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Commission permanente de l'Education
Projet de loi no 28
Loi concernant la restructuration des
commissions scolaires sur l'île de
Montréal
Séance du jeudi 18 novembre 1971
(Dix heures neuf minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs!
La parole est à l'Association of Catholic Principals of Montreal,
représentée par M. Kevin Quinn et M. Allan Stockton. M. Quinn,
s'il vous plaît!
Si vous voulez vous identifier et faire un résumé de votre
mémoire, quitte ensuite à ce que nous passions aux questions.
Association of Catholic Principals of Montreal
MME PASSERETTI: M. le Président, M. le ministre, mesdames,
messieurs, avant de vous présenter le mémoire de The Association
of Catholic Principals of Montreal, permettez-moi de vous présenter,
à ma droite, le Dr Allan Stockton, président de notre association
et, à ma gauche, M. Kevin Quinn, membre de notre association et ancien
membre du Conseil de la restructuration scolaire de l'île de
Montréal. Je suis Norma Passeretti, secrétaire de notre
association.
Nous sommes les porte-parole de notre association et je vais faire la
présentation de notre mémoire. Nous vous présentons
aujourd'hui simplement un bref résumé de notre mémoire,
c'est-à-dire quelques remarques préliminaires et nos
recommandations qui devraient prendre moins de dix minutes en tout.
M. LE PRESIDENT: Parfait!
MME. PASSERETTI: Si vous voulez suivre la version française du
mémoire, c'est la deuxième partie. Notre association est une
association professionnelle qui groupe et représente tous les principaux
et vice-principaux des écoles de langue anglaise relevant de la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Ces écoles
ont une inscription totale de 44,752 élèves. L'association compte
actuellement 130 membres. Ce mémoire a été
préparé par un comité de l'association après
consultation de tous nos membres et approuvé en assemblée
générale lors d'une réunion spéciale en date du 27
septembre 1971, convoquée pour considérer la position que nous
devons prendre en face du projet de loi 28.
Nous soumettons ce mémoire à la commission de l'Education
parce que nous sommes assurés de l'appui de nos collègues ainsi
que des avantages que nous apporte l'expérience professionnelle acquise
au sein de la Commission des écoles catholiques de Montréal, dont
les structures sont quasi unifiées.
A la page 2. Préliminaires. Les dispositions du projet de loi 28
qu'approuve notre association sont les suivantes: la réduction du nombre
de commissions scolaires sur l'île de Montréal; l'uniformisation
de l'évaluation pour fins scolaires; l'égalisation des
contributions; la mise en place d'une méthode uniforme pour la
perception des cotisations scolaires; un régime démocratique plus
avancé de l'instruction publique.
L'association approuve la reconnaissance juridique dans l'instruction
publique d'un secteur qui ne soit ni catholique, ni protestant;
l'établissement d'un conseil scolaire pour l'île de
Montréal; la création des commissions scolaires unifiées;
la participation des parents à l'instruction publique grâce aux
comités d'école, aux comités consultatifs de la commission
scolaire et aux comités catholique et protestant; la nomination par le
ministre de l'Education de deux commissaires d'écoles pour
représenter les minorités dans les cas où ces
dernières ne seraient pas représentées d'une
manière adéquate; la nomination de deux sous-directeurs
généraux, dont l'un francophone et l'autre anglophone pour chaque
commission scolaire; la nomination d'un directeur adjoint francophone ou
anglophone selon le cas, dans les services de l'enseignement, les services du
personnel et les services aux étudiants; la création de deux
comités, catholique et protestant, en vue de garantir les droits de tous
en matière religieuse.
Page 4. Les dispositions amendées de la Loi de l'instruction
publique et auxquelles nous voudrions apporter des objections sont les
suivantes: les nombreuses séparations des groupes minoritaires tel qu'il
a été proposé dans les onze commissions scolaires
unifiées; l'impossibilité virtuelle d'organiser, d'une
façon efficace, des services d'ordre pédagogique, pastoral, des
services du personnel et des services aux étudiants, en vue de
répondre aux besoins des minorités dans la plupart des
commissions envisagées; le manque de moyens assurant à l'enfant
la possibilité d'aller à l'école du choix de ses parents,
école voisine de sa demeure, alors même qu'une telle école
pourrait appartenir à une région dépendant d'une autre
commission scolaire; le manque de latitude dans la loi pour permettre soit au
conseil des écoles, soit au ministre de l'Education d'intervenir lors
d'un conflit prenant naissance d'une des situations plus haut
mentionnées. Référence. Le conflit qui eut lieu à
Saint-Léonard. Une définition imprécise de l'école.
Des moyens inadéquats en ce qui concerne le fonctionnement des services
pastoraux. Le texte de l'article 600 n'assure pas une représentation
équitable des minorités dans le conseil des écoles de
l'île de Montréal. L'exigibilité de la citoyenneté
canadienne pour prendre part au vote lors des élections dans les
commissions scolaires.
Maintenant, nous passons à nos recommandations. A la page 5,
première recommandation.
Notre association recommande que la section 70 soit modifiée en
ajoutant après le mot "école", ligne 6, le paragraphe suivant:
"veut dire un groupe d'élèves et de professeurs réparti
dans un ou plusieurs locaux constituant une entité d'éducation
relevant d'un seul principal". Ici, M. le Président, je vous prie de
noter que la recommandation no 2 devrait se lire comme suit. Je vais faire la
correction et je vais lire lentement, si peut-être vous voulez la
faire.
M. CARDINAL: Si vous permettez une remarque, M. le Président,
avant que vous ne passiez à la recommandation no 2. La recommandation no
1, cela fait plusieurs fois que cela vient devant nous, le ministre aurait pu
faire la remarque lui-même; cette définition que vous
suggérez est sensiblement la même que l'on retrouve dans le projet
de loi 27 maintenant adopté et qui complète le projet de loi 28.
C'est-à-dire que s'il n'y a pas de définition dans 28, c'est
qu'il y en a une dans 27. Votre recommandation est déjà
adoptée.
M. QUINN: Oui, nous sommes conscients de cela, mais la définition
dans le bill 27 ne nous satisfait pas. Dans le bill 27, je pense que c'est
basé sur une...
M. CARDINAL: Collectivité d'étudiants, d'enseignants, sous
la direction d'un principal, mais on ne parle pas des édifices.
M. QUINN: Exactement, ici la définition est basée sur les
groupes d'élèves. Je pense que, dans la définition du bill
27, il est possible d'avoir des groupes d'enfants de la minorité
placés dans quelques écoles. Un petit groupe dans quelques
écoles. Mais cette définition-ci envisage que ces enfants peuvent
être dans deux ou trois écoles, mais avec un principal. On indique
cela d'après nos expériences à la CECM à
Montréal, où nous avons des élèves qui sont
placés dans un aussi grand nombre que cinq différentes
bâtisses, mais avec seulement un principal.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux vous poser une question additionnelle?
Nous avons entendu M. Yvon Hétu, qui représentait les principaux
de langue française de la CECM, vous représentez les principaux
de langue anglaise à la CECM. Est-ce que actuellement, dans les faits,
il y a des enfants de langue anglaise, ou enfin qui prennent l'enseignement en
langue anglaise, qu'ils soient néo-québécois ou italiens
etc., qui sont divisés dans plusieurs écoles dans lesquelles il y
a à la fois des francophones et des anglophones?
M. QUINN: Oui, le système de la CECM est un système
où ordinairement vous avez les enfants d'une école, disons, vous
avez une école complète d'élèves anglophones, mais
peut-être dans une ou deux ou trois ou quatre écoles voisines,
dont la plupart des élèves sont francophones, vous avez une, deux
ou trois classes d'élèves francophones, on appelle cela des
annexes. Seulement le principal de l'école anglaise est responsable pour
leur progrès pédagogique.
M. CARDINAL: D'accord, ce que vous dites est très
intéressant, parce que l'on retrouve la même situation dans
Baldwin-Cartier où il y a des catholiques de langue française et
de langue anglaise.
M. QUINN: Oui, mais dans ces cas, le principal de l'école
anglaise est responsable pour le progrès pédagogique de ces
élèves...
M. SAINT-PIERRE: C'est cela, de l'école principale...
M. QUINN: Et il fait des arrangements avec le principal français
pour la discipline ou quelque chose comme cela dans l'école.
M. CARDINAL: Merci des explications.
M. LE PRESIDENT: Seriez-vous d'accord que l'on donne plus d'extension au
mot "local"? Par exemple, un professeur va avec ses étudiants faire une
visite industrielle et, à un moment donné, un représentant
d'une usine ou d'une industrie décide de donner un cours aux
étudiants, il faudrait alors donner au mot "local" un peu
d'extension.
MME. PASSERETTI: Yes.
M. SAINT-PIERRE: Merci M. le Président. Dans le bill 27, je peux
le donner en anglais ou en français, on dit "School means, one or more
groups of children and teachers under one principal or one person responsible
if there is no principal", qu'est-ce que vous n'aimez pas dans cela?
M. QUINN: I do not have the article. M. SAINT-PIERRE: It is article 70.
M. QUINN: Ah, oui!
M. SAINT-PIERRE: Page 8. I am talking about Bill 27.
M. QUINN: Yes, but what concerned us there, is that you could have one
or more groups of children, for instance, you could have a group of English
children and a group of French children in one school with one principal
responsible for the two groups as agreed there, now. One or more groups of
children and teachers under one principal, more groups could be a group of
English children and a group of French children with one principal.
M. SAINT-PIERRE: Now, I would not think
so, since a bit further on and a bit preceding this act was defined the
right of parents to have Protestant and Catholic schools and neutral schools
and other legislation gives the right for French and English school and if the
parents have a right to an English Protestant school, to take an example, we
define school in that expression, and English Catholic school, as one
consisting of one or more groups of children and teachers, presumably the
children are those who have selected English Protestant school, the teachers
are those who are teaching in an English Protestant school and they are under
the direction of a principal who is heading an English protestant group.
M. GUINN: Je pense que les mots importants pour nous dans notre
recommandation sont "une entité d'éducation".
We thought that it made it more precise, ces mots: une entité
d'éducation, an educational entity. I recognize the change in article 70
but it did strike us that it could be possible, that you could have two groups
with one principal. This is why we said: One educational entity, in the light
of the previous clarification which you have mentioned, that it made more clear
reference to that.
M. LE PRESIDENT: Allez.
MME. PASSERETTI: La recommandation no 2 devrait se lire comme ceci:
"L'association recommande qu'une commission scolaire ouvre une école
quand les parents du nombre minimum d'élèves requis par les
normes établies par le ministère de l'Education en font la
demande."
M. CARDINAL: Une école dans le sens qu'on vient de discuter.
MME. PASSERETTI: C'est cela.
M. CARDINAL: Ce n'est pas une bâtisse.
MME. PASSERETTI: Pardon?
M. CARDINAL: Ce n'est pas un édifice?
M. QUINN: Oui, exactement.
M. CARDINAL: C'est un principal, avec des enseignants et des
étudiants.
M. QUINN: Exactement. On dit les normes, parce qu'il se peut que les
normes changent. Je ne suis pas sertain, mais je pense que maintenant, quand
vous avez 225 élèves, au niveau élémentaire, vous
établissez une école; je pense que c'est 600 au niveau
secondaire.
M. CARDINAL: Je vais vous poser une question. Est-ce que vous remettez
ceci entre les mains du ministère de l'Education, qui est assez loin de
Montréal? Pourquoi votre suggestion ne remet-elle pas cette
décision au conseil de l'île de Montréal?
M. QUINN: C'est exactement pour qu'on ne dise pas que c'est absolument
nécessaire. On parle ici de l'île de Montréal, seulement de
l'île de Montréal, parce que les distances ne sont pas assez
grandes. Il se peut que les parents veulent ou aiment mieux que les enfants
soient plus proches de leur maison, disons avec une ou deux classes dans une
école française, que d'aller à un mille pour avoir une
école complètement anglaise. Ici, cela laisse la
prérogative aux parents de le demander, ils ont le droit de demander une
école quand il y a assez d'élèves à une
école, s'ils veulent envoyer leurs enfants à une plus grande
distance.
M. CARDINAL: Right, but, according if I understood well to
the rulings, which will be enacted by the Minister of Education, not by the
island council?
M. QUINN: That is right, in other words, if the minister's norms... I
see, yes, it would use the norms established provincially, but it would give
them the right... This would be correct.
M. CARDINAL: I am a bit surprised anyway. C'est bien.
M. PICARD: Le changement que vous nous demandez d'apporter c'est
après les mots: Toutes les fois...
MME. PASSERETTI: Je vais relire la recommandation: Notre association
recommande qu'une commission scolaire ouvre une école quand les parents
du nombre minimum d'élèves...
M. PICARD: Justement, à ce point-là, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de dire: Quand les parents de la minorité ou du groupe
minoritaire? Ça reviendrait à la même chose.
MME. PASSERETTI: Je ne sais pas si...
M. CARDINAL: Groupe minoritaire, à quel point de vue,
linguistique ou confessionnel?
MME PASSERETTI: C'est cela. Tout ce qu'on aimerait dire est que, s'il y
a assez d'élèves selon les normes établies par le
ministre, les parents puissent demander qu'il y ait une école pour ces
élèves-là et qu'ils ne soient pas répartis dans
peut-être dix différents locaux, s'ils le désirent.
M. PICARD: C'est cela votre but... MME. PASSERETTI: C'est cela.
M. PICARD: ... d'éviter qu'ils soient répartis dans quatre
ou cinq édifices différents.
MME. PASSERETTI: Et s'il y en a assez, conformément aux normes
que le ministre donne, les parents pourraient demander qu'il y ait une
école.
Page 6, recommandation no 3. Notre association recommande que le
comité d'école ait le pouvoir d'accepter ou de rejeter tout
règlement proposé à l'intérieur de l'école
ayant rapport avec la confession religieuse ou la non-confession religieuse de
l'institution, compte tenu des règlements des comités catholique
et protestant du Conseil supérieur de l'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Madame, au sujet de cette recommandation, que
le comité d'école ait le pouvoir d'accepter ou de rejeter tout
règlement, est-ce que, dans votre esprit, il s'agit là d'un
comité consultatif ou d'un comité qui aurait voix
délibérative? Est-ce que ce comité n'a que le devoir de
donner des avis ou s'il peut prendre des décisions qui iraient contre la
volonté des commissaires?
MME. PASSERETTI: En fait de confessionnalité, je crois que ce
comité devrait avoir le droit de prendre des décisions pour ce
qu'il veut avoir dans l'école.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous voulez en faire un comité
non pas consultatif mais délibératif.
M. QUINN: Seulement dans la confessionnalité, en dehors des
autres matières.
MME. PASSERETTI: Seulement dans la confessionnalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Et voici, M. Quinn, quel est le
problème qui se pose. Lorsqu'on donne des pouvoirs à un
organisme, on lui donne des pouvoirs de décision ou des pouvoirs de
consultation. On ne peut pas fragmenter les droits qu'on lui accorde, les
pouvoirs qu'on lui accorde.
Ou ce comité d'école a des pouvoirs de décision et
n'est plus un comité consultatif, ou il n'a pas de tels pouvoirs de
décision... ou il a ces pouvoirs de décision et il devient
délibératif.
Là, c'est le ministre qui peut vous dire si c'est son intention
de doter les comités d'école de pouvoirs de décision en
quelque matière que ce soit.
M. CARDINAL: Mais avant que le ministre ne réponde, si vous me
permettez, si j'interprétais, à titre de juriste, le texte tel
que proposé, vous ne donnez pas un pouvoir de décision, vous
donnez un pouvoir de veto.
M. CHARRON: Oui.
M. CARDINAL: C'est une nuance, c'est la première fois que nous
avons une recommandation semblable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, si mon collègue me le permet, un
pouvoir de veto, à toutes fins utiles, devient un pouvoir de
décision puisqu'il paralyse l'action de l'instance
supérieure.
M. CHARRON: Un pouvoir de décision veut habituellement dire
pouvoir d'initier des nouvelles choses...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De mettre en marche, parce qu'initier est un
anglicisme, mon collègue le sait.
M. CHARRON: De mettre en marche si vous voulez, mais là c'est
stopper les initiatives qui sont prises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais il y a quand même une chose
importante et j'ai vécu assez longuement aux Nations-Unies pour le
savoir. La Russie ayant un droit de veto, d'accord, elle ne pouvait pas mettre
en marche des projets mais elle avait quand même ce droit, elle l'a
encore d'ailleurs, de paralyser toute initiative, ce qui revient à lui
donner, de façon indirecte, un pouvoir de décision. On le lui
donne de façon négative en lui permettant de dire non à
certaines décisions de la commission scolaire, en l'espèce. Par
conséquent, même si cette formulation paraît inédite,
c'est la première fois qu'on nous fait une semblable proposition ce
matin...
M. CARDINAL: Non pas qu'elle soit inouie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il reste que ce pouvoir, ce droit de veto
revient à limiter le pouvoir de décision du comité
d'école. Le ministre a donc à faire un choix entre donner un
pouvoir de décision ou n'en pas donner, ou bien essayer de concilier
pouvoir de décision, pouvoir délibératif et assortir tout
ça d'un droit de veto, ce qui revient au même. A ce
moment-là, on paralyse le travail de ces commissaires.
M. PICARD: Je ferai remarquer au député de Chicoutimi que
vous pouvez difficilement donner un droit de veto à un organisme
consultatif. Un organisme exécutif peut avoir un droit de veto...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement ce que je suis en train de
démontrer.
M. PICARD: Vous dites: Essayer de concilier. Vous ne pouvez pas
concilier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais le député d'Olier le
sait, si je fais cette démonstration, ce n'est pas pour défendre
la thèse qui nous est présentée...
M. PICARD: Oui mais vous ne pouvez pas concilier les deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ni pour demander au ministre de marier le
feu et l'eau, c'est impossible.
Personnellement, je ne vois pas que cela puisse se concilier puisque ce
droit de veto, à toutes fins utiles, ferait du comité consultatif
un comité qui aurait pouvoir de décision, même en tenant
compte de tous ces sujets discutés et des décisions.
M. PICARD: J'aimerais ajouter que le comité consultatif qui,
à mon avis, doit demeurer comme tel, c'est-à-dire un
comité consultatif qui aurait toujours recours, par l'entremise de son
intermédiaire, au Conseil supérieur de l'éducation, soit
au comité catholique ou au comité protestant pour protester
contre une décision prise par la commission scolaire concernée.
Il reste que, théoriquement, une commission scolaire ne doit pas prendre
des décisions qui vont à l'encontre des règlements du
ministère de l'Education.
M. CARDINAL: C'est déjà arrivé quand
même.
M. PICARD: C'est la base de toute l'affaire. Ils auraient le droit de
protester au Conseil supérieur de l'éducation contre une telle
décision.
M. LE PRESIDENT (Assad): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je voudrais avoir une explication sur votre recommandation
3. Je l'avais entendue un peu comme le député de Bagot. Au
départ c'est que vous vouliez reconnaître au comité
confessionnel un pouvoir de veto. Quand je relis la recommandation vous dites:
"On devrait leur reconnaître le pouvoir d'accepter ou de rejeter
c'est là où je vois la possibilité de veto tout
règlement proposé à l'intérieur de l'école".
Qui, selon vous, autre que ce même comité peut proposer un
règlement en matière confessionnelle à l'intérieur
de l'école, sinon, le comité catholique ou le comité
protestant du Conseil supérieur de l'éducation? Mais un peu plus
loin dans la recommandation vous dites: "Compte tenu des règlements des
comités catholique et protestant du Conseil supérieur de
l'éducation." La volonté de qui, finalement, peuvent-ils
contrecarrer si vous acceptez la juridiction du comité catholique et du
comité protestant du Conseil supérieur?
M. QUINN: Premièrement, quand à nous, l'école est
une extension de la famille mais la famille ne donne pas à
l'école tous les pouvoirs d'une famille. Nous pensons qu'il y a une
partie des responsabilités familiales qui doit être surtout la
responsabilité des parents, c'est-à-dire la
confessionnalité de l'éducation religieuse de leur enfant.
Prenons un exemple concret... une école secondaire où les
aumôniers décident que c'est plus efficace d'avoir les messes dans
les classes pour de petits groupes. Supposons que c'est une grande école
et que c'est plus simple d'avoir ça durant les périodes d'anglais
ou de mathématiques parce qu'il y a plus de périodes de cette
matière que de périodes d'instruction religieuse.
Cela commence à couper le temps accordé à une
discipline particulière. Je pense que, dans une telle situation, le
comité d'école, les parents, peuvent dire: Non, vous ne le ferez
pas comme ça. Et c'est une chose qui arrive dans plusieurs
écoles; vous avez des services liturgiques pendant les classes, pendant
le temps alloué à quelque matière que ce soit. Cela arrive
parfois. Et il y a des abus, nous le savons. Au niveau
élémentaire, il arrive parfois que le curé décide
qu'il y aura une messe telle ou telle journée, chaque premier vendredi
du mois. C'est une chose qui existe et qui coupe une demi-journée
d'enseignement. C'est un exemple, comme vous le demandez, où nous
pensons que les parents pourront prendre une décision et dire non.
La recommandation vient du rapport Pagé, du Conseil de la
restructuration scolaire. Et ce sont de tels exemples qui nous font penser que
les parents doivent avoir un droit de veto. Mais seulement sur les questions
confessionnelles. L'application de la confessionnalité au niveau de
l'école. Seulement sur cette question. Et on divise les pouvoirs, parce
que nous pensons que l'école apporte tous les pouvoirs, toutes les
probabilités aux parents.
M. CHARRON: Si je vous ai bien compris, M. Quinn, c'est un droit de veto
sur une décision d'allure un peu pédagogique qui serait prise
à l'intérieur de l'école, par la direction de
l'école.
M. QUINN: Oui.
M. CHARRON: Vous croyez que le cas est suffisamment fréquent pour
en faire une disposition de la loi?
M. QUINN: C'était fréquent jusqu'à disons il y a un
ou deux ans. Maintenant je vais expliquer en anglais, si vous voulez
the methods of teaching religion are changing so much that it is not
possible to judge what from confessionality is going to take in the future. We
are in a period of great transition and I think this safeguards that no abuses
will creep in again. Because there were abuses in the past, you know.
Sometimes, I can speak of principals, you know, who get a phone call on
Thursday afternoon by the Pastor who says: Tomorrow, we are going to have mass.
The whole school stops, half a day. Teachers had work planned...
M. CHARRON: Mais la répartition des périodes
pédagogiques entre les différentes matières,
est-ce que ce n'est pas une norme fixée par le ministère
de l'Education plus que laissée à la discrétion de chaque
école, que de donner à un endroit huit heures de
mathématiques par semaine et à un autre douze?
M. QUINN: Oui.
M. CHARRON: Est-ce que ce n'est pas le ministère qui fixe au
niveau de chaque...
M. QUINN: Au niveau secondaire surtout, il y a des flexibilités.
Vous pouvez jouer un peu avec cela. Et c'est possible. Disons que vous avez
besoin d'un cours supplémentaire de mathématiques, vous pouvez le
prévoir pour trois périodes, pendant six jours. Avec quelques
cours comme ça, ça commence à vous donner un petit morceau
et ça peut devenir un assez grand morceau du temps de
l'élève par classe.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. GUAY: Je trouve cette recommandation numéro 3 très
importante et je me demande si on n'a pas interprété un peu
celle-ci.
Il est bien dit: Le pouvoir d'accepter ou de rejeter tout
règlement proposé. Je pense que c'est un peu plus, quand
même, qu'un droit de veto. Si j'ai un droit de veto sur quelque chose,
j'ai le droit de surveiller, de formuler des recommandations, mais je
pense...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien non! Le droit de veto, c'est le droit de
dire oui ou non.
M. GUAY: Alors, est-ce que c'est la même chose qu'un pouvoir de
décision? Je pense qu'il existe q'uand même une différence.
Si j'ai un droit de veto, ai-je le droit de décider?
M. CARDINAL: Bien, vous décidez de dire non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez le droit de dire non, d'exprimer que
vous n'êtes pas d'accord de façon catégorique. Un droit de
veto, au sens du droit, au sens juridique, cela veut dire que, dès le
moment où vous l'exercez, cela paralyse toute activité, de sorte
que si j'ai décidé de faire telle ou telle chose, je ne puis pas
le faire de par votre volonté, parce que vous exercez votre droit de
veto.
M. GUAY: Alors, c'est un droit d'accepter ou de rejeter quand
même.
M. CHARRON: Comme, par exemple, au Québec, à la
Confédération. Quand Ottawa prend une mauvaise décision,
l'on dit non et Ottawa ne le fait pas.
M. GUAY: Mais ce n'est pas le...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est comme le droit de s'opposer à
ceux qui mettent des bombes.
UNE VOIX: Ordinairement, ils en mettent même si on dit non.
M. GUAY: Mais, ce n'est pas un pouvoir de décision. Je ne peux
pas transformer ou je ne peux pas changer ce que je devrais accepter ou
refuser. D'accord, cela éclaire mon affaire.
M. PICARD: On ne peut pas dire que quelqu'un ait utilisé un droit
de veto pour dire oui!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. GUAY: Mais quand même il peut décider de dire oui ou
décider de dire non. Alors, moi, ce que je veux savoir, c'est si c'est
un réel pouvoir de décision, un droit de veto? Parce que ce n'est
pas un droit de veto qui est inscrit dans la recommandation 3, c'est le pouvoir
d'accepter ou de rejeter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un droit de veto.
M. GUAY: Alors, nous pourrions changer ces mots-là par droit de
veto.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Mais voici, M. Guay, c'est qu'il y a une
formulation ici qui est très nette: droit de veto, cela implique enfin
cette faculté que vous avez de dire non. Alors l'on dit rejeter,
accepter, mais, c'est en réalité dire non. A partir du moment
où vous acceptez, vous n'exercez pas un droit de veto, mais quand vous
dites non, vous vous opposez et c'est cela un droit de veto.
M. GUAY: Alors, ce n'est pas accepter ou rejeter, mais c'est tout
simplement ne pas accepter. C'est plutôt cela.
M. SEGUIN: Il y a aussi une espèce de nuance que l'on pourrait
lire dans cette recommandation, c'est que la loi, telle que
rédigée, donne un droit aux parents, à la
confessionnali-té. Je pense que la loi donne déjà ce
droit. Mais est-ce que la loi, réellement, donne le pouvoir d'exercer ce
droit? Si on laisse cela entre les mains de la commission scolaire locale
et cette commission, dans certains cas, pourrait être dans un
milieu où la population serait mixte, catholique et protestante,
où il se pourrait que la majorité des commissaires soit d'une
religion autre que catholique si elle avait le droit de décider
sur les moyens d'exercer ce droit de confessionnalité, est-ce qu'il ne
pourrait pas y avoir des abus?
Cette recommandation en somme, dit: Vous, les parents, à qui le
loi donne un droit d'exercer ou d'avoir vos droits de confessionnalité
à l'école, vous pouvez vous assurer du droit
d'exercer, du pouvoir d'exercer ce droit en ayant ce droit de veto, ce
droit d'accepter ou de rejeter. Je pense qu'il y a quelque chose ici pour
garantir le droit de confessionnalité qui n'est pas garanti dans la loi
présente.
M. LE PRESIDENT: Le député de St-Laurent.
M. PEARSON: Je voudrais demander ceci au ministre. Je suis d'accord avec
le député de Chicoutimi quand il dit qu'on ne doit pas fragmenter
le pouvoir de décision. Cependant, je note dans votre recommandation no
3 une certaine inquiétude de possibilité d'abus. Est-ce que la
loi est suffisamment claire à ce sujet-là pour permettre
d'empêcher des abus comme ceux qui ont été
mentionnés tantôt par l'association des principaux?
M. CARDINAL: C'est au ministre à répondre.
M. PEARSON: Est-ce qu'il y a un mécanisme quelconque dans la loi
qui empêcherait des possiblités d'abus qui ont amené une
recommandation comme celle-là? En somme, on est pris entre les deux. Il
ne faut pas fragmenter le pouvoir de décision mais, en même temps,
il faut essayer de contrecarrer les possibilités d'abus.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, dans la loi, il y a quand même un
partage des responsabilités. On a tenté de faire un
équilibre dans ce que vous avez mentionné. Il me semble que c'est
la même suggestion qu'on a eue entre les commissaires et le
comités de parents. Il faut très bien identifier le pouvoir de
décision, qui appartient aux commissaires, qui, à leur tour, le
délèguent à d'autres. Je pense qu'il serait dangereux
d'avoir dans notre législation scolaire une situation confuse où,
constamment, on ne sait pas qui prend les décisions et qu'on se renvoie
la balle. Cela risque de provoquer de l'inertie.
Maintenant, compte tenu strictement de cette structure administrative,
on ajoute des mécanismes à différents paliers. Les
enseignants en ont par le biais de conventions collectives, d'ententes et de
comités conjoints. Les parents en ont par leur comité de parents
qui leur permet, vis-à-vis du pouvoir de décision, d'apporter un
point de vue, tant au niveau de l'école qu'au niveau de la commission
scolaire. Le comité confessionnel en a pour la confessionnalité
touchant à la fois la réglementation provinciale mais
également la nomination des principaux. C'est donc le type
d'équilibre qu'on a tenté de rechercher.
M. PEARSON: Supposons que les parents sont conscients que dans une
école, par exemple, il y a vraiment abus. Quel serait alors le
mécanisme ou les actions à poser pour eux?
Est-ce que ce serait de rencontrer la commission scolaire et ni plus ni
moins la forcer à revenir sur sa décision?
M. SAINT-PIERRE: Oui... nous avons là un type d'amendement. On me
demandait quel type d'amendement le gouvernement envisage. Un des types
d'amendements qu'on examine dans le moment est celui-ci: Est-ce que, tenant
compte que, quand même, ce sont des solitudes qu'on rapproche en somme,
qu'il y a bien des gens ne se connaissant pas et qui vont être
obligés de travailler ensemble, il n'y a pas lieu, comme type
d'amendement, de prévoir un genre de protecteur du citoyen, un genre du
système scolaire qui pourrait, avec un petit secrétariat,
recevoir des plaintes de parents, des plaintes en dehors des relations de
travail ou des plaintes de personnes qui ont l'impression d'être
lésées?
Peut-être que l'ombudsman, dans bien des cas pourrait simplement
être un régulateur, celui qui permettrait d'expliquer, par une
tierce personne, à des gens qu'il n'y a eu aucune injustice, que justice
et équité leur ont été rendues. Dans d'autres cas,
il pourrait peut-être porter à l'attention des autorités
qui ont pris une décision le fait que, d'après quelqu'un, il y a
eu injustice, qu'on aurait dû prendre une autre décision.
M. PEARSON: D'accord.
M. GUAY: On peut demander cela au ministre. Est-ce qu'il y a plus de
dangers d'abus, si ce sont les commissaires qui prennent les décisions
ou si ce sont les parents ou vice versa?
M. SAINT-PIERRE: Il s'agit de savoir qui va prendre les décisions
et nous, on a opté pour que ce soient les commissaires qui prennent les
décisions, commissaires qui, eux, sont élus par l'ensemble de la
population. Les parents ont un rôle consultatif. Je l'ai dit à
plusieurs reprises, je ne peux penser à aucune législation
scolaire qui donne un rôle aussi précis aux parents que nous le
faisons avec les rôles 27 et 28; mais il reste qu'il ne faut jamais
perdre de vue que celui qui prend les décisions, c'est le
commissaire.
M. GUAY: Alors, cela signifie quand même que le comité
d'école n'a absolument aucun pouvoir de décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que l'on dit depuis le
début.
M. SAINT-PIERRE: On dit cela depuis six semaines.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et auparavant.
M. CARDINAL: On le dit depuis le 4 novembre 1969.
M. GUAY: Je tenais quand même à vous le faire
répéter une autre fois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais il est important que...
M. GUAY: Mais cela signifie quand même que l'on rejette
carrément la recommandation numéro 3. Pour moi, ça
signifie cela.
M. SAINT-PIERRE: J'ai fait miennes les recommandations de l'association
visant à la sauvegarde des commissions scolaires confessionnelles. Alors
moi, à la commission scolaire, j'y crois.
M. GUAY: Moi aussi.
M. SAINT-PIERRE: Inutile de tenter de l'émietter en faisant
partager les pouvoirs de décision.
M. GUAY: Moi aussi, j'y crois à la commission scolaire, mais on
donne des pouvoirs au comité d'école ou on ne lui en donne
pas.
UNE VOIX: On ne lui en donne pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cela fait
au-delà d'un mois que nous nous sommes entendus sur ce sujet-là,
mais...
M. GUAY: D'accord, d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... si M. Guay, le député de
Richmond, veut défendre cette recommandation numéro 3, il peut
l'inscrire tout de suite au journal des Débats, afin que nous sachions
qu'il a partie liée avec l'organisme qui est devant nous.
M. GUAY: Ce que je tenais à vérifier, c'était tout
simplement si le ministre accordait une importance quelconque à cette
recommandation-là qui, à mon sens, était quand même
assez importante.
M. PICARD: M. le Président, le ministre tout à l'heure,
à mon avis, a apporté un élément nouveau lorsqu'il
a mentionné que le comité étudiait la possibilité
d'instituer un genre d'ombudsman. Alors, je me demande si son étude est
assez avancée pour qu'il puisse nous dire aujourd'hui si ce nouveau
poste serait au niveau du comité scolaire, de la commission scolaire ou
du conseil scolaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut-être que l'intervention du
député d'Olier va nous permettre d'éclairer la
situation.
M. CARDINAL: Cela s'est posé à l'occasion du
dépôt du rapport Dion. Il y a eu déclaration
ministérielle et réponse par notre humble serviteur en Chambre
à ce sujet. J'aimerais beaucoup entendre la réponse du ministre
aujourd'hui, après mûre réflexion.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, voulez-vous préciser votre
question?
M. PICARD: J'ai dit tout à l'heure que je considérais que
vous apportiez un élément tout à fait nouveau dans
l'étude du bill 28 lorsque vous avez mentionné que le
ministère étudiait la possibilité d'instituer un poste
d'ombudsman.
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement, pas le ministère.
M. PICARD: Mais à l'intérieur du ministère. Est-ce
que j'ai bien compris? Pour prendre les plaintes, par exemple, des parents qui
se sentiraient frustrés. J'aimerais savoir si les études que vous
faites présentement sur cette possibilité-là sont assez
avancées pour nous dire si ce poste serait créé au niveau
du comité d'école, de la commission scolaire, ou du conseil
scolaire?
M. SAINT-PIERRE: Il me semble qu'il ne faut pas qu'il y ait un
éparpillement. Il me semble que cela devrait être
créé au niveau du conseil scolaire. Il s'agit également
d'avoir un mécanisme. Il ne faut pas que ce soit quelqu'un qui
dépende directement du conseil scolaire en ce sens qu'il faut quelqu'un
qui doit avoir passablement d'autonomie, parce que, dans certains cas, la
plainte pourrait provenir d'institutions, comme une commission scolaire, qui se
plaindraient ou qui pourraient se plaindre de la décision du conseil
scolaire. Vous savez, c'est quelqu'un qui est un peu comme le protecteur du
citoyen au Québec, qui ne doit pas être relié de
près ou de loin directement avec le gouvernement puisque dans bien des
cas il étudie des décisions du gouvernement.
Il doit avoir une large mesure d'autonomie, de flexibilité.
Maintenant il n'a pas le pouvoir de décision, il a le pouvoir de rendre
public suivant que, dans tel cas une injustice a été commise et
que la décision aurait dû être autre. Et là je pense
que cela peut alimenter et permettre de réexaminer des questions.
Maintenant, j'ai dit que je n'en fais pas une déclaration de
principe, j'ai dit que c'était un type d'amendement qui me semblait
intéressant, puisque dans bien des cas on va dire à des parents:
Votre enfant doit fréquenter l'école située au coin du
boulevard Pie IX et de Bélanger. Les parents vont dire: C'est parce que
je suis anglophone. Si j'étais francophone je pourrais fréquenter
une école beaucoup plus près. Là, peut-être en
soumettant un cas à un protecteur, à une tierce personne, eh bien
ce type-là va dire: Eh bien non, madame, tenant compte de tous les
critères de la commission scolaire, il n'y a eu aucune discrimination.
Cela pourrait être également un comité d'école qui
se plaint que la commission scolaire l'empêche
de se réunir et je ne sais pas... C'est un type d'amendement que
le gouvernement et le conseil des ministres, et par après le caucus du
parti ministériel, examinent pour pouvoir voir quelle modalité
cela pourrait prendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le ministre, ce type de protecteur
des droits des parents, etc, il aura à s'occuper de ces griefs qui
pourraient être formulés sur des questions à propos de
problèmes linguistiques, confessionnels etc, et peut-être plus
particulièrement à propos de problèmes linguistiques.
Alors, j'aimerais rappeler au ministre qu'il existe un protecteur de la langue
auquel le ministre des Affaires culturelles a, en quelque façon, ravi
des pouvoirs, le mettant sur une tablette, alors que peut-être on pourra
le ressusciter et les $20,000 de salaire que gagne ce personnage seraient
utilisés de façon efficace et rentable. Mais l'amendement n'est
déjà plus nécessaire, cette personne existe...
M. SAINT-PIERRE: Je pense que résumer cela à un
problème linguistique, je pense que c'est simplement une fraction des
problèmes; nous avions envisagé beaucoup plus large que cela, de
déborder de beaucoup pour l'ensemble des problèmes qui touchent
le système scolaire, puisqu'il faut bien réaliser que le
protecteur du citoyen n'a aucune juridiction sur les décisions prises
par l'ensemble des gens dans le réseau scolaire montréalais.
M. GUAY: Cela veut dire que les parents auront tout de même le
pouvoir de se plaindre, c'est le seul pouvoir qu'ils ont.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Of course.
M. LE PRESIDENT: Vu que l'heure avance, on pourrait terminer avec les
recommandations, puis après, les membres de la commission pourraient
poser des questions.
MME. PASSERETTI: Page no 8, recommandation no 4. L'association
recommande que l'article 582 soit remplacé par un article
établissant sept commissions scolaires tel qu'il est proposé dans
le volume 4 du rapport Parent. L'association recommande cependant que les
limites proposées dans le rapport Parent soient rectifiées
à la lumière des récentes statistiques
démographiques qui indiquent un taux de natalité en
décroissance et que ces limites soient révisées toutes les
fois que c'est nécessaire. Page 9, recommandation no 5. L'association
recommande que l'exigibilité de citoyenneté stipulée dans
les articles 95 et 99 de la loi de l'instruction amendée par le projet
de loi no 27, soit rejetée. C'est la fin de la recommandation,
là.
Passons à la recommandation no 6: L'association recommande que
l'article 204 soit modifié en ajoutant ce qui suit à la fin du
second paragraphe: Plusieurs commissions scolaires peuvent se réunir en
vue de faire ensemble de telles nominations. Fin de la recommandation.
