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(Onze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, mesdames,
messieurs! La commission élue permanente de l'éducation reprend
ses travaux. Je vous rappelle tout de suite le mandat de cette commission, qui
est d'entendre toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur
le projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Nous entendrons aujourd'hui, d'abord, l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires protestantes; à 15
heures, le Comité de parents de la Commission scolaire des
Mille-Îles; ensuite, la Commission scolaire de Saint-Eustache; à
compter de 20 heures, l'Union des municipalités du Québec, qui
sera suivie de la Commission scolaire de Normandie.
Avant de poursuivre nos travaux ce matin, je souhaiterais
répondre à une demande que le député d'Argenteuil
me formulait en début de matinée, hier. En effet, le
député d'Argenteuil me demandait alors de mettre, par
écrit, la décision que je venais de rendre relativement à
la convocation, par le secrétaire des commissions, d'un groupe ayant
initialement présenté un mémoire pour dépôt
seulement mais ayant, par la suite, demandé à être entendu
devant la commission. Cette décision écrite, qui reprend
essentiellement ce que j'ai dit hier matin, est la suivante: La
procédure à suivre, lors de la convocation des personnes ou des
groupes ayant déposé un mémoire au Secrétariat des
commissions, à la suite d'un avis paru dans la Gazette officielle, est
régie tant par l'article 118a de notre règlement que par les
usages et la tradition. Or, l'article 118a, paragraphe 3 du règlement,
indique que le secrétaire des commissions convoque les personnes qui ont
déposé des mémoires au moins sept jours avant la
réunion où elles se feront entendre. L'usage veut, cependant, que
le secrétaire ne convoque pas les personnes qui ont clairement
signalé qu'elles présenteraient un mémoire pour
dépôt seulement. Si, toutefois, comme c'était le cas du
premier groupe qui s'est présenté devant nous hier matin, des
personnes, ayant soumis un mémoire au Secrétariat des commissions
pour dépôt seulement, reviennent sur leur choix avant la fin des
auditions publiques et manifestent clairement au secrétaire des
commissions leur désir d'être entendues devant la commission
parlementaire, elles redeviennent dès lors susceptibles d'être
convoquées par ce dernier en vertu de l'article 118a, paragraphe 3 du
règlement. Bien entendu, comme je l'ai souligné dans ma
décision du 10 janvier dernier, l'usage confère une
discrétion au leader parlementaire du gouvernement dans la
détermination du moment où ces personnes seraient entendues.
Sur ce, j'invite maintenant les représentants de notre premier
groupe invité, c'est-à-dire l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires protestantes à bien
vouloir d'abord s'identifier et ensuite à nous livrer, en une vingtaine
de minutes, le contenu de leur mémoire.
Mais si vous permettez, avant que nous ne procédions, je vais,
comme le règlement le prévoit, identifier les membres de la
commission, qui sont: M. Brouillet (Chauveau), M. Champagne (Mille-Îles),
M. Maltais (Saguenay), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Hains (Saint-Henri), M. Laurin (Bourget), M. Leduc (Fabre), M.
Paré (Shefford), M. Payne (Vachon), M. Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Charbonneau
(Verchères), M. Dauphin (Marquette), M. Doyon (Louis-Hébert), M.
Gauthier (Roberval), Mme Harel (Maisonneuve), M. Rochefort (Gouin), M. Sirros
(Laurier).
Messieurs.
Association des directeurs
généraux des commissions
scalaires protestantes
M. Trasler (Ian): M. le Président, mesdames et messieurs,
nous vous remercions d'avoir invité notre association à vous
soumettre son mémoire sur le projet de loi 40. Permettez-moi de vous
présenter les représentants de notre association. Dr Robert
Lavery, membre de l'association et directeur général de la
Commission scolaire Lakeshore; je suis Ian Trasler, président et
directeur général adjoint au PSBGM; M. William Pennefather n'est
pas ici parce qu'il visite les commissions scolaires et les écoles de
Trois-Rivières et Shawinigan, aujourd'hui et demain.
Ladies and gentlemen, we are here today as administrators of Protestant
school boards of Quebec. The concerns expressed in our brief are those of
administrators who
strongly believe that we are administering good systems of education,
systems in which parents have a strong voice, both at the school level and at
the board level, systems which presently are working at full capacity in
implementing the "régime pédagogique", an implementation which
requires, in our case, at least another three to five years of strong support;
and, above all, systems where the principal is considered the education leader
of his or her school.
Dr. Lavery will highlight the main points of the brief and, once he has
concluded, I will underline points made in all the briefs presented by the
English administrative organizations. Dr. Lavery.
M. Lavery (Robert): Mr. Chairman, we believe the proposed
legislation will make it very difficult for the protestant schools of the
province to continue and maintain the high quality of education that they have
enjoyed in the past. The principal reason for the belief is the vast scope of
the proposed reorganization of the system. This is a particular concern at a
time when public education, especially in North America, is experiencing
profound change everywhere.
This has taken the form, in Quebec, of the elaboration of revisions to
the programs of study, now called the educative policy in one place in the
draft of the legislation. I do not want to spend time here quibling about the
sorry state of translation of French terminology in education. "Régime
pédagogique" is called, for example, in the English translation of the
draft "the education policy, the educative policy, the educational policy"; and
it is the same for the...
Le Président (M. Blouin): M. Lavery, si vous pouviez nous
situer par rapport au texte que...
M. Lavery: Je lis un petit précis... Le
Président (M. Blouin): Ah bon!
M. Lavery: ...du mémoire. C'est une autre
présentation.
Le Président (M. Blouin): Mais est-ce que vous êtes
capable de nous indiquer les pages comme référence?
M. Lavery: Cela va être difficile...
Le Président (M. Blouin): Cela va être difficile? Si
c'est possible.
M. Lavery: ...malheureusement.
Le Président (M. Blouin): Ce serait plus facile pour les
membres de suivre votre présentation.
M. Lavery: Oui. Je vais essayer, en tout cas.
There sometimes seems to be on the part of the ministry, in our opinion,
a naïve assumption that once the objectives of the new programs and the
pedagocical guides are printed in handsome volumes and mailed in quantity to
school boards, they will take on a life of their own and will be magically
transmuted into a living reality. The fact is that educational change is a
painstaking enterprise requiring the efforts of many people other than teachers
who, after all, continue to have the grinding daily tasks associated with all
the roles of the school, form custodial to eductional.
Our brief consists of comments on five principal areas of concern:
policy-making -on parle de ce sujet à la page 7 du mémoire -
administration of education, pedagogical concerns, personnel management,
financing of public education as well as other aspects of education in
Québec such as language, confessionality and the number and nature of
school boards.
With regard to policy-making, we are puzzled by the proposal that the
school boards be composed of representatives of schools rather than the public
at large. We are also concerned with the potential size of the decision-making
councils in some instances as well as the unbalance between elementary and
secondary representation.
The boards on the Island of Montréal, for example, according to
the present project, would have a size of between 40 and 55 commissioners, and
commissioners, for those who have attended school boards meetings, like to
speak on each subject for about five minutes; 55 people speaking for ten
minutes each will consume about 10 hours for one school board meeting.
With regard to administration, we believe that some of the powers in
school boards have been eroded notably in the areas of pedagocial development,
personnel management and financial resources. We are convinced that the
proposed legislation will further this erosion. On pages 8, 9 and 10 of the
brief, we listed what we consider acceptable roles of the Provincial Government
in educational administration.
On the following pages, we listed those powers and responsibilities of
boards that we think should be preserved and, in some cases, strenghtened.
The school, while indoubtedly the up of the system as the draft
legislation intends, is nevertheless a part of a larger and complex whole. We
are not convinced that parents participation in the life and development of the
school can be achieved solely through legislation.
In the protestant sector, the participation of the parents is well
established. Parents participate actively both
through school committees and home and school associations. For those
sectors where such participation is not yet a reality, we have unfortunately no
solution to propose, but we doubt that legislation is the solution.
Our chief concern is with the future of pedagogical development in
the Protestant system, should the law be adopted as proposed. We firmly
believe that pedagogical success rest with a group of experts. Its principal
function is to remain up to date with developments in the field of curriculum,
both here and abroad. Groups of these experts exist in the larger Protestant
school boards at least and work in close collaboration with their English
Catholic colleagues in the Catholic school boards.
In our interpretation of the law, we are apprehensive that these groups
may not exist in the future. For example, division V of the draft legislation
describes some of the pedagogical responsibilities of the school but suggests,
in article 119, that the school will have the means to make some contracts with
outsiders to meet its pedagogical needs and its needs in special education.
This suggests to us that the school board itself may not have the means
to provide these resources on a rational basis in the interest of all the
schools of its network.
Associated with this concern for pedagogical development is the
anticipated role transformation and instability of the school principal in the
draft legislation. All recent research into the characteristics of
effective schools carried out in North America and in Great Britain within the
past few years underline the key role played by the in-school administrator in
achieving sholastic success.
This has been a traditional expectation of the principal in the
Protestant schools, indeed in the English schools, here and elsewhere. The
proposed legislation appears to us to threaten this pedagogical role by
imposing on the principal functions of a bureaucratic and political nature that
will certainly lessen his ability to be a visible, forceable, educational
leader in the school.
Let us regard to the financing of public education in Québec. We
believe the system that is in place is reasonably good. First, it is largely
based on a progressive income tax as opposed to the more regressive real estate
tax which is brought in to some of the American systems.
However, the 6% limit seems to us to be unnecessary. We believe that the
market, who determines the limit that the community would be willing to pay to
improve, adapt, or invent innovative school programs... we believe that the
present distribution of funds to the schools by boards is a good one and
assures equitable treatment of all the pupils.
M. le Président, notre association a fait huit recommandations
à la suite de l'étude du projet de loi. Nous recommandons le
maintien du suffrage universel pour l'élection des commissaires par
quartier; nous recommandons la réforme du système
d'élections scolaires de façon à permettre la
participation du plus grand nombre possible de citoyens; nous recommandons que
les responsabilités et les pouvoirs des commissions scolaires dans le
domaine de la pédagogie soient clairement spécifiés dans
la loi et qu'ils soient essentiellement les mêmes que détiennent
les commissions scolaires actuelles.
Nous recommandons qu'un conseil anglophone sur les programmes
d'études soit établi et financé par le ministère de
l'Éducation.
On that recommendation, some of us are not enthusiastic, because, to
paraphrase Senator Patrick Moynihan, the neglect of the English schools by the
Ministry of Education has had its benign aspects. We have had a certain
liberty, we believe, to act without interference from the Ministry or overly
supervised by the Ministry that our Catholic colleagues perhaps did not enjoy,
and that is with all due respect to the high quality of people working in the
Ministry of Education with us.
Cinquièmement, nous recommandons que le présent
système de sélection et d'affectation des directeurs
d'école soit retenu et que les communautés continuent à
être consultées sur les critères de sélection et
d'affectation de ces personnels.
Sixièmement, nous recommandons que le présent
système de financement de l'éducation soit retenu dans son
ensemble et que les commissions scolaires demeurent responsables de la
distribution équitable des fonds disponibles.
Nous recommandons que les commissions locales et régionales
soient intégrées.
Finalement, nous recommandons que le ministère de
l'Éducation, en collaboration avec les commissions scolaires, les
cégeps et les universités, entreprenne une étude
approfondie des besoins à tous les niveaux de l'éducation au
Québec et publie ses constatations d'ici deux ans. Nous
considérons la huitième recommandation comme la plus importante
de notre mémoire. Merci, M. le Président.
M. Trasler: In concluding our presentation, Mr. Chairman, I would
like to report that Monday evening I met with the representatives of the three
English administrators groups, which have not being heard by the Committee: the
Quebec Association of Schools Administrators, the Quebec Association of
Catholic School Administrators and the Association of Directors of English
Schools.
I do not have the mandate to speak for all groups, I do have the mandate
to underline three points which are common in the four brieves from the English
administrators groups and which do not agree with the statements made by the
Fédération québécoise des directeurs
d'écoles.
First, the four associations underlined, as Dr. Lavery has, the key role
that principals play in English schools in Québec. They are the
educational leaders in their schools, consulting fully with parents and
teachers. The present consultative body is outlined in collect of agreements
and in the present law pertaining to School Committees work very satisfactory
in English schools. We appreciate what Dr. Laurin is attempting in his outline
of the powers of the school council, but we would maintain you cannot legislate
cooperation. If the wish for cooperation and consultation exists, it can take
place and does take place under the present system. Dr. Lavery has referred to
it, there is a significant research to support the fact that any worthwhile
change in education takes place in the classroom and in the school. This change
must have the support of the principal; in fact, in many schools, the principal
is the educational motivator. (11 h 30)
The second main point of agreement. All associations do not accept the
dividing of the presence powers of school boards between the school councils
and the school boards. The new bill will see the principal reduced to the role
of a manager. A person would be obliged to walk a high wire, balancing is
future between satisfying the demands of the school council and of a school
board, acting as an election returning officer and organizer of day care
centers and of adult education courses. All functions that will take away from
the main raison d'être to be an educational leader. As stated before, the
present structures for consultation with parents as outlined in Law 71 and with
the teachers as outlined in the collective agreements work well in English
schools, the structures are balanced.
Third area of agreement, among all associations, may be better stated as
a real concern. All school boards in the province, Protestant and Catholic,
are, as you know, implementing the régime pédagogique. I cannot
speak for the French Catholic boards, but I do know that all the efforts of the
instructional services personal of English boards is working overtime to make
certain that this implementation is done as smoothly as possible; teachers must
receive adequate instruction in the new courses, text-books must be found,
purchased, and educational software must be prepared or purchased. We see that
this support must continue for at least the next three years. We ask: is
it wise for a minister which has introduced such a sweeping rewriting of
courses to contemplate changing the very structures of the school boards which
are supporting this change?
In the same vein, the introduction of microcomputers into elementary and
secondary schools is taking a great deal of professional time. The teachers are
taking a real interest in the new technology and are filling the courses now
being offered by school boards under adult education and by the universities.
This has led to the demand for software packages that will help teachers adapt
this new and very powerfull tool to their courses. Again, there is a necessity
for a strong board structures with professional personnel to aid teachers in
this implementation. The Minister of Education has already indicated his
support and the department support by buying the hardware, the microcomputer.
It is not different, although it is expensive, the writing of programs is the
most important part of this innovation. Thank you, Mr. Chairman.
Le Président (M. Brouillet): Merci, monsieur. J'inviterais
M. le ministre à prendre la parole.
M. Laurin: Je voudrais d'abord remercier l'Association des
directeurs généraux des commissions scolaires protestantes du
Québec pour l'intéressant mémoire qu'elle vient de nous
présenter. Dans le mémoire, on dit que les commissions scolaires
protestantes ont compétence sur 260 écoles anglaises et 29
écoles françaises. Je pense que l'Association des commissions
scolaires protestantes représente aussi 33 commissions scolaires. Je
sais aussi que sur ces 33 commissions scolaires protestantes, il y en a un
certain nombre qui sont inopérantes, c'est-à-dire qu'un certain
nombre de commissions scolaires protestantes ont confié, ont
délégué totalement leurs responsabilités à
d'autres commissions scolaires. Je pense qu'il y en a 11. La Commission
scolaire Bonaventure qui a délégué ses pouvoirs à
Gaspésia, Gaspé. La Commission scolaire de Gaspé, la
même chose. La Commission scolaire de Lake Saint-Louis-Châteauguay
qui a délégué ses pouvoirs à la Commission scolaire
protestante de Châteauguay Valley. La Commission scolaire d'Ormstown qui
a délégué ses pouvoirs à la Commission scolaire
protestante de Châteauguay Valley. La Commission scolaire de Cowansville
qui a délégué ses pouvoirs à la Commission scolaire
protestante du district de Bedford. La Commission scolaire protestante de South
Central qui a délégué ses pouvoirs à la Commission
scolaire South Shore. La Commission scolaire Saint-Lawrence qui a
délégué ses pouvoirs à South Shore. La Commission
scolaire Greater
Hull qui a délégué ses pouvoirs à la
Commission scolaire Western Québec. La Commission scolaire protestante
de Northwestern Québec qui a délégué ses pouvoirs
à la Commission scolaire Western Québec. La Commission scolaire
protestante Pontiac qui a délégué ses pouvoirs à la
Commission Western Québec. La Commission scolaire dissidente de Rouyn
qui ne maintient aucune école en activité.
J'aimerais savoir pour quelles raisons ces commissions scolaires ont
complètement cessé de fonctionner, à toutes fins utiles,
c'est-à-dire ne gèrent aucune école malgré qu'elles
maintiennent un siège administratif et qu'elles gèrent aussi
quelques fonds nécessités par l'entretien des bâtisses ou
par le paiement qu'elles effectuent à d'autres commissions scolaires qui
se chargent de leurs obligations. Ma première question serait la
suivante: Quels sont les motifs qui ont amené ces onze commissions
scolaires à déléguer leurs pouvoirs, et si on
prévoit que dans le cours normal des choses d'autres commissions
scolaires protestantes continueraient ainsi à cesser de fonctionner pour
déléguer leurs pouvoirs à d'autres commissions
scolaires?
M. Trasler: Mr. Minister, I think that really the English boards
try to complete Operation 55, which was started a number of years ago, and
there was a general acceptance within the English community that the regional
school boards which, as you point out, are eleven, should administer both
secondary and elementary education. There has been a continual movement in that
direction and we would suggest that under the present system, Operation 55
should be completed, that is we should carry on, on both Catholic and
Protestant sides, and bring the school boards all together, so that there are
only regional boards representing it. But it has been a steady movement in the
English Protestant sector. As you know, just last year, Eastern Townships
school boards asked for an amalgamation. So it has been a continuous
movement.
M. Laurin: Donc, au moment où on se parle, il reste 22
commissions scolaires protestantes en opération. Une deuxième
question à ce sujet: Ne croiriez-vous pas plus juste pour les
anglo-catholiques qui, actuellement, ne sont pas représentés au
sens où ils ont des commissions scolaires qui gèrent
indépendamment leurs écoles, que la nouvelle division des
commissions scolaires soit basée sur la langue de façon que les
anglo-catholiques, eux aussi, puissent participer à part entière
à un système de commissions scolaires où ils auraient une
représentation, une gestion et un contrôle, de la même
façon que les anglo-protestants l'ont eu jusqu'ici?
M. Lavery: On croit sûrement que ce serait plus juste pour
les anglo-catholiques d'avoir un droit de vote, par exemple, sur les
commissions scolaires anglophones. Notre position comme association sur la
question linguistique versus confessionnelle, c'est la fameuse question des
garanties constitutionnelles. Tous nos collègues qui travaillent dans
les commissions scolaires rurales sont d'avis que ce sera sûrement plus
juste pour les anglo-catholiques. Leur seul moyen d'avoir leur mot à
dire dans les commissions scolaires protestantes, c'est de devenir
représentants des parents, ce qui arrive apparemment dans beaucoup de
milieux. Ils ont un droit de parole, mais pas un droit de vote.
M. Laurin: Les anglo-catholiques sont venus nous dire, ici,
qu'ils ne sont satisfaits au fond que d'une seule situation, et encore, la
situation des anglo-catholiques sur le territoire de la ville de
Montréal où la CECM a créé un secteur anglais. Ils
sont satisfaits de la qualité des services qu'ils ont obtenus, mais ils
sont insatisfaits malgré tout du fait que les anglo-catholiques ne
peuvent guère se présenter comme commissaires et ne participent
pas à la gestion à proprement parler des commissions
scolaires.
Ils nous ont dit aussi que partout ailleurs, au Québec, ils
avaient des "deep grievances", ils avaient des griefs sérieux et ils
trouvaient la situation absolument inacceptable. Cela d'autant plus que la
proportion des anglo-catholiques dans la population anglaise n'a fait
qu'augmenter au cours des dernières années. Des statistiques
montrent qu'ils représentent maintenant à peu près la
moitié de la population anglaise du Québec. Au nom de la
démocratie aussi bien qu'au nom d'un désir bien légitime
d'être représenté à tous les niveaux, de participer
à la gestion et au contrôle non seulement de leurs écoles,
mais également des commissions scolaires, ils nous ont fait
connaître leur appui en général à la création
de commissions scolaires linguistiques anglophones où ils seraient
présents à tous les niveaux, où ils auraient une
capacité de se faire élire aux commissions scolaires, où
ils auraient également une participation au niveau de l'administration,
au niveau de la gestion des commissions scolaires.
Croyez-vous que cette réclamation est assez justifiée et
assez forte pour que le législateur puisse y faire droit et leur assurer
ce qu'ils appellent des revendications légitimes?
M. Lavery: Je répète que notre association, nos
directeurs généraux sont très inquiets quant aux
anglo-catholiques qui sont dans nos écoles aussi, en dehors de
l'île de Montréal. Sur l'île de Montréal, c'est
peut-être une question un peu plus complexe, les
anglo-catholiques ont le droit de se présenter comme
commissaires. Quand j'ai travaillé à la CECM, il y avait trois
représentants parmi les 19 commissaires, des anglo-catholiques qui
parlaient pour eux. Je ne sais pas quelle est la situation actuellement, mais
le nombre des anglo-catholiques, apparemment, diminue plus vite que chez les
autres populations scolaires, spécialement sur l'île. Dans le
passé, j'ai toujours plaidé en faveur d'une commission scolaire
anglo-catholique sur l'île, au moins une. Ce sera maintenant très
difficile, à cause des normes.
M. Trasler: Je reprends là. We have worked at this
question for ten to twelve years. I personally was in the original association
for reforming education, a brief which you have passed around this commission.
Their main problem in considering their linguistic division, is that we cannot
come up with a solution for confessionality within the catholic school. It has
not been for not trying. As late as a meeting that we had on Monday, with what
we call a group of fourteen, which represents all of the English groups,
including parents, we discussed it again. We cannot come up with a solution to
look after the demands of the English Catholic parents that there be an English
Catholic presence in the school. So, therefore, for us, off island, it is quite
obvious that the linguistic division is in effect in place because many of the
Catholic boards have turned over the education of the English Catholic students
to the protestant board and where the parents can be involved, at the school
level, in a school committee, as you well point it out, they cannot be involved
at the board level and that is not just. I appreciate that. But quite honestly
with you, we have not come up with a solution as to how we can guarantee the
English Catholic rights in a linguistic system or how we can work out the
staffing rights, because, if you have to have an English Catholic school,
therefore, it is an English Catholic staff and you are in to a whole mix of
collective agreements in Bill of Rights.
M. Laurin: J'aimerais maintenant me tourner vers un autre
problème, celui des pouvoirs des commissions scolaires et celui des
pouvoirs que le projet de loi 40 confère aux écoles. Dans le
projet de loi 40, on transfère aux écoles un certain nombre de
responsabilités en ce qui concerne la pédagogie, l'implantation
ou l'adaptation, l'enrichissement des programmes, l'appropriation par
l'école, l'élaboration par l'école et l'exécution
par l'école d'un projet éducatif. (11 h 45)
Dans votre mémoire, comme dans beaucoup d'autres, on sent une
réticence et même une opposition à ce transfert de
responsabilités, mais j'ai l'impression qu'on a tendance dans ces
mémoires à exagérer l'étendue et la portée
des pouvoirs que le projet de loi confère ainsi aux écoles et,
par voie de conséquence, à minimiser l'importance des fonctions,
des responsabilités et des pouvoirs que le projet de loi 40 garde aux
commissions scolaires. Peut-être est-ce parce que ces pouvoirs qui sont
maintenus aux commissions scolaires, dans le champ de la pédagogie comme
dans les autres, sont dispersés ou disséminés dans un
certain nombre d'articles. Il devenait peut-être difficile pour ceux qui
l'étudiaient de les réunir, de les rassembler et d'en faire une
synthèse.
C'est un peu ce que je voudrais vous soumettre ce matin. Par exemple, le
projet de loi 40 attribue à la commission scolaire la
responsabilité d'assurer à la population de son territoire les
services éducatifs auxquels elle a droit; c'est l'article 199. Par la
suite, les articles 200 à 291 explicitent cette responsabilité.
On voit aussi dans le projet de. loi que, afin que la commission scolaire
puisse s'acquitter efficacement de cette responsabilité, on lui attribue
l'ensemble des pouvoirs de planification, de coordination et de contrôle
dans le domaine de la pédagogie et des ressources humaines,
matérielles et financières. De plus, le projet de loi 40 attribue
à la commission scolaire la responsabilité d'assurer aux
écoles de son territoire le soutien à l'exercice des fonctions
que lui attribue le projet de loi; c'est l'article 206.
Enfin, le projet de loi 40 attribue à la commission scolaire la
responsabilité d'assurer la gestion de services communs aux
écoles - par exemple, gestion des conventions collectives, entretien des
équipements, gestion comptable des opérations financières
et pour une bonne raison, pour ne pas surcharger l'école de fonctions
administratives qui risqueraient de la détourner de l'essentiel de sa
fonction éducative et pédagogique et qui pourrait entraîner
des coûts injustifiés.
On peut reprendre cela sous divers chapitres. Par exemple,
l'organisation scolaire. En ce qui concerne l'organisation scolaire, la
commission scolaire garde le droit, dans le projet de loi 40, d'établir
un plan quinquennal d'utilisation de ses immeubles. C'est elle qui
établit la liste des écoles, c'est elle qui délivre
à chaque école son acte d'établissement, c'est l'article
200. Cet acte d'établissement de l'école précise le nom,
l'adresse, la composition du conseil d'école, son statut linguistique,
les biens immobiliers qui sont mis à sa disposition, le niveau
d'enseignement donné par l'école et les services éducatifs
qu'elle dispense; c'est à l'article 29.
Lorsque le réseau de ses écoles ne peut
assurer à sa population les services auxquels elle a droit, la
commission scolaire peut signer des ententes avec une autre commission
scolaire, un organisme ou une personne; c'est l'article 201. La commission
scolaire répartit les services éducatifs entre les écoles
de son territoire: enseignement général, cours à option,
enseignement professionnel, services spéciaux aux élèves
en difficulté, services complémentaires, services particuliers;
c'est l'article 202.
La commission scolaire établit aussi les critères pour
l'inscription des élèves dans ses écoles. Elle inscrit les
élèves dans les écoles en tenant compte du choix des
parents; c'est le jumelage de l'article 18 et de l'article 209.
La commission scolaire peut, à la demande d'une école,
inscrire un élève dans une autre école ou l'expulser des
écoles de son territoire et le confier au Directeur de la protection de
la jeunesse; c'est l'article 211.
La commission scolaire organise le transport des élèves;
ce sont les articles 249 à 255. Elle établit aussi les normes qui
découlent des contraintes de ce transport pour la détermination
du calendrier scolaire pour les écoles. C'est l'article 203.
Enfin, la commission scolaire informe annuellement la population de son
territoire des services offerts par les écoles de son territoire et des
ententes conclues à cet effet. C'est l'article 205.
Sur le plan de la pédagogie, les pouvoirs ne sont pas tous
transférés aux écoles. La commission scolaire garde des
pouvoirs importants et des responsabilités importantes. Par exemple, le
projet de loi attribue à l'école la responsabilité
d'assurer la qualité des services éducatifs répartis
à l'école par la commission scolaire à la population
inscrite dans ses locaux, mais inscrite dans ses locaux par la commission
scolaire. Ce sont les articles 28 à 32 quand on parle de l'école,
mais 91 et 92 quand on parle du rôle que joue à cet égard
la commission scolaire.
Il est vrai que le projet de loi attribue à l'école
l'ensemble des fonctions et des ressources qui lui permettent ensuite d'assurer
avec efficacité cette responsabilité. Ce sont les articles 93
à 132.
Mais les liens entre l'école et la commission scolaire demeurent
très importants. Par exemple, la commission scolaire assure le soutien
à l'exercice des fonctions attribuées à l'école.
L'article est très bref à ce sujet, mais il faut comprendre ce
que signifie le mot "soutien". Le mot "soutien" ici - si on l'explicitait et on
le fera peut-être dans la version définitive -comprend toutes les
opérations suivantes: Implantation de nouveaux programmes,
enrichissement et adaptation des programmes, élaboration des normes et
modalités d'évaluation. Je pourrais continuer. Le mot "soutien"
est donc un mot qui comprend, dans la pratique, une foule de
responsabilités que devra continuer à assumer la commission
scolaire.
De même, la commission scolaire établit, sur recommandation
d'un comité spécialisé, une politique d'organisation des
services éducatifs aux élèves en difficulté qui
favorise leur intégration scolaire - c'est l'article 204 - et
l'école applique cette politique auprès de ses
élèves. C'est l'article 97.
La commission scolaire continuera, dans la loi 40, à veiller
à ce que les écoles évaluent les apprentissages de
l'élève et appliquent les épreuves uniques du ministre.
C'est l'article 207. Elle délivre les équivalences
d'études. C'est l'article 208. Et elle fournit des avis aux
écoles sur leur performance. Ce sont les articles 206 et 207.
Pour la première fois, la commission scolaire aura la
responsabilité - et non plus le ministre - d'exempter un
élève de l'application d'une disposition du régime
pédagogique. La commission scolaire peut exercer temporairement les
fonctions qu'une école lui confie: une mesure de souplesse, d'adaptation
à la situation particulière de chacune des écoles. La
commission scolaire adopte ses politiques et normes dans le cadre de
recommandations soumises par des comités qui impliquent des
écoles. Ce sont les articles 184 à 188.
Enfin, la commission scolaire consulte les écoles selon des
mécanismes et des sujets convenus avec les écoles.
Ce qui ressort du projet de loi, c'est que l'école et les
commissions scolaires ont des responsabilités conjointes dans
l'application du régime pédagogique. Le projet de loi 40 et le
texte du régime pédagogique que j'ai déposés avant
la commission précisent cependant qui, de l'école ou de la
commission scolaire, est responsable de telle ou telle disposition du
régime. On peut dire la même chose des ressources humaines. C'est
la commission scolaire qui continue d'être l'employeur du directeur
d'école et de tout le personnel. Ce sont les articles 219 à
221.
C'est elle qui le répartit dans les écoles en tenant
compte des besoins d'effectifs soumis par les écoles. C'est l'article
222. La loi prévoit à ce sujet les normes pour la gestion de ce
personnel comme, par exemple, le certificat médical, à l'article
223; la liberté de choix, à l'article 224; le renouvellement du
contrat de travail, à l'article 225; la cessation d'emploi, à
l'article 226; le non-renouvellement du contrat, à l'article 227; le
congédiement, à l'article 228 et la modification d'affection,
à l'article 229.
En ce qui concerne les ressources matérielles, la commission
scolaire maintient
pratiquement la totalité de ses pouvoirs actuels. Elle est
propriétaire des immeubles scolaires mis à la disposition des
écoles, article 230. Elle doit s'assurer que les écoles
maintiennent ses biens en bon état. Elle peut, si nécessaire,
prendre les mesures nécessaires pour suppléer aux défauts
de l'école. C'est l'article 231.
De plus, la commission scolaire doit approuver les ententes faites par
les écoles pour l'utilisation des immeubles mis à sa disposition,
lorsque l'entente est pour plus d'un an. C'est l'article 124. La commission
scolaire peut déterminer des règles sur l'approvisionnement en
biens et services par les écoles. C'est l'article 232. La commission
scolaire est responsable de l'aménagement, de la construction, de la
transformation ou de la réfection des locaux. C'est l'article 126. La
commission scolaire peut exproprier un immeuble pour fins scolaires. C'est
l'article 233. Enfin, pour les ressources financières, le maintien des
responsabilités de la commission scolaire est quasi intégral dans
le projet de loi 40 par rapport à la situation actuelle. En effet, la
commission scolaire, en plus de gérer le budget qui lui est propre,
approuve les prévisions budgétaires des écoles, avec ou
sans modification. C'est l'article 236. Ces prévisions
budgétaires des écoles sont sans effet tant qu'elles n'ont pas
été approuvées. C'est l'article 129.
La commission scolaire établit les règles, les
modalités de répartition des ressources financières entre
les écoles. C'est l'article 239. La commission scolaire est comptable
des opérations financières des écoles. C'est l'article
243. Elle doit, de plus, les faire vérifier. C'est l'article 245. Elle
peut emprunter par tout mode reconnu par la loi - c'est l'article 246 - sous
réserve de certaines autorisations étatiques. Elle peut aussi
imposer des taxes pour pourvoir au paiement des dépenses non
subventionnées. C'est l'article 257. Elle peut, au besoin, aller en
référendum pour dépasser les limites de taxation
prévues par la loi. C'est l'article 258 et les articles 273 à
291.
En plus de tous ces pouvoirs spécifiques, je pense qu'il y a lieu
de conclure en rappelant que la commission scolaire peut, en cas de
défaut d'une école de respecter la loi ou un règlement du
gouvernement, du ministre ou de la commission scolaire, substituer ses propres
décisions à celles de l'école.
À la lumière de ce rappel des diverses dispositions de la
loi, est-ce que vous pourriez continuer à soutenir que le projet de loi
érodera d'une façon très ou trop importante les
pouvoirs de la commission scolaire, lorsqu'il confie aux écoles
certaines responsabilités en matière de pédagogie et en
matière de préparation ou d'exécution du projet
éducatif de chaque école? (12 heures)
M. Lavery: M. le Président, peut-être que la source
de notre inquiétude concernant la pédagogie est celle, peu
importe la base d'une restructuration scolaire, où il faudra avoir une
cohérence administrative dans les domaines techniques de la finance, du
transport, des meubles. Tout cela est évident. C'est le domaine de la
pédagogie qui nous inquiète. J'ai mentionné dans la
présentation du mémoire l'article 119. Malheureusement, je n'ai
pas la copie française du projet. The school may, on behalf of the
school board, within a scope of its budget estimates and if the case may be in
accordance with the school board employment norms, make a contract with the
person or body for the supply of goods or services provided for in this
division, that's the whole of division 5, and dealing with the functions of the
school, instructional services, the educative policy, auxiliary and special
services, evaluation. So, our interpretation of article 119 is that the
school will receive financial resources for those services and it
will contract out. We are not convinced therefore... either you are going to
increase the cost of education for those services if you leave the school
boards also with funds for educational services and the provision of them, or
you are going to have to take that out of what is spent in school boards now.
An a analysis of what is spent in school boards now, take a school board of 12
000 people for example, the cost of student services, instructional services
and some administrative supervision of those services is 121 $ per people. It
is not very much money. Yet it is all we have to work with to invent new
programs, develop programs, look after the professional development of our
teachers.
Now, our impression is from reading the text, as I said in the brief,
that 119 seems to indicate that 121 $ per people in this case, will be
transferred to the schools and they will buy these services somewhere, contract
out. Contract with whom is not very clear.
Un autre argument qu'a donné le ministère, le
régime budgétaire et financier des commissions scolaires,
orientations et dispositions réglementaires découlant du projet
de loi 40, semble, à mon avis, confirmer cette interprétation de
l'article 119. C'est peut-être la seule source de notre
inquiétude. Qui va avoir la responsabilité de la cohérence
dans le développement des programmes? Si on peut retourner en
arrière, il me semble que ce serait très surprenant que chacune
des écoles anglophones veuille développer un programme
d'immersion en français.
Nous avons dans notre commission scolaire cinq conseillers
pédagogiques en français langue seconde. Ce sont eux qui ont fait
le travail pour toutes les 27 écoles de
la commission scolaire, dans ce cas. C'est une cohérence
apparente ici, dans le projet de loi 40, qui nous inquiète.
M. Laurin: Je comprends vos appréhensions. Il est aussi
possible d'envisager que l'ensemble des dispositions que je viens de rassembler
et de lire sont parfaitement susceptibles d'assurer la cohérence et
l'unité du système tout en permettant cependant une
diversité souhaitable au niveau de l'enracinement d'une école
dans son milieu, tout en permettant une adaptation, une diversification de la
mission éducative pour qu'elle reconnaisse et satisfasse davantage les
besoins particuliers des clientèles de chacune des écoles ou les
priorités au sens de l'environnement éducatif ou du projet
éducatif que chaque école peut et doit se donner.
Il est possible qu'il y ait encore des retouches à faire à
cet égard, des précisions, des clarifications à apporter.
Il me semble que le "thrust of the system", la poussée du
système, maintiendra cette cohérence que j'estime, moi aussi,
nécessaire, l'unité du système d'éducation, mais en
permettant quand même ce que tant d'intervenants en éducation
réclament depuis longtemps: que l'école assume quand même
une responsabilité qui convient à la place qu'elle occupe dans le
système. Pour le bénéfice des membres de la commission,
j'aimerais remettre ce document dont j'ai lu la plus grande partie, qui
résume et rassemble les articles qui ont trait à la
répartition des pouvoirs entre les écoles et la commission
scolaire.
Je voudrais continuer sur le même sujet en référant
les directeurs généraux à l'opinion qu'est venue
émettre ici à la commission l'Association des commissions
scolaires protestantes. Je ne sais si vous avez entendu le mémoire de
l'Association des commissions scolaires protestantes lorsqu'elle est venue
à cette commission, mais je vous rappelle que, dans un premier temps,
l'Association des commissions scolaires protestantes nous avait fait tenir un
mémoire auquel elle avait ajouté une annexe qu'elle avait
intitulée "An alternate approach".
Lorsque l'Association des commissions scolaires protestantes s'est
présentée à la commission, elle ne nous a pas
présenté la position qui faisait l'objet principal du
mémoire qu'elle nous avait envoyé. Elle nous a plutôt
résumé ce qu'elle appelait son "alternate approach". Dans cette
approche alternative, on pouvait constater un changement d'accent, c'est le
moins qu'on puisse dire, entre les positions du mémoire qu'elle nous
avait envoyé auparavant et celles dont elle voulait nous entretenir.
Dans cette approche alternative, on spécifiait bien davantage les
responsabilités qu'il convenait d'accorder à l'école. Par
exemple, adaptation des programmes d'enseignement aux besoins et
intérêts particuliers des élèves; création de
programmes supplémentaires destinés à répondre
à des besoins purement locaux; évaluation des progrès de
l'élève et communication de ces progrès aux parents;
institution et maintien du dossier cumulatif de l'élève;
préparation et administration de son budget propre; évaluation
annuelle des besoins menant à la définition de trois objectifs
majeurs pour l'année scolaire suivante et un plan détaillé
de réalisations de ces objectifs.
Ces priorités pourraient être strictement rattachées
au curriculum. Par exemple, l'amélioration des scores en lecture
à un niveau donné dans toute l'école. Elles pourraient
porter sur l'amélioration du comportement des élèves hors
de la classe. Elles pourraient être axées sur un meilleur usage du
bénévolat des parents. Ces objectifs et ces plans devraient
être soumis à la commission scolaire qui déciderait quelles
ressources allouer à chaque école pour lui permettre d'atteindre
ses buts: l'organisation des activités parascolaires pour ses
élèves; communication aux parents des objectifs de chacune des
matières au programme, des méthodes d'enseignement
utilisées, des moyens d'appréciation des progrès de
l'élève et des moyens employés pour les en informer;
participation aux projets de recherche en éducation, en particulier ceux
qui nécessitent l'emploi expérimental de méthodes et de
matériel nouveaux. De la même façon, l'Association des
commissions scolaires protestantes nous faisait tenir, dans cette approche
alternative, des propositions qui amélioraient, accentuaient la place,
le rôle, l'importance des parents au sein de l'école.
Il me semble que votre position que vous nous présentez ce matin
se situe bien en deçà de cette position dont est venue nous
parler l'Association des commissions scolaires protestantes. La question que je
voudrais vous poser, c'est celle-ci: Est-ce qu'après explicitation de
cette position votre association serait prête à entériner
cette position de l'Association des commissions scolaires protestantes et, si
oui, jusqu'à quel point?
M. Lavery: ... M. le Président, rien dans le
système actuel, à notre avis, ne peut prévenir ces choses.
En fait, c'est ce qui se passe dans beaucoup de commissions scolaires
protestantes. Je pense que vous avez interprété notre texte,
notre position sur les pouvoirs des commissions scolaires comme des pouvoirs
restrictifs. Ce n'est pas du tout notre intention. C'est un pouvoir ou une
concertation qui peut animer la poursuite de ces objectifs. On ne voit pas
notre position comme étant en contradiction avec l'annexe au
mémoire du QEPSB, mais est-ce la
lecture de notre mémoire qui vous fait croire qu'on veut garder
certains pouvoirs comme des "reins on the schools"?
M. Trasler: If we could just take an actual case, let us take the
"régime pédagogique". What you have said, we understand it, and I
am sure we read it well, as we understand it, the school would be in charge of
evaluation. The present situation, as we bring those courses the "régime
pédagogique", the main school boards, we are piloting them on the first
year to work out the problems, that is in a number of classes. At the same
time, as you know, we have to work out the extra 20%, that I believe the
Minister referred to, and much of this is being done at the school board level,
at the request of the schools, to work out the extra 20% course that could be
used to augment what is in the "régime pédagogique", that is
using the consultants at the board level. The evaluation now is done by the
school, by the teachers in the school, but again, to try to aid the teachers
and to give them an idea of where their marks are in comparison with the whole
system, we have in many boards other tests put out by the board which the
children take and which we norm so that different schools are then able to
compare the marks that they are getting in the courses to the board wide mark.
In this way, they can tell whether they are succeeding or failing. If they are
failing, then we are able to send in consultants to help them and aid them in
finding the problem and see how to work it out.
As Dr Lavery referred, it seems, in our reading of the Bill, that you
are going to put the consultants and the professionals at the school level. I
can only refer to my own system, at the Protestant school board, where we have
approximately 25 consultants for 29 000 children. They are working overtime
but, at least, they are covering the needs of the children in every school that
they are requested to help. If we split those forces up and we do not have the
consultants of courses in support forces at the board level, we cannot do the
type of board system wide help and evaluation that we feel is essential for a
good system of education.
In the same way, our students service personnel, because of the fact
that we no longer have our own nurses, we no longer have our own social
workers, but we have to work with the social work group and the nurses groups,
the demands that are put on the special aid consultants at a board level to aid
with the many many children who are having difficulty in learning is
astronomical and I cannot overemphasize this. How can we, again toying to
understand the Bill, take those bodies and put them in the school? Unless you
are prepared to put a lot more money into education, and I can understand the
problem there, we feel that the central board, the board has to have the
support services for the schools, and whereas I listened as the Minister read
out and I have read those rules within the Bill over and over again, trying to
understand them, there is the dichotomy in there that may not be in the
Minister's mind, but I have to tell you it is in everybody else's mind, we see
an overlap between the board level and the school level. We see an overlap of
powers. We feel that, in some cases, the school can say: No, we do not want
that, we are not doing it, we are not worrying about your evaluation, we are
running the show. We maintain that, even looking at other provinces - I have
looked at Ontario, where they have dropped the high school leading examination
for instance - what has happened there is the universities have not set up
their own entrance exams. The system we have in Québec, I think, is a
good one. I am in favour of it, we seem to be going along a correct line.
Obviously, we have to move into microcomputers and move quickly, but we still
have to maintain an overall evaluation process so that schools, individual
schools have a norm to compare with and that the boards have the resources to
help the teachers do their job in the classroom, because there are some very
difficult situations there. (12 h 15)
M. Laurin: On this point, I beg to differ because I am convinced
- perhaps the text is not clear enough on this point - that the totality of the
articles I have read and perhaps a better regrouping of them would allow the
school boards to continue to maintain the job they are performing at the
present time, as far as support is concerned, as far as allocation of necessary
resources is concerned, to maintain the coherence and unity of the system on
the one hand and, secondly, to allow the school to better soothe the needs of a
given community.
But again, I will reread with a very great and careful attention the
views you present this morning and the views of other groups, so that this
thrust is better exemplified in the text and so that the orientations are
viewed in a clearer perspective. I thank you very much.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. Trasler, M. Lavery, il me fait plaisir de vous saluer
au nom de l'Opposition. Nous avons pris connaissance de votre mémoire
avec beaucoup d'intérêt. Je pense qu'il nous vient de personnes
dont la compétence est très généralement reconnue.
En conséquence, je crois qu'il convient
d'accorder toute l'importance nécessaire aux opinions que vous
exprimez dans votre mémoire.
Il y a des choses, comme vous le dites, qui ne peuvent pas facilement se
régler par voie de projet de loi, lorsqu'on parle, par exemple, de la
collaboration nécessaire entre les divers agents de l'éducation.
Il est évident qu'il y a des limites au-delà desquelles le
législateur ne saurait s'engager sans risquer de compromettre tout le
succès de l'entreprise. De même, le rapport intime qui doit
exister entre l'école et la commission scolaire est fait d'une
infinité d'actions, de services, d'interactions dont ne pourra jamais
rendre compte de manière adéquate un projet de loi, surtout quand
il prétend aller jusque dans le détail. C'est peut-être
l'une des grandes faiblesses du projet de loi 40 qui va beaucoup trop dans le
détail. Plus on veut aller dans le détail de ces choses, souvent,
plus on devient vague, imprécis et ambigu.
J'ai été particulièrement frappé, dans les
réponses que vous donniez au ministre tantôt, de vous entendre
souligner les dangers très nombreux de dédoublement, de
recoupement d'autorité d'intervention que présente le projet de
loi 40 dans sa forme actuelle. J'entendais le ministre et j'ai de bonnes
réponses pour lui ce matin. C'est dommage, il a un peu pris
prétexte de notre rencontre avec vous pour nous servir de ses
homélies assez fréquentes auxquelles il nous a habitués
depuis le début des audiences de la commission. Il avait tout un papier
préparé sur les responsabilités de la commission scolaire
selon le projet de loi 40; cela adonne assez bien parce que j'en ai un moi
aussi, dont je vais vous donner communication quant à l'essentiel. Assez
curieusement, lorsque nous avons reçu, l'autre jour... There is a
meeting of minds.
At the conclusion of our conversation with the McGill University Faculty
of Education - I think it was on January 12th -I asked Professor Burgess if he
would accept to do a more thorough study of the responsibilities assigned to
the school boards in Bill 40. I was not sure he would follow up on the
suggestion which was made in a very informal way, but he took it seriously and
a few days ago, I got a letter from him which he authorized me to use in this
debate and which gives me the result of a study which he did on precisely the
same matter which was discussed by the Minister in his reply to you this
morning.
I will quote from this letter which he sent to me, which he authorized
me to use, as I said before. He said: "I analyzed the responsibilities of
school boards as indicated in Bill 40 and have compared them with the list
given on pages 27 and 28 of the McGill brief. This analysis suggested that the
effect of Bill 40 would be to deprive school boards of all meaningful
responsibilities in the field of pedagogy or instructional services. "I then
went through the Bill article by article, in order to identify all the
indicated responsibilities granted to school boards. As you will see from the
list of 65 identifiable responsibilities, these are almost exclusively
concerned with administration. With the partial exception of adult education
and some special education services, I can only conclude that the effect of
Bill 40 will be to deprive school boards of all pedagogical
responsibilities."
Now, I will quote more precisely from some other passages of the letter.
There is one section of the study which deals with management of pedagogical,
administrative and support services. He of course read and analyzed the same
articles which were mentioned by the Minister in his reply, but arrives at an
entirely different interpretation as to the meaning and implications of such
articles. The conclusion under this particular heading is as follows: "It is
clear from an analysis of the powers and responsibilites of school boards, as
indicated in Chapters I to IX of Bill 40, that school boards have the
responsibility to provide administrative and similar support services to their
schools. In the field of pedagogy, however, it is not clear which and how these
services are to be provided. The terms "educational services, auxiliary
services and special services" are referred to in Chapter I of the Bill, but
they are not defined in any detail. "The six articles quoted above appear
ambiguous. It appears to be the intent that individual schools will provide
these services and it is the role of the school boards to allocate these
services to the schools. But, clearly, not every school can have a speech
therapist, a psychologist, a guidance counsellor, etc. It would make far more
sense for these specialists to be employed directly by the school board and to
be available to individual schools or pupils on a boardwide basis. A detailed
analysis of the powers and responsibilies of school boards, however, seems to
demonstrate that school boards are to be administrative units and not
pedagogical. In my view, this is a major weakness of the law." He should have
said the draft legislation. We hope it never becomes law in its present form.
But he specializes in education not in legal matters.
On management of personnel, I think I should quote this passage. It is
brief and I think it is important too: "Technically, the school boards retain
the right to manage their own personnel. In practice, they only employ the
personnel because the active management is restrained by collective agreements.
The right to appoint and discharge school principals would in effects be
controled by school councils. The right to
transfer teachers is subject to approval of school councils. Other than
the person responsible for support to Catholic schools -this is between
quotations - there is no mention in Bill 40 of the school board employing
pedagogical or educational staff to provide support to the schools."
Now, another heading: Definition of curriculum. Within general
objectives established by the Ministry of Education and establishment of
criteria and development of procedures for pupil evaluation, the commentary
here is as follows: "It is significant that Bill 40 contains no reference to
school boards exercising meaningful responsibilities either with reference to
curriculum or to evaluation."
Under the heading "Coordination and management of adult education, pupil
personnel and special education services", the commentary is as follows: "The
school board would appear to have two meaningful responsibilities: 1) To
determine the educational services for adults, though these are to be provided
by the school and not the school board." On this we had a very elaborate
discussion yesterday to which I will not return today. I think the proof was
amply made yesterday that Bill 40, as regards adult education, is absolutely
defective and a very despicable piece of legislation in terms ot today's
standards in this area. "2) To draft the criteria for the provision of services
to pupils with social maladjustment or learning disabilities, though again it
is the school and not the school board that is responsible for providing such
services. It is significant, Mr. Burgess concludes, that Bill 40 contains no
reference to the pupil personnel services such as guidance counsellors, speech
and occupational therapists, psychologists, psychometricians, school nurses,
etc. "Establisment of standards for educational material: Bill 40 contains no
reference to this particular matter. No responsibilities at all are assigned to
the school boards in this area."
On the organization of professional development programs, pedagogical
research and curriculum development, the conclusion is: "Bill 40 contains no
reference to pedagogical research or curriculum development."
The Minister gave a very generous interpretation of the notion of
support services in his remarks, but when one reads the text of the Bill as it
stands, I do not think one is authorized to draw such a large interpretation of
the Bill. If the Minister is ever disposed to include in the Bill specific
provisions along the lines which he stated in his verbal remarks this morning,
it will be a considerable improvement. But I think the proof has been made. I
think it is already established in this report which I received from Mr.
Burgess and of which I will gladly make a copy available to the Minister. We
have it. Did you steal it from my files?
M. Laurin: Yes.
M. Ryan: I am glad you have it. Was it distributed this
morning?
M. Laurin: No.
M. Ryan: O.K.
M. Laurin: I have no objection.
M. Ryan: I am glad I made sure with Mr. Burgess that it could be
made public anyway.
M. Laurin: Not only that but...
M. Ryan: So there is no misunderstanding between us.
M. Laurin: ...I underlined all of this already.
M. Ryan: So you can see that we have to refer to the same
articles of the Bill, of course, but the interpretation that can be drawn from
such articles varies considerably. The weight of opinion which we have heard in
this commission is that the Bill, as it stands, would rather lead to the
interpretation suggested by Mr. Burgess among several others. I could mention
the Federation of Catholic School Boards, I could mention l'Association des
cadres scolaires, l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires, etc. But I think the weight of opinion that we have
heard until now clearly points in this direction, that the Bill must be
completely rewritten as regards distribution of responsibilities between the
school board and the school.
Now, the Minister quoted from this brief. I think our minds really met
this morning. Before he began alluding to this... I can ask my research
assistant to go and get copies of these briefs to which there might be
reference in our discussion. All the items which the Minister listed as
responsibilities which could be entrusted to the school are effectively
mentioned in the annexe to the brief which was submitted by the Quebec
Association of Protestant School Boards. But the Minister omitted to mention a
few very important paragraphs which precede that list of responsibilities to be
entrusted to the school and I will complete the job by referring to those
paragraphs. They read as follows. (12 h 30)
Role de l'école. Je vais commencer par le début. "C'est
à l'école que s'effectue
l'apprentissage, véritable but de l'éducation.
L'école a donc un rôle d'une importance capitale à jouer.
Mais c'est un rôle à bien définir que son personnel ne peut
assumer sans le leadership et les ressources humaines et financières de
la commission scolaire dont elle dépend."
