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Commission permanente de l'Education
Projet de loi no 27 Loi concernant le
regroupement et la
gestion des commissions scolaires
Séance du lundi 5 juillet 1971
(Dix-heures huit minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs!
A titre de président de la commission de l'Education et au nom
des membres de la commission, nous souhaitons la bienvenue à tous. Avant
de commencer l'audition et la discussion des mémoires
présentés, je donnerai la parole au ministre de l'Education, M.
Guy Saint-Pierre.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me semble opportun, au
début de l'ouverture de cette séance, de clarifier à la
fois pour les membres de la commission mais aussi principalement pour ceux qui
ont l'intention de présenter des mémoires, dans quel esprit les
parlementaires voulaient recevoir des mémoires ce matin.
Il s'agit évidemment du projet de loi no 27 qui touche plusieurs
des commissions scolaires. Nous avions convenu ici même la semaine
dernière qu'il serait peut-être opportun d'entendre les vues et
les recommandations générales d'organismes qui oeuvrent à
l'échelle même du Québec. Pour cette fin, nous avons
invité par télégramme et nous avons tenté de
rejoindre même par téléphone au cours de la fin de semaine
plus d'une vingtaine d'organismes du monde de l'éducation les invitant
à faire valoir leur point de vue ce matin.
Nous avions également accepté que, dans le cas de
commissions scolaires particulières ou d'organismes oeuvrant au niveau
non pas d'une région mais plutôt d'une municipalité, de
recevoir les mémoires, de les distribuer à tous les membres de la
commission parlementaire en assurant ces organismes que les vues
exprimées par le mémoire seront notées et que nous en
tiendrons compte éventuellement dans le projet de loi s'il
s'avère que ces recommandations sont conformes aux objectifs et sont
pour le bien de l'ensemble de notre système d'éducation.
Je fais simplement cette mise au point. J'aimerais également
suggérer à ceux qui ont à présenter des
mémoires de ne pas en lire in extenso le texte mais plutôt de
tenter de résumer les grandes lignes de leur mémoire et
peut-être, s'ils le veulent bien, se prêter ce qui me semble
peut-être plus instructif pour tous et chacun à un jeu de
questions et réponses permettant aux parlementaires qui auraient des
points qu'ils voudraient éclaircir ou approfondir, de poser des
questions et d'obtenir des réponses aux points qui présentent le
plus d'intérêt possible.
M. le Président, je pense que nous sommes prêts à
commencer l'audition des mémoires.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable député
de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre des renseignements qu'il a donnés à la commission. Je
voudrais faire ici quelques très brèves observations sur le
projet de loi 27 qui a été adopté en seconde lecture et
dont nous commençons l'examen en commission parlementaire afin de
recevoir les représentations des gens intéressés.
Il y a dans ce projet de loi tout d'abord un aspect administratif
puisque c'est l'objectif du projet de loi de regrouper les commissions
scolaires afin d'instaurer un nouveau style de gestion des commissions
scolaires. Naturellement, à cet aspect administratif il est important de
noter que peuvent se greffer certains points, certains aspects qui touchent les
domaines de la pédagogie, le domaine social et dans certains cas, comme
l'ont indiqué des mémoires, en particulier le problème de
la confession religieuse à l'intérieur du système
d'enseignement du Québec.
Le projet de loi, évidemment, est d'abord un projet de loi
d'ordre administratif et, dans ses observations préliminaires lorsqu'il
a présenté le projet de loi, le ministre a indiqué les
différentes étapes du regroupement, a expliqué les raisons
pour lesquelles on doit procéder à un regroupement. Le parti que
je représente en cette Chambre a donné son accord sur le principe
du regroupement et sur tous les aspects administratifs qu'il comporte. Nous
sommes donc quant à nous disposés à entendre les
représentants des diverses associations en espérant, cependant,
que ces représentations porteront véritablement sur le projet de
loi, sur son aspect administratif et sur les conséquences que ce
regroupement et ce nouveau système de gestion peuvent avoir sur les
autres domaines que j'ai évoqués tout à l'heure.
M. le Président, pour ma part, j'écouterai avec grand
intérêt les représentations qui nous seront faites.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, je pense que nous avons fait
connaître clairement nos positions sur le bill 27 à
l'Assemblée nationale alors qu'il a été
étudié en deuxième lecture. Nous avons pris position en
fait pour la liberté des parents, d'avoir droit à une
représentation. Voici la logique sur laquelle nous nous basions. Nous
considérions qu'elle était assise sur certains principes qu'on ne
doit pas mettre de côté ni fouler aux pieds. D'abord, il y a le
principe qui veut si on prend le raisonnement inverse, que l'enfant appartienne
tout d'abord aux parents et que, si c'est encore une réalité ou
si on veut que ce soit encore une réalité, l'enfant
appartienne encore aux parents, que ceux-ci, individuellement et avec
leur association aient vraiment voix au chapitre par une représentation
valable, une voix qui peut avoir des conqéquences et donner ses
fruits.
Nous avons donc pris position pour cette liberté, pour ce droit
des parents d'être représentés, et le moyen d'être
représentés, c'est la commission scolaire. Ce n'est
peut-être pas nécessairement selon les modalités que nous
connaissons actuellement, il peut certainement exister certains
problèmes et nous en sommes conscients.
Cependant, malgré les améliorations de forme qui
pourraient être apportées à ce niveau, nous croyons que ce
n'est pas une amélioration que de toucher le fond même d'une
civilisation, la civilisation québécoise, qui a prouvé par
le passé son efficacité. Ce n'est pas que nous soyons, comme je
l'ai dit, opposés à toute forme d'amélioration, il y a
place pour de l'amélioration et même pour beaucoup
d'amélioration mais il y a certains principes. C'est au nom de ceux-ci
que nous nous sommes battus farouchement contre ce bill 27, non pas pour
être contre mais pour un objectif valable à notre sens, celui du
droit à la liberté, du droit pour les parents d'avoir par
eux-mêmes ou par leurs associations possibilité d'accès au
chapitre.
Nous nous sommes rendu compte, M. le Président, quant à
nous de notre groupe du Ralliement créditiste, que nos objectifs
étaient complètement différents de ceux du ministre. Au
point de départ, on ne peut peut-être pas reprocher à
l'administrateur de voir d'abord en termes d'administration. Cependant,
à notre sens, il nous faut aller beaucoup plus loin, et en
éducation, voir véritablement un objectif d'éducation.
C'est-à-dire, comme on l'a démontré aussi, arriver par les
améliorations qui s'imposent, à une éducation de
qualité au Québec mais toujours dans le but d'intégrer un
individu à une société dans laquelle il sera appelé
à vivre, dans laquelle il sera appelé à rendre un service,
de l'intégrer d'une façon normale, compte tenu de l'importance du
milieu pour que cet individu soit réellement en mesure de faire siennes
les valeurs qu'il aura reçues à l'école.
M. le Président, si la démocratie existe encore, comme je
l'ai mentionné l'autre jour, je crois que le ministre ne pourra pas
faire autrement que de tenir compte des revendications qui seront faites
aujourd'hui et des différents mémoires qui seront
déposés en toute bonne foi, je crois. A mon sens, la
démocratie dépasse beaucoup le moment d'une élection. Si
on veut administrer, dans un sens vraiment normal, dans une
société qui se voudrait normale, à mon sens, cette
démocratie doit prendre une extension et exister au-delà d'une
élection, c'est-à-dire qu'on tienne compte, lors de la
présentation d'un projet de loi, des conditions spéciales du
moment et aussi des revendications des personnes impliquées dans les
différents secteurs.
Ce que nous avons proposé à l'Assemblée nationale,
l'autre jour, lors de l'étude en deuxième lecture, c'était
plutôt un regroupement de services qui pourrait s'effectuer entre les
différentes commissions scolaires en vue de la meilleure
éducation possible.
M. le Président, nous sommes contents que cette commission
parlementaire soit convoquée. Nous croyons qu'il est essentiel qu'il en
soit ainsi. Comme nous avons eu certaines difficultés de ce
côté, nous croyons attirer l'attention du ministre sur le fait que
certains ont peut-être fait des revendications pour être entendus
en commission mais il semble qu'il y ait peut-être certaines
difficultés de ce côté. J'aime mieux vous le mentionner
tout de suite: je m'opposerai à cette forme de travail qui voudrait
limiter le nombre de ceux qui viendraient ici, non pas que nous voulions donner
plus d'extension à cette commission mais pour que nous fassions le tour
du problème d'une façon valable et toucher exactement le fond du
problème afin d'améliorer le projet de loi et sensibiliser le
ministre sur un objectif éducatif.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je pense que l'étude du
projet de loi 27 entre, ce matin, dans une phase cruciale pour sa
réussite.
Le principe du regroupement scolaire et, à toutes fins utiles,
déjà voté et ses modalités, font déjà
partie do la vie québécoise. Il nous reste maintenant à en
assurer la réussite. En assurer la réussite, cela veut dire tenir
compte de ceux qui auront désormais à vivre à
l'intérieur des structures nouvelles que le projet de loi créera.
C'est pourquoi, ce matin, nous entendrons probablement des parents, des
professeurs, des administrateurs scolaires, tous ceux qui auront, en quelque
sorte, à assurer le succès de ce qui est la volonté du
législateur en créant de nouvelles structures.
Nos arguments, en deuxième lecture, tiennent toujours, M. le
Président. Pour notre part, nous aurions souhaité un regroupement
scolaire basé sur l'intégration de l'élémentaire et
du secondaire, tel que le préconisait le rapport Parent. Nous aurions
également souhaité la création de ces commissions
scolaires neutres avec le choix de confessionnalité au niveau des
écoles. Nous aurions espéré également que les
commissions scolaires ainsi créées reçoivent plus de
pouvoirs qu'elles n'en ont dans le projet de loi actuel.
Finalement, nous aurions aussi voulu énormément que le
rôle des parents à l'intérieur, tant au niveau des
comités consultatifs que de ces commissions scolaires, soit
élargi et prenne une dimension qu'il ne connaît pas actuellement
dans le projet de loi 27. Nous espérons en tout cas, sur chacun de ces
quatre points sur lesquels nous avons basé nos objections à ce
projet de loi, entendre les parties s'exprimer et en aucun temps il n'est dit
que notre position
ne soit pas modifiable. J'espère que la contribution des
différentes parties retrouvera le caractère de hauteur et de
sérénité qui a marqué nos débats
là-dessus puisqu'il y va d'un secteur extraordinairement important de la
vie québécoise.
Je termine, M. le Président, en vous disant et en rappelant aux
gens qui seront appelés à témoigner tout à l'heure,
que le principe de regroupement est une chose adoptée et qu'il nous faut
désormais choisir ensemble les meilleurs modes de ce regroupement, les
meilleures façons d'assurer sa réussite. J'ai l'impression que
plusieurs commissions scolaires en particulier auront la volonté de
faire valoir des objections d'ordre strictement administratif, comme
l'incorporation d'une commission scolaire présentement existante
à une autre plutôt qu'à celle prévue au projet de
loi 27.
J'ai déjà eu l'occasion de recevoir, à titre de
membre de la commission parlementaire, une série de petits
mémoires où une commission scolaire exprimait son intention
d'appartenir à une commission plutôt qu'à une autre. Je ne
crois pas que la commission parlementaire soit exactement le lieu où de
pareilles décisions peuvent être prises bien que je ne veuille pas
non plus limiter le droit d'expression de ceux qui viendront témoigner
ici. Sur ces mêmes principes, M. le Président, nous sommes
prêts à procéder à...
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le député. Est-ce que le
représentant de l'Association des parents catholiques du Québec
est présent? La parole est à M. Bouchard.
Association des parents catholiques du
Québec
M. BOUCHARD: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, je veux d'abord remercier la commission de nous avoir fait
l'honneur de passer la première à ces auditions. J'y vois le
signe du haut crédit et de l'importance qu'on accorde à notre
association, à notre organisme.
Je n'y vois aucune autre intention. Je tiens à noter au
début que nous représentons, à l'égard de ce projet
le projet de loi 27 , beaucoup plus q.ue les 35,000 membres qui se
sont inscrits avec des adhésions signées dans notre mouvement et
même nos 350 associations locales qui sont réparties dans toute la
province. Nous essayons toujours, d'ailleurs, dans tous les problèmes
qui touchent la réforme de l'éducation, depuis notre fondation,
de consulter très largement, non seulement nos membres, mais tous les
parents intéressés et concernés, afin d'avoir la certitude
que nos positions sont bien les plus largement acceptées,
désirées et voulues par l'ensemble des parents.
M. le Président, tout à l'heure, M. le ministre a
recommandé de ne pas lire de texte. Cela me met un peu mal à
l'aise parce que le sujet qui nous concerne est tellement important. Il y a
beaucoup d'associations locales et de petites commissions scolaires, parmi nos
membres, qui auraient désiré venir comparaître pour
expliquer les conditions de leur milieu à cette commission. Tout
à l'heure, en entrant, j'en ai rencontré trois ou quatre qui
m'ont dit: Nous avons demandé à être entendus. Il semble
qu'il y ait une vingtaine d'associations qui aient été retenues
et d'autres à qui on a dit: Il est impossible de vous voir dans le
moment. Je ne veux accuser personne. Il y a peut-être des erreurs dans le
texte, mais il risque d'en avoir beaucoup plus si on m'impose d'improviser. Si
je dépasse mon temps, M. le Président, vous me le direz. Je
demanderais de commencer par suivre d'assez près le texte que je viens
de vous faire remettre.
Je veux d'abord bien dire ce que nous voulons. Que ce soit bien clair
que notre attitude n'est pas une attitude d'opposition à tout
regroupement, ni d'acceptation à tout regroupement. Ce n'est pas cela du
tout. Je crois qu'il y a un principe fondamental qui situe non seulement nos
membres, mais tous les parents comme nos représentants, et c'est: le
maintien et la disparition par fusion, annexion ou division d'une corporation
scolaire locale devraient relever des parents et des contribuables de cette
municipalité, représentés par leur commission scolaire,
conformément au 2e alinéa de l'article 46 encore en vigueur dans
la Loi de l'instruction publique. A ce sujet, je n'ai pas réussi
à savoir peut-être que je n'ai pas consulté les
véritables experts si l'article 46 était aboli ou non.
C'est l'article qui prévoit justement que tout changement de limites,
par fusion, annexion ou division d'une municipalité, doit être
fait par le lieutenant-gouverneur. Mais une résolution de la commission
scolaire ou des contribuables de ce milieu est requise.
Le désir de simplifier ou de faciliter les contrôles que le
ministère, à titre d'administrateur, veut ou voudrait exercer sur
les commissions scolaires ne devrait pas entrer ici en ligne de compte parce
que la corporation scolaire est autre chose et plus qu'un rouage administratif,
qu'une simple succursale du pouvoir central.
Elle a une fonction supérieure à celle-là. Le
regroupement imposé par voie législative, sans consultation
véritable des parents de tous les milieux, contre la volonté
très souvent clairement exprimée par les parents de tous ces
milieux, surtout des milieux ruraux, renie en somme le principe ordonnateur sur
lequel se fondait jusqu'à présent notre système
scolaire.
Ce principe est que les parents et les contribuables de la
municipalité représentés par un gouvernement scolaire
local, sont juges et arbitres attitrés des intérêts
éducatifs des enfants de ce milieu. Le projet de loi 27,
déjà peut-être presque loi, renie ce principe en
chambardant les regroupements volontaires eux-mêmes que la
Fédération des commissions scolaires et les fonctionnaires
avaient obtenus,
paraît-il, sans aucune pression ni menace, remarquez bien.
Là-dessus je connais plusieurs cas où il y a eu des
incitations suivant cette formule : Si vous ne vous regroupez pas
volontairement avant la loi, vous serez forcés par la loi
après.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, vous faites une affirmation,
est-ce qu'il vous serait possible de nous donner des preuves de ce que vous
venez d'avancer, à savoir qu'il y a eu des menaces indirectes?
M. BOUCHARD: Il y a eu cette incitation que je vous dis. M. le
Président, je continue avec votre permission. Je pourrai fournir les
preuves de l'affirmation que j'avance. Je ne les ai pas ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous abordons un sujet extrêmement
difficile et délicat, M. Bouchard, vous le comprenez. Or, vous venez
d'affirmer qu'il y a eu des pressions ou des menaces appelons ça
comme on voudra aux fins d'inciter des gens des commissions scolaires
à se regrouper, sans quoi le gouvernement procéderait de
façon forcée, coercitive. Il s'agit d'une affirmation assez
sérieuse, qui met en cause le ministère de l'Education par ses
fonctionnaires, et par ses fonctionnaires le ministre lui-même. Nous
aimerions donc être immédiatement informés de la nature de
ces menaces ou de ces incitations assez impérieuses et
impératives et qu'on nous en donne la preuve.
M. BROCHU: M. le Président...
M. BOUCHARD: C'est exactement ce que je vous disais.
Ces incitations étaient dans le sens suivant: Vous êtes
bien mieux de faire immédiatement un regroupement volontaire avant que
la loi ne soit en vigueur parce que vous y serez certainement forcés et
à ce moment-là, le regroupement ne sera pas ce que vous auriez
espéré. Je l'ai reçu de plusieurs milieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, à quel moment cela
s'est-il fait? Comment cela s'est-il fait? Et qui a fait de telles menaces?
M. BOUCHARD: Ce sont des commissions scolaires qui nous ont
appelé et qui nous l'ont dit. Ce sont des parents des milieux
concernés et des commissaires d'écoles. Les parents nous ont dit:
Qu'est-ce qu'on doit faire? On ne veut pas la loi, on ne veut pas que notre
commission scolaire disparaisse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, M. Bouchard, mais les
explications que vous fournissez là sont toujours très vagues. Je
vous demande de façon très précise qui a fait des menaces?
Au nom de qui? A quel endroit cela s'est-il passé?
M. BOUCHARD: Si vous voulez que je vous fasse venir des
témoins...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Apportez ici les preuves.
M. BOUCHARD: ... ce n'est pas prévu dans mon texte parce que j'ai
entre guillements "sans aucune pression ni menace". Ce n'est pas une
affirmation. Mais, il reste que cela est une chose que j'ai entendue de la part
de tellement de milieux que je ne peux pas dire que ce sont des menaces qui
venaient formellement d'un homme autorisé à parler au nom du
ministère et qu'il écrivait ce qu'il disait. Comprenez-vous?
C'est un fait qui m'a été donné comme quelque chose de
courant, d'assez fréquent. J'en ai eu des témoignages verbaux
à l'occasion des visites que j'ai faites un peu partout à travers
la province. J'ai été en effet demandé pour faire des
conférences à plusieurs endroits. M. le Président, si vous
exigez que je retire ça parce que je n'ai pas prévu des preuves
immédiatement, je remets et l'affirmation et la preuve à plus
tard à votre convenance. Je ne voudrais pas qu'un député
retarde la lecture du texte du mémoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette, M. Bouchard, je suis
obligé d'objecter ceci. Il ne s'agit pas ici de savoir si c'est un
député ou non qui retarde la lecture de votre mémoire.
Dès le départ, votre mémoire comporte une affirmation
précise. Je vous demande simplement, en ma qualité de
député, de représentant du peuple: A quel moment ont
été faites ces menaces? Qui les a faites? De quelle façon
cela s'est-il fait? Où cela a-t-il été fait? Autrement,
l'affirmation que vous avez faite tout à l'heure, je devrai la
considérer comme une preuve par ouï-dire.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Richmond.
M. BOUCHARD: Je veux répondre parce que c'est tout
simplement...
M. BROCHU: Si vous permettez, M. Bouchard, je pense que c'est un peu
théâtral à ce moment-ci que de jouer à la fausse
vierge et de demander des explications plus précises à ce
sujet-là. Si on procède par analogie, M. le Président, on
a pu se rendre compte dernièrement, relativement au regroupement
municipal je peux vous montrer les preuves en quelques minutes si vous
voulez qu'on a dit à certaines municipalités entre autres
dans mon comté: Si
vous ne vous regroupez pas, les subventions vous seront coupées.
Vous les aurez lorsque vous serez regroupés. Je pense qu'à ce
moment-ci, ce serait un peu montrer de la fausse pudeur d'une virginité
qui n'existe peut-être plus chez le député de Chicoutimi
que de demander tout de suite les preuves à ces nuances que M. Bouchard
voulait apporter pour faire plus de lumière sur la situation.
M. BOUCHARD: M. le Président, je vous promets plus que les
preuves qu'il me demande. J'en promets de plusieurs milieux. Je n'avais pas
prévu cela ce matin et je n'avais pas l'intention de le dire dans mon
texte.
Je l'ai mis dans mon texte sans aucune pression ni menace. Mais je
pourrais vous citer des endroits... Seulement, un député peut
toujours dire: Ce sont des preuves par ouï-dire parce que, quand on
rencontre des gens, on n'a pas tout de suite l'intention de faire
légalement la preuve de ce qu'ils nous disent. Ils nous disent: Bien,
voici ce qu'on nous a dit dans notre milieu, et ils ne nous nomment pas
toujours les personnes. De toute façon, M. le Président, si on
exige, pour les fins de ce débat, aujourd'hui, que je retire ce que j'ai
dit, non pas ce que j'ai écrit ce que j'ai écrit, je le
laisse je suis prêt à le faire.
M. CHARRON: M. Bouchard, avez-vous soulevé l'hypothèse que
de pareilles "menaces" auraient pu être faites par des adversaires du
regroupement justement pour exciter la population autour de ça en lui
brandissant la menace d'une loi?
M. BROCHU: Je ne pense pas que ce soit...
M. BOUCHARD: Ce n'est pas du tout... Ce n'est pas autre chose que ce que
j'ai dit; ça peut être par des gens très sincères
qui sont pour le regroupement plutôt que par des adversaires du
regroupement. M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Allez-y!
M. BOUCHARD: ... je continue avec ceci. Je veux toucher un mot de
l'intérêt public et de l'intérêt de l'enfant face au
regroupement. Je crois que c'est la grande priorité,
l'intérêt public et l'intérêt de l'enfant.
L'intérêt public commande que l'Etat surveille la qualité
des produits alimentaires mais ne l'autorise pas à choisir le menu des
familles. Bien que la santé des enfants intéresse l'Etat, le
risque d'erreurs dans l'équilibre de leur régime alimentaire doit
être pris en faveur de la responsabilité naturelle des parents et
non de l'Etat. S'il est vrai que l'Etat investit dans l'éducation,
l'article 2 de la Loi du ministère de l'Education ne donne nullement
à ce ministère la responsabilité directe de
l'éducation des enfants non plus que celle du vêtement, du
logement ou de leur nutrition. Le client du service scolaire, sous l'aspect
juridique, ce n'est pas l'enfant lui-même, de six ans, dix ans, quinze
ans, dépourvu, comme mineur, de droits civils et de
responsabilités légales, ce sont les parents gardiens ou tuteurs
légaux de cet enfant. L'école est une coopérative,
d'accord, mais une coopérative de familles et non pas une
coopérative d'enfants sous régie directe de l'Etat.
L'intérêt public commande que l'Etat, sans chercher à
régir lui-même cette coopérative directement ou
indirectement, structure au contraire le système scolaire de telle sorte
que tout corps public qui régit une école soit vraiment
représenté au titre de cette communauté locale,
mandaté par elle, responsable devant elle et que les parents y exercent
un réel pouvoir de décision. Il n'y a pas un seul gouvernement au
Québec qui se soit jamais fait mandater pour substituer à ce
postulat fondamental de la responsabilité première des parents en
éducation, un autre postulat qui serait celui de l'Etat premier
éducateur, de l'Etat juge des intérêts des enfants de tous
les milieux pardessus la tête des parents de chaque milieu. Un
gouvernement légitimement élu n'est pas par le fait même
mandaté pour faire n'importe quoi. Cela fait longtemps qu'on en parle,
disent certains défenseurs du bill 27, mais les chefs de parti pendant
leur campagne électorale, n'ont pas parlé d'une loi de
regroupement obligatoire. Je ne lis pas ça non plus dans le programme de
1970 du Parti libéral. On n'a pas mis ça au programme.
Pourquoi?
Cette opération, qui s'appelle le bill 27, modifie radicalement
les conditions d'exercice du droit des parents en éducation et elle
intéresse toute la population autant qu'une nouvelle charte canadienne
ou les problèmes qui naissent du chômage. Le ministre de
l'Education, croyons nous on n'a pas le droit de lui imposer des devoirs
mais nous exprimons notre conviction a le devoir moral sinon
légal, non seulement de consulter les 900 gouvernements scolaires locaux
que le bill 27 condamne à disparaître mais d'accepter
démocratiquement leurs décisions. Ce principe de notre droit
scolaire répond encore aux voeux de notre population.
Le ministre ne doit pas couvrir ses propres options derrière le
paravent de cadres syndicaux qui ne représentent pas les parents, ni
d'organismes paragouvernementaux. Je note, en passant, que la
Fédération des commissions scolaires semble avoir oublié
les votes par lesquels ses membres, dans ses propres congrès, ont
carrément dit non, avec une majorité tout à fait
révélatrice, à un éventuel regroupement
imposé par voie législative.
J'en tiens à dire un mot des comités consultatifs
d'école qui sont non seulement promis mais statués dans la loi.
Les comités d'école prévus dans le projet 27 ne peuvent
absolument pas suppléer.
M. VEILLEUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je regarde le dernier paragraphe de la première
partie de la page 2 où vous dites que le ministre ne doit pas couvrir
ses propres options derrière les cadres syndicaux, des organismes
paragouvernementaux ou la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec que vous avez oublié de mentionner. Juste
avant, dans votre mémoire, vous dites que les représentants des
parents sont les commissions scolaires.
Sauf erreur, les commissions scolaires sont regroupées sous
l'égide de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec qui parle en leur nom. Est-ce que vous voulez
dire, ici dans votre mémoire, que la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec ne représente pas les
commissions scolaires du Québec?
M. BOUCHARD: Je veux dire que, dans les propres congrès de la
fédération, la majorité des commissaires présents
se sont prononcés contre une éventuelle loi qui imposerait le
regroupement.
M. VEILLEUX: Oui, mais M. Bouchard, il faut quand même
considérer que nous, les parlementaires n'avons pas à discuter de
la régie interne des différents groupes qui viennent ici parce
qu'on pourrait porter des jugements, autant sur la Fédération des
commissions scolaires que sur votre groupe. Alors nous devons tenir pour acquis
que la Fédération des commissions scolaires catholiques,
lorsqu'elle vient devant la commission parlementaire, représente les
commissions scolaires.
Je pense que c'est une affirmation gratuite de dire que ces
gens-là ne représentent pas les représentants des parents
que sont les commissions scolaires.
M. BOUCHARD: M. le Président, les députés ou les
législateurs, face à une loi d'une telle importance qui modifie
radicalement le système de représentation des parents au
Québec, ont non seulement le droit mais le devoir de regarder ce qui se
passe dans la population. Autrement il suffirait de dire : Les officiers de la
Fédération des commissions scolaires sont pour la loi, donc on
n'a à consulter personne. Même cette commission parlementaire
n'aurait pas lieu non plus d'être instaurée pour entendre tous les
groupes.
D'ailleurs, il y a une association nouvelle des commissions scolaires
qui a été créée justement pour le maintien des
commissions scolaires. Cela devrait être assez révélateur
et elle va présenter un mémoire tout à l'heure.
De toute façon, je continue. Les comités consultatifs
déjà prévus dans le projet 27 ne peuvent absolument pas
suppléer à ce que les parents et les contribuables du milieu
perdent en perdant leur commission scolaire locale. C'est-à-dire, la
propriété de leur école élémentaire locale,
le droit de décider de son affec- tation et des regroupements
éventuels d'enfants dans d'autres écoles, le droit de choisir et
d'engager pour leurs écoles de chaque milieu les professeurs qui y
enseigneront à temps plein, le droit de poser les conditions requises
pour que l'école ait un caractère éducatif
répondant aux options et au mandat de cette communauté locale, ce
qui inclut l'aspect confessionnel et les valeurs humaines.
La commission scolaire du bill 27, handicapée par la
démesure géographique et démographique, formée dans
l'anonymat du suffrage universel, opposera inévitablement les petits
patelins ruraux aux 141 je parle pour le secteur catholique gros
centres annexants et les soumettra aux décisions de ces milieux urbains.
Cette centralisation est véritablement une dépossession
très préjudiciable au développement même
économique et aussi éducatif du secteur rural. Elle donnera un
pouvoir accru à de hauts fonctionnaires et tendra à noyer le
pouvoir réel des parents et des contribuables de chacun de ces petits
milieux. Ils seront démunis et impuissants face aux décisions,
normes, règlements, directives et guides pédagogiques que la
mini-régionale, éloignée et impersonnelle, imposera comme
venant évidemment du maître de Québec.
Il existe un certain rapport entre le calendrier d'application du
règlement no 7, ce nouveau règlement qui reprend l'ancien
règlement no 1 mais qui est maintenant obligatoire, et le bill 27 et son
calendrier d'application.
Un mot des services spécialisés. Le bassin de population
requis pour qu'un professeur d'éducation physique soit employé
à temps plein n'est pas nécessairement le même que pour le
service d'orientation pédagogique ou les services d'éducation des
enfants exceptionnels. Un grand nombre des 168 commissions du bill 27 comptent
encore trop peu d'élèves pour donner elles-mêmes certains
de ces services spécialisés, entre autres le dépistage et
les services d'éducation des enfants exceptionnels.
Où va-t-on s'arrêter dans cette voie de la centralisation
axée sur la péréquation des services? Faudra-t-il se
rendre jusqu'à Québec, puis jusqu'à Ottawa ou à
Victoria? La péréquation de ces services n'exige nullement de
supprimer la commission scolaire locale. Elle exige seulement de l'imagination
pour créer les structures appropriées. Elle exige le bon vouloir
des instances supérieures. Elle exige surtout et d'abord des fonds
publics d'éducation. Nul ne peut, d'autre part, prétendre que
l'éducation intégrale de l'enfant dans les petites commissions
scolaires soit inférieure à celle qui se donne dans les
métropoles ou les centres urbains. Le droit à une
éducation d'égale qualité a été un slogan
rebattu de centralisateurs. Le droit, c'est un droit qui se traduit souvent
dans la pratique par le droit à une égale
médiocrité dans un système qui, de plus en plus, devient
inhumain. La condition première de l'activité éducative,
je crois qu'on s'en est
trop peu préoccupé depuis le début de la
réforme.
On a bâti des structures, mais l'enfant au milieu de ces
structures, on n'a pas pensé encore comment il s'y trouverait. Mais le
principe premier, c'est que l'enfant soit heureux dans son milieu scolaire et
les parents sont les meilleurs juges là-dessus. Ils sont meilleurs juges
que les planificateurs de certains services spécialisés. La
péréquation des services spécialisés,
prétexte à un regroupement scolaire imposé d'en haut, ne
trompe plus personne chez les commissaires locaux. Ils savent tous que c'est un
problème d'argent et non de structures scolaires. Ce prétexte
d'ailleurs servira ensuite pour réduire les 168 minirégionales
à 55 selon le plan préétabli depuis la commission
Parent.
Je fais simplement une affirmation au chapitre du coût de
fonctionnement. Je n'ai pas le temps de m'étendre là-dessus, mais
j'affirme que le regroupement radical imposé par le bill 27 signifiera
sûrement une hausse inutile du coût de l'administration sans
bénéfice véritable pour la population
écolière. Il y a eu d'ailleurs des études de certains
milieux, études qui ont été faites avant ce projet de loi,
pour savoir ce que coûterait un éventuel regroupement.
Là-dessus, si je n'ai pas le temps de développer ce point, au
besoin, nous le développerons après les études de cette
commission.
Je veux aussi toucher un mot de l'aspect confessionnel. Jusqu'à
la réforme, nos écoles étaient structurées à
partir de deux secteurs confessionnels. Ecoles et commissions scolaires, tout
en étant publiques et communes, avaient la confession de la
majorité religieuse, catholique romaine ou protestante, la
minorité ayant un droit de dissidence. Je me réfère
là-dessus à des textes clairs de la Loi actuelle de l'instruction
publique, en particulier l'article l-25e) qui définit les mots
"majorité religieuse", les articles 48, 49, 71 et suivants. Il y a deux
remarques à faire sur cette situation. La première est que la
population de la province n'est plus uniquement composée de catholiques
et de protestants. Dans plusieurs régions, il existe et il pourrait
exister à l'avenir des clientèles scolaires autres que catholique
et protestante, qui pourraient être assez nombreuses pour organiser des
écoles rentables répondant à leur conception de
l'éducation. Il faut d'ailleurs que la loi n'impose pas même aux
catholiques et aux protestants un type d'école. Pour assurer un libre
choix, corollaire et garantie de la liberté de conscience dans ce
domaine, il devient nécessaire de créer un secteur
d'écoles autres qui sont d'ailleurs déjà prévues
dans la Loi du Conseil supérieur de l'éducation et maintenant
dans la Loi de l'instruction publique également.
D'autre part, il existe toujours au Québec une population
catholique presque partout encore majoritaire. Cette population, jusqu'à
preuve du contraire, opte pour des écoles confessionnelles, catholiques,
telles que définies par son Eglise à elle, et non pas des
écoles multiconfessionnelles ou neutres. J'ajoute que cette
communauté catholique, jusqu'à preuve du contraire, juge que la
corporation scolaire catholique est un instrument essentiel et pratiquement
nécessaire pour garantir le maintien et la promotion de cette
école de son choix. Il s'agit en somme d'un droit acquis que la
révolution culturelle du Québec rend encore plus précieux,
qu'elle ne doit pas supprimer, aux yeux de cette communauté de foi. A
l'occasion du bill 62, présenté l'an dernier par le gouvernement
précédent, nous avons pu constater que même dans
l'île de Montréal, tout comme ailleurs dans la province, les
catholiques tiennent aux écoles et aux commissions scolaires
confessionnelles.
Une conclusion s'impose face à cette situation, c'est que, pour
tout esprit non prévenu, il faut amender la loi pour élargir le
droit de dissidence, ajouter un secteur autre aux secteurs catholique et
protestant et lui offrir au niveau des structures de l'école la
même liberté et la même autonomie qui existent
déjà pour les secteurs catholique et protestant. M. le
Président, est-ce que je pourrais terminer?
M. LE PRESIDENT: Veuillez terminer, M. Bouchard, et après, nous
poserons des questions.
M. CHARRON: Très bien. Continuez.
M. BOUCHARD: J'arrive maintenant à l'examen du bill 27 sur cet
aspect. Pourquoi les penseurs de ce projet n'ont-ils pas proposé la
solution très réaliste d'amender la loi afin que des
écoles autres puissent être organisées sous contrôle
de corporations scolaires autres, que les parents et les contribuables de
diverses régions où la population est davantage pluraliste
pourraient avoir la liberté de créer?
Pourquoi? Parce qu'on a décidé que le système qui
devrait s'établir dans toute la province serait le système
proposé par la commission Parent.
La commission Parent a proposé ceci: "Tout l'enseignement
élémentaire et secondaire, toutes les écoles de ces
niveaux, catholiques, protestantes ou autres, doivent être régis
ou devraient être régis par environ 55 commissions scolaires
régionales non confessionnelles. Ces commissions, à titre de
déléguées de l'Etat, doivent être non
confessionnelles comme l'Etat lui-même." Le bill 27 n'est donc ici qu'une
transition qu'on pourrait appeller, jusqu'à un certain point, une
supercherie puisque sa visée dominante n'est pas de donner un
système permanent voulu pour lui-même, mais tout simplement
d'amener indirectement et graduellement le système déjà
prévu par la commission Parent.
Là-dessus, j'ai des remarques révélatrices à
vous signaler. Premièrement, l'article 13 du bill 27 amende l'article 49
de la loi actuelle de telle sorte que, dans la nouvelle commission scolaire
regroupée, formée par voie de suffrage universel, les gens
autres que catholiques ou protestants non seulement peuvent choisir entre la
communauté catholique et protestante, mais être électeurs
et devenir commissaires dans l'une ou l'autre, à leur choix. Vous voyez
qu'on ne songe nullement à offrir un secteur de commission scolaire
autre. On préfère les mettre tous dans les commissions scolaires
actuelles.
Vu l'absence d'un secteur "d'écoles autres", multiconfessionnel
ou neutre, qui serait créé de façon autonome, ayant, en
vertu de la loi, ses propres structures, les militants de l'école neutre
remarquez bien que je ne les conteste pas, c'est leur droit de vouloir
des écoles non confessionnelles qui veulent que toute
école publique soit non confessionnelle, n'auront qu'à faire, au
plan juridique, le test de cette structure du bill 27 pour prouver que les
nouvelles commissions scolaires dites pour catholiques n'ont aucun
caractère, ni en fait, ni en droit, comme commissions confessionnelles.
Le bill 27, d'ailleurs, sous prétexte de regroupement, supprime le
caractère exclusif de 71 commissions scolaires qui existent dans la
province, qui sont exclusives, et dont le nom même témoigne de
leur caractère authentiquement confessionnel.
Il faut rapprocher le bill 27 du bill 63, devenu loi aujourd'hui, Loi
pour promouvoir le français qui amende l'article 203 de la
commission scolaire actuelle de la Loi de l'instruction publique et impose aux
commissions scolaires catholiques ou protestantes actuelles le contrôle
éventuel d'écoles autres que catholiques ou protestantes. C'est
un autre point qui est passé inaperçu de la population à
l'occasion du débat sur le bill 63, mais qui contribue à
transformer graduellement et juridiquement les commissions scolaires dites
catholiques ou protestantes en commissions scolaires non confessionnelles,
d'après la voie toute tracée déjà depuis la
commission Parent.
Une commission scolaire se définit à partir de son mandat.
Si elle a comme mandat de mettre sur pied des écoles qui doivent
être catholiques, protestantes ou autres, si elle est élue au
suffrage universel, sans distinction de religion, il m'apparaît difficile
de prétendre qu'elle soit confessionnelle.
Le bill 27 apparaît difficile à concilier d'ailleurs avec
le droit de dissidence qui est dans notre loi, aux articles 71 et suivants. Or,
ce droit de dissidence justement disparaît aussi dans le système
prévu depuis la commission Parent.
Le bill 27, de plus, oblige les 168 minirégionales à
être membres de la commission scolaire régionale et prévoit
leur intégration éventuelle dans les structures de la
régionale par fusion volontaire. Or, les commissions scolaires
régionales actuellement ne sont pas confessionnelles.
La visée directrice, l'effet réel du bill 27 on le
voit apparaît donc clairement. Dans plusieurs régions de la
province, la population protestante est très faible et parfois à
peu près inexistante. En refusant d'élargir le droit de
dissidence en faveur d'un secteur autre que catholique ou protestant, en
agrandissant le territoire et le bassin de population des commissions scolaires
pour catholiques et en établissant le suffrage universel dans ces
commissions agrandies on rendra inévitable le conflit à
l'intérieur des mêmes commissions scolaires et des mêmes
écoles, entre ceux qui veulent l'école catholique, telle que la
définit leur Eglise, et ceux qui la contestent ou la combattent de
l'intérieur.
La commission scolaire du bill 27 depuis ce que je pourrais appeler la
supercherie du bill 63, parce qu'il a inclus un article dont la portée
est extrêmement importante dans notre loi scolaire nous fait entrer de
façon irréversible dans un système totalement neutre au
niveau de l'administration financière et pédagogique des
écoles.
On impose donc par voie indirecte, par des degrés qui sont
étudiés, par des précédents, par la méthode
du fait accompli ce que la population refuserait si on le lui proposait
franchement et directement, à savoir le système
décidé depuis la commission Parent.
A mon humble avis aucune des 141 commissions scolaires du projet 27,
dites pour catholiques, dans l'annexe A du projet de loi, ne pourra conserver
le nom, ni je ne suis pas juriste le statut de commission
scolaire catholique. On pourra les dire pour catholiques. Mais je vous le
demande: Est-ce qu'un autobus scolaire devient catholique du seul fait qu'il
porterait l'étiquette "Autobus pour catholiques" alors que tous les
passagers y sont admis sans s'identifier?
Les penseurs du bill 27...
M. TETLEY: Je pose une objection. Cela, c'est brillant, M. le
Président.
M. BOUCHARD: En réalité, on cherche à
concrétiser dans les faits une théorie que je trouve à peu
près en toutes lettres dans le rapport de la commission Parent et qui
s'exprime ainsi, M. le député: "La confessionnalité se
situe au niveau de l'école, là où se donne le service et
non pas au niveau de la commission scolaire qui est celui de
l'administration".
On trouve cette thèse je viens de le dire dans la
commission Parent. Or, les parents qui optent pour l'école catholique
répondent que c'est précisément au niveau de la commission
scolaire et non pas à celui de l'école que se décide
vraiment le caractère confessionnel ou neutre de l'école
elle-même. Parce que c'est à ce niveau qu'on met en place les
conditions nécessaires, qu'on engage les maîtres, les directeurs
d'école, les directeurs de service, bref qu'on décide des
conditions qui feront qu'une école est d'un type différent d'une
autre à ce plan des valeurs spirituelles ou religieuses.
J'espère que vous me comprenez, MM. les députés. Le
comité catholique, on le sait, ne peut pas assurer ces conditions, parce
qu'il n'a pas de pouvoir exécutif et n'a pas de fonctions
administratives. Je regrette de blesser des opinions chez les
députés, mais c'est peut-être parce que, depuis six ans,
nous avons essayé d'approfondir ces questions. Nous nous sommes
penchés à coeur d'année là-dessus et nous n'avons
aucun intérêt personnel pour plaider quelque chose...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. Bouchard, si vous permettez, simplement pour
éclaircir les opinions parce que vous touchez un point qui me semble
assez important et vous sautez très rapidement...
Vous dites que le Comité catholique n'a pas de pouvoir
exécutif ni de fonction administrative. Est-ce que je n'aurais pas
raison cependant, M. Bouchard, de dire que le Comité catholique
possède des pouvoirs de réglementation que lui donne la loi,
pouvoirs qui sont de beaucoup supérieurs en tout ce qui touche la
confessionnalité, de beaucoup plus vastes, de beaucoup plus puissants
que les pouvoirs mêmes du ministre de l'Education, et que ces pouvoirs
ont été déjà utilisés? Il y a
déjà eu des réglementations du Comité catholique et
dans le texte même de la loi ces mêmes pouvoirs sont très
vastes et sont très complets et il ne reste au Comité catholique
que de continuer à les exercer. Pour les députés et pour
d'autres qui pourraient peut-être l'ignorer, la composition du
Comité catholique ne relève nullement du gouvernement.
M. BOUCHARD: Comment?
M. SAINT-PIERRE: C'est-à-dire que ce n'est pas le gouvernement ou
le lieutenant-gouverneur qui nomme les personnes au Comité
catholique.
M. BOUCHARD: Je redis que le Comité catholique n'a pas de pouvoir
exécutif ni de fonctions administratives. Je sais parfaitement et
j'accepte que vous le souligniez qu'il a une fonction de
réglementation vis-à-vis des écoles catholiques. Je sais
ça. On approche justement de tout ce débat qu'on ne terminera
peut-être pas aujourd'hui, qui veut que d'un côté
c'est une opinion que je respecte il suffit d'avoir un comité de
réglementation, un comité catholique pour en assurer
l'exécution au niveau des écoles confessionnelles et autres
c'est ce que je perçois à travers la population catholique
depuis cinq ou six ans que nous consultons tous les milieux là-dessus
qui disent que ça ne suffit absolument pas. Il faut que la
commission scolaire elle-même, celle qui établit tous les grands
services, ait cette option en ce qui concerne l'école catholique.
Remarquez qu'on pourrait peut-être prétendre que tout
dépend de la façon qu'on définit une école
confessionnelle. Pour une école qui serait confessionnelle dans un
certain sens peut-être que cela suffirait. Il y a ceci à
juger.
M. SAINT-PIERRE: Passer son temps à définir une
école confessionnelle, c'est réellement une tangente qu'on prend
dans le débat. On ne veut pas poursuivre davantage. Je souligne
simplement de nouveau que l'ensemble des pouvoirs de réglementation en
ce qui touche l'école confessionnelle au Québec est donné
au Comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation,
que le texte de loi du Conseil supérieur de l'éducation lui donne
des pouvoirs beaucoup plus vastes que ceux du ministre. Le ministre est
obligé de se soumettre à ces pouvoirs de
réglementation-là et, troisièmement, ce sont des
commissions scolaires confessionnelles, avant le projet de 27 et après
le projet de loi 27, qui seront responsables dans le milieu même de
l'implantation de cette réglementation.
M. BOUCHARD: Remarquez bien, M. le ministre, que je respecte votre
opinion là-dessus, votre intervention. Je sais d'ailleurs que les
pouvoirs du Comité catholique sont autres et dans leur ordre plus grands
que ceux du ministre vis-à-vis de la réglementation des
écoles confessionnelles. Il reste que j'affirme ici une chose que j'ai
perçue partout à savoir que cela ne suffit pas d'avoir un
Comité catholique pour qu'au plan de l'exécution les
écoles catholiques soient celles que désire la population.
Remarquez bien que cela pourrait nous entraîner dans un débat qui
se situe sur les principes et sur des faits que nous vivons actuellement. Les
parents ont raison de croire ceci. C'est notre opinion.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais poser une question au ministre.
Compte tenu de ce que vous avez dit, M. le ministre, et qui est conforme
à la loi, si on est mécontent de la façon qu'agit le
Comité catholique, ne serait-ce que les gens qui en font partie n'ont
pas les mêmes préoccupations religieuses que ceux qui se font
entendre actuellement?
M . SAINT-PIERRE: Poser la question, c'est y répondre.
M. BOUCHARD: Disons que c'est une intervention privée. M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président, ce n'est pas une
intervention privée. J'ai dit au ministre que, compte tenu de ce qu'il
avait dit, compte tenu de la constitution du Comité catholique, si les
gens qui sont membres de ce Comité catholique et qui sont nommés
par des représentants de la confession religieuse catholique ne se
prévalent pas des droits qu'ils
ont, il faut leur demander des comptes à eux et non pas aux
législateurs.
M. BOUCHARD: Je respecte l'opinion de tous les
députés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une opinion, monsieur, c'est une
constatation.
M. BOUCHARD: M. le Président, je ferai remarquer que, si la
question confessionnelle devait être réglée par le fait
qu'on a un comité catholique, il y a beaucoup de consultations, y
compris celle-ci, qui pourraient être enlevées du débat.
Les parents ont raison de croire, à mon avis, et d'affirmer publiquement
que les écoles catholiques doivent être placées sans
ambiguïté sous la juridiction de commissions scolaires
confessionnelles qui assumeront le maintien et la promotion de telles
écoles comme service public à toute la société, y
compris à des minorités peu nombreuses, éparses, qui
pourraient préférer cette école à l'école
neutre, soit à l'école complètement
étatisée.
Il nous paraît évident que l'école catholique, comme
service public, ne pourra résister si on la soumet à une
autorité administrative, financière et pédagogique, neutre
ou multi-confessionnelle. Des signatures nous arrivent tous les jours, par
centaines, sur une requête dont le texte se lit ainsi: "Nous,
soussignés, étant dûment qualifiés comme
électeurs, demandons au gouvernement de la province et à tous les
membres de l'Assemblée nationale de rejeter tout projet visant à
imposer par voie législative le regroupement des commissions scolaires
ou à placer les écoles confessionnelles sous la juridiction de
commissions scolaires neutres ou multiconfes-sionnelles." La deuxième
partie réfère à un bill qui est annoncé pour
Montréal.
Permettez-moi en terminant, M. le Président, de vous citer tout
simplement...
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Président, mais comment peut-on
parler d'un projet de loi 28 dont personne ne connaît encore le texte
dans une requête qui évidemment émane de la
génération spontanée, probablement?
M. BOUCHARD: M. le Président...
M. CHARRON: Qui vous dit qu'on va placer les écoles
confessionnelles sous la juridiction de commissions scolaires neutres?
M. CARDINAL: Je pose une question, d'avance on parle d'un projet de loi
que même les législateurs ne connaissent pas.
M. CHARRON: C'est ça! Il n'est même pas
déposé encore, comment pouvez-vous faire signer les gens
là-dessus? Vous ne savez même pas ce qu'il y a dans la loi.
M. BOUCHARD: Depuis cinq ans, M. le Président, une grande partie
de la population est dans la situation suivante. Les projets ont d'abord
été pensés par une commission royale d'enquête, la
commission Parent. A ce moment-là, il est bien évident qu'on ne
peut absolument pas sensibiliser la population, ce n'est pas encore un projet
de loi. D'ailleurs, les dernières tranches du rapport de la commission
Parent ont été publiées par une indiscrétion, sous
l'administration de M. Lesage. Ce dernier, alors chef du gouvernement, a dit:
Nous ne sommes nullement lié par les conclusions de ce rapport.
A ce moment-là, la population, la masse des parents, ne pouvait
pas intervenir. Il n'y avait ni intention de suivre ces recommandations, ni
projet de loi. Depuis cette date, à plusieurs reprises, des membres de
ministères différents ont manifesté l'intention du
gouvernement. Parfois même, cela n'a pas été une intention,
cela a été un projet de loi qui a été justement
émis, par exemple le bill 62. Cette fois-ci, à plusieurs
reprises, le ministre actuel a donné son intention publiquement à
tel point que des journaux comme la Presse où Mme Lysianne Gagnon a
publié les grandes lignes, je dirais l'épine dorsale, du projet.
La population est un peu dans une situation impossible, dans un dilemne. Aussi
longtemps que le projet de loi n'est pas déposé, je dirais qu'il
est impossible d'alerter la population et de la sensibiliser. Quand il l'est,
il est déjà trop tard parce que le gouvernement est
engagé. Je vous donne, comme exemple, la situation actuelle. Un
député vient de rappeler, ce matin, que le principe du bill est
déjà voté. Remarquez bien: le gouvernement est
déjà engagé envers le principe d'un bill et là on
vient inviter maintenant les parents à paraître devant cette
commission parlementaire. Alors quand on voudrait intervenir, il est trop
tôt parce que le projet n'est pas déposé. Quand il est
déposé, il est trop tard. Et c'est comme ça que, depuis le
début, se place la réforme scolaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! On ne permet pas de manifestations ici
à la commission ni d'applaudissements. La parole est au
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, M. Bouchard vient de
dire tout à l'heure qu'un député a déclaré
que la Chambre s'était déjà prononcée sur le projet
de loi.
M. BOUCHARD: Sur le principe, ai-je dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est exact, nous nous sommes
prononcés sur le principe du projet de loi et le groupe que je
représente a déclaré qu'il était en faveur du
regroupement. Mais le porte-parole du parti à ce moment-là, M.
Cardinal, ancien ministre de l'Education, a déclaré qu'il
approuvait le princi-
pe du regroupement quitte à en examiner les modalités aux
ternies du texte que nous avons devant nous. Et vous-mêmes, M. Bouchard,
avez déclaré, au début de votre intervention, que vous
n'étiez pas contre le principe du regroupement. Il faudrait quand
même accorder au législateur le crédit d'une prudence que
nous avons manifestée de façon très nette lorsque nous
avons dit que nous approuvions le principe du regroupement et qu'il resterait
à étudier les modalités à partir des
recommandations qui nous seraient faites par des organismes
intéressés.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, s'il y a des
législateurs qui ont approuvé le principe du projet de loi no 27
en deuxième lecture, je tiens tout de même à souligner
qu'il y a également des législateurs qui n'ont pas
approuvé ce projet de loi en deuxième lecture. Donc, on ne peut
pas dire que la Chambre a été unanime à adopter ce projet
de loi sur le principe du regroupement obligatoire des commissions
scolaires.
Nous l'avons dit et je le répète, un certain regroupement
dans certaines régions s'impose, selon les besoins. Mais là
où nous avons des objections, c'est que ce regroupement soit obligatoire
à la grandeur du Québec et qu'on impose des structures sans
même avoir à demander le point de vue des commissions scolaires
concernées, le point de vue des parents, des enfants concernés
dans les différentes régions.
C'est pourquoi, je me permets de le dire à nouveau ici, s'il y a
des législateurs qui ont voté pour le principe de ce projet de
loi, nous, nous avons voté contre. Quant à nous, nous aurions
préféré que le projet de loi soit déposé en
première lecture d'abord et qu'on invite, justement comme le disait M.
Bouchard, les gens concernés avant que les législateurs puissent
se prononcer sur le principe du projet de loi. Il me semble que cela aurait
été normal, et quant au projet de loi no 28, disons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, quant au projet de loi no
28...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avons pas à reprendre ici les
discussions qui ont eu lieu lorsque le projet de loi a été
examiné en deuxième lecture, et encore moins à faire la
seconde lecture d'un projet de loi qui n'est même pas
déposé. Je vous demanderais de rappeler le député
de Beauce à l'ordre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'ai pas d'ordre à
recevoir du député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler au député de Beauce
que ce qu'a dit le député de Chicoutimi est vrai. Je voudrais
qu'on s'en tienne aux auditions et discussions avec les associations
représentées ici aujourd'hui.
M. ROY (Beauce): M. le Président, si vous permettez, un mot
seulement pour dire, à la suite du député de Chicoutimi
qui a lui-même parlé du projet de loi no 28 tout à l'heure,
que je ne suis pas le premier à en parler...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est faux, M. le Président, j'invoque
le règlement. Je n'ai pas parlé du projet de loi no 28. J'ai tout
simplement signalé, comme mon collègue le député de
Bagot, comme le ministre de l'Education, qu'on ne pouvait pas parler d'un
projet de loi sans savoir ce que ce projet de loi contiendrait. Or, le projet
de loi n'est pas déposé, la Chambre n'en est pas saisie et, aux
termes de notre règlement, nous ne pouvons même pas en
discuter.
M. BROCHU: M. le Président, le député de
Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. BROCHU: ...le député de Chicoutimi a parlé de
certaines réalités relativement au projet de loi 28 alors qu'au
moment même où le député de Beauce prononce le mot
sans même avoir le temps de signaler lui aussi un rapport qui peut
exister, vous le rappelez à l'ordre et vous donnez suite à une
recommandation, fort louable dit-on du député de Chicoutimi. Je
demande, M. le Président, d'avoir un peu de justice aussi et de laisser
le député de Beauce...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne permets pas qu'on juge le
président ici, et je voudrais mentionner qu'on doit s'en tenir aux
discussions des associations et de leurs représentants.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le projet de loi 28, je
voulais dire que nous ne le connaissons pas puisqu'il n'a pas été
déposé en première lecture. Mais ce que M. Bouchard a
voulu dire et les interventions qui ont été faites, c'est selon
ce qui en a été dit dans les journaux. C'est tout simplement la
mention que je voulais faire. On ne peut pas se baser sur le projet de loi no
28, il n'est pas déposé. Mais il y en a eu suffisamment
d'écrit dans les journaux pour que tout de même, même s'il
n'est pas déposé, nous ayons au moins une idée de ce qu'il
sera.
M. BOUCHARD: M. le Président, avec votre permission et sans la
permission d'aucun autre, notre association va continuer à faire signer
cette requête-là et de recevoir les requêtes.
Nous n'avons de permission à demander à personne à
cette fin et nous avons tous les motifs voulus pour faire signer des
requêtes par les parents dans toute la province afin que le jeu normal de
la démocratie reprenne au Québec vis-à-vis de
l'intérêt public numéro 1 qui est celui de
l'éducation.
M. le Président, je lis dans des documents du ministère
que la bible de l'éducation, c'est le rapport de la commission Parent.
Or, ce n'est pas nécessairement le point de vue d'éducateurs
chevronnés qui ont fait carrière dans l'enseignement. J'ai ici un
exemple, un nommé Emile Robichaud qui est encore à la direction
d'une école secondaire à Montréal et je vous certifie que
nul ne pourra nous faire croire que la nouvelle bible de l'éducation au
Québec, c'est la commission Parent, mais c'est ça qu'on applique
un peu partout.
Je voudrais signaler ceci en passant, au chapitre des droits des parents
et du compte qu'on en fait depuis cette réforme. L'an passé, il y
a un an à peu près, c'est-à-dire le 14 juillet,
j'étais avec une délégation de parents venus de trois
régions devant le premier ministre pour lui soumettre des requêtes
qui avaient été exprimées d'une façon unanime dans
deux régions de la province au moins. L'une, le milieu de Thetford, de
la régionale de l'Amiante, et l'autre, c'est celle du milieu de
Laflèche, à propos de la construction d'une école
polyvalente.
A Thetford, les parents voulaient un délai d'exécution
d'un an vis-à-vis d'un regroupement scolaire d'enfants de 8e et de 9e
années qui avait été décrété par la
régionale à Thetford en vue d'une polyvalente de 3,000 et plus
à Thetford même. Pendant des mois et des mois, les parents ont
tout fait ce qui était démocratiquement possible pour tenter de
convaincre cette régionale et le gouvernement et le ministère
d'accorder ce délai avant d'imposer le regroupement des enfants à
Thetford. Ils ont perdu la partie et le regroupement s'est finalement fait
à Thetford pour ces municipalités environnantes de Thetford.
L'autre, c'est Laflèche. Là aussi, on a eu des
requêtes signées, des résolutions de commissions scolaires
locales représentant la volonté à peu près unanime
des parents du milieu. Que voulaient-ils? Une polyvalente de 1,500 et non pas
de 3,000, comme l'avait décrété la commission scolaire
régionale de Chambly. Es avaient eu... il n'y a aucune différence
là-dessus, entre la polyvalente...
M. LE PRESIDENT: Excusez, M. Bouchard. La parole est au ministre de
l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. Bouchard, pour rectifier ou peut-être pour
préciser davantage, c'est une diversion, mais il me semble
nécessaire de bien cerner le problème que vous soulevez. N'est-il
pas vrai que, dans les deux cas que vous soulevez, Thetford Mines et
Laflèche, les commissaires qui étaient favorables à
l'implantation de la régionale, qui l'ont demandée par
résolution au ministère, que ces personnes étaient
effectivement des commissaires et là je ne reprendrai pas tous
vos termes de commissions scolaires locales, confessionnelles,
élus démocratiquement et tout ce que vous voulez, avant
même tout regroupement? Il s'agit de savoir qui sont les
représentants des parents. Je ne nie pas qu'il y ait des associations de
parents responsables. On peut en avoir toute une gamme. Mais dans les deux cas
que vous soulevez, ça a été voté majoritairement,
démocratiquement par des commissaires qui étaient élus
avant le projet de loi 27 dans des commissions scolaires confessionnelles,
locales, près de la population et capables de comprendre le milieu.
Est-ce vrai ou faux?
M. BOUCHARD: Je ne crois pas que ce soit tout à fait vrai, parce
que j'ai un tas de photocopies de la résolution votée par les
commissions scolaires concernées de la régionale Laflèche.
