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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mesdames, messieurs, la commission élue permanente de
l'éducation reprend ses travaux. J'invite donc les membres de la
commission à gagner leur siège, s'il vous plaît! S'il vous
plaît! J'invite les membres de la commission à gagner leur
siège.
Je vous rappelle que le mandat de cette commission parlementaire est
d'entendre toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur le
projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Les membres de cette commission parlementaire sont: MM. Brouillet
(Chauveau), Champagne (Mille-Îles), Cusano (Viau), Mmes Harel
(Maisonneuve), Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Hains (Saint-Henri), Laurin
(Bourget), Leduc (Fabre), Paré (Shefford), Payne (Vachon), Ryan
(Argenteuil).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Charbonneau
(Verchères), Maltais (Saguenay), Doyon (Louis-Hébert), Gauthier
(Roberval), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Rochefort (Gouin), Polak
(Sainte-Anne).
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président...
Le Président (M. Blouin): Un instant, s'il vous
plaît! Je vais d'abord donner la lecture de l'ordre du jour
d'aujourd'hui, le mercredi 25 janvier 1984. D'abord, ce matin, nous entendrons
le Comité régional de parents francophones de la commission
scolaire Baldwin-Cartier. Ensuite, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. À compter de 15 heures, nous entendrons l'Association
provinciale des enseignants protestants du Québec et, par la suite, le
Comité régional de parents anglophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier. Ce soir, à compter de 19 h 30, nous entendrons,
d'abord, l'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion et, ensuite, l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec.
Je signale aux membres de la commission, ainsi qu'à nos
invités qu'il a été convenu entre les deux formations
politiques que nous accordions une heure pour le premier groupe et deux heures
pour le second groupe que nous entendrons ce matin.
M. le député.
M. Leduc (Fabre): II y a un léger changement dont je
voudrais faire part à la commission. Il s'agit d'une heure et quinze
minutes pour les deux regroupements de parents. Il y a entente avec
l'Opposition pour accorder une heure et quinze minutes aux deux associations de
parents que nous aurons l'occasion de recevoir aujourd'hui.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, M. le
député. Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Le député de Fabre conviendra sans doute
que la période de deux heures fixée pour les trois autres
organismes demeure. Ceci veut dire que, normalement, nous finirons un quart
d'heure plus tard ce midi.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, M. le
député d'Argenteuil. Ce matin, on m'a indiqué que le
député de Mille-Îles avait quelques communications à
nous transmettre. M. le député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, mais avant d'avoir les
communications...
M. Ryan: II faudrait s'assurer que ce soit dans l'ordre.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, d'accord. Je voudrais
savoir combien de temps aura le Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
Le Président (M. Blouin): Je répète: Le
Comité régional de parents francophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier, une heure et quinze minutes et le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, deux heures.
M. Champagne (Mille-Iles): S'il y a un consensus, je vais m'y
plier avec mes collègues.
Le Président (M. Blouin): C'est cela. Alors, vous vous y
pliez.
M. Champagne (Mille-Îles): Je vais vous faire seulement une
remarque. Les parents, ici...
Le Président (M. Blouin): Non, M. le
député de Mille-Iles, il n'y a pas de remarques à
adresser sur les ententes qui ont été conclues entre les partis.
Si vous avez des remarques à communiquer, veuillez les communiquer
à vos représentants qui, eux, concluent les ententes entre les
deux partis et me les transmettent. Maintenant, si vous avez quelque
communication à livrer aux membres de la commission, je vous invite
à le faire dès à présent.
Les organismes invités M. Jean-Paul
Champagne
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, je vais
me plier aux remarques que vous avez faites. Il n'en demeure pas moins que je
suis très sympathique aux groupes de parents qui viennent se
présenter ici, considérant qu'ils n'ont peut-être pas les
moyens qu'ont les autres représentants qui viendront et je
déplore la situation.
M. le Président, j'ai reçu un télégramme de
la commission scolaire Laurenval qui dit: "La commission scolaire Laurenval
déplore et proteste le fait qu'en dépit du mandat de la
commission parlementaire de l'éducation d'entendre tous ceux qui en ont
manifesté le désir nous n'avons pas été
appelés à y présenter notre mémoire sur le projet
de loi 40 selon le calendrier des séances. Nous avons soumis notre
mémoire dans l'attente d'avoir l'occasion de présenter nos points
de vue aux membres de l'Assemblée nationale." On demande de faire
entendre le mémoire de la commission scolaire Laurenval et c'est
signé par le Dr Neville Jurudata.
Un autre télégramme venant d'un groupe de commissaires
d'écoles de la commission scolaire Jérôme-LeRoyer: "M. le
député, nous suivons avec beaucoup d'intérêt les
travaux de la commission parlementaire sur l'étude du projet de loi 40
et nous espérons avoir l'occasion de souligner les principaux aspects de
notre mémoire aux membres de la commission." C'est signé: Gilles
Caron, Pierre Charbonneau, Guy Parent, Pierre Vidal, du secteur Anjou,
commission scolaire Jérôme-LeRoyer.
Je pense que les membres de ma formation politique ont le désir
d'entendre le plus de personnes possible autour de cette table.
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Mille-Îles!
M. Champagne (Mille-Îles): Une dernière phrase, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Mille-Îles, il a été convenu, je crois, très
clairement hier que nous allions permettre la transmission de messages qui
proviennent d'organismes, mais que nous n'admettrions pas qu'il y ait quelque
commentaire au-delà de la transmission de ces messages, puisque
invariablement cela nous amènerait dans des débats dont, il me
semble, nous avons déjà amplement discuté et dont nous
avons tiré les conclusions qui s'imposaient.
Sur ce, j'invite maintenant le Comité régional de parents
francophones de la commission scolaire Baldwin-Cartier à nous
présenter le contenu de son mémoire en une vingtaine de minutes.
Ensuite, nous procéderons aux échanges entre les membres de la
commission et nos invités, après, bien sûr, vous être
identifiés.
Comité régional de parents
francophones de la commission
scolaire Baldwin-Cartier
Mme Morin (Francine): M. le Président, merci. M. le
ministre, M. le représentant de l'Opposition, Mmes et MM. les
députés, permettez-moi de vous présenter M. Normand
Pelland, représentant des parents à la table des commissaires de
la commission scolaire Baldwin-Cartier et moi-même, Francine Morin,
présidente du Comité régional de parents francophones de
la commission scolaire Baldwin-Cartier.
Nous avons choisi, comme vous le constaterez, M. le Président, de
résumer par endroits notre mémoire et, par ailleurs, d'y ajouter
un chapitre sur la qualité de l'éducation - je pense que les
documents vous ont été distribués - pour dire, selon nous,
comment, à l'intérieur de son cadre structurel et de ses limites,
le projet de loi 40 peut améliorer la qualité de
l'éducation et ce, précisément, en donnant un pouvoir
décisionnel aux parents. De plus, nous vous communiquerons la
façon dont nous envisageons la répartition des pouvoirs et,
enfin, nous tenterons de réduire à sa juste mesure ce monstre que
représente pour certains l'accès des parents au niveau
décisionnel dans la structure scolaire. Pour votre bonne
compréhension, la lecture des pages ajoutées se fera après
la page 5 du présent mémoire.
Si le comité de parents francophones de Baldwin-Cartier a choisi
de présenter un mémoire à cette commission, c'est qu'il
est conscient de l'importance de l'enjeu. Sa démarche de
réflexion s'inscrit sur une période de quatorze mois chevauchant
deux années scolaires et impliquant plus ou moins 250 personnes. En
effet, en septembre 1982, les parents ont commencé l'étude du
livre blanc. Depuis, des assemblées générales de parents,
un colloque local, un autre régional, des soirées d'étude
en comité, le congrès d'orientation de la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec, un sondage auprès de tous les membres du comité
d'école et l'assemblée générale de la
même fédération ont constitué pour eux des
lieux d'étude et d'expression de leurs opinions. Cette année, le
délai accordé par M. le ministre a permis au comité de
parents de parfaire son étude en faisant un autre sondage comparatif
entre les principes du livre blanc acceptés par les parents l'an
passé et le projet de loi 40 auprès de tous les membres des
comités d'école.
Le comité de parents, ayant fait de l'étude du projet de
loi 40 une de ses priorités, n'ayant pu s'exprimer par la voie
hiérarchique cette année, faute de temps, et ne se sentant pas
représenté dans la position de ses commissaires, a choisi de
venir lui-même faire connaître sa position sur ce projet de loi
qui, lorsqu'il sera adopté, sera la pierre angulaire de notre
système d'éducation.
M. Pelland (Normand): À la suite de l'étude en
profondeur du livre blanc et du projet de loi 40, le comité de parents a
choisi de regrouper son intervention en six grands thèmes. Le premier
thème, la structure politique. La participation des parents et le mode
d'élection. Le comité de parents approuve le principe de base du
projet de loi 40 qui fait des parents des partenaires importants du
système d'éducation. Voici ce qu'ils disent quant aux structures
décisionnelles à l'école et à la commission
scolaire. À l'école. Les parents désirent que
l'école soit administrée par un conseil d'école
formé, premièrement, majoritairement de parents élus par
les usagers; deuxièmement, de représentants du personnel de
l'école élus par leurs pairs; troisièmement,
d'élèves au deuxième cycle du secondaire élus par
leurs pairs; quatrièmement, du directeur sans droit de vote et
finalement, d'un délégué du comité consultatif de
parents. Ils tiennent à être majoritaires au conseil
d'école et ils ne veulent pas que le suffrage universel s'y exerce.
À la commission scolaire. Les parents croient que la commission
scolaire doit être administrée par un conseil formé de
parents délégués des conseils d'école, d'une
certaine quantité de citoyens élus au suffrage universel et du
directeur général sans droit de vote. Ils tiennent à
être majoritaires à la commission scolaire et ils trouvent que
c'est là que doit s'exercer le suffrage universel pour l'élection
des citoyens qui représentent les contribuables. Cette position a
été décidée lors de l'étude du livre blanc
et reconfirmée cette année lors du sondage sur la loi 40.
Le comité de parents à caractère consultatif. Tout
en désirant respecter les autonomies locales, les parents souhaitent le
maintien obligatoire des comités de parents à caractère
consultatif.
La durée du mandat. Il ressort du sondage que les parents
désirent, advenant le cas où un commissaire serait élu au
conseil de chacune des écoles - ce qui n'est pas voulu par nous, on
l'aura compris - que la durée du mandat soit la même pour tous,
soit trois ans ou deux ans pour tous. Ils voient mal pourquoi les uns
bénéficieraient d'un mandat plus long que celui des autres.
Remplacement des membres en cas de démission. Les parents
proposent de remplacer l'article 49 du projet de loi 40 par le suivant: Un
siège vacant à la suite du départ d'un des membres du
conseil d'école autre que le commissaire est pourvu de la façon
suivante: pour le personnel de l'école et les élèves, en
suivant le mode prescrit pour la désignation du membre à
remplacer; pour les parents, il sera nommé par le conseil sur
recommandation du comité consultatif de parents pour siéger
jusqu'au mois de septembre suivant. Au mois de septembre, lors de
l'assemblée générale des parents, les sièges ainsi
comblés feront l'objet d'une élection.
En cas d'impossibilité d'atteindre le quorum, le comité de
parents propose de remplacer l'article 54 du projet de loi 40 par le suivant:
Si le quorum d'un conseil d'école ne peut être atteint pendant une
période de six semaines consécutives, le tiers des membres ou,
à défaut, le directeur d'école convoque une
assemblée générale de parents afin d'élire de
nouveaux membres. En effet, cette éventualité, tout en
étant assez rare, démontrerait un sérieux malaise et ce
serait aux usagers et non à la commission scolaire de régler ce
problème. Les parents croient à la responsabilisation du milieu.
Si, après cette opération, le problème persistait, un
mécanisme de prise en charge par la commission scolaire devrait
être prévu dans la réglementation.
Deuxième thème: l'autonomie locale. Lors de l'étude
du livre blanc, les parents s'étaient prononcés sur l'autonomie
de l'école et ils disaient: Que l'école, par la loi,
reçoive plus de pouvoirs; que la commission scolaire soit un organisme
de service, sans autorité directe sur les écoles, sauf dans les
domaines définis par l'ensemble de celles-ci, par exemple, le transport,
les achats, l'adaptation scolaire, les services aux étudiants,
l'éducation des adultes.
En ce qui concerne l'école, le projet de loi 40 accède
à ce désir. Quant à la commission scolaire, le projet de
loi 40 va moins loin que le livre blanc. C'est pourquoi, cette année,
les parents recommandent quelques modifications aux articles 92, 119, 124, 202
et 209 afin de rendre l'école plus participante et responsable.
Mme Morin: C'est ici que nous avons ajouté les
commentaires qui, je crois, vous ont été distribués sur la
qualité de l'éducation. Mentionnons, d'abord, que la
qualité de l'éducation ne dépend pas surtout des
structures, loin de là, bien que celles-ci soient importantes car elles
permettent ou ne permettent pas la mise en place de mécanismes pouvant
améliorer l'éducation. La qualité de l'éducation
dépend, à notre avis, de plusieurs éléments dont
les suivants: le régime pédagogique, le contenu des programmes et
les services éducatifs (trois éléments touchés
récemment ou qui le seront bientôt, semble-t-il, dans d'autres
lois, mais non dans le projet de loi 40) la compétence des enseignants
(élément abordé un peu dans le projet de loi 40 par le
biais du perfectionnement) le sens du devoir et la motivation au travail des
enseignants (éléments qui relèvent de dispositions
personnelles et peut-être aussi, malheureusement, des conventions
collectives, mais non du projet de loi 40), enfin, l'endroit où sont
prises les décisions qui touchent les élèves et la
collaboration des agents, deux éléments touchés par le
projet de loi 40. La liste pourrait s'allonger.
Conscients que nous sommes des limites d'une réforme de
structures sur la qualité de l'éducation, nous croyons,
néanmoins, que la réforme proposée permet certaines
réalisations en ce sens. Par exemple, le regroupement des écoles
selon la langue, en plus de mieux correspondre à la
réalité, permet d'organiser les services dans une seule langue,
donc à moins de frais. L'intégration des commissions scolaires
assure la continuité entre les deux niveaux et permet à
l'élève une meilleure identification à son milieu. Le
rapprochement des centres décisionnels du milieu concerné ne peut
que permettre de répondre plus adéquatement aux vrais besoins des
élèves. La collaboration des agents, qui est grandement
facilitée par la mise en place de conseils multipartites, en plus
d'améliorer le . climat, permet des échanges fructueux et une
participation accrue de la part des parents, ce qui risque fort
d'accroître en bout de piste la qualité des services rendus. Un
pouvoir décisionnel aux parents permet l'identification de
l'école avec son milieu. Bien sûr, la formule consultative le
permet dans une certaine mesure, mais la formule décisionnelle l'assure.
L'implication des élèves au niveau secondaire est susceptible
d'accroître leur intérêt, leur motivation et leur
responsabilisation.
Évidemment, nous ne sommes pas assez naïfs pour penser que
tous ces effets sont automatiques et qu'il suffira que les mécanismes
existent pour assurer le résultat. Mais nous croyons très
sincèrement qu'il s'agit de mesures susceptibles d'apporter des
améliorations et que, si le défi est de taille, il n'en est que
plus emballant.
La répartition des pouvoirs. Sans tomber dans des détails
fastidieux, nous aimerions expliciter un peu comment nous croyons que les
pouvoirs devraient être répartis pour un maximum
d'efficacité.
Domaine financier. Nous reconnaissons au ministère le droit de
fixer les montants d'argent, de les distribuer équitablement, d'exercer
des contrôles a posteriori et même de sanctionner au besoin car il
est le responsable ultime des finances publiques. La commission scolaire
gère ces montants selon les priorités et les besoins des
écoles et assure la péréquation entre celles-ci.
L'école, elle, est responsable de son propre budget.
Ressources humaines. Nous reconnaissons au ministère le droit de
négocier les conventions collectives en collaboration avec les
commissions scolaires. Quant aux négociations locales, tout en
étant souhaitables sous certains aspects, elles présentent,
toutefois, des risques et, pour n'en mentionner qu'un, la grève au
niveau local. En outre, nous croyons, même si à certains
égards il serait intéressant d'embaucher au niveau des
écoles, que la commission scolaire doit rester l'employeur du
personnel.
Quant à l'école, nous trouvons que les conventions
collectives devraient y être plus souples afin de permettre une
organisation locale plus adaptée. Toutefois, nous sommes conscients que
ce n'est pas demain la veille.
Pédagogie. À la suite du livre vert, les parents ont
demandé au ministère de faire des programmes plus
spécifiques, un régime pédagogique, d'établir des
critères uniformes de certification. Nous lui reconnaissons donc la
compétence en ce domaine. Étant donné que c'est à
l'école que la pédagogie s'applique, nous voulons que toute marge
de manoeuvre qui reste, en sortant du ministère, bénéficie
directement à l'école. À ce sujet, nous désirons
qu'il soit plus évident dans les régimes pédagogiques que
ce sont les objectifs d'apprentissage qui sont obligatoires et non le nombre
d'heures pour les atteindre. De plus, nous désirons que jamais les
dispositions des conventions collectives ne servent de critères dans la
répartition des matières et dans la préparation de la
maquette horaire.
Quant à la commission scolaire, nous reconnaissons pleinement
l'article 199 et nous souhaitons qu'elle exerce tous les mécanismes de
contrôle a posteriori nécessaires pour s'acquitter de cette
tâche en plus d'offrir le support et les services demandés par les
écoles. Nous croyons qu'ainsi répartis les pouvoirs et les
responsabilités sont de nature à assurer tout le contrôle
de la qualité nécessaire.
Certains intervenants parlent du danger d'émiettement du pouvoir.
Nous soumettons qu'ils voient cet émiettement sur une ligne horizontale.
Quant à nous, nous voyons plutôt l'émiettement sur une
ligne verticale. Tenons, d'abord, pour acquis que tous reconnaissent
l'existence du ministère de
l'Éducation. Force nous est, d'ailleurs, d'apprécier que
l'éducation au Québec a évolué beaucoup plus depuis
la création du ministère, soit dans les 20 dernières
années, que pendant les siècles précédents. Or, si
nous en reconnaissons l'existence, nous lui reconnaissons, évidemment,
la fonction de grand maître d'oeuvre.
Ceci dit, conscients que nous sommes que la marge de manoeuvre est
limitée au sortir du ministère, nous ne voulons surtout pas que
celle-ci s'émiette à tous les paliers (direction
régionale, conseil scolaire de l'île, commissions scolaires,
régions) dans sa route vers les écoles. C'est là, selon
nous, le vrai danger d'émiettement du pouvoir. En effet, le pouvoir qu'a
l'école X ne diminue en rien la juridiction de l'école Y, alors
que l'émiettement à tous les paliers a pour effet de toujours
restreindre la marge de manoeuvre de l'instance inférieure. En effet, il
y en a qui voient l'émiettement du pouvoir dans ce sens, nous le voyons,
dans ce sens, s'émietter à tous les paliers et, quand il arrive
à l'école, il n'en reste plus; il y a seulement des miettes.
Nous souhaitons donc que les directives qui émanent du
ministère ne s'arrêtent aux paliers inférieurs, que l'on
veut le moins nombreux possible, que pour assurer une plus grande justice
distributive et jamais pour des besoins d'uniformité.
Nous constatons qu'une instance donnée prône toujours la
décentralisation du palier supérieur vers elle, alors qu'elle
prône, au nom de l'unité du système, le droit de
gérance vers les paliers inférieurs. Nous soumettons que, s'il
s'agit d'unité du système, l'unité minimale et suffisante
est assurée par le ministère de l'Éducation. S'il s'agit
de qualité de services, celle-ci sera assurée par
délégation de pouvoirs des écoles vers les commissions
scolaires et, s'il s'agit de sécurité contre les dangers de
centralisation, la commission scolaire, qui émane des écoles,
possède toutes les juridictions pour effectuer les regroupements
nécessaires. (10 h 30)
À ce sujet d'ailleurs, nous souhaitons que cessent les luttes
stériles et le climat de confrontation si néfaste à la
qualité de l'éducation pour faire place à la collaboration
et à l'entente. Dans les cas où il sera utile et pertinent de
lutter pour le plus grand bien des enfants, nous sommes convaincus qu'un
regroupement de commissaires, parents pour la plupart, issus des écoles
aura autant de poids, sinon plus, que les actuels commissaires.
L'accès des parents au niveau décisionnel. Qui sont les
décideurs dans le système actuel? Les commissaires. Qui sont les
commissaires? Des personnes qui s'intéressent à
l'éducation à temps partiel, souvent des parents - dailleurs, ce
sont les meilleurs commissaires - et qui ne sont pas nécessairement des
experts en éducation. Combien sont-ils au Québec? Environ 2000.
Qui sont les membres des comités d'école? Des personnes qui
s'intéressent à l'éducation à temps partiel,
toujours des parents, et qui ne sont pas nécessairement des experts en
éducation. Combien sont-ils au Québec? Environ 40 000.
Quelle différence y a-t-il entre un commissaire et un membre de
comité d'école? L'un a un pouvoir décisionnel et travaille
au niveau d'une commission scolaire; l'autre n'a qu'un pouvoir consultatif et
travaille au niveau d'une école et certains, au niveau d'une commission
scolaire. De plus, l'un est élu par l'ensemble de la population et
l'autre l'est par des parents ayant des enfants à l'école
concernée. Le commissaire accorde-t-il plus de temps à son poste
que le membre du comité d'école? Non. C'est même
très souvent l'inverse, car le membre du comité d'école
dispose de beaucoup moins de moyens techniques pour monter ses dossiers que le
commissaire. Travaillent-ils, tous deux, sur des dossiers similaires? Dans une
large mesure, oui. Est-il plus difficile de travailler sur un dossier en vue de
décider qu'en vue d'être consulté? Absolument pas. C'est
exactement le même travail. Le suffrage universel rend-il les gens plus
compétents? Non, au contraire. Souvent, des gens compétents qui
ont oeuvré en éducation sont battus au suffrage universel faute
d'argent et de moyens ou à cause d'une idéologie quelconque,
souvent très éloignée du bien des enfants et de
l'éducation.
Alors, pourquoi crie-t-on à l'hécatombe lorsque l'on
propose que les décideurs du système soient des parents
élus par leurs pairs au niveau de l'école? À vrai dire, je
n'en sais rien. Et vous?
Si on tente de faire un bref historique, on s'aperçoit qu'avant
1961 les parents n'avaient pas le droit de vote dans le système
scolaire. Le critère était la propriété
foncière. À Montréal, les commissaires étaient
nommés par le gouvernement et l'évêché avant le
restructuration de 1973. Puis, on réalise qu'être parent
confère un droit de regard bien plus important que celui de payer des
taxes et on donne aux parents le droit de vote aux élections scolaires.
En 1971, on introduit les parents dans le système en leur donnant un
pouvoir consultatif. En 1979, on leur accorde le droit de siéger
à la table des commissaires. Il nous semble que leur accorder un pouvoir
décisionnel en 1985 n'est qu'une évolution normale et, surtout,
un autre pas dans la bonne direction.
Plusieurs intervenants disent que les parents n'ont ni le goût, ni
le temps, ni la compétence, pour exercer ce pouvoir. Avez-vous
déjà remarqué que ce ne sont jamais des organismes de
parents qui se prononcent
dans ce sens? Nous, parents, ne nous prononçons pas sur les
compétences ou intérêts des autres groupes. Nous leur
saurions gré d'avoir la même décence à notre
endroit. Il est évident qu'individuellement une foule de gens n'ont ni
le temps, ni le goût, ni la compétence pour s'occuper
d'éducation, de la même façon que tous n'ont pas envie
d'être conseillers, députés ou commissaires. S'il fallait
attendre, pour instaurer un système, que tous veulent y accéder,
on resterait longtemps sur place et il faudrait même défaire les
systèmes que l'on a parce que tous ne veulent pas nécessairement
y accéder.
Avec tous les épouvantails que l'on a dressés, il n'est
pas étonnant que plusieurs aient pris peur. On a laissé croire
aux parents qu'ils feraient tout dans le système, qu'ils devraient se
rendre à l'école chaque jour pour s'acquitter de leur
tâche. Plusieurs croyaient, d'ailleurs, qu'il en était ainsi pour
les commissaires. Or, il n'en est rien. Le projet de loi 40 ne demande pas aux
parents de rédiger des programmes, d'enseigner ou d'écrire des
manuels scolaires, mais bien de choisir avec les autres agents ce qui convient
le mieux pour leurs enfants.
On entend aussi souvent d'aucuns tenter d'associer d'une façon
pour le moins aberrante l'intérêt des parents à s'occuper
d'éducation avec l'intérêt qu'ont les usagers à
s'occuper de l'hôpital. Combien de temps en moyenne les individus normaux
passent-ils à l'hôpital? Pour plusieurs, jamais. Peut-être
deux jours, une semaine dans une vie. Si vous avez trois enfants qui ont trois
ans de différence chacun, l'école vous préoccupera pendant
18 ans à raison d'environ huit heures par jour et ce, cinq jours par
semaine, pour le primaire et le secondaire seulement, en plus d'y être
vous-même allé pendant environ quinze ans et souvent beaucoup
plus. Inutile d'en dire davantage sur la prétendue
similarité.
Le Président (M. Blouin): Mme Morin, je vous signale que
vous avez déjà pris une vingtaine de minutes pour
présenter votre exposé. Je vous demande donc d'essayer de
conclure en quelques minutes. Vous comprendrez que l'objectif de cette
intervention est de faire en sorte qu'il y ait le plus de temps possible pour
procéder aux échanges par la suite. D'accord?
M. Pelland: M. le Président... Le Président (M.
Blouin): Oui.
M. Pelland: ...un éclaircissement. Vous avez compté
les vingt minutes à partir de quand?
Le Président (M. Blouin): À partir de 10 h 17,
c'est-à-dire à partir du moment où je vous ai donné
la parole. Vous voulez poursuivre, s'il vous plaît?
M. Pelland: Nous allons revenir au troisième thème
de notre mémoire. Vous m'avez mêlé. Cela fait deux fois
qu'on se fait enfarger.
Le Président (M. Blouin): Prenez quand même quelques
secondes pour vous resituer.
Mme Morin: Je voudrais simplement ajouter quelque chose. Si vous
le permettez, M. le Président, on nous avait dit qu'on avait une heure
trente pour s'exprimer. C'est dommage que les parents ne possèdent pas
toute la période. C'est le seul temps qu'on a pour se faire
entendre.
Le Président (M. Blouin): Alors, allez-y.
Mme Morin: Si vous le permettez, nous allons terminer. On a
peut-être déjà répondu à plusieurs des
questions, d'ailleurs.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Pelland: Le troisième thème est le statut des
commissions scolaires et des écoles. Les parents souscrivent
entièrement à la division des commissions scolaires selon la
langue, ainsi qu'au principe de l'école pluraliste offrant le choix
entre les programmes d'enseignement religieux, catholique ou protestant, et
l'enseignement moral. Toutefois, ils souhaitent que ce pluralisme se
reflète davantage dans la réalité par une plus grande
équité dans les services offerts aux diverses
clientèles.
En conséquence, ils recommandent de remplacer les articles 110 et
111 du projet de loi 40 par le suivant: L'école offre, sur demande, un
programme de services complémentaires aux élèves inscrits
aux cours d'enseignement religieux, catholique ou protestant,
conformément aux règlements des comités confessionnels,
ainsi qu'aux élèves inscrits aux cours de morale. Quant à
l'article 220, qui est jugé discriminatoire, il est proposé qu'il
soit modifié pour tenir compte de la clientèle protestante et de
celle qui choisit l'enseignement moral et que du soutien soit aussi
engagé pour satisfaire à leurs besoins.
Deux soucis majeurs ressortent chez les parents: l'un concernant la
qualité des services offerts et l'autre, le coût de ces services.
Il serait donc souhaitable, pour satisfaire les uns et les autres, que des
ententes soient faites avec les paroisses, les diocèses ou les divers
organismes concernés. Ainsi, l'on s'assurerait de services de
qualité à peu ou pas de frais. Les parents sont satisfaits aussi
que le projet de loi no 40 leur offre la possibilité de se prononcer
sur
le statut de leur école.
Je vais passer par-dessus le quatrième thème, le
territoire scolaire. On arrive au cinquième thème, qui est le
pouvoir de taxation. Les parents acceptent qu'un pouvoir de taxation de 6% soit
conservé aux commissaires. C'est, d'ailleurs, ce pouvoir qui justifie
l'élection d'une minorité de citoyens au suffrage universel pour
siéger à la commission scolaire et représenter les
contribuables.
Sixième thème, la mise en oeuvre du projet de loi 40. Le
comité de parents est heureux de constater la place que les parents
occuperont dès la mise en oeuvre du projet et souhaite que celui-ci se
réalise selon l'échéancier prévu. Toutefois, nous
souhaitons que l'implantation se fasse en respectant les rythmes locaux.
D'ailleurs, nous croyons comprendre que l'article 373 signifie que les
comités de mise en oeuvre pourraient prolonger leur mandat
dépendant des besoins locaux et que par l'article 379 le ministre a
voulu assurer une formation adéquate des personnes qui seront
appelées à faire partie des conseils d'école et des
commissions scolaires. Nous recommandons que cette formation soit
assurée de façon permanente au-delà de la période
d'implantation.
Mme Morin: En terminant, les parents soulignent qu'ils
désirent la réalisation du présent projet de loi puisqu'il
fait de l'école le pivot du système, qu'il regroupe les
écoles selon la langue et qu'il les rend partenaires à part
entière en éducation, trois principes de base auxquels ils
souscrivent. Les parents savent qu'ils sont capables d'assumer ces fonctions
puisqu'ils ont eux-mêmes, avec l'aide technique et financière de
la commission scolaire et de l'éducation des adultes, organisé
des cours de formation qui les ont rendus capables de jouer le rôle qui
leur était dévolu jusqu'à aujourd'hui. Il s'agit donc
d'une évolution normale.
Ils demandent, par ailleurs, de revoir la division territoriale de
l'île de Montréal et principalement celle de leur milieu afin de
la rendre conforme aux principes énoncés dans le livre blanc. Ils
demandent aussi que soit acceptée une plus grande équité
dans la répartition des services aux clientèles de
différentes allégeances religieuses, ainsi qu'à celle qui
choisit les cours de morale. Ils rappellent que ce mémoire est
basé sur deux sondages qui ont été réalisés
auprès d'environ 250 parents de comité d'écoles et qui ont
révélé un vaste consensus.
Nous ne saurions conclure ce mémoire sans assurer le ministre
qu'il a vu juste en misant sur les parents, car, si ceux-ci ne sont pas
infaillibles, ils ne sauraient certainement être taxés de parti
pris ou d'intérêt particulier caché lorsqu'ils parlent du
bien des enfants, puisque ce sont les leurs.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Morin et M. Pelland.
M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, j'ai vivement
apprécié le mémoire du Comité régional de
parents francophones de la commission scolaire Baldwin-Cartier qui me
paraît l'un des plus sérieux et solides qu'il nous ait
été donné d'entendre à cette commission. Je note
qu'il s'appuie, d'ailleurs, sur deux sondages, sur plusieurs colloques, sur
plusieurs séances de travail et d'information, ce qui ajoute, bien
sûr, à sa crédibilité. J'apprécie d'une
façon toute spéciale la philosophie qui inspire ce
mémoire. J'apprécie aussi la justification que le comité
de parents donne au rôle décisionnel des parents au sein du
conseil d'école, faisant justice, en passant, de presque tous les
préjugés et de toutes les objections que les opposants ont
l'habitude de véhiculer à l'encontre de cette décision
participationnelle, de cette présence décisionnelle des parents
au sein du conseil d'école.
J'ai aussi apprécié particulièrement vos
réflexions sur votre conception de l'émiettement des pouvoirs
qu'il faudrait envisager d'une façon verticale au lieu de
l'apprécier ou de la juger d'une façon horizontale. Cela
m'apparaît beaucoup plus conforme à l'objectif que nous devons
tous poursuivre, c'est-à-dire la qualité de
l'éducation.
Je note également, en passant, que vous nous recommandez de
soutenir par une formation adéquate les parents qui seront
appelés à faire partie des conseils d'école au-delà
de la période d'implantation. Je souscris entièrement à
vos vues; nous verrons à prendre les moyens en conséquence. J'ai
particulièrement apprécié la relation étroite que
vous vous êtes employés à faire entre des
aménagements structurels, tels que ceux prévus par le projet de
loi 40, et la qualité de l'éducation, en prouvant, par exemple,
qu'en transférant certaines responsabilités au niveau de
l'école, en faisant de l'école un niveau décisionnel, en
impliquant les usagers, les agents de l'éducation au niveau
décisionnel, on va forcément amener une amélioration de la
qualité de l'éducation.
Je note, enfin, que, si vous désirez la réalisation du
projet de loi 40, c'est non seulement parce qu'il fait de l'école le
pivot du système, non seulement parce qu'il fait de l'école une
entité participante et responsable, qu'il regroupe les écoles,
qu'il fait des parents des partenaires responsables, mais parce que tout cela
vise nécessairement, avec des moyens réalistes et
justifiés, à l'amélioration de la qualité de
l'éducation.
Au fond, pour ne pas prendre trop de temps et pour laisser à mes
collègues le soin de vous poser les questions pertinentes, je ne
voudrais vous poser qu'une seule question. Dans l'introduction de votre
mémoire, vous dites que vous ne vous sentez pas
représentés par la position des commissaires de votre commission
scolaire. Est-ce que vous pourriez être plus explicites à ce
sujet?
Le Président (M. Blouin): Mme Morin.
Mme Morin: C'est assez simple à concevoir. Notre
commission scolaire, par son mémoire, rejette entièrement le
projet de loi 40 et nous en apprécions plusieurs des aspects les plus
importants. C'est bien évident que la position adoptée par nos
commissaires ne s'appuie pas sur un consensus auprès des parents, bien
au contraire. Les parents ont été questionnés par deux
sondages, un l'an dernier sur le livre blanc et un cette année;
d'ailleurs, nous avons copie de ces sondages, si vous en désirez des
copies. (10 h 45)
M. Laurin: Oui, nous aimerions les avoir.
Mme Morin: Je les ai avec moi; on pourra les distribuer.
Le Président (M. Blouin): ...aux membres de la
commission.
Mme Morin: C'est bien évident que nous ne pouvons pas nous
sentir représentés. Ils recommandent le rejet et nous trouvons
que cela nous accorde beaucoup de points qu'on voulait voir réaliser. On
a décidé de se faire valoir par nous-mêmes.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'écouter la délégation du Comité de parents de la
commission scolaire Baldwin-Cartier. Je pense que, sur l'implication active des
parents dans le fonctionnement de notre système scolaire, il n'y a pas
de discussion; tout le monde est d'accord. Je vous entendais dire que vos
commissaires ne vous représentent pas bien. Dans notre système,
il y a une règle qui est universelle; si vous n'êtes pas contents
de vos conseillers, vous les battez aux élections. Si vous n'êtes
pas contents du gouvernement, vous le remplacez par un autre, Si vous
n'êtes pas contents des commissaires, vous présentez des candidats
contre eux aux élections, vous les faites remplacer. Ce n'est pas en
trouvant des solutions parallèles qu'on va régler ces
problèmes. C'est un principe de base que je rappelle à dessein
parce que je crois que, dans votre mémoire, il y a une confusion qui est
difficilement acceptable du point de vue de la logique démocratique. Si
j'écoute ce que vous dites, vous voudriez, vous autres, que la source du
pouvoir, ce soient les parents. Vous demandez qu'à l'école il y
ait un conseil d'école composé en majorité de parents.
Ensuite, vous demandez que les conseils d'école désignent une
majorité de commissaires d'écoles. Après cela, on aura un
peu de frime pour du suffrage universel, mais à condition que ce soit
minoritaire. C'est bien cela qui est dans votre mémoire, n'est-ce
pas?
Ce n'est pas acceptable parce que l'école, c'est une institution
publique qui émane de toute la communauté, qui est responsable
à toute la communauté. On ne peut pas en faire la chose d'un
secteur de la communauté, fussent les parents. Que les parents
participent par tous les moyens, parfait. Mais c'est une conception et c'est
celle qui est définie dans votre mémoire. Le projet de loi ne va
pas tout à fait aussi loin parce que le ministre a compris en cours de
route; sa première version, dans le livre blanc, penchait de ce
côté. Je pense qu'il s'est rendu compte, en cours de route, que ce
n'était pas acceptable. Franchement, votre conception, je tiens à
vous dire que, du point de vue de l'Opposition, elle soulève des
difficultés fondamentales, pas parce que nous sommes le Parti
libéral mais parce qu'en bonne logique démocratique cela ne
marche pas. Qu'il y ait une participation, très bien. Le contrôle
majoritaire, comme vous le demandez, Mme Morin, je pense qu'il y a des
objections fondamentales et, à mon point de vue, invincibles à
cela, qui n'ont eu jusqu'à maintenant aucune réfutation dans tout
ce que nous avons entendu à cette commission parlementaire.
Vous dites une autre chose dans votre mémoire; je la
relève parce qu'on l'a entendue à maintes reprises depuis le
début et vous nous fournissez cette occasion. Vous avez votre petit
questionnaire dans l'annexe que vous avez ajoutée, qui est
intéressant à écouter d'ailleurs, dans lequel vous
concluez: Les parents qui siègent aux comités d'école sont
aussi bons que les parents qui siègent à la commission scolaire,
des fois même meilleurs. Je vous le concède volontiers. Je suis
sûr que, dans les membres des comités d'école, bien des
personnes sont plus compétentes que certaines qui sont commissaires
d'écoles. Je suis sûr que, dans la population, il y a bien des
personnes qui sont plus qualifiées que celles qui sont autour de la
table ici, les députés. Il y a bien des ministres qui pourraient
être remplacés par des personnes joliment plus compétentes.
La logique de notre système, encore une fois, c'est que cela prend des
hommes et des femmes ordinaires pour prendre des décisions au nom de la
communauté. C'est cela qui est le système. Si on voulait avoir un
système élitiste, que ce soient seulement les meilleurs qui
accèdent aux postes, on n'aurait pas le
système démocratique, on aurait un autre système
qu'on appelle aristocratique ou oligarchique. Il y a bien des formes que
l'histoire nous rapporte à ce sujet.
La différence, madame, au niveau de la commission scolaire, c'est
que vous avez un ensemble qui a une certaine proportion, qui peut se doter de
ressources que vous ne pouvez pas avoir au même degré et pour les
mêmes fonctions au niveau de l'école. Ces gens sont
assistés par des personnes compétentes et, sur la foi des
documents, des études, de l'expertise qui leur sont disponibles, ils
sont habilités à prendre des décisions au nom de
l'ensemble de la communauté. Cela n'est pas compliqué. Mais on ne
peut pas reproduire ce système à tous les échelons. Si on
prétendait le reproduire à l'échelle locale, on ferait une
erreur monumentale. Il y en a qui parlent pour les municipalités. Ce
serait bien beau d'avoir des conseils de quartier. Il y a un parti qui a
proposé cela à Montréal, il y a quelques années. Il
a été obligé de le retirer parce que cela ne tenait pas
debout. Il faut avoir un organisme municipal qui va prendre les
décisions pour l'ensemble du territoire. C'est cela qu'on veut
préserver, nous autres. Dans le système qui est proposé
par le projet de loi 40, nous ne trouvons pas de garanties suffisantes à
ce sujet.
Encore une fois, le raisonnement disant qu'ils seront aussi bons
là ne marche pas non plus, parce qu'on le concède d'avance, il
peut même y en avoir de meilleurs. Je souhaite qu'il y en ait de
meilleurs parce que cela va obliger les commissaires d'écoles à
se grouiller encore plus. Ils sont loin d'être sans reproche. La
manière de corriger les faiblesses que l'on constate, à notre
point de vue, ce n'est pas celle proposée.
Je vous pose une dernière objection. Le partage des pouvoirs
proposé, vous adhérez à cela dans votre mémoire.
D'un côté, le personnel de l'école, y compris le directeur,
sont des employés de la commission scolaire; d'un autre
côté, vous dites qu'ils vont relever d'un conseil d'école
formé en majorité de parents. Il faut que l'employeur ait
autorité sur son personnel. Il faut qu'il soit capable de
l'apprécier. Il faut qu'il soit capable de prendre des décisions
pour le muter et donner des promotions et, quelquefois, des
rétrogradations également, on ne peut pas séparer cela.
Vous parliez tantôt d'un danger d'éparpillement. Il y en a un dans
le système proposé. C'est peut-être la première
question que je vais vous poser: Du point de vue du bon fonctionnement de nos
écoles et de notre système scolaire, avoir un fractionnement de
l'autorité sur le personnel comme celui qui est proposé dans le
projet de loi 40 ne sera-t-il pas une source de confusion et de conflit?
Le Président (M. Blouin): Mme Morin.
Mme Morin: Je veux répondre à une assertion que
vous avez faite comme quoi ce qu'on propose ne serait pas démocratique.
Pour nous, le système d'élection au suffrage universel est une
forme de démocratie et ce qu'on propose en est une autre. Ce n'est pas
moins démocratique. L'éducation n'est pas subventionnée
localement. Elle n'est subventionnée localement qu'à 6%. Alors,
nous reconnaissons à un certain nombre d'invidus le droit de voir
à la bonne gestion de ces fonds, mais, par ailleurs, nous
considérons que les vrais intéressés au système
sont les parents. Ce n'est pas moins démocratique. Tout simplement, ils
sont les usagers. Ce sont eux qui ont le droit. Les grandes orientations du
système d'éducation sont prises en haut où tout le monde a
le droit de vote. Au niveau local, c'est l'application de ces orientations et
nous pensons que les parents sont les mieux habilités à prendre
ces responsabilités. On ne va pas se chicaner à ce sujet, mais
c'est peut-être une vision différente. Je respecte la
vôtre.
M. Ryan: Je vais vous poser une question: Les parents sur le
territoire de la commission scolaire Baldwin-Cartier qui ont des enfants dans
les écoles, quelle proportion de la population représentent-ils?
Le savez-vous? Il faudrait peut-être regarder cela.
Mme Morin: Probablement 60% ou 70%. Je n'ai jamais fait ce
calcul.
M. Ryan: Non, c'est beaucoup moins que cela, madame.
Mme Morin: Je ne sais pas quels sont ceux qui ont des enfants et
qui n'en ont pas.
M. Ryan: On va l'établir clairement parce que ce que vous
voulez dire, c'est qu'à ce groupe-là il faudrait confier le
contrôle des écoles.
Mme Morin: Sur les modalités d'application.
M. Ryan: Nous ne voyons pas la justification de cela, parce que
nous trouvons que, dans la communauté, il y a bien des ressources qui
devraient également participer à la responsabilité du bon
fonctionnement des écoles. Il y a des personnes qui n'ont pas d'enfants
et qui, souvent, peuvent être éminemment utiles dans le
fonctionnement de notre système d'enseignement. D'ailleurs, notre
histoire a été faite en grande partie par des personnes comme
celles-là qui n'avaient pas d'enfants elles-mêmes et qui ont
souvent donné toute leur vie pour l'éducation de la jeunesse.
Elles n'étaient pas moins qualifiées pour cela; souvent, elles
l'étaient plus.
Mme Morin: Mais on leur fait...
M. Ryan: Et pour la partie gestion, il y a des personnes qui
peuvent être très intéressées, qui peuvent avoir une
bonne compétence, qui paient des taxes comme les autres. On ne voit pas
du tout la logique qui irait jusqu'à dire: On va donner la
majorité de ce côté-là.
Mme Morin: Nous entendons qu'elles aient une place, mais
minoritaire.
M. Ryan: Quand vous dites qu'il faut les faire participer au
pouvoir décisionnel, peut-être qu'il faudrait se rendre compte
que, déjà, c'est possible en vertu de la loi actuelle. En vertu
de la loi 71, qui a été adoptée en 1979, il y avait des
possibilités de participation aux décisions. Par
conséquent, ce n'est pas une nouveauté d'aujourd'hui. Cela n'a
pas fonctionné autant qu'on l'aurait souhaité pour des raisons
auxquelles on n'a pas trouvé de solution encore. On a déjà
fait une loi qui imposait un modèle uniforme partout en 1979. Cela n'a
pas fonctionné. Cette fois-ci, on est obligé d'entendre tous les
témoignages. Les enseignants sont venus ici; les commissaires
d'écoles sont venus; les cadres scolaires sont venus; les directeurs
généraux de commissions scolaires sont venus. On a entendu des
parents qui n'ont pas toujours la même opinion que la vôtre quoique
la fédération à laquelle vous vous raccrochez a
donné des opinions... Pensez-vous que le gouvernement serait sage
d'embarquer dans cette réforme alors qu'il y a tant d'oppositions qui
s'expriment en provenance d'agents essentiels de l'éducation?
Le Président (M. Blouin): Mme Morin.
M. Ryan: Fonceriez-vous dans cela, vous?
Mme Morin: Je m'excuse, il y a quelqu'un qui a toussé au
moment même où vous avez posé une question.
M. Ryan: Très bien. Nous, nous avons été
saisis d'objections très sérieuses par un grand nombre
d'organismes qui représentent des agents clés de
l'éducation. Malgré ces objections, est-ce que vous voulez
conseiller au gouvernement de foncer la tête baissée sans tenir
compte de tout cela?
Mme Morin: Pas sans en tenir compte. Il y a des recommandations
utiles qui ont été faites par certains groupes. Vous dites que ce
sont des agents clés. Les directeurs d'école, à ma
connaissance, sont des agents clés et ils sont en faveur. Les parents,
qui sont des agents clés, les premiers responsables de
l'éducation de leurs enfants, sont pour.
M. Ryan: Mais vous admettez pour le moins que c'est joliment
partagé.
Mme Morin: C'est peut-être partagé. M. Ryan:
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Merci, Mme Morin. M. le député
de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci, M. le Président.
Je salue d'une façon particulière le Comité
régional de parents francophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier. Ce qu'ils soulignent dans leur mémoire, il faut l'avoir
vécu. Dans une école, on se sent tellement isolé comme
étudiant, comme professeur et comme parent; c'est pour cela qu'avec
l'objectif de donner une meilleure éducation on sent le besoin aussi
d'avoir les moyens de réaliser la meilleure des éducations. Comme
professeur, vous pouvez être 20 ans dans une école sans avoir
rencontré votre commissaire d'écoles ou votre président de
commission scolaire. À plus forte raison, des parents ne rencontreront
jamais le président de la commission scolaire. L'action se passe
à l'école et, comme la Fédération des principaux
d'école est venue le dire, s'il y a un bon capitaine dans un navire qui
commande et qui utilise toutes les ressources du milieu il peut faire un bon
voyage. C'est la même chose si dans une école, dans un quartier,
il y a un bon capitaine qui est le directeur d'école avec un commissaire
d'école qui va être attaché à cette école
avec des parents, des étudiants, des professeurs; c'est là qu'on
va avoir une très bonne éducation. Il y en a qui veulent que le
capitaine, pour faire fonctionner le système d'éducation, pour
une meilleure éducation dans le patelin, ce soit le président de
la commission scolaire. Il faut l'avoir vécu pour savoir que ce n'est
pas cela. C'est pour cela que vous avez une approche pratique. Votre
dévouement dans le passé a prouvé que les parents sont
prêts à cela. Il y a déjà aujourd'hui 40 000 parents
qui sont prêts à faire quelque chose de plus. Le projet de loi 40
donne ces moyens pour que des parents puissent avec les autres agents donner
une très bonne éducation à nos enfants.
J'aborderai la logique démocratique absolue. Le
député d'Argenteuil parle de logique démocratique absolue.
Actuellement les commissions scolaires sont formées de commissaires qui
sont élus au suffrage universel et des parents siègent au niveau
des commissions scolaires à cause de la loi 30. Il n'y a personne qui
s'en offusque. Ce n'est pas le suffrage universel qui les a élus
là. On accepte cela dans le système, mais
aujourd'hui, si on veut aller un peu plus loin dans la même
philosophie, cela devient presque scandaleux. Actuellement, il y a des parents
qui ne sont pas élus au suffrage universel. On dit que les commissaires
d'écoles sont contents de les avoir parce qu'ils sont beaucoup plus
près de la réalité. M. le député
d'Argenteuil tout à l'heure se scandalisait de voir que la logique
démocratique avec le projet de loi 40 ne serait pas respectée.
Actuellement, la loi 30 permet, d'une façon démocratique aussi,
à des parents qui sont élus au niveau des écoles de
siéger aux commissions scolaires; c'est cela aussi, la
démocratie.
On entendra tout à l'heure le Conseil scolaire de l'île de
Montréal; est-ce que ces gens ont été élus au
suffrage universel réellement pour exercer la fonction qu'ils ont? Non.
Il n'y a personne autour de cette table qui va s'en scandaliser. Il y a des
personnes qui vont représenter des groupes socio-économiques. Il
y en a qui représentent des commissions scolaires. Ce n'est pas le
suffrage universel qui va élire les commissaires du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. C'est drôle comme on se scandalise
quelquefois. Cela dépend peut-être aussi où sont vos
intérêts. (11 heures)
Je voudrais vous faire parler de votre sondage. Je sais bien, chers
parents, que vous n'avez peut-être pas les moyens de certains autres pour
faire un sondage. Je ne sais pas si c'est un sondage scientifique fait par une
firme. Vous n'avez peut-être pas les moyens, mais on aimerait, Mme Morin,
avoir les résultats du sondage, savoir quels sont les désirs des
parents sur le pouvoir décisionnel, entre autres, que peut accorder la
loi 40 au sujet de la direction de certains pouvoirs qu'on peut avoir à
l'école. Tout à l'heure, le député d'Argenteuil
laissait sous-entendre qu'avec la loi 40, on va donner tous les pouvoirs
à l'école. Vous savez que c'est assez restrictif. C'est un
minimum pour que cela puisse bien fonctionner, pour avoir une bonne
éducation et avoir de bons services. On laisse sous-entendre toutes
sortes de choses. Ma question serait celle-ci, Mme Morin: Quel serait, en gros,
le résultat de certains points de votre sondage auprès des
parents de la commission scolaire Baldwin-Cartier?
Le Président (M. Blouin): Mme Morin.
Mme Morin: On en fait un peu état dans notre sondage. Les
recommandations de notre mémoire émanent des sondages. Donc, les
parents ont voulu qu'il ne s'agisse pas de délégation de
pouvoirs, par exemple, pour les écoles. Les parents ont voulu que les
écoles, par la loi, obtiennent plus de pouvoirs. La question
était: "Certains sont d'avis que l'école dispose
présentement des pouvoirs pédagogiques et administratifs
nécessaires pour son bon fonctionnement; d'autres pensent au contraire
que les pouvoirs sont trop limités. Selon vous, laquelle des
affirmations suivantes correspond le plus à votre opinion? "Il faut
conserver les pouvoirs. Il faut que la commission scolaire donne à
l'école plus de pouvoirs ou il faut que, par la loi, l'école
reçoive plus de pouvoirs. Il faut modifier le statut juridique de
l'école et en faire une corporation autonome."
Il y a 54% des gens qui s'étaient prononcés en faveur de:
"II faut que, par la loi, l'école reçoive plus de pouvoirs" et
18% étaient pour la corporation autonome. Donc, cette année,
comme il n'y a plus de corporation autonome, si on regroupe ces deux
pourcentages, on a un groupe... Pardon? Oui, il y a un sondage qui a
été refait cette année pour adapter les positions prises
l'année dernière par les parents, à la suite de la lecture
du livre blanc, en comparaison avec ce qui était proposé dans la
loi 40. Il y a certaines positions qui ont été maintenues.
D'autres ont dit: Non. On préférait ce qu'il y avait
l'année dernière. Donc, ils veulent quand même un
renforcement. Les parents se sont reprononcés en faveur de pouvoirs
inscrits dans la loi.
Par exemple, sur l'élection des commissaires, on a posé la
question l'année dernière, on l'a reposée cette
année. Ils maintiennent toujours qu'ils veulent qu'une partie de la
commission scolaire soit formée de citoyens élus au suffrage
universel et, majoritairement, de parents issus des écoles. C'est le
sondage. J'ai des copies, je pourrai vous les faire distribuer après.
Cela a été reconfirmé cette année. Les parents
veulent plus de pouvoirs au niveau des écoles parce que c'est là
que ça se passe. Ce qui reste à décider dans les
écoles, ce n'est pas sur les grandes orientations scolaires, ces
décisions sont prises par les gouvernements, par le ministère de
l'Éducation. Tout le monde peut voter à ce niveau. Les
décisions qui sont prises localement concernent le vécu scolaire,
comment cela va se passer dans l'école, quel volume plutôt qu'un
autre qui est déjà approuvé. Ce sont ceux qui l'utilisent,
ceux qui ont des enfants qui sont le plus en mesure de se prononcer
là-dessus et le plus intéressés. Ce n'est pas
antidémocratique, selon nous.
M. Champagne (Mille-Îles); C'est sûr, Mme Morin, que
j'ai bien aimé l'expression: C'est là que cela se passe, à
l'école. Je reconnais bien qu'il faut aussi avoir les moyens de le
faire. Ce n'est pas au niveau de la commission scolaire que cela se passe.
J'entendais le député d'Argenteuil qui disait, tout à
l'heure: Pensez-vous que le gouvernement va foncer, tête baissée,
dans la réforme? Je réponds non. Si on regarde
l'évolution, en 1964, il y a eu la création du
ministère de l'Éducation; dix ans plus tard, c'est une loi qui
consacre des comités d'école comme tels et, dix ans après,
on en arrive à reconnaître ces comités d'école en
leur donnant un peu plus de pouvoirs. C'est la seule chose. Le gouvernement
s'en va tête baissée après une évolution de 20 ans
et on voit les résultats aujourd'hui. II y a 40 000 parents qui s'en
occupent.
Voici une dernière question, madame. Dans votre conclusion, vous
dites: "Nous ne saurions conclure ce mémoire sans assurer le ministre
qu'il a vu juste en misant sur les parents car, si ceux-ci ne sont pas
infaillibles, ils ne sauraient certainement être taxés de parti
pris ou d'intérêt particulier caché, lorsqu'ils parlent du
bien des enfants, puisque ce sont les leurs." Je vous amène à la
question suivante: D'après vous, est-ce que la présence des
parents à l'école a une chance d'améliorer la
qualité de l'école publique? Est-ce que la loi 40 va faire en
sorte qu'on va améliorer l'école publique?
Le Président (M. Blouin): Mme Morin.
Mme Morin: C'est évident que, si on est en faveur, c'est
qu'on pense que oui, parce qu'on a d'abord étudié la
possibilité d'améliorer la qualité de l'éducation.
Nous nous sommes dit, on l'a expliqué tantôt, que la
qualité de l'éducation dépend de beaucoup de choses. C'est
évident que cela dépend des programmes. Il y en a des programmes,
et je pense qu'ils sont bons. Ils sont toujours perfectibles, mais je pense
qu'ils sont bons. Cela dépend des enseignants, il y a d'excellents
enseignants dans nos écoles. La compétence est là.
Ce qui manque actuellement, c'est au niveau de l'éducation,
peut-être pas au niveau pédagogique, mais au niveau de
l'éducation, de tout ce qui est autour des programmes et du
régime pédagogique, l'évaluation, etc. Puis, nous disons
que c'est peut-être là qu'il y a des lacunes et c'est là
que les parents peuvent faire quelque chose parce que ce sont eux qui savent
quel genre de société ils veulent, comment ils veulent que leurs
enfants soient éduqués, etc. C'est autour de l'école.
C'est dans l'école que cela se passe et c'est autour. La seule
façon que cela pourra refléter les valeurs que les parents
veulent, que cela va refléter les besoins d'un milieu, c'est qu'en
donnant accès à ces parents au pouvoir décisionnel, eux
n'ont pas... En tout cas, nous prétendons ne pas être en conflit
d'intérêts. On ne travaille pas là, on n'a pas de salaire
là, on n'a aucun autre intérêt à défendre que
le bien des enfants et il n'y a pas un parent qui va faire des compromissions
ou ne pas étudier cela sérieusement quand il s'agit du bien de
ses enfants. Quand ce sont nos enfants qui sont là, c'est
sérieux.
