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Commission permanente de l'Education
Projet de loi no 28
Loi concernant la restructuration des
commissions scolaires sur l'île de
Montréal
Séance du mercredi 20 octobre 1971
(Dix heures dix minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs!
La parole est au député de Chicoutimi.
Mise au point de M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que ne
débute la séance de cette commission parlementaire, j'aimerais
faire une petite mise au point au sujet d'un document qui nous a
été envoyé par M. Maurice Frenette, de Verdun, et qui est
une lettre ouverte à MM. Robert Bourassa et Guy Saint-Pierre.
Cette lettre comporte un certain nombre de commentaires qui peuvent
être utiles à la commission. On y dit, entre autres choses, que la
commission donne l'impression que le gouvernement et au moins deux partis
d'Opposition sont résolus à passer le bill 28 je lis tel
quel coûte que coûte et que les sessions de la commission
parlementaire sont un leurre, une farce monumentale. A ce paragraphe, M. le
Président, je voudrais ajouter le commentaire suivant, que le travail
que nous avons accompli ici, le temps que nous y mettons indiquent très
nettement que ce n'est ni l'intention du gouvernement, encore moins celle des
partis d'Opposition d'adopter ce projet de loi sans l'examiner et sans y
apporter les amendements que nous croirons nécessaire de suggérer
au gouvernement et ceux que le gouvernement jugera nécessaire de nous
soumettre.
On nous dit, d'autre part, que la commission parlementaire consacre
beaucoup de temps à l'interrogatoire des témoins qui, selon le
signataire de cette lettre, seraient traités de façon ironique,
ce qui n'a jamais été le cas. Il est arrivé que nous ayons
dû examiner très longuement des mémoires, interroger
longuement les témoins afin de connaître leur avis. Si des
témoins qui se présentent devant nous veulent simplement
déposer un mémoire, ils n'ont qu'à le dire et nous lirons
leur mémoire sans faire de commentaires. Mais, lorsqu'ils prennent la
peine de comparaître devant nous, de lire des mémoires, il est de
notre devoir strict de les interroger aussi longuement que nous le croyons
nécessaire. Je note en particulier le cas des mémoires qui ont
été présentés par la CEQ, par la CSN et par
l'Alliance des professeurs. Ces mémoires comportaient des propositions
fort sérieuses nous l'avons dit à ces associations
mais ils comportaient aussi des questions très graves au sujet
desquelles nous avons dû les interroger.
J'en profite, M. le Président, pour vous signaler qu'à
l'occasion d'un interrogatoire très serré que j'ai fait subir en
toute déférence et avec la plus grande gentilhommerie à M.
Chagnon, de l'Alliance des professeurs de Montréal, un journal de
Montréal, Le Devoir, s'est permis d'écrire que je m'étais
porté alors à la défense des anglophones.
C'est que ce mémoire comportait, dans ses termes mêmes, une
contradiction puisqu'on y affirmait d'une part que le gouvernement devait
décréter l'unilinguisme français, faire des écoles
unilingues françaises, y compris les écoles anglaises, et
instituer, même dans les écoles anglaises, la langue anglaise
comme langue seconde. Du même souffle, on ajoutait que l'on voulait
protéger les droits de la minorité. Cela m'a donc obligé
à demander à M. Chagnon, qui représentait l'Alliance des
professeurs, de concilier ce point de vue qui m'apparaissait contradictoire et
de dire aux législateurs comment, mécaniquement, cela pouvait se
traduire dans les faits et dans la loi.
J'écarte tout soupçon et toute intention de mauvaise foi
chez le journaliste qui a écrit ce papier. Mais j'ai nettement
l'impression qu'il n'avait pas compris le sens de l'interrogatoire que je
faisais subir à M. Chagnon et qu'il n'avait peut-être pas pris
connaissance non plus de l'ensemble des témoignages que nous avions
entendus.
M. le Président, ceci étant dit, je répète
que nous ne sommes pas ici pour nous amuser. Il peut se faire que nous
échangions, de temps en temps, des propos qui nous détendent et
qu'il y ait aussi, cela est normal, des échanges qui peuvent avoir, aux
yeux des témoins, une couleur partisane. Cela fait partie des
règles du travail parlementaire. Mais tous les groupements qui
comparaîtront devant nous peuvent s'attendre à ce que nous les
interrogions, et cela aussi longtemps que nous n'aurons pas obtenu d'eux des
renseignements qui soient de nature à nous renseigner sur les
propositions qu'ils font et dont l'objet est d'améliorer les projets de
loi que nous présentons. On parle de démocratie, de participation
et de dialogue. Le dialogue se fait à au moins deux personnes. Si ces
gens qui comparaissent devant nous viennent simplement nous lire des
mémoires et ne voudraient pas que nous les interrogions, ils n'ont
qu'à nous le faire savoir. Nous les écouterons religieusement,
nous lirons leur mémoire et nous les remercierons.
M. LE PRESIDENT: En tant que président de la commission, j'ai
assisté aux débats et à la présentation de chacun
des mémoires qui ont été présentés. Je dois
dire que nous avons siégé pendant 18 heures et que cela s'est
fait dans le plus grand sérieux. Il est arrivé, à un
moment donné, qu'il y a eu quelques petites discussions aigres-douces,
si vous me permettez l'expression, mais ce sont des choses qui arrivent.
En tant que président, à ce moment-là, on doit se
montrer indulgent. Quand on siège de six à sept heures par jour
trois jours de suite, il
faut s'attendre que ces choses arrivent.
Je m'inscris en faux contre ce qu'a dit, dans sa lettre ouverte, M.
Maurice Frenette.
La parole est maintenant à M. Reid Tilley, représentant du
Protestant School Board of Greater Montreal. M. Tilley.
Protestant School Board of Greater
Montreal
M. PATTERSON: M. le Président, M. le ministre MM. les membres de
la commission, mesdames et messieurs. Je m'appelle Lawrence Patterson. Je suis
le vice-président du Bureau métropolitain des écoles
protestantes du Grand Montréal. Je vous présente les
sincères regrets de M. Tilley. Il est malade chez lui. J'ai aussi une
lettre de M. Tilley que je voudrais vous présenter.
Je voudrais vous présenter les autres membres de l'équipe.
On my left on your right Mrs. T.H. Montgomery, who is the
president of the Protestant School Board of Montreal. On my right is Mr. Samuel
Godinsky, QC, who is the porte-parole. I like that phrase better than the
English one. Mr. John Perrie, our Senior Administrative Officer and Secretary
Treasurer of the PSBGM, Mr. Kenneth Thompson, our Business Administrator, Mr.
M. Stanley, who is the Superintendent of Curriculum for the Board, and Mr.
Gordon Fraser, Superintendent of Special Duties.
Now, let turn the meeting over to Mr. Samuel Godinsky.
M. GODINSKY: M. le Président, honorable ministre de l'Education,
honorables membres de la commission, c'est pour moi un grand plaisir, en ma
qualité de président du comité des finances et de la
législation du Bureau métropolitain du Grand Montréal, de
vous présenter très respectueusement le mémoire de notre
bureau en rapport avec le projet de loi no 28.
Le Bureau métropolitain des écoles protestantes de
Montréal, nommé ci-après le Bureau métropolitain,
en est arrivé à cette position non seulement par les discussions
au sein de son propre groupe mais aussi en consultant les onze commissions
scolaires qui le constituent, dont toutes, sauf une sont élues.
La position adoptée vis-à-vis de l'unification a
été approuvée par toutes les commissions scolaires,
à l'exception de celle de Westmount. Cette dernière, tout en
approuvant les critiques portées contre nombre de détails et de
principes contenus dans le projet de loi 28, a appuyé l'option
fondamentale des commissions scolaires unifiées.
Ce qui suit est un résumé des positions adoptées
à propos des différents sujets abordés dans le
mémoire que nous avons déposé. Il contient l'essentiel de
nos arguments.
Notre mémoire explique que la communauté que le bureau
métropolitain dessert désire maintenir sa culture, sa langue et
sa philosophie de l'éducation. Ceci sans malveillance à
l'égard de qui que ce soit ou sans désir de s'imposer aux autres
ayant une culture, une langue, une philosophie de l'éducation
différentes.
Elle ne considère pas que les efforts que font les Canadiens
français pour participer pleinement à la vie canadienne sont
inamicaux à ceux des anglophones, et demande qu'ils adoptent la
même attitude à son égard, puisqu'elle poursuit des buts
identiques.
De prime abord, permettez-moi d'énumérer les points sur
lesquels il n'y a pas de controverse, sur lesquels tout le monde s'entend et
qui sont, en tout cas, implicitement ou expressément contenus dans toute
proposition de réforme de notre système d'enseignement soumise
à ce jour.
Ces points sont les suivants: suffrage universel; évaluation
immobilière égalisée; taux de taxation uniformisé;
distribution des revenus de façon à assurer à tous les
enfants l'égalité des chances; restructuration des commissions
scolaires par l'unification des unes et par la subdivision des autres;
accroissement de la participation des parents à l'éducation de
leurs enfants; le respect plus étendu du droit des parents de choisir un
enseignement confessionnel pour leurs enfants ou une éducation non
confessionnelle; un conseil unifié pour toute l'île de
Montréal, pour que, dans l'île entière, il n'y ait
qu'une seule autorité pour fixer les évaluations et les taux de
taxation et qu'il y ait centralisation des services supplémentaires,
comme ceux de l'architecture, de génie, de statistiques, etc.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, que quelques-uns de ces
avantages sont plus ou moins déjà des faits accomplis. Par
exemple, sur le territoire du bureau métropolitain, les
évaluations foncières sont déjà
égalisées depuis 1956-57 et les taux de taxation sont
égalisés depuis 1965-1966.
En bref, M. le Président, le plan que propose le bureau
métropolitain se base sur la division de l'île en commissions
régionales, en unités linguistiques desservant 50,000
élèves, soit trois unités anglophones et trois
francophones, donnant aux comités d'écoles et aux commissions
scolaires locales l'entière possibilité d'exprimer leurs vues.
Ces huit commissions régionales se trouvent placées sous
l'égide du conseil de l'île avec attributions limitées,
mais dont le rôle de guide est illimité.
Les copies de ce plan accompagnent le mémoire que nous vous avons
présenté aujourd'hui et que vous avez devant vous sans doute. Le
bureau métropolitain est contre le projet de loi 28. Il a
préparé son projet de loi avec le concours de ses
administrateurs, de ses pédagogues, de ses membres et de ses conseillers
juridiques. La lecture de son plan fera apparaître les objections au plan
proposé par le bill 28.
Bien que le bureau métropolitain ait, sur certains aspects du
projet de loi 28, une position contraire à celle du gouvernement, il
admet que des hommes de bonne volonté, de part et d'autre,
désirent sérieusement une amé-
lioration juste et raisonnable des structures scolaires. Le bureau
métropolitain souhaite sincèrement que les défenseurs de
chaque point de vue puissent travailler de concert pour en arriver à des
solutions satisfaisantes. C'est dans cet esprit qu'à été
préparé le mémoire soumis et que sont adressées les
remarques qui suivent.
Dans un article qui a paru dans le Montreal Star en date du 21 septembre
1971, l'honorable ministre de l'Education a déclaré: "The
Government has not a closed mind as to alternative solutions. However, in order
to be considered favorably, such solutions should not be based on political
acceptance or approval of existent school commissions but rather would have to
be clearly predicated on parent and teacher benefits insuring the betterment of
education in Quebec."
M. le Président, nous vous assurons que ce qui suit assume et
appuie l'abolition complète des commissions actuelles, y compris la
nôtre. C'est nettement destiné à avantager et les enfants
et les parents, et à indubitablement améliorer l'enseignement
dans notre province. Ces quelques pages tentent de présenter
succinctement quel raisonnement a guidé le bureau métropolitain
dans l'élaboration de son plan de restructuration de l'administration
scolaire sur l'île de Montréal.
Ce plan s'appuie sur douze principes fondamentaux dont il faut tenir
compte quand un projet de grande envergure est développé au sein
des structures où sont omniprésents le manque d'argent et les
faiblesses humaines.
Le rapport entre chaque principe et la structure globale est
brièvement énoncé. Et quand il s'avère
nécessaire d'établir un compromis entre eux, les raisons en sont
données. Le bureau métropolitain ne prétend pas être
infaillible, mais il allègue que son plan est une méthode
pratique et réalisable permettant d'atteindre la plupart des buts
auxquels nous aspirons tous.
Nous aspirons tous, j'espère, à l'amélioration du
niveau général de l'éducation, à
l'égalité des chances, aux meilleures relations ethniques et
culturelles et à l'utilisation plus efficace des deniers publics en
matière d'éducation. Le Bureau métropolitain des
écoles protestantes du grand Montréal s'est donné pour
tâche d'établir un nouveau plan de réorganisation des
structures scolaires sur l'île de Montréal. Ses propositions ont
été élaborées à partir de l'analyse de la
complexité de la situation et de l'examen des nombreux facteurs dont il
faut tenir compte si un tel plan doit être accepté, de par la
diversité des facteurs qui se heurtent à propos de
l'éducation sur l'île.
Il a pris en considération les principes suivants:
premièrement, le principe d'unification. Le bureau métropolitain
est d'accord avec l'idéal d'une société unifiée et
bilingue offrant une chance égale à tous; il exprime cependant
des réserves quant à l'allure et aux moyens utilisés pour
atteindre cet idéal. Il veut d'abord établir pourquoi il exprime
ces réserves pour montrer comment son plan offre une approche productive
vers cet idéal.
L'histoire nous montre qu'en forçant une minorité à
accepter un accord, les problèmes existants ne s'en trouvent pas
résolus à la longue, mais que les forces qu'on essaie de limiter
s'en trouvent consolidées. A vrai dire, l'agitation au Québec est
en grande partie attribuable au fait que bon nombre de gens ont le sentiment
qu'on a porté atteinte à leur liberté. Il se peut que la
société idéale se développe dans un milieu
où les ressources totales de la communauté sont
rassemblées et réparties sans distinction de race, de couleur ou
de religion et où les différentes cultures se trouvent sur un
pied d'égalité tout en restant distinctes et libres de se
développer selon leur propre mode
Le bureau métropolitain allègue qu'il existe des preuves
concrètes pour étayer ce point de vue. En conséquence, la
proposition du bureau métropolitain permet d'unifier certains aspects
importants du système scolaire, tout en préservant
l'identité individuelle des groupes culturels français et anglais
ayant pour objectif commun la formation de citoyens bilingues dans les deux
systèmes, et, avec le temps, une collaboration accrue dans de nombreux
secteurs.
Le bureau métropolitain ne peut prononcer le divorce du milieu
qu'il représente et de l'Amérique du Nord, ou, en
vérité, du milieu global, quelque accidentelle que soit
l'alternative. Dans son désir de conserver leurs valeurs culturelles, si
indissolublement liées à la langue anglaise, il préconise
que nos citoyens francophones conservent également les leurs.
Le bureau métropolitain propose de procéder à
l'unification en deux étapes. Premièrement: création d'un
conseil de l'île représentatif des divers éléments
de la société pouvant se réunir pour échanger des
idées, influencer le système scolaire par son leadership et ses
idées nouvelles; s'occuper des services annexes à
l'éducation; voir à ce que les ressources de la communauté
soient rassemblées et réparties de façon impartiale et, ce
qui peut être plus important encore, non seulement pour Montréal
mais pour la province entière, définir les problèmes et
suggérer les solutions à apporter à ceux qui
suggèrent l'unification complète.
Deuxième étape: le fusionnement des éléments
anglophones en un groupe de commissions scolaires régionales et des
éléments francophones dans un autre groupe tout en
préservant la confessionnalité au niveau des écoles. Nous
n'avons nullement le désir d'imposer cette union aux catholiques
anglophones pas plus que nous voulons qu'on nous l'impose.
En formulant ces principes nous croyons fermement que cette étape
serait acceptée par la majorité de ce groupe important d'une
façon identique à la nôtre, à savoir que cela
implique certains changements dans les habitudes acquises et le besoin de
compromis dans les détails,
et représente une sage étape de transition. Ce
fusionnement servira de terrain d'essai pour aider à déterminer
l'opportunité d'une éducation ultérieure dans une ambiance
où les résultats ne seront pas obscurcis par les
complexités de la communication dans une autre langue, accrues par les
différences de milieu et de culture.
On se rend compte que la proposition du bureau métropolitain
ouvre de nouvelles possibilités de communications permettant de cerner
certains problèmes et de les résoudre.
Deuxième principe de démocratie: Le Bureau
métropolitain des écoles protestantes du Grand Montréal a
foi en la démocratie, en théorie et en pratique, partir de cette
croyance à élaborer de nouvelles structures qui s'y conforment.
Son plan prévoit des élections directes à deux niveaux et
des élections par les représentants choisis à deux autres
niveaux.
Au niveau de l'école, les élections se font au scrutin,
c'est clair, par les représentants des parents et par le personnel de
l'école. Au niveau de la communauté, tous les électeurs
votent pour élire les membres de la commission scolaire locale. Ceux-ci
élisent des représentants à la commission scolaire
régionale et ces derniers, à leur tour, élisent la
majorité des membres du conseil de l'île.
A tous les niveaux, on veille à ce que la minorité soit
représentée. La croyance du bureau métropolitain au
principe de la représentation démocratique est aussi
démontrée dans la section intitulée "principe de
constitutionnalité", où l'on propose que toute personne jouisse
des droits que les catholiques et les protestants ont actuellement. Principe de
confessionnalité. Le bureau métropolitain n'a le désir
d'enfreindre d'aucune manière la liberté pour les parents
d'éduquer leurs enfants dans la religion de leur choix ou d'opter en
faveur d'une éducation sans fondement religieux. Il croit que cette
"assession" est démontrée par ceux qui pratiquent dans ces
écoles, où on rencontre bien des religions.
Le bureau métropolitain a, par conséquent, placé la
responsabilité du droit à la confessionnalité au niveau de
l'école. Il a mis cette responsabilité entre les mains des
parents de chaque école.
Le bureau métropolitain estime que là où il existe
un nombre suffisant d'enfants appartenant à une certaine religion ou
dont les parents veulent qu'ils reçoivent une éducation en morale
et en religion de type non confessionnel, il faudra offrir à ces enfants
l'éducation pertinente.
Le bureau métropolitain peut concevoir des écoles
catholiques romaines, des écoles protestantes, des écoles
multiconfessionnelles et des écoles neutres, chacune utilisant
indifféremment l'anglais ou le français comme langue
d'instruction. Il pense qu'il est important que les parents décident du
genre d'éducation religieuse à offrir à leurs enfants et
que les droits des minorités soient respectés.
Quatrième principe de contrôle par les parents.
Historiquement, presque tout notre système scolaire au Québec
s'est développé à partir de la conviction que les parents
ont le droit de décider du genre d'éducation que leurs enfants
doivent recevoir et de sa durée. D existe aussi la conviction que la
société, dans son ensemble a le droit et le devoir de
déterminer le genre et le champ d'éducation, puisqu'elle
détermine le milieu et la forme même de la société.
On doit se souvenir que tous les citoyens ne sont pas des parents. Dans son
projet, le bureau métropolitain confie aux représentants de
chacun de ces groupes les secteurs qui ont le plus d'importance pour eux.
Aux parents, il confie la confessionnalité et d'autres aspects
importants de la vie de l'école qui intéressent l'école de
quartier. Le contrôle des aspects plus généraux de
l'administration et des problèmes d'étude, qui intéressent
tout le monde, est confié à tous les électeurs dont un
grand nombre sont des parents.
Principe de participation. Le bureau métropolitain croit que plus
de gens sont activement impliqués par l'organisation de
l'éducation, meilleure sera l'instruction offerte aux enfants. Il voit,
entre autres, comme résultats bénéfiques de cette
participation les suivants: une meilleure compréhension des
problèmes qui impliquent la réalisation d'un objectif, une
meilleure acceptation d'une décision, la création d'un corps
important de personnes instruites et informées pouvant soulager le
gouvernement de ces responsabilités, des suggestions plus nombreuses
pour résoudre les problèmes et une compréhension plus vive
des besoins, des problèmes et des buts de la communauté en ce qui
a trait à l'éducation.
A cette fin, le bureau propose la création d'un comité
d'écoles par lequel parents et personnel enseignant puissent
suggérer et promouvoir des améliorations dans la vie de
l'école, étudier les problèmes qui s'y rattachent et
soumettre des propositions pour y remédier. Il donne aussi la chance
à tous les électeurs de faire entendre leurs voix directement ou
indirectement à trois niveaux, de sorte que les besoins au niveau de
l'école de la région et de l'île soient discutés et
satisfaits par des commissions scolaires à chacun de ces niveaux.
Il établit, en particulier, des unités comprenant au moins
une école secondaire et les écoles élémentaires
dépendantes qui puissent, dans le développement de leurs
problèmes éducatifs, mettre en lumière les besoins locaux
et les satisfaire. Il accroît aussi la participation en créant des
commissions locales se groupant, à leur tour, en commissions
régionales.
En plus, on a déjà présenté des arguments
selon lesquels la commission scolaire régionale est en mesure
d'administrer efficacement une unité valable sans commission scolaire
locale. Il existe cependant des valeurs autres que la pure administration et le
bureau métropolitain a été à même de juger,
de par sa propre expérience, de l'impact que les commissions scolaires
loca-
les ont sur le bien-être des écoles qu'elles
représentent.
Le bureau métropolitain est d'avis que les valeurs
inhérentes à cet aspect de l'organisation scolaire soient
conservées.
Sixième principe: Autorité et responsabilités sont
inséparables. Ce principe établit simplement que ceux à
qui incombent la responsabilité doivent détenir le pouvoir de
décision. Ceux qui ont le pouvoir de décision doivent
répondre des résultats. Il n'est pas difficile de trouver des
occasions de désaccord quand il s'agit d'éducation. Le corps
enseignant, le principal, le comité d'école, l'électeur,
les parents, les étudiants, les associations de parents,
d'élèves, la commission scolaire, les corps constitués,
tous veulent influer sur le processus éducatif. Chaque groupe peut
croire honnêtement que sa proposition est bonne et se sentir tenu de
faire partager sa conviction.
Le bureau métropolitain a défini clairement le champ de
juridiction convenant à chaque niveau et rend ce niveau responsable dans
son propre domaine. Les pouvoirs restants sont confiés à la
commission scolaire régionale..
Le bureau métropolitain croit devoir clarifier son attitude
à l'égard de sa proposition concernant les fonctions du
comité d'écoles. Il n'a pas d'opinion déterminée
quant à l'étendue de ses fonctions et celles qui sont
énumérées s'appuient sur celles des deux comités
d'écoles qu'il a créés à titre de projet pilote.
Des rapports préliminaires indiquent que ceux-ci sont réalisables
et viables.
Le principe fondamental à respecter est que leurs fonctions et
leur autorité n'empiètent pas sur celles d'autres
mécanismes et vice versa.
Le principe d'économie. L'économie
québécoise n'a pas encore atteint ce stade où l'on puisse
consacrer à l'éducation des fonds illimités bien que
l'accroissement des dépenses, dans ce domaine, ait été
phénoménal.
De plus, nous respectons la répugnance naturelle
qu'éprouve le contribuable à se dessaisir de son bien. Il est
alors essentiel que l'argent du contribuable soit dépensé de
façon à tirer le maximum de chaque dollar. Certains services sont
essentiels mais coûteux. On ne peut se les procurer à un
coût raisonnable per capita que si un nombre suffisant d'enfants est en
cause.
Voici deux exemples de genre différent à l'appui de ce
principe, tous deux essentiels à tout système scolaire.
Premièrement, un programme d'études vaste et varié
ne peut être offert sur un principe d'économie que dans une
école d'une certaine importance.
Deuxièmement, les services supplémentaires tels que ceux
rendus par les conseillers pédagogiques, les auxiliaires des corps
médicaux, les travailleurs sociaux, les psychologues, les professeurs
conseillers, les employés du centre des moyens techniques
d'éducation, ceux de l'éducation spécialisée ne
peuvent être fournis d'une façon économiquement viable que
s'ils s'adressent à un grand nombre d'élèves.
En suggérant le nombre de 50,000 élèves, le Bureau
métropolitain est conscient du fait qu'il n'existe pas de recherches
vraiment définitives dans ce domaine. Il a plutôt choisi le nombre
qui, selon sa propre expérience sur l'île de Montréal,
devrait donner de bons résultats.
De plus, ce nombre est suffisamment petit pour permettre un
accroissement normal pendant quelques années, sans exiger d'importants
changements de structures.
Le Bureau métropolitain place également sous
l'autorité du conseil de l'île certains services non
éducatifs tel que: définition des normes de base, normalisation
d'évaluation foncière, taux fiscaux, leur détermination,
leur prise en charge mais non leur perception, autorité de contracter
des emprunts et d'émettre des obligations, services d'architecture,
techniques de recherche, statistiques, recensements, études
démographiques, élections et ententes avec les institutions
privées.
Le prochain principe est le principe d'efficacité.
En croissant et après avoir atteint une certaine dimension
optimum, les organisations humaines tendent à devenir inefficaces,
impersonnelles, pesantes, rigides, insensibles aux besoins locaux. Un autre
élément affectant l'efficacité est la limitation qu'impose
la géographie.
Le conseil de l'île pourrait, par exemple, mettre sur pied un
excellent centre de matériel didactique desservant toute l'île de
Montréal, doté de l'équipement le plus moderne et
animé par un personnel hautement qualifié. Malgré cela, le
temps requis pour se rendre du centre de l'île à la
périphérie est bien loin d'être négligeable et
l'économie réalisée en établissant un centre
important risque d'être rendue nulle par le temps et le coût de
livraison.
Il faut réfléchir sérieusement à la
dimension maximum que ces services ou des services similaires doivent avoir. On
doit se souvenir qu'il existe dans l'île 706 écoles, aux
dimensions et aux besoins différents, accueillant quelque 400,000
enfants. L'île en question a plus de 30 milles de long. On passe, par son
territoire, des secteurs sans enfants aux districts à forte
densité de population, des taudis aux riches banlieues.
En procédant à la répartition des pouvoirs et des
services, nous nous sommes assurés que ceux qui semblent efficaces, en
théorie, ne soient pas rendus lamentablement inopérants à
cause de considérations étrangères à
l'éducation en soi. C'est pourquoi les multiples aspects de
l'administration du programme d'études ont été
confiés à la commission scolaire régionale.
Principe d'égalité des chances.
On entend souvent par ça que le même montant d'argent sera
dépensé pour chaque enfant, de façon qu'il reçoive
une éducation identique à celle de tout autre enfant. Dans son
plan, le bureau métropolitain propose ceci:
Egalisation de l'évaluation foncière dans toute
l'île; uniformisation du taux de taxation sur toute l'île;
répartition financière effectuée sans distinction de race,
de religion, de couleur et de langue; et répartition financière
effectuée en tenant compte des facteurs spéciaux, tels que
besoins particuliers des écoles des zones grises en personnel et en
équipement; besoin d'enseignement intensif de la langue seconde par
petits groupes; besoin de nouvelles écoles dans les banlieues à
croissance rapide; très grand besoin d'une coutume d'enseignement
technique et professionnel exigeant un équipement
spécialisé; degré de scolarité et durée de
service des enseignants; fréquentation scolaire améliorée,
au secondaire en particulier; transports et enfance inadaptée pour ne
nommer que quelques-uns.
Le bureau métropolitain croit qu'existe l'égalité
des chances quand chaque enfant se voit donner la possibilité de
développer son intérêt et ses aptitudes au maximum dans les
limites des ressources de la communauté tout entière. Il a par
conséquent assigné à chaque commission scolaire
régionale le droit de préparer son propre budget en fonction de
ses besoins propres, mais dans le cadre des règles communes et d'une
évaluation foncière et d'un taux de taxation
égalisé.
Le principe de constitutionnalité. Le bureau
métropolitain, étant un corps postconfédération,
n'a pas cru bon de prendre position sur la question de l'opportunité de
soumettre à la décision de nos cours la loi prévue par le
bill 28. Le comité de ses conseillers juridiques l'a cependant
avisé qu'une telle loi irait indubitablement à l'encontre de la
section 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Nous voulons préciser trois points. Premièrement,
l'ébauche de législation que nous soumettons dépasse les
pouvoirs de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique,
comme le ferait n'importe quelle législation visant à
restructurer le système scolaire sur l'île de Montréal.
Deuxièmement, le bureau métropolitain propose que des
additions soient apportées à l'article 93, de sorte que les
droits dont jouissent également protestants et catholiques en vertu du
dit article soient étendus aux langues. Cette extension aurait pour
effet d'apporter en matière d'éducation l'égalité
à tous.
Troisième point, le bureau métropolitain ne croit pas que
le Québec ou le Canada soit prêts à abroger l'article 93.
Il pense que la position des anglophones au Québec et celle des
francophones au Canada est analogue et que chaque groupe devrait pouvoir
développer sa propre culture et collaborer à l'avènement
d'une nation plus grande dans un cadre sûr.
Il fait, par conséquent, appel à la province de
Québec, pour qu'elle prenne les mesures nécessaires afin que soit
amendé l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
à la lumière de ce qui précède.
Mais permettez-moi, néammoins, de souligner un point important en
rapport avec le projet du bill 28; toute notre discussion est basée
uniquement sur les moyens administratifs et les conséquences
pédagogiques que ces changements entraîneront. Nous ne nous
occupons nullement des considérations constitutionnelles qui peuvent
affecter ce projet de loi, car, que le bill soit constitutionnel ou non, notre
mémoire n'aura subi aucun changement. La question de
constitutionnalité n'est donc pas entrée dans nos pensées
en formulant notre point de vue.
Le principe de continuité. Pope, poète anglais,
écrivait il y a bien des années: "Be not the first by which the
new is tried, nor yet the last to lay the old aside". Le bureau
métropolitain a peu de temps à consacrer aux réformateurs
qui veulent détruire mais ne donnent pas la peine d'offrir de logiques
remplacements. Il est cependant conscient de la possibilité que son
programme d'étude et ses habitudes aient pu partiellement perdre contact
avec le présent ou l'avenir immédiat.
Ses propositions réflètent donc à la fois un
certain conservatisme dans le désir de retenir ceux dont
l'expérience a prouvé la valeur et la volonté d'offrir les
véhicules permettant l'essai ou la mise en application d'idées
neuves et meilleures. Le bureau métropolitain appuie donc en particulier
et l'ancien et les nouveautés dans les cas suivants: il désire
conserver ce qui fait la valeur de la commission scolaire locale, un lien
étroit avec le milieu, des attitudes, et soulève les
problèmes présentés par les besoins d'un secteur de
dimension moyenne, un terrain d'essai en puissance pour ceux qui visent
à de plus grandes responsabilités.
Il n'admet pas l'unification intégrale mais propose l'unification
au sommet. Il croit que la submersion de l'anglais dans le système
francophone au Québec équivaut à la submersion du
français au Canada, situation ni désirable, ni possible de nos
jours. L'évolution proposée se base sur la langue plutôt
que sur la religion. Il fait participer les parents à un niveau de
leadership pour voir ce que leurs initiatives peuvent produire. Son plan
établit un lien étroit entre les modifications apportées
au problème d'étude de la communauté locale, de
préférence à des problèmes standards pour toute
l'île et, en fait, pour la province toute entière.
Il permet de conserver les valeurs religieuses tout en accueillant
d'autres formes d'éducation morale. Il s'inspire du modèle de
développement de toutes les commissions scolaires de l'île qui ont
évolué à partir des besoins locaux. Ces modèles
fonctionnels ont place dans la recommandation du bureau métropolitain
qui prend une école secondaire et ses écoles
élémentaires dépendantes comme unités de base. Leur
association en unité plus vaste ne contredit en rien ce principe
important. Elle renforce et facilite les efforts fournis pour diriger les
ressources devant satisfaire les besoins locaux.
Une étude démographique montre que si les
écoles étaient rassemblées en un
établissement unifié, il se créerait des enclaves
minoritaires françaises et anglaises. Ces enclaves seraient
privées des services essentiels ou deviendraient extraordinairement
coûteuses si chacune d'entre elles recevaient ces services. Le
fonctionnement des écoles minoritaires serait plus difficile et si les
services adéquats n'étaient pas fournis, il en résulterait
une éducation de second ordre. Le personnel du groupe linguistique
minoritaire enseignant dans ces écoles verrait limiter ses chances de
promotion et les plus qualifiés iraient dans d'autres commissions ou
d'autres provinces.
Les familles vivant dans ces enclaves déménageraient vers
d'autres secteurs de l'île, créant ainsi de nouvelles divisions et
élevant de nouvelles barrières entre les divers
éléments de la société. Comme dernier principe, le
principe de flexibilité. Toute commission scolaire doit veiller à
ce que soit effectués les changements permettant de satisfaire aux
conditions nouvelles et s'assurer, par ailleurs, que l'organisation née
de ces décisions ne forme pas un obstacle à ces changements. Nous
voulons discuter ce principe de deux manières distinctes: d'abord,
montrer son incidence d'une façon très pratique et ensuite
montrer que le besoin de flexibilité est issu d'un changement complet de
pensée en matière d'éducation.
On trouve un excellent exemple d'application pratique du principe de
flexibilité dans le fait que dans les propositions du bureau
métropolitain, les limites territoriales de l'école, de la
commission locale, de la commission régionale, peuvent être
modifiées sans créer de graves ennuis tout en rendant les
trucages impossibles. Les modifications sont possibles puisqu'il n'y aurait pas
de désaccord engendré par la perte des taxes foncières en
tout ou en partie. Le seul et unique critère serait le bien-être
de l'enfant, joint à un fonctionnement efficace.
Nous voulons avoir la certitude qu'à ce niveau pratique, le
conseil de l'île ne deviendra pas, après quelques années
d'innovation, un puissant colosse dont la propre force d'inertie entravera tout
changement véritable.
C'est pour cette raison que le bureau métropolitain propose de
limiter son rôle au service, tout en lui donnant une possibilité
illimitée d'assumer le leadership. Cette proposition rend possible une
plus grande souplesse aux unités plus petites afin que leur
différence leur permette de répondre à des besoins
différents.
La plupart des commissaires d'écoles, des députés
à l'Assemblée nationale, des administrateurs d'écoles et
des enseignants se souviennent que, dans les écoles qu'ils ont
fréquentées, il n'existait qu'un seul niveau, deux à la
rigueur, menant à l'université. Ils ne réalisent pas que,
pour cent enfants qui entamaient leur carrière scolaire, trois seulement
accédaient à l'université, et seul l'un d'entre eux
obtenait son degré universitaire. Il est intéressant de constater
que le taux d'obtention s'est accru de façon notable puisque, dans de
nombreuses écoles secondaires, 85 p.c. des étudiants
mènent à bon terme leurs études secondaires.
Tout ceci démontre que le temps où tout était
parfait et réglé est révolu. Non seulement tout change,
mais le rythme du changement s'accélère. Nous devons, par
conséquent, nous assurer que nos structures scolaires ont à la
fois stabilité et souplesse: stabilité leur évitant de
s'effondrer à chaque caprice du sort; souplesse leur permettant de se
tenir au fait des changements sociaux.
Le bureau métropolitain estime que son plan possède ces
deux vertus. Il est suffisamment complexe pour amortir les changements brusques
et il offre, cependant, à tous les niveaux la chance de se faire
entendre et d'agir.