Page no 10, recommandation no 7. Remarquez que cette recommandation est
toute en lettres majuscules, ceci parce que notre association croit qu'elle est
très importante. L'association recommande que le paragraphe suivant soit
ajouté à la loi. Sur appel d'un ou de plusieurs comités
d'écoles, on d'un ou de plusieurs comités consultatifs d'une
commission scolaire, le conseil scolaire de l'île ou le ministre de
l'Education peut porter une commission scolaire ou des commissions scolaires
à modifier une décision ou des décisions prises en vertu
des articles 204, 496, 589, ou 595 de la Loi de l'instruction publique.
Nous croyons que cette recommandation est très importante. Fin de
la recommandation.
Passons à la page 11, recommandation numéro 8.
L'association recommande que l'article 589 soit modifié en
remplaçant le dernier paragraphe par le suivant: "La commission scolaire
doit établir un service pastoral. A la requête du comité
établi dans l'article 593 qui représente le groupe confessionnel
minoritaire, la commission scolaire doit nommer un directeur adjoint
responsable pour le groupe confessionnel minoritaire".
Page 12, recommandation numéro 9. Dans le cas où les sept
commissions scolaires régionales seront établies, l'association
recommande que l'article 600 soit amendé et qu'il se lise comme suit:
"Le conseil comprendra un minimum de onze membres, dont sept seront choisis par
les sept commissions scolaires et les quatre autres seront nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre. Au moins
trois membres du conseil devront agir comme représentants de la
minorité linguistique. Le lieutenant-gouverneur désignera autant
d'autres personnes qu'il en faut pour porter le nombre des représentants
de la minorité linguistique à trois".
M. PICARD: M. le Président, seulement une question. Dans
l'éventualité que la commission et le gouvernement n'acceptent
pas cette recommandation, du moins la première partie, et qu'ils
maintiennent les onze commissions scolaires au lieu de sept, est-ce que nous
devons comprendre que vous acceptez encore qu'avec onze commissions scolaires,
le gouvernement aurait le privilège de nommer les quatre autres
commissaires? Vous êtes d'accord sur cela.
M. QUINN: Pour les fins de rendre le conseil plus représentatif
de la communauté et d'assurer assez de représentation pour les
minorités. Ce n'est pas proposé dans la loi actuellement que les
quatre nominations du ministre ont pour but d'assurer un équilibre et
une représentation adéquate. C'est indiqué pour les
commissions scolaires, mais ce n'est pas indiqué pour le conseil de
l'île.
M. PICARD: Je comprends.
MME PASSARETTI: Recommandation numéro 10. L'association
recommande que le conseil choisisse parmi ses membres son président et
son vice-président.
Page 13, recommandation numéro 11. L'association recommande que
l'article 618 soit modifié en ajoutant ce qui suit à la fin du
premier paragraphe: "Au moins un membre du comité exécutif doit
être membre du groupe de la minorité linguistique".
Recommandation numéro 12. L'association recommande que l'article
623 soit modifié pour être lu comme suit: "Un secrétaire
général et deux assistants-secrétaires
généraux dont l'un doit être nécessairement
anglophone seront nommés par le conseil".
Page 15, recommandation numéro 13. L'association recommande que
l'article 9, paragraphe a), des dispositions transitoires soit modifié
comme suit: "Cinq personnes, dont l'une doit être anglophone, parmi les
membres de la Commission des écoles catholiques de Montréal".
Recommandation numéro 14. L'association recommande que l'article
10 des dispositions transitoires soit modifié en ajoutant les mots
suivants, à la fin de la troisième ligne: "Un d'entre eux doit
être anglophone".
Recommandation numéro 15. L'association recommande qu'il soit
alloué plus de temps au comité provisoire pour accomplir son
travail en modifiant l'article 4 des dispositions transitoires pour lire "juin
1974, au lieu de juin 1973".
Voilà les points essentiels de notre mémoire. Merci de
votre attention. Nous sommes prêts à expliquer quelques points si
vous avez des questions.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'aurais une question. Nous
avons discuté avec plusieurs groupes de la grandeur maximum ou du nombre
d'élèves maximum pour une commission scolaire. Il y avait
évidemment, dans le cas d'une commission scolaire unifiée avec
des minorités à la fois religieuses et linguistiques,
peut-être deux façons d'aborder le problème.
C'est-à-dire un seuil maximum et, si on le dépasse, on risque que
la commission scolaire soit trop grosse et ne soit pas assez près des
problèmes de la collectivité.
Mais aussi un seuil minimum où, dans la majorité des cas,
les minorités ont suffisamment d'élèves pour être
capables d'avoir une certaine direction pédagogique, même si
ça implique des accords avec les autres.
Je remarque que, dans le cas des anglophones catholiques, on vous
retrouve à peu près dans un nombre qui varie entre 5,000 et
8,000, dans toutes les commissions scolaires à l'exception de la
commission scolaire no 9 où, de toute façon, il n'y a pas
tellement d'anglophones. Quel est, d'après vous, ce nombre? Je crois
deviner que votre recommandation demande de réduire de onze à
sept. Est-ce que le groupe de 35,000 en moyenne que nous trouvons dans les
commissions scolaires n'est pas suffisant pour que la commission scolaire
unifiée soit viable ou est-ce que vous trouvez que plus
particulièrement le groupe anglo-catholique, entre 5,000 et 7,000 n'est
pas suffisamment grand, mais qu'en le réduisant de onze à sept,
il faut bien reconnaître qu'on le fera passer de 6,000 en moyenne
à 8,500 à peu près? Est-ce que cet écart de 2,500
élèves fait toute la différence au monde, d'après
vous, sur le plan de la direction pédagogique?
M. QUINN: Je pense que c'est important. Les recherches faites par la
commission Parent et par la commission Pagé ont indiqué qu'un
plus grand nombre d'élèves est nécessaire, disons 60,000.
Mais ce n'était pas prévu que ces 60,000 soient
diversifiés linguistiquement. Maintenant, nous avons l'expérience
de la CECM à Montréal, nous avons deux régions anglaises
et chacune a environ 20,000 à 22,000 élèves. C'est
possible avec ce réseau d'élèves d'établir assez de
services pédagogiques pour assurer qu'il y ait une éducation de
qualité.
Nous avons eu récemment, il y a deux ans, des coordonnateurs et
des animateurs pour l'enseignement de la langue française et ça a
fait une différence, pas fantastique, mais une assez grande
différence dans la qualité de l'enseignement de la langue seconde
dans notre commission.
M. SAINT-PIERRE: Mais vous reconnaissez cependant que si le chiffre de
22,000 par région à la CECM vous semble satisfaisant pour avoir
une direction pédagogique appropriée, qu'à moins d'opter
pour avoir trois commissions scolaires unifiées sur l'ensemble de
l'île de Montréal, vous ne retrouverez pas 22,000
anglo-catholiques.
M. QUINN: Je ne dis pas que c'est nécessairement 22,000 mais je
sais qu'avec 20,000 ou 22,000, ça fonctionne. On sait que dans les
autres commissions scolaires, plus petites, on arrive à un certain point
où c'est impossible d'établir ces services.
M. SAINT-PIERRE: Quel est d'après vous ce point, par ordre de
grandeur?
M. QUINN: Je ne peux pas établir ça définitivement
mais je pense qu'à peu près 15,000 élèves, c'est
probablement le minimum d'élèves de n'importe quel groupe. Je ne
suis pas certain s'il y a 15,000 élèves francophones dans la
commission scolaire proposée no 10. Cela peut être un
problème là aussi pour les minorités.
M. SAINT-PIERRE: Mais c'est qu'avec une moyenne de 72,000
anglo-catholiques à l'échelle de l'île de
Montréal, pour avoir 15,000 élèves, cela veut dire que le
gouvernement opte pour cinq commissions scolaires unifiées.
M. QUINN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Mais cinq commissions scolaires unifiées pour un
grand total de 400,000 élèves, ça veut quand même
dire qu'il y a 80,000 élèves par commission scolaire.
M. QUINN: Je m'excuse, on ne demande pas qu'on établisse les
services seulement pour les anglo-catholiques. Il y a des protestants aussi. Je
pense qu'en tout il y a presque 150,000 élèves anglophones.
M. SAINT-PIERRE: Cent quarante-trois mille.
M. QUINN: Cent quarante-trois mille, alors, je pense que si on divise ce
nombre par sept, ça peut nous donner au moins 20,000. Evidemment, les
anglophones ne sont pas disséminés également dans chaque
commission scolaire, mais sept pour les anglophones, pas seulement pour les
anglo-catholiques.
M. SAINT-PIERRE: Pour quelle raison votre association est-elle favorable
à la commission scolaire unifiée?
MME PASSERETTI: Notre expérience jusqu'à maintenant avec
la Commission des écoles catholiques de Montréal est très
favorable.
Nous avons cela. Il y a aussi un autre point.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous trouvez que les craintes
exprimées par des groupes comme il faut en nommer le PSBGM
ne sont pas justifiées?
MME PASSERETTI: Nous sommes naturellement préjugés parce
qu'on nous a bien traités.
M. SAINT-PIERRE: Eux, parlent d'une situation où ils n'ont pas
connu une commission scolaire unifiée. Vous, vous l'avez connue depuis
un siècle et avec votre connaissance des faits je sais qu'il n'y
a rien dans ce monde qui est parfait vous trouvez que leurs craintes ne
sont pas justifiées?
MME PASSERETTI: Peut-être pouvons-nous comprendre pourquoi il y a
une crainte. D'après notre expérience, nous sommes prêts
à dire: Avec certains amendements, nous y allons, parce que cela a
été favorable. Mais si on poursuit sur ce point-là et si
on commence à fragmenter le vote au niveau des écoles, nous
disons: Nous allons commencer à avoir des anglophones et des
francophones. Et ce qui arrive ensuite au niveau de la province, au niveau du
pays, c'est sur quoi allons-nous commencer à voter? Une section
anglaise, une française? Je crois, que pour le bien de tout le monde,
nous sommes mieux avec les écoles unifiées.
M. SAINT-PIERRE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions? La commission vous
remercie de vos recommandations.
M. QUINN: Est-ce que nous pouvons indiquer quelque chose qui est
très important: la recommandation no 7? Nous croyons que c'est bien
important que vous en preniez note parce que cela est déjà
arrivé dans le cas de Saint-Léonard. D'après un article de
la Montreal Gazette, le ministre a indiqué qu'il n'a pas le pouvoir
d'agir dans le problème de Deux-Montagnes et de Chambly. Cette
recommandation no 7 a pour but de donner le pouvoir au conseil de l'île
ou au ministre d'agir dans quelques cas spéciaux, disons comme la
situation actuelle dans Deux-Montagnes. Cela ne dit pas que le ministre peut
agir directement mais seulement sur demande des parents. Je pense que la Loi de
l'instruction publique donne aux citoyens le droit d'appel aux tribunaux pour
des choses telles que le taux d'évaluation et des clauses
pécuniaires. Il n'y a aucun moyen pour les parents d'avoir un moyen
d'appel sur une décision qui porte sur l'éducation de son
enfant.
M. SAINT-PIERRE: Mais en dehors de ce concept de protecteur du citoyen
que j'ai invoqué. vous réalisez que votre recommandation
cependant modifie en quelque sorte les règles du jeu et qu'elle peut les
modifier dans tous les sens. Finalement, pour prendre un cas où le
conseil scolaire peut renverser les décisions d'une commission scolaire,
aussi bien dire que c'est finalement le ministre qui va prendre toutes les
décisions et que même des décisions qui dans un groupe vous
conviennent pourraient être renversées parce qu'il y a toujours
deux côtés à la médaille, il y a toujours un groupe
qui n'est pas satisfait. En d'autres termes, si l'on reprend le cas de
Deux-Montagnes, cela voudrait dire que c'est le ministre qui va décider
lequel des deux groupes a raison. Moi, cela me semble modifier quand même
passablement les règles du jeu qu'on s'est données jusqu'ici. Je
ne suis pas certain que c'est une...
M. QUINN: Premièrement, un protecteur du citoyen n'a pas de
pouvoir de décision. Remarquez bien que les premiers mots de cette
recommandation sont: "sur appel des parents". L'initiative doit donc venir du
comité de l'école ou du comité provisoire de la commission
scolaire.
M. SAINT-PIERRE: Là, c'est dire que, d'une part, les parents ou
l'ensemble de la collectivité vont élire les commissaires et que,
d'autre part, on leur permet de garder dans leur poche arrière un
mécanisme tel que si les commissaires élus
par les parents ne rendent pas des décisions qui conviennent
à un groupe particulier, on peut faire appel et faire renverser ces
décisions. Cela ne me semble pas de la démocratie
particulièrement efficace.
M. QUINN: Il se peut que se soit seulement le conseil de l'île qui
puisse faire ça. Nous pensons que c'est nécessaire d'avoir un
mécanisme d'appel dans quelques cas. Par exemple, la question à
savoir quelle école fréquente l'élève parce que
l'on impose des divisions sur la situation qui existe maintenant sur
l'île. C'est presque garanti que nous allons avoir des problèmes
pour des élèves qui ne peuvent pas fréquenter leur
école parce que cette école appartient maintenant à une
autre commission scolaire. C'est presque certain que cela va arriver.
M. PICARD: J'aimerais faire remarquer, M. le Président, que lors
de l'élection des commissaires d'écoles, il y aura des
élus mais il y aura aussi des perdants. A ce moment-là, ces
perdants n'auront tout simplement qu'à s'organiser de façon
à demander à chaque fois au ministre de trancher les
problèmes.
M. QUINN: Peut-être pas le ministre, peut-être seulement le
conseil. Mais je pense que c'est absolument nécessaire. Souvenez-vous du
problème qui a suivi la situation de Saint-Léonard. Ce
n'était pas seulement une situation locale, c'était presque un
poison pour toute la province. Seulement parce que la loi ne contient aucune
disposition pour appel dans une telle situation. Aucune personne peut agir si
ce n'est par une législation spéciale. Dans une telle situation,
je comprends parce que nous étions impliqués dans la situation
à Saint-Léonard. On a travaillé assez fort behind the
scene, quietly, trying to keep things calm. Et nous savons que c'est presque
impossible pour le ministre d'agir à ce moment-là. Parce que la
loi ne le permet pas.
Nous pensons que c'est nécessaire d'avoir quelque moyen d'appel.
Quant au protecteur du citoyen, ce n'est pas suffisant. Il n'a pas le pouvoir
de faire des recommandations.
Je veux souligner aussi, sur un autre point, que nous sommes satisfaits
des dispositions concernant les minorités au niveau des commissions
scolaires. Mais c'est remarquable qu'il n'y ait aucune disposition concernant
les minorités au niveau du conseil. Il n'y a presque aucune disposition
à l'effet que les minorités aient un minimum de voix au niveau du
conseil. C'est pour cela que nous avons fait des recommandations sur ce
point.
Le dernier point c'est que, à la CECM, il y a seulement un
commissaire anglo-catholique. Et si ce monsieur est placé au conseil de
l'île, ça deviendra probablement presque impossible pour lui
d'être à deux endroits en même temps. Nous sommes
placés dans une situation d'avoir soit une voix à la Commission
scolaire catholique de Montréal ou une voix au conseil transitoire.
C'est alors que nous demandons à un de ces membres un remplaçant
à la commission scolaire puisque nous pouvons avoir quelqu'un aux deux
endroits. Ce n'est pas une représentation proportionnelle mais, au
moins, c'est une voix.
M. LE PRESIDENT: La commission vous remercie pour votre mémoire.
Avec la permission de la commission, nous allons passer maintenant à
l'Ecole Saint-Jacques de Montréal, avec M. Benoît Beaudoin,
principal.
Ecole Saint-Jacques
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce qu'on peut poser une
question. On va attendre que M. Beaudoin soit à sa place. Deux
questions, M. le Président. Premièrement, je pense que la
commission n'a pas reçu le mémoire de l'Ecole Saint-Jacques, nous
ne l'avons pas en notre possession. Je pose la question parce qu'il avait
été convenu, dès le début...
M. BEAUDOIN: Les cent copies du mémoire numérotées
ont été envoyées et reçues, certainement, au plus
tard mardi.
M. CARDINAL: Je ne vous accuse pas, je pose la question à la
commission. Nous ne l'avons pas.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Saint-Jacques a
une copie?
M. CHARRON: J'ai une copie. M. CARDINAL: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: Il n'en a qu'une copie?
M. BEAUDOIN: Je ne sais pas s'il y a une irrégularité au
point de vue de la procédure, mais il y a quelqu'un qui est venu,
représentant le député de Saint-Jacques, et qui a
demandé à un de nos membres s'il pouvait avoir une copie. Comme
je ne suis pas au courant de la procédure, je m'excuse
personnellement.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez envoyé les copies à quel
endroit, monsieur?
M. BEAUDOIN: Au secrétariat des commissions parlementaires.
M. CARDINAL: Enfin, ça répond à la première
question, je n'insisterai pas davantage. Je ne ferai pas une guerre de
procédure.
Ma deuxième question: Quand vous dites que vous
représentez l'Ecole Saint-Jacques, est-ce que c'est la direction de
l'Ecole Saint-Jacques, est-ce que ce sont tous les enseignants
de l'Ecole Saint-Jacques. C'est quoi une école qui s'appelle
Saint-Jacques?
M. BEAUDOIN: Je m'excuse, je réponds à votre question.
J'ai rédigé le mémoire à la suite d'une
enquête écrite auprès de tous les parents des
élèves de l'Ecole Saint-Jacques.
M. CARDINAL: C'est-à-dire que c'est la collectivité de
l'Ecole Saint-Jacques.
M. BEAUDOIN: C'est ça. M. CARDINAL: Merci.
M. LE PRESIDENT: Avant de commencer, voulez-vous vous identifier pour le
journal des Débats ainsi que les dames qui vous accompagnent.
M. BEAUDOIN: Benoît Beaudoin, principal de l'Ecole
Saint-Jacques.
Voici Mme Gilberte Coulombe, présidente du comité
consultatif et Mme Dorina Lauzon, aussi représentante des parents, en
tant que présidente des marraines. Ce sont des structures, au niveau de
l'école. Elles travaillent pour le milieu. Ici je ne la vois pas
Francine Dorais, professeur à l'école Saint-Jacques.
Essentiellement, ce mémoire est basé sur une enquête
écrite et faite auprès des parents. Ce sondage constitue, en
même temps, une requête appuyant l'avis de Son Excellence, Mgr
Grégoire. Nous croyons que c'est le premier du genre, dans un milieu
scolaire déterminé, où tous les parents ont
été consultés et se sont prononcés.
M. MARCHAND: Tous les parents de la paroisse?
M. BEAUDOIN: Tous les parents des élèves de l'Ecole
Saint-Jacques.
M. MARCHAND: Est-ce un mémoire qu'ils ont reçu, ou est-ce
un questionnaire auquel ils ont répondu par écrit?
M. BEAUDOIN: Ils ont reçu tout d'abord une information
préalable envoyée par l'école. Je décris ici de
quelle façon cela a été fait; en quelques mots, je peux
vous lire cela. Nous avons voulu savoir dans le réel, au niveau d'une
école, quelle était la volonté des parents. N'est-il pas
vrai que l'on présume, dans le projet de loi 28, un consentement de
ceux-ci sur certaines modifications du système scolaire de
l'île de Montréal, alors que l'on ne les a pas
consultés au préalable par écrit, par consentement ou par
un choix?
Il y a 97 p.c. des parents de l'école notre milieu
scolaire qui nous disent qu'ils veulent le maintien des structures
confessionnelles pour les catholiques et pour les protestants. Ces mêmes
personnes veulent aussi une structure autre pour tous ceux qui ne sont ni
catholiques ni protestants. C'était un jugement de valeur que, d'un seul
coup, de recueillir, dans un minisecteur, plus d'adhésions individuelles
que n'en ont jamais trouvées des tenants de la laïcité ou de
l'école et des structures neutres.
On ajoute que, si l'on faisait pareil sondage dans toutes nos
écoles, il est probable que le gouvernement serait normalement
amené à en tenir grandement compte avant d'instaurer la
commission scolaire unifiée.
La procédure de l'enquête fut simple. A la suite de l'avis
de Mgr Grégoire sur le projet de loi 28, une étude plus
détaillée du bill fut entreprise à différents
niveaux scolaires. Cette étude, c'est une étude favorisée
à tous les niveaux de la commission scolaire. Je dois dire, par exemple,
que les administrateurs de nos régions nous ont fait parvenir, par
écrit, même si le tout a été publié dans les
journaux, un texte contenant l'avis de Mgr Grégoire invitant aussi, par
le fait même, les comités consultatifs d'écoles à se
pencher sur le problème et, en même temps, à prendre une
décision dans le sens d'une action donnée.
M. SAINT-PIERRE: M. Beaudoin, je m'excuse, je ne voudrais pas vous
interrompre. C'est que nous avons convenu hier nous sommes un petit peu
bousculés par le temps, c'est déjà notre neuvième
journée de séance que les mémoires des groupes
comme le vôtre seraient transcrits complètement au journal des
Débats, comme s'ils avaient été lus. (Voir annexe A) Parce
que nous sommes bousculés par le temps, pourriez-vous peut-être
passer aux recommandations de votre groupe? Quels sont les points du bill 28
sur lesquels vous êtes en accord ou en désaccord? Quelles sont vos
inquiétudes les plus grandes, pour que l'on puisse peut-être poser
des questions?
M. BEAUDOIN : C'est moi qui vais me sentir bousculé, mais
enfin... je sais fort bien qu'on nous demande un résumé, mais je
vais essayer dans ce cas...
D'accord.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce que le texte complet de votre
mémoire va être au journal des Débats, qui est disponible
aux députés quarante-huit heures après. Cela nous donne
donc le temps de le lire et de l'analyser en détail, mais
peut-être qu'on pourrait cerner la discussion.
M. BEAUDOIN: Je résumerai le plus possible. J'ajouterai que cette
enquête a donné lieu à des commentaires qui sont inscrits
dans ce texte et cela nous amène à nous poser la question:
Pourquoi l'école et une structure confessionnelle de même type?
Aussi, cela nous amène à exposer, aussi brièvement,
certains points majeurs. Par exemple, on croit, qu'il y a, au moins
apparemment, une contradiction entre le préambule de la loi, la loi du
ministère
de l'Education et du Conseil supérieur de l'éducation et
la future commission scolaire unifiée, que nous considérons en
fait, comme étant une commission scolaire neutre. Nous comprenons
qu'administrativement, c'est toujours neutre, mais étant donné le
type de commission scolaire, nous disons qu'en face d'une confession
donnée, catholique et protestante, elle est l'équivalent d'une
structure neutre.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce à dire que la plupart de vos membres sont
favorables à conserver un statu quo, c'est-à-dire conserver des
commissions scolaires confessionnelles?
M. BEAUDOIN: C'est-à-dire que ce n'est peut-être pas le
statu quo, mais c'est une demande en bonne et due forme et là, vous me
forcez à aller plus loin, parce que je voulais vous dire autre chose
avant. Nous disons qu'en fait, peut-être pour simplifier tout le
problème à la fois confessionnel, linguistique, administratif,
constitutionnel et même juridique, il serait préférable que
ce soit un système remanié dans le sens de trois structures,
trois réseaux confessionnels, d'une part pour les catholiques et les
protestants, et autre pour ceux qui ne sont ni catholiques ni protestants.
Cela, c'est globalement la proposition qu'on fait. Cela veut dire, par exemple,
que le secteur catholique verrait peut-être comme phase
intermédiaire une commission scolaire recevant la juridiction sur toute
l'Ile et que, au lieu d'avoir à structurer dans l'immédiat des
commissions scolaires avec des territoires fixés à l'avance,
cette commission scolaire servirait d'intermédiaire au moins, avant ce
qu'on appelle l'unification des commissions scolaires. J'écoutais tout
à l'heure une chose dite par le comité précédent,
parlant du sort qu'on leur avait fait, au niveau de la commission scolaire de
Montréal. Ils se disaient très satisfaits, et ils
désignaient la CECM comme étant une commission scolaire
unifiée. Ce n'est pas la commission scolaire unifiée du bill 28,
tel qu'on nous le propose.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais c'est parce que, dans l'esprit des
protestants, unifié, c'est la juxtaposition au niveau administratif de
catholiques et de protestants...
M. BEAUDOIN: Justement, oui, oui...
M. SAINT-PIERRE: ... et eux l'ont vécu depuis une centaine
d'années.
M. BEAUDOIN: ... ils l'ont vécu, là ils sont avec
nous.
M. SAINT-PIERRE: Mais, quand vous dites favorables dans une
période, je me réfère à l'avis de
l'archevêque, et Mgr Lafontaine, qui était son porte-parole disait
que l'archevêque n'avait pas d'objection à la commission scolaire
unifiée.
Ce qu'il désirait, c'était une période de
transition, peut-être plus longue, avec des modalités
différentes. Mais nous avons posé spécifiquement la
question: Est-ce qu'il vous semble que la commission scolaire unifiée
est incompatible avec l'école catholique, avec la survie, le
développement, l'épanouissement de l'école catholique? La
réponse de Mgr Lafontaine a été non. C'était
plutôt la période de transition. Peut-être avait-il raison,
il trouvait qu'on bousculait. Est-ce que c'est votre opinion aussi?
M. BEAUDOIN: C'est-à-dire que là vous faites part d'une
opinion de Mgr Lafontaine.
M. SAINT-PIERRE: Non, non, je tente de voir si votre groupe est contre
la commission scolaire unifiée éventuellement, ou si vous
partagez le point de vue de Mgr Lafontaine, qui n'a pas d'objection à la
commission scolaire unifiée éventuellement, mais qui trouve que
c'est aller trop vite, suivant les dispositions du projet de loi 28.
M. BEAUDOIN: Etant donné d'abord, l'opinion de Mgr
Lafontaine, moi, je n'ai pas à la partager, je ne vote pas, je
m'excuse...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, M. Beaudoin, c'est que Mgr Lafontaine
est venu ici et il a parlé au nom de l'archevêque de
Montréal, lequel avait formulé un avis au nom des
évêques du Québec. Par conséquent, nous avons eu
beaucoup de respect pour cette opinion et nous nous demandons si les
catholiques que vous êtes, vous partagez cette opinion exprimée
par la voix de la hiérarchie?
M. BEAUDOIN: C'est-à-dire que la première opinion
exprimée par Mgr Grégoire, c'est l'acceptation du conseil de
l'île et du comité des parents au niveau de l'école, et
après cela une restructuration progressive. A mon avis, tel
qu'exprimé par Mgr Grégoire, c'était un regroupement des
commissions scolaires d'une part catholiques, protestants et autres.
Maintenant, si Mgr Lafontaine a présenté ici une
restriction ou une acceptation d'une autre forme, je n'en sais rien ici au
niveau de la déclaration que je vous fais.
M. CHARRON: M. Beaudoin, je crois que Mgr Lafontaine en toute
honnêteté n'a aucunement trahi ce que Mgr Grégoire avait
dit.
M. BEAUDOIN: Je ne dis pas qu'il trahit Mgr Grégoire.
M. CHARRON: Dans son avis que la commission a pris en
considération, Mgr Grégoire parlait du maintien temporaire pour
une période je ne sais pas si le temps a été
mentionné mettons de quatre ou cinq ans encore, des structures
confessionnelles. Aux questions que nous posions à Mgr Lafontaine sur
l'avis de
Mgr Grégoire, il disait que quand Mgr Grégoire disait
"temporaire" c'est qu'éventuellement il se ralliait à
l'idée des commissions scolaires unifiées.
Ce que le ministre, le député de Chicoutimi et
moi-même voulons vous demander, c'est: Est-ce que c'est aussi l'avis du
comité de parents de l'école Saint-Jacques?
M. BEAUDOIN: Avant de répondre à cette question, si vous
me le permettez, je ferais une distinction fondamentale entre unification des
commissions scolaires et commission scolaire unifiée. L'unification des
commissions scolaires, catholiques d'une part, protestantes d'autre part et
autres, après un dénombrement, d'accord.
M. SAINT-PIERRE: Cela, c'est le regroupement des commissions scolaires
dans un système confessionnel.
M. BEAUDOIN: C'est le regroupement des commissions scolaires. Mais la
commission scolaire unifiée, telle que décrite dans le bill, on
n'y trouve tellement plus de garanties pour la partie confessionnelle, que
justement c'est cette forme de commission scolaire que la partie catholique ne
désire pas. Nous, actuellement, dans ce mémoire, nous disons que
ce qui pourrait simplifier même les choses du point de vue
constitutionnel, administratif, juridique et le reste, c'est la triple
structure, à la fois confessionnelle, catholique, protestante et autre.
C'est tout ce que l'on dit. Mais faire la preuve de cela, c'est très
long. Quant au coût, quant à l'aspect administratif, personnel,
multiplication des services et tout cela, nous croyons sincèrement que
ce serait la solution actuelle la plus simple. Après coup, les
commissions scolaires unifiées telles que décrites dans le bill
28 n'auraient même pas besoin d'exister. Tout ce que l'on pourrait
souhaiter au niveau de l'île, au fond, ce sont une structure catholique,
une structure protestante et une structure autre, qui ne font pas appel
forcément à la formation de territoires administratifs
administrés par une commission scolaire.
Nous disons que des structures comme celles-là rendraient
l'administration plus souple, tant au point de vue de la centralisation et de
la décentralisation. On y dit aussi que la possibilité
d'étendre les pouvoirs de la commission au niveau de l'île et de
créer par le fait même quelques régions additionnelles au
lieu des cinq que nous connaissons rendraient encore là l'administration
générale du système sur l'île beaucoup plus
souple.
M. CHARRON: Mais la structure que vous proposez, M. Beaudoin, est-ce que
vous la proposez de façon temporaire ou si vous voulez que ce soit la
restructuration officielle du gouvernement?
M. BEAUDOIN: Je dis que pour ce qui apparaît sous l'angle de la
confessionnalité comme une solution, évidemment, tel que
présenté, il faudrait normalement en avoir auparavant une
étude plus poussée, au point de vue démographique.
M. CHARRON: Je reformule ma question.
M. BEAUDOIN: Mais je dirais, pour compléter un petit peu plus ma
pensée, que le conseil de l'île, par exemple, qui vient chapeauter
ces trois structures, recevrait ses membres par délégation des
trois secteurs à la fois, catholique, protestant et autre. L'on pourrait
procéder même pour les désigner sur le conseil de
l'île, par nomination au sein des secteurs, en gardant la proportion de
la population scolaire, ou même procéder par un choix simplement
des commissaires de chaque structure qui diraient: Nous croyons que tel
individu qui a les qualifications nécessaires puisse siéger
à un tel conseil. Mais le conseil, fondamentalement, dans une structure
semblable, serait surtout destiné à la perception des taxes, des
revenus et à une répartition dans la proportion voulue selon un
système de péréquation et en ajoutant les correctifs
nécessaires.
M. CHARRON: Est-ce que l'unification proposée dans le bill 28
vous apparaît inacceptable parce que trop hâtive ou inacceptable en
principe?
M. BEAUDOIN: Vous voyez vous-même par le peu que je viens de dire
sur cela que, en principe, on dit que pour garder à tous et chacun la
liberté de choix quant à la confession, un système comme
celui proposé par le bill 28 est difficilement acceptable. Je ne dis pas
qu'il n'est pas acceptable du tout mais difficilement acceptable, parce que ce
serait une mise en application qui entraînera un grand nombre de
difficultés et de délais. Vous en avez eu un exemple ici tout
à l'heure, avec la personne qui était au micro et qui disait: Il
faudrait bien que cette commission scolaire puisse former un service de
pastorale par exemple. Si on demande de telles choses, c'est parce que la
commission scolaire ne le garantit pas. La structure administrative ne le
garantit pas. Si on demande tant de choses pour amender la structure la plus
contestée, c'est qu'elle n'est pas satisfaisante. Plus on va et plus on
découvre qu'elle est de moins en moins satisfaisante. Ce n'est pas un
reproche mais c'est une constatation de fait.
M. CHARRON: C'est une analyse.
M. SAINT-PIERRE: M. Beaudoin, vous avez consulté combien de
parents dans Saint-Jacques à peu près? Donnez-nous un ordre de
grandeur.
M. BEAUDOIN: Ce n'est pas une grosse
école, plus ou moins il y a de natalité, plus ou moins il
y a d'enfants; nous avons 263 parents qui représentent 468
élèves; c'est encore une bonne moyenne.
M. SAINT-PIERRE: Le député de Saint-Jacques nous a
parlé à plusieurs reprises du beau comté de Saint-Jacques
dans la province. Je n'ai pas l'impression et je déteste les
termes qu'on utilise à l'occasion que, dans votre groupe, et
n'avez-vous pas l'impression que vous parlez pour un groupe bourgeois? C'est un
groupe populaire, le groupe de Saint-Jacques, il y a des ouvriers, il y a des
ouvriers syndiqués. Je vous pose une question qui touche à la
confessionnalité: hier et tout au long des séances, des gens sont
venus ici parler au nom de 200,000 syndiqués ou de 400,000
syndiqués ou de 100,000, 110,000 syndiqués. Ils se sont
prononcés carrément contre la confessionnalité, contre les
éléments de confessionnalité du projet de loi.
D'après vous, il n'y en a pas suffisamment et d'après eux il y en
a déjà trop. Même hier, dans son mémoire, c'est
assez frais à l'esprit, la Fédération des travailleurs du
Québec disait, au nom de ses 200,000 syndiqués, que le concept
même d'école confessionnelle on ne parle pas de structure
est périmé. On proposait dans ce mémoire, à
tort ou à raison, qu'il n'y ait que deux types d'école, une
école française multiconfessionnelle et une école anglaise
multiconfessionnelle. Une école multiconfessionnelle n'a rien à
voir avec une école catholique telle que présumément vous
l'entendez, c'est une école où le mardi matin à onze
heures, les catholiques vont dans une salle, les protestants dans une autre et
où, en dehors de ces périodes, il y a, à toutes fins
pratiques, une école neutre. Je vous demande votre impression parce que
vous ne venez pas parler au nom des parents d'Outremont ou des parents de la
ville de Mont-Royal, vous venez parler au nom de gens qui habitent
Saint-Jacques, d'une partie d'une population que vous avez consultée.
Est-ce qu'il vous semble que ces gens-là parlent réellement au
nom des milieux ouvriers ou des milieux populaires de Montréal,
lorsqu'on dit que le concept même d'école confessionnelle est
périmé et que les gens ne désirent pas l'école dite
catholique?
M. BEAUDOIN: Je dirais tout d'abord au préalable que même
si un président de centrale syndicale vient donner une opinion ici, il
ne la donne pas forcément après consultation
détaillée de tous ses membres. Il représente un groupe et
il donne une opinion, je le pense. C'est un peu comme, je dirais même,
lorsqu'un gouvernement élu en bonne et due forme présente un
bill. Cela ne veut pas dire forcément qu'il représente l'opinion
de tout le monde. A ce moment-là, on peut dire que sa législation
s'appuie sur l'équivalent d'un référendum ou d'un
dénombrement. Donc, ceci veut dire que tout au fond devient discutable
sous l'angle de la représentativité.
M. SAINT-PIERRE: Mais je voulais exploiter le côté positif
de ma question.
M. BEAUDOIN: Je reviens à la question, excusez M. le ministre,
mais je reviens à la question posée, parce que je voulais donner
ce préalable, c'est que la nature de l'école confessionnelle,
catholique ou protestante, et même si on compare les deux, c'est
déjà assez différent, quant à la densité, au
contenu de la foi, quant à l'organisation de l'école et tout
ça. La nature même de cette confession empêche d'avoir
aisément des écoles qui puissent représenter toutes les
options possibles. A titre d'exemple, je verrais difficilement dans mon
école qu'on puisse fonctionner aisément avec les six options
décrites comme étant possibles au niveau d'une commission
scolaire.
M. SAINT-PIERRE: Mais si on s'en tient à l'aspect de la
confessionnalité, avez-vous l'impression que les parents que vous avez
consultés en très grande majorité désirent que l'on
conserve l'école catholique?
M. BEAUDOIN: Oui.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai laissé le ministre poser
la question et laissé M. Beaudoin répondre aussi, mais je ne
pense pas qu'il soit à l'avantage de la commission de poser des
questions aux différents témoins sur la
représentativité que pourrait avoir le témoin
précédent. On peut essayer de mettre des témoins qui
apportent des avis contradictoires sur le plan politique en contradiction avec
un témoignage précédent, mais demander: Est-ce que vous
pensez que l'autre qui a parlé avant, qui a défendu une position
représentait véritablement ses membres... On peut se retrouver
tout à l'heure avec un nouveau témoin qui pourrait nous dire
ça. Ce n'est pas à nous de le faire, c'est laissé au
jugement ou dans votre cas aux préjugés des députés
à analyser un témoignage qui vient de nous être
déposé.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président,je n'ai pas mis en doute la
représentativité de M. Daoust, mais siégeant ici depuis
neuf séances, je dois dire que nous avons des avis contradictoires. Il y
a des gens pour qui c'est important; la FTQ n'est pas une association sur le
coin d'une rue, c'est une association qui groupe 200,000 travailleurs et qui
nous dit que l'école catholique est périmée et on a des
groupes qui nous disent : Nous parlons au nom de 400,000 parents et ils veulent
l'école catholique.
M. CHARRON: Nous sommes parfaitement libres de les croire ou de ne pas
les croire. Si vous ne voulez pas croire la FTQ, vous êtes vraiment libre
de le faire, mais nous ne sommes pas obligés de nous servir des
différents témoins après pour essayer de démolir ce
que la FTQ est venue dire. Si on n'y croit pas, on n'y croit pas et c'est
tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La question du ministre n'a rien de pernicieux
et est justifiée. Ecartons le cas de la FTQ, mais prenons le cas des
parents catholiques, des différentes associations de parents
catholiques, soit anglophones ou francophones. Nous avons eu des avis
très partagés. Nous avons eu des opinions diverses et, même
lorsque Mgr Lafontaine s'exprimant au nom de Mgr Grégoire est venu
devant nous, je l'ai personnellement interrogé en lui demandant: Est-ce
que vous avez l'impression d'exprimer l'avis de tous les diocésains de
l'archidiocèse de Montréal puisque déjà un grand
nombre d'organismes dits catholiques et qui se présentaient comme tels
avaient exprimé des opinions contraires? Alors, notre problème
à nous, c'est d'essayer d'avoir un certain équilibre des
opinions. Vous disiez tout à l'heure, M. Beaudoin, que les gouvernements
lorsqu'ils présentent une loi n'expriment pas nécessairement la
volonté populaire et, lorsque les lois sont très importantes,
comme l'est celle-ci, nous consultons les citoyens. Et, devant le nombre de
témoignages que nous avons entendus, et devant aussi les avis
partagés qui ont été exprimés, nous nous demandons:
Vous, vous représentez un groupe, la FTQ en représentait un
autre, d'autres vont venir parlant au nom de celui-ci ou de celui-là.
