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Commission permanente de l'Education
Projet de loi no 28
Loi concernant la restructuration des
commissions scolaires sur l'île de
Montréal
Séance du mercredi 24 novembre 1971
(Seize heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la comission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs!
Comme il en est fait mention à l'avis de convocation, il ne
s'agit pas, aujourd'hui, d'avoir des auditions publiques, mais bien
plutôt de faire une étude globale de tout ce que nous avons
entendu et de ce que nous avons discuté depuis les dernières
séances. Je demanderais au ministre de l'Education de prendre la
parole.
Document-synthèse
M. SAINT-PIERRE: Merci, M. le Président. J'ai fait parvenir aux
membres de la commission parlementaire un document-synthèse qui
résumait les différentes recommandations que nous avons entendues
durant un peu plus de 50 heures de séances de la commission
parlementaire. On retrouve également un document qui, sur le plan du
profil même du projet de loi, retrace toute la série des
recommandations pour chacun de ces thèmes. C'est évident que le
gouvernement, au cours des derniers jours, M. le Président, a fait une
analyse de toutes ces recommandations. Je dois dire d'ailleurs qu'à la
commission parlementaire ce fut pour nous une expérience
intéressante. Le nombre de commissions parlementaires peut sembler
exagéré pour certaines personnes, mais je pense qu'il permet
à plusieurs groupes d'exposer leurs points de vue sur des
problèmes, en particulier sur un projet de loi aussi complexe que le
projet de loi no 28, qui tend à toucher un problème qui est
également fort complexe, la restructuration scolaire sur l'île de
Montréal.
Je pense bien qu'il n'y a de secret pour personne à dire que nos
analyses ont porté sur des grandes têtes de chapitre qu'on
pourrait retrouver dans des mémoires donnés. Nous nous sommes
attardés en particulier sur les étapes nécessaires
à la restructuration, nous nous sommes attardés sur les
délais d'implantation, nous nous sommes attardés sur le nombre de
commissions scolaires, les limites et les processus nécessaires à
leur modification, à l'organisation administrative, à la
répartition des pouvoirs entre le conseil scolaire et les commissions
scolaires, au processus électoral et toutes les modifications et
améliorations qui pourraient être apportées, aux
nominations et approbations par le ministre ou le lieutenant-gouverneur en
conseil, enfin l'intégration du personnel, la définition des
écoles, les problèmes connexes qu'on nous a soulevés, en
particulier l'enfance inadaptée et les problèmes
d'éducation permanente.
Sur ces têtes de chapitre, M. le Président, je voudrais
simplement rappeler dans quel contexte il me semble nécessaire pour nous
d'opérer. C'est qu'ayant terminé cet effort d'analyse, je
transmets ce soir même au conseil des ministres mes recommandations, qui
seront par la suite rediscutées suivant les décisions prises par
le conseil des ministres et par le caucus du parti ministériel. C'est
mon intention, avant le comité plénier, possiblement dans mon
texte de deuxième lecture ou même vers la fin de l'étude de
la deuxième lecture, de rendre publics les amendements très
précis, ou tout au moins, durant les débats de deuxième
lecture, d'évoquer assez clairement et assez précisément
les intentions du gouvernement en ce qui touche les modifications et les
amendements devant être apportés au projet de loi 28.
Je pense qu'aujourd'hui le but de la réunion est plutôt
d'avoir une discussion et que les partis de l'Opposition nous expriment des
points de vue sur l'ensemble du projet de loi. Je m'excuse, M. le
Président, en plus des têtes de chapitre que j'ai
mentionnées, nous nous sommes également attardés dans
notre effort d'analyse à trois points particuliers: le point, dans une
période de transition, de conserver les structures confessionnelles pour
une période plus ou moins longue avec ses avantages mais
également ses désavantages; deuxièmement, toute la
question linguistique reliée au projet de loi 28; et finalement tout
l'aspect constitutionnel du projet de loi. Ce sont trois têtes de
chapitre où nous-mêmes avons fait un effort de réflexion
sans pour autant que ceci entraîne des amendements au projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: Je serai bref, comme le ministre l'a été. Je
voudrais revenir au tout début du travail. Cette commission
parlementaire suivait d'ailleurs le travail de la commission
précédente sur le projet de loi 62, qui avait duré du 27
novembre 1969 au 11 mars 1970. Nous avons dans les deux cas, le ministre l'a
souligné lui-même, un gouvernement comme l'autre, fait un record
pour entendre des gens.
Cependant, si on regarde le document que le ministre nous a remis et
pour lequel il faut le remercier, qui s'appelle une synthèse, mais qui
n'est au fond que la reproduction des principales recommandations des
organismes qui sont venus devant nous, je me demande comment nous pouvons
parler de synthèse, parce que nous sommes devant des oppositions parfois
contraires, parfois contradictoires même, sinon violentes en certains
cas. Non seulement j'ai écouté avec beaucoup d'attention tout ce
qui a été dit devant cette commission, mais j'ai eu l'occasion,
depuis que le ministre a déposé en première lecture le
projet de loi no 28, de rencontrer le public tant francophone qu'anglophone.
Encore hier, pendant deux heures, en milieu anglophone, au Lakeshore le
ministre sait quel problème particulier existe dans ce
coin j'ai pu voir que même dans les milieux francophone
d'une part et anglophone d'autre part, on pouvait être
profondément divisé.
Je n'accuserai pas le ministre de ne pas avoir suffisamment
informé la population, ce projet de loi est très technique. Les
situations des commissions scolaires déjà existantes à
Montréal sont très différentes les unes des autres; mais
je veux souligner ceci au ministre en lui posant un certain nombre de
questions, et je terminerai là-dessus.
Voici ma question: Est-ce que le ministre est prêt à
répéter aujourd'hui, d'une façon décisive, qu'avant
le 4 décembre nous connaîtrons la teneur, sinon l'essence ou
l'essentiel des principaux amendements? Ceci a été dit deux fois,
a été écrit dans les journaux et a été
mentionné, si je ne me trompe...
M. SAINT-PIERRE: Non, je m'excuse. Une simple correction. Ce qui a
été mentionné dans les journaux, si j'ai bien cité,
c'est le fait qu'avant le 4 décembre je formulerais moi-même mes
recommandations au conseil des ministres.
M. CARDINAL: Ce n'est pas comme ça que ç'a
été saisi dans le public et je...
M. CHARRON: C'est ce que vous aviez dit.
M. CARDINAL: Mais ce n'est pas comme ça que ç'a
été saisi. Si vous regardez les faits, on a l'impression, au
contraire, que les amendements seront déposés avant le 4
décembre. Le ministre a répondu à la question, merci.
Deuxième question: Le ministre vient de nous dire qu'il ne sait
pas si cela va être au cours de la deuxième lecture, avant le
comité plénier ou pendant le comité plénier que
sera déposé le libellé même des amendements,
même si le ministre a indiqué qu'il donnerait les grandes lignes
de ces amendements.
Je pense qu'il faut souligner qu'il est de la responsabilité du
ministre, à ce moment-là, de faire tout son possible pour
informer l'Assemblée nationale, non seulement, le caucus libéral,
comme il est mentionné, mais l'Assemblée nationale en sa
totalité, avec le document que nous avons devant les yeux, qui est le
projet de loi no 28, avec la synthèse, au sens où on l'entend,
qui est devant nous, avec tout ce qui continue à se produire. Nous
venons de recevoir aujourd'hui il faut bien l'avouer, je l'ai
reçu aujourd'hui un document qui émane de
l'archevêché de Montréal et dans lequel on mentionne que ce
document sera suivi de lettres, de pétitions et de résolutions
qui viendront le compléter il est presque aussi volumineux que
celui-ci et qui seront adressées au ministre. On a vu aussi des
déclarations, à l'extérieur de la commission
parlementaire, de certains membres qui sont venus devant nous et qui ont fait
certaines comparaisons.
J'attire donc l'attention du ministre sur le fait que, pour n'importe
quel des trois partis de l'Opposition, c'est au moins notre position à
nous je ne peux pas parler pour les deux autres partis on ne peut
pas concevoir que le projet de loi no 28 ne contienne qu'un principe, soit
l'unicité des commissions scolaires. Le ministre a lui-même
parlé tantôt de problèmes linguistiques, de
problèmes de confessionnalité. Il a lui-même soulevé
huit points déjà. Certains de ces points, pas tous, d'accord, se
rapportent à ce que j'appellerai les principes mêmes du projet de
loi. Or, comme en deuxième lecture, nous devons être
éclairés sur tous les principes d'un projet de loi, parce que,
dans celui-ci il y en a plus qu'un, il ne s'agit pas simplement d'une question
de modalités, si nous attendons trop tard, j'ai l'impression que la
réponse des députés à l'exposé du ministre
roulera un peu à faux. Je crois aussi que, quand arrivera le moment de
voter, même après la réplique du ministre, si nous n'avons
pas eu une connaissance suffisante des amendements, nous pourrons nous trouver
dans la même situation qui est arrivée lors du projet de loi no
27, alors que le parti que je représente ici a terminé ses
exposés en disant: Bien, on ne peut pas répondre au ministre,
parce qu'il a ouvert certaines portes, portes d'ailleurs qu'il a surtout
ouvertes pour vrai à la commission parlementaire, où il a admis
des amendements importants qu'il nous a faits, par la suite, dans une
position... Or, il est très rare qu'à l'Assemblée
nationale on puisse c'est arrivé quelquefois voter contre
le principe d'un bill en deuxième lecture et se prononcer pour le bill
en troisième lecture, parce que, si on n'a pas accepté le
principe et qu'ensuite on vote pour ou en faveur du bill, c'est que le projet
de loi a changé.
Je soulignerais au ministre que c'est sa responsabilité le
premier ministre est avec nous cet après-midi, ça me
réjouit que c'est la responsabilité du gouvernement, dans
les plus brefs délais, non pas que le projet soit déposé
en deuxième lecture, mais que l'on connaisse les véritables
politiques du gouvernement actuel concernant tous les principes du projet de
loi no 28. C'est non seulement pour nous, mais aussi pour la population qui va
nous observer durant ce débat.
Je souligne aussi, en présence du premier ministre, que je
voudrais beaucoup, pour l'avantage des travaux de cette Chambre, que ne se
reproduise pas et je le dis sans rancoeur ni partisanerie ce qui
s'est produit lors de l'adoption du fameux projet de loi concernant le
développement de la baie James. Nous avons travaillé
jusqu'à deux heures, trois heures, quatre heures, et même six
heures du matin avec des amendements qui nous parvenaient au fur et à
mesure que les travaux progressaient.
M. BOURASSA: Je pense...
M. CARDINAL: Même si nous sommes à la veille de Noël,
c'est le même problème.
M. BOURASSA: A un mois.
M. CARDINAL: Oui, à un mois. Je sais bien, M. le
Président, qu'on a terminé, l'an passé, le 23
décembre, mais on sait ce qui arrive dans les trois derniers jours d'une
session, surtout si elle est prorogée. Parce que c'est un autre fait, et
je remercie le premier ministre de l'avoir souligné, s'il proroge cette
session, les projets de loi non adoptés seront tous défunts et il
faudra recommencer. Et ce ne sera pas la première fois que ce sera
arrivé au sujet d'un projet de loi de restructuration scolaire.
M. BOURASSA: Etes-vous d'accord pour qu'à compter de lundi
prochain, on puisse siéger, adopter une motion qu'on va proposer pour
siéger durant toute la semaine, sauf le dimanche? Parce qu'il y a le
bill 65, il y a le bill 28.
M. CARDINAL: Je ne puis pas me prononcer parce que je ne suis pas leader
parlementaire. Disons que pour autant que les règlements le permettent
et que les quatre leaders s'entendront, je laisse ça à ceux qui
en ont la responsabilité et je ne me prononce pas, ni au nom du
gouvernement, ni au nom du leader de mon parti.