Le Québec aussi relève un défi: Que faut-il
adopter? Que faut-il écarter? Le système scolaire du
Québec s'est développé sur deux voies, chacune avec ses
traditions, sa culture, ses techniques. Au cours des récentes
années, on a assisté à une révolution tranquille au
Québec. Le nouveau ministère de l'Education a mis au rancart la
tradition classique et il développe un système au fondement
beaucoup plus vaste qui répond à la pensée de nombreux
pays en matière d'éducation.
Le secteur protestant, partageant ces vues, passe d'un système
axé sur la préparation à l'université à un
système dans lequel on tient compte des besoins de l'enfant, en fonction
de son propre épanouissement. Il serait regrettable que cet
épanouissement naturel de l'unité soit interrompu par la
contrainte. Une telle contrainte aurait pour effet véritable
d'éloigner les résultats désirés, ouvrant des
blessures qui mettraient des générations à se
cicatriser.
En conclusion, le bureau métropolitain a exposé son point
de vue et expliqué le pourquoi de ses suggestions. C'est indubitablement
un compromis dans de nombreux domaines, mais un compromis visant un
succès et l'acceptation. Il représente un grand pas en avant,
quand d'aucuns préconiseraient un bond et d'autres resteraient
immobiles.
On a, dans ce résumé, donné certains exemples
à plusieurs reprises dans des secteurs différents à cause
de la complexité des questions traitées et de la
nécessité d'examiner chaque aspect du problème sous un
angle différent. Le bureau métropolitain a l'espoir que ceux qui
détiennent l'autorité examineront sérieusement ces
propositions. Il espère aussi que ceux que ces propositions risquent
d'affecter voudront rencontrer le bureauu métropolitain, lui faire part
des points de vue, des faits et des suggestions dont ils ne seraient pas
informés. Nous recherchons depuis quelque temps, jusqu'à
présent vainement, l'occasion de rencontrer les représentants du
gouvernement afin de mettre sur pied des structures administratives
satisfaisantes et qui fonctionnent.
Ce que le bureau métropolitain recherche, c'est la structure
administrative qui servirait au
mieux les enfants de l'île de Montréal, structure
que la majorité de tous les groupes de l'île acceptera et voudra
réaliser de façon active.
M. le Président, avant de m'asseoir, permettez-moi de dire que,
conscient des limites de ma propre expertise dans certains domaines de ces
problèmes, j'ai avec moi ce matin quelques-uns de nos officiers qui ont
des connaissances plus approfondies que la mienne. Ils seront heureux de
répondre aux questions des honorables membres de la commission en cas de
besoin.
Je vous remercie, M. le Président, pour votre temps, pour votre
intérêt et pour votre attention.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Merci. Le ministre de l'Education, je pense, a
des commentaires à faire.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, lors de l'étude de
certains mémoires, en particulier celui de la CSN et de l'Alliance, je
m'étais élevé contre le manque d'objectivité de
certaines assertions qui avaient été faites. Je ne peux
m'empêcher de vous réitérer, ce matin, les mêmes
choses. Je n'ai pas retrouvé le texte que vous avez lu. Je l'ai
écouté, mais j'ai lu certains des mémoires et il me
semble, quand même, qu'on retrouve dans vos mémoires le même
type d'exagération et de manque d'objectivité relativement aux
faits que j'ai retrouvé dans le mémoire de la CSN et, plus
particulièrement, dans celui de l'Alliance des professeurs de
Montréal.
Ceci dit, vous soulevez d'autres questions qui peuvent être
très pertinentes et que, pour ma part, j'examinerai avec autant
d'objectivité et d'ouverture d'esprit que possible pour voir à
des améliorations. Nous l'avons dit à plusieurs reprises, il est
possible de faire des améliorations. Il y a plusieurs points qui
paraissent dans votre mémoire. Je ne pense pas que vous soyez ici,
à la barre du témoin, pour recevoir, d'un avocat de la couronne,
un questionnaire en règle pour vous faire dire si vous dites la
vérité ou non. Je prends ce que vous avez dit, mais je ne peux
m'empêcher d'être profondément en désaccord avec
certaines des affirmations contenues dans votre mémoire. J'avais deux
points, mais il y en aura peut-être d'autres à la suite de la
discussion, si on peut reprendre certains éléments un par un.
Vous disiez que vous aviez des arguments irréfutables pour
établir que le projet de loi 28 est anticonstitutionnel. Est-ce que je
peux vous demander si vous n'avez pas l'intention, pour le
bénéfice de l'opinion publique, de rendre publics ces arguments
constitutionnels qui pourraient éclairer le débat?
Deuxièmement, dans votre mémoire vous faites
référence, sur le plan constitutionnel, à l'article du
Montreal Star. S'agit-t-il d'une position de la part du PSBGM? Est-ce un
article que vous endossez, que vous avez commandité? Enfin, est-ce la
position du PSBGM? J'aimerais juste être éclairé. J'avais
pensé, jusqu'ici, que c'était un journaliste anonyme, mais, comme
vous en faites mention dans votre mémoire pour étayer votre
position constitutionnelle, j'aimerais savoir s'il y a un lien entre le bureau
métropolitain et l'article en question.
Il y a d'autres points que vous soumettez sur les changements
constitutionnels. Vous réclamez des changements constitutionnels pour
étendre les droits qui sont donnés à certains groupes
à d'autres dans un esprit de libéralisme, j'allais dire,
vis-à-vis des groupes minoritaires. Pourquoi vous arrêtez-vous aux
catholiques protestants français et anglais? Si on accepte les postulats
de votre mémoire, est-ce qu'on ne devrait pas étendre ça
à tous? Vous mentionnez, d'ailleurs, que ce serait étendu
à d'autres groupes non chrétiens. Est-ce qu'on peut savoir quels
groupes vous envisagez? Est-ce que, dès qu'il y a 25 personnes qui
professent une religion, on leur établit leur propre commission
scolaire?
Finalement, ma dernière question touche une section de votre
mémoire qui s'inquiète du nombre de personnel. Est-ce que je
pourrais savoir, monsieur le nombre de personnes non enseignantes que vous avez
au Bureau des écoles protestantes de Montréal,
c'est-à-dire quel est le personnel professionnel que vous avez au PSBGM
qui n'est pas dans les écoles?
M. GODINSKY: M. le Président, je peux répondre à
quelques-unes des questions, puis je laisserais à M. Perrie le soin de
répondre aux autres questions puisqu'il est plus informé sur ces
sujets.
Sur la question de la constitutionnalité, M. le ministre,
malgré que je suis aussi membre du Barreau, dans ce cas-ci, je suis le
client. Nous avons consulté un groupe d'avocats renommés. Ils ont
fait une étude approfondie de la question de la
constitutionnalité de la réforme de l'éducation.
M. SAINT-PIERRE: Du projet de loi 28? M. GODINSKY : Pardon?
M. SAINT-PIERRE: L'examen approfondi de l'aspect constitutionnel du
projet de loi 28?
M. GODINSKY: Depuis le rapport qu'on vous a soumis sur le bill 62, ils
ont fait l'étude se rapportant au bill 28 aussi. Ils nous ont soumis la
même opinion ce sont les mêmes avocats qui disent que la
plus grande partie du bill 28 est inconstitutionnelle aussi.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous allez soumettre cette
réponse?
M. GODINSKY: Avec plaisir, M. le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez pas d'objection à déposer sur
la table, à la fois,le rapport Howard on va parler pour se
comprendre
qui portait précédemment sur le projet de loi 62 et qui
pourrait éclairer des gens qui s'intéressent à l'aspect
constitutionnel...
M. GODINSKY: Aucunement, monsieur.
M. SAINT-PIERRE: ... et, deuxièmement, les opinions
constitutionnelles que vous avez sur le projet de loi 28 lui-même.
M. GODINSKY: Aucunement, M. le ministre. Je pense que vous avez
déjà les copies du rapport de notre comité judiciaire sur
le bill 62. On a déposé cela déjà depuis
longtemps.
M. SAINT-PIERRE: Mais je pense que le public en général
n'a pas les copies du rapport Howard. Comme je pense que c'est votre document,
je l'ai vu moi-même et je ne me sens pas à l'aise pour le
déposer publiquement, mais peut-être que vous, vous
pourriez...
M. GODINSKY: On peut le déposer, M. le ministre, sans aucune
hésitation.
M. SAINT-PIERRE: Et vous avez également d'autres opinions
constitutionnelles sur le projet de loi no 28 lui-même?
M. GODINSKY: Certainement. M. SAINT-PIERRE: Parfait.
M. CARDINAL: M. le Président, avant qu'on ne passe aux autres
questions du ministre, est-ce que je peux ajouter une question dans le
même ordre d'idées, sur le plan constitutionnel? Est-ce que j'ai
bien compris, M. Godinsky? Au nom du Protestant School Board of Greater
Montreal, vous présentez un nouveau projet de loi à la place du
projet de loi no 28. Est-ce que vous pensez j'ai cru entendre ceci dans
ce que vous nous avez dit que votre projet lui-même exigerait une
modification à l'article 93 du BNA Act?
M. GODINSKY: Sans doute.
M. CARDINAL: Alors, cela veut dire qu'en fait les opinions de vos
avocats et peut-être la vôtre, Me Godinsky, sont à l'effet
qu'il n'est possible de faire aucune restructuration scolaire à
Montréal, quel que soit le projet de loi, qu'il s'appelle le projet de
loi no 62 ou no 28 ou le vôtre, sans, auparavant, négocier avec le
fédéral pour faire modifier l'article 93?
M. GODINSKY: M. le Président, quand on dit, aucune, c'est une
réponse difficile à trouver. Je peux seulement dire que les
projets de loi qui ont été avancés jusqu'à
maintenant, soit le projet de loi no 62, soit le projet de loi no 28 ou
même celui que nous proposons nous-mêmes ne sont pas
constitutionnels et vont contre l'article 93. De dire qu'aucune n'est possible,
je ne peux pas répondre...
M. CARDINAL: D'accord. Je laisse cette question de côté.
Mais ce qui m'embarrasse, c'est ceci. S'il faut amender l'article 93, vous vous
rendez compte et vous l'avez vous-même soumis que cet
article s'appliquerait à toutes les provinces du Canada. Vous semblez
suggérer qu'on l'amende et sur le plan de la confessionnalité et
sur le plan de la langue aussi où il n'y a pas présentement de
garanties écrites dans l'article 93, qui parle des systèmes
confessionnels. Est-ce que vous pensez c'est une opinion que les
neuf autres provinces vont être d'accord pour modifier l'article 93 dans
ce sens?
M. GODINSKY: M. le Président, malheureusement, je ne suis pas
assez mêlé à la politique pour être en mesure de
répondre pour les autres membres des Parlements des autres
provinces.
M. CARDINAL: Je ferais un seul commentaire...
M. GODINSKY: Je suis prêt à croire qu'il ne serait pas
impossible qu'on s'assoie alentour d'une table avec les autres et qu'il y ait
possibilité de faire des amendements acceptables à tous et qui
rendraient possible une amélioration dans notre propre structure.
M. CARDINAL: Evidemment, je termine ici, parce que je ne veux pas faire
un débat sur cette question. Quant on connaît l'histoire des
relations fédérales-provinciales depuis, au moins, ces dix
dernières années j'en ai vécu une partie, le
ministre actuel en vit une partie, mon voisin de gauche, le
député de Chicoutimi a même été à
Ottawa, il a donc été de l'autre côté de la table
à un certain moment l'on constate qu'avant qu'on puisse amender
un article aussi important que l'article 93, la restructuration scolaire de
Montréal risquerait de se faire peut-être au cours du prochain
siècle.
M. GODINSKY: M. le Président, je peux répondre seulement
que toutes les améliorations prévues par le projet de loi no 28
et même aussi le plan que nous proposons ne sont pas sujets à la
restructuration simplement. Il y a bien des avantages qu'on peut proposer sans
affecter la question constitutionnelle. Ce n'est pas nécessaire
d'attendre qu'on ait un amendement à la constitution pour introduire
toutes ces améliorations dont quelques-unes sont déjà en
vigueur.
M. CARDINAL: Je vous remercie, Me Godinsky.
M. LE PRESIDENT (Pilote): La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Godinsky, vous vous placez dans un
cul-de-sac. C'est bien clair. Il y a un projet de loi qui s'appelle le projet
de loi no 28, qui fait suite au projet de
loi no 62. Vous dites que vous êtes d'accord sur certains
mécanismes de ce projet de loi, dans la mesure où ils ne mettent
pas en cause l'article 93 de la constitution canadienne, cette constitution
qui, je le souligne en passant, à toutes fins utiles, n'existe plus.
Or, ce qui sous-tend le projet de loi 28, ce sont certains principes qui
touchent aux problèmes de la langue et de la religion. Le ministre s'est
expliqué là-dessus. Celui qui l'avait
précédé avait fait la même chose. Je ne puis pas
comprendre que vous nous disiez que vous êtes disposés à
accepter qu'on commence à mettre en application les structures
proposées par le projet de loi 28 quand cesdites structures auront
fatalement à toucher, dans chacune de leurs modalités, dans
chacun de leurs mécanismes, à ces aspects fondamentaux de la
langue et de la religion. Alors, c'est placer les législateurs dans un
cul-de sac.
Ce que je retiens de votre témoignage et des documents que vous
nous avez soumis, c'est ceci: c'est que vous vous dites très bien
disposés, mais vous ne l'êtes pas du tout puisque vous nous
menacez de recours aux tribunaux et que vous nous demandez, vous nous
suggérez de procéder à des amendements à l'article
93 de la constitution. Or, quand on sait comment traînent les projets de
réforme constitutionnelle depuis les dix dernières années,
et particulièrement depuis les cinq ou six dernières
années, bien, la loi 28 aura du poil quand elle sera adoptée. Il
faudrait nous dire, noir sur blanc, si vous êtes d'accord ou non avec les
propositions de la loi 28 et qu'est-ce qui ne fait pas votre affaire dans ce
projet de loi. De quelle façon vos droits ou vos privilèges se
trouvent-ils menacés par le projet de loi 28? Parce que même si
vous argumentez longuement, même si on fait l'examen approfondi des
mémoires que vous nous avez soumis, nous nous rendons bien compte que
vous n'êtes absolument pas disposés à accepter le projet de
loi et que ce vous êtes disposés à accepter, ce sont tout
simplement des modifications mineures qui laisseraient les choses en
état et ne permettraient pas au gouvernement de prendre action dans un
domaine où il est urgent que le gouvernement légifère.
Alors, Me Godinsky, je vous demande ceci: Est-ce qu'un amendement
à l'article 93 de la constitution est une condition sine qua non pour
vous qui représentez les écoles protestantes du grand
Montréal? Est-ce que c'est une condition sine quo non à
l'acceptation du projet de loi 28, mises à part les modifications
mineures dont vous avez parlé et qui ne sont, au fait, que des
mécanismes de fonctionnement administratif?
M. GODINKSY: Je vais répondre à une partie de votre
question et je laisserai le reste à M. Tilley qui est plus
informé.
Quant à la question de constitutionnalité, M. le
Président, nous n'avons fait aucune menace. Nous cherchons à
attirer votre attention sur un avis juridique fourni par des avocats reconnus
qui ont étudié la question en profondeur et qui nous ont
donné cet avis. Est-ce que parce que j'attire votre attention sur le
fait que si vous sautez par la fenêtre vous allez vous blesser, cela est
une menace de vous blesser? On attire l'attention du gouvernement sur le fait
qu'un acte tel que le projet de loi no 28 serait non constitutionnel. Ce n'est
pas notre opinion, c'est un avis juridique. C'est l'opinion non seulement de
nos propres avocats mais de bien d'autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous terminé, M. Godinsky?
M. GODINSKY: Non, permettez. Si on nous demande si l'amendement est sine
qua non, à cet effet nous disons: Vu que le gouvernement doit être
le premier à obéir à la loi, si on attire l'attention du
gouvernement sur le fait avec autorité qu'une loi serait
illégale, je crois que ce n'est pas une menace qu'on fait au
gouvernement, mais on attire l'attention du gouvernement sur une opinion assez
sérieuse. Pour le reste de votre question, si vous me permettez je vais
laisser à M. Tilley...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant que vous ne passiez la parole à
votre collègue, Me Godinsky, vous nous dites que vous ne nous faites pas
de menaces. Bon. Clarifions cela une fois pour toutes. C'est bien clair dans
votre mémoire. C'est la version française de votre
mémoire, page 70: "Faute de possibilité d'accord sur l'un des ces
plans il s'agit des problèmes constitutionnels de langue et de
religion et au cas où le gouvernement persisterait à
maintenir le projet de loi no 28, le Bureau métropolitain se verrait
alors dans l'obligation de référer le projet de loi no 28 aux
instances des tribunaux". Alors, évidemment, vous incitez le
gouvernement à réfléchir en braquant sur lui des
mitraillettes. Il faut bien s'entendre. Vous nous invitez à
réfléchir ou vous nous forcez à procéder. Il y a
une contradiction assez nette entre ce que vous venez d'affirmer et ce qui se
trouve dans le mémoire.
Alors, je vous repose la question: Un amendement à la
constitution canadienne est-il une condition sine qua non pour que vous
acceptiez de voir le gouvernement procéder à la restructuration
de l'île de Montréal selon les schèmes qui apparaissent
dans le projet de loi no 28?
M. GODINSKY: Je peux dire non, M. le Président, parce que nous ne
sommes pas en état de soumettre cela à la cour. Nous n'avons pas
l'intérêt nécessaire, d'après nos avocats, pour
soumettre cela à la cour. Si on vous dit, dans le mémoire, que
cela passera devant la cour, c'est parce que nous savons on nous l'a dit
comme nous vous l'avons dit ici, déjà, le 30
septembre qu'il y a des personnes qui ont un intérêt
et qui ont l'intention de soumettre cela à la cour. Encore une fois, ce
n'est pas une menace. Je ne joue pas sur les mots. J'attire votre attention sur
ce que vous savez déjà, parce que nous étions ici quand
cela a été dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes très bien
intentionné, Me Godinsky, mais il est bien évident qu'il y a,
derrière votre association, des gens qui ont déjà un
factum préparé et qui sont disposés à aller devant
la cour.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, sur le même sujet qu'a d'abord
amené le ministre de l'Education, soit la constitutionnalité du
projet de loi, les études auxquelles vous vous référez,
est-ce le "Protestant School Board of Greater Montreal" qui les a
financées?
M. GODINSKY: Oui.
M. CHARRON: Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes. Vous
les avez faites et si vous vous en inspirez pour contester le projet de loi no
28 devant les tribunaux, le ferez-vous selon l'allure que vous nous
présentez actuellement, parce que vous êtes soucieux que la
constitution canadienne soit respectée ou, fondamentalement, parce que
c'est un excellent moyen pour vous de combattre le principe de l'unification
des commissions scolaires, contre lequel vous vous élevez à
l'intérieur de votre mémoire?
Il ne faut plus jouer au légaliste et au gars qui a recours
à une constitution dépassée, quand elle fait son affaire
sur un aspect et que, dans le reste, les autres domaines, il s'est
particulièrement occupé de la "charrier" d'un bord ou de l'autre
depuis une centaine d'années. Il la découvre tout d'un coup parce
qu'elle peut être utile pour conserver des privilèges. Il faut
dire franchement la raison, c'est que pour vous, le constitutionnel est
peut-être un outil parmi d'autres pour combattre un projet de loi contre
lequel vous avez le droit de vous élever, sur le principe même
celui de l'unification mais ne vous faites pas passer pour des
consti-tutionnalistes ou pour des purs de la constitution quand vous
défendez, à ce moment-là, des intérêts
politiques. Appelez les choses par leur nom.
M. GODINSKY: Je crois, M. le Président, que, dans mon
mémoire, j'ai indiqué que même s'il n'y avait pas de
questions de constitutionnalité, notre mémoire serait
précisément le même.
Si on se base sur la question de constitutionnalité, je pense
qu'on laisse de côté le plus important, que la loi soit bonne ou
mauvaise. Notre point de vue est que la structure prévue par le bill 28
est mauvaise administrativement et, en conséquence,
pédagogiquement.
Sur la question de constitutionnalité, je ne suis pas assez
informé. C'est une question autre que les conclusions que vous avez
devant vous. Nous disons: Même si le bill 28 était adopté
et que tout le système était changé, et que la question de
constitutionnalité était soulevée, qu'arrivera-t-il
ensuite? Si la cour décide que le système n'est pas
constitutionnel, qu'arrivera-t-il de tout le système d'éducation
après deux, trois ou quatre ans? On aurait une image qui ne se
réglerait jamais.
Si je soulève la question de constitutionnalité je
ne l'ai pas soulevée c'est parce qu'avec les structures
d'éducation, il faut y aller avec précaution. Ce n'est pas pour
qu'on change une loi et qu'on rembourse l'argent perçu en raison d'une
mauvaise loi. C'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu.
M. CHARRON: Ce n'est pas sur ces motivations-là que je vous
posais la question. C'est qu'il est venu des groupes qui ont
témoigné devant la commission depuis le début et qui
exprimaient, sur le principe même d'une bonne éducation à
assurer, de fortes réserves sur le projet de loi 28, dans un autre sens
que les vôtres. Mais je ne mets pas en question leur
sincérité à eux non plus, c'est pour une meilleure
éducation. Ils disaient: Selon notre croyance, pour une meilleure
éducation, le projet de loi n'est pas acceptable dans telle ou telle
modalité.
Sauf que, eux, n'avaient pas l'argument-massue que vous allez pouvoir
avoir maintenant, c'est que pour imposer votre notion d'une bonne
éducation, vous aurez droit aux recours aux tribunaux, parce que
maintenant vous pourrez contester la constitutionnalité de cette
loi-là. Et vous pourrez peut-être même obtenir un mandamus
qui permettra de geler la structure scolaire de Montréal tant que la
cour Suprême ne se sera pas prononcée.
Moi je dis que dans la bataille politique que vous livrez pour une
meilleure conception, comme d'autres groupes l'ont fait, vous êtes encore
une fois ce ne sera pas la première fois dans notre histoire
des privilégiés, parce que vous avez un instrument de
plus, celui de la constitution, qui vous permettra de faire beaucoup plus que
la CEQ ou la CSN ou l'Alliance des professeurs dans les remarques profondes de
divergences qu'elles pouvaient avoir avec des modalités du projet de
loi.
Depuis le début que le projet de loi a été
déposé, nous entendons les anglophones dire qu'au fond on est
pour le bien-être de tout le monde, qu'on est pour la politique de
rattrapage, qu'on est pour ça, qu'on accepterait tout ça si
seulement la loi était constitutionnelle. Moi je vous dis que je prends
ça avec un grain de sel, je vous l'assure.
Cela risque d'être un argument carrément hypocrite à
la longue. Plus on va le tourner, plus on va jouer avec, plus on va le servir
à
toutes les sauces et plus en même temps on va enrober ça de
rubans, disant qu'on est d'accord, qu'on aime bien les pauvres, qu'on aime bien
les Canadiens français, qu'ils contribuent beaucoup au
développement de cette merveilleuse nation, etc., ça va devenir
de plus en plus faux, vous allez apparaître de plus en plus comme
minoritaires en vous rabattant sur des arguments de cet ordre-là, et
c'est vous-mêmes qui êtes en train de vous créer un ghetto
en jouant avec la constitutionnalité.
Si vous défendez des intérêts politiques et que vous
défendez des intérêts sociaux, cuturels, dites-le,
appelez-les par leur nom, mais n'allez pas sortir un torchon de 1867 pour
l'épousseter et aller sortir un article qui fait votre affaire.
Québec est en train de se définir, le projet de loi 28 est une
merveilleuse occasion de le faire sur l'île de Montréal, Bon Dieu!
qu'on appelle les choses par leur nom.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Pardon.
M. PERRIE: M. le Président, honorable ministre. M. le ministre a
posé quelques questions...
M. TETLEY: M. Perrie, vous me permettez de répondre à M.
Godinsky sur la constitutionnalité.
M. Godinsky, nous sommes tous soucieux de la constitutionnnalité
de nos lois, évidemment nous sommes législateurs. Et je me
demande si tout le statut du Protestant School Board of Greater Montreal est
légal et constitutionnel. Sur le plan constitutionnel... Ce n'est pas
une farce, parce que nous avons fait du progrès.
Moi, j'ai lutté énormément depuis dix ans ou quinze
ans pour que des Juifs soient membres de la Commission scolaire du grand
Montréal et dans d'autres régions de Québec. C'est un
fait. Et en 1965, la loi a été modifiée afin que vous
soyez membres de la Commission scolaire du grand Montréal avec quatre
autres Juifs, n'est-ce pas?
Et on m'a dit que vous êtes un des meilleurs membres de la
commission et j'ai dû faire l'enquête pour une certaine raison lors
des nominations. Ce qu'on m'a dit.
M. GODINSKY: Merci.
M. TETLEY: Et vos concitoyens de foi juive sont les meilleurs des
membres. Mais cette loi-là et j'ai devant moi l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique j'ai grand-peur que ce soit
inconstitutionnel parce que vous n'êtes ni catholiques, ni
protestants.
Nous avons modifié la loi très récemment, donnant
dans Hampstead ville, Montréal, Côte-Saint-Luc et Westmount le
droit aux Juifs d'être membres des commissions.
Donc, nous avons ce souci de constitutionnalité, mais nous avons
celui d'une meilleure administration de nos lois et de notre système
d'éducation. C'est tout simplement un commentaire. Nous voulons
plutôt une meilleure administration. Je préfère que les
discussions soient faites sur ce point: Quel système va aider nos
enfants, notre province et notre pays?
M. GODINSKY: M. le Président, un compliment comme celui que j'ai
reçu de M. Tetley, cela valait tout le travail que j'ai fait et ma venue
ici ce matin. Je l'en remercie.
Si c'est implicite dans les remarques de M. Tetley que, quand les
résultats sont bons, c'est acceptable d'aller contre la loi, je ne suis
pas d'accord sur ce principe. Si on accepte une bonne raison pour briser une
loi, cela va donner aux autres d'autres occasions de se servir de la même
mauvaise loi tout en ayant des raisons moins bonnes. Je pense au principe
juridique que, si une loi est mauvaise, ce n'est pas une justification de s'en
servir pour de bons résultats.
M. TETLEY: Mais vous êtes commissaire.
M. GODINSKY: Je suis commissaire, oui, mais je puis vous répondre
que cela ne change rien. Ma réponse est que la constitution du
Protestant School Board of Greater Montreal depuis la
confédération n'est pas affectée par le statut. C'est un
organe postconfédéral. On peut argumenter dans ce sens-là
mais, vu que j'ai un intérêt personnel à soutenir ce que je
dis, je préfère ne pas commencer cette argumentation. Je vous
assure que notre position et la position de nos avocats qui ont
édudié est que le Protestant School Board of Greater Montreal n'a
pas les mêmes droits, en vertu de la constitution, que les commissions
locales telles que Westmount, Montréal, Montréal-Nord et toutes
ces autres qui y étaient avant et qui jouissent des droits d'avant la
confédération qui sont sanctionnés dans la
constitution.
Je voudrais répondre à une question où l'on parlait
des privilèges et des droits. Je pense que cela devient un peu
sématique. Il n'y a pas de privilèges, je pense que nous avons
tous des droits. Si ces mêmes droits sont réclamés par un
groupe minoritaire ou un groupe majoritaire, cela reste toujours un droit.
Encore une fois, c'est entrer dans une argumentation qui éloigne
l'attention du...
M. TETLEY: Mais M. Godinsky...
M. GODINSKY: ... problème central, celui de la qualité de
notre éducation. M. Tetley, qu'on laisse de côté la
question de constitutionnalité et qu'on étudie la question de
l'éducation comme telle.
M. TETLEY: Mais, M. Godinsky, j'ai toujours dit que le droit de parler
anglais et le droit
d'un Juif d'être membre d'une commission scolaire demeure un
droit, de même qu'un enfant a le droit d'avoir la meilleure
éducation. Donc, j'accepte ou je préfère je ne suis
pas président qu'on discute de questions à savoir si cela
va aider nos enfants. A mon avis, votre présence à la commission
aide nos enfants; c'est pourquoi je n'enlève pas la question de
l'article 93-1, qui est claire et nette.
M. PERRIE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: Sur le même sujet, je voudrais faire une brève
remarque. Actuellement le gouvernement est décidé d'agir
maintenant. Vous dites qu'il serait paralysé dans son action par
l'aspect constitutionnel. Il y a deux choix pour le gouvernement: Ou se
soumettre à la constitution, ce qui veut dire retarder son action
pendant un grand nombre d'années probablement, ou agir malgré la
constitution.
Je pense que la population appuie actuellement le gouvernement. Si vous
persistez à contester la constitutionnalité du bill 28, je
considère que c'est un exemple patent d'être dépassé
par les événements, c'est-à-dire que le gouvernement,
à mes yeux, agirait quand même pendant que vous allez livrer une
bataille sur un aspect constitutionnel.
M. PERRIE: M. le Président, je m'appelle John Perrie, je suis
directeur de l'éducation. Je me suis levé pour répondre
tout d'abord à une des questions qu'a posées le ministre au
début de son intervention. Il a parlé de la haute administration
de notre commission scolaire et, comme il sait tout aussi bien que moi,
ça dépend des critères qu'on établit pour compter
les personnes. Mais dans le sens de l'administration prévue par le
projet de loi 28, nous avons à peu près une quinzaine
d'administrateurs qui ne travaillent pas dans les écoles mais qui se
placent aux quartiers-généraux de la commission scolaire.
M. SAINT-PIERRE: Ma question n'était pas vis-à-vis du
projet de loi 28. Elle était: Combien de personnes et vous pouvez
peut-être les diviser pour faire la nuance entre professionnels et
personnel de soutien avez-vous au quartier général, pour
employer votre expression, de la PSBGM, au total?
M. PERRIE: Sur le plan administratif...
M. SAINT-PIERRE: ... sur tous les plans, parce que là il y a les
plans administratif, pédagogique, religieux, sur tous les plans.
M. PERRIE: J'allais les diviser en deux groupes.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
M. PERRIE: Sur le plan administratif, il y en a une quinzaine,
c'est-à-dire des surintendants de régions ainsi que nous qui
dirigeons les opérations du bureau. Sur le plan des services de soutien,
il y en a une quarantaine à peu près, 45.
M. SAINT-PIERRE: Vous parlez du personnel professionnel?
M. PERRIE : Il faut préciser, M. le ministre. Ces personnes
passent leur temps tout entier dans les écoles
M. SAINT-PIERRE: Je comprends bien, comme il y en a d'autres
tantôt qui vont passer leur temps à bien danser. Au total, sur la
rue Fielding dans l'édifice que vous avez, qui est le siège
social du PSBGM, combien de personnes sont là?
M. PERRIE: Au siège, à Fielding, il n'y en a qu'une
dizaine
M. SAINT-PIERRE: Il n'y a que dix personnes dans tout cet
édifice?
M. PERRIE: Sur le côté pédagogique, oui: les
administrateurs qui se situent à Fielding, il y en a une dizaine. Il y a
les autres qui travaillent dans les écoles et qui, de temps à
autre, reviennent pour des réunions, pour des entrevues, pour nous
consulter et tout cela. Mais sur Fielding, il n'y en a qu'une dizaine.
M. SAINT-PIERRE : Je suis intéressé par des
problèmes pédagogiques et administratifs pour la structure
scolaire, auriez-vous l'amabilité de m'envoyer l'organigramme, les
descriptions des tâches des gens que vous avez à Fielding,
à la fois sur le plan pédagogique et le plan administratif, sur
tous les plans?
M. PERRIE: Avec plaisir, M. le ministre.
Maintenant, si je peux faire quelques commentaires à titre de
secrétaire-trésorier de la commission scolaire, M. Godinsky n'a
pas besoin que je l'appuie, mais je vous dis bien franchement que, à
titre de secrétaire-trésorier, j'ai assisté à
toutes les réunions où se sont développés le
mémoire ainsi que le plan que nous avons soumis au ministre au mois de
février. Jamais il n'y a été question de menaces et cet
aspect constitutionnel n'a jamais, dans l'esprit de la commission scolaire,
servi de menace du tout. Un mot que j'entends tout partout, en plus de menaces,
c'est le mot "privilèges". Et M. Godinsky a bien souligné qu'on
ne parle pas de privilèges mais de droits.
Ce n'est pas une question de privilèges. Je rappelle à la
commission parlementaire que les deux systèmes scolaires ont
été absolument autonomes et chacun a poursuivi son chemin
d'après les valeurs culturelles et spirituelles du temps. Nous n'avons
rien imposé à l'autre et l'autre ne nous a rien imposé;
nous n'avons rien
volé à l'autre et l'autre ne nous a rien volé. Ce
n'est pas une question de privilèges, M. le Président, et
j'entends ça très souvent.
On a parlé des mérites du plan tel quel, des clauses du
projet de loi 28, et M. Godinsky a souligné que même s'il
n'était pas de question de constitution du tout on ne serait pas
prêt à accepter le projet de loi tel quel, parce qu'il ne
répond pas aux objectifs. Si on a le temps, on peut poursuivre un peu
sur l'aspect de l'efficacité du projet de loi. C'est tout un domaine qui
mérite d'être discuté tout autant que l'aspect
constitutionnel et aussi l'aspect du maintien des privilèges.
Pour répondre à M. Charron, quant au but et aux objectifs
de la commission scolaire, quelqu'un a cité textuellement des passages
du mémoire et je vais le faire, moi aussi. A la page 9, M. Charron, son
but, c'est-à-dire le but du bureau métropolitain est clairement
d'établir une réforme progressive des structures actuelles de
façon à créer un système scolaire supérieur,
de le faire en procédant à une unification à un
degré juste et raisonnable. Je rappelle à M. Cardinal le
mémoire qu'on lui a soumis au sujet du projet de loi 62, le dernier
alinéa de ce projet soulignait l'espoir qu'il y aura une
réalisation éventuelle d'une unification totale et
intégrale. Je crois qu'il faut le souligner quand on parle des obstacles
ou d'avaler nos remarques avec un grain de sel. Il n'y a pas besoin de sel, M.
Charron.
M. SAINT-PIERRE: M. Perrie, vous-même et d'autres, à
plusieurs reprises, venez de dire que les deux systèmes ont
évolué, que vous n'avez rien volé aux autres et que vous
progressez suivant les aspirations propres de votre culture.
En d'autres endroits, on a dit que les craintes que vous avez
vis-à-vis de la commission scolaire unifiée sont de voir perdre
ces valeurs, ce système excellent que vous avez mis au point. Est-ce
votre appréciation sans vantardise, bien sûr que le
bureau métropolitain, l'ensemble des élèves qui sont sous
la régie de ce bureau jouissent d'un des meilleurs systèmes
d'éducation en Amérique du Nord actuellement et que c'est ce que
vous voulez tenter de sauvegarder? Est-ce votre opinion?
M. PERRIE: Bien, j'hésite à exprimer mon opinion
personnelle, parce queje suis dans le jeu depuis 35 ans. Mais, d'après
les commentaires que j'ai lus, d'autre part, même dans le rapport Parent
et même dans d'autres milieux sur le continent nord-américain, on
nous accorde...