Maintenant, est-ce qu'ils ont changé d'avis après coup? Je ne
sais pas. Est-ce que vous parlez des commissaires délégués
à la régionale? Dans le cas de Thetford, on ne peut pas faire de
preuve plus claire de la volonté des parents de East-Broughton, de
Saint-Pierre-de-Broughton, de Saint-Jacques-de-Leeds, de Robertsonville ou de
Saint-Méthode. Je crois que si vous niez tout simplement la
volonté qui s'est exprimée par ces parents, je ne comprends plus
moi-même.
J'accorde que dans une commission scolaire telle que constituée,
la régionale, par délégation des locales, il arrive,
semble-t-il que la délégation coupe en pratique l'intervention
des parents locaux et que tout ce qui se fait en pratique est souvent contraire
à ce que désiraient les parents.
Dans la Presse de samedi on peut lire remarquez bien que je ne
dis pas que c'est absolument fidèle, mais enfin, je me fie autexte des
journaux tel qu'on le rapporte: "Aux adversaires du projet 27, le ministre a
reproché de vouloir un retour à une situation folklorique qui,
autrefois, faisait considérer le Québec dans le reste du Canada
comme une campagne pittoresque où on venait observer les
indigènes paisibles et naifs avec un petit sourire narquois". M. le
Président, permettez-moi de signaler, comme je vous le disais tout
à l'heure, qu'il y a des éducateurs qui ne sont pas du tout de
l'époque antédiluvienne...
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, à l'ordre s'il vous plaît! A
l'ordre! Voulez-vous vous en tenir uniquement au projet de loi no 27?
M. BOUCHARD: Je tiens à dire qu'il y a des
témoignages là-dessus qui méritent d'être
lus, non seulement par les éducateurs, mais par des
députés. Ce petit livre de 80 pages intitulé "Les
éducateurs sont-ils coupables? " fait référence à
ce qui se produit dans le domaine de l'éducation au plan précis
de l'activité éducative et des structures. Ce que je veux dire
c'est que je n'ai aucune honte, pour ma part, et comme éducateur ayant
fait carrière dans la profession et comme parent de me dire
opposé au principe d'un regroupement volontaire. Je ne crains nullement
d'être perçu par les Anglophones de l'Ontario, par exemple, comme
tout simplement dépassé parce qu'eux-mêmes, si vous faites
enquête dans cette région, sont aux prises avec les
problèmes d'un regroupement qui a été fait à partir
des comtés et qui crée des tempêtes de protestations dans
les milieux ruraux. J'ajoute ceci qui certifie aussi que, même en
Saskatchewan, les parents ne nous considéreront pas comme une bête
curieuse, comme des gens dépassés qui veulent s'accrocher
à un passé révolu parce que si vous lisez les derniers
journaux, le Globe and Mail récemment faisait état de la
défaite de M. Thatcher en Saskatchewan. C'est un article du 25 juin 1971
intitulé "The People's turn"...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. Bouchard, je m'excuse, mais je pense et je ne
sais pas si mes collègues, en dehors même de toutes les lignes de
parti, sont d'accord avec moi, que vos propos sur le résultat de
l'élection en Saskatchewan ne sont pas pertinents au débat
actuellement en cours. On va laisser, si vous voulez, M. Thatcher à ses
oignons et on va s'occuper des nôtres. Les nôtres, c'est le bill
27, ce n'est pas une interprétation...
M. BOUCHARD: M. le Président, c'est exactement le même cas,
c'est sur un regroupement d'écoles et de commissions scolaires. C'est
cela qu'on reproche à ce ministère. C'est en toutes lettres dans
le Globe and Mail.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que je peux avoir la
parole?
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, un instant. La parole est au
député de Terrebonne.
M. HARDY: Est-ce que M. Thatcher aurait été battu sur
cette question-là?
M. BOUCHARD: C'est justement ce qu'affirme l'article du Globe and Mail.
Voulez-vous que je vous en cite des extraits?
M. HARDY: C'est une opinion de journaliste.
M. BOUCHARD: C'est tout à fait pertinent.
M. CHARRON: M. le Président, je pense que le dernier argument
contre le bill 27, la menace de disparition du gouvernement sur cette question,
on peut le laisser de côté. De toute façon, ce
gouvernement-là va disparaître comme tous les autres. Ce n'est pas
à cause d'un projet de loi ou d'un autre. Je pense qu'on peut
décidément laisser tomber cette remarque.
M. HARDY: S'il n'y a que cela pour nous faire disparaître, on
n'est pas bien menacé.
M. BOUCHARD: M. le Président, je crois que les milieux qui sont
vraiment concernés par le bill 27, c'est-à-dire ceux qui sont
appelés à être fusionnés dans un centre annexant
plus gros, n'ont absolument pas la possibilité d'être entendus
dans les circinstances présentes, à moins que votre commission
les invite à le faire à une date plus propice. J'ai dit au
début qu'il s'agissait d'un principe fondamental dans ce bill dans la
mesure où il s'agit d'imposer par voie législative des
regroupements que les divers milieux n'ont pas voulu faire et que souvent ils
ont dit ne pas vouloir faire. J'affirme de nouveau qu'il serait
éminemment souhaitable, pour que toute la population croie encore
à ce jeu honnête de la la démocratie, qu'on reporte
l'étude de ce projet de loi à une date un peu plus
éloignée parce qu'actuellement tous les gens nous demandent:
Est-ce qu'on a le temps de se faire entendre à cette commission? J'en ai
entendu plusieurs ici, ce matin, dire: On ne pourra pas être entendu.
Je demande à votre commission de reporter ses séances
à une date convenable en septembre et de permettre à tous les
milieux concernés de venir expliquer les conditions de leur milieu et
pourquoi ils s'opposent à un regroupement qui serait imposé.
Là-dessus je crois que vous auriez l'appui et l'accord de toute la
population, y compris de ceux qui acceptaient le regroupement avec des nuances,
des réserves, ceux qui sont favorables. De notre part, je tiens à
le répéter, nous n'avons jamais dit que nous étions contre
tout regroupement. C'est un principe fondamental que j'ai expliqué au
début. Je crois que c'est encore le principe qui prévaut dans
notre système et aucun gouvernement n'a été mandaté
pour le modifier. C'est celui des parents de chaque milieu qui jugent des
intérêts de l'enfant au plan de la commission scolaire. C'est
beaucoup plus qu'un simple rouage administratif. Je vous remercie, M. le
Président. Vous m'avez accordé plus que le temps que
j'espérais et je tiens à remercier aussi tous les membres de
votre commission.
M. LE PRESIDENT: La parole est à l'honorable ministre,
plutôt au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser au départ quelques
questions à M. Bouchard. M. Bouchard, vous nous avez dit tout
à l'heure que votre association très respectable groupe 35,000
parents catholiques. Vous nous avez présenté un mémoire ce
matin, au nom de ces 35,000 parents. La première question que je
désire vous poser est la suivante : Comment se fait le recrutement des
membres de votre association?
M. BOUCHARD: M. le Président, je crois que l'on allonge les
débats inutilement, notre recrutement se fait par adhésion
signée. Je tiens à signifier ceci, M. le Président. Nous
ne représentons pas uniquement 35,000 membres...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je regrette...
j'invoque...
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, la parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je tiens à
faire observer, en toute amitié à M. Bouchard que je connais
bien, qu'il se trouve devant une commission parlementaire. Une commission
parlementaire a des pouvoirs quasi judiciaires et c'est si vrai que nous
pourrions même assermenter les témoins qui viennent devant nous.
Donc les questions que nous lui posons, ne sont pas des questions futiles. Si
nous les posons, c'est que nous voulons être renseignés. Et je le
fais pour ma part sans aucune sorte de préjugé. Je connais votre
association et je respecte le travail qu'elle fait. Je veux toutefois savoir
quelle est exactement la qualité de l'interlocuteur, c'est-à-dire
de votre association.
M. HARDY: Sa représentativité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors M. le Président, je demande
à M. Bouchard, comment se fait le recrutement des membres. Je ne demande
pas une thèse de doctorat pour m'expliquer cela. Vous n'avez qu'à
me dire comment vous recrutez vos membres afin que je puisse me rendre compte
de la représentativité de votre organisme.
M. BOUCHARD: Je viens de dire, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors c'est fait par...
M. BOUCHARD: C'est cela.
M. BROCHU: M. Bouchard, vous avez également invoqué le
règlement à la suite du député de Chicoutimi. Je
pense qu'actuellement, M. le Président, nous glissons à
côté du fond de la question... On a fait tout à
l'heure...
M. HARDY: Non, non, non.
M. BOUCHARD: Je suis prêt à répondre à la
question, M. le Président...
M. BROCHU: On a fait tout à l'heure une question de régie
interne concernant les associations et on a refusé de continuer à
discuter de la question parce qu'on disait que ce n'était pas en
relation étroite avec le bill 27. Je suggérerais au
député de Chicoutimi que, s'il veut prendre sa carte de membre de
parent catholique, de bien vouloir en discuter personnellement avec...
M. LACROIX: C'est une bonne sorte d'infantilisme !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque encore une
fois le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! On ne permet pas aux assistants de
manifester aux commissions parlementaires. Sans cela, on n'arrêterait
pas. Je crois que la question du député de Chicoutimi est
fondé vu que nous sommes en commission parlementaire et que l'on veut
savoir à qui l'on a affaire.
M. BROCHU: M. le Président, j'approuve votre décision, si
vous permettez, si on nous accorde les mêmes droits pour d'autres
associations.
M. CARDINAL: M. le Président, une question d'ordre. Cela fait
deux fois que des députés représentant le Ralliement
crédiliste attaquent la présidence ou lui impute des motifs. Je
ne puis pas accepter cela comme membre de cette commission.
M. BROCHU: Je n'ai pas du tout attaqué la présidence, je
la respecte au plus haut point. J'ai simplement demandé la directive,
afin de savoir s'il m'était possible, à la suite de
l'intervention du député de Chicoutimi, de procéder de la
même façon pour d'autres associations.
M. LE PRESIDENT: On y verra en temps et lieu. La parole est à M.
Bouchard.
M. BOUCHARD: M. le Président, nos membres signent de leur main
les cartes de membres, après que nous les avons informés des
structures, des objectifs, non seulement généraux de notre
association, qui sont consignés dans le fascicule de nos statuts et
règlements, mais également des positions que nous avons prises
depuis cinq ans, alors que nous avons touché les principaux aspects de
la réforme pédagogique.
Je crois qu'il est difficile de mettre en doute le caractère
représentatif de notre association vis-à-vis de ses membres. Ce
que je tiens à ajouter, c'est que dans ce débat sur le bill 27,
nous avons des centaines de parents de milieux qui ne nous connaissaient pas
encore et qui, à l'unanimité, ont envoyé des
requêtes d'eux-
mêmes. J'ai dit que les parents cherchent une voie d'expression
et, quand ils nous trouvent, ils nous envoient ça par exemple par le
truchement d'un journal et signent sur la feuille même du journal qui
porte...
J'en ai ici dans ma serviette plusieurs exemplaires de ces
témoignages de parents qui ne nous connaissaient pas. J'espère
que ça satisfait M. le député de Chicoutimi. Mais aussi,
je tiens à ajouter que nous représentons dans ce débat
beaucoup plus que le nombre de nos 35,000 membres.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie M.
Bouchard de ses renseignements. Deuxièmement, je voudrais lui poser la
question suivante. Vous nous avez présenté ce matin un
mémoire. J'aimerais savoir et c'est le droit strict de la
commission de le savoir quels ont été les
rédacteurs de ce mémoire?
M. BOUCHARD: J'ai été le rédacteur de ce
mémoire. Vous savez, je n'étais moi-même certain ni de la
date où commencerait à siéger cette commission
parlementaire, ni même si elle siégerait et si le débat
serait seulement permis à des regroupements locaux et non pas sur le
principe. De toute façon, j'ai suivi les orientations qui ont
été décidées depuis qu'on entend parler de
regroupement scolaire. Aux assises de l'école 1970, une commission
d'étude l'une des cinq a siégé
expressément là-dessus et, dès ce moment, alors qu'il
venait des parents d'un peu partout de la province nous en avons
réuni à peu près un millier cette commission
particulière, qui étudiait la question du regroupement
éventuel des commissions scolaires, s'est prononcée dans le sens
suivant, d'une façon très claire: Nous étions
opposés à tout regroupement qui serait imposé par voie
législative aux divers milieux.
Deuxièmement, à notre dernière réunion du
conseil provincial de l'association, qui siégeait le 20 juin à
Montréal, nous sommes revenus sur la question. Cette fois, nous avons
adopté une autre résolution qui concernait simplement l'aspect
juridique. C'est une étude que nous entreprenons.
Je ne suis pas du tout inquiet sur le caractère tout à
fait honnête et loyal de tout ce qui est dans notre mémoire,
vis-à-vis des positions de nos locales, de nos membres, de notre conseil
d'administration. Mais j'avoue qu'en dernière minute j'ai dû aller
assez vite parfois pour présenter la rédaction du
mémoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, votre mémoire est quand
même assez important. A quel moment le texte que nous avons devant nous
a-t-il été approuvé et par qui, et comment?
M. BOUCHARD : Le texte du mémoire lui- même avait
été autorisé auparavant par un comité
d'étude, parce que nous avons donné les orientations à
partir des assises de l'école et à partir d'une décision
de notre conseil d'administration le 20 juin. Toutes les orientations
fondamentales, les principaux aspects avaient d'ailleurs déjà
été soumis à nos membres par le truchement du journal
Plein Jour, de sorte que le premier aspect, le principe est le suivant: nous
refusons pour chacun des milieux tout regroupement imposé par voie
législative, sans consultation du milieu ou même malgré la
volonté expresse des parents de ce milieu.
Cela est la première position. La deuxième position,
l'aspect des comités consultatifs d'école, a été
étudiée également par notre conseil d'administration. La
position qui a été autorisée pour rédaction pour un
comité a été la suivante : on ne peut absolument pas
penser que les comités consultatifs d'école pourront remplacer ce
qu'on perd par la commission scolaire locale. Ceci pour plusieurs raisons, dont
la suivante: on ne peut pas penser sérieusement à donner des
pouvoirs réels à un comité d'école aussi instable
que celui qu'on pourrait créer avec les parents de telle école
dans telle année. On ne peut pas lui donner des pouvoirs réels de
décision, on ne peut pas lui donner le mandat d'engager les
maîtres. C'est la deuxième position.
Au plan économique, ce sont des prévisions, si vous
voulez, mais nous avons une prévision qui a été faite
après enquête à l'effet qu'on ne gagne rien au plan de
l'économie d'administration par les regroupements que prépose le
bill 27. Sous l'aspect confessionnel, c'est la démesure et le suffrage
universel. L'amendement à l'article 49, qui est à l'article 13 de
la loi actuelle et qui continue une voie d'action dans laquelle les commissions
catholiques ou protestantes sont obligées en somme d'administrer toutes
les écoles de leur milieu, nous oriente plutôt vers l'école
multiconfessionnelle pour tout le monde que vers l'école catholique.
Ce sont des positions absolument agréées nommément
et textuellement par notre conseil d'administration et par nos congrès
antérieurs.
Maintenant, je vais vous dire en toute honnêteté que le
texte final de la rédaction a été simplement
révisé par quelques personnes mais qui étaient
mandatées pour le mettre au point à ce moment-ci.
J'ajoute qu'il nous est très difficile à nous-mêmes
et encore plus à tous ces petits centres qui aimeraient à
être entendus de préparer pour une commission, à trois ou
quatre jours d'avis, un mémoire dont le texte aurait été
soumis à des personnes mandatées au préalable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, le texte de votre mémoire,
c'est une synthèse des opinions que vous avez recueillies au sein de vos
membres, comme vous venez de le dire. Par conséquent, lorsque vous dites
à la page 2 de votre mémoire: "Le ministre ne doit pas
couvrir
ses propres options derrière le paravent des cadres syndicaux,
d'organismes paragouvernementaux ou de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, qui a oublié les
votes par lesquels ses membres, dans ses propres congrès, ont
carrément dit non à un éventuel bill 27," quand vous dites
cela, naturellement, vous nous laissez le droit et vous laissez au ministre le
droit de penser que votre mémoire, tel que vous venez d'en expliquer la
genèse, a exactement la même valeur que les mémoires qui
ont pu être ou qui pourraient être présentés par les
organismes que vous mentionnez à la page 2 de votre mémoire.
Maintenant, en ce qui concerne la question confessionnelle, à la
page 2 de votre mémoire, c'est le quatrième paragraphe
M. le Président, je dois d'abord faire une profession de foi. Il
n'y a pas que les créditistes qui sont catholiques ici. Je suis
catholique et, en ce qui concerne l'aspect dogmatique et l'aspect
éthique de ma religion, j'ai l'habitude de m'en remettre aux chefs
spirituels de ma religion. Est-ce que votre mémoire a reçu
officiellement ou officieusement l'approbation de l'épiscopat
catholique?
M. BOUCHARD: Non, notre mémoire n'a pas reçu l'approbation
de l'épiscopat catholique pour la raison suivante: Nous ne venons pas
ici faire oeuvre de théologiens.
M. HARDY: Vous n'avez pas d'imprimatur?
M. BOUCHARD: Non. Notre position est la suivante: nous ne faisons pas
une oeuvre d'apostolat ici.
Nous voulons lutter pour le principe premier de libertés que nous
considérons fondamentales. Les évêques de la province n'ont
jamais décidé que les parents qu'ils soient catholiques ou non,
doivent leur demander la permission pour réclamer de l'Etat les
structures scolaires qui leur paraissent réalistes et nécessaires
pour obtenir l'école qui leur convient au plan de l'exercice de leurs
droits civils et de leur liberté de conscience. Les évêques
ne statuent pas dans le domaine des lois ou des structures d'un système
scolaire. C'est notre rôle à nous, à titre de citoyens de
réclamer un principe de liberté qui est le nôtre et qui est
d'ailleurs un droit acquis. On parle beaucoup, dans les milieux syndicaux que
je respecte j'ai moi-même toujours été un
syndicaliste des droits acquis. S'il en est un qui est valable et que
l'Etat ne devrait pas changer sans consulter les populations, même les
milieux concernés, c'est bien celui-là parce qu'il se
réfère à une liberté de conscience, à
quelque chose qui est très intime à la personne humaine.
M. le Président, je trouve que la question du
député est tout à fait opportune. Je le remercie de nous
l'avoir posée. Nous agissons au plan de l'exercice de nos droits
civils.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési- dent, si j'ai posé
la question, c'est que j'avais en mémoire cette lettre que le cardinal
Roy, archevêque de Québec, avait adressée au gouvernement
lors de la création du ministère de l'Education et
référant aux structures proposées par le rapport Parent.
Son Eminence déclarait qu'il s'y trouvait tout ce qui était de
nature à garantir l'enseignement catholique ou l'enseignement
confessionnel. C'était simplement une sécurité que je
voulais avoir de votre part, M. Bouchard.
M. BOUCHARD: M. le Président, j'aimerais que le
député répète, j'ai mal saisi le témoignage
qu'il apporte au chapitre des structures proposées par le rapport
Parent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai déclaré, M. le
Président, que, lors de la création du ministère de
l'Education, le cardinal Roy, parlant au nom des évêques, avait
déclaré qu'il se trouvait dans les structures proposées
par le rapport Parent, auquel d'ailleurs vous faites allusion abondamment dans
votre mémoire, tout ce qui était de nature à garantir la
sécurité de l'enseignement confessionnel dans les écoles
du Québec.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Saint-Jacques.
Il y a longtemps qu'il m'a demandé la parole.
M. CHARRON: J'ai quelques...
M. HARDY: Au fond, M. le Président, si vous me permettez, M.
Bouchard vient de nous dire, comme disent les gens de chez nous, qu'il est plus
catholique que le pape.
M. BOUCHARD: M. le Président, je tiens à dire que je crois
que tous les évêques de la province sont d'accord sur ceci: Les
lois qui régissent un système scolaire ne sont pas immobiles et
elles peuvent être modifiées à l'exercice ou à
l'essai. Après cinq ou six ans, il me semble que l'ensemble des parents,
qui sont les clients du système, ont le droit de changer quelque
chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... les évêques-là, M.
Bouchard.
M. BOUCHARD: Non, non, voici, écoutez. Je réponds à
l'intervention qui veut que nous soyons plus catholiques que le pape. Je la
trouve peut-être habile mais non avenue parce qu'il n'est pas question
ici d'être plus ou moins catholiques. Il y a des gens qui ne sont
peut-être pas des catholiques et qui choisiront telle ou telle structure.
Il s'agit de créer des structures qui permettent l'exercice de droits
fondamentaux. Je n'ai aucunement l'intention de me donner comme plus catholique
que celui-ci ou celui-là ni même que le pape.
M. LE PRESIDENT: Revenons au débat. Je
demanderais, si vous voulez il y a près de deux heures
qu'on écoute M. Bouchard de poser des questions courtes et de
faire des réponses courtes également. La parole est au
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Très bien, c'est ce que j'ai l'intention de faire, M.
le Président. En feuilletant votre mémoire, M. Bouchard, il me
vient des questions et j'aimerais que vous me répondiez. A chaque
critique que vous apportez au regroupement imposé puisque vous l'appelez
comme ça la loi 27 auquel vous vous opposez, je me
demandais toujours ce que vous alliez suggérer à la place, vous
disant vous-même pas du tout opposé au regroupement. L'aspect que
je trouve le plus étrange dans votre mémoire est à la page
4 lorsque vous réglez, de quelque façon, le problème
confessionnel en suggérant, en amplifiant le projet de loi 27, en
créant un troisième type d'administrations scolaires ou de
commissions scolaires qui seraient des commissions scolaires neutres.
Vous dites qu'il faut amender la loi pour élargir le droit de
dissidence, ajouter un secteur AUTRE (avec majuscules) aux secteurs catholique
et protestant en lui offrant au niveau des structures d'écoles la
même liberté, la même autonomie qu'aux secteurs catholique
et protestant. Notre parti, M. le Président, a fait valoir en
deuxième lecture que le maintien des commissions scolaires
confessionnelles doublait inutilement sur le plan administratif et augmentait
donc les coûts pour les contribuables québécois à un
niveau invraisemblable, puisqu'il fallait, au nom du maintien d'une
confessionnalité, bâtir deux appareils administratifs.
Vous faites vous-même appel un peu plus loin dans votre
mémoire au fait que l'opération sera coûteuse. Au
même souffle, vous nous proposez de créer une troisième
structure qui sera dans le même territoire mais qui, cette fois,
s'adressera à des gens qui ne sont plus catholiques ou ne veulent pas
l'être ou qui ne sont plus protestants ou ne veulent pas l'être,
une troisième structure administrative.
Comment pouvez-vous, d'une part, pleurer sur le coût de
l'opération que va constituer l'implantation du projet de loi 27, le
regroupement scolaire, et du même souffle, suggérer que, non
seulement, on crée 168 commissions à la fois catholiques et
protestantes mais qu'on y ajoute toutes celles qui devraient être autres?
On atteindrait facilement 200 ou 250 commissions scolaires au Québec. Je
me damande si c'est la seule solution que vous avez à suggérer et
comment vous la conciliez avec les autres parties de votre rapport.
M. BOUCHARD: Premièrement, M. le Président, nous n'avons
jamais demandé de créer de toutes pièces un secteur
"autre" partout dans la province. On ne crée pas des structures et on ne
nomme pas des directeurs généraux d'école pour une
clientèle qui n'existe pas, ce n'est pas ça. Nous affirmons que
le regroupement tel que proposé dans le projet de loi no 27,
indépendamment de l'aspect confessionnel, risque d'augmenter
considérablement le coût administratif. Cela n'a rien à
voir avec une liberté qui est actuellement dans notre loi scolaire et je
nie absolument que le fait d'avoir un droit de dissidence augmente le
coût administratif de nos écoles.
L'article 71 pourvoit à notre droit de dissidence actuel, mais il
n 'est plus réaliste de maintenir un droit de dissidence uniquement en
faveur des protestants ou des catholiques, c'est ça qui n'est plus
réaliste, et ça ne coûte absolument pas plus cher d'inclure
dans la loi une possibilité de dissidence pour des personnes autres que
catholiques, ce qui ne signifie pas nécessairement un secteur neutre,
des écoles neutres.
On répète un peu partout que la province n'est plus ce
qu'elle était il y a 50 ou 100 ans, c'est vrai. Partout où il y
aura des clientèles suffisamment nombreuses et désireuses d'avoir
des écoles qui ne seront ni catholiques ni protestantes, qu'elles soient
neutres, non confessionnelles, qu'on les appelle comme on voudra...
M. CHARRON: Oui.
M. BOUCHARD: ... il ne coûte rien d'ouvrir cette
possibilité dans la loi.
M. CHARRON: Mais qui va administrer... M. BOUCHARD: Nous affirmons de
plus...
M. CHARRON: M. Bouchard, je vous interromps tout de suite...
M. BOUCHARD: Vous avez confondu deux façons...
M. CHARRON: Si, aux termes du projet de loi 27, les commissions
scolaires demeurent confessionnelles, ces écoles qui seraient
créées pour les autres, les neutres, qui les administrerait?
M. BOUCHARD: Les écoles seront administrées par des
commissions scolaires autres qui seront créées, mais
actuellement...
M. CHARRON: C'est ça que je disais. Donc, vous confirmez que vous
demandez la création de commissions scolaires supplémentaires aux
168...
M. BOUCHARD: Là où il y a des clientèles
suffisamment nombreuses pour avoir de ces écoles.
M. CHARRON: Vous invoquez vous-même la révolution
culturelle du Québec dans votre mémoire. Croyez-vous que,
puisqu'on édifie
une structure qui sera vraisemblablement appliquée je
l'espère, pour plus de six mois, ce nombre de commissions scolaires
autres que vous prétendez localiser actuellement aux endroits où
c'est nécessaire ne sera pas appelé à s'étendre au
fur et à mesure de la révolution culturelle du Québec que
vous invoquez vous-même?
M. BOUCHARD: M. le Président, si elles s'étendent, de
toute façon , ça prendra des organismes administratifs. Il ne
coûte pas plus cher actuellement, je l'affirme, au plan administratif,
même de conserver nos commissions scolaires au nombre de 800 ou 900.
C'est ça que j'affirme. Et qu'elles soient catholiques ou que, dans
certains secteurs, elles s'appellent commissions "autres" ça n'a rien
à voir avec le coût administratif. Ce qui coûte cher, c'est
de créer des administrations dans l'abstrait.
Par exemple, si, dans un milieu métropolitain, on crée de
toutes pièces des fonctions comme si la population était partout
également pluraliste avec le risque qu'il y ait justement des structures
inutiles dans certains milieux et des structures déficientes dans
d'autres, c'est ce qui est à craindre au plan administratif.
Vous m'avez fait dire des choses que je n'ai jamais dites. Je n'ai
jamais dit qu'il en coûtait plus cher de conserver le système
confessionnel ou de conserver les commissions scolaires actuelles, même
nombreuses.
M. CHARRON: Je ne vous ai pas fait dire ça non plus. Vous dites,
par exemple, je vais au texte, que suivant le projet de loi 27, la
création de 168 commissions scolaires va coûter cher. Moi je dis:
Si vous en créez, aux termes de vos recommandations, 225 et 250,
ça ne coûtera pas plus cher?
M. BOUCHARD: Non, monsieur. Ce n'est pas une question de nombre.
Actuellement ce ne sont pas nos petites locales qui coûtent cher au plan
de l'administration.
M. CHARRON: Si vous me permettez, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez, messieurs, il y a tout près
de deux heures qu'on entend cette association et je permettrais encore trois
interventions de la part du député de Richmond, du
député de Saint-Jean et du député de Saint-Sauveur.
Dans l'ordre, le député de Richmond a la parole.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
pense qu'en commission parlementaire, ce n'est pas ma faute si le
témoignage a duré une heure et si le hasard des tours de parole a
fait que le député de Chicoutimi a eu le droit de poser des
question avant. J'ai des questions à poser article par article pour
prendre une position en troisième lecture. Le témoignage premier
qu'on entend confirme l'importance du témoignage. J'ai des questions
à poser et je pense que j'ai le droit de les poser.
M. LE PRESIDENT: Allez.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Vous vous opposez aux
recommandations du rapport Parent...
M. BOUCHARD: A un chapitre.
M. CHARRON: Oui, j'allais le dire...
M. BOUCHARD: Au chapitre du système.
M. CHARRON: ... qui préconise des commissions scolaires neutres
en laissant la confessionnalité au choix des diverses écoles. Sur
le plan administratif...
M. BOUCHARD: Je m'excuse, M. le Président...
M. CHARRON: Allez-y, faites votre précision.
M. BOUCHARD: ... je comprends que vous non plus ne connaissez pas les
structures éventuelles mais c'est difficile de le dire en laissant la
confessionnalité, au plan des diverses écoles, au choix des
parents.
M. CHARRON: Au choix des comités d'école, c'est textuel
dans le rapport Parent.
Vous le citez vous-même, la confessionnalité se situe au
niveau de l'école et là où se donne le service et non pas
au niveau de la commission scolaire.
M. BOUCHARD: Quant au choix, je ne sais pas quelles structures seront
définies pour permettre au niveau de l'école de se choisir...
M. CHARRON: Le rapport Parent dit que ce sera aux parents, au niveau de
chacune des écoles, à déterminer la
confessionnalité de l'enseignement dans ces écoles. Sur le plan
administratif, contrairement à ce que vous avez dit, c'est un gain
très net que les commissions scolaires soient neutres, parce qu'un
comptable protestant, athée ou catholique compte de la même
façon...
M. BOUCHARD: Me permettez-vous une...
M. CHARRON: ... et quand on arrive à l'administration, ça
va beaucoup mieux.
M. BOUCHARD: C'est très important. Quand il dit que ce sera
laissé au choix des parents de l'école, êtes-vous sûr
que tous les députés actuels, même ministériels,
trouveraient réaliste que le choix réel de la
confessionnalité repose sur une décision des parents dont les
enfants fréquentent telle école? Je ne le sais pas. Je ne
crois pas que ce soit une chose définie ni dans la tête du
gouvernement ni...
M. CHARRON: Pourquoi voulez-vous laisser le choix aux parents?
M. BOUCHARD: Non, ce n'est pas ça que je veux dire.
M. CHARRON: Est-ce que vous vous opposez au fait que les parents
choissent la confessionnalité des écoles?
M. BOUCHARD: Voici, cette question a été
étudiée déjà lors d'une séance du
Comité catholique; Quelles structures va-t-on établir pour la
décision sur le caractère confessionnel de telle ou telle
école? J'étais présent et on n'est pas arrivé
à quelque chose de défini encore. Je m'étonne de voir que
vous semblez avoir quelque chose de défini dans votre tête
actuellement.
M. HARDY: Les députés peuvent penser, parfois.
M. BOUCHARD: Mais j'ai le droit de savoir, quand vous voulez mettre en
opposition une hypothèse à partir du rapport Parent et la mienne,
à quoi concrètement vous faites allusion parce que ce n'est
défini nulle part, ni au Comité Catholique ni au ministère
de l'Education.
M. CHARRON: Je le sais.
M. BOUCHARD: Le mécanisme de décision n'est posé
nulle part, j'ai remarqué cela.
M. CHARRON: Sauf que le rapport Parent recommande je pourrais
vous donner la citation exacte dans le rapport que vous citez vous-même
amplement que ce choix de confessionnalité, par les
mécanismes qu'il devrait instaurer, à la fois selon les avis du
Comité catholique du Conseil seupérieur de l'éducation
comme du ministère de l'Education, devraient être
élaborés pour que le choix de la confessionnalité se fasse
au niveau de l'école et non plus au niveau des commissions
scolaires.
Quand vous dites, M. Bouchard, que vous vous opposez à la
confessionnalité au niveau de l'école parce que j'essaie
de retrouver vos arguments c'est au niveau de la commission scolaire et
non de celui de l'école que se décide vraiment le
caractère confessionnel de l'école, son orientation
chrétienne ou antichrétienne disons parachrétienne
si vous voulez c'est la commission scolaire qui a la
responsabilité de choisir et d'engager les maîtres, les directeurs
de l'école, les directeurs des divers services, etc. Donc, vous dites
à cause de cela, parce que la commission scolaire a cette
responsabilité, c'est elle qui doit avoir le choix de la
confessionnalité et non pas les écoles.
Je vous rappelle que le projet de loi 27 actuellement maintient la
confessionnalité des commissions scolaires et c'est encore elles qui
auront le choix et la responsabilité de choisir et d'engager les
maîtres, les directeurs d'école, les directeurs des divers
services. Je ne vois pas pourquoi vous vous opposez à ce projet de loi
27. Le Parti québécois s'est opposé à cela parce
que nous, nous voudrions que ce soit au niveau des écoles. Je ne vois
pas sur quoi vous basez votre opposition au projet de loi 27. Il maintient
exactement ce que vous suggérez pour le maintien des écoles
confessionnelles. Je ne comprends pas vos arguments pas plus d'ailleurs quand
vous dites que si la commission scolaire était neutre et c'est
cela que je voudrais que vous m'expliquiez ses choix n'appartiendraient
plus au caractère confessionnel de la population. Le rapport Parent
disait lui-même que cela favoriserait le pluralisme religieux. Il n'est
pas dit qu'au niveau de chacune des commissions scolaires neutres, il n'y
aurait pas une direction pour l'enseignement catholique et une direction pour
l'enseignement protestant qui elles-même pourraient recommander à
la commission scolaire neutre l'engagement de certains directeurs, des
maîtres, des directeurs de divers services. Ce n'est pas l'abolition de
la confessionnalité. C'est simplement le souci d'une meilleure
administration que serait et c'est pourquoi je m'oppose à cet
article du projet de loi 27 qui vous favorise le maintien de commissions
scolaires confessionnelles. Cela n'abolit aucunement l'existence à
l'intérieur de ces commissions scolaires neutres des directions
favorisant l'enseignement catholique ou l'enseignement protestant.
Vous parlez vous-même du projet de loi 28 qui s'en vient, je vous
invite puisque vous semblez le connaître demain au
dépôt de la loi à vérifier si dans ce projet de
loi-là, on ne maintient pas au niveau du Conseil de développement
scolaire de l'île de Montréal une direction qui vise en
particulier l'enseignement catholique et l'enseignement protestant.
Vous savez qu'à Montréal ces mots sont des "fronts" pour
couvrir les réalités linguistiques.
M. BOUCHARD: M. le Président, il y a deux choses dans ce
mémoire au plan confessionnel. La première, je conteste qu'il
soit réaliste de faire décider par les parents que telle
école, en quelle année, au début de l'année ou six
mois auparavant, que telle école serait éventuellement catholique
ou non. C'est une chose qui doit être prévue et
préparée par un ensemble de politiques.
M. CHARRON: C'est ce que dit le rapport Parent.
M. BOUCHARD: Car un réseau d'écoles catholiques dans la
province et dans certains milieux suppose toutes sortes de services qui se
ressentiront de ce caractère. Au moment où les
maîtres sont déjà engagés, les directeurs de
service... même l'équipement est planifié, vous avez les
grands services scolaires, les services de l'équipement, le service du
personnel...
M. CHARRON: C'est exactement ce que recommande le rapport Parent, M.
Bouchard. Il n'est pas dit que la confessionnalité se choisira... chaque
année...
M. BOUCHARD: Je veux vous expliquer. On peut contester
évidemment...
M. CHARRON: Chaque commission scolaire sera chargée de surveiller
combien il y a de perte de population sur son territoire la commission
scolaire étant neutre quelle population sur son territoire
nécessite d'écoles catholiques, d'écoles neutres et
d'écoles protestantes. C'est une chose importante.
M. BOUCHARD: La deuxième chose qu'il y a dans notre
mémoire c'est que, étant donné le fait qu'une commission
non confessionnelle ne peut pas donner à ce réseau, à
cette population catholique dans toute la province les services qu'elle est en
droit d'attendre, je notais que le bill 27 est une voie vers une destination
tout établie qui est celle de la commission Parent et qui ne
m'apparaît pas réaliste.
M. CHARRON: Vous n'avez pas répondu à ma question.
M. BOUCHARD: Je réponds que dans une commission scolaire qui
n'aurait pas de confession religieuse...
M. CHARRON: Oui?
M. BOUCHARD: ... et qui serait élue au suffrage universel, dans
une grande partie de la population, nécessairement, vous aurez l'air
d'être plus démocratiques, mais vous le serez moins et voici
pourquoi. Vous vous retrouverez avec des commissaires en nombre de, je
ne sais pas, admettons neuf à quinze dont l'un sera
peut-être un catholique qui veut l'école catholique telle que
définie par son Eglise et un autre voudra peut-être l'école
non confessionnelle pour tout le monde, ce sera son option et c'est son droit
de l'avoir...
M. CHARRON: Ce n'est pas à lui...
M. BOUCHARD: Vous aurez les problèmes de deux commissaires. Ce
sont eux qui ont l'autorité. Ce sont ceux qui ont le pouvoir de
l'argent, ce sont eux qui choisissent les maîtres qui mettent sur pied
les grands services. Et nous croyons...
M. CHARRON: Ils sont élus démocratiquement et ils n'ont
pas le droit de couper l'enseignement...
M. BOUCHARD: Ecoutez, laissez-moi finir. Mon argumentation est la
suivante...
M. VEILLEUX: Une seconde, M. Bouchard. A l'heure actuelle, qui
détient ce pouvoir de décider si c'est catholique ou protestant,
sinon les commissaires?
M. BOUCHARD: Ce sont les commissaires...
M. VEILLEUX: Est-ce que cette affaire de confessionnalité a bien
marché jusqu'ici, d'après vous, dans les commissions scolaires
locales ou si cela n'a pas bien marché? Je vous pose la question: Oui ou
non?
M. BOUCHARD: Cela a bien marché dans beaucoup d'endroits. Mais la
question des commissions confessionnelles, justement uniconfessionnelles...
M. VEILLEUX: Le bill 27 maintient les commissions scolaires locales
à un niveau géographique beaucoup plus grand que ce qui existe
présentement. Les gens sont quand même élus. Et j'irais
plus loin que cela, M. Bouchard. A l'heure actuelle, quels sont les gens qui
élisent les commissaires d'écoles? Uniquement les
propriétaires. Que je sache, il y a des parents...
M. BOUCHARD: Je m'excuse, monsieur.
M. VEILLEUX: Il y a des parents qui sont locataires et
privilégiés comme électeurs, comme parents dans notre
droit actuel. Les parents et les propriétaires fonciers.
M. BOUCHARD: Bon!
M. VEILLEUX: De plus, on reconnaît le suffrage universel pour
l'élection des commissaires des commissions scolaires. Je crois que cela
va représenter beaucoup plus ce que pense ou veut la population à
l'intérieur d'une commission scolaire que ce que cela représente
à l'heure actuelle. De plus je juge que c'est très
important, parce que j'ai oeuvré pendant dix ans dans l'enseignement
je peux vous dire qu'il est grandement temps qu'on permette et qu'on
reconnaisse juridiquement aux parents une place à l'intérieur de
chacune des écoles et une place aussi à l'intérieur de
chacune des commissions scolaires via les comités consultatifs
d'école ou des commissions scolaires. Pour moi, c'est important parce,
quand j'étais président du syndicat, M. Bouchard, je peux vous
dire que souvent et je pourrais vous nommer une commission scolaire
entre autres, dans la région c'est moi qui ai été
obligé de faire des pressions auprès des responsables de la
commission scolaire pour qu'ils reconnaissent à une assemblée de
la commission scolaire le droit aux parents de s'exprimer. Aujourd'hui, avec le
bill 27, les commissaires n'auront plus le choix. Ils seront obligés
d'écouter les parents via les
comités consultatifs. C'est important et je pense que, dans tous
les arguments que vous avez pu apporter jusqu'ici, vous avez oublié de
mettre cela en valeur.
M. BOUCHARD: De mettre quoi? Le comité consultatif de
l'école?
M. VEILLEUX: Oui, monsieur.
M. BOUCHARD: J'en ai parlé, M. le Président, et j'ai dit
pourquoi, à notre point de vue, cela ne peut jamais remplacer ce que
nous perdons par la commission scolaire locale.
M. VEILLEUX: Mais qu'est-ce que vous avez présentement, les
commissions scolaires, sinon le fait d'élire, à intervalles
réguliers, des commissaires d'écoles qui, bien souvent, ne
veulent même pas vous écouter entre les élections. Vous
avez mentionné tout à l'heure un autre exemple, en nommant
Thetford Mines et la ville de Laflèche.
M. BOUCHARD: Le député pourra s'exprimer après.
Est-ce que vous avez donné la parole au député? C'est
votre droit, mais cette façon de contester mon mémoire sans me
donner le temps d'aller au fond du problème, je ne l'accepte pas.
M. HARDY: Cela fait deux heures que vous parlez!
M. BOUCHARD: Ce sont des députés qui poussent leur option.
Je suis capable de répondre à tout ce que vous dites là.
Mais, j'avoue, cependant, qu'il faut prendre le temps d'étudier les
faits, premièrememnt, et les principes qui sont derrière ces
faits-là.
Actuellement, votre lecture des réalités est tout à
fait partielle, incomplète. Quand vous prétendez que nos
commissions scolaires locales actuelles ne représentent pas ou mal les
parents, je dis que vous vous trompez dans tous les petits centres. Ce n'est
pas pour rien que les parents y tiennent, c'est précisément pour
garder ce qui leur donne un droit légal. Quant à vos
comités consultatifs d'école, j'y crois pour ceci: dans l'ordre
de compétence des parents qui sont actuellement d'une école cette
année et qui ne le seront peut-être pas demain. Il faut, dans tout
ça, regarder les responsabilités différentes, les
fonctions, les compétences.
Or, les parents ne sont pas compétents pour juger certains
domaines spécifiquement pédagogiques. C'est un premier point.
Deuxièmement, à l'improviste, les parents qui sont
actuellement clients d'une école ne sont pas qualifiés non plus
pour décider de l'engagement des maîtres. C'est impossible. Moi,
si j'étais principal d'une école et qu'on me disait: Dans ton
école, chaque année, il y aura un comité de parents qui va
venir te dire comment régir la discipline de façon interne ou
bien parler de l'engagement des maîtres, je dirais que c'est la
responsabilité de la commission scolaire, ça.
M. CHARRON: Mais vous dites dans votre mémoire que c'est... Le
comité consultatif enlève aux parents le droit de choisir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BOUCHARD: Bien, nous ne pouvons pas rester sur un quiproquo.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais aux députés de
parler un après l'autre, de façon que les auditeurs comprennent
bien. Je laisse la parole au député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Ma dernière question est à partir de ce que
vous dites. Vous étiez à dire: Les parents ne sont pas
qualifiés pour ceci, ne sont pas qualifiés pour cela...
M. BOUCHARD: Je m'excuse, je dis qu'un comité consultatif de
l'école ne représente nécessairement que les parents qui
ont des enfants dans telle école en telle année. Cela a un
caractère d'instabilité qui fait qu'on ne peut pas donner
à un tel comité les pouvoirs qui seraient ceux d'une commission
scolaire locale. C'est impossible de suppléer à ce que nous
perdons avec le bill 27 par le comité consultatif d'école.
M. CHARRON: Ah bon! là, je vous comprends.
M. BOUCHARD: Merci. Je m'étais mal exprimé.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. Bouchard.
Lorsque vous contestez la compétence des parents dans les domaines que
vous venez de...
M. BOUCHARD: Non...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-moi vous poser la question.
M. LE PRESIDENT: Laissez-le poser la question, s'il vous
plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous dites que les comités
d'écoles n'auront pas la compétence qu'ont actuellement les
commissions scolaires. Sans porter jugement de valeur sur les commissaires
d'écoles élus, comme nous les avons à l'heure actuelle,
est-ce que ces gens-là sont, à votre avis, de façon
péremptoire et par définition, déjà plus
compétents que les
futurs membres de ces comités d'école? Il ne faut pas
oublier une chose, M. Bouchard...
M. BOUCHARD: Oui, ils sont plus compétents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Pourquoi seraient-ils plus
compétents? Et si, d'aventure, les membres de ces comités
consultatifs d'écoles étaient exactement les mêmes
personnes qui sont actuellement des commissaires d'écoles, c'est bonnet
blanc, blanc bonnet actuellement. Je ne vois pas du tout quel est le
bien-fondé de l'argument à ce moment-là, si vous le placez
dans l'optique de la compétence. Et si vous le placez dans l'optique
aussi de la confession religieuse. Vous avez dit vous-même, dans votre
mémoire, que la majorité du Québec est catholique. Est-ce
que ces gens-là, membres de comités consultatifs d'écoles,
n'ont pas les mêmes préoccupations religieuses que celles que
peuvent avoir les commissaires d'écoles actuels? L'argumentation que
vous faites, à mon sens, n'a pas de fondement dans la
réalité.
M. BOUCHARD: Je voudrais montrer quel est le fondement qu'on peut y
trouver. C'est que de toute façon, indépendamment de la
compétence des parents pris individuellement, compétence
qui peut s'acquérir aussi par un temps d'exercice il arrive que
pour le parent qui a un enfant qui peut être un enfant problème
à telle école, dans telle année, un problème se
pose. Il est trop impliqué. C'est en même temps lui, l'arbitre des
décisions au sujet de ce problème local, vis-à-vis de
telle école locale.
Il faut que le droit des parents s'exerce par un corps public qui a
premièrement des pouvoirs réels et le projet de loi ne lui en
prévoit pas. C'est déjà un point extrêmement
important de voir que tout ça est laissé à l'incertitude.
Il y aurait des règlements qui seraient faits par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Mais c'est ceci que je tiens à
souligner: Dans l'ordre de compétence...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, un instant, je vous interromps
là-dessus. Si le même enfant problème est le fils d'un
commissaire d'écoles...
M. BOUCHARD: Cela peut arriver aussi. Je ne dis pas que ça ne
peut pas arriver. Mais il reste que la commission scolaire, elle, n'est pas
représentante uniquement des parents qui actuellement ont des enfants
dans telle école et qui peut-être l'année prochaine n'en
auront pas.
L'ordre de compétence des parents, je le sais, n'est pas le
même que celui des éducateurs. C'est clair. Il faut juger le tout
en fonction de ces compétences réelles des parents. Il reste que
la commission scolaire locale doit avoir des droits, elle doit être assez
près du milieu pour juger des intérêts
généraux de l'enfant de tel milieu.
Actuellement les commissions scolaires locales et c'est pour
ça qu'elles n'acceptent pas ce projet-là ne veulent pas
disparaître parce qu'elles vont perdre leur influence. Elles vont perdre
tous les droits que j'ai signalés et que le comité consultatif
d'école ne peut absolument pas remplacer. Ce n'est pas réaliste
de vouloir donner tous ces pouvoirs-là à un comité
d'école.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bouchard, parlant de réalisme,
toujours sur le même sujet, disons que la majorité des
commissaires d'écoles sont des gens compétents et
intéressés aux problèmes des enfants, etc. sur le plan
local. Comment cela se fait-il que, chaque année, le gouvernement soit
obligé de nommer par décret ministériel un grand nombre de
commissaires d'écoles parce que les parents ne les élisent
même pas sur le plan local?
M. BOUCHARD: C'est une objection que j'ai déjà
entendue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle est réelle. C'est un fait.
M. BOUCHARD: Je crois qu'elle ne justifie en rien la suppression, par
voie législative, de 900 commissions scolaires, et voici pourquoi. Les
commissions scolaires actuelles sont des organismes quasi
bénévoles. Au lieu de les supprimer, on pourrait les valoriser.
Il est possible que, dans plusieurs milieux, la fonction de commissaire
d'écoles n'ait rien de tellement alléchant ou attirant. Il est
possible que le rôle de décider, vis-à-vis de
problèmes particuliers, parfois personnels et complexes où se
mêlent des intérêts et parfois aussi des situations
difficiles, exercé presque sous le signe du bénévolat, ait
créé un peu cette situation qui fait qu'on cherche des
commissaires locaux. Cela ne veut pas dire que le milieu ne tient pas à
cet instrument qui est l'exercice des droits du milieu. Pas du tout. Il faut
aller plus loin que ça. Cela ne justifie nullement l'Etat de supprimer
ce droit acquis à un gouvernement local. Cela, je le tiens de
commissaires locaux que j'ai entendus. Ils le font et c'est une bonne oeuvre
que de s'occuper de la commission scolaire. Le per capita dans une petite
commission est ridicule. On demande à ces gens-là de donner un
temps énorme à des rapports qui doivent être bien faits. Je
sais bien qu'au plan administratif, c'est beaucoup de surveiller 800 ou 900
rapports. Il reste qu'on n'a pas le droit, tout simplement parce qu'il y a une
apparence d'inertie ou un manque d'intérêt apparent au maintien de
la commission scolaire, de la supprimer.
Je crois que cela est trop partiel. C'est comme ceux qui
prétendent qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont que cinq
élèves. S'il y en a, je suppose que le ministère est
capable d'aller faire enquête dans ces endroits pour étudier la
situation et voir évidemment ce
qui se produit. Nous ne pouvons absolument pas accepter de faire
disparaître toutes ces commissions scolaires, 700 ou 800, parce que dans
certains endroits on a eu de la misère à trouver un candidat pour
la fonction de commissaire d'écoles.
M. VEILLEUX: M. le Président, pour continuer dans la même
veine.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce m'a demandé la
parole.
M. ROY (Beauce): J'avais une question à poser tout à
l'heure. On a tenté de laisser planer un doute auprès des membres
de la commission et auprès des personnes ici présentes. M.
Bouchard, à partir du moment où vous avez été
avisé de la tenue...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel doute? Précisez vos
insinuations?
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'ai pas de compte à
rendre au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Les
députés créditistes se sont attribué depuis
quelques mois, en Chambre, le monopole de la vertu. Or, M. le
député de Beauce vient de faire, dans son style de pharisien
ordinaire, une insinuation. Qu'il la précise avant que de prendre la
parole.
M. BROCHU: M. le Président, le député de Chicoutimi
n'est pas obligé d'agir comme un "éclair graissé". Il peut
donner le temps au député de Beauce de poser sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Beauce a fait une
insinuation, qu'il la précise. Après quoi, il pourra expliquer
son point de vue.
M. ROY (Beauce): Si le député de Chicoutimi se taisait
quand c'est le temps pour me laisser la chance de finir ma phrase.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY (Beauce): Je pense que nous pourrions poser nos questions et je
trouve les interventions du député de Chicoutimi très
déplacées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous évite de dire des
âneries, comme vous le faites en Chambre depuis un an.
M. ROY (Beauce): Quand on a affaire à des ânes, ce n'est
pas surprenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre parti, je vous comprends
très bien, vous avez affaire à des ânes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je rappelle le député de
Chicoutimi à l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas à demander au député
de Chicoutimi de quelle façon je dois poser mes questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut les écrire avant
ordinairement.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que vous pouvez rappeler
le député de Chicoutimi à l'ordre, oui ou non?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne ferai pas les
questions du député parce que je les ferais en français et
il ne les comprendrait pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La parole est au
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Il a posé des questions plus souvent qu'à
son tour ce matin et je demande tout simplement à poser une question. On
me laisse dire la moitié d'une phrase et tout de suite on fait des
interventions déplacées. Ma question est la suivante: A partir du
moment où vous avez été avisé de la tenue, de la
convocation de la commission parlementaire de l'Education...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux mois.
M. ROY (Beauce): ... est-ce qu'il a été possible de faire
une nouvelle consultation de vos membres?
M. BOUCHARD: Absolument impossible.
M. ROY (Beauce): La date de la convocation de la commission
parlementaire a été fixée lundi dernier à ce que je
sache. D'accord?
UNE VOIX: Le dépôt a été fait...
M. ROY (Beauce): Dans le mémoire que vous avez
présenté ce matin, j'ai cru comprendre, aux réponses que
vous avez fournies tout à l'heure, que ce mémoire incluait toutes
les prises de position, les résolutions qui avaient été
adoptées dans vos différents congrès régionaux
ainsi qu'à l'assemblée qui avait eu lieu à Montréal
récemment et que ce mémoire avait été
rédigé en fonction de toutes ces prises de position qui avaient
été faites lors de la tenue de ces assises. Est-ce que c'est
exact?
M. BOUCHARD: Oui, je pourrais ajouter qu'il y a eu justement une
réunion qui a été convoquée "at large"
au-delà des cadres de
notre association sous le signe du Comité de défense des
droits scolaires et à laquelle tous les parents étaient
invités. Elle a eu lieu le 21...
M. LE PRESIDENT: Un instant! La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. BOUCHARD: Je m'excuse, M. le Président.
M. CHARRON: J'invoque le règlement pour rétablir certains
faits à la suite de la question du député de Beauce. Il
est entendu que la convocation de la commission parlementaire n'a eu lieu que
lundi dernier et lorsque nous avons étudié en deuxième
lecture le projet de loi. Mais le projet de loi a été
déposé, si ma mémoire est fidèle, le 7 avril. A ce
moment-là dans une question que je posais au ministre, je m'étais
assuré au nom de mon parti qu'il y aurait effectivement convocation de
la commission parlementaire dans un certain délai pour étudier le
projet de loi. Toutes les parties intéressées pouvaient donc
dès ce moment-là savoir que, tôt ou tard, il y aurait
réunion de la commission parlementaire et que le projet de loi serait le
même. Donc, depuis le 7 avril, chacun des organismes, en toute
sincérité, pouvait se préparer à venir
témoigner, mais ce n'est qu'il y a une semaine que nous avons su la
date.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je vais poser ma question
à M. Bouchard. Est-ce que la consultation et les réunions qui ont
été faites au sein de votre association l'ont été
après le dépôt du projet de loi 27 et est-ce à la
suite de l'étude de ce projet de loi que votre association a pris
position?
M. BOUCHARD: Absolument. M. ROY (Beauce): C'est parfait!
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, il y a une mention que je désire
faire ici à la suite d'une précision que faisait le
député de Chicoutimi tout à l'heure à l'effet que
le rapport de la commission Parent aurait été accepté dans
un message de l'archevêque de Québec.Mgr Maurice Roy...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Le député de Saint-Sauveur n'a pas, encore une
fois, compris ce que j'avais dit. Je disais que lors de la création du
ministère de l'Education...
M. BOIS: Vous ne semblez pas comprendre souvent, vous!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le cardinal, qui n'était pas
cardinal à l'époque, avait envoyé une lettre au premier
ministre, indiquant que le projet de loi de la création du
ministère de l'Education, conformément aux recommandations du
rapport Parent, lui paraissait contenir tout ce qui était
nécessaire pour préserver l'enseignement confessionnel, dont
acte, pour le député de Saint-Sauveur, qui ne comprend pas
toujours le français!
M. BOIS: Je remercie l'honorable député de Chicoutimi de
ses gentillesses et de ses interruptions constantes.
Je veux mentionner ici que le rapport Parent ne contenait pas le bill 27
comme tel, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je mets "virtuellement".
M. BOIS: Il ne contenait pas le bill 27. Deuxième chose, M. le
Président, je m'oppose moi aussi à ce qu'on commence à
poser des questions sur le CENS pour le député de
Chicoutimi sur la qualité de la représentation de chacune
des personnes qui va s'adresser à votre commission parce qu'après
tout, M. le Président, vous êtes investi ici en autorité et
personne ne questionne votre investissement en autorité, comme ces
gens-là le font à l'heure actuelle...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président! Le député de Saint-Sauveur n'a pas l'habitude
des commissions parlementaires...
M. BOIS: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il sait très bien que, devant une
commission parlementaire, tous les témoins doivent s'identifier.
M. BOIS: C'est parfait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons le droit, d'autre part, de les
questionner afin de savoir qui exactement ils représentent. Ce n'est pas
un déni de confiance. Nous connaissons très bien M. Bouchard et
son association et nous avons le droit de savoir exactement au nom de qui il
parle, ce que M. Bouchard nous a dit fort aimablement sans qu'il soit
nécessaire que le député qui vient de se taire et qui
aurait dû se taire depuis le début, mette en cause nos
interventions.
M. LE PRESIDENT: Je considère l'incident clos et je laisse la
parole au député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, je voudrais surtout revenir sur le fait
de l'acceptation
générale si vous voulez adressée à M. le
ministre de l'Education pour mentionner qu'une acceptation de ce genre n'inclut
pas tous les gestes législatifs qui peuvent être posés
à la suite de la présentation du rapport d'une commission, M. le
Président. Je termine mes commentaires sur ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, j'aimerais revenir à la page
2 du mémoire de M. Bouchard. Vous me direz si j'interprète bien
votre mémoire. A l'heure actuelle, d'après vous, les parents et
les contribuables du milieu ont la propriété de leur école
élémentaire, le droit de décider son affectation, le
regroupement éventuel d'enfants dans d'autres écoles, le droit de
choisir et d'engager pour leurs écoles les professeurs qui enseigneront
à temps plein, le droit de poser, etc..
D'après vous, le bill 27 enlève ce droit aux parents. De
quelle manière, M. Bouchard, actuellement, avant le bill 27, les
parents, concrètement, possédaient-ils tous ces pouvoirs et tous
ces droits?
M.BOUCHARD: M. le Président, je vais procéder par un
exemple concret. A Bromptonville, il y a une commission scolaire locale qui a
décidé de demander son maintien elle-même. Cela s'est fait,
j'ai reçu moi-même une liste de noms de personnes qui, à la
suite d'une réunion dans laquelle il y avait les parents, les
commissaires d'écoles, des éducateurs du milieu ont
décidé à l'unanimité de demander de maintenir la
commission locale. Ils ont abordé la question des services
spécialisés. Il disent qu'ils payent pour recevoir certains
services spécialisés qui sont fournis par la commission scolaire
de Sherbrooke.
Dans le bill 27, on va créer une très grosse unité
d'un bassin de population d'environ peut-être 20,000 personnes où
il y a deux écoles élémentaires. Il est bien
évident que même, si elles ont un commissaire sur quinze
nommé dans leur quartier, ce n'est pas ce commissaire qui va
décider si les écoles de Bromptonville, à un moment
donné, seront changées d'affectation.
Ce ne sont pas elles, légalement, qui demeurent
propriétaires de leurs écoles. L'école est la
propriété d'un corps public qui l'administre. Alors elles
perdent, comme milieu, de propriété de leurs écoles. Elles
perdent le droit d'engager les maîtres qui enseigneront en permanence
dans leurs deux écoles élémentaires. Je vous donne un fait
clair et net, c'est aussi simple que ça...
M. VEILLEUX: Vous me citez un cas...
M. BOUCHARD: ... qui fait partie de la sainte population et c'est comme
ça dans une infinité de cas, dans 700 ou 800 milieux de la
province actuellement.
M. VEILLEUX: Vous me citez un cas, M. Bouchard. Je vais vous en citer un
moi aussi. A la commission scolaire locale de Saint-Jean, on a
décidé de faire disparaître une école
élémentaire qui s'appelait Notre-Dame-Auxiliatrice,
garçons. Les parents du quartier ne se sont pas prononcés, que je
sache, en faveur de son maintien ou en faveur de sa disparition. Ce sont les
commissaires qui ont pris la décision parce que ce droit de
propriété appartient à l'organisme qu'on appelle
commission scolaire.
