre
de commerce, comme le centre de santé de Lebel, comme chaque citoyen,
appuie le maintien de l'existence de la commission scolaire de Quévillon
pour plusieurs raisons."
Je voudrais vous demander à ce sujet -je pense que c'est M.
Rouleau qui est ici -si c'est toujours la situation ou si ceci a
été redressé par des conversations que vous auriez pu
avoir avec le gouvernement. Deuxièmement, j'aimerais que vous nous
disiez quelle clientèle dessert la commission scolaire de
Quévillon, comment vous pensez qu'elle peut continuer comme commission
scolaire distincte et pourquoi.
M. Rouleau (Jean-Paul): M. le Président, à moins
d'un changement de dernière minute, on devrait devenir, selon le projet
de loi, une commission scolaire intégrée au secteur de
Barraute-Senneterre. Même si j'ai eu des conversations avec certaines
gens du ministère il y a deux semaines, je ne pense pas que la position
ait changé.
M. Ryan: Je vais me permettre de vous interrompre une petite
seconde. Pourriez-vous donner la distance qui existe entre Quévillon et
Senneterre? Il y a peut-être certains de nos concitoyens qui sont moins
familiers avec votre région.
M. Rouleau: Pour situer le secteur de Lebel-sur-Quévillon,
on est en haut du 49e parallèle, sur le territoire de la
municipalité de la Baie-James. C'est à 90 kilomètres
exactement de Senneterre, et à plus de 165 kilomètres de
Chapais-Chibougamau. C'est pour vous montrer qu'on est vraiment un cas
d'exception, M. le Président, et que, si on se reporte un peu plus loin,
en 1972, lorsqu'il y a eu certains regroupements faits à
l'intérieur d'une loi, on était une commission scolaire
intégrée et on a été obligé par la loi d'y
aller contre la volonté du milieu. Je pense que ce qu'on refait
actuellement, c'est qu'à l'intérieur de la loi 40 on va encore se
balancer de la volonté du milieu et on va refaire un groupement vers un
autre secteur.
Nous avons deux écoles sur le territoire: une école
secondaire, qui est au niveau de la régionale, et une école
élémentaire. D'ailleurs, on a déjà eu une petite
école à Miquelon, qui est à 40 milles de chez nous,
où il y avait trois élèves. On a maintenu cette
école ouverte pendant deux ans. Lorsqu'on parle de disparité,
lorsqu'on parle de grosseur d'école, lorsqu'on parle de services qu'on
se donne dans un secteur, je pense que, si cela avait été une
commission scolaire à la façon de la loi 40, cette école
n'aurait pas vécu longtemps. On aurait dit: On prend les enfants et on
s'en va ailleurs. À cause du souci du bien-être de la
clientèle scolaire, les commissaires qui avaient été
élus dans le secteur de la municipalité scolaire de
Lebel-sur-Quévillon ont tout simplement accordé le fait de
déplacer des sommes de certains secteurs pour les donner ailleurs. Je
pense que cela illustre bien cela aussi.
Il y a l'autre aspect. Notre école élémentaire a
670 élèves, notre école secondaire en a 322. On nous
regroupera avec une commission scolaire qui en aura huit ou neuf. On sera
à 90 kilomètres. On sera encore au bout de la ligne, parce que je
m'aperçois aujourd'hui - d'ailleurs M. Ryan l'a dit tantôt - qu'on
a été oublié dans la liste des gens qui voulaient
être entendus, peut-être parce qu'on est un peu trop loin de
Québec et qu'on n'entend pas parler de nous autres souvent. Je pense que
la volonté du milieu est là, de vouloir gérer, de vouloir
prendre en main l'éducation chez nous. Je pense que ce n'est pas
uniquement dans le milieu scolaire, c'est dans la chose municipale et aussi au
niveau du ministère des Affaires sociales.
Je crois que c'est vraiment montrer ce qu'est la grande région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Si on parle du projet de LG 2, une heure et
demie d'avion et on y est rendu. Vous pouvez vous imaginer que ce n'est pas
plus loin que de venir à Québec. Je voudrais bien vous faire
comprendre que les gens du milieu sont conscients qu'on a toujours donné
et qu'on donnera toujours, à l'intérieur d'une certaine limite,
une qualité et une quantité d'éducation pour notre
clientèle tant des niveaux élémentaire que secondaire, et
même au niveau des adultes pour des besoins très
spécifiques de chez nous. D'ailleurs, on entend dire assez souvent: Les
gens devraient se prendre en main. C'est ce qu'on veut chez nous. C'est ce
qu'on veut nous enlever. On ne veut pas qu'on se prenne en main.
Si vous aviez eu l'occasion d'entendre notre mémoire, si on avait
eu la chance de venir en discuter ici, on aurait pu aller plus en détail
sur la disparité et sur les problèmes. Je remercie M. Ryan de
l'occasion qu'il nous donne aujourd'hui de
pouvoir exprimer notre point de vue. On espère que, si le projet
de loi est réécrit, on sera une parmi les premières
à revenir à une commission parlementaire pour pouvoir se faire
entendre et vous dire ce qu'on a vraiment à dire chez nous.
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: II y a une autre intervention, M. Bellehumeur
aimerait répondre à M. Ryan. Auparavant, si vous me permettez
juste une réflexion, d'après le projet de loi 40, les deux
écoles de Lebel-sur-Quévillon auraient deux représentants.
On s'est demandé, dans le Nord-Ouest, comment ferait-on pour bâtir
un exécutif qui demande cinq personnes.
M. Bellehumeur.
M. Bellehumeur (Guy): Je voudrais parler - tantôt, M. Ryan
l'a fait - de l'équilibre qui est changé dans le projet de loi
40. M. Laurin semble trouver curieux qu'on ressente de l'inquiétude.
Selon la philosophie qui est derrière la loi 40, on prend
prétexte des choses pour en faire d'autres.
M. Laurin, un ministre de votre gouvernement me disait, en parlant de la
Fédération des commissions scolaires: Elle est trop forte. Comme
si c'était une opposition au ministère de l'Éducation. Je
lui ai répondu tout simplement: Mais le ministère de
l'Éducation est très fort lui aussi. Il est très
présent, ça prend un pendant quelque part. Ce pendant-là,
au niveau régional, c'est la commission scolaire qui le fournit. Depuis
des années, on demande qu'elle soit renforcée, qu'elle soit plus
forte. Aujourd'hui, dans un projet de loi qui veut bouleverser toutes les
structures, on nous amène un morcellement de ces petits pouvoirs qui
nous restent au niveau local, dans toutes les écoles, ce qui ne peut
faire autrement qu'apporter, comme résultat, que le gouvernement, qui
est déjà très fort, va être encore plus fort par
rapport à d'autres plus petits. On voit déjà le bureau
régional, dans son travail qui lui est commandé de je ne sais
où, commencer à compter les professeurs qui doivent entrer dans
une école. Je le vois très bien, demain matin, accroître
encore et gérer toutes les écoles. Il prend déjà de
la place dans un milieu où un organisme a une responsabilité et
on voudrait qu'on pense qu'à partir du projet de loi 40 cela va
s'améliorer. Au contraire, la structure étant plus faible, le
ministère étant toujours de plus en plus fort, ne voulant jamais
laisser plus de pouvoirs au niveau local, il ne pourra faire autrement que de
prendre une place plus grande. C'est cet équilibre que je vois
drôlement menacé dans le projet.
M. Ryan: Très bien. J'ai une question pour la personne qui
représente la Commission scolaire Chapais-Chibougamau. Dans votre
mémoire, Mme Pagé-Simard, vous insistez sur les
difficultés que connaissent les étudiants qui veulent parfaire
leur formation au-delà du secondaire. Les étudiants de votre
région regardent leur avenir et se disent: On doit compléter
notre formation; il y a des barrières géographiques immenses
à franchir et cela coûte très cher. Vous faites une
suggestion dans votre mémoire. J'aimerais que vous l'expliquiez un peu
pour le bénéfice des membres de la commission.
Mme Pagé-Simard: Oui, M. le Président, si vous me
le permettez. De Lebel-sur-Quévillon à ici, cela prend une heure
et demie en avion. En auto, cela prend six heures parce la distance est de
quelque 400 kilomètres et même plus, je pense. La polyvalente
offre des cours jusqu'au secondaire V. Depuis maintenant deux ans, le
cégep de Saint-Félicien vient offrir la formation pour les deux
premières années du cégep, mais dans un seul domaine
à condition d'avoir la clientèle suffisante. Si, à un
moment donné, il n'y a pas le nombre d'étudiants
nécessaire, cela veut dire que la branche du cégep de Chibougamau
devra fermer. Cela veut dire que, dès l'âge de 16 ou 17 ans, nous
devons envisager le départ des enfants, soit pour Rouyn, où il y
a l'université et le cégep, ou pour le Lac-Saint-Jean ou pour
Québec, parce qu'on dit à l'étudiant: Quant à te
déplacer dans un centre, quant à t'installer, il va falloir que
tu t'installes pour pouvoir aller à l'université, etc. Cela veut
dire que, présentement, ce sont des investissements de 4000 $ à
5000 $ je ne suis vraiment pas généreuse strictement pour les
frais de déplacement, d'installation et d'études. Et ces
enfants-là, il faut quand même les voir; il faut quand même
qu'ils reviennent chez eux. Pour nous, il y a quelque chose de catastrophique.
C'est une région en voie de développement, c'est une ville en
voie de développement; notre municipalité n'a que 25 ans
d'existence. Imaginez ce qui se passe lorsqu'un jeune de 17 ans s'expatrie pour
compléter ses études pendant sept et huit ans et termine à
l'université. Il a terminé; il a tous ses diplômes.
Croyez-vous qu'il revient à Chibougamau? Non. Ce sont des citoyens
à part entière qui s'en vont à l'extérieur; ils ont
pris l'habitude de vivre à l'extérieur, parce que, chez nous, on
ne répond pas à leurs besoins. C'est tout un engrenage, parce
qu'il n'y a pas les écoles nécessaires, il n'y a pas les
développements nécessaires. Donc, s'ils s'en vont faire des
études quelconques, soit pour aller chercher un diplôme, un
baccalauréat en enseignement quelconque; la clientèle est
là, mais il n'y a pas les écoles nécessaires pour les
desservir. C'est dans ce
sens-là que nous demandons, dans notre mémoire, une
pension pour nous aider. Il faut bien penser aussi que les gens de Chibougamau,
sans vivre sous le seuil de la pauvreté, sont quand même des
travailleurs, des mineurs pour une grande partie d'eux, qui vivent à
l'aise, qui vivent bien, mais de là à payer pour les enfants, ce
n'est pas tout le monde qui peut le faire. Ordinairement, les enfants se
suivent; il y a une différence d'âge de deux ou trois ans. Si vous
avez deux ou trois enfants qui sont à l'extérieur en même
temps, cela représente une somme astronomique. C'est à ce point
de vue qu'on se trouve vraiment pénalisés vis-à-vis d'un
centre comme Québec ou Chicoutimi où les écoles existent,
les structures étant là. (11 h 45)
M. Ryan: Vous touchez dans votre mémoire, Mme Labelle, le
problème de la clientèle anglophone. Vous dites, si j'ai bien
compris, qu'il serait souhaitable que les anglophones se regroupent pour former
une commission scolaire distincte dans la région de l'Abitibi. Cela
dépasse peut-être un peu votre champ d'intérêt
immédiat, mais j'aimerais avoir votre réaction là-dessus.
Car il y a quelque temps, un comité d'anglophones chargé de
promouvoir les intérêts éducatifs de la communauté
anglophone dans l'Ouest du Québec est venu rencontrer la commission
parlementaire et a préconisé la formation d'une commission
scolaire anglophone dans l'Ouest du Québec, qui embrasserait
également l'Abitibi. Est-ce que cela semble raisonnable pour vous autres
un projet comme celui-là? Est-ce que cela ne serait pas mieux si les
anglophones de votre région étaient intégrés dans
une commission scolaire d'ampleur un peu plus grande?
Mme Labelle: Justement, avant de partir pour la commission
parlementaire, nous avons discuté avec le président et l'un des
commissaires anglophones, et c'est une des raisons pour lesquelles nous avons
spécifié dans notre document, si vous me permettez de le lire:
Nous appuyons donc la formation d'une telle commission - on parle de la
clientèle anglophone - pour autant que les intervenants concernés
s'entendent sur les services qu'ils voudront se donner et les modalités
à retenir. Je pense qu'en tant qu'association, lorsqu'on
représente douze commissions scolaires, nous n'avons pas à nous
mettre dans leurs souliers, dans leurs milieux, et j'oserais dire que c'est
cela le respect du milieu. Nous avons dit aux commissaires anglophones, avant
de partir, que nous appuyions la commission scolaire linguistique, que celle-ci
était nécessaire parce qu'il y a suffisamment d'anglophones et de
gens de différentes nations dans notre coin. J'en profite pour
émettre une opinion aussi. C'est qu'il y a beaucoup de gens qui nous
sont arrivés après la guerre. Alors, qu'on pense qu'une
deuxième langue, c'est peut-être de l'utopie ou que ce n'est
absolument pas nécessaire, je connais de nombreux nouveaux Canadiens qui
parlent quatre langues, dont les enfants parlent la langue maternelle du
père et de la mère en plus de l'anglais et du
français.
Je me dis que, dans une commission scolaire linguistique, ce sont des
choses acquises qu'ils ne voudront pas perdre. Ce qu'on me dit dans le moment,
c'est qu'ils sont habitués à cette façon d'agir, à
être reliés par Hull et Great North Western Quebec - je ne sais
pas exactement le véritable nom. Pour eux, une commission scolaire, dans
le moment - et il n'empêche qu'ils ont une progression à faire
là-dessus, ils ne ferment pas la porte à autre chose - ce serait
une dépense assez onéreuse que de se scinder, de reprendre une
direction générale, de dépenser pour des structures. Ce
pourquoi on est tellement contre la loi 40, c'est parce qu'elle touche aux
structures et non à la pédagogie. Je pense que les anglophones
sont du même avis. Il serait préférable pour eux, pour le
moment, de conserver la façon dont ils agissent pour mettre plus
d'emphase sur le pédagogique et sur les soins, parce qu'il faut vous
dire qu'on vient vous donner les limites de territoire et les distances. Il
faut vous dire que les anglophones ont des écoles dans ces
différents endroits; il y en a une, si je ne me trompe pas, à
Joutel-Matagami. Il y a des services pédagogiques qui doivent se donner
là aussi. Il y a des conseillers pédagogiques engagés et
il y a des personnes qui doivent circuler: ce ne sont pas les enfants qui
circulent, ce sont ces personnes.
Cela prend des énergies et des ressources humaines et
financières. Ce que la commission scolaire anglophone nous dit, c'est
que, dans le moment, elle ne serait pas prête à changer une
structure pour recommencer à neuf. Petit à petit, suivant les
intervenants, parents, commissaires, enseignants et cadres du milieu
anglophone, catholique et protestant, parce que là s'ajoute la
clientèle catholique que nous avons dans nos écoles dans le
moment et à qui nous dispensons l'éducation du côté
anglophone, je pense que tous ces gens, lorsqu'ils se rencontreront,
peut-être qu'ils auront une opinion qui aura progressé. Ce qu'on
nous a dit avant de partir, c'est: On ne ferme pas la porte à une autre
façon, mais on ne voudrait pas que quelqu'un décide pour nous,
c'est nous qui sommes concernés. En tant qu'association, nous sommes
là pour aider les commissions scolaires, nous ne sommes pas là
pour imposer; si on prêche le respect, je pense qu'on doit respecter les
autres. C'est dans ce sens que nous avons inscrit dans notre mémoire que
nous
appuyons fortement une commission scolaire linguistique. Quant au
territoire, je pense que c'est à ceux qui y vivent de vous donner les
raisons pour lesquelles ils optent pour une façon ou une autre.
M. Ryan: Je vous écoute parler ce matin, nous en sommes au
quatrième jour de la cinquième semaine d'audiences parlementaires
et, pour moi, en vous écoutant, c'est comme si c'était le premier
jour. Hier soir, on avait la même impression en causant avec les
représentants de la commission scolaire de Normandie, hier
après-midi, et avec les représentants de la commission scolaire
de Saint-Eustache. Nous avons énormément de respect pour les
fédérations qui vous représentent, mais, quand ce sont les
organismes eux-mêmes, ce n'est pas pareil. La fédération a
son point de vue, elle a sa perspective très importante, mais que cela
vient donc enrichir le paysage d'entendre le point de vue de ceux qui vivent
directement des expériences et des problèmes. C'est une des
responsabilités du législateur, me semble-t-il, de trouver le
temps d'écouter ces représentations.
J'ai deux petites questions à poser et je vais finir. Vous dites,
dans votre mémoire, au sujet de la commission scolaire
Lac-Témiscamingue, à la fin, à la page 7, ceci: Avec nos
préoccupations d'application de la nouvelle convention collective, du
nouveau régime pédagogique, de l'implantation des nouveaux
programmes, d'ajustement aux nouvelles politiques de services personnels
à l'élève, de services complémentaires,
l'arrivée des micro-ordinateurs dans nos écoles, la
révision de l'enseignement professionnel de même que les nouvelles
orientations en éducation des adultes, on se passerait bien d'un
bouleversement des structures scolaires aussi inopportun qu'inefficace chez
nous qui sommes déjà une commission scolaire
intégrée.
Je voudrais vous poser une question plus limitée. Je ne veux pas
qu'on prenne tout le tableau qui a souvent été
évoqué. Dans votre région, l'application des
décrets cause-t-elle des problèmes particuliers et
entrevoyez-vous des problèmes encore plus complexes quand on va entrer
dans la deuxième année du régime décrétai et
dans la troisième année? Et est-ce que cela aura des relations
quelconques avec les complications qui pourraient venir s'ajouter si le projet
de loi, dans sa formule actuelle, était appliqué
bientôt?
M. Bergeron: Effectivement, l'application des décrets dans
une commission scolaire comme la nôtre, en particulier au niveau de nos
écoles secondaires, pose des problèmes bien concrets.
Déjà, dans les écoles secondaires, où vous
retrouvez des clientèles de 210 étudiants à un endroit,
260 dans une autre école, 220 dans une autre et deux écoles de
550 élèves, nous sommes obligés, depuis des années
déjà, de donner beaucoup de matières à
différents professeurs parce que la clientèle n'est pas nombreuse
à chacun des niveaux.
Avec l'augmentation de la tâche chez nous pour chacun des
professionnels enseignants, cela amène la direction de l'école
à augmenter la charge et la diversité des matières
à confier à chacun de nos professionnels enseignants. Or, avec
l'implantation des nouveaux programmes, le perfectionnement de ces gens, qu'on
a à leur faire vivre et réaliser, commence à prendre des
proportions dangereuses et difficiles parce que ces gens ont
énormément de temps à investir pour pouvoir assurer une
qualité d'enseignement.
Une des choses que cela a provoqué chez nous - et on s'attend que
cela augmente l'an prochain; du côté de la création
d'emploi, c'est bon - étant donné que les tâches augmentent
et qu'elles deviennent plus ardues, chez nous, concrètement, nous avons
de plus en plus de demandes de travail à temps partiel des
professionnels enseignants. On trouve que c'est significatif. Quand on va dans
les écoles - parce que nous sommes très présents dans les
écoles - on rencontre des gens qui disent: L'an prochain, avec
l'augmentation de la tâche que j'aurai, je ne suffirai plus, alors, je
vais prendre mes soirées et mes week-ends. Comme la qualité de
mon enseignement va certainement en souffrir, je pense demander à la
commission scolaire de me libérer de quatre périodes par semaine,
de six périodes par semaine ou quelque chose comme cela. C'est
commencé cette année et on s'y attend l'an prochain. Du point de
vue de la création d'emploi, c'est bon, sauf que, si vous pensez aux
répercussions, aux problèmes que cela cause chez le personnel,
effectivement, cela cause des problèmes d'application.
En relation avec nos difficultés ou nos appréhensions de
l'application de la loi, si le projet de loi était adopté le 30
juin, comme il est prévu, dès l'an prochain, au lieu d'être
constamment là en support et en animation sur la vie pédagogique
dans les écoles, on va être obligé de consacrer...
Déjà, on a trop d'énergie de consacrée à
l'étude de ce projet de loi. Avez-vous pensé à la somme de
travail qui a été consacrée dans des régions pour
aller consulter des gens et l'animation que cela a nécessitée,
aux nombreuses heures de réunions pendant lesquelles on a
travaillé sur ce projet pour se demander si c'est mieux un commissaire,
des parents ou pas, et demander à l'école: Voulez-vous des
pouvoirs ou si vous n'en voulez pas, alors que chez nous la dynamique n'est pas
comme cela? On rencontre les parents et ils nous disent: Comment, des pouvoirs
à l'école? On se
confond avec la commission scolaire. Toutes ces heures passées,
pour nous, c'est une perte de temps qu'on aurait dû investir pour se
demander: Comment va-t-on faire pour améliorer demain matin
l'enseignement des mathématiques en quatrième année
à Belleterre? Comment fait-on pour améliorer notre enseignement
professionnel? Vous avez tout le problème de notre formation
professionnelle qui est d'une acuité très grande dans notre
région.
Effectivement, l'application des nouveaux décrets amène le
personnel à se casser la tête et le personnel cadre à
prévoir les meilleures dispositions d'application possible; à
côté de cela, on a toutes ces préoccupations qu'on a
soulignées tantôt.
M. Ryan: Si vous me le permettez, j'ai une autre question sur un
autre thème, celui de la centralisation. On pensait que c'était
un projet de décentralisation. Il y en a beaucoup qui voient un danger
de centralisation accrue dans le projet. Dans votre mémoire, vous
soulevez un point. Vous donnez un exemple, parce que certains de nos
collègues du côté ministériel ont souvent
demandé des exemples de centralisation accrue qui pourrait
découler du projet de loi. Vous en mentionnez un. Vous prenez l'article
309, 2 , du projet de loi que je vais lire et je vous demande de le commenter
brièvement: "Le ministre peut, par règlement: déterminer,
dans toutes ou certaines commissions scolaires, la classification, les
conditions de travail, les recours et droits d'appel des membres du personnel
qui ne sont pas membres d'une association accréditée." Cela veut
dire tous les travailleurs non syndiqués, finalement. Vous vous
élevez contre cet article. J'aimerais que vous nous disiez pourquoi. Je
vais essayer de me faire l'avocat du diable pour une minute. Je pense que le
gouvernement veut mettre cela parce qu'il y a peut-être eu des abus dans
le passé à certains endroits: une personne occupait une fonction
dans une commission scolaire était payée tant et dans une autre
commission scolaire, elle était payée moins. On a dit: On veut
avoir des conditions pas mal comparables d'une partie à l'autre du
Québec. Admettez-vous cette nécessité d'une certaine
standardisation de la classification et des normes de
rémunération? Si oui, pourquoi ne voulez-vous pas que cela
s'étende à toutes les conditions de travail? Ce qui me frappe
dans le projet de loi, c'est que cela va s'appliquer à toutes les
conditions de travail. Cela me semble un peu fort. J'aimerais que vous nous
expliquiez votre point de vue puisque vous avez soulevé ce
problème dans votre mémoire.
Mme Labelle: M. le Président, si vous me le permettez, je
pense que la personne la plus apte à répondre serait M. Jacquelin
Bergeron.
M. Bergeron: M. le Président, quand vous soulevez une
question concernant la décentralisation pour notre région, les
questions de conditions de travail, vous savez que la fédération
vient de mettre en branle un processus de consultation sur le futur mode de
négociation. Nous avons des propositions intéressantes à
faire dans nos régions, mais il est sûr pour nous qu'il y a une
certaine équité à garder au niveau de la province, alors
qu'encore une fois, pour s'adapter à des circonstances
particulières et à des milieux particuliers, il y aurait à
garder une certaine marge de manoeuvre dans l'établissement des
conditions de travail pour des régions comme la nôtre. Tout cela
fait partie du grand principe qu'on vous rappelait à la fin du
mémoire de notre association: le respect des milieux. Permettez donc aux
milieux la possibilité de définir et de choisir des formules qui
leur conviennent. Effectivement, on ne peut pas être en accord avec une
proposition qui vise à détailler complètement les
conditions de travail. Il y a une base qui nous apparaît
équitable, mais pas complètement. D'ailleurs, quand on
décrit ces choses et qu'on pense aux 60 000 mots que contiennent les
décrets pour les professionnels enseignants, on trouve que c'est aller
beaucoup trop loin et que c'est beaucoup trop tatillon et difficilement
applicable dans nos milieux.
Concernant la centralisation, une appréhension qu'on a aussi,
c'est qu'avec la confusion qui règne dans différents articles
-vous connaissez certainement et encore mieux que nous, peut-être, ces
définitions -qu'on pense à l'article 199 par rapport à
206, qu'on pense, par exemple, au mandat pour les mesures d'évaluation
au niveau des écoles qu'on retrouve également pour la commission
scolaire, quand on pense à l'attribution des ressources humaines,
matérielles et financières, nous craignons beaucoup que chaque
fois qu'il y aura une situation conflictuelle entre une école et une
commission scolaire quelqu'un au-dessus de ces deux belligérants aille
arbitrer cela et que ce soit le ministère. (12 heures)
M. le ministre, vous avez dit quelque chose tantôt. Il faut
absolument que je vous informe que vous avez des fonctionnaires qui trahissent
vos directives. Vous nous avez dit que, tout comme présentement, le
projet de loi prévoit un rapport exclusif école-commission
scolaire. Pas plus tard qu'au mois de décembre nous avons reçu
des copies de lettres qui venaient de votre ministère concernant le
programme d'insertion sociale et professionnelle. Elles étaient
adressées directement à nos écoles. Ces fonds sont
gérés directement par les écoles et, à
l'intérieur de ce processus, la commission scolaire n'a absolument rien
à dire, ni à intervenir. Je voulais vous signaler que le rapport
exclusif école-commission scolaire est déjà une chose
brisée, que vos fonctionnaires trahissent. Je peux vous dire qu'on a
à rappeler de façon annuelle, dans notre région, à
la direction régionale: Un instant! Avant de faire affaires avec les
écoles, vous commencez par venir voir la commission scolaire qui en est
responsable. Ce n'est pas vous, la direction, qui êtes responsable des
écoles. Ce sont encore les commissions scolaires.
Un dernier point là-dessus. Vous devez sans doute vous rappeler
que des résolutions vous ont été envoyées pour vous
dire d'appeler les choses par leur nom. Au ministère, depuis deux ans,
on parle d'organismes scolaires. Cela comprend le cégep,
l'université, etc. Il y a différents organismes scolaires, mais
"commission scolaire" est une expression qui existe encore dans les lois
actuelles. On voulait vous le rappeler également.
Le Président (M. Blouin): Merci. Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
Une voix: J'avais demandé la parole. M. Payne:
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Un instant, M. le
député de Vachon! Mme Labelle et M. Bellehumeur, me semble-t-il,
désirent intervenir. Il faudrait le faire assez brièvement, s'il
vous plaît, parce qu'il y a un bon nombre d'intervenants qui
désirent s'entretenir avec nous.
Mme Labelle: Très brièvement, M. le
Président, c'est simplement pour spécifier que lorsqu'on veut
déterminer les conditions de nos employés, c'est très
relié à ce qu'on prône comme gouvernement local et
responsable. Ce que M. Bergeron vient de souligner face à un plan de
négociation, c'est encore dans le même sens. Il serait impensable
de voir, dans d'autres organismes, une certaine section de nos employés
être gérés par d'autres.
Pour ce qui est de la direction régionale, pour un gouvernement
qui parle de décentralisation, je trouve assez curieux -encore
peut-être blanc et noir - de voir que les directions régionales
sont axées sur une perspective de programme qui est très
reliée à la loi 40 comme si, de fait, elle était
déjà passée. Il faut constamment vous rappeler que nous
sommes encore là; preuve encore, peut-être, soit dit en passant,
qu'on veut tout simplement nous faire oublier qu'on est là. C'est tout,
M. le Président. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci. Succinctement, M.
Bellehumeur, s'il vous plaît!
M. Bellehumeur: Merci, M. le Président. Tantôt, j'ai
eu à intervenir précisément sur la prise de position du
ministère toujours face aux commissions scolaires. J'ai un exemple qui
pourrait illustrer cela d'une manière plus claire, puisque cela vient du
texte même du projet de loi.
En administration, nous apprenons que c'est le patron qui décide
de ses employés. Or, à moins que le ministre ne nous dise
aujourd'hui qu'à l'avenir il sera le patron de tous les employés
des commissions scolaires, cela ne devrait pas être lui qui décide
des conditions des employés. Encore là, on dit -on l'a vu dans la
loi 55, je crois - que le ministre négocie, comme s'il était tout
seul. Il est sûr qu'il peut prendre d'autres gens, mais c'est toujours le
ministre et on nie toujours la présence du gouvernement local qu'est la
commission scolaire. C'est un autre exemple.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Bellehumeur. Merci, M.
le député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. Je pense qu'un mot
conviendrait au sujet de l'autonomie des conseils d'école,
particulièrement en vue des quelques remarques du député
d'Argenteuil qui me précédait. Un point de comparaison pourrait
être un autre pays, par exemple, l'Angleterre où, à l'heure
actuelle, il y a un débat très intéressant touchant le
mandat du conseil d'administration au niveau des écoles ainsi qu'au
niveau de leur composition. Je peux vous citer, en référence aux
quelques remarques du député de l'Opposition, la politique de
l'Angleterre qui dit clairement que chaque école publique - je traduis
ici leur politique - et chaque conseil d'administration - ce qui est
l'équivalent ici du conseil d'école, tel que proposé dans
le projet de loi - sont tous ou en partie nommés par le gouvernement.
Par contre, on poursuit: "Legislation before Parliament would provide for the
wide representation of parents on school governing bodies". La loi devant le
Parlement de Londres, actuellement, ferait en sorte qu'il y aurait une
présence plus large des parents que présentement. Lorsqu'on parle
du régime pédagogique, ce qu'on appelle là-bas le "secular
curriculum", c'est entièrement entre les mains du conseil
d'administration ou du conseil d'école, pour le niveau secondaire. Donc,
il y a en Angleterre une décentralisation au niveau pédagogique
qui est assez intéressante.
Lorsque le député d'Argenteuil critique les membres du
Parti québécois pour leur
programme, peut-être devrait-il aussi se souvenir qu'il se trouve
en bonne compagnie avec les dirigeants de l'éducation en Angleterre,
quoique le législateur, avec le projet de loi 40, ait proposé un
modèle sur lequel tout le monde est d'accord, je crois. En ce qui
concerne le conseil d'école, c'est sûrement beaucoup plus
démocratique.
Quant au chambardement ou au bouleversement des structures, tel que
suggéré par plusieurs membres de l'Opposition également,
je pourrais parler longuement d'une espèce de livre blanc que le
président Reagan a mis sur pied ou a fait rédiger par une
équipe dernièrement. Cela s'appelle "A Nation at Risk" et le
sous-titre est "The Imperative for Educational Reform", soit l'urgence d'une
réforme en matière d'éducation. On trouve, à la
page 29, toute une référence aux matières
pédagogiques qu'il faut confier davantage aux parents. Cela me rappelle
les propos du président des États-Unis la semaine
dernière, lorsqu'il a dit dans son "State to the Union Address", son
allocution à la nation chaque année: "It is time to give the
schools back to the parents". C'est le temps de redonner les écoles aux
parents.
J'aimerais m'entretenir avec vous pendant quelques minutes sur quelque
chose que vous avez écrit à la page 13 de votre mémoire.
Vous dites: "II est de nombreux aspects que nous n'avons pas touchés,
comme l'intégration et la déconfessionnalisation des structures,
parce que nous croyons qu'il eût été possible d'actualiser
ces aspects sans procéder à une réforme en profondeur."
Vous faites référence à l'intégration et à
la déconfessionnalisation juste après avoir parlé de la
proposition des commissions scolaires linguistiques.
Voici ma première question: Si vous êtes d'accord avec la
déconfessionnalisation des structures et si, deuxièmement, vous
suggérez que cela soit envisagé immédiatement, de quelle
manière pourriez-vous procéder? Puis, ne croyez-vous pas qu'une
telle déconfessionnalisation apporterait un certain bouleversement?
Mme Labelle: J'aimerais répondre à la
première partie, où vous nous apportez des points de vue de
différents pays. Je n'ai rien contre le fait d'ouvrir les yeux sur ce
qui se passe en Angleterre, en France, en Suède, en Italie, au Japon ou
aux États-Unis. Je trouve cela très bien. Il ne faut pas avoir
d'oeillères, il faut regarder ailleurs. Pour une personne qui vit au
Québec, dans l'Abitibi-Témiscamingue, il y a des choses qui sont
pertinentes chez soi. Je pense que c'est par là qu'il faut commencer.
Évidemment, pour avoir été à la commission
parlementaire, on dit qu'on ressort ce qui fait bien notre affaire. Vous avez
cité le président Reagan, mais il a dit aussi: "Bring God back in
the schools". C'est peut-être exactement le contraire qu'on est en train
de faire. On note ce qu'on veut bien noter. Je redis qu'ici au Québec il
y a des choses que l'on vit et qu'on doit vivre de par notre vécu.
Lorsqu'on parle de structures linguistiques, nous avons dit que les commissions
scolaires elles-mêmes n'ont pas nécessairement besoin d'être
confessionnelles. On a opté pour les commissions scolaires
linguistiques.
Vous avez parlé d'intégration. Je vous rappellerai tout
simplement qu'il y a des commissions scolaires qui sont prêtes depuis
bien longtemps à s'intégrer et qui attendent la levée du
moratoire. Cela revient peut-être à autre chose dont on a
discuté tout à l'heure: l'intérêt et la motivation
ne peuvent pas être profonds à coeur d'année. Lorsque
depuis deux ans vous travaillez sur le projet de loi 40 d'arrache-pied avec
tout le monde et que vous ne savez jamais où vous allez aboutir, sachant
fort bien que pendant ce temps vous êtes obligés de
délaisser des choses pédagogiques dans votre commission scolaire,
que vous êtes obligés d'attendre que le moratoire soit levé
pour faire un développement quelconque, qui sera peut-être
onéreux - pas au niveau des structures, mais au niveau de la
pédagogie - qui est nécessaire et que vous êtes
cernés... Vous me dites: Comment on le ferait? Premièrement,
levons le moratoire et vous allez voir des gens qui seront capables
d'être à l'oeuvre et qui sont déjà prêts
à faire bien des choses.
M. Payne: Vous dites que la déconfessionnalisation
pourrait se faire sans procéder à une réforme en
profondeur. Tout le problème de la confessionnalisation n'est pas
facile. Cela concerne le malaise suscité par le principe et la pratique
de l'exemption, ou de l'opting-out, de l'enseignement religieux. Cela concerne
le principe du respect pour toute confession et valeur morale. Cela concerne le
problème de l'intégration voulue par beaucoup de
législateurs des nouveaux arrivés dans le système
français dans les écoles. Cela concerne le nombre croissant de
ceux qui exigent une école pluraliste. Cela concerne le problème
causé par la non-éligibilité de ceux qui ne professent
pas, disons, la religion catholique et qui voudraient devenir commissaires.
S'ils ne professent pas cette religion, ils ne peuvent pas être
élus démocratiquement, au moins selon la constitution. Cela
concerne le principe ou le problème créé par la dichotomie
artificielle dans les écoles - des fois, pas toujours -entre les
catholiques et les protestants.
Nous avons été témoins ici de beaucoup de groupes
qui ont soulevé les problèmes énormes de toute
réforme de - j'utilise vos mots - déconfessionnalisation des
structures. Je peux invoquer les problèmes causés par le
statut confessionnel d'une école, décon-fessionnaliser la
structure administrative de la commission scolaire, sa dénomination
même. Je pourrais invoquer les problèmes créés par
les règles nécessaires pour faciliter les droits acquis des
administrateurs protestants qui sont actuellement dans les commissions
scolaires protestantes. Est-ce qu'ils auraient un droit prioritaire de garder
les enfants par rapport aux autres ou si on applique le principe de
compétence égale partout? (12 h 15)
Je voudrais vous dire qu'il y a des problèmes énormes dans
tout processus qui vise à une déconfessionnalisation des
structures, mais vous semblez passer sous silence tous ces problèmes
lorsque vous dites que la déconfessionnalisation des structures
eût été possible sans procéder à une
réforme en profondeur. Je pose encore ma question: Si vous proposez
ça comme une possibilité, comme un besoin, comment pouvez-vous le
faire comme législateur sans bouleverser les structures?
Mme Labelle: M. le Président, est-ce que je pourrais me
permettre de passer la parole à M. Bergeron qui, au
Témiscamingue, a des exemples à apporter?
M. Bergeron: M. le député de Vachon, vous avez
raison de souligner la complexité de la question confessionnelle. Nous
avons chez nous des tenants aussi de différentes thèses
là-dessus. Je voudrais vous dire que la référence "sans
procéder à une réforme en profondeur" se
réfère beaucoup plus à la question de
l'intégration, parce que dans la loi actuelle il est permis de faire
l'intégration. On n'a pas besoin d'une nouvelle loi pour
légaliser l'intégration.
L'autre aspect que je voudrais vous mentionner, c'est que, même si
c'est complexe, on peut vous apporter des témoignages de vécu
multiconfessionnel dans nos écoles. Dans la petite ville de
Témiscamingue - où est le réputé moulin à
scie Tembec - nous venons d'ouvrir une école, après bien des
années de discussions. Cette école est peut-être unique,
cela reste à vérifier. Vous avez une clientèle
d'au-delà de 600 étudiants du primaire et du secondaire. On a
aussi toute une section pour la formation des adultes. Vous y avez une
clientèle anglophone et francophone, protestante et catholique, blanche
et amérindienne. On a tout ça. En passant, jusqu'à
maintenant, il n'y a que des journalistes de l'Ontario qui sont venus
vérifier cette expérience et qui font des articles
là-dessus. Ils qualifient ça d'unique. Cela se vit avec les
comités de parents, des comités d'école, nos directions
d'école. Ce côtoiement de différentes
confessionnalités se vit par entente avec la commission scolaire
protestante. On essaie de s'adapter et d'adapter des règles pour
satisfaire tous ces gens-là.
Effectivement, à l'intérieur des lois actuelles, on a donc
un vécu qui permet, à notre avis, de satisfaire les aspirations
et de respecter les valeurs de ces gens-là.
M. Payne: Ce n'est pas tellement à la
déconfessionnalisation que vous faisiez référence dans
cette partie.
M. Bergeron: Vous avez raison, M. le député.
M. Payne: D'accord. Je donnerai un autre exemple. Vous parlez des
commissions scolaires linguistiques. Vous les prônez comme approche, j'en
conviens, sauf que, là encore, dès que vous invoquez ce
modèle, cela pose énormément de problèmes. Les
représentants de regroupements catholiques sont venus nous rencontrer et
ont dit: Écoutez! on est d'accord avec cela. On applaudit un
gouvernement qui, pour la première fois, attaque le problème,
mais comment allez-vous nous offrir les garanties confessionnelles? Là,
je reviens à un problème de statut de l'école, le
problème évoqué par les enseignants qui veulent, par
exemple... Si les écoles catholiques veulent embaucher exclusivement les
enseignants catholiques, comment va-t-on faire pour ne pas causer de
préjudice aux enseignants protestants? Il y a beaucoup de
problèmes. Je propose - c'est la démonstration que je fais devant
vous - comment pouvez-vous procéder à une réforme qui
implique les commissions scolaires linguistiques sans le moindrement
bouleverser le système? Les représentants du PSBGM sont venus
témoigner et ont dit: Nous voulons le statu quo, parce que nous sommes
plus satisfaits des garanties offertes par la constitution, sauf qu'ils n'ont
pas exploré les hypothèses possibles à la suite d'un
jugement négatif à leur égard par l'application offerte en
1867.
Il y a aussi des problèmes soulevés dernièrement
par les administrateurs des commissions scolaires protestantes. Ils ont
soulevé un point très important hier concernant les structures
possibles des services pédagogiques pour le milieu anglophone suivant
une réforme. On est bien d'accord avec les garanties offertes par les
articles 6, 7, 8, 9, 10 et 11 du projet de loi relativement aux services
pédagogiques, aux services complémentaires, aux services des
conseillers en orientation et en psychologie, mais on voudrait savoir de quelle
manière ces services vont être offerts, en pratique. Tout cela
pour vous dire que, même si vous le suggérez - vous êtes
d'accord avec le gouvernement concernant les commissions scolaires
linguistiques - c'est un problème de mise en application. C'est un
défi énorme.
Je pense que le bouleversement est là dans votre propre
proposition.
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: M. le Président, il y a deux personnes qui
aimeraient faire des remarques à M. le député. C'est vrai
quand vous dites qu'au départ, en Abitibi-Témiscamingue, cela
cause des problèmes. On ne peut pas se fermer les yeux et dire qu'il
n'en existe pas. On est peut-être là, par exemple, non pas pour
dire que c'est impossible de solutionner un problème, mais pour aider
à le solutionner. Cela dépend de la façon dont on le voit.
Les commissions scolaires anglophones et francophones, catholiques ou
protestantes, existent déjà et il existe aussi beaucoup de
terrains d'entente et de rapprochements qui se font entre elles. C'est
là que revient encore le message de notre milieu: si vous respectez le
milieu, si vous allez à la base, laissez l'Abitibi-Témiscamingue
définir ce qui est le plus propice à ses besoins. Je pense qu'en
dépit de toute la complexité il y a possibilité d'en venir
à se parler et à trouver une solution en disant: On a un
problème et il faut une solution. Cela dépend de la façon
dont on le voit. Je demanderais à M. Bergeron et M. Bellehumeur de
compléter.
Le Président (M. Blouin): Je signale à M. Bergeron
et à M. Bellehumeur que, dans deux minutes, je devrai céder la
parole à un autre membre. Très succinctement, s'il vous
plaît!
M. Bergeron: Trente secondes, M. le Président. Chez nous,
présentement, quand on parle de commissions scolaires linguistiques,
c'est que les écoles, pour nous autres, devraient continuer de garder un
caractère confessionnel et, à l'intérieur d'une
école, comme je viens de le signaler pour la ville de
Témiscamingue, nos services d'enseignement de religion protestante sont
assurés par un professeur de cette religion. Mais, quant à
l'engagement de l'ensemble de nos professeurs, on n'en fait pas une exigence
à savoir qu'il faut être catholique ou protestant. Pour enseigner
la chimie, ce n'est pas ce qu'on exige. L'enseignement à nos protestants
est fait par quelqu'un qui professe cette religion. Dans la pratique, c'est
comme cela qu'on dispense ces services.
Le Président (M. Blouin): Rapidement, M. Bellehumeur.
M. Bellehumeur: M. le Président, le député
semble curieux de voir notre position. Pourtant, pour nous autres, elle est
très simple et très logique. Si vous ne me dites pas si vous
êtes catholique ou protestant, je ne le saurai jamais. Par contre,
à vous entendre parler, je vais savoir quelle langue vous parlez. C'est
plus simple, pour nous autres, de couper les barrières qui sont plus
apparentes par la langue que par la religion. Il y a aussi que l'inverse existe
actuellement. C'est qu'un catholique anglais doit souvent aller - faute
d'autres locaux - dans des écoles anglaises protestantes. Il n'y a
personne qui en meurt. Donc, on pense que l'inverse peut être aussi
vrai.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Bellehumeur.
M. Payne: J'ai visité à quelques reprises votre
région et j'ai témoigné de votre enthousiasme et de votre
savoir-faire. Le problème est plutôt au niveau de la
confessionnalisation dans l'île de Montréal, où nous avons
quatre systèmes scolaires, et c'est très complexe. Laissez-moi 30
secondes.
Le Président (M. Blouin): Non, M. le député
de Vachon. Je m'excuse.
M. Payne: Laissez-moi finir ma phrase.
Le Président (M. Blouin): Très rapidement, s'il
vous plaît!
M. Payne: La seule raison pour laquelle j'ai invoqué
d'autres pays, ce n'était pas pour suggérer un modèle de
perfection, au contraire. Cela a été soulevé par les
inquiétudes du député d'Argenteuil. Comme point de
référence pour les travaux de la commission, je pense que cela
est assez important, pour montrer que le Québec n'est pas seul dans
cette matière.
Mme Labelle: Pour démontrer qu'a beau mentir qui vient de
loin.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci, M. le
député de Vachon. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci. D'abord, permettez-moi de saluer les gens du
Nord-Ouest québécois, les gens qui viennent d'une région
qui regroupe douze commissions scolaires. M. le Président, vous allez
aussi me permettre, ce matin, de saluer les gens du comité
d'école de la Côte-Nord, qui vivent particulièrement dans
le comté de Saguenay et les comités de parents de la Commission
scolaire régionale de Sept-Îles qui, malheureusement, n'ont pas
été invités non plus, même s'ils auraient eu des
choses à nous dire.
Ceci dit - et je m'adresse à la présidente - vous traitez
dans votre mémoire du suffrage universel. Vous apportez un fait qu'on
n'a pas relevé dans d'autres mémoires, vous faites un
parallèle entre le projet de loi 40 et la loi 125 en parlant de
continuité. Je
pense que c'est un point très intéressant; il faudrait
peut-être expliciter un peu là-dessus tout à l'heure,
concernant surtout le rôle que seront appelées à jouer les
commissions scolaires ou les coopératives de services, qui resteront des
commissions scolaires à l'intérieur de la loi 125, et de certains
fascicules de la loi 125 qui n'ont pas été publiés
officiellement, mais qu'on a vu passer officieusement à gauche et
à droite, qui cachaient certaines volontés gouvernementales ou,
en tout cas, certaines opinions émises à l'intérieur d'un
certain comité ministériel.
Dans un deuxième temps, vous avez des craintes, et des craintes
très justifiées, à mon avis, après avoir fait une
comparaison entre les futures commissions scolaires et ce qui se passe
présentement dans les CLSC. Vous avez particulièrement raison
d'avoir des craintes à ce sujet parce qu'on peut se retrouver dans des
situations où des gens qui auront pour mandat de représenter la
population pourraient être des gens nommés par le ministre.
À ce moment-là, cela fausse une partie, sinon totalement le
principe de la démocratie. On a vécu dernièrement,
particulièrement dans mon comté, une situation où des gens
ont été nommés par le ministre pour le représenter,
alors que les gens du milieu auraient eu des choses à dire à
l'intérieur de ces organismes.
Première question: Dans le contexte actuel, voyez-vous dans le
projet de loi 40 un cheminement ou une continuité de la loi 125? M.
Bellehumeur, tiens.
M. Bellehumeur: On aura beau dire que des choses se font
subtilement ou pas, à force de mettre des jalons, on commence à
avoir un certain portrait. On ne peut pas oublier que le gouvernement actuel a
manifesté son désir d'abolir les commissions scolaires; qu'il le
fasse par étape ou qu'il le fasse brutalement ne change pas le
résultat. Il est plus difficile, c'est sûr, après avoir lu
ces fameux textes où tout un cheminement de fonctionnement était
établi... Remarquez que des choses que M. le ministre mentionnait
d'ailleurs tantôt ont été enlevées; les idées
ont évolué et on y croit moins aujourd'hui à la
participation d'une MRC à la direction des commissions scolaires. Dans
l'étape actuelle, au moment où on se parle, c'est tout vrai ce
qu'on dit. Par contre, on ne peut pas s'empêcher de constater que tous
ces jalons se posent pour diminuer le gouvernement local qu'est la commission
scolaire. Le jour où il ne sera plus là, il y a sûrement
quelqu'un d'autre qui va prendre sa place et, nous, comme philosophie, croyons
plus à la prise en charge d'un milieu par le milieu que par un
gouvernement qui dirige tout le monde à sa manière ou selon sa
philosophie. On aime, par individualisme ou par autonomie, notre
fonctionnement. On prétend qu'on est mieux de se servir soi-même
que d'être servi par les autres. Donc, cette philosophie, on la
défend dans les remarques qu'on fait sur le projet de loi 40.
M. Maltais: Dans ces craintes-là -n'importe qui, à
la table, pourra me répondre - n'avez-vous pas peur un peu que
l'éducation devienne une succursale d'un gouvernement régional
qui s'appellerait la MRC? À ce moment-là, les véritables
pouvoirs démocratiques pourraient s'exercer uniquement au niveau
municipal et non au niveau d'un véritable pouvoir scolaire
démocratiquement élu, tel que vous le recommandez dans votre
mémoire. (12 h 30)
Mme Labelle: M. le Président, c'est un peu ce qu'on
prône lorsqu'on dit qu'on désire un gouvernement responsable. Si
jamais, nous, en tant que gouvernement responsable, avions quelque chose
à dire à la MRC, ce serait à nous de le lui dire et de
faire valoir notre point de vue en tant que gouvernement local. Il ne s'agit
pas de se faire imposer... Il faut être très vigilant parce que,
comme M. Bellehumeur vient de le signaler, il y a des signes précurseurs
qui font qu'on dit blanc et qu'on joue noir. Ce n'est jamais assuré. Je
l'ai dit tout à l'heure, certaines MRC ont déjà des
perspectives, des préoccupations quant à l'éducation.