On se dit donc qu'ils sont les plus adaptés à aider,
à faire un input sur des valeurs à promouvoir à
l'école, sur tout ce qui entoure les choses déjà
décidées, c'est-à-dire sur la manière dont cela va
s'appliquer. Nous pensons que 1'input des parents est très important et
c'est de nature à améliorer la qualité de
l'éducation. Nous sommes convaincus de cela.
M. Champagne (Mille-Îles): Pour la qualité de
l'éducation, madame, on va souhaiter que vos désirs se
réalisent et que la loi 40 fasse le plus d'unanimité possible.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais dire
bonjour aux représentants du Comité régional de parents
francophones de la commission scolaire Baldwin-Cartier.
Il y a deux choses qui me frappent dans votre mémoire. J'ai deux
petites questions à poser à cause de ces deux aspects. Je vais me
restreindre à cinq minutes parce que ma collègue, la
députée de L'Acadie, a d'autres questions à poser.
À plusieurs reprises dans votre mémoire, vous avez fait
allusion au fait qu'il y a un écart entre le livre blanc et le projet de
loi. Vous avez proposé quelques amendements dans ce sens. Mais il y a
une question qui est profondément discutée dans le livre blanc
parce qu'on trouve là une critique sévère en ce qui
concerne le pouvoir écrasant, le pouvoir disproportionné du MEQ
qui rend les commissions scolaires incapables de remplir leurs fonctions
légitimes comme gouvernements locaux.
Pratiquement tout le monde a soulevé cet écart entre le
livre blanc et le projet de loi. N'est-ce pas là quelque chose qui vous
a préoccupés?
Mme Morin: L'écart entre le livre blanc et la loi 40?
Mme Dougherty: Les pouvoirs du ministère de
l'Éducation qui rendent les commissions scolaires incapables de remplir
leur rôle comme gouvernements locaux. C'est une critique très
sévère dans le livre blanc. Tout le monde s'attendait à
quelque chose dans le projet de loi qui décentraliserait les pouvoirs
vers les commissions scolaires pour les rendre capables de remplir leur
rôle comme gouvernements locaux. On ne voit rien en ce sens dans le
projet de loi 40. N'est-ce pas une question qui vous préoccupe comme
parents?
Mme Morin: On vous a dit dans notre ajout comment on voit la
répartition des
pouvoirs entre les trois paliers. Nous trouvons, du moins dans le projet
de loi 40 et dans le livre blanc... C'est peut-être un petit peu plus
loin, c'est moins frais à ma mémoire. Je pense qu'il y a eu
amélioration par rapport au livre blanc dans le projet de loi 40 sur une
certaine décentralisation au niveau de la réglementation promise.
Nous reconnaissons au ministère de l'Éducation d'être le
maître d'oeuvre et de déterminer les grandes orientations. Nous
sommes d'accord pour des contrôles a posteriori autant de la part du
ministère de l'Éducation sur les commissions scolaires que des
commissions scolaires sur les écoles. On s'est peut-être moins
attardé à cet aspect parce que, pour nous, c'était la
qualité de l'éducation et surtout ce qui allait se passer dans
l'école. Nous trouvons que les écoles, avec ce projet, ont ce
qu'il faut pour assurer une certaine uniformité minimale du
système et pouvoir prendre des décisions.
Quant au palier de la commission scolaire, il n'y a pas plus de
centralisation dans le projet de loi 40 qu'il n'y en a dans le système
actuel. Je pense, que c'est même le contraire au niveau de la
réglementation. Ce n'est peut-être pas le sujet qui a
été le plus étudié en profondeur, mais cela ne nous
a pas frappés qu'il y avait une exagération ou une augmentation
de cette centralisation. Au contraire, nous étions surtout
satisfaits...
Le Président (M. Blouin): M. Pelland.
M. Pelland: En complément de réponse, les parents
se rendent compte que les pouvoirs dont on a besoin sont à la commission
scolaire. On ne s'est pas demandé si les pouvoirs du gouvernement
devaient être plus décentralisés vers les commissions
scolaires ou vers les écoles. On s'est demandé où sont les
pouvoirs dont on a besoin. Ils sont à la commission scolaire. Cela fait
partie de la réflexion et du cheminement des parents.
Mme Dougherty: Une autre chose m'a frappée. Vous avez dit:
"Que la commission scolaire - à la page 5 - soit un organisme de
services sans autorité directe sur les écoles, sauf dans les
domaines définis par l'ensemble de celles-ci." J'aimerais savoir quels
sont les domaines que vous définiriez comme appropriés pour les
commissions scolaires.
Mme Morin: On les a mentionnés un peu tantôt au
moment de la lecture en ajout, c'est-à-dire les domaines qui concernent
l'ensemble des écoles. Je pense qu'il est tout à fait
évident qu'au niveau des écoles les parents ne sont pas fous et
les directeurs et les enseignants dans les écoles savent, à un
moment donné, s'il est plus utile de se regrouper pour se donner
certains services. J'ai souvent entendu des directeurs d'école dire: Si
ces services étaient donc dans l'école! Si je pouvais
décider quels services je veux, il me semble que cela répondrait
mieux à mes besoins. Nous pensons que les services vont être
meilleurs, en tout cas, plus adaptés aux vrais besoins, si ce sont les
écoles qui disent: Voici, ensemble, nous décidons que tel service
pourrait nous être offert par la commission scolaire. Elles demandent
tout simplement à la commission scolaire d'offrir ce service. Nous en
avons suggéré quelques-uns, par exemple, sur le transport. Il est
évident qu'on ne peut pas l'organiser localement. Se regrouper pour des
achats, l'adaptation scolaire, l'éducation des adultes, cela va de soi,
les services aux étudiants, enfin, tout ce qui aurait avantage à
être dans plusieurs écoles. Plutôt que ce soit un groupe de
personnes à la commission scolaire qui disent: Voici, nous prenons cela
et nous vous donnons cela, cela et cela, ce seraient les écoles qui
diraient: Nous avons besoin de cela et organisez-nous ces services. Dans les
faits, cela revient au même, sauf que c'est de nature à mieux
répondre aux vrais besoins des écoles, pensons-nous, si cela
vient de la base. C'est la seule différence.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le député de
Shefford. (11 h 15)
M. Paré: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
à mon tour vous remercier pour le témoignage que vous venez
soumettre à la commission et vous féliciter parce que, de par le
texte que vous nous soumettez, j'ai l'impression que vous venez simplifier le
débat et démystifier beaucoup de peurs. Je trouve cela important
parce que vous apportez une façon facile et simple de discuter de
quelque chose qui en fait est le coeur du projet de loi 40, les pouvoirs.
Je trouve aussi intéressant qu'on n'oublie pas la qualité
de l'enseignement. Là-dessus, je reviens à ce que vous dites, et
je trouve cela important; c'est une loi qui s'occupe de structures, c'est
évident, mais il faut toujours les rattacher à la qualité
de l'enseignement. Vous dites: Mentionnons d'abord que la qualité de
l'éducation ne dépend pas surtout des structures, loin de
là, bien que celles-ci soient importantes car elles permettent ou ne
permettent pas la mise en place de mécanismes pouvant améliorer
l'éducation. Donc, c'est important et vous n'êtes pas les seuls
à penser cela. On avait la même chose hier avec les frères
des Écoles chrétiennes qui disaient à peu près la
même chose: Les structures ne constituent pas le tout du système
scolaire, elles sont au service de l'instruction et de l'éducation
dispensées. Donc, vous n'êtes pas
le seul groupe à reconnaître que, finalement, oui, cela va
rejoindre la qualité de l'enseignement qui va être donné
à un moment donné. Je trouve très important qu'on le
mentionne.
Avant de vous poser quelques questions, je voudrais revenir sur
certaines choses qu'a dites le député d'Argenteuil. Je trouve
aussi que c'est important parce que cela rejoint effectivement le coeur
même du sujet dont on traite, le projet de loi 40 et l'enseignement. On
dit que c'est un service à la communauté, tout le monde devrait
voter au niveau de l'école. C'est un service à la
communauté, sauf que c'est avant tout un service à une partie de
la communauté les enfants. Donc, à mon avis, c'est normal que
ceux qui s'en occupent en premier lieu, ce soient les représentants de
ces enfants, justement les usagers. Ce n'est pas, comme le transport en commun,
ouvert à tout le monde. Ce n'est pas comme un hôpital où
tout le monde peut aller quand il est malade. Ce sont des gens qui y vont cinq
jours par semaine, comme vous le dites dans votre mémoire, de
façon régulière et qui sont le complément du retour
et du départ de la maison, du retour et du départ de
l'école. C'est important qu'on insiste sur ce genre de service
particulier qui est l'éducation des enfants.
Vous dites, M. le député d'Argenteuil -et vous avez raison
- qu'il n'y a pas unanimité, qu'il n'y a pas nécessairement
consensus non plus. Il faudrait aussi lire - on le fait et on en discute - les
mémoires pour s'apercevoir de quelque chose. Il y a des consensus qui se
dégagent au niveau des grands principes du projet de loi 40 qui sont la
restructuration, l'intégration, la confessionnalité et les choses
comme celles-là. Il ne faut pas oublier que, même si les
directeurs généraux ont dit qu'ils voudraient avoir beaucoup de
changement dans le projet de loi 40, ils ont fini par dire que, si cela
s'applique comme tel, ils vont collaborer le mieux possible.
Il ne faut pas oublier que les commissions scolaires ont dit qu'elles
étaient contre la décentralisation légale au niveau des
écoles. Cela ne les a pas empêchées de dire dans leur
mémoire et de nous dire ici en face que cela se fait déjà,
qu'elles sont d'accord avec une décentralisation pour donner des
pouvoirs aux écoles, mais pas légalement, pas à la
volonté des parents mais à la volonté des commissions
scolaires. Donc, il faut dire que ce n'est pas contre le principe même,
la volonté de décentraliser envers l'école, qu'on en a,
mais sur la reconnaissance légale; c'est autre chose. Je pense qu'il
faut faire attention. Il n'y a peut-être pas consensus global, mais, sur
le fond des choses, je ne suis pas sûr qu'on ne s'oriente pas vers
quelque chose où on pourra s'entendre.
Les directeurs d'école, comme vous le spécifiez, sont
d'accord, ce sont des agents importants. C'est évident qu'on ne peut pas
avoir l'unanimité lorsqu'il s'agit de répartition de pouvoirs
à des instances qui en ont, qui en cèdent ou qui veulent en avoir
plus. Vous avez quelque chose d'extraordinaire à la page 5.4, à
mon avis, au début, qui vient clarifier ces choses ou en tout cas
apporter un témoignage qui est important: "Nous constatons qu'une
instance donnée prône toujours la décentralisation du
palier supérieur vers elle alors qu'elle prône, au nom de
l'unité du système, le droit de gérance vers les paliers
inférieurs." Je pense que c'est pour cela qu'on a un débat et que
les gens viennent se faire entendre. La décentralisation, il faut que ce
soit en fonction de l'objectif du ministère concerné et non pas
des instances et des structures. Je trouve que cela arrive à point dans
la discussion.
J'en viens à la question que je voudrais vous poser. II s'agit de
la place des parents, et cela est important. Il y a une des peurs entre autres,
surtout par la réponse que vous avez donnée tantôt à
Mme la députée de Jacques-Cartier... La préoccupation des
parents au niveau de l'école à l'heure actuelle, après le
projet de loi 40 tel quel ou amendé... Sur la place des parents, vous
avez dit que, dans votre préoccupation, il ne s'agissait pas d'une lutte
de pouvoirs. Vous avez dit: On est là et notre seul
intérêt, c'est la qualité de l'enseignement, de
l'éducation, de l'instruction qu'on donne à nos enfants. Vous ne
voyez pas de lutte de pouvoirs et vous dites que vous laissez la lutte de
pouvoirs aux autres instances politiques. Une des craintes manifestées
au niveau du conseil d'école est qu'il y aura une lutte de pouvoirs, un
risque de chicanes. Je ne vois pas comment des parents se feraient élire
avec des luttes politiques au niveau d'un conseil d'école quand leur
préoccupation, ce sont leurs enfants. Ils n'iront pas faire des
chicanes. Cela ne m'inquiète pas, la lutte de pouvoirs; elle ne se fera
pas. On laisse cela à des instances supérieures. Il y a le vote
universel au niveau de la commission scolaire.
La place des parents est une crainte que vous venez contredire, mais qui
nous est apportée souvent. Les parents n'ont pas le temps...
Le Président (M. Blouin): Deux minutes, vous devez
conclure.
M. Paré: Bon, très rapidement. Vous avez
parlé de la place des parents; on en a parlé dans plusieurs
mémoires. Il y a une question que je voudrais vous poser. Il y a la
perception que j'ai, et j'aimerais aussi que vous nous disiez ce que vous en
pensez. Il est vrai que les parents ne veulent pas
devenir des administrateurs; il est vrai que les parents ne veulent pas
être des commissaires, il y en a qui ne veulent pas s'occuper de toutes
les écoles et de l'éducation, disant qu'il y a d'autres gens pour
cela. Ce qu'ils veulent, c'est s'occuper de leur école, parce que c'est
là que sont leurs enfants. Il y a des gens qui sont venus nous dire: Si
les parents veulent plus de pouvoirs, qu'on leur donne plus de pouvoirs
à la commission scolaire, qu'ils se fassent élire à la
commission scolaire, c'est là qu'on devrait avoir plus de parents, et
qu'on leur donne plus de pouvoirs. Est-ce que vous pensez que cette philosophie
de donner plus de pouvoirs aux parents et qu'ils soient plus nombreux à
la commission scolaire va répondre aux besoins que vous exprimez comme
parents?
Le Président (M. Dlouin): Succinctement, Mme Morin.
Mme Morin: On ne souhaite pas que les parents aient plus de
pouvoirs à la commission scolaire, parce qu'un autre de nos souhaits,
c'est que l'endroit pour décider des choses qui concernent
l'école, ce soit l'école. Qu'est-ce que cela nous donnerait
d'être à la commission scolaire, puisque c'est l'école
qu'on veut influencer? On veut que ce soit l'école pour elle-même;
on ne tient pas à ce que ce soit exactement la même chose dans
toutes les écoles. Ce n'est pas à la commission scolaire qu'on
veut être pour exercer une influence. On veut y être aussi, parce
qu'il y aura des choses, mais on tient à être à
l'école pour ce qui sera décidé à l'école.
Ce n'est pas plus à une place qu'à l'autre.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Morin. Merci, M. le
député de Shefford. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
les parents francophones de la commission scolaire Baldwin-Cartier pour leur
mémoire. On doit dire qu'ils ne manquent pas d'enthousiasme
vis-à-vis du projet du ministre.
M. Polak: II y a des raisons spéciales.
Mme Lavoie-Roux: Je peux comprendre facilement que les parents se
disent qu'ils vont maintenant régler les problèmes, que c'est eux
qui vont avoir les pouvoirs de décision: On va gérer nos
écoles; Enfin, disent-ils, nous n'aurons plus de frustrations avec les
commissions scolaires parce que c'est nous qui allons décider ce que les
commissions scolaires vont devoir nous donner. C'est ce que vous avez dit; ce
seraient les écoles qui demanderaient aux commissions scolaires ce dont
elles ont besoin. Je peux comprendre votre enthousiasme débordant. Je
trouve quand même qu'il y a certains absolus dans votre mémoire;
je vais en mentionner deux au passage.
Il y en a un qui est à la page 5.5 de la partie
supplémentaire que vous nous avez donnée, vous y dites:
"Avez-vous déjà remarqué que ce ne sont jamais des
organismes de parents qui se prononcent dans ce sens-là." Cela veut dire
sur la difficulté des parents de pouvoir exercer pleinement la gestion
de l'école. Je vous ferai remarquer là-dessus qu'on a eu des
organismes de parents très représentatifs qui se sont
prononcés contre le pouvoir de décision de gérer quasi
totalement l'école. On en a eu ici.
Vous dites ailleurs que les parents sont les meilleurs commissaires
d'école, et ça aussi relève de votre enthousiasme. C'est
vrai qu'il y a des parents qui sont d'excellents commissaires d'école,
mais c'est comme dans la société en général. Il y a
des parents qui sont de bons commissaires d'école et il y en a qui ne
sont pas parents et qui sont de meilleurs commissaires d'école que ceux
qui sont parents. Comme vous avez des députés qui sont de bons
députés et d'autres qui le sont moins. Si vous regardez
l'éventail de la société... Je mets cela sur le compte de
votre enthousiasme. Je pense qu'il faut peut-être se méfier un peu
de ces absolus qui ne laissent peut-être pas de place pour un peu de
dissidence quant à l'expression d'opinions.
Au point de vue démocratique, je m'inquiète un peu, de
même que mon collègue d'Argenteuil, de votre façon de voir
la démocratie. L'école, c'est vrai qu'à un moment
donné il y a un groupe de personnes qui en sont les usagers pendant deux
ans, trois ans, six ans, huit ans. Je suis d'accord, mais il reste que
l'école appartient à la communauté. Je pense que le
ministre a déjà modifié son projet du moins dans son
esprit, quant à la façon dont le suffrage universel serait
exercé, et je m'en réjouis. Si on s'en tenait à ce que
vous voulez, le peu d'intérêt dont la population fait montre
présentement à l'élection des commissaires d'école
ou à l'organisation du système scolaire irait en se
dégradant puisque ce ne serait la chose que de quelques personnes
d'abord élues au comité d'école, qui, ensuite, sont en
majorité à la commission scolaire. Ce sont des remarques
générales.
Je suis un peu inquiète aussi du fait que vous ayez laissé
de côté des aspects importants. On dirait que votre enthousiasme
pour le projet vous a empêchés de voir les lacunes. Par exemple,
vous ne semblez nullement concernés ou préoccupés par le
fait qu'au conseil d'école, il y aura des enseignants ou il n'y en aura
pas. Vous dites: On veut être là en majorité alors que
déjà
le ministre s'achemine - en tout cas, c'est ce que les journaux
laissaient entendre en fin de semaine - vers une parité,
peut-être, entre les parents et même, les parents ne seraient pas
majoritaires. Est-ce qu'à ce moment, vous seriez toujours aussi d'accord
avec le projet de loi?
Deuxièmement, est-ce que, dans votre idée à vous,
la commission scolaire... Je regarde les pouvoirs que vous lui donnez, est-ce
que, finalement, on ne pourrait pas davantage, au lieu d'avoir une commission
scolaire, confier cela à une firme quelconque qui pourrait faire
l'opération mathématique de la péréquation, qui
pourrait faire une opération mathématique d'organisation de
transport? Ce que vous laissez à la commission scolaire, elle devient
tout à fait... Enfin, elle n'a presque plus sa raison d'être. Ce
serait peut-être beaucoup plus efficace, dans votre esprit à vous,
de confier cela à une firme qui aurait des tâches très
précises à faire qui semblent être davantage des
tâches organisationnelles de péréquation, etc.
Le dernier point que je veux soulever, je pense que ma collègue
de Jacques-Cartier l'a soulevé. À peu près tous les gens
qui sont venus ici, qu'ils aient été d'accord avec le projet ou
pas ou plus ou moins d'accord, l'ont souligné et, dans la
communauté en général, on sent une préoccupation
quant à la trop grande centralisation du ministère. Vous, vous
passez cela tout à fait sous silence. Vous dites: Ce que le
ministère ne contrôlera pas, on voudrait en avoir toute la marge,
c'est-à-dire, on voudrait pouvoir avoir le résidu de tout cela,
mais sans vous interroger si vraiment ceci va vous permettre d'améliorer
la qualité de l'enseignement dans vos écoles, va vous permettre
de donner à votre école une couleur locale, et c'est un peu cela
qui m'inquiète dans votre mémoire. D'une part, je comprends votre
enthousiasme, mais, d'autre part, je m'inquiète un peu du manque, de
l'absence de sens critique sur à peu près tout et sur des
questions aussi fondamentales que les mécanismes prévus pour la
confessionnalité, la place de l'enseignant, la centralisation des
pouvoirs au ministère par rapport aux instances locales, etc.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Mme Morin, en deux
minutes, s'il vous plaît!
Mme Morin: C'est presque un autre mémoire à
écrire. D'abord, la place de l'enseignant, pour commencer par
celui-là, on en parle... On les voit. Ce n'est pas vrai qu'on dit:
Qu'ils soient là ou qu'ils ne soient pas là... Sauf que les
parents ont souhaité être majoritaires. On pense qu'il y a
différentes façons, il y a différents modes pour des
comités d'école ou des comités à l'école, si
on ne leur donne pas de nom, de fonctionner. Il y a la méthode
consultative, celle qui existe actuellement, qui permet quand même un
certain échange, mais souvent qui apporte des résultats un peu
décevants pour les personnes qui sont consultées parce que les
gens disent que cela a l'air d'être décidé d'avance. C'est
cela, la consultation. On en prend et on en laisse. Il y a la méthode du
comité paritaire, celle dont vous me parlez en dernier lieu. On s'est
interrogé aussi là-dessus. C'est une autre méthode avec
laquelle on serait capable de travailler, qui apporte certains avantages, par
exemple, au niveau de l'échange possible entre les partenaires.
Idéalement, je dirais que c'est peut-être la meilleure, sauf
qu'elle a peut-être comme désavantage d'être moins efficace
si, à un moment donné, il n'y a pas de consensus qui se fait. (11
h 30)
Aussi, il faut appeler les choses comme elles sont. Nous, on
considère qu'il y a peut-être un certain danger de manipulation
syndicale à certains moments. Si les partenaires sont paritaires et que
le groupe enseignant veut, avec une idéologie syndicale, infiltrer le
comité, il peut le paralyser. On le voit actuellement: pour obtenir
certaines choses, on paralyse des organismes. On se dit: Pour plus
d'efficacité, on veut qu'il y ait un groupe majoritaire et on veut que
ce soient les parents. Je le répète, parce que ce qui reste
à décider à l'école, ce sont des modalités
d'application. Les grandes orientations sont au niveau du ministère. La
population vote à ce niveau-là. Ce qui reste au niveau de
l'école, c'est sur le comment, sur le vécu et on considère
toujours que ce sont les parents qui devraient avoir le dernier mot. On me fait
signe que je ne pourrai pas répondre à vos autres questions, je
regrette.
Le Président (M. Blouin): Oui, Mme la
députée de L'Acadie, en quelques secondes. Il nous faut
maintenant entendre l'organisme suivant.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que vous pourriez leur accorder
quelques minutes de plus pour répondre.
Mme Morin: Je pense que c'est vous qui nous les avez
enlevées.
Le Président (M. Blouin): On pourra compléter la
réponse, s'il y a consentement, mais je ne voudrais pas qu'on prenne
l'habitude de modifier les ententes parce qu'on n'en sortira plus.
D'accord?
Mme Lavoie-Roux: D'accord! D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Sur ce, je
dois remercier, au nom de tous les membres de la commission, le
Comité régional de parents francophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier pour son importante collaboration aux travaux de notre
commission.
J'invite maintenant les représentants du Conseil scolaire de
l'île de Montréal à bien vouloir prendre place à la
table des invités, afin que nous procédions. Je signale au
conseil scolaire que, toujours selon l'entente intervenue, nous disposons d'une
période de deux heures pour procéder d'abord à l'audition
de son mémoire en une vingtaine de minutes et, ensuite, aux
échanges entre les membres de la commission et les représentants
du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Vous êtes maintenant familiers avec notre procédure, je
crois. Vous nous avez remis un texte d'une trentaine de pages. Je vous signale
que, si vous procédez à la lecture systématique de ce
texte, le temps dont vous aurez besoin pour en disposer sera, il me semble,
supérieur au temps dont nous pouvons disposer pour ce genre de
présentation. Je vous demande donc, si possible, d'en résumer
certaines parties afin que nous ayons le maximum de temps pour procéder
aux échanges entre les membres de la commission et les
représentants du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. Mongeau (Jacques): M. le Président, je dois vous dire
que le texte que nous vous avons remis est déjà un
résumé de notre mémoire...
Le Président (M. Blouin): Je comprends, M. Mongeau, mais
vous devez aussi comprendre que nous devons procéder à
l'intérieur des règles que nous nous sommes données. Je
vous répète qu'une présentation plus longue amputera le
temps disponible pour les échanges entre vous et les membres de la
commission.
M. Mongeau: Nous considérons quand même, M. le
Président, avec votre permission, qu'il est très important que
nous vous fassions part de ce texte, qui est déjà un
résumé de notre mémoire.
Le Président (M. Blouin): Enfin, M. Mongeau, je me
permettrai, si vraiment cela devient excessif, de vous le souligner au cours de
votre présentation. D'accord?
M. Mongeau: Je vous en prie, M. le Président.
M. le Président, mesdames et messieurs de la commission,
j'aimerais d'abord vous faire part que derrière moi, dans cette salle,
il y a présentement des délégués-commissaires de
toutes les commissions scolaires de l'île de Montréal qui sont
membres du Conseil scolaire de l'île de Montréal. Tous les
officiers-cadres du Conseil scolaire de l'île de Montréal sont
aussi présents ce matin. De plus, j'aimerais souligner la
présence du président de la CECM, M. Marcel Parent, de la
présidente de la commission scolaire de Sainte-Croix, Mme Hinse, de la
vice-présidente de la commission scolaire de Lakeshore, Mme Margaret
Funnell. Les membres du comité exécutif du Conseil scolaire de
l'île de Montréal m'accompagnent, mesdames, messieurs, ce matin:
Mme Joan Rothman, à ma droite, la déléguée de la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal; M.
Gérard Latreille, de la commission scolaire Sault-Saint-Louis; M.
Bernard, Grégoire, vice-président du conseil scolaire et
délégué de la CECM. Les autres membres derrière moi
sont: MM. Joseph Morselli, de la commission scolaire
Jérôme-LeRoyer, et M. Peter Pitsiladis, de la commission scolaire
de Lakeshore, tous membres du comité exécutif. Le porte-parole
à part moi-même devait être le vice-président, M.
Bernard Grégoire, de la CECM. Pour des raisons personnelles et
très sérieuses, M. Grégoire doit retourner à
Montréal immédiatement et s'excuse auprès de la commission
de devoir quitter les lieux d'ici deux ou trois minutes. Mais m'accompagnent le
directeur général du conseil scolaire, M. Raynald Laplante; le
secrétaire général du conseil scolaire, Me Jean Marcoux,
et le conseiller-cadre en planification et pédagogie, M. Pierre Tougas.
M. le Président, mesdames et messieurs de la commission, dès la
parution du livre blanc sur la restructuration scolaire, en 1982, le Conseil
scolaire de l'île de Montréal a décidé
d'agréer à la demande du ministre qui nous invitait à
susciter des discussions et des échanges publics sur son livre blanc. En
accord avec ses partenaires, le conseil s'est alors attelé à une
double tâche. D'abord définir des principes de base qui
guideraient leur examen des propositions gouvernementales. Ensuite
préparer un programme d'information afin de faire valoir ces grands
principes et d'alimenter la discussion publique d'un projet de loi aussi
important pour toute la communauté scolaire et la société
québécoise en général. C'est ainsi que le conseil
scolaire, ouvertement et officiellement, a dû affecter un budget
important pour s'informer des points de vue de la population et pour faire
valoir la position des commissions scolaires de Montréal sur le livre
blanc, sur les propositions verbales annoncées de temps à autre
par le ministre, puis sur le texte même du projet de loi 40. Nous sommes
fiers de notre contribution à la discussion publique dans cet important
dossier.
En rétrospective, nous constatons que notre initiative visant
à alimenter le débat public s'est révélée
d'autant plus pertinente que l'action du ministère dans ce dossier,
elle, s'est le plus souvent inscrite dans une perspective de dialogue à
sens unique avec ceux qui partageaient son avis. Il faut le dire, les
commissions scolaires de cette province assistent depuis deux ans à un
monologue ininterrompu du ministre de l'Éducation qui se refuse à
discuter avec elles des vrais enjeux que nous soulevons. Le ministre s'est
borné jusqu'à maintenant à accuser les commissaires
d'école du Québec de mener des combats d'arrière-garde et
de défendre des intérêts établis.
Il y a donc lieu d'espérer qu'à l'occasion de la
présentation de notre mémoire, ce matin, le ministre acceptera
d'engager vraiment le dialogue et d'évaluer à leur mérite,
sans procès d'intention, les arguments que nous lui ferons valoir.
Pour ce faire, j'aimerais énoncer dès le départ les
grands principes qui ont fait l'unanimité des grands organismes
scolaires de l'île de Montréal. 1. Les commissions scolaires sont
des gouvernements locaux qui doivent être maintenus pour défendre
les intérêts de la population en matière
d'éducation. 2. Les commissions scolaires doivent demeurer des
organismes élus au suffrage universel parce que leurs décisions
ont des répercussions sur l'ensemble de la population. 3. Les
commissions scolaires doivent être dotées de tous les pouvoirs
nécessaires pour bien administrer les écoles de leur territoire.
4. Les commissions scolaires doivent pouvoir compter sur des sources de revenu
locales pour répondre aux besoins particuliers de leur population.
Dans ces quatre grands principes sont réunis les assises
fondamentales des positions que le conseil scolaire a défendues tant
dans son premier mémoire sur le livre blanc que dans le mémoire
qui a été déposé à cette commission sur le
projet de loi 40. Notre premier mémoire sur le livre blanc que nous
avons rendu public en 1982 reste entièrement valide quant à ses
critiques des orientations du livre blanc qui se retrouvent dans le projet de
loi 40. D'autre part, d'autres intervenants du milieu scolaire
montréalais ont déjà traité ici de divers aspects
particuliers du projet de loi. Aussi, sans qu'il soit pour autant d'accord avec
les autres sujets traités dans le projet de loi, le conseil scolaire a
décidé de limiter son intervention à trois aspects qu'il
juge fondamentaux en ce qui le concerne: le nouveau mode proposé pour
l'élection des commissaires d'école; la répartition des
pouvoirs entre la commission scolaire, l'école, le ministre de
l'Éducation et le gouvernement, et, finalement, comme nous nous devions
de le faire, nous ferons porter une partie importante de nos remarques sur le
sort réservé dans le projet de loi au Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Je me propose de résumer nos positions sur le suffrage universel
et la répartition des pouvoirs et d'énoncer en détail nos
positions en ce qui concerne le conseil scolaire.
Le Conseil scolaire de l'île de Montréal estime
inacceptable le mode d'élection proposé dans le projet de loi 40.
En plus de constituer de graves accrocs à notre système
démocratique, le système proposé provoquera le
désintéressement des électeurs, multipliera indûment
le nombre des commissaires, favorisera l'esprit de clocher, facilitera le
noyautage électoral et compliquera l'exercice du droit de vote.
Suivant le projet de loi 40, le candidat au poste de commissaire
d'école d'une commission scolaire ne serait plus le candidat d'un
quartier, mais le candidat d'une école. L'électeur devrait
désormais, au moment du recensement, choisir l'école pour
laquelle il entend voter au lieu de tout simplement voter pour l'un ou l'autre
des candidats qui se présentent dans le quartier où
l'électeur a son domicile, comme la chose se fait actuellement. Au
surplus, le candidat, aussi bien que l'électeur, où qu'ils soient
domiciliés sur le territoire de la commission scolaire, pourraient
choisir n'importe quelle école de leur commission scolaire, fût-ce
l'école la plus éloignée de leur domicile.
Ce qui ressort, d'une part, du système électoral que nous
propose le projet de loi 40, c'est l'accroc à nos traditions
démocratiques. Les regroupements d'électeurs risquent
d'être tout à fait disproportionnés d'une école
à l'autre et, en conséquence, le poids du vote sera
complètement faussé et les élus seront loin d'être
aussi représentatifs les uns que les autres. D'autre part, si le nouveau
système était implanté sur le territoire de l'île de
Montréal, chacune des huit commissions scolaires aurait un nombre de
commissaires se situant entre 47 et 74. Par ailleurs, en province, certains
commissaires d'école pourraient facilement faire l'unanimité, car
ils se retrouveraient seuls aux assemblées de leur commission scolaire,
celle-ci ne comptant qu'une seule école.
Ces nouveaux conseils de commissaires seraient si peu fonctionnels que
le projet de loi prévoit donner des pouvoirs démesurés
à leur comité exécutif composé de six membres,
comme le pouvoir de conclure les contrats, d'effectuer les emprunts et
même de fixer le taux de la taxe scolaire. D'autre part, le commissaire
d'école devenant le commissaire d'une école, toutes ses
préoccupations iraient d'abord et avant tout à son école,
au détriment de l'ensemble de la communauté desservie par la
commission scolaire.
Le conseil craint, en outre, le noyautage électoral. Comme
tout candidat
pourrait se présenter sous la bannière de n'importe
laquelle des écoles de sa commission scolaire et que tout
électeur pourrait tout aussi librement choisir son école, il
deviendrait facile pour tout groupement le moindrement organisé de faire
passer le candidat de son choix. Drôle de démocratie qui pourrait
permettre à un candidat de se faire élire par des gens des autres
quartiers à l'encontre du choix des électeurs qui forment le
bassin de cette école.
Enfin, le conseil se serait attendu que le gouvernement substitue
à des dispositions parfois désuètes des textes rajeunis,
plus complets et bien adaptés aux élections scolaires au lieu de
déclarer en bloc que la Loi électorale de la province
s'appliquera aux élections scolaires et de donner au Directeur
général des élections l'entière liberté
d'adapter aux élections scolaires la Loi électorale provinciale.
Ces procédés expéditifs montrent assez le peu d'importance
qu'on entend désormais accorder aux commissions scolaires.
Le Conseil scolaire de l'île de Montréal estime que le
projet de loi 40 ne fait qu'accroître les pouvoirs du ministère de
l'Éducation et ceux du gouvernement et assure une mainmise totale de
l'État sur l'éducation. L'exercice périlleux de
répartition des pouvoirs entre la commission scolaire et l'école
a pour principal effet d'accroître l'emprise du ministre et du
gouvernement. La Loi sur l'instruction publique actuelle donne
déjà au gouvernement et au ministre des pouvoirs étendus
qui laissent peu de marge de manoeuvre aux écoles et aux commissions
scolaires.
On aurait pu s'attendre que la réforme de cette loi,
guidée, nous dit le ministre, par le souci de rendre l'école plus
autonome fasse une large place à la décentralisation des pouvoirs
du gouvernement et du ministre vers l'école et vers le gouvernement
local le plus près de celle-ci, la commission scolaire. (11 h 45)
Or, il n'en est rien. Au contraire, en plus de conserver au plus haut
niveau tous les pouvoirs de la loi actuelle, le projet de loi accorde à
l'État et au ministre des pouvoirs accrus, soumettant l'école et
les commissions scolaires à des décisions discrétionnaires
et limitant de ce fait les pouvoirs supposément accordés à
ces institutions.
Si les membres de l'Assemblée nationale sont d'accord, par
exemple, pour adopter les chapitres V et VI du projet de loi, ils peuvent faire
l'économie de longs débats sur tout le reste du projet de loi.
Ils auront accordé au ministre et au gouvernement un contrôle
complet du système scolaire. Même les amendements annoncés
par le ministre au début de la commission parlementaire ne
rétablissent nullement ce déséquilibre.
Les termes utilisés dans l'article 308, par exemple, sont
suffisamment exhaustifs pour permettre au gouvernement, s'il le décide,
de réglementer le fonctionnement des écoles et des commissions
scolaires comme jamais auparavant.
D'une part, les règles budgétaires permettraient
désormais non seulement de réglementer les dépenses des
commissions scolaires, mais également de contrôler leurs sources
de revenus, leurs surplus, bref, toute leur latitude en matière
financière. Il en serait évidemment de même pour les
écoles. On permettrait en outre au ministre de créer toutes
sortes de règles exceptionnelles à son gré.
D'autre part, les pouvoirs laissés aux commissions scolaires sont
diminués et mal définis. Quand on sait que le livre blanc voulait
ramener les commissions scolaires au rang de coopératives de services,
il ne faut probablement pas s'étonner du sort qui leur est
réservé dans le projet de loi 40.
Il ne faut pas s'en étonner si l'on songe que c'est à la
toute dernière minute que la commission scolaire s'est vu redonner
quelques pouvoirs par le ministre dans un système qui, conceptuellement,
ne veut lui faire aucune place.
Coincées entre un ministre de l'Éducation aux pouvoirs
excessifs et l'école qui aura du mal à s'acquitter de ses
responsabilités nouvelles, les commissions scolaires seront incapables
de jouer le rôle qu'on veut leur confier.
Pour ce qui est de l'école, c'est un projet administratif
plutôt qu'éducatif qu'on s'apprête à lui faire
vivre.
Que l'on songe seulement que le directeur d'école, maître
d'oeuvre du projet éducatif de l'école, devra, en plus de ses
fonctions actuelles, siéger au conseil d'école, préparer
et faire le suivi des réunions mensuelles de ce conseil,
déterminer les besoins de perfectionnement du personnel de
l'école, favoriser la participation et la concertation des parents, des
élèves et du personnel à la vie de l'école,
ordonner les activités financières de l'école, exercer les
pouvoirs que lui délègue le conseil d'école, faire partie
des nombreux comités de l'école, exercer d'autres fonctions que
lui confère la commission scolaire et nous en passons.
Il en va de même pour le conseil d'école. Ce dernier devra
conclure des ententes pour la fourniture des biens ou des services, fournir les
renseignements demandés par la commission scolaire, établir les
modalités de consultation des nombreux comités, déterminer
les besoins de perfectionnement du personnel de l'école, organiser des
services socioculturels et sportifs, mettre sur pied des services de garde,
contracter avec des personnes ou des organismes, s'occuper des biens mis
à sa
disposition et déterminer les besoins d'amélioration,
d'aménagement, de construction, de transformation de l'école,
établir ses prévisions budgétaires, administrer ses
budgets, etc. Y aura-t-il encore place pour que le conseil d'école voie
à l'application du régime pédagogique, s'acquitte de ses
responsabilités quant aux services d'enseignement et joue son rôle
en regard de l'évaluation?
On se retrouve devant une réforme qui empêchera et le
directeur et le conseil d'école de jouer leur rôle
véritable.
Pourquoi abolir le Conseil scolaire de l'île de Montréal?
Le Conseil scolaire de l'île de Montréal, M. le Président,
fête cette année ses dix ans d'existence. Né d'une
restructuration encore récente - dix ans dans la vie d'une institution,
c'est court - le conseil a été rapidement appelé à
jouer un rôle clé non seulement dans le milieu scolaire, mais
aussi dans la vie socio-économique de Montréal.
Il faut se rappeler qu'en 1972, lorsqu'on a procédé
à une première restructuration scolaire sur l'île de
Montréal où les 34 commissions scolaires de l'île ont alors
été regroupées en six commissions scolaires catholiques et
deux protestantes, le Parlement du Québec reconnaissait explicitement le
caractère particulier de l'organisation scolaire dans la
métropole. Cette restructuration, soulignons-le, découlait des
recommandations du rapport Parent.
Il importait, afin de tenir compte de l'inégalité des
revenus des commissions scolaires, de la densité et du pluralisme de la
population de Montréal, de chapeauter les commissions scolaires par un
organisme de concertation et de planification, le Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
La loi qui a créé le Conseil scolaire de l'île de
Montréal a défini précisément ses pouvoirs et ses
responsabilités tout en laissant une large place au dynamisme propre
à la communauté scolaire de Montréal. C'était,
somme toute, une loi bien faite.
Le conseil scolaire était chargé spécifiquement
d'assurer un équilibre entre les ressources pécuniaires
inégales de ses partenaires et leurs besoins particuliers en tenant
compte d'efforts fiscaux comparables et de services pédagogiques
équivalents. Il était responsable du financement à court
et à long terme des commissions scolaires de l'île de
Montréal et il devenait l'unique gestionnaire de la dette scolaire. Il
devait promouvoir la mise en commun de certains services et assurer la
planification et le développement du réseau scolaire. Il
constituait enfin un carrefour où les partenaires pouvaient se concerter
et procéder conjointement au développement scolaire de l'ensemble
du territoire.
Pour ce nouvel organisme, le défi était de taille. La
diversité dans la richesse relative de ses partenaires, la
disparité de leur taille et, partant, de leurs besoins et de leurs
attentes, de même que l'isolement traditionnel des communautés
scolaires selon leur religion et leur langue constituaient autant
d'embûches.
Organisme original et unique au Québec, le conseil devait
créer des modèles d'intervention inédits et acceptables
par les huit commissions scolaires de l'île de Montréal dans le
plus strict respect de leur autonomie respective. Il devait susciter des
consensus malgré la divergence d'intérêts locaux et amener
ses partenaires à accepter ses interventions dans un esprit de
collaboration où chacun devenait de plus en plus conscient des avantages
de ces mises en commun et de ces échanges.
Comment le conseil, avec un personnel restreint de quelque 40
employés, s'est-il acquitté de ses responsabilités? Est-ce
que les pouvoirs que la loi lui a conférés ont profité en
fin de compte aux commissions scolaires de l'île de Montréal et au
système scolaire du Québec?
Le conseil a publié récemment une série de
documents faisant état de ses réalisations. Qu'il nous suffise
d'en rappeler quelques points saillants.
Au plan du financement des commissions scolaires, l'intervention du
conseil scolaire a permis des économies substantielles. Dans les
emprunts à long terme, par exemple, le conseil a réussi à
s'imposer et à se créer une réputation enviable dans les
milieux financiers canadiens et étrangers. Ainsi, grâce à
l'excellente cote de crédit A qu'il a obtenue de la firme Moody's, le
conseil a financé à long terme les dépenses
d'immobilisation du système scolaire de l'île en émettant
pour près de 400 000 000 $ d'obligations à des conditions plus
qu'avantageuses.
Rappelons qu'en 1974 il procédait à un emprunt de 50 000
000 $ sur le marché américain et qu'en février 1982 il
réalisait une première dans le secteur scolaire au Québec
en effectuant un emprunt de 30 000 000 $ sur le marché des eurodollars
canadiens. On sait que ce marché des eurodollars canadiens n'est
accessible qu'aux emprunteurs prestigieux jouissant d'une excellente cote
financière.
Au plan du financement à court terme, le conseil, par ses
transactions sur le marché monétaire, a réalisé
depuis sept ans des économies de plus de 3 000 000 $ au profit du
système scolaire. En effet, à cause des sommes importantes
d'argent qu'il administre, le conseil peut, grâce à son
accès au marché monétaire, financer le système
scolaire à un taux inférieur au taux préférentiel
des banques.
Enfin, au chapitre de la perception de la taxe scolaire, les
vérifications très serrées effectuées par le
conseil depuis 1978 ont
permis de récupérer un montant de plus de 9 000 000 $.
La présence d'un organisme régional au niveau de
l'île a permis de répartir le fardeau fiscal de façon
égale entre tous les contribuables. Plus important encore cependant est
le rôle majeur joué par le conseil au niveau du partage du revenu
des taxes scolaires. Le conseil a en effet utilisé une partie de ses
revenus afin de faire disparaître certaines inégalités
entre les commissions scolaires, de répondre aux besoins
spécifiques de chacune d'elles et d'apporter des solutions à des
difficultés particulières éprouvées par
quelques-unes d'entre elles.
On pense ici principalement aux mesures de rattrapage en milieu
défavorisé, aux allocations aux fins de recherche et de
développement en pédagogie, aux programmes pour favoriser le
rapprochement des groupes ethniques ou pour permettre le rattrapage en
adaptation scolaire.
La préoccupation des deux grandes commissions scolaires de
l'île pour l'éducation en milieu défavorisé
était déjà bien développée au moment de
l'institution du conseil scolaire en 1972. Cette préoccupation explique
sans doute la décision du législateur d'inscrire dans la loi
l'obligation pour le conseil d'adopter des mesures propres à assurer le
rattrapage en matière d'éducation dans tous les milieux
défavorisés de l'île.
Depuis sa création, le conseil a consacré plus de 40 000
000 $, dont 30 000 000 $ provenant des taxes des contribuables de l'île
de Montréal, à l'amélioration de l'éducation des
enfants de milieux défavorisés. En dépit des coupures
budgétaires qui frappent le système scolaire de plus en plus
durement depuis trois ans, le conseil a maintenu son niveau de financement
à ce chapitre surtout parce qu'il est conscient qu'environ 25% des 220
000 élèves de l'île habitent des quartiers
socio-économiquement faibles.
Est-il nécessaire de rappeler que c'est le conseil qui a
réussi à développer une méthodologie pour
identifier objectivement les milieux défavorisés de l'île
de Montréal et les écoles qui les desservent? Cette
méthodologie a par la suite été utilisée par le
ministère de l'Éducation pour identifier les autres milieux
défavorisés dans les différentes régions du
Québec.
Le conseil est aussi devenu un carrefour d'animation et de recherche sur
cette question au niveau de l'île et même au niveau de la province.
En effet, c'est au conseil que les personnes les plus compétentes dans
ce domaine se réunissent afin d'explorer de nouvelles orientations
permettant aux commissions scolaires et aux écoles de mieux adapter
leurs activités éducatives aux enfants provenant de milieux
défavorisés. Des évaluations récentes ont permis
d'apprécier l'ampleur du chemin qu'il nous reste à parcourir pour
atteindre les objectifs en cette matière. Les résultats de nos
actions nous invitent à faire preuve d'humilité, mais n'en
diminuent pas moins notre détermination de continuer d'y consacrer
toutes nos énergies.
L'adaptation scolaire est une préoccupation commune à
toutes les commissions scolaires de l'île. Le comité de
coordination de l'adaptation scolaire en cette matière permet un
échange d'expériences et de ressources qui favorise le
développement de méthodes plus aptes à satisfaire les
besoins des enfants ayant des difficultés d'apprentissage ou
d'adaptation. Sur la recommandation de ce comité, le conseil a
financé de nombreux projets de recherche visant à aider ces
élèves.
En novembre 1980, le conseil, conscient que près de 20% des
élèves de l'île de Montréal étaient des
immigrants, a adopté une politique pour favoriser le dialogue entre les
commissions scolaires et les communautés culturelles. Cette politique a
donné lieu à la publication d'un répertoire de groupes
culturels. Plus récemment, de concert avec le Conseil canadien des
chrétiens et des juifs, le conseil a préparé à
l'intention des enseignants et des élèves deux séries de
monographies sur diverses communautés culturelles. Au cours d'une
journée organisée sous le thème: Montréal c'est
encore Terre des hommes, le conseil a fait connaître ces publications au
milieu. Il entendait ainsi favoriser des attitudes d'ouverture et d'accueil
dans ce microcosme dynamique d'une société qu'est
l'école.
Trop souvent les politiques visant l'abolition ou la réduction
des inégalités n'aboutissent qu'à un nivellement par la
base. Aussi, le conseil s'est-il assuré que sa coordination et ses
interventions servent à étendre à l'ensemble de
l'île des initiatives de l'une ou l'autre des commissions scolaires.
Ainsi en est-il de la politique alimentaire que le conseil adoptait et
implantait dans chacune des commissions scolaires de l'île à
partir d'un modèle déjà expérimenté à
la CECM. Il en fut de même lorsque le conseil étendait à
l'ensemble des commissions scolaires l'octroi de subventions pour des
suppléments alimentaires dans les écoles de milieux
défavorisés. C'est dans cette même perspective de partage
des expériences et des initiatives que le conseil décidait de
former un comité de coordination de l'enseignement professionnel.
La politique alimentaire du conseil a encouragé les commissions
scolaires à retirer des écoles les aliments nocifs à la
santé des élèves, à promouvoir la consommation
d'aliments sains et de repas équilibrés et à introduire
des programmes éducatifs en nutrition. Les subventions du conseil pour
la
réalisation de ce programme totalisent 16 800 000 $ à ce
jour. Il s'agit là d'une réalisation dont on reconnaît la
valeur exceptionnelle non seulement au Québec, mais un peu partout en
Amérique du Nord.
Dès sa création en 1973, le conseil a mis sur pied un
comité d'enseignement professionnel qui regroupe les responsables de ce
dossier dans les huit commissions scolaires de l'île afin de planifier
une distribution rationnelle, entre les écoles polyvalentes, des options
rares dans ce domaine. C'est sur la recommandation de ce comité que le
conseil alloue annuellement une somme d'environ 1 200 000 $ au budget
d'investissement consacré à cet enseignement.
Grâce au travail de coordination de ce comité, le conseil a
également adopté un plan de développement de
l'enseignement professionnel pour l'île de Montréal. À ce
niveau, le résultat le plus important de cette collaboration entre le
conseil et les huit commissions scolaires de l'île demeure cependant la
mise sur pied d'une structure permanente de liaison avec le monde du travail:
le Secrétariat de l'enseignement professionnel du Montréal
métropolitain. En s'assurant que le monde de l'éducation
dispensateur de la formation, travaille en étroite collaboration avec
celui du travail, responsable de l'embauche, le conseil réalisait,
dès 1980, un des objectifs majeurs de la proposition de relance du
ministère de l'Éducation sur la formation professionnelle des
jeunes. (12 heures)
En concertation avec les commissions scolaires de son territoire, le
conseil a mis au point une formule d'auto-assurance des biens des commissions
scolaires qui a permis des économies de plus de 1 500 000 $. De fait, ce
système a été jugé tellement rentable qu'il a
été pris en charge par le ministère de l'Éducation
et étendu à l'ensemble du système scolaire du
Québec.
Le conseil scolaire est également à mettre au point avec
ses partenaires, les commissions scolaires, un système d'achats
coopératifs des biens de grande consommation qui permettra, dès
la présente année, des économies de plus de 500 000 $. De
même, le conseil met désormais ses avocats à la disposition
des commissions scolaires, permettant ainsi à ces dernières
d'obtenir des services juridiques d'un personnel spécialisé en
droit scolaire.
L'équité dans le partage des revenus ne s'est pas
manifestée au seul niveau des budgets de fonctionnement. Une des
réalisations les plus significatives du conseil a été
d'obtenir du ministère de l'Éducation un budget annuel global
décentralisé, géré par le conseil et ses
partenaires, pour les dépenses d'investissement relatives aux
propriétés actuelles. Ce sont les commissions scolaires, le
conseil agissant comme coordonnateur, qui déterminent annuellement les
modalités de partage de cette enveloppe globale selon des
critères qui sont propres au milieu métropolitain de
Montréal et qui tiennent compte des besoins diversifiés et des
possibilités largement inégales des partenaires.
Depuis 1975 et en collaboration avec ses partenaires, le conseil a
établi et révisé annuellement un plan quinquennal qui
prévoit un étalement de dépenses d'investissement. Ce plan
a permis au conseil, compte tenu des besoins exprimés par les
commissions scolaires, de ses contraintes financières et des
critères de priorité acceptés par tous les partenaires, de
prévoir un calendrier de réalisation des projets de construction
qui soit à la fois réaliste et équitable pour chacune des
commissions scolaires de l'île.
Le conseil, toujours en concertation avec les commissions scolaires de
l'île, a incité ces dernières à adopter un
plan-réseau d'écoles qui tient compte des besoins à moyen
et à long terme de leur population. Afin de coordonner cette
planification, le conseil a institué un comité du
plan-réseau dont le mandat est d'assurer que la planification se fasse
de la façon la plus rationnelle possible, en particulier pour les
commissions scolaires dont les territoires se chevauchent ou sont contigus.
Pour rationaliser la planification des besoins scolaires, le conseil a
innové en implantant un programme informatique pour localiser les lieux
de résidence des élèves du territoire à l'aide de
leur code postal. Traditionnellement, la planification se faisait en fonction
du lieu d'inscription des élèves, c'est-à-dire
l'école. Outre le fait que ce système inédit conduit
à des analyses d'une grande précision, il permet d'inclure dans
les études démographiques les élèves du secteur
privé, ainsi que toute la population admissible aux allocations
familiales. Ce programme permet aussi de raffiner les données du
recensement fédéral de 1981 pour identifier les milieux
défavorisés du territoire.
Finalement dans ce même domaine, le conseil et les commissions
scolaires se sont dotés d'une politique de vente et de location des
biens immobiliers inutilisés qui, tout en étant profitable
financièrement aux commissions scolaires, a diminué le niveau
d'emprunt du conseil de 17 000 000 $ depuis 1973.
Dans un milieu à grande densité de population comme celui
de l'île de Montréal, on se rend vite compte que les
frontières et les territoires sont souvent artificiels quand vient le
temps de planifier l'utilisation des équipements scolaires. Ainsi, le
conseil a-t-il pu jouer un rôle important pour aider à
résoudre certains problèmes d'utilisation de bâtiments
scolaires qui ont surgi à l'occasion
entre deux commissions scolaires ayant des frontières
contiguës ou des territoires communs.
Ce dont le conseil peut s'enorgueillir le plus, c'est d'être
devenu un lieu privilégié de rencontres et d'échanges
où les commissions scolaires de l'île, nonobstant leur taille,
leur religion, leur culture et leur langue, ont pu se connaître, se
parler, se comprendre et se respecter. Depuis dix ans, elles ont appris
à collaborer et à partager leur expérience et leur
savoir-faire, aussi bien au niveau des commissaires qu'à ceux de
l'administration et de la gestion pédagogique. Lorsqu'un projet est
étudié au conseil, il est presque toujours le produit d'une
concertation des représentants de chacune des commissions scolaires qui
ont analysé ensemble la problématique et qui ont
élaboré conjointement une ou des hypothèses de solution
qui cherchent à concilier les préoccupations individuelles et le
bien général de la communauté scolaire
montréalaise.
Nous croyons pouvoir affirmer que la création du conseil
scolaire, pièce fondamentale de la restructuration scolaire de
l'île de Montréal, a été bénéfique et
pour la collectivité montréalaise et pour l'ensemble du
Québec: pour la collectivité montréalaise qui a appris
à se concerter et à s'autodéterminer, qui a pu profiter de
mises en commun de ressources humaines et pécuniaires, qui a pu se
donner des services qui répondaient à ses besoins propres; pour
l'ensemble du système scolaire du Québec pour qui le conseil, par
sa saine gestion et par son importance sur les marchés financiers, a pu
réaliser des économies plus que substantielles. Jamais les
commissions scolaires de l'île de Montréal n'auraient pu
réaliser des performances comparables si elles avaient travaillé
de façon isolée.
Le livre blanc ayant servi à la rédaction du projet de loi
40 reconnaissait le mérite d'un conseil scolaire sur l'île de
Montréal. Timidement, il rappelait l'utilité manifeste du conseil
et les économies d'échelle que la présence de cet
organisme avait rendues possibles. On y invitait à prévoir les
modalités les plus souhaitables du maintien d'un organisme comme le
Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Comment alors exprimer notre étonnement à la lecture du
projet de loi où les dispositions concernant le Conseil scolaire de
l'île de Montréal tiennent en quelques lignes et sont plus
imprécises que celles du livre blanc? Comment expliquer ce virage
à l'intérieur d'une réforme qui se prétend plus
démocratique, plus participative, plus décentralisée, plus
efficace?
Sans aucune forme de procès, le projet de loi abolit brutalement
le Conseil scolaire de l'île de Montréal et lui substitue un
organisme dont l'unique pouvoir défini est de gérer la dette
obligataire contractée par le conseil et les commissions scolaires de
l'île avant le 1er juillet 1985.
Cet organisme nouveau dont l'acte d'établissement est
délivré, non plus par l'Assemblée nationale, mais par le
ministre de l'Éducation, peut tout au plus se voir confier la mise en
commun des biens ou services au bénéfice des commissions
scolaires du territoire de l'île si les comités de mise en oeuvre
en expriment le désir et si c'est le bon plaisir du ministre. Ce dernier
peut, d'ailleurs, modifier son mandat en tout temps et à sa seule
discrétion.
