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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît;
Mesdames, messieurs, la commission élue permanente de
l'éducation reprend ses travaux. J'invite donc les membres de la
commission à regagner leur siège, ainsi que nos invités.
Sur ce, je vous rappelle que le mandat de cette commission parlementaire est
d'entendre toute personne ou tout groupe qui désire intervenir sur le
projet de loi 40, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Aujourd'hui, jusqu'à 13 heures, nous entendrons, d'abord,
l'Association des anglophones de l'Estrie et, ensuite, le Comité de
coordination des parents du secteur anglais de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Il a été convenu entre les partis
que chacun de ces deux groupes pourra s'entretenir et échanger avec les
membres de la commission pendant une période de une heure et trente pour
chacun d'entre eux.
Sur ce, je vais, comme le règlement le prévoit, identifier
les membres de la commission qui sont: MM. Brouillet (Chauveau), Champagne
(Mille-Îles), Cusano (Viau), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Hains (Saint-Henri), Laurin (Bourget),
Leduc (Fabre), Paré (Shefford), Payne (Vachon) et Ryan (Argenteuil).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Charbonneau
(Verchères), Maltais (Saguenay), Doyon (Louis-Hébert), Gauthier
(Roberval), Mmes Harel
(Maisonneuve), Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Rochefort (Gouin) et Sirros
(Laurier).
Avant que nous accueillions notre premier groupe invité, M. le
député d'Argenteuil aurait quelques communications à nous
transmettre. M. le député d'Argenteuil.
Les organismes invités M. Claude Ryan
M. Ryan: Bonjour, M. le Président. Comme d'habitude, il y
a un petit prône qui nous apporte des nouvelles, des messages en
provenance de différentes parties du Québec concernant le travail
de la commission.
J'aurais un premier message à vous communiquer en provenance de
la commission scolaire de Chapais-Chibougamau. Ce message se lit comme suit. On
m'adresse copie d'un télégramme qui a été
adressé au premier ministre, M. René Lévesque. "La
commission scolaire de Chapais-Chibougamau désire vous manifester son
grand mécontentement devant le fait qu'aucun des organismes de la
région de l'Abitibi-Témisca-mingue ayant présenté
un mémoire et demandé à être entendu à la
commission parlementaire sur le projet de loi 40 ne soit inscrit sur la liste
des auditions et demande à connaître les critères retenus
pour la confection de cette liste." C'est signé: Raynald Sylvain,
secrétaire général de la commission scolaire de
Chapais-Chibougamau. L'autre message ici m'est transmis par le
député du comté d'Orford, M. Georges Vaillancourt, et il
provient de la présidente du comité de parents de la commission
scolaire régionale de l'Estrie. C'est un télégramme
qu'elle a adressé à son député pour que le message
nous soit transmis. "Monsieur, nous comptons sur votre appui pour être
entendus à la commission élue permanente de l'éducation.
Notre commission scolaire régionale de l'Estrie présente une
situation géographique particulière...
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Argenteuil, je comprends que vous ayez parfois certains messages à
lire au début des commissions parlementaires, mais je ne voudrais pas
qu'il y ait des redites à cet égard. Je vous signale que vous
avez déjà lu, au début de nos travaux, un message
provenant de la commission scolaire régionale de l'Estrie.
J'insisterais, lorsque vous faites ce genre de communication, pour que ce soit
une nouvelle communication.
M. Ryan: M. le Président, je crois avoir donné
lecture antérieurement d'un message en provenance de la commission
scolaire régionale de l'Estrie; celui-ci provient de la
présidente du comité de parents de ladite commission scolaire. Il
me semble que c'est différent. Surtout, je pense...
Le Président (M. Blouin): M. le député, vous
nous avez également lu un message, venant du comité de parents de
la commission scolaire régionale de l'Estrie.
M. Ryan: Très bien, si c'est votre décision, on va
s'y conformer.
Le Président (M. Blouin): C'est une observation, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Très bien. Je vérifierai. Je ne crois pas
que c'était le même messsage, mais je me soumets à votre
décision. Ici, un message en provenance des parents des paroisses
Saint-Éphrem-d'Upton, Upton, Sainte-Hélène-de-Bagot,
Saint-Liboire, Saint-Nazaire-d'Acton, Saint-Valérien-de-Milton. Je crois
que c'est dans le comté de Johnson et dans le comté de
Saint-Hyacinthe. "Vous trouverez ci-inclus, M. le député, copie
d'une demande que nous avons fait parvenir au Dr Camille Laurin, ministre de
l'Éducation, pour être entendus en commission parlementaire sur le
projet de loi 40. Notre mémoire no 75 porte sur la détermination
du territoire scolaire de la future commission scolaire de
Saint-Hyacinthe."
Le message adressé au ministre de l'Éducation se lit comme
suit: "Nous apprenons avec déception que notre groupement ne sera pas
entendu en commission élue permanente de l'éducation en regard du
projet de loi 40. L'objet de notre mémoire, Oui à l'appartenance
de nos paroisses sur le plan scolaire à la région de
Saint-Hyacinthe, est d'intérêt primordial pour les parents et les
citoyens que nous représentons. C'est pourquoi nous nous adressons
à vous pour demander d'être entendus à ladite commission,
malgré la décision prise par le leader du gouvernement de ne pas
entendre plus de 78 groupements. Nous vous remercions de la bienveillante
attention que vous apporterez à notre demande et ce, au nom de tous les
parents et agents de l'éducation de notre milieu." C'est signé,
Marcel Tremblay, pour les parents des paroisses de Saint-Éphrem-d'Upton,
Upton, Sainte-Hélène-de-Bagot, Saint-Liboire paroisse et village,
Saint-Nazaire-d'Acton, Saint-Valérien-de-Milton.
J'ai un autre message, M. le Président, qui provient du Northview
School Committee situé à Pointe-Claire. Le message se lit comme
suit: "Whereas the Parents Committee of the Lakeshore School Board has written
a brief for submission to the parliamentary commission; whereas the members of
the Northview School Committee have voted unanimously to support the position
in the Lakeshore Parents Committee brief on Bill 40; whereas the positions of
the Fédération des comités de parents de la province de
Québec support Bill 40 wjth minor amendments; whereas the Northview
School Committee considers that the overriding powers given the Minister of
Education and the Cabinet in Bill 40, among other things, render Bill 40
unacceptable, therefore, be it resolved that the Northview School Committee
does not support the position taken by the Fédération des
comités de parents at the assembly held on
September 9, 10 and 11, 1983 on Bill 40." C'est signé Ken Kalman
et Heather Scheigetz. C'est tout, M. le Président. Seulement une minute,
si vous me le permettez. J'ai d'autres messages ici. Je veux vérifier si
vous n'en auriez pas pris connaissance avant. Je m'aperçois que vous
avez une très bonne mémoire et je ne voudrais pas abuser du temps
de cette commission, comme vous le savez d'ailleurs. Je vais vérifier.
Vous en prendrez connaissance mardi, au besoin. Je ne veux retarder le travail
de la commission d'aucune manière. Je vous remercie beaucoup et, encore
une fois, j'exprime mon entier appui à ces représentations qui
ont été faites aux responsables du gouvernement ou de la
commission.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Merci
beaucoup, M. le député d'Argenteuil. Sur ce, j'invite maintenant
les représentants de l'Association des anglophones de l'Estrie à
nous livrer, en une vingtaine de minutes, le contenu de leur mémoire
après, bien sûr, s'être identifiés.
Auditions Association des anglophones de
l'Estrie
Mme Goodfellow (Marjorie): Bonjour. Merci, M. le
Président. M. le ministre, MM. les membres de la commission, je voudrais
vous présenter mes collègues: le Dr James Ross, président
du comité de l'éducation, Sherbrooke; M. David Gingras, membre de
ce comité, East Angus; M. Peter Dobbin, membre de l'association,
Cowansville et, à l'autre bout, M. Hardy Craft, membre du comité
exécutif, Bedford; Mme Cynthia Dow, directrice générale de
l'association, North Hatley, et moi-même, la présidente,
Sherbrooke. Un résumé de notre mémoire suit, incluant les
principes fondamentaux contenus dans notre mémoire et certaines
précisions.
The brief which the Townshippers Association has prepared for this
parliamentary commission is the result of intensive study by the Education
Committee, spanning a period of two years. We started when the proposed
reorganization was just a rumor. At this point, we asked school committees
throughout the Eastern Townships to cooperate with us in organizing public
meetings designed to inform people about the existing structure, the linguistic
board option and the unified board concept. Following this consultative process
and using the questionnaires answered by approximately 3000 people in 20
communities, the Education Committee took a proposal to support the linguistic
board option to the Association's board of directors, which approved it.
When the White Paper was presented, we embarked on another series of
public meetings. Catholic parents at both confessional and integrated schools
made us aware of their particular minority within a minority concerns. They
were represented on the committee studying the White Paper. Our 8000 members
were kept informed and supported us in our determination to maintain control of
school boards off the Island of Montréal in the hands of elected
representatives of the English-speaking community as well as on number of other
issues.
In addition, we took our case for leaving control of the
English-language school system in the hands of our community to our
French-speaking neighbours and we received overwhelming support from six MRC, a
number of cities, towns and villages, seven "commissions scolaires", some
parents committees, some school committees and other groups. We have a list of
this support, if it is necessary. (10 h 15)
Bill 40 responded to the concern about the control of the school system
in the hands of our community and the Association was pleased to acknowledge
this. The committee studied the Bill in detail, comparing it with our stated
positions as a community organization. The brief before you expresses the
results of this final study.
It is our position, as well as the position of most French-speaking
citizens groups outside Québec, that a minority community must have
control of the education of its children if it is to survive as a viable
community. We support full educational rights for minority groups in other
provinces, but we believe that existing minority educational structures in most
provinces other than Québec give inadequate control to their official
language minority communities. It was ironic that while the French-language
minority groups in other provinces continue their historic fight for education
rights, the English-speaking community of Québec was suddenly faced in
1981 with the threatened loss of precisely those rights.
Any move to transfer decision-making rights and privileges from the
local community to the province must be opposed by those communities which
cannot guarantee...
Le Président (M. Blouin): Juste un petit moment,
madame.
M. Ryan: Je m'excuse d'interrompre la lecture qu'a
commencé de faire Mme Goodfellow, mais je voudrais m'assurer de quelque
chose. J'ai l'impression que Mme Goodfellow lit un texte quelque peu
différent de celui qui nous a été remis.
Mme Goodfellow: Oui.
M. Ryan: Est-ce que c'est un résumé du texte que
Mme Goodfellow est en train de donner?
Mme Goodfellow: Oui, c'est un résumé. Cela va
prendre environ quinze minutes.
M. Ryan: Voulez-vous, quand vous retrouverez le texte du
mémoire, peut-être indiquer les pages auxquelles cela fait
allusion...
Mme Goodfellow: Bon.
M. Ryan: ...parce que c'est plus difficile pour nous de
suivre?
Le Président (M. Blouin): C'est cela. Mme Goodfellow:
Très bien, merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Goodfellow. Alors,
vous pouvez poursuivre.
Mme Goodfellow: Any move to transfer decision-making rights and
privileges from the local community to the province must be opposed by those
communities that cannot guarantee themselves adequate representation at the
provincial level. This situation will always exist in Québec, given the
relatively small size and dispersed nature of our community. To guarantee that
we, and not a linguistically unrepresentative government or a culturally or
geographically distant administrative council have the control of the destiny
of our community, we must not only have substantial decision-making power over
curricula and school taxation, but also the power to decide how and where
financial resources available for education are best spent in a particular
area. C'est à la page 2 de notre mémoire.
Local English-language schools serve both as focal points for the
English-speaking community of the Eastern Townships and a guarantee of our
continued existence as a distinctive community. In this way, schools and school
policy are not the concerns of parents alone, but of all English-speaking
citizens.
We are concerned that the present form of Bill 40 does not define with
clarity the place where the control of education exists. Without clarification,
it would be possible for the Ministry of Education to exercise too much
control. This poses the danger that the education system will not be responsive
to regional and community priorities. Conversely in rural Québec with
many small and widely separated schools, too much control at the school level
will be impractical and unworkable.
We believe that Bill 40 must clearly
define the authority and powers of the regional school boards. The
school boards must retain the authority to respond to the educational needs of
its regional community.
Page 3. Specifically, we would like to make the following points: 1. We
welcome the establishment of the school system along linguistic lines, but we
recommend that these new English-language school boards be protected by
constitutional guarantee. In order to clarify the situation, we ask that the
Government submit Article 93 of the BNA Act to the Québec Court of
Appeal for an interpretation on the guarantees regarding school boards. We
believe that such a course of action by the Government would go a long way to
remove much of the uncertainty which persists in the English-speaking
community. 2. We are pleased that the system has been designed to accommodate
confessionality at the school level and that the right of access to Catholic
and Protestant religious and moral instruction has been maintained. However, we
see cause for concern when the non-confessional option is rejected and when the
result of the vote on the confessional option is close. In order to minimize
problems of morale for the losing side, we request that the Government clarify
the decision-making process.
Pages 4 et 5. 3. We feel that the proposals to allow input from Regional
Municipal Counties, MRCs, on pupil transportation is a suitable
arrangement.
M. Ross (James): We are concerned that Bill 40 does not
adequately clarify the division of pedagogical and administrative powers among
schools, school councils, school boards and the "ministère de
l'Éducation du Québec". We therefore recommend amendments to the
following articles. Article 29 reads: "The school is established by the school
board, which determines the name and address of the school, the composition of
the school council, the school's language status, the immovable property placed
at its disposal, the level of the school and the educational services
provided." We recommend an amendment to read: "The school board has the
authority to supervise and to modify the scope of the educational scheme to
respond to the needs of the regional community served by the school board."
Article 94 reads: "The school is responsible for the implementation of
the educative policy." Our amendment reads: "The educative policy may be
modified by the school board to respond to the needs of the regional
community."
Article 105. We recommend to amend to read: "Under the supervision of
the school board, the school shall choose the textbooks from the list
authorized by the Minister, as well as the teaching materials".
Article 113. We recommend: "Under the supervision of the school board,
the school shall establish standards and modalities for the evaluation of
pupils' learning achievement".
Article 120: "The school shall draw up a staffing plan indicating the
school's needs for each class of staff, and forward it to the school board". We
recommend the amendment: "The school board has the authority to modify the
staffing plans based on the needs of the regional community".
Article 203: "The school board may set norms for schools in the drawing
up of their school calendars to allow for any constraints connected with pupil
transportation". We recommend an amendment: "The school board has the authority
to modify the school calendars for pedagogical or other needs of its regional
community".
Article 292: "The Minister shall establish the programme of formative
and precognitive activities for preschool education and the programme of
required and elective subjects for elementary and secondary schools". Our
amendment reads: "The school board has the authority to supervise and to modify
the educational schemes of the schools under its jurisdiction (within the
general framework of the programmes established by the Minister of Education)
in the context of the needs of the regional community".
We believe the above amendments are necessary to clarify the authority
and power of the school board. The school board must have the capability to
adapt the broad guidelines from the Minister of Education to the regional needs
of the communities it serves. The school board must also have the authority to
coordinate the recommendations from the various school councils to adapt to the
budget and personnel available for the region. To this end, the school board
must be the decision-making body for the overall territory it serves. To
function as an efficient management unit for its region, the school board must
be provided with an adequate budget and advisory personnel.
Mme Goodfellow: We are pleased to see the retention - c'est aux
pages 6 et 7 de notre mémoire - of universal suffrage in school board
elections but we are concerned that the nominations and election process remain
uncomplicated. To this end we suggest certain amendments. We recommend that
article 141, which deals with polling stations and electoral lists, be amended
so that this sentence is inserted: "The person has the right to exercise one
vote for an elementary school commissioner and one vote for a secondary school
commissioner."