Elles n'ont aucun mandat, mais elles le prennent. C'est un peu comme les
directions régionales qui font comme si le projet de loi 40 était
adopté et comme si elles avaient à agir ainsi. Je pense qu'il
faut être très vigilant et, je le répète, c'est une
des raisons pour lesquelles on prône un gouvernement scolaire local.
Jamais personne, en tant que gouvernement, n'accepterait de faire parler
quelqu'un en dehors de son organisme en son nom personnel. Cela ne se voit pas
ailleurs. Je sais qu'on véhicule le message que les commissaires ne sont
pas des parents, mais au nom de quel critère véhicule-t-on qu'en
tant que gouvernement scolaire local, c'est quelqu'un d'autre qui va parler
pour nous?
M. Bergeron aimerait compléter.
M. Bergeron: Peut-être que le député de
Saguenay aimerait connaître une expérience qui a été
vécue chez nous, en fonction de conseils d'administration largement
dominés par les nominations ministérielles. Je parle du conseil
d'administration de l'hôpital. Chez nous, en tout cas, le succès a
été assez mirobolant parce qu'à la suite des nominations
cela a été mis en tutelle. Le diable a pris dans ce conseil
d'administration et, au niveau du conseil des commissaires, ces
choses-là ne sont pas encore arrivées. La population sent qu'elle
a toujours une emprise. Si elle est mécontente de ses commissaires parce
qu'ils prennent des
orientations non conformes à ses aspirations elle peut les
expulser par la voie d'élections. Tandis que ces nominations ont
amené, en tout cas chez nous, comme expérience au niveau de
l'hôpital, une mise en tutelle.
Quant au cégep, dans notre région, on ne trouve pas que
c'est un grand succès non plus, cette formule où il y a beaucoup
de nominations encore par la voie ministérielle. À moins que la
situation n'ait changé dernièrement, depuis au-delà de
trois ans que les enseignants n'assistent plus aux réunions du conseil
d'administration du cégep. C'est un boycottage. Alors, chez nous,
à partir du vieux principe "pas de taxation sans représentation",
on tient à être représenté par des gens élus
au suffrage universel.
M. Maltais: Vous avez aussi mentionné, au début de
votre mémoire, la diversité des commissions scolaires et des
écoles que vous avez à desservir. Vous avez dit que vous
étiez quand même obligés de tenir compte d'une certaine
péréquation. Compte tenu des distances et des milieux - vous avez
des milieux riches et moins riches à desservir -l'isolement du conseil
d'école ne serait-il pas un sujet qui ferait que les écoles
riches se paieraient des services et les régions
défavorisées devraient finalement retourner à la petite
école de rang qu'on a connue dans les années cinquante?
Mme Labelle: La meilleure réponse que je peux vous donner,
c'est peut-être le vécu de l'association et pourquoi elle est
née. Elle est née d'un besoin, parce qu'il y avait des
commissions scolaires très éloignées et qu'il y avait des
choses que les directeurs généraux et les commissaires
désiraient discuter. Bien sûr, ceux qui gravitaient autour d'une
ville quelconque étaient privilégiés, mais ceux qui
étaient très loin comme, par exemple, Chapais-Chibougamau,
Lebel-sur-Quévillon et même Témiscamingue, s'il n'y avait
pas eu une certaine péréquation pour aider, il y a bien des
choses qui ne se seraient pas produites. On peut imaginer à peu
près les mêmes choses pour les conseils d'école. Il ne faut
pas regarder bien loin pour voir qu'ils auront des priorités, mais ils
manqueront peut-être d'autre chose qu'ils ne pourront se procurer. M.
Bergeron pourrait compléter.
M. Bergeron: M. le Président, chez nous, en jasant avec le
monde ordinaire, lors de nos rencontres concernant le projet de loi 40, ce que
les gens nous ont dit, chez le personnel et également chez les parents,
c'est qu'étant donné la petite taille de nos écoles ces
gens ne veulent pas et ne peuvent pas se retrouver face à des
responsabilités comme celles de l'article 113 qui dit: "L'école
établit les normes et modalités de l'évaluation des
apprentissages de l'élève."
Nos professeurs nous disent: Nous voulons continuer à faire
partie d'un ensemble où on a mis en commun des ressources qui nous
aident à animer un dossier aussi complexe que les mesures
d'évaluation et les gens ne voudraient pas se retrouver et revenir en
arrière, comme vous le soulignez vous-même, avec de petites
écoles où les gens se retrouveraient affaiblis.
Encore une fois, je vous rappelle ce qu'on vous mentionnait en
début d'audience: notre région est une des régions
où le regroupement volontaire de commissions scolaires pour mettre des
choses en commun et pour augmenter la qualité des services a
été le plus populaire et le plus désiré par la
population. Les petites commissions scolaires locales, dans les années
soixante-neuf, s'échangeaient déjà des étudiants,
par exemple, croyant y trouver une solution de choix pour maintenir des
degrés uniques.
Vous avez tout à fait raison de dire que, face au mandat qui
serait confié à ces conseils d'école, les gens craignent
énormément des répercussions négatives sur la
qualité de leurs services. Ils disent: Ceux qui auront 500
élèves - parce qu'on a deux écoles de ce type - pourront
se permettre davantage de services, mais l'autre école secondaire que
nous avons dans un secteur de notre commission, le secteur est, avec ses 210
élèves, se demande comment elle va s'organiser pour donner
l'animation, faire la recherche en pédagogie et assurer tout le support
essentiel à un bon enseignement dans la classe.
M. Maltais: À la page 9 de votre mémoire, vous
parlez aussi - toujours à propos des futurs conseils d'école ou
des conseils d'administration des coopératives de services, des
reliquats des commissions scolaires qui demeureront selon le projet de loi 40 -
du double mandat qui serait une source de confusion entre le commissaire qui
représenterait l'école et qui aurait un rôle
déterminant à jouer dans son école et aussi le même
commissaire - je n'appellerais pas cela un commissaire, parce qu'il sera
élu par une partie de la population seulement - qui devra revenir
à la commission scolaire et gérer les responsabilités de
la commission scolaire.
Comment voyez-vous cela d'après votre vécu? Vous
êtes quand même des commissaires d'école et des parents.
Vous allez être confrontés à deux travaux bien
différents, celui de l'école, en tant que parents ou en tant que
commissaires représentant l'école dans le quotidien de
l'école, et vous allez avoir aussi à faire face à des
responsabilités de gestionnaires au niveau de la commission scolaire.
Comment pouvez-vous concilier ce rôle, d'après votre
expérience et votre vécu?
Mme Labelle: Si on regarde les différentes commissions
scolaires et les différentes écoles qui existent, on s'imagine
que la dynamique va être très différente. Si je prends
seulement mon milieu, où il y a deux assez grandes polyvalentes et de
nombreuses petites écoles qui faisaient partie d'anciennes commissions
scolaires lors du regroupement de 1972, j'ai d'abord l'impression au
départ qu'on va avoir des attitudes à changer. Cela ne se change
pas avec des lois, une attitude, un comportement.
Si je me souviens, en 1972, pour convaincre les gens qui nous arrivaient
des petites commissions scolaires, il a fallu utiliser des attitudes
différentes. Il a fallu convaincre des gens qu'on voulait vraiment les
desservir, leur offrir une qualité supérieure de services
peut-être à ce qu'ils pouvaient se payer avant, mais certainement
pas moindre. Cela a pris des années avant que l'esprit de clocher puisse
se dissiper pour faire admettre à des gens: Oui, ma localité est
aussi bien desservie maintenant, et j'ai l'impression que, dans la nouvelle
commission scolaire, j'ai mon mot à dire.
Avant de commencer à insuffler cette nouvelle attitude avec des
gens qui ont un nouveau système à approfondir, qui sont
nouvellement arrivés et qui, souvent, si je prends une école
comme on a chez nous où vous avez le secondaire I, parce que les gens ne
veulent pas que le jeune passe tout de suite du primaire à la grosse
polyvalente, ces gens vont passer un an dans cette école, ils seront
élus pour un an et, dès qu'ils auront appris quelque chose, il
vont tomber dans autre chose. C'est une chose qu'on n'a pas rapportée
mais qui se vit chez nous. Je me demande comment on peut développer un
système d'appartenance, simplement apprendre à travailler
ensemble. Il y a une dynamique quelconque qui est difficile. Je ne dis pas que
c'est impossible, mais je dis qu'au départ il faut un objectif valable
qui nous réunit et cet objectif est ce qui se passe dans une commission
scolaire. On peut difficilement défendre son petit patelin tout le
temps.
Mme Nicole Pagé-Simard aimerait ajouter quelque chose, ayant
été parent avant, comme elle l'est toujours.
Mme Pagé-Simard: Je l'espère. Pour ce qui est de
Chapais-Chibougamau, nous avons cinq écoles de premier cycle au
primaire; une école de second cycle primaire où les enfants sont
là pour la 5e et la 6e année. Cela veut dire que les parents de
ces enfants sont dans cette école pour deux ans, à moins d'en
avoir trois ou quatre qui se suivent de très près, alors qu'on
élit les commissaires pour trois ans, selon le projet de loi 40. Cela
veut dire que le parent va rester commissaire là, mais qu'il n'aura plus
d'enfant dans cette école, ce qui est pour moi un petit peu aberrant. On
a aussi deux écoles polyvalentes. J'essaie de voir ces huit personnes
autour d'une même table, essayant de travailler au mieux-être de
toutes les écoles et je me dis que cela peut être assez difficile.
Enfin, j'ai des craintes face à cela.
M. Maltais: Dites-moi donc une chose, Mme Pagé-Simard,
entre vous et moi, vu qu'il n'y a pas beaucoup de monde ici, vous
représentez douze commissions scolaires du Nord-Ouest
québécois. Est-ce la guerre chez vous avec les parents, à
coups de hache, comme certaines écoles ou certains ex-comités
d'école sont venus nous le dire ici, ou si c'est vivable entre le
conseil des commissaires, les directions d'école, la direction
générale et les parents? Est-ce vivable là-bas?
Mme Pagé-Simard: Pour la commission scolaire que je
connais le mieux, la nôtre, je peux dire que l'entente entre les
comités d'école, le comité de parents et la commission
scolaire...
M. Maltais: Pourriez-vous parler plus fort, s'il vous
plaît? Il y en a qui ont de la difficulté à comprendre.
Mme Pagé-Simard: C'est parce que je pensais qu'on parlait
seulement tous les deux. Pour ce qui est de la commission scolaire que je
connais le mieux, c'est-à-dire la mienne, évidemment, l'entente
entre les comités d'école, le comité de parents, la
commission scolaire et les commissaires est au mieux. La preuve, c'est que
présentement hier, j'ai manqué une visite, malheureusement - tous
les commissaires de notre commission scolaire ont fait la visite de toutes les
écoles. Ils sont allés rencontrer le directeur, voir ce qui s'y
passe et se faire expliquer tout ce qui se vit dans chacune des écoles.
Cela se fait présentement.
Vis-à-vis des comités d'école, c'est la même
chose. Le directeur général de la commission scolaire autant que
le directeur des services éducatifs sont toujours présents, l'un
ou l'autre, ou les deux, si nécessaire, lors des rencontres du
comité de parents. Les deux représentantes du comité de
parents sont également partie prenante à la table des
commissaires. Elles sont toujours écoutées et elles ont le droit
de parole, même si elles ne veulent pas le droit de vote. Là,
c'est leur problème, mais elles ont le droit de parole, autant que
nous.
M. Maltais: Dernière question, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle désirerait
intervenir.
Mme Labelle: M. Bellehumeur aimerait brièvement dire
quelque chose.
Le Président (M. Blouin): En vous rappelant, M.
Bellehumeur et M. le député de Saguenay, que dans une minute je
devrai passer la parole à M. le député de Saint-Henri.
M. Maltais: Allez-y.
M. Bellehumeur: Quand vous demandiez s'il y avait la guerre entre
les parents et les commissions scolaires, on n'a vraiment pas l'impression que
le projet de loi 40 est fait pour nous. On se demande même ce qu'il vient
faire dans le portrait. Cela va très bien. On avait des parents qui
siégeaient à notre commission scolaire - à la mienne, en
tout cas - depuis un an ou deux. Même avant que la loi ne dise qu'il
devrait y en avoir un, on avait déjà des parents.
Les parents invitent volontairement les commissaires à leurs
réunions de comités d'école et ce, depuis plusieurs
années, ce que la loi ne nous permettrait pas autrement. Elle est
tellement faite pour qu'on ne s'occupe pas de nos affaires que cela n'est plus
drôle. En même temps, le président ou le directeur
général est aussi invité à la réunion des
comités de parents d'une façon régulière, à
longueur d'année, pour augmenter les échanges, pour faciliter la
rapidité d'intervention, pour répondre plus rapidement à
tout ce qui pourrait être demandé par les parents du comité
d'école ou du comité de parents. Je pense que notre vécu
est très agréable.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Bellehumeur. Merci, M.
le député de Saguenay. M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: J'ai aussi droit à 20 minutes?
Le Président (M. Blouin): Évidemment, vous
connaissez les règlements.
M. Hains: Merci. Je voudrais vous offrir mes
félicitations, car vous formez vraiment une équipe plus que
remarquable. Vous nous avez apporté, je crois, un plaidoyer qui est
logique, qui est fouillé et qui est bourré d'arguments frappants
sur l'inutilité et la futilité de cette restructuration scolaire,
et surtout sur les dangers de conflits entre les pouvoirs et les devoirs que
vous voyez dans les nouvelles instances de décision qu'il y aura. (12 h
45)
J'ai plusieurs petites questions. En passant, Mme Labelle, Mme la
présidente, j'ai admiré la fermeté et en même temps
l'autorité de votre voix abitibienne. On sent que ce sont des gens qui
ont des convictions.
À la page 3, vous dites au dernier paragraphe: "Le coeur de
l'école, son essence est, somme toute, le vécu quotidien de
l'acte pédagogique, soit la relation maître-élève."
Une question que j'ai posée à plusieurs reprises dans nos
assemblées est celle-ci: Que pensez-vous de la place qui est faite aux
enseignants dans le projet de loi 40?
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle.
Mme Labelle: J'aimerais simplement vous dire, avant de
répondre à votre question, que l'équipe remarquable - il y
en a aussi derrière nous qui nous ont accompagnés - il y a tout
le Nord-Ouest, enfin l'équipe de la commission scolaire...
M. Hains: Je les salue tous.
Mme Labelle: Quant à ma conviction, je voulais juste vous
souligner que si c'est vrai que je suis abitibienne depuis 1950, je suis
née à Ottawa dans la province de l'Ontario. Cela ne
m'empêche pas de vivre...
M. Hains: C'est un heureux mélange.
Mme Labelle: ...chez moi en Abitibi et de vivre mon
français aussi d'une façon peut-être un peu plus exemplaire
que certaines personnes pourraient le croire. J'ai la conviction que ce n'est
pas la loi qui m'oblige à conserver mon français mais ma
fierté.
En réponse à votre question, si vous me permettez de
passer la parole à M. Bergeron.
Le Président (M. Blouin): M. Bergeron.
M. Bergeron: M. le député, notre région
voulait dire - après avoir fait les consultations nécessaires
pour être capable de l'affirmer - qu'on trouvait très
déplorable que la partie des enseignants soit négligée
dans le projet de loi. Pour nous, fondamentalement, c'est la personne la plus
importante dans notre système éducationnel. Encore une fois, on
n'est pas là pour donner un service de paye ou de transport, mais pour
donner un service d'éducation et d'enseignement. Quand la porte de la
classe se ferme, la personne la plus importante, celle sur laquelle on doit
compter, la personne qui est témoin de valeurs qui correspondent aux
aspirations des gens de chez nous, c'est le professionnel enseignant.
Là-dessus, d'ailleurs, je voudrais rendre hommage au ministre de
l'Éducation qui a publié à ce sujet. L'enseignante et
l'enseignant, des professionnels. Un remarquable travail. On n'a pas senti,
ensuite, dans le projet de loi, cette haute estime. D'autant plus que nous
avons à vivre avec la situation - qui n'est certainement pas
particulière à nous - des derniers décrets. Les
professionnels enseignants chez
nous se sont sentis - tout ce qui a entouré l'environnement des
derniers décrets méprisés. Quand est arrivé le
projet de loi, il n'y a rien eu pour les revaloriser.
C'est bien sûr qu'on voulait apporter une attention
spéciale là-dessus pour nous faire le porte-parole de cette
classe importante au niveau de nos commissions scolaires qu'est le personnel
enseignant. Encore une fois, je voudrais vous répéter que, dans
les mécanismes de nos commissions scolaires de
l'Abitibi-Témiscamingue, nous fonctionnons par
équipe-école, où il y a obligation pour la direction de
l'école de faire participer nos professionnels enseignants quant
à la définition de leurs besoins.
Je vais vous donner un exemple bien concret, à partir
d'élaboration de budgets. Il n'y a pas chez nous de budget qui se
prépare d'en haut. Cela est fait d'après les besoins de chacun
des professionnels enseignants, tout comme d'ailleurs d'autres personnels comme
les soutiens, les PNE qu'il ne faut pas négliger et qui font partie de
nos équipes-écoles. On part de leurs besoins pour finalement
arriver à une décision d'un conseil des commissaires. Ce sont de
vastes opérations dont les plus fondamentales sont toutes les questions
de programmes, de choix de manuels, de perfectionnement. Il faut rendre hommage
à nos professionnels enseignants qui investissent des heures et des
heures en perfectionnement. Avez-vous pensé, parfois, que l'on n'est pas
capable de regrouper une équipe pour avoir totalement le
perfectionnement. Ils font des distances, des soirs sur semaine, des fins de
semaine, pour se rendre dans des coins de notre région pour suivre des
cours universitaires. Ce sont des choses, encore une fois, que nous avons
à vivre dans notre région qui sont différentes d'une
région comme Québec.
Hier, il y avait un directeur général de la région
de Québec qui nous disait que sa commission scolaire était de
deux milles par deux milles. Chez nous, entre deux milles et deux milles on ne
rejoint même pas deux écoles. Bien loin de vouloir les
négliger, on dit qu'il faut que ces gens continuent à occuper une
place prépondérante dans notre régime. Ils ne veulent pas
être décisionnels. Ils veulent participer, donner
l'éclairage professionnel dont on a besoin. Encore une fois, notre
région veut rendre hommage à nos pionniers et pionnières
qui ont travaillé pour développer un bon système
d'éducation chez nous.
M. Hains: ...conclusion à votre intervention...
Mme Labelle: M. Bellehumeur voulait aussi...
M. Bellehumeur: Quand vous mentionnez que l'enseignant doit avoir
une place, c'est un fait que dans nos commissions scolaires l'enseignant et
l'élève ont une place prépondérante dans
l'école, tellement que quand on engage un directeur d'école on
n'engage pas nécessairement un administrateur qui pourra gérer
des ententes avec la ville, des ci et des ça, et se laisser distraire de
son rôle qu'on lui veut d'animateur après de l'enseignant, d'aide
constante.
Or, il arrive à ce moment-là qu'entre deux niveaux,
primaire ou secondaire, le type de direction d'école change justement en
fonction de ces besoins. Au primaire, définitivement, le directeur
d'école est engagé dans le but d'être le meilleur animateur
auprès de l'enseignant pour que celui-ci puisse donner le mieux à
l'école.
M. Hains: Comme conclusion à ce que vous venez de dire,
est-ce que vous acceptez cette déclaration, dans la Presse de ce matin,
de Lysiane Gagnon? Elle dit ceci: "Avec 70 000 enseignants amers et meurtris,
ce projet de loi ne pouvait pas tomber plus mal et, si des parents et des
directeurs d'école sont divisés sur le projet de loi 40,
l'ensemble des enseignants québécois y sont opposés.
Alors, faut-il se demander - je crois que c'est la question que vous vous posez
vous-mêmes - comment donc peut-on s'entêter à faire une
réforme scolaire contre les tout premiers artisans de
l'éducation?" Je ne demanderai pas vos commentaires, parce que j'ai
beaucoup d'autres questions. Je pense que cela termine un peu notre
première partie.
Deuxième question. À la page 8 de votre mémoire,
vous dites ceci - je voudrais aller vite parce que j'ai plusieurs petites
questions à vous poser: "Si, pour les auteurs - le troisième
paragraphe - du projet de loi, il s'agit de confier le rôle de leadership
aux bureaux régionaux, la commission scolaire est alors confinée
à incarner le rôle d'un chien de garde étroitement maintenu
par des entraves légales." Pourriez-vous m'expliquer cette savoureuse
comparaison?
Mme Labelle: Je pense que spécialement dans notre
région on pourrait sûrement vous l'expliquer. Je pense qu'il n'y a
personne mieux placé que le directeur général pour le
faire.
M. Bergeron: Je vais vous donner, M. le député, un
exemple bien savoureux qui vient de nous arriver dans notre propre commission
scolaire. On pense qu'en dessous de tout ça, si on enlève le
leadership au niveau des commissions scolaires sur le plan de la
pédagogie, quelqu'un va récupérer ça et dans le
milieu c'est la direction générale qui est la tentacule du
ministère. Je vous donne un exemple d'entrave légale avec
laquelle nous sommes pris. Vous savez que les décrets ont
enlevé la monnayabilité des congés-maladie chez les
professionnels enseignants pour l'année en cours. Dans ses règles
budgétaires, le ministère n'a pas pris de temps à venir
récupérer cet argent - II dit: Tu n'as plus à payer cela
en congés monnayables, je récupère l'argent - et à
ne pas tenir compte à peu près de notre enveloppe de
suppléance. Ce qui s'est produit c'est que cela a été une
démotivation chez nos gers par rapport aux congés-maladie
monnayables. Je vous donne un exemple observé chez nous durant les
quatre derniers mois, septembre-décembre 1983, par rapport à
septembre-décembre 1982. Deux fois plus de professionnels enseignants en
congé-maladie et deux fois et demie plus de journées de
congés-maladie pris.
Chez nous on commence à élaborer une politique. On dit:
L'argent qu'on pourrait économiser en suppléance si les gens
prenaient moins de congés-maladie, pourquoi ne pas l'offrir, comme cela
se faisait auparavant, monnayable à ces gens-là? Supposons qu'on
s'attend à ce que ça coûterait chez nous 100 000 $ de plus
de suppléance cette année que l'an passé à cause de
la non-motivation des gens à la suite de la non-monnayabilité. On
se dit: Si on prenait cet argent et qu'on le donnait comme prime
d'assiduité. Je parle de cela à la direction régionale.
J'ai dit: On trouve qu'un professionnel enseignant dans sa classe, c'est mieux
comme service à l'élève qu'un suppléant,
règle générale. Que penseriez-vous si on prenait cette
somme-là qu'on pourrait économiser et qu'on la donnait comme
prime d'assiduité? Cela ne pouvait pas se faire cette année mais
on aurait mis ça dans notre budget pour l'an prochain. Je vais vous
démontrer une entrave juridique. La première réponse: Vous
n'avez pas le droit de faire ça! J'ai dit: Écoutez! si c'est
juste cela que vous nous dites, ce n'est pas énervant, on le fera quand
même. Ah là! ils se sont mis en branle, ils sont montés
jusqu'au ministère de l'Éducation et ils nous ont retourné
de belles lettres. C'est très simple, c'est toujours la même
pénalité. M. le député d'Argenteuil pourra en
parler, il pilote un dossier à notre nom depuis un an pour des punitions
qu'on a du ministère de l'Éducation.
On ne peut pas faire ce projet qu'on avait pour primes
d'assiduité parce que si on met de l'argent là-dedans - admettons
qu'on mettrait 100 000 $ - ils vont nous couper d'autant nos revenus. Vous
voyez que, du point de vue des entraves juridiques et financières, on
est pris. Le bureau régional, avec toutes les entraves juridiques, nous
a toujours par le gros bout du bâton. Si tu fais le méchant, il
coupe des fonds. Il y a d'autres dossiers comme celui-là qu'on pourrait
vous présenter. D'ailleurs, quand on est en retard, on est
pénalisé; les commissions scolaires sont coupées. Le
ministère est constamment en retard et on n'a jamais de boni, par
contre.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Hains: Nous serions probablement très contents d'avoir
quelques exemples comme celui-là pour illustrer ce qu'on avance de ce
côté-ci.
Une voix: On va vous en donner.
M. Hains: À la page 15, vous dites que vous semblez
craindre que la réécriture de M. le ministre ne soit qu'un
subterfuge, une compromission, quoi, pour revenir avec les mêmes
fondements, les mêmes thèmes et les mêmes problèmes.
Vous semblez très bien connaître M. le ministre, qui change
souvent les mots et les phrases, mais qui ne change pas souvent d'idée,
même les plus contestées. Vous voulez revenir, après la
rédaction de ce nouveau texte, en commission parlementaire, pour vous
assurer que vos demandes ont été vraiment respectées. Vous
ne voulez pas, non plus, évidemment, être invités comme
cette fois-ci, à la dernière minute. Est-ce que vous faites de
cette exigence, que M. le ministre revienne devant une commission
parlementaire, un point vraiment fondamental de votre mémoire?
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle, si vous n'avez pas
déjà répondu à cette question, allez-y.
Mme Labelle: Oui, mais je peux me répéter, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Écoutez! M. le
député dispose de 20 minutes, en effet.
Mme Labelle: Je pense, en tout cas, que notre présence,
ici, a été valable et je suis convaincue d'avance que vous
êtes heureux d'avoir enfin décidé de nous recevoir.
Je pense que la réécriture du projet, à mon sens,
doit être vue à la loupe. Vous avez bien dit qu'on semble
connaître M. le ministre par sa ténacité, mais j'ai
l'impression que M. le ministre ne croit peut-être pas en notre
ténacité. Elle est aussi valable, je pense. On aura beau changer
les articles du projet de loi, si on ne change pas la philosophie, si on ne se
rend pas compte que les commissions scolaires sont un gouvernement scolaire
responsable, on passe à côté de ce que le milieu demande.
Il y a peut-être beaucoup de personnes qui sont capables de lire le
projet de loi et d'y voir des choses valables. En tout cas, notre philosophie,
ce n'est pas cela.
J'aimerais bien, si vous le permettez, M. le Président, qu'un de
mes collègues puisse préciser sur la consultation.
Le Président (M. Blouin): Mme Pagé-Simard.
Mme Pagé-Simard: J'ai assisté aux rencontres de
consultation de M. le ministre en Abitibi-Témiscamingue et, selon moi,
c'est ici, aujourd'hui, que nous sommes vraiment consultés. Il est
peut-être trop tard, mais vaut mieux tard que jamais, selon ce qu'on m'a
toujours dit.
M. Hains: Est-ce que vous endossez le petit écrit de ce
matin, de Lise Bissonnette, dans le Devoir? Je ne vous demanderai pas de
commentaires, parce que j'ai d'autres questions. Elle dit ceci:
"Réécrire entièrement le projet, comme le promet M.
Laurin, et le soumettre ensuite aux élus -c'est-à-dire aux
députés - en deuxième lecture comme s'il s'agissait du
même plan, n'a rien à voir avec le courage du législateur.
C'est un pur procédé de "forcing" antidémocratique,
à sa face même."
Mme Labelle: M. le Président, j'aimerais donner la parole
à M. Bellehumeur.
Le Président (M. Blouin): M.
Bellehumeur.
M. Bellehumeur: Je souhaiterais drôlement que le ministre
réécrive entièrement son projet de loi. Il a
mentionné, à un moment donné, dans la journée, que
si les écoles étaient fortes la commission scolaire serait forte.
Si le ministère pouvait réécrire son livre en
décentralisant ses pouvoirs aux commissions scolaires pour qu'elles
soient très fortes, probablement qu'on aurait damné un bon
ministère de l'Éducation.
M. Hains: On arrive maintenant au bouquet spirituel, parce que
l'heure du dîner approche doucement. Comme un bon professeur, je vais
vous "pairer" pour répondre à mes brèves questions.
D'accord? On va commencer par M. Bellehumeur, qui a toujours un beau sourire,
et on va le "pairer" avec la personne à côté de lui, M.
Bergeron. Voici ma première question. Voulez-vous redire, s'il vous
plaît - parce que comme un bon professeur il faut taper toujours sur le
clou - aux membres de cette commission et à M. le ministre en
particulier, quels sont les liens actuels que vous avez entre vos écoles
et vos commissions scolaires? Très brièvement, on a juste cinq
petites minutes pour finir et je veux parler à mes autres
élèves après.
M. Bellehumeur: Nous avons de très bons liens entre nos
écoles et la commission scolaire. Nous avons de très bonnes
relations avec les parents de notre milieu. Nous avons le souci constant de
donner à nos étudiants le maximum qui puisse être
donné et on prétend que cela se fait avec un maximum d'autonomie
et un minimum de contrainte. Et le projet de loi 40 ne fait que nous en
apporter et diminuer nos pouvoirs. Donc, nous souhaiterions qu'il soit
réécrit complètement.
M. Bergeron: J'ai trois liens à vous décrire qui
sont formels chez nous. Pour les parents, c'est par le comité de parents
qui siège de façon très régulière, donc la
voie des comités d'école. Pour, encore une fois, les parents et
le personnel, c'est à l'intérieur de nombreux comités qui
sont créés chez nous pour différents problèmes
qu'on vit dans nos écoles. De plus, une institution très
importante dans notre fonctionnement, c'est la table de gestion composée
des directeurs d'école, des directeurs de services et du directeur
général. Toutes les deux semaines, ces gens se réunissent
une journée pour travailler à l'amélioration de nos
services. Entre autres, une de leurs tâches, c'est l'élaboration
des politiques des commissions scolaires. Ce sont nos trois formules
particulières pour rejoindre nos écoles et assurer un bon
lien.
Je veux vous rappeler - parce que les gens de chez nous m'ont dit de
taper là-dessus - qu'on est unanime au Témiscamingue pour appuyer
la position de la commission. On m'a dit: Pour qui les législateurs se
prennent-ils pour nous imposer une autre formule? Il n'y a personne chez nous
qui a demandé au ministre de nous imposer une formule comme il est en
train de le faire avec le projet de loi 40. On est unanime derrière la
commission scolaire.
M. Hains: Merci, Mme Labelle et M. Lafrenière, est-ce bien
cela? Une autre petite question, la deuxième. On a parlé un peu
de l'actualité... Pardon!
Le Président (M. Blouin): II est 13 heures mais, comme il
vous reste un peu plus d'une minute, je crois que vous pouvez conclure s'il y a
consentement.
M. Hains: Succcintement. Il faut que ce soit des fleurs
fugitives. Les liens actuels, on vient d'en parler. Maintenant, quelles sont
vos plus grandes craintes, en deux trois mots, devant le projet de loi 40? Et
je vais demander aux deux suivants après quels sont leurs espoirs, avant
de quitter pour le dîner.
Mme Labelle: Les plus grandes craintes, c'est qu'on
n'écoute pas le milieu, c'est tout à fait simple. Notre milieu a
parlé, on vous l'a dit dans notre mémoire, douze commissions
scolaires qui forment l'Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue sont d'accord avec ce qu'on dit ici. Ma plus
grande crainte c'est qu'on enrobe d'un
nouveau langage ou d'une nouvelle perception des choses pour revenir au
même départ. J'aimerais qu'on respecte notre milieu qui est
différent - on vous l'a souligné aujourd'hui - qui ne vit pas la
même chose que les autres milieux dans la province et qui est
excessivement notre milieu de l'Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Non, ce n'est pas fini.
Le Président (M. Blouin): Oui, cela est
terminé.
M. Hains: N'y a-t-il pas de consentement possible?
Le Président (M. Blouin): Puisqu'il est un peu plus de 13
heures et que nous devons suspendre nos travaux, j'invite nos invités
-puisque Mme la députée de L'Acadie m'a indiqué qu'elle
désirait intervenir aussi - si c'est possible, à nous revenir
à 15 heures et à ce moment nous procédrons aux
échanges entre vous et Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Tout est possible, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Sur ce, nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise de la séance à 15 h 5)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, la commission élue permanente de
l'éducation reprend donc ses travaux. Au moment où nous nous
sommes quittés, nous étions à procéder aux
échanges entre les membres de la commission et l'Association des
commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue. La parole était
à Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président. Je vais
mettre mes lunettes. Heureusement, le règlement n'interdit pas cela.
Je voudrais d'abord remercier les représentants de l'Association
des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue qui se sont
déplacés d'aussi loin et en bon nombre pour venir faire des
représentations touchant leur immense territoire, c'est le cas de le
dire.
Ma première question est la suivante: Dans les échanges
que nous avons eus ce matin, j'ai cru comprendre que vos parents étaient
derrière vous quant aux recommanda- tions que vous nous faisiez ici. Je
ne me suis pas trompée, n'est-ce pas? Est-ce que c'est l'ensemble de vos
comités d'école qui sont d'accord avec les représentations
que vous faites ici? La majorité.
Mme Labelle: Je veux dire qu'il n'y a personne qui a
été à l'encontre de notre mémoire qui a
été présenté dans chaque commission scolaire
où chaque comité de parents a... Évidemment, vous avez la
Fédération provinciale des comités de parents où il
y a des sujets qui diffèrent peut-être, mais à ce moment,
si les parents sont solidaires de leur fédération... Je veux dire
que, si on parle du vécu de notre milieu, ils sont derrière ce
que la commission scolaire avance.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Labelle: Chez nous, à Lac-Té-miscamingue, il y
a des résolutions.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous voudriez ajouter quelque chose?
M. Bergeron: C'était cela, Mme la députée de
L'Acadie, c'est que chez nous il y a une résolution ferme du
comité de parents appuyant la position de notre commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Maintenant, j'imagine que chacune de vos
commissions scolaires a un délégué à la
Fédération des comités de parents du Québec.
Mme Labelle: II y a un comité régional qui
représente la Fédération des comités de parents en
région...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Labelle: ...et où sont délégués
différents parents.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quand ces parents vont à la
Fédération des comités de parents du Québec, est-ce
qu'ils partent mandatés par leur comité de parents de la
commission scolaire ou s'ils parlent en leur nom personnel?
Mme Labelle: II faudrait simplement que je juge d'après ce
que... Quand je suis mandatée par ma commission scolaire pour aller
à une assemblée générale, je dis ce que ma
commission scolaire pense. J'agis en conséquence. S'il y a un
changement, j'utilise mon jugement, mais cela doit être dans la
philosophie de la commission scolaire. J'ai l'impression que, pour les parents,
ce doit être la même chose.
D'ailleurs, la plupart des gens sont d'accord avec ce qui se fait dans
leur com-
mission scolaire. Cela doit être assez difficile d'être
divergent, mais je ne peux pas parler pour eux.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous ne connaissez pas la
procédure, parce qu'il se pourrait qu'ils soient
délégués par leur commission scolaire comme
représentants du comité de parents mais, au moment où ils
doivent prendre un vote, qu'ils s'expriment davantage en leur nom personnel. Il
semble que M. Bellehumeur...
M. Bellehumeur: La représentante des parents, à la
Commission scolaire d'Amos, me mentionnait récemment, quand on parlait
de la loi 40 - qui revient souvent sur le tapis - que les parents, pour autant
qu'elle en était informée, ne demandaient pas tous ces pouvoirs,
n'exigeaient pas d'être traités de la manière dont la loi
40 veut les traiter. Par contre, elle a dit: On arrive à la
Fédération des comités de parents, parmi un très
grand nombre, et il est difficile de s'exprimer. Souvent, ces gens n'ont
peut-être pas la même expérience des réunions
provinciales où c'est réellement difficile de s'exprimer. Elle
semblait exprimer un malaise, en tout cas, de ne pas être capable, dans
un si large groupe, de pouvoir faire valoir des idées
différentes.
Mme Lavoie-Roux: En fait, je suis peut-être un peu injuste
en vous posant ces questions. J'aurais dû les poser à la
Fédération des comités de parents du Québec, mais
elle est venue au tout début des travaux et ce n'est que par la suite
qu'on a commencé à entendre des dissidences de la part de
comités de parents de commissions scolaires dans tout le Québec.
Je comprends que, pour vous, de donner une réponse précise, c'est
assez difficile.
J'aimerais vous demander si vous avez examiné de plus près
le rôle du directeur d'école qui est prévu dans le projet
de loi. Croyez-vous que ceci puisse bien fonctionner, compte tenu que dans la
loi le directeur d'école est responsable au conseil d'école et
qu'il ne rend pas de compte au directeur général de la commission
scolaire? Par contre, il est l'employé de la commission scolaire. Il y
en a plusieurs qui sont venus nous parler ici de l'ambiguïté - hier
soir on a utilisé le terme "incongruité" - de cette double
loyauté qui les rend responsables seulement vis-à-vis d'une
instance alors qu'ils sont engagés par l'autre instance. Est-ce que vous
avez examiné cela et est-ce que vous pensez que cela puisse s'articuler
d'une façon fonctionnelle et ne pas créer de conflit tant
à l'intérieur de l'école que pour la relation qui doit
normalement s'établir entre un directeur d'école et la direction
générale d'une commission scolaire?
Mme Labelle: Pour les commissaires, si on prône le
gouvernement scolaire responsable et autonome, c'est bien sûr que cela ne
cadre pas, car, pour nous, c'est un employé et il doit répondre
au directeur général. Lorsque je vois le projet de loi, je le
trouve mal placé et dans une situation de conflit où il sera
toujours pris des deux côtés, entre ses enseignants et les
parents, et où il dépendra de son conseil d'école et de la
commission scolaire pour autre chose.
Si je me situe simplement en tant que commissaire, je n'accepte pas le
rôle qu'on essaie de lui faire jouer dans le projet de loi. Cependant, je
crois que M. Bergeron, en tant que directeur général, pourrait
peut-être vous l'exprimer mieux que moi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, merci.
M. Bergeron: Effectivement, Mme la députée, chez
nous, cela a été examiné de très près.
Encore une fois, je suis très à l'aise pour vous présenter
le point de vue des gens de chez nous. Là aussi, la position de la
commission scolaire a reçu un appui sans équivoque des directeurs
d'école avec des lettres signées par eux. Encore la semaine
dernière, ces directeurs d'école de notre commission ont
envoyé un télégramme au ministre de l'Éducation
pour lui dire que ses dernières propositions d'amendement rendant
paritaires les professionnels de l'enseignement et les parents n'étaient
pas plus acceptables qu'avant.
Chez nous, nous voyons difficilement les directeurs d'école
relever, en principe, de deux employeurs. Pour leur travail quotidien et leur
travail annuel, ces gens recevraient leur mandat du conseil d'école,
mais leur lien d'emploi serait toujours avec la commission scolaire. Si vous
vous rappelez les dispositions prévues dans le projet de loi, au bout de
cinq ans - ou également en cours de mandat, si c'était un vote
des deux tiers -ces gens pourraient voir leur mandat révoqué.
À ce moment-là, ils retournent à l'employeur et nous
retombent sur les bras à la commission scolaire.
Par exemple, chez nous, nous avons 15 directeurs d'école et deux
adjoints. Au bout de cinq ans, s'il y a des conseils d'école qui veulent
en changer six, on se demande à partir de quels critères on va
relocaliser cela, et quelles difficultés cela va causer aux individus
mais également à l'organisation.
Une des difficultés qu'on retrouve également quant aux
directeurs d'école, c'est que, n'ayant plus un lien d'autorité
avec la direction générale, ce n'est pas la même dynamique
de travail d'équipe que ce que l'on retrouve présentement. Chez
nous, les gens qui se rencontrent toutes les deux semaines pour travailler en
concertation avec les directeurs de services et le directeur
général souhaitent continuer à travailler en
équipe comme ça, en coordination, pour tenter
d'établir des bases communes de services les plus équitables et
assurer la meilleure péréquation possible des services chez
nous.
Cette équivoque, encore une fois, de deux patrons - pour le
travail quotidien, c'est le conseil d'école et, pour le lien d'emploi,
c'est la commission scolaire - ce n'est pas souhaité chez nous. On y
voit beaucoup d'embûches et de situations conflictuelles. (15 h 15)
Mme Lavoie-Roux: II reste que vous avez fait
référence au mandat de cinq ans possiblement non renouvelable,
selon le désir des écoles. Dans l'administration de vos
écoles, dans vos commissions scolaires, est-ce que vous avez
déjà évoqué la possibilité qu'il y ait une
plus grande rotation des directeurs d'école? Cela aussi peut être
une source de dynamisme et cela ne met pas en cause du tout la capacité
ou l'incapacité du directeur d'école, mais, strictement du point
de vue du dynamisme que ceci pourrait apporter à des milieux de
transférer son expérience d'un milieu à l'autre...
M. Bergeron: Vous faites allusion à une sorte de
remaniement ministériel.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez. Il paraît que des fois
ça fait du bien, dit-on, je ne sais pas.
M. Bergeron: C'est votre commentaire. Chez nous, encore une fois,
selon le principe du respect des milieux, il y a des milieux où c'est
difficilement applicable; il y a d'autres parties d'un territoire où
c'est applicable et, effectivement, il y a une certaine mobilité. Il y a
des gens qui vont être établis avec leur famille et qui sont
situés, par exemple, à des distances de 30 ou 40 milles de
l'école voisine. La mobilité du personnel devient plus difficile
et il est difficile de dire, au bout de trois ans: On change ces directeurs
d'école. Vous voyez les problèmes bien particuliers et bien
matériels d'avoir leur maison et leur famille à un endroit. C'est
une pratique dans notre région d'avoir une certaine mobilité, une
certaine rotation, mais ce n'est pas applicable de façon uniforme sur
l'ensemble du territoire d'une région aussi vaste que
l'Abitibi-Témiscamingue.
Mme Lavoie-Roux: Je voyais dans le mémoire -
peut-être dans plusieurs - de la commission scolaire de
Chapais-Chibougamau, et je pense qu'on le retrouve dans d'autres
mémoires, l'affirmation suivante: "La revalorisation de l'école
dépend un peu des structures, mais, selon nous, elle dépend avant
tout de la motivation de ceux qui y travaillent." Vous ajoutez, au paragraphe
suivant: "permettre à chaque région de déterminer et de
définir la formule de structures qui répond le mieux à ses
besoins et de ne pas nous imposer une structure conçue pour
répondre aux besoins des grands centres." Cette idée-là a
été répétée ici à plusieurs reprises.
On a parlé de flexibilité, d'imposer des choses pour lesquelles
les milieux ne sont pas prêts ou que les milieux ne désirent pas.
Par contre, on a aussi exprimé, de l'autre côté de la
médaille, si je puis dire, le fait que, dans certaines commissions
scolaires, les gens n'ont pas fait le même cheminement ou n'ont pas
progressé aussi rapidement quant à la possibilité de
donner plus de responsabilités à l'école ou de pouvoirs
aux parents, etc. Est-ce que vous avez pensé à une formule qui
pourrait tenir compte de ces deux inquiétudes, d'une part, de ne pas
uniformiser, tel que le projet de loi le fait - que tout le monde soit dans la
même boîte, dans le même moule - et, d'autre part, de
stimuler les commissions scolaires là où cela ne se fait pas,
là où ce cheminement est à peine amorcé, et
d'impliquer davantage l'école? Est-ce qu'il y aurait une solution que
vous auriez envisagée justement pour éviter ou corriger les deux
problèmes?
Mme Labelle: Je ne connais pas de solution miracle, mais une des
solutions, c'est certainement de respecter le milieu qui se prend en main.
À ce moment-ci, je céderai la parole à Mme Nicole
Pagé-Simard, qui vient de la région de Chapais-Chibougamau.
Mme Pagé-Simard: Si vous me le permettez, M. le
Président. Disons que ces phrases qui sont dans notre mémoire
sont vraiment partie intégrante du vécu de tous les jours
à Chibougamau. Ce dont il faut être conscient, c'est que, dans
notre région particulièrement, - dans toute la région de
l'Abitibi, mais chez nous aussi - il n'y a vraiment pas de rapport de forces ni
d'un côté ni de l'autre. Il n'y a pas de bagarre, de choses
à faire plus par les uns que par les autres. C'est vraiment un travail
d'équipe pour le mieux-être des enfants dans l'école. Je
dois malheureusement déplorer que c'est quelque chose qu'on n'entend pas
assez souvent: les enfants dans l'école. On parle de pouvoirs, on parle
de revalorisation, de décentralisation, mais tout ce temps-là
qu'est-ce qui se passe dans l'école pour les enfants? C'est une question
que je pose. Le fait qu'on dise aussi, comme vous avez cité, des
structures conçues pour répondre aux besoins d'un grand centre,
c'est qu'en regardant la loi 40, pour nous autres, il y a quand même
plusieurs points qui sont -comme le disait M. Bergeron, ce matin et plusieurs
autres - déjà en application dans nos commissions scolaires. Par
contre, il y en a d'autres qui ne pourraient pas l'être,
qui dérangeraient un paquet de structures, qui
dérangeraient des choses qui sont en place qui vont bien et dans
lesquelles tout le monde se sent à l'aise. C'est pour cela qu'on dit:
S'il y a des problèmes dans les grands centres, s'il y a des
problèmes à l'extérieur, on est d'accord qu'il peut y en
avoir même dans des centres moindres.
On est prêt à accepter que ces gens puissent être
différents, puissent vivre des choses différentes. C'est
d'accord. Cependant, on voudrait qu'on nous respecte aussi.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela vous semblerait plausible, par
exemple, pour corriger peut-être les milieux où on est beaucoup
plus à couteaux tirés, c'est même une mauvaise expression,
mais où on a été moins, pour une foule de raisons, pas
nécessairement de la mauvaise volonté, progressifs dans le sens
d'accorder plus de responsabilités à l'école... Est-ce que
vous verriez, par exemple, que la loi pourrait prévoir - le
modèle qui me vient à l'esprit c'est un peu ce qui avait
été fait dans la loi sur l'Office des personnes
handicapées, la loi pour la protection des personnes handicapées,
dans la création de l'office... Même dans la loi, il y a des
articles où, sans rendre quelque chose obligatoire, on impose, par
exemple, à l'industrie de présenter des plans d'embauche pour les
personnes handicapées sans créer l'obligation de les mettre en
application nécessairement, mais au moins pour la sensibiliser. Est-ce
qu'il pourrait y avoir quelque chose de semblable dans cette loi-ci, qui dirait
aux commissions scolaires: La commission scolaire doit présenter un plan
d'implication de l'école, pour davantage de responsabilités,
disons, d'ici un an ou d'ici deux ans, et qui permettrait peut-être,
à ce moment, que les commissions scolaires présentent des
modèles différents qui soient beaucoup plus conformes d'abord
à l'évolution du milieu, aux besoins du milieu, et respecteraient
davantage les caractéristiques de chaque milieu?
Mme Pagé-Simard: Je pense que ce serait important qu'on
puisse arriver à quelque chose de ce style, cependant je me dis:
Pourquoi aujourd'hui, alors que cela a quand même pris, après la
loi 27 - ce que j'appelais dans le temps la mission 27 puisque j'étais
là au début - quatre à cinq ans pour dire que les parents
étaient quand même acceptés dans l'école, qu'ils
devenaient fonctionnels? Les enseignants ne les voyaient pas comme des
instigateurs qui viennent voir ce qui se passe. Ils pouvaient faire partie. Ils
n'avaient pas le pouvoir décisionnel, mais ils étaient quand
même présents. Ceux qui voulaient s'impliquer et qui voulaient
aller plus loin pouvaient le faire, je pense. Maintenant, on veut tout
chambarder cela, tout jeter par terre et recommencer comme c'était au
départ avec des parents qui vont arriver et qui ne sauront pas trop
où aller et comment faire. Alors, la solution idéale serait qu'on
puisse arriver à un compromis comme vous le mentionniez tout à
l'heure, à savoir ceux qui sont prêts à le faire.
Peut-être qu'il y a des milieux qui sont prêts à le faire.
Je suis d'accord. À ce moment-là, ce serait cela. Mais, pour les
autres...
Mme Lavoie-Roux: Ce ne serait pas nécessairement le
même modèle. Il y a une question d'étape, mais il y a aussi
une question de modèle uniforme qui n'est pas nécessairement le
meilleur pour chacun. Oui, M. Bellehumeur?
M. Bellehumeur: C'est votre réponse. C'est que votre
question, au départ, présuppose qu'il y a des commissions
scolaires ou des milieux qui sont vraiment en arrière des autres et qui
devraient être malheureux. Mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que le ministre nous dit, en tout
cas.