M. BOUCHARD: Justement.
M. VEILLEUX: Le bill 27, que je sache, va laisser ce même droit la
propriété à la commission scolaire locale mais qui,
à ce moment-là, regroupera six ou sept villages des
alentours.
M. BOUCHARD: M. le Président, me permettez-vous de
compléter l'explication? Je m'aperçois que je n'ai pas
été compris. Je dois être déficient sur ma
clarté d'exposition.
Il est bien évident que, dans une commission scolaire
étendue sur un diamètre de 25 ou 50 milles, la commission
scolaire de Bromptonville n'existe plus. Elle a peut-être un
délégué mais lui, il est une voix sur quinze. Alors, ce ne
sont plus les parents et les contribuables du milieu de Bromptonville qui sont
propriétaires de leur école et qui ont tous ces avantages, ces
droits de la décision, c'est la grosse commission scolaire. Ils le
perdent comme milieu.
M. VEILLEUX: D'accord, M. Bouchard, mais vous êtes-vous
imaginé si ce représentant avec les résidants de
Bromptonville, avec les parents qui sont au niveau des comités
d'écoles le comité de la commission scolaire se
présentait à une assemblée de la commission scolaire? Que
croyez-vous que la commission scolaire va faire? Vous présumez d'une
décision d'un organisme...
M. BOUCHARD: Très bien, voici...
M. VEILLEUX: ... qui va être créé par le bill
27.
M. BOUCHARD: On arrive justement à une minute de
vérité. Les parents et les contribuables du milieu deviennent un
pouvoir de pression et perdent leur droit de décision, ils perdent leur
corps public. Et, à ce moment-là, on l'a vécu dans toute
la province au niveau des régionales. Ce que vous ne m'avez pas
autorisé à donner tout à l'heure, ce qui s'est
passé au secondaire, c'est exactement cela je l'ai dit dans mon
mémoire on va opposer le pouvoir des gros centres qui vont
décider pour les petits centres qui gravitent aux alentours. C'est clair
que c'est ça et c'est extrêmement grave pour les
milieux ruraux. Eux, ils le savent. Ils savent ce qu'ils veulent et ils
savent pourquoi.
J'en profite pour dire ceci. J'accepte qu'on me questionne sur le
caractère représentatif de l'association, sur ses méthodes
de consultation, etc. Il reste que, dans tout le problème que provoque
le bill 27, si vraiment les députés qui sont ici, le
gouvernement, et le ministre de l'Education sont convaincus que ce projet de
loi est en accord avec les volontés de la population, il y a un moyen
très facile d'en faire la preuve, sans s'occuper de l'Association des
parents catholiques du Québec, c'est de faire un
référendum là-dessus dans la province. Ils sauront ce que
veut la population. Actuellement, nous n'avons pas l'impression qu'au niveau du
ministère on tienne à savoir ce que veulent vraiment les parents
de ces milieux concernés et touchés qui seront
dépossédés.
M. HARDY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La parole au député de Terrebonne.
M. HARDY: ... j'invoque le règlement et mon privilège de
député. Ce que vient d'affirmer le président de
l'Association des parents catholiques du Québec, en ce qui me concerne
je ne parle pas pour mes collègues est totalement faux
puisque c'est avec plaisir que j'ai accepté d'aller rencontrer tous les
parents qui me l'ont demandé dans le comté de Terrebonne,
relativement au bill 27. Et je dois lui dire qu'il arrive je ne sais pas
si je représente une population différente de celle que
représente l'association de M. Bouchard que tous les parents que
j'ai rencontrés, qui m'ont demandé de les rencontrer je ne
sais pas si ceux qui n'ont pas demandé à me rencontrer ont
aimé mieux faire leurs représentations à M. Bouchard
qu'à leur député ont tous été
d'accord sur le bill 27. Dans certains cas, ils ont trouvé que le bill
27 n'allait pas assez loin, en particulier sur la question de la
confessionnalité.
M. BOUCHARD: M. le Président...
M. HARDY: Certainement, j'ai rencontré, entre autres, tous les
représentants des ateliers pédagogiques de la Commission scolaire
de Saint-Jérôme qui, d'une façon unanime, ont
approuvé le bill 27, d'une façon unanime sauf quatre abstentions
sur 35 parents qui étaient là, qui représentaient les
différentes écoles, les présidents des différentes
écoles. Sauf quatre abstentions, tous les parents ont
déclaré qu'ils seraient en faveur d'une seule commission
scolaire.
M. BROCHU: Est-ce que vous avez la requête, est-ce que vous avez
les signatures?
M. HARDY: Ah bien! Si vous ne vous fiez pas à ma parole de
député!
M. LE PRESIDENT: Un instant, la parole est au...
M. HARDY: J'ai invoqué la question de privilège dans le
sens suivant...
M. BROCHU: Est-ce que vous avez les signatures?
M. HARDY: C'est moi qui ai la parole.
M. BROCHU: Cela, c'est de la démocratie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: C'est moi qui ai la parole.
M. BROCHU: Vous n'êtes pas le président.
M. HARDY: Des requêtes, on sait comment cela se fait; on peut s'en
écrire, des requêtes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. HARDY: M. le Président, j'invoquais mon privilège de
député parce qu'il est faux de prétendre, comme le
président de cette association vient de le faire, que les
députés ne veulent pas savoir ce que les parents pensent parce
qu'au contraire, je le répète, tous les parents qui m'ont
demandé de les rencontrer, je suis allé les rencontrer et je les
ai écoutés. C'est faux de dire qu'on ne veut pas savoir ce que
les parents pensent.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce. M. ROY (Beauce): M.
le Président...
M. HARDY: ... banditisme parce qu'il n'y en a pas chez nous.
M. ROY (Beauce): Lorsque le député de Terrebonne dit qu'il
a rencontré les parents dans son comté, j'ai bien cru comprendre
qu'il avait dit qu'il avait rencontré les parents de
Saint-Jérôme. Est-ce que c'est exact?
M. HARDY: Non. Entre autres, j'ai donné cela comme exemple.
M. ROY (Beauce): Parce qu'il y a tout de même une distinction qui
s'impose et je pense qu'à ce moment-là il n'y a pas tellement de
contradiction entre les propos du député de Terrebonne et ce que
vient de dire M. Bouchard. M. Bouchard a dit qu'on opposait les petits centres
aux gros centres. Il est évident que si on rencontre des parents dans
des centres...
M. HARDY: Il n'a rien compris!
M. ROY (Beauce): ... de quinze, vingt, vingt-cinq mille de population
que les réflexions
ne sont pas les mêmes que lorsque nous allons dans des centres
où il y a de deux à trois mille de population...
M. HARDY: Vous n'avez rien compris.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il n'y a pas tellement de contradiction.
J'ai très bien compris ce que le député de Terrebonne a
dit et j'ai très bien compris également ce que M. Bouchard a dit.
Ce que M. Bouchard tente d'illustrer, c'est qu'il y a une différence
marquée en ce qui a trait à l'opinion de la population
vis-à-vis du regroupement scolaire ou la population résidant dans
les grands centres et la population résidant dans les petits centres.
Est-ce que c'est exact, M. Bouchard? Je veux être certain d'avoir bien
compris.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! La parole est au
député de Saint-Jean. Je l'avais d'ailleurs donnée.
M. VEILLEUX: Je vais commencer à la page 2 et je pense que M.
Bouchard et moi avons établi de part et d'autre que l'école
élémentaire appartient effectivement à un corps qui
s'appelle la Commission scolaire locale. Le droit de décider maintenant
de son affectation, de regroupement éventuel d'enfants dans d'autres
écoles, à l'heure actuelle, M. Bouchard, à qui
appartient-il?
M. BOUCHARD: Aux mille commissions scolaires locales.
M. VEILLEUX: Alors, le bill 27 va laisser ce droit-là aux
commissions scolaires locales. Le droit de choisir et d'engager pour leurs
écoles les professeurs qui enseigneront en temps plein. A qui appartient
à l'heure actuelle ce droit?
M. BOUCHARD: Aux mille ou 1,100 commissions scolaires locales.
M. VEILLEUX: Alors les commissions scolaires locales continueront
à posséder ce droit-là, le droit de poser, etc..
M. ROY (Beauce): Les commissions scolaires locales ne pourront plus
garder ce droit parce qu'elles n'existeront plus. C'est cela? Elles
n'existeront plus...
UNE VOIX: Elles existeront sous une autre forme.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire remarquer qu'il est midi et demi.
Nous allons entendre l'association jusqu'à une heure, jusqu'au
dîner et nous reprendrons après la période de questions,
soit vers quatre heures. La parole est au député de Fabre.
M. HOUDE: M. Bouchard, j'aimerais savoir si on rapporte des exemples
dans les faits. Je lis à la page 6 que, d'après vous, les
penseurs du bill 27 ont considéré la masse des parents comme des
sous-doués. Je veux bien pour quelques minutes en tout cas
j'espère en sortir me considérer comme un
sous-doué. J'aimerais que vous me le disiez dans les faits par des
exemples précis. Comme on le fait depuis trois ans, on parle de grandes
structures, de ce que le bill 27 va vous enlever.
Vous affirmez très fréquemment que les parents savent ce
qu'ils veulent. Vous dites continuellement que le bill 27 va enlever ceci, va
enlever cela. Mais le ceci, le cela, ils savent ce qu'ils veulent, ce sont des
formules vagues, et générales. Demain matin, dans une
école élémentaire, n'importe où au Québec,
avec le bill 27, qu'est-ce qui disparaît? Qu'est-ce qui changera demain
matin? Qu'est-ce qu'on perd comme parents catholiques?
M. BOUCHARD: Je vais vous donner un autre exemple je n'ai pas
d'autres recours un exemple très concret. Je prends une
commission scolaire au hasard, admettons celle de
Saint-Théophile-de-Beauce, située à vingt milles
au-delà de Saint-Georges-de-Beauce. C'est une commission où il y
a une école élémentaire dont les parents sont des
contribuables satisfaits. Après le bill 27, elle n'existera plus comme
commission scolaire de Saint-Théophile-de-Beauce. Par conséquent,
si la commission scolaire regroupée, très agrandie sur un
très large territoire, décide, soit en application d'une norme
pédagogique, par exemple, qu'une partie de ces enfants doit aller dans
une autre école, elle n'aura plus qu'un pouvoir de pression. Je donne un
autre exemple, M. le ministre...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre...
M. BOUCHARD: Pour l'enlèvement des martres, c'est la même
chose, il me semble que c'est facile à comprendre...
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, la parole est au ministre de
l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Simplement un fait pour illustrer. Vous avez
soulevé l'exemple de Saint-Théophile-de-Beauce. C'est très
hypothétique, votre cas. Vous dites que peut-être après le
bill 27 l'école va disparaître. Cela dépend encore des
décisions.
M. BOUCHARD: Je n'ai pas dit cela. M. SAINT-PIERRE: Vous avez dit
quoi?
M. BOUCHARD: M. le ministre, j'ai dit que peut-être qu'une partie
des enfants seront regroupés, je ne sais pas. J'ai donné cela
comme un exemple purement hypothétique.
M. SAINT-PIERRE: M. Bouchard, si on retient votre principe, est-ce qu'on
ne devrait pas aussi admettre que, dans le 4e rang de Saint-Théophile,
il y a des gens qui aimeraient ravoir leur école de rang qu'ils avaient
il y a dix ans? Est-ce par les gens du 4e rang qui veulent ravoir leur
école de rang...?
M. BOUCHARD: M. le ministre, il faudrait voir combien il y a d'enfants
dans le 4e rang et si réellement on peut faire une école
là. Je ne sais pas, moi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: M. Bouchard, vous ne trouvez pas qu'à
Saint-Théophile la question pertinente qui se pose c'est qu'il s'agit de
savoir combien il y a d'enfants et de savoir combien cela prend d'enfants pour
donner une qualité d'enseignement au niveau élémentaire?
Et quel est l'ensemble des gens intelligents qui sont comme commissaires et qui
vont se pencher avec objectivité sur ce problème ayant à
l'esprit les objectifs que vous et moi partageons en matière
d'éducation et que tout le monde peut partager sur la qualité de
l'enseignement au niveau élémentaire pour trouver la bonne
solution?
M. BOURCHARD: M. le ministre, vous m'avez posé un autre cas
beaucoup plus hypothétique. Vous prenez un rang où il n'y a plus
d'école et vous supposez qu'ils voudraient retrouver leur école.
Moi, je prends une école qui existe encore. C'est un principe et
justement, sur ce principe, je ne peux absolument pas poser de norme à
l'échelle de la province pour savoir ce qui fait une école
rentable. L'école rentable n'est pas la même dans le milieu
métropolitain de Montréal ou de Québec ou de
Saint-Théophile-de-Beauce. Là-dessus, je m'en remets et je
l'ai dit au début au jugement des parents, des contribuables du
milieu et je crois que l'intérêt de l'enfant sera mieux servi par
cette instance que par toute autre. Je respecte évidemment
l'intelligence de tous les fonctionnaires et de tous les ministres qui se sont
succédé et qui se succéderont. Il faut à un moment
donné prendre un risque d'un côté. Nous sommes tous
faillibles. Qui est le mandataire? Qui est le premier chargé des
intérêts de l'enfant de tel milieu? Vous devez reconnaître
avec moi que ce n'est pas directement l'Etat ou le ministère de
l'Education. C'est une instance qui sera locale ou qui serait tellement
étendue qu'à ce moment la localité ou le milieu ne
seraient plus vraiment représentés. Il me semble que c'est facile
à comprendre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, comme on parle d'une
école qui concerne mon comté, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre. On a parlé de l'école de
Saint-Théo- phile-de-Beauce. Est-ce que le ministre a voulu dire, par la
réponse qu'il a donnée, qu'avec le regroupement, qui fera suite
au bill 27, il serait possible de fermer définitivement l'école
du village de cette localité, si on l'utilise comme exemple dans le
Québec?
Il y a un deuxième point aussi. Le ministre a parlé du
retour à l'école de rang. Connaissant très bien le milieu,
il n'est aucunement question du retour à l'école de rang. Dans
les interventions que nous avons faites en Chambre, quoi qu'en dise le
ministre, ce qui a été déclaré ailleurs en fin de
semaine, nous n'avons jamais parlé du retour à l'école de
rang, je tiens à le préciser.
Je voudrais tout simplement savoir du ministre si éventuellement
il y aurait possibilité, à la suite de l'adoption du bill 27, de
fermer définitivement les écoles de village, à peu
près dans le genre de celle de Saint-Théophile-de-Beauce.
M. SAINT-PIERRE: On ne me fera pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai dit
que le retour à l'école de rang, on n'en parle pas en 1971, mais
on en parlait il y a dix ans, et dans dix ans (j'espère que ça va
être un autre ministre que moi) je vais tenter peut-être de
satisfaire les objectifs du député de Saint-Jacques par le
regroupement de l'élémentaire, du secondaire, des anglophones aux
protestants il y aura encore des gens, dans ce temps-là, qui
parleront non pas du retour de l'école de rang mais du retour aux
écoles, tel qu'on le propose aujourd'hui avec le projet de loi 27.
Ce que j'ai dit à maintes reprises, c'est que le projet de loi 27
en lui-même n'implique pas de regroupement d'élèves. Il y
aura des raisons autres qui vont amener un regroupement d'élèves.
C'est évident que si, dans un village donné, au niveau de la
première année, à cause d'une baisse de la
natalité, à cause d'une migration de population, on a simplement
cinq, six ou sept élèves, nous serons peut-être
obligés, non pas pour le plaisir ou pour enlever des droits aux parents,
de regrouper ou de centraliser. Les droits des parents, j'y crois en
éducation; ce sont des phrases où il faut savoir exactement ce
qu'on dit. Mais si on croit réellement à l'objectif de la
qualité de l'enseignement à l'élémentaire, peu
importe le projet de loi 27, il faudra faire des changements touchant ces
enfants-là.
J'ai dit que le projet de loi 27 ne touche en rien le regroupement des
élèves au niveau élémentaire. S'il y a des
regroupements, ce ne sera pas à cause du projet de loi 27, ce sera
à cause d'autres facteurs: baisse de natalité, migration de
population, pas suffisamment de concentration d'élèves pour
donner une école rentable, comme, il y a dix ans, on a tenté de
convaincre des gens que l'école de rang ne pouvait pas attirer la
qualité de l'enseignement, il est nécessaire de faire des
regroupements au niveau d'un pôle, d'un village.
M. BOUCHARD: M. le Président, je ne
voudrais pas prolonger la discussion. Il y a des citations
extrêmement importantes qui me permettraient de signaler que
l'activité éducative proprement dite peut avoir lieu dans une
petite école et être excellente, même dans une école
élémentaire de 160 élèves et qu'on ne peut pas
poser ainsi de normes générales. Ce que je veux dire c'est
ceci...
M. HARDY: J'invoque le règlement. M. le Président, vous
avez vous-même averti les membres de la commission tantôt que notre
temps était restreint. Si notre temps est restreint, et comme, moi, je
crois fermement au droit absolu des députés de se renseigner, au
cours des travaux d'une commission, sur un projet de loi, il faudrait s'en
tenir à l'objet de notre étude. Or, actuellement, le ministre
vient de le dire, le bill 27 n'a rien à voir avec les regroupements
d'écoles.
Ce que M. Bouchard veut nous dire actuellement je vois
très bien où il veut en venir c'est que ça peut
être aussi bon dans une petite école que dans une grande
école. Ce n'est pas là l'objet du projet de loi no 27. Puisque
notre temps est limité, puisque c'est notre devoir à nous,
députés, de nous renseigner le plus possible sur les implications
du bill 27, je pense que l'on devrait s'en tenir strictement à l'objet
du bill 27 et laisser de côté d'autres questions qui peuvent
être extrêmement intéressantes. Nous pourrons inviter,
à une autre occasion, M. Bouchard à venir nous donner ses
lumières là-dessus.
Mais il faudrait maintenant ce matin, puisque le temps est
limité, s'en tenir strictement à l'objet du bill 27 et aux
répercussions du bill 27. Le bill 27 n'a rien à voir avec le
regroupement des écoles.
M. LE PRESIDENT: A la suite des paroles du député de
Terrebonne, j'inviterais les associations à s'en tenir et je l'ai
demandé à quelques reprises à l'objet du bill
27.
M. BOUCHARD: M. le Président, techniquement, le
député de Terrebonne a parfaitement raison de dire que le bill 27
ne décide absolument rien au niveau des regroupements éventuels
d'écoles et d'enfants. Je le sais et les parents le savent. Il reste
qu'il modifie radicalement le système au point que, dans l'esprit des
parents, c'est la raison fondamentale de leur opposition. Vous pourrez leur
donner tort si vous voulez mais le niveau des décisions est
complètement changé et en réalité, à leur
point de vue, si ce n'est pas seulement un regroupement matériel mais
c'est presque une transformation de structures.
M. HARDY: Vous venez de nous dire qu'au fond les parents s'opposent
à une chose qui n'existe pas. Vous dites que la principale opposition au
bill 27 c'est qu'ils craignent les regroupements d'écoles. Donc,
l'opposition tombe par le fait même.
M. BOUCHARD: M. le Président, il y a tout ce que j'ai
énuméré dans cet article dont le titre est "Comité
consultatif d'école", il me semble que j'ai été assez
clair. Je reviens sur ceci. Tout à l'heure le député a
été un peu choqué du fait que j'ai semblé mettre en
doute les désirs réels de certains députés de
connaître la volonté des parents. S'il y a un doute à ce
sujet-là, je suis bien prêt à prendre gratuitement toutes
les affirmations des députés et à les mettre en opposition
avec les miennes, si vous le voulez. On ne peut pas nier qu'il y ait une
incertitude à ce sujet-là. Ce que je voulais dire, c'est que je
souhaiterais pour ma part que le gouvernement fasse cette consultation pour
savoir à quoi s'en tenir. Il reste que et c'est peut-être
mon dernier mot s'il ne l'a fait pas, je souhaite qu'au moins les
séances d'audition de cette commission pour entendre les groupes
concernés d'abord pas les gros centres annexants, les autres
soient reportées à une date qui puisse convenir.
Actuellement, je sais que la plupart des milieux qui désireraient
être entendus ne le savent même pas et ne pouvaient pas
prévoir quand elle siégerait et ils ne pouvaient pas se
préparer. Je souhaite qu'au moins on donne cette preuve du désir
de connaître la volonté des positions des différents
milieux de reporter les séances de cette commission au début de
septembre et je suis sûr de transmettre là-dessus les
désirs d'un très grand nombre de milieux qui sont
concernés et touchés par le bill 27.
Je profite de l'occasion pour dire qu'il ne m'apparaît pas
désirable que le principe d'un regroupement imposé par une loi
soit décidé d'abord par les centres annexants, que ce soit
Sherbrooke vis-à-vis de Bromptonville ou d'autres plus gros. J'en ai
fait plusieurs de ces centres-là qui sont plus ou moins gros et c'est
toute la même situation.
Il ne faudrait pas se servir soit des gros centres soit aussi d'un
centre qui ne soit pas directement touché. Je veux bien qu'on entende
des groupes qui sont dans les structures, qui sont dans l'école, les
syndicats. Je veux bien qu'on entende les directeurs généraux
mais il reste que ceux qui sont touchés par le bill 27 ce sont les
parents et les contribuables de 900 milieux donnés qui vont perdre ce
corps public qui les représentait.
Je demande à la commission de porter cette demande au
gouvernement et de l'appuyer.
UNE VOIX: Une dernière question...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît, le
député de Saguenay a demandé la parole il y a
déjà quelque temps. La parole est au député de
Saguenay.
M. LESSARD: Tel que le soulignait tout à l'heure le
député de Terrebonne, j'ai fait moi aussi des consultations
auprès de différentes commissions scolaires et auprès des
parents; je dois dire que j'ai même visité les dames
fermières de ma région ainsi que les cercles de
l'AFEAS. A part quelques détails, d'accord, au début, par
suite, semble-t-il, d'une information erronée, il y avait de
l'opposition au bill mais à la suite d'explications sur le bill 27,
à part quelques détails tout le monde a été
à peu près d'accord sur le regroupement.
Je voudrais poser trois questions à M. Bouchard. Il soulignait
tout à l'heure que les commissions scolaires allaient perdre par le bill
27 leur influence et c'est textuel je voudrais demander ceci
à M. Bouchard: Les commissions perdent leur influence mais les parents
que font-ils dans le système actuel? Je rejoins une question que le
député de Saint-Jean a faite tout à l'heure. M. Bouchard
est-ce que cela fait longtemps que vous avez assisté à certaines
réunions de commissions scolaires?
M. BOUCHARD: Il y a assez longtemps. Oui, cela fait quelques
années.
M. LESSARD: Cela fait assez longtemps. M. le Président, j'ai
été moi-même huit ans dans l'enseignement et j'ai
assisté à certaines réunions de commissions scolaires et
même dans plusieurs coins de mon comté et c'est à ce
moment-là que je me suis aperçu que le rôle des parents au
niveau des commissions scolaires à part l'élection de leurs
commissaires à tous les trois ans était très minime parce
qu'on leur donne à peu près cinq à dix minutes pour
pouvoir s'exprimer.
Deuxièmement, vous avez parlé de la
nécessité de valoriser les commissions scolaires. Est-ce que le
fait qu'on agrandisse le territoire et le fait qu'on puisse regrouper certaines
commissions scolaires ne permettraient pas à ces commissions scolaires
de pouvoir engager du personnel beaucoup plus compétent qu'on peut le
faire actuellement au niveau des petites commissions scolaires? Deuxième
question que je vous pose.
M. BOUCHARD: M. le Président, à propos de la
première question, je crois que cette vision celle de prétendre
que les parents actuellement ne font rien dans le système de toutes ces
petites commissions scolaires c'est la vôtre et vous y avez droit
à mon point de vue elle est un peu superficielle. Je comprends
que les parents, ne sont pas toujours intéressés d'aller entendre
les décisions d'ordre purement administratif que la commission scolaire
a à prendre. Mais quand il s'agit de savoir s'ils vont garder ou perdre
leur commission locale, c'est une autre question. Il y a d'autres questions.
Quand il s'agira aussi de choses qui concernent les parents, les contribuables
du milieu, que ce soit vis-à-vis de l'engagement de maîtres
permanents et du directeur d'une école ou de certains services qui
doivent être donnés à leurs enfants, là les parents
seront concernés, ils seront intéressés. Mais le seul fait
qu'on n'a pas toujours des présences de 50 p.c. à 75 p.c. ne
signifie absolument pas que les parents se désintéressent et le
fait que parfois les commissaires d'écoles ne leur donnent que cinq ou
six minutes pour s'exprimer ne signifie pas non plus qu'on doive faire
disparaître ces petites commissions scolaires. Je ne peux absolument pas
accepter cette vision, elle est trop partielle. Sur l'autre point, quand il
s'agit d'engager des personnes compétentes...
M. LESSARD: Sur le premier point il faut dire que les parents vont
conserver la même réaction lorsque des problèmes se
poseront. C'est qu'actuellement les parents se réveillent, bien souvent,
vont aux assemblées des commissions scolaires quand un problème
se pose.
M. BOUCHARD: C'est ça.
M. LESSARD: Et le bill 27 n'empêche pas cette
possibilité-là du tout.
M. BOUCHARD: Monsieur, j'ai expliqué plusieurs fois que la
commission elle-même qui les représente aura peut-être un
délégué, s'il y en a un, parce que dans plusieurs centres,
il n'y en aura même pas un seul. Alors, ils n'ont plus qu'un pouvoir de
pression vis-à-vis d'une instance très agrandie,
éloignée. Dans plusieurs cas, ils vont renoncer à des
interventions parce que la décision qui va être prise est trop
loin. Donc, il ne me semble pas facile de voir...
M. LESSARD: La tendance n'est pas au niveau des parents, mais au niveau
de la délégation.
M. BOUCHARD: C'est au niveau d'une instance locale qui a des pouvoirs
sur l'école locale. Il faut vivre dans les milieux ruraux pour savoir ce
que signifie pour les ruraux...
M. LESSARD: Je vis dans un milieu rural.
M. BOUCHARD: Justement, moi, j'en ai visité plusieurs. La
dernière séance d'une commission scolaire à laquelle j'ai
assisté n'en était pas une de commission rurale, c'était
à la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Evidemment, là, les parents ne sont pas élus, j'avoue que c'est
tout à fait différent. Je tiens à signaler que ça
me parait évident que tous ces milieux ruraux ou de petites villes, en
perdant leur commission scolaire locale, perdent quelque chose
d'extrêmement précieux pour la région à tous les
plans.
M. LESSARD: C'est votre point de vue.
M. BOUCHARD: Le deuxième point, si vous faites allusion aux
services spécialisés, qu'il s'agisse d'aide dans des
difficultés de dyslexie, de lecture, qu'il s'agisse d'orientation
pédagogique des élèves, qu'il s'agisse de services
audiovisuels, c'est à ça que vous faites allusion...
M. LESSARD: Disons que c'est la troisième question, ce que je
voulais...
M. BOUCHARD: C'est la deuxième.
M. LESSARD: La deuxième, c'est qu'au niveau de la commission
scolaire elle-même, au niveau de l'administration comme telle de la
commission scolaire, est-ce que, par suite du regroupement, il n'y aurait pas
possibilité pour une commission scolaire donnée dont le
territoire est agrandi, de pouvoir engager au niveau administratif un personnel
plus compétent? Et justement, la troisième question...
M. BOUCHARD: Quel personnel?
M. LESSARD: Un personnel plus compétent au niveau du comptable.
Vous avez parlé tout à l'heure de valorisation des commissions
scolaires, est-ce que, par exemple, du fait que le territoire soit agrandi, on
n'aura pas la possibilité d'aller chercher des commissaires
peut-être plus compétents et ainsi de suite? Même au niveau
de l'enfant lui-même, vous avez opposé par exemple les petites
commissions scolaires et les grosses commissions scolaires locales.
Vous rejoignez là ma troisième question, c'est que le fait
du regroupement va permettre de donner à mon sens, à de petites
commissions scolaires qui ne l'ont pas actuellement le moyen, le pouvoir de
s'engager du personnel pédagogique plus compétant s'il y a lieu,
mais surtout du personnel qu'elles ne pourraient pas engager autrement,
à savoir par exemple et nous retrouvons ça seulement dans
les grosses commissions scolaires un psychologue au niveau d'une
école par exemple, des éducateurs physiques, des professeurs
d'arts plastiques. Je sais que, dans une commission scolaire de ma
région, à Hauterive ou à Baie-Comeau les commissions
scolaires élémentaires ont tout ce personnel. Mais les petites
commissions scolaires élémentaires rurales n'ont pas les moyens
d'engager ce personnel.
De cette façon, vous arrivez à la conclusion suivante
et je me demande si ce n'est pas ça que vous voulez conserver
que nous avons un milieu rural qui ne profite pas de tous les services
nécessaires à l'éducation, alors que nous avons d'un autre
côté un milieu urbain qui, à cause des compagnies qui sont
établies là, à cause de moyens financiers plus puissants,
peut se permettre d'avoir des compétences pédagogiques qu'une
petite commission scolaire ne peut pas obtenir.
M. BOUCHARD: M. le Président, ce sont deux questions
différentes.
La question de donner aux petits centres, aux écoles qui sont
sous l'égide d'une commission scolaire qui n'administre qu'une ou deux
écoles et qui ne peut pas se payer des services autonomes et exclusifs
par exemple ceux d'un professeur d'éducation physique, d'un profes- seur
en orientation scolaire, d'un service d'enseignement audio-visuel strictement
pour leur école, c'est justement ce que le ministre appelait la
péréquation des services. J'en ai touché un mot dans un
mémoire...
M. LESSARD: Si l'enseignement n'est pas satisfaisant.
M. BOUCHARD: Justement. Je tiens à dire tout le monde le
sait d'ailleurs que dans les commissions scolaires rurales, si on veut
augmenter le bassin de population des commissions scolaires d'une façon
suffisante pour donner tous ces services spécialisés, y compris,
par exemple, le dépistage et l'éducation des enfants
exceptionnels, on va agrandir indéfiniment le bassin de population et on
arrivera à une démesure absolument mauvaise pour les milieux
ruraux, les centres où la population est suffisante.
M. LESSARD: M. Bouchard...
M. BOUCHARD: Voulez-vous me laisser finir mon exposé? M. le
Président, on me fait des objections et ensuite, on ne me donne pas le
temps de faire mes réponses.
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard...
M. BOUCHARD: Ce n'est pas du tout attirant.
M. LE PRESIDENT: ... aussitôt qu'un député
lève la main, il a priorité de parole. Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je voudrais tout simplement dire, M. Bouchard, qu'il s'agit
de trouver un équilibre avec un bassin de population qui va permettre
d'accorder les services nécessaires. Vous me dites qu'une petite
commission scolaire peut avoir ces moyens. Si le nombre nécessaire
d'élèves n'existe pas, à ce moment-là, on arrive
à des coûts sûrement exorbitants pour payer des
spécialistes qui ne sont pas complètement utilisés. Il ne
s'agit pas d'aller jusqu'à un agrandissement de territoire absolument
effarant par rapport aux besoins, mais il s'agit de trouver un bassin
géographique qui permettra l'utilisation de tel personnel.
M. BOUCHARD: De toute façon, M. le Président, il n'est
absolument pas nécessaire de supprimer la commission locale pour donner
ces services. Il est très facile d'imaginer une structure ad hoc ou bien
de faire donner ces services, comme ça se fait présentement pour
certains services, par la commission régionale ou par une locale. Mais
actuellement...
M. HARDY: J'ai une question additionnelle là-dessus. Vous dites,
comme suggestion, de faire donner ça par les régionales mais j'ai
vécu
l'expérience chez nous et au témoignage des commissaires,
c'est un fouillis administratif, ce sont des problèmes compliqués
constamment. Ils ont beaucoup de difficultés à s'entendre et on
perd énormément de temps en discussions, si on perd du
temps, on perd de l'argent entre le niveau local et le niveau
régional pour arriver à donner des services. C'est le
témoignage des commissions scolaires locales auxquelles vous faites
constamment allusion...
M. BOUCHARD: ...l'intégration des deux. Non, monsieur.
M. HARDY: C'est leur témoignage chez nous en tout cas, si vous
croyez que les députés peuvent dire quelque chose. Le
témoignage des commissaires d'école et ceux que j'ai entendus
encore mercredi dernier indiquent que cet échange de services, entre les
commissions scolaires locales et les commissions scolaires régionales,
amène une foule de conflits et de problèmes. Souvent cela prend
deux ans avant d'arriver à s'entendre. Qui y perd à ce moment
là? Ce ne sont pas les commissaires, ce ne sont pas les parents, ce sont
les élèves qui ne reçoivent pas les services auxquels ils
ont droit.
M. LESSARD: Ils reçoivent les services que leur a accordés
la commission scolaire régionale.
M. BOUCHARD: Vous transmettez votre lecture que je respecte
des réalités des milieux que vous avez consultés.
Je vous certifie que je ne suis pas commissaire, mais j'ai discuté avec
beaucoup de commissaires locaux et de plus j'ai été en contact
avec une association de commissions scolaires, qui vous donnerait
elle-même son mémoire, et qui donnera aussi la lecture des
réalités qui est la sienne là-dessus. Il me semble qu'on
subordonne une chose qui est prioritaire et fondamentale à une autre qui
peut se régler par des structures appropriées. Ce n'est pas une
question d'argent. Je sais également que, si on veut équilibrer
les budgets d'une petite commission scolaire avec une plus grosse, il faut
évidemment une péréquation. C'est bien évident au
plan financier et au plan des services. Il suffit d'imaginer la structure
appropriée, mais il ne faut pas subordonner ce que les parents du milieu
considèrent comme premier et fondamental, les professeurs qui seront de
façon permanente dans leurs écoles et l'aménagement de
leurs propres écoles. Cela compte aussi pour eux! Sur la question des
services spécialisés, je sais que c'est un atout, c'est quelque
chose de nécessaire qui mérite d'être organisé. Mais
on subordonne là une chose fondamentale aux yeux des parents à
une autre qui est bonne, que les parents et les commissaires locaux veulent
donner et qui ne dépend pas du tout des structures actuelles ou de la
présence des petites commissions scolaires. Quand vous dites qu'il n'y a
pas moyen de créer d'entente, j'ai d'autres lectures. Je ne veux pas ici
prévenir sur un mémoire qui n'est pas le mien, qui sera celui
d'une association de commissions scolaires qui a étudié ces
problèmes-là. Je me contente de dire tout simplement qu'on avait
déjà prévu des ententes et que, depuis deux ans à
ce qu'on m'a dit, elles ne sont plus permises. J'ajoute que les commissions
scolaires qui sont petites actuellement, au témoignage des parents,
donnent une éducation tout aussi valable que les grosses. Même
à ce plan des services spécialisés, il y en a plusieurs
qui reçoivent des services absolument inadéquats à la
suite d'ententes.
Alors on ne peut pas accepter de faire disparaître les petites
tout simplement pour l'organisation des services spécialisés.
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, il est une heure...
M. BOUCHARD: Je voudrais rappeler la demande que j'ai faite à la
commission, en dernier, de bien vouloir intercéder pour que tous les
petits centres concernés aient vraiment l'occasion de se faire entendre,
qu'ils soient invités par votre commissions à s'inscrire, dans un
certain délai; qu'on leur dise quand siégera la commission qui
les entendra, qu'on leur fixe une date afin que, quand ils viendront, ils
soient sûrs de passer à l'heure et à la date
prévues. Je crois que ce serait possible.
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, nous vous remercions d'être venu ici
à la commission faire des représentations au nom de votre
association. Les députés et moi-même avons remarqué
que vous étiez non seulement un bon lecteur, mais un bon
improvisateur...
M. BOUCHARD: Je vous remercie beaucoup, c'est trop de gentillesse.
M. LE PRESIDENT: A quatre heures cet après-midi, après la
période des questions, nous entendrons la Fédération des
commissions scolaires catholiques et son représentant. A quatre heures,
immédiatement après la période des questions.
Reprise de la séance à 16 h 3
M. PILOTE (président de la commission permanente de l'Education):
A l'ordre, messieurs!
J'appellerai maintenant M. Fernand Lefebvre qui représente la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. M. Lefebvre.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. LEFEBVRE: M. le Président, MM. les membres de la commission,
je vais essayer, en quelques minutes, de vous donner le contenu de ce
mémoire qu'on vous a remis. Je voudrais, au départ, vous dire que
ce mémoire a été préparé après quinze
jours d'études et de rencontres, à la fédération.
Ce mémoire a été présenté à notre
conseil d'administration qui a approuvé le fond du mémoire, il a
été récrit pour être plus présentable.
Et je voudrais vous dire que la presque totalité des
recommandations qui composent ce mémoire a été
approuvée unanimement par notre conseil d'administration, lequel
conseil, composé de vingt sections à travers la province de
Québec, avait déjà consulté les commissions
scolaires. Les commissions scolaires, actuellement au nombre de 893 exactement,
se sont prononcées je ne peux pas dire complètement d'accord sur
le projet, mais neuf commissions scolaires seulement se sont adressées
à la Fédération des commissions scolaires s'opposant
totalement au bill 27.
Cela veut dire que toutes les autres ne sont pas en désaccord
avec le bill 27, mais avec des points du bill 27.
M. le ministre de l'Education, vous avez déposé, le 7
avril 1971, ce projet de loi concernant le regroupement et la gestion des
commissions scolaires. Pour nous, ça devenait évident que le
gouvernement tendait à mettre fin à un terme de volontariat dans
l'opération de regroupement des commissions scolaires, une action que la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
avait lancée il y a déjà maintenant près de cinq
ans.
En 59/60, on comptait 1,565 commissions scolaires catholiques au
Québec. Lorsque la fédération a lancé son
opération, en 1966, il restait 1,308 commissions scolaires. Le 5 juillet
1971, aujourd'hui, on trouve 873 commissions scolaires catholiques dont 97
nouvelles corporations issues du regroupement volontaire sur une
possibilité originale de 176, soit plus de 55 p.c. Et ce qui est
très intéressant c'est qu'entre 1960 et 1965, 253 commissions
scolaires catholiques ont posé un geste d'annexion par le travail
d'information, de consultation, d'animation de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, et que de 1966 à
1971, 523 commissions scolaires catholiques se sont transformées en 97
corporations plus vastes, efficaces, autonomes et stables.
Cette opération, au niveau des commissions scolaires locales,
comprenait une population de 676,200 élèves. Or, 416,361
élèves fréquentent déjà les écoles
élémentaires des 97 commissions scolaires regroupées. Ce
qui veut dire que 62 p.c. des élèves en élémentaire
du Québec font partie de commissions scolaires regroupées, des 97
secteurs d'aménagement.
Il est donc vrai d'affirmer que l'opération de regroupement des
commissions scolaires a été un succès marquant. Il faut se
rappeler que les premières commissions scolaires sont les plus
difficiles à regrouper et non les dernières. Les premières
font partie des 97 secteurs d'aménagement et l'effort fourni par la
fédération des commissions scolaires est vraiment louable puisque
cette demande a été faite par le regretté Lévis
Sauvé qui était président de la Fédération
des commissions scolaires en 1966.
Le projet de loi 27 rejoint, en très grande partie, les
préoccupations que nous avions eues tout au long de notre
opération de regroupement, entre autres:
Le respect et la reconnaissance absolue de la confessionnalité du
système;
Le souci évident de la participation des parents;
Le maintien du système des commissions scolaires;
Le renforcement de l'autorité et des pouvoirs des
commissaires;
Le maintien de l'administration distincte des deux niveaux
d'enseignement;
La participation de tous les commissaires aux travaux des deux niveaux
de commissions scolaires;
L'organisation d'un réseau d'écoles qui respectent
l'enfant sans le déraciner ni le déplacer.
Nous reconnaissons l'effort du gouvernement pour rajeunir et
améliorer le système des commissions scolaires; nous nous
considérons toujours comme des partenaires de l'Etat pour promouvoir les
intérêts de l'éducation, selon les buts définis dans
la loi et les règlements de la fédération. Voilà
pourquoi nous nous proposons de vous faire connaître les principales
recommandations faites par notre conseil d'administration. 1) Concernant le
statut confessionnel des commissions scolaires régionales, nous
demandons de préciser le statut confessionnel des commissions scolaires
régionales. 2) Concernant la nomination d'un administrateur pour une
commission scolaire en tutelle. Au lieu de lire: "Lorsqu'une enquête
porte sur quelque matière se rapportant à l'administration ou au
fonctionnement d'une commission scolaire, etc.", on devrait lire: "Lorsqu'une
enquête porte sur quelque matière empêchant la saine
administration et le bon fonctionnement". C'est là que nous proposons et
demandons un changement. 3) Concernant la taxe additionnelle, au lieu de: "La
commission scolaire annexante ou la nouvelle commission scolaire, selon le cas,
peut
alors imposer et percevoir sur le territoire ou les territoires
affectés à cette obligation ou dette une taxe spéciale;"
il faudrait lire, d'après nous: "La commission scolaire annexante ou la
nouvelle commission scolaire, selon le cas, doit imposer", au lieu de "devrait
imposer". 4) Concernant les quartiers et les comités consultatifs nous
demandons, pour que le document se lise et se comprenne mieux, que ce soit
divisé en deux chapitres. 5) Que le nombre de commissaires, une fois
établi, ne soit jamais diminué mais augmenté. Que la
division des quartiers se fasse tous les quatre ans ou deux ans au lieu de tous
les trois ans, comme prévu dans la loi 27. Cela, pour éviter que
la même équipe de commissaires soit astreinte aux changements. 6)
Comités consultatifs d'école. Clarifier que les écoles
secondaires des commissions scolaires régionales seront également
dotées d'un comité consultatif d'école. 7)
Définition de l'école aux fins des articles 66 à 69.
L'école désigne un groupement d'enfants et d'étudiants
sous l'autorité d'un même directeur; ajouter les mots "ou d'un
responsable". 8) Comité exécutif aux deux niveaux. Que le
comité exécutif soit facultatif pour la commission scolaire de
secteur mais demeure obligatoire pour la commission scolaire
régionale.
Que le comité exécutif soit toujours minoritaire, en
comptant le vote prépondérant du président, par rapport au
conseil des commissaires.
Que la durée du mandat du comité exécutif soit d'un
an.
Que le président et le vice-président soient membres du
comité exécutif.
Que chaque commission scolaire nouvelle soit représentée
par un commissaire au comité exécutif de la commission scolaire
régionale, les autres postes devant être comblés selon une
décision du bureau des commissaires. 9) Le cens
d'éligibilité. Au lieu de: "Sous réserve du dernier
alinéa de l'article 95, tout citoyen canadien majeur domicilié
dans la municipalité scolaire depuis au moins six mois" l'on devrait
lire, et là j'évite d'aller jusqu'à la fin: "Sous
réserve du dernier alinéa de l'article 95, tout citoyen canadien
majeur, parent ou propriétaire". 10) Liste électorale.
Réviser les normes lorsqu'on fait le recensement pour que du même
coup on ait toutes les données à ce sujet. Modifier l'article 106
du code scolaire. Suggestion à l'effet d'avoir une seule liste
électorale qui serait révisée de façon permanente
et qu'un seul organisme en soit responsable. 11) Division en quartiers. Enlever
les mots: "si la municipalité est divisée en quartiers". Il y a
apparemment redondance à l'article 32 du projet de loi 27. 12) Tirage au
sort des commissaires. Que le tirage au sort se fasse avant le 1er mars, au
lieu du 1er mai. 13) Pouvoirs du conseil des commissaires. "Le Conseil des
commissaires peut, par règlements, déléguer certains de
ses droits, pouvoirs et obligations au comité exécutif et aux
employés visés aux deux premiers alinéas de l'article 204.
"Ces règlements doivent être soumis à l'approbation du
ministre et n'entrent en vigueur qu'à compter du jour de cette
approbation."
Il faudrait ajouter: Le conseil des commissaires peut aussi abroger tout
règlement et en aviser le ministre. 14) Réunions du conseil des
commissaires. a) Que le conseil des commissaires doive tenir au moins six
sessions par année au lieu de quatre, et que l'article 184 de la Loi de
l'instruction publique soit amendé, car un commissaire peut être
disqualifié en ne manquant qu'une seule session. b) Que les sessions du
comité exécutif soient publiques. c) Que les autres membres du
conseil des commissaires aient le droit d'assister aux réunions que le
comité exécutif tiendra à huis clos. 15) Le
secrétaire-trésorier. Préciser le poste de
secrétaire-trésorier tant à la locale qu'à la
régionale. Prévoir que le conseil des commissaires puisse
partager l'une ou l'autre des fonctions du secrétaire-trésorier
entre les diverses personnes qu'il nommera suivant les besoins du milieu. 16)
Vérificateurs. Au lieu de: "La commission scolaire nomme chaque
année un ou des vérificateurs chargés d'examiner ses
livres et de préparer son état financier", il faudrait lire: "La
commission scolaire nomme chaque année un ou des vérificateurs
chargés d'examiner ses livres". 17) Nombre de membres du comité
exécutif de la commission scolaire régionale. "Le comité
exécutif visé à l'article 91 est composé, pour les
commissions régionales, de cinq commissaires nommés par le
conseil des commissaires; il est composé de sept commissaires si la
commission régionale comprend plus de vingt-cinq commissaires."
Il faudrait ajouter: "Sur requête de la commission scolaire, le
ministre pourra augmenter le nombre de commissaires au comité
exécutif de la commission régionale." 18) Affichage en cas de
récupération des deux niveaux. Pour récupérer les
deux niveaux d'enseignement, il faudrait rendre obligatoires les exigences
prévues à l'article 494 pour informer la population du milieu:
affichage et droit d'appel. 19)Conseil provisoire. a) Le conseil provisoire
prévu aux articles 88 et suivants de la présente loi devrait
être assujetti aux articles 189 à 202 de la Loi de l'instruction
publique, qui traitent des sessions des commissions scolaires. b) Une
commission scolaire déjà regroupée ne devrait pas
être tenue de former un conseil provisoire. c) Pour la commission
scolaire de secteur
dont le regroupement est presque complété, qu'il lui soit
permis de procéder par annexion pour intégrer les autres
commissions scolaires afin qu'elle ne soit pas tenue de former un autre conseil
provisoire. d) Qui doit prendre l'initiative concernant: 1- La convocation de
la première réunion du conseil provisoire; 2- l'engagement du
directeur général et l'intégration du personnel; 3-
l'organisation pédagogique par le conseil provisoire.
Organisation des cours pour l'année 72/73. Que cet article ne
s'applique qu'aux municipalités scolaires qui n'ont jamais
été membres de la commission scolaire régionale et pour
l'enseignement secondaire seulement.
Les commissions scolaires non inscrites à l'annexe A seront-elles
protégées telle que celle de Nouveau-Québec et autres?
Non-éligibilité des employés d'une commission
scolaire. Nous aimerions trouver dans le projet de loi 27 des dispositions
précisant qu'aucun enseignant, qu'aucune personne à l'emploi de
la commission scolaire ne puisse être élue ou nommée
commissaire d'écoles. Vérification à l'article 88 du code
scolaire: "Ne peut être mis en nomination..." ou autre.
Contrat annuel des enseignants. Nous aimerions un amendement à
l'article 212 du Recueil des lois à l'effet d'enlever les mots "pour
terminer une année scolaire déjà commencée" et
faire en sorte que l'engagement de tout instituteur se fasse par un contrat
annuel seulement.
Je voudrais noter ici que le deuxième paragraphe de la page 17
devrait être biffé. Il manque une partie du texte, le texte ne dit
pas ce qu'on veut.
Nous regrettons que le projet de loi 27 ait négligé
certains points et nous nous posons, entre autres, les questions suivantes:
Pourquoi le projet de loi 27 ne tient-il pas compte du travail accompli par les
commissions scolaires regroupées? Pourquoi le projet de loi 27
ignore-t-il les commissions scolaires déjà regroupées?
Pourquoi le projet de loi 27 ne respecte-t-il pas les décisions
conjointes, c'est-à-dire de la Fédération des commissions
scolaires et du ministère de l'Education, lors de la mise en place des
97 commissions scolaires regroupées qui devaient être efficaces,
autonomes et stables? Pourquoi le projet de loi 27 ne reconnaît-il pas
les 176 secteurs d'aménagement sur lesquels la Fédération
des commissions scolaires et le ministère de l'Education
s'étaient préalablement entendus?
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec demande que le projet de loi 27 respecte les secteurs
d'aménagement existants qui ont été prévus dans le
cadre de l'opération de regroupement volontaire des commissions
scolaires.
Je dois ici rappeler à cette commission que, lorsque le document
fut présenté au ministère de l'Education concernant les
176 secteurs d'aménagement, la demande était beaucoup plus vaste
permettant au ministère de l'Education et à la
Fédération des commissions scolaires de se rencontrer afin de
connaître vraiment la situation des 176 secteurs d'aménagement
puisque notre recommandation sur l'annexe A était que la politique
d'ensemble de la Fédération soit le secteur d'aménagement
en tenant compte des demandes particulières des sections et du choix du
milieu.
Je pense que là on ouvrait une porte, cela n'indiquait pas de la
rigidité, cela permettait de pouvoir dialoguer afin de connaître
la situation de chacun des milieux. Cependant, à la
fédération, nous sommes d'avis que lorsqu'on part de 1,300
commissions scolaires en 1968 dans une opération, alors qu'il y avait en
1968 au-delà de mille commissions scolaires, et qu'aujourd'hui on est
prêt à accepter un projet de loi qui oblige les commissions
scolaires à se regrouper, nous croyons, dis-je, que nous sommes vraiment
raisonnables d'accepter et de ne pas être en désaccord lorsqu'on
demande que 176 secteurs d'aménagement soient maintenus.
Vous nous permettrez maintenant d'affirmer que la décision de
réduire à 148 le nombre des 176 secteurs d'aménagement
proposés pour les catholiques est à notre sens arbitraire et
injuste. Ceci constitue pour nous un genre de coup on dit, en termes
amicaux, de coup bas à l'endroit des commissions scolaires
catholiques du Québec qui ont eu foi dans leur volontariat pour se
donner une structure dynamique qu'elles ne sont pas actuellement prêtes
à voir modifier par une législation.
Nous ferons donc l'historique de l'opération de regroupement et
nous rappellerons les décisions prises conjointement par la
fédération et le ministère de l'Education, qui auraient
dû naturellement et normalement aboutir à la mise en place de 176
commissions scolaires catholiques stables. Il est bon ici de se rappeler la
mise en place des secteurs d'aménagement en 1964-1965 et de retenir que,
lorsque les secteurs d'aménagement ont été mis en place,
on a composé au niveau de chacune des régionales un comité
de planification. Ce comité de planification, faisant l'inventaire du
milieu dirigé par des représentants du ministère de
l'Education qui eux avaient des données, nous a proposé de donner
des projections concernant la population. En même temps, il a
étudié avec le milieu, les associations des milieux et les
commissions scolaires, les besoins des milieux. On a fait l'inventaire du
milieu et finalement, à l'intérieur d'une commission scolaire
régionale, on a convenu ensemble de délimiter des territoires
indiquant que ces territoires deviendraient à l'avenir l'endroit
où il y aurait au moins la construction d'une école
polyvalente.
On a tenu compte également dans ce temps-là pour
l'enseignement secondaire, des distances à parcourir, on a tenu compte
de la décentralisation de l'enseignement, on a tenu compte de tous ces
facteurs valables qui font qu'une trop
grande centralisation oblige une décentralisation.
En 1966, Lévis Sauvé, prenant connaissance des
réactions des commissions scolaires, découvrant les besoins de
son milieu et des différents milieux de la province de Québec,
voulant augmenter la qualité de l'enseignement, voulant également
augmenter la qualité de l'administration scolaire et voyant en
même temps qu'en Ontario on se préparait ou on avait
commencé à faire du regroupement, a lancé
l'opération de regroupement au niveau des commissions scolaires, leur
demandant d'essayer de diminuer le nombre de commissions scolaires pour
augmenter le nombre d'étudiants au niveau de chacune des administrations
pour permettre un meilleur enseignement et une meilleure administration.
En 1967, la Fédération des commissions scolaires a
rencontré le ministère de l'Education et lui a demandé
s'il était intéressé à nous déléguer
des personnes qui pourraient nous aider à faire l'opération de
Regroupement, puisque, chaque fois qu'on passait à des annexions ou
à des regroupements, il fallait déposer notre projet au
ministère de l'Education, le ministère acceptant le projet en
tenant compte qu'il y avait déjà des secteurs
d'aménagement qui avaient été tracés dans chacun
des milieux approuvés par le ministère de l'Education. Chaque
fois qu'une annexion ou une fusion voulait se faire entre deux commissions
scolaires, si, par hasard, les commissions scolaires étaient de secteurs
différents, on n'était pas d'accord pour que l'annexion ou la
fusion se fasse et on donnait comme orientation que le regroupement devait se
faire à l'intérieur du secteur d'aménagement. C'est pour
cela que M. Jean-Jacques Bertrand ministre de l'Education, disait au mois
d'août 1967, dans une lettre officielle dont je cite une partie:
"J'accepte avec plaisir l'invitation de votre fédération me
demandant de déléguer quelques fonctionnaires au comité de
travail que vous avez formé en vue d'étudier les modalités
précises d'action et d'opération concernant le regroupement". M.
Bertrand était d'accord pour nous déléguer des personnes
de son ministère pour que l'on fasse du travail à une table de
regroupement.
Le ministre Jean-Guy Cardinal, alors ministre de l'Education,
déclarait à notre vingtième congrès: "Je souhaite
ardemment que des études du genre de celles que vous et d'autres groupes
avez entreprises, contribuent à réaliser une unité
convenable, dans un délai raisonnable, c'est-à-dire court, autour
d'une formule assez cohérente pour assurer l'efficacité du
système d'enseignement et assez souple pour répondre aux besoins
véritables de la majorité de la population. "Je suis conscient de
l'importance du rôle de la commission scolaire dans les rouages de notre
système d'enseignement."
Il a poursuivi en cernant la responsabilité de la commission
scolaire en ces termes: "Une commission scolaire est vraiment responsable si
elle peut grouper les ressources humaines et matérielles
nécessaires à l'accomplissement de toutes les tâches
nouvelles que j'ai décrites il y a un instant et que je résume en
deux mots: dispenser un enseignement approprié à chacune des
catégories d'élèves, assurer tous les services scolaires
et parascolaires requis et auxquels tous ont un droit égal, et donner
une direction pédagogique efficace capable d'assurer la coordination
nécessaire de ces diverses fonctions. "Nous devons, aussi bien au niveau
du ministère de l'Education qu'au niveau des commissions scolaires,
poser le plus tôt possible des gestes qui nous amèneront dans la
ligne des objectifs déjà formulés et qui, d'autre part, ne
risqueront pas de compromettre le succès des opérations à
venir."
C'était une déclaration de M. Jean-Guy Cardinal à
l'occasion du vingtième congrès.
Mlle Baron déclarait également, le 11 mai 1968, à
un conseil d'administration de la fédération: "M. Jean-Jacques
Bertrand, alors ministre de l'Education, a accepté la table de travail
sur le regroupement en août 1967; M. Jean-Guy Cardinal a accepté
la politique de son prédécesseur et a accepté aussi de
laisser aussi à la fédération le soin de faire
l'opération de regroupement.
L'opération de regroupement, telle que voulue par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, constitue un objectif valable pour le ministère de
l'Education. Elle n'est pas une étape en vue d'une autre étape du
ministère.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, fixant comme territoire minimum le secteur d'aménagement,
obtiendra du ministère la reconnaissance de l'existence d'une commission
scolaire élémentaire, efficace, autonome et stable."
C'étaient des déclarations de personnes officielles,
membres du conseil d'administration, qui nous indiquaient très
clairement l'orientation prise, la logique établie en 1964-1965 et
continuée au niveau des secteurs d'aménagement. Cette logique
reconnue par la fédération en 1966 et confirmée en
1967-1968 par des personnes officielles du ministère de l'Education nous
garantissait et garantissait à la Fédération des
commissions scolaires et à toutes les commissions scolaires qui se sont
regroupées ou qui étaient sollicitées par la
fédération de se regrouper pour augmenter la qualité
d'enseignement, avait la garantie que lorsqu'il y aurait une loi et il
était prévisible qu'il pouvait y en avoir une, puisqu'en Ontario
on avait déjà regroupé et que dans le Québec on
savait vraiment par une déclaration de M. Cardinal qui en 1969, nous
donnant son orientation, nous disait pouvoir passer une loi permettant aux
commissions scolaires de se regrouper, puisque ce qui freinait le regroupement
à ce moment-là c'était un manque de
représentation.
Le code scolaire, actuellement, ne permet que cinq, sept ou neuf
commissaires, et dans certains milieux, les gens voulaient un peu plus de
représentation. Si la loi avait été modifiée et
avait permis jusqu'à douze ou quinze commissaires d'écoles, il y
aurait 400 ou 450 commissions scolaires de plus de regroupées
actuellement.
M. Cardinal, à ce congrès de 1969, avait même
annoncé, en parlant du regroupement et du réaménagement du
système des commissions scolaires, et je cite: "Le comité mixte
ce qui veut dire la table de regroupement des commissions scolaires
de la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec et du ministère formé pour résoudre
démocratiquement ce problème est sur le point de terminer ses
activités d'informateur, d'animateur et d'aviseur technique, et je ne
puis que remercier ceux qui ont oeuvré dans ce domaine et
féliciter ceux qui ont réussi ce qui est fait maintenant. "Il
semble que ce comité ait largement atteint ses objectifs et que, dans la
majorité des cas, la bonne volonté des commissaires
d'écoles se heurte à certaines dispositions de l'actuelle Loi de
l'instruction publique concernant la représentativité. Nous nous
en rendons compte au ministère. Il faudrait que cette loi soit
modifiée pour permettre une représentation équitable des
populations touchées par le regroupement. Il n'est pas dit que diminuer
le nombre des commissions scolaires veuille dire que l'on diminue
nécessairement dans la même proportion le nombre de
commissaires."
Je continue: "Aussi bien après avoir convenu avec votre
fédération des modifications à apporter à la loi
actuelle qui paralyse l'opération de regroupement, je proposerai des
mesures appropriées à mes collègues du cabinet et aux
membres de l'Assemblée nationale. Les principes de base de la
législation attendue sont ceux-là mêmes que vous, en tant
que fédération, avez endossés et qu'endosse, je pense, la
majorité des commissaires d'écoles du Québec. Une loi sera
donc proposée dès la prochaine session de l'Assemblée
nationale. Cette législation favorisera le regroupement sur la base du
secteur d'aménagement."
Messieurs, j'ai cité des personnes qui ont confirmé la
logique qui avait été mise en place, en 1964-1965 par les
comités de planification scolaire, en 1966 par la
fédération, en 1967 par la fédération et les
représentants du ministère de l'Education. Lorsque, l'automne
dernier, l'honorable Guy Saint-Pierre, ministre de l'Education,
annonçait son intention de déposer un projet de loi, la
Fédération des commissions scolaires, par son président,
s'est permis de faire le tour de la province de Québec et d'aller
demander aux commissaires d'écoles élus par les
propriétaires et les parents de la province de Québec quel
était le style d'administration qu'ils désiraient si une loi
était présentée à l'Assemblée nationale.