Comment expliquer ce recul, cette démission, cette
négation de l'évidence? Comment situer dans une perspective de
rationalisation et de décentralisation administratives cet organisme
faiblard proposé pour succéder au conseil scolaire? Comment
interpréter le pouvoir discrétionnaire accordé au ministre
de l'Éducation sur l'existence, le rôle et l'orientation de cet
organisme métropolitain? Serait-ce que le ministre de l'Éducation
et le gouvernement du Québec ne sont pas intéressés,
malgré la conjoncture économique actuelle, aux économies
substantielles réalisées annuellement par le conseil scolaire au
plan du financement? Serait-ce que, pour le gouvernement du Québec,
l'égalisation de l'effort fiscal des contribuables de l'île de
Montréal n'a plus sa raison d'être et qu'il accepte que, via la
taxe scolaire locale, les milieux mieux nantis soient en mesure de se payer des
biens et services qui demeureront inaccessibles aux autres milieux? Serait-ce
que le ministre de l'Éducation ne reconnaît plus les
disparités du milieu scolaire montréalais et qu'il nie à
certains milieux des mesures de rattrapage qui ne sont possibles que par la
mise en commun des ressources financières? Serait-ce que l'adaptation de
l'école en milieux défavorisés, qui a été
proclamée une grande priorité du ministre de l'Éducation
est maintenant laissée pour compte?
Serait-ce que le ministre entend tarir à leur source même
des initiatives du conseil scolaire dont la valeur a été reconnue
partout au Québec et bien au-delà de ses frontières?
Serait-ce que le ministre de l'Éducation compte sur un sens si aigu de
collaboration des commissions scolaires pour que spontanément surgissent
des mises en commun du type de celles qui ont été
suscitées progressivement par le conseil scolaire? Serait-ce que le
ministre de l'Éducation désire demeurer le seul juge des besoins
et des priorités de la communauté scolaire montréalaise au
plan de la planification des équipements? Prétend-il qu'un
développement scolaire rationnel dans un milieu urbain important comme
celui de Montréal est possible sans la présence d'un organisme de
coordination issu des
commissions scolaires? Serait-ce que le ministre de l'Éducation,
en éliminant une des plus belles réussites de
décentralisation administrative consentie par le ministère,
l'enveloppe globale au chapitre des budgets d'investissement, croit rejoindre
des objectifs de sa réforme? Serait-ce qu'au niveau de la planification
du réseau scolaire montréalais le ministre croit que le
rôle joué par le conseil sera remplacé avantageusement par
ses propres décisions? Est-ce là un exemple de
décentralisation ministérielle?
Non, vraiment, le projet de loi 40 ne peut prétendre s'inspirer
des principes d'une saine démocratie. Il constitue même une
atteinte aux prérogatives du Parlement en confiant au ministre de
l'Éducation des pouvoirs discrétionnaires nettement abusifs
à l'égard de l'organisme appelé à remplacer le
conseil scolaire.
Non, vraiment, la réforme administrative proposée par le
projet de loi 40 ne favorise pas la prise en charge du système scolaire
par le milieu. Le projet de loi fait fi des états de service du Conseil
scolaire de l'île de Montréal et refuse de reconnaître
qu'une vaste communauté peut prendre en main son devenir collectif.
Non, vraiment, le projet de loi 40 ne constitue pas un modèle de
décentralisation administrative. L'organisme appelé à
remplacer le conseil scolaire ne se voit confier que la gérance de la
dette obligataire de ce dernier, à moins que le ministre ne
décide de lui confier d'autres mandats qu'il pourra lui enlever à
son gré. Il s'agit là d'un paternalisme incongru.
Non, vraiment, le projet de loi 40 ne s'inspire pas des principes
fondamentaux d'une saine gestion administrative.
L'organisme fantoche que le ministre veut substituer au conseil scolaire
ne pourra assumer aucun leadership véritable quant à la
planification et à la coordination du développement scolaire sur
l'île de Montréal, leadership dont l'importance était
reconnue dans le rapport Parent et dans la première phase de la
restructuration scolaire de 1972. Cet organisme ne pourra pas, non plus, voir
à l'égalisation des chances en éducation et ne pourra que
si tel est le bon plaisir du ministre procéder à la
généralisation des initiatives locales et à la
concertation sur des problèmes communs. Cet organisme pourra encore
moins effectuer pour le compte des commissions scolaires de l'île de
Montréal et pour le gouvernement les millions de dollars
d'économie annuelle que le système actuel permet d'effectuer.
Le conseil scolaire aurait souhaité un projet de réforme
axé sur l'amélioration de l'éducation plutôt que sur
un chambardement inapproprié des structures. Il n'en est rien. Le
conseil juge donc le projet de loi 40 inacceptable. Inacceptable parce qu'il
abolit sans aucune forme de procès un organisme original et unique au
Québec, le Conseil scolaire de l'île de Montréal, qui a su
créer des modèles d'intervention inédits et dont les
réalisations bénéficient grandement aux commissions
scolaires de l'île de Montréal et au système scolaire du
Québec. Inacceptable puisque, en plus de constituer un grave accroc au
caractère démocratique des institutions scolaires, le mode
d'élection proposé provoquera le désintéressement
des électeurs, multipliera indûment le nombre de commissaires,
favorisera l'esprit de clocher, facilitera exagérément le
noyautage des électeurs et compliquera l'exercice du droit de vote.
Inacceptable quant aux réaménagements de pouvoirs qu'il propose
et qui auront comme seul effet de permettre une véritable mainmise de
l'État sur le système d'éducation.
Somme toute, le projet de loi 40 constitue, quant aux trois aspects
essentiels traités dans le présent mémoire, un devoir
bâclé qu'il faut reprendre. Le conseil scolaire demande donc le
retrait du projet de loi 40. Merci.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je signale à nos invités, qui ne le savent pas sans
doute, qu'il est interdit de manifester ou son approbation ou sa
désapprobation à l'égard des interventions soit de nos
groupes invités, soit des membres de la commission.
M. le ministre.
M. Laurin: M. le Président, je veux, d'abord, remercier le
Conseil scolaire de l'île de Montréal pour le long mémoire
polémique qu'il nous a présenté et que j'ai relu plusieurs
fois avec attention.
Au nom du vieux principe britannique: "What I have, I hold" - traduction
libre: ce que j'ai, je le garde et je le défends avec la peau des dents
- le Conseil scolaire de l'île de Montréal lutte pour son avenir
et combat farouchement depuis deux ans le livre blanc et le projet de loi 40.
Il a, d'abord, consacré près de 2 000 000 $ à une
campagne, qui est beaucoup plus une campagne de propagande que d'information et
qui a utilisé largement les imprimés, les affiches, la radio, la
télévision, ce que je trouve incidemment particulièrement
indécent dans un contexte de crise et d'austérité tel que
celui que nous traversons.
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! (12 h15)
M. Laurin: II m'aurait paru préférable, dans ce
contexte, de dépenser cet argent pour les milieux
défavorisés. Il utilise maintenant l'arme des sondages, une autre
opération de marketing cousue de fil blanc. Pourtant, le conseil
scolaire sait très bien que ces sondages sont difficiles à
interpréter.
Le sondage SORECOM, en 1982, a suscité des commentaires largement
critiques dans plusieurs milieux. D'autres sondages - nous en entendions parler
ce matin - bâtis à partir de questionnaires beaucoup plus
détaillés donnent des résultats différents.
L'ancien chef du Parti libéral pourrait rappeler à son
ex-candidat du comté de Sauvé, président du Conseil
scolaire de l'île de Montréal...
Mme Lavoie-Roux: Et Mme Morin?
M. Laurin: ...que gouverner par sondages est la plus mauvaise
façon de gouverner. D'ailleurs, le chambardement le plus important
qu'apporte le projet de loi 40, c'est-à-dire des commissions scolaires
linguistiques, l'intégration du primaire et du secondaire, de nouveaux
aménagements confessionnels, ce sont précisément des
changements que presque tous les organismes approuvent, sauf,
évidemment, le Conseil scolaire de l'île de Montréal et
quelques commissions scolaires. Le transfert de responsabilités à
l'école sur le plan pédagogique ne constitue pas de soi une
révolution car les commissions scolaires demeurent fortes. Ce n'est pas,
non plus, un cataclysme que de vouloir valoriser le rôle de
l'école et des parents afin d'amener une amélioration de la
qualité de l'éducation.
D'ailleurs, le sondage du Conseil scolaire de l'île de
Montréal révèle un désir d'amélioration du
contenu des programmes et du vécu scolaire. C'est
précisément la besogne que fait le ministère depuis quatre
ans; nous avons presque terminé la révision de tous les
programmes au plan du contenu éducatif. C'est ce que vise
également le projet de loi 40, cette amélioration du vécu
scolaire, quand il entend confier aux divers intervenants de l'école qui
agissent le plus près des élèves l'élaboration d'un
projet éducatif, l'amélioration de l'environnement
éducatif par une mise en visibilité plus grande des valeurs que
véhicule le milieu.
On peut dire que SORECOM a posé les questions de l'agent
commanditaire. Il n'est donc pas étonnant que les réponses
correspondent aux souhaits et opinions de l'agent commanditaire,
c'est-à-dire, en l'occurrence, le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Si on n'avait pas déformé le projet et trompe la
population sur la nature et la portée des changements par les questions
capsules, la réponse eût certainement été
très différente. Par ailleurs, la faiblesse de la participation
au vote en 1983 pour les élections scolaires, malgré la campagne
de propagande, encore une fois du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, montre bien que la population n'est pas satisfaite des
structures actuelles et de leur fonctionnement.
Deuxièmement, c'est à la gloire du
Conseil scolaire de l'île de Montréal que celui-ci consacre
la plus grande partie de son mémoire et non à la recherche d'une
plus grande qualité du système éducatif. D'ailleurs, dans
son mémoire, elle passe en première place. On y consacre
près de 20 pages. Malheureusement, on ne peut pas souscrire aux
éloges dithyrambiques que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal se décerne à lui-même. Rappelons, d'abord,
que le conseil scolaire devait effectuer une restructuration de par la loi qui
le constituait et c'était là sa première mission. Or, en
1976, un rapport a été déposé, un rapport
partagé comprenant des rapports minoritaires. En raison de ce rapport
partagé et des rapports minoritaires, le Conseil scolaire de l'île
de Montréal a pris prétexte de cette confusion pour se
défiler, se dérober et se réfugier dans le statu quo qui
est maintenu depuis huit ans.
En ce sens, on peut dire que le conseil scolaire a failli à son
devoir et que nous sommes en face d'une véritable démission.
Durant ce temps, les problèmes sont devenus plus pressants, plus aigus,
que ce soit sur le plan des aménagements confessionnels, sur le plan de
l'intégration des enseignements de niveaux primaire et secondaire, sur
le devenir des institutions scolaires anglophones. Et pourtant c'est là
une des raisons qui avaient justifié l'existence du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. C'est parce qu'il n'a pas accompli sa mission
que le gouvernement doit maintenant, après huit ans, intervenir.
Par ailleurs, les réalisations dont le conseil se targue sont
exagérées. Elles sont coûteuses. Elles sont souvent
marquées au coin d'une centralisation régionale ou elles doivent
tout simplement être attribuées à d'autres et, en
particulier, aux commissions scolaires et au ministère. Par exemple, le
conseil se targue d'une économie de 30 000 000 $. L'an dernier, le
président mentionnait le chiffre de 22 000 000 $. Les
vérifications faites aujourd'hui n'aboutissent pas à retrouver
ces 22 000 000 $ ou ces 30 000 000 $.
Les emprunts à long terme. Depuis que nous avons adopté la
loi 32, on peut dire que tous les emprunts à long terme, sauf pour le
conseil scolaire, sont le fait du ministère des Finances qui effectue
ces emprunts à long terme non seulement pour les commissions scolaires,
mais également pour les cégeps et pour les hôpitaux. On
peut sûrement penser que cette loi 32, en raison même du volume des
emprunts effectués, permettra au ministère des Finances d'aboutir
au même succès dont se targue le Conseil scolaire de l'île
de Montréal et peut-être même davantage. En particulier, je
pense bien que le ministère des Finances pourra tout aussi bien avoir
accès aux eurodollars canadiens que le Conseil scolaire de l'île
de Montréal.
Quant aux emprunts à court terme, il faut quand même noter,
selon les dires mêmes du président, que l'économie
générée n'est quand même pas extraordinaire. Cela se
comprend quand on sait que la différence entre le taux
préférentiel des banques et le taux du marché
dépasse à peine 1%.
Quant aux milieux défavorisés, il faut bien dire aussi que
les sommes dont se réclame le conseil scolaire ne proviennent que de la
taxe foncière, ce que font également plusieurs autres commissions
scolaires à l'échelle du Québec, et que cette somme,
résultat de la taxe foncière, est redistribuée pour
l'essentiel aux commissions scolaires sur une base per capita,
c'est-à-dire en ne tenant aucunement compte des disparités de
chacune des commissions scolaires. On peut donc dire que le produit de la taxe
foncière que perçoivent toutes les commissions scolaires pourrait
être affecté par toutes ces commissions aux milieux
défavorisés sans qu'il faille passer par un palier
décisionnel supplémentaire, c'est-à-dire celui du Conseil
scolaire de l'île de Montréal. Il est vrai que le conseil scolaire
de l'île a normalisé l'impôt foncier. Je pense qu'il faut
l'en féliciter, mais cela est vrai partout maintenant au Québec.
Par ailleurs, il n'est pas vrai de dire que le conseil scolaire de l'île
répartit équitablement cet impôt foncier normalisé
parce que cette distribution n'est basée que sur le per capita,
c'est-à-dire une contribution par tête d'élève, sans
tenir compte, encore une fois, des besoins particuliers et spécifiques
des commissions scolaires situées en milieu
défavorisé.
Quant à la politique alimentaire, je veux bien croire les
états de service dont se vante le conseil scolaire, mais il faut, quand
même, souligner qu'elle a été commencée par les
commissions scolaires elles-mêmes et, en particulier, par la CECM et par
le PSBGM qui pourraient sûrement la poursuivre, de même que toutes
les autres commissions scolaires, à de moindres frais, seules ou par le
biais d'un nouvel organisme régional.
Quant aux achats regroupés - autre point où le conseil
scolaire se décerne des éloges - il faut, quand même, dire
que le conseil scolaire est très en retard par rapport à la
plupart des autres commissions scolaires au Québec puisque ce n'est
qu'en 1983-1984 qu'il a commencé ses activités sur le plan des
achats regroupés et qu'un très grand nombre de commissions
scolaires ailleurs au Québec appliquent déjà cettepolitique.
Quant à l'enfance en difficulté, je pense qu'il faut
souligner avec force que les fonds proviennent en totalité du
ministère de l'Éducation, en totalité et que le Conseil
scolaire de l'île de Montréal n'intervient qu'au niveau de la
bureaucratie budgétaire, si je peux m'exprimer ainsi,
c'est-à-dire au niveau, encore une fois, de la redistribution de ces
fonds qui proviennent en totalité du ministère de l'Education. On
pourrait dire la même chose sur la politique de rapprochement des groupes
ethniques où la quasi-totalité des fonds proviennent du
ministère de l'Éducation.
Quant à la recherche, les crédits que lui accorde le
conseil scolaire sont minimes. Le ministère de l'Éducation
possède à cet égard un fonds abondamment pourvu dont
bénéficient toutes les commissions scolaires du Québec. On
peut donc dire que, dans un nouveau système, les commissions scolaires
ne seraient en aucune façon privées des fonds de recherche qui
sont à leur disposition.
Le conseil scolaire conclut en disant qu'il a fait beaucoup
d'économies depuis onze ans qu'il existe. Peut-être. Mais on
pourrait aussi se demander à quel coût ces économies ont
été réalisées puisque le fonctionnement du Conseil
scolaire de l'île de Montréal, depuis onze ans, a
coûté, quand même, 22 000 000 $ au trésor provincial
et qu'il faut, en plus, tenir compte des paliers décisionnels multiples
par lesquels doivent être acheminés ces fonds. Il faut tenircompte aussi d'une centralisation régionale accrue avec la
bureaucratisation, la technocratisation qu'elle entraîne et avec les
délais dans le prise de décisions.
Le conseil scolaire se vante aussi d'avoir agi au niveau des options
professionnelles rares. Ce qu'il omet, pourtant, de souligner, c'est que son
action rejoint à peu près 73 élèves de l'île
de Montréal, plus 140 de l'extérieur. Pour ces 140
élèves de l'extérieur, les règles
budgétaires du ministère de l'Éducation prévoient
les modalités de financement. Peut-on justifier de cette façon
que le conseil scolaire ait soustrait de l'enveloppe de base accordée
aux commissions scolaires à cet effet par le ministère de
l'Éducation un fonds de 1 200 000 $? Je pense, d'ailleurs, que,
là aussi, le mode de répartition n'est peut-être pas des
plus adéquats puisqu'il y a une enveloppe de base répartie per
capita qui est de 800 000 $ et une autre enveloppe, celle-là un peu plus
souple, qui ne compte que 400 000 $.
Ce que nous prévoyons, d'ailleurs, pour l'avenir, c'est une
amélioration de ce système, c'est-à-dire une
véritable concertation régionale dans toutes les régions
du Québec pour la dispensation de services d'enseignement professionnel
de meilleure qualité.
Le conseil scolaire fait grandement état également de sa
politique en matière d'immobilisation, mais ce qu'il faut, quand
même, dire, c'est que le ministère de l'Éducation
prévoit à cet effet une enveloppe sur la base des commissions
scolaires et que
les commissions scolaires pourraient certainement aussi bien administrer
que le conseil scolaire pour le maintien de leurs actifs et probablement avec
moins de bureaucratie, avec moins de technocratie, avec moins de centralisation
et en diminuant les délais, du fait de la diminution de certains paliers
décisionnels.
Quant à la péréquation, comme je viens de le dire,
elle n'existe, à toutes fins utiles, pas au Conseil scolaire de
l'île de Montréal. De ce point de vue, le conseil scolaire n'a pas
suivi le mouvement esquissé depuis plusieurs années,
particulièrement depuis 1980, au ministère de l'Éducation
puisque, depuis 1980, le ministère de l'Éducation a une politique
à cet égard autrement plus équitable qui tient compte
d'abord, pour chacune des commissions scolaires, de ses critères, de ses
profils de clientèle, de ses besoins. Tout cela est prévu dans
les règles budgétaires nouvelles du ministère de
l'Éducation. On prévoit aussi dans ces règles les
disparités de rendement de la taxe foncière selon les commissions
scolaires. Par un calcul basé sur le taux moyen de rendement de
l'impôt foncier, le ministère accorde des subventions
spécifiques de péréquation, en plus d'accorder des
allocations supplémentaires pour les besoins spéciaux que lui
font valoir de temps en temps les commissions scolaires.
À cet égard, M. le Président, j'aimerais distribuer
aux membres de la commission la politique de péréquation des
ressources appliquée depuis 1980 par le ministère de
l'Éducation, politique que reconduit, d'ailleurs, le projet de loi 40 et
qui parle aussi, en plus, de ce dont l'île de Montréal a
bénéficié. (12 h 30)
Je peux donc dire, en conclusion, que le plaidoyer que vient de nous
présenter le Conseil scolaire de l'île de Montréal, tout
compréhensible qu'il soit, est un plaidoyer boursouflé,
gonflé, qui ne résiste pas à l'analyse des faits, qui ne
résiste pas à une critique basée sur les faits. On
pourrait dire la même chose des objections du Conseil scolaire de
l'île de Montréal au projet de loi 40, car ces objections ne
résistent pas, non plus, à l'analyse des faits. Elles ne
résistent pas davantage à la critique que l'on peut en faire.
J'en veux pour preuve ce placard publicitaire qui est distribué partout
au Québec et que reprend le mémoire que nous avons entendu
aujourd'hui. Par exemple, quand le Conseil scolaire de l'île de
Montréal dit que le projet de loi 40 entend instituer des commissions
scolaires sans pouvoir, cela est absolument faux puisque la commission scolaire
va demeurer une entité juridique responsable et de
l'établissement des écoles, et de la gestion du personnel, et de
la répartition des ressources financières, et de l'administration
des biens, et du transport scolaire.
Il est aussi faux de dire, comme le dit le conseil scolaire, que le
suffrage universel est bafoué, puisqu'il est maintenu. Tous les citoyens
pourront maintenant voter, comme actuellement, pour les commissaires qui,
cependant, sont élus au niveau de l'école, là où se
passe l'action, plutôt qu'au niveau du quartier. C'est un suffrage
universel centré sur l'école, mais un suffrage universel qui est
quand même maintenu.
Il est également faux de dire que les nouveaux commissaires
seront écartelés. Comment peut-on dire qu'un commissaire,
élu au niveau de l'école, ne défendra toujours que son
école? On ne saurait le dire, pas plus que d'un député qui
défend les intérêts de son comté, tout en
travaillant, cependant, à l'intérêt
général.
Il est surtout faux de dire qu'en vertu du projet de loi 40
l'éducation sera gérée par règlements, car, nous
l'avons dit et répété à plusieurs reprises,
plusieurs pouvoirs réglementaires, actuellement détenus par le
ministre ou par le gouvernement seront abandonnés, par exemple, ceux qui
lui permettent actuellement de définir la fonction éducative et
pédagogique, de définir la classification des écoles, de
définir l'organisation, l'administration et la discipline des
écoles, de définir la compétence, la mise en place, le
fonctionnement et le financement des comités de l'école et de la
commission scolaire. Les règlements que nous maintenons, souvent, nous
les maintenons à la demande d'organismes qui ont fait des pressions sur
nous à cet effet, par exemple, la politique administrative et salariale
que nous maintenons à la demande des administrateurs scolaires, le
nouveau règlement sur la consultation à mener auprès des
écoles pour la reconnaissance de leur statut confessionnel, demande qui
nous a été faite par le Comité catholique de l'instruction
publique.
Il est faux, enfin, de dire que le CSIM sera aboli parce qu'il sera
effectivement remplacé par un organisme régional. Si les
commissions scolaires s'associent aujourd'hui à la présentation
du conseil scolaire, cela veut dire qu'elles reconnaissent l'utilité de
son rôle. Pourquoi, alors, penser que les commissions scolaires
refuseront de maintenir en existence ce conseil scolaire, puisque leur
présence aujourd'hui, leur participation à ce mémoire et
à la campagne de publicité montrent qu'elles tiennent au Conseil
scolaire de l'île de Montréal? Ce conseil scolaire continuera donc
d'exister. Il deviendra un organisme régional chargé de
gérer la dette des commissions scolaires, chargé de maintenir ou
d'améliorer les services communs qui, cependant, émaneront, comme
il se doit, de la base, c'est-à-dire des commissions scolaires.
Il est, donc, faux de conclure que le
projet de loi 40 est un devoir bâclé. Je
préfère à l'avis du Conseil scolaire de l'Ile de
Montréal sur ce point l'avis du Conseil supérieur de
l'éducation, l'avis de la faculté des sciences de
l'éducation de l'Université McGill, l'avis de 3000 directeurs
d'école et de 40 000 parents qui, eux, oeuvrent au niveau de
l'école. Je préfère l'avis de spécialistes en
législation scolaire qui se sont longuement exprimés sur ce
sujet. Tout cela, même si le projet demeure sûrement perfectible.
C'est, d'ailleurs, le but de la commission parlementaire d'entendre des avis
qui nous permettront de perfectionner, d'améliorer le projet de loi. Il
est bien sûr que, dans sa version finale, le projet
bénéficiera des amendements qui nous auront été
suggérés par tous les organismes qui se seront
présentés à la commission.
Je m'excuse, M. le Président, d'avoir pris beaucoup de temps pour
dégonfler le ballon que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal vient de nous présenter. Je crois que cela était
nécessaire. Étant donné que j'ai déjà pris
beaucoup de temps, je préfère laisser à mes
collègues les questions que ce mémoire suggère.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Je
rappelle à chacune des formations politiques qu'elles disposent d'un
maximum de 40 minutes pour procéder aux entretiens avec nos
invités. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vais être obligé
de soulever une question de règlement. Le ministre vient de parler
pendant 20 ou 25 minutes. Je pense que vous devez prévoir dans le temps
qui est accordé au gouvernement un certain droit de réponse de la
part du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Le Président (M. Blouin): Évidemment, d'accord,
très bien.
M. Ryan: C'est cela que je veux vous demander.
Le Président (M. Blouin): Si M.
Mongeau désire répliquer à certaines affirmations
du ministre, évidemment qu'il a l'occasion de le faire puisque nous
sommes ici pour procéder à des échanges et entendre nos
invités. M. Mongeau.
M. Ryan: Merci de nous l'avoir rappelé.
M. Mongeau: Merci, M. le Président. J'entends me prévaloir
de mon droit de répondre à M. le ministre. M. le ministre, quand
nous nous sommes amenés ici ce matin, nous avions toujours le même
point d'interrogation, à savoir: le ministre de l'Éducation
veut-il vraiment abolir le Conseil scolaire de l'île de Montréal?
Après vous avoir entendu, M. le ministre, je pense que la réponse
est claire. Vous voulez abolir le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Cela paraît tellement clair quand on tente de
démolir des arguments qui sont basés sur des chiffres
prouvés, démontrés hors de tout doute raisonnable. Cela
paraît tellement clair quand on essaie de diminuer le rôle des
commissions scolaires de l'île de Montréal et du Conseil scolaire
de l'île de Montréal dans les milieux défavorisés de
Montréal, alors que le ministre de l'Éducation n'a encore rien
fait dans ce domaine pour le reste du Québec et ne met sur l'île
de Montréal qu'une maigre somme de 1 200 000 $ ou 1 300 000 $ par
année pour l'ouverture de prématernelles quatre ans. Cela
paraît tellement clair quand on dit que notre position est basée
sur le principe: Ce que j'ai, je le garde. Si j'ai bien compris la traduction
de l'anglais que vous m'avez donnée, c'est cela que le tout voulait
dire, ce que j'ai, je le garde, alors qu'on sait très bien que le
Conseil scolaire de l'île de Montréal n'existe que depuis dix ans
et est issu d'une des recommandations du rapport Parent. La commission Parent,
M. le ministre, avant de proposer sa réforme au gouvernement du
Québec, avait procédé à une large consultation dans
tout le Québec, alors que le projet de loi 40, je l'ai dit et je le
répète, a été concocté au 15e étage
du complexe G ici à Québec sans consultation aucune des
principaux intervenants. Lorsque le livre blanc a été
publié, ce n'était pas une tournée de consultation que
vous faisiez, mais une tournée d'information parce que c'était
une proposition gouvernementale.
Oui, nous avons mis de l'argent pour faire une campagne d'information.
Ce n'est pas 2 000 000 $, M. le ministre, et vous le savez très bien,
car cela a été publié partout. Nous, les sommes que nous
dépensons sont adoptées par voie de résolution publique.
J'aimerais bien savoir un jour les montants d'argent que le ministre et le
ministère de l'Éducation ont mis pour le projet de loi 40 et le
livre blanc. La publication des brochures qui ont accompagné le livre
blanc. La tournée de tous les officiers des bureaux régionaux du
ministère de l'Éducation dans tout le Québec, dans nos
commissions scolaires et aussi dans nos écoles durant la période
où on s'est penché sur le livre blanc. Les contrats qui ont
été donnés à certains professeurs de
l'Université de Montréal ou à d'autres pour donner des
avis au ministre soit sur la constitutionnalité de son projet de loi,
soit sur la confessionnalité ou sur d'autres choses. Il me semble que
les citoyens du Québec seraient aussi en droit de s'attendre à
savoir combien d'argent le ministère de l'Éducation a
dépensé pour cela. Nous l'avons fait ouvertement, officiellement,
publiquement. Entre le moment où nous l'avons fait et
aujourd'hui au moment où on se parle, il y a eu une
élection scolaire et nous avons été réélus.
La population nous a appuyés. Elle continue de nous appuyer, quoi que
vous disiez sur la valeur des sondages qui ont été faits par une
maison respectable et respectée au Québec, la firme SORECOM.
Le Conseil scolaire de l'île de Montréal, M. le ministre,
même en dix ans d'existence, a consulté ses partenaires au moins
à deux reprises sur l'opportunité de le maintenir ou pas tel
qu'il existe présentement. D'abord, lorsque nous avons effectué
nos travaux pour présenter un plan de restructuration de l'île de
Montréal, le conseil scolaire était remis en question. Il n'y a
pas un seul organisme qui a remis en cause l'existence du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. En 1976-1977, soit trois ans plus tard, nous
avons tenu un colloque spécial sur le Conseil scolaire de l'île de
Montréal et ses pouvoirs. Toutes les commissions scolaires ont
donné leur avis et il n'y en a aucune qui a remis en cause l'existence
du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
Au cours de la présente commission parlementaire, des organismes
autres même que des commissions scolaires réclament le maintien du
Conseil scolaire de l'île de Montréal; entre autres la CEQ, la
Société Saint-Jean-Baptiste, que vous allez entendre, le
Regroupement scolaire de l'île de Montréal, qui représente
des parents et la Fédération des parents de l'île de
Montréal demandent le maintien du Conseil scolaire de l'île de
Montréal tel qu'il existe.
Est-ce que cette consultation n'a pas déjà
été faite pour éclairer le ministre sur la proposition
qu'il a à faire? Il me semble évident ce matin, M. le ministre,
après vous avoir entendu, qu'il n'est pas du tout de votre avis de
maintenir le Conseil scolaire de l'île de Montréal. C'est,
d'ailleurs, pour cela, à mon sens, que vous vous êtes gardé
cette décision finale, parce qu'encore une fois ce n'est pas
l'Assemblée nationale qui va décider de cela, mais le ministre de
l'Éducation qui va délivrer l'acte constitutif, qui va pouvoir
donner des pouvoirs, modifier des pouvoirs, enlever des pouvoirs. Je me
souviens vous avoir entendu dire, au colloque de l'Alliance des professeurs
à Montréal, lors de votre tournée sur le livre blanc par
rapport aux commissions scolaires: "Ce que Dieu a donné, Dieu peut
l'enlever."
Le mandat sur la restructuration scolaire de l'île de
Montréal, nous l'avons bien rempli et le rapport que nous avons fait
parvenir au gouvernement reflétait bien ce que la population de
Montréal désirait à ce moment-là, à la date
où nous l'avons fait. Nous avons procédé par voie de
consultation auprès de tous les milieux de Montréal. C'est ce que
reflète ce rapport, mais nous avons voulu être respectueux,
malgré notre pensée personnelle, du désir de la population
de Montréal. Ce que vous oubliez, M. le ministre, c'est que, dans ce
rapport-là, il n'y avait pas seulement la question de la structure
elle-même, de l'étiquette, à savoir si elle serait
confessionnelle, linguistique ou autre. Il y avait beaucoup d'autres chapitres
au rapport. Il n'en a jamais été question; nous n'en avons jamais
plus entendu parler de la part du ministère de l'Éducation par la
suite, et il me semble évident que ce rapport a été mis
sur les tablettes dès sa réception.
La restructuration scolaire de l'île de Montréal n'a jamais
constitué le mandat unique du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Cela a été un de ses mandats, entre autres, et
nous considérons que nous l'avons bien rempli de la façon dont
nous l'avons fait et dont nous vous l'avons transmis parce qu'il
reflétait l'opinion des Montréalais à ce moment, en
1976.
Vous avez dit, M. le ministre, que, si nous pouvions faire des
économies substantielles sur les emprunts à long terme parce que
nous bénéficiions d'une cote privilégiée le
ministère des Finances, assurément, avait une cote à tout
le moins aussi privilégiée et pourrait donc, en pratique, faire
cela beaucoup mieux que nous. C'est cela, M. le ministre, l'étatisation
du système d'éducation si c'est le ministère des Finances
qui le fait à la place du monde scolaire. C'est exactement cela qu'on
veut dire. C'est le plus bel exemple que vous ayez pu donner ce matin d'une
étatisation possible du monde scolaire. Ce sont les ministères
qui vont faire l'ouvrage des gens du milieu au lieu des commissions scolaires
ou des écoles. (12 h 45)
Deux minutes, M. le Président. Je voudrais vous souligner ceci,
M. le ministre. Dans toute notre campagne d'information que vous n'aimez pas -
c'est évident, je ne vais pas vous en faire le reproche - et dans tous
mes propos depuis le début, vous saurez reconnaître, M. le
ministre, que je me suis toujours bien gardé de porter quelque attaque
ad hominem que ce soit contre le ministre de l'Éducation que je respecte
en tant que ministre.
L'adaptation scolaire, M. le ministre. Oui, nous avons mis de l'argent
dans le domaine de l'adaptation scolaire et ce n'est pas l'argent du
ministère de l'Éducation. On en a mis du ministère de
l'Éducation, mais quand nous parlons de l'argent que nous avons mis,
c'est l'argent de la taxation que nous avons ajouté en plus de ce que
vous donnez au niveau de l'adaptation scolaire. Toutes les recherches que nous
avons faites jusqu'à maintenant ont été financées
à même l'argent des contribuables de l'île de
Montréal.
Le budget de la taxe hors normes, M.
le ministre, que nous dépensons, nous ne le dépensons pas
tout en per capita. C'est faux. Quand on met au moins 5 000 000 $ à 6
000 000 $ par année pour les milieux défavorisés,
pratiquement 3 000 000 $ pour la politique alimentaire, quand nous en mettons
dans les budgets de recherche, quand nous en mettons dans le régime
d'auto-assurance que nous avons eu et, même aujourd'hui, dans un
système de protection des biens - si on met cela dans un système
de protection des biens, c'est encore pour éviter au ministère de
l'Éducation et au gouvernement du Québec de trop payer, pour
éviter le plus de sinistres possible et qu'il paye une facture trop
forte - c'est avec l'argent de la taxation, M. le ministre. Ce n'est pas en per
capita que nous remettons tout cet argent aux commissions scolaires. Loin de
là.
J'oserais même dire plus que cela: Essayez de trouver une formule,
parce que nous l'avons essayé. Nous avons fait des études
là-dessus. Une fois que vous avez comblé vos besoins à
droite et à gauche, essayez de trouver une meilleure formule que de le
distribuer per capita lorsque la taille des commissions scolaires est
différente d'une place à l'autre. Vous allez en venir à la
même conclusion que, finalement, le per capita est plus juste que
n'importe quelle autre formule qu'on pourrait inventer.
Le Président (M. Blouin): Alors, en conclusion, avez-vous
d'autres éléments à ajouter, M. Mongeau?
M. Mongeau: Une petite seconde, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Vous aurez, de toute
façon, l'occasion d'aborder certaines autres questions.
M. Mongeau: On en a dit tellement, vous savez.
Le Président (M. Blouin): Je vous signale, M. Mongeau,
que, de toute façon, il ne reste que quelques brèves minutes dont
vous pouvez disposer.
M. Mongeau: Je comprends, M. le Président, mais
c'était important.
Le Président (M. Blouin): Bien oui, je n'en disconviens
pas, mais je vous signale qu'il ne vous reste que quelques minutes.
M. Mongeau: Bien. Alors, j'arrête là, pour
l'instant.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci, M.
Mongeau. M. le ministre.
M. Laurin: Très brièvement, M. le Président,
j'aimerais, quand même, dire que, même si le président
n'aime pas la contre-argumentation, je pourrai lui en fournir un récit
encore plus détaillé publiquement ou privément, comme il
l'entend. Deuxièmement, le ministère de l'Éducation a
dépensé beaucoup moins d'argent à publier des projets de
loi ou des livres blancs, que le milieu nous demandait pour pouvoir
étudier ces documents, que le conseil scolaire n'en a
dépensé. Troisièmement, le rôle des parents au sein
de l'école et la valorisation de l'école constituaient une des
hypothèses majeures du livre vert qui a été discuté
abondamment en 1977 et un large accord s'est manifesté sur ces points de
vue. Quatrièmement, la commission Parent préconisait pour la
restructuration des hypothèses très précises que le
gouvernement reprend maintenant à son compte. Enfin, l'abolition du
conseil scolaire de l'île est absolument fausse et le ministre ne pourra
pas avoir complète liberté d'opérer là-dedans,
comme le prétend le président, puisque l'article 427 dit
très bien que le ministre ne peut modifier ou révoquer l'acte
d'établissement de l'organisme qu'à la demande de la
majorité des commissions scolaires de l'île de Montréal
qui, par ailleurs, semblent convaincues, si j'en crois leur participation ce
matin, de la nécessité du maintien du Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je salue avec plaisir les
délégués du Conseil scolaire de l'île de
Montréal qui sont avec nous ce matin. Ils apportent une dimension
très intéressante à notre débat.
J'ai été étonné tantôt de constater le
ton sur lequel le ministre a engagé le débat. Vous aurez
remarqué, M. le Président, que depuis le début nous nous
sommes abstenus, de ce côté-ci, de verser dans la partisanerie
étroite. Encore ce matin, il y avait des délégués
qui auraient pu être vulnérables à certains points de vue,
au plan des nominations gouvernementales et tout. On a reçu des
délégués de groupes de parents. On aurait pu leur dire:
Comment cela se fait-il, vous vous êtes fait battre à la
commission scolaire et, ensuite, vous voudriez rentrer par la porte de
côté? On n'est pas entré dans ces choses-là. On est
resté à la discussion objective des idées
présentées, des fois en exprimant des désaccords, c'est
normal, mais en n'attaquant pas les personnes.
Le ministre, en attaquant la personne du président du Conseil
scolaire de l'île de Montréal ce matin, a fait un acte qui
déroge au ton et aux normes de dignité qu'on a voulu maintenir
jusqu'à maintenant. J'espère
qu'on ne s'engagera pas dans cette voie; en tout cas, nous ne le
suivrons pas dans cette voie. Il y a beaucoup plus de profit à tirer
d'une discussion vigoureuse, certes, mais digne. Je m'étonne aussi de
cette charge que j'ai entendue ce matin. Je me dis: Si le dossier est aussi
accablant que veut le laisser entendre le ministre, comment se fait-il qu'il ne
l'ait pas dit avant aujourd'hui? Comment se fait-il que, lorsqu'il a fait son
livre blanc, il ne nous ait pas parlé de cela? Dans le livre blanc, il
est question du Conseil scolaire de l'île de Montréal.
C'était votre problématique. Dieu sait que nous l'avons
critiquée parce que nous la trouvions partiale, abstraite et
détachée de la réalité. Peut-être que dans ce
cas-ci c'était le même défaut, mais il faut payer pour ces
défauts-là.
Vous disiez: "Quant aux services communs aux commissions scolaires de
l'île de Montréal actuellement gérés par le Conseil
scolaire de l'île de Montréal et la Commission des écoles
catholiques de Montréal, leur utilité manifeste et les
économies d'échelle qu'ils permettent invitent à
prévoir les modalités les plus souhaitables de leur maintien.
Après consultation des comités d'implantation locaux qui seront
formés sur l'île de Montréal, le Comité national
d'implantation pourra recommander l'établissement d'une corporation
scolaire ayant pour but de continuer à gérer certains services
communs aux commissions scolaires de l'île de Montréal. Il
pourrait s'agir de services comme les services d'aide aux milieux
économiquement faibles, d'aide alimentaire, d'informatique, de
démographie, d'architecture, d'ingénierie, de même que de
services médicaux et juridiques et des services de la dette et des
emprunts. Cette corporation régie par un conseil d'administration
formé des présidents de chaque commission scolaire de l'île
de Montréal pourrait obtenir un acte constitutif spécifique." Ce
que je constate en lisant ce passage du livre blanc dont vous êtes
l'auteur, c'est qu'à ce moment vous trouviez que le travail se faisait
fort convenablement. Deuxièmement, vous entendiez maintenir les
fonctions essentielles qui ont été décrites dans des
passages que vous avez qualifiés d'autocongratulatoires.
Cet organisme a la hache gouvernementale sur la tête et vient nous
dire: Voici ce que j'ai fait. Je ne crois pas qu'on puisse lui en faire
reproche, M. le ministre. S'il ne nous disait pas ce qu'il a tenté de
faire, s'il ne le disait pas dans une perspective un peu favorable à ce
qu'il a essayé de faire, il serait indigne des responsabilités
qu'il exerce. Vous avez le droit d'avoir des opinions différentes, voire
opposées, c'est entendu. Il me semble que vous auriez dû par
simple courtoisie les exprimer beaucoup plus tôt de manière qu'on
puisse réfléchir ensemble à partir d'un dossier où
il y aurait eu une partie pour et une partie contre. Là, on est pris
avec un plaidoyer. Je n'en reviens pas.
Je vous entendais reprocher à ces gens d'avoir fait de la
publicité pour se défendre. Le volume de publicité,
l'argent qui a été dépensé, la manière dont
cela a été utilisé, c'est de la matière à
discussion. Je dirais une chose, c'est qu'ils ont été à la
bonne école, à l'école du gouvernement qui, tellement de
fois, a donné l'exemple d'un comportement semblable. Combien de fois,
à l'Assemblée nationale, ai-je demandé moi-même au
premier ministre: Allez-vous mettre fin à ces pratiques? Il me disait
effrontément: Nous allons les continuer, c'est notre droit. Ils ont
été obligés de les réduire depuis un an sous la
pression d'une opinion publique qui devenait plus vigilante. Mais je n'ai
jamais été capable d'obtenir un engagement direct, clair, net du
chef du gouvernement disant qu'il ordonnerait aux ministères de cesser
d'agir comme cela. Quand on est dans une cage de verre, il ne faut pas frapper
trop fort sur les autres.
Plus on écoute, plus on constate qu'un des buts du projet de loi
40 - je pense que le chat est sorti du sac encore plus nettement ce matin
qu'à aucune autre occasion depuis le début - c'est pour le
gouvernement de mettre la patte sur l'appareil scolaire à
Montréal, c'est de mettre Montréal au pas une fois pour toutes.
Il y a des bureaucrates et des politiciens qui ne peuvent pas endurer, autant
dans le domaine scolaire que dans d'autres, qu'à Montréal il
existe des structures propres à la nature de cette région
métropolitaine qui ne peut pas être gouvernée avec les
mêmes normes et les mêmes mesures que celles qui prévalent
dans le reste du territoire québécois.
On a vu, en entendant la Commission des écoles catholiques de
Montréal et le Protestant School Board, la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal, qu'un des effets du projet de loi 40,
c'est de détruire cette force pédagogique, administrative et
sociale que représentent les deux principales commissions scolaires du
territoire. On constate ce matin, avec une netteté fulgurante, qu'un
autre but du projet de loi, c'est de se débarrasser de l'organisme qui
s'appelle le Conseil scolaire de l'île de Montréal. Pourquoi? Si
on disait: Les fonctions de ce conseil ne sont pas utiles, le rôle qu'il
a accompli n'est pas nécessaire. Au contraire, le livre blanc nous
disait qu'il fallait maintenir ces fonctions. Mais pourquoi? Actuellement,
c'est un organisme qui existe sous l'empire d'une loi. Vous savez comme moi
que, dans la Loi sur l'instruction publique, la composition du Conseil scolaire
de l'île de Montréal est clairement définie. Il y a trois
représentants de la Commission scolaire des écoles catholiques de
Montréal, deux représentants de la commission
protestante, un représentant de chacune des deux autres
commissions scolaires. Trois personnes sont nommées par le gouvernement.
Entre parenthèses, est-ce que ces trois personnes étaient
d'accord avec votre mémoire ce matin?
M. Mongeau: M. Ryan, deux d'entre elles n'étaient pas
d'accord sur la partie qui ne concerne pas le Conseil scolaire de l'île
de Montréal; elles étaient d'accord sur la partie qui concerne le
Conseil scolaire de l'île de Montréal, et la troisième
personne n'était pas d'accord du tout, sur rien.
M. Ryan: Merci. Je referme la parenthèse. Il y a cette
composition. Deuxièmement, il y a des fonctions qui lui sont
dévolues par la loi. Il y a aura une fonction dans le domaine du
financement au point de vue de la fiscalité. On va uniformiser cela pour
tout le territoire. Pour éviter qu'il n'y ait douze, quinze ou vingt
organismes différents qui aillent chercher des taxes, chacun à sa
manière, on a un organisme qui fait le travail pour tout le monde. On a
une certaine harmonisation des budgets également. Les commissions
scolaires vont présenter leurs budgets là, ils sont
étudiés; ensuite, ils sont soumis au ministre pour approbation.
C'est une fonction qui était jugée utile dans la loi. Le conseil
a également la fonction de créer ou de gérer des services
communs dans des domaines comme les services à l'enfance en
difficulté d'apprentissage, l'éducation des adultes, les
politiques alimentaires, la fourniture de lait dans les écoles et
d'autres choses comme celles-là, sur consentement. Cela est prévu
dans la loi, c'est toujours sur consentement de ceux qui forment le conseil,
mais cela se fait sous l'empire de la loi. Vous, M. le ministre, vous ne pouvez
pas aller leur dire: Vous ne ferez pas ceci, vous ne ferez pas cela, parce
qu'il y a une loi qui les protège. En vertu du projet 40, c'est ce que
je veux signaler, l'organisme continuerait à toutes fins utiles. Il y
aurait un organisme comprenant un représentant par commission scolaire.
À supposer que les commissions scolaires seraient de taille uniforme,
cela se comprendrait; à supposer qu'elles ne le soient pas, la
composition actuelle est meilleure.
Mais ce qu'il y a de renversant, c'est que la seule fonction qu'on vous
donne dans la loi, c'est que vous allez gérer votre dette obligataire
contractée avant le 1er juillet 1985. Pour tout le reste: Restez en
suspens, vulgaires mortels. On va former un petit comité d'implantation
contrôlé par le ministre en grande partie et il nous dira ce qu'on
va faire avec vous autres. Ensuite, le ministre vous délivrera un acte
d'existence -même pas une loi - en vous disant ce que vous aurez à
faire. Après cela, une fois qu'il vous l'aura donné, il pourra le
modifier ou le révoquer à la demande d'une majorité de
commissions scolaires. Il peut arriver, M. le ministre, qu'une majorité
de commissions scolaires ne soient pas d'accord pendant un temps sur certaines
décisions prises par le conseil. Cela ne devrait pas être une
raison qui permettrait au ministre de se servir de cela comme prétexte
pour abolir le conseil scolaire de l'île du jour au lendemain.
Cette partie du projet de loi est absolument inadmissible. Je veux
exprimer ma dissidence la plus vigoureuse à ce sujet. S'il y a des
redressements à faire, qu'on les fasse. Il me semble que ce n'est pas le
temps de faire un lavage de linge sale ici. On discute de structures. La
structure proposée par le gouvernement en est une de tutelle, de mise en
tutelle, d'écrasement. M. le député de Vachon, vous nous
demandiez des exemples. En voici, un bel exemple de centralisation, un exemple
magnifique qui crève les yeux, comparé à la structure
qu'on a'. C'est un exemple qui entraînerait unedépendance
infiniment plus grande de la part de cet organisme par rapport au ministre et
au gouvernement; il en dépendrait pour son existence et ses fonctions
mêmes.
Une voix: Vous me permettez? (13 heures)
M. Ryan: Évidemment, non. Votre temps est expiré,
malheureusement. Je vous pose seulement une question. Vous avez parlé du
plan de restructuration scolaire tantôt. Si mes souvenirs sont bons, le
rapport au sujet de la restructuration scolaire qui avait été
demandé au Conseil scolaire de l'île de Montréal, dans le
temps, a été remis au gouvernement au début du premier
mandat du gouvernement du Parti québécois, je pense. Cela veut
dire que le gouvernement est assis sur ce rapport depuis ce temps et qu'il n'a
rien fait avec. C'est ce que j'ai compris tantôt dans les explications
que vous avez données. Très bien.
J'aimerais seulement vous poser une question. Mes collègues
brûlent du désir de vous interroger aussi. Pourriez-vous nous dire
quelle différence essentielle existerait entre le statut que vous
propose le projet de loi 40 et celui dont jouit actuellement le Conseil
scolaire de l'île de Montréal? Quelles conséquences en
découleraient?
Le Président (M. Blouin): M. Mongeau.
M. Mongeau: Pour nous, il est clair que dans le contexte actuel
il y a un organisme régional qui existe sur l'île de
Montréal avec des pouvoirs bien définis, alors que dans le projet
de loi 40 on nous propose un organisme avec un seul pouvoir bien défini
et le reste, selon le désir de certaines gens et la volonté du
ministre. Il ne faut pas oublier une chose: ce sont les comités de mise
en oeuvre, ce ne sont pas les commissions
scolaires actuelles qui vont être consultées. Elles l'ont
été déjà deux fois depuis dix ans et elles sont
d'accord. Ce sont les comités de mise en oeuvre; le ministre nomme le
président de chacun de ces comités et les membres de tout le
comité de mise en oeuvre national. Essentiellement, je pense que le fait
qu'on ne veuille pas reconnaître qu'un milieu comme Montréal a
besoin d'un organisme comme celui-là démontre vraiment le peu de
volonté politique de faire en sorte que Montréal continue
à se prendre en main au niveau scolaire et à régler ses
problèmes.
M. Ryan: J'aurais peut-être deux autres questions à
adresser aux représentants du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Premièrement, le projet de loi 40 propose une
restructuration des commissions scolaires sur le territoire de l'île.
Vous ne touchez pas du tout à ce sujet dans votre mémoire.
C'était, quand même, un des sujets qui étaient
confiés à votre réflexion par la loi qui existe
actuellement. Pourriez-vous nous dire si votre position demeure celle qui avait
été exprimée dans le rapport de janvier 1976-1977 ou si
vous avez fait des travaux plus récents sur ce sujet? Je vais vous poser
ma deuxième question dès maintenant. Cela vous permettra de
grouper la réponse aux deux et on aura disposé de moi pour cette
partie de nos travaux. On a cru sentir, en interrogeant les commissions
scolaires de l'île de Montréal qui sont venues nous rencontrer
jusqu'à maintenant, que le degré d'adhésion au Conseil
scolaire de l'île de Montréal varie quelque peu d'une commission
scolaire à l'autre. Est-ce que vous êtes en mesure d'affirmer que
l'adhésion des commissions scolaires de l'île de Montréal,
d'abord au conseil scolaire de l'île, deuxièmement, au
mémoire que vous déposez ce matin, est forte?
Le Président (M. Blouin): M. Mongeau.
M. Mongeau: À votre première question, M. Ryan, non
nous n'avons pas fait d'étude récente là-dessus et nous ne
nous sommes pas penchés sur ce problème. J'ai dit au début
de la présentation de notre mémoire que nous nous étions
attachés à trois points bien particuliers et nous nous
étions entendus avec nos partenaires là-dessus, les commissions
scolaires de l'île, dès le départ, pour leur laisser la
chance d'aborder d'autres côtés du projet de loi 40.
L'étude que nous avions soumise à ce moment-là, nous ne
l'avons pas rediscutée depuis ce temps-là. Elle est toujours au
ministère quelque part, je présume. Non, nous ne nous sommes pas
penchés là-dessus.
Quant à votre deuxième question, M. Ryan, je vais vous
répondre comme toujours, bien franchement. Personne n'a remis et ne
remet en question l'existence du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Qu'il y ait une ou deux commissions scolaires qui chicanent ou
qui sont plus ou moins d'accord avec un ou deux pouvoirs du conseil scolaire de
l'île, à l'occasion, cela arrive. C'est ce que j'appelle des
chicanes de famille. Dans une famille de sept ou huit enfants, ce n'est pas
rare de voir de chicanes entre les frères ou les soeurs, n'est-ce pas?
Mais, lorsque la famille sort en dehors de la maison et que l'un de ses
frères est attaqué, la famille se tient. C'est cela que nous
avons ce matin, M. Ryan. Je ne vous dis pas qu'on n'a pas des chicanes de
famille. On s'engueule, on se "coltaille", puis on règle nos
problèmes. C'est cela, la beauté d'un organisme comme le Conseil
scolaire de l'île de Montréal.
M. Ryan: Juste un dernier point; je m'excuse, M. le
Président. Est-ce qu'il y a, M. le président du conseil scolaire
de l'île, des pouvoirs dont le conseil scolaire de l'île aurait
besoin et dont il ne disposerait pas en vertu de la loi actuelle?
M. Mongeau: Je ne peux pas répondre à votre
question, M. Ryan. Encore une fois, nous avons toujours procédé
de la même façon, très respectueux de nos partenaires. Pour
répondre à cette question, il faudrait, comme nous l'avons fait
et nous le faisons dans tous nos dossiers, une consultation et une concertation
avec nos partenaires.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Mongeau. Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Chauveau, en
vous rappelant, cependant, que vous disposez d'une période de quatre
minutes pour procéder à votre intervention.
M. Brouillet: Je vais passer par-dessus les remerciements d'usage
pour arriver immédiatement au coeur du sujet.
M. Mongeau: Le ministre l'a déjà fait.
M. Brouillet: Je ne sais plus trop quoi aborder. J'avais quelque
chose à aborder, mais en quatre minutes... Il y a une série de
fonctions et de services que le conseil scolaire de l'île a rendus et il
est évident qu'il y a des aspect très positifs, le livre blanc
l'a mentionné. Voici la question qui se pose: Est-ce que le nouvel
organisme proposé dans le projet de loi ne pourrait pas atteindre les
mêmes objectifs, les mêmes résultats que le conseil de
l'île? C'est la question qu'il faudrait se poser. Quand vous parlez,
à la fin, d'inacceptable parce que, c'est évident que toutes ces
choses sont des objectifs que le ministère poursuit, milieux
défavorisés, etc. C'est plutôt une formule un peu
polémique que vous avez employée, mais là n'est pas le
problème. Il s'agit de savoir si un autre organisme, celui qui est
proposé,
ne pourrait pas atteindre les mêmes objectifs, les mêmes
résultats. Quant à introduire dans la loi l'ensemble des pouvoirs
que le conseil scolaire détient ou... Finalement, les membres du conseil
scolaire ne sont pas élus directement; ils sont
délégués par les instances ou ils sont élus
directement par la population. Vous n'êtes pas élus au conseil
scolaire.
M. Mongeau: Nous sommes élus par les membres de notre
commission scolaire.
M. Brouillet: Vous n'êtes pas élus par la population
au conseil scolaire. À ce moment, le projet de loi dit ceci: Ces
gens-là ne sont pas élus directement par l'ensemble de la
population; ils sont délégués par des instances là
où ils sont élus. Allons-nous laisser à ces instances,
l'ensemble des commissions scolaires, de décider des pouvoirs qu'on va
déléguer à ces gens qu'on délègue à
l'organisme central en question? C'est de la démocratie, cela aussi,
vous savez.
C'est là, finalement, le fond du problème. Le projet de
loi dit ceci: Ce sont les instances où les gens sont élus
directement par la population qui vont décider des pouvoirs de
l'organisme où nous déléguons nos représentants
pour administrer des services que nous devons mettre en commun. C'est cela.
Vous dites que c'est le ministre qui va décider de tout cela. Non, la
loi ne dit pas cela. Après consultation des commissions scolaires
concernées, le comité de mise en oeuvre sera là comme
agent pour recueillir ces consultations et tout; le ministre reconnaît,
finalement, toute une série de pouvoirs que les commissions scolaires
sont prêtes à déléguer à cette instance. Par
la suite, le ministre ne peut pas les modifier sans une demande, et cela, c'est
de par la loi; la loi empêche le ministre de les modifier, une fois que
chaque établissement a été constitué.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chauveau, je vous signale que, si vous désirez une réplique de
quelques secondes de nos invités, vous devriez maintenant leur adresser
une question très précise.
M. Brouillet: Écoutez, combien me reste-t-il de temps?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Blouin): Quelques secondes.
M. Brouillet: J'ai parlé seulement deux minutes!
Le Président (M. Blouin): Vous pouvez réagir
très brièvement, M. Mongeau.
M. Mongeau: Oui. Je suis prêt à répondre, M.
le Président. M. le député de Chauveau, si c'est si beau
que cela, la démocratie, et qu'il faille consulter le monde pour savoir
s'il doit y avoir un Conseil scolaire de l'île de Montréal,
pourquoi le projet de loi 40 ne prévoit-il pas aussi de demander aux
parents quels pouvoirs ils veulent avoir dans l'école plutôt que
de le leur imposer dans le projet de loi, d'une façon précise et
au niveau des commissions scolaires aussi?