M. Bellehumeur: ...ce n'est pas si vrai que cela. Le fait de dire
comment être heureux, je pense que cela appartient à ceux qui
veulent le bonheur au départ. Cela ne s'impose pas. Il y a d'autres
formules aussi, Mme la députée, qu'on peut vous soumettre et
qu'on vit dans notre région. On vous l'a mentionné. Nous sommes
douze commissions scolaires qui se réunissent et qui se parlent. Des
directeurs généraux également se recontrent d'une
façon régulière dans la région. Des enseignants se
rencontrent annuellement à l'occasion de journées
pédagogiques et repartent chacun dans son milieu avec un enrichissement
qui vient des autres. Il y a une foule de formules qui ne nécessitent
pas nécessairement une loi et qui peuvent s'appliquer très
rapidement. D'ailleurs, la communication s'améliore de plus en plus.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci. Un dernier mot,
Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: J'aurais eu des questions à vous poser
sur les dispositions qui sont dans la loi, dans quelle mesure cela va servir,
par exemple, l'enfance en difficulté, mais je n'ai pas le temps. Nous
sommes limités par le temps. Mais je veux au moins vous dire que le fait
que la commission ait pu continuer au moins une semaine de plus pour entendre
des gens d'autres régions, de régions... Et ce n'est pas un
reproche au gouvernement, ni un message publicitaire. Mais je me dis qu'on a
peu d'occasions. Quand aurai-je l'occasion, par exemple - je
le souhaiterais bien - d'aller dans la commission scolaire de
Chapais-Chibougamau?
Le Président (M. Blouin): Alors, madame...
Mme Lavoie-Roux: Alors, je regrette qu'on n'ait pas plus de
temps. Je vous remercie de votre déplacement et j'espère qu'on
aura d'autres occasions.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je vais
compléter les questions que Mme la députée aurait voulu
poser, j'en suis certain. Je voudrais d'abord commencer par saluer les
commissions scolaires d'Abitibi-Témiscamingue. C'est vrai qu'on n'a pas
l'occasion de les voir souvent, mais il faut dire que je pense qu'on leur
accorde aujourd'hui tout le temps qu'elles méritent et dont elles ont
besoin également pour exprimer leur point de vue.
Je reviens à la page 3 de votre mémoire. Les discussions
en commission parlementaire ont beaucoup porté sur le rôle de
l'école, l'école-pivot, les questions de décentralisation
de pouvoirs vers l'école, et on en a finalement assez peu parlé.
Votre position à ce sujet est à la page 3. Vous partagez le point
de vue de la Fédération des commissions scolaires; vous
préconisez l'application des conseils d'orientation prévus dans
la loi 71. Vous dites:" Les comités d'école actuels, s'ils
étaient transformés en conseils d'orientation, deviendraient
alors décisionnels sur les éléments prescrits par la loi
71." Je regarde la loi 71, il n'y a pas beaucoup d'endroits où on peut
être décisionnel et faire des règlements pour sa
régie interne. Là, le conseil d'orientation peut être
décisionnel. Faire des règlements pour l'utilisation des locaux
de l'école, cela peut être décisionnel; faire des
règlements relatifs à la conduite des élèves de
l'école: décisionnel. À d'autres endroits, par exemple en
ce qui concerne les nouveaux programmes d'études: recommandation
à la commission scolaire. S'il y a des différends qui peuvent
s'élever au sein de l'école, recommandation à la
commission scolaire; les critères de renvoi des élèves de
l'école: recommandation à la commission scolaire.
Par contre, il est mentionné que le conseil d'orientation a tout
de même pour fonction de déterminer les orientations propres
à l'école et d'en faire rapport. Les orientations, c'est vaste
comme programme. Cela rejoint l'idée du projet éducatif.
Iriez-vous plus loin que cela ou si le conseil d'orientation prévu dans
l'actuelle loi 71 vous satisfait ou, lorsque vous dites que les comités
d'école deviendraient alors décisionnels sur les
éléments prescrits par la loi 71, est-ce que cela signifie que ce
qui est dans la loi 71 vous satisfait pleinement et que vous seriez en mesure,
dans votre commission scolaire, d'appliquer le conseil d'orientation qui,
jusqu'à maintenant, n'a pas très bien fonctionné à
l'échelle du Québec? Remarquez que, dans un deuxième
temps, j'aimerais vous entendre dire si cela a marché chez vous, les
conseils d'orientation, et, si cela n'a pas marché, pourquoi.
Mme Labelle: À votre réponse, c'est le minimum qui
est exprimé là, mais cela ne doit pas être cerné
dans une uniformité qu'on ne peut pas dépasser. Il reste que, si
le milieu a le goût d'aller plus loin, il devrait avoir une
accessibilité à le faire. Pour explorer les choses un peu plus
dans ce sens, M. Bergeron aurait certainement quelque chose à ajouter.
(15 h 30)
M. Bergeron: M. le député, vous soulignez avec
justesse que la question d'orientation rejoint le projet éducatif.
C'était surtout en évoquant cette possibilité-là
que les commissions scolaires de la région voulaient voir les conseils
d'orientation devenir décisionnels. D'abord, ma réponse à
votre question est directe. Est-ce qu'il y en a qui fonctionnent chez nous?
C'est non. Vous savez, je pense, la réponse. La participation des
professionnels enseignants a été refusée, mais, ce que
nous désirons chez nous, c'est que les parents, quand il est question
d'un projet d'éducation, puissent en modifier le contenu et y apporter
certaines autres dispositions. Nous voulons que les parents puissent avoir un
droit de regard décisionnel là-dessus. La différence
d'avec le projet de loi 40, c'est que la loi 71 part toujours de la phrase qui
garde l'unité de commandement, qui garde l'unité de coordination
importante dans une région, selon la politique et les règlements
de la commission scolaire. Il n'y a pas de commission scolaire, dans notre
région, qui n'ait préparé une espèce de document
qui s'appelle "Objectifs en éducation", ou encore "Projet de
développement en éducation". Là-dedans, la commission
scolaire situe, après avoir consulté ses agents, un ensemble de
valeurs auxquelles notre population adhère. On dit à nos
écoles: À partir de ces valeurs, bâtissez-vous un projet
éducatif qui colle à votre milieu.
Des 140 écoles de notre région, il est sûr que nous
n'en avons pas deux identiques. Vous avez toutes sortes de projets
pédagogiques, tant au niveau secondaire que primaire, qui se font dans
le cadre des politiques des commissions scolaires. Depuis 1979, rares sont les
commissions scolaires qui n'ont pas adopté une politique-cadre de projet
éducatif. Chez nous, avant d'être complètement en
application, un projet édu-
catif doit recevoir l'aval de la commission scolaire, mais surtout
l'appui, la décision des parents. Or, si quelqu'un veut ouvrir une "free
school" dans une partie du territoire, on voudrait bien que ce soient les
parents qui assument cette décision.
C'était donc l'objet principal de l'adhésion des
commissions scolaires chez nous de dire qu'il serait bon de rendre cela
décisionnel, encore une fois dans le cadre des politiques et
règlements des commissions scolaires.
M. Leduc (Fabre): Si je comprends bien, vous êtes
prêts à aller plus loin que ce qui est prévu dans la loi
71, c'est-à-dire que ce soit décisionnel dans certains domaines
relatifs au projet éducatif qui sont à préciser, certains
pouvant être dans le projet de loi et d'autres non. Je retiens tout de
même cela parce que c'est quand même un élément
important, sauf que vous voulez que cela se fasse dans le cadre de la
commission scolaire.
Je vous ai posé cette question parce que, jusqu'à
maintenant, vous avez donné l'impression que c'était pas mal
unanime chez vous, en tout cas, par rapport au projet de loi. C'était
fortement unanime du côté des parents, des comités
d'école et des comités de parents. J'ai ici une liste de
comités d'école qui ont formulé des propositions. Par
exemple, j'ai des extraits de procès-verbaux d'assemblées qui ont
eu lieu en novembre dernier. J'en ai un, par exemple, d'octobre: Le projet de
loi 40. Considérant que les parents veulent une réforme de
l'enseignement primaire et secondaire et rejettent le statu quo -
jusqu'à maintenant, on a l'impression que vous défendez fortement
le statu quo, mais j'avoue que votre réponse sur le conseil
d'orientation est plus nuancée que cela - et considérant que le
comité d'école est représenté par un de ses membres
du comité de parents... il est proposé, d'appuyer les positions
du comité de parents de la commission scolaire
Lac-Témiscamingue.
J'ai également des propositions des comités de parents
où il est dit: Considérant que les parents veulent une
réforme de l'enseignement primaire et secondaire et rejettent le statu
quo; considérant que l'assemblée générale de la
Fédération des comités de parents, tenue les 9, 10 et 11
septembre dernier, a pris position sur le projet de loi 40 et que plus de 80%
des membres y étaient représentés - c'est une bonne
représentation - après discussion, il est proposé
d'appuyer les positions de l'assemblée générale de la
Fédération des comités de parents.
On rejette donc le statu quo. Je ne dis pas qu'on appuie
nécessairement tout le projet de loi 40, mais il y a quand même un
rejet du statu quo. On demande une réforme.
On demande que quelque chose se fasse du côté du
gouvernement et cela me semble -je n'ai pas eu le temps de compter ce que cela
représente comme nombre de résolutions ou de comités
d'école - assez volumineux.
Une deuxième question a trait à un autre aspect que vous
avez développé. C'est celui du gouvernement local. Vous avez
défendu cela avec beaucoup de conviction, les commissions scolaires
doivent être des gouvernements locaux, forts, etc. Il y a tout de
même une question qui se pose, quand une commission scolaire
défend cela avec autant de force et de conviction. Il faut tout de
même se poser une question comme législateur. Quand on regarde la
participation aux élections scolaires, c'est tout de même
inquiétant. J'ai le relevé pour la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Je vais vous donner des exemples: en 1980, il y
a eu 16 élections pour 53 commissaires. Cela veut dire qu'il y en a
beaucoup ou qu'une très forte majorité n'a pas subi
l'élection ou n'a pas eu à vivre l'élection. En 1981, 11
seulement sur 47; en 1982, 12 seulement sur 37; en 1983, 7 seulement sur 41.
J'ai les statistiques sur le nombre d'électeurs. Je les ai
regardées et cela dépasse rarement 5% des électeurs. Vous
allez peut-être dire: Donnez-nous plus de pouvoirs. Décentralisez
davantage les pouvoirs et on va favoriser la participation. Il faudrait savoir
exactement quel genre de pouvoir vous voulez parce qu'avant la loi 57, si vous
invoquez la loi 57 qui a été adoptée en 1979, on a
retiré le pouvoir de taxation des commissions scolaires pour leur
laisser très peu de marge de manoeuvre finalement. Les statistiques sont
à peu près les mêmes. La participation aux élections
scolaires n'est pas plus forte avant 1976 qu'après. Pourtant,
c'était aussi un autre gouvernement qui était au pouvoir.
Vous sembliez dire que cet autre gouvernement pouvait favoriser
davantage la décentralisation des pouvoirs. Je ne sais pas mais il y a
peut-être une orientation de société dont il faut tenir
compte et qui fait que, quel que soit le gouvernement au pouvoir au
Québec, l'État a joué dans le passé, dans les vingt
dernières années, un rôle considérable
d'organisateur, de planificateur, de coordonnateur et que cela va probablement
continuer comme cela. Remarquez que je suis tout de même sensible au
point de vue que vous soulevez, qui est celui de s'assurer que les commissions
scolaires ont les moyens de fonctionner et constituent un corps
intermédiaire fort qui représente le milieu régional. Je
pense qu'on s'entend là-dessus. Mais quand on parle de gouvernement
local, on va tout de même plus loin. Le mot "gouvernement"... Est-ce
qu'il peut y avoir un gouvernement avec une participation aussi faible? Comment
voyez-vous ce problème? Comment réagissez-vous? Comment peut-on
améliorer cela?
Mme Labelle: En réponse à votre première
réflexion, ce n'est pas qu'une commission scolaire, ce sont douze
commissions scolaires qui revendiquent le statut de gouvernement local.
À votre remarque que les élections n'amènent pas un
pourcentage très élevé, je vous ferai remarquer qu'il y a
belle lurette qu'on demande au gouvernement d'améliorer cela.
Évidemment, si le principe est que les commissions scolaires ne seront
pas là longtemps, on n'améliorera pas la situation des
élections, ce qui fait que, d'année en année, les
élections demeurent les mêmes. Mais on n'a jamais, à ma
connaissance - cela fait plus de six ans qu'on le demande, cela fait
certainement plus longtemps que cela - on n'a jamais rien fait pour
améliorer les modalités d'élection qu'on demandait.
Pourtant, ce n'était pas si compliqué.
Quant à votre impression ou à l'impression que d'autres
donnent, à savoir qu'on désire le statu quo, je pense que c'est
une intention qu'on nous prête, que nous n'avons jamais eue et qui a
peut-être été véhiculée à
volonté pour faire une différence entre la
Fédération des commissions scolaires et la
Fédération des parents. Les parents disent: Nous voulons un
changement, mais. Nous disons: On ne veut pas de la loi 40, mais on demande des
propositions. Sur certaines choses, je suis convaincue qu'on se rejoint. Ce
n'est pas à moi à dire à des parents qui se
réunissent en assemblée générale pour demander des
choses pareilles... Je trouve que c'est pertinent. On pourrait bien vous dire:
II y a deux ans que nous sommes sur le projet de loi 40, espérons qu'on
va progresser du côté éducatif dans les écoles. Ce
n'est pas du statu quo. On est quand même obligé de discuter du
projet de loi 40. On ne peut pas faire autrement. Ce n'est certainement pas le
statu quo.
M. Leduc (Fabre): D'accord, je vous remercie, madame.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. Je remarque que quelques députés
se joignent à nous aujourd'hui. Je me permets de leur souhaiter la
bienvenue au nom de tous les membres de la commission et de céder la
parole à l'un d'eux. M. le député de Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. Je voudrais profiter de
la présence de nos amis de l'Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue pour en apprendre un peu sur la situation unique
des régions éloignées face au projet de loi 40. Je vais
vous donner mon impression en tant que personne qui a visité la
région deux fois, toujours en période électorale. Ce n'est
peut-être pas le meilleur temps pour prendre le pouls et apprendre la
réalité du milieu, mais j'ai l'impression qu'il doit y avoir 140
écoles sur le territoire en question. Cela fait en sorte que le bassin
de chaque école doit être assez grand. La population doit
être assez dispersée dans plusieurs de vos commissions scolaires
et de vos écoles.
Je me demandais, compte tenu des exigences que le projet de loi 40 va
donner aux comités de parents, soit la participation des parents, si le
fait d'être dans une région éloignée vous
créera des problèmes particuliers dans cette démarche de
donner autant de responsabilités, ou de soi-disant
responsabilités, aux parents.
Mme Labelle: Est-ce que je peux me permettre de vous questionner?
Quand vous dites pour nous, est-ce que c'est pour les commissions scolaires ou
pour les parents?
M. French: Je dis, puisque vous êtes les seuls de votre
région à avoir l'expérience administrative à une
échelle qui est maintenant prévue pour les parents,
d'après le projet de loi... Vous êtes peut-être les seuls
qui avez suffisamment d'expérience pour nous faire comprendre ce que ce
sera que d'entreprendre ces responsabilités de façon
systémique.
Mme Labelle: Concrètement, je pense que je demanderai
à M. Jacquelin Bergeron, qui vit dans le Témiscamingue, dans un
petit milieu, de vous situer.
M. Bergeron: M. le député, vous le soulignez avec
justesse: dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, il y a 140
écoles. Dans notre commission scolaire, nous avons en tout, au primaire
et au secondaire, 22 écoles. Il y a cinq écoles secondaires dont
la clientèle varie entre 210 et 550 élèves chacune. Ce ne
sont pas de grosses écoles. Sur les 17 écoles primaires, il y en
a 15 de moins de 200 élèves. Sur les 15, nous en avons 9
au-dessous de 100 étudiants. Nous retrouvons dans notre commission
scolaire des écoles de 23, 48, 55 étudiants. La situation est
identique dans le secteur d'Amos, Rouyn-Noranda, Abitibi, La Sarre, etc.
Si vous demandez si la proposition du projet de loi 40 cause des
problèmes, effectivement, les problèmes commencent à
partir de l'article 90: Fonctions de l'école, jusqu'à 132
inclusivement. On va donner des mandats à l'école qui, sur le
strict plan humain, vont être impossibles à remplir parce que les
gens n'auront pas les ressources humaines, matérielles,
financières pour être capables de remplir ces mandats. Oui, chez
nous, cela pose d'énormes problèmes. C'est ce qui fait que les
parents ont appuyé la position de la commission scolaire de façon
unanime. Ils ont dit qu'ils
ne voulaient pas avoir tout ce bagage puisque ce n'est pas cela qu'ils
ont demandé.
Je vous donne deux exemples bien concrets. La question de
l'enrichissement des programmes. Nous n'aurions aucune école chez nous
qui posséderait le personnel suffisant pour être capable de
pondre, d'inventer et d'améliorer des programmes. Nous avons neuf
écoles de moins de 100 élèves. Vous voyez à peu
près le personnel qui est là. Dans des écoles, nous avons
deux professeurs. Il y a des spécialistes qui vont travailler là,
mais ils ne sont pas affectés à temps plein. Nous avons des
conseillers pédagogiques qui travaillent au centre de la commission
scolaire ou qui sont localisés dans des écoles mais qui ont une
mission régionale d'animation et de supervision. (15 h 45)
La question de l'évaluation. Dans un article de loi, on confie
à l'école le mandat de procéder à
l'établissement de ces standards d'évaluation des apprentissages.
Les gens chez nous n'auraient pas les ressources pour remplir cette mission.
Plutôt que de vouloir morceler cette responsabilité
pédagogique, c'est le regroupement, la mise en commun de nos ressources
qui font qu'on est capable d'améliorer les services d'enseignement,
d'éducation dans nos écoles.
M. French: Dans l'optique de l'auteur ou des auteurs du projet de
loi 40, il y a, entre l'école et les parents, d'une part, et le
gouvernement, d'autre part, les commissions scolaires qui auront des
responsabilités essentiellement administratives, si j'ai bien compris.
Dans les démarches importantes face au projet pédagogique, face
à l'évaluation, face au développement professionnel,
l'interlocuteur des parents sera le ministère de l'Éducation,
ici, à Québec. Est-ce que j'ai bien compris qu'on se trouve
effectivement avec des comités de parents... Prenons une école de
moins de 100 élèves. J'imagine que le nombre de familles
représentées est à peu près de 65% ou 70% et, parmi
ces 140 ou 150 parents, on va trouver un comité d'école qui aura
besoin de se rencontrer régulièrement sur un territoire assez
vaste, impliquant beaucoup de voyagements, et l'interlocuteur de ce
comité de parents, l'instance supérieure devient
instantanément le ministère situé essentiellement à
Québec. Est-ce que c'est la situation prévue par le projet de
loi?
M. Bergeron: Disons que la correction à apporter à
votre affirmation, c'est que pour chez nous, au lieu d'être
Québec, ce serait Rouyn, qui est le bureau de la direction
régionale. Quand on parle de Rouyn, nous autres, c'est un immense
territoire. Rouyn se situe à 300 milles de certaines commissions
scolaires, à 150 milles d'autres écoles. Effectivement, pour
aller puiser à cette source de haut savoir et de responsabilités
pédagogiques, ça deviendra assez compliqué.
Dans notre mémoire, on soulignait aussi qu'il nous apparaissait
que les écoles auront à appliquer des décisions qui seront
conçues par d'autres milieux que ceux dans lesquels se retrouvent nos
écoles. On pense que ça redeviendra de l'animation
pédagogique, cette responsabilité. Étant donné
qu'elle ne sera pas du ressort des commissions scolaires, certainement que le
ministère se fera un plaisir d'y voir, parce que les écoles ne
seront pas capables d'y subvenir.
M. French: Combien d'employés y a-t-il dans le bureau du
ministère de l'Éducation de Rouyn?
M. Bergeron: Je ne sais pas. On me dit 30 ou 35, M. le
député.
M. French: 30 ou 35.
Le Président (M. Blouin): Mme Labelle, vous désirez
intervenir rapidement?
Mme Labelle: Permettriez-vous que M. Lafrenière ajoute
quelque chose?
Le Président (M. Blouin): Certainement. M.
Lafrenière.
M. Lafrenière: Merci, M. le Président. Pour ajouter
quelques mots aux paroles du député, je pense que le
problème de fond, c'est de donner des pouvoirs à certaines
personnes qui n'en veulent peut-être pas autant et ne peuvent
peut-être pas les assumer. Le projet de loi enlève des pouvoirs
aux commissions scolaires qui possèdent les personnes-ressources, les
structures nécessaires pour les assumer. Tout est là, on veut
déplacer le pouvoir pour mieux contrôler.
M. French: Pour mieux contrôler effectivement par le
ministère de l'Éducation.
Lorsqu'on parlait des 30 ou 35 employés au bureau du
ministère de l'Éducation à Rouyn, je pensais que cela
pourrait se faire dans la mesure où les problèmes sont
relativement prévisibles et routiniers. Je veux maintenant
enchaîner sur les questions prévues par ma collègue de
L'Acadie et vous demander comment vous voyez le projet par rapport aux enfants
qui ont des besoins particuliers, les enfants handicapés par exemple.
Quel genre de destin leur réserve-ton dans ce contexte d'administration
soi-disant décentralisé que prévoit le projet de loi
40?
Mme Labelle: Si on regarde du côté de la loi, il n'y
a pas grand-chose de prévu pour la garantie. Si on a des enfants en
difficulté,
mais en plus grande difficulté que ce qu'on peut absorber,
généralement, on essaie de régler le problème avant
de prendre un jeune enfant et de l'envoyer dans un centre comme Montréal
ou Québec. Il n'y a rien qui garantit dans le projet de loi...
Si on prend la représentativité qu'on veut faire par
école, chez nous, il y a une école pour délinquants, un
centre d'orientation pour délinquants. Qui va les représenter?
Pourtant, ils sont affiliés à la polyvalente. Ils sont
affiliés à la commission scolaire, à l'éducation
des adultes. Il n'y a absolument rien de concret qui se fait. Ce qui se fait
présentement ne l'est pas nécessairement par une loi; c'est par
la volonté du milieu et la volonté de la commission scolaire de
discuter avec ses intervenants, les enseignants, différentes personnes,
des professionnels, pour résoudre un problème. Cela revient
à dire ce qu'on disait ce matin; généralement, dans une
région éloignée, on est habitué de se dire
-peut-être parce qu'on est éloigné, peut-être parce
que, parfois, on est ignoré et qu'on a besoin d'une solution qui n'exige
pas de bureaucratie ad vitam aeternam - on est habitué de se dire: Si je
vais frapper à cette porte-là, cela ne se réglera
peut-être pas. Je vais le régler; j'ai un problème, on va
s'asseoir et on va le régler. C'est peut-être de là que
vient l'idée que, dans une région éloignée, on
trouve des solutions à nos problèmes parce qu'on les recherche
vraiment. On ne se repose pas sur quelqu'un d'autre en se disant qu'il va
peut-être bien les solutionner.
M. Bergeron: Concernant l'enfance en difficulté, M. le
député, je pense que le projet de loi n'améliorerait en
rien ce qu'on est obligé de faire présentement. Et les
commissions scolaires, dans le cadre de leur mandat, devront continuer, avec
beaucoup de respect pour ces gens-là, grâce à une certaine
péréquation des ressources, à donner des services à
un nombre de gens très limité. Là-dessus on ne retrouvait
pas de bonification ou de mandat plus clair. Au contraire, il pourrait y avoir
plus d'ambiguïté ou d'équivoque entre le rôle de
l'école et celui de la commission scolaire, alors que chez nous la
dynamique a toujours été différente, comme on l'a
souligné depuis ce matin. Chez nous, l'école et la commission
scolaire, c'est fondu, c'est un. On ne s'oppose pas. On n'est pas là
à se tirailler pour des pouvoirs. On est là pour travailler pour
le bien du jeune. Il y a, à Belleterre, un enfant de sept ans qui est
déficient mental profond. Il faut lui donner des services. On ne va pas
le regrouper à Ville-Marie, 55 milles plus loin, tous les matins.
Comment se fait-il qu'on peut aller donner ces services? Parce qu'à
d'autres endroits de la commission scolaire, à même nos enveloppes
budgétaires, on consent un sacrifice financier; on consent, finalement,
à respecter le mandat, la mission qu'on a. C'est une forme de
péréquation qui est assurée par un organisme fort
politiquement. Quand les membres du conseil des commissaires acceptent, dans
une prévision budgétaire, de consacrer de l'argent à
l'enfance en difficulté lourde - sur un budget de 20 000 000 $ cette
année, nous mettons 375 000 $ - ce sont des décisions politiques
qui sont prises par des gens politiques qui ont le mandat de le faire.
M. Bellehumeur: J'avais un exemple tantôt qui m'est venu
à l'idée pour illustrer quelque peu comment devraient vivre
certaines écoles avec le projet de loi 40, s'il devait être
appliqué tel quel. Il y a des problèmes qui, pour une commission
scolaire, sont très désagréables. Faute de mieux, on peut
toujours se contenter des ressources supplémentaires qui sont
allouées par le gouvernement sous forme d'allocations
spécifiques. Or, dans ma commission scolaire, j'ai appris, à la
fin de décembre ou au début de janvier, le nombre de personnes
qui me seraient confiées, bien que l'école commence au mois de
septembre et que la préparation de l'année se fasse au mois de
mai. Je ne vois pas une école, demain matin, vivre ces problèmes
et essayer de s'en sortir.
M. French: Donc, le projet de loi 40 ne prévoit pas de
mécanisme adéquat pour faire en sorte que la
péréquation se fasse à l'intérieur de la
région, entre écoles et entre clientèles, tel que c'est
fait actuellement.
M. Bergeron: C'est-à-dire que le projet de loi
prévoit que les commissions scolaires vont arbitrer, sauf que la
dynamique de représentation va être totalement différente.
Le mandat de chaque personne va provenir d'une école et elle va
être là pour tirer sa part du gâteau; tandis que,
présentement, un commissaire d'école est élu dans un
quartier et non pour représenter une école spécifique. Il
a, dans le cadre de son mandat, à travailler pour l'ensemble de la
commission scolaire. Vous voyez que la dynamique d'échange et de
discussion est complètement différente.
M. French: Personne n'est élu avec un mandat qui
dépasse directement, en ce qui a trait à la question
financière, par exemple, une école. C'est le fameux pivot qui
devient, en effet, une invitation à chaque membre d'un comité de
parents de tirer sur la couverte dans son sens et qui ne prévoit pas
l'espèce de justice sociale qui se fait par les gens élus dans
une commission scolaire actuelle, dans le plus grand intérêt de
tous les intervenants du milieu en question.
Je voudrais poursuivre aussi sur cette
fameuse question des gens qui se présentent comme commissaires
à l'école pour les commissions scolaires et, d'autre part, la
participation. C'est une question qui chicote énormément le
ministre de l'Éducation. Il semble que c'est l'évidence
même d'une dégénération fondamentale de la
démocratie québécoise. Il y a toujours une solution de
rechange, c'est-à-dire que les gens qui ne votent pas sont
essentiellement satisfaits. Bien sûr, des gens satisfaits, cela ne fait
pas l'affaire d'un ministre qui est infecté par un esprit de structurite
et de changement. La question précise que je veux toucher dans ce
contexte, c'est: Pour satisfaire à votre souhait de réforme sans
révolution, en trois ou quatre points, quels changements pourrait-on
faire pour répondre à ceux et celles qui veulent participer
davantage, avoir plus à dire sur l'éducation de leurs enfants,
sans venir chambarder de la façon que le projet de loi le fait?
Mme Labelle: Je pourrais résumer en deux mots: respecter
le milieu. Lorsqu'on représente le milieu, si la personne est
motivée et qu'elle sait qu'elle s'en va dans son milieu et qu'elle est
capable d'agir, elle va être intéressée. En tout cas, si je
pense à des commissaires que je connais, ils sont là par
motivation. Si je pense à des parents, ils sont là par motivation
parce que, lorsqu'ils parlent, ils sont écoutés. Je pense que
c'est la même chose pour un commissaire. De là à dire que
les améliorations... J'en reviens au gouvernement responsable qui aurait
un mode d'élections qui serait plus adapté à nos besoins,
pour lequel on demande des changements depuis quantité d'années.
Les gens qui ont des enfants et qui ont le goût de devenir commissaires
n'en ont pas toujours les moyens parce que - on n'a pas à se leurrer il
y a toujours certaines dépenses. Certains qui n'ont absolument pas les
moyens de même penser à devenir commissaires vont s'infiltrer dans
les comités d'école. S'ils y voient une motivation, ils vont
cheminer plus loin.
M. French: II s'agit de faire fonctionner la machine actuelle
plus efficacement.
M. Bellehumeur: Justement, il y a des mécanismes qui ont
été apportés et demandés autant par les commissions
scolaires que par leur fédération et qui donnaient des points
précis à corriger. J'ai eu connaissance d'une élection
scolaire. On vote à l'hôtel de ville aujourd'hui? C'est une
élection municipale. La publicité ne se fait pas, la
fréquence est répartie sur plusieurs années pour faire une
rotation. On nous rapporte aussi souvent qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui
se présente. Il y a Chaput qui disait que 90% des gens aiment regarder
une parade, 8% veulent faire la parade et 2% organisent la parade. Cela
s'applique aussi dans des prises de responsabilité. On a 40 000 parents
aujourd'hui qui s'occupent de la chose scolaire dans les écoles. Demain
matin, demandez-leur d'être président, vous venez d'en faire
disparaître plusieurs. Demandez-leur d'être secrétaire,
offrez une responsabilité qui oblige à être
régulièrement impliqué, les gens diminuent. C'est parce
que ce n'est pas tout le monde qui a le goût de faire cela. Ceux qui le
font essaient de bien le faire.
Le Président (M. Blouin): M. Lafrenière m'a
indiqué qu'il désirait conclure. Rapidement, M.
Lafrenière.
M. Lafrenière: Oui, une petite courte. C'est qu'il ne faut
pas oublier que c'est un poste politique qui demande beaucoup d'énergie.
Les personnes qui sont impliquées, en général, ne peuvent
pas s'imaginer le nombre d'heures qu'il faut donner. C'est cela qui n'attire
pas non plus les nouveaux candidats.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Lafrenière.
Merci, M. le député de Westmount. Sur ce, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les représentantes et les
représentants de l'Association des commissions scolaires
Abitibi-Témiscamingue Inc., d'avoir bien voulu participer aux travaux de
notre commission parlementaire.
J'invite maintenant les représentants du Comité
multi-agents des commissions scolaires du territoire Grand-Portage à
bien vouloir s'approcher de la table des invités. Je signale
également aux membres de la commission que le Comité de
l'Outaouais du Mouvement pour l'enseignement privé nous a fait parvenir
un mémoire hors délai en une centaine de copies et, si personne
n'y voit d'objection, nous allons déposer ce mémoire et le faire
distribuer aux membres de la commission. Pendant que nos invités
s'installent, nous allons suspendre nos travaux pour tout au plus une minute ou
deux.
(Suspension de la séance à 16 h 1)
(Reprise de la séance à 16 h 3)
Le Président (M. Blouin): Mesdames, messieurs, la
commission élue permanente de l'éducation reprend ses travaux.
Puisque nos invités ont eu le temps de s'installer à la table des
invités, j'invite les représentantes et représentants du
Comité multi-agents des commissions scolaires du territoire
Grand-Portage à bien vouloir d'abord s'identifier et à nous
présenter ensuite le contenu de leur mémoire en une vingtaine de
minutes.
Comité multi-agents des commissions scolaires
du territoire Grand-Portage
M. Blanchet (Yves): Merci, M. le Président. Je vais vous
présenter les membres de notre table: à partir de l'extrême
gauche, M. Marcel Ouellet, professionnel non enseignant; M. Jean-Yves Poulin,
directeur général; M. Laurent-Paul Lévesque, commissaire
et président; M. David Bois, directeur général; Mme
Marie-Paule Laforest, parent. À mon extrême droite, Mme
Véronique Ruest, parent; M. Claude Guérette, commissaire et
président; M. Alyre Bois, parent; M. Vincent Ouellet, directeur de
services, et moi-même, Yves Blanchet, directeur général.
Également se joignent à nous des délégations des
différentes commissions scolaires du territoire Grand-Portage.
La présentation du mémoire sera faite par un parent, par
un directeur général, par un cadre de services ou un commissaire,
et ainsi de suite. Dans un premier temps, j'inviterais Mme Laforest à
faire la présentation de notre mémoire.
Le Président (M. Blouin): C'est bien compris que cette
présentation doit se limiter à une vingtaine de minutes?
M. Blanchet: Oui.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
Mme Laforest (Marie-Paule): M. le Président,
distingués membres de cette commission, je veux, en commençant
cette présentation, vous remercier au nom du groupe que je
représente pour l'occasion qui nous est donnée de nous faire
entendre dans le cadre de cette audience publique. Ce groupe est composé
de parents, de commissaires d'école, de cadres de services, de
professionnels non enseignants et de directeurs généraux de sept
commissions scolaires du territoire Grand-Portage. Ces différents agents
d'éducation ont formé, de façon progressive, il y a
déjà plus d'un an, un comité régional de
consultation et d'étude, d'abord, du livre blanc "Une école
communautaire et responsable" et, par la suite, du projet de loi qui est
aujourd'hui l'objet de nos préoccupations. Plusieurs centaines de
personnes intéressées à l'avenir du système
d'éducation ont été consultées à partir d'un
questionnaire préparé à cet effet ou selon les
modalités propres à chaque commission scolaire du territoire. Des
représentants des directeurs d'école ont participé aux
échanges de notre comité multi-agents sans se lier par le texte
de ce mémoire, tandis que les enseignants et le personnel de soutien qui
avaient été invités n'y ont pas participé.
M. le Président, le présent document se veut la
représentation explicite des positions retenues par le comité
multi-agents du territoire Grand-Portage. Il est rédigé, dans la
mesure du possible, dans un vocabulaire simple afin d'en faciliter la
communication à la population de notre milieu. Nous ne prétendons
pas offrir de réponses à toutes les questions d'importance
soulevées par le projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et
secondaire public. Cependant, nous vous assurons que les points de vue
reflétés dans ce rapport font suite à une réflexion
sérieuse de notre part qui tient compte des consultations
réalisées, des consensus obtenus entre les intervenants, de
même que des divergences sur certains aspects dudit projet de loi. Il est
utile de noter que, même si les membres de notre comité sont
représentés aux niveaux régional et national par des
associations et des fédérations, ils ont pu s'exprimer selon
leurs convictions personnelles en tenant compte des avis exprimés par
les agents d'éducation de notre collectivité locale.
Les positions retenues dans ce mémoire vous permettront de
constater que certains aspects du projet de loi sont vus de façon
favorable. D'autres ne sauraient être appliqués sans modification.
Il en reste surtout plusieurs sur lesquels il nous est impossible de nous
prononcer sans évaluer la portée de la réglementation
afférente à leur application. Cependant, de façon
générale, tant dans le livre blanc "Une école
communautaire et responsable" que dans les mesures décrites dans le
projet de loi 40, la lecture de la réalité du vécu
scolaire dans le milieu et les propositions qui s'ensuivent nous semblent
présenter deux grandes faiblesses: celle d'une
généralisation de situations problématiques à
l'ensemble des organismes scolaires primaires et secondaires du Québec
et celle de proposer des solutions uniformes à des situations
problématiques qui ne se retrouvent pas dans tous les milieux et qui,
lorsqu'elles existent, se définissent de façon différente
d'un milieu à un autre. De plus, dans l'ensemble, les intentions de
décentralisation se perdent dans une distribution de pouvoirs plus ou
moins identifiés et un enchevêtrement de
responsabilités.
Au niveau du besoin d'expertise et d'analyse sur certains sujets en
fonction des deux éléments mentionnés
précédemment, citons, entre autres: le choix de l'école,
la confessionnalité de la structure et des écoles, la
représentation politique et administrative à la commission
scolaire et aux écoles, les modalités du suffrage universel, les
fonctions politiques et administratives de l'école et de la commission
scolaire, des pouvoirs uniformes aux écoles, les liens
hiérarchiques et fonctionnels dans les organismes, les pouvoirs du
ministre et du gouvernement en regard de la décentralisation, la carte
des territoires et la
composition des comités de mise en oeuvre.
Dans le texte qui va suivre, nous nous efforcerons de vous
préciser nos points de vue sur ces sujets, selon la présentation
suivante: l'état de la situation sur chacun des sujets abordés et
les recommandations qui en découlent. Voilà les
éléments traités par notre comité multi-agents.
M. Bois (David): Pour s'assurer que tous ceux qui. ont en main le
mémoire puissent nous suivre, nous allons vous indiquer où nous
devons faire des petits sauts pour éviter de dépasser le temps
qui nous est accordé.
En partant des services éducatifs, nous nous orientons au bas de
la page 4 et nous retenons la recommandation suivante: Que le ministère
de l'Éducation maintienne sa politique de consultation auprès des
organismes de la base avant d'apporter des changements touchant les politiques,
les règlements et autres mesures ayant trait aux services
éducatifs.
Nous recommandons également qu'il y ait clarification de la
définition des services pour en assurer une bonne compréhension
et une application judicieuse dans la pratique.
De là, nous nous rendons à la page 6 et nous retenons
quelques recommandations touchant l'encadrement des élèves. Nous
recommandons que l'article 19, 5e alinéa, se lise: "Malgré le
premier alinéa, une commission doit, à la demande des parents,
dispenser de l'obligation scolaire un enfant âgé de moins de six
ans au 1er octobre d'une année."
Nous recommandons que le texte du deuxième alinéa de
l'article 14 se lise: "Elle a aussi droit à d'autres services
éducatifs dans la mesure prévue par la présente loi."
Enfin, que le principe du choix de l'école soit enlevé de
la loi.
De là, nous passons à la page 7 en ce qui touche les
services professionnels, au milieu de la page. Nous recommandons que la
commission scolaire engage les personnels et fasse la distribution des services
en tenant compte des besoins exprimés par les écoles et des
contraintes administratives.
Nous recommandons également qu'au moins un représentant
des professionnels des services éducatifs fasse partie du comité
pédagogique de l'école.
Il nous apparaît que, dans le contexte du projet de loi, la
commission hérite de nombreux devoirs avec peu de pouvoirs. D'autre
part, les champs de responsabilités ne sont pas définis
clairement. On risque alors de longues discussions sur le thème de la
décentralisation si les positions ne sont pas définies clairement
au départ. Comment assurer une saine cohérence administrative
quand les uns ont la responsabilité et d'autres les pouvoirs?
À titre d'exemple, dans la présentation de ses
règles budgétaires aux organismes scolaires, le ministère
de l'Éducation justifie ses compressions et ses ajustements par des
impondérables à son niveau. Il s'arroge donc le droit
d'équilibrer son budget à l'extérieur d'une année
financière. Par contre, la commission scolaire, elle aussi, fait face
à des dépenses imprévisibles: congés de maladie
prolongés, droits parentaux, etc., et sa marge de manoeuvre au plan
financier est extrêmement limitée: elle a la responsabilité
de viser à l'équilibre de ses revenus et de ses dépenses
à l'intérieur d'une même année financière,
d'où des règles différentes selon qu'il s'agit du
ministère ou des commissions scolaires.
Pour le sujet suivant, nous allons retenir seulement la deuxième
recommandation - toujours à la page 8 - parce que les autres seront
reprises un peu plus tard à la page 15. Nous demandons que les
règles d'allocations budgétaires soient applicables sur une base
triennale pour permettre une meilleure gestion du réseau scolaire et
que, dans ce cadre d'attribution des ressources, tout surplus ou déficit
demeure la responsabilité de la commission scolaire.
De là, nous nous retrouvons au centre de la page 10. Au sujet de
la confessionnalité, nous recommandons que la définition du
statut de l'école au 1er juillet 1985 soit maintenue jusqu'à ce
qu'un nombre significatif de parents en demandent la
réévaluation.
Au bas de la même page, nous recommandons que, dans les
écoles reconnues comme confessionnelles, l'enseignement religieux soit
donné à tous les élèves sous réserve de la
demande d'exemption et ceci, même en connaissance du décret
récent du comité catholique.
M. Guérette (Claude): M. le Président,
représentation politique et administrative. Les membres du comité
acceptent la notion de représentativité multi-agents au sein du
conseil d'école avec une nomination majoritaire de parents. Il y a
cependant lieu d'apporter des précisions sur les modalités de
nomination de certains agents, de même que sur la
représentativité de certains groupes. (16 h 15)
Nous recommandons, en vertu de la position retenue, que le commissaire
d'école élu au suffrage universel le soit au niveau d'un
quartier; il faudrait lire, à l'article 39.1° du projet de loi: "le
commissaire d'école élu..."
Nous recommandons que les parents élus au conseil d'école
le soient par et parmi les parents de cette école; que l'école
dont il est question dans le document soit définie comme étant
l'école physique, que la nomination du personnel non enseignant au
conseil d'école soit précisée de façon à
permettre que chaque catégorie de personnel
non enseignant soit représentée au conseil d'école,
si elle le désire, et que l'on favorise cette participation même
dans les petites écoles, et qu'un membre du comité de parents de
l'école nommé par celui-ci siège au conseil
d'école, si le comité en exprime le désir.
Au niveau de la commission scolaire, des difficultés surgiront
avec le mode d'élection basé sur l'école, lorsque
l'électeur devra choisir à quelle école il ira voter. De
même, on peut prévoir des disproportions dans la
représentativité des commissaires d'un milieu par rapport
à un autre. Ce processus électoral laisse donc planer des doutes
sérieux quant à son efficacité, particulièrement en
regard des aspects suivants: la constitution de la liste électorale par
rapport à la répartition des électeurs, la
proportionnalité dans le vote, la représentativité du
commissaire en fonction de la dimension des écoles.
Nous craignons que la représentation du
"commissaire-école" n'engendre des luttes de pouvoirs, laissant moins de
place à un équilibre entre les écoles dans la
qualité et la quantité des services, notre défi en
éducation dans les deux dernières décennies.
Nous recommandons que le suffrage universel soit maintenu selon les
modalités suivantes: élection directe du commissaire à la
commission scolaire; division du territoire de la commission scolaire en
quartiers électoraux identifiés géographiquement et
composés d'un nombre relativement égal d'électeurs, comme
c'est le cas pour les municipalités et les gouvernements provincial et
fédéral; que siègent au conseil des commissaires, selon
les modalités actuelles, deux commissaires-parents, l'un
représentant le primaire et l'autre le secondaire. Nous demandons aussi
l'amélioration des mécanismes électoraux.
Je passe maintenant au centre de la page 14. Nous signalons ici la seule
réserve dans tous nos travaux au niveau de la structure administrative.
Les parents demandent que le conseil d'administration de la commission scolaire
soit composé d'un nombre égal de parents élus par les
conseils d'école et de commissaires élus au suffrage
universel.
M. Poulin (Jean-Yves): Au niveau des fonctions politiques et
administratives, il apparaît, pour l'ensemble des partenaires, que
certains pouvoirs de l'école devraient être précisés
dans le projet de loi. Il existe cependant une nuance importante entre les
mesures décrites dans le projet de loi et la perception des agents de
notre milieu quant à l'étendue de ces pouvoirs et quant à
leur appropriation par le milieu de l'école.
Nous recommandons que des pouvoirs accessibles à l'école
soient inscrits dans le projet de loi 40, rendant opérationnelles les
responsabilités décrites pour le conseil d'orientation dans la
loi 71, celles-ci pouvant être assumées par le conseil
d'école; que les responsabilités de l'école,
assumées par le conseil d'école, excluent les charges
administratives susceptibles de réduire les disponibilités du
conseil d'école pour la gestion du projet éducatif et le suivi du
vécu pédagogique de l'école; que le conseil d'école
s'approprie les responsabilités et les pouvoirs définis pour lui
dans la loi sur demande de la commission scolaire et selon un rythme qui lui
est propre; que le directeur de l'école rende compte au conseil
d'école de sa participation et de sa contribution à l'exercice et
à la réalisation des responsabilités et des pouvoirs de ce
dernier; que le conseil d'école puisse faire rapport à la
commission scolaire de l'état de la participation et de la contribution
du directeur d'école à ses responsabilités et à ses
pouvoirs; enfin, que le conseil d'école exerce ses fonctions dans le
cadre de politiques définies par la commission scolaire, celles-ci ne
devant pas réduire le niveau d'autonomie décrit dans la loi pour
celui-ci.
À la suite de la consultation des différents agents
d'éducation du milieu, il semble évident que la commission
scolaire doive conserver, voire même augmenter ses pouvoirs pour assumer
les responsabilités d'un gouvernement local en matière
d'éducation. La responsabilité de la gestion administrative et
pédagogique de services éducatifs et de services à la
collectivité sur un territoire donné ne semble remise en cause
par aucun, sous réserve des pouvoirs en matière de vécu
pédagogique confiés au conseil d'école.
Nous recommandons que la loi définisse les fonctions politiques
et administratives de la commission scolaire en tenant compte des
recommandations retenues au sujet "décentralisation" de ce rapport; que
la commission scolaire précise avec ses unités administratives
une structure de décentralisation de pouvoirs et de
responsabilités; que, pour la nomination du directeur d'école, le
processus suivant soit suivi: constitution d'une liste de candidats admissibles
respectant, au niveau des critères, les dispositions administratives
officielles en vigueur; consultation auprès d'un comité de
sélection composé en majorité de membres du conseil
d'école concerné, de représentants nommés par la
commission scolaire et de membres des associations concernées selon les
politiques de gestion du personnel; nomination par la commission scolaire
tenant compte des recommandations du comité de sélection. Enfin,
une dernière recommandation à ce niveau: que la loi
définisse les fonctions du cadre des services comme elle le fait pour le
directeur d'école.
Au niveau du ministère de l'Éducation et du gouvernement,
la lecture du projet de
loi nous amène à penser que le ministère et le
gouvernement, sous prétexte de décentralisation, pourront exercer
un contrôle élargi sur les organismes scolaires et leurs
instances. En effet, il se passe rarement un chapitre où le ministre ou
le gouvernement n'intègre une possibilité de
décréter ou de réglementer des mesures relatives à
la gestion du réseau scolaire dans le milieu. Cet état de fait
est pour le moins alarmant puisque le projet de loi inclut déjà
un chapitre sur ce sujet. Où s'en va le peu d'autonomie locale que nous
possédons actuellement?
Notre recommandation est que le ministère de l'Éducation,
dans le cadre d'une réelle décentralisation, diminue ses pouvoirs
de réglementation et confie aux commissions scolaires des pouvoirs et
des responsabilités leur permettant d'être un gouvernement local
en matière d'éducation de la même manière que
celles-ci poursuivront cette décentralisation au niveau des
écoles.
À d'autres niveaux, le projet de loi accentue cette tendance de
confier à d'autres organismes les responsabilités qui sont
normalement du ressort du milieu scolaire local, sans justification à
ces changements. Il en est ainsi de la majeure partie des
responsabilités relatives à la taxation scolaire qui serait prise
en charge par les municipalités. Les sports scolaires, le transport, les
relations de travail sont aussi des domaines qui échappent d'autant plus
aux commissions scolaires comme niveau de décision.
Nous recommandons que les activités relatives à la
taxation scolaire demeurent la responsabilité des commissions scolaires,
qu'il y ait possibilité d'entente pour en confier la perception à
d'autres organismes, ou que la commission scolaire le fasse elle-même
pour tous les organismes percepteurs du territoire, en tenant compte des
structures de service et des désirs de chaque milieu; que l'on redonne
aux commissions scolaires les pouvoirs de décision et de
réglementation qu'elles ont perdus dans le domaine des sports scolaires,
des relations de travail et des transports scolaires pour les rendre plus
facilement applicables dans les divers milieux.
Nous passerons aux recommandations, à la page 20, en ce qui a
trait aux liens hiérarchiques et fonctionnels. Nous recommandons que le
partage des pouvoirs et des responsabilités dans le réseau
scolaire se définisse selon les caractéristiques suivantes:
gouvernement et ministère de l'Éducation: encadrement national au
niveau des orientations, des objectifs, du partage financier et de la
réglementation générale;
Commission scolaire: gestion générale de l'administration
scolaire et des services qui en découlent sur un territoire
donné.
Au niveau de l'école: par le conseil d'école: gestion du
vécu pédagogique de l'école et de certains services
à la population; par le directeur d'école: gestion de
l'administration scolaire dans le milieu en sus de celle confiée au
conseil d'école.