J'ai été capable de visiter 18 sections sur 20 dans le
Québec, ce qui excluait l'île de Montréal où les
commissaires sont nommés, et Québec où les commissaires
sont nommés également.
Le président de la fédération et d'autres personnes
ont fait le tour de la province de Québec et ont demandé à
différentes commissions scolaires, aux commissaires présents leur
point de vue sur le style d'administration, et le point de vue des commissaires
a été donné au mois d'octobre au ministre de l'Education.
Le ministre de l'Education en a tenu compte puisqu'il nous remerciait du geste
que nous avions posé, et il nous disait que ce que nous lui remettions
comme document était de grande importance pour lui puisque cela lui
permettait de prendre connaissance de la situation au Québec.
Il y avait tout de même un endroit où on demandait que la
loi soit assez flexible pour permettre aux commissions scolaires, aux
territoires, aux secteurs d'aménagement actuels, à la suite de
discussions avec le ministre de l'Education, de pouvoir faire des rajustements,
de faire des échanges, de transférer, si possible, des
commissions scolaires d'un secteur d'aménagement à un autre
secteur d'aménagement. Nous avons été également
surpris de voir que cette loi a été préparée avec
148 plus précisément 147 commissions scolaires
catholiques. Si l'objectif qu'on nous a mentionné était de faire
des commissions scolaires ayant au moins 2,000 élèves, on se pose
la question: Comment expliquer que, dans le projet de regroupement des
commissions scolaires et du ministère qui était la logique du
début, nous atteignions au 30 septembre 1970, 40 commissions scolaires
ayant 2,000 élèves et moins? Ce projet, qui semblait être
un projet idéal, reconnaît 17 commissions scolaires qui n'ont pas
2,000 élèves au 30 septembre 1970. Nous nous posons des
questions. Comment expliquer, et j'en prends une au hasard, qu'une commission
scolaire qui a 1,588 élèves, celle de Beauceville, soit
acceptée dans le projet regroupement du bill 27? Si je prends le
même nombre à 1,588, comment expliquer que vingt autres
commissions scolaires, ayant moins de 2,000 élèves et plus de
1,588 élèves, aient été rejetées que
celle-là ait été acceptée?
Je peux aller un peu plus bas dans les nombres. Comment expliquer que
les commissions scolaires des Frontières et du Grand-Portage ont 1,562
élèves et que d'autres commissions, ayant plus que 1,562 soient
également rejetées?
Nous croyons que l'annexe A du bill 27 et que le bill 27 par
lui-même est la fin d'une étape de regroupement qui a
été commencée par une action volontaire. Le
ministère de l'Education, voyant la logique du regroupement au niveau du
Québec, a passé à l'action et c'est pour le bienfait de la
province de Québec. Les commissions scolaires ne se sont pas
prononcées carrément en faveur du bill 27 mais n'ont pas
été contre le bill 27. Elles ont apporté, M. le
ministre et messieurs, des suggestions tendant à améliorer
le style d'administration que le bill 27 veut donner. Cependant, on a permis
que des commissaires d'écoles qui avaient été
nommés pour administrer, au niveau de 523 commissions scolaires,
décident, pour améliorer le système d'éducation
dans le Québec, de renoncer à cette administration et
volontairement se fassent disparaître et remplacer par 97 commissions
scolaires. 35 de ces commissions scolaires, parmi les 97, se voient
re-regroupées encore une autre fois, je pense qu'on a
exagéré sur la bonne foi des commissaires d'écoles et des
commissions scolaires.
Alors si le bill 27, dans l'esprit de la fédération est la
première étape, il reste une deuxième étape, c'est
d'accepter les secteurs d'aménagement, de rencontrer les commissions
scolaires et de vérifier avec elles le bien-fondé de
re-regrouper. Il reste encore des gens intelligents au niveau des commissions
scolaires de secteur qui pourraient ensemble former, de deux secteurs, un seul
secteur.
Messieurs, la Fédération des commissions scolaires demande
avec sans plus de pressions verbales je parle au nom du conseil
d'administration et au nom de 873 commissions scolaires, peut-être moins
neuf qui sont un peu moins d'accord que la politique d'ensemble de la
fédération soit le secteur d'aménagement concernant les
commissions scolaires, en tenant compte, et je précise, des demandes
particulières des sections et des choix du milieu.
Il est possible qu'un secteur d'aménagement qui aujourd'hui est
re-regroupé, demain soit d'accord pour être regroupé. Mais
qu'on s'entende avec le milieu. Merci de votre attention.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je voudrais remercier le
président de la Fédération des commissions scolaires du
mémoire qui contient plusieurs suggestions fort pertinentes. D'ailleurs,
dans un débat de deuxième lecture, j'avais indiqué
quelques points qui ont été soulevés par le
président et que le gouvernement a l'intention de retenir. Nous allons
d'ailleurs continuer à étudier le document qu'on nous a
présenté aujourd'hui, et il n'est pas impossible qu'en
troisième lecture on fasse nôtres plusieurs des suggestions
formulées par le président de la Fédération des
commissions scolaires du Québec.
Je voudrais prendre 30 secondes de notre temps, M. le Président,
pour mentionner encore une fois le travail fort important que la
fédération a accompli dans cette phase de regroupement. Comme le
président le souligne lui-même en terminant, je pense que les
efforts de la fédération rendent possible aujourd'hui
l'étude d'un projet de loi qui demande à la population certains
changements.
Je pense que, s'il y a une stratégie de changement, il ne
faudrait pas minimiser le rôle très important qu'a joué la
Fédération des commissions scolaires au cours des
dernières années dans cette question du regroupement des
commissions scolaires. Le seul point que j'aimerais peut-être ajouter
ce n'est pas pour signifier mes divergences de vues avec le
président touche évidemment sa suggestion de retenir les
176 secteurs d'aménagement. Je n'étais pas là pour savoir
quelles promesses ont pu être données. Je conçois
qu'à l'époque le ministère était fermement
convaincu qu'éventuellement les 176 secteurs d'aménagement
représentaient une situation désirable dans lesquels tous
travaillaient.
Cependant, je pense que le président, M. Lefebvre, conviendra
avec moi qu'il y a eu un changement depuis cette période de 1967 et
c'est évidemment la chute très prononcée de la
natalité. C'est un peu le critère additionnel que nous avons
considéré. Je le dis en toute modestie, nous sommes effectivement
partis de 176 commissions scolaires de secteur et nous avons examiné
quelles pourraient être en 1974, compte tenu d'une chute très
prononcée de la natalité, les populations étudiantes au
niveau élémentaire.
Dans certains coins de la province, il devenait évident qu'il
nous fallait procéder à un certain regroupement. Il est vrai que,
même aujourd'hui, nous avons dans plusieurs cas, si ma mémoire est
précise, 17 commissions scolaires qui ont 2,000 élèves et
moins. Il est vrai que dans d'autres cas, nous avons fait un regroupement dans
des régions qui ont plus que ces 2,000 élèves.
Je pense que ceci reflète, M. le Président, que notre
opération n'a pas été mathématique seulement. Elle
a voulu tenir compte d'autres facteurs que la clientèle
étudiante, en particulier les distances, les mentalités du milieu
face à un projet de regroupement. C'est ainsi, je pense, que dans la
région immédiate de Montréal, la région
métropolitaine de Montréal, il était beaucoup plus facile
pour le législateur, beaucoup plus opportun, d'avoir des regroupements
qui dépassaient de beaucoup 2,000 élèves alors que, dans
d'autres régions, il nous a semblé préférable
il y a certains cas patents je pense à Chibougamau et à
d'autres régions semblables où même s'il y avait
moins de 2,000 élèves, nous devions nous en tenir à ce
schéma.
En terminant, je voudrais remercier la fédération. Le
mémoire contient des suggestions très détaillées,
très précises. Plusieurs de ces suggestions seront retenues et,
en troisième lecture, nous apporterons au projet de loi des
modifications qu'on mentionne.
En ce qui concerne l'annexe A, peut-être que, d'ici l'étude
en commission, on pourrait avoir d'autres suggestions précises de la
part de la fédération pour certains cas qui sembleraient plus
défendables que la règle générale qui voudrait que
nous retournions aux 176 secteurs d'aménagement. Il y a peut-être
certains cas qui
débordent nos 144 secteurs et je serais heureux d'avoir les
suggestions de la fédération dans ce sens.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: Je ne voudrais pas répéter ce que j'ai pris
50 minutes à dire en deuxième lecture ou, comme M. Lefebvre
refaire l'historique depuis le début des relations du ministère
avec la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec.
De fait d'ailleurs, M. Lefebvre se le rappelleà
l'automne 1969, le thème du discours dont j'ai cité un extrait
assez long était que le ministère et les commissions scolaires
devaient être des partenaires dans, en particulier, cette
opération de Regroupement.
Il est exact qu'en 1967 j'avais dit que c'était dans un
délai court que ça devait se faire. C'est pourquoi d'ailleurs,
suivant ce qu'avait fait M. Bertrand et le ministre Saint-Pierre est
venu ensuite nous, de l'Opposition officielle, nous sommes
prononcés en deuxième lecture pour le principe du projet de loi
27.
Cependant, là où le bât nous blesse et où
nous ne sommes pas entièrement d'accord avec le ministre c'est
normal, nous sommes de l'Opposition c'est dans les modalités. Et
ces modalités sont de l'ordre, d'abord, des étapes. Je conviens
bien qu'en 1974 ou en 1975, il y aura peut-être 168 ou 164 ou je ne sais
combien de secteurs d'aménagement mais on aurait pu, au lieu de nous
donner l'annexe qui est au projet de loi 27 annexe qui ne nous satisfait
pas d'ailleurs procéder par étapes pour arriver à
un nombre inférieur à celui qui était originairement
prévu et qui n'avait rien de sacramentel.
Nous ne sommes pas d'accord non plus sur certaines modalités et
c'est pourquoi je dois féliciter le président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques des propositions
concrètes qu'il vient de nous faire dans son mémoire. Je le
félicite aussi d'une autre chose, de ce document vert qui s'intitule
"Selon le projet de loi 27 Le nombre de commissaires pour chaque
commission scolaire", question de la représentativité que j'avais
soulevée d'ailleurs à plusieurs reprises parce que je croyais
à ce moment-là que, si on devait diminuer le nombre des
commissions scolaires par étapes en accord avec le milieu, en tenant
compte des facteurs régionaux et des facteurs humains, il fallait avoir
des choses assez précises devant soi et surtout travailler en commun
avec cette fédération qui représentait toutes les
commissions scolaires catholiques du Québec, même s'il y avait
quelques commissions scolaires, peu nombreuses qui n'étaient pas
d'accord. M. Lefebvre, au début de son exposé, a pris soin
d'aller au devant et de nous dire qui il représentait et qui
n'était pas d'accord, et nous sommes fixés à ce
moment-là, et c'est un point qui est important pour nous.
Ce qui me frappe, même si nous n'acceptons pas toutes les
modalités, même si nous croyons que le gouvernement va
peut-être un peu rapidement en ne procédant pas par étapes
et tout particulièrement en ne tenant pas compte du travail accompli
en n'en tenant pas compte, le mot n'est pas juste, M. le
Président, envers le ministre en ne tenant pas compte d'une
certaine corrélation entre ce qui a été fait et ce qui
arrive aujourd'hui, au mois de juillet 1971, sous divers gouvernements, c'est
que la même ligne de conduite a été suivie.
C'est pourquoi aujourd'hui je ne peux pas m'empêcher de souligner
ceci. Je me demande quelle est cette guerre que les journaux semblent nous
rapporter, contre le projet de loi 27. Est-ce que c'est contre le projet de loi
27 ou si c'est contre le regroupement scolaire? Je veux faire une distinction
parce que le projet de loi 27 le ministre lui-même vient de le
dire peut être modifié, peut s'appliquer par étapes
au lieu de s'appliquer tout d'un coup et peut tenir compte de nouveaux travaux
avec la Fédération des commissions scolaires catholiques. Si
l'opération de regroupement volontaire qui a été faite,
qui a été un succès et dont il faut féliciter la
fédération est terminée, il pourrait peut-être y
avoir un deuxième stade ou une deuxième étape qui ferait
que la Fédération des commissions scolaires et le
ministère ou le ministre s'asseoient de nouveau ensemble, fassent comme
en 1964 et 1971, et discutent pas tellement du projet comme tel dans sa
technique, mais des modalités d'application de cette
régionalisation. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
à mon tour M. Lefebvre de son témoignage et par lui la
Fédération des commissions scolaires. J'ai aussi remarqué
avec beaucoup d'intérêt quelques-unes des suggestions que vous
apportez comme modifications au projet de loi. J'aurais quelques questions
à vous poser pour nous donner des éclaircissements
là-dessus en vue de notre travail en comité. Je pense que la
principale objection enfin la principale réserve que vous
avez émise quant au projet, c'est le fait qu'on ait abandonné les
secteurs d'aménagement sur lesquels la Fédération des
commissions scolaires a travaillé dans son opération de
regroupement volontaire. Le ministre vous a partiellement répondu, je
pense tantôt, en expliquant que le ministère a
préféré, a fait entrer un certain nombre de
catégories autres que mathématiques ou simplement d'effectifs
scolaires, pour délimiter une carte plutôt qu'une autre et ainsi
abandonner les secteurs d'aménagement sur lesquels vous avez
travaillé.
Je voudrais vous demander et cela vous donnerait l'occasion de
répondre au ministre si les secteurs d'aménagement, sur
lesquels vous travailliez à l'époque lors de votre
opération de
regroupement volontaire, comprenaient également des
critères autres que d'effectifs scolaires? Est-ce que vous faisiez
entrer vous-même dans vos critères ceux que le ministre a
employés pour arriver à 168 commissions scolaires?
M. LEFEBVRE: Dans cette opération de regroupement, au niveau du
secteur d'aménagement, des critères avaient été
établis qui étaient j'imagine les mêmes je ne
connais pas les derniers critères établis mais qui
étaient à peu près les mêmes. On est d'accord avec
le ministre parce que nous faisons chez nous des statistiques qui nous
prouvent, qui nous établissent des situations d'année en
année, que la population scolaire a diminué depuis 1968 et ainsi
de suite. Seulement on se pose cette question: Comment expliquer qu'on a
regroupé plus de commissions scolaires depuis 1968 et que le
ministère de l'Education connaissait la diminution de la population dans
le temps? Si une des conditions, un des critères de regroupement
était de regrouper à l'intérieur d'un secteur
d'aménagement, on n'avait pas le choix puisque le ministère de
l'Education ne recommandait pas de regroupement si ce n'était pas
à l'intérieur d'un secteur d'aménagement.
Dans ce secteur d'aménagement en 1969, si ce n'était pas
la totalité, il fallait que ce soit la majorité des commissions
scolaires représentant la majorité des élèves du
secteur d'aménagement. Et pourtant, en 1968, on savait que la population
diminuait et on admettait de nouvelles commissions scolaires regroupées
dans les mêmes secteurs. Pourquoi dans le temps ne nous a-t-on pas dit:
Il faudrait changer les secteurs d'aménagement puisque la population va
influencer? En 1969, on a encore accepté des regroupements scolaires en
tenant compte du secteur d'aménagement et on avait des statistiques qui
indiquaient qu'il y avait une diminution de la population. Six mois avant le
dépôt du bill 27, on a encore déposé, on a encore
accepté des regroupements quelques mois avant. Comment expliquer cela,
nous, qui étions partenaires dans l'opération de regroupement,
avec la fédération et les commissions scolaires puisqu'on voulait
regrouper dans un cadre vraiment logique. On voulait que le ministère
soit à côté de nous pour nous indiquer son orientation pour
ne pas faire de fausses manoeuvres.
On l'a dit au début: On est partenaire pour la promotion du
système scolaire du Québec avec le ministère de
l'Education.
Ensemble, on a marché dans la même voie, tenant compte
qu'en 1968, 1969, 1970, il y avait diminution de population et que, pendant ce
temps, on acceptait quand même des regroupements. Alors c'est pour cette
raison...
M. CHARRON: Alors...
M. LEFEBVRE: Excusez-moi, juste quel- ques secondes, c'est pour cette
raison que nous maintenons cette logique qui a été mise en place
en 1965, et plus précisément au niveau du regroupement en
1966-1967. On la considère aussi logique deux mois avant, comme une
première étape. Cependant, on trouverait également, comme
prochaine étape et une logique vraiment acceptable, qu'après
l'adoption du bill 27, l'on puisse s'asseoir et discuter de tous les cas
particuliers dans une action ou opération volontaire, puisque la
projection de diminution de population se rend jusqu'en 1975. D'ici 1975, je
suis convaincu qu'il va demeurer dans le Québec des commissaires
d'écoles conscients de leurs responsabilités, qui ne seront pas
commissaires pour le plaisir de l'être, mais qui vont travailler comme
ceux qui travaillent aujourd'hui à voir à ce qu'on ait le
meilleur système scolaire au Québec.
M. CHARRON: C'est votre suggestion...
M. LEFEBVRE: C'est notre suggestion comme mode d'opération. Le
maintien de 176, cela ne finit pas là. Cela pourrait être 170,
cela pourrait être 168, peut-être 160. Je ne sais vraiment pas,
mais pour ce faire, il faut procéder par étapes et prendre le
temps que cela prend pour connaître la situation des milieux.
M. CHARRON: Mais est-ce que vous voudriez que cette suggestion prenne
forme jusque dans la cadre du projet de loi ou si vous vous attendez simplement
à une espèce d'engagement formel de la part du ministère
de continuer à vous...
M. LEFEBVRE: Pour nous...
M. CHARRON: Remarquez que je comprends que vous vous méfiez un
peu des engagements formels du ministère parce qu'il en avait pris un
à votre égard dans le secteur d'aménagement et il ne l'a
pas tenu.
M. LEFEBVRE: C'est-à-dire que nous ne nous méfierons plus
s'il nous dit: On ne va passer cela qu'en 1976. On va se dire que c'est la
continuité de l'étape qui a été
décidée en 1966-1967 et c'est une logique qui se continue. Mais
si ce n'est pas cela, il va peut-être falloir se poser des questions.
M. CHARRON: Maintenant, je vais vous poser une question...
M. CARDINAL: Est-ce qu'on change de sujet?
M. CHARRON: Non, non.
M. CARDINAL: Bon! Parce que, si c'est le même sujet, je
voudrais...
M. CHARRON: Advenant que le projet de loi et l'annexe A soient
adoptés tels qu'ils sont actuellement, ils viendraient vous le
mentionnez à un endroit que je ne retrouve pas bousculer
certaines commissions scolaires qui ont déjà oeuvré dans
le regroupement volontaire et qui sont déjà engagées
depuis quelques années dans une commission scolaire regroupée qui
se trouverait brisée. C'est là l'indication de l'annexe A.
Quelles seraient les conséquences administratives, politiques et
évidemment sur le rendement scolaire des étudiants et des
enseignants dans ce milieu selon vous?
M. LEFEBVRE: Au niveau du regroupement, on peut aller beaucoup plus bas
ou beaucoup plus haut. Où est la limite? Personne ne le sait. On a
lancé une opération dans une logique. Je prends un secteur
où il y avait peut-être quinze commissions scolaires. Avec les
années, les quinze commissions scolaires représentées par
75 personnes ont convenu de faire une seule commission scolaire pour augmenter
la qualité d'enseignement dans le milieu, être capables
d'administrer plus économiquement en augmentant le nombre
d'élèves, et recevoir un autre type de subventions permettant aux
élèves de recevoir de l'enseignement spécialisé.
Les 75 commissaires consentaient, cependant, à se diminuer à neuf
au maximum. Pensez que 15 commissions scolaires ne pouvaient avoir que neuf
représentants. Il a fallu que des patelins, que des milieux
donnés se mettent ensemble pour avoir un seul représentant. C'est
un effort vraiment louable du milieu. Il existe dans le Québec
actuellement, dans l'annexe A, ce milieu qui est regroupé et
re-regroupé avec un autre secteur. Ce n'était pas
l'orientation.
Ce qu'on demande comme fédération, c'est une logique. On
est parti avec un système. Il est vrai, le système. Il
était vrai il y a six mois. Pourquoi n'est-il pas vrai aujourd'hui? On
nous a laissé fonctionner dans ce regroupement. Que demain on passe
à une autre étape, cela c'est autre chose. Si on nous avait
averti il y a un an: Des secteurs d'aménagement? On ne peut plus, parce
qu'il y a trop de diminutions d'élèves. Il faut refaire les
secteurs d'aménagement dans le Québec, là, nous aurions
une nouvelle orientation, nous rencontrions les commissaires d'écoles,
il y aurait des malheureux, bien sûr, mais au moins les commissaires
pourraient se déplacer et cela passerait à une action volontaire
nouvelle, mais non à une opposition. Quand on demande à quelqu'un
de bonne foi: Veux-tu te regrouper pour le bien du système scolaire du
Québec? et qu'il le fait, et que, trois mois ou un an après, on
lui impose une nouvelle discipline, il peut avoir raison de douter de la
fédération et du ministère et pourtant...
M. CHARRON: Si vos arguments pèsent lourd dans la balance
actuellement, je ne comprends pas pourquoi je voudrais que vous nous
donniez votre interprétation à vous ils n'auraient pas
pesé dans la tête des législateurs du ministère, qui
ont certainement dû penser que, trois mois plus tard, ils proposeraient
une structure contraire, en certaines occasions, à celle qu'ils avaient
encouragée il y a trois mois, justement. Il me semble que les
fonctionnaires du ministère ont dû penser qu'ils se trouvaient
à bousculer un certain nombre de commissaires qui venaient
d'eux-mêmes se lancer dans une opération. Comment se fait-il,
pensez-vous, que les fonctionnaires du ministère et le ministère
de l'Education aient pris cette décision. Est-ce que cette
décision a été prise sans vous consulter?
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas nous qui préparons les projets de loi.
Nous avons été consultés lorsque nous avons fait notre
tournée provinciale. Nous avons déjà proposé
à M. Cardinal un projet de modifications. Nous en avons soumis un
à M. Saint-Pierre. Nous sommes en contact continuel avec le
ministère de l'Education, et soyez sûr que nous faisons des
suggestions.
Nous avons déjà dit, depuis plusieurs mois, que s'il y
avait une loi et la tournée provinciale nous l'a indiqué
clairement sur le regroupement, ça se ferait au niveau des
secteurs d'aménagement, c'était la volonté de tous.
Que des fonctionnaires vraiment spécialistes, et là
je déborde un peu du sujet, je suppose aient pensé que
147, c'est plus rentable, c'est peut-être possible, je ne conteste pas
ça. C'est peut-être plus logique en face de 1975, je ne conteste
pas ça. Mais ce qui est vrai, c'est que nous avons pris une
opération avec une logique, nous sommes rendus à un point
où on a embarqué 523 commissions scolaires, qui
représentent 2,500 commissaires, et on les a convaincues que, pour le
bien du système d'éducation du Québec, il fallait se
regrouper au niveau des secteurs d'aménagement et que la loi
présente un type de commission scolaire différente de ce qui
existait dans le temps.
Vous comprenez que ceux qui ont passé à l'action
volontaire sont vraiment déçus. Ils disent: La
fédération, vous avez fait quoi, vous nous avez vendu quelle
marchandise? On se pose des questions.
M. CHARRON: Outre la "susceptibilité", entre guillemets, bien
légitime des commissaires qui se seraient ainsi un peu fourvoyés,
est-ce que vous envisagez des conséquences néfastes au strict
plan administratif et même pédagogique pour les étudiants
à l'intérieur de ces nouvelles commissions scolaires? Est-ce que
ça implique des difficultés administratives?
M. LEFEBVRE: Non, je ne peux pas actuellement me prononcer. Il y a des
commissions scolaires régionales et locales qui ont 5,000 ou 6,000
élèves et qui vont très bien, et il y en a d'autres qui
ont 15,000 à 20,000 élèves et qui
vont très bien également. Est-ce que c'est le nombre?
Même si on a tenu compte des avantages administratifs et financiers, il
n'en reste pas moins que les commissions scolaires sont composées
d'humains.
M. CHARRON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot sur le même
sujet.
M. CARDINAL: C'est exactement dans le même sens, je ne veux pas
enlever la parole à aucun autre député. Je poserais deux
questions précises à M. Lefebvre. La première sera
celle-ci: Est-ce que j'ai bien compris que votre mémoire est basé
sur votre tournée provinciale et que le résultat de cette
tournée, dont vous nous avez donné des chiffres très
précis, est en fonction de ce qu'on croyait que serait le projet de loi
27 à cause du travail accompli auparavant?
M. LEFEBVRE: C'est exact.
M. CARDINAL : Ceci est très important parce qu'à ce
moment-là c'est la base même de votre argumentation reconnue par
la grande majorité des commissions scolaires.
Deuxième question: Est-ce que vous croyez que l'annexe A
que pour notre part, nous critiquons, je l'ai dit tantôt, j'ai
été surpris quand je l'ai analysée en détail
devrait être remplacée par un autre mécanisme qui permette
le regroupement scolaire en diverses étapes pour arriver peut-être
à un nombre idéal que le ministère a' maintenant choisi,
mais qui se joindrait aux étapes qui ont été
jusqu'à présent parcourues?
M. LEFEBVRE: Il existe certainement un mécanisme qui pourrait
permettre aux commissions scolaires regroupées aux secteurs
d'aménagement de se sentir traitées vraiment comme elles
s'attendaient de l'être, puisque ç'a été le
schème d'explication donné dans le passé. Le mode, il y en
a plusieurs, je ne le connais pas, je n'en ai pas à suggérer. Ce
que nous demandons lorsque nous parlons de 176 secteurs d'aménagement,
c'est que l'on tienne compte de la marchandise offerte dans le cadre où
ç'a été offert, c'est une question de justice, nous avons
affaire à des humains, nous voulons les traiter comme humains et
respecter notre parole et la garantie que nous avons donnée.
Qu'on trouve un mécanisme différent de celui qui existe
actuellement, soit celui d'approuver les 176 et que, dans les semaines ou les
mois qui suivent, pour ne pas retarder le bill lui-même, l'on s'attaque
et qu'une action volontaire se fasse, je suis convaincu, connaissant les
commissaires d'écoles, que, d'ici un an, deux ou trois ans, il y aura
peut-être 150 commissions scolaires dans le Québec parce que le
milieu lui-même va réaliser que, pour avoir des avanta- ges, il
faudrait qu'il se regroupe. C'est une deuxième étape.
Que l'on n'inscrive pas dans la loi qu'on crée un
mécanisme, je ne le connais pas mais qu'on permette aux 176 secteurs
d'aménagement de s'exprimer, d'analyser la situation du milieu et de
voir, de les convaincre s'il y a lieu de changer le cadre, la limite
territoriale du milieu. Cela pourrait régler le cas.
Si vous voulez que je fasse une petite extension. On permettait dans
l'ancienne loi scolaire et on le désire dans le bill 27, que la
commissions scolaire locale qui veut s'annexer volontairement avec sa voisine
puisse le faire et fasse disparaître la régionale pour être
responsable de l'enseignement élémentaire et secondaire. Ce n'est
pas le nombre de 147 ou 176 qui empêche cette opération-là,
c'est une opération qui se maintient.
M. CARDINAL: Dans la loi actuelle, il y a un article je ne sais
pas si c'est 46 ou un autre qui permet ce genre de regroupement.
M. LEFEBVRE: Nous ne sommes pas contre cette opération-là.
Ce que nous demandons en passant, c'est que les parents du milieu et les gens
qui ont droit de vote, lorsque cela se présentera, puissent être
assez informés pour se dire en accord ou en désaccord. C'est
seulement ça. Si deux secteurs d'aménagement veulent ensemble
faire une seule comission scolaire et être responsable de l'enseignement
élémentaire et secondaire, c'est le choix du milieu, la loi le
permet. La fédération et le ministère de l'Education n'ont
jamais été contre ils le facilitent actuellement
cela n'empêche pas qu'il y en ait 176 ou 147. Le schéma qui a
été tracé est respecté.
M. VEILLEUX: Quant aux secteurs d'aménagement, vous les aviez
envisagés, avec le ministère de l'Education, au nombre de 176.
Dans votre opération de regroupement, M. Lefebvre, est-ce que ces
secteurs d'aménagement étaient immuables?
M. LEFEBVRE: Je dois préciser ici que la fédération
n'a jamais mis en place des secteurs d'aménagement. Les secteurs
d'aménagement ont été délimités et mis en
place par le même comité qui a étudié, lors de la
mise en place de l'opération 55, les commissions scolaires
régionales. Or, c'est un comité de milieu, présidé
en quelque sorte, ou dirigé par des représentants du
ministère de l'Education, qui faisait l'étude du milieu.
Déjà des associations, telles que syndicats, associations,
groupements sociaux ou commissions scolaires, ont formé un comité
de planification scolaire, ont déterminé des secteurs
d'aménagement.
Lorsque la fédération 66 a commencé son
regroupement, elle ne s'est pas rabattue sur le secteur d'aménagement.
La visite de Mlle Baron, au mois d'août 1967, nous annonçait
la
pensée de M. Bertrand nous adjoignant des personnes du
ministère pour faire une table de travail. Le ministère nous
indiquait que l'orientation du ministère de l'Education, pour fins de
regroupement, devait se faire à l'intérieur d'un secteur
d'aménagement qui était le choix du milieu. Alors, nous avons
embarqué dans une structure qui était en place. On a admis que
c'était logique et le ministère de l'Education approuvait le
principe du regroupement à l'intérieur d'un secteur
d'aménagement.
M. VEILLEUX: Vos 97 commissions scolaires regroupées dans les
dernières années se sont-elles astreintes à ces secteurs
d'aménagement ou si, à certain moment, il y a eu des changements
dans les secteurs d'aménagement?
M. LEFEBVRE: C'est la presque totalité, il y a peut-être eu
un cas ou deux où une commission scolaire, à cause des distances,
qui était placée dans un secteur, a été
envoyée dans l'autre. Mais, le secteur lui-même a
été respecté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier votre
association d'avoir préparé un mémoire qui donne de bonnes
explications sur vos intentions. Je voudrais aussi poser quelques questions. A
la page 3, entre autres, vous dites: "Le projet de loi 27 rejoint en
très grande partie les préoccupations que nous avions eues tout
au long de notre opération de regroupement, entre autres, le respect et
la reconnaissance absolus de la confessionnalité du système. "
Or, vous êtes au courant, M. le Président, parce que vous
êtes un homme très bien informé, que le bill 28 s'en vient.
Alors, est-ce que le bill 27, actuellement, n'est pas la préparation
pour faire accepter le bill 28 qui se prépare et qui peut, à ce
moment-là, ne pas respecter la confessionnalité du
système?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Règlement!
M. DUMONT: Est-ce que ce bill 27 n'est pas la préparation d'un
danger pour la confessionnalité du système, qui ne serait pas
dans l'avenir respectée? Quelle est votre opinion?
M. LEFEBVRE: Mon opinion, c'était que le bill 27, pour moi,
respecte la confessionnalité. Le bill 28, j'en connais le numéro
mais je n'en connais pas le contenu, je ne sais pas ce que cela veut dire. Je
me limite au bill 27, et le bill 27, quant à la confessionnalité,
pour le moment, je le trouve plus fort qu'avant puisqu'aujourd'hui il dit: Il y
a des commissions scolaires pour les catholiques et des commissions scolaires
pour les protestants. Avant, on ne disait pas ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne vous prenez pas pour le
Saint-Esprit.
M. DUMONT: Si je reprends à la page 18, vous nous dites: "Vous
nous permettrez maintenant d'affirmer que la décision de réduire
à 148 le nombre des 176 secteurs proposés pour catholiques est
arbitraire, injuste et qu'elle constitue un genre de trahison à
l'endroit des commissions scolaires." Qu'est-ce que vous verrez demain comme
trahison si nous donnons carte blanche à un ministre qui aura, à
mon sens, un peu trop de pouvoirs?
M. LEFEBVRE: Je ne sais pas si vous avez remarqué
même si c'est écrit je ne l'ai pas lu j'ai dit "coup bas".
J'ai trouvé le mot un peu fort alors j'ai dit: C'est une sorte de "coup
bas" pour les commissions scolaires.
M. CHARRON: Pas Cuba.
M. DUMONT: Alors, vous ne croyez pas que ces "coups bas" peuvent se
répéter dans d'autres domaines si nous donnons trop de pouvoirs
au ministre qui fera la pluie et le beau temps?
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas, bien sûr, à défendre le
ministre ici. Cependant, je dois dire qu'avec le ministère de
l'Education nos relations sont très bonnes, et quand on a des choses
à dire, on les dit, et quand il a des choses à nous dire il nous
les dit. Cependant, ce qui est bon pour le système c'est que les
problèmes puissent se régler autour d'une table. Cela ne se
règle pas dans les journaux. Cela paraît moins qu'il y a des
problèmes qui se règlent, mais ça se règle autour
d'une table. Alors nous ne sommes pas là pour défendre le
ministère de l'Education, ce n'est pas notre rôle, mais pour
défendre les commissions scolaires. Nous sommes un organisme de service.
Mais on a compris, du moins, que pour régler des problèmes il
faut se rencontrer, il faut s'expliquer, et c'est là qu'on trouve des
solutions.
M. DUMONT: Une dernière question que j'adresserais au ministre. A
la page 41 il est mentionné: "Voilà que la confiance mise dans le
système est sérieusement menacée par une décision
différente que l'on ne soupçonnait même pas avant le
dépôt du projet de loi 27." Alors, M. le ministre,
considérant toutes ces remarques qui ont été faites, les
protestations qui existent, très nombreuses, est-ce qu'il serait dans
l'intention du ministre de remettre l'adoption du projet de loi à
l'automne?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas dans l'intention du ministre de faire
cela.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Lotbinière.
M. BELAND: J'aurais une question à poser à M. Lefebvre,
à savoir si la fédération, lorsqu'elle faisait des
réunions soit pour rencontrer tout simplement des commissions scolaires
au niveau local, a cherché à faire accepter le regroupement ou si
elle a expliqué d'une façon objective
continuellement ledit regroupement tel que prévu dans le bill
27.
M. LEFEBVRE: Le style de regroupement qui a été fait,
c'était d'expliquer aux commissions scolaires les avantages d'avoir un
plus grand nombre d'élèves. Il a été prouvé
par des chiffres qu'une commission scolaire de 250 élèves ne
pouvait pas se donner la qualité d'enseignement d'une commission
scolaire de 2,500 élèves. C'était assez clair.
Quand le regroupement a été expliqué par les
fonctionnaires de la Fédération des commissions scolaires, il n'a
jamais été question de regrouper les écoles mais de
regrouper l'administration scolaire. Parce que je sais que la question va
venir, je vais y répondre immédiatement. On va me demander:
Est-ce que vous avez forcé ou est-ce que vous avez dit: Si vous ne vous
regroupez pas une loi sera adoptée. Il est possible que des
fonctionnaires prévoyants aient dit: Tenant compte que ça se
regroupe en Ontario, tenant compte que nous avons une opération
volontaire, pourquoi ne pas choisir le style de regroupement au lieu de s'en
faire imposer un? Cela a été dit. Alors, si tous les commissaires
d'écoles du Québec s'étaient regroupés en 176
secteurs d'aménagement, il ne serait pas question de 147.
Ce serait un fait accompli, il y en aurait 176.
M. BELAND: Question supplémentaire, tout cet agencement ou cet
organigramme de regroupements scolaires au niveau de l'administration comme
vous le dites, est-ce que ç'a été copié sur ce que
l'on peut constater dans d'autres pays ou si c'est une chose qui a
été pensée, qui est typiquement
québécoise?
M. LEFEBVRE: Je pense que ce travail-là, tenant compte du secteur
d'aménagement était établi avant même que la
fédération en parle. Les hommes se sont penchés sur le
problème, fonctionnaires du ministère, fonctionnaires de la
fédération, après avoir fait des études tenant
compte des subventions d'équilibre budgétaire et de tous les
avantages qu'on pouvait avoir, en tenant compte aussi qu'une commission
scolaire qui avait 2,000 élèves pouvait se permettre un directeur
pédagogique; quand elle en avait 700, elle n'en avait pas.
Si elle n'était pas d'accord avec la régionale, elle ne
pouvait même pas emprunter les services pédagogiques de la
régionale. Qui payait? C'étaient les enfants du milieu.
Conscients que nous sommes responsables de l'éducation des enfants, nous
avons stimulé le regroupement pour permettre une meilleure organisation
scolaire.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. J'ai encore quelques petites
questions. Vous étiez trop intéressant, M. Lefebvre, j'ai des
questions à vous poser. Vous êtes sans doute au courant qu'en
deuxième lecture notre parti a fait valoir de fortes réserves sur
les modalités du bill, en ce sens que nous aurions voulu le plus
rapidement possible une intégration de l'élémentaire et du
secondaire.
Le ministre de l'Education disait ce matin que j'étais dix ans
avant mon temps, je suis pourtant cinq ans après le rapport Parent, ce
qui fait qu'on est quinze ans avant les libéraux. J'avais l'intention de
vous demander si vous auriez objection à ce que le projet de loi
comporte des indications quant à un calendrier visant cette
intégration qu'il y a déjà cinq ans, je le
répète, le rapport Parent recommandait comme absolument
essentielle pour que le regroupement signifie quelque chose. Est-ce que pour
vous cette intégration entre l'élémentaire et le
secondaire est une chose que la fédération pourrait favoriser?
Est-ce qu'on pourrait déjà retrouver dans le projet de loi 27,
selon vous, autre chose que les articles qui rappellent la possibilité
de fusion volontaire?
M. LEFEBVRE: Sur cette question, les commissaires d'écoles dans
cette tournée provinciale, se sont prononcés dans une forte
majorité pour maintenir l'enseignement élémentaire
séparé du secondaire se basant sur le principe qui est celui-ci.
Le commissaire d'écoles est responsable de l'enseignement
élémentaire et secondaire. Les commissaires d'écoles,
à cause du rendement scolaire de 1959 en 1960-1961 on a
commencé à former des régionales permettaient aux
enfants du secondaire d'aller un peu plus loin dans leurs cours, d'avoir un
cours terminal et de faire un style d'administration différent.
Les commissaires d'écoles qui dans le temps, en 1959 ou 1960,
échangeaient des services entre les commissions scolaires qui
étaient responsables de l'élémentaire et du secondaire,
privaient certains élèves, certaines commissions scolaires parce
qu'on arrêtait peut-être en 9e ou 10e année de donner des
cours.
Ils freinaient le développement de l'éducation. On a
trouvé comme truc ce que j'ai trouvé vraiment
intéressant de former des commissions scolaires
régionales, d'établir des bassins d'alimentation assez vastes
pour pouvoir réunir de 3,000 à 3,500 élèves au
moins et donner l'enseignement secondaire par des personnes qui s'en occupaient
en spécialité.
Cependant, les mêmes commissaires d'écoles étaient
responsables de l'enseignement élémentaire et de l'enseignement
secondaire. Mais administrativement, on avait trouvé deux types
d'administrations, une administration locale et une administration
régionale. Actuellement, c'est encore la même chose, le projet de
loi 27 a même amélioré le système. Elle nomme des
commissaires d'écoles et peut se permettre de nommer des nouveaux
commissaires d'écoles au niveau d'un secteur d'aménagement.
En supposant qu'au niveau d'une régionale, il y a deux
commissions scolaires seulement au lieu d'en avoir quinze qui prennent deux
secteurs d'aménagement, les commissaires d'écoles forment le
conseil d'administration au niveau local dans le domaine exécutif pour
voir à expédier et les mêmes commissaires ensemble forment
un conseil d'administration pour s'occuper de l'enseignement secondaire. Ce
sont les mêmes personnes, c'est la même orientation avec une
administration, un exécutif séparé.
Vous avez deux spécialités mais les mêmes personnes
nommées pour s'occuper et de l'élémentaire et du
secondaire.
Si vous placez les deux ensemble, que sauvez-vous? Vous allez avoir un
territoire beaucoup plus grand, les délégués qui seraient
les représentants à la régionale seront en plus petit
nombre bien sûr, et au lieu d'avoir 25 personnes, il y en aurait
peut-être 12 ou 15. Les personnes sont donc plus loin du milieu, le
contact du parent avec la régionale est beaucoup plus
éloigné et je pense aux comités scolaires, aux
comités de parents de la commission scolaire qui vont siéger, qui
vont surveiller, examiner l'évolution scolaire de l'enfant dans
l'école et là, nous sommes parfaitement d'accord
là-dessus, et que le président de chacun de ces comités
formant un comité consultatif auprès de la commission, au lieu de
rencontrer la commission scolaire locale, va être obligé de
rencontrer la commission scolaire qui est plus grosse, qui fait la locale et la
régionale. Alors, au lieu d'avoir deux fois dix ou deux fois quinze
écoles, il y aura 30 écoles à l'élémentaire
et quatre ou cinq écoles au secondaire. Cela ferait un comité
consultatif de 35 à 40 personnes. Or, on nous a
répété assez souvent que 35 à 40 personnes,
c'était difficile à manoeuvrer. Alors, pourquoi cette
centralisation, quand on a le même rendement?
Les commissaires d'écoles, le conseil nommé pour la
régionale, un exécutif, des comités de parents qui sont au
niveau de la régionale et qui sont consultés, les deux
commissions scolaires avec les administrateurs nommés et les dix
représentants, présidents de chacune des écoles, qui sont
consultés au niveau des commissaires d'écoles...
M. CHARRON: Je vous entends décrire la structure qui est
instaurée par le projet de loi 27. Est-ce que je dois comprendre que
vous la jugez suffisamment bonne pour qu'on ne vise pas éventuellement
une intégration de l'élémentaire ou du secondaire?
Etes-vous opposé à cette intégration même
éventuelle?
M. LEFEBVRE: Si c'est la volonté du milieu, je ne m'oppose pas
à la volonté des gens. Personnellement, je préfère
le système que nous avons actuellement. J'ai la ferme conviction que les
parents se sentent plus près des représentants nommés.
Vous qui êtes nommé, les votants de votre milieu sont plus heureux
quand ils se sentent près de vous. Le commissaire d'écoles qui
forme un gouvernement local l'est lui aussi, quand il peut rejoindre son
commissaire de temps en temps. Cela ne veut pas dire que dans un patelin il
doit y avoir cinq représentants. Un peut suffire, pour autant qu'il soit
là, qu'il soit efficace, qu'il soit actif.
M. CHARRON: Quelle est l'opinion de la fédération sur le
rôle des parents prévu au projet de loi 27 à travers les
comités consultatifs d'écoles? Il y a une nette distinction entre
ce que recommandait le rapport Parent quant au rôle des parents
c'est le cas de le dire et le rôle réservé par la
structure locale des comités, qui dit: Le rôle des parents est de
faire à la direction les recommandations relatives à
l'éducation, la qualité de l'enseignement et la vie scolaire.
Vous admettrez que ça peut être tout simplement le "cup of tea"
à la fin de chaque mois avec dix minutes avec le directeur, si ce n'est
pas plus précis que ça. Est-ce que vous verriez d'un bon oeil de
préciser et même de quantifier le rôle des parents à
l'intérieur des comités consultatifs?
M. LEFEBVRE: En fait, il y aura un règlement qui va
définir, qui va régir ce comité, qui va donner de
l'orientation. A la fédération, on a découvert que la
préoccupation première des parents n'était pas
nécessairement l'administration financière de la commission
scolaire. Le père et la mère de famille sont toujours
préoccupés de la vie de leur enfant à l'école. Si
les parents sont intéressés au niveau de l'école que
fréquente l'enfant, ils vont y aller, ils vont s'organiser, ils vont
surveiller l'évolution scolaire de leur enfant, ils vont dire au
principal d'école ce qui ne marche pas dans l'école; s'ils sont
insatisfaits de l'organisation matérielle de l'école, ils vont le
dire. Le principal devra le dire. S'ils sont insatisfaits des éducateurs
de l'école, ils devront le dire pour prendre connaissance de
l'évolution scolaire. La préoccupation des parents, c'est
l'enfant dans l'école.
M. CHARRON: J'aurais envie de vous demander ce que les commissions
scolaires membres de votre fédération ont fait et projettent de
faire, advenant l'adoption du projet de loi 27, pour amplifier la participation
des parents au rôle des écoles, mais je pense que c'est...
M. LEFEBVRE: C'est d'appliquer l'article 66 en attendant les
règlements du ministère de l'Education réglementant ces
comités d'écoles.
Cela se vit actuellement à la Commission scolaire de
Québec; à différentes commissions scolaires, ce genre de
comité existe. Et pourquoi vit-il? Il vit très à l'aise
parce que ce ne sont que des parents qui le composent. Cela, c'est bien
important, que des parents. Quand il y a autant d'enseignants que de parents,
il est certain que les enseignants sont plus au courant de la structure
scolaire, les parents ont moins de
chance. Mais lorsque ce ne sont que des parents, c'est leur affaire, ce
sont leurs enfants. Il est vrai que, de temps en temps, les parents vont dire:
Tel instituteur, c'est un pas bon. C'est possible, mais après une
demi-heure de discussion, on va peut-être découvrir qu'il est bon
parce qu'il y a eu de l'incompréhension. Il faut permettre que la
soupape s'ouvre de temps en temps et pour ce faire, il faut que les parents
soient dans l'école aussi de temps en temps.
M. CHARRON: Une dernière question avant que vous me coupiez le
sifflet, M. le Président. Concernant une réforme comme
celle-là, qui était attendue depuis longtemps, le jugement de
qualité qu'on pouvait former sur elle reposait en grande partie sur la
décentralisation qu'elle pouvait apporter. Je pense que votre
fédération est parmi tous les organismes qui ont le plus souvent
contribué à dénoncer l'image que le ministère de
l'Education a prise comme une espèce d'objet gigantesque où
toutes les décisions sont prises. Est-ce que les pouvoirs
répartis par le projet de loi 27 entre le comité consultatif
d'école, la commission scolaire locale désormais, la commission
scolaire régionale et le ministère, accentuent une
décentralisation que vous souhaitiez, je suppose, ou si, au contraire,
sur ce point-là, elle vous déçoit?
M. LEFEBVRE: Le projet de loi tel que présenté est un
style nouveau d'administration; il semble indiquer aux commissaires
d'écoles qu'il y aura des commissaires qui vont s'occuper
spécialement de l'administration puisqu'ils feront partie de
l'exécutif, ce qui permettrait aux autres commissaires d'écoles
de s'occuper de mettre en place, de développer, d'étudier de
nouvelles orientations, de voir si le système d'enseignement du milieu
est vraiment valable; prendre des soirées complètes pour se
pencher sur la pédagogie au lieu de ne faire que de l'administration,
puisqu'il y aura un comité qui va s'en occuper. Les commissaires
d'écoles ont actuellement la chance de rendre plus valable la commission
scolaire telle qu'on la voit actuellement, puisqu'elle est en deux temps.
M. CHARRON: Sur le plan administratif, est-ce que les fameuses
complications qui font, par exemple, qu'une dépense excédant tel
montant soit obligatoirement référée sur le bureau du
ministre de l'Education ne sont pas maintenues même dans le
système que créerait le projet de loi 27? Les tracas financiers
de relations éternelles entre différentes commissions scolaires
ce qu'invoquait le député de Terrebonne ce matin
les difficiles relations qui peuvent exister entre les commissions scolaires
régionales et les différentes commissions scolaires locales,
est-ce qu'il y a quelque chose dans le projet de loi qui va selon vous venir
corriger cette situation?
M. LEFEBVRE: Le projet de loi ne touche pas à cela. Des
directives administratives existent et ce sont ces directives administratives
qui apportent une réglementation nouvelle d'année en
année. Nous sommes consultés concernant cette
réglementation. Dans des coins où on la sent trop rigide, bien
sûr, on fait pression pour la rendre un peu plus souple, pour que la
commission scolaire soit un peu plus flexible, mais le projet de loi n'indique
absolument rien à ce niveau-là, c'est au niveau des directives
administratives.
M. CHARRON: Une petite question pour terminer. Vous demandez à
l'article 25 du projet de loi que le cens d'égilibilité soit
réservé aux parents ou propriétaires, c'est-à-dire
que vous demandez à toutes fins pratiques le statu quo je vous
avertis que là-dessus vous n'avez pas mon appui...
M. LEFEBVRE: Je le savais.
M. CHARRON: ...pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous vous opposez
à la mesure progressiste, une des rares que comporte le projet de
loi?
M. LEFEBVRE: Ah! Ah! Ah! C'est le résultat de la tournée
provinciale; 85 p.c. des commissaires d'écoles se sont prononcés
dans ce sens. La raison qui fut invoquée, c'est que 38 p.c. du
coût de l'éducation sont payés par les propriétaires
locaux au niveau du Québec, du budget total de la province, 38 p.c, ce
qui représente au-delà de $450 millions, quelque chose comme
cela. Les commissaires craignaient, lorsqu'ils se sont prononcés, que
des personnes qui n'étaient pas propriétaires aujourd'hui
étant parents, on connaît la réaction des parents
mélangés avec les propriétaires, cela crée un
mélange très heureux ils redoutaient, dis-je, la
possibilité qu'un trop grand nombre de locataires n'étaient pas
parents et étant alors moins intéressés, puissent imposer
à un milieu, à cause de la majorité élue, des
dépenses non admissibles à ceux qui paient les 38 p.c.
C'est l'objection qui avait été apportée, le point
de vue qui avait été donné pour que les commissaires se
prononcent dans ce sens.
M. HARDY: M. Lefebvre, en renversant votre raisonnement, vous avouez
vous-même que 38 p. c. du budget des commissions scolaires proviennent de
la taxe foncière, donc le reste vient de l'ensemble des
contribuables...
M. LEFEBVRE: C'est cela.
M. HARDY: Alors, comment pouvez-vous empêcher un locataire
célibataire qui paie des taxes au gouvernement provincial d'avoir son
mot à dire dans l'administration scolaire? Si je comprends bien, en tant
que citoyen du Québec, il en paie plus que votre propriétaire
foncier, puisque c'est seulement 38 p. c. Vous ne respectez donc pas ce
vieux principe de droit anglais: "No taxation without representation" au niveau
de la commission scolaire.
M. CHARRON: Je vous signale que cela fait deux fois en une semaine que
le député de Terrebonne vient m'appuyer.
M. LEFEBVRE: Oui?
M. HARDY: Cela ne veut rien dire.
M. LEFEBVRE: Cependant, dans votre exposé, vous avez
oublié un élément. C'est que dans les 62 p. c, le
propriétaire paie à peu près l'équivalent, la
même part que le locataire également, puisque ce sont des taxes
générales.
M. HARDY: Oui, mais...
M. LEFEBVRE: Le propriétaire paie la partie des 62 p. c, plus les
38 p. c. Ce qui est important, ce n'est pas tellement celui qui paie un peu
plus ou un peu moins, c'est de protéger les contribuables du milieu.
Imaginez qu'une commission scolaire soit actuellement composée de trois
commissaires locataires cela n'existe pas, mais admettons-le et
qu'on décide une opération qui coûte $100,000 de
dépenses non subventionnables, ce qui pourrait avoir pour effet
d'augmenter les taxes localement de $0.10 ou de $0.20 les cent dollars. Ce sont
ceux qui ne participent pas à ce paiement, puisque cela ne s'en va
qu'aux propriétaires qui ont décidé pour les
propriétaires.
M. HARDY: Vous oubliez...
M. CHARRON: L'éducation n'est pas une entreprise
privée.
M. HARDY: Vous oubliez...
M. LEFEBVRE: On dit: Est-ce que c'est possible?
M. HARDY: Vous oubliez un autre aspect du problème, M. Lefebvre.
Vous savez très bien que les locataires dans une municipalité
savent qu'à un moment donné, si les taxes augmentent trop, leur
loyer va augmenter. Ils ne manifesteraient pas cette irresponsabilité
d'une manière aussi consciente. Ils ne voteraient pas des budgets qui
pourraient les surtaxer, parce qu'ils savent bien qu'un jour ou l'autre, lors
du renouvellement du bail, si le propriétaire voit sa taxe trop
augmentée, leur loyer va augmenter aussi.
M. LEFEBVRE: Là-dessus, vous avez remarqué que l'on ne
s'est pas battu...
M. HARDY: Ah bon!
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser à M. Lefebvre. A la page 3 de son mémoire, il
parle à l'article 2 du souci évident de la participation des
parents. Il vient d'en faire grand état en disant que la plus grande
préoccupation des parents, c'est le bien-être de leurs enfants,
c'est d'avoir pour eux la meilleure éducation possible. Dans le souci
évident de la participation des parents, il est évident que, sur
le plan théorique, je suis d'accord entièrement avec les vues de
M. Lefebvre. Mais sur le plan pratique, admettriez-vous que le problème
puisse être complètement différent dans des régions
exclusivement rurales, parce que nous avons tout de même des
régions exclusivement rurales au Québec où il y a des
distances de 40, 50 et dans certains cas de 60 milles? Comment
prévoyez-vous la participation des parents lorsque les distances sont
aussi grandes, une fois que le regroupement sera fait tel que le
ministère de l'Education le propose dans le projet de loi numéro
27?
M. LEFEBVRE: Je pense que cela ne présente pas de
problème, parce qu'on dit que le comité des parents, c'est au
niveau de l'école. On ne regroupe pas des écoles, on ne regroupe
pas des élèves. Concernant les parents qui demeurent non
pas à Saint-Achillée, il n'y a pas d'élèves
à un endroit dans le Québec où il y a une école,
même si on centralise l'administration, l'école va demeurer, les
enfants vont fréquenter la même école, les parents seront
membres du comité de l'école que fréquentent leurs
enfants.
M. ROY (Beauce): Vous dites que c'est pour centraliser l'administration.
En somme, le bill 27 a uniquement pour objet de centraliser l'administration,
si j'en juge par ce qu'on vient de dire. S'il n'est aucunement question de
centralisation des écoles, de regroupement des élèves,
pourquoi le regroupement scolaire? C'est la question que j'aimerais qu'on
définisse clairement. Je viens de dire que c'est l'administration et on
me dit que non. Qu'on précise une fois pour toutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous pourrions
peut-être relire la loi.
M. ROY (Beauce): Pas besoin de relire la loi, je pose une question
à M. Lefebvre. M. Lefebvre peut répondre de façon beaucoup
plus intelligente que le député de Chicoutimi.
M. HARDY: Ce n'est pas gentil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est gentil, parce que dit par lui, il
faut prendre le contraire.
M. ROY (Beauce): Vous n'êtes pas gentil pour M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: Le regroupement des com-
missions scolaires a pour effet de regrouper l'administration des
commissions scolaires et non les écoles. Je cite un exemple très
facile. Si on prend la CECM à Montréal, c'est une très
grosse commission scolaire. Il y a 400 écoles ou à peu
près, et pourtant il n'y a qu'une seule commission scolaire.
Il est possible qu'on regroupe dans un territoire de 30 milles ou 40
milles de diamètre, dix, douze ou quinze commissions scolaires et
qu'administrativement il n'y ait qu'une seule commission scolaire et qu'on ait,
au service de toutes les commissions scolaires, un pédagogue, parce que
les subventions vont nous le permettre à cause du nombre
d'élèves, des spécialistes en orientation, peut-être
des psychologues, et aussi des administrateurs qualifiés avec beaucoup
d'imagination pour bien exploiter les deniers publics.
C'est ça qui est le but.
M. ROY (Beauce): Si le projet de loi no 27 avait pour effet de regrouper
les élèves, quelle serait la position de votre
fédération? Eventuellement, parce que nous avons émis
cette hypothèse et j'aimerais qu'on réponde bien à la
question.
M. LEFEBVRE: Je vais vous donner la réponse puisqu'à la
fédération, nous avons l'habitude de traverser le pont lorsque
nous sommes rendus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si les éléphants avaient des
ailes!
M. HARDY: Nous ne sommes pas ici pour étudier un projet de loi
qui viendra dans dix ans, nous sommes ici pour étudier le projet de loi
27.
M. ROY (Beauce): On parle également dans le même
mémoire de renforcement de l'autorité des pouvoirs des
commissaires d'écoles. Est-ce que vous croyez qu'avec le regroupement
tel que proposé que les commissaires d'écoles vont avoir plus de
pouvoirs et plus d'autorité dans l'administration des commissions
scolaires, dans l'administration des budgets? Est-ce qu'il peut y avoir une
décentralisation administrative à ce moment-là au meilleur
avantage de tout le monde?
M. LEFEBVRE: Quand on parle de pouvoirs, moi j'ai toujours pensé
que les commissaires d'écoles avaient des pouvoirs et qu'on change le
style d'administration, si dans quelque milieu on n'a pas exploité tous
les pouvoirs qu'on avait, c'est dans le milieu qu'il faut voir à ce
moment-là.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'actuellement les commissaires d'écoles
ont réellement des pouvoirs?
M. LEFEBVRE: Certainement qu'ils ont des pouvoirs. Si on fait la
comparaison avec les cités et villes. Lorsqu'une ville décide de
dépenser $100,000 d'investissement, elle fait un
référendum, parce que c'est l'argent de la collectivité.
Au niveau des commissions scolaires on fait un budget, lequel budget doit
entrer à l'intérieur des normes, parce que, d'après
l'évaluation, on peut administrer et donner un enseignement valable et
raisonnable. Avec ce qui est le taux minimum du milieu, plus les subventions
d'équilibre budgétaire on est capable de se donner un
enseignement valable et raisonnable.
Si une commission scolaire veut exagérer dans
l'équipement, c'est normal que celui qui en est responsable au
ministère de l'Education vérifie si vraiment on en a besoin.
C'est une forme de référendum comme en ont les cités et
villes. Sommes-nous lésés dans nos droits? Je pense que non.
C'est une forme différente.
Dans ma commission scolaire, je peux avec les subventions avoir $5
millions à administrer et la possibilité de transfert et la
possibilité éventuelle du bloc total pour pouvoir manoeuvrer un
peu plus, me donner des priorités dans l'enseignement. Je n'ai pas
l'impression que les commissaires d'écoles manquent de pouvoirs.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas l'impression non plus, selon les normes
d'administration du gouvernement et selon toutes les conditions qu'exigent ce
dernier aux commissaires d'écoles, que ceux-ci puissent
réellement prendre une décision sur le plan administratif dans
l'intérêt de leurs commettants?
M. LEFEBVRE: Certainement qu'ils prennent l'intérêt.
M. ROY (Beauce): Ils prennent l'intérêt de leurs
commettants, mais ce que je veux dire: Est-ce qu'ils ont des pouvoirs
réels de décision dans le meilleur intérêt de
l'administration de leurs propres écoles actuellement?
M. LEFEBVRE: Je voudrais un exemple. Quels pouvoirs ils n'ont pas et
qu'ils voudraient avoir. Je ne vous comprends vraiment pas.