M. SAINT-PIERRE: Ils ne sont pas...
M. PERRIE: ... ce compliment. Mais, encore une fois, M. le ministre, je
reviens à la base de la question, c'est-à-dire que le
système scolaire a évolué en terme des aspirations et des
valeurs de la communauté qu'il représentait. J'en suis bien
content, moi, parce que je suis aussi Québécois et il y a une
évolution dans les valeurs.
M. SAINT-PIERRE: M. Perrie, si on accepte ce fait que, même
aujourd'hui, d'autres vous donnent le crédit d'avoir une des commissions
scolaires la mieux administrée, qui donne un système
d'éducation de plus grande qualité, c'est ce qu'on peut
conserver, finalement, ce n'est pas une histoire si triste que ça qu'on
a eue au cours des sept dernières années. Je voudrais que vous
m'expliquiez un peu les pages 32, 33, 34 et 35 et j'aimerais les commenter un
peu.
M. PERRIE: Si je peux, M. le Président, continuer à
monopoliser la conversation, j'essaierai précisément de le
faire.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas s'il y en a d'autres que vous qui ont
des idées plus fortes sur les pages 32, 33 et 34; sentez-vous bien
à l'aise de donner la parole à d'autres, je ne sais pas...
M. PERRIE: Bien, puisque je suis debout, M. le ministre, j'essaierai.
Comme préface ou pour précéder les points que je veux
faire valoir, je veux aussi dire qu'à mon avis, et parlant
personnellement, la commission scolaire que je représente a
prêté toute sa collaboration au ministère depuis sa
formation en 1964 et lui a donné tout son appui.
Oui, mais on est conscient, en cours de route, que des droits ont
été érodés et qu'il y a eu une administration qui
était peu soucieuse du secteur anglophone, parce que ses
préoccupations et ses priorités étaient dans un autre
ordre d'importance.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, M. Perrie, vous venez de faire une
affirmation qui est excessivement grave. Il y a eu quatre ministres de
l'Education et sous deux gouvernements différents, l'un libéral
qui est revenu et l'autre, l'Union Nationale. Est-ce que vous affirmez que,
depuis sept ans, depuis 1964, les objectifs de chacun de ces gouvernements ou
de l'un d'eux en particulier ou des quatre ministres ou de l'un d'eux en
particulier ou de plusieurs d'entre eux ont érodé les droits du
système protestant anglophone?
M. PERRIE: C'est ce que j'ai affirmé, M. Cardinal. Oui.
M. SAINT-PIERRE: Quels droits ont été
érodés, M. Perrie?
M. PERRIE: Par exemple, tout le principe de normalisation au niveau
provincial, les règles budgétaires, par exemple. Tout cela
implique que le contrôle administratif de la commission scolaire locale
est abrogé, est enlevé, parce qu'il faut...
M. SAINT-PIERRE: Mais, M. Perrie...
M. CHARRON: Mais ce n'est pas seulement
vous; c'est une norme provinciale, comme vous venez de le dire.
M. PERRIE: Bien sûr. Bien sûr.
M. CHARRON: C'est l'obligation d'un gouvernement de le faire.
M. PERRIE: Bien, vous voulez que je vous cite des exemples.
M. CHARRON: Oui, allez-y.
M. PERRIE: Parce qu'on parle, depuis le début, de droits, de
droits accordés à la communauté de contrôler et
d'administrer ses propres écoles. Chez nous, avant 1964, il y avait un
vaste programme d'expérimentation pour trouver d'autres moyens pour
arriver à des buts pédagogiques. Alors, petit à petit, on
a perdu la liberté d'expérimenter, d'innover, de prendre
l'initiative dans ce domaine. Les programmes-cadres, par exemple, qui viennent
du ministère, pour nous, deviennent de plus en plus rigides et laissent
de moins en moins de latitude au niveau local pour répondre aux besoins
qui se font sentir à ce niveau. Je me rappelle même une remarque
que le ministre a faite à une réunion où nous
étions ensemble, à l'effet que tout ce que nous disons au sujet
des services de soutien, etc., était moins important vu que le programme
d'études est, en effet, déterminé au niveau du
ministère. C'est un exemple. C'est ce que je veux dire par initiative,
non pas pour nous autres, mais pour toute commission scolaire qui est capable
de répondre aux besoins de sa communauté.
M. SAINT-PIERRE: M. Perrie, je m'excuse. Vous savez, chacun a ses
responsabilités. Vous en avez et je pense que vous les assumez avec
brio. Moi, j'en ai et je tente de les assumer, mais ceci étant
déterminé et pour que les règles du jeu soient
respectées, il faut bien les respecter.
Je ne peux pas m'empêcher de reculer à plus de 105 ans en
arrière et de vous dire qu'à l'époque, en 1866, avec la
loi Georges IV, je ne sais pas quel chapitre, la commission scolaire de la
cité de Montréal n'était pas libre en matière de
programmes de faire et d'innover comme elle le voulait. Elle était quand
même, si on pense à une certaine cohérence dans un
système d'éducation, obligée de s'en
référer, à l'époque, à ce qui s'appelait un
conseil supérieur de l'éducation ou un conseil
général de l'éducation de la province qui, lui, avait des
responsabilités. Après ce retour en arrière, je fais
maintenant un retour parallèle et je vous pose la question: Est-ce que,
finalement, la commission des écoles protestantes de Toronto
vis-à-vis du ministère de l'Education de l'Ontario jouit de plus
de liberté d'innover que le PSBGM vis-à-vis de nous? Je ne peux
pas m'empêcher de vous dire que cela fait sept ans, quand même, que
vous êtes dans cette triste histoire, "sad story", et que vous avez
encore la meilleure commission scolaire, d'après les autres, en
Amérique du Nord.
M. PERRIE: Si cela prend quelques dizaines d'années pour
bâtir, cela ne se détruit pas en cinq ou sept ans. Mais ce que
nous craignons, c'est qu'avec... Je comprends les raisons pour lesquelles il a
fallu coordonner et organiser au niveau provincial des services et tout cela.
Je suis très conscient des raisons. Mais si nous avons vécu ces
sept ans qui sont quand même, du point de vue que je représente,
pas mal tristes, nous envisageons avec encore plus d'anxiété une
organisation unifiée où nous serions dans huit des onze
régionales en minorité.
M. SAINT-PIERRE: Mais le problème... M. PERRIE: C'est cela que
ça veut dire.
M. SAINT-PIERRE: ... en portant jugement, évidemment, ce n'est
pas uniquement ce qui est survenu aux élèves de la PSBGM, c'est
ce qui est survenu pour l'ensemble du réseau scolaire au Québec.
On peut se gargariser de beaux principes en disant: Les mêmes
qualités de soins à tous les élèves de la province.
Mais moi je vous dis que lorsqu'on a dit cela, il faut se retrousser les
manches et dire: Très bien, il sera inadmissible qu'un professeur avec
telles qualifications reçoive à Montréal $8,000 et qu'aux
Iles-de-la-Madeleine il n'en reçoive que $3,000. Il va falloir faire des
normes pour changer cela. Il serait inadmissible qu'une collectivité
puisse se payer, en matière d'éducation, des services tels qu'on
puisse donner à ses enfants plus que d'autres peuvent en donner.
M. PERRIE: Comme je le disais, M. le Ministre, j'admets parfaitement
bien le rôle du gouvernement pour coordonner, pour établir les
grandes lignes d'un programme et, comme l'a si bien dit M. Godinsky, il ne
s'agit pas de privilège. Nous sommes pour l'égalité des
chances pour tout le monde. Ce n'est pas la question. Mais vos normes
s'appliquent même dans des domaines où nous sommes
entièrement indépendants du gouvernement. Pour la construction
d'écoles, par exemple, qui se financent au niveau...
M. SAINT-PIERRE: Mais je vois bien cela. Si vous avez dix personnes dans
l'édifice de la rue Fielding, vous n'avez pas les normes
provinciales.
M. PERRIE: Eh bien, vous avez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur la même question...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le même sujet, M. Perrie, à
la page 32 de votre mémoire et à la page 31 de la version
anglaise, vous dites: "C'est une triste histoire en vérité que
celle de l'éducation depuis 1964 pour la minorité anglophone.
C'est l'histoire de l'érosion graduelle de ses droits,...". Le ministre
vous a interrogé là-dessus. Vous êtes en train d'essayer de
nous expliquer comment ces droits ont pu être lésés ou
progressivement diminués. Tout ce que vous venez de dire n'indique en
rien de quelle façon les droits de la minorité anglophone
auraient été lésés. Vous parlez d'unification
scolaire; vous dites que vous avez dû vous soumettre au programme du
ministère de l'Education, etc. Cela a été le fait de
toutes les commissions scolaires du Québec. Pourquoi
échapperiez-vous à ces exigences du ministère de
l'Education dans le domaine de l'administration ou dans le domaine de la
pédagogie?
M. PERRIE: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et comment les droits des anglophones
ont-ils été menacés ou lésés en
espèce? Je ne comprends pas du tout votre argumentation
là-dessus.
M. PERRIE: Je regrette, je ne m'exprime peut-être pas aussi
bien...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, vous parlez très bien
français.
M. PERRIE: ...que je devrais le faire, mais j'étais en train de
donner quelques exemples. J'en ai d'autres. L'existence même des
règlements 6 et 7 enlève à la commission scolaire sa
propre initiative dans certains domaines.
M. CHARRON: Toutes les commissions scolaires.
M. PERRIE: Pas à toutes les commissions scolaires.
M. CHARRON: Pas seulement aux anglophones.
M. PERRIE: Je suis ici pour parler de la nôtre. Je sais bien que
cela s'applique. Il y a des commissions scolaires, sans doute, où on en
avait grandement besoin, de cette direction d'en haut. Mais il existe des
commissions scolaires où cette direction n'est pas essentielle parce
qu'elles ont les ressources et l'expérience pour répondre aux
besoins de leur clientèle. Mais, en tout cas, on parlait tout à
l'heure de droits et du droit de contrôler son propre système.
Cela revient, M. Tremblay, à une remarque que vous avez faite tout
à l'heure lorsque vous avez parlé des mécanismes,
lorsqu'on parlait tout simplement de mécanismes.
Voici la position que prend le "Board" et avec laquelle je suis
d'accord. C'est que la culture dépasse la langue, mais la langue est
l'expression, si vous voulez, de la culture.
Nous sommes fermement d'avis comme, je crois, vous devriez l'être
de l'autre côté, que le contrôle, la gestion, la direction
d'une commission scolaire devrait être entre les mains des personnes qui
représentent cette culture. C'est pour cela que je souligne les
activités du ministère qui, petit à petit, nous ont
enlevé le pouvoir de décision sur les aspects du programme qui
relèvent de la culture.
Ce que le projet de loi 28 propose pour les trois régions
scolaires, où les francophones seraient en position minoritaire, les
menace également. Mais d'un autre côté, il y en a huit
autres tout autour d'elles et il y a le conseil de l'île à
majorité francophone. Alors leurs craintes sont moins grandes, comme de
raison, d'ailleurs. C'est le principe fondamental qu'il faut considérer.
Je trouve difficile d'être obligé d'expliquer cela à une
assemblée francophone parce que vous tenez vous-mêmes je
vous appuie fermement avec tous les moyens dont vous disposez à
faire valoir votre propre culture. Ce n'est pas du tout la même chose que
la culture anglaise.
Je suis ici, dans le Québec. Je suis d'origine anglaise mais je
suis Québécois comme vous. Mais j'ai mes valeurs culturelles. La
communauté que je représente a des valeurs culturelles. Nous
craignons que ces valeurs se perdent si l'administration de la commission
scolaire où se trouvent ces enfants est dans les mains de personnes qui
représentent l'autre culture. Ce n'est pas une question de
mécanisme, M. Tremblay.
M. SAINT-PIERRE: M. Perrie, le PSBGM considère-t-il que ce qui se
passe dans d'autres provinces que le Québec à l'endroit de la
culture française est un traitement à la fois inéquitable
et injuste pour elle? Ne trouvez-vous pas?
M. PERRIE: Comme je le disais tout à l'heure, j'appuie les
efforts qu'a faits la province pour faire valoir sa culture. Je regrette tout
autant que vous et je parle, je crois, pour la majorité des
anglophones ce qui s'est produit dans le passé quant aux droits
des minorités francophones au Canada. Est-ce de cela que vous
parlez?
M. SAINT-PIERRE: Oui. Et aussi de ce qui se produit actuellement.
M. PERRIE: Les amendements à la constitution, dont à
parlé M. Godinsky, seraient à l'échelle du pays, pas
seulement pour la province de Québec.
M. SAINT-PIERRE: Mais sans même parler d'amendements, puisque nous
parlons de l'article 93 qui a plus d'une centaine d'années d'existence,
vous posez-vous des questions sur
le sort qui est fait aux minorités, aux autres classes de
personnes dans les autres provinces, pour gérer leurs propres
écoles? Est-ce que cela vous inquiète?
M. PERRIE: A part les deux groupes linguistiques principaux?
M. SAINT-PIERRE: Les groupes protégés par l'article 93,
les catholiques et les protestants.
M. PERRIE : Nous nous situons, pour le débat actuel, dans le
contexte du Québec, n'est-ce pas? Je ne suis pas juriste. Je suis un
être humain. Je regrette ce qui est arrivé aux minorités,
mais je ne prends pas une position légale là-dessus. Ce n'est pas
mon devoir de le faire.
M. SAINT-PIERRE : Si nous revenons au Québec, M. Perrie,
avez-vous l'impression qu'envers la minorité anglophone, au
Québec, si on examine ce qui est survenu depuis une centaine
d'années, somme toute, il n'y a aucune autre minorité culturelle,
religieuse ou ethnique, au Canada, qui a eu un aussi bon traitement de la part
de la majorité francophone?
M. PERRIE: J'admets volontiers...
M. SAINT-PIERRE: Vous admettez cela.
M. PERRIE: ... que nous avons été bien traités.
Mais ce n'est pas une question de traitement monsieur comme j'ai essayé
de le dire auparavant. On partait des droits. C'est pour cela que les deux
cultures sont fortes.
M. SAINT-PIERRE: Les autres aussi, des autres provinces, partaient des
droits et...
M. PERRIE: Ce qu'on a fait dans les autres provinces... Mais ici, je
suis né ici.
J'apprécie ce qui est arrivé dans les dernières
années. Il y a un grand changement dans les valeurs culturelles et
spirituelles.
Dans le passé, quand j'étais directeur d'école, mes
voisins francophones me laissaient aller et ils ne s'intéressaient pas
vraiment à moi, ils s'intéressaient à leur système
homogène. Entre-temps nous avons dû vivre, nous avons vécu,
nous avons bâti un système qui répondait à nos
besoins. Pour moi ce n'était pas une question de
générosité, de traitement généreux. Les deux
systèmes ont évolué indépendamment l'un de l'autre.
On a été aussi généreux envers les francophones que
les francophones l'ont été envers nous.
Par exemple, si je voulais faire une carrière politique, j'aurais
un grand désavantage dans notre province. Et je savais ça
dès ma naissance. On n'aurait pas été très
généreux pour moi, si j'avais voulu entrer dans le domaine
politique, parce que, sur le plan municipal, sur le plan provincial, tout est
dominé, presque à 100 p.c, par mes compatriotes de langue
française.
Vous parlez du domaine pédagogique. On peut citer d'autres
domaines. Ce n'est pas une question de générosité.
M. SAINT-PIERRE: M. Perrie, à la page 35 vous dites "Au
ministère de l'Éducation, au Conseil supérieur de
l'éducation, au sein des nombreux organismes, pour créer, pour
diriger l'enseignement public, l'influence du secteur anglophone est
resté minime. Il ne pouvait en être autrement puisque seule une
présence nominale est voulue ou permise".
Est-ce que c'est votre impression que, compte tenu du pourcentage de
population d'anglophones, qui est de 18 p.c, la participation, la
représentation et l'influence de l'élément anglophone au
sein de ces organismes est comparable à ces 18 p.c. qu'on retrouve?
Parce qu'il y aurait un déséquilibre si elle était de 50
p.c. ou si elle était majoritaire.
M. PERRIE: Pour répondre à votre question sur ce
texte-là, je n'étais pas trop certain si vous vouliez que je
réponde de la façon dont j'ai déjà répondu
à cette question en votre présence.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. PERRIE: Pour moi, la représentation n'est pas une question de
chiffres, de mathématiques, de proportion juste.
M. SAINT-PIERRE: Pour moi non plus.
M. PERRIE: Si on nous accorde, à la minorité anglophone,
une juste proportion, nous serons toujours, partout, dans n'importe quel
conseil, dans n'importe quelle discussion en position minoritaire. Alors, notre
influence ne se fera pas sentir très fortement. Je suis dans le bain,
moi.
M. CHARRON: C'est comme les Québécois à Ottawa, si
vous voulez.
M. SAINT-PIERRE: Mais l'influence telle qu'elle existe, est-ce qu'elle
ne reflète pas ces 18 p.c. de la minorité sur le plan de la
population?
M. PERRIE: Oui, comme je le disais, ça reflète justement
en termes mathématiques et logiques la situation, mais on n'est pas
toujours raisonnable en étant logiques.
M. SAINT-PIERRE: Mais diriez-vous je ne voudrais pas soulever les
problèmes que le groupe francophone peut avoir au niveau du gouvernement
fédéral où sa présence n'est peut-être pas
voulue, mais elle est sûrement nominale et sûrement
sous-représentée par rapport à sa population que,
compte tenu d'une proportion de 18 p.c. d'anglophones dans les
organismes mentionnés, la représentation des groupes
anglophones est équitable et conforme à un sens profond de
justice et juste?
M. PERRIE: En termes mathématiques, je ne peux pas nier le fait
que la représentation est accordée. Mais je disais tout à
l'heure et je le répète ce n'est pas une question
de nombre, quand il s'agit de faire travailler ensemble, d'amener ensemble deux
cultures, chacune d'elles étant assez forte, vigoureuse et contribuant
à la richesse de la province.
Et moi quand j'assiste à des réunions et que je sais
à l'avance que peu importe la voix que j'aurai, peu importe la
contribution que je ferai, quand il s'agira d'un vote, je serai toujours en
position minoritaire...
M. CHARRON: Nous avons cette position-là depuis cent ans.
M. SAINT-PIERRE: Vous devez bien comprendre notre sentiment lorsque nous
devons transiger avec neuf autres provinces et le gouvernement
fédéral.
M. PERRIE: Je disais que je suis Québécois, je comprends
le problème et je ne vous envie pas d'avoir à trouver une
solution. Je comprends.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD: M. le Président, M. Perrie pourrait peut-être
nous donner un éclaircissement. Dans le mémoire que vous avez
présenté au nom du PSBGM, The Protestant School Board of
Greater Montreal vous faites mention du fait qu'il a été
aussi présenté à onze commissions scolaires de la
région de Montréal et que toutes, à l'exception d'une,
celle de Westmount, ont approuvé ce mémoire.
M. PERRIE: C'est cela.
M. PICARD: La précision que j'aimerais que vous nous donniez est
la suivante: A l'intérieur du conseil du Protestant School Board of
Greater Montreal, est-ce que la présentation de ce mémoire a
été unanime ou s'il y a eu des commissaires, à
l'intérieur du Protestant School Board, qui se sont dissociés de
la présentation de ce mémoire?
M. PERRIE: Il y en a qui n'ont pas voté pour, mais le pourcentage
était de l'ordre de 15 p.c. contre sur le total. La majorité
était de 85 p.c.
M. PICARD: Combien de commissaires d'écoles avez-vous?
M. PERRIE: 25.
M. PICARD: 25. Combien ont voté pour et combien ont voté
contre?
M. PERRIE: Il y a eu plusieurs réunions en cours de route depuis
le mois de février. Nous avons réexaminé notre position
tout le long du chemin mais à la dernière réunion, si ma
mémoire est fidèle, il y avait 19 commissaires
présents...
M. PICARD: 19 présents.
M. PERRIE: ... dont trois ont refusé de l'appuyer. Je crois que
ce sont les chiffres exacts.
M. PICARD: Est-ce que vous êtes au courant du pourcentage
d'approbation qu'ont obtenu les dix autres commissions scolaires
représentées par The Protestant School Board? Est-ce que chacune
de ces commissions scolaires avait une approbation unanime à
l'intérieur de ses cadres?
M. PERRIE: Cela, je ne saurais vous le dire exactement, mais je crois
que c'est à l'unanimité à l'exception de Westmount. Il
faudrait que je vérifie.
M. PICARD: Je ne parle pas comme entité, comme commission
scolaire, je parle de chacune de ces commissions scolaires. Est-ce qu'on a
envoyé leurs représentants avec un consentement unanime des
commissaires? La raison pour laquelle je vous pose la question, M. Perrie, je
vais être honnête et vous la dire, c'est que, de la part du
Protestant School Board of Greater Montreal, on entend un son de cloche tout
à fait différent de ce qu'on entend parmi la communauté
anglo-saxonne de Montréal et plus particulièrement dans ses
journaux. Nous avons le droit de nous poser la question.
Est-ce que vous venez ici en représentant réellement
l'opinion de la population anglo-saxonne de Montréal ou tout simplement
l'opinion des personnes en place?
M. PERRIE: C'est une question très fondamentale. Cette question
de représentativité est un problème, de nos jours, d'une
importance primordiale. Qui peut parler pour qui? Pour nous, c'est frustrant de
voir dans les journaux des personnes qui prétendent parler pour tel ou
tel secteur. Pour la commission scolaire telle quelle, la seule commission
scolaire qui s'est dissociée, et sur un aspect seulement, c'est la
commission scolaire de Westmount.
Je n'ai pas, ici devant moi, les votes dans les commissions scolaires
locales parce que normalement, elles délèguent leurs
représentants pour parler pour elles.
M. PICARD: Vous dites sur un aspect, mais sur les aspects, la base
même du bill 28?
M. PERRIE: Je n'ai pas raison de croire qu'il y avait de grandes
divergences d'opinion dans les commissions scolaires locales.
M. PICARD: Alors, comment expliquer ce son de cloche tout à fait
différent que l'on entend? Je suis moi-même de Montréal,
j'ai plusieurs amis anglo-saxons et j'ai l'occasion de discuter avec eux; c'est
le jour et la nuit par rapport à ce que vous nous présentez. On
se demande si réellement il faut croire certains journaux, qui ont
insinué remarquez bien que c'est une insinuation que les
gens en place essayaient tout simplement de protéger leur poste
plutôt que de s'occuper de l'éducation des enfants. C'est
là qu'on se pose des questions.
M. PERRIE: On nous reproche toutes sortes de choses. Je suis à la
fin du chemin, alors, protéger mon poste ne me dit rien.
Mais cela dépend du journal que vous lisez aussi. Vous comprenez
tout aussi bien que moi que, depuis un bon nombre d'années, il y a un
journal à Montréal qui s'est donné la mission de
détruire par tous les moyens possibles, vrais ou faux, la commission
scolaire que je représente. Et, petit à petit, la
communauté anglophone se rend compte de ça. Alors, ça
dépend du journal.
Maintenant, il y a la question de la fédération des
parents. D'après ma connaissance de la situation, il y a eu une
réunion des représentants une centaine, 150 qui ont
entendu l'éloquence du ministre et qui ont voté, tout de suite
après, pour appuyer le projet de loi sans consultations
préalables avec les parents qu'ils représentaient. Nous savions
que cette réunion aurait lieu et nous avons demandé la permission
de présenter un point de vue que nos commissaires nous demandaient de
présenter.
M. TETLEY: Avez-vous consulté vos électeurs avant votre
décision?
M. PERRIE: La question est d'abord... M. TETLEY: Oui ou non?
M. PERRIE: Oui, d'une façon indirecte. On ne conduit pas de
référendum tous les mois. Mais cette matière est à
l'étude depuis un bon nombre de mois et, entre-temps, il y a eu des
élections sur le plan local et les mêmes représentants ont
été réélus. Alors, s'il y avait des...
M. TETLEY: Est-ce qu'il y avait des élections dans
Montréal, dans Notre-Dame-de-Grâce?
M. PERRIE: Pas dans la ville de Montréal, vous le savez tout
aussi bien que moi. Pour les autres élections locales...
M. TETLEY: Mais dire qu'il y avait des élections est un peu
drôle parce que la plupart des commissaires ne sont pas élus.
M. PERRIE: Pas la plupart, pardon, je m'excuse, dix sont élus sur
les 25.
M. TETLEY: Oui.
M. PERRIE: Mais dans ces communautés il y a eu des
élections pendant la période où cette matière
était étudiée.
M. TETLEY: Oui, mais dans Montréal, je parle de la ville, il n'y
a pas d'élections.
M. PERRIE: Non. Est-ce que je peux continuer à répondre
à la question?
M. TETLEY Oui.
M. PERRIE: Alors, la fédération a voté de telle et
telle façon. Cela a tellement exacerbé de gens dans la
communauté anglophone que, quand j'ai convoqué une réunion
d'administrateurs d'écoles pour des fins administratives, la question
s'est soulevée et les principaux, à l'unanimité, m'ont
demandé d'expliquer aux parents les deux côtés de la
médaille, les deux options fondamentales. Les administrateurs
eux-mêmes ont arrangé une réunion et on a dû faire
tout ceci à la hâte. Je leur ai expliqué ce que je viens de
vous expliquer, sans pression, sans rien et ils sont partis dans leurs locaux
et ont discuté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Perrie, je voudrais revenir à une
affirmation que vous avez faite quand le ministre a questionné M.
Godinsky. Vous avez déclaré tout à l'heure, au tout
début de votre témoignage, qu'en aucune circonstance votre
organisme n'avait menacé le gouvernement de recourir aux tribunaux.
C'est bien ça que vous avez dit tout à l'heure?
M. PERRIE: J'ai dit que, dans l'esprit des réunions auxquelles
j'assistais, il n'était pas question de cela. C'est ce que j'ai dit pour
confirmer ce que M. Godinsky vous avait dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les discussions que vous avez eues avec
le ministre de l'Education, il n'y a pas eu, non plus, de menaces de recours
aux tribunaux et de remise en cause de la constitutionnalité du projet
de loi? Est-ce qu'au cours des discussions que vous avez eues avec le ministre
de l'Education au cours du mois de février, vous lui avez fait savoir
que, si le projet de loi 28 était adopté tel quel, vous mettriez
en cause sa constitutionnalité?
M. PERRIE: C'est une question qui concerne les commissaires plutôt
que moi. Je suis un simple administrateur. Je laisse la parole à M.
Godinsky.
M. GODINSKY: M. le Président, encore une fois, on revient au mot
"menace". Sans doute, j'ai dit ici que nous avons eu des menaces
présentées par d'autres groupes. Notre bureau n'a jamais fait et
ne fait pas de menaces de
poursuites. Nous attirons l'attention, comme nous devons le faire comme
citoyens de la province, du gouvernement qu'il y aurait certainement une
possibilité que l'affaire soit portée devant les cours. Comme
vous, nous ne sommes pas sans savoir qui est prêt à le faire et
nous soumettons à votre attention que l'opinion que nous avons eue de
nos conseillers juridiques est à cet effet. On parle de menaces...
Excusez, M. le Président, quand on soulève la question de
constitutionnalité, on peut parler de l'autre côté aussi.
Nous vous présentons nos points de vue quant à l'aspect
administratif et pédagogique. D'un autre côté, je dis que
si on nous tire sur la question de menaces, c'est pour couvrir,
peut-être, les objections réelles de cette loi. Alors, on nous
tire sur un autre champ. On peut parler de deux choses. Mais nous, nous
essayons de discuter, non pas avec des menaces, non pas sur des questions
légales, mais sur des questions administratives et
pédagogiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je me permettrais ici
de faire observer à Me Godinsky que, le 23 février 1971, M. Reid
Tilley, représentant de Protestant School Board of Greater Montreal,
écrivait au ministre de l'Education une lettre dans laquelle il est bien
clair que l'on avait décidé de recourir à des moyens
légaux pour amener le gouvernement à changer les grandes lignes
de son projet de loi et cela a même fait l'objet d'une résolution
de votre "Board". Au paragraphe 2 de la lettre, c'est bien indiqué: "At
a Board meeting held earlier today I reported on our conversation with you
la lettre est écrite au ministre de l'Education outlined
the various alternatives opened to the Board and arguments for and against
unified school boards. After full discussion, the result of the Board's
deliberations was a motion which, in effect, states that and I quote
to one or more of its constituent local boards, this Board will see that
the constitutionality of any legislation which introduce unified schoolboards
of the type in Bill 62 on the Island of Montreal is tested in the Courts."
Au début de la lettre, d'ailleurs, on tient exactement les
mêmes propos. On met en doute la constitutionnalité et l'on
indique au gouvernement que l'on devra en venir là. On dit, au
paragraphe 2, à la résolution 2: "The Chairman was instructed to
advise you and the Prime Minister of the Province of this decision. We have
acted in good faith by not making public either this letter or our previous
submission to you. Now, will we do so as long as meaningful dialogue can take
place before the new restructuration bill is introduced in the House. "The
Board regrets exceedingly having to write this letter".
Alors, dans mon esprit, il est bien clair que vous mettez en doute,
enfin que le président met en doute la constitutionnalité de la
loi et qu'on a l'intention de la mettre en cause devant les tribunaux. Je ne
comprends pas que vous fassiez les affirmations que vous venez de faire en nous
disant: Nous nous occupons d'administration; nous voulons de bonnes
écoles, etc. Tout le monde s'entend là-dessus. Mais vous voulez
de bonnes écoles, une bonne administration à condition que le
gouvernement passe par là où vous voulez le faire passer.
M. GODINSKY: M. le Président, chaque personne qui avance une
opinion croit que son opinion est sincère et que c'est la meilleure
solution au problème sur la table. Certainement, nous voulons, nous
insistons pour que les propositions que nous soumettons soient acceptées
par tout le monde, parce que nous croyons, nous sommes assurés que c'est
la meilleure solution au problème de l'éducation au
Québec. On ne peut pas nous critiquer si nous avons cette croyance en
toute sincérité.
Cette lettre a été écrite ce n'est pas moi
qui l'ai écrite, il est difficile d'expliquer ce qu'un autre a
écrit dans l'effort de se rencontrer alentour d'une table pour
discuter notre propre solution. Comme je l'ai dit auparavant, on n'a jamais eu
l'occasion de discuter. La seule discussion qu'on a eue, c'est celle qu'on a
ici aujourd'hui. On voulait rencontrer les représentants du
gouvernement, les représentants des autres associations pour discuter
les avantages et les désavantages des dispositions de cette loi ou de
toute autre proposition qui serait soumise. On n'a jamais réussi.
M. SAINT-PIERRE: M. Godinsky vous me permettrez de corriger. Je n'ai
malheureusement pas mon agenda de tous les jours, mais ne serait-il pas exact
de dire que moi-même et mes collaborateurs immédiats, nous avons
multiplié les contacts avec des groupes comme le vôtre? Nous
sommes allés encore plus loin que cela, particulièrement au
Conseil supérieur, au comité catholique et au comité
protestant, et là je reconnais que cela a pu avantager on m'en a
fait le reproche peut-être les membres du bureau
métropolitain par rapport à la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Mais avec tous ces groupes, avant même le
dépôt des projets de loi, j'ai multiplié les rencontres.
J'ai simplement la lettre de M. Tilley, dans laquelle on me remercie, "to have
so generously given of my time", et je me rappelle plusieurs occasions
où on a discuté tous les points du projet de loi. Il me semble
que je ne peux pas laisser passer la remarque que vous faites que c'est la
première fois aujourd'hui qu'on en parle.
M. GODINSKY: M. Perrie veut répondre.
M. PERR1E: Il n'y a pas à dire que le ministre a tout fait pour
informer le monde de ce que le projet de loi allait contenir. C'était ce
genre de discussion, une présentation à l'avance, si vous voulez,
de ce que le projet de loi allait contenir. Ce n'est pas le genre de discussion
qu'envisageait la lettre de M. Tilley. Il s'agissait
là d'un dialogue. Un dialogue va dans les deux sens.
M. SAINT-PIERRE. M. Perrie, je pense que je vous ai déjà
indiqué, et d'ailleurs on le dit dans l'article du "Star", que je n'aime
pas, moi, comme législateur, avoir des discussions privées, en
vase clos, avec des groupes particuliers sur des projets de loi. La
façon, pour le législateur, de discuter avec la population
on peut analyser, on peut avoir plusieurs rencontres pour être capable
d'engager un débat fructueux c'est de déposer en
première lecture un projet de loi, d'inviter les associations à
étudier ce projet de loi et de tenir des séances ouvertes de la
commission parlementaire.
Autrement, on risque de tomber dans un type de "lobbying" dont je ne
voudrais pas me faire complice.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais revenir sur une des
remarques que M. Perrie a faites et que le ministre a relevées tout
à l'heure, c'est le contenu des pages 32, 33, 34 et 35 où, d'une
façon "bien particulière", on fait l'histoire de la
minorité anglophone depuis la création du ministère de
l'Education.
A la question que le ministre posait, à savoir: Nommez-moi,
depuis sept ans, les endroits et les moments où les droits de la
minorité anglophone ont été attaqués, c'est par un
bien vaste détour que M. Perrie a fini par répondre. Il est parti
fait général de la création du ministère de
l'Education qui a eu des conséquences pour tout le monde, y compris les
anglophones et je ne vois pas pourquoi il n'y en aurait pas pour eux
autres pour finalement dire que le manque d'autonomie dont se plaignent,
tour à tour, les commissions scolaires que nous avons rencontrées
lors de l'étude de la loi no 27, a affecté le potentiel culturel
et l'autonomie culturelle du groupe anglophone dans le Québec.
Moi, je pourrais, tout en caricaturant, comme vous l'avez fait,
l'histoire du Québec depuis sept ans, vous faire exactement le tableau
contraire. Nommez-moi un geste qui a été posé à
l'encontre des droits des anglophones depuis sept ans. Je pourrais vous en
nommer qui ont été faits pour augmenter les droits que vous aviez
et, pour légaliser certains des privilèges que vous aviez
déjà, et les rendre désormais droits. Autant du niveau
fédéral, par exemple, où on a consacré l'anglais
comme langue officielle; on a bien dit qu'on avait consacré le
français comme langue officielle en Alberta mais on a aussi
consacré l'anglais comme langue officielle au Québec. C'est un
droit qui vous est désormais reconnu. Et plus proche de nous, dans cette
enceinte même et alentour de cette table, malheureusement, cela ne s'est
pas discuté en commission mais en Chambre, en haut, on a voté, il
y a deux ans, une loi qui vous convertissait votre privilège d'assimiler
les anglophones en un droit qui vous est maintenant reconnu par sa
majesté la reine du Québec! On vous a aussi reconnu le droit
d'avoir vos écoles par l'article 2 de la loi no 63. On a donc reconnu ce
droit-là, non seulement on ne l'a pas attaqué, on l'a reconnu. On
a transformé une habitude en droit.
Maintenant, il y a le projet de loi no 28 qui, non seulement
protège encore vos écoles mais vous ajoute des droits
supplémentaires. La structure scolaire, à Montréal, sera
bilingue. Nommez-moi une minorité dans le monde qui a une structure
scolaire où elle peut s'exprimer dans sa langue d'un bout à
l'autre. Vous n'en trouverez pas ou, comme je le disais l'autre fois, c'est en
Afrique du Sud que vous allez la trouver, si vous en trouvez une, et encore!