Je ne trouve pas ça souhaitable parce qu'à ce
moment-là, les comtés sont oubliés, surtout à cette
période. Il faut penser qu'on s'en va vers la période des
Fêtes. Mais, en tout cas, le gouvernement prendra ses
responsabilités. Je voulais souligner ces points parce qu'ils me
paraissent plus importants que le détail de toutes ces reproductions
photographiques ou mécanographiques de recommandations qui sont loin,
sauf dans quelques cas, de se rejoindre.
Ceci dit, M. le Président, dans le but non pas d'aider le
gouvernernent, mais dans le but d'aider l'Assemblée nationale à
ne pas être mêlée sur ce fameux projet de loi no 28 et de
travailler de concert avec le ministre. Le gouvernement prendra ses
responsabilités pour que nous puissions travailler dans des conditions
convenables, sachant ce que nous faisons et vers quoi nous nous dirigeons.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, je voudrais d'abord remercier le
ministre pour le document-synthèse qu'il nous a fait parvenir et qui va
nous aider énormément dans notre travail. J'aimerais souligner
que, suite aux séances de la commission parlementaire, on a pu constater
l'importance du bill 28 par le nombre de personnes qui se sont
présentées et qui étaient intéressées, qui
se sont déplacées et qui sont venues ici présenter des
mémoires et aussi par le contenu de ces mémoires. On a eu
l'occasion de se rendre compte, à différentes reprises, que
même les positions étaient contradictoires, dans différents
domaines, sur les mêmes points. On peut se poser immédiatement
certaines questions sur l'effet que va causer l'application éventuelle
du bill 28 tel que proposé, parce que, pour le moment, on ne
connaît pas les amendements. On a pu se rendre compte simplement par
ça de l'importance du projet de loi et puis aussi des
conséquences qu'il va avoir dans le milieu d'application.
Pour ma part, c'était mon intention de souligner
d'ailleurs le député de Bagot l'a très bien exposé
aussi que c'est difficile pour le moment de prolonger une discussion
lorsqu'on ne connaît pas l'intention fondamentale du ministre et du
cabinet sur les amendements qu'ils tenteront d'apporter au projet de loi.
Est-ce que ce seront des amendements de fond? Est-ce que ce seront des
amendements majeurs? Le ministre nous dit que, pour le moment, il ne peut pas
nous en révéler la teneur, mais est-ce qu'il peut nous dire
c'est une question que je lui pose pour tout à l'heure si
ces amendements seront de caractère à changer le fond du bill? Je
ne parle pas des objectifs parce qu'en fait, les objectifs, je pense que tout
le monde est d'accord là-dessus. A présent, vu les
différents principes qui sont en cause ce n'est pas un bill
à principe unique est-ce que le ministre a l'intention d'apporter
des amendements majeurs? Il a souligné des problèmes comme la
constitution-nalité du bill, la confessionnalité, le
problème linguistique. Alors est-ce qu'à ces trois
paliers-là vous avez mentionné tout à l'heure que
vous avez jeté un coup d'oeil à ce niveau-là des
amendements seront apportés?
Pour ma part, j'émets le voeu aussi que l'on sache, en tant que
parti d'Opposition, en tant que membres du Parlement, quelle est la nature de
ces amendements et aussi pour que la population soit au courant de ce qui sera
présenté, si on considère, par exemple, que ça se
fera, non pas sous forme de mémoires, mais qu'il y aura des
pétitionss je pense que le député de Bagot l'a
souligné tout à l'heure aussi qui continueront
d'être présentées. Pour éviter un imbroglio de
situations, je pense que ce serait agir normalement que de présenter le
plus tôt possible les amendements ou du moins la nature globale des
amendements que vous avez l'intention d'apporter.
M. BOURASSA: Le ministre avait déjà signalé dans
une conférence qu'il avait l'intention de proposer au conseil des
ministres certaines modifications en ce qui a trait aux étapes de la
mise en vigueur de la loi, les pouvoirs des commissions scolaires et du conseil
scolaire là, j'énumère les interventions du
ministre de l'Education et du lieutenant-gouverneur en conseil, le
système électoral, les comités confessionnels et la
composition des comités de parents. Ce sont ces amendements que nous
allons discuter ce soir, sauf si l'ordre du jour ne
nous le permet pas faute de temps, ou au plus tard vendredi ou la
semaine prochaine.
Amendements
M. BROCHU: Est-ce que vous prévoyez que, d'ici une couple de
semaines, les amendements pourront être rendus publics?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que cela répondra peut-être aussi
à la question soulevée par le député de Bagot. Une
fois que nous aurons terminé ces étapes qui ne sont pas des
étapes d'information mais de décision au niveau du conseil des
ministres et du caucus du parti ministériel, je m'engage, avant mon
discours de deuxième lecture ou au plus tard dans le discours de
deuxième lecture, sans remettre le texte de l'amendement de l'article
587 je pense que ce ne serait pas dans l'esprit de la deuxième
lecture à dire quand même très spécifiquement
les types d'amendements que le gouvernement a à l'esprit.
C'est-à-dire que, si j'en prends un, lorsqu'on parle des comités
confessionnels, il n'est pas question, pour nous, de remettre en cause le
comité confessionnel à moins de le dire dans un discours
de deuxième lecture mais de dire les types d'amendements qui
pourraient être apportés au texte de loi. Alors, si on parle du
mandat, cela pourrait vouloir dire d'accroître leur mandat pour toucher
tel ou tel point. Si on parle de la composition, cela pourrait vouloir dire de
les porter de trois membres à tant de membres, avec telle et telle
représentation sur le plan de... Sans donner le texte même, comme
on l'a fait pour le projet de loi 27, on le donnerait avant le comité
plénier. Encore une fois, pour répondre à la question,
tout dépend aussi de l'échéancier du programme
législatif. Si le discours de deuxième lecture se fait mardi ou
mercredi prochain, on sera plus bousculé que si, à cause du
projet de loi 65 et d'autres projets de loi, c'est simplement dans deux
semaines. C'est une question de temps plus qu'autre chose.
M. BOURASSA: Il y a une question de temps. Voilà le menu
législatif des lois qu'il faut passer avant la fin de la session. C'est
très lourd.
M. BROCHU: Je pense que le ministre de l'Education ainsi que le premier
ministre sont conscients aussi des nombreuses controverses que ça
continue de soulever au niveau de la population de l'île de
Montréal.
M. BOURASSA: Si les députés s'efforcent de ne pas
répéter ce qui a déjà été dit, je
pense que les débats vont être beaucoup plus courts.
M. CARDINAL: M. le Président, je m'élève contre
cette affirmation.
M. BOURASSA: J'ai dit que je parlais au député de
Saint-Jacques.
M. CARDINAL: Ah bon! d'accord.
M. BOURASSA: Parce qu'il fait des conférences tous les soirs
à Montréal.
M. LAURIN: Si vous admettiez vos erreurs, on ne serait pas obligé
de les corriger à répétition.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, vous me permettez de faire une
première remarque sur la nature de cette dixième séance de
la commission parlementaire de l'Education sur le projet de loi 28. C'est mon
collègue, le député de Bagot, je pense, qui en avait fait
la demande et, là-dessus, il avait trouvé l'unanimité des
partis d'Opposition. Je ne suis pas venu à cette séance-ci dans
l'espoir d'entendre les amendements que le ministre lui-même a
l'intention d'apporter. J'admets qu'ils doivent d'abord être
discutés au sein du conseil des ministres s'il ne veut pas
complètement perdre la face demain matin, en ce qui a été
accepté ou en ce qui a été refusé. Mais je voudrais
plutôt faire de cette séance l'occasion ultime pour les partis qui
ont travaillé autour de cette table sur le projet de loi no 28 de faire
connaître les dernières recommandations avant le conseil des
ministres. L'occasion de nous prononcer sur les amendements du gouvernement
nous sera fournie par les travaux normaux d'un projet de loi,
c'est-à-dire en deuxième lecture pour en connaître le sens
et, plus précisément en comité plénier, quand on en
connaîtra la nature.
A l'ouverture des travaux de la commission parlementaire, M. le
Président, nous avons produit une déclaration préliminaire
dans laquelle nous avons pris position sur les aspects les plus importants du
plan de restructuration scolaire de l'île de Montréal. Dans cette
déclaration, nous avons exposé les principes fondamentaux sur
lesquels doit s'asseoir la loi, ou les objectifs vers lesquels elle doit tendre
absolument, soit le rétablissement des droits de la majorité,
l'unification des commissions scolaires au moyen d'un conseil scolaire fort et
la démocratisation de la structure scolaire.
Nous avons aussi pris position sur des mécanismes précis
que veut instituer le projet tout en nous réservant la
possibilité de revenir sur cette partie de nos commentaires après
avoir écouté et lu les témoignages présentés
à la commission. C'est à ce retour que nous voulons
procéder aujourd'hui. Il en ressort que nous sommes confirmé dans
la plupart des opinions que nous avons alors émises. Notre
déclaration préliminaire a reçu l'appui des corps sociaux
qui nourrissent, quant au développement socio-culturel de l'île de
Montréal, des positions proches des nôtres. Nous avons aussi
reçu l'appui des agents les plus importants du monde scolaire
montréalais et ce, même sur nos commentaires
qui s'inspiraient davantage de la préoccupation d'un meilleur
enseignement que de l'effet que le projet aura sur la collectivité
montréalaise en général.
Vous me permettrez, M. le Président, pour une dernière
fois, de rappeler brièvement les principaux éléments de
notre position à l'intention du ministre. Le comité
d'école ne devrait plus être composé exclusivement de
parents; il faudrait que ceux-ci puissent s'adjoindre des personnes qui n'ont
pas nécessairement des enfants inscrits à l'école ou des
enseignants, ou même des étudiants de niveau secondaire. Le
comité d'école devrait être consulté sur le choix
des maîtres, l'adaptation qui se fait â l'école, les
programmes d'étude du ministère, le choix des manuels et du
matériel didactique, l'organisation des loisirs parascolaires et
l'utilisation des équipements scolaires à des fins
communautaires.
Les commissaires devraient tous être élus dans toutes les
commissions nouvelles, ce qui supprime le droit, que nous ne reconnaissons pas
au ministre, de nommer les deux commissaires supplémentaires lorsque la
minorité n'est pas représentée à la suite du
suffrage universel...
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que je pourrais interrompre
le député de Saint-Jacques pour une question?
M. CHARRON: Oui.
M. CARDINAL: Ce problème me paraît justement être un
point primordial parce qu'il touche au principe. Est-ce que la suggestion que
le ministre a faite que ce soient uniquement des observateurs cela a
été retenu par le ministre sera acceptée par votre
parti?
M. CHARRON: Non. Si le député de Bagot se souvient
peut-être était-il absent à cette séance-là
nous en avons discuté avec M. Daoust lors du témoignage de
la Fédération des travailleurs du Québec. Il nous semble
à nous que même la nomination d'observateurs serait une
espèce de chien de garde superflu à l'exercice des gens
mandatés par la population. Il faut se fier aux élus du peuple et
je pense que personne d'entre nous n'accepterait, autour de cette table des
élus du peuple, par exemple deux personnes comme observateurs, deux
groupes ethniques qui n'auraient pas subi de représentations par le
hasard du suffrage universel, qu'on leur reconnaisse le droit de s'asseoir
là, même comme observateurs.
Je pense que, ou on joue un principe ou on ne le joue pas.
M. CARDINAL: La réponse du député de Saint-Jacques
me satisfait. Il me permettra de faire une correction. Je n'étais pas
absent quand M. Daoust est venu. Au contraire...
M. CHARRON: Je m'excuse.
M. CARDINAL: ...je l'ai entendu tout au long de son exposé, qui a
été fort long d'ailleurs.
M. CHARRON: Nous voulons aussi rappeler au ministre que les mandats des
commissaires, selon nous, devraient être renouvelés tous ensemble
à une même élection, que le pouvoir des commissaires de
nommer des administrateurs capables de les aider à remplir leur devoir
tel que le stipule l'article 587 ne devrait pas être
limité par l'obligation de nommer des adjoints.