I would like to explain that suggested amendment a little bit. I live in
Sherbrooke and, as a citizen of Sherbrooke under the
Protestant system, I have the right to vote for the elections of the
Board of the Sherbrooke Elementary School located in Sherbrooke and the
Alexander Galt Regional High School which is located in Lennoxville. As a
citizen, it is important for me to be able to continue to vote at both the
elementary level and the secondary level, even though the school at a secondary
level is located outside of my municipality. Hence, our suggested
amendment.
Article 156 reads: "A school commissioner who, during his term, ceases
to fulfill the conditions required for this election or appointment, may remain
in office until the next July 1." We recommend that such a school commissioner
should cease to hold office immediately in order to avoid any period during
which there might be problems of, for example, conflict of interests. 6. The
closing of small schools - pages 8 et 9 - can have an extremely detrimental
effect on small communities. We therefore feel that special considerations must
be given to small schools in terms of financing, staffing and course
offerings.
Article 120 reads: "The school shall draw up a staffing plan indicating
the school's needs for each class of staff, and forward it to the school
board." We suggest the addition of this sentence: "Schools with a population
size below 150 for elementary schools and 1000 for secondary schools are
entitled to utilize a different set of teacher-pupil norms to meet their
instructional programmes, the budget of which will be met by the provincial
treasury and not through increased local taxation.
Here, we believe, is an example of the need for a school board to have
the powers to manage the schools in its territory in order to reduce the
inequities because of varying school populations.
Pages 10, 11 and 12, chapter 7. Restricted access to English-language
schooling has a number of adverse effects on the English-speaking community in
rural Québec, as well as on the rural community as a whole. Loosening
the restricted access provisions of the Charter of the French language could
make the difference between forced closure and the maintenance of certain small
rural schools. As these small schools close, there are fewer and fewer
communities able to offer English-language schooling. (10 h 30)
This has a detrimental effect on the English-speaking community, since
people of child bearing age tend to move to larger centres which offer English
language education. The very existence of the English-speaking community in
many parts of Québec depends upon the local schools and those employed
by them who form the leadership of our community. There is also a detrimental
effect on the community as a whole. As municipalities in the Eastern Townships
concentrate their attention on how to improve economic opportunities for all
citizens by trying to attract new industry, our French-speaking neighbours are
calling on us to shore up our English-speaking educational institutions. The
same message is repeated by industrial commissioners and by economic summit
meetings.
The attraction of our region for industry, particularly in the United
States, lies in the bicultural flavour of the Eastern Townships. Here,
appreciable immigration and economic stimulus continue to come as in the past
from the United States. These factors bring with them a certain demand for
access to the English language school system which exists. And I can cite an
example which was brought to my attention recently: Tie Communications
apparently was negotiating with both Drummondville and Sherbrooke and quite
possibly other communities as well. Drummondville feels that they lost Tie
Communications, which chose Sherbrooke, because Drummondville's last English
language school closed two years ago. Tie Communications is now setting up a
business in Sherbrooke. It is an American firm.
Therefore, for economic, cultural and educational reasons, we recommend
that the Charter of the French language be amended to allow access to English
language schools to all those who have been educated in English and to parents
who have been educated in English.
Page 13. Conclusion. The debate on school reform has served to stimulate
the English-speaking community of rural Québec and to draw it into the
arena of provincial politics in a way that can only be good for our health as a
democracy. In the course of this debate, it became clear that the
English-speaking community was not an embattled minority without allies. We
were led to the happy realization that our goal of maintaining a vibrant
English-speaking community in Québec was shared by nearly all Quebeckers
and that participation in Québec society can lead to the strenghtening
of our community.
We thank you, Mr. President, for the opportunity to present our position
on this most important issue.
Le Président (M. Blouin): Thank you, Mrs. Goodfellow. M.
le ministre.
M. Laurin: First, I would like to welcome the townshippers at
this commission. Je voudrais d'abord souhaiter la bienvenue à
l'Association des anglophones de l'Estrie. J'ai toujours eu d'excellentes
relations avec cette association depuis qu'elle
existe. Je peux même dire que je suis un peu à l'origine de
l'association puisque c'est à la suite d'une réunion où
j'avais le plaisir de rencontrer toute la communauté anglophone de
l'Estrie, à propos du développement culturel de la
communauté anglophone, que j'avais émis la suggestion qu'il
serait opportun que tous les anglophones de l'Estrie se réunissent en
une association qui étudierait tous les problèmes,
éducatifs bien sûr, mais aussi linguistiques et sociaux de la
communauté, qui regroupait donc toutes les forces vives de la
communauté anglophone de l'Estrie pour que cette communauté
puisse, comme vient de le dire en conclusion Mme Goodfellow, "not only maintain
the English-speaking community but to make it a vibrant part of the
Québec English-speaking community.
Je suis très heureux que cette association ait vu le jour peu de
temps après et qu'elle ait manifesté si souvent et avec autant de
vigueur son dynamisme dans la défense et le développement des
intérêts culturels, éducatifs, sociaux, de toute la vie
collective des anglophones de l'Estrie. Le mémoire qu'elle nous
présente aujourd'hui sur le plan de l'éducation égale en
valeur, par sa sobriété et sa concision, tous les autres que j'ai
eu l'occasion de parcourir.
Je vois que, dans son mémoire, l'Association des anglophones de
l'Estrie estime elle aussi que notre système d'éducation a besoin
de changements importants, de changements majeurs. Elle estime également
qu'il est très opportun de modifier notre système de façon
que les commissions scolaires soient maintenant divisées sur la base
linguistique plutôt que sur la base confessionnelle. De même, je
constate qu'elle estime également que les aménagements de la
confessionnalité que nous faisons par la loi 40 collent davantage
à la réalité et respectent davantage la liberté de
conscience.
L'association accepte également les grandes lignes de la
répartition des pouvoirs en ce sens qu'elle reconnaît qu'il est
opportun, qu'il est utile de confier à l'école un certain nombre
de responsabilités, particulièrement sur le plan de la
pédagogie et sur le plan du projet éducatif. Cependant,
l'association estime qu'il ne faut quand même pas lui laisser trop
d'autorité et qu'il convient que la commission scolaire, en tant
qu'instance régionale, garde des pouvoirs importants même en
matière pédagogique.
En lisant avec attention le projet, on constate que la commission
scolaire, directement ou indirectement, conserve d'importants pouvoirs,
même en matière de pédagogie. Elle garde, en particulier,
le contrôle sur les écoles, elle garde le pouvoir de surveiller ce
qui se passe dans les écoles. L'école demeure imputable à
la commission scolaire pour ses activités, mais je sens que,
malgré tout, l'association voudrait qu'on précise davantage,
particulièrement sur le plan de la pédagogie, le rôle des
commissions scolaires. Je le comprends surtout parce que les anglophones dans
l'Estrie forment une communauté qui veut se développer; les
communautés sont dispersées et petites; je sens qu'un organisme
de concertation comme la commission scolaire est peut-être mieux en
mesure de saisir tous les besoins de la communauté et vous souhaiteriez
qu'un certain nombre de décisions soient prises à ce niveau,
même si on peut penser qu'avec le nouveau système, comme toutes
les écoles seront désormais anglophones et feront partie d'un
organisme scolaire régional anglophone, les communications qui
s'établiront ainsi, le sens de l'unité qui existera permettra, ne
serait-ce que par le truchement aussi de votre association, qui continuera
d'être très présente, que les valeurs et les projets de la
communauté sur le plan du développement éducatif et
culturel pourront parfaitement s'incarner au niveau de l'école aussi
bien que de la commission scolaire.
Je voudrais aussi vous dire, à cet égard, que l'article
qui concerne les plans d'effectifs non seulement permet, mais exige que ce soit
la commission scolaire qui puisse modifier les plans d'effectifs, car c'est la
commission scolaire qui sera appelée à arbitrer les plans
d'effectifs que leur présentera chaque école.
Quant aux manuels scolaires, il reste que l'école qui devra
choisir les manuels scolaires ne pourra le faire qu'à partir d'une liste
établie par le ministère de l'Éducation. Cette liste,
quand même, exigera que les manuels soient étudiés au
niveau central et le choix des écoles ne pourra quand même
s'effectuer qu'à partir de cette liste établie par le
ministère de l'Éducation.
On pourrait dire la même chose également sur le
régime pédagogique. Pour le régime pédagogique, la
commission scolaire, en vertu de la loi 40, conserve également certains
pouvoirs. Peut-être pas aussi étendus que ceux que vous
souhaiteriez, mais elle conserve quand même certains pouvoirs. C'est la
même chose pour le calendrier scolaire. Vous voudriez qu'il soit
établi au niveau de la commission scolaire, mais c'est un peu le fait,
si on regarde de près le projet de loi 40, puisque c'est à partir
des normes établies par la commission scolaire pour le calendrier
scolaire que les écoles pourront établir un calendrier scolaire
qui collera aux besoins très particuliers de la communauté
qu'elles doivent desservir. Peut-être que tout cela n'est pas assez clair
dans le projet de loi, mais je vois très bien votre intention, et je
peux vous dire qu'à cet égard, nous reconnaissons la
nécessité de laisser aux commissions scolaires une
reponsabilité sur le plan du calendrier scolaire.
Je remarque aussi que vous êtes très satisfaits de ce que
contient le projet de loi 40 au niveau de la commission scolaire sur
l'établissement des normes de transport. Je suis heureux de vous
l'entendre dire. Je crois en effet que, pour des communautés scolaires
très dispersées comme les vôtres, cela est
extrêmement important.
J'ai aussi noté avec attention ce que vous dites sur les petites
écoles. Là aussi, vous êtes satisfaits que le gouvernement
ait instauré un moratoire de cinq ans sur la fermeture des petites
écoles. Cela revêt une importance particulière pour votre
communauté; c'est bien, en effet, notre intention de préserver
toutes les écoles, particulièrement les plus petites, au
Québec. Comme vous l'avez si bien dit dans votre mémoire, il n'y
a pas que l'aspect financier ou administratif qui importe là-dedans. Une
école constitue en plus un pôle de maintien et de
développement culturel et social qui est extrêmement important
pour une communauté. C'est là une des visées majeures du
projet de loi 40 et nous entendons bien la maintenir. Votre
préoccupation va cependant plus loin que cela. Vous voulez que les
petites écoles non seulement existent, mais puissent avoir comme les
autres les moyens de se développer et de se doter des services
nécessaires pour dispenser la meilleure éducation possible aux
enfants. Je suis tout à fait d'accord avec votre
préoccupation.
Comme vous le savez, nous avons actuellement, à
l'intérieur des règles budgétaires du ministère,
des politiques très précises à ce sujet. Nous avons une
politique qui nous permet d'établir des règles budgétaires
qui assurent une péréquation entre les diverses écoles du
Québec à partir de l'évaluation que nous faisons du
rendement de la taxe foncière. Dans chacune des régions du
Québec, nous rendons disponibles des sommes au-delà de la
contribution per capita par élève qui est calculée. Cela
permet au gouvernement, par sa politique de péréquation, de
soutenir d'une façon particulière, sur le plan financier, les
petites écoles.
De plus, nous avons également une politique de soutien aux
petites écoles qui permet d'apporter une aide additionnelle à ces
écoles. Enfin, dans notre politique subventionnaire aux commissions
scolaires, nous prévoyons qu'à l'intérieur des postes
financiers il y ait une transférabilité d'un poste à
l'autre. Nous savons que, grâce à cette disposition, plusieurs
commissions scolaires peuvent orienter vers les petites écoles une
partie des fonds qu'elles ne dépensent pas ou qu'elles choisissent de ne
pas dépenser pour certains autres postes réguliers. (10 h 45)
Donc, déjà, soit grâce à l'aide directe du
ministère de l'Éducation, soit à l'aide des règles
bugétaires pour les commissions scolaires qui leur permettent des
transferts d'argent ou qui leur permettent, étant donné que
l'enveloppe est assez généreuse, du fait d'ailleurs qu'il y a des
surplus en plus en plus importants au sein des commissions scolaires... Les
commissions scolaires peuvent également ajouter à cette aide
directe que le gouvernement peut donner, mais je reconnais malgré tout
votre souci car il y a des situations vraiment particulières quand une
école, par exemple, ne se retrouve qu'avec 20 ou 25
élèves. Il y a des considérations que nous
étudierons encore davantage puisque notre but non seulement est de
garder ouvertes les petites écoles, mais de leur assurer un financement
adéquat pour qu'elles puissent donner la même qualité
d'éducation que celle que peuvent donner les grandes écoles.
Donc, je vous remercie encore pour le mémoire que vous nous
présentez, qui est sobre, qui est clair, qui est concis et qui attire
notre attention sur des points importants et, en particulier, sur les besoins
régionaux d'une communauté telle que la vôtre.
So, I want to thank you again for this very clear and concise
contribution to our commission and I have taken good notice of all the points
you have made, the points of agreement and the points of disagreement. The one
question I would like to put to you is: Why do you think it is particularly
important, in a region such as the one you have, that we replace the division
of school boards based on confessionality by a new one based on linguistic
criteria?
Mme Goodfellow: We believe that it reflects the reality of our
society. Currently, under the confessional structure, many of our school boards
have interboard agreements with their colleagues in the Catholic structure
whereby English-speaking children who are Catholics are permitted to attend the
Protestant schools. This is particularly true at the secondary level. They
have, in fact, de facto become neutral schools except that, of course, under
that system, the Catholic parents refused some powers as parents. But we feel
it reflects the reality of our community.
M. Laurin: Thank you very much.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, nous sommes heureux, du
côté de l'Opposition, d'accueillir les dirigeants de la
Townshippers Association ce matin. Ce n'est pas la première fois qu'ils
viennent devant une commission parlementaire. La commission qui étudiait
récemment des amendements au projet de
Charte de la langue française avait eu le plaisir de recevoir
l'association qui, cette fois-là aussi, avait fait une contribution
substantielle, mais dénuée de toute prétention et de toute
fausse angoisse. Je pense que c'est la même caractéristique qu'on
trouve dans le mémoire de ce matin, sans oublier cependant que le
mémoire porte à notre attention des préoccupations
très sérieuses quant à l'avenir de la communauté
anglophone dans la région de l'Estrie. Il ne faudrait pas se laisser
aller à croire, parce que les représentations nous sont faites
sur un ton modéré et sobre, qu'elles n'évoquent pas des
problèmes très sérieux. Je pense qu'un certain nombre de
ces préoccupations qui inspirent le mémoire ont été
passablement minimisées dans les commentaires que le ministre de
l'Éducation vient de faire.
J'ai remarqué, par exemple, que l'association accorde son appui
à l'idée d'une commission scolaire linguistique plutôt que
confessionnelle, mais elle ajoute dans son mémoire un passage qui n'a
pas retenu l'attention du ministre et qui est très important. Elle dit:
Nous recommandons que ces nouvelles commissions scolaires de langue anglaise
ainsi que leurs pouvoirs soient protégés par une garantie
constitutionnelle. Vous avez même ajouté dans la
présentation verbale que vous avez faite tantôt que vous voudriez
que les difficultés relatives à l'article 93 de la constitution
soient soumises aux tribunaux pour clarification. Ce n'est pas la
première fois que le ministre s'abstient de commenter une suggestion de
cette nature et tantôt j'aurai une question à vous poser
là-dessus. Je voulais simplement noter ce point.
J'ai cru observer aussi que, dans le résumé que vous avez
donné tantôt, tout en corroborant ce qui est dit dans votre
mémoire au sujet des dispositions relatives à la
confessionnalité des écoles, vous avez laissé entrevoir
des difficultés sur lesquelles il y aura lieu de se pencher tout
à l'heure et qui pourraient découler du projet de loi comme il se
présente. Je pense lire entre les lignes que la critique que vous faites
au sujet du partage des responsabilités proposé dans le projet de
loi, que le partage des responsabilités entre le ministère, les
commissions scolaires et les écoles, n'est pas satisfaisant. Votre
critique s'exprime à travers un certain nombre d'amendements que vous
proposez, mais je crois qu'il ne faut pas perdre de vue la critique
générale, qui est encore plus importante que les amendements
particuliers qui sont proposés.