Trouvez-moi un endroit où on va vous assurer une structure
administrative parallèle dans chacune des commissions scolaires, comme
se propose de le faire le projet de loi no 28. Trouvez-moi une
société où il y a des lois, où on reconnaît
le droit, où on consacre comme droit le fait que lorsque le suffrage
universel n'assure pas la représentation d'un groupe ethnique, c'est au
ministre d'en nommer deux supplémentaires. Le projet de loi no 28
n'attaque pas vos droits, elle en rajoute. Elle en rajoute avec une certaine
effronterie, par moment, de nous faire considérer vos privilèges
comme étant désormais des droits. C'est pourquoi un bon nombre de
groupes francophones sont venus à la même table où vous
êtes actuellement pour dire:
Qu'on ne nous fasse pas accroire que c'est là attaquer vos
droits. C'est vous en consacrer, sur le plan administratif, comme la loi 63
vous en avait consacré sur le plan plus proprement politique.
D'ailleurs, sur le plan plus proprement politique, l'évolution
des sept dernières années vous a considérablement bien
servis à l'égard de tout ce qui a pu se passer dans la
majorité francophone ici. Vous avez, à un endroit comme à
l'autre, au pouvoir, un parti dans lequel vous vous êtes, volontairement
ou non, massivement lancés. Vous êtes protégés sur
le plan politique par une puissance financière qui en aucun moment,
depuis sept ans, n'a été le moindrement attaquée sur
l'île de Montréal comme sur l'ensemble du continent
nord-américain. Vous avez fait carrière, vous avez fait fortune
et vous avez fait votre vie, comme minorité, dans des branches bien
particulières de l'activité d'une société dans
lesquelles nous avons été longtemps sans nous lancer. Ce n'est
pas parce qu'il y a des embryons d'activités québécoises
francophones depuis une dizaine d'années que vous avez
appelées la Révolution tranquille qu'on peut se leurrer et
dire que votre avantage, votre priorité dans ces domaines ont
été pour cinq minutes attaqués.
Alors moi, quand on vient me faire l'histoire
du Québec depuis dix ans et me résumer la
Révolution tranquille dans quatre pages comme étant à peu
près que l'histoire des dix dernières années, c'est
finalement l'histoire de la perte et de l'attaque que les Anglais ont eues de
leurs droits au Québec, je dis: Vous me mentez. Non seulement vous me
mentez, mais vous dites des choses qui sont fausses.
Ce que je vous reproche, c'est le papier que le Protestant School Board
of Greater Montreal a envoyé à toutes les familles anglophones de
Montréal, leur caricaturant le projet de loi no 28 comme une menace
à leur culture alors qu'objectivement, quand on regarde vous ne
m'en avez pas encore fait la preuve, ce matin, pas plus dans votre
mémoire que dans vos explications cette culture est non seulement
pas menacée mais elle se trouve à avoir, par le projet de loi 28,
une structure qui la protégera encore mieux et, à mon avis,
beaucoup trop par rapport à sa force actuelle.
Comme je vous le disais tantôt vous n'avez pas aimé
mon expression je prends avec un grain de sel la plupart de ces
affaires. Un monsieur de langue anglaise, la semaine passée je ne
sais pas son nom est venu témoigner devant la commission pour
nous rappeler l'Expo 67 et ses grandes réalisations des deux peuples
fondateurs. Je dis: Mon oeil! Nous ne sommes pas ici pour cela.
Nous sommes ici pour assurer des droits à la majorité
francophone de Montréal. Et ils ne sont pas suffisamment assurés
par la loi 28, c'est pourquoi nous, nous allons présenter des
amendements dans ce sens-là.
J'admets bien que sur plusieurs points plus concrets du projet de loi
vous ayez je les ai vues des recommandations bien
précises, dont certaines vont faire l'objet d'une attention bien
particulière de notre groupe aussi, en ce qui concerne
l'amélioration de la vie de l'éducation sur l'île de
Montréal, soit. Mais le charriage et le chantage à la disparition
de la culture anglophone à Montréal, mon oeil!
Vous êtes la pointe. Vous n'êtes pas une minorité
à Montréal. Vous êtes la pointe d'une majorité
continentale, et c'est pourquoi nous sommes obligés, nous, de prendre
des mesures particulières à l'égard de ça. Et si
nous avions eu simplement, dans le reste du Canada, une once de ce que vous
avez comme droits et privilèges consacrés dans la province de
Québec, ça ferait des années que le Canada serait un pays
bilingue. Il ne l'est pas, et il ne le sera jamais. Tant mieux d'une certaine
façon, nous n'avons pas à écoeurer les Anglais avec notre
langue, là où nous ne sommes qu'une centaine.
Mais ici, chez nous, ça c'est une autre histoire.
M. PERRIE: Est-ce une question M. Charron?
M. CHARRON: Non, c'est un commentaire sur votre façon d'analyser
la révolution tranquille.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser à M. Perrie. Je ne continuerai pas au même niveau,
parce qu'on n'en finirait plus. Vous avez mentionné que les
activités du ministère de l'Education vous enlevaient une
certaine liberté d'action qui vous permettait de mettre en pratique, au
point de vue pédagogique, certaines valeurs culturelles qui
étaient pour vous d'une importance primordiale.
Je sais bien que vous admettez que le ministère de l'Education
est obligé d'adapter des règlements-cadres pour toutes les
commissions scolaires de la province de Québec. Vous vous y soumettez,
considérant dans ces conditions que le gouvernement du Québec est
responsable de toute l'éducation au niveau provincial, mais tout de
même je comprends très bien, à l'échelle humaine,
que ces restrictions vous causent certains soucis.
Vous avez parlé de culture anglaise et vous avez mentionné
que la langue était simplement un reflet de cette culture mais que la
valeur profonde de la culture dépassait le droit de la langue.
Laissez-moi vous dire que j'ai été un peu surpris
considérant que vous avez, à l'intérieur de vos
écoles, une représentativité excessivement importante
nous en avons la preuve par votre président de
minorités de descendance italienne, de descendance grecque, enfin, une
population scolaire représentative de toutes les minorités qui
sont à Montréal. L'échelle de valeur de ces
minorités n'est certainement pas la même parce que la langue,
comme vous l'avez dit, n'est pas nécessairement la culture.
Est-ce que le fait d'avoir, dans une même commission scolaire, des
gens de différentes cultures, même s'ils ont la même langue
au niveau de l'école, vous crée des problèmes?
M. PERRIE: Si la présence de ces minorités nous
crée des problèmes? C'est là votre question, M.
Saint-Germain?
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. PERRIE: D'abord, on part du principe que c'est un pays bilingue et
que les deux langues qui priment sont, bien sûr, l'anglais et le
français pour maintenir les deux cultures au sein du pays. Elles ne nous
gênent aucunement. Vous savez tout aussi bien que moi ce qui arrive
à ceux qui tiennent tellement à leur culture: Ils prennent les
moyens de la faire valoir hors de l'école, dans leur communauté
respective, en donnant des cours d'histoire de la culture qu'ils
représentent.
Vous savez aussi tout aussi bien que moi que petit à petit des
générations s'assimilent soit aux francophones, soit aux
anglophones. C'est comme cela que l'évolution se fait. Au point de vue
pédagogique, bien sûr, il y a des services
particuliers que nous devons leur donner pour leur enseigner un fond de
connaissance de la langue, de l'instruction, suffisamment pour leur permettre
de fonctionner normalement dans le milieu scolaire. Il n'y a aucune gêne,
cela ne nous dérange pas du tout quant à leur présence.
Est-ce que j'ai bien saisi la question?
M. SAINT-GERMAIN: Oui, très bien.
Maintenant, je suppose que pour arriver à cette
compréhension, à cette assimilation comme vous dites, je suppose
que vous êtes obligés, si vous êtes typiquement comme
vous, par exemple de formation et de traditions anglaises, de modifier
à la longue du moins votre échelle de valeurs comme les gens, par
exemple, de formation judaïque ou de formation italienne sont
obligés de modifier leurs valeurs pour arriver à un minimum,
c'est-à-dire à un commun dénominateur. Est-ce que j'avais
raison de dire cela?
M. PERRIE: Oui, vous visez plutôt à un mélange
qu'à une identité séparée des cultures. C'est
ça que vous voulez?
M. SAINT-GERMAIN: Non, je veux parler d'une question de fait tout
simplement. Je suppose qu'au point de vue de l'échelle des valeurs des
gens qui dirigent, des écoliers, des parents, les échelles de
valeurs culturelles de chaque groupe puisqu'elles sont différentes, je
suppose, dis-je, qu'à vivre ensemble, qu'à étudier
ensemble, qu'à travailleur ensemble, vous arrivez au moins, au point de
vue des valeurs culturelles ou des valeurs religieuses, à un certain
minimum qui est un commun dénominateur. Autrement, vous ne pourriez pas
vivre ensemble, je suppose bien.
M. PERRIE: Cela dépend comment on définit le
dénominateur. Cela devient de plus en plus soit l'anglais, soit le
français. C'est un processus d'assimilation plutôt qu'un
mélange, il me semble. J'ai dit un jour, en plaisantant, que si j'avais
la responsabilité du ministre de l'Education pour la loi dont on
discute, je me placerais un peu dans la position d'un cuisinier, un chef qui
prépare les repas. Il veut faire un ragoût de cheval et de lapin,
en proportion d'un cheval et d'un lapin. Et il cherche des assaisonnements pour
faire ressortir le goût du lapin mais il n'y arrivera pas.
Dans l'autre domaine dont vous parlez, c'est à peu près la
même chose. Pour la première génération, les valeurs
se distinguent plus que pour la deuxième, pour la troisième et,
en fin de compte, les valeurs de la minorité disparaissent et c'est une
question d'assimilation.
M. SAINT-GERMAIN: Mais ces nouvelles valeurs qui réapparaissent
ne sont pas nécessairement les mêmes qu'à l'origine. Il y a
modification aussi bien des valeurs de la majorité que des valeurs de la
minorité. Est-ce que j'ai raison?
M. PERRIE: C'est ça, oui.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, en continuant ce raisonnement, si par un projet
de loi comme le projet 28, par exemple, on arrivait, comme vous le faites si
bien dans vos commissions scolaires protestantes, même si vous n'avez
qu'une langue, je l'admets bien, mais en continuant le même raisonnement,
par le bill 28, lorsqu'on protège au maximum son échelle de
valeurs, est-ce qu'à vivre ensemble, à étudier ensemble on
n'arriverait pas, un peu comme votre cuisinier avec son lapin et son cheval,
à mieux se comprendre et peut-être à atténuer
jusqu'à un certain point chacun son échelle de valeurs pour
pouvoir sortir un ragoût qui est mangeable.
M. PERRIE: Cela dépend si vous préférez le cheval
ou le lapin quant au goût du ragoût. En fin de compte, oui, et
c'est un processus qui est déjà en marche dans notre
société depuis les dernières années. Cela se
manifeste.
M. CHARRON: M. Perrie, le Québec, actuellement, c'est un cheval
avec un lapin, mais le lapin goûte plus fort que le cheval.
M. PERRIE: Est-ce que je peux continuer et répondre à la
question? J'ai un peu perdu mes idées.
M. CHARRON: Allez-y!
M. PERRIE: Je ne suis pas profondément religieux, mais la bible
nous ordonne d'aimer notre voisin. Pour le bien aimer, il ne faut pas
s'établir dans la même maison. On peut s'aimer, on peut se
comprendre, on peut s'instruire, on peut apprendre les uns des autres sans
être intégralement et totalement unifiés.
M. CHARRON: C'est pour ça que nous voulons l'indépendance
du Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-GERMAIN: Je vous disais ça, M. Perrie, pensant que dans
la province de Québec il y a une majorité et il y a des
minorités. On vit dans la même maison, pour prendre un de vos
termes. Il faudrait bien arriver un jour à se créer une vie
viable. Je crois bien qu'il faudra bâtir ensemble le Québec de
demain qu'on le veuille ou non. Pour ce faire, je crois qu'il va certainement
falloir que la minorité, comme la majorité, atténue
peut-être l'importance qu'elle attache à certaines valeurs pour
arriver à un commun dénominateur qui soit un
Québécois, qu'il soit de langue française ou de langue
anglaise. Je me demandais si le bill 28 n'est pas un pas en avant dans ce
sens.
M. PERRIE: Oui, pour l'objectif éventuel que vous envisagez, nous
sommes parfaitement d'accord; mais dans ses structures administrati-
ves, le bill 28 est un désastre et c'est un pas fait trop
rapidement sans donner la chance aux éléments de la province de
s'entendre, de s'accorder, de travailler ensemble.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, pour vous, c'est une question de temps
surtout?
M. PERRIE: Pour moi, personnellement, oui.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler aux membres de la commission qu'il
est 12 h 35. Je permettrais deux autres questions pour terminer avec cet
organisme. La parole sera au député de Dorchester et au
député de Notre-Dame-de-Grâce ensuite.
M. GUAY: M. le Président, ce n'est pas dans le même
domaine. J'aimerais revenir sur la question constitutionnelle. Il semble planer
un doute énorme actuellement dans la population, et j'en suis conscient.
On tente de s'assurer, je pense, par les propos qui ont été
tenus, si, oui ou non, le projet de loi no 28 sera contesté face
à la constitution. Le ministre également a été
assez avare de commentaires face à ce problème constitutionnel.
J'aimerais que le ministre nous le précise. On peut se le dire
franchement si, oui ou non, c'est une loi anticonstitutionnelle, le projet de
loi no 28. Pour ma part, cela me fournirait cette lumière qui me
manque.
M. SAINT-PIERRE: Je pense bien que le ministre de l'Education n'est pas
une personne autorisée à dire si le projet de loi est
anticonstitutionnel ou non. Ce dont je peux assurer les gens, c'est que nous
n'avons pas déposé le projet de loi no 28 sans au moins faire
preuve d'une prudence élémentaire. Alors, cette prudence a pris
deux formes. Dans un premier temps, elle a impliqué la
préparation d'avis juridiques, non pas sur le projet de loi no 28
puisque nous étions à le préparer. Alors, cela a
été, au début, sur le projet de loi no 62, après
cela sur certains aspects, enfin, d'un premier document de travail sur le
projet de loi no 28. Le projet de loi no 28, tel qu'il est, se veut le reflet
de certains points qu'on nous a signalés.
Dans un deuxième temps, et cela répond à des
inquiétudes soulevées par le porte-parole du bureau
métropolitain, nous nous sommes assurés d'une autre chose sur le
plan juridique. Qu'est-ce qui pourrait survenir si le projet de loi
était voté et qu'une cour de justice et que des citoyens ou le
bureau métropolitain décidaient de porter la cause devant les
tribunaux et qu'éventuellement, dans un an, deux ans, trois ans, quatre
ans, les tribunaux statuaient que le projet de loi est anticonstitutionnel?
Alors, d'une façon très précise, on a établi
que, dans l'intervalle, on n'aurait pas le type de chaos social ou chaos
administratif qu'on a pu évoquer comme une crainte tantôt.
C'est-à-dire qu'on a statué que, d'une part, une injonction ne
pourrait empêcher la mise en marche du projet de loi, c'est-à-dire
le conseil provisoire et autres choses semblables, que d'autre part, les
citoyens ne pourraient se refuser à payer les taxes sous le
prétexte que l'organisme qui réclame des taxes est devant la cour
Suprême ou des choses semblables. Alors cet aspect prudent de dire qu'il
n'y aura pas un chaos administratif pédagogique est établi.
Maintenant, depuis que le projet de loi no 28 a été
établi, nous avons demandé à cinq ou six groupes ou quatre
ou cinq groupes, de préparer une opinion juridique non pas sur la
question scolaire comme le rapport Howard, non pas sur l'article 93, mais sur
la constitutionnalité du projet de loi no 28 tel que
déposé.
Or, ce que j'ai dit et ce que je répète, c'est
qu'après les séances de la commission, après avoir
reçu ces avis, le gouvernement n'excluait pas chaque mot est
important la possibilité de recourir aux tribunaux pour
établir la constitutionnalité du projet de loi.
Deuxièmement, après que nous aurons eu au moins quelque temps
pour analyser ces mémoires, qui sont toujours assez complexes, je n'ai
pas l'intention de les garder secrets dans les tiroirs et j'ai bien l'intention
de les rendre publics.
M. PICARD: Ici même à la commission?
M. SAINT-PIERRE: Bien, si on les obtient, ici même à la
commission... Je pense que oui puisque là, justement, c'est un point
qu'on peut soulever. Demain, nous siégeons, pour la commission, toute la
journée. Je pense, si cela va aux autres partis, que nous pourrions
siéger puisqu'il y a certains conflits avec le projet de loi no
65 pour le projet de loi no 28 le mardi 16 novembre de 10 heures
à midi et demi, de quatre à six heures et de huit à dix
heures nous serons en session à l'époque et les 17
et 18 novembre. J'ai l'impression qu'à cette époque, je serai en
mesure de donner tout au moins quelques-uns des avis juridiques sur l'aspect
constitutionnel du projet de loi.
M. GUAY: Alors, c'était ma deuxième question, à
savoir...
M. SAINT-PIERRE: Le troisième point que j'aimerais rappeler et
qui m'apparaît important puisqu'on l'oublie, c'est qu'il y a quand
même une responsabilité différente entre un gouvernement
qui pourrait passer outre à une loi comme le code criminel et passer
outre à un aspect constitutionnel. Je veux dire qu'il y a quand
même le domaine de l'ordre. Il y a des lois sur le plan civil, sur le
plan criminel qui doivent être respectées par tous, y compris le
gouvernement. Mais je pense qu'avec toutes les nuances qui s'imposent
que je ne vous donnerai pas sur le plan constitutionnel, le débat
est quand même légèrement différent. S'il fallait
envoyer en prison tous ceux qui ont transgressé la constitution,
peut-être qu'on...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Mr. Godinsky, unfortunately, this morning, the debate, the
discussion or the dialogue was, for the most part, on the constitutional
question. I thought that two things should be mentioned that Mr. Perrie made
slight mention to. One is that the teaching in the Protestant School Board of
Greater Montreal is of a high level. I think that it should be said. I think it
should also be noted that certain taxpayers in certain areas pay very high
rates of taxes. I, personally, pay seven times more than my catholic
neighbours. I do not wish to get into in the whole debate of the neutral panel.
I would nevertheless like to mention the foregoing for the records. Mr. Perrie,
however, you said that this last memoir or brief was voted on by the School
Commission of whom there are, I gather, 25 members; 19 were present and 3 were
against. So 16 voted for and that is 64 p.c. Is that considered sufficient? I
would like to suggest to you I do not know if your minutes are secret,
are they under law or under practice?
Could you deposit the minutes of the school board at the next hearing or
just send them to us? I would like to see who was present and so on. Because I
consider it very important that, on this major measure, we dialogue, just as
you say, and we should know the six that were absent. It is unfortunate.
M. GODINSKY: Mr. Chairman, we would be very happy to file it. But, if I
may, my mathematical expert here tells me that the calculations are somewhat
out, that 16 over 19 gives 80 p.c.
M. TETLEY: Sir, 16 out of 25 gives 64 p.c.
M. GODINSKY: I am sorry but there is nothing to say that the others
would or would not have voted on that. I am prepared to argue on either
way.
M. TETLEY: They did not vote.
M. GODINSKY: They were not there, that is right.
M. PICARD: It is that 24 p.c. were absent.
M. GODINSKY: That may very well be. I think we get involved in
mathematics.
M. TETLEY: No, no! We are getting involved in a great principle, Mr.
Godinsky. Six were absent and I am not blaming anybody. I would merely like to
see the facts.
M. GODINSKY: On the other side, Mr. Chairman, only 12 p.c. voted against
it. We can play with the figures either way. I do not think it advances us, I
do not think we count heads.
But I want to raise one question que le ministre a soulevée, une
différence que le ministre a tirée entre une contravention
criminelle et une contravention civile.
M. SAINT-PIERRE: Constitutionnelle.
M. GODINSKY: Peut-être ai-je une attitude différente mais,
pour moi, une loi est illégale, non pas plus ou moins. Elle est
illégale ou elle n'est pas illégale. C'est une question qui ne
touche en rien la discussion mais je veux dire que c'est mon opinion. Je ne
peux pas dire que c'est un peu illégal.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas ce que j'impliquais. J'impliquais le
respect vis-à-vis du droit civil et du droit criminel. Il ne
m'apparaît pas du même ordre que le respect vis-à-vis du
droit constitutionnel. Dans un cas, il y a une situation évolutive; si
je reprends votre expression, ce qui pouvait être péché
avant ne l'est peut-être pas aujourd'hui et vice versa alors que dans le
droit criminel, j'imagine, commettre un meurtre, c'est toujours une
infraction.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le Protestant School Board de ses
représentations ainsi que ses représentants, M. Godinsky et M.
Perrie.
La séance est ajournée à deux heures trente. Nous
entendrons alors The Federation of English Speaking Catholic.
Merci bien.
Reprise de la séance à 14 h 39
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs! La parole est à M. Corbett.
Federation of English-Speaking ______Catholic
Teachers______
M. CORBETT: Mon nom est Ross Corbett, executive director of the
Federation of English-Speaking Catholic Teachers. To my right, to your left is
Mr. Leo Fernandes, one of our members of the executive federation.
I would like to take this opportunity to thank the Parliamentary
Committee by giving us the opportunity to present our views regarding Bill
28.
This brief has been prepared by the Federation of English-Speaking
Catholic Teachers of Montreal who are responsible for the education of 44,500
English children of the English schools of Montreal Catholic School
Commission.
I feel I should note at this point that when we first presented this
brief, we did not have a mandate from our entire membership due to the time
factor. However, on the 7th of October, we had a general meeting and the entire
membership have voted at the great majority for the proposals presented by the
federation in this brief.
The Federation of English-Speaking Catholic Teachers de Montréal
croit que le projet de loi 28 a été déposé de bonne
foi par nos législateurs et nous accueillons favorablement l'occasion...
Je regrette?
M. TETLEY: Je disais: Bravo!
M. CHARRON: Il se flattait lui-même.
M. CORBETT: ...que le projet de loi fournit aux citoyens de
différentes cultures et de différents milieux de travailler
ensemble au bien-être futur de la province de Québec.
Nous appuyons fortement le concept d'égalité en
matière d'éducation vis-à-vis de tous les enfants et du
concept du développement d'un niveau supérieur en
éducation. Nous reconnaissons cependant qu'un système
d'éducation sain dépend d'une population étudiante
suffisante pour qu'assez de fonds per capita soient disponibles afin de donner
les services pédagogiques et administratifs adéquats.
Nous appuyons de plus la reconnaissance des divers
éléments de notre société dans le système
d'éducation, c'est-à-dire l'éducation francophone et
anglophone, catholique, protestante et non confessionnelle.
Nous croyons à l'emploi du processus démocratique pour
élire les commissaires et les conseillers et à un engagement plus
marqué de la communauté en matière d'éducation par
la formation de comités consultatifs de parents.
Nous croyons qu'une période intérimaire sera
nécessaire pour faciliter une transition graduelle et aussi pour
permettre à la communauté en général de comprendre
et d'apprécier les changements apportés à son
système d'éducation.
La fédération approuve les articles suivants du projet de
loi 28:
Un conseil scolaire unifié et des commissions scolaires
unifiées.
Nous croyons que la réorganisation des commissions scolaires sur
l'île de Montréal était un grand besoin. Nous approuvons
les avantages que présente un système d'éducation
unifié pour tous ceux qui sont engagés et
intéressés dans le processus éducationnel de travailler
ensemble pour bâtir un meilleur système d'éducation. Les
avantages d'un conseil scolaire pour l'île de Montréal sont
évidents en ce qui a trait à son habileté d'agir comme
coordonnateur.
Egalité et opportunité. Nous croyons que le bill 28 a pour
but de fournir à chaque enfant l'occasion de développer toutes
ses aptitudes. Par l'intermédiaire de l'activité coordonnatrice
du conseil, les commissions scolaires pourront organiser des projets à
long terme et mettre à profit les avantages à leur disposition.
Nous croyons aussi que le conseil de l'île pourra accorder aux
commissions scolaires la flexibilité nécessaire pour satisfaire
aux différents besoins des écoliers d'origine ethnique et
économique différente.
Diversité de la population. Nous croyons que le bill 28
reconnaît convenablement l'existence de différentes cultures et
croyances parmi les membres de notre société. Nous approuvons les
clauses donnant aux parents le droit de choisir, pour leurs enfants, le genre
d'éducation qui conviendra le mieux à leur religion et à
leur culture.
Standardisation des taxes. Nous croyons que le système de
prélèvement des taxes prévu au bill est juste.
Démocratisation de l'éducation. Nous croyons que
l'élection des commissaires d'écoles par le peuple qu'ils
représentent est juste et nous acceptons favorablement la clause de
suffrage universel dans le bill 28. Nous croyons aussi à l'engagement
des parents dans l'éducation. Nous sommes d'accord sur le concept des
comités consultatifs de parents.
La fédération trouve que les aspects suivants du bill sont
inadéquats.
Municipalités scolaires. Nous ne croyons pas que onze
municipalités scolaires, prévues au bill 28, mèneront
à l'égalité en matière d'éducation. Les
municipalités, telles qu'elles sont présentement divisées,
fragmentent sévèrement la majorité des étudiants
anglophones, les étudiants anglais catholiques. Le bill sépare
aussi la population anglo-protestante et, à un degré
inférieur, la population franco-catholique.
Dans le but de donner tous les services nécessaires à une
bonne éducation catholique anglaise, une commission scolaire devrait
avoir
près de 20,000 étudiants anglo-catholiques. Ce nombre est
requis pour qu'une commission scolaire reçoive assez d'argent, par
l'entremise de l'allocation étudiante per capita, pour engager le
personnel adéquat et fournir les installations nécessaires.
Aucune municipalité dans le projet de loi n'atteint ce chiffre
d'étudiants anglo-catholiques. En effet, la plupart en ont moins de la
moitié. Le même problème s'applique aux anglo-protestants
et, jusqu'à un certain point, à la population
franco-catholique.
Pour cette raison, nous craignons des commissions scolaires faisant face
à la tâche impossible de fournir un système
éducationnel minoritaire qui soit sain, sans les fonds de base
nécessaires pour le faire. Nous croyons devoir trouver une solution
à ce problème, et cette solution s'applique à tous les
systèmes scolaires minoritaires.
La date effective. Nous ne croyons pas qu'un temps suffisant ait
été accordé pour trouver des solutions adéquates
aux problèmes variés que nous devons surmonter dans
l'établissement d'une nouvelle commission scolaire. A cause de la nature
radicale du changement, plus de temps est requis pour rendre ce changement
efficace et équitable.
Le concept d'une commission scolaire. Nous ne trouvons pas dans le
projet de loi une idée concise d'une commission scolaire. Avec
l'introduction du conseil scolaire de l'île et les pouvoirs qu'on lui
accorde, il y a maintenant confusion au sujet des devoirs et des
responsabilités d'une commission scolaire. Nous croyons qu'il est
nécessaire de redéfinir le concept et les pouvoirs d'une telle
commission scolaire.
Le directeur général adjoint. Nous ne trouvons pas les
responsabilités du directeur général adjoint anglophone
ou, d'autre part, du directeur général adjoint francophone et
leurs devoirs envers les groupes minoritaires clairement définis.
Composition provisoire du conseil. Nous ne croyons pas que la
composition provisoire du conseil de l'île reflète la
diversité de la présente population étudiante.
Définition d'une école. Nous ne trouvons pas la
définition d'une école dans le projet de loi 28.
Comité consultatif des parents au conseil de l'île. Nous ne
trouvons pas de stipulation concernant la participation des parents à la
formation d'un comité consultatif au niveau du conseil de
l'île.
Recommandations au niveau de la commission scolaire.
Municipalités. Nous recommandons que, pour une période
intérimaire, le nombre des municipalités soit réduit de
onze à quatre en combinant les municipalités prévues de la
façon suivante: vous verrez, dans l'appendice, une division de
l'île et la façon dont on le conçoit 8 et 10; 2, 4
et 6; 1, 3 et 5; 7, 9 et 11.
Nous recommandons que deux commissions scolaires confessionnelles soient
établies pour chacune de ces quatre municipalités. Mais en aucun
temps pouvons-nous accepter la prémisse d'avoir onze commissions
scolaires sur l'île tel que le propose le bill. De cette façon,
les plus grands problèmes présentés par l'insuffisance de
fonds due à l'inscription étudiante inadéquate sont
résolus. De plus, c'est une solution pour tous les groupes minoritaires
partout où ils existent sur l'île de Montréal et elle est
équitable parce que ceci veut dire l'application de la même
solution pour toutes les minorités. Lorsque les groupements culturels et
confessionnels variés auront eu le temps d'établir leurs propres
systèmes pédagogiques, ils pourront alors fusionner leur
organisme administratif en un système unique formant quatre commissions
unifiées sur l'île. Un tel fusionnement pourrait alors prendre
jusqu'à six ans de la date de la promulgation du bill.
Autonomie des commissions scolaires. Nous recommandons que les
commissions scolaires aient l'autonomie et qu'elles soient investies des
pouvoirs et des finances nécessaires pour que les décisions
opérationnelles soient faites à ce niveau permettant ainsi un
système flexible adapté aux besoins des étudiants.
Le financement de l'éducation minoritaire. Nous recommandons
qu'une commission scolaire donne aux administrateurs des écoles d'une
minorité l'allocation étudiante per capita de la minorité
concernée. En d'autres mots, une commission scolaire donnerait
l'allocation per capita de tous les étudiants anglo-catholiques aux
administrateurs des écoles anglo-catholiques de la
municipalité.
Services pédagogiques. Dans une commission scolaire il devra y
avoir des services pédagogiques séparés et adéquats
pour les deux cultures afin de fournir à l'enfant une éducation
de qualité.
De tels services devraient inclure le personnel administratif et
pédagogique, le personnel enseignant, le bureau de la pastorale, les
conseillers en orientation, les psychologues et les services sociaux.
Le comité exécutif. Nous recommandons que le directeur
général adjoint soit un membre du comité exécutif
d'une commission scolaire.
Cette recommandation assure la représentation de la
minorité linguistique au comité exécutif.
Election des commissaires. Nous recommandons que la citoyenneté
canadienne soit retirée comme exigence pour l'électeur.
Les comités consultatifs des commissions scolaires. Nous
recommandons qu'il y ait deux comités consultatifs pour chaque
commission scolaire, un francophone constitué des présidents des
comités consultatifs francophones et un anglophone formé des
présidents des comités consultatifs anglophones.
Le comité d'école. Définition d'une
école.
Nous recommandons que le mot "école" soit défini comme une
partie d'un édifice ou plusieurs édifices occupés par un
groupe d'enfants dont la langue principale d'instruction est soit le
français, soit l'anglais, et qui sont de la même
confessionnalité et sous l'autorité d'un seul principal.
Fonction du comité d'école. Nous recommandons que les
fonctions suivantes soient ajoutées à celles décrites dans
le bill 27 : a) s'assurer que les élèves reçoivent une
instruction religieuse et morale selon les désirs des parents; b)
accepter ou rejeter un règlement proposé par les autorités
scolaires ou par les directions de l'éducation catholique romaine,
protestante ou non confessionnelle, selon le cas, touchant à
l'application spécifique de la confessionnalité ou de la
non-confessionnalité d'une école.
L'ouverture des écoles. Nous recommandons que lorsqu'un nombre
suffisant de parents, au niveau de l'élémentaire ou du
secondaire, demandent qu'une école d'une certaine dénomination et
d'une certaine langue soit formée, la commission scolaire soit tenue de
se soumettre à cette demande.
L'élection des commissaires d'écoles. L'élection de
commissaires d'écoles par le suffrage universel devrait être
basée sur une liste de candidats pour le territoire entier de la
commission scolaire et non pas par des circonscriptions électorales. De
plus, nous croyons à l'emploi des bulletins de vote sur lesquels
seraient inscrits les noms de tous les candidats nommés, chaque
électeur ayant le droit de voter pour un seul candidat. Une telle
méthode aiderait les minorités dans une commission scolaire
à être représentées.
Le Conseil scolaire de l'île. Election des conseillers. Nous
recommandons que deux membres du conseil de l'île soient élus pour
chacune des quatre commissions scolaires catholiques et qu'un membre du conseil
de l'île soit élu par chacune des quatre commissions scolaires
protestantes et que cinq membres soient nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Les cinq personnes désignées
devraient être choisies de façon que le conseil soit
représentatif par sa nature et garantisse que les minorités
n'ayant pas de membres élus sur le conseil soient dûment
représentées.
Président et vice-président. Nous recommandons que le
président et le vice-président soient élus par leurs
collègues, membres du conseil et que tout poste vacant soit
comblé de la même façon qu'à l'origine.
Comités consultatifs de parents. Nous recommandons la formation
de deux comités consultatifs de parents; un anglophone et un
francophone.
Stipulations transitoires. Nous recommandons que les stipulations
transitoires demeurent en vigueur pour un minimum de deux ans après
l'assentiment du bill.
Nous recommandons que la nomination des membres du conseil
intérimaire de l'île soit faite en consultation avec les
commissaires en place et que l'une des cinq personnes choisies parmi les
membres de la Commission des écoles catholiques de Montréal soit
anglophone.
Nous recommandons que les membres du conseil intérimaire de
l'île reflètent les éléments variés de la
population qu'ils servent.
Nous recommandons la formation de deux comités consultatifs
intérimaires de parents, un anglophone et un francophone.
Nous croyons que la nomination des membres du conseil intérimaire
de l'île devrait être faite après consultation avec les
commissions scolaires en place. Les membres devront avoir été en
fonction depuis une période minimum d'un an au moment de leur
nomination. Merci. Vous voyez aussi, en annexe B, les statistiques que nous
avons faites au sujet des divisions dans l'île de Montréal
présentement sur le concept des onze commissions scolaires.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de...
M. SAINT-PIERRE: Non, très bien. M. LE PRESIDENT: ... Bagot.
M. CARDINAL: J'aurais deux questions et un commentaire à faire,
M. Corbett. D'abord, merci d'avoir présenté un mémoire qui
soit bilingue. J'ai une question cependant. Votre groupement s'appelle "The
Federation of English-Speaking Catholic Teachers Inc. (Montreal)". En d'autres
mots, quelle est votre représentativité? Est-ce que vous
représentez les enseignants de langue anglaise catholiques, tant
à la CECM qu'au Baldwin-Cartier School Board ou ailleurs à
Montréal? Enfin, vous avez combien de membres et vous couvrez quelles
commissions scolaires présentement sur l'île de
Montréal?
M. CORBETT: Nous avons ce n'est pas compilé
présentement environ 2,100 à 2,200 membres. Cela
dépend de la population étudiante cette année. Nous
représentons seulement les enseignants de la CECM.
M. CARDINAL: Bon, c'est ce que je voulais vous faire dire pour le
bénéfice de ceux qui ne sont ni ministre de l'Education, ni
ancien ministre de l'Education.
Deuxième question; elle est plus précise et elle
revêt pour moi une certaine importance. A la page 4, vous fixez une
espèce de barème ou de critère en établissant qu'il
est nécessaire qu'il y ait un nombre d'au moins ou d'environ 20,000
étudiants d'une minorité donnée ou d'une religion
donnée ou d'une langue donnée pour que l'on puisse affirmer qu'il
y a rentabilité du système d'éducation.