Les membres du conseil scolaire, selon nous, devraient tous être
élus par une des commissions scolaires de l'île...
M. SAINT-PIERRE: L'espace blanc, c'est quoi? En avez-vous enlevé
une?
M. CHARRON: Non, c'est que nous changeons de niveau. Nous tombons au
conseil scolaire. Vous voyez?
M. SAINT-PIERRE: Il manque un...
M. CHARRON: Les membres du conseil scolaire devraient pouvoir choisir
eux-mêmes les officiers de ce conseil. Les mandats des membres du conseil
scolaire devraient être d'égale durée et,
conséquemment, être renouvelés en même temps et le
conseil scolaire devrait être le propriétaire des
équipements scolaires du territoire, ce qui, je pense, nous a valu votre
adhésion sur ce point.
Et cependant les besoins du milieu montréalais nous devons
le dire, cela a été l'utilité des séances de la
commission parlementaire nous les avions mal perçus et nous
voulons maintenant donner une réponse différente de celle que
nous formulions avant les séances de cette commission. Les travaux de la
commission nous ont permis de constater une inquiétude très
grande, que nous avions peut-être sous-estimée, d'une bonne partie
de la population et de constater en même temps la justesse de cette
inquiétude. Puis-je rappeler au ministre que les assemblées
publiques que le Front pour la démocratisation scolaire de l'île
de Montréal tient de ce temps-ci, à Montréal, et
auxquelles je participe activement, ne nous ont que confirmé l'existence
de cette inquiétude? Elle est encore plus profonde, je pense, que celle
manifestée lors des témoignages entendus devant cette commission
parlementaire. Je pense que le gouvernement, comme n'importe quel parti
d'Opposition, doit répondre à cette inquiétude de la
population.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce à dire que, après ces
séances publiques, ces réunions que vous tenez, vous êtes
un peu d'accord avec le gouvernement pour dire que la position de la
Fédération des travailleurs du Québec qui se
prononçait contre l'école confessionnelle ne semble pas
correspondre aux aspirations de la population montréalaise?
Rôle des parents
M. CHARRON: Sur ce point précis qu'évoque le ministre,
nous n'avons jamais épousé la position de la
Fédération des travailleurs du Québec et d'ailleurs, si le
ministre me le permet, j'aurai l'occasion de revenir sur ce problème
particulier.
Puisque la satisfaction de ce besoin qu'il serait vain de vouloir
ignorer ou minimiser ne contredit en rien les principes fondamentaux de notre
action, au contraire, nous pouvons présenter maintenant une position
modifiée ou nouvelle. Nous avons dit que les comités
confessionnels que le projet de loi no 28 prévoit nous apparaissaient
à première vue une garantie suffisante d'un enseignement
confessionnel pour ceux qui le désirent. Cette conviction n'est plus. Il
ressort des témoignages reçus que les agents qui ont à
maintenir le caractère confessionnel de l'enseignement n'ont pas
suffisamment de pouvoirs. Nous avons cru et nous le croyons encore que le
respect des confessionnalités ne doit pas être confié
d'abord à des fonctionnaires dont ce serait le rôle unique. Il
faut une intervention dynamique des parents en ce sens, il faut que les parents
soient les premiers supports d'une école confessionnelle. Ou bien on le
reconnaît, ou bien on ne le reconnaît pas. S'ils n'assument pas
cette responsabilité, nous ne pensons pas qu'ils puissent s'en
démettre et nous n'imaginons pas sur qui ils pourraient s'en
démettre. D'ailleurs, les valeurs chrétiennes que l'on veut voir
transmettre par l'enseignement ne peuvent pas être plus que l'écho
et la résonnance des valeurs que les enfants reçoivent à
la maison.
Aussi, c'est l'action des parents, en tant que parents, qui constitue le
plus sûr rempart ou le meilleur avant-poste d'une éducation
chrétienne à l'école. C'est dans les comités
d'école que l'intervention, la surveillance et le contrôle en ce
sens doivent d'abord se faire.
Ceci dit et réaffirmé, il faut regarder avec plus de soin
les pouvoirs que la loi 28 confie aux comités d'école. Si,
généralement, répétons-le, les parents n'ont que
très peu de pouvoirs, il faut être honnête et admettre
qu'ils en ont très peu aussi quant au rôle spécifique que
nous voulons leur voir exercer à l'égard de la
confessionnalité de l'école. Nous réclamons donc des
pouvoirs accrus en faveur de ces comités sur les aspects
pédagogiques. Nous devons donc, également, en réclamer
aussi sur les aspects confessionnels.
Ainsi, nous croyons opportun de demander au gouvernement de modifier sa
loi afin que, maintenant, les comités de parents puissent approuver ou
suspendre tout règlement édicté par la direction de
l'école et qui affecte ce qu'on a appelé les modalités
particulières de la confessionnalité.
Je pense que choisir, admettre et défendre l'existence d'un type
d'enseignement confessionnel nous oblige à faire ce pas
également. Si nous admettons également que l'action des parents
au niveau de l'école ne peut pas s'exercer efficacement aux autres
niveaux administratifs que propose la loi, il nous faut aussi regarder de plus
près les pouvoirs que l'on confie aux comités confessionnels. Si
on confie à ces comités la surveillance du respect des normes des
comités spéciaux du Conseil supérieur de
l'éducation, on les laisse pourtant sans pouvoir, sans emprise sur les
personnes qui auront à appliquer quotidiennement ces normes.
Voilà un contrôle qui serait plus réel que la
prévision de sanctions quant à l'irrespect des règles du
Conseil supérieur où le fait d'édicter une
procédure de cassation des décisions prises à
l'école. Conséquemment, nous demandons que le ministre fasse cet
amendement, que les responsables des questions religieuses que prévoit
la loi à chacune des commissions scolaires soient nommés non plus
par les commissaires, mais par les comités confessionnels qui,
jusqu'ici, ne pouvaient faire plus que de demander qu'une telle nomination soit
faite.
Problème de la langue
M. CHARRON: Nous voulons aussi, à la fin des travaux de la
commission, reprendre un autre élément qui est sorti du
débat et qu'aucun des membres de la commission ne peut nier, soit le
problème de la langue à Montréal. Il était peu
utile et c'est pourquoi nous n'avons guère insisté
au commencement des travaux de proclamer à nouveau nos convictions sur
le sujet. Mais l'importance de ce sujet dans les séances qui ont suivi
et surtout la position que le gouvernement semble adopter nous forcent à
y revenir. D'ailleurs, nous le ferons tant que la langue sera ce qu'on appelle
une question. Une des préoccupations majeures des participants et
témoins à la commission parlementaire fut sans contredit la
question linguistique. Toute intervention de restructuration sur l'île de
Montréal va inévitablement susciter un vif débat sur cette
question et le projet de loi no 28 n'a pas échappé à la
règle.
D'un côté comme de l'autre, les représentants de la
majorité francophone et ceux de la minorité anglophone sont venus
rappeler les craintes comme les impatiences qui les animent depuis plusieurs
années. Et les uns comme les autres, croyons-nous, sont repartis
déçus. Déçus en ce sens que le gouvernement se
replie depuis belle lurette derrière le rapport tant attendu et si
retardé de la commission Gendron...
M. BOURASSA: C'est faux.
M. CHARRON: La majorité gouvernementale a même
poussé l'audace jusqu'à dire que son projet de loi no 28,
respectueux de cette commission, n'avait osé se prononcer en quoi que ce
soit sur la question linguistique. Ce qui est faux, vous avez raison, M. le
premier
ministre. Ce qui fait dire qu'aux questions de l'un et l'autre
parti...
M. BOURASSA: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. CHARRON: ...comme à celles de notre parti, le mutisme
gouvernemental et son absence de politique linguistique se trouvaient soutenus
par un prétendu respect des deniers publics engagés dans cette
commission royale dont il était...
M. LE PRESIDENT (Pilote): Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: C'est du verbalisme qui n'est pas conforme aux faits.
Je m'excuse. Jamais je n'ai dit que le gouvernement n'était pas en
mesure de donner une politique linguistique à cause du respect des
deniers publics engagés. J'ai dit, je pense, tout au contraire et
si le député de Saint-Jacques n'est pas d'accord, il peut le dire
qu'il y a quand même une démarche intellectuelle
cohérente qui veut qu'on termine cette phase de recherche avant
d'analyser et de voir les avantages et les désavantages et toute
alternative possible au gouvernement. J'ai répété à
plusieurs occasions que le gouvernement, depuis son élection, a
pressé à plus d'une reprise le président de la commission
Gendron de donner des rapports intérimaires dans le sens
souhaité, mais je pense que justement ceux qui ne veulent pas que le
gouvernement intervienne dans le plan de la restructuration scolaire devraient
aussi respecter le fait que le gouvernement ne peut pas intervenir pour
bousculer les travaux de recherche d'un groupe indépendant d'experts qui
se penchent pour la première fois depuis un siècle sur le
problème de la langue.
Je pense que si, d'une part, on ne veut pas que le gouvernement
intervienne dans divers domaines, qu'on veut laisser l'autonomie à des
groupes qui ont des responsabilités propres, à plus forte raison,
devons-nous respecter l'autonomie de la démarche intellectuelle d'un
groupe de recherche, d'un groupe de spécialistes qui se penchent sur les
problèmes de la langue.
Il serait éminemment faux pour le gouvernement de les presser
d'accoucher de certaines conclusions...
M. CHARRON: A plus forte raison si on respecte...
M. BOURASSA: M. le Président, seulement un mot pour
compléter ce qui a été dit. C'est que le
député est au courant que le ministre des Affaires culturelles a
annoncé plusieurs mesures concrètes la semaine dernière,
que le bill 64 a été adopté, il a été
approuvé par le député de Saint-Jacques. On pourrait
énumérer toute une série de gestes que nous avons
posés mais nous ne pouvons quand même pas aller trop loin sans
attendre les conclusions du rapport Gendron...
M. CHARRON: Mais, le premier ministre...
M. BOURASSA: ... le député était très bien
parti dans son exposé, mais là on dirait qu'il est tombé
dans son penchant naturel...
M. CHARRON: Le premier ministre vient justement d'ouvrir ma
réponse au ministre en énonçant que ce soit vrai ou
non, nous n'en discuterons pas ici une prétendue série de
réalisations déjà faites dans ce domaine linguistique,
contrairement à ce que vous venez d'affirmer, c'est-à-dire que
votre gouvernement aurait déjà fait un tas de choses sans
respecter l'autonomie de la commission de recherche.
M. BOURASSA: Il y a quand même des limites à notre
action.
M. CHARRON: Même si vous respectez cette prétendue
autonomie de la commission de recherche que vous avez formée, le
gouvernement auquel appartient le ministre de l'Education, aux dires même
de son chef, a déjà pris plusieurs décisions avant
même d'avoir le rapport et s'est déjà engagé dans
plusieurs gestes avant d'avoir le rapport...
M. BOURASSA: Le député de Saint-Jacques joue avec les
mots...
M. CHARRON: ... de la commission Gendron.
M. BOURASSA: ... j'ai dit que les gestes que nous pouvions poser sans
porter préjudice aux conclusions du rapport Gendron, nous les avons
posés. Nous sommes quand même limités dans l'action que
nous voudrions faire en ce qui a trait à la question linguistique, tant
que nous n'avons pas toutes les données. Par exemple, nous avons eu
plusieurs rencontres avec les commissaires, nous avons multiplié les
représentations pour faire avancer le rapport. Je trouve que les
commentaires du député sont foncièrement injustes quand il
dit que nous nous camouflons ou que nous nous cachons derrière le
rapport. Si le député a des excuses, je n'ai pas d'objection
à les accepter.
M. CHARRON: Non, je ne m'excuserai pas.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler au député de
Saint-Jacques que cette question a été à maintes reprises
discutée lors de la présentation des mémoires des
différents organismes...