Notons que dans le présent contexte, l'école fait partie
d'un réseau administré par la commission scolaire. Elle
évolue dans un cadre établi par des règlements du
ministère et par les politiques de la commission scolaire. Si le
ministère est persuadé qu'il doit procéder à une
véritable décentralisation de l'autorité vers des
commissions scolaires, nous avons la ferme conviction que celles-ci seront
également prêtes à déléguer leurs pouvoirs,
responsabilités et ressources nécessaires à leurs
écoles qui, de ce fait, auront la souplesse nécessaire pour
refléter les aspirations et la philosophie des communautés
qu'elles desservent. De nombreuses commissions scolaires ont déjà
délégué des pouvoirs et responsabilités à
leurs écoles.
Ici, il y a un passage extrêmement important: II faut cependant
qu'un équilibre délicat soit établi et maintenu. Les
écoles font partie d'une entreprise collective. Elles sont responsables
devant la commission scolaire dont elles détiennent leur
autorité. La commission scolaire est responsable devant la
communauté qui justifie son existence. Le but devrait donc être
que chaque école jouisse de suffisamment d'autonomie pour encourager
l'initiative locale, la satisfaction des besoins purement locaux et
l'institution d'un milieu professionnel réellement propice à
l'apprentissage et au travail dans le respect des règlements
ministériels et des politiques de la commission scolaire.
C'est là le lien qui manque dans le projet de loi 40, M. le
ministre. Je pense que c'est ce lien organique entre l'école et la
commission scolaire qui est très défectueusement défini
dans le projet de loi 40 et qui a donné lieu à tout ce concert de
protestations, d'inquiétudes et d'objections qui ont été
entendues par la commission parlementaire depuis le début.
Je pense que le mémoire de l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires protestantes, en des termes
sobres et généralement très constructifs, nous
ramène au coeur du problème. Nous pourrions nous engager dans une
bataille interminable de citations. Vous pourriez me dire qu'il y a l'article
119, l'article 92, l'article 242. Je crois que l'étude a
été faite et il y a un choeur d'opinions très important,
autant du côté francophone que du côté anglophone, du
côté protestant que du côté catholique, qui nous dit:
L'équilibre de fond n'est pas nécessaire. Si on parle de la
responsabilisation de l'école, tout le monde dit oui en choeur.
Je pense que le député de Fabre, dont c'est un exercice
favori, pourra trouver dans à peu près chaque mémoire qui
a été soumis à la commission parlementaire jusqu'à
maintenant des passages qu'il pourrait citer en faveur de la thèse
gouvernementale. Nous pourrions en trouver dans tous les mémoires
également. Mais à un moment donné il y a un jugement
d'équilibre qui doit être fait. Il faut prendre "the weight of the
evidence" comme on dit, le poids relatif des arguments apportés de
chaque côté. Je pense que sur ce point-ci, la démonstration
a été clairement faite qu'on ne peut engager une réforme
sur la base d'un partage des responsabilités aussi défectueux que
celui proposé par le projet de loi 40.
Je suis bien content que le ministre soit revenu sur le fond du
problème ce matin. Je m'excuse qu'on ait pris tant de temps à
l'occasion de la rencontre que nous avons avec vous, mais je pense que c'est un
point majeur que vous vouliez souligner à notre attention. En tout cas,
j'ai exprimé la position du groupe que nous représentons et en
même temps la position d'un grand nombre de personnes sur cette
question.
Maintenant, si vous me le permettez, je voudrais vous poser une couple
de questions. Vous avez parlé d'une réunion qui a eu lieu lundi
soir. Vous avez dit qu'il y avait une quinzaine d'organismes présents
à cette réunion.
M. Trasler: They were 14 actually. You have heard of the groups
of seven, which really are the administrative and teachers groups, in other
words the professional groups that meet. We also have a group of 14, which
takes in all of the parents groups as well, within the English community. The
group of 14 have met pretty continuously for the last six months, looking at
what is happening and trying to coordinate and work out the confessional
problem.
The other night, mainly after we had reviewed the evidence, I would have
to say, Mr. Chairman, that Mr. Ryan's summation was our summation, that the
evidence against the Bill and certainly I would say that Dr. Burgess' reaction
is exactly the same as ours. Possibly we cannot read and maybe there is a
misunderstanding between what the minister means and what is written in the
Bill. But certainly, Dr. Burgess' interpretation would be the interpretation
that all of the English groups see in the Bill. They see an unclear control of
the pedagogical services. So that group meets continuously and just to keep
looking at the Bill.
The only thing, if I may add, is that we would have had a section on
adult education, except that there were a change in adult education. The
breaking-up of the Department looking after adult education
came after we have presented our brief. We will be meeting with the
Directors of adult education very shortly, because we are really concerned that
there seems to be a movement away from supporting adult education and, as you
know, specially in the outlining areas of the province, as well as in the
cities, adult education plays a very important part for our community.
M. Ryan: Would you sum up again the three leading conclusions
that came out of your meeting? You mentioned that there is no agreement as of
now regarding the accommodation in accordance with their expectations of
English-speaking Catholics, under English-speaking School Boards. I would not
want you to elaborate too much on that, I think I understood your point, but I
would like you to come to the three other conclusions that you mentioned at the
end of your opening remarks.
M. Trasler: There are the three key things that we do not see in
the Bill, and that we want to maintain. One is the principal's role in the
school. I can only reemphasize this, that he is the educational leader, he
cannot be put in a situation which would be ambiguous and where he will not
know to whom he reports. The situation of schools is that different parents
come to school committees from year to year and they can be quite different in
their direction and so forth. We feel that present administrators' structure
for principal must be maintained if he is to carry on that role that we feel is
most important. All associations agreed that it is of prime importance and we
have, of course, a research to support that a good school, usually, has a very
good principal.
The second one...
M. Ryan: On this question, if you allow me a further question, we
would dispose of the principal's role and status after that.
M. Trasler: Yes.
M. Ryan: Do you see that the principal must remain a person who
is appointed by the school board? To whom must he report?
M. Trasler: He must report to the administrators of the school
board. That does not mean that the parents do not have an input. They have an
input now in school board. We asked the school committees, under Bill 71, to
suggest that type of persons that they would like to see as administrators of
the school. We consider those recommendations but you still, within the
movement of personnel, must leave it within the school board as the right to
transfer principals and to appoint principals.
Otherwise, we can only see a sort of chaos.
The second point is again what we have called on the clarification - I
will put it that way, because, listening to the Minister this morning, it is
quite obvious in his mind they are clear and, in our minds, they are not - of
the powers of school boards. I would just simply refer back to Dr. Burgess'
letter and to the annex of the QAPSB, because we feel Dr. Burgess has outlined
the problem that we see, that is it does not seem to be the support for the
pedagogical services and, within the QAPSB's annex, we feel that there is a
good division of powers listed in that annex for the different bodies, the
Ministry of Education, the school board and the schools.
The third one would be - again, I think the Minister is quite correct,
because off island we do not see a problem - the numbers of English is the main
concern. They have come together in the majority as common schools. That has
come together and respected each others. As you know, we, on island - and you
have referred to it - at one high school, we have brought the two groups
together. It seems that it is possible at the secoundary level to bring the
English catholics and the English protestants together. But, for I, I am not a
catholic, and you can correct me, but I feel that within the catholic Church
there is a strong feeling that they must have a catholic elementary school.
Therefore, it is at the elementary level that we just have not seen a solution
and it is certainly not for Protestants to ask Catholics to change their
position. So, how are we going to work out the staffing of schools that will be
recognized as Catholic? Again, we play up very much the fact that after the
schools have made a request to be considered as Catholic, or Protestant or
otherwise, the boards must make that final decision. We agree totally with the
PACT and the other Catholic groups that have made this request.
Once that is done, as I say, we have not come up with solution regarding
the staffing of those schools. How do you come up with a fair staffing? We have
discussed seniority; that cannot be the only criterion. You have to realize
that in the PSBGM alone, there are 600 Catholic teachers, within a Protestant
sector, so when you mix the two together and start setting up Catholic schools
having only Catholic teachers, we see a logistics problem and a real problem
for the unions.
M. Ryan: You insisted upon the considerable constraints relating
to the implementation of the "régime pédagogique" and the extra
burden which would derive from the implementation of Bill 40, if it ever became
law. Could you elaborate somewhat on this and illustrate perhaps the
conflicts that might result if the Government were to act according to
the timetable which the Minister seems to have set for himself?
M. Trasler: There are two things. One is the timetable and Dr.
Lavery can add here, because we can cover two boards but I think it is fairly
general for all boards. Two things bother: one is that this support must
continue until a complete implementation... We are looking to 1988, I guess;
1988-1989 would be a realistic date. During that time where the courses are
brought in, piloted, changes made, evaluation techniques worked out and so on,
an awful lot of support must be continued for the schools and for the teachers
there.
The part that has not been discussed with the Chairman is the cost. Dr.
Lavery has talked about the fact that if money is to go down to the schools and
if the schools are going to have the choice of texts, I think that in large
systems you are going to find that this could double and triple your cost. The
cost we are looking at, over next year, was first worked out at a million
dollars for a school of 30 000 pupils. I have checked with Dr. Lavery in the
Lakeshore and the number per capita or pupilwise, which worked out to be about
the same, is now double. We have seen textbooks coming in, in science, at 23,00
$ a text and 22,00 $ a text, when we can get them. I believe the French schools
are having exactly the same problems we are having. We are having difficulty
finding texts for the new courses. So the cost factor, if you start dispersing
money in different directions, the demand of the "régime
pédagogique" both for support and the money to put it in, is something
we are having trouble with.
Now, there are the microcomputers. I guess most administrators, some
board members, commissioners and teachers have been attending more courses in
microcomputers over the last year than they have attended courses in anything
else. Again, that is universal. The cost of the hardware, though high, is the
least problem. The main problem is that again, we find good educational
software where for the microcomputer. There are some coming out in the States.
I believe there will be some coming out from OISE, in Ontario, because they are
working on educational programs. We have to develop some. Teachers will be
working on developing some, but again, the cost of introducing the
microcomputer program in the schools and the amount of work involved in
developing programs for the microcomputer, both the "régime
pédagogique" and that, put a very heavy burden on all of the
administrative structures at this time.
M. Ryan: In this area, could you describe the kind of support
which you are getting from the Ministry on the English side, or the Protestant
side, if you prefer? (12 h 45)
M. Trasler: In the "régime pédagogique", we work
basically with the Montreal Regional Bureau. Mr. Brown is in charge of the
pedagogical resources there and he is working with the English boards. I
believe the English boards are working with him in that they are supplying
consultants to him so that workshops can be set up across the province at the
demand of the boards. This has to continue, quite obviously. That is the main
part or the main area of support.
Within the different regions of the province, I think the situation
differs and I would rather leave that alone, other than to say that some of the
regions are able to support the English program introduction. Others are
passing it on to the Montreal Regional Bureau. It is a main concern of our
association and the Association of Directors of English Schools. We have
presented a brief jointly on this as we feel that it should not be up to the
regions to say whether they can support the implementation of English
instruction. We feel that it should be up to the English school board to say
whether the services provided by the Regional Bureau are adequate or whether
they should go to the Montreal Region to work through Mr. Brown.
M. Lavery: On peut élargir sur cette question un peu.
À la page 17 de notre mémoire, la version française, on
dit: "Le sujet dont nous discutons ici - les services pédagogiques
centralisés - est d'importance primordiale pour les écoles
protestantes en particulier, puisque le succès de ces dernières
résulte en grande partie du développement de noyaux puissants
d'expertise pédagogique au sein des commissions."
Ma propre commission scolaire qui est assez petite - 12 000
élèves - contribue dans le domaine pédagogique à un
travail équivalant à deux années-hommes; à chaque
année, c'est au moins cela pour le développement
pédagogique dans le secteur anglophone. On participe aussi à ce
travail avec nos collègues anglo-catholiques. Tous les ministères
et tous les bureaux régionaux sont pourvus d'employés
francophones qui sont nécessairement familiers avec le système
français. Mais il y a peu de gens travaillant au ministère de
l'Éducation qui ont une connaissance substantielle du système
anglophone. Comme je l'ai dit dans une autre partie de mon introduction, il y a
des jours où on apprécie cela.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier les représentants de l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires protestantes du Québec.
Je ne reviendrai pas sur la question du partage des pouvoirs entre les
commissions scolaires et l'école. Je pense que le ministre et mon
collègue d'Argenteuil ont amplement abordé cette question.
J'observais le ministre et on aurait dit que, ce matin, il écoutait
bien. Peut-être que cela va porter des fruits. Je le trouvais très
attentif aux remarques. C'est très positif tout cela. Ce n'est pas
négatif, M. le ministre.
J'aimerais vous poser une question sur votre introduction. J'ai cru
déceler un message, mais on est prudent maintenant quand on
décode les messages dans les mémoires, parce que, hier soir, on a
eu des expériences un peu douloureuses. Vous faites - probablement
à bon droit - l'apologie du système d'éducation protestant
en vous référant au rapport Parent qui avait signalé
justement la qualité de l'éducation dans le système des
écoles publiques protestantes. La question que j'aimerais vous poser est
la suivante: Existe-t-il encore - ce n'est pas très clair dans votre
préambule - selon les statistiques du ministère de
l'Éducation auxquelles vous faites allusion au bas de la page 2, des
différences dans les résultats obtenus par les deux secteurs?
Évidemment, il y a toutes sortes de variables qui entrent
là-dedans quand on évalue ou quand on compare des
résultats scolaires, mais, puisque vous l'avez signalé,
j'aimerais savoir quel est véritablement le message. Au lieu de nous
laisser décoder, donnez-nous ce message que vous vouliez nous
transmettre dans votre mémoire.
M. Lavery: Au sujet de la première partie de votre
question concernant les différences dans les résultats, je
suppose que vous voulez dire les résultats des examens?
Mme Lavoie-Roux: Vous parlez des examens provinciaux?
M. Lavery: Oui. Je peux parler de ma propre commission scolaire.
Je fais chaque année l'examen des résultats. Le ministère
nous les envoie en paquet. On est au deuxième rang dans la province. Le
PSBGM qui représente une bonne proportion de la population
concernée a presque les mêmes résultats, mais je n'ai pas
fait un examen détaillé de toutes les commissions scolaires
protestantes. Les autres chiffres que j'ai publiés récemment dans
la Gazette indiquent apparemment que notre taux de succès est
très élevé en comparaison avec nos collègues
francophones. Nous avons un taux de passage au cégep qui est presque
incroyable. Même aux États-Unis et dans les autres provinces
canadiennes, il n'y a pas un taux de 70% ou plus d'élèves
finissant le secondaire qui passent à l'université; le taux dans
le secteur francophone est de 52%, je crois.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous parlez de la commission scolaire
de Lakeshore...
M. Lavery: Oui, mais les chiffres...
Mme Lavoie-Roux: ...parce que vous avez, sur le plan
économique.
M. Lavery: Non, les chiffres que je viens de citer, c'est pour le
réseau anglophone en entier, incluant les catholiques, ce qui est un
autre point intéressant parce que beaucoup de ces catholiques, comme l'a
indiqué le ministre, sont dans des écoles protestantes. Mais,
tout de même, ils réussissent aussi bien que les anglophones
ailleurs dans la province. Quand on considère que le secteur anglophone
de la CECM comporte en grande partie des immigrants ou des enfants d'immigrants
qui ne sont pas de classe aisée, comme nous en avons dans West Island,
ils réussissent eux aussi très bien.
Mme Lavoie-Roux: Vous soulignez un autre point, vous dites:
L'abandon scolaire est minime dans nos écoles secondaires. Est-ce que
vous parlez aussi pour l'ensemble du secteur protestant?
M. Lavery: Vous faites référence à quelle
page?
Mme Lavoie-Roux: À la page 2. Le nombre minime d'abandons
dans les écoles secondaires. Cela, c'est partout dans la province?
M. Lavery: Partout dans la province.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce uniquement du côté
protestant ou anglo-catholique également?
M. Lavery: Anglo-catholique également. Les chiffres que
j'ai cités pour l'île de Montréal démontrent que,
chez les anglophones, qu'ils soient dans des écoles catholiques ou
protestantes, le taux d'abandon est presque le même.
Mme Lavoie-Roux: Comment cela se compare-t-il, le taux d'abandon
- prenons l'île de Montréal, puisque c'est sur ce territoire que
vous avez des données - avec le côté francophone?
M. Lavery: C'est au moins le double. Mme Lavoie-Roux: Au
moins le double.
M. Lavery: Oui, mais il est très difficile d'avoir des
données précises sur cette question. Il y a un commentaire sur le
projet de loi ou sur le livre blanc, je crois, qui a été fait
à l'Université de Montréal, mais je ne me rappelle pas le
nom du professeur. Il a cité un taux d'abandon au secondaire "across the
province" de 40%. Mais lui aussi a dit qu'il est presque impossible d'avoir de
bons chiffres. Les chiffres que nous avons donnés pour l'abandon des
études sur l'île de Montréal, c'était juste une
comparaison avec le nombre d'entrées en secondaire I et le nombre des
élèves qui étaient toujours là quatre ans
après. C'est une définition assez...
Mme Lavoie-Roux: Si je vous pose ces questions et même si
vous prenez soin de dire qu'il peut y avoir certaines approximations
là-dedans, que vous reconnaissez aussi qu'il y a des variables et qu'on
ne peut peut-être pas tout cerner, il reste que, quand vous arrivez
à une telle différence, cela devrait faire
réfléchir le ministère de l'Éducation, parce que ce
sont probablement des problèmes que vous considérez prioritaires
à une réorganisation et à un débat sur une
répartition de pouvoirs qui, peut-être, devraient passer avant le
débat que l'on fait présentement comme étant vraiment plus
importants.
Du côté des principaux - j'avais oublié cela - j'ai
trouvé intéressant quand vous avez dit que le mot "principal"
dans nos écoles anglaises origine du fait que c'était le
professeur principal, "the principal teacher". Dr Lavery, vous avez
été dans une commission scolaire pendant plusieurs années
où il y avait des écoles francophones et des écoles
anglophones. Dans la façon dont le principal conçoit son
rôle et l'exerce à l'intérieur de l'école
anglophone, est-ce qu'il y a une différence d'approche ou... Pouvez-vous
nous indiquer s'il y a une différence entre les deux qui ferait que
peut-être les écoles sont différentes? Est-ce que ceci est
relié aussi au fait que, par exemple, du point de vue des parents,
toutes les représentations des parents anglophones que nous avons eus
ici devant la commission ont été qu'ils ne voulaient pas de
modification ou plus de pouvoir de décision dans leurs écoles? Je
me demande si ceci est relié à une conception différente
que le principal a de son rôle dans l'école par rapport à
la conception que le directeur de l'école francophone peut avoir.
M. Lavery: Ma réponse sera nécessairement courte.
J'avais peu d'expérience directe avec les écoles francophones
quand j'étais à la CECM. Je sais que les directeurs
d'école dans le secteur anglophone ressemblent beaucoup aux directeurs
d'école dans le système protestant que je connais maintenant.
Mais, pour le reste, discuter des questions de différences culturelles,
c'est très délicat, je crois, parce que, lorsqu'on dit notre
façon de faire, on est souvent interprété comme meilleur.
Je trouve cela difficile. Néanmoins, quand j'ai fait ma thèse de
doctorat à l'Université d'Alberta, j'avais un échantillon
de toutes les écoles élémentaires de la CECM. J'avais des
questions pour les professeurs et pour les directeurs d'école et une
autre chose qui n'était pas exactement un test, mais une mesure de
"authoritarianism", et les différences entre le secteur francophone et
le secteur anglophone étaient remarquables. Pour le reste...
Mme Lavoie-Roux: On ne vous demandera pas lequel était le
plus autoritaire...
M. Lavery: Le sociologue a insisté pour que j'examine
l'hypothèse que je trouverais des différences entre les deux
groupes. J'ai dit: Je ne m'attends pas qu'il y ait des différences. Il a
insisté: II faut défendre l'hypothèse qu'il y a une
différence. Comme quoi j'avais à travailler pendant six semaines
à la question. Il y a peu d'écrits sur cette question qui est
néanmoins très intéressante.
Pour le reste, quand j'ai travaillé à la CECM, tous mes
collègues ou presque, au cinquième étage, étaient
francophones et j'ai remarqué des différences moi aussi quant
à leur approche.
Mme Lavoie-Roux: M. Lavery, pendant que vous étiez
à la CECM - je ne sais pas quel était votre titre exact - vous
avez été président et animateur du fameux comité
COGES, qui est le comité pour la gestion des écoles secondaires.
On pouvait aussi l'interpréter comme cogestion, je crois que le sigle
pouvait signifier deux choses. C'était en fait le comité pour la
gestion des écoles secondaires. Les données sont loin,
imaginez-vous que cela fait quelques années. Dans ce comité,
est-ce que vos recommandations n'étaient pas dans le sens de donner plus
de pouvoirs aux gens qui étaient à l'intérieur de
l'école? Aujourd'hui, dans votre rapport, vous dites: Nos parents sont
heureux de la façon que cela fonctionne. Ils sont très
impliqués, etc. Maintenez-vous toujours les conclusions auxquelles vous
en arriviez à l'intérieur du rapport COGES? Je dois admettre
qu'à cet égard les commissaires vous donnaient un peu de fil
à retordre. Dans votre commission scolaire, est-ce qu'il y a certains
pouvoirs décisionnels qui sont présentement
délégués aux parents à l'intérieur des
écoles? (13 heures)
M. Lavery: Les conclusions du rapport COGES n'étaient pas
les miennes.
Mme Lavoie-Roux: Non. Vous avez dû influencer un peu.
M. Lavery: C'était un "horse developed by a committee", je
ne sais pas trop, "a camel". C'était absolument cela. Ce que j'ai
trouvé remarquable dans le travail de ce comité qui a duré
deux ans, je crois, interminable... It brings back memories. Les professeurs
étaient contre pour certaines raisons, les parents étaient contre
pour d'autres raisons, les directeurs d'école. Je crois qu'il y avait
trois rapports minoritaires qui accompagnaient le rapport principal. Quelle
était votre deuxième question?
Mme Lavoie-Roux: Dans vos écoles...
M. Lavery: Dans nos écoles, nous n'avons pas de
délégation de pouvoirs formelle; dans nos écoles, à
Lakeshore; je ne peux pas parler pour toutes les autres. Il y a
littéralement des centaines de parents qui travaillent sur une base
volontaire dans les écoles chaque jour. C'est difficile de ne pas
traduire ce lien intime avec l'école. Cela a sûrement, si ce n'est
pas une autorité, une influence très grande. C'est très
difficile pour nos directeurs d'école ou nos enseignants de faire des
choses qui vont à l'encontre des désirs des parents...
Mme Lavoie-Roux: Quand les parents s'impliquent beaucoup.
M. Lavery: ...because they are there all the time.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, il est un peu plus de treize heures. Vous avez encore quelques
minutes d'intervention, je présume. Le député de Vachon
m'avait également demandé la parole. Est-ce que je dois conclure
que nous allons excéder d'une quinzaine de minutes?
Une voix: Cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: II me reste une question.
Le Président (M. Blouin): Est-ce que j'en déduis
que, lorsque vous aurez terminé votre intervention, nous n'aurons pas de
consentement pour que le député de Vachon intervienne pendant
quelques minutes?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, demandez cela à mon
collègue.
M. Ryan: Oui, je consens volontiers qu'on accorde cinq minutes au
député de Vachon. Il n'y a pas de problème. C'est ce qu'il
m'a demandé tantôt.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. C'est ma
dernière question. J'en aurais plusieurs autres, parce que je sais que
les deux personnes qui sont devant nous sont profondément
intéressées à la chose éducative. Ce sont vraiment
des éducateurs et je pense que, si on pouvait les questionner plus
longtemps, ce serait fort intéressant.
Vous dites, à un endroit que je ne retrouverai pas sur-le-champ,
qu'il est important qu'il se fasse une réallocation des ressources pour
assurer l'égalité entre les écoles. Si nous avons
discuté de cette question, nous en avons discuté beaucoup, mais
davantage en relation avec les inégalités économiques et
sociales qui existent dans un grand centre urbain, d'où la
nécessité de quelqu'un qui assure cette péréquation
des ressources humaines et financières.
Selon votre expérience, si tous les pouvoirs prévus dans
la loi sont dévolus à l'école, même à
l'intérieur d'un milieu social homogène ou relativement
homogène, mais où les disparités économiques sont
une variable très faible, est-ce que vous croyez que là aussi on
pourrait arriver à des inégalités entre les
écoles?
M. Lavery: Peut-être qu'à cause de la taille de
certaines écoles, on pourrait y arriver. Selon l'expérience de
notre commission scolaire, pour les toutes petites écoles
élémentaires, par exemple, il faut donner plus d'argent chaque
année pour compenser. Autrement, je ne pense que l'on retrouve
d'inégalités. C'est une très longue question; d'ailleurs,
toute la question des inégalités est fort complexe. Comme vous
l'avez dit, il y a d'autres raisons pour lesquelles elles existent.
Avec la volonté des parents, nos écoles de Lakeshore ont
commencé, il y a quatre ou cinq ans, à avoir des
micro-ordinateurs, grâce aux "Home and School Associations". They had
fund-raising drives, bought the machines and put them in the schools. That is
what we wanted in the school, avant même que la commission scolaire n'ait
été prête à envisager cette initiative.
M. Trasler: I could add that one school in our care areas raised
80 000 $ for that program, one school, to put microcomputers in the school.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de Vachon.
M. Payne: Je n'abuserai pas de la générosité
du député d'Argenteuil. Je voulais continuer quelques minutes la
discussion sur la séparation des pouvoirs, parce que, dans une large
mesure, je partage vos
préoccupations à ce sujet. On ne doit pas ignorer que,
pour des raisons historiques, les commissions scolaires protestantes ont offert
les services pédagogiques au niveau de la commission scolaire. Par
contre, j'aimerais simplement ajouter une nuance aux propos du
député d'Argenteuil lorsqu'il a cité la lettre de M.
Burgess. Je trouve que - c'est la raison pour laquelle je voulais intervenir
vers la fin, pour me donner le temps d'analyser la lettre - le contenu de son
analyse est beaucoup plus nuancé que son affirmation
générale dans la lettre d'envoi, là où il dit: The
effect of Bill 40 will be to deprive school boards of all pedagogical
responsibilities. Par contre, si vous lisez l'analyse - je ne sais pas s'il
s'agit du même auteur - on dit plutôt: "The school boards have the
responsibility to provide administrative and similar support services to their
schools. In the field of pedagogy, however, it is not clear which and how these
services are to be provided." Il mettait en question le fait que la garantie
est là. J'imagine qu'il fait référence à quelques
articles au tout début du projet de loi qui sont, d'ailleurs,
très nobles, très importants et capitaux pour toute bonne
compréhension du projet de loi, lorsqu'on parle de "academic counselling
and vocational guidance, assistance services in psychology, speech therapy,
educational psychology and services for pupils seeking employment or in need of
health and social services".
D'ailleurs, si l'on va à l'article 206, la garantie est d'autant
plus claire - j'ajouterai mes critiques dans un instant - parce que là,
on dit: The school board should provide support for the educational
organization of the schools. La traduction est peut-être moins forte que
le mot "pédagogie" utilisé dans le texte français.
Je serais d'accord avec vous si vous suggériez que la loi devrait
être beaucoup plus claire et qu'elle dise qui sera responsable de
garantir... En réalité, on pratique les services offerts dans les
premiers articles du projet de loi, 5, 6, 7, 8 et 9. Je pense que vos
préoccupations sont plutôt de savoir qui va exercer ces
droits.
M. Lavery: Qui va en avoir les moyens aussi.
M. Payne: C'est cela. Je pense que le projet de loi explicite le
fait que les garanties sont là. Vous, vous voulez savoir si la tradition
sera respectée, si la commission scolaire pourra offrir ces services au
niveau régional. Est-ce bien cela?
M. Lavery: Oui, c'est cela, exactement.
M. Payne: Je pense que, de toute façon, le
ministère, en offrant et en garantissant ces services au tout
début, serait peut-être intéressé à recevoir
favorablement les suggestions voulant que le partage des responsabilités
soit mieux défini dans le cadre du projet de loi, tout en respectant
votre tradition éminemment intéressante.
Le Président (M. Blouin): Un commentaire, M. Lavery?
M. Lavery: Non, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le Président (M. Blouin): Cela va? Alors, au nom de tous
les membres de la commission, je remercie les deux représentants de
l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires
protestantes du Québec. Sur ce, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 10)
(Reprise de la séance à 15 h 4)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'éducation reprend donc
ses travaux. Nous entendrons d'abord, cet après-midi, les
représentantes du Comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles et ensuite les représentants de la commission scolaire
de Saint-Eustache.
Puisque les représentantes de notre premier groupe invité
se sont déjà assises à la table des invités, je les
invite donc d'abord à s'identifier et ensuite à nous
présenter le contenu de leur mémoire en une vingtaine de
minutes.
Comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles
Mme Denicolaï (Nicole): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, mon nom est Nicole
Denicolaï. Je suis présidente du Comité de parents de la
commission scolaire des Mille-Îles. Je suis accompagnée de Mme
Nicole Desjardins, secrétaire à l'exécutif du
comité de parents.
Avant de vous exposer l'abrégé de notre mémoire,
permettez-moi de vous remercier d'avoir prolongé les travaux de la
commission parlementaire nous accordant ainsi le privilège d'être
entendu.
Le Comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles existe depuis le mois d'octobre 1972. À ses
débuts, il comptait 33 participants. Aujourd'hui, les 35 écoles
de la commission scolaire y sont représentées.
Du projet de loi 40, nous retenons l'orientation d'ensemble qui tend
à accorder aux parents une place plus grande dans la gestion
pédagogique et administrative de
l'organisation scolaire et nous y souscrivons pleinement. Nous retenons
également et adhérons avec conviction et enthousiasme à
l'émergence d'une école se présentant comme une
communauté plus cohérente dans ses composantes et plus autonome
dans ses prises de décision.
Cependant, nous regrettons certaines lacunes et réclamons
certaines améliorations qui nous semblent nécessaires afin de
nous assurer que ce pouvoir, qui sera accordé aux parents de
décider de ce qui répond le plus adéquatement aux besoins
identifiés de leur milieu-école et de ce qui épouse
inévitablement leur projet éducatif, soit dans le respect de
l'idée première, des principes de base que le ministre a retenus
à l'intérieur de son livre blanc.
Nous traiterons maintenant, M. le Président, du chapitre I qui
touche l'élève. Article 22: Absence répétée
d'un élève. Ne faudrait-il pas qu'une personne sensible aux
répercussions pédagogiques, sociales et juridiques d'un tel
problème soit responsable du traitement de cette situation
particulière, situation qui peut avoir des répercussions graves
sur l'avenir scolaire d'un enfant et, conséquemment, son avenir tout
court?
Aussi demandons-nous l'ajout suivant dans la formulation du texte de
loi: En cas d'absence répétée d'un élève, il
y aura désignation d'un officier de fréquentation, et d'ajouter,
à la fin de l'article, qu'une copie de la mise en demeure soit transmise
à la commission scolaire.
Chapitre III, l'école. Article 34. Modification ou
révocation de l'acte d'établissement d'une école. Si
l'école se doit d'être le plus possible en harmonie avec son
milieu, comment peut-on procéder à l'importante opération
mentionnée en titre sans consultation de ce milieu? Nous voyons mal la
logique qui fait oublier une telle démarche. En conséquence, le
second alinéa de l'article 34 devrait inclure l'obligation de la
consultation.
Article 39, composition du conseil d'école. Puisque le ministre
de l'Éducation a suscité une vive réaction de notre part
en avançant l'hypothèse d'une participation paritaire des
enseignants et des parents au conseil d'école, nous nous permettrons de
faire de cet article un point majeur. Plusieurs modifications et
précisions nous semblent importantes, sinon indispensables à
apporter au libellé du texte de loi concernant la composition du conseil
d'école. Ainsi, il nous paraît nécessaire de
préciser, non pas le nombre minimum (un), mais le nombre maximum (deux)
d'enseignants pouvant siéger au conseil d'école. Dans la
même veine, le nombre total des représentants des
catégories 4 et 5, prises ensemble, ne dépassera pas deux.
De plus, il y a tout lieu de s'attendre qu'un représentant du
comité de parents siège au conseil d'école, ceci en
conformité avec l'article 63 du présent chapitre. De plus,
l'article 52, traitant du quorum du conseil d'école, devra tenir compte
de la participation majoritaire des parents.
À l'article 42, nous recommandons de devancer les dates de
façon à permettre à tous les membres du conseil
d'école d'entrer en fonction le plus tôt possible en début
d'année scolaire, le 30 octobre nous apparaissant comme une date tardive
à cet égard. Pour assurer une certaine continuité dans la
gestion de l'école, il nous paraît important, la première
année de la mise en application de la loi, de n'élire que la
moitié des membres du conseil d'école pour deux ans et l'autre
moitié pour un an. Par la suite, la durée des mandats sera de
deux ans. Vous trouverez donc dans notre mémoire notre recommandation
précise sur la durée du mandat à l'article 47.
Tout comme nous défendons la participation majoritaire des
parents au sein du conseil d'école, de même, dans la perspective
de la restructuration scolaire, le comité de parents soutient qu'il
revient à un parent d'être président du conseil
d'école. Nous tenons, M. le Président, à ce que cette
prise de position soit explicitement incluse à l'article 50 du projet de
loi.
À l'article 54, si le quorum d'un conseil d'école ne peut
être atteint pendant une période de six semaines
consécutives, le comité de parents est d'avis qu'il incombe au
directeur de l'école de voir à former un nouveau conseil
d'école suivant les articles 40, 42 et 44 plutôt qu'à la
commission scolaire d'en nommer un d'autorité. Cette procédure
respecterait davantage les principes de base du projet de loi. Dans le cas
d'incapacité temporaire prévue à l'article 57, nous
recommandons que le suppléant soit nul autre qu'un parent membre du
conseil d'école.
À l'article 63, nous croyons qu'il n'est pas suffisant de
souhaiter la constitution du comité de parents, de comité
pédagogique et de comité des élèves. Ces
regroupements sont nécessaires pour le mieux-être de la
communauté scolaire, d'où le changement que nous vous proposons
du verbe "peuvent" par celui de "doivent" dans le texte de loi.
M. le Président, pour être cohérent avec l'article
63, nous demandons la suppression du dernier alinéa de l'article 64.
Nous aimerions, d'ailleurs, attirer votre attention sur le fait qu'à
l'article 65 une omission de notre part s'est glissée dans la
rédaction de notre mémoire. On devrait y voir apparaître un
cinquième alinéa se lisant comme suit: "De nommer un
représentant au conseil d'école."
Pour le choix d'un directeur d'école, à l'article 82, nous
suggérons que le comité de sélection du conseil
d'école bénéficie de l'aide d'une personne-ressource de
la
commission scolaire possédant compétence et
expérience dans ce domaine délicat du recrutement et de la
sélection du personnel. De même, à l'article 89, nous
demandons qu'il soit clairement indiqué que le comité de
sélection du conseil d'école aura un rôle à jouer
dans le choix d'un adjoint au directeur.
Mme Desjardins (Nicole): En ce qui a trait à la section V,
fonctions de l'école, pour plus de précision et de clarté,
nous suggérons que le texte de l'article 90 se lise comme suit: "Dans
les domaines de compétence que le chapitre IV attribue aux commissions
scolaires, l'école exerce ses fonctions dans le cadre de politiques
définies par la commission scolaire dont elle relève."
À l'article 112, étant donné l'importance de
dispenser à temps des services particuliers à un
élève en difficulté, il est pertinent, à notre
avis, d'inscrire dans la loi l'obligation d'agir avec
célérité. Ainsi, nous demandons d'ajouter dans le texte de
loi: "Aussitôt que le besoin est identifié."
Article 113: Établissement des normes d'évaluation
d'apprentissage. La loi passe sous silence le rôle de la commission
scolaire dans l'établissement des normes d'évaluation des
apprentissages. Nous estimons que c'est la commission scolaire qui, tant
à cause de sa compétence que de son rôle de coordination
devrait avoir la responsabilité d'établir les normes et
modalités de l'évaluation.
À la section VI, traitant des ressources de l'école, nous
aimerions attirer votre attention sur l'article 120. À partir de quels
critères l'école établira-t-elle son plan d'effectifs? La
loi est muette sur ce point. Il lui faut être plus explicite et indiquer
à l'école les points de référence qui serviront
à l'établissement de ce plan d'effectifs.
De plus, une fois ce plan établi, il n'est que normal que
l'école ait son mot à dire dans le choix des agents qui auront
à le mettre en oeuvre. C'est pourquoi s'impose une nouvelle
rédaction de cet article de loi. La rédaction pourrait en
être la suivante: "L'école élabore et transmet à la
commission scolaire un plan d'effectifs tenant compte de son projet
éducatif et de ses besoins spécifiques. L'école participe
au processus de sélection, d'affectation et d'évaluation de son
personnel." (15 h 15)
En ce qui a trait à l'article 130, subventions par rapport aux
revenus particuliers, nous demandons que des revenus propres à
l'école n'affectent d'aucune façon l'attribution des
subventions.
Le chapitre suivant traite de la commission scolaire. À l'article
134, il nous apparaît primordial, au moment de procéder à
une modification aussi importante que celle du territoire d'une commission
scolaire, de consulter le milieu. Il importe donc, en conséquence,
d'amender le texte de loi pour y inclure l'obligation de cette consultation.
Cette même recommandation est apportée à l'article 202 qui
concerne la répartition des services éducatifs.
L'article 145 est notre deuxième point majeur. Vu le rôle
qu'il aura à jouer, nous estimons que ne peut être élu
commissaire qu'un électeur ayant un enfant inscrit à
l'école. Nous demandons donc que le texte de loi soit modifié en
conséquence.
À la section V du chapitre IV: fonctions de la commission
scolaire, il est curieux, M. le Président, que l'on ne mentionne pas la
responsabilité des commissions scolaires quant à
l'éducation des adultes. Celle-ci apparaît toujours comme un
parent pauvre, une fonction occasionnelle, quoi! On demande donc que soit
ajouté un troisième alinéa à l'article 199 en y
incluant cette préoccupation à l'intérieur du but premier
du premier paragraphe décrivant les fonctions de la commission scolaire.
Cependant, il ne faut pas restreindre à la seule commission scolaire le
droit et le soin de se préoccuper de l'éducation des adultes.
Aussi, demandons-nous du même souffle que s'inscrivent dans la loi la
possibilité et le droit pour les écoles de se préoccuper
de l'éducation des adultes.
À l'article 205 qui traite de l'offre de services à la
communauté, il nous semble qu'il serait plus clair de dire explicitement
de quel type de services il s'agit, en l'occurrence des services aux
adultes.
M. le Président, nous demandons, à l'article 249 traitant
du transport scolaire, de remplacer le mot "peut" par le mot "doit" et ainsi
créer l'obligation à la commission scolaire d'assurer ce
service.
Nous passerons maintenant directement au chapitre X, dispositions
provisoires. Nous attirons votre attention sur la modification des limites des
territoires, à l'article 354. Toujours en vue d'être
cohérents avec ce qui a été dit
précédemment, nous estimons qu'il ne suffira pas de consulter les
comités en cause, mais qu'il faudra aller à la base,
c'est-à-dire revenir aux conseils d'école et aux commissions
scolaires concernés, avant de procéder aux recommandations visant
à modifier les limites des territoires des nouvelles commissions
scolaires.
À l'article 355, constitution du comité exécutif de
la commission de mise en oeuvre, encore ici, l'esprit de la nouvelle loi ne se
traduit pas dans la lettre. C'est pourquoi nous demandons que soit
explicitement mentionnée la présence d'un parent dans la
composition de ce comité.
Mme Denicolaï: Pour terminer, nous aimerions attirer
à nouveau votre attention sur l'importance de la composition du conseil
d'école. Nous ne croyons pas qu'il serait
possible qu'un tel conseil puisse sainement fonctionner si vous retenez
l'énoncé, lors de cette commission parlementaire, d'une
représentation paritaire au conseil d'école. Nous sommes
convaincus qu'il serait incohérent et inapplicable d'aller à
l'encontre de notre recommandation. De plus, nous aimerions vous rappeler
l'importance que nous attachons au droit d'éligibilité d'un
commissaire.
Nous voudrions souligner qu'une annexe à notre mémoire,
traitant des recommandations de l'école Our Lady of Peace, vous a
été soumise et nous sommes convaincus que vous y porterez une
attention toute particulière.
Nous sommes certains que le ministre donnera à notre
mémoire une importance égale à celle qu'il attribue aux
parents dans son projet de loi. Nous osons croire que nos recommandations
seront retenues dans la rédaction finale du projet de loi.
Le Président (M. Blouin): Merci, mesdames. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Mesdames,
représentant le Comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles, permettez-moi d'abord de vous saluer de façon
très chaleureuse au nom du ministre de l'Éducation, qui est
absent, car il est présentement au Conseil des ministres. Il s'excuse,
évidemment, de son absence et soyez assurées qu'il a pris
connaissance de votre mémoire et que tous les propos que nous aurons
l'occasion d'échanger lui seront soumis; il sera mis au courant de
l'échange que nous aurons.
Je voudrais d'abord souligner la qualité de votre mémoire.
Je sais que c'est l'oeuvre d'une consultation, d'un grand travail de
réflexion qui s'est fait dans les comités d'école avant
d'arriver au comité de parents et qui a fait l'objet de nombreuses
rencontres et de nombreuses discussions entre les parents impliqués dans
les comités d'école et les comités de parents. Je voudrais
vous remercier également pour les nombreuses recommandations que vous
nous faites dans le but d'améliorer le projet de loi.
Je retiens de votre mémoire un certain nombre de recommandations
sur lesquelles j'aimerais que vous nous donniez des précisions. Pour
commencer, je retiens l'orientation d'ensemble de votre mémoire, qui
tend à accorder aux parents une place plus grande à
l'école.
Je note également que le comité de parents des
Mille-Îles adhère avec conviction et enthousiasme à
l'émergence d'une école se présentant comme une
communauté plus cohérente dans ses composantes et plus autonome
dans ses prises de décision.
Vous voulez cependant apporter un certain nombre d'améliorations
au projet de loi et vous nous suggérez une série de
recommandations très pertinentes. Une première recommandation a
trait au président du conseil d'école. Vous demandez que le
président du conseil d'école soit un parent. La question que j'ai
à vous poser est la suivante: Ne trouvez-vous pas, au nom même du
respect de l'autonomie du conseil d'école, que cette décision
doit être laissée à la discrétion et au jugement des
membres du conseil d'école?
Je vais enchaîner tout de suite avec une deuxième
recommandation et vous aurez l'occasion de répondre aux quelques
questions que je vous poserai. Vous avez une recommandation fort importante
aussi concernant les comités consultatifs de parents, d'enseignants,
d'élèves. Vous êtes d'accord avec l'idée de la
constitution de tels comités pour le mieux-être de la
communauté scolaire. Cependant, selon vous, le texte de la loi devrait
indiquer que ces comités seront obligatoires. Vous mentionnez qu'ils
"doivent" au lieu de "peuvent" se regrouper.
Voici la question qu'on doit se poser: Comment une loi pourrait-elle
forcer des enseignants ou des élèves à se regrouper si
ceux-ci ne le désirent pas? C'est fort délicat pour nous de les
obliger. Nous croyons qu'il est préférable d'indiquer - c'est ce
que le projet de loi fait - les prérogatives de ces comités.
Donc, le projet de loi permet la constitution de tels comités, mais il
nous semble plus approprié de laisser... En particulier, je sais que la
Fédération des comités de parents a vivement
demandé que, dans leur cas, ce soit obligatoire. Je pense que, du
côté des parents, ça ne semble pas poser de problème
mais est-ce qu'il n'y aurait pas de problème du côté des
élèves et des enseignants?
Une troisième question a trait à une autre de vos
recommandations au sujet de l'absence répétée d'un
élève. Vous demandez que quelqu'un soit responsable du traitement
de cette question particulière. C'est à la page 2 de votre
mémoire. N'est-ce pas ce que prévoit le projet de loi à
l'article 86 puisqu'il donne ce devoir au directeur d'école, la
responsabilité de traiter de cette question, de l'absence
répétée d'un élève?
Je voudrais dire un mot au sujet des recommandations de l'école
Our Lady of Peace. Dans votre annexe, vous notez que les parents
anglo-catholiques de votre commission scolaire estiment, et je vous cite: "Que
les parents doivent avoir le pouvoir dans l'école mais devront obtenir
une formation et le support suffisant pour exécuter leurs tâches."
Cependant, vous vous préoccupez de la représentation anglophone
catholique au comité de mise en oeuvre prévu à l'article
368. Je voudrais vous rassurer à cet égard, l'objectif qui
est
poursuivi - j'ai toutes les assurances du ministre à cet
égard - à savoir une représentation équitable des
parents anglo-catholiques au sein des comités de mise en oeuvre, sera
poursuivi également par le ministre. C'est déjà dans les
dispositions de l'article 368. Il y aurait sans doute lieu de préciser
davantage l'article pour qu'il n'y ait pas de malentendu à cet
égard.
Si vous avez des commentaires à ajouter concernant les
recommandations de l'école Our Lady of Peace, quant à la
représentation anglo-catholique au comité de mise en oeuvre,
j'aimerais également vous entendre formuler de telles
précisions.
M. le Président, ce sont les quelques questions que j'adresse aux
représentantes du comité de parents de la Commission scolaire des
Mille-Îles. Encore une fois, je tiens à les remercier de leur
présence et à les féliciter pour la qualité de leur
mémoire.
Le Président (M. Blouin): Mme Desjardins ou Mme
Denicolaï.
Mme Denicolaï: Si vous me le permettez, M. le
Président, je vais répondre à la première question.
Effectivement, nos recommandations vont dans le sens où nous
suggérons, par la logique de nos représentations, que le
président du conseil d'école soit un parent. À ce
moment-ci, nous n'avons aucune garantie que le conseil d'école dont il
est fait mention à l'intérieur du projet de loi sera
effectivement le même dans la rédaction du projet de loi. Si on
considère une possibilité de représentation paritaire des
enseignants et des parents au conseil d'école et que le président
soit aussi un enseignant, nous nous posons, à ce moment-ci, la question
suivante: Le pouvoir qu'on devait donner aux parents, le pouvoir
décisionnel qui est promis aux parents, où les parents vont-ils
aller le chercher? j'espère que cela répond à votre
première question.
Mme Desjardins, si vous le permettez, va répondre à la
deuxième question.
Mme Desjardins: Le comité de parents s'est justement
penché sur la création des comités d'école qui
deviendraient comités de parents d'une façon obligatoire, et
c'est principalement sur celui-là que le comité de parents trouve
qu'il serait particulièrement important de se pencher pour garder un
lien direct entre le conseil d'école qui est décisionnel et le
milieu. Son boulot pourrait être l'animation du milieu, la
réalisation dans le milieu d'actions découlant des prises de
position au conseil d'école. Ce serait un guide et, en même temps,
un soutien au conseil d'école.
À notre avis, il y a un autre aspect positif qu'il ne faudrait
pas négliger qui pourrait être d'assurer et de préparer une
relève aux parents qui seront un jour membres du conseil d'école.
L'expérience prise au sein d'un comité d'école, qui serait
alors un comité de parents, serait précieuse à ce moment
pour leur tâche au sein du conseil d'école.
Dans la même mesure, il nous semblait important qu'il y ait
effectivement des regroupements d'élèves et des regroupements
d'enseignants qui soient formés en comités. Mais notre
recommandation porte principalement sur le comité de parents. Pour
répondre à votre troisième question, où il est fait
mention de l'absence répétée d'un élève,
effectivement nous croyons très très important que non seulement
le directeur de l'école, étant donné qu'il a
déjà une tâche ardue de suivi auprès des enfants,
mais une personne compétente dans ce domaine soit mandatée pour
faire un réel suivi le plus tôt possible auprès d'un enfant
qui, effectivement, a des absences de plus en plus
répétées. À nos yeux, il semblait extrêmement
important que cette personne n'ait que ce mandat de suivre de très
près les enfants, puisqu'il est presque impertinent de vous mentionner
le nombre de décrocheurs qui existent en ce moment au niveau des
écoles.
C'est pourquoi une personne qui aurait ce mandat serait beaucoup plus
apte à trouver les solutions possibles et à faire le suivi
nécessaire.
Pour répondre à la dernière question, qui est le
secteur anglophone du comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles, à ce moment-ci, nous pouvons vous mentionner que c'est
tout à fait en accord avec les personnes qui étaient
mandatées pour nous présenter l'annexe, et c'est en accord
parfait que ces gens, leurs considérations étant très
différentes des nôtres, ceci fait très paritairement, sont
tout à fait d'accord que le comité de parents ne débattent
que de la position majoritaire du mémoire. (15 h 30)
M. Leduc (Fabre): Très bien, je vous remercie. J'aurais
encore quelques précisions à vous demander. Vous avez
parlé d'un conseil d'école possiblement paritaire. Enfin, ce
n'est pas ce que vous souhaitez puisqu'une de vos propositions, c'est qu'il y
ait un maximum de deux enseignants au lieu du minimum de un au conseil
d'école, mais vous dites que, si la loi prévoyait un
comité paritaire, vous préféreriez qu'il soit
mentionné que c'est un parent qui occupe la place de président.
Vous demandez un maximum de deux enseignants. Pourquoi deux enseignants
plutôt que le minimum d'un? Est-ce que vous pourriez nous donner quelques
précisions à cet égard?
Mme Desjardins: Les précisions que je suis en mesure
d'apporter sont que, lorsque le débat a eu lieu au niveau du
comité de
parents de la commission scolaire, l'ensemble des écoles
étaient d'accord pour justement prévoir qu'il n'y ait pas de
représentation paritaire, de fixer un nombre maximal d'enseignants. En
espérant que cela réponde à votre question.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Quand vous parlez d'enseignants,
j'imagine que vous n'excluez pas les professionnels, tels les psychologues et
les orthopédagogues, qui peuvent également, selon le projet de
loi, faire partie du conseil d'école.
Mme Desjardins: En aucun temps.
M. Leduc (Fabre): À aucun moment. Sur la question des
absences répétées d'un élève, je comprends
maintenant votre position. J'imagine que c'est surtout au secondaire -vous avez
parlé des décrocheurs - que cela se produit. Je pense que du fait
que vous ayez parlé des décrocheurs, effectivement, vous avez mis
le doigt sur un des graves problèmes que vivent nos écoles
polyvalentes, nos écoles secondaires en général. Votre
recommandation sur ce sujet est très pertinente. D'ailleurs, il y a
déjà des choses qui se font puisqu'il y a un programme de
décrocheurs pour lequel le ministère a accordé des fonds
et plusieurs commissions scolaires sont déjà engagées dans
ces programmes pour décrocheurs. Je sais que dans plusieurs
écoles il y a même du personnel qui est affecté aux
décrocheurs et dont le mandat est justement de dépister, de
regrouper et même d'aller chercher les décrocheurs. Enfin, il faut
faire la distinction entre les décrocheurs potentiels et les
"décrocheurs" décrochés. Ces gens ont comme mandat de
faire un suivi auprès des élèves et même d'encadrer
les élèves qui reviennent à l'école. Donc, à
cet égard, je trouve que votre proposition est très pertinente.
Oui, il y a peut-être lieu de prévoir quelque chose, enfin,
d'examiner cela en fonction de ce qui est déjà dans le projet de
loi. Je vous remercie pour vos réponses.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Bonjour, mesdames. Il me fait plaisir de vous rencontrer
et de saluer par votre entremise les parents nombreux qui se consacrent au
travail de l'éducation dans les écoles qui relèvent de la
commission scolaire des Mille-Îles. Je m'aperçois que vous avez
fait un travail consciencieux. Vous avez pris la peine de le résumer en
pensant que nous n'aurions peut-être pas la patience, ou qu'on ne vous
donnerait peut-être pas le temps de présenter votre mémoire
au complet. Le résumé est fidèle au mémoire
complet. Le mémoire complet est encore plus intéressant à
lire parce que les suggestions sont évidemment formulées de
manière plus complète, plus précise.