Après quelles études ou à partir de quels
critères avez-vous pu fixer un nombre qui n'est pas expliqué dans
votre mémoire?
M. CORBETT: J'ai évité de l'expliquer pour une seule et
simple raison. C'est qu'il est assez difficile de ressortir exactement selon le
"Budgetary and Administrative Rules for School Boards".
M. CARDINAL: You may speak English as well as French.
M. CORBETT: Mais, en somme, nous avons fait un relevé du
coût pour faire fonctionner une commission scolaire adéquatement.
Nous avons deux régions anglophones, à la CECM, qui fonctionnent
avec environ 20,000 étudiants. Avec ceci, nous pouvons garantir tous les
services qui sont nécessaires à l'enfant, qui incluent un
système de "special education", des conseillers en orientation, des
psychologues, des animateurs, des coordonnateurs, etc.
M. CARDINAL: C'est-à-dire que vous partez de l'expérience
présente au sein de la CECM.
M. CORBETT: C'est juste.
M. CARDINAL: Mais est-ce que ce chiffre, dans un nouveau système
où il y aurait ou sept, ou onze, ou huit, ou quinze commissions
scolaires ne pourrait pas, justement, être variable? Parce qu'il faut
rattacher deux choses ensemble. Vous parlez, plus loin, des pouvoirs et des
devoirs des commission scolaires. Tout dépendrait des pouvoirs du
conseil métropolitain et des pouvoirs des commissions scolaires. Le bill
28, par exemple, à la différence du projet de loi no 62, remet la
propriété des édifices aux commissions scolaires alors que
l'autre projet de loi les remettait au comité métropolitain, ce
qui déjà change un aspect très important des coûts
et de la rentabilité. Enfin, vous avez quand même répondu
à la question.
Ma dernière intervention, M. le Président, se rapporte
à la page 9. Vous définissez là le mot "école".
Ici, je m'adresse particulièrement au ministre. Je lui souligne que dans
le projet de loi no 62, il y avait une définition du mot "école"
qui ressemblait beaucoup à celle que vous nous proposez, mais cette
définition avait été très fortement
critiquée par plusieurs représentants d'associations qui
étaient alors venus devant nous en disant: Il vaudrait peut-être
mieux, lorsqu'on parle d'une école, au lieu de parler d'un
édifice ou d'une partie d'un édifice, de parler d'une
communauté d'étudiants, sous une même direction
pédagogique, d'une langue ou d'une confession donnée.
A titre de suggestion au ministre, croyez-vous qu'il vaut mieux s'en
tenir à votre définition comme étant quelque chose sur
quoi vous ne seriez pas prêt à faire de compromis ou s'il ne
vaudrait pas mieux avoir une définition de l'école?
Personnellement, comme représentant de l'Opposition officielle je
crois que le projet de loi devrait contenir une définition de
l'école, à partir non pas de morceaux de brique ou de pierre mais
à partir de groupes d'enfants. Evidemment, selon les systèmes qui
nous ont été proposés déjà depuis plus de
vingt heures depuis que nous avons commencé les travaux de cette
commission il faudra s'entendre sur ce qu'est une communauté
d'étudiants. Il me semble que ce serait plus juste que de définir
ça à partir d'édifices.
M. CORBETT: Si on regarde les directives du ministère de
l'Education, elles indiquent qu'une école élémentaire
pourrait être formée avec 250 étudiants et une école
secondaire avec 600 éièves, je crois. Or, nous, ce que nous
exigeons dans le fond, c'est d'avoir une certaine sécurité dans
la loi pour la formation d'une école, et non pas une définition
assez vague, qui pourrait être, disons, manipulée par les forces
du temps ou par les commissaires du temps.
Ce que nous essayons d'expliquer, c'est que le bill ne fonctionnera que
s'il y a bonne foi de toutes les parties.
M. CARDINAL: D'accord, mais revenons à la définition de
l'école, si vous voulez. Il existe un problème sur l'île de
Montréal actuellement, que personne ne peut nier. On a
déjà cité, comme exemple devant cette commission, le
fameux cas d'Outremont-Mont-Royal. A Outremont, il n'y a pas d'école
secondaire pour les filles; elles vont à l'école secondaire sur
la rue Rockland, qui est remplie plus qu'à capacité puisqu'on a
dû ajouter des éléments temporaires en bois et fort peu
intéressants. Or, de l'autre côté, il y a une école
qui appartient à une autre commission scolaire il n'y a pas 2,000
pieds qui les séparent qui est occupée à 60 p.c.
peut-être vu qu'il y a des classes qui n'ont que 20 élèves
seulement.
Evidemment, si les écoles appartiennent au comité
métropolitain ou même si elles appartiennent aux commissions
scolaires, il ne faudrait pas que des barrières semblables,
reliées à la définition du mot "école", fassent que
l'on ait encore ce problème d'une mauvaise répartition des
locaux. Ce que vous recherchez, c'est une garantie qu'il n'y aura pas 10
élèves catholiques anglophones dans une école où il
y en aurait 400 d'autres religions ou d'autres langues.
M. CORBETT: En somme, je crois que dans le bill il est prévu que,
si des parents décident d'avoir une école non confessionnelle et
qu'ils ont la majorité, ils vont avoir une école non
confessionnelle. On parle ici d'une partie d'édifice.
Par exemple, voici un édifice qui peut contenir 600
élèves et, dans cette école, vous avez seulement 350
élèves francophones; si vous ajoutez 250 élèves
anglophones, ces 250 élèves font partie d'une école
séparée, avec un princi-
pal séparé Nous avons cet exemple à Pie IX, je
crois.
M. CARDINAL: Vous l'avez dans le quartier de Baldwin, dans
Missisquoi.
M. CORBETT: C'est exactement le cas où il y a un principal
francophone et un principal anglophone. Ils sont en unité
séparée.
M. CARDINAL: Est-ce que vous acceptez mon idée que l'on
définisse l'école comme étant une communauté
d'étudiants sous une direction pédagogique donnée?
Appelez-le le principal, si vous voulez. Cela me paraîtrait plus juste
qu'à partir des locaux et vous garantirait davantage.
M. CORBETT: D'accord.
M. CHARRON: Le député de Bagot me permet-il?
M. CARDINAL: Ah! oui.
M. CHARRON: Sur le même sujet. C'est parce que c'est très
important. A partir de la definition d'école que vous suggérez.
En fait, le projet de loi 28 n'en mentionne pas comme telle mais je pense qu'il
reprend celle que la loi 27 a consacrée. Dans la loi 27, on
définissait l'école par "groupe d'étudiants" plus que par
"groupe d'édifices", ce qui nous permet de faire l'extrapolation que le
député de Bagot vient de faire.
D'après la loi, d'après le nouvel article 587, si la loi
28 est adoptée, les commissions scolaires seront chargées
d'assurer de l'enseignement de qualité aux catholiques, protestants ou
neutres de langue française ou de langue anglaise. Dans notre esprit,
à nous, à première vue, cela voudrait dire que les
commissions scolaires devront faire un recensement sur leur territoire
je prends celle de mon comté, du territoire no 1 afin de
vérifier combien de parents désirent inscrire leurs enfants
à l'école catholique française, etc., les six variantes,
et d'affecter les édifices en conséquence.
On peut faire une extrapolation encore plus loin. La loi n'oblige pas
les commissaires à cela, elle les oblige à assurer un
enseignement de qualité, cela ne veut pas dire de donner des
édifices. Vous avez parfaitement raison d'avoir cette crainte, je crois,
parce que si, dans le territoire no 1, on ne trouve que 60 étudiants
français protestants, par exemple qui est une des
catégories que la loi reconnaît il n 'est pas sûr, il
est même fort probable qu'ils n'aient pas un édifice à eux,
pour une soixantaine d'étudiants. Donc, la loi permettrait d'aboutir,
sur le plan administratif, à une espèce de "melting pot" qui
variera d'une rue à l'autre.
Par exemple il pourra se produire que dans un quartier, 30 des 32
classes de l'école soient à des catholiques francophones et deux
à des catholiques anglophones. Sur le plan confes- sionnel il n'y aura
pas de tripotage, mais sur le plan linguistique il se trouvera à y en
avoir un parce qu'il y aura des anglophones qui vivront dans une école
francophone. La rue suivante, ou à deux rues plus loin puisqu'on parle
de Montréal, ce pourrait être une école protestante
anglaise dans laquelle on a décidé de mettre la soixantaine de
protestants français qu'on ne savait pas où mettre. Là,
les francophones se trouveront en situation de "melting pot" avec des
anglophones.
Il pourra même arriver, dans certaines écoles, les plus
grosses comme Pie IX, que vous avez mentionnée, où ce sont trois
catégories que l'on retrouvera: des catholiques francophones, des
catholiques anglophones et des protestants francophones qui, eux, profiteront
de l'atmosphère francophone tandis que les autres profiteront de
l'atmosphère catholique. J'ai eu l'occasion de vérifier cette
crainte-là dans Montréal parce que j'ai rencontré des gens
à ce sujet entre les deux séances de la commission.
Les parents plus directement et je vais vous poser la question
à vous en tant que représentant des enseignants craignent
une conséquence pédagogique nette sur l'atmosphère et la
vie dans l'école. Vous, représentant des enseignants, maintenant
de la CECM, pouvez-vous dire s'il y a des enseignants anglophones de la CECM,
actuellement, qui donnent des cours dans une école à
majorité catholique francophone? Est-ce que ça existe
actuellement ou si vous travaillez tous dans des locaux
séparés?
M. CORBETT: Nous travaillons tous dans des locaux séparés,
et c'est justement une de nos plaintes. Si, par exemple, il n'y a que 60
élèves, je crois qu'il n'y a pas assez d'élèves
dans cette école pour fournir une éducation de qualité,
à moins que ce ne soit une école élémentaire
peut-être. Quand vous venez au niveau secondaire, vous avez besoin de
beaucoup plus d'élèves dans une école pour fournir non
seulement les facilités d'équipement, de locaux mais aussi le
nombre de professeurs qui vont donner des options aux élèves.
C'est pour ça que je crois que le ministère a
décidé que 600 élèves ça faisait une
école, au niveau secondaire.
M. CHARRON: M. Corbett, me permettez-vous, puisqu'on est sur la
même inquiétude, de diriger ma question au ministre? Est-ce que la
loi va effectivement permettre des essais de biculturalisme à
l'intérieur des écoles? Est-ce qu'il va se produire
véritablement que dans Montréal, à des occasions, sur 25
classes dans un édifice scolaire, on ait vingt classes d'une langue et
cinq de l'autre et qu'il sera permis d'extrapoler pour dire que les cinq se
trouveront en situation défavorisée, qu'elles soient francophones
ou anglophones? Des anglophones sont venus ce matin nous dire que leur culture
était menacée. Ils veulent peut-être dire que, dans
Pointe-aux-Trembles, par exemple, ne
devant offrir que trois écoles anglophones au niveau secondaire,
on décide de ne pas donner une école séparée et on
fait ces trois écoles anglophones de 150 étudiants dans une
école qui contient 1,000 francophones. Ce serait injuste à leur
égard, et mettez l'inverse pour la section ouest. Est-ce que ça
va permettre ça?
M. SAINT-PIERRE: En général, ce n'était pas
envisagé que nous ayons le type de situations que vous évoquez.
En d'autres termes, c'étaient des écoles clairement
séparées, une école étant catholique
française, une autre étant catholique anglaise et ainsi de
suite.
Maintenant, je dois mentionner que souvent, dans le désir des
parents, il y a des préoccupations autres que le seul principe que vous
venez d'évoquer, c'est-à-dire que la distance peut entrer en
ligne de compte. Là, de la part des parents mêmes, il se peut
qu'on soit prêt quand même non pas à des compromis mais
qu'on préfère une autre solution.
Encore une fois, dans le texte de loi de Québec, ce
n'était pas imposé comme schème de pensée.
C'était permis, laissant aux commissaires, dans les discussions avec les
parents, de voir. Je déteste prendre des cas personnels mais, venant
d'un milieu semblable, je sais que chez nous, du côté catholique,
les parents, à la fois anglophones et francophones, ont
préféré des types d'écoles définissant
l'école comme une collectivité, deux séparées dans
une même bâtisse, parce que là on faisait valoir des
arguments d'éloignement par rapport à la maison, pour
éviter des problèmes de transport et autres choses
semblables.
C'est ça. Dans le texte du projet de loi, j'espérais qu'en
général... mais il n'y avait rien justement. Là est
l'éternelle question: Est-ce que dans la loi on va laisser au ministre
de décider ce qui est bon pour une situation donnée ou est-ce
qu'on va faire confiance à ceux qui ont la responsabilité de
l'organisation scolaire?
M. CHARRON: Cela va être laissé à la
discrétion des commissaires dans chacune des commissions scolaires. Mais
supposons l'exemple de la commission scolaire numéro 4, qui comprend
Westmount, une partie de Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Henri et Pointe
Saint-Charles, vous imaginerez que sur le plan socio-économique il
pourrait difficilement y avoir "split" plus général.
Si les commissaires, en majorité élus dans Westmount ou
Notre-Dame-de-Grâce, à cause de la population plus nombreuse dans
ce secteur, se lancent dans des initiatives biculturelles comme ça, que
faudra-t-il penser s'il y a une classe de francophones dans tout un bloc
d'anglophones à confessionnalité différentes, etc? Quelle
sorte de produit culturel va sortir de là? Je crains ça comme la
peste. Je ne dis pas nécessairement que les francophones y perdent
toujours, parce que je n'ai pas le complexe du colonisé. Je me dis que,
dans un endroit où il y aura mille francophones et cent anglophones,
c'est vraiment charrier que de dire que les cent anglophones vont assimiler les
mille francophones. Je ne pars pas de ça. Je dis que ni l'un ni l'autre
n'auront authentiquement leur culture. Le "forçage" de biculturalisme et
de bilinguisme ça donne un bâtard dans l'un et l'autre cas, mais
ça ne donne jamais une culture authentique.
M. SAINT-PIERRE: Sur ce point, le gouvernement est très ouvert
aux expressions d'opinions comme on vient d'avoir. S'il se dégage un
consensus général et qu'on doive dire que l'école en tant
que lieu physique, doit être réservée à un des six
types d'école entendue comme collectivité, comme on l'a
décrite, je suis bien prêt à l'admettre. Mais dès
qu'on le met, il faudrait réaliser qu'on enlève un petit peu le
droit des parents et le droit des commissaires de décider dans leur
milieu donné quelle formule est la meilleure. Pour des principes plus
nobles, on va dire: On vous impose malheureusement cet...
M. CHARRON: Je serais prêt à imposer cette chose puisque la
loi, d'un autre côté, reconnaît aux commissions scolaires la
possibilité d'entente. Or, il arrivera que, plutôt que de faire
des "melting pots" dans les écoles, si vous avez dans une commission
scolaire seulement 60 étudiants protestants français et que la
commission scolaire d'à côté peut en compter 400 ou 500,
vous faites une entente avec elle, par exemple, pour le faire. La loi le
reconnaît. Mais j'aimerais bien que ce soit précisé dans la
loi. Cela va peut-être rejoindre le début de la conversation, cela
rejoint peut-être la définition de l'école, finalement. Si
on dit que ce sont des édifices, alors il faudra qu'on les consacre
comme d'une confession ou d'une langue précise.
M. SAINT-PIERRE: Mais si c'est laissé libre dans la loi,
c'était peut-être parce que, sur le plan des minorités,
entendues dans tous les termes, autant françaises qu'anglaises, suivant
la circonstance, les parents pourraient désirer des types d'arrangements
différents. Et là, je suis surpris de voir qu'en voulant
empêcher ça, vous vous préoccupiez, justement, des
même groupes, à savoir les minorités. Je pense en
particulier aux protestants francophones. C'est évident que si, pour les
protestants anglophones, on exige qu'ils soient dans tous dans la même
école, entendue comme lieu physique, ça limite de beaucoup
l'accès des protestants francophones à l'école de leur
choix. Fort probablement beaucoup de parents vont choisir un autre type
d'école, compte tenu que le choix qu'ils pourraient faire les obligerait
à des déplacements. Alors, peut-être que les protestants
francophones, si on prend un cas d'espèce qui est assez
généralisé, vont préférer avoir des
aménage-
ments, partager un bâtiment et être moins nombreux. Donc,
j'admets bien, avec la fédération, souffrir sur le plan de la
direction pédagogique en ayant leur propre principal, cependant, et
cohabiter avec d'autres groupes pour peut-être rendre plus vivante leur
communauté sur le plan de l'école.
M. CARDINAL: Si le ministre me le permet, avec la permission de la
présidence, d'abord, la question n'est pas théorique. Elle s'est
déjà réalisée dans le comté où se
trouve maintenant le ministre des Institutions financières, Compagnies
et Coopératives. Jadis, au début, parce que des mouvements de
population se sont produits là-bas, il a existé de ces
écoles et là, je me permets de corriger le ministre bien
humblement ce n'étaient pas les parents qui décidaient
qu'il y avait du biculturalisme ou du biconfessionnalisme, c'étaient les
commissaires. Alors, je ne voudrais pas qu'on joue sur les mots. Comme, dans le
projet de loi no 28, ce sont les commissions scolaires qui sont
propriétaires des édifices, la discussion que nous avons
présentement, il faut la placer dans ce contexte de commissions
scolaires et non pas de comités d'écoles où ce sont les
parents qui sont propriétaires des édifices.
Trois niveaux existent dans le projet de loi no 28: le conseil
métropolitain, la commission scolaire et le comité des parents.
Evidemment, je pense que le ministre est entièrement de bonne foi
lorsqu'il parle du choix des parents, mais, en fait, cela sera le choix des
commissaires élus au suffrage universel. Ce n'est pas du tout le
même résultat, et ce qui s'est déjà produit au
niveau de commissions scolaires existantes non pas la CECM, mais dans
d'autres commissions scolaires pourrait fort bien se reproduire. La
seule conclusion que j'apporterais immédiatement pour ne pas rendre ce
débat trop long, c'est que le ministre et son personnel se penchent sur
la question. Il y a toujours la différence, le dilemme entre ce qui est
permis, ce qui est incitateur et ce qui est obligatoire. Ce qui est obligatoire
actuellement, c'est que les commissaires donnent un enseignement catholique,
protestant, ou autre, français, anglais, mais rien n'oblige les
commissaires à donner des types d'écoles données, sauf les
normes du ministère. Si la loi ne dit pas un mot, il y a de grandes
chances que dans X années ce soit le ministère qui, dans le fond,
ait le dernier mot, parce que c'est lui qui autorise la ligne de production, la
construction des écoles, les devis, les coûts, etc.
Je demanderais simplement au ministre de réfléchir aux
problèmes très importants qui ont été
soulevés à l'occasion de ce mémoire.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le député d'Olier.
M. PICARD: M. le Président, j'aimerais poser une question
à M. Corbett. Dans votre mémoi- re, après avoir
donné les principaux points sur lesquels vous étiez d'accord dans
le bill 28, vous arrivez à la page 4, où vous commencez à
donner, section 3, les points sur lesquels vous n'êtes pas tout à
fait d'accord et vous faites des suggestions. Je prends ici, à la page
5, la troisième suggestion concernant le concept d'une commission
scolaire. A la dernière phrase, vous dites: "Nous croyons qu'il est
nécessaire de redéfinir le concept et les pouvoirs d'une telle
commission scolaire." Dans le bill, vous le savez comme moi, se trouve, aux
articles 586 et suivants, la description des pouvoirs d'une commission
scolaire. Est-ce que vous pourriez nous dire, en quelques mots, quels sont les
pouvoirs additionnels non inclus dans les articles 586 et suivants que vous
aimeriez voir inclus dans le projet de loi?
M. CORBETT: Si vous vérifiez, à la page 8 où nous
parlons de l'autonomie des commissions scolaires, nous mentionnons que les
commissions scolaires doivent être investies des pouvoirs et des finances
nécessaires pour que les décisions opérationnelles soient
prises à ce niveau, permettant ainsi un système flexible,
adapté aux besoins des étudiants.
Le bill indique, en somme, dans sa plus grande partie, les pouvoirs du
conseil de l'île, mais il ne décrit pas assez en détail les
prérogatives et les droits ainsi que le rôle d'une commission
scolaire. Je crois qu'il faudrait, en somme, indiquer, épeler si vous
voulez, "spell out the role of the school commission". Pour ma part, je n'ai
jamais été commissaire d'écoles. Donc, je ne peux pas vous
dire exactement tout ce qu'ils ont à faire, leur rôle et leurs
responsabilités. Mais je crois que, si on ne formule pas une nouvelle
définition des commissions scolaires, ce qui peut arriver encore, c'est
que le conseil de l'île va reprendre les pouvoirs et va devenir, par
exemple, un deuxième ministère de l'Education ou l'annexe A du
ministère de l'Education. C'est cela que nous voulons dire. Ce n'est pas
qu'on a décidé exactement ce qu'une commission scolaire doit
avoir. Mais on voudrait voir décrit le rôle d'une commission
scolaire dans la nouvelle optique de la restructuration de l'île.
M. PICARD: Maintenant, M. Corbett, vous serez d'accord avec moi,
j'imagine, pour dire qu'il est physiquement impossible de décrire tous
les pouvoirs dont peuvent jouir les commissions scolaires. Alors, est-ce que
vous seriez d'accord qu'après avoir décrit les principaux
pouvoirs dévolus à une commission scolaire donnée, tous
les pouvoirs résiduaires relèvent du conseil de l'île?
M. CORBETT: Je crois que c'est dans cette optique-là qu'il
faudrait réellement régler la question. C'est nécessaire
parce que je ne crois pas qu'on puisse compter sur la bonne foi tout le
temps.
Or, il peut arriver des conflits qui vont être
plus longs à régler à l'avenir que si
c'était mieux décrit afin que chacun connaisse ses devoirs et ses
termes de référence.
M. PICARD: Oui, mais j'aimerais avoir votre opinion, pour savoir si vous
seriez d'avis qu'après avoir fait ce qui est physiquement possible de
faire dans la description des pouvoirs d'une commission scolaire on inscrive
aussi que tous les pouvoirs non décrits dans les articles
précédents relèveraient du conseil de l'île
jusqu'à ce qu'on arrive, à un moment donné, après
deux ans, quatre ans ou six ans, à une solution. C'est le conseil de
l'île qui donne ces pouvoirs aux commissions scolaires.
M. CORBETT: Exactement. C'est par l'entremise d'expériences que
vous allez être capables de régler nos problèmes, c'est
sûr. En somme, il faudrait commencer avec une base et, de la base, en
arriver à un consensus dans cinq ou six ans et redéfinir si c'est
nécessaire, ou régler une fois pour toutes le système. Je
crois que personne n'a une idée exacte de la façon que cela va se
dérouler. Une fois que ce sera réellement établi, on verra
combien de problèmes se poseront avec le nouveau conseil.
M. SAINT-PIERRE: On peut, M. le Président, sur le même
sujet, relire l'article 586. C'est très technique. C'est une
façon différente. Nous avons l'impression que les pouvoirs du
conseil scolaire sont établis clairement dans le texte de loi; les
pouvoirs propres à la commission scolaire sont donnés dans les
articles 587, 588 et suivants. L'interprétation de l'article 586, c'est
que cela confie aux commissions scolaires les pouvoirs résiduaires.
Lorsque l'on voit:"Sous réserve des dispositions inconciliables de la
présente partie, les dispositions...", cela montre que tous les pouvoirs
des commissions scolaires s'appliquent mutatis mutandis à ces
corporations scolaires qu'on établit.
M. PICARD: Et non pas au conseil de l'île.
M. SAINT-PIERRE: Et non pas au conseil de l'île.
M. PICARD: C'est justement le point...
M. SAINT-PIERRE: Bien que le conseil de l'île ait des pouvoirs
très précis.
M. PICARD: Justement, ce que j'aimerais voir débattre ici par
cette commission, c'est la question de ces pouvoirs résiduaires. Est-ce
qu'il est réellement avantageux et réellement recommandable de
les donner aux commissions scolaires plutôt que de les conserver au
conseil de l'île?
M. SAINT-PIERRE: Bien, je pense...
M. PICARD: Ces pouvoirs résiduaires-là, dont on ne
connaît pas la substance actuellement, pourraient être
utilisés par une, trois ou cinq commissions scolaires, alors qu'il y en
a onze sur l'île.
M. SAINT-PIERRE: C'est le point, sans prétendre...
M. PICARD: Pour ma part, je pense que les pouvoirs résiduaires
devraient relever du conseil de l'île jusqu'au moment où,
après que chacune des onze commissions a soulevé des
problèmes et a attiré l'attention du conseil de l'île, nous
devrions avoir l'autorité de décider, de trancher telle ou telle
question. Et le conseil de l'île donne la même autorité aux
onze commissions scolaires et non pas à une.
M. SAINT-PIERRE: Mais si on accepte le principe que pour satisfaire des
besoins qui peuvent varier à l'intérieur d'une commission
scolaire donnée pour avoir des pouvoirs capables de satisfaire ses
besoins, il soit nécessaire de décentraliser, il me semble que
cela signifie qu'au niveau de la commission scolaire de l'île de
Montréal, les onze, qui représentent quand même plus de 40
p.c. de la population de la province, aient réellement de
véritables pouvoirs, que ce ne soient pas des marionnettes du conseil
scolaire.
Il me semble quand même qu'une distinction du bill 28, c'est qu'il
y a une emphase à tort ou à raison, on peut en discuter
placée vis-à-vis des onze commissions scolaires. C'est
dans cet esprit que les pouvoirs résiduaires leur sont dévolus.
C'est pour cela que j'accepte mal ce qu'on disait ce matin. On nous laissait
entrevoir que les conseils scolaires n'ont aucun pouvoir. Je suis prêt
à écouter ceux qui peuvent prétendre que les conseils
scolaires ont trop de pouvoirs, mais de là à dire que les
conseils scolaires n'en ont pas du tout, je ne suis pas capable d'admettre
cela. Il me semble que le texte de loi, tel qu'écrit, donne aux conseils
scolaires des pouvoirs qui sont à peu près comparables aux
pouvoirs qu'on peut retrouver dans d'autres commissions scolaires, compte tenu
qu'il y a un organisme de planification et compte tenu que, sur le plan des
dépenses inadmissibles ou sur des dépenses de rattrapage, le
conseil scolaire a certains pouvoirs précis et les autres
mentionnés ici.
M. PICARD: Ce qui m'inquiète, c'est que je crains qu'avec les
années, si chacune des commissions scolaires a les pouvoirs
résiduaires, on se réveille un bon matin avec des
disparités énormes entre les onze commissions scolaires sur une
même île, dans une même agglomération. Parce que
certaines commissions scolaires diront: Nous prenons ce pouvoir parce que, dans
le texte de loi, le conseil de l'île n'a pas ce pouvoir. S'il ne l'a pas,
la loi prévoit que nous devons prendre ce pouvoir.
M. SAINT-PIERRE: Mais les pouvoirs...
M. PICARD: On aura des disparités épouvantables entre les
onze commissions scolaires.
M. SAINT-PIERRE: Il y a toujours les deux côtés de la
médaille. Les pouvoirs que nous donnons à ces onze commissions
scolaires sont les mêmes pouvoirs mutatis mutandis que nous donnons
à nos autres commissions scolaires de la province. Maintenant, si on
veut, à l'échelle de la province, que toutes les commissions
scolaire fonctionnent exactement de la même façon,
présumément, il faut en donner encore plus au ministère de
l'Education. Mais en en donnant plus au ministère de l'Education,
j'accepte que si nous sommes responsables de nous assurer qu'il y a
uniformité et que tout le monde se comporte exactement de la même
façon, nous nous éloignerons des besoins des particuliers et que
nous aurons tendance à imposer à d'autres ce qui nous semble
peut-être bon pour une partie de la population.
C'est pour cela que, comme cadre général, le
ministère a des pouvoirs. Le conseil en a aussi. Mais nous tendons
à donner aux onze commissions scolaires le type de pouvoirs qu'on
retrouve dans les autres, bien entendu en tenant compte qu'on n'exercera pas
ces pouvoirs de la même façon d'un coin du Québec à
l'autre. Mais on prétend et je suis ouvert à ce type
d'argumentation que ceci veut justement refléter des aspirations
différentes, des préoccupations différentes d'un endroit
de la province à l'autre.
M. PICARD: Dans le cas du bill 27, le recours est au
ministère.
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. PICARD: Dans le cas du bill 27, le recours, après la
commission scolaire, c'est le ministère. Mais dans le cas du bill 28, le
recours, après la commission scolaire, c'est le conseil de l'île
avant d'aller au ministère.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, mais pas pour tous les points. Dans le
recrutement du personnel, pour prendre un cas d'espèce, il n'y a pas de
recours au conseil scolaire. La commission scolaire unifiée no 10 a tous
les mêmes pouvoirs qu'une autre commission scolaire dans la province. Il
n'y a pas de recours au conseil scolaire. Il faut quand même voir
que...
M. PICARD: J'aimerais avoir l'opinion des autres organisations qui se
présenteront ici sur ce point. Je considère ces pouvoirs
résiduaires comme très importants.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'aurais deux questions, messieurs de la
fédération. Vous représentez des enseignants à
l'emploi de la CECM. Par contre, votre mémoire à moins que
je ne l'aie lu trop vite et que j'aie passé par-dessus n'a
guère de paragraphes sur les relations de travail, d'abord dans l'aspect
provisoire, et ensuite la nouvelle structure. Certains groupes
représentant aussi des travailleurs ont demandé que le conseil de
l'île devienne l'unique employeur pour l'ensemble du territoire scolaire
métropolitain. Etes-vous pour ou contre?
M. CORBETT: Contre. Nous n'avons pas présenté notre point
de vue sur le syndicalisme. Je suis content que vous ayez mentionné ce
sujet-là parce que les enseignants relèvent de trois
ministères: celui de l'Education, du Travail et de la Fonction publique.
Dans un avenir immédiat, nous prévoyons faire une demande
à ces trois ministres de former un comité ad hoc pour vraiment
garder les complexités de la restructuration. Parce qu'en somme,
ça va causer beaucoup de soucis et je ne crois pas que le bill qui se
sert présentement des articles 36 et 37 du code du travail, va vraiment
régler ces problèmes-là.
Je crois que le temps est opportun justement de demander au ministre si
ce ne serait pas profitable pour tout le monde de rencontrer les chefs de
syndicats à ce niveau-là pour qu'on puisse analyser la situation
et régler le plus gros des problèmes avec le moins de conflits
possible.
M. CHARRON: Mais pourquoi voulez-vous onze employeurs?
M. CORBETT: Nous ne voulons pas onze employeurs, nous n 'en voulons que
quatre.
M. CHARRON: D'accord. Supposons que le ministre ne voudrait rien
entendre à vos recommandations et décidait de maintenir...
M. CORBETT: J'espère que non.
M. CHARRON: Parfois, un gars malchanceux. Cela fait 18 mois que j'en
propose des amendements et aucun n'a encore été accepté:
j'aime autant vous prévenir tout de suite.
Supposons que le projet de loi 28 doive fonctionner tel qu'il est avec
onze commissions scolaires. Préférez-vous onze employeurs ou un
seul qui serait le conseil scolaire de l'île?
M. CORBETT: Disons que c'est une question, pour nous,
d'enseignement.
M. CHARRON: Elle ne le semblait pas pour les autres syndicats qui sont
venus.
M. CORBETT: D'accord, mais nous essayons de présenter notre point
de vue. Je vais vous donner une explication . Nous sommes 2,200 professeurs.
Or, dans notre syndicat, les membres en collectivité fournissent assez
d'argent pour qu'il y ait un exécutif en permanence
capable de présenter les points de vue aux commissions scolaires
avec une certaine connaissance. Un professeur, par exemple, qui est chef de
syndicat et aussi professeur n'a pas le temps de régler les
problèmes pendant qu'il donne les cours.
Pour nous, un syndicat anglophone, catholique dans notre contexte, avec
seulement 1,200 élèves et 50 professeurs n'aura aucun avantage
à présenter les points de vue de leurs membres à une
commission scolaire. Il n'aura pas de force. Dans ce contexte-là,
d'accord...
M. CHARRON: Vous seriez mieux d'avoir un seul...
M. CORBETT: D'accord. Mais dans le moment, nous ne le concevons pas avec
quatre commissions scolaires comme on le voit. Cela donne l'occasion
d'organiser des syndicats qui sont assez forts pour justement jouer notre
rôle à fond.
M. CHARRON: D'autre part, dans votre mémoire, quand vous
commencez par donner les points d'accord sur le projet de loi gouvernemental,
mais finalement quand on est passé à travers, on
s'aperçoit que le projet de loi 28 en prend pour son rhume, parce qu'il
n'y a pas grand chose qui reste. Vous réinstallez la
confessionnalité des structures scolaires.
Par ailleurs, vous allez encore puis loin dans le dédoublement
ce que les créditistes appellent la fonction publique
parallèle des structures...
M. CORBETT: Mais c'est purement temporaire.
M. CHARRON: Purement temporaire, mais vous avez parlé de six
ans.
M. CORBETT: Oui, dans six ans, ça donne une chance d'organiser
des systèmes pour fournir les services adéquats.
M. CHARRON: Savez-vous que pendant ce "temporaire" de six ans il
pourrait se trouver que Montréal soit une ville à majorité
anglaise?
M. CORBETT: C'est fort douteux. Je crois que cette crainte n'est pas
fondée.
M. CHARRON: Vous ne le craignez pas? M. CORBETT: Pas du tout.
M. CHARRON: Pourquoi croyez-vous aux structures confessionnelles?
M. CORBETT: Premièrement, notre syndicat est un syndicat
confessionnel. Dans ce contexte nos professeurs sont tous des anglophones
catholiques. Quand on parle de culture, on parle aussi de
confessionnalité. Je ne veux pas m'engager comme les parents la
dernière fois et continuer sur un système. Nous avons notre
propre système. Nous en jouissons et nous sommes contents de notre
sort.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'aurais cinq questions
à soulever. Vous pouvez les noter. Ce sont des questions très
brèves, simplement un point de vue.
Plusieurs nous ont fait valoir qu'il y avait quand même un
problème de pluralisme religieux. Dans votre système de
commissions scolaires confessionnelles, qu'arriverait-il à tous les
étudiants neutres, soit anglophones ou francophones?
Deuxième question. Vous recommandez que le directeur
général adjoint soit nommé membre, avec pleins pouvoirs,
présumément, du comité exécutif. Est-ce que cela ne
vous semble pas une entorse à des lois de démocratie qu'au
comité exécutif il y ait à la fois, avec pleins pouvoirs,
des membres élus et d'autres qui sont du personnel permanent, donc des
membres choisis souvent par le même exécutif et
désignés par lui?
Troisièmement, quant à votre processus d'élection,
je comprends bien que pour huit postes différents, s'il y a un vote cela
doit sûrement assurer la représentation des minorités. Il
me semble que c'est quand même anormal. Généralement, en
démocratie, pour huit postes chaque individu a droit
présumément à huit votes, ou on partage le collège
électoral ou, enfin, l'ensemble de ceux qui votent en quartiers et
là, chacun a un vote pour un poste. Autrement, tout le monde pourrait
être pour le no 1 et, finalement, les sept autres candidats, qui
représentent des supports pour peut-être 2 p.c. de la population,
passeraient assez facilement. Comment expliquez-vous une telle
recommandation?