J'ai trouvé, à la page 4 du mémoire, ce passage
qu'il me semble falloir souligner: "Nous nous inquiétons du fait que le
projet de loi 40 ne clarifie pas suffisamment la répartition des
pouvoirs de l'école, du conseil d'école, de la commission
scolaire et du ministre de l'Éducation du Québec. Dans certains
cas, ce problème survient parce que la définition des termes,
tels que école, conseil d'école, projet éducatif,
régime pédagogique, est insuffisante et manque de clarté.
Ces termes doivent être clairement définis afin de permettre une
compréhension adéquate et assurer ainsi la mise en application du
projet de loi 40."
Au sujet des petites écoles dont vous avez parlé et qui
sont très importantes pour votre communauté, ainsi que pour de
nombreuses communautés francophones à travers le Québec,
je ne pense pas qu'il suffise de dire qu'on va instituer un moratoire pour une
période de cinq ans. Il y a des endroits où, s'il faut vraiment
fermer l'école pour des raisons objectives, on doit la fermer. Le
moratoire de cinq ans est un cataplasme qu'on applique sur une plaie; c'est une
espèce de retard à prendre les décisions
nécessaires. Le problème, c'est de voir à ce que les
écoles qui méritent de vivre aient la chance de survivre. Vous
avez soulevé un problème à ce sujet qui a
échappé totalement à l'attention du ministre, du moins
dans les commentaires qu'il a faits tantôt. Nous verrons à le
souligner de notre côté.
Tout ceci pour dire que j'apprécie énormément... I
deeply appreciate the constructive spirit in which your criticism of Bill 40
was formulated and more particularly the practical spirit in which your
proposed amendments were drafted. I think from both angles, from the point of
view of your general criticism of the draft legislation and the precise
suggestions you make in order to help ameliorate the draft legislation, I
think, from both stand points, you have made a very worthwhile contribution
which is appreciated in both sides of this table.
To follow up on your comments, I should like to put a few questions to
you. When you speak about the need to supplement the creation of linguistic
school boards with a constitutional guarantee regarding the existence and
powers of such school boards, do you have in mind a constitutional guarantee in
the Canadian Constitution or in the Québec Constitution? As you know,
under the Canadian Constitution, Québec also has a constitution. Some
elements in that constitution are in the Canadian document, and other elements
could be added over the years. Nothing prevents the Québec Government
from adding new provisions to the Québec Constitution. Would you see
that such a constitutional protection should be written into the Canadian
Constitution or into the Québec Constitution?
Mme Goodfellow: I would like to add to both. I think that if it
were added to the Québec Constitution however, this would be extremely
reassuring for the English-speaking community, so therefore I say both. I
would
like also to see it in the Canadian Constitution because I believe that
this might have followed for the French-speaking minority in other provinces as
well and we support it in its aims in that regard.
M. Ryan: Très bien. Au sujet de la répartition des
pouvoirs entre l'école et la commission scolaire en particulier, vous
formulez une critique générale qui est assez
sévère, finalement. J'ai entendu le ministre tantôt, je
l'écoutais attentivement et il vous a répondu, si j'ai bien
compris, que, de manière générale, les pouvoirs que vous
voulez attribuer à la commission scolaire sont conservés à
la commission scolaire dans le projet de loi, soit de manière directe,
soit de manière indirecte. Je pense que c'est assez typique de
l'approche générale du projet de loi.
Vous, si je comprends bien, vous voudriez que ce soit clair.
Mme Goodfellow: C'est cela.
M. Ryan: Vous voudriez que ce soit explicite.
Mme Goodfellow: Oui.
M. Ryan: Vous avez donné un certain nombre d'exemples. Je
pense que les exemples que vous donnez sont des exemples très concrets.
Vous voudriez que ce soit inscrit très clairement que la commission
scolaire ait sur les écoles l'autorité nécessaire pour
faire prévaloir la dimension régionale.
Il y a une question que je voudrais vous poser dans cette
perspective-là. J'ai remarqué que vous ne parlez pas du
rôle du principal d'école, le directeur de l'école. Vous
n'en parlez pas, ni dans votre critique, ni dans vos amendements. Pour assurer
l'unité du système, le directeur d'école, d'après
vous, est-ce que c'est une personne qui devrait être choisie par le
conseil d'école ou par la commission scolaire? Et vous remarquez une
chose: Dans le projet de loi, on dit que le directeur d'école va exercer
ses fonctions sous l'autorité du conseil d'école. Dans l'actuelle
Loi sur l'instruction publique, il est écrit que le directeur
d'école exerce ses fonctions sous l'autorité du directeur
général de la commission scolaire. Alors, quelle est votre
opinion; est-ce que vous aimez mieux le projet de loi 40 ou si vous aimez mieux
la loi actuelle, de ce point de vue?
Mme Goodfellow: Je demanderais au Dr Ross de répondre.
M. Ross: I will try to answer that because we really have not
totally approached that choice in election of the school principal. However, if
I may comment just a bit before on both what M. Laurin and M. Ryan have said.
One of the fundamental concerns we have is that, as this Bill is being written
as a Bill and as a law for Québec, we appreciate maybe many of the
intentions and also many of the guidelines that may happen to give school
boards authority to really be that effective voice to modify and interpret all
types of administrative and pedagogical decisions which need to be done for the
regional areas. But, we think, when a Bill of this importance is being drafted,
those areas of authority must be clearly stated as a law and should not be
interpreted by usage in the past or by regulations that may be easily
instituted by future Ministries of Education to greatly modify the possibility
of school boards being a very effective local organizing body for our school
system.
For the election of the principal, we think the importance of a school
council's opinion is an important position. However again, we think the school
board must have some input into that decision and must have some authority. We
have not clearly defined our position on that.
M. Ryan: I think I had noted correctly that you had made some
slight additions in your summary to the original text of your brief. I fully
understand that because your brief was written last August in preparation for
parliamentary hearings, which has been delayed to take place in October. And
that you should have discovered new aspects of the Bill which had not retained
your attention originally is perfectly understandable. (11 heures)
On confessional rights, there is such an addition which is important in
my view. You say: We are pleased that the system has been designed to
accommodate confessionality at the school level and that the right of access to
Catholic and Protestant religious and moral instruction has been maintained.
This is the passage that was underlined by the Minister in his observations.
There is an additional passage which is equally important and upon which I
would like you to comment further. You say: "However, we see cause for concern
when the nonconfessional option is rejected and when the result of the vote on
the confessional option is close. In order to minimize problems of morale for
the losing side, we request that the Government clarify the voting process." I
would have a question to you in this respect. I think that the voting procedure
will always yield results which will remain limited. Do you not see, as many
other bodies have suggested to this commission in the passed two days, that
there should also be a responsibility
entrusted to the school board in drafting or working out the concrete
arrangements that will try to cope with the needs of different spiritual
families in this matter?
Le Président (M. Blouin): Mme Goodfellow.
Mme Goodfellow: This is of great concern to us. We feel that
unless there is some outside neutral body having the decision making power that
the parents within the school can be pitted against one another in a very
normal undertaking to achieve their goals in the struggle. That is why we have
asked that the decision making process be left in the hands of the school
board. We feel that by having it out of the school itself and in the hands of
the school board, the ill feeling that might arise during the campaign would be
minimized.
M. Ross: If I may add to that, we have a particular experience in
the Eastern Townships which, I am sure, has been duplicated in other parts of
Québec. It underlines the problem of really getting a consensus about
confessionality in a number of different areas when the regional schools, the
secondary school system was instituted, back in the sixties. We found that it
took our Eastern Townships area some where between four and five years of
rather intensive consultation amongst our own communities before we could come
to a decision as to how to adapt, to command our interdependant sort of
regional schools that would accommodate both the English Catholics and the
English Protestants. That was at the secondary school level only. So that gave
us a pretty hard time for five years. I think the problem is going to be even
greater to make that adjustment for the primary schools. And this is why we
believe that there should be some other body besides the school council that is
going to aid in that decision because it is going to be a very difficult
decision for a number of areas.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci. Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci. Je veux tout d'abord vous remercier de
votre précieuse collaboration à cette commission et en profiter
pendant que vous êtes ici pour vous féliciter pour votre
mémoire qui pourrait être retenu pour sa clarté et ses
suggestions bien précises. C'est clair. C'est important aussi. Surtout
l'esprit général constructif qu'on y retrouve. On sent vraiment
le souci que vous avez de répondre aux besoins spécifiques de
notre région, parce que c'est aussi ma région. Je suis
très heureux que vous soyez ici. Je veux vous féliciter aussi
pour votre implication dans le milieu. Dans toute la région, vous
êtes dynamiques, c'est reconnu, et vous êtes positifs. Je trouve
que c'est important. Non seulement votre association, mais votre
communauté est très importante pour la riche personnalité
de l'Estrie.
Ceci étant dit, pour revenir spécifiquement à la
loi 40, je voudrais simplement rappeler que j'ai également eu le plaisir
de rencontrer, lors du dépôt du livre blanc, les gens de la
communauté anglophone de mon comté. Il y avait deux craintes bien
précises et très importantes, à ce moment-là,
concernant le livre blanc. La communauté anglophone craignait de se
retrouver à l'intérieur d'une commission scolaire francophone. Le
découpage territorial faisait en sorte que non seulement il y avait des
petites écoles parsemées sur le territoire, mais qu'en plus elles
n'étaient plus rattachées à l'école secondaire
actuelle à cause du découpage qu'on retrouvait dans notre
région. On ne retrouve plus, à l'intérieur de la loi 40,
la même division, tant au niveau du territoire qu'au niveau de la
commission scolaire. Je pense que cela répond, en tout cas, chez nous,
dans les grandes lignes, au souhait exprimé par la communauté
anglophone du comté de Shefford. À ce niveau, je suis très
content.
Je vais être très rapide. Je vais vous poser une seule
question parce que je sais que d'autres collègues voudraient vous en
poser. J'ai lu avec beaucoup d'attention votre mémoire. J'écoute
attentivement vos réflexions. Je comprends très bien votre point
de vue. Mais je tiens à soulever un point que je trouve très
important: c'est qu'on retrouve, à l'intérieur de votre
mémoire, à un moment donné, "partage des
responsabilités entre la commission scolaire et l'administration
municipale". Vous dites que vous voyez d'un bon oeil, vous trouvez très
pertinent qu'il y ait une implication au niveau des municipalités
régionales de comté parce que vous couvrez un très grand
territoire. Je veux le souligner parce que l'on n'a pas retrouvé ce
point de vue dans les autres mémoires et que j'ai entendu,
spécialement dans les rencontres que j'ai eues dans notre région,
d'autres organismes plutôt s'y opposer. J'aimerais avoir vos
commentaires: comment voyez-vous l'implication de la MRC et pourquoi
trouvez-vous pertinent qu'on le spécifie à l'intérieur de
la loi 40?
Mme Goodfellow: Je crois que cela existe déjà,
qu'il y a un certain input, si je peux utiliser ce mot, apporté aux
commissions scolaires par les gouvernements de comté. There is a
situation which is very important regarding the transportation issue. The
imput, in that case, is obviously
necessary, and we are happy that the existing provisions of
communication between the two bodies continue to be observed in Bill 40. In
other senses, we think it only makes good sense for as many groups as possible
to be consulted on issues which affect other groups. And I think that I have
not any information to give you about other topics which might be subjects of
consultation because I am not technically enough informed of the operations of
school commissions and MRC. But I believe that the normal good sense that is
followed should be encouraged to be continued in that regard. I would ask if
anyone else has something to add.
M. Ross: Referring to our brief in that, we agree there should be
some consultation and communication, although we do underline the importance of
that where we say "while leaving the overall management of education in the
hands of the school boards seems to this Association to be the suitable
arrangement". We think consultation is important with the MRC by some type of
representation, but we believe very strongly that decision-making should be
within the educational system, and in no way be diluted somehow into the
MRCs.
M. Paré: Thank you very much.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Shefford. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. I would like to
reiterate the point that Mr. Ryan made. I thank you for your brief, because I
think you put the whole issue of the importance of retaining small schools
anywhere, but particularly English small schools, in a new context for this
commission which we have not heard to date. That is that the English schools in
the Eastern Townships, not only are important to the survival of the English
community, but there are important to the survival of the whole community. I
think that is the most important point that I got out of your brief. I hope
that the Ministry will pay a very special attention to that consideration. I
think that your proximity to the United States reinforces and emphasizes the
importance of that point.
I want to make a few comments, because I think that your brief is so
important. The natural forces that work -budgets, economic forces and so on -
are tending to ghettoige the English, are pushing the English into larger and
larger centers, and steps have to be taken to reverse that situation. I think
you have made a number of very important recommendations with regard to
financial resources to allow sufficient pupil and teacher norms, for instance.
It is not just a question of keeping the building open, you have got to keep a
good education going and it takes more resources as the school get smaller in
proportion to its number of children.
You have made important recommendations about the need to consider
adequate norms for transportation. You have also raised the issue of Bill 101.
I think obviously what you are saying, is that, because the area depends on
immigration, for its economic vitality, of English-speaking people coming from
the United States, even the "Canada clause", which the Government does not
accept at this time, is not sufficient. I think that is another very important
point that you have made.
I have two questions. One is perhaps you would like to comment on this
Bill 101 situation and how important it is for you. I do not know whether you
have any figures with respect to immigration from the United States into your
area given the fact that it is so important from an economic point of view.
The second question if I have time, I hope, is about the amendments and
I will make my comment about the amendments of the powers that you have
suggested. I would like to have your reaction. It seems to me that the
amendments that you have made with respect to the need for the board to have
the last say in the various decisions that have been given to the schools in
Bill 40, effectively demonstrate that the decision-making power - so call
decision-making power in Bill 40 - which have been given to the schools should
not be a decision-making power at all. It should be a power of recommendation.
I think that you have not stated that conclusion, but would you comment on
that? I think that what the reality is that is not wise, not legitimate and not
in the best interest of education to expect the schools to have the last say in
these various powers that have been given in Bill 40. Maybe it is time to call
a spade a spade and recognize it as a power of recommendation is the proper way
to go.
Mme Goodfellow: To respond to your first question about the
access to English-language schools, we regard this as a very serious matter for
the future of our community which is rapidly becoming an aging community and
which we see declining as a young community. (11 h 15)
It is difficult to say how many companies have not moved in to the
Townships because of the access to English schools. They do not announce when
they are not moving in. We do know that immigration has fallen. We commissioned
study by Gary Caldwell to look into the socio-economic
situation of English-speaking peoples in the Eastern Townships and we
have received the preliminary version and we will have the final version very
shortly. But he made a comparison of international migrants into both
Québec and, then, into the Townships. In 1971, international migrants
into Québec were 6,2% of the total percentage of migrating English
experienced labor force, just labor force, not...
Mme Dougherty: When you say international do you mean other than
Canadians?
Mme Goodfellow: That is right. Mme Dougherty: O.K.
Mme Goodfellow: There is a separate category for interprovincial
migrants.
Mme Dougherty: O.K.
Mme Goodfellow: In 1981, that figure had fallen to 2,4%. In the
Townships, the percentage figures do not seem so dramatic, but, in
hard-declining situation, any percentage is dramatic. In 1971, the percentage
figure was 2,6% and, in 1981, that has fallen - actually, it has been cut in
half - to 1,4%. Of course, it effect not only companies but also people who
might have chosen to come to live and work in the Townships and who might also
have gone elsewhere, because of the schooling provisions. So, we regard it as a
very serious matter for the future of our community as a vibrant, dynamic
community, not just as an aging community. Excuse me, I was not clear enough:
we do not want it to become just an aging community.