Une autre recommandation veut que la commission scolaire soit un
gouvernement local décentralisé qui réponde de son
administration au ministère de l'Éducation selon les dispositions
prévues par la loi; que l'école soit une instance administrative
décentralisée qui réponde de sa gestion à la
commission scolaire, selon les dispositions prévues par la loi et les
politiques de la commission scolaire; qu'une table de gestion dirigée
par le directeur général de la commission scolaire et
composée de cadres de services et de cadres d'école favorise une
gestion concertée des services de la commission scolaire et des
écoles, et établisse un lien fonctionnel entre l'école et
la commission scolaire.
En ce qui a trait au comité, nos passons aux recommandations.
Nous recommandons que le comité de parents soit maintenu dans sa
structure actuelle au niveau de la commission scolaire; qu'au moins un membre
de chacune des deux catégories de personnel éducatif puisse
siéger au comité pédagogique en fonction de l'article 67;
qu'on évalue le problème de la confidentialité et de la
discrimination que soulèvent la composition et le fonctionnement du
comité consultatif des services aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage; que soit clarifiée
l'ambiguïté que pose la fonction "d'élaborer des normes"
pour un comité consultatif, et ce en fonction de l'article 186.
M. Lévesque (Laurent-Paul): Carte scolaire et territoires.
Le projet de loi 40 du ministre de l'Éducation prévoit que les
niveaux d'enseignement préscolaire, primaire et secondaire seront
administrés par une seule commission scolaire sur un même
territoire. Cette commission scolaire aura pour mandat de répondre de
l'administration scolaire dans son milieu, de supporter les écoles dans
leurs actions et de répondre à leurs besoins selon les
dispositions prévues par la loi.
Les comités de mise en oeuvre ont jusqu'au 1er juillet 1985 pour
demander à la commission de mise en oeuvre de modifier la
délimitation des territoires qui doivent s'identifier, dans la mesure du
possible, aux territoires des MRC.
Nous recommandons que, sur demande du milieu, le ministère de
l'Éducation accepte des répartitions de territoire qui tiennent
compte de la notion d'appartenance, d'une gestion fonctionnelle du
réseau et d'un rapprochement des services du citoyen; que les niveaux
primaire et secondaire soient intégrés dans les territoires
actuels des com-
missions scolaires existantes (six au lieu des quatre prévues
dans le document de travail pour la région du Grand-Portage), dans la
poursuite d'une démarche entreprise par ces commissions scolaires
dès 1976 auprès du ministère de l'Éducation.
Modalités de mise en oeuvre et responsabilités. Le projet
de loi stipule que le ministre partage les responsabilités entre la
commission de mise en oeuvre, le comité exécutif au plan national
et les comités de mise en oeuvre au plan local.
Nous recommandons qu'au plan national le ministre désigne les
groupes devant faire partie de la commission de mise en oeuvre, ceux-ci ayant
la responsabilité de déléguer leur répondant.
Nous recommandons aussi qu'au plan local le ministre adopte une
modalité similaire à celle des conseils provisoires au moment de
la mise en application de la loi 27.
Représentation syndicale. Nous recommandons que le
réaménagement prévu par le ministre évite la
multiplicité des accréditations syndicales sur le territoire
d'une commission scolaire.
Nous recommandons enfin que le choix de l'accréditation demeure
possible, tout en maintenant une seule accréditation par
catégorie de personnel pour chaque commission scolaire.
M. Bois (Alyre): M. le Président, nous venons de vous
faire part d'un grand nombre de problèmes que la réforme
proposée soulèverait dans nos écoles. Notre comité,
représentant la grande majorité des agents d'éducation du
milieu, a fait l'unanimité sur ces points. Nous sommes d'accord pour une
certaine réforme, mais pas nécessairement pour celle que propose
la loi 40. Nos recommandations veulent bonifier les propositions du livre blanc
et du projet de loi pour les rendre applicables dans notre milieu.
L'avenir de toute réforme scolaire au Québec repose sur
deux ordonnances que nous réclamons depuis plusieurs années: la
décentralisation et la déréglementation. Les mesures
uniformes et les règlements sans nuances découragent les
initiatives locales. Que le ministère de l'Éducation
définisse les grandes orientations, c'est son privilège et son
droit, mais qu'il laisse les gouvernements locaux inventer des solutions, faire
preuve de créativité dans la poursuite des objectifs
proposés et ce, dans des modes qui collent à la
réalité du milieu. (16 h 30)
M. le ministre de l'Éducation, si vous voulez respecter notre
autonomie, si vous souhaitez vraiment que les partenaires en éducation
se prennent en main, vous devrez tenir compte de nos recommandations. Si elles
ne vous paraissent pas s'insérer dans votre philosophie de
l'éducation au Québec, veuillez prendre note, M. le ministre, que
nous ne voyons pas comment nous pourrions nous engager dans une telle
réforme sur notre territoire comme agents de l'éducation. En
terminant, nous remercions les membres de cette commission de nous avoir
écoutés. Nous espérons que notre intervention en tant que
groupe multi-agents vous aura fait comprendre nos attentes face à
l'avenir de l'éducation au Québec dans notre milieu.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Le ministre de
l'Éducation vous prie de l'excuser, puisqu'il est au comité des
priorités cet après-midi pour défendre des dossiers de
l'éducation fort importants; je vous prie donc d'accepter ses excuses.
En son nom et aussi en mon nom, je voudrais vous saluer très
chaleureusement et vous remercier également pour la présentation
de votre mémoire qui, à mon point de vue, est un mémoire
de qualité. C'est un mémoire qui est le reflet du travail
très sérieux qui a été accompli dans votre milieu
depuis le dépôt du livre blanc. J'ai, d'ailleurs, eu
moi-même l'occasion d'assister à une assemblée publique,
à Rivière-du-Loup, qui rassemblait des agents, les multiples
agents reliés à l'éducation dans votre milieu. Je me
souviens que cela a été un débat fort intéressant
et fort animé d'ailleurs.
Votre comité multi-agents regroupe des parents, des commissaires,
des cadres, des professionnels non enseignants, des directeurs
régionaux. Malheureusement, on constate l'absence des enseignants. Vous
pourriez peut-être nous indiquer quelle a été leur
participation ou s'ils ont participé sous une forme ou une autre sans
être membres du comité. Vous avez procédé,
dès le dépôt du livre blanc, à la formation d'un
comité régional de consultation pour finalement en arriver
à produire le mémoire que vous nous soumettez aujourd'hui.
Dans votre mémoire, je note que vous êtes favorables
à de nombreux aspects qui se retrouvent dans le projet de loi, entre
autres à la question de la décentralisation en direction des
écoles, et vous notez, cependant, "chaque fois que c'est
désiré par l'école", et vous faites un rapprochement avec
la loi 71. J'aurai une question à cet égard, tout à
l'heure, pour que vous clarifiiez cette question justement. Vous êtes
favorables à ce qu'il y ait une majorité de parents au sein du
conseil d'école. Vous êtes favorables à
l'intégration des niveaux primaire et secondaire.
Sur un certain nombre de sujets, vous demandez des modifications et je
note la question de la fréquentation scolaire pour les enfants de cinq
ans, la question
confessionnelle, la question des élections scolaires. Vous
demandez des modifications, sur d'autres points également, qui me
paraissent moins importantes. Vous demandez beaucoup de clarifications sur la
question des services éducatifs, le rôle de la commission
scolaire, le rôle du ministère de l'Éducation. Votre
message, à la fin, en est un qui est très clair, vous demandez
que le ministère décentralise également en direction des
commissions scolaires et vous demandez qu'il y ait une
déréglementatioan.
Personnellement, je voudrais que vous puissiez clarifier votre
pensée car vous soulignez deux faiblesses, entre autres, dans le projet
de loi, dès le début de votre mémoire, deux graves
faiblesses: premièrement, celle d'une généralisation de
situations problématiques à l'ensemble des organismes scolaires
du primaire et du secondaire et, deuxièmement, celle de proposer des
solutions uniformes à des situations problématiques qui ne se
retrouvent pas dans tous les milieux. Est-ce que vous pourriez clarifier cette
partie-là? J'aurai peut-être quelques autres questions, mais je ne
veux pas prendre trop de temps non plus parce que je sais que mes
collègues vont faire de nombreuses interventions sur un mémoire
qui, encore une fois, est fort intéressant.
M. Blanchet: Je demanderais à un collègue de donner
un premier élément de réponse, M. le
député.
M. Poulin: En réponse à la question qui a
été posée, on a essayé de faire une liste de
certains problèmes qu'on tente de résoudre par le projet de loi
40 ou de ce qu'on ne peut imaginer être des problèmes collectifs
ou à l'étendue de toute la province et de tous les milieux. Je
vais vous en citer quelques-uns et cela pourra peut-être clarifier les
éléments de notre présentation dans notre mémoire,
par exemple, en ce qui a trait à la confessionnalité, la
modalité, entre autres, de vérification ou je dirais le pointage
collectif qui devrait se faire à des moments donnés. Nous
recommandons, dans le mémoire, lorsque le milieu-école est
largement reconnu comme d'une confessionnalité religieuse, que ce soit
plutôt à la demande d'un groupe représentatif de parents.
Je pense qu'on ne donne pas d'indication en ce qui a trait à un
pourcentage. J'imagine qu'il pourrait y avoir des études significatives
là-dessus. Pourquoi fait-on cette demande? Je vous expose une situation
factuelle qui est la suivantes en présumant que les parents dont les
enfants reçoivent l'enseignement religieux catholique actuellement dans
les écoles devraient normalement être des parents qui
souhaiteraient que le maintien de la confessionnalité de l'école
soit là pour perdurer, je vous dirai qu'au décompte,
actuellement, le pourcentage des élèves qui, par exemple, sont
exemptés de l'enseignement religieux et dont les parents pourraient
peut-être de façon significative demander une
réévaluation de la confessionnalité de l'école, se
situe à 1% sur l'ensemble du territoire que nous
représentons.
On voit immédiatement que, dans notre milieu, il y a une marge
extrêmement importante et qu'il y a une couleur déjà
affichée et reconnue au niveau de notre milieu. Le deuxième
élément a trait entre autres aux choix de l'école. Je ne
crois pas qu'on pourra tous les citer, mais le fait d'en énumérer
quelques-uns pourra peut-être clarifier notre intention là-dessus.
Pour le choix de l'école, je pense bien que, dans un milieu où
les orientations générales du système sont
déjà définies par le ministère de
l'Éducation, et on lui reconnaît ce devoir, où les
programmes d'études sont sensiblement les mêmes, les programmes
officiels, au niveau des différentes écoles, il reste,
effectivement, la couleur plus particulière qui pourrait se
définir à l'intérieur du projet éducatif. À
l'intérieur d'un projet éducatif, dans une école
confessionnelle catholique, j'imagine qu'on retrouvera des données assez
semblables. Le choix de l'école, à notre sens, s'appliquerait
plutôt dans des milieux d'un ordre un peu plus pluraliste où, par
exemple, on a actuellement des écoles alternatives. Le choix de
l'école, actuellement, dans notre milieu, se pratique sur des cas
précis et particuliers qui ont tendance à amener un service
éducatif plus adapté à l'enfant comme tel. Donc, on ne
voit pas de quelle façon, en inscrivant dans le projet de loi de
façon générale le choix de l'école, on pourrait
amener des formes de concurrence entre écoles, qu'on pourrait amener
aussi, à notre sens, le parent, parce qu'une année en particulier
le professeur de tel groupe d'âge ne lui revient pas, à vouloir
changer d'école cette année-là, pensant que, pour son
enfant, les succès vont être meilleurs dans l'autre école,
et produire un déséquilibre administratif effectivement à
partir de ce qu'on pourrait prévoir comme organisation d'école,
parce qu'il n'est cité nulle part que le choix de l'école se
ferait au moment de l'inscription.
J'imagine qu'il pourrait s'exercer en tout temps et qu'à un
moment donné une vague à l'intérieur d'un groupe de
parents pourrait venir effectivement déséquilibrer l'organisation
d'une commission scolaire assez facilement. Les pouvoirs dévolus, qui
sont d'un ordre obligatoire aux conseils d'école, je pense que,
actuellement, cela ne tient pas compte d'abord du vécu de chacun des
milieux parce que, effectivement, il y a peut-être des gens qui sont
venus dire à cette commission que, dans des écoles, les parents
pouvaient exercer peu de pouvoirs.
J'imagine qu'il y a sûrement des parents qui sont venus vous dire
que, dans certaines écoles, il y a des parents qui, même
actuellement, à l'intérieur de comités consultatifs ou de
comités de travail, exercent des pouvoirs qui sont à leur
satisfaction et qui ont des retombées importantes au niveau de
l'école. Je pense qu'il y a sûrement cet aspect-là aussi
d'avoir des pouvoirs très précis. D'ailleurs, on a dit que les
charges administratives ne devraient pas s'y retrouver. Qu'on dise que, demain
matin, toutes les écoles les appliquent sans distinction, que ce soit
une école qui a peu de chemin de fait dans ce sens, qu'elle ait 50
élèves ou qu'elle en ait 2500, cela nous apparaît mettre le
chapeau à tout le monde, quand on pense qu'on n'a pas tous le même
tour de tête.
La carte scolaire, même si elle n'est pas inscrite dans la loi -
il circule un document de travail en ce moment - est un autre
élément qui nous interroge, puisque le projet de carte scolaire
tient, à notre sens, peu compte du vécu de certains milieux par
rapport à cela. On aura l'occasion de revenir là-dessus tout
à l'heure puisqu'on a un projet dans le territoire du Grand-Portage qui
date des années 1976 et que le projet de carte actuel ne tient d'aucune
façon compte de ce projet qui demandait l'intégration des niveaux
préscolaire, primaire et secondaire et des adultes dans chacun de nos
territoires de commissions scolaires qui y sont regroupées actuellement.
Encore une fois, on a un élément qui... On a jugé qu'il
fallait refaire les données de la carte scolaire, mais on a
généralisé une pensée. On l'a
généralisée autour de normes-élèves qui sont
un peu loin du vécu du milieu.
Je terminerai en disant que la lecture de la situation tient peu compte
des services actuels qui sont dispensés dans les commissions scolaires
et dans les écoles. On présume que, dans des organismes de
services comme les nôtres, il peut en exister qui sont très
efficaces, d'autres qui sont un peu moins efficaces et il peut en exister aussi
qui ont quelques problèmes. Alors, je ne crois pas que le fait de dire
que tous ont des problèmes, que tous ont la maladie, est une solution
pour tout corriger nécessairement. Cela peut peut-être corriger
certains des problèmes qui existent dans quelques-unes, mais cela peut
peut-être en insécuriser beaucoup d'autres qui fonctionnent
actuellement très bien.
Je ne sais si cela apporte quelque réponse à votre
question. Je laisserais cela comme premier élément de
réponse.
M. Leduc (Fabre): Oui. D'ailleurs, vous avez touché
à trois points, et, si vous avez touché à ces trois
points, c'est certainement qu'ils sont importants pour vous. Quelques
brèves questions qui ne demandent pas beaucoup de développement.
Sur la confessionnalité, est-ce que l'option entre l'enseignement moral
et l'enseignement religieux existe dans l'ensemble de vos écoles? Est-ce
que vous avez l'enseignement moral?
M. Poulin: Oui, effectivement. Chez nous, sur une population
scolaire de 1400, il y a 13 élèves qui ont demandé
d'être exemptés actuellement.
M. Leduc (Fabre): Oui, mais ces exemptés
reçoivent-ils un enseignement moral?
M. Poulin: Effectivement, ils reçoivent le service.
D'ailleurs, c'est prescrit, je pense, dans le régime pédagogique
et cela s'effectue à partir de ressources injectées,
particulièrement par la commission scolaire.
M. Leduc (Fabre): Donc, la règle de l'option, si vous
enlevez l'exemption pour la remplacer par la règle de l'option, tel que
prévu dans la loi, ne pose pas problème, ne poserait pas de
difficulté?
M. Poulin: On s'interroge en fonction de cette situation qu'on
propose de l'option. D'ailleurs, on a pris position à ce sujet. Il n'y a
pas une pluralité dans notre milieu qui est évidente et je pense
qu'on peut le reconnaître. Qu'on prenne les milieux ruraux, qu'on parte
de Lévis et qu'on aille jusqu'en Gaspésie, qu'on aille dans de
petits centres urbains, on va effectivement retrouver un peu les mêmes
caractéristiques que chez nous. Est-ce qu'il y a une logique à
implanter la règle de l'option? Nous, on dit actuellement que, les
services étant dispensés aux élèves qui demandent
l'exemption, on ne croit pas qu'il y ait préjudice à leur endroit
dans cette pratique et on demande à conserver la règle
actuelle.
M. Leduc (Fabre): Dans le cas du choix de l'école, il faut
bien comprendre - parce que vous ne semblez pas faire les nuances qui sont dans
la loi - qu'il y a quand même des contraintes qui sont bel et bien
inscrites dans la loi: la contrainte du transport et celle de l'espace, et,
effectivement, le choix de l'école doit se faire à l'inscription.
Je ne pense pas qu'on puisse tolérer en cours d'année, à
moins d'avoir des raisons sérieuses, très sérieuses
même, des déplacements d'élèves, comme vous le
craignez, qui puissent désorganiser une école. En tout cas, c'est
une remarque que je voulais faire. (16 h 45)
Dans le cas du conseil d'école, remarquez que cela peut
être assoupli, mais il y a tout de même un article de la loi qui
prévoit que les commissions scolaires ou les
écoles ont jusqu'en 1988 pour s'adapter aux régimes des
conseils d'école et des pouvoirs décisionnels qui leur sont
accordés, et même si la loi entrait en vigueur dans un an, ce
n'est pas le lendemain matin que cela s'appliquerait dans les écoles.
C'est d'ailleurs prévu dans le projet de loi. Mais j'ai cru comprendre
que vous proposiez par contre un plus grand assouplissement du
côté, entre autres, des pouvoirs. Si j'ai bien compris, vous
n'êtes pas contre les pouvoirs décisionnels à
l'école, mais que l'école puisse avoir accès aux pouvoirs
décisionnels suivant son propre rythme et sa propre volonté.
Est-ce bien cela? Parfait. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup, M. le
député de Fabre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Ne vous inquiétez pas, M. le Président, je
n'entends pas vous donner la lecture de toute la grosse masse de documents que
je viens de sortir. C'est la carte scolaire qui a été mise en
circulation pour le ministère à la fin de l'été ou
au début de l'automne. Je voulais l'avoir devant moi pour
échanger des propos avec vous autres.
Il me fait extrêmement plaisir d'avoir d'occasion de causer avec
ce groupe impressionnant de parents et de dirigeants du monde scolaire
présentement assis à la table des invités. Je vous admire,
madame, d'être assez courageuse pour vous être installée en
plein milieu d'un groupe d'hommes aussi imposants. C'est un motif de
fierté pour vous. Cela fait une délégation solide qui me
rappelle les occasions très nombreuses où j'ai eu l'occasion,
quand je militais dans les mouvements de jeunesse, d'aller travailler dans
votre région. J'ai fait la connaissance de gens extrêmement
réalistes et engagés d'une manière très
sincère dans les choses qu'ils faisaient. Ce sont les impressions que
j'avais retenues du travail que j'ai fait avec plusieurs de vos concitoyens. Ce
double caractère se reflète très bien dans le
mémoire que vous avez communiqué à la commission. C'est
très heureux que nous ayons eu la chance de vous entendre.
D'après ce que les journaux rapportent - nous n'en savons rien - on se
préparait à nous imposer la clôture dans les prochaines
heures, mais nous continuons de fonctionner dans une
sérénité parfaite en pensant que nous allons continuer
jusqu'à la fin à entendre des groupes intéressants comme
le vôtre. Votre mémoire ajoute une chose que nous avons
déjà fait observer, c'est que chaque région apporte un
point de vue original, unique, voire irremplaçable. Les grands principes
sont les mêmes partout et les grands axes de discussion que suscite le
projet de loi 40 sont les mêmes dans tout le Québec, mais,
à chaque région, on perçoit ces problèmes avec un
éclairage spécial à la lumière d'expériences
et de situations concrètes qui ne sont pas les mêmes qu'ailleurs.
C'est ce qui fait que, pour moi, je l'ai dit ce matin et je le
répète avec beaucoup de sincérité cet
après-midi, c'est une expérience nouvelle chaque fois. C'est
comme si on recommençait le problème à partir de
zéro. De ce point de vue-là, vous nous apportez un grand nombre
d'éléments qui sont extrêmement valables.
J'aimerais tout d'abord vous féliciter du caractère large
de l'expérience de consultation et de concertation que vous avez faite.
Ce ne sont pas seulement des commissaires qui viennent ici nous
présenter leurs demandes particulières; ce ne sont pas seulement
des parents isolés; ce ne sont pas seulement des cadres; on a
l'impression qu'il y a tout cela ensemble. Cela fait un paysage plus riche et
évidemment plus intéressant pour nous parce que cela fait la
preuve, avant même que le ministre s'engage dans son expérience de
réécriture, que la vraie réécriture de ce projet de
loi va se faire dans des rencontres comme celles que vous avez eues chez vous.
S'il y a des rencontres de consultation et de concertation, les
expériences de cette collaboration, vraiment sincère et
réaliste, je pense, vont nous faire avancer plus dans la
découverte des solutions aux problèmes qu'on a qu'en continuant
de fabriquer des textes souvent plus artificiels qu'autre chose.
De ce point de vue, je vous félicite encore une fois d'avoir
embrassé l'ensemble du problème et de l'avoir fait plusieurs
ensemble, non seulement un groupe ensemble, un autre groupe
séparé, puis un autre groupe séparé. Vous avez
essayé de le faire ensemble et je pense que cela ajoute une certaine
nuance d'équilibre et de réalisme à votre
mémoire.
Cela fait cinq semaines que j'entends ces audiences et il y a des
découvertes auxquelles vous êtes arrivés de votre
côté, que nous avons faites de notre côté, à
force d'entendre une grande quantité de gens et d'avoir lu des montagnes
de papier. Mais vous êtes arrivés à certaines
découvertes. Vous frappez directement sur le noeud du problème -
je vais en donner quelques exemples tantôt - parce que vous êtes
collés à la réalité, vous avez ces problèmes
tous les jours et c'est là un apport irremplaçable pour le
législateur.
Dans votre mémoire, vous signalez trois faiblesses majeures du
projet de loi. Je crois qu'il faut les signaler à votre suite pour
éviter qu'on ne les perde de vue. Mon collègue, le
député de Fabre, a une caractéristique bien connue.
Dès qu'il trouve une ligne ou une partie de paragraphe qui semble aller
dans le sens du projet gouvernemental, il la met en relief. Il a dit
tantôt:
Vous êtes favorables à ce que l'école ait des
pouvoirs. Vous avez répondu: Oui. Comme vous êtes des gens polis,
vous n'avez pas ajouté toutes les nuances que vous mettiez dans votre
texte, on les mettra tantôt. Puis, s'il est prêt à acheter
tout ce paquet, je pense qu'on va l'acheter aussi avec lui, mais on ne voudrait
pas qu'il prenne seulement une phrase...
Une voix: II n'y a là rien de neuf.
M. Ryan: Oui, bien sûr, il n'y a rien de neuf. Si vous
aviez écouté depuis plusieurs jours, cela fait longtemps, on l'a
dit bien des fois, il n'y a absolument rien de neuf là-dedans. Encore
hier soir, je l'ai répété pour l'édification de
notre bon ami le député de Chauveau. Vous lirez le texte comme il
faut. D'ailleurs, on va y revenir tantôt puisque cela vous
intéresse.
Il y a donc trois éléments de votre diagnostic que je vais
résumer brièvement. J'espère qu'on m'écoute avec
autant d'attention de l'autre côté. Le premier c'est la
généralisation de situations problématiques à
l'ensemble des organismes scolaires, primaires et secondaires, du
Québec. Vous faites évidemment allusion au livre blanc sur
l'école communautaire et responsable. C'est une critique que
nous-mêmes avions faite dans le temps aussi. Nous trouvions que
c'était une généralisation trop facile à partir
d'observations glanées ici ou là. On a fait un ramassis de
problèmes. On s'est imaginé au gouvernement que c'était
là la situation véritable, en fait la plupart des
problèmes qu'on mentionne étaient réels, mais ce
n'étaient pas nécessairement des problèmes dominants, ni
dans chacune des régions particulières, ni dans l'ensemble du
Québec. C'est l'impression qu'a voulu projeter le livre blanc. C'est ce
qui était faux.
Il y avait un vieux principe de philosophie quand j'étais au
collège autrefois. On appelait cela, quand on faisait l'état du
problème - M. Brouillet va se reconnaître là-dedans - le
status questionis, l'état de la question. On disait: Quand l'état
de la question est bien fait, les quatre cinquièmes de la réponse
sont là. Puis, quand on part d'un mauvais état de la question, on
est évidemment conduit à des conclusions fausses.
Je pense que, lorsqu'on dit qu'il y avait un mauvais état de la
question, un mauvais status questionis dans le livre blanc, c'est un reproche
très grave qu'on fait, parce que ce n'est pas surprenant qu'après
cela on arrive avec des conclusions qui ne résistent pas à
l'analyse. Encore une fois, un bon processus logique fait que, d'un
problème bien posé, on est conduit à des solutions
satisfaisantes et que, d'un problème mal posé, on est conduit
à des conclusions qui ne sont pas satisfaisantes. C'est ce que vous
dites et je suis d'accord avec vous.
Deuxièmement, on propose des solutions uniformes à des
situations problématiques qui ne se retrouvent pas dans tous les milieux
et qui, lorsqu'elles existent, se définissent de façon
différente d'un milieu à l'autre.
Là-dessus, les gens du gouvernement vont vous répondre:
Oui, mais ce n'est pas uniforme, on vous laisse le choix d'avoir un ou deux
professeurs là. On vous laisse le choix d'avoir un ou deux
représentants de tel ou tel groupe. On ne vous demande pas l'impossible,
mais qu'il y ait seulement une majorité de parents. Vous allez avoir
tout le cadre. On va vous laisser la chance d'avoir de petits tiroirs à
l'intérieur de la manière que vous voudrez. Mais ce que nous
disons au gouvernement, c'est que le cadre lui-même, malgré cette
liberté très réduite de choix en ce qui regarde les
tiroirs, est un cadre qui est uniformisant, qui part d'une vision qui est la
même pour toutes les régions du Québec. Je ne sais pas si
vous étiez là, ce matin, quand nous avons causé avec
l'Association des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue et qu'ils
nous ont dit que la majorité de leurs écoles
élémentaires n'ont même pas 100 élèves
chacune. C'est évident qu'avec des effectifs comme ceux-là, on ne
peut pas se donner un dispositif aussi élaboré que celui que
propose le projet de loi. Quatre, cinq ou six comités consultatifs ou
autres par école, il est évident que cela ne peut pas marcher. Il
faut qu'on se donne beaucoup plus de latitude que cela dans le projet de loi.
Vous le dites très justement et je pense que c'est une critique valable.
C'était à la page 3 de votre mémoire, mais, un petit peu
plus loin, je pense que vous ajoutez une troisième critique fondamentale
qui est également importante.
Le projet de loi propose un étalement de pouvoirs qui va
inévitablement entraîner des tiraillements et des luttes de
pouvoirs qui se feront malheureusement au détriment de la qualité
des services d'éducation dans le milieu. C'est une des critiques
absolument centrales que nous avons entendues à maintes reprises depuis
le début des travaux de la commission, un partage des pouvoirs qui n'est
pas clair, qui va entraîner des chevauchements d'un niveau d'intervention
par rapport à un autre et, inévitablement, des conflits, des
imprécisions, des litiges et, par conséquent, un gaspillage
d'énergie. Ce sont trois critiques fondamentales qui me paraissent
très justes. C'est extrêmement éloquent que vous les ayez
formulées vous-mêmes, à partir de vos observations, de vos
discussions, et que vous les ayez formulées, dis-je, dans vos propres
termes et non pas dans les termes de ceux qui discutent de ces choses à
l'échelle nationale.
Sur l'école et la commission scolaire, je considère que
vous émettez dans votre mémoire des vues saines,
réalistes. Vous
situez l'école à sa juste place; la commission scolaire
aussi. Vous n'opposez pas l'une à l'autre. L'école est une partie
intégrante de la commission scolaire. Ce ne sont pas deux entités
qui sont situées, l'une d'un côté de la rue et l'autre de
l'autre côté de la rue. Ce sont deux éléments qui
font partie du même système et qui doivent fonctionner ensemble,
qui ont besoin l'une de l'autre comme la main a besoin du reste du corps, comme
un membre du corps a besoin du reste. Ce ne sont pas des choses qu'on peut
séparer comme cela. Je pense que c'est un des points qui prête
à beaucoup de difficultés dans le projet de loi. On a trop
tendance à opposer ces réalités. D'ailleurs, on l'a vu ici
même. Le gouvernement s'est plu à faire défiler des
comités de parents qui venaient dire une version, des commissions
scolaires qui venaient en dire une autre. Je trouve que ce n'est pas la bonne
manière de procéder dans ces choses. J'aime beaucoup mieux votre
méthode de concertation, qui a d'ailleurs débouché sur le
mémoire que vous nous donnez.
À propos de la confessionnalité, j'ai bien
apprécié ce qui a été dit par... J'oublie votre
nom, monsieur.
M. Poulin: Jean-Yves Poulin.
M. Ryan: M. Poulin?
M. Poulin: Jean-Yves Poulin.
M. Ryan: M. Poulin. Très bien. J'ai bien
apprécié ce que vous avez dit. Je pense que la géographie
religieuse et spirituelle du Québec est une géographie
extrêmement diversifiée. Il y a des situations
particulières qui se posent dans la région de Montréal; il
y en a d'autres dans la région de Québec; il y en a d'autres dans
l'Ouest du Québec; il y en a d'autres dans votre partie du
Québec. Cela a toujours été une de mes hypothèses
de travail que des grandes parties du paysage québécois
demeureraient pendant longtemps très fortement marquées par
l'adhésion au catholicisme et que, là où c'est un fait
sociologique aussi généralisé - ce l'est dans votre
région - on peut bien s'efforcer de trouver des problèmes et en
créer, inventer des mécanismes qui vont faire que les gens vont
se plier à certains rites qui ne signifieront pas grand-chose. On peut
bien faire cela. C'est un gaspillage d'énergie et de temps. Je le crois
et je l'ai entendu bien souvent depuis le début des audiences de la
commission et, au début, j'étais plutôt de l'autre opinion.
Quand vous dites qu'il serait peut-être mieux que l'article 611 ne
s'applique que lorsqu'il y a une demande d'un certain nombre de parents, vous
ne précisez pas le nombre, comme vous l'avez dit justement tantôt,
c'est matière à discussion. Cela pourrait être 10%, 25%,
50%; cela dépend. Ce sont toutes des choses qui sont matière
à discussion. Il ne me semble pas, aussi longtemps qu'on n'a pas
d'indication en provenance de la réalité, qu'il y ait lieu de
changer une chose. (17 heures)
On n'a pas pris comme objectif de fonder ici une nouvelle
république, même si c'était pour faire plaisir à nos
amis du gouvernement. On en a une qui marche déjà depuis
longtemps. Elle ne porte pas ce nom, mais on se comporte pratiquement comme si
c'était une république, sauf quand on a de la grande visite une
fois tous les dix ans.
Je trouve que votre proposition est empreinte de réalisme et de
bon sens. J'espère que le législateur va l'étudier
très sérieusement. Là où il y a des
problèmes, qu'on ait des mécanismes pour les faire monter
à la surface et y trouver des solutions qui seront adaptées
à la réalité, c'est très bien. Je suis bien content
que vous ayez mentionné cela et, à force de l'entendre, cela
travaille dans nos esprits. J'espère que c'est un exemple... Si le
ministre était ici, il vous en donnerait peut-être d'autres qui
montrent que les travaux de la commission ne sont pas inutiles. Cela fait
évoluer certains esprits et c'est comme cela qu'on en arrive à de
meilleures solutions.
Sur le processus électoral, je pense que mes collègues y
reviendront lorsqu'ils vous interrogeront tantôt, depuis le début
du débat, nous n'avons jamais flanché là-dessus. Nous
soutenons le principe du suffrage universel par les voies de la
représentation territoriale et non pas institutionnelle. Nous voulons
que le commissaire d'école soit un officier public, élu par ses
concitoyens sur la base du suffrage universel pour représenter une
circonscription territoriale; cela peut être un district, un quartier. On
l'appellera comme on voudra, cela ne change rien, mais qu'il représente
cela. S'il y a une, deux ou trois écoles dans un quartier, il
représentera tout le paquet. Il représentera aussi le
curé, les marchands, les parents, les jeunes qui sont au travail et tout
le monde pour la gestion des affaires scolaires.
Si on est sérieux dans notre démocratie, il faut que tout
ce monde soit présumé comme étant intéressé
aux affaires scolaires. De ce point de vue, je crois que c'est la perspective
que vous adoptez aussi. On est assez proche les uns des autres. On ne s'est
jamais parlé de ces choses - j'en témoigne devant mes
collègues de l'Assemblée nationale - depuis un an ou un an et
demi que je m'occupe de ces choses de manière plus directe. On est
très proche les uns des autres. Pourquoi? Parce qu'on se nourrit
à la même tradition, qui remonte aux commissions scolaires, dans
les années 1840 ou 1835. Je pense que l'institution royale date de 1841,
si mes souvenirs sont bons. On
enlève le mot royal à mesure qu'on avance. Je ne veux pas
scandaliser le député de Westmount. C'était pour faire
peur... C'est une institution qui est au moins vieille d'un siècle et
quart. Par conséquent, on ne veut pas la laisser liquider, ni en douce
ni ouvertement, par le gouvernement actuel à moins qu'il n'ait fait la
preuve qu'il est capable d'arriver avec quelque chose de mieux.
Ce qu'il a proposé jusqu'à maintenant n'était pas
trop sérieux. La preuve est facile à faire. Il y avait une
formule dans le livre blanc. Il s'est aperçu que c'était un
château de cartes et il l'a laissée tomber tout de suite. Il en
propose une autre dans le projet de loi 40 et, déjà, le ministre
a laissé entendre qu'il était passablement prêt à la
laisser tomber. Je n'ai pas eu connaissance qu'il l'ait défendue ni
même que les députés du côté gouvernemental
l'ait défendue. Ils cherchent autre chose. C'est signe qu'avant
d'arriver avec autre chose... Ils se sont essayés deux fois en un an et
demi et ils n'ont rien trouvé de bien bon. Il va falloir qu'ils arrivent
avec quelque chose de meilleur que ce qu'on a à l'heure actuelle. On a
déjà une formule qui est solide, qui peut être
perfectionnée, qui doit l'être, mais dont le principe est
extrêmement sain à la lumière de tout ce que nous
connaissons de théorie politique éprouvée par le contact
avec la réalité. Ce sont des points qui me frappent beaucoup
à la lecture de votre mémoire. Je l'ai énormément
apprécié. C'est un genre de mémoire qu'on peut lire deux
ou trois fois. On n'est pas tanné, car on apprend encore des choses
nouvelles à la deuxième et à la troisième
lecture.
Avec votre permission, je voudrais vous poser quelques questions qui
vont peut-être nous éclairer davantage; pas les questions, mais
les réponses. D'abord, pourriez-vous nous éclairer un petit peu
sur la représentativité de votre groupe? Vous vous appelez le
Comité multi-agents des commissions scolaires du territoire
Grand-Portage. J'aimerais que vous nous énumériez les commissions
scolaires qui font partie de ce groupe et comment cela implique d'autres
agents. J'ai vu qu'il y en a qui sont décrits comme parents dans la
liste des personnes qui sont à votre table. J'aimerais que vous nous
disiez comment cela s'est formé, comment vous avez fonctionné,
comment vous avez fait cette expérience de concertation depuis un an et
qui vous a amenés à vous présenter ici aujourd'hui.
M. Blanchet: Ce qu'on doit dire, c'est que le Grand-Portage est
habitué de travailler en concertation. On le fait depuis 1976. À
l'arrivée du livre blanc on a commencé à vouloir, chacun
de son côté, procéder à une analyse. À ce
moment-là, on s'est dit: Est-ce qu'il y aurait possibilité de
viser une même cible? Est-ce qu'il y aurait possibilité, en
faisant un travail, d'économiser de l'énergie? À ce
moment-là, on s'est dit: On va commencer à s'inviter entre nous.
Cela a commencé avec les directeurs généraux, avec les
commissaires et on a également invité des parents. Dans un
premier temps, on a appelé ça un comité ad hoc
d'intégration. Cela a commencé là, on voulait
intégrer le primaire et le secondaire sur le territoire des six
commissions scolaires. Parce que c'est encore exigé dans le processus du
droit actuel, on devait aller chercher l'unanimité pour pouvoir faire
disparaître la régionale du Grand-Portage au profit des six
commissions scolaires locales. C'est à ce moment-là qu'on a
commencé à travailler ensemble. Il ne s'agissait pas seulement
pour les commissaires d'obtenir l'unanimité des commissaires, mais il
fallait avoir d'autres points de vue et avoir d'autres consensus. C'est
à ce moment-là qu'on est allé du côté des
parents, du côté des professionnels enseignants. On a
invité les directeurs d'école, les enseignants, les
employés de soutien.
En ce qui touche les agents qui ne sont pas ici aujourd'hui, les
directeurs d'école, ils ont travaillé avec nous autres sur le
mémoire, ils ont pris part à tous nos travaux au niveau du
Grand-Portage, sauf qu'à un moment donné on nous a dit qu'ils
n'étaient pas liés par le mémoire
déposé.
En ce qui touche les enseignants et les soutiens, les soutiens
n'étaient pas prêts. Je pense qu'ils sont venus dans le lobby mais
ils se sont retirés parce qu'ils n'étaient pas prêts
à procéder à une telle étude.
En ce qui touche les enseignants, ils avaient beaucoup de
priorités à ce moment-là, ils avaient des choses dans le
décor et ils nous ont répondu que ce n'était pas non avenu
pour discussion aux fins du présent mémoire, mais ils ne
pouvaient pas s'y impliquer davantage, ils avaient d'autres activités.
Ce n'était pas un refus comme tel.
C'est depuis 1981-1982 qu'on a adopté cette formule
d'étudier en concertation, au niveau du territoire, toute proposition,
tout règlement, toute directive, par exemple les règles
budgétaires où on va se pencher ensemble, où on va se
concerter. Par exemple, les DG du territoire se réunissent en
concertation. C'est une formule du Grand-Portage que l'on préconise.
Ici, cet après-midi, nous avons tantôt un parent de
Rivière-du-Loup, tantôt un parent de Témiscouata qui se
retrouve à peut-être 50, 60 ou 70 kilomètres de
Rivière-du-Loup. On a tantôt un directeur général
dans les quatre coins du Grand-Portage. Ce n'est même pas pour nous
autres une question de distance, c'est une question de se concerter et pour
pouvoir donner des avis qui donnent exactement ce que pense le milieu. On n'est
pas gêné de dire, quand on
prend une recommandation de notre mémoire - sauf une - que c'est
le milieu, que ça fait suite à des sondages. Ce comité a
même préparé dix fascicules sur le livre blanc. Je pense
même que des gens du ministère s'en servaient parce qu'il
était fait d'une façon objective.
Quand on disait aux parents, à toute notre population: Le droit
actuel c'est ça, le livre blanc propose ça, on pense qu'il
pourrait y avoir des écarts, on y allait d'une façon objective.
Le consensus qu'on a débloqué ici faisait effectivement suite
à une information qui était objective, qui nous permet de
recommander des choses, ce qui est le fruit de la concertation du milieu.
M. Ryan: Les positions que vous énoncez dans votre
mémoire, est-ce qu'on peut considérer qu'elles ont
été approuvées par les sept commissions scolaires que vous
mentionnez et également par les comités de parents de ces
commissions scolaires?
M. Blanchet: Oui, parce que notre comité est
composé de sept directeurs généraux, sept
présidents des comités de parents, les représentants de
l'Association des cadres, section Grand-Portage. Il est formé d'environ
29 personnes qui sont des représentants des sept commissions scolaires
du Grand-Portage.
M. Ryan: Sur ce sujet, est-ce que vous vouliez ajouter quelque
chose?
M. Ouellet (Vincent): J'aimerais, M. le Président, ajouter
un bref commentaire, mais je pense qu'il est important. C'est un peu comme nos
amis de la Normandie l'ont fait un peu plus tôt aujourd'hui, le fait
qu'on soit présents ici aujourd'hui, c'est simplement qu'on vient
témoigner que, lorsqu'on s'en donne la peine, dans un territoire
donné, il y a moyen d'arriver à des consensus avec la
règle d'or qui est de respecter, au départ, l'objectivité
dont on vient de vous parler -d'ailleurs, le député de Fabre
était chez nous quand on a parlé des fascicules d'information sur
le livre blanc - et lorque l'on respecte une deuxième règle d'or,
qui est le respect de la diversité de chacun des groupes de ne pas
vouloir, au départ, automatiquement en arriver à des
dénominateurs communs ou des points de repère communs qui sont
des balises pour commencer à travailler. En respectant la
diversité au départ, nous en sommes arrivés à des
consensus qu'on vient vous présenter aujourd'hui. Alors, on
témoigne de cette possibilité de se concerter et de
définir une volonté pour un coin de province qui s'appelle
Grand-Portage. On voudrait bien que cela puisse se continuer et non seulement
qu'on nous écoute, mais qu'on tienne compte de la volonté
concertée de notre milieu en matière de services
éducatifs.
M. Ryan: Une brève question qui va servir de transition.
Vous parlez du libre choix de l'école. Le projet de loi dit que les
parents ont le libre choix de l'école, sous réserve des
limitations qui peuvent être imposées en matière de
transport, par exemple. Vous demandez que cette disposition ne soit pas dans le
projet de loi sous la forme que vous y avez trouvée. Pourriez-vous
expliquer cela comme il faut?
M. Blanchet: Je pourrais apporter un premier
élément. C'est cette forme d'illusion qu'on voudrait donner aux
parents sur le choix de l'école. D'accord, le député de
Fabre disait: C'est marqué dans la loi qu'il faut respecter des
contraintes, bien des éléments de contrainte. Sauf que ceux qui
auront à faire ce choix ne sont pas habitués à
étudier ou à lire des articles de loi. Ce qui fait que la
première impression ou illusion qu'on peut avoir en tant que parent,
c'est de dire: J'ai le droit de choisir. C'est marqué, mais on n'ira pas
plus loin. On dit: J'ai le droit de choisir, mais il faudrait que telle et
telle chose tienne compte de telle et telle situation. C'est dans ce
sens-là qu'on dit: Mettons les choses claires.
Quand on passe d'une école de dix élèves, avec six
degrés de scolarité, sur une île, qu'on va de l'autre
côté où il y a des écoles de 40 et 50
élèves et qu'on se retrouve, un peu plus loin, dans une
école qui compte 520 élèves, c'est là qu'on dit: II
faut absolument tenir compte, dans un premier temps, de ces contraintes, mais
ne pas donner cette forme d'illusion où, à ce moment-là,
on sera obligé de toujours dire non. C'est cela, la
problématique.
M. Ryan: Très bien. Je pense que c'est clair. Je
continue.
Il y a une chose qui m'a frappé dans votre mémoire et cela
nous ramène à des points qu'a soulevés le
député de Fabre, tantôt, à propos des pouvoirs de
l'école. Je vais essayer de résumer ce que j'ai compris dans
votre mémoire. Si je résume de travers, vous me corrigerez et
cela me fera énormément plaisir de redresser mes voies.
Vous dites d'abord que champ de responsabilités, école et
commission scolaire, ce n'est pas défini clairement dans la loi.
Ensuite, vous énoncez vos positions là-dessus. Vous dites,
premièrement: que l'école continue d'être une composante de
la commission scolaire; deuxièmement, que la commission scolaire demeure
en autorité sur l'école; troisièmement, que la gestion de
l'école soit assurée par le directeur de l'école;
quatrièmement, que le directeur de l'école réponde de sa
gestion au directeur général de la commission scolaire. À
propos de l'école, vous ajoutez ceci, à la page 9:
"Que la commission scolaire décentralise, chaque fois que le
conseil d'école le désire, les pouvoirs prévus dans la loi
aux plans éducatif et pédagogique et aussi au plan de la gestion
des ressources." "Prévus dans la loi", si je comprends bien, c'est dans
la loi 71. Est-ce que c'est cela?
M. Blanchet: Oui, par ricochet. M. Ryan: Très
bien.
M. Blanchet: Parce que nous préconisons la loi 71, que ce
soit une loi ou l'autre...
M. Ryan: C'est cela. Dans votre mémoire, c'est la loi 71.
Il ne faudrait pas qu'on se méprenne là-dessus non plus. Il ne
faudrait pas que le député de Fabre achète tout cela en
pensant que c'est le projet de loi 40.
Des voix: Ah! Ah! Ah! (17 h 15)
M. Ryan: 2° "Que la commission scolaire demeure en
autorité sur les écoles et qu'elle exerce les fonctions
d'orientation, de répartition des ressources, etc."
Plus loin - je pense que c'est à la page 15 - vous revenez aux
pouvoirs de l'école et vous dites: "Que les responsabilités de
l'école assumées par le conseil d'école excluent les
charges administratives (gestion du personnel, gestion des finances et des
équipements) susceptibles de réduire les disponibilités du
conseil d'école pour la gestion du projet éducatif et le suivi du
vécu pédagogique de l'école." J'aimerais que vous nous
donniez des précisions là-dessus, sur ce que seraient le
rôle et la composition du conseil d'école, d'après
vous.
M. Blanchet: Je dois vous dire que cette recommandation est une
recommandation clé. D'accord?
M. Ryan: Une recommandation...
M. Blanchet: Une recommandation clé. On définit le
conseil d'école par rapport à la commission scolaire. Je vais
donner un premier élément et je demanderais à des
collègues de compléter. Pour nous, la commission scolaire doit
avoir un conseil d'administration élu au suffrage universel. Ici, je ne
tiens pas compte de la dissidence des parents. C'est la façon dont le
comité multi-agents le voit. Ce serait un conseil d'administration, avec
des membres élus au suffrage universel, qui aurait à
réglementer, à voir au fonctionnement du réseau
d'écoles. Soit dit en passant, le réseau d'écoles
appartient à la population; il est payé par l'assiette fiscale.
L'immeuble, je dirais, l'infrastructure matérielle appartient à
la population. Je parle du réseau. On se redéplace, après
cela, vers l'école.
Je reviens au conseil d'administration. Il y a un directeur
général, qui est membre de ce conseil d'administration et qui
voit au suivi de l'administration courante ou des décisions de
l'exécutif. Je me déplace au niveau du conseil d'école. Il
faut se rappeler que ce qu'on veut, c'est décentraliser au niveau
pédagogique. Quelquefois, on fait référence à une
décentralisation administrative, ce qui veut dire le conseil
d'école formé comme on le dit ici, peut-être avec des
nuances. On n'a pas l'intention de voir réglementer cela. Le rôle
du directeur d'école se joue de la même façon qu'il se joue
au niveau de la direction générale de la commission.
À ce titre, il faut donner à ce conseil d'école des
pouvoirs parce que, là, il va participer à la prise de
décisions. On se dit: Nous, on les réfère à ce qui
pourrait être dans la loi 71. Tout ce qui lui est dévolu. Si un
conseil d'école dit qu'il est capable d'assumer cela... Supposons
qu'aujourd'hui, avec la loi actuelle, une école décidait de
mettre en place un conseil d'orientation, celui-ci exercerait les pouvoirs qui
lui sont dévolus à l'article 54.2 de la loi 71. On dit: II y a au
moins ceux-là qu'il est capable de prendre. On se dit: Selon la grandeur
de l'école, la capacité d'assumer des responsabilités, il
faudrait avoir une formule de rechange, temporaire ou non. Peut-être
qu'un conseil d'école ne pourrait pas, à cause de sa taille -
remarquez qu'on présume -l'absorber, il faudrait que quelqu'un le fasse.
Si on allait vers une école de grande importance, peut-être
qu'elle pourrait assumer des responsabilités administratives. Il ne
faudrait pas que ce soit au détriment de la pédagogie.
Si on prend ce que l'on vise au niveau d'une réforme, on dit: II
n'y a pas assez de pédagogie à l'école. Il ne faudrait pas
aller l'embourber au niveau administratif. C'est dans ce style qu'on dit qu'il
se pourrait qu'il y ait des pouvoirs autres que pédagogiques.
M. Ryan: Très bien. Le directeur de l'école
là-dedans, comment le situez-vous?