Quatrièmement, ce n'est pas une question, mais seriez-vous
d'accord avec moi pour dire que toute modification à la condition de
citoyenneté pour participer à un vote, compte tenu des
réformes que nous apportons à la Loi électorale, devrait
se faire dans un contexte plus global d'une loi électorale qui touche
à la fois les élections provinciales, les élections
municipales, les élections scolaires au Québec?
Ma dernière question. Compte tenu des changements que vous
demandez pour les comités de parents, dois-je comprendre que vous
êtes opposé au comité confessionnel au niveau de chacune
des écoles tel qu'il est prévu dans le projet de loi 28, puisque
vous prenez certains des pouvoirs des comités confessionnels,
particulièrement le choix du principal d'école le fait de veiller
à l'enseignement religieux et que vous déplacez cela plutôt
au niveau du comité de parents?
Je n'ai pas vu, dans votre mémoire, que vous êtes
foncièrement opposé aux comités confessionnels. Je suis
simplement curieux de confirmer cela ou de l'infirmer.
M. CORBETT: Au sujet des élèves neutres, je crois
franchement que le système protestant est plus ou moins, au secondaire,
vraiment dans le contexte neutre si on conçoit tant de
différentes confessionnalités dans le système. Même
dans le protestantisme, il y en a tellement.
Par exemple, si on prend une école chez nous, prenons Pie IX, si
les parents veulent, à la majorité des voix, ce système
neutre, ce serait exactement le bon temps, pour une commission scolaire
catholique, d'adopter ou de prendre soin de ces parents parce
qu'éventuellement cela va s'unifier quand même. Pourquoi la
commission scolaire ne donnerait-elle pas l'autorisation aux parents d'avoir
une école neutre dans un système catholique? Cela ne change
absolument rien. Ce n'est pas nécessaire. Eventuellement, le changement
du système, la fusion, si on veut l'appeler comme cela, pourrait les
garantir encore plus. Ce que nous cherchons, en somme, pour le moment, c'est de
permettre à un système d'évoluer. En dedans d'un
système, rien n'empêche un système neutre d'évoluer
en même temps au niveau de l'école. Le curriculum est le
même pour les écoles neutres et les écoles catholiques, si
l'on veut, excepté pour la religion.
Le deuxième point: un assistant au directeur
général. Si c'est comme nous l'avons mentionné dans nos
recommandations et qu'il s'occupe justement de la minorité, je crois que
c'est le temps que cet homme présente son point de vue à
l'autorité finale. Ce n'est pas la question de former des comités
exécutifs de tant de gens qui fait que cela va devenir non
démocratique. Le fait est que c'est seulement un homme. Il va pouvoir se
rendre compte des décisions prises et faire connaître son point de
vue pour justement préserver le système dont il est responsable
directement pour les systèmes d'élection.
La raison de ceci, c'est qu'on a travaillé pendant des heures
pour essayer de trouver un système qui assure une représentation
à la minorité. C'est la solution qu'on a trouvée; on n'en
a pas trouvé d'autre. La clause où vous avez des divisions
électorales dans une commission scolaire est sujette à du
"gerrymandering". Ceci nous cause certaines craintes
La citoyenneté, c'est une matière complètement
différente. L'individu, même s'il n'est pas citoyen canadien, paie
les taxes scolaires, d'accord, mais aussi ses enfants sont à cette
école. Je crois qu'il devrait avoir une voix pour s'assurer, en somme,
qu'il a eu au moins une certaine représentation ou une chance
d'être représenté dans le système. C'est une
sauvegarde pour les parents qui vont éventuellement devenir des citoyens
canadiens, des citoyens de la province de Québec. En même temps,
cela leur donne l'occasion de s'exprimer. Je crois que, dans le fond, c'est
juste. Ce n'est pas une élection politique; c'est une élection
pédagogique, si vous voulez.
Pour le comité des parents confessionnel, on a gardé
ça à l'article final où, par exemple, vous allez avoir les
commissions scolaires unifiées. Vous avez mentionné dans le
projet de loi la sauvegarde des principaux; là, vous parlez des
écoles proprement dites. Ce dont nous parlons, c'est au niveau de la
commission scolaire où, vraiment, c'est la culture qui parle. Des
comités anglais et français, représentés
naturellement par les groupes variés, peuvent exprimer leur point de vue
et je crois que c'est beaucoup plus juste. Cela donne vraiment une chance
à la culture d'être représentée au lieu de la
confessionnalité que je ne vois pas à ce niveau. C'est absolument
nécessaire si c'est bien représenté.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je vous remercie, M. Corbett, pour nous
avoir présenté le mémoire de la Federation of
English-Speaking Catholic Teachers. Je crois que les membres de la commission
et le ministre de l'Education se feront un plaisir de prendre en très
haute considération les recommandations de votre mémoire surtout
à cause de votre objectivité lors de la présentation de ce
mémoire. Merci beaucoup.
J'inviterais maintenant la Commission des écoles catholiques de
Montréal, Madame Roux et M. Sylvio de Grandmont. C'est le mémoire
no 17.
Commission des écoles catholiques de
Montréal
MME ROUX: M. le Président de la commission, MM. les membres de la
commission parlementaire de l'Education, si vous voulez me le permettre, je
voudrais présenter les personnes qui m'accompagnent. A ma droite, il y a
le vice-président de la CECM, M. Gilles Poirier; il y a également
M. André Gagnon, commissaire; à ma gauche, M. Marcoux, qui est le
chef du service juridique à la Commission des écoles catholiques
de Montréal, de même que M. Dugas, directeur du bureau des
relations publiques. S'est joint à nous aujourd'hui notre comité
consultatif d'éducation qui doit présenter un mémoire
séparé. Si vous me le permettez, je voudrais vous
présenter le président de ce comité, qui est M. Bernard
Grégoire; l'accompagnent M. Lahaise et Madame Killen, ainsi que M.
Charbonneau et M. Pellegrino.
M. le Président, je vous demanderais la permission de
m'asseoir.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Avec plaisir, madame.
MME ROUX: La Commission des écoles catholiques de Montréal
est favorable, dans son ensemble, au bill 28, c'est-à-dire à la
constitution d'un conseil scolaire et à la création de
commissions scolaires unifiées dans l'île de Montréal.
Cependant, le bill 28, qui amène des changements profonds dans
l'organisation scolaire à Montréal, ne pouvait à notre
point de
vue être considéré uniquement comme un acte
administratif, mais nous croyons qu'il fallait tenir compte des facteurs
socio-culturels qu'il touchait, facteurs particulièrement importants
quand on remet en cause toutes les structures scolaires d'une région
comme la région métropolitaine.
A partir de ce principe, nous avons examiné au plan culturel
certains problèmes sur lesquels nous croyons qu'il était de notre
devoir d'alerter le gouvernement. Le premier, c'est la situation du
français sur l'île de Montréal. A la suite d'études
que nous avons faites et dont vous trouverez les comptes rendus statistiques
dans une annexe attachée à ce mémoire, nous
réalisons qu'il y a une diminution du français de l'ordre de 7 p.
c. dans nos écoles et une augmentation, évidemment, en
conséquence dans notre secteur anglophone.
Une autre observation que nous faisons, c'est que le français
à Montréal se trouve dans une situation particulièrement
critique si l'on tient compte du fait qu'il n'est pas protégé par
le même isolement, je dirais, qu'il a connu il y a vingt ou vingt-cinq
ans ou avant la fin de la deuxième guerre. Si on tient également
compte de l'essor prodigieux ou de l'explosion, je dirais, des moyens de
communication, il est de plus en plus exposé et nous croyons, à
ce moment-ci, qu'il fallait en tenir compte. C'est le sens de notre
première recommandation: la reconnaissance d'un statut prioritaire
à la langue française dans l'enseignement et l'adoption des
mesures nécessaires pour appuyer ce principe.
Tout en recommandant l'adoption d'un tel principe, nous croyons
cependant qu'il doit y avoir une exception importante à l'égard
des anglophones, qui ont droit à leur culture et à leurs
écoles.
Un autre facteur dont il nous a fallu tenir compte, c'est celui de la
réalité économique dans laquelle les Montréalais
vivent. Sur ce point, nous recommandons, si le premier principe était
adopté, qu'il y ait également et parallèlement une
amélioration sensible de l'enseignement de la langue seconde pour
permettre aux personnes qui fréquenteraient le système public de
langue française de pouvoir quand même survivre dans le contexte
économique.
Au plan social, nous croyons également que l'école est un
des principaux instruments qui peut permettre une correction des
inégalités sociales. C'est le sens de notre deuxième
recommandation, à savoir que dans la répartition des fonds
disponibles aux commissions scolaires, l'attribution des montants ne se fasse
pas seulement et peut-être surtout pas en fonction d'un per capita mais
vraiment en tenant compte de la disparité des milieux économiques
de Montréal. Je pense qu'il est assez facile de les identifier, si on
jette tout simplement un regard sur la carte prévue.
Notre troisième recommandation est vraiment d'ordre
administratif» C'est la réalisation par étapes de certaines
des dispositions du bill 28. Nous suggérons, à cet effet, si le
bill est adopté ou dès la sanction du bill, que le conseil
scolaire soit mis sur pied immédiatement mais qu'on ne lui accorde pas
immédiatement tous les pouvoirs qui sont prévus dans le bill
28.
Ceci, pour deux raisons principales. D'abord, nous croyons que la date
prévue, juillet 1973, est irréaliste et il faut aussi tenir
compte du fait que nous devrons continuer d'assurer aux enfants, durant toute
cette transformation, des services de qualité au moins égaux
à ceux qu'ils reçoivent présentement.
Je pense qu'il y a également le facteur humain que nous ne
pouvons pas ignorer. Vous aurez des individus qui devront s'adapter à de
nouvelles structures, qui devront apprendre à travailler ensemble et je
pense qu'il faut que chacun fasse une démarche individuelle et
collective pour assurer le succès de cette implantation.
Plus concrètement, je pense que le conseil scolaire, dès
qu'il serait nommé, devrait d'abord voir à l'organisation de ses
propres structures, voir à l'inventaire du personnel, à
l'inventaire des équipements et nous croyons que ceci sera suffisant
pour utiliser ses énergies en 1973. De plus, il devrait
particulièrement étudier un projet d'implantation des commissions
scolaires nouvelles. Ce projet d'implantation qu'il soumettrait, en 1973,
pourrait vouloir dire une implantation en bloc ou, encore, une implantation
successive qui pourrait s'étendre jusqu'en 1976.
Nous avons également fait d'autres recommandations que vous
retrouvez dans notre mémoire. Les premières touchent la
répartition des pouvoirs entre les commissions scolaires et l'île.
A cet effet, nous recommandons que les immeubles appartiennent au conseil et
non pas aux commissions scolaires. Nous croyons qu'il serait difficile de faire
une planification adéquate et une affectation juste de
l'équipement scolaire si la propriété en était
laissée aux commissions scolaires. Par contre, nous insistons sur le
fait que l'entière responsabilité des fonctions d'enseignement
devrait être du ressort des commissions scolaires. Nous laissons
toutefois la porte ouverte dans deux domaines particuliers: l'éducation
des adultes et l'enfance exceptionnelle. Nous laissons une porte ouverte au
conseil pour qu'il se penche sur ces problèmes particuliers. Nous
n'avions pas tous les éléments pour nous prononcer dans un sens
ou dans l'autre.
Au plan de la démocratisation, puisque c'était là
un des grands objectifs de la restructuration scolaire de Montréal que
les commissaires soient vraiment les représentants élus des
contribuables, nous recommandons que les membres du conseil choisissent parmi
eux le président et le vice-président. Egalement, nous faisons
une recommandation à l'effet que la durée du mandat des
commissaires, émanant des commissions scolaires, soit égale
à la durée du mandat des personnes qui seront nommées
par
le gouvernement. Par le fait même, nous éliminons le
système de rotation qui, à notre point de vue, ne donne pas
suffisamment de temps aux premières personnes qui seraient élues
de vraiment se familiariser avec la tâche, sans compter le coût
supplémentaire d'élections annuelles.
Quant au sujet des comités d'écoles, évidemment,
leurs responsabilités sont déjà prévues dans le
bill 27 où des règlements doivent être adoptés par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Nous suggérons et nous recommandons
de permettre que ces règlements soient assez souples pour prévoir
des adaptations aux besoins locaux. Egalement, il nous semble opportun de
créer un comité exécutif au sein du comité de
parents au niveau de chaque commission scolaire, puisqu'à ce
niveau-là pourraient se trouver entre 60 et 80 parents et cela
deviendrait tout à fait inefficace.
Au plan des garanties linguistiques et confessionnelles qui sont
contenues dans le bill 28, la commission les endosse. Elle en ajoute
même. Nous croyons qu'au plan des garanties linguistiques, au
troisième alinéa de l'article 589, tel qu'il est prévu
dans le projet, que des représentants des minorités linguistiques
soient nommés au personnel, à la pédagogie et au service
des étudiants, il y a là un risque de ne pas rendre aux
minorités les véritables services dont ils devraient pouvoir se
prévaloir par un directeur.
Egalement, nous croyons que le conseil, au moment de sa constitution ou
au moment où il entreprendra son travail, devra avoir le loisir de
réexaminer les divisions géographiques. Ces divisions avaient
été prévues en 1967. Nous savons pertinemment qu'il y a
des différences assez considérables de population
déjà, d'une commission scolaire à l'autre, dans les
commissions scolaires qui avaient été prévues dans le
temps. Nous croyons qu'elles devraient être revues en fonction des
minorités linguistiques pour qu'elles soient servies le mieux possible,
c'est-à-dire qu'on devrait regrouper les commissions scolaires de telle
façon que des minorités linguistiques, trop petites, pourraient
être augmentées.
Au plan de la confessionnalité, d'abord nous endossons les
inquiétudes que plusieurs groupes de parents nous ont fait valoir et
suggérons, en conséquence, qu'à l'article 589, un
alinéa soit ajouté où on pourrait prévoir la
nomination d'un directeur de pastorale qui aurait également pour
fonction de s'assurer que les écoles, qui sont
décrétées comme catholiques ou protestantes par les
commissions scolaires, remplissent vraiment les critères de ces
écoles.
Nous croyons que le rôle des responsables des questions
religieuses, dont il est fait mention au troisième alinéa, est
beaucoup trop vague. Nous le verrions davantage précisé dans le
sens de responsables de l'enseignement religieux.
Nous recommandons également que la réglementation des
comités confessionnels qui doit être faite par les comités
catholiques et protestants se penche particulièrement sur le
problème de la communication entre ces comités confessionnels et
toutes les autres structures des commissions scolaires, dans le sens des
pouvoirs de pression que ceux-ci pourraient exercer.
Finalement, nous recommandons que le mandat des membres des
comités confessionnels soit prolongé à trois ans, et non
pas d'un an, pour le même motif que j'évoquais tout à
l'heure à l'occasion de la nomination des commissaires.
Au plan des écoles "autres", nous croyons que le bill est
vraiment beaucoup trop vague. Nous demandons qu'il les définisse
davantage, et nous demandons également que des cours d'études
applicables à ces écoles soient établis avant la mise sur
place des nouvelles commissions scolaires. Il se retrouve à
l'intérieur de la CECM, un nombre assez considérable de ces
personnes qui, peut-être, se dirigeront vers des écoles neutres.
Je pense qu'il est important de prévoir pour eux des services comme nous
essayons d'en prévoir pour les autres groupes.
Je pense que vous avez ici un peu l'essence du contenu de notre
mémoire. En terminant, j'aimerais attirer l'attention de cette
commission sur la nécessité de régler le problème
de la langue du travail. Il ne faut pas oublier qu'au sein du conseil et des
commissions scolaires, vous aurez des personnes pouvant s'exprimer dans l'une
ou l'autre langue.
Il faudrait étudier, je pense, quelle sera la langue de
communication à ces niveaux. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je remercie bien sincèrement la CECM de son
mémoire. Il me semble que c'est dans un esprit à la fois rempli
de lucidité et de maturité qu'elle nous donne des
éléments fort constructifs qui m'ont vivement
intéressé.
Mme Roux, j'aurais quelques questions à vous poser. Une
première, puisque nous avons soulevé le même point, ce
matin, avec le bureau métropolitain: ce mémoire de la commission
a-t-il été endossé à l'unanimité par les
commissaires?
MME ROUX: Excusez-moi, j'ai fait un grave oubli. Je suis contente que
vous me le rappeliez. Deux commissaires étaient dissidents sur le
principe de la commission scolaire unifiée: un l'était
complètement, l'autre dans les étapes. Il y a également
dissidence de la part d'un autre commissaire sur certaines garanties
linguistiques qui sont prévues dans le bill et sur les garanties
supplémentaires confessionnelles que nous proposons.
M. SAINT-PIERRE: En ce sens que ces garanties étaient trop...
Etions-nous trop généreux ou trop avares?
MME ROUX: Les garanties linguistiques étaient trop
généreuses dans le sens des deux commissaires
supplémentaires qui seraient ajoutés dans le cas où les
minorités linguistiques ne seraient pas représentées. Pour
les garanties confessionnelles, on trouvait qu'il y avait amplement de
garanties tel quel dans le mémoire.
Vous retrouverez ces dissidences aux annexes C et D.
Je voudrais je m'excuse vous présenter MM.
Pagé et Sai'a, deux commissaires, qui viennent d'arriver.
M. SAINT-PIERRE: Mme Roux, dès le départ, dans votre
mémoire, on est favorable à la commission scolaire
unifiée. Dieu sait que c'est un concept qui a été
attaqué assez durement par différents groupes. Pourrions-nous
vous demander pour quelles raisons, compte tenu non seulement des besoins de la
CECM mais des besoins de l'ensemble du système d'éducation dans
l'île de Montreal, vous êtes favorables à ce concept de la
commission scolaire unifiée, sans s'attarder au nombre ou sur les
périodes là je comprends que vous avez des réserves
mais sur le concept même d'avoir éventuellement, sur le
plan administratif, des commissions scolaires unifiées?
MME ROUX: Je pense que le modèle de la commission scolaire
unifiée, en fait, est celui que l'on retrouve dans toutes les formes du
gouvernement du Québec. Vous avez le ministère de l'Education,
qui n'a pas deux structures. A ce point de vue, une communauté doit se
donner un système d'éducation. La situation particulière
du Québec lui fait quand même reconnaître qu'il y a à
l'intérieur de sa communauté une autre communauté
importante.
Ceci dit, la commission scolaire unifiée est de nature à
permettre une meilleure distribution des ressources, à permettre
également une meilleure planification au point de vue de
l'équipement en place et de l'équipement à venir. Les deux
communautés pourraient retirer aussi des échanges professionnels
qu'ils auraient et, peut-être, rapprocher davantage les deux cultures de
la région montréalaise.
M. SAINT-PIERRE: Mme Roux, sur les bâtiments c'est un point
que j'ai remarqué vous êtes favorables à retourner
au concept du projet de loi no 62 et de confier la propriété et
l'entretien, présumément, des bâtiments au conseil
scolaire.
Compte tenu que pour les nouveaux bâtiments, il y a quand
même des subventions à 100 p.c. du ministère, des
autorisations requises et un processus pour lequel la plupart des membres, ici,
sont familiers, peu importe qui en est le propriétaire, l'Etat peut
constater avec le conseil scolaire où se trouvent les besoins, où
il y a surplus et où il y a des priorités moins importantes.
Compte tenu qu'à l'intérieur même de la CECM, on a
réalisé ce besoin de tenter de décentraliser
l'administration dans certains cas je pense que vous avez des
expériences peut-être pas nécessairement dans le
bâtiment mais dans d'autres secteurs de régionalisation
compte tenu de l'expérience en d'autres endroits où on
considère que l'entretien des édifices et l'affectation des
écoles doivent appartenir à la commission scolaire suivant le
territoire donné, quelles seraient les raisons sérieuses qui
donneraient un avantage marqué à ce que ce soit le conseil
scolaire qui soit propriétaire de ces immeubles?
MME ROUX: M. le ministre, la première des choses, je voudrais
apporter une petite rectification. Nous ne demandons pas que l'entretien soit
remis au conseil scolaire. Nous croyons que celui-ci,
décentralisé, pourrait être beaucoup plus efficace. Par
contre, si vous retournez à l'article 606 du bill 28, dans lequel on
accorde au conseil les pouvoirs de planification du fonctionnement et du
développement des commissions scolaires, il nous semble difficile que le
conseil puisse s'acquitter de cette fonction.
Si d'autre part, tel que prévu à l'article 224 de la Loi
de l'instruction publique, ces bâtiments appartiennent aux commissions
scolaires, je pense que ceci pourrait créer des situations
conflictuelles entre le conseil et les commissions scolaires.
M. SAINT-PIERRE : Un dernier point, ce n'est peut-être pas une
question. Dans mon esprit, l'approbation des règlements des
comités consultatifs de parents, ça se voulait mais on
peut facilement changer, je suis ouvert à d'autres suggestions
non pas comme une interférence du ministre pour obliger les parents
à fonctionner dans tel ou tel cadre, mais c'était plutôt
pour donner une espèce de caractère juridique, une
continuité, un certain prestige peut-être, au fonctionnement de
ces comités de parents.
En d'autres termes mais là je suis ouvert à des
suggestions de votre part je sais que vous avez eu des comités de
parents, mais, s'il y avait une espèce de règlement-cadre sur
lequel les parents pourraient s'appuyer, est-ce que ça ne stabiliserait
pas un peu leur rôle?
MME ROUX: Je crois que nous nous rejoignons. J'ai omis de parler de
règlement-cadre. Je pense qu'il faudrait qu'il y ait un
règlement-cadre, mais il suppose une souplesse dans l'application
locale.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier d'abord Mme la présidente de la CECM et lui dire que nous
avons été heureux d'entendre enfin une voix féminine
à cette commission. J'aurais quelques questions à vous poser
assez brièvement en ce qui concerne l'enseignement du français
et
l'affirmation que vous faites, savoir que l'on doit donner un statut
prioritaire au français, ce que personne ne conteste, tout au
contraire.
Est-ce que votre organisme a poursuivi, depuis deux ans, des
enquêtes plus poussées aux fins de déterminer quel peut
être le degré de détérioration de la langue
française sur l'île de Montréal? Vous nous avez
présenté en annexe certains tableaux qu 'il est toujours assez
difficile d'interpréter à moins de les étudier longuement.
Est-ce qu'il vous apparaît qu'il y a vraiment détérioration
dans les écoles de la CECM?
MME ROUX: Je voudrais faire une distinction entre deux tableaux qui sont
annexés à notre mémoire, le premier concerne la langue
parlée à la maison. Nous n'avons pu compiler les chiffres que
jusqu'à 1969. Il semble évident, d'après ceci, qu'il y a
eu une diminution nette de 6.8 p.c. dans notre secteur français.
Egalement vous pouvez voir que, depuis 1943, nous avons doublé les
effectifs dans le secteur français, alors que durant la même
période les effectifs ont triplé dans le secteur anglais. Et il y
a eu une augmentation, évidemment, inverse de 6.8 p.c. dans le secteur
anglais.
Il y a une autre distinction que je voudrais faire au sujet du
deuxième rapport qui concerne les données que nous mettons
à votre disposition en relation avec l'application du bill 63.
Je pense qu'il faut exercer une certaine prudence dans
l'interprétation de ces résultats. Il nous manque une
donnée que nous ne pouvons pas vérifier. Il est évident
qu'il y a un peu plus de 2,000 enfants qui sont passés du secteur
français au secteur anglais alors qu'il n'y en a eu que 150 en sens
inverse.
Ce que nous ne pouvons pas affirmer, c'est que ceci soit une
augmentation sur les années antérieures, avant l'existence du
règlement 674, à savoir si ce sont simplement les transitions qui
se faisaient régulièrement avant ou si ceci est une addition
à ces transferts du côté français au
côté anglais. Celle-ci, je pense qu'il est peut-être trop
tôt pour l'interpréter d'une façon définitive comme
étant décidément un résultat de l'application du
règlement 674.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme la Présidente, vous parlez du
français langue prioritaire; d'autre part, vous insistez je crois
que vous avez raison, du reste sur le contexte, sur la
réalité économique et sur l'importance qu'il y a, pour les
Canadiens français de l'île de Montréal, d'apprendre la
langue seconde, la seconde langue de travail, qui est évidemment
l'anglais.
Dans le passé, sans remonter jusqu'au déluge disons
depuis une dizaine d'années est-ce que, à la CECM,
à votre connaissance ou à la connaissance de vos collaborateurs,
l'on s'est appliqué à faire comprendre aux étudiants que
pour vraiment s'intégrer dans le contexte nord-américain ils
devaient maîtriser les deux langues? Est-ce que cela n'expliquerait pas
cette augmentation du pourcentage de ceux qui, sans opter nécessairement
pour l'anglais comme langue unique, accordent une préférence
à l'anglais en vue de se préparer au marché du travail ou
de se donner une mobilité à travers le Canada?
MME ROUX: Je pense que ce qu'il faut noter de très particulier
dans les statistiques que nous vous donnons, c'est que cette accentuation s'est
surtout faite du côté des immigrants. Les chiffres sont
très probants. Les 52.2 p.c. d'anglophones qui étaient dans notre
secteur anglais en 1943 ne sont plus qu'un peu moins du tiers à
l'élémentaire; c'est même en bas de 30 p.c. en 1970. Je
pense que ce facteur que vous invoquez est-ce la réalité
économique qui fait que les gens semblent aller du côté
anglais? aurait joué décidément sutout en regard
des immigrants.
Pour ce qui est des francophones eux-mêmes, le pourcentage a
légèrement diminué. Il faut considérer ce
pourcentage en fonction aussi de l'augmentation du pourcentage des immigrants.
Il n'est demeuré stable qu'en chiffres absolus, c'est-à-dire de
l'ordre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, je n'ai pas terminé. Vous
parlez, dans votre mémoire, du quasi-échec des classes d'accueil
en ce qui concerne les immigrants. Est-ce que, à votre avis, cette
volonté des immigrants de s'intégrer dans l'école anglaise
et, via l'école anglaise, dans la communauté anglophone ne
provient pas, chez eux, d'une préoccupation d'ordre rigoureusement
économique?
MME ROUX: Je suis parfaitement d'accord sur ce que vous dites. C'est
vraiment la réalité économique qui les fait opter pour le
secteur anglais. Le point que vous soulevez à ce moment-ci, nous n'avons
pas voulu l'aborder sauf en ce qui a trait à la langue de communication
dans les futures commissions scolaires, mais c'est le problème de la
langue de travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, l'immigrant a tendance
évidemment à aller du côté anglophone. D'autre part,
il y a la loi 63, qui donne à l'immigrant le choix de la langue et,
évidemment, le choix de l'école. A la CECM, quel genre de mesures
a-t-on prises pour inciter l'immigrant â envisager l'intégration
au milieu francophone? Est-ce que l'immigrant vous parait disposé,
est-ce qu'il semble savoir ce qu'est le Québec, selon
l'expérience que vous avez dans vos diverses écoles?
MME ROUX: Je pense que la seule mesure très positive qui a
été prise dans ce sens est la création des classes
d'accueil. Je vous ferai noter que dans le mémoire nous disons que,
jusqu'à tout récemment, même avec ces classes d'accueil,
éventuellement, ils allaient vers les écoles anglaises. On
semblerait noter peut-être une légère amélioration
depuis cette année dans
ce sens. Mais je ne suis pas certaine que cette amélioration soit
due plutôt aux structures ou à l'organisation qu'au
dévouement de la personne responsable de ces classes d'accueil qui fait
un relevé très suivi, très rigoureux des enfants qui sont
dans nos classes d'accueil.
Là-dessus, j'ai de nouvelles statistiques qui ne sont
malheureusement pas incluses ici, et ça c'est pour les années
1970-1971. Nous avions 520 enfants enregistrés à nos classes
d'accueil françaises: 189 se sont dirigés vers les écoles
françaises, ce qui est un progrès énorme; 160 demeurent
encore dans nos classes d'accueil; 89, soit 17.1 p. c, se sont dirigés
vers les écoles anglophones; 5.8 p. c. sont partis dans une autre
province et 3.3 p. c. se sont dirigés sur le marché du
travail.
Ce qu'il faut noter ici, c'est qu'il est entré à
Montréal 1,600 enfants d'immigrants. Evidemment, nous n'avons pas les
données, mais ceci nous laisse quand même un peu songeurs parce
que, en admettant que les 160 qui demeurent dans nos classes d'accueil
s'intégreraient également dans nos écoles
françaises, sur les 520 du départ, vous en auriez 66 p. c, mais
ces 66 p. c. sont le tiers de 1,500 enfants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme Roux, je vous pose une question bien
franche et bien directe et sans égard aux conséquences politiques
que cela pourrait avoir pour moi. Il y a eu la loi 63 et, à ce
moment-là, nous avions indiqué qu'il s'agissait d'une
première étape en vue de l'élaboration d'une politique
globale de la langue. Il y a dans la loi 63 des prescriptions relatives aux
immigrants. Nous avions indiqué à ce moment-là que nous
entendions plutôt procéder par mode d'incitation.
Croyez-vous que le Québec, à l'heure actuelle, la
population du Québec et la population de l'île de Montréal,
accepteraient des mesures coercitives? Appelons ça autrement, est-ce que
la population accepterait que, par voie législative, le gouvernement
impose aux immigrants de s'intégrer dans les écoles
françaises? Remarquez que je vous pose une question un peu
délicate. C'est peut-être une opinion que je vous demande, mais
est-ce que l'expérience que vous avez du milieu scolaire à la
CECM vous porterait à nous suggérer de réviser la loi 63
en vue de rendre obligatoire pour les immigrants qui arrivent ou qui arriveront
éventuellement de s'intégrer dans la communauté
francophone, via l'école francophone?
MME ROUX: M. le député, je pense que si je pouvais
répondre à votre question, je rendrais un grand service au
gouvernement. Je vous dirai quand même que évidemment, je
ne puis pas donner l'opinion du public montréalais quant à
nous, quant à toutes les personnes francophones que nous avons
consultées, qu'il s'agisse de nos chefs de services, de nos cadres, de
nos principaux, de nos enseignants, de nos parents, qui sont du
côté francophone remarquez bien et qui sont tous au
courant de cette recommandation, il semble vraiment y avoir eu
unanimité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme Roux, je vous remercie. Je
désirerais poser simplement une question au ministre, qui, en somme,
rejoint celle que nous lui avons déjà posée. Il est
habitué. On avait parlé, au moment où ces questions
là avaient été débattues les premières fois,
de... je ne dirais pas de précipitation, mais on avait plutôt
averti le gouvernement d'être prudent en ce qui concerne la question
linguistique dans le cas précis de cette restructuration scolaire de
l'île de Montréal. A la lumière des renseignements que nous
ont donnés les représentants de la CECM et Mme Roux, est-ce que
le gouvernement croit qu'il est prudent de procéder à la
présentation de ce projet de loi et d'y inclure des dispositions
relatives à la langue avant que d'avoir énoncé d'une
façon nette et précise ses intentions de divulguer dans les plus
brefs délais les grandes lignes d'une politique globale de la
langue?
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai expliqué l'autre jour: il y avait une
démarche de recherche pour l'analyse d'un problème et ensuite
l'examen de différentes alternatives, je considérais qu'il
était plus cohérent et plus logique de terminer cette
démarche de recherche avec tout ce qu'elle implique, peut-être un
retard de cinq ou six mois avant de commencer à donner des
éléments. Maintenant, il y a ici des statistiques qui sont fort
intéressantes. Est-ce qu'on va être obligé de faire, avant
le constat qu'il faut changer des législations actuelles qui peuvent, en
matière scolaire, n'être pas favorables à certains
objectifs que le gouvernement actuel s'est donnés... Enfin, la porte est
peut-être ouverte, mais, personnellement, comme je l'ai dit l'autre jour,
je pense qu'au gouvernement, nous l'avons mentionné, non pas que nous
voulons retarder indûment le problème, il semblait plus
cohérent de terminer cette phase de recherche. Et cette phase de
recherche, dans un sens, signifiait la commission Gendron; elle signifiait
certaines autres études que nous avons pu mettre de l'avant, pour une
fois la phase de recherche terminée, analyser des alternatives possibles
incluant les modifications de la législation scolaire. Maintenant, dans
le moment, je ne crois pas que, par lui-même, le projet de loi 28
il y a peut-être des nuances limiterait notre liberté
d'action, par la suite, aggraverait la situation; je ne crois pas qu'il
l'améliorerait non plus. Il n'est pas destiné à
l'améliorer en soi. On se disait: Il faut terminer la phase de recherche
avant d'aborder l'autre phase.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT (Pilote): La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais d'abord reprendre le
sujet que vient de quitter le député de Chicoutimi puisque c'est
la première remarque. Dans les premières pages du mémoire
de la CECM je ne vous demande pas de me faire un dessin je vois
que dans votre texte c'est purement et simplement le rappel de la loi 63,
à peu près, que vous demandez en ce qui concerne les immigrants.
Est-ce que vous étendriez cette demande jusqu'aux parents francophones
aussi qui, désormais, ont conservé par le bill 63 le droit
d'inscrire leurs enfants aux écoles anglophones?
MME ROUX: Dans notre esprit, oui.
M. CHARRON: Dans votre esprit, oui. Dans le mien aussi. C'était
pour vérifier si on avait le même.
MME ROUX: Sous réserve, évidemment, de
l'amélioration de la langue seconde, non seulement pour ces enfants
francophones mais également pour les enfants d'immigrants.
M. CHARRON: Très bien, ça va!
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, sur le même sujet. Vous dites, sur
le plan du Bureau de la statistique, qu'il est impossible d'avoir des
données pour l'année 1970. Les données que nous avons
jusqu'ici et qui donnent une situation assez précise, il faut bien
l'avouer, s'arrêtent à 1967. Pour vous, il serait impossible de
donner pour l'année 1970, peut-être pas aujourd'hui, mais d'ici
une semaine ou deux, des données comparables avec une certaine
fiabilité pour l'année 1970? Je vois à la page 3 que vous
dites que l'introduction de l'informatique s'est avérée fort
utile, mais a contribué dans l'immédiat à la disparition
temporaire de certaines données. Ainsi, pour l'année 1970, et
j'en suis malheureux, le Bureau de la statistique possède des
informations sur la langue parlée à la maison à
l'élémentaire français et au secondaire anglais seulement.
Quelle est la raison?
MME ROUX: C'est le dossier cumulatif, qui est complet pour
l'élémentaire, qui nous permet d'avoir ces données, et
notre dossier cumulatif au secondaire n'est pas encore complété
pour les deux cycles.
M. SAINT-PIERRE: Quand croyez-vous compléter le dossier cumulatif
à l'élémentaire anglais et au secondaire
français?
C'est ça qui manque pour avoir les données de 1970.
MME ROUX: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Parce que, voyez-vous, on peut attribuer une situation
qui est inquiétante à la loi no 63. Enfin, j'y étais de
loin comme citoyen, mais pas tellement de près; je me sens à
l'aise. On ne peut pas dire que les statistiques en soi prouvent les
résultats néfastes de la loi no 63, puisqu'on s'arrête en
1967 et que la loi no 63 aurait eu un effet subséquent.