M. Ross: Just another figure which we have presented before,
either actually to you, Mrs. Dougherty, when your commission came around to the
various areas, in one of the original consultations about the White Paper, is
the dramatic reduction in school population that has happened to the
English-speaking people generally in the Eastern Townships, compared to the
French-speaking people in the Eastern Townships. And the figures are really,
from 1977 to 1981, that our primary school education population on the English
side went down three times faster than the primary school education population
on the French side in the Eastern Townships. Our drop was 40%. Though many
things have happened, but one big thing that happened was stopping the access
to English schools or restricting it severely.
Our concern is very fundamentally that if that kind of decline
continues, regardless of what how great a Bill we may get out of Bill 40, we
are not going to have any school system to talk about in another ten years. We
have now, roughly, in our area 20 primary schools with a school population of
only 4000 students. So, we cannot look at much more of a decline before many of
those schools have to close regardless of how much we want to keep small
schools opened in small communities. Very basically and fundamentally, we think
for rural Québec that access to schools must be enlarged.
Mme Dougherty: Thank you. Then, the second one about the
amendments that you propose on the relative powers of the board?
Mme Goodfellow: Right. I am going to ask Dr. Ross to respond
about the amendments to the powers of the school board.
M. Ross: Yes. We do. I think the thrust of the idea of Bill 40 to
get more important input from what we are now calling school councils here and
will be called school councils is an important thrust. I think somewhere people
and parents want to have a very significant participation in their local
school.
However, we also believe very fundamentally that from a long-term point
of view for consistent good management of our educational system the final area
of authority must be the regional school board for that continuing proper
adjustment, both administrative and pedagogical needs for those children in
those smaller schools or in the schools generally and for the communities, of
what they want. I do not think that a local school council can do that from a
long-term point of view expecting local parents to continue that involvement
week in and week out and month in and month out. Generally, for rural
Québec, I think, it is unpractical. I deal as the principle is. I do not
think it will work. Yes, we put our amendments in specifically to give the
school board the decision-making authority because we think that is where it
should be.
Mme Dougherty: Therefore, essentially it should be recognized
that the real power at the school level would be a power of recommendation, not
a final decision. Would you agree?
M. Ross: Recommending, and consultation.
Mme Dougherty: Thank you.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le député de
Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. I am
happy to have the opportunity to welcome you again and happy over more
to see the positive brief which you put before the commission this morning. You
support linguistic school boards for reasons which are very clear and it is not
the first time that you have made such positive recommendations in that
regard.
Just with respect to the comments which you made earlier, I agree with
you that such rights should be supported by constitutional guarantees. Where I
would defer with the member from Argenteuil is that there are two avenues which
are not contradictory to follow with respect to that. First of all, the
Canadian Constitution would demand, in terms of article 38 of the present
Canadian Constitution, the consent of the majority of provinces. Since that
Constitution was imposed and not negotiated and since we believe that in
Québec we keep believe giving increased guarantees to, in this instance,
the English community, the responsibility therefore surely depends upon the
Federal Government to initiate that.
However, as the Government has said -and I would support that - if the
Government of Canada makes that opening with implications for all of the
provinces with respect to the interpretation of article 93 or the amendment of
article 93, then we would participate.
Secondly, you said something extremely interesting. For the first time
ever an English school said - and it is significant -that she would support the
entrenchment of such rights in the Québec Constitution, if that was not
feasible. Is that correct?
Mme Goodfellow: We will take guarantees wherever we can get
them.
M. Payne: Yes. Excellent. With respect to the positive aspects of
Bill 40, without putting to... You were mentioning earlier the maintenance of
small schools. One element which is new, and Bill 40 is the moratorium, of
course, which should have direct, positive effects in the Townships.
Within Bill 40, we have attempted to respect not only language but
confessional options and off island there is no possibility under the present
arrangements for the Catholic community to control its own schools, for
example, easily. Do you feel it is important to bring in this Bill at this
particular time?
Mme Goodfellow: I would like to make a correction. There are two
English Catholic schools in the Townships. You are right: they are under the
Catholic boards, but there are two schools, the Marymount in Sherbrooke and St.
Michael's in Richmond.
M. Payne: I said with few exceptions.
Mme Goodfellow: All right. As I stated it earlier, I think it
recognizes a reality and that is why we took the position that linguistic
boards would be the proper way to go in the 1980's of Québec. However,
we are concerned that parents who feel strongly about confessional options are
able to maintain them and we are further concerned about the fact that where
the community has evolved to a neutral stance, like at the secondary level,
raising the issue again might create problems in the community. I recognize
that this sounds a confused way of progression of the idea, but I think that
any change creates some confusion and we hope that the change will have as a
result a positive result. That is why we want the process to be very clearly
developed so as to minimize any ill-feeling which might arise if the process is
not clearly developed.
M. Payne: So, in terms of the principle and the necessity of
proceeding, you agree?
Mme Goodfellow: In principle, yes. We would like to see much more
clarification about the methods.
M. Ross: May I just comment one thing about the moratorium of
school closings on a five-year basis? It sounds good; it is positive to keep
schools opened for five years, but that is a very short period of time. I am
sure, if this Bill is eventually enacted into law, we are not going, hopefully,
to come around on this thing again for quite a long time because we have been
expending everybody has, particularly you and the Government - an awful lot of
time on this particular subject. What I am trying to say is that the moratorium
for five years on small school closing is a very slim type of reassurance for
us because we have seen in our area a number of places where school boards,
school committees, local parents, all say we have to close this school because
it is just not practical to keep it opened anymore. Parents themselves make the
decision as they send their children to other schools.
The moratorium really does not give us too much sense of security and I
think that we have to approach from that point of view something much more
fundamental and I come back again to, access: that is where the change needs to
be made.
M. Payne: À couple of quick questions because my time is
short. With respect to your recommendation, you suggest that the idea of
including the MRCs is a positive one. Several groups have been, in terms of
participation, showing reticence to this. Could you explain why, in your case,
you consider this to be useful, briefly?
Mme Goodfellow: Yes, we understand that the counties are already
involved in a consulted way with the school boards and we see no difference in
transferring this to the MRCs.
M. Ross: Also, if I could add; the original White Paper had
people from the MRCs as sitting voting members of the school boards which
concerned us. The change now where there is consultation, is, we think, a
definite improvement. (11 h 30)
M. Payne: There is a movement back to basics as it is called in
English. I noted that this week that the Ministry of Education in Alberta, for
example, is moving towards something which is very similar to the
"régime pédagogique" in Québec which was enacted or
brought in a few years ago following consultation and following upon the
demands of parents that there should be certain basic prerequisites established
at the provincial level. There is a similar move in British Columbia. Do you
support this principle of a certain provincial norm with respect to educational
curriculum requirements?
M. Ross: Yes. I think, historically, we have seen a tremendous
improvement in the calibre of our education across Québec by the
Government establishing and insisting on norms and I think that principle has
been a very important one. What we are seeing in the "régime
pédagogique", the principle is good. However, again, what we are
concerned about is that application for the individual regional areas. We think
there is such a variety of needs of our children and of our communities that,
as intelligent as the Ministry of Education is, they really do not know what is
going on in local communities, and the structure it does is the school board
system. The school board must have that authority to modify, interpret, adapt
and improve on the overall government norms so that the children can get what
they really need.
M. Payne: I agree with you and also I point out that the
regulation which implements the "régime pédagogique" provides a
formula whereby, now, it will be possible for local curricula to be... Any
delegation to the "régime pédagogique" can be enacted by the
school commission and, with Bill 40, the direct implication of parents,
involvement of parents at that level, I think, will give a very interesting
decentralised power along the lines which you are suggesting.
M. Ross: We agree with that but with the reservation that it
should not be a regulation. It should be a law. So it should be written into
the law, as we have suggested, that the school board has the authority to
modify for its region. Regulations, we have found, can be easily changed, laws,
not so easily.
M. Payne: Your point with respect to local implementation is well
taken. If you would prefer to see that in law, it could be something which
could be analyzed by the commission.
One last question. There are certain powers which are given to the
Minister or the Government which do not have anything over and above what he
has had in the past. In fact, the Opposition regularly mentions the dimension
of the Minister's powers in Bill 40. What they do not realize is that there are
about 200 in the present regulations, acts and laws of the Québec
Government with respect to education, the Superior Council of Education law and
so on. I will give you a list very quickly of the main powers which the
Government now possesses. Teacher's certification, admission, school age,
prerequisites, the "régime pédagogique", regulations for
buildings and so on, the disposal of buildings and the size of school
commissions. Those are the main powers which he has. Do you see any of those
which could be decentralized any further?
Le Président (M. Blouin): Mme Goodfellow.
Mme Goodfellow: It is difficult to respond to that question. I
realize that in Bill 40 there are no additional powers to what already exists
and which the Ministry has accumulated over the years. It is, however,
formidable to see them all in one place and I think I have to leave it at
that.
M. Payne: Just my last comment. I am happy that we agree on the
fact that there are no additional powers. I could get into a longer discussion
as to the way in which powers are decentralized but I did last last night with
Québec Home and School Association and enunciated a list of powers which
the school commission has. But, again, we take the point interestingly that you
say there are no additional powers given to the Ministry.
M. Ross: Just a comment on that. The general feeling of our
parents and our community is that our school boards, at the present time, do
not have enough power. We really think there should be a return to more
authority. So we do not agree with the position the way it is now. The
amendments that were making in terms of authority and power are trying to
redress the situation. We are really concerned that if all the present
situation is put into law as it now stands,
that is how we interpret Bill 40 to be doing it, where we talk about the
authority of school boards, we are concerned the school boards have already
lost too much to be effective, management and pedagogical organizations for the
regions.
M. Payne: Do you respect...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Vachon, en vertu de l'entente, vous savez très bien à quoi nous
devons nous en tenir. Je dois maintenant céder la parole à M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. En souhaitant la
bienvenue aux gens qui comparaissent devant cette commission, je fais allusion
à l'accueil qu'a fait M. le ministre tout à l'heure à
votre mémoire, il y a vu une certaine forme d'appui à son projet
de loi et une acceptation des principes qu'il sous-tend.
Cependant, en y regardant de plus près, on a eu l'occasion de le
souligner tout à l'heure, je me réfère plus
particulièrement à un chapitre intitulé: Clarification des
pouvoirs pédagogiques. Vous dites: Nous nous inquiétons du fait
que le projet de loi 40 ne clarifie pas suffisamment la répartition des
pouvoirs de l'école, du conseil d'école, de la commission
scolaire et du ministre de l'Éducation du Québec. Un peu
après, vous proposez un certain nombre d'amendements qui sont de nature
à procéder à une clarification de ces pouvoirs qui ne sont
pas suffisamment clairs dans le projet de loi 40.
Ce qui me frappe, c'est que vous dites les choses d'une façon
fort polie mais, en même temps, le ministre a l'obligation de voir ce que
cela veut dire. Les clarifications que vous désirez aux articles 29, 94,
105, 113, 120, 203 et 292 du projet de loi 40 veulent toutes, sans exception,
donner un pouvoir réel et un pouvoir ultime à la commission
scolaire et faire de ce qui se passe au comité d'école une forme
de concertation, une forme de consultation, la commission scolaire gardant
toujours l'autorité dernière de modifier les choses en fonction
du bien commun de la région ou en fonction du bien commun de l'ensemble
du réseau que forment les écoles.
Est-ce que cette analyse que je fais très brièvement - je
pourrais la poursuivre, mais je ne le ferai pas, faute de temps - de vos
recommandations, des amendements que vous proposez, dans ce que vous appelez
une clarification des pouvoirs, est exacte? N'est-ce pas une définition
et une augmentation de pouvoirs réels à la commission scolaire
plutôt qu'au conseil d'école? Est-ce que c'est ce que vous voulez
dire finalement dans votre mémoire?
Mme Goodfellow: Le Dr Ross va répondre.
Le Président (M. Blouin): M. Ross.
M. Ross: What we have noticed in the past couple of years as far
as we have gone to our community and talked to a lot of people who are in
school committees now and to a lot of parents who are not in school committees
but just interested and also talked in conjunction within a number of these
meetings of our school commissioners and school board people... we have
received on one hand a concern that under our present system, parents do not
have a strong immediate enough impact into the school board and they want some
more. So, on one hand, we sympathize with the principle of Bill 40 trying to
give more direct impact and interest for parents to be involved in running the
local school. However, we are really concerned because, if Bill 40 remains as
it is, for the decision making is basically at the school council level with
our elementary schools in our area there are approximately 20 of them, if we
were going to have school councils for each one of those, we are looking at
seven to ten parents in each area, and we are now looking at somewhere around
200 or 300 people who are going to be very involved.
Our experience for rural commitment to this kind of thing is that you
just cannot find that number of people that are going to continue to be there.
Periodically, there will be a surge of interest about some particular
pedagogical thing that you want to get going in a school, but in the long term,
it does not happen. So, we must arrange the system so it is practical. And our
belief, yes, fundamentally is that the decision making power needs to be at the
school board level. In so doing, we have got to increase parents participation
at school boards but, from the long term point of view, the final authority
must be the school board.
Le Président (M. Blouin): Merci M. Ross. Merci M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Est-ce que mon temps est fini, M. le
Président?
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Louis-Hébert. M. le député d'Argenteuil, en
conclusion.
M. Ryan: Juste un mot de conclusion que je vous ai demandé
de manière spéciale, M. le Président. Je voudrais
souligner ceci: Dans les représentations qui nous ont été
faites ce matin, il y a d'abord celles qui émanent de l'association des
citoyens de langue anglaise des Cantons de l'Est comme citoyens du
Québec, qui auraient aussi bien pu émaner d'un groupe
situé à Québec ou à
Montréal, concernant l'équilibre général
dans les pouvoirs du projet de loi 40. Il y a aussi des représentations
qui émanent d'eux en tant que communauté anglophone, qui vit dans
des conditions particulièrement difficiles. C'est un problème de
survie même qui se pose, surtout dans la partie rurale de la
région que représente la délégation de ce matin. On
a soulevé des problèmes qui vont au-delà du projet de loi
40, qui rejoignent d'autres politiques du gouvernement. Et je voudrais demander
que - surtout étant donné les paroles compréhensives qu'a
laissé tomber à plusieurs reprises le ministre de
l'Éducation et qu'ont laissé tomber d'autres membres de
l'équipe ministérielle - j'espère que ces
représentations seront prises en considération très
sérieusement parce qu'il y va de notre responsabilité à
nous tous.
Le Président (M. Blouin): Alors merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil. Sur ce et au nom de tous les membres de la
commission, je remercie les représentants de l'Association des
anglophones de l'Estrie de leur intéressante participation aux travaux
de cette commission.
J'invite maintenant le Comité de coordination des parents du
secteur anglais de la Commission des écoles catholiques de
Montréal à bien vouloir s'avancer afin de prendre place à
la table des invités. Et je rappelle ce que j'ai dit au début de
cette séance, que le Comité de coordination des parents du
secteur anglais de la Commission des écoles catholiques de
Montréal disposera également d'une période d'une heure
trente à la fois pour procéder à la présentation de
son mémoire et également pour procéder aux échanges
entre les membres de la commission et nos invités.
Alors, le temps que nos invités s'installent... Je demanderai
donc aux représentants du Comité de coordination des parents du
secteur anglais de la Commission des écoles catholiques de
Montréal de procéder à la présentation du
mémoire, en une vingtaine de minutes, après s'être
identifiés. Alors, allez-y. (11 h 45)
Comité de coordination des parents du secteur
anglais de la CECM
Mme Bradley (Rosemary): Bonjour, M. le Président; je suis
Rosemary Bradley. Je suis la présidente du Comité des parents du
secteur anglais de la CECM. À ma gauche, je vous présente Mme
Nina Cipriani, qui est présidente d'un de nos districts; à sa
gauche, Mme Cécile Saint-Yves qui, depuis la rédaction de ce
mémoire, est devenue notre secrétaire exécutive. À
ma droite, Mme Thérèse Hofbauer, qui est l'ex-présidente
de l'un de nos districts. À sa gauche, Mme Alice Beaudoin,
parent-commissaire du niveau secondaire pour la CECM qui, depuis la
rédaction de notre mémoire, a été élue
présidente du comité de parents à la CECM, qui est
composé de cinq membres, c'est-à-dire trois régions de
françaises, un du réseau des écoles spéciales et un
du secteur anglais.