C'est ce qui nous frappe dans ce projet de loi par rapport au conseil
scolaire. Lorsqu'il s'agit de l'école ou de la commission scolaire, du
ministre de l'Éducation ou du gouvernement du Québec, là
c'est clair: 1, 2, 3, chapitres V et VI, on vient de régler cela pour le
ministre et le gouvernement. On s'en va dans un autre chapitre et: 1, 2, 3,
c'est l'école. Tout à coup, quand on arrive au conseil scolaire,
il faut consulter le monde. Ce n'est pas parce qu'on est contre. Vous
n'êtes pas pour cela, vous, M. Mongeau, la démocratie? Bien,
voyons donc!
Je vous dis, M. le député de Chauveau, que l'organisme
dont parle le projet de loi 40 est un organisme qui va gérer la dette
obligataire, point. C'est ce qu'il dit, le projet de loi 40.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Brouillet: Le pouvoir qui est imposé par la loi, oui,
mais l'ensemble des autres pouvoirs des organismes dont les membres ont
été élus démocratiquement.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Chauveau, je vous signale que vos paroles ne sont pas enregistrées au
journal des Débats.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Saguenay, vous avez la parole.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Moi aussi, j'aimerais
saluer les représentants du conseil scolaire de l'île et les
commissaires qui sont ici. M. le député de Chauveau, nous allons
conclure sur votre question en disant que les commissaires sont élus
dans leur commission scolaire et représentent au conseil scolaire de
l'île les commissions scolaires concernées. C'est la même
chose pour un député qui est élu: si son parti est au
pouvoir, il est nommé ministre. Les ministres ne sont pas élus,
ils sont nommés. C'est ce qu'on défend ici.
M. le président, vous avez parlé dans votre mémoire
d'une chose qui est quand même un peu unique au conseil scolaire de
l'île, c'est la péréquation en milieu
défavorisé. J'aimerais, sans voler le temps de
personne, qu'en deux minutes vous m'en parliez un peu plus parce que
c'est quand même unique au Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
M. Mongeau: Ce qui arrive, c'est qu'il y a des problèmes
qui dépassent le territoire des commissions scolaires. Les milieux
défavorisés en sont un; la santé de l'élève
en est un autre; l'adaptation scolaire en est un autre. Cela dépasse le
territoire. Qu'une commission scolaire ait 100 000 élèves ou
qu'elle en ait 10 000, c'est un problème à Montréal qui
est métropolitain. C'est pour cela qu'un organisme comme le conseil
scolaire de l'île a été créé et
institué: pour être en mesure d'utiliser la richesse qu'on peut
trouver sur l'île de Montréal et de la répartir d'une
façon équitable en vue de régler les problèmes qui
dépassent les frontières des commissions scolaires. C'est ce
qu'on a fait depuis dix ans et c'est ce qu'on abolit.
M. Maltais: Merci. Alors, je passe la parole à un
autre.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Saguenay. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Moi non plus, je
ne ferai pas les félicitations ou les salutations d'usage, mais je
voudrais, au point de départ, m'élever et protester avec
véhémence contre la façon dont le ministre de
l'Éducation vous a accueillis. J'espère qu'il y a des parents qui
regardent et écoutent la télévision pour qu'ils
comprennent que, sur quatre commissaires que je vois à la table, il y en
a trois qui ont travaillé au sein des comités de parents pendant
de nombreuses années. Dites-vous bien, les parents qui nous
écoutez, que c'est le sort qui vous sera réservé quand
vous serez rendus au niveau des commissions scolaires ou au niveau du Conseil
scolaire de l'île de Montréal. C'est ce que le ministre vous
prépare. Ces gens, il y a des années qu'ils travaillent à
la chose scolaire. Le ministre n'a pas le droit, même s'il est ministre,
d'accueillir les gens de la façon dont il l'a fait.
On parle de concertation. Le projet fait appel à la concertation.
On sait comment, l'an dernier, le ministre a traité les enseignants;
aujourd'hui, il fait appel à la concertation. On voit aujourd'hui
comment il accueille des parents, des commissaires d'écoles, tout en
prétendant faire appel à la concertation. À moins que le
ministre ne soit un dictateur, son projet de loi ne devrait pas être
adopté tel quel devant toutes les représentations qui sont faites
ici. J'arrive aux questions, je n'ai pas beaucoup de temps.
Je voudrais dire, en passant, que c'est vrai qu'il y a des tiraillements
au conseil scolaire de l'île, comme dans toute organisation vraiment
démocratique. Même si, souvent, j'ai eu à me "coltailler",
comme vous le disiez tout à l'heure, même avec le président
du conseil scolaire de l'île, je pense que les solutions auxquelles nous
sommes arrivés ont été, finalement, au profit des enfants
de l'île de Montréal. Je tiens à le dire ici. (13 h 15)
Je voudrais vous poser trois questions. Quelles sont vos relations ou
comment articuleriez-vous les relations entre le bureau régional du
ministère de l'Éducation et le Conseil scolaire de l'île de
Montréal? Deuxièmement, le point qui est toujours le plus
discuté sur l'île de Montréal, c'est la dimension
pédagogique; jusqu'à quel point le Conseil scolaire de
l'île de Montréal doit-il s'impliquer dans la pédagogie? On
sait jusqu'à quel point les commissions scolaires, avec raison et j'en
étais, sont chatouilleuses quant à leur autonomie
pédagogique. Je sais que M. Tougas a écrit un article l'autre
jour là-dessus. Où en êtes-vous dans ce genre de
débat? À quel équilibre êtes-vous parvenus? Est-ce
que maintenant vous avez établi des lignes plus claires quant aux
responsabilités respectives de chacun dans ce domaine? Finalement - si
vous n'avez pas le temps de répondre, laissez faire - avez-vous
envisagé la division du territoire de l'île de Montréal et
selon quelles modalités? Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): M. Mongeau.
M. Mongeau: Quant à votre troisième question
concernant la division du territoire de l'île de Montréal, non,
nous ne l'avons pas envisagée. Nous n'en parlons pas dans notre
mémoire pour la même raison que j'ai donnée tantôt,
soit qu'avec nos partenaires nous nous sommes un peu divisé les objets
du projet de loi 40, ce qui ne veut pas dire qu'on n'aurait pas des choses
à dire et que je n'en aurais pas, mais c'est une autre affaire.
Quant aux relations avec la direction régionale de
Montréal, je peux dire que, dans l'ensemble, nous avons d'excellentes
relations avec la direction régionale de Montréal. Nous
reconnaissons, dès le départ - nous l'avions soumis aux
différents ministres de l'Éducation qui se sont
succédé depuis dix ans, parce qu'on voyait venir la direction
régionale de Montréal - qu'à Montréal, étant
donné le Conseil scolaire de l'île de Montréal, cette
direction régionale ne devrait pas être calquée sur le
même modèle que les autres. Le ministre de l'Éducation, qui
a, finalement, implanté de façon plus complète la
direction régionale de Montréal, n'a pas accédé
à notre demande, ce qui fait que, bien sûr, là encore, il y
a à l'occasion certains accrochages. Il n'en demeure pas
moins vrai - je tiens à le souligner - que le directeur du bureau
régional de Montréal et le directeur des réseaux, M.
Parent, que je vois à ma gauche et qu'il me fait plaisir de saluer, nous
ont toujours traités avec respect. Je pense que nous faisons la
même chose, ce qui ne veut pas dire, encore une fois, que tout se passe
dans l'harmonie. Nous sommes tous des humains et nous sommes dans un monde
d'humains.
Quant à la pédagogie, nous sommes toujours en recherche
avec nos partenaires. Il n'y a pas de doute que le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, en ce qui concerne la recherche même, a
fait beaucoup, je pense, en subventionnant des recherches qui sont profitables
à tous les élèves de l'île de Montréal. Ces
recherches, il les fait faire, justement, par les commissions scolaires. Quant
à la pédagogie, particulièrement en ce qui concerne la
micro-informatique, nous avons établi un comité sur l'île
de Montréal. On a présenté un mémoire au ministre
de l'Éducation donnant, notre réaction à sa politique,
concernant la micro-informatique comme il nous la demandait. Dans des domaines
comme ceux-là, il m'apparaît que, de plus en plus, il commence
à y avoir une définition des pouvoirs des commissions scolaires,
des conseils scolaires en ce qui concerne la pédagogie.
Ce qu'il faut savoir - vous le savez très bien, madame, puisque
vous étiez là à ce moment-là - c'est que les
commissions scolaires, peut-être à juste titre - je ne veux pas le
nier - craignaient que le Conseil scolaire de l'île de Montréal ne
veuille entrer dans les écoles pour régir la pédagogie,
mais cela n'a jamais été l'intention des membres du conseil
scolaire; il s'agissait de bien établir les paliers de
responsabilité. Sans que cela soit fait encore à 100%, je pense
que, depuis quelques années, il y a eu un long chemin et un bon chemin
de parcouru.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Mongeau. Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. Mongeau, pour l'information du ministre, je dois
dire qu'il y a des gens de ce côté-ci de la table qui ont
vécu l'expérience du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. J'ai été moi-même membre du conseil
pendant deux ans. J'étais membre du comité exécutif. Cela
a été une très belle expérience. M. le ministre,
j'espère que vous écoutez lorsqu'on parle, parce que vous avez
quelque chose à apprendre même de nous autres. Lorsque le conseil
a parlé d'un lieu privilégié de rencontre, il s'agissait
justement de cela. C'est là qu'ont vécu ensemble les commissions
scolaires protestantes, catholiques, anglophones, francophones et on a toujours
réussi à trouver une solution à nos problèmes. J'ai
vécu le problème de l'auto-assurance, des achats
coopératifs, des milieux défavorisés, de la politique
alimentaire. On a toujours trouvé une formule qui était
acceptable pour toutes les commissions scolaires et même au conseil
scolaire.
Le ministre a vraiment pris tout à l'heure - et j'ai
été surpris - une attitude négative vis-à-vis du
travail du Conseil scolaire de l'île de Montréal. Je voulais lui
rappeler que, quand, dans la politique alimentaire, le ministre a besoin de
renseignements, c'est Mme Demers, du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, qu'il consulte et que consultent ses fonctionnaires. Quand
vous avez besoin, M. le ministre, de renseignements sur les milieux
défavorisés, vous consultez le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, la CECM et le PSBGM. C'est là que vont les
fonctionnaires pour vous renseigner, M. le ministre. Quand vous avez eu besoin
d'un avis juridique, vous avez même pris, je pense, le conseiller
juridique du Conseil scolaire de l'île de Montréal, qui travaille
maintenant au ministère. Donc, quand vous avez besoin de bons
employés, vous allez les chercher au Conseil scolaire de l'île de
Montréal. N'oubliez pas cela.
M. le Président, une chose m'inquiète. J'ai
étudié la loi, contrairement au ministre, parce qu'hier soir on a
prouvé qu'il ne connaissait même pas son propre projet de loi.
Vous dites ce matin, M. le ministre: Je n'ai pas l'intention d'abolir le
Conseil scolaire de l'île de Montréal. Excusez-moi, mais lisez
donc avec moi l'article 425. Je sais que vous êtes médecin, vous
n'êtes pas avocat, mais, tout de même, vous dites à
l'article 425: "Le ministre constitue un organisme pour exercer les pouvoirs du
Conseil scolaire de l'île de Montréal..." Qu'est-ce que cela veut
dire? Cela veut dire, pour tout avocat qui connaît un peu sa
matière - et même un médecin peut le comprendre - que vous
abolissez le conseil scolaire tel quel. Vous le remplacez à l'article
425 par un autre organisme.
M. le Président - et je termine là-dessus - j'ai averti M.
Mongeau de bien lire l'article 306 du projet de loi, parce que le ministre,
d'après ce qu'on a vu ce matin, aura le pouvoir, en vertu du projet de
loi 40, de retenir ou de diminuer le montant d'une subvention si le monde
scolaire a la témérité de ne pas obéir pas
seulement à la présente loi, mais à tous ses
règlements ou à tout autre loi ou à toute autre
règlement concernant l'éducation. S'il vous plaît,
protégez-vous, parce que, selon l'article 306, il ne vous reste pas
beaucoup de pouvoirs. Pas de question.
Le Président (M. Blouin): II n'y a pas de question.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Blouin): II s'agissait d'un commentaire
de M. le député de Sainte-Anne.
Une voix: Bien juste!
Une voix: Taisez-vous!
Le Président (M. Blouin): S'il vous plaît! Sur ce,
je donne la parole à Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Je n'ai pas de
question, mais j'ai un bref commentaire. J'aimerais vous remercier de votre
mémoire, qui révèle une vision globale de la
réalité du milieu scolaire de l'île de Montréal,
ainsi qu'une connaissance poussée de la dynamique de l'ensemble du
système. Le ministre parle de l'importance de la recherche d'une plus
grande qualité de l'éducation. Ce qui m'étonne, c'est que,
pour y arriver, il a adopté une stratégie de destruction. Le
projet de loi, effectivement, détruit le Conseil scolaire de l'île
de Montréal pour ne pas avoir accompli sa mission, selon le ministre. Le
projet de loi détruit les commissions scolaires, parce qu'elles ne
s'occupent pas, dit-il, suffisamment de la pédagogie. Ce n'est pas une
citation exacte, mais il y a quelque chose dans le livre blanc qui justifie le
projet de loi en ce qui concerne les commissions scolaires.
La question est la suivante: Qui va remplir la mission de leadership,
leadership sur le plan de la concertation, leadership sur le plan
pédagogique, leadership en ce qui concerne la nécessité de
mettre en commun les ressources des commissions scolaires afin
d'équilibrer les chances pour tous les élèves sur
l'île de Montréal? Je crois que les remarques du ministre
constituent la preuve que l'atomisation du système proposée par
le projet de loi 40 n'est pas un projet de décentralisation. C'est
exactement le contraire qui arrivera parce qu'il est évident
qu'après avoir détruit la capacité du système
d'assumer son rôle légitime de leadership pédagogique et
administratif, la question qui se pose est la suivante: Qui va assumer ce
rôle? C'est clair que c'est le MEQ par le biais des bureaux
régionaux où - et c'est très important - on ne trouve pas
de représentants du public. C'est là la grande hypocrisie du
projet de loi. Je suis convaincue, M. le Président, que si le projet de
loi devient une loi, nos parents et nos élèves seront les
victimes d'une grande supercherie parce que les pouvoirs promis par le ministre
aux écoles ne seront qu'un mirage. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Avant de donner la parole au
député de Saint-Henri, je signale aux membres de la commission
que nous sommes ici pour les entendre, mais également pour entendre
toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur le projet de loi
40.
M. le député de Saint-Herni.
M. Hains: M. le Président, moi aussi, hier soir, j'ai lu
au complet votre mémoire, et avec beaucoup d'admiration. Je connaissais
votre organisme, mais, à la lecture de ce mémoire, je n'ai pu que
réaliser que vouloir démolir votre conseil scolaire, ce n'est pas
crever des "ballounes", comme le disait M. le ministre, mais c'est vraiment
détruire une structure, ce qui pourrait vraiment, aussi, entraîner
une hécatombe, si vous voulez, un désastre dans le monde
scolaire, alors que, ironiquement, on parle de restructuration. Détruire
votre conseil, pour moi, c'est démolir un temple pour envoyer vivre des
écoles isolément sous des toits de chaume. Vous vantez, avec
raison, les réalisations de votre conseil au point de vue
économique, d'équité de partage, etc. Je ne veux pas
prendre trop de temps. Vous parlez de votre politique alimentaire, de
l'enseignement professionnel, où vous avez tellement innové.
Et votre plus beau titre de fierté, vous nous le dites à
la page 13 de votre mémoire: "Ce dont le conseil peut s'enorgueillir le
plus, c'est d'être devenu un lieu privilégié de rencontres
et d'échanges". Et vous parlez des articles 425, 426, 427 qui viendront
- comme tout le monde le sait, peut-être excepté M. le ministre -
sonner le glas de votre organisation pour la remplacer, comme vous le dites
vous-mêmes, par un conseil faiblard, pâlot, fantoche, et
j'ajouterais moribond qui va venir gérer jusqu'en 1985 la dette
obligataire contractée par le conseil et les commissions scolaires.
Autrement dit, M. le ministre, après vous avoir abattus, va payer
les funérailles, l'embaumement et les obsèques au
cimetière. C'est vraiment funèbre et c'est angoissant. Comme je
le disais pour les commissions scolaires de Montréal, vous faites, selon
les dires du ministre, distorsion et injustice dans le décor scolaire,
à cause de vos succès et de vos services. Quant à moi, je
vous dis: Continuez, la lutte n'est pas terminée et la bataille n'est
même pas encore gagnée pour M. le ministre. Moi, non plus, je n'ai
pas de question.
Le Président (M. Blouin): C'est plus reposant pour vous,
M. Mongeau.
M. Mongeau: Je ne suis pas sûr, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Vous n'êtes pas sûr.
Mais si vous avez quelques
commentaires à émettre, vous pouvez toujours y aller.
M. Hains: J'en aurais une à poser, est-ce que j'ai le
temps?
Le Président (M. Blouin): II y a de vos collègues
aussi, M. le député de Saint-Henri, qui ont demandé la
parole. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Un mot très
rapide de bienvenue. Ce qui me frappe dans l'accueil qui vous a
été fait par le ministre, c'est la comparaison que je me dois de
faire entre la réception qu'il a faite au mémoire
précédant le vôtre et à celui que vous venez de
présenter. La disproportion est telle que je me demande si vous avez des
réflexions sur le Comité de parents francophones de la commission
scolaire Balwin-Cartier, leur degré de participation, leur degré
d'implication dans le milieu, le nombre de personnes qui ont été
consultées, etc. Pouvez-vous éclairer cette commission,
étant donné que je pense que vous pouvez être au courant de
certaines façons dont les choses peuvent se passer à ce
comité de parents francophones?
M. Mongeau: Je suis mal placé pour répondre, parce
que je suis ici à titre de président du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. La commission scolaire Balwin-Cartier a soumis
un mémoire à cette commission et, malheureusement, M. le
Président, nous n'avons pas eu l'heur d'être invités, bien
qu'on ait invité notre comité régional de parents
francophones et aussi notre comité régional de parents
anglophones. Nous aurions bien des choses à dire, mais à un autre
titre et je ne voudrais pas, ce matin, mêler les rôles.
Cependant, puisque vous m'avez dit que je pouvais faire quelques
commentaires, je ne crois pas que nous ayons jamais dit, nous, les commissaires
d'écoles du Québec, que nous ne reconnaissions pas la
participation des parents dans le système actuel. Je ne crois pas que
nous ayons jamais dit cela. Ce que nous avons dit, ce que nous disons, c'est
que le projet de loi 40 ne donne qu'une illusion de pouvoir aux parents. Il ne
leur donne pas le pouvoir réel, parce que tous les pouvoirs
dévolus aux écoles et aux parents le sont selon la loi ou la
réglementation du ministre. C'est un pouvoir d'application d'une loi ou
d'un règlement, ce n'est pas un pouvoir décisionnel. Moi qui vous
parle et mes collègues aussi, n'avons jamais nié le principe en
vertu duquel certaines décisions, mais de vraies décisions,
doivent être prises à un palier plutôt qu'à un autre.
Mais il ne faut pas donner aux gens l'illusion du pouvoir, parce que, vous
savez, un jour l'histoire le jugera sévèrement.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Simplement, pour terminer, le mémoire du
Comité régional de parents francophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier a procédé, à un moment donné, par
questions et réponses. Il y a une question ici qui a été
posée à laquelle on a apporté la réponse;
c'était la suivante et j'aimerais avoir vos réflexions
là-dessus. C'est le porte-parole qui parlait: "Le suffrage universel
rend-il les gens plus compétents? Réponse: Non, au contraire,
souvent des gens compétents qui ont oeuvré en éducation
sont battus au suffrage universel, faute d'argent et de moyens ou à
cause d'une idéologie quelconque, souvent très
éloignée du bien des enfants et de l'éducation." Est-ce
que cette façon de cerner le problème du suffrage universel
provoque chez vous certaines réactions?
Le Président (M. Blouin): M. Mongeau.
M. Mongeau: Écoutez, encore une fois, je ne suis pas ici
à titre de président de la commission scolaire Baldwin-Cartier,
M. le député de Louis-Hébert, et je ne vaudrais pas
répondre à un mémoire que j'ai lu, bien sûr, mais
auquel je n'ai pas été appelé à participer ici, en
commission parlementaire, au nom de ma propre commission scolaire.
La seule chose que je puisse dire, M. le député de
Louis-Hébert, c'est que les parents de Baldwin-Cartier ont
répondu à 74% qu'ils étaient en faveur du maintien du
suffrage universel pour l'élection des commissaires. On le sait et on en
a la preuve, parce qu'ils sont des citoyens de l'île de Montréal
et que les citoyens de l'île de Montréal réclament le
maintien de l'élection des commissaires d'écoles au suffrage
universel à plus de 70%.
Je vous assure que, fort de l'appui de la population de Montréal
en particulier là-dessus, je me sens bien à l'aise de
défendre les positions que je défends, parce que ce sont ces
gens-là que je représente.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Mongeau. Merci, M. le
député de Louis-Hébert. En deux minutes, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, en terminant, M. le Président, je voudrais
peut-être que nous revenions à un certain sens des proportions
dans ce débat. Je crois que le conseil scolaire de l'île est
responsable de l'harmonisation de dépenses s'élevant à
près de 1 000 000 000 $ par année. Si on compte le total des
budgets des commissions scolaires, les dépenses dont il est responsable
au chapitre de la dette, etc., cela va tout près de 1 000 000 000 $ par
année. Les dépenses de fonctionnement du conseil, j'ai
fait venir des chiffres tantôt qui me disent qu'elles seraient
autour de 3 000 000 $ par année. Est-ce plus que cela?
M. Mongeau: Non, c'est moins que cela. M. Ryan: C'est
moins que cela?
M. Mongeau: C'est moins que cela, M. Ryan, c'est 2 300 000 $ par
année. Peut-être, je voudrais dire là-dessus
qu'étant donné que cela fait 30 000 000 $ qu'on économise,
quand même on en aurait pris 22 000 000 $ pour le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, nous nous finançons à même
nos économies.
M. Ryan: Ce que je veux dire et ce que je veux souligner en
terminant, c'est que le coût réel de fonctionnement de cet
organisme est extrêmement limité, tout compte fait, et qu'on devra
tenir compte de ce facteur quand il sera question des structures de l'avenir.
Cela permet aussi de réparer une certaine impression qui aurait pu
être créée de gigantisme et qui ne correspond pas du tout
à la réalité concrète.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Sur ces échanges passionnants et,
à l'occasion, passionnés, je remercie les représentants du
Conseil scolaire de l'île de Montréal de leur importante
participation aux travaux de cette commission, au nom de tous les membres de la
commission. Sur ce, nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 35)
(Reprise de la séance à 15 h 13)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre!
La commission élue permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Nous entendrons d'abord les représentants de l'Association
provinciale des enseignants protestants du Québec, à qui je
demande de s'identifier et de nous présenter leur mémoire en une
vingtaine de minutes. Je leur signale que nous disposons d'une période
de deux heures afin de procéder aux échanges avec cette
association.
Association provinciale des enseignants protestants du
Québec
M. Weiner (Harvey): Merci, M. le Président. Je veux
d'abord présenter les membres de l'exécutif de l'Association
provinciale des enseignants protestants du Québec. Je suis Harvey
Weiner, président; à l'extrême droite, Mme Sheena Hanley;
à ses côtés, M, Hallan Strand; à ma droite, M. Allan
Smith; à l'extrême gauche, M. Bryden
Murray; à ses côtés, Mme Shirley Wescott et,
à ma gauche, M. Donald Berry.
M. le Président, membres de la commission, mesdames et
messieurs... 3e voudrais dire aussi M. le ministre, mais je remarque son
absence.
Le Président (M. Blouin): On nous a indiqué que M.
le ministre était retenu par un dossier important au Conseil des
ministres. Dès qu'il pourra se libérer, soyez assurés
qu'il se joindra à nous.
M. Weiner: Notre mémoire est basé sur le projet de
loi 40. On veut être clair sur cela; ce n'est pas sur la version
révisée qui pourra être présentée en
deuxième lecture. Nos commentaires sont basés sur le texte du
projet de loi 40.
Nous allons présenter le sommaire de trois dossiers: notre
rôle d'enseignant, la confessionnalité et le rôle des
parents. Nous espérons répondre à vos questions sur tous
les autres sujets contenus dans notre mémoire et, évidemment, sur
ces trois dossiers. Nous espérons que le ministre répondra
à quelques questions que nous lui poserons au cours de notre
présentation. On demande au moins que ses collègues prennent note
de ces questions afin qu'il puisse y répondre.
Qui sommes-nous? L'Association provinciale des enseignants protestants
du Québec représente tous les enseignants et enseignantes des
écoles protestantes de langue française et de langue anglaise.
Environ 30% de nos membres sont francophones. Nous représentons des
enseignants protestants, catholiques, juifs, musulmans, hindous, agnostiques et
athées, tout le monde. Environ 25% des membres de l'APEP sont
catholiques. Nous explicitons ce sujet à la rubrique de la
confessionnalité.
Nous sommes favorables à certains éléments de la
réforme, mais nous maintenons qu'une réforme doit donner des
indications claires, nettes et précises que la qualité de
l'éducation va s'améliorer, ce qui manque actuellement à
notre avis dans le projet de loi 40. Nous félicitons le ministre de
l'Éducation pour les aspects de la loi 40 qui visent à consolider
et à réduire le nombre des commissions scolaires qui existent
à l'heure actuelle. On a ajouté comme annexe à notre
mémoire la proposition faite sur les commissions scolaires anglophones
du Groupe des sept, dont nous faisons partie. Nous sommes favorables aussi
à l'intégration des commissions scolaires primaires et
secondaires. Même si nous sommes contre la plupart des restrictions
actuelles à l'accès à l'école anglaise, on doit
reconnaître le fait que le gouvernement du Québec est prêt
à reconnaître des commissions scolaires linguistiques comme l'a
déjà fait le Nouveau-
Brunswick. Cela est pour nous une étape importante et positive et
un exemple à suivre pour toutes les autres provinces du Canada pour la
minorité francophone qui vit dans ces provinces.
Nous espérons de tout coeur que le jour viendra où toutes
les provinces du Canada seront d'accord pour consacrer ce droit à la
population minoritaire qu'elles desservent et que ce droit sera écrit
dans la constitution canadienne d'un commun accord. Mais, franchement, nous
devons constater avec regret qu'à notre avis ce jour est encore
très éloigné de sa réalisation. Cependant, nous
pensons que la réforme profonde proposée par la loi 40 doit
s'arrêter là. Tout le reste, à notre avis, n'est qu'un
chambardement inutile qui ne concerne pas les vrais problèmes de
l'éducation.
Nous nous posons des questions sur le rôle des enseignants. Dans
notre mémoire, cela apparaît aux pages 12 et 13 du texte. On parle
très peu du rôle de l'enseignant dans le projet de loi 40. Cette
réalisation et la nature et les répercussions de ce décret
gouvernemental sur les conditions de travail nous portent à croire que
le gouvernement est en train de mitiger peu à peu le rôle et
l'importance de l'enseignant.
À notre avis, on devrait garantir aux enseignants les
attributions suivantes et les droits professionnels qui s'y rattachent: comme
la responsabilité et la liberté d'établir le mode
d'enseignement et le matériel didactique; d'implanter le régime
pédagogique de l'école et le programme d'études et de voir
à l'évaluation du progrès des élèves; la
liberté d'adapter le programme d'études aux besoins des
élèves; le droit de prendre part aux décisions d'ordre
pédagogique au niveau de l'école, de la commission scolaire et du
ministère, par l'entremise de nos structures syndicales; et -j'insiste
sur ce point - la liberté de négocier tous les aspects de nos
conditions d'emploi et de travail par l'entremise de nos structures
syndicales.
On a déposé ce matin un document en annexe à notre
mémoire, qui commence sous le titre:
Chapitre 4: les objets, mécanismes et procédures de
consultation. Cela, mesdames et messieurs de la commission, c'est un extrait de
la convention collective locale entre les enseignants de Lakeshore et la
commission protestante de Lakeshore. Il existe d'autres ententes locales entre
les autres syndicats membres de l'APEP et les commissions scolaires
protestantes dans leur région. C'est une entente locale
négociée et agréée par les deux parties. Cela
existe encore, des ententes négociées et agréées,
dans la province de Québec. C'est cela le processus et la formule qu'on
privilégie comme enseignants. C'est le mécanisme qu'onutilise pour améliorer nos conditions, pas seulement au point de vue
économique et du travail, mais pour donner du poids à nos voeux
dans le sens de la participation dans les écoles, à la commission
scolaire au lieu du ministère.
Quand on dit que le projet de loi 40 ne reconnaît pas ce fait,
c'est qu'il n'y a pas une mention dans le projet de loi 40 du mot "syndicat";
c'est comme si c'était un mot sale. Le syndicat représente les
enseignants. Il n'y a pas une dichotomie entre nos objectifs professionnels et
nos objectifs syndicaux. Cela n'existe pas, à notre avis. On trouve
beaucoup d'articles dans le projet de loi qui tendent à contourner les
syndicats comme représentants légitimes des enseignants. Par
exemple, l'article 42, l'article 307 et, si vous voulez suivre notre
mémoire, on a une liste, à la page 22, des autres articles
où on juge que le gouvernement s'attaque directement aux principes de
négociations.
La question de la confessionnalité, c'est, en anglais, aux pages
14 à 18 et, en français, aux pages 15 à 19.
Members of the commission, we believe that the provisions on
confessionality contained in Bill 40 are totally unsatisfactory; they are
unsatisfactory to almost every group that we have heard intervene on that issue
and to those who have yet to intervene and whose briefs we have read. We
believe very strongly that the Québec education system should be
structured on a linguistic basis: language boards, public common schools. But
we believe as strongly that, in terms of a school board structure, a school
structure, there must be consistency. Either we have linguistic boards and
public common schools or we have a confessional set of school boards and
confessional schools. We cannot accept a hybrid system. If I may quote from
positions that have been held by the Provincial Association of Protestant
Teachers that go back to pre-Confederation days, in 1864, the Provincial
Association of Protestant Teachers expressed its preference for a general and
non-denominational system of education. In 1880, we said at our annual
convention: This convention of Protestant Teachers of the Province of
Québec desires to record the deliberate expression of itsfirm
adherence to the principle of common as opposed to a sectarian system of public
schools. À hundred and twenty years later, I have to add a year to our
brief, it is 1984, we regretfully are not much closer to this school, we
recognize this. We recognize the deep and profound divisions within our
community, we recognize as well that our position, which has been
democratically taken by the members of our association, is not a position that
is shared by most elements of the community that has evolved into the kind of
consensus that is essential for an
education system to function properly. We look at Bill 40, at the
section on confessionnality, and we find nothing but contradictions. We look at
article 338, which proposes additional dissension boards and, we find there the
potential for even greater fragmentations than exist in our present system.
We would ask the Minister, if he is here, we ask the question publicly
in any event and we would hope he would respond, how will Catholic and
Protestant schools be created? It is unclear in the bill. The regulations that
the Minister proposes have not yet been set out. We recognize in the draft
hypothesis of regulation that the Minister proposes to hold a vote on such an
issue at the local community level. We find it an incredible proposal that on
an explosive issue such as religion, and nothing raises more emotion, more
debate, more feeling and emotion than religion, that such a process would even
be contemplated.
One cannot debate with any degree of rationality an issue of that
particular nature, because one is dealing with faith, conviction and it is very
difficult, when one deals with that, to use a form of objective logic in order
to convince. If we have a vote, what percentage would be required in order to
create the Catholic or the Protestant schools?
How would you avoid marginalizing those students who are not part of the
majority? How does the Minister of Education define confessional schools in
terms of how those schools would be staffed by personnel, teaching,
non-teaching professionals, administrative personnel?
What is the Catholic community's definition in terms of staffing? We
have heard a series of definitions from various representatives of the
Cathtolic community, both English and French, parents, teachers and
administrators. We are more confused than ever. Are the positions reconcilable?
Because it is the National Assembly of Québec that has the
responsibility of reconciling those positions so that there is an inherent
logic on the section pertaining to confessionality. If I may raise certain
issues, Law 40 says: "The school board is the legal employer of the personnel
in our schools and at the school board level." The legal employer will be a
language board, a linguistic board, not a confessional board, as is the case
now. There are a number of provisions in the Charte des droits et
libertés de la personne which provide for antidiscrimination in terms of
hiring, transfer, placement, etc.
If I may read two sub-sections, section 16: "Nul ne peut exercer de
discrimination dans l'embauche, l'apprentissage, la durée de la
période de probation, la formation professionnelle, la promotion, la
mutation, le déplacement, la mise à pied, la suspension, le
renvoi ou les conditions de travail d'une personne ainsi que dans
l'établissement de catégories ou de classifications d'emploi."
That would seem to imply that all employees in a language board will be treated
alike, will be placed alike and will have full access to all schools, whether
they be Catholic, Protestant or common.
We have another section, section 20, of the Charte des droits et
libertés de la personne, which reads: "Une distinction, exclusion ou
préférence fondée sur les aptitudes ou qualités
exigées de bonne foi pour un emploi ou justifiée par le
caractère charitable, philanthropique, religieux, politique ou
éducatif d'une institution sans but lucratif ou qui est vouée
exclusivement au bien-être d'un groupe ethnique est réputée
non discriminatoire." (15 h 30)
Those two articles - we do not want to go to Court to have those
articles interpreted and find ourselves in a situation where others are going
to Court to have those articles interpreted in perhaps a somewhat different
fashion - are there. We believe that there have to be some very clear answers
provided in the Legislation before a bill is passed so that everyone,
regardless of what their position is, understands clearly the implications and
the impact of the law. We ask ourselves and we ask you to consider, as members
of this commission, the conflict, the turmoil and the social unrest that a
proposal which would in fact establish quota systems within a public education
system based on religion, what such a system would have as an impact amongst
teachers and other employees of the same school board, members of the same
unions. We ask you to envision at the local school level, campaigns aided and
abetted by groups of teachers and administrators for more Catholic schools or
more Protestant schools for the crass reason of employment security or
self-interest, envision that particular possibility in such a system.
Why do we raise these issues at this particular juncture? It is because
we are deeply disturbed by a type of dialogue that is taking place between
members of the Government and various groups that have intervened at this
parliamentary commission. If I can give you an example, several months ago, I
had the opportunity to meet with the Minister of Education and raise our
concerns as an association about these issues. The Minister indicated to me
that a staffing formula, based on religion, was "aberrant et impensable" and in
contradiction with la Charte des droits et libertés de la personne. Il
m'a dit: C'est bien clair...
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Payne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander que vous rappeliez les
circonstances où ceci vous aurait été dit par le ministre?
J'ai manqué le début de la phrase.
M. Weiner: J'ai eu une réunion, M. le député
d'Argenteuil, avec le ministre en novembre pour discuter de la question de la
confessionnalité et donner notre point de vue sur les problèmes
qu'on appréhende. Il m'a dit sur ce point qu'il n'était pas
question, dans les commissions scolaires linguistiques, parce qu'il existe une
Charte des droits et libertés de la personne, qu'il y ait des formules
pour déterminer l'embauche, le transfert ou l'affectation des
enseignants et des autres personnels basées sur la religion comme
critère. C'est ce qu'il m'a dit. Hier soir...
Le Président (M. Payne): Je dois vous rappeler, M. Weiner,
que chaque groupe dispose de vingt minutes.
M. Weiner: Oh! Je comprends bien. Je vais terminer.
Hier soir, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt la présentation du English-speaking Catholic
Council et suivi avec respect l'exposé dans lequel il a demandé
que les écoles catholiques comptent des enseignants catholiques, de
préférence en totalité, mais au moins en majorité.
C'était intéressant, mais what disburbed me very deeply was the
Minister's response. The Minister said, if I can paraphrase what he said: It
will be the responsibility of the school council to ask for the type of
teachers that it wants. I believe that it is time for clear answers. We want
one answer. The answer that we will apply, if it satisfies us, so much the
better, but it is irrelevant whether it satisfies us or satisfies another
group. We believe the English Catholic community has a right to know how its
schools are going to be staffed under Bill 40 and we believe that we, as
teachers, have a right to know hou staffing will take place. This question must
be answered clearly. We cannot have responses which attempt to satisfy everyone
because, if we attempt to satisfy everyone, we shall satisfy no one.
C'est la question de la participation des parents et c'est le dernier
bout...
Le Président (M. Payne): Je m'excuse, M. Weiner, sans
vouloir vous indisposer, je vous rappelle que chaque groupe dispose d'une
période de 20 minutes. On a déjà dépassé de
plusieurs minutes le temps alloué.
M. Weiner: Je vais continuer, M. le Président, j'en ai
encore pour cinq ou six minutes, et je veux compléter, car c'est
important; c'est sur la participation des parents. Nous avons
écouté avec beaucoup d'intérêt la
présentation des parents de Baldwin-Cartier ce matin. Nous voulons faire
un lien avec quelque chose. On s'oppose à remettre en question non
seulement auprès des enseignants et des représentants des
enseignants, mais aussi des autres groupes, le système qui attaque la
représentativité des organismes qui présentent des
mémoires. C'est simplement basé sur mon expérience et sur
le point de vue que l'association présente. Nous représentons les
enseignants de l'APEP. Si notre représentativité est remise en
question, ce sont nos membres qui décideront de nous renvoyer et d'en
élire d'autres. C'est pour cela que nous respectons et ne mettons pas en
question la représentativité de la Fédération des
comités de parents de la province de Québec. Les parents veulent
assumer un rôle décisionnel au niveau du conseil d'école.
C'est un fait, et on accepte cela. C'est aussi évident que la
presque-totalité des parents des milieux anglophones ne veulent pas de
ce rôle. Nous pensons que c'est important pour le gouvernement de
déterminer comment le processus de participation des parents fonctionne
dans la plupart des écoles anglophones et pourquoi ces parents sont en
général satisfaits. Il y a peut-être quelque chose
là. Nous pensons que la vraie question à poser n'est pas de
savoir si les parents veulent gérer l'école ou avoir un pouvoir
décisionnel à l'école selon les articles décrits
dans le projet de loi 40, la vraie question n'est pas là. La vraie
question, d'après nous, c'est si les parents dans leur capacité
de parents, devraient obtenir ce droit. C'est là la vraie question et
notre réponse est non. Si les enseignants, et si nous, l'APEP, nous
demandions aujourd'hui, le pouvoir décisionnel majoritaire est-ce que le
gouvernement accepterait cela? Non, et avec raison. Si les usagers le
demandaient dans les hôpitaux ce serait non, et avec raison. Ce n'est pas
parce qu'un groupe fait une demande qu'on doit accéder à cette
demande. Je vais citer ici des chiffres importants. Pas plus de 35% de la
population canadienne n'a d'enfants dans les écoles
élémentaires et secondaires, à un moment donné. Au
Québec, à cause d'un taux de natalité inférieur,
c'est encore moins. Cela, c'est d'après une étude de
l'Association canadienne d'éducation. Quel en est le rôle à
jouer? Je pose la question à propos des deux autres tiers.
Nous pensons que l'éducation est l'affaire de toute la
société. L'efficacité de l'éducation a un effet
important sur toute la population, tout le monde doit être
impliqué. Nous pensons qu'il y a un conflit d'intérêts chez
les parents dans la capacité d'utiliser leur pouvoir décisionnel.
L'intérêt des parents
pour leur enfant, pour l'éducation de leur enfant, c'est naturel;
cela augmente les possibilités de conflit, de division et
d'instabilité au niveau de l'école.
Il est aussi question du rôle du directeur d'école. Nous ne
voulons pas d'un directeur d'école qui deviendra un politicien pour
tenter de satisfaire tout le monde. Nous pensons - et je vais finir avec cela -
que la commission scolaire est un organisme qui représente toute la
communauté, y compris les parents. C'est pourquoi le suffrage universel,
pour nous, le palier décisionnel, pour nous, c'est au niveau de la
commission scolaire, c'est au niveau du gouvernement, ce n'est pas au niveau de
l'école. Les commissaires représentent toutes les
communautés et toutes les écoles sur un territoire
géographique; alors, il y a moins de risque d'un conflit
d'intérêts.
Nos conclusions et nos recommandations se trouvent aux pages 24 à
26. Je pose une dernière question. Nous pensons que le ministre doit
bâtir des relations harmonieuses avec les enseignants et les enseignantes
du Québec, ce qui n'existe pas à l'heure actuelle. C'est
évident que, pour nous, aucune loi pour la réforme de notre
système scolaire public ne peut porter de fruits sans la pleine
participation des enseignants au système. Le Conseil supérieur de
l'éducation va commencer une étude en mars sur les relations
entre les enseignants et les autres intervenants en éducation et sur
tous les effets des décrets gouvernementaux. Il y a de gros
problèmes à résoudre.
Le Président (M. Payne): M. Weiner...
M. Weinen Même le ministre devra l'admettre, parce qu'il a
approuvé le mandat du conseil supérieur.
M. le Président, on peut légiférer sur presque
n'importe quoi, mais on ne peut pas légiférer sur la
volonté et l'ambiance. Il faut des gestes ouverts et concrets pour
améliorer le climat, des gestes qui amélioreront la situation
actuelle dans les écoles publiques. Nous, les enseignants, les
attendons. Merci de votre attention.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Au nom du
ministre, je voudrais vous transmettre ses excuses, il doit assister au Conseil
des ministres et il devrait sans doute se joindre à nous bientôt,
probablement dans le courant de la discussion. Soyez assurés qu'il a
pris connaissance de votre mémoire et que les questions que vous vous
posez au sujet du projet de loi ont été prises en note et lui
seront transmises.
Je voudrais, en son nom, faire quelques remarques sur votre
mémoire. Pour commencer, je désire remercier la Provincial
Association of Protestant Teachers of Québec pour la présentation
de son mémoire. Je remarque une grande qualité d'expression dans
les propos que vous tenez, une clarté d'expression également. Je
remarque aussi que vous couvrez à peu près tous les aspects du
projet de loi bien que vous insistiez sur certains aspects prioritaires qui
concernent, bien sûr, les enseignants, la confessionnalité, les
parents. Votre mémoire est assez critique à l'égard du
projet de loi et la discussion que nous aurons nous permettra sans doute
d'échanger afin de clarifier certains points de vue que vous nous avez
présentés.
Je note, pour commencer, certaines critiques que vous faites à
propos du projet de loi qui, dites-vous, favorise davantage les structures
plutôt que l'éducation. Vous êtes d'accord avec une
réforme, mais à la condition que cette réforme apporte des
améliorations au niveau de l'école, au niveau de la
qualité de l'enseignement, de la qualité de vie dans les
écoles.
Vous notez également la centralisation qui est comprise, selon
vous, dans le projet de loi et l'arbitraire de la réglementation. Nous
aurons l'occasion de revenir sur certains points. Vous mentionnez
également que les enseignants n'ont aucun rôle véritable
à jouer, toujours selon le projet de loi 40. Compte tenu du temps dont
nous disposons, je voudrais faire porter quelques remarques, entre autres, sur
cet aspect que vous soulevez, car il me semble que, contrairement à ce
que vous dites, le projet de loi 40 accorde une place tout de même
importante aux enseignants.
D'abord, le projet de loi 40 reconnaît l'importance du rôle
des enseignants à l'intérieur des écoles. Je vais vous
donner un certain nombre d'exemples. Vous dites, entre autres reproches que
vous faites, que le projet de loi 40 ne permet pas aux syndicats de nommer les
enseignants soit au comité pédagogique, soit au sein du conseil
d'école. Juste une remarque; à titre d'ancien syndiqué, je
suis très à l'aise pour vous faire cette remarque. Il me semble
que vous pourriez faire confiance à vos professeurs, qui sont des
syndiqués, à l'intérieur des écoles, et qui, il me
semble, peuvent, en tant que syndiqués, en tant que professionnels,
prendre leurs responsabilités et nommer, soit au comité
pédagogique, soit au conseil d'école, des membres suffisamment
représentatifs de l'ensemble et qui partagent l'ensemble des convictions
syndicales. (15 h 45)
Quant au rôle des enseignants, je voudrais vous mentionner un
certain nombre d'endroits où il est spécifiquement
mentionné que les enseignants occupent une place importante. Je vous ai
parlé du conseil d'école. Les enseignants, présentement,
dans
la loi actuelle n'ont pas de place, en tout cas, explicitement
mentionnée, dans la loi. Le projet de loi accorde une place aux
enseignants au comité d'école. Les enseignants peuvent participer
au niveau décisionnel au sein du conseil d'école. Les enseignants
peuvent participer et être consultés sur à peu près
tous les sujets qui concernent la vie de l'école, à
l'intérieur du comité pédagogique dont la création
est explicitement prévue dans le projet de loi.
Entre autres, l'article 69 accorde au comité pédagogique
le pouvoir de décider annuellement, parmi une liste de sujets, ceux sur
lesquels il demande à être consulté ou sur lesquels il
entend faire des recommandations. Il s'agit des modalités d'application
du régime pédagogique, de l'orientation générale
concernant l'enrichissement et l'adaptation des programmes, de l'orientation
des programmes de services complémentaires et particuliers, de
l'évaluation des méthodes pédagogiques et du choix des
activités parascolaires. Ce sont des exemples mentionnés dans le
projet de loi et qui permettent aux enseignants de s'impliquer de façon
très active au sein de leur école. Il en va de même pour le
service aux élèves en difficulté (article 185);
l'intégration scolaire (article 97), l'enrichissement et l'adaptation
des programmes (article 99), le choix des méthodes pédagogiques
(article 104).
Sur le choix des manuels scolaires et du matériel
pédagogique (article 105), le ministre a annoncé une
réécriture de l'article dans le but d'accorder à chaque
enseignant le pouvoir de choisir son matériel didactique dans le cadre
des orientations fixées par le conseil d'école et des normes
budgétaires. On prévoit également au projet de loi
(article 307) la création d'un centre de développement
pédagogique, ce qui n'existe pas et qui permettra aux enseignants de
s'impliquer au niveau de la création, du choix des méthodes
pédagogiques, des guides pédagogiques et même des examens.
Alors, je ne peux pas partager votre point de vue qui est, à mon sens,
très critique lorsque vous mentionnez que les enseignants n'ont pas leur
place au sein du projet de loi 40.
Brièvement, j'enchaîne sur les autres points de vue qui me
permettent de faire des remarques. D'abord, il y a un certain nombre de
consensus par rapport au projet de loi sur un certain nombre de questions. Vous
êtes d'accord avec la réduction du nombre des commissions
scolaires et l'intégration des commissions scolaires. À ce titre,
vous soulignez que cela peut être un moyen d'économiser. Je le
souligne, parce que cela n'a pas été souligné par beaucoup
de groupes. Vous êtes d'accord avec le fait des commissions scolaires
linguistiques, avec le rôle du gouvernement dans l'éducation, le
rôle central que le gouvernement doit y jouer, ce rôle de
coordonnateur et d'organisateur. L'étatisation de l'enseignement ne vous
fait pas peur. Le rôle des commissions scolaires également, sauf
sur un point, je l'ai remarqué, les négociations locales. Vous
préféreriez que les négociations soient au palier de la
commission scolaire plutôt qu'au palier national.
Vous êtes en désaccord sur la participation des parents.
Vous préféreriez qu'ils aient un rôle consultatif. À
ce titre, vous pourriez peut-être nous dire exactement pourquoi vous
refusez le conseil d'école décisionnel. La participation des
parents, vous l'avez mentionnée, mais, il me semble, un peu rapidement,
parce que le conseil d'école permet tout de même de
responsabiliser le milieu, parents et éducateurs, de travailler ensemble
au niveau de l'école. Il me semble que vous avez passé rapidement
sur cette question qui est contreversée, mais pour laquelle la
Fédération des comités de parents a fait un plaidoyer
très éloquent. Au sujet de l'école confessionnelle, vous
proposez une école publique commune. Vous critiquez le projet de loi,
parce qu'il maintient, dites-vous, le modèle de l'école
confessionnelle. À ce sujet, j'aurais une question à vous poser.
Vous êtes d'accord avec la division des commissions scolaires sur une
base linguistique; vous exprimez des craintes sur les dispositions qui
prévoient que l'école peut intégrer dans un projet des
valeurs et des croyances religieuses au niveau du projet éducatif; vous
faites une critique de l'article 32, qui donne à l'école le
pouvoir de demander une reconnaisance comme école catholique ou comme
école protestante.
Vos objections sont fondées sur ce que vous interprétez
comme des difficultés importantes en regard des critères de
sélection du personnel enseignant et non enseignant. Je vous cite: "Le
maintien d'un système scolaire confessionnel empoisonnerait les rapports
non seulement entre enseignants mais aussi entre d'autres catégories de
personnel au service de la commission." Vous avez beaucoup insisté sur
cet aspect. J'aimerais que vous puissiez nous éclairer davantage sur
certains points. Par exemple, sur quels autres articles que l'article 32
basez-vous votre analyse? Êtes-vous d'accord avec l'article 81, qui
stipule que, pour être affectée à l'enseignement religieux,
une personne doit satisfaire aux conditions de qualification exigées au
point de vue religieux par les comités confessionnels? Il me semble que,
dans le projet de loi, c'est la seule restriction qui est apportée, et
cela touche l'enseignement religieux, qui donne le droit aux enseignants de
refuser, si cela ne convient pas ou si ce n'est pas en accord avec leur
croyance. Il me semble que c'était une demande des enseignants du
côté catholique. C'est la question principale que
je vous pose. J'aimerais que vous mentionniez quelques remarques sur le
conseil d'école également.
Le Président (M. Blouin): M. Weiner.
M. Weiner: M. le Président, il y a plusieurs questions qui
ont été posées dans les remarques du député.
La place des enseignants dans le projet de loi 40, ce n'est pas cela qu'on
demande. On leur demande une place dans le sens d'avoir des articles
définissant cette place. On veut moins dans le projet de loi 40, pas
plus. Pour nous, c'est la voie des négociations, des ententes
négociées, des accords entre les parties, comme le dit le
document qu'on a déposé ce matin, un document qui couvre presque
la totalité des sujets, des matières impliquées dans la
participation, au niveau de l'école et au niveau de la commission
scolaire. Ce n'est pas une entente qui est mer et monde, il en existe d'autres
dans la province. Il y a des améliorations à faire, mais c'est
cela qu'on veut, le respect du principe de négociations libres, pas
encadrées. On trouve dans le projet de loi 40 qu'il n'y a pas une place
pour les enseignants, parce qu'il y a un encadrement qui rend notre vie
difficile à négocier, qui rend impossible la vraie
négociation. C'est cela notre objection. C'est bien évident que,
sur la question des commissions scolaires, je ne sais pas si le
député a bien compris, nous serions plutôt favorables
à une diminution des pouvoirs du ministre à l'endroit des
commissions scolaires, mais, en général, l'équilibre qui
existe actuellement, c'est plus ou moins satisfaisant. Il y a des choses comme
le curriculum, les régimes pédagogiques. On pense que plus de
pouvoirs doivent être donnés aux commissions scolaires.
Sur la question des commissions scolaires linguistiques, on doit
être clair sur cela, on voit une économie, on voit une meilleure
utilisation du personnel dans le système proposé que dans le
système actuel, si on a des commissions scolaires linguistiques et des
écoles publiques communes. Mais si on a des écoles
confessionnelles, des écoles neutres et des écoles de je ne sais
quoi, il n'y aura pas d'économie, pas du tout. Si on fait une
restructuration simplement pour augmenter la possibilité de division,
cela n'en vaut pas le coup, c'est un chambardement inutile.
Quant à la question des négociations, je crois que le
député a mal compris. On ne demande pas une négociation
locale au lieu d'une négociation provinciale, on demande que certains
sujets qui n'ont pas de coûts rattachés soient
négociés au niveau de la commission scolaire et des syndicats,
parce que les deux peuvent mieux définir les solutions
complémentaires à la vie du milieu qu'une négociation
nationale.
Quant à la confessionnalité, il est bien évident
que nous sommes d'accord avec l'article 81 - bien d'accord avec cela - car
c'est un pas en avant, mais on attend toujours la réponse à la
question du personnel: l'embauche, la mutation. On est prêt - je serai
catégorique là-dessus - à considérer un
système de commissions scolaires linguistiques pour des écoles
catholiques, protestantes, neutres, communes, s'il est bien clair au
départ, pour tout le monde, que l'embauche, l'affectation, la mutation
et la déclaration de mise en disponibilité seront faites
seulement selon les critères de la capacité et de
l'ancienneté, et non la religion. C'était la portée de mes
commentaires auparavant, quand le ministre n'était pas ici.
On ne veut pas avoir de confusion sur ce point. Quand le ministre
indique à un groupe que c'est impossible, que ce sera autre chose que
cela et à un autre, comme hier soir, au English-speaking Catholic
Council que ce sera à l'école de déterminer le personnel,
si elle veut avoir un personnel de foi catholique, c'est son droit, alors, cela
n'est pas clair. Il y d'autres articles dans cette section et, dans d'autres
qui doivent être éclaircis avant que la loi ne soit
adoptée. Je ne veux pas que tout le monde se réveille, une fois
que la loi aura été adoptée, nous, avec notre
interprétation, un autre groupe avec une autre interprétation,
avec une bataille dans les écoles, dans la communauté, dans les
cours, sur tous les sujets et toutes les matières inclus dans la
loi.
M. Leduc (Fabre): Je vous remercie.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je remarque que certaines questions posées par M.
Weiner étaient adressées au ministre. Je ne sais pas si le
ministre préfère se réserver le droit d'y répondre
plus tard, au cours de la discussion, ou s'il veut y répondre
maintenant...
M. Laurin: Je vais y répondre plus tard.
M. Ryan: Plus tard. M. le Président, je voudrais exprimer
à la délégation de la Provincial Association of Protestant
Teachers mon appréciation et celle de mes collègues de
l'Opposition pour la qualité du mémoire qui nous a
été présenté cet après-midi. C'est la
troisième fois, à ma connaissance, depuis le début des
audiences de la commission parlementaire, que nous recevons une organisation
syndicale représentant des enseignants. Nous avons reçu d'abord
la Centrale de l'enseignement du Québec; ensuite, la semaine
dernière, la Provincial
Association of Catholic Teachers et, aujourd'hui, c'est la Provincial
Association of Protestant Teachers. Dans les trois cas, les mémoires
présentés ont été d'une excellente
qualité.
Les organisations syndicales, par ces interventions d'excellente
qualité, contribuent à exercer cette fonction qu'on attend
d'elles. Elles ne viennent pas seulement intervenir dans les grands
débats publics pour défendre des droits corporatifs mais
également pour contribuer à l'amélioration des conditions
générales de vie et à l'amélioration de la
qualité des institutions. (16 heures)
Je crois que le mémoire que vous avez présenté cet
après-midi se situe dans cette ligne de la grande tradition syndicale
qui a pu être perdue de vue pendant quelques années dans les
luttes très acharnées qu'on a faites autour de questions qui
regardaient plus immédiatement les conditions de travail assujetties
à la négociation. Cela fait trois fois en l'espace de deux
semaines que nous sommes témoins de cette expérience. Je tiens
à le noter avec beaucoup de plaisir. C'est un signe très
encourageant pour l'avenir.
J'ai remarqué également que votre mémoire est
complètement exempt de ces sentiments de frayeur, de nostalgie ou
d'angoisse qu'on trouve souvent dans des mémoires en provenance
d'organismes à majorité anglophone. Je pense que cela
témoigne non seulement d'un souci mais d'une expérience
d'intégration en plénitude à la réalité
québécoise qui est tout à votre honneur. Je tiens à
le souligner de même que l'excellente qualité linguistique du
mémoire dans les deux langues où il nous a été
présenté et aussi dans les deux langues où il nous a
été résumé verbalement cet après-midi par
vous-même, M. Weiner.