MME ROUX: Oui, mais une chose est certaine, c'est qu'il n'y a
peut-être pas eu d'augmentation pour les francophones, mais, pour les
immigrants, c'est une situation d'années que vous avez devant vous et
que la loi no 63 consacre comme état de fait.
M. SAINT-PIERRE: C'est votre impression que la loi no 63 n'a pas
amélioré la situation, même si son nom était "Loi
pour promouvoir la langue française", mais que, par contre, elle n'a pas
aggravé la situation.
MME ROUX: Elle ne l'a certainement pas améliorée. Dire
qu'elle l'a aggravée, je pense que ce serait porter un jugement
hâtif avec les statistiques que nous avons ici.
M. CHARRON: Mme Roux, une dernière question là-dessus. Au
moment où cette loi no 63 a été votée par l'ancien
Parlement, vous n'occupiez pas les fonctions que vous avez actuellement. Est-ce
que la CECM avait pris position publiquement dans le même style et le
même genre que ce que vous faites aujourd'hui?
MME ROUX: Pas à l'occasion du bill 63, mais je pense qu'à
un mois d'intervalle nous avons soumis à la commission Gendron une
recommandation très parente de celle que nous présentons ici.
M. CHARRON: Au moment du grand tumulte alentour de la loi, vous aviez
gardé le silence?
MME ROUX: Tout ce que nous avons fait a été de souligner
le problème de l'intégration des immigrants au secteur
français. Nous l'avons fait publiquement, avant l'adoption du bill
63.
M. CHARRON: Très bien. Moi, je ne continuerai pas
là-dessus, parce qu'il me semble que le dossier est assez clair.
La deuxième recommandation que vous faites concerne la
répartition des ressources financières. Vous dites: "Il est
normal, à notre avis, que le législateur laisse aux membres du
conseil le soin de déterminer quelles normes précises
conviendront le mieux aux besoins." J'admets qu'on laisse au conseil le soin de
déterminer les normes précises, mais est-ce que la loi ne peut
pas comporter un amendement qui l'oblige, en quelque sorte, à trouver
les normes précises? Ce sera à lui de préciser si c'est .8
ou .9, mais on l'obligera à faire une répartition des ressources
financières non seulement per capita, mais avec une visée
politique complète à l'égard des milieux
défavorisés que vous mentionnez là-
dedans. D'autant plus que, comme vous le dites également, la
carte permet de les localiser assez facilement.
MME ROUX: M. le Président, pour répondre à M. le
député, je pense que c'est vraiment le sens de notre
recommandation, que ceci soit inclus dans le bill 28, la formulation
humaine.
M. CHARRON: Sans penser tomber dans les normes précises que nous
reconnaissons tous les deux comme devant arriver du conseil.
MME ROUX: C'est ça.
M. CHARRON: Très bien. Sur les étapes de
réalisation, vous êtes peut-être le premier organisme qui
signale avec autant de solidité des arguments qui viseraient à
étirer la chose. Il faudra en tenir compte dans nos remarques qui vont
suivre. Maintenant, il y a deux remarques qui vous ont valu la dissidence d'un
commissaire, c'est celle qui concerne la nomination des adjoints, comme on les
appelle, et, d'autre part, les commissaires supplémentaires là
où la minorité n'est pas représentée. C'est
là-dessus, je crois, que M. Fernand Daoust a exprimé sa
dissidence.
Vous êtes présidente d'une commission des écoles
catholiques qui a un service anglophone, mais ce service, au dire de tout le
monde, fonctionne de façon à peu près libre, autonome
à l'intérieur de la CECM. N'étant d'abord qu'un service
aux classes anglaises, il s'est développé à
l'intérieur de ce service tout un réseau parallèle. Quand
on regarde, pas sur l'organigramme, mais dans le fonctionnement concret et
quotidien de votre commission scolaire, il y a effectivement, à
l'intérieur la commission scolaire, des français majoritaires et
le secteur anglais s'est bâti une structure scolaire à lui tout
seul par en dedans. Cela s'appelle simplement, pourtant, service des classes
anglaises, si ma mémoire est fidèle. Cet exemple-là, vous
êtes à peu près à nous demander de le
réitérer à onze reprises.
Pour nous, la crainte de ceux qui s'opposent et j'en suis, à
l'article des adjoints, c'est que, tôt ou tard, ce n'est pas onze mais
vingt-deux commissions scolaires qu'on aura. C'est-à-dire que sur
papier, ce sera unifié, d'accord? Mais dans le fonctionnement concret,
il y aura les adjoints. Tantôt le représentant des enseignants
catholiques anglophones allait jusqu'à suggérer tous les services
pédagogiques, psychologues, orienteurs, etc. Alors, tôt ou tard,
il y aura l'orienteur des anglophones, l'orienteur des francophones, etc. Ce
sera unifié juste sur papier. Ce que vous proposez, est-ce que c'est de
répéter l'expérience de la CECM à onze
reprises?
MME ROUX: Je pense que la recommandation que nous faisons c'est que
justement il n'y ait pas d'adjoint pour créer ces deux structures
parallèles. D'ailleurs, nous croyons que des adjoints ne sont
peut-être pas ceux qui rendraient le plus service aux minorités
linguistiques. Pour ne donner qu'un exemple, dans le service du personnel, on
pourrait très bien nommer un directeur adjoint au personnel, qu'il soit
francophone ou anglophone, mais pour une population assez limitée
d'enfants. Il faut aussi considérer que les fonds disponibles vont quand
même être limités, au plan administratif. Alors, il est
peut-être mieux de penser à recruter ou à engager une
personne qui serait chargée du recrutement pour ce secteur-là,
qu'elle soit francophone ou anglophone, pour vraiment servir là
où les besoins sont. A ce moment-là, je pense que les
minorités linguistiques seraient mieux servies et qu'en même temps
vous éviteriez peut-être cette double structure ou cette structure
parallèle dont vous parlez.
M. CHARRON: Si je vous demandais, vous êtes peut-être mal
placée pour le faire, votre appréciation du fonctionnement actuel
de la CECM. Si vous êtes mal placée, vous êtes quand
même mieux placée que moi. Pour vous, cela peut être
embarrassant.
MME ROUX: Evidemment, je ne peux parler que d'une expérience de
deux ans et demi. Je voudrais d'abord dire que les deux réseaux dont
vous parlez ne fonctionnent pas d'une façon aussi indépendante
que celle que vous avez décrite. Il reste quand même qu'il y a des
services communs, au niveau de l'équipement, au niveau de l'entretien et
aussi au niveau du matériel. Il y a également, je pense, des
échanges qui commencent à se faire sentir davantage au plan
pédagogique, ne seraient-ce que les échanges, pour n'en
mentionner qu'un, qui ont lieu présentement à l'égard de
l'enseignement de la langue seconde. Je déplore que ces échanges
ne soient pas plus fréquents. Je pense au domaine de l'enfance
exceptionnelle où un secteur a développé des services
assez élaborés alors que l'autre n'est pas aussi avancé.
Mais je pense qu'il y a quand même un désir qu'au plan
pédagogique également, et non seulement au plan des
équipements et de ce que j'ai mentionné avant, il y ait un plus
grand échange. Il commence à y avoir un échange entre les
professeurs, dans le sens de nos professeurs de langue seconde, professeurs
français qui vont dans le secteur anglais. Mais je dois admettre avec
vous qu'il ne s'agit pas de deux réseaux qui se
compénètrent dans tous leurs aspects.
M. CHARRON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Notre-Dame
de-Grâce.
M. TETLEY: Mme Roux, je vois qu'il y a quelques dissidences importantes.
En fait, il y a deux dissidences. Combien avez-vous de membres dans votre
commission?
MME ROUX: Sept.
M. TETLEY: Sept. Les cinq autres sont unanimes, je présume. Vous
me permettez de noter ou de constater que je ne partage pas l'opinion de votre
commission au sujet de la langue de travail, mais c'est mon opinion. Au sujet
de l'enseignement de la langue française par votre commission aux
anglophones, combien avez-vous de milliers d'anglophones catholiques dans votre
commission?
MME ROUX: Il y en a 44,000.
M. TETLEY: Donc, 44,000. Il y a deux ou trois semaines, la
Fédération des commissions scolaires protestantes du
Québec a été critiquée à cause de
l'enseignement de la langue française.
Votre commission, par exemple dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce, a plusieurs écoles. Souvent, les parents se
plaignent à moi du niveau de l'enseignement du français. J'ai
plus de critiques sur le plan catholique anglophone que sur le plan protestant
anglophone. Avez-vous des plans pour améliorer cette situation, pour
inviter les anglophones à passer au système français,
etc?
MME ROUX: M. le Président, je voudrais souligner à M. le
député que l'apprentissage de la langue seconde n'est pas
uniquement relié à des moyens matériels ou à des
formules d'équipement. Je pense qu'il est fortement relié
à la motivation.
M. TETLEY: Et à la famille.
MME ROUX: Et à la famille. Je pense que, sans aucun doute, vous
avez pu constater tout aussi bien que moi que, jusqu'à il y a
enfin c'est un peu arbitraire disons cinq ans, la motivation des
anglophones pour apprendre la langue française était passablement
limitée.
Pour répondre à votre second point, je vous dirai qu'il y
a du côté du secteur anglais, depuis cinq ans probablement
davantage depuis les deux dernières années un effort
considérable qui est fait pour améliorer l'enseignement du
français comme langue seconde. Je ne vous donnerai qu'un exemple. Nos
anglophones ont droit à un nombre je vous le donne un peu de
mémoire d'environ 50 professeurs de soutien. Je pense que, dans
99 p.c. des cas, on a choisi comme professeur de soutien un professeur de
langue seconde, ce qui indique, je pense, un mouvement assez significatif du
désir, d'abord, des anglophones d'acquérir la langue
française comme langue seconde et également des efforts qui sont
déployés dans ce sens. Je ne sais pas si cela répond
à votre question.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais suggérer au
ministre, lorsqu'il parle de ces chiffres au sujet des immigrants et des autres
qui passent d'un système à l'autre, ou dans les deux
systèmes, qu'il trouve peut-être c'est une suggestion
le nombre d'anglophones, dans le système protestant, qui suivent
des cours complètement en français. Par exemple, un de mes
enfants, à l'heure actuelle, est en septième année, en
français, dans le système protestant. Un autre, il y a deux ans,
est passé de cette école, Elmgrove, à une école
catholique française. Je crois que ce chiffre est important dans votre
étude du problème.
M. SAINT-PIERRE: Mme Roux, il y avait une question que j'ai
oubliée tantôt. Je me la permets. Elle semble anodine mais, tenant
compte des discussions que nous avons eues ce matin, elle revêt
peut-être de l'importance. Dans votre édifice, au 3737 est,
Sherbrooke, combien de personnes la CECM a-t-elle qui ne sont pas dans les
écoles: le personnel administratif, pédagogique, de soutien ou
professionnel? A peu près. Un ordre de grandeur.
MME ROUX: Environ 1,100. M. SAINT-PIERRE: C'est 1,100?
MME ROUX: C'est de 1,100 à 1,200, je pense.
M. SAINT-PIERRE: Quel pourrait être le nombre de professionnels,
dans cela, c'est-à-dire de pédagogues, d'administrateurs ou
d'avocats, à peu près?
MME ROUX: C'est 300.
M. SAINT-PIERRE: Merci beaucoup. Vous suivez décidément
les normes du ministère en matière de bâtiment
scolaire.
M. LACROIX: Combien travaillent?
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Mme Roux, si vous me permettez, moi aussi j'ai oublié
des questions et j'y reviens. La septième partie de votre mémoire
porte sur la participation des parents. Une recommandation du rapport Parent
disait que les comités d'écoles, dans une nouvelle structure
scolaire, à Montréal, devraient non seulement être ouverts
aux parents qui constitueraient l'électorat du comité
d'écoles mais que les personnes éligibles à ce
comité ne devaient pas nécessairement être des parents mais
que cela devait être ouvert aux personnes du quartier que dessert
l'école. Endosseriez-vous la recommandation du rapport Parent?
MME ROUX: Je crains ici, M. le député, de vous donner une
réponse personnelle, parce que c'est un sujet que nous n'avons pas
abordé. Alors, je voudrais vraiment que vous la preniez comme
étant une réponse personnelle.
Vous remettez en cause toute la participation du milieu à
l'école. Il faudrait peut-être, d'abord, se demander dans quelle
mesure l'école est devenue partie du milieu. C'est dans la mesure
où l'école est vraiment intégrée au milieu, est
vraiment une école communautaire que l'école sera prête
à accepter des gens autres que les parents des enfants.
C'est certainement un objectif à atteindre à long terme.
Présentement, il y a déjà des problèmes
d'intégration dans nos écoles uniquement des parents
eux-mêmes comme comité d'école. Je pense qu'il serait
peut-être prématuré de l'étendre aux autres membres
de cette collectivité donnée.
M. CHARRON: Je vous remercie de la clarté de votre
réponse.
Vous demandez dans ce chapitre-là aussi, concernant la
participation des parents, que la réglementation qui devra être
issue du lieutenant-gouverneur en conseil fasse preuve d'une certaine souplesse
pour l'adaptation locale. Est-ce que vous iriez jusqu'à
même si je ne veux pas vous faire entrer en contradiction avec votre
demande de souplesse ... Il y a le risque que le lieutenant-gouverneur
en conseil réglemente la participation des parents dans un style
absolument trop souple, c'est-à-dire flou, finalement, et qui ne veut
plus rien dire. Les parents alors vont venir à peu près pour
une image qu'on a employée depuis le début des travaux de
la commission prendre le thé avec le directeur, mais à
toutes fins utiles ça va être la participation des parents.
Il y a danger que la souplesse finisse par être
relâchée et qu'on ne retrouve pas d'ossature qui se concentre
véritablement sur des sujets précis. Le rapport Parent, encore
une fois, recommandait qu'on accorde aux comités de parents un pouvoir
de recommandation sur des domaines bien précis: le choix des manuels,
l'adaptation des programmes d'étude à l'école en question,
le choix du matériel didactique, l'organisation des loisirs
parascolaires, l'utilisation de l'équipement scolaire.
J'imagine que tout en faisant preuve de souplesse quant à
ça, on peut quand même préciser le domaine où la
souplesse va pouvoir s'appliquer. Actuellement on ne le sait pas. Tout ce qu'on
sait, c'est que le premier rôle qui est reconnu aux comités de
parents dans la loi actuelle c'est de remplir le deuxième,
c'est-à-dire de recommander à la direction de l'école
toute recommandation visant à l'amélioration et au
mieux-être de la vie de l'école. Cela finit par ne pouvoir plus
rien dire.
MME ROUX: En réponse à cette question, je voudrais vous
faire remarquer que justement, dans notre mémoire, nous indiquons qu'il
faudrait peut-être se pencher sur la possibilité d'accorder
certains pouvoirs de décision aux comités de parents.
Je suis parfaitement d'accord et à cause de l'expérience
que nous avons vécue à la CECM où quand même un
assez grand nombre de nos comités d'école (300) fonctionnent
depuis quelques années, on sent dans certains cas ce qu'on pourrait
peut-être appeler un désintéressement, à cause de ce
que vous qualifiez le flou de leurs responsabilités, tout en gardant la
souplesse. Nous recommandons cette souplesse, parce que les écoles ne
sont pas toutes prêtes au même moment à accorder à
leurs comités de parents des responsabilités diverses. Je pense
qu'elles devraient tendre éventuellement à donner aux parents
certains pouvoirs de décision.
M. CHARRON: Quand vous dites que les écoles ne sont pas toutes
prêtes, j'ai envie d'ouvrir une parenthèse et de vous demander
comment fonctionne actuellement la participation des parents dans les milieux
défavorisés particulièrement. Est-ce l'endroit où
vous avez le plus de difficultés ou le plus de succès?
MME ROUX: J'aimerais, si M. le Président me le permet, poser
votre question à M. Dugas qui est responsable des comités de
parents, de l'organisation des comités d'école à la
commission.
M. DUGAS: Vous aurez l'occasion tout à l'heure, ou un peu plus
tard, d'entendre les membres du comité consultatif de la commission qui
pourront répondre beaucoup plus justement à cette
question-là.
Il reste que, dans les milieux défavorisés, comme dans
tous les autres milieux, le genre de participation des parents varie
énormément. Vous parliez tout à l'heure de règles
précises qu'il faudrait peut-être appliquer. On se rappelle qu'il
y a déjà eu des ateliers pédagogiques qu'on a voulu
constituer et on s'est aperçu que, dans la très grande
majorité de nos écoles, cela ne pouvait pas fonctionner parce que
les gens n'étaient pas prêts, du premier coup, à se pencher
sur le règlement no 1 et dire: C'est cela qu'on va faire.
Dans certains quartiers de la ville, on a décidé que ce ne
sont pas des études théoriques que l'on va faire» Le fait
d'intégrer les parents a peut-être voulu dire, dans certains cas,
que des mères de famille se présentaient et aidaient simplement
les enfants à se déshabiller quand ils arrivaient et à
s'habiller quand ils s'en allaient. Le but principal c'était d'amener
les parents pour que, tranquillement, ils s'habituent à prendre une part
de plus en plus active et peut-être de plus en plus intellectuelle.
Je pense qu'on pourrait vous dire que, dans les milieux
défavorisés, comme dans les autres milieux, cela varie
énormément selon le degré de préparation des
gens.
M. CHARRON: Je vous remercie.
M. SAINT-PIERRE: Mme Roux, je pense à la suggestion de M. Charron
d'élargir la possibi-
lité de participer au comité de parents. Vous avez
répondu dans le sens de projet communautaire. Il nous avait
été formulé par un autre groupe et c'est une des
suggestions que je voudrais analyser moi-même. Y a-t-il
possibilité, au niveau d'une collectivité, d'avoir des
comités mixtes qui permettraient d'ouvrir l'école? C'est un des
termes qu'on a employés. Cela devient un véritable carrefour.
Il y a un autre danger et je vais lire entre les lignes
c'est d'ouvrir les comités de parents à ce qu'on appelle
communément des animateurs qui disent aux parents dans quelle direction
les choses doivent aller. Carrément, j'ai fait mon lit...
M. CHARRON: S'ils disent aux parents dans quel sens il doivent aller, ce
n'est pas...
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'il y a danger quand même. Je vois le
sens de l'intervention du député de Saint-Jacques, c'est de
permettre à des animateurs de s'infiltrer au niveau de tous les
comités de parents et finalement, par le biais très
démocratique du comité de parents, d'avoir une position des
parents. Personnellement, j'ai fait mon lit. Si on est favorable à une
participation des parents, ce seront uniquement des parents qui y
participeront. Si les animateurs veulent bien avoir des enfants à
l'école, il n'y a pas de problème, ils ont le droit. Entre-temps,
il ne faudrait pas mêler les cartes.
Il y a une autre possibilité, Mme Roux. Peu importe la formule
que l'on retient dans ceci. N'y a-t-il pas aussi un danger d'avoir une certaine
confusion, particulièrement lorsque le cens de
l'éligibilité, pour voter aux élections scolaires et pour
se présenter comme commissaire, est tellement étendu
actuellement, c'est-à-dire 18 ans et plus et 21 et plus? Est-ce qu'il
n'y a pas une possibilité qu'il y ait une certaine confusion au niveau
de la collectivité, à savoir qui a des responsabilités
réellement en matière scolaire? Est-ce qu'il n'y a pas un danger,
si on va peut-être trop rapidement et je voudrais aller le plus
rapidement possible que finalement on ne sache pas qui
réellement, des commissaires ou des parents, sont responsables de
l'organisation scolaire au plan local? Est-ce qu'il n'y a pas une ligne
où il faut être très prudent pour ne pas prêter
à confusion et se retrouver dans un système où,
finalement, il n'y a personne qui décide? Quelquefois ce sont les
parents, quelquefois les commissaires. Il y a une véritable
bataille.
Particulièrement dans le contexte où tout le monde, de 18
ans et plus, participe à des élections scolaires,
particulièrement dans le contexte où toutes les personnes de 21
et plus peuvent se présenter comme commissaires, il ne faudrait jamais
perdre de vue que les commissaires ne sont pas de vulgaires individus qui se
promènent dans des endroits terribles; ce sont des gens mandatés
par la population, avec des responsabilités premières en
matière d'organisation scolaire. Si, d'autre part, on veut
institutionnaliser le rôle des parents, il ne faudrait pas créer
une confusion entre le rôle des commissaires, mandatés par
l'ensemble de la population, et le rôle des parents.
MME ROUX: Si je comprends bien le sens de votre question, si on
accordait trop de pouvoirs de décision, par exemple, au comité de
parents, ceci pourrait créer une situation de conflit avec les
responsabilités qui doivent être assumées par les
commissaires. Nous nous sommes exercés à essayer de trouver des
domaines, avec notre comité consultatif d'éducation, où
des parents pourraient exercer des pouvoirs de décision. Cela n'est pas
facile.
En définitive, l'organisation pédagogique,
l'administration de l'école, il faut qu'il y ait des gens responsables
de ceci, et ceci doit être la direction de l'école. D'autre part,
les parents, en ce qui a trait, par exemple, à la
décentralisation des budgets au niveau des écoles, que nous
faisons actuellement, à la commission, pourraient peut-être
être appelés à établir, avec l'école, des
priorités à l'intérieur de ces budgets.
Je pense qu'il aurait lieu d'examiner quels sont les domaines où
le jugement des parents pourrait s'exercer d'une façon constructive,
mais je suis d'accord avec vous qu'il faudra toujours garder, je pense, une
ligne de démarcation très nette entre ce que sont les
responsabilités des comités d'écoles et ce que seraient
les responsabilités administratives des commissaires.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je remarque que, dans le
mémoire de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, il y a quand même une dissidence générale
touchant l'ensemble du mémoire, qui est exprimée par M. Gagnon.
Sans, peut-être, relire textuellement ce que les membres de la commission
ont de disponible ici, je ne sais pas si M. Gagnon aimerait exprimer son point
de vue ou exprimer sa position générale.
M. CHARRON: M. le Président, si vous me le permettez, j'avais
l'intention de demander la même chose. Quand on aura fini avec le
mémoire général de la CECM, si M. Gagnon veut attendre, on
pourra étudier cette dissidence. J'ai encore des questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: J'ai une question, madame la présidente, la même
question que nous avons posée ce matin à la Commission scolaire
protestante du Montréal métropolitain. Avez-vous eu l'occasion ou
même les moyens de consulter les parents au sujet de votre mémoire
ou est-ce qu'il y avait eu consultation avant la préparation de votre
mémoire?
MME ROUX: M. le Président, je pense que nous avons
procédé à une consultation. Les parents pourront confirmer
ou infirmer cette déclaration. Je dois, quand même, dire que nous
avons regretté et ceci est le cas de tous les commissaires; je
pense qu'il avait unanimité sur ce point le peu de temps qui nous
était accordé pour procéder à cette consultation.
Nous aurions certainement souhaité la faire plus en profondeur. Mais nos
parents, et du secteur anglais et du secteur français, ont
été consultés sur le mémoire de la commission.
M. TETLEY: Par quel moyen, madame, par lettre ou...?
MME ROUX: Dans notre structure, nous avons ce que nous appelons le
comité consultatif d'éducation de la commission. C'est un
comité qui regroupe quinze personnes émanant de nos sept
régions administratives, plus certaines associations et certains
représentants des corps intermédiaires. C'est une quinzaine de
personnes.
M. TETLEY: Merci, madame.
M. CARDINAL: M. le Président, d'abord, je m'excuse d'avoir
été obligé d'être absent pendant une partie du
mémoire de la CECM. Ce n'est pas par manque d'intérêt, mais
parce qu'il y a trop de choses qu'il faut faire en même temps ici. La
question que je pose aurait pu aussi bien s'adresser au groupe qui va suivre
qu'à vous. Je vous laisse le choix, à vous ou à M. Bernard
Grégoire, d'y répondre, si c'est ce dernier qui représente
le groupe.
Certains députés ont été embarrasés
par un fait, c'est que nous avons un mémoire qui s'appelle le
Comité consultatif de la CECM. Je soulève la question parce qu'on
vient justement de parler de la représentativité des parents et,
par voie de conséquence, de ce groupe représentatif. Est-ce que
le Comité consultatif de la CECM est un comité qui a
été créé par la CECM, qui est en partie ou en
totalité financé par la CECM et qui est un organisme de la CECM
ou si c'est un organisme différent, j'entends qui n'est pas une
institution de la CECM?
MME ROUX: M. le Président, il faut que je décide si je
réponds ou si je demande au comité consultatif d'y
répondre.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux vous aider?
MME ROUX: Oui.
M. CARDINAL: Pour qu'on ne croie pas que j'ai des idées
derrière la tête et que je veux embarrasser ou la
présidente de la CECM ou le président du comité
consultatif, le mémoire du Comité consultatif de la CECM porte un
certain nombre de noms et, au bas de la page, on peut lire: La Commission des
écoles catholiques de Montréal, telle adresse, rue Sherbrooke
est, Montréal, etc. D'autre part, les membres de la CECM, le ministre de
l'Education et deux députés ont reçu une lettre qui
attaque la représentativité de ce groupe. Je ne veux pas du tout
mettre quelqu'un dans l'embarras, mais je veux que nous, à cette table,
nous soyons éclairés.
MME ROUX: M. le Président, si M. Grégoire veut
compléter après, il le fera, mais je me sens quand même une
responsabilité de répondre à cette question. J'ai, tout
à l'heure, élaboré pour M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce ou M. le ministre la structure de la CECM qui part
quand même du comité d'école, qui, ensuite, réunit
à la région administrative des représentants de ces
comités d'école, qui, finalement, eux, envoient au comité
consultatif de la CECM un représentant.
Ce comité fait partie de l'organisme de la CECM et est
financé par la CECM. Normalement je pense que votre question est
très pertinente ils auraient dû inclure dans le
mémoire ou nous aurions pu inclure dans le mémoire leurs
recommandations. Nous avons discuté avec eux et nous avons fait
exception dans ce cas-ci, pensant que la situation était
particulièrement sérieuse, puisqu'il s'agissait de la remise en
question de toutes les structures scolaires de Montréal. Nous leur avons
permis, pour cette circonstance particulière, de présenter un
mémoire séparé de celui de la commission.
M. CARDINAL: Je vous remercie, c'est une réponse très
précise.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Mme Roux, est-ce que la CECM est d'accord que le conseil
scolaire de l'île soit l'unique employeur?
MME ROUX: C'est une question sur laquelle nous ne nous sommes pas
penchés pour la bonne et simple raison que, je pense, il est
dévolu comme pouvoir au conseil provisoire de faire l'inventaire du
personnel. Je pense qu'éventuellement il lui reviendra de discuter avec
les commissions scolaires de la meilleure formule. Dans l'hypothèse
où la commission scolaire serait l'employeur, je pense qu'on pourrait
imaginer qu'au plan des syndicats ce soit au niveau de la commission. Par
contre, si la commission devenait l'employeur, nous ne croyons pas avoir tous
les éléments, connaître toutes les ressources en personnel,
les différentes structures de travail de toute l'île de
Montréal pour opiner dans un sens plutôt que dans l'autre. Nous
nous sommes reliés à ce qui est dans le bill 28.
M. CHARRON: Pourtant, vous vivez actuellement dans une structure
où il y a un nombre considérable de commissions scolaires qui
sont chacune employeur du personnel qu'elles ont. Est-ce que ça ne vous
a pas occasionné, dans le système actuel, des problèmes?
Evidemment, il y en a peut-être moins, parce qu'il n'y a pas de conseil
scolaire, actuellement, qui chapeaute le tout et qui vous oblige à une
planification coordonnée, mais dans l'hypothèse où il y en
aurait un. Vous semblez d'accord pour reconnaître au conseil scolaire de
l'île le rôle de planificateur et vous demandez la
propriété des équipements pour qu'il puisse
véritablement jouer son rôle de planificateur. Est-ce que, aussi,
un des éléments ne serait pas j'emploie le mot entre
guillemets "la propriété du personnel" je veux dire le
fait qu'il contrôle également le personnel, qu'il soit l'employeur
pour justement remplir son rôle de planificateur?
Est-ce que ce n'est pas aussi nécessaire que la
"propriété des équipements"?
MME ROUX: Je pense que votre question deviendrait
particulièrement importante si les négociations se faisaient
localement, mais, comme elles sont regroupées, si je puis dire, au
niveau provincial ou qu'elles se font provincialement, je me demande si cette
question demeure aussi importante.
M. CHARRON: Notez bien que je ne veux pas simplement parler de ce qui
concerne les négociations avec les employés, le salaire, le
statut social etc. En tout cas, c'est de façon peut-être
temporaire, provincial actuellement. Mais, je veux dire pour la direction du
personnel, si vous voulez, la possibilité de prendre une troupe à
un endroit. Cela fait partie d'une planification aussi de mettre le paquet au
point de vue du personnel. Vous savez que le Conseil supérieur de
l'éducation disait: Il faut baisser le rapport
maître-élèves à 1-15 dans les zones
défavorisées; c'était une de ses recommandations. Si le
conseil scolaire de l'île se disait prêt à remplir cette
mission de rattrapage des zones défavorisées et à
répondre à la recommandation du Conseil supérieur de
l'éducation, il ne pourrait pas le faire s'il n'est pas employeur, car
il ne peut pas avoir de relations avec le personnel. C'est pour ça que,
moi, je le reconnais important, si on est d'accord pour dire qu'il doit
être le planificateur du développement scolaire de
Montréal.
MME ROUX: Je pense, M. le député, que vous soulevez des
arguments très valables sur lesquels nous nous sommes penchés
dans le sens justement de la répartition des effectifs en personnel,
particulièrement dans le milieu des zones défavorisées.
Par contre, quelques-unes des associations là, je parle des
associations professionnelles optaient dans un sens, quelques autres
optaient dans l'autre.
Je pense qu'il y a aussi les facteurs de recrutement du personnel qui se
fait par les universités, que nous n'avons pas eu le loisir
d'étudier et qui peuvent influencer aussi ce problème du
personnel. J'aimerais ne pas donner de réponse définitive
là-dessus.
M. CHARRON: Très bien, on va continuer à fouiller. Me
permettez-vous, M. le Président, avant qu'on entende M. Gagnon, de
revenir sur un point qu'on a évoqué tout à l'heure?
J'avais demandé à Mme Roux de nous donner son opinion sur
l'ouverture des comités de parents à d'autres membres que les
parents.
Le ministre a tort de renvoyer une recommandation que le rapport Parent
faisait sérieusement. Le rapport Parent ne pensait pas en termes
d'agitation sociale à ce moment-là. Le ministre a lui-même
évoqué l'idée que cela va dans un esprit d'ouvrir
l'école au milieu, etc. Mais il a repris son vieux frisson habituel
aussitôt qu'on parle d'animation sociale pour y voir agitation et pour,
tout de suite, contrecarrer cela. Moi, je ne pense pas en ces termes-là,
puisque si on dit que l'électorat de cedit comité sera
strictement les parents des étudiants, si les parents, eux, veulent
agir, ce que vous appelez un agitateur...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas moi qui en ai parlé, j'ai
parlé d'animateur. C'est vous qui avez parlé de cela.
M. CHARRON: Je ne pense pas que les parents le fassent... D'accord, mais
dans les termes...
M. LACROIX: Dans votre cas, c'est la même chose.
M. CHARRON: Cela fait 18 mois que je vous entends parler d'animation,
toujours avec le même sens d'agitation. Je commence à savoir ce
que cela veut dire dans votre esprit. Mais, quand on dit ouvrir l'école
au milieu, ce n'est pas parce qu'il pourrait se glisser deux ou trois terribles
agitateurs qu'on va aussi couper la participation de tous les autres parents
là-dessus. Il ne faut pas partir en peur à propos de cette
recommandation qui était fondamentalement sérieuse.
M. SAINT-PIERRE: Mais lorsqu'on parle de la participation des parents
il va falloir appeler les choses par leur nom on va laisser cela
aux parents et non...
M. CHARRON: Quand on dit participation des parents, cela peut vouloir
dire aussi leur reconnaître le droit de travailler avec qui ils veulent,
dans l'école. S'ils veulent aller chercher le vicaire de la paroisse
pour l'amener dans le comité, c'est leur affaire.
M. PICARD: Laisser les parents décider.
M. CHARRON: C'est ça. C'est de l'ouvrir au quartier, mais ce sont
les parents qui décident qui ils peuvent inclure là-dedans. Je
suis bien d'accord que c'est d'abord la participation des parents, mais, s'ils
veulent s'adjoindre quelqu'un du quartier qui n'est pas nécessairement
un parent, ils peuvent le faire.
M. PICARD: Il n'y a pas assez de place pour votre agitation
actuellement? Il vous faut aller là-dedans aussi...
M. CHARRON: Bon, vous voyez ce que je voulais dire par la phobie de
l'animation sociale, M. le député d'Olier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: Avez-vous lu le rapport Trudel sur les problèmes du
CEGEP de Saint-Laurent?
M. CHARRON: Oui, puis il nous donnait raison...
M. LACROIX: On se rend compte que vous êtes un petit groupe
d'agitateurs qui veut contrôler la majorité silencieuse.
M. CHARRON: Là, vous arrivez dans notre folklore. Vous êtes
dans notre folklore.
M. LACROIX: Non, le folklore, c'est vous autres qui êtes en train
de le créer et la petite minorité agissante qui veut
contrôler la majorité silencieuse.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut entendre, M. Gagnon, s'il vous
plaît, M. le Président?
M. LACROIX: Oui, j'aimerais mieux cela que de vous entendre, vous.
M. LE PRESIDENT: Chacun des membres de la commission a le droit de
s'exprimer. La parole est à M. Gagnon.
M. GAGNON: M. le Président, MM. les ministres, M. le premier
ministre, je suis très heureux que, sans raison particulière,
à aucun autre titre que celui de commissaire, on m'ait invité
à exprimer mon point de vue. Je voudrais un peu expliquer ce qu'est ce
point de vue. Tout d'abord, je ne suis ici qu'à un seul titre, celui
d'administrateur scolaire. Je suis d'autant plus à l'aise pour le dire
que je fais écho au désir exprimé par le ministre de
considérer son projet de loi comme une loi administrative. Donc, c'est
sur ce plan-là que je l'ai lu. J'ajouterai une autre remarque
préalable, c'est que, certains d'entre vous le savent, lorsqu'on est
dans l'Opposition et je le suis à la commission, il faut trouver des
qualificatifs un peu plus lourds pour que la communication se fasse. Alors, si
par hasard, dans le texte que vous avez, il y a des qualificatifs trop lourds,
je m'en excuse.
Je me suis donc placé dans la position de quelqu'un qui a
à administrer le bill 28 à la CECM. C'est une autre
considération importante. Ce n'est pas à titre
d'édificateur d'un grand plan, mais comme administrateur, à la
CECM et avec l'expérience de tout près de dix ans comme
conseiller et comme commissaire.