Dans l'ensemble, je vais vous dire une petite chose, pas pour vous
être désagréable au début mais je pense que cela
doit être dit à ce moment-ci. Selon toute apparence, c'est
l'avant-dernière journée des séances de la commission
parlementaire. Avec ce que toutes les rumeurs du parlement nous apportent, le
gouvernement se prépare à nous imposer la guillotine demain. De
toute manière, aucun autre organisme n'a été
convoqué au-delà de la journée de demain, et il faut un
avis de sept jours. Par conséquent, on ne présume pas à
travers notre chapeau. Vous avez remercié le gouvernement tantôt
de vous avoir invitées; vous êtes bien chanceuses car il y en a un
bon nombre qui ont été laissés à la porte. Nous
aurions été tout autant intéressés à
entendre ceux qui ont été laissés à la porte que
ceux qui ont eu la chance d'entrer dans le saint des saints gouvernemental. Je
le dis par devoir et je vais le répéter d'ici la fin de nos
travaux, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je passe maintenant à l'examen...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, qu'à l'occasion vous ayez quelques faiblesses, je le
conçois. Mais, que ce soit planifié et que vous m'annonciez que
d'ici la fin de nos travaux, ou la présumée fin de nos travaux
comme vous le dites, vous ayez l'intention systématiquement de
contrevenir à une décision qui a été rendue, je
pense que ce n'est pas nécessairement convenable. Je souhaite donc que
nous puissions continuer nos travaux comme nous devons le faire. Au moment
où nous aurons à discuter de ces questions, vous savez comme moi
que vous, vos collègues et les collègues du gouvernement, si tel
est le cas, vous aurez toute la latitude pour en discuter abondamment.
M. Ryan: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Blouin): II n'y a pas de règlement
là-dessus, Mme la députée de L'Acadie, la décision
a déjà été rendue. M. le député
d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Vous ne m'avez même pas entendue et vous dites qu'il
n'y a pas de question de règlement là-dessus.
Le Président (M. Blouin): Je présume
qu'il s'agit du même sujet, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Blouin): II s'agit d'un autre sujet. De
quel sujet s'agit-il?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il est
reconnu, vous qui faites si souvent appel à la coutume et à la
tradition, que dans une commission parlementaire, tant et aussi longtemps qu'on
ne s'éloigne pas des préoccupations qui font l'objet de la
commission, on a quand même le droit d'exprimer un point de vue. Je
réalise - je regrette de le dire - que vous êtes à mesurer
- peut-être pas de la meilleure façon possible - les propos du
député d'Argenteuil qui ont trait directement aux travaux de
notre commission parlementaire. Je m'étonne que vous l'interrompiez pour
lui dire qu'il ne peut pas exprimer son point de vue. Vous allez le rappeler
à l'ordre et même... Je ne sais pas quelles sont vos
intentions.
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si je fais cet appel au
règlement, c'est pour que vous reconnaissiez le droit et la
liberté des membres de cette commission de s'exprimer en ce qui touche
les préoccupations et l'objet de cette commission selon ce qu'ils jugent
approprié, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, je ne voudrais pas que nous en fassions un long débat. Je vous
invite simplement à relire l'article 43 de notre règlement. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vais revenir sur cette
question. Dans le mémoire que les deux dames du Comité de parents
de la commission scolaire des Mille-Îles nous ont présenté,
elles remercient le gouvernement d'avoir daigné prolonger les travaux de
la commission, leur accordant ainsi le privilège d'être entendues.
Cela fait partie du mémoire qui nous a été
présenté. Je pense que j'ai le droit de commenter cela, n'est-ce
pas? Je pense qu'on se comprend.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, vous... On se comprend très bien. Allez-y,
procédons aux échanges maintenant.
M. Ryan: Très bien. Ceci dit, je constate que l'essentiel
de votre mémoire va dans le sens général des opinions qui
ont déjà été présentées à la
commission par la Fédération des comités de parents de la
province de Québec. Plusieurs de vos suggestions rejoignent directement
celles qui ont été présentées ici par la
fédération; d'autres contiennent des précisions
inédites qui sont très intéressantes également.
C'est votre droit le plus strict de faire cela, je ne le conteste pas
d'ailleurs. C'est parfaitement dans l'ordre. Il n'y a pas de problème de
notre côté. Sauf que, comme vous le savez, nous autres, nous ne
sommes pas d'accord avec le gouvernement sur certains éléments
charnières de son projet de loi. Je manquerais à
l'honnêteté et à la franchise en ne vous le disant pas au
début de cet échange de vues que nous avons ensemble.
Nous sommes favorables très fortement à une participation
plus grande des parents dans le processus éducatif à tous les
niveaux, à tous les plans de responsabilité. Nous sommes
favorables à ce que l'école s'affirme davantage comme
élément absolument vital du système d'enseignement, mais
nous trouvons que le genre d'agencement qui est proposé dans le projet
de loi n'est pas bon. Nous trouvons, en particulier, deux choses. Ce matin, je
me suis employé à montrer au ministre avec le plus de
clarté possible qu'il faut un lien vital entre l'école et la
commission scolaire, qui est mal défini dans le projet de loi. Je ne
reviendrai pas sur ce point. Vous autres, d'ailleurs, vous donnez deux exemples
qui ne manquent pas d'intérêt de ce point de vue. Vous avez pris
l'exemple de l'évaluation des apprentissages. J'apprécie au plus
haut point ce que vous dites à ce sujet. Vous dites: II faut absolument
que la commission scolaire joue un rôle dans ce domaine. Cela me
paraît évident, mais ce n'était pas évident pour les
auteurs du projet de loi. C'est pour cela que c'est très bon que vous
autres l'ayez rappelé. Vous le faites avec une pertinence qui, à
mon point de vue, est absolument éclairante.
Vous parlez de l'éducation des adultes. Vous voulez que ce soit
clairement établi que la commission scolaire ait la
responsabilité de l'éducation des adultes sur son territoire. Je
trouve cela absolument indiscutable. Ce sont deux points que nous avons fait
valoir à l'intention du gouvernement chaque fois que cela a
été possible depuis le début des travaux de la commission.
Ce sont deux exemples. Il y en a bien d'autres qu'on peut porter à
l'attention du gouvernement. Nous voulons que le système marche. C'est
pour cela qu'il faut que soit établie clairement l'huile entre les
rouages pour ne pas que cela accroche quelque part une fois qu'on partira. On
ne voudrait pas qu'on bâtisse une belle maison de cartes et que tout cela
s'écroule à la première difficulté. C'est notre
souci fondamental.
Dans la même ligne de préoccupations, autant nous sommes
favorables à ce que les
parents participent, y compris au processus décisionnel... et
là-dessus je voudrais qu'il n'y ait aucun malentendu avec nos amis d'en
face. On a commencé à faire circuler que nous aurions dit, nous
autres, que les parents ne sont pas compétents, que les parents n'ont
pas d'intérêt. Nous n'avons jamais dit cela de ce
côté-ci de la table. Nous avons toujours dit au contraire que les
parents sont des agents absolument essentiels dans le processus
d'éducation. Je profite de la circonstance pour ouvrir une brève
parenthèse, même si le député de Mille-Îles
n'est pas là. Cela fait deux ou trois fois qu'il m'interpelle, qu'il me
demande si nous demanderions le rappel de la loi 30 et de la loi 71. La
réponse est évidemment non. Comme on disait dans le bon vieux
latin d'autrefois; evidentia patet. C'est évident pour qui sait
écouter. C'est ce que nous avons dit, traduction littérale et
libre. (15 h 45)
Ceci étant dit, nous sommes des parents nous-mêmes. Nous
avons des enfants dans le système d'enseignement. Il y en a qui en ont
eu. Il y en a qui en ont encore. J'en ai encore jusqu'au niveau secondaire.
Nous avons participé à un paquet d'activités au cours des
années. Il n'est pas question d'émettre des réserves
là-dessus. Là où nous avons des réserves, c'est
quand le gouvernement - et vous, là-dessus, vous êtes avec le
gouvernement et c'est votre droit, encore une fois - nous dit: L'école,
on va mettre cela sous la direction des parents. On va leur donner un
système en vertu duquel ils vont avoir la majorité
décisionnelle.
Vous nous l'avez dit avec beaucoup de franchise tantôt. Je l'ai
bien apprécié, parce que c'est un point que j'avais
apporté à l'attention du ministre plus tôt, mais je n'ai
jamais eu de réponse là-dessus. Vous avez dit: N'arrivez pas avec
une patente paritaire, parce que ce n'est pas cela, notre désir, mais,
à un moment donné, il glissait. Vous l'avez observé
pendant les audiences de la commission. Il a glissé. Il voulait se
gagner des amis, parce qu'il n'en a pas beaucoup pour son affaire. Il voulait
se gagner des amis et il a dit: On va vous donner cela paritaire. Nous lui
avons dit: Cela ne marchera pas, paritaire. Si c'est décisionnel, cela
ne peut pas être paritaire. Si c'est paritaire, ce ne sera pas
décisionnel la majorité du temps. Vous l'avez vu bien clairement
avec une logique qui, à mon point de vue, est impeccable, mais l'autre
logique, celle qui donne la majorité décisionnelle aux parents
dans l'école, nous trouvons qu'elle n'est pas acceptable, parce que
c'est un autre système que nous voulons.
Nous trouvons que les parents sont un des agents de l'éducation.
Il y a des parents, il y a les enfants eux-mêmes, il y a les enseignants,
il y a la direction de l'école et la commission scolaire. Ce sont des
agents qui sont au service de l'oeuvre de l'éducation et il faut trouver
une équation qui permette à chacun d'exercer son rôle
propre sans qu'ils se pilent sur les pieds les uns les autres et sans qu'un
groupe ait l'impression d'être contraint de se soumettre à
l'autre. On trouve que la formule qui est proposée n'est pas la formule
idéale, ni celle à laquelle vous souscrivez, par
conséquent. On vous le dit en toute cordialité, en bons
démocrates, je pense. On l'expose aussi franchement qu'on le peut. On
cherche d'autres formules. Nous voulons qu'à l'école, il y ait un
directeur, qu'il y ait une autorité véritable.
Dans une entreprise, il y a un directeur, il y a un patron. On sait
à quoi s'en tenir. On ne fait pas fonctionner une entreprise avec un
comité. Dans une caisse populaire, il y a un directeur. Il y a un
conseil de... Il y a un directeur-gérant. C'est lui qui dirige la
boîte. On veut que ce soit bien clairement établi. Le directeur,
on veut qu'il relève de la commission scolaire et non pas du conseil
d'école. Il peut relever du conseil d'école dans certaines
fonctions qui seraient confiées au conseil d'école. On n'a pas
d'objection à cela. Il faut les définir bien clairement et
là, on est obligé de faire une distinction entre ce qui est de
l'ordre de la pédagogie professionnelle et ce qui est de l'ordre de la
vie générale de l'école. Tout ce qui regarde la vie
générale de l'école, un système comme celui-ci, on
peut le regarder. D'ailleurs, c'est assez proche de ce qui existe à ce
moment-là dans la loi 71 de 1979, mais si vous voulez toucher la
manière dont le français est enseigné, la manière
dont les sciences sont enseignées, dès qu'on entre dans les
questions de pédagogie proprement dites, autant je vais
reconnaître à un conseil d'école un droit de regard, autant
je trouve qu'il ne peut pas être décisionnel là-dedans. Il
faut que les pédagogues aient leurs responsabilités propres,
qu'ils prennent leurs décisions, que leur autonomie professionnelle soit
reconnue et acceptée comme une donnée de fait dans le
système.
Ce sont les éléments qui, jusqu'à maintenant, se
sont dégagés des travaux que nous avons faits depuis cinq
semaines et qui nous acheminent peut-être un peu à notre insu vers
un dénouement de ces énigmes que nous n'avons pas
complètement résolues jusqu'à maintenant, mais, encore une
fois, je vous communique cela en toute simplicité, justement pour qu'on
ait une conversation et non pas simplement une rencontre de courtoisie.
Ceci étant dit, je vous pose une question ou deux très
brièvement. Le directeur d'école, comment le situez-vous dans
l'école par rapport à la commission scolaire et par rapport au
conseil d'école en pensant à l'unité du système
d'enseignement et à vos objectifs?
Mme Desjardins: Voulez-vous qu'on réponde
immédiatement à la première question?
M. Ryan: Oui, s'il vous plaît.
Mme Desjardins: Si vous me le permettez, je vais prendre la
parole.
Le directeur d'école relève en ce moment directement de la
commission scolaire. Du fait qu'il relève directement de la commission
scolaire, selon la période où la Loi sur l'instruction publique
est en vigueur, le comité d'école présent n'a qu'un
rôle consultatif et non pas un rôle décisionnel. À la
commission scolaire des Mille-Îles, nous n'avons pas de problèmes
majeurs en ce qui concerne la concertation qui est mise de l'avant entre tous
les agents du milieu -école, parents, enseignants, professionnels non
enseignants, direction d'école, employés de soutien - pour en
arriver à une école qui réponde adéquatement
à nos besoins. C'est ce qu'on vit en ce moment.
Si, comme vous l'avez mentionné tantôt, l'orientation du
projet de loi va dans le sens que vous nous avez énoncé, je vous
avoue qu'à ce moment-ci il nous est très difficile de nous
prononcer sur la façon dont nous verrions tout cela, puisqu'il nous
manque des énoncés, il nous manque des composantes pour savoir
comment cela pourrait fonctionner, quels seraient les rôles et les
devoirs de chacun. C'est pourquoi, à ce moment-ci, il nous est
très difficile, sans avoir une plus grande explication de la situation,
sans faire une plus grande analyse d'une telle situation, de nous
prononcer.
M. Ryan: J'apprécie énormément votre
honnêteté, vous dites les choses comme vous les percevez, sans
prétendre aller au-delà d'un certain point. Je trouve cela
irréprochable et je vous en remercie.
Je vais vous poser une autre question à propos de
l'éducation des adultes. Vous dites - je pense que c'est à la
page 29 du texte complet du mémoire - que l'éducation des adultes
devrait être sous la responsabilité de la commission scolaire.
Ensuite... Je fais une grave erreur, parce que je me référais au
mémoire de MM. les commissaires, qui n'est pas tout à fait dans
le même sens que le vôtre.
Je lis un passage de votre mémoire, à la page 29: "La
responsabilité des services éducatifs de l'éducation des
adultes revient à la commission scolaire, mais il est possible pour
l'école qui le désire d'organiser d'autres cours ou d'en faire la
demande à la commission scolaire." Je vous pose une question. Supposons
que la commission scolaire ait son plan de couverture du territoire en
matière de cours d'éducation des adultes et qu'elle ait conclu,
pour des raisons qu'elle estime valables, que cela doit être
organisé de manière distincte, que cela prend des
pédagogues spéciaux, que cela prend d'autres types d'enseignants
que ceux qui sont dans les cours réguliers. Elle dit: II va y en avoir
à telle et à telle autre école, on couvre le territoire.
Disons qu'une école veuille organiser des cours elle aussi, si la
commission scolaire ne veut pas en disant qu'elle couvre déjà le
territoire de manière rationnelle, qu'arrive-t-il? Qui va prendre la
décision que cela va se faire ou non, selon votre système?
Mme Denicolaï: Si vous permettez, Mme Desjardins va
répondre.
Mme Desjardins: D'après le système, je pense bien
que la commission scolaire aurait le dernier mot, puisque c'est elle qui a la
responsabilité d'organiser les cours. Ce qu'on veut dire, en disant
qu'on souhaite que dans les écoles il y ait la possibilité
d'organiser et de donner des cours, c'est pour des projets particuliers ou de
très courte durée. Par exemple, si on veut mettre sur pied pour
quelque raison un projet en particulier, qu'il nous soit possible de le faire.
Jusqu'à maintenant, par la relation qui existe chez nous entre
l'école, le comité de parents et la commission scolaire, je pense
que ce serait facilement réalisable.
M. Ryan: Même dans le système actuel?
Mme Desjardins: Même dans le système actuel.
M. Ryan: Merci. Avec la commission scolaire, est-ce que vous avez
eu l'occasion de discuter de ces choses ou si vos mémoires ont
été préparés de manière complètement
parallèle, elle d'un côté et vous de l'autre? Si je
comprends bien, vous avez des représentants à la commission
scolaire, vous avez deux représentants. Ce sont les deux niveaux de la
commission scolaire des Mille-Îles, n'est-ce pas? Vos
représentants ont approuvé le mémoire de la commission
scolaire des Mille-Îles, est-ce qu'ils approuvent le vôtre aussi?
Comment cela s'est-il passé au juste?
Mme Denicolaï: De la façon dont cela s'est
passé, effectivement, les mémoires n'ont pas été
faits ni conjointement ni en concertation, ils ont été
préparés séparément, celui de la commission
scolaire et celui du comité de parents.
Pour ce qui est de nos deux représentants du comité de
parents à la table des commissaires qui ont un rôle de
commissaire, si je ne m'abuse, ils se sont abstenus de voter sur le
mémoire de la commission scolaire puisque à la date où il
a été entériné, par le conseil nos
délégués, nos
représentants du comité de parents n'avaient pas eu la
chance de prendre connaissance du mémoire de la commission scolaire.
Mme Desjardins: Si c'est possible je voudrais juste ajouter
qu'une fois notre mémoire prêt on l'a transmis à la
commission scolaire, et quand celle-ci eut préparé son
mémoire elle en a transmis une copie au comité de parents.
M. Ryan: Personne n'a suggéré qu'une rencontre
entre les deux groupes serait peut-être intéressante?
Mme Desjardins: Non.
Mme Denicolaï: Concours de circonstances, faute de temps,
malheureusement cela ne s'est pas fait.
M. Ryan: Purement absence de temps.
Mme Denicolaï: Oui, j'imputerai cela soit à l'absence
de temps ou au manque de temps.
M. Ryan: Juste une dernière question si vous me permettez.
Vous demandez que les commissaires d'école ne soient recrutés que
parmi les parents qui ont des enfants à l'école. Vous avez une
suggestion à cette fin. Ne trouvez-vous pas que c'est contraire au
principe de la démocratie plus large? Est-ce que l'école sera
seulement l'affaire des parents ou si ce n'est pas l'affaire de tous les
citoyens, y compris, au premier chef, les parents? D'ailleurs, même dans
votre commission scolaire - je n'ai pas fait d'enquête mais - je suis
convaincu que la majorité des commissaires sont des gens qui ont des
enfants dans vos écoles.
Mme Denicolaï: Oui.
M. Ryan: Pourquoi mettre une restriction aussi contraire à
la logique démocratique?
Mme Denicolaï: Si vous me permettez de répondre
à votre question, c'est parce que nous avons pensé dans le futur.
Il est vrai que jusqu'à maintenant le comité de parents, la
commission scolaire des Mille-Îles et les écoles par
elles-mêmes n'ont pas vécu de problème fondamental en ce
qui a trait à la représentativité de leurs commissaires.
Par contre, au moment où nous avons étudié le projet de
loi, nous avons considéré aussi le redécoupage de la carte
scolaire; ce qui faisait, pour la commission scolaire des Mille-Îles,
perdre une certaine partie et regagner une autre partie. Pour mieux vous
situer, Laval-Ouest serait ajouté à la commission scolaire des
Mille-Îles. Là où nous avons soulevé une crainte, et
je vous explique en quels termes la crainte a été abordée,
c'est sur les conditions d'éligibilité des commissaires
d'école. Si on s'en tient au fait qu'il y a un commissaire par
école, les conditions d'éligibilité mentionnent seulement
le fait que ce résident doit effectivement avoir pied à terre ou
résidence dans le territoire de la commission scolaire.
Advenant le cas que M. X de Laval-Ouest décide de se
présenter comme commissaire à l'école
Sainte-Béatrice - pour en prendre une entre autres - qui est à
Auteuil et que, suivant la loi, cinq parents ayant un enfant inscrit à
l'école - entre autres, cela peut être le frère et la soeur
de M. X qui vient de là-bas ainsi que des amis - appuient sa
candidature, ce monsieur-là est élu commissaire.
Sincèrement, je me pose la question: À partir du moment où
ce monsieur-là ne fait pas partie du milieu, considérant qu'il
est très important, si on veut en arriver à un projet
éducatif concret, de tenir compte du milieu, de tenir compte des besoins
spécifiques du milieu, comment ce monsieur-là peut-il être
vraiment représentatif de l'école si, premièrement, il vit
à une distance très éloignée et si, dans un
deuxième temps, il ne vit pas vraiment dans l'école, du fait
qu'il n'a pas d'enfants dans l'école?
J'admets et nous avons considéré que, d'une certaine
façon, c'est antidémocratique, mais étant donné
l'importance de la représentation des parents au niveau du conseil des
commissaires, je me demande si une mauvaise représentation n'est pas
tout aussi non-démocratique.
M. Ryan: J'ai bien compris l'explication madame, mais je crois
comprendre que le risque auquel vous faites allusion découle du mode de
scrutin proposé dans le projet de loi et que vous approuvez. Si on
revenait à un mode de scrutin plus traditionnel, en mettant des
conditions de résidence, je pense qu'on peut éviter cette
difficulté-là tout en restant dans une démocratie plus
large. (16 heures)
Mme Denicolaï: Cela pourrait atténuer d'une certaine
façon.
M. Ryan: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vous remercie
également pour la présentation de votre mémoire. Cela
témoigne vraiment d'une connaissance approfondie du milieu scolaire
probablement à cause des expériences que vous avez vécues.
J'ai deux questions assez brèves relativement aux réponses que
vous avez données aux deux députés qui m'ont
précédé. Vous avez
répondu en partie, mais je tiens quand même à y
revenir, parce que cela touche les deux points majeurs de votre
présentation.
Le premier point indique que le nombre maximal de professeurs qui
devrait être reconnu dans la loi, sur le conseil d'école, c'est
deux. Pensez-vous que c'est vraiment nécessaire si on reconnaît
explicitement dans la loi qu'il y a une majorité de parents et si on va
dans le sens de votre autre recommandation, à l'article 52, relativement
au quorum du conseil d'école où on devra tenir compte de la
participation majoritaire des parents? Si la loi reconnaît qu'il y a une
majorité de parents au conseil d'école et si, en plus, la loi
reconnaissait, tel que vous en faites la demande, que le quorum doit tenir
compte de la participation majoritaire des parents, n'avez-vous pas de
garanties suffisantes à ce moment-là?
Mme Desjardins: L'important, pour nous, c'est justement qu'il
soit toujours assuré que, pour ce qui est du quorum et de la
participation au conseil d'école, la participation des parents soit
majoritaire. Si on en est arrivé au chiffre 2, c'est qu'on avait
peut-être fait un...
Mme Denicolaï: Nous sommes allés d'une façon
décroissante - je m'excuse de vous avoir interrompue - au niveau de
l'élection pour la mise en place du conseil d'école. Si,
effectivement, le gens qui se présentent sont des enseignants de
l'école et qu'ils ont le droit d'être au conseil d'école,
si la clause ne stipule pas "des parents", les enseignants ont tout aussi bien
le droit de se présenter. Alors, qu'adviendrait-il si,
décroissant, vous partez de 14, vous enlevez 2 représentants des
élèves, vous enlevez 2 représentants du comité
pédagogique, vous enlevez des enseignants, vous avez le directeur,
où est la participation majoritaire des parents? S'il n'y a pas
contingentement à un endroit quelconque, la participation majoritaire
des parents, où est-elle? On ne la retrouve plus du tout.
M. Paré: Si je comprends bien, c'est une police
d'assurance tous risques - excusez l'expression - si on veut vraiment que ce
soit une participation majoritaire des parents dans les décisions. Quand
vous dites "par ordre décroissant", c'est après avoir pris tous
les risques de ne pas avoir justement cette participation majoritaire. Donc, le
chiffre 2 en soi, vous le mettez comme un voeu, mais tenez-vous vraiment
à ce qu'il soit là comme tel si on vous garantit... Je comprends
que les professeurs peuvent être... Très souvent, ils sont des
parents. Mais de là à reconnaître dans la loi un maximum,
parce qu'il ne faut pas oublier - je suis sûr que vous en êtes
très conscientes - que les professeurs sont, dans le système
d'éducation, des intervenants majeurs. Sur ce comité-là,
leur présence va être indispensable pour les décisions que
vous aurez à prendre face aux responsabilités que le projet de
loi vous accordera s'il est adopté tel quel. Je pense que ce sont
vraiment des intervenants sur lesquels vous allez devoir compter.
Mme Denicolaï: Et nous en sommes conscientes.
M. Paré: D'accord. Cela répond à ma
première question. En tout cas, l'explication de "décroissant"
répond à ce que je voulais savoir.
Ma deuxième question concerne votre deuxième point majeur.
Vous dites que, pour être élu commissaire, l'électeur devra
avoir un enfant dans une école; il devrait être un parent. Je ne
veux pas que vous ayez l'impression que je prêche pour ma paroisse, parce
que je n'ai pas encore ce plaisir d'être un parent, mais je suis contre
une participation très importante, sinon majoritaire, au conseil
d'école. Quand on vient comme commissaire à la commission
scolaire, n'y a-t-il pas une certaine ambiguïté ou n'est-ce pas une
police d'assurance un peu trop sévère de vouloir qu'aussi,
à la commission scolaire, ce soit uniquement des parents? Si le projet
de loi 40 reconnaît qu'au conseil d'école il y a une
majorité de parents - on le reconnaît même au point de dire
que le quorum devrait tenir compte d'une majorité de parents. On
garantit donc la présence majoritaire des parents au conseil
d'école. Est-ce alors nécessaire d'aller aussi loin que d'exiger
que ce soit un parent comme commissaire d'école et ne voyez-vous pas une
certaine ambiguïté en disant cela - c'est à la page 14 - et
que tout de suite après, à la page 15, on dise que la
responsabilité de l'éducation des adultes relève de la
commission scolaire?
L'éducation des adultes, c'est tout le monde y compris les gens
qui n'ont pas d'enfants. Donc, il y a aussi, au niveau de la commission
scolaire, des responsabilités pour l'éducation des adultes qui
sont des adultes qui n'ont pas nécessairement d'enfants. Il y a une
tâche administrative très importante, plus qu'à
l'école. C'est beaucoup plus administratif à la commission
scolaire. Pensez-vous que c'est nécessaire d'exiger à ce point
qu'un commissaire d'école soit un parent, avec toutes les autres
garanties qui sont données à l'école? Il y a aussi le fait
qu'à la commission scolaire ils n'ont pas seulement la
responsabilité des enfants à l'école mais de
l'éducation des adultes et de l'administration autant des fonds
perçus du gouvernement que des taxes scolaires.
Mme Denicolaï: À ce moment-ci, de la façon
dont vous l'avez énoncé, nous ne voyons pas
d'ambiguïté. Comment un
commissaire, advenant le cas où il serait élu de la
façon un peu cocasse que j'ai mentionnée tantôt, peut-il
arriver à véhiculer les besoins du milieu-école au niveau
du conseil des commissaires s'il n'en est pas saisi? Quand je dis "saisi",
c'est dans le sens de participer à la vie de l'école. Pour
connaître un milieu-école, il faut vraiment y participer d'une
façon ou de l'autre, par les activités parascolaires, par les
rencontres, par les fêtes où les parents sont invités
à participer.
À notre sens, il faut vraiment connaître son école
dans tout son ensemble, dans tout ce qu'elle offre, dans tout ce qu'elle permet
et dans tout ce qu'elle tend à aller chercher pour satisfaire et pour
répondre au milieu. Un commissaire qui n'est pas sensible à cela,
j'admets qu'il a une tâche administrative, mais sa représentation
en tant que commissaire de l'école doit être drôlement
atténuée.
En ce qui concerne l'éducation aux adultes, je ne sais pas si
j'ai très bien compris le sens de votre intervention mais
l'éducation aux adultes ne touche pas le milieu-école comme tel.
Ce sont des choses qui sont extrêmement distinctes. J'admets que c'est de
l'enseignement, c'est de la pédagogie mais je ne vois pas la relation
entre le fait d'avoir un commissaire qui est vraiment saisi de son milieu et
l'éducation aux adultes ou alors je vous demande un
éclaircissement additionnel sur le sens de votre question.
M. Paré: Le sens que je veux lui donner c'est que vous
demandez à la page 15 que la responsabilité de l'éducation
des adultes relève de la commission scolaire. Donc, ce n'est plus
là l'éducation des enfants mais l'éducation des adultes.
Ne serait-il pas normal qu'il y ait aussi des adultes qui ne sont pas
nécessairement des parents qui soient responsables de la mise en place
de ces cours d'éducation des adultes étant donné que vous
demandez que l'éducation des adultes relève de la commission
scolaire, donc des commissaires? C'est un autre souci. Vous avez tout à
fait raison, il ne faut pas oublier que l'éducation des
élèves est le rôle premier de l'école et on ajoute
l'éducation des adultes qui, il ne faut pas l'oublier, est de plus en
plus importante. Mais ne serait-il pas normal qu'il y ait aussi des adultes qui
seraient élus comme commissaires qui auraient une préoccupation
qui ne soit pas nécessairement plus importante mais qui s'occuperaient
peut-être d'une façon assez importante de l'éducation des
adultes?
Mme Desjardins: II pourrait sûrement y avoir des adultes
qui seraient tout autant intéressés à l'éducation
des jeunes qu'à l'éducation des adultes. Je pense que cela ne va
pas en contradiction. On avait l'impression que la demande qu'on faisait
reflétait la réalité actuelle dans le sens que tous les
commissaires ou à peu près actuellement, du moins à
Mille-Îles, sont des gens qui ont des enfants dans les écoles.
C'est donc dire que lorsqu'on est commissaire, c'est parce qu'on est vraiment
intéressé par l'éducation. C'est notre souci premier.
Puisque le commissaire sera rattaché à l'école, on veut
que la personne qui se présentera au titre de commissaire soit vraiment
intéressée par l'éducation, que cela ne soit pas un
tremplin pour autre chose. C'est dans ce sens que va notre demande.
M. Paré: Seulement un dernier petit point, si vous le
permettez, M. le Président. Le souhait que vous émettez, est-ce
que la loi 40 n'y répond pas d'une certaine façon en disant,
premièrement, que le commissaire est élu au niveau d'un
territoire d'école - donc, il doit avoir la préoccupation de
l'école quand même - ensuite, qu'il devra assister aux
réunions du conseil d'école? Donc, au départ, la
préoccupation dont vous parlez, qu'il doit être sensible à
ce qui se passe dans l'école, est-ce que cela ne répond pas
justement à cette crainte qu'il pourrait être
éloigné des besoins des écoles, justement?
Mme Desjardins: Un peu dans le sens de ce que la
présidente disait tantôt, c'est beau qu'il soit commissaire
à telle école, mais, si sa vie quotidienne l'amenait à
vivre loin de cette communauté, ses préoccupations
premières sont loin du milieu où il sera commissaire.
M. Paré: Je vous remercie beaucoup et spécialement
de la précision que vous apportez au sujet de certains articles dans
votre mémoire. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Shefford. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. À mon
tour, je veux saluer les parents du comité d'école de la
commission scolaire des Mille-Îles. Comme le disait mon collègue
d'Argenteuil, vous avez été chanceux à la loterie parce
que...
Le Président (M. Blouin): Bon, bon, bon.
Mme Lavoie-Roux: ...il y en a beaucoup qui ont été
appelés, c'est le cas de le dire... On a invité tout le
Québec à présenter des mémoires, mais peu sont
élus aux yeux du gouvernement.
Ceci dit, je voudrais poser deux questions à nos invitées.
La première concerne la page 23 de votre mémoire. Vous demandez,
contrairement à ce que prévoit
l'article 130, que les revenus propres à l'école
n'influent d'aucune façon sur l'attribution des subventions.
Je dois vous dire qu'il est vrai que l'article 130 prévoit que
l'école gardera l'usufruit des revenus produits par la fourniture de
biens ou services à la communauté. Vous êtes les premiers -
de mémoire, en tout cas - qui venez nous dire que cela ne doit
influencer d'aucune façon l'attribution des subventions. Il y a
plusieurs personnes qui sont venues ici et qui ont soulevé le
problème de l'inégalité que ceci pourrait créer. Je
pense que vous êtes à même de le savoir. Même s'il
s'agit de deux écoles secondaires, et, à plus forte raison, d'une
polyvalente par rapport à une vieille école
élémentaire, il y a de fortes chances que les revenus ne soient
pas les mêmes. Même deux écoles secondaires, une
traditionnelle et une polyvalente, compte tenu aussi de la géographie,
du lieu où se trouvent situées les écoles... Il peut
arriver que des écoles obtiennent des revenus beaucoup plus
élevés que d'autres, compte tenu de ces facteurs dont je viens de
parler. Est-ce que ceci ne vous inquiète pas du point de vue de
l'égalité des chances à donner à tout le monde,
d'autant plus qu'il se pourrait que l'école, qui obtient les produits
les plus élevés de ses locations, soit située dans un
milieu plus favorisé que l'autre qui retire moins de revenus? Est-ce que
vous avez considéré cela sous l'angle de cet effort qu'on doit
faire pour essayer de donner, dans la mesure du possible, des chances
égales à tout le monde?
Mme Desjardins: À notre avis, il ne faudrait pas que
certains milieux soient défavorisés par rapport à
d'autres, ne serait-ce, par exemple, que les écoles primaires au
détriment des écoles secondaires. Effectivement, des locaux plus
grands, mieux aménagés leur permettent d'obtenir, par exemple, en
frais de location de salles, un plus fort revenu que les écoles
primaires. On voudrait que les revenus que chacune des écoles pourrait,
de toute façon, réussir à obtenir n'influencent pas le
reste de son budget, que ce ne soit pas nécessairement déduit de
la subvention. (16 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Vous savez fort bien que la marge de manoeuvre
des commissions scolaires à qui à ce moment-ci le gouvernement
donne des ressources pour le financement des écoles, est quand
même très serrée. Finalement, la seule marge de manoeuvre
qu'elles ont provient en partie du fruit de ces locations d'écoles. Si,
à ce moment-là, vous dites qu'il faut absolument que cela reste
à l'école, qu'il ne faut pas qu'on en tienne compte dans la
répartition éventuelle des ressources qui seront mises à
la disposition des écoles, comment allez-vous arriver à assurer
que les écoles les plus faibles ne soient pas pénalisées,
je parle des plus faibles au niveau des ressources qui pourraient provenir de
la location d'écoles?
Mme Desjardins: Quand on a travaillé le mémoire, ce
qu'on avait, je pense, en tête, ce n'était pas tant la location
des salles. Pour nous, actuellement, cela se fait au niveau de la commission
scolaire. Les écoles n'ont pas nécessairement les avantages d'une
location de salle. C'est la commission scolaire qui s'occupe de louer les
salles. Quand on pensait à des revenus propres à l'école,
c'étaient possiblement des revenus que les milieux s'organisaient pour
aller chercher.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, quand vous parlez de l'article 30,
c'est, par la fourniture de biens aux services de la communauté. Ce sont
des services que l'école rend à la communauté. Je
comprends bien votre distinction.
Mme Desjardins: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on va chercher par notre propre
initiative, par des ventes de chocolat, des tombolas ou des bazars, que cela
reste à l'école, je suis bien d'accord. Mais, ici, ce sont
vraiment des ressources qui proviennent de l'utilisation de l'école
à d'autres fins.
Mme Desjardins: Principalement, c'est dans ce sens-là
qu'on a touché à l'article.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne l'avez pas vu sous l'angle des revenus
qui viendraient de l'école elle-même?
Mme Denicolaï: Si vous me permettez d'ajouter à
l'énoncé de Mme Desjardins, effectivement, au niveau de la
commission scolaire des Mille-Îles, nous avons trois écoles
secondaires. Si nous prenons le nombre total de 35, nous enlevons 3
écoles secondaires et il nous reste 30 écoles primaires. Notre
recommandation était beaucoup plus interprétée au niveau
des écoles primaires. Effectivement, comme vous l'avez dit tantôt,
là où l'école se prend en main et offre à la
communauté, à son milieu-école, des services comme la
vente de livres, l'échange d'articles de sport, où il y a
possibilité de profits qui vont dans le fonds de l'école, nous ne
voudrions en aucune façon que la commission scolaire tienne compte de
ces revenus pour les budgets qu'elle nous allouera pour l'année
suivante.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a peut-être une
ambiguïté dans la façon dont vous avez
interprété l'article 130 et dans la provenance de ces
revenus.
Deuxième et dernière question, à !a page 22 de
votre mémoire, vous traitez du plan d'effectifs à l'article 120,
qui prévoit que l'école élabore et transmet à la
commission scolaire un plan d'effectifs. Ce plan exprime les besoins de
l'école pour chaque catégorie de personnel. Vous souhaitez, selon
votre recommandation, que l'article aille beaucoup plus loin, que
l'école participe au processus de sélection, d'affectation et
d'évaluation de son personnel.
Deux questions plus précises relativement à cet article.
Dans quelle mesure ceci serait-il possible, compte tenu des conventions
collectives et des obligations créées par ces conventions
collectives quant à l'affectation du personnel, aux clauses
d'ancienneté, etc.? Et croyez-vous que ce serait souhaitable que les
parents qui auront des pouvoirs décisionnels à l'intérieur
de l'école interviennent dans l'évaluation du personnel de
l'école? Ceci ne créera-t-il pas une situation davantage
conflictuelle? Vous savez, vous insistez beaucoup, vous autres... vous aurez
des enfants à l'école et le commissaire aussi, selon votre point
de vue, est-ce que vous ne vous mettez pas dans une situation difficile
vis-à-vis de vos propres enfants, est-ce que vous ne mettez pas aussi
les professeurs dans une situation difficile à l'endroit de vos enfants,
et que vous ayez là une situation qui crée bien plus de conflits
qu'elle n'essaie d'en résoudre ou d'améliorer les conditions de
vie à l'intérieur de l'école?
Mme Denicolaï: Pour répondre à cette question,
j'irai dans le sens suivant. À partir du moment où on
déploie une certaine énergie pour en arriver à une
concertation qui va inévitablement épouser le projet
éducatif du milieu école, je vois difficilement, si les parents
ne sont pas impliqués dans ce processus de recrutement, comment ils vont
savoir si les gens sont prêts à cette collaboration toujours en
vue de ce projet éducatif, parce que tous ne sont pas
nécessairement d'accord avec un projet ou avec un autre. C'est pourquoi
les parents demandent d'avoir une certaine place dans ce processus pour
s'assurer que toute l'équipe école va se diriger dans le
même sens. C'était le fond de notre recommandation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais eu égard à
l'évaluation - je reviendrai sur cela - c'est l'évaluation de
votre personnel une fois qu'il est en place, si je comprends bien.
Mme Denicolaï: Avec le terme "évaluation" dont il est
fait mention ici, il ne s'agit pas de savoir si c'est un bon ou un mauvais
professeur. Ce n'est pas du tout cela. Il s'agit d'une évaluation dans
le sens très large à savoir s'il répond bien à
notre projet éducatif, s'il est heureux de vivre dans la poussée
que se donne l'école.
Mme Lavoie-Roux: C'est relié au recrutement, voulez-vous
dire?
Mme Denicolaï: Effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne serez pas parents éternellement
à l'école, vous pouvez déménager, vos enfants
passeront au secondaire, si le projet éducatif change, est-ce qu'on
change le personnel?
Mme Denicolaï: Absolument pas. À partir du moment
où une équipe école travaille ensemble pendant quatre ou
cinq ans et qu'à un moment donné on décide de
réorienter notre projet éducatif, je crois sincèrement que
ce sera fait en concertation avec toutes les parties, avec tous les agents du
milieu école. Je ne vois pas la pertinence de recommencer à
zéro.
Mme Lavoie-Roux: C'est en réponse à votre
première question alors que vous dites: II faut être bien certain
qu'ils vont cadrer dans le projet éducatif. Le projet éducatif
est modifié en cours de route. Par exemple, une école qui aurait
un statut confessionnel catholique demanderait un statut d'école
publique et commune, cela pourrait modifier passablement le projet
éducatif. On pourrait donner d'autres exemples. C'est peut-être
celui qui me vient le premier à l'idée.
Mme Denicolaï: Vous pourrez le modifier, mais comme
l'équipe école dans la tête des parents de
Mille-Îles, c'est une grande famille, c'est une concertation, je vois mal
un projet éducatif prendre une autre orientation s'il n'y a pas
concertation.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'exigez au point de départ et,
après cela, cela devient moins une exigence. En fonction des
dispositions des conventions collectives, est-ce que c'est possible que vous
puissiez choisir votre personnel?
Mme Denicolaï: Nous l'espérons. À la suite des
prochaines négociations, nous l'espérons sincèrement.
Mme Lavoie-Roux: Vous souhaitez que ce soit modifié
à la suite des prochaines conventions collectives en fonction de cet
objectif.
Mme Denicolaï: En fonction de tout ce qui a trait à
la restructuration scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je voudrais exprimer mes
regrets à la délégation du Comité de parents de la
commission scolaire des Mille-Îles de n'avoir pu participer aux
échanges, en apparence très intéressants, qui ont eu lieu
cet après-midi. On a dû vous dire que j'étais retenu au
Conseil des ministres et que, malgré mon vif désir d'être
avec vous, ces contraintes impérieuses m'en ont empêché. Je
voulais quand même vous dire que j'avais lu votre mémoire avec une
extrême attention et que je me suis réjoui, en le lisant, de
l'accord que vous manifestiez sur les grandes orientations et la plupart des
formulations du projet de loi.
J'ai retenu aussi que, dans votre rapport, vous avez dit que ce projet
de loi vous tenait tellement à coeur que vous ne vouliez pas le voir
dilué et aussi que vous ne vouliez pas que ses imperfections actuelles
puissent prêter le flanc à des objections qui pourraient amener le
législateur à le modifier d'une façon qui irait dans le
sens contraire de vos désirs et de vos aspirations. C'est dans ce sens
que j'ai noté avec plaisir et intérêt vos diverses
recommandations et je veux vous assurer à l'avance qu'à la
lumière des échanges qui ont eu lieu cet après-midi, dont
je n'ai entendu qu'une partie, nous prêterons une grande attention
à ces recommandations et verrons à leur donner suite dans toute
la mesure du possible. Je vous remercie infiniment de votre précieuse
collaboration aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Merci,
Mme Denicolaï et Mme Desjardins du Comité de parents de la
commission scolaire des Mille-Îles.
Sur ce, j'invite maintenant les représentants de la commission
scolaire de Saint-Eustache à bien vouloir s'approcher de la table de nos
invités. Pendant que nos invités s'approchent, nous pourrons
suspendre pour une ou deux minutes tout au plus.
Mesdames, messieurs, nous reprenons donc nos travaux et j'invite
maintenant la représentante et les représentants de la commission
scolaire de Saint-Eustache à bien vouloir d'abord s'identifier et,
ensuite, à nous livrer en une vingtaine de minutes le contenu de leur
mémoire.
Commission scolaire de Saint-Eustache
M. Latour (Jean-Gilles): Merci beaucoup, M. le Président.
Je suis Jean-Gilles Latour, président de la commission scolaire de
Saint-Eustache. J'ai, à ma droite, Mme Lydia Paiement, présidente
du comité de parents de Saint-Eustache; à ma gauche
immédiate, le directeur général, M. Pierre Fleury et,
à mon extrême gauche, M. Jacques Lachapelle, représentant
des directeurs d'école de la commission scolaire de Saint-Eustache. (16
h 30)
M. le Président, M. le ministre, Mme et MM. les membres de la
commission, comme le mémoire de la commission scolaire de Saint-Eustache
sur le projet de loi 40 est issu d'une réflexion réalisée
non seulement par les commissaires et l'administration générale,
mais aussi par les directeurs d'école et les parents, il nous a paru
pertinent de partager avec eux le temps que vous avez bien voulu accorder
à la commission scolaire de Saint-Eustache.
Ainsi, à titre de président, je ferai la
présentation résumée du mémoire soumis par la
commission scolaire; par la suite, M. Jacques Lachapelle vous fera part de
l'avis du groupe des directeurs d'école de Saint-Eustache et, enfin, Mme
Lydia Paiement, présidente du comité de parents, formulera le
message des parents membres des comités d'école. M. Pierre
Fleury, directeur général de la commission, interviendra à
la période des questions.
Avant d'amorcer la lecture de ce résumé, dont copie a
été remise à chaque membre de cette commission,
j'aimerais, au nom de la commission scolaire de Saint-Eustache, pour laquelle,
à titre de président, j'éprouve beaucoup de fierté
et de respect, remercier le ministre de l'Éducation, M. Laurin, d'avoir
accepté notre participation à cette commission parlementaire,
ainsi que notre député, M. Pierre de Bellefeuille, et le critique
de l'Opposition en matière d'éducation, M. Claude Ryan, pour
leurs représentations à notre égard.
La commission scolaire de Saint-Eustache formule sa position sur le
projet de loi 40 d'abord et avant tout par souci de s'assurer que la
réforme proposée par cette loi ne viendra pas
détériorer un climat et des attitudes de concertation et de
participation déjà existants, très favorables à
l'implication des parents dans l'école et à l'implication des
écoles dans la vie de la commission.
La commission scolaire de Saint-Eustache partage les objectifs
fondamentaux du projet de réforme, à savoir: rendre
l'école plus responsable et mieux intégrée à son
milieu en y favorisant la concertation, permettre à l'école plus
d'autonomie dans la réalisation de son projet éducatif, permettre
une plus grande implication de l'école dans des décisions de la
commission scolaire et favoriser une meilleure emprise des parents sur les
orientations de l'école.
Ce sont là des objectifs que notre commission scolaire poursuit
depuis quelques années et elle juge important d'en favoriser encore
davantage la réalisation. Nous constatons que les propositions du projet
de loi 40 vont dans le sens des objectifs recherchés mais,
malheureusement, à notre point de vue, plusieurs vont trop loin,
entraînant des changements en profondeur qui comportent des
risques sous-évalués et inutiles à prendre. Nous avons la
conviction profonde qu'il n'est pas nécessaire, voire qu'il est
même compromettant dans l'atteinte des objectifs recherchés,
d'imposer des modifications aussi radicales aux structures en place.
À notre avis, il s'agit beaucoup plus de modifier des attitudes
et, en ce sens, il suffit d'imposer certains modes de fonctionnement qui
favoriseront et garantiront les changements de mentalité
recherchés. Nous estimons que le projet de loi 40 appelle un
déplacement, voire une lutte des pouvoirs, plutôt que des
attitudes de concertation, de partage et de cohérence. C'est là
notre plus vive inquiétude et le principal motif de notre opposition
formelle à certaines parties de ce projet de loi au sujet desquelles,
d'ailleurs, nous vous faisons part de nos recommandations.
Le projet de loi 40 annonce des changements majeurs. Nous estimons que
le fait de transférer la plupart des responsabilités de la
commission scolaire à chacune des écoles, le fait de donner
à un conseil, composé majoritairement de parents, le pouvoir
administratif de l'école et le fait de donner à un conseil
d'école, composé majoritairement de parents, les pouvoirs de
choisir un directeur d'école et de résilier sa nomination en tout
temps sont des changements radicaux qui comportent trop de risques pour ne pas
être d'abord expérimentés.
En conséquence, nous recommandons au ministre de chercher
à résoudre les principaux problèmes qu'il aura
identifiés d'abord en ayant recours à des moyens
déjà utilisés et ayant fait leur preuve à
l'intérieur même des structures actuelles. Que le ministère
de l'Éducation du Québec reconnaisse ces expériences
réelles et en tire profit avant de recourir à des changements
trop radicaux, surtout quand ils ne sont pas justifiés par des
problèmes clairement identifiés.
Abordons la question de savoir si la commission scolaire est un
organisme nécessaire. L'existence d'une commission scolaire
représentative et réellement au service des écoles
constitue un élément de stabilité et de cohérence,
deux valeurs auxquelles les parents du milieu attachent beaucoup d'importance.
On peut même affirmer que la commission scolaire sert souvent de levier
et d'animateur à l'action éducative et pédagogique des
écoles et est donc loin de constituer une nuisance à
l'épanouissement de l'école, bien au contraire.
C'est pourquoi, compte tenu de l'importance de garder les luttes et
conflits politiques en dehors de l'école, la commission scolaire de
Saint-Eustache recommande le maintien d'une structure politique
intermédiaire entre les écoles et le ministère de
l'Éducation du Québec, soit la commission scolaire, dont le
rôle consistera essentiellement à assumer, face à la
population de son milieu, la qualité des services éducatifs qu'il
s'y donne et la responsabilité du bon fonctionnement des écoles
de son territoire; deuxièmement, à assurer, en concertation avec
les écoles, les services éducatifs et administratifs requis pour
le bon fonctionnement de chacune et de l'ensemble de ces écoles.
Parlons maintenant de l'élection du commissaire et de son
rôle. À notre avis, il est difficile de justifier la pertinence de
deux catégories de commissaires, soit les parents désignés
et les citoyens élus. Il semble que rien dans le système actuel
n'empêche les parents d'être élus commissaires
d'école puisqu'à la commission scolaire de Saint-Eustache, sur
six-sept commissaires, onze sont des parents d'enfants fréquentant nos
écoles; deux sont des parents d'enfants ayant moins de cinq ans; quatre
sont des parents d'enfants ayant plus de dix-huit ans et six d'entre eux ont
déjà été membres d'un comité
d'école.
En conséquence, la commission scolaire de Saint-Eustache
recommande que l'élection du commissaire d'école se fasse par
quartiers, indépendamment du territoire des écoles. La commission
scolaire de Saint-Eustache recommande aussi que l'on modifie la loi afin de
permettre le financement de la campagne des candidats et l'élection
complémentaire pour combler une vacance devant durer plus d'un an.
De plus, compte tenu que le commissaire d'école doit être
préoccupé essentiellement du vécu des écoles et
qu'il doit s'établir un lien plus vivant et plus direct avec
l'école, la commission scolaire de Saint-Eustache recommande que le
commissaire d'école s'implique activement dans la vie de l'école
en siégeant comme membre d'office au conseil d'une école de son
territoire.
Enfin, relativement au nombre de commissaires et compte tenu des
nombreux problèmes d'efficacité depuis longtemps
dénoncés par les intervenants des commissions scolaires
régionales qui comptent une trentaine de commissaires et plus, la
commission scolaire de Saint-Eustache recommande que le conseil des
commissaires d'une commission scolaire ne puisse compter plus d'une vingtaine
de membres.
Maintenant, j'aimerais vous faire part de notre façon de voir
l'école comme étant le pivot du système. Pour nous
l'école, c'est une institution qui participe aux décisions de la
commission scolaire. Il faut que l'emprise des parents sur l'école se
réalise dans un esprit de concertation et de collaboration. Ce sont
là des conditions essentielles à la
réalisation de tout projet éducatif. Le meilleur
fonctionnement de l'école et la meilleure utilisation des ressources ne
passent pas nécessairement par l'autonomie, mais davantage par la
responsabilité exercée en concertation. Les commissaires
d'école estiment que le fait de donner à l'école une telle
autonomie sous l'autorité d'un conseil composé majoritairement de
parents comporte de nombreux risques à l'égard de la
qualité de la vie de l'école: risque de plus nombreux conflits
d'intérêts personnels au niveau même de l'école;
risque d'alourdir sérieusement le fonctionnement de l'école sous
des responsabilités administratives accrues; risque de donner plus
l'illusion du pouvoir que des pouvoirs réels, ce qui peut engendrer soit
la déception, soit des luttes constantes pour avoir plus de pouvoirs
réels; risque aussi de compromettre le climat de concertation et de
collaboration tant recherché entre les parents, les enseignants et la
direction de l'école; risque de morceler les ressources et les
énergies en plusieurs unités moins bien organisées;
risque, finalement, de donner aux parents un pouvoir qu'ils ne recherchent
même pas et qui pourrait, en conséquence, être mal
assumé.
Les commissaires croient que la structure "commission scolaire ouverte
à la participation d'écoles plus responsables,
c'est-à-dire à la cogestion" est préférable pour
rendre l'école communautaire et responsable et en faire le pivot du
système.