Nous allons abréger un peu le document afin de ne pas
dépasser les 20 minutes qu'on nous accorde. Je vais commencer en vous
indiquant, à la page 2, que chaque comité d'école a
reçu un exemplaire du présent mémoire pour étude et
approbation, avant son dépôt à la commission parlementaire
sur la loi 40, et les modifications nécessaires ont été
apportées. Nous vous présentons ce mémoire au nom des
parents du secteur anglais de la CECM, qui a sous sa juridiction environ 20 000
élèves et 45 écoles.
May I say that we are very pleased to have been received by the
Parliamentary Commission because we often feel like the invisible parents of
Québec, since our children attend schools within a Catholic French
board, and many people do not seem to be aware that we exist. Notre
préambule, à la page 2. La très grande majorité de
nos parents ne tient aucunement à modifier les structures du
système d'éducation. Ils trouvent inacceptable le projet de loi
tel quel. Nous ne voulons pas de pouvoirs décisionnels par le truchement
des conseils d'école. Nous déplorons, entre autres, l'absence de
garanties confessionnelles précises dans le projet de loi, garanties
devant assurer le maintien des droits confessionnels dont nous disposons
présentement.
Dans notre mémoire, nous traiterons d'abord de la
confessionnalité dans les écoles. Ensuite, du rôle des
parents et des commissions scolaires. Enfin, nous voulons signaler quelques
aspects passés sous silence dans le projet de loi. J'invite donc Mme
Beaudoin à lire la section portant sur la confessionnalité
scolaire, à la page 3.
Mme Beaudoin (Alice): Les parents anglo-catholiques constituent
une minorité dans chacune des six commissions scolaires catholiques de
l'île de Montréal. La communauté anglo-catholique a, sous
la juridiction de commissions scolaires confessionnelles francophones,
administré ses écoles depuis 1865.
Depuis 70 ans, nous avons réclamé aux gouvernements qui se
sont succédé le droit d'administrer l'éducation de nos
enfants par l'intermédiaire de commissions scolaires anglo-catholiques
sur l'île de Montréal. Nous croyons toujours en ce moyen pour
assurer un enseignement anglo-catholique de haute qualité. Cette
solution a également été préconisée par les
membres du Comité de restructuration scolaire de l'île de
Montréal.
Nos élèves bénéficient des avantages d'une
administration quasi autonome au sein du secteur anglais de la CECM et nos
parents sont satisfaits de la qualité et de la
variété des services offerts par la commission scolaire eu
égard à la taille de notre clientèle scolaire. Nous sommes
par ailleurs conscients de la disparité des services offerts aux
élèves anglo-catholiques fréquentant les autres
commissions scolaires.
Face à la réforme proposée, un très grand
nombre de parents ne désirent pas qu'on modifie les présentes
structures. D'autre part, nous reconnaissons l'à-propos et les avantages
de la création de commissions scolaires linguistiques, mais à la
condition expresse que la loi définisse et contienne des garanties
confessionnelles adéquates. Ces garanties n'apparaissent nulle part dans
le projet de loi 40, surtout au niveau de l'école.
Depuis le début de la période des fermetures
d'école, on a veillé à ce que le transport scolaire soit
prévu pour permettre à nos enfants de fréquenter
l'école anglo-catholique la plus rapprochée. Nous concevons
l'existence du transport scolaire vers l'école confessionnelle comme
fondamentale à la survie de l'école anglo-catholique. Le
paragraphe 3 de l'article 18 peut, de même que la proposition du livre
blanc, nous déposséder du droit que nous avons en vertu du
régime scolaire actuel et que nous voulons conserver. Nos parents
exigent le maintien du transport scolaire gratuit des élèves du
primaire qui demeurent à une distance de plus de 1,6 kilomètre de
l'école anglo-catholique la plus rapprochée et que le
gouvernement octroie un budget particulier à ces fins.
La conception que nos parents se font de l'école confessionnelle
est très bien exprimée dans le document du Conseil
supérieur de l'Éducation intitulé: Les anglo-catholiques
et la confessionnalité scolaire, rendu public en octobre 1982. Nous
désirons souligner à l'attention de la commission parlementaire
les passages suivants, et je cite: "Pour les anglo-catholiques, l'école
a un rôle important à jouer dans l'éducation de la foi. Ils
lui donnent la responsabilité de dispenser à leurs enfants une
éducation religieuse précise et authentiquement catholique. Ils
désirent que leurs écoles soient des écoles catholiques,
partout où cela est possible. Ils ne veulent pas se retrouver dans des
écoles anglophones qui leur feraient partager un enseignement religieux
et moral uniforme pour toutes les confessions religieuses. Pour les
écoles de leurs enfants, ils comptent sur des garanties juridiques qui
leur accordent un enseignement religieux catholique et une animation pastorale.
"La recommandation que nous faisons est que toute politique de
répartition d'écoles tienne compte de la volonté des
anglo-catholiques d'être desservis par des écoles
anglo-catholiques partout où le nombre d'élèves le rend
possible."
Nous tenons à attirer l'attention de la commission sur le fait
qu'au cours de l'année scolaire 1982-1983, nous avons reçu moins
de 100 demandes d'exemption de l'enseignement religieux, et ce sur un total de
quelque 20 000 élèves inscrits dans nos écoles. Le projet
de loi est très vague en regard de nos attentes sur cette question
fondamentale. À moins de posséder le texte des règlements,
nous ne pouvons être certains qu'il n'impliquera pas la fin des
écoles anglo-catholiques, entraînant ainsi la
détérioration de l'enseignement anglo-catholique.
Il n'existe aucune indication dans le chapitre traitant de la mise en
oeuvre de la loi permettant la considération des aspirations des parents
concernant l'enseignement confessionnel, enseignement que nous concevons comme
très différent de la garantie de l'enseignement de la religion
à l'école. Des garanties appropriées concernant
l'existence de l'école confessionnelle devraient être incluses
dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec de
la même façon qu'elles existent dans l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique.
Mme Bradley: Depuis la présentation de notre
mémoire, M. le ministre a publié les orientations de la
consultation des parents sur la reconnaissance confessionnelle de
l'école. En vertu de ces orientations, le choix de la
confessionnalité se ferait par vote majoritaire des parents de
l'école du voisinage. Nous jugerions plus équitable le choix de
la confessionnalité au niveau de la commission scolaire, par
recensement. Par exemple, si trois parents sur dix désirent une
école catholique, trois écoles sur dix devraient rester
catholiques avec droit de transport réciproque. On veut souligner que
cette demande de transport est faite pour les élèves d'une
région métropolitaine, là où les parents paient
déjà les frais de transport pour tous les élèves du
secondaire. J'invite maintenant Mme Cipriani à lire la section:
Rôle des parents, page 6.
Mme Cipriani (Nina): La diversité démographique de
Montréal crée des difficultés particulières. Dans
plusieurs secteurs, les parents désirent ardemment se voir octroyer des
pouvoirs additionnels dans l'école. Dans d'autres secteurs, nous
éprouvons énormément de difficulté à
réunir suffisamment de parents familiers avec les réalités
du système scolaire québécois pour effectuer une
consultation valable. Dans les milieux économiquement
désavantagés, la lutte pour assurer le quotidien commande toutes
les énergies disponibles et il reste peu de temps pour les questions
scolaires.
Les membres des comités d'école sont constamment
déplacés à la suite de l'évolution de la population
scolaire et des changements de domiciles. En conséquence,
beaucoup d'entre eux ne participent que très superficiellement au
vécu de l'école. Ces situations rendent presque impossible la
gestion des écoles par les parents.
Nos parents ne désirent pas avoir la responsabilité en
matière pédagogique. Très peu de parents possèdent
la préparation requise, et ceci, même parmi les parents les plus
impliqués de notre secteur, pour assumer le poids de la
responsabilité pédagogique.
En général, les parents sont peu ou mal
préparés pour choisir les manuels scolaires, préparer les
programmes des services auxiliaires, adapter et mettre en oeuvre des services
éducatifs spécialisés, évaluer les normes et les
modalités d'apprentisage de l'élève, élaborer un
plan d'effectifs des enseignants, évaluer les besoins de
perfectionnement des enseignants et préparer les budgets.
Le personnel compétent des commissions scolaires devrait
continuer d'assumer de telles responsabilités. Si les parents devaient
perdre l'appui des commissions scolaires, alors ces services devraient
être rendus par le MEQ, ce qui équivaudrait à une
centralisation de la pédagogie.
Nos parents exigent une plus grande flexibilité dans la
formulation de leur rôle. Les parents ne désirant qu'un rôle
consultatif devraient pouvoir déléguer leur responsabilité
à la commission scolaire.
La loi doit préciser que la gestion de telles écoles fait
partie des responsabilités de la commission scolaire et ce,
jusqu'à ce que les parents eux-mêmes désirent assumer de
telles responsabilités.
Mme Bradley: Nous voulons signaler que, chez les parents
anglophones, le rôle des parents est plutôt celui du
bénévolat, en collaboration avec le personnel professionnel.
J'invite maintenant Mme Hofbauer à lire la section sur le conseil
d'école, à la page 8.
Mme Hofbauer (Thérèse): Nous sommes convaincus que
de nombreuses écoles montréalaises éprouveront des
difficultés sérieuses dans le recrutement de parents
compétents et disposant du temps nécessaire pour siéger au
conseil d'école alors qu'il faudra encore dénicher d'autres
parents pour constituer le comité de parents de l'école. Cette
double structure de participation semble contre-indiquée.
La plupart de nos parents refusent de se voir conférer la
responsabilité du conseil d'école. Nous exigeons que les
décisions prises en consultation avec les parents reflètent
l'opinion des parents.
Les réseaux de comités de parents ont déjà
fait la preuve de leur utilité d'influence, mais nous ne voyons nulle
part dans la loi des dispositions facilitant l'efficacité de
comités locaux, régionaux et provinciaux de parents. La
participation des parents au niveau de la commission scolaire demeure pour nous
essentielle. (12 heures)
Là où les parents désirent gérer leurs
écoles par le biais d'un conseil, nous proposons les modalités
suivantes: nous pensons que la participation des enseignants à tout
conseil d'école est essentielle. Si le conseil d'école doit avoir
la responsabilité sur les matières d'ordre pédagogique, il
se doit d'obtenir l'éclairage d'un professionnel autre que le directeur
d'école.
Le rôle du directeur, tel que proposé dans le projet de
loi, nous laisse perplexes. Dans le régime actuel, le directeur
relève d'un palier supérieur de la commission scolaire. C'est
à ce niveau que les parents se réfèrent lorsqu'ils sont
insatisfaits des décisions du directeur d'école. Un tel recours
n'existe plus dans le projet de loi à moins de congédier le
directeur, ce qui semble grandement exagéré lorsqu'il s'agit de
questions mineures.
Mme Bradley: J'invite maintenant Mme Saint-Yves à lire la
section: la commission scolaire, à la page 10.
Mme Saint-Yves (Cécile): Nous pensons que la composition
de la commission scolaire n'est pas conforme au désir des parents. Nous
avons tous formulé le besoin d'une plus grande participation des parents
à la gestion de la commission scolaire et d'une diminution
correspondante du nombre de commissaires élus au suffrage universel.
À l'encontre des voeux exprimés par les parents, il n'y aura pas
de commissaires nommés par eux dans les commissions scolaires
proposées et, au moins pour l'île de Montréal, il y aura
davantage de commissaires d'écoles élus dans chaque
commission.
Il y a peu d'espoir, du moins dans la région montréalaise,
que chaque école puisse jouer un rôle significatif dans la prise
de décision de la commission scolaire. Avec quelque 50 à 60
commissaires par commission scolaire, les décisions devront
inévitablement être prises par le comité exécutif et
les commissaires joueront le rôle d'estampille trois ou quatre fois par
année. De plus, chaque commissaire ayant un mandat particulier et un
vote lors des prises de décision - ce mode de fonctionnement est
discriminatoire envers les grosses écoles - le processus
décisionnel sera soit paralysé ou fera l'objet d'un marchandage
des votes.
Le mode du suffrage universel proposé dans le projet de loi n'est
ni valable ni juste. Les parents ayant des enfants dans plus d'une école
perdent un droit de regard dans l'une ou l'autre de ces écoles. Les
parents étant davantage impliqués dans les questions scolaires
seront donc défavorisés par cette mesure.
Afin de réduire le nombre de
commissaires siégeant à la commission scolaire et d'y
renforcer le rôle des parents, nous proposons une modification au mode
d'élection des commissaires: que le quartier électoral englobe
plus d'une école; que chaque commissaire représente un territoire
comptant une ou plusieurs écoles secondaires avec les écoles
primaires qui les alimentent; que le nombre de parents-commissaires soit
augmenté significativement et que ces derniers aient le droit de
vote.
Nous demandons que toute loi régissant l'éducation
définisse les fonctions faisant partie de la section: Soutien à
l'organisation des écoles. Présentement, nos enfants
bénéficient des services de soutien suivants: un service des
études, l'évaluation des enseignants et des élèves,
l'ensemble des services aux étudiants comprenant la médecine
scolaire, les services sociaux, les psychologues et les orienteurs. Ces
services ne peuvent être assumés adéquatement et
séparément par chacune des écoles. La qualité de
l'enseignement souffrirait grandement de la disparition de ces services, sauf,
possiblement, dans les grandes écoles polyvalentes.
Vu la baisse anticipée des inscriptions à l'école
anglaise au cours des cinq premières années suivant l'adoption du
projet de loi, nous préconisons la création de deux commissions
scolaires anglaises pour l'ensemble de l'île de Montréal. Le
Conseil scolaire de l'île de Montréal considère que la
taille optimale d'une commission scolaire se situe entre 20 000 et 60 000
élèves sur le territoire montréalais et nous partageons
également cet avis.
Mme Bradley: Section 7, la langue de travail. Nous comptons que
les dispositions de la loi 40 répondent à nos inquiétudes
à ce sujet.
On passe aux règlements, à la page 15. Les pouvoirs de
réglementation constituent un moyen par lequel un ministre de
l'Éducation, dans l'avenir, peut déterminer la façon
d'assurer l'enseignement et l'éducation de nos enfants et ceci, sans que
cette question soit soumise aux débats et au contrôle
parlementaires.
Le rôle du ministère de l'Éducation.
L'étendue des pouvoirs conférés au ministre en vertu du
projet de loi 40 et des règlements qui l'accompagnent est tout à
fait inacceptable pour les parents qui sont et qui doivent demeurer les
principaux éducateurs de leurs enfants.
Le projet de loi ne permet pas aux parents de participer à des
prises de décision autres que celles qui s'appliquent au niveau de
l'école. Soulignons que, même à ce niveau, il y aurait
très peu de politiques à adopter. Le ministre de
l'Éducation exercerait le plein contrôle sur presque tous les
aspects de la vie de l'école. Le conseil de l'école serait alors
réduit à administrer les politiques qui lui seraient
dictées par le ministère.
Sur ce point, il y a eu une erreur de dactylo dans la version originale,
c'est-à-dire la version anglaise. C'est clairement "ministry" et non
"minister". Maintenant, le mot "ministre" doit être changé pour
"ministère".
La commission de mise en oeuvre. Nous voulons réitérer les
demandes d'autres groupes anglo-catholiques pour une représentation aux
commissions et les comités.
Conclusion. En tant que porte-parole du plus grand groupe de parents
anglo-catholiques au Québec, nous demandons que toute loi
destinée à restructurer notre système scolaire respecte
les points suivants: 1. Que le droit à l'école confessionnelle
soit inscrit dans la Charte des droits et libertés de la personne. 2.