Alors, j'ai fait le premier exercice de lire ce que le ministre avait
dit quant aux objectifs du projet de loi. Je l'ai traduit en français
d'un texte remis au Star. Je m'excuse s'il n'est pas fidèle. Mais je
dois dire que, comme administrateur, je trouve qu'au départ on essaie
d'agir trop vite et sur tous les fronts. C'est peut-être probablement
l'objection de fond que l'on peut faire. Parce que le monde de
l'éducation n'est pas un monde qui peut facilement se manier, surtout
à Montréal à l'heure actuelle. Nous avons une population
extrêmement sensible, extrêmement diverse. Je crois qu'à
l'heure actuelle, on sent un peu partout, chez notre personnel, nos
enseignants, nos directions d'écoles et nos parents, une très
grande inquiétude quant à l'avenir. Donc, je ne parle pas en leur
nom, ni en aucun autre nom que le mien.
Alors, le premier fait qui doit nous préoccuper, c'est la
clientèle que l'administration nouvelle doit servir. Quelle est cette
clientèle? Lorsque nous l'analysons en fonction des six types
d'écoles, dans les régions géographiques des onze
commissions scolaires proposées, on s'aperçoit qu'on est en
présence d'une diversité considérable de population et
qu'on n'a, dans la plupart des cas, pas assez d'enfants pour établir des
écoles valables, avec des directions d'écoles valables et le
support pédagogique nécessaire au fonctionnement, à
l'heure actuelle. On a parlé tout à l'heure d'écoles.
L'unité viable en éducation, à
l'élémentaire, est de l'ordre de 700 à 800 enfants si on
veut les regrouper suivant la méthode active. On part donc d'une
unité de cette taille-là. Si on a, dans une commission scolaire,
3,000 enfants à peine qui se répartissent de
l'élémentaire au secondaire, dans des catégories connues,
on n'a pas suffisamment d'élèves pour réaliser
l'enseignement efficace que nous devons rechercher dans une restructuration.
Là, je rappelle "coût-efficacité". S'il faut, pour
réaliser l'objectif de démocratisation, donc donner un
enseignement de qualité égale, commencer à faire des
déplacements d'enfants d'une commission à l'autre, si on commence
à avoir à prêter des services entre commissions scolaires,
je pense qu'on ne réalise pas l'objectif "coût-efficacité"
qu'on doit rechercher.
Disons que c'est là le premier fait: Notre population et comment
elle se comporte. Encore là, nous ne la connaissons que dans quatre
types d'écoles. Nous ne connaissons pas les autres. Les autres
français et les autres anglais, nous ne savons pas la dimension de cette
clientèle-là. Mais elle va certainement affecter les nombres
faibles que nous connaissons. Déjà, au préalable, voici le
problème fondamental: la clientèle.
Maintenant, une étude de la loi permet de dégager une
tendance naturelle chez l'Etat de centraliser et de bureaucratiser. A la CECM,
nous avons vécu cette expérience pendant un nombre
considérable d'années où nous avions une gestion
centralisée. Nous avons, on l'a signalé tout à l'heure,
trouvé qu'il fallait décentraliser. Alors, décentraliser,
cela veut dire déléguer des décisions au niveau de la
région et au niveau de l'école, ce que nous faisons dans le
moment. Alors, la tendance du bill dans son économie, dans sa structure,
est au contraire de centraliser vers le ministre, que je respecte, et vers le
ministère un tas de contrôles qui vont nous amener, j'en suis
sûr, d'après l'expérience que j'ai, vers une forme
d'administration bureaucratique qui ne sera pas efficace. D'ailleurs, les
observations faites préalablement sur le nombre de fonctionnaires qui
travaillent, ou qui ne travaillent pas, sont des indications de la confiance
qu'on a.
Enfin, la deuxième question de fond, c'est l'opportunité
ou l'inopportunité, à mon avis, de la loi à l'heure
actuelle.
Ceux qui ont un peu vécu les problèmes scolaires depuis
sept ans ou davantage se rendent compte des transformations énormes qui
se sont faites dans lès écoles.
A Montréal, c'est une réalité, quand le
règlement du ministère est recommandé, on passe à
l'action. Or, à l'heure actuelle, on est en train de transformer
profondément toute notre façon d'enseigner. C'est un
commencement. Nous sommes en évolution, à l'heure actuelle. Cela
veut dire: Transformer les esprits, transformer des méthodes, des
habitudes et recevoir une clientèle qui, en même temps, se
transforme, une clientèle qui refuse l'autorité classique, qui
fonctionne dans un style différent.
Vous avez là non seulement des changements qui viennent d'en haut
mais aussi des changements qui viennent d'en bas. A l'heure actuelle, je
considère que ces mutations, ces bouleversements, on ne les a pas encore
digérés à Montréal. Si on ajoute à cela une
transformation aussi fondamentale que les structures proposées, on
affectera encore et davantage les écoles, et je dirais surtout les
écoles françaises parce que, vous le savez, elles sont en
condition de rattrapage.
Ce sont là des faits et pas des inventions. Je ne parle pas du
syndicalisme, je ne parle pas de l'animation, je ne parle pas des occupations
et des grèves, je ne parle pas du bill 25 disons que je les
résume, mais acceptons qu'il y a eu à Montréal, à
la CECM, depuis sept ans, des bouleversements qui sont en train de se
digérer et qu'à l'heure actuelle, il est impossible de concevoir
qu'on en ajoute d'autres de cette taille.
Donc, quant à l'opportunité d'une transformation profonde
comme celle-là, je considère humblement que c'est inopportun.
Il y a un autre phénomène aussi, celui du contexte. Le
bill 27, a-t-on dit, est un bill de transition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, M. Gagnon. Avant que vous
n'abordiez un autre sujet, vous parlez de l'inopportunité de la
présentation de ce projet de loi à ce stade-ci de l'organisation
scolaire. Avez-vous d'autres raisons que celles que vous venez d'apporter pour
nous demander de retarder, encore une fois, la restructuration scolaire de
l'île de Montréal?
M. GAGNON: J'ai d'autres raisons, je les ai résumées. Mais
ce que je suggère, c'est une réorganisation par étapes. Au
lieu de faire tout de suite ce qui peut être un objectif valable pour
plus tard, je propose qu'on le fasse par étapes, comme il semble qu'on
l'ait fait pour les autres commissions scolaires de la province avec le bill
27, parce qu'on nous dit: C'est une étape vers autre chose. Je
prétends qu'à Montréal, déjà, en fait, on
pratique depuis 125 ans la formule du regroupement on le sait et
la confessionnalité que le bill 27 vient de conférer aux autres
commissions scolaires du reste de la province. Si l'on considère que
l'étape du bill 27 est une étape valable, qu'on donne donc une
étape valable, une première étape valable, à
Montréal. C'est ce que j'essaierai de développer tout à
l'heure
L'argument, donc, qui est là, en page 7, c'est cela. C'est
qu'à l'heure actuelle, le bill 27 confessionnalise et regroupe ou veut
regrouper puisque c'est un processus qui s'engage alors
qu'à Montréal, c'est déjà chez nous, depuis 125
ans, la pratique courante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Gagnon, vous parlez des 125 ans
d'administration scolaire à Montréal. Quand on a
démembré le Département de l'instruction publique, il y
avait quand même pas mal d'années que cet organisme fonctionnait.
Vous êtez-vous opposé personnellement à l'application du
rapport Parent et à la création du ministère de
l'Education qui, fatalement, devait entraîner la restructuration scolaire
de l'île de Montréal? Il y a dix ans que vous êtes
commissaire?
M. GAGNON: Je ne me suis pas opposé à certains aspects du
rapport Parent que je considère théoriques. Je ne me suis pas
opposé à l'adoption de la Loi du ministère de l'Education,
auquel je réfère dans le moment parce que justement, il consacre
un des points importants de mon exposé quant à l'autonomie, dans
le préambule de la loi, quant au caractère d'autonomie qu'on
consacre aux commissions scolaires en leur donnant non seulement une autonomie
théorique, mais en leur donnant aussi les moyens financiers et
administratifs pour réaliser cette autonomie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne vous êtes pas opposé
à la création du ministère de l'Education qui pourtant a
remplacé un organisme passablement âgé et là vous
arguez des 125 ans de l'organisme qui administre les affaires scolaires
à Montréal pour déclarer que l'on
procède peut-être trop rapidement. Il était à
prévoir, en acceptant la création du ministère de
l'Education, qu'on s'attaquerait fatalement à l'organisation scolaire de
l'île de Montréal. Votre argument ne me paraît pas à
cet égard fondé. Si c'est une question d'âge, cela n'a
aucune sorte d'importance.
M. GAGNON: Cela n'est pas une question d'âge. Je tiens bien
à le répéter, ce n'est pas une question d'âge. Ce
que j'en dis, c'est que le pas que l'on fait par le bill 27 de regrouper et
d'assurer la confessionnalité, il s'est fait à Montréal il
y a 125 ans, et c'est tout. Je n'argumente pas sur la vétusté de
notre organisation. Je parle simplement d'un traitement différent. Et je
plaide en faveur, justement, d'un progrès par étapes.
Il y a évidemment à Montréal des commissions
scolaires catholiques, françaises, qui donnent l'enseignement anglais
également, qui sont trop petites pour donner un service de
qualité. Il serait normal qu'elles soient regroupées dans une
première étape.
Il serait normal aussi qu'on découvre un langage commun entre ces
différentes commissions scolaires, un langage administratif commun. Vous
avez tout de même des traditions. Je n'en parle que pour signaler que,
quand on fonctionne depuis tant d'années, on a chacun une organisation,
des structures, des procédés et tout ça. Avant qu'on
choisisse quelles sont les méthodes, quel type d'organisation, quelle
procédure, le langage administratif au plan pédagogique, au plan
gestionnel, il faut qu'on choisisse ce qu'il y a de mieux dans les structures
existantes. Et ça, c'est un travail considérable pour ceux qui
sont dans l'organisation, on peut vous le dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Gagnon, vous êtes commissaire depuis
dix ans?
M. GAGNON: Depuis sept ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Vous parlez de condiliation, de point de vue
avec les anglophones, les francophones, les divers types d'enseignement, etc.
Vous ne pensez pas que dans sept ans vous auriez pu vous attaquer à
cerre tâche de préparer les changements qui s'annonçaient
et qui étaient virtuellement contenus dans le rapport Parent et dans la
loi qui créait le ministère de l'Education?
M. GAGNON: Nous nous sommes attaqués à cette tâche,
et il faut voir ce qui se passe à la commission pour se rendre compte
que nous sommes à la fine pointe du progrès scolaire. Seulement,
le mandat qui nous était confié était tout de même
le mandat de donner un service dans une région donnée à
une population donnée. Et c'est ça que nous avons. Nous n'avions
pas de possibilité de coordonner, au contraire. Le législateur
nous avait placés dans une condition de concurrence et de
rivalité avec nos concitoyens du Protestant School Board. Il fallait
revenir à Québec périodiquement demander un peu plus de
justice.
Je ne veux pas, à l'heure actuelle, prétendre que la CECM
est une organisation parfaite, mais, à l'heure actuelle, elle fonctionne
de façon remarquable, malgré un tas de choses et je suis assez
bon administrateur pour savoir d'expérience qu'on ne démolit pas
ce qui marche en éducation avant de rebâtir. On part de ce qu'on
a, du concret, de la réalité de ce qu'on a, parce que nous avons
un élève, nous les recevons un à un nos enfants, ils sont
un.
Il faut donc leur payer l'environnement qu'il faut pour pouvoir
fonctionner, pour qu'ils reçoivent l'éducation.
M. SAINT-PIERRE: M. Gagnon, à la page 5 vous dites: "... qu'on a
voulu imposer à la CECM une théorie de l'effort fiscal
normalisé" et par la suite on parle d'une "théorie
d'équilibre budgétaire". Plus loin, vous dites: "... faute de
politique, il faut inventer des normes...".
Je pense que c'est quand même un secteur où il y a une
politique qui se dégage, à savoir qu'à l'échelle du
Québec il y aura des normes provinciales, une qualité de soins
que la collectivité peut se payer et qu'on demandera à chacun de
payer suivant la richesse du milieu, un principe de péréquation
intervenant. Cette façon que nous avons, non pas uniquement avec la
CECM, mais avec l'ensemble de toutes les commissions scolaires, est
différente de celle que l'on retrouve dans d'autres
collectivités, j'en conviens, d'autre provinces en particulier. Est-ce
qu'elle vous semble juste non pas comme norme, puisque ce n'est pas une norme,
mais comme politique?
M. GAGNON: Je suis d'accord qu'il y ait des normes.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes d'accord sur une politique de
partage.
M. GAGNON: J'indique d'ailleurs qu'il devrait y avoir dans la province
de Québec, une politique d'éducation explicitée,
confirmée. Evidemment, si je n'étais pas d'accord avec la
commission Parent sur bien des points, je dis que c'est parce qu'on a tendance
à utiliser le rapport Parent, qui date déjà de plusieurs
années, comme politique. Je pense que cela ne peut pas remplacer une
politique de l'éducation.
Dans une politique de l'éducation, je vois très bien des
normes, mais je voudrais que, dans les normes budgétaires, on tienne
compte aussi des façons d'administrer d'une commission comme la CECM.
Là-dessus, je dis qu'il faut que ces normes soient ajustées
constamment; ce qui était inadmissible l'an dernier est admissible cette
année.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que cela ne reflète pas que la
collectivité pense qu'elle peut se permettre des choses cette
année qu'elle ne pouvait pas se permettre, comme un individu peut
décider cette année qu'il a les moyens de se procurer tel bien
mais que, l'an dernier ç'aurait été imprudent de sa
part?
M. GAGNON: Cela peut être vrai. J'aimerais qu'une politique des
normes budgétaires soit explicitée et connue
généralement. Vous avez dit:...
M. SAINT-PIERRE: C'est important. Sur le plan financier et
budgétaire, sur le plan d'un effort fiscal normalisé, sur le plan
de la péréquation, il me semble quand même qu'il y a une
politique. Je ne peux pas vous donner un texte, une allocution dans laquelle on
l'aurait donnée, mais il y a une politique différente en
Ontario.
En Ontario, on dit: Ce sera un per capita, peu importe la richesse du
milieu à en obtenir. Ici, on a quand même une politique dans
laquelle on dit : Il y a des normes provinciales, il y a un effort qui peut
être donné par le milieu, $1.45, taux normalisé, et
là je fais la petite exception de Montréal, que vous connaissez
aussi bien que moi. Chaque année, cette politique-là se traduit
par des normes administratives et budgétaires appliquées à
l'ensemble des commissions scolaires.
Comme politique, est-ce que je dois comprendre que vous êtes
favorable ou non à cela?
M. GAGNON: Je suis favorable à cela. Ce que je veux, c'est...
M. SAINT-PIERRE: Pourquoi...
M. GAGNON: ... une politique qui tienne compte de l'expérience
des commissions scolaires du type de celle de Montréal parce que les
normes budgétaires en sont différentes, l'expérience est
différente. Il y a peut-être des choses que l'on fait mal, mais
qu'on fait. Il est difficile pour nous de changer.
Je vois très mal, par exemple, que le bureau de perfectionnement,
le BPL, soit quelque chose qui soit un luxe. C'est quelque chose de très
haute qualité et qui sert, en fait, la communauté collective de
la province. Si j'en parle, c'est à cause de ces difficultés que
nous avons de créer, en même temps qu'on administre, des
normes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la
vérité a quand même ses droits. A la page 6 de ce document
dans lequel vous avez enregistré votre dissidence, M. Gagnon, vous
dites, au second paragraphe de cette page 6: "Il y eut ensuite le bill
vous voulez dire le projet de loi 62 dont le gouvernement d'alors ne
força pas l'adoption ayant été assez durement
éprouvé par l'adoption du bill 63" vous voulez dire le
projet de loi 63. Le projet de loi 62 a été déposé
simplement comme document de travail. En aucun temps le gouvernement d'alors
n'a essayé de forcer l'adoption de ce projet de loi.
Au contraire, il a donné à toutes les parties, comme le
gouvernement le fait à l'heure actuelle, l'occasion de se faire
entendre, de discuter, aussi longtemps qu'elles le voulaient ledit projet de
loi, de faire les représentations utiles. Etant membre du gouvernement
à ce moment-là, je sais de quelle façon on a
procédé. Le ministre, qui était alors mon collègue,
peut confirmer ce que je viens de dire. La procédure que nous avons
adoptée n'avait aucune sorte de rapport avec l'adoption de la loi 63 qui
n'a pas, à ma connaissance, provoqué chez vous de réaction
très violente.
Vous n'avez pas protesté personnellement contre la loi 63. Par
conséquent, vous êtes fort mal avisé d'inclure ce
paragraphe dans votre note de dissidence.
M. GAGNON: Mettez ça sur le compte des problèmes de
l'opposition, M. le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. GAGNON: Mettez ça sur le compte des problèmes qu'ont
les gens dans l'opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que vous voulez dire, vous
êtes en opposition dans votre CECM?
M. GAGNON: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ce n'est pas une raison pour utiliser des
arguments en porte-à-faux; même dans l'opposition, vous savez, la
vérité a ses droits.
M. GAGNON: Je veux simplement dire, en réponse à ceci, que
le projet de loi 62 nous est apparu, à la CECM, comme un projet de loi
sérieux et qu'il a traumatisé certains esprits. La CECM a.
à cette occasion, pris position, la position que je répète
dans ses grandes lignes encore aujourd'hui, de sorte qu'il y a une
continuité dans le point de vue de la CECM.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous ne pourriez quand même pas
écrire que le gouvernement ne força pas l'adoption, ayant
été assez durement éprouvé par l'adoption du projet
de loi 63.
M. CARDINAL: M. le Président, me permettez-vous, je proteste, et
c'est de nature purement chronologique. Le projet de loi 62, qui a
été déposé en commission parlementaire à
titre de document de travail, l'a été pendant la deuxième
lecture du projet de loi 63, qui n'était pas alors adopté et qui,
par conséquent, n'avait pas encore perturbé le gouvernement
d'alors.
M. SAINT-PIERRE: Mme Roux, est-ce que vous pourriez préciser?
MME ROUX: Je voudrais simplement faire une petite précision. Je
pense qu'au moment de la présentation du mémoire de la Commission
des écoles catholiques de Montréal sur le projet de loi 62, si ma
mémoire est bonne, M. Gagnon était dissident. Mais la Commission
des écoles catholiques de Montréal était d'accord sur le
principe de la commission scolaire unifiée et sur la mise sur pied du
conseil scolaire de l'île.
M. CARDINAL: Ce que vous dites est exact parce que la commission
parlementaire sur le document qui portait le numéro 62 a
siégé à compter de la mi-octobre 1969 jusque vers le 11
mars 1970. Par conséquent, quand vous avez présenté votre
mémoire, à ce moment-là, le projet de loi 63 était
adopté mais pas au moment où le projet de loi 62 a
été apporté au Parlement, c'est-à-dire à
l'Assemblée nationale. Enfin, pour consoler le ministre qui est en face
de moi, ça fait donc exactement deux ans, presque jour pour jour, que
nous travaillons au projet de loi 62, dont le projet de loi 28 est un fils, que
je n'appellerai pas spirituel, parce que j'ai apporté certaines
critiques, mais il y a certainement une filiation logique et rationnelle.
M. GAGNON: M. le Président, on a raison de dire que sur le projet
de loi 62 j'avais une position de dissidence, quant à la commission
scolaire unifiée. Je dois dire tout de même que la CECM est
intervenue formellement en présentant, en 1968, un rapport au conseil de
restructuration de Montréal et qu'à cette occasion la position de
la CECM était très explicitée. Donc, si j'ai
été dissident en 1970, j'étais ou nous étions dans
la continuation d'un point de vue déjà exprimé
majoritairement par la CECM.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme Roux ne semble pas d'accord. Est-ce que
vous pourriez apporter une précision?
MME ROUX: La CECM a eu plusieurs... je n'y étais pas au moment de
la présentation du rapport auquel M. Gagnon fait allusion. Depuis que je
suis à la CECM, à la commission et je n'étais pas
présidente au moment de la présentation du projet de loi 62
notre position a toujours été en faveur, majoritairement,
de la commission scolaire unifiée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, madame.
M. GAGNON: Si vous me permettez de terminer rapidement, je voudrais vous
souligner le fait que nous avons une organisation qui fonctionne à
l'heure actuelle. Nous pouvons avoir des opinions différentes sur le
niveau de qualité mais il reste que nous avons un noyau
extrêmement efficace de personnel compétent.
Nous sommes heureux que ce personnel serve non seulement à nos
élèves, mais aussi aux commissions scolaires avoisinantes et au
niveau du ministère, où plusieurs sont invités à
travailler au sein de comités. A l'heure actuelle, ces
ressources-là servent bien où elles sont. Elles servent où
les besoins se retrouvent et il serait malheureux que, par une dissolution
hâtive de la CECM, cette organisation perde de sa qualité ou soit
dispersée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne vois pas très bien, M. Gagnon, si
vous me le permettez, le bien-fondé de votre argument. Vous dites que
vous avez un noyau de personnel très compétent, et j'en suis
convaincu. Mais, cette réorganisation scolaire de l'île de
Montréal, telle qu'on la propose par le projet de loi 28, et ce n'est
pas de ma part un jugement de valeur sur le projet de loi 28 dont nous aurons
à rediscuter en Chambre, je ne vois pas comment ce noyau de personnel
perdrait de sa compétence, du fait qu'on le redistribuerait autrement et
qu'on pourrait affecter un certain nombre de gens à des postes où
ils seraient tout aussi utiles, sinon plus, dans les différents secteurs
qui se trouveront touchés par la réorganisation scolaire de
l'île de Montréal.
M. GAGNON: Cela tient de la nature du travail en équipes
polyvalentes. Les équipes ont une taille et elles sont formées de
divers spécialistes. Si l'on brise l'équipe, les noyaux n'ont pas
la même qualité que la somme de l'équipe demeurée
intacte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si chaque membre de ce noyau, ou de cette
cellule, se retrouve dans un autre noyau qui va se créer, il devient un
multiplicateur, il devient générateur de nouvelles
énergies et il sert alors à créer d'autres
compétences.
M. GAGNON: J'explique qu'il faudra faire fonctionner les écoles
et préparer l'avenir. Nous sommes dans deux temps: le temps
d'aujourd'hui et le temps de demain ou d'après-demain. Ce sont ces
temps-là qui, à mon avis, sont écrasés dans le
projet de loi actuel. Ces équipes-là peuvent se reproduire, mais
il faut donner le temps de faire fonctionner ce qui est là, et ensuite,
entraîner d'autres équipes à pouvoir fonctionner de
façon autonome.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Gagnon, en termes de temps, sur une
période de combien d'années pourriez-vous étaler les
diverses étapes de la restructuration de l'île de Montréal
pour rejoindre les objectifs que vous proposez et pour, d'autre part,
atténuer l'appréhension que vous éprouvez?
M. GAGNON: L'opinion que j'ai, c'est qu'il nous faut du temps. C'est
cela qui est le plus essentiel à Montréal, à l'heure
actuelle: du temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, combien?
M. GAGNON: A mon avis, cela nous prend cinq ans au plan
pédagogique et au plan de la décentralisation, pour que les
personnes en place dominent leur travail, qu'elles soient capables de
fonctionner efficacement. Au plan de l'équipement, c'est autre chose.
Quant au contenant, nous n'avons pas de problèmes, c'est assez facile de
faire les déplacements qu'il faut, de centraliser. Mais, au plan de la
pédagogie et des hommes, il faut y mettre le temps, et, à l'heure
actuelle, je vous parlais de l'impact, le choc du présent et le choc du
passé, à la fois de la clientèle et des façons
nouvelles qu'on nous demande d'enseigner, et cela traumatise nos enseignants et
nos directions d'écoles. Ils doivent pouvoir respirer pour redonner
à nos écoles le climat, l'environnement pédagogique
"éducogène" que l'on doit rechercher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme la présidente partage-t-elle cette
appréhension en ce qui concerne la pédagogie, tout ce renouveau?
Est-ce qu'elle a les mêmes craintes que M. Gagnon?
MME ROUX: M. le Président, à mon point de vue, la CECM est
arrivée à un point dans son développement,
c'est-à-dire dans le développement des services qu'elle rend
à la population scolaire montréalaise, où, justement, elle
peut penser à se régionaliser, à se décentraliser
et, peut-être, avec des étapes dont nous-mêmes nous avons
parlé. Je pense que sur ce point M. Gagnon n'est peut-être pas
aussi dans l'opposition qu'il le croit En tenant compte des mentalités,
de l'évolution, des démarches que les gens feront et sont
prêts à faire, je ne vois pas qu'il y ait des obstacles
insurmontables ou qu'on remette en danger le système scolaire des
Montréalais. Je ne sais pas si cela répond...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez plus confiance en la qualité
de votre personnel que M. Gagnon n'en a.
M. GAGNON: Vous avez parlé d'étapes, c'est à la
page 11 et cela finit, cela termine... J'ai, dans le paragraphe qui
précède, expliqué que si les municipalités
montréalaises se sont multipliées, c'est pour des raisons
à la fois de bien-être mais aussi d'économie, parce qu'on
économisait de l'impôt foncier scolaire, ou de l'impôt
foncier municipal. Si on enlève les raisons économiques, les
objections économiques au regroupement, il se fera infiniment plus
naturellement que si on le fait d'autorité.
Je parlais tout à l'heure du plan municipal et des deux poids
deux mesures qu'on applique aux municipalités et aux commissions
scolaires qui sont toutes des gouvernements locaux. Je signale qu'à
l'heure actuelle, à Montréal, il est possible de faire des
regroupements si on enlève les objections économiques. La CECM a
formulé depuis longtemps deux recommandations simples pour arriver
à cela: l'uniformisation des rôles d'évaluation à
l'échelle de l'île et la disparition de la façon qu'on a de
compter pour deux les neutres dans le partage de la taxe. Ceci avantage
particulièrement le Protestant School Board of Greater Montreal. Ces
obstacles économiques ayant été retirés, on peut
ensuite procéder et les étapes que je suggère sont la
création d'un conseil scolaire ayant à peu près les
pouvoirs qu'on lui donne dans le projet de loi no 28, mais sans
ambiguïté, parce que là il est question de crédit
financier. Il s'agit de placer la capacité d'emprunter à
l'endroit où on pourra obtenir le plus de ressources extérieures.
Je crois qu'il existe dans le projet à l'heure actuelle, une certaine
ambiguité quant à qui est qui?
La deuxième suggestion consisterait à procéder
à un regroupement des commissions scolaires catholiques de
l'extrême est de l'île et de l'extrême ouest de l'île
en des ensembles qui formeraient deux ou trois, ou trois ou quatre commissions
scolaires. Il se ferait, pendant cette période, un apprentissage de ces
exercices compliqués que représentent des regroupements.
On développera des techniques pour savoir comment traiter le
personnel et ces choses-là. Ensuite, on aurait donc cinq commissions
scolaires catholiques et deux protestantes qui, ensemble, parce qu'elles sont
sept, donc un nombre relativement faible, pourraient s'asseoir et travailler
à déterminer le type d'organisations, le type de méthodes
et de procédures qui fonctionneraient le mieux à Montréal
dans le contexte actuel. Cela, c'est établir un langage commun.
Dans chacune des commissions scolaires, les sept, on procédera en
même temps à une régionalisation, comme on le fait dans la
réalité concrète à la CECM, mais de façon
positive: mettre des équipes en place responsables dans le territoire,
comme nous le faisons. Alors, que cela se fasse, disons, à
l'échelle de l'île et on aura franchi une première
étape importante de mise en place de gens responsables.
Ensuite, parce qu'il y a un lien naturel entre les écoles qui
enseignent dans la même langue c'est comme cela, à 99 p.c,
qu'on va enseigner à Montréal; il n'y aura pas deux ou trois
groupes dans la même classe; on va enseigner dans une langue et
qui les fait s'administrer mieux quand elles fonctionnent
pédagogiquement au niveau d'une même langue, comme premier effort
dans cette direction-là, je suggère que les écoles
anglaises, donc catholiques et protestantes, s'échangent entre elles un
certain nombre d'élèves de façon à former des
ensembles suffisants pour avoir une bonne éducation. La CECM pourrait,
ou une autre commission scolaire catholique, recevoir un certain nombre de
protestants à qui on enseignerait l'anglais et où l'on
protégerait l'enseignement de la langue et réciproquement, dans
l'ouest de l'île, cela
pourrait être le Protestant School Board qui prendrait à sa
charge les enfants catholiques. Je pense qu'on aurait là un autre
exercice de mise ensemble de confessionnalit.es. Après cela, on ferait
le point et on irait vers ce qui est nécessaire. Mais on aura
vécu dans le concret ce qu'est restructurer et démocratiser parce
que, parallèlement à cela, il est facile d'insérer la
démocratisation quand on a les six ou sept commissions scolaires
mentionnées.
Au moment opportun, on le fait. J'ai parlé de démocratie
instantanée. Je pense que cela doit se préparer, des parties
scolaires. Il faut qu'il y ait des programmes si on veut réellement
intéresser l'électeur montréalais. Cela prend du temps. Je
ne veux pas qu'on remettre cela dans le lointain. Mais cela doit prendre le
temps qu'il faut, autrement on est pris dans la démagogie.
Voici, M. le Président, dans les grandes lignes ce que je pense.
Je vous le soumets respectueusement et je répète mon observation
du début que si, par hasard, dans le texte qui a été fait
un peu tard dans la nuit, il se dégage des mots qui sont un peu lourds
ou qui ont des implications, croyez que ce n'est pas dans l'intention de
blesser quiconque parce que, si je n'ai pas le respect des idées, j'ai
le respect des personnes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Gagnon, veuillez bien croire qu'en ce qui
me concerne il n'y a rien dans votre mémoire qui puisse me blesser. Un
homme politique, vous savez, est habitué à toutes sortes de
choses.
Il y a toutefois une chose que je trouve assez bizarre, à la page
13, lorsque vous parlez de la modernisation de l'ensemble des lois
scolaires.
Vous dites: "Si le législateur veut faire de la
législation utile, en éducation publique, il pourrait moderniser
dans leur ensemble les diverses lois sur l'éducation publique de
même que celles de la CECM et du PSBGM, ce qui permettrait à tous
ceux qui ont affaire en éducation publique de se retrouver, en
particulier les hommes politiques et les fonctionnaires de l'enseignement de
tous les niveaux".
Or, il me parait que votre document, qui est un acte de dissidence, va
justement contre cette proposition que vous nous faites, puisque vous nous
demandez de retarder la modernisation des lois scolaires. Vous dites, à
la fin: "Elles paralysent à l'heure actuelle tous les administrateurs et
aucun replâtrage effectué à l'occasion de telle ou telle
loi ne pourra fournir le véritable outil juridique permettant à
chaque ordre et niveau du gouvernement de jouer pleinement son rôle sans
déborder sur celui de l'autre". Je crois que c'est
précisément là l'une des préoccupations du
gouvernement actuel et de celui qui a précédé,
d'établir, de définir les rôles, les fonctions et de
moderniser l'enseignement.
Vous parlez de processus par étapes. Les gouvernements sont aussi
obligés de procéder par étapes. C'est pour cela qu'on nous
présente la loi 28 pour restructurer l'île de Montréal,
moderniser les structures scolaires de l'île de Montréal. Alors,
je ne vois pas de raison, quant à moi, d'attermoyer plus longtemps parce
que, ce que vous désirez, c'est la modernisation, la mise à jour
de toutes les lois scolaires. Voilà une étape décisive qui
devrait s'inscrire dans l'ordre de vos priorités.
M. GAGNON: Croyez bien que je me place encore rien que du point de vue
administratif. Je ne suis pas un législateur. Mais quand un amateur
comme moi, un homme d'affaires comme moi cherche à comprendre le projet
de loi no 28 et qu'il y a des références à un certain
nombre d'autres lois, cela en rend l'intelligibilité difficile.
Je crois que, d'une façon générale, notre
législation, comme vous le savez bien mieux que moi, remonte à
une centaine d'années, dans certains cas, celle de la CECM et du
"Protestant School Board" à au moins 125 ans. Tout cela a
été refondu, d'accord. Mais l'économie de la loi, la
façon de déléguer, par exemple, les responsabilités
aux commissaires, tout cela est quelque chose qui était très
valable lorsque nous fonctionnions à une petite échelle, mais,
aujourd'hui, c'est extrêmement difficile.
Je pense que, si l'on s'attaquait à ce problème, les
confusions, et l'ambiguïté qui existent, à l'heure actuelle,
dans l'esprit de beaucoup de gens, seraient éliminées. Une
modernisation de l'ensemble des lois de l'éducation... On fait beaucoup
de greffes sur l'arbre mais on ne change pas la philosophie de la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il m'apparaît que sept ans
d'expérience dans l'administration scolaire, à titre de
commissaire, ont dû vous rendre familier avec le dédale des lois
scolaires et que vous concevez comme nous qu'il est urgent de procéder
à une modernisation dont la loi 28 et la loi 27 sont des
étapes.
M. LE PRESIDENT: Je remercie les représentants de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, en particulier Mme Roux et M.
Gagnon. Soyez assurés que nous prendrons bonne note de vos
revendications.
La parole est maintenant au Comité consultatif de la commission
scolaire...
M. TETLEY: Je m'excuse, M. McDonald témoignera-t-il?
M. SAINT-PIERRE: Il n'est pas ici.
MME ROUX: Aux dernières nouvelles, M. McDonald était
à Hamilton. Il était sur la route du retour, mais...
M. TETLEY: Merci, Mme Roux.
M. LE PRESIDENT: M. Bernard Grégoire peut venir présenter
son mémoire.
M. GREGOIRE: M. le Président, combien de temps avons-nous?
M. LE PRESIDENT: Nous ajournons à six heures.
M. GREGOIRE: Jusqu'à six heures.
M. LE PRESIDENT: Oui. Il faudrait consulter les membres de la commission
là-dessus. Il est six heures moins quart et, pour donner la chance
à M. Grégoire de présenter son mémoire, est-ce
qu'il y aurait possibilité de...
M. BROCHU: Je pense qu'il serait peut-être mieux de commencer
demain avec M. Grégoire, au lieu de lui laisser simplement dix
minutes.
M. CROISETIERE: Est-ce qu'il a l'intention de tout le lire ou de faire
un résumé?
UNE VOIX: Si c'est pour empêcher M. Grégoire...
M. CHARRON: Il y aurait une coupure entre les questions et le texte.
Nous ne sommes pas pour "minoter" pour dix minutes.
M. BROCHU: La question de fait, c'est de savoir s'il va être
obligé de revenir quand même
M. CHARRON: Oui.
M. GREGOIRE : Si nous sommes obligés de revenir demain matin de
toute façon, je pense qu'il est aussi bien, rendu à six heures
moins dix, de commencer demain matin. Même si j'essaie d'être
très bref et si vous me posez quelques questions, ça va
être difficile d'en sortir en dedans de dix minutes. Il va falloir
revenir demain matin et je me dis que, tant qu'à revenir demain matin...
C'est votre loisir, messieurs, nous sommes à votre disposition.
M. PICARD : Si le sujet ne portait pas à controverse, il n'y
aurait pas de questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que nous serions mieux d'entendre M.
Grégoire demain, parce que nous aurons sans doute des questions à
lui poser.
M. LE PRESIDENT: Suivant le désir de la commission, nous
ajournons à dix heures, demain matin, et nous vous entendrons alors.
(Fin de la séance: 17 h 49)