En conséquence, la commission scolaire de Saint-Eustache
recommande que le ministre retire du projet de réforme la proposition
visant à faire de chaque école une entité autonome et la
remplace par d'autres modalités qui permettront aux écoles de
participer réellement aux pouvoirs de la commission scolaire, par
concertation, cogestion, et également aux parents de s'impliquer
davantage au niveau des orientations et des objectifs de l'école par des
mécanismes de participation plus efficaces et plus
représentatifs.
La commission scolaire de Saint-Eustache recommande que l'on invite les
commissions scolaires à se doter de mécanismes visant à
faciliter l'implication des écoles à l'élaboration de tout
projet et à la prise de toute décision sur les questions qui
concernent l'ensemble des écoles et que chaque école participe
à toute décision ou projet d'intervention qui la concerne en
particulier.
L'école devra également jouir de responsabilités
accrues à assumer individuellement, mais aussi à partager
collectivement. Chez nous, les écoles participent à toutes les
décisions qui les concernent par le truchement de la table de gestion
des directions d'école ou la participation à des comités
ad hoc; très rares sont les décisions imposées par la
commission scolaire.
Les directeurs d'école, en table de gestion, ont plusieurs fois
manifesté l'importance du rôle de concertation de la commission
scolaire en demandant et en souhaitant que des décisions soient prises
et respectées par l'ensemble des écoles afin d'assurer la
cohérence et un partage plus équitable des ressources.
En regard du projet éducatif, les directeurs d'école ont
clairement manifesté leur appréciation de l'appui que leur a
fourni la commission scolaire au niveau d'une démarche concertée
par l'ensemble des écoles.
C'est pourquoi, compte tenu de la nécessité pour chaque
école d'assumer le plus de responsabilités possible comme
entité institutionnelle d'un milieu donné, compte tenu de la
nécessité également de s'assurer d'un partage
équitable des ressources tant humaines, financières que
matérielles entre les écoles d'une même commission, compte
tenu de l'importance, pour les enfants surtout, de s'assurer qu'il y a
cohérence entre les diverses écoles du territoire étant
donné les changements d'école toujours possibles pour des raisons
administratives ou de déménagement, des changements de situation
familiale ou de choix personnel, la commission scolaire de Saint-Eustache
recommande que les écoles deviennent de plus en plus responsables, non
seulement individuellement, mais aussi collectivement, de la qualité des
services qu'elles offrent et qu'en conséquence le législateur
détermine plus clairement les responsabilités que les
écoles pourront assumer seules et celles qu'elles devront assumer
collectivement au sein de la commission scolaire.
À cet effet, la commission scolaire de Saint-Eustache
suggère que l'école puisse, à titre indicatif, exercer
individuellement les pouvoirs suivants: déterminer ses orientations
propres; déterminer certaines modalités d'application du
régime pédagogique; adapter les contenus de programmes
facultatifs; choisir ses méthodes pédagogiques et les manuels
scolaires; favoriser l'organisation des activités socioculturelles et
sportives pour la communauté locale; édicter les règles de
discipline des élèves; élaborer son plan d'effectif;
affecter son personnel selon le critère, entre autres, du respect du
projet éducatif; identifier les besoins de perfectionnement de ses
personnels; participer à l'élaboration des projets
d'aménagement et de transformation des immeubles; préparer son
budget à l'intérieur des limites établies par le
ministère de l'Éducation et la commission scolaire; être
responsable de ses choix et en faire rapport à la commission scolaire;
finalement, offrir des services de garderie.
Les pouvoirs qu'elle devrait exercer en concertation avec les autres
écoles, sous la
responsabilité de la commission scolaire, pourraient être
les suivants: définir son calendrier scolaire; organiser les services
aux élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage;
décider de l'usufruit des immeubles; réglementer l'utilisation
des locaux; décider de politiques et de réglementations d'achat
et d'entretien du mobilier, des équipements et des immeubles;
décider des modalités de partage entre les écoles et de
l'utilisation des ressources financières affectées aux
écoles par le ministère de l'Éducation du Québec ou
par la commission scolaire à des fins de services, soit
éducatifs, soit administratifs, soit matériels; déterminer
les orientations et les objectifs des services éducatifs; participer
à l'élaboration de toute politique ou réglementation de la
commission scolaire concernant l'ensemble des écoles; établir un
système d'évaluation des apprentissages; déterminer
certaines modalités du régime pédagogique dont
l'uniformité est souhaitable pour l'ensemble des écoles. (16 h
45)
De plus, compte tenu que l'objectif fondamental du ministre est de
permettre à l'école de pouvoir réaliser, sans entrave, sa
démarche du projet éducatif, la commission scolaire de
Saint-Eustache recommande que le ministère de l'Éducation du
Québec, par réglementation, s'il y a lieu, accorde aux
écoles non seulement le pouvoir, mais aussi le soutien qui leur
permettra de vivre de façon responsable une démarche de projet
éducatif visant à transformer d'abord et avant tout les attitudes
et les mentalités des éducateurs (parents, enseignants et
direction); que la responsabilité de la commission scolaire quant au
projet éducatif soit d'assurer aux écoles le soutien et les
ressources requises ainsi que la cohérence et les concertations
souhaitées par l'ensemble d'entre elles et par les parents.
Une interrogation majeure se pose ensuite: L'école doit-elle
être un lieu de pouvoir ou un lieu de concertation? Donner plus d'emprise
aux parents ne veut pas nécessairement dire leur donner une
autorité légale sur les intervenants professionnels que sont le
directeur et les enseignants.
Les enseignants ont manifesté beaucoup de réticence
à oeuvrer à l'intérieur du conseil d'orientation
prévu à la loi 71 et qui consistait en un lieu de pouvoir formel.
Par contre, ils n'ont pas été difficiles à convaincre,
à l'intérieur de la démarche du projet éducatif, de
s'impliquer dans des comités conjoints paritaires (enseignants, parents
avec directeurs d'école) dont l'objectif essentiel est la concertation
dans l'établissement des orientations et des plans d'action de
l'école. Ces comités ne sont pas des lieux de pouvoir formel et,
pourtant, ils influencent directement et fortement la vie de
l'école.
Dans l'optique du projet éducatif, qui est essentiellement
fondé sur la collaboration et la concertation entre les parents et
l'équipe-école, les commissaires sont d'avis que les enseignants
doivent participer à part entière à un tel conseil qui ne
doit pas permettre la domination d'une partie sur l'autre, mais plutôt
favoriser l'esprit de collaboration.
Ainsi, la commission scolaire de Saint-Eustache recommande qu'au niveau
de l'école, en regard de certains pouvoirs déterminés par
la loi, la responsabilité du directeur soit assumée en cogestion
par un comité conjoint, parents-enseignants-direction, style conseil
d'orientation, dans un esprit de concertation entre usagers et agents
plutôt que dans un esprit de pouvoir et d'autorité d'un groupe sur
l'autre.
Enfin, un mot bref, mais très important pour nous, sur la
participation des parents. Il faut que les orientations et les objectifs de
l'école soient de plus en plus influencés par les parents en tant
que premiers responsables de l'éducation de leurs enfants. Il faut
donner aux parents beaucoup d'informations afin de susciter leur
intérêt à participer activement comme des partenaires
désirés et non comme des partenaires tolérés. En
conséquence, compte tenu de la faible participation des parents à
l'élection de leurs représentants aux comités
d'école et compte tenu que, pour assurer valablement les objectifs de
démocratisation recherchés par le ministre, il y a lieu
d'atteindre un niveau de participation élevé de l'ensemble des
parents, la commission scolaire de Saint-Eustache recommande que le ministre
prévoie dans sa réglementation des mécanismes favorisant
la participation des parents à l'élection de leurs
représentants et garantissant la consultation de l'ensemble des parents
sur les décisions majeures concernant l'école.
En guise de conclusion, M. le Président, nous estimons qu'il faut
que cet effort pour donner aux usagers-parents une grande place et une
influence réelle sur la vie de l'école se fasse par des moyens
qui vont permettre aux professionnels de l'éducation que sont les
employés compétents et spécialisés qui oeuvrent
dans nos écoles d'exercer leur sens professionnel et leur
compétence et d'assumer la responsabilité de leurs interventions.
Cela veut dire que les mécanismes permettant la participation des
parents doivent manifestement démontrer la confiance des parents en ces
professionnels et en leur compétence.
Nous croyons également que, chez nous et dans d'autres
commissions scolaires aussi, les objectifs recherchés par le ministre de
l'Éducation dans son projet de loi sont déjà en bonne
partie, sinon atteints, du moins atteignables à l'intérieur des
structures actuelles. Ce ne sont pas uniquement des
commissaires qui vous le disent, M. le ministre, mais également,
et nous tenons à le souligner, des parents et des directeurs
d'école qui vivent à l'intérieur même de ces
structures.
Notre mémoire se veut surtout un témoignage en ce sens et,
également, une mise en garde indiquant que certains changements
proposés pourraient même nuire grandement à l'atteinte de
l'objectif fondamental qui est la réalisation du projet éducatif
dans chacune des écoles du Québec, réalisation rendue
possible uniquement par la concertation des partenaires que sont les parents et
les éducateurs.
Maintenant, je vais inviter M. Jacques Lachapelle à vous
résumer les réflexions de l'ensemble des directeurs
d'école de notre commission scolaire.
M. Lachapelle (Jacques): M. le Président, les directeurs
et les directrices de la commission scolaire de Saint-Eustache ont pris
connaissance des objectifs et des modalités proposés dans le
projet de loi 40. Compte tenu que cette proposition comporte de multiples
facettes - cela va, je veux être certain d'être bien entendu...
Le Président (M. Blouin): Approchez-vous du
microphone.
M. Lachapelle: Compte tenu que cette proposition comporte de
multiples facettes, notre étude n'est donc pas exhaustive. De
façon bien volontaire, avons-nous, pour nos deux journées
d'étude, écarté certains aspects pour nous attarder plus
particulièrement à deux éléments qui composent
notre quotidien: l'autonomie de fonctionnement des écoles et la
participation des parents.
En regard de ces deux thèmes, nous avons confronté notre
vécu aux objectifs fondamentaux du projet de réforme, à
savoir, rendre l'école plus responsable et mieux intégrée
à son milieu en y favorisant la concertation; permettre à
l'école plus d'autonomie dans la réalisation de son projet
éducatif; permettre une plus grande implication de l'école dans
les décisions de la commission scolaire et, pour terminer, favoriser une
meilleure emprise des parents sur les orientations de l'école. Nous
poursuivons ces objectifs depuis plusieurs années. C'est donc dire que
nous les partageons.
Les modalités que nous avons mises en place nous amènent
à conclure que nous pouvons atteindre ces mêmes objectifs du
projet de loi à l'intérieur des structures actuelles et qu'un
nouvel encadrement nous paraît superflu et même risqué,
à certains égards.
Au niveau de l'autonomie de fonctionnement des écoles, pour
pouvoir répondre aux aspirations de son milieu, l'école se doit
de posséder et de pouvoir affecter, selon ses besoins, les ressources
qui lui permettent d'atteindre les objectifs qui lui sont propres. La loi
actuelle confère aux commissions scolaires la responsabilité de
la gestion des ressources financières, pédagogiques et humaines,
mais également la possibilité de la partager avec les
écoles.
Sur ce point, depuis plusieurs années, une table de gestion est
institutionnalisée et est active à raison d'une
demi-journée par semaine. De par son fonctionnement, nous constatons que
sa structure va au-delà de son rôle premier qui devait être
d'ordre consultatif. Nous y discutons des orientations et des politiques de la
commission scolaire dans un souci d'équité et de latitude
nécessaires à chacune des écoles. Ce type de gestion nous
porte à croire, de par son vécu, que nous sommes très
près d'une certaine forme de cogestion, car rares ont été
les occasions où la commission scolaire a pris une décision qui
allait à l'encontre d'une recommandation de la table de gestion. Les
règles qui prévalent à ce niveau ne sont pas
écrites. Elles se sont développées avec le temps, dans le
cadre d'une recherche d'un mode de fonctionnement qui nous permettrait de tirer
le maximum des ressources disponibles.
Selon les problématiques et, quelquefois, les années, les
solutions de partage peuvent être différentes. Nous croyons donc
qu'une gestion rentable et un partage des ressources, qui permettent aux
écoles de répondre à leurs besoins, proviennent avant tout
d'attitudes plutôt que de réglementations écrites. Si
certains milieux éprouvent des difficultés au niveau du partage
des responsabilités, nous croyons que la solution se trouve d'abord et
avant tout dans la recherche de moyens visant à développer des
attitudes plutôt qu'une modification de structures. La loi 71
n'ouvrait-elle pas la porte dans ce sens?
Quelles sont les valeurs qu'une école doit privilégier
pour répondre aux aspirations de son milieu? Quels moyens seront mis en
place pour que, conjointement, les différents intervenants travaillent
dans le même sens? Nous croyons que c'est là l'essence même
d'un projet éducatif. Il appartenait donc à chacune des
écoles de cerner ses aspirations et de mettre en place un plan d'action
qui lui était propre. Au même titre que les écoles, la
commission scolaire a adhéré à cet énoncé.
Il allait donc de soi que les écoles devaient détenir une plus
large part d'autonomie et que, logiquement, une commission scolaire se devait
de se départir, au profit des écoles, de nombreux pouvoirs que le
législateur lui avait confiés.
C'est dans ce cadre que chaque école a consulté de
façon très rigoureuse l'ensemble des parents, dans le but de
cerner les
valeurs que ces derniers privilégient. La mise en place des plans
d'action se concrétise de plus en plus et, depuis le début, notre
commission scolaire a répondu à nos besoins au niveau de l'appui
et dans nos démarches. Elle a également respecté les
orientations qui découlaient ou qui étaient propres à
chacune des écoles. Encore là, nous nous interrogeons quant
à la pertinence de nouvelles structures qui, semble-t-il, nous
permettraient de réaliser un projet éducatif.
La participation des parents. Le parent, qui est le principal agent
d'éducation et premier responsable de l'enfant, souhaite vraiment
participer aux orientations de l'école. De par les nombreuses rencontres
que nous avons avec les parents et au fil de conversations informelles, nous
sentons une volonté qui va dans ce sens. On nous demande, à nous
les professionnels de l'enseignement, de développer des
mécanismes qui permettraient aux parents de participer aux orientations
de l'école et de les informer très clairement de nos
orientations.
Pour donner suite à ces demandes très légitimes, en
collaboration avec les enseignants et le comité d'école, nous
avons élaboré un questionnaire qui permettait à l'ensemble
des parents d'identifier les éléments qu'ils souhaitaient voir
privilégier par l'école. Les résultats de ce sondage
déterminent les orientations que l'école de leur enfant adoptera.
Par la suite, l'école communique son plan d'action dans lé
respect des orientations déjà définies. De par la
perception que nous avons, cette démarche répond aux aspirations
de la grande majorité des parents.
Cependant, quelques parents souhaitent pousser plus loin leur
implication. Ils forment donc, avec quelques enseignants et la direction de
l'école, le comité conjoint qui a pour tâche la
gérance du projet éducatif. Ce comité est ni plus ni
moins, mais sous une autre appellation, le conseil d'orientation prévu
dans le cadre de la loi 71. Nos comités d'école nous signifient
que par cette démarche, leurs aspirations y trouvent largement
satisfaction. Ils s'étonnent, à la lecture des
responsabilités conférées par le projet de loi 40 au
conseil d'école, qu'on réponde de cette façon à
leurs aspirations. Ils ne demandent pas, selon eux, à contrôler et
diriger l'école, mais plutôt à participer et à
contribuer à l'identification des éléments qui formeront
le milieu de vie de leurs enfants. Ces nouvelles structures semblent un fardeau
plutôt qu'une réponse adéquate.
En guise de conclusion, l'analyse de notre vécu, tant au niveau
de l'autonomie des écoles que des attentes des parents, nous oblige
à conclure que les objectifs visés par cette réforme sont
atteints ou peuvent l'être à l'intérieur des structures
actuelles. Si certaines situations requièrent des modifications, nous
croyons qu'il serait plus opportun de mettre en doute les attitudes
plutôt que les structures. N'oublions pas également que ce seront
les directeurs d'école qui devront porter ces nouvelles structures qui,
nous le craignons, draineront beaucoup d'énergie pour en assurer le
fonctionnement. N'allons surtout pas croire que nous reculons devant la
tâche; mais personne, je crois, ne désire investir dans des
solutions que nous jugeons inappropriées pour corriger telle ou telle
situation.
De plus, nous nous étonnons quelque peu de voir que le projet de
loi 40 soit autant axé sur les structures, alors que nous constatons que
les nouvelles orientations pédagogiques que le ministère nous
demande de mettre en place par l'intermédiaire de ces nouveaux
programmes se réalisent par des changements d'attitudes et d'approches
plutôt qu'une modification de structures.
M. Latour: Je vais maintenant inviter Mme Lydia Paiement a faire
la présentation pour le comité de parents.
Mme Paiement (Lydia): M. le Président, mon exposé
se veut un témoignage de notre milieu plutôt qu'une analyse du
contenu du projet de loi 40. Je tenterai ainsi d'exprimer ce que j'ai
identifié comme étant le sentiment populaire face à ce
projet de réforme si controversé, réforme qui, dit-on, a
pris naissance dans la compilation des revendications parentales.
Adroitement ou maladroitement, tolérés plutôt que
désirés, les premiers comités d'école tentent de se
tailler une place au sein de cette structure encore bien complexe. Mais
conscients du peu d'influence qu'ils exercent dans leur rôle consultatif
sur les aspects importants de la vie éducative, les parents expriment,
par le biais de la consultation sur le livre vert, les degrés de
participation auxquels ils aspirent.
Mais où sont les parents du livre vert? Que voulaient-ils
vraiment? Se serait-on servi de leurs revendications, sans doute
légitimes, pour justifier, par exemple, la création d'un conseil
d'école où les parents seront majoritairement décisionnels
et les enseignants présents seulement s'ils le désirent. On a
beau vouloir respecter les dernières volontés de nos
prédécesseurs, on ne peut pas avaler cela. (17 heures)
Entre le livre vert et le projet de loi 40, cinq ans ont passé.
Le rôle des comités d'école et de parents a beaucoup
évolué. Des "réunionites" des années soixante-dix,
on est passé aux comités de travail, aux tables de coordination,
aux activités co-éducatives. Notre expérience vécue
à ce jour nous permet de constater que l'ouverture de la commission
scolaire va sans cesse s'accentuant. En 1979, la commission scolaire
adopte une démarche de projet éducatif visant à
impliquer tous les intervenants du milieu école dans la
définition des orientations de l'école et du plan d'action qui y
mèneront.
En 1981, la commission scolaire s'engage à consulter
systématiquement le comité de parents sur la préparation
de toute politique relative aux services offerts aux enfants. Alors qu'ailleurs
on se disputait le pouvoir, la démarche de concertation au sein de notre
commission scolaire se concrétisait dans un climat de tolérance
et un effort de collaboration.
Dans cette perspective, le partage du pouvoir ne signifie plus la
distribution légale du pouvoir entre plusieurs petites entités,
mais plutôt le partage des tâches en une action commune dans un
esprit de partenaire-collaborateur. Le partage des pouvoirs, c'est aussi
redonner à chaque intervenant le choix de son champ d'action, là
où son intervention sera la plus fructueuse et la plus
bénéfique possible dans l'atteinte des buts poursuivis. Ainsi, la
majorité des parents souhaite surtout participer aux décisions en
matières proprement éducatives et pédagogiques,
c'est-à-dire celles qui ont une incidence réelle sur le
vécu de l'école, sur ses choix éducatifs, ce qui n'exclut
pas forcément leur participation comme co-gestionnaires de
l'école.
Nous croyons que le plus grand défi du livre blanc se situe en
grande partie dans le passage suivant: "C'est peut-être surtout à
d'importantes modifications de comportements, d'habitudes et de
mentalités que devront consentir tous ceux qui accepteront de
revaloriser l'école et son projet éducatif." C'est sûrement
là la clé du succès de toute réforme. Mais
l'être humain étant ce qu'il est, on ne modifie pas des
comportements et encore moins des mentalités par des lois. S'il en
était ainsi, notre société serait sûrement la plus
sage de toute notre civilisation. Redéfinir les statuts des structures
et des différents agents de l'éducation ne changerait rien
à l'impasse que nous vivons présentement. Au contraire, il faut
assouplir ces structures que l'on a rendues trop rigides sous prétexte
de se protéger. Cacherait-on de l'incompétence ou de
l'impuissance derrière toutes ces complexités? C'est la
qualité de l'éducation que nous souhaitons voir
s'améliorer, pas la tuyauterie.
Une illusion de pouvoir, c'est facile à se donner. Un titre, un
poste, des parents majoritaires dans un conseil d'école et voilà
qu'on se sent décisionnel. Mais pour que tout cela soit vrai, il
faudrait préalablement rétablir le climat de confiance avec les
enseignants, principaux exécutants dans la mise en oeuvre du projet
éducatif. Il est bien de faire de l'école le pivot du
système, mais le pivot de l'école, que sera-t-il?
Accorder à l'école des pouvoirs suffisants en
matière de gestion financière est une idée fort
intéressante, mais faut-il encore avoir les finances suffisantes. Non,
la seule réforme possible et même souhaitable, c'est celle qui se
bâtit dans le quotidien. Elle viendra de ceux qui accepteront de mettre
en commun leurs connaissances, leurs expériences, leurs talents et aussi
leurs attentes. C'est à se demander si, d'une certaine façon, le
ministre ne tente pas de nous refiler les situations avec lesquelles il ne
compose plus depuis un certain temps déjà.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier et féliciter la
commission scolaire de Saint-Eustache pour l'étude fouillée
qu'elle a faite du livre blanc aussi bien que du projet de loi 40 et pour la
qualité du mémoire qu'elle nous présente aujourd'hui. Je
veux aussi profiter de cette occasion pour la féliciter des
expériences de participation et de cogestion qu'elle mène depuis
quelques années dans sa propre commission scolaire. Je la
félicite d'autant plus qu'on peut dire, je crois, qu'à l'instar
de quelques autres commissions scolaires elle fait figure de pionnière
en ce domaine. La plupart des commissions scolaires, malheureusement, sont loin
derrière elle à ce sujet; elles ne sont sûrement pas aussi
avancées et n'ont même pas encore pensé à l'imiter.
C'est donc un témoignage très précieux qu'elle nous
apporte aujourd'hui.
Je note au départ avec satisfaction que la commission scolaire
souscrit d'emblée à l'orientation générale du
projet de loi qui entend faire de l'école le pivot du système
scolaire en la rendant plus autonome et plus responsable. Je note aussi avec
satisfaction que, tout en recommandant le maintien de la commission scolaire
comme structure politique responsable, la commission scolaire de Saint-Eustache
n'exclut en aucune façon la nécessité d'apporter des
correctifs comme la détermination des responsabilités
dévolues à l'école.
Je note également la mise en garde que fait la commission
scolaire lorsqu'elle nous dit que les structures sont certes importantes, mais
qu'elles ne constituent pas la réponse, ni complète, ni
idéale, aux problèmes que nous pouvons vivre dans un
système éducatif. Je suis bien d'accord avec vous lorsque vous
dites qu'il faut viser plus profondément à un changement des
comportements, un changement des attitudes et un changement des
mentalités. Il est difficile de légiférer en ces
matières. Il est absolument sûr - je suis d'accord avec vous
là-dessus - qu'on ne modifie pas les attitudes, les comportements et
les
mentalités par des lois, mais on peut dire, je crois, que les
lois peuvent favoriser ou accélérer les changements d'attitudes,
de comportements et de mentalités. J'en veux pour preuve les changements
que vous avez notés vous-mêmes et que l'on peut sûrement
attribuer en partie à la loi 27, à la loi 30, à la loi 71
et on pourra dire la même chose, je crois, de la loi 40 car la
présentation de lois, surtout quand elles sont
précédées de livres blancs, permet un débat plus
approfondi, une généralisation du débat à
l'échelle d'une population et, par son contenu même, un projet de
loi peut soutenir les changements d'attitudes, de mentalités et de
comportements.
Vous souhaitez une structure qui s'oriente non pas vers un
déplacement de pouvoirs, mais qui favoriserait plutôt des
attitudes de concertation, des attitudes de partage. Je suis bien d'accord avec
vous, malgré qu'il faille se rappeler que la loi 71 qui prévoyait
une structure - car le conseil d'orientation est une structure - visait quand
même cette concertation ou ce partage et qu'elle est loin d'avoir eu les
effets désirés. Il est donc normal que, dans un renouvellement
des efforts pour arriver à cette concertation, on tire profit de
l'expérience.
Pour autant que je suis concerné, le projet de loi 40 ne vise
sûrement pas un déplacement des pouvoirs qui aurait pour but de
les opposer. Bien au contraire. Il vise lui aussi une concertation par la mise
en place autour d'une même table des intervenants de l'école,
c'est-à-dire d'une équipe-école qui devra apprendre
à se parler, à dépasser ses intérêts
particuliers en fonction d'un intérêt commun, en fonction d'une
préoccupation commune qui est l'amélioration de la qualité
de l'éducation, l'amélioration de l'environnement éducatif
en vue de la création d'un environnement éducatif de
qualité qui facilite le développement optimal et intégral
de la clientèle de l'école, c'est-à-dire des enfants.
Il est possible que, dans un premier temps, comme cela arrive d'ailleurs
très souvent, chacun parle à partir de ce qu'il connaît, de
son savoir, de sa compétence et la défende parfois avec vigueur,
mais d'autres exemples aussi nous convainquent qu'avec le temps,
précisément à cause de cet intérêt commun qui
se superpose et, finalement, dépasse les intérêts
particuliers, on en arrive à la mise en commun des savoirs, des
expériences, des compétences au service de l'objectif commun qui,
encore une fois, est la mission éducative, l'amélioration de la
qualité de l'éducation.
Je note aussi que, dans votre critique, vous craignez que le projet de
loi ne donne à l'école des pouvoirs administratifs trop
étendus. Je pense que le projet de loi 40 ne va pas aussi loin dans ce
sens qu'on le craint, car les responsabilités que le projet de loi
transfère à l'école sont principalement d'ordre
pédagogique et ils ne sont pas non plus - ces responsabilités et
ces pouvoirs -absolus. Ils sont limités par les compétences qui
sont maintenues à la commission scolaire, par l'autorité que
continuera d'exercer la commission scolaire sur toutes ses écoles, par
le soutien que devra apporter la commission scolaire à toutes ses
écoles et, également, par le contrôle qu'elle devra garder
sur ses écoles en s'assurant que les écoles assument leurs
responsabilités et, en particulier, se conforment au régime
pédagogique, aux programmes, en ce qu'ils ont d'obligatoire, et se
conforment également aux autres responsabilités de
l'école, en particulier celle de l'évaluation des
apprentissages.
Le projet de loi confère aussi certains autres pouvoirs à
l'école, mais ils sont limités, qu'il s'agisse de l'organisation
des services à la communauté, qu'il s'agisse des pouvoirs
restreints qu'elle possède quant à la disposition des ressources
humaines, matérielles et financières. Je ne reviens pas sur les
responsabilités pédagogiques, je pense que vous les avez
très bien lues et elles sont conformes à ce que contient le
projet de loi, mais je voudrais quand même, durant quelques instants,
m'attarder aux responsabilités de l'école en ce qui concerne les
pouvoirs autres que pédagogiques.
Par exemple, le projet de loi énonce le pouvoir
général de l'école d'organiser des services
éducatifs autres que ceux prévus au régime
pédagogique et aussi des services sociaux, culturels et sportifs.
L'école pourra aussi organiser ou permettre l'organisation de services
de garde pour les élèves; à cet égard, le
législateur lui accorde un pouvoir très limité de
contracter.
En ce qui a trait aux ressources humaines, les pouvoirs de
l'école sont plutôt restreints puisque c'est à la
commission scolaire, qui est l'employeur en vertu de l'article 19, d'exercer
à cet égard les principales responsabilités.
L'école est tout simplement chargée de faire part à la
commission scolaire de ses besoins en effectifs (article 120) et des besoins en
perfectionnement du personnel qui lui est affecté (article 122). Par
ailleurs, le directeur d'école, en tant que représentant
hiérarchique de la commission scolaire, répartit les tâches
et responsabilités du personnel de l'école (article 121). (17 h
15)
Quant aux ressources matérielles, les pouvoirs de l'école
à ce sujet sont principalement de déterminer l'utilisation des
locaux mis à sa disposition - l'article 123 -en dehors des heures de
classe, sous réserve du pouvoir de contrôle de la commission
scolaire lorsqu'une entente d'utilisation est conclue pour plus d'un an. C'est
l'article
124.
L'école est aussi responsable des biens mis à sa
disposition, mais, comme c'est la commission scolaire qui en est
propriétaire, en vertu de l'article 230, c'est cette dernière qui
est chargée des travaux d'aménagement, de transformation, de
réfection ou d'amélioration des locaux selon les besoins dont
l'école fait part à la commission scolaire, en vertu de l'article
126, ou selon ce que la commission scolaire estime elle-même
nécessaire en cas de négligence d'une école. C'est
l'article 231.
Enfin, c'est l'école qui choisit les manuels scolaires,
l'équipement ou les autres biens mobiliers dont elle peut avoir besoin
-article 125 - et qui établit les critères pédagogiques et
financiers pour le choix du matériel didactique par les enseignants
mais, encore une fois, sous réserve des règles sur
l'approvisionnement en biens et services que peut déterminer la
commission scolaire en vertu de l'article 232.
Quant aux ressources financières, c'est peut-être ici que
l'école, même en vertu du projet de loi 40, possède les
pouvoirs les plus restreints. L'école a certes le devoir de faire des
prévisions budgétaires équilibrées en vertu des
articles 127 et 128, mais sous réserve des exceptions
déterminées par la commission scolaire. Elle a le devoir de les
soumettre à l'approbation de cette dernière en vertu des articles
129 et 236. Une fois ces prévisions approuvées, elle constitue
des crédits distincts alloués à l'école en vertu de
l'article 131, et c'est le directeur de l'école qui a le pouvoir
d'autoriser les dépenses rattachées à ces crédits,
en vertu de l'article 132.
Cependant, les dépenses engendrées à l'école
par la fourniture de biens ou de services à la communauté sont
crédités uniquement à l'école, qui continue d'avoir
droit à sa part des subventions étatiques réparties par la
commission scolaire entre les écoles, en vertu de l'article 130, ce qui
laisse une certaine autonomie et aussi un certain encouragement à
l'école dans la dispensation de services à la
communauté.
Notons, cependant, que la commission scolaire pourra effectuer une
péréquation entre les écoles avec les sommes qui
proviennent des taxes scolaires, péréquation qui pourra tenir
compte des revenus autonomes des écoles. J'en profite pour faire tenir
aux membres de la commission ce résumé des pouvoirs
attribués à l'école et de leur arrimage avec ceux de la
commission scolaire.
Donc, je reviens à votre orientation fondamentale, qui est de
faire de l'école une école plus responsable. À cet effet,
vous suggérez que les écoles puissent exercer individuellement un
certain nombre de pouvoirs dont vous dressez une liste indicative. Ce sont des
pouvoirs nombreux et importants que vous nous suggérez d'inclure dans la
loi. Je les cite comme vous l'avez fait:
Déterminer ses orientations propres; déterminer certaines
modalités d'application du régime pédagogique; adapter les
contenus de programmes facultatifs; choisir ses méthodes
pédagogiques et les manuels scolaires; favoriser l'organisation des
activités socioculturelles et sportives pour la communauté
locale; édicter les règles de discipline des
élèves; élaborer son plan d'effectifs; affecter son
personnel selon le critère, entre autres, du respect du projet
éducatif; identifier les besoins de perfectionnement de son personnel;
participer à l'élaboration des projets d'aménagement et de
transformation des immeubles; préparer son budget à
l'intérieur des limites établies par le ministère de
l'Éducation du Québec et la commission scolaire; être
responsable de ses choix; enfin, offrir des services de garderie.
Je ne peux m'empêcher de noter une grande convergence entre cette
recommandation que vous nous faites et la liste des pouvoirs que contient le
projet de loi 40. Cependant, vous dites, dans votre mémoire, que
plusieurs des responsabilités que nous attribuons à
l'école dans le projet de loi en tant que lieu décisionnel vont
trop loin. J'aimerais donc que vous nous disiez lesquels de ces pouvoirs
décisionnels que le projet de loi entend conférer à
l'école vont trop loin.
M. Latour: M. le ministre, pour faire suite à votre
commentaire, je voudrais préciser les choses suivantes. Nous avons eu
l'occasion d'assister à des présentations antérieures au
cours desquelles vous avez précisé les pouvoirs de l'école
dont vous avez remis copie tout à l'heure. Il semble, entre la lecture
du projet de loi et le langage que vous tenez, y avoir des incohérences;
en tout cas, il n'y a pas égalité, ce qui ne fait, probablement,
que compliquer la situation dans laquelle nous nous trouvons lorsqu'on essaie
de préciser exactement là où se situe le projet de
loi.
La distinction fondamentale entre le projet de loi et l'attitude que
nous avons adoptée au cours des années repose non pas sur le
partage de lois rigoureuses qui confèrent des pouvoirs, mais
plutôt sur le travail dans un esprit de collaboration et de concertation.
On croit que les intervenants doivent collaborer et découvrir cette
collaboration. Se faire imposer une collaboration n'est pas un gage de
succès. C'est une nuance fondamentale sur laquelle porte tout notre
témoignage d'aujourd'hui.
Les objectifs sont les mêmes; la méthode est
différente, très différente. La philosophie qui inspire
les deux attitudes est fort différente. Je ne sais pas si je
réussis
avec mes mots à vous exprimer clairement cette différence,
mais tout s'exerce là. Lorsque des gens apprennent à travailler
ensemble et à collaborer, c'est fructueux. Lorsque l'on met des gens
dans des positions avec des pouvoirs que, respectivement, chacun veut et tient
à conserver, je doute que l'on puisse développer
véritablement un esprit de collaboration et de concertation, mais
beaucoup plus facilement un affrontement. Pour avoir écouté aux
heures tardives, le soir, des gens présenter certains dossiers ici
à la commission parlementaire, à l'intérieur desquels
certains comités d'école reprochaient avec
véhémence certaines attitudes de commissions scolaires, je pense
que si on ramassait tout cela et si on faisait l'inverse, on pourrait voir
qu'en réalité il en existe une multitude... Mais ce qui manque
dans tout cela, c'est d'avoir développé un esprit de
concertation.
Le message que je voudrais vous laisser aujourd'hui est le suivant:
Indépendamment des structures, indépendamment des lois que l'on
adoptera, malgré tout le désir que vous avez de pouvoir
réaliser concrètement le projet éducatif, aucune loi ne
fera changer des attitudes. Certaines réglementations pourront favoriser
cet aspect, mais je ne pense pas que l'on puisse imposer la collaboration
à des gens. Sachez que les commissaires - je les vois comme des grands
bénévoles - ce sont des gens qui donnent de leur temps, qui
travaillent avec les différents intervenants dans le milieu de
l'éducation. Les parents sont aussi des gens impliqués qui, bien
souvent, sont à leurs premières armes lorsqu'ils oeuvrent au sein
des comités d'école. On connaît et vous connaissez sans
doute le taux de renouvellement des participants au sein des comités
d'école. Est-ce qu'un comité d'école composé
majoritairement de parents - et c'est aussi la crainte de plusieurs, je pense
que je ne serai pas le premier à vous le dire - qui peuvent, à
l'occasion, exercer un leadership important qui n'ira pas nécessairement
dans le sens de celui que l'on souhaiterait...
Je pense qu'il faut qu'il y ait vraiment concertation entre les
différents paliers et c'est uniquement lorsque parents, enseignants,
direction et commission scolaire peuvent s'entendre et collaborer vraiment
qu'on peut réussir à neutraliser ou avoir un effet positif dans
une direction donnée. Je pense que c'est là toute la nuance et
c'est une nuance fondamentale. On doit retenir de toute notre
présentation ce désir de susciter dans les commissions scolaires
qui ne l'ont pas fait d'une façon peut-être concrète, comme
on le souhaiterait, ce véritable esprit de concertation.
Pour l'autre élément de votre question sur les pouvoirs
particuliers, je vais demander au directeur qui en a dressé la liste de
répondre plus spécifiquement à votre interrogation.
M. Fleury (Pierre): En fait, M. le ministre, pour donner quelques
exemples de pouvoirs que le projet de loi 40 impartit à l'école
et qui comportent pour nous des risques, je vous cite les pouvoirs suivants:
Par exemple, on dit que l'école sera responsable de l'élaboration
des services complémentaires et particuliers à
l'élève, pour les cas d'adaptation scolaire. L'école
établit le calendrier scolaire. On dit aussi que l'école
élabore les normes et modalités d'évaluation des
apprentissages. On donne aussi, comme exemples le pouvoir de louer ses locaux,
de réaliser des revenus propres et de les garder.
Si on prend ces exemples, à la suite d'une étude au niveau
de la table de gestion, donc avec tous les directeurs d'école, ce que
les directeurs d'école nous disent de ces pouvoirs, c'est qu'il serait
préférable que les écoles les exercent mais
collectivement, en concertation, puisque ce sont des pouvoirs qui ont des
incidences au niveau de la cohérence entre les écoles d'un milieu
donné.
Prenons surtout la question des services complémentaires et
particuliers aux élèves en adaptation scolaire. Il arrive
fréquemment que, pour toutes sortes de raisons, les écoles
trouvent peut-être la clientèle d'adaptation scolaire plus
difficile à intégrer dans le milieu. Si cela ne reposait que sur
le choix de l'école, il serait difficile parfois de situer des
élèves en adaptation scolaire. On pense qu'il faut absolument une
cohérence et une concertation dans ce dossier. Il faut que cela se fasse
au niveau de la commission scolaire. Mais quand on dit cela, la commission
scolaire ne revendique pas un pouvoir, elle revendique une
responsabilité qu'elle veut partager avec les écoles. Elle veut
que les décisions soient prises sur un dossier comme celui-là par
les écoles, mais par les écoles collectivement.
C'est vraiment l'essentiel de notre propos puisque, quand on regarde
l'ensemble des pouvoirs qu'on attribue à l'école individuellement
et collectivement, on peut même dire que la commission scolaire de
Saint-Eustache, par son expérience, est même prête à
accorder des pouvoirs que le projet de loi 40 n'accorde pas, sauf que certains
pouvoirs seront exercés individuellement au niveau de l'école, de
façon autonome, et d'autres devront être partagés dans un
souci d'équité, de cohérence.
À titre d'exemple pour l'équité - Mme Lavoie-Roux
en parlait tantôt avec les intervenants de la commission scolaire des
Mille-Îles - il y a le partage des revenus venant de la location des
locaux. Par exemple, on a des écoles - nous sommes une commission
scolaire en croissance - neuves, dotées de beaux gymnases.
Évidemment, la municipalité se sert de ces gymnases pour des
activités sportives. S'il fallait que ces
écoles bénéficient des revenus éventuels
tirés de cet avantage... Il y a des écoles, donc, qui sont
déjà très bien dotées, des écoles neuves
qui, en plus, auraient l'avantage de bénéficier de revenus
supplémentaires alors que d'autres petites écoles, plus
éloignées -nous avons, par exemple, une école à
Sainte-Scholastique dans Mirabel; les locaux de cette petite école ne
sont pas souvent loués - ne pourraient bénéficier de tels
revenus. Ce qu'on propose - et les directeurs d'école acceptent ce que
la commission scolaire propose - c'est qu'il y ait plutôt des
responsabilités assumées en concertation par l'ensemble des
écoles. (17 h 30)
M. Laurin: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Champagne, Mille-Îles): M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, il me fait grandement plaisir de
saluer la délégation de la commission scolaire de Saint-Eustache.
Je le fais avec plaisir pour de nombreuses raisons. Tout d'abord, parce que
cette commission scolaire est une des nombreuses commissions scolaires qui
desservent une clientèle située en partie sur le territoire du
comté d'Argenteuil. J'ai fait allusion tantôt à la paroisse
de Sainte-Scholastique. C'est une des paroisses que vous desservez d'ailleurs
très bien. Je pense que c'est la première fois, à ma
connaissance, que nous recevons une commission scolaire dont l'action rejoint
le territoire d'Argenteuil. Cela me fait grandement plaisir de le signaler deux
fois.
En plus, j'ai eu l'occasion de vous rencontrer récemment. Vous y
faites allusion au début de votre mémoire. Vous m'aviez
indiqué, dès le mois de décembre, votre
intérêt pour les travaux de la commission. Lorsque j'ai eu
l'occasion de prendre connaissance du mémoire que vous aviez
préparé dont, malheureusement, vous avez pu donner seulement un
résumé aujourd'hui, un résumé enrichi à
certains égards, cependant, je m'étais dit: Ce sera instructif
pour moi de rencontrer ces gens, de causer avec eux et, un bon matin, nous nous
sommes retrouvés - je pensais que cela devait être pour une heure
- pendant près de trois heures. Vous étiez là, M. le
président, avec vos commissaires. Il y avait deux principaux
d'école. Il y avait la représentante du comité des parents
à la commission scolaire. Nous avons eu une conversation magnifiquement
éclairante, je pense, en tout cas en ce qui me concerne, dont je vous
suis très reconnaissant, et je souhaitais vivement que vous veniez nous
rencontrer à la commission parlementaire.
Je n'ai pas fait de démarche pour que vous veniez, parce que je
n'en ai fait pour aucun organisme. Je ne voulais pas faire de favoritisme. Je
préférais laisser ces choses-là au gouvernement, mais j'ai
demandé publiquement à la commission que vous soyez
invités une fois, parce que je trouvais que cela en valait la peine, et
je suis bien content que vous soyez avec nous aujourd'hui. Je suis d'autant
plus content que votre délégation est large. Il n'y a pas
seulement des commissaires au sens étroit du terme; il y a M. le
président qui est commissaire de plein droit, il y a le directeur
général, il y a M. le principal Lachapelle, il y a Mme Paiement.
Êtes-vous la représentante du comité de parents à la
commission scolaire?
Mme Paiement: Je suis la présidente du comité de
parents.
M. Ryan: Vous êtes la présidente du comité de
parents. L'autre jour, j'ai rencontré la représentante. Il me
semblait faire erreur.
Je pense que c'est très intéressant de voir, M. le
Président, que nous n'avons pas partout des structures de conflits.
Tantôt, il y a eu une situation. J'ai demandé aux
représentantes du comité de parents de la commission scolaire des
Mille-Îles si elles avaient eu une rencontre avec leur commission
scolaire à ce sujet. Elles ont dit: Non, on s'est envoyé les
mémoires quasiment par la poste. On ne s'en était pas
parlé. Au lieu de faire chacun un voyage à Québec pour
nous dire cela, il aurait peut-être été mieux que ces gens
se rencontrent chez eux. De toute manière, je vois qu'il y a eu des
rencontres entre vous, parce que vous êtes ici ensemble, et je vous en
félicite très cordialement.
J'ai eu l'occasion, en causant avec deux directeurs d'école
l'autre jour, de voir comment des problèmes concrets se posent. On a
parlé de confessionnalité, par exemple. Vous n'en parlez pas dans
votre mémoire, c'est votre droit le plus strict, mais ces deux
directeurs d'école m'ont apporté des éléments qui
m'ont obligé à réfléchir sur des convictions que
j'avais sur certains aspects de ce problème, et ma réflexion
continue. On est censé en reparler également. Je dis cela pour
signaler qu'il y a infiniment de choses qu'on apprend chaque fois qu'on a
l'occasion de prendre contact avec la base, surtout lorsqu'on ne le fait pas de
manière organisée d'avance à partir d'en haut, qu'on se
laisse parler.
Le ministre vous a fait un compliment tantôt. Il m'a dit que vous
étiez très avancés en matière de collaboration, de
décentralisation, de partage des responsabilités. Il a même
ajouté que la plupart des commissions scolaires sont loin
derrière vous. Je voudrais lui dire une chose. S'il avait laissé
s'exprimer toutes les commissions scolaires qui ont demandé à
venir
ici, il y en a d'autres qui lui auraient appris une expérience
qui va tout à fait dans le même sens que la vôtre. Il y a
beaucoup d'endroits où on a agi dans ce sens. Lorsque vous laissez
entendre qu'il y en a seulement quelques-uns à qui cela pourrait
être utile de faire un petit compliment en passant, je pense que vous
déformez la réalité.
J'ai été intéressé par un autre aspect de
votre mémoire que je résumerais comme suit: la
compréhension que vous manifestez de l'ensemble de notre système
d'enseignement. Notre système d'enseignement, ce n'est pas
l'école, ce n'est pas la commission scolaire, ce n'est pas le ministre,
ni le ministère de l'Éducation, c'est tout cela ensemble. Ce ne
sont pas les parents, ce ne sont pas les enseignants, ce ne sont pas les
élèves, c'est tout cela ensemble. Je pense que, tant qu'on n'a
pas trouvé une équation qui permette à tout cela de
fonctionner ensemble, on n'a pas de solution aux problèmes et on risque
de les aggraver. Je pense qu'il est très dangereux d'opposer un
élément à l'autre comme le fait trop souvent le projet de
loi, comme avait commencé à le faire le livre blanc et comme le
fait en trop d'endroits le projet de loi. C'est bien facile après coup,
quand on soulève un point faible, de dire: II y avait un autre
article.
Tantôt, j'écoutais le ministre, et il faut que je reprenne
cela parce que ça m'a trop frappé. La question des manuels
scolaires, cela m'avait intéressé. Vous m'avez envoyé une
documentation, subséquemment à notre rencontre l'autre jour, qui
m'a vivement intéressé et dont une des pièces se rattache
à ceci. On dit à l'article 105: "L'école choisit les
manuels scolaires parmi la liste des manuels autorisés par le ministre
et le matériel didactique." Alors, on dit: II y a un rôle pour la
commission scolaire là-dedans. D'ailleurs, cela m'avait frappé,
à votre commission scolaire, pour les manuels de niveau primaire, le
choix est laissé à l'école. C'est le directeur de
l'école qui fait le choix sur recommandation, évidemment, du
titulaire de la classe.
Mais, pour les manuels qui concernent l'enseignement de disciplines
spécialisées au secondaire, le choix est fait par la commission
scolaire. C'est dans les règlements qu'on m'a adressés, quoique
là il y a un problème parce que vous, vous êtes seulement
au niveau primaire, vous m'expliquerez cela tantôt. C'est peut-être
pour la commission scolaire au niveau secondaire dont vous faites partie, vous
m'expliquerez cela tantôt, mais j'ai trouvé cela dans la
documentation que vous m'avez envoyée.
Le ministre nous dit: II n'y a pas de problème parce qu'à
l'article 232 le projet de loi dit: "Toute commission scolaire peut
déterminer des règles sur l'approvisionnement en biens et
services, leur maintien et leur remplacement." S'il y a un conflit entre les
deux, qu'est-ce qui va prévaloir là-dedans? D'un
côté, la loi donne clairement à l'école le droit de
choisir les manuels et de l'autre, si la commission peut déterminer des
règles sur l'approvisionnement en biens et services, leur maintien et
leur remplacement, j'imagine qu'elle doit avoir le pouvoir de les faire
appliquer. Et s'il y a un conflit entre les deux... Je trouve que cela est
bourré d'articles de ce genre, qu'il y a oui d'un côté mais
toutefois de l'autre et, quand on va arriver à appliquer tout cela, on
va être en butte à toutes sortes de conflits et de contradictions
qui vont dépenser des énergies considérables dans des
recherches de solutions difficiles. Si on travaillait dans un climat de
concertation comme celui que vous avez décrit, il me semble que ce
serait infiniment plus utile pour le système d'enseignement.
Cela étant dit, je voudrais vous adresser quelques questions qui
découlent, évidemment, du mémoire que vous nous avez
présenté. Tout d'abord, à la page 4 de votre
mémoire, vous dites: "Le projet de loi 40 appelle un déplacement,
voire une lutte des pouvoirs, plutôt que des attitudes de concertation,
de partage et de cohérence." Je continue la citation: "C'est là
notre plus vive inquiétude et le principal motif de notre opposition
formelle à certaines parties de ce projet de loi au sujet desquelles,
d'ailleurs, nous vous faisons part de nos recommandations". Pourriez-vous
résumer ces parties du projet de loi 40 à l'endroit desquelles
vous exprimez une opposition formelle?
M. Latour: Je pense que chacun des intervenants à cette
table pourra intervenir à tour de rôle et que chacun peut y
apporter un élément de réponse. Fondamentalement, le
déplacement des pouvoirs vers l'école et l'incertitude de la
situation que ceci crée rendent pour nous, en fait, l'exercice une
aventure. Une aventure dont on ne peut prédire l'issue, qui peut
être fructueuse à certains endroits et être néfaste
dans d'autres. Ce que nous disons, c'est qu'à l'intérieur des
structures actuelles nous croyons avoir déjà, en grande partie,
atteint les objectifs visés à l'intérieur du projet de
loi. Donc, nous croyons périlleux de modifier des structures, de
déplacer ou de donner des pouvoirs sans connaître l'impact
réel que ceci va susciter. Dans le domaine scolaire, pour avoir
été moi-même, avant de devenir commissaire, membre d'un
comité d'école, je pense avoir vécu les désirs de
pouvoir que l'on peut ressentir lorsqu'on est membre d'un comité
strictement consultatif. Il est vrai qu'on peut, comme parent, rechercher le
pouvoir, mais ce n'est pas
vraiment le rôle d'un comité d'école. Un
comité d'école est drôlement utile sans qu'il soit investi
de quelque pouvoir que ce soit. Je pense qu'il faut reconnaître que, dans
notre système d'éducation, étant donné le nombre
d'intervenants qui ont un rôle important à y jouer, l'on peut
arriver à cet équilibre uniquement lorsque chacun des
intervenants agit correctement à l'intérieur des pouvoirs ou des
affectations qu'il a à remplir.
Si l'enseignant essaie de jouer un rôle autre que celui
d'enseignant, on ne sera pas satisfait de sa tâche. Je pense que si des
intervenants, à l'intérieur des comités de parents ou des
comités d'école, essaient de s'investir d'une fonction autre que
celle pour laquelle on les invite à participer, ils doivent se trouver
une autre vocation. Si quelqu'un est insatisfait d'être d'un
comité d'école parce qu'il croit pouvoir apporter quelque chose
à un autre niveau, je lui dis de se faire élire commissaire.
Maintenant, je ne sais pas si on peut compléter...
M. Fleury: On pourrait peut-être compléter par
certains exemples de pouvoirs que la loi 40 attribue à la commission
scolaire en partie ainsi qu'à l'école, et qui peuvent être
source de conflit. M. Ryan, vous avez mentionné tantôt la
possibilité pour la commission scolaire d'établir des
règles relatives à l'approvisionnement et à l'entretien
par rapport au choix des manuels scolaires. Je veux en même temps
préciser, par rapport au choix des manuels scolaires, que, dans le
document que nous avons remis à titre d'information
supplémentaire sur l'expérience que nous avons vécue chez
nous, l'on a établi une politique de choix des manuels scolaires et que,
pour les manuels de matières dites générales, les
matières de base enseignées dans l'ensemble des écoles par
les titulaires, le choix reviendrait à l'école. Mais, pour les
spécialités, les matières qui sont enseignées par
des spécialistes qui, eux, se déplacent d'une école
à l'autre, nous disons que le choix des manuels doit être fait par
la commission scolaire, puisque, justement, il doit y avoir un minimum de
cohérence. Si le spécialiste d'éducation physique, de
musique ou d'anglais donne son enseignement dans trois écoles, on
verrait difficilement qu'il utilise trois manuels différents pour donner
cet enseignement. C'est peut-être ce qui a fait la confusion. Vous
parliez du secondaire et nous parlions de spécialités.
C'étaient les spécialités au primaire.
Donc, il y a des pouvoirs qui sont accordés dans la loi 40 et qui
peuvent être source de conflit. On parlait tantôt justement de
l'intégration ou des services à rendre aux élèves
en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. C'est l'école qui
a le pouvoir de donner ces services. On dit que la commission scolaire peut
établir des critères visant à faciliter
l'intégration des élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage. Évidemment, mais on pense que c'est le genre de
pouvoir où chacun va peut-être tirer un peu de son
côté. Qui va prendre des décisions dans des situations
conflictuelles? La commission scolaire a une partie du pouvoir sur
l'organisation des services à donner aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage; elle peut établir des
critères, mais c'est l'école qui donne les services, qui
décide des services à donner. Alors, il y a risque de
conflit.