Mais ce à quoi je veux en venir, c'est qu'il y a certainement et
je pense que c'était là un peu l'inquiétude du ministre
un nombre parmi les parents au nom desquels vous parlez, des gens qui
font aussi partie de la FTQ, de la CSN, de la CEQ, etc. etc. Il y en a qui font
partie de la grande association des parents catholiques aussi, alors, nous
sommes, nous, un peu gênés. Nous nous demandons qui parle au nom
de qui et c'est très difficle de se faire un jugement.
M. BEAUDOIN: Je vous demande pardon de vous interrompre, mais qui parle
au nom de qui? Nous pourrions dire aussi, vous parlez en tant que quoi? en tant
que qui? Par exemple, dans cette enquête qui a été faite,
les gens se sont prononcés, non pas en tant que membres de la FTQ et
tout cela, mais en tant que parents catholiques qui ne font pas partie de
l'Association des parents catholiques comme tels, ce n'est pas cela, mais en
tant que catholiques au niveau d'une école qui entend continuer à
rester catholique.
M. SAINT-PIERRE: Les mêmes personnes qui font partie d'autres
groupes, centrales syndicales ou autres, sur le problème de la
restructuration scolaire, il n'y a pas de division dans leur esprit. Ce sont
des gens qui, lorsqu'ils sont dans d'autres groupes, reflètent les
mêmes préoccupations qu'ils vous ont reflétées
à vous, comme parents catholiques.
M. BEAUDOIN: C'est toujours le même dilemme, je pense, qui prend
un peu tout le monde, même ceux qui administrent, même les
gouvernants qui sont pris entre les priorités politiques ou juridiques
ou autres.
Cependant, j'ajouterais que dans un système scolaire et je
dois dire, entre parenthèses, que je ne me fais pas le porte-parole de
qui que ce soit en dehors de mon groupe mais j'exprime quand même une
pensée jusqu'à un certain point personnelle sur les questions que
vous posez il est extrêmement important d'établir au
préalable quel est l'ensemble qui groupera les sous-ensembles. Je pense
que, dans le moment, tel que ça existe, l'ensemble qui est fondé
sur la confessionnalité peut plus aisément réunir des gens
de langue et de race différentes. Il est plus facile en tout cas,
à mon point de vue, de créer des ensembles comme ça. La
vie de tous les jours me renseigne là-dessus.
D'ailleurs, les conflits de langues que nous vivons actuellement, tout
de même, on ne peut pas se fermer les yeux. Des gens se feront, par
exemple, les prosélytes de l'unilinguisme ou se font partisans de
l'oecuménisme linguistique en disant: On va tout fondre ça
ensemble. On peut s'amuser parfois là-dessus quoique ce soit tragique.
On peut faire de l'ironie mais la situation actuelle n'est pas drôle au
Québec, en ce qui regarde ce conflit linguistique. Pour réunir
des gens de langue et de race différentes, je crois que l'ensemble, la
structure doit être préféra-blement confessionnelle.
J'ajouterais autre chose. Une structure comme celle-là donnerait
aux gens une plus grande liberté de choix. Je suis bien assuré de
ça parce que j'ai vécu jusqu'à présent et parce que
j'ai vu. Ainsi, structures catholique, protestante et autre, qu'est-ce qui
empêcherait un musulman de dire: Moi, en tant que musulman, je ne suis
pas intéressé à la structure autre mais je veux aller dans
la structure protestante. Ce serait son droit. Un catholique peut dire: J'ai
abandonné toute pratique et, à partir d'aujourd'hui, je ne suis
pas intéressé à la structure catholique, je choisirai la
structure autre. Cela permettrait une plus grande liberté de choix
à tous les citoyens. Je pense qu'à ce moment-là le
gouvernement qui exerce, non seulement un pouvoir mais qui est au service des
concitoyens, favoriserait cette expression de la liberté au niveau de
l'éducation qui est extrêmement nécessaire.
Cela a peut-être l'air théorique mais dans la pratique des
choses, on vit ce fait tous les jours dans nos écoles,
c'est-à-dire des gens qui aimeraient peut-être un autre genre de
structure d'école mais qui ne l'ont pas parce que ça n'existe
pas.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Non d'accord.
M. LE PRESIDENT: Continuez, M. Beaudoin.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il y a d'autres
points ou si cet aspect confessionnel est surtout le point majeur de
votre mémoire? Sa préoccupation pour les structures
confessionnelles était le...
M. BEAUDOIN: J'exprime, au cours du mémoire, la pensée
générale exprimée souvent. Je ne veux pas être
regardé comme un intégriste comme on dit assez facilement: C'est
un extrémiste catholique et tout ça: C'est facile à
dire.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. BEAUDOIN: Mais, je ne vise personne, ça exprime au fond la
pensée de l'Eglise. Je pense bien qu'en tant que catholiques, nous
devons être un peu intéressés à savoir ce que
l'Eglise a dit là-dessus. Si nous passons à la pratique des
choses dans une structure qui est en mouvement, je pense qu'il faut être
capables de dire, à tel moment, en tant que catholiques, que ce serait
préférable d'avoir telle chose, puisque le gouvernement peut
aussi bien nous dire: Si tu entres dans la structure publique, tu as le droit
de recevoir l'instruction voulue. Mais comme tu es un contribuable et que tu ne
veux pas cette structure, on va t'en donner une autre.
M. SAINT-PIERRE: Je vous remercie M. Beaudoin, les membres...
M. GUAY: J'aurais peut-être un commentaire ou une question. On a
souvent mentionné ici, si on parle spécialement de la langue
française, la langue la plus en danger entre les deux, c'est
évident que c'est la langue française. Dans la question des
religions, advenant par exemple des cadres neutres, quelle religion croyez-vous
est la plus en danger dans les deux plus importantes, c'est-à-dire le
catholicisme ou le protestantisme.
M. BEAUDOIN: Si je regarde actuellement la subdivision territoriale qui
est fixée par le bill 28, je pense bien que le groupe confessionnel qui
écope le plus est le groupe protestant.
Certains des groupes, mêmes catholiques, vont écoper dans
des commissions scolaires où ils sont minoritaires. Il va se former des
groupes minoritaire tant sur le plan religieux que sur le plan linguistique.
Cela va être un joli problème d'administrer tout ça. Les
commissaires qui vont prendre ça en main, on imagine facilement ce que
cela va donner. Nous sommes dans une structure qui est assez simple
actuellement et c'est déjà difficile. Je me place au-dessus du
point de vue administratif. Le nombre de commissions scolaires, pour moi, est
énorme.
M. LE PRESIDENT: M. Beaudoin, s'il n'y a pas d'autres questions de la
part des membres de la commission, vu l'heure avancée nous pourrions
prendre note de votre mémoire, si on peut l'avoir. Si cela était
possible, on aimerait continuer la séance avec la Société
Saint-Jean-Baptiste. La commission vous remercie.
M. BEAUDOIN: C'est moi qui vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Nous allons entendre la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Le porte-parole en est M.
François-Albert Angers, je crois.
UNE VOIX: M. le Président, M. Angers est en arrière avec
les journalistes. Cela ne sera pas long, il s'en vient.
M. CARDINAL: Cela veut dire que le mémoire est
présenté aux journalistes avant de l'être à la
commission.
M. LE PRESIDENT: Vu que nous n'avons pas beaucoup de temps à
perdre, nous allons immédiatement passer à l'Association of
Directors of English Schools Inc. Je crois que c'est le Dr Lupini et M. Herron
qui en sont les porte-parole. C'est bien ça. Voulez-vous vous identifier
pour le journal des Débats, s'il vous plait?
Association of Directors of English Schools
M. LUPINI: Je suis Dante Lupini, directeur d'une des deux régions
anglaises à la commission scolaire de Montréal. M. Noël
Herron est sous-directeur de l'autre région anglaise à la
commission scolaire de Montréal.
M. le Président, messieurs, j'aimerais donner un
résumé. Je crois que dans une dizaine de minutes on pourrait le
donner. Est-ce que vous avez la copie de notre mémoire?
M. LE PRESIDENT: Nous avons des copies de votre mémoire. Nous
allons passer immédiatement aux questions des membres de la
commission.
M. LUPINI: Notre mémoire est très positif. M. LE
PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: J'ai une question à poser non pas tant sur de la
représentativité que sur la nature des groupes qui viennent
devant nous. Nous avons déjà reçu au moins deux
associations de principaux et de directeurs jusqu'à présent.
C'est peut-être la troisième ou la quatrième association de
ce genre à se présenter devant nous. Dois-je comprendre que votre
association s'appelle The Association of Directors of English Schools Inc. et
que c'est une association qui regroupe les directeurs du Protestant School
Board of Greater Montreal? Ou, au contraire, est-ce une association qui
regroupe les directeurs de plusieurs commissions scolaires anglophones de
l'île de Montréal comme The Lakeshore, Baldwin-Cartier ou une
autre?
M. LUPINI: Nous disons, dans l'avant-propos, que c'est un groupement
représentant tous les administrateurs catholiques de langue
anglaise qui assument des responsabilités à un
degré plus élevé que celui d'un principal dans la
province.
M. CARDINAL: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai devant moi le mémoire dont j'avais
pris connaissance d'ailleurs. Il y a une lettre qui l'accompagne et qui est
datée du 24 septembre 1971. Après ça, dans le
mémoire, on se réfère dans la version anglaise à la
loi 28 et dans la version française à la loi 62. Il y a là
une petite confusion que je ne m'explique pas. Est-ce que ce mémoire
était déjà préparé en vue d'auditions devant
la commission qui aurait entendu les témoins qui ont discuté de
la loi 62?
M. LUPINI: Cela devrait être la loi 28. On a
présenté un mémoire ou on a soumis un mémoire pour
le projet de loi 62 mais on ne l'a jamais présenté comme on le
fait là. Il y a certainement eu des changements dans ce
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il des questions de la part des membres de la
commission?
M. SAINT-PIERRE: A la page 5, vous dites qu'à l'intérieur
d'un groupe minoritaire linguistique il devrait y avoir un minimum d'environ
15,000 étudiants.
Vous indiquez la nécessité d'avoir moins de commissions
scolaires pour retrouver ce critère que le projet de loi 28 ne respecte
pas. Comme notre minorité linguistique qui est anglaise n'est pas
également répartie sur le territoire, est-ce que vous trouvez
également que c'est important que, entre nos commissions scolaires, il y
ait quand même pour le chiffre total d'étudiants un certain
équilibre? Et je m'explique. Comme il y a 145,000 anglophones, en
divisant par 15,000 ça nous donne presque 10 commissions scolaires; nous
en avons 11 dans le moment. Le problème vient qu'il y en a 28,000 dans
l'ouest de l'île et qu'il n'y en a que 6,000 ou même 3,000 dans la
région no 11 qui est complètement dans l'est. Qu'est-ce que vous
recommandez au législateur, de diminuer le nombre de commissions
scolaires pour que, éventuellement, même dans l'est, il y ait
15,000 anglophones?
M. LUPINI: Deux choses: la première, c'est de diminuer le nombre
de commissions scolaires non pas parce que si on diminue le nombre à
sept, ça va nous donner les 15,000 dans chaque commission scolaire. Cela
va nous donner un nombre plus élevé pour la minorité
linguistique, soit française ou anglaise. Par contre, il va certainement
y avoir des commissions scolaires où le nombre ne suffit pas pour donner
ce qu'on croit qui est un service de qualité.
Dans ce cas-là, notre recommandation est qu'on peut avoir ce
qu'on appelle le "over- lapping services", une entente entre deux commissions
scolaires, être certain que le service peut être donné par
une des deux commissions scolaires. Mais je crois que ce n'est pas contre le
nombre de 25,000 à 45,000; je crois que les nombres, ça va
très bien comme nombre d'élèves dans une commission. Par
contre, si on veut donner le service à la minorité linguistique,
il faut tenir compte de cette autre dimension.
Et comme c'est là, la minorité est trop une
minorité dans trop de commissions scolaires. Ce sont les deux
procédures: la première, c'est d'augmenter le nombre et, la
deuxième, même si ça ne répond pas à tous les
problèmes, dans certains cas il faut absolument qu'on ait un accord avec
les deux commissions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Monsieur, j'aimerais poser une question sur une
recommandation que vous avez à la page 7. C'est celle où vous
nous suggérez que la définition du mot "école" soit
différente de celle qui figure à la loi 27 que nous avons
adoptée ici, à l'Assemblée nationale, en juin dernier:
Vous revenez avec l'idée que l'école devrait plutôt
être définie par des termes physiques d'édifice, de
bâtisse. Pour ça, vous expliquez vos motivations dans les termes
suivants: "Tous nos efforts doivent converger pour que chaque école soit
de langue française, de langue anglaise, soit catholique, protestante ou
autre, sous la juridiction d'un principal représentant ce groupe en
particulier". Pour notre part, nous avons la même opinion. Les
écoles, dans la mesure du minimum possible, devraient favoriser ce qui
s'appelle un "melting pot" ou de confessionnalité ou linguistique. Il
reste quand même que, dans la définition que nous avons
adoptée lors de la loi 27 et qui a été maintes fois
réexpliquée par le ministre depuis le début de la
commission parlementaire, même s'il se devait que des étudiants de
même confessionnalité mais de langue différente, ou de
même langue mais de confessionnalité différente se trouvent
à l'intérieur d'un même édifice, ils ne seraient pas
sous la même juridiction du même principal. C'est-à-dire que
si dans une commission scolaire je pense que le ministre là aussi
a souvent expliqué à cause du devoir qu'ont les
commissions scolaires de donner des locaux lorsqu'il y a 225 demandes au niveau
élémentaire, par exemple, on décidait de donner certains
locaux disponibles dans une école française à un groupe
anglais, ça ne voudrait pas dire que les étudiants anglais de
cette école seraient sous la juridiction du même principal que
celui de la juridiction française.
M. LUPINI: On essaie d'éviter ici d'en avoir trop dans la
même bâtisse.
Cela devient très difficile pour un principal.
M. CHARRON: Cela, je l'admets parfaitement.
M. LUPINI: Si l'on dit que chaque groupe a son principal, cela devient
encore pas mal difficile.
M. CHARRON: Oui.
M. LUPINI: ...parce que l'on a un nombre d'écoles qui ne peuvent
pas loger plus de dix ou douzes classes.
M. CHARRON: D'accord. Alors, ce qu'il faut éviter dans la mesure
du possible, c'est de les mettre ensemble.
M. LUPINI: Oui. Mais par contre, vous savez si la population d'un
certain groupe est dispersée, il devient très difficile d'avoir
une école centralisée, parce que les distances sont assez
considérables. En ce cas-là, la tendance est d'envoyer deux
classes d'un certain groupe, trois classes d'un autre groupe, et la
qualité de l'instruction, dans un cas comme celui-là devient
douteuse. Il est très difficile de fonctionner.
Alors, le but de notre recommandation, c'est autant que possible,
même si cela veut dire une plus grande distance, essayer de grouper tel
que l'on...
M. CHARRON: Encore là, je suis parfaitement d'accord avec vous.
C'est une idée que l'on a défendue souvent ici autour de la
table, mais je ne crois pas que ce désir-là oblige la loi
à redéfinir le mot "école" en terme d'édifice comme
vous le faites. Je pense que l'on est beaucoup mieux, même sur le strict
plan pédagogique, de continuer à définir l'école
comme une entité humaine où il y a entre élèves,
professeurs et principal, une relation hiérarchique, cela va de soi,
mais qui soit aussi de collaboration, plutôt que de définir cela
en termes de bâtisse. Je pense que l'on ne règle pas le
problème, que l'on n'évite pas le problème du "melting
pot", qui est possible à la suite de la loi 28, en définissant
l'école en termes d'édifice.
Je pense que c'est une espèce de voeu que l'on doit accrocher en
dernière page du projet de loi, autant que possible, pour que les
commissions scolaires ne se lancent pas dans ces expériences, qui, je
l'admets avec vous, sur le plan pédagogique, peuvent être de
qualité douteuse.
M. LUPINI: Voici. Le mot "édifice", c'est seulement parce que
c'est une réalité, que ces gens-là sont dans un
édifice. Il n'est pas nécessaire de donner une définition
à ce mot-là, le groupement cela va, mais excepté qu'en
réalité, quand on parle d'une école, cette école
existe en un certain endroit et, normalement, le groupement se fait dans un
édifice. C'est la seule raison. Je crois que l'aspect humain c'est...Un
groupement, c'est peut-être préférable.
M. CHARRON: Mais vous savez, monsieur, que l'on ne pourra pas
l'éviter complètement non plus, parce qu'hier, à la table
où vous êtes, il y avait la représentation de l'Association
des principaux de Montréal. Je ne sais pas où il avait
pigé exactement sa statistique, mais il nous disait, par exemple, que
dans la commission scolaire no 1 qui est celle de mon comté, l'on
prévoit au cours des huit ou neuf prochaines années une baisse de
moitié de la clientèle scolaire. Alors, en termes
d'édifice, s'il y a une baisse de clientète aussi forte que
celle-là, il va finir par y avoir des places de libres. Alors, avant de
penser à les transporter ailleurs pour leur offrir un service, on va en
venir, presque sur le strict plan administratif, à penser les regrouper
dans les mêmes écoles. Le problème que vous avez
soulevé va arriver. D'accord, cela va être dans huit ou neuf ans,
mais nous n'avons pas le droit, en tant que législateurs, de penser
seulement à la prochaine année. Cette loi-là...
M. LUPINI: C'est exact.
M. CHARRON: ...va entrer en fonction pour longtemps.
M. LE PRESIDENT: Vu qu'il n'y a pas d'autres questions des membres de la
commission, la commission vous remercie pour votre mémoire. Nous allons
passer maintenant à la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal et le porte-parole en est M. François-Albert Angers.
Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal
M. ANGERS: M. le Président, la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, dont je suis le président, est
représentée ici en même temps par M. Dollard Mathieu,
ancien président du conseil et actuellement président de
l'exécutif, M. André Trudeau, vice-président de la
Société; M. Bouchard, trésorier; Mme Sirois,
présidente du comité scolaire qui étudie les questions
scolaires à la Société Saint-Jean-Baptiste.
M. LE PRESIDENT: Avant de commencer, la procédure pour cette
commission, c'est que nous avons votre mémoire et nous sommes
prêts, à moins que vous vouliez faire un préambule,
à questionner.
M. ANGERS: A poser des questions.
M. LE PRESIDENT: Oui. Est-ce que vous avez un préambule?
M. ANGERS: Au préalable, je voudrais vous dire que ce
mémoire est le résultat du travail d'un comité qui,
lui-même, a soumis son rapport au conseil général. Le
rapport a été approuvé par le conseil
général et on peut dire qu'il est dans la tradition d'au moins
une dizaine d'années de prise de position de la Société
Saint-Jean-Baptiste en ce qui concerne les questions linguistiques et
scolaires. Ce n'est qu'une application pratique de positions qui
ont déjà été ratifiées par nos
congrès de sorte qu'elles représentent bien l'opinion de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
M. CARDINAL: M. Angers, est-ce qu'on peut vous poser une question
précise à ce sujet?
M. ANGERS: Pardon?
M. CARDINAL: On peut vous poser une question additionnelle à ce
sujet?
M. ANGERS: Oui.
M. CARDINAL: Vous étiez venu devant la commission parlementaire
de l'Education au sujet du projet de loi 62. Vous aviez à ce
moment-là beaucoup insisté sur la confessionnalité et nous
avons devant nous, aujourd'hui, un nouveau mémoire complètement
différent. C'est-à-dire que, contrairement à plusieurs
associations qui nous ont resservis, dans certains cas, le mémoire qui
avait été déjà lu au sujet du projet de loi 62
je ne me gêne pas pour le dire, car c'est un fait vous nous
présentez un mémoire complètement nouveau. Est-ce qu'on
peut donc savoir à quel congrès vous référez quand
il s'agit de ce mémoire?
M. ANGERS: A tous nos congrès parce que, comme vous l'avez
constaté, il est surtout question, dans ce mémoire, de la
question linguistique.
M. CARDINAL: Oui, je l'ai lu avec beaucoup d'attention et...
M. ANGERS: Justement, sur la question linguistique, la tradition de la
Société Saint-Jean-Baptiste, les nombreux comités qu'elle
a consacrés à l'étude de la question de la langue, les
mémoires dont je n'ai pas parlé qu'elle vous a
présentés sur le statut de la langue française et les
décisions qui ont été prises à plusieurs
congrès font que, en somme, c'est l'ensemble de la vie de la
Société Saint-Jean-Baptiste depuis au moins dix ans, sans compter
avant, en ce qui concerne les problèmes actuels, qui ratifie les
positions que nous prenons ici.
M. CARDINAL: D'accord. Merci.
M. ANGERS: Maintenant, sur la question de la confessionnalité,
nous n'avons pas modifié les mémoires précédents,
mais nous considérons qu'à l'heure actuelle le grand
problème que le bill 28 met en jeu, c'est le problème de la
langue. Etant donné les conclusions que nous proposons, nous estimons
que ce problème de la langue doit être d'abord réglé
et que l'on pourra discuter d'autres ensuite parce que, comme vous l'avez
constaté, nous demandons que le bill 28 se contente de régler les
problèmes urgents de Montréal, c'est-à-dire l'aspect
démocratique et l'aspect financier. Qu'on laisse le reste en place parce
qu'il est évident que vous ne pouvez pas le faire, à notre point
de vue, sans mettre en cause la question linguistique. C'est ce que nous avons
essayé de démontrer dans notre mémoire. Par le bill 28
d'ailleurs nous avons simplifié vous aggravez le bill 62,
vous réintroduisez le bill 85 dans le bill 28, lequel bill 28...
M. CARDINAL: Un instant. Vous n'aggravez pas le bill 62. Concernant ce
que vous mentionnez à votre mémoire, l'ancien gouvernement n'a
pas reculé. Il l'a toujours laissé là et on a eu des
commissions parlementaires depuis le 4 novembre 1969 jusqu'au 11 mars 1970. Je
me permets de vous corriger, vous vouliez probablement dire que vous aggravez
le bill 63.
M. ANGERS: Non, le bill 28 aggrave le bill 62. Nous expliquons
pourquoi.
M. CARDINAL: Il n'a jamais été adopté. Il n'y a
même jamais eu de...
M. ANGERS: Oui, mais comme projet...
M. CARDINAL: Je m'excuse, il n'est jamais allé en deuxième
lecture. Il n'y a eu qu'un document de travail.
M. ANGERS: J'ai quand même ici un document...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, pour que tout
soit bien clair et que l'on procède en toute objectivité. On
trouve à la première page de votre mémoire ceci:
"...paraît n'avoir pas été étranger à la
défaite du gouvernement d'alors, qui avait dû de toute
façon reculer ensuite sur le bill 62 comme sur le bill 85". Il n'est pas
exact de dire que le gouvernement avait reculé sur le projet de loi 62
puisque ce projet de loi n'était qu'un document de travail et que la
chose était restée pendante au moment où les
élections ont été déclenchées et c'est le
gouvernement qui a repris, sous une autre forme, ce document de travail qui est
maintenant le projet de loi no 28.
Par conséquent, il est inexact d'affirmer dans votre
mémoire ce que vous affirmez là, ce qui est de nature à
provoquer chez les citoyens des réactions émotives qui ne sont
pas basées sur des faits.
M. ANGERS: Disons que ça nous parait être une question
d'opinion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une question d'opinion, M.
Angers, je regrette infiniment. C'est une question de fait.
M. CARDINAL: Et j'en appelle au gouvernement qui était
l'Opposition à ce moment-là. Vers le 20 novembre 1969, il a
été décidé en commission parlementaire, unanimement
par les deux partis alors membres de l'Assemblée
nationale, que le projet de loi 62 qui n'avait pas été
apporté en deuxième lecture et ça paraît au journal
des Débats, ne serait considéré que comme un document de
travail et qu'il serait profondément amendé avant de revenir
devant l'Assemblée nationale. Ceci n'est pas un précédent;
le gouvernement actuel vient de retirer même la première lecture
d'un projet de loi, je pense que c'est le numéro 75. Actuellement le
ministre de l'Education, mardi matin, répondant à mes questions,
a manifesté son intention précise de présenter, soit au
moment de la deuxième lecture, soit au moment du comité
plénier, une liste d'amendements importants. Nous avons dès le
début de ces travaux qui durent depuis environ six semaines nous
en sommes à la neuvième séance
considéré que ceci aussi était pour nous un document de
travail, parce que nous n'avons pas suivi la procédure
régulière, il ne s'agit pas d'opinions, il s'agit de faits et on
ne pourra jamais dire que le gouvernement actuel, par exemple et c'est
drôle que je me porte à sa défense ait reculé
ce projet de loi 28 pour quelque raison ou que l'ancien gouvernement ait
reculé ce projet de loi 62. Quant au projet de loi 85, je me souviens
fort bien de ce qui s'est passé parce que j'étais premier
ministre par interim, il a été référé
à la commission parlementaire à la suite d'un long débat
à l'Assemblée nationale où il y avait eu une question de
procédure pour diviser la motion qui avait été
présentée par le député d'alors, de
Trois-Rivières, pour que le projet avant la deuxième lecture,
justement, soit référé à une commission
parlementaire, commission qui n'a jamais tenu de séance cependant
à cause de la suspension des travaux de l'Assemblée et, M.
Angers, vous le savez fort bien, nous nous sommes rencontrés à ce
moment-là.
M. ANGERS: Oui, mais enfin, je me permets de répéter que
vous faites une interprétation historique que d'autres historiens
n'interpréteront pas de la même façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement encore une fois et je demanderais à M. Angers de s'en
tenir aux règles de procédure.
Ce que vous venez d'affirmer, M. Angers, ce qui est affirmé dans
votre mémoire est rigoureusement faux, contraire aux faits, et je vais
vous les réciter pour que vous sachiez une fois pour toutes qu'on ne
ment pas effrontément au nom d'une association si respectable qu'elle
soit et si respectable qu'en soit le président, vous-même.
Le projet de loi 62, a été mis de l'avant par le
gouvernement dont j'étais membre et c'est le ministre de l'Education
d'alors, M. Cardinal qui est ici, qui en était le parrain. Il a
été déposé en Chambre comme document de travail et
c'est partant de ce fait que nous avons commencé des auditions qui se
sont poursuivies jusqu'à ce que le gouvernement changeât. Le
gouvernement actuel a repris, sous une autre forme, un projet de loi visant la
restructuration de l'île de
Montréal. Par conséquent vous n'êtes pas
autorisé à écrire ce que vous écrivez là et
ne parlez pas d'interprétation historique, mais parlez plutôt en
l'espèce de déformation grossière et malhonnête des
faits.
M. ANGERS: Je répète, c'est votre opinion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une opinion et si le
témoin continue d'affirmer des choses fausses, M. le Président,
je vous prierais de le rappeler à l'ordre, de lui demander de
procéder à son exposé et de nous dire ce qu'il a à
nous dire et nous le questionnerons ensuite si nous le jugeons bon.
M. ANGERS: De toute façon j'estime qu'à mon point de vue
vous avez bien tort de tellement vous défendre parce que je ne peux que
vous féliciter de ne pas avoir poussé plus loin le bill 62, alors
à ce point de vue-là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est exactement le même genre
d'affirmation que vous faites, M. Angers...
M. ANGERS: Je ne suis pas tellement en désaccord...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et je suis absolument désolé
de devoir vous dire que vous ne manifestez pas aujourd'hui l'objectivité
et l'honnêteté intellectuelle que je vous connaissais.
M. ANGERS: En fait, là, vous me mettriez dans l'obligation de
consulter les Débats et de faire la preuve et ce n'est pas le moment ici
de la faire parce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien voyons.
M. ANGERS: ... je n'ai pas les documents qu'il faut. Enfin le
problème est là, le bill 62 a été
présenté, il y a eu des oppositions de manifestées et il
n'a pas été poussé plus loin pour une raison ou pour une
autre. Aujourd'hui nous sommes devant un nouveau bill, le bill 28 ce que
je disais tout à l'heure, c'est tout ce que j'en dis pour le moment
qui à mon sens aggrave le projet de loi 62. Quand je parle de
bill je ne parle pas de loi, je parle de projet en ce sens que le bill 62, tel
qu'il était rédigé, qui a quand même
été imprimé, ne parlait pas de langue et ne comportait pas
de garanties linguistiques, sauf la restructuration scolaire et les
conséquences qu'elle avait comme nous avons simplifié comme
formule de créer trois comtés de Pontiac dans Montréal. Le
bill 28, lui, réintroduit en somme ou fait l'équivalent de
réintroduire dans le projet 62 tel qu'il était
l'équivalent du bill 85 qui, lui, créait des structures bilingues
au Québec, ce à quoi, à ce moment-là tout le
Québec francophone s'est opposé en bloc. Alors voilà la
position fondamentale et je ne crois pas que ce soit injurieux pour l'Union
Nationale de dire cela.
En ce qui me concerne, moi, je ne leur reproche pas de ne pas avoir
poussé le bill 62 plus loin. Alors, c'est la position que nous prenons.
Je ne sais pas si vous vouliez un résumé, je ne veux pas
arrêter les questions. Enfin, notre position fondamentale ah oui!
nous en étions à la confessionnalité c'est
qu'à l'heure actuelle, c'est la question linguistique qui est en jeu et
cette question-là est impliquée dans le bill. Nous disons:
Puisqu'on ne peut pas faire de restructuration scolaire à
Montréal sans mettre en jeu la question linguistique, alors,
différons la restructuration scolaire jusqu'à ce que le
gouvernement nous ait offert une politique linguistique. A ce moment-là,
on pourra revenir au problème de la restructuration scolaire. C'est la
position fondamentale que nous prenons ici et nous disons cependant que ce
n'est pas une raison pour retirer en bloc un projet de loi parce que certaines
parties ne sont pas acceptables.
Qu'on fasse les réformes urgentes et, à notre point de
vue, les réformes urgentes, c'est le problème des impôts,
c'est le Conseil scolaire de l'île et c'est le comité de parents,
c'est-à-dire organiser à Montréal, véritablement la
participation des parents à la vie de l'école. Cela nous
paraît être les problèmes urgents. L'autre a peut-être
son importance, quoique nous le disions dans le mémoire. Nous ne sommes
pas convaincus qu'il va provoquer les économies administratives sous
lesquelles il se présente; il a raison de le faire apparemment, mais
nous ne sommes pas convaincus de cela. D'ailleurs, toute la discussion tend
à démontrer que, pour parer à toutes sortes
d'inconvénients qu'on aperçoit, on va être obligé de
créer des services additionnels qui vont coûter de l'argent.
Alors, nous disons: Restons-en là pour cette partie-là,
faisons fonctionner, dans les commissions scolaires actuelles, les
comités de parents, voyons quels seront les règlements de ces
comités de parents, quels droits les parents auront, ce que cela va
donner comme fonctionnement et, après cela, nous pourrons
peut-être voir comment nous pouvons restructurer les commissions
scolaires de l'île, pour que ce soit vraiment efficace pour toutes les
parties concernées, pour tous les droits qui sont en jeu. Disons que
c'est la position fondamentale du mémoire.
M. SAINT-PIERRE: A la confessionnalité, M. Angers, votre
mémoire attachait beaucoup d'importance lors de la présentation
que vous avez faite à la commission parlementaire pour le projet de loi
62; cette fois-ci, vous ne la mentionnez pas. Est-ce qu'il vous semble que le
projet de loi 28, sur le plan de la confessionnalité, est acceptable ou
non?
M. ANGERS: Dès le projet de loi 62, si vous remarquez bien, la
Société Saint-Jean-Baptiste avait commencé
déjà à présenter son point de vue d'une
façon différente. C'était expliqué dans ce
mémoire-là. Jusqu'au projet de loi 62, la Société
Saint-Jean-Baptiste, dans le cadre du temps, et avant cela, était
convaincue que tous les parents francophones, ou à peu près,
voulaient l'école confessionnelle. Nous avons constaté que,
depuis ce temps-là, surtout à Montréal, il y a des
idées différentes qui circulent. Alors, nous nous sommes mis
à insister sur les droits des parents et c'est un point que nous
soulevons dès le début de notre mémoire. Nous croyons
qu'à l'heure actuelle, pour des raisons administratives, sans
peut-être le vouloir, les gouvernements sont en train d'écraser
les droits des parents. Ils n'en tiennent pas assez compte. Les droits des
parents sont fondamentaux et sont garantis par des chartes universelles et je
suis convaincu que si vous essayiez de passer des lois pour aménager la
presse ou aménager les syndicats en leur donnant des comités
consultatifs, vous auriez des réactions formidables. Mais les parents
sont pris dans une évolution très rapide et n'ont pas encore pris
conscience de tous les problèmes; ils sont mal à l'aise, ils sont
divisés, ils ont conscience que ça ne va pas. Alors, la
Société Saint-Jean-Baptiste dit: Il faut respecter les droits des
parents. C'est notre position et, si les parents veulent des écoles
confessionnelles, il faudra leur en donner. Mais, nous n'avons pas jugé
qu'il y avait lieu d'en discuter ici, parce que nous ne voulions pas faire
dévier le débat...
M. SAINT-PIERRE: Si les parents ne veulent pas...
M. ANGERS: ...vers une question à l'heure actuelle, qui est moins
importante, puisque, de toute façon, ce que nous demandons, c'est
d'attendre sur ce point-là.
M. MARCHAND: Est-ce que vous voulez dire que la Société
Saint-Jean-Baptiste ne veut pas se prononcer sur la
confessionnalité?
M. ANGERS: Non, nous ne voulons pas dire cela.
M. MARCHAND: Vous ne voulez pas prendre position.
M. ANGERS: Non, nous avons déjà pris position et nous ne
changerons rien à nos mémoires.
M. MARCHAND: Pourquoi n'en prenez-vous pas actuellement?
M. ANGERS: Parce que ce n'est pas la question importante à
l'heure actuelle.
M. MARCHAND: Ce n'est pas important...
M. ANGERS: Nous ne voulons pas faire dévier le
débat...
M. MARCHAND: Est-ce que vous croyez que vos membres croient la
même chose que vous à l'effet que la confessionnalité n'est
pas importante?
M. ANGERS: Nous ne disons pas que ce n'est pas important. Vous me faites
dire ce que je ne dis pas.
M. MARCHAND: Non, non, je comprends, mais vous ne voulez pas vous
prononcer...
M. ANGERS: Ce que je dis, c'est qu'à l'heure actuelle...
M. MARCHAND: ...dans un bill aussi important que le bill 28.
M. ANGERS: Je vous répète que nos positions ne sont pas
modifiées. Relisez ce que nous avons dans le texte du bill 62...
M. LACROIX: Vous n'avez pas consulté vos membres non plus?
M. ANGERS: Pardon?
M. LACROIX: Je suppose que, comme d'ordinaire, vous n'avez pas
consulté vos membres non plus?
M. ANGERS: Au contraire, cette résolution-là, sur la
structure confessionnelle qui est dans le bill 62, elle avait été
votée par le congrès général qui
précédait.
M. LACROIX: Combien de membres représentez-vous?
M. ANGERS: Nous avons 13,000 membres. Encore une fois, la
représentativité...
M. LACROIX: A part ceux qui vous accompagnent, qui consultez-vous?
M. ANGERS: Pardon?
M. LACROIX: A part ceux qui vous accompagnent, qui consultez-vous?
M. ANGERS: Et cette représentativité, si vous me
permettez, la représentativité sur ce point, je vous le dis, ce
n'est pas notre représentativité qui compte. Nous n'avons pas
besoin d'être représentatifs. Nous vous disons: Consultez
véritablement les parents. Nous, à la Saint-Jean-Baptiste de
Montréal, nous sommes prêts à nous rendre à
l'opinion véritable des parents sur ce plan. Consultez-les. Faites un
référendum, faites quelque chose, mais ce sont leurs droits qui
sont en cause. Consultez-les. Nous sommes, nous, comme Société
Saint-Jean-Baptiste, pour ce que les parents voudront. Il y a dans la
Société Saint-Jean-Baptiste des parents qui veulent des
écoles confessionnelles, nous sommes avec eux, il y a des neutres, nous
sommes avec eux. S'ils veulent leurs écoles, nous croyons qu'ils ont le
droit de les avoir.
M. MARCHAND: Assis entre deux chaises.
M. LE PRESIDENT: Monsieur le ministre, s'il vous plaît.
M. SAINT-PIERRE: M. Angers, il me semble que vous attachez beaucoup
d'importance aux droits des parents vis-à-vis de la chose scolaire et
vous trouvez que notre législation devrait s'attarder à
reconnaître ce droit des parents. Est-ce bien cela que vous voulez
dire?
M. ANGERS: Je crois que vous en avez un exemple dans notre
dernière conclusion, n'est-ce pas?
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais est-ce que c'est bien cela votre
position?
M. ANGERS: Ah oui, ah oui!
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que, dans un premier temps, vous seriez d'accord
avec moi qu'avec le bill 27 qui établit au niveau de l'ensemble de
l'école du Québec le comité d'école, qui
institutionalise la participation des parents, qui établit dans le bill
28 des comités consultatifs de parents j'ai déjà
affirmé, et je ne sais pas si c'est votre opinion, si vous partagez mon
opinion qu'en matière de législation scolaire en Occident,
il n'y a aucun endroit en dehors du Québec, avec les projets de loi 27
et 28, où l'on met autant d'importance, où l'on institutionalise
autant la participation réelle des parents, tant au niveau de
l'école que de la commission scolaire?
M. ANGERS: Ce serait une longue discussion. Remarquez-bien que je suis
d'accord avec vous que nous étions, nous, au Québec, un pays
assez modèle à ce point de vue. Mais pour toutes sortes de
raisons, dans d'autres pays du monde, on a violé systématiquement
le droit des parents, si bien que les Nations-Unies ont jugé à
propos d'en faire une liberté fondamentale. Il ne faut pas oublier cela,
n'est-ce pas? C'est une liberté fondamentale au même titre que la
liberté de la presse, la liberté de parole et la liberté
syndicale. Cela doit être respecté de la même façon.
C'est cela que je vous dis. Alors, chez nous nous avions une structure, mais
à l'heure actuelle, l'évolution des structures est en train
d'enlever aux parents des droits qu'ils avaient avant.
M. SAINT-PIERRE: Pour quelles raisons, M. Angers? Il me semble que c'est
tout le contraire, parce qu'avant on limitait l'accessibilité aux postes
de commissaires â des gens qui étaient propriétaires
fonciers. Maintenant, avec les projets de loi 27 et 28, on peut voter à
des
élections scolaires, à partir de 18 ans, sans aucune
exception et se présenter comme commissaire à partir de 21 ans,
sans aucune exception. Au niveau de l'école on y retrouve une structure,
peu importe l'impression du principal ou des professeurs, qui institutionalise
la participation des parents. Je vous dis que, dans aucune législation
scolaire en Occident, on ne retrouve, autant que dans nos projets de loi 27 et
28, le rôle des parents.