M. Blanchet: Je le situe au niveau de cette
délégation. Il aurait des comptes à rendre sur les
pouvoirs qui auront été dévolus au conseil d'école.
Il reste qu'il y a autre chose. La commission scolaire aussi doit administrer
son réseau, ce qui fait qu'en sus de la tâche, des devoirs et
obligations qu'il aurait envers son conseil d'école, il devra être
sous l'autorité du directeur général et de la commission
scolaire.
M. Ryan: Très bien. Une autre question. Vous dites que les
articles 120, 121 et 122 -cela a trait, je pense, à l'allocation des
ressources - ne vous apparaissent pas applicables si on les place en
parallèle avec l'article 202 et la réalité de votre
territoire. Cela veut dire, par exemple, qu'un conseil d'école qui
soumet un plan d'effectifs à la commission scolaire et... Pourriez-vous
nous expliquer cette partie de votre mémoire? C'est à la page
6.
M. Poulin: Oui. J'aimerais profiter de l'occasion pour faire un
retour sur le point précédent, pour faire référence
à ce qui a été mentionné ce matin. Cela semblait
une forme de reproche envers les commissions scolaires à savoir que les
conseils d'orientation n'avaient pas fonctionné, ou qu'il n'y en avait
eu qu'une dizaine qui avaient fonctionné. Je pense bien qu'on doit
admettre que la façon dont le texte de loi a été fait, en
y incluant une espèce de droit de veto, de droit de non-formation si
l'un des deux groupes de parents ou d'enseignants ne le désirait pas, ce
n'est pas la faute des commissions scolaires si les conseils d'orientation
n'ont pas été formés. Je pense, d'autre part, que s'ils
avaient pu être formés et s'ils avaient pu prendre les
responsabilités, décrites dans la loi 71, d'une forme de gestion
du vécu pédagogique, effectivement, on y retrouvait à peu
près les mêmes agents dont on parle dans le conseil
d'école, d'une forme de pouvoirs qu'on veut y définir mais qui
sont d'ordre pédagogique plus particulièrement et d'un autre
ordre, qui serait peut-être celui d'un service à la population. Il
faut admettre que, dans nos petits milieux, dans nos petites localités,
souventefois, l'école devient une ressource, pour le milieu en
général, d'abord éducative au plan des
élèves et, deuxièmement, de service pour la population.
Quand on parle de gestion de ressources - je crois que c'était le fond
de notre pensée - le conseil d'école étant dans
l'école, étant au fait de la réalité du milieu, il
pourrait peut-être, effectivement, y avoir certaines
responsabilités dans la gestion des services de l'école à
la population.
Je reviens à la question concernant les plans d'effectifs. Il a
été mentionné que cela semblait quelque chose
d'aisé de faire des plans d'effectifs et qu'en fait, la commission
scolaire conservait l'autorité d'en disposer. Je pense qu'on s'en va
vers la source de ce que j'appellerais une création d'illusions. Vous
savez comme moi que, dans une école, une petite école de 50 ou 75
élèves... On disait tout à l'heure que, dans la
région d'Abitibi-Témiscamingue, il y avait beaucoup de petites
écoles. C'est notre réalité aussi, étant
donné que, dans l'ensemble, nos écoles reçoivent moins de
225 élèves et qu'une bonne partie en ont moins de 100. Alors, je
m'assois dans une école comme membre d'un conseil d'école et
j'imagine que, si on me demande de faire un plan d'effectifs, je vais essayer
d'obtenir le maximum de ressources, je pense que c'est logique. D'abord, la
première ressource essentielle, c'est un nombre raisonnable
d'enseignants pour donner l'enseignement. Et, d'autre part, quand on regarde
les politiques actuelles de services aux élèves - et je ne les
énumérerai pas -qu'ils soient complémentaires, personnels
ou autres, je penserai à des services possibles d'orientation ou de
psychologie; je penserai à des services d'orthopédagogie,
d'orthophonie, d'aide aux élèves qui sont de l'ordre des
problèmes d'apprentissage. Pour sa part, le conseil d'école va
choisir le plan qui permettrait, et peut même d'une façon
exhaustive, d'avoir le plus possible de ressources. J'imagine que, quand cela
va arriver en haut, l'ampleur des commandes va être largement
supérieure aux ressources que la commission aura pour y répondre.
De là, une source d'insatisfaction importante.
Je crois qu'actuellement, notre mode de fonctionnement provient, d'une
certaine façon, de l'école aussi dans le sens que, pour les
services aux élèves, il y a toute une forme de dépistage,
de suivi et, à un moment donné, à la commission, on
ramasse l'ensemble de ces besoins et, à l'intérieur des
ressources disponibles, on essaie d'établir une équité de
partage entre les écoles. La notion de plan d'effectifs, à mon
sens, revêt des dangers importants, d'autant plus que, dans les petites
écoles, il ne s'agira pas d'effectifs au sens unitaire, mais d'effectifs
au sens de parties de personne. Je ne sais pas, si on parle d'un service
d'orthophonie dans une commission, quand on sait les ressources qu'on peut
mettre là-dessus, cela pourrait être de l'ordre de quelques heures
par semestre ou selon les besoins qui pourraient être formulés,
mais je pense bien qu'il n'y aurait sûrement pas de quoi avoir des
personnes entièrement en place, même aux écoles
institutionnelles. Or, c'est un peu l'appréhension qu'on a voulu mettre
de l'avant dans le mémoire. Je pense bien que les responsabilités
actuellement assumées par les commissions scolaires dans ce domaine
démontrent que des services efficaces se dispensent dans les
écoles et qu'on n'a pas besoin de revenir à une formule qui
serait source d'insatisfaction et de problèmes.
M. Ryan: Merci beaucoup.
M. Ouellet (Vincent): Ici, vous avez un bel exemple de ce que
vous avez dit tout à l'heure après qu'on a présenté
notre mémoire. C'est cet étalement de pouvoirs qui va
entraîner du tiraillement. On a ici en matière de gestion de
ressources humaines un exemple d'étalement qui nous fait nous interroger
entre la commission, l'école, le conseil d'école, tout ce monde
essayant d'utiliser au mieux les ressources humaines. On y voit là un
mauvais étalement des
responsabilités.
Le Président (M. Blouin): Merci. Merci, M. le
député d'Argenteuil.
Alors, s'il y a consentement des membres de la commission, nous
pourrions maintenant entendre M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, qui désire intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Consentement.
Le Président (M. Blouin): Alors, devant ce
débordement d'enthousiasme, je cède la parole à M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je voudrais souligner au député d'Argenteuil que
même s'il a remarqué la présence de seulement une dame
à la table des invités, il y en a quand même une autre. Si
on demandait aux messieurs de quitter leur place pour la donner aux gens de la
deuxième rangée, soit les commissaires d'école au
féminin et des représentantes des parents, elles auraient
peut-être la majorité. Par contre, elles sont dans la
deuxième rangée, mais, c'est signe qu'il y a encore de la place
pour les femmes dans notre système d'éducation.
Comme l'a fait le député de Fabre, adjoint au ministre de
l'Éducation, je veux d'abord vous féliciter pour votre
mémoire. L'ayant feuilleté avec quelques personnes parmi vous
à mon bureau de comté, c'est normal, pour l'ampleur d'un projet
de loi comme le projet de loi 40, que certains d'entre vous, certaines
commissions scolaires et certains comités multi-agents, comme vous les
appelez, se posent certaines questions et présentent des
mémoires. C'est un peu votre raison d'être ici cet
après-midi parce que si le projet de loi 40 faisait l'unanimité
de presque tout le monde, vous ne seriez pas ici. Alors, je peux vous dire en
passant que j'ai dû intervenir auprès du ministre, je ne sais pas
si cela a pesé beaucoup dans la balance, pour que vous soyez entendus.
La demande avait été faite par quelqu'un d'entre vous. Alors,
comme le député est la courroie de transmission entre ces
organismes, ses électeurs et le gouvernement, j'ai fait le travail que
je devais faire.
Même si le ministre n'est pas présent, je sais que votre
mémoire n'en est pas diminué d'autant. Toutes vos recommandations
et tout ce qui se dit sont transcrits et on pourra toujours vérifier. Il
y a des gens ici qui entourent le ministre et qui pourront l'informer. Je suis
sûr, connaissant la bonne compréhension du ministre, qu'il portera
un oreille attentive à vos remarques.
Vous dites dans la page d'introduction: "Des représentants des
directeurs d'école ont participé aux échanges de notre
comité multi-agents sans se lier par le texte de ce mémoire,
tandis que les enseignants et le personnel de soutien, qui avaient
été invités, n'y ont pas participé." Ma question
est: Y a-t-il une raison pour laquelle le personnel enseignant et de soutien
n'a pas participé?
M. Blanchet: Tout à l'heure, je le disais dans un
élément de réponse, dans un premier temps, en ce qui
touche les directeurs d'école, ils ont effectivement participé
dans le cadre de notre comité multi-agents et c'est au niveau du livre
blanc. Quand on a décidé de présenter un mémoire
multi-agents, on a décidé tout simplement de ne pas se lier. (17
h 30)
II faudrait peut-être poser la question aux directeurs
d'école pour connaître les raisons pour lesquelles on a pris cette
décision. En ce qui touche les enseignants et le soutien, le soutien
disait: On n'est pas en mesure de pouvoir fournir un support pour alimenter vos
discussions. Alors, on ne s'est pas présenté. En ce qui touche
les enseignants, on nous a dit qu'il y avait d'autres priorités,
d'autres chats à fouetter et que ce n'était pas un refus
catégorique, mais, au moment où on se préparait, où
on élaborait notre mémoire, ils ne pouvaient venir assister
à nos délibérations.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il y aurait un
conflit entre le personnel de direction, les enseignants et le personnel de
soutien.
M. Blanchet: Aucunement.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est ce que je voulais savoir. Aussi, vous signalez que le
comité consultatif des services aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage pourrait poser des
problèmes de confidentialité et de discrimination. Pouvez-vous
préciser un peu le sens de votre remarque?
M. Ouellet (Marcel): Dans le sens où les professionnels
doivent servir, en tout cas donner les noms des parents des
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, pour
nous, qui sommes liés par le secret professionnel, cela pose
problème.
Habituellement, en tout cas jusqu'à maintenant, on donnait des
nombres, mais on ne donnait pas les noms des enfants. C'est là-dessus
que cela pose un problème de confidentialité.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord. Pour moi, c'est tout. Je pense que - non pas pour me diminuer
- n'étant pas un professionnel, un expert au niveau de
l'enseignement, chaque député a sa
spécialité, je vais laisser la chance à d'autres de mes
collègues de poser certaines questions. Je vous remercie de vos
démarches, d'aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata. M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer les gens du territoire Grand-Portage et aussi de les féliciter
pour la qualité de leur mémoire. Justement, s'ils sont ici cet
après-midi, c'est parce que leur député a une excellente
filière auprès du ministre de l'Éducation. Peut-être
que je pourrais aussi lui faire une demande. Il y a une centaine d'organismes
qui ont demandé à être entendus.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Voulez-vous nous donner les noms, s'il vous plaît?
M. Maltais: Oui, on va vous les donner. Ils sont ici. Essayez
donc d'intervenir un petit peu.
Je voudrais d'abord féliciter la délégation du
territoire Grand-Portage pour son mémoire. Savez-vous, après vous
avoir écouté dans la présentation et avoir
écouté les commentaires que vous avez faits à la suite des
questions qui ont été posées, on s'en vient à se
poser une question: Si vous n'aviez pas le projet de loi 40 dans les jambes,
cela n'irait pas si mal, chez vous, n'est-ce pas? C'est cela un peu, n'est-ce
pas?
Écoutez, depuis le début de ces auditions on a voulu, ici,
troquer un petit peu l'opinion des gens en choisissant d'abord - au
début de la commission surtout - des gens qui étaient des
dissidents souvent dans leur milieu. Je ne parle pas de la totalité,
mais il y en avait beaucoup qui étaient des dissidents. De fil en
aiguille, on appelait cela un large consensus, mais, depuis quelques jours, nos
invités qui viennent ici démontrent que le système actuel,
quand il est conduit par des gens qui ont un souci commun, peuvent en arriver
à une entente. Je pense que c'est très bien
démontré, cet après-midi.
Au début de votre mémoire, vous avez quand même des
phrases qui sont très dures pour le projet de loi 40. Peut-être
qu'à part les regroupements des syndicats de la CECM, c'est une des
phrases les plus dures vis-à-vis du projet de loi et elle est
très subtile. Je ne comprends pas que le député de Fabre
n'en ait pas fait mention, tout à l'heure.
Vous dites: Pourquoi faire croire aux parents que ce choix est possible
malgré toutes les contraintes? En langage ordinaire, savez-vous que
c'est tromper les gens? En langage de tous les jours, c'est tromper les gens.
J'aimerais avoir un commentaire là-dessus avant de poser d'autres
questions. Avez-vous l'impression que ce qui est énoncé dans le
projet de loi 40 trompe les gens ou tente de faire croire en des pouvoirs qui
seront très difficiles à exercer finalement?
M. Blanchet: Ce que je puis répondre à cela, c'est
qu'il faut tout de même se rappeler que nous sommes des multi-agents et
que nous avons formulé des recommandations dans notre mémoire se
basant sur certaines problématiques ou sur certains arguments qui se
voulaient discutables d'une façon franche entre nous. Quand on le dit,
ce n'était pas nécessairement dans le sens où vous nous le
dites, mais il faudrait tout de même dire que c'est dans le sens
où peut-être que le législateur, dans sa première
lecture, n'a pas vu, par exemple, si on parlait du choix de l'école,
qu'on peut choisir l'école mais qu'il y a un paquet de contraintes qui
font qu'on ne pourra pas y donner suite. Si on regarde également le
chevauchement entre un pouvoir de l'école par rapport à la
commission scolaire, l'un par rapport à l'autre, on se dit qu'à
première vue - c'est le cas de le dire, en première lecture -
cela pourrait fonctionner. Mais cela ne peut pas fonctionner. Tenant compte de
cela, on se dit que c'est illusoire. Peut-être que notre affirmation peut
porter à se rendre jusqu'à l'interprétation que vous
pouvez lui donner, mais c'est cette illusion que l'on voit.
Je me dis que le député de Fabre n'a qu'à prendre
notre mémoire et, comme vous le disiez tout à l'heure, nous
sommes bien prêts à le lui céder.
M. Maltais: Vous savez que le ministre a l'habitude de dire,
quand de pareilles phrases dans les mémoires sont difficiles à
avaler pour son projet de loi, que vous en avez fait une mauvaise lecture. Je
pense qu'en faisant une lecture attentive de votre mémoire, cela veut
dire ce que cela veut dire. Je pense bien que les gens, particulièrement
de ce côté-ci en tout cas, comprennent très bien que vous
n'êtes pas les seuls mais que vous êtes quand même une des
rares commissions scolaires qui aient eu la franchise de le dire comme cela. Je
pense que c'est bien et qu'il faut que cela soit dit. Ce sont des choses
importantes.
Tout à l'heure, vous avez parlé de la composition de votre
comité. Je pense qu'il a été dit qu'il y avait des parents
dissidents quant à la composition de votre mémoire. Est-ce bien
le cas? Peut-être seulement sur un article?
M. Blanchet: Sur un article seulement, quant au suffrage
universel.
M. Maltais D'accord. Est-ce que vous
pourriez me dire ou peut-être un représentant des parents
pourrait nous dire ce qu'ils préconisaient, eux, sur le suffrage
universel?
M. Bois (Alyre): M. le Président, les présidents du
Grand-Portage demandent que les conseils d'administration des commissions
scolaires soient composés d'un nombre égal de parents élus
par les conseils d'école et de commissaires élus au suffrage
universel. Les autres agents d'éducation, qui sont
représentés ici à la table, ont respecté notre
réticence. Nous avons grandement apprécié la confiance
qu'ils ont témoignée sur notre opinion. Nous avons vraiment
apprécié leur respect de notre opinion et je pense que c'est
signe d'un travail de collaboration. On n'a pas cessé de travailler
parce qu'on n'était pas d'accord là-dessus. On a continué
à travailler sur d'autres points et le dossier a continué
d'avancer.
D'ailleurs, on est seulement rendu à la page 14 mais on s'est
quand même rendu jusqu'à la page 25 en ce qui concerne
l'étude du projet de loi. Donc, ils ont accepté cette
réticence et ils l'ont respectée.
M. Maltais: Ce qui veut dire que, pour vous, dans la composition
du conseil de la commission scolaire et du conseil d'école que
prêchent ou préconisent les autres agents, ce n'est pas un
empêchement de le vivre comme parents. Cela veut dire que ce
système qui est préconisé par les autres membres du
comité vous convient et que vous êtes prêts à y
embarquer.
M. Bois (Alyre): Je m'en tiens à la réticence qui a
été formulée, M. Maltais. Elle demeure à ce
point-là.
M. Maltais: D'accord.
M. Ouellet (Vincent): Je vous rappelle seulement ce que je vous
disais tout à l'heure. Il est important, quand on veut travailler en
concertation multi-agents, de respecter au départ qu'il peut y avoir des
divergences d'opinions. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas du même
avis, même en conclusion, qu'il faut pour autant en conclure à la
mésentente ou à l'impossibilité de travailler. C'est dans
ce sens-là qu'on se retrouve ici en tant que table multi-agents. C'est
le témoignage de notre présence.
M. Maltais: C'est très important et très judicieux,
parce que nous aussi on se plaint de cela, de ce côté-ci. Il y a
peut-être avantage à regarder certains exemples. Vous nous dites
aussi, dans une recommandation de la page 8, que les règles
budgétaires soient applicables sur une base triennale pour permettre une
meilleure gestion du réseau.
Je pense que c'est une recommandation très importante. Est-ce que
vous pensez que le ministère de l'Éducation peut
réellement vous accorder ce privilège? Je ne pense pas qu'au
cours des trois dernières années vous ayez pu le faire avec les
coupures que vous avez eues, certainement pas.
M. Blanchet: C'est sûr que vous me posez une question...
Est-ce que le ministère voudrait...
M. Maltais: Non, est-ce que vous pensez que c'est une chose qui
serait souhaitable, à laquelle vous tenez et que le ministère
pourrait y aller là-dedans?
M. Blanchet: Ce pourquoi on se basait sur une base triennale,
c'est bien simple. Premièrement, on envisage toujours l'administration
à très court terme, d'année en année.
Également, on veut faire référence à l'article 242
de la loi, qui dit que le surplus ou le déficit, on doit en tenir compte
dans l'élaboration de règles. On nous compare, les commissions
scolaires, à l'entreprise privée, mais on ne nous donne pas cette
motivation, qui est possible, d'atteindre des profits et de pouvoir en disposer
de façon équitable. C'est toujours selon les besoins à
combler dans le milieu. C'est la même chose, si on se retrouve en
déficit, on sera obligé de se réaligner, de
réévaluer nos priorités. La seule façon de nous
permettre de garder cette sécurité... Chaque fois que les
règles budgétaires arrivent, le personnel est insécure,
les administrateurs, les commissaires, les parents sont insécures. On
leur parachute des règles budgétaires ou des paramètres.
On ne sait jamais d'une année à l'autre ce qui va se passer. Si
on pouvait planifier à court terme, par exemple, sur une base de trois
ans, je pense que ce sont des règles qui seraient acceptables. On
n'aurait jamais de surprise d'une année à l'autre.
M. Maltais: En fait, c'est une décentralisation du
ministère que vous demandez. C'est un point qui pourrait être
décentralisé chez vous au moins pour une période de trois
ans, comme vous le dites. Vous sauriez vraiment où vous allez et de
quelle façon votre personnel va se sécuriser. C'est une forme de
décentralisation que vous demandez.
M. Poulin: M. le député, j'aimerais vous donner un
complément de réponse là-dessus qui est le suivant: en
milieu scolaire, comme en toute autre catégorie de services et
même dans le domaine privé, il est nécessaire d'envisager
à certains moments des dépenses qui sont plutôt d'ordre
ponctuel. Si on fait même référence à la vie
privée d'un individu, je ne pense pas qu'un individu
pense au début d'une année qu'il va s'acheter une maison
et qu'il le fasse dans l'année. Il y a pensé plusieurs
années d'avance. Donc, il a commencé à faire certaines
provisions financières pour répondre à ce besoin.
Dans le milieu scolaire, actuellement, nous implantons des programmes
d'études. On nous a dit qu'avec les programmes d'études, il y
aurait effectivement un manuel de l'élève pour chacune des
matières, pour chacun des degrés et un matériel didactique
d'accompagnement de qualité. Je ne sais pas si vous connaissez les
coûts actuels en ce qui a trait au matériel didactique et aux
manuels, entre autres. Ce sont des coûts exorbitants, quand on pense
à ce qu'une commission scolaire devra dépenser pour faire l'achat
de manuels pour l'ensemble des élèves une fois que le
ministère en aura autorisé dans toutes les matières. (17 h
45)
C'est un ordre de dépenses qu'on doit envisager de
réaliser sur un certain nombre d'années. Le fait qu'on pourrait
conserver certaines économies d'une année à l'autre
pourrait nous permettre de combler certains de ces engagements qu'on doit
effectivement prendre pour nos services aux élèves.
J'imagine qu'on aura le même problème dans les dossiers de
micro-informatique et de pédagogie qui sont en discussion actuellement.
On aura aussi, et de plus en plus, je pense, dans le domaine de mise à
jour de nos équipements, des besoins. On sait que nous sommes
propriétaires d'établissements et, comme tout bon
propriétaire, il faut envisager de faire les rénovations
nécessaires avant que les problèmes s'aggravent, que ce soit au
niveau des toitures ou des renouveaux nécessaires pour la
pédagogie comme telle. Actuellement, les budgets alloués par le
ministère se situent dans des ordres de priorité qui couvrent
à peu près strictement l'ajout de nouvelles places
d'élèves et les remplacements de toitures, quand on regarde les
enveloppes régionales, et, à ces budgets-là, on nous
demande de contribuer à 50% d'une enveloppe d'immobilisation qu'on peut
avoir dans une commission scolaire qui, chez nous par exemple, pourrait
être de l'ordre de 75 000 $.
Pour engager un projet de rénovation, il faut donc dire qu'on
doit placer, dans notre enveloppe de 75 000 $, 37 500 $. Il nous en reste
très peu pour acheter du matériel capitalisable et faire les
dépenses minimales. Donc, dans nos budgets de fonctionnement, on devrait
avoir la possibilité de faire certaines provisions pour la mise à
jour de nos équipements, nos bâtiments et autres puisqu'il
semblerait qu'un jour ou l'autre ça reviendra à nos frais.
M. Maltais: D'accord. Je n'ai pas personnellement tous les
coûts astronomiques comme vous dites du matériel didactique mais
on a entendu parler de celui des ordinateurs avant les fêtes, on sait un
peu combien cela coûtera.
Au niveau de l'école, au début de votre mémoire,
vous nous avez dit, madame, que les enseignants et le personnel de soutien
n'avaient pas voulu participer, pour certaines raisons, au comité
multi-agents. Je pense que c'étaient quand même les seuls qui
n'ont pas collaboré, à moins qu'il y en ait d'autres, ce sont les
deux seuls groupes que vous avez énumérés. Au niveau du
conseil d'école, avez-vous l'impression que les enseignants, même
si ce sera écrit dans la loi, s'ils le veulent... Finalement, faire
entrer ces gens-là de reculons, est-ce que ça peut fonctionner
d'après votre expérience? Vous avez des directeurs d'école
là-dedans.
M. Ouellet (Vincent): La question que vous soulevez est bien
intéressante mais aussi très délicate à traiter
pour nous autres qui sommes un comité multi-agents et qui a
respecté les faits que vous connaissez, l'an passé entre autres.
Les discussions autour du renouvellement des conditions de travail ont fait en
sorte que les enseignants, entre autres, n'ont vraiment pas participé
à nos discussions.
Vous dites, en rapport avec les conseils d'école, que les
enseignants refusaient systématiquement de s'impliquer à
l'intérieur de la mise en place des conseils d'orientation. Vous
demandez: Pensez-vous qu'en les rentrant à reculons, ça va
être de nature à favoriser le travail? C'est présumer
qu'ils vont forcément entrer à reculons si le projet de loi est
mis en vigueur et si on a des conseils d'école.
Nous disons, dans notre mémoire, que nous croyons en un conseil
d'école et que, s'il n'y avait pas cette contrainte qui existait dans la
loi 71, à savoir que cela prenait obligatoirement l'accord des
enseignants, des parents et du directeur pour le mettre en place, ce n'est pas
à ce niveau qu'on se situe. Les choses qui étaient
définies comme objets de travail pour le conseil d'orientation seraient
un excellent point de départ, comme balises, pour un conseil
d'école. En plus, on dit ceci: Selon l'école et selon ses
capacités et ses volontés, elle pourrait, à l'usage et
dans le temps, prendre plus ou moins de responsabilités. C'est ce que
nous disons dans notre mémoire actuellement. Probablement, et même
sûrement, que des travaux ultérieurs nous amèneront
à compléter, mais, pour l'instant, c'est là où nous
sommes rendus.
M. Maltais: Vous administrez quand même plusieurs
écoles dans chacune de vos commissions scolaires. Ne croyez-vous pas
qu'en donnant un statut particulier à l'école, comme le projet de
loi 40 le préconise, cela
isole cette école et empêche peut-être aussi une
certaine péréquation que vous faites, par exemple, à
l'intérieur de vos commissions scolaires et des commissions scolaires
régionales?
M. Bois (David): C'est possible, évidemment, si le projet
de loi 40 s'appliquait, qu'il y ait le danger que vous signalez. Cependant, ce
que nous affirmons dans notre mémoire, c'est ceci. Si on s'assurait, par
les services de la commission scolaire, qu'il y a péréquation des
services pour les petites écoles, je pense qu'on pourrait éviter
ce danger-là. Mais cela devient très important pour nous, surtout
dans le territoire où on se trouve, que, justement, la commission
scolaire puisse elle-même faire cette péréquation. Comme on
le disait tout à l'heure, une grande majorité de nos
écoles comptent moins de 225 élèves; je parle des
écoles primaires. Dans ces conditions-là, vous retrouvez
plusieurs écoles qui ont 30 ou 40 élèves ce qui pourrait,
avec une allocation particulière accordée au conseil
d'école dont il est question dans le projet de loi 40, créer des
difficultés de fonctionnement.
M. Maltais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je ne croyais pas
que mon tour viendrait si vite.
Une voix: Ils n'ont plus rien à dire de l'autre
côté.
Mme Lavoie-Roux: Non, ils n'ont plus rien à dire.
Une voix: Ils sont suffisamment informés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux d'abord saluer
les représentants des commissions scolaires du territoire Grand-Portage.
Cela me fait particulièrement plaisir de les accueillir ici. Je voudrais
d'abord vous parler de la nomination du directeur d'école; je pense que
c'est à la page 17. Je pense que vous vous êtes
inquiétés des dispositions qui sont dans la loi et vous en
proposez d'autres: constitution d'une liste de candidats, consultation
auprès d'un comité de sélection selon une certaine
composition qui m'apparaît assez logique et finalement la nomination, par
la commission scolaire, tenant compte des recommandations du comité de
sélection. Autrefois ou présentement, je pense que c'est la
commission scolaire. Est-ce qu'elle consulte les écoles,
présentement, pour la nomination d'un directeur d'école?
M. Blanchet: Actuellement, ce sont des comités ou des
jurys de sélection. Je ne pense pas qu'il y ait nécessairement
des personnes d'une école par rapport à une autre, mais cela peut
être des enseignants, des représentants d'organismes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous avez fait un grand effort pour
essayer de corriger ce qui vous apparaissait peu opérationnel
d'après ce qui est suggéré dans le projet de loi. Voici la
question que je voudrais vous poser: Est-ce que vous ne croyez pas que,
même avec cette formule cela va devenir extrêmement difficile pour
les directeurs d'école, parce que les communautés sont petites?
Cela doit être la même chose chez vous, à cet égard,
que dans un grand centre urbain où un directeur d'école pourrait
être continuellement poussé, parce qu'on en préfère
un autre, et que cela devienne assez injuste à l'endroit des directeurs
d'école si vous faites intervenir les gens du conseil d'école ou
si vous retenez la formule que vous proposez ici.
M. Blanchet: C'est sûr qu'il y avait une proposition dans
le projet de loi 40 par laquelle intervenait le conseil d'école lors de
l'engagement, ou une recommandation pour le directeur d'école. On s'est
dit: Est-ce qu'à l'inverse, c'est mieux? Est-ce qu'ignorer
complètement les parents ou ignorer certains intervenants dans une
formule de comité de sélection ou une forme de recommandation
pour l'engagement d'un directeur d'école, c'est mieux? Tenant compte
d'une certaine admission, comment pourrais-je dire, de la part de notre
comité, on s'est dit: Peut-être qu'il y aurait lieu de faire
participer des parents lors d'une recommandation ou d'un engagement. Il reste
tout de même une chose qui a été différente dans
notre proposition, c'est que c'est une forme de consultation. C'est moins une
recommandation par laquelle on est lié. On pensait que ce serait une
formule qui amènerait des parents à participer, mais qu'il
restait toujours à la commission scolaire de voir à l'engagement
comme tel.
Mme Lavoie-Roux: II serait difficile même si cela reste une
consultation, d'aller contre une consultation auprès d'un comité
dont la majorité des membres font partie du conseil d'école
concerné et que ceux-ci s'opposeraient à la nomination de
monsieur ou de madame X.
M. Blanchet: Oui, mais ce qu'il faut reconnaître, c'est
que, pour une recommandation, qu'il y ait des parents ou non, on est toujours
en face du même
problème. On devra engager. C'est le même
phénomène, sauf qu'il y a des parents en plus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, bon!
M. Poulin: II faut aussi comprendre, Mme la
députée, que selon le groupe avec lequel on discute, chaque
groupe voudrait être le groupe unique qui aurait le pouvoir d'être,
soit au comité de recommandations, soit au comité qui aurait
à prendre la décision. On peut penser ici que différents
groupes veulent avoir voix au chapitre quand il est question de la nomination
d'un directeur dans une école. Qu'on pense aux enseignants qui, par
l'intermédiaire de leur syndicat, souhaiteraient quand même avoir
une personne au comité de sélection qui est, comme on le disait
tout à l'heure, consultatif; qu'on pense aux associations de directeurs
d'école et aux directeurs d'école eux-mêmes qui souhaitent
être de ce comité, et aux parents de l'école qui disent: En
fait, ce directeur sera dans notre école pendant combien
d'années? Si on élimine le fait qu'il est possible de le renvoyer
pour des motifs tels que précisés dans la loi 40, un directeur
peut quand même être dans une école pour assez
longtemps.
Au sujet de la réserve que vous exprimez quant au choix du
candidat, je pense que le premier élément de la page 17 offre
quand même une certaine sécurité, à savoir que les
candidats qui seront présentés ou ballottés par le
comité de sélection pour fins de recommandation, proviendront
d'une liste de candidats admissibles respectant, au niveau des critères,
les dispositions administratives officielles en vigueur. Il faut bien penser,
à ce moment-là, que, normalement, la liste à être
évaluée par le comité de sélection sera
constituée de gens qui, en soi, à des niveaux plus ou moins
grands, auraient la capacité d'occuper le poste de directeur. Il faut
aussi penser, à l'intérieur de ce processus, que nous sommes
actuellement liés par la sécurité d'emploi et qu'il ne
faut pas, non plus, créer d'illusion aux parents à savoir que,
dès qu'il y aura nomination d'un directeur, on pourra avoir le choix
parmi 200 candidats. Il est possible qu'à cause de la
sécurité d'emploi qu'on n'ait le choix que de quelques candidats
et qu'on doive les prendre parce qu'effectivement ils répondent à
une forme d'admissibilité, ayant déjà été
directeurs dans une école et qu'ils sont en surplus de personnel quelque
part. Ce sont un peu ces balises qui nous ont amenés à
définir ces procédures.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est un progrès par rapport
à ce qui existe dans le projet de loi parce que, même par cette
formule, ce que vous dites aux parents, c'est: On peut vous consulter, mais il
y a des contraintes qui peuvent être liées à
l'ancienneté, qui peuvent être liées, surtout dans une plus
petite commission scolaire, au nombre de personnes disponibles. Et, pour autant
qu'un directeur d'école reste sur nos listes comme directeur
d'école, vous pourrez l'avoir, que cela vous plaise ou non. En le
remettant à l'école, comme c'était le cas, je pense que,
dans ce sens-là, vous avez raison, c'est un progrès.
À la page 18, vous faites des recommandations, dont celle de
redonner aux commissions scolaires des pouvoirs de décision et de
réglementation qu'elles ont perdus, notamment, dans le domaine des
sports scolaires, des relations de travail et du transport scolaire pour les
rendre plus facilement applicables dans les divers milieux. Ma question porte
uniquement sur les relations de travail. Personnellement je pense qu'on devrait
décentraliser les négociations de travail ou les relations de
travail. En tout cas, c'est une opinion personnelle, mais on sait que des
commissions scolaires, dans le passé, trouvaient très difficile
d'exercer ces pouvoirs. Alors, je me demandais si, aujourd'hui, vous vous
trouviez dans une meilleure position pour le faire et quelle serait la nature
des objects qui, selon vous, devraient être décentralisés
au niveau des commissions scolaires.
M. Blanchet: Dans un premier élément de
réponse, je pourrais dire que le Grand-Portage - je reviens toujours
à cela, parce que c'est une formule pour nous - durant les
périodes de négociations de 1976 à 1979 et de 1979
à 1982, on a été une des premières régions
à signer des ententes relatives aux matières à
négocier localement. Cela n'a pas duré tellement longtemps.
Alors, on se dit qu'on a vécu une expérience et qu'on est
peut-être en mesure d'avoir une expérience semblable. Aussi, c'est
un peu rattaché à ce dont on entendait parler, parce qu'on
évolue également avec ce qui pourrait se dessiner, pour
être conséquents et logiques avec nous-mêmes. On parle de
décentralisation, il faut en assumer également les
responsabilités et, à ce titre, on se disait: Même la
Fédération des commissions scolaires parle d'un nouveau processus
de négociation qui est en consultation. Au niveau du ministère,
on est à repenser une formule. C'est une piste qu'on donnait à
ces gens-là en disant: On a déjà vécu une
expérience semblable, on est probablement capable d'en assumer une autre
et, pour être logiques avec nous-mêmes, nous demandons la
décentralisation, en prenant nos responsabilités également
en matière de relations de travail. J'exclus le cadre financier.
M. Ouellet (Vincent): Vous me permettrez peut-être
d'ajouter un petit
élément, en complément de réponse, pour vous
dire que cette recommandation est très actualisée dans notre
mémoire. Il faut penser qu'aux dernières conditions de travail
qui ont été arrêtées on a dû reconduire en
bloc les arrangements locaux. On se dit: À partir de ce moment,
étant donné que le risque est que cela se reproduise, on
s'interroge et on dit qu'on devrait redonner aux commissions scolaires une
marge de manoeuvre, un droit de parole, une possibilité d'intervenir
dans les règles qui régissent les conditions de travail, mais
laissons les gens faire leur travail. Il y a des comités qui se mettent
en marche là-dessus.
Le Président (M. Blouin): II reste maintenant neuf minutes
d'intervention à Mme la députée de L'Acadie. Alors, de
deux choses l'une...
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai après souper.
Le Président (M. Blouin): Pardon? Mme Lavoie-Roux:
Après souper.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, Mme la
députée de L'Acadie reprendra son échange avec nos
invités à compter de 20 heures. Sur ce, nous suspendons donc nos
travaux, si nos invités sont disponibles à compter de 20 heures.
Très bien, puisqu'ils le sont. Nous suspendons donc nos travaux
jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise de la séance à 20 h 5)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de l'éducation reprend
ses travaux. Au moment où nous nous sommes quittés, nous
étions en train d'échanger entre les membres de la commission et
les représentants du Comité multi-agents des commissions
scolaires du territoire Grand-Portage. Mme la députée de L'Acadie
avait la parole et il lui restait une période de dix minutes
d'intervention. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je ne peux pas
vous dire que vous avez commencé trop tôt, parce qu'il est
déjà 20 h 04.
En page 21 de votre mémoire, vous soulevez des problèmes
en ce qui touche le mandat qui est confié au comité consultatif
des services à l'enfance en difficulté, soit le mandat qui lui
est confié de préparer des normes. Est-ce que vous pourriez
expliciter un peu là-dessus? Sur le même sujet, en page 22, ce
n'est pas la première fois que c'est soulevé mais cela n'a pas
été soulevé très souvent, soit le problème
de la confidentialité et de la discrimination que soulèvent la
composition et le fonctionnement du comité consultatif des services aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
Est-ce que, dans une ou des commissions scolaires plus petites ou dans des
écoles d'une municipalité, cela présente plus de
problèmes du point de vue d'un certain anonymat que dans un grand centre
où, finalement, les gens se connaîtraient moins? Enfin, je
voudrais que vous explicitiez sur ces deux points, si c'est possible.
M. Ouellet (Marcel): Je vais commencer par la première
partie de votre question concernant le problème de la préparation
des normes. Dans le projet de loi, il semble clair que c'est un comité
consultatif. On comprend mal au Grand-Portage comment il peut préparer
des normes s'il est uniquement un comité consultatif. Voilà pour
la première partie de votre question. Quant à la deuxième
partie concernant les problèmes de confidentialité et de
discrimination, c'est que le comité en question va être
formé de parents d'élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Notre territoire, au Grand-Portage,
étant un très petit milieu, quant aux gens qui seront
convoqués, nécessairement, il sera clair pour tout le monde que
l'enfant d'un tel est en difficulté. Je ne pense pas que les gens aiment
cela. Pour nous, le fait d'établir la liste des parents des enfants
déficients mentaux moyens, d'en donner les noms et de les faire publier
nous cause un problème avec notre corporation professionnelle, parce
qu'on n'a pas à divulguer des noms. Auparavant, on donnait des chiffres
à la commission qui, elle, organisait ses services en fonction des
chiffres et non en fonction des noms des élèves et des noms des
parents.
Mme Lavoie-Roux: Tandis que, maintenant, comme cela se passera
à l'intérieur de l'école, les noms iraient au conseil
d'école.
M. Ouellet (Marcel): Nécessairement, pour pouvoir
convoquer les parents de ces enfants, il va falloir que la commission ait le
nom des personnes.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que, souvent, dans ces dossiers, il
peut y avoir des informations d'ordre plus personnel; par exemple, une famille
à problèmes multiples, etc. Par contre, quant au fait qu'un
enfant est handicapé, est-ce que vous croyez que c'est un bris de
confidentialité de le dire? De toute façon, dans sa classe ou
dans son école spéciale, il va quand même être
identifié comme un enfant déficient mental.
En ce qui a trait à des détails personnels,
peut-être de la famille, qui sont parfois nécessaires au dossier,
je comprends le problème mais, quant au diagnostic lui-même du
handicap de l'enfant, est-ce que cela vous apparaît...
M. Ouellet (Marcel): On ne croit pas que, dans le cadre du mandat
du comité, on ait besoin de savoir des détails de notre dossier
personnel. Je ne pense pas qu'il y ait de problèmes à cet
égard. Le problème se situe quand il s'agit de donner le nom.
C'est évident qu'un enfant qui, par exemple, a une jambe coupée,
cela paraît et c'est facilement identifiable. Un déficient
léger ou un déficient moyen, cela ne paraît pas à le
voir. C'est là où on accroche. On n'a pas à publier les
noms. Aussi, avec la politique d'intégration des élèves en
difficulté, il y en a beaucoup qui éprouvent des
difficultés ou qui ont des handicaps, mais qui sont au secteur
régulier et qui ne sont pas identifiés dans la population.
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, ce sont strictement les noms qui
vont à la commission scolaire et, ensuite, aux écoles...
M. Ouellet (Marcel): Dans le moment, c'est uniquement le nombre
qui va à la commission. Ce que le projet de loi demande, ce sont les
noms.
Mme Lavoie-Roux: Quelle serait votre suggestion pratique pour
régler ce problème?
M. Ouellet (Marcel): C'est un problème de taille, je
pense, parce que c'est quand même important d'avoir le pouls des parents
de ces enfants. Il faut qu'il y ait un mécanisme pour avoir
l'idée des parents de ces enfants à ce sujet. Notre
recommandation, c'est qu'on évalue ce problème de la
confidentialité. Ce n'est pas d'éliminer le comité.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que votre suggestion serait qu'il n'y ait
pas au niveau de l'école un comité consultatif de
l'intégration des enfants en difficulté, que ce soit
discuté au niveau du conseil d'école sur une base plus
générale - je parle des responsabilités de l'école
vis-à-vis de l'intégration de l'enfant en difficulté -
sans en arriver au cas précis?
M. Ouellet (Marcel): Notre recommandation se limite dans le sens
qu'on demande au ministère d'évaluer le problème de
confidentialité et de nous proposer des choses qui vont respecter le
problème de confidentialité pour ces personnes tout en laissant
en place le comité consultatif de ces élèves, les parents
et les élèves en difficulté. Ce n'est pas de
l'éliminer.
Mme Lavoie-Roux: Comme c'est le ministère qui crée
le problème, vous le lui retournez et dites: On vous soumet le
problème, trouvez une solution adéquate. Voilà ce que vous
nous dites finalement.
M. Ouellet (Marcel): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Merci. J'aimerais vous demander si
vous avez des enfants immigrants dans vos écoles. Je comprends que ce
n'est pas du même ordre numérique qu'à Montréal,
mais est-ce que vous en avez quelques-uns?
M. Ouellet (Vincent): Je peux vous donner la version du niveau
secondaire. Ceux que nous avons, ce sont des Cambodgiens, à la suite
d'intégration dans des familles qu'on a eue dans différentes
localités. Pour le niveau primaire, s'il y a des particularités
différentes, je pense que c'est le même contexte pour tout le
monde. Quand vous appelez d'immigrants qui ont besoin de mesures
spéciales d'insertion à l'école, de francisation,
d'accueil ou de rattrapage, par exemple, pour faire la jonction entre deux
systèmes d'éducation ou encore pour commencer la scolarisation,
c'est vraiment au niveau des Cambodgiens et des Laotiens.
Mme Lavoie-Roux: Quel serait le nombre que vous avez?
M. Ouellet (Vincent): Cela peut varier, pour l'ensemble de notre
territoire, à peu près de 25 à 30 comme ordre de
grandeur.
Mme Lavoie-Roux: C'est très marginal.
M. Ouellet (Vincent): Ce ne sont pas encore des groupes
nombreux.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez des ressources?
M. Ouellet (Vincent): On a des structures. D'abord, au niveau des
familles, cela va avec le service de l'éducation des adultes. On
commence avec l'ensemble des familles. Une période de transition, de
formation générale, de six ou sept mois au départ pour
s'acclimater dans le milieu, commencer à se débrouiller avec la
langue. Ensuite, selon l'école dans laquelle cet enfant s'intègre
pour sa scolarisation, il y a des mesures spécifiques qui sont mises en
place à l'aide de subventions spéciales, d'allocations
supplémentaires ou d'autres moyens dont on dispose.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question s'adressent aux
parents qui sont ici. Vous nous avez dit que, sauf pour une réserve qui
a été clairement exprimée verbalement dans votre
mémoire, vous êtes en accord avec le
mémoire qui est présenté ici ce soir. Est-ce qu'on
doit interpréter cela comme une dissociation de la position de la
Fédération des comités de parents du Québec?
Le Président (M. Blouin): Très rapidement, parce
que, dans une minute, je devrai donner la parole à M. le
député de Westmount. En une minute, s'il vous plaît! (20 h
15)
M. Bois (Alyre): À votre question, madame, j'aimerais dire
qu'il s'agit plutôt de proposer des solutions qui collent au milieu. Sans
être en désaccord avec les propositions de la
fédération, nous sommes favorables au but du travail
multi-agents, à savoir de trouver des solutions et de trouver des
propositions qui répondent aux besoins du milieu.
Le Président (M. Blouin): Cela va.
M. Bois (Alyre): D'ailleurs, c'est notre fonction en tant que
comité multi-agents.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. Je voudrais, pour ma
part, remercier également le comité multi-agents. En lisant son
mémoire, on est à même d'apprécier, d'une part, ses
critiques extrêmement pertinentes et, d'autre part, la retenue qui fait
en sorte qu'il y a, dans le mémoire, non pas un rejet global du projet
de loi, mais toute une réglementation qui me semble extrêmement
valable.
Je voudrais commencer en parlant du poste de directeur d'école.
Un de mes collègues vous a invités à décrire votre
idéal, en quelque sorte, à énumérer vos
recommandations. Je voudrais vous inviter à décrire les
conséquences et les difficultés survenant pour un directeur
d'école, pour la structure qui se bâtit autour de son poste,
advenant le cas où le projet de loi 40 entrerait en vigueur. Il me
semble que, d'une part, vous faites des recommandations pour dire comment cela
devrait aller, comment cela va aller si le projet de loi est adopté tel
quel.
M. Bois (David): Ce qu'on pense à ce sujet, c'est que,
concernant le directeur d'école, surtout au niveau primaire, dans une
petite école, ce qu'on essaie d'obtenir de lui, c'est qu'il soit un
excellent pédagogue, qu'il s'occupe d'abord de pédagogie, de
l'organisation pédagogique de son école et de toutes les
activités qui en découlent.
Ce qu'on dit dans notre mémoire, dans la mesure où l'on va
ajouter au conseil d'école et au directeur d'école toute une
série d'activités qui sont de la gestion administrative, c'est
qu'on va graduellement amener nos directeurs d'école à être
plus des administrateurs de finances et à avoir d'autres ressources que
des pédagogues; c'est le danger. Quand on pense à ce qui se passe
dans nos écoles actuellement, l'implantation de programmes,
l'informatique qui s'en vient, l'évaluation pédagogique, on dit
qu'il ne faudrait pas qu'ils s'éloignent trop de cela. C'est vraiment
cela notre préoccupation.
M. French: En lisant le projet de loi et les mémoires, il
m'a semblé que la première chose qui devrait être
changée si le projet de loi 40 est adopté, c'est le curriculum
par lequel on forme nos directeurs d'école. Un des cours au centre de
tout cela, ce seraient à l'avenir les relations avec le conseil
d'école et l'administration des nouvelles responsabilités qui
seraient forcément d'ordre administratif. Dans les projections ou les
examens que vous avez faits, avez-vous imaginé la possibilité de
confrontation entre les directeurs d'école et les parents nouvellement
dotés de responsabilités extrêmement sérieuses, au
moins pour la période de rodage du nouveau système? N'y a-t-il
pas possibilité que, d'une part, il y ait des tensions entre un
directeur d'école et les parents d'un enfant qui aurait des
difficultés à l'école et, d'autre part, la
possibilité que certains parents extrêmement motivés et
peut-être militants dans un sens comme dans l'autre entreprennent d'avoir
ou aient sur le directeur une emprise qui serait probablement négative
pour la plupart des écoliers et des professeurs? Est-ce que ce sont des
problèmes du genre qu'on peut imaginer avec l'adoption du projet de loi
ou si c'est de l'alarmisme?
M. Ouellet (Vincent): La question que vous soulevez, c'est en
fait un scénario qu'on peut retrouver n'importe quand actuellement dans
n'importe quelle école. Ce n'est pas spécifiquement, selon moi,
rattaché directement au projet de loi 40. Si je reprends votre question,
vous dites: Le projet de loi 40 peut-il augmenter l'incidence que ces
problèmes-là créent? Je vous dirai que le comité
multi-agents, ce n'est pas cette approche qu'on a travaillée comme
comité d'études. On a plutôt essayé de voir quelles
étaient les conditions facilitantes pour que l'école puisse
fonctionner. C'est pour cela que vous retrouverez dans notre mémoire des
recommandations qui vous font penser à ces questions, mais pour
lesquelles on n'a pas de réponse. Ce ne sont pas les scénarios
qu'on a envisagés pour travailler; c'est même l'inverse. C'est le
côté positif, qu'est-ce que cela prendrait? Cela va?
M. French: Vous mentionnez, à la page 18, que vous
voudriez récupérer les pouvoirs en ce qui a trait aux sports
scolaires, au
transport et aux relations de travail. Je pense que je comprends ce que
vous voulez dire dans le domaine des relations de travail. Pouvez-vous
décrire un peu plus la question des sports scolaires et du transport?
J'imagine que c'est différent?
M. Ouellet (Vincent): Pour la partie des sports scolaires, je
vais en traiter. Quant au transport scolaire, un de mes collègues va le
faire. Quant à ce qu'on souligne ici au niveau des sports scolaires,
vous n'êtes pas sans savoir qu'il n'y a pas tellement longtemps, les
commissions scolaires avaient directement des mandats, en vertu desquels elles
pouvaient obtenir des programmes de subventions du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche. Il y avait de la concertation avec le
ministère de l'Éducation et on exploitait dans la province de
Québec un vaste réseau dit de sports scolaires.