Que la procédure gouvernant la détermination de la
confes-sionnalité d'une école soit partie intégrante de la
loi. 3. Qu'un transport scolaire gratuit soit disponible pour les
élèves du primaire qui demeurent à une distance de plus de
1,6 kilomètre de l'école anglo-catholique la plus
rapprochée. 4. Que des amendements, permettant aux commissions scolaires
anglaises... J'espère que la loi 57 nous satisfera dans ce sens. 5. Que
les conseils d'école aient le pouvoir de déléguer leurs
responsabilités à la commission scolaire. 6. Que le soutien
à l'organisation pédagogique des écoles soit
précisé. 7. Que le mode d'élection des commissaires
garantisse la présence de parents-commissaires à la suite d'une
élection scolaire. 8 Que la présence d'au moins un enseignant est
essentielle au niveau du conseil d'école. 9 Que les anglo-catholiques
fassent partie de toute commission ou tout comité de mise en oeuvre.
Merci de votre attention.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, mesdames. M. le
ministre.
M. Laurin: Je veux d'abord remercier les parents
anglo-catholiques de l'île de Montréal pour leur contribution aux
travaux de notre commission. J'ai lu leur mémoire avec beaucoup
d'intérêt.
Dans la synthèse de votre mémoire, ce matin, vous n'avez
pas eu le temps de parler de la représentation des anglo-catholiques au
Conseil supérieur de l'éducation, mais je sais que c'est une
préoccupation que vous avez. Je voudrais profiter de l'occasion pour
vous dire qu'au cours des dernières semaines, j'ai continué
à discuter avec les représentants de la communauté
anglo-catholique. Nous nous sommes mis d'accord pour choisir un
représentant. J'aurai le plaisir d'acheminer cette recommandation,
dès la semaine prochaine, au gouvernement. J'espère bien,
d'ici une semaine ou deux, que votre communauté aura son
représentant au Conseil supérieur de l'éducation.
Je ne peux m'empêcher de noter une grande disparité entre
le mémoire des parents anglo-catholiques de Montréal et le
mémoire de la Fédération des comités de parents de
l'île de Montréal. Votre opinion minoritaire se différencie
d'une façon très notable sur plusieurs points, que ce soit sur la
participation des parents au conseil d'école, sur le conseil
d'école lui-même, sur l'étendue de ses
responsabilités, sur la confessionnalité ou sur la
répartition des pouvoirs entre les trois instances du système,
c'est-à-dire le ministère de l'Éducation, les commissions
scolaires et le conseil d'école.
Je suis quand même très heureux, non seulement d'avoir lu
votre mémoire qui justifie vos positions, mais également de la
présentation que vous nous en avez faite, ce matin, et de la discussion
que nous pourrons entreprendre à cet égard. Étant
donné le bon nombre de différences qui existent entre votre
mémoire et celui des parents de l'île de Montréal, je ne
voudrais toucher que quelques points, laissant à mes collègues le
soin d'aborder les autres.
Le premier que je voudrais aborder est celui de la
confessionnalité. Je note que vous êtes relativement satisfaits
des services éducatifs que vous a dispensés jusqu'ici la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Je dis bien
"relativement satisfaits", car je sens quand même que des frustrations
persistent à cet égard. Cependant, vous êtes passablement
insatisfaits des services que les autres commissions scolaires de l'île
de Montréal dispensent à la communauté que vous
représentez. C'est peut-être pour cette raison que vous êtes
relativement satisfaits du changement qu'apporte le projet de loi 40,
c'est-à-dire le changement de la division basée sur la
confessionnalité pour une division basée plutôt sur la
langue.
Cependant, même avec cette solution, vous avez des
inquétudes. Ma première question est la suivante. Par cet accord
mitigé que vous donnez à l'établissement de commissions
scolaires linguistiques, est-ce à dire que vous renoncez à une
proposition que vous aviez déjà faite depuis longtemps qui est
celle de l'établissement de commissions scolaires anglo-catholiques?
Est-ce que le fait d'une fragmentation encore plus grande des commissions
scolaires qui résulterait de cette ancienne proposition, à
laquelle vous faites allusion d'ailleurs dans votre mémoire, vous a fait
renoncer à cette idée ou si c'est pour d'autres raisons que vous
ne la soutenez plus avec autant de vigueur? (12 h 15)
Ma deuxième question a trait justement à cette
inquiétude que vous pose l'établissement de commissions scolaires
linguistiques. Vous voudriez qu'il y ait plus de garanties pour que
l'école demeure malgré tout confesionnelle. Vous nous
suggérez un ou deux amendements à cet égard: par exemple,
que les règlements soient plus précis, que la commission scolaire
garde une responsabilité en la matière. J'ai eu l'impression en
lisant votre mémoire que même ces amendements laisseraient
subsister des inquiétudes de votre part. Donc, ma deuxième
question, sur le plan de la confessionnalité, serait la suivante:
Avez-vous pensé, lors de vos discussions, à d'autres garanties
que vous voudriez demander? Par exemple, la PACT, la Provincial Association of
Catholic Teachers, a abordé le même sujet et nous a fait des
demandes à cet égard. Donc, je voudrais vous demander si, lors de
vos discussions, vous avez abordé d'autres éléments
possibles de garantie dont vous ne nous auriez pas parlé ce matin.
Mme Bradley: Merci, M. le ministre. Je voudrais signaler que nous
n'avons pas le droit de parler pour tous les parents anglo-catholiques de
l'île de Montréal. Il y a un autre groupe qui va vous parler des
inquiétudes des parents anglo-catholiques de Baldwin-Cartier. C'est le
deuxième groupe. Dans les autres commissions scolaires, les parents
anglo-catholiques n'ont pas produit de mémoire. Nous vous remercions
beaucoup des accommodements que vous feriez au niveau du Conseil
supérieur de l'éducation. C'est quelque chose que nous
apprécions beaucoup, parce que nous nous sentions bien
désavantagés depuis l'année dernière.
Je veux signaler, à propos du mémoire de la
fédération des parents de l'île, que, dans leur
préambule, ces gens ont indiqué clairement que plusieurs groupes
qui font partie de la fédération de l'île n'avaient pas la
même optique. En réponse à une question, je crois que Mme
Beauchemin avait signalé que c'était principalement les groupes
anglophones. Sur cette question, il me semble, depuis les réunions qu'on
a eues depuis deux ans sur la restructuration scolaire avec d'autres groupes de
la commission scolaire et hors de la commission scolaire - et c'est
indiqué dans notre annexe I - que la perspective des parents anglophones
est bien différente. La perspective de leur rôle dans
l'école est plutôt celle du bénévolat et de la
consultation. L'administration et les services aux élèves doivent
rester du côté des commissions scolaires. Notre communauté
a une optique différente de celle des parents francophones. Puisqu'il y
a sept commissions scolaires francophones, elles constituent la majorité
des parents dans la fédération de l'île. Vous nous avez dit
que nous semblions relativement satisfaits des services de la commission
scolaire. Je le dirais un peu plus fort. Nous en sommes bien satisfaits
dans
notre secteur. Peut-être que c'est le nombre
d'élèves. C'est un des chiffres qu'on a mentionnés comme
étant l'optimum pour une commission scolaire. C'est effectivement
administré comme une commission scolaire de haut en bas.
Il y a également la question des commissions scolaires
anglo-catholiques qui ont été demandées depuis 70 ans.
Nous avons été depuis deux ans en communication avec d'autres
groupes d'expression catholique, un groupe anglo-catholique, et ils nous ont
dit que, plus d'une fois, ce fut refusé. Ce ne fut pas refusé
à nous-mêmes, mais on nous a dit que ce fut refusé. C'est
certain que c'est ce que nos parents préféreraient à tout
autre système. Absolument. Il n'y a pas de doute là-dessus.
M. Laurin: L'autre partie de la question: est-ce que vous avez
pensé à nous proposer d'autres garanties?
Mme Bradley: Oh! Sur la confessionna-lité. Nous ne sommes
que des parents, mais nous savons ce qui se passe à l'école et
nous savons ce qu'est une école catholique confessionnelle. La PACT vous
a dit, d'après le point de vue des professeurs, en quoi consiste une
école anglo-catholique. Le conseil catholique d'expression anglaise va
préciser un peu plus notre position parce que nous ne sommes pas en
mesure de le faire. Nous savons si cela nous satisfait, mais traduire en termes
juridiques ce que les parents demandent n'est pas notre rôle.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci, Mme Bradley. M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Bonjour, Mme Bradley, Mme Beaudoin, Mme Saint-Yves et
les deux autres. Je suis très heureux de vous rencontrer. Le message que
vous apportez, ce matin, vient s'ajouter à d'autres que nous avons
déjà entendus et démontre clairement que, dans la
région de Montréal, si on voulait procéder à la
mise en place du projet de loi 40, comme il est conçu actuellement, on
se heurterait à des obstacles si nombreux et si considérables que
le danger de chaos qui risquerait d'en découler serait infiniment plus
élevé que les quelques bienfaits que pourrait espérer en
retirer le gouvernement.
Votre mémoire a été présenté sur un
ton très calme et j'ai particulièrement apprécié ce
que vous venez tout juste de dire, Mme Bradley, quand vous dites que vous vous
assumez comme parents et que vous ne prétendez pas venir ici comme
législateurs, que vous ne prétendez pas détenir une
compétence universelle dans des choses plus particulièrement
techniques qui sont reliées au projet de loi. J'ai bien
apprécié la sagesse de votre réponse quand vous avez dit:
Nous ne prétendons pas le faire, d'autres pourront le faire avec plus de
précision. Ce n'est pas du tout un aveu d'incompétence; je pense
que chacun a sa place dans l'ensemble du système et c'est comme cela,
ainsi que le veut un vieux dicton français, que les chèvres de M.
Séguin seront bien gardées.
Je m'intéresse en particulier à l'objet fondamental de
votre démarche qui est le maintien d'un système de formation
chrétienne pour les anglo-catholiques. Il y a des années que la
communauté anglo-catholique veut attirer l'attention des
autorités politiques sur les problèmes spéciaux auxquels
elle fait face. Le contexte ne se prêtait pas à un examen public
approfondi de ces problèmes et ce sera - je rends un hommage au
ministre, je ne le fais pas souvent, mais je le fais volontiers quand c'est
mérité - l'un des heureux résultats du débat
provoqué par le projet de loi 40 que d'avoir permis de mettre sur la
table bien des problèmes qui étaient discutés dans des
sectes très limitées autrefois. Je pense que c'est une des
marques de la démocratie québécoise, cette
possibilité qui est donnée et qui sera donnée encore plus
largement, je l'espère, à tous les groupes ou secteurs de la
société qui ont un message à livrer de venir se faire
entendre ici, non seulement de manière rapide ou cursive, mais avec un
peu de temps pour discuter, avec la chance de préciser leurs
opinions.
C'est un autre point sur lequel je suis heureux de rendre hommage au
ministre, il assiste à toutes les séances avec une courtoisie
impeccable. Il écoute et il prend des notes. Parfois, nous trouvons
qu'il ne comprend pas toujours, mais il prend des notes avec beaucoup
d'attention. Je pense que c'est un signe de démocratie qui fonctionne et
on doit s'en féliciter tous ensemble. J'ai bien apprécié
que vous le disiez dans vos remarques aussi.
La communauté anglo-catholique - je pense que c'est le moment
d'essayer de faire comprendre cela au gouvernement clairement tient un
système d'éducation qui va respecter ses valeurs d'une
manière positive; elle nous l'a dit par la voie de l'Association des
enseignants catholiques de langue anglaise au début de la semaine, elle
nous l'a dit à une autre occasion aussi et elle nous le dit encore par
vous; il y a d'autres organismes qui doivent se faire entendre et qui vont
tenir un langage sensiblement convergent. Je ne sais pas s'il y a eu
concertation parmi vous ou s'il y a convergence naturelle, mais le message est
à peu près le même, qu'il vienne d'un groupe ou de l'autre.
Cela, je pense que c'est un bon signe; c'est signe qu'il y a eu du travail de
réflexion, de consultation préalable qui s'est fait, et cela
ajoute du poids aux opinions qui sont communiquées.
Le point que je voudrais essayer de faire comprendre au gouvernement, ce
matin, c'est le suivant. Si le système proposé dans le projet de
loi 40 allait être appliqué tel quel, sans des modifications
importantes, le danger de voir disparaître la plupart des écoles
anglo-catholiques qui existent serait très réel, parce que, si on
allait fonctionner uniquement par le système de votes pris au niveau de
chaque école et de décisions prises entièrement par le
conseil d'école, on pourrait très bien arriver, au nom de la
démocratie, au nom d'une certaine démocratie formaliste, qui ne
serait pas une véritable démocratie dans ce cas-là,
malheureusement, et au nom de l'idéal de l'école commune, qui est
préconisée dans le projet de loi et dans le livre blanc sans
qu'on fasse les nuances et les distinctions nécessaires, on pourrait
arriver, dis-je, à supprimer graduellement à peu près tout
ce qui existe d'écoles anglo-catholiques, c'est-à-dire un volet
parmi les plus intéressants du système d'éducation que
nous avons mis sur pied au Québec au cours des années.
Alors, c'est évident - je pense que c'est le sixième
organisme depuis hier qui fait allusion à ce problème - qu'il va
falloir que le gouvernement prévoie un rôle pour les commissions
scolaires, un nouvel agencement du processus d'ajustement de nos services
éducatifs à la volonté de la population. Si on allait
avoir des mécanismes purement rituels et qui aboutiraient à une
détérioration, à une érosion graduelle de ce qui a
été fait au cours des années, ce serait une immense
illusion d'optique, et je suis convaincu que tel n'est pas du tout l'intention
du ministre. Je pense que le ministre est de bonne foi. Il essaie de trouver
une formule qui tiendra compte de la réalité moderne. Moi, je lui
dis avec fermeté et avec une profonde conviction d'homme pratique qui a
vu ces choses à l'oeuvre depuis des années que, si le
système envisagé dans le projet de loi est adopté tel
quel, ce sera bien dangereux.
Il y a une autre chose que vous signalez dans votre mémoire, qui
est importante aussi. On en est venu, depuis quelques années, par une
espèce de facilité qui est un petit peu déconcertante,
à professer que, si les parents étaient appelés à
choisir entre envoyer leur enfant à trois coins de rue plus loin ou
à l'école qui est juste à côté de chez eux,
ils préféreraient l'envoyer à une école neutre
plutôt que de l'envoyer à une école catholique qui serait
un petit peu plus loin. Mais vous donnez de cela la preuve vivante que c'est
faux, parce qu'il y a des années que de nombreux parents
anglo-catholiques acceptent librement de faire franchir une distance un peu
plus grande à leurs enfants pour qu'ils aient accès à une
école comme celle que les parents désirent. Je voudrais bien que
l'on corrige aussi les dispositions qui sont dans le projet de loi 40 à
ce sujet parce qu'on dit qu'on donne la liberté de choix aux parents -
c'est très bien - choix ensuite conditionné par des services de
transport. C'est évident que, si on allait dire: II n'y aura plus de
transport, d'aucune manière, au-delà de la limite rituelle d'un
mille ou de 1,6 kilomètre, à ce moment-là, on priverait
bien des enfants.