J'ai moi-même eu l'occasion à plusieurs reprises depuis un
an et quelques mois de recourir à la collaboration de votre organisme
dans le but d'obtenir des informations dont j'avais besoin dans l'exercice de
mes fonctions. J'ai toujours eu à me féliciter de votre
excellente collaboration. Je vous en remercie.
Une première note que je voudrais souligner à propos de
votre mémoire, c'est l'insistance que vous mettez
précisément sur la fonction du syndicalisme dans notre
société et en particulier dans le système d'enseignement.
Il y a un premier aspect qui, même s'il a été parfois trop
mis en relief ces dernières années, reste quand même
fondamental, c'est le rôle de négociation des conditions de
travail au nom des enseignants que vous représentez. Vous soulignez que
le projet de loi comporte bien des ambiguïtés ou des
phénomènes de dédoublement à ce sujet. Il y a des
domaines qui, traditionnellement, ont relevé de la convention de la
négociation collective et qui, avec le projet de loi, risqueraient de
passer dans le domaine du législatif, c'est-à-dire dans le
domaine qui échappe à l'autorité de la négociation
collective.
C'est un point très important, sur lequel, déjà, la
Centrale de l'enseignement du Québec a fourni d'abondants exemples. Je
veux vous assurer que nous examinerons cet aspect avec beaucoup
d'intérêt quand viendra le moment d'examiner le projet de loi
article par article. C'est un domaine qui n'est pas facile parce que, par
tradition, le syndicalisme considère, non sans justification, que le
champ de la négociation collective doit être le plus large
possible tandis que l'expérience enseigne que certaines matières
ne peuvent pas tomber facilement sous le champ de la négociation
collective. Mais, quand on a signé des conventions comme le gouvernement
l'a fait, à plus forte raison quand on les a imposées
unilatéralement, on est en droit d'exiger qu'elles soient
respectées et qu'elles ne soient pas contredites par d'autres lois qui
viennent se superposer à cela.
Vous avez remarqué avec raison - nous l'avions souligné
d'ailleurs de ce côté-ci de la table à maintes reprises -
que le projet de loi évite systématiquement de même
mentionner l'institution syndicale. Vous avez dit tantôt que, comme si
c'était quelque chose de mauvais ou méchant en soi, on l'ignore
complètement, et qu'on trouve des mécanismes pour passer à
côté. J'entendais le député de Fabre vous dire
tantôt: Si vous avez confiance en vos membres, dites-leur de se
présenter à ces réunions. Il semblait presque dire:
Donnez-leur des directives avant, puis ils voteront comme le voudra le
syndicat.
Je pense que c'est le processus prévu dans la loi qui est
mauvais. On n'encourage pas les gens à agir comme cela. Il faut avoir
des procédures plus claires, plus nettes. Quand on reconnaît
l'existence du syndicalisme dans une institution, il faut bien
reconnaître qu'il y a certains rôles qui découlent de cette
existence, dont celui de désigner, par les moyens jugés
appropriés, des représentants à certains organismes de
concertation ou de collaboration. De ce point de vue, le projet de loi 40
laisse énormément à désirer et je comprends que
vous ayez émis les objections que vous avez formulées
tantôt.
Ici à la table - vous n'y étiez pas, vous autres - on a
fait défiler des organismes invités par le gouvernement, dont on
s'est servi pour mettre en doute la valeur représentative des positions
qui avaient été définies par des centrales syndicales.
Vous l'avez un peu souligné implicitement tantôt, en disant que
vous tenez votre mandat de vos assemblées générales et que
si des gens veulent contester la représentativité de leur
organisation, ceux qui ont vraiment une épine dorsale ne
viendront pas se plaindre au ministre. Ils vont aller à
l'assemblée générale et ils vont dire: On se
débarrasse de ces dirigeants. On change de direction. Il faut que le
syndicat ait du bon sens une fois pour toutes. On ne va pas demander au
ministre de régler ces problèmes. On ne va surtout pas se
présenter sous les apparences d'un petit organisme
persécuté ou fragile. Il y en a un qui est même venu offrir
de prendre toute la charge de la publication des instruments
pédagogiques que prévoit... Je ne me rappelle pas le
numéro de l'article, je pense que c'est autour de l'article 300.
Je suis content que vous ayez souligné cela parce que ce sont des
vérités élémentaires que, malheureusement, on est
porté à oublier. Le gouvernement a un dossier en matière
syndicale depuis un an qui laisse passablement à désirer. Je
pense qu'il y a d'autres exemples de ce glissement qui s'est produit dans la
pensée gouvernementale depuis un certain temps. Sur ces points, il
faudrait exiger des redressements dans le projet de loi. Nous allons travailler
à les obtenir.
À propos du projet de loi lui-même, je crois comprendre que
votre position est la suivante: Vous dites oui à l'intégration
des commissions scolaires de niveau primaire et de niveau secondaire. Vous
dites oui également au réaménagement des commissions
scolaires suivant des voies linguistiques. Là, vous dites au
gouvernement: Stop there'. Arrêtez à ce point-là.
Au-delà de cela, vous vous "embarquez" dans un domaine où vous
aurez énormément de difficultés et où vous
créerez des difficultés pour les autres. Je pense que c'est une
position qui se rapproche assez de celle que définissait le conseil
général du Parti libéral du Québec, en fin de
semaine dernière. Nous avons adopté une résolution dans
laquelle nous disons justement que s'il s'agissait du regroupement des
commissions scolaires élémentaires et secondaires, s'il
s'agissait de réaménager les commissions scolaires suivant des
voies linguistiques, s'il s'agissait d'accroître la participation des
différents agents de l'éducation d'une manière
harmonisée, ce sont autant d'objectifs sur lesquels nous sommes
profondément d'accord. Mais au-delà de cela, quand on franchit ce
seuil, les difficultés commencent.
Vous en avez souligné un certain nombre. La première est
la rupture de l'équilibre, je pense bien, à l'intérieur du
système. On a trois éléments: l'école, la
commission scolaire et le ministère. Il est évident que si on
affaiblit celui qui est placé entre les deux, entre l'école et le
ministère, on débalance tout le système. J'apprécie
que vous insistiez pour que les commissions scolaires aient des
responsabilités véritables. Vous en mentionnez d'ailleurs un
certain nombre dans votre mémoire sur lesquelles j'aurai l'occasion de
revenir tantôt. Je veux vous dire que, là-dessus, c'est un autre
point sur lequel on est loin d'avoir obtenu des réponses satisfaisantes
aux difficultés que souligne cet aspect du projet de loi.
En matière de confessionnalité, vous nous avez posé
une question qui est à la fois centrale et très délicate.
Vous autres, en bons citoyens, vous prenez à la lettre la formulation de
l'article 30: "L'école est publique et commune". Vous dites: Si cela est
vrai, tirons les conséquences logiques de cela. Au lieu de faire cela,
on affirme le principe de l'école publique et commune et, ensuite, on
ouvre la porte à la confessionnalisation de l'école et à
toutes les conséquences qui en découlent. Vous en avez
souligné une en particulier.
De notre côté, nous avons émis des réserves
à ce sujet depuis le commencement du débat. Quand le gouvernement
s'avance et qu'il écrit dans la loi que l'école est publique et
commune, ou il ne sait pas ce qu'il écrit ou il trompe les gens. Il y a
quelque chose qui n'est pas clair là-dedans et vous avez raison de le
souligner.
En contrepartie, vous dites: Nous acceptons cela et il faudrait aller
jusqu'au bout. Il faudrait avoir des écoles publiques communes,
c'est-à-dire des écoles neutres où on aurait une place
pour l'enseignement de la religion et même pour l'animation pastorale. Il
y a un problème. Vous savez comme moi qu'un grand nombre de citoyens ne
veulent pas de cela et tiennent à des écoles soit catholiques,
soit protestantes, mais avec plus de plénitude.
L'exemple le plus pratique de cette opinion nous a été
justement fourni par vos collègues de la Provincial Association of
Catholic Teachers. Ils disent: Nous tenons à garder des écoles
catholiques dans toute la mesure où c'est raisonnablement possible. Ils
nous disent: Pour avoir des écoles catholiques, il faut bien avoir un
tête catholique. Si on a seulement des écoles catholiques
où il y a un cours de religion, ce n'est pas une école catholique
au sens où ils l'entendent. Le problème que pose cette partie de
votre mémoire est le suivant pour moi. S'il y a un consensus dans le
sens dont vous en parlez, très bien; s'il n'y a pas de consensus,
qu'est-ce qu'on fait? C'est la première question que je vous adresse.
S'il n'existe pas de consensus là-dessus, where do we go from there?
Le Président (M. Blouin): M. Weiner.
M. Weiner: Pour clarifier, parce que je pense que j'ai
élaboré ce point dans la présentation, nous pensons qu'un
système scolaire hybride ne peut pas marcher, mais on a qualifié
cela de la façon suivante: Si la communauté catholique insiste
pour avoir une
école catholique, on doit avoir un système d'embauche, de
transfert, de mutations, d'affectation du personnel qui implique les
critères de religion. Si c'est une partie intégrale de cela, nous
pensons alors que le système actuel, le système des commissions
scolaires anglo-catholiques, anglo- protestantes, franco-catholiques,
franco-protestantes... Sans cela, cela n'a aucun sens d'avoir des commissions
scolaires linguistiques où on maintient toutes les divisions, où
on a un employeur linguistique mais des critères différents pour
l'embauche, l'affectation et la mutation du personnel.
Je peux vous donner un exemple. Dans la formation professionnelle de nos
enseignants, il y a quelques années on a eu deux teachers' training
institutions: la faculté d'éducation au MacDonald College et le
St Joseph Teachers College. Maintenant, il y en a un à McGill. À
ma connaissance, tous les étudiants, futurs enseignants qui vont
à McGill, s'ils sont catholiques, protestants, non croyants n'ont pas
les mêmes cours, les mêmes programmes avec les mêmes
professeurs. Il n'y a rien là pour leur enseigner une façon pour
qu'ils puissent devenir spécialistes pour enseigner dans une
école anglo-catholique. C'est cela, la réalité dans la
formation de ces enseignants. On dit: Nous représentons 25% des
enseignants dans le secteur anglophone et ce sont des catholiques. Ils sont
membres de nos syndicats et enseignent dans les écoles protestantes.
Est-ce que c'est pensable qu'on va créer deux bassins d'enseignants, les
catholiques et les non-catholiques? Les catholiques auront le droit d'enseigner
dans n'importe quelle école, neutre, protestante ou catholique, et les
autres ont les écoles neutres et protestantes, et les écoles
catholiques s'il reste de la place ou si on ne peut pas trouver un catholique
qualifié. Cela est impensable à notre avis.
Ce qu'on dit: On a un système confessionnel. On pense et on pense
depuis 120 ans que ce doit être changé. Soyons logiques.
Linguistique, école commune, on ne veut pas imposer cela. C'est notre
point de vue. Nous comprenons bien qu'il n'existe pas de consensus entre les
communautés. On doit définir précisément ce qu'est
une école catholique, ce qui n'était pas fait. J'ai
écouté maintes définitions, différentes même,
de la communauté catholique. C'est quoi, par exemple, M. le
député d'Argenteuil, la définition d'un enseignant
catholique? Quelqu'un qui dit: Je suis catholique? Quelqu'un qui est croyant?
Quelqu'un qui a une lettre d'affirmation d'un prêtre de ce fait? Je ne
sais pas s'il y a une si grande différence entre un professeur
catholique et un professeur non catholique. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas
maintenu la division des facultés d'éducation? Pourquoi est-ce
qu'on n'a pas un programme séparé, différent, pour former
les enseignants qui enseignent dans les écoles anglo-catholiques? (16 h
15)
M. Ryan: Est-ce que vous avez terminé?
M. Weiner: Oui.
M. Ryan: Je vais continuer là-dessus, mais ne soyez pas
inquiet car vous pourrez y revenir. Les effectifs étudiants du
côté anglophone se répartissent à peu près
moitié-moitié entre catholiques et non-catholiques. Selon les
dernières statistiques qu'on nous a fournies, les élèves
catholiques seraient plus nombreux que les élèves protestants. Si
on allait dans la voie des commissions scolaires linguistiques, j'imagine que
cela entraînerait, pour vous, la fusion des deux organisations
syndicales: celle qui regroupe les enseignants anglo-catholiques et celle qui
regroupe les enseignants protestants. Vous avez dû avoir des discussions
avec la Provincial Association of Catholic Teachers et vous avez dû
aborder ces questions. Je suis sûr que M. Dobie vous a indiqué en
quoi il voit des différences et en quoi ils tiennent à maintenir
certaines différences. Il l'a dit bien clairement ici. Les Catholic
teachers sont venus ici, de même que le English-speaking Catholic
Council; on a eu le Parents Coordinating Committee des commissions des
écoles catholiques de Montréal. Il y en a eu d'autres
également et ils tiennent tous le même langage.
Je voudrais savoir où vous en êtes dans vos conversations
avec la Provincial Association of Catholic Teachers et si vous voyez des
manières de sortir du tunnel, si on discute bien ouvertement et si on
cherche le bien général. Cela m'intéresserait. Je vous
dis, entre parenthèses, que j'apprécie l'esprit constructif dans
lequel vous mettez votre position sur la table, sans vouloir l'imposer aux
autres en l'absence d'un consensus. Vous voulez que cela soit une donnée
du débat et vous le faites avec beaucoup de clarté et de vigueur
et je l'apprécie. Je vous soumets en retour les difficultés dont
nous sommes saisis. Cela nous éclairerait si vous nous disiez comment
vous envisagez de sortir de ce tunnel-là? Ensemble ou
séparément.
M. Weiner: Nos discussions sont peut-être plus
intéressantes que les discussions ici. Nous n'avons aucune solution pour
le moment sur des points de vue différents. C'est pour cela qu'on
soulève la question. Finalement, ce ne sera pas la PACT et l'APEP qui
décideront de cela. Cela sera décidé par le projet de loi
40 et les règlements. De notre côté, nous disons que cela
doit être clair. La position que nous avons sur la question des
commissions scolaires linguistiques est qu'on peut accommoder sans
problème les écoles catholiques, mais avec un encadrement
qu'on
a déjà indiqué à la commission
parlementaire. Si ce n'est pas cela, on ne connaît pas la solution au
statu quo pour les commissions scolaires anglo-catholiques, franco-catholiques,
anglo-protestantes, franco-protestantes.
Il y a aussi un élément de débat hors de
l'île de Montréal - il n'existe presque plus; je ne compte donc
pas cela, mais c'est un fait - les écoles anglo-catholiques. Il y a une
acceptation de ce que j'appelle une école commune avec un enseignement
religieux, ce que M. Dobie préfère appeler une école
multiconfessionnelle. Sur l'île de Montréal, il est bien
évident que le bassin de population est suffisant. Remarquez bien, il y
a des aberrations possibles. Je n'ai pas les chiffres, mais il est vrai qu'on a
un grand nombre d'étudiants catholiques dans nos écoles
protestantes et, comme je l'ai déjà dit, 25% de nos professeurs
sont de foi catholique mais ils n'étaient pas embauchés parce
qu'ils étaient catholiques. Nous avons des écoles où plus
de la moitié des enfants sont catholiques. Est-ce qu'on va maintenant
devoir voter dans une école pour transformer cette école à
nomenclature protestante et que j'appelle commune en école catholique?
Est-ce qu'on aura des guerres au niveau local? Est-ce qu'on va chambarder toute
la vie des enseignants? Est-ce que je devrai expliquer à mes professeurs
que, parce que l'un est catholique, il doit aller là et que l'autre ne
peut pas? Est-ce que cela vaut la peine? Est-ce que, avec une confusion comme
ça, cela peut marcher? Est-ce qu'on peut discuter de la qualité
de l'éducation à l'école? Nous ne le pensons pas. Ce qu'on
demande, c'est seulement la clarté. Si ça peut marcher selon
notre façon de penser, nous serons d'accord. Si c'est d'une autre
façon, nous ne serons pas d'accord. Nous pensons - pas seulement nous,
mais la communauté anglo-catholique - que toute la communauté
québécoise a le droit de savoir, sur cette question très
importante, ce qui va être appliqué quand la loi sera
adoptée. Si ce n'est pas clair, cela ne doit pas être
adopté.
M. Ryan: Très bien. Je souligne, avant de passer à
un autre point, combien vous avez insisté sur les dangers que comporte
le mécanisme prévu dans le projet de loi pour la
désignation des écoles catholiques, protestantes ou autres. Vous
avez insisté beaucoup et vous devez être le dixième
organisme qui nous saisit de cela depuis deux semaines, les risques très
grands qu'on courrait en allant fonder sur cette méthode tout le
processus de classification, de reconnaissance des écoles comme
catholiques, etc. Je crois que les objections que vous avez notées, cela
vaut la peine de les souligner, de les consigner.
Je voudrais passer à un autre aspect maintenant, parce qu'on n'a
pas le temps de rester uniquement sur celui-là. C'est la relation entre
l'école et la commission scolaire. Vous dites, dans votre
mémoire: Voici les responsabilités que nous serions prêts
à donner au ministre de l'Éducation et vous en
énumérez une série. Vous dites ensuite: Voici les
responsabilités que nous voudrions voir assumées par les
commissions scolaires. Vous donnez, en troisième lieu, une liste de
décisions qui pourraient être assumées au niveau de
l'école. J'aimerais que vous nous résumiez surtout la relation
entre l'école et la commission scolaire. Comment cela vous
apparaît-il en soi? Deuxièmement, quel est le jugement que vous
portez sur le projet de loi à ce sujet?
M. Weiner: Le jugement du projet de loi, c'est le rôle de
l'école, c'est un dur jugement. On n'est pas d'accord. On pense qu'il y
a un rôle important des parents au niveau de l'école, un
rôle consultatif. On le décrit aux pages 10 et 11 de notre
mémoire. Ce sera un rôle consultatif obligatoire des parents, avec
une participation au sein du conseil d'école prévue,
négociée dans la convention collective locale...
M. Ryan: Excusez-moi. Est-ce que vous pourriez me dire où
il est prévu dans la convention collective? À quel article? J'ai
cherché tantôt et je n'ai pas trouvé.
M. Weiner: Ce n'est pas dans le décret. C'est une matière
à négocier, une des seules au niveau local, et dans le dernier
décret cela a été reconduit presque comme dans l'ancienne
convention collective. Il y a différentes formules. Ce n'est pas une
formule standard qui s'applique dans toute la province. Alors, ce qu'on
propose, c'est très semblable au conseil d'orientation, mais avec
l'obligation de consultation avant qu'une décision ne soit prise et
l'obligation pour le directeur d'école d'expliquer, par écrit,
les raisons de ne pas poursuivre, s'il ne poursuit pas la recommandation des
parents sur une matière. C'est clair pour nous que c'est un rôle
de consultation. La commission scolaire doit avoir des pouvoirs substantiels
pour créer un équilibre entre le gouvernement et ce qui se passe
à l'école. La commission scolaire est plus qu'une organisation de
services, à notre point de vue.
Je veux ajouter quelque chose aussi. Il y a une mentalité qui
s'est développée depuis longtemps, peut-être depuis
quelques années -peut-être dans les autres provinces et les autres
pays aussi - que tout ce qui est centralisé est mauvais et que tout ce
qui est décentralisé, c'est bon, par définition. Je ne
suis pas d'accord du tout avec cela. Il y a un certain niveau de centralisation
qui est nécessaire au niveau du ministre, on lui accorde cela. Au niveau
de la commission
scolaire, on accorde cela à la commission scolaire. Cela est
nécessaire. On ne pense pas que 3000 boîtes locales puissent
devenir des centres décisionnels sans un déchirement du
système d'éducation. Une situation où chaque école
est isolée de l'autre, cela ne marche pas comme ça. C'est cela la
fonction de la commission scolaire. Ses pouvoirs intermédiaires ne sont
pas forts et représentatifs de toute la communauté, pas seulement
des parents, qui ne représentent qu'entre 30% et 35% des gens qui ont
des élèves dans le système public
élémentaire et secondaire, à un moment donné.
M. Ryan: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Cela va, M. le
député d'Argenteuil? M. le député de Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. Je suis content de
parler sur le sujet en discussion aujourd'hui. Cela peut conduire à
beaucoup de discussions. Nous en avons eu à ce jour,
particulièrement en ce qui concerne les commissions scolaires
linguistiques et les problèmes concernant la
confessionnalité.
J'aimerais dire en passant, M. Weiner, que je suis entièrement
d'accord avec le contenu des pages 6, 7, 8 et 9 de votre exposé lorsque
vous parlez de la séparation des pouvoirs. Je n'y vois aucune
incompatibilité, à moins que vous puissiez me signaler le
contraire, avec le projet de loi. Là où j'aurais certaines
difficultés à m'entendre avec vous, ce serait au niveau du
rôle du conseil d'école. Peut-être qu'on pourrait ou non
changer, je ne sais pas si cela vous intéresse maintenant, le rôle
des enseignants au niveau du conseil d'école.
Vous dites qu'il y a très peu de rôles prévus pour
les enseignants, j'aimerais vous signaler en passant, qu'on dit, et je ne sais
pas si vous l'avez remarqué, à l'article 307: "Le ministre peut
demander l'émission de lettres patentes pour la constitution d'un
organisme sans but lucratif, composé majoritairement d'enseignants,
ayant pour objet de produire ou d'évaluer du matériel
pédagogique." J'ai entendu formuler dans le passé beaucoup
d'exigences et de demandes, même à la table de négociation,
de la part des enseignants qui ont demandé un droit de regard en ce qui
concerne le matériel pédagogique et didactique. Même dans
le régime pédagogique déposé par le ministre, c'est
bien clair que maintenant - et c'est un exemple de décentralisation -
c'est au niveau de l'école que cela se fait, comme d'autres questions de
"local curricula". Je pense que c'est un progrès. Mais vous semblez peu
intéressés. Vous êtes même explicites dans votre
mémoire pour dire que l'article 307, qui suggère un comité
d'enseignants, avec les ressources humaines et financières telles que
garanties par le projet de loi, cela ne semble pas vous intéresser.
Peut-être que vous pouvez faire allusion à cela dans vos
remarques, et cela serait peut-être une deuxième
préoccupation, mais la troisième, c'est la clé.
J'aimerais enchaîner avec quelques préoccupations bien
expliquées par le député d'Argenteuil tout à
l'heure. Dès que nous acceptons le principe des commissions scolaires
linguistiques, il faut s'interroger sur le problème de la
confessionnalité ou de la non-confessionnalité. Le gouvernement,
suivant la tradition et les recommandations du rapport Parent, insiste beaucoup
sur une continuité historique. Il refuse de s'embarquer dans un
système où on aurait des écoles publiques neutres en
exclusivité, une école publique unique, ou, troisièmement,
une école confessionnelle privée subventionnée, comme en
Hollande ou en Angleterre, mais il semble opter plutôt pour la
quatrième option. Je cite le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation de 1981: "La quatrième option, une école
publique confessionnelle et non confessionnelle."
Vous avez soulevé des questions très importantes au niveau
de la confessionnalité. Vous avez fait allusion dans votre exposé
aux problèmes qui pourraient être soulevés au niveau local
ou au niveau de l'école au moment de la consultation. Est-ce que je dois
déduire - vous pourrez juste dire oui ou non, au niveau des principes,
pour que je puisse enchaîner ma pensée - à ce moment que
vous préférez que la décision sur la
confessionnalité soit plutôt faite au niveau de la commission
scolaire? (16 h 30)
Une voix: Ce sont les deux questions...
M. Payne: J'aimerais continuer ma pensée parce que
ce...
Le Président (M. Blouin): M. Weiner, si sous
désirez ajouter un commentaire, vous avez le choix.
M. Weiner: J'ai des commentaires sur les deux points.
À l'article 307, c'est bien clair, on veut être davantage
impliqués dans les décisions pédagogiques au niveau de la
commission scolaire et, en particulier, considérant les pouvoirs du
ministre dans ces matières au niveau du gouvernement, impliqués
par la voie de notre organisation syndicale. On est prêt en n'importe
quel temps à s'asseoir avec le ministre pour discuter n'importe quoi,
pour tenter d'agréer une formule acceptable aux enseignants que nous
représentons. L'article 307 porte sur la production de matériel
didactique. Il ne parle pas des régimes pédagogiques. Il y a
beaucoup à faire et en particulier du côté
anglophone où on demande dans nos recommandations qu'il y ait un
service intégré des structures anglophones au sein du
ministère de l'Éducation.
En terminant, nous sommes ouverts aux discussions, comme organisation
syndicale, avec le ministère de l'Éducation en n'importe quel
temps. Nous sommes ouverts pour tenter de trouver des moyens de s'impliquer
davantage. C'est nous - j'insiste sur cela -qui représentons les
enseignants. Nous ne voulons pas une organisation parallèle. Nous ne
croyons pas, comme je l'ai déjà dit, dans la division
pédagogique syndicale. Cela n'existe pas chez nos membres. C'est nous
qui représentons nos membres, pas l'Association des professeurs de
latin. Quand nos membres penseront que nous ne les représentons pas, ils
en éliront d'autres.
Sur la question du... C'est quoi, la deuxième?
M. Payne: J'ai posé une question préalable sur les
conseils d'école, mais...
M. Weiner: La décision sur la question de la
confessionnalité.
M. Payne: La confessionnalité, à quel niveau?
M. Weiner: C'est bien évident, d'après mes
commentaires, la préférence que nous avons. Mais nous
reconnaissons ce qui existe actuellement. Il n'est pas question de
décision au niveau de l'école. C'est impraticable, c'est
impensable avec ce que nous avons souligné auparavant sur l'embauche et
le transfert des enseignants. En commun, nous serons prêts à
considérer une formule par laquelle ce sera la commission scolaire qui
décidera de ces matières. Sans l'autre garantie, c'est
évident que le projet doit tomber pour nous. Notre insistance sur les
commissions scolaires linguistiques, à ce point de vue, cela n'a aucun
sens pour des fins d'économie, pour des fins de ressources, pour des
fins d'harmonie dans le système, pour des fins d'une vraie
éducation de qualité pour nos enfants. Cela ne marcherait pas
comme ça.
M. Payne: Au niveau de la confessionnalité, il n'est pas
question de décision au niveau de l'école. Cela m'étonne
parce que, en 1968, pour la Provincial Association of Protestant Teachers,
Alana Reed-Smith - comme organisation, non pas comme individu, c'est inscrit en
haut - a écrit ceci: "We recognize that certain basic guarantees must be
written into the new system with respect to confessional education."
Déjà, on voit un changement d'idée, au cours des
années; avec le PAPT, nous reconnaissons que certaines garanties
fondamentales devraient être établies et écrites dans le
nouveau système en ce qui concerne l'éducation
confessionnelle.
M. Weiner: Si je peux répondre...
M. Payne: "...with respect to confessional education. It has
already been stated that one of the prime functions of the school committee
would be to make certain that pupils received religious or moral instruction
corresponding to the parents' wishes. This choice, therefore, must be at the
level of the individual school." D'abord, ce choix devrait être au niveau
de l'école. Si vous lisez le rapport, on y fait toute la
référence plutôt aux écoles comme institutions. Je
ne parle pas des cours, je parle des écoles. Avez-vous des
commentaires?
M. Weiner: Ah oui! J'ai des commentaires. Je suis
complètement d'accord avec Mme Smith. Nous sommes conséquents
dans nos positions sur cette question depuis 120 ans. Elle parle des garanties
confessionnnelles, mais elle ne parle pas des écoles confessionnelles;
on parle aussi, dans notre mémoire, des garanties confessionnelles du
droit à une formation morale, religieuse, des options confessionnelles.
On ne parle pas, dans ce mémoire, et on n'a jamais parlé, dans un
mémoire, d'un voeu, comme organisation, d'avoir des écoles
confessionnelles comme telles.
M. Payne: Là encore, je me réfère au
rapport. Cela ne fait pas exclusion de la confessionnalité des
écoles. Tout le contexte porte sur les écoles plutôt que
sur les cours ou les garanties au niveau des programmes de cours.
M. Weiner: M. le député, ce rapport date de 1968 et
il se situe dans un contexte totalement différent. On ne parle pas, dans
ce mémoire, des écoles confessionnelles qu'on veut avoir, qu'on
veut maintenir, et auxquelles la population a droit. On parle des garanties
confessionnelles. On a parlé de cela, en 1968, et on en parle encore
actuellement.
M. Payne: Oui, le contexte peut changer, mais, au niveau, des
principes, on ne peut pas évoluer ou se contredire d'une manière
semblable. Je vous rappelle un autre livre publié, plus tard, qui
n'était pas signé par Mme Smith, en son propre nom, mais par
l'organisme: "It is undoubtedly the democratic rights of parents, pupils and
teachers to select or reject religious education and have schools which express
and support that choice." Sans doute, c'est le droit démocratique des
parents, des élèves et des enseignants de choisir ou de ne pas
choisir l'éducation religieuse et d'avoir les
écoles qui expriment et appuient ce choix. M. Weiner: Si
le député...
M. Payne: Je m'excuse. Juste après cela, on dit - c'est
pour cela que le contexte est très important: "Ce choix alors devrait
être au niveau de l'école."
Le Président (M. Blouin): M. Weiner.
M. Weiner: Je peux vous rappeler - je pense qu'on perd du temps
ici - le programme du PQ, en 1976, l'élimination des écoles
privées, la faveur aux écoles neutres.
M. Payne: Parlez de votre position d'abord...
Le Président (M. Blouin): Est-ce que le point a
été bien développé?
M. Weiner: Je ne pense pas qu'il existe beaucoup de preuves qui
étaient là en 1968.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Est-ce que votre position, alors, est carrément
changée. C'est une volte-face absolue.
M. Weiner: Notre position, c'est celle qu'on vous
présente, aujourd'hui, dans le mémoire.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Payne: II y a une vingtaine d'organismes du milieu anglophone.
Je ne veux pas vous coincer, mais je pense qu'il faut établir que,
dès qu'on exige, comme nous, comme vous et comme moi et d'autres membres
de la communauté anglophone, nous avons apporté beaucoup
d'arguments pour les commissions scolaires linguistiques. Il fallait, bien
sûr, inscrire cette volonté collective dans ce que le Conseil
supérieur de l'éducation appelle la continuité historique
à savoir la continuité confessionnelle et non confessionnelle. Il
faut concilier ces deux exigences historiques. Je pense que, s'il y a une bonne
volonté - il faut d'ailleurs le présumer - au niveau de votre
organisme, nous, le milieu anglophone, il faut s'asseoir pour trouver les
mécanismes. Je pense que, lorsque vous suggérez, par exemple,
l'excellent point concernant le problème des enseignants protestants qui
voudraient s'intégrer dans une école confessionnelle catholique,
peut-être que l'école catholique aurait des exigences qui auraient
comme effet d'exclure les enseignants protestants à cause des
critères de sélection. Vous soulignez des points très
importants, mais je présume que vous ne demanderez pas que le
gouvernement fasse les ententes nécessaires avec les enseignants
catholiques et anglophones.
Je reviens au point principal qu'il y a une volte-face dramatique de la
part de la PAPT d'abord et, deuxièmement, si on s'entend sur le besoin -
et j'en conviens -des commissions scolaires linguistiques dans une
continuité historique, il faut accommoder la confessionnalité. Le
comité catholique et le comité protestant sont actuellement en
train de planifier, de discuter et de rédiger les mécanismes de
consultation. Les travaux de la commission ne sont pas terminés, les
travaux de l'Assemblée nationale ne sont pas terminés, mais je
pense que vous serez les premiers à avoir intérêt à
faire un certain input dans le mécanisme de planifier le statut
confessionnel d'une école.
M. Weiner: Je voudrais commenter, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. Weiner.
M. Weiner: Deux choses: premièrement, on a cherché
de bonne foi et on cherche encore de bonne foi à trouver des solutions
à ces problèmes. On ne les a pas trouvées. Ce que je
demande, c'est quelles sont vos solutions à ces problèmes. Je
dois dire aussi qu'en 1968 le système d'éducation
québécois était en pleine croissance. Je ne suis pas au
courant du paragraphe que vous avez cité, mais, s'il y a eu cette
ouverture d'esprit de Mme Smith, il y a 26 ans, c'était dans un
système d'éducation où la population des
élèves augmentait d'année en année, où des
enseignants s'ajoutaient au système d'éducation, ce qu'on ne vit
pas actuellement.
M. Payne: Je répète ma position.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Cela va? Merci, M. le
député de Vachon. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est la députée de...
Mme Dougherty: Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: Je vous cède ma place.
Le Président (M. Blouin): Ah bon! Mme la
députée de Jacques-Cartier. Très bien.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
remercier de votre analyse très poussée. Il va sans dire que moi
et mon équipe sommes d'accord avec la majorité du contenu de
votre mémoire. Je suis particulièrement heureuse que vous
ayez
soulevé et parlé tellement franchement de ce
problème de la confessionnalité et de votre perception de ce qui
se passera dans les commissions scolaires linguistiques par rapport aux
perceptions présentées par les anglo-catholiques.
Les problèmes que vous avez soulevés... Je ne veux pas
réitérer tous les commentaires et les questions du
député d'Argenteuil parce que je partage les inquiétudes
soulevées par celui-ci, mais j'aimerais poursuivre sur cette question un
peu plus loin. Après avoir entendu la PACT, l'English-speaking Catholic
Council, ainsi que les parents du secteur anglophone de la CECM qui, je crois,
ont une position commune en ce qui concerne leur idée de la place de
l'école catholique dans un système linguistique, j'ai conclu
franchement et j'ai longuement parlé sur cette question lors de la
présentation de la PAPT. Je crois qu'il y a des conditions
imposées par la PAPT pour l'école catholique et la
confessionnalité en général, pour que cela soit
réalisé dans la vie des écoles catholiques. Elles sont
vraiment en conflit avec votre vision - peut-être même, ma vision -
des choses. J'en conclus que toute la question des commissions scolaires
linguistiques ne constitue pas un cadeau. C'est plutôt un cadeau de grec,
surtout sur l'île de Montréal. (16 h 45)
Vous avez soulevé le fait qu'en parlant au ministre, celui-ci a
déclaré qu'il n'était pas question, en ce qui concerne
l'embauche, le transfert et l'affectation des enseignants, de la religion. Le
critère de la religion n'existe pas quand on considère les
activités des enseignants. Vous demandez au ministre une position claire
sur ce sujet. C'est justifiable parce qu'il faut une loi claire qui
établisse les règles du jeu pour tout le monde. Par contre, j'ai
un problème là-dessus. Étant donné le manque de
consensus sur l'île de Montréal sur ce point, je crois qu'en
créant des commissions scolaires linguistiques avec des règles du
jeu claires, selon les principes énoncés par le ministre, on
risque de créer un chaos parce que, quand on adopte une loi qui n'est
pas basée sur un large consensus, cela devient une mauvaise loi. On
n'élimine pas les problèmes qui existent sur le plan de la
réalité. Je commence à me demander si votre option de
commission scolaire linguistique - je parle uniquement de l'île de
Montréal ou du Greater Montréal, je ne parle pas des
régions éloignées où, par la force des choses, il y
a plus de consensus que sur l'île de Montréal -est
prématurée. Peut-être qu'il serait plus sage d'en rester au
statu quo en facilitant les moyens, comme pour le John XXIII High School,
à Dorval, et d'autres, quant au regroupement et à
l'intégration au niveau secondaire où je vois un esprit plus
ouvert et des conditions confessionnelles moins rigides de la part des
anglo-catholiques.
Est-ce que vous avez des commentaires là-dessus? J'ai
l'impression de plus en plus qu'on force la création des commissions
scolaires linguistiques et qu'on va créer plus de problèmes qu'on
en résoudra.
M. Weiner: Franchement, Mme la députée,
après 120 ans, si c'est prématuré, quand est-ce que ce
sera le temps? Je suis d'accord en ce sens. Je n'accepte pas votre conclusion.
Ce peuvent être dans les semaines ou les mois qui suivent, si on ne
trouve pas de solution valable, des réponses qui pourront satisfaire
notre monde comme la communauté en général;
peut-être que ce sera votre conclusion. Mais, chez nous, on cherche
toujours les réponses. On pense toujours qu'une organisation
linguistique serait préférable dans la province. On espère
toujours qu'on pourra trouver une formule qui va satisfaire notre monde quant
aux questions d'embauche, de transfert, d'affectation et de mutation.
C'est évident qu'on privilégie les écoles communes.
C'est évident que nous sommes dans la minorité, regrettablement,
à notre point de vue. Il y a beaucoup de conflits sur cette question. Si
c'est possible de trouver une formule afin d'avoir des commissions scolaires
linguistiques avec des écoles confessionnelles où la
confessionnalité sera décidée à un haut niveau de
l'école et où tous les enseignants seront respectés sur la
base de leurs capacités et de leur ancienneté et que la question
de religion ne sera pas un facteur seulement pour l'article - je ne me souviens
pas du numéro - sur l'enseignement religieux s'il y a un moyen de
trouver quelque chose de semblable, oui nous sommes favorables à cela,
on l'a déjà dit. Pour le reste, on le jette dans le panier. On ne
pense pas que c'est nécessaire car cela va bouleverser le système
d'éducation. On pense que c'est une réforme structurelle, c'est
évident que cela ne fera pas grand-chose peut-être pour
l'éducation en général mais il y a des
possibilités. On doit trouver un vrai consensus sur les matières
qui concernent l'éducation. On doit trouver des vraies solutions aux
problèmes qui existent actuellement dans nos écoles publiques. On
doit chercher ces solutions ensemble. On ne doit pas imposer un projet qui
compte tout faire en même temps. Ma réponse est celle-ci. Ce sera
peut-être dans un mois, peut-être moins. C'est dans les mains du
ministre. Quand il y aura une deuxième lecture ou peut-être la loi
401 ou 41, je ne sais pas, j'espère qu'on changera d'idée. On a
encore de l'espoir que les solutions soient possibles.
Mme Dougherty: Juste un petit commentaire. Nous aussi nous
recherchons une solution basée sur un consensus réel. Dans votre
mémoire, effectivement est-ce
que la conclusion logique de votre position est que le projet de loi 40
ouvre trop de portes et risque de fractionner, de morceler le système?
C'est franchement une inquiétude que j'ai à ce sujet. Les options
d'école confessionnelle et du droit à la dissidence doivent
être fermées pour faciliter, pour encourager, pour pousser les
regroupements d'élèves vers des écoles communes
réelles? Est-ce que c'est là le "trust" réel de votre
opinion sur la confessionnalité?
M. Weiner: II y a évidemment des problèmes. C'est
bien évident, dans notre lecture du projet de loi 40, que dans la
section de la confessionnalité il y a des problèmes. Le ministre
tente d'accommoder tout le monde sur la question de l'article 93 de la
constitution canadienne, question de dissidence, question de...
Mme Dougherty: Oubliez la constitution.
M. Weiner: Non, je comprends cela. C'est bien évident que,
dans la section de la confessionnalité, le fruit n'est pas mûr. Ce
n'est pas clair. Ce doit être clarifié pour tout le monde. Je ne
reviens pas à la position que j'ai décrite en réponse
à votre dernière question. C'est bien nécessaire
d'éviter le plus possible les processus juridiques qui vont suivre
l'adoption du projet de loi. C'est bien nécessaire de tenter de
clarifier le plus possible, dans chacune de ces sections, ce qui se passera,
pour que tout le monde comprenne. Il est bien évident que même
avec les éclaircissements, il y aura des poursuites mais le moins
possible, s'il vous plaît. Il y aura des poursuites d'un
côté comme de l'autre: les poursuites d'un enseignant, par
exemple, en citant la Charte des droits et libertés de la personne qui
dira que cela doit être comme cela... Que se passera-t-il dans nos
écoles? Qu'est-ce que nos élèves apprendront au cours des
prochaines années?
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le ministre.
M. Laurin: Je voudrais d'abord souhaiter la bienvenue à
l'Association provinciale des enseignants protestants du Québec. Des
raisons impérieuses ont fait que j'ai dû me trouver au Conseil des
ministres au moment de l'audition de votre mémoire. Je le regrette et
m'en excuse en même temps, parce que j'avais trouvé très
intéressante la lecture de votre mémoire. Je l'ai trouvé
franc, clair, orienté vers les éclaircissements qu'il faut
apporter et surtout vers la recherche de solution aux problèmes qu'il
nous reste à régler. Je dois vous dire que je l'ai beaucoup
apprécié.
J'ai écouté avec attention les échanges qui ont eu
lieu entre les députés qui siègent à la commission
et votre organisme. Ils ont contribué à éclairer ma
lanterne et particulièrement à éclairer les deux questions
que vous me posiez et que mon collègue de Fabre m'a transmises.
J'aimerais maintenant pouvoir y répondre.
La première question que vous me posez a trait à des
propos que j'ai tenus en réponse à des intervenants
d'écoles catholiques, propos que vous avez trouvés, pour le
moins, ambigus ou imprécis et qui peuvent prêter à des
interprétations diverses. Je le regrette, malgré que je doive
constater que cela arrive dans le meilleur des mondes, dans toutes les
familles. J'essaierai d'être plus clair cette fois-ci. Au moment
où nous nous parlons, la politique d'embauche du personnel des
commissions scolaires est réglée par la convention collective ou
ce qui en tient lieu. Je ne pense pas que cette convention collective contienne
quoi que ce soit de discriminatoire en ce qui concerne le caractère
confesssionnel de telle ou telle catégorie de personnel. C'est là
une première affirmation qu'il nous faut faire.
Deuxième affirmation, ces conventions collectives sont, au moment
où nous nous parlons, appliquées par les commissions scolaires.
C'est en ce sens que je disais, hier, que la responsabilité de la
politique d'embauche incombe pratiquement aux commissions scolaires. Il y aura
d'autres négociations. Est-ce qu'elles se conformeront au modèle
que nous venons de vivre ou que nous avons vécu au cours des
dernières années? Je ne le sais pas. Prenons les deux
hypothèses: si la politique d'embauche des diverses catégories de
personnel continue de se négocier à la table centrale entre le
gouvernement et les instances syndicales, je pense que ces questions seront
sûrement abordées. Je ne peux pas préjuger du sens dans
lequel elles seront réglées, mais elles seront sûrement
abordées et feront l'objet de discussions nombreuses et
étoffées. Quelle que soit la solution qui sera adoptée
à la suite de ces négociations, il reste qu'il reviendra aux
commissions scolaires de les appliquer, puisque, selon la loi 40, elles
demeurent responsables de la gestion du personnel. En ce sens, encore une fois,
ce sont les commissions scolaires qui sont responsables de l'application des
conventions collectives et particulièrement des politiques d'embauche.
(17 heures)
L'autre hypothèse, c'est que cette politique d'embauche soit
négociée d'une façon décentralisée. Cela est
très possible incidemment. Nos réflexions, en tout cas celles de
plusieurs membres du gouvernement, vont dans ce sens à l'heure
actuelle.
Si cette hypothèse se révèle juste, il reviendra
donc à toutes les instances syndicales qui existeront à
l'époque de négocier avec leurs homologues régionales ou
locales, c'est-à-dire les commissions scolaires des diverses
régions du Québec, de négocier ensemble les divers
éléments de cette politique d'embauche. C'est ce qui me faisait
dire, hier, qu'au cas où cette deuxième hypothèse devienne
une réalité, il appartiendra aux milieux syndicaux, aux
associations syndicales de négocier avec les commissions scolaires les
conditions de travail, l'affectation du personnel et aussi la politique
d'embauche qui prévaudront aux relations du travail dans les trois
années qui suivent. Je pense qu'on ne peut préjuger actuellement
de celle des hypothèses qui s'avérera, mais surtout du contenu
des demandes syndicales et des réponses patronales qui seront faites. Ce
que je répète encore une fois, c'est qu'actuellement il n'y a pas
de critère de discrimination en ce qui concerne l'embauche, la loi 40
n'en contient pas et elle n'en contiendra pas non plus. Il faut quand
même prévoir la prochaine ronde et, à ce moment, il
reviendra aux parties de négocier ces conditions de travail et, en
particulier, la politique d'embauche. Je pense que, cette fois, ce sera assez
clair. De toute façon, vous pourrez commenter ma réponse.
M. Weiner: Oui, s'il vous plaît, M. le
Président.
M. Laurin: Ma deuxième question portait sur votre propre
question - je vais répéter ce que vous disiez: "How will Catholic
schools and Protestant schools be created?" Vous craignez que la
création d'écoles catholiques ou protestantes sous les auspices
de la loi 40 engendre des débats émotifs ou des divisions. En
fait, je suis très content de votre question, surtout à la
lumière des échanges que nous venons d'avoir, parce que cela nous
permettra de préciser ce que contient, à mon avis, la loi 40 et
qui n'a peut-être pas été assez vu, ce qui indique
peut-être qu'il nous faudrait être plus clairs. Vous avez dit
vous-même en réponse aux échanges que vous avez eus avec
les membres de la commission que la situation est différente à
Montréal et dans le reste du Québec. À Montréal, la
densité de la population a permis le maintien d'écoles anglaises
confessionnelles, catholiques ou protestantes, alors qu'en province, les
anglo-catholiques et les anglo-protestants sont souvent regroupés dans
des écoles communes presque toujours administrées par les
commissions scolaires protestantes. En fait, à l'extérieur de
l'île de Montréal, il ne reste plus que 56 écoles
anglo-catholiques qui auraient des chances de demeurer encore
anglo-catholiques. Ce que je veux dire et qui, je crois, est très
important, c'est que la loi 40 ne changera rien au point de départ. Les
écoles anglo-catholiques et les écoles anglo-protestantes vont
demeurer. Les populations actuelles de ces écoles vont continuer
à les fréquenter. Ce sera le travail des comités
d'implantation justement d'identifier quelles sont les écoles
fréquentées par une population catholique et
fréquentées par une population protestante et ces écoles
vont demeurer.
Par la suite, ces écoles, anglo-catholiques comme
anglo-protestantes, comme toutes les autres, auront trois ans au moins pour
demander de reconduire leur statut ou l'abandonner. Donc, c'est là une
garantie que nous n'assisterons pas, en tout cas durant les trois prochaines
années, ou même les quatre prochaines années, puisqu'on ne
sait pas quand la loi sera adoptée, à ces guerres intestines ou
à ces débats de religion. Je ne prévois pas non plus que
ces débats émotifs ou ces guerres de religion existent non plus
après, car on peut envisager l'hypothèse suivante: après
trois ans, dans l'hypothèse où deux conseils d'école
(catholique et protestant) demandent de regrouper la population dans une seule
école - ce qui peut arriver, en somme, après trois ans, en tenant
compte des facteurs démographiques - même si cette
hypothèse existe, il appartiendra aux deux conseils d'école
concernés de prendre l'initiative de se rencontrer, d'en arriver
à une décision ou à une recommandation conjointe et de
faire cette recommandation à la commission scolaire linguistique. On
peut alors penser que cette nouvelle école n'aura pas de statut
confessionnel, oui, mais qu'elle reflétera quand même, dans son
projet éducatif, les valeurs des deux communautés, comme cela
existe déjà dans les deux exemples qu'on mentionne souvent: John
XXIII et Dorval High School ou au Galt High School, à Sherbrooke, et
dans plusieurs autres endroits.
S'il a été possible d'en arriver à ces arrangements
sans guerre de religion, je ne vois pas pourquoi, dans trois ans, trois ans et
demi ou dans quatre ans, on aurait de nouveau ces guerres de religion, car ce
serait, au fond, le même processus et il faudrait surtout que les
conseils d'école soient d'accord et qu'ils fassent une recommandation
conjointe à la commission scolaire.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Je dois
maintenant céder la parole à Mme la députée de
L'Acadie.
M. Weiner: M. le ministre m'a promis de me donner l'occasion
d'élargir...
Mme Lavoie-Roux: II faut bien qu'il réponde.
M. Weiner: ...c'est cela. Je demande, M. le Président, que
vous me donniez cette possibilité. M. le ministre n'était pas
là quand j'ai posé mes questions. Il m'a donné des
réponses et j'ai des commentaires à faire.
Le Président (M. Blouin): M. Weiner, je comprends que
cette possibilité vous est offerte par les membres de la commission, si
j'en juge par les réactions. Je vous demande cependant de le faire
brièvement pour que nous maintenions les ententes qui régissent
nos travaux.
M. Weiner: Je tenterai. Dans l'île de Montréal - je
réponds d'abord à la deuxième question - il y a toujours
la question d'une marginalisation des élèves. Il n'y a pas de
réponse satisfaisante de ce que va être la procédure si une
école est décrétée catholique ou protestante et que
l'école la plus près est à 50 kilomètres d'une
autre. C'est très important à considérer et,
là-dessus, les réponses du ministre ne me satisfont pas et je
vais expliquer pourquoi. Dans les commissions scolaires actuelles, il y a des
commissions scolaires catholiques et protestantes. Il y a des règlements
des comités catholiques sur l'embauche.
Dans une commission scolaire catholique, je dois accepter, même si
je ne juge pas une procédure que moi et notre association
préfèrent, qu'elles aient le droit comme commissions scolaires
catholiques d'embaucher de préférence des catholiques. C'est
cela. Alors, il y aurait, d'après le ministre, d'autres
négociations. Il y a aussi les clauses 16 et 20 de la Charte des droits
et libertés de la personne.
Il a mentionné la possibilité d'une négociation
à la table centrale sur ce point. Pourtant, il n'est pas question de
religion dans les hôpitaux et les autres secteurs publics, c'est
seulement dans les écoles. Comment peut-on régler cela? Nous ne
vous demandons pas, M. le ministre, de régler nos problèmes, mais
nos problèmes internes; en ce moment, on a des enseignants catholiques
très favorables à accueillir une priorité d'embauche dans
les écoles catholiques, quand nous, dans nos écoles protestantes,
la porte est ouverte à tout le monde, incluant les catholiques. On a 25%
de nos membres qui sont catholiques. Comment va-t-on concilier ces deux points
de vue dans une commission scolaire linguistique pour adopter une position
syndicale, dans les négociations? Si les parents demandent - c'est cela
la question primordiale - ou si la communauté catholique demande des
enseignants catholiques dans les écoles catholiques et que nous ne
sommes pas d'accord à la table de négociation, cela va-t-il
donner lieu à un autre décret? Est-ce que ce sera comme cela? Ce
n'est pas satisfaisant du tout. Est- ce qu'on va décentraliser la
négociation à l'embauche au niveau de l'école? Ce n'est
pas pratique, dans la conjoncture actuelle, où le nombre d'enseignants
est en décroissance, est stationnaire.
Le Président (M. Blouin): M. Weiner...
M. Weiner: Ce n'est pas du tout satisfaisant comme
réponse, ce doit être repensé par le ministre.
Le Président (M. Blouin): M. Weiner, M. le ministre me
signale qu'il a un bref commentaire à vous adresser.
M. Weiner: Pour moi, c'est bref.
M. Laurin: Je crois que nous avons encore à nous parler
pour dissiper ce que je continue à croire être des malentendus.
J'espère que l'occasion nous sera donnée de nous rencontrer
prochainement pour aller plus loin dans l'exploration de cette option et la
recherche des solutions appropriées.
M. Ryan: M. le Président, me permettez-vous...
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. Ryan:
...juste un commentaire?
Le Président (M. Blouin): Un bref commentaire.
M. Ryan: J'espère que vous vous arrangerez pour avoir en
même temps les dirigeants des enseignants anglo-catholiques pour
éviter des malentendus. Comme vous êtes tous concernés,
peut-être que ce sera plus clair après que la dernière
fois.
Le Président (M- Blouin): Très bien, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans la même
veine, le ministre n'y était peut-être pas, l'association des
enseignants protestants a déposé aussi une partie de sa
convention collective et qui prévoit, par exemple, entre autres choses,
la création d'un conseil d'école et les effets de cette
reconduction qu'elle avait demandée lors de la dernière
négociation devra durer jusqu'à la fin de 1985 au moins. Votre
projet de loi prévoit que les choses devraient changer, s'il est
adopté tel quel, en juillet 1985. Il y a aussi d'autres points du
côté des négociations, de ce qui est prévu dans les
conventions collectives, qui ont besoin d'être examinés et sur
lesquels il n'y a pas eu de réponse claire. J'ai six minutes, m'a-t-on
dit. Je vais essayer d'être brève. Je suis rendue à cinq
minutes. Je vous assure qu'on nous impose de la discipline.
Je vais poser une question très précise. À l'heure
actuelle, il y a des enseignants anglo-protestants - ils peuvent être
aussi franco-protestants - qui participent au comité d'école.
Dans quelle proportion y participent-ils? Quel rôle y jouent-ils? Quels
sont les problèmes que vous avez observés dans le fonctionnement
de ce comité d'école? Je vais poser tout de suite la
deuxième question relative à la participation des enseignants.
Ici, autour de la table, plusieurs témoins qui sont venus se sont
inquiétés de l'absence des enseignants au niveau du conseil
d'école prévu dans le projet de loi. Est-ce qu'on doit
déduire des commentaires que vous avez faits que, si la composition du
conseil d'école était modifiée, vous accepteriez d'y
participer? Il y a deux questions: la première au niveau du
fonctionnement du comité d'école, de votre participation
actuelle, et éventuellement au conseil d'école si sa composition
était modifiée.
Le Président (M. Blouin): Puisque vous comprenez nos
contraintes, M. Weiner, je vous demande de répondre brièvement,
s'il vous plaît!
M. Weiner: À l'heure actuelle, en général,
il y a un enseignant, quelquefois deux, qui participe au sein du comité
d'école, du comité des parents, si vous voulez, comme
observateur, qui est là pour donner des informations et pour en obtenir.
Nous avons un nombre croissant d'écoles où il y a des parents qui
participent au conseil d'école des enseignants dans la même
proportion. En général, comme je l'ai déjà dit,
dans la communauté anglophone, les parents sont satisfaits de ce type de
participation.
La deuxième question, c'est très difficile d'y
répondre puisqu'elle est hypothétique. Comme je l'ai
déjà dit, nous ne voulons pas avoir d'articles dans ce projet de
loi 40 qui décrivent nos obligations, nos responsabilités. Je
vais le répéter: pour nous, c'est la voie de la
négociation. Nous sommes prêts à n'importe quel moment
à discuter de n'importe quelle formule dans le contexte d'une vraie
négociation où, nous, comme représentants des enseignants,
serions mandatés selon la position des enseignants pour trouver notre
place dans le système de participation. (17 h 15)
Nous, c'est une participation qu'on privilégie dans les documents
déposés, à savoir un accord entre le Lakeshore School
Board et les enseignants de Lakeshore et des ententes locales dans tous les
autres syndicats avec leur commission scolaire pour définir leur
méthode de participation.
Mme Lavoie-Roux: À la page 11 de votre mémoire,
dans vos commentaires sur la participation des parents, à 4 , vous
dites: "Les parents auront plutôt tendance à s'intéresser
à ce qui touche surtout leur enfant en termes de programme scolaire ou
de besoins particuliers qu'à ce qui touche leur communauté en
général." Est-ce que c'est l'observation que vous faites
présentement de la participation des parents dans les comités
d'école?
Le Président (M. Blouin): Oui, très succinctement,
M. Weiner, s'il vous plaît!
M. Weiner: Oui. En général, c'est la participation
que les parents veulent; ils veulent des informations sur leurs enfants, sur
les programmes de leurs enfants et sur ce qui va se passer au sujet de leurs
enfants à l'école. C'est cela l'intérêt
primordial.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Franchement, M. le Président. Question de
règlement. On a tous consenti à ce que le ministre
réadresse la parole...
Le Président (M. Blouin): Justement, madame...
Mme Lavoie-Roux: ...J'ai une courte question à poser.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
L'Acadie, je vous rappelle que nous ne pouvons commencer à
excéder les ententes que nous avons. Je vous signale
particulièrement que nous avons un autre groupe à entendre et
que, au rythme où vont les choses, nous ne terminerons pas avant 18 h 30
et que nous devrons reprendre à 19 h 30 jusque vers 22 h 30 ce soir.