M. ANGERS: Vous savez, c'est très subtil ce que vous dites
là. Il ne faut pas oublier qu'au début, les commissions
scolaires, même si elles ne représentaient que des contribuables,
elles ne représentaient aussi que des parents. Qu'il y ait eu une
évolution subséquente qui ait changé cette
situation-là à cause de l'évolution de la richesse
foncière et ainsi de suite, à mon sens, la réforme que
ça appelait était de restaurer aux parents, dans les commissions
scolaires, leurs droits perdus par cette évolution.
Ce que vous faites à l'heure actuelle, c'est qu'en grossissant
les commissions scolaires, vous les rendez très loin des parents et vous
mettez une telle masse de parents dans chaque commission scolaire qu'une sorte
de démocratie, l'exercice véritable du droit des parents va
être très difficile.
M. SAINT-PIERRE: Mais les parents, M. Angers, nous disent que les
commissions scolaires sont trop petites. Ils nous suggèrent de diminuer
le nombre de onze à sept.
M. ANGERS: Les parents de Montréal?
M. SAINT-PIERRE: Non, je dois dire que c'est à près
unanime. Tous les groupes qui sont venus ici nous ont dit: Onze commissions
scolaires, c'est trop, il faudrait revenir au rapport Parent qui en donnait
sept pour l'île de Montréal. Est-ce que, pour vous, une commission
scolaire de 35,000, c'est trop grand ou trop petit?
M. ANGERS: Qui vous dit ça? Ce ne sont pas les parents je
pense...
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas, moi j'invoque les gens ici...
M. ANGERS: De toute façon, s'ils le disent, ils peuvent
être illogiques. Les parents, à l'heure actuelle, sont
divisés et les parents ne se rendent pas compte de tous les
problèmes qui sont en cause. Ils se débattent dans un
système. Par exemple, à l'heure actuelle, je les vois, ils ont
accepté, un certain nombre d'entre eux, pas tous, les associations de
parents se sont divisées...
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que la Société Saint-Jean
Baptiste...
M. ANGERS: Est-ce que vous me permettez de répondre à M.
le ministre quand même?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais une question à vous poser. Le
président m'a donné la parole. Ce sont les règles de
procédure.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, on va permettre à M. Angers de
répondre à M. le ministre; la parole sera ensuite au
député de Chicoutimi et au député de
Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Vous me permettez seulement d'ajouter une question
complémentaire en parlant de logique ou d'illogique. Vous attachez
beaucoup d'importance aux droits des parents, et sans me prononcer sur le fond,
dans votre mémoire cependant, je crois voir très clairement que
vous renoncez aux parents le droit d'envoyer leurs enfants dans l'école
de leur choix sur le plan de la langue.
M. ANGERS: C'est un problème que nous avons discuté devant
vous, n'est-ce pas? Ce droit-là n'existe pas.
M. SAINT-PIERRE: C'est un droit qui ne devrait pas exister?
M. ANGERS: Il n'existe pas, il n'est pas garanti par les chartes
universelles et même nous avons discuté ça à
l'occasion du bill 63, les cours internationales ont
décrété: La langue n'est pas un bien personnel, c'est un
bien collectif. Une nation a le droit de protéger ses fondements
culturels.
M. SAINT-PIERRE: Mais le droit des parents dans le système
scolaire, c'est le droit à quoi?
M. ANGERS: A la liberté de l'école idéologique de
leur choix. C'est ce qui est écrit, option religieuse et philosophique
de leur choix, c'est ce qui est écrit dans la charte des Nations-Unies,
comme liberté fondamentale du citoyen.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous trouvez que c'est un défaut
dû projet de loi 28 qu'on ne permette pas l'école de Mao ou
l'école populaire de la rue ou l'école trotskiste ou je ne sais
pas quoi...
M. ANGERS: C'est une façon, disons, un peu caricaturale de
prendre le problème. Ce qui arrive, c'est que vous êtes en train
de faire évoluer le droit scolaire, vous le faites avec de bonnes
intentions administratives. Vous n'avez pas l'air de vous rendre compte que
c'est le
rouleau compresseur qui écrase les droits des parents plus ou
moins. Vous essayez d'arranger ça autrement, par d'autres combines.
Parce que, voyez-vous, avec des petites commissions scolaires locales, les
parents ont vraiment, s'ils le veulent, le contrôle de leur école.
S'ils ne le veulent pas, c'est leur affaire. Ils ont toujours la
possibilité d'y revenir.
En grossissant les commissions scolaires, en éloignant le
contrôle, vous essayez de créer des comités de parents. Les
comités de parents, allez-vous leur donner des pouvoirs? Quels
règlements allez-vous faire? Est-ce que les parents pourront la
contrôler leur école? Remarquez bien qu'à certains points
de vue, si on pouvait faire une distinction et dire: On donne aux commission
scolaires uniquement l'administration financière, l'équipement et
la construction, ce seront les comités de parents, dans chaque
école, qui auront tout le contrôle pédagogique.
Après tout, des parents élus ce n'est pas plus bête
que des contribuables élus. Je dirais qu'on s'en va vers quelque chose
parce qu'au fond on accroîtrait les droits des parents. Non seulement
auraient-ils le droit dans une commission scolaire mais ils auraient le droit
dans chaque école. Mais, les comités de parents sont
consultatifs. Consultatifs de quoi et sur quoi? Ils sont obligés de se
plier aux décisions qui sont prises par d'autres même s'ils ne
sont pas d'accord. Ils ne sont pas consultés vraiment d'une façon
efficace. Il y a un gros problème en jeu. Ne faisons pas de caricatures.
Prenez conscience qu'il y a des droits fondamentaux en jeu, consultez les
intéressés. On verra ce que cela donne, combien de
parents...Consultez-les soit par un référendum ou soit pas un
recensement individuel qui va vous permettre de voir ce que chaque parent sait.
La question de la représentativité va être finie. Qu'est-ce
que représente la Société Saint-Jean-Baptiste, qu'est-ce
que représente la FTQ? On va finir par savoir ce que veulent les
parents.
M. SAINT-PIERRE: Mais le point clé de...
M. ANGERS: Là, avec vos techniques, vos techniciens diront
maintenant: On va essayer de répondre à leurs droits et on va
leur donner quelque chose qui est aussi efficace et qui est aussi
administrativement valable que possible.
M. SAINT-PIERRE: Cela va être plus que du multiculturalisme si on
écoute toutes les voix des parents. Ici, après neuf
séances, on a eu bien des sons de cloche différents.
M. ANGERS: M. le ministre, on a bien dit dans notre mémoire,
quant à nous, qu'il faut bien comprendre les droits et bien les
définir. Je vous répète que les droits culturels et
linguistiques, non seulement est-ce l'opinion des nationalistes du
Québec mais vous avez maintenant une cour internationale qui s'est
prononcée exactement sur un problème scolaire. Je crois que vous
devez le connaître. C'est un problème de flamand, de francophones
qui réclamaient l'école française dans le secteur flamand
de la Belgique et la cour internationale de Strasbourg a jugé les huit
cas différents et la cour a dit non. Il n'existe pas de tels droits pour
eux de réclamer dans le secteur flamand des écoles
françaises.
M. SAINT-PIERRE: M. Angers, la Belgique a voté l'an dernier une
loi, exactement comme le projet de loi 63 qui existe ici, le droit des parents
de choisir soit l'école flamande, soit l'école
française.
M. ANGERS: Le cas de la Belgique, c'est leur droit. Vous pouvez bien
voter le bill 63 mais alors, si on veut discuter du bill 63, je vous dirai que
le bill 63 c'est la mort de la francophonie au Québec. Peut-être
que le même bill en Belgique n'est pas la mort de la Wallonie, je ne sais
pas. Je ne peux pas juger leur situation. Tout peuple a le droit de voter et de
donner tous les droits qu'il veut. Le problème n'est pas là. Le
problème est de savoir si ceux qui réclament les
privilèges ont le droit de les exiger. Si on veut leur donner des
privilèges, c'est complètement libre. On peut donner les
privilèges qu'on veut et on peut même signer notre arrêt de
mort et décider de nous angliciser. Il y a beaucoup de gens qui disent
que c'est ce qu'on aurait dû faire dès le début et qu'on
aurait bien moins d'embêtements aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. ANGERS: Excusez-moi, M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas à vous excuser, M.
Angers. Nous sommes de bons amis et nous allons continuer de l'être
même si nous divergeons d'opinion à certains égards. Je
vous écoute parler toujours avec grand intérêt. Votre
dialectique peut paraître impeccable.
Vous parliez de l'évolution de la société, de
l'évolution du droit, de l'évolution de ci et de ça, et
particulièrement dans le domaine religieux. Il était un temps
où la Société Saint-Jean-Baptiste déclarait droit
fondamental le droit à la pratique religieuse de telle ou telle
confession. Vous me dites que vous avez évolué dans ce
sens-là, grand bien vous fasse et grand bien nous fasse !
Maintenant, nous avons entendu un grand nombre d'associations de
parents, des directeurs d'écoles, des enseignants, des centrales
syndicales nous demander tantôt de mettre plus de parents dans les
structures scolaires, tantôt d'en mettre moins de sorte que nous ne
savons plus
exactement quel ordre de grandeur nous devrons adopter. La
Société Saint-Jean-Baptiste regroupe aussi des parents. Alors,
votre opinion est qu'il vous paraît y avoir trop de parents dans les
structures éventuelles de cette réorganisation scolaire. C'est
une objection que vous avez contre le projet de loi 28.
M. ANGERS: C'est-à-dire qu'à ce moment-là vous me
faites dévier, n'est-ce pas? Nous, nous voulons insister ici, c'est
notre mémoire vous posez des questions sur nos anciens
mémoires, sur nos attitudes, je veux bien vous répondre
mais notre position fondamentale ici est que, justement, nous avons
déjà démontré la chose, nous avons
déjà fait des études pour le démontrer, les
prétendus droits acquis des anglophones ça n'existe pas ailleurs
que ce qui est prescrit dans l'article...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Angers, ce n'est pas la question que je
vous ai posée. Je vous ai posé une question précise...
M. ANGERS: La question que vous m'avez posée...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...à la suite de ce que vous avez dit.
Vous prétendiez tout à l'heure que selon les nouvelles structures
qui pourraient être mises en application, il y aurait trop de parents
là-dedans et que ça rendrait le mécanisme très
lourd et que ça ferait toutes sortes de démocraties dont la
pratique serait très difficile.
M. ANGERS: Je n'ai rien dit de pareil, je veux que vous consultiez les
parents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que vous aviez dit, c'est ce que vous
avez dit tout à l'heure.
M. ANGERS: J'ai dit que je veux que vous consultiez les parents parce
que, encore une fois, je le répète, les libertés
fondamentales ne sont pas des libertés qui se décident par une
majorité qui fait ce qu'elle veut et qui l'impose à la
minorité. Les libertés fondamentales, c'est la liberté de
chacun dans toute la mesure où c'est faisable. A ce moment-là,
sur ce point, je ne vous dis pas plus que ça, que le gouvernement voie
à consulter si on croit que la situation est changée et qu'il
faut changer les structures parce que c'est rendu possible par des changements
d'optique religieuse, bien, qu'on le demande aux parents et qu'on voie ce que
les parents vont nous dire. Et qu'on ne le demande pas aux parents à
travers les associations, qu'on le demande aux parents directement. Le
recensement scolaire peut permettre cela.
M. SAINT-PIERRE: M. Angers, si je regarde vos trois recommandations,
dois-je en conclure que vous ne trouvez pas opportun pour le moment que le
gouvernement permette à près de 60 p.c. de la population
montréalaise qui n'a jamais participé à des
élections scolaires, qu'il semble inopportun pour le moment de leur
permettre ceci...
M. ANGERS: C'est-à-dire que...
M. SAINT-PIERRE: ...vous n'êtes pas favorable à
l'élection de commissaires dans les délais prévus par le
projet de loi.
M. ANGERS: Nous n'avons aucune objection à ce que vous fassiez
cela. Ce que nous avons visé, vous l'avez un peu à un moment
donné. Nous nous rendons compte, n'est-ce pas, qu'il y a autour de cette
question de la restructuration scolaire un fouillis d'oppositions, de
contradictions, d'idées différentes. Disons que nous prenons une
attitude purement pratique ici. Nous disons: Après tout, ce qui est
important finalement nous sommes en faveur de commissions scolaires
démocratiques, définitivement, ou plutôt,
définitivement, c'est un anglicisme, absolument nous disons que
peut-être il vaut mieux ne pas toucher à cela parce que,
dès que vous y touchez par un bout, cela retrousse de l'autre
côté. C'est tout ce que nous disons.
Nous disons le début qu'au fond, surtout si vous
voulez envisager plus tard de faire des restructurations, elles reposent toutes
sur une idée. Mais vous dites d'avance que cela va marcher sans qu'on le
sache. Cela repose sur l'idée que ce sont les comités de parents
qui vont remplacer ce qui est aujourd'hui la spécialisation des
commissions scolaires.
Nous, nous disons: Ecoutez, laissez donc cela tranquille pour le moment.
Faites marcher les comités de parents. Quand on aura vu ce que cela
donne, on saura mieux comment on peut restructurer. Nous sommes ouverts sur ce
point-là, tout simplement. Nous laissons la porte ouverte. Nous avons
nos opinions. Personnellement, je suis porté à penser que vous
allez au contraire du progrès, parce que le progrès
économique se fait par la spécialisation. On spécialise
des fonctions pour que cela soit plus efficace. Dans le domaine scolaire, on
avait la spécialisation. Vous êtes en train de faire le contraire,
vous abandonnez le magasin spécialisé et vous faites un magasin
général, n'est-ce pas! Disons que c'est une opinion personnelle
que je vous donne. Nous restons ouverts sur ce point. Si les comités de
parents peuvent fonctionner efficacement et si on peut voir que cela marche,
cette affaire-là, peut-être que l'on pourra concevoir ensuite les
structures autrement. C'est cela. Il y aura une forme de spécialisation
nouvelle qui aura peut-être permis une forme de centralisation nouvelle.
Vous savez, je vous parle en tant qu'économiste, c'est toujours ainsi
que cela se fait. Aucune centralisation n'est efficace...
M. SAINT-PIERRE: Mais votre point de vue, c'est que le problème
linguistique est tellement
global qu'il ne touche pas uniquement à l'éducation, qu'il
touche également les politiques sur le plan de l'immigration, sur le
plan de français langue de travail, et Dieu sait, nous pourrions en
énumérer, c'est la nécessité d'une intervention
gouvernementale globale, nous la sentons dans votre mémoire, et c'est ce
que je vous demande: Est-ce que c'est votre avis que le gouvernement devrait
attendre la publication du rapport Gendron avant de poser des gestes qui
peuvent avoir des implications?
M. ANGERS: Je lisais cela en m'en venant ce matin, et vous l'avez dit
hier. La seule chose est que vous employez le mot "globalement", n'est-ce pas?
Vous dites: Après avoir dépensé $2 millions, il vaut
peut-être mieux d'attendre la commission.
M. SAINT-PIERRE: Cela me semblait une démarche logique et
cohérente de ma part de terminer au moins la phase de la recherche avant
de commencer à prendre des actions pour envisager seulement des actions
globales.
M. ANGERS: Oui, nous admettons cela. M. SAINT-PIERRE: Vous admettez
cela?
M. ANGERS: Ce que nous prétendons, c'est que vous en prenez dans
cela.
M. SAINT-PIERRE: Il y a une différence dans votre groupe. C'est
que, si vous admettez cela, il y en a qui ne l'admettent pas.
M. ANGERS: Que vous devez attendre la commission Gendron?
M. SAINT-PIERRE: Oui, pour poser des gestes sur le plan linguistique si,
réellement, on veut avoir une approche globale. Moi je dis que, dans une
démarche intellectuelle cohérente, il faut qu'une première
phase soit la recherche et qu'on termine la phase de la recherche avant
d'analyser des solutions possibles.
M. ANGERS: Si vous me le permettez, M. le ministre, j'ai
déjà dit certaines choses sur cela; je le répète,
ce n'est pas la commission Gendron qui va décider si on veut que le
Québec soit français ou non.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais c'est la commission Gendron qui va terminer
le travail de recherche pour permettre au gouvernement de prendre ses
responsabilités dans ce secteur.
M. ANGERS: Non, non . Ce que je veux dire, c'est que j'estime que le
gouvernement pourrait parfaitement déclarer que le français est
ce qu'il est, parce que nous avons essayé de démontrer, dans un
ouvrage technique, que c'est cela. Le français est la langue officielle
du Québec. Nous estimons que ce n'est pas la commission Gendron qui va
vous dire si vous devez le faire ou non. C'est une option politique et
culturelle. Mais vous avez peut-être besoin de la commission Gendron pour
bien définir les droits des minorités, l'agencement de ces
droits-là et ainsi de suite. Précisément, ce qui est dans
cela, c'est que vous créez des droits acquis. Le bill 63 a
été une création de droits acquis. Nous avons
insisté sur cela. C'était la première fois dans toute
notre histoire, depuis 1763, qu'un gouvernement du Québec avait mis
l'anglais juridiquement sur un pied d'égalité avec le
français. Cela ne s'est jamais vu, avant. Les Anglais, eux, n'ont jamais
osé le faire. Au contraire, les constitutions de Londres ont toujours
donné des droits limités aux Anglais. Alors là, vous
continuez dans la même voie, vous créez des structures bilingues
officielles dans le système, juridiquement; ça, c'est un droit
acquis.
M. SAINT-PIERRE: Bien, écoutez...
M. ANGERS: Quand vous aurez fait cela, M. le ministre...
M. SAINT-PIERRE: ... commission scolaire unifiée. Je m'excuse, M.
Angers, parce qu'il s'agit de lire les mémoires des anglophones et je
recevais encore ce matin, une lettre de M. Telley. Je ne sais pas, mais il y a
quelqu'un qui, intellectuellement, ne va pas de A à Z, parce qu'eux au
contraire, ils voient une érosion constante des droits, de ce qu'eux
appellent des droits; vous appelez cela des privilèges, ils appellent
ça des droits, que les protestants ont eus. On veut même invoquer
l'argument constitutionnel pour empêcher un gouvernement d'agir.
M. ANGERS: Oui, mais l'argument constitutionnel, cela vaudra pour
l'aspect confessionnel; il n'y a pas de garantie linguistique.
M. SAINT-PIERRE: Non, je le sais, mais on veut invoquer l'argument
confessionnel...
M. ANGERS: Confessionnel. C'est vrai, qu'ils ont des garanties
linguistiques il s'agira que la cour décide. Vous avez cela dans
notre mémoire, n'est-ce pas? C'est un fait, c'est expliqué.
Londres nous a donné, depuis 1766, des droits, mais les anglophones de
Montréal ne les ont jamais reconnus. Les anglophones de Montréal
ont toujours prétendu que l'anglais était la langue officielle du
Québec et sur un pied d'égalité, mais c'est tout à
fait le contraire. Encore une fois, je ne peux que vous recommander de lire ce
livre-là. C'est tout à fait contraire à toute l'histoire
juridique du français au Québec. Jamais l'anglais n'a
été reconnu comme ayant un statut officiel au Québec,
jamais. Au contraire, toute la législation a tendu à laisser le
Québec rester français.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, il y a quand même des exceptions qui
méritent d'être soulignées. L'Assemblée nationale,
les tribunaux les...
M. ANGERS: L'Assemblée nationale?
M. SAINT-PIERRE: ... le droit de parole en anglais à
l'Assemblée nationale.
M. ANGERS: ... non, notre article 133 prouve justement cela. L'article
133 a défini...
M. SAINT-PIERRE: Mais vous dites que l'anglais n'avait jamais eu un
statut juridique, je pense...
M. ANGERS: Un statut d'égalité. Non. L'article 133 dit,
"Dans le Québec les Anglais auront droit de parler anglais à
l'Assemblée législative, ils auront droit d'avoir les textes en
anglais, ils auront le droit de plaider en anglais devant les tribunaux". Ce
qui est implicite lisez les textes de Cartier et MacDonald ce qui
est implicite, justement, c'est qu'on fait cela pour garantir des droits
certains. Quant au reste, il appartiendra à la majorité
francophone du Québec de décider ce qu'elle veut faire. Or,
justement, c'est cela que je vous dis, pour la première fois...
M. CHARRON: Permettez, M. Angers.
M. ANGERS: ...dans son histoire, la majorité francophone du
Québec a proclamé le libre choix, et pour la première fois
dans notre histoire on va inscrire des structures bilingues dans le
système scolaire. Jusqu'ici, on a eu les écoles catholiques et
protestantes juridiquement parlant, on n'a jamais eu d'écoles anglaises
et françaises juridiquement.
M. LE PRESIDENT: M. Angers, s'il vous plaît, nous allons passer au
député de Saint-Jacques. Après, nous allons ajourner
jusqu'à quatre heures ou après la période des
questions.
M. CHARRON: Si vous me le permettez, ces arguments-là sont
intéressants, ils ont été soulevés, je pense,
dès la première séance de la commission, à partir
d'un problème très concret qui s'appelait la langue de travail
à travers ces structures scolaires. Est-ce que ç'allait
être un droit désormais que de travailler en anglais, que
d'être servi en anglais de A à Z, et est-ce que ç'allait
désormais être un droit acquis après l'application de la
loi 28, sur lequel il sera impossible pour un gouvernement de revenir? Je pense
que notre prochaine séance, à quatre heures, donnera l'occasion
de reprendre le problème, si la commission le veut. Pour ma part, M. le
Président, je pense que nous avons dépassé notre heure
réglementaire. Je voudrais, sur une manière de question de
privilège, m'excuser auprès de mes collègues de la
commission comme auprès des autres témoins aussi que nous n'avons
pas entendus, mais cela n'était pas prévu jusqu'à
hier je dois partir pour Montréal cet après-midi. Or, les
cinq autres témoins qui vont venir, je ne pourrai pas les entendre, mais
il y aura très certainement quelqu'un pour représenter mon parti
ici et pour les entendre. J'aimerais donc faire connaître au ministre
immédiatement mon intention qu'à la fin de ces cinq
témoignages, s'il est possible, il y ait une séance, comme l'a
exprimé le député de Bagot, je pense, mardi, qu'elle soit
réservée aux parlementaires pour faire des recommandations
là-dessus.
M. SAINT-PIERRE: On pourra s'entendre pour les dates.
M. CHARRON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre nos délibérations
jusqu'à quatre heures ou après la période des questions
à l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'il y a des questions? Le député
de Dorchester.
M. GUAY: En ce qui concerne, évidemment, la question
linguistique, le Front commun pour la défense de la langue
française est venu nous dire à la commission hier qu'il
réclamait la langue française comme seule langue d'enseignement
et langue de travail. Est-ce que vous seriez prêt à aller aussi
loin que cela en ce qui concerne la langue française?
M. ANGERS: Ecoutez, je ne peux pas interpréter vraiment la
pensée de ceux qui vous ont parlé hier. Mais je pense que notre
position à nous est assez claire, n'est-ce pas? Nous croyons que le
Québec est français, que le Québec doit être
français, qu'il a toujours été français et
c'est un peu ce que la Société Saint-Jean-Baptiste a
essayé de démontrer dans des documents valables et que,
par conséquent, il s'agit à l'heure actuelle, au Québec,
de ratifier (je dis bien ratifier) par une législation claire, une
situation juridique fondamentale qui s'est établie et en vertu de
laquelle le français est la seule langue du Québec, avec,
évidemment, pour la minorité anglophone, des droits
définis. Une partie de ces droits-là sont définis à
l'article 133. Si nous voulons en définir d'autres, cela dépendra
de nous, parce que ce sont les seuls que nous sommes obligés d'accepter
à l'heure actuelle, ceux de l'article 133. Cela dépendra de nous
dans une législation générale qui, après avoir
établi clairement le statut du français dira ensuite: Le
français étant la langue officielle du Québec, eh bien!
les groupes minoritaires, tel groupe minoritaire a tel, tel droit défini
au-delà de ceux définis à l'article 133. C'est notre
position à nous. Quand nous aurons une loi comme celle-là, nous
pourrons voir comment nous pouvons établir une législation
scolaire reliée au problème de la langue et quelle est la
situation que nous devons accorder aux minorités linguistiques, à
l'intérieur de ce système scolaire. La difficulté
actuelle, c'est que, n'ayant pas de loi générale, étant
dans une situation imprécise où d'une part les
Québécois sont autorisés par tous les textes
constitutionnels je le répète, j'aimerais qu'on se penche
sur ce problème-là à affirmer que depuis 1766,
c'est-à-dire que depuis que le gouvernement de Londres a retiré
la politique anglifiante de 1763 et a donné des constitutions au
Québec avec des droits pour les anglophones à partir de 1791, il
est justifié de dire: C'est la langue française qui est la langue
du Québec.
Quand nous aurons fait cela et que ce sera clair, les anglophones ne
pourront plus prétendre, parce que c'est un des aspects du
problème... Les anglophones du Québec, eux, ont toujours
continué à résister, à refuser de recon-
naître les constitutions juridiques officielles données par
Londres, et en 1791 et en 1840 et en 1867. Il faut clarifier cette situation.
Cela ne veut pas dire qu'on va leur enlever leurs droits, mais ça veut
dire que dans ce cadre bien clair, on pourra savoir ensuite, on pourra dire:
Vous avez tel et tel droit et on pourra savoir comment construire la
législation scolaire. A l'heure actuelle, en l'absence d'une
législation générale, il y a le bill 63 qui a
déjà établi un principe qui encore une fois ne me
paraît pas valable parce qu'il a été
extrêmement contesté à l'extérieur et que même
la Législature du Québec a fini par dire que ce ne serait qu'un
essai loyal, en attendant de voir si les politiques incitatrices
réussiraient ou non. Par conséquent, il n'y a pas encore de
précédent de créé, mais si nous laissons continuer
les choses, le précédent va se créer. Le libre choix
absolu est l'égalité des deux langues, c'est le bilinguisme
officiel.
Dans le bill actuel, on continue dans cette voie. On crée encore
de nouveaux droits acquis en inscrivant dans le bill l'égalité
des francophones et des anglophones. Là où la majorité est
anglophone, c'est elle qui mène, là où la majorité
est francophone, c'est elle qui mène, c'est la parité. Il y a des
directeurs sur un plan d'égalité pour le secteur anglais et le
secteur français, c'est encore la parité. Tout cela prend une
signification d'égalité absolue des deux langues. Je me mets
à la place des anglophones quand une loi générale
arrivera, ils diront: Oui, oui, mais vous nous avez déjà garanti
ces droits par la loi et par conséquent vous ne pouvez pas y
revenir.
Nous recommandons donc au gouvernement de ne pas créer de droits
acquis. Il faudra d'abord se décider sur leur politique linguistique,
après cela, ce sera facile. Nous pourrons dire: Les anglophones c'est
tel groupe, c'est un groupe qui se définit de telle façon. Il
faudra le faire et ce groupe-là a tel droit et ce serait clair,
ce groupe-là aurait ces droits-là, il n'y aura que ce
groupe-là qui les aura. Relativement aux immigrants par exemple, on
parle de législation coercitive. Il ne s'agit pas de forcer les
immigrants. Il s'agit de décréter que le français est la
langue officielle du Québec, de décider que ceux qui ont droit
à des privilèges sont définis de telle façon et
sans rien imposer. Tous ceux qui ne seront pas dans la définition seront
automatiquement inscrits aux écoles françaises, sans
coercition.
C'est ça qui est important. Il manque une législation de
base fondamentale qui permet de définir les situations et qui fait
qu'à l'heure actuelle tout ce qui est donné prend l'allure de
droits acquis qui vont être revendiqués contre la
législation générale. C'est à ça que nous
nous opposons très fortement à l'heure actuelle.
Nous croyons que le gouvernement est de bonne foi, M. le ministre a dit
souvent que les questions linguistiques n'étaient pas en cause. Nous
voulons essayer de lui démontrer qu'elles sont vraiment en cause sur le
plan juridique
parce que ça constitue un ensemble de lois et de
précédents qui sont, une fois votés, des droits acquis. On
exagère sur ce point-là. Les Chinois parlent chinois dans le
quartier chinois de Montréal.
Je comprends que les gens de Québec, les gens de Chicoutimi n'ont
pas ces problèmes-là. Je ne pense pas qu'on admettrait que, parce
qu'on a parlé chinois dans le quartier chinois de Montréal de
temps immémorial, les Chinois pourraient réclamer que leur langue
aient des droits au Québec. Non.
M. SAINT-PIERRE: M. Angers vous évoquiez ce matin pratiquement le
droit international pour dire qu'on avait statué ce qui était un
bien collectif, quelles étaient les possibilités pour la
majorité de statuer son champ d'action. Dans ce secteur-là, en
matière de législation je ne pense pas que ce soit la même
chose qu'en relations de travail. On ne peut pas parler de droits acquis.
Le gouvernement provincial, dans sa sphère de législation,
dans son champ de compétence, en tout temps, en tout moment, peut par la
législation modifier. Je ne pense pas qu'on puisse parler de droits
acquis. Même dans une constitution, je ne pense pas qu'on puisse parler,
à mon sens, de droits acquis. Les constitutions se changent et dans tous
les pays. Lorsqu'il y a un changement constitutionnel, il y a sûrement
des modifications qui font que les choses sont différentes de ce
qu'elles étaient antérieurement.
M. ANGERS: M. le ministre, je doute fort de cela. Remarquez bien qu'on
va plus loin que ça à l'heure actuelle. On prétend qu'il y
a des droits acquis au Québec...
M. SAINT-PIERRE: Je reconnais la justesse de votre argument. Il y a un
sillon qui s'inscrit mais je ne pense pas qu'on puisse parler de droits acquis.
Tout ce que je vous dis, le problème est le suivant et il y en a ce
matin qui nous le disaient, c'est évident qu'en ne posant aucun geste,
on ne pourra déplaire à personne. Mais prendre ses
responsabilités à l'occasion est de poser des gestes. Avec le
risque, il y en a qui ne sont pas complètement heureux et dans le
débat actuel, tous les groupes voudraient changer quelque chose.
C'est très facile de satisfaire un groupe en particulier mais le
problème pour le gouvernement, c'est que tenant compte des 500,000
étudiants de l'île de Montréal, c'est de trouver une mesure
législative qui est apte, dans les prochaines années, à
permettre l'atteinte du bien commun de l'ensemble de ces
étudiants-là. Cela ne peut pas respecter tous les désirs
de madame X qui demeure sur le coin de la rue Uppertown dans la ville de
Mont-Royal, ce n'est pas le but de la législation, ça tend vers
l'ensemble afin de trouver un cadre administratif pour tout ceci.
Le point de vue que j'ai également énoncé, c'est
qu'il me semblerait inopportun d'y inclure des éléments de
politique linguistique alors que, comme démarche je l'ai
répété ce matin et vous semblez là être
d'accord avec moi cela semble inopportun puisque cela me semble plus
cohérent et logique qu'on termine au moins l'effort de recherche avant,
dans un deuxième temps et c'est ça la commission Gendron
d'analyser les solutions qui se proposent à nous et là,
toutes les implications non seulement dans le domaine scolaire mais le projet
de loi 63, nos politiques en matière d'immigration, nos politiques dans
d'autres secteurs. Ce que je vous dis, c'est que, sauf votre groupe, la plupart
des autres groupes nous ont dit qu'il y a véritablement un
problème scolaire dans l'île de Montréal sur le plan
administratif, et il faut que le gouvernement fasse quelque chose. C'est une
opinion assez unanime. Tous les groupes nous ont dit ça; on prend tous
les 46 mémoires et tout le monde nous dit qu'au départ il faut
faire quelque chose. Le gouvernement ne s'attaque pas à un faux
problème, il y a véritablement un vrai problème.
M. ANGERS: On vous dit la même chose, il faut faire quelque
chose.
M. SAINT-PIERRE: Mais c'est un geste beaucoup plus timoré. Je
sais bien qu'en créant demain matin des comités d'écoles
et un conseil scolaire, je ne ferai de mal à personne, mais je n'ai pas
l'impression qu'on change grand-chose à la situation. Il faut comprendre
le régime de subventions pour savoir que même l'argument que vous
invoquez de la péréquation ou des édifices scolaires que
plusieurs invoquent ne tient pas. Il s'agit de comprendre le système
actuel pour voir qu'on a même dans le système actuel tous les
éléments pour contrôler ça ou presque puisque,
dès l'an dernier, la CECM a été obligée de se
conformer à des normes provinciales nécessitant l'intervention de
Québec. Dès qu'il y a une aide de Québec selon le
régime des subventions, l'aide se donne uniquement lorsqu'on atteint les
normes provinciales. C'est par cette législation qu'on apporte à
cette session-ci sur le financement scolaire, qu'on va enlever à
l'ensemble des commissions scolaires un certain droit touchant l'impôt
des sociétés, des corporations pour permettre une pleine
péréquation.
M. ANGERS: J'ai l'impression, M. le ministre, quand vous formerez un
comité scolaire et que vous allez établir une
équité fiscale, une répartition homogène des
impôts sur l'île de Montréal, que vous allez changer
énormément de choses et qu'il serait peut-être
intéressant de voir ce que cela va donner avant de trop changer de
choses après. C'est un des problèmes fondamentaux des injustices
qui résultent de la situation scolaire à Montréal.
M. SAINT-PIERRE: Qui était plus grave avant qu'il ne l'est
aujourd'hui.
M. ANGERS: Un peu plus grave.
M. SAINT-PIERRE: Il n'y a pas une grande différence, les taux
seraient peut-être... Mais l'élection des commissaires, un conseil
scolaire qui signifie vraiment quelque chose... Est-ce qu'on peut avoir dans le
moment un conseil scolaire qui signifie quelque chose alors qu'on a 65 p.c. des
étudiants qui sont représentés par des commissaires
nommés par l'archevêché et le gouvernement?
M. ANGERS: M. le ministre, je l'ai dit ce matin, si vous voulez, comme
gouvernement: faire les distinctions et décréter que les
commissions scolaires protestantes et catholiques seront électives
ce n'est pas nous qui y faisons objection.
Je vous l'ai expliqué ce matin, la position que nous prenons
à ce sujet c'est que devant un tollé d'objections et de
contradictions, nous, nous vous disons: A la limite, si vous êtes trop
embarrassés avec tout ça, n'y touchez pas pour le moment parce
que ce n'est pas ça qui est le plus important. Si vous faites les
comités de parents, en plus, si vous voulez y toucher et faire les
commissions électives, vous pouvez être sûrs que nous
n'avons aucune objection à ça, loin de là. Enfin, nous
sommes prêts, tout en étant bien favorables à cela,
à accepter pour le moment que vous vous contentiez de faire fonctionner
les comités de parents. Et si le fait que vous essayez de toucher au
reste doit amener un tollé général sur toutes sortes de
problèmes qu'il n'y a pas moyen de régler parce que personne ne
s'entend...
En ce qui concerne les droits acquis, permettez-moi de vous dire quand
même que je suis en plein avec vous, en un sens, sur le fait. Et,
à ce moment-là, vous me rejoignez beaucoup plus que bien d'autres
avant qui essaient de prétendre que, parce que les anglophones ont
toujours parlé anglais depuis 1760, ils ont le droit de parler anglais
de toute éternité. Je ne crois pas que ce soit un droit acquis
dans ce sens. Cependant et vous le voyez par ce qu'ils font, par leurs
réactions sur la partie protestante et catholique je crois que si
vous voulez leur enlever ce que l'article 133 leur donne depuis cent ans et
plus, ils vont vous en parler des droits acquis. Et on ne pourra pas
complètement le nier.
Dans ce domaine, ça fait cent et quelques années qu'ils
ont non pas seulement la liberté parce que la liberté est
un privilège, dans ce cas, quand ce n'est pas obligatoire de donner
quelque chose par un texte constitutionnel d'exercer certains droits, je
pense qu'ils vont vous soutenir à mort que c'est un droit acquis. Et,
alors, je ne peux pas leur donner complètement tort.
Et si la loi 63 continue de rester dans nos statuts trop longtemps, de
telle façon qu'il finit par pouvoir être dit que la population l'a
acceptée remarquez bien, comme je vous ai dit ce matin, nous de
notre côté, avons fait tout ce que nous avons pu pour prouver au
gouvernement du temps que la population n'en voulait pas et, je vous
répète, la Législature elle-même s'est rendue en
partie à nos remarques puisque, finalement, j'ai lu le débat
attentivement, de la part des deux côtés, et de la part de M.
Bertrand et de la part de M. Lesage, on a finit par dire: Faisons donc l'essai
loyal, voyons donc ce que ça va donner, pendant que nous allons faire
certaines mesures incitatrices pour voir s'il y a moyen d'établir la
primauté du français.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Encore une fois, je suis au regret de contredire mon
excellent ami, M. Angers.
Dès le moment où le premier ministre, M. Bertrand, a
demandé que l'on dépose le projet de loi, il avait fait une
déclaration indiquant que cette loi était une mesure transitoire,
qu'elle était une étape et qu'elle servirait d'essai. Ce n'est
pas à la suite des pressions dont on parle, des manifestations de rue
que les chefs de parti qui se trouvaient alors en Chambre ont
déclaré qu'il s'agirait d'un essai loyal mais il était de
l'intention du gouvernement, tel que cela avait été
exprimé par M. Bertrand, par mon collègue de l'Education et par
le ministre de l'Immigration, que cette loi serait mise à l'essai
et nous l'avons dit dès le début et les gens qui
étaient déjà descendus dans la rue avant que d'avoir connu
le texte du projet de loi n'ont pas pu entendre les paroles du premier
ministre.
M. ANGERS: Je ne partage pas tout à fait l'opinion de M.
Tremblay, mais je ne veux pas entrer dans cette discussion-là, je lui
laisse son opinion elle est légitime en soi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. ANGERS: ... mais je crois que cela...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... j'invoque le règlement, pour vous
faire observer qu'il ne s'agit pas d'une opinion du député de
Chicoutimi, il s'agit tout simplement d'une rectification, d'une correction et
d'une mise au point relative à des faits qui se sont produits et
auxquels j'ai participé.
M. ANGERS: Alors, je crois, de toute façon, que pour le moment
cela établit le point que je voulais établir et c'est cela qui
m'importe. La loi 63 ne peut pas encore être considérée
comme un précédent, comme un droit acquis, à la fois parce
qu'il y a eu des protestations violentes de toutes sortes d'associations et
aussi
parce que la Législature, quelles que soient les circonstances, a
fini par la voter comme un essai loyal. Cela ne peut pas durer
indéfiniment.