C'est la même chose pour le calendrier scolaire. Je pense que
c'est un exemple assez frappant. On donne à l'école le pouvoir
d'établir le calendrier scolaire. On dit que la commission peut fixer
des normes pour la confection du calendrier scolaire. Encore là, cela
peut être une source de conflits assez facile entre l'école et la
commission scolaire, d'autant plus que l'autorité de la commission
scolaire sur l'école n'est quand même pas toujours claire
lorsqu'on dit que, quand même, l'école est sous l'autorité
d'un conseil d'école. C'est ce genre de situation, lorsqu'on parle de
donner, d'attribuer des pouvoirs précis à l'un et à
l'autre, plutôt que d'essayer de trouver des formules où l'on
assurerait les moyens de les partager, de les assumer collectivement que l'on
trouve difficile et dangereuse dans le projet de loi 40.
M. Ryan: Excusez, madame. (17 h 45)
Mme Paiement: Est-ce que je peux intervenir? J'aurais
peut-être seulement une petite remarque à faire - je ne sais pas
si je le peux à ce moment-ci - à M. le ministre. Tout à
l'heure, il a parlé des lois 27 et 71. On m'a dit que, des fois aussi,
des lois, c'est bon. J'aimerais dire que les lois 27 et 71 n'allaient pas aussi
loin que la loi 40. Deuxièmement, la loi 71 n'a été
appliquée qu'à moitié, parce que les conseils
d'orientation n'ont jamais vraiment existé à l'intérieur
du système.
Pour revenir aux dangers dont on parlait, je peux vous dire que, chez
nous, le projet éducatif a été je ne dirais pas compromis
mais contrecarré avec le projet de loi 40. Toute l'idée du
conseil d'école avec des parents majoritairement décisionnels...
Même si une attitude de collaboration avait été
engagée surtout depuis quelque temps et surtout depuis l'application du
décret, on peut dire que notre projet éducatif a ralenti dans
plusieurs de nos écoles. Ce serait mon avis à ce sujet.
M. Ryan: À la page 10, un petit peu dans la même
perspective, vous dites des choses qui m'ont vivement intéressé
au sujet
de la participation de l'enseignant à la vie de l'école
comme communauté. J'aimerais que vous nous donniez des explications
là-dessus, sur votre expérience en ce qui touche la participation
des enseignants et les conditions auxquelles une telle participation peut se
réaliser d'une manière heureuse pour tout le monde.
M. Lachapelle: En termes de participation au niveau des
enseignants, on faisait évidemment tout à l'heure allusion aux
lois 27, 30 et 71. Si ma mémoire est bonne - à ce niveau-ci, je
pense qu'elle l'est - ces lois prônaient une participation des
enseignants et vraiment une concertation. Donc, évidemment, après
les lois 30 et 71, qui précisaient davantage, en fin de compte, le
rôle des comités d'école et qui donnaient peut-être
des possibilités supplémentaires, en termes de concertation, aux
parents, à la direction de l'école et aux enseignants au niveau
de la participation pédagogique, la façon dont on a pu vivre avec
cela, c'est qu'effectivement ce sont des attitudes et des mentalités
qu'on a développées d'une année à l'autre.
Cela a été quand même assez difficile. Il n'est pas
si loin le temps où effectivement un parent, quand il entrait dans
l'école, n'allait pas plus loin que le portique. Il y a eu le fait
d'apprivoiser - c'est tout à fait humain - les enseignants à
recevoir, à composer avec les parents. De par la tradition,
c'était l'école qui possédait la vérité,
c'était l'école qui devait développer, en fin de compte,
les habiletés. Le parent, tout ce qu'il avait à faire,
c'était d'envoyer son enfant à l'école.
Dans ce cadre, depuis quelques années, il y a vraiment une
démarche à réaliser pour les différents agents de
l'éducation, à savoir devenir des partenaires en détenant
peut-être des rôles différents, mais des rôles
essentiels dans le développement d'un enfant. De là est
née l'idée d'un projet éducatif où les parents et
les enseignants se sont attardés autour d'un questionnaire pour cerner
les orientations du milieu et se sont défini des rôles.
Évidemment, ce n'était pas menaçant, nous étions
des partenaires. Ce qu'on trouve vraiment menaçant dans la loi 40, c'est
qu'on renverse complètement l'ordre des choses parce qu'on ne parle plus
de partenaires, on parle de pouvoirs au niveau des parents.
Après tout le travail de concertation qu'on a pu faire, où
on s'attarde à la même tâche, aux mêmes objectifs de
façon différente, selon nos compétences, on craint
énormément qu'en inversant cet ordre de choses on fasse plusieurs
pas en arrière. Les parents craignaient, il y a plusieurs années,
que les enseignants fassent plusieurs pas en arrière parce que,
maintenant, on les situe comme patrons au niveau de l'école. Le travail
de concertation, en termes d'objectifs et de partage des
responsabilités, c'est un peu comme cela qu'il est né et qu'il se
vit au niveau de la commission scolaire de Saint-Eustache. Nous avons les
mêmes objectifs, des objectifs communs; nous jouons des rôles
différents, mais en visant les mêmes objectifs.
M. Ryan: Votre recommandation à ce sujet, c'est que la
responsabilité de directeur de l'école soit assumée en
cogestion par un comité conjoint parents-enseignants-direction. Je ne
sais pas si vous pourriez expliquer cela un peu.
M. Latour: Je pense que je vais demander au directeur
général de répondre. Ce dernier a regardé la
question de ces comités style conseil d'orientation. Écoutez, je
pense que vous savez comme moi que l'exercice que nous avons fait n'avait pas
pour tendance de réécrire un projet de loi dans les fins
détails. Nos recommandations visent beaucoup plus à
améliorer ou tenter d'améliorer ou de bonifier ce qui est
présenté. Cette formule de conseil d'orientation nous paraissait
être une formule qui corresponde à peu près à celle
que nous tentons d'appliquer chez nous et qui pourrait répondre
véritablement à cet esprit de concertation. Je vais demander
à M. Fleury de répondre.-
M. Fleury: Au tout début, le ministre Laurin a
souligné le fait que la loi 71, surtout en ce qui a trait au conseil
d'orientation, n'avait pas eu beaucoup d'échos. Même chez nous, on
peut vous dire qu'il n'existe dans aucune de nos onze écoles un conseil
d'orientation. Par contre, dans chacune d'elles, à la suite de la
démarche du projet éducatif, qui est une démarche
implantée depuis 1979, il existe maintenant un comité conjoint
dont la responsabilité est surtout d'étudier et de se prononcer
sur les orientations, les objectifs de l'école et sur les plans d'action
pour atteindre ces objectifs.
Chez nous, on a constaté que cela a nécessité un
apprivoisement. M. Lachapelle le mentionnait tantôt. Il a fallu tenir
compte de la réalité que les enseignants avaient besoin
d'être apprivoisés à cette présence et à ce
partage de leurs responsabilités avec les parents. C'est maintenant
chose faite, mais toujours sans parler de pouvoirs. Cela se fait toujours
lorsqu'on parle de concertation, de collaboration, donc dans un esprit ouvert,
mais il n'est jamais question de pouvoirs de l'un sur l'autre.
Les responsabilités, on dit que cela pourrait s'exercer en
cogestion. Donc, ce qu'on veut dire par là, c'est que le directeur
d'école demeure le directeur d'école, mais sur certains points
qui pourraient être
déterminés par la loi - cela pourrait être, par
exemple, la détermination des orientations de l'école,
peut-être même les limites ou les choix budgétaires, les
règles disciplinaires, certaines décisions qui concernent la vie
de l'école et qui sont les principales préoccupations des parents
- on pense que cela peut être très facilement partagé entre
la direction de l'école, les enseignants et les parents. On se dit, en
fin de compte, que c'est cela, la démarche du projet éducatif. Le
projet éducatif, ce n'est pas un peu, c'est vraiment la concertation des
parents, des enseignants et de la direction de l'école dans
l'établissement d'objectifs, dans l'établissement de moyens
d'action.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je suis
heureux de participer aux travaux de la commission de l'éducation pour
accueillir la délégation de la commission scolaire de
Saint-Eustache. Je tiens à féliciter le président, M.
Latour, et les trois personnes qui l'accompagnent, Mme Paiement, M. Fleury et
M. Lachapelle, de la qualité de leur mémoire. Je suis intervenu
auprès du ministre pour qu'il consente à entendre la commission
scolaire de Saint-Eustache devant la commission. M. le député
d'Argenteuil vient de nous dire qu'il l'a demandé publiquement, mais
qu'il n'a pas fait de démarche. Je ne l'ai pas demandé
publiquement. J'ai fait exactement le contraire. Je ne l'ai pas demandé
publiquement, mais j'ai fait une démarche. Alors, je pense que son
action publique et mon action cachée ont été
complémentaires et efficaces.
Une voix: ...
M. de Bellefeuille: Cela dépend des circonstances, M. le
député. Vous usez vous-même de votre jugement quant
à ce genre de question.
Votre mémoire contient, comme je viens de le dire, des choses
particulièrement intéressantes et c'est sans doute attribuable au
fait qui a déjà été souligné. Vous l'avez
préparé non seulement dans le cercle fermé des
commissaires eux-mêmes, de la direction générale de la
commission, mais aussi en étroite collaboration avec les parents et les
directeurs d'école. C'est donc un mémoire particulièrement
représentatif.
À la page 4 de ce mémoire, je note, au milieu de la page,
qu'à votre avis "les changements proposés par le projet de loi 40
sont des changements radicaux qui comportent trop de risques - je vous cite
-pour ne pas être d'abord expérimentés". Il est clair que
le projet de loi 40 ne repose pas sur une partie d'expérimentation, il
repose plutôt sur un projet complet de structures.
Je m'étonne, en lisant la suite de votre mémoire,
qu'après avoir dit qu'il faudrait d'abord que ce soit
expérimenté, vous vous contentiez de faire allusion aux
expériences réelles déjà faites. Je me serais
attendu que vous proposiez, en toute logique, qu'on poursuive les
expériences, qu'il y ait une suite dans ces expérimentations.
D'ailleurs, il me semble qu'en ce qui vous concerne, la commission scolaire de
Saint-Eustache continue de se montrer ouverte à certaines formes
d'expérimentation. Là-dessus, j'aimerais vous interroger et
savoir comment vous voyez une base expérimentale qui permettrait d'aller
de l'avant dans le domaine de ces réformes.
M. Latour: Merci, M. de Bellefeuille. Je voudrais préciser
ceci au départ. Lorsqu'on fait appel à des expériences
réelles, ce serait peut-être d'inventorier, dans toutes les
commissions scolaires du Québec, les expériences similaires
à celle de Saint-Eustache. En tant que participants à
l'intérieur d'associations, de commissions scolaires de la
région, on se rend compte qu'on n'est pas les seuls à
décentraliser et à vouloir décentraliser les pouvoirs; on
n'est pas les seuls à faire les mêmes choses, certains vont plus
loin dans certains domaines et moins loin dans d'autres.
Je pense qu'il serait bénéfique pour le ministère
de l'Éducation d'aller dans les commissions scolaires pour
vérifier ce qui se réalise avant de proposer des changements
aussi importants. C'est pour cela qu'il nous paraît important, avant
d'aller directement modifier des choses qui semblent réussir ailleurs,
de faire un bilan réel, concret et objectif de ce qui est
déjà atteint dans un certain nombre de commissions scolaires.
C'est, je pense, une dimension importante. Je ne sais pas si d'autres
intervenants veulent compléter cet aspect.
M. de Bellefeuille: M. Latour, avant que des personnes qui vous
accompagnent complètent la réponse, si, en répondant
à la question, vous souhaitez faire allusion au projet d'école
alternative, je n'y aurais absolument aucune objection. Je pense que cela
s'inscrit tout à fait dans le contexte de la question que je vous ai
posée.
M. Fleury: Vous nous demandez pourquoi on ne renouvelle pas dans
notre recommandation l'idée de demander au ministère
d'expérimenter ces éléments qu'on qualifie de dangereux.
Ce qu'on dit, et je pense que le président vient de le dire assez
clairement, c'est qu'il y a beaucoup d'expériences qui sont
déjà faites et qui pourraient être utilisées. Chez
nous, en tout cas, on trouverait difficile d'expérimenter ces trois
éléments, parce que ce sont trois éléments qui,
à notre avis, comportent vraiment de grands risques lorsqu'on
considère le projet de loi 40. Quand on dit: "Transférer la
plupart des responsabilités de la commission à chacune des
écoles", le mot "chacune" est important ici. Ce que l'on trouve
risqué et compromettant, chez nous, c'est de donner un niveau
d'autonomie presque illimité à l'école, ce qui
éliminerait donc la concertation ou du moins ce qui n'en donnerait pas
la garantie. C'est vraiment ici à "chacune" des écoles. On est
bien d'accord pour expérimenter le transfert de responsabilités,
mais des responsabilités qui seraient exercées de façon
partagée ou concertée.
Donner le pouvoir administratif de l'école ou donner pleine
autorité à un conseil d'école composé
majoritairement de parents, je pense qu'on a manifesté clairement que,
pour nous, ça comporte de nombreux risques par rapport à un
climat et à des attitudes déjà mis en place. Mme Paiement
l'a souligné tantôt, cela a même eu un effet un peu
négatif sur la démarche de projet éducatif qu'on avait mis
en branle depuis déjà cinq ans. Donc, on n'aurait pas le
goût d'expérimenter ça. (18 heures)
Donner au conseil d'école composé majoritairement de
parents le pouvoir de choisir un directeur d'école et de résilier
sa nomination, ça aussi, pour nous ça comporte des risques qui
sont très grands et on n'en voit pas la nécessité, ni
l'opportunité? Pour qu'on puisse l'expérimenter, il faudrait
à tout le moins qu'on nous démontre les avantages que cela
pourrait avoir ou les situations problématiques que ça viendrait
corriger. Or, on n'a pas, dans le projet de loi 40, ni dans le livre blanc, la
conviction que ça viendrait régler beaucoup de problèmes
que le choix du directeur d'école se fasse par un conseil d'école
composé majoritairement de parents. C'est un peu dans ce sens que, pour
nous, l'aspect d'expérimentation est important. On se dit que, si le
ministère est convaincu de la nécessité d'implanter ces
choses, qu'il les expérimente d'abord. Nous sommes convaincus que les
risques sont trop grands, du moins pour ces trois éléments.
M. de Bellefeuille: Je sais que l'école alternative fait
partie d'un autre contexte. Mais je sais aussi que votre commission a
étudié ce projet et a eu, par rapport à ce projet, des
moments divers et des attitudes différentes qui sont peut-être
plus positives maintenant qu'elles ne l'ont été dans le
passé.
M. Latour: Je ne dirais pas cela, M. de Bellefeuille. Tout
simplement, ce que je dirais, par contre, c'est qu'une autre force qui
n'apparaît peut-être pas dans la présentation de ce dossier
est la diversité des membres qui composent notre conseil de
commissaires, qui représente, bien entendu, toute la panoplie, aussi
bien à être totalement pour comme à être totalement
contre le projet de loi 40. Le processus et les conclusions que vous avez
là, devant le vécu que nous avons à Saint-Eustache, font
que ceci reflète une certaine forme de réflexion, de compromis
collectif. Donc, déjà, ceci reflète l'aplanissement
d'écarts, au départ, dans un processus de réflexion,
à la lumière du vécu chez nous.
Ces mêmes gens, s'ils étaient intervenus dans d'autres
commissions scolaires, pourraient tout aussi bien avoir proposé quelque
chose qui irait peut-être complètement à l'encontre de ce
que nous avons là. C'est pour cela qu'il est important pour nous de
préciser que la partie importante de notre message est de vous livrer
notre vécu. Je le répète, c'est un vécu qui
s'exerce à l'intérieur des structures actuelles et qui atteint
presque entièrement les objectifs visés par le projet de loi.
C'est cela qui est important à retenir. C'est ce point, je pense, que
nous voudrions que le ministre retienne d'une façon tout à fait
particulière.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser une
dernière question tout en signalant que la commission scolaire de
Saint-Eustache nous a présenté un abrégé de son
mémoire et qu'on trouve dans le mémoire complet des
renseignements plus poussés par exemple, quant à vos observations
sur la participation des parents. Dans le mémoire complet, vous signalez
que l'élection annuelle des parents membres des comités
d'école suscite très peu d'intérêt, 8% de
participation en mai 1982. Par contre - je continue de vous citer - la
participation aux rencontres parents-enseignants est très
élevée, 70% et plus, ainsi que la participation des parents
à des activités organisées par et pour l'école et
à des comités qui touchent le vécu de l'école.
Ces données, 8% d'une part et 70% et plus d'autre part, cela
concerne la commission scolaire de Saint-Eustache seulement. Ce sont vos
statistiques.
M. Fleury: Oui.
M. de Bellefeuille: Parce que je ne savais pas si
c'étaient des statistiques de plus grande étendue que vous citiez
ou si c'était le résultat de vos propres observations.
M. Fleury: Je pense que la participation
des parents à l'élection des conseils d'école, des
comités d'école, cela pourrait être presque le même
pourcentage partout dans la province. Cela peut varier d'une école
à l'autre, peut-être, mais je pense qu'il y a déjà
eu des chiffres qui ont énoncé 8% ou 9% de participation à
l'élection des membres de conseils d'école, d'actuels
comités d'école.
M. de Bellefeuille: Merci, madame et messieurs.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Alors, ce soir, nous reprendrons avec
nos invités, alors que le député de Saguenay aura la
parole. Je signale que quatre autres membres ont demandé de poursuivre
les échanges avec les représentants de la commission scolaire de
Saint-Eustache. Par la suite, nous entendrons, lorsque nous aurons
terminé ces échanges, la commission scolaire de Normandie.
Sur ce, nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures. Est-ce
qu'il vous est possible de revenir à 20 heures?
M. Latour: Oui, nous acceptons avec plaisir.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors,
à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
(Reprise de la séance à 20 h 2)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre! La commission
élue permanente de l'éducation reprend donc ses travaux. Au
moment où nous nous sommes quittés, les responsables de la
commission scolaire de Saint-Eustache étaient avec nous. Nous avions
entrepris les échanges entre les membres de la commission et nos
invités. La parole était au député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'aimerais saluer
d'une façon particulière le président de la commission
scolaire et les membres qui sont avec lui. J'aimerais aussi les
féliciter pour leur mémoire. Dommage que le ministre soit absent
parce que, pour une fois, il aurait compris que les gens de bonne foi, les gens
qui ont une compréhension commune, les gens qui ont une ouverture
d'esprit peuvent très bien s'entendre dans le système actuel.
De même, si, comme le député d'Argenteuil l'a dit au
début de son allocution, on avait donné l'occasion à
beaucoup plus de commissions scolaires de s'exprimer, sans doute que la
compréhension des députés ministériels aurait
été plus grande vis-à-vis de leur comportement. Il y a une
chose qui est très importante, c'est que le ministre aurait pu voir que
le consensus qu'il recherche ne peut exister à l'intérieur de son
projet de loi, mais qu'il existe très bien à l'intérieur
des structures actuelles. Vous en avez fait la démonstration.
Dans votre mémoire, vous dites, à un moment donné,
surtout vers la conclusion -c'est peut-être à la présidente
du comité de parents que je m'adresserais - qu'accorder à
l'école des pouvoirs suffisants en matière de gestion
financière est une idée fort intéressante. J'imagine que
vous faites référence à l'article 34 du livre blanc. Or,
vous y mettez une interrogation fort judicieuse: Mais faut-il encore, avoir les
finances nécessaires. Est-ce que, dans votre vécu quotidien, vous
devez faire face régulièrement à des contraintes
financières, même s'il existe une collaboration très
étroite entre la direction de l'école, la commission scolaire et
le comité de parents? Vous êtes contraints à des
restrictions financières?
Dans le livre blanc, Mme la présidente, est-ce que vous avez vu
des articles qui vous disent que ces contraintes seront
éliminées?
Mme Paiement: Je ne peux pas vous répondre quel article
démontrerait que ces contraintes seraient éliminées. Sauf
qu'il ne me semble pas en tout cas avoir reconnu là-dedans quelque chose
qui dise que les budgets seraient augmentés dans les écoles. Ce
que je voulais dire par cela, c'est que les parents, pas plus que d'autres
administrateurs ne sont des magiciens. On ne pourra pas faire plus pour les
écoles en termes de budget, si on n'a pas plus d'argent. Je parle
surtout en fonction des orthopédagogues, des orthophonistes, des
travailleuses sociales, des psychologues, etc.
M. Maltais: Peut-être poserais-je une autre petite question
à M. le directeur d'école. Dans la composition du projet de loi -
M. le Président me corrige, j'ai fait un lapsus tout à l'heure -
dans la composition du conseil d'école, dis-je les enseignants, à
plusieurs reprises et de différentes façons, sont venus nous dire
qu'ils n'étaient pas intéressés à embarquer,
minoritaires ou majoritaires. Est-ce qu'un conseil d'école, tel que
prévu dans le livre blanc, sans la participation - on l'a vu avec la loi
71 -pour vous, comme directeur d'école, dans votre vécu
quotidien, c'est pensable sans la participation ou avec une participation
mitigée des enseignants?
Le Président (M. Blouin): M. Lachapelle.
M. Lachapelle: Tout dépend de ce qu'on vise ou de ce qu'on
attend, en fin de compte, d'un conseil d'école. Effectivement, si on
s'attend qu'un conseil d'école soit composé majoritairement de
parents et qu'on
donne des directives à des enseignants, que les enseignants
soient paritaires ou qu'ils soient minoritaires, je ne vois pas tellement - si
on les oblige à participer, peu importe leur nombre de toute
façon, mais on ne va pas plus loin que le fait qu'ils soient paritaires
- comment un conseil d'école peut être efficace. Ce qui est
beaucoup plus important, c'est en fin de compte, je pense, qu'à peu
près tous les intervenants qui ont analysé leur vécu de
façon séparée et ont uni les mémoires à la
fin, s'entendaient pour dire que c'est vraiment une question d'attitude. Chez
les enseignants, comme c'est souvent le cas, si on leur impose quelque chose de
trop formel, un peu comme le conseil d'école prévu dans le projet
de loi 40, je m'attends à peu de résultats et non seulement
à peu de résultats, mais à un recul.
Cependant, si on permet à des intervenants, qu'ils soient
enseignants ou d'autres agents d'éducation, de se prévaloir de
certains privilèges, et de plein gré, adhérer à un
conseil d'école, pour gérer la vie de l'école, je me dis:
Pour les enseignants, je n'ai aucune crainte quant à la qualité
de leur participation et à leur sérieux à ce
niveau-là. Mais, effectivement, c'est de leur imposer quelque chose...
Notre vécu, en tout cas, démontre que les enseignants sont
intéressés à participer et qu'ils vont continuer à
participer, toujours dans le cadre qu'on a développé d'attitudes
positives et de concertation. Mais s'il y a une obligation de participer, dans
un ordre de pouvoirs, je doute énormément des résultats
qui pourraient en découler dans le vécu, dans le concret, dans la
classe. Je doute beaucoup qu'on puisse y trouver des résultats
positifs.
M. Maltais: D'accord. M. le Président, vous avez dit, tout
à l'heure, dans votre résumé, que, dans une saine
démocratie, à un moment donné, quelqu'un qui était
dans le comité de parents pouvait vouloir aller plus loin au niveau du
domaine scolaire. Or, il faut quand même, dans le système actuel,
définir les responsabilités; celles d'un comité de parents
ne sont pas nécessairement celles d'un commissaire d'école qui,
en plus d'avoir affaire au niveau pédagogique du vécu quotidien
de l'école, a aussi la décision administrative. Pour vous, dans
le nouveau système préconisé par le projet de loi 40,
parce que c'est bien clair dans le nouveau mode de scrutin proposé,
est-ce que ce n'est pas une perte d'actifs pour la commission scolaire que
d'éliminer une certaine catégorie de personnes de valeur
nécessairement parce qu'elles n'ont pas d'enfant dans le système
présentement, qu'elles n'en ont pas eu dans le passé et n'en
auront pas dans l'avenir? Est-ce que ce n'est pas priver la communauté
vraiment de ressources valables? On parle toujours des grandes villes, mais il
faut parler aussi des petites commissions scolaires et des régions en
périphérie des grandes villes, et je pense qu'il faut voir aussi
de quelle façon un commissaire d'école doit apporter une
attribution complète à l'école. Est-ce que vous pourriez
préciser votre pensée là-dessus?
M. Latour: Premièrement, la question que vous nous posez,
vous me l'adressez personnellement. Je vais donc livrer mon impression
personnelle, mais je ne pourrais pas vous donner un témoignage au nom de
l'ensemble de la commission scolaire.
Je pense qu'il y a des intervenants qui oeuvrent et qui risqueraient,
dans un système où l'on privilégerait uniquement des
parents comme commissaires, de mettre de côté des ressources
extrêmement valables. Je pense qu'il y a peu de temps, on a même
considéré d'abolir l'âge de la retraite pour
peut-être ne pas se priver de certaines ressources qui pourraient
continuer à oeuvrer. Si c'est vrai à certains niveaux, pourquoi
ne serait-ce pas vrai aussi pour ceux qui s'intéressent au domaine de
l'éducation et qui souhaiteraient continuer à y travailler,
même s'ils n'ont plus directement d'enfant dans le système?
On pourrait aussi soulever toute la question de l'éducation des
adultes, mais cela dépasse, je pense, le cadre de la
représentation que nous faisons ici et qui est, en fait, le
témoignage d'une commission scolaire de niveau primaire, qui
s'intéresse donc à l'enseignement primaire. Cela m'entraîne
d'ailleurs à donner des opinions qui sont tout à fait
personnelles.
Je ne sais pas si je réponds à votre question, mais...
M. Maltais: Très bien, M. le Président. Je ne sais
pas qui répondra à la prochaine question, je la laisse à
votre choix.
Il y a beaucoup d'invités ici qui sont venus présenter des
mémoires et qui nous ont dit, finalement, que la réforme
proposée dans le projet de loi 40 était beaucoup plus une
réforme des structures qu'une réforme pédagogique. Au
niveau de la pédagogie comme telle, est-ce qu'il y a des
éléments nouveaux qui garantiraient une meilleure
pédagogie ou une meilleure qualité de l'enseignement dans vos
écoles?
M. Lachapelle: Personnellement, la conclusion à laquelle
on en arrivait, nous, les directeurs d'école, et qui ressemblait en fin
de compte à celle des autres intervenants, c'est qu'on a eu beau
scruter, en tout cas, le projet de loi 40 à la lumière de notre
vécu, personnellement, en termes d'atteinte d'objectifs fixés par
le ministère ou souhaités par le ministère, notre
conclusion était que, dans la structure actuelle, on atteignait
déjà ou on était sur le point d'atteindre les objectifs
qui nous étaient fixés. Par la suite,
évidemment, on a regardé dans le projet de loi 40 ce qui
nous permettrait peut-être d'aller plus loin et on n'a vraiment
trouvé aucun élément qui nous permettrait de le faire.
Évidemment, encore une fois, les structures actuelles peuvent
être très fermées comme très ouvertes, tout
dépend des gens qui y oeuvrent. Alors, pour répondre simplement
à votre question, on n'a absolument rien trouvé dans les
nouvelles structures proposées qui nous donnerait un élan nouveau
ou des possibilités nouvelles sur le plan pédagogique dans nos
écoles.
M. Maltais: Dans le projet de loi 40, on propose une double
fonction à celle du directeur d'école et au niveau de la
commission scolaire. Selon un directeur d'école et pour les enseignants,
dans votre école, M. le directeur, M. Lachapelle, pour eux, participer
à la vie de l'école, est-ce que ce n'est pas plutôt un
travail d'éducateur professionnel volontaire au niveau de l'encadrement
de l'élève ou est-ce que, si dans une loi spécifique, on
les force à faire cet encadrement, les résultats seront les
mêmes?
M. Lachapelle: Pour être bien certain de répondre
à votre question, lorsque vous me parlez d'encadrement, vous me parlez
de l'encadrement exercé par les enseignants, et demandez si un
encadrement pédagogique?
M. Maltais: Oui.
M. Lachapelle: Et puis, est-ce que vous souhaitez, en fin de
compte...
M. Maltais: Ce que je veux dire, à l'heure actuelle, dans
votre vécu quotidien, chez vous, cela semble aller très bien, les
enseignants participent à la vie pédagogique et aussi à la
vie de l'école, et cela n'est pas obligatoire, finalement, ils ne sont
pas forcés à la pointe du revolver de le faire. Le fait que ce
soit indiqué obligatoirement dans la loi, est-ce que cela ne pourrait
pas démotiver certains enseignants? (20 h 15)
M. Lachapelle: La réponse que je peux vous donner à
cela, c'est oui. Je pense que, peut-être trop brièvement, j'y ai
fait allusion tout à l'heure. Le meilleur exemple qu'on pourrait donner
à cela, c'est que, effectivement, la loi 71, qui demandait aux
enseignants de participer à des conseils d'orientation, le leur
demandait sur une base volontaire. Evidemment, on sait ce qui s'est produit
avec la loi 71; on sait la perception que les enseignants en ont eue. On a
donné tout simplement une autre appellation à la loi. On a
appelé cela, dans nos écoles, des comités paritaires de
gérance au niveau du projet éducatif. Pendant ce temps-là,
les parents et les enseignants ont cheminé. C'est justement parce que
c'était sur une base volontaire, que cela ne leur était pas
imposé, que, de bon gré et avec une excellente qualité de
service, les enseignants adhèrent à ce comité qui oriente
la pédagogie de l'école et les objectifs de l'école.
Ma perception et ma très grande crainte, c'est que, si on impose
cela - tu sais, quand on a quelque chose d'imposé, déjà on
le prend à contre-coeur - je me dis qu'on ouvre uniquement les portes.
Les enseignants vont y participer et vont continuer à faire un excellent
encadrement, même si, présentement, ils ne sont pas tenus de
passer des heures et des heures, comme on en passe, à travailler avec
les parents pour déterminer les orientations de l'école. Je me
dis que, du moment où on impose quelque chose à quelqu'un, tout
humain, évidemment, au départ, a certaines réticences.
Mais si la porte est ouverte, on dirait que c'est une certaine liberté
qu'on accorde aux gens, si on dit: La porte est ouverte, vous y participez -
et, si vous y voyez des avantages, je pense que beaucoup de personnes risquent
d'utiliser la porte plutôt que si on essaie de les pousser un par un pour
dépasser le cadre.
M. Maltais: Est-ce que, finalement, fondamentalement, il ne
faudrait pas restructurer un climat de confiance réciproque au niveau du
ministère de l'Éducation, des commissions scolaires et des
enseignants? Ce serait beaucoup plus une question à ce niveau. Est-ce
qu'on n'aurait pas besoin présentement, plutôt que d'une refonte
complète, d'une nouvelle façon de voir l'avenir au niveau de
l'éducation? Est-ce que ce n'est pas le climat, d'abord, qu'il faudrait
restaurer à l'intérieur, pour chacun, de notre vécu
quotidien, dans son application journalière, plutôt que de
s'attaquer à la structure comme telle?
M. Lachapelle: Seulement 30 secondes. Si on parle de restaurer un
climat, disons que nous, à Saint-Eustache, on est quand même assez
mal placés pour parler de restaurer un climat, puisqu'on trouve que le
climat y est excellent, même très efficace. Effectivement, si
certaines personnes ont une expertise indiquant qu'il faudrait instaurer
ailleurs un nouveau climat, je me dis qu'il faudrait peut-être travailler
au niveau des attitudes. En tout cas, de par l'expérience qu'on a, je me
dis que, présentement, le climat est excellent. Évidemment, les
enseignants ont quelques jambettes à l'occasion, mais disons qu'on
réussit toujours à récupérer un petit peu. Chez
nous, en tout cas, le climat est excellent parce qu'on a
développé des attitudes qui sont positives et ouvertes.
M. Latour: Ce que je pourrais rajouter
à ceci, c'est que, à tout le moins, en tout cas
personnellement, le débat et tout le travail qu'ont suscités le
livre blanc et le projet de loi ont certainement fait cheminer beaucoup de
gens, ont fait prendre conscience d'une foule de choses. Certainement,
justement à la lumière de témoignages comme celui que nous
donnons aujourd'hui, cela peut fort probablement avoir des effets
bénéfiques dans d'autres commissions scolaires, où le
climat aurait peut-être besoin d'être amélioré. Je
pense que déjà, c'est un accomplissement.
M. Maltais: Madame voulait ajouter quelque chose.
Mme Paiement: C'était seulement pour renforcer
peut-être ce que M. Lachapelle disait, par un exemple concret où
il y a des enseignants qui participent au travail avec des parents et avec des
directeurs d'école, même avec un directeur des services
éducatifs. C'est un nouveau comité, qui s'appelle un
comité d'évaluation des apprentissages, dans lequel on est en
train d'élaborer une politique d'évaluation des apprentissages,
en concertation avec tous les agents d'éducation, où les parents
sont assis et travaillent.
M. Maltais: Ma première question: Mme la présidente
du comité de parents, est-ce que les parents ont effectivement besoin de
tous les pouvoirs ou des supposés pouvoirs que le projet de loi 40 est
censé leur donner pour finalement s'impliquer dans le vécu
quotidien de leur école et pour qu'il soit constructif?
Mme Paiement: Je vais vous dire que, personnellement, je ne le
crois pas, étant donné que, dans notre milieu, c'est possible de
participer. On n'est pas forcé de participer et il y a aussi des parents
qui ne désirent pas participer à tous les niveaux. Il y a des
parents qui veulent participer à ce genre de travail, qui ont le temps
de le faire, qui sont disponibles et il y a d'autres parents qui aiment mieux
participer seulement à des activités coéducatives à
l'intérieur de l'école. Cela dépend de l'approche qu'on a
de notre participation à l'école. Je pense que, chez nous, on
laisse à chacun la liberté de choisir son milieu de travail.
M. Maltais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
commencer par saluer les représentants de la commission scolaire de
Saint-Eustache, commission scolaire dont une partie du territoire est dans le
comté de Fabre. Laval-Ouest, cela en fait trois, M. le
député. D'où l'importance d'entendre la commission
scolaire de Saint-Eustache. Il s'agit d'un mémoire de qualité,
qui démontre toute l'importance que ces gens accordent à la
réforme et à tout ce que cette réforme véhicule en
termes de qualité de l'éducation, de participation du milieu dans
le but précisément d'en arriver à améliorer la
qualité de l'éducation au niveau local.
J'ai beaucoup aimé votre position, parce qu'elle témoigne
d'une expérience que vous vivez, et c'est un peu de cette
expérience que j'aimerais que vous nous parliez. J'ai cru comprendre que
vous vivez en quelque sorte les conseils d'orientation, je dis bien en quelque
sorte, ce n'est peut-être pas le modèle exact qui est prévu
dans la loi 71, mais j'ai cru comprendre que vous vivez cet esprit que
véhiculent la loi 71 et les conseils d'orientation. Est-ce qu'on
retrouve dans vos écoles une table de concertation où direction,
enseignants et parents se réunissent de façon
régulière pour discuter, pour prendre position sur un projet
éducatif? Est-ce que c'est un peu cela que vous vivez?
M. Fleury: Effectivement, c'est à l'intérieur de la
démarche du projet éducatif que se vit ce comité conjoint.
La démarche du projet éducatif a été amorcée
par l'initiative de la commission scolaire, mais en concertation avec les
directions d'école et l'implication des parents depuis 1979, et cette
démarche a amené chacune des écoles à soumettre
à tous ces parents un questionnaire assez important auquel on a mis
pratiquement une heure, une heure et demie à répondre. On peut
vous dire que, dans les dix écoles qui ont passé ce
questionnaire, au moins 95% de tous les parents y ont répondu. C'est un
questionnaire sur les orientations de l'école, sur le vécu de
l'école: la discipline, les devoirs, les ieçons, des choses qui
préoccupent et intéressent les parents.
C'est à l'intérieur de cette démarche et à
la suite des réponses reçues des parents que chaque école
devait dresser le tableau des orientations ou des attentes des parents et, par
la suite, établir un genre de plan d'action pour réaliser ces
attentes. Beaucoup des attentes étaient déjà
réalisées, existaient déjà au niveau de
l'école et parfois on devait ajuster les actions ou les objectifs. Pour
réaliser ou mettre en place le plan d'action, l'école mettait sur
pied un comité conjoint de parents et d'enseignants avec la direction
d'école, un comité paritaire, et c'est ce comité qui
devait voir à donner l'information aux parents, à dégager
les lignes de force des réponses des parents et à s'entendre
aussi sur des objectifs à court terme et des moyens d'action pour
réaliser ces objectifs.
Quand on regarde les pouvoirs dévolus au conseil d'orientation,
on dit ceci surtout, dans la loi 71: "Le conseil d'orientation a pour fonction
de déterminer les orientations propres à l'école et d'en
faire rapport, de participer à l'élaboration du projet
éducatif de l'école, d'en suivre la réalisation, de
procéder à son évaluation et d'en faire rapport, de
favoriser l'information, les échanges et la coordination entre tous les
agents concernés par l'école." Dans ce sens, l'expérience
vécue au cours des cinq dernières années et sans
nécessairement contraindre chacune des écoles à mettre sur
pied ce comité, c'est une démarche qui était
suggérée aux écoles. Chacune des écoles a suivi
cette démarche, mais on ne parlait pas de conseil d'orientation; on a
parlé de comité conjoint du projet éducatif; on ne lui
donnait pas de pouvoir formel, mais il était prévu dans notre
démarche, dans notre document qui décrivait la démarche,
que ce comité devait assurer un suivi aux objectifs et la
réalisation des plans d'action dans les écoles. C'est cette
expérience que nous avons vécue.
M. Leduc (Fabre): Et cela continue, une fois ce travail
d'exploration accompli, vous avez pu en arriver à établir une
table de concertation où l'on retrouve parents, enseignants, direction
d'école et, peut-être même, des étudiants au
secondaire?
M. Fleury: Non, nous ne couvrons que le primaire.
M. Leduc (Fabre): Ah oui! C'est vrai. Ce n'est que le primaire.
On a eu des témoignages de certaines commissions scolaires - je pense
à Morilac, Jacques-Cartier, Laurentides, Outaouais - qui nous ont
parlé un peu de la même démarche, de cette façon de
procéder qui est un peu la vôtre, où une
décentralisation se vit. C'est pour cela que, pour elles, le projet de
loi 40 rencontrait ce qu'elles vivaient. Donc, elles n'avaient aucune crainte
d'adopter la loi 40, qui ne faisait que renforcer ou confirmer ce qu'elles
vivaient.
Dans votre mémoire, je crois rencontrer un peu cette attitude,
bien qu'il y ait une ambivalence dans tout ce que vous avez dit. Vous
êtes pour la réforme, mais contre la loi.
M. Fleury: Je voudrais préciser. On est d'accord avec les
objectifs. Quand on parle d'un comité conjoint qui se préoccupe
surtout des orientations et du vécu de l'école, dans le sens de
la vie en général de l'école, c'est très
différent du conseil d'école, qui a pleine autorité sur
l'école. C'est dans ce sens, à notre avis, que ce n'est pas
ambivalent; c'est très différent. Nous sommes d'accord,
évidemment, avec la formule que nous vivons. Nous recommandons un type
de formule semblable à celle du conseil d'orientation.
Là où nos réserves sont très fortes, c'est
lorsqu'on parle d'un conseil d'école, en autorité presque absolue
sur le directeur d'école, et composé majoritairement de parents.
À partir de ce moment, on parle de relation de pouvoir entre les parents
et les enseignants. C'est cela notre vive inquiétude. C'est qu'à
un moment donné, cela dégénère en une sorte de
confrontation, parce que, quand on parle de pouvoir, cela fait partie de
l'être humain: on ne cède pas son pouvoir et on cherche assez
facilement à l'augmenter. Cela ne prend pas grand-chose pour que des
conflits soient suscités. C'est cela notre grande crainte.
M. Leduc (Fabre): Oui, c'est ce que j'ai compris. Enfin, vous
craignez que la loi introduise ou que les articles de la loi qui concernent le
conseil d'école et les pouvoirs attribués au conseil
d'école entraînent des conflits au lieu de la concertation. Par
contre, il me semble quand même qu'il y ait ambivalence. Prenons, par
exemple, votre recommandation 10: "La commission scolaire de Saint-Eustache
recommande que le ministère de l'Éducation, par
réglementation..." vous ajoutez "s'il y a lieu", "accorde aux
écoles, non seulement le pouvoir, mais aussi le soutien etc." Donc,
c'est non seulement - et vous prenez même la peine
d'énumérer, à la page 9, tout un ensemble de pouvoirs qui
rejoignent sensiblement, à quelques nuances près, les pouvoirs
déjà inscrits dans la loi... C'est pour cela que je me dis,
évidemment, s'il y a lieu, accorde aux écoles non seulement le
pouvoir par réglementation; par réglementation ou par loi, il est
sûr que c'est plus facile d'amender un règlement qu'une loi.
Est-ce moins contraignant? Je ne le sais pas. Mais, quelle nuance faites-vous
entre une réglementation et une loi, à ce niveau, pour
déterminer les pouvoirs?
M. Fleury: Que ce soit par réglementation ou par loi, je
pense qu'on aurait pu dire l'un ou l'autre. Effectivement, la commission
scolaire de Saint-Eustache est d'accord que les écoles aient un niveau
d'autonomie sur certains champs qui n'ont pas beaucoup d'incidence sur le
vécu des écoles dans leur ensemble. Que chaque école ait
un niveau d'autonomie et de pouvoir sur certains aspects de ses
activités, nous en sommes. Ce que nous soulignons dans cette
recommandation sur le partage des pouvoirs, c'est qu'il y a des pouvoirs qui
doivent être exercés en concertation avec les écoles, au
niveau d'une commission scolaire. (20 h 30)
Donc, ce n'est pas la commission scolaire qui veut absolument se garder
des
pouvoirs. Je pense que ce n'est pas notre préoccupation. Elle
veut se garder, évidemment, une certaine responsabilité, celle
d'amener les écoles à se concerter, afin qu'il y ait une certaine
cohérence dans le milieu et une certaine équité entre les
écoles, c'est sa préoccupation. Donner des pouvoirs à
l'école, ce n'est pas un problème pour autant que ce ne soit pas
préjudiciable au fonctionnement de l'ensemble des écoles dans la
commission scolaire.
M. Leduc (Fabre): Vous avez parfaitement raison là-dessus.
J'ai bien aimé cette partie de votre mémoire où vous
parlez de la nécessaire concertation entre les écoles. Cela peut
se faire de multiples façons, mais ce n'est peut-être pas
suffisamment souligné dans le projet de loi.
Je retiens quand même cette idée que vous êtes, il me
semble, en faveur de la réforme, bien que prudents vis-à-vis du
fait qu'on doive l'inscrire ou non dans un projet de loi. Mais, tout de
même, vous êtes pour une réglementation.
Je voudrais simplement vous lire ce que pense le Conseil
supérieur de l'éducation à propos des commissions
scolaires. Il dit ceci au chapitre de la commission scolaire: "Les analyses du
conseil sur la décentralisation des pouvoirs pédagogiques vers
l'école et les conseils d'école tendent à
accréditer le rôle de la commission scolaire comme
intermédiaire entre les écoles et le ministère de
l'Éducation." On ajoute: "On peut se demander pourquoi certaines de ces
instances intermédiaires ont attendu l'intervention gouvernementale pour
procéder à une responsabilisation de l'école."
C'est toujours la même chose. Je trouve un peu facile qu'on dise:
Pourquoi une loi? Évidemment, on a entendu la même chose lorsqu'on
a fait la commission parlementaire sur la loi 57 qui amendait la loi 101. Des
gens sont venus nous dire: Chez nous, on n'a pas besoin de loi 101, cela va
bien. Vous savez, c'est facile de dire cela une fois qu'on a vécu les
problèmes et une fois que le législateur a pris ses
responsabilités. On a entendu les mêmes raisonnements dans le cas
du zonage agricole. Si on n'avait pas eu de loi, disent certains, on serait
arrivé au même résultat. Cela est à
vérifier.
Enfin, je prends l'exemple de la loi 27, en 1971, qui a prévu la
formation des comités d'école et des comités de parents.
Elle a été critiquée à l'époque, on se
méfiait de la formation de ces comités de parents, de ces
comités d'école, on allait favoriser l'ingérence des
parents dans la vie de l'école, dans la vie de la commission scolaire.
Aujourd'hui, cela va bien. Je pense que personne ne se fait alarmiste de ce
côté. Il en est de même pour la loi 71 de 1979, qui
prévoyait la présence à la table des commissaires.
Là aussi, il y a eu beaucoup de critiques et finalement, aujourd'hui, on
se rend compte que cela a été une bonne chose.
Il me semble qu'il est plus prudent d'inscrire ces choses dans une loi
pour garantir au milieu, comme chez vous, qui veut fonctionner de façon
décentralisée, de pouvoir le faire. Beaucoup de groupes de
parents, des comités de parents sont venus nous dire ici que,
précisément, ils souhaitaient cette loi parce que cela ne
fonctionnait pas comme cela dans leur commission scolaire.
J'aurais une question pour la présidente. Mme la
présidente du comité de parents, à la page 17 de votre
exposé, vous commencez de la façon suivante: "Mon exposé
se veut un témoignage de notre milieu plutôt qu'une analyse du
contenu de la loi 40. Je tenterai ainsi d'exprimer ce que j'ai identifié
comme étant le sentiment populaire". Votre point de vue est
intéressant, mais j'aimerais savoir si c'est le point de vue du
comité de parents.
Mme Paiement: Bien sûr, je ne me serais pas permis de venir
ici en mon nom personnel, monsieur. J'ai consulté mon comité de
parents sur ce texte avant de venir vous le présenter.
M. Leduc (Fabre): Donc, les comités d'école ont eu
l'occasion d'en discuter et de l'approuver.
Une voix: Le comité de parents. Mme Paiement: Le
comité de parents.
M. Leduc (Fabre): Oui, le comité de parents regroupe des
délégués des comités d'école; donc, il a
été discuté dans les comités d'école.
Mme Paiement: Bien sûr.
M. Leduc (Fabre): Je vous pose la question parce que je n'ai pas
fait le tour de la commission scolaire de Saint-Eustache, mais j'ai eu
l'occasion de rencontrer les gens du comité d'école de
Laval-Ouest. C'est pour cela que j'ai été un peu
étonné d'entendre votre point de vue.
Mme Paiement: Oui, mais je dois vous dire que Laval-Ouest
était une des écoles dissidentes, avec le comité de
parents de Saint-Eustache.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Cela m'éclaire sur la
dissidence des gens de Laval-Ouest.
Mme Paiement: Je peux vous dire que c'est la majorité des
délégués du comité de parents de
Saint-Eustache.
M. Leduc (Fabre): Très bien. Je vous remercie pour la
précision. Merci aux représentants de la commission scolaire de
Saint-Eustache.
Le Président (M. Blouin): Cela va.
M. Latour: Est-ce qu'il est possible de répondre aux
commentaires? En fait, quelques points ont été soulevés.
Quand on demande, par exemple, si nous sommes favorables au projet de loi, je
ne voudrais quand même pas qu'on nous fasse dire ou qu'on nous fasse
penser des choses qu'on ne pense pas. Je pense que nous avons
énoncé assez clairement nos intentions face au projet de loi.
Nous sommes d'accord avec ses objectifs, mais nous sommes complètement
en désaccord avec les moyens. On vous a dit clairement que la
création d'un conseil d'école, tel que proposé, mettrait
en péril, nous le croyons - il faudra le vérifier, mais c'est ce
que nous croyons, à la lumière même des témoignages
qui vous ont été rendus - ce qui est déjà fait chez
nous.
Or, vous y voyez peut-être une contradiction; je vais essayer de
vous l'expliquer. Dans notre vécu de décentralisation vers les
écoles, nous réalisons très bien que c'est quelque chose
qui ne se fait peut-être pas dans toutes les commissions scolaires du
Québec. Malgré notre croyance en existence et la
nécessité d'une commission scolaire investie de pouvoirs clairs
et définis, il demeure que nous sommes favorables à cette
décentralisation. Nous croyons que, dans le cas de certaines commissions
scolaires, il devrait exister dans la loi, dans la réforme, certaines
mesures incitatrices pour atteindre peut-être les objectifs que nous
avons atteints. Mais il faudrait que ces mesures soient respectueuses des
principes qui sous-tendent toute concertation. C'est là, je pense,
l'ambiguïté entre notre position et celle du projet de loi 40. Je
ne voudrais pas que l'on interprète mal nos propos.
Le Président (M. Blouin): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier tous les agents d'éducation - même si je n'aime
pas beaucoup le mot "agent" - de la commission scolaire de Saint-Eustache. Ce
soir, vous faites la démonstration qu'il est possible de travailler
ensemble. Vous vous êtes concertés pour rédiger ce
mémoire. Je pense que votre approche est tout à fait
différente de celle que le gouvernement a prise, quand il a mis le
projet de loi sur la table. Pour lui, cela a été d'opposer les
gens en attaquant les commissions scolaires qui sont devenues trop vite sur la
défensive - je suis prête à l'admettre. D'un autre
côté, en jouant la carte des parents, en disant que vous
êtes meilleurs que les commissions scolaires, que c'est vous qui,
désormais, allez avoir le pouvoir, c'est un peu la vieille tactique du
gouvernement actuel de diviser pour pouvoir faire adopter ses projets de
loi.
On assiste à un autre phénomène, celui de faire
dire aux gens des choses qu'ils ne disent pas. Je suis contente que M. Latour,
d'une façon fort gentille d'ailleurs, l'ait relevé. Je vous ferai
remarquer qu'à ceux qui viennent ici pour dire qu'il faut retirer le
projet de loi 40 le ministre dit - hier soir, ce sont des députés
qui l'ont dit - Vous êtes les seuls à dire cela, parce que tout le
monde est pour notre projet de loi. À ceux qui ne disent pas de retirer
le projet de loi 40, mais qui expriment des réserves fort
sérieuses, on fait dire qu'ils sont pour le projet de loi 40. Alors, je
vous assure que la marge de nuances n'est pas très grande. Hier soir,
c'était le député de Mille-Îles qui faisait dire
à quelqu'un qu'il était pour le projet de loi 40, alors qu'il
était venu faire à peu près la même
démonstration que la vôtre.
Je voudrais simplement lire un passage de votre mémoire, au cas
où - je suis sûre qu'il sait lire - il aurait passé ces
paragraphes. Dans votre mémoire - celui de la commission scolaire de
Saint-Eustache -vous dites: "Nous constatons que les propositions du projet de
loi 40 vont dans le sens des objectifs recherchés, mais,
malheureusement, à notre point de vue, plusieurs vont trop loin,
entraînant des changements en profondeur qui comportent des risques
sous-évalués et inutiles à prendre. Nous avons la
conviction profonde, M. le Président, qu'il n'est pas nécessaire,
voire même qu'il est compromettant pour l'atteinte même des
objectifs recherchés, d'imposer des modifications aussi radicales aux
structures en place. À notre avis, il s'agit beaucoup plus de modifier
des attitudes et, en ce sens, il suffit d'imposer certains modes de
fonctionnement qui favoriseront et garantiront les changements de
mentalité recherchés. Nous estimons que le projet de loi 40
appelle un déplacement, voire une lutte des pouvoirs, plutôt que
des attitudes de concertation, de partage et de cohérence. C'est
là notre plus vive inquiétude et le principal motif de notre
opposition formelle à certaines parties de ce projet de loi, au sujet
desquelles, d'ailleurs, nous vous faisons part de nos recommandations".