Vous comprenez les contraintes que nous devons tous vivre. Je fais donc appel
à votre collaboration pour que nous puissions, selon les ententes qui
ont été conclues de toute façon, poursuivre nos travaux
comme nous l'avions prévu.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
le consentement du côté gouvernemental pour une question?
Le Président (M. Blouin): D'accord. Rapidement, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Elle est très courte. J'aimerais avoir
vos commentaires en tant qu'éducateurs, sur l'article 298, où le
ministre se réserve le droit de réviser les résultats
obtenus par l'élève, mais surtout sur la deuxième partie,
sur la pondération des résultats obtenus aux épreuves de
l'école afin de les rendre comparables aux résultats
obtenus aux épreuves uniques. C'est la fameuse question de la
pondération des notes qui a souvent été
dénoncée. J'aimerais savoir si vous avez examiné cet
article du point de vue de votre rôle d'éducateur. Est-ce que vous
jugez qu'il est bon que le ministre, qui avait déjà ce pouvoir
discrétionnaire, le conserve et même l'inscrive dans la loi?
Le Président (M. Blouin): M. Weiner.
M. Weiner: Pour répondre à la dernière
partie. En premier lieu, à notre point de vue, cela ne doit pas faire
partie de la loi. Il y a un rôle - c'est évident - pour les
enseignants, mais aussi un rôle primordial pour la commission scolaire.
C'est comme cela qu'on voit les choses.
Le Président (M. Blouin): D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous êtes d'accord avec le
système de pondération des notes aux examens?
M. Weiner: La pondération est une question très
complexe. Même s'il n'y a pas de pondération admise par tout le
monde, il y a une pondération dans une évaluation. On
évalue un contre l'autre dans la classe comme enseignant et directeur
d'école en comparant... Il y a cette notion qui est là. Nous
pensons plutôt que c'est une évaluation qui doit être faite
par l'enseignant et qu'il y a aussi un processus où la commission
scolaire doit être impliquée.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est une pondération au niveau du
ministère pour les examens du ministère.
Le Président (M. Blouin): D'accord. Merci, Mme la
députée de L'Acadie.
Au nom de tous les membres de la commission, je remercie l'Association
provinciale des enseignants protestants du Québec de leur importante
participation aux travaux de cette commission parlementaire.
J'invite maintenant le Comité régional des parents
anglophones de la Commission scolaire Baldwin-Cartier à bien vouloir
s'approcher et à prendre place à la table des invités.
Pendant que nos invités s'approchent, nous pourrions suspendre
nos travaux pour une minute ou deux.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise de la séance à 17 h 21)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons donc nos travaux et j'invite les représentants du
Comité régional des parents anglophones de la commission scolaire
Baldwin-Cartier à bien vouloir, d'abord, s'identifier et, ensuite,
à nous livrer en une vingtaine de minutes le contenu de leur
mémoire.
Je leur rappelle, de même qu'aux membres de la commission, qu'en
vertu de l'entente qui est intervenue entre les deux formations politiques nous
disposons maintenant d'une période d'une heure et quinze minutes afin de
procéder à l'audition du mémoire et, ensuite, aux
échanges entre le groupe et les membres de la commission.
Comité régional des parents
anglophones de la commission
scolaire Baldwin-Cartier
M. McLoughlin (John): Mr. Chairman, Honorable Minister and
members of the parliamentary commission, as representatives of the Anglophone
Regional Parents Committee of la commission scolaire Baldwin-Cartier, we wish
to thank you for this opportunity to express our views concerning the proposed
reorganization of the educational system in Québec.
With your permission, Mr. Chairman, I would like to introduce you to the
members of this delegation. My name is John McLoughlin. I am president of the
Anglophone Regional Parents Committee, Mr. Hugh Carmichael, on my left, is the
chairman of our educational reform subcommittee; Mrs. Janice Chuard, Mr.
Christian Aubert and Mr. Ed Kavalec are members of our educational reform
committee.
Mr. Chairman, our brief on Bill 40, originally written in English,
suffered considerably when translated into French by some of our member
parents. However, we have copies of a more accurate translation which we would
like to submit to you for your use during these proceedings.
La commission scolaire Baldwin-Cartier is a dual school board having the
task of administering both English and French language schools. This morning,
you heard a brief from the parents of children attending the French language
school of our board; you also heard a brief delivered by the president of our
school board, Mr. Mongeau, wearing one of his other hats. Now, this afternoon,
you have us, parents of the children attending the English sector of la
commission scolaire Baldwin-Cartier. Mr. Chairman, our recognition of the need
for change in the educational system of Québec led us four years ago to
the development of our position on this subject. Thus, we are in favor of
segments of Bill 40 which support our position, but we are against sections of
the Bill which fail to meet our needs.
The Anglophone Regional Parents Committee represents parents of
children
attending English Catholic schools in nine primary and three secondary
schools of la commission scolaire Baldwin-Cartier. Our position is as follows.
We are for reform. We are for linguistic school boards. We are against any loss
of confessional rights. We are not prepared to trade one for another. We
believe the two can co-exist. We are against schools managed by parents. We are
for a meaningful consultation with parents. We are against any further erosion
of school boards. We are for a combination of universal and user suffrage.
Before expanding on these points, Mr. Chairman, may I take a moment to
explain how we arrived at this position. We became serious about school reform
when we started losing our neighborhood schools about four years ago, following
a careful study of the document "The Schools of Québec, plan d'action"
and upon realizing that a White Paper on the subject of school reform was
forthcoming, we sought to establish our guiding principles with regard to our
educational requirements.
We surveyed the parents we represent by providing them with a broad
impartial overview of the consequences of possible reorganization scenarios. We
also suggested possible alternatives and endeavored to present a detailed
organizational configuration which would serve not only the educational
requirements of English Catholics on the Island of Montréal, but also
the needs of all linguistic and confessional majority and minority groups in
the Province of Québec.
You may remember this survey document, Mr. Minister. Copies were sent to
many members of the National Assembly as well as to the Minister of Education.
We have some extra copies for those members of the commission who would like to
have them.
The replies to the questionnaire were overwhelmingly supportive of the
principles we developed and resulted in the development of our formal position
on school reform. This position, which has not appreciably changed over the
past three or four years, forms the basis of our present brief. Mr. Carmichael
will further develop.
M. Carmichael (Hugh): We said that we support linguistic boards
and we are pleased to note that Bill 40 reflects our views with respect to the
regroupment of school boards across the entire Province of Québec along
linguistic lines. Also, the proposed amendments to Bill 101 may permit such
school boards to function internally in the language of the population they
serve.
At the same time, we do not want to see the creation of linguistic
boards adversely affect our French immersion programs. These programs are
critical to our children's future in the Province of Québec.
Therefore, we would like to see assurances that they can be maintained,
included in some way in the legislation. Also, just as the Ministry is
currently organized along confessional lines, it would seem to follow that some
realignment of its internal structure will be required to accommodate the
linguistic system now before us.
We are against any loss of confessional rights. As parents, we have an
obligation to our children to bring them up in our Catholic faith. We do this
in part by sending them to Catholic schools, where they develop their Christian
values through the example and guidance of teachers who know and respect our
beliefs. In this way, as our children grow up, they come to appreciate Christ
teachings in their everyday life. (17 h 30)
Not suprisingly, then, our parents have no intention of trading off
their confessional rights for a linguistic system of education. Rather, they
feel it should be possible to achieve both of these objectives. In our brief,
we speak of this expectation in terms of confessional guarantees. What do we
mean? We think that the English Catholic Council's brief best answers this
question. Since you have already heard their presentation last evening, we will
only briefly touch on the relevant points now.
We think that this new Act should provide for the designation of certain
schools as public and confessional as well as public and common. We would like
to see a transitional clause included in the Bill that, following its
implementation, would guarantee children convenient access to a school having
the same confessional status as their former school. We urge the National
Assembly to define in the law the criteria that will determine the confessional
status of a school and not to leave it to regulation.
On further reflexion, we also have come to the conclusion that it is
impractical to comtemplate seeing a school's confessional status designated by
a majority of parents. While we have not explicitely said so in our brief, we
believe these kinds of decisions should be left to school boards. We obviously
wish to see Catholic schools staffed by as many Catholic teachers as possible
and that the staff of these schools generally respect the confessional
character of our beliefs.
We are opposed to any reduction or diminution of the role of the
Superior Council on Education, and, particularly, the role of the Catholic
committee, but we would say the same of the Protestant committee. The latter
should be encouraged to comment on all aspects of education as an integral
means of reinforcing the confessional character of our schools.
Finally, as a way of maintaining neighbourhood schools, we recognize the
need for a mechanism to establish biconfessional
schools where the number of students no longer warrants...
Le Président (M. Blouin): M. Carmichael, un petit moment,
M. le député d'Argenteuil désire intervenir. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais savoir si M.
Carmichael lit le mémoire en entier. Are you reading your brief in its
entirety?
M. Carmichael: No.
M. Ryan: Would you indicate to what point you are? It is
difficult to follow you as you read. If you could at least mention the pages or
perhaps the paragraph. At least, the pages would be useful, because I have
difficulties following you. You read rapidly and if you jump some paragraphs,
it is very difficult to follow you.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Carmichael: I see. I apoligize. The comments that I am reading
were intended to provide you with a brief overview of the brief we sent to the
commission. In fact, it is not a verbatim or necessarily specifically dealing
with each of the issues. It is intended only to summarize those issues. Our
comments are organized largely in the same fashion. I have been speaking about
confessional guaranties and they appear in the body of our brief, on pages 2
and 3 of the English text. I presume it is a corresponding number in the French
version, but not necessarily. Could we suggest at least that we refer to the
major issue that we are addressing? Would that be helpful?
In conclusion of my remarks at this time, I would again state or begin
to state that, as a way of maintaining neighbourhood schools, we recognize the
need for a mechanism for establishing biconfessional schools where the number
of students no longer warrants the maintenance of separate confessional
institutions.
We now would like to focus on our views regarding the role of parents.
Mr. Aubert will speak to that and it is on page 4 of the brief.
M. Aubert (Christian): Environ aux pages 4 et 5. Le rôle
des parents. We are against schools managed by parents, as we said before, and
we are for meaningful consultation with parents. Mr. Chairman, the parents we
represent have clearly indicated that they do not wish to manage their
individual schools. It does not matter whether the school was called a
corporation and is now called another name. They have also clearly indicated
that, instead, they wish to have a meaningful consultation process where at a
selected pace and in selected areas, parents can participate.
Such a process is very different from the one proposed which requires
them to take on responsibilities in most if not all aspects of school
management. This, they clearly do not want. We understand and we know parent
groups who wish more involvement than do others. Some want more involvement
than what they now have because they simply do not have any involvement at all.
We seem to be more fortunate with our school board and our schools as today's
structures so far have served us reasonably well.
The proposed fragmentation of school management relying on part-time
volunteers appears somewhat irresponsible or else, it seems to warrant such
rigid guidelines that we could easily wind up with school councils lacking any
decision-making ability but instead with a large amount of workimplementing rules and regulations. The mechanism that allows school
councils to return responsibilities selectively back to the school board is not
practical. We have serious doubts as to whether the parents who lack competence
will return such responsibilities.
We would much rather see a system whereby school boards retain their
powers and responsibilities. Parents who are ready to assume new
responsibilities could have the option to take these over progressively, at
their own pace, in their interested areas and according to their competence.
For reasons of competency and concern for our children, we indicate in our
brief the need for accreditation of parents before allowing them to take direct
control of responsibilities. An indication of willingness by some parents and
parent groups is not proof of competence. In business situations, for instance,
we frequently find employees who show willingness to assume new functions and
apply for promotions. Unless they are competent, no responsible manager will
even consider them. It seems to us that managing our schools and raising our
children warrant the same careful approach.
Another disturbing proposal is to maintain school and parent committees
along with the school council. This, we view as parents watching over the work
of other parents. Furthermore, based on our own experience, as it is, we have
sufficient difficulties in finding enough parents for one committee, let alone
two. The role that you have outlined for parents constitutes, in our opinion, a
balanced and a fair approach. It is sound in concept, safe for our children and
easily manageable by school councils, parents, school boards and the Ministry
of Education.
I would like to pass it on to Mr.
Kavalec now.
M. Kavalec (Edward): We are against any further erosion of school
boards. Mr. Chairman, although we have not addressed this issue under the name
of school boards in our brief, we do allude to "services d'appoint" on page 6
of the brief. The reason we did not devote a great deal of attention in this
area is that we do not feel that it is our role, as parents, to define the
respective roles of school boards and the Ministry of Education. From our
viewpoint, it would appear that subsequent to the establishment of the Ministry
of Education, powers once held by school boards have gradually been eroded. For
example, the introduction of the "régime pédagogique" has
virtually removed control over curriculum from the jurisdiction of the school
boards. Collective bargaining and resulting collective agreements have severely
handicapped school boards with respect to the management of their human
resources.
By virtue of Bill 57, school board financing has been centralized within
the Ministry of Education. It is our opinion that this ongoing power struggle
between the Ministry of Education and the school boards is responsible for very
costly duplication of services and functions. We would suggest that the
Ministry of Education and the school boards should resolve this power play and
clearly define their respective roles, thereby designating authority and
responsibility and eliminating duplication of functions. In this process, we
feel the school boards must retain at least the functions they presently
exercise.
In order to establish and maintain the high quality of education in the
Province of Québec, school boards must be in the position to provide
necessary pedagogical and confessional support services to all schools, be they
located in affluent or in poor neighborhoods. Therefore, it is imperative that
school boards have access to and meaningful authority over whatever human and
financial resources are required to provide this essential support service. The
Ministry of Education should obviously continue to act in an advisory and
coordinating capacity to assure that standards of quality are uniform across
the Province of Québec. We are convinced that only in this way can the
children of Québec be assured quality education. If I may, I will now
defer to Mr. Carmichael.
M. Carmichael: In winding up our last major point that had to do
with suffrage, we indicated that we were for some form of combination of
universal and user suffrage. The parents we represent attach great importance
to universal suffrage as a democratic right which they are not prepared to give
up. At the same time, they see some attraction in the idea of establishing
closer links between our schools and the decisions that are taken at the board
level which affect the day-to-day operations of the school. We also believe
that the real power of school boards depends on the grass roots support of the
parents they represent. Perhaps user suffrage may prove to you one means of
fostering this relationship. Under the user suffrage concept, parents need not
necessarily be representing every school.
Finally, on the question of implementation, in our brief, we make the
point that because English Catholics do not now exist as a separate formal
entity in terms of education, but rather as either part of a Catholic
francophone majority or alternatively an English Protestant majority
association, we run the risk of being underrepresented on the implementation
councils and commissions. We would therefore be grateful if it were possible to
review the formulas simply with a view of insuring equal representation on a
proportionate basis as to our numbers which - I believe you are already aware
of it - are about comparable to those of English Protestants.
In the same context, we would like to recommend that the selection
criteria for staffing the senior posts in the new linguistic boards be based on
competence rather than drawing on those who presently occupy the various
positions.
In summary, very simply, the parents we represent would be content to
see the present reform limited to the restructuring of school boards along
linguistic lines with confessional guarantees before embarking on any adventure
concerning the management of the schools themselves. Thank you.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup. M. le ministre.
(17 h 45)
M. Laurin: I would first like to thank the Baldwin-Cartier
Regional Parents Committee, English Section, for the interesting brief they
have presented to the commission. I recognize some of the views presented to us
yesterday by the English Council but as you said, you had additional views that
you wanted to present. I think it was interesting to hear those particular
views.
At the beginning, I would like to reassure you about the mention you
have made of the French immersion program. I had occasion previously to state
our policy in that respect. There is no question of changing the actual state
of things. It will be the continuing policy of the Department of Education to
recognize those French immersion programs as being and remaining under the
jurisdiction of the linguistic school
boards that may ensue from Bill 40. There is no question of change in
that direction. This could be sufficient to alleviate your fears in that
respect.
You agree with linguistic school boards but like many other English
Catholic groups, you would like additional guarantees. It has been stated quite
often during those hearings that the English Catholic parents want very clearly
and decidedly to continue sending their children to Catholic schools. I do not
know if you were there when I answered in French to a similar question put by
the Provincial Association of Protestant Teachers, but it is worthwhile
repeating this answer in English. As I said, Bill 40 will not change the actual
state of things which you know. For example, those schools that are frequented
by English Catholic students will remain as they are. The implementation
committee will only identify those schools but once identified, they will stay
as they are with the same clientele.
This will remain unchanged for the three following years during which
the school will have to ascertain its position as regards confessional values.
The school, as you know, has three years to ask either for the maintenance or
the repell of the Catholic status it has. I understand that in most cases,
after having heard all the English-speaking groups, the school would ask for
the maintenance of the status of a Catholic school. Even after that, to change
the situation, one would need the consent of the two school councils concerned.
For example, if your community saw the need to put together, for many
understandable reasons, English Catholic and English Protestant students, the
two local school councils would have to form a resolution to meet with each
other, to come to an agreement and to make a recommendation to the school
board.
It is only by following this process that new solutions could be found,
the same way as it has occurred for a biconfessional school that is now
operating in your region, John XXIII and Dorval High School, where an agreement
has been made possible with good results, because we did not hear about any
religious wars in that school. We have been told here, at this commission, that
this biconfessional school works quite well. So, this will still be possible
under Bill 40 as it is under the present law. I do not know if you would like
to have additional confessional guarantees. This would be my first question to
you.
My second comment and question is the following. I find it extremely
interesting to hear two groups of parents coming from the same region and
holding such dissimilar points of view. In the same way Mr. Ryan was asking the
Provincial Association of Protestant Teachers a few minutes ago, I would ask:
Have you met with your corresponding association, the Provincial Association of
Catholic Teachers? Have you exchanged points of view? I would like to put the
same question to you. Have you tried to meet with your corresponding group?
Have you exchanged views? Why has it not been possible to come to more agreeing
points of view than it is the case? Is it for cultural reasons, linguistic
reasons, historic reasons, or is it because of the size of the community
itself? I do not know. I would like very much to know more about that.
Le Président (M. Blouin): M.
Carmichael.
M. Carmichael: Your first question concerns whether or not we
want more in the way of confessional guarantees. In listening to your response,
we are certainly encouraged in terms of the intent of the reply. I think,
however, that I would tend to go back to our brief itself. I guess what we are
really trying to say is that it is not so much guarantees as it is the
challenge for us to try to translate that intent into some form of legislation
that, in fact, enshrines it into the future. It is really mechanisms and
structures and the like that you ultimately end up working with that either
make that happen or cause it not to work well.
So, it was really with that in mind that we attempted to speak of
specific kinds of things. I do not want to take a lot of the committee's time.
We have suggested that the Act itself would spell out the criteria rather than
regulations which are subject to change more readily and that type of thing. I
think maybe it is a question of getting down to the mechanics.
In terms - of our association with our francophone parent confreres, I
rather anticipated the question and I wish I was able to give you a better
answer. We do work together. We identify many areas that are common across the
board, that we are able to collectively pursue with the board and effectively
bring to satisfactory conclusions.
There are other areas, however, where if we find an ideological or a
philosophical division between us, we do not necessarily push it too far. We
are content to develop our respective views within our own communities and find
out how they align and if they are significantly different, then we recognize
that fact. It allows us to maintain a good friendly atmosphere and acknowledge
that we are not always going to agree.
You asked if this has to do with tradition, custom or language, I think
it is fair to say that our francophone parents are probably some what ahead of
their anglophone counterparts in terms of their involvement in the education of
their
children at the school and parent levels.
You have to remember that everything that your Ministry is attempting to
do comes to us in French. Most of our parent and school committee members do
not read French and they do not get involved. So, it is a little more difficult
and it takes us longer to begin to get up the speed on things like the "projet
éducatif". We are only moving on that. Some of our francophone schools
are quite well advanced in that area. Perhaps that could account in part for
them seeing the reform as more attractive in terms of what the parents might
do.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Carmichael. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de saluer les
représentants du Comité régional des parents anglophones
de la commission scolaire Baldwin-Cartier. It is a pleasure for me to have this
opportunity of exchanging views with you on Bill 40.
On a point of information, I would like to know - if you have that
information at your disposal - what is the proportion of English-speaking
students and of French-speaking students under the Baldwin-Cartier school
board. Do you have an idea of the proportion?
M. Carmichael: About 7000 English-speaking and 10 000
French-speaking students.
M. Ryan: It is rather well balanced. You have a sizeable
proportion of each language group.
M. Carmichael: It was almost parity but the English...
M. Ryan: So, is it fair to assume that the proportion of
French-speaking students has been on the increase for the past few years?
M. Carmichael: They have been holding their own on the numbers
much better than we have. I am not sure they are increasing in number, but they
are not in the kind of free-fall we have experienced.
M. Ryan: Merci. I examined the list of recommendations which you
made to the committee in your brief. Some of these recommendations, as the
Minister pointed out, were already submitted to our attention by other
English-speaking Catholic organizations which appeared before the committee and
there is no need, perhaps, to return to them since they were well understood
and seemed to reflect a rather large consensus among your community. Some
others are more typical of your group in the sense that we are hearing about
them for the first time or you present them with novel elements which are
interesting. I should like to refer to a couple of them.
You say that provisions need to be redrafted in order to provide
proportionate representation of Anglo-Catholics on the implementation
committees and in the selection of directors general for new English language
boards on the basis of competence. Would you explain this latter part of the
recommendation? The first part has been well emphasized in previous discussions
with other groups, but I think no attention has yet been paid to this
particular one, regarding the apointment of future directors general.
M. Carmichael: I believe Article 381 of the Bill states that the
implementation committee shall engage the director general of the new school
board and that the director general shall be chosen from among the full-time
directors general of the existing school boards.
M. Ryan: Thank you.
M. Carmichael: I am told that we perhaps have one full-time
director general or someone with that title because the majority of our
directors general are francophones, whereas obviously in the Protestant school
boards, many of the directors general will be anglophones. So, it is really
just that point. (18 heures)
M. Ryan: So, you seem to suggest that if Article 381 were to be
adopted in its present formulation, it would leave very little chance for
English-speaking Catholic executives to acceed to posts of director general or
assistant-director general under the new setup. You want this to be a little
more broadly open so that English-speaking Catholic executives can have equal
chance to acceed to leadership positions in the new system.
I think this is an interesting point which should be brought to the
attention of the Minister. He did not comment on this specific item in your
recommendations, but since it was also contained in other briefs which we
received, I would not hesitate to let you know that I fully support your
recommendation in this area, with the following qualification: the competent
authorities which have to make those decisions will have painful decisions to
make about some present incumbents, however. I do not know if you also took
this aspect into account.
M. Carmichael: Well, I can only answer that, coming out of a
quasi commercial endeavor, that is the reality of life. As
businesses merge in the like, you have to sort those things out. I know
that there are many safeguards in the agreements that these people have that
would not leave them in any jeopardy, in terms of their income and the like, at
least I do not believe that it would.
M. Ryan: In the public sector, as opposed to the private sector,
such people generally end up doing nothing and receiving the same pay as
before. If this is what you want to suggest, I would urge the Government to be
careful.
On another matter, you insist that parents on your side are not
interested in managing the schools, but rather in having a consultative voice.
Should the Government persist in wanting to introduce the new system proposed
under Bill 40, they should proceed by graduated steps; they should first
undertake reform of the school boards under linguistic lines, perhaps
integration of school boards at the two levels, and then, in an ulterior phase,
deal with this particular aspect. You seem to suggest that if everything were
to be launched at the same time, there would be a risk of confusion. Is that
what you meant to say?
M. Carmichael: That is very much of an understatement, I guess,
of our concern, but it accurately reflects what we are trying to say.
M. Ryan: Could you explain your concern a little bit?
M. Carmichael: Well, let us begin with our current situation. In
our schools, we are trying to implement the "régime pédagogique".
We do not have the material translated and, therefore, we are running two years
behind on that, to then contemplate, in that same period of time, a
reorganization of the school boards. All that would mean in terms of
continuity, shifting of personnel and the like, seems to be a very major and
ambitious undertaking which by itself, in our humble view, is enough to tackle.
If, at the same time, we were then to place at the school level responsibility
on parents who tell us they do not want it - many of them do not feel that they
could handle it if it came their way - we think it would create chaos. I know,
personally, of examples where authority has been delegated to individuals or
branches that have not demonstrated their competence, and it seldom works. You
end up having to return it.
M. Ryan: One further question, please. There were some passages,
in the brief which you read, which were not contained in the brief which I have
in front of me. This is not meant as a criticism, but it aroused a few
questions in my mind and one of these revolves around the status of the school
from the confessional point of view. Did I understand you correctly when I
thought that you said that you would want the school board to have a more
direct say in the confessional status of schools, as opposed to the provisions
which are found in Bill 40? Would you explain why? That was not contained in
your brief and I thought it was mentioned in your presentation, Mr.
Carmichael.
M. Carmichael: That is correct. M. Ryan: You alluded to
that.
M. Carmichael: I said that it was not specifically stated in our
brief. I think it is implicit in our brief, but that is not the point. The idea
of a group of parents determining the confessional status of the school,
reviewing and changing it depending on the majority wishes seems to hold out
the prospect that those children who were enjoying one confessional status and
lose out, if there is such a change, are simply deprived of the opportunity for
a Catholic education, whereas at the board level, if those kinds of things were
going on, the board could presumably determine: Well, you now fall into a
different group, but we will have to realign you to form a new school along
with those that share your views. That was at the root of our concern, that
somewhere it should be managed on a broader area, so that you can cluster
enough numbers together to make it happen reasonably.
M. Ryan: I personally agree with you on this point. I think that
it is the umpteenth time we have heard this view expressed before the
commission and I want the Minister to listen.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: This is not a question, it will be my concluding remark.
I wish to stress that it is not sufficient for the Minister to say: Do not
worry, these questions will not be touched upon during the first three years
which will follow the adoption of the Bill; we will deal with real matters
after that and you will have ample time to become more secure about what is
going to happen eventually. I think that we have to have answers now as to what
is going to happen after that transition period of three years. We are not
going to let the Government send the people to sleep for three years and then
say: Well, you should have read your Bill correctly. When it was adopted, you
were raising questions about what is going to happen in the true future that we
must think
of as legislators, which is the one which is going to follow that period
of three years.
So, I insist with the Minister that we are not going to be sent to sleep
by this kind of comforting answer on his part. Thank you very much.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
M. Payne: I would like to congratulate you on a stimulating brief
which I followed carefully...
M. Ryan: I know you never sleep.
M. Payne: ...and also congratulate the enthusiasm with which your
group operates. I am in a position to be aware of some of the activities and I
admire them very much. I would like to focus a little bit on the role of
parents. I will say in passing that I was stimulated also by what you said and
I quote: It is not to say that the...
Mme Lavoie-Roux: On ne vous entend pas.
Le Président (M. Blouin): On ne vous entend pas, M. le
député de Vachon.
Mme Lavoie-Roux: C'est dommage!
Le Président (M. Blouin): Pourriez-vous rapprocher votre
micro?
Une voix: Cela ne fait pas de différence.
Mme Lavoie-Roux: C'est vraiment dommagel
Une voix: Qu'on ne vous comprenne pas, ce n'est pas grave.
M. Payne: With respect to parental involvement, you say - and I
quote from your brief - that it is not to say that the model the Government has
elected to employ cannot be made to work. When we are talking about school
committees, the optional committees, the parents committee, the education
committee, the pupils committee, the law is very precise that these are
optional committees. But the fact is that if they do exist, at the wish of the
people concerned, then they have a particular mandate. I think that is the
thrust of the law which one has to point out.
You register a certain number of concerns about the school council as a
decisional body and even some reserve about what you call correctly a kind of
opting-out formula of Article 216. Correct? Would you prefer a reform which
would allow an opting-in formula for particular school councils who could
exercise a right for decisional powers? The first question regards the
principle. Would you like an opting-in rather than an opting-out formula?
M. Carmichael: Faced with that choice, the answer is yes. The
opting-in would be much preferable to the opting-out.
M. Payne: So, you would support the principle and it is an
important principle, I think, to establish in any intelligent discussion of
this Bill and the White Paper. Regarding the fundamental right of the school
council to be decisional, you have no objections with that basic right should
it so opt. That is what you said.
M. Carmichael: No, I do not think I said that. I think we said in
our brief - and I would return to it - that if the decision is to have the
parents play the role foreseen in Bill 40 at the school level, it would be
preferable that an opting-in formula be followed rather than an opting-out one.
Your question was: Do we agree that that power should in fact rest at the
school level? I think that we have some very serious reservations in terms of
that particular concept. Our parents are very clear on record to the effect
that they are looking for a consultative role.
M. Payne: When I asked if would you prefer an opting-in formula
where a school could exercise a right to its decisional powers at its own
discretion, I had understood you to say yes.
M. Carmichael: I said that, given that alternative, yes. Given
the alternative, what will be will be.
M. Payne: One of the fundamental decisions which the commission
has to make concerning the Bill is precisely on that right of parents to
exercise, or rather the school council to exercise its decisional powers.
M. Carmichael: I have to get it sorted out in my mind. The
opting-in formula, presumably combined with some form - I realize that this may
sound somewhat euphemistic - of accreditation or the like training, it may be
that the reservations our parents now have on this role will gradually diminish
and the risk associated with simply handing it to them and hoping they can keep
their nose above water will gradually disappear. I think what the opting-in
formula provides is an opportunity to make it work where it will work, if that
is what you intend to do.
M. Payne: If you opt-in for something, you are appropriating
certain decisional
powers.
M. Carmichael: Well, if you demonstrate that you can handle them,
why not? That is fine.
M. Payne: And that is what I would call a right, if it is in the
law. I, too, had the point concerning administrators. It is a thorny problem;
with any reform, it is one of those delicate problems, the sort of teething
problem which goes with any reform and creates opportunity for some, perhaps,
and hurts others. It is the kind of problem that one has with a reform. I think
that it is very important for the different agents concerned to try and work
out a formula at the regional level. It is not something, obviously, which can
be legislated easily. But I think that, as members of the commission, we are
extremely sensitive to those kind of points and that one registered with me
particularly. (18 h 15)
We were talking earlier with the PAPT about another problem equally
ackward and difficult, the option of Protestant teachers wishing, for example,
to teach in Catholic schools and what kind of preconditions or prerequisites
one would have in the regulation, respecting on the one hand the principle of
equal opportunity and at the same time the constraints posed by the Catholic
Council. The reconciliation of these problems in practice demands the good
faith of all parties and I think that your sensitivity demonstrated in the
brief is the kind of hope that one looks for, the kind of confidence that one
looks for in, as I say, all the agents involved in the reform. You had
something to add, I think?
M. Carmichael: Just a comment. I am not sure I understood one
statement you made. You were speaking about the administrators and I was not
clear on whether you said it should be worked out and not legislated. In fact,
it does seem, at the present time, that the legislation has set a formula that
would not allow it to be worked out.
M. Payne: I do not have the actual article in front of me; it
says that the administrators will come from the school boards presently
existing. I have not the exact formula in front of me. What I am saying is that
I register that kind of concern. It is always difficult to write in the law
general principles, as I think the Deputy for Argenteuil was saying. It is all
very well to want to give equal opportunity to everybody but then, for example,
in the case of somebody wanting to exercise that opportunity and becoming
administrator in, let us say, the Protestant system, it could pose particular
problems. The solutions to those often lie at the local level.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Vachon. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. I would like to welcome the English parents
of the Baldwin-Cartier School Board. Thank you for your brief. You have raised
yet again a number of problems. I think it is very interesting that, despite
the fact that we have been here now and are running into our third week of
hearings day and night, each brief raises some new questions. I particularly
appreciated your judicious warning about system overload. The system is already
pretty well loaded with trying to put the "régime pédagogique" in
place and even something which, on the surface, seems simple like putting
linguistic boards into place could take a number of years. That is enough for
the system, particularly on the English side, the switch to linguistic boards;
it is a very big change. It involves a tremendous amount of accommodation and
discussion.
I was happy to hear the député de Vachon begin to suggest
alternatives because I think that is what we are all here for, searching for
something that will work. On the other hand, I think it is very dangerous to be
naïve, and I am not speaking about your brief. The suggestion that these
problems will work out because, after all, they have to eventually be worked
out at the local level, is a very dangerous thing, I think, on the part of the
Government, should the law not, in fact, create a solid framework for the
future. Let us face it, the system we have now has been around for 150 years or
more and look at the difficulties that we have had and the discussions that
have gone on with restructuration, just this one issue of whether it is going
to be linguistic, confessional or unified on the Island of Montréal.
Those of us for many years, perhaps, who have spent thousands of hours
on this one question, which is only one of the dozens of issues, major issues
that are raised by Bill 40, have to make jolly sure that this is a good law. If
we are not sure, then we should slow down because, you know, the status quo is
not so bad and the change can make the children the victims. We cannot risk
that, we have enough conflict and confrontation in the education system in
recent years not to take a chance on producing yet some more confrontation in
the system.
I would like to ask you something. You seem quite sure that you want to
go to linguistic boards. You also are very firm in
your conviction about Catholic schools and you have a very clear idea of
what a Catholic school is and the conditions upon which it must be based. I
think you said that you see this as a coherent position and you do not think
that there is any necessity -and you are not prepared to do so - to trade off
one for the other.
I would like to ask you what you really feel. Why do you want to move to
linguistic boards? How do you feel that your situation, as English Catholics,
will be improved? I do not mean only for the parents, but for the children as
compared to what you have now. I recognize that the Baldwin-Cartier School
Board has been probably more equally divided English and French than any of the
other Catholic school boards in the province, so you have had a preferred
situation compared to many English Catholics. Why this choice of English
language boards, linguistic boards?
M. Carmichael: This choice, if it were based exclusively on a
West Island perspective, I think would be ill-founded. Our concerns for English
Catholics have been Québec-wide and certainly our situation, even
on-island versus off-island, is quite distinctly different but early up front,
we were faced with the question of linguistic boards on-island and unified
off-island. We said: Perhaps that addresses our needs, but is that really the
Christian way to behave anyway? So, I think we were obliged to look off-island
and to talk to those people who are off-island and determine how best their
needs might be met as well. I think clearly the linguistic option was preferred
in virtually every instance.
On-island, as you say, we are a preferred board, we have been treated
certainly fairly, absolutely fairly, and enjoyed a good quality of education,
but we know our neighbouring boards - we will take Verdun, they are down to one
school - and as our numbers decline - you would know it better than even I -
you cannot maintain an immersion program and the regular stream and look after
the kids that have learning disabilities and maintain neighbourhood schools; it
will simply not all hold together. So, something begins to go. One of the
things we have not said is that many parents are very concerned about having
their child within the neighbourhood when they go to school.
So, in looking at it not in the context of today, but in the context of
where we will be in a few years time, what is the number? 26 000 English
Catholics on the Island? What is that? Maybe one board, at best. Considering
the diversity of the entire island, in the light of management considerations
and so on, I think the numbers drive the linguistic option for English
Catholics. That is the reality we face.
In the final analysis, and I have said this before - we do not teach in
Catholic or Protestant, we teach in English or French. So, somehow, you have to
get that part sorted out and then, I think, address our confessional concern.
That is what we arrived at.
Mme Dougherty: So, if I understand you correctly, it is
essentially a consolidation to create viable numbers. You are looking to the
future.
M. Carmichael: I think that is fair.
Mme Dougherty: Yes. The next question is: What do you understand
by a common school? You talked about public confessional and public common
schools. What is your view of a common school? What would be its status? What
would go on there, in terms of programs, accessibility, staff, selection and so
on?
M. Carmichael: I would imagine - what is the term, pluralistic? -
that it would simply be neutral, if there was nothing else, just public and
common, everybody admitted regardless of faith, creed or what have you.
Mme Dougherty: Would you expect that, in a common school, parents
would be able to choose or ask for confessional courses, moral courses and so
on? You say absolutely neutral. I mean, do you see that confessional moral
development element in terms of course choice or do you see a common school as
having the same thing for everybody? I am not trying to corner you, I am trying
to find out what you think about that, because I think there are different
views about this.
M. Carmichael: I think you start with the same thing for
everyone.
Mme Dougherty: The same thing for everybody.
M. Carmichael: Is it not what common means? There is a common
denominator, everyone is treated exactly the same.
Mme Dougherty: Everybody takes the same thing.
M. Carmichael: Yes.
Mme Dougherty: I do not know how familiar you are with what goes
on in the Protestant schools, but do you think that they are essentially common
in those terms? As you would see it, would you define the Protestant schools on
the Island of Montréal as being pretty much what a common school is? I
think there is a lot of confusion and
different opinions about this common school thing. I do not know really
what the Minister believes his vision of a common school is, because the law is
full of contradictions about it.
M. Carmichael: Well, I really do not have a first hand knowledge
of the Protestant school system.
Mme Dougherty: No.
M. Carmichael: So, I can only tell you what I got second hand, in
reading and talking to people, but I would be inclined to think that it would
probably be the case or it would be closer than certainly what I would envisage
of a Catholic school. I am not sure where your line of questioning is leading
and I should perhaps wait.
Mme Dougherty: I am not trying to get anywhere, I am just
searching, along with everybody here, for solutions to this confessional
problem.
M. Carmichael: When we say public and common, if that is what you
want, but also public and confessional in the law, then the law says we are
going to have confessional schools. You do not have to go through a whole
rigmarole of regulations and superior councils and orders in council and that
kind of stuff.
Mme Dougherty: This is my last question. You mentioned the
possibility of co-confessional schools; where numbers were not sufficient for
either, the sensible thing would be to get together, like John XXIII, in
Dorval. Perhaps it could be different there, I do not know, there are two
unions. That is someting that we have to remember. If there were linguistic
boards and the majority of English Catholics asked for Catholic schools, as
there are now - status quo, in other words - and as schools got smaller, it
seems to me that one of the things that could happen, instead of forming
co-confessional schools or common schools, where everybody would be saying that
they are all going to go to the common school, defining it in different ways,
is that there could be pressure, as there is now, for the Catholics to regroup
the non-Catholics and start crossing board boundaries and sorting themselves
out. We would still have essentially the status quo, in terms of Protestant and
Catholic schools. In other words, this co-confessional thing would never
happen.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Jacques-Cartier, vous devrez conclure en une minute maintenant.
Mme Dougherty: Oui, d'accord. C'est ma dernière question.
Do you see that happening? Do you understand what I am saying? Even now,
Catholic children are being transported long distances though there may be a
Protestant English school across the street and the Protestants are doing the
same thing. Everybody is transporting all over to maintain the integrity of
this Protestant thing and this Catholic thing. I am only talking about the
English system. Do you see that happening?
Le Président (M. Blouin): Rapidement, s'il vous
plaît!
M. Carmichael: If it is a quick answer, no.
Mme Dougherty: You do not. Thank you.
Le Président (M. Blouin): Sur ce, je remercie Mme la
députée de Jacques-Cartier. Je remercie également, au nom
de tous les membres de la commission, le Comité régional des
parents anglophones de la Commission scolaire Baldwin-Cartier. Nous suspendons
nos travaux jusqu'à ce soir, dans une heure quart, c'est-à-dire
à 19 h 45.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
(Reprise de la séance à 19 h 48)
Le Président (M. Blouin): Mesdames, messieurs, la
commission élue permanente de l'éducation reprend donc ses
travaux. Comme le prévoit l'ordre du jour dont nous avons donné
lecture ce matin, nous allons recevoir, ce soir, l'Association
québécoise des professeurs de morale et de religion et nous lui
accorderons une période d'une heure. Ensuite, nous accueillerons
l'Association des commissions scolaires protestantes du Québec.
Sans plus tarder, j'invite les représentants de l'Association
québécoise des professeurs de morale et de religion qui se sont
déjà installés à la table, à bien vouloir
s'identifier et à nous livrer le contenu de leur mémoire pour que
nous procédions par la suite aux échanges entre les membres de la
commission et nos invités.
Association québécoise des professeurs
de morale et de religion
Mme Mercier-Gouin (Gianina): Bonsoir. Permettez-moi de vous
présenter la délégation de l'AQPMR, c'est-à-dire
l'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion. À ma droite, Raynald Lavoie, vice-président, qui
enseigne à la commission scolaire de Yamaska à Saint-
Hyacinthe au niveau secondaire I, II et III. À ma gauche, Pierre
Lacombe, secrétaire, qui enseigne à la commission scolaire de Le
Gardeur, à Repentigny, au niveau secondaire I. À mon
extrême gauche, André Paré, ex-vice-président, qui
enseigne au collège Marie-de-France, à Montréal, au niveau
secondaire I, II et III. Je suis Gianina Mercier-Gouin, présidente,
j'enseigne à la commission scolaire de Le Gardeur, à Repentigny,
au niveau secondaire IV et V.
Notre secrétaire, Pierre Lacombe, va maintenant vous donner un
bref historique de notre association.
M. Lacombe (Pierre): Notre association est née d'un
désir des professeurs de religion de s'assurer une voie autonome et
libre parmi tous les organismes intéressés par l'enseignement
religieux au Québec. L'association se dotait, en 1970, d'une charte
établissant clairement ses objectifs et son caractère non
confessionnel. En 1971, l'association devenait officiellement l'AQPR,
c'est-à-dire l'Association québécoise des professeurs de
religion.
L'évolution de la société québécoise
vers un pluralisme de plus en plus marqué se manifestait par
l'apparition dans les écoles de cours de morale. Les professeurs de
cette discipline décidaient de se joindre à l'AQPR, le
caractère non confessionnel de cette dernière et les objectifs
poursuivis répondant à leur propre orientation. C'est ainsi qu'en
1977 l'AQPR devenait officiellement l'AQPMR, c'est-à-dire l'Association
québécoise des professeurs de morale et de religion. Jamais,
quelque antagonisme que ce soit ne s'est élevé entre les
professeurs de morale et de religion.
Les buts de l'association sont de poursuivre et de défendre les
objectifs déterminés par ses membres et consignés dans la
charte, c'est-à-dire l'animation et l'information du milieu, la
promotion de la profession, la représentation et la consultation
auprès des diverses instances officielles et autres organismes
d'éducation, la promotion et le respect du pluralisme.
L'AQPMR compte, bon an mal an, entre 300 et 400 membres regroupés
non par appartenance ecclésiale, mais par champs d'activité
professionnelle. Une large proportion d'entre eux enseignent au niveau
secondaire, plusieurs dans nos différentes universités du
Québec, quelques-uns au primaire et au collégial.
Mme Mercier-Gouin: Peut-être aura-t-on été
surpris du peu de bruit fait par notre association dans le débat sur la
confessionnalité. Sans doute, le temps et les ressources nous ont-ils
manqué, retenus que nous étions par des tâches
prosaïques et quotidiennes dans des écoles déclarées
officiellement par la loi confessionnelles.
Cependant, en tant que praticiens, nous sommes prêts à
répondre à toute question portant sur l'état de la
confessionnalité dans nos écoles. Ce que nous voyons, ce que nous
ressentons, ce que nous pensons, ce que nous vivons, ce que nous attendons par
rapport à la réalité du débat confessionnel, cette
expression d'un concret vécu quotidiennement pourra peut-être
apporter un certain éclairage à ceux qui ont à trancher
dans ce débat plein d'émotion.
Au sujet de l'article 220, nous tenons à mentionner que, lors
d'un questionnaire-sondage auprès de nos membres, nous avons posé
la question suivante: Croyez-vous que le soutien pédagogique pour
l'enseignement religieux catholique doive relever des services éducatifs
de la commission scolaire comme il en est pour les autres matières?
C'est à 95% que nos membres ont répondu oui.
Quant à l'article 39, nous ne pouvons nous prononcer
précisément. Nous n'avons pas à notre service de
conseiller juridique pouvant nous signifier toutes les implications de ce
nouveau palier de décision. Nous croyons, cependant, avec la CEQ, qu'une
commission scolaire est plus à même de planifier et de
répartir certains services aux écoles de son territoire selon les
besoins de chacune d'entre elles. Que chaque école satisfasse
elle-même à ses besoins, cela risque, en effet, de créer
une certaine discrimination entre les écoles de milieux dits
favorisés et celles de milieux dits moins favorisés. Par
ailleurs, nous qui vivons dans l'école subissons aussi souvent les
inconvénients du fait que certaines décisions ne peuvent se
prendre sans passer par la commission scolaire. Nous croyons donc qu'il
faudrait revoir ou repréciser les pouvoirs de chacune.
Quant à la composition du conseil d'école, c'est à
80% que nos membres se sont opposés au fait que les parents y soient
majoritaires. À 66%, ils ont demandé une représentation
égale. Nous tenons à rappeler que d'autres personnes pourront
aussi faire partie de ce conseil, entre autres les étudiants, du moins
ceux du deuxième cycle, dont on a très peu entendu parler
jusqu'à maintenant et dont on aurait tort de négliger
l'apport.
Passons maintenant à l'objet même de notre mémoire
qui, par déformation professionnelle, peut-être, s'attache
particulièrement à la concrétisation de ce qui semble
l'essentiel du projet de loi 40, l'école. Des structures, c'est beau,
mais encore faut-il les remplir.
L'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion est d'accord avec l'article 91 du projet de loi 40 qui stipule:
"L'école a pour mission principale l'éducation de ses
élèves. Elle a également pour mission de promouvoir les
intérêts sociaux et
culturels de la communauté à laquelle elle dispense des
services. "Les parents, le personnel et les élèves peuvent, de
concert, donner à l'école des orientations et un plan d'action
accordés à son milieu. Les orientations et le plan d'action
qu'ils définissent ainsi de temps à autre constituent des
éléments du projet éducatif de l'école."
L'Association québécoise des professeurs de morale et de
religion est également d'accord avec le rôle qu'auront à
jouer les divers intervenants, selon le discours que l'on retrouve dans le
présent mémoire et qui vient expliciter les articles cités
au début de l'introduction.
Nous n'avons pas l'intention de nous étendre sur la philosophie
sous-jacente au projet d'école. Nous estimons que tout ou à peu
près tout a été dit sur ce sujet, tant par nous dans des
documents antérieurs que par d'autres au Québec et ailleurs dans
le monde.
La sécularisation de la société
québécoise a provoqué, durant ces dernières
années, une période de flottement pendant laquelle la
collectivité a tâtonné pour arriver à définir
un nouveau projet scolaire.
La proposition gouvernementale actuelle voudrait faire de l'école
un vaste projet, un atelier vivant dont le jeune est le centre, une entreprise
non seulement de la formation de son intelligence, mais aussi de la formation
de sa personne morale et sociale.
Il n'est un secret pour personne que le jeune à la recherche de
son identité ne se raccroche pas tant à des idéaux
abstraits qu'à des appartenances et à des solidarités
vécues et ressenties avec d'autres, en situation dans un milieu
donné.
On a beaucoup parlé du projet d'école, lequel doit
répondre aux besoins du milieu, être défini par les
individus, réunir le consensus d'à peu près tous. Mais
qu'en est-il de l'articulation du projet? Sur quelle base se fonde-t-il? Il
est, à notre sens, utopique de croire que le projet peut se bâtir
à partir de tout et de rien, sans référence aucunel
L'AQPMR a l'audace et la prétention de croire qu'elle a
peut-être une solution à offrir qui viendrait résoudre bien
des problèmes et apporter de l'eau au moulin du projet
d'école.
Or, si on lit attentivement le programme de formation personnelle et
sociale, qui est maintenant à l'horaire des élèves, on ne
peut qu'être agréablement surpris de voir que ses finalités
rejoignent les objectifs du projet d'école et que ses divers volets
peuvent servir de document-ressource formidable pour alimenter ledit projet
d'école. Et toutes les écoles du Québec auraient un projet
scolaire national, car issu d'une même source et d'écoles, car la
coloration que le milieu lui donnerait en marquerait l'originalité!
Il est vrai que la formation personnelle et sociale ne peut se dissocier
des autres disciplines et, pourtant, elle s'en distingue par des objectifs
spécifiques très particuliers. Ce programme de formation
personnelle et sociale - et je cite - "vise à ce que
l'élève étudie aussi les questions liées aux
conditions humaines, donc à la sienne, et cherche à affirmer son
identité, développer sa personnalité, protéger son
intégrité personnelle, établir des liens enrichissants
avec les autres humains et organiser sa vie de façon adéquate."
D'où l'article 91 auquel fait référence notre
mémoire.
Mais quelles valeurs transmettre, selon quels principes directeurs?
Afin, justement, d'éviter de retomber dans des discussions sans fin,
même si elles peuvent paraître justifiées, nous croyons que
le fait d'attribuer ce programme aux professeurs de morale et de religion
résoudrait ce problème épineux, car, que l'école
soit confessionnelle ou non, l'élève aura le choix entre
l'enseignement religieux et l'enseignement moral. C'est donc à ce niveau
que se situera son choix des principes directeurs des valeurs auxquelles il
veut adhérer.
Dans l'annexe I, nous démontrons que les principes directeurs des
valeurs des divers volets du programme de formation personnelle et sociale ne
sont pas inconciliables avec ceux des programmes de morale et de religion, et
viennent, au contraire, les compléter en les enrichissant.
Nous avions d'abord cru possible, tout simplement, d'intégrer les
objectifs du programme de formation personnelle et sociale aux programmes de
morale et de religion. Notre étude nous en a démontré
l'impossibilité.
Si on peut, en effet, tel que démontré dans l'annexe I,
récupérer en morale et en religion tous les objectifs se
rapportant aux finalités du programme de formation personnelle et
sociale, il n'en est pas de même des objectifs intermédiaires.
En page 28 du document de travail sur la formation personnelle et
sociale, il est dit que ce qui distingue le programme de formation personnelle
et sociale des autres programmes, c'est que ses objectifs d'apprentissage
portent sur cinq champs d'études spécifiques: la santé, la
sexualité, la consommation, la vie en société, les
relations interpersonnelles. C'est "un programme - je cite - multidisciplinaire
où chaque discipline possède son champ spécifique de
connaissances" qui "se recontrent en un lieu commun, à savoir la
formation personnelle et sociale de l'être humain".
Nous craignons, si ce programme est présenté,
articulé comme un cours, tel que prévu actuellement, qu'il ne
soit, d'une part, nécessairement limité aux compétences de
la catégorie de professeurs qui l'assumera; d'autre part, qu'il risque
de se voir
transformé en cours magistraux, genre information, tuant du fait
même tout le dynamisme qu'il peut au contraire engendrer.
Dans l'annexe II, nous mentionnons quelques-uns des objectifs de ce
programme qui démontrent le danger signalé plus haut.
Ayant trouvé une solution, à notre avis, viable et valable
quant au volet portant sur la transmission des valeurs, restaient les autres
volets. C'est alors qu'il nous est venu l'idée suivante. Afin
d'alimenter la vie étudiante, pourquoi ne pas lui transférer une
partie des objectifs intermédiaires et d'apprentissage du programme de
formation personnelle et sociale?
Presque tous les professeurs de la province ont à leur horaire
des périodes d'encadrement des élèves en plus de leur
enseignement. Au lieu de les mettre, comme dans la plupart des écoles,
en surveillance soi-disant éducative de corridors ou de
cafétéria, pourquoi ne les emploierait-on pas à des
tâches plus positives et plus conformes à leur compétence
professionnelle? Des projets pourraient se bâtir dans lesquels des
professeurs de toutes les disciplines pourraient s'intégrer en tant que
personnes-ressources, en fonction de la spécificité même de
leur matière ou de leur compétence particulière.
Ces projets, qui auraient forcément une coloration locale, car en
conformité avec les besoins du milieu, donneraient par le fait
même leur particularisme et leur originalité à chaque
projet d'école. Ils auraient, de plus, l'avantage de permettre aux
élèves, aux parents et aux autres agents de l'éducation du
milieu scolaire, comme aux membres de la communauté locale, de
s'intégrer et de participer à part entière au projet
éducatif et, donc, à la vie de l'école, sans, pour autant,
interférer dans ce qui est le propre du professionnalisme de
l'enseignant: son acte pédagogique.
Le projet d'école ne se bâtirait donc pas à partir
de tout et de rien, mais se fonderait, s'alimenterait des objectifs
intermédiaires du programme de formation personnelle et sociale.
L'authenticité des principes directeurs des valeurs, clairement
identifiés en morale et en religion, le serait aussi dans les projets
par l'intermédiaire des animateurs de pastorale pour tout projet
à connotation religieuse et par les conseillers moraux, pour tous les
autres projets. Il va sans dire que cela implique d'ajouter au projet de loi 40
un article stipulant qu'il y aura dans toutes les commissions scolaires un
conseiller moral au même titre que le conseiller en éducation
chrétienne.
Au sujet de ce conseiller moral, c'est à 60% que nos membres ont
manifesté qu'il fallait garantir ce droit de service d'animation morale
et de "counselling" dans toutes les commissions scolaires.
Nous croyons donc que l'intégration aux programmes de morale et
de religion de certains objectifs du programme de formation personnelle et
sociale et des contenus notionnels des objectifs dits identité
personnelle du programme d'études secondaires, éducation au choix
de carrière, doit se faire dans l'intérêt même de
l'élève afin que lui soit présentée une vision
unifiée de l'homme et du monde, selon les principes directeurs propres
à chacune des deux disciplines, morale ou religion.
L'élève et ses parents ont le droit d'exiger que les
valeurs transmises par l'école soient clairement identifiées.
Quels meilleurs canaux pour ce faire que la morale ou la religion, selon les
convictions de chacun? L'école, avec tous ces projets bâtis
à partir du programme de formation personnelle et sociale, deviendrait
ce vaste atelier d'apprentissage dynamique et motivant recherché par la
proposition gouvernementale.
Nous n'ignorons pas que ce projet risque de soulever de nombreuses
objections de la part, peut-être, des concepteurs mêmes du
programme, de la part des directions d'école qui auront à
organiser en conséquence et adéquatement l'encadrement des
professeurs, à assurer dans les divers projets l'intégration des
parents, des divers agents de l'éducation et des membres de la
communauté locale, de la part des élèves peut-être
aussi qui auraient à fournir un effort supplémentaire, de la part
presque certainement des fonctionnaires de la Direction générale
du développement pédagogique et de la Direction de l'enseignement
catholique.
Nous sommes, néanmoins, convaincus que notre proposition, si
surprenante qu'elle soit, est non seulement valable, mais aussi
réalisable et qu'elle aplanit les nombreuses difficultés
afférentes au programme de formation personnelle et sociale tel qu'il se
présente actuellement.
Notre proposition permet aussi la concrétisation du projet
d'école selon un patron unique, mais marqué par toutes les
originalités que pourrait lui donner chaque communauté locale. Et
qui sait, peut-être serait-elle le catalyseur dont nous avons besoin pour
prendre un nouvel élan?
Notre proposition répond aussi aux principaux objectifs
poursuivis par le document sur les services complémentaires à
l'élève puisque, comme spécifié par ceux-ci, elle
vise aussi le développement personnel et social de l'élève
en assurant: a) la continuité de sa formation générale,
particulièrement dans l'ordre pédagogique; b) sa
sécurité morale et physique; c) le développement de son
sentiment d'appartenance à l'école, son initiative et sa
créativité.
Notre proposition répond aussi aux questions, aux
inquiétudes et aspirations manifestées par les étudiants
dans le mémoire déposé par la JEC, c'est-à-dire
la
Jeunesse étudiante chrétienne.
En terminant, nous demandons à tous, dans l'intérêt
même de ces jeunes qui représentent notre potentiel social et
national futur, de considérer notre proposition d'école avec
toute l'objectivité professionnelle dont ils sont capables.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme
Mercier-Gouin. M. le ministre.
M. Laurin: Je veux, d'abord, remercier l'Association des
professeurs de morale et de religion pour le mémoire de haute tenue
qu'elle vient de nous présenter. J'ai pris, à sa lecture, un vif
intérêt. Il a suscité chez moi une profonde
réflexion. Je pense qu'il aura des suites de toute façon dans ce
qu'on pourrait appeler l'organisation pédagogique des commissions
scolaires et des écoles. J'aurais voulu avoir plus de temps pour
échanger avec vous là-dessus, mais, étant donné que
le temps qui nous est imparti est assez court, j'essaierai d'aller à
l'essentiel.