Avec le temps, les droits acquis s'accumuleront et la nouvelle loi du
bill 28 que vous votez semble confirmer ces droits acquis en créant des
structures qui sont conformes à l'idée du bill 63. Alors c'est
pour cela que tout en vous rejoignant, M. le ministre, sur l'idée qu'une
loi ne crée pas nécessairement des droits acquis, quand cette loi
s'inscrit dans une histoire qui dure depuis 200 ans où il y a eu des
prétentions réciproques du côté des anglophones que
leurs droits étaient absolus, du côté des francophones que
les Anglais n'avaient pas de droits et que nous pouvions n'importe quand, par
notre volonté majoritaire, changer ces situations-là, il faut
être extrêmement prudent sur tout ce que l'on fait qui a une
portée juridique.
C'est pour cela que nous disons: Définissez donc d'abord la
situation linguistique véritable de telle façon que personne ne
puisse la contester. Voyez-vous nous sommes dans deux contextes. Un contexte de
pensée française et un contexte de pensée britannique.
Les Britanniques, eux, se satisfont d'établir une situation sans
qu'il y ait de texte écrit. Nous, les Français, nous croyons
beaucoup aux textes écrits. Il se trouve, à l'heure actuelle,
qu'il y a un conflit dans la pensée a.nglophone et la pensée
francophone du Québec. Pour le résoudre, il ne nous reste qu'une
solution, c'est d'écrire ce que nous voulons parce que, une fois que ce
sera écrit, les anglophones eux-mêmes devront admettre que c'est
ça.
Tant que ce n'est pas écrit, ils disent: Non, non, il y a ceci,
il y a cela, il y a telle histoire. Et on tombe dans toute l'histoire
constitutionnelle. Or, c'est en ce sens-là que, tout en admettant votre
point de vue qu'une loi ne crée pas de droits acquis, je crois que vous
aurez d'ailleurs, je crois que vous en avez fait l'expérience sur
le plan confessionnel beaucoup de difficulté à faire
admettre aux anglophones, une fois que la loi que vous aurez votée aura
créé ces situations-là, que vous pouvez les changer, les
éliminer, en fonction de remarques, de recommandations que vous ferez
à la commission Gendron. Ils vous diraient que ce n'est pas comme
ça que ça doit être fait. Cela va être très
embarrassant pour vous.
M. LE PRESIDENT (Pilote): Je remercie la Société
St-Jean-Baptiste de Montréal et M. François-Albert Angers de leur
mémoire et soyez assurés que nous allons en prendre bonne
note.
J'inviterais à présent l'Association des archivistes du
Québec, représentée par M. Claude Poirier.
M. ANGERS: Je vous remercie, messieurs. Merci de nous avoir
entendus.
M. CARDINAL: J'aimerais poser une ques- tion strictement de
procédure, mais qui est fort embarrassante pour nous. A ma connaissance,
nous n'avons pas eu ce mémoire. Il avait été convenu,
dès le début, que les mémoires seraient
déposés auprès du secrétaire de la commission.
M. LE PRESIDENT: Le mémoire vient de m'arriver. C'est le
mémoire numéro 43. Est-ce qu'il y aurait possibilité d'en
distribuer aux membres de la commission?
M. CARDINAL: C'est quand même un accroc à la
procédure, M. le Président.
M. TETLEY: M. le Président, avant de commencer, pendant que le
député de Bagot et le député de Chicoutimi
regardent le mémoire, puis-je vous dire que je regrette personnellement
c'est une observation très personnelle d'avoir
été absent ce matin lorsque les mémoires ont
été présentés. J'ai accepté de faire une
conférence internationale au sujet des investissements étrangers
au Canada et au Québec. C'est une invitation que j'avais acceptée
en juin et, évidemment, je ne pouvais pas annuler mon rendez-vous. Mais
je vais lire avec grand intérêt les mémoires
déposés ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On nous a dit que vos auditeurs ne s'en
étaient même pas rendu compte, quand vous nous aviez
quittés. Ils étaient tous endormis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Ce qu'a dit le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives m'intéresse, parce
que je devrai partir avant la fin des séances, aujourd'hui, et par
conséquent, je me prévaudrai de cette situation parce que j'ai
des raisons sérieuses de le faire, mais ce ne sera qu'une absence d'une
demi-heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi aussi, M. le Président.
M. TETLEY: Je vais m'occuper de vos intérêts.
M. CARDINAL: Les créditistes n'en veulent pas
d'intérêts.
M. LE PRESIDENT: La parole est à M. Claude Poirier, de
l'Association des archivistes du Québec.
Association des archivistes du Québec
M. SEGUIN (Lionel): Messieurs, je regrette c'est Lionel Séguin,
le président qui vous adresse la parole, M. Claude Poirier ayant inscrit
la demande, Mlle la secrétaire a donc inscrit le nom de M. Poirier.
Cependant, j'ai l'honneur
d'etre accompagné de M. Poirier, le secrétaire de
l'association.
M. CARDINAL: Quel est votre nom, monsieur?
M. SEGUIN: Lionel Séguin, le président de
l'association.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Séguin.
M. SEGUIN: Alors messieurs les législateurs, nous voulons d'abord
vous dire...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous pourriez brièvement
décrire qui fait partie de votre association?
M. SEGUIN: L'Association des archivistes du Québec, comme son nom
l'indique, s'étend à toute la province et les membres qui en font
partie sont précisément les spécialistes des archives
professionnelles et également les techniciens du microfilm ou les
analystes. Nous pouvons également avoir parmi nos membres des gens qui,
de près ou de loin, mais plutôt de près,
s'intéressent aux archives, comme par exemple les professeurs d'histoire
ou d'archivistique des universités.
M. LE PRESIDENT: M. Séguin, est-ce qu'il y aurait
possibilité de faire un résumé succinct de votre
mémoire...
M. SEGUIN: Avec plaisir, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: ... et de passer immédiatement aux
recommandations.
M. SEGUIN: Avec plaisir! Dans la page 2, nous disons que nous avons
l'honneur d'endosser le principe du bill 28, c'est déjà quelque
chose d'acquis.
Deuxième chose. Pour un changement, nous ne voulons parler que
d'une chose pratique, des archives. Pour ce qui est des autres
considérations, vous avez tout ce qu'il faut sur vos tables pour pouvoir
vraiment digérer les idées qui ont été
émises et qui d'ailleurs ont beaucoup de valeur. Mais, pour nous, notre
rôle est précisément de garder ces idées qui ont
été émises et toute la paperasse qui vous a
été transmise dans des archives qui deviendront historiques.
A la page 3, vous verrez quelque chose concernant la conservation et la
loi. La loi est très peu précise au point de vue des archives et
on parle de documents contenus dans les archives de la commission. Un cas a
été amené et c'est le cas Garneau versus Laplante à
la cour Supérieure où justement même le juge a eu de la
difficulté à situer et à stipuler dans le cas des
archives, à un tel point que le service juridique de la CECM...
M. SAINT-PIERRE: M. Séguin, je m'excuse...
M. SEGUIN: Je vous en prie.
M. SAINT-PIERRE: Votre mémoire est très technique, je me
demande si on peut passer immédiatement à la page 15 et
peut-être verser au dossier, puisque selon la procédure, nous
publions l'ensemble de votre mémoire dans le journal des Débats.
Ceux qui voudront se pencher sur le problème des archives pourront le
regarder. (Voir annexe B).
Je vois que votre mémoire est très technique. Il touche la
préservation des archives et en particulier les recommandations 2, 3, 6
et 8 touchent à la fois l'organisation scolaire. Vous comprendrez, je
pense bien, que dans la loi on ne peut pas préciser. Je vais prendre un
cas.
Dans la loi on ne précise pas que les commissions scolaires
doivent avoir un service juridique, cela ne veut pas dire que cela les
empêche d'en avoir, on a tenté de préciser ce qui nous
apparaît essentiel, que toutes les commissions scolaires devaient se
conformer et évidemment elles ont toutes la latitude de le faire. Je
pense en particulier à votre recommandation 8, que l'on "subventionne un
programme de recrutement et de formation de onze archivistes dans les plus
brefs délais." Je ne sais pas si comme ministre je suis tellement
sympathique aux archives parce que je sais que dans mon bureau je dois faire
constamment une guerre aux papiers et j'essaie d'en sortir le plus possible,
soit par les paniers ou par les fenêtres. Mais je considère, comme
vous, qu'il y a sûrement nécessité de ne pas faire une
destruction systématique de tout ce qui existe dans les
différentes commissions scolaires actuelles. Je note l'essence, le point
essentiel peut-être de votre mémoire à savoir qu'il y ait
lieu que des techniciens se penchent sur cette question et qu'avant que la CECM
mette le feu dans la bâtisse de la rue Sherbrooke et que la PSBGM fasse
de même rue Fielding, il y a peut-être lieu à quelqu'un
d'expérience de passer en revue les archives. C'est un point qui
pourrait être noté. Personnellement je ne pense pas que cela
s'intègre à un projet de loi mais j'en prends note et je
m'assurerai qu'on le transmette à quelqu'un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Séguin, j'endosse ce que vient de
dire le ministre, parce que naturellement dans le cadre technique de ce
débat nous ne pouvons pas discuter...
M. TETLEY: Est-ce que vous endossez toutes ses idées?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'endosse ce que vient de dire le ministre au
sujet des archives.
UNE VOIX: La plupart du temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais M. Séguin, vous avez sans doute
pris connaissance soit par le feuilleton de la Chambre, ou par les
journaux, que le ministre des Affaires culturelles doit déposer
incessamment un projet de loi dit de conservation du patrimoine. Ce projet de
loi, que j'avais d'ailleurs moi-même conçu et qu'on est en train
de remettre en circulation, visait justement à couvrir, à
s'occuper de tous ces domaines de la conservation et particulièrement
des archives. D'ailleurs, lorsque nous avons démembré le
Secrétariat d'Etat, ce qu'on appelait le Secrétariat de la
province, nous avons pris des dispositions pour la nomination d'un archiviste
en chef, nous lui avons donné des pouvoirs. Mais, en lui donnant les
pouvoirs qui lui ont été accordés, nous ne lui avons pas
donné les pouvoirs qui lui permettraient de se rendre responsable et
propriétaire en quelque sorte au nom de l'Etat des archives de la CECM
et de tous les organismes qui vous intéressent, ces organismes
scolaires. Mais, j'imagine, car je ne connais pas l'état du projet
actuellement, que le ministre des Affaires culturelles qui était ici
tantôt pourra nous rassurer sur la conservation des archives et nous dire
que son projet de loi s'occupera de ce domaine de la conservation des archives,
quitte ensuite au ministre, par réglementation, à
déférer la question à l'instance responsable qui sera
semble-t-il le ministère des Affaires culturelles.
M. SEGUIN: M. le Président, je ne voudrais pas prendre exemple
sur mes prédécesseurs mais je voudrais bien, s'il vous
plaît, que vous me donniez au moins trois minutes. J'avais droit à
cinq minutes d'exposé et je ne les ai pas eues. Je ne désire pas
repartir frustré au nom de mon association.
M. LE PRESIDENT: On vous donne trois minutes.
M. SEGUIN: Vous m'arrêterez, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A volonté.
M. SEGUIN: Ce que les gens du Québec en général
y compris au moins nos législateurs du passé, parce que
concernant les législateurs actuels, on attend qu'ils posent des gestes
n'ont vraiment pas compris, à notre sens et l'histoire est
là pour le certifier, ce n'est pas un verbiage, c'est le sens du mot
"archive". Pourquoi, par exemple, demande-t-on d'apporter cinq copies
d'archives pour chaque groupe qui vient ici se présenter? En
voilà de la production de papier. Or toute la production de 125 ans
d'administration scolaire et civile de Montréal s'est faite sur du
papier, du ruban ou du film. Il faut l'admettre. Etes-vous prêt demain
matin à prendre ces 125 ans d'histoire d'administration de 33
commissions scolaires de l'île de Montréal, française,
anglaise, protestante, juive et catholique et de jeter cela au panier si on ne
le met pas dans la loi? Or, je puis vous affirmer, MM. les commissaires, que
nous avons des faits, des écoles où quelqu'un qui ne s'y
connaît pas et n'y comprend rien a tout simplement jeté pour 60
ans de documents d'écoles secondaires au panier, au rebut et les gens
viennent nous demander des certifications que nous ne pouvons pas donner. C'est
du crime, c'est punissable sévèrement dans certains pays, au
moins autant que du vol, pire que du vol.
En plus, je vous dirais que, même dans certains services
ministériels nous sommes au courant, nous avons les endroits
on a même pris de pleins camions pour aller les jeter dans un
dépotoir, parce qu'il n'y a pas de loi d'archives et il n'y a pas de
texte. Dans ce nouveau bill 28 que vous voulez restructurer dans les plus
belles formes possibles vous avez exactement pris le mot "archives" une fois
ce à quoi je me suis référé, en page 6
en parlant du secrétaire général de la commission,
pour dire qu'il aura le droit de garder les archives. C'est là qu'est le
mot "archives". Qu'est-ce que ce sont des archives? Que deviennent les archives
passées?
Notre recommandation principale est d'abord de sauvegarder
cent-vingt-cinq ans d'histoire d'archives.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que votre groupe a étudié le
problème? Parce qu'il n'existe pas uniquement sur l'île de
Montréal, il existe dans l'ensemble de la province. Vous parlez de
cent-vingt-cinq ans de production.
M. SEGUIN: C'est dans l'île.
M. SAINT-PIERRE: Oui, je le sais, mais j'y suis opposé, si
"archives" englobe toute la production écrite, filmée,
photographiée, enregistrée, mécanographiée d'une
entité scolaire vous avez cela dans la recommandation 2
j'aime autant vous dire que personnellement, je suis contre le fait qu'on va
tout garder ce qui se fait dans toutes les commissions scolaires. Parce que,
dans vos recommandations, vous n'avez pas un mécanisme, vous
empêchez les gens de les détruire. Il n'y a aucun mécanisme
qui nous dise exactement ce que vous trouvez d'important et qui devrait
être gardé.
M. SEGUIN: Oui, oui.
M. SAINT-PIERRE: S'il y en avait, je trouve qu'actuellement, ce n'est
pas dans le projet de loi 28 mais dans l'article 16 de la Loi de l'Instruction
publique qu'on dit que le lieutenant-gouverneur en conseil a tous les pouvoirs
de réglementation touchant l'organisation, l'administration des
écoles et des commissions scolaires. Et là, quant à votre
suggestion c'est la première fois que je l'entends il est
peut-être approprié pour le lieutenant-gouverneur en conseil de
dire: Non seulement pour les commissions scolaires, mais pour les corporations
municipales, on doit garder le compte rendu des réunions du conseil, on
doit garder ci,
on doit garder ça ou une copie de ci, déposer ça
à Québec. Je ne suis pas un expert, vous l'êtes plus que
moi. Je ne retrouve pas cela dans votre mémoire. Je serais heureux
d'avoir un projet de réglementation sur ce qui vous semble important,
mais je me refuse à souscrire au fait que, dans la loi, on dise à
tous les gens, on dise aux commissions scolaires: Vous ne pouvez pas
détruire toute la production écrite, filmée,
photographiée, enregistrée, méconagraphiée d'une
entité scolaire. C'est le contraire.
M. SEGUIN: Je regrette, M. le ministre, vous avez un bon
côté, mais je pense que quand même je ne vous
blâme pas vous ne saisissez peut-être pas le point de cette
définition. Cette définition veut dire que, pour parer au
jugement qui est survenu en cour Supérieure, on dise ce que c'est. Vous
avez dans certaines commissions scolaires vous n'en doutez pas un
groupe de cinq ou six personnes très bien qualifiées qui vont
faire un sujet de recherche énorme et elles arriveront à une
production assez intéressante et assez fantastique pour un projet
donné. Entre autres, lorsque sont arrivées les méthodes
nouvelles, les options graduées, enfin un tas de choses comme cela.
Mais, pour une raison ou une autre, ce projet travaillé par six
individus bien qualifiés, bien payés, bien
rémunérés, est resté là. Est-ce que nous
considérerons cela comme des archives ou bien si nous pouvons nous en
défaire parce que, simplement, ça n'a pas été
tablé? Or, dans la loi actuelle, les gens qui ont travaillé
ça peuvent s'en défaire. Nous ne sommes pas d'accord, pour la
bonne raison qu'il y a des milliers de dollars qui sont contenus
là-dedans et si ça a été établi cette
fois-ci et qu'on n'a pas pu en prendre soin, autrement dit qu'on n'a pas pu
pousser le projet, il n'y a rien qui nous dise que ça ne reviendra pas.
Ou tout au moins, cela a une valeur énorme de recherche future.
M. SAINT-PIERRE: Le problème de la dissémination de la
recherche...
M. SEGUIN: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: ... permettre de colliger facilement ce qui a
été fait dans des inventaires. Mais l'esprit de votre
recommandation, c'est que tout ce qui se fait dans toutes les commissions
scolaires, qui est imprimé sur du papier, doit être
conservé pour l'éternité.
M. SEGUIN: Vous avez raison. Vous apportez un très bon point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre a volontairement
caricaturé un peu. Je comprends très bien le point de vue de M.
Séguin, parce que j'ai dû m'occuper de ce problème
d'archives qui est extraordinaire, partout, dans les greffes, dans les
commissions scolaires, à travers tout le Québec. Un moment
donné, on s'est rendu compte qu'on détruisait
énormément de documents. J'ai dû intervenir moi-même
auprès de mes collègues du cabinet, à un certain moment,
qui détruisaient ou qui laissaient détruire, si vous voulez
parce que comme vous disiez, on finit par être encombré
qui détruisaient des documents qui étaient absolument
essentiels à l'histoire économique du Québec, entre
autres, les rapports de faillite. Nous avons pris des décisions au
conseil des ministres et j'ai fait la préparation d'un projet de loi,
dit de conservation, qui a été repris d'ailleurs par le ministre
des Affaires culturelles et qui doit nous être soumis.
Je suis bien de l'avis du ministre lorsqu'il dit qu'il est très
difficile d'inclure dans un article précis de la loi que l'on doive
remettre à telle personne, M. X, tous les documents. Mais est-ce que le
ministre ne pourrait pas considérer et envisager
l'éventualité, dans les mesures dites transitoires, de rendre un
spécialiste responsable de ces documents, quitte, par la suite, à
un spécialiste en archivistique, d'examiner quelle est la valeur de
chacun des documents.
M. SEGUIN: C'est d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est bien entendu qu'il y a un tas de
petites fiches et d'inscriptions qui ne veulent rien dire, il y a de la
paperasse inutile, comme il y a un tas de mémoires que nous avons, il
n'est pas nécessaire de toujours les conserver. Tout dépend de
l'importance des documents qui nous sont soumis.
Mais j'aimerais que le ministre, dans la réglementation,
lorsqu'il est question des mesures transitoires, prévoie une clause qui
dise: M. Untel sera dépositaire des archives, conservateur de cette
immense masse qu'il faudra par la suite répartir je ne sais trop
où, dans les différents services des Affaires culturelles ou les
services d'archives des ministères, parce que ce que souligne M.
Séguin est extrêmement important pour l'histoire scolaire du
Québec.
M. SAINT-PIERRE: M. Séguin, ne vous sentez pas frustré,
vous avez piqué ma curiosité. Je vais regarder dans le projet de
loi de mon collègue des Affaires culturelles si, dans le patrimoine
national, on a pensé à définir des archives sur le plan
scolaire. Je retiens la suggestion du député de Chicoutimi que,
dans la période de transition, il y aurait peut-être quelque chose
dans nos lois qui empêcherait la destruction de ce que possèdent
actuellement les commissions scolaires.
M. SEGUIN: C'est ça. Voyez-vous, si vous me permettez, M. le
ministre, je vous référerais à la quatrième de nos
recommandations. J'allais avoir une petite pensée qui n'a pas de malice,
mais j'étais pour dire que, justement, vous nous définissez bien,
M. Tremblay, parce que les archivistes ne sont pas nécessairement des
con-
servateurs, ils sont même assez libéraux pour se
départir de leurs papiers...
Il arrive au moins qu'à ce moment-là la chose se fait
d'une façon technique. L'important est de les sauvegarder,
d'empêcher qu'on les jette. Qu'on prenne dix ans avec un programme
complet pour pouvoir passer à travers, en faire l'analyse et le reste,
ça n'a pas d'importance. C'est pourquoi arrive la recommandation no
4.
Nous recommandons que toutes les archives des commissions scolaires
actuelles de l'île de Montréal soient versées au fonds
général du conseil scolaire de l'île de Montréal, ce
qui veut dire qu'elles sont entreposées. Là, on a une sauvegarde,
n'est-ce pas, et après ça, que le conseil scolaire fasse son
organisation. Naturellement, nous, comme professionnels de ce domaine, nous
voyons tout simplement sur l'île de Montréal, dans la nouvelle
restructuration, que le conseil scolaire, ait un archiviste en chef qui, lui,
serait à la fois responsable des anciennes archives des commissions
scolaires maintenant disparues. Il serait en charge, par le fait même,
des archives courantes du nouveau conseil scolaire. Il aurait le droit de
coordination avec les onze autres commissions, parce que, dans les onze autres
ou les sept autres, ça n'a pas d'importance, il faudrait
nécessairement maintenant, à cause de leur importance et de leur
étendue, avoir un archiviste dans chacune.
Là, le travail serait très facile, pourvu qu'on commence,
mais c'est un domaine qui n'a pas été exploité. Je
voudrais simplement terminer, M. le Président, j'y arrive. Tout
simplement, dans la conclusion, vous verrez que nous avons voulu faire un
travail modeste en phraséologie. Nous n'avons pas voulu embêter le
législateur, mais nous y rappelons que les grandes nations se sont
bâties et ont été reconnues grâce à leurs
archives, autour desquelles ils font un précieux travail de
conservation. Ce sont les archives qui ont fait connaître entre autres le
Vatican, la France et l'Allemagne, pour n'en nommer que trois. Mais nous
pourrions ajouter beaucoup d'autres pays. Les archives, c'est un trésor,
et nous, nous n'avons pas encore cette dévotion et c'est cette
dévotion que j'aimerais voir commencer dans ce salon rouge, si ça
peut vous plaire.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Séguin, de l'Association...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nos délibérations sont d'autant
plus précieuses, messieurs, qu'elles vont devenir documents
d'archives.
M. LE PRESIDENT:...des archivistes du Québec. Je me suis rendu
compte que vous étiez conservateur et nous prendrons libéralement
en considération vos recommandations.
M. SEGUIN: Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: La parole est à présent à
l'Association mathématique de Montréal, représentée
par M. Gilbert Paquette.
Association mathématique du
Québec
M. PAQUETTE: M. le Président, messieurs, si vous me permettez
d'abord de présenter l'organisme que je représente. L'Association
mathématique du Québec est une association qui regroupe environ
800 membres principalement des professeurs de mathématique qui
enseignent à tous les niveaux et provenant des différentes
régions du Québec. Notre objectif premier est
l'amélioration de la qualité de l'enseignement. A ce titre, nous
avons participé de très près à la réforme en
profondeur de l'enseignement des mathématiques qui commence à
faire sentir ses effets à différents niveaux d'enseignement.
Dans ce sens, le projet de loi 28 nous intéresse au plus haut
point parce qu'il va créer sur l'île de Montréal où
nous avons environ la moitié de nos membres, un cadre à
l'enseignement, un cadre qui affectera sûrement la vie pédagogique
sur l'île de Montréal. Nous aimerions discuter du projet de loi
principalement sous l'angle de la qualité pédagogique en
particulier les questions concernant l'animation pédagogique, la
participation des enseignants et des citoyens et également la question
d'une répartition équitable du financement de façon
à doter toutes les écoles, en particulier celles qui se trouvent
en milieux défavorisés, de moyens suffisants.
Je passe à la page 3. Notre position de base c'est un appui aux
principes fondamentaux du projet de loi c'est-à-dire un conseil scolaire
doté de pouvoirs étendus, également le principe des
commission scolaires unifiées et l'élection de la majorité
des commissaires au suffrage universel.
Cependant, les points que nous jugeons et où le
législateur devrait apporter des améliorations concernent le
rattrapage des zones défavorisées qui est permis par le projet de
loi mais qui n'est pas assuré; de même nous trouvons qu'il y a des
lacunes en ce qui concerne la participaton des citoyens et des enseignants.
M. SAINT-PIERRE: Pourquoi dites-vous que ce n'est pas assuré?
M. PAQUETTE: Dans ce sens que ce n'est pas écrit dans la loi. Le
conseil scolaire a probablement la majorité des pouvoirs qu'il lui faut.
Maintenant, est-ce que le conseil va les appliquer? C'est la question.
M. SAINT-PIERRE: C'est la même chose que si on disait dans la loi:
Le député doit faire son devoir. Cela ne pourra pas assurer que
le député va le faire. La majorité des membres du conseil
scolaire sont élus démocratiquement. Ils possèdent les
pouvoirs. Je ne vois pas ce que les législateurs peuvent faire de plus.
Vous dites qu'on ne s'est pas assuré que le conseil scolaire
va s'occuper des zones défavorisées. Je trouve que c'est
la population qui aura mal choisi ses propres représentants au niveau
scolaire.
M. PAQUETTE: Vous disiez tantôt que vous aviez un bon nombre de
mécanismes qui permettaient de redistribuer les richesses sur
l'île de Montréal et, pourtant, personne ne s'en est servi encore.
Il y a eu très peu d'efforts de ce côté-là. Il y en
a eu du côté de la CECM. Le problème est loin d'être
réglé.
M. SAINT-PIERRE: Je suis d'accord avec vous mais je ne vois pas pourquoi
on dit que dans le projet de loi cela ne permet pas de rattrapage...
M. PAQUETTE: Il me semble qu'on devrait être plus précis de
ce côté-là...
M. SAINT-PIERRE: Comme quoi?
M. PAQUETTE: ...et demander au conseil scolaire de le faire. Je vais
passer à la page 6.
M. LAURIN: Sur ce point-là, est-ce que vous avez une suggestion
concrète ou un texte?
M. PAQUETTE: Je pense que nous en avons un...
M. SAINT-PIERRE: Je ne voudrais pas sembler agressif. C'est comme mettre
dans le projet de loi que les commissaires doivent avoir de bonnes relations
avec les syndicats d'enseignants. Même si on le met dans le projet de
loi, cela ne veut pas dire que cela va être comme ça. On donne des
responsabilités à des gens, un mandat précis. Je dis que
le conseil scolaire est l'organisme qui détermine le taux de taxes, une
fois les normes provinciales données à chacune des commissions
scolaires, c'est lui qui peut prendre l'excédent sur l'ensemble de
l'île de Montréal, il peut percevoir $3 millions, $4 millions, $5
millions ou $6 millions et décider que, de ces $6 millions-là, 90
p..c. seront dépensés dans des zones grises soit francophones ou
soit anglophones de Montréal. C'est le conseil scolaire qui est
élu démocratiquement et qui... Maintenant, s'il refuse de le
faire, c'est aux gens de poser des questions. Autrement, on est aussi bien de
dire que c'est le législateur ou que c'est le ministre de l'Education
qui va décider comment les sommes sont dépensées dans les
moindres sous.
M. LAURIN: ...M. le ministre, dans des projets de loi importants, il y a
parfois un préambule qui énonce les grands objectifs. Il n'est
pas du tout impossible, par exemple, que le projet de loi 65 sur la
réorganisation des services sociaux soit précédé
d'un préambule où on énonce les grands objectifs que l'on
veut atteindre.
Moi aussi, je suis d'accord avec vous en disant qu'on ne peut pas faire
de ça l'objet d'un article spécial d'un projet de loi. Mais
peut-être que le projet de loi 28 gagnerait à être
précédé d'un préambule. Cela aurait pu faire taire
ou dissiper des confusions, des malentendus ou associer devantage la
collectivité à l'action que veut mener le gouvernement.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, la suggestion
du député de Bourget part d'un naturel excellent. Je ne connais
rien en psychiatrie, mais j'ai appris une autre matière qui s'appelait
le droit. Or, l'on sait que, d'après les statuts refondus de
Québec, les règles d'interprétation sont telles que les
préambules ne peuvent même pas servir à interpréter
la loi. L'on a constaté, d'autre part, que, lorsque dans certaines lois,
comme la Loi du ministère de l'Education, on a un
préambule...
M. TETLEY: Dans l'Amérique du Nord britannique.
M. CARDINAL: Oui, on est pris avec parce que, après, même
si on ne peut pas s'en servir pour l'interpréter, les gens y voient
encore une fois des droits acquis qui, en droit, n'existent pas. En d'autres
mots, ce que je veux souligner, c'est le danger d'utilisation du
préambule, qui est une arme à deux tranchants et qui vient faire
une coquille qui donne une impression qui est fausse et qui ne donne aucun
résultat juridique. A ce moment-là, je ne défends ni
n'attaque la thèse du représentant de l'Association
mathématique, mais je souligne ce point sur lequel, je pense, le
ministre des Institutions financières, Compagnies et Coopératives
est d'accord.
M. SAINT-PIERRE: Un objectif aussi louable pourrait être dans le
programme des partis scolaires qu'on aura sur l'île de
Montréal.
M. PAQUETTE: Je vais continuer. A la page 6, nous parlons de la
qualification et de l'efficacité des enseignants. C'est certain que le
facteur peut être le plus important concernant la qualité de
l'enseignement concerne la qualification des professeurs. Nous affirmons que le
besoin de perfectionnement des maîtres est criant et ralentit
considérablement l'évolution normale de l'enseignement. Nous
continuons de réclamer une action énergique du gouvernement dans
ce domaine. L'effet sur le projet de loi 28 que nous voyons c'est notre
deuxième proposition, à la page 7...
M. SAINT-PIERRE: Votre première recommandation, vous la sautez
délibérément?
M. PAQUETTE: Non, j'y reviens après.
Que le conseil se donne les mécanismes nécessaires pour
planifier le perfectionnement des enseignants en tenant compte des besoins
locaux; affecter le personnel enseignant suivant
les besoins exprimés par les commissions en tenant compte des
qualifications spéciales que requièrent les zones
défavorisées; déterminer la tâche moyenne de
l'enseignant suivant les commissions scolaires en la diminuant dans le cas des
zones défavorisées.
La proposition 1 m'apparaît un mécanisme pouvant faciliter
la réalisation de la proposition 2. Mais je pense qu'il y a
peut-être d'autres moyens de le faire. Disons que la proposition est
là quand même.
M. SAINT-PIERRE: Pour quel motif faites-vous votre proposition 1,
à savoir que le conseil scolaire soit le seul employeur avec tout ce que
ça peut impliquer?
M. PAQUETTE: Nous pensons qu'à ce moment-là l'application
de la convention collective où il y a des clauses concernant le
perfectionnement des maîtres et l'animation pédagogique, si elle
était entre les mains du conseil scolaire, ça forcerait une
application â une seule unité de négociations au niveau de
toute l'île de Montréal. Peut-être que ça
faciliterait l'application de la proposition 2.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que c'est la seule raison que vous avez à
l'esprit pour votre proposition 1?
M. PAQUETTE: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le plupart de vos membres sont des membres
de l'Alliance des professeurs de Montréal?
M. PAQUETTE: Forcément, étant donné que ce sont des
enseignants, ils doivent être membres d'un syndicat...
M. SAINT-PIERRE: Non, mais versus l'Alliance, versus d'autres
syndicats?
M. PAQUETTE: J'aimerais dire que notre association tient â se
distinguer des syndicats. Elle regroupe les gens qui sont
intéressés à une réforme de l'enseignement. Dans ce
sens, les gens qui militent à l'intérieur de notre association ne
sont pas les mêmes que ceux qui militent à l'intérieur des
syndicats. Du point de vue syndical, nous sommes tout à fait neutres de
ce côté. Onze syndicats ou un seul sur l'île de
Montréal, cela ne nous dérange aucunement.
Concernant l'animation pédagogique, nous nous basons sur une
information que nous croyons exacte. Les adjoints dont on parle à
l'article 589, leurs dépenses et leurs salaires vont être pris
à même le budget des cadres administratifs.
M. SAINT-PIERRE: Le point qui...
M. PAQUETTE : Je vais vous expliquer pourquoi je pose cette
question.
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est...
M. PAQUETTE: Nous avons un problème, je pense qu'il n'est pas
nécessaire d'insister sur le besoin de coordonnateurs en
mathématiques et dans les principales matières à
enseigner. L'on donne quelques arguments dans le mémoire. Je pense qu'il
y en a des tonnes. Le problème, c'est qu'il peut y en avoir
actuellement, il y en a, dans certaines régionales, dans certaines
commissions, des coordonnateurs ou des animateurs pédagogiques, sauf
que, dans certaines commissions, les gens se voient placés devant le
choix entre nommer un coordonnateur ou nommer un principal adjoint ou un
directeur des études adjoint, de sorte que, selon l'optique des
administrateurs en place, il arrive que dans certaines commissions il n'y ait
pas de coordonnateur. On trouve cela désastreux pour la réforme
de l'enseignement des mathématiques.
Or, l'on trouverait intéressant que, dans le projet de loi, l'on
institutionnalise les postes de coordonnateurs au niveau des commissions
scolaires. C'est ce que nous recommandons à la page 10. Nous mettons
cela en opposition avec les postes d'adjoints aux directeurs de l'enseignement
parce que nous pensons que leurs salaires et les autres frais vont être
pris sur les mêmes budgets. C'est pour cela que je vous pose la
question.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que
les postes dans les trois services clés que j'ai mentionnés:
personnel, service aux étudiants et service de l'enseignement, je pense
que vous allez admettre avec moi qu'avec des commissions scolaires moyennes de
35,000 élèves, c'est évident que chacun de ces services
aura au moins deux personnes. Lorsque l'on prend la CECM, qui a plus de 1100
personnes à son service aujourd'hui, avoir un francophone et un
anglophone dans les onze pour ces trois postes-là, ce qui fait
trente-trois postes, cela, de toute façon, devrait être
nécessaire sur le plan administratif...
M. PAQUETTE: Sans doute dans un certain nombre de commissions, mais dans
des commissions où il y a 5,000 ou 6,000 étudiants...
M. SAINT-PIERRE: Mais il n'y a pas que cela.
M. PAQUETTE: ... de minorité.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais même avec le projet de loi, le
gouvernement n'a pas rejeté la possibilité de réduire le
nombre de commissions scolaires. Même actuellement, la plus petite
commission scolaire a environ 27,000 élèves. Prenez une
commission scolaire de 27,000 élèves, je pense à la
régionale Chambly qui en a seulement 16,000, malheureusement, je pense
que c'est nécessaire, dans ces trois postes-là, il y a plus que
deux personnes. Tout ce que le
projet de loi dit est ceci: Si le responsable est francophone, son
adjoint doit être anglophone. Moi, je vous dis que, pour l'île de
Montréal, on va avoir besoin de dix fois ces trente-trois
postes-là, si, au niveau des cadres, actuellement, on les a.
M. PAQUETTE: Alors, vous affirmez que cet article n'augmente pas le
nombre de postes administratifs.
M. SAINT-PIERRE: Du tout. Tout ce que vous soulevez au sujet des
coordonnateurs, à mon sens, n'appartient pas à la
législation scolaire, cela appartient plutôt aux normes
administratives et budgétaires du gouvernement. Si vous avez une formule
magique pour trouver $200 millions au budget de l'Education qui,
déjà, accapare une bonne partie des revenus de l'Etat, il n'y a
rien que j'aimerais mieux que d'avoir des spécialistes du
français, des spécialistes en éducation physique, des
spécialistes de langue seconde au niveau élémentaire,
d'avoir des animateurs, des coordonnateurs de groupes. Cela, c'est
l'équilibre entre nos ressources et nos besoins. A mon sens, cela
n'appartient pas à un texte de loi, cela appartient à ce que vous
connaissez peut-être, la brique, nos normes administratives et
budgétaires qui sont révisées chaque année en
fonction des revenus de l'Etat et des besoins.
M. PAQUETTE: Cela dépend. Si l'on veut vraiment qu'il y ait une
réforme de l'enseignement qui se fasse, il va falloir mettre des
ressources là-dessus.
M. SAINT-PIERRE: Mais le projet de loi 28...
M. PAQUETTE: Cela me semble des postes, au moins, aussi importants que
les postes qui sont proposés dans le projet de loi.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais un n'enlève pas l'autre. Enfin, ce
n'est pas marqué qu'il doit y avoir des professeurs. Il est
évident qu'il va y avoir des professeurs parce qu'il y a un manuel
d'administration des règles budgétaires qui indiquent dans le
moment qu'au secondaire le rapport est 1/17. Ce n'est pas marqué dans la
loi parce qu'alors même que la loi sera promulgée, peut-être
l'an prochain, suivant les ressources de l'Etat, cela s'améliorera ou
cela pourra changer. Ce sont deux problèmes différents il me
semble.
M. PAQUETTE: N'avez-vous pas l'impression que cet article va
créer un dédoublement de postes tout le long de la structure? Par
exemple, le directeur des services à l'enseignement francophone sera
obligé d'avoir un adjoint anglophone. Il va peut-être
éprouver le besoin d'avoir un adjoint francophone si...
M. SAINT-PIERRE: Non, il n'y a qu'un seul service. Tout ce qu'on dit
c'est que, si le titulaire est d'un groupe linguistique, son adjoint d'un autre
groupe, cela n'exclut pas toute la structure d'un seul service. Il n'est pas
question de dédoubler les services, c'est un seul service, un service du
personnel. Moi, ce que je vous dis, c'est qu'avec une commission scolaire
minimale d'à peu près 25,000 élèves, vous savez, ce
n'est pas la commission scolaire de "Saint-Reculé" c'est une commission
scolaire assez importante qui a X postes administratifs, elle recrute son
personnel et établit son organigramme suivant ses besoins. La loi ou le
législateur lui impose d'avoir une représentation des deux
groupes linguistiques pour ces trois postes qui nous apparaissent être
des postes clés. Mais, ça n'exclut pas ce qu'il va y avoir au
niveau des coordonnateurs ou d'autres postes administratifs ou
pédagogiques.
M. PAQUETTE: Moi, j'aimerais quand même insister sur le fait que,
dans le domaine de l'éducation, jusqu'à maintenant, on a fait
principalement une réforme administrative et qu'il serait temps qu'on
commence à penser à la pédagogie. Si cela ne peut
être mis au niveau du projet de loi, qu'on essaie de le mettre dans les
règlements qui suivront de façon à s'assurer que nous
aurons ces postes-là, pour que la situation ne soit pas pire qu'elle
l'est actuellement. A la CECM par exemple, il y a un bureau de perfectionnement
de l'enseignement où il y a des animateurs engagés à temps
plein, dans chacune des régions administratives, il n'y en a pas dans
certaines des autres petites commissions. Il me semble qu'on devrait faire
attention à ces aspect-là, au moins dans le règlement.