M. CHARRON: Ecoutez, M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: ... et des réponses ont été
apportées. On a posé la question à une vingtaine de
reprises...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. J'ai interrompu le député de
Saint-Jacques je le fais
très rarement lorsque ce dernier a commis des erreurs. Je
lui demande, par honnêteté, par intégrité, si le
ministre a dit que le mutisme du gouvernement s'expliquait par un
prétendu respect des deniers publics. C'est faux...
M. CHARRON: C'est un argument que vous avez apporté.
M. SAINT-PIERRE: Non, l'essence de mon argument demeure la même.
C'est que, dans des choses très complexes, il y a une démarche
intellectuelle cohérente, logique qui veut que l'on termine la phase de
recherche avant de passer à la deuxième étape qui consiste
à examiner des choix possibles. Ce n'est pas le respect des deniers
publics, c'est le respect d'une cohérence intellectuelle dans une
démarche.
M. CHARRON: Très bien, M. le Président. C'est ce
deuxième argument qui nous fait douter de l'argument du gouvernement.
C'est que, si vraiment l'on recherche et l'on respecte la cohérence
intellectuelle d'une commission royale d'enquête et qu'on ne veut la
brusquer en aucun cas, on ne la respecte guère après, la plupart
du temps, lorsque la commissions royale d'enquête a émis sa
cohérence intellectuelle. Rien ne nous assure encore que les
recommandations du rapport Gendron d'abord personne n'en connaît
la nature et même en connaîtrions-nous la nature rien ne
nous assure que la majorité gouvernementale les adopterait. C'est ce que
nous voulons savoir.
M. SAINT-PIERRE: C'est de la présomption.
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse. Pour la
première fois, les débats autour de cette table prennent un ton
qu'ils n'ont jamais eu pendant neuf séances.
M. CHARRON: C'est exactement ce que j'avais prévu quand j'ai vu
arriver le premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, qui a attaqué Je
gouvernement sur la commission Gendron? C'est le député de
Saint-Jacques qui, pour la première fois peut-être, tient des
propos démagogiques dans ces commissions.
M. CHARRON : Si vous me permettez, je vais continuer. Vous tiendrez les
vôtres après.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais demander au député de
Saint-Jacques d'éviter de faire des présomptions.
M. CHARRON: Très bien, je vous demanderais, M. le
Président, de vous enfoncer dans votre impartialité
légendaire.
Pourtant, M. le Président, le projet de loi no 28, commission
Gendron ou non, n'est pas muet sur la question linguistique. En fait, nous nous
trouvons aussi bête que cela soit et ce n'est pas la
première bêtise du régime devant une politique de la
langue définie par le silence. Il n'est aucunement question de langue de
travail ni de langue de communication dans le projet de loi. On instaure de
nouvelles instances publiques sans définir, à la satisfaction de
la majorité ou de la minorité, leur langue de vie. Ce silence
équivaut au bilinguisme officialisé, disait le Parti
québécois dès la première séance de la
commission, opinion qui a été corroborée par les
groupements les plus représentatifs des francophones montréalais
comme est-ce une surprise? par la minorité anglophone.
Aux questions répétées que je leur ai
posées, aucun organisme anglo-saxon n'a voulu nier le fait qu'il
reconnaissait dans le bill 28 la création d'un district bilingue sur
l'île de Montréal, qu'il y voyait la reconnaissance en droit d'une
pratique soutenue et que c'était là le pendant administratif d'un
droit que le bill 63 leur avait reconnu.
Devant une telle unanimité, le vide gouvernemental s'enfonce dans
son mutisme et refuse de reconnaître les faits.
M. SAINT-PIERRE: Pour moi, vous avez un nouveau recherchiste qui vient
de l'Alliance de Montréal.
M. CHARRON: Je peux dire au ministre de l'Education que ce
texte-là, je l'ai rédigé moi-même. Je n'ai jamais
été membre de l'Alliance des professeurs. Nous aurions pu
choisir...
M. BOURASSA: C'est surprenant. M. LAURIN: Avec mes conseils.
M. CHARRON: ... de continuer à défendre cette
position...
M. CARDINAL: Vous ne le savez peut-être pas.
M. CHARRON: ... que nous défendons depuis le début, celle
du français, langue des communications dans les structures scolaires.
Nous préférons, vu l'importance du projet, rejoindre le
gouvernement sur son propre terrain, celui de la commission Gendron. Aucun
gouvernement responsable ne peut nier que son absence de politique
précise équivaut à une acceptation du fait présent,
celui du bilinguisme. Aucun gouvernement responsable ne peut se rabattre sur le
retard que met une commission d'enquête à produire un rapport et
du même souffle, adopter une loi qui en fait totalement abstraction. S'il
faut respecter la commission et ses travaux, alors qu'on le fasse.
Nous demandons donc une nouvelle séance de la commission
parlementaire de l'Education où le président Gendron de la
commission
royale d'enquête sur la situation de la langue française
viendrait déposer un rapport préliminaire, un avis, une opinion
de son groupe de recherche portant exclusivement sur la langue de travail et la
langue de communication de la structure scolaire de l'île de
Montréal.
On nous objectera peut-être, en réponse à notre
intervention, les difficultés techniques que cela peut susciter. Nous
les avons évaluer et nous ne les croyons pas insurmontables, d'autant
plus que chacun des membres de la commission serait d'avis que lorsque l'on se
penche sur le statut de la langue française, un des premiers sujets
abordés soit évidemment l'aspect scolaire et l'aspect de la
langue dans la structure scolaire. Il est donc très facilement
prévisible que cette commission qui doit très bientôt nous
soumettre son rapport a d'ores et déjà depuis longtemps
travaillé cette question et serait en mesure que ce soit le
président Gendron ou n'importe quel autre commissaire mandaté par
le gouvernement du Québec de nous fournir les résultats de
recherches de cette commission, libre, après, au gouvernement d'accepter
ou de refuser ces recommandations. Nous saurons désormais sur quelle
branche se pose le gouvernement et sur quelle branche se pose la commission
Gendron.
Evidemment, si la commission Gendron en venait à souhaiter ce que
nous souhaitons, c'est-à-dire la langue française comme langue de
communication dans la structure scolaire de Montréal, nous
espérerions beaucoup que le gouvernement se range à la même
opinion que la commission Gendron. Ce que nous voulons, c'est la
débattre pour ne pas nous ramasser dans cinq ou six mois avec un rapport
qui contredirait dans ses recommandations une loi extrêmement importante
que l'Assemblée nationale aurait adoptée en faisant abstraction
des deniers publics et de la cohérence intellectuelle engagée
derrière une commission royale d'enquête.
Cette séance devrait nécessairement avoir lieu, selon
nous, avant la discussion parce que rien ne nous dit qu'elle sera
adoptée en deuxième lecture de ce projet de loi et
pourrait occasionner un débat vital pour le Québec comme pour la
réussite du projet de loi lui-même dans son implication.
M. LAURIN: Nous voulons aussi ajouter que cela ne serait pas un
précédent, étant donné que plusieurs commissions
d'enquête ont déjà déposé des rapports
préliminaires sur des questions très importantes comme, par
exemple, le problème des médecins résidents...
M. SAINT-PIERRE: On a devancé vos désirs puisque,
déjà il y a plusieurs mois, le premier ministre et le ministre
des Affaires culturelles ont eu de multiples entretiens avec la commission
Gendron pour tenter d'accélérer les travaux et d'obtenir des
rapports préliminaires. On ne voudrait pas...
M. CHARRON: Est-ce qu'alors on ne pourrait pas avoir du premier ministre
lui-même ou du ministre de l'Education l'annonce ici de l'opinion que
leur ont formulée les commissaires sur cet aspect précis de la
langue de communication à travers les structures scolaires?
M. BOURASSA: J'ai rencontré les commissaires, j'en ai
discuté avec eux. J'ai essayé de savoir parce que c'est
quand même un problème fondamental et très sérieux
vers quelle orientation ils se dirigeaient. Disons qu'ils n'en
étaient pas au niveau des conclusions. Tout ce qu'ils ont pu me dire,
c'est qu'ils attendaient une dernière étude je les ai
rencontrés il y a trois ou quatre semaines pour la question du
délai et qu'à la lumière de cette dernière
étude, qui était la plus importante, ils seraient en mesure de
commencer à rédiger leur conclusion et remettre le rapport au
début de l'année, en janvier ou février.
Je suis convaincu que si je communiquais avec eux, ils me diraient: Nous
ne sommes pas prêts à témoigner devant la commission
parlementaire.
Cela voudrait dire qu'il faudrait remettre le projet à la
prochaine session.
M. CHARRON: Le premier ministre peut-il s'engager devant la commission
à recommuniquer avec le président de la Commission royale
d'enquête sur la situation de la langue française et
vérifier, dans l'intérêt de tous les
Québécois qui dépendent de cette structure scolaire
imposée si le président de la commission ne pourrait pas,
à ce stade-ci de nos travaux, vu l'importance extrême de la loi,
faire un effort supplémentaire pour nous fournir un avis sérieux
et pondéré, comme je l'attends de la commission royale
d'enquête, sur cet aspect précis?
M. LAURIN: Comme vous l'avez fait pour la baie James, M. le premier
ministre...
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LAURIN: Vous avez fait un projet de loi avant même que le
rapport de la commission d'étude ne soit connu.
M. BOURASSA: On sait que le rapport est un rapport préliminaire
sur le français comme langue de travail. Si je suis le
député jusqu'au bout de son raisonnement ou le chef de
parti ça voudrait dire qu'il faut reporter l'adoption du projet
de loi no 28 à la prochaine session.
M. CHARRON: Non, vous avez...
M. BOURASSA: Sa suggestion m'apparaît confuse. Ce n'est pas parce
que nous sommes à la fin du mois de novembre. Je les ai
rencontrés
il y a quelques semaines, ils n'avaient pas encore reçu leur
dernière étude. Je suis convaincu que ce serait un geste futile
de leur demander ou de s'attendre qu'ils puissent nous donner une opinion
éclairée pouvant nous aider dans cette question-là.
M. CHARRON: M. le Président, si vous me permettez de m'adresser
directement au premier ministre, un pareil geste aurait comme premier
résultat peut-être de nettement raccourcir et assainir les
débats que la deuxième lecture et que le comité
plénier vont nécessairement susciter si nous n'avons pas
d'éclaircissement sur cette question. Je pense que simplement fixer
d'ici une dizaine de jours une séance de quelques heures, de deux heures
peut-être là-dessus, pourrait nettement changer les positions ou
enlever des inquiétudes que tous les membres de la commission qui
s'intéressent à l'avenir de la langue française à
Montréal devraient nécessairement avoir.
M. SAINT-PIERRE: Tout le problème qu'on tente de soulever, je
suis surpris qu'on veuille en faire une bataille avec le projet de loi no 28.
Je ne peux pas penser à une loi qui, effectivement, a pu être
votée au cours des deux dernières années et qui ne
pourrait pas avoir ce même type d'implication. Il me semble encore
nécessaire, au lieu de se bousculer, de tenter d'avoir des
recommandations en bonne et due forme, d'analyser l'ensemble. Même le
député de Saint-Jacques admettait avec moi, l'autre jour, qu'une
politique linguistique, ce n'est pas simplement la langue de communication dans
les structures scolaires, c'est un ensemble de mesures qui touchent à la
fois l'immigration.
M. CHARRON: Ce n'est pas ce que nous demandons, M. le ministre de
l'Education. Ce n'est pas ce que nous demandons.
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez des réformettes!
M. CHARRON: Nous voulons simplement un avis sur la langue de
communication et la langue de travail. Nous sommes les premiers à le
dire.
M. SAINT-PIERRE: Mais pourquoi n'arrêterions-nous pas les travaux
sur le projet de loi 65? Parce qu'on peut se poser la question dans les
services médicaux et les services de santé. Le problème se
pose. Pourquoi n'arrêterions-nous pas les travaux sur la
législation en matière de réforme municipale? Dans les
communautés urbaines, le même problème se pose.