Vous parlez assez peu du projet de loi 40, sauf, cependant, pour noter,
en passant, que vous êtes d'accord avec la nécessité de
conseillers qui assurent le soutien pédagogique au niveau des
commissions scolaires. Vous dites, en passant, que vous êtes plutôt
d'avis que les enseignants devraient être égalitaires au conseil
de l'école. Vous dites que vous êtes d'accord également sur
la mission de l'école à la fois éducative et communautaire
telle que définie à l'article 91, sur la notion d'une
équipe école qui doit travailler ensemble à
l'élaboration et à l'exécution d'un projet
éducatif. Par la suite, vous dites que le nouveau programme de formation
personnelle et sociale vous semble excellent et qu'il pourrait même
constituer une des sources d'inspiration pour un projet d'école.
Vous notez aussi que les commissions scolaires devraient se doter de
conseillers non seulement susceptibles d'assurer le soutien à
l'enseignement catholique, mais aussi d'assurer le soutien à
l'enseignement moral. Si la loi ne contient que des formulations pour
l'engagement d'un conseiller pour l'enseignement et la formation catholiques,
c'est plutôt dans le sens d'une garantie confessionnelle que nous
voulions accorder, mais je dois tout de suite souligner que rien
n'empêche une commission scolaire de procéder à
l'engagement d'un conseiller moral, et je pense que ce serait souhaitable.
Mais l'essentiel de votre propos, si je le comprends bien, est de
remettre en question la façon dont se donnent actuellement aussi bien
l'enseignement religieux que l'enseignement moral, que l'enseignement au choix
de carrière et l'enseignement en formation personnelle et sociale. Je ne
suis pas sans reconnaître avec vous les difficultés de parcours
que nous connaissons actuellement, du fait que les pratiques des commissions
scolaires sont très variables. Dans certains cas, on demande à
n'importe qui d'assumer l'enseignement en formation personnelle et sociale.
Dans certaines autres commissions scolaires, on ne veut pas que ce soit celui
qui dispense l'enseignement religieux ou moral qui assume l'enseignement de ce
programme. Par contre, dans un nombre croissant de commissions scolaires, c'est
justement aux professeurs d'enseignement religieux ou moral qu'on confie le
soin de la formation personnelle et sociale, ce qui me semble aller dans la
bonne direction.
Vous allez plus loin, cependant, dans votre proposition. Vous
suggérez que, tout excellent qu'il soit, le programme de formation
personnelle et sociale soit supprimé quant à ses objectifs finals
et qu'il soit, en somme, combiné avec le programme d'enseignement moral
et le programme d'enseignement religieux et qu'on ne retienne que les objectifs
intermédiaires qui pourraient être assumés dans ce qu'on
appelle l'encadrement.
Je pense que les bénéfices que vous escomptez sont
nombreux. D'abord, vous soutenez à l'appui de votre thèse que le
pilier de l'enseignement religieux est d'abord anthropologique avant
d'être biblique, théologique et moral. Donc, il n'y a pas de
contradiction dans les thèmes. Je pense aussi que les objectifs que vous
recherchez, c'est d'augmenter le nombre de contacts du professeur avec les
élèves, de diminuer le nombre d'élèves par groupe
et d'assurer un contact plus organique, plus signifiant entre le professeur et
l'élève. Ce sont là des objectifs que je partage.
Est-ce que ce que vous nous proposez sur le plan de l'aménagement
pédagogique constitue la meilleure des solutions? Je ne le sais pas et
je ne le pense pas, à proprement parler. Même si l'enseignement
religieux travaille à sa façon à la finalité de
l'éducation comme tous les autres programmes dispensés à
l'école, je pense qu'il le fait à partir d'une dimension qui lui
est spécifique qui est la dimension religieuse. Et c'est ce que bien des
groupes sont venus nous dire ici, à la commission parlementaire. Je
pense qu'ils accepteraient difficilement, et peut-être à juste
titre, que cette dimension originale à la poursuite de la
finalité de l'éducation puisse être noyée ou
diluée ou même enlevée de quelque façon possible.
(20 h 15)
On pourrait peut-être aussi faire des remarques analogues à
propos de la dimension spécifique du programme de formation personnelle
et sociale et même du programme d'initiation au choix de
carrière.
Donc, il y a peut-être de bonnes raisons qui militent en faveur du
maintien d'un programme distinct pour ces matières. Cependant, cela ne
veut pas dire que les objectifs que vous poursuivez ne peuvent pas être
poursuivis d'une certaine façon.
Aidé par votre réflexion, j'en suis venu peut-être
à une solution de rechange dont j'aimerais vous faire part. Étant
donné qu'il importe de faire passer l'enseignant,
particulièrement celui qui s'occupe du champ dont vous nous avez
parlé aujourd'hui, du statut de spécialiste au statut non pas de
généraliste, mais de spécialiste plus large,
s'intéressant à d'autres matières qui ont une
affinité avec la matière de sa spécialité,
étant donné qu'il importe de diminuer le nombre
d'élèves par groupe et de multiplier le nombre de contacts, ne
serait-il pas possible, au lieu de supprimer le programme de formation morale
dans ses objectifs généraux, d'envisager une solution selon
laquelle, graduellement, il serait recommandé - la pratique suivrait -
que ce programme d'éducation religieuse ou morale, que le programme de
formation morale personnelle et sociale, que le programme d'éducation au
choix de carrières soient dispensés par le même professeur?
Est-ce qu'on n'atteindrait pas, en grande partie, les objectifs que vous
poursuivez, tout en respectant le caractère spécifique ou la
dimension originale des programmes dont il est question, dont certains, comme
vous le dites, sont quand même excellents après le
rafraîchissement et le renouvellement qu'ils ont subis? C'est la question
que j'aimerais vous poser.
Le Président (M. Blouin): Mme Mercier-Gouin.
Mme Mercier-Gouin: Je vais commencer. Mon propos sera
probablement complété par mes collègues. Cela voudrait
donc dire que les professeurs de morale et de religion auraient en plus la
formation personnelle et sociale et le choix de carrière. C'est
là, justement, ce qu'on veut éviter, parce qu'il y aurait un tas
de regroupements. Je vais passer la parole à André
Paré.
Le Président (M. Blouin): M. Paré.
M. Paré (André): Justement, M. le ministre, je
voudrais vous reprendre au sujet du programme de FPS. Il semble que vous ayez
compris que nous envisagions sa suppression, ce qui n'est pas du tout le cas.
Ce n'est pas du tout le fait que, par simple opportunisme, nous envisagions de
récupérer certains objectifs, au contraire. Ce que nous faisons,
c'est que nous proposons une solution d'articulation concrète du projet
d'école, parce que nous savons très bien que, dans le programme
de formation personnelle et sociale, à partir des études que nous
avons faites, les objectifs terminaux sont déjà, en quelque
sorte, visés par les professeurs de morale et de religion. Cependant, au
niveau du contenu spécifique, ce programme envisage un contenu tellement
large que pas un seul enseignant ne pourrait avoir la prétention de
l'enseigner complètement aux élèves. Beaucoup de ce
contenu spécifique est déjà traité par les
professeurs de morale et de religion. À ce titre, ce que nous
envisageons, finalement, c'est que ce contenu vienne enrichir la masse
d'information dont nous disposons, ce qui permettrait à
l'étudiant d'effectuer un choix beaucoup plus libre, beaucoup plus
objectif puisque la masse d'information serait plus grande. Quant au reste,
pour éviter que le programme de formation personnelle et sociale ne
devienne un fourre-tout, alors que plusieurs professeurs pourraient le donner
sans nécessairement avoir des compétences, simplement comme
complément de tâche ou autres, nous préférerions que
ces contenus fassent l'objet de projets locaux à l'intérieur de
l'école à partir des compétences de chacun.
Si au programme de formation personnelle et sociale il y a une section
sur les armes à feu et que le concierge, un professeur, ou le
bibliothécaire est un spécialiste en la matière, nous
pourrions davantage mettre à profit sa compétence qui est en
quelque sorte un peu hors de son poste, mais, malgré tout, il la
possède, pour, justement, mettre sur pied ces objectifs. Ceci fait que
tous les projets que nous pourrions articuler à l'intérieur de
l'école auraient une coloration locale. Par le fait même, les
professeurs ne seraient pas tenus de faire de la simple surveillance de
corridors, mais, au contraire, on utiliserait au maximum toutes les
possibilités qu'ils recèlent.
Je voudrais que cela soit clair, parce que nous ne voulons pas du tout
supprimer le FPS. Au contraire, je pense que nous revendiquons ce que nous
faisons déjà; pour le reste, nous voudrions nous en servir pour
articuler d'une manière concrète le projet d'école.
À ce titre, nous lui faisons une grande place au sein du projet.
Mme Mercier-Gouin: M. Raynald Lavoie va compléter.
M. Lavoie (Raynald): Tout d'abord, je suis complètement
d'accord avec Mme la présidente que les professeurs de morale et de
religion n'accepteraient pas demain matin, en assemblée
générale, d'avoir deux nouveaux programmes à enseigner.
Déjà, dans la pratique de l'enseignement religieux et moral, il y
a trois axes d'enseignement: l'axe anthropologique, l'axe biblique ou
théologique, pour l'enseignement religieux, et l'axe de l'actualisation.
C'est dans l'axe de
l'actualisation que nous sommes obligés, pour étoffer
notre matière, pour étoffer nos programmes, d'aller
déjà chercher, parce que, même dans les programmes actuels
du ministère de l'Éducation, si je me réfère aux
programmes du secondaire III et IV et même au nouveau programme du
secondaire I, il y a beaucoup d'éléments qui, dans les objectifs
intermédiaires, sont renforcés ou encore déjà
amorcés par le programme de formation personnelle et sociale. On
pourrait prendre l'éducation sexuelle.
Les programmes de religion ont, depuis longtemps, suppléé
par leur teneur au programme de formation personnelle et sociale qui
était relégué sur certaines tablettes parce qu'on n'avait
pas encore fini de se débattre politiquement, morale ou religion. Il ne
faut pas se le cacher. Il ne faut pas être tartufe, quand même.
Ce programme, maintenant - il est très épais - on veut
l'imposer. Je sais bien que je n'ai pas du tout l'esprit missionnaire et je me
sentirais vraiment mal demain matin - en tout cas, si on me l'impose, je suis
habitué à obéir - si on me l'imposait. Je suis convaincu,
avec la meilleure objectivité du monde, que tout le monde
reconnaît aux professeurs de morale et de religion - je sais bien que
vous n'en doutez pas, messieurs de la commission - qu'on va sans doute prendre
dans ces quatre programmes une unité pédagogique qui va faire que
notre étudiant ne sera pas compartimenté. Alors, on ne dira pas:
Ce matin, on fait du choix de carrière, d'accord? On fait de la
formation personnelle et sociale; on va parler de l'hygiène, bon.
Ensuite, on va parler maintenant de: Jésus, mystère
chrétien. Voyons donc, voyons doncl
Cela peut se penser dans les concepts, mais, dans la
réalité, c'est inacceptable. Sinon, notre projet d'école
n'a pas d'unité, il n'a pas de concertation. On ajoutera alors à
l'écoeurement général des professeurs de morale et de
religion d'autres données qui feront qu'on passera là
sporadiquement. Dans dix ans, ce sera peut-être le programme de formation
personnelle et sociale qui aura, lui, récupéré les
données essentielles pour donner une orientation de transcendance ou
encore de valeur morale, et c'est lui qui aura gagné. Je ne connais pas
un seul apôtre qui soit capable de faire cela.
Le Président (M. Blouin): Cela va. Merci, M. Lavoie.
Merci, M. le ministre. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Mme la présidente et MM. les membres de la
délégation de l'Association québécoise des
professeurs de morale et de religion, il nous fait bien plaisir de pouvoir
causer avec vous de cette question que vous soulevez dans votre mémoire
ou, de manière plus générale, de l'unité qu'on doit
essayer de réaliser dans la formation qui est dispensée dans les
écoles secondaires. Je pense que le problème que vous soulevez ce
soir ne peut pas se régler par la législation. C'est bon que vous
l'ayez soulevé à l'occasion des séances de la commission
parlementaire, parce qu'on discute tellement des valeurs morales et religieuses
à propos du projet de loi 40 que la dimension dont vous nous saisissez a
sûrement sa place dans nos débats, mais la solution devra se
prendre plutôt, je crois, au niveau administratif. Vous faites une
suggestion dans votre mémoire au niveau du projet de loi. Je pense que
c'est l'addition d'un article, d'une disposition à l'article 110 du
projet de loi, au sujet de laquelle je vous demanderai, d'ailleurs, des
précisions tantôt.
Ce que j'ai compris dans votre démarche, c'est qu'il y a deux
soucis. Vous me corrigerez si je me trompe. Il y a, d'abord, le souci d'une
unité plus grande dans la formation de la jeunesse. Vous êtes
chargés de l'enseignement religieux ou de l'enseignement moral, selon le
cas. Vous voyez le programme de formation personnelle et sociale se
développer et vous vous dites que, si cela s'en va sur des voies
parallèles, il y a des dangers que la formation soit tellement
morcelée que, finalement, il n'y ait plus d'unité, il n'y ait
plus de signification là-dedans.
Je prends un exemple qui m'incite à recevoir votre requête
avec sympathie, l'exemple du programme de formation sexuelle que j'ai
étudié avec intérêt il y a quelques mois, auquel le
ministre m'a déjà dit qu'il avait prêté une
attention spéciale. On dit - encore là, je fonctionne avec mes
souvenirs, je ne l'ai pas devant moi, mais je l'ai examiné attentivement
il y a quelques mois - que c'est un programme qui doit servir à
communiquer toute une série de connaissances, de concepts qui
évitent le plus possible de prendre position sur les aspects moraux. On
dit: S'il doit être question de la signification ou de la dimension
religieuse de ceci, cela ira plutôt dans le cours de religion, de morale.
J'ai de la difficulté à voir cela.
D'un autre côté, c'est tellement impossible
conceptuellement que, dans le programme, à un moment donné, le
gouvernement se sent obligé de dire qu'il y a deux valeurs en
particulier qu'il va privilégier. Je me rappelle qu'on disait -encore
là, peut-être que les détails font défaut, mais je
pense que sur l'essentiel ma version est correcte - qu'on allait plutôt
favoriser le développement hétérosexuel. On va mettre une
préférence de ce côté, sur les relations avec
l'autre sexe. Deuxièmement, on va privilégier l'union stable. On
va jusque là; ce sont déjà des choix moraux très
importants qu'on fait à ce niveau. Par conséquent, on ne peut pas
établir une séparation complète entre les deux
dimensions. C'est un exemple. Si on prenait le cours sur la
santé, je pense que ce serait la même chose.
Ce que vous demandez, si j'ai bien compris, c'est ceci: À
supposer que vous auriez la responsabilité de ce cours de formation
professionnelle et sociale, cela ne vous interdirait aucunement de respecter
les compétences qui doivent être respectées, par exemple,
pour le cours de santé. Là, vous pouvez recourir aux
compétences qui sont disponibles à ce point de vue autant dans
l'école qu'à l'extérieur de l'école; même
chose pour le programme sur la sexualité, le programme sur la vie en
société.
Je prends un autre exemple: la vie en société. Je n'ai pas
vu le détail de ce programme, mais j'imagine qu'on va parler de la
justice sociale et la justice sociale, cela implique des choix moraux
très importants, cela ne peut pas être divorcé de la
formation religieuse et morale puisqu'il y a un lien. La religion, si elle ne
se traduit pas dans des actes concrets, dans des domaines comme ceux qui sont
touchés par des programmes de formation personnelle et sociale, cela n'a
pas beaucoup de signification, cela devient un univers abstrait, coupé
de la réalité.
De ce point de vue, je crois qu'il y a quelque chose qui doit être
examiné et je suis content que le ministre n'ait pas fermé la
porte, au moins. Je suis content que vous ayez précisé que ce que
vous demandez, ce n'est pas la suppression du cours de formation personnelle et
sociale; vous voudriez en assumer la responsabilité à
l'intérieur de votre champ de responsabilités, dans le plein
respect des compétences qui doivent être reconnues pour
l'enseignement de telle ou telle section particulière du programme. Je
pense que cela devrait être examiné attentivement. Je ne sais pas
si cela peut être universalisé. Il me semble que cela devrait
être l'objet d'un examen plus poussé car il y a quelque chose
là-dedans.
Une autre considération m'importe aussi. Vous avez
échappé un mot, tantôt - je pense que c'est Mme la
présidente qui a échappé ce mot ou un de vos
collègues, je ne suis pas sûr - vous avez dit: Si on ne veut pas
qu'une espèce de démoralisation, une espèce de
découragement, qui menacerait de s'emparer des professeurs de religion
et de morale, s'accentue au point qu'à un moment donné ils seront
évacués du système et que le peu qu'ils pouvaient encore
représenter sera récupéré ensuite par les cours de
formation personnelle et sociale, peut-être qu'il y aurait lieu de faire
quelque chose pour élargir un peu leur champ de préoccupation de
manière que cela signifie davantage. Je pense qu'il y a un défi
très intéressant à examiner de ce côté-ci et
je voudrais que le ministre le prenne dans cette perspective.
(20 h 30)
Vous dites qu'il y a beaucoup de vos membres qui sont obligés de
faire des activités d'encadrement. Je pense qu'il y a beaucoup de
professeurs qui sont obligés d'en faire et cela coûte très
cher pour ce que cela implique. S'ils pouvaient être affectés
davantage à faire du travail pour lequel ils sont plus compétents
et mieux préparés, en fin de compte, à long terme, ce
serait une économie et non une dépense accrue. De ce point de
vue, je suis plutôt sympathique à la démarche qui est
faite, soucieux - je le dis sans aucune espèce d'hésitation ou de
retenue - de la qualité de la formation, surtout morale, qui sera
donnée dans nos écoles. Je crois qu'il y a ici une
possibilité de jonction intéressante. Il y a bien des jeunes,
aujourd'hui, pour qui le cours de religion ne veut pas dire grand-chose. Quand
on parle de morale, cela commence déjà à les
intéresser plus et, s'il y a un certain élargissement de
perspectives, je crois qu'il y a des chances que cela se fasse sans que, pour
autant, les règles propres de chaque discipline soient violées ou
mises de côté.
C'est une des choses que je redoute dans les implications
éventuelles du projet de loi. Je sais que ce n'est pas l'intention du
ministre et je ne veux pas du tout lui imputer de desseins noirs de ce
côté-là, pas du tout. Je pense qu'il cherche le bien comme
nous tous. Ce que je craindrais, si la lettre de ce projet venait à se
réaliser, c'est que la religion serait compartimentée dans un
petit service fermé. Comme vous l'avez dit tantôt, au bout de dix
ou quinze ans, il ne resterait pas grand-chose de cela. C'est un défi
qui se pose à nous tous dans l'examen du projet de loi. Même si
cela reste un peu marginal, encore une fois, je voudrais que ce soit
examiné.
Voulez-vous me dire quelques mots sur ce sentiment actuel des
professeurs de religion et de morale dont vous avez parlé très
brièvement tantôt? Pourriez-vous nous en parler un peu plus, afin
qu'on soit mieux en mesure de comprendre vos problèmes?
Le Président (M. Blouin): M. Lavoie.
Mme Mercier-Gouin: Je voudrais bien rectifier quelque chose. Nous
ne demandons pas la responsabilité globale du programme, mais nous
demandons qu'on intègre aux programmes de morale et de religion certains
des objectifs, qui regardent toute la formation de la personne, du programme de
formation personnelle et sociale. Nous ne devrions pas avoir la
responsabilité, si l'idée de ce projet était
acceptée, d'avoir aussi à organiser tous les projets de vie
étudiante.
M. Ryan: Que voudriez-vous au juste? Pourriez-vous me l'expliquer
afin que ce soit bien clair? J'ai l'impression que le ministre
avait un peu raison, tantôt, lorsqu'il pensait que vous demandiez
plus que cela. Voulez-vous me dire exactement ce que vous demandez?
Mme Mercier-Gouin: II y a Raynald Lavoie et André
Paré. Lequel des deux va répondre? Raynald.
M. Lavoie: Je peux compléter. Lorsque nous sommes face
à l'enseignement d'un programme, nous regardons la pédagogie.
Pédagogiquement - nous tenons à rassurer, ici, M. le ministre et
tous les membres de la commission, et la population, par conséquent - un
professeur de morale ou de religion ne peut pas se contenter de la
spécificité. Tout à l'heure, M. le ministre, d'ailleurs,
l'a bien fait sentir. Il a même cru ou il a laissé croire - en
tout cas, je n'ai peut-être pas compris - qu'on pourrait manquer
d'objectivité si on avait ce programme, parce que nous faisons
référence à un transcendant qui s'appelle, dans la foi
catholique, Jésus-Christ. Je ne vois pas en quoi ma trancendance ou
encore ma croyance pourrait nuire à mon objectivité dans un
cours, disons, de secourisme. Je ne le sais pas. Je pense qu'on a
déjà assez d'expérience dans l'enseignement pour
être capables de dire qu'on peut être objectifs face à un
programme et à des objectifs finals et intermédiaires.
On voudrait que le jeune, au primaire comme au secondaire, soit
éduqué dans toutes ses vies, ce qui veut dire son
côté humain, social, moral et, s'il le désire, par la
famille, on lui demande de suivre, en plus, un cours d'enseignement religieux
qui, lui, fait référence à un absolu qui s'appelle
Jésus-Christ dans une Église institutionnelle. Là, on peut
lui assurer cela dans une école qui a un projet éducatif global
et non pas compartimenté. On vit cela déjà dans nos
écoles.
Tout à l'heure, vous m'avez demandé de dire ce qu'on
ressent, ce qu'on vit. J'avais prévu cette question; j'ai même
préparé la réponse. Je vais vous le dire, ce que nous
ressentons, face à cette situation. Il ne s'agit pas de faire un
déballage impudique de nos émotions, sentiments ou ressentiments;
disons simplement que, pour être professeur de morale et de religion, il
faut, selon un beau mot cruel d'un de nos étudiants, être de
grands naïfs, parce que personne ne veut notre tâche, soyez-en
certains. Par ce mot, il visait, d'une part, l'idéalisme
donquichottesque et impénitent qui sommeille au coeur de tout professeur
de morale et de religion. D'autre part, il nous renvoyait à notre
condition de professeurs dévalorisés dans un système
discriminant où la lourdeur de la tâche n'a d'égal que la
naïveté cave du zèle de celui qui l'assume quotidiennement.
Douze groupes, 35 élèves par groupe dans un horaire vraiment
minuté j'en parlais au souper; des minutes, minutes, minutes - ce n'est
pas tellement valorisant.
Dire ce que nous ressentons, c'est dire la blessure profonde qui est
dans notre coeur; on est des humains, d'abord. L'école confessionnelle
d'aujourd'hui ne devrait-elle pas être ce paradis où le professeur
de morale et de religion devrait vivre les béatitudes promises aux
martyrs de la foi et de la loi? En fait, ce que nous ressentons, c'est de la
solitude - c'est là le point capital, M. Ryan, solitude - face aux
administrateurs scolaires que nous embêtons et dérangeons dans
leurs pensées de marketing. Est-ce rentable, ce qu'on leur propose?
C'est, d'abord, la question qu'ils nous posent. Est-ce rentable? Si cela va
dans les inadmissibles, cela n'a pas de bon sens. Solitude face à
l'épiscopat et à son clergé que nous scandalisons parfois
- pas tous -par notre langage théologique au ras du sol -on enseigne
à des jeunes, on n'a pas les grands schémas des grands
séminaires - et une action pastorale plus soucieuse des besoins que de
son entretien. Dans nos commissions scolaires, on confond pastorale et
"piastorale". Je tiens à le dire.
M. Ryan: Ah! Ah! That is too much for me.
M. Lavoie: On coupe beaucoup. Solitude face parents pour qui nous
ne suppléons jamais assez et même face à nos chefs
syndicaux que nous ne réussissons pas à troubler dans leurs
principes égalitaristes: la même quantité d'ennuis et de
frustrations pour tous.
Quand on parle à des professeurs de morale et de religion, la
note dominante est l'insatisfaction. On nous demande d'être des
prophètes d'une Église sécurisée par la
dernière institution où la loi lui donne encore des pouvoirs. On
nous demande d'être, à raison de 100 minutes par semaine - c'est
là le règlement du comité catholique - des témoins
d'un Dieu mort et ressuscité - c'est là le mystère
chrétien - tandis que, dans les autres minutes, le concept de Dieu, des
autres valeurs, sera préservé par la loi seule. Dieu a-t-il
besoin de lois? Dieu a-t-il besoin de projets de loi, de commissions
parlementaires? Je ne le crois pas. Je ne sais pas si le Christ qui est
suspendu là fait partie de nos débats ce soir.
En bref, ce que nous ressentons face à la question
confessionnelle, c'est un grand malaise qui n'a d'égal que les malaises
de la société à l'heure actuelle - quand on lit les
journaux, cela ne va pas si bien que cela au Québec - une
insatisfaction, même, pour certains, un écoeurement ou tout
simplement un haut-le-coeur. Voilà, monsieur. J'ai répondu.
M. Ryan: Oui? Monsieur veut ajouter quelque chose.
M. Paré (André): Je trouve malheureux que,
finalement, la discussion tourne autour de la FPS parce que notre but, en
venant ici, n'était pas précisément d'essayer de rapatrier
le programme de la FPS et de le placer à cet endroit. Non. Finalement,
ce qui était notre préoccupation, c'est que nous avons peur que
le secteur religion, le secteur moral, soit compartimenté. Or, nous
savons très bien que le professeur de morale et de religion a toujours
été considéré comme étant le pivot de la
formation de la personne.
L'école en tant que telle transmet des valeurs. On veut que nous
soyons en quelque sorte des leaders sans, pour autant, être
différents des autres professeurs, mais nous savons très bien
notre rôle à l'intérieur de l'école. Finalement, il
est important pour nous et le programme FPS, en quelque sorte, nous convainc
dans nos craintes. Un programme, à l'école, qui ne donne qu'une
certaine information aseptisée ne véhicule pas tellement de
valeurs. Que fait le jeune avec cela? Nous pouvons retransformer toute cette
information et faire de l'école véritablement une transmission de
valeurs.
M. Ryan: Je pense que ce que vous soulignez est très
important. Il y a beaucoup d'aseptisation dans la formation qui est
dispensée au niveau secondaire. J'en ai cinq qui sont passés par
là et je peux, quand même, en témoigner un petit peu
aussi.
Ce que je voudrais savoir bien clairement, en terminant - c'est dommage
que nous n'ayons pas plus de temps, mais on se reprendra là-dessus, on
va aller au fond de cela - c'est ce que vous demandez. Je vais essayer de vous
dire ce que je comprends. Il y a quatre crédits actuellement: deux pour
l'enseignement de la religion ou de la morale, un pour la formation personnelle
et sociale et un pour le choix des carrières. Vous voudriez que tout
cela soit regroupé, qu'il y ait quatre crédits... Pardon?
Mme Mercier-Gouin: C'est cela. Quatre périodes-semaine,
quatre crédits.
M. Ryan: Oui, c'est cela. Donc, qui aurait la
responsabilité? Vous?
Mme Mercier-Gouin: Oui.
M. Ryan: Vous autres. Très bien. C'est ce que je
comprends. Sans pour cela détruire le caractère original et
propre du programme de formation personnelle et sociale.
Mme Mercier-Gouin: Exactement.
M. Paré (André): M. Ryan, nous savons très
bien que le projet d'école en tant que tel veut rendre l'école
véritablement vivante, veut véritablement former et non pas
instruire. Notre rôle, justement, est de former le plus possible en
clarifiant certaines valeurs pour l'individu, en lui donnant le plus
d'information possible et même en prenant position à l'occasion
pour que le jeune fasse un choix véritable. Cela nous tient à
coeur. C'est dans cette mesure que notre intervention se rattache au projet
d'école, non pas tant à la structure comme telle, mais dans la
finalité poursuivie.
M. Ryan: Je voudrais vous dire, à titre de
législateurs, pour dissiper une impression qu'a pu créer une
remarque de votre collègue, que cela nous tient aussi beaucoup à
coeur. Si on peut aider de ce côté-là, on le fera
volontiers.
M. Lavoie: En tout cas, je trouve essentiel...
M. Lacombe: II faudrait peut-être préciser, pour
éviter une ambiguïté, que nous voulons intégrer dans
les quatre périodes les objectifs terminaux, finals du programme FPS et
reléguer les activités d'apprentissage et certains volets qui ne
cadreraient pas dans l'enseignement religieux ou moral, dans le projet
éducatif. Cela éliminerait pratiquement le programme de formation
personnelle et sociale en tant que cours.
M. Paré (André): Le contenu serait là, mais
le cours spécifique à l'horaire ne serait pas là. Tout ce
qui serait relégué à titre de projet d'école, ce
sont souvent des contenus qui ne véhiculent pas trop de valeurs. Ce sont
plutôt des contenus d'information pure qui nécessitent souvent des
compétences particulières. Nous suggérons que ce soit
relégué véritablement dans l'école sous forme de
projet particulier. Pour ce qui est du reste, pour ce qui est de la
transmission des valeurs, nous connaissons notre rôle, nous l'avons
à coeur, mais nous avons besoin de moyens pour essayer de rendre
l'école la plus vivante possible.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. Lavoie, si cela peut vous consoler, je
vous signale que les députés sont très minutés
aussi ce soir. M. le député de Mille-Îles, en cinq minutes,
s'il vous plaît.
M. Champagne (Mille-Îles): Merci, M. le Président.
Madame, messieurs les représentants de l'Association des professeurs de
morale et de religion, vous avez un rôle fondamental et très
important dans l'éducation des jeunes dans votre milieu scolaire. Vous
veillez à la formation
personnelle, sociale et religieuse des jeunes. Vous rejoignez, avec tous
les enseignants de votre école, les objectifs de l'éducation,
soit la formation intégrale, complète de l'étudiant pour
faire en sorte qu'il devienne de plus en plus responsable à la fin de
son cours. Ce sont là les grands objectifs de votre profession.
J'y acquiesce. J'entendais M. Lavoie tout à l'heure et cela me fait
penser de traiter aussi du problème de la solitude chez le professeur.
Il se sent isolé. Il se sent seul. Il a parlé du syndicat qui est
très loin, de la commission scolaire qui est encore plus loin et du
ministère qui l'est encore davantage.
Je suis content, M. Lavoie, que l'association, dans son avant-propos,
ait dit l'importance de l'article 91 qui est le pivot du projet de loi 40. Je
me permets de lire cet article: "L'école a pour mission principale
l'éducation de ses élèves. Elle a également pour
mission de promouvoir les intérêts sociaux et culturels de la
communauté à laquelle elle dispense des services. "Les parents,
le personnel et les élèves peuvent, de concert, donner à
l'école des orientations et un plan d'action accordés à
son milieu. Les orientations et le plan d'action qu'ils définissent
ainsi de temps à autre constituent des éléments du projet
éducatif de l'école."
Vous avez donc le pivot de l'enseignement qui est l'école et le
projet de loi, dont le livre blanc, parle d'une école communautaire
responsable.
Quand monsieur parlait de leadership dans une école, tout
à l'heure, pensez-vous que vos membres sont prêts à
s'engager à la réalisation du projet éducatif dans chacune
des écoles pour en arriver à la meilleure formation
intégrale des étudiants?
Mme Mercier-Gouin: Nos membres seront d'accord pour s'engager
s'ils ne sont pas seuls à s'engager. Notre mémoire a
été accepté par nos membres lors de notre colloque. Tous
l'ont reçu et tous ont été d'accord avec le contenu. Donc,
ils vont s'engager sûrement si vraiment cela les touche, si vraiment ils
se sentent impliqués, si on leur laisse aussi le temps de s'impliquer.
C'est toute une organisation, évidemment. (20 h 45)
M. Champagne (Mille-Îles): Croyez-vous que la constitution
des conseils d'école sera un outil positif pour la réalisation
des objectifs que vous voulez atteindre comme formation, à savoir que,
dans un conseil d'école, vous allez avoir un commissaire d'école
élu par le milieu qui sera là, un principal d'école, des
enseignants, des parents, des étudiants? Pensez-vous que le conseil
d'école qui sera imposé par la loi 40, ce sera un bon outil de
formation pour nos enseignants?
Mme Mercier-Gouin: Comme nous l'avons dit dans notre
avant-propos, nous ne pouvons nous prononcer vraiment sur le conseil
d'école, étant donné que nous n'avons pas de conseiller
juridique à notre service. Néanmoins, je rappelle aussi que nos
membres sont contre le fait que les parents y soient majoritaires. Maintenant,
conseil d'école ou pas, le projet éducatif peut y être
quand même. Alors, selon ce qui sera décidé, je ne vois pas
du tout ce qui pourrait empêcher notre proposition d'être mise en
place, peut-être pas intégralement comme elle est là. C'est
une piste que nous avons ouverte et qui peut prêter à la
réflexion, à la recherche et peut-être à d'autres
solutions, mais c'est une piste que nous avons ouverte et que nous avons
offerte.
M. Paré (André): Est-ce que je peux
compléter?
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Oui, oui. Le Président
(M. Blouin): Non.
M. Champagne (Mille-Îles): Mais, maintenant, il y en a qui
veulent compléter quand même.
Le Président (M. Blouin): Rapidement, oui, d'accord.
M. Paré (André): Rapidement, je voudrais simplement
dire que nos membres ont toujours effectué, finalement, un surplus de
tâche. Pour les projets, cela ne leur fait pas peur. Je veux dire que,
malgré la disette des moyens, on vous renvoyait constamment les
élèves à problème. Pour tout ce qui se passait dans
l'école, on dirait: Allez voir le prof de morale, le prof dereligion. Et, constamment, nous tentions justement - et c'est ce que je
fais dans mon école - de régler les problèmes,
malgré la disette des moyens. Ils l'ont toujours fait. Alors, il n'y a,
je pense, aucun problème, d'autant plus que nous avons l'approbation de
notre association. Je ne crois donc pas qu'il y ait vraiment de problème
à ce niveau-là.
M. Champagne (Mille-Îles): Est-ce qu'on pourrait vous
demander...
Le Président (M. Blouin): Non, non, monsieur.
M. Champagne (Mille-Îles): ...de déposer le
questionnaire-sondage, s'il vous plaît, à la commission?
Le Président (M. Blouin): Je pensais qu'il voulait poser
une autre question.
M. Champagne (Mille-Îles): Vous avez parlé de cela
dans votre mémoire.
M. Lavoie: On pourrait vous le faire parvenir, mais on ne l'a pas
devant nous.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Lavoie: On n'a pas amené le secrétariat au
complet.
M. Champagne (Mille-Îles): Si vous vouliez bien nous le
faire parvenir, on va souhaiter, M. Lavoie, que vous vous sentiez moins
solitaires avec le projet de loi 40.
M. Lavoie: Je suis musicien, je complète là. Je
voudrais lire juste une petite phrase...
Le Président (M. Blouin): Oui.
M. Lavoie: ...que je laisse à votre méditation ce
soir, messieurs.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Lavoie: De même que le soleil d'Homère luit
toujours, de même le noyau essentiel autour duquel gravite la vie n'a en
rien changé: nourriture et amour, travail et loisir, religion, nature,
art; encore et toujours, il faut mettre des enfants au monde et aussi il faut
les éduquer. C'est ce que nous voulons faire avec les parents du
Québec. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Lavoie. Alors, sur ces
saines réflexions, je remercie les représentants de l'Association
québécoise des professeurs de morale et de religion d'avoir bien
voulu collaborer aux travaux de notre commission.
Maintenant, j'invite les représentants de l'Association des
commissions scolaires protestantes du Québec à bien vouloir
s'avancer et à prendre place à la table de nos invités.
Afin de leur permettre de s'installer, nous allons suspendre nos travaux pour
tout au plus une minute.
(Suspension de la séance à 20 h 49)
(Reprise de la séance à 20 h 50)
Le Président (M. Blouin): Maintenant que les
représentants de l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec ont eu le temps de prendre place à la table de nos
invités, je leur demande donc d'abord s'identifier et ensuite de
procéder à la présdeentation de leur mémoire, tout
en leur rappelant que nous disposons d'une période de deux heures afin,
d'abord, d'entendre leur mémoire et ensuite de procéder aux
échanges entre eux et les membres de la commission.
Association des commissions scolaires protestantes du
Québec
M. Simms (John A.): M. le Président, mesdames et
messieurs, j'aimerais présenter les personnes qui m'accompagnent.
À ma droite, M. David Wadsworth, directeur général de
l'association; à côté de lui, Dr George Cochrane,
secrétaire général de l'équipe de travail
spécial examinant le projet sur la réforme scolaire; à ma
gauche, Me Colin Irving, notre conseiller juridique, il a agi comme conseiller
juridique pour le principe 4 concernant la constitution; à
côté de lui, M. Wayne Aalders, notre premier
vice-président, et Dr Paterson, membre du comité juridique. Je
suis le révérend Dr John Simms, président de
l'association.
As we have indicated, Mr. Wadsworth and Mr. Irving will share our
presentation after which both they and my colleagues will be prepared to answer
your questions. If I may, Mr. Chairman, I would like to say two things before
turning the microphone over to Mr. Wadsworth. We wish to thank the Association
of Directors General of Protestant School Boards of Québec for allowing
us to appear in their place tonight. However, we understood that they would be
allowed to use our original spot on January 18th. This has not taken place and
we wish to be assured by this commission that they will be given the
opportunity to be heard.
Secondly, we wish to state categorically that we feel disappointed that
all of those boards in our system including - and I would mention just two -
the Lakeshore School Board and the Greater Québec School Board, one of
the preconfederation guaranteed boards, have not been told as yet that they
will be heard. Each of our boards is different and they, or their parents'
representatives, should be heard. I would ask now Mr. Wadsworth to make our
first presentation.
M. Wadsworth (David C.): M. le Président, mesdames et
messieurs, nous sommes heureux de pouvoir témoigner devant cette
commission parlementaire créée pour étudier le projet de
loi 40. Nous pourrons ainsi expliquer notre point de vue sur la
législation proposée, ce qui est très important pour
nous.
Nous, de l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec, représentons quelque 83 000 enfants qui
fréquentent 76 écoles secondaires et 198 écoles primaires
du Québec, lesquelles sont administrées par 31 commissions
scolaires. Nous sommes extrêmement fiers de nos
écoles, de notre personnel enseignant et de soutien, lequel a
dispensé et dispense encore un enseignement de qualité aux
enfants qui lui sont confiés.
Notre système d'éducation n'est pas nouveau. Il n'a pas
été créé au cours des années soixante, en
même temps que le ministère de l'Éducation. Il provient
plutôt d'un système qui a vu le jour vers 1840. C'est un
système qui, depuis, a fourni à de nombreux enfants du
Québec un mode d'éducation que la population souhaitait. Avec les
années, il s'est transformé pour répondre aux besoins
uniques de cette province. C'est un système divisé en commissions
scolaires confessionnelles protégé par l'article 93 de l'Acte de
la Constitution de 1867, c'est-à-dire par l'ancien Acte de
l'Amérique du Nord britannique. À la suite de ma
présentation, Me Colin K. Irving, notre conseiller juridique, vous
parlera des garanties données à ces commissions scolaires. Mais
je tiens à préciser que, pour notre association, ces garanties
sont aussi vraies et estimées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient
avant 1867.
Notre système scolaire s'est donc transformé et
développé depuis, et ce, jusqu'aux années soixante, alors
qu'il était reconnu comme l'un des meilleurs en Amérique du Nord.
C'était le cas, croyons-nous, parce que les commissaires
d'écoles, élus et nommés, contrôlaient et
dirigeaient les services éducatifs offerts à nos enfants. Ces
commissaires étaient responsables des matières enseignées,
des méthodes d'enseignement et du personnel enseignant de leurs
écoles.
Depuis les années soixante, quelques changement ont eu lieu et
vous les connaissez bien: ce sont les changements qui ont dû être
apportés vu que la grande majorité des Québécois et
Québécoises, dont la langue maternelle était le
français et qui étaient de foi catholique romaine, devaient
prendre leur place dans la société qui évoluait autour
d'eux. Et nos commissions membres ont accepté ces changements et s'y
sont adaptés pour le plus grand bien de tous.
Si je parle de ces changements, c'est pour mieux présenter notre
point de vue, un point de vue qui doit être bien clair au départ:
notre association est ouverte aux changements, mais seulement à ceux qui
vont vraiment améliorer le système d'enseignement primaire et
secondaire. Nous ne croyons pas que les changements proposés dans le
projet de loi 40 vont améliorer le système actuel de quelque
manière que ce soit, et c'est la raison pour laquelle nous nous y
opposons.
Que proposons-nous alors? L'annexe qui apparaît à la suite
du mémoire que nous vous avons présenté répond
très clairement et succinctement à cette question. Si ces
propositions devaient être soumises à la population au cours d'une
consultation honnête, ce serait là - et nous en sommes convaincus
- une nouvelle étape dans l'amélioration du système
scolaire public du Québec dont tous les Québécois et les
Québécoises seraient fiers.
Quel est donc notre proposition? Nous souhaitons simplement que les
tâches et les responsabilités respectives des cinq principaux
partenaires du secteur de l'éducation soient définies dans une
loi. Ces partenaires sont le ministère de l'Éducation, les
commissions scolaires, l'école, les parents et les enseignants. Chacun
d'eux a un rôle important à jouer; rôle que nous
définirons comme suit.
Le rôle du ministère de l'Éducation dans
l'enseignement aux niveaux primaire et secondaire, en est essentiellement un de
coordination et de soutien, mais le ministère doit néanmoins
assurer un niveau de services éducatifs acceptable à tous les
enfants du Québec. C'est pourquoi nous recommandons que le
ministère s'acquitte des tâches suivantes: Définir des
services éducatifs acceptables qui assureront un enseignement de
qualité à tous les enfants du Québec et allouer des fonds
aux commissions scolaires afin qu'elles puissent offrir ces services.
Définir les objectifs terminaux minimaux pour les programmes
d'études avec syllabus et guides pédagogiques à l'appui.
Déterminer les exigences nécessaires à la certification
des études secondaires. Préparer et publier annuellement la liste
des manuels scolaires et autres outils didactiques recommandés.
Définir une politique de recherche en éducation et allouer des
fonds pour faire ces recherches. Allouer des fonds supplémentaires aux
commissions scolaires afin qu'elles répondent à des besoins
spéciaux tels l'enseignement professionnel et technique, l'adaptation
scolaire, l'enseignement aux handicapés socio-économiques et
l'éducation des adultes. Établir des critères de
certification et de classification des enseignants. (21 heures)
Le rôle de la commission scolaire. Dans le cadre de la Loi sur
l'instruction publique et des règlements du ministère de
l'Éducation, lequel ne devrait pas gruger les pouvoirs et
responsabilités des commissions scolaires, nous recommandons que ces
dernières qui sont composées de commissaires élus au
suffrage universel continuent d'assumer les responsabilités suivantes,
avec les pouvoirs et les ressources nécessaires pour ce faire: garantir
l'accès véritable à l'éducation à tous les
enfants dont elles sont responsables en vertu de leur mandat électif;
préparer et gérer leur budget; fixer les montants des taxes
scolaires afin d'avoir les fonds nécessaires pour répondre aux
priorités de leur communauté et à ses aspirations
particulières en matière d'éducation; répartir
équitablement les ressources humaines et financières
disponibles; créer et administrer des services de soutien en
matière de finances, de programmes d'études, de services aux
étudiants et de ressources humaines; implanter, administrer et
superviser le service de transport scolaire si elle en assume la charge;
adapter et enrichir les programmes d'études provinciaux par la
création, entre autres, de programmes destinés à
répondre aux besoins de la population locale et par la
préparation de guides et d'outils pédagogiques; établir
des politiques d'évaluation des progrès des élèves
et de leur communication aux parents; dispenser des services en adaptation
scolaire; créer, administrer et superviser les services éducatifs
dispensés par le réseau des affaires sociales; créer des
programmes d'éducation des adultes; faire de la recherche en
éducation, y compris la création de projets pilotes liés
à l'expérimentation de programmes et d'outils nouveaux; implanter
des programmes de perfectionnement internes pour le personnel; négocier
les conventions collectives de concert avec les instances du gouvernement
provincial.
L'école. L'apprentissage, le véritable objet de
l'éducation, s'effectue à l'école. Celle-ci joue donc un
rôle de premier plan, mais ce rôle reste à être
précisé. Il faut ajouter cependant que l'école ne peut
exercer ce rôle sans la direction et les ressources humaines et
financières de la commission scolaire dont elle relève. Dans ce
contexte, il faudrait préciser que l'école fait partie
intégrante d'un réseau administré par une commission
scolaire. Elle est régie en vertu des règlements du
ministère de l'Éducation et des politiques de la commission
scolaire. Si nous pouvons convaincre le ministère de vraiment
décentraliser ses pouvoirs vers les commissions scolaires, nous croyons
que celles-ci, à leur tour, voudront déléguer à
leurs écoles plus de responsabilités et de pouvoirs, et leur
donneront les ressources nécessaires pour ce faire. Ainsi, un plus grand
nombre d'écoles pourraient jouir de la souplesse nécessaire au
reflet des aspirations et de la philosophie des communautés qu'elles
desservent. De nombreuses commissions scolaires de notre système ont
déjà délégué de tels pouvoirs et
responsabilités à leurs écoles.
C'est pourquoi nous recommandons que l'école assume les
responsabilités suivantes: adapter les programmes d'enseignement qui
répondent aux besoins et intérêts spécifiques de ses
élèves et ce, en vertu des règlements ministériels
et des politiques de la commission scolaire. Dans certains cas, cette
adaptation pourrait se faire de concert avec d'autres écoles et,
à l'occasion, avec la division des services éducatifs de la
commission; créer des programmes supplémentaires visant à
répondre aux besoins particuliers de la population locale;
évaluer les progrès de l'étudiant et en communiquer les
résultats aux parents; maintenir un dossier cumulatif pour chaque
élève; préparer et administrer son budget; faire une
évaluation annuelle des besoins à partir desquels trois objectifs
majeurs pour l'année scolaire suivante seront établis ainsi qu'un
plan détaillé de leur réalisation; organiser des
activités parascolaires pour ses élèves; informer les
parents des objectifs de chacune des matières au programme, des
méthodes d'enseignement utilisées, des méthodes
d'évaluation des progrès de l'étudiant et des moyens de
les en informer; participer aux projets de recherche en éducation et,
plus particulièrement, à ceux qui s'intéressent aux
nouvelles expériences pédagogiques ainsi qu'aux nouveaux
outils.
Nous en arrivons maintenant au rôle des parents. Les parents du
système protestant ont toujours participé aux activités
scolaires et ce, depuis des décennies. C'est souvent à travers
les associations foyers-écoles que ces parents ont été
consultés et ont travaillé activement à titre de
bénévoles, ce qui a amélioré la qualité de
ces écoles. Actuellement, le rôle consultatif des parents est
défini par la loi. Les discussions que nous avons eues avec les parents
démontrent que ceux-ci souhaitent le maintien de cette entente et nous
les appuyons.
Nous recommandons, toutefois, que soit réaffirmé le
principe de consultation avec les parents sur tout sujet affectant directement
le bien-être de leurs enfants en matière d'éducation, que
soit maintenu le cadre de consultation en vigueur avec les parents: le
comité d'école, le comité de parents, le conseil
d'orientation facultatif, la représentation parentale au conseil des
commissaires, que le calendrier scolaire soit ajouté à la liste
des articles pour lesquels le comité de parents a le droit d'être
consulté, que l'horaire de l'école soit ajouté à la
liste des articles pour lesquels le comité d'école a le droit
d'être consulté, que le comité de parents et que le
comité d'école aient le droit d'exiger d'être
consultés sur tout sujet non compris dans les listes de la Loi sur
l'instruction publique et dans celles des deux dernières recommandations
faites ci-dessus. Finalement, M. le Président, et c'est très
important, que le droit de vote soit accordé aux représentants
des parents qui siègent à la commission scolaire.
Nous arrivons enfin au rôle de l'enseignant. Ce terme comprend les
directeurs et les directeurs adjoints car ce sont des pédagogues de
formation et leur principale préoccupation, à ce titre, est ou
devrait être un enseignement efficace dispensé dans leur
école. Pour nous, l'enseignant est un professionnel avec toutes les
implications que ce mot comporte en
termes de connaissances spécialisées. C'est pourquoi
l'enseignant doit travailler dans un milieu qui lui permet de s'épanouir
pleinement. L'enseignant est le moteur de l'éducation publique. À
quoi serviraient alors des écoles bien équipées,
d'énormes quantités de manuels dispendieux, des
équipements audiovisuels des plus modernes s'il n'y a pas d'enseignants
compétents et dévoués qui sauront s'en servir?
Dans son mémoire de décembre 1982, présenté
au Conseil supérieur de l'éducation, l'Association provinciale
des enseignants protestants faisait les quatre recommandations suivantes au
sujet du rôle des enseignants: Avoir la responsabilité et la
liberté de déterminer les méthodes et le matériel
nécessaires à l'enseignement, à l'implantation d'un
programme d'enseignement et à l'évaluation des progrès des
élèves. Avoir la liberté d'adapter le programme
d'études aux besoins de leurs élèves. Participer à
la prise de décision en matière d'éducation au niveau de
l'école, de la commission scolaire et de la province et ce, au moyen de
leurs structures de représentation. Avoir la liberté de
négocier collectivement tous les aspects de leurs conditions d'emploi et
de travail.
Nous endossons l'esprit de ces recommandations à condition que
soit respecté le pouvoir décisionnel de la commission scolaire et
du directeur d'école et, comme nous l'avons mentionné dans notre
mémoire, que les enseignants puissent répondre de leurs actes
professionnels.
Voilà, mesdames et messieurs, les recommandations que nous vous
faisons. Nous les croyons justes et raisonnables. Nous ne les proposons pas
comme une réponse finale, mais nous vous les soumettons afin qu'elles
servent de point de départ à une véritable consultation.
Si les personnes concernées manifestent leur bonne foi, nous croyons
alors que la réforme qui aura lieu sera avantageuse pour toute la
population. Nous avons délibérément omis la question des
commissions linguistiques en opposition aux commissions confessionnelles. Nous
croyons que celles-ci - nous incluons ici toutes les commissions scolaires
catholiques romaines et protestantes actuelles - ne peuvent être abolies,
comme le propose le projet de loi.
D'autre part, si on offrait des garanties constitutionnelles aux
commissions scolaires linguistiques qui comportent les mêmes pouvoirs et
responsabilités que les commissions scolaires confessionnelles et si le
problème de l'éducation confessionnelle pouvait être
abordé justement, alors les personnes qui fréquentent les
écoles du Québec et qui y travaillent le feraient dans
l'harmonie.
On a beaucoup écrit sur la nécessité d'une
réforme scolaire. Nous sommes d'accord sur ce point, mais cette
réforme ne doit pas détruire ce qui existe déjà. Au
contraire, elle doit s'en servir afin d'améliorer la qualité de
l'éducation de nos enfants. C'est pourquoi nous vous encourageons
à étudier notre mémoire.
Si vous me le permettez, M. le Président, je terminerai par cette
analogie avant de céder la parole à Me Irving. Avant d'acheter
une auto, il faut se renseigner et essayer de savoir quelles en sont les
garanties. On demande actuellement à la population du Québec
d'acheter une auto sans savoir combien elle coûtera, comment elle se
comportera ou combien de temps elle durera. La seule chose que l'on sait, c'est
que cette auto aura un chauffeur, le ministère de l'Éducation. If
I may say, Mr. Chairman, we feel the population of Que'bec is being taken for a
ride.
Je vous remercie de votre attention. Je cède maintenant la parole
à Me Irving, notre conseiller juridique, qui vous parlera des droits qui
nous ont été garantis par l'article 93 de la constitution de
1867.
Le Président (M. Blouin): Permettez-moi de vous ' signaler
que la présentation a déjà pris au-delà de vingt
minutes. Je ne sais si Me Irving a l'intention de faire un long plaidoyer ou si
sa présentation est plutôt succincte, mais je souhaiterais qu'elle
le soit pour que nous procédions ensuite aux échanges de propos
entre nos invités et les membres de la commission.
M. Irving (Colin K.): M. le Président, d'abord, je n'ai
pas de plaidoyer à faire ce soir. Je veux toucher assez
brièvement quelques questions constitutionnelles que nous envisageons et
qui, d'après nous, sont soulevées par le projet de loi qui est
devant la commission.
Je dois dire, d'abord, que ces questions sont abordées à
la page 18 du mémoire qui a été déposé. Je
vais vous faire grâce de la lecture, il ne s'agit que de quelques pages,
de la page 18 à la page 21.
Avant de parler des questions constitutionnelles, je veux d'abord
souligner que le 1er décembre 1981, le Dr Simms, qui était alors
et qui est toujours le président de l'association, a écrit au
ministre une lettre dont je vais vous lire deux paragraphes. Il s'agit, bien
entendu, non pas du projet de loi, mais des propositions qui ont
été faites dans le temps et qui se reflètent maintenant
dans le projet de loi. Voici ce que le Dr Simms disait dans cette lettre: "Je
tiens donc à suggérer, dans les circonstances actuelles, qu'il
serait opportun et souhaitable de vérifier la validité de la loi
proposée par voie de nous référer à la Cour d'appel
du Québec. Cette façon de procéder permettrait à
toutes les parties concernées de présenter leur soumission sans
que l'une d'elles en particulier n'ait à engager des dépenses
excessives. En outre, aucune des parties n'accepterait sans appel la
décision d'un tribunal de première instance dans des questions
aussi fondamentales. Il serait indéniablement dans
l'intérêt de toutes les parties en cause d'obtenir une
décision définitive dans les plus brefs délais possible.
(21 h 15) "Je me permets également de vous signaler qu'une telle
initiative serait à l'avantage de tous les Québécois.
L'esprit fondamental de compréhension qui prévaut entre la
majorité québécoise et les groupes minoritaires serait
respecté et renforcé si la restructuration,
considérée par un grand nombre de ces derniers comme une menace
à la survie de l'une de leurs principales institutions et jugée,
à tort ou à raison, inconstitutionnelle, n'entrait en vigueur
qu'une fois sa constitutionnalité confirmée par les tribunaux. Un
référé permettrait aux parties intéressées
de s'exprimer en toute liberté sans les obliger à s'affronter en
tant que parties adverses, ce qui, vous en conviendrez, est fort peu
souhaitable lorsqu'il s'agit de l'éducation de nos enfants."
M. le Président, il y avait quatre questions principales qu'on
avait à l'esprit quand cette lettre a été écrite.
Je dois dire immédiatement qu'on n'a jamais eu de réponse. Je
vais parler brièvement de ces quatres questions immédiatement,
non pas dans le but de vous persuader que nous avons raison, mais tout
simplement pour vous persuader, si possible, qu'il reste des questions vraiment
sérieuses et importantes à résoudre, des questions qui
touchent de très près le projet de loi 40.
Il y a d'abord - elles ne sont pas nécessairement par ordre
d'importance - la question de la taxation. Ce sont les articles 256 et suivants
du projet de loi. Ces articles sont les mêmes que ceux qu'on retrouvait
dans la loi 57 et qui, dans un jugement du 12 octobre 1983, ont
été jugés inconstitutionnels et ultra vires. Il y avait,
comme vous le savez sans doute, une dissidence dans le jugement de la Cour
d'appel, mais je dois souligner que la dissidence ne portait pas sur le
principe, sur le droit, c'était essentiellement une question de fait. Le
juge Vallerand, qui était dissident, n'a pas vu l'effet de la loi 57 de
la même façon que les autres, mais son appréciation de la
protection de l'article 93 allait aussi loin que celle de ses deux
collègues. J'aimerais souligner que le jugement de M. le juge Vallerand,
le juge dissident, dit ceci: C'est à la page 4 de son jugement. "Ce
disant, je concède, bien sûr, que l'accès illimité
aux ressources financières nécessaires à l'entretien de
l'école confessionnelle est une condition essentielle à
l'exercice du droit d'accès et d'entretien autonome de l'école."