M. ROY (Beauce): Je vais apporter des exemples de ces pouvoirs. J'ai eu
un cas je n'aime pas apporter des exemples précis, mais je vais
me permettre d'en apporter un à la commission une commission
scolaire qui a des réparations urgentes à faire à son
école centrale.
Après deux ans de correspondance avec le ministère, elle
n'a pas encore eu l'autorisation de réparer la toiture de
l'école. Cet exemple me fait dire que, sur le plan pratique, nos
commissaires en sont réduits à choisir la marque d'huile à
chauffage ou encore la sorte de balai ou de poudre à balayer. Il est
dit, en toutes lettres, dans le journal La Presse du mardi 19 mai 1970: "C'est
le ministère qui décide et les commissions scolaires
exécutent". C'est signé
Thérèse Baron. Selon Mlle Thérèse Baron,
sous-ministre de l'Education, les relations entre le ministère de
l'Education et les commissions scolaires pourraient être
améliorées. Il ne faut pas oublier que, dans l'esprit du
gouvernement, c'est le ministère qui planifie, coordonne et
décide tandis que les commissions scolaires exécutent. Il me
semble que c'est bien clair. Entre ce que dit Mlle Baron et ce qu'on lit cet
après-midi à la commission parlementaire, il semble y avoir une
différence très nette et j'aimerais qu'on apporte des
précisions.
M. LEFEBVRE: Demandez donc au patron de Mlle Baron. Si votre couverture
n'a pas été réparée depuis deux ans, dans ma
commission scolaire, je la répare.
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est vous qui la réparez ou si vous
la faites réparer?
M. LEFEBVRE: Je la fais réparer.
M. ROY (Beauce): Vous la faites réparer. Mais disons que vous
êtes obligé...
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas de faire des couvertures.
M. ROY (Beauce): J'ai été dans l'obligation de faire des
interventions et de faire des démarches personnelles et cela a
été sans aucun résultat. Je peux vous le dire en passant.
C'est là qu'on peut se demander réellement, lorsqu'on parle de
démocratie, et de renforcer l'autorité des pouvoirs des
commissions scolaires, si ce n'est pas seulement un voeu plutôt qu'une
réalité.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Saguenay.
M. VEILLEUX: Pour continuer dans le même sens que le
député de Beauce. M. Lefebvre, qui engage les professeurs
à l'heure actuelle dans les commissions scolaires?
M. LEFEBVRE: Les commissaires d'écoles.
M. VEILLEUX: Qui nomme les directeurs d'écoles?
M. LEFEBVRE: Les commissaires d'écoles.
M. VEILLEUX: Vous avez des pouvoirs et on peut en énumérer
d'autres.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je désirerais simplement
poser une question à M. Lefebvre. Vous dites, à la page 2 de
votre mémoire, qu'au cours des années 1966 à 1971, il y
aurait eu 523 commissions scolaires catholiques qui se seraient
transformées en 97 corporations plus vastes, efficaces, autonomes et
stables. Vous avez travaillé au niveau de l'opération de
regroupement et vous vous étiez donné l'année 1969 comme
échéance finale, du moins dans le travail de regroupement. Est-ce
que cela veut dire que, pour le reste des commissions scolaires
puisqu'on nous a parlé au cours de la discussion du principe de ce
projet de loi, qu'il fallait laisser les commissions scolaires se regrouper
volontairement c'était vraiment de l'opposition
systématique au regroupement?
M. LEFEBVRE: Non, lorsque M. Cardinal est venu à notre
congrès nous annoncer qu'il présenterait un projet de loi en
1969, nous avions décidé dans le temps, avant le congrès,
de faire de l'action de regroupement, c'est-à-dire mettre une
équipe à la disposition des commissions scolaires pour expliquer,
au niveau des commissions scolaires du Québec, l'opération de
regroupement. En 1968, il y avait 40 ou 45 commissions scolaires
regroupées et on avait comme objectif d'atteindre 100 commissions
scolaires pour le congrès de 1969. On en a eu à peu près
97. On a eu 99 à un moment donné mais il y a eu des changements,
pour non approbation, et on n'a pas touché les 100.
Nous avons décidé au congrès, parce qu'il y avait
un projet de loi afin de donner la pleine liberté aux commissions
scolaires de se prononcer en face du projet de loi et de ne pas être des
collaborateurs avec le gouvernement pour la présentation d'un tel projet
de ne faire aucune opération de regroupement sauf donner le
service d'information qui nous était demandé.
C'est pour ça que, sachant que le ministère de l'Education
voulait présenter un projet de loi, nous avons arrêté
l'opération de regroupement, d'information systématique pour
permettre au ministère de l'Education de préparer son projet, de
faire de la consultation pour que les commissions scolaires se prononcent sur
le projet de loi et que tout se passe dans l'ordre. Nous ne trouvions pas
normal, à la fédération, pendant qu'on préparait un
projet de loi, que nous, nous passions encore à l'action volontaire du
regroupement. C'est la seule et unique raison et la loi devait nous donner une
meilleure représentation.
On ne s'attendait pas à un changement aussi radical de la loi,
mais des modifications permettant à la fédération d'avoir
un nouveau mode de représentation des commissions scolaires. Et avec un
nouveau mode de représentation on pouvait, d'après nous,
regrouper de 400 à 500 commissions scolaires à la suite de
l'adoption du projet de loi. C'est pour cette raison que nous nous sommes
arrêtés en 1969.
M. LESSARD: Vous pensiez que, même s'il n'y avait pas eu le projet
de loi, l'opération de regroupement aurait été
menée à bon terme.
M. LEFEBVRE: C'est-à-dire que nous aurions continué notre
opération systématiquement et nous serions peut-être rendus
à 140 secteurs d'aménagement, 130, peut-être 150, je ne
sais pas vraiment. Mais il y avait un projet de loi qui devait faciliter
l'opération de regroupement et c'est pour cette raison que nous avons
arrêté notre opération: pour que la loi soit
présentée et facilite l'opération.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre, est-ce que vous avez
personnellement foi dans ces comités consultatifs d'école?
M. LEFEBVRE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On nous a dit que ce serait quelque chose de
pas très efficace. Maintenant, du point de vue confessionnel, M.
Lefebvre, est-ce que le projet de loi 27 vous paraît dangereux?
M. LEVEBVRE: Non. Cependant, nous aimerions que les commissions
scolaires régionales soient identifiées dans la loi comme
étant confessionnelles. Une commission scolaire régionale, c'est
une corporation de corporations. Alors d'autres corporations pourraient faire
partie de la corporation, qui est la régionale, et qui ne serait
peut-être pas une corporation confessionnelle. Nous aimerions que les
commissions scolaires régionales, qui regroupent des commissions
scolaires catholiques, soient des commissions scolaires régionales
catholiques et que ce soit précisé dans la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre, nous, les modestes publicains
ainsi que les mécréants du ministère de l'Education, nous
pouvons considérer que nous ne serons pas nécessairement
damnés ce soir si nous approuvions ce projet de loi, compte tenu des
excellentes suggestions que vous avez faites.
M. LEFEBVRE : Je pense que non. Quant à moi, vous ne serez pas
damnés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas un parent catholique.
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas à juger, moi, comme un prêtre.
Vous ne m'avez pas raconté votre vie intime.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lefebvre, je ne suis pas un parent
catholique, je suis un célibataire catholique.
M. LE PRESIDENT: Je comprends les inquiétudes du
député de Chicoutimi.
M. HARDY: Sur la même question de la confessionnalité, M.
le Président, est-ce que j'ai la parole? Vous avez parlé, au
début de vos remarques, de cette nécessité d'avoir un
système confessionnel, et personnellement je partage totalement votre
idée là-dessus. Je considère que les parents catholiques
et les parents protestants ont parfaitement le droit d'avoir des écoles
qui correspondent à leurs convictions religieuses.
Mais j'en suis encore à me poser une question et je voudrais vous
la poser. Je n'arrive pas à comprendre comment une seule structure
juridique neutre ne pourrait pas administrer aussi efficacement et des
écoles catholiques et des écoles protestantes et des
écoles neutres, parce que, comme on l'a déjà dit,
construire des écoles, cela ne se construit pas ni catholiquement ni
d'une façon protestante. Additionner des chiffres, il n'y a pas une
façon catholique et une façon protestante ou une façon
athée de le faire. Engager des architectes, il n'y a pas de façon
catholique, protestante ou neutre de le faire. Là où les
convictions religieuses ou la confessionnalité interviennent, c'est
quant à la substance des programmes scolaires. Alors moi, j'aimerais que
vous m'expliquiez, peut-être que c'est possible, et je changerai
peut-être d'opinion à la suite de votre intervention, j'aimerais
que vous me disiez comment une seule structure judirique sur le plan scolaire
n'assurerait pas le maintien des écoles catholiques d'une façon
aussi catholique, aussi valable qu'une commission scolaire catholique peut le
faire.
M. LEFEBVRE: Je pense qu'actuellement dans le Québec, ce n'est
pas un problème d'écoles à travers le Québec. Cela
touche un peu moins les architectes et les ingénieurs. Cependant, une
chose dont je suis convaincu, c'est que la majorité des citoyens du
Québec sont des catholiques. Je me pose une question et je vous la pose:
Pourquoi ne pas se donner une école catholique quand on est en
majorité catholique?
M. HARDY: Une école.
M. LEFEBVRE: Pourquoi ne pas se donner une commission scolaire
catholique quand on est catholique?
M. CHARRON: Pourquoi payer pour une commission scolaire protestante
à côté?
M. LEFEBVRE: Vous ne payez pas pour rien parce que le programme en
général pour les protestants ce sont des Anglais
est différent. Il faudrait faire deux programmes...
M. HARDY: Vous voulez dire qu'eux apprennent à faire de l'argent
pendant que nous continuons encore à rêver.
M. LEFEBVRE: Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Je veux dire
que nous devons les
respecter, si nous voulons être respectés. A ce
moment-là, il y a un programme différent et il est normal que les
parents parce qu'il y a quand même des humains dans le
Québec qui veulent que leurs enfants soient éduqués
dans la foi catholique, qu'ils aient les instruments à leur
portée pour le faire. Si par hasard, on donnait plus d'importance aux
autres et aux neutres, je me verrais dans l'obligation de défendre un
système qui va protéger mes enfants tenant compte de mes
convictions religieuses.
Etant de la conviction religieuse qui représente la
majorité au Québec, ce n'est absolument pas mauvais mais c'est
même bien qu'il y ait des commissions scolaires catholiques et que les
autres qui ne sont ni protestants ni catholiques puissent
bénéficier de toute la qualité d'enseignement qu'on donne
aux commissions scolaires catholiques et protestantes. Si les autres, ça
les ennuie de recevoir pendant un temps un enseignement religieux, ils
pourraient en être exemptés au niveau de l'école ou au
niveau de la commission. Cela ne présente pas de problème,
absolument pas.
M. HARDY: M. le Président, peut-être que ce que je vais
affirmer va paraître farfelu aux oreilles de certains mais si on prend le
postulat que vous venez de développer, il faudrait à ce
moment-là avoir un gouvernement catholique, un gouvernement protestant
et un gouvernement neutre, si on prend le même postulat. Vous dites que
pour administrer les écoles catholiques, ça prend
nécessairement une commission catholique, une juridiction catholique.
Donc, pour bien administrer les intérêts de la population
catholique du Québec, il faudrait avoir un gouvernement catholique, un
gouvernement protestant et un gouvernement neutre, si on applique sur une
sphère plus élevée les mêmes principes que vous
développez au niveau du régime scolaire.
M. LEFEBVRE: Je regrette, ce n'est pas tout à fait ça que
j'ai dit. Je n'ai pas dit que, pour administrer une école catholique,
ça prenait absolument une commission scolaire catholique, j'ai dit:
Pourquoi pas? Il y a une légère nuance.
M. HARDY: Ah bon! Il y a déjà une étape.
M. LEFEBVRE: Oui. Quant à la commission scolaire catholique
où il est permis dans la loi de recevoir les autres, ça
n'empêche pas les autres de se faire élire d'après la loi
actuelle. Un bon matin, à une commission scolaire catholique, on pourra
peut-être voir les autres en majorité et ça sera indicatif
que, dans le milieu ou au niveau du Québec, la majorité du
Québec est moins catholique qu'elle l'était. C'est demain que
ça se produira.
M. HARDY: Ce que vous dites, c'est à peu près ce que j'ai
dit en deuxième lecture, M.
Lefebvre. Vous finissez pas dire je ne voudrais pas vous faire
dire ce que vous n'avez pas dit mais dans le fond, vous finissez par
dire que c'est une question de temps...
M. LEFEBVRE: Non, je n'ai pas dit ça.
M. HARDY: Qu'on n'est pas prêt. Vous dites que si on fait...
M. LEFEBVRE: J'ai dit qu'il pourrait y avoir.
Je n'ai pas dit que c'était une question...
M. HARDY: Je vais vous le dire tout de suite, M. Lefebvre, que vous
n'avez vraiment pas justifié, à mes yeux en tout cas, l'absolue
nécessité sur le plan rationnel d'avoir deux structures. Vous
l'avez justifiée indirectement et là je me rallie
c'est que probablement la population du Québec, à l'heure
actuelle et je trouve que c'est un facteur important n'est pas
prête à accepter une seule structure juridique. Mais sur le plan
rationel, le plan d'efficacité, si on regarde ça dans l'ordre des
principes seulement, je ne vois pas du tout encore, après votre
réponse, la nécessité d'avoir une division confessionnelle
sur le plan des structures. Mais il est possible il faut tenir compte de
l'évolution des populations qu'en 1971 il soit encore de mise ou
préférable de maintenir la division confessionnelle même
sur le plan juridique.
M. CHARRON: Selon la structure actuelle, M. Lefebvre, je veux dire la
structure telle qu'instaurée par le projet de loi 27, les neutres, qu'on
le veuille ou non, sont une minorité croissante dans le Québec
actuellement et n'ont pas d'écoles à eux. Advenant qu'ils
auraient des écoles à eux, on pourrait faire le même
raisonnement que vous avez fait à l'égard des catholiques,
pourquoi pas des commissions scolaires aussi? Ce qui nous amènerait dans
la structure abracadabrante que nous suggérait M. Bouchard ce matin,
d'avoir trois commissions scolaires selon la foi sur chacun des territoires
avec trois séries d'administrations aussi, aux frais des contribuables,
s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je pense qu'on est assez hors d'ordre
actuellement. Le député d'Abitibi-Ouest.
M. CHARRON: On n'est pas aussi hors d'ordre que cela.
M. LEFEBVRE: Je voudrais tout de même apporter une
précision pour compléter le dialogue. Pourquoi la loi a-t-elle
permis dans un système public le système privé et
l'a-t-elle subventionné? Pourtant, ça fait deux systèmes
dans le Québec et on ne trouve pas que ça coûte trop cher.
On a tenu compte des besoins des citoyens du Québec et on ne trouve pas
que ça
coûte trop cher. On a tenu compte des besoins des citoyens du
Québec. On a dit dans une loi: Vous aurez le privilège, le droit
de choisir entre le système public et le système privé. On
a donné ce choix et c'est subventionné au même coût
que les autres à travers le Québec. Pourquoi, n'est-ce pas
mauvais là, pourquoi est-ce considéré comme rationnel?
M. CHARRON: M. Lefebvre, le rapport Parent n'enlève pas le droit
des parents à la confessionnalité qu'ils veulent, sauf qu'il la
place au niveau des écoles indépendantes.
M. LEFEBVRE: Vous voulez faire disparaître des systèmes.
Pourquoi est-ce que la loi a permis qu'il en existe, le système public
et le système privé? Dans le système public, qu'y a-t-il
de mal? La majorité est catholique. On veut avoir une commission
scolaire catholique, ça fait du mal à qui, ça? A
personne.
M. CHARRON: Par exemple, le gouvernement américain a pris la
semaine dernière, la décision de ne plus financer
désormais les écoles confessionnelles. C'est une décision
qu'il a prise, qui attaque une certaine évolution. On peut être
engagé dans le même système...
M. LEFEBVRE: C'est le gouvernement américain. Actuellement, c'est
le gouvernement québécois.
M. HARDY: On peut se poser des questions.
M. CHARRON: On est dans un champ d'évolution dans ce domaine.
M. LE PRESIDENT: Je considère ce dialogue comme étant
clos. Je donne la parole au député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M . le Président, je suis conscient des
premières interventions de M. Lefebvre je me demandais si
réellement, au début, s'il n'était pas contre le bill 27.
Maintenant qu'il a parlé passablement, nous nous apercevons qu'il
accepte quand même, moyennement, après beaucoup d'amendements, le
bill 27. Même qu'il accepte jusqu'à un certain point les coups
bas. Est-ce que vos approches consultatives se sont limitées aux
commissions scolaires ou si elles se sont étendues à des
associations de parents?
M. LEFEBVRE: Nous avons consulté des commissions scolaires
puisque nous sommes un organisme de service des commissions scolaires. Il
existe des associations de parents qui actuellement s'occupent de leurs
membres. Nous, nous avons rejoint nos membres qui sont les commissions
scolaires. Les commissions scolaires sont là comme vous tous, elles ont
été élues et se sont exprimées au nom des citoyens
du milieu comme vous, vous vous prononcez au nom des citoyens de votre
comté.
M. AUDET: Vous dites que 85 p.c. des commissions scolaires
consultées étaient en faveur du regroupement. Comment
expliquez-vous le fait que ces mêmes commissions scolaires,
invitées à se regrouper volontairement, avant la venue du bill
27, ne l'aient pas fait et que, maintenant, on accepte à 85 p.c? Il me
semble qu'il y a peut-être eu un certain jeu d'influence.
M. LEFEBVRE: Les commissions scolaires, qui ne sont pas
regroupées actuellement, voulaient une meilleure représentation,
représentation qui fut déjà promise au congrès de
1969. Les commissaires attendaient cette représentation pour se
regrouper. Dans d'autres milieux, le raisonnement a été celui-ci:
"J'ai été élu pour administrer et non pour me faire
disparaître. Alors, s'il est bon que l'on devienne un secteur
d'aménagement, au lieu de 15 commissions scolaires, qu'on
présente un projet de loi et nous allons l'accepter pour autant qu'il
respecte le cadre de l'opération de regroupement.
M. LESSARD: Vous n'avez pas souhaité la disparition.
M. AUDET: M. le Président, on se demande un peu si la population
est prête à accepter un projet de cette importance, un projet de
loi s'apparentant à celui au-delà du rideau de fer.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. AUDET: De toute façon, je demanderais à M. Lefebvre
pourquoi les associations se présentant ici et qui sont pour le bill 27
n'ont-elles pas eu la pensée de faire tenir une requête de la
population, tandis que ceux qui se prononcent contre le bill 27 ont beaucoup de
requêtes signées de la part de la population?
M. HARDY: Vous croyez encore à cela, vous?
M. AUDET: Oui. C'est le seul moyen démocratique.
M. HARDY: Vous savez très bien qu'en campagne on peut faire
signer des requêtes par les mêmes personnes pour des objectifs
différents.
M. AUDET: Il faut faire confiance au peuple. Avez-vous peur de le faire,
faites-le donc...
M. LEFEBVRE: Je pense que notre sondage, le contact des commissions
scolaires depuis cinq ans, le sondage au niveau de la province, au mois de
septembre et au mois d'octobre, nous a donné une orientation, à
mon sens, aussi valable que des requêtes signées.
Si vous travaillez dans un système de regroupement pendant cinq
ans, vous finissez par connaître les milieux, et je peux vous dire que,
dans certains milieux, il y avait des
commissaires qui ne voulaient pas se regrouper; et les parents, ayant
pris connaissance de l'opération de regroupement, ont rencontré
des représentants de la fédération pour recevoir des
explications et ont demandé aux commissaires de passer une
résolution de regroupement, parce qu'ils y voyaient des avantages pour
leurs enfants.
M. AUDET: M. Lefebvre, vous ne trouvez pas qu'il y a une nette
contradiction entre ces 85 p.c., que vous mentionnez, des commissions scolaires
qui se sont prononcées pour le bill 27 et toutes ces associations, ces
organismes qui nous ont présenté des mémoires:
l'Association des parents catholiques, qui regroupe 35,000 membres, et
l'association en représente peut-être davantage. Il y a une
contradiction flagrante...
M. LEFEBVRE: Je ne peux pas retracer les 85 p.c. Cependant je vais
répéter ce que j'ai dit au début. Sur 873 commissions
scolaires qui existent actuellement dans le Québec, il y en a neuf
seulement qui nous ont écrit, nous disant: On n'est pas d'accord avec le
bill 27.
M. AUDET: Cela ne veut pas dire que les autres sont d'accord.
M. LEFEBVRE: Les autres commissions scolaires qui ont des
représentants au conseil d'administration de la
fédération, lequel conseil d'administration a deux
délégués par section, et il y a vingt sections dans le
Québec, et chacune des sections a réuni tous les commissaires qui
se sont prononcés pour préparer le mémoire que vous avez,
monsieur. Les commissions scolaires ont dit à leurs
délégués les délégués
composant le conseil d'administration, qui ont été, sur des
points, unanimes, sur d'autres points, majoritaires C'est ce que nous
voulons. Et lorsque...
M. AUDET: M. Lefebvre, si je comprends bien, ce n'est pas 85 p.c. des
commissions scolaires qui ont dit oui au bill 27, mais c'est 15 p.c. des
commissions scolaires qui ont dit non au bill 27.
M. LEFEBVRE: Je ne comprends pas les 85 p.c. Si je l'ai dit, je ne sais
pas pourquoi. Est-ce qu'on pourrait me rappeler...
M. AUDET: Ce n'est pas la même chose...
M. LEFEBVRE: Est-ce qu'on pourrait me rappeler à quoi
s'accrochaient les 85 p.c.
M. VEILLEUX: M. le Président, dans la même veine que le
député d'Abitibi-Ouest, ce matin le député de
Chicoutimi posait des questions sur l'organisation, comment on recrutait les
membres de l'Association des parents catholiques. J'aurais un peu le même
genre de questions à vous poser, M. Lefebvre. Je vous connais, parce que
nous avons eu l'occasion de nous rencontrer lors de la négociation
provinciale. Est-ce que toutes les commissions scolaires catholiques
francophones du Québec sont membres de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec?
M.LEFEBVRE: C'est entre 98 p.c. et 99 p.c. des commissions scolaires qui
sont membres.
M. VEILLEUX: Dans quelle région se situe le 1 p.c. ou les 2 p.c.
non-membres.
M. LEFEBVRE: C'est réparti. On peut en avoir une dans la
région de Québec, une dans le Saguenay. Il n'y a pas de sections
complètes qui ne sont pas membres.
M. VEILLEUX: Je vous pose la question et c'est bien simple, je pense que
vous me voyez venir. Il y a une association parallèle à la
Fédération des commissions scolaires qui s'appelle l'Association
catholique des commissions scolaires ou quelque chose comme...
M. LEFEBVRE: Des commissions scolaires confessionnelles.
M. VEILLEUX: Est-ce que les commissions scolaires faisant partie de
cette association-là sont membres de votre fédération?
M. LEFEBVRE: Oui, la presque totalité.
M. VEILLEUX: Ce seraient des espèces de dissidents qui ont
décidé de former...
M. LEFEBVRE: Il est possible qu'une commission scolaire fasse partie de
deux associations. Il n'y a pas de mal à ça.
M. VEILLEUX: Vous n'êtes pas antichrétiens vous à la
Fédération des commissions scolaires?
M. ROY (Beauce): J'aurais une question supplémentaire à la
suite des questions du député de Saint-Jean. L'association des
commissions scolaires catholiques du Québec a été
fondée à quel endroit?
M. LEFEBVRE: Cela fait 24 ans que c'est fondé. Je vais m'informer
à quel endroit. Le secrétaire me dit que ç'a
été fondé à Québec. Cela fait 24 ans que
ça existe.
M. ROY (Beauce): Cela n'a pas été fondé à
Saint-Ephrem-de-Beauce?
M. LEFEBVRE: C'est possible.
M. ROY (Beauce): La deuxième fédération des
commissions scolaires...
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas "catholiques" c'est "confessionnelles".
M. ROY (Beauce): L'Association des commissions scolaires catholiques du
Québec a été fondée à
Saint-Ephrem-de-Beauce. Est-ce que c'est exact?
M. LEFEBVRE: On me disait. A Sainte-Clothilde-de-Beauce.
M. ROY (Beauce): C'est voisin de Saint-Ephrem.
La deuxième fédération de commissions scolaires.
L'Association des commissions scolaires confessionnelles a été
fondée également à Saint-Ephrem-de-Beauce. Il y a
peut-être une remarque à faire sur le fait que les mêmes
gens ont peut-être cru bon à un moment donné de fonder une
deuxième association parce que la première je ne veux pas
porter de jugement d'intention à votre endroit ni à l'endroit de
votre association je me pose la question sur ce qui a pu motiver les
gens du même milieu à fonder une deuxième association de
commissions scolaires du Québec.
M. VEILLEUX: On demandera à cette association tout à
l'heure combien elle a de membres. Qu'elle se prépare, nous allons poser
les mêmes questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y en a une qui a
été fondée à Rougemont aussi?
UNE VOIX: Ce n'est pas dans mon comté, Rougemont.
M. LE PRESIDENT: Il est six heures. Une dernière question
à un député qui m'a demandé la parole depuis un
bout de temps, le député de Mégantic.
M. DUMONT: M. Lefebvre, dans votre tournée provinciale vous avez
été interrogé sur les modalités concernant le bill
26, mais avez-vous aussi été interrogé sur le principe du
regroupement imposé par une loi, parce qu'entre le regroupement
volontaire et la loi imposée il y a toute une différence.
Alors, avez-vous revu vos gens maintenant que la loi est
déposée?
M. LEFEBVRE: On demande s'ils sont d'accord sur un regroupement
obligatoire à l'occasion du congrès de la
fédération. Lorsque j'ai fait la tournée du Québec,
c'était pour connaître le style d'administration qu'on pouvait
demander au ministère de l'Education, s'il y avait une loi.
Il est vrai qu'à un congrès, peut-être à deux
mais au moins à un, la question fut posée à l'effet de
demander au gouvernement de passer une loi regroupant obligatoirement toutes
les commissions scolaires. Les commissaires pré- sents, en forte
majorité, se sont opposés il faut, bien sûr, le
préciser à ce que la fédération demande au
gouvernement de préparer une loi. Les commissaires d'écoles ne se
sont pas opposés à ce que le gouvernement, lui, prépare sa
loi.
M. DUMONT: Mais les commissaires n'ont-ils pas voté contre une
loi imposée?
M. LEFEBVRE: Les commissaires ont voté pour que la
fédération ne demande pas au gouvernement la préparation
d'une loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Je tiendrais ici à préciser davantage un point
sur lequel vous avez passé, il y a quelques instants, à l'effet
qu'il n'y avait que neuf commissions scolaires qui avaient exprimé une
opinion négative vis-à-vis du regroupement. Il y en a une
certaine quantité qui ont présenté différents
points de vue. Par contre, il y a des commissions scolaires qui semblent dire
qu'elles sont contre d'une façon très nette. Il y en a même
qui ont envoyé un rapport à l'effet qu'elles étaient en
faveur mais ce rapport-là a été rédigé par
la seule personne au sein de la commission scolaire qui était en faveur
tandis que les autres étaient contre. A ce moment-là, ces
personnes qui sont contre parce qu'elles ont une certaine peur de menaces
quelconques peu importe la raison se taisent mais il importe
quand même de citer que ces cas-là existent.
M. SAINT-PIERRE: Il n'y a pas de fonctionnaires qui ont dit qu'elles
n'avaient pas leur subvention.
M. LEFEBVRE: Je voudrais vous signaler, quand vous parcourerez ce
document-là, que toutes les commissions scolaires, qui ont
communiqué avec la fédération, ont de petites notes
à gauche. Cela correspond et l'opinion de la commission scolaire est
inscrite là. Celles qui sont contre, c'est marqué. Celles qui se
sont prononcées carrément contre et qui ont écrit, c'est
marqué. Vous pourrez conclure à travers le document.
M. DUMONT: Nous avons d'autres questions, M. le Président,
à 8 heures, nous recommencerons jusqu'à 9 h 15.
M. LE PRESIDENT: Il est 6 h 05.
M. DUMONT: J'aurais deux ou trois questions. On recommencera si les
témoins veulent bien venir à nouveau.
M. LEFEBVRE: A quelle heure?
M. LE PRESIDENT: Si vous pouvez poser
vos questions tout de suite cela libérera les gens de la
fédération.
M. DUMONT: Je veux avoir une réponse claire, précise,
comme vous semblez vouloir en donner toutes les fois qu'on vous questionne:
Etes-vous personnellement intéressé d'une façon quelconque
à vouloir ce bill 27? Est-ce que personnellement vous avez des
intérêts...
DES VOIX: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Cette question est personnelle et hors
d'ordre.
M. DUMONT: C'est que j'ai un article de journal qui dit exactement que
le président actuel serait intéressé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Non, je reste le président de la
fédération et je suis ici pour exprimer la pensée de mon
conseil d'administration qui décide au nom de tous les commissaires
d'écoles de la province de Québec.
M. DUMONT: En défendant le gouvernement ou la
Fédération des commissions scolaires?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'excuse, M.
Lefebvre, de vous interrompre, mais je crois que cette question est d'une
impertinence et d'une insolence inqualifiable et que l'on n'a pas le droit de
mettre en cause la bonne foi et l'intégrité d'un témoin.
J'estime que cette question devrait être considérée comme
hors d'ordre et que M. Lefebvre n'est pas obligé de répondre
à une question aussi malhonnête que stupide.
M. DUMONT: M. Lefebvre, est-ce que vous êtes coroner de district
à Sorel?
M.LEFEBVRE: Non. Je suis entrepreneur de pompes funèbres.
M. DUMONT: Et vous n'avez pas obtenu dernièrement le titre de
coroner?
M. LEFEBVRE: Non, monsieur. On ne peut pas être coroner et
entrepreneur de pompes funèbres.
M. DUMONT: Un article de Montréal-Matin, le journal du
député de Chicoutimi, vous accuse de cette chose le jeudi 25
mars. C'est le journal du député de Chicoutimi, de l'Union
Nationale. Ce n'est pas ça qu'on dit dans...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque encore le
règlement. Voilà encore une de ces affirmations...
M. DUMONT: Non, c'est écrit dans le journal de l'Union
Nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...qui est bien dans le style pharisaïque
du député de Mégantic.
M. DUMONT: Ce n'est pas le journal de l'Union Nationale?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le journal Montréal-Matin est un
journal qui est la propriété du parti de l'Union Nationale, mais
tous les journalistes qui y écrivent sont absolument libres
d'écrire ce qu'ils veulent écrire et le parti n'est pas
responsable de ce que peut écrire un journaliste sous sa signature. Je
maintiens, M. le Président, que le genre de questions que pose le
député de Mégantic, je devrais dire Sainte-Bernadette de
Mégantic, que ce genre de questions et ces questions sont impertinentes,
insolentes...
M. DUMONT: Vous devriez nous aider à mettre le bouchon sur la
cruche...de Chicoutimi. Cela irait beaucoup mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...et quelles sont de nature à
insulter...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DUMONT: Mettez-lui donc un bouchon sur la cruche, cela irait beaucoup
mieux...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le président de la
Fédération des commissaires catholiques du Québec. En ce
qui concerne, M. le Président, le problème du bouchon sur la
cruche, dans le cas du député de Mégantic, la cruche est
vide depuis longtemps, il n'est même plus besoin de mettre un
bouchon.
M. DUMONT: Le député de Chicoutimi a de ces
remarques...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. ROY (Beauce): Le député de Mégantic avait
parfaitement le droit de le citer et de poser une question à la suite
d'un article qui avait paru et qui pouvait mettre en doute certaines
affirmations.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais que l'incident soit clos. Je
n'aime pas que l'on
fasse de personnalité ici à la commission. On remercie M.
Lefebvre et on se doit de féliciter la fédération de la
façon qu'elle a préparé le mémoire qu'elle nous a
présenté. On félicite également M. Lefebvre de la
façon qu'il l'a présenté. On ajourne à huit heures
et on entendra le mémoire de Quebec Association of Protestant School
Board, et après, le mémoire préparé par quatre
fédérations; la Fédération des associations de
parents-maîtres, Quebec Federation of Protestant Home and School
Association, Federation of Parent-Teacher Associations, la
Fédération des unions de familles, en cinquième lieu, nous
entendrons la Corporation des enseignants du Québec. En sixième,
la Provincial Association of Protestant Teachers, et en septième, la
Provincial Association of Catholic Teachers.
Reprise de la séance à 20 h 8
M. PILOTE (président de la commission parlementaire de
l'Education): A l'ordre, messieurs !
La parole est à M. Robert J. Stocks.
M. DUMONT: M. le Président, est-ce que le mémoire de
l'Association des commissions scolaires confessionnelles a été
reçu et accepté par le président? Est-ce que vous avez
été mis au courant de ce mémoire de l'Association des
commissions scolaires confessionnelles?
M. LE PRESIDENT: Nous l'avons.
M. DUMONT: Maintenant, je veux soulever une question de
procédure. Cet après-midi, au-delà de 35 personnes de
Stanstead ont été refusées à la porte
d'entrée et j'ai remarqué qu'il y avait encore de la place ici.
Est-ce que, M. le Président, vous feriez remarquer la possibilité
de pouvoir faire entrer les gens quand il y a encore de la place?
M. LE PRESIDENT: Je prends bonne note de vos recommandations.
Quebec Association of Protestant School Boards
M. STOCKS: M. le Président, je représente le Quebec
Association of Protestant School Boards. J'ai une objection à faire,
tout d'abord. Nous avons reçu notre avis de cette commission le 1er
juillet, c'était jeudi dernier et, malheureusement, nous n'avons pas eu
assez de temps pour faire une traduction de notre mémoire. Pour cette
raison, notre mémoire sera présenté en anglais ce soir.
J'ai avec moi le président de notre association, M. Coolen que je vous
présente et d'autres membres de notre association, qui font partie de
l'exécutif de notre association, et qui sont prêts à
répondre aux questions après la présentation de notre
mémoire.
Over many years, the Quebec Association of Protestant School Boards has
encouraged the consolidation and amalgamation of the Protestant School Boards
in the province in order to improve the administrative structures without
infranging upon the guaranteed rights of any class of persons, being Roman
Catholics or Protestants under the provisions of Section 93 of the British
North America Act.
We are in basic agreement with the principle of regrouping schools as
envisaged by Bill 27. We are utterly opposed to the manner in which this is
being accomplished. Sections 13, 25 and 27 of the Bill clearly violate the
guaranteed rights of Roman Catholics and Protestants.
The Association objects strongly to Section 13 of the present Bill which
purports to amend Section 49 of the Education Act by adding two paragraphs to
it.
We have two objections to the section:
1)The main objection is based upon the fact that if this section were to
be enacted in its present form together with sections 25 and 27 of the Bill
which we will discuss later on in the brief, it would probably have the effect
of destroying the right of exclusivity presently enjoyed by law by the existing
denominational boards created by order in council "for Catholics only" on one
hand and "for Protestants only" on the other hand. 2) It would also have the
effect of destroying the right of exclusivity of any dissentient board which is
included under the Bill.
In its present form, the section will undoubtedly purport to make all
school boards for the Roman Catholics or Protestants in the common school
boards and, consequently, the presently existing denominational boards created
by order in council and dissentient boards included in the Bill will be
threatened with the loss of the protection of the guaranteed rights which they
now enjoy in virtue of section 93 of the British North America Act. Any such
move can only be regarded as unconstitutional. This association would like to
make it very clear that while it is in favour of having the franchise for
school purposes extended to members of all religious faiths, it cannot accept
any legislation which may cause its members to loose the protection they now
enjoy under the Constitution. Only when Section 93 of the British North America
Act has been amended by either extending the existing guaranteed rights
protected by this section to other religious faiths or by changing the basis of
these guaranteed rights from that of religion, namely Roman Catholic or
Protestant, to language, namely French and English, can this association view
the present trend as acceptable? If either or both of the above suggested
amendments were made to section 93 of the British North America Act, then this
association would welcome the extension of the franchise to persons other than
Roman Catholics and Protestants.
MR. SAINT-PIERRE: Can I interrupt a second?
MR. STOCKS: Yes, Mr. Minister.
MR. SAINT-PIERRE: I have discussed part of your brief with some of my
legal advisors and I must say that we do not understand at all your point. I
know that your text has a few words which probably are important. You say at
one place it would probably have the effect, but really we cannot see it at
all. At the moment, it is true that we do not touch at all the dissident
boards, both on the Protestant and the Catholic sides, and I think if you look
through the annex, the existing dissidents are numerous in recent months who
have surrendered their power of dissidence by their own will. As an example on
the Catholic side, you have the Greenfield Park one which is kept as a separate
entity and it is the same for those on the Protestant side and what we have set
up are Catholic and Protestant Boards and there is no intention in the law
and I think it is quite clear to revert to common board.
We have a confessional system and we established two types of school
boards, some for Catholics and others for Protestants. In section 13, we simply
indicate a measure by which parents or tax-payers who profess not to be either
Protestants or Catholics and article 93 only relates to these two classes of
confessional rights. We are only saying that those who do not profess any of
these two faiths can send their children to one of the two. They cannot be
elected commissioners. It is the right of the children who are not Catholics
nor Protestants to have an education, bearing in mind that both in the Catholic
and the Protestant systems we have a provision that they are not compelled to
assist to any religious training per se or any religious class per se. One of
these things is that I do not understand this part of your brief.
MR. STOCKS: Mr. Minister, in order to answer your question, it is quite
involved in number one and very technical. It is based upon a report that was
made by a constitutional commitee that was set up about three years ago by the
Protestant School Board of Greater Montreal who studied education rights in the
field of education in the Province of Quebec, and had submitted a rather
detailed report. It is about 97 pages in lenght.
MR. SAINT-PIERRE: Was this not the one on Bill 62?
MR. STOCKS: It also pertained the Bill 62.
MR. SAINT-PIERRE: I had have the impression...
MR. STOCKS: Unless we have missed the point, I would gather that, under
the provisions of Bill 27, that a non-Roman Catholic or a non-Protestant would
qualify on the present bill to become eligible to be elected as a commissioner
or a trustee.
MR. SAINT-PIERRE: Let me recheck on this with my legal people. I have
the impression that was not the case. The children had the right to attend the
school but...
MR. STOCKS: Mr. Minister, we do not object to the children of people who
are either Roman Catholics or Protestants to attend our schools. This has been
a fact over a number of years. Although it has not been required by law, it has
been by grace. But, as I pointed out at the start of this brief, there is no
way that we do not want to have the franchise extended to
members of all religious faiths, but we feel that we can only allow that
to happen as and when Section 93 of the British North American Act is amended
to allow this. Because as you are probably aware, presently as worded, Section
93 only protects two groups and classes of people: Roman Catholics on one hand
and Protestants on the other hand.
MR. SAINT-PIERRE: I would have thought when you say "any such move can
only be regarded as unconstitutional", if you have examined Bill 27, it does
protect the rights of Catholics and Protestants to...
MR. STOCKS: To retain their rights. That is right.
MR. SAINT-PIERRE: To retain their rights. And Bill 27 not only allows
them to retain their rights, they go even further as some have suggested
because instead of having common and dissident boards we now have Protestant
and Catholic boards.
MR. STOCKS: I think, Mr. Minister, that they should be for Roman
Catholics only or Protestants only.
MR. SAINT-PIERRE: What do you do with the other ones? You are saying
that you have no objection for children who are neither Catholic nor Protestant
to attend school.
MR. STOCKS: No, if they and as they do now, they attend our schools in
various religious faiths but they do it by grace, not by law.
MR. SAINT-PIERRE: But you have...
MR. STOCKS: ...But we still would have no objection and you will see as
I get on the brief in having those children continuing to attend our school.
Our only objection is from a constitutional point of view that if people other
than Roman Catholics and Protestants are eligible to sit on either a Catholic
board or a Protestant board as the case may be, then we feel it changes the
character of that board to a common school board which enjoys no protection
under section 93 of the British North America Act.
MR. SAINT-PIERRE: Maybe between legal advise they can discuss this
thing...
MR. STOCKS: I would enjoy the opportunity.
MR. SAINT-PIERRE: ...there was really no intention on our part that
trough a common board to attack, it seems to me for various reasons which I
will not deal with it was completly the contrary, since we reinforced the
confessional nature of the Catholic and the Protestant position. My point
may be I can terminate on that and Mr. Tetley will further add
also, you seem to attach a lot of importance to the constitutional right
given to Catholics and Protestants. It seems to me that although it is not
spell out in the constitution those who are neither Catholics nor Protestants
have right for an education. We have tried within practice and taking into
account what as you mentioned yourself is taking place at the
moment, to find the most easy solution to satisfy not this constitutional right
but this basic human right for these children.
MR. TETLEY: Mr. Stocks, you mentioned that it was by grace that the
non-Catholics and non-Protestants are admitted to the Protestant School Board,
but they also pay taxes and that is one of the reasons why they are accepted.
By grace and by taxes, by both. I think that should be added just for the
record.
The point I wanted to make, Mr. Stocks, was that the Protestant School
Board of Greater Montreal allowed and agreed and promoted an amendment allowing
Jewish school commissions. Do you not think that seems to be against
your...
MR. STOCKS: I am sorry, are they allowed to have members of the Jewish
faith sit on the Protestant School Board of Greater Montreal?
MR. TETLEY: Yes. That is correct.
MR. STOCKS: But they are not in the same position as other school
boards. They are a grouping of school boards like a regional board in a sense
that they came long before regionalization. But the constitutional rights vest
in their members' voice, not in the Protestant School Board of Greater
Montreal.
MR. TETLEY: I hope you remember that declaration that the rights of the
Protestant School Board of Greater Montreal do not vest in it but vest in the
related boards.
MR. STOCKS: I am saying that the constitutionally protected rights are
vested in the local board who compose the Protestant School Board of Greater
Montreal.
MR. TETLEY: I am taking note of that. It is a good opinion. I agree with
you on that, but I think that it is a judicial quibble to say that the Jewish
members of the Board, excellent members of the Board, are only on this
important School Board of Greater Montreal without really any powers. They are
on the most powerful board, the board that has all the powers and they were
asked to be on there by your own school commission. Now that you have taken
this legalistic stands, it seems quite contradictory to your previous stands
about Jewish members being on the board.
MR. STOCKS: I must say at this point that Bill 27 is really dealing with
off-Island Montreal not with the Protestant School Board of Greater Montreal.
So, I am not here to speak on behalf on the PSBGM, I am here to speak for
off-Island boards.
MR. TETLEY: It is not a member of your group?
MR. STOCKS: It is a member of our group but this particular Bill does
not affect the PSBGM.
MR. TETLEY: No, but did you oppose this decision to put the Jewish
members on the school board? Did your association oppose the decision...?
MR. STOCKS: To my knowledge, no, but I will ask the president. No, they
did not oppose.
MR. TETLEY: I see. It seems contradictory therefore to me what you are
saying and their decision previously.
MR. STOCKS: I must underline the fact that we pointed out in here and
very sincerely that we are in favour of the franchise being extended, not only
the franchise but the ritht to sit on boards being extended to all religious
faiths providing that there is an amendment to section 93 of the British North
American Act that will permit this.
MR. SAINT-PIERRE : I am sure we will have occasion to discuss these
points in the coming months.
MR. STOCKS: I will enjoy it too, Mr. Minister. Only when section 93 of
the British North America Act has been amended by extending the existing
guaranteed rights protected by this section to other religious faiths or by
changing the basis of these guaranteed rights from that of religion, namely
Roman Catholic or Protestant, to language, namely French and English, can this
association view with the trend as acceptable. If either or both of the above
suggested amendments were made to section 93 of the British North America Act,
then this association would welcome the extension of the franchise to persons
other than Roman Catholics and Protestants.
Another objection, which this association has to section 13, concerns
the option provided therein to persons other than Roman Catholics or
Protestants, because it would appear that such option could be exercised yearly
and we feel that this would create administrative problems as well as hamper
considerably the forward planning of all scholl boards, which is a necessary
part of their functions.
In view of the foregoing objections, the
Association would be prepared to accept section 13 if it were amended to
read as follows:
Section 49 of the said Act is amended by adding to the end the following
paragraphs: "In such a case a person other than a Catholic or Protestant
domiciled in a territory common to a school municipality for Catholics and a
school municipality for Protestants may enrol his children in the school of
either school board at his option which is bound to accept them and he must pay
his school assessments to the school board where his children are enrolled".
This option should be exerciced at the time the children enter the elementary
grades and again when they enter the secondary grades, it being provided
however that any parent shall have the right to change from one system to
another once during the time the children are attending school at the
elementary level. If such a person has no children, he must pay his assesments
to either school board...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre.
MR. SAINT-PIERRE: I would only feel as a suggestion, I am putting the
view that your suggestion would be unconstitutional because the Constitution
does not say that the man can change his religion only once when the children
are going to the elementary grade. We do not talk about it but presumably a man
can change religion every year. In the Constitution, regardless of your
religion, if you are a Protestant you...
MR. STOCKS: Mr. Minister, I do not think these persons are changing
their religion, they are giving an option, regardless of the religion, to
choose either, the Roman Catholic system or the Protestant system. They are not
in fact required to change their religion under the present bill.
MR. SAINT-PIERRE: I am sorry.
MR. STOCKS: If such a person has no children, he must pay his
assessments to either school board at his option, which option should be
exercised every three years; failing such option, section 423 shall apply
mutatis mutandis to the payment of his assessments.
To be valid for a school year, such option respecting the payment of
assessments must be made before the 1st of March in the preceding school year
and must be sent before such date to the Secretary-Treasurer of each school
board concerned; such an option shall remain effective until changed in the
same manner for another school year as provided for herein.
As mentioned above, the association also strongly objects to section 25
of the bill which purports to amend Section 95 of the Education Act. Under the
present wording of the
proposed section, persons other than Roman Catholics or Protestants who
meet the requirement as set out in the section would be eligible to act as
school commissioners or trustees.
If this were to become law, then it is the opinion of this association
that denominational boards created by order-in-council and dissentient school
boards, who are covered by the Bill, could, as a consequence, become declared
to be common schools, and hence, as pointed out above would lose as a school
board their guaranteed rights as protected by Section 93 of the British North
America Act.
It is the Association's opinion that every commissioner and trustee of a
school board whether he be Roman Catholic or Protestant serves such in a
fiduciary capacity to the rate payers and parents of the school municipality
and are, therefore, duty bound to safeguard the rights which they receive in
virtue of their office and must pass on these rights to their successors in
office.
Therefore, the Association and its members cannot accept section 25 as
it is presently worded, but will be prepared to accept it if it were amended to
read as follows: "Section 95 of the said Act is amended by replacing the first
paragraph by the following: "95. Subject to the last paragraph of Section 65,
every Roman Catholic and Protestant
Canadian citizen, as the case may be, of full age who has been domiciled
in the school municipality for at least six months, and who is not legally
disqualified shall be eligible as school commissioner or trustee for any word
of the school municipality."
The Association also objects to the proposed
Section 27, which purport to amend Section 99 of the Education Act,
because, in its present form, it would allow persons other that Roman
Catholics and Protestants to vote at an election for school
commissioners or trustees and, therefore, our objection to this is the same as
that to Sections 13 and 25.
MR. TETLEY: Mr. Stocks, would you permit me a question right there?
During discussion on Bill 62 in the previous Parliament, a great many
people spoke on the right to vote for school commissioners because, if they pay
taxes, they should have that right and to be school commissioners as well. I
think that many home and school associations and the former Minister can
correct me if I am wrong came up with that view which was that there
should be no taxation without representation and vice versa. You should be able
to be representative and even be on a school board if you pay taxes. I am
wondering how complete your survey was, did you approach many boards on this or
parents, teachers or what, when you came to this conclusion?
MR. STOCKS: We consulted members of the association, Mr. Tetley, because
we do not represent home and school or other bodies. We only represent
Protestant school boards in the Province.
MR. TETLEY: I presume the others will present briefs.
MR. STOCKS: I understand they will, Sir.
Again, I have to reiterate the remarks I made earlier, Mr. Tetley, that
we are still in accord with the views you are presenting but we can only accept
that when the Constitution is amended in accordance with our suggestions. We do
not feel that there should not be taxation without representation but we feel
that before this can happen under our present School Law and under our
Constitution, there has to be an amendment to Section 93 of the Constitution to
permit this.
M. CHARRON: Est-ce que je peux poser une question au ministre à
ce stade-ci?
On conteste actuellement la rédaction de l'article 27, qui serait
l'article 99 de la Loi de l'instruction publique en y incluant comme condition
supplémentaire pour avoir le droit de voter le fait d'être
catholique ou d'être protestant. Est-ce que mon interprétation est
mauvaise en pensant que, dans la rédaction actuelle de l'article,
n'importe quel citoyen pourrait voter à la fois pour la commission
protestante de son territoire et à la fois pour la commission
catholique, si la précision n'était pas faite quant à sa
religion comme condition?
M. SAINT-PIERRE: Non, il doit choisir l'une ou l'autre.
M. CHARRON: Il doit choisir. C'est ce que j'avais compris. Je me demande
donc pourquoi, actuellement, cette association insiste pour spécifier
qu'il est catholique romain ou protestant puisque, de toute façon, il a
dû choisir à un moment pour payer ses taxes.
M. SAINT-PIERRE: Leur préoccupation vient, je pense, pour eux, du
traitement éventuel qui serait fait à ceux qui ne sont ni
catholiques ni protestants.
M. LESSARD: Ils devraient choisir quand même.
M. SAINT-PIERRE: Non. Eux votent...
M. CHARRON: Ils votent n'importe quoi. Ils votent pour donner leur
argent à la commission scolaire à laquelle ils acceptent de payer
des taxes.
UNE VOIX: Il faut choisir quand même. M. SAINT-PIERRE: Les neutres
vont voter
selon l'endroit où ils paient des taxes parce qu'ils ne sont pas
neutres quand il s'agit de payer des taxes.
M. VEILLEUX: Leur position à eux c'est que, pour avoir le droit
de voter et avoir le droit de se présenter on me reprendra si je
fais erreur il faut être soit catholique romain ou soit
protestant.
M. CHARRON: C'est ce qu'ils demandent.
M. HOUDE: Mais la loi, ce n'est pas ce qu'elle dit.
M. CHARRON: Alors, comment peuvent-ils prétendre qu'ils sont en
train de protéger...
M. VEILLEUX: L'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique.
M. CHARRON: Comment peuvent-ils prétendre qu'ils sont en train de
protéger les neutres, alors que c'est exactement le contraire qu'ils
font.
M. BERTHIAUME: Ils ne prétendent pas protéger les
neutres.
M. CHARRON: S'ils veulent le spécifier, alors qu'est-ce qui
advient?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des ignares.
UNE VOIX: Ils sont créditistes à leur façon. M.
VEILLEUX: C'est: Crois ou ne vote pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Crois ou ne vote pas!
MR. BROWN: Mr. Chairman, this is a case of a law that we made in a
double ignorance.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): what is it they want?
M. CHARRON: Vous voulez dire que l'article 93 parce que...
MR. BROWN: Mr. Chairman, they were ignoring the neutral group. The
Protestant group are not ignoring anybody, it is the law that has ignored them
in their...
M. CHARRON: Vous voulez dire l'article 93 de la Constitution.
M. STOCKS: Oui, c'est cela.
M. CHARRON: L'article 93 de la Constitution les ignore. Alors vous
voulez maintenir l'ignorance de notre antique Constitution jusque dans le
projet de loi 27. Vous voulez maintenir la même différence qu'a
faite l'article 93 de la Constitution en 1867 jusque dans le projet de loi 27
qu'on voterait cette année.
M. STOCKS: Il faut changer l'article 93 dans l'avenir. Vous laissez une
personne qui n'est ni protestante ni catholique dans l'impossibilité de
se rattacher à...
M. CHARRON: Oui, mais savez-vous à quelle vitesse...
M. STOCKS: ... une commission scolaire.
M. CHARRON: Savez-vous à quelle vitesse se font les changements
constitutionnels au pays, d'une part, et le temps que ça prendrait pour
les faire? Probablement que le monde serait neutre au moment où le
changement constitutionnel se ferait.
M. STOCKS: Je suis d'accord.
M. BERTHIAUME: M. le Président, I would like to get your reaction
for a comment that I might make, it goes along somewhere with the same lines as
the Member of Saint-Jacques. I get the impression from the arguments that you
are bringing forth that your quarrel is with or you are presenting it in
such a fashion the article 93 which directly has berely no bearing on
your representation of a particular group of people. It seems to me that it is
an excuse to delay the problem as opposed to solving the problem. I would like
to have your reaction on that particular problem.
MR. STOCKS: Now, what you are trying to do is to solve the problem and
we realize to obtain an amendment to the Constitution is difficult, but we feel
that it is the only way that we can continue to protect the guaranteed rights
as are protected today by Section 93 of the British North America Act of the
Constitution. It is the only way we can do it.
MR. BERTHIAUME: You know very well that it is going to take a long time
as the Member of Saint-Jacques as put it.
MR. STOCKS: We appreciate that, unfortunately, it is the way the
Constitution has been set up, but this is the only way that we see that it can
be done, in order to maintain the guaranteed rights that exist today for either
Roman Catholics or Protestants, and Section 93 only refers to Roman Catholics
or Protestants.
MR. BERTHIAUME: You give me the impression that you are happy that 93 is
in the way it is.
MR. STOCKS: No, on the contrary, we would very much like to see such 93
amended, as I pointed out earlier, either to have the same
guarantees being extended to members of all religious faiths rather than
just Roman Catholics and Protestants, or change the basis of protection from
that of religion, as it is today, to that of language, French and English.
A VOICE : Each one would solve their problems.
MR STOCKS: We also feel that this Section, as presently worded, could be
interpreted to allow a person who owns real estate in each ward of a school
municipality to vote in every such ward, which does not appear to be the
intention of this Section.
We are of the opinion that an individual should only have the right to
vote once in each school municipality, but should be able, if he so qualifies,
to vote in two or more school municipalities.
Therefore, if the wording of Section 27 were amended to read as follows,
it would be acceptable to the Association. "27. Section 99 of the said Act,
amended by section 3 of Chapter 67 of the Statutes of 1965, first session, is
replaced by the following: "To have the right to vote at any election of school
commissioners or trustees, it shall be necessary to be entered on the electoral
list.
To be entered on such list, it shall be necessary 1)To be either a Roman
Catholic or a Protestant, as the case may be. 2)To be at least 18 years of age
and a Canadian citizen; 3)To be resident in a municipality or to be the owner
of real estate or of a building and to be entered as such on the valuation
roll; 4)Not to be effected by any legal incapacity other than minority.
However, an elector shall only have one vote in each school
municipality. The elector may exercise his vote in that school municipality
where he resides and in any other school municipality where he is the owner of
real estate or of a building."
We draw your attention to the comprehensive statement of the position of
the Quebec Association of Protestant School Boards as stated in their brief on
Bill 62 which was presented to the Parliamentary Committee on Education. This
brief clearly spells out the basic features of the position of the
Association.
If the Government is prepared to make the necessary amendments to the
proposed Bill 27 which are recommanded in this brief, then we are prepared to
submit to you a supplementary brief outlining our proposals for solutions to
various administrative problems which we foresee arising out of other sections
in the Bill.
However, if the Government is not prepared to amend those sections of
the Bill, as proposed in this brief, to the satisfaction of the
Association, then we shall have no other alternative but to contest
before the courts the constitutionality of certain aspects of the Bill.
Respectfully submitted by the Quebec Association of Protestant School
Boards.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): We will be happy to see that. It will be a
test case.
MR. STOCKS: I agree with the Deputy.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): Because you do not respect at all the rights
of the other people who are not Roman Catholics or Protestants. What is you
interpretation of the Constitution about Roman Catholics, Protestants and
others?
MR. STOCKS: We are of the opinion that the guaranteed rights in Section
93 of the Act do not protect any other class of persons other than Roman
Catholics and Protestants. This is the reason why we would like that Section
amended to protect or extent these protection to all other religious
faiths.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): But, Sir, you will have to call upon the
English speaking majority of the other provinces to amend the Constitution.
MR. STOCKS: I agree with that comment, yes. I cannot speak for them in
any way , but I do not see why they would object to such an amendment, which
primarily affects the Province of Quebec.
MR. TETLEY: It was intended to protect four provinces, and then the ones
that joined the Constitution later on. Are the other provinces willing to give
the same rights to their minorities as they are presently given to the
minorities here in Quebec?
MR. STOCKS: I wish I could speak for the provinces, Sir, but I
cannot.
M. CHARRON: ... l'article qui protège, j'admets qu'il est d'abord
fait pour le Québec, parce que c'était la province difficile
à l'époque, mais c'est aussi sur cet article-là que les
minorités françaises d'ailleurs se basent, à cause de leur
foi catholique, pour protéger aussi leurs droits. Elles sont
impliquées là-dedans.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
veulent adresser la parole?
MR. STOCKS: Mr. Chairman, I may say that, during the recess this
morning, during lunch time, we were able to prepare the supplemental brief on
the administrative problems that we see in the Bill which has been submitted to
you now, as well as dealing with a problem which the Regional Board of Greater
Quebec has in a
certain area, and I have with me two gentlemen who are prepared to
discuss about this supplemental brief as well as the annex to it.
MR. CARDINAL: ... the Government is prepared to make this amendment to
proposed Bill 27. That is true. There is no choice.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): We have not the choice.
MR. CARDINAL: Is the Government ready to make the amendment?
MR. SAINT-PIERRE: The Government is not prepared to make the amendment
because, following extensive study, we cannot unfortunately go on with some of
the fears you seemed to have expressed on the Bill. We do feel that, from a
point of view of the Constitution, Bill 27 does respect entirely the rights of
Catholics and Protestants as for Section 93.
As for the supplementary brief, I think it goes into a very detailed
analysis, article by article. The brief has been distributed to all members of
the various parties and, probably, in third reading, when we do it article by
article in committee, later on this week, it would be possible for all parties
then to ask us right questions about why we do not go along with some of these
if they agree with your position.
Meanwhile, from the point of view of my own civil servants they have
taken analysis about various points you have raised and maybe bring it forward
also to some of the points we might agree on directly in third reading.
MR. STOCKS: Mr. Minister, I might say that we earlier disagreed as to
whether or not Bill 27, as presently worded, gave the right to people other
than Roman Catholics or Protestants to sit on those boards. As you said, this
is a question of legal interpretation and it would be a matter of maybe members
of your legal department sitting down with those.
MR. SAINT-PIERRE: There has been so far a study prepared by Mr. Guy
Houle, who was on the Parent Commission, on that point and I gather also that
there was, in the last few years, a Court judgment on a specific case like that
and the ruling was that people other than Protestants or Catholics could sit on
a board as commissioners.