M. CHARRON: C'est moins urgent et le ministre de l'Education admettra
aussi que ce problème n'a été aucunement suscité,
je crois, aux travaux de la commission parlementaire des Affaires sociales.
Personne ne s'est inquiété de la langue de communication et de la
langue de travail. Et tout le monde sait que quand on parle de langue, c'est
directement dans l'enseignement.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que ce n'est pas aussi important? Il n'y a aucun
problème dans mon esprit, si je comprends bien, d'ailleurs, les
mémoires mêmes du Front commun, il n'y a aucun problème sur
la langue d'enseignement. Il n'y a aucun problème de ce qui se passe
dans l'école.
M. CHARRON: Très bien.
M. SAINT-PIERRE: Le problème, ce sont les relations. J'irais
même plus loin, il n'y a aucun problème, dans la pratique
ordinaire et dans les politiques du gouvernement, dans la langue, entre les
commissions scolaires et le conseil scolaire, entre les commissions scolaires
et tout ce qui touche le gouvernement provincial, puisque, dans le moment, cela
se fait, si je crois comprendre, suivant l'orientation même que
préconise le Parti québécois. Le seul problème
qu'on veut soulever, c'est de savoir ce qui va survenir dans tel cas, dans tel
cas, entre un individu et sa commission scolaire, que cet individu-là
soit anglophone ou francophone, que la commission scolaire soit en
majorité française ou anglaise.
Je vous dis donc que ce même type de problème, on le
retrouve partout dans le domaine des services sociaux et dans tous les autres
domaines. Il me semble que ce point de vue que vous soulevez est semblable,
à mon avis, à celui de la question de la citoyenneté
canadienne pour avoir droit de vote aux élections scolaires. Je pense
qu'on a convenu que c'est un véritable problème il y a des
commissions parlementaires qui se penchent là-dessus mais que
tout projet de réforme dans ce sens toucherait non seulement des
élections fédérales, mais également des
élections municipales et scolaires.
Je pense que c'est le même type de problème et lorsqu'on
fera des réformes, ce ne seront pas des réformettes, ça va
toucher l'ensemble.
M. CHARRON: Mais le ministre a tort de vouloir réduire notre
position à demander une réformette. Depuis notre entrée en
Chambre, nous sommes les premiers à demander une politique linguistique
globale et la réponse que nous recevons, c'est que le rapport Gendron
nous la dessinera. Nous nous sommes un peu résignés, si vous
voulez, à ce refus que vous opposez à nos demandes depuis le
début, mais nous ne disons pas que la réformette, qui serait une
précision quant au statut de la langue française dans la langue
de travail et dans la langue de communication des structures scolaires de
Montréal est suffisante et que nous allons retourner chez nous
après.
Nous disons que, pour le bill 28, avec l'adoption ou
parallèlement à l'adoption de
cette loi 28, il est nécessaire que par cette réformette,
qui n'en est pas une, parce que le ministre a tort de la réduire au
problème d'un individu avec une structure, nous reconnaissons
désormais le droit à tout parent à s'adresser ou en
français ou en anglais au niveau de n'importe quelle structure.
M. SAINT-PIERRE: Cela n'est pas inscrit dans le projet de loi.
M. CHARRON: C'est justement parce que ce n'est pas inscrit que nous nous
disons qu'implicitement on le reconnaît et que tous les témoins de
la commission se sont entendus là-dessus.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permettrait? J'ai
essayé tous les arguments pour le convaincre, je vais en tenter un
dernier, je ne sais pas. On en a discuté, j'ai dit que c'était
une tête de chapitre dans les possibilités d'amendement,
c'est-à-dire les délais d'implantation pour les nouvelles
commissions scolaires. Le projet de loi, dans le moment, parle de juillet 1973
comme date d'implantation. Si on parle de délais, c'est donc dire que
ça va être un peu plus que 1973, ça peut être 1974,
il y en a qui ont parlé de 1975 et 1976. Si on retient même un an
de plus, c'est-à-dire que si on passe de 1973 à 1974, ce
qui m'apparaît, compte tenu de ce qu'on a entendu, de ce que tous les
gens ont dit, c'est la difficulté du projet de loi, ce sont les
délais d'implantation qui devraient être prolongés
il me semble que l'on doit réaliser qu'avant 1974, nous aurons les
éléments pour nous permettre de statuer sur ce domaine-là.
Avant même l'existence de la commission scolaire unifiée, le
gouvernement aura le temps de légiférer sur l'ensemble de la
question et d'exposer sa politique linguistique et présumément,
par un autre projet de loi, influencer même ce qui va se passer dans le
domaine scolaire. Il faut bien réaliser que la commission scolaire
unifiée dont on a peur autrement, ce qui se passe actuellement,
c'est le statu quo il faut, dis-je, réaliser que la commission
scolaire unifiée, dans le projet de loi 28, n'existe pas avant 1973. On
a parlé de délais, donc, parlons de 1974. Dans les deux ans,
entre-temps, sûrement, le gouvernement ne serait pas justifié de
garder le mutisme.
M. LAURIN: Mais, c'est la première fois que vous dites cela.
M. SAINT-PIERRE: Mais, est-ce que ça vous a convaincu?
M. LAURIN: Cela nous rassure un petit peu en ce sens qu'au moins vous
osez vous prononcer. Par exemple, si dès le début vous aviez dit:
Dans les six mois qui vont suivre le dépôt du rapport de la
commission Gendron, nous allons légiférer pour que les
recommandations de la commission Gendron s'appliquent à la loi 28 comme
à d'autres. Mais vous ne l'avez jamais dit.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que si je peux
répondre aux propos du chef...
M. CHARRON: Cela ne dissipe pas mon inquiétude que vous
répondiez à mon chef en même temps.
M. BOURASSA: Je vais répondre aux propos du chef de parti, M. le
Président...
M. CHARRON: Il va falloir utiliser...
M. BOURASSA: ...au chef parlementaire du parti, au moins jusqu'à
dimanche. J'espère qu'il va le rester, parce qu'il fait des
contributions positives.
M. CHARRON: Oui.
M. BOURASSA: C'est évident que, comme vient de le signaler le
ministre, il y a quand même un délai qui peut être d'un an
ou de deux ans et qui va être discuté ce soir. Je pense qu'il a de
bonnes chances d'être accepté et que ceci nous donnera amplement
le temps d'appliquer toutes les recommandations de la commission Gendron, mais
le gouvernement ne peut quand même pas s'engager à appliquer les
recommandations de la commission Gendron sans en connaître la nature. Je
veux dire que ça me parait...
M. LAURIN: Vous devez connaître un peu les commissaires depuis le
temps que vous leur parlez.
M. BOURASSA: Non! M. SAINT-PIERRE: Non!
M. BOURASSA: J'ai dit tantôt, M. le Président, le
député était présent, je ne dirai pas ma
réaction à ce moment-là que j'ai essayé de
savoir l'orientation des commissaires. Je dois dire qu'ils n'avaient pas
reçu toutes les études encore à ce moment-là,
qu'ils n'étaient pas arrivés au stade de la rédaction des
conclusions. On sait que le ministre des Affaires culturelles a
manifesté une certaine impatience, on sait également que c'est un
travail très délicat, très difficile et
considérable. C'est la première fois qu'on examine la question,
comme le disait le ministre de l'Education, depuis cent ans.
Donc, comment voulez-vous que le gouvernement s'engage, alors qu'on ne
sait même pas quelle sera la nature des conclusions je les ai
rencontrés, il y a quelques semaines à dire: Nous allons
légiférer six mois ou cinq mois après le
dépôt du rapport de la commission.
M. CHARRON: En réponse au ministre qui vient d'apporter une
précision que le délai de...
M. SAINT-PIERRE: Je ne vous ai pas convaincu?
M. CHARRON: Non! Le délai que vous apportez, peut-être d'un
an supplémentaire à l'entrée en vigueur de la loi,
donnerait le temps à son gouvernement, s'il en a l'audace, on est
avec les hypothèses de légiférer en matière
linguistique. Il ignore le fait quand même que l'île de
Montréal vivra pendant un certain temps sous un conseil provisoire. Ce
conseil provisoire, d'après la loi, aussi peu démocratique qu'il
soit dans sa nature, va quand même avoir des pouvoirs, il va quand
même regrouper du personnel, il va quand même commander à
certaines commissions scolaires. Il est doté de pouvoirs qui vont
affecter la vie interne des commissions scolaires sur le point d'être
unifiées en 1974. Cela aura donc des conséquences sur le milieu
de travail et sur les communications que ce conseil provisoire devra avoir avec
l'ensemble des commissions scolaires non encore unifiées jusqu'en 1974
et avec toute la structure déjà existante. Selon moi, ça
n'écarte pas le problème de savoir comment va vivre ce conseil
provisoire, car il va entrer en vigueur immédiatement.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, j'aurais deux remarques à
faire à la suite de tout ce qui vient d'être dit, peut-être
sur un autre ton. D'abord, la commission Gendron j'ai cru comprendre
quelque chose tantôt qui n'est peut-être pas exact c'est
l'ancien gouvernement qui l'a créée et non pas le gouvernement
actuel. Deuxièmement...
M. BOURASSA: On l'a prolongée.
M. CARDINAL: Oui, c'est ça, bon. Je voulais que le premier
ministre corrige encore davantage. Mais je voulais surtout dire que le dernier
argument que le ministre vient d'invoquer, loin de me rassurer,
m'inquiète.
Il laisse entendre, si je comprends bien, que pendant l'implantation des
structures nouvelles, sur une période de deux ou trois ans, le projet de
loi no 28 pourrait, avant même de devenir loi, être
déjà amendé. On serait à ce moment-là dans
un processus presque interminable.
M. SAINT-PIERRE : Mais pas amendé dans le sens de modifier le
processus, dans le sens de...
M. CARDINAL: Je ne le sais pas, mais je prends une autre
déclaration on me corrigera dans la Gazette d'hier matin.
On y mentionne que le premier ministre a déclaré durant la fin de
semaine que le projet de loi no 63 pouvait être amendé aussi
à ce moment-là. Par conséquent...
M. BOURASSA: Ma déclaration a été reproduite
intégralement dans plusieurs journaux.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. CHARRON: Je n'ai pas terminé. Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce me le permet.
M. TETLEY: Ah oui! J'attends avec impatience la conclusion.
M. CHARRON: La conclusion va rejoindre des choses que vous avez
peut-être entendues à votre congrès en fin de semaine; je
ne parle pas par "walkie-talkie", je parle par micro officiellement ouvert.
M. BOURASSA: Revenons au débat, s'il vous plaît.
M. CHARRON: Nous croyons également, M. le Président, que
les multiples demandes de rappel du bill 63 que la commission a entendues et
que le Parti québécois fait siennes depuis son entrée en
Chambre, devraient dans le même élan recevoir une réponse
définitive. Même si le bill 28 n'a pas pour objet de
résoudre le problème de la langue d'enseignement, c'est là
une question qui ne peut être ignorée ou indéfiniment
remise à plus tard.
L'intégration scolaire des immigrants à la majorité
québécoise francophone, notamment, doit être assurée
par la loi, puisque le volontariat du bill 63 a échoué. C'est
là une question connexe au bill 28, que le gouvernement ne peut mettre
de côté sous prétexte qu'il s'occupe présentement
strictement de structures administratives. Une question aussi vitale ne souffre
pas l'indécision gouvernementale ou le pourrissement, il faut s'y
attaquer sans autre délai.
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le Président, si vous me le
permettez...
M. LE PRESIDENT: Nous sommes obligés de suspendre le travail de
la commission pour aller voter en Chambre.
M. CHARRON: Je reprendrai ma conclusion.
M. SAINT-PIERRE: Un délai pour voter! (Suspension de la
séance à 17 h 8)
(Reprise de la séance à 17 h 23)
M. CARDINAL: Alors, je voulais dire au ministre que ce qu'il venait
d'énoncer comme dernier argument en faveur de l'adoption rapide du
projet de loi no 28, en voulant convaincre le député de
Saint-Jacques sur la question linguistique, m'inquiétait davantage.