Ceci est tiré du mémoire de la commission scolaire de
Saint-Eustache actuellement devant nous. C'est assez incroyable de voir qu'on
essaie de vous faire dire que vous êtes pour la réforme telle que
présentée dans le projet de loi 40. La commission scolaire de
Saint-Eustache nous livre un message. Hier soir, la commission scolaire La
Vallière, de la région du Lac-
Saint-Jean, je pense, nous a livré le même message. Je me
rappelle même que la Fédération des comités de
parents de l'île de Montréal est venue nous dire qu'elle
était en accord avec de nombreux aspects de la loi 40, mais elle nous a
quand même mis en garde quant au fait d'imposer des choses, de ne pas
attendre l'évolution du milieu, de ne pas permettre de
flexibilité, de s'encadrer dans quelque chose de trop rigide.
C'est, d'une façon peut-être plus forte, ce que vous venez
nous dire ce soir. Je lis la dernière parole de Mme la
présidente: "C'est peut-être surtout d'importantes modifications
de comportement, d'habitudes et de mentalité que devront consentir tous
ceux qui accepteront de revaloriser l'école et son projet
éducatif." Ceci est tiré du livre blanc du ministre. Et vous
ajoutez: "C'est sûrement là la clé du succès de
toute réforme, mais l'être humain étant ce qu'il est, on ne
modifie ni des comportements et, encore moins, des mentalités par des
lois. S'il en était ainsi, notre société serait
sûrement la plus sage de toute notre civilisation."
Je pense qu'il y en a qui vont se reconnaître. C'est le message
que vous êtes venus porter ici. Il ne s'agit pas pour vous de faire un
plaidoyer dans un sens ou dans l'autre, c'est vraiment une mise en garde que de
dire: Si vous faites une réforme, assurez-vous qu'elle va atteindre des
objectifs ou qu'elle va permettre à l'école de mieux se
développer, au système scolaire de mieux former nos enfants, de
donner un meilleur système d'éducation.
Ceci étant dit, M. le Président, j'ai seulement quelques
questions à vous poser. Je vais essayer de les faire courtes, parce que
plusieurs questions vous ont été posées. La
première touche le rôle du directeur d'école. Dans mon
esprit, un directeur d'école est, d'abord et avant tout, un animateur au
plan de la pédagogie et au plan de la concertation. Je voudrais demander
ceci à M. Lachapelle: Selon vous, si le projet de loi était
accepté tel qu'il est, compte tenu des responsabilités qui vous
incombent déjà à l'intérieur de l'école et
qui sont nombreuses... Ce que les gens semblent oublier, c'est que dans une
école le directeur d'école est celui qui doit jouer une multitude
de rôles: celui d'animateur pédagogique, son rôle premier,
le rôle de concertation de toutes les personnes qui interviennent en
dehors de l'école, celui de diminuer les tensions, de permettre la
collaboration. C'est celui qui, à un moment donné, est infirmier;
c'est celui qui doit voir à ce que la discipline s'applique. Enfin, on
pourrait énumérer une foule d'autres responsabilités qui
sont les vôtres. (20 h 45)
Avec les responsabilités nouvelles qui vous incomberaient, compte
tenu du projet de loi tel que présenté, vous serait-il encore
possible d'assumer ce qui est au point de départ, je pense, votre
fonction principale, celle d'animateur pédagogique dans la vie d'une
école?
M. Lachapelle: Je pense que ce serait très difficile;
évidemment, on ne peut pas dire impossible avant d'en avoir fait
l'exercice. Là-dessus, déjà, dans le vécu actuel,
avec la complexité des dossiers, les nouveaux programmes qu'on se doit
d'animer à l'intérieur des écoles dans la voie d'une
pédagogie, je vous assure que nos journées sont très
longues en termes d'heures.
Toutes les nouvelles tâches administratives qu'on souhaite
conférer à l'école, on me dira que, dans le projet de loi,
l'école a toujours le choix de les redonner à la commission
scolaire mais, encore là, c'est un exercice qui va assez bien chez nous
en termes de partage. Il y a certaines façons de fonctionner; donc, on a
moins de préoccupations à ce sujet.
Si le projet de loi s'appliquait de façon intégrale, ma
plus grande déception serait peut-être de recommencer à
faire le travail qu'on a mené de bon train avec d'excellents
résultats depuis de nombreuses années. Ce que je vais vous
identifier, pour nous qui côtoyons les enfants, les parents et les
professeurs à tous les jours, ce sont des nuances au niveau des mots
dans un texte écrit. Or, en termes de vécu et d'attitudes, ce ne
sont pas des nuances. Au niveau d'un conseil d'école, en plus des
tâches administratives - je m'éloigne un peu de votre question -
pour nous, en fin de compte, c'est vraiment l'aspect pédagogique et de
concertation qu'on a réussi à bâtir avec les parents. Je
vous dis que, si cela s'applique, on recommence le travail qu'on a mis des
années à bâtir pour que les gens se parlent, que les gens
se reconnaissent mutuellement des compétences. Je me dis qu'on va
refaire du travail déjà fait parce que, là, on changerait
les rapports qui existent entre les gens.
Évidemment, les différentes lois, que ce soit la loi 27,
la loi 30, la loi 71, ont moussé davantage la participation des parents,
mais toujours dans un cadre consultatif. Cela ne fait pas peur. On peut
s'apprivoiser davantage à cela. Un des aspects auxquels on sera
confronté, c'est celui d'aller recruter les gens. Je pense, entre
autres, aux professeurs et peut-être aux parents qui diront: II faut
fonctionner dans un nouvel ordre de choses; ce qu'on a essayé de
bâtir au niveau de la concertation, maintenant il faut se concerter avec
le pouvoir et non plus en termes de partenaires, en tout cas, en termes de
tâches qui ne sont pas administratives mais qui ont vraiment un impact.
Je me dis qu'on va l'avoir vraiment sur notre bureau du jour au lendemain et
ce
n'est pas sur le bureau que cela va se régler, de toute
façon.
L'autre difficulté qu'on voit, qui n'est peut-être pas
d'ordre strictement pédagogique, c'est ce qu'on sent au niveau des
parents. Effectivement, ce type de contrat et de pouvoirs n'est pas
souhaité des parents. Déjà, on a de la difficulté,
compte tenu du taux de participation au niveau de l'élection d'un
comité d'école, d'avoir des gens pour fonctionner avec nous de
façon régulière. Si, en plus, on doit tenter ou aider les
gens ou fonctionner avec eux dans un cadre qui n'est pas souhaité, un
cadre légal qui serait quand même le conseil d'école, cela
va nous demander beaucoup de temps et beaucoup d'énergie pour aller
chercher les gens. On n'aura pas le choix, on ne demandera pas aux gens: Est-ce
que vous voulez participer? On va dire aux gens: La loi est là, vous
vous devez d'être présents au niveau du conseil d'école et,
s'il n'y a pas assez de monde, on va être obligé de faire des
pieds et des mains pour aller chercher de nouveaux parents.
On risque d'avoir la difficulté que je viens de vous identifier,
soit de participer à un type de gestion, en termes de pouvoirs, que,
d'après nous, d'après notre perception, les gens ne souhaitent
pas réellement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, madame.
Mme Paiement: C'est sur tout l'aspect décisionnel,
finalement, le dilemme des parents. Il faut se demander: Que veut dire
"être décisionnel"? Est-ce avoir un droit de vote? Cela ne veut
pas dire grand chose. Pour moi, être décisionnel, cela veut dire
que des parents s'impliquent et ont quelque chose à dire. Quand ils le
disent, cela doit être pris en considération.
Je vous parlais tout à l'heure de l'élaboration d'une
politique. Ce serait bien surprenant que cette politique ne fasse pas l'affaire
des parents, étant donné qu'il y en qui en font partie. Il y a
également des enseignants et des directeurs d'école. Quand on va
aller en consultation au comité de parents et au comité
d'école, il va au moins y avoir eu là des parents pour
l'expliquer. Pour moi, c'est cela être décisionnel, ce n'est pas
avoir un droit de vote à un conseil d'école.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, merci. La confessionnalité, je
sais que vous n'en avez pas traité. Selon la description que vous en
avez fait et selon la teneur de votre mémoire, dans une commission
scolaire où il y a de la concertation, où on essaie en tout cas
de travailler ensemble, en ce qui regarde la confessionnalité, telle
qu'elle est présentée dans le projet de loi 40, par exemple, la
détermination du statut confessionnel de l'école par un vote des
parents, voyez-vous des problèmes à ce que ce soit le conseil
d'école qui en soit responsable? C'est ma première question. La
deuxième: Est-ce que, dans votre commission scolaire, vous avez eu un
certain nombre de demandes d'exemption et comment avez-vous, jusqu'à
maintenant, traité cette situation-là quand elle se posait?
M. Latour: Je vais tenter de répondre à la
première question. Effectivement, dans notre mémoire, nous
n'avons pas, en fait, développé la question de la
confessionnalité. Je pense que c'est là une question qui
soulève beaucoup d'émotivité et pour laquelle il est
parfois difficile d'arriver à un consensus dans une décision.
Maintenant, notre démarche de l'étude du projet de loi 40 a
été amorcée, au départ, au moment où le
livre blanc a été présenté. Alors, lors de cette
première étude, lors du livre blanc, en ce qui concerne du moins
l'aspect confessionnel, il nous était apparu, à l'époque,
d'après les informations que nous avions obtenues dans les
médias, que la présentation ou la formulation ne semblait pas
donner lieu à des désaccords profonds, du moins avec les
principaux intervenants dans ce domaine. C'est ce que nous avions
pressenti.
Donc, chez nous, l'aspect confessionnel ne présente pas de
problème particulier, et le conseil des commissaires et les
différents intervenants n'ont pas cru bon d'approfondir ce dossier, n'y
voyant probablement pas matière à litige comme pouvait
l'être, par exemple, la création d'un conseil d'école. Mais
la question devrait être reposée, nous en sommes bien conscients.
Il faut admettre aussi que certaines échéances devaient
être respectées afin de produire les mémoires. Alors, si
l'on voulait présenter le mémoire lors de la première
échéance qui avait été fixée, il fallait que
les commissaires puissent se réunir pendant la période estivale.
Et comme nos amis qui siègent à l'Assemblée nationale, les
commissaires ont aussi des vacances et il est parfois difficile de le faire.
Donc, c'est une dimension à laquelle nous n'avons pas consacré
tout le temps voulu, mais qui n'a pas nécessairement été
mise de côté.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ma dernière question s'adresse
à vous, madame.
Est-ce que vous vouliez ajouter quelque chose? Oui.
M. Fleury: C'est parce que vous avez posé une question sur
les exemptions...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Fleury: ...de l'enseignement religieux. Effectivement, on a
chez nous, sur à peu près 4800, 225 élèves qui ont
demandé l'exemption de l'enseignement religieux; ils
sont répartis dans 11 écoles. Est-ce que cela crée
des problèmes? Effectivement, ce sont des problèmes sur le plan
administratif. Cela fait de petits groupes à l'intérieur de
certaines écoles, des groupes multiâges, c'est-à-dire des
élèves des 1ère, 2e et 3e années, qui
reçoivent l'enseignement moral en même temps ou l'enseignement
religieux en même temps. Et il y a tout le phénomène de la
marginalité qui accompagne l'élève qui doit sortir de son
groupe; surtout au primaire, c'est relativement fort; au primaire, au premier
cycle, il doit sortir de son groupe pour aller suivre son cours d'enseignement
moral; ce n'est pas sa décision à lui. Alors, ce
phénomène de la marginalité existe. Je ne peux pas dire
que c'est un phénomène majeur, mais...
Mme Lavoie-Roux: Alors, tant que les comités
d'école n'auront pas à se reprononcer sur le statut de leur
école, pour le moment, il faut attendre; compte tenu du petit nombre,
vous avez des problèmes.
Ma dernière question, c'est à Mme Paiement. Vous
êtes, j'imagine, comme commission scolaire, comme comité de
parents plutôt, membre de la Fédération des comités
de parents de la province de Québec.
Mme Paiement: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez un délégué
à la fédération. Est-ce que votre
déléguée - je ne sais pas si c'est vous par hasard - a
endossé le mémoire de la fédération ou a
exprimé sa dissidence?
Mme Paiement: Vous me posez là une question assez
difficile. Je ne pourrais vous dire, personnellement, si elle a endossé
ou non le mémoire. Vous parlez du mémoire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, la Fédération des
comités de parents du Québec est venue déposer un
mémoire au tout début, vers le 10 janvier ou quelque chose comme
cela.
Mme Paiement: Bon, je peux vous dire, en tout cas, qu'au niveau
du comité de parents on n'a pas appuyé le mémoire de la
Fédération des comités de parents. Ce qui se passe en
assemblée générale, finalement, vous savez comment se fait
une assemblée générale: un délégué a
droit de vote et, premièrement, au comité de parents, on a
toujours des problèmes à se trouver un
délégué à la fédération. Il semble
que c'est loin et que ce n'est pas une préoccupation au niveau de notre
comité de parents. On n'a pas appuyé le mémoire de la
fédération.
Mme Lavoie-Roux: Et vous ne savez pas quelle a été
la position de votre délégué?
Mme Paiement: Ce qui arrive c'est que, lorsque vous allez
à une assemblée générale, il y a des points
particuliers à adopter, à certains moments. J'imagine qu'à
certaines choses on a pu voter oui et à d'autres non, mais,
d'emblée, le mémoire n'a pas été appuyé
comme tel.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Mille-Îles m'a signifié qu'il désirait intervenir
rapidement. M. le député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci beaucoup, M. le
Président. Dans un premier temps, je veux répondre à Mme
la députée de L'Acadie. On a entendu beaucoup de mémoires
et des gens nous ont fait des mises en garde: Faites attention à tel
point et à tel point. J'ai toujours pris cela comme étant des
éléments peut-être perfectibles d'un projet de loi qui est
sur la table. Si c'était la perfection absolue dans le projet de loi, on
n'aurait pas demandé aux gens de venir s'exprimer. Si on fait des mises
en garde, cela ne veut pas automatiquement dire qu'on rejette le projet de loi
ou qu'on est contre dans toute son entité. Il y en a qui sont en faveur
d'une commission scolaire peut-être neutre, et d'autres pour une
commission scolaire catholique. Enfin, toutes les opinions ont
été exprimées ici.
Vous, vous tenez pour acquis, Mme la députée de L'Acadie,
que tous ceux qui sont contre un point sont également contre tout le
projet de loi. À un autre point, Mme la députée de
L'Acadie, vous avez dit qu'on est ici pour opposer des gens. Je ne pense pas
que ce soit notre but, loin de là.
Mme Lavoie-Roux: On va laisser la population juger.
M. Champagne (Mille-Îles): Le but poursuivi par le projet
de loi, Mme la députée, c'est de rendre enfin de meilleurs
services aux enfants, d'avoir la meilleure éducation. On a parlé
avec les gens qui sont venus ici de collaboration, de concertation. Il y a
seulement une chose qui nous éloigne, c'est que la collaboration et la
concertation pour une meilleure éducation, vous la voyez au niveau de la
commission scolaire et nous, de ce côté-ci, on la voit
plutôt au niveau de l'école. Je pense, Mme la
députée, que de dire qu'on va opposer les gens, c'est un peu gros
à prendre et je ne le prends pas.
Messieurs, mesdames, vous êtes audacieux dans votre
mémoire, très audacieux. J'ai tendance, avec le
député de Fabre, à montrer qu'il y a une certaine
contradiction - en tout cas j'en vois une, mais vous allez m'éclairer -
parce que vous
êtes très audacieux. Vous demandez comme commission
scolaire, n'oubliez pas que c'est comme commission scolaire: "Que
l'école puisse exercer individuellement les pouvoirs suivants"... et
vous nommez des pouvoirs, cela me renverse. Vous dites: "L'école devrait
déterminer ses orientations propres, devrait déterminer certaines
modalités d'application du régime pédagogique; adapter les
contenus de programmes facultatifs; choisir ses méthodes
pédagogiques et les manuels scolaires; favoriser l'organisation des
activités socioculturelles et sportives pour la communauté locale
et édicter les règles de discipline des élèves et
élaborer son plan d'effectifs". Vous donnez, vous, tous ces pouvoirs aux
écoles. Vous le dites, et j'en passe.
Vous donnez peut-être une douzaine de pouvoirs: préparer
son budget à l'intérieur des limites établies par le
ministère de l'Éducation et la commission scolaire; être
responsable de ses choix et en faire rapport à la commission scolaire;
offrir des services de garderie. Vous dites cela, comme commissaires
d'école. Vous allez loin. Vous allez peut-être plus loin que la
loi 40 en soi, à propos des pouvoirs que vous êtes prêts
à donner à l'école comme telle. (21 heures)
II y a une chose aussi que vous dites, d'autre part: "Une école
qui participe aux décisions de la commission scolaire." Et, quelques
lignes plus loin, vous dites que vous reconnaissez que le pivot du
système, c'est l'école. Cela vaut la peine de le lire: "Les
commissaires croient que la structure "commission scolaire ouverte à la
participation d'écoles plus responsables, à la cogestion", est
préférable pour rendre l'école communautaire et
responsable et en faire le pivot du système." Vous dites qu'on donne les
pouvoirs et que le pivot du système, c'est l'école; vous le dites
carrément. Ce n'est pas de l'interprétation, c'est écrit,
ce n'est pas moi qui parle à ce moment-là. Là, vous dites:
"Une école qui participe aux décisions de la commission
scolaire." Est-ce que ce ne serait pas, dans une optique comme celle-là,
la commission scolaire qui participe aux décisions des écoles,
considérant que vous êtes en faveur d'un projet éducatif
à la base?
M. Latour, avant le souper, nous disait qu'il avait déjà
fait partie d'un comité d'école, qu'il avait travaillé
à élaborer un projet éducatif, à faire en sorte que
son école ait le plus de services: service de garderie, activités
parascolaires, sorties éducatives, et j'en passe. M. Latour, vous voulez
donner tous les pouvoirs à l'école, et vous les
énumérez, vous en donnez même plus que le projet de loi 40
n'en donne, mais vous dites, d'autre part: "Une école qui participe aux
décisions de la commission scolaire." Est-ce que ce ne serait pas le
contraire?
M. Latour: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président?
M. Champagne (Mille-Îles): Bien oui.
Le Président (M. Blouin): Oui, très bien. M.
Latour.
M. Latour: C'est comme un cuisinier: il peut vous apporter un bon
plat, mais, s'il le sert froid, il ne sera pas mangeable.
M. Champagne (Mille-Îles): Expliquez-moi cela!
M. Latour: Je veux tout simplement vous faire comprendre la chose
suivante: j'ai l'impression que, sur le mot "concertation", nous n'avons pas la
même définition. Si je vous impose une concertation, c'est
très différent que de la développer en équipe. On
peut donner tous les pouvoirs et toutes les autorisations à des gens si
la maturité est là et si c'est voulu des partenaires. Si vous
imposez à des enfants une règle de fer, je ne suis pas sûr
que vous pourrez les garder et les conserver à l'intérieur des
objectifs que vous voulez atteindre. Par contre, si vous dialoguez avec eux, si
vous échangez avec eux, si vous vous concertez, vous allez les atteindre
plus facilement.
Donc, notre divergence de pensées est la suivante: je pense que
les buts poursuivis par le projet de loi et ceux que nous vivons, que nous
souhaitons sont les mêmes. Ce que l'on vous dit, c'est que nous les avons
atteints à l'intérieur des structures actuelles en se parlant, en
essayant de se comprendre et en ne jouant pas trop souvent la comédie.
Il y a bien assez que souvent, comme commissaires, nous avons eu à
déterminer des politiques, mais les membres de la commission scolaire ne
trouvaient pas les mots pour les exprimer parce qu'on n'était jamais
capables de cerner toutes les dimensions d'un problème. Mais, à
partir du moment où les tables de gestion, où les directions
d'école s'entendent sur certaines modalités de concertation, on
n'a plus besoin de faire de règlements et les choses fonctionnent. Les
règlements peuvent inciter, peuvent garder ou du moins diriger certaines
voies d'action, mais ils ne sont pas garants des objectifs qu'on peut
atteindre, et c'est cela, en fait.
Je comprends que dans le projet de loi - c'est peut-être là
l'ambiguïté que vous y trouvez - on veut peut-être les
mêmes choses, mais on vous dit que, d'après notre
expérience dans notre commission scolaire, on est en voie de
réaliser, en très grande partie, les objectifs en question et que
l'application, telle que proposée dans le projet de loi actuel, pourrait
les mettre en
péril. C'est ce qu'on vous dit. C'est un témoignage, en
somme, que l'on vous rend. Je ne vois pas de contradiction, au contraire. Je
vous dis tout simplement qu'il y a bien des voies pour se rendre à un
seul endroit, mais qu'il y a peut-être une seule bonne route pour y
arriver plus rapidement.
M. Champagne (Mille-Îles): Mais peut-être, M. Latour,
faut-il aussi que votre commission scolaire prenne le temps voulu pour faire en
sorte que les gens soient prêts à prendre ces
responsabilités que vous voulez donner aux écoles, entre
autres.
M. Latour: Exact.
M. Champagne (Mille-Îles): C'est un peu cela. C'est une
question de temps, dans le fond.
Mme Paiement: Bien oui.
M. Latour: C'est une question de temps et c'est une question
d'attitude.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui.
M. Latour: Vous savez, si l'on considère les parents comme
des partenaires, si les directeurs d'école et les enseignants les
conçoivent comme des partenaires, on n'a plus besoin, à ce
moment-là, de se demander qui est le chef, qui dirige ou qui
décide. Ensemble, on décide pour le bien commun et c'est cela, je
pense, qui est l'essentiel dans le milieu de l'éducation. Il n'y a pas
de formule magique, parce que chacun a sa propre perception de ce que son
enfant devrait recevoir à l'école. Chacun a sa propre perception
de ce qu'il devrait devenir. Mais l'école doit essayer de
répondre à la communauté. Voilà pourquoi il est
essentiel de se concerter. Le mot "concertation", personnellement, j'y crois et
c'est la seule voie possible et viable pour arriver à créer des
structures dans notre milieu de l'éducation. J'en suis personnellement
convaincu. C'est un peu ce qu'on vous livre dans notre message.
M. Champagne (Mille-Îles): Dans le projet de loi 40, qui
forme entre autres, peut-être que c'est imposé, comme vous dites,
il y a le principal d'école, il y a un professeur... Personnellement, je
voudrais qu'il y ait plus de professeurs. Il y a des parents, des commissaires
d'école. Je ne sais pas. C'est là que l'action se passe, c'est
là que la concertation doit avoir lieu aussi, de même qu'avec la
commission scolaire. Je ne suis pas contre la planification de la commission
scolaire. Cela me donne l'impression que la loi 40 va être
désirable beaucoup plus dans deux ou trois ans, parce qu'il y a certains
milieux qui ne sont pas prêts. Comme, en 1972, on a créé
des comités d'école. Aujourd'hui, il y a 40 000 parents qui s'en
occupent. Cela a pris un bout de temps. Bien sûr, lorsqu'en 1972 on a
créé les comités d'école, cela n'a pas
été le lendemain une ruée aux portes des écoles.
Aujourd'hui, il y a une implication et c'est bon. C'est drôle de voir
qu'en 1979 on a créé des comités pédagogiques et,
là, il y a eu une réticence. Là, on est en faveur, quatre
ans après. Cela me donne l'impression - surtout que vous donnez
tellement de pouvoirs aux écoles - que dans quelques années, vous
allez trouver, avec des modifications à la loi 40, le projet
rêvé aujourd'hui qui devient réalisable dans votre milieu.
Il faut l'espérer. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: Je serai très bref. Je vais essayer de
résumer la façon dont j'ai perçu votre position en regard
de ce qu'est la loi présentement. Vous êtes pour une plus grande
autonomie de l'école. J'entends la députée de L'Acadie
dire: On va s'essayer. J'aimerais qu'elle puisse écouter les choses
aussi qui ne lui plaisent pas tellement par rapport aux positions des gens.
Elle est très réceptive et très disponible aussitôt
qu'il y a des aspects qui s'opposent au projet de loi. Dès qu'on essaie
de montrer des lieux de concordance, elle se fait sourde et cela paraît
dans ses interventions subséquentes.
Je reviens à mon point. Vous êtes pour une plus grande
autonomie, une plus grande responsabilité. Vous êtes pour qu'il y
ait un pouvoir décisionnel à l'école. Vous
énumérez toute une série de pouvoirs que votre commission
scolaire serait prête à concéder à l'école.
Le projet de loi reconnaît aussi un pouvoir décisionnel à
l'école, un troisième palier décisionnel. Sur cela, il y a
concordance.
Là où je vois une différence, c'est que dans le
projet de loi, il y a une majorité de parents là où se
prend la décision. Vous, au nom de la concertation, voudriez que
l'ensemble des groupes soit sur un pied d'égalité, soit paritaire
quand il est question de décider, finalement, par le biais d'une
concertation. J'imagine que quand on se concerte, c'est pour arriver à
décider quelque chose. Que le lieu de la décision se retrouve au
lieu même où se fait la concertation, à mon sens, c'est
tout à fait normal et légitime. C'est même un
élément pour favoriser la concertation. Parce que si vous savez
que, quand vous vous concertez sur certaines matières et que ce n'est
pas vous qui allez décider du résultat de votre concertation,
cela ne stimule pas beaucoup la concertation quand vous laissez à
d'autres le soin de décider du fruit de votre
concertation. Donc, vous reconnaissez que là où doit se
faire la concertation se retrouve le lieu de la décision. Vous voulez
que ce soit sur une base de partenaires, sur une base égalitaire et
qu'un groupe n'ait pas finalement l'autorité sur les autres. Là,
il y aurait une différence avec le projet de loi.
Autre point où je verrais une différence. Si je lis bien
votre recommandation à la page 8, quand vous énumérez la
série de pouvoirs, vous dites: La commission scolaire recommande que les
écoles deviennent de plus en plus responsables non seulement
individuellement, mais collectivement. En conséquence, le
législateur détermine... Donc, à ce moment, vous ne
laissez pas à une pure décision du milieu les pouvoirs que
pourrait avoir l'école. Vous dites: Que le législateur
détermine. Donc, vous reconnaissez que dans la loi on peut inscrire les
pouvoirs que l'école pourrait avoir. Là où je verrais une
différence, c'est dans les mots "pourront assumer". Vous n'êtes
pas contre le fait que la loi détermine des pouvoirs décisionnels
à l'école, mais vous seriez contre le fait qu'on les impose ou
qu'on impose à chaque école d'assumer tous ces pouvoirs.
De la façon dont j'interprète le verbe "pouvoir" ici,
"détermine plus clairement les responsabilités que les
écoles pourront assumer seules", vous seriez d'avis, je crois, de
laisser à l'école, quand elle se sentirait prête, quand
elle se déciderait d'assumer ces pouvoirs, le soin de demander à
la commission scolaire une délégation ou un transfert de ces
pouvoirs. La loi permet aux écoles d'exercer ces pouvoirs, mais elle ne
les oblige pas à le faire; elle laisserait à l'école le
soin de décider du moment où elle serait prête à
assumer, à exercer ces pouvoirs qui lui seraient reconnus dans la loi.
Est-ce qu'on rejoint un peu votre position, à ce moment-là? On
peut voir très bien là où il y a concordance et
différence.
Le Président (M. Blouin): M. Latour.
M. Latour: Je dirais qu'il y a plus que cela. Je pense que ce
n'est pas uniquement une question d'échéance, il y a aussi cet
esprit de concertation entre les écoles qui est très important.
Pour nous, notre vécu n'est pas dans une école en particulier, il
est dans l'ensemble des écoles et c'est ce qui est important. C'est cela
que, je pense, chaque école apporte à l'autre. C'est l'exercice
de tout ceci qui fait qu'ensemble on peut atteindre des objectifs, ce qu'on ne
pourrait faire si l'école était seule à exercer ces
pouvoirs.
Par contre, je vais peut-être reprendre ce que je disais tout
à l'heure et qui est important. Nous croyons au rôle important de
la commission scolaire, mais nous croyons aussi - à cet effet, on se
distingue de certaines options présentées par d'autres organismes
- que le fait que des commissions scolaires regagnent certains pouvoirs n'est
pas une garantie qu'elles décentraliseront nécessairement vers
les écoles. Chez nous, nous avons cette préoccupation de
décentralisation. Ce que nous voulons, c'est que le projet de
réforme puisse avoir des mesures, des règlements, des lois,
appelez-les comme vous le voulez, ou des formules incitatrices plutôt,
qui permettraient aux commissions scolaires de décentraliser vers les
écoles et d'impliquer plus directement les parents. C'est très
différent de l'autre attitude qui, elle, force, par la création
d'un comité qui pourrait être paritaire ou encore avec un nombre
plus grand de parents, à se concerter. C'est très
différent, c'est un exercice de pouvoir qui se fera à ce
moment-là et c'est là, je pense, une nuance fondamentale.
M. Brouillet: Enfin, cela correspond un peu à ce que j'ai
dit...
M. Latour: Oui, c'est cela.
M. Brouillet: ...ne pas laisser le pouvoir majoritaire à
un groupe.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Brouillet: II y aurait peut-être un petit point, pour
bien s'entendre. Vous dites "par règlement qui inciterait les
commissions scolaires à déléguer des pouvoirs". Quand
j'interprète ce que vous avez écrit, je verrais un peu la chose
différemment. La loi reconnaîtrait un certain nombre de pouvoirs
que l'école pourrait exercer, mais c'est l'école qui
déciderait du moment et du temps de les exercer et là, la
commission scolaire devrait céder ces pouvoirs.
M. Latour: Elle pourrait le faire, mais en concertation avec les
autres écoles.
M. Brouillet: En concertation, c'est-à-dire au moment
où l'école se sent prête à le faire, si elle est
prête à les assumer.
M. Latour: II est très différent de parler du
pouvoir d'une école et d'un échange entre les écoles.
Lorsque vous parlez du pouvoir qui est confié à une école
en particulier, vous parlez d'un groupe de gens. Lorsque vous parlez de 11 ou
de 20 écoles, vous avez des nuances entre les positions de chacune de
ces écoles. Donc, lorsque 20 écoles doivent se concerter sur un
point, vous arrivez à un équilibre bien meilleur que si vous
prenez des positions extrêmes qui peuvent peut-être exister plus
dans une école que dans une autre. C'est cela, en fait, le principe de
la concertation, c'est d'être capable d'atténuer les
réactions extrêmes
pour essayer de se concentrer à l'intérieur de la
distribution normale que l'on souhaite instaurer dans notre milieu. (21 h
15)
M. Brouillet: L'approche que j'ai adoptée, pourrait
aboutir au fait que, dans une même commission scolaire, l'ensemble des
écoles n'exercent pas à égalité l'ensemble des
pouvoirs que lui reconnaît la loi. Il pourrait y avoir quelques
écoles qui exercent l'ensemble des pouvoirs que la loi leur
reconnaîtrait, mais d'autres écoles n'en demandent pas tant parce
qu'elles ne sont pas prêtes à assumer tout cela. Alors, quand vous
parlez de concertation entre les écoles en vue d'établir
l'ensemble des pouvoirs exercés par les écoles, cela sous-entend
un peu, dans votre approche, que les écoles exercent les mêmes
pouvoirs en même temps. Moi, je verrais la possibilité que, dans
une même commission scolaire, toutes les écoles ne demandent pas
d'assumer l'ensemble des pouvoirs que la loi peut leur reconnaître. Il y
a des différences peut-être, selon que les écoles sont
rendues à tel ou tel niveau.
M. Fleury: Lorsqu'on dit que "les écoles pourront
assumer", ce n'était pas notre intention de dire que les écoles
choisiront d'assumer les pouvoirs qu'elles voudront. Le terme, c'est que ce
sont des pouvoirs qu'elles pourront assumer dans le sens qu'elles auront le
droit de les assumer et on tenait pour acquis que l'ensemble des écoles
assumerait les pouvoirs donnés par la loi ou les règlements.
Cela, c'est quant aux pouvoirs que l'école exercerait
séparément. Quant aux pouvoirs qu'elle exercerait en
concertation, évidemment, ils seraient aussi déterminés
comme des pouvoirs relevant de la responsabilité de la commission
scolaire, mais devant être exercés en concertation avec les
écoles.
M. Brouillet: Oui, enfin, je vois très bien. Les
écoles peuvent se mettre d'accord pour dire: Tel type de pouvoir,
laissons cela à la commission scolaire parce que ce serait
d'intérêt général.
M. Fleury: Mais ce n'est pas ce qu'on dit. On ne dit pas que ce
sont les écoles qui vont décider ce sur quoi elles vont se
concerter. Ce serait au niveau de la réglementation. Au niveau des
pouvoirs, nous, en tout cas, l'impression qu'on a, c'est que, quand les
pouvoirs sont trop imprécis ou quand ils sont attribués de
façon trop imprécise, les gens se tiraillent pour les avoir. On
veut éviter cela. On veut éviter les conflits. On aime mieux
quelque chose qui soit clair, quelque chose qui soit précis, pour
éviter justement des conflits ou des luttes de pouvoirs.
Le Président (M. Blouin): Cela va?
M. Brouillet: Alors, là, vous vous rapprochez davantage de
la loi 40 que je ne l'avais pensé. Je vous remercie beaucoup.
Télégramme de l'UMQ
Le Président (M. Blouin): Sur cette conclusion du
député de Chauveau, je remercie Mme Paiement, M. Latour, M.
Fleury et M. Lachapelle d'avoir bien voulu participer aux travaux de cette
commission parlementaire. Avant de recevoir nos prochains invités, je
signale à tous que le président de l'Union des
municipalités du Québec a annoncé par
télégramme que son organisme ne se présenterait pas devant
nous. Dans les circonstances, je demande donc aux responsables de la commission
scolaire de Normandie de bien vouloir prendre place à la table des
invités.
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Pour les besoins de la commission, est-ce qu'on pourrait
vous demander de donner lecture du message que vous avez reçu de l'Union
des municipalités du Québec?
Le Président (M. Blouin): Je peux le faire, M. le
député d'Argenteuil, afin que tout le monde soit bien
situé. Alors, le télégramme m'est adressé et il est
signé de M. Francis Dufour, président de l'Union des
municipalités du Québec. Il se lit ainsi: "Considérant
l'état actuel des relations entre le gouvernement du Québec et le
monde municipal, notamment dans le contentieux qui entoure le projet de loi 38,
nous nous voyons dans le regret de vous annoncer que nous ne nous
présenterons pas devant la commission parlementaire sur le projet de loi
40. "Toutefois, nous n'en croyons pas moins que le projet de réforme
scolaire est un dossier extrêmement important pour la
société québécoise. De plus, plusieurs aspects du
projet de loi touchent indirectement les municipalités. C'est pourquoi
nous tenons à attirer votre attention sur les principales
recommandations qui se dégagent du mémoire que nous avons fait
parvenir à la commission parlementaire. "Dans ce document, nous
demandons que la date d'élection au niveau scolaire soit
distancée de celle prévalant pour les municipalités; que
tout redécoupage du territoire des commissions scolaires ne soit pas
nécessairement et uniquement orienté vers le découpage
actuel des MRC; qu'en matière de transport ou autre les relations
avec les commissions ou organismes scolaires s'effectuent directement et
exclusivement avec les municipalités; que le champ foncier soit
réservé exclusivement aux municipalités; qu'à
partir de l'exercice 1986-1987 les commissions scolaires libèrent
entièrement le champ fiscal foncier; que les commissions scolaires aient
accès à des revenus autonomes autres que ceux reliés au
champ foncier aux fins de financer les dépenses non admissibles aux
subventions gouvernementales; finalement, que la commission scolaire soit seule
habilitée à conclure les ententes scolaires-municipales avec les
municipalités. Voilà.
Donc, maintenant que la représentante et les représentants
de la commission scolaire de Normandie ont eu le temps de s'asseoir à la
table des invités, je les invite à s'identifier et à nous
présenter le contenu de leur mémoire en une vingtaine de
minutes.
Commission scolaire de Normandie
M. Paquin (Yvon): Vous nous entendez bien?
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Paquin: Bon. Dans un premier temps, j'aimerais vous signaler
que nous avons un nouveau dépôt à faire. Ce n'est pas une
modification au document que vous avez déjà reçu, c'est
tout simplement un rapport qui est un peu plus synthétique parce qu'on
sait que les membres de la commission entendent très souvent des gens
leur parler de choses qu'ils ont déjà lues. Alors, pour vous
permettre de mieux suivre ce que le président de notre commission
scolaire va avoir à déposer devant vous, on a pensé
préparer des copies pour tous les membres de la commission
parlementaire. Il y a M. Major qui a déjà eu ces
documents-là. Si vous permettez, M. le Président, il pourrait
peut-être déposer ces documents aux membres de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Blouin): C'est déjà
fait.
M. Paquin: C'est déjà fait, d'accord. À ce
moment-là, je laisserais le président de la commission scolaire
de Normandie, M. Grégoire Rompré, vous présenter ce que
nous avons à dire.
Le Président (M. Blouin): M. Rompré.
M. Rompré (Grégoire): M. le Président,
mesdames et messieurs les membres de cette commission, j'aimerais d'abord vous
présenter les gens qui composent la délégation de la
commission scolaire. À la table, la vice-présidente, Mme Odette
Marcotte; le directeur général, M. Yvon Paquin; moi-même,
Grégoire Rompré, président du conseil des commissaires et
du comité exécutif de la commission scolaire de Normandie. Dans
l'assistance, je me dois de souligner la présence des commissaires de
notre commission scolaire, de la représentante des parents de notre
commission scolaire, des présidents et directeurs généraux
des commissions scolaires de la Mauricie et quelques commissaires de ces
commissions, de même que du préfet de la MRC de
Mékinac.
Pour vous situer géographiquement, notre commission scolaire fait
partie du territoire de la Commission scolaire régionale de la Mauricie.
Nous sommes localisés au nord-est de Grand-Mère et Shawinigan et
au sud de La Tuque. Nous englobons les localités situées dans le
comté de Laviolette et d'autres dans le comté de Portneuf. Le
chef-lieu est Saint-Tite dans le comté de Laviolette.
Nous tenons aussi à vous remercier d'avoir bien voulu accepter de
nous recevoir au sein de cette commission afin de nous permettre de faire
valoir de vive voix notre point de vue sur le projet de loi 40. Nous traiterons
de quelques points seulement qui nous apparaissent plus pertinents au
vécu d'une petite commission scolaire comme la nôtre et qui
peuvent avoir plus d'effets dans la vie quotidienne de notre organisme.
Le premier point que nous voudrions aborder est l'intégration des
niveaux d'enseignement primaire et secondaire dans le territoire
Normandie-Mékinac. Quoi de de plus naturel et de plus légitime
que de vouloir d'abord assurer la survie de notre territoire rural - ce
territoire qui compte douze localités réparties sur un grand
espace - qui a été sanctionné par le législateur
lors de l'adoption de la loi 125. La MRC de Mékinac englobe, à
peu de chose près, les mêmes localités que la nouvelle
commission scolaire qui est prévue dans le projet de loi 40, ce qui
vient donc confirmer, une fois de plus, l'orientation du gouvernement de doter
cette région d'une structure de services publics qui s'y trouve
déjà dans plusieurs domaines.
Cette volonté s'appuie d'ailleurs sur un grand nombre de
consultations qui ont été faites depuis 1977 et qui donnent
toujours le même résultat: une structure régionale dans
notre territoire. Nous sommes donc très satisfaits de voir le
ministère de l'Éducation procéder à
l'intégration des niveaux d'enseignement primaire et secondaire dans
notre région et tenir compte, de façon réaliste, de la
faible densité de la population et des grands espaces que constitue le
Québec; nous l'en remercions.
Sur le plan de la démocratie scolaire, nous souscrivons à
l'ensemble de la réforme compte tenu des modifications qui ont
été
apportées au premier livre blanc. Maintenir le suffrage universel
et déplacer les élections de juin à novembre est un
excellent moyen de favoriser la participation des citoyens, surtout le
dimanche. D'autre part, faire des élections en bloc tous les trois ans
pour tous les postes est de nature à susciter l'intérêt. On
aurait pu croire que faire une élection en rotation aurait
été préférable pour assurer une continuité
et une stabilité, mais, en réfléchissant bien, on constate
que tous les députés viennent en élection en même
temps; si cela peut se faire pour l'Assemblée nationale, c'est
certainement réalisable pour une petite région et dans un seul
domaine de l'administration publique.
Les seuls points obscurs résident dans le droit de vote, la
délimitation des quartiers électoraux et la
proportionnalité des votes. Il doit être clair que
l'électeur vote pour le poste rattaché au quartier où il
est domicilié et la loi ne doit pas donner d'autres
possibilités.
Quant à la représentativité, nous voyons un danger
à établir un conseil d'administration formé d'un
commissaire issu de chaque école. Cela ne peut conduire qu'à une
disproportion et à un déséquilibre au niveau de la
représentation de chaque membre. L'école polyvalente de notre
secteur, qui regroupe 1000 élèves en provenance de douze
localités n'a qu'un seul représentant, alors que l'école
primaire Notre-Dame-de-Montauban, par exemple, en aurait un, avec seulement une
centaine d'élèves.
Soulignons également que le commissaire rattaché au
conseil de l'école polyvalente ne doit pas provenir de son seul
quartier, puisque les seuls citoyens dans ce quartier auraient un jugement
à porter sur l'administration du niveau secondaire pour tout le
territoire. D'autre part, il ne peut être élu non plus par
l'ensemble des citoyens du territoire, puisque, à ce moment, il devient
un "commissaire extraordinaire".
De plus, d'après le projet de loi, le citoyen ne doit voter
qu'à un endroit, ce qui contribue à nous amener à un
cul-de-sac, puisqu'il peut très bien avoir des enfants dans deux
écoles. Pour éviter ces problèmes, on pourrait revenir
à la formule actuelle de délégation. Le commissaire
élu dans son quartier devrait se retrouver automatiquement
mandaté pour administrer les deux niveaux d'enseignement, puisque les
enfants de son quartier fréquentent les écoles des deux niveaux.
Tous les enfants du territoire fréquentent l'école polyvalente:
il est donc normal de faire reposer la responsabilité sur l'ensemble des
élus.
Présentement, le conseil d'une commission scolaire locale
délègue deux membres au comité exécutif de la
commission scolaire régionale. Le nouveau conseil pourrait, de la
même manière, déléguer un ou deux
représentants au conseil d'école de la polyvalente. Cela nous
apparaît plus simple et, à tout bien considérer, plus sain
démocratiquement.
Enfin, on peut s'interroger sur le fait que le commissaire doive faire
partie du conseil d'école, avec droit de vote. Il sera, en effet,
coincé entre, d'une part, les mandats qui lui seront confiés par
ce conseil, avec toutes les pressions que cela comporte, et, d'autre part, le
besoin de faire consensus avec ses collègues pour en arriver à
une saine distribution de la richesse collective entre les différents
établissements. On ne peut cependant ignorer que le commissaire doit
être bien informé et sensibilisé à ce qui se passe
dans l'école, puisque c'est le lieu premier d'où provient son
mandat d'administrateur scolaire.
Il y a encore place à réflexion dans ce chapitre. On
pourrait découper les quartiers de manière à donner un
poids relatif aux votes exprimés et à déterminer un nombre
raisonnable de commissaires. On pourrait répartir sur l'ensemble des
commissaires la responsabilité du fonctionnement du réseau des
écoles primaires et secondaires d'un territoire tout en trouvant le
moyen de rapprocher le commissaire de la vie d'une école, là
où l'action se passe. Par exemple, le commissaire pourrait être
membre du conseil d'école, mais sans droit de vote, devenant une sorte
de personne-ressource. Il pourrait ainsi véhiculer au conseil
d'école la problématique régionale et expliquer les
raisons qui militent en faveur de telle décision plutôt que telle
autre et, inversement, véhiculer au conseil régional les besoins
et attentes de son milieu, puisqu'il aurait été
sensibilisé directement à ces questions.
L'important, en effet, c'est de trouver le meilleur moyen pour faire
participer et les citoyens et les parents: les premiers, pour qu'ils puissent
se prononcer sur le rendement de l'ensemble du système, les
deuxièmes, pour qu'ils puissent, en plus, faire valoir leurs
idées et dire leur mot dans le vécu des écoles.
En ce qui concerne la taxation, nous croyons que la commission scolaire
doit pouvoir continuer de déterminer son taux de taxe et de la percevoir
comme bon lui semble. Tout le monde sait que procéder par
référendum pour dépasser tel seuil de taxation est une
façon déguisée de limiter le niveau de la taxe. (21 h
30)
À l'élection, les citoyens décideront s'il y a un
équilibre entre ce qui a été perçu et ce qui a
été donné en services. On doit donner aux élus
locaux les outils dont ils ont besoin pour prendre leurs
responsabilités. L'important, c'est d'avoir une source autonome de
revenu. Cela pourrait aussi bien prendre une autre forme que la taxe
foncière
comme telle.
Quant à l'aspect de la confessionnalité, nous sommes
d'accord pour que le statut confessionnel soit déterminé par
l'école elle-même et qu'un tel statut n'existe pas pour la
commission scolaire. L'école est en effet d'abord publique et commune,
c'est seulement après qu'elle décide de son statut sur un aspect
particulier.
Dans le domaine des pouvoirs et des responsabilités, il est
essentiel d'avoir des assises claires et sans ambiguïté. Les
chapitres portant sur ces questions sont en effet chatouilleux et peuvent
facilement devenir sources de conflit lors de leur application. Quand le
décideur est mal identifié ou qu'il y en a trop sur un même
sujet, cela devient facilement générateur de problèmes qui
n'en seraient peut-être pas.
On doit faire clairement ressortir, premièrement, que la
responsabilité de la qualité de l'enseignement sur un territoire
doit relever de la commission scolaire; deuxièmement, que les relations
entre le ministère de l'Éducation et le milieu doivent
s'établir à ce seul niveau; troisièmement, que
l'école doit rendre compte de son mandat à la commission
scolaire.
Nous sommes d'accord pour que l'école exerce des pouvoirs mais
seulement ceux qu'elle peut réellement exercer. Faire croire à
des gens qu'ils sont responsables d'un domaine alors qu'ils doivent
obligatoirement se référer à une autre instance sur le
sujet avant d'agir devient frustrant. À titre d'exemple, il n'est pas
vrai que l'école établit son calendrier scolaire. Trop de
données échappent à une seule école pour
procéder de cette manière, même une seule commission
scolaire n'y arrive pas. L'école peut être consultée sur le
sujet et participer à l'élaboration d'un projet, mais pas
plus.
Un point majeur sur lequel s'appuie l'exercice des pouvoirs et des
responsabilités repose sur le lien d'emploi. Le système actuel,
avec sa hiérarchie, nous apparaît comme une garantie
d'accessibilité, d'égalité et de qualité de
services dans un territoire donné. C'est un tout organique et
structuré. Tout le monde sans exception relève d'un et d'un seul
organisme employeur; cette structure doit être maintenue et englober les
directions d'école qui devraient continuer à rendre compte de
leur mandat à la commission scolaire par le directeur
général. Il existe un problème dans le projet de loi sur
ce sujet; un directeur d'école est l'employé, engagé,
payé et congédié, de la commission scolaire, mais son
patron est le conseil d'école. Nous n'avons pas procédé
à un regroupement de commissions scolaires en 1969, géré
par la suite avec la loi 27, pour vouloir aujourd'hui retourner à des
fiefs locaux. Bien entendu, il y a place pour accroître le rôle de
l'école, la responsabiliser davantage, mais il faut trouver un juste
milieu et les bonnes responsabilités à lui confier. Trouver en
fait ce qui serait de nature à donner le meilleur service aux
élèves.
Enfin, en ce qui a trait aux modifications apportées au
système actuel, nous constatons que, depuis la création des
commissions scolaires régionales en 1964-1965 et la mise en place de
commissions scolaires locales en 1972, le réseau n'a pas connu de
changements majeurs dans ses structures. Cependant, la situation a
évolué.
On sait déjà que des organismes demanderont tout
simplement le retrait du projet de loi. D'autres demandent des modifications
plus ou moins majeures. Quant à nous, nous croyons que se retrouver
devant un statu quo après avoir investi une telle somme de ressources et
d'énergies dans tout le Québec pendant au moins deux ans serait
passablement ridicule.
Aussi, nous pensons que le gouvernement devrait apporter des changements
afin, premièrement, d'assurer la formation de commissions scolaires
intégrées dans les régions d'appartenance sur une base
linguistique; deuxièmement, de régler la question de la
confessionnalité selon ce qui est prévu dans le projet de loi 40;
troisièmement, de former obligatoirement des conseils d'orientation dans
chaque école ou trouver le moyen de faire jouer un plus grand rôle
à l'école, car nous croyons, M. le Président, qu'un essai
loyal d'application de la loi 71 pourrait être tenté;
quatrièmement, de fixer l'élection des commissaires en bloc un
dimanche d'automne plutôt qu'un lundi de juin.
En conclusion, nous vous remercions pour votre accueil et nous
espérons que ces quelques réflexions seront utiles dans
l'évolution du dossier de la réforme scolaire. Cela nous tient
d'autant plus à coeur que nous oeuvrons dans un secteur
névralgique, l'éducation constituant la pierre d'assise de notre
société.
En terminant, nous vous signalons que nous ne demandons pas
d'établir des programmes d'études, ni d'approuver le
matériel didactique, ni de négocier les emprunts sur le
marché boursier. Tout ce que nous voulons, c'est qu'une fois
établies les grandes lignes, les balises de l'ensemble du
système, nous soyons responsables de l'éducation en
région. Nous croyons qu'une instance régionale suffisamment forte
est la plus susceptible de garantir une qualité de services, un
équilibre et une équité entre les différents
établissements pour le mieux-être de nos élèves. Je
vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Rompré. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Laurin: Je veux d'abord saluer avec plaisir la
délégation de la commission
scolaire de Normandie, patrie de mes ancêtres maternels, ainsi que
la nombreuse délégation qui l'accompagne. J'ai pris un vif
intérêt à la lecture de votre mémoire, qui est clair
et bien structuré. Je note que vous êtes d'accord avec bon nombre
des aspects du projet de loi: découpage du territoire,
intégration des deux niveaux d'enseignement, démocratisation
scolaire, aménagement de la confessionnalité, commission scolaire
linguistique, mais je note, comme beaucoup d'autres groupes, que vous
êtes partagés en ce qui concerne la répartition des
pouvoirs et responsabilités entre l'école et les commissions
scolaires, entre deux tendances qui vous semblent également
souhaitables. D'un côté, vous voulez faire une place plus grande
à l'école, vous voulez la responsabiliser, mais, d'un autre
côté, vous estimez que la commission scolaire doit, elle aussi,
assumer une place importante dans le système éducatif,
particulièrement sur le plan de la coordination, de la planification, et
vous demandez qu'on départage d'une façon beaucoup plus claire
ces pouvoirs, ces fonctions et ces responsabilités.
J'ai beaucoup de facilité à vous suivre dans ce domaine
parce que je pense qu'effectivement il n'est pas facile d'en arriver à
cette délimitation et, pourtant, il faut y arriver, car les deux
instances ont un rôle éminent à jouer. Par exemple, quand
vous dites que la commission scolaire est responsable de la qualité de
l'enseignement sur tout son territoire, je suis d'accord avec vous, mais je
pense qu'il faut dire aussi - et c'est tout aussi vrai - que l'école est
responsable de la qualité de l'enseignement à l'intérieur
de l'école. Ce sont donc des responsabilités que l'on pourrait
dire conjointes.
On peut dire que la commission scolaire est responsable de la juste
répartition des services, des ressources au sein des écoles de
son territoire. Cela est tout à fait vrai et juste, mais il est tout
aussi juste de dire que l'école est responsable de l'adaptation d'un
projet éducatif que l'on pourrait dire national, à partir des
régimes pédagogiques et des programmes, afin que ces programmes
et ces régimes correspondent aux besoins des élèves, aux
besoins des clientèles particulières et que l'école soit
responsable de son aménagement, de ses aménagements, par le biais
d'un projet éducatif particulier qui lui permette de fixer les
orientations de l'école, les priorités de l'école. Exemple
particulier que vous donnez vous-mêmes, il est vrai que la commission
scolaire a une fonction importante dans la fixation d'un calendrier scolaire
pour tenir compte des besoins de toutes les écoles, des contraintes du
transport scolaire; il est tout aussi vrai que l'école a un rôle
important à jouer dans l'aménagement de ce calendrier scolaire,
pour qu'il corresponde, encore une fois, aux besoins particuliers de chaque
école, aux clientèles qui s'y trouvent. On pourrait continuer
ainsi indéfiniment.