MR. STOCKS: Yes, I think maybe you are referring to the judgment which
concerns the Protestant School Board of Greater Saint-Martin. There has also
been the Hirsch case which also has different views.
MR. SAINT-PIERRE: The Stephens case in Longueuil.
MR. STOCKS: In Longueuil. I think there is also a similar one in the
Protestant School Board of Greater Saint-Martin which was by default but there
is also the Hirsch case.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai écouté avec
attention la déposition de M. Stocks. Une bonne partie des craintes ou
des réserves que vous exprimez sur le projet de loi me semble
fondée tant et aussi longtemps que l'on accepte de fonctionner dans la
Constitution actuelle. Si vous vous basez sur la Constitution actuelle, je
crois que vous avez raison.
Par contre, le gouvernement est pleinement justifié aussi, je
crois, et c'est pourquoi il ne devrait pas accepter les amendements que
vous suggérez d'aller de son train, de lui-même, d'occuper
si vous voulez ce champ que la réforme constitutionnelle n'apportera
vraisemblablement jamais.
Quant à vos craintes et à vos désirs de fonder les
différences sur des critères sensiblement plus modernes que ceux
de la foi catholique et de la foi protestante qui sont ceux tablés dans
l'article 93 de la Constitution, et quand vous dites: "Only when Section 93 of
the British North America Act is amended by either extending the existing
guaranteed rights protected by this section to other religious faiths or by
changing the basis of these guaranteed rights from that on religion namely
Roman Catholic or Protestant to a language, namely French and English, can this
Association view the Present trend as acceptable," je vous dis que vous ne
verrez le présent projet de loi acceptable que dans un Québec
souverain. C'est qu'il n'y aura qu'à ce moment-là et c'est
le seul moyen et je dis sérieusement, sans aucune note partisane ni
niaiseuse que nous pourrons régler ces problèmes de vie
interne et assurer non seulement à la minorité anglophone
pas protestante au Québec ces droits et assurer aussi aux neutres
qui vous avez pleinement raison de le dire n'existent pas dans
l'esprit de la loi de 1867. Cela n'arrivera que le jour où nous nous
donnerons nous-mêmes une constitution qui respectera notre
caractère de majorité, qui respectera vos droits de
minorité et qui respectera également l'existence de ceux qui ne
partagent pas nécessairement les mêmes croyances que nous avons
eues ou que nous avons encore à un moment de notre existence.
Alors, je suis parfaitement convaincu que, dans votre hypothèse
à vous, que je devine canadienne, vous aspirez à une
réforme constitutionnelle, et le gouvernement, lui, a choisi, depuis
plusieurs échecs de réforme constitutionnelle le dernier a
été assez cuisant, et il a parfaitement raison de ne plus se fier
à ces éternelles conférences et réformes
constitutionnelles qui n'apportent rien d'occuper, comme il le fait par
la loi 27, un nouveau champ constitutionnel qui est le sien, et de se donner,
le plus calmement possible, pour ne pas heurter
la maison-mère, un début de Constitution qui soit la
nôtre.
Dans ce sens-là, vous avez raison juridiquement, le gouvernement
a raison politiquement, parce que nous avons avancé
considérablement depuis le temps où le Parlement britannique nous
a fixé un mode de vie.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Laurent.
M. TETLEY: D'une certaine manière vous êtes d'accord pour
notre mémoire, n'est-ce pas? Politics makes strange bedfellows.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: Une simple question pour mon information. Est-ce que,
d'après le bill 27, toute personne est obligée de faire un choix,
catholique ou protestant, même la personne neutre?
M. SAINT-PIERRE: Non, elle n'est pas obligée de faire un choix de
religion. Elle peut conserver sa religion, mais toute personne qui paie des
taxes scolaires, même si elle n'a pas d'enfant...
M. CHARRON: C'était...
M. SAINT-PIERRE: Toute personne qui a des enfants, même si elle ne
paie pas de taxes scolaires, doit faire le choix entre le système
catholique ou le système protestant. Dans les deux systèmes il y
a un droit à la dissidence sur le plan religieux, d'être
exempté des cours de religion, même à partir de
l'école élémentaire.
M. PEARSON: Alors il peut y avoir des personnes neutres qui choisissent
disons la commission scolaire catholique et d'autres qui vont choisir la
commission scolaire protestante.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça!
M. PEARSON: Alors, quel est le problème exactement puisque,
étant donné que l'article 93 permet aux deux commissions
scolaires, et protestante et catholique, de s'assurer, en somme, une
majorité au sein du conseil pour autant que l'article 93 leur permet
ça? Qu'est-ce qui les empêcherait de permettre l'élection
de personnes neutres ou d'autres religions pour autant qu'elles s'assurent la
majorité au sein du conseil? Il pourrait arriver qu'un administrateur
soit élu strictement au point de vue de la compétence
plutôt qu'au point de vue de la religion, pour autant qu'il se
concède la majorité. Est-ce qu'à ce moment-là
ça ne corrigerait pas, en somme, un des défauts qui sont
mentionnés?
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'il faut bien se rendre compte que, dans les
deux systèmes actuellement, les neutres, particulièrement
à l'extérieur de l'île de Montréal, c'est l'infime
minorité. Vous parlez même d'avoir dans des textes de loi des
mécanismes qui assureraient à la majorité sa
majorité. C'est assuré par le fait même. Il y a aussi autre
chose, c'est que les neutres, en choisissant un système catholique et un
protestant, choisissent également pour leurs enfants qui
fréquentent ces écoles d'être astreints, d'être
sujets à la réglementation du Comité catholique
provincial, du Comité protestant en ce qui concerne la nature même
de l'école.
M. CARDINAL: En fait, le choix ne se ferait pas sur une base de
religion, il va se faire sur une base de langue tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Dans le cas d'une compagnie qui est classée
comme neutre, c'est la même chose. La compagnie aurait le choix entre
verser son montant de taxes soit aux catholiques, soit aux protestants.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais dans les faits ceci ne change pas grand-chose
puisque le ministère, par ses normes budgétaires, a les
mêmes normes, vise la même qualité d'enseignement dans le
système catholique que dans le système protestant, et les
subventions d'équilibre budgétaire représentent la
différence entre le coût de l'éducation dans chacun des
systèmes et les capacités du milieu à payer. Or, si une
compagnie très importante passe du côté catholique au
protestant, elle ne fait simplement que modifier dans un rapport inverse la
contribution gouvernementale.
M. CARDINAL: Actuellement, la Protestant School Board of Greater
Montreal ne reçoit pas, reçoit très peu ou ne
reçoit pas du tout de subvention?
M. SAINT-PIERRE: Il n'y en a pas du tout.
M. CARDINAL: Alors que la CECM en reçoit. C'est juste de la
péréquation.
M. HOUDE (Fabre): C'est juste de la cabale.
MR. STOCKS: Mr. Chairman, if I may, I understand that you do not want to
hear the discussions on the administrative brief. I would like, if you would
extend the opportunity to the representative from the Greater Quebec Board,
just to explain briefly their problems that they have on the regrouping in
Eastern Quebec. I believe that it would only take a minute or two. With your
permission I would present you Mr. McKinnon.
MR. MCKINNON: Mr. President,
Gentlemen, I represent a group which is part of the Provincial
Association and it embodies the boards that are included in your schedule b)
under the Greater Quebec Regional Board.
This group of boards geographicaly extends from as far in North as the
Lake-St-John region to as far South as Thetford and, on the Western border,
includes Shawinigan and goes on as far East as Seven Islands and slightly
beyond, so it is a very large geographical area and this is essentially why I
am here because the administration of such an area...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
MR. SAINT-PIERRE: I am sorry not that I want to cut you off but just in
a sense of justice. This morning, we have indicated to the number of boards who
had the intention to appear before the Committee here, that we would gladly
receive any brief to indicate their individual problems but because of a
shortage of time, we would restrict appearance to the Committee to Provincial
Associations representing school boards, parents or teachers.
So, having just sort of got from you this introductory remarks, my sense
of justice forces me to interrupt you and say that you probably fall in the
same category as the other boards and although with your brief you can see what
of your problems I would gladly pass on, to Mr. Wise, who is specifically
responsible for Protestant Boards and we could try to incorporate any desirable
change, but I think your presentation would be out of order, based on the
agreement we had this morning on our general policy with people presenting
briefs.
M. LE PRESIDENT: Je dois avouer que ce matin, nous nous étions
arrêtés pour entendre les associations et non pas les commissions
scolaires en particulier. Je dois vous arrêter ici et remercier M. Stocks
d'avoir bien voulu nous présenter son mémoire. Nous allons en
prendre note.
M. STOCKS: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A présent, nous allons passer aux
mémoires présentés par les quatre associations, la
Fédération des Associations de parents-maîtres, la Quebec
Federation of Protestant Home and School Association, la Federation of
Parent-Teacher Association et la Fédération des unions de
familles. Je voudrais que le représentant ou la représentante
s'identifie.
UNE VOIX: La CEQ passe quand? M. LE PRESIDENT: Immédiatement
après.
Fédération des unions de familles,
etc.
MME LANGLOIS: M. le Président, je suis Gertrude Langlois,
présidente de la Fédération des unions de familles. Je
voudrais vous demander de permettre aux responsables des associations des
fédérations qui présentent le mémoire avec nous de
bien vouloir se présenter.
MME GRIMARD: Madame Lise Grimard, présidente de la
Fédération des associations parents-maîtres du
Québec.
MRS HARRY: Lise Harry, of Quebec Federation of Home and School
Associations.
MR. HOPE: Harold E. Hope, Federation of The English Catholic
Parent-Teacher Associations.
M. LE PRESIDENT: Madame Langlois.
MME LANGLOIS: On m'a demandé d'être leur porte-parole. Je
pense que c'est une fierté pour nous les parents de nous
présenter devant la commission parlementaire avec un point de vue commun
de quatre fédérations provinciales de parents qui oeuvrent depuis
plusieurs années dans le secteur scolaire et qui en sont venus à
vous faire les recommandations suivantes:
La Fédération des associations parents-maîtres, la
Quebec Federation of Protestant Home and School Associations, Parent-Teacher
Associations, et la Fédération des unions de familles, en
réponse à l'invitation du gouvernement, veulent, dans ce
mémoire, exprimer leurs opinions quant à l'adoption du projet de
loi 27.
En effet, s'appuyant sur de nombreuses consultations auprès de
leurs membres dont la représentation, croyons-nous, est valable au
niveau provincial, ces fédérations veulent d'abord signifier leur
accord avec les objectifs essentiels préconisés dans le bill 27,
à savoir le regroupement des municipalités scolaires locales
actuellement existantes à l'extérieur de l'île de
Montréal en 168 nouvelles municipalités locales qui seront
intégrées à une commission scolaire, une commission
régionale.
Je note ici que pour nous, les chiffres de 1,100 ou de 168 sont des
chiffres qui illustrent le principe. Il peut y avoir à partir de
certains critères, soit de géographie ou de démographie,
quelques ajustements à faire.
En effet, le projet de loi, en diminuant grandement le nombre
d'unités administratives, présentera non seulement une nette
amélioration dans la façon de gérer les deniers publics,
mais encore permettra la mise sur pied de services pédagogiques et
autres, adéquats et mieux adaptés aux besoins des enfants.
Enfin, nous sommes heureux de constater que le bill 27
institutionnalisera la participation des parents au sein des structures
prévues. Je voudrais noter aussi que, dans notre texte, il manque une
phrase. C'est que nous sommes aussi d'accord sur le principe du vote universel.
Cependant, vous verrez plus loin dans quelle optique.
Cependant, si la Fédération des associations
parents-maîtres et Quebec Home and School, la Federation of Parent
Teacher et la Fédération des unions de familles se disent
d'accord sur les fondements essentiels du bill 27, elles se voient toutefois
dans l'obligation de manifester des points de vue divergents quant à
certains articles du projet de loi et d'inscrire des recommandations
spécifiques face aux modifications à y apporter.
Ces recommandations concernent: 1) la participation réelle et
institutionnalisée des parents au sein des comités
d'école; 2) la représentation des parents et leur pouvoir au
niveau des commissions scolaires locales et de la commission régionale
ainsi qu'auprès des autorités provinciales; 3) les
modalités de fonctionnement des commissaires au niveau local et
régional.
Le désir des parents de vouloir s'intégrer au monde
scolaire est un phénomène nouveau...
M. LE PRESIDENT: Excusez, Mme Langlois. Est-ce qu'il y aurait
possibilité de lire les recommandations que vous faites, de sauter le
texte ou d'en faire un résumé, si vous voulez.
MME LANGLOIS: Oui, ça va.
Disons que j'avais un peu pensé au raccourci et, avant de lire
les recommandations, permettez-moi de dire les grandes lignes, ce sur quoi nous
nous sommes arrêtés. Je vous ai dit le principe du regroupement,
je vous ai dit que nous étions d'accord sur le vote universel et la
participation des parents, mais nous inscrivons, dans notre mémoire, une
plus grande participation des professeurs au sein des comités
d'école. Nous appuyons aussi la participation des étudiants. Nous
demandons le droit de vote aux comités d'école pour les
professeurs. Nous demandons aussi que les comités d'école ne
soient pas consultatifs, qu'ils ne s'appellent pas comités consultatifs
et qu'ils soient réellement mis en place avec la participation des
parents.
Il y a aussi le principe d'élire des parents que nous avons
appelés commissaires-parents. Nous insistons sur la présence des
parents lors de la rédaction des règlements, un article qui se
trouve dans...
M. CHARRON: Est-ce que je peux vous interrompre, madame?
MME. LANGLOIS: Oui, ça va.
M. CHARRON: C'est simplement pour vous mettre à l'aise. Nous
avons entendu, depuis ce matin, plusieurs longs témoignages, mais je
considère le vôtre étant donné que c'est
celui d'un regroupement d'associations comme étant
extrêmement important parmi ceux que nous aurons à entendre.
Alors, en aucun temps même si j'admets l'appel du président
et que nous sommes tous un peu fatigués, vous aussi je voudrais
que vous vous sentiez limitée ou pressée par le temps. Et si vous
voulez lire votre texte, quant à moi, je veux bien l'entendre. Je
considère que votre témoignage est extrêmement
important.
MME. LANGLOIS: Merci. Je pense que...
M. LESSARD: C'est quand même, à l'intérieur de la
discussion en deuxième lecture, une argumentation que nous avons fait
valoir, soit la possibilité pour les parents de pouvoir s'affirmer
à l'intérieur de l'école, et pour ma part, si on
régionalise, il est extrêmement important qu'on donne la
possibilité aux parents de se faire entendre. J'aimerais bien qu'on ait
toute la possibilité de prendre connaissance de ce mémoire. Il
m'apparaît assez important.
M. BROCHU: Nous sommes entièrement d'accord aussi sur le point
soulevé par le député de Saint-Jacques quant à
entendre complètement, s'il le faut, le mémoire
présenté, vu l'importance de son contenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui nous concerne, nous n'avons
même pas besoin de le dire. Il y a longtemps que nous avons reconnu les
droits des parents et des maîtres.
MME. LANGLOIS: Je ne sais pas si on est toujours d'accord. Je ne sais
pas ce que je dois faire. M. le Président, que dites-vous? J'avoue que
ça me fera bien plaisir de le lire, si vous avez la patience de
l'écouter.
Je note que ce serait aussi pour nous très important de faire une
représentation, ce soir, devant vous, qui puisse peut-être vous
faire voir que j'ai le goût de dire qu'il y a différentes
participations des parents et quant à nous, nous refusons
d'être toujours identifiés à une participation de parents
qui signifie être contre, tout simplement. Ce n'est pas l'exemple que
j'ai vu ce matin qui m'a rendu la plus heureuse en tant que parent.
M. VEILLEUX: Etes-vous catholique, madame? J'aurais une question pour
débuter, êtes-vous catholique?
MME LANGLOIS: Oui, monsieur, pratiquante en plus.
M. VEILLEUX: Je demandais cela comme cela en passant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela nous rassure.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Oui, peut-être pour mes collègues, je
mentionne qu'évidemment le temps s'écoule constamment. Ce n'est
pas mon idée de bâillonner les représentants de ces quatre
associations. Mais j'ai pensé simplement que les
neuf ou dix pages du mémoire sont disponsibles en tout temps, et
qu'on pourra y référer. Peut-être qu'en ayant les
recommandations, nous pourrions avoir quand même les vues les plus
importantes de ces quatre associations-là. Nous pourrions
peut-être consacrer plus de temps à des périodes de
questions afin de pouvoir approfondir certaines recommandations
particulières qui pourraient être retenues.
M. CHARRON: Ces recommandations, à mon avis, s'inspirent d'une
philosophie qu'ils ont développée...
M. SAINT-PIERRE: Présentement ce sont les recommandations qui
nous intéressent; on peut toujours voir la philosophie, y faire
référence et poser des questions particulières.
M. LESSARD: Pendant qu'on parle, M. le Président, le temps passe
et elle aurait déjà lu une bonne partie de son
mémoire.
MME LANGLOIS: Je pense que je vais oser lire le texte.
Le désir des parents de vouloir s'intégrer au monde
scolaire est un phénomène nouveau surtout si l'on
considère la situation antérieure qui prévalait au
Québec. Or, en tant que membres de la Fédération
provinciale de parents, nous souscrivons à un mode de collaboration
entre les parents d'une part, les professeurs et les directeurs d'écoles
d'autre part. Nous sommes donc heureux de constater l'intérêt que
porte le gouvernement à cette collaboration en créant à
l'intérieur du bill 27 les articles de loi 66, 67, 68 et 69, qui ont
pour objet la reconnaissance d'une porte-parole officiel des parents au sein de
l'école et de la commission scolaire.
Toutefois, si le gouvernement accorde aux parents un rôle à
jouer dans le domaine scolaire, nous déplorons le fait que ce rôle
soit seulement consultatif. En effet, malgré le progrès important
constaté à l'intérieur du bill 27 en ce qui concerne la
participation des parents, il faut dénoter une carence et des limites
dans les pouvoirs qui lui sont confiés. Le projet de loi emploie dans
les articles 66, 67, 68 et 69 l'expression "comité consultatif
d'école" pour désigner le palier ou la structure
représentative des parents au niveau de l'école. En outre, les
responsabilités décrites à l'article 67 du projet de loi,
font mention des fonctions du comité consultatif d'école en
négligeant de lui attribuer des pouvoirs.
Les comités consultatifs d'écoles n'auraient pour
tâche que d'encourager les parents à collaborer à
l'amélioration des services scolaires et de faire des recommandations
à la direction de l'école relativement à la qualité
de l'enseignement et à la vie scolaire. Enfin, nous tenons à
souligner certaines faiblesses dans les dispositions du projet de loi surtout
en ce qui concerne la composition du comité consultatif d'école.
Ainsi, il est dit à l'article 69 du projet de loi que la composition des
comités consultatifs est déterminée par règlement
du lieutenant-gouverneur en conseil. Pourtant, à l'article de loi 66, on
définit déjà la composition du comité consultatif
d'école et on stipule que le directeur de l'école et un
représentant désigné par les instituteurs de
l'école sont membres du comité consultatif d'école, mais
sans droit de vote.
Attribution. Nous croyons que les parents ont droit de présenter
des recommandations à caractère décisif au sein de
l'école si on veut vraiment institutionnaliser la participation des
parents. En effet, le pouvoir de décision accordé aux parents
devient un gage de leur plus grande participation. Nous sommes persuadés
que les parents seront d'autant plus prêts à participer et
à dialoguer qu'ils se sentiront vraiment impliqués dans le
système scolaire. En conséquence, nous exigeons que l'appellation
"comité consultatif d'école", nous osons exiger que l'appellation
"comité consultatif d'école" telle qu'utilisée dans les
articles 66, 67, 68 et 69 soit changée et remplacée dans la loi
par l'expression "comité d'école". Ce comité
institué aussi bien au niveau élémentaire qu'à
celui de l'école secondaire se réunit dans le but de
définir des critères pour l'engagement du directeur, des
instituteurs et pour le choix du matériel didactique; de
déléguer un parent de l'école aux divers comités de
sélection de la commission scolaire en ce qui concerne ladite
école, d'assurer la participation du milieu, soit par l'utilisation des
ressources humaines, tant chez les parents que chez les corps
intermédiaires et autres; de susciter le développement de
démarches pédagogiques appropriées au milieu et à
l'école; de définir les politiques de services et autres qui ont
des répercussions dans l'administration du budget de l'école; de
discuter de toute autre question intéressant les parents de
l'école.
Quant à la composition du comité de l'école, nous
voyons d'un mauvais oeil que, selon les termes de l'article 66 du projet de
loi, il y ait la possibilité d'une seule présence pour
représenter le corps professoral. En outre, nous sommes surpris qu'on
refuse aux professeurs délégués aux comités
d'écoles un droit de vote. En effet, refuser aux professeurs un tel
privilège constitue, à notre avis, une mise en échec
à l'établissement de communications positives et d'un dialogue
vrai entre professeurs et parents. En outre, comment faire comprendre aux
professeurs la nécessité du comité d'école si ce
n'est en lui accordant un droit de vote, c'est-à-dire un pouvoir
décisionnel?
Nous ajoutons que la dénomination "comité d'école"
n'a de valeur que si elle regroupe à la fois, et sur un pied
d'égalité, les différentes parties qui oeuvrent dans
l'école, soit les parents et le corps professoral. En foi de quoi, nous
proposons que le paragraphe 2 de l'article 66 de la présente loi soit
modifié et que les parents élus au comité d'école
soient, aux deux tiers, membres ce ce comité. Les professeurs et
la direction y participent dans une proportion d'un tiers. L'indicatif
suivant doit tenir lieu de dénominateur commun et d'article de loi. Je
vous passe les chiffres.
Nous souhaitons donc que, pour une école de 500 enfants et moins,
le comité se compose de quatre parents. On s'est
répété. En second lieu, nous exigeons qu'un paragraphe 3
soit ajouté à l'article 66 de la présente loi et qu'il se
lise comme suit: "Les représentants désignés par les
instituteurs d'une école pour faire partie du comité
d'école ont droit de vote au sein du comité, sauf pour le choix
de la direction de l'école et des autres instituteurs. Le directeur de
l'école est ipso facto membre du comité d'école, mais n'a
pas le droit de vote."
Il est évident, à la lecture des premières lignes
de ce présent mémoire, que nous avons volontairement omis de
parler des modalités de mise en place, d'élections, de
fonctionnement et de financement de ces comités d'écoles. Il est
dit dans la loi, à l'article 69, que ces modalités sont
déterminées par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil. Or parce que, d'une part, un règlement n'a pas la même
teneur et la même importance qu'un article de loi et que, d'autre part,
les modalités de mise en place, d'élections, de fonctionnement et
de financement sont susceptibles d'être modifiées plusieurs fois
selon les circonstances et les besoins des personnes, nous admettons que ces
modalités dont il est ici question puissent être stipulées
par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil et non par un article
de loi. Cependant, nous exigeons que l'on ajoute à l'article 69,
après fonctionnement et financement de ces comités, les mots
"ainsi que les modes de regroupement de ces divers comités".
Néanmoins, puisqu'il s'agit de collaboration entre l'école
et les parents, nous proposons qu'un représentant de chacune de nos
fédérations participe aux comités de rédaction des
règlements qui ont pour objet le comité d'école. Nous
considérons, en effet, que les parents et, surtout nos
représentants, sont actuellement les mieux avertis du mode de
collaboration à maintenir ou à inventorier entre l'école
et eux-mêmes et que de ne pas les inviter à la rédaction
des règlements constituerait un accroc au projet de loi ici
considéré.
Cependant, permettez-nous de vous apporter maintenant quelques
suggestions quant aux modalités de mise en place, d'élections et
de composition des comités d'écoles. Ces suggestions pourront
servir de base à la rédaction des règlements. Je pense que
je vais passer ce chapitre. Il s'agit des règlements, puisqu'on parle
surtout de la loi.
En ce qui concerne les élections, nous sommes d'accord sur le
projet de loi qui, à l'article 66, énonce l'établissement
des comités d'écoles avant le 15 octobre de chaque année.
Ce qui suit aussi pourrait faire partie des règlements.
Nous suggérons que l'élection se prépare et ait
lieu suivant les dispositions attenantes, le comité d'école ayant
en main la liste officielle des parents dont les enfants fréquentent
ladite école. Tout cela implique l'esprit que nous voulons que ce soient
vraiment les parents qui participent à la formation de ces
comités.
Quant à la composition du comité d'école, les
règlements devraient prévoir une participation des
étudiants au niveau secondaire. Nous suggérons donc que des
démarches soient entreprises, afin que les étudiants puissent
être entendus au sein du comité d'école, ainsi on tient
compte de leurs opinions ou de leurs recommandations face aux décisions
à prendre.
Quant à la représentation des parents au niveau local et
régional, depuis le début du présent mémoire notre
intérêt, nos commentaires et nos recommandations ont porté
sur la participation des parents au comité d'école. Aucune
considération n'a encore été donnée à la
représentation des parents et à leur pouvoir aussi bien au niveau
des commissions scolaires locales que de la commission scolaire
régionale.
Le focus de cette seconde partie tient à l'analyse de cette
représentation des parents à l'intérieur du bill 27 au
plan local et régional et aux recommandations qui s'ensuivent. A la
lumière du projet de loi, il est visible qu'on reconnaît
juridiquement un rôle aux parents dans l'organisation scolaire puisqu'on
les engage directement, non seulement au niveau de l'école par son
comité, mais encore au niveau de la commission scolaire. A l'article 68
du projet de loi à l'étude on établit un comité
consultatif de parents auprès de la commission scolaire.
Ce comité est composé des présidents de chaque
comité consultatif, c'est sans doute là un des aspects positifs
du bill. Je note ici que pour nous il n'est pas absolument nécessaire
que ce soit toujours le président de cesdits comités qui fasse
partie d'un comité consultatif d'école. Il nous apparaît
beaucoup plus logique que chaque comité élise son
représentant.
Nous voudrions que le comité d'école prévu dans le
bill 27 dans les écoles de niveau élémentaire soit
applicable pour les écoles de niveau secondaire. Rien dans le projet de
loi ne laisse entendre la création d'un tel comité au niveau
secondaire. En définitive, il est fort évident, à la
lecture du projet de loi 27, que les parents n'auront réellement de
pouvoirs que lorsqu'ils siégeront au conseil des commissaires. C'est
pourquoi nous sommes étonnés que dans la loi aucun article ne
fait mention de la possibilité d'élire des
commissaires-parents.
Pourtant ce projet de loi se veut une réforme en profondeur du
secteur administratif de l'éducation. Or, on semble oublier que ce
secteur n'existe qu'en fonction de la présence des enfants et que ces
derniers sont là parce qu'il y a des parents. Et j'ajoute que ces
derniers ni au niveau élémentaire, ni au niveau secondaire, ne
peuvent se représenter eux-mêmes. Or ce sont les parents qui
représentent le droit des enfants à l'école.
Je crois qu'aucun parent ne vous a disputé la
représentation, par exemple, qui a été acceptée
à la corporation des CEGEP. Je pense qu'ici c'est une tout autre
affaire.
Nous aurions aimé que dans le bill on ait prévu qu'un
certain pourcentage de candidats au poste de commissaires soient des parents
d'enfants fréquentant des institutions sous leur juridiction.
Actuellement, trop de commissaires d'écoles sont, soit des
célibataires, soit des parents qui inscrivent leurs enfants dans des
écoles privées.
M. VEILLEUX: Madame, nous sommes trois célibataires ici. Vous
voulez nous exclure comme commissaires.
MME LANGLOIS: Nous ne vous excluons pas complètement, je vous
dirai comment tout à l'heure.
M. VEILLEUX: Remarquez bien que j'aimerais bien siéger au
même conseil scolaire que vous.
M. CHARRON: Il y a des célibataires parents aussi.
MME LANGLOIS: Bien, ils auront des enfants à l'école, ils
auront droit de vote.
Nous exigeons donc qu'en plus de participer au vote universel, les
parents puissent également voter comme parents et que ce vote des
parents soit stipulé dans un article de loi. En définitive, les
parents auraient droit à deux votes, et nous considérons que
cette situation est normale et valable, parce que dans le projet de loi, on
n'hésite pas à donner au propriétaire de biens-fonds
multiples plusieurs droits de vote. Ainsi, selon notre proposition, tous les
membres parents des comités d'écoles d'une commission scolaire
locale forment un collège électoral afin d'élire entre eux
les commissaires qui siégeront au conseil des commissaires. Nous
insistons pour que le collège électoral fasse l'objet d'un
article de loi.
En outre, que dans ce nouvel article de loi, il soit dit que le
collège électoral doit élire un tiers des commissaires.
Ainsi l'aspect démocratique du suffrage universel n'est pas
négligé et les parents sont réellement
représentés. Or, je pense qu'ici il est important de noter qu'en
acceptant le vote universel pour élire les commissaires, les
commissaires deviennent beaucoup moins représentants des parents qu'ils
ne l'étaient même avant.
Nous acceptons le principe du vote universel parce que M. Lefebvre nous
disait aujourd'hui que les biens fonciers ne représentent que 30 p.c.
des dépenses de l'éducation. Ces 70 p.c. sont payés, bien
sûr, par chacun de nous, que nous soyons propriétaires ou non. Je
pense qu'il faut accepter ce principe-là. Dans ce cas-là, il ne
représente pas l'intérêt des enfants nécessairement
parce que ça devient une représentation d'intérêt
d'administration financière.
En outre, nous demandons qu'un article de loi stipule la recommandation
suivante: "Au moment où est déclenché le processus
d'élection des commissaires-parents d'une commission scolaire locale,
que non seulement soient invités à y participer tous les membres
des comités d'écoles de la commission scolaire locale mais encore
tous les membres des comités d'écoles de la ou des écoles
secondaires de la commission scolaire régionale dont la locale fait
partie et demeurant à l'intérieur de cette locale". Alors, il
sera possible de retrouver dans une commission scolaire locale des
commissaires-parents dont les enfants fréquentent une école
secondaire de la commission scolaire régionale. Par le fait même,
nous favorisons un cheminement valable en vue de l'unification
pédagogique et administrative de l'élémentaire et du
secondaire, et ceci en partant de la base.
Depuis le début du présent mémoire, nous nous
sommes préoccupés de la participation des parents au plan de
l'école, de la commission scolaire locale, de la commission scolaire
régionale. Dans cette troisième partie, nous ne voulons
qu'exprimer des exigences sur trois points qui nous semblent fondamentaux
à l'intérieur du bill 27. Ces trois points concernent le mode de
fonctionnement des conseils de commissaires. Ils sont: a) la
délégation, par le conseil des commissaires au niveau local, de
droits, pouvoirs et obligations au comité exécutif (cela
réfère à l'article 202b); l'autorité du
comité exécutif sous l'administration courante (à
l'article 202c); le caractère privé ou public des réunions
du conseil des commissaires et leur fréquence (à l'article
202d)).
En effet, nous nous interrogeons sur l'utilité d'un comité
exécutif au niveau local alors que le nombre des commissaires
siégeant à la commission scolaire locale sera habituellement peu
élevé. Nous pensons que tous les commissaires de la commission
scolaire locale doivent faire partie du comité exécutif, sans
quoi la liberté d'expression de certains commissaires au niveau de la
ressource communautaire de ce lieu est perdue.
Nous recommandons donc que l'article 202b) s'applique seulement aux
commissions scolaires régionales et qu'on ajoute à ce même
article ce qui suit: "Quant à l'article 202c), nous nous interrogeons
sur l'expression "administration courante" et sur le fait qu'au niveau local,
le comité exécutif y ait autorité. Nous demandons donc au
législateur d'indiquer le contenu de l'appellation "administration
courante" et de modifier l'article 202c) suivant les termes
ci-énoncés".
Le troisième point dont nous parlions plus haut vise le
caractère privé ou public des réunions des conseils des
commissaires, tant au plan local que régional, et du comité
exécutif.
En effet, à l'article 202d), il n'est pas stipulé que les
réunions des conseils des commissaires et du comité
exécutif doivent se tenir publiquement. Nous demandons donc que
l'article 202d) soit modifié en tenant compte des chan-
gements que nous avons proposés aux articles 202b) et 202c).
Nous en sommes aux recommandations. Elles sont toutes contenues à
l'intérieur. Je pense qu'on peut peut-être...
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je voudrais remercier le porte-parole de ces
associations de parents pour leur mémoire. Je pense que nos objectifs se
croisent, et des différentes accusations qui ont été
portées ce matin, je constate que ces quatre associations reconnaissent
qu'il y a un effort quand même, dans le projet de loi 27, de faire jouer
un rôle véritable aux parents. C'était un des deux
objectifs que le gouvernement poursuivait dans le projet de loi 27.
Je m'étonne cependant de cette peur que vous semblez manifester
vis-à-vis des pouvoirs des commissaires. Il me semble qu'il y a quand
même là une certaine contradiction que j'ai peine à
percevoir et qui explique, une fois qu'on accepte l'hypothèse que les
commissaires ne représentent pas les parents, le système que vous
proposez d'un collège électoral pour un certain nombre de
votes.
Je voudrais simplement vous faire remarquer que 97 p.c. des commissaires
d'écoles du Québec, dans le moment, sont des parents dont les
enfants fréquentent les écoles sous leur juridiction. De plus,
avec le taux de participation à nos élections scolaires qui, dans
bien des cas, est inférieur à 20 p.c. et 25 p.c, je pense que
toute association de parents bien structurée, qui est capable
réellement d'animer ces parents, peut facilement, par un vote
démocratique, avoir ses propres représentants, élire ses
propres candidats parmi les commissaires d'écoles.
De plus, avec les dispositions du projet de loi qui permettent, par le
biais du comité d'école, du comité consultatif des parents
je retiens vos suggestions pour enlever le mot "consultatif" dans les
deux cas je pense que le comité d'école va favoriser une
plus grande participation des parents, un plus grand intérêt
vis-à-vis de la chose scolaire. On aura alors des gens qui sont
intéressés par le contenu même de ce qui se passe à
l'école et qui, éventuellement, seront prêts à
servir la collectivité en se présentant comme commissaires
d'écoles. J'ai l'impression, moi-même si je peux me
permettre l'expression que le comité d'école et le
comité consultatif des parents vont être un des meilleurs
tremplins pour quiconque veut bien se dévouer dans cette galère,
à la fois au niveau provincial et au niveau local.
Le collège électoral que vous suggérez je
sais que c'était retenu dans le bill 62, nous y avions pensé
représente, pour moi, cette contradiction qu'il y a toujours un
dilemme en éducation entre nos ressources et nos besoins, entre ce qu'on
voudrait bien donner aux enfants, mais ce qu'on peut peut-être se
permettre de donner. Il me semble que ce dilemme, c'est chaque personne,
à partir de l'instituteur, des parents, des commissaires, du ministre
même, qui doit le résoudre à l'intérieur de
lui-même, et non pas dire: Moi, je vais représenter seulement ceux
qui désirent l'amélioration des services, peu importent les
coûts, ou même l'autre portion des commissaires, qui dirait: Nous,
peu importe l'effet sur les services, ce que nous voulons, ce sont les
coûts les moindres possibles. Il me semble que ce dilemme, c'est chaque
personne qui doit le résoudre en elle-même. Quel est le juste
équilibre entre la qualité des services et le coût de ces
services pour une collectivité? En donnant suite à votre
suggestion, c'est plutôt un affrontement entre personnes qui auraient des
thèses opposées, un affrontement au seuil même de la
commission scolaire entre des gens qui diraient: Peu importe le coût, on
veut des améliorations de services, les commissaires-parents et d'autres
qui seraient peut-être portés à avoir une réaction
opposée à ceci et à dire; Peu importent les
conséquences sur l'éducation, on veut avoir les coûts les
plus faibles possibles.
On se rappelle d'ailleurs, sur le plan municipal, les tentatives qui ont
été faites à Montréal avec la classe A, la classe B
et la classe C de conseillers et ce que cela a donné; des gens qui ont
des mandats différents, des gens qui ont un mandat d'une élection
générale et d'autres qui ont un mandat de groupes particuliers.
Cela ne donne pas toujours ce qu'on pourrait penser théoriquement que
cela peut donner. Tout au contraire, c'est un affrontement entre des points de
vue différents qui ne permet pas de faire progresser réellement
les objectifs de l'entreprise.
Je vous remercie également de vos commentaires sur le
fonctionnement des comités d'écoles. Evidemment, comme vous
l'avez noté vous-mêmes et comme d'autres n'ont pas semblé
le réaliser, nous avons préféré garder beaucoup de
ceci par réglementation puisqu'il faut bien l'admettre, nous sommes
peut-être encore à l'enfance dans la participation des parents
à la chose scolaire. Les ateliers pédagogiques ou d'autres
formules que nous avons essayées nous ont donné quelques
expériences. Je pense qu'il aurait été faux de tenter
d'inscrire dès aujourd'hui dans un texte de loi, dans les moindres
détails, comment ces comités d'écoles auraient
fonctionné. Nous avons tenté de leur donner un mandat,
tenté un cadre très général mais laissé de
côté, par une réglementation appropriée, la
formulation exacte de cette participation des parents quitte à pouvoir,
par règlement, en dehors d'un cadre législatif, modifier ceci
à la lumière de l'expérience que nous pourrions
acquérir en cours de route. Et aussi, sur ce point, je compte
particulièrement sur l'assistance de vos quatre associations, comme
d'ailleurs sur celle de l'Association des parents catholiques. Peut-être
que vous pourriez faire équipe avec eux pour formuler des
recommandations...
MME LANGLOIS: On vous laisse le consensus à faire, M. le
ministre.
M. SAINT-PIERRE: Je compte énormément sur votre
collaboration pour nous aider dans la formulation de cette
réglementation des comités de parents et des comités
consultatifs. Je vous lance peut-être même un défi. Je sais
que cette semaine et les prochaines semaines seront très occupées
ici. Si votre association veut se mettre à la tâche et même
préparer un premier document de travail sur la réglementation,
nous le recevrons avec plaisir. Après cela, on pourrait, dans une
discussion, tenter d'avoir un texte qui pourrait être
suggéré aux différents organismes de parents.
Dans votre texte, vous signalez quelques inquiétudes sur le plan
du regroupement. Pour nous, nous ne voulions pas tenter d'imposer ce
regroupement au niveau d'une fédération provinciale. Ce dont on
voulait s'assurer, c'était la participation des parents au niveau de
l'école et de la commission scolaire, laissant libres toutes ces
différentes cellules de participation de parents, de se regrouper de la
façon qu'elles préfèrent, dans les organismes qu'elles
veulent bien choisir.
Il ne semble pas que dans un texte de loi on devait dire, que les
règlements devront dire comment tout ce monde-là va se regrouper,
sachant que, dans certaines régions, et je prends la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean où on a déjà une structure d'un
conseil interrégional. Peut-être que dans d'autres régions,
on ne voudra pas avoir de ces structures régionales, on
préférera avoir des structures diocésaines ou des
structures provinciales. On laisse cela au goût des gens.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Bagot.
M. CARDINAL: Tout d'abord, je voudrais féliciter Mme Langlois de
son mémoire très positif. Il m'apparaît positif tout
d'abord parce que, peut-être pour la première fois, quatre
associations de parents, représentant des parents des deux langues et
des deux principales religions se sont unis pour présenter un
mémoire qui n'est pas une attaque mais qui est purement positif et donne
des suggestions.
Plusieurs des suggestions que vous avez formulées au nom des
quatre associations de parents, le ministre l'a dit lui-même, se
retrouvaient déjà dans le défunt projet de loi 62. On
avait déjà, par exemple, un corps électoral composé
de parents pour élire des commissaires. Déjà le
comité de parents était prévu, il était consultatif
je l'avoue aussi, celui-là. Mais enfin, j'ai été surpris
de retrouver ça m'a donné une certaine nostalgie,
ça m'a fait un certain plaisir des suggestions qui à ce
moment-là ont été fort combattues mais qui reviennent
à la surface. Non pas en tant que personne mais en tant que membre d'un
gouvernement qui avait quand même fait des choses intéressantes en
matière d'éducation.
J'aurais une question à vous poser avant de faire des
commentaires sur ce qu'a dit le ministre. Ce n'est pas un reproche mais est-ce
que le comité d'école, tel que vous le constituez, avec les
objectifs que vous lui donnez et avec les pouvoirs que vous lui accordez, ne
devient pas la commission scolaire?
MME LANGLOIS: A condition qu'il n'y en ait pas par-dessus nous qui
décident.
M. CARDINAL: C'est parce qu'en fait, j'ai l'impression...
MME LANGLOIS: On a entendu dire dans le couloir ce matin par nul autre
que le président de la commission scolaire: Tout autant de
comités d'écoles, tout autant de petits pouvoirs à
l'intérieur de l'école. C'est sûr que c'est ça. Mais
le pouvoir, il est dans les mains des commissaires et je voudrais rejoindre un
argument de M. le ministre: Pourquoi faut-il avoir peur que les parents soient
dans l'autre camp, face à d'autres commissaires?
Parce que finalement, si des commissaires sont parents en même
temps, des parents payent aussi comme les autres commissaires. Finalement, je
pense que ce n'est qu'une question d'intérêt. On ne peut pas, dans
notre monde diversifié, représenter toutes sortes
d'intérêts en même temps. On ne peut pas représenter
l'intérêt de bâtir une belle structure, une belle
école. On a une optique. Vous, les politiciens, et les hommes de
carrière, vous savez que finalement il y a quelque chose qui prend le
dessus.
Pour nous, c'est l'enfant qui est la première
préoccupation. On ne peut pas faire autrement que de tenir compte des
dépenses que ça occasionne. Plus les parents participent, moins
ils proposent des choses saugrenues parce qu'ils comprennent beaucoup mieux le
système, les frais.
M. CARDINAL: C'est mon point de vue. Si vous me permettez, vous me
rejoignez entièrement parce que je ne suis pas entièrement
d'accord avec l'affirmation du ministre. On a fait une expérience avec
le projet de loi 21 dont le ministre a parlé à quelques reprises
récemment, où dans un même conseil d'administration pour
les collèges d'enseignement général et professionnel, il y
a des parents, des enseignants, des gens du milieu socio-économique, des
étudiants. Je vous ai fait des compliments tantôt, je vous en
ferai un de plus, c'est que non seulement vous êtes quatre associations
représentant tous les groupes linguistiques et de religions
différentes, mais vous êtes des parents qui ne vous conduisez pas
comme des propriétaires d'enfants mais vous êtes même
prêts à les entendre.
Cela aussi, j'aime l'entendre, parce que c'est
bien beau la responsabilité des parents envers les enfants, mais
je n'ai jamais cru que les parents étaient propriétaires des
enfants. Que vous alliez, au secondaire, jusqu'à proposer que les
enfants se fassent entendre dans une institution, c'est déjà
quelque chose d'assez progressif et d'assez surprenant, après certaines
choses que nous avons entendues déjà à cette
assemblée, non seulement aujourd'hui, mais au cours des dernières
années en ce qui concerne l'éducation.
Je dis que je ne suis pas d'accord avec le ministre parce que,
justement, je ne sais pas. L'expérience du ministre vis-à-vis des
collèges d'enseignement général et professionnel semble
l'avoir en quelque sorte frappé et je n'oserais pas employer le
mot "traumatisé" je ne veux pas revenir sur ses récentes
déclarations qui ont été bien ou mal rapportées par
les journaux. On a d'autres endroits pour parler de cela et je veux bien que le
ton de la conversation dépasse la partisanerie. M. Saint-Pierre sait
bien que ce n'est pas tout à fait mon genre dans une commission
parlementaire.
Mais, justement, je me dis: Pourquoi ne pas tenter ces affrontements
qui, au début, vont peut-être l'être, ne pas dépasser
cette expérience de l'affrontement qui, de toute façon, va
exister puisque déjà des parents ont à se plaindre de
commissaires ou d'enseignants, puisque déjà des étudiants
du secondaire ont à se plaindre d'un groupe ou de l'autre? J'aime mieux
que tous ces gens-là, au lieu de se plaindre à des niveaux
divers, se plaignent ensemble et trouvent les remèdes pour cesser de se
plaindre. Le défaut qui s'est présenté dans les
collèges d'enseignement général et professionnel,
d'après moi, ne vient pas de cet essai du projet de loi 21. Il vient du
fait qu'après que le projet eut été adopté, qu'une
trentaine de collèges eurent été créés, il y
a eu cette contestation étudiante qui a été
générale à travers le monde et il y a eu en même
temps cette politisation syndicale qui a fait que les parents, des gens du
milieu socio-économique, qui étaient là d'ailleurs d'une
façon bénévole ce qui n'est pas le cas des
commissaires présentement dans nos écoles puisqu'ils
reçoivent une rémunération se sont trouvés
face à des étudiants et à des enseignants qui sont
allés non pas comme enseignants ou étudiants, mais comme
représentants de syndicat.
Ce que vous proposez, c'est justement que les gens y aillent en tant que
parents, en tant que contribuables, en tant que commissaires ayant un
rôle à accomplir et que tous ensemble malgré que je
n'accepte pas toutes les modalités de ce que vous proposez, c'est normal
on en fasse la tentative. Sans quoi j'ai peur qu'on ait deux ou trois
institutions, l'une à côté de l'autre, la commission
scolaire, le comité exécutif, le comité des parents
appelez-le comme vous voudrez, qu'on enlève le mot "consultatif"
et que ces gens se regardent un peu comme des chiens de faïence, chaque
groupe se méfiant un peu de l'autre, comme c'est humain. Ce que vous
dites de l'exécutif, c'est très vrai. Dans toute
société commerciale, industrielle ou autre, l'exécutif en
vient à diriger l'affaire et les autres en viennent à perdre
intérêt dans les objectifs poursuivis.
Alors, pour toutes ces raisons même si ça me
surprend que vous donniez tellement de pouvoirs au comité que je me dis:
Je ne vois plus de raison qu'il y ait maintenant une commission scolaire
à côté je ne peux être que d'accord sur la
philosophie et la politique qui sont une trame à travers tout le
mémoire des quatre associations. Je vous en félicite donc. Je
pense que le ministre, malgré qu'il ne soit pas entièrement
d'accord, écoutait avec une oreille non seulement attentive, mais
réceptive et bienveillante. Je fais miennes certaines de vos suggestions
pour les redire de cette façon au ministre de l'Education. Merci,
madame, félicitations aux quatre associations.
MME. LANGLOIS: Merci bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Madame, en prenant connaissance de votre mémoire et
de certaines de vos recommandations, il m'est venu une image à la
tête. J'avais l'impression que vous étiez tellement attirée
par le gibier de la participation des parents que vous couriez plusieurs
lièvres à la fois.
MME LANGLOIS: Je suis étonnée que ce soit un
député péquiste qui dise cela.
M. CARDINAL: Parfois, ils sont très réactionnaires !
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CHARRON: Je vais continuer mon paragraphe, si vous le permettez.
MME LANGLOIS: Allez!
M. CHARRON: Je trouve cela parfaitement légitime, parfaitement
fondé parce que la philosophie que vous avez décrite, la
nécessité de participation des parents, je la fais mienne. Nous
l'avons fait nôtre au moment de la deuxième lecture, et nous
allons la faire autant au pouvoir que dans l'Opposition. Actuellement, on
dirait que le fait que les articles 66 et 67, qui décrivent les pouvoirs
du comité consultatif, puisqu'il s'appelle comme cela, ne vous
satisfaisant pas et soyez sûre que vous nous retrouvez
là-dessus également vous avez essayé, au cas
où vous n'obtiendriez pas gain de cause dans vos comités
d'écoles et dans les pouvoirs que vous demandez à ces
comités-là, contrairement au mince pouvoir consultatif
prévu à la loi actuelle, de retrouver un autre
palier en vous reprenant sur les commissions scolaires locales et en
amenant votre notion de commissaire-parent, c'est-à-dire que vous
essayez de prendre le plus de participation possible à tous les niveaux
possibles du monde de l'éducation, ce dont je ne vous fais aucunement
reproche. Je veux m'assurer auparavant si c'est là une stratégie
que vous avez ou si les paliers que vous avez décrits sont, à
votre avis, aussi importants les uns que les autres?
Je vous donne un exemple de ce que je veux dire. Si les pouvoirs que
vous décrivez comme devant être ceux du comité
d'école, et que j'approuve entièrement, vous étaient
accordés c'était la recommandation du rapport Parent,
entre parenthèses, qui recommandait un rôle beaucoup plus vaste au
comité d'école que celui prévu par la loi 27, et nous
l'avons signalé au ministre, en deuxième lecture...Le
comité veillait à la qualité de l'éducation et au
bien-être des enfants, il n'avait pas de pouvoir financier ou
administratif, mais avait des pouvoirs de recommandation en ces matières
et avait le droit d'être consulté sur le choix des maîtres,
des programmes, des manuels, et sur l'engagement du personnel, ce que vous
reprenez d'ailleurs vous-mêmes dans vos propres demandes, ce qu'est loin
de faire le projet de loi 27 actuellement. On dirait que, par crainte de ne pas
obtenir cela, vous avez cherché, à un autre niveau, à
obtenir aussi une participation. Si vous obteniez gain de cause au niveau des
comités d'écoles qui auraient véritablement les pouvoirs
que vous leur demandez, est-ce que vous tiendriez de la même façon
à la création de cette catégorie de commissaires que vous
avez vous-même appelés commissaires-parents? Je vous signale que
cette partie de vos recommandations m'a un peu étonné, même
si vous avez fait mention que certains commissaires pouvaient être
célibataires. Vous pouvez avoir des parents avec des enfants dans des
écoles privées. Il me semble que la grande majorité des
commissaires d'écoles, surtout par la structure prévue par la loi
27, serait, de toute façon, composée de parents. Est-ce que c'est
parce que vous avez voulu prendre tous les tours possibles?
MME LANGLOIS: Y mettre le paquet? M. CHARRON: Oui, c'est cela.
MME LANGLOIS: Non, monsieur. Je vous ai dit au début que nous
étions des parents qui oeuvraient depuis fort longtemps dans les
écoles et sous la forme d'associations libres. Or, le comité
d'école qui nous est proposé dans le bill 27, on le
connaît. C'est exactement la copie des petits comités consultatifs
qui vivent maintenant à la CECM. Or, on a des parents qui travaillent
à la CECM, qui travaillent dans ces comités consultatifs. Nous
l'avons vécu, et c'est impossible s'il n'y a pas une
représentation de ces comme on les a appelés
commissaires- parents. Si on n'a pas la représentation jusqu'au bout de
ces comités consultatifs qui oeuvrent au niveau d'une école, il
n'y a pas de réalisation possible. On fait de la petite animation. On
fait de la petite participation et, à notre avis, c'est vraiment pour
cela que, finalement, les parents s'éreintent excusez
l'expression. Mais cela devient drôlement agaçant de toujours
avoir l'impression qu'on joue au dernier palier et qu'on ne peut pas se faire
entendre. Or, finalement, les gens, les participants que nous avons donnent
leur dynamisme pendant quelque temps, et ensuite ils s'en vont.
Là, vous allez nous faire le reproche que les parents ne sont pas
constants ou que cela change souvent ou qu'il n'y a pas beaucoup de monde. Mais
je pense qu'il y a d'une part une très bonne raison à cela: Il y
a plusieurs parents qui ont oeuvré dans nos associations et qui se sont
présentés comme commissaires. Je pense que nous sommes une des
associations à en avoir quelques-uns à sa couronne. Je pense que
c'est excellent. Si ces mêmes parents pouvaient dire: Nous sommes
élus par les parents, parce qu'ils n'ont pas la même optique que
les commissaires qui sont élus parce que... Je ne nie pas que c'est un
bon côté à représenter. C'est sûr, il faut
bâtir des écoles, c'est important, mais les enfants qui sont dans
l'école, sont notre première préoccupation. Il faut que
cette préoccupation soit représentée quelque part.
M. CHARRON: C'est exactement ce que...
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques, s'il vous
plaît, la parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Suivant votre commentaire, Mme Langlois, est-ce que
votre exemple de la CECM, du comité d'école de la CECM n'est pas
cependant un mauvais exemple? A la CECM il n'y a aucune possibilité pour
les parents dans le système actuel et cela va être
changé à partir d'un projet de loi déposé demain
de se faire élire, de participer réellement à
l'utilisation des pouvoirs normalement dévolus à une commission
scolaire. Si dans une autre commission scolaire où vous avez
actuellement, vous l'aurez encore avec le projet de loi 27, une
possibilité pour les parents d'être élus comme commissaires
en tenant compte qu'actuellement comme dans bien des endroits on a moins
que 20 p. c. de participation aux élections scolaires je ne
comprends pas pourquoi les commissaires ne sont pas des représentants
surtout des parents.
MME LANGLOIS: M. Lefebvre est venu ici cet après-midi. Est-ce
qu'il vous en a parlé longtemps de la représentation des parents?
Pourtant tous les partis politiques à l'Assemblée nationale ont
levé le chapeau: c'était le bill de la participation des parents.
Si M. Lefebvre est un représentant des parents, pourquoi n'en a-t-il
pas parlé cet après-midi? Nous sommes venus vous en
parler. C'est cela notre préoccupation. Cela ne veut pas dire que nous
ne sommes pas intéressés je le répète parce
que je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguïté et contrairement
à ce que j'ai entendu ce matin de la part de M. Bouchard disant que les
parents ne sont pas intéressés de savoir ce qui se passe en
administration et combien ils paient pour leurs écoles, je regrette,
mais c'est faux. Parce que nous y allons nous aux réunions des
commissions scolaires et même si c'est ennuyant et qu'il y a bien des
chiffres à aligner, nous nous donnons la peine de les évaluer,
autrement nous n'aurions rien à dire. Je pense qu'il faut tenir compte
de tous les aspects, y compris celui que nous sommes les responsables des
enfants, précisément parce que c'est à
l'élémentaire et au secondaire. Quand on a des enfants à
l'université on ne viendra pas vous demander la même chose. Mais,
je pense que, à ce niveau là, il est fort important.
M. CHARRON: Je trouve cela excellent.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Saint-Jacques,
s'il veut continuer.
M. CHARRON: Non.
M. LE PRESIDENT: Alors, le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Moi, je veux vous poser les questions que le
député de Chicoutimi a commencé à poser ce matin.
La Fédération des associations parents-maîtres regroupe
combien de personnes à peu près?
MME GRIMARD: On a fait le pourcentage et nos quatre
fédérations représentent au moins 60 p. c. des parents
d'élèves qui fréquentent les écoles. Et cela, c'est
important à souligner.
M. VEILLEUX: Vous ne savez pas combien cela fait en nombre, à peu
près?
MME GRIMARD: En chiffres, non.
M. VEILLEUX: Et la Fédération des unions de familles?
MME GRIMARD: Ce sont les quatre ensemble.
M. VEILLEUX: Les quatre ensemble, bon. Alors, cela doit
représenter au moins 35,000 personnes.
MME GRIMARD: Au moins.
M. VEILLEUX: Moi, je regarde, madame, vos recommandations, je regarde et
j'ai examiné attentivement vos recommandations. De prime abord, elles
sont très intéressantes, je les qualifierais d'idéalistes.
Je crois que le projet de loi no 27 est une première étape et
qu'il reconnaît et donne un statut juridique aux parents à
l'intérieur des écoles et au niveau de la commission scolaire. Et
d'après moi, c'est déjà un grand pas. Il y a
peut-être, si vous voulez, à clarifier les pouvoirs, le rôle
du comité consultatif des écoles au niveau de la
régionale, mais le principe même est quand même un grand pas
et, quand vous parlez de participation parents-élèves-professeurs
au niveau d'une école, j'ai de sérieux points d'interrogation
concernant, par exemple, les élèves, lorsque vous arrivez dans
une école secondaire où on ne retrouve que des
élèves de 8e année, dans une autre école secondaire
où on ne retrouve que des élèves de 9e année.
Ce n'est pas ce que j'ai, moi, dans ma commission scolaire
régionale, je ne dis pas que c'est partout comme ça. Mais lorsque
vous arrivez dans un cas aussi spécifique que celui-là, je vois
très mal une participation des élèves au niveau d'un
comité d'école où il y aurait des parents et des
professeurs.
Il serait peut-être bon aussi de s'interroger. Je ne dis pas
à tous les endroits, mais dans la majorité des endroits; du moins
dans le secteur des commissions scolaires, parce que j'y ai quand même
oeuvré pendant dix ans à titre d'enseignant ou de
président de syndicat. Je ne suis pas prêt à dire, moi, que
partout les enseignants sont prêts à jouer le rôle que vous
leur demandez. Comme je ne suis pas prêt à dire que, partout, les
parents sont prêts à jouer le rôle que vous leur demandez
ici. Ce que vous leur demandez, c'est ni plus ni moins la cogestion et c'est
même plus que cela.
D'ailleurs, pour appliquer les pouvoirs que vous voulez avoir dans les
recommandations, le budget de la commission scolaire doit être
décentralisé, retourné et subdivisé selon le nombre
d'écoles. Ce qui est aujourd'hui impensable.
M. CHARRON: Vous avez raison, madame, il ne ferait pas un bon
commissaire. Je lui déconseille fortement de se présenter comme
commissaire d'écoles. Si vous avez besoin d'une électeur,
ça me fera plaisir. Si vous vous présentez dans le comté
de Saint-Jean, j'irai voter pour vous.
MME GRIMARD: Vous avez mentionné que les parents ne sont
peut-être pas prêts partout à participer autant que nous le
suggérons. Je vous l'accorde, mais depuis au moins deux mois, depuis que
le bill est déposé, on entend parler de ce fameux projet de loi
comme le projet miracle de la participation.
Si c'est vrai, il va falloir retrousser nos manches. Nous, nous sommes
prêts, il va falloir que vous nous aidiez. Des parents, ça s'anime
et ça se fait bouger. Bien sûr, ils auront besoin d'informations.
Je suis d'accord avec vous. Les parents qui critiquent à tort et
à travers manquent très souvent d'informations, mais
surtout ils ont besoin d'informations venant des leurs. Et c'est
là le problème majeur actuellement à la participation.
Une belle grosse structure et c'est tout dirigé par en haut.
Qu'est-ce qui arrive? Les parents perdent confiance et se disent: A quoi bon?
Tandis que si ce sont des leurs qui les informent, les appuient, les guident,
ça fonctionne pas mal mieux.
M. VEILLEUX: Moi, je me base sur l'expérience que nous avons
vécue dans notre région des fameux ateliers pédagogiques,
qui ont été, du moins chez moi, un échec complet.
Peut-être parce que, comme Mme Langlois le mentionnait tout à
l'heure, les ateliers pédagogiques n'avaient aucun pouvoir.
Par contre, prenez les comités consultatifs d'écoles. On
les anime, on les amène à participer d'abord à ce
niveau-là. Moi, je vois très mal les commissaires d'écoles
voyant arriver ensemble cinq ou six comités consultatifs
d'écoles faire des demandes, des recommandations, exiger même
certaines choses au niveau d'une commission scolaire refuser d'entendre
et discuter ouvertement des recommandations que fera à ce
moment-là l'ensemble des comités consultatifs d'écoles.