C'est l'opinion du juge dissident. Il y évidemment appel à la
Cour suprême, mais, pour le moment, le jugement de la Cour d'appel est en
vigueur et les articles de la loi n'existent plus pour le moment. C'est la
première question, celle de la taxation.
La deuxième, c'est le régime pédagogique. Je le
souligne encore, seulement pour démontrer, si possible, qu'il reste des
questions sur lesquelles on doit s'interroger. En ce qui concerne le
régime pédagogique, je cite un jugement cette fois-ci de la Cour
suprême du Canada, un jugement unanime, rendu dans l'affaire Hirsch. Sur
ce point qui est confirmé par le Conseil privé, je vais lire un
seul paragraphe. C'est un jugement du juge en chef du Canada du temps. Comme je
l'ai dit, c'était un jugement unanime de la Cour suprême. On dit
ceci: From what has been said, it is apparent that we would regard legislation
designed to impair the rights of Protestants - et j'arrête là pour
dire que les droits des catholiques sont exactement les mêmes - as a
class of persons in the Province of Québec, to the exclusive control -
and here I underline -financial and pedagogic of their schools as ultra vires
of the Provincial Legislature. Et, bien que le Conseil privé
n'était pas d'accord avec la Cour suprême sur l'une des questions
posées - il s'agissait de cette question -quant à cela, cela a
été confirmé.
Alors, pour autant que le régime pédagogique est
concerné, il y a au moins un jugement d'un très haut tribunal qui
est carrément contre la centralisation des pouvoirs sur le régime
pédagogique.
Troisièmement, c'est la gestion et le contrôle. Je parle
évidemment du droit de la communauté protestante dans la gestion
et le contrôle sur les écoles. Encore une fois, les droits des
catholiques sont les mêmes. Là encore, juste un tout petit
paragraphe de l'affaire Hirsch. Il y a le paragraphe que je viens tout juste de
lire, mais il y en a un autre dans le même jugement. Encore une fois,
c'est le juge en chef, pour une cour unanime, et, encore une fois, si cela n'a
pas été confirmé, le Conseil privé n'a pas
renversé le jugement de la Cour suprême, en tout cas sur cette
question. Il dit ceci: "Nobody doubted that the Roman-Catholic and
Protestant...
Le Président (M. Paré): Un instant, s'il vous
plaît! Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Pourriez-vous citer la cause dont il s'agit ici, M.
Irving?
M. Irving: C'est l'affaire Hirsch. H... M. Ryan: C'est de
la même cause? M. Irving: La même cause. M. Ryan: La
même cause, c'est
correct.
M. Irving: Oui, je cite la même cause. Je peux vous donner
les pages, si nécessaire. Ceci, c'est à la page 268 du rapport de
la Cour suprême du Canada, jugement, d'ailleurs, qui a été
accepté par la Cour d'appel dans l'affaire de la loi 57. On dit ceci:
"Nobody doubted that the Roman-Catholic and Protestant separate schools of
Québec and Montréal were denominational schools, or that the
Protestants were a class of persons whose rights and privileges were protected.
And it could not then, we should think, have been within the regime of
uncertainty, that the right of Protestants to manage and govern their separate
schools, as provided by the Consolidated Act of 1861, was perhaps the most
important of the rights assured to them and, therefore, a right from which the
Legislature could not derogate."
Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce jugement est cité
dans le jugement de la Cour d'appel dans l'affaire de la loi 57. J'ouvre
là une parenthèse, parce qu'il y a là un autre aspect
à cette question de gestion et de contrôle qui n'a pas
été abordé dans notre mémoire. Il s'agit cette
fois-ci non pas de l'article 93 de la constitution de 1867, mais de l'article
23 de la charte canadienne. Au paragraphe 3b, on parle de l'un des droits des
minorités linguistiques. Évidemment, il s'agit là des
anglophones au Québec et des francophones dans les autres provinces. Ces
droits comprennent ceci, et je cite l'article: Lorsque le nombre de ces enfants
le justifie, le droit de les faire instruire dans des établissements
d'enseignement de la minorité linguistique, c'est-à-dire un
établissement qui appartient dans un sens à la
minorité...
Et là, je ne dis pas, évidemment, que c'est un sujet bien
clair, mais tout ce que je veux souligner pour le moment, c'est que la semaine
dernière, un référé a été
plaidé en Cour d'appel de l'Ontario sur la portée de cet article.
L'association que je représente ce soir était là pour
appuyer les Franco-Ontariens qui prétendaient que l'article que je viens
de lire leur donnait le droit de contrôle local de gestion et de
contrôle des écoles francophones en Ontario.
Je ne sais pas quelle décision la cour va prendre; je souligne
tout simplement qu'il y a là une autre question parce que, sans entrer
dans un débat sur la valeur du projet de loi, il me semble bien
évident qu'il n'y a pas de gestion et de contrôle local dans le
sens dont parle l'article 3. Le jugement sera rendu, je présume, dans
quelques semaines ou quelques mois.
Finalement, le quatrième et dernier sujet porte sur les
frontières de Montréal et de la ville de Québec parce
qu'il me semble qu'il est clair et net que, si les écoles
confessionnelles dans l'agglomération de Montréal sont
protégées par l'article 83, il y a plusieurs articles du projet
de loi qui vont être supprimés. Si, par contre, les
frontières protégées étaient celles de 1867, tel
que prévu dans le projet de loi, il y aurait peut-être une autre
réponse. Mais là, il y a au moins un jugement, celui du juge en
chef Deschênes, qui était là dans le temps, dans l'affaire
de Notre-Dame-des-Neiges. C'est un juriste bien respecté. Ce n'est pas
une Cour d'appel. Ce n'est pas la Cour suprême du Canada, mais c'est un
juriste de très haute renommée au Québec et il lui
semblait que la protection s'étendait à Montréal tel que
cela existe aujourd'hui.
M. le Président, j'étais juste sur le point de dire: Je
soumets, comme si j'étais devant un tribunal, mais, le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'il y a des questions, il y a de vraies questions. Je sais
fort bien qu'il y a des différences d'opinions entre avocats, même
entre les juges de temps à autre, peut-être aussi entre les
médecins. Mais les questions sont là et il faut, il me semble,
que ces questions soient résolues avant que l'Assemblée nationale
ait à légiférer dans un sens qui peut être
inconstitutionnel. C'est dans cette optique qu'on a demandé, il y a
maintenant plus de deux ans, de faire référence à la Cour
d'appel. Si on avait donné suite à notre demande, au mois
d'octobre 1981, on aurait déjà la réponse de la Cour
d'appel et peut-être même de la Cour suprême du Canada. Mais
cela se fait quand même vite, même si la demande était faite
demain, la Cour d'appel peut nous entendre dans un très court
délai et on peut avoir la réponse.
C'étaient là les quatre questions. Comme je l'ai dit, ce
n'est pas pour vous persuader que j'ai raison, c'est juste pour souligner
qu'elles sont là et qu'il nous faut des réponses. Il n'y a que
les tribunaux qui peuvent donner les réponses nécessaires.
Le Président (M. Paré): Merci beaucoup, M, Irving.
Nous allons maintenant passer à la période d'échanges et
de commentaires. La parole est à vous, M. le ministre.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier l'Association des
commissions scolaires protestantes pour le mémoire qu'elle nous avait
fait parvenir et pour cette addition importante que nous entendons ce soir. Je
dois avouer, au départ, que je préfère ce qui nous a
été présenté ce soir que le mémoire qui nous
a été présenté auparavant. Je crois même
constater une évolution substantielle, pour ne pas dire
considérable, entre le mémoire qui nous a été
présenté et ce que nous a lu ce soir, M. Wadsworth. J'ai
l'impression - je ne pense pas me tromper -que l'Association des commissions
scolaires protestantes est beaucoup plus prête qu'auparavant à
reconnaître les pouvoirs fondamentaux du ministère de
l'Éducation,
qu'elle précise ce qu'elle entend par les pouvoirs
nécessaires aux commissions scolaires et, surtout, qu'elle
reconnaît à l'école beaucoup plus de pouvoirs que ce que
son mémoire original ne lui accordait. (21 h 30)
En lisant le mémoire, j'avais l'impression que les
responsabilités que l'association des commissions scolaires
reconnaissait à l'école faisait de celle-ci une
école-orbite qui n'avait pour rôle que de sensibiliser la
commission à ses problèmes, alors que, ce soir, nous voyons dans
le mémoire que l'association des commissions scolaires recommande que
l'école assume les responsabilités suivantes: adapter des
programmes d'enseignement, créer des programmes supplémentaires,
évaluer les progrès de l'élève, préparer et
administrer son budget, faire une évaluation annuelle des besoins
à partir desquels trois objectifs majeurs, pour l'année scolaire
suivante, seront établis ainsi qu'un plan détaillé de leur
réalisation, organiser des activités parascolaires, informer les
parents des objectifs de chacune des matières, participer aux projets de
recherche en éducation. C'est beaucoup plus que ce que le premier
mémoire était prêt à leur accorder.
Évidemment, je dois ajouter que tout ceci doit se situer à
l'intérieur des politiques de la commission scolaire, ce qui
était une position bien connue.
Quant à ce qui concerne les parents, là aussi le
mémoire de ce soir précise bien davantage les objets pour
lesquels les parents devraient être obligatoirement consultés. On
ajoute cette phrase importante, comme l'a signalé M. Wadsworth, que le
droit de vote soit accordé aux représentants des parents qui
siègent à la commission scolaire, bien qu'on ne dise pas, comme
votre association de parents le recommandait hier soir, que ce nombre de
parents soit augmenté à la commission scolaire. C'est donc une
évolution importante que je note, qui est rafraîchissante et qui
constitue sûrement une bien meilleure base de discussion que celle qui
avait été apportée jusqu'ici.
Par la suite, l'association des commissions scolaires
réitère sa position sur les commissions scolaires linguistiques.
Elle dit même que, bien qu'elles ne peuvent, selon elle, être
abolies, elle serait prête à envisager une évolution, mais
à une condition expresse, c'est-à-dire que les commissions
scolaires garantissent des droits confessionnels d'une façon absolue et
sûre. C'est là que la chose devient peut-être difficile,
parce que les garanties constitutionnelles que demande l'association sont,
d'une part, considérables; d'autre part, elles devraient être
inscrites autant dans la charte canadienne que dans la charte du Québec.
À cet égard, je pense qu'il nous faudra demander à
l'Association des commis- sions scolaires protestantes des suggestions ou des
explicitations plus grandes que celles qui nous sont données ce soir.
Quand même, je considère que c'est un pas encourageant.
Enfin, M. Irving nous donne plus de détails sur la position de
l'association des commissions scolaires en ce qui concerne l'article 93. J'ai
pris bonne note de ces analyses et observations et elles vont sûrement
nourrir notre réflexion à cet égard. J'y reviendrai
peut-être un peu plus tard.
Je voudrais quand même aborder la question des commissions
scolaires linguistiques. Peut-être faut-il comprendre l'évolution
qui commence à se dessiner à cet égard du fait que nous
avons entendu à cette commission des représentants de plusieurs
organismes anglophones. La plupart d'entre eux, pour ne pas dire la
quasi-totalité d'entre eux - mentionnons Alliance Québec,
l'Église unie, Townshippers, le Comité régional des
parents de Baldwin-Cartier, PAPT, PACT, la Faculté des sciences de
l'éducation de McGill, le Comité de l'enseignement en langue
anglaise, le Conseil catholique de l'expression anglaise, et j'en oublie - sont
venus nous dire qu'ils étaient tous d'accord avec une nouvelle division
des commissions scolaires sur une base linguistique plutôt que
confessionnelle, disant que cette nouvelle structure correspondait davantage
aux réalités modernes et à l'évolution qu'avait
connue notre société québécoise, qu'elle
correspondait davantage aussi aux problèmes qu'affronte la
communauté anglophone et qu'elle permettait non seulement le maintien,
mais un développement de cette identité culturelle, ce qui me
conduit à espérer que l'Association des commissions scolaires
protestantes ne pense plus, comme elle l'a écrit dans son
mémoire, que les commissions scolaires linguistiques constituent une
fausse appellation. Si l'association pense encore cela, j'aimerais bien qu'elle
me dise en quoi elle considère que les commissions scolaires
linguisitiques constituent une fausse appellation et je voudrais aussi lui
demander s'il ne lui semble pas, après avoir entendu les
représentants de la communauté anglophone "at large", si elle ne
considère pas que les commissions scolaires linguistiques sont plus
susceptibles de mieux servir la communauté anglophone et d'une
façon qui est mieux adaptée à la réalité
d'aujourd'hui.
Une voix: M. Wadsworth répondra à la question.
Le Président (M. Blouin): M. Wadsworth.
M. Wadsworth: Dr. Laurin, if I may, I will respond to you in
English, Sir. We have indicated quite clearly, in our brief, that we were
opposed to Bill 40 and we asked for a
reference case in the brief and what I gave you this afternoon or this
evening was the annex to the brief which indicated our alternate approach to a
school board reform.
Now, on the question of linguistic boards, as I indicated, we would be
in favour of a linguistic school system if it could be constitutionally
guaranteed and if that system had the same powers, obligations and
responsibilities as the present confessional school boards.
What we have seen in Bill 40, however, is not acceptable to us. We do
not believe that the linguistic boards that are being offered are in fact real
school boards with real control and management of their schools. What we would
see is an amendment to article 93, something that; I think, the Anglophone
Community of Québec would support if that was the intention of the
Government to ask for that type of amendment. Of course, it would raise the
questions with the other provinces and it would be a constitutional debate, I
am sure, but I think it is something that you would get support from the
Anglophone community, but again we still maintain that there is the question of
confessional schooling, and there is a difference, in our opinion. We believe
that our Protestant system does provide something, something that is valued and
has stood the test of time, and it is something that we wish to continue. That
is why I indicated very clearly that, so long as the question of confessional
schooling could be looked after, then we would be prepared to talk on the
question of linguistic boards.
M. Laurin: But do you think we would have the support of the
Government of Ontario and of other provinces after what happened in Manitoba
and even in Ontario?
M. Wadsworth: I think there could be. At the present time, it
looks as though the Government of Ontario is moving towards linguistic rights
for the Franco-Ontarians. If that was put to the people that this was something
that was worth while, I think it could be done. It would be difficult, but I
think it is a step that should be taken.
M. Laurin: In so many years, we cannot presume the lenght
of...
M. Wadsworth: No, I would not presume what the Governments of the
other provinces or this province would do.
M. Laurin: As far as article 93 is concerned, if we have not
called, according to your suggestion, an opinion of the Court of Appeal, it is
because we are convinced that Bill 40 maintains expressly the protection
granted by article 93. One of the proofs of that is that article 330, the first
paragraph, writes again what is written in article 93, and other articles
reproduce, take again what is written about the rights granted to dissidents.
We have also the principle that, looking over all the judgments so badly
written, so obscure to which this article has been the occasion for we can see
that jurisprudence has stated that this protection granted by article 93
concerns rights and privileges that had been existing at the time of
Confederation. And also that this protection was an exception, a derogation to
the general rule prevailing at the time of the signing of this Act that
education was strictly of the domain, of the competence of provinces. So it had
to be interpreted restrictively. Also, I think we have heard from the Council
of Alliance Québec that in spite of all the rulings made by the Courts,
even now, today, there are six or seven questions which are very questionable.
We do not know the nature of the rights, the nature of the classes of person,
the extent of those rights and privileges, the territories to which it could be
put so as to be understood, the limits which we could circumscribe the general
principle of article 93. And it would take probably 9, 10, maybe 20 other
rulings to ascertain the exact nature of all those obscurities and ambiguities.
And, meanwhile, the system of education has to adapt to realities, has to
change according to the needs of society.
This question of territory is extremely important. Mr. Irving was
quoting the ruling of Judge Deschênes. Honorable Deschênes has said
that new territories added to the School Commission of Montréal could
benefit from the privileges extended to certain classes of person by article
93. But he did not decide, he did not even give an opinion about the right of a
province to limit those territories, or to divide, or to subdivide those
territories.
And, as you stated, there is a wide difference of opinion on that score.
For example, we know that some experts pretend that article 93 has to
correspond to the laws that existed in Québec, in particular, in 1867,
and if they have to correspond, they have to correspond to a particular law in
1861, where article 30 was quite explicite in the right of the Government of
Québec to subdivide the territories of a school municipality. I think
that we could not go farther than guaranteeing by the articles of Bill 40 the
present constitution of guarantees of article 93 as they apply to the territory
that existed at the time. And we are still convinced of the rightfulness of our
position. But again, I have listened with great attention to the arguments and
observations of Mr. Irving. We will have to look over them more precisely and
continue our thinking about that.
Le Président (M. Blouin): Merci M. le ministre. Est-ce que
vous avez des commentaires à ajouter? Non? Cela va bien. Alors...
M. Wadsworth: Je suis content.
Le Président (M. Blouin): Pardon?
M. Wadsworth: I think, if I may say something that exactly shows
if there are these questions, that is why we feel it is necessary to get a
judgement as quickly as possible.
Le Président (M. Blouin): Yes.
M. Wadsworth: Otherwise, we will be in Court.
Le Président (M. Blouin): D'accord.
M. Simms: There will be turmoil in education more so than there
has been in the past if these are not settled.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci. M. le
député d'Argenteuil. (21 h 45)
M. Ryan: Oui, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer les représentants de l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec et de signaler que l'association a
présenté à la commission parlementaire un mémoire
substantiel dont le texte original, portant la date d'octobre 1983, contient
exactement les mêmes propositions et formulées, à ma
connaissance, sur le même ton que le résumé qu'on en a
entendu ce soir. Je crois que la mémoire du ministre a dû
être défaillante tantôt quand il a dit avoir observé
un ton différent et décelé des propositions
différentes, parce que toutes les propositions qu'a signalées le
ministre étaient déjà contenues dans le mémoire
original. Ce sont des défaillances qui peuvent arriver. On n'en fait pas
grief, mais il est normal qu'on les signale. Il y avait... Non, il faut
être exact. Je pense que le ministre est d'accord là-dessus, nous
avons tous les deux le même genre de formation de base. Il y a certains
mémoires qui étaient très agressifs et qui sont venus de
sources assez proches de l'Association des commissions scolaires protestantes
du Québec, mais ce n'est pas le cas de celui qu'on a ce soir, ni de la
première version, ni du résumé qu'on en a.
En deuxième lieu, je voudrais signaler que le ministre a
glissé sur des explications qu'il devait, en toute courtoisie, fournir
aux personnes qui nous rencontrent ce soir quant à la négligence
du gouvernement manifestée à trois reprises, parce qu'il aurait
été normal qu'une réponse écrite soit
apportée à des lettres qui lui avaient été
adressées et qui comportaient une requête très importante.
Le ministre a résumé la position du gouvernement, que nous
connaissons - qui a déjà été donnée par la
voie des médias à l'une ou l'autre occasion - mais il n'a pas
expliqué pourquoi ni lui, ni le premier ministre du Québec n'ont
pris la peine d'écrire à l'organisme en particulier,
l'Association des commissions protestantes du Québec, qui avait
demandé que le gouvernement fasse une référence à
la Cour d'appel sur les aspects constitutionnels de ces projets de
législation. Je pense que cela est regrettable, c'est un manque de
courtoisie, dont on souhaite qu'il soit évité à l'avenir
parce que ce n'est pas une manière, pour un gouvernement, de se
comporter avec ses contribuables.
I noted with great interest the comments and proposals enunciated in
your presentation. I think, it is often the case, the summary excellent though
it may be, is never as good as the full text. I had my attention centered on
the full text while you were reading the summary. That is why I was supprised
about the opening remarks of the Minister a few moments ago.
I will have a few questions to address to you but I would like to make a
few comments about the constitutional problems which were raised in particular
by Mr. Irving.
I think it is fair to state that there are some questions which remain
unanswered, which remain, to say the least, unclear. Mr. Irving summed them up
very well under four principal headings. I am not going to go into a discussion
of each of those headings because that could lead us well past midnight and we
would not yet have an agreement, I am afraid.
Le Président (M. Blouin): Vous avez bien raison, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: I know, this was a friendly interruption which I gladly
accept.
About your suggestion, there should be a reference to the Court of
Appeal and then, eventually, to the Supreme Court. I will express a personal
opinion here. It is not necessarily the opinion of the party which we represent
here, but it is a personal opinion which is held with some firmness. I
infinitely prefer a judiciary examination of problems like the ones we have in
mind through the regular judiciary process rather then by exceptional or
extraordinary reference to the higher courts. We, in Québec, had one
experience with that kind of approach about two years ago. It is not too far
back, we can still recollect these events with great emotion, I should say and
I think that, when you refer a question in abstract terms to the higher courts,
there is often a danger that they may come up with
a conclusion which might be quite surprising. I had never heard before
the opinion of the Supreme Court on the amending powers of the Federal
Parliament that the consent of a substantial majority of the provinces was
required. I had thought that the consent of Québec was an essential
element of any genuine Canadian consensus in such matters. And it was the first
time that jurisprudence of the Supreme Court had evoked this criteria
explicitly. So we would not like them to come up with another unexpected
criteria in the matter, like the one we are discussing tonight. I feel if the
cases which are now before the courts were to follow their course, that, with
all the rapidity which is compatible with proper adjudication, it would be far
preferable from the standpoint of true judicial wisdom.
My advice to the Government has repeatedly been, since we began these
hearings, that in so far as the territories of Montréal and
Québec City in particular are concerned, they ought to provide at least,
if ever this drafted legislation is adopted by the House, that it should not
apply to these territories before a certain period of time which would allow
for full adjudication of the cases which are now before the courts. And we
would have disposed of those aspects which have given rights to litigation. And
if other aspects have not been touched upon, they could be raised
eventually.
That is the approach I have. I would not feel inclined to approve of
anything that would tend to favour the repeated recourse to this extraordinary
procedure which has not been too good from my concept of constitutional
development in Canada.
This being said, I would like to ask a question to Mr. Irving. It will
be my first question. Regarding the rest, I have three, four, five questions
and we have limited time at our disposal, but these are matters to which we can
return at almost any time, if you feel like continuing this discussion on a
more complete basis. My first question to you, Mr. Irving, I should like to
mention that... No, it is not necessary, I will come to my question in order to
save time.
Do you think the constitutional protection to which you referred is the
same in the territories of Montréal and Québec City, leaving
aside the question of the boundaries of 1867 and those of today - let us leave
that aside, we are aware of the nature of this problem - would be the same in
those territories and in the rest of the Province of Québec, and would
the Government or the Legislature be trading upon more solid ground if it were
to opt for linguistic school boards outside of those territories in
Montréal and Québec City?
Le Président (M. Blouin): M. Irving.
M. Irving: Mr. Ryan, it is certainly more clear in the law that
the schools within Montréal and Québec are fully protected. There
are judgements, what you have said, the Hirsch case is the critical case here,
and without going into too many details, the Supreme Court of Canada, in the
Hirsch case, held that all schools in Québec, whether they were in
Montréal or outside of it, were denominational schools and, therefore,
had the protection of section 93. The judicial committee of the Privy Council
which was then the final court of appeal disagreed on that point and said that
the schools outside Montréal and Québec, except for the
dissentient schools - and very few of those remain - ... They said that what
were called the common schools were non denominational and, therefore, not
protected by section 93 which only protects rights in respect of denominational
schools.
That, of course, is no longer a judge on which is binding on the Supreme
Court of Canada, they are not obliged to follow the Privy Council any longer
and there is the unanimous judgement of the Supreme Court of Canada to the
contrary. Now the question will be what the Supreme Court does when the
question comes back before them. But certainly, on the basis of decided
authority, to this moment the position of the government is more certain
outside Montréal than it is inside. My own view, for what it is worth,
and particularly looking at the educational history of Québec in the
19th century is that the schools outside probably were denominational. I do not
want to make the answer too long, but, going back to the eighteen-thirties, in
the days of Papineau, there was a tremendous fight between Church and State
and, clearly, the Church won at that time, if you look through the whole
history of legislation. It would be a very strange result if it was the
Catholics outside of Montréal who did not get denominational schools
while the Protestants did. That is the result of the traditional committee
decision. But it is certainly an open question. We tried very hard to have the
Court of Appeal deal with that, in the Bill 57 care. They said they did not
need to decide that because the law applied everywhere.
M. Ryan: I think you refer to this great paradoxe in our legal
History in very elegant terms. It would be interesting to follow developments
in this area. I have another question in the same connection. What is your
interpretation of articles 337, 338 and 339 in Bill 40? What openings do they
provide? What kind of freedom of action could they eventually imply for
dissentient groups?
M. Irving: Well, in the first place, I
think it is our general view that even the dissentient schools to be
created or such schools as there may be in the old boundaries of
Montréal, I do not think there are any in the Protestant side; there may
be one. Even those which are made the subject of an exception in the Bill are
still not given the protection that Section 93 requires. As I was trying to
indicate earlier, there is the issue of financial and pedagogical control which
the Supreme Court said was clearly there in the case of Québec. That
does not exist under this Bill as we see it. The essential powers lie with the
Minister and the school boards, as they are called, do not have any control of
the pedagogical or financial. So that, as I would see it, even in those areas
where the exception is made, the full extent of Section 93 is still not
granted. I might add, that simply looking at it from a practical point of view,
if all the schools, in Montréal, which now belong to the Protestant
School Board, for example, disappear as they will, the Protestant School Board
is confined to a very tiny area with perhaps one school limit. All the other
schools become part of the new linguistic system.
It would simply be hopelessly unpractical to try to recreate that
system. It could not be done. It would cost a fortune. In short, the existing
system is pretty well expropriated and handed over to another. We would take
the view that the rights which appear in these sections are really illusory. It
could not be done and, in any, as I said earlier, the full extent of those
rights is not granted anyway.
M. Ryan: I was rather pleased to hear Mr Wadsworth say that your
association would be willing to consider linguistic school boards if they could
have a constitutional guarantee equivalent to the one which is now provided
under the heading of confessionnal rights. It seems to me to be in
contradiction with what you wrote on page 14 of the original brief in which I
read: "Une école confessionnelle doit avoir une commission scolaire
confessionnelle. En d'autres mots, il est tout à fait incompatible que
des écoles confessionnelles relèvent d'une organisation ayant une
autre échelle de valeurs et c'est précisément ce que le
projet de loi 40 tente de faire."
M. Wadsworth: I understand what you are saying, Sir. What we said
is - I also said it in my presentation this evening - that we do believe that
it is incompatible. But, if it could be adressed, if, somehow, that problem
could be adressed, then we could see a solution to the problem. But we do not
know what the solution is. (22 heures)
M. Ryan: OK, now, I will return to Mr.
Irving. I would like to have a complete picture of the cases which are
now before the courts and in which the association is involved or some
protestant school boards and perhaps an idea of the time table which must be
envisaged. Let us start with the case dealing with bill 57, for instance. How
long do you think it will take to the Supreme Court before they can arrive at
the conclusion?
M. Irving: The notice of appeal was just filed in December by the
Government of Québec. In the ordinary courts, it would not be heard for
another year. It is possible to have an expedited hearing in the Supreme Court
of Canada and I do not know if the Government intends to ask for one. I do not
think it could be heard in any of them until certainly this spring and perhaps
next fall; the court is very busy. That is the first one and probably the first
one which will come up. The judgement of Chief Justice Deschênes, as he
was, in the Notre-Dame-des-Neiges case, is before the Court of Appeal. We are
not a party to that case, but I may say we proposed to intervene in the Court
of Appeal if these issues are going to be debated. That has been very slow. I
think almost two years went by before the "Procureur général"
filed the factum in the Court of Appeal. The factum of the other side has now
been filed, but I believe - and I am speaking for others here - I do not think
anyone feels that he can go to the court and ask for a quick hearing, because
it tooks so long to get things filed. It would probably be another year before
that case gets hearded; the Court of Appeal has got a backlog.
Of course, we have our own motion for a declaratory judgement dealing
with Bill 40 itself and the "régime pédagogique" as a separate
subject, but in the same motion a certain question as to the hiring of
teachers. That motion was served some months ago, but we have not picked the
presentation date yet because, frankly, we were waiting to see what was going
to happen at the Parliamentary Commission hearings. The court would be
reluctant, in the ordinary course, to decide on a bill which might get amended
later. So, that is the third... It covers everything here. If I could pause
there for a minute, Mr. Ryan, I remember well the case to which you referred. I
had the honour to represent the Government of Québec in that case,
and...
M. Ryan: Ah! Ah! Ah! Good for you.
M. Irving: ...yes, we would have thought on our side that...
M. Ryan: I hope you are not intimating that you are used to
losing your cases.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Irving: Well, I try not to. We thought that was 50-50 in the
result. That is a problem, but with a piece of legislation of this kind, if I
may say so, other provinces have been following a pattern of taking the whole
Bill and putting it before the court. The fact is there may always be surprises
in any court case, but as Newfoundland did with the Churchill Falls
expropriation, as Ontario has done now with Franco-Ontarian education rights,
it saved so much time and money... The trial level will take at least a year
and it ends up being the decision of a single judge and, with all respect to
those judges, on an issue like this, no one is going to be satisfied.
If, in the meantime, the Bill is passed and steps are taken to do what
the Bill proposes, such as expropriating the school system in Montréal,
there will have to be other proceedings. It becomes very expensive and very
time-consuming, and I would suggest that it is not really in anyone's interest.
It would have to be an exceptional case, but I would think this is an
exceptional case and it would give everybody the opportunity to come before the
court.
Almost all the major guestions which are outstanding would have to be
dealt with. Some of them may be dealt within the Bill 57 case, so that will be
out of the way, but there are others and they could all be dealt with here, and
then, finally, everybody could have a modern-day view of Section 93, for better
or for worse, and everybody, on our side and on the Government's side, would
know where we stand. I am sorry, I stopped on that one case. There is another
case in Québec City which has to do with the budget surpluses. Under the
new rules, certain parts of the surpluses have to be paid back to the
Government. That has been challenged by some boards and some of the Protestant
boards are intervening in that case as well. I understand that will probably be
heard this spring. That of course again is in the Superior Court.
There is the Bill 101 case itself, the question whether section 23 of
the Canadian Charter applies fully in Québec. That is being heard in the
Supreme Court of Canada on February 21, it relates only very indirectly to the
issues which we are discussing.
M. Ryan: What about the Châteauguay case?
M. Irving: The Châteauguay case was joined with the motion
which we made in Bill 40 which deals with the "régime
pédagogique" and, in particular, the aspect about second language
teaching. My understanding is that they will not proceed independently with our
case. When we will be heard, they will be heard. I do not think that could be
considered as a separate matter right now. Again, I am speaking for others when
I say that, but I believe that is the case.
M. Ryan: Many other aspects of your presentation are of great
interest to me, but I will let my two colleagues who have great knowledge of
these matters, because of their previous roles in the school system, deal with
these aspects. Thank you very much.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Vachon.
M. Payne: Beaucoup de représentants sont venus ici, devant
la commission, pour appuyer le principe des commissions scolaires
linguistiques: le Townshipper's Association, le Comité régional
de parents de Baldwin-Cartier, le PACT, les enseignants catholiques, le PAPT,
les enseignants protestants, Alliance Québec, l'Église Unie, the
United Church, le Comité de l'enseignement de la langue anglaise.
Laissons de côté, pour le moment, les considérations
constitutionnelles, c'est-à-dire le problème qui découle
de l'article 93... Vous dites que vous n'êtes pas en désaccord
avec le principe à la condition qu'il y ait des garanties
constitutionnelles. La récente expérience dans plusieurs
provinces du Canada nous amène à croire - on connaît
très bien comment la formule d'amendement est compliquée, est
loin d'être souple - que c'est très difficile, que c'est
même rêver en couleur de penser qu'on puisse amender la
constitution du Canada à l'égard de l'article 93. En ce qui
concerne l'article 23 de la nouvelle constitution, c'est bien le Procureur du
Canada qui a commencé une discussion concernant une
interprétation qui donnerait le contrôle aux Franco-Ontariens dans
leurs propres établissements.
Vous faites référence à la cause Hirsch, mais vous
décidez de ne pas mentionner l'origine de cette cause qui concernait, si
je ne me trompe - j'ai la cause ici - un Juif qui voulait devenir commissaire.
Au niveau des droits constitutionnels, c'est bien concernant les droits
constitutionnels que vous apportez vos arguments. Dans cette cause, selon le
jugement, on dit clairement: "Is the Protestant Board of School Commissions of
the city of Montréal obliged to appoint..." I am sorry, I read the first
one. "Can persons of Jewish religion be appointed to the Protestant Board of
School Commissions of the city of Montréal?" The answer is: no.
Secondly, b) "Is the Protestant Board of School Commissions of the city of
Montréal obliged to appoint Jewish teachers in their schools, should
they be attended by children professing the Jewish religion? No."
II faut admettre quelque chose concernant les droits constitutionnels.
Ceux qui professent une religion autre que protestante ou une foi autre que
protestante n'ont pas de droits constitutionnels.
Il y avait une troisième partie, la question no 3: Can the
Provincial Legislature pass legislation providing that persons professing the
Jewish religion be appointed a) to the Protestant Board of School Commissioners
to the City of Montréal? La réponse est: Non. Cela voudrait dire
que, même dans le cas du projet de loi 71, le Québec n'avait pas
le droit. Un recours devant les tribunaux, je ne suis pas sûr que cela
mène vraiment au genre de réalisation, au genre de conclusion
qu'on recherche. Lorsque M. Wadsworth, je pense, a écrit dans son
journal, le journal On Guard: "Nous sommes convaincus que la décision de
la Cour suprême dans la cause Hirsch était correcte et juste et
nous espérons que cette décision sera réaffirmée en
Cour suprême", je me demande ce que nous cherchons, comme milieu
anglophone, si nous voulons éliminer la discrimination, et je parle au
niveau des droits constitutionnels.
Je dois dire, en passant, que j'admire les accommodements faits par le
PSBGM pour accueillir toute sorte de personnes dans ses rangs, mais, en termes
de droit constitutionnel, vous êtes d'accord avec moi, je suis certain,
pour dire que ceux qui ne sont pas protestants n'ont pas de droit
constitutionnel. C'est contre la constitution. D'ailleurs, je n'entrerai pas
dans le détail, mais il a bien été rapporté
à plusieurs reprises qu'un certain Herbert Marx avait fait allusion
à cela. Il a même dit que l'article 30 de la loi de 1861 permet au
gouvernement du Québec d'agir suivant les dictées de
circonstances nouvelles. Il dit: En effet, il peut réaménager
toute municipalité scolaire au Québec, y compris celle de
Montréal, quand il le trouve nécessaire et souhaitable pour la
meilleure administration du système scolaire. C'est Herbert Marx qui
parle.
You talked about the lack of wisdom of a government which wants to buy a
car and does not inform itself about the price. But I think that the analogy is
illchosen, because I prefer, when talking about cars, a more recent model than
one of 1867. When the Minister made allusion earlier about certain aspects of
your paper being somewhat similar in terms of their objectives to that sought
by Bill 40, I have to agree with him. I too believe that there should be an
equilibrium, a balance between different authorities, whether it is the
Ministry or if it is the school commission, or the school, as you point out in
your brief, the same with respect to the responsibility accorded to schools
although we, in Bill 40, would believe that our model is more democratic,
because it gives decentralized powers to the school, and we feel that you are
not perhaps being too logical when you say that we should come nearer to
people, nearer to the ordinary citizen. I think that one way of doing that is
to bring in a model whereby different agents in education can have decisional
powers.
We are not in disagreement, I do not think, when you talk about, in your
brief, the role of the Ministry of Education. I went through the list and not
one item on that list is incompatible with the present roles and
responsibilities of the Minister. À lot of arguments have been brought
before the commission with respect to why reform is necessary, namely that
pluralistic schools are necessary, community schools as envisaged by the Bill
can better fit the model of 1984 rather than 1867 one, with the improvements
brought in and brought in very admirably by the PSBGM, but we believe that
certain rights should be consolidated and although symbolic. I think it is very
important to point out that those of a faith other than Protestant cannot
constitutionally sit on the board, notwithstanding Legislation by the
Government of Québec to try encounter like that. (22 h 15)
Could you explain what kind of constitutional part it would take for you
to accept the basic principles of Bill 40 with respect to linguistic school
boards? Do you seriously envisage the possibility of a constitutional amendment
of the Constitution of Canada?
Le Président (M. Blouin): Mr. Simms?
M. Simms: I would like to refer you to Mr. Irving.
Le Président (M. Blouin): Mr. Irving.
M. Irving: D'abord, M. Payne, juste avant de répondre
à la question, vous avez fait référence à la
position du Procureur général du Canada devant la Cour d'appel de
l'Ontario. Ce que leur avocat disait - et j'étais là -
c'était que l'article 23 de la charte canadienne exige des écoles
qui soient le reflet et qui appartiennent à la minorité
linguistique. Il y avait - c'était bien apparent - un malentendu sur la
question de la gestion et du contrôle qui a été
clarifié, selon le Soleil, aujourd'hui, par M. MacGuigan.
Si j'ai bien compris la vraie position du gouvernement
fédéral, c'est qu'en Ontario, au moins, la protection des
Franco-Ontariens exige un contrôle au niveau local exercé par la
minorité linguistique. Il y a peut-être là le commencement
d'une possibilité de garantie constitutionnelle. Si le jugement de la
cour - ce sera bien évidemment la Cour suprême du Canada dans
cette affaire - va
dans ce sens, il y aura déjà des garanties
constitutionnelles qui vont s'appliquer au Québec en faveur de la
minorité linguistique ici, les anglophones.
Pour le reste, si vous prenez le livre blanc récemment
publié en Ontario, je suis plutôt optimiste car il donne une large
mesure de contrôle aux francophones, il propose une très large
mesure de contrôle au niveau pédagogique qui n'est pas ici, dans
le projet de loi 40. C'est vrai, je le dis immédiatement, ce n'est pas
acceptable pour les Franco-Ontariens; ils veulent des commissions scolaires
homogènes. C'est là le débat. Ce que l'Ontario propose, ce
sont des sous-comités dans le cadre d'une commission scolaire mixte,
mais des sous-comités chargés, avec presque plein de pouvoirs sur
les écoles francophones. Les Franco-Ontariens croient que cela ne peut
pas fonctionner, qu'il leur faut des commissions scolaires vraiment
homogènes. C'est la position en Ontario. Il n'est pas impossible
d'amender l'article 93.
Deuxièmement, l'affaire Hirsch, brièvement. Il faut lire
la question 6 dans l'affaire Hirsch car c'est la question qui est posée
par le projet de loi. Je la cite de mémoire, la question 6 était:
Est-il permis au gouvernement de Québec de créer un nouveau
système d'écoles ni catholiques ni protestantes? La
réponse est oui. La Cour d'appel du Québec a répondu non,
avec certaines dissidences, la Cour suprême du Canada et le Conseil
privé ont dit oui, à condition qu'on ne porte pas atteinte aux
écoles confessionnelles. C'est cela, notre question.
Pour le reste, c'est vrai qu'en 1867 on n'a pas visé les Juifs ou
autres groupes, on n'a visé que des catholiques et des protestants.
C'était peut-être normal dans le temps, mais c'est bien
évident que c'est un problème aujourd'hui. Cela ne reflète
plus notre réalité. Sur cet aspect, Hirsch était lettre
morte depuis longtemps. Constitution-nellement, tout le monde a accès
aux écoles dites protestantes et catholiques, à Montréal
en tout cas. Il n'y a que dans les écoles dissidentes que,
constitutionnellement, les commissions scolaires avaient le droit d'exclure les
enfants qui n'étaient pas de la foi des dissidents. Partout au
Québec, sauf dans les écoles dissidentes, tout le monde a
toujours eu accès à ces écoles, et encore aujourd'hui. Si
l'article 93 ne reflète pas à 100% la réalité
actuelle, il existe quand même. Ce dont parle Hirsch - cela a
été cité pour cela - c'est du droit de gestion sur le plan
pédagogique et sur le plan financier. C'est cela qui manque dans le
projet de loi.
M. Payne: You know, question number four before that says: Can
the Provincial Legislature pass a Legislation obliging the Board of School
Commissions of the city of
Montréal to appoint teachers professing the Jewish religion in
their schools; should they be attended by children professing that religion?
The answer was no.
M. Irving: What are you reading from? Is this the Supreme Court
or the Privy Council?
M. Payne: This is the Supreme Court. M. Irving: Yes.
M. Payne: The four before the question six that you just
cited.
M. Irving: The answers were not all the same in the Privy
Council, but most were. That was. Yes, nobody is suggesting for a second that,
if Article 93 had to be rewritten today, it would deal only with Catholics and
Protestants. That is what happened a long time ago. All I am suggesting to Mr.
Payne is there and the fact that it is entirely disregarded as it concerns
people of the Jewish faith or any other faith being commissioners and, of
course, it never excluded them from the school. We cannot help that, I am
afraid. The case is simply one of many authorities for a proposition we have
been trying to put to you which is that Article 93 does guarantee certain
rights. It is always a good start to have an unanimous judgment of the Supreme
Court. I do not say it is conclusive and I do not say, by the way, that it
would be decided exactly the same way today. Frankly, I would have thought
that, if that question came afresh to the court now, they might not answer the
same way. They might say the contrary to what some others have said here.
Article 93 must not be interpreted restrictively, it is a constitutional
guarantee to minorities and it needs a large and a liberal interpretation and
we will not say that the Jewish persons or anyone else are excluded, but that
would be quite a possible interpretation today, and particularly with the
Supreme Court we now have.
Sorry, I think there was one other direct question you asked and I
forgot what it is. I was going to answer to it. It is your last one, I
think.
M. Payne: It was more a rethorical question, but Mr. Simms could
answer if he wishes. Does he think it is more than a pipe dream to imagine that
there would be a possibility for a constitutional amendment to Article 93
throughout Canada?
M. Wadsworth: I do not think so. As Mr. Irving just pointed out,
there may very will be as a result of the constitutional case that is taking
place in Ontario by the time that it reaches the Supreme Court. If a right
in management given to the linguistic minority in Ontario, that is the
beginning of an amendment which could go with Article 93.
M. Irving: I think - it is only that I think - that there is a
consensus building up in the country. It is slow. It is very painful in some
places and there are some things which happen which are just plain
embarrassing, but slowly that consensus is building up and the Charter
certainly is giving a push in that direction. As I say, if it is interpreted
certainly the way we proposed before the Court of Appeal of Ontario and the
Franco-Ontarians, then there will be effectively a new guaranteed system.
M. Simms: Certainly, the Canadian School Trustees Association and
the Canadian Catholic School Trustees have given us unanimous support on this.
I think they reflect the thinking of people in education right across
Canada.
M. Payne: Just as a rider to that, I would suggest that perhaps a
lot has happened since the coming to power of the Parti québécois
which is given momentum to that kind of increase and commendable resurgence to
spirit with respect to minority protection in the rest of Canada.
M. Wadsworth: I think Dr. Simms was referring to a local control
of school boards. The support that we are getting from the Canadian School
Trustees Association is not in connection with language, it is in connection
with local control of school boards.
M. Payne: I have a last comment. I will read a few of them. The
Québec Association of Protestant School
Administrators, the Québec Federation of Protestant Home and
School Associations, the Québec Association of Protestant School Boards
and other 15 or so organizations said, not so long ago, that an amendment of
section 93 is perhaps desirable but, of course, not required for implementing
the policy which they proposed. I am referring to something which was a joint
position paper of the English community in 1968 and I cannot help but point out
the significant change of opinion seemingly in your position since then.
M. Simms: If you are speaking of the dual language report written
under the signature of the Dr. Rock Robinson in 1968, which I presume you are,
you have to realize that it envisions, "sous-ministre" and senior people within
the ministry of Education, control of curriculum, taxes, budgets, school
committees, parental choice in language... If you are taking about all those
things as being a possibility, then, we have a copy of the dual language here
along with the 1971 mémoire which we will be glad to discuss further,
but you cannot just pick out a one small part. Things have changed a great deal
since then. Realize that way back then, even Mr. Lévesque was a liberal
cabinet minister. You know, things have changed.
Le Président (M. Blouin): Cela va.
M. Payne: Everybody can change his opinion, but I would love to
discuss it with you.
Le Président (M. Blouin): Sur ce, M. le
député de Vachon, je dois maintenant donner la parole à
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. I would like to
thank the Québec Association Protestant School Boards for their
mémoire. I particularly want to underline the importance of your having
clearly sighted the distribution of powers that you see as being appropriate
for the minister, school boards, schools and the parents. I think that this
whole question of judicious distribution of powers placing the powers where it
is appropriate to hold each group accountable for the particular decisions that
they take, this whole question is central to the debate on the Bill 40.
It seems to me that this is one of the aspects in Bill 40 which has
really gone away. Because as far as I am concerned, the Government has
falsified the principle of decentralization, the principle of good management
which is to place the decision at the point of accountability. Too often in
Bill 40 the decisions have been placed without regard to the appropriate point
of accountability. I think that falsifies and affects good management. So, I
think that is an important contribution that the Québec Association has
made. (22 h 30)
Also, I would like to thank Mr. Irving in particular. I think you have
raised in a very succinct manner, which lawers do not always do, some of the
very key questions that must be answered eventually before we can sort this
whole thing out. The question of taxation, the question of financial and
pedagogical control, the question of management, management rights, which
includes personnel, authority over personnel, hiring, firing and so on,
administrative control and also the question of article 23. I was particularly
interested in your comments on article 23b; I had not realized before that they
could be interpreted, or that sub-article could perhaps, eventually, be
interpreted as implicating some sort of control of the
"établissements", not just the right of parents to have access to
a certain kind of education.
My first question relates to the powers that you have designated as
appropriate for the school, and what I would like you to clarify, because the
minister congratulated you on your "ouverture d'esprit et pour avoir
évolué en ce qui concerne les droits des parents". Is it not so
that, in fact, the powers that you have listed for the schools, the
responsibilities of the school, are in fact operating in most Protestant
schools as a matter of reality. Is that true? Would you like... perhaps Dr.
Simms would answer that question.
M. Simms: Yes, I think they are and there is a great deal that,
as you know, we can do in education, under the present circumstances, under the
present education laws. À very good example of that happened in my own
territory just this past year.
We had a high school which was obviously going to become extinct within
the year. I made some suggestions, as commissioner, to the parents. The parents
became a very active, intelligent committee and, with the help of some experts
in pedagogy and administration from the PSBGM, we put together a package for a
new academy which, I know, has won already some raves across Canada through the
media. They have a school which is full now, totally full enrolment, with
emphasis upon French and computer training, and with new types of discipline
and extracurricular activities. The parents have been very much involved in it,
the school commission has been very much involved in it, and the consultants
from the school board have also been very much involved it. This is education
taking place.
Now this has happened throughout let us say the total PSBGM, and a
number of cases I would ask Dr. Paterson, perhaps, to speak about. I think he
could probably name ten or eleven new instances.
M. Paterson; Well that is a bit of a job, but just from off the
top of my hat, I think of FACE, organized and run by parents, as far as we are
concerned, which deals with the finance program, mostly music, keeps up their
regular school curriculum at the same time...
Mme Dougherty: Dr. Paterson, we can not quite hear you.
Mr. Paterson: I am sorry. Is it O.K. now?
Le Président (M. Blouin): Cela va.
Mr. Paterson: Pardon me. I am thinking perhaps first of FACE,
which is a program devoted to fine arts, particularly music, and, at the same
time, the pupils keep up their regular academic levels, a wonderful
organization. We are turning people away and here is an example of full
difference in curriculum. I am thinking of MIND, which is "movements in new
directions", which is run largely by pupils. At this time, a very successful
project. I am thinking of a school in LaSalle which deals with children who
otherwise would not be in school, and as an old academic teacher myself, the
program sometimes gives me the shivers but I can assure you that every year,
certain children are saved from running the streets, they are graduating from
high school. This is a terrific program. I am thinking of other programs in
Notre-Dame-de-Grâce, which are doing the same thing in an other area. I
am thinking of a school called Options, which again works in a different way.
And I would like to also point out that our regular schools do not follow any
particular pattern. They depend to a large extent on the leadership given by
the principal, the leadership given by the teachers and the school council, and
the parents. And in those schools, if you can find any single pattern -and Mrs.
Dougherty can back this up, I am sure, as a former chairman of the PSBGM -to
find any particular pattern will be very difficult. And I maintain that we are
serving our children in many directions. Fully cognizant of the wishes of
parents, fully cognizant of the wishes of pupils, we have the ability to modify
within the present system; we are very happy with it. Thank you very much.
Mme Dougherty: Thank you, Dr. Paterson. I was hoping to give you
a chance to illustrate the point that the powers that you have listed are not
just a theoretical conception of how things might be; that they are there and
they are working. And they have stood the test of reality. And that within, as
Dr. Paterson just pointed out, the present laws as to the role of the school
and the parents, all of these very fine possibilities are there, without any
changes.
My second question relates to... I know it is a difficult question but
again I think Dr. Simms might be able to put it in a nutshell for us. It is
this business of the difference of philosophy between the Catholic education
and Protestant education. I think that very often the Government perception is
a sort of mirror image situation. And the more we hear at these hearings, the
more it becomes apparent that within this new possible linguistic board that is
being proposed, there are still some very fundamental problems to be worked
out. And, personally, I am becoming very concerned particularly on the Island
of Montréal and I
am really wondering whether the two philosophies are as compatible as we
would like to think. Would you like to comment on that, Dr. Simms?
M. Simms: Yes, I would, thank you very much. The traditions are
quite different, the Roman Catholics certainly believe so. Across Canada and
the United States, you have basically two systems: You have a public system of
education and you have the Catholic system or parochial system. The Canadian
Catholic School Trusties, as I have mentioned earlier, believe in this
difference so intensely that they have sent QAPSB financial support for our
constitutional cases to protect their and our constitutional confessional
rights. The Archbishop of Montréal, as the Conseil de l'île de
Montréal indicated earlier today, also believes in this. These people do
not think in terms of a course, a subject in religion and morals, but of the
total school by character and nature being Catholic. And, that includes
teachers, as Mr. Weiner pointed out, I think, principals, curriculum,
textbooks. They believe in a body of Church doctrine which should be
communicated and should be all encompassing. Now, on the contrary, the
Protestant approach, that I am most familiar with - is inherently pluralistic.
There is no one confession or a system, but the freedom of the individual, as
personified in Martin Luther: "Here stand I, I can do no other", when, as an
individual, with his own conscience and the Bible, the word of God, as he saw
it, standing to make his own decisions individually. The Protestant system of
approach is that, yes, we would teach a subject in religion and in morals, but
there would be no communicating of a particular religious, moral or secular
position. We would recognize the fundamentalist and also the doubts of the
agnostic.
The emphasis is upon objective inquiry and not indoctrination. It is
upon investigation and search and examination. Denominational instruction and
affiliation are the responsibilities of the Church and of the Synagogue and of
the home, not a pluralistic school system such as we have within the Protestant
system. To try to bring these two together, I think Mr. Dobie, when he was
here, made mention of creating small Irelands, you would have great difficulty.
I respect the Roman Catholics for wanting to have their schools that reflect
their characters, but it is very difficult to take that and mesh it together
like so with the Protestant system that is quite different in attitude and in
pursuit even of day by day education.
Mme Dougherty: Thank you very much for that very excellent
answer. I have one more quick question, but it has a big implication. It is to
Mr. Irving. You said in relation to the taxation issue, that in fact the
judgment of the Court of Appeal is "en vigueur". What is the implication of
that in a practical way in this Province?
M. Irving: The system where appeals go up from the Québec
courts to the Supreme Court of Canada is not the same as it is in appeals
within Québec to the Court of Appeal. Simply appealing a case to the
Supreme Court does not suspend the operation of the judgment, except where it
requires payment of money, and things of that kind, so the judgment is in
force. The effect is that those sections of the law, in my opinion, are now
inoperative and the school boards now have the rights which they previously had
to impose taxes as they wish. Naturally, the implication... Of course, there is
a more serious one, which is this: I do not think it is a question which has
ever risen. I will try to indicate why not. If this Legislature was now to
reenact those very same articles which the highest Court of this Province has
already said unconstitutional, I think it would effectively be a nullity. The
reason it has never arisen is as far as I know, that no Parliament has simply
reenacted legislation which the courts have already declared to be inoperative.
Of course, if the Supreme Court of Canada can reinstate them by a judgment
favorable to the Government of Québec. But until that is done, and it
was quite clearly established that, in fact, it was a Québec case, the
case of the Keable Commission, where that very issue arose and the court gave a
judgment in 1978, "le jugement reste en vigueur, il a plein effet durant
l'appel". So, the effect is that, as of now, as of this moment, and until such
time as the Supreme Court of Canada orders otherwise or maintains the appeal,
those articles are, in the eyes of the law, unconstitutional; they are not in
effect; they could not prevent the school boards from exercising their taxing
powers, in my opinion, but I think it is quite clear.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. Irving. Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le ministre, une brève
conclusion?
M. Laurin: Oui, je voudrais à nouveau remercier
l'Association des commissions scolaires protestantes du Québec pour les
échanges fructueux que nous avons eus ce soir. Je voudrais aussi en
profiter pour faire une rectification. Il est vrai que j'avais accordé
une moins grande attention à la deuxième partie du mémoire
de l'Association des commissions scolaires protestantes, parce qu'elle
était marquée annexe; donc, pour moi, elle ne représentait
pas l'attitude formelle de l'Association des commissions
scolaires protestantes, d'autant plus qu'elle avait pour titre "Une
autre approche à l'éducation", "An alternate approach à la
réforme de l'éducation".
J'en avais donc conclu que les vues réelles de l'association
étaient celles qui étaient contenues dans la première
partie. Il est concevable, alors, que je l'avais moins retenue. Ce soir, la
surprise que j'ai eue, c'est de voir que cette position que j'avais
interprétée comme une position de repli, au cas où les
vues formelles présentées en premier plan n'étaient pas
acceptées, devenait la position principale. Évidemment, je l'ai
relue et entendue avec plus d'attention et je suis réjoui.
Je voulais apporter cette rectification, tout en disant à quel
point j'avais trouvé cette audition de l'annexe, qui est devenue le
mémoire principal, si je comprends bien, très intéressante
et beaucoup plus porteuse de progrès pour l'avenir.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Argenteuil également, une brève
conclusion.
M. Ryan: Oui, j'ai écouté le ministre avec
intérêt et j'allais lui dire qu'il y a parfois un avantage
à avoir été journaliste, parce qu'on soupçonne
souvent que dans les dernières pages d'un document, il y a des choses
encore plus importantes que dans les premières. J'apprécie cette
rectification. Je pense qu'elles vous donnent, messieurs, une bonne idée
du climat de dialogue et de conversation civilisée dans lequel se
déroulent les travaux de la commission parlementaire depuis maintenant
près de trois semaines.
C'est un exercice extrêmement ardu, mais qui est fait avec
sincérité et, j'espère, avec réceptivité de
la part du gouvernement autant que de l'Opposition. J'ose croire que ceux qui
viennent nous rencontrer vont retourner chez eux dans le même esprit de
recherche que nous essayons de déployer. Si chacun se met dans un
véritable esprit de recherche et pas seulement d'affirmation de sa
position - j'apprécie une chose que vous avez dite: C'est à
partir d'une affirmation forte de sa position qu'on peut le mieux engager une
démarche de recherche véritable, et non pas en l'abandonnant tout
de suite en partant - on pourra continuer de converser de ces questions et,
éventuellement, trouver ensemble des solutions qui donnent lieu à
un véritable consensus entre nous tous. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil, pour ces bonnes paroles. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les représentants de l'Association
des commissions scolaires protestantes du Québec de leur importante
contribution aux travaux de notre commission parlementaire.
Sur ce, la commission élue permanente de l'éducation
ajourne ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 49)