Je pense donc que c'est là une responsabilité conjointe,
dans tous ces domaines, de la commission scolaire et de l'école. Mais,
on n'est pas encore plus avancé quand on a dit cela. Il faut identifier
- ici je vous rejoins entièrement - d'une façon claire, d'une
façon qui ne prête à aucune équivoque, la
responsabilité particulière, spécifique, d'une part, de la
commission scolaire et, de l'autre, de l'école. Il s'agit de pousser
notre effort davantage plus loin pour identifier d'une façon claire la
responsabilité qui revient à l'école ou à la
commission scolaire, par rapport à la mission qui est la sienne.
Nous avons tenté de le faire dans le projet de loi 40 en fonction
de ces deux impératifs, ou deux tendances, dont je parlais tout à
l'heure: place plus grande à l'école, responsabilisation de
l'école, d'une part, et, de l'autre, coordination, planification,
garantie de qualité que doit maintenir et exercer la commission
scolaire.
C'est dans ce sens, d'ailleurs, que plusieurs groupes nous ont fait
valoir un éclairage particulier, souvent en fonction de leurs propres
expériences. Nous les avons écoutés avec attention, de
même que nous écoutons avec attention vos représentations
et nous sommes conscients qu'il y a un effort additionnel de pensée, de
clarification, à faire dans ce domaine. Mais, comme nous venons d'en
parler longuement avec les intervenants qui vous ont
précédés, je ne veux pas m'allonger sur ce sujet.
Je voudrais plutôt commenter deux autres aspects de votre
mémoire, le premier qui touche l'intégration des deux niveaux et
le deuxième qui touche la taille des commissions scolaires. Vous dites
que, dans votre région, vous vous êtes convaincus, non seulement
de l'opportunité, mais également de la nécessité
d'intégrer les deux niveaux d'enseignement, primaire et secondaire. Cela
est particulièrement significatif du fait que, comme vous venez de le
dire, depuis une dizaine d'années, vous pensez régionalement et
vous avez effectué vous-mêmes des réformes dans le sens de
cette intégration. J'aimerais bien que vous me précisiez -parce
que vous n'avez pas eu le temps de le faire dans votre résumé
verbal - toutes les raisons qui vous font juger comme éminemment
souhaitable cette intégration des deux niveaux d'enseignement, primaire
et secondaire, pour une région de l'importance, de la taille de la
vôtre.
Ma deuxième question est un corollaire à celle que je
viens de poser. On nous a souvent dit à cette commission parlementaire
que les commissions scolaires, pour pouvoir dispenser des ressources
convenables à leurs écoles, pour assurer une qualité je ne
dirais
pas minimale, mais optimale des services qu'elles leur dispensent, en
matière de personnel spécialisé d'une façon
particulière, ou en matière de services particuliers, doivent
posséder une certaine importance, que d'aucuns évaluent
minimalement à 20 000 ou 25 000 élèves, ou que d'autres
même évaluent beaucoup plus grande, à 35 000, 40 000 ou 50
000. (21 h 45)
Pourtant, je crois sentir dans votre témoignage - c'est, en tout
cas, l'impression que j'avais après la lecture de votre mémoire -
que vous êtes d'une opinion contraire, que vous estimez qu'une commission
scolaire, même si elle ne possède pas cette taille de 20 000 ou de
25 000 élèves, est parfaitement en mesure d'assurer à ses
écoles les ressources en personnel ou les ressources financières,
y compris par le biais de la péréquation entre ses écoles,
une éducation de qualité. Et j'aimerais bien, étant
donné que le sujet est souvent revenu devant cette commission, que vous
nous précisiez davantage votre pensée là-dessus et que
vous nous donniez les raisons qui vous amènent à nous
présenter cette opinion.
M. Rompré: Cela va. Tout d'abord, pour ce qui est de
l'intégration des niveaux élémentaire et secondaire sur
notre territoire, c'est dû au fait que c'est une région
d'appartenance, le monde se sent chez eux dans tout le territoire de la
Normandie. C'est une commission scolaire qui a été formée,
en 1969, à partir de onze municipalités; à ce
moment-là, il y avait beaucoup d'esprit de clocher. Tranquillement, les
gens se sont habitués à travailler ensemble, à oeuvrer
ensemble, les enfants ont été à l'école ensemble,
disons au niveau secondaire; cela a créé une région.
Aujourd'hui, c'est réellement une région, les gens se retrouvent
dans ce territoire-là. D'ailleurs, on a fait des enquêtes, on a
consulté beaucoup de gens, on a consulté toutes les
municipalités sur notre territoire, disons en 1979; les comités
d'écoles ont été consultés; en fait, on avait fait
une bonne tournée. C'était unanime là-dessus: Les gens
voulaient quelque chose de régional mais pas trop gros. On se retrouve
peut-être aux dimensions de nos municipalités, qui ne sont pas
tellement populeuses. Mais les gens se sentent chez eux. Je pense que c'est
cela la réponse à la première question.
À votre deuxième question, ce serait: Je pense qu'on donne
de bons services à la commission scolaire de Normandie, les mêmes
services qui existent ailleurs. Disons qu'on a une philosophie, à la
commission scolaire de Normandie: autant que faire se peut, on ne ferme pas une
école de village, on essaie de garder la dernière école de
village parce que, en réalité, lorsqu'on ferme une école,
on est conscients qu'on vient de tuer un peu un village. C'est sûr qu'on
n'a pas de spécialistes dans chaque école; par contre, ceux-ci
peuvent voyager. Je pense que c'est mieux de faire voyager des
spécialistes que les enfants.
M. Paquin: Je pourrais peut-être compléter sur
quelques points qui sont un peu plus techniques. Ce qu'on considère,
c'est que le passé est peut-être garant de l'avenir aussi dans des
sujets comme ceux-là. Ce qu'on constate, à notre commission
scolaire, c'est qu'au niveau de l'implantation des programmes d'études,
par exemple, au niveau de l'implantation du programme de français, on a
les ressources qu'il faut, on a un conseiller pédagogique en
français. Alors, on dit: II n'est pas nécessaire d'avoir une
commission scolaire de 20 000 élèves pour
bénéficier des services d'un conseiller pédagogique en
français, qui peut très bien faire l'implantation de ce
programme. D'ailleurs, on a terminé l'implantation du programme de
français.
En mathématiques, c'est exactement la même chose. On a
terminé l'implantation du programme de mathématiques. Au niveau
des arts, en musique, on termine, cette année, l'implantation du nouveau
programme. En éducation physique, c'est terminé. On en est rendu
à la phase d'évaluation, sur des nouveaux modes
d'évaluation.
Au niveau du service aux élèves, nous avons des services
de psychologie; on a également investi, cette année, en ajout aux
services qu'on avait déjà au niveau de l'orthophonie et ainsi de
suite. Ce qui fait qu'une commission scolaire comme la nôtre, qui compte
1300 élèves environ, cette année, est en mesure de
concurrencer très bien avec d'autres commissions scolaires qui ont 5000
ou 10 000 élèves. Quand on compare, on se rend compte que, bien
souvent, étant donné la taille justement de ces commissions
scolaires, il est beaucoup plus difficile d'être près des besoins
des gens du milieu et d'être près des enseignants. Parce que,
finalement, on forme une grande famille; alors, quand on décide de
commencer l'étude d'un dossier, je pense que cela travaille beaucoup
mieux parce qu'on est en contact très étroit avec chacune des
localités, avec chacun des groupes qui sont là. On les
connaît personnellement. Je pense que c'est ce qui fait la force d'une
petite unité comme la nôtre.
Au niveau des services, je n'ai pas tellement d'inquiétude de ce
côté. On aura la même structure de services qu'actuellement,
mais améliorée un peu. Bien sûr, si on ajoute un niveau
d'enseignement comme celui du secondaire, il reste quand même, en
intégrant les deux niveaux d'enseignement, que l'école
polyvalente Paul-Le-Jeune, à Saint-Tite, le chef-lieu, demeure là
avec toutes les ressources qui sont à la
disposition des élèves, présentement. Moi, de ce
côté, je n'ai pas du tout d'inquiétude, je pense que cela
va aller très bien. J'irais même jusqu'à dire que ça
va peut-être aller plus rapidement au niveau de l'implantation des
programmes d'études du secondaire si c'est nous qui en sommes
responsables. Sans jeter le blâme sur les commissions scolaires
régionales, je pense qu'elles font bien leur travail,
présentement, sauf que nous, étant dans la localité
même où se passe l'enseignement secondaire parce que le centre
administratif est voisin de l'école polyvalente, je pense qu'on serait
plus à même d'être vraiment près des besoins des
enseignants et des parents qui sont là, surtout avec la formule que nous
préconisons au niveau de l'administration de cet ensemble
éducatif dans notre territoire.
M. Laurin: J'ai dit, à quelques reprises, devant cette
commission, que le gouvernement, par ses nouvelles règles
budgétaires, par les enveloppes qu'il accordait aux commissions
scolaires, tentait de tenir compte des profils des clientèles, des
caractéristiques socio-économiques particulières des
régions couvertes par les commissions scolaires. Il tentait en somme,
par ces règles et ces enveloppes, de tenir compte du vécu
réel des populations. Est-ce que ce mode actuel de financement, ces
règles actuelles d'allocation peuvent permettre à une commission
scolaire comme la vôtre d'effectuer une certaine
péréquation à l'endroit de certaines clientèles
scolaires situées dans des milieux socio-économiques plus
faibles? Ou encore, est-ce que vous verriez aussi - c'est un corollaire
à ma question - une façon d'améliorer encore, de coller
davantage aux réalités, que ce soit par le truchement de la
taxation foncière ou par une politique additionnelle de
péréquation qui pourrait être instaurée au niveau de
la commission scolaire ou au niveau du gouvernement par l'intermédiaire
des règles budgétaires?
M. Paquin: II est difficile, pour nous, de répondre
à cette question avec le projet de règles budgétaires que
vous avez déposé récemment, parce qu'on n'a pas fait un
essai. On a déjà fait des essais, dans le passé, mais,
avec le nouveau processus budgétaire en place, maintenant, il est
beaucoup plus difficile de répondre parce qu'on n'a pas fait de
simulation pour voir ce que cela donnerait avec une commission scolaire
intégrée dans un territoire comme le nôtre. Cependant, on
peut très bien le faire, je pense que cela pourrait être assez
rapide et on pourrait déposer, pour vous, le document à cet
effet.
Mais on s'est rendu compte, dans le passé, lorsqu'il y a une
volonté gouvernementale d'implanter une structure de commission scolaire
de tel type par rapport à tel autre type, que le gouvernement met quand
même les ressources à la disposition des organismes qu'il
crée. La meilleure preuve de cela, c'est le vécu des commissions
scolaires actuelles. Dans les commissions scolaires locales qui ont 800 ou 1000
ou 1500 élèves, il y a quand même un montant de base qui
est attribué à l'ensemble des commissions scolaires peu importe
leur taille. Je pense que cette formule doit être conservée dans
les nouvelles commissions scolaires intégrées.
Or, au niveau de la péréquation, même une fois ces
enveloppes connues avec le vécu actuel, on procède à une
forme de péréquation dans notre organisme, chez nous. Parce que,
pour une petite école comme celle de Saint-Roch-de-Mékinac, qui
regroupe Mattawin, Saint-Roch-de-Mékinac,
Saint-Joseph-de-Mékinac, il est évident que, si on
établissait un per capita au niveau de nos clientèles,
l'école de Saint-Roch-de-Mékinac ne pourrait pas vivre. Mais il
est admis, au niveau de notre conseil des commissaires, de permettre à
toutes les écoles de pouvoir vivre honorablement et d'avoir des services
vraiment comparables d'une école à l'autre, peu importe leur
taille.
Donc, on donne à peu près les mêmes services s'il y
a 55 élèves, 100 élèves ou 450 élèves
comme à Saint-Tite; c'est reconnu et les gens collaborent
énormément. Il est sûr que les parents font valoir leurs
besoins par les structures qui sont là présentement:
comité d'école, comité de parents. L'équipe de
gestion des directions d'école est toujours en place, se réunit
toutes les semaines et fait valoir les points de vue véhiculés
dans les écoles. Cela, c'est acheminé au comité de parents
et à la commission scolaire, qui en tient compte tout le temps. Mais il
est sûr qu'on ne peut acquiescer à toutes les demandes chaque fois
qu'elles sont présentées, c'est reconnu par chacun des
représentants de chacune des localités. Les localités,
chez nous, c'est à peu près une école, en gros. Il est
sûr qu'une année on favorise un peu plus
Saint-Roch-de-Mékinac parce que, au niveau des équipements, ils
en ont plus besoin; une autre année, ce sera Saint-Tite, une autre
année, Notre-Dame-de-Montauban, etc. Mais cela est reconnu, on a
toujours des plans triennaux ou quinquennaux là-dessus et c'est
partagé par l'ensemble des gens.
M. Laurin: Est-ce que tout cela est possible à
l'intérieur des enveloppes consenties à votre commission scolaire
en vertu des règles budgétaires?
M. Paquin: Oui, c'est possible de le faire même à
l'intérieur des enveloppes qu'on reçoit. Il est officiel qu'avec
le champ de taxation cela nous aide énormément pour
améliorer la qualité des services offerts aux
élèves. L'an passé, on a réinvesti un peu d'argent
parce qu'on avait des secteurs un peu plus faibles; par le biais de la
taxation, on a pu réinjecter des sommes d'argent substantielles
justement pour corriger ces points faibles. On a fait la même chose cette
année. J'ai parlé d'orthophonie tout à l'heure; il y a
quand même cinq ans ou à peu près que des parents
véhiculent des besoins de ce côté. On a tenté de
conclure des ententes avec le CLSC, avec le DSC, mais eux aussi sont un peu
limités au niveau des enveloppes budgétaires. Quand on a vu une
porte de sortie, on a décidé d'injecter des sommes d'argent dans
le secteur des orthophonistes qui visitent l'ensemble des écoles; ils ne
vont pas seulement à Saint-Tite, ils vont partout.
L'orthopédagogie, c'est un autre exemple que je pourrais
peut-être donner. L'intégration des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, chez nous, c'est
commencé depuis cinq ou six ans. Étant donné qu'on a un
grand territoire, il est officiel qu'on ne peut pas avoir des groupes fixes
aussi facilement que dans les villes. À ce moment-là, on laisse
les enfants dans les écoles, dans les classes régulières,
ils suivent le programme régulier et c'est le spécialiste
orthopédagogue qui se déplace pour aller donner le service
à Notre-Dame, à Sainte-Thècle, à Saint-Adelphe et
un peu partout, ce qui donne une qualité de services équivalente
partout.
M. Laurin: La taxation foncière vous permet donc de
compléter et d'améliorer une politique de
péréquation qui, par ailleurs, est rendue possible à
l'intérieur des enveloppes gouvernementales qui vous sont
consenties.
M. Paquin: Bien sûr, c'est justement cette enveloppe de
taxation qui nous permet d'améliorer des points. Mais, même au
niveau de la taxation, c'est partagé par l'ensemble des gens de notre
communauté. Ils acceptent, ils collaborent. Chez nous, ce n'est quand
même pas un niveau de taxation énormément
élevé, cela va chercher 250 000 $ ou 300 000 $. Même si
Saint-Tite, par exemple, la plus grosse place de notre région, participe
peut-être à 30% ou 40%, ils acceptent, ces gens, d'en garder
peut-être 15% ou 20%; une autre année, ils auront 25%, une autre
année, peut-être 10%, cela dépend des besoins.
M. Laurin: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Paré): Vous avez terminé,
la parole est maintenant au député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
vous saluer, M. le président, ainsi que les deux membres de votre
commission scolaire qui vous accompagnent. Je crois que c'est la
vice-présidente et le directeur général de la commission
qui vous accompagnent, M. Rompré, très bien.
Il nous fait extrêmement plaisir de saluer également les
personnes de votre région qui sont venues avec vous ce soir rencontrer
la commission parlementaire; cela met toujours de la vie dans les commissions
parlementaires quand il y a un peu de monde derrière ceux qui nous
parlent. Cela nous impressionne aussi, nous sommes obligés de parler
avec plus d'attention et de vérifier qui est là.
M. Paquin: On y a pensé.
M. Ryan: Le ministre disait tantôt qu'il était
impressionné par la nombreuse délégation qui vous
accompagne. Je n'ai pas eu l'occasion de saluer tout le monde, mais j'ai cru
constater, en causant avec quelques-uns tantôt, qu'il y a même des
représentants d'autres commissions scolaires de votre région qui
sont ici, en particulier la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice qui avait
envoyé un mémoire à la commission mais qui n'a pas
été invitée. Je suis content qu'ils soient ici, mais je
regrette qu'ils n'aient pas été invités au même
titre que vous; il me semble qu'ensemble ç'aurait été
magnifique, d'autant plus qu'il y a beaucoup de convergence entre vos deux
mémoires, d'après ce que j'ai constaté. (22 heures)
En tout cas, je veux les saluer avec autant de cordialité que
nous le faisons envers vous-mêmes et je veux les assurer que les vues
qu'ils ont exprimées seront étudiées avec autant
d'attention que nous le faisons pour les vôtres.
D'ailleurs, vos deux commissions scolaires se ressemblent un peu. Ce
sont deux commissions scolaires qui ont un territoire très grand, une
clientèle plutôt faible, à comparer aux normes qui ont
cours ailleurs au Québec, phénomène qui s'explique par la
très grande étendue du territoire et la dispersion de la
population. Je suis très heureux de constater qu'on ne vous a pas
astreints aux normes technocratiques qui auraient pu vouloir s'imposer partout
au Québec. Si l'on tient compte de votre situation particulière,
c'est sans doute attribuable, en bonne partie, à la grande influence de
votre député qu'on a vu dans les parages ce soir. Je ne sais pas
s'il est encore autour, mais, en tout cas, vous avez eu de bons
résultats dont nous vous félicitons.
Ceci pour entrer dans le vif du sujet qui est le contenu de votre
mémoire. Je vais faire quelques brefs commentaires à ce sujet
avant de vous adresser les questions qui me
viennent à l'esprit. Tout d'abord, je constate que, comme
beaucoup d'autres intervenants devant la commission parlementaire, vous
êtes favorables à deux points sur lesquels se sont
dégagés des éléments de consensus importants au
cours des cinq dernières semaines.
Tout d'abord, l'objectif de l'intégration du primaire et du
secondaire, dont vous avez parlé tantôt de manière
éloquente et sur lequel je ne veux pas revenir, sauf pour signaler ceci.
Encore une fois, vos voisins présentent la même revendication de
ce côté: vous demandez tous les deux que l'intégration soit
faite. Je crois pouvoir vous dire que la très très grande
majorité de ceux qui ont traité cette question devant la
commission parlementaire a parlé dans le même sens que vous. Voici
un point sur lequel il y aurait sûrement lieu d'envisager une action
législative qui donnerait lieu à un très large consensus
parmi les parlementaires des deux côtés de la Chambre.
Au sujet du caractère linguistique que devraient revêtir,
à l'avenir, les commissions scolaires, vous exprimez votre accord, de
même qu'un grand nombre d'autres organismes qui sont venus
témoigner devant la commission parlementaire. Je pense que c'est un
point qu'il faut noter également. Des difficultés à ce
sujet subsistent encore, dans les villes de Montréal et de Québec
en particulier, en raison des garanties constitutionnelles que définit
l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Cette
réserve étant faite, qui est très importante en soi pour
le reste du territoire, je pense que l'opinion que vous exprimez rejoint celle
de la majorité des intervenants que j'ai pu entendre.
Ce sont deux points, je pense, qui sont très positifs. Quant au
reste, je crois qu'il y a beaucoup plus de réserves dans votre
mémoire que d'approbation. Je dis cela à l'intention de nos amis
de l'autre côté de la table. Dès qu'ils voient un
paragraphe avec des allures le moindrement favorables, ils sont prêts
tout de suite à partir en croisade en pensant qu'ils ont reçu
l'approbation des gens. Je pense que c'est important que les choses soient
nettes de ce côté-là.
Je voudrais vous poser une première question préliminaire
avant de revenir au fond du sujet. J'ai encore quelques commentaires à
exprimer, mais il y a un point que je voudrais clarifier. Est-ce que votre
commission scolaire a participé aux discussions qui ont
précédé la rédaction du mémoire de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
et est-ce qu'elle l'a approuvé? Est-ce qu'elle l'approuve encore si elle
l'a approuvé dans le temps?
Le Président (M. Blouin): M. Rompré?
M. Rompré: Oui, en effet, la commission scolaire de
Normandie y a participé. Cela a été adopté en
assemblée générale, je pense, avec le mémoire de la
fédération. Oui.
M. Ryan: Très bien, cela répond à ma
question sur ce point. Maintenant, je vais savoir mieux dans quel contexte je
puis vous poser mes autres questions, ceci dit sans
arrière-pensée. Au sujet de la démocratie scolaire - je
vais laisser ce point à mon collègue de Saguenay qui vous
interrogera là-dessus tantôt - je note, pour ma part, que vous
favorisez une démocratie scolaire qui soit la plus directe, la plus
transparente et la plus susceptible de conduire à une véritable
égalité. Je laisse ce secteur à mon collègue de
Saguenay qui vous posera des questions là-dessus tantôt, mais si
je lis bien les pages que vous consacrez à ce sujet, vous
préféreriez que l'on garde une représentation
territoriale, plutôt que le genre de représentation proposé
dans le projet de loi. Là-dessus, nous sommes d'accord avec vous. Il y a
des points que vous soulevez, cela va être intéressant de les
discuter, mais quant au fond il n'y a pas de différend entre vous et
nous.
Pour ce qui est de la taxation, vous allez loin dans votre
mémoire parce que vous demandez, si je comprends bien, que la
barrière des 6% soit enlevée. Il faudrait laisser tomber
l'article 258 du projet de loi pour donner suite à votre recommandation
sur ce point. Ce que vous recommandez, si je comprends bien, c'est le retour
à la situation qui existait avant la loi 57.
Là-dessus, je vais vous formuler un bref commentaire. Je crois
qu'il y avait un mouvement d'opinion très fort qui s'était
développé au Québec au cours des 25 dernières
années, voulant que l'impôt foncier soit transféré
progressivement aux municipalités. Le gouvernement a fait ce transfert,
sauf la réserve des 6%, avec la loi 57 adoptée en 1979, si mes
souvenirs sont bons. Cela est devant les tribunaux actuellement; cela va aller
en Cour suprême, c'est très bien, mais, en attendant, chacun peut
avoir son interprétation sur le point où nous en sommes. Ce que
je veux vous dire, c'est que même le Parti libéral était
engagé dans cette voie. Je pense que vous vous rappelez qu'il y avait un
programme quinquennal de transfert graduel de l'impôt foncier vers les
municipalités. Mais le Parti libéral s'était engagé
à trouver des sources compensatoires de revenus fiscaux pour les
municipalités.
À cette question, le parti qui est au pouvoir actuellement n'a
pas apporté de réponse, sauf des subventions qui risquent
d'accroître la dépendance des commissions scolaires
vis-à-vis du gouvernement, qui l'ont accrue, effectivement. Il n'y a pas
eu de
réponse et je pense devoir vous dire, en toute
honnêteté, que nous n'en avons pas trouvé une encore. C'est
pour cela que - il faut bien dire les choses comme elles sont, il ne sert
à rien de se raconter des histoires non plus - maintenir le statu quo
sur ce point-là, c'est déjà beaucoup mieux que de laisser
le glissement se continuer jusqu'au bout, comme le demandait tantôt, dans
le télégramme dont le président a donné lecture,
l'Union des municipalités du Québec. À partir de ce
plancher qui reste, j'espère qu'il y aura moyen de trouver des
améliorations dans l'avenir. Nous voulons que les commissions scolaires
soient confirmées comme gouvernement régional en matière
éducative et, en conséquence, qu'elles jouissent de moyens
d'action appropriés au rôle de gouvernement en matière
d'éducation qu'on veut leur confier.
C'est une question. Si vous avez des commentaires à faire
tantôt, cela me fera plaisir de les entendre. Je vous communique
l'état de la question en ce qui nous touche.
Je reviens maintenant sur un autre point, sur la
confessionnalité. Je n'ai pas l'intention d'ouvrir le débat
là-dessus avec vous, non pas parce que cela ne m'intéresserait
pas, mais parce que je pense que vous êtes dans une région
où le problème ne se pose pas de manière très!
compliquée. Dans chaque municipalité ou paroisse, il y a une
école; je ne pense pas qu'il puisse être question de faire deux
écoles, vous n'avez pas le genre de population qui pourrait créer
des problèmes très graves de ce côté.
Par conséquent, quand vous consentez à ce que le statut de
l'école soit déterminé au niveau de l'école
elle-même, pour l'essentiel, je comprends cela facilement. Je vous dirais
simplement là-dessus que c'est vrai que le pape et les
évêques ont parlé, mais ils ne sont peut-être pas
allés aussi loin que certains porte-parole gouvernementaux voudraient le
laisser entendre. Les évêques, par exemple, avaient bien dit, dans
leur dernière déclaration publique sur le sujet, qui remonte
à mars 1982...
M. Laurin: Je n'ai rien dit là-dessus.
M. Ryan: Pardon?
M. Laurin: Je n'ai rien dit là-dessus.
M. Ryan: À deux ou trois reprises, le ministre a bien
laissé entendre qu'il avait eu des conversations avec l'épiscopat
et que cela allait bien. Au lendemain de la déclaration du pape, il
s'est tancé d'importance et de satisfaction. Nous, nous n'avons point
parlé dans ces termes-là, parce que je pense que nous connaissons
peut-être mieux la réserve qu'il convient d'observer dans ces
choses. Oui, je le dis délibérément.
Ce que des évêques ont dit, dans des déclarations
publiques, on peut le citer. Ils ont dit qu'ils auraient une
préférence pour des commissions scolaires confessionnelles. Il
faudrait qu'on démontre que les commissions scolaires confessionnelles
ne peuvent plus continuer; cela reste matière à libre
débat entre nous et on ne peut pas invoquer beaucoup les
évêques là-dedans. Ils ont bien insisté pour que
l'école catholique puisse continuer avec un statut juridique solide.
Cela est un point qu'il reste à examiner, on n'a pas fini l'examen de
cela.
Il y a bien des modalités qui ont été
discutées jusqu'à maintenant à la commission - je pense
que le ministre en a noté un certain nombre - surtout dans les grandes
commissions scolaires urbaines, là où il y a des populations
diversifiées, des anglo-catholiques, des franco-catholiques, des
éléments neutres plus nombreux, des protestants aussi, des Juifs.
Là, il y a des questions à se poser, il y a des
aménagements qu'il faut prévoir; et il y aura même un
rôle important à envisager pour la commission scolaire. Cela ne
peut pas être tout réglé au niveau local, parce qu'on
risquerait de diviser les gens et de les priver de bien des droits auxquels ils
pourraient avoir accès avec un peu de sens pratique de la part des
administrations. Je comprends très bien ce que vous dites et je n'y
porte aucunement ombrage.
Le chapitre qui m'a le plus retenu dans votre mémoire, c'est
celui qui s'intitule: Les pouvoirs et les responsabilités. Je pense que
c'est un chapitre - ce n'est pas pour rien, il est à peu près au
centre du mémoire -auquel vous consacrez presque trois pages. Je pense
que vous dites tout dans les trois affirmations que vous faites - au haut de la
page 9 - quand vous dites que la responsabilité de la qualité de
l'enseignement sur un territoire doit relever de la commission scolaire. Il me
semble que si c'est affirmé clairement et avec force... Dans le projet
de loi, je ne pense pas qu'on parle de la qualité de cette
manière. Je pense que cela vaut la peine qu'on le ressorte une minute.
Je vais juste ressortir mon texte - si vous me permettez - c'est l'article 199
qui définit la responsabilité de la commission scolaire: "La
commission s'assure que la population de son territoire reçoit les
services éducatifs auxquels elle a droit dans les écoles
situées sur son territoire." Quand on lit le projet de loi, on a
l'impression que la commission scolaire, c'est un peu comme le magasin Eaton de
l'éducation. Les écoles vont aller là, il y en a qui ont
besoin de clous, il y en a qui ont besoin de matériel de ceci, elles ont
besoin de trois enseignants, elles ont besoin d'un principal qui va s'habiller
de telle manière ou qui va marcher de telle manière; on va
prendre cela dans des classeurs et on va leur
donner cela.
Je crois qu'il faut affirmer beaucoup plus vigoureusement que,
justement, la commission scolaire a la responsabilité de fournir des
services éducatifs et d'assurer la qualité de ces services
éducatifs. Cela change tout, parce que vous ne pouvez pas lui donner une
responsabilité comme celle-là à moins de lui donner les
pouvoirs correspondants. Je pense que cela est le premier point qui doit faire
l'objet d'un vigoureux redressement dans le projet de loi. C'est bien simple,
mais nous vous le demandons avec infiniment d'insistance et je sais gré
à votre commission scolaire de le rappeler à notre attention
à ce stade, hélas! déjà très avancé
des travaux de la commission parlementaire. Cela est un premier point.
Deuxième point - excusez-moi, M. le Président - vous dites
que les relations entre le ministère de l'Éducation et le milieu
doivent s'établir à ce seul niveau. Ce n'est pas pour rien que
vous avez écrit cela, j'imagine que vous aviez des choses à
l'esprit quand vous l'avez écrit; on vous le demandera peut-être
tantôt. Mais, pour nous, cela est très important, si la commission
scolaire est le gouvernement régional en matière
d'éducation, que le gouvernement supérieur qui est à
Québec transige avec le réseau d'enseignement sur un territoire
par l'intermédiaire de la commission scolaire et non pas, comme on l'a
vu encore récemment, par des communications directes aux directeurs
d'école leur demandant d'entrer en relation administrative et même
financière avec le gouvernement d'une manière directe. Quand
c'est Ottawa qui fait cela par-dessus la tête de Québec, on se
réveille avec un projet de loi 38.
M. Laurin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Laurin: Je viens d'entendre une affirmation entièrement
gratuite. Si le député d'Argenteuil veut vérifier, en ce
qui concerne les décrocheurs, nous avons communiqué avec les
directions d'école par le biais des commissions scolaires.
M. Ryan: M. le Président, je vous produirai demain une
lettre qui a été adressée directement aux directeurs
d'école à ce sujet et nous avons eu connaissance d'une
communication qui indique clairement que c'est avec les directeurs
d'école que vont se faire les relations du ministère dans ce
domaine. J'espère qu'il y a eu une correction depuis ce temps, mais
c'est vraiment l'orientation qu'on avait prise et je pense qu'eux pourraient
nous le dire tantôt, je ne suis pas pressé. Mais je ne sais pas si
c'est une question de règlement, je demanderais une décision du
président là-dessus pour mon information.
Le Président (M. Blouin): Pourriez-vous
répéter?
M. Ryan: Je voulais savoir si c'était effectivement une
question de règlement.
Le Président (M. Blouin): Les commentaires du ministre?
Non, ce n'était pas une question de règlement.
M. Ryan: Par ailleurs, j'acceptais volontiers l'interruption.
Le Président (M. Blouin): Ah oui? Très bien.
M. Ryan: Sans aucune difficulté.
Le Président (M. Blouin): S'il y avait consentement, il
n'y a pas de difficulté. Très bien.
M. Ryan: II y avait consentement, mais je voulais m'assurer que
ce n'était pas un règlement de plus qu'on nous imposait parce
qu'il y en a déjà pas mal dans le projet de loi 40.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, vous savez très bien qu'on ne peut pas imposer de
règlements qui n'existent pas.
M. Ryan: Très bien. De ce côté-ci, je
souscris entièrement à ce que vous dites et cela se rattache
vitalement à la philosophie qui inspire notre attitude dans toute cette
question de la structuration de notre système d'enseignement. Il faut
que l'autorité soit clairement logée quelque part et c'est
là où réside le mandat en provenance de la population que
doit loger l'autorité, en fin de compte. Il me semble que c'est de la
logique démocratique la plus élémentaire qu'il en soit
ainsi. (22 h 15)
Cela nous amène à notre troisième point, le point
crucial dans le projet de loi 40, celui des rapports entre l'école et la
commission scolaire. Je ne pense pas que des organismes aient
défilé devant la commission parlementaire et aient dit qu'il ne
faut pas donner de responsabilités à l'école. Tout le
monde est pour cela. Je ne pense pas qu'on ait entendu d'organismes affirmer
qu'il faudrait réduire les responsabilités de l'école. Je
n'ai pas entendu cela du tout et, sûrement de ce côté-ci,
nous n'entretenons aucune espèce de pensée de cette nature. Il
faut donner plus de responsabilités à l'école, il lui faut
en donner le maximum.
Maintenant, va-t-on aller jusqu'à créer un niveau de
gouvernement local en matière scolaire, en plus du gouvernement
régional? C'est cela qui est la vraie question que pose le projet de loi
40.
D'ailleurs, vous le dites bien clairement. Vous donnez l'exemple du
directeur d'école et vous dites, en termes un peu polis... non, le mot
est assez fort, qu'il existe une incongruité - le ton de votre
mémoire est tellement serein que je n'avais pas remarqué ce mot,
c'est un gros mot -dans le projet de loi, sur ce sujet: "Un directeur
d'école est l'employé de la commission scolaire, mais son patron
est le conseil d'école". Il y a un certain nombre
d'éléments dans le projet de loi qui risquent de nous conduire
dans la confusion, si on ne clarifie pas cela tout de suite en partant.
Je reviens aux trois points que vous soulignez: l'école doit
fonctionner de la manière la plus autonome possible, sous
l'autorité générale de la commission scolaire qui pourra
aménager la délégation de l'autorité selon
l'état de développement dans chaque partie de son territoire. Il
ne faut pas que cela soit une chose que l'on écrive dans la loi: Moi,
j'ai tout cela; je le réclame quand je le veux et si je n'en veux pas,
vous vous arrangerez avec.
J'entendais le député de Chauveau nous proposer cette
thèse. Cela me paraît d'un irréalisme consommé. Il
me semble que ce n'est pas ainsi qu'on doit structurer nos affaires. Il ne faut
pas que les gens qui dirigeront la commission scolaire soient aux prises avec
des gens qui diront: Nous sommes mûrs, maintenant, vous nous amenez le
paquet. Tannés au bout de six mois, ils diront: Maintenant, prenez
l'autre article de la loi et reprenez le paquet. Ce n'est pas sérieux!
Il faut que ce soient des relations vivantes, quotidiennes, des relations
concrètes. Ce ne sont pas des choses qu'on va définir dans des
règlements, encore une fois.
Maintenant, il y a un certain nombre de points qui font peut-être
l'objet d'un consensus, des points qui pourraient être inscrits dans la
loi. Des organismes nous ont fait des suggestions très
intéressantes à ce sujet que nous sommes prêts à
examiner. Or, il va falloir les inscrire en y pensant bien comme il faut et en
en mesurant toutes les implications. Aller écrire dans la loi, par
exemple: L'école est responsable de l'application du régime
pédagogique, après cela, se faire dire par le ministre: On n'a
pas parlé de l'autre, mais elle y est implicitement, la commission
scolaire. C'est parfaitement farfelu.
On veut qu'il soit écrit clairement que les deux ont des
responsabilités. C'est impensable que l'application du régime
pédagogique se fasse seulement par l'école. Il y a une
responsabilité propre qui incombe à la commission scolaire. Quand
on aura tout marqué cela clairement... Non, cela n'y est pas, je
regrette infiniment, mais cela n'y est pas. Et quand on l'aura de
manière claire, de manière que tous les gens intelligents qui
défilent ici le voient autant que les députés du
gouvernement - qui sont trop facilement les haut-parleurs du ministre dans ces
choses - à ce moment, je pense qu'il y aura peut-être moyen de se
comprendre et de se rapprocher. En tout cas, vous le dites clairement et je
suis d'accord avec vous.
Je ne peux pas vous dire davantage, je suis d'accord avec vous sur ces
points, je vous sais gré de les avoir rappelés à notre
attention, encore une fois, à ce stade de nos travaux. Je pense que cela
sera une contribution utile au travail que nous faisons. Maintenant, je vais
vous poser seulement une couple de questions, parce que je ne veux pas trop
nous retenir, quoique nous sommes allés assez loin avec la commission
scolaire précédente, nous sommes prêts à aller
jusqu'à l'heure réglementaire, 12 heures...
Le Président (M. Blouin): 24 heures, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: ...24 heures, excusez -moi, M. le Président,
minuit, pour qu'on se comprenne.
À propos de la taxation, qu'est-ce que vous voulez dire
exactement? Est-ce que je vous ai bien compris, pensez-vous que c'est possible
d'aller dans cette direction? Je ne sais pas si c'est un voeu platonique que
vous avez émis dans votre mémoire.
M. Rompré: M. le Président, on l'explique dans le
dernier paragraphe, où l'on dit: On veut une forme de revenu autonome.
Ce à quoi on tient, c'est une source de revenu autre qui puisse nous
permettre d'afficher nos couleurs locales.
M. Ryan: Vous est-il déjà venu à l'esprit
une forme possible de revenu fiscal autre que l'impôt foncier?
M. Rompré: M. le Président, il m'en est
déjà venu à l'esprit. Je ne sais pas, c'est possible, mais
je ne voudrais pas me prononcer là-dessus, parce que je ne suis pas un
fiscaliste. Cela pourrait être sur le revenu des particuliers, cela
pourrait être un point d'impôt, cela pourrait être dans un
secteur donné, cela pourrait être sur le revenu des gens. Mais
c'est sous toutes réserves, M. le Président.
M. Ryan: Je comprends que vous le dites sous toutes
réserves. C'est très bien, je n'insiste point. À propos
des pouvoirs et responsabilités de la commission scolaire, est-ce que
vous seriez heureux d'être appelés à fonctionner sous le
projet de loi comme il
est actuellement? Est-ce que ce serait clair pour vous? Qu'est-ce que
vous voudriez voir clarifié pour que cela puisse marcher dans le bel
esprit de sérénité dans lequel nous échangeons ce
soir?
M. Rompré: M. le Président, comme on le mentionne
dans le mémoire, pour ma part, je suis entièrement d'accord pour
que le commissaire entre dans l'école. J'ai toujours trouvé
aberrant - parce que la loi 27... J'ai été nommé
commissaire en 1972. La première loi qu'il m'a été
donné de lire comme commissaire, cela a été la loi 27. Et
la chose qui m'a frappé le plus, c'est qu'on disait dans la loi 27: Le
commissaire n'a pas à s'immiscer dans les comités d'école.
Autrement dit, il n'a pas d'affaire là. J'ai toujours trouvé que
c'était une lacune. Je me dis qu'il faut trouver un moyen pour que le
commissaire entre dans l'école mais de la manière dont on le
décrit... Il est certain que c'est dans l'école que le
commissaire doit se ressourcer, je pense que c'est le meilleur endroit pour
cela et, comme on le dit, qu'il puisse véhiculer le message de son
milieu et les décisions qu'il a prises au conseil régional.
M. Ryan: Quant au reste du projet de loi, en particulier, la
section qui traite des fonctions de l'école, des fonctions de la
commission scolaire, est-ce que vous auriez des observations à faire en
vue d'une amélioration du projet?
M. Rompré: Est-ce que vous permettez que M. le directeur
général réponde?
M. Paquin: J'ai regardé peut-être plus
attentivement, étant donné mes fonctions, cette question parce
que c'est la vie quotidienne de nos écoles. Ce que je constate, c'est
qu'il serait assez difficile de vivre avec les pouvoirs donnés à
l'école dans ce qui est prévu dans le projet de loi. C'est
peut-être attribuable au fait qu'on a une couleur un peu locale chez nous
et que notre territoire est formé de très petites unités.
Alors, il est officiel que, si je reprends l'exemple que je donnais tout
à l'heure au niveau de l'implantation des programmes, si on rend
l'école responsable du régime pédagogique et de ses
programmes d'étude, il va être très difficile, pour chacune
de ces unités d'appliquer les nouveaux programmes d'étude. Je ne
suis pas sûr du tout qu'on aurait atteint, avec la loi 40, dans
l'ensemble de notre territoire, les mêmes objectifs qu'on a atteints avec
une structure régionale. Je ne suis pas sûr du tout de cela.
D'autre part, je me dis: Les parents, qu'est-ce qui les intéresse
dans l'école? C'est que leurs enfants soient bien à
l'école, qu'ils soient en sécurité, qu'ils soient bien
traités, qu'ils soient entourés. Sur toutes ces
questions-là, qui touchent carrément le projet éducatif,
on serait d'accord pour que l'école soit responsable de cela. Mais quand
on arrive au niveau de déterminer quels manuels scolaires on va
utiliser, même nous, au niveau de la commission scolaire, on se
réfère à d'autres personnes qui sont beaucoup plus
qualifiées et plus spécialisées que nous dans ces domaines
pour faire le choix le plus judicieux possible. On n'est pas des phoenix et les
parents, dans l'école, ne le sont pas plus. Les commissaires, chez nous,
sont tous des parents qui ont des enfants dans les écoles. Même
eux, dans le moment, ils ont le pouvoir de déterminer le choix des
manuels scolaires; ils n'acceptent pas de faire cela, ils vont sanctionner,
à un moment donné, mais sur avis de personnes qualifiées
et aptes à faire de bons choix. S'il y a du matériel
approuvé par le ministère, on laisse cela au ministère, il
n'y a pas de problème, mais, une fois ces manuels approuvés ainsi
que le matériel didactique, c'est comme dans tous les domaines, il y a
du bon, du moins bon et de l'excellent. On n'est pas qualifiés pour
déterminer que ce matériel est meilleur que l'autre. Ce que les
parents veulent, d'après moi, ce n'est pas tellement de choisir tel
manuel, c'est de constater que le manuel qui a été choisi est bon
pour leur enfant. C'est cela qu'ils veulent; qu'il ait le meilleur outil
possible pour travailler; ils veulent être en mesure de vérifier
si les apprentissages ont été faits, et bien faits. Je pense que
c'est cela, l'important.
Au niveau des équipements, pour prendre un autre domaine, on
n'aurait rien contre le fait que l'école gère les biens qui sont
dans son école, ça va; que ce soit elle qui soit responsable de
services communautaires, d'accord; elle est beaucoup plus près des
besoins du milieu; cela a toujours été notre philosophie,
à notre commission scolaire, d'être près des besoins des
gens. C'est d'ailleurs pour cela qu'on va souvent sur le terrain, car c'est
là qu'on voit les besoins des gens. Alors, on n'a aucune objection
à leur laisser, par exemple, la location des locaux, l'utilisation des
équipements en collaboration avec la municipalité, avec le
service des loisirs de l'endroit, etc.
D'autre part, on demande que l'école soit responsable de la
discipline qu'on doit appliquer dans l'école. Est-ce qu'on choisit une
discipline militaire ou une discipline plus souple? Est-ce qu'on fait prendre
les rangs aux élèves? Est-ce que les professeurs frappent les
enfants ou non? Ce sont des questions importantes pour les parents. Si l'enfant
va à la bibliothèque, quel règlement y a-t-il? Est-ce le
silence absolu ou si on permet à des petits groupes d'aller y
travailler? Combien de volumes peuvent-ils sortir de la bibliothèque? Il
n'est pas nécessaire que ce soit décrété par la
commission. C'est arrivé chez nous, j'ai signé un
document, à un moment donné, pour que les élèves
puissent sortir deux volumes de la bibliothèque dans la semaine; c'est
pousser un peu loin. On peut très bien donner à l'école
cette responsabilité et c'est déjà fait, chez nous, depuis
un bon bout de temps. Je pense que ce sont des questions de ce genre qu'il
s'agit de corriger, c'est là qu'il y a des lacunes.
En ce qui concerne l'ensemble pédagogique sur le territoire,
étant donné qu'on a presque terminé l'implantation des
programmes d'étude, on arrive, après cela, à la phase
d'évaluation des apprentissages. De la façon dont on fonctionne
chez nous, présentement, on n'a pas besoin de la loi pour cela. Il y a
des spécialistes dans ce domaine qui viennent rencontrer le conseil des
commissaires, formé de parents, qui l'informe là-dessus. On peut
envisager la possibilité d'un bulletin "critérié"
mélangé avec des pourcentages, etc. Il y a ensuite une rencontre
avec le comité de parents; les mêmes personnes vont les renseigner
là-dessus, puis l'équipe de gestion des directeurs d'école
qui, eux, retournent, après, dans chacun des milieux, de même que
les membres du comité de parents qui vont voir les comités
d'école sur cette question. De notre côté, on rencontre le
comité paritaire de consultation des enseignants et, au bout de la
course, un rapport sera produit pour connaître l'avis des gens et tout le
monde aura pu dire son mot. C'est cela, je pense, qui est important.
Au niveau de l'ouverture ou de la fermeture de l'école, c'est la
même chose. On a eu un problème dans le secteur de Mékinac
depuis deux ans; qu'est-ce qu'on a fait? On a fait des assemblées
générales de parents; tous les parents des élèves
de l'école étaient là parce qu'il s'agissait de
l'ouverture et de la fermeture. Ils étaient là et on leur a
demandé leur avis, on a fait le tour de Mattawin, de
Saint-Roch-de-Mékinac, de Saint-Joseph-de-Mékinac pour finalement
arriver à une décision qui a fait l'unanimité de
l'ensemble de la population. Je pense que c'est ce qui est important: que les
gens puissent donner leur avis et que ceux qui ont les responsabilités
soient à l'écoute de ces gens. Après, une fois tous ces
avis reçus, il faut qu'on soit en mesure de prendre une décision
pour l'ensemble de notre territoire. On n'aura pas deux ou trois
manières d'évaluer les apprentissages chez nous, mais si on
laisse cela comme cela, c'est chaque école qui est responsable de
l'évaluation des apprentissages.
M. Ryan: La réponse est très éloquente et je
l'apprécie énormément, je vous en remercie. Maintenant,
j'ai une dernière question à vous poser, qui va m'aider à
compléter le tableau. Je reviens sur l'incongruité dont nous
avons parlé tantôt et qui est comprise, je pense, à
l'article 82 dans le projet de loi. Non, c'est plus loin, à l'article
86.
Je vais citer les deux lignes de votre mémoire: "II existe une
incongruité dans le projet de loi sur ce sujet: un directeur
d'école est l'employé (engagé, payé et
congédié) de la commission scolaire, mais son patron est le
conseil d'école." Pouvez-vous nous dire comment cela devrait fonctionner
dans une commission scolaire comme la vôtre?
M. Rompré: Que la commission scolaire soit son patron,
qu'il rende des comptes au directeur général; que le directeur
d'école rende des comptes au directeur général.
M. Ryan: Qui sera le patron des enseignants, dans
l'école?
M. Rompré: C'est le directeur d'école, comme
à l'heure actuelle, qui est le patron des enseignants dans
l'école.
M. Ryan: Je trouve cela très clair et très simple.
S'il y avait deux lignes dans le projet de loi qui le disaient très
clairement, encore là, cela éliminerait un paquet
d'ambiguïtés.
M. Paquin: II y a peut-être un autre point qu'on pourrait
donner en exemple pour étayer un peu cette position. Dans l'article 86
du projet de loi, il est clairement établi, à la fin, que le
directeur d'école - et je lis - "rend compte de son administration au
conseil d'école". (22 h 30)
Que le directeur d'école se rapporte au conseil d'école,
si le conseil d'école, par exemple, est responsable de la location des
locaux et des ententes avec les municipalités et les organismes de
loisirs, et qu'il rende compte de son mandat au conseil d'école qui est
le responsable de ce sujet, cela pourrait aller. Mais que globalement, sur
l'ensemble de l'exercice de ses fonctions, il rende compte à la
commission scolaire, peut-être à l'exception des quelques points
qui seraient dévolus au conseil d'école, cela pourrait être
une solution de compromis.
Généralement, il doit relever de la structure de la
commission scolaire. Il faut reconnaître que la commission scolaire est
la grande responsable de la qualité et de la dispensation des services,
c'est bien sûr. Cela dépend de l'optique qu'on a au point de
départ. Mais, si on veut que le système soit bien
structuré, qu'un chat retrouve ses petits là-dedans, il faut
absolument y aller comme cela. Cela prend une structure. Tous les
gouvernements, toutes les entreprises sont structurés avec un lien
hiérarchique. On voit rarement des gens qui peuvent relever de
deux niveaux de responsabilité. Je pense qu'au départ
c'est cela qui crée le problème.
M. Ryan: Je vous remercie infiniment, vous avez clarifié
mes pensées sur ce sujet.
Le Président (M. Blouin): Cela va, merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Chauveau.
M. Brouillet: Messieurs, mesdames, tout d'abord, je vais vous
donner mes premières impressions quand j'ai lu attentivement votre
texte. J'ai été très impressionné par la
façon dont vous abordiez le projet de loi et le projet de réforme
scolaire. Vraiment, c'est dans une approche tout à fait positive,
plutôt que de vous appuyer sur quelques points de désaccord pour
dire: II faut rejeter ce projet de loi, même si cela fait deux ans qu'on
déploie des énergies et des efforts pour tâcher d'ajuster
le système scolaire à l'évolution du milieu scolaire. Vous
y faites allusion dans le texte, je pourrais le lire mais je crois que c'est
assez fidèle à ce que vous avez dit. Il serait ridicule de tout
jeter cela là, avez-vous même dit.
Donc, à partir de cette approche très positive, vous avez
eu des remarques absolument pertinentes sur les grands aspects du projet de
loi. Il est bien évident que vous êtes d'accord avec à peu
près tout le monde sur l'intégration, le critère
linguistique, à quelques réserves près, que le
député d'Argenteuil a mentionné tantôt. Et vous
faites appel à un concept très intéressant qui vous permet
de regrouper d'autres aspects du projet de loi, le concept de la
démocratie scolaire. Alors, c'est au nom de la démocratie
scolaire que vous êtes en faveur de la réforme proposée,
dans ses grandes lignes, dans le projet de loi.
La démocratie scolaire a plusieurs aspects. C'est un concept qui
est beaucoup plus riche, il ne faut pas le réduire à sa
simplicité et prétendre que la démocratie scolaire se
réduit simplement au suffrage universel. D'ailleurs - à une page
que je vais trouver bientôt, la page 7 - vous dites: "L'important, c'est
de trouver le meilleur moyen pour faire participer et les citoyens et les
parents". Si vous mettez, en plus, derrière cela les citoyens par le
suffrage universel et les parents par l'attribution d'une responsabilité
vraie, réelle, par le biais de pouvoirs aux parents dans l'école,
c'est cela l'ensemble de la démocratie scolaire.
Je suis d'accord avec vous pour dire que la démocratie scolaire,
dans son sens plein, ne se réduit pas exclusivement à la
responsabilité et à des pouvoirs octroyés aux parents dans
l'école. Je suis d'accord pour dire que l'ensemble de la
collectivité, en particulier par le biais de la contribution
financière au système, donc en tant que contribuables, a un mot
à dire; en tant que citoyens en général aussi, non pas
seulement citoyens-contribuables mais citoyens participant à une
société où l'on a des valeurs. Il est évident que
tous les citoyens, même s'ils n'ont pas d'enfant, sont
préoccupés par la chose scolaire parce que c'est par le biais de
l'éducation, du système scolaire que se bâtit notre
société. Et aucun citoyen n'est indifférent à cet
aspect.
Il est évident qu'à ce moment le citoyen
québécois peut suivre un peu ce qui se passe dans le
réseau scolaire, se prononcer sur ce qui se passe et faire
connaître son verdict par le biais des élections
générales. Parce qu'on reconnaît tous que le
ministère doit garder une responsabilité quant aux objectifs
généraux, quant aux finalités du système, quant au
projet éducatif national, aux programmes d'étude; tout le monde
reconnaît cela. En tant que citoyens et non pas uniquement en tant que
citoyens-contribuables, mais en tant que citoyens intéressés par
les valeurs qui se véhiculent dans le réseau, ils vont se
prononcer par le biais d'élections générales. Est-ce qu'il
y a, au niveau régional également, la nécessité
qu'ils se prononcent aussi sur certains aspects de la réalité
éducative vécue dans la région et qui seraient vraiment
différents de ce qui se passe au niveau national? Peut-être. Il y
a aussi le fait qu'ils sont des contribuables au niveau régional par la
taxation qui existe encore. C'est pour cela que, lorsque l'on parle de
démocratie, il ne faut pas résumer cela à la
simplicité à laquelle certains ont tendance à ramener, si
vous voulez, cette notion.