C'est quand même un début; ce qu'on n'a jamais vu à venir
jusqu'ici.
N'oubliez pas que, dans certaines commissions scolaires, on refuse
systématiquement le droit aux parents de s'exprimer à des
assemblées de commissions scolaires. Ils ne le refusent pas aux
syndicats parce qu'ils ont peur des syndicats, mais ils le refusent aux
parents.
MME LANGLOIS: Et les professeurs, pourquoi ne veulent-ils pas
siéger avec les parents? Parce que eux aussi, quelquefois, ont peur des
syndicats. Nous participons avec les professeurs à plusieurs
comités au niveau de l'école.
Finalement, c'est par un changement de mentalité qu'il faut
s'engager. Je pense que cela ne nuirait ni aux uns ni aux autres de faire le
travail en collaboration.
M. VEILLEUX: Je ne suis pas prêt à accepter ce que vous
avez dit, que les professeurs n'acceptent pas à cause des syndicats. Je
ne suis pas du même avis.
MME LANGLOIS: Il y a, d'une part, la méfiance; d'autre part, les
heures limitées. Je ne veux pas en faire une accusation globale, c'est
bien sûr.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais quand même qu'on essaie de raccourcir
un peu et les questions et les réponses. Je cède la parole au
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mme Langlois, vous nous avez
présenté un mémoire extrêmement intéressant
qui nous a purgés de ce que nous avons pu entendre au début de
ces auditions. Ce que vous proposez en fait, c'est une sorte de système
intégré afin de favoriser la participation. Evidemment, tel que
vous le présentez, on pourrait lui faire le reproche d'être un
système idéal. Ce que je retiens de vos propositions et
j'espère que le ministre en tiendra compte de façon
précise et le manifestera par voie législative sous forme
d'amendements c'est que vous voulez faire tomber ces cloisons qui
existent depuis longtemps entre des gens qui sont préposés
à l'administration scolaire, par exemple les commissaires, entre les
directeurs d'écoles, entre les enseignants et les parents.
A ce point de vue-là, contrairement à ce que pense le
député de Saint-Jacques, pardon, le député de
Saint-Jean, je confonds les apôtres, donc contrairement à ce que
pense le député de Saint-Jean, je crois que les parents sont
disposés à agir dans ce sens-là. Vous en donnez d'ailleurs
la preuve de façon très évidente. Je viens d'une
région, et M. le président de la commission également,
où nous avons déjà fait ces expériences où
nous les poursuivons et où nous allons les poursuivre. C'est pourquoi je
retiens ces suggestions très positives que vous avez faites.
Toutefois, lorsque j'examine les propositions pratiques de votre
mémoire, soit les recommandations, je m'interroge sur la lourdeur qui
pourrait caractériser cette machine. Je vous demande à vous, Mme
Langlois, comment vous imaginez ce mécanisme des commissaires, des
parents-commissaires excluons les célibataires dont je suis,
madame, mais officiellement, en tout cas, j'ai été professeur
pendant seize ans comment concevez-vous cette machine? Telle que vous
nous la présentez, cela me paraît assez énorme puisque ces
parents et tous ces comités d'écoles, appelons-les comme on
voudra, auront quand même voix au chapitre et voix
délibérative pas seulement consultative. Alors, avec les
proportions que vous donnez, est-ce qu'il ne vous semble pas que les
régions auraient à ce moment-là des corps
représentatifs et délibératifs très lourds et
l'objectif de participation que vous recherchez et au sujet duquel nous sommes
d'accord, est-ce que vous ne pourriez pas atteindre cet objectif-là du
fait que la machine en fait fonctionnerait très lentement et qu'il se
produirait fatalement un manque de communication d'un palier à
l'autre?
MME LANGLOIS: Il y a d'abord une chose, M. Tremblay, cela
m'étonne d'entendre cette inquiétude de votre part parce que,
finalement, ce que nous proposons n'est pas tellement différent de ce
qu'il y avait de proposé dans le bill 62 de l'an dernier et qui avait
été proposé par votre parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne m'étais pas encore
interrogé sur ce qu'avait proposé mon parti.
MME LANGLOIS: Non, malheureusement, on n'avait pas eu le temps de venir
vous faire part de nos commentaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, je n'avais pas eu l'honneur de vous
rencontrer.
MME LANGLOIS: Je ne sais pas si mes collègues sont du même
sentiment, mais j'ai le goût de dire que je suis étonnée de
voir que vous avez cette grande inquiétude que ce soit si lourd et que
ce soient deux camps nécessairement différents. On ne le
conçoit pas. Cela ne peut pas être aussi différent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais que vous me compreniez très
bien. Je me fais un peu l'avocat du diable. Je n'ai pas de doute
peut-être réel mais je vous demande à vous comment vous
voyez le fonctionnement. Je sais très bien que votre intelligence a
très bien résolu le problème.
MME LANGLOIS: Je ne sais ce que vous voudriez me faire préciser
au juste. Je pense que le seul principe dont nous voulons nous assurer est de
consacrer la participation des parents en y ajoutant "sans
représentation". C'est ce qui manque présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En l'intégrant au groupe des
commissaires.
MME LANGLOIS: Et en l'intégrant au groupe des commissaires
puisque ce sont eux qui, finalement, ont une partie, et de plus en plus grande,
de décision en termes d'éducation, je pense. Pour tout le
côté financier, administratif, il y a des normes, il y a tout ce
qu'il faut au ministère et dans les pouvoirs administratifs plus larges
pour assurer une très large part d'administration. Quant à nous,
de notre côté, quelqu'un a parlé de
décentralisation nous favorisons la décentralisation
pédagogique et administrative. Cela va de soi, il ne faut pas multiplier
les petites unités mais il ne faut pas non plus...c'est toujours le
juste milieu, vous m'avez fait le reproche d'avoir un mémoire qui
voulait peut-être être idéal. Nous sommes aussi
réalistes, nous savons que tout ne peut pas se faire tout de suite.
C'est pour ça que, finalement, nous insistons pour qu'il y ait une
grande part de l'ajustement du travail des comités d'écoles qui
se fasse par les règlements puisque cela pourra être rodé,
cela pourra être évalué en cours de route. Mais le principe
que nous soutenons, c'est la représentation des parents au niveau des
commissaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ce système intégré,
ce que vous recherchez, vous voulez faire disparaître ce fractionnement
administratif, pédagogique, etc., afin que, comme parents, vous ayez
part à toute décision touchant l'école à quelque
palier que cela se situe.
MME LANGLOIS: C'est ça, parce que comme parents, M. Cardinal nous
l'a dit tout à l'heure, nous sommes conscients que nous ne
possédons pas nos enfants et que nous ne sommes pas les seuls, les
uniques à les influencer. Ils ne vivent plus en serre chaude. Or,
l'éducation est un des grands secteurs qui a une très grande
influence sur nos enfants et c'est dans ce sens que nous voulons y participer
activement. Nous voulons partager avec les autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si je vous ai posé ces questions, c'est
que, vous le constatez, j'étais déjà convaincu du
bien-fondé de vos recommandations, mais je voulais que fût
exprimé ici le point de vue des parents qui n'entendent pas simplement
faire partie de la majorité silencieuse mais qui veulent être des
moteurs de l'activité éducative. A cet égard, madame,
sachez que je suis en tout point d'accord avec vous.
MME LANGLOIS: Eh bien, j'ai hâte de le voir à l'adoption du
bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le ministre qui va décider.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
MME GRIMARD: Est-ce que vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: Pour le bénéfice des
célibataires.
MME GRIMARD: J'ajouterai, comme conclusion avec cette participation
consacrée si l'on veut, qu'il y aurait pu y avoir peur du regroupement
des commissions scolaires puisque les parents, où qu'ils soient, y
participeront.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai été
particulièrement heureux moi aussi d'écouter le rapport qui nous
était soumis tout à l'heure, puisque je retrouvais une certaine
argumentation que j'avais fait valoir en deuxième lecture, mais j'ai
entendu, tant ce soir que lorsque nous avons discuté du projet de loi en
deuxième lecture, ce terme ou cette affirmation qui laissait entendre
que le projet de loi concernant la participation des parents était une
réforme absolument nouvelle. Je dis pour ma part et Mme Langlois
pourra me corriger que ça ne change pas grand-chose à ce
qui existait auparavant, c'est-à-dire que la seule chose qu'on
reconnaît aux parents, c'est la reconnaissance légale, c'est que
les parents étaient autrefois quand même de bonne foi reconnus par
des associations parents-maîtres, reconnus par les commissions scolaires
et reconnus même comme comités consultatifs qui pouvaient
influencer les commissions scolaires pour autant que
ces parents étaient véritablement organisés. Le
fait qu'on reconnaisse ce fait légalement ne change pas grand-chose
à la situation qui existait auparavant. J'ai moi-même fait valoir,
par exemple, à partir des ateliers pédagogiques, comment on
pouvait décourager les parents lorsque ceux-ci se retrouvaient à
l'intérieur de réunions et qu'ils constataient qu'ils n'avaient
absolument rien à faire dans tout ce système-là.
On avait soulevé, avec la mission pédagogique,
quantité d'espoirs auprès des parents, mais lorsque cette affaire
s'est concrétisée, soit par suite du fait qu'ils n'avaient pas de
moyens financiers pour faire leur travail, ou surtout, à mon sens, par
suite du fait qu'ils n'avaient aucun pouvoir à l'intérieur des
commissions scolaires, les parents se désintéressaient de plus en
plus de la chose scolaire.
C'est ce qui est arrivé au niveau secondaire, de telle
façon c'est le député de Saint-Jean qui le faisait
remarquer tout à l'heure, et je l'ai moi-même constaté dans
ma région que les ateliers pédagogiques sont pratiquement
un fiasco. Deuxième remarque que je voulais faire: ce qui est
demandé ici pour les parents, soit, par exemple, de définir des
critères pour l'engagement du directeur, des instituteurs, de
déléguer un parent de l'école aux divers comités de
sélection de la commission scolaire, je trouve qu'il n'y a rien,
à mon sens, de révolutionnaire là-dedans puisque les
associations de professeurs, les syndicats de professeurs sont
déjà représentés, eux, au niveau des comités
de sélection, par suite du fait et le député de
Saint-Jean le faisait remarquer tout à l'heure que les syndicats
d'enseignants sont peut-être plus structurés que les parents.
Ces choses-là existent au niveau des enseignants et on les
refuserait au niveau des parents. A mon sens, c'est une chose inacceptable.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permettrait une
question? Comme ancien enseignant et comme membre du Parti
québécois, est-ce qu'il serait d'accord pour donner
immédiatement, dans le texte de loi, les six paragraphes, les six
mandats donnés en page 3?
M. LESSARD: M. le Président, depuis tantôt j'étudie
ces recommandations et il me semble qu'il n'y a absolument rien qui nuirait
à l'administration scolaire si on donnait aux parents, tel que nous
l'avons soumis d'ailleurs lors de la deuxième lecture, ces
pouvoirs-là. On dit bien qu'il s'agit d'établir des
critères et aussi être membres de comités où il se
prendra des décisions. A mon sens, je pense qu'on pourrait aller
à cette étape-là et on pourrait dire que le projet de loi
27 est véritablement un pas vers la participation des parents.
Cependant, par exemple, Mme Langlois, j'ai certaines réserves
quant à moi, concernant les parents-commissaires. Il me semble, le
ministre le faisait remarquer tout à l'heure, que les parents sont
déjà, par suite du fait qu'ils peuvent faire l'élection de
leurs commissaires, des parents bien structurés, bien organisés,
qu'ils peuvent faire valoir leur point de vue dans ce domaine ou au moins
participer à l'élection d'une façon très active
s'ils le désirent.
Cependant, je me demande une chose. Si, véritablement, vous
aviez, au niveau du comité des écoles, les pouvoirs qui sont
demandés à la page 3 de votre mémoire, je me demande si
vraiment il y aurait nécessité d'avoir un autre type de
commissaire, soit le commissaire-parent. Ce dont vous avez besoin, c'est
véritablement de pouvoir participer, au niveau de la commission
scolaire, de pouvoir faire sentir votre influence, et je pense que, par le
comité d'école, si on vous reconnaît vraiment des pouvoirs
de décision, vous êtes véritablement capables de faire
entendre votre point de vue au niveau de la commission scolaire.
Pour ma part, je ne suis pas tellement convaincu en ce qui concerne les
commissaires-parents. A mon sens, on crée une certaine
ambiguïté. Mais si, par exemple, ce qu'on dit à la page 3 se
réalise, je pense qu'on est capable de le faire et de vous le donner, et
là on va véritablement intéresser les parents à
l'éducation.
M. VEILLEUX: J'ai une question à poser au député de
Saguenay, M. le Président. Il a répondu oui à la question
du ministre tout à l'heure quant à définir des
critères pour l'engagement des instituteurs. D'abord, je n'aime pas le
terme "instituteur", ce serait mieux professeur ou enseignant.
MME LANGLOIS: C'est vrai que c'est ancien, je vous l'accorde.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous seriez prêt à accepter, en
tant que membre du Parti québécois et membre, probablement comme
moi, de la Corporation des enseignants du Québec, que ce
comité-là définisse les critères pour l'engagement
des instituteurs?
M. LESSARD: Il faut bien comprendre, et Mme Langlois l'a bien
souligné tout à l'heure, qu'au niveau de ce comité de
parents, il existe aussi des instituteurs qui participent, soit au tiers.
Aussi, on dit spécifiquement de définir des
critères. Il y a aussi l'association des enseignants qui, avec la
commission scolaire, détermine aussi un certain nombre de
critères pour l'engagement des enseignants.
Pour ma part, si les enseignants participent à la
définition de ces critères, je ne peux pas comprendre que les
parents ne puissent pas aussi participer à l'élaboration de ces
critères. Il faut bien le dire, il ne s'agit pas à mon sens de
voir et je pense que les parents sont assez responsables à
l'intérieur de ce comité des discussions sur tel individu, sur
tel autre. Il s'agit, je crois, de critères généraux.
MME LANGLOIS: Je pense qu'il faut remarquer que nous n'avons jamais
proposé de comité uniquement composé de parents. Vous
notez que toutes nos propositions tiennent compte de la diversité des
personnes qui travaillent dans l'école, y compris les professeurs. Je
pense que Mme Goyette me le signale même dans la
négociation collective, on a inscrit la question...
M. CHARRON: Chez les enseignants.
MME LANGLOIS: ...chez les enseignants. Or, si vraiment les parents sont
responsables de l'éducation, comment pouvons-nous songer que c'est
idéaliste ou que c'est irréalisable de faire participer les
parents? Je pense que nous sommes de ceux qui ont peut-être
été toujours assez prêts à approuver presque toutes
les recommandations d'un certain rapport Parent, mais si ça continue, on
va finir par être moins d'accord, parce que c'est incomplet, il y a
toutes sortes de recommandations, du commencement à la fin. Si on veut
la vraie réforme scolaire, il ne faudra pas ne prendre que les parties
qui faisaient notre affaire et laisser l'autre parce que, à partir de
là, le rapport et la réforme deviennent drôlement
boiteux.
M. CHARRON: D'ailleurs, je pense que votre page 3 à laquelle
référait le ministre tout à l'heure est ni plus ni moins
qu'une description de ce que le rapport Parent lui-même
définissait et qu'il décrivait lui-même comme étant
une partie essentielle du rôle. Le ministre me dit non, alors
peut-être qu'il veut répondre. Le rapport Parent disait, je le
cite au texte: "...Veille à la qualité de l'éducation, au
bien-être des enfants, doit être consulté sur le choix des
maftres, des programmes, des manuels et sur l'engagement du personnel." Quand
on le lit, le développement des six paragraphes ici, c'est exactement
dans le même esprit.
M. SAINT-PIERRE: Je vois toute la nuance entre: Il doit être
consulté...
M. CHARRON: C'est exactement ce que demande...
MME LANGLOIS: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: Non, il demande de définir des
critères.
M. CHARRON: On ne demande pas que les parents à eux seuls
définissent les critères, on parle du comité
d'école. On parle plus loin de la composition du comité
d'école où on joint les enseignants et les administrateurs de
l'école.
MME LANGLOIS: Et les étudiants là où c'est
possible. Je me demande si on n'est pas en train de se créer une
confusion. Que nos parents qui vont être élus commissaires
s'appellent commissaires tout court, si on a peur d'une ambiguïté
et de deux camps, parce qu'il va y en avoir qui vont s'appeler commissaires et
d'autres commissaires-parents, on s'en fout. Excusez l'expression. Mais ce qui
est important, c'est que ces commissaires, ce tiers-là qui
siègera avec les autres commissaires, soient élus par des parents
qui ont des enfants dans telle école. Et je pense qu'il y a un autre
point important aussi, c'est que, dans notre proposition, on a parlé de
l'élection au niveau d'un territoire local où les parents qui ont
des enfants au secondaire et à l'élémentaire puissent
participer à l'élection. Or, il est possible, à ce
moment-là, d'avoir des parents qui ont la notion de l'école
secondaire et je pense que, par la base nous, en tout cas, nous avons
très hâte que l'administration soit unifiée et que ce soit
la même administration qui tienne compte et de
l'élémentaire et du secondaire.
M. LESSARD: Cela veut dire que les parents auraient un vote comme
parents et un vote comme...
MME LANGLOIS: Un vote comme propriétaires. On ne trouve pas
ça plus dommageable que les propriétaires fonciers qui ont deux
droits de vote.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Richmond.
M. BROCHU: Mme Langlois, pour ma part, j'ai fort apprécié
la forme de présentation que vous avez faite, c'est-à-dire que
vous avez formulé une critique avec, au bout, des recommandations et des
propositions, ce qui, à mon sens, est une attitude fort louable et qu'on
se doit d'aller vers une participation non pas simplement de forme, mais une
participation réelle.
Je pense que, dans ce sens-là, le mémoire que vous avez
présenté entrouvait du moins une porte possible à
l'établissement de mécanismes souples de participation, mais
d'une réelle participation où ceux qui sont impliqués
à ce niveau-là ont voix au chapitre et aux décisions. Si
en effet, on remonte aux principes du bill sur lesquels nous avons
discuté en deuxième lecture et aux raisons pour lequelles nous
avons marqué notre opposition aux principes du bill, c'est qu'on
assistait à l'éloignement en fait du centre de décision
d'un champ d'exécution. A ce moment-là, comment concevoir
à l'intérieur une participation qui se veut active, qui se veut
efficace et qui veut au bout de la ligne permettre aux participants d'avoir
droit au chapitre, de présenter une participation aux
décisions?
J'aimerais revenir peut-être sur un autre aspect qui est celui de
votre association comme telle. La dame qui vous accompagne a souligné
tout à l'heure que les quatre groupements au nom desquels vous parlez
présentement repré-
sentent 60 p. c. des parents ayant des élèves dans des
institutions. Si je ne fais erreur, c'est exact. A présent, j'aimerais
savoir de quelle façon procède votre association. Est-ce que vous
avez une carte d'adhésion officielle?
MME LANGLOIS: Je parlerai pour notre association. Oui, nous avons une
carte de cotisation et nous ne représentons pas qu'une ou deux
personnes, nous représentons la famille. Nous sommes une association
familiale qui n'oeuvre pas uniquement du côté scolaire et nous
représentons la famille.
M. BROCHU: Si nous allons plus loin, dans le chiffre qui nous a
été proposé tout à l'heure, est-ce que vous incluez
par une carte tous les membres d'une famille dans le nombre qui nous a
été donné?
MME LANGLOIS: Oui.
M. BROCHU: Alors, les 60 p. c...
MME LANGLOIS: Pas pour toutes les autres associations, par exemple,
seulement nous.
M. BROCHU: Seulement en ce qui vous concerne.
MME LANGLOIS: Oui.
M. BROCHU: Pour les autres, cela peut être différent?
MME LANGLOIS: C'est cela.
M. BROCHU: Quant à vous, cela peut être, si on fait un
calcul rapide, vous représentez peut-être quelque 20 p. c. des
parents ayant des enfants qui vont à l'école? Non pas ceux qui
sont en dehors de l'école.
MME LANGLOIS: Oui, mais disons qu'on parle...
M. BROCHU: Et en plus, à l'intérieur de ce
chiffre-là, vous comptez tous les membres de la famille?
MME LANGLOIS: Nous comptons le groupe familial. Je voudrais dire ici que
c'est strictement en termes de carte de cotisation en ce qui nous concerne.
Nous représentons 9,000 personnes. Les associations de parents
fonctionnent toutes de la même façon. Quand nous faisons des
rencontres ou que nous travaillons au niveau scolaire, jamais nous ne sommes
uniquement avec nos membres. Nous invitons les parents d'un secteur d'une
municipalité ou d'un quartier ou d'une école. Nous n'avons jamais
vu dans nos rencontres d'opposition de parents même chez ceux qui ne sont
pas de nos membres aux positions que nous prenons.
M. BROCHU: Si je comprends bien, Mme Langlois, l'exposé que vous
avez fait ce soir, vous l'avez fait au nom de 9,000 membres.
MME LANGLOIS: Pour ma part, pour la Fédération des unions
de familles.
M. BROCHU: Pour votre part à vous?
MME LANGLOIS: Pour eux, c'est autre chose.
M. BROCHU: A présent, si on va plus loin relativement au
problème qui nous intéresse dans la présentation du
mémoire que vous nous avez soumis ce soir, est-ce qu'il y a eu une
consultation au préalable avec vos membres?
MME LANGLOIS: Oui, monsieur,
M. BROCHU: Si oui, de quelle façon cette consultation s'est-elle
opérée?
MME LANGLOIS: Oui, monsieur. D'ailleurs j'ai eu tantôt le
goût de commencer en disant: Enfin! le gouvernement a osé
présenter le bill 27! Je vous avoue que cela faisait longtemps qu'on
attendait le regroupement des commissions scolaires. Or, depuis l'automne
dernier particulièrement, nos parents ont vraiment travaillé sur
la représentation des parents à partir du schéma d'abord
du bill 62. Nous avons travaillé toute l'année dernière
sur le bill 62, pour finalement rester avec notre mémoire dans les
mains. Cela ne fait rien, ce n'est jamais perdu, parce que c'est
drôlement intéressant, cela nous instruit, ça nous informe.
Je pense qu'on devient plus aguerri. Or, en termes de participation des
parents, la consultation a vraiment été faite, les comités
ou nos groupes locaux d'unions locales ont étudié le rapport. Le
texte a été rédigé à la lettre, comme vous
le voyez ici. Nous n'avons pas eu le temps de le refaire parce qu'on sait que
la date de séance de la commission parlementaire a été
décidée assez tard. Je pense que, pour notre part, en tout cas,
il n'y a pas de regret parce que le bill a été
déposé au mois d'avril et depuis nos parents l'ont
étudié.
M. BROCHU: Mme Langlois, est-ce que le texte que vous nous
présentez aujourd'hui a été soumis par la suite aux
membres de votre association pour approbation?
MME LANGLOIS: Pardon?
M. BROCHU: Est-ce que le texte qui nous a été soumis
aujourd'hui a été soumis à la suite de sa rédaction
aux membres de votre association?
MME LANGLOIS: Nous avons tenu une assemblée
générale le 15 mai. Nous avions un comité d'étude
pour le bill 27. Ce sont les recommandations et l'assemblée
générale a
confié au comité de rédaction le soin de mettre ce
texte au point et c'est le comité de rédaction qui a
accepté ce texte que vous avez devant les yeux.
M. BROCHU: Bon! En ce qui concerne maintenant une question de
région plus particulière, en ce qui concerne l'esprit, madame,
est-ce que vous avez tenu des assises dans les Cantons de l'Est?
MME LANGLOIS: Nous n'avons pas de groupes de familles dans les Cantons
de l'Est.
M. BROCHU: Bon, merci.
MME LANGLOIS: Je ne sais pas. Je pourrais dire aussi que notre groupe
aurait été plus loin que cela dans le bill. On est comme certains
partis politiques, c'est peut-être parce qu'on n'est pas au pouvoir que
c'est plus facile de demander des choses.
M. BROCHU: C'est le rôle de l'Opposition, madame.
MME LANGLOIS: Pardon? Nous avons des groupes à Montréal,
nous en avons à Chicoutimi, nous en avons dans toute la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous en avons à Rimouski, nous en avons
à Shawinigan, à Lucerne et à Sillery, Québec.
M. DUMONT: Et à cette réunion de l'association où
les parents étaient représentés, quand vous avez soumis
votre texte avant de vous rendre ici, combien de personnes environ
étaient présentes?
MME LANGLOIS: Une représentation de 30 personnes, des parents qui
étaient à l'assemblée générale.
M. DUMONT: Et 30 p.c, 60 p.c?
MME LANGLOIS: On ne peut pas donner les noms...
M. DUMONT: Les chiffres?
MME LANGLOIS: Oui, les chiffres...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! Je
voudrais mentionner aux députés des divers partis que les membres
du Ralliement créditiste ont écouté religieusement les
propos des autres et j'aimerais que les autres partis fassent de même
pour les membres du Ralliement créditiste.
UNE VOIX: Nous sommes la seule Opposition.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député
d'Abitibi-Ouest.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non sans cela...
M. LE PRESIDENT: Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, Mme Langlois, devant les craintes que
vous manifestez devant la possibilité de la participation des parents,
même en faisant partie des comités consultatifs, vous admettez que
vous devriez faire partie de la commission scolaire pour vous assurer cette
participation. Le ministre nous disait dans sa déclaration
ministérielle, lorsqu'il a présenté le bill, que
c'était pour une plus grande participation des parents que ce bill 27
était présenté.
Et nous, nous croyons que c'est faux et que ces dames ont tellement
raison de s'inquiéter de la possibilité de participer
adéquatement à l'éducation à la suite de ce bill
27. Plus le système scolaire sera concentré, plus l'Etat jouera
un rôle prédominant et moins les parents auront droit de parole.
C'est notre opinion, c'est notre point de vue.
Même si la participation des parents était peut-être
un peu boiteuse avant l'avènement de l'opération 55, comment
est-elle devenue encore beaucoup moins efficace par nos fameux ateliers
pédagogiques! Vous mentionniez vous-même que les ateliers
pédagogiques mes collègues d'en face et d'à
côté l'ont eux-mêmes affirmé ont
été une faillite monumentale. Comment peut-on alors...
M. VEILLEUX: Pas partout. Cela dépend des régions.
M. AUDET: ...avoir confiance dans la possibilité d'une
amélioration de la participation des parents, même en leur
présence au sein de la commission scolaire, au sein d'une commission
scolaire monstre, parce que c'est justement à cet endroit que les
commissaires deviendraient beaucoup plus des serviteurs de l'Etat...
M. VEILLEUX: Des commissions scolaires dinosauriennes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais demander au député
de Saint-Jean...
M. AUDET: ...c'est justement à cet endroit, dis-je, que les
commissaires des commissions scolaires deviendraient beaucoup plus des
serviteurs de l'Etat que des serviteurs des parents. Donc, il est impossible de
croire que le bill 27 viendra démocratiser l'enseignement. Le peu de
démocratie qui nous reste se situe au niveau de nos commissions
scolaires locales, et c'est pourquoi il faut conserver ces commissions
scolaires.
Si ça continue comme vous le disiez si bien, vous seriez
porté à manquer de confiance à la possibilité de
participation. Je crois réellement qu'il est sûr que ceci
continuera, comme vous le disiez si bien, car le rapport Parent continuera
à
etatiser l'éducation et les parents disparaîtront de plus
en plus.
M. VEILLEUX: Mgr Parent, c'est un communiste. Les parents
n'élisent plus de commissaires d'écoles, etc. etc.
M. AUDET: M. le Président, j'aimerais avoir l'opinion de madame.
Croyez-vous que j'ai raison ou croyez-vous que j'ai tort?
M. LE PRESIDENT: Mme Langlois.
MME LANGLOIS: Si vous me permettez, nous ne sommes pas tellement
d'accord pour croire que, en laissant les commissions scolaires locales telles
quelles, nous y aurions gagné pour une meilleure présence des
parents. Parce que finalement, j'ai le goût de changer de mots,
participation des parents, oui, mais nous avons le goût de dire: Ce n'est
pas pour recevoir des suçons que nous voulons être là, nous
voulons travailler.
Or, le bill 27, par la proposition de ses comités
d'écoles, je pense, remplace très bien le niveau près des
parents qui existait par les commissions scolaires locales. Je pense qu'il y a
une provision là qui permet une participation assez heureuse. Nous
trouvons que la maille qui manque, c'est pourquoi aussi les ateliers
pédagogiques n'ont pas tellement bien fonctionné en plusieurs
endroits c'est la représentation.
UNE VOIX: Et le bill 27 va vous la donner!
MME LANGLOIS: Pas tel quel. S'il n'y a pas de proposition d'amendement
à l'élection de commissaires par les parents qui ont des enfants
dans les écoles, je ne veux pas dire qu'il n'y aura rien, parce qu'il y
a déjà beaucoup de choses par la présence du comité
d'école, mais il y aura encore grand danger qu'on accuse les parents de
ne pas participer et aussi de plus en plus que les parents soient en dehors de
toute influence à l'extérieur...
M. AUDET: Mme Langlois, considérant le peu d'efficacité
qu'ont eu les ateliers pédagogiques dans le passé, comment
pouvons-nous prétendre que les parents, avec l'avènement du bill
27, vont tellement avoir plus de chance de participer? Comment peut-on
prétendre ça?
MME LANGLOIS: Il y a eu des expériences très heureuses
avec les ateliers pédagogiques. J'ai le goût de dire que, dans le
fond, c'est seulement depuis dix ans que les parents ont conscience qu'ils
peuvent participer à l'école. C'est nouveau. Il faut apprendre
les uns et les autres à travailler ensemble. Je parle là des
parents mais les professeurs n'ont pas non plus l'habitude de nous voir le nez
dans l'école. La formule de l'atelier pédagogique était
vraiment une bonne formule pour travailler, mais on manque d'apprentissage.
M. AUDET: N'avez-vous pas l'impression que les ateliers
pédagogiques avaient la triste mission de venir mettre en application ce
qui était décidé, ce qui était du tout cuit qui
venait directement du ministère de l'Education?
MME LANGLOIS: Oui, c'est ça. C'est vrai. C'est pour ça
qu'on dit qu'on est tanné de s'amuser avec des suçons.
M. BROCHU: Si on continue le même raisonnement, Mme Langlois, cela
a été, comme vous le disiez tout à l'heure, une prise de
conscience, du fait que c'était le début d'une mainmise du
gouvernement sur le contrôle scolaire, ce qui vient de confirmer un pas
de plus par le bill 27 qui est un moyen en fait, un pas à faire pour
arriver à la mise en application comme tel du rapport Parent. Je tiens
à souligner ici que le rapport Parent a demandé beaucoup de
recherches, avec beaucoup de spécialistes et beaucoup de consultations
pour la préparation des principes du rapport Parent mais la population
ne s'est jamais prononcée sur ce rapport Parent comme tel. A ce
moment-là, que ce soit un gouvernement ou l'autre, il a tôt ou
tard à répondre, je crois, du changement aussi radical de toute
la base d'une société en fait, puisque c'est l'éducation
qui est une base de la société. On l'a vu avec le bill 63 et un
changement assez radical de gouvernement. On le verra peut-être dans
l'avenir, si le bill 27 est adopté.
MME LANGLOIS: Pour moi, le rapport Parent, ce n'est pas le bill et pour
personne ici non plus.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de la Beauce.
M. ROY (Beauce): Mme Langlois...
M. AUDET: Je crois que la volonté de la population s'affermit
passablement à la suite de la mise en application du rapport Parent.
Nous avons vu tomber un gouvernement Lesage parce qu'il a mis en application
trop fortement le rapport Parent après avoir décidé qu'il
n'en tiendrait pas compte et nous avons vu tomber un gouvernement de l'Union
Nationale aussi pour l'avoir trop suivi.
M. LE PRESIDENT: Je pense que la question du député
d'Abitibi-Ouest est hors d'ordre et je voudrais qu'il s'en à
l'ordre tienne au bill 27 et non pas faire l'historique des lois qui ont
été passées à partir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous devriez tenir
compte de son âge. Il faut avoir du respect pour les vieillards
intellectuels.
M. BROCHU: M. le Président, vous pouvez accepter sa
remarque...
M. LE PRESIDENT: J'accorde la parole au député. Mme
Grimard, si cela peut changer, je vous accorde la parole.
MME GRIMARD: Après tout ce qui a été dit
tantôt, je suis fortement convaincue que devant des parents qui ont fait
leur possible mais qui croient à quelque chose, le gouvernement
acceptera en totalité, j'espère, ou presque en totalité ce
qu'on propose. Nous sommes convaincus qu'avec ça, il n'y a aucun parent
qui pourra se sentir lésé parce qu'enfin on aura un pouvoir de
décision et qu'on pourra participer et surtout aller chercher chez eux
les parents qui ont peur de participer parce qu'ils ne croient à rien.
Ceux-là, on va pouvoir aller les chercher. Je pense qu'avec la
rédaction des règlements qu'on vous demande, M. le ministre
c'est bien sérieux, cette chose-là, on ne lâchera pas
là-dessus je pense bien qu'avec ça on pourra amener tout
le reste et pouvoir enfin dire aux parents: Ecoutez, enfin, les
députés sont décidés, ils vous accordent la vraie
participation.
M. LE PRESIDENT: On peut conclure que la discussion de Mme Langlois
termine le débat. La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'avais demandé la parole, M. le
Président. Mme Langlois a parlé tout à l'heure de la
maille qui manque dans le projet de loi qui a été
présenté.
C'est justement cette maille qui manque dans le projet de loi et qui
justement ne réglera pas le problème si on en juge par la
façon dont le gouvernement a l'intention d'adopter le projet de loi. Au
sujet des commissions scolaires vous avez parlé des commissions
scolaires tout à l'heure vous avez dit que si vous aviez
été au ministère de l'Education vous auriez
été plus loin encore dans le regroupement des commissions
scolaires. Or, j'ai cru comprendre par la représentation de votre
association qui représente surtout des gens du milieu urbain que vous
n'êtes pas directement impliqués dans le regroupement des
commissions scolaires. Elle n'était pas affectée directement.
Vous êtes plutôt indirectement impliqués dans le
regroupement des commissions scolaires. Mais, pour les personnes qui sont
directement impliquées, le problème se pose un peu de
façon différente. C'est que cette maille qui manque justement,
elle existe peut-être en partie à l'heure actuelle dans les
commissions scolaires locales. Les commissions scolaires locales sont tout de
même élues par des gens de leur milieu, ce sont des gens du
milieu, ce sont des gens qui vivent dans ce milieu et des gens qui sont au
service de ce même milieu. Or, ce sont des gens qui connaissent leur
population et la population les connaît. Ce n'est pas toujours
nécessaire d'aller à une réunion de commission scolaire
pour pouvoir parler d'éducation, pour pouvoir parler des
problèmes de l'éducation. Ils peuvent se rencontrer à
toutes sortes d'autres occasions, des fêtes familiales ou autres et
à ce moment-là ils en profitent pour en parler des
problèmes d'éducation. Les gens peuvent justement
téléphoner aux commissaires d'écoles pour être en
mesure de discuter avec eux et de soumettre leurs problèmes. On
rencontre souvent des gens qui nous disent qu'avec les commissions scolaires
régionales...
M. le Président, j'ai écouté avec la plus grande
attention tous les autres représentants de la commission parlementaire
qui ont fait des interventions.
M. LE PRESIDENT: Je dois avouer que le député de Beauce a
raison. Les députés créditistes ont écouté,
je le dis religieusement, les discussions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas le mot qu'il fallait dire. Comme
ça c'est dans le nez, hein?
M. LE PRESIDENT: Et j'insisterais auprès des autres
députés pour qu'ils écoutent les revendications des
députés créditistes.
M. ROY (Beauce): M. le Président, ce que je voulais dire à
Mme Langlois c'est tout simplement ceci: ce que nous voulons je pense
qu'elle l'a mentionné également c'est que les parents
aient leur mot à dire dans l'éducation. On peut peut-être
penser de façon différente en ce qui a trait aux
modalités, au système, et c'est ce que nous avons
réclamé. Nous disons qu'à l'heure actuelle nous ne nous
opposons pas systématiquement au regroupement des commissions scolaires,
en admettant qu'un regroupement est nécessaire dans certains milieux.
Nous l'avons dit. M. Lefebvre a parlé cet après-midi d'un
regroupement qui s'est fait, par suite de consultation, par suite
d'étude des besoins justement volontairement par la population. Mais
à l'heure actuelle, nos commissions scolaires paroissiales, locales
donnent tout de même des garanties qui permettent aux gens du milieu
d'avoir un peu leur mot à dire dans l'éducation. C'est
l'objection que nous avons formulée et c'est pourquoi je pense que notre
point de vue correspond au vôtre, à ce moment-là.
Je comprends que dans le milieu métropolitain de Montréal,
alors que c'est la Commission des écoles catholiques de Montréal
qui règle à peu près tout le problème de
l'éducation, le problème peut se poser différemment. Il
est évident qu'on ne peut pas l'analyser de la même façon.
Mais, il faut tout de même admettre que nous avons des milieux
différents au Québec et que ces gens qui vivent dans des milieux
différents ont tout de même des droits équivalant aux
autres. Eux, ils ont des moyens de faire connaître leurs points de vue,
des moyens de faire valoir leurs opinions. C'étaient les commissions
scolaires. Mais le gouvernement,
en faisant disparaître les commissions scolaires en aussi grand
nombre comme il le fait à l'heure actuelle ne nous donne
aucune garantie dans le bill 27. Les parents vont avoir leur mot à dire
au niveau des décisions dans l'éducation, tel que vous l'avez
mentionné dans votre mémoire.
C'est tout simplement cela et je trouve malheureux que les
députés et les membres de la commission parlementaire trouvent
cela tellement drôle. Ils auront certainement des comptes à rendre
auprès de leurs électeurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. ROY (Beauce): Il n'est pas question d'invoquer le règlement.
Il n'y a pas de règlement à invoquer ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question de règlement a toujours
priorité. A une commission parlementaire on ne peut pas poser la
question de privilège, mais on peut invoquer le règlement.
Après un an de parlementarisme, on doit savoir cela.
Nous n'avons pas tourné en dérision les propos de notre
savant collègue. Tout simplement, il a pu nous arriver d'avoir ri, parce
qu'il y a des choses qui sont un peu drôles mais que...
M. BELAND: Dites-le assez fort pour qu'on vous comprenne, toujours!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le député de
Lotbinière se rassure, je vais le lui dire assez fort. M. le
Président, le député de Beauce n'a pas raison de
prétendre qu'on veut le ridiculiser surtout qu'il est en train
d'expliquer un point de vue très important, cette participation des
parents dont il a dit que c'était une maille qui manquait. Nous serons
heureux de le voir nous expliquer où se trouve exactement le
chaînon manquant.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je termine mes observations
là-dessus. Je dis tout simplement ce que nous voulons, ce que nous
exigeons du ministère de l'Education dans la réforme de
l'enseignement. On veut continuer la réforme de l'enseignement, qu'on le
fasse mais dans le sens qu'on pense aux enfants qui ont fréquenté
ces écoles et qu'on tienne compte également que, dans le milieu
rural du Québec, il y a des distances et que dans les milieux ruraux, il
y a tout de même des problèmes qui ne sont pas des
problèmes qui existent dans les milieux urbains. C'est ça que
nous demandons au ministère de l'Education, de tenir compte de ces
choses-là.
Dans le milieu rural, il y a eu des façons de permettre aux
parents de pouvoir dire leur mot en matière d'éducation, de
pouvoir faire connaître leur point de vue. Cela a été par
le moyen des commissions scolaires locales. A l'heure actuelle, on veut
regrouper des commissions scolaires, il y a des commissions scolaires qui vont
s'étendre sur des distances de 50, 75 et même 100 milles de
longueur. Il est évident à ce moment-là qu'on
éloigne les centres de décisions des gens concernés et
nous craignons à ce moment-là à l'étatisme,
c'est-à-dire que le gouvernement procède de plus en plus de
façon arbitraire et que les parents s'en trouvent de plus en plus
éloignés, surtout en ce qui a trait au domaine de
l'Education.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Je pense que vous avez démontré un grand
intérêt pour l'Education, la partie pédagogique, le
côté humain de l'école. Je vous en félicite et je
considère que c'est extrêmement important. Cependant, j'aimerais
savoir une chose, c'est cette distinction extrêmement vigoureuse que vous
faites entre, d'une part, le commissaire et le commissaire-parent. Dans le
cours de la journée, on nous a laissé entendre que plus de 90
p.c. des commissaires d'écoles actuels on a dit 97 p.c. au
moment où nous parlons, sont des parents qui ont des enfants
fréquentant une des écoles sous leur juridiction.
Si j'ajoute à cela le grand nombre de professeurs qui sont
également des parents, j'ai de la difficulté à comprendre
cette distinction, d'autant plus que la loi permet l'élection de parents
au poste de commissaire, vous le savez. Je voudrais, encore une fois, que vous
m'expliquiez le pourquoi de cette distinction entre ceux que vous voudriez voir
au sein de la commission scolaire quand, d'après ce qu'on nous a
donné en tout cas et aussi comme éducateur et parent, on a
vraiment l'impression que c'est du pareil au même.
Est-ce qu'un commissaire d'écoles, du fait de son élection
à un poste de commissaire d'écoles prend une double
personnalité? Est-ce qu'il devient commissaire d'écoles avant
d'être un parent ou vice et versa? Si on suit toutes les recommandations,
je me pose la question comme ancien professeur: Qui va diriger dans
l'école? Est-ce la direction de l'école qui va diriger, le
comité d'école ou si c'est la commission scolaire? J'ai
énormément de difficultés à comprendre tout
ça présentement. J'aimerais en terminant poser ma dernière
question, ça libérera peut-être ma conscience, je n'en sais
rien. Pourquoi Mme Langlois nous dit-elle, advenant que le bill reste tel qu'il
est là, que ces comités de parents ou ces comités
consultatifs d'écoles ne lâcheront pas, au contraire, mais
deviendront des animateurs de plus en plus vigilants et dynamiques?
D'autant plus que cet après-midi et j'en prends le journal
des Débats à témoin le
président de la Fédération des commissions
scolaires a laissé entendre très clairement que de plus en plus,
à la suite de cette tournée provinciale, il y aurait des
commissaires d'écoles qui se spécialiseront étant
donné leur nombre, non seulement dans l'achat de terrains ou dans la
construction d'écoles mais un certain nombre de ces commissaires,
à l'intérieur de chacune des commissions scolaires
regroupées, qui pourront consacrer tout leur temps et se
spécialiser dans cette partie qui vous est chère,
c'est-à-dire le côté pédagogique et le
côté humaniste, si vous voulez, de l'école.
M. BROCHU: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. HOUDE (Fabre): C'est à Mme Langlois que je m'adressais. Si
vous voulez attendre quelques secondes.
MME LANGLOIS: J'avais le goût de répondre par une boutade.
Je pense que vous venez de donner la réponse, M. Houde. Vous dites: Les
commissaires vont se spécialiser pour représenter les parents.
Or, si c'étaient vraiment des parents qui étaient commissaires,
qui se présentaient commissaires, pourquoi iraient-ils se
spécialiser?
M. HOUDE (Fabre): C'est-à-dire, Mme Langlois, qu'ils n'ont pas
dit qu'ils se spécialiseraient pour représenter les parents. Je
tiens pour acquis que celui qui est commissaire ne perd pas son titre de
parent.
MME LANGLOIS: Moi non plus.
M. HOUDE (Fabre): Il ne perd pas ça en devenant commissaire.
Donc, je considère que c'est un parent. Mais la tradition, si vous
voulez, l'histoire a fait qu'un commissaire d'écoles, quatre fois sur
cinq, a eu comme principale préoccupation l'achat d'un terrain, la
construction d'une école, le choix des architectes et des
ingénieurs et a eu souvent comme principale préoccupation la
question du matériel. J'en conviens, c'est arrivé comme ça
dans beaucoup de cas. Je dis qu'aujourd'hui, avec les comités de
parents, avec cette réforme, avec l'importance de plus en plus
considérable du rôle justement des parents je reprends ce
que M. Lefebvre disait avec le regroupement aussi des commissions
scolaires il arrivera, j'en suis certain, qu'on aura un meilleur choix de
commissaires d'écoles dans l'avenir. Je suis de plus en plus convaincu,
comme il l'était cet après-midi, qu'il y a des commissaires
d'écoles qui auront d'autres préoccupations que celles que
j'aurai énumérées, qui pourront davantage se
spécialiser, même devenir extrêmement compétents dans
le domaine pédagogique, dans le domaine de l'Education, avec un grand
E.
MME LANGLOIS: Je pense que finalement il y a divers
intérêts à représenter dans l'école. Il y a
les intérêts des professeurs qui doivent être
représentés parce qu'ils sont professeurs. Ils sont aussi parents
mais ils sont d'abord professeurs dans une école. Les commissaires qui
sont élus et qui ont été élus jusqu'ici par les
contribuables toute l'histoire du bien foncier c'étaient
des contribuables. Vous disiez tantôt qu'ils étaient bien
intéressés à acheter des terrains, on a vu ça. On
en a vu d'autres qui ont bien fonctionné aussi comme commissaires. Mais
cette catégorie-là et ce sont des intérêts aussi
à représenter dans le système de l'éducation, ce
sont les intérêts financiers. Or, il faut qu'il y ait des
personnes élues par les contribuables pour représenter les
intérêts financiers.
Il reste une partie à représenter dans l'école, ce
sont les enfants qui sont assis sur le banc de l'école. Ces enfants au
niveau élémentaire ont cinq ans à onze ans; au niveau
secondaire, ils en sortent à l'âge de dix-sept ans. C'est
simplement cela et il me semble que c'est facile.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire remarquer aux membres de la
commission que Mme Langlois est debout depuis deux heures et dix minutes au
moins. On termine ce débat avec une ou deux questions.
MME LANGLOIS: Je peux m'asseoir. Non, je ne suis pas
fatiguée.
M. LESSARD: Une femme qui parle ne se fatigue pas!
M. PEARSON: Elle pourrait s'asseoir, il suffit de baisser le
microphone.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Je voudrais d'abord ajouter mes félicitations et mes
louanges à toutes celles qui vous ont été envoyées,
madame! Je veux vous faire remarquer qu'autour de cette table, il y a neuf et
même dix professeurs ou anciens professeurs, ce qui veut dire que votre
mémoire ne tombe pas dans les oreilles de sourds. Ce sont des gens qui
sont au courant, qui sont intéressés à cette question.
UNE VOIX: Des agitateurs.
M. PEARSON: Deux fonctions. Je voudrais vous dire que vous avez
émis une idée peut-être pas nouvelle à mes yeux,
mais sur laquelle personnellement je ne m'étais pas tellement
attardé. Vous avez sûrement suscité beaucoup
d'intérêt chez les membres de la commission. Vous l'avez
constaté vous-même, avec le nombre de questions qui ont
fusé de la part des membres de la commission. Personnellement, je vais
sûrement y réfléchir beaucoup pour évaluer les
différentes implications de cette proposition
de commissaires-parents. J'aimerais savoir ceci: Est-ce que ces
parents-commissaires seraient nommés annuellement? Est-ce qu'ils
feraient partie d'un groupe de cinq commissaires, deux sur cinq ou en plus des
cinq commissaires?
MME LANGLOIS: Non. Vous avez les chiffres que nous avons proposés
c'est que nous respectons dans le bill le chiffre proposé des
commissaires élus selon la proportion de la population. Nous disons: Si
compte tenu d'une proportion de la population, il y a quinze commissaires, nous
en demandons cinq sur quinze.
M. PEARSON: Ah bon!
MME LANGLOIS: Cela n'augmente pas le nombre des commissaires d'autant
plus qu'entre nous, on sait bien qu'on a gardé une certaine partie des
commissaires pour ne pas trop leur enlever de "jobs". Cela, c'est en passant.
C'est une parenthèse.
M. LE PRESIDENT: Mme Langlois, je crois qu'on peut terminer...
M. BROCHU: J'aimerais vérifier relativement aux recommandations
qui ont été faites dans votre rapport et dont je juge certaines
très valables et même à retenir. Nous avons fait
également certaines propositions et j'aimerais voir jusqu'à quel
point on peut se recouper dans nos recommandations et de quelle façon on
pourrait peut-être adopter d'autres amendements qui seraient
peut-être encore plus complets. Nous avons pris position contre le
principe du bill tel que présenté, c'est-à-dire contre
l'imposition systématique d'un regroupement scolaire. Nous étions
davantage en faveur d'un regroupement scolaire de certaines régions
où le besoin existe réellement, soit par le nombre peu
élevé d'élèves ou encore, soit parce que
géographiquement les conditions s'y prêtent, comme chez vous dans
la région de Montréal ou dans la région de Québec.
Nous avions aussi proposé pour les autres secteurs un regroupement
plutôt de services et ceci dans un objectif bien précis, celui en
fait d'un objectif vraiment éducatif et non pas d'un objectif
exclusivement administratif au niveau d'un ministère aussi important que
celui de l'Education.
Regroupement de services au niveau des petites commissions scolaires qui
n'ont peut-être pas le privilège ou la capacité
d'accéder à certains services dont ils auraient essentiellement
besoin. C'est une partie inhérente des propositions que nous avions
faites. Nous refusions totalement le bill tel que présenté, le
principe du bill, c'est-à-dire un regroupement volontaire obligatoire
démocratiquement imposé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas pertinent d'expliquer votre geste de 2e
lecture à des gens qui viennent témoigner à la
commisson.
M. AUDET: Cela fait perdre du temps...
M. SAINT-PIERRE: On vous donne un pied de corde et vous tirez dessus. Il
est en train d'expliquer à quelqu'un qui vient présenter un
témoignage, pourquoi il veut voter de telle façon en 2e
lecture...
M. BROCHU: M. le Président, c'est plutôt pour situer le
problème de l'éducation dans une optique...
M. SAINT-PIERRE: Vous avez les crédits du ministère de
l'Education. Vous me ferez travailler jusqu'à 4 heures du matin, cela me
fera plaisir.
M. BROCHU: Ce n'est pas la question. J'aimerais savoir de Mme
Langlois...
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de Richmond de
raccourcir...
M. BROCHU: Je voudrais savoir de Mme Langlois si de tels amendements
entreraient exactement dans les prises de positions que vous avez
manifestées et sur lesquelles vous avez ouvert la porte ce soir en nous
déposant le mémoire sur lequel vous avez travaillé.
MME LANGLOIS: Les amendements visant à s'opposer à un
certain regroupement au niveau local?
M. BROCHU: Visant plutôt un regroupement volontaire ou selon les
besoins géographiques?
MME LANGLOIS: Non, nous considérons que le regroupement
volontaire a fait son effort et que maintenant il faut faire un autre pas et
déterminer un certain regroupement, compte tenu des diversités.
C'est pour cela qu'on a dit que, dans l'annexe A, il y a peut-être lieu
de repenser certaines divisions ou faire certaines consultations au niveau de
quelques commissions scolaires qui ne sont pas d'accord sur les propositions
qui sont faites dans le bill. Je pense que ce n'est pas être contre le
principe du regroupement, c'est simplement tenir compte des diversités
du milieu dans un certain cadre. Je ne sais pas s'il y a d'autres questions.
Est-ce que cela a répondu à votre question?
M. LE PRESIDENT: Je remercie, au nom de la commission, Mme Langlois et
Mme Grimard pour leur rapport et les recommandations qu'elles ont faites.
MME LANGLOIS: Moi, de mon côté, je voudrais vous remercier
de votre bonne attention et nous espérons que nous aurons une
réponse.
M. LE PRESIDENT: Ainsi que les autres rapports. La parole est à
la Corporation des enseignants du Québec, la CEQ.
M. CHARRON: M. le Président, avant que M. Charbonneau s'installe,
je voudrais savoir si on passe à travers tout ce soir. J'aimerais que ce
soit confirmé.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense qu'il est essentiel,
pour abattre le travail législatif prévu pour cette semaine, de
terminer ce soir l'audition de tous les mémoires.
M. DUMONT: M. le Président, il reste encore 13 mémoires.
Si je regarde bien, cinq mémoires ont déjà pris sept
heures et demie à cette commission. Je pense que, rendu à 11
heures, il serait temps d'ajourner et de reprendre demain matin à dix
heures. Ce sont des journées normales qui permettent à tout le
monde au lieu d'avoir les gens par l'usure, au lieu de passer des
projets de loi à la vapeur d'avoir le temps de lire ces
mémoires, de les entendre et d'y réfléchir à
mesure. On a agi comme ça pour des lois comme par exemple la loi de
protection des consommateurs. Alors si on juge important le projet de loi 27,
comme cela semble l'être aux yeux du gouvernement, qu'on prenne le temps
de penser sérieusement tous les mémoires qui sont
présentés et qu'on cesse à 11 heures, comme on a
l'habitude de le faire.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, nous avons convenu d'un certain
programme législatif et nous avons également convenu que les
heures de la Chambre normalement suivies ne seraient plus respectées et,
partant de ceci, nous allons donc ce soir prendre tout le temps voulu pour
entendre les mémoires, nous allons continuer.
M. DUMONT: On veut par l'usure venir à bout...
M. SAINT-PIERRE: Nous ne voulons pas par l'usure mais nous voulons
passer à l'action.
M. DUMONT: C'est humainement impossible de continuer après onze
heures, quand une journée de travail est commencée depuis cinq
heures le matin.
M. SAINT-PIERRE: Les faibles laisseront et le gouvernement fort
continuera.
M. DUMONT: Nous sommes capables de siéger, mais les gens
siègent en n'apportant pas d'arguments sérieux. C'est ça
qui n'est pas bon avec un bill qui est supposé être important
comme vous le prétendez. Je trouve complètement illogique et
anormal la situation et la méthode d'action.
M. SAINT-PIERRE: Je respecte votre point de vue...
M. BROCHU: Je ferais appel ici au bon jugement du ministre justement
pour considérer la capacité d'attention humaine d'une personne,
et le travail normal qui doit se faire, quitte à prolonger demain dans
la journée le travail qui doit se faire, mais qu'on entende de
façon normale, de façon rationnelle les personnes qui ont des
mémoires à proposer, qu'on puisse en toute latitude travailler et
recevoir avec une aptitude normale de réception, non pas à
travers la fatigue.
M. SAINT-PIERRE : Cela a pris trois heures et demie ce matin pour
entendre le mémoire d'une association, je pense que nous avons pris tout
le temps nécessaire pour aller au fond de la chose, nous n'avons
qu'à continuer.
M. BROCHU: Ce n'est pas absolument normal de continuer.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que c'est exact qu'il reste
treize mémoires?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas exact. Nous avions invité plusieurs
organismes. Il y en a qui ont simplement envoyé un
télégramme. Il y a les trois associations d'enseignants et
après ça je peux faire une vérification, je pense
que...
M. DUMONT: Il y a encore des gens qui sont prêts à venir
demain à dix heures puisqu'on avait dit qu'on siégerait à
dix heures mardi.
M. SAINT-PIERRE: Nous n'avons jamais dit que nous siégerions
à dix heures mardi.
M. DUMONT: Lorsque nous avons discuté des crédits, vous
vouliez qu'on remette à mardi, au lieu de discuter lundi
après-midi. Vous n'avez qu'à prendre le journal des Débats
pour voir.
M. HOUDE: Nous avons mis ça lundi après-midi justement
pour revenir aux crédits mardi.
M. DUMONT: Pour continuer ceux qui viendront mardi matin.
M. SAINT-PIERRE: Parce qu'au début, je tiens à le
rectifier, nous avons parlé de mardi lorsqu'il a été
prévu que lundi après-midi nous ferions des crédits. Des
membres de différents partis ont suggéré de concentrer
cela lundi pour que les gens qui avaient fait le voyage à Québec
ne soient pas obligés d'attendre et de passer une journée de plus
ici.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais une assurance, je n'ai
aucune objection à continuer, mais que les travaux ne reprennent pas
à dix heures demain matin, si on se rend ce soir jusqu'à une
heure. J'espère qu'il n'est pas dans votre programme de
recommencer...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas pour ici.
mais les travaux de la Chambre commencent demain à dix heures
trente. La Chambre en haut, pas ici.
M. LESSARD: D'ailleurs, il semble que les autres mémoires qui
vont nous être présentés en tout cas en ce qui
concerne la Corporation des enseignants du Québec sont beaucoup
moins longs. Ils vont confirmer ou infirmer certaines choses qui auront
été dites.
M. DUMONT: C'est aussi pour les employés du Parlement, les
députés et tous les gens présents, même, il est
inhumain d'agir de cette façon dictatoriale, tel qu'on veut le faire par
le bill 27, qui nous est présenté actuellement.
M. LE PRESIDENT: Je considère que l'incident est clos et je donne
la parole à M. Charbonneau.
Corporation des enseignants du Québec
M. CHARBONNEAU: M. le Président, MM. les parlementaires, je vous
sais gré de nous offrir l'occasion de travailler très tard le
soir nous aussi.
M. VEILLEUX: Vous connaissez ça vous aussi.
M. CHARBONNEAU: Dans notre métier, nous ne nous étonnons
pas de ces choses-là, nous les faisons aussi souvent que c'est
nécessaire.
M. VEILLEUX: Cela fait des années qu'on fait ça.
M. CHARBONNEAU: A longueur d'année. Dans son allocution en
deuxième lecture, le ministre Saint-Pierre a classé les remarques
faites sur le bill 27 en cinq grandes catégories. Pour ma part, j'ai cru
reconnaître, quoiqu'il n'y avait pas de nom de mentionné dans son
allocution, que les critiques émises par la corporation sur le bill 27
se classaient dans la cinquième catégorie du ministre,
c'est-à-dire le groupe de ceux qui soulignaient que le bill 27, tout en
ayant certains aspects positifs qui reflétaient les désirs
exprimés depuis longtemps par la population et les enseignants n'allait
pas assez loin et ne constituait qu'une demi-mesure.
Même si nous avons fait part, par un mémoire, de certaines
critiques que nous jugeons substantielles sur le bill 27, il n'en reste pas
moins qu'aujourd'hui, je veux exprimer l'appui de la CEQ au principe du bill
27, un appui général et cependant un appui qu'il nous est
possible d'exprimer compte tenu des circonstances difficiles et compte tenu de
l'importance apparente en tout cas de la levée de boucliers d'une
certaine droite ou d'un certain groupe de la population.
C'est dans cette situation et dans ce contexte seulement que nous en
arrivons à formuler un appui clair au bill 27. Il y a tout de même
un point que nous partageons avec l'Association des parents catholiques, en
tout cas selon ce qu'ils ont exprimé ce matin, c'est probablement le
seul que nous partageons avec eux. C'est la timidité et c'est la lenteur
du gouvernement à étudier publiquement, à laisser à
l'étude publique devant la commission parlementaire, ce bill 27.