Cette inquiétude, je ne la fais pas mienne, mais je la fais pour toute
la population. Je crains que ce genre d'affirmations n'inquiète beaucoup
les gens, comme celles qu'on a faites au sujet du projet de loi no 63 en ce
sens que si les gens se rendent compte que les projets de loi peuvent
être amendés à répétition, ils ne ressentent
plus les garanties que, normalement, les lois accordent.
Je sais bien que ces lois ne sont pas des lois formant partie d'un acte
constitutif ou d'une constitution. Par conséquent, on n'a pas besoin des
deux tiers de l'Assemblée nationale ou de certaines autres
procédures pour les modifier comme c'était le cas pour
l'abolition, disons, du Conseil législatif ou la nomination d'un
ombudsman.
Mais, quand même, j'ai senti, à plusieurs reprises, que des
déclarations de ce genre et je ne blâme pas le ministre, je
l'invite à nuancer beaucoup en réponse au député de
Saint-Jacques peuvent créer l'insécurité et la
confusion dans la population. Je le dis très sincèrement. Je ne
sais pas si le ministre a un commentaire...
M. SAINT-PIERRE: J'étais distrait.
M. CARDINAL: C'est qu'on avait dit, au début, que pendant
l'application du projet de loi, il pouvait arriver que, recevant le rapport
Gendron, il y aurait des amendements avant même que le projet
lui-même ait été complètement rendu à terme
dans son application.
Je dis simplement que concernant la déclaration de l'honorable
premier ministre, en fin de semaine non pas que je sois ou ne sois pas
d'accord sur sa déclaration, ce n'est pas le fond de la
déclaration c'est que ce genre de déclaration crée
l'insécurité dans la population et n'aide pas, au contraire, le
gouvernement, ni les députés.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
M. SAINT-PIERRE: C'est comme lorsque nos amis créditistes disent
qu'advenant leur élection en 1974, on va retourner à des
structures confessionnelles et qu'on va abolir... c'est bien là leur
déclaration. Cela n'a pas causé de crainte, mais quand
même.
M. BROCHU: Selon les individus, je pense que ça peut être
différent un petit peu de ce que vous mentionnez.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas ce que vous avez dit? J'ai compris que, si
vous étiez élu en 1974, vous étiez pour promettre de
retourner à des structures confessionnelles.
M. BROCHU: C'est que nous voulons respecter les structures
confessionnelles selon les divers groupes qui en sont les composantes, à
l'heure actuelle, sur l'île de Montréal.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Je suis surpris, M. le Président, qu'on attache
tellement d'importance à cette question de langue de travail au niveau
des nouvelles commissions scolaires. On a eu des mémoires relativement
à la langue.
Il y a des groupes qui nous ont demandé d'établir un seul
système scolaire et un système unilingue au niveau de l'île
de Montréal.
Je crois que je ne pourrais pas approuver un tel système mais, au
moins, il faut toujours bien admettre que ces gens soulevaient un
problème de fond, c'est-à-dire que si on acceptait une telle
législation, on marquerait d'une façon profonde, en bien ou en
mal, l'éducation au niveau de l'île de Montréal.
Mais parler de langue de travail au niveau des commissions scolaires, je
crois que ça devient un détail relativement hors d'ordre.
Premièrement, les commissions scolaires sont un service scolaire et,
comme employeur, c'est loin d'être l'employeur le plus important de
l'île, d'autant plus que c'est une loi qui crée déjà
de l'insécurité. S'il fallait mettre un article de loi disant que
la langue de travail devrait être le français, vous comprenez
comme moi que la réaction des gens de langue anglaise serait
excessivement violente.
Si l'on croit que cette minorité de langue anglaise sur
l'île de Montréal ne joue pas un rôle important, et ceci
à tout point de vue: économique, industriel, social et culturel,
on pourrait avoir la preuve du contraire. Cette réaction violente, je
crois, ferait que le bill tout entier deviendrait absolument inapplicable,
parce que n'est là une législation qui, pour bien fonctionner,
devra avoir la coopération de tous les gens et tous ceux qui font partie
du système devront travailler en coopération les uns avec les
autres. Autrement, ça sera, à mon avis, une faillite
complète et évidente.
Alors, pour quelle raison vouloir attacher tellement d'importance
à la langue de travail, d'autant plus qu'il y a, M. le Président,
un autre point de vue qui est extrêmement important? Je crois qu'en fait,
indépendamment de la législation, c'est le français qui
sera la langue de travail pour la bonne raison qu'au niveau des
décisions ou au niveau de la politique globale, les gens de langue
française seront en majorité. Je connais assez les gens de langue
anglaise pour dire qu'ils considéreront un représentant qui ne
parlerait pas le français ou qui ne comprendrait
rien du français pour les représenter à ces
niveaux-là comme un homme incompétent pour remplir les
fonctions.
Je crois donc qu'en fait la langue de travail sera la langue
française. Si, au niveau de la grosse industrie, les Canadiens
français étaient aussi massivement représentés au
niveau des décisions, je crois bien que même des lois sur la
langue de travail deviendraient absolument inutiles.
Pour toutes ces considérations, je ne vois donc pas quelle est
l'importance primordiale de cette question, d'autant plus qu'il faudrait
continuer au niveau des commissions scolaires et je veux dire au niveau de
l'hôtel de ville, au niveau de toutes les législations, comme le
ministre le disait tout à l'heure. Je crois qu'il faudrait essayer,
à titre de Canadiens français, de ne pas réagir toujours
comme des gens qui ont peur et qui sous-estiment la ténacité et
la valeur de leur propre culture. Il faudrait bien, à un moment
donné, sentir et avoir quand même assez de confiance dans la
culture française, surtout avec notre système scolaire
rénové, pour admettre la concurrence et qu'on peut vivre dans un
monde concurrentiel. Autrement, c'est la fin de tout.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Dorchester.
Problème constitutionnel
M. GUAY: M. le Président, j'aimerais soulever une autre question
de grande importance, je crois que c'est une question de grande importance mais
qu'on a assez peu discutée quand même à la commission
parlementaire: la question constitutionnelle.
J'avais posé une question au ministre et, à la suite de
cela, on a appris par les journaux, qu'une étape devait être
franchie vers la mi-novembre. Je pense que c'est l'étape de la
déposition des avis légaux concernant la
constitutionnalité du bill 28.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire, aujourd'hui,... Parce
que si je pose la question, c'est pour ceci: Cela sert à quoi de
discuter, d'amender, de refaire et d'adopter un projet de loi si, sur le plan
constitutionnel, cette loi sera déclarée ultra vires?
Peut-être que si le ministre apportait certaines précisions,
ça nous rassurerait en même temps.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que c'est connu. Dans
l'étude de Me Guy Houle touchant l'article 93, on disait que, pour
pouvoir soulever en vertu de l'article 93, paragraphe 1,
l'inconstitutionnalité d'une disposition législative, il faut
donc et là je cite textuellement Me Guy Houle "que se
trouvent réunies les conditions suivantes: 1. qu'il s'agisse d'un droit
ou d'un privilège relatif à une école confessionnelle. 2.
dont jouissait une classe particulière de personnes. 3.en vertu d'une
loi. 4.en vigueur au moment de l'union. 5.et auquel on porte
préjudice".
Or, j'ai reçu récemment, il y a à peine quelques
jours, une étude sur la constitutionnalité du projet de loi no 28
préparée sous l'égide du Centre de recherche en droit
public de l'Université de Montréal et qui avait été
faite par les professeurs Chevrette, Marx et Tremblay. Une lecture attentive de
l'étude m'a confirmé les affirmations que j'ai faites jusqu'ici
à l'effet que le projet de loi no 28 est constitutionnel. Il y a une
très légère nuance qui peut subsister sur un droit
à la dissidence, mais l'étude fouillée,
détaillée, me confirme que le projet de loi est constitutionnel,
c'est-à-dire qu'il ne répond pas aux conditions que j'ai
énumérées au départ et que Me Guy Houle avait.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, à ce
sujet. Pour ma part, ayant déposé le projet de loi no 62, j'ai
toujours pensé comme ceci. Ce que vient de réciter le ministre au
sujet de Me Guy Houle nous replace à la fois dans le BNA Act et
l'histoire. Or, d'après l'article 133, si je ne me trompe pas, il
fallait qu'il existât, au moment où l'acte constitutif a
été adopté à Westminster, un système en
vertu d'une loi. Or, si jamais un système a existé... Parce qu'il
n'y avait pas de système catholique, il n'y avait que le système
de la dissidence, pour cette partie, dans n'importe quelle commission scolaire
qui existait à ce moment-là. Je ne parle pas de celles qui ont
été créées par la suite.
Il y a un deuxième fait que j'ajoute à ce que vient de
dire le ministre. C'est que, si ce projet de loi est anticonstitutionnel,
quelle est la situation du côté protestant, à
Montréal je ne sais pas si c'est 75 ans à la suite
d'une décision du Conseil privé qui a considéré que
ceux qui n'étaient pas catholiques étaient protestants? Est-ce
qu'il existait donc un système protestant en vertu d'une loi? Je serais
surpris que ce qui existe déjà soit dans ce sens, pris d'une
façon très stricte, constitutionnel. On a souligné un
autre exemple qui a été donné ici même à
cette commission, quand on a décidé que des membres de la
communauté juive feraient partie du "Protestant School Board of Greater
Montreal". Je pourrais ajouter, pour rassurer ceux qui auraient des craintes,
que, même si c'était anticonstitutionnel, il y a de nombreuses
fois où on a adopté des lois anticonstitutionnelles, et il n'y a
que quelques rares fois où quelqu'un d'intéressé
parce que ce n'est pas en théorie, non plus, que cela puisse
paraître qui aurait des taxes à payer, par exemple,
viendrait prendre une action. A ce moment-là, c'est une
possibilité. Cela ne veut pas dire que le projet est constitutionnel ou
ne l'est pas. C'est une possibilité. N'importe qui peut prendre une
action devant la cour Supérieure, pour quelque raison que ce soit, et
employer toute une série de procédures qui nous conduiraient
probablement sur au moins
toute la période nécessaire pour que le projet de loi soit
appliqué.
Le seul danger que je vois, pour répondre au député
de Dorchester, c'est qu'une cour accepte l'idée d'une injonction pour la
mise en vigueur de la loi dans un cas de doute.
M. SAINT-PIERRE: Sur ce point, M. le Président, j'avais
devancé vos appréhensions, puisque nous avions commandité,
il y a déjà plusieurs mois, une étude juridique
fouillée sur les conséquences administratives, juridiques et
autres qui permettraient à une cour une injonction qui pourrait
créer un certain fouillis administratif de citoyens qui refuseraient de
payer des taxes scolaires parce que l'organisme est devant la cour
Suprême au sujet de son statut.
Cette étude qui avait été de Me Viau et quelques
autres et que j'espère pouvoir déposer, rendre publique
aux membres de la commission la semaine prochaine établit
très clairement qu'une injonction est impossible; que,
deuxièmement, les citoyens ne pourraient pas refuser de payer leurs
taxes et que, troisièmement, même si la cour Suprême
et c'est une hypothèse non peu fondée pouvait
établir la non-constitutionnalité du projet de loi, entre-temps
il n'y a rien qui pourrait empêcher l'implantation du projet de loi no 28
et qui pourrait causer un fouillis social ou administratif.
M. CHARRON: D'ailleurs, si je ne m'abuse, à la Constitution de
1867, advenant même le cas où la cour Suprême jugerait ultra
vires la loi 28, tout ce que ça permet de faire, c'est au gouvernement
fédéral d'édicter une loi qui la remplacerait.
M. SAINT-PIERRE: Il n'a pas exercé ce droit depuis 1921 ou
1912.
M. CHARRON: Cela voudrait dire ça? M. SAINT-PIERRE: 93, 3 et 4.
M. CHARRON: Est-ce que c'est ça?
M. CARDINAL: C'est le droit de désaveu. On n'a pas besoin d'une
décision de la cour. Le fédéral ne légifère
plus sur le droit de désaveu. Je pense que c'est une autre chose.