Il y avait des ententes avec les municipalités; dans un milieu
comme chez nous, cela générait des réseaux qui
n'étaient pas parallèles, il n'y avait pas de dichotomie avec les
municipalités; on s'entendait et on fonctionnait. Pour des raisons qui
appartiennent au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
la politique a été changée. Les commissions scolaires ne
sont plus admissibles aux programmes de subventions pour supporter ces
programmes.
C'est un dossier que vous pouvez retrouver facilement dans celui de la
Fédération du sport scolaire de même que de la
Fédération des commissions scolaires. Il y a eu des documents et
des démarches là-dessus. C'est ce contexte qu'on souligne ici. On
pense que les commissions scolaires devraient ravoir les responsabilités
et des marges de manoeuvre pour pouvoir travailler à cette dimension,
parce que les jeunes qui sont dans nos écoles ont besoin de ces
activités. En gros, pour faire une histoire très courte, parce
que ce n'est peut-être pas l'objet de la présente commission
parlementaire, étant rayés du programme de subventions,
n'étant pas admissibles, cela n'a pas assuré le maintien des
réseaux de sports scolaires dont les jeunes ont besoin. C'est pour cela
qu'on le souligne ici. C'est la réponse que je puis vous donner.
M. French: C'est surtout une question de ressources
financières, si j'ai bien compris.
M. Ouellet (Vincent): De ressources financières et de
partage des responsabilités avec une instance qui s'appelle la
municipalité et qui est maître d'oeuvre du loisir.
M. French: Mais il s'agit des actifs essentiellement physiques,
il s'agit d'équipements, cela seulement.
M. Ouellet (Vincent): Pas l'équipement dans le sens de
locaux. Les ententes pour l'utilisation des locaux sont des choses qui, dans
notre milieu et dans une bonne partie de la province, sont
réglées. Ce sont des subventions d'opération de programmes
d'activités.
M. French: Mais des ressources financières...
M. Ouellet (Vincent): Plus les approbations.
M. French: Et le transport?
M. Poulin: On comprend que le transport scolaire relève
actuellement du ministère des Transports comme tel, qui a les enveloppes
budgétaires disponibles. C'est déjà d'ailleurs un
élément qui faisait partie des responsabilités du
ministère de l'Éducation et qui, pour des raisons ou d'autres,
est passé sous la juridiction du ministère des Transports. Il y a
une forme d'encadrement qui est, de par la loi, précisée pour les
commissions scolaires, c'est-à-dire un comité qui a pouvoir de
recommandations à la commission scolaire même qui administre le
transport.
Les cas présents portant sur des territoires de commissions
scolaires régionales, ce sont habituellement les commissions scolaires
régionales qui administrent les transports, mais on doit dire qu'elles
doivent vivre un ensemble d'encadrement qui fait en sorte que leur marge de
manoeuvre est quand même très limitée.
En plus de cet aspect qui toucherait spécifiquement au transport
écolier, il faudrait aussi parler du transport pour autres
clientèles, autres usagers. On a déjà, je pense,
annoncé sur le plan politique que les autobus scolaires seraient au
service de la population, mais je dois vous dire qu'entre la théorie et
la pratique, il y a un monde d'expertise qui devra se créer,
étant donné que ces dispositions ont eu pour effet de
créer un ensemble d'attentes au niveau de différentes
catégories de personnes. Il n'est pas exclu que les transports
écoliers soient utilisés à d'autres fins; je pense qu'il y
a une certaine justification à cela. Cependant, c'est encore un
élément qui deviendra une certaine contrainte au niveau de la
commission scolaire et pour lequel, à un moment donné elle n'aura
peut-être plus beaucoup de marge de manoeuvre, soit de décider de
le faire pour l'ensemble des catégories d'autres personnes ou de ne pas
le faire. La juridiction même de la commission à ce niveau subit
un empiétement par des règles de fonctionnement qui sont
définies en dehors de son réseau à elle.
M. French: À la page 21, le dernier
élément de votre esquisse d'une structure idéale
est une table de gestion dirigée par le directeur général
de la commission scolaire et composée de cadres de service et de cadres
d'école qui favoriseraient une gestion concertée des services de
la commission scolaire, des écoles, etc. Je me demande si vous pourriez
clarifier un peu cette proposition que je n'ai pas vue dans d'autres
mémoires.
M. Blanchet: C'est un mode de gestion. C'est que, actuellement -
on se base sur notre expérience du Grand-Portage - dans la plupart des
cas, les directeurs d'école, le directeur général et,
à l'occasion - je dirais même que c'est la pratique dans certaines
commissions scolaires, je vous ai parlé de la commission scolaire de
Rivière-du-Loup où il y a cette concertation - les directeurs de
services mettent en commun des échanges et voient à la
planification, à la programmation des activités éducatives
sur le territoire. C'est cette participation qui est animée et qui est
en lien hiérarchique avec le directeur général, lequel
doit donner un suivi, en tant que délégation, aux commandes du
comité exécutif ou des commissaires. Cette démarche,
après expérience, est vivable; le directeur général
et ses principaux collaborateurs, les directeurs d'école et tantôt
les directeurs de services, ensemble se concertent, au niveau d'une même
commission, planifient et administrent les activités éducatives
de leur territoire.
M. French: Est-ce que, sous le régime prévu dans le
projet de loi, ce mécanisme pourrait continuer? Est-ce que les pouvoirs
qui resteraient aux commissions scolaires seraient suffisants pour que la
coordination visée puisse continuer?
M. Blanchet: Ce qu'on a remarqué à la lecture,
c'est qu'il y a un vide, un vide juridique ou bien un vide administratif...
M. French: Oui.
M. Blanchet: C'est qu'il n'y a plus ce lien hiérarchique
entre le DG ou la commission vers ses écoles. Effectivement, il y a un
vide.
M. French: Vous avez fort bien lu le projet de loi, c'est ce
qu'on a entendu à d'autres occasions.
Maintenant, je veux parler un peu de cette question du choix de
l'école, revenir là-dessus. Vous avez mentionné que
c'était un peu illusoire de parler du libre choix de l'école
parce que la population était tellement éparpillée chez
vous que, dans le fond, ce n'était pas praticable. Supposons que cela
pourrait fonctionner; n'y a-t-il pas le danger d'une espèce de processus
qui augmenterait tranquillement avec le temps, une espèce de
stratification de l'école, une espèce d'élitisme qui se
bâtirait autour d'une école ou d'une certaine série
d'écoles au grand désavantage d'une autre série
d'écoles? Plutôt que de favoriser, d'une part, le droit du parent
et de l'étudiant de choisir l'école et, d'autre part, une
meilleure spécialisation locale, ce seraient tout simplement les bonnes
écoles et les mauvaises écoles. Il s'opérerait toutes
sortes de façons officieuses de faire le tamisage des écoliers
qui voudraient aller aux meilleures écoles et les étudiants qui
ne passeraient pas se trouveraient dans les écoles moins
favorisées. Est-ce que cela est possible?
M. Bois (David): En effet, on mentionne même dans notre
mémoire le danger que certaines écoles, au niveau primaire, ne
puissent plus devenir rentables, faute d'élèves. Donc, ce serait
une pénalité qu'on imposerait à ces quelques
élèves dont les parents n'ont pas choisi l'autre école,
soi-disant la meilleure.
Il y a un autre élément qu'on a mentionné quand on
parlait de cette administration, même d'une année à
l'autre, si les parents choisissent une école pendant une année
et que, l'année suivante, ils décident, même si cela se
fait au mois de mars, de changer d'école. (20 h 30)
Quand on connaît les conventions collectives qu'on a, quand on
connaît la mobilité des personnels, cela nous crée
sûrement des problèmes. De plus, quand on dit que la distance nous
crée un problème, en tenant compte de ce qu'il y a dans la loi
40, où l'on dit que le transport est un élément important,
j'affirme qu'il n'y a pas 10% de nos écoles qui pourraient être
des écoles de choix pour les parents. C'est pourquoi nous disons dans le
mémoire que cela ne donne rien de faire croire aux parents qu'ils
peuvent choisir l'école. Quand elle est située à 10 milles
plus loin, déjà, on a un problème de transport.
M. Blanchet: Je voudrais rajouter quelque chose. Si on se
rappelle, au moment de la consultation sur le livre vert - je pense que
c'était en 1978 - le ministère de l'Éducation avait mis
à la disposition des commissions scolaires et de tout autre organisme un
diaporama dans lequel on faisait état d'une école par rapport
à une autre. Comme administrateurs, cela nous a menés à
une période de réflexion. En 1983-1984, on se retrouve avec le
même phénomène. Je pense qu'on pourrait visionner le
diaporama aujourd'hui et se retrouver dans la même situation.
M. French: À la page 17, vous touchez assez directement
les pouvoirs du ministère
de l'Éducation. Où se trouve le bureau régional le
plus près de chez vous?
M. Bois (David): La région 03, à Québec.
M. French: Lorsqu'on essaie d'imaginer ce que serait le
régime du projet de loi 40, d'après vous, c'est le
ministère qui, sous une couverture de décentralisation, va
exercer un contrôle élargi des organismes scolaires et leurs
instances. Si j'ai bien compris - et je veux en être bien certain - c'est
parce que les commissions scolaires actuelles, dans la légitimité
démocratique qu'on leur connaît, vont disparaître pour faire
place au conseil d'école et au ministère, sans corps
intermédiaire. Est-ce bien l'essentiel du diagnostic réduit
à sa plus simple expression?
M. Poulin: Je pense qu'on pourrait illustrer un peu le risque qui
existe dans le vécu pédagogique d'une école en particulier
qui va se définir un projet éducatif avec la participation d'un
conseil d'école actif. On dit que les pouvoirs pédagogiques se
retrouvent pratiquement entièrement au niveau de l'école comme
telle. Cependant, j'imagine que, dans la préparation d'un projet
éducatif, il s'y intègre effectivement des normes qui touchent
les programmes d'études, le temps d'enseignement, la dispensation
d'activités autres que l'enseignement, enfin, tout ce qui touche une
foule de sujets en passant par le choix des manuels scolaires, etc.
Nulle part, on ne fait mention du fait que le projet éducatif
d'une école sera conforme aux règlements, aux prescriptions des
régimes pédagogiques et autres. C'est un peu inquiétant.
Si la commission scolaire n'a pas droit de regard sur le projet éducatif
de l'école, on croit que quelqu'un d'autre aura un droit de regard dans
le sens qu'il n'y ait pas, dans le réseau, des incohérences qui
feraient que, dans un conseil d'école, on décide de donner moins
de temps d'enseignement, par exemple, que la prescription du régime
pédagogique, ou encore qu'on décide de choisir des manuels autres
que ceux agréés. On pense que si ce n'est pas la commission
scolaire, cela sera une entité qui ne serait sûrement pas le
ministère lui-même.
Je ne crois pas qu'on veuille revenir au régime des inspecteurs
d'écoles, mais il existe actuellement une entité entre la
commission scolaire et le ministère: ce sont les bureaux
régionaux. Pour avoir eu dernièrement des rencontres avec des
représentants des bureaux régionaux sur certains aspects, entre
autres, les dossiers de formation professionnelle des jeunes, lorsqu'on
interroge ces représentants sur leur rôle réel dans
l'avenir, par rapport à l'application de la loi 40, je vous assure qu'on
a droit à un grand silence. C'est un silence qui est tout aussi
inquiétant qu'une réponse qui ne ferait pas notre affaire. On a
de sérieuses raisons de douter qu'il y aura, entre l'école et le
ministère, une instance qui aura une vocation particulière ou un
droit de regard particulier sur ce qui se passera à l'école.
Le Président (M. Blouin): En concluant, s'il vous
plaît.
M. Poulin: En concluant, je dois vous dire que la commission
scolaire est beaucoup mieux placée que ces instances qui existent
actuellement et qui ne sont pas effectivement collées à la
réalité du milieu.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Poulin. Merci, M. le
député de Westmount. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Mes premières
paroles seront à l'instar de mon collègue, le
député d'Argenteuil. Je veux féliciter les
représentants du Comité multi-agents des commissions scolaires du
territoire Grand-Portage pour le symbole qu'ils représentent ici
aujourd'hui devant cette commission. Ils ont sûrement fait une recherche
approfondie, consciencieuse, poussée, et un cheminement ensemble. Je
crois que c'est un très bel exemple. Votre démarche est
éloquente. Je tiens à vous en féliciter.
Il semble se développer dans la population un constat que
l'école serait plus l'affaire d'une classe que d'une autre classe de la
population, une espèce de lutte pour le pouvoir à l'école.
Votre témoignage est éloquent là-dessus. L'école
est certainement l'affaire de la collectivité. On ne peut pas dire que
c'est seulement l'affaire des gens qui ont des enfants à l'école.
Tout le monde paie pour maintenir le système en place. Les gens qui
n'ont pas d'enfant à l'école sont la plupart du temps des parents
potentiels. C'est possible qu'un jour ils aient des enfants à
l'école. Même si les enfants de parents qui ont un certain
âge ont quitté l'école, cela ne veut pas dire qu'ils se
désintéressent de ce qui se passe à l'école. Je
trouve un peu déplorable qu'il semble se développer je ne dirais
pas une mentalité, mais un certain aspect de lutte pour le pouvoir
à l'école, alors que le système est un tout. C'est un
corps, un organisme formé de diverses composantes. C'est bien sûr
que le ministère a son rôle à jouer, les commissions
scolaires aussi ainsi que les parents des comités d'école. Je
trouve déplorable de voir la tournure que certains agents semblent
vouloir y donner.
Je trouve également un peu déplorable que l'on balaie du
revers de la main une tradition d'un siècle et quart, ici au
Québec.
Nos commissions scolaires, dans ma région, c'est le premier corps
qui ait existé avant même qu'il y ait des municipalités.
Dans ma région, il y a eu des commissions scolaires dix ans avant
l'arrivée des municipalités. Il y a là toute une tradition
de démocratie, un bagage d'expérience, de sagesse, de
compétence, dont les preuves sont faites. Or, il me semble quelque peu
farfelu de balayer cela du revers de la main. Sans doute y a-t-il des choses
à corriger? Je suis d'accord. Par exemple, on constate la
dégradation de l'enseignement du français. On ne peut pas en
faire grief à nos enseignants; ils travaillent avec les manuels et les
programmes qui leur sont imposés. Il y a là un problème.
Il y a également le problème qu'on appelle - entre guillemets -
les décrocheurs au secondaire. Il me semble que ce n'est pas en
modifiant la structure qu'on va améliorer le contenant.
Je reviens à votre mémoire, à la page 4, concernant
les services éducatifs. Vous faites la recommandation suivante: "Que le
ministère de l'Éducation maintienne sa politique de consultation
auprès des organismes de la base avant d'apporter des changements
touchant les politiques, les règlements et autres mesures ayant trait
aux services éducatifs." J'aimerais vous entendre là-dessus. Je
ne sais pas qui est la personne compétente pour répondre. Vous
l'êtes tous, je n'en doute pas. En tout cas, si je comprends bien, c'est
une recherche de consensus. Je voudrais qu'on détermine d'abord les
organismes de la base en question, qui sont-ils et le but, la consultation,
c'est-à-dire dans quel domaine.
M. Bois (David): Quand on parle des organismes de la base,
évidemment, on s'en va au niveau local où il y a non seulement
des écoles et des commissions scolaires, mais aussi des enseignants, des
directeurs d'école qui devraient, quant à nous, être
consultés sur tout ce qui peut toucher les changements
pédagogiques majeurs dans la province. Ce n'est pas un gros reproche
qu'on a voulu faire, d'après ce dont je me souviens, quand on en a
discuté. Au ministère de l'Éducation, on voulait surtout
s'assurer que le ministère continue à le faire. Je veux juste
rendre justice ici. Quand on parle des mécanismes de la base, on parle
surtout des commissions scolaires et des personnels qui sont là; ce sont
des experts qui devraient être consultés.
M. Mathieu: Alors, quand on dit que c'est pour faire des
modifications, j'entends bien une modification dans le sens de la
restructuration apportée par le projet de loi 40. C'est pour la vie
courante dans les écoles, si je comprends bien.
M. Bois (David): C'est ce que j'ai compris, en tout cas, au
niveau du comité, ici qu'on voulait s'assurer que cela allait continuer.
Je pense qu'il y a un de mes collègues qui aimerait
compléter.
M. Ouellet (Marcel): Au moment où la politique des
services personnels aux élèves a été rendue
publique, dans notre milieu, cela a été accueilli très
favorablement. Enfin, le ministère de l'Éducation reconnaissait
des services professionnels qu'on donne dans les écoles. Cela faisait
plusieurs années que les personnes du milieu se battaient pour faire
reconnaître ces services. Quand le projet de loi 40 a été
rendu public avec une toute autre terminologie au niveau des services, alors
qu'il venait de faire connaître la politique de services personnels et la
politique des services complémentaires aux élèves, notre
première réaction fut qu'on ne comprenait plus rien dans ces
services avec toute la nouvelle terminologie. Dernièrement, j'ai
assisté à une rencontre au bureau régional sur les
services personnels aux élèves; déjà, dans la
politique personnelle aux élèves, il y a des modifications pour
qu'elle soit en concordance avec le projet de loi 40. Je pense que notre
recommandation est très bien placée.
M. Mathieu: Non seulement vous semblez, préoccupés,
mais vous l'êtes fortement par la décentralisation. Si je suis
bien votre cheminement, dans votre mémoire, à la page 7, il y a
un texte qui porte sur la décentralisation. Vous dites, en bas de la
page: "Comment assurer une saine cohérence administrative quand les uns
ont la responsabilité et les autres les pouvoirs?" Je pense que c'est
bien clair et logique. À la page 9, vous avez des recommandations qui
suivent cela. Il est écrit en haut de la page: "Que la commission
scolaire décentralise, chaque fois que le conseil d'école le
désire, les pouvoirs prévus dans la loi aux plans éducatif
et pédagogique, et aussi au plan de la gestion des ressources." Si je
comprends bien, à cette étape-ci, vous traitez de
décentralisation de la commission scolaire vers l'école. Est-ce
que vous pourriez élaborer un peu votre pensée là-dessus?
Quel est le but recherché?
M. Poulin: Je pense qu'on a été assez clair dans le
document qu'on vous présente sur un aspect. C'est que, effectivement,
nous croyons que l'école peut administrer à l'intérieur
d'une formule démocratique, que ce soit au niveau du conseil
d'école, par exemple, tel qu'on le préconise dans notre document,
des aspects pédagogiques, le vécu pédagogique de
l'école. Cette décentralisation dont on parle et dont on dit
qu'elle serait inscrite dans la loi, elle le pourrait effectivement, d'une
certaine façon, la proposition étant de reprendre les
éléments qui étaient ceux du conseil d'orientation de
!a loi 71 qui, malheureusement, n'a pu fonctionner pour des raisons dont
on a exprimé les motifs un peu plus tôt en après-midi.
C'est donc dire que, les pouvoirs étant inscrits dans la loi, on les
cite un peu plus loin dans notre document, le conseil d'école pourrait
se les approprier d'une façon progressive et à son rythme. On
revient sur des éléments, je pense, du début de notre
mémoire. On ne croit pas à une solution uniforme appliquée
partout en même temps sans tenir compte de l'expérience et du
vécu des gens, sans tenir compte des dimensions de petites, de moyennes
et de grosses écoles. (20 h 45)
Je pense que c'est clair sur ce point. L'élément qui nous
manque, et je l'ai abordé tout à l'heure dans ma réponse
à un autre député, c'est le suivant: le directeur
d'école est un peu pris dans une sorte de conflit à
l'intérieur du projet de loi 40, étant donné qu'il
relève directement du conseil d'école et que celui-ci a des
pouvoirs de faire une recommandation pour le destituer. Je pense que ceci, sur
le plan pratique, ne peut fonctionner. Je pense bien que d'autres gens vous
l'ont dit aussi. Le directeur d'école devrait continuer de relever de la
commission scolaire. Le directeur d'école devrait se porter garant, au
niveau de la commission scolaire, du respect dans l'école, à
l'intérieur du projet éducatif, des réglementations et des
éléments du régime pédagogique et des aspects, en
fait, qui doivent être respectés et qui ont un caractère
universel à la dimension du Québec. Je pense qu'il faut nuancer
l'aspect de décentralisation. Mais on croit qu'à
l'intérieur de la préparation d'un projet éducatif, s'il
n'y a que le respect des normes connues et officielles, il y a une très
grande latitude pour l'école de se donner une couleur locale.
M. Mathieu: Dans la recommandation suivante, vous dites que la
commission scolaire demeure en autorité sur les écoles. J'entends
que cette autorité s'exerce également sur le directeur
d'école selon ce que vous venez de nous dire et que la commission
scolaire exerce les fonctions d'orientation, de répartition des
ressources, de contrôle et de soutien sur l'ensemble des activités
éducatives au niveau local. À la page 16, vous avez une
recommandation qui dit également: "Que le conseil exerce ses fonctions
dans le cadre des politiques définies par la commission scolaire,
celles-ci ne devant pas réduire le niveau d'autonomie décrit dans
la loi." Or, en fait, vous le reconnaissez, vous désirez qu'il n'y ait
pas d'érosion des pouvoirs des commissions scolaires à ce niveau,
mais bien qu'il y ait une affirmation, si je comprends bien?
M. Blanchet: Oui, mais si on veut bien s'entendre, qu'il y ait
une décentralisation, qu'elle puisse être progressive, mais qu'on
ne puisse pas jouer avec elle, qu'elle soit intégralement inscrite dans
la loi selon ce qu'on a décrit comme référence, la loi 71.
Il pourrait y avoir autre chose. Mais ce à quoi il faut faire attention
dans cette décentralisation, si on se place au niveau primaire, il y a
actuellement dans une école ou un regroupement d'écoles, un
directeur d'école, une secrétaire et du personnel de soutien.
D'accord? Il faut penser que, si on décentralise selon le projet de loi
40, il va falloir faire deux choses. C'est que, soit dit en passant, dans la
charge actuelle de ces personnels, à ce que je sache, il ne se perd pas
de temps à l'école actuellement. Si on amène ces pouvoirs,
il va falloir qu'il se passe quelque chose. Si on parle de tous les
comités, si on parle de ce rapatriement de pouvoirs, il va falloir une
chose ou l'autre: qu'on ait un adjoint administratif ou un directeur
d'école qui ferait de la pédagogie ou l'inverse. Ou le directeur
d'école est axé sur l'administration et il va lui falloir un
conseiller pédagogique. Il va falloir donner un suivi à toutes
ces réunions qu'on prévoit à l'école, un genre de
secrétariat d'école, un ou deux membres du personnel de soutien.
Il faut se rendre jusqu'au bout de la démarche. Est-ce qu'on aura assez
de personnel en surplus dans nos centres administratifs pour engraisser les
écoles? Et est-ce que ce seraient nécessairement les personnes
aptes à occuper une telle fonction dans l'école qui auraient des
pouvoirs décentralisés? Je me dis qu'actuellement, avec ce qu'on
propose, il y a possibilité d'harmoniser les personnels, d'harmoniser
les situations au niveau de l'école sans avoir un surplus de
personnel.
M. Mathieu: Alors, chez vous, comme cela, il n'y a pas de
conflit, par exemple, entre une certaine catégorie ou l'autre qui
voudrait prendre le pouvoir à l'école. Il règne une
harmonie. Je pense que c'est assez clair dans votre document. Maintenant,
à la page 16, vous dites également: "Au niveau de la commission
scolaire, suite à la consultation des différents agents
d'éducation du milieu, il semble évident que la commission
scolaire doive conserver, voire même augmenter, ses pouvoirs pour assumer
les responsabilités d'un gouvernement local en matière
d'éducation." Si je comprends bien, quelle serait la conséquence
de l'adoption intégrale de la loi 40 en regard de cet
énoncé?
M. Blanchet: Je pourrais donner un premier élément
de réponse et un collègue pourrait continuer. La commission
scolaire, au niveau de son territoire, a un réseau d'écoles, des
écoles de 50 élèves, 200 et 225 élèves en
moins grand nombre, et elle en a une de 500. La commission scolaire a
à
répartir ses ressources matérielles, financières ou
humaines pour donner à son réseau d'écoles une certaine
équité au niveau de ses ressources. J'imagine que la grosse
école, qui aurait droit à avoir de ces ressources, on puisse la
sacrifier au profit de la petite. C'est la commission qui garantit cette
péréquation, comme, je pourrais le dire, au même titre que
le ministère assure une péréquation vis-à-vis de
ces commissions scolaires. Si on nous dit que le ministère veut faire
cette péréquation par rapport aux écoles, on vient de voir
que c'est une relation directe ministère-écoles. Je ne sais pas
si je me fais bien comprendre.
M. Mathieu: Le temps fuit. Je voudrais aller à la page 10,
à une recommandation vis-à-vis de la confessionnalité.
Vous recommandez "que la définition du satut de l'école au 1er
juillet 1985 soit maintenue jusqu'à ce qu'un nombre significatif de
parents en demandent la réévaluation." Si je comprends bien, et
je vous ai entendu cet après-midi quand vous avez fait votre
commentaire, dire qu'à partir de Lévis jusqu'en Gaspésie,
il y avait une certaine homogénéité face à la
confessionnalité dans les écoles. Autrement dit, vous
désirez que la confessionnalité soit la règle et qu'il y
ait possibilité d'écoles autres, mais que ce soit l'exception qui
demandé le vote et non la règle générale. Je
voudrais vous entendre un peu sur ce sujet.
M. Ouellet (Vincent): En fait, vous avez bien compris. On prend
comme dénominateur de départ que, dans le territoire du
Grand-Portage, toutes les écoles sont actuellement confessionnelles, que
les demandes d'exemption d'enseignement religieux qu'on reçoit sont
très limitées, donc, à ce moment-là, on ne voit pas
l'utilité de faire ce que le projet de loi demande, c'est-à-dire
de consulter tout le monde pour lui faire redemander un statut confessionnel.
On dit que les écoles sont confessionnelles et qu'elles le demeurent
tant et aussi longtemps qu'un groupe significatif ne demande pas que ce soit
réanalysé.
M. Mathieu: Dans un autre domaine, à la page 13, vous
désirez le suffrage universel pour l'élection des commissaires.
Votre troisième paragraphe recommande "que siègent au conseil des
commissaires, selon les modalités actuelles, deux commissaires-parents,
l'un représentant le primaire et l'autre le secondaire." Je ne sais pas
si c'est une norme souhaitable, parce que le rôle des parents est
éphémère cette année. Peut-être que le
commissaire a des enfants à l'école cette année et que,
l'année prochaine, il n'en aura pas et que cela l'amènerait
à démissionner ou à quitter ses fonctions. J'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Lévesque (Laurent-Paul): M. le Président,
actuellement, la loi dit bien qu'il y a un représentant des parents au
niveau élémentaire et au niveau secondaire. Notre recommandation
est la suivante: demain matin, on pense qu'on va s'engager dans
l'intégration des commissions scolaires et que, par la suite, la
nouvelle année, nous aurons un conseil scolaire et à ce conseil
scolaire, on dit qu'il y aura un représentant des parents au niveau
élémentaire et un représentant au niveau secondaire qui
siégeront au niveau de la table comme actuellement. Mais il y a deux
tables actuellement, tandis qu'après l'intégration, il ne restera
qu'une table.
M. Mathieu: Vu que le temps fuit, j'aurai seulement une question
à vous poser. À la page 22, vous parlez de la carte scolaire.
Dans mon comté, il y a des problèmes particuliers face à
la carte scolaire, parce qu'on veut modeler comme les territoires des MRC. Il y
a par exemple Saint-Ludger et Saint-Robert qui sont affectés à la
MRC du Granit, au Lac-Mégantic, qui vont à l'école
polyvalente Saint-Martin et qui désirent continuer d'y aller, parce que
c'est à peu près le tiers de distance et que le chemin est
beaucoup plus avantageux. Or, je voudrais savoir si, dans votre région,
la refonte de la carte scolaire va apporter des problèmes particuliers
pour certaines paroisses.
Le Président (M. Blouin): Très rapidement, s'il
vous plaît, à peine une minute.
M. Lévesque (Laurent-Paul): J'aurais beaucoup à
dire. Pour conclure quoique je ne serai pas satisfait de la réponse que
je peux donner, parce que j'aurais beaucoup à dire dans ce domaine,
c'est qu'actuellement on sait ce que le projet de loi 40 recommande pour la
carte scolaire aussi. Dans notre milieu, si vous prenez les recommandations de
notre mémoire, on dit que c'est un processus d'intégration qui a
été engagé en 1976, que la consultation a
été faite dans tout notre territoire au niveau des sept
commissions scolaires, aux niveaux régional et élémentaire
et, à ce moment-là, le milieu a été
consulté. On s'en vient ici avec un mandat clair du milieu nous disant
qu'on veut l'intégration, mais on la veut dans les territoires des
commissions scolaires actuelles. Quand on dit le milieu, je pense que tous les
gens qui sont ici comprennent. Nous, en tant qu'administrateurs scolaires, on a
des comptes à rendre à notre population et je crois qu'il faut
quand même prendre en considération, tout en prenant nos
responsabilités, ce que le milieu demande; il faut l'écouter. On
est là dans le milieu, on est là aussi pour savoir si ce qu'il
nous
demande, c'est le gros bon sens. Il ne faut pas oublier une chose...
Le Président (M. Blouin): Concluez très rapidement,
M. Lévesque, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Laurent-Paul): Je vais conclure, mais je vais
essayer de reprendre cela à une autre question...
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, M.
Lévesque.
M. Lévesque (Laurent-Paul): Merci, je n'ai pas pu
élaborer ma pensée assez longtemps.
Le Président (M. Blouin): Vous aurez d'autres occasions,
je crois. Merci, M. le député de Beauce-Sud. M. le
député de Chauveau.
M. Hains: M. le Président, est-ce que je peux prendre un
petit peu de mon temps pour permettre à monsieur de conclure?
Le Président (M. Blouin): Non, M. le député
de Chauveau, vous avez la parole.
M. Hains: Ah, c'est toi, là?
Le Président (M. Blouin): Allez-y.
M. Brouillet: Merci, M. le Président. Bonsoir, mesdames et
messieurs. J'aimerais tout d'abord donner un peu mes réactions face
à l'ensemble de votre mémoire. Je rejoindrais, je crois, sur ce
point un peu l'intervention du député d'Argenteuil, quand il a
dit que votre mémoire reflétait un équilibre entre une
multitude de points de vue que nous avons entendus ici.
Vous avez dit tantôt que vous aviez fait un effort d'analyse
objective de la situation, du livre blanc et du projet de loi, et que vous
aviez également tenu compte de la diversité des approches et des
tendances dans votre milieu. On ressent cela dans votre mémoire. C'est
très enrichissant pour nous, membres de la commission, parce que vous
savez qu'on a, nous aussi, à tenir compte de ces différents
points de vue. On a à faire un effort de conciliation de tout cela. Vous
avez fait une partie du travail pour nous et c'est ce qui fait que votre
mémoire nous amène à des réflexions profondes et
nous suggère aussi certaines voies de solution à certaines
questions que nous nous posions.
Je ne reprendrai pas tous les aspects de votre mémoire, il y a
beaucoup de points intéressants. Je vais essayer de m'en tenir à
quelques points, je dirais, plus névralgiques du débat portant
sur la réforme scolaire et le projet de loi 40. Je tiens tout d'abord
à rappeler certaines choses qu'il est bon de rappeler. Vous êtes
tombés d'accord, dans votre concertation, sur un pouvoir
décisionnel à l'école au niveau d'un conseil
d'école et vous êtes tombés d'accord aussi sur la
composition du conseil d'école où il y aurait une majorité
de parents.
Je pense que c'est intéressant d'entendre des groupes de
commissions scolaires qui représentent de grandes régions. Cela
fait quelques groupes que nous avons comme cela et je suis très heureux
que la commission ait pu se poursuivre encore une semaine pour nous permettre
d'avoir ainsi un point de vue des grandes régions du Québec. Ce
qui est intéressant, c'est qu'on entend un son de cloche qui n'est pas
tout à fait en concordance parfaite avec ce que la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
est venue nous raconter. C'est intéressant pour nous, parce que cela
nous permet de nuancer un peu nos réflexions sur l'ensemble du dossier.
Donc, vous êtes d'accord sur ce point.
Il y a, en regard du projet de loi tel qu'il est rédigé
actuellement, certaines réserves, cependant, quant aux pouvoirs
donnés à l'école, des réserves quant à
l'étendue des pouvoirs qu'on accorde à l'école. Vous
énoncez un principe très intéressant et très
important, et je pense que c'est un principe auquel on adhère: il ne
faudrait pas que les pouvoirs donnés à l'école soient
d'une telle ampleur qu'on accapare toutes les énergies à de
l'administration, au détriment de la vie, du vécu
pédagogique. D'accord avec ce principe et je crois que la
révision du projet de loi doit se faire à la lumière de ce
principe. (21 heures)
Quand on regarde effectivement ce qu'il y a dans le projet de loi en ce
qui concerne les pouvoirs dévolus à l'école, il est
évident qu'on peut faire plusieurs lectures de ces articles, si on va
dans les articles sur les services complémentaires, etc. C'est la
section V qui commence avec l'article 90, etc.: services à la
communauté, application du régime pédagogique, etc. Il y a
aussi certains pouvoirs concernant les ressources humaines, ressources
matérielles, ressources financières.
Si on prend par exemple les ressources humaines, on dit ceci:
"L'école élabore et transmet à la commission scolaire un
plan d'effectifs". On en a parlé du plan d'effectifs, j'y ai fait
allusion tantôt. Et on poursuit: "Ce plan exprime les besoins de
l'école pour chaque catégorie de personnel". Alors, il est
évident que si l'école élabore son plan d'effectifs en ne
tenant pas compte du tout des règles qui président à la
distribution des effectifs: conventions collectives, etc., on passe à
côté. D'ailleurs, quand la commission scolaire fait ce travail,
elle en tient compte. Je ne vois pas pourquoi l'école n'en tiendrait pas
compte.
Il est dit à l'article 90: "Dans les
domaines de compétence que le chapitre IV attribue aux
commissions scolaires - donc, l'attribution des effectifs est une de vos
compétences - l'école exerce ses fonctions dans le cadre
défini par la commission scolaire dont elle relève." C'est
évident. D'ailleurs, vous dites vous-mêmes qu'aujourd'hui on
demande à l'école de nous faire connaître ses besoins.
Quand on dit "élabore un plan d'effectifs", c'est pour faire
connaître ses besoins en tenant compte de ces contraintes, ces
règles. La commission scolaire va fournir ce cadre et c'est en tenant
compte de ce cadre que les écoles doivent faire connaître leurs
besoins; c'est cela finalement. Par rapport à ce qui se fait
actuellement dans bien des écoles, il n'y a pas de différence au
niveau de la tâche qui va être dévolue à
l'école sur ce plan.
Sur le plan des ressources humaines, c'est à peu près le
seul pouvoir qu'elles vont avoir. Un autre article: "Le directeur de
l'école détermine la distribution des tâches et des
responsabilités du personnel qui est réparti à
l'école." Mais il le fait actuellement. Une fois qu'il a son personnel,
il va le répartir. On pourrait poursuivre. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
des choses, il y en a, mais je ne crois pas qu'il faille tout retrancher, que
votre principe, autrement dit, nous amène à tout retrancher sauf
en ce qui concerne le projet éducatif, le vécu strictement
pédagogique. D'ailleurs, vous-mêmes vous ajoutez un autre passage.
Vous dites: II faut s'en tenir au vécu pédagogique et, à
la fin, vous ajoutez quand même le service à la
collectivité. Or, là, c'est le service communautaire. Il y a une
section ici, le service à la communauté.
Je vous fais remarquer d'ailleurs que quelqu'un d'entre vous a dit: Les
pouvoirs qu'on reconnaît dans le comité d'orientation, la loi 71,
il y a cela, mais on pourrait peut-être en ajouter encore un peu. J'ai
bien saisi ce bout de phrase. Toujours en respectant le principe que vous avez
mentionné - pas trop quand même pour nuire à la
qualité de la pédagogie - je crois qu'il y a un terrain d'entente
possible entre ce que pourrait devenir le projet loi et vos
préoccupations.
Maintenant, excusez, vous pourrez réagir un peu à cela
tantôt, je vais arriver avec quelques petites questions. Mais, si vous
voulez réagir immédiatement, allez, allez.
M. Poulin: Nous espérions, effectivement, qu'on puisse
réagir là-dessus. Vous dites que, l'an prochain ou dans deux ou
trois ans, nous aurons des garanties pour les mêmes effectifs au niveau
des écoles. Donc, si les écoles tiennent compte des règles
qui seraient précisées par les commissions scolaires, il ne
devrait pas y avoir de problème.
Je dois vous dire qu'il y a un débat qui se fait en ce moment sur
le projet de règles budgétaires du ministère qui a
été présenté selon une méthode dans les
petits milieux, parce qu'il faut faire dans l'analyse de ce projet une
distinction énorme quant aux fonctions et pouvoirs de l'école. Il
y a une différence qui peut se retrouver. Une école de 2000
élèves ou de 1500 élèves avec un directeur, quatre
adjoints, un adjoint administratif, des professionnels rattachés
directement à l'école et une école de 45 étudiants
de la localité X qui est située à quinze kilomètres
de l'autre localité, on est dans deux contextes complètement
différents.
Je veux vous dire qu'en ce moment il y a un débat qui se fait sur
le projet de règles budgétaires et on pense, effectivement, que
le ministère devra bouger dans ce sens parce que l'analyse actuelle de
distribution des ressources en personnel enseignant créerait une
certaine contrainte d'affectation ou de quantité de personnel dans les
petites écoles. Veuillez nous croire, le débat va se faire autour
de garanties qui ont été données, afin que les
règles respectent au moins les équivalents de la convention
1979-1982 pour les petites écoles. C'est donc dire qu'on n'a pas de
sécurité totale pouvant répondre aux attentes du milieu et
je parle du point qui est le moins névralgique de tous,
c'est-à-dire le personnel enseignant qui, à venir jusqu'à
il y a quelques années, a toujours été encadré par
une forme de ratio.
Si je passe au personnel professionnel ou au personnel qui touche les
services personnels aux élèves, je vous dirai que ce personnel se
retrouve à l'article 2 des règles budgétaires et que cet
article a subi des compressions successives dans les dernières
années et un maintien d'équilibre cette année. Cependant,
depuis ce temps, est apparue la politique des services personnels aux
élèves, des services complémentaires aux
élèves et d'autres projets qui font que l'école se doit de
répondre aux besoins exprimés par le milieu.
J'imagine que l'école, qui aura à définir ses
besoins - je répète ce que j'ai mentionné à un
autre moment de la journée - voudra assumer l'ensemble des
responsabilités des services auprès des étudiants, et on
ne pourra pas l'en blâmer. Je vois arriver le portrait de ce qui va
surgir; cela va être disproportionné, d'une certaine façon,
avec les ressources mêmes de la commission scolaire: donc, source de
frustrations et source possible de conflits au niveau du conseil
d'administration de la commission scolaire, puisque tout le monde va tirer le
plus fort possible, chacun de son bord de la couverte, pour en avoir le plus
chez soi.
Alors, on vous soumet cela comme une inquiétude. Je pense qu'on
peut adopter, à ce moment-ci, un ton qui paraît un peu agressif,
mais je dois vous dire qu'on passe une période sombre dans l'analyse de
ce qui vient de nous être remis comme règles
budgétaires dans les petits milieux, pour les petites
écoles.
M. Brouillet: Oui, ces règles budgétaires sont
contraignantes même si c'est la commission scolaire qui a à
décider. D'abord, c'est elle qui va décider du plan d'effectif.
Que la commission scolaire soit contrainte par ces règles ou que
l'école le soit, ce n'est pas une question de savoir qui tient compte
des règles. Je suis bien d'accord avec vous que les règles
causent des problèmes, mais ce n'est pas le fait que ce soit la
commission scolaire qui prépare le plan d'effectif qui est la raison du
problème, ce sont les règles qui sont à repenser. C'est
pour cela qu'il faut voir l'origine du problème.
M. Poulin: Je crois, M. le député, qu'on ne demande
pas à quelqu'un de faire un devoir si, à l'autre bout, on n'a pas
les ressources pour le corriger. Si on demande aux gens de préparer un
plan d'effectif, il faut avoir une certaine assurance qu'on a un bassin qui
pourra répondre un peu à ce que les gens vont nous
présenter comme attente.
M. Brouillet: Mais, étant donné que vous allez
connaître les règles, vous allez connaître globalement les
ressources dont vous disposez à la commission scolaire. Quand vous
préparez cela et que vous l'envoyez aux commissaires, vous leur dites:
Écoutez, on a tant de ressources. Quand on distribue, il faut tenir
compte du plat global. C'est bien évident que, si vous demandez à
l'école de faire connaître ses besoins, vous allez dire:
Écoutez, il y a des paramètres et c'est à
l'intérieur de cela; on ne peut pas en sortir.
M. Poulin: Oui.
M. Brouillet: Écoutez, vous parlez de la frustration. Ce
n'est pas parce que des gens expriment leurs besoins que cela grossit les
besoins. Les besoins, ils les ont; ce n'est pas parce qu'ils vous les expriment
qu'ils les ont. Vous ne trouvez pas qu'actuellement ils peuvent être
frustrés quand vous leur envoyez certaines ressources qui ne
correspondent pas à leurs attentes. Je pense que la frustration est
aussi grande.
Là, vous aurez peut-être l'occasion d'expliquer et de
discuter des besoins exprimés et de leur dire: Écoutez, on ne
peut pas, à cause de telle et telle raison. D'ailleurs, vous l'avez dit
tantôt vous-même, vous demandez à vos écoles de faire
connaître leurs besoins. Le projet de loi dit: L'école fait
connaître ses besoins à la commission scolaire. Cela est un point
particulier.
Il y a un autre aspect important quant au pouvoir décisionnel de
l'école, vous avez annoncé la notion d'appropriation. Je trouve
qu'il y a quelque chose de très intéressant là-dedans.
Vous avez fait allusion au danger de vouloir imposer à l'ensemble des
écoles une formule identique de pouvoirs et tout cela. Là, vous
avez introduit la notion d'appropriation, à la page 15. Je crois qu'il y
a des choses intéressantes. L'école pourrait, à son
rythme, demander d'assumer un ensemble de pouvoirs ou une partie des pouvoirs,
selon ce qu'elle ressent, qui seraient par ailleurs définis dans la loi.
Je crois que c'est un aspect intéressant parce que, a priori, il est
difficile de pouvoir dire si une petite école par rapport à une
grande école va être dans la même situation. Vous avez
apporté des arguments dans le sens que la dimension de l'école a
un rôle à jouer quant à la possibilité d'assumer des
pouvoirs de décision. Je pense que c'est très intéressant
comme suggestion. Cela va nous amener à réfléchir sur
cela.
Je reviens sur un point qui a été discuté, c'est la
relation, on l'a soulevé à quelques reprises, c'est le lien
hiérarchique entre l'école et la commission scolaire. Vous
craignez que, dans la loi, il y ait même ce qu'on pourrait appeler un
certain vide juridique. Je regarde la loi et je vais vous donner des articles
précis.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chauveau, je vous signale que vous devrez exposer cette question et en recevoir
les réponses de nos invités en quatre minutes.
M. Brouillet: Est-ce que j'ai...
Mme Lavoie-Roux: II a l'esprit de synthèse...
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît!
M. Brouillet: Je vous donne simplement l'article 90 d'abord.
L'article 90 dit qu'il y a un cadre qui sera défini par la commission
scolaire qui liera l'école. Vous avez l'article 217. Je ne comprends pas
quand vous dites qu'il n'y a pas de droit de regard de la commission scolaire
sur l'école. Lisez l'article 217. "Lorsqu'une école
néglige ou refuse de se conformer à la loi ou à un
règlement du gouvernement, du ministre ou de la commission scolaire, la
commission scolaire met en demeure l'école de s'y conformer; c'est un
lien juridique d'autorité, c'est un droit de regard - à
défaut, elle peut prendre les moyens appropriés pour assurer le
respect de la loi et des règlements, notamment en substituant ses
décisions..."
Il y en a même certains qui sont venus nous dire que cela n'avait
pas de bon sens, que c'était beaucoup trop de pouvoirs pour la
commission scolaire, surtout pour la dernière partie "à
défaut de". Il y a un lien juridique
de subordination clairement exprimé.
Le Président (M. Blouin): Vos réactions.
M. Ouellet (Vincent): M. le député de Chauveau, je
ne doute pas que l'exemple que vous venez de donner démontre un lien
juridique. C'est bien sûr. On pourrait faire le même exercice avec
les articles 120, 121, 122 par rapport à l'article 202 et cela
prouverait le contraire. Je vous dis, en gros, ce que c'est: La commission
scolaire répartit les services éducatifs et l'école se met
à faire des plans d'effectifs. L'école se met à
déterminer des besoins de perfectionnement. Je veux vous dire - attendez
un peu - que l'exercice dans lequel nous avons travaillé, ce qu'on vous
dit par rapport à cet ensemble de répartition des pouvoirs entre
le ministère, la commission scolaire et l'école -quand on parle
d'école, on parle du conseil d'école et du directeur de
l'école - c'est qu'on voit actuellement dans le projet de loi des
besoins de l'améliorer, parce qu'on fait face à un
étalement de responsabilités qui va amener des tiraillements
parce que les délimitations de plates-bandes ne sont pas claires. Mon
jardin, son jardin, mes fleurs, etc. À un moment donné, il est
bon que les actions qui se passent à l'école le soient en
continuité.
On a parlé d'une petite école où on a un directeur,
une secrétaire, des enseignants et un concierge. On a aussi d'autres
types d'écoles que vous connaissez bien, des polyvalentes, etc. On ne
dit pas qu'il n'y a pas de lien juridique dans le projet. Ce n'est pas ce qu'on
dit. On dit qu'il faut refaire l'exercice de la distribution des
responsabilités. Là-dessus, on vous dit les paramètres
qu'on recherche. Le ministère a des rôles à jouer. La
commission scolaire est l'instance entre le ministère et les
écoles. Notre commission scolaire, on s'est entendu pour la
décentraliser auprès de l'école, selon le rythme de
l'école. On pourrait même aller plus loin. On a cité, pour
que le monde se retrouve, comme point de référence, la loi 71.
C'est ce qu'on a fait.
M. Brouillet: Je suis d'accord avec vous sur la
nécessité de bien clarifier la répartition. Je
pense...
Le Président (M. Blouin): Un bref commentaire, M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: Je suis heureux de votre mémoire. Je tiens
à vous le dire. Je voulais soulever ces points pour montrer que,
finalement, l'écart n'est peut-être pas si grand et qu'il
suffit...
M. Blanchet: Avec notre mémoire?
M. Brouillet: Oui, enfin, vous l'avez bien constaté. Vous
reconnaissez qu'il y a un lien juridique bien exprimé, qu'il reste
à bien clarifier la répartition des responsabilités et des
pouvoirs. Je crois qu'on est à peu près sur la même
longueur d'onde. J'aurais un autre point très important. (21 h 15)
Le Président (M. Blouin): Non, cela va.
M. Brouillet: Je vais le laisser à mes
collègues.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Chauveau.
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! Merci, M.
le député de Chauveau. Je constate...
M. Brouillet: ...l'éducation de l'autre
côté.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci.
M. Brouillet: Le député de Westmount et le
député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chauveau, s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: Mesdames et messieurs, ce n'est pas facile,
après toute la série de questions qu'on vous a posées, de
vous en poser des nouvelles, mais je vais quand même procéder.
Le Président (M. Blouin): Est-ce que je comprends que vous
n'interviendrez pas?
M. Hains: Ah non, non, non! Des voix: Ah! Ah!
Ah!
Le Président (M. Blouin): Très bien, allez-y! M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Dieu m'en garde. Mais je vais quand même
procéder avec beaucoup d'entrain et aussi avec une certaine
rapidité, parce qu'on dit que les gens de la Commission scolaire de
l'Asbesterie voudraient bien procéder, par la suite, car ils ne voulent
pas coucher en dehors de leur foyer. Alors, on va procéder assez
rapidement. Je veux quand même procéder pour montrer à nos
amis d'en face que nous sommes encore remplis d'oxygène et d'entrain et
qu'on est vraiment prêts à entendre les cent autres intervenants
qui n'ont pas encore été entendus.