Je regarde ce qui se passe à la Commission des écoles
catholiques de Montréal. J'avais demandé des chiffres à ce
sujet et on me les a justement remis aujourd'hui. À Montréal,
chez les anglophones, le pourcentage d'élèves de la maternelle
à la 4e année qui jouissent d'un service de transport est de 25%;
tandis que, du côté francophone, c'est 15%. C'est normal parce
que, du côté francophone, la concentration d'élèves
est plus grande, par conséquent le besoin de transport est moins
élevé de ce côté-là. C'est une dépense
additionnelle - je ne veux pas faire trembler les technocrates du
ministère qui ont peut-être déjà des
équations à l'esprit de ce côté-là - mais je
vous dis, messieurs les technocrates, que ces 10%, cela fait partie de notre
tradition et je ne voudrais pas qu'ils soient supprimés avec des
équations algébriques qui entraîneraient une érosion
de ce droit qui existe depuis longtemps. (12 h 30)
Au secondaire, tout le monde paie pour le transport. Ceux qui envoient
leurs enfants à une école éloignée de leur domicile
paient pour le transport. Je ne connais pas de commission scolaire, qui paie le
transport au secondaire sur l'île de Montréal. Par
conséquent, il n'y a pas de problème là. Mais je dis que
le problème est bien posé. Dans la pratique, il va falloir tenir
compte des effectifs. Si on arrivait dans un quartier, par exemple, où
il y aurait 50 candidats à l'école catholique et 150 à
d'autres sortes d'écoles et qu'il y avait une population en tout de 200
élèves, il faudrait qu'une décision soit prise. Je trouve
que la commission scolaire sera bien mieux placée pour prendre la
décision qu'un comité de telle ou telle école et c'est
cela, le point de fond là-dedans. Si on veut assurer une
répartition équitable des ressources éducatives dans le
territoire d'une commission scolaire, il faudra que la commission scolaire ait
un rôle. Que les parents aient leur mot à dire là-dedans,
c'est très bien, mais l'idée de faire prendre une
décision, "yes or no, black or white", par le conseil d'école
après une consultation des parents là-dessus me paraît
excessive et très dangereuse pour l'avenir de l'école
catholique.
Vous avez souligné - je ne veux pas insister là-dessus -
que, dans l'ensemble, la communauté anglo-catholique a été
assez heureuse à l'intérieur de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Je le sais d'expérience parce que ce
sont des choses
que j'ai eu l'occasion de suivre depuis longtemps; je pense que c'est un
trait de notre véritable tradition scolaire au Québec. C'est un
bon exemple de ce que j'essayais de faire comprendre à un groupe qui est
venu ici hier. On n'a pas essayé d'imposer des choses. À la
Commission des écoles catholiques de Montréal, qui est
francophone, on a eu un secteur anglophone qui s'est très bien
développé. Même, à un moment donné, il se
développait trop, il était rendu qu'il se nourrissait à
partir d'enfants de foyers immigrants. Il a fallu des redressements
législatifs pour que les choses prennent une proportion plus conforme
à ce qu'est la société québécoise. Ceci a
été accepté de bonne grâce. Je sais que cela
entraîne des conséquences très douloureuses pour votre
communauté.
Moi-même, je suis allé présider, il y a à peu
près un an et demi, à la dernière cérémonie
de graduation de l'école Cardinal Newman à Montréal.
C'était un événement joyeux pour les jeunes qui sortaient.
Il y avait à peu près 125 diplômés, mais
c'était la dernière parce qu'il n'y avait plus d'effectifs
anglo-catholiques pour nourrir cette école. Sur la classe de 125, je
pense qu'il y en avait 95% qui venaient de foyers néo-canadiens. Cela
illustrait très concrètement le problème qui
s'était posé. On est sorti de cela. Maintenant, on est
entré dans une nouvelle ère.
À la lumière de tout ceci, je veux vous assurer de ma
profonde sympathie pour le problème que vous avez posé à
notre attention. Je pense que le ministre y est sympathique également.
On va essayer de saisir encore davantage les aspects concrets du
problème pour qu'on puisse trouver quelque part des solutions qui
seraient acceptables à tout le monde. Je n'ai pas de nombreuses
questions à vous poser parce que c'est clair.
Vous représentez le point de vue des parents anglo-catholiques.
Je pense que vous l'avez exprimé avec clarté. Mme Beaudoin devait
être dans une position un peu embarrassante parce qu'on l'a vue hier
présidant un organisme qui exprimait une position différente,
mais, à la fin de la rencontre d'hier, c'était beaucoup moins
clair qu'au début. J'ai senti cela, qu'il y avait beaucoup de nuances.
D'ailleurs, même à l'intérieur du groupe francophone, si on
fouillait, on verrait que, dans le sud-ouest de Montréal, on n'est pas
favorable au projet de loi. Dans l'est, une personne de l'Est de
Montréal, qui était ici hier, m'a dit: On va se reprendre. On
n'avait pas d'opinion, mais ils vont s'apercevoir qu'on va en avoir une avant
longtemps. Dans le nord, c'était favorable au projet de loi. C'est
extrêmement bigarré. En tout cas, de votre côté, cela
me semble assez clair. Il n'y a pas lieu d'insister parce que, tout compte
fait, je pense que les réserves que vous exprimez sont assez nettes.
Ceci étant dit, je vous remercie infiniment de ce que vous avez
dit. On va attendre avec intérêt les suggestions plus
précises au niveau de la formulation d'amendements possibles qui vont
venir d'autres groupes. S'il y en avait de votre côté, si vous les
communiquez, on va les écouter avec beaucoup d'intérêt. Je
vais laisser pour des questions que mes collègues pourraient avoir
à vous poser le reste du temps qui nous est imparti à nous. On se
divise le temps, les deux groupes. Comme vous le savez, le gouvernement a
accepté que le temps des questions et des interventions soit
partagé 50-50 entre le gouvernement et l'Opposition. Après cela,
c'est à nous de faire montre de discipline pour que chacun ait un peu de
chance de vous parler. Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Chauveau.
M. Brouillet: Merci. Mesdames, j'aimerais m'en tenir à
quelques aspects de votre mémoire, entre autres, au rôle des
parents dans le système scolaire, à la composition du conseil
d'école, à la composition de la commission scolaire ainsi qu'au
mode d'élection des commissaires. Si nous regardons votre position
concernant le rôle des parents, je crois que ce n'est pas aussi
tranché qu'a pu le laisser entendre le député
d'Argenteuil. Si nous creusions, nous aussi, pour connaître les
différents groupes que vous représentez, je crois qu'il y aurait
une ambivalence et un certain déchirement dans les tendances.
Vous-mêmes le disiez au début de votre présentation en
parlant de la réalité montréalaise: Dans plusieurs
secteurs, les parents désirent ardemment se voir octroyer des pouvoirs
additionnels dans l'école; dans d'autres secteurs, nous éprouvons
énormément de difficulté à réunir
suffisamment de parents familiers avec les réalités du
système scolaire, etc. Il y a une certaine ambivalence, je pense. Je
crois comprendre que certains parents hésitent à se voir confier
plus de responsabilités au niveau de l'école quand nous voyons,
à la page 7, ce que vous dites quant aux éventuelles
responsabilités pédagogiques et à tout ce que cela
impliquerait. Effectivement, si les parents croient qu'ayant un pouvoir
décisionnel à l'école ils devront être
laissés à eux-mêmes pour choisir les manuels scolaires,
pour préparer les programmes des services auxiliaires, pour adapter et
mettre en oeuvre des services éducatifs spécialisés, et je
peux ainsi continuer, je comprends que beaucoup de parents, dans certains
milieux, hésitent à assumer une responsabilité
décisionnelle quant à ces nouvelles tâches.
On aborde le problème en supposant que les parents vont
être laissés à eux-mêmes, alors que le directeur
d'école, les comités pédagogiques dans l'école, les
comités de parents et la commission scolaire seront là pour
fournir tous les instruments, pour préparer les dossiers, amener au
conseil d'école tous ces dossiers préparés et
éclairer les parents qui pourront poser des questions et, enfin, en
arriver à une décision.
D'ailleurs, c'est ce qui se passe à la commission scolaire et
c'est tellement vrai qu'une des raisons de l'ambiguïté est qu'on a
cru, qu'on a fait comme si les parents étaient laissés seuls au
conseil d'école pour décider de tout cela. Mais quand vous
abordez le rôle des parents au niveau de la commission scolaire, vous
dites: II est essentiel que les parents participent à la gestion des
commissions scolaires. Imaginez, les tâches que les parents auront
à la commission scolaire s'ils y vont, seront beaucoup plus
considérables que celles qu'ils auront au conseil d'école selon
le projet de loi. À ce moment-là, on n'a pas peur. Les parents
seront compétents, ils auront l'information, ils seront bien
éclairés pour prendre leurs décisions à ce niveau.
Alors, il y a une certaine contradiction à l'intérieur de cela.
Je crois que l'ambiguïté vient du fait qu'on a supposé que
les parents seraient laissés seuls à l'école pour jouer
leur rôle. Si on creusait un petit peu et que les parents prenaient
vraiment conscience de ce qu'impliquera leur rôle à
l'école, je crois que le consensus serait beaucoup plus grand quant au
rôle des parents à l'école.
J'aimerais que vous réagissiez un peu à cela tout à
l'heure. Je vais passer aux autres points et vous pourrez réagir
à l'ensemble de mes observations.
La question de la commission scolaire. Vous proposez la présence
de représentants de parents à la commission scolaire. Il y a
plusieurs groupes qui l'ont proposée. Est-ce que vous seriez d'accord
pour que cette représentation soit paritaire avec les commissaires
élus au suffrage universel? Ce serait une question que je vous poserais.
Concernant le mode d'élection des commissaires, personnellement, je
tiens à vous dire que vous faites des observations très
intéressantes sur cela. Ce que vous proposez comme mode
d'élection méritera une attention bien particulière.
Donc, le rôle des parents. Comment expliquer cette
différence de position lorsqu'il s'agit du rôle au niveau de
l'école et du rôle au niveau de la commission scolaire?
Deuxièmement, sur la composition de la commission scolaire; est-ce que
vous seriez en faveur d'une parité de représentation des parents
et des commissaires élus?
Mme Bradley: Merci, M. le député. À la page
7, on dit que, dans plusieurs secteurs, les parents désirent ardemment
se voir octroyer des pouvoirs additionnels à l'école. C'est ce
que nous apprenons de quelques-uns de nos collègues francophones, mais
ce n'est pas l'esprit de nos parents. Nous acceptons qu'il y ait une certaine
impatience quant au personnel des commissions scolaires chez nos
collègues, dans notre commission ou dans les autres commissions
scolaires du Québec. Au Québec, la FCPPQ, laisse entendre
très clairement qu'elle veut des aménagements qui donneraient
plus de pouvoirs aux parents. Chez nos parents, ce n'est pas commun.
La question de la représentation au niveau des commissaires. Nos
parents sont suffisamment satisfaits du système actuel quant à la
procédure de l'élection. Nous trouvons préférable
l'élection comme elle se fait présentement dans le quartier, mais
comme parents nous ne pouvons pas proposer quelque chose de nouveau. Sur
l'île de Montréal, nous ne sommes pas satisfaits d'une commission
scolaire de 50 membres, absolument pas, mais nous n'avons pas de solution. Nous
n'avons pas de suggestion sauf que nous préférerions une
commission scolaire de 20 membres pour que, question d'administration, tout ne
soit pas délégué au conseil d'administration et que les
commissaires venant de l'école n'aient pas droit, sauf peut-être
deux fois par année... Est-ce que c'est suffisant? Est-ce que j'ai
oublié quelque chose?
M. Brouillet: Oui, très bien. Je crois que vous avez
touché au sens de mes questions, alors je vous remercie beaucoup.
À moins que quelqu'un d'autre n'ait quelque chose à ajouter.
Le Président (M. Blouin): Rapidement, Mme Saint-Yves,
peut-être.
Mme Saint-Yves: Oui. Vous avez parlé de la
disparité dans nos positions vis-à-vis de l'école et de
notre rôle dans les commissions scolaires. Nous croyons que ceux qui vont
aux commissions scolaires acquièrent aussi de l'expérience. Nous
avons beaucoup de membres qui restent là un an, deux ans et qui
abandonnent par la suite pour plusieurs raisons. Ce ne sont certainement pas
ceux-là qui seront dans les commissions scolaires. L'expérience
qu'auront prise les parents aux commissions scolaires, fera qu'ils pourront
rendre les services voulus.
M. Brouillet: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Chauveau. Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais remercier Mme Bradley et ses
collègues des écoles
anglophones de la CECM pour leur mémoire que je trouve
très honnête, très clair et qui contribue d'une
façon importante à notre discussion, surtout pour les besoins des
anglophones et particulièrement des anglo-catholiques de l'île de
Montréal.
J'aimerais poursuivre un peu sur cette question des solutions sur le
plan de la confessionnalité sur l'île de Montréal en
particulier. Après avoir entendu plusieurs groupes qui ont
présenté leur opinion sur cette question de la
confessionnalité et des problèmes qui vont inévitablement
arriver à cause des solutions proposées dans le projet de loi 40,
je crois qu'il faut se rendre compte qu'il y a des disparités
énormes entre les régions de la province. Ces disparités
ne touchent pas uniquement le problème de la confessionnalité.
Nous avons entendu ce matin les gens de l'Estrie qui ont présenté
leurs problèmes et une dimension très importante de leurs
problèmes qui est la survie des petites écoles dans la
communauté anglophone. (12 h 45)
À l'extérieur de l'île de Montréal, où
le nombre d'enfants n'est pas suffisant pour créer dans tous les
territoires des écoles anglophones catholiques et des écoles
anglophones protestantes, ces communautés ont trouvé depuis
longtemps des accommodations pour mieux servir leurs enfants. Donc, les
catholiques et les protestants, mais surtout les catholiques, ont
accepté des compromis. Je suis sûre que la plupart des
anglo-catholiques hors de l'île de Montréal aimeraient avoir,
comme vous, des écoles catholiques intégrales et
séparées, mais, pour des raisons pratiques, ils ont
accepté des compromis dans presque toutes les régions du
Québec. Il y a des exceptions, surtout dans l'Ouest du Québec,
où il y a moins d'intégration des anglophones catholiques et
protestants dans les mêmes écoles.
Mais quand on arrive dans l'île de Montréal, on voit, selon
les chiffres présentés par le PACT, les enseignants anglophones
catholiques, 48 800 élèves anglo-catholiques - la plupart dans
les écoles catholiques - et 43 850 élèves protestants et
autres ou rien, selon leur déclaration sur le plan de la
confessionnalité. Cela fait donc 92 000 élèves et je crois
que ce sont des chiffres de 1980-1981. Les chiffres ne sont donc pas à
jour.
Nous avons une situation qui demande peut-être qu'on
considère des solutions différentes de celles qui s'imposent hors
de l'île de Montréal, dans les régions. Et quand je parle
de l'île de Montréal, je veux dire le grand Montréal. Je
crois que, compte tenu de l'importance de l'école anglo-catholique
où la religion, la dimension confessionnelle n'est pas réduite
à un cours, mais, comme vous le croyez, si je comprends bien, où
l'aspect, la dimension confessionnelle doit être manifeste dans tous les
éléments de la vie de l'école, je crois qu'il y a
peut-être d'autres solutions que la solution unique proposée par
la loi 40.
Ce n'est pas la première fois qu'on discute de ce
problème. Ce problème a été discuté deux ou
trois fois par des comités qui ont travaillé durant des mois, des
années, depuis au moins quinze ans, je crois. Vous êtes au courant
de toutes ces discussions et des résultats de celles-ci, j'en suis
certaine. Il y a plusieurs années, le résultat était
toujours le statu quo parce que c'était évident qu'il n'y avait
pas de consensus. La situation a évolué depuis ce temps.
Après avoir exposé les solutions possibles que je vois
ici, j'aimerais avoir votre réaction. Dans l'ensemble de l'opinion sur
l'île de Montréal, il me semble qu'il y a peut-être un
désir de trouver des accommodations, des intégrations - je parle
de la communauté anglophone - au niveau secondaire. Nous avons deux ou
trois écoles expérimentales qui fonctionnent assez bien et je
crois que c'est le désir des anglophones de continuer ces
intégrations, ces expérimentations d'écoles
coconfessionnelles, multiconfessionnelles. Mais, au niveau primaire, je crois
que le consensus n'existe pas parce que le résultat serait un compromis
inacceptable et, naturellement, on préfère le statu quo à
un compromis qui diminuerait la dimension confessionnelle dans nos
écoles.