Cette loi était annoncée depuis des années, elle a
été réannoncée par le présent gouvernement,
elle a été déposée en avril seulement et nous en
sommes rendus au début de juillet pour en arriver à pouvoir le
discuter publiquement. Quant à nous, nous avons de sévères
critiques à faire sur cette manière d'agir qui consiste à
repousser les problèmes importants dans des périodes où la
vigilance de l'opinion publique est à la baisse. Egalement, nous
soulignons que le gouvernement avec une telle manière d'agir a
laissé monter une série de critiques de la droite, des critiques
d'épeurement, une certaine résistance, pendant ces nombreux
mois.
M. SAINT-PIERRE: M. Charbonneau, vous prêtez au gouvernement des
intentions. Je vous soumets simplement la question. Est-il possible que le
gouvernement ait eu l'intention de laisser monter des boucliers ou de laisser
monter des oppositions de la droite? Est-il possible que ce gouvernement que
vous traitez de faible ait eu l'intention d'attendre le mois de juillet? Il a
cru préférable et c'est une opinion qui est revenue ce matin par
la voix d'autres groupes et en particulier les groupes de parents de ne pas
tenter de passer à la vapeur un projet de loi mais de donner à la
population amplement de temps de le discuter dans les réunions, un
projet de loi qui quand même chambardait passablement les structures
scolaires au Québec.
M. CHARBONNEAU: Ce que je voulais tout simplement suggérer
et j'enchafne sur le fond du mémoire c'est qu'une commission
parlementaire aurait pu être tenue pas mal plus tôt depuis le
dépôt du bill et aurait permis aux groupes impliqués,
enseignants et parents, de parler de la question scolaire pendant
l'année scolaire, tandis qu'au mois de juillet, tout le monde sait que
ce sont des périodes relativement difficiles pour les milieux scolaires
désireux d'organiser une consultation ou de mettre au point une
pensée.
M. SAINT-PIERRE: Mais avant de parler, il faut réfléchir.
N'a-t-on pas donné le temps à tous les groupes de se pencher sur
le projet de loi, avant de formuler quelque chose? Je sais qu'il y en a qui
peuvent parler rapidement mais il y en a d'autres qui aiment ça
réfléchir avant de parler.
M. CHARBONNEAU: En ce qui concerne la CEQ les positions prises sur le
regroupement des commissions scolaires sont connues depuis le moment où
ces études ont été faites par la commission Parent, ont
été répétées tout au
long de l'opération d'implantation des commissions scolaires
régionales. C'est sur la base de ces principes, sur lesquels d'ailleurs
nous avons reconsulté nos enseignants cette année en
décembre que nos positions sont établies; et ensuite nous avons
vérifié leur opinion après que le bill 27 eut
été porté à la connaissance du public au mois
d'avril.
Nous désirons d'abord souligner que le bill 27 en ce qui nous
concerne est intéressant en particulier parce qu'il apporte une
réduction appréciable du nombre de commissions scolaires et parce
qu'il va permettre d'après nous une administration passablement plus
efficace que celle que nous avons connue dans notre secteur. En ce qui nous
concerne, les commissions scolaires monstres ce ne sont sûrement pas
celles que le bill 27 va créer, ce sont plutôt celles qui existent
actuellement et qui n'arrivent pas à donner une éducation de
qualité au niveau élémentaire. Ce sont non seulement des
commissions scolaires monstres à notre avis, mais monstrueuses, parce
qu'elles bloquent le développement de l'éducation au niveau
élémentaire depuis de nombreuses années et parce qu'elles
marquent un retard relatif de l'enseignement élémentaire par
rapport à l'enseignement secondaire.
Nous devons souligner que nous avons espoir que les structures du bill
27 permettront de franchir quelques pas en avant de ce côté. Nous
devons souligner également que les structures consultatives
formulées par le bill 27 nous apparaissent intéressantes: les
parents pourront être rattachés au niveau de l'école et au
niveau de la commission scolaire par des organismes consultatifs qui nous
semblent être valables. Egalement la suppression de toute condition
particulière d'éligibilité, et la participation de tous
les citoyens à l'élection des commissaires permettront sans doute
une démocratisation de l'élection des commissaires et
augmenteront l'intérêt de l'ensemble de la population à
l'administration des commissions scolaires.
Voilà les points positifs du mémoire: Je ne vais pas
reprendre tous les arguments des personnes qui nous ont
précédé au micro pour montrer tous les avantages de ces
quelques points. Nous partageons leurs points de vue. Nous avons
souligné cependant que, du point de vue de l'efficacité et du
point de vue de la qualité pédagogique, il nous apparaît
souhaitable encore que la restructuration scolaire intègre
l'administration de l'élémentaire à l'administration du
secondaire. Ceci permettrait une meilleure organisation de l'ensemble des
services sur une base régionale. Nous devons tout de même dire ici
que, d'après nous, le nombre de 55 commissions scolaires
régionales n'est tout de même pas une norme qu'il faudrait
nécessairement maintenir à tout prix. Le nombre de commissions
scolaires locales à regrouper ne devrait pas nécessairement
calquer le modèle des 55 régionales. On pourrait, après
cinq ans d'expérimentation du système scolaire, en profiter pour
regrouper les commissions scolaires locales avec les commissions scolaires
régionales ou secondaires sur un nouveau modèle peut-être
qui serait de l'ordre de 75. Nos consultations, en tout cas, de notre
côté, nous ont amenés à vérifier que dans
certains endroits les commissions scolaires régionales sont très
grandes et peut-être trop grandes et, si on devait y joindre en plus
l'administration de l'élémentaire, c'est sûr que ça
pourrait risquer de faire des administrations fort difficiles. Mais un nouveau
découpage qui aurait fait en sorte que la formule des 55 soit
redivisée quelque peu, réaménagée dans la mesure
où on amène une population de l'élémentaire
à se joindre à la population du secondaire nous aurait
peut-être amenés je lance ce chiffre qui pourrait
sûrement faire l'objet d'études plus approfondies un
chiffre de l'ordre de 75 unités scolaires
élémentaires-secondaires qui aurait évité en
plusieurs cas des problèmes.
Un cas que nous avons vérifié en consultation, c'est dans
le secteur du Nord-Ouest québécois. Actuellement il y a quatre
territoires de régionales et les enseignants nous ont dit que ça
correspondait également à l'opinion des commissaires de la
région que, si on devait joindre l'élémentaire au
secondaire, il conviendrait alors de faire cinq unités au lieu de
quatre. Ce serait la région du Témiscamingue qui se
détacherait à ce moment-là de la région de Rouyn
à cause de l'éloignement relatif et à cause de la
population accrue dans le secteur de Témiscamingue. C'est un exemple.
Chacun peut étudier sa région et voir les
réaménagements possibles. Mais tous ces
réaménagements auraient comme principe l'unification de
l'élémentaire et du secondaire. On pourrait économiser
énormément au niveau des cadres administratifs et des services
auxiliaires à l'étudiant.
Actuellement, si je prends une régionale que je connais bien, par
exemple, la régionale Henri-Bourassa, vous avez l'administration
secondaire et le projet de loi 27 propose deux locales. La population
étudiante de chacune de ces deux locales sera très faible.
Qu'est-ce qui apparaîtra au lendemain du bill 27? Trois administrations
scolaires. La régionale, deux locales. Trois groupes administratifs,
trois groupes de cadres.
Les postes de direction de services etc. vont se multiplier alors qu'une
seule commission scolaire et une seule administration permettraient d'organiser
les services d'une façon beaucoup plus efficace et ça ne
handicaperait personne.
Nous faisons du moins une suggestion au gouvernement et nous
espérons bien qu'il portera attention à cette possibilité
d'amendement, là où la formule de regroupement du bill 27
prévoit qu'il y a une commission scolaire locale sur le territoire d'une
régionale. Il y a neuf cas, je crois, de telles organisations. Il est
permis par la loi que les deux se fusionnent et qu'il n'existe qu'un corps
scolaire.
Ce que nous suggérons au gouvernement, c'est que, dans ces cas,
il impose la fusion des deux niveaux et évite que les commissaires du
lundi discutent des affaires locales, des affaires scolaires de
l'élémentaire et que, le mercredi, se réunissent de
nouveau les mêmes personnes pour discuter et administrer les affaires du
secondaire.
Il pourrait imposer la fusion des deux paliers à ce
moment-là et ça ferait une excellente expérience pour
l'avenir, pour voir si c'est possible de vivre d'une telle manière. Nous
déplorons que le projet ne prévoie pas la création de
conseils de développement scolaire groupant les commissions scolaires
régionales d'un certain territoire. Nous reprenons en cela,
naturellement, des recommandations prises à leur compte autant par le
rapport Parent que par le Conseil supérieur de l'Education depuis.
A cet égard, la corporation réfère les membres de
l'Assemblée nationale au mémoire qu'elle déposait devant
la commission parlementaire à l'occasion du bill 62. Nous souhaitons
vivement que l'Assemblée nationale examine la possibilité de
créer de tels conseils de développement scolaire et de leur
accorder certains pouvoirs de coordination ou de planification
régionale.
Un point particulier qui a été vivement discuté ce
matin, c'est la confessionnalité. En tant que CEQ, nous abordons ce
problème sous un angle quelque peu nouveau par rapport à notre
position antérieure. Nous recommandons que les structures scolaires, les
structures administratives n'aient aucune étiquette en termes de
confessionnalité. Nous pensons que l'administration scolaire n'a pas
à être catholique ou protestante.
Ce que nous préconisons, c'est que les parents inscrivent leurs
enfants à la commission scolaire en mentionnant le type d'école
qu'ils veulent pour leurs enfants, catholique, protestante ou non
confessionnelle. Deuxièmement, nous demandons que la commission scolaire
ait l'autorisation d'organiser le nombre d'écoles qui convient à
chacune des populations telles qu'inscrites par les parents. Ce serait
respecter le désir des parents et les écoles créées
seraient, soit catholiques, soit protestantes, soit non confessionnelles.
On éviterait ces perpétuels nids à chicane que
seraient les écoles à confessionnalités multiples ou des
écoles qui seraient, à la fois confessionnelles pour certains
élèves et non confessionnelles pour d'autres. On imagine toutes
les conséquences de tels types d'écoles sur les enseignants,
enseignants qui seraient étiquetés de trop ou pas assez
catholiques ou de protestants ou de trop neutres etc., selon qu'ils changent
d'élèves dans la même journée.
Nous pensons que la solution que nous proposons accorde à ce
moment-là un milieu homogène sur le plan de la confession
à chaque groupe d'élèves selon le désir des parents
et la structure scolaire a le mandat de voir à créer ce qui
convient à la population inscrite. Nous croyons que c'est nettement
là la solution la plus efficace à toute cette question de la
confessionnalité, la plus efficace et la plus rentable sur le plan
économique parce qu'à ce moment-là la structure est unique
dans toute la province et elle est également la plus respectueuse sur le
plan des confessionnalités.
Cette manière de faire serait aussi tout à fait conforme
à ce qui se passe globalement au niveau du ministère de
l'Education, qui est pour sa part une instance neutre qui administre toutes
sortes d'écoles.
Il a les directions générales appropriées, il donne
les services à toutes les clientèles mais il n'a pas, en tant
qu'instance administrative, à s'étiqueter de catholique ou de non
catholique ou de protestant. Nous pensons que la même chose peut se
réfléter au niveau des régions, des commissions
scolaires.
Il y a d'ailleurs des critères définis par le
Comité catholique du Conseil supérieur et le Comité
protestant du Conseil supérieur qui pourraient être
respectés, qui devraient être appliqués par les commissions
scolaires pour respecter le choix des parents qui inscriraient leurs
élèves.
L'organisation de la confessionnalité se réaliserait alors
au niveau des écoles. Quant à la consultation des parents, j'ai
déjà souligné que nous trouvions que c'était
là un pas en avant, que nous avions réclamé depuis
longtemps, quant à nous, et pour nous, les commissions scolaires avec
lesquelles nous avons eu à traiter sont généralement
très peu représentatives de la pensée des parents dans le
domaine de l'éducation. Il y a là une petite équipe
d'administrateurs parfois compétents, généralement assez
peu compétents, qui traitent des questions d'éducation, des
questions pédagogiques sous un angle fort étroit, très
limité. Nous pensons qu'avec l'instauration de comités
consultatifs à l'école et à la commission, nous pourrions,
en tant qu'enseignants, élargir le niveau des discussions à tenir
avec les représentants des parents.
Cependant, nous soulignons que les attributions des comités
consultatifs au niveau de l'école et au niveau de la commission scolaire
sont laissées fort vagues. Nous avons pris connaissance comme tout le
monde des amendements proposés par les groupes qui représentent
les familles, ce sont des amendements intéressants à explorer et,
quant à nous, nous trouvons que c'est une piste intéressante pour
préciser le rôle des comités consultatifs.
Nous pensons que les organismes consultatifs, pour être efficaces,
doivent avoir dans la loi une certaine description quant à leur mandat.
On ne peut pas créer des organismes consultatifs qui risqueraient
ensuite de se voir drainer de leur rôle important par les commissions
scolaires selon le pouvoir d'accaparement de telle commission scolaire ou de
tel directeur d'école, selon que l'on parle au niveau de la commission
ou de l'école.
Nous pensons que, pour qu'une consultation soit valable et qu'elle
suscite l'intérêt de ceux qui ont le dynamisme de s'y engager au
niveau de l'école et de la commission, cette consultation doit reposer
sur des objets bien précis même s'il y en a peu au départ,
que ceux qui soient là soient bien précis, ça motiverait
d'autant plus les parents de s'y accrocher et de s'engager dans ces
instances.
Nous soulignons un point particulier qui est l'organisation de
l'éducation permanente. Nous avons l'impression, en examinant l'article
82, qui ajouterait à la Loi de l'instruction publique l'article 573, que
le ministre tient à laisser facultatif l'enseignement appelé
l'enseignement aux adultes ou l'enseignement à l'éducation
permanente. Sur demande d'une commission scolaire, le ministère est
disposé par la loi à accorder une autorisation. Nous, nous
réclamons que le pouvoir d'organiser de l'éducation permanente
soit un pouvoir inscrit nommément à la loi et qu'on n'ait pas
à recourir au ministère pour cela. Nous pensons que, de plus en
plus, il faut arrêter de cloisonner l'éducation des adultes selon
l'expression traditionnelle et l'éducation de la jeunesse, d'autant plus
que, pour certaines catégories d'adultes, il est difficile de savoir
s'ils ne sont pas plutôt d'un âge très près de la
fréquentation scolaire elle-même.
Nous pensons que ce sont là de fausses cloisons qui devraient
être abattues au moment où on met une structure scolaire nouvelle
en place.
Un autre point que nous abordons, c'est la question des
délégations de pouvoirs par le conseil des commissaires à
un exécutif. Comme le conseil des commissaires peut être assez
large, je crois compter jusqu'à 15 personnes le
législateur a prévu que le conseil des commissaires
délègue certains de ses pouvoirs à un comité
exécutif. Nous soulignons ici qu'il y a là certainement une
possibilité d'efficacité à court terme dans cette
mesure.
C'est probablement ce qui a inspiré le législateur de
l'inscrire. Cependant, nous soulignons ici un danger qui est bien connu de tous
ceux qui sont familiers avec les administrations publiques, c'est le danger que
les pouvoirs se concentrent vers le sommet, c'est-à-dire dans les mains
de l'exécutif. Si le législateur n'inscrit pas les pouvoirs de
base à être gardés au niveau du conseil des commissaires,
s'il n'inscrit pas ceux qui peuvent être délégués ou
ceux qui devraient l'être à ses yeux, nous pensons que finalement
il y aura un drainage, une succion vers le haut des pouvoirs dévolus aux
commissaires qui finalement se retrouveront au niveau d'un exécutif
restreint, forcément à ce moment-là très
près des administrateurs scolaires et qui aura tendance à devenir
assez rapidement technocratisé ou bureaucratisé.
Nous croyons que le maintien de pouvoirs de base au niveau des
commissaires devrait être l'objet d'une reconsidération au niveau
de certains amendements.
Comment limiter autrement cette délégation de pouvoirs?
Nous soulignons en outre certaines conditions qui devraient être
assurées dans le cadre de l'intégration des commissions scolaires
existantes aux commissions scolaires nouvelles, conditions qui devraient
être assurées aux enseignants sur le plan individuel comme sur le
plan de leur association. Sur le plan de leur syndicat, le projet de loi
suggère que l'on applique les dispositions des articles 36 et 37 du code
du travail pour protéger en quelque sorte les droits collectifs des
groupes de travailleurs impliqués.
On m'informe que, dans la pratique, ces dispositions 36 et 37 du code du
travail, même si elles semblent régler d'un coup de main à
peu près tous les problèmes, se sont
révélées tout à fait insatisfaisantes dans le cas
de la Communauté urbaine de Québec. Il y a une série de
causes d'intentées sur le plan juridique suite à l'essai
d'utilisation des dispositions du code du travail pour régler ces
problèmes. On a vu par exemple un employeur mis en face de plusieurs
accréditations et de plusieurs syndicats à la fois puisque
l'employeur qui regroupe les autres hérite, selon l'article 36, des
accréditations, des conventions collectives et des obligations que
chacun des autres avait auparavant. A ce moment-là, il y a un nid
à chicane là-dedans et un nid à légalisme à
n'en plus finir. Les problèmes de la Communauté urbaine de
Québec à cet égard en font preuve à notre avis.
Nous croyons que le législateur serait bien avisé
d'introduire des dispositions plus précises suite à
l'expérience que je viens de citer à l'occasion des commissions
scolaires, cela éviterait de partir en guerre de nouveau sur le plan
scolaire pour des questions comme celles-là.
Sur le plan individuel, nous avons compris que le passage des
enseignants d'une structure scolaire à l'autre serait soumis à un
plan d'intégration élaboré selon un certain
mécanisme décrit, suggéré dans le projet de loi.
Que se produit-il si un tel plan d'intégration ne laisse aucune place
à un employé dans la nouvelle structure de la commission
scolaire? Est-ce qu'il est menacé de perdre son emploi à ce
moment-là? D'une part, on ajoute que cette intégration qui doit
être conforme au plan d'intégration est elle-même
subordonnée aux droits et obligations des commissions scolaires
existantes et de leurs employés. Nous trouvons que ces expressions sont
fort englobantes et nous aimerions lire "que les intégrations
personnelles sont également subordonnées à certaines
contraintes qui sont les liens des commissions scolaires avec les
syndicats".
Mais vu la lacune qui nous semble exister sur le plan de la protection
collective que je viens d'expliquer juste avant, nous avons l'impression qu'il
y a une espèce de lacune dans tout cela. En tout cas, nous ne voyons pas
de garantie claire que les enseignants, que les employés des commissions
scolaires ne subiront pas de préjudices de ces différents
changements administra-
tifs. Vous voyez donc aux pages 11 et 12 de notre mémoire
certains principes qui pourraient être traduits en amendements au projet
de loi, de nature à clarifier tout ce secteur de notre
réclamation.
La procédure d'intégration devrait incorporer les
principes suivants: 1) Aucun employé d'une commission scolaire existante
ne devrait être congédié ou mis à pied, en raison de
l'application d'un plan d'intégration; 2) Les contrats individuels de
tous les employés des commissions scolaires existantes seraient
transférés clairement à la commission scolaire nouvelle ;
3) Dans le cas des enseignants, au sens de la Loi de l'instruction publique,
tout avis de congédiement, de non-renouvellement de contrat et
également toute demande de congédiement, de raison et avis
d'arbitrage donnée à la suite d'une notification lieraient la
commission scolaire nouvelle et seraient réputés faits à
son égard, comme s'ils avaient été partie à
l'origine; de même l'avis de démission d'un professeur
adressé à la commission existante vaudrait à
l'égard de la commission scolaire nouvelle; 4)La commission scolaire
nouvelle serait liée par le certificat d'accréditation et la
convention collective ou les procédures visant au renouvellement de
cette convention qui auraient été faites par l'association
accréditée pour représenter ces salariés ou une
partie d'entre eux; 5) Les associations de salariés
accréditées auraient le droit de renoncer à leur
certificat d'accréditation et de demander par requête au
commissaire-enquêteur en chef que leur droit d'accréditation soit
transféré à une nouvelle association ou à l'une ou
l'autre des associations qui détiennent des accréditations dans
le territoire de la commission scolaire; 6) A défaut d'une telle entente
entre les associations accréditées, toute association
représentant une partie des salariés d'une commission scolaire
existante aurait le droit de demander par requête au
commissaire-enquêteur en chef de fusionner les unités de
négociations, leur donner un vote parmi les membres des associations en
place et de déterminer l'unité de négociation
appropriée pour fins de vote.
Ces suggestions nous semblent être tout à fait
appropriées pour corriger la multiplicité des
accréditations ou des conventions collectives à être
respectées par un unique employeur.
Je suis accompagné ici de notre conseiller juridique, de notre
directeur des relations de travail et de notre directeur du service
pédagogique. Si les députés sont intéressés
à engager une discussion avec nous, nous pourrons répondre selon
la dimension de la question sous ses différents aspects.
M. CARDINAL: Je pense qu'en deuxième lecture nous avons couvert
tous les sujets qu'on vient d'aborder et qu'aujourd'hui nous avons
discuté à plusieurs reprises des mêmes problèmes.
Nous recevons les représentations de la Corporation des enseignants du
Québec avec la même sympathie que les autres. Comme membres de
l'Opposition officielle, nous les étudierons en comité
plénier pour tenter d'aider le gouvernement à bonifier son projet
de loi.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je remercie le président de la Corporation des
enseignants de son mémoire. Il y a le point des attributions des
comités d'écoles. Vous trouvez que c'est insuffisamment
précisé dans le texte de loi. Les associations de parents nous
ont donné tantôt, à la page 3, six points très
particuliers. Vous nous avez donné une réponse ambiguë, vous
avez dit que c'est intéressant à explorer. Pour ma part, il me
semble que c'est assez clair. Dans le projet de loi, je ne m'en cache pas,
c'est une première étape, parce que je pense que ce serait
désastreux de faire des erreurs dans la version qui nous a
été donnée jusqu'ici. Il y a un mandat, on ne peut pas
dire qu'il n'y en a pas. Il y a un premier mandat qui est, je l'admets, un
rôle d'animation par rapport au milieu; il y a un deuxième mandat
qui est un rôle de recommandation à la commission scolaire pour
tout ce qui touche l'école. Ce sont donc des recommandations qui
englobent tous les points que le rapport Parent pouvait soulever.
Dans les associations de parents, nous voyons plus qu'un rôle de
recommandation et d'animation, nous voyons un rôle de décision.
Est-ce que, comme président des enseignants, vous êtes favorable
à un tel rôle qui serait confié aux associations de
parents?
M. CHARBONNEAU: Vous mentionnez un rôle de décision?
M. SAINT-PIERRE: Je reviens sur le texte. Lorsqu'on parle de
définir des critères pour l'engagement du directeur des
instituteurs, pour le choix de matériel didactique, c'est un
comité de parents, où les parents sont majoritairement
représentés d'après le mémoire ce qui est
différent du nôtre, c'est qu'il y a des enseignants qui sont
représentés, mais majoritairement ce sont des parents qui
définirait des critères pour l'engagement du directeur des
instituteurs.
Je pense que ce n'est pas la peine de dire à un syndicaliste que
quand on a la responsabilité de définir des critères, on a
déjà le pied dans la porte et qu'on peut faire bien des choses
par après.
M. CHARBONNEAU: Je crois que ces critères seraient ici des
recommandations à l'adresse de la commission scolaire qui voit à
l'engagement des enseignants.
M. SAINT-PIERRE: Je ne pense pas, parce que le texte de loi actuel donne
le pouvoir de faire des recommandations sur tout ce qui touche la vie de
l'école et tout ce qui touche le milieu scolaire. Sûrement, le
texte actuel permettrait de faire des recommandations sur les critères,
sur également tout le matériel didactique, mais les parents
veulent avoir plus, ils veulent définir eux-mêmes des
critères pour l'engagement du directeur.
M. CHARBONNEAU: Si vous voulez ma pensée là-dessus, je
vais essayer de clarifier mes catégories, dans le sens suivant, c'est
que je découvre moi aussi la suggestion du groupe que vous avez
mentionné. Je constate que, d'une part, il parle du comité
d'école, que, par ailleurs, il parle du comité de la commission
scolaire, et qu'il s'agit dans les deux cas d'un comité consultatif. Or,
ce groupe parle ici de comités obligatoirement consultatifs sur
certaines questions.
Une fois ceci mentionné, je me réfère à
l'article 67, c'est-à-dire le nouvel article 67 dans le cadre du
chapitre 18 du bill 27. Il s'agit là de comités
consultatifs qui font des recommandations à la direction de
l'école et, si c'est au niveau de la commission, qui font des
recommandations à la commission. A moi, ça me semble clair comme
juridiction, les pouvoirs juridiques d'engagement des enseignants ou de la
direction, les pouvoirs d'achat ou de décision, s'il s'agit de
matériel didactique; les pouvoirs de résolution me semblent
être clairement au niveau des commissaires et non pas au niveau du
comité consultatif; et s'il s'agit des pouvoirs propres aux directeurs
d'écoles qui ne sont jamais un pouvoir d'engagement ou de
congédiement ça me semble être bien clair quand
même par rapport aux pouvoirs du comité consultatif.
A ce moment-là, si les associations de parents veulent donner une
certaine possibilité au comité consultatif de l'école
d'être consulté sur les critères, ces critères
seront nécessairement acheminés, peut-être via le directeur
d'école, à la commission scolaire, car c'est elle qui a et qui
aura aussi le pouvoir d'engager ou de congédier le ou les directeurs ou
les enseignants.
Dans ce cadre-là, je n'ai aucune objection à ce que les
comités de parents aient ce genre de juridiction, puisqu'ils sont des
comités consultatifs.
M. SAINT-PIERRE: Mais entendons-nous bien, si le texte de loi dit que le
comité de parents peut, au niveau de la commission et au niveau de
l'école, définir des critères pour l'engagement des
instituteurs, si on lui donne par législation ce pouvoir, là, la
commission scolaire peut encore être responsable du recrutement des
instituteurs, mais elle doit, puisque le texte de loi donne à d'autres
le choix de définir des critères, utiliser des critères
qui lui auront été donnés.
Je pose très précisément la question : Si vous
retrouviez dans le texte du projet de loi 27 l'ensemble des six buts qu'on
donne à la page 3 du mémoire des parents, est-ce que ça
vous convient?
M. CHARBONNEAU: Cela m'apparaît très clair et je n'ai
aucune objection à ce que vous inscriviez les pouvoirs qui sont à
l'article 67-b) mais j'ai peut-être une réserve à ce que
vous les inscriviez au niveau du comité de l'école cependant. Il
m'apparaît peut-être plus approprié j'aurais besoin
d'étudier la question qu'il soit inscrit au niveau de la
commission scolaire, au niveau du comité consultatif rattaché
à la commission, puisque c'est là qu'est le pouvoir d'engagement,
mais qu'il soit élaboré par les comités d'écoles et
transféré au comité consultatif de la commission scolaire.
La commission scolaire sera tenue de consulter là-dessus.
Un organisme législatif peut consulter mais n'est pas tenu de
suivre les recommandations même si vous dites que le comité
consultatif doit définir des critères. C'est un comité qui
est consultatif et c'est le principe de l'organisation. A ce moment-là,
la commission scolaire n'est pas liée. Nous connaissons bien le
système avec les organismes consultatifs que nous avons. Le
comité des politiques pédagogiques dans une commission scolaire
doit être obligatoirement consulté sur certaines choses et
après la commission scolaire est complètement maîtresse des
décisions. Il peut y avoir des obligations de rendre compte, de
s'expliquer si la recommandation n'est pas suivie, si la consultation ne s'est
pas reflétée dans la décision mais pas plus. Je fais bien
le partage entre les deux et à ce moment-là, je ne vois pas de
problème à ce que vous inscriviez ces pouvoirs-là.
Il s'agit de permettre aux parents de s'intéresser davantage et
je crois que, quant à nous, si les parents peuvent voir de près
quels sont les critères d'un enseignant souhaitable, ainsi que d'une
direction souhaitable, je crois que, quant à nous, cela ne fera que
démystifier un certain nombre de préjugés qui courent sur
le métier d'enseignant.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, encore sur ce point. Quant à
vous, vous n'auriez pas d'opposition à ce que les parents fassent partie
du comité consultatif qui existe actuellement au niveau des enseignants.
Lorsqu'il y a l'engagement d'un directeur, il y a un certain nombre de
critères qui sont établis par ce comité consultatif. Les
enseignants font partie de ce comité. Est-ce que, M. Charbonneau, vous
auriez quant à vous opposition à ce que dans ce comité
consultatif, les parents soient représentés? Comme vous le dites,
il est certain qu'en dernier ressort c'est la commission scolaire qui
décide parce que c'est elle qui doit faire les
contrats d'engagement mais, comme cela se fait au niveau des syndicats
actuellement, la commission doit se justifier et il est même possible
qu'en vertu de l'autorité consultative d'élever des griefs contre
une décision d'une commission scolaire à ce sujet-là ou du
moins de l'obliger à se justifier? Est-ce que pour vous il y aurait
opposition à ce que les parents fassent partie intégralement de
ces comités consultatifs?
M. CHARBONNEAU: Ici, il faut distinguer deux notions. La première
discussion que nous venons de faire portait sur l'engagement. Si vous abordez
en particulier la question de la nomination des directeurs, parfois cela
peut-être un nouvel engagement, mais parfois cela peut avoir aussi des
incidences sur les clauses de promotion. A ce moment-là, il y a un
mécanisme consultatif prévu à la convention collective.
Pour le moment, c'est celui-là. Il n'est pas interdit de croire
cependant que la partie au comité des politiques pédagogiques,
les représentants des commissions scolaires s'inspirent de
critères préparés par un comité consultatif de
parents. Ce n'est pas interdit de le croire et même on pourrait fort bien
harmoniser cces choses-là. Pour le moment, en ce qui concerne les
promotions cependant, il y a un mécanisme prévu par la convention
qui pourrait être complété. Les représentants de
l'administration scolaire pourraient s'enrichir d'une consultation par des
mécanismes appropriés et à mon avis ce n'est pas
incompatible.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. Charbonneau, à la page 4 de votre mémoire,
il est question de confessionnalité. Je répète pour le
besoin de la chose ce que j'avais dit en deuxième lecture. Une phrase
entre autres de Jacques Maritain qui à mon sens va avec ce qu'on peut
lire là, avec ce que j'ai vu et entendu et qui captive un peu mes
pensées. Je cite la phrase de Jacques Maritain: "C'est une pitié
de voir tant de jeunes désorientés par une instruction hautement
spécialisée mais cahotique et misérablement ignorante de
tout ce qui concerne Dieu et des valeurs les plus profondes dans l'homme et
dans le monde". Une autre citation que je trouve aussi très importante:
"L'école chrétienne doit subsister et conserver son
caractère confessionnel tout en s'intégrant au système
actuel de l'Etat n'a pas le droit de s'opposer aux prérogatives des
parents en matière d'éducation". En face de ces
déclarations et ce qu'on lit dans votre mémoire, comment en tant
que parents pouvons-nous nous situer pour être capables d'être au
juste milieu?
M. CHARBONNEAU: La solution que nous préconisons n'est vraiment
pas une solution de juste milieu, c'est une solution de franc respect de la
liberté confessionnelle sur le plan scolaire.
On n'a pas essayé de ménager ici la chèvre et le
chou et de passer entre les deux. Ce qu'on préconise, c'est d'abord que
l'instance administrative ne soit pas étiquetée sur le plan
confessionnel mais quelle ait l'autorisation de respecter les choix des parents
pour leurs enfants, de créer le nombre d'écoles confessionnelles
ou non selon les populations inscrites, de créer des écoles
homogènes sur le plan de la religion si c'est une école
confessionnelle ou non confessionnelle quand la population le justifie. Toutes
ces écoles assureront le genre d'orientation dont vous semblez vous
préoccuper par les citations. Elles assureront au milieu favorable
à la promotion de certaines caractéristiques de
l'éducation protestante ou catholique. Je crois que ce serait au
détriment du choix des parents que l'on pourrait vouloir imposer
plutôt les écoles à sections multiples à la fois
protestantes, catholiques et non confessionnelles.
M. DUMONT: Vous n'avez pas l'impression que vous vous rapprochez
dangereusement de la neutralité dans les écoles et que les gens,
n'étant pas identifiés d'une façon quelconque, seront
demain désorientés comme on le cite un peu partout.
M. CHARBONNEAU: Chaque école que nous préconisons ici est
soit catholique, soit protestante, soit non confessionnelle. Les
élèves se retrouvent dans le milieu qui correspond à leur
confession. C'est la commission scolaire, elle, qui n'a pas d'étiquette
religieuse. Mais la vie, l'aspect confessionnel, l'aspect d'enseignement
confessionnel, ce n'est pas au niveau de la commission scolaire, ce n'est pas
chez les commissaires que cela se vit, c'est dans l'école. C'est
là que doit s'assurer l'enseignement en question. Le ministère de
l'Education est une structure non confessionnelle et pourtant il assure des
enseignements confessionnels et il pourrait assurer un enseignement non
confessionnel parce qu'il peut s'équiper d'une direction
générale de tel type d'enseignement et de tel type
d'enseignement, etc. C'est là que s'assure le respect de certaines
caractéristiques de l'école. C'est au niveau de l'école et
non pas au niveau des administrateurs de l'école. S'il y a un directeur
général, s'il y a un adjoint catholique ou un adjoint protestant
ou un adjoint dans tel autre type d'enseignement qui supervise selon les
critères et ce n'est pas le hasard qui nous guide à ce
moment-là définis par le Comité catholique ou le
Comité protestant du Conseil supérieur de l'éducation, si
ces gens-là administrent dans ce cadre-là quel danger y a-t-il?
C'est l'école elle-même à ce moment-là qui se trouve
vraiment à réfléter les options des parents. Je crois que
ce sont à la fois les options les plus efficaces sur le plan
administratif et la plus respectueuse des options des parents. Cela
enlève en tout cas un foyer de querelles possibles.
M. DUMONT: Dans un autre ordre d'idées, M. le Président,
une dernière question. Aux pages 9 et 10, vous parlez justement de ces
employés des commissions scolaires. On dit qu'on sera tenu d'honorer les
contrats d'engagements qui n'ont pas été
régulièrement dénoncés. A la page 10, je parle de
la Communauté urbaine de Québec. Il y a un certain nombre de
syndicats qui sont engagés dans des débats interminables sur
l'étendue de l'application réelle de l'article 36 dans un cas de
fusion. Vous ne croyez pas, au moment où le Québec vit des
problèmes très graves avec tout ce que vous citez là,
qu'on est en train aussi d'aller vers une pente dangereuse car je pense que
là on démontre dans ces deux pages 9 et 10 qu'il va y avoir
demain au niveau des 1,200 commissions scolaires qui vont disparaître une
quantité très grande de problèmes. Le Québec est
justement en train d'en venir au point où il y aura peut-être des
discussions qu'il n'aurait pas été nécessaire d'apporter
à ce moment-ci.
M. CHARBONNEAU: Quant à nous, ce n'est pas le fait que certaines
structures désuètes ou inefficaces ou trop multiples...
M. DUMONT: C'était approuvé.
M. CHARBONNEAU: ...diminuent ou disparaissent qui cause des
problèmes. C'est qu'on ne prévoit pas certains mécanismes
qui permettent leur mort en douceur si je peux ainsi m'exprimer ou leur mort
harmonieuse puisque leur vie ne l'a guère été. Je crois
qu'il serait assez important qu'on se serve de ce qui s'est passé, de
l'expérience qu'on a vécue du côté des
municipalités pour ne pas répéter la même
hésitation dans la loi et pour avoir un mécanisme qui assure
justement cette extinction en douceur, qui assure que les nouvelles commissions
scolaires pourront avoir un démarrage d'où sont absents certains
conflits dont on aimerait bien se passer, et les syndicats et les
représentants de la partie patronale.
Maintenant, pour expliquer davantage la portée de l'exemple que
je mentionne ici, j'aimerais laisser la parole quelques minutes à notre
conseiller juridique qui a vécu de très près le
problème que j'évoque dans notre mémoire. Me Grondin.
M. GRONDIN: M. le Président, ce qui apparaît au
mémoire, ce n'est nullement une contestation de ce que le gouvernement
semble désirer. C'est simplement au niveau de la rédaction
même du texte ou des moyens qu'on entend utiliser pour régler le
problème. Le texte qui apparaît à l'article 93 est en somme
semblable à celui qui apparaît dans la loi de la Communauté
urbaine de Québec.
Dans la loi de la Communauté urbaine de Québec, on a
justement voulu laisser jouer les mécanismes des articles 36 et 37 du
code du travail présumant que ça réglerait le
problème.
Or, il apparaît que 36 et 37 jouent habituellement bien leur
rôle quand il s'agit simplement d'une fusion ou d'une annexion. Quand un
s'en va vers l'autre, cela va bien. On dit qu'à ce moment-là,
l'accréditation et la convention collective d'un syndicat, se trouve
à être continuées chez le nouvel employeur. Mais quand on
regroupe à la fois plusieurs entités qui ont des conventions
collectives différentes vous allez peut-être me dire que
dans l'éducation ils vont se ressembler au moins, elle seront
administrées par des syndicats qui peuvent être
différents.
Chaque convention collective prévoit un tas de comités et
de choses semblables mais quand on vient pour appliquer ça, c'est
très confus, très difficile. L'exemple de la Communauté
urbaine de Québec en est un. Cela fait près d'un an et plus, un
an sûrement, qu'on se promène entre le commissaire-enquêteur
et le tribunal du travail, et après deux instances, ce n'est pas
réglé. Ce n'est pas encore réglé et je pense que ce
n'est à peu près pas applicable.
C'est la raison pour laquelle le mémoire demande ça ici.
C'est simplement de mettre les choses au clair. Aux pages 11 et 12 du
mémoire, il y a six recommandations. Les recommandations nos 2, 3 et 4
sont déjà quelque chose d'acquis par le projet, mais les
recommandations nos 1, 5 et 6 c'est quelque chose qui nécessiterait
sûrement des amendements à la rédaction de l'article 93
pour que ce soit clair.
C'est peut-être curieux que, comme avocat, je demande justement
que les textes soient clairs, mais, M. le Président, je pense que c'est
important d'éviter le plus possible les chicanes et les
procès.
M. VEILLEUX: Vous ne devez plus faire d'argent devant les tribunaux, M.
Grondin.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: D'abord, que la CEQ se félicite des orientations
contenues dans le bill 27, il me fait plaisir d'apprendre ça.
Maintenant, après en avoir discuté quelques fois, je suis
d'accord avec vous que le texte présentement peut être ambigu
à certains moments et je ne doute pas que le ministre de l'Education
soit très conscient de ce problème-là et qu'il
étudie la chose de très près.
Quant à moi, je suis parfaitement d'accord sur le fait qu'un
professeur à l'emploi d'une commission scolaire un exemple bien
pratique dans ma région, à Saint-Blaise par exemple qui a
neuf ans d'enseignement à cette commission scolaire-là, comme
Saint-Blaise fait partie de la nouvelle commission scolaire de Saint-Jean, bien
que le professeur ait neuf ans d'ancienneté au même titre que le
professeur qui a neuf ans à la commission scolaire de Saint-Jean.
C'est une condition qu'il n'est pas exagéré de demander.
J'aimerais soulever un point que vous avez mentionné dans votre
argumentation, M. Grondin. Vous avez dit qu'il est fort possible au
niveau de la convention collective, c'est la même chose parce que c'est
l'entente provinciale qui est devenue convention collective qu'il puisse
cependant y avoir des syndicats différents.
Par exemple, à l'annexe A, tous les regroupements se font
à l'intérieur d'un territoire déjà connu, qui
s'appelle une régionale. Est-ce que vous avez un exemple pratique
où il y aurait, dans la même régionale, des commissions
scolaires locales qui appartiennent à un syndicat et des commissions
scolaires locales qui appartiennent à d'autres et qui seraient
regroupées dans une autre régionale?
M. GRONDIN: Sûrement, parce qu'il y a certains endroits où
le syndicat des enseignants de l'élémentaire est différent
du syndicat des enseignants du secondaire. Et à certains endroits
également, il peut arriver qu'à l'intérieur d'une
même régionale, il puisse y avoir deux syndicats, ça peut
arriver. Et chose certaine, c'est que même si c'est le même
syndicat, il y a par exemple des clauses de convention collective qui
prévoient un comité par commission scolaire. Quand on va se
retrouver avec la fusion de sept, huit et dix comités, comment ça
va fonctionner? Parce que c'est ça qui arrive.
Alors, ce qu'on demande, c'est que le texte soit bien clair pour
éviter des problèmes d'application.
M. SAINT-PIERRE: Je pense quand même que le projet de loi
serait... vous avez certaines suggestions, on peut certainement les
considérer. Mais je me demande jusqu'à quel point, en tenant
compte de l'immense variété des cas qu'on va affronter,
jusqu'à quel point c'est une bonne chose de tenter de préciser
cela dans un texte de loi. En d'autres termes, est-ce que ce n'est pas la
nécessité dans le milieu concret, qui fait foi de tout? En tenant
compte de certains principes qui sont quand même donnés dans le
projet de loi, lorsqu'on parle de tenter de donner un plan d'intégration
où tout le monde participe et où les solutions pourraient
être différentes d'un endroit à un autre.
Est-ce que c'est une bonne chose de mentionner cela dans un projet de
loi? Dans un certain endroit entre deux syndicats, on peut trouver une solution
X alors que dans un autre endroit, ce ne sera pas ça, ce serait une
solution complètement différente. Je pense bien que vous
reconnaissez qu'il y a bien des cas, c'est assez difficile d'en tenir compte
dans un texte de loi qui est très rigide. Cela peut être un
véritable carcan. Parce que les gens, même si c'était le
gros bon sens qui le demandait, pourraient dire: Nous ne marchons pas parce que
le projet de loi dit telle ou telle chose. C'est un peu dans ce sens que va
notre pensée. Un peu comme au sujet de l'intégration sur le plan
administratif des commissions scolaires d'ailleurs, nous avons sûrement
quelques conceptions. On pourrait suggérer des choses. Mais on
reconnaît qu'à l'échelle de la province, ce sera
très différent. Il y a les quartiers et tout ça, il y a
des places, il y a des populations, des mentalités: les facteurs sont
différents d'un endroit à un autre et on laisse un peu au milieu
le soin de produire son plan d'intégration.
M. GRONDIN: M. le ministre, je pense que, de toute façon, la
simple référence aux articles 36 et 37 du code du travail ne
règle pas le problème. Il faudrait qu'au moins les membres de
l'assemblée soient conscients de ça. On a cru déjà
que ça le règlerait, entre autres, à la Communauté
urbaine mais ça ne le règle pas. Et je vous ai cité les
recommandations nos 1, 5 et 6 qui, de toute façon, ne peuvent pas
être mises en application s'il n'y a pas d'amendement au projet de
loi.
Je ne veux pas éterniser la discussion ici mais je suis à
la disposition des rédacteurs du texte de loi et, s'ils pensent que je
peux leur être utile pour tâcher de trouver une solution, je n'ai
aucune espèce d'objection à les rencontrer et à trouver
une solution à ce problème qui est un problème purement
d'application ou de rédaction.
M. SAINT-PIERRE: A la suite de la présentation de votre
mémoire, M. Martin, mon sous-ministre, pourra vous rencontrer
particulièrement pour 5 et 6 qui présentent un certain
intérêt. Pour 1, je suis très franc avec vous, on a
peut-être certaines réserves parce qu'il y a des cas donnés
on va prendre un cas d'espèce si vous avez à
l'extrémité 28 petites commissions scolaires qui ont chacune un
secrétaire-trésorier à temps partiel et qu'on fusionne
ça pour en faire une commission scolaire nouvelle et qu'on espère
avoir une amélioration de la qualité, est-ce qu'on doit par un
texte de loi dire qu'il n'y a aucun de ces secrétaires-trésoriers
qui doive être maintenu en fonction?
M. GRONDIN: Remarquez, M. le ministre, que ce soir je représente
les enseignants.
Ce seraient les enseignants qu'il faudrait protéger.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que les enseignants comme les
clientèles ne diminuent pas. Comme on a des rapports
maître-élèves qui sont assez précis, je ne vois pas
le problème exact qu'il pourrait y avoir pour les enseignants qui ne
serait pas survenu s'il n'y avait pas eu le regroupement des commissions
scolaires. Il peut y avoir des problèmes mais qui ne sont pas dus au
projet de loi 27. Et je le vois dans d'autres secteurs et nous, lorsqu'on
indique qu'aucun employé ne doit être mis à pied, il ne
faut pas penser uniquement aux enseignants, il faut penser à tous les
cas possibles, imaginables.
M. GRONDIN: Chose certaine, dans le cas
du regroupement, il y a du surplus de personnel et à ce
moment-là ça peut créer des problèmes. On voudrait
que la loi soit bien claire pour que personne ne reste sur le carreau à
cause du bill 27.
M. CHARBONNEAU: M. le Président, j'aimerais informer la
commission parlementaire que ce problème que nous soulevons
brièvement ce soir est quand même à ce point complexe que
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre a créé
un sous-comité spécial sur la question de façon à
harmoniser ces changements de structures. Et mon collègue, Robert Garon,
directeur des relations de travail à la CEQ et membre du comité
en question, pourrait sûrement discuter avec vous et exposer le
problème tel qu'il est vu au niveau du ministère du Travail. Cela
permettrait ici d'harmoniser les deux politiques ou ce qui s'en vient au
ministère du Travail par rapport à la vôtre, au
ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je vais poser ma question à n'importe lequel des
trois messieurs de la CEQ. Sur les mêmes problèmes des relations
de travail entre enseignants, ministère de l'Education et commissions
scolaires, d'abord. Le problème du classement des enseignants n'est pas
réglé et on aborde une ronde de négociations collectives
où, selon la CEQ, le problème figurera en tête de chapitre.
Est-ce que le regroupement des commissions scolaires peut créer une
situation où un enseignant avec un certain diplôme serait
refusé, alors qu'il est accepté actuellement? Je prends l'exemple
du député de Saint-Jean, parce que je n'ai plus l'esprit à
en créer de moi-même. A la commission de Saint-Blaise, il y aurait
une certaine valorisation pour un diplôme; une fois joint aux gens de
l'école de Saint-Jean où le même diplôme aurait
été évalué autrement, là on se retrouvait au
sein même d'une seule commission scolaire avec le problème du
classement. Est-ce que c'est possible qu'une telle situation puisse
exister?
M. SAINT-PIERRE: Si on avait cédé à certaines
demandes, cela aurait été possible qu'un tel problème
puisse survenir. Puisque dans le moment nous avons des normes provinciales et
que le même diplôme obtenu dans les mêmes temps a la
même valeur, suivant les propositions émises, c'est
impossible.
M. CHARRON : Ce ne sont pas les exemples que vous me donniez
vous-même au moment de la crise du classement. Vous me signaliez des
exemples de la régionale de Chambly, par rapport à une autre.
M. SAINT-PIERRE: Justement on a tenté avec le classement de
corriger cela, on n'avait pas de problème.
M. CHARRON: Mais le classement n'est pas réglé que je
sache. On n'est pas arrivé à une classification finale des
enseignants. En tout cas, c'en est une que j'envisage. M. Charbonneau...
M. CHARBONNEAU: C'est entendu que, puisque le problème n'a pas
été réglé à l'échelle provinciale, il
va être multiplié par toutes les contradictions qui se
retrouveront, qui se retrouvaient au niveau provincial. Nous avons
expliqué le dossier au niveau provincial. Actuellement cela va surgir au
niveau de toutes les unités regroupées. Il y a 168 unités
projetées, les 1,000 qui tombent dans les 168. A chaque fois les
mêmes problèmes vont surgir puisque c'est là qu'est
l'employeur.
M. SAINT-PIERRE: C'est là qu'on voit la nécessité
de corriger cela. Il y avait effectivement un problème et il faut le
régler. A l'intérieur d'une unité administrative le
même diplôme obtenu en même temps doit avoir la même
scolarité. Il reste quand même, il ne faudrait pas l'oublier que
le projet de loi 27 sera en vigueur le 1er juillet 1972: cela donne douze
mois...
M. CHARRON: C'est justement ce à quoi je pensais. Je donnais
raison à la CEQ de dire que c'était le problème à
mettre en tête de chapitre.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: M. le député Veilleux.
M. VEILLEUX: Comme le disait le député de Saint-Jacques,
à Saint-Jean il n'y aura pas de problème parce que à la
régionale Honoré-Mercier l'évaluation de diplômes
est uniforme.
M. CHARRON: A Saint-Jean le problème c'est le
député!
M. VEILLEUX: C'est tout réglé en ce qui nous concerne.
M. CHARRON: J'ai une deuxième question...
M. VEILLEUX: Demandez-le au président de la corporation, il va
vous le dire.
M. CHARRON: A cette heure-ci, il ne faut pas aller trop vite. Il y a
déjà eu, M. Lefebvre en a largement fait mention cet
après-midi, depuis quelques années du regroupement volontaire de
certaines commissions scolaires. J'aimerais demander au président de la
centrale syndicale des enseignants si cette expérience passée
pouvait nous servir de guide, comment cela s'est passé lorsque le
regroupement était volontaire. Est-ce qu'il y a eu conflit entre
syndicats, ce qu'évoquait M. Grondin tout à l'heure? On pourrait
par là deviner ce qui va se produire une fois que le regroupement serait
imposé.
M. CHARBONNEAU: Je vais répondre d'une façon
peut-être pas aussi précise que vous le souhaitez, je n'ai pas
assisté aux délibérations avec M. Lefebvre. Mais je sais
que le regroupement, par la méthode du volontariat, est loin de
s'être révélé la solution. Malgré les efforts
proclamés et affichés de la Fédération des
commissions scolaires, nous avons constaté, nous, dans le quotidien,
qu'il ne se passait pratiquement rien. J'étais à ce
moment-là au travail dans une régionale, qui s'appelle la
régionale Henri-Bourassa où il y a trente-trois commissions
scolaires locales pour un total de 320 enseignants. Vingt-huit de ces
commissions scolaires ont dix enseignants et moins et il n'y a eu absolument
aucun regroupement ni aucun projet de regroupement de mis en oeuvre par la
Fédération des commissions scolaires ni par l'Association des
commissions scolaires des Laurentides. Ce fut cela à ma connaissance
dans peut-être 80 p.c. du territoire du Québec. Il y a eu quelques
projets heureux, mais ce n'était vraiment pas la solution.
M. HOUDE (Fabre): Là où il y a eu des regroupements,
là où ç'a été un succès, le
regroupement, parce qu'il y en a eu, on a parlé de 97 cas cet
après-midi; quels ont été les complications et les
problèmes pour les enseignants, pour la question des diplômes,
etc.?
M. CHARBONNEAU: Je crois que les regroupements qui étaient faits
dans ce cadre sauf erreur, c'étaient vraiment des regroupements au sens
d'une fusion, tel que le prévoient les dispositions du code du travail.
Tandis que ce qu'on veut créer cette fois-ci, c'est une nouvelle
instance, c'est un nouvel organisme qui succédera aux autres. C'est
là que mon collègue Grondin soulignait l'arrivée du
problème. La loi, telle qu'elle est faite, le code du travail tel qu'il
est fait prévoit fusion et annexion, mais le problème surgit
quand il y a création d'un nouvel organisme succédant à
d'autres qui sont disparus. Sur le plan juridique, il y en a qui font des
distinctions assez importantes pour nous faire tramer les causes en longueur
pendant des mois. Pour nous, étant donné que les regroupements
faits sous la méthode du volontariat, n'étaient pas du type du
bill 27, je ne vois pas de problèmes qui pourraient surgir à ce
propos.
M. LESSARD: Des problèmes de classification, c'est cela qui est
le problème.
M. CHARBONNEAU? Bien, des problèmes de classification...
M. CHARRON: Il n'y a pas que les problèmes de classification. Il
y a des commissions scolaires qui sont disparues à un moment
donné, ni plus ni moins, et il y a eu création je pense
volontaire...
M. CHARBONNEAU: C'étaient des fusions...
M. CHARRON: C'étaient des fusions plutôt...
M. CARDINAL: ... en vertu de l'article 46 de la Loi de l'instruction
publique...
M. CHARRON: Bon, d'accord. J'aurais une autre question, mais dans un
autre domaine, si on veut continuer sur les relations de travail...
M. LE PRESIDENT: La parole est au député d'Abitibi, on
reviendra après au député de Saint-Jacques.
M. AUDET: Tout à l'heure, vous nous disiez, M. Charbonneau, au
début de votre intervention que vous donniez la qualification de droite
à notre groupe et à d'autres organismes qui ont eu le temps de
prendre position depuis le dépôt du bill 27. Est-ce que ceci
voudrait dire que vous vous situez à gauche?
M. CHARBONNEAU: Certainement à gauche de la droite! Je crois
qu'il est très important de saisir un des principes de fond du bill 27
que je n'ai pas vu mis en lumière aujourd'hui par aucun des intervenants
même autour de la table de la commission parlementaire. Et si les groupes
que j'ai qualifiés ici pour fins de discussion de droite saisissaient
que la restructuration des commissions scolaires va apporter un contrepoids
à un des grands maux que vous décriez souvent dans les milieux
que vous représentez, soit l'excès de centralisation, de
bureaucratisation ou de technocratisation du ministère de
l'Education.
Souvent on entend des discours par certains groupes contre ces
excès de centralisation du ministère de l'Education et nous
partageons plusieurs de ces critiques, d'ailleurs. Si vous saisissiez pour une
minute le point suivant, à savoir que la création de structures
scolaires revalorisées, tel que le préconise le bill 27,
même si pour nous c'est une demi-mesure, il me semble que cela devrait
être au moins perçu comme un commencement de contrepoids à
la succion des pouvoirs par le haut que le ministère de l'Education a
fait depuis son existence. Si une structure provinciale veut continuer à
accaparer les pouvoirs, tout ce qu'elle a à faire c'est de continuer, de
perpétuer le système actuel, les petites commissions scolaires
faibles, sans pouvoirs, incompétentes, etc. Tous les pouvoirs montent
automatiquement au sommet à ce moment-là. Créez des
pouvoirs régionaux le moindrement articulés, le moindrement
compétents et automatiquement la décentralisation commence
à s'amorcer. Je pense que c'est cela que souhaitent les parents
catholiques. Au lieu de s'attacher aux formules du passé pour la
réaliser et penser qu'on va y arriver en maintenant les 1,100, ça
ne fait que trop bien le jeu de la centralisation, et cela sans mettre en cause
les intentions des ministres. C'est un simple rapport de forces dans les
structures administratives. S'il y a de l'incompé-
tence à la base, la technostructure s'empare des pouvoirs et les
place au sommet. Donnez des pouvoirs aux régions, renforcez le
système des commissions scolaires, revalorisez-les sur le plan social,
sur le plan de la participation et automatiquement le ministère de
l'Education sera délesté d'un accaparement indu de pouvoirs. A
mon avis, si vous saisissiez ce problème-là, cette dimension du
projet de loi, beaucoup de levées de boucliers seraient inutiles.
M. HOUDE (Fabre): M. le ministre de l'Education...
M. SAINT-PIERRE: C'est un point qui avait été
soulevé antérieurement.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler ici que le ministre de l'Education
a soulevé le même point dans le courant de la journée.
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai pas utilisé les mêmes mots, mais
il va y avoir aussi un meilleur équilibre entre les commissions
scolaires locales et les commissions scolaires régionales. Je pense que
beaucoup des appréhensions, vis-à-vis des régionales,
proviennent du fait qu'il y a un déséquilibre entre la commission
scolaire régionale qui est très forte, très
structurée, et la multitude de commissions scolaires fortes. Quant aux
objectifs de décentralisation, nous les donnons nous-mêmes mais
nous avons indiqué que, dans le moment, nous n'avions pas une
organisation scolaire qui permettait d'avoir une politique de
décentralisation. Même avec tous les contrôles
peut-être excessifs que nous avons, il y a encore des cas assez
aberrants qui surviennent sur le plan de...
M. AUDET: Je comprends très mal le mot "décentralisation".
M. Charbonneau disait tout à l'heure lui-même qu'il trouvait les
commissions scolaires régionales actuelles comme étant
monstrueuses...
M. CHARBONNEAU: Quand j'ai dit que les commissions scolaires
étaient monstrueuses, je parlais des types qui ne donnaient pas de
services à leurs élèves et à la population.
M. AUDET: Comment pouvez-vous croire à des commissions scolaires
moins monstrueuses en leur donnant une plus grande ampleur et même en
leur incluant l'élémentaire? Ne croyez-vous pas qu'il serait
beaucoup plus juste de tenir compte du désir des commissions scolaires
et de la population?
M. CHARBONNEAU: J'ai souligné tout à l'heure que le nombre
de 55 commissions scolaires n'avait rien de magique à mes yeux. Quand
nous proposions l'intégration de l'élémentaire et du
secondaire, nous proposions aussi de réviser le découpage de la
carte actuelle, ce qui pourrait résulter peut-être dans la
création de 75, 80, qu'en sais-je? Il faudrait étudier à
fond cette question. Seulement au niveau secondaire, il y a déjà
des réaménagements que certaines commissions scolaires
suggèrent dans leur territoire. A mon avis, le ministère de
l'Education aurait été fort bien avisé de profiter de
cette restructuration de l'élémentaire pour
réaménager également sa carte du secondaire et
créer là des unités qui, sur le plan pédagogique,
sur le plan de l'efficacité des services, de l'équipement humain
à mettre en place à part l'équipement scolaire,
l'organisation du transport combien d'autres avantages pourrions-nous
mettre auraient été énormément plus
efficaces et plus fonctionnelles. Ces unités auraient peut-être
été moins grandes en nombre d'élèves mais elles
auraient incorporé l'élémentaire et le secondaire.
Je crois qu'on n'aurait pas dû écarter cette solution.
C'est ce qui motive notre qualificatif de demi-pas, de demi-mesure à
propos du projet de loi 27.
M. LE PRESIDENT: Une dernière intervention de la part du
député de Bagot.
M. CARDINAL: Ce que je voulais dire et je pense que le ministre
ici m'approuvera c'est que l'expérience qu'il a eue et que j'ai
eue nous a montré que ce ne sont pas les technocrates ou les ministres
de l'Education qui centralisaient. A chaque fois que, dans une petite
localité ou municipalité scolaire, il y avait un problème,
c'est elle-même qui l'envoyait au ministère.
M. CHARBONNEAU: Par son incompétence.
M. CARDINAL: Au lieu de croire comme les gens l'ont cru que c'est le
ministère qui s'est lancé sur tout, il faut noter qu'à
chaque fois qu'il y avait un problème local on l'envoyait au
ministère qui en recevait à la semaine.
M. CHARBONNEAU: C'est encore comme ça. Il n'y a pas une semaine
où je ne suis pas intervenu auprès du ministère de
l'Education pour qu'il incite telle commission scolaire à payer ses cinq
ou