M. GUAY: En pratique, M. le ministre, vous avez dit que les documents
dont vous venez de faire mention seront quand même déposés
avant l'adoption du projet.
M. SAINT-PIERRE: J'aimerais bien que mes collègues du cabinet et
du caucus en prennent connaissance.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? La parole est au
député de Laurier.
M. MARCHAND: J'aurais une observation à faire au sujet de la
déclaration du député de Saint-Jacques qui dit qu'il
refuse les observateurs nommés par le ministre de l'Education et qui
compare les deux observateurs aux élus du peuple qui n'accepteraient pas
d'avoir des observateurs. Je pense qu'au contraire les élus du peuple
acceptent très bien les observateurs. Que ce soit en commission ou
à l'Assemblée nationale, nous avons toujours, d'abord les
journalistes qui sont là pour rendre compte du travail des élus
du peuple, des différentes déclarations et des projets de loi qui
sont adoptés et que...
M. CHARRON: ...les journalistes, là...
M. MARCHAND: Absolument, mais pas toujours dans les décisions. Au
comité, il n'y aura pas de journalistes, mais c'est que je compare ce
que vous avez comparé. Lorsque nous sommes en commission, il y a
toujours les différentes associations qui peuvent avoir des
représentants ici et qui font part à leurs membres, par la suite,
des différentes observations et des décisions qui se prennent en
commission.
Lorsque le député de Saint-Jacques dit que l'engagement
des professeurs devrait être fait par les comités d'école,
encore là, je me demande comment on en viendra à engager 100,000
professeurs, lorsque tous les comités d'école auront à
décider de l'engagement des professeurs.
M. LE PRESIDENT: La parole est au patient député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Je vous remercie, M. le Président. J'ai une question
à poser au ministre et, après, je voudrais faire quelques
remarques. Je parle à un ministre très patient; si je suis
patient, il est très patient. M. le ministre, avez-vous reçu du
PSBGM, c'est-à-dire le Protestant School Board of Greater Montreal, les
comptes rendus de leurs délibérations que j'avais
demandés, à savoir qui a voté pour et contre l'unification
à leurs réunions, etc.?
M. SAINT-PIERRE: Pas à ma connaissance; demain, je me le
proposais. M. Tilley m'écrit souvent de ce temps-ci. A vous aussi? J'ai
un surcroît de travail qui m'empêche de lui donner des
réponses, mais justement, je me proposais comme la meilleure
forme de défense est de passer à l'attaque de lui rappeler
qu'il nous avait promis des avis Juridiques que le PSBGM devait posséder
sur la constitutionnalité du projet de loi no 28.
Pour répondre à votre question, je n'ai pas reçu,
à ma connaissance et je pense que ça aurait
été porté à mon attention le résultat
du vote et, deuxièmement, je n'ai pas reçu les avis juridiques
que ce dernier incluant le rapport Howard que j'ai eu le
privilège de regarder, mais que personne d'entre vous n'a pu consulter
devait rendre publics. Je pense qu'à la commission, c'est ce
qu'il s'est engagé à faire.
M. PICARD: Est-ce que je peux demander au ministre si, dans une de ses
dernières lettres, il n'a pas dit qu'à ce moment-là il
avait décidé qu'il n'était plus question de
contestations?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. CARDINAL: Au contraire, dans un des derniers communiqués que
j'ai reçus qui doit en partie être reproduit dans les journaux, on
a mentionné que le ministre actuel comprendrait plus que l'ancien en
raison de sa formation précédente.
M. TETLEY: M. le Président, je n'ai pas terminé. J'ai
même une déclaration non écrite et non
ministérielle, tout simplement comme député de
Notre-Dame-de-Grâce. Nous avons un bon ministre de l'Education.
M. CHARRON: C'est ça votre déclaration?
M. TETLEY: Non, non, ma déclaration est que je n'ai pas cette
ambition non plus. Je voudrais savoir aussi si vous avez reçu le
résultat ou les statistiques des personnes qui ont suivi les cours qu'on
appelle en anglais "Immersion Courses", du PSBGM en français? Avez-vous
ces chiffres-là?
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. TETLEY: Parce qu'en Chambre, vous n'avez pas mentionné
certaines statistiques. J'aimerais les connaître. Je connais cinq...
M. SAINT-PIERRE: C'est possible de les obtenir, je voulais le
mentionner.
M. TETLEY: ... ou six écoles protestantes où
l'enseignement se fait complètement en français.
M. SAINT-PIERRE: Vous voulez dire des gens qui, officiellement, sont
dans le réseau anglophone, mais qui, effectivement, sont dans des
classes d'immersion de français.
M. TETLEY: Oui, un de mes enfants, le troisième, est actuellement
dans une de ces écoles. Je veux qu'elle soit comptée comme une
qui est passée de l'anglais au français.
M. CARDINAL: Je suis d'accord avec le député de
Notre-Dame-de-Grâce, parce que la question a été
posée très clairement aux représentants, ici, et ils n'ont
pas pu nous répondre. J'avais demandé au ministre, à ce
moment-là, de nous donner des chiffres sur le nombre d'écoles et
le nombre d'étudiants fréquentant ces écoles. Comme vous
venez d'ajouter, il y a une sous-question, c'est le nombre de ceux qui seraient
passés du système anglophone au système francophone dans
ces écoles.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais parler de deux soucis des
anglophones. Je ne me considère pas comme étant le porte-parole
des anglophones, mais comme un des députés anglophones qui a
assisté à presque toutes les sessions de la commission
parlementaire de l'Education. Aussi...
M. SAINT-PIERRE: M. Springate...
M. TETLEY: Non, je n'ai pas vu le député de Sainte-Anne.
Mais, c'est un autre problème et je veux ajouter que le
député de Sainte-Anne a ses qualités et ses moyens d'agir
qui sont de bons moyens. Tout le monde travaille à sa manière. Je
n'ai pas de critique à l'endroit du député de
Sainte-Anne.
M. le Président, les anglophones, comme vous le savez je
ne soulève rien qui soit exactement nouveau, mais je veux faire la
synthèse c'est que les anglophones ont peur de l'avenir, ils ont
peur des groupes extrémistes et il y a même des extrémistes
parmi les anglophones. J'ai reçu plus de 72 lettres dans mon
comté, au sujet du bill 28. Jusqu'à ce jour, j'en ai
visité 44 dans le comté. J'ai passé au moins une
demi-heure avec chaque personne et ça m'a pris du temps, depuis deux
mois. La moitié de ces lettres-là, parmi les 44 personnes que
j'ai vues, on peut vérifier, viennent de professeurs. C'est très
intéressant. Les 44 sont tous protestants et j'ai plus de catholiques
dans mon comté que de protestants. Je n'ai reçu aucune lettre
d'un Canadien français, 20 p.c. du comté est
canadien-français, le reste est anglophone, moitié, je suppose,
catholique anglophone et moitié protestant anglophone.
M. CHARRON: ... que vous n'ayez pas de francophones de
Notre-Dame-de-Grâce?
M. TETLEY: Oui, ils sont... UNE VOIX: Du Parti
québécois.
M. TETLEY: En tout cas... Je reçois des lettres des
péquistes de mon comté sur toutes sortes de sujets, mais ils
n'ont pas critiqué le bill 28.
M. CHARRON: Vous n'avez pas décrit la nature de ces
lettres-là, je veux dire...
M. TETLEY: Je suis presque certain qu'aucun Canadien français de
Notre-Dame-de-Grâce n'a écrit, critiquant le bill 28. Sans dire
qui vous a écrit, je suis certain...
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des lettres d'amour que le député
de Saint-Jacques reçoit.
M. TETLEY: Demandes d'emploi, je ne sais pas. Je relate ce
fait-là, j'ai visité ces gens-là. Jusqu'à
maintenant 44 et la moitié sont institu-
teurs ou institutrices, ce qui est très intéressant. La
moitié de ces instituteurs et institutrices sont à leur retraite.
Bon, d'autre part, je ne donne aucune précision ou raisonnement pour ces
faits, ce sont des faits à ce jour. La fin de semaine prochaine, je vais
en visiter d'autres.
Il n'y avait aucun mouvement, ni aucune décision de groupe, j'en
suis certain. Ces gens ont écrit personnellement, sans
téléphone, etc. Je n'ai reçu que quatre lettres
relativement à la lettre du Protestant School Board of Greater Montreal.
Après les déclarations de l'Alliance des professeurs au sujet de
l'unilinguisme, j'en ai reçu un paquet. Des 44 personnes que j'ai vues,
elles ont toutes peur de l'avenir, elles ont toutes peur des extrémistes
sur le plan de l'éducation, sur le plan de la langue.
Nous avons tous un devoir, des deux côtés de la table et
surtout vous, M. le ministre. Je sais que vous avez fait un effort
énorme afin de rassurer ces personnes pour l'avenir. Le deuxième
souci de presque toutes ces personnes-là, et surtout parce qu'elles sont
des administrateurs, était que le système anglophone protestant
qu'elles connaissaient, perdrait sa bonne administration, sauf peut-être
que l'enseignement de la langue française serait affecté. C'est
leur deuxième souci.
M. le ministre, vous avez aussi le devoir de rassurer ces personnes que,
par le bill 28, elles ne perdraient pas le système d'éducation
que je sais très bien. Dans le passé, une personne de bonne
famille, c'est-à-dire riche, parce que nous sommes tous de bonne
famille, une personne d'une famille très riche, pouvait envoyer ses
enfants avec la certitude d'une bonne éducation au Protestant School
Board of the Greater Montreal. Je suis certain qu'autour de la table ici, les
députés de langue française, éduqués
à Montréal, sont allés au collège privé. Je
pose la question au député de Bourget: Etiez-vous à la
commission scolaire catholique ou à un collège?
M. LAURIN: J'habitais à la campagne. M. TETLEY: Bon, tant mieux.
M. LAURIN: L'Assomption.
M. TETLEY: J'ai fait moi-même, il y a deux ans, lors d'une
commission parlementaire de l'Education, une analyse. Et tous les
députés de langue française avaient été
éduqués dans des collèges privés aux
dépenses de leur père et tous les députés
protestants, soi-disant bien éduqués, à Montréal
étaient allés à une école ordinaire. Comme Victor
Goldbloom. Et nos enfants aussi, c'est ce qui est important.
Donc, voici les deux problèmes que vous connaissez très
bien, M. le ministre. Mais je précise le fait que vous m'avez permis,
à moi, un ministre, de parler à un autre ministre, parce que nous
sommes tous au conseil des ministres et c'est votre ministère, pas le
mien. En conclusion, je vous demande de regarder et de noter encore une fois
ces deux grands soucis de la population anglaise à Montréal.
Merci.
M. CARDINAL: Seulement une correction, j'ai fait mon cours primaire et
une partie de mon cours secondaire à l'école publique.
M. TETLEY: Oui, c'est peut-être la cause de votre
compétence.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je veux tout simplement, M. le Président, faire une
petite rectification et profiter de cette commission parlementaire. La semaine
passée, en revenant de voyage, en lisant le Soleil, on a dit que
c'était moi qu'on avait exclu des débats de la présente
commission des représentants qui étaient venus ici. Je ne
voudrais quand même pas m'arroger le pouvoir d'être
président de la commission parlementaire de l'Education, c'est vous.
J'étais à 12,000 milles d'ici. Simplement pour permettre au
journaliste de noter ce fait.
M. LE PRESIDENT: Le fait est que le lac nous sépare.
M. VEILLEUX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: La séance de la commission tire à sa fin, je
pense que le député de Notre-Dame-de-Grâce a donné
le ton à la conclusion des travaux de la séance. C'est quelque
chose que je voulais dire au ministre de toute façon. J'aurais pu le
dire au début comme ça. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce bien sincèrement vient de nous faire part de
l'inquiétude qu'il a ressentie chez le groupe ethnique auquel il
appartient, le groupe de Québécois auquel il appartient. Je dois
aussi signaler au ministre que les assemblées que le Front pour la
démocratisation scolaire de Montréal c'est son nom
actuellement fait à Montréal actuellement m'ont permis de
découvrir aussi une inquiétude que je connaissais et de la palper
pendant des heures de discussions avec la population francophone de
Montréal également.