Est-ce que vous avez considéré la possibilité,
autre que le statu quo, d'une commission scolaire uniquement pour les
écoles élémentaires anglo-catholiques sur l'île de
Montréal? On pourrait peut-être envisager, sur l'île, des
écoles anglo-protestantes au niveau élémentaire et des
écoles anglo-catholiques élémentaires dans deux
systèmes différents. Vous pourriez garder, par cette solution,
votre réseau d'écoles catholiques anglophones.
Toutefois, au niveau secondaire, on pourrait intégrer les
anglophones dans un système linguistique où on aurait des
écoles coconfessionnelles, multiconfessionnelles qui respecteraient les
valeurs catholiques, protestantes ou autres. Dans la communauté
anglo-protestante, on a d'autres valeurs, on a d'autres religions; on a des
juifs, on a des grecs orthodoxes, on a des bouddhistes. Il y a une gamme de
valeurs, de religions, de cultures représentées dans les
écoles anglo-protestantes.
Premier point, je crois, étant donné la diversité
des régions, qu'il est peut-être temps de considérer des
solutions différentes pour l'île de Montréal que celles qui
s'imposent et qui sont dans le meilleur intérêt hors de
l'île de Montréal, dans les régions où les enfants
sont plus dispersés. Les solutions saines sont celles qui
intègrent
des enfants différents dans les mêmes écoles. Est-ce
que je pourrais avoir votre réaction? Est-ce que vous avez
considéré d'autres solutions que le statu quo qui pourraient
mieux servir nos enfants que les écoles actuelles?
Mme Bradley: Mme la députée, considérant que
le projet de loi a l'idée d'intégrer le primaire et le
secondaire, nous n'avions pas jugé opportun de faire une telle
suggestion, mais...
Mme Dougherty: Tout est possible.
Mme Bradley: Tout est possible, même les commissions
scolaires anglo-catholiques?
Mme Dougherty: M. Ryan a ajouté "dans l'Opposition".
Mme Bradley: Ce que je comprends de votre intervention, c'est
qu'en dehors de Montréal, il y a deux nécessités. On a eu
des accommodements entre les anglo-catholiques et les anglo-protestants par
entente. Maintenant, nous avons l'exemple du John XXIII Dorval High School, qui
était nécessaire, vu la baisse de la clientèle. Si ce fut
fait par entente, et à cause de la baisse de la clientèle
scolaire, nous prévoyons la possibilité d'autres accommodements
sur ce modèle, mais...
Mme Dougherty: C'est dans mon comté. Donc, je le connais
bien.
Mme Bradley: Oui, mais, dans le projet de loi, M. le ministre
reconnaît que, chez les catholiques, l'animation pastorale est
nécessaire et au Dorval High School, à John XXIII, il y a la
pastorale, je crois, par entente. Pour nous, ce serait une question de base en
faisant une entente. Ai-je répondu à votre question?
Mme Dougherty: Est-ce que cela suffit? Vous parlez de
l'école de Dorval. Est-ce une solution acceptable au niveau
secondaire?
Mme Bradley: C'est le deuxième essai qu'on a fait entre
deux commissions scolaires anglophones...
Mme Dougherty: Oui.
Mme Bradley: ...et on a beaucoup appris de l'autre
expérience. On apprend maintenant, mais cela va... Quand c'est
nécessaire, il faut avoir des ententes.
Mme Dougherty: Oui, mais dans le système actuel,
divisé sur le plan confessionnel, il faut des ententes pour avoir des
écoles semblables. Je suggère qu'on adopte le système
proposé, les divisions linguistiques, pour le niveau secondaire. Donc,
tous les anglophones seraient dans une commission scolaire - une ou deux,
peut-être trois - sur l'île de Montréal, mais, au niveau
élémentaire, on pourrait peut-être envisager une commission
scolaire uniquement pour les anglo-catholiques. Donc, les protestants auraient
leurs propres commissions scolaires aussi au niveau élémentaire,
mais il y aurait une intégration au niveau secondaire des deux
groupes.
Mme Bradley: Sur cette question, je cède la parole
à Mme Beaudoin, notre parent-commissaire du niveau secondaire.
Mme Beaudoin: M. le Président, j'aimerais souligner que
Mme Bradley nous a rappelé que c'est la deuxième
expérience que nous vivons avec de la cohabitation au niveau des
écoles secondaires du secteur catholique et du secteur protestant. Mes
enfants ont participé à la première expérience
celle de, Duncon-Doran, qui n'a pas été aussi heureuse que celle
d'aujourd'hui. Je pense bien que nos parents n'ont pas d'objection à
conclure de telles ententes. Les problèmes qui ont résulté
de la fin de notre entente découlaient surtout de problèmes
syndicaux, de problèmes qui devront être réglés
à d'autres niveaux qu'ici, par des gens du gouvernement, sensiblement,
mais avant d'opter, de sauter à pieds joints sur une telle suggestion,
nous croyons qu'il serait prudent de penser aussi à l'expérience
malheureuse qui nous est arrivée; on doit le faire avant d'accepter,
à la suite d'une expérience heureuse. Il faudra y aller avec
beaucoup de prudence et de sagesse, mais nous n'avons pas d'objection.
Le Président (M. Blouin): D'accord, merci, Mme Beaudoin.
Oui, Mme Bradley.
Mme Bradley: M. le Président, est-ce que je pourrais
céder la parole sur ce sujet à Mme Hofbauer?
Le Président (M. Blouin): En deux minutes, madame.
Mme Bradley: En deux minutes, merci.
Mme Hofbauer: Merci, M. le Président. Tout ce que je
voulais ajouter, simplement, c'est que nos parents anglophones catholiques de
la CECM, certainement où ce n'est pas nécessaire, n'envisagent
pas au secondaire un genre d'équipe d'intégration des
anglo-catholiques et des anglo-protestants, comme l'a suggéré Mme
Dougherty.
Mme Dougherty: Pardon. J'ai manqué votre réponse,
pourriez-vous la répéter? (13 heures)
Mme Hofbauer: Au secteur anglophone
catholique de la CECM, je pense personnellement, maintenant, que nos
parents n'envisagent pas d'aller dans une école, au niveau secondaire,
où il y a l'intégration des anglophones catholiques et des
anglophones protestants. Si la clientèle d'un secteur est suffisante
pour garder un secondaire ouvert avec une clientèle anglo-catholique,
dans une atmosphère anglo-catholique, ils vont préférer ce
choix, cette école. Merci.
Mme Dougherty: Oui? Même quant aux commissions scolaires
linguistiques proposées par la loi 40?
Mme Hofbauer: Oui, avec les garanties confessionnelles dans
l'école écrites dans la loi.
Mme Dougherty: Merci. Mme Hofbauer: Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci, Mme Hofbauer; merci, Mme
la députée de Jacques-Cartier. M. le député de
Vachon.
M. Payne: Je vous félicite pour un mémoire bien
étoffé et intéressant. Vous présentez certaines
inquiétudes en ce qui concerne la réglementation. Peut-être
que vous partagez l'avis de ceux qui disent que ces règlements devraient
être incorporés à la loi. Il y a certains avantages et
certains désavantages. Je peux vous donner quelques désavantages.
Par exemple, le régime pédagogique, en ce qui concerne les
programmes d'étude, donne un certain nombre de dérogations
possibles à la commission scolaire ou, le cas échéant,
à l'école en ce qui concerne les services éducatifs. Si
toutes ces choses étaient inscrites dans un projet de loi adopté
par l'Assemblée nationale, cela prendrait un projet de loi du
gouvernement pour amender chaque dérogation. Cela enlèverait une
certaine flexibilité au système tel que proposé par le
projet de loi 40. Par exemple, en ce qui concerne le matériel
pédagogique et didactique, les livres; si une école a besoin
d'une certaine dérogation, d'un certain statut particulier, c'est
très difficile de dresser cette liste dans un projet de loi tout en
tenant compte de toutes les possibilités de dérogation.
Une question dans le même ordre d'idées, mais un peu plus
explicite, sur votre affirmation, lorsque vous parlez, à la page 2, des
pouvoirs accrus du ministre. J'aimerais que vous donniez à la commission
- parce que je pense que la preuve n'est pas faite encore - les pouvoirs du
ministre, ou du ministère, ou du gouvernement qui sont accrus par le
projet de loi 40, et si, pour montrer ma bonne foi, vous m'y invitez,
j'aimerais faire la preuve du contraire.
Mme Bradley: La réglementation que nous désirons
absolument voir dans le projet de loi, c'est sur le droit à la
confessionnalité au niveau de l'école. Si dans trois, cinq ou six
ans, un autre ministre de l'Éducation a d'autres idées, il peut,
sans consulter l'Assemblée nationale, changer les règlements. Je
m'excuse, M. Payne, mais je n'ai pas très bien compris la
deuxième question.
M. Payne: Je me demandais si vous pouviez dresser la liste des
pouvoirs accrus du gouvernement ou du ministre dans le projet de loi 40.
Mme Bradley: Dans notre annexe IV?
M. Payne: Non, non, cherchez simplement quelques exemples
découlant de votre expérience.
Mme Bradley: De notre expérience...
M. Payne: Dans le projet de loi. Je m'excuse.
Mme Bradley: ...dans le projet de loi...
M. Payne: Vous suggérez que les pouvoirs du
ministère soient accrus. Est-ce que vous faites référence
au projet de loi?
Mme Hofbauer: M. le Président, Mme la présidente,
si je comprends bien votre question - merci, M. Payne - dans le projet de loi
40, il y a beaucoup d'articles qu'on pourrait citer où il y a beaucoup
de pouvoirs qui vont être conférés au ministre. Si vous
voulez, je pourrais vous énumérer les articles. Voulez-vous que
je vous donne les exemples?
M. Payne: Ma question est très précise. Quels sont
les nouveaux pouvoirs dans le projet de loi?
Mme Hofbauer: Je la comprends maintenant. Vous avez, par exemple
- et, après, Mme Bradley pourra compléter -l'évaluation du
régime pédagogique qui vient directement du ministre,
l'évaluation des programmes d'études officiels et de manuels
scolaires. C'est l'article 116 du projet de loi.
M. Payne: Prenez ces exemples un par un. Le régime
pédagogique, c'est déjà statué et cela était
déjà déposé en 1983 après consultations avec
les parents. Je peux vous donner quelques exemples. Dans le règlement
qui a été déposé par le ministre, on a
apporté un élément de souplesse à savoir que la
commission scolaire, parmi tous les autres pouvoirs qu'elle a - et non plus le
ministre -aura le pouvoir d'accorder les dérogations aux dispositions du
régime. Deuxièmement,
les programmes d'étude préparés par l'école
ne seront plus approuvés par le ministre. Troisièmement, la marge
de manoeuvre de l'école concerne les services éducatifs comme,
par exemple, les arrangements locaux. Cela pourrait concerner les arrangements
pour la nourriture, pour les visites à l'extérieur, les camps
d'hiver, des choses comme cela. Cela relève maintenant de
l'école. Nous avons apporté dans le règlement beaucoup
d'assouplissements. J'ajouterai à cet égard que, si le
gouvernement encadrait tout cela dans une loi, ce serait absolument
inapplicable parce que chaque dérogation nécessiterait un projet
de loi. Prenez un autre exemple, si vous voulez.
Mme Hofbauer: Je comprends que le régime
pédagogique est déjà loi, mais d'après ce qu'on
comprend à l'article 116, c'est dans l'évaluation du
régime pédagogique, après que certains aspects du
régime soient introduits dans les écoles. Maintenant, vous avez
mentionné les programmes d'études, les manuels scolaires. C'est
toujours sur une base, avec une liste qui est donnée aux...
M. Payne: Je veux rester avec le régime pédagogique
parce que vous avez glissé une affirmation très importante. Pour
les amendements apportés ou les suggestions d'amendements
apportés au régime pédagogique, cela doit se faire en
consultation avec les parents, c'est dans le règlement. C'est un
amendement assez important.
Mme Hofbauer: Merci. On comprend. On a déjà une
bonne consultation avec notre CECM en étant une minorité dans une
commission scolaire francophone. Il y a d'autres choses que vous avez
également mentionnées. Ce n'était pas ce que je voulais
dire quand vous avez mentionné des pouvoirs qui vont retourner au
ministre. Vous avez mentionné que, dans les écoles, les visites
pédagogiques, les choses parascolaires, etc., l'école aura le
droit de les faire. On a maintenant le droit de les faire dans nos
écoles, après consultation avec le comité d'école,
le directeur et les enseignants. Est-ce que vous complétez Mme
Bradley?
Mme Bradley: Au sujet du régime pédagogique, vous
nous dites: C'est après consultation avec les parents. Mais ce qui nous
décourage beaucoup, dans le régime pédagogique tel qu'il
est actuellement, c'est qu'au secondaire, dans la langue seconde, il n'y a que
quatre crédits; pour la langue maternelle, il y en a six.
Dans la consultation avec la majorité francophone
nécessairement, l'importance de la langue seconde est inférieure
à celle de la langue maternelle. Mais pour laisser nos enfants
croître, vivre, rester au Québec, il faut plus de langue seconde
tout au long de leur enseignement pour devenir suffisamment bilingues et
motivés à rester Québécois.
M. Payne: Merci. Le projet de loi permet justement ce genre
d'autonomie locale de l'école particulièrement. Comme vous l'avez
dit vous-même et comme je peux le résumer, les programmes
d'études sont maintenant élaborés par l'école.
C'est parfaitement en conformité avec les principes de base que vous
avez énoncés tout à l'heure.
Mme Bradley: Faire les programmes et les organiser au niveau de
l'école, c'est trop coûteux, cela prend trop de temps. Je crois
que Mme Camacho a parlé du temps nécessaire pour aller du
régime pédagogique jusqu'au programme actuellement dans
l'école; il y a un processus pour lequel les parents ne sont pas
préparés.
M. Payne: Mais, le principe c'est qu'ils peuvent être
consultés obligatoirement, ils seront consultés pour tout
amendement au régime pédagogique, tel que prévu par le
projet.
Mme Hofbauer: Est-ce que je peux ajouter, M. le
député de Vachon, que cette consultation, qui est toujours
possible en vertu du projet de loi 40, c'est quand même encadré
dans des limites de temps et d'horaire avec le contrat des enseignants? Merci,
M. le Président.
M. Payne: C'était d'ailleurs une demande des commissions
scolaires au moment de l'adoption, en 1981, à savoir qu'on devrait
encadrer le régime pédagoqique. Je reviens à ma question
principale: Vous ne voyez pas les pouvoirs accrus? Vous ne pouvez pas les
citer?
Mme Bradley: Nous, comme parents, ne sommes pas sûrs des
pouvoirs actuels du ministre. Nous ne pouvons pas dire lesquels n'existent pas
actuellement. Nous sommes bien éloignés du ministère de
l'Éducation.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, Mme Bradley. Au
nom de tous les membres de la commission parlementaire, je remercie les
représentants du Comité de coordination des parents du secteur
anglais de la Commission des écoles catholiques de Montréal de
leur collaboration à nos travaux. Je tiens aussi à remercier les
membres de la commission et les invités que nous avons reçus
depuis maintenant deux semaines, de l'efficacité, de la rigueur et, ce
qui est très important, du niveau élevé des débats
que nous tenons depuis maintenant deux semaines. Cette attitude des membres est
déférente à
l'égard de nos invités et correspond bien à
l'importance du sujet dont nous traitons, c'est-à-dire l'enseignement
primaire et secondaire public au Québec.
Je remercie les membres et les invités de leur collaboration
soutenue. Je crois que cela augure bien pour les semaines qui viennent et, sur
ce...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Juste un petit mot, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, un mot très bref pour vous remercier de la
manière digne, précise et efficace dont vous conduisez les
débats de la commission depuis le début.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Sur ce, nous ajournons nos travaux à
mardi le 24 janvier 1984, à 10 heures.
(Fin de la séance à 13 h 13)