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas capable d'accepter avec vous que,
jusqu'ici, la réforme ait été uniquement une
réforme de structure. Je sais que ce qui a frappé l'imagination
populaire ce sont des réformes de structures. Il y a eu quand
même, je pense au niveau des mathématiques ou du français,
des programmes-cadres, et toute l'expérience SEMEA, ça se traduit
en chiffres. Il y a eu quand même une réforme importante qu'on va
tenter d'accentuer, car, justement, on espère avec ce projet de
loi-là terminer les structures. Vous dites qu'il n'y a pas suffisamment
d'attention à la pédagogie. Il faut convenir qu'au Québec,
au niveau de la charge d'enseignement et au niveau des rapports
maîtres-élèves, on se situe à l'avant-garde de
toutes les provinces canadiennes.
M. PAQUETTE: Je passe au point suivant, le matériel didactique et
l'expérimentation pédagogique. Evidemment, nous ne sommes pas des
juristes, je me rends compte que la proposition 4, elle aussi, peut
difficilement entrer dans un projet de loi. Il me semble que, quand même,
peut-être au niveau des règlements enfin,
je pense que dans la loi de l'université du Québec
on donne la possibilité d'établir des centres de recherche. Il me
semble que cette chose-là devrait au moins être mentionnée.
Cela me paraît extrêmement important, les professeurs à
vingt-deux périodes par semaine n'ont aucun soutien actuellement pour
améliorer leur enseignement. Ils sont pratiquement réduits
à prendre un manuel et à le réciter en classe. Si nous
n'avons pas ces services techniques, il sera difficile d'améliorer
l'enseignement.
C'est la même chose au niveau des mécanismes
budgétaires, cela nous semble extrêmement lourd. Quelqu'un qui
veut faire une recherche ou une expérimentation pédagogique devra
se prendre peut-être deux ans à l'avance, avant que ça
puisse être inscrit au budget de la commission ou que ça remonte
au conseil scolaire et que ça redescende. On aimerait qu'il y ait un
fonds spécial pour subventionner les expériences
pédagogiques.
A la section suivante, on a noté comme d'autres organismes qu'on
ne parlait pas d'éducation permanente dans le projet. On propose que le
conseil scolaire voie à planifier les services d'éducation
permanente, de façon qu'ils puissent s'étendre à
l'ensemble de l'île. Actuellement, la CECM a un service
d'éducation permanente bien développé, ce qui n'est pas le
cas des commissions de l'extérieur.
Concernant la répartition des ressources, on en avait
parlé un peu au début. Or, on a les propositions relatives
à cette question-là. Il nous semble important que le conseil
scolaire soit propriétaire des immeubles et équipements du
conseil et des commissions si l'on veut faire un rattrapage des zones
défavorisées rapidement et donner aux enseignants les outils dont
ils ont besoin dans tous les coins de l'île, en particulier dans les
zones défavorisées, où le travail est
particulièrement difficile.
M. ST-PIERRE: Encore une fois, je ne voudrais pas éterniser le
débat. Si le conseil scolaire est propriétaire de tous les
immeubles, si on accepte la thèse que c'est le conseil scolaire qui est
l'employeur, c'est là que sont toutes les ressources. Il y a des
arguments en faveur de cela. L'argument contre, on l'a déjà
évoqué, c'est qu'essentiellement on a une seule commission
scolaire au niveau de l'île et cette commission scolaire a tendance
à s'éloigner des collectivités, de ne pas être
tellement près. Nous, nous avons opté et c'est à
mon sens la différence principale avec le projet de loi 62 pour
donner le maximum de pouvoirs à la commission scolaire unifiée,
c'est-à-dire qui est près d'elle et des collectivités qui
peuvent être différentes dans l'ouest, dans le centre, dans l'est.
Au niveau de l'équipement et des bâtiments, je ne vois pas la
différence, parce que vous savez, même si le conseil scolaire est
propriétaire des édifices, vous n'êtes pas capable de
prendre l'école qui a cinq ans d'existence, de l'ouest de la ville, et
de la déplacer dans une zone défavorisée. Quand on
connaît les mécanismes d'immobilisation, nous pouvons être
assurés que, par l'entremise du ministère et du conseil scolaire,
une attention particulière sera apportée et que tous les nouveaux
investissements vont aller surtout dans les zones défavorisées
pour permettre un rattrapage. Mais je pense bien que, peu importe qui est
propriétaire des immeubles et tenant compte de la facture du projet de
loi 28, il nous semble préférable de le laisser à la
commission scolaire. On ne peut pas déplacer des édifices
luxueux, ou peu importe le terme, qui sont dans l'ouest de la ville, pour les
amener dans Saint-Henri. Il faut les laisser là. Ce que l'on peut faire,
c'est que pour tout ce qui va se construire, et le plus possible, on va donner
une importance particulière aux besoins des zones
défavorisées.
M. LAURIN: Il y a des décisions concernant les immobilisations et
les budgets de fonctionnement qui vont quand même rester la
responsabilité du conseil scolaire, en collaboration avec le
gouvernement, avec le ministère.
M. SAINT-PIERRE: Avec le ministère. Pour les budgets
d'immobilisation, c'est 100 p.c. vrai; pour les budgets de fonctionnement, nous
apporterons peut-être des précisions, en ce sens que je ne
voudrais pas non plus que l'on fasse preuve d'un espèce de masochisme et
que l'on dise aux anglophones qu'ils auront $100 de plus dorénavant. Si
le coût moyen je veux prendre des chiffres à
l'élémentaire est de $500, vous allez être
obligés de vous contenter de $100 par élève et d'avoir 75
élèves dans une classe. Je pense bien qu'il faut assurer chaque
commission scolaire unifiée d'un minimum, mais il faut donner au conseil
scolaire le droit de prélever, sur l'ensemble de la collectivité,
une surtaxe si je peux employer l'expression de la redistribuer
d'une façon discrétionnaire et, j'espère, surtout dans les
zones défavorisées.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais rappeler aux membres de la
commission que cela fait au moins 20 à 25 fois que le sujet revient,
concernant le problème que vous mentionnez. Si vous voulez passer
à autre chose...
M. PAQUETTE: Oui, d'accord. Vous avez mentionné une
préoccupation de rapprocher les décisions des citoyens. C'est ce
dont on parle à partir de la page 16. J'y arrive.
Je lis le deuxième paragraphe. "Devant les pouvoirs
centralisateurs qui doivent être donnés au conseil scolaire de
l'île, il nous apparaît d'autant plus important d'assurer que la
voix des citoyens, en particulier, de ceux qui ont un rôle plus actif
à jouer dans le processus d'éducation, pourra être entendue
à tous les niveaux, grâce à des organismes forts de
participation par la base." Ces organismes, nous les voyons des comités
d'écoles, au niveau de chacune des écoles, qui n'aient pas un
pouvoirsimplement
consultatif comme il est proposé dans le projet de loi. On dit,
page 17, proposition 11," Que le comité d'école a) soit
l'organisme de décision au niveau de l'école, en particulier en
ce qui concerne l'utilisation des locaux, les services aux étudiants, le
rôle de l'école dans le quartier et la réalisation des
enseignements dans le cadre des programmes et directives du ministère et
suivant la planification établie au niveau de la commission
pédagogique" dont on parle un peu plus loin; b)soit consulté lors
de la préparation du budget et des politiques pédagogiques par la
commission; c) soit consulté sur le choix des cadres administratifs de
l'école et du personnel enseignant; d)ait droit à toute
l'information nécessaire et puisse convoquer des assemblées de
parents et des enseignants."
Faisant partie de ce comité, on voit un comité mixte
parents-enseignants auquel on ajoute le directeur de l'école. Or, selon
nous, les besoins viennent du comité de l'école et il faut
s'assurer que, dans la structure, les besoins pourront se rendre aux
commissions et aux conseils scolaires. Cela explique certaines autres
recommandations que je ne lirai pas.
Autres organismes de participation de base que nous proposons. Une
commission pédagogique pour permettre aux enseignants, qui sont les
mieux placés sur le plan pédagogique pour orienter
l'enseignement, de prendre certaines décisions au sein des commissions
scolaires.
Proposition 13. Nous voudrions que cette commission...
M. SAINT-PIERRE: Proposition 12. Un simple commentaire. Ne trouvez-vous
pas que les enseignants, soit par leur syndicat, soit par des mécanismes
comme des comités de régie, des comités
pédagogiques et autres, ont une voix pour exprimer leur point de vue sur
la vie à l'intérieur de l'école? Et personne ne voudra
nier l'importance de cet avis-là, l'importance de cette
participation-là. C'est un peu le son de cloche que nous ont
donné les associations de parents. Par contre, jusqu'à ce jour,
les parents n'ont pas eu, eux, ce type de cheminement, ce type de canal leur
permettant d'exprimer leur point de vue. Il est peut-être
nécessaire, au niveau du comité d'école, de s'assurer que
ce n'est pas un partage égal entre enseignants et parents, puisque le
risque, c'est que les parents vont se sentir étouffer devant, en
général, un corps enseignant qui est beaucoup mieux
informé. Enfin, il s'agit de participer à des comités de
parents: les parents se plaignent du jargon qui y est employé et sont un
peu dépassés par ceci.
M. PAQUETTE: C'est possible, c'est qu'il nous semblait qu'un seul
professeur pouvait difficilement rendre compte de l'opinion des enseignants sur
l'orientation pédagogique de l'école.
M. SAINT-PIERRE: Mais comme...
M. PAQUETTE: On n'aurait pas d'objection à ce que les parents
soient majoritaires et qu'ils aient le rôle le plus important au niveau
de l'école. Il nous semble que le rôle des enseignants doit
plutôt se situer au niveau de la commission où les
décisions de planification pédagogique devraient normalement se
prendre, suivant l'esprit du projet de loi, suivant ce qu'on propose aussi.
Alors, quant à la commission pédagogique, au niveau de la
commission scolaire, nous pensons qu'elle devrait exister d'abord, et
deuxièmement être formée de représentants de chaque
matière ou groupe de matières importantes. Nous ne pensons pas
qu'une planification pédagogique puisse être
préparée par des gens élus, par exemple, à la
commission par des commissaires, cela m'apparaît évident. Il
faudra qu'il y ait un comité ou une commission pour planifier dans ce
domaine et prendre certaines décisions et, d'autre part, restreindre le
nombre, de façon que certains groupes de matières ne soient pas
représentés. Je pense qu'à ce moment-là il serait
difficile de coordonner les aspirations et les besoins de chacune des
matières. La commission pédagogique servirait à
représenter les intérêts de la réforme dans chacune
des disciplines; les comités d'écoles, les besoins du milieu au
niveau de l'école.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous me permettez une question? Est-ce que
ce ne sont pas, à l'intérieur de votre association
mathématique, les chefs de département des mathématiques
qui regroupent l'ensemble des professeurs?
M. PAQUETTE: Oui, je pense que...
M. LE PRESIDENT: Je crois que c'est ce qui se fait, actuellement, au
niveau de l'éducation dans la plupart des commissions scolaires
régionales.
M. PAQUETTE: En tout cas, à la CECM, cela n'existe pas
actuellement. Cela n'existe pas dans toutes les régionales non plus.
Dans certaines régionales, ce sont les directeurs des services de
l'enseignement et parfois des directeurs généraux qui prennent
les décisions d'ordre pédagogiques. Nous pensons qu'on devrait
confier certains pouvoirs de décision aux professeurs, là
où ils sont compétents. On énumère, à la
proposition 14, certains des pouvoirs possibles de cette commission. Au niveau
de la commission scolaire, toujours dans cette optique de participation, nous
proposons que les besoins qui viennent des comités d'écoles sur
le plan des besoins d'enseignement et les besoins propres à chacune des
disciplines qui viennent de la commission pédagogique puissent se rendre
au niveau de la commission scolaire et enfin du conseil scolaire.
Nous proposons que la commission scolaire
soit formée de dix commissaires élus au suffrage universel
par les citoyens résidant sur le territoire de la commission, de trois
commissaires élus par les membres des comités d'écoles et
de deux membres de la commission pédagogique élus par celle-ci.
Enfin, nous pensons que la nomination de deux commissaires
supplémentaires de la minorité linguistique est une entrave
à cette voix des citoyens qui doivent se faire entendre.
Par contre, ce n'est pas un des aspects les plus importants du projet de
loi. On revient ici aux collèges électoraux, mais on pense qu'il
doit y avoir une majorité de commissaires élus au suffrage
universel. Aussi, si on veut que les décisions et les discussions qui
proviennent de la base des comités d'écoles et de la commission
pédagogique puissent être entendues à la commission et se
rendre au conseil scolaire, il nous apparaît que les trois personnes
élues par les parents et les deux membres de la commission
pédagogique constituent une charnière extrêmement
importante pour que la chaîne d'information et de décision ne soit
pas rompue.
Enfin, au niveau du conseil scolaire, on craint la nomination par le
ministère de quatre des quinze membres du conseil, toujours dans cette
optique des recommandations qui viennent de la base et qui pourraient
céder la place devant des impératifs qui n'ont peut-être
pas toujours quelque chose à voir avec les besoins immédiats des
citoyens, et les impératifs d'évolution de l'enseignement des
différentes matières.
Je passe à la page 24, et je termine là-dessus. Au niveau
des dispositions transitoires, il nous apparaît qu'on a laissé de
côté un peu ces mécanismes de participation. Evidemment, on
n'a pas le temps de faire une élection, mais il nous semble que les dix
personnes désignées par les commissions scolaires devraient
être nommées par ces commissions et qu'il y ait des
représentants des corps intermédiaires les plus impliqués
au conseil scolaire transitoire.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Paquette de l'Association
mathématique du Québec de son mémoire. Soyez assuré
que nous allons en prendre bonne note.
J'inviterais M. Claude Boutin-DuParc, de la Fédération des
associations de parents de l'enseignement privé, à
présenter son mémoire.
Fédération des associations de parents
de l'enseignement privé
M. BOUTIN-DUPARC: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, je suis ici depuis le matin, j'ai appris la routine.
Ça va être très simple. Je pense qu'il s'agit de faire un
résumé.
Je n'ai pas besoin d'identifier ce que nous représentons, la
Fédération des associations de parents de l'enseignement
privé. Evidemment, nous représentons les associations de parents
de ce secteur et un bon nombre de personnes qui s'intéressent à
l'éducation.
Nous avons tenu à assister à cette commis- sion
parlementaire dans un but bien particulier. Pour résumer le
mémoire, vous savez, c'est un peu comme prendre de l'alcool pur, il faut
faire attention parfois, ça passe inaperçu et on perd la
tête. Alors, ce serait peut-être le temps de prendre
l'apéritif. C'est une chose très simple que nous voulons faire.
Par le biais d'une législation générale, le bill 28, nous
assistons à un désir sincère de démocratisation de
l'enseignement, un peu ce qui s'est fait dans la province se fait dans toute
l'île de Montréal. C'est-à-dire qu'on assiste à un
rapprochement des structures administratives avec la population et
également, je pense, à un autre objectif prioritaire, celui de
permettre aux parents de participer davantage à la vie de
l'école. Ce sont sûrement deux objectifs très louables qui
ont milité depuis le développement scolaire qui se planifie au
Québec et je pense bien que le bill 28 est un peu dans cette ligne de
pensée.
Nous avons analysé un peu les observations qui ont
été faites à cette commission parlementaire. Si nous avons
demandé à être entendus peut-être à la toute
fin, ce n'est pas pour faire la critique de ceux qui sont venus, mais pour
dégager un certain point de vue qui nous intéresse
particulièrement, nous, de l'enseignement privé, à partir
de toutes les observations qui ont été faites à cette
commission, à savoir que la plus grande part des observations ont
été basées sur l'impossibilité que
représentait la restructuration scolaire de garder les objectifs
particuliers à des groupes particuliers de la population scolaire. Il a
semblé en tout cas, à la lecture des différents
mémoires soumis à cette commission, que les plus grandes
récriminations étaient, bien sûr, basées sur la
perte de certains objectifs, le changement de certaines lignes de pensée
en ce qui concerne l'organisation scolaire, et nous avons cru bon d'attirer
l'attention un peu sur ce que représente la Loi de l'instruction
publique au Québec.
M. Cardinal disait tout à l'heure, avec raison, que le
préambule de la Loi de l'instruction publique ne peut être
accepté comme étant la juste référence aux lois de
l'instruction publique, mais je pense que ça traduit quand même un
schème assez précieux de ce qu'a été le
développement scolaire au Québec, depuis les dix dernières
années. On retrouve quand même cet encadrement au niveau de
l'adoption des lois, depuis déjà bientôt dix ans,
c'est-à-dire qu'on a voulu établir dans toute la province un
réseau public d'écoles à tous les niveaux, que ce soit
élémentaire, secondaire, collégial et maintenant
universitaire.
A côté de cela, le développement scolaire s'est fait
aussi dans la perspective de ce cadre déterminé au
préambule, à savoir qu'au Québec on reconnaissait une
démocratie peut-être plus grande qu'ailleurs dans toutes les
autres provinces. Je pense que ceux qui se plaignent de la définition un
peu plus engagée du système d'éducation au Québec
auraient tout intérêt à regarder ce qu'est l'ensemble de la
législation scolaire au Québec.
En tout cas, à notre sens, nous de l'enseignement, privé,
nous la trouvons des plus libérales actuellement dans les nations
occidentales, en ce sens qu'elle permet un développement à la
mesure de la nation avec une participation de plus en plus grande. Ce qui nous
semble le danger le plus sérieux dans ce problème de
restructuration, c'est qu'à la suite d'un grand nombre de compromis,
afin d'essayer de satisfaire des objectifs particuliers, on en vienne à
perdre, au fond, la notion même de ce qu'est le secteur public de
l'éducation.
Nous trouvons qu'il serait malheureux qu'en introduisant dans les
mesures d'ordre public, comme par exemple, la loi du secteur public, un grand
nombre de problèmes particuliers, nous détruisions cet ensemble
d'encadrements parce qu'il existe même à l'intérieur de la
Loi de l'instruction publique des mécanismes qui permettent aux groupes
minoritaires d'obtenir satisfaction et, même, d'avoir des écoles
qui reflètent exactement leur méthode de penser, leur
façon de voir le système d'éducation et leur
méthode de participation.
Je pense bien qu'il faudrait souligner à cette commission et,
peut-être au ministre de l'Education, que nous n'avons pas entendu une
seule fois, en tout cas à ma connaissance, depuis le début de
cette commission, le ministre répondre à des objections de
groupes minoritaires à l'effet qu'il existait, à
l'intérieur de la Loi de l'instruction publique, des possibilités
de satisfaire les exigences des groupes minoritaires, à partir de deux
points particuliers qui sont le régime des institutions
associées, qui réintroduit dans le bill 28, à l'article
616 je cite de mémoire cette notion d'association dans le
cas d'une école à objectifs particuliers et aussi, la Loi de
l'enseignement privé.
Alors, nous nous sommes demandé, et c'est peut-être
pour ça que nous sommes ici si vraiment, avec ce grand
désir du gouvernement de satisfaire, à l'intérieur de la
Loi d'ordre public, les exigences de tous les groupes minoritaires, on n'avait
pas l'intention tout simplement d'abandonner ces mesures que nous trouvions
excellentes dans la Loi de l'instruction publique, parce que c'étaient
elles qui couvraient finalement le plus grand nombre d'options. Et cette
loi-là, nous ne la retrouvons nulle part. Nous ne la retrouvons pas au
pays et dans bien des pays, il n'existe pas de mécanismes semblables ou,
en tout cas, aussi élaborés.
Nous sommes un peu inquiets par ce mécanisme de restructuration
scolaire voulant à tout prix être n'importe quoi, sauf un secteur
public bien identifié, alors qu'il existe à côté la
possibilité de répondre à des exigences
particulières. Nous nous demandons si nous n'avons pas l'intention tout
simplement d'abandonner ce mécanisme très utile dans la
démocratisation d'un système scolaire, ou tout simplement, si la
population, devant la difficulté d'utiliser ces deux mécanismes,
soit le régime d'associations pour ceux qui le connaissent qui est
devenu très difficile à utiliser, soit la Loi de l'enseignement
privé qui ne garantit pas suffisamment de fonctionnement, si la
population, dis-je, a délaissé complètement
l'utilité de ces deux mécanismes pour se rabattre uniquement sur
la multiplication des objectifs particuliers de la loi publique.
Or, c'était le sens des observations. Je vous livre ça en
vrac juste avant le souper. Nous n'avons pas d'observations
générales à faire sur le bill 28 comme tel, sauf que nous
voudrions qu'il soit, comme la Loi de l'instruction publique, une
identification bien précise de l'administration scolaire. Mais par
contre, il y a énormément à exploiter dans l'utilisation
du milieu sur l'identification de l'école.
Nous avons trouvé, nous de l'enseignement privé, que la
population est actuellement assoiffée d'identifier l'école
à son milieu de vie et que peut-être, les structures
administratives l'en empêchent bien souvent.
Avec ce qui est proposé, nous croyons que c'est un geste qui va
énormément aider la population à identifier son milieu
scolaire. Il faudrait quand même ne pas enlever tous ces bons principes
en diluant avec toutes sortes de respects pour des intérêts
minoritaires.
M. CARDINAL: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Bagot.
M. CARDINAL: Très brièvement, je conçois fort bien
les craintes de M. Boutin-DuParc pour une raison très simple. Ceci s'est
déjà produit dans le passé avec les anciens
mécanismes alors qu'existait le projet de loi 56 devenu loi en
décembre 1968. Je prends l'exemple même s'il pouvait encore
blesser, dans le cas de Saint-Léonard. Le ministre d'alors avait offert
à un groupe justement particularisé de se servir de ce
mécanisme pour atteindre les buts qu'il voulait poursuivre. Il y aurait
eu un financement de l'Etat à ce moment-là. Le groupe a
refusé. On pourrait multiplier les exemples. Il est sûr que les
groupes particuliers vont préférer avoir leurs garanties dans une
loi générale et ainsi peut-être en modifier
l'économie c'est pourquoi j'avais souligné au ministre au
début que je craignais qu'on aille trop loin dans les garanties de
certains groupes minoritaires plutôt justement que d'utiliser
d'autres mécanismes qui ne sont pas des mécanismes publics. Ceci
se produit surtout dans les milieux défavorisés parce que, quand
vous arrivez dans un milieu très riche ou très
sophistiqué, ces milieux-là ne cherchent même pas à
se servir d'un mécanisme ou de l'autre. Le Lower Canada College n'a pas
demandé je pense, du moins pas pendant que j'étais
là à être admis suivant la loi 56, ces
critères dépassant déjà de beaucoup...
M. BOUTIN-DUPARC: C'est-à-dire qu'il n'a pas eu de
subvention.
M. CARDINAL: ... ce qui est dans la loi 56. On pourrait prendre
l'exemple beaucoup plus généralisé du Protestant School
Board of Greater Montreal. Cet organisme n'a jamais eu besoin de deniers
provenant directement de l'Etat et, par conséquent, voudrait bien rester
dans la même situation. Je partage vos craintes. Comme je l'ai
déjà mentionné au ministre de l'Education d'une autre
façon, vous ne venez que d'ajouter votre propre expérience
à ce qui a déjà été effleuré sur le
sujet lors de la première séance de la commission. Je ne demande
pas de réponse au ministre. Je sais qu'il écoute tout et qu'il
conserve ces choses dans son coeur, qu'il les médite, comme on dit dans
l'Evangile.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que les appréhensions de M.
Boutin-DuParc ne sont pas justifiées pour nous. Il ne faudrait pas voir
le silence du projet de loi 28 sur l'enseignement privé comme une
façon détournée d'avoir fait un virage. Pour moi, comme je
l'ai indiqué à plusieurs reprises, ce sont quand même des
lois différentes. Le projet de loi 56 demeure. Nous avons laissé
la possibilité pour le régime de l'association. Je pense qu'il
n'y a pas eu de changements majeurs à nos politiques de l'enseignement
privé en ce sens au niveau des subventions, nous tentons de cerner les
problèmes et d'appliquer les solutions les plus équitables.
M. BOUTIN-DUPARC: Je pense que vous avez donné une excellente
suggestion ce matin. Je l'ai retenue, quitte à vous la rappeler à
plusieurs autres endroits. Je pense bien qu'une des difficultés de tous
ces mécanismes-là et c'est peut-être ce qui fait
peur aux gens c'est en somme la distance qui existe entre la mise en
place de ces mécanismes et son application. Exemple: le régime
d'association. Je pense bien que l'idée ce matin d'avoir une
espèce de protecteur du peuple qui, à un moment donné,
fait le partage entre... Il faut faire attention parce que, comme vous avez
expliqué à maintes reprises et c'est le danger que je vois, ce
sont des mécanismes qui permettent. C'est très difficile à
ce moment-là et je prends l'exemple de M. Cardinal qui dit: Les milieux
défavorisés, comment peuvent-ils utiliser ces
mécanismes-là?
Je pense que le régime d'association était justement un
mécanisme extrêmement utile aux milieux défavorisés
pour obtenir des écoles à leur dimension et pour d'autres
milieux, moins défavorisés, pour avoir des objectifs particuliers
sans pour cela être lésés dans leur financement.
Mais pour toutes sortes de raisons qu'on s'explique mal, parce que
jamais il n'en est question, et ça aurait peut-être
été une excellente occasion de le dire ici, que des groupes
minoritaires pouvaient quand même associer leur école au
fonctionnement d'une commission scolaire et ne pas s'en sentir
lésés. Mais dans l'application, quand on me demande si vraiment
le régime d'association se pratique facilement, je suis bien
obligé de dire que ce n'est pas facile. Et dans le cas de
Saint-Léonard, mon Dieu, tout le monde a compris je m'excuse
envers M. Cardinal mais à ce moment-là c'était en
somme une transfusion de pensée qui se faisait au régime
d'association. Tout le monde disait: A quoi ça sert? C'est une question
tout simplement d'un an ou deux. Ce sont des systèmes qui devraient
avoir une plus grande permanence, dont le public devrait être un peu plus
conscient et pouvoir utiliser sans pour cela mettre en cause toute la structure
scolaire.
M. SAINT-PIERRE: Ceci dit et ayant fait ma déclaration de foi
pour l'enseignement privé, je répète ce que j'ai
déjà dit à savoir que l'Etat a une responsabilité
particulière pour permettre un rattrapage du secteur public et que nous
entendons consacrer quand même une très forte partie de nos
efforts à instaurer au Québec, sur le plan pédagogique
comme sur le plan administratif, un système public de valeur.
M. BOUTIN-DUPARC: Oui, disons que ça répond en partie
à la question sauf qu'à partir surtout de l'expérience que
nous avons vécue, maintenant que vous avez introduit cette dimension
d'association dans le projet de loi 28, en reportant à la commission
scolaire, au conseil scolaire, la possibilité d'association, j'aimerais
quand même souligner qu'il faudra, à votre suggestion de ce matin,
qu'il y ait une espèce d'organisation ou un groupe d'individus qui
s'occupent d'assouplir les angles. Il faut se rappeler que le régime
d'association à Montréal n'a été valable que pour
le secteur anglophone. Il n'a absolument rien valu pour le secteur francophone.
C'est peut-être malheureux de le dire mais c'est peut-être par la
dimension des mentalités différentes qu'il n'a jamais
été utilisé. Il a été beaucoup plus
"permissif" dans le cas du secteur anglophone qu'il l'a été pour
le secteur francophone.
Alors, on souhaiterait que la même souplesse s'exerce dans tous
les milieux et peut-être que la restructuration scolaire va assouplir un
nombre de gens assez intéressants.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Boutin de la Fédération
des associations de parents de l'enseignement privé et nous prendrons
bonne note de ses recommandations. J'inviterais maintenant M. John Fiset,
président de Lakeshore Teachers Association.
M. TETLEY: M. le Président, peut-être que c'est ma faute.
J'ai avisé les représentants qu'il y avait un vote et ils sont
partis. Mais je peux, si vous voulez...
M. LE PRESIDENT: Si c'était possible. M. TETLEY: Ils sont
prêts.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Fédération de Y.M.C.A. de
Montréal est ici?
M. SAINT-PIERRE: Peut-être que nous pourrions rester pour entendre
ce groupe et nous ne serions pas obligés de revenir ce soir.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la Provincial Association of
Catholic Teachers sont ici?
Alors, il nous reste un groupe à entendre, le Lakeshore Teachers
Association et, même si nous devons aller jusqu'à 6 h 15, est-ce
que les membres sont d'accord?
M. GUAY: Je n'ai pas d'objection.
M. SAINT-PIERRE: Cela nous éviterait de revenir ce soir.
M. CARDINAL: Je m'excuse. Admettons que nous dépassons six
heures. Nous allons violer les règlements. Pour une fois, ce sera un
viol que nous accepterons sans aucune opposition.
M. LE PRESIDENT: Nous savons que l'ex-ministre...
Prochaine réunion
M. SAINT-PIERRE: En attendant l'arrivée du groupe, je
mentionnerais aux membres de la commission que, pour donner suite à une
suggestion qui avait été formulée, il a été
convenu avec les représentants des divers partis ainsi qu'avec le leader
parlementaire de convoquer la commission parlementaire mercredi prochain, de
quatre heures à six heures. Nous n'entendrons aucun groupe en
particulier. Ce sera plutôt une discussion en groupe sur des points que
vous aimeriez soulever et qui terminerait les travaux de la commission sur le
projet de loi 28.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. CARDINAL: Sujet à l'entente des divers leaders parlementaires.
Je me souviens, en d'autres cas...
M. SAINT-PIERRE: Ah! j'avais cru...
M. CARDINAL: Non. Je ne sais pas ce qui est arrivé aux
créditistes. Dans mon cas, je n'ai pas pu voir le leader parlementaire
à ce sujet parce qu'il y avait une réunion à midi.
M. LE PRESIDENT: Cela est donc sujet à rectification ou à
approbation. Je demanderais à M. John Fiset de bien vouloir
présenter son rapport, d'identifier ses compagnons, de faire un
résumé du mémoire et de passer immédiatement aux
recommandations.
Lakeshore Teachers Association
M. WEEKS: D'accord, M. le Président, M. Fiset est à ma
droite. Il est le président de notre association. A ma gauche, c'est M.
Thomas Rothney, qui est trésorier de notre groupe. Moi, je m'appelle
Graham Weeks. Je suis le porte-parole de l'Association des enseignants de
Lakeshore. Je suis aussi le vice-président du comité concernant
le bill 28 de notre association.
Je sais bien que tout le monde ici est un peu fatigué. J'aimerais
prendre cinq minutes pour vous donner un résumé des points que
l'on considère les plus importants de notre mémoire. Après
cela, on sera très content de répondre aux questions que les
députés pourront nous poser. L'Association des professeurs de
Lakeshore, LTA, tient à remercier M. Saint-Pierre ainsi que la
commission parlementaire d'avoir prolongé la période des
auditions et de nous donner l'occasion d'exprimer notre opinion sur le projet
de loi 28.
Nous espérons sincèrement que les arguments contenus ici
seront bien reçus et que nos recommandations seront acceptées.
S'il en était ainsi, nous croyons que le bill 28 serait une meilleure
mesure législative et, par conséquent, améliorerait le
système d'éducation au Québec.
Je peux passer à la page 8 et citer les recommandations que l'on
considère les plus importantes. J'évite de discuter quelques
recommandations au sujet des parties du bill que l'on a discutées
pendant la journée, parce que l'on est ici depuis le matin. On sait bien
que vous êtes un peu fatigués de discuter, de rediscuter les
choses dont il a été question ce matin et cet
après-midi.
Nous recommandons que le projet de loi 28 prévoie des structures
administratives parallèles sous l'autorité des deux directeurs
généraux adjoints.
Nous nous demandons comment le ministre pourrait s'attendre qu'un seul
homme s'occupe du développement des programmes et de l'administration du
groupe minoritaire.
Nous recommandons aussi que deux commissaires supplémentaires,
avec pleins droits de vote, soient élus par la minorité
linguistique, en cas de nécessité. Nous recommandons
également que tous les droits en matière de langue et
d'éducation des Canadiens francophones et des Canadiens anglophones
soient garantis à travers tout le Canada. Des amendements
appropriés devraient être apportés en ce sens à la
Constitution canadienne et aux lois provinciales sur l'éducation.
Passons, aux commissions scolaires. Nous recommandons qu'on accorde aux
commissions scolaires séparées des pouvoirs réels et des
fonctions de direction de tout l'enseignement élémentaire et
secondaire. Nous recommandons que le pouvoir clé en matière de
pédagogie soit placé au niveau des commissions scolaires
régio-
nales séparées parce que, premièrement, ce sera
plus démocratique et ce sera aussi beaucoup plus efficace, car ce sont
des hommes sur place et non pas des technocrates éloignés qui
connaissent le mieux la situation locale.
Au moment où, dans les grandes villes comme New York et Chicago,
on réorganise le domaine pédagogique de façon à
donner les pouvoirs de décision aux commissions scolaires locales, nous
trouvons inconcevable qu'à Montréal on se propose de faire
exactement le contraire.
Passons à la page 10 sur le conseil de l'île. Nous
recommandons que le conseil de l'île soit une agence de planification et
de coordination dans les domaines ne relevant pas de la pédagogie. Par
exemple, l'organisation du service des autobus scolaires, la perception et la
distribution des taxes. On croit que ce serait beaucoup plus
démocratique de donner le grand pouvoir pédagogique aux
commissions scolaires au lieu de le donner au conseil de l'île.
Nous soupçonnons que le gouvernement tende dans le bill 28 comme
proposé de garder le contrôle du conseil de l'île, surtout
le conseil provisoire en choisissant tous les membres du conseil provisoire,
parce que le gouvernement a peut-être peur de PSBGM et aussi de la
commission scolaire catholique de Montréal. Le LTA se demande si une
telle peur serait justifiable si le pouvoir était
décentralisé parmi ces commissions scolaires comme a
suggéré la commission Parent. Une seule commission, par exemple,
pourrait-elle menacer le pouvoir du ministère? On croit que non; mais le
conseil de l'île le pourrait-il? C'est possible.
Alors si on veut éviter de créer un deuxième
ministère de l'Education comme l'était peut-être le PSBGM
ou la CECM, mieux vaut créer ces commissions scolaires sur l'île
de Montréal avec des pouvoirs réels, des pouvoirs
pédagogiques réels et donner au conseil de l'île seulement
des pouvoirs de coordination.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais il me semble que c'est la grande
différence entre les projets de loi 28 et 62, c'est que dans le projet
de loi 28 nous avons voulu réellement qu'au niveau des commissions
scolaires unifiées que ce soient des vraies commissions scolaires comme
nous avons un peu ici et là dans la province, c'est-à-dire
l'employeur, le propriétaire des bâtiments, les responsables de
l'organisation scolaire, les responsables de l'affectation, c'est eux qui ont
le pouvoir, ce n'est pas le conseil scolaire. Le conseil scolaire est un
organisme de planification qui peut, comme j'ai expliqué tantôt,
redistribuer l'excédent de la taxe foncière pour des projets
particuliers. Je ne sais pas si cela vous a frappé, mais il me semble
que, à tort ou à raison, c'est une des différences
indiquant que, dans le bill 28, les pouvoirs sont au niveau des conseils des
commissions scolaires unifiées...
M. WEEKS: Mais dans le bill 28 c'est au début ici. A l'article
606, à la page 8 du bill, le 2e paragraphe," Il pourvoit au financement,
à la planification du fonctionnement et du développement des
commissions scolaires et à l'organisation des services pouvant
bénéficier à toutes les commissions scolaires; à
cette fin, il peut, avec l'autorisation du ministre, adopter des
règlements qui sont applicables aux commissions scolaires." On se
demande si cela laisse aux commissions scolaires le pouvoir de prendre toutes
les décisions pédagogiques locales.
M. SAINT-PIERRE: On est un peu bousculé parce qu'il y a un vote
à la Chambre. Nous allons devoir ajourner et je ne voudrais pas vous
retarder indûment. L'ensemble de votre mémoire est reporté
au journal des Débats. Je ne sais pas s'il y aurait des
députés qui auraient des questions urgentes à poser. (Voir
annexe C)
M. TETLEY: Est-ce que vous allez siéger ce soir?
M. SAINT-PIERRE: Nous n'avions pas l'intention de siéger, mon
cher collègue, puisque c'était la fin du mémoire de ce
groupe. S'il n'y avait pas eu le vote, on aurait pu...
M. TETLEY: Est-ce que le YMCA est ici?
M. SAINT-PIERRE: Non, les deux autres associations prévues ne
sont pas ici. C'est la fin avec ce mémoire. Il y a un vote en
Chambre.
M. TETLEY: Restez debout, j'ai une question si un
député est debout, il n'y a pas de vote en Chambre je
voudrais savoir combien de membres vous avez.
M. WEEKS: A peu près 800, c'est un peu moins de 800.
M. TETLEY: Et comment en êtes-vous arrivés à votre
décision d'appuyer ce rapport? Est-ce qu'il y avait des réunions
démocratiques? Est-ce qu'il y avait un scrutin secret? Est-ce qu'il y
avait un référendum ou qu'est-ce qui est arrivé?
M. WEEKS: Avant de venir ici, avant d'écrire la version
officielle et finale de notre mémoire, on a consulté les
représentants de tous nos professeurs dans toutes nos écoles
à une réunion ordinaire ou générale de
l'association et on a demandé d'accepter les grandes lignes ou les
principes de base de notre mémoire et ils ont accepté à
l'unanimité les grandes lignes, les principes de base de notre
mémoire.
M. TETLEY: Il y avait combien de délégués à
cette réunion?
M. WEEKS: Soixante, représentant tous les professeurs de notre
association.
M. LE PRESIDENT: Vu qu'il y a un vote en Chambre, je vous remercie, M.
Weeks, et je remercie les membres de la commission; il y a environ soixante
à soixante-quinze heures que l'on siège ici à cette
commission et je crois que cela s'est fait dans la plus grande
lucidité.
M. WEEKS: M. le Président, il n'y aura pas de séance ce
soir?
M. LE PRESIDENT: Non, nous allons prendre bonne note de votre
recommandation.
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'il y a un vote en Chambre.
M. WEEKS: Avant de partir, si je pouvais insister sur la dernière
partie de notre rapport, c'est-à-dire sur les droits syndicaux. C'est
là d'ailleurs qu'on est le plus concerné, qu'on est le plus
anxieux.
Si les membres de votre commission veulent se pencher sur cette section,
de notre rapport, de notre mémoire...
M. TETLEY: A quelle page?
M. WEEKS: Cela commence à la page 11 et ça continue
jusqu'à la page 12. Les deux dernières pages de notre
mémoire.