Avant de commencer mes propres questions, M. Lévesque, je vais
vous
permettre, très brièvement de compléter votre
réponse à mon collègue de Beauce-Sud sur la carte scolaire
pour voir si c'est basé sur les MRC bien qu'en contradiction avec la
carte actuelle.
M. Lévesque (Laurent-Paul): M. le député,
vous me dites de résumer la question, mais je trouve très
important le domaine de l'intégration de l'école
élémentaire à l'école secondaire. Quand on parle de
la recommandation du projet de loi relativement à la carte scolaire,
dans nos régions, vous n'avez qu'à consulter notre mémoire
et la recommandation qui dit: "Dans nos régions, la carte scolaire
recommande quatre commissions scolaires sur le territoire." Les recommandations
du milieu -le mémoire le dit bien - c'est six commissions scolaires au
lieu de quatre sur le même territoire. Sur ce, il y a toutes sortes
d'arguments; la logique est là. Il faut tenir compte de l'étendue
du territoire qu'on a à parcourir. Il faut tenir compte de la petite
population de ce territoire. Ce n'est pas en grossissant les écoles ou
en grossissant les commissions scolaires qu'on va améliorer la
qualité des services à l'élève.
Quelles sont nos premières responsabilités comme
administrateurs scolaires, au départ? C'est de donner des services de
qualité aux élèves. Sur ce, je me permets d'ouvrir une
parenthèse pour demander aux membres de la commission combien de
millions ont été dépensés, jusqu'à
présent, depuis la parution du livre blanc, l'avant-projet de loi, et
avec le projet de loi 40. Ce sont des millions qui ont été
dépensés et c'est tous les contribuables de la province de
Québec qui vont payer. Quels services a-t-on améliorés
pour l'élève dans nos écoles? Il faut prendre cela en
considération et c'est notre premier devoir comme administrateurs
scolaires, nous y travaillons et nous jugeons que cela est de notre
responsabilité.
Quant à l'étendue du territoire - je reviens
là-dessus - dans nos régions... J'en ai d'ailleurs discuté
avec notre député, cet après-midi - il est du
côté ministériel - pour votre information, je suis de la
paroisse du député et je n'ai pas honte de le dire, mais je ne
partage pas toujours ses idées.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lévesque (Laurent-Paul): Je suis capable de dire ce que
je pense.
Une voix: Nous autres non plus.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît!
M. Lévesque (Laurent-Paul): II a dit que l'étendue
du territoire qu'on représente est un point très important dans
notre mémoire.
Le mémoire multi-agents qu'on vous a présenté
touche 55 paroisses sur le territoire. Ce n'est pas un grand noyau de
population, mais il faut vivre où on est et on est heureux de vivre
où on est pour autant qu'on respecte le milieu et qu'on travaille dans
le sens de la volonté du milieu. Essayer de le défendre, c'est le
rôle qu'on a à jouer. Est-ce que cela répond?
Vous n'avez qu'à continuer à poser des questions sur
l'intégration. Il y a des gens qui peuvent vous répondre.
M. Hains: Merci. Alors, je pose mes questions. À la page
3, vous dites ceci: "Au niveau du besoin d'expertise et d'analyse sur certains
sujets, en fonction des deux éléments mentionnés..." Je
vais plutôt lire avant cela: "...dans l'ensemble, les intentions de
décentralisation se perdent dans une distribution de pouvoirs plus ou
moins identifiés et un enchevêtrement de responsabilités."
Pour garder un peu d'unité, si vous voulez, dans mes questions, on ne va
parler que d'enchevêtrement. D'accord? Tous ensemble, nous allons essayer
de démêler cela, mais rapidement si vous voulez bien.
D'abord, la commission scolaire. Un scientiste de l'éducation de
l'Université McGill, M. Burgess - vous avez dû en entendre parler
- dit que les commissions scolaires perdent tous leurs droits et toutes leurs
possibilités au point de vue pédagogique, actuellement, et que
seuls demeurent des droits administratifs. Est-ce que vous partagez un peu
cette opinion? Quels seraient les droits dont vous priverait, que vous
enlèverait le projet de loi actuel? Très brièvement, si on
veut démêler tout cela.
M. Poulin: Brièvement, pour vous dire que la formule dont
on a parlé tout à l'heure en ce qui a trait au droit de regard de
la commission sur les écoles par l'article qui a été
cité par le député de Chauveau, ce n'est réellement
pas la réalité qu'on veut vivre dans notre milieu. L'école
fait partie de la commission scolaire. Elle est une partie intégrante de
la commission. On ne veut pas être là comme des inspecteurs ou des
juges. On veut être avec l'école dans sa prise de
responsabilité au niveau des services éducatifs et à la
population dans le milieu. Donc, il ne s'agit pas ici d'être
légaliste, mais d'être en "partnership" si vous voulez, les
écoles et la commission scolaire, tout simplement.
M. Hains: Le directeur d'école est ambivalent. Il est
nommé par la commission scolaire et il sera responsable devant le
conseil d'école d'après le projet de loi. Est-ce que vous
acceptez cette contradiction au moins apparente et comment analysez-vous alors
la position du directeur d'école?
M. Blanchet: En ce qui concerne les stipulations de notre
mémoire là-dessus, ce qu'on dit, c'est que le directeur
d'école doit être en lien hiérarchique avec le directeur
général et de fait par la commission scolaire. S'il y a
décentralisation, comme on l'exprime dans notre mémoire,
décentralisation vers l'école, le directeur d'école devra
donner un suivi à cette délégation au conseil
d'école. À ce moment, en ayant un lien avec la commission ou le
directeur général, l'école étant une entité
institutionnelle de la commission, il y a un cercle qui se fait et tantôt
le directeur d'école verra au suivi du résultat de la
délégation du conseil d'école. Il devra rendre compte
à ce même conseil d'école. Pour les tâches en sus de
cette délégation, il devra être sous l'autorité de
la commission.
M. Hains: Les professionnels des services éducatifs, je
les ai cherchés dans le projet de loi, je ne les ai pas trouvés.
Vous autres aussi, je pense. À la page 7, vous demandez: Où
sont-ils? Moi, je vous réponds: Ils sont perdus dans la brume du fleuve.
On ne les voit pas. Sont-ils attachés à une bouée,
à une école ou bien est-ce qu'ils vont circuler parmi les
écoles? Est-ce que vous avez trouvé une solution pour
démêler un peu ce problème?
M. Ouellet (Marcel): De fait, on ne les voit pas, nous autres non
plus. C'est surtout dans notre milieu, en tout cas, étant dans un milieu
de petites écoles avec une faible population, les professionnels des
services éducatifs ne sont pas rattachés à des
écoles dans notre milieu. Ils sont rattachés à la
commission scolaire. Donc, leur présence au sein des conseils
d'école est très peu probable. C'est une lacune majeure, selon
nous, dans le projet de loi.
M. Hains: Les professionnels, vous ne les avez pas vus vous non
plus dans le projet de loi. Votre rôle?
M. Ouellet (Marcel); Non. Si on était dans un milieu avec
des grosses écoles, on n'aurait sûrement pas les mêmes
arguments. Mais dans le milieu du Grand-Portage, on ne voit pas comment les
professionnels, surtout pour le primaire, vont pouvoir siéger au conseil
d'école.
M. Hains: Maintenant, l'enseignant lui-même. Je l'ai
trouvé dans le projet de loi, mais presque répandu, comme je dis
souvent depuis quelques jours, aux quatre coins du projet. Si on veut toujours
parler d'enchevêtrement, à qui devra-t-il rendre compte vraiment
de son enseignement?
M. Ouellet (Vincent): On a lu dans le projet ce qu'on voudrait
que l'enseignant fasse.
M. Hains: Oui, ce que vous avez lu dans le projet de loi et en
même temps peut-être le correctif que vous apportez pour
démêler cela.
M. Ouellet (Vincent): On a entendu dire sur tous les tons - on
l'a dit nous autres aussi - que les enseignants n'étaient pas
présents dans le projet de loi. Vous voulez qu'on réponde quoi
exactement à ce genre de question?
Le Président (M. Blouin): Est-ce que vous avez une
réponse à suggérer, M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Non, parce que je les laisse démêler les
choses pour montrer qu'il y a pas mal d'enchevêtrement. Je ne veux pas
les aider dans ce sens.
M. Ouellet (Vincent): Sur l'enchevêtrement, je vais vous
suivre, parce qu'on a dit - et je vous le répète - qu'on trouvait
qu'il y avait un étalement de pouvoirs - d'ailleurs, le
député d'Argenteuil l'a synthétisé très bien
par après - qui va entraîner des tiraillements dans le
fonctionnement de l'école.
M. Hains: C'est cela.
M. Ouellet (Vincent): Dans les tiraillements seront
présents les enseignants, c'est sûr. Mais je peux difficilement
faire une autre lecture que cela et, comme groupe de travail, vous allez
comprendre que c'est aussi la lecture qu'on en a faite actuellement.
M. Hains: Alors, j'y vais rapidement, je précipite un peu
les choses. Dans cet enchevêtrement toujours, parce qu'on reste sur le
même thème, est-ce que vous voyez quand même
là-dedans des sources de conflit entre les commissions scolaires et les
écoles, même entre les écoles elles-mêmes
quelquefois, entre les directeurs et les parents, ou, encore, entre les parents
et les professeurs? Est-ce que, vraiment, vous y décelez de nouvelles
sources de conflit qui n'existent pas actuellement dans le monde scolaire?
M. Blanchet: Ce sont des choses qu'on a probablement
touchées antérieurement mais en d'autres termes. C'est sûr
que le directeur d'école qui arriverait à une table de
concertation, une que je vois, qui pourrait être dans le projet de loi,
c'est que le directeur d'école qui a 1400 élèves, avec un
nombre X de professeurs, avec son commissaire, qui émanerait de cette
même école, quelle que soit la table et quel que
soit le niveau où on va se retrouver, que ce soit ce commissaire,
que ce soit le directeur qui va se retrouver à une table de
concertation, il est pas mal plus fort et il va tirer pas mal plus fort
auprès de ressources, soit matérielles, financières et
humaines, il va parler avec une force énorme par rapport au directeur
d'école qui va être situé à peu près à
50 kilomètres avec trois petites écoles qui comptent au maximum
200 élèves. Ce n'est pas du tout pareil. Personne ne va assurer
cette équité entre écoles. Il y aura un autre vide.
M. Hains: Oui. Je vais terminer ici, M. le Président.
Alors, vous autres qui êtes habitués vraiment aux grands espaces
dans votre vie, à l'air libre du fleuve, on dirait que vous avez
vraiment peur d'être ligotés par les 625 ficelles du projet de
loi, et vous demandez au ministre de vous respecter, de respecter vos
différences, vos projets, votre vécu quotidien et collectif.
Est-ce que vous pourriez, brièvement, nous dire, en conclusion, quels
sont vraiment vos désirs dans le sens de vous faire respecter et de
faire respecter en même temps votre liberté?
M. Blanchet: Vous reprenez un peu notre conclusion!
Le Président (M. Blouin): C'est le mémoire.
M. Hains; C'est cela.
M. Blanchet: Et, dans notre conclusion, on dit...
M. Hains: Je la trouve tellement belle que je voulais vous la
faire répéter.
M. Blanchet: Oui. Je vous remercie au nom du groupe. Ce qu'on
dit, c'est que le contenu de notre mémoire, c'est un contenu de
multi-agents et c'est le fruit d'un travail de concertation. Que vous
amélioriez la loi actuelle par nos recommandations, ou que l'on vienne
la bonifier, quel que soit le terme, le projet de loi 40, on dit qu'avec cela,
dans la région du Grand-Portage, on vivrait très bien.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Merci, M. Blanchet.
Merci, M. le député de Saint-Henri. En conclusion, M. le
ministre.
M. Laurin: Je voudrais d'abord saluer le Comité
multi-agents des commissions scolaires du Grand-Portage ainsi que la
délégation nombreuse qui l'accompagne et les féliciter
pour la réflexion qu'ils ont menée autant sur le livre blanc que
sur le projet de loi 40, sur la manière dont ils ont mené cette
réflexion, sur la qualité de cette réflexion et aussi sur
la qualité du mémoire qu'ils nous ont présenté
aujourd'hui. J'aurais aimé assister à la présentation
verbale de votre document. Je ne l'ai malheureusement pas pu, retenu que
j'étais au comité des priorités, où ma
présence était obligatoire. J'ai quand même pu assister
à la plus grande partie des échanges qui ont suivi mon retour
à cette commission et j'ai été très
éclairé, aussi bien par les nombreuses questions posées
que par les réponses que vous y avez apportées. Je n'aurai donc
pas de questions à vous poser. (21 h 30)
J'ai quand même noté que le problème des
règles budgétaires et des mécanismes de
péréquation par rapport aux besoins diversifiés des
écoles et des commissions scolaires avait de nouveau été
soulevé. J'ai donc préparé un document que je voudrais
déposer à cette commission et qui est destiné à
éclairer les esprits et à dissiper quelque peu la confusion qui
semble entourer ce sujet, il faut bien le dire, éminemment complexe.
Je dois d'abord dire au départ que les règles
budgétaires actuelles et les mécanismes actuels de
péréquation ne seront pas modifiés par le projet de loi
40. En vertu de ces règles budgétaires, nous tentons de coller du
plus près qu'il soit possible aux besoins des commissions scolaires et
des écoles. Nous tentons de tenir compte des clientèles
particulières desservies par les commissions scolaires, par exemple, le
nombre d'élèves du primaire, le nombre d'élèves du
secondaire, le nombre d'élèves handicapés lourds, le
nombre d'élèves à intégrer dans les écoles
et dans les classes régulières, les équipements
spécialisés que possèdent les commissions scolaires et les
coûts de leur fonctionnement. Nous tentons donc d'établir ces
allocations en tenant compte de la situation réelle, concrète, de
chacune des commissions scolaires. Nous y ajoutons ensuite des allocations
spécifiques, par exemple pour pourvoir au service de la dette en
particulier, qui varie, comme on le sait, d'une commission scolaire à
l'autre, et pour tenir compte également des coûts
diversifiés de la sécurité d'emploi qui prévalent
d'une commission scolaire à l'autre. Donc, nous pensons que l'enveloppe
allouée aux commissions scolaires, en vertu de ces règles
budgétaires, constitue une sorte de péréquation en ce sens
qu'elle tente de coller le plus près possible à la
réalité des écoles et des commissions scolaires.
Par la suite, intervient le mécanisme de la taxe foncière
et on peut dire que plus l'allocation versée par élève aux
commissions scolaires est importante, plus le pouvoir de taxation
foncière est élevé, puisque les commissions scolaires ont
le choix entre 0,25 $ les 100 $ d'évaluation ou les 6% de
dépenses subventionnées. C'est en tirant dans les
résultats de cette taxation foncière que la plupart des
commissions scolaires tentent de répondre aux besoins qui ne sont pas
couverts par les paramètres subventionnés. De plus, il y a un
mécanisme spécial de péréquation destiné
à parer, à obvier au rendement différencié de la
taxe scolaire, selon la richesse des territoires.
Il y a donc là toute une série de mécanismes qui
constituent à eux seuls un mécanisme très souple de
péréquation. La différence entre le taux d'allocation par
élève est très variable d'une commission scolaire à
l'autre. Elle peut atteindre plus de 1000 $ ou 1200 $ selon les cas, selon que
nous avons affaire, par exemple, à une commission scolaire qui dispense
son enseignement à un grand nombre d'élèves en
difficulté d'apprentissage, ou de handicapés lourds, ou
d'élèves en prématernelle dans des milieux
économiquement faibles. C'est donc là la preuve que ces
mécanismes de péréquation améliorés au fil
des ans tentent de rejoindre la réalité des milieux. Bien
sûr, il serait possible, en conservant les mêmes règles,
d'allouer des ressources additionnelles et nous espérons que, la reprise
économique s'accélérant, il sera possible de le faire.
J'ai tenté aussi dans ce document d'illustrer par des exemples
très précis ce que ces règles pouvaient donner pour un
certain nombre de commissions scolaires que j'ai choisies, d'une part, en
milieu rural et, d'autre part, en milieu urbain. Par exemple, on voit que la
différence entre l'allocation par élève dans certaines
commissions scolaires et d'autres peut dépasser parfois les 1000 $.
J'espère que ce document permettra de mieux faire comprendre la
façon dont le ministère, dans ses règles
budgétaires et les allocations qu'il verse aux commissions scolaires,
tente d'être le plus équitable, le plus juste possible, en tenant
compte, encore une fois, de toute la réalité qui existe dans
chacune des commissions scolaires. Je dépose donc ce document pour le
bénéfice des membres de la commission et de tous ceux qui
voudront le parcourir.
M. le Président, en terminant, je voudrais à nouveau
remercier le comité multi-agents de s'être prêté
à ces longs échanges. Je crois que nous en avons tous
profité. Les suggestions et recommandations qu'il nous a faites
étaient éminemment particularisées, spécifiques,
pratiques et concrètes, et, pour ma part, j'en ai fait mon plus grand
profit. Il ne fait aucun doute que nous saurons nous en inspirer lorsque le
moment arrivera de reformuler notre projet de loi pour qu'il atteigne
l'objectif qui est le sien, c'est-à-dire améliorer
l'éducation faite à nos enfants au Québec. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le ministre.
Au nom de tous les membres de cette commission parlementaire, je remercie les
représentantes et les représentants du Comité multi-agents
des commissions scolaires du territoire Grand-Portage d'avoir bien voulu
participer aux travaux de notre commission parlementaire.
J'invite maintenant les représentants des commissions scolaires
de l'Asbesterie, Coaticook, Lac-Mégantic, La Sapinière, Magog et
le comité exécutif de la commission scolaire régionale de
l'Estrie à bien vouloir s'approcher à la table des
invités. Le temps que cette opération s'effectue, nous allons
suspendre nos travaux, tout au plus pour une ou deux minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 37)
(Reprise de la séance à 21 h 40)
Le Président (M. Blouin): Nous reprenons donc nos travaux.
J'invite nos invités à bien vouloir s'identifier d'abord et,
ensuite, à nous présenter le contenu de leur mémoire en
une vingtaine de minutes.
Commissions scolaires de l'Asbesterie,
Coaticook, Lac-Mégantic, La
Sapinière,
Magog et comité exécutif de la
commission
scolaire régionale de l'Estrie
M. Hayes (John): Merci. M. le Président, je voudrais
remercier les membres de cette commission d'avoir accepté de nous
recevoir, ainsi que les députés ministériels et ceux de
l'Opposition de notre région qui sont intervenus pour que nous puissions
venir vous exprimer notre opinion et notre vécu.
Permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent.
À ma droite, je vous présente M. Maurice Dessureault, directeur
des services éducatifs de la commission scolaire de Magog. M.
Dessureault remplace ce soir Mme Pauline Hébert, la' présidente
du comité exécutif de la même commission scolaire. Elle a
dû quitter il y a environ quarante-cinq minutes, elle a eu un appel
téléphonique et elle doit se rendre chez elle. M'accompagnent
également M. Marcel Lamoureux, président de la commission
scolaire La Sapinière; Mme Claire Brown, présidente de la
commission scolaire de l'Asbesterie.
À ma gauche, il y a M. André Couture, président de
la commission scolaire de Coaticook; Mme Jeanne Bédard,
présidente de la commission scolaire du Lac-Mégantic; M.
André Marcil, directeur de la polyvalente Le Phare; M. Yvon Raymond,
directeur général de la commission scolaire de l'Asbesterie; M.
Claude Caron, directeur général de la commission scolaire du
Lac-Mégantic. Je suis moi-même John Hayes, président de la
commission scolaire régionale de l'Estrie. Nous accompagnent
également
des commissaires, des parents, des cadres et des directeurs
d'école de notre région.
M. le Président, les commissions scolaires ici
représentées et le comité exécutif de la commission
scolaire régionale de l'Estrie ont résolu de répondre
à l'invitation de se présenter devant les membres de la
commission élue permanente de l'éducation. Cette démarche
concertée est le résultat d'échanges et de
réflexions sur le projet de loi 40 et sur l'état et les besoins
du réseau scolaire.
Les commissions scolaires ici représentées, qui oeuvrent
auprès de 15 000 élèves du niveau primaire et de 15 000
élèves du niveau secondaire, ont cru opportun de se
présenter devant cette commission afin de témoigner
d'expériences vécues en matière de répartition des
pouvoirs entre les écoles et les commissions scolaires et dans la mise
en place de mécanismes de participation.
À la lumière des échanges qui ont eu lieu à
cette commission, nous avons cru utile de faire parvenir à vos membres
un complément d'information, comprenant une première annexe
traitant du partage des responsabilités entre le ministère de
l'Éducation et les commissions scolaires et une deuxième annexe
décrivant concrètement le partage des pouvoirs qui s'est fait
entre la commission scolaire régionale de l'Estrie et les écoles
secondaires de son territoire.
Avec votre permission, M. le Président, je vais demander à
M. André Couture, président de la commission scolaire de
Coaticook, de procéder à la lecture de notre mémoire.
M. Couture (André): Merci, M. le Président. Il
serait trop long d'expliquer et de présenter ici le modèle de
chaque commission scolaire. Toutefois, il est bon de préciser que les
modèles développés dans la région ont
été le résultat d'un long processus qui a progressé
au rythme de chaque milieu. Ce n'est pas sans fierté que les commissions
scolaires, les écoles et les autres agents d'éducation constatent
qu'ils ont su développer une répartition des pouvoirs qui
répond aux attentes des groupes concernés dans le cadre de la loi
actuelle. À titre d'illustration, mentionnons que chaque école
secondaire gère: son budget d'opération et d'immobilisation avec
capacité de faire des choix; ses plans d'effectifs avec des marges de
manoeuvre.
De plus, chaque école a une grille-matières, une
grille-horaire, une politique locale d'évaluation des apprentissages et
un règlement des élèves.
Dans les écoles primaires, les modèles de
répartition sont diversifiés; ils tiennent compte de la taille et
de la volonté de chaque école.
Ainsi, des écoles ont un budget d'opération
décentralisé tandis que d'autres n'assument que certains postes
budgétaires.
De façon générale, le budget d'immobilisation est
divisé en deux enveloppes: l'une centralisée pour les projets
plus coûteux et, une autre décentralisée, pour les besoins
particuliers de l'école.
Bien que, les plans d'effectifs soient assumés par la commission
scolaire, les directeurs d'école sont étroitement associés
à tout le processus d'affectation.
Au plan pédagogique, les modèles varient aussi selon les
conditions de chaque milieu et il est possible d'affirmer que chaque
école peut se donner une couleur locale en regard du temps prévu
et des contenus facultatifs de certaines matières de cours. Il faut
souligner que chaque école a la responsabilité d'élaborer
et d'appliquer un règlement des élèves. L'exercice de ces
pouvoirs se situe à l'intérieur de politiques
générales élaborées avec la participation des
intéressés.
Au plan de la participation, il existe plusieurs mécanismes
desquels il serait trop long de dresser une liste exhaustive, mais, à
titre d'exemples, mentionnons: des tables de coordination composées des
directeurs d'école, des directeurs de service et de la direction
générale; des comités permanents regroupant les directeurs
d'école, les cadres des services de la commission scolaire; des conseils
de parents qui regroupent les présidents des comités
d'école; un comité sur les droits des enfants en
difficulté d'apprentissage; un comité de recours pour les
élèves qui sont en instance d'être expulsés d'une ou
des écoles; des comités de relations de travail très
actifs; des comités de transport; des comités
primaires-secondaires. Des représentants des parents participent de plus
en plus aux comités formés par les commissions scolaires.
Après plus de dix ans dans ce processus de
décentralisation, il est possible de dégager un certain nombre de
constatations: il est souhaitable de confier à l'école l'exercice
de certains pouvoirs; il faut faciliter la participation des parents à
l'école et à la commission scolaire; il faut donner une voix aux
élèves du secondaire; il faut associer les autres agents
d'éducation aux activités de l'école à
l'intérieur de mécanismes souples et diversifiés; il faut,
de toute nécessité, que la commission scolaire assume la
responsabilité générale en matière de gestion
pédagogique, financière, humaine et matérielle.
M. le Président, à la lumière de
l'expérience vécue dans nos commissions scolaires et à la
suite de la lecture du projet de loi 40, il se dégage un problème
de fond entre les orientations générales de ce projet et les
modalités prévues pour les concrétiser.
Ainsi, nous sommes d'avis que l'école doit compter sur une marge
de manoeuvre
suffisante et que les parents doivent avoir une voix
prépondérante en matière d'orientations
particulières de l'école, de la discipline, des règlements
des élèves, des valeurs véhiculées dans
l'école et de reconnaissance du statut confessionnel.
Toutefois, nous constatons que les modalités du projet de loi
alourdissent les obligations administratives de l'école en regard des
obligations du conseil d'école et de certaines responsabilités
s'apparentant à la détermination du calendrier scolaire par
l'école.
Au même titre, pour améliorer la participation des citoyens
à l'élection des commissaires, la solution ne réside pas
dans un nouveau modèle de listes électorales, mais plutôt
dans une décentralisation de l'État vers la commission scolaire,
assurant ainsi la possibilité de choix régionaux et locaux.
Nous sommes d'avis que le projet de loi veut imposer un modèle
administratif unique pour l'ensemble du Québec.
Ces commentaires faits, il est apparu souhaitable de porter à
l'attention des membres de cette commission certaines considérations et
recommandations en regard de cinq thèmes: - Les responsabilités
de la commission scolaire; - Les responsabilités de l'école; -
Les modèles de participation; - La formule du suffrage universel; - La
décentralisation des pouvoirs de l'État aux commissions scolaires
et aux écoles.
Dans la politique québécoise du développement
culturel, le gouvernement affirme sa volonté de procéder à
une décentralisation des pouvoirs. "La volonté du gouvernement
à ce sujet est sans équivoque: le système
d'éducation doit être décentralisé."
À l'occasion de la conférence Québec-commissions
scolaires, M. Camille Laurin, alors ministre d'État au
Développement culturel, déclarait: "S'il appartient à
l'État en tant que premier responsable du système
d'éducation et de ses finalités, d'assumer son leadership,
d'énoncer les priorités nationales en matière
d'éducation, de jouer pleinement son rôle de soutien, de
coordination et de contrôle, c'est aux commissions scolaires que revient,
par contre, la responsabilité d'assurer aux populations qu'elles
desservent les services éducatifs de qualité, de veiller au bon
fonctionnement et au développement de leurs écoles et d'appliquer
les lois et règlements du gouvernement du Québec."
Or il faut, de toute évidence, constater que le projet de loi 40
ne comporte pas de dispositions visant à décentraliser les
pouvoirs de l'État et du ministère de l'Éducation.
À cet égard, il convient de souligner qu'il est difficile
de distinguer les rôles de l'État de ceux du ministère de
l'Éducation. Il semble admis au départ que le ministère de
l'Éducation et l'État sont deux termes identiques, comme si toute
décentralisation en éducation devait obligatoirement passer par
le ministère de l'Éducation.
Nous soumettons que l'État peut décentraliser certains
pouvoirs aux commissions scolaires sans pour autant procéder par le
ministère de l'Éducation. Le transport scolaire est un exemple de
cette situation.
Nous sommes d'avis que le projet de loi 40 ne remplit pas les promesses
de décentralisation, il s'agit tout simplement d'une répartition
des pouvoirs de la commission scolaire entre celle-ci et l'école alors
qu'il devrait porter, entre autres, sur un nouveau partage des pouvoirs entre
l'État, le ministère de l'Éducation et les commissions
scolaires.
De plus, il faut souligner l'inadéquation entre les discours sur
la décentralisation et la définition d'un modèle
administratif unique pour l'ensemble du Québec. En résistant
à la magie des structures et en faisant confiance au dynamisme du milieu
et en sa capacité de trouver des formules adéquates, le
gouvernement ferait preuve d'une plus grande cohérence.
Nous recommandons que le gouvernement, en collaboration avec les
commissions scolaires, mette en place un mécanisme visant à
identifier les pouvoirs qui, exercés au niveau gouvernemental,
pourraient être décentralisés aux commissions
scolaires.
Dans l'annexe I qui vous a été remise, nous avons
précisé la portée de cette recommandation, en particulier
au niveau des ressources éducatives, humaines, financières et
matérielles.
Toujours en matière de décentralisation, le maintien du
suffrage universel correspond à l'esprit de la
décentralisation.
M. Jean Rivero notamment disait: "La décentralisation,
d'autre part, est définie comme étant le transfert des organes
élus par une collectivité personnalisée, d'un pouvoir de
décision sur tout ou partie des affaires locales."
Cette conception semble partagée par M. le ministre Laurin alors
qu'il était ministre d'État au Développement culturel:
"Les commissions scolaires, par leurs représentants politiques, Sont la
fonction n'est pas exclusivement d'administrer des biens publics, mais de
gérer le bien commun et de travailler au progrès de la
société."
Notre propos ne vise pas à refuser toute modification aux
modalités du suffrage universel. Il est vrai que les citoyens
participent peu à l'élection des commissaires d'école.
Cette problématique s'applique aussi pour l'élection des membres
des comités d'école. Aussi, nous ne faisons pas grief au
gouvernement d'avoir tenté de trouver des solutions. Il y a lieu,
toutefois, de s'étonner d'une situation où l'on vise à
appliquer deux solutions contradictoires pour la même
problématique.
Le livre blanc posait l'hypothèse que les parents participeront
davantage s'ils sont en mesure d'influencer le vécu de l'école.
Lorsqu'il s'agit de la commission scolaire, l'on semble plutôt penser que
pour revaloriser la commission scolaire, il faut limiter ses fonctions et la
transformer en une structure de représentation.
En outre, une confection de listes électorales par école
ne corrigera pas le problème des inégalités de quartiers.
Dans notre milieu, nous comptons une polyvalente de 2350 élèves
et une petite école secondaire de 37 élèves. Il faut
ajouter que le modèle d'inscription sur la liste électorale est
susceptible de créer d'autres disparités.
Les cartes scolaires de la région de l'Estrie prévoient
que six commissions scolaires compteront une école secondaire et
approximativement quinze écoles primaires. Les effectifs du secondaire
représenteront au moins le tiers des effectifs totaux. Selon la
modalité proposée, l'école secondaire aura un
représentant et les écoles primaires, quatorze
représentants.
Quant à l'article 147 sur l'obligation de faire appuyer une
candidature par cinq parents de l'école, il s'agit d'une mesure
discriminatoire. Cette disposition crée deux catégories de
citoyens.
Nous sommes d'avis que le quartier scolaire constitue encore la formule
la plus appropriée de répartition des sièges du conseil
des commissaires.
M. le Président, nous recommandons que soit maintenu le suffrage
universel, que l'élection soit faite sur la base du quartier
géographique, à la date et selon la modalité
prévues à l'article 139 du projet de loi.
Il n'y aurait pas d'objection à assurer la présence des
parents à la table du conseil des commissaires. Selon notre
expérience, la présence du commissaire-parent a constitué
un apport enrichissant et important dans le processus décisionnel.
Aussi, verrions-nous la présence de deux ou trois parents au conseil des
commissaires.
Nous souscrivons à l'orientation du projet de loi 40 qui veut que
l'école soit publique et commune, pour autant, bien sûr, qu'une
majorité de parents d'une école puissent obtenir une
reconnaissance comme école catholique ou protestante, selon le cas. Nous
sommes d'avis que l'école est un service public et qu'elle doit
être ouverte à tous.
Pour remplir sa mission, l'école a besoin d'une marge de
manoeuvre suffisante. Toutefois, nous avons de sérieuses réserves
en regard de l'orientation préconisée dans le projet de loi 40
qui veut faire de l'école le pivot structurel, administratif et
politique du réseau scolaire.
Nous sommes d'avis que l'école-pivot deviendra rapidement le lieu
d'affrontements à moins que l'on présume que la concertation
à la base aura des effets magiques et que les consensus seront possibles
et faciles.
Dans ce contexte d'école, pivot du système, on accole le
terme "usagers" à celui de "gestionnaires". S'il est nécessaire
d'associer les usagers aux activités de l'école, il faut
s'interroger sur la pertinence de les transformer en administrateurs.
Ces considérations conduisent à affirmer qu'il n'est pas
souhaitable de créer un réseau d'établissements dont
plusieurs fonctions ne seront pas exercées sous la responsabilité
générale de la commission scolaire. L'école n'est pas une
entreprise privée soumise aux lois du marché. Si elle ne rend pas
compte à la commission scolaire, elle devra rendre des comptes
directement au ministère de l'Éducation.
Nous sommes d'avis que l'école ne doit pas être
détournée de sa cible prioritaire. La première mission de
l'école est de s'occuper des élèves, de s'assurer de leur
performance et d'apporter aux enseignants et enseignantes l'appui dont ils ont
besoin dans leurs actions éducatives.
Il faut de toute nécessité éviter d'alourdir les
tâches administratives et bureaucratiques de l'école. À cet
égard, il n'est pas inutile de rappeler que plus de 1725 écoles
au Québec ont moins de 225 élèves et ne comptent qu'un
seul membre de direction.
Or, nous observons que les écoles dans notre milieu ont pu se
donner des couleurs locales. Les structures actuelles permettent aux
écoles de se personnaliser. Selon notre expérience, la
vitalité d'une école n'est pas liée aux structures, mais
plutôt à la motivation du personnel de direction, du personnel
enseignant et à la participation des parents. (22 heures)
Dans cette optique, il faut faciliter la participation des divers agents
de l'éducation aux activités de l'école. Aussi,
souscrivons-nous à l'idée d'associer de façon plus
étroite les parents aux orientations générales de
l'école, à la détermination du statut confessionnel, aux
règlements généraux de l'école, aux
règlements disciplinaires et au plan des valeurs.
Au même titre, il est essentiel d'impliquer les enseignants dans
les activités pédagogiques de l'école et de donner une
voix aux élèves du secondaire. Mais il faut, en toute logique, se
demander s'il est à propos qu'un projet de loi détermine un
modèle administratif unique pour l'ensemble des écoles du
Québec, compte tenu de la diversité des écoles et de la
volonté annoncée de décentraliser le système
d'éducation.
À ce titre, la proposition de créer des conseils
d'école soulève de nombreuses interrogations. La participation de
huit parents à cette structure et la mise en veilleuse inévitable
des comités de parents permettront-elles vraiment d'accentuer la
participation des parents? La participation des enseignants et enseignantes au
conseil d'école est pour le moins incertaine. Comment sera-t-il possible
à leurs représentants d'agir autrement qu'en témoins et
porte-parole de l'ensemble des enseignants et enseignantes? De plus, il faut
rappeler que les conventions collectives comprennent divers mécanismes
de participation qui recoupent les mandats du conseil d'école.
Ajouté à ces considérations, il faut faire
référence à toutes les exigences rattachées
à la mise en place d'un conseil d'administration. La préparation
des dossiers, les convocations, les procès-verbaux et tous les
éléments connexes exigeront du temps de la part de la direction
de l'école. Selon un sondage effectué auprès de trois
commissions scolaires, trois écoles privées et cinq
établissements des affaires sociales, il faut consacrer en moyenne deux
jours-personne par réunion à cette tâche. Sur la base de
2760 écoles et de dix réunions par année, 55 200
jours-personne seront utilisés à cette fin sans tenir compte des
contributions indirectes.
Quant aux fonctions du conseil d'école, il faut s'interroger,
entre autres, sur la capacité d'un tel conseil de remplacer la
commission scolaire en matière de supervision pédagogique, de
supervision et d'évaluation du personnel de direction.
Dans le secteur de l'éducation, comme dans tous les autres
secteurs d'activité, il existe des fonctions qui exigent des
compétences professionnelles. À ce chapitre, l'évaluation
des performances d'une école, la supervision pédagogique,
l'évaluation du personnel sont autant de fonctions exigeant
l'intervention de professionnels de l'administration pédagogique.
Sur la base de notre expérience et compte tenu de notre
désir de ne pas alourdir les responsabilités de l'école au
plan administratif; considérant aussi les nombreuses dispositions de la
Loi sur l'instruction publique sur les mécanismes de participation et
sur la répartition des pouvoirs entre l'école et la commission
scolaire, M. le Président, nous recommandons que, premièrement,
l'école exerce ses fonctions dans le cadre défini par la
commission scolaire dont elle relève; deuxièmement, que la
commission scolaire prépare, en collaboration avec les écoles, un
partage des responsabilités entre l'école et la commission
scolaire, ainsi que les mécanismes de consultation et de participation
afférents.
Ces deux recommandations éviteraient l'ingérence du
législateur dans la régie interne de la commission scolaire,
seraient plus cohérentes avec le discours sur la décentralisation
et permettraient enfin la mise en place de modèles de participation plus
légers et plus adéquats. Évidemment, il faudrait enlever
du projet de loi toutes les dispositions qui font référence
à la gérance du réseau des écoles. Nous insistons
sur le fait que des milieux ont procédé à une
répartition des pouvoirs en confiant aux écoles la
responsabilité dont elles ont besoin. Des mécanismes de
participation adéquats ont été mis en place. Après
évaluation de ces modèles, il est ressorti que les écoles
étaient à l'aise dans des politiques générales
adoptées par la commission scolaire.
Le contenu de l'annexe II décrit le modèle de gestion
décentralisé vers les écoles de la commission scolaire
régionale de l'Estrie, modèle dans lequel les pouvoirs sont
partagés dans le respect des dispositions de la Loi sur l'instruction
publique et y sont décrites également les structures mises en
place et la politique adoptée pour atteindre cette
décentralisation.
M. le Président, nos propositions ne sont pas des voeux pieux ou
des intentions; elles ont été développées,
appliquées et évaluées dans nos milieux.
L'ensemble des considérations déjà
énoncées plaide en faveur du maintien de la commission scolaire
comme instance publique décentralisée, représentative des
écoles et de la collectivité, capable de garantir une force
d'équilibre entre l'État et l'école et, capable d'assumer
une responsabilité collective au plan de son territoire en
matière éducative.
Avec les municipalités, les commissions scolaires demeurent les
seules instances démocratiques au plan local. En dépit de
certains problèmes, la commission scolaire demeure une structure plus
représentative que celle des collèges et des
établissements du réseau des affaires sociales. Le maintien de la
commission scolaire se justifie d'autant plus que le projet de loi propose des
solutions aux problèmes liés à la confessionnalité
des structures, à l'application de la loi 101 et au nombre des
commissions scolaires.
Dans l'attente de nouveaux pouvoirs délégués par
l'État, la commission scolaire doit assumer la responsabilité
générale des services éducatifs sur son territoire et
assurer la péréquation des ressources entre les écoles.
Elle exerce des fonctions de planification, de coordination,
d'évaluation et de contrôle. La commission scolaire rend compte de
son mandat au ministère de l'Éducation et à l'État.
L'exercice de ces responsabilités s'effectue par le moyen de politiques
générales auxquelles sont associés les divers agents
d'éducation. En outre, la commission scolaire a l'obligation, selon
notre proposition précédente, de convenir d'un partage des
responsabilités avec les écoles sous sa juridiction.
M. le Président, en conclusion de cette présentation, il
faut retenir que le projet de loi visait à trouver des solutions aux
problèmes reliés aux structures confessionnelles, à
l'application de certaines dispositions de la loi 101 et au grand nombre de
commissions scolaires.
Or, une majorité de la population se dit prête à
accepter des commissions scolaires linguistiques. Il semble aussi qu'il soit
possible que l'école soit définie commune et publique, pour
autant qu'une majorité de parents d'une école puisse avoir la
garantie d'une reconnaissance d'école catholique ou protestante. La
diminution du nombre de commissions scolaires est acquise. Il faut constater
que le livre blanc a été l'occasion d'une prise de conscience et
d'une sensibilisation. Il peut être admis que tous les milieux seraient
en mesure de convenir d'un partage des pouvoirs entre l'école et la
commission scolaire. Cette volonté étant appuyée par un
article de loi, il n'y a pas lieu de s'inquiéter des
résultats.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Couture. M. le
ministre.
M. Laurin: Je voudrais d'abord saluer et remercier les
commissions scolaires de l'Estrie et la nombreuse délégation qui
les accompagne pour la qualité de leur mémoire. Pour une fois -
et une fois n'est pas coutume - j'aimerais laisser à mon
collègue, le député de Sherbrooke et ministre du Travail,
le soin de la première intervention ministérielle d'usage.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, le
député d'Argenteuil semble avoir des réserves. Je ne sais
pas si c'est cela.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Vu qu'on m'impute des motifs possibles, je voudrais dire
que je suis très heureux de voir que le ministre est ici en compagnie
des délégués des commissions scolaires de la région
de l'Estrie. Cela nous fait bien plaisir de l'entendre.
Le Président (M. Blouin): Alors...
M. Ryan: Je craignais qu'il ne parle après moi. J'aimais
mieux parler après lui.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
Alors, puisqu'il s'agit d'un bonheur partagé, je donne donc la
parole à M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Je veux, moi
aussi, bien sûr, saluer la délégation de l'Estrie, les gens
qui accompagnent cette délégation et qui sont venus nous
soumettre le fruit d'une réflexion qui a sans doute été
longue. Je sais que les gens qui sont devant nous ont travaillé depuis
longtemps au mémoire qu'ils nous ont soumis. Je sais également
qu'ils suivent depuis le début des travaux de cette commission et de
façon assidue toutes les discussions qui s'y déroulent. C'est
tellement vrai qu'à partir d'un premier mémoire
préparé au mois de novembre, je pense, ils ont ajouté en
cours de route deux annexes à ce mémoire pour, effectivement,
tenir compte - je le pense, en tout cas - des observations, des constatations
qui ont été faites, ici, en commission.
M. le Président, je voudrais être sûr de faire une
lecture aussi exacte et aussi conforme que possible à la volonté
de ceux qui nous ont soumis ce mémoire. C'est pour cela que je prends la
précaution de vous dire que l'observation que je me prépare
à faire; la conclusion, enfin, que j'essaie de tirer, est le fruit de
mon interprétation et je voudrais que vous soyez bien à l'aise de
me rappeler à l'ordre dans les réponses si mon
interprétation n'était pas la bonne.
J'ai cru comprendre, autant à la lecture qu'à l'audition
du mémoire, que vous faites une référence très
spécifique à deux situations que je qualifierais de situations
d'ordre général. Vous attirez d'abord notre attention sur
l'état actuel de la situation, sur ce qui se passe dans les
écoles de la région de l'Estrie. Vous faites donc une revue de
l'ensemble de cette situation et vous identifiez de façon expresse et
claire des mécanismes et des modifications que vous souhaiteriez voir
introduire dans nos lois. C'est à escient que je dis "nos lois". Vous
avez remarqué que je n'ai identifié aucune loi en particulier. Je
vous livre également le fruit de ma réflexion. Je vous dis ce que
je pense et comme je le pense et ce pourrait faire l'objet d'une
première question.
Je vous avoue très honnêtement qu'autant, encore une fois,
à la lecture du mémoire qu'à l'audition du même
mémoire je n'ai pas été en mesure de cerner très
précisément la position ferme que vous adoptez vis-à-vis
du projet de loi qui est actuellement à l'étude. Je m'explique un
peu plus: j'ai cru déceler dans votre argumentation que vous êtes
satisfaits d'un certain nombre de choses qui existent déjà; vous
souhaitez des changements par rapport à la situation actuelle, mais, en
aucune circonstance, me semble-t-il, vous ne nous
avez expressément indiqué si, dans votre évaluation
et dans votre opinion, le projet de loi devant nous doit être ou bien
retiré ou bien amendé ou alors adopté tel qu'il a
été soumis à l'Assemblée nationale. C'est
là-dessus que j'apprécierais que l'un ou l'autre des intervenants
nous donne un peu plus de précisions pour que nous soyons absolument et
clairement fixés quant aux souhaits que manifestent les
représentants de l'Estrie.
Le Président (M. Blouin): M. Couture.
M. Couture: Je demanderai à M. Marcel Lamoureux de bien
vouloir répondre à la question du ministre, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Blouin): M. Lamoureux.
M. Lamoureux (Marcel): M. le Président, c'est sûr
que si notre position n'a pas été ferme, claire et
précise, ce n'est pas intentionnellement. Nous n'avons pas voulu rejeter
le projet de loi 40 dans son entier. Nous l'avons étudié, comme
vous avez su le dire, profondément et longuement. Les choses
particulières que nous reprochons au projet de loi, c'est surtout
d'être un modèle administratif unique pour tout le Québec.
Ce projet de loi n'accorde pas, selon nos prétentions, de
pouvoirs nouveaux; il accorde, par contre, beaucoup de devoirs. Il ne change
pas les conditions et n'aide pas à la modification des conditions de
travail de nos employés; il préconise, entre autres, une
enveloppe pour l'école et une enveloppe pour le centre administratif et
ceci nous apporte de nombreuses craintes de créer des disparités
entre les écoles. (22 h 15)
Le plus grand manquement que nous pouvons trouver au projet de loi 40,
c'est surtout d'être un modèle administratif unique, tandis que
nous, de l'Estrie, avons essayé de faire ressortir le climat de
collaboration, de participation des agents à l'éducation,
comités d'école, enseignants, direction, comité de gestion
de la commission et, finalement, commission scolaire.
M. Fréchette: M. Lamoureux, je vous remercie pour ces
précisions. Elles me conduisent à la conclusion selon laquelle
autant la commission scolaire régionale de l'Estrie que les commissions
scolaires locales ici représentées sont d'accord avec certains
des principes que l'on retrouve dans la loi, que certaines autres avenues qui
sont envisagées devraient être réévaluées,
plus particulièrement à l'égard des situations qui ont
été expressément identifiées et qu'en
conséquence, la conclusion logique à laquelle cela peut nous
conduire - c'est que ce que vous souhaitez, finalement - c'est qu'il soit
procédé à des amendements au projet.
M. Hayes: M. le Président, dans l'intervention de M. le
ministre, j'ai pris une petite note. Il l'a bien spécifié, il
disant "dans nos lois". Si je traduis cela, il a peut-être raison parce
que l'on pense toujours, on est certain que, dans la loi actuelle, - je traduis
"dans nos lois" - nous avons le système requis, les experts requis pour
pouvoir décentraliser encore plus vers nos écoles. Nous sommes
prêts aussi à recevoir du ministère cette
décentralisation.
M. Fréchette: M. Hayes, c'est volontairement et pour des
motifs que vous avez très bien compris que j'ai parlé de "nos
lois" et que je n'ai pas expressément identifié une loi en
particulier. Je voudrais qu'on soit, enfin, si la chose est possible, encore un
petit plus précis quant aux objectifs que vous visez par rapport
à l'argumentation que vous avez développée. Est-ce que je
vous comprends bien en pensant qu'on retrouve dans la loi 40 un certain nombre
de choses qui font, en quelque sorte, votre affaire, qui devraient être
retenues, un certain nombre d'autres qu'il faudrait amender ou revoir et,
finalement, un troisième groupe de dispositions que vous souhaiteriez
voir retirer? C'est cela?
M. Hayes: Si vous voulez, M. le Président, je vais
demander à M. Lamoureux de poursuivre.
M. Lamoureux: M. le Président, ce que nous avons
essayé de vous dire, c'est que nos lois, vos lois existantes, nous ont
permis, à nous de l'Estrie, nous le pensons, de pouvoir fonctionner
d'une façon qui a fait en sorte que nos écoles, nous
l'espérons, aient les possibilités de bénéficier
des décentralisations que le projet de loi 40 semble vouloir donner.
Nous croyons qu'un nouveau projet de loi n'est pas nécessaire à
ce moment-ci. Nous croyons avec les lois existantes, à la
possibilité, à la valeur de certaines incitations. On nous dit
que certaines commissions scolaires ne fonctionnent pas au rythme voulu par le
ministère de l'Éducation, en relation avec les parents et les
comités d'école, nous en sommes malheureux et peinés, mais
nous pensons que, dans l'Estrie, nous avons réussi à fonctionner
en collaboration avec l'ensemble des agents de l'éducation.
M. Fréchette: Bon. Alors, écoutez, je vais tenir
pour acquises les informations que vous venez de nous fournir et je vais
précisément aller à ces mécanismes dont vous parlez
et qui ont été, dites-vous, introduits dans le fonctionnement des
écoles en Estrie. Je me réfère de façon plus
précise, plus particulière, à la page 4 de votre
mémoire, où vous faites l'énumération, la liste des
principaux mécanismes de participation actuellement en place. Vous
faites l'énumération de huit d'entre eux en fait.
J'ai cru comprendre que, lorsque que vous parlez de participation, l'on
doit entendre que cette participation implique tous les agents qui ont un
intérêt vis-à-vis de l'école. Je vais prendre
quelques-uns de ceux qui sont là et voir comment, dans la pratique
quotidienne, cela peut fonctionner. Vous nous parlez, en premier lieu, de
tables de coordination qui sont composées des directeurs d'école,
des directeurs de services et de la direction générale. À
la seule question que je voudrais vous poser par rapport à ce premier
comité de coordination, faut-il comprendre que, à
l'intérieur de ce mécanisme, on ne retrouve ni parent, ni
enseignant dans ce premier cas. Je pose la question, je ne sais pas qui peut
répondre.