Elle s'est polarisée à nos yeux, ici à la
commission, sur deux choses que j'ai évoquées dans notre
mémoire de tout à l'heure au sujet de la question confessionnelle
et bien sûr, pour un bon nombre, au sujet de la question
linguistique.
L'inquiétude porte aussi j'ai cru découvrir, je
l'avais d'ailleurs signalé, sans trop me tromper, au ministre, au cours
des travaux de la commission sur l'aménagement administratif de
ces commissions scolaires. Aussi bête que ce
soit, j'ai entendu hier aussi bête et aussi vrai que ce
soit des questions de parents qui se demandaient où leurs enfants
vont aller à l'école. Ce n'était pas dans quelle
école catholique ou française parce que, pour eux, ils ont peur
que l'éloignement de la structure signifie un
déménagement, etc.
Je crois aussi, comme le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que nous avons eu un bon ministre de l'Education
à la table tout au cours des dix séances de la commission. Je me
permets de lui faire un mini reproche mais qui en est un. Quand des lois
importantes comme ça se sont déroulées, il en allait, il
me semble, du succès de la loi que le ministre prenne le temps que
ça prend pour aller rejoindre la population et lui expliquer la
portée du bill. Je sais que le ministre n'a manqué aucune
occasion qui lui était donnée probablement par différents
organismes qui font des déjeuners-causeries ou quoi que ce soit. Il
s'est rendu à plusieurs reprises rencontrer le groupe linguistique
auquel appartient le député de Notre-Dame-de-Grâce. Mais si
j'ai en mémoire l'effort qu'avait mis l'ancien ministre de l'Education
lors de l'Opération 55 et l'effort que met votre collègue actuel,
le ministre des Affaires sociales, pour expliquer à la population
l'importante loi 65 sur laquelle l'Assemblée nationale se prononcera
bientôt, je trouve que le ministre n'en a peut-être pas mis
suffisamment, au cours des travaux de la commission et pendant que les loisirs
des travaux parlementaires nous le permettaient, avant que l'on s'enferme dans
la salle en haut pour en discuter, pour aller expliquer à la population
et faire des assemblées populaires dans Montréal. Nous en
faisons, nous, actuellement, mais je suis convaincu que nous ne pouvons pas
apporter toutes les réponses que le ministre, le chargé de
pouvoirs en matière d'éducation serait en mesure d'apporter,
d'autant plus que sur plusieurs aspects, nous sommes en désaccord sur la
loi, ce qui fait que nous ne faisons peut-être qu'augmenter
l'inquiétude des citoyens quand nous leur décrivons nos propres
doutes là-dessus.
Il faudrait qu'il y ait quelqu'un qui aille expliquer aux citoyens, pour
défendre la loi de A à Z et en même temps pour
répondre à leurs interrogations. Il me semble que, si le
ministère de l'Education avait prévu une série de
rencontres publiques sur le territoire montréalais, les chances de
succès de la nouvelle structure auraient été, par le fait
même, augmentées. Je pense que la loi est tellement importante,
elle contient tellement de principes comme le signalait le député
de Bagot au début, elle va apporter tellement de modifications qu'il
faut mettre toutes les chances de notre bord pour qu'elle marche. Parmi les
chances à mettre de notre bord, il s'agissait de faire un effort
supplémentaire pour rejoindre la population au-delà des "mass
media" qui, je dois le dire, dans ce domaine-là, depuis le début
des travaux de la commission nous ont bien servis.
J'invite le ministre, si son calendrier le lui permet, avant la
deuxième lecture, je pense que les obligations politiques sont encore
plus fortes que n'importe quel ordre du jour, à aller retrouver la
population et à aller défendre son projet de loi. Je dis
défendre parce que les inquiétudes sont nombreuses avant
tout.
M. SAINT-PIERRE: J'accepte bien le reproche. Je n'ai pas de chiffres
précis. Sûrement, au cours des deux derniers mois, il ne serait
pas exagéré de dire que j'ai adressé la parole à au
moins 45 ou 50 groupes sur le projet de loi 28. Cela a pris toutes les fins de
semaine. Cela a pris tout le temps disponible. Le problème est que les
adversaires ont toute la semaine, ou enfin ceux qui pourraient s'opposer au
projet de loi ont beaucoup plus de temps que j'en ai pour s'attarder à
ces problèmes afin de les développer.
Le ministre, en plus d'analyser et d'être ouvert à des
modifications au projet de loi, a malheureusement, un budget de $1 milliard 400
millions, mille et autres fonctions, d'autres projets de loi qui surgissent et,
si le ministre veut se rendre jusqu'à la fin de la troisième
lecture je suis déterminé à le faire avant
Noël cela prend un minimum d'énergie physique requis pour
subsister. Je déplore un peu, et je le mentionne en passant, que dans ce
processus-là et je pense que c'est notre régime
parlementaire qui le veut le gouvernement, malgré d'immenses
ressources, finalement alimente par le biais des subventions beaucoup plus les
adversaires qu'il s'alimente lui-même. En ce sens que, avant que le
projet de loi soit adopté, c'est l'interprétation que certains
donnent, que les fonctionnaires ne sont pas en mesure de défendre le
projet de loi qui est alors le point de vue d'un parti politique et non le
point de vue de l'Assemblée nationale.
Ce qui veut dire que, pour défendre le projet de loi dans le sens
que vous le dites, il y a à peu près un seul homme, il pourrait y
avoir quelques députés qui, eux aussi, sont pris dans d'autres
préoccupations qui pourraient le défendre, alors que chez
l'adversaire, il y a des gens qui reçoivent des fonds publics et eux se
sentent très à l'aise pour le combattre.
M. CHARRON: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. SAINT-PIERRE: Ce que je veux dire, c'est que tous ceux qui s'opposent
au projet de loi, même dans le secteur scolaire, au niveau des
enseignants, au niveau du PSBGM, au niveau de certains autres, ce sont des gens
qui, par le biais du système d'éducation, incluant les
enseignants, ont toute une équipe de personnes qui pensent, qui
s'alimentent...
M. CHARRON: Les enseignants, c'est leur salaire.
M. SAINT-PIERRE: Il faut bien entendre que...
M. CHARRON: Ils ne sont pas subventionnés, ils sont payés
comme salariés.
M. SAINT-PIERRE: Entendons-nous, le montant de $7 millions de
cotisations syndicales, on le retrouve indirectement par le biais des
commissions scolaires. En d'autres termes, c'est l'accroissement substantiel
des traitements consentis par un régime d'éducation qui permet
qu'on aille chercher $100. Je pense que, si le système scolaire n'avait
pas évolué comme il a évolué, ce n'est pas avec le
salaire de $3,000 par année que les gens seraient prêts à
mettre $120 à une centrale syndicale pour lui donner $3 millions, avoir
45 recherchistes qui, eux, se penchent tellement sur un point du projet de loi.
Le PSBGM se penche sur d'autres points et les associations à gauche et
à droite qui ont des subventions de nous. Je voyais hier, l'Institut
canadien d'éducation des adultes. On subventionne des avis que
j'apprécie mais tous ces adversaires sont alimentés
financièrement par vous et le gouvernement, compte tenu d'une
interprétation qui veut que les fonctionnaires ne puissent pas
défendre un projet de loi, finalement, il y a un seul homme qui
peut...
M. BROCHU: Est-ce que vous croyez, M. le ministre, dans un projet de loi
d'une importance comme celle du bill 28, par exemple, établir un
processus de consultation au point de départ?
M. SAINT-PIERRE: J'ai déjà dit que le processus de
consultation, c'est la commission parlementaire, c'est-à-dire à
des gens...
M. BROCHU: C'est quand même assez différent comme optique
de travail.
M. SAINT-PIERRE : Oui, mais la consultation, entendons-nous bien...
M. BROCHU: Vous êtes prévenus d'avance, comme disent...
M. SAINT-PIERRE: A moins d'accepter un jeu de lobby, la consultation,
pour moi, entre le législateur et les groupes, c'est la commission
parlementaire. Ce sont des choses qui se font ouvertement. Ce ne sont pas des
rencontres dans les chambres d'hôtel pour dire aux anglophones ce que
cela prend...
M. CHARRON: En plus des choses ouvertes, il y a aussi la population qui,
elle, n'est pas regroupée sous aucune centrale syndicale ou quoi que ce
soit et qui est la majorité, je pense bien, des citoyens qui ne sont pas
venus ici. A ce moment-là, il me semble que c'est la
responsabilité de l'homme public d'aller les rejoindre lorsqu'ils ne
sont pas... Le ministre des Affaires sociales, je pense, aurait pu... Je ne
veux pas vous en faire un reproche catégorique, mais tous les arguments
que vous venez de me donner quant à l'administration du gros budget que
votre ministère a et du calendrier, etc., le ministre des Affaires
sociales aussi, en a un, plus que cela, il est "poigné" avec des
négociations avec le fédéral, ce qui est double travail.
Pourtant, il a choisi le temps, il a jugé important et je pense que cela
va compter pour beaucoup, l'énergie que le ministre des Affaires
sociales a mise dans la réussite de la loi 65 si elle devait être
acceptée comme elle est actuellement.
M. VEILLEUX: C'est depuis 1969, comme dit mon collègue de Bagot,
que les gens savent qu'on parle de restructuration sur l'île de
Montréal.
M. BROCHU: M. le Président, si vous me le permettez, c'est un
débat qui est assez important, c'est quand même passablement
différent. C'est que là, vous arrivez devant une commission
parlementaire avec un fait pratiquement établi au niveau du palier
démocratique parce qu'il va être voté par la
majorité d'un ensemble de députés du parti au pouvoir.
Vous vous placez dans l'optique où vous défendez
l'idéologie ou un projet de loi et les gens viennent émettre des
voeux pieux sur des amendements à apporter, alors que l'administration,
au contraire, serait passablement différente si vous aviez, par exemple,
un projet global, ou à faire une certaine consultation au niveau des
gens impliqués et qu'ensuite vous élaboreriez un projet de loi,
quitte à entendre peut-être d'autres gens après, ou
peut-être que ce serait fastidieux quand même...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, c'est cela que nous avons fait.
Les changements entre la commission Parent, le bill 62, le rapport
Pagé, le projet de loi no 28. Le projet de loi no 28, on ne l'a pas
trouvé dans l'Encyclopédie. On est parti de l'analyse des
témoignages de la consultation sur le projet de loi no 62, de la
consultation avec d'autres groupes, élaborée avec une
consultation privilégiée comme celle du Conseil supérieur
de l'éducation et d'autres groupes semblables. Après ça,
on le dépose en première lecture...
M. CARDINAL: Si vous me permettez, je pense que je vais défendre
le ministre parce qu'en vertu du projet de loi no 62, on a fait un
relevé de toutes les comparutions des gens et des groupes devant la
commission Parent sur des questions importantes comme les principes d'une
commission scolaire unique, de la confessionnalité, etc. Cela fait
depuis au moins 1963 qu'on en parle mais évidemment la faculté
oublie.
M. SAINT-GERMAIN: Il faut bien partir d'un document.
M. GUAY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Il est six heures, je remercie les membres de la
commission.
M. GUAY: On entend les gens nous dire qu'on va vivre à l'avenir
avec le bill 28 et on voit dans différents journaux des dates comme
1973, 1974, 1975, 1976. Le ministre peut-il préciser quand au juste?
Est-ce que ça va être en 1973 ou 1976? Il n'est pas en mesure de
le dire actuellement?
M. SAINT-PIERRE: Comme je l'ai dit au début de la séance,
en temps et lieu, nous apporterons toute la série d'amendements.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses débats sine die.
(Fin de la séance à 18 h 2).