M. TETLEY: Très bien.
M. LE PRESIDENT: On s'en fera un devoir.
M. WEEKS: D'accord, merci.
M. CARDINAL: M. le Président, pour fins de procédure,
est-ce qu'on ajourne sine die sauf que, s'il y a entente de tous les leaders,
on se réunira sans avis de motion?
M. SAINT-PIERRE: Je tiens à dire, pour les besoins officiels, que
c'est la fin des séances publiques concernant le projet de loi 28. Il y
avait encore deux autres associations que nous aurions aimé entendre, le
YMCA et le Provincial Association of Catholic Teachers. Dans ce dernier cas, on
nous a avertis qu'il n'y avait pas de mémoire et que personne ne
venait.
C'est donc la fin des séances publiques et mercredi prochain nous
reprendrons complètement.
M. LE PRESIDENT: La séance est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 18 h 7)
ANNEXE A
MEMOIRE PRESENTE PAR
L'ÉCOLE SAINT-JACQUES
INTRODUCTION
Messieurs,
Nous remercions le secrétariat des commissions parlementaires de
nous avoir donné, à la dernière minute, la
possibilité de vous présenter la requête des parents des
élèves de l'école Saint-Jacques et le présent
plaidoyer pour le maintien des structures confessionnelles et la mise en place
d'un secteur administratif pour tous ceux qui ne sont ni catholiques ni
protestants.
Le sondage que nous avons fait constitue une requête appuyant
l'avis de Son Excellence Mgr Paul Grégoire, archevêque de
Montréal, et signée par les parents des élèves.
C'est probablement le premier de ce genre dans un milieu scolaire
déterminé où tous les parents ont été
consultés et se sont prononcés.
Cette requête impliquait de soi certaines considérations
sur le projet de loi 28. Logiquement, ces considérations sont suivies
d'un plan de restructuration de l'île de Montréal assez
différent du projet de loi voté en première lecture. Nous
le suggérons comme une démarche positive, tout en regrettant de
ne pouvoir donner que des indications générales, n'ayant ni le
temps ni les moyens de pousser plus loin une étude qui mériterait
sans doute l'appoint de données scientifiques modernes.
L'ensemble s'appuie toutefois sur des textes qui démontrent la
légitimité de l'école confessionnelle, dans un
réseau administratif conforme à sa nature et à ses
fins.
L'ENQUÊTE
On a voulu savoir, dans le réel, au niveau d'une école,
quelle était la volonté des parents. N'est-il pas vrai qu'on
présume, dans le projet de loi 28, un consentement de ceux-ci sur
certaines modifications du système scolaire de l'île de
Montréal, alors qu'on ne les a pas consultés au
préalable?
Que valent certains appuis inconditionnels à la Commission
scolaire unifiée de certains organismes qui ne se sont nullement
souciés de savoir ce que les parents veulent?
Nous avons donc fait cette enquête au niveau de l'école
Saint-Jacques et nous avons demandé aux parents de nous dire, en tant
que catholiques, ce qu'ils désirent et de nous le consigner par
écrit.
Quatre-vingt-dix-sept pour-cent (97 p.c) des parents veulent le maintien
des structures confessionnelles pour les catholiques et pour les protestants.
Ces mêmes personnes veulent aussi une structure autre pour ceux qui ne
sont ni catholiques, ni protestants.
C'était d'un seul coup recueillir, dans un mini-secteur, plus
d'adhésions individuelles que n'en ont jamais trouvées les
tenants de la laïcité, ou de l'école et des structures
neutres.
Et si l'on faisait pareil sondage dans toutes nos écoles, le
Gouvernement n'en tiendrait-il pas compte avant d'instaurer la commission
scolaire unifiée?
La procédure de l'enquête fut simple. A la suite de l'avis
de Mgr Paul Grégoire sur le projet de loi 28, une étude plus
détaillée du Bill 28 fut entreprise à différents
niveaux scolaires.
Le Comité consultatif parents-maîtres y consacra une
réunion spéciale, en faisant particulièrement l'analyse de
l'avis de Mgr Grégoire. Il décida d'une rencontre avec les
parents de la zone. Celle-ci fut tenue le 1er novembre 1971.
A cette assemblée, une étude comparative entre les
structures actuelles et celles que propose le projet de loi 28 fut faite. Les
participants de cette rencontre optèrent pour une consultation
écrite. Un consensus s'était fait, au cours des échanges,
sur le rejet de la Commission scolaire unifiée du Bill 28.
COMMENTAIRES
L'opinion exprimée par les participants à cette rencontre
d'information fut partagée par les parents des élèves dans
la proportion que l'on sait. Nous estimons que l'information fut donnée
largement et sans parti pris. Des précisions furent apportées sur
des points majeurs: garanties insuffisantes en ce qui regarde la
confessionnalité de l'école et des structures,
l'impossibilité de savoir l'appartenance religieuse de ceux qui
oeuvreront dans les structures administratives de la commission scolaire
unifiée, la dispersion des minorités linguistiques, la langue de
travail, les innombrables problèmes auxquels les commissaires de ladite
commission auront à faire face, etc.
Unanimement, on fut d'accord pour le maintien des structures
confessionnelles et pour appuyer l'avis de Mgr Grégoire.
Les textes envoyés aux parents et le formulaire à signer
apparaissent ci-contre.
POURQUOI L'ÉCOLE ET UNE STRUCTURE
CONFESSIONNELLES?
Un fait remarquable dans ces sortes d'assemblées, c'est
d'entendre fréquemment des gens de bonne foi répéter que
l'avis de l'Archevêque de Montréal n'exprime qu'une simple
opinion. On peut dire que l'information des mass media a fait son oeuvre en
minimisant, même dans l'esprit de certains catholiques, l'importance
d'une telle intervention de l'Eglise dans une restructuration scolaire en
marche. Mais, généralement, une explication sur la pensée
fondamentale de l'Eglise ne manque pas de convaincre aisément même
les gens les moins familiers avec un schéma doctrinal ou avec les
exigences de l'éducation chrétienne.
Il est au moins un argument saisissable par tout honnête homme,
quelle que soit son appartenance religieuse, ou son rejet de toute foi: un Etat
démocratique doit accorder, en éducation comme dans les autres
domaines, un statut égal à tous les citoyens.
Nous connaissons des états qui se prétendent
"démocratiques" et qui placent les catholiques, comme les protestants,
dans des conditions qui font d'eux des citoyens de seconde zone. Il arrive
alors que les catholiques doivent se cotiser pour posséder leur propre
réseau d'écoles et assurer une éducation chrétienne
à leurs enfants.
Les honorables membres de cette commission savent déjà que
l'avis de Mgr Paul Grégoire s'inscrit dans la ligne de la pensée
de l'Eglise et qu'il exprime la volonté des catholiques. Cette
pensée de l'Eglise s'est exprimée avec une inlassable insistance,
au Québec, depuis la création du ministère de
l'Education.
Voici donc quelques thèmes majeurs, précédés
du préambule de la loi du ministère de l'Education et du Conseil
supérieur de l'éducation sur lequel nous reviendrons plus
loin et qui ne manqueront pas de retenir l'attention des experts
chargés de dépouiller les mémoires qui vous sont
présentés.
S.R. 1964, c. 233
Loi du ministère de l'éducation
Préambule
ATTENDU que tout enfant a le droit de bénéficier d'un
système d'éducation qui favorise le plein épanouissement
de sa personnalité;
Attendu que les parents ont le droit de choisir les institutions qui,
selon leur conviction, assurent le mieux le respect des droits de leurs
enfants;
Attendu que les personnes et les groupes ont le droit de créer
des institutions d'enseignement autonomes et, les exigences du bien commun
étant sauves, de bénéficier des moyens administratifs et
financiers nécessaires à la poursuite de leurs fins;
Attendu qu'il importe d'instituer, suivant ces principes, un
ministère de l'éducation dont les pouvoirs soient en relation
avec les attributions reconnues à un conseil supérieur de
l'éducation, à ses comités catholique et protestant ainsi
qu'à ses commissions.
LETTRE DES EVEQUES
Nous savons bien toutes les difficultés que les autorités
civiles ont rencontrées en touchant cet important aspect de la question
scolaire: sur ce sujet déjà ardu en lui-même la Commission
royale d'enquête sur l'enseignement n'a pas exprimé toute sa
pensée, remettant expressément à une tranche
ultérieure de son travail le soin de traiter explicitement et plus en
profondeur ce problème.
Cependant, comme les nouvelles structures proposées par la
Commission royale d'enquête et par le Bill 60 engagent déjà
des aspects importants de la confessionnalité, nous croyons utile de
rappeler brièvement, en tant qu'évêques, ce qu'est la
conception catholique d'une école confessionnelle.
Selon le concept que l'Eglise a de l'éducation, une école
qui peut satisfaire pleinement les catholiques n'est pas simplement une
école où l'on donne, à côté des
matières profanes, un enseignement proprement religieux ou encore
où l'on consacre des moments à la prière et au culte.
C'est un des aspects de l'universalité propre du christianisme que
celui-ci embrasse l'ensemble de la vie humaine et donne une inspiration et un
éclairage particuliers à toute l'activité de l'homme. Le
levain qu'est la doctrine du Christ doit être mis dans la pâte:
pour un étudiant, la pâte ce sont aussi les matières
profanes qu'il étudie, c'est le milieu dans lequel il vit. Un esprit
chrétien doit donc se retrouver dans toute la vie de l'école,
dans son ordonnance, dans la philosophie de l'éducation qui l'anime,
dans ses conceptions pédagogiques. On comprend en particulier qu'une
telle conception implique certaines exigences pour ce qui est des programmes,
de la qualité du matériel didactique, des qualifications des
éducateurs eux-mêmes.
Il n'est pas nécessaire d'insister davantage sur cette notion
catholique de la confessionnalité, qui vous est bien connue. Si nous
nous sommes permis de la rappeler et si nous proposons les amendements joints
à cette lettre, c'est afin qu'elle soit parfaitement respectée
dans les nouvelles structures d'éducation élaborées par le
bill 60. Ces amendements ont pour but de sauvegarder laconfessionnalité dans les organismes de consultation, de
décision et d'exécution que le bill doit mettre sur pied. Nous
sommes convaincus que la volonté générale de la population
ne saurait y suffire et que l'éducation chrétienne des enfants
catholiques ne peut être garantie que par des dispositions
précises de la loi.
Tiré de: LETTRE DES EVEQUES au premier ministre de la province de
Québec, le 29 août 1963
Extrait de: L'Enseignement confessionnel
Textes de l'Episcopat du Québec L'Eglise aux quatre vents page
7.
DEVOIRS ET DROITS DES PARENTS
Le droit premier et inaliénable des parents est celui
d'éduquer leurs enfants: ils doivent donc jouir d'une liberté
véritable dans le choix de l'école. Le POUVOIR PUBLIC, dont le
rôle est de protéger et de défendre les libertés des
citoyens, doit respecter la justice distributive en répartissant les
subsides publics de telle sorte que les parents puissent jouir d'une vraie
liberté dans le choix de l'école de leurs enfants,
conformément à leur conscience. (Cf. Conc. prov. de Cincinnati
III, en 1861: Collatio Lacensis, III, col. 1240, c/d. Pie XI, encycl.
Divini Illius Magistri, loc. cit., p. 60, 63s.)
C'est encore le rôle de l'Etat de veiller à ce que tous les
citoyens puissent participer convenablement à la vie culturelle et
soient préparés comme il se doit à l'exercice des devoirs
et des droits du citoyen. L'Etat doit donc assurer le droit des enfants
à une éducation scolaire adéquate, veiller à la
capacité des maîtres, au niveau des études ainsi
qu'à la santé des élèves, et, d'une façon
générale, développer l'ensemble du système
scolaire, en gardant devant les yeux LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITE, et donc en
excluant tout monopole scolaire, lequel est opposé aux droits
innés de la personne humaine, au progrès et à la diffusion
de la culture elle-même, à la concorde entre les citoyens, enfin
au pluralisme aujourd'hui en vigueur dans une multitude de
sociétés. (Cf. Pie XI, encycl. Non abbiamo bisogno, 29 juin 1931
: A.A.S., XXIII (1931 ), p. 305. - Pie XII, lettre de la Secrétairerie
d'Etat à la 28e Semaine sociale d'Italie, 20 sept. 1955: l'Osservatore
Romano, 29 sept. 1955. Paul VI, allocution à l'Association
chrétienne des ouvriers italiens (A.C.L.I.), 6 oct. 1963: Encicliche e
Discorsi di S.S. Paolo VI, I, Roma, 1064, p. 230.)
Le saint Concile exhorte donc les chrétiens qu'il s'agisse
de découvrir des méthodes d'éducation et un programme
adaptés, ou bien de former des maîtres capables d'élever
comme il faut les jeunes, à offrir spontanément leurs
concours et, surtout, par les associations de parents, à suivre et aider
tout le travail de l'école, en particulier l'éducation morale qui
doit y être donnée. (Cf. Jean XXIII, message pour 30e anniversaire
de la publication de l'encycl. Divini Illius Magistri, 30 déc. 1959:
A.A.S., LU (1960), p. 57). Décret conciliaire GRAVISSIMUM EDUCATIONIS,
numéro 6)
LES ECOLES CATHOLIQUES
La présence de l'Eglise dans le domaine scolaire se manifeste
à un titre particulier par l'école catholique. Tout autant que
les écoles, celle-ci poursuit des fins culturelles, et la formation
humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en propre, c'est de créer pour
la communauté scolaire une atmosphère animée d'un esprit
évangélique de liberté et de charité, d'aider les
adolescents à développer leur personnalité en faisant en
même temps croître cette créature nouvelle qu'ils sont
devenus par le baptême, et, également, d'ordonner toute la culture
humaine à l'annonce du salut pour éclairer par la foi la
connaissance graduelle que les élèves acquièrent du monde,
de la vie et de l'homme. (Cf. Conc. Prov. de Westminster, I, de 1852; Collatio
Lacensis III, col. 1334, a/b. Pie XI, encycl. Divini Illius Magistri,
loc. cit., p. 77s. Pie XII, allocution à l'Association des
maîtres catholiques de Bavière, 31 déc. 1956: Discorsi e
radiomessaggi XVIII, p. 746. Paul VI, Allocution aux membres de la
F.I.D.A.E. (Fédération des instituts dépendants de
l'autorité ecclésiastique), 30 déc. 1963: Encicliche e
Discorsi di S.S. Paolo VI, I, Roma, 1964, p. 602 s.)
C'est ainsi que l'école catholique, en s'ouvrant comme il
convient aux progrès des temps, forme ses élèves pour
qu'ils travaillent efficacement au bien de la cité terrestre, et, en
même temps, les prépare au service du royaume de Dieu, afin que,
par l'exercice d'une vie exemplaire et apostolique, ils deviennent comme un
levain de salut pour la communauté des hommes.
On voit donc tout ce que l'école catholique peut apporter
à l'Eglise pour l'accomplissement de sa mission, et les services qu'elle
peut rendre en faveur du dialogue entre l'Eglise et la communauté
humaine, pour leur mutuel bénéfice; c'est pourquoi, dans les
circonstances actuelles, elle garde son extrême importance. Aussi, ce
saint Concile proclame-t-il à nouveau le DROIT, POUR L'EGLISE, de fonder
et de diriger librement des écoles de tout ordre et de tout
degré, droit déjà déclaré dans
d'innombrables documents du magistère (Cf. en premier lieu les documents
cités dans la note (I); de plus, ce droit de l'Eglise a
été proclamé par de nombreux conciles provinciaux et
également dans les plus récentes déclarations de
nombreuses conférences épiscopales.), et il rappelle que
l'exercice d'un tel droit est, en même temps, souverainement utile pour
la sauvegarde de la liberté de conscience et des droits de parents,
ainsi que pour le progrès de la culture.
Mais que les maîtres ne l'oublient pas: c'est d'eux, avant tout,
qu'il dépend que l'école catholique soit en mesure de
réaliser ses buts et ses desseins (CF. Pie XII, allocution à
l'Association catholique italienne des maîtres de l'enseignement
secondaire (U.C.I.I.M.), 5 janv. 1954: Discorsi e radiomessaggi XV, pp.
551-556. Jean XXIII, allocution au VIe Congrès de l'Association
italienne des maîtres catholiques (A.I.M.C.), 5 sept. 1959; Discorsi,
Messaggi, Colloqui, I, Roma 1960, pp. 427-431)...
Qu'on les prépare donc avec une sollicitude toute
particulière, pour leur procurer la science, aussi bien profane que
religieuse, attestée par les titres appropriés et pour leur
assurer une méthode pédagogique en accord avec les
découvertes modernes. Que la charité les unisse entre eux et avec
leurs élèves, qu'ils soient tout pénétrés
d'esprit apostolique pour rendre témoignagne, par la vie plus encore que
par l'enseignement, au Maître unique, le Christ. Qu'ils travaillent en
collaboration, surtout avec les parents; qu'en union avec ceux-ci ils sachent
tenir compte, dans toute l'éducation de la différence des sexes
et du but particulier attribué à chacun par la providence divine,
dans la famille et dans la société. Qu'ils s'efforcent de
susciter l'action personnelle des élèves et, après la fin
du cycle d'études, qu'ils continuent à les suivre de leurs
conseils et de leur amitié ainsi qu'au moyen d'associations
particulières pénétrées d'un véritable
esprit d'Eglise. Le Concile déclare que le rôle de ces
maîtres est un apostolat proprement dit, tout à fait
adapté, en même temps que nécessaire, à notre
époque: un vrai service rendu à la société. Et AUX
PARENTS CATHOLIQUES, le Concile rappelle leur devoir de confier leurs enfants,
où et lorsqu'ils le peuvent, à des écoles catholiques,
leur devoir de soutenir celles-ci selon leurs ressources et de collaborer avec
elles pour le bien de leurs enfants. (Cf. Pie XII, allocution à
l'Association catholique italienne des maîtres de l'enseignement
secondaire (U.C.I.I.M.), 5 janv. 1954, loc. cit., p. 555).
(Décret conciliaire "Gravissimum Educationis", numéro
8)
DES ÉCOLES POUR DES CHRETIENS
Maintes fois, au cours des récentes années, nous avons
exposé notre pensée sur la question de la confessionnalité
de l'école (Lettre des évêques au Premier Ministre de la
Province de Québec; allocution de S.E. le Cardinal Maurice Roy;
allocution de S.E. le Cardinal Paul-Emile Léger, dans
l'enseignement confessionnel, Fidès, 1966, Montréal,).
Notre position, on s'en souvient, reposait sur le désir que croyants et
non-croyants soient traités avec justice, et sur la conviction que les
catholiques ont droit à des écoles qui leur conviennent.
La conception chrétienne de l'école était
exposée avec toute la clarté souhaitable dans la lettre qui fut
remise au Premier Ministre de la Province de Québec en août 1963:
"Selon le concept que l'Eglise a de l'éducation, une école qui
peut satisfaire pleinement les catholiques n'est pas simplement une
école où l'on donne, à côté des
matières profanes, un enseignement proprement religieux, ou encore
où l'on consacre des moments à la prière ou au culte.
C'est un des aspects de l'universalité propre du christianisme que
celui-ci embrasse l'ensemble de la vie humaine et donne une inspiration et un
éclairage particuliers à toute l'activité de l'homme. Le
levain qu'est la doctrine du Christ doit être mis dans la pâte:
pour un étudiant, la pâte ce sont aussi les matières
profanes qu'il étudie, c'est le milieu dans lequel il vit. Un esprit
chrétien doit donc se retrouver dans toute la vie de l'école,
dans son ordonnance, dans la philosophie de l'éducation qui l'anime,
dans ses conceptions pédagogiques. On comprend en particulier qu'une
telle conception implique certaines exigences pour ce qui est des programmes,
de la qualité du matériel didactique, des qualifications des
éducateurs eux-mêmes" (Lettre des évêques au Premier
Ministre de la Province de Québec, dans l'enseignement confessionnel, p.
7)
Voilà ce que nous estimions et estimons encore être la voie
la meilleure. Ces principes valent d'une façon évidente pour
l'école primaire et secondaire. Ils doivent être appliqués
selon des modalités adaptées à l'âge des
étudiants et aux conditions concrètes dans lesquelles se trouve
l'école. Cette dernière remarque prend une importance
particulière quand il s'agit d'appliquer ces principes aux écoles
supérieures.
On se laisse parfois séduire par l'idée que l'école
pourrait se contenter d'instruire les jeunes gens dans les différentes
branches du savoir, laissant aux parents, aux Eglises et aux divers mouvements
para-scolaires le soin d'assumer la tâche d'éducation. Cette
idée est d'autant plus attrayante qu'on en tire un corollaire fort
pratique: pur centre d'enseignement, l'école pourrait être la
même pour tous, quelles que soient les croyances religieuses des parents
et des enfants.
Certes, quand on parle d'éducation chrétienne, il faut
reconnaître le rôle absolument irremplaçable qui
échoit aux parents, aux Eglises et aux mouvements de jeunes, car
l'école n'est pas l'unique milieu où se fait l'éducation
des jeunes. Il est vrai aussi que les parents, les Eglises et les mouvements de
jeunes doivent faire tout en leur pouvoir pour mieux assumer leurs
responsabilités. Mais il n'est pas possible ni souhaitable de
séparer, comme on le suggère parfois, l'éducation de
l'instruction. Ce n'est pas possible, parce que les deux réalités
sont trop indissolublement liées et parce que la matière de
l'enseignement est souvent le lieu même où se découvrent
les valeurs. Ce n'est pas souhaitable, parce que l'école qui renoncerait
ainsi à transmettre les valeurs perdrait son dynamisme spirituel et sa
capacité d'intéresser vraiment à l'humain. Une telle
école, à supposer qu'elle fût possible, serait
privée de son âme.
LES STRUCTURES
Le principal reproche qu'on doit faire aux critiques excessives de
l'idée d'institution chrétienne, c'est justement leur manque de
réalisme. Dans le monde très complexe et très
structuré où nous vivons, on ne peut s'en remettre aux seules
forces du témoignage individuel, il faut encore recourir à l'aide
indispensable des soutiens juridiques et des cadres institutionnels. Les
réformateurs sociaux le savent bien qui ne comptent pas seulement sur la
vertu des gens ou sur des appels à la justice pour réaliser
l'ordre social, mais aussi sur les conditions juridiques concrètes qui
leur paraissent également indispensables. Les responsables de la vie de
la cité le savent aussi pour qui l'acte de gouverner consiste, dans une
très grande mesure, à légiférer et pour qui les
cadres les plus essentiels à la vie de l'Etat sont ceux qui
préparent la législation. L'amour de la justice dans le coeur des
hommes, et des lois justes qui aident la vertu: voilà les deux paliers
de la vie sociale, où l'esprit et l'institution se prêtent un
mutuel appui. Ce qui vaut pour la vie sociale en général vaut
aussi pour l'Eglise qui s'adresse à la même sorte d'hommes et qui
doit poursuivre sa mission dans la même société
humaine.
Nous savons donc ce que nous voulons. Le sachant, il nous faut exiger
avec une énergie tenace, clairvoyante, vigilante, tout ce qui est
nécessaire dans l'ordre des soutiens juridiques, structurels et
institutionnels, mais sans cesser d'être sereins, capables
d'écouter ce que l'autre dit. La question scolaire en est une où
des valeurs si profondes sont en jeu qu'il faut être à la fois
totalement engagé et totalement respectueux des autres. C'est ainsi que
chacun doit exercer sa responsabilité, soit au niveau local, soit au
niveau régional, soit dans ces fonctions de toute première
importance déjà prévues par le bill 60 pour assurer le
respect des droits des catholiques à l'école.
(Allocution prononcée le 5 avril 1966, par Son Eminence le
Cardinal Paul-Emile Léger, à l'Hôtel Reine Elisabeth,
à Montréal, à l'occasion du congrès annuel de la
Fédération provinciale des Principaux d'école du
Québec.)
LES DROITS DE LA MAJORITE CATHOLIQUE
Nous reconnaissons à tous nos concitoyens, quelle que soit leur
position religieuse, le droit à des services adéquats et nous
appuierons leur demande en ce sens. Dans une société pluraliste,
les minorités ont droit à la reconnaissance et au respect, sans
que soient compromis pour autant les droits de la majorité.
Les meilleures structures ne suppléeront jamais à
l'engagement des personnes. Mais il faut se garder de sous-estimer les
réalités juridiques sous prétexte que, dans le
passé, on a pu parfois leur accorder plus d'importance qu'aux dynamismes
vivants de la communauté. Les soutiens juridiques et les cadres
institutionnels sont toujours indispensables pour assurer à des projets
collectifs une stabilité et une continuité que les seuls efforts
individuels, si intenses soient-ils ne sauraient obtenir. La philosophie et les
objectifs de l'éducation catholique ne peuvent se concrétiser
sans un réseau de décisions et d'autorités qui les
assument pleinement.
(Avis de Son Excellence Mgr Paul Grégoire sur le projet de loi
28, présenté à la Commission parlementaire de l'Education
de l'Assemblée nationale et daté du 24 septembre 1971 )
ECOLE SAINT-JACQUES
Montréal, le 3 novembre 1971 LA QUESTION DU BILL 28 Chers
parents,
Le Bill 28 ne peut laisser personne indifférent. On le voit
d'ailleurs par les oppositions de toute nature qu'il suscite. Tant sur le plan
constitutionnel, linguistique, confessionnel ou administratif.
A la suite de l'avis exprimé par l'Archevêque de
Montréal, notre Comité consultatif parents-maîtres en a
fait l'analyse quant à l'aspect confessionnel. Il s'est rallié
à la position prise par notre Evêque.
Il en fut de même à l'assemblée
générale des parents, tenue lundi dernier, 1er novembre 1971.
Après des échanges nombreux et fort révélateurs,
les parents présents se rallièrent à l'idée d'une
consultation écrite auprès de tous ceux qui ont des enfants qui
fréquentent l'école Saint-Jacques.
C'est l'objet de cette note.
Le Bill 28 partagerait l'île de Montréal en 11 commissions
scolaires neutres. Ces 11 commissions scolaires seraient chapeautées par
un Conseil scolaire qui administrerait au niveau de l'île de
Montréal. A la base, il y aurait, au niveau de l'école, un
Comité consultatif, représentant les parents. Pour surveiller les
intérêts des catholiques, serait constitué, en marge de la
Commission scolaire unifiée, un Comité catholique. De même,
un Comité protestant, pour les protestants.
Il serait trop long d'entrer dans les détails de la discussion,
mais l'unanimité s'est faite sur ceci: On peut accepter le Conseil
scolaire de l'île. Il serait un organisme valable pour percevoir et
distribuer les taxes d'une façon équitable. Il en est ainsi, pour
le Comité consultatif des parents, dont la collaboration avec
l'école est souhaitée.
Seulement, la Commission scolaire unifiée (c'est-à-dire
neutre) n'est pas acceptable pour ceux qui veulent maintenir un réseau
valable d'écoles catholiques (ou protestantes). En examinant sa
structure, on note qu'elle ne donne aucune garantie sérieuse à la
bonne marche d'une école catholique et qu'elle engendrera des conflits
même au point de vue linguistique et administratif. On remarque aussi que
le petit Comité catholique du bill 28 n'aura pratiquement rien à
dire et qu'il n'est même pas dans la ligne d'autorité.
C'est pourquoi, en tant que catholiques, on ne peut accepter une telle
commission scolaire. Il vaut mieux garder la structure confessionnelle que nous
avons, pour les catholiques, comme pour les protestants, et prendre ensuite les
moyens de dénombrer tous ceux qui ne sont ni catholiques ni protestants
pour leur permettre de se structurer au niveau de l'île.
Il faudrait pour cela que le projet de loi 28 soit amendé et que
la constitution de 11 commissions scolaires unifiées (neutres) soit
abandonnée. Ce sera possible si les parents manifestent clairement leur
point de vue au Gouvernement, avant qu'il ne soit trop tard.
Vous êtes donc invités à signer la requête
ci-jointe et à la retourner à l'école dans le plus bref
délai.
Votre tout dévoué, Benoît Beaudoin, principal
Si les parents des élèves demandent unanimement, sinon en
très grande majorité, que la Commission scolaire unifiée
soit biffée du Bill 28, il serait alors possible de suggérer au
Gouvernement une structure comme celle-ci:
Au sommet: un Conseil scolaire de l'île (tel que prévu dans
le bill)
Au palier inférieur:
UNE STRUCTURE SCOLAIRE CATHOLIQUE, ayant juridiction sur l'île de
Montréal, en partant de ce qui existe déjà.
UNE STRUCTURE SCOLAIRE PROTESTANTE, en partant de ce qui existe
déjà, et ayant juridiction sur toute l'île de
Montréal.
UNE STRUCTURE AUTRE, pour tous ceux qui ne sont ni catholiques ni
protestants, pourvu qu'ils se dénombrent. La mise en place de cette
structure se ferait progressivement.
A la base, au niveau de l'école, le Comité consultatif des
parents ne pose pas de problème.
Les droits légitimes à l'éducation
chrétienne seraient sauvegardés. On éviterait ainsi les
conflits linguistiques et de forts longs débats sur la
constitutionnalité du Bill 28.
La liberté de choix serait par le fait même assurée
à tous ceux qui ne sont ni catholiques ni protestants. Ils pourraient
avoir leur réseau d'écoles.
Il est vrai que, depuis quelques années, la philosophie et les
valeurs de l'éducation chrétienne ont été
contestées violemment, ou insidieusement, par des remises en question
pas toujours justifiées ou par des attaques malveillantes. L'Eglise a
dû se défendre à l'intérieur et à
l'extérieur. Mais, il n'est jamais trop tard pour s'affirmer. Et, c'est
aux catholiques de la base, aux parents, en ce qui nous concerne, de dire
à leurs gouvernants qu'ils tiennent à leur réseau
d'écoles, selon une structure confessionnelle valable et efficace.
Vouloir une structure confessionnelle, c'est vouloir que votre
école soit vraiment catholique. Jouer sur les mots et prétendre
que l'école peut être catholique sans des structures
appropriées, c'est manquer de réalisme. Si l'on est en droit de
constater que les structures confessionnelles actuelles n'ont pas eu toujours
la qualité capable de susciter ou de maintenir la densité de vie
chrétienne qu'on pouvait en attendre, cela ne tient pas à la
structure elle-même, mais aux faiblesses de ceux qui s'y trouvent. Et,
sur ce point, il suffit de s'examiner soi-même et de ne pas juger les
autres. Devenons ensemble meilleurs, gardons nos structures en les
améliorant, c'est la vraie manière d'assurer à
l'école catholique un avenir exaltant.
Rappelez-vous, chers parents, qu'en février 1968 vous avez
demandé, en bloc, que votre école soit reconnue comme catholique.
Cette demande a fait réfléchir beaucoup de monde depuis et l'on
vous a écoutés avec empressement. De la même façon,
votre signature, sur la présente requête sera transmise à
qui de droit, c'est-à-dire, au Gouvernement.
Lisez attentivement tout ce qui précède et la formule de
la requête. Signez-la et retournez-la à l'école par votre
enfant. Si vous avez des doutes sérieux, téléphonez
à la direction. Je me ferai un plaisir de répondre à vos
questions.
REQUÊTE DES PARENTS CATHOLIQUES DE
L'ÉCOLE SAINT-JACQUES
A QUI DE DROIT Messieurs,
Les catholiques étant des citoyens au même titre que les
autres, et, tout en laissant aux autres le libre choix du genre d'écoles
qu'ils désirent, en tant que catholique, père/ mère/ ou
tuteur de:
Nom de l'enfant
Je veux signifier mon accord avec l'avis de Monseigneur Paul
Grégoire, Archevêque de Montréal, qui propose "un
regroupement ou une redivision des commissions scolaires actuelles en
commissions scolaires catholiques, protestantes, et autres."
Je désirerais que les autorités gouvernementales tiennent
compte du bien-fondé de cet avis dans l'étude du projet de loi
28.
J'endosse ainsi l'attitude du Comité consultatif
parents-maîtres de l'école et celle de l'assemblée de
parents du 1er novembre 1971.
Signature Paroisse St-Jacques
BREF EXPOSÉ
La CECM verrait étendre sa juridiction au niveau de l'Ile.
Le territoire du Grand Montréal serait subdivisé en sept
(7) régions administratives, à peu près du même type
que celles qui existent actuellement.
Ce serait la structure administrative du réseau catholique.
Le PSBGM se verrait confier une juridiction semblable. Son nouveau
territoire serait divisé en deux (2) régions (Est et Ouest).
Ce serait la structure administrative du réseau protestant.
Le Conseil de l'île verrait : à organiser un secteur
pour les "autres" après recensement, dénombrement, etc.,
ce secteur jouirait de la même autonomie que les secteurs catholique et
protestant.
Le Conseil scolaire de l'île aurait juridiction sur les trois
secteurs. Son rôle essentiel : perception des taxes et revenus scolaires
et leur redistribution selon un système de péréquation et
certains rajustements pour les zones défavorisées.
Le partage de l'île en régions administratives assurerait
plus de souplesse et tous les rajustements possibles dans les divers domaines
de la vie scolaire. La centralisation et la décentralisation
s'assoupliraient dans des rouages et des orientations moins rigides. Les
coûts d'administration seraient considérablement
réduits.
Exemple typique: dépopulation de la Région Il,
actuelle.
On remarque que le projet de loi 28 nous lance dans un système
électif multiplié à souhait, après avoir connu,
à Montréal, le régime de nomination bipartite fort
longtemps. C'est passer d'un extrême à l'autre pour ne pas changer
grand chose...
Dans le présent schéma, seuls les commissaires de la CECM
et du PSBGM et membres du Bureau X, pour les autres, seraient élus au
suffrage universel, dans leur secteur. Pour une durée de 3 ans. Quinze
(15) commissaires pour le secteur catholique. Sept (7) pour le secteur
protestant. Et cinq membres (5) pour les autres.
Au Conseil scolaire de l'île, les membres y seraient nommés
pour quatre (4) ans. Us seraient désignés par les trois secteurs.
Neuf (9) pour la partie catholique, cinq pour la partie protestante, un (1)
pour la partie "autre". Es veilleraient à nommer eux-mêmes leur
propre exécutif. Ils pourraient être choisis parmi les
commissaires des secteurs concernés, ou désignés, hors de
leur rang, par un mode de sélection à déterminer.
Au niveau consultatif, les parents éliraient leurs
représentants au Comité consultatif de l'école. Et ces
derniers délégueraient à leur tour les membres du
Comité consultatif de région.
Les Comités confessionnels (catholique et protestant) ne seraient
plus nécessaires...
CONTESTATION DE LA COMMISSION SCOLAIRE
UNIFIÉE
Pour des raisons qui se situent au plan juridique, constitutionnel,
confessionnel, linguistique ou administratif, la Commission scolaire
unifiée est contestée de toutes parts. Il serait trop long de
tenter simplement d'énumérer les multiples recommandations faites
pour améliorer cette structure.
Nous soulignerons quelques points majeurs.
Il semble bien, sur le plan juridique, que la Commission scolaire
unifiée entre en contradiction avec le PREAMBULE de la loi du
ministère et du conseil supérieur.
En effet, pour les catholiques, comme pour les protestants, avec une
commission scolaire unifiée, c'est-à-dire neutre, on n'assure
plus à l'enfant "le droit de bénéficier d'un
système d'éducation qui favorise le plein épanouissement
de sa personnalité"
Les droits des parents sont aussi lésés, ne pouvant plus
avoir les institutions d'enseignement qui leur donnent l'autonomie
nécessaire, les moyens administratifs et financiers qui puissent voir
à la bonne marche de leurs réseaux d'écoles et surtout
l'assurance que les valeurs auxquelles ils tiennent seront transmises.
Qui va reconnaître les écoles comme catholiques,
protestantes ou autres, dans une telle structure? Les parents, à la
base? Le Comité confessionnel? Le Conseil de l'île? Le
Comité catholique du C.S.E.? L'évêque? On n'en sortira
jamais, avec les meilleurs paramètres au monde. On attend la
procédure depuis quatre ans. La meilleure façon consiste à
maintenir une structure administrative convessionnelle.
Si cette reconnaissance du statut confessionnelle d'une école
était confiée à la Commission scolaire unifiée,
comment cela se fera-t-il?
Il faudra donc normalement référer au Comité
catholique (ou protestant) du Conseil supérieur de l'Education. Or, les
pouvoirs de ce comité, vastes en principe, selon la loi, sont en
réalité fort limités, faute de moyens.
La nature même de la Commission scolaire unifiée le place,
de même que tous ceux qui tiennent à un réseau
d'écoles confessionnel, dans la position malaisée de la cigogne
de la Fable, obligée d'absorber un repas liquide dans une
lèchefrite.
Sur le plan constitutionnel, en vertu de l'article 93 de l'ASAN, il n'y
a pas que les protestants qui peuvent contester l'instauration de la Commission
scolaire unifiée. Mais, les catholiques aussi. Et il est même
étonnant qu'aucun groupe n'ait songé à le manifester au
Gouvernement.
Dans la structure actuelle, à Montréal, se trouvent
garantis non seulement le droit à la dissidence, mais aussi le droit
à des administrateurs identifiés par leur allégeance
religieuse.
Sur le plan confessionnel, le Comité catholique (comme le
comité protestant) est dans la ligne de la simple consultation. Sa
fonction de surveillance et sa composition le laissent démuni en face
d'une Commission qui détient tous les pouvoirs d'exécution. H
n'est pas dans la ligne d'autorité.
Sur le plan linguistique, c'est déjà pénible de
traiter dans une seule langue et de se comprendre, qu'est-ce que ce sera dans
une commission bilingue? Certains prosélytes de l'unilinguisme
s'illusionnent trop facilement en croyant pouvoir imposer leur langue. De
même les partisans de "l'oeucuménisme linguistique" qui sont
hantés par le concept des "deux solitudes".
L'ensemble qui peut le mieux résoudre et absorber les
particularités linguistiques et raciales, c'est encore la structure
confessionnelle que nous connaissons et qui a fait ses preuves depuis cent ans.
Ce qui évite d'ailleurs la fragmentation des minorités
linguistiques et religieuses.
Les effets du Bill 63 sont contraires à ceux que l'on visait. Et
ce n'est pas dans un carcan qu'on favorise l'expression libre dans la langue de
son choix.
Quant à l'aspect administratif, la plupart des mémoires
soumis à votre Commission en ont traité largement. Qu'il suffise
de noter que la division proposée dans notre schéma simplifierait
tout le processus administratif, en fixant immédiatement la proportion
des coûts et des revenus, qu'il suffirait de corriger par des
redressements mineurs.
Autrement, ce sera le fouillis général tout simplement
dans le partage de la population scolaire. Et quels sont ceux qui seront
capables, dans la pratique, d'organiser 6 types d'écoles
différentes? C'est préparer des lendemains amers pour nos futurs
commissaires!
On n'a pas besoin d'insister sur les coûts administratifs de
l'entreprise, au moment où tous les budgets de la province
écrasent le contribuable.