M. Marcil (André): M. le Président, c'est
effectivement vrai qu'à l'intérieur de la table de coordination,
du moins au niveau régional, c'est-à-dire pour le secondaire, il
n'y a pas d'enseignant qui siège à ce comité, il n'y a pas
de parent, c'est le directeur d'école qui est représentant de
l'école à cette table de coordination et il lui appartient de
consulter les professeurs et les parents dans son école. Il faut aussi
signaler que cette table de coordination à laquelle siègent le
directeur général et le directeur de services, le directeur
général, par le comité exécutif, consulte le
comité de parents.
M. Fréchette: Alors, c'est un mécanisme de
consultation, si j'ai bien compris.
M. Marcil: C'est beaucoup plus que de la consulation.
M. Fréchette: Entre les parents et les enseignants,
à partir des décisions qui sont prises à cette table de
coordination. Les gens qui sont à l'intérieur des tables de
coordination consultent, avez-vous dit, parents et enseignants.
M. Marcil: C'est exact.
M. Fréchette: C'est un mécanisme de consultation
par rapport à ces agents de l'école.
M. Marcil: C'est exact.
M. Fréchette: Si, maintenant, on disait un mot des
comités permanents qui regroupent les directeurs adjoints et les cadres
des services de la commission scolaire, est-ce que, à l'intérieur
de ce comité, l'on retrouve ou des parents ou des enseignants?
M. Marcil: On ne retrouve pas de parents et d'enseignants dans
les comités permanents de directeurs adjoints.
M. Fréchette: Maintenant, vous avez des conseils de
parents qui regroupent les présidents des comités d'école.
Si je comprends bien, il s'agit là d'un organisme ou d'un
mécanisme qui est déjà prévu par une loi, est-ce
exact?
M. Marcil: La loi 71.
M. Fréchette: Voilà.
Il y a un autre comité, celui sur les droits des enfants en
difficulté d'apprentissage. Les parents et les enseignants y ont-ils
droit au chapitre?
M. Marcil: Oui.
M. Fréchette: De quelle façon, et quel rôle y
jouent-ils? Est-ce de la consultation comme on en parlait tout à l'heure
ou est-ce un autre rôle? Y ont-ils une espèce de pouvoir
décisionnel à l'intérieur de ce comité?
M. Marcil: La commission scolaire doit se doter d'une politique
concernant les enfants en difficulté d'adaptation et d'apprentissage et
il y a à ce comité, qui va élaborer la politique ou qui
révise la politique, des parents ou des professeurs, des professionnels
et des cadres de la commission.
M. Fréchette: Quand vous parlez des comités de
relations de travail et que vous ajoutez que ces comités sont
très actifs, suis-je fondé de penser qu'il s'agit de
comités de relations de travail qui sont prévus par les
conventions collectives?
M. Marcil: C'est exact.
M. Fréchette: Maintenant, je vais à la page 5 de
votre mémoire et là, je veux essayer d'avoir, enfin, un
peu d'éclaircissements. La page 5 résume le résultat, je
présume, quant à moi, des expériences vécues par
les différents comités dont on vient de parler, n'est-ce pas, les
mécanismes de participation en place. Quand on parle
d'expériences, ce sont les expériences de ces comités,
c'est exact?
Je voudrais attirer votre attention pour tenter d'éclairer
davantage la situation, quant à moi, en tout cas, sur la dernière
des cinq expériences que vous décrivez. "Il faut -dites-vous, et
je vous cite au texte - de toute nécessité, que la commission
scolaire
assume la responsabilité générale en matière
de gestion pédagogique, financière, humaine et
matérielle." Ecoutez, vous êtes des spécialistes de
l'éducation, vous vivez, pour plusieurs d'entre vous, à
l'intérieur de l'école quotidiennement. Mais, pour quelqu'un qui
n'y est pas et qui fait la lecture de ce dont je viens de vous parler, une
question nous vient spontanément à l'esprit: Est-ce que, à
part la gestion pédagogique, la gestion financière, la gestion
humaine et la gestion matérielle, il y en a d'autres gestions dans une
école?
M. Hayes: Si vous voulez, M. le Président, je vais faire
un court commentaire à ce sujet, dans le sens que les gestions qui ont
été énumérées, on les a pas mal toutes
couvertes. Je pense que le paragraphe veut dire que la commission scolaire a la
responsabilité de ces gestions-là et doit voir à ce
qu'elles soient bien suivies et bien appliquées. C'est dans ce sens que
cela a été écrit et c'est ce qui se passe.
M. Fréchette: Je comprends très bien cela, M.
Hayes. Remarquez que ce n'est pas à cet égard que je souhaiterais
avoir un peu plus d'éclaircissements. Voici la question fondamentale que
je me pose: Y a-t-il, à l'intérieur d'une école, qu'elle
soit primaire ou secondaire, d'autres gestions que les gestions
pédagogique, financière, humaine et matérielle? Vous
devinez pourquoi je vous pose la question. Devinez-vous pourquoi je vous pose
la question? Vous dites que dans ces quatre champs de gestion, il faut, de
toute nécessité, que la commission scolaire assume la
responsabilité générale en matière de gestion
pédagogique, financière, humaine et matérielle. Si, encore
une fois, ma lecture est la bonne, c'est qu'à l'intérieur de ces
chapitres de gestion, les parents, les enseignants n'auraient pas - et je dis
"n'auraient pas", au conditionnel, sciemment encore une fois - de rôle
à jouer puisque, nous dites-vous, ces quatre gestions doivent être
la responsabilité générale de la commission scolaire?
C'est pour cela que je vous pose cette question: Y a-t-il, à
l'intérieur d'une école, un autre genre de gestion à
l'intérieur de laquelle parents et enseignants pourraient jouer un
rôle de premier plan?
M. Hayes: M. le Président, je vais demander à M.
Maurice Dessureault de bien vouloir répondre à cette
question.
M. Dessureault (Maurice): M. le Président, il est bien
évident que ce sont les principales gestions générales:
gestion pédagogique, ressources humaines, ressources matérielles
et ressources financières. Il est bien évident que ce qui est ici
exprimé, c'est que ce n'est pas le monopole des commissions scolaires,
c'est-à-dire de la commission comme telle de voir à l'application
de ces diverses gestions-là. Il est bien certain - et c'est bien
expliqué aussi dans le document - que l'application de ces
différentes gestions se fait en participation avec les différents
agents du système. D'ailleurs, si on parle de la gestion
pédagogique, puisque j'y travaille, je peux vous expliquer, dans mon
vécu, ce qui se passe, en vous donnant des exemples pratiques. (22 h
30)
Actuellement, on sait qu'avec le régime pédagogique, il y
aura augmentation des minutes d'enseignement en 1984-1985, c'est-à-dire
une demi-heure de plus pour les titulaires ainsi qu'une demi-heure de plus pour
les spécialistes. Or, il est bien évident que c'est un sujet de
la gestion pédagogique. Dans le contexte actuel des choses, on ne
verrait pas du tout qu'une seule personne, disons le directeur des services
éducatifs d'une commission scolaire, dise: Voici, l'an prochain, avec le
temps supplémentaire qu'on doit donner aux enfants en enseignement, vous
ferez telle, telle ou telle chose. Dans notre milieu, par les différents
comités de participation, nécessairement, les directions sont
actuellement impliquées à la table de gestion, les comités
de parents sont impliqués dans une consultation parce que la loi 71
précise bien que c'est un sujet de consultation. Alors, ils vont
soumettre leur avis sur la matière. Les enseignants, également,
par leur comité de relations professionnelles où c'est bien
indiqué, dans le décret qui tient lieu de convention collective,
doivent être consultés sur la matière. Ce qui fait qu'en
dernier ressort tous les agents du système, chez nous, avec les
différents moyens de participation, peuvent dire leur mot sur un des
éléments de la gestion pédagogique avec cet exemple
pratique que je vous ai donné.
On pourrait en avoir d'autres, si vous aimiez en avoir.
M. Fréchette: Non, cela va. Une dernière question,
si vous me le permettez, M. le Président. Je vais l'adresser à M.
Hayes et c'est strictement pour clarifier une situation qui pourrait être
confuse peut-être dans l'esprit de quelques personnes, celles, en tout
cas, qui vivent quotidiennement dans le même coin. Je comprends, M.
Hayes, que vous êtes commissaire de la commission scolaire locale de
Sherbrooke. La position que la commission scolaire locale de Sherbrooke a prise
par rapport au projet de loi 40 est publique. Je veux simplement savoir si vous
concourez à l'opinion de la commission scolaire catholique de Sherbrooke
et si vous avez contribué à travailler à la
préparation de son mémoire. C'est strictement, encore une fois,
dans le but d'éclaircir un petit peu la situation.
M. Hayes: Vous avez raison. Je suis commissaire à la
commission scolaire de Sherbrooke et, automatiquement, commissaire à la
commission scolaire régionale de l'Estrie dont je suis le
président.
C'est un double rôle. J'ai participé à la
préparation du mémoire de la commission scolaire de Sherbrooke
comme vous pouvez constater que j'ai participé au mémoire qu'on
vous présente. Si vous vous rappelez, dans le mémoire de la
commission scolaire de Sherbrooke, il y en avait une partie qui était
vraiment l'expression des commissaires. D'autres parties venaient des
professionnels non enseignants. Il y avait une partie venant des parents et
bien d'autres. Donc, pour pouvoir éclairer encore mieux, la commission
scolaire de Sherbrooke - je crois que le ministère en a reçu une
copie - a adopté une résolution. Elle voulait nous aider pour que
le mémoire que l'on présente ici ce soir soit bien accepté
à cette commission. Donc, la façon dont je traduis cela, et je
suis très content de le voir aussi, c'est qu'on s'entend très
bien. On oeuvre facilement ensemble. Il ne faut pas oublier non plus qu'il
existe une table de concertation au niveau de l'Estrie. Ceci comprend la
commission scolaire de Sherbrooke et les commissions scolaires que vous avez
ici et, aussi, la commission scolaire Morilac. Donc, l'Estrie, comme telle, est
un endroit idéal d'exemples à suivre. Comme vous le voyez, on ne
casse pas de vitres, on ne tord pas de bras, mais, parfois, on en vient
à s'entendre. C'est le modèle que vous voyez ce soir.
M. Fréchette: Merci, M. Hayes. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre du
Travail.
M. Hayes: Je m'excuse, M. le Président. Mme Brown aimerait
compléter.
Le Président (M. Blouin): Brièvement, Mme
Brown.
Mme Brown (Claire): Je vous remercie, M. le Président. Je
n'ai pas participé à l'élaboration du mémoire de la
commission scolaire de Sherbrooke, mais je sais, pour l'avoir lu, qu'on se
rejoint sur certains points. Quand on parle d'un modèle unique dans le
projet de loi 40, autant le mémoire de la commission de Sherbrooke que
le nôtre, sur ce point, on se rejoint parfaitement.
Si vous permettez, j'aimerais revenir aux ressources éducatives,
humaines, financières et matérielles dont on a parlé.
J'aimerais ajouter que, les ressources matérielles et humaines,
très souvent, les parents sont joints à cela. On en a
parlé à la page 4 tantôt, plusieurs comités se sont
formés. Les parents font très souvent partie d'office de ces
comités et on pourrait ajouter les comités d'implantation de
l'informatique, les comités sur l'évaluation pédagogique,
etc. Les parents font partie de ces comités, ils sont impliqués
très fortement. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, M. le président de la
commission scolaire régionale de l'Estrie, messieurs et mesdames les
commissaires, les nombreux parents-commissaires qui vous accompagnent en
arrière, on les salue également. Il y avait, ce matin - je ne
sais pas si elle est encore là - la présidente du comité
de parents de la commission scolaire régionale de l'Estrie. Je pense que
c'est Mme Bédard. Je ne sais pas si elle est encore ici, mais elle
était ici aujourd'hui et elle m'a assuré de son appui pour les
positions que défend la commission scolaire régionale de
l'Estrie. Je pense que c'est important de le mentionner, parce que son
comité avait demandé d'être invité à venir
témoigner, mais il n'a pas été invité. Beaucoup
d'appelés, peu d'élus, mais je pense que ce n'est pas mauvais
qu'on profite de cette circonstance pour rappeler qu'elle était ici
aujourd'hui et que son comité appuie les positions de la commission
scolaire régionale de l'Estrie.
Je voudrais, avant de commencer, vous adresser les salutations de M.
Yvon Vallières, le député de Richmond, qui a
été soumis à une opération, je pense, aujourd'hui,
opération plutôt légère, d'après ce que nous
comprenons, et dont nous souhaitons qu'il se rétablisse le plus
tôt possible. II regrette beaucoup de ne pouvoir être avec nous ce
soir, mais je vous salue de sa part. Il est très heureux de la
présentation que vous êtes venus soumettre à la
commission.
Au sujet de votre mémoire, je vais faire quelques observations.
Du côté des ministériels, il va falloir leur procurer,
lorsque le ministre annoncera sa politique d'éducation des adultes, un
cours gratuit de lecture rapide, parce que j'ai l'impression qu'à la
première lecture, il y en a un certain nombre qui ne réussissent
pas à déchiffrer le sens de messages qui sont souvent pourtant
fort simples. On a vu des exercices de gymnastique intellectuelle depuis cinq
semaines auxquels je n'avais pas été habitué depuis le bon
vieux temps où je fréquentais les pères jésuites.
Je pense qu'on a vu des plaisanteries. Faire dire à des gens qui sont
pour le projet gouvernemental, quand c'est écrit en toutes lettres dans
le projet qu'ils sont contre... On peut bien s'amuser pendant un certain temps;
il paraît que cela achève, mais, à un moment donné,
il faut voir les choses en face et appeler les choses par leur nom.
En ce qui touche le mémoire dont nous avons pris connaissance
ensemble, dont nous avions pris connaissance, d'ailleurs, avant la rencontre de
ce soir, il me semble que la portée du message est claire. J'ai vu les
trois critiques suivantes: tout d'abord, il y a une première chose qui
m'a frappé, c'est que, chez vous, comme dans tant d'autres commissions
scolaires, on est déjà très engagé dans la voie de
la délégation des responsabilités. Vous en donnez des
exemples abondants à l'annexe II que vous avez eu l'heureuse idée
de joindre à votre mémoire. Il y en a qui se demandaient
tantôt si on favorise chez vous l'idée suivant laquelle
l'école pourra prendre des décisions, mais l'annexe II de votre
mémoire est bourrée de situations où l'école peut
prendre des décisions. Cela n'est pas nouveau. Cela n'a pas
commencé avec le livre blanc ni avec le projet de loi 40. Cela existe
depuis longtemps. C'est une pratique qui est très répandue
à travers le Québec. Je crois que vous nous rendriez un grand
service en nous communiquant le texte de tous ces documents de politique de
décentralisation dont vous parlez dans cette annexe. Il y en a une
douzaine qui sont mentionnés dans la liste. Je ne veux pas les
énumérer ici, cela prendrait du temps inutilement. Si vous avez
des copies de ces documents ce soir que vous pourriez même nous
distribuer, ce serait extrêmement utile pour nous. Si vous ne les avez
pas ici, vous pourriez nous les envoyer au retour chez vous. Cela
m'intéresserait vivement d'en prendre connaissance et cela viendra
s'ajouter à une documentation déjà abondante qu'il m'a
été donné de colliger sur cette question. Par
conséquent, je crois que vous parlez avec autorité.
Il y a une chose qui m'apparaît nécessaire quand on parle
de cela et c'est là-dessus qu'il y a un premier conflit entre le projet
de loi et le mémoire que nous avons entendu ce soir. C'est qu'il peut
très bien arriver qu'un pouvoir de décision considérable
soit dévolu à l'école. Ce que vous insistez pour
souligner, vous autres, c'est que ce pouvoir de décision doit s'exercer
dans la solidarité avec l'ensemble d'un réseau qui va être
sous l'autorité d'une commission scolaire. C'est le point de fond. Je
pense que c'est le gros point qui oppose le projet de loi et le gouvernement
à beaucoup de responsables scolaires dans tout le Québec, y
compris les enseignants. Les enseignants nous ont dit ici même: On veut
une situation claire. M. Fréchette est ministre du Travail et on va se
comprendre très bien sur ce point. Les gens qui sont dans une relation
syndicale veulent avoir une structure claire. On nous a dit en toutes lettres:
Nous ne voulons pas être embarqués dans les querelles ou les
disputes de pouvoirs. Nous voulons une situation claire.
Autrefois, la CEQ insistait justement sur la cogestion et la gestion
populaire, etc; c'était son droit le plus strict. On peut entendre
encore ce langage, mais M. Charbonneau, ce n'est pas cela qu'il est venu nous
dire. Il a dit: On accepte la structure double que nous avons: gérance
d'un côté et autorité de l'autre, ceux qui collaborent
à une certaine mission dans un statut donné, qui, dans leur cas,
est celui de travailleurs salariés syndiqués. Il nous a dit: On
veut que les relations s'établissent en tenant compte de cette
donnée fondamentale. Il n'invente rien. Il est venu nous dire ce qui se
passe à peu près partout en Amérique du Nord. On ne pourra
pas changer cela. On peut bien sortir un nouveau dictionnaire avec le mot
concertation en lettres majuscules, on ne changera pas ces
réalités de base qui sont appuyées sur un
développement de rapports de forces qui remontent à peu
près à un siècle d'histoire.
C'est le vice fondamental du projet de loi. Vous nous dites: On est pour
cela. On le pratique déjà. On veut que cela se fasse dans un
cadre de solidarité à l'intérieur d'un réseau
d'enseignement dirigé par une commission scolaire. Si le gouvernement
peut comprendre ce point, je pense qu'il y a les trois quarts des
difficultés qui ont été soulevées par les
commissions scolaires qui vont se régler. Il n'est pas
réglé dans le projet de loi comme il est là. Au contraire,
cela vous amène à porter un jugement sévère, quand
vous dites, justement, à la page 6 en particulier, que le projet de loi
40 veut imposer un modèle administratif unique à travers le
Québec. Je pense que c'est le gros point de centralisation dans le
projet de loi. Il n'y a rien de plus centralisateur, à mon humble avis,
que cette démarche du pouvoir supérieur qui vient dire à
un pouvoir qui est censé être souverain dans son art: Voici
comment tu vas t'organiser jusque dans le détail. C'est cela que le
projet de loi vient faire. On dit: On vous reconnaît, on ne veut pas vous
enlever, on va vous laisser cela pour l'instant. Notre programme voudrait qu'on
vous enlève, mais on n'est pas prêt, on va attendre la prochaine
fois.
Mais il vient vous dire jusque dans le détail que vous allez vous
organiser comme ceci et comme cela. C'est cela qu'on ne veut pas. On veut que
l'économie de la loi tienne compte des situations particulières.
Il y a des endroits où on pourrait aller plus loin dans la voie de la
décentralisation et il y a d'autres endroits où on pourrait aller
moins loin. Et, aujourd'hui, nous avons été saisis d'un
problème de la part de deux groupes de commissions scolaires - pas
seulement des commissions scolaires, deux groupes - celles qui sont venues ce
matin de l'Abibiti-Témiscamingue et celles qui sont venues cet
après-midi de la région du Grand-Portage. Elles nous ont dit:
Nous, la majorité de nos écoles n'ont même pas 100
élèves.
Nous, on fondait bien des objections qu'on formulait à l'encontre
du projet de loi 40 sur l'hypothèse qu'il existe un grand nombre
d'écoles qui n'ont pas 200 élèves. Ces gens sont venus
nous dire: Dans nos régions, la majorité des écoles n'ont
pas 100 élèves. (22 h 45)
Cela crée des conditions complètement différentes.
On ne peut pas appliquer une structure comme celle qui est dans le projet de
loi. C'est pour cela qu'on dit qu'il ne faut pas ce genre de modèle
unique qui va être imposé partout par voie de législation.
Ce qui n'empêche pas que, dans certains endroits, on ira plus loin
peut-être que le ministre ne voudrait aller avec son projet de loi. Cela,
c'est parfait. C'est parfait, dans la mesure où cela tient compte des
situations de chaque endroit, du point de développement où on en
est rendu.
Un autre point qu'on souligne, M. le ministre, tout cela se fait sous
l'enseigne de la décentralisation et il n'y a rien qui soit
décentralisé du ministère envers les commissions
scolaires. On tripote les pouvoirs et les responsabilités des
commissions scolaires sous prétexte de donner plus de pouvoirs aux
parents à l'école, pouvoirs qui restent dans bien des cas
illusoires, d'ailleurs, et fort hypothétiques. Mais il n'y a rien qui
soit délégué du ministère aux commission scolaires
et il y a même des pouvoirs nouveaux que s'approprie le ministère
à la faveur de ce projet de loi. S'il devait être adopté
tel quel, il y a bien des choses qui se faisaient jusqu'à maintenant,
à la faveur d'une interprétation plutôt large de la Loi sur
l'instruction publique et des pouvoirs généraux qu'elle
confère au ministère. Mais, avec la nouvelle loi, il y a deux ou
trois pages complètes, cela va beaucoup plus dans le détail qu'on
n'était jamais allé autrefois et cela augmente
considérablement les pouvoirs discrétionnaires du ministre. C'est
une critique qu'on trouve dans le document. Je pense qu'elle est clairement
inscrite dans le document et il n'y a pas lieu de s'attarder davantage
là-dessus.
Un autre point sur lequel je me suis arrêté un peu et sur
lequel je ne m'attarderai pas nous ramène au point que j'ai
mentionné. On peut parler de l'école-pivot; on peut sortir toutes
sortes de thèses. Une personne, aujourd'hui, a dit magnifiquement:
L'école-pivot, soit, mais qu'est-ce qui va être le pivot de
l'école? Cela, ce n'est pas clair. Si on dit cela, on n'est pas plus
avancé en fin de compte. Il faut qu'on trouve la base sur laquelle va
reposer ce pivot et, actuellement, elle n'est pas définie de
manière satisfaisante. Il n'y a à peu près personne, sauf
la Fédération des comités de parents, qui est venu nous
dire que cette affaire est bonne. Il y a la Fédération des
directeurs d'école aussi, mais on a entendu tellement de directeurs
d'école nous dire depuis ce temps-là qu'ils ont des
réserves. Il y en a encore aujourd'hui qui m'ont dit: Nous, quand c'est
passé chez nous, on n'avait pas eu le temps de se rendre compte de toute
l'ampleur de cette affaire. On a donné notre adhésion, mais plus
on y pense, plus on a des réserves et plus on veut continuer de
fonctionner à l'intérieur d'un système clair. C'est un
autre point que vous soulevez, je pense, avec beaucoup d'à-propos
à la page 12 de votre mémoire. Vous êtes contre le
système de votation qui est proposé, contre le système de
représentation qui est proposé dans le projet de loi 40
également. Vous voulez qu'on maintienne un système de
représentation fondé sur un mode de scrutin plus clair, plus
simple, plus direct, plus transparent en somme. Je pense que vous avez raison.
Je constate une chose: au sujet de la participation au niveau de
l'école. Vous dites des choses qui rejoignent des éléments
qui nous ont été communiqués depuis une dizaine de jours
et qui sont à mon point de vue extrêmement importants. La
participation, oui, peut aller très loin dans certains domaines, mais
les questions qui sont d'ordre proprement pédagogique et qui regardent
proprement le champ professionnel de l'enseignant, cela ne peut pas être
dirigé par un conseil d'école, cela prend un autre mode de
direction pour cela. Il faut que l'autonomie de l'enseignant soit
respectée. Il faut qu'il réponde à un pair, qui va
être, comme on l'a dit très justement l'autre jour, le principal,
dont la fonction originellement était celle de principal enseignant dans
l'école. Ce n'était pas un "manager", c'était d'abord un
homme ou un femme qui était capable de briller par l'exemple, par
l'expérience, par la sagesse de ce côté-là. Ce
principal, vous voulez vous aussi qu'il relève de la commission scolaire
habituellement. Vous ne voulez pas qu'il soit suspendu nulle part, il faut
qu'il relève de la commission scolaire clairement. Alors, ce sont les
articulations que l'on veut voir clairement établies dans le projet de
loi et je pense que le témoignage que vous apportez va dans le sens de
représentations très nombreuses et très importantes que
nous avons reçues au cours des cinq dernières semaines. Je ne
pense pas pouvoir aller plus loin dans cette voie. On l'a dit à maintes
reprises, mais c'est ce que j'ai compris. Je vous en félicite et je vous
dis encore une fois que nous sommes prêts à faire un grand bout de
chemin avec vous autres dans cette voie.
De plus, si le ministre veut avoir des indications, dans l'annexe I de
votre mémoire, il y a un programme où vous dites ce que vous
attendez du ministère et il donne les fonctions du ministère. Ce
n'est pas du tout de nature castratoire. Je pense que cela ne coupe pas la
tête du ministère, pas du tout. On m'a toujours dit que mes
comparaisons clochaient un peu! Je ne savais pas comment m'en tirer!
On veut qu'il y ait un ministère fort, doté de pouvoirs
clairs et réels. Le ministère de l'Éducation a
été créé par un gouvernement libéral en 1964
et on n'a jamais eu peur de cela et on en veut pas qu'il devienne un personnage
insignifiant dans la structure gouvernementale. C'est un personnage très
important dans la vie collective du Québec et aussi une des figures les
plus importantes, mais il faut que ses pouvoirs soient circonscrits, nettement
délimités, et qu'il n'ait pas peur d'associer davantage les
commissions scolaires. Vous faites une recommandation bien simple et j'aimerais
que le ministre y réponde. Il va parler tantôt, je ne sais pas si
c'est parce qu'il a calculé son affaire, mais il a amené M.
Fréchette et il se dit: C'est peut-être notre dernière
heure. Il faut qu'on soit là, à la fin, pour donner le coup
final. Cela ne changera pas grand-chose. On a entendu assez de choses depuis
cinq semaines, le dernier quart d'heure ne changera pas grand-chose.
Vous faites une suggestion pratique. Vous dites: II faudrait avoir un
mécanisme gouvernement et commissions scolaires pour identifier les
pouvoirs qui pourraient être dévolus vers les commissions
scolaires. Cela me semblerait très pratique si un groupe de travail se
mettrait à l'oeuvre. Je suis convaincu qu'avec tout ce qui a
été dit depuis cinq semaines, depuis un an même, parce
qu'il y en a bien d'autres qui ont participé, qui n'ont pas
été invités ici, on pourrait trouver un partage de
pouvoirs plus satisfaisant que ce qui existe actuellement, parce qu'il y a eu
énormément de plaintes contre la centralisation, plus
satisfaisant que ce que propose le projet de loi et peut-être nous
rapprocherions-nous d'un consensus. Encore une fois, nous allons travailler
dans cet esprit. Nous ne ferons pas d'obstruction et nous ne créerons
pas de problème, nous allons collaborer à 100%.
Alors, ceci dit, je vais vous poser seulement une question, parce qu'il
est tard déjà et que je veux laisser la place aux autres. Comment
voyez-vous la participation des enseignants et des parents dans la vie de
l'école et dans le système d'enseignement en
général? À cet égard, que pensez-vous du projet de
loi 40?
M. Hayes: Si vous voulez, on a parlé de l'annexe I et de
l'annexe II. Je demanderais à MM. André Marcil et Yvon Raymond de
bien vouloir expliquer le système de décentralisation et de
participation dans leurs écoles. M. Raymond.
M. Raymond (Yvon); M. le Président, pour la dimension de
la participation des enseignants...
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez juste me rappeler quelle est
votre fonction, M. Raymond?
M. Raymond: Je suis directeur général de la
commission scolaire de l'Asbesterie. Notre mémoire, à notre avis,
s'appuie sur une déclaration ou une croyance fondamentale en la gestion
participative, parce que notre vécu depuis déjà plusieurs
années en est un de gestion participative.
Je commencerai par la participation des enseignants. Chaque fois que
notre commission scolaire a tenté d'embrigader les enseignants dans une
forme de participation institutionnalisée, avec des paramètres
très précis, cette participation n'a jamais été
facile ni très efficace. Par contre, lorsqu'on fait appel aux
enseignants pour des considérations qui les concernent de façon
très précise, surtout lors de la formation de comités ad
hoc, alors la participation des enseignants devient, au contraire, tout
à fait facile.
J'illustrerais cela par un exemple: la commission procède
actuellement à l'élaboration d'une politique d'évaluation
pédagogique. J'utiliserai le même exemple tout à l'heure
pour la participation des parents. Je ne répéterai pas l'exemple,
je vais le citer seulement une fois. La commission a formé un
comité auquel sont représentés des enseignants et des
parents de chacune de nos huit écoles institutionnelles. Ce
comité se complète par le personnel de direction de toutes ces
écoles et par les personnels aux services éducatifs
affectés au dossier de l'évaluation pédagogique proprement
dite, dossier qui est évidemment dirigé par le directeur des
services éducatifs.
Le comité a commencé à siéger et les
enseignants nous apportent une collaboration tout à fait remarquable,
nous font part de leurs besoins, particulièrement à
l'évaluation formative, et ils profitent de l'occasion pour
écouter les parents qui, quant à eux, nous font part de leurs
besoins quant aux bulletins ou aux modes d'information ou de communication des
résultats scolaires aux élèves.
C'est un comité qui est actuellement formé d'une trentaine
de personnes, qui doit siéger à tout le moins pendant cinq
journées complètes et les résultats nous permettront de
préparer une politique d'évaluation pédagogique qui, dans
l'essence même des orientations qui se dégagent
présentement, va laisser une marge de manoeuvre suffisamment importante
à chacune des écoles pour que chacune des écoles, comme
entité, puisse en arriver à exercer des choix qui
répondent à ses besoins. Ce qui veut dire, par exemple, que le
modèle d'information ou de communication d'information aux parents
pourrait varier d'une école à l'autre et c'est un concept qui
est accepté a priori.
À partir du moment où les enseignants et les parents
perçoivent cette ouverture dans notre mode de gestion, la participation
s'accroît, et c'est vrai pour plusieurs secteurs d'activité que je
pourrais illustrer par d'autres exemples, mais celui-là en est un, il me
semble, qui démontre le modèle de participation tant des
enseignants que des parents au niveau de notre commission scolaire.
Il va de soi que, lorsque l'on parle d'évaluation formative, les
enseignants auront, individuellement, à exercer des choix
également à cet égard. J'espère que c'est suffisant
comme première partie de réponse. Si M. Marcil pouvait
compléter...
Le Président (M. Blouin): M. Marcil.
M. Marcil: Je ne travaille pas au niveau de la direction
générale. Dans mon école, les enseignants participent,
selon les mécanismes de la convention qui sont prévus, aux
décisions qui concernent l'ensemble des activités de
l'école; que ce soient des activités pédagogiques ou sur
l'organisation des règles disciplinaires, les enseignants sont
consultés. Dans cette nouvelle école où je suis maintenant
depuis une année, je peux affirmer qu'à aucun moment je ne suis
allé à l'encontre, même si la convention le permet, d'une
recommandation des enseignants.
Je voudrais ajouter, étant donné qu'on est au secondaire,
qu'il existe aussi des mécanismes de participation pour les
élèves et que, dans mon école, les élèves
sont consultés sur les activités parascolaires; ils ont un
journal, ils sont consultés sur l'élaboration du règlement
des élèves. Dernièrement, ils ont accepté de
participer à l'élaboration d'un projet éducatif. Ils sont
aussi consultés et ils participent au comité de la
cafétéria. (23 heures)
Dans certaines écoles de la régionale de l'Estrie, il y a
un programme local approuvé par le ministre et qui permet au conseil
étudiant de fonctionner à l'intérieur même des
heures de cours. C'est donc considéré comme un cours avec des
crédits valables pour la certification et le conseil étudiant
bénéficie des services d'un enseignant qui les aide à
respecter et à atteindre les objectifs de ce cours, de ce programme
local - c'est le terme prévu au régime -approuvé par le
ministre.
M. Ryan: Si vous me permettez une sous-question, pour que ce soit
parfaitement clair, vous dites qu'en vertu de la convention collective vous
avez déjà un organisme qui existe. Comment fonctionne-t-il?
Comment est-il constitué au juste? Si je comprends bien, ce qui a
été négocié au plan local est une annexe à
la convention collective.
M. Marcil: C'est la convention collective qui prévoit que
le mécanisme de consultation pour les enseignants est ce qu'on appelle
maintenant le conseil d'école, selon la convention ou le décret.
Appelons-le comme on veut, ce conseil d'école est formé
d'enseignants, jusqu'à un maximum de huit, et du directeur de
l'école.
M. Ryan: Qu'est-ce qui va arriver? À supposer que la loi
40 soit adoptée dans sa forme actuelle, vous auriez le comité
pédagogique du Dr Laurin, convoqué par M. le principal, puis il y
aurait ce conseil d'école existant en fonction de la convention
collective? Cela va intéresser M. Fréchette au plus haut point.
Lequel aura préséance?
M. Marcil: Si l'on se fie à la loi 40, il y aurait quatre
comités, à part le conseil d'école, c'est-à-dire
les élèves, le comité pédagogique, le comité
de parents, le conseil d'école prévu dans le décret et
l'autre conseil d'école qui, lui, est prévu, je crois, à
l'article 38 ou 39.
M. Ryan: Vous, vous constatez que ce conseil d'école
existant en vertu du décret fonctionne bien cette année?
M. Marcil: Ce conseil d'école existe depuis que je suis
directeur d'école. On a toujours fonctionné avec ces
professeurs.
M. Ryan: Et on va chercher à côté de cela le
moyen de faire participer les enseignants. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Fabre.
Motion pour mettre fin aux travaux de la
commission
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Il est 23 heures
et je voudrais m'excuser auprès de nos invités, mais je vais
présenter une motion à cette commission. Je fais donc motion pour
que cette commission, se jugeant suffisamment informée, mette fin
à ses travaux et ce, conformément à l'article 118a,
paragraphe 6, du règlement.
Le Président (M. Blouin): Très bien, M. le
député de Fabre. Effectivement, votre motion est recevable.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui? M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait demander que le
député de Fabre ait la
grâce de déposer le texte écrit de sa motion pour
qu'on en prenne connaissance?
Le Président (M. Blouin): Certainement. Afin que chaque
membre de la commission sache ce qu'entraîne cette motion, chacun des
membres de la commission pourra bénéficier d'une période
de 20 minutes d'intervention sur cette motion et, par la suite, nous mettrons
aux voix la motion du député de Fabre. M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Compte tenu de l'heure, M. le Président,
compte tenu de la longue journée de travail que nous avons eue, je
voudrais également proposer l'ajournement des travaux de la commission
à 10 heures demain matin.
M. Ryan: Cela est débattable.
Le Président (M. Blouin): Les motions d'ajournement sont
effectivement prévues à notre règlement, si j'ai bonne
mémoire, à l'article 157. Permettez-moi de lire l'article: "En
commission plénière, un député peut proposer de
rapporter à l'Assemblée que la commission n'a pas fini de
délibérer et qu'elle demande la permission de siéger
à nouveau. En commission élue - ce qui est notre cas - un
député peut proposer que la commission ajourne ses travaux."
C'est ce que M. le député de Fabre vient de faire. 2. "Ces
motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne peuvent être
faites qu'une seule fois au cours d'une séance, sauf par un ministre.
Elles ne peuvent être débattues, sauf qu'un représentant de
chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix minutes chacun à
leur sujet."
M. le député de Fabre, je ne sais si vous êtes le
représentant reconnu dans les circonstances. Vous disposez de dix
minutes.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Compte tenu que
j'ai fait la motion d'ajournement, je ne prendrai pas dix minutes, mais je veux
tout simplement souligner...
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît!
M. Leduc (Fabre): ...que, compte tenu de l'heure, j'ai
présenté cette motion. Comme nous le savons, à moins qu'il
y ait entente, nous devons suspendre les travaux à minuit. Il est
présentement 23 heures et nous avons eu une longue journée.
Malheureusement, M. le Président, nous avons dû interrompre la
séance et les invités que nous avons ici, soit les commissions
scolaires de l'Asbesterie, Coaticook, Lac-Mégantic, La Sapinière,
Magog et le comité exécutif de la commission scolaire
régionale de l'Estrie, ont dû être interrompus en cours de
témoignage.
Je voudrais souligner que nous avons eu une longue journée. Nous
devions entendre quatre groupes aujourd'hui et, malheureusement, nous n'avons
même pas pu compléter le témoignage du troisième
groupe. Alors que nous avons l'habitude depuis un mois, même depuis cinq
semaines, d'entendre six groupes par jour, on est en droit de se poser la
question de savoir comment il se fait que nous ne sommes même pas
parvenus à entendre trois groupes aujourd'hui?
Je voudrais souligner que, pour le premier groupe, soit l'Association
des commissions scolaires Abitibi-Témiscamingue, nous avons
accordé une période d'environ trois heures et demie, que, pour le
Comité multi-agents des commissions scolaires du territoire
Grand-Portage, nous avons accordé une période d'environ quatre
heures et demie. Nous avons aussi accordé environ une heure et quinze
minutes ou une heure et vingt minutes à nos invités de ce
soir.
Si nous additionnions le temps de parole qui a été pris
par les membres de deux côtés de la table de la commission, je
pense que nous arriverions à un déséquilibre très
marqué du temps d'intervention et du temps des questions, des deux
côtés. Il était évident, pour quelque témoin
que ce soit, que l'Opposition avait décidé de prolonger ses
interventions; ce qui est son droit. Je ne nie pas son droit à utiliser
vingt minutes par intervenant afin d'interroger nos invités. Mais il est
évident aussi qu'en utilisant vingt minutes par intervenant de chaque
côté, il devenait impossible d'accorder un temps égal
à chacun des intervenants, à chacun des organismes que nous
devions entendre aujourd'hui.
Je voudrais même souligner que le quatrième groupe, soit la
Maison internationale de la rive sud, qui devait être entendu, a dû
s'en retourner à Montréal, faute de temps. Je ne pense pas que
nous soyons responsables, de ce côté-ci, compte tenu encore une
fois que nous sommes à peine intervenus, mais nous sommes quand
même intervenus, parce que je pense que nous devions le faire, M. le
Président, par respect pour nos invités. Il devenait
évident que l'Opposition voulait manipuler en quelque sorte la
commission pour prolonger indûment le temps qui était
consacré aux travaux de la journée. C'est ce que je voulais
signifier afin qu'on sache bien... Je sais que l'Opposition va nous tenir
responsables de ce qui arrive. Je tiens à souligner que ceux qui ont
été témoins des travaux de la commission d'aujourd'hui,
ceux qui étaient ici et qui nous ont entendus au petit écran ne
seront pas dupes des manoeuvres... Je vais les laisser terminer leur
rigolade... J'entends le député de Beauce-Sud, on ne l'a pas vu
du mois, M. le Président, et, aujourd'hui...
Mme Lavoie-Roux: Les députés de Sherbrooke et de
Johnson, on ne les a jamais vus non plus.
M. Leduc (Fabre): Aujourd'hui, M. le Président...
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: II est venu présenter la motion de
clôture...
Mme Lavoie-Roux: ...ils sont venus...
Une voix: Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant, s'il vous plaît! M. le député de
Beauce-Sud, s'il vous plaît! Chacun des membres de la commission est
maintenant bien conscient de la situation dans laquelle nous sommes. Je vous
signale, que, conformément à notre règlement, il y a un
représentant de chacun des partis qui s'exprime pendant une dizaine de
minutes. Je souhaiterais qu'on laisse d'abord le député de Fabre
s'exprimer. Je n'ai aucun doute que le député d'Argenteuil saura
répondre aux arguments développés par le
député de Fabre, et, j'en suis persuadé, à la
satisfaction des députés de l'Opposition. M. le
député de Fabre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Blouin): II n'y a pas de question de
règlement. De quel article du règlement s'agit-il, Mme la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous nous avez sans
cesse ramenés à l'ordre en disant qu'on ne devait pas tenir de
propos provocateurs. C'est ce que fait le député de Fabre depuis
qu'il a commencé son intervention.
Le Président (M. Blouin): J'espère donc que les
propos qui seront tenus à partir de maintenant par les membres qui
prendront la parole ne seront pas provocateurs et j'invite le
député de Fabre - c'est un souhait que j'exprime - à
poursuivre son intervention.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je termine mon
intervention. Je pense que, de notre côté, tout a
été dit. Nous remettons donc le débat à demain
matin. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, le gouvernement vient de montrer
son vrai visage, sous des dehors d'une suavité que vous avez pu
observer, d'une courtoisie de surface dont moi-même je n'ai pas
hésité à faire l'éloge devant même certains
d'entre vous pas plus tard qu'aujourd'hui en conversation, même dans des
interventions publiques, au risque de voir même ces paroles
coupées de leur contexte par nos amis de l'autre côté.
Derrière cette courtoisie de surface, on vient de voir le genre de
tolérance et de compréhension que partique le gouvernement quand
il est un petit peu au pied du mur.
Il y a plusieurs jours que se succèdent ici des organismes qu'il
a été obligé de convoquer parce qu'on a fait des pressions
de toutes sortes. Vous en avez fait vous aussi, car vous n'étiez pas sur
la liste. Il a accepté d'en entendre pendant une semaine. Il avait
choisi à peu près tout ce qu'il pouvait trouver de favorable dans
les quatre premières semaines. Il fallait bien qu'il en laisse passer un
certain nombre, puisque c'est tout ce qui restait. Il n'en peut plus et il
n'est pas capable d'attendre à minuit. C'est un geste d'une
discourtoisie, d'une grossièreté, d'une impolitesse
souverainement méprisables. Ces gens ont attendu toute la journée
avec une patience admirable. Je n'ai entendu personne d'entre eux chialer. Ils
avaient d'autres rendez-vous, d'autres obligations professionnelles. Ils ont
attendu et se sont présentés comme de gentils hommes et de
gentilles dames. (23 h 15)
II était moralement compris qu'on allait jusqu'à minuit.
Tout le monde sait qu'on a un règlement qui met fin à nos travaux
à minuit à moins d'un consentement mutuel. Là-dessus, nous
ne portons pas de jugement quand l'accord n'est pas possible; on continue le
lendemain matin. Le gouvernement avait sûrement des plans. Je dois vous
dire une chose: vous ne savez pas comment les choses se passent ici, il faut le
vivre. Pendant que le ministre refusait de répondre à nos
questions sur ces sujets-là, pendant qu'il demeurait silencieux, muet
comme une carpe, il se dépêchait, quand la séance
était finie, de rencontrer les gens de la télévision sur
le tapis du salon rouge pour leur dire: Je vais leur arriver avec une motion,
ne vous inquiétez pas. On demandait des précisions et on
déclarait notre demande antiparlementaire. Cela n'est pas une critique;
vous aviez raison, de la manière dont vous comprenez le
règlement.
Le Président (M. Blouin): Jusqu'ici, tout est correct, M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je trouve cela formidable. Il me semble qu'on aurait
été capable... J'ai
vécu un grand nombre de commissions parlementaires qui ne se sont
pas passées de cette manière-là. Le président est
lié par un règlement, mais, quand il a le consentement des deux
partis, on peut faire à peu près n'importe quoi. On l'a fait lors
de nombreuses autres commissions; on pouvait s'entendre sur ces
choses-là très facilement. Mais faire cela à un groupe qui
est venu ce soir, je trouve que c'est un affront et cela augure très mal
pour les intentions véritables du gouvernement quant à ce qui
touche l'avenir du projet de loi.
Je suis content, M. le ministre du Travail, que vous soyez venu ici ce
soir sans être trop bien informé - je le dis au crédit de
votre bonne foi - des implications véritables de ce projet de loi. Vous
voyez un peu ce qui s'est passé. À votre place, je serais
extrêmement peiné pour vos concitoyens. J'espère qu'on va
pouvoir compter sur vos dons de conciliateur, qui ont donné de bons
résultats dans un conflit récent, dont je vous félicite
d'ailleurs, pour essayer de mettre un peu d'ordre dans cette baraque-là,
parce que cette affaire-là ne marchera pas de la façon dont on
veut la mener.
Du côté de l'Opposition, je ne suis pas un artisan de
l'obstruction systématique - j'ai entendu le député nous
accuser de cela. Franchement, il n'y a pas une commission parlementaire qui a
fonctionné aussi bien que celle-ci depuis des années; il n'y a
pas eu de partisanerie; il n'y a pas eu d'attaque personnelle; il n'y a pas eu
de "stallage" comme on dit, en langage compris par tout le monde. Pendant des
semaines, M. le Président, on a partagé le temps également
entre les deux partis; c'était un geste de courtoisie de la part du
gouvernement que nous avons apprécié et auquel nous avons
répondu de la manière la plus courtoise et la plus polie
possible.
Savez-vous quand cela a cessé? Quand on lui a soumis un programme
de travail qui aurait permis, moyennant deux semaines supplémentaires,
de faire un pas considérable vers l'objectif qui consistait à
entendre le plus de monde possible. Il a refusé notre projet sans
même accepter de le discuter. Et, aujourd'hui, il vient nous accuser
d'avoir mobilisé le temps, depuis une semaine, cela se comprend. Cette
semaine, nous avons dit: Chaque député, en vertu de nos
règlements, a le droit d'interroger une délégation pendant
20 minutes. Nos gens l'ont fait depuis hier; avant cela, ils se sont
sacrifiés. Il fallait régler nos conflits entre nous, parce que
tout le monde a le droit de parler et parce que tout le monde a des
idées aussi intéressantes que les autres; du moins, chacun le
pense. On s'est sacrifié pour favoriser le travail de la commission dans
un climat harmonieux. Je ne tolérerai pas qu'on vienne nous dire ce soir
qu'on est responsable de cet acte grossier qui nous est imposé par le
gouvernement.
Évidemment, vous aurez un débat très ardu à
soutenir demain sur cette question-là. Nous allons contester cette
motion vigoureusement. Je tiens à dire aux représentants des
commissions scolaires de l'Estrie qui sont avec nous ce soir que je souhaite
vivement que l'occasion nous soit donnée, dans les meilleurs
délais, de poursuivre ce dialogue dans un esprit constructif, dans un
esprit sérieux comme nous avons essayé de le pratiquer depuis le
début. Quand vous ferez le bilan de ceux qui ont provoqué des
progrès véritables au point de vue de la connaissance, de la
compréhension vous regarderez les comptes rendus des réunions.
Regardez, M. Burgess est arrivé avec des éclaircissements.
L'Association des cadres scolaires est arrivée... C'est toujours
l'Opposition qui les a mis sur la piste de ce côté parce que, du
côté du gouvernement, on avait le ministre qui disait: Oui, oui,
on va étudier cela et, finalement, on attendra les résultats,
comme cela a été le cas dans le passé et les autres
députés se contentaient de répéter la leçon.
Je les comprends, ce n'était pas facile pour vous. Même lorsque
des commissions scolaires de leur région sont venues, ils sont tous
restés muets depuis deux jours. Tout ce qu'ils ont pu dire: Bonjour,
c'est moi qui vous ai fait venir ici. Ils n'ont pas été capables
de donner une opinion sur le projet de loi.
Si c'est cela un comportement sérieux et responsable, je m'en
dissocie totalement. Encore une fois, j'affirme avec toute la vigueur possible
que cette motion d'ajournement prématurée est profondément
arbitraire, autoritaire, injustifiée, antidémocratique et
contraire aux règles les plus élémentaires de la
courtoisie, de l'hospitalité et du respect des organismes qu'on a pris
la peine d'inviter par la voie des communications les plus solennelles en
provenance de l'autorité publique. Je me dissocie de ce geste avec mes
collègues et, en temps opportun, nous ferons le débat qui
s'impose. Mais nous sommes absolument dégoûtés par ce genre
de procédure.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil.
Alors, la motion de M. le député de Fabre proposant
d'ajourner notre débat à demain matin, 10 heures, est-elle
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, nous
allons maintenant procéder au vote. J'invite chacun des
députés à m'indiquer s'il est pour ou contre cette
motion.
M. le député de Chauveau?
M. Brouillet: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Les moutons!
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! M. le
député de Shefford?
M. Paré: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay?
M. Maltais: Contre.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre?
M. Laurin: Oui.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Blouin): La motion est donc
adoptée. Au nom de tous les membres de la commission...
M. Ryan: Voulez-vous donner le résultat du vote, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Blouin): Cinq membres sont pour et quatre
membres s'y opposent.
Au nom de tous les membres de la commission, je remercie nos
invités d'être venus participer à nos travaux et sur ce,
nous ajournons nos travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 22)