Je reprends donc les éléments de cette démocratie
scolaire. Concernant le suffrage universel, le projet de loi le
reconnaît, mais il y a une différence quant à la
modalité de représentation. Vous privilégiez la base
territoriale; je puis vous dire que, personnellement, je suis très
sensible à cet aspect et les arguments que vous apportez et autres
considérations demandent évidemment qu'on y prête une
attention bien particulière.
Maintenant, quand on arrive à la participation des parents, je
pense qu'il est assez important que l'on s'y arrête parce que c'est sur
ce point, je pense, où il semble y avoir une divergence d'opinions,
actuellement, entre l'Opposition libérale et le projet de loi. Comme
toujours, on a tendance à vouloir prendre, chez ceux qui viennent,
seulement ce qui fait notre affaire. Je pense qu'il faut établir les
choses bien clairement.
Le député d'Argenteuil, quand il intervient sur ce point,
laisse toujours entendre: Oui, nous sommes d'accord. Il affirme et nous
reconnaissons que, finalement, cela exprime son point de vue sur cela. On est
tous d'accord pour qu'il y ait plus de responsabilités à
l'école. Tout le monde est d'accord et nous aussi. Là où
se
trouve l'ambiguïté, c'est ce qu'on entend par
responsabilités. On entend, par responsabilités, la
possibilité d'exercer certains pouvoirs de décision en certaines
matières. Si le chef de l'équipe de l'Opposition, le
député d'Argenteuil, nous disait ceci, on serait
déjà sur un terrain où il y aurait possibilité d'en
arriver à une entente. Mais non, il parle de responsabilités
mais, quand on parle de pouvoirs, il n'est plus d'accord.
Qu'est-ce qu'il entend par responsabilités? Pour nous, plus de
responsabilités à l'école, cela implique qu'il y ait aussi
la reconnaissance de certains pouvoirs décisionnels à
l'école. Vous n'écartez pas cela dans votre texte du tout. Vous
le dites explicitement: Nous sommes d'accord pour qu'il y ait plus de
responsabilités. Mais vous dites "plus de pouvoirs".
Responsabilités et pouvoirs, vous faites une association entre ces deux
termes-là. Cela est important et je pense qu'il va falloir que le
député d'Argenteuil nous réponde sur cela. Quand il dit
"responsabilités à l'école", est-ce qu'il reconnaît
que nous puissions accorder, de par la loi, à l'école des
pouvoirs décisionnels? On aurait un pas de fait. Je crois que, sur cela,
vous êtes d'accord. Et je suis d'accord avec vous sur l'autre aspect. Il
faut que les pouvoirs qu'on donne puissent vraiment s'exercer. Je suis d'accord
avec cela. Et je ne suis pas sûr que les pouvoirs qu'on crée dans
le projet de loi 40 soient des pouvoirs que l'école puisse vraiment
exercer. À un moment donné, il y a tellement de contraintes que
celles-ci doivent être administrées par la commission scolaire, ce
qui fait que la possibilité d'exercer ces pouvoirs à
l'école va être tellement limitée par des contraintes qui
devront être administrées par la commission scolaire qu'il y aura
peut-être une occasion de frustration.
Je pense qu'il va falloir revoir ces pouvoirs. Sur les points où
les contraintes sont tellement considérables - comme le transport
scolaire, par exemple - et celles-ci devant être administrées par
les commissions scolaires, à ce moment-là, les écoles
pourraient peut-être avoir non pas des pouvoirs de décision mais
des pouvoirs de consultation, de faire connaître leurs points de vue,
leurs besoins, leurs attentes quant au calendrier scolaire, quant au transport,
et laisser la commission scolaire décider dans ces matières,
étant donné les contraintes d'ordre régional. Si l'on
discute comme cela, il y a moyen de discuter, mais on part d'une
ambiguïté qu'on laisse planer: On est pour les
responsabilités. Or, quand il est question de pouvoirs additionnels, ah
non! là, c'est le grand sacrilège du présent projet de
loi, c'est épouvantable!
Si on peut s'entendre sur cela, je pense que, oui, il y a une
possibilité de discuter quels sont les pouvoirs réels qu'on peut
laisser. Vous avez mentionné toute une série de pouvoirs qu'on
peut laisser à l'école: la question du projet éducatif
dans son ensemble, les activités éducatives en dehors de
l'activité proprement scolaire dans la classe. Il y a toute une
série d'activités qui se passent dans l'école sur cela:
projet éducatif dans son ensemble, toutes les activités, la
disposition des biens de l'école, l'allocation que vous avez
mentionnée tantôt, la question de la bibliothèque - vous
l'avez mentionnée vous-même.
Il y a des points litigieux: comme l'évaluation des
apprentissages. Là, il y a des choses à nuancer. Je ne suis pas
prêt à dire que l'école... Je pense que, là, il va
falloir penser, entre l'école et la commission scolaire, à un
équilibre en ce qui concerne l'apprentissage. Si on discute dans ce
cadre-là, il y a moyen de discuter. J'espère qu'on va pouvoir
discuter avec l'Opposition dans un cadre, mais il faut qu'on arrive à
s'entendre sur la base.
Actuellement, à part ce point, je ne vois pas qu'avec
l'Opposition il ne puisse pas y avoir d'entente, si l'on clarifie ce point.
C'est de la démocratie que tout cela. La démocratie scolaire
comprend tout cela.
Pour ce qui est du lien d'emploi et du patron, encore là, j'ai
beaucoup apprécié la nuance que vous avez ajoutée,
après l'intervention du député d'Argenteuil. Encore
là, il voulait embrouiller les choses et rendre complexe ce qui,
finalement, est peut-être plus simple qu'on ne le pense. Écoutez,
une fois qu'on a décidé qu'il y a certaines décisions qui
reviennent à l'école, il est normal que, dans ces
matières, le directeur qui a exécuté les décisions
rende compte à l'instance qui a le pouvoir de décider dans ces
matières. C'est tout à fait logique. Pour ce qui est
d'administrer des décisions qui relèvent de la commission
scolaire, c'est tout à fait normal qu'il ait à rendre compte de
sa gestion dans ces matières à l'instance qui décide.
Quelle confusion? Dans la mesure où l'on délimite les champs de
décision qui relèvent de l'un et de l'autre, on ne se demande
plus de qui relève le directeur. C'est clair, il relève du
conseil d'école; pour ce qui est clairement défini comme relevant
de la décision du conseil d'école, il rend compte au conseil
d'école. Pour ce qui est clairement défini comme relevant de la
décision de la commission scolaire, il rend compte de cela à la
commission scolaire, en tant qu'employeur, mais alors, c'est la commission
scolaire qui est employeur, tout simplement; c'est elle qui signe les contrats,
c'est elle qui, à un moment donné, décidera du
congédiement, après consultation et, après avis,
après recommandation, qui va être présenté par...
Écoutez, on veut rendre confus - à quel dessein, je ne sais trop
- ce qui est tellement clair quand on regarde les
choses telles qu'elles sont.
J'ai été très content de votre rectification, de
votre mise au point, à la suite de l'interprétation que le
député d'Argenteuil a tenté de faire quant à la
confusion du lien d'emploi, du patron, et à qui il va rendre compte.
Quand on a clairement décidé de qui relèvent certaines
décisions, il n'y a plus de confusion, à savoir à qui il
va rendre compte des choses. Alors, je vous remercie. Je vous félicite
pour votre projet de loi et...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Brouillet: ...votre projet de loi, excusez...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Brouillet: ...votre... enfin...
Des voix: Bravo!
M. Ryan: Continuez.
M. Brouillet: ...mais, enfin, c'est peut-être un lapsus qui
révèle bien des choses. Je reconnais dans vos critiques des
éléments très positifs qui doivent influencer le prochain
projet de loi. C'est ce que je voulais dire et, si mon lapsus a pu traduire...
trahir ma pensée, j'en suis très heureux. Merci.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Chauveau. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je voudrais, d'abord,
saluer les gens de la commission scolaire de Normandie et, au nom de mon
collègue de Portneuf, les saluer d'une façon spéciale. Il
a eu l'occasion de vous rencontrer durant quelques minutes ce soir et il me
prie de vous dire combien il est satisfait de l'enseignement, de
l'éducation que vous dispensez dans les quatre paroisses qui touchent
son comté. (22 h 45)
M. le Président, ce petit commercial étant passé,
je pense que j'aimerais aussi saluer d'une façon tout à fait
spéciale les gens de la région de l'Abitibi et les gens de la
région du Grand Portage qui sont ici ce soir et qu'on aura le plaisir
d'entendre demain. On aurait aimé voir aussi dans la salle ce soir les
gens du Lac-Saint-Jean et les saluer, mais, malheureusement, ils n'ont pas
été invités.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, M. le Président, j'aimerais
vous rappeler l'étroite collaboration que vous avez toujours
reçue de l'Opposition depuis le début des travaux de cette
commission. Si l'Opposition s'était opposée par des questions de
règlement chaque fois qu'on a entendu des affirmations gratuites, comme
le ministre les appelait tout à l'heure, et que nous croyions être
des choses farfelues, on serait encore à l'écoute du premier
mémoire.
Le Président (M. Blouin): Je ne crois pas parce que j'ai
nettement indiqué qu'il ne s'agissait pas de questions de
règlement.
M. Maltais: Tant mieux, M. le Président. Le
député d'Argenteuil vous avait posé une question
là-dessus et vous la clarifiez.
Je cite votre mémoire à la page 4 - le
député de Chauveau a très bien lu le petit passage - "Sur
le plan de la démocratie scolaire, nous souscrivons à l'ensemble
de la réforme compte tenu des modifications qui ont été
apportées au premier livre blanc." Ce texte n'est que de trois lignes,
mais, dans les cinq pages suivantes, vous mettez en doute ces trois lignes
régulièrement. Vous êtes d'accord sur le plan de la
démocratie, mais, dans les cinq pages suivantes - que vous appelez les
points obscurs - je pense que vous n'êtes pas tout à fait d'accord
avec l'énoncé du début de la page 4. Justement, on traite,
dans cette partie, de la démocratie scolaire.
Tout à l'heure, j'écoutais bien attentivement le
raisonnement du député de Chauveau et j'en suis venu à la
conclusion qu'il a réfléchi de la même façon que le
ministre réfléchissait dans sa tournée sur la
présentation de l'école québécoise commune et
responsable. Je ne sais pas si M. le ministre s'en souvient, mais nous avions
eu une discussion au mois de novembre 1982, lors de sa tournée dans le
comté de Saguenay, dans l'ex-ville de Hauterive. À ce
moment-là, dans le cadre d'une conversation bien amicale, M. le
ministre, vous m'aviez dit que la vraie démocratie - et cela rejoint le
raisonnement du député de Chauveau - au Québec, c'est
celle qui passe tous les quatre ans, lorsque les gens se prononcent sur le
gouvernement. C'est le ministre de l'Éducation qui m'avait
répondu ainsi et c'est le député de Chauveau qui, tout
à l'heure, a un peu confirmé cela.
Si on part de ce principe, il est bien entendu que toute forme de
démocratie dans des corps représentatifs devient très
faible parce qu'on n'y croit pas. À partir du moment où les
municipalités ne sont plus des corps représentatifs
démocratiques, à partir du moment où les commissions
scolaires ne sont plus des corps représentatifs démocratiques, je
pense qu'on n'a plus besoin de personne pour gérer nos
municipalités, nos commissions scolaires et dispenser des services
d'enseignement.
Par contre, si on part du raisonnement
que la saine démocratie représente l'ensemble de la
collectivité, c'est sûr que le gouvernement du Québec a des
droits et prérogatives, il a été démocratiquement
élu, mais on ne doit pas rejeter du revers de la main les autres
organismes qui ont aussi besoin de démocratie pour survivre et prolonger
la démocratie du gouvernement par des institutions telles les
commissions scolaires et les municipalités.
Vous avez parlé de points particuliers chez vous et dans
certaines localités desservies par votre commission scolaire. Pour vous,
la vraie démocratie scolaire, est-ce celle qui va représenter
l'ensemble des citoyens ou celle qui va faire une différence entre les
classes de citoyens?
M. Rompré: M. le Président, pour nous, la vraie
démocratie est celle qui représente l'ensemble des citoyens: le
commissaire élu dans son quartier pour administrer les deux niveaux
d'enseignement. D'ailleurs, on parle encore de deux niveaux d'enseignement,
mais lorsqu'ils seront intégrés la notion des deux niveaux s'en
ira d'elle-même. On aura des enfants dans les écoles. Il y aura
une école polyvalente et parce que les enfants sont plus avancés,
ils ont besoin de plus d'équipement de laboratoire ou autre, mais,
à la longue, les deux niveaux s'estomperont.
Chez nous, c'est un commissaire par quartier qui est élu pour les
deux niveaux. Il y a onze municipalités, on a onze quartiers, il y a
onze corporations municipales sur le même territoire de la commission
scolaire de Normandie. Donc, un commissaire par corporation municipale, je ne
pense pas que ce serait trop. Je pense que notre territoire se prête
très bien, à l'heure actuelle, à un schéma; ce
serait le prototype idéal quoi.
M. Paquin: Si vous me permettez, j'ajouterais ceci. Avec le
projet de loi, le président souligne avec raison que la notion de
niveaux d'enseignement primaire et secondaire va disparaître, et j'en
conviens. Si le projet de loi est appliqué tel quel, étant
donné que nos commissaires, parents ou autres... Pour nous, il n'y a pas
de problème de ce côté. Si le commissaire est issu du
conseil d'école - il y a un conseil d'école à Saint-Tite,
à l'école polyvalente comprenant 1000 élèves -
là, on va avoir de petits problèmes, parce que le commissaire qui
va venir siéger au conseil régional va être issu du conseil
d'école de la polyvalente et l'autre, du conseil de l'école
primaire Notre-Dame, Saint-Adelphe, etc. On risque, à ce moment, que la
notion de niveaux d'enseignement primaire et secondaire revienne. C'est cela
qu'on veut éviter.
Voici ce que l'on dit: Dans chaque localité, le commissaire est
élu dans son quartier, il y a une école. Qu'il soit responsable
des deux niveaux d'enseignement, aussitôt qu'il est élu, qu'il
aille siéger à un conseil d'école, c'est parfait, il n'y a
pas de problème; mais il faut absolument qu'il soit responsable des deux
niveaux d'enseignement puisque, dans sa localité, il y a des enfants qui
fréquentent et l'école primaire et l'école secondaire.
Sinon, on va arriver à la notion de supercommissaire.
Le commissaire qui va être issu du conseil d'école de la
polyvalente, il va être élu comment? C'est un autre point qui nous
apparaît chatouilleux dans le projet de loi. On pourrait peut-être
se référer à des articles là-dessus. Quand on dit:
Le droit de vote doit être clair il faut qu'il soit clair. On donne deux
possibilités dans le projet de loi. Dans un premier temps, on dit: Le
citoyen va aller voter dans le quartier où il est domicilié. Et
quand on arrive à des articles à la page 95 - si ma
mémoire est bonne - on dit: C'est le citoyen, lors de
l'établissement de la liste électorale, qui va déterminer
l'école où il veut aller voter. Alors, de deux choses l'une: ou
il vote dans son quartier, ou il décide lui-même, lors du
recensement scolaire, où il va aller voter. Mais cela crée
carrément chez nous un problème d'application.
M. Maltais: Dites-moi donc une petite chose en passant, entre
nous, est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui vont à vos assemblées
de la commission scolaire et qui mettent en doute la
représentativité des commissaires d'école chez vous, dans
votre milieu?
M. Rompré: On n'a jamais vu cela encore.
M. Maltais: Est-ce que...
M. Paquin: Est-ce que vous me permettez, M. le Président,
de noter les articles? Vous avez l'article 141 qui parle du droit
électoral, confrontez-le, à la page 95, avec l'article 540,
paragraphe 60, deuxièmement, vous allez voir qu'il y a une
contradiction. Et cela, c'est très important chez nous.
M. Maltais: Que diriez-vous si on vous arrivait avec une
proposition - j'imagine qu'il y aura des amendements à un moment
donné - comme celle qui se produit dans les MRC au niveau des droits de
vote? Vous savez, au niveau d'une MRC, elle regroupe peut-être dix
paroisses et villes alors, proportionnellement, selon la population, le
représentant de telle ville a deux ou trois droits de vote. Si on vous
arrivait avec une histoire comme celle-là, qu'est-ce que vous
diriez?
M. Rompré: Chez nous, cela ne poserait pas tellement de
problème, à cause de l'équilibre du nombre de personnes
par
localité. À l'heure actuelle, il y a une quantité
relative de personnes par quartier qui se situerait autour de 1000 à
1500 personnes par quartier, je pense.
M. Paquin: Je pense que ce serait quand même partagé
par l'ensemble des citoyens de notre milieu que Saint-Tite, qui est la plus
grosse localité, ait plus de droits de vote qu'une autre localité
qui compte 50 ou 60 élèves et 300 habitants. Je pense que cela ne
créerait pas de problème. De toute façon, le terrain est
déjà battu là-dessus. Actuellement, sur le nombre de
commissaires que nous avons, il y a plus de commissaires qui viennent de
Saint-Tite, plus de Saint-Thècle - parce que c'est la deuxième
paroisse - d'où d'ailleurs est originaire le président. Il n'y a
pas de problème, les gens sont habitués à vivre de cette
manière-là.
Au niveau de la municipalité régionale de comté,
cela pourra, de toute façon, être confirmé par le
préfet puisqu'il est là. On a toujours des collaborations assez
étroites dans des petits milieux comme chez nous. Cela n'a pas
créé de problème, cette question de pondération des
votes.
M. Rompré: Est-ce que je pourrais rajouter quelque chose,
M. le Président?
M. Maltais: Certainement.
M. Rompré: Je pense aussi que, comme je le disais
tantôt, on n'est pas trop nombreux pour administrer les deux niveaux;
onze personnes pour administrer les deux niveaux d'enseignement, je ne pense
pas que ce soit trop. Je pense que ce n'est tout de même pas plus lourd
que le conseil d'administration, justement, de la MRC qui regroupe douze
personnes.
M. Maltais: Tout à l'heure, vous avez dit dans votre
mémoire, dans votre préambule je pense, que les commissaires chez
vous étaient tous parents, avaient tous des enfants à
l'école publique. Depuis le début de cette commission, il y a
bien des gens qui sont venus ici, comme invités, qui nous ont dit que le
fait d'être parent, c'était une chose; être commissaire
d'école, on se demandait si cela ne venait pas d'une autre
planète, à un moment donné. C'était tellement rare,
cette affaire-là. Les commissaires d'école, de fait, n'avaient
pas d'enfants, ne connaissaient pas ce qu'étaient les enfants. La
question qui m'intéresse là-dedans: Un commissaire
d'école, qui est parent, qui a des enfants à l'école
publique et un parent qui sera sur le futur comité d'école, qui
aura aussi des enfants à l'école publique, l'école de son
quartier, quelle est la différence, d'après vous?
M. Rompré: Ils sont parents tous les deux, je pense.
M. Maltais: M. le directeur.
M. Paquin: II n'y a pas tellement de différence. De toute
façon, on a déjà six commissaires chez nous, qui sont
issus des comités d'école et des comités de parents. Il y
a même des cas où, dans les mêmes familles, des gens sont
commissaires et d'autres siègent à des comités
d'école et des comités de parents: le père et la
mère. Il ne semble pas y avoir de gros problème de ce
côté-là.
M. Maltais: Vous vivez cela dans votre commission scolaire
mais...
M. Paquin: Oui.
M. Maltais: ...est-ce que le souci premier du commissaire
d'école, qui a des enfants à l'école, n'est pas le
même que celui...
M. Paquin: Ils ont exactement les mêmes soucis.
M. Maltais: C'est ça?
M. Paquin: Bien oui. C'est de donner le meilleur service possible
aux enfants qui sont dans les écoles.
M. Maltais: Oui, oui.
M. Paquin: C'est toujours le même objectif, que tout le
monde vise. C'est toujours cela.
M. Maltais: C'est bien que vous le disiez ici. C'est très
bien. M. Rompré voulait ajouter quelque chose là-dessus.
M. Rompré: C'est le seul objectif d'ailleurs. Je sais bien
qu'avant d'être président de la commission scolaire de Normandie,
je suis père de deux enfants à l'école. Je pense que mes
deux enfants sont beaucoup plus importants que la fonction, mais on administre
pour tous. Je pense que la dimension qui pourrait être ajoutée au
commissaire, c'est qu'il administre; il a une vue d'ensemble d'une
région, mais il administre toujours pour le bien des enfants de sa
localité, de sa région; cela est fondamental.
M. Maltais: Vous avez souligné une chose, tout à
l'heure, dans une réponse, je pense, au député
d'Argenteuil: que le commissaire, qui représenterait telle école,
qui siégerait au comité d'école et qui reviendrait
à la commission scolaire, pourrait être mis en situation de
conflit. Comment voyez-vous cela, vous?
M. Rompré: Ce qui arrive, c'est que si le commissaire
d'école a droit de vote au conseil d'école, disons qu'il prend
des décisions et tout cela, admettons par exemple qu'il arriverait une
situation, le conseil d'école a lieu avant le conseil scolaire, le
commissaire d'école prend une décision, il n'a pas toutes les
dimensions régionales; il arrive ensuite au conseil régional, il
y a une autre dimension qu'il n'avait pas pu avoir parce que l'assemblée
a eu lieu avant; à ce moment-là, il est placé en situation
délicate un peu. Mais que le commissaire aille au conseil
d'école, soit là, soit présent, pas nécessairement
avec un droit de vote - je pense que le directeur d'école est là
sans droit de vote et il est là quand même - cela donnerait une
dimension au commissaire, cela l'empêcherait de trop se distancier de la
base. Je pense, comme je l'ai dit tantôt, que c'est le lieu par
excellence pour puiser ses ressources. (23 heures)
M. Paquin: Je pourrais donner un exemple pour illustrer cela; un
exemple un peu terre à terre et très pragmatique. Je suppose...
Je peux y aller, oui? Depuis trois ans, on a mis en place des programmes
d'économie d'énergie, ce qui nous permet d'épargner de
l'argent pour ensuite donner des services aux enfants. Si dans le
système actuel, le commissaire, qui est dans son école et qui
siège à son conseil d'école, avec les membres du conseil
d'école décide qu'il faut isoler - un projet de 5000 $ ou 10 000
$ - le commissaire vote pour cela; il arrive au niveau de la commission
scolaire et, compte tenu de l'établissement du plan de trois ans, ce
n'est pas à son école que cela revient. Lorsqu'il retourne chez
lui, il a des petits problèmes, ce monsieur.
Mais s'il n'a pas eu le droit de vote, qu'il n'est qu'une
personne-ressource, il prend toute son information; il sait très bien
que c'est une excellente idée que de procéder à des
mesures d'économie d'énergie, chez lui, car il y a beaucoup de
gaspillage au niveau du combustible. Bon, parfait, c'est une excellente
idée; il se dit: je vais aller voir ce qu'on peut faire
là-dedans. Quand il arrive avec ses collègues des autres
localités, eux aussi y voient des problèmes. Là, on
détermine un ordre de priorités et on dit: Cette année,
c'est l'école de Sainte-Thècle et l'école de
Lac-aux-Sables. Lorsqu'il retourne chez lui, il a beaucoup moins de
blâme, car on ne peut lui dire: Tu t'es contredit, tu as voté pour
nous, la semaine dernière; comment se fait-il, maintenant, qu'on soit
retardé de deux ans. Cela ne marche pas. C'est là la
différence.
M. Maltais: On parlait de pouvoirs qui devraient être
à l'école et à la commission scolaire. J'ai souvenance
qu'on parlait du transport qui devrait être gardé à la
commission scolaire. Votre commission scolaire dessert plusieurs
municipalités et villes. Donc, le réseau de transport
d'écoliers est assez étendu. J'imagine que, lorsque vous
confectionnez votre calendrier scolaire, vous devez quand même garder une
certaine uniformité. Or, c'est justement là une
responsabilité qu'on voudrait confier à l'école. Si
chacune de vos écoles avait un calendrier scolaire différent,
comment pourriez-vous, comme commission scolaire avec responsabilité
d'organiser le transport, arriver à tout cela?
M. Paquin: Je pense qu'il est impossible de fonctionner de cette
manière. De toute façon, notre commission scolaire toute seule ne
peut pas faire le calendrier scolaire. On a des circuits intégrés
primaires et secondaires. Il est officiel que, même si l'on avait une
commission scolaire intégrée, chez nous, on ne pourrait pas
donner tous les services. Le cours de mécanique automobile est
donné à Grand-Mère; le cours de mécanique diesel,
c'est à Shawinigan, etc. Donc, ce sont des circuits complètement
intégrés. Il est impossible d'élaborer un calendrier
scolaire pour notre commission toute seule, à plus forte raison, chacune
des écoles, parce que cela fait partie du circuit intégré.
Il y a un bassin au niveau secondaire.
M. Maltais: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Oui, je voudrais simplement faire une mise au
point, M. le Président. Le député de Saguenay a
mentionné que nous n'avions pas convoqué de commission scolaire
du Lac-Saint-Jean...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre...
M. Leduc (Fabre): ...j'ai un télégramme...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre, j'imagine qu'il s'agit d'un sujet très glissant et que, à
plusieurs reprises, au cours de ces débats, j'ai dû ramener un
certain nombre de députés à l'ordre afin que nous
poursuivions nos débats, en vertu du mandat que nous avions reçu.
Si nous nous mettons à reparler de ce sujet qui, je vous le rappelle,
est très glissant, vous vous doutez bien que cela peut entraîner
des répliques de la part de vos collègues et, là, nous
risquons de contrevenir à une décision qui a été
rendue, ce qui n'est pas permis en vertu de notre règlement. Alors, je
ne connais pas le contenu de votre communication, mais je vous invite à
une grande prudence.
M. Leduc (Fabre): Oui, je serai très prudent et
très objectif, M. le Président. J'ai, devant moi, un
télégramme de la commission scolaire de Normandin, qui est du
Lac-Saint-Jean, et j'aimerais faire part du contenu du télégramme
à la commission...
M. Maltais: C'est tout à fait...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre. Nous sommes en train d'entendre un groupe. Ce n'est pas la commission
scolaire de Normandin mais de Normandie. Je souhaiterais que nous puissions
continuer à entendre ce groupe afin que nous puissions, par la suite,
comme il se doit, ajourner nos travaux à demain matin. Vous comprenez
que je fais appel davantage à votre collaboration. Je ne connais pas le
contenu de ce télégramme. Je ne voudrais pas que nous entamions
de débat sur ces questions et vous aurez peut-être d'autres
occasions pour livrer ce genre de message.
M. Leduc (Fabre): J'aurais une question à vous poser, M.
le Président. Nous devions entendre la commission scolaire de Normandin
aujourd'hui; elle est du Lac-Saint-Jean. Est-ce que vous pouvez nous dire
pourquoi nous n'avons pas pu la recevoir?
Le Président (M. Blouin): Je prends note de votre question
et j'y répondrai. Je vais me renseigner auprès des services du
secrétariat et je répondrai à cette question.
Mme la députée de L'Acadie.
M. Ryan: M. le Président, vous pourriez peut-être
nous dire en même temps comment il se fait qu'il y ait pensé si
tard. Vous pourriez nous donner cette explication.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant que j'utilise nos
20 minutes, je voudrais vous demander pourquoi les parents de la
régionale de l'Estrie n'ont pas été invités
à venir.
Le Président (M. Blouin): Je n'en prends pas note. Je vais
vérifier si la question du député de Fabre est une
question technique. S'il s'agit d'une question technique, je vais y
répondre mais, si c'est une question qui engendre d'autres discussions
et nous fait retomber dans le débat sur lequel une décision a
été rendue, je n'y répondrai pas.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez examiner si la mienne est
technique.
Le Président (M. Blouin): Je vais examiner si votre
demande est, elle aussi, technique.
M. Brouillet: M. le Président, excusez, ce sera
très bref.
Le Président (M. Blouin): Oui?
M. Brouillet: Je voudrais vous faire remarquer que le
député d'Argenteuil a demandé qu'on lise le
télégramme expliquant la raison pour laquelle l'Union des
municipalités n'est pas venue ce soir alors qu'elle était
à l'ordre du jour et c'est une demande similaire que le
député de Fabre fait. Tandis que, là, on tombe dans le
burlesque avec la demande de la députée de L'Acadie.
Le Président (M. Blouin): Alors... Mme Lavoie-Roux:
M. le Président.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! II est 11
h 5 et je comprends que vous avez eu une longue journée, moi de
même, nos invités, également, qui ont, pour la plupart,
assisté à nos travaux au cours de toute cette journée. Je
souhaiterais maintenant, après avoir pris note des observations que les
membres m'ont faites -auxquelles je répondrai tout à l'heure,
s'il s'agit de questions techniques - que nous poursuivions, puisque nos
invités sont là et attendent, les échanges entre les
invités et les membres de la commission.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais protester.
Le député de Chauveau traite ma question de burlesque, quand je
vous demande quelle est la raison pour laquelle le comité de parents de
la région de l'Estrie n'a pas été invité à
venir à cette commission. Qu'on traite cette question de burlesque, je
trouve que c'est presque méprisant pour les parents de la région
de l'Estrie.
Le Président (M. Blouin): II s'agit nettement d'une
expression qui est peu parlementaire, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux d'abord
remercier les représentants de la commission scolaire de Normandie
d'être aussi patients. Il est 11 h 5 et on se sent toujours un peu
coupables de vous retenir à cette heure. J'imagine que vous retournez
chez vous ce soir? Non? On peut continuer une heure.
Je veux également souligner le fait que, vous aussi, comme
commissaires d'écoles, vous êtes venus accompagnés de la
représentante des parents de votre commission et d'un grand nombre
d'autres personnes que vous avez mentionnées. Évidemment, il y a
eu une concertation entre vous, à savoir quelle serait votre
réaction au projet de loi 40, démontrant, une fois de plus, que
l'on
peut travailler ensemble et se concerter. On n'a pas besoin d'être
à couteaux tirés parce qu'on est parents ou commissaires. C'est
évident qu'on peut être à la fois les deux.
M. le Président, avant d'interroger nos invités, je ne
voudrais pas qu'ils restent avec une fausse impression à la suite des
commentaires du député de Chauveau. Je ne suis pas sûre
qu'ils aient été capables de suivre son long monologue
jusqu'à la fin parce qu'il ne leur a même pas posé une
seule question.
Il y a deux points particuliers qui, peut-être, troubleraient son
sommeil ce soir et qui touchent le député d'Argenteuil. Le
premier: il reproche au député d'Argenteuil de ne pas vouloir
donner de pouvoirs aux parents dans les écoles. Je pense que le
député de Chauveau - et je ne veux pas lui imputer de la mauvaise
volonté parce qu'il est rempli de bonne volonté, il faut bien que
je l'admette - n'a peut-être pas toujours été aussi
attentif qu'il aurait dû l'être. Jamais le député
d'Argenteuil n'a parlé de ne pas donner de pouvoirs aux comités
de parents et quand vous dites que tout le monde est d'accord pour
responsabiliser l'école, évidemment les responsabilités
vont avec les pouvoirs. C'est un principe presque vieux comme le monde.
Maintenant, il s'agit de déterminer quels pouvoirs seront donnés
aux comités de parents et de quelle façon ceux-ci peuvent
s'arrimer pour une bonne concertation, un bon fonctionnement, avec le moins de
conflits possible avec les pouvoirs qui sont accordés à la
commission scolaire. Je pense qu'un très grand nombre de témoins
sont venus nous dire et même ceux que vous déclarez unanimement
pour le projet de loi 40, qu'il y a beaucoup d'ambiguïté quant au
partage des pouvoirs entre les commissions scolaires et les comités
d'écoles et beaucoup s'inquiètent de savoir comment vont
s'arbitrer les conflits qui naîtraient nécessairement d'une telle
ambiguïté. Ceci dit, il y a un autre point également - parce
que votre long monologue a porté sur ce point et sur le point quant
à savoir de qui devrait relever ou à qui le directeur
d'école devrait rendre des comptes? Vous avez fait une longue
démonstration pour nous dire que, quand on saura de qui relèvent
les décisions, il n'y aura plus de problèmes, à savoir de
qui relèvera le directeur d'école. Mais, dans le projet, si vous
l'avez bien lu, à aucun moment on dit que directeur d'école a des
comptes à rendre à la commission scolaire. Pourtant, vous
êtes le premier à dire que dans tel ou tel domaine, il y a des
pouvoirs qui devraient être plus normalement - vous-même l'avez
dit, on vous sent évoluer un petit peu - donnés à la
commission scolaire comme étant fonctionnels, ne serait-ce qu'à
ce niveau. Si vous lisez bien votre projet de loi - des fois, on a l'impression
qu'il est long avec tous ces articles - il y a des petits articles que vous
avez sautés. Dans le projet de loi, tel qu'il est écrit, il n'a
de comptes à rendre qu'au comité d'école.
Ceci étant dit, je passe immédiatement aux questions. Je
pense qu'il est important de rectifier ces choses. Vous vous prononcez, dans
votre mémoire, pour l'intégration des niveaux d'enseignement
primaire et secondaire sur votre territoire. Pourriez-vous me dire si vous
aviez déjà, dans le passé - parce que vous semblez
très désireux que ceci soit fait préparé un plan
d'intégration de l'élémentaire et du secondaire dans votre
territoire?
M. Rompré: M. le Président, oui. En 1979-1980, on
avait préparé un plan d'intégration des niveaux
élémentaire et secondaire de toutes les commissions scolaires du
territoire de la régionale de la Mauricie.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi ceci n'a-t-il pas fonctionné?
Qu'est-ce qui a empêché que ce soit mis en place?
M. Rompré: Cela n'a pas été accepté
par le ministère.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous voulez dire que c'est le
ministère de l'Éducation qui a empêché que cette
intégration se fasse?
M. Rompré: Oui, absolument.
Mme Lavoie-Roux: C'est intéressant parce que c'est devenu
un grand objectif du projet de loi actuel alors que c'était possible et
que ce gouvernement empêchait que cela se fasse en 1979. Enfin, eux aussi
ont évolué. Il faut s'en réjouir.
M. le Président, est-ce que nos invités pourraient me
dire, quand cette intégration se fera, dans combien d'écoles
seront répartis leurs enfants, soit au premier mais surtout au
deuxième cycle du secondaire -peut-être les deux - je ne sais pas
comment on fonctionne chez eux.
M. Rompré: Dans une seule école.
Mme Lavoie-Roux: Dans une seule école? Qui se trouve
où?
M. Rompré: À Saint-Tite, le chef-lieu
également.
Mme Lavoie-Roux: À Saint-Tite. Cela veut dire que vous
auriez des enfants qui viendraient de municipalités différentes
et qui voyageraient à Saint-Tite. Combien de municipalités?
M. Rompré: Onze municipalités
différentes.
Mme Lavoie-Roux: Onze municipalités
différentes. Dans ce contexte, pourriez-vous me dire dans quelle
mesure le projet éducatif communautaire est réalisable parce que,
venant de onze municipalités différentes, on parle beaucoup de
l'école communautaire, du projet éducatif communautaire. Dans
quelle mesure cela peut-il se réaliser? (23 h 15)
M. Rompré: Je pense, comme je l'ai mentionné
tantôt, quand on a parlé de la situation qui avait amené la
formation du territoire de Normandie c'est dans le même sens. Il n'y a
pas de problème pour que la polyvalente ne fonctionne absolument pas et
le projet éducatif peut très bien être mis en place parce
que les gens de Saint-Joseph-de-Mékinac et de Saint-Roch viennent
beaucoup à la polyvalente et se sentent chez eux. C'est à eux
cette école autant qu'à ceux de Saint-Tite. Il n'y a aucun
problème là. Cela fonctionne. Je pense que les
représentants le prouvent par leur présence auprès de la
présidente du comité d'école de Notre-Dame-de-Montauban.
Il y a beaucoup de gens au comité d'école de la polyvalente qui
viennent des municipalités...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut penser qu'à ce
moment-là l'école communautaire ou le projet communautaire soit
un peu différent de ce qui se produit quand il y a deux écoles
d'un quartier d'une plus grande ville... dans ce sens, c'est assez
différent?
M. Rompré: C'est différent, mais c'est possible. Il
n'y a aucun problème là.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Paquin: Si vous me permettez, M. le Président, c'est
dû, en grande partie, à l'homogénéité. C'est
un territoire rural. Il n'y a pas un endroit qui est plus gros que l'autre.
Forcément, il y a des mentalités qui se ressemblent au niveau des
revenus, du travail, etc. C'est dû à cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez parlé tout à l'heure du
fait que, vos enfants étant répartis entre onze
municipalités, de toute évidence vos enfants qui ont des troubles
d'apprentissage sont intégrés dans vos écoles
régulières. Vous devez quand même avoir un certain nombre
d'enfants qui ne sont pas intégrables dans les classes
régulières. Qu'advient-il de ces enfants? Vous avez dit: "les
regroupements sont difficiles, les nombres sont petits, etc.". Qu'advient-il de
ces enfants? Comment les servez-vous?
M. Paquin: En ce qui concerne les cas les plus lourds, il est
évident qu'on ne peut pas les laisser dans leur école
régulière de quartier. À ce moment, on fait des
regroupements à Saint-Tite. Il y a deux groupes qui sont là: il
nous reste seulement deux groupes avec classes spéciales, qu'on appelle
des groupes fixes TGA, débiles légers, débiles moyens. Ces
enfants sont regroupés là. C'est sûr qu'on ne peut pas
donner, par exemple, des services à des enfants qui ont des troubles
moteurs ou des troubles cérébraux ou de telles choses. Eux, ils
sont localisés à Grand-Mère et Shawinigan. C'est un nombre
quand même très restreint - deux ou trois élèves par
année.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des enfants avec quel type de
handicap?
M. Paquin: Ce sont des enfants atteints soit de
débilité moyenne, de débilité légère
ou souffrant de troubles graves d'apprentissage.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des enfants à
débilité légère, vous ne les intégrez pas
aux classes régulières?
M. Paquin: Cela dépend des élèves. On fait
l'analyse, l'évaluation psychologique, l'évaluation
pédagogique. Il y a des cas qui sont intégrés aux classes
régulières, mais pas tous. On a quand même un groupe fixe
pour les cas les plus lourds dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'intégration de ces enfants en
classe régulière, est-ce que vous avez le soutien que vous jugez
nécessaire? Souvent on entend les professeurs ou les enseignants dire
qu'il y a souvent une intégration forcée, une intégration
"sauvage" qui est faite sans le soutien nécessaire. Est-ce que, dans
votre cas, vous jugez que les ressources sont suffisantes?
M. Paquin: Oui, les ressources sont suffisantes, parce qu'on a
énormément amélioré ce secteur quand on a
décidé de faire l'intégration. On est allé chercher
des orthopédagogues qui sont des plus qualifiés à
l'Université de Sherbrooke afin de pouvoir donner les services dans
chacune des écoles. On a divisé à ce moment-là le
territoire en deux secteurs: un orthopédagogue a le secteur 1, qui est
le secteur de Sainte-Thècle avec Notre-Dame-du-Lac-aux-Sables, etc.;
l'autre orthopédagogue a le secteur de Saint-Tite. Il va à
l'école, travaille avec les enfants, etc. D'autre part, il y a toujours
le service de psychologie qui est disponible.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème de ce
côté. Pouvez-vous me dire combien... Je vais vous dire pourquoi je
vous pose ces questions, c'est parce que vous venez d'une région qui a
ses caractéristiques géographiques, démographiques, et
elles sont assez différentes peut-être de milieux avec lesquels,
moi, particulièrement, je suis
familière. Combien d'enfants demandent à être
exemptés de l'enseignement religieux et combien de professeurs demandent
l'exemption de l'enseignement religieux dans vos onze écoles?
M. Rompré: Disons qu'au niveau des élèves
c'est de l'ordre de huit ou dix; les professseurs, à ma connaissance, il
n'y en a aucun.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ces huit ou dix peuvent être
répartis dans onze écoles: deux dans une, un dans l'autre, trois
dans une autre.
M. Rompré: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela doit créer assez de
problèmes.
M. Paquin: C'est sûr que c'est plus difficile de faire
l'organisation quand il y a seulement deux élèves dans une
école.
Mme Lavoie-Roux: Qui sont peut-être dans des classes
différentes.
M. Paquin: Oui, parce que maintenant on doit financer
nous-mêmes les cours à domicile, l'exemption de l'enseignement
religieux, etc. Étant donné qu'on veut quand même
répondre aux besoins des parents, on donne le service, mais c'est
sûr qu'à ce moment-là on va grever un autre service pour
pouvoir donner celui-là. Avec les paramètres de l'article 1, il
est presque impossible maintenant d'avoir des autorisations d'allocations
supplémentaires pour exempter de l'enseignement religieux, pour les
cours à domicile, etc. L'an dernier, on a dû assumer
nous-mêmes ce fardeau.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais si j'entends mal. Vous dites:
à domicile?
M. Paquin: Les cours à domicile aussi. C'est un
autre...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Je me demandais si vous donniez des
cours de morale à domicile. C'est ce que...
M. Paquin: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne saisissais pas.
M. Paquin: On ne va pas jusque-là, quand même. On a
assez de les donner à l'école, c'est déjà amplement
suffisant.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Cela veut dire combien sur
votre budget que maintenant vous êtes obligés d'assumer comme
supplément? Cela veut dire combien de milliers de dollars?
M. Paquin: Seulement pour les exemptés de l'enseignement
religieux?
Mme Lavoie-Roux: Ceux-là et ceux pour qui vous devez
donner des services à domicile.
M. Paquin: Les cours à domicile également?
Peut-être une dizaine de milliers de dollars.
Mme Lavoie-Roux: Une dizaine de milliers de dollars.
M. Paquin: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. Paquin: C'est une grosse somme pour nous.
Mme Lavoie-Roux: C'est assez étonnant qu'avec des groupes
aussi petits que ceux-là... Ce sont des exceptions, finalement, que le
gouvernement jusqu'à maintenant finançait, pour lesquels il vous
accordait des allocations spéciales, et c'est à partir d'il y a
deux ans...
M. Paquin: L'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, quand il y a de plus grands groupes
d'élèves, finalement, il y a une espèce d'ajustement qui
peut se faire à l'intérieur d'une école tandis qu'avec
presque des unités je comprends que pour vous ce soit une charge
vraiment plus significative.
M. Paquin: C'est qu'aussitôt qu'on a un ou deux enfants, on
donne quand même le service, alors que, s'il y en a une dizaine ou une
douzaine, cela devient beaucoup moins onéreux per capita.
Mme Lavoie-Roux: On ne tient pas compte de cette dimension.
M. Paquin: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non? Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. Avant de remettre la parole à M. le
député de Chauveau qui désire intervenir, je vais donner
quelques précisions relatives à la question que me posaient le
député de Fabre et Mme la députée de L'Acadie.
J'espère que chacun des deux membres écoutera bien et comprendra
qu'il s'agit de deux questions nettement distinctes.
D'abord, le 27 janvier 1984, M. Jean-
François Duchesne, qui est directeur de cabinet, écrivait
au Secrétariat des commissions afin de transmettre l'ordre des
convocations de trois jours. Parmi ces journées, il y avait la
journée du mercredi 8 février 1984 et nous devions entendre,
effectivement, la commission scolaire de Normandin à 10 heures du matin.
Cette convocation, je vous le rappelle, est parvenue au Secrétariat des
commissions le 27 janvier.
Le 30 janvier, c'est le directeur général de la commission
scolaire de Normandin, M. Gérald Bélanger, qui nous fait parvenir
un télégramme au secrétariat, télégramme se
lisant comme suit: "II sera très probablement impossible à la
commission scolaire de Normandin de participer le mercredi 8 février
prochain à la commission parlementaire de l'éducation, tel que la
proposition nous en a été faite. Compte tenu des
empêchements qui nous surviennent, il serait bon que vous puissiez,
à votre choix, en faire l'offre à un autre intervenant". À
la suite de ce télégramme, le 1er février 1984, M.
Jean-François Duchesne, qui est directeur de cabinet du leader du
gouvernement, adressait donc une nouvelle lettre au Secrétariat des
commissions et, au troisième paragraphe, on pouvait lire ceci: "Quant
à l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires protestantes, elle comparaîtra en lieu et place de la
commission scolaire de Normandin prévue pour le 8 février en
matinée".
Quant à la question soulevée...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait savoir la date de cette lettre, M.
le Président?
Le Président (M. Blouin): La date de cette lettre? Le 1er
février, soit le lendemain de la réception du
télégramme.
Quant au problème soulevé par Mme la députée
de L'Acadie relativement aux comités de parents de la commission
scolaire régionale de l'Estrie...
M. Ryan: M. le Président?
Le Président (M. Blouin): ...après
vérification, j'en déduis que ce groupe n'a pas encore
été convoqué; donc, il s'agit d'un problème
différent.
Mme Lavoie-Roux: II doit être convoqué alors, s'il
n'a pas encore été convoqué.
Le Président (M. Blouin): II s'agit d'une situation
hypothétique, Mme la députée de L'Acadie.
M. Ryan: Sur la première question, je voudrais faire
l'observation suivante. J'ai remarqué que la commission scolaire de
Normandin a fait part au gouvernement qu'il lui était impossible de
venir devant la com- mission, dans un télégramme daté du
30 janvier. Le gouvernement lui a répondu le 1er février. Je dois
dire que, suivant sa courtoisie habituelle, le gouvernement nous a
informés de ce changement seulement hier soir. Il aurait
été normal qu'il nous informe plus tôt pour que nous
maintenions de bons échanges d'opinions. Il ne serait pas mauvais qu'on
sache ces choses. C'est malheureusement un exemple additionnel...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil,...
M. Ryan: Mon propos est parfaitement conforme au
règlement.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, je vous signale que la communication a été
transmise, comme il se doit, au Secrétariat des commissions et que les
corrections ont été faites en conséquence. Je comprends
vos appréciations d'un autre ordre, mais il ne s'agissait pas là
de la question qui était soulevée.
Sur ce, je donne maintenant la parole à M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: J'avais quelques questions à poser à
nos invités, mais étant donné l'heure très tardive,
je ferai preuve de bonne volonté et je m'abstiendrai pour ce soir.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, je dois quand même vous signaler que pour la lettre du 1er
février à laquelle je faisais allusion, copie a effectivement
été transmise à M. Jocelyn Pitre, que vous connaissez
bien, je crois.
M. Ryan: En date de quand?
Le Président (M. Blouin): La même
journée.
M. Ryan: Merci. Très bien.
Le Président (M. Blouin): Alors...
M. Ryan: Merci. Je note ceci également. Personnellement
j'ai été mis au courant hier soir seulement.
Le Président (M. Blouin): II s'agit d'un problème
d'un autre ordre. Sur ce, je remercie, au nom de tous les membres de la
commission...
M. Ryan: M. le Président?
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voulais vous demander la parole pour deux
compléments d'intervention à ce que j'ai dit tantôt, parce
que ce sont
des questions de fait sur lesquelles je voudrais rétablir
l'information des personnes qui sont avec nous, y compris mes collègues
de la commission.
Le Président (M. Blouin): Je vous écoute, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Un premier point qui se rattache à l'interruption
que j'ai bien volontiers accordée au ministre, lorsque je parlais d'une
communication adressée aux commissions scolaires concernant...
Le Président (M. Blouin): Ce n'était pas une
question de règlement.
M. Ryan: Oui, justement.
Le Président (M. Blouin): Bien.
M. Ryan: ...que j'avais acceptée volontiers
d'ailleurs.
Le Président (M. Blouin): Oui, il y avait
consentement.
M. Ryan: C'était à propos d'une lettre que le
ministre a adressée - il avait raison sur ce point précis - aux
directrices générales et aux directeurs généraux
des commissions scolaires régionales et intégrées
concernant le programme d'aide financière spéciale aux jeunes de
18 ans et plus, bénéficiaires d'aide sociale, qui effectuent un
retour aux études secondaires.
Tantôt, j'ai laissé entendre que cette lettre a
été adressée directement aux directeurs d'école.
C'était une erreur. Elle a été adressée aux
directeurs de commissions scolaires. Par conséquent, sur ce point, il ne
se pose pas de problème.
Le contenu de la lettre soulevait un problème important, parce
que le ministre informait les commissions scolaires qu'à compter de
maintenant, le ministère recevra directement de la direction des
écoles concernées la liste des bénéficiaires et
qu'il leur adressera directement les chèques devant être remis aux
bénéficiaires. J'ai cru comprendre que cette façon de
procéder directement avec les écoles n'avait fait l'objet
d'aucune entente, d'aucune consultation préalable avec les commissions
scolaires. C'est le genre d'innovation administrative qui est de nature
à créer des problèmes. Cela se rattache à un des
points qui avaient été soulevés dans le mémoire de
la commission scolaire qui vient de nous parler. C'est mon premier point.
Le Président (M. Blouin): Le deuxième?
M. Ryan: Mon deuxième point se rattache à une
question que m'a adressée, avec insistance, le côté
ministériel, la dernière fois aujourd'hui, par la voix du
député de Chauveau. S'il veut me donner deux minutes, je vais lui
répondre clairement. Je vais compléter ce qu'a dit tantôt
la députée de L'Acadie. Il m'a demandé si, du
côté de l'Opposition, nous étions favorables à ce
que des pouvoirs soient accordés à l'école par voie
législative. Je comprends que le député de Chauveau a
été absent à plusieurs reprises au cours des derniers
jours. Il n'a pas pu suivre toutes les séances de la commission, mais
s'il avait été ici quand nous avons rencontré la
commission scolaire Jérôme-Le Royer, la semaine dernière,
il se souviendrait que cette commission scolaire a présenté des
propositions très précises concernant des partages de
responsabilités non seulement entre la commission scolaire et
l'école mais à l'intérieur de l'école, entre un
conseil d'école qui aurait autorité sur tout ce qui regarde
l'environnement éducatif et le personnel professionnel, qui aurait
autorité sur les questions proprement pédagogiques. Ils ont
présenté des propositions éminemment sensées,
fondées sur une étude très, très rigoureuse de la
réalité et je leur ai dit que des propositions comme
celles-là étaient dignes d'une étude très
attentive. Je pense que le ministre a tenu des propos semblables d'ailleurs.
Dans la mesure où tout cela se fera dans la clarté, avec
l'assentiment et la participation des instances intéressées,
c'est une chose qui est tout à fait possible.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais seulement...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Chauveau.
M. Brouillet: Je suis très heureux de l'apprendre.
Maintenant, je crois que sur cette base, au lieu de dire que le projet doit
être rejeté, il serait peut-être bon de travailler à
avoir des amendements pour clarifier la répartition des pouvoirs.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Sûrement que le
député...
Le Président (M. Blouin): II y a encore un consentement.
Très bien alors. Allez-y M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Dix secondes. M. le Président, j'ai
également assisté à la présentation du
mémoire de la commission scolaire Jérôme-Le Royer et je
voudrais faire remarquer au député d'Argenteuil, qu'il
n'a pas répondu à la question du député de
Chauveau. Il a simplement mentionné que le mémoire...
Le Président (M. Blouin): II s'agira de...
M. Leduc (Fabre): ...de la commission scolaire
Jérôme-Le Royer est un mémoire intéressant.
Le Président (M. Blouin): II y aura d'autres occasions
pour tenir ce type de débat. Sur cette multiplication de consentements
et cette bonne entente, la commission élue permanente de
l'éducation ajourne ses travaux à demain matin 10 heures. Je
remercie, au nom de tous les membres, les représentants de la commission
scolaire de Normandie.
(Fin de la séance à 23 h 32)