LES RÉSEAUX CATHOLIQUE, PROTESTANT ET
"AUTRE"
La Commission scolaire unifiée proposée constitue un
exemple d'intégration qui n'est pas souhaitable. Et si l'on se
permettait d'ironiser, on ajouterait que les vrais "intégristes" ne sont
pas du côté des catholiques !
Il apparaît qu'une confusion fondamentale doit être
dissipée en ce qui regarde la restructuration scolaire de l'île.
Il est vrai qu'il est bon de réduire le nombre des commissions
scolaires, en opérant le fusionnement d'un certain nombre d'entre elles.
Mais, il est vrai aussi que l'unification des commissions scolaires ne passe
pas nécessairement par la commission scolaire unifiée du projet
de loi 28.
C'est pourquoi, une restructuration progressive, à laquelle
semblent vouloir se rallier le gouvernement, les groupes et les personnes qui
se sont penchés sur la question, trouverait une voie à la fois
simple et réaliste dans la constitution des trois secteurs
décrits plus haut.
Une recherche que nous avions faite lors de la présentation du
bill 62 nous avait amenés aux mêmes conclusions. Et ce, avant le
premier avis de Mgr Grégoire.
CONCLUSION
L'enquête décrite au début nous semble le prototype
d'un sondage que nous suggérons à la grandeur de l'île.
Pour nous il est significatif de la volonté des parents de notre milieu
scolaire.
Ils désirent garder une structure confessionnelle pour leurs
écoles et pour les protestants. Ils sont ouverts à l'instauration
d'un secteur autre pour ceux qui ne sont ni catholiques ni protestants.
Ils appuient l'avis de leur Archevêque. C'est un jugement de
valeur qu'ils portent, se gardant bien de vouloir jauger la qualité ou
la densité de la foi des autres.
Malgré les effets nocifs et les slogans de notre
révolution culturelle, ces personnes admirables savent que ce n'est pas
une préoccupation nouvelle de l'Eglise, lorsque celle-ci
s'inquiète du sort que l'on fera à l'école catholique.
On n'a qu'à se rappeler l'histoire de notre civilisation et plus
particulièrement la nôtre, au Québec. Mais, il est de mode
aujourd'hui de sembler l'ignorer.
Le projet de loi 28 apparaît comme la résultante d'une
incompréhensible idéologie anti-Eglise et des fausses perceptions
qu'on entretient à loisir sur le sens de l'Eglise et les valeurs de
salut qu'elle transmet aux générations et du rôle
irremplaçable qu'elle a joué dans notre propre histoire.
Ce n'est pas "un petit manuel d'histoire" que nos pères ont
écrit. Par de fallacieuses et injustes remises en question, nous sommes
devenus les enfants prodigues d'une richesses spirituelle, intellectuelle et
morale dont nous nous rendons indignes par notre faiblesse.
Allons-nous perpétuer cette faiblesse dans des structures qui
étoufferaient la flamme que nous avons le devoir d'alimenter et de
transmettre aux autres?
Puisque le reste de la province a gardé ses commissions
confessionnelles, pourquoi en serions-nous privés à
Montréal? Y a-t-il deux sortes de droit, deux sortes de philosophie,
deux sortes de liberté, deux sortes d'autonomie dans un même
système scolaire pour qu'on nous fasse un tel sort à
Montréal?
Ce sont les questions que l'on vous pose, honorables membres de cette
Commission, et nous vous sommes reconnaissants d'avoir bien voulu
écouter la voix de ceux qui n'ont guère l'occasion d'exprimer
leur pensée au Parlement.
BENOÎT BEAUDOIN, PRINCIPAL D'ECOLE
ANNEXE B
MEMOIRE PRESENTE PAR L'ASSOCIATION DES ARCHIVISTES DU
QUÉBEC
PREAMBULE
Les archivistes du Québec sont conscients de la lourde
tâche qui incombe au législateur dans la restructuration des
commissions scolaires de l'île de Montréal.
Comme ils se doivent, de par leur profession, les archivistes ont suivi
de près les différentes évolutions qui ont entouré
les bills 62 et 28 en plus des implications du bill 63.
Ils ont lu bon nombre des mémoires qui ont été
présentés à ce sujet aussi bien que des
résumés ou autres commentaires et déclarations parus dans
la presse, en général.
Les archivistes auraient aimé apporter leurs commentaires sur
différents aspects de la question. Toutefois, les commissions scolaires,
plusieurs associations et groupements ont fort bien tenté d'analyser la
situation, d'en faire ressortir les implications tout en présentant des
recommandations fort pertinentes dans la plupart des cas.
Les archivistes sont donc d'avis que le législateur pourra
amender le bill 28 de façon satisfaisante à la lumière des
nombreux échanges de vue sur le sujet et de l'imposante documentation
écrite qui fut déposée devant la commission parlementaire
de l'Education.
Les archivistes ont l'honneur d'exprimer au législateur qu'ils
endossent le principe du bill 28.
Les archivistes veulent, cependant, exprimer leur surprise devant le
fait que les archives scolaires de l'île de Montréal ne seront pas
explicitement protégées par l'actuel bill 28.
Partant du fait que ces archives représentent la vie scolaire sur
l'île de Montréal pour plus de 125 ans, nous croyons que le
législateur se doit de se pencher sur ce problème
d'importance.
CONSERVATION ET LOI
L'article 338 de la Loi de l'Instruction publique prévoit que:
"338. Le secrétaire-trésorier a la garde des registres, livres,
plans, cartes et autres documents qui sont produits, déposés et
conservés dans son bureau.
Il ne peut se dessaisir d'aucun des documents contenus dans les archives
de la commission scolaire qu'avec la permission de cette commission, ou sur
l'ordre d'un tribunal compétent ou du ministre."
Il faut noter que l'article 338 ne réfère qu'aux
"documents contenus dans les archives de la Commission." Le
secrétaire-trésorier pourrait donc se dessaisir des documents non
contenus dans les archives de la Commission sans la permission de cette
dernière.
Cependant, la question se pose: "Qu'est-ce qu'un document contenu dans
les Archives? " Dans un jugement rendu en 1962 (Garneau -vs- Laplante
1962 C.S. 698), l'Honorable Juge Yves Bernier définit le mot "archives"
tel qu'employé dans la Loi des cités et villes comme étant
"principalement l'ensemble des écrits et documents constatant les actes
de la vie corporative de la municipalité et subsidiairement les livres,
registres, rôles ou autres documents que la loi décrit comme
tels". Le juge Bernier en conclut qu'un document ne devient partie
intégrante des archives d'une municipalité que lorsque le conseil
en a pris connaissance.
Commentant ce jugement le Contentieux de la C.E.C.M., en date du
13-6-69, écrit: "Nous hésitons, pour notre part, à suivre
une interprétation aussi restrictive. Si, par exemple, le
secrétaire de la C.E.C.M. avise certaines municipalités du taux
des taxes, cet avis ne sera pas nécessairement porté comme tel
à la connaissance des commissaires. Nous avons peine à croire
qu'un tel avis ne ferait pas partie des archives de la Commission et, en
conséquence, que les copies de cet avis pourraient être
détruites sans le consentement des commissaires. "Quoi qu'il en soit, il
faut admettre que la Loi de l'Instruction publique, aussi bien que la Loi des
cités et villes, utilisent tour à tour le mot "archives" de
façon assez fantaisiste pour qu'on ne puisse déterminer de
façon sûre à compter de quand un document fait vraiment
partie des archives."
Et dans le bill 28, art. 625 (i), il est dit que, parmi les devoirs du
secrétaire général du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, il a "la garde des registres et archives du Conseil ainsi que
de son sceau."
On doit donc admettre que le terme "archives" est employé de
façon vague et que les archives, dans la loi générale de
l'Instruction publique comme, à plus forte raison, dans le bill 28, ne
sont nullement protégées en regard de leur valeur aussi bien
historique qu'administrative.
ETAT DES ARCHIVES SCOLAIRES SUR L'ILE DE
MONTREAL
L'Association des Archivistes du Québec a conduit une
enquête auprès des quinze principales commissions scolaires de
l'île de Montréal afin de connaître la situation existante
au sein de leurs archives. Nous avons dégagé les renseignements
suivants.
Seule la Commission des Ecoles catholiques de Montréal a un
bureau d'archives dont l'organisation remonte à février 1929.
Aucune autre commission scolaire n'a de bureau d'archives.
Des 14 autres commissions scolaires, 10 disent conserver les archives,
principalement, au secrétariat de la Commission; 2 disent les conserver
dans chaque service et 2 dans chaque bureau.
A la question de savoir si la Commission a un archiviste, toutes les
commissions répondent dans la négative à l'exception de la
Commission des Ecoles catholiques de Montréal qui a un Directeur au
Bureau des Archives.
A la C.E.C.M., le Bureau des Archives compte un personnel de 14
personnes ayant une moyenne de 5 ans et 3 mois d'expérience.
Dans les autres commissions scolaires, les archives dépendent
d'une secrétaire ou d'un commis de bureau. Dans la plupart des cas, les
gens interrogés admettent que tous s'en occupent; donc qu'aucun commis,
en particulier, y est attitré.
Nous découvrons aussi que des archives sont gardées dans
les écoles, dans des voûtes, dans des sous-sols et même dans
un hôtel de ville.
La technique archivistique est à peu près inconnue. Deux
secrétaires-trésoriers le déplorent et veulent y
remédier.
IMPORTANCE DES FONDS
Permettez-nous d'attirer votre attention sur l'importance des archives
scolaires de l'île de Montréal dont certaines remontent avant
1846.
Montréal ayant toujours eu la plus grande concentration de
population urbaine du Québec, il va de soi que l'histoire de
l'organisation des écoles et de l'administration scolaire sont d'une
importance capitale aussi bien pour la métropole que pour la Province
voire pour le pays.
Les archives des diverses administrations sont les seuls liens avec le
passé et les seuls critères de base permettant des analyses
diverses aux sociologues, pédagogues, psychologues et financiers et
assurant aux historiens les fonds nécessaires desquels ils tireront
l'histoire.
A cause de son avantgardisme et de ses expériences diverses, le
Montréal scolaire possède un trésor d'archives qu'il faut
à tout prix sauvegarder tout en assurant son
intégrité.
Pour ces raisons, nous considérons péremptoire, pour le
législateur, d'ordonner aux commissions scolaires de ne se
défaire d'aucun document, en aucun cas.
Par suite d'un manque d'entraînement d'un personnel non
qualifié il serait malheureux de priver l'état, donc le peuple,
de documents précieux pour l'histoire ou de documents administratifs
pouvant amener des difficultés préjudiciables aux nouvelles
formations scolaires.
Si le législateur ne le précise pas dans sa loi, le danger
de destruction massive planera sûrement sur le Montréal scolaire
et les conséquences néfastes qui en découleraient
demeureraient sans évaluation possible.
Nous désirons attirer l'attention du législateur,
qu'à l'heure actuelle, les dossiers de certaines écoles ayant
existé pendant plus de 60 ans sont entièrement disparus.
CENTRALISATION ET DECENTRALISATION
L'Association des Archivistes du Québec voit une seule
façon de conserver les archives des anciennes commissions scolaires.
Nous recommandons que les archives des commissions scolaires
unifiées soient versées au fonds général du Conseil
scolaire de l'île puisque ces archives seraient celles de corporations
scolaires disparues.
Conséquemment, les nouvelles commissions scolaires nées de
la restructuration scolaire commenceront leur administration avec les archives
courantes seulement.
Il va de soi que les archives ayant rapport à une
décentralisation seront nécessairement regroupées à
l'intérieur de l'entité nouvelle.
Four illustrer notre pensée, nous pensons, entre autres choses,
aux écoles. Si le bill définit que les immeubles scolaires sont
de la juridiction des diverses commissions scolaires, les dossiers
d'écoles seraient versés à la nouvelle commissions
concernée.
ORGANISATION FUTURE
L'Association des Archivistes du Québec ne voit qu'une
façon adéquate de fonctionnement pour la masse énorme des
archives historiques aussi bien que des archives scolaires courantes lors de
l'application du bill 28.
Une organisation centrale, sous l'autorité du Conseil scolaire de
l'île de Montréal, devrait régir ce domaine
particulier.
L'archiviste en chef aurait juridiction sur les archives
regroupées des anciennes commissions scolaires, les archives courantes
du Conseil scolaire et coordonnerait le travail et les versements d'archives
dans les commissions scolaires de l'île.
Il va sans dire que chaque commission scolaire aura besoin d'un
archiviste ayant la responsabilité des archives de la commission
scolaire nouvelle. L'archiviste établira les systèmes de
conservation, d'identification, d'indexation, de cataloguage et de versement de
chaque service, bureau ou école sous la juridiction de la commission
scolaire nouvelle.
PRÉVISIONS IMMEDIATES
INVENTAIRE
Il serait nécessaire qu'une évaluation méthodique,
donc scientifique, soit faite dans les différentes commissions
scolaires, avec plan de localisation des archives, en prévision de
l'application du bill 28.
La Commission des Ecoles catholiques de Montréal, par son Bureau
des Archives, a conduit un tel inventaire au cours de la présente
année.
Dans les autres commissions scolaires de l'île la chose n'a pas
encore été prévue.
PERSONNEL
Le plus urgent, toutefois, est l'entraînement du personnel qui
sera affecté à la gestion immédiate des anciennes archives
des commissions scolaires regroupées.
Voici les quelques étapes possibles d'une solution à cette
urgence.
A notre avis, il incombe au Ministère de l'Education de prendre
certaines dispositions en attendant la formation du futur Conseil scolaire.
Or, il semble bien que seule la C.E.C.M. soit en mesure de pouvoir
donner l'entrafnement nécessaire à ces futurs archivistes
scolaires.
Après entente, le Ministère pourrait donc prendre sur lui
de subventionner l'engagement et l'entraînement des 11 futurs
archivistes.
Ces derniers pourraient, sous direction, entreprendre le travail
d'inventaire auprès des commissions scolaires actuelles.
Dès la formation des nouvelles entités scolaires le nouvel
archiviste pourrait prendre charge immédiatement afin de protéger
les archives existantes et prévenir toute destruction.
Malgré tous les soucis du Ministère nous désirons,
cependant, ajouter que le recrutement de nouveaux archivistes ne se fera pas
facilement et comme la tâche est des plus pressantes, toute la diligence
possible sera requise.
CONCLUSION
Le travail étant d'envergure, la valeur à protéger
étant partie du patrimoine national, l'organisation d'inventaire et de
protection étant inexistante, à toutes fins pratiques dans la
plupart
des commissions scolaires, l'Association des Archivistes du
Québec demande, instamment, au législateur, d'inclure les mesures
nécessaires et obligatoires dans le bill 28 afin que le Québec ne
soit pas en reste avec les nations qui, depuis toujours, adoptent des lois
propres à la conservation des archives et des mesures judicieuses pour
que les techniques modernes s'appliquent efficacement aussi bien aux archives
historiques qu'aux archives courantes.
RECOMMANDATIONS
Nous regroupons dans cette section nos recommandations en suivant
l'ordre des chapitres développés précédemment. 1-
Nous recommandons la poursuite des efforts en vue d'une restructuration
scolaire démocratique sur l'île de Montréal dont nous
endossons le principe. 2- Nous recommandons de préciser dans la loi que
le terme "archives" englobe toute la production écrite, filmée,
photographiée, enregistrée, mécanographiée d'une
entité scolaire. 3- Nous recommandons que le législateur
décrète qu'aucune commission scolaire représentée
par son administrateur ou par tout employé ne se défasse d'aucun
document présentement entre leurs mains ou qui seront produits avant le
décret de restructuration les incorporant dans une nouvelle commission
scolaire. 4- Nous recommandons que toutes les archives des commissions
scolaires actuelles de l'île de Montréal soient versées au
fonds général du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. 5- Nous recommandons que les archives soient ensuite
décentralisées selon les structures
décrétées. 6- Nous recommandons qu'un archiviste en chef
soit responsable des archives au Conseil scolaire avec juridiction quant
à la coordination des activités archivistiques dans les
commissions scolaires de l'île. 7- Nous recommandons qu'un archiviste
soit engagé dans chacune des commissions scolaires restructurées.
8- Nous recommandons que le Ministère de l'Education, après
entente avec la C.E.C.M., subventionne un programme de recrutement et de
formation de 11 archivistes dans les plus brefs délais.
ANNEXE C
MEMOIRE PRÉSENTÉ PAR LA LAKESHORE
TEACHERS ASSOCIATION
INTRODUCTION
L'Association des professeurs du Lakeshore(L.T.A.)tient à
remercier monsieur Saint-Pierre ainsi que la commission parlementaire d'avoir
prolongé la période des auditions et de nous donner l'occasion
d'exprimer notre opinion sur le projet de loi 28. Nous espérons
sincèrement que les arguments contenus ici seront bien reçus et
que nos recommandations seront acceptées. S'il en était ainsi,
nous croyons que le bill 28 serait une meilleure mesure législative et
par conséquent améliorerait le système d'éducation
au Québec.
La L.T.A. est une unité syndicale reconnue sous les termes du
code du travail. Elle représente environ huit cents (800) professeurs
dans la région du Lakeshore. L'Association est reconnue depuis le mois
de février 1968. Le syndicat précédent "l'Association des
professeurs protestants du Lakeshore" avait représenté nos
professeurs depuis le milieu des années 40. Comme telle, nous croyons
être l'une des voix les plus représentatives dans le domaine de
l'éducation au Lakeshore.
La L.T.A., bien que n'ayant jamais organisé de recherche en
éducation, a depuis sa création, participé à la
mise sur pied de programmes d'éducation au niveau de la commission
scolaire ainsi qu'au niveau gouvernemental quand elle a été
consultée (e.g. Règlement no 7). De même, la L.T.A. a
organisé et s'est occupé du perfectionnement professionnel de ses
membres.
La L.T.A. a bien présenté un mémoire concernant le
projet de loi 62 à la commission de l'Education. Nous avons
constaté avec satisfaction, que quelques-unes de nos suggestions et de
nos critiques furent bien accueillies et que des amendements furent
apportés en conséquence, à cette loi.
La L.T.A. est membre de l'Association provinciale des professeurs
protestants (P.A.P.T.) qui, depuis sa création en 1864, a eu pour but
constant de promouvoir un meilleur système d'éducation pour le
Québec.
Première partie
OBJECTIFS
Nous tenons bien à déclarer qu'en tant que corps
professionnel d'enseignants, notre objectif est de procurer à tous la
meilleure éducation possible. De plus, nous reconnaissons que, pour
qu'une société progressive, prospère et harmonieuse se
développe dans notre province, il faut qu'il y ait une
compréhension mutuelle et un respect de la culture, de la langue et des
droits de chacune des minorités francophone et anglophone.
En vertu de quoi, nous donnerions notre accord à la loi qui
établirait: 1- L'égalité des chances en éducation
par a) une structure uniforme de taxation et b) une répartition juste
des ressources de la taxe; 2- Une coordination et une planification rentables
et efficaces des services non pédagogiques sur l'île de
Montréal; 3- Une plus grande chance donnée aux parents de
participer à l'éducation de leurs enfants sous tous ses aspects;
4- Des écoles capables de former des étudiants-sortants vraiment
bilingues.
Le but principal de toute réforme en éducation doit
être l'amélioration de l'enseignement dispensé aux
élèves concernés. Ceci, évidemment, est l'objectif
premier du projet de loi no 28 et nous applaudissons à cette noble
intention. Toutefois, la L.T.A. croit que le gouvernement n'a pas
démontré suffisamment que le projet proposé, tel qu'il est
rédigé actuellement, aboutira en fait à ces
réformes désirables et nécessaires. Aussi la L.T.A.
cherche-t-elle à clarifier certains points du bill et à soumettre
des contre-propositions à quelques-uns de ses aspects.
Deuxième partie
REPERCUSSIONS SUR LES ÉLÈVES
La L.T.A. est très inquiète du fait que dans les
structures proposées par la nouvelle législation, il est possible
que la qualité de l'enseignement soit abaissée pour un grand
nombre d'élèves. Nous demandons quel est le raisonnement qui
prévaut derrière l'idée selon laquelle le gouvernement
espère élever le niveau de l'éducation pour tous les
étudiants en instituant des commissions scolaires unifiées. Nous
nous attendons plutôt à un renforcement de la majorité,
anglaise ou française selon le cas, avec en contrepartie l'abaissement
de l'éducation du groupe minoritaire.
Même si la L.T.A. représentant les professeurs anglophones
d'une région à majorité anglaise, aurait tendance à
bénéficier de cet état de fait nous estimons que cela est
incompatible avec notre objectif qui est celui de la meilleure éducation
possible pour tous. De plus, cette sorte de structure aurait pour effet, nous
le craignons, de créer des ghettos linguistiques dans l'île de
Montréal. Cela, comme nous l'avons déclaré à propos
du bill 62, ne pourrait avoir que des conséquences néfastes quant
à l'instauration d'une société unie au Québec.
Bien que nous reconnaissions les avantages qu'il y a à
mélanger des élèves de milieu et de culture
différents, nous pensons, et c'est évident, qu'il est
nécessaire de réunir un certain nombre minimum
d'élèves pour justifier un enseignement adapté à
leurs besoins. La L.T.A. est préoccupée du fait que,
d'après les statistiques de la P.A.P.T. la région scolaire no 5
ne comprendrait que 500 élèves anglo-protestants, la
région scolaire no 7: 825; et la région 11: 400 de ces
élèves seulement. Nous doutons que ces trois commissions
scolaires soient en mesure de procurer un enseignement valable à ces
étudiants.
Par conséquent, la L.T.A. propose que là où il n'y
aurait pas assez d'élèves d'un groupe minoritaire pour leur
assurer un enseignement adéquat, ce groupe puisse réclamer des
moyens de transport vers une autre école de la commission scolaire
où un tel enseignement serait possible.
De plus, quand de tels arrangements seraient impossibles à faire
à l'intérieur d'une même commission scolaire, nous
proposons que celle-ci soit en mesure de les faire avec une autre commission
voisine.
Bien que la L.T.A. soit d'avis que le meilleur moyen de procurer une
bonne éducation à tous serait de constituer les commissions
scolaires d'après les recommandations du rapport Parent, nous pensons
que quelques-uns des problèmes posés par le bill 28 pourraient
être évités si le nombre de commissions scolaires sur
l'île de Montréal était réduit de 11
proposées à 7. Le périmètre de ces 7
régions pourrait suivre le tracé des commissions
suggérées dans le volume 4 du rapport Parent, tout en tenant
compte naturellement des changements démographiques survenus et des
écoles créées depuis les recherches de la commission
Parent. Non seulement ces régions scolaires seraient-elles plus
efficaces du fait de leur plus grande importance, mais encore pourraient-elles
calmer les craintes de plusieurs Montréalais anglophones, mieux que ne
le feraient les garanties légales assurées pour des commissaires
et des administrateurs supplémentaires pour la minorité. Dans ce
cas, la plus petite minorité d'élèves anglophones serait
d'environ 10,000, au lieu de 4,00 comme elle le serait dans les structures
proposées. De plus, la plupart des autres minorités
d'élèves anglophones approcheraient ou dépasseraient le
nombre de 15,000, qui, à notre avis est un minimum pour que la mise sur
pied d'un programme d'éducation soit économiquement rentable. En
fait, si l'on s'en tenait à peu près au découpage
recommandé par la commission Parent, les régions 1 et 2 ainsi que
4 et 6 auraient la possibilité d'établir des comités
conjoints d'études et d'appointer des administrateurs anglais communs
afin de pouvoir procurer un enseignement en anglais valable dans leur
région à un coût minimum.
Troisième partie
PARTICIPATION DES PARENTS
La L.T.A. a constaté avec satisfaction que les portes s'ouvraient
à une plus grande participation des parents en matière
d'éducation. Nous pensons que la présence des parents dans les
comités consultatifs aidera à procurer un enseignement viable et
plus pertinent, et permettra mieux aux écoles de s'intégrer
à la vie de la communauté.
Le contact entre les comités scolaires et confessionnels et les
comités catholique et protestant du Conseil supérieur de
l'éducation, devrait aboutir à un meilleur sentiment de
compréhension et de coopération entre les parents et le
ministère de l'Education.
Toutefois, nous nous posons sérieusement la question à
savoir dans quelle mesure les parents pourront participer
démocratiquement à ces comités quand il est dit dans
l'article 18, paragraphe 69 du bill 27: "La composition des comités
d'école de même que les modalités de mise en place, du
fonctionnement et de financement de ces comités et des comités de
parents sont déterminés par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil".
Pour comprendre le fonctionnement et le mandat des divers comités
de parents, nous sommes d'avis qu'il faut clarifier certains aspects importants
du bill 28. Par exemple la seule définition apparente d'une
"école" semble être, dans l'article 18, paragraphe 70 du bill 27
qui dit: "Le mot "école" désigne un ou plusieurs groupements
d'enfants et d'institutions sous l'autorité d'un seul directeur ou d'un
seul responsable s'il n'y a pas de directeurs."
Cela veut-il dire qu'une école est un bâtiment? Si oui,
nous nous demandons si un comité d'école peut efficacement et en
toute justice participer à la direction de l'enseignement de tous les
enfants qui fréquentent cette école. Sinon, nous nous demandons
quelle serait l'utilité d'avoir un comité pour chacun des types
d'éducation offerts sous un même toit avec les difficultés
de communication qui en résulteraient.
La L.T.A. se demande aussi comment sera déterminée la
confessionnalité d'une école. Cela touchera non seulement les
parents mais aura des implications drastiques pour les professeurs, ce dont
nous discuterons plus loin dans ce document.
Nous sommes bien conscients que nous n'apportons aucune solution
à ces problèmes, mais nous estimons que ces points doivent
être clarifiés.
La L.T.A. estime également que, pour qu'un système
d'éducation démocratique se développe sur l'île de
Montréal, le processus d'unification doit partir de la base au niveau le
plus bas. Les commissions scolaires actuelles qui représentent les
parents devraient élire, proportionnellement à leur population,
des commissaires qui siègeraient au conseil provisoire de
l'île.
Ce conseil devrait élire son propre président et son
vice-président et alors procéder à la recherche des
meilleurs moyens d'unification. Ce faisant, la L.T.A. estime que l'opinion des
parents pourrait être exprimée de la meilleure façon, et
être traduite concrètement dans l'organisation scolaire de
l'île de Montréal.
Quatrième partie
LES COMMISSIONS SCOLAIRES L'article 587 du projet de loi 28
stipule ce qui suit: "Chaque commission scolaire doit prendre les mesures
nécessaires pour que soient dispensés dans les écoles sous
son contrôle, du niveau de la première à celui de la
onzième année
inclusivement, des cours d'études adoptés ou reconnus pour
les écoles publiques catholiques, pour les écoles publiques
protestantes ainsi que ceux qui sont applicables aux écoles publiques
autres que catholiques ou protestantes, conformément aux dispositions de
l'article 203; elle doit de plus s'assurer que ces cours sont conformes aux
programmes d'études et aux règlements édictés ou
approuvés pour les écoles publiques catholiques, protestantes ou
autres que catholiques ou protestantes, selon le cas."
Le projet de loi 62 prévoyait une structure administrative qui
procurerait une éducation non seulement pour les écoles
catholiques et protestantes mais aussi aux écoles autres que catholiques
ou protestantes. Le projet de loi 28 ne fait pas mention d'une telle provision.
Si le but du projet de loi est l'excellence en éducation pour tous, il
sera nécessaire de former une structure administrative
supplémentaire pour s'occuper de l'éducation "neutre". La L.T.A.
considère cela comme un autre élément difficilement
applicable dans la structure déjà complexe proposée par le
projet de loi 28. Les termes du projet de loi 63 prévoient l'institution
de classes de langue anglaise et de langue française. Dans ce cas,
chaque commission scolaire devra offrir au moins quatre enseignements
parallèles. Certaines commissions seront même dans la situation
difficile d'avoir à en offrir six. Il serait illogique, pour ne pas dire
plus, de s'attendre à avoir comme résultat, une éducation
de grande qualité. Ainsi, on ne peut guère considérer
comme économiquement rentable un système qui comprendrait 6
hiérarchies administratives parallèles.
L'article 589 du projet de loi 28 stipule en partie: "Les commissaires
d'écoles doivent nommer deux directeurs généraux adjoints,
un de langue anglaise et l'autre de langue française, en plus des
personnes mentionnées à l'article 204".
Si le projet de loi ne garantit pas l'existence parallèle de
structures administratives sous l'autorité de deux directeurs
généraux, la L.T.A. se demande comment le ministre pourrait
s'attendre qu'un seul homme s'occupe du développement des programmes et
de l'administration du groupe minoritaire.
La L.T.A. croit fermement que les commissions scolaires locales,
indépendamment de leur importance ou de leur nature, doivent être
plus autonomes. Les fonctions des commissions scolaires exposées dans le
projet de loi sont minimes. Les commissions scolaires sont complètement
sous la dépendance du conseil de l'île, qui, à son tour est
soumis aux décisions du ministère. Nous déplorons ce
manque de démocratie et nous maintenons que, pour satisfaire aux besoins
de la société, des décisions importantes doivent
être prises au niveau local.
En résumé, nous trouvons que la structure proposée
est irréalisable, incomplète et incapable d'offrir une bonne
éducation qui satisfasse aux besoins de la société. Nous
maintenons que cette structure ne sera pas en mesure de produire une
société bilingue, biculturelle et unie au Québec.
Comme contre-proposition, nous suggérons la formation, sur
l'île de Montréal, d'après le découpage linguistique
recommandé par la commission Pagé, de commissions scolaires
unifiées aux pouvoirs étendus avec la mise en vigueur bien
définie du règlement no 6 dans les écoles anglaises et un
règlement similaire dans les écoles françaises. Nous
estimons que cette méthode aura plus d'efficacité quant à
l'intégration des étudiants anglophones à la vie du
Québec et des étudiants francophones à la
société nord-américaine.
De telles commissions scolaires peuvent coopérer et travailler
dans le cadre du bill 28 dans notre région. Comme preuves à
l'appui nous citons les arrangements pour des échanges
d'étudiants, échanges de professeurs, programmes
d'éducation aux adultes et développement professionnel. Par
contre, la Commission scolaire catholique de Montréal a
démontré que les groupes anglophones et francophones ne
coopèrent pas efficacement. Il y a rarement communication entre les deux
groupes.
En accord avec la politique d'intégration à la vie du
Québec du ministère, la L.T.A., en tant que groupe
d'éducateurs dévoués, accueillerait avec plaisir
l'opportunité d'entrer en discussion avec sa commission scolaire et le
gouvernement en vue de décider conjointement de la méthode la
plus avantageuse pour la mise en application du règlement no 6.
Cinquième partie
LE CONSEIL DE L'ILE
La L.T.A. favorise la formation d'un corps unique de coordination pour
l'île de Montréal qui aurait pour fonction de fournir des services
non pédagogiques plus efficaces et plus économiques. Nous croyons
que ceci constitue une réforme importante et valable. Toutefois, nous
nous opposons complètement à l'idée qu'un tel corps ait un
rôle de coordination et de planification en ce qui touche à
l'éducation. Au moment où dans de grandes villes comme New York
et Chicago on réorganise le domaine pédagogique de façon
à donner le pouvoir de décision aux commissions scolaires
locales, nous trouvons inconcevable qu'à Montréal on se propose
de faire juste le contraire.
Il est antidémocratique de légiférer sur la
création d'un conseil dont les membres seront nommés par le
ministère et qui contrôlera complètement l'éducation
sur l'île de Montréal tout en demeurant soumis à ce
ministre. En effet, en agissant ainsi, on enlève tout pouvoir aux
comités de parents ainsi qu'aux commissions scolaires et on ignore le
droit fondamental des canadiens de décider de la manière
d'éduquer leurs enfants. Nous trouvons cela inacceptable.
Comme nous l'avons déjà déclaré, les membres
du Conseil de l'île devraient être élus par la population
parmi les commissaires des commissions scolaires actuelles. A défaut de
quoi, cela serait antidémocratique.
Sixième partie
REPERCUSSION SUR LES PROFESSEURS
La L.T.A. s'oppose avec force à toute tentative pour nier
l'existence des syndicats de professeurs anglais ou pour refuser à
ceux-ci le droit de libre-association. L'article 3 du code du travail nous
donne le droit d'appartenir au syndicat de notre choix. Mais dans les
commissions scolaires unifiées ce droit ne signifie plus rien puisque
nous serons minoritaires. Nous déplorons le risque encouru par nos
professeurs de la région 9 de se trouver absorbés par la branche
syndicale locale de la C.E.Q. Nous sympathisons de même avec la
minorité francophone des régions 2 et 10. Nous déplorons
également l'idée de nous trouver mêlés à une
sorte de fédération mégalitique des 21,000 professeurs de
toute l'île, par le fait même que le Conseil de l'île serait
l'employeur légal de tous ces enseignants. Nous pouvons concevoir la
puissance d'une telle association, par contre les professeurs seraient tenus
d'accepter un poste n'importe où sur l'île de Montréal.
Cela serait antidémocratique. Les professeurs ont accepté de
travailler pour une commission précise et par conséquent
appartiennent à un syndicat particulier. Ils sont devenus partie
intégrante des communautés où ils se sont
installés, en général près de leur lieu de
fonction. Il serait absolument inacceptable de voir un professeur
domicilié à l'est, être tenu d'enseigner à l'ouest!
Il en résulterait une baisse profonde du moral des professeurs, un exode
hors de la province d'enseignants qualifiés et des désordres
internes qui réduiraient de moitié l'efficacité de notre
système d'éducation.
La L.T.A. insiste pour que les commissions scolaires régionales
séparées françaises et anglaises soient reconnues comme
employeur légal des professeurs et du personnel administratif. De cette
façon les enseignants anglophones auraient le droit, d'après le
code du travail, d'organiser leurs propres syndicats.
Nous recommandons, de plus, qu'il soit stipulé dans le plan
d'intégration que les responsables syndicaux aient le pouvoir de veiller
à la garantie des droits de leurs membres, en ce qui concerne en
particulier tout transfert de force d'une commission scolaire à une
autre. Aucune disposition semblable n'est clairement prise dans les sections se
rapportant au conseil provisoire. Il est dit dans l'article 11, au paragraphe
b) que: "le Conseil provisoire préparera avec les commissions scolaires
existantes un plan d'intégration de leur personnel dans le conseil et
les nouvelles régions scolaires, et qu'il tiendra les consultations
appropriées."
Les associations de professeurs doivent participer aux décisions
conjointes quant à ce plan d'intégration.
La L.T.A. croit fermement au maintien de son syndicat central: "The
Corporation Provincial Association of Protestant Teachers".
En qualité de doyenne des associations de professeurs du Canada
puisque fondée en 1864, elle n'a cessé de se trouver à
l'avant-garde en matière d'éducation, non seulement au
Québec mais aussi à travers tout le pays. Le gouvernement devrait
prendre les mesures nécessaires afin de permettre à tout
enseignant anglophone qui le désire, de s'affilier à la P.A.P.T.
ou au syndicat anglais qui en prendrait la relève.
Ici la question de savoir comment sera déterminée la
confessionnalité d'une école, prend toute son importance. Si les
parents optent pour des écoles neutres pour leurs enfants,
automatiquement tous les professeurs de ces écoles neutres deviendraient
membres de la C.E.Q. et ce d'après un amendement de 1967 (Bill
privé 114) de la charte de cette Corporation. A cause de cela, la L.T.A.
presse le gouvernement d'amender les chartes des C.E.Q., P.A.P.T., et P.A.C.T.,
afin de garantir aux enseignants le libre choix de leur syndicat, choix d'y
appartenir ainsi que de s'en retirer.
Septième partie
RECOMMANDATIONS L'Association des professeurs du Lakeshore
recommande ce qui suit: 1- Que le gouvernement accepte la recommandation du
rapport Pagé quant à la restructuration scolaire de l'île
de Montréal, en 9 régions scolaires de langue française et
4 de langue anglaise.
2- Advenant le rejet de notre première recommandation, que le
nombre proposé de commissions scolaires unifiées soit
réduit de 11 (onze) à 7, assurant ainsi un nombre suffisant
d'élèves de la minorité et par là même un
enseignement adéquat possible. 3- Que le projet de loi no 28
prévoie des structures administratives parallèles sous
l'autorité des deux directeurs-généraux adjoints; et que
deux commissaires supplémentaires avec pleins droits de vote soient
élus par la minorité linguistique, en cas de
nécessité. 4- Que tous les droits en matière de langue et
d'éducation des canadiens francophones et des canadiens anglophones,
soient garantis à travers tout le Canada. Des amendements
appropriés devraient être apportés en ce sens à la
Constitution canadienne et dans les Actes provinciaux sur l'éducation.
5- Que l'existence des syndicats de professeurs anglophones soit garantie. 6-
Que les commissions scolaires régionales soient reconnues comme
employeurs légitimes des professeurs et du personnel administratif. 7-
Que le gouvernement amende la charte de la C.E.Q. (Bill privé 114 de
1967) afin d'empêcher l'absorption des professeurs des écoles
neutres par cette corporation. 8- Que le gouvernement garantisse aux
enseignants le choix de leur syndicat, ainsi que le droit de s'en retirer et
ce, par amendement de la charte des C.E.Q., P.A.P.T. et P.A.C.T. 9- Qu'on
accorde aux commissions scolaires séparées des "pouvoirs
réels" et des fonctions de direction de tout l'enseignement
élémentaire et secondaire. 10- Que le pouvoir clé en
matière de pédagogie soit placé au niveau des commissions
régionales séparées. 11- Que les commissions
élisent les membres des conseils provisoire et permanent de l'île
sur la base de leur population. 12- Que le conseil de l'île ait le
pouvoir d'élire lui-même son président et son
vice-président. 13- Que le conseil de l'île soit une agence de
planification et de coordination pour les domaines ne relevant pas de la
pédagogie. 14- Que le comité d'école décide de la
nature confessionnelle de l'école et que les autres aspects de son
mandat soit définis. 15- Que là où il n'y aurait pas assez
d'élèves d'un groupe minoritaire dans une région scolaire,
on puisse obtenir le transport de ces élèves vers une autre
école de la commission scolaire où un enseignement adéquat
pourrait leur être dispensé. De plus, quand de telles mesures ne
seraient pas possibles à l'intérieur d'une même commission,
nous demandons que ces arrangements puissent se faire entre commissions
scolaires. 16- Que le principal et un représentant des professeurs au
comité d'école, aient les pleins droits de vote en toute chose,
sauf en ce qui touche à la nature confessionnelle de l'école. 17-
Que les pouvoirs de codécision soient octroyés aux associations
de professeurs en ce qui concerne le plan d'intégration. 18- Qu'une
période minimum de 2 ans soit accordée pour la mise en
application du programme de restructuration scolaire de l'île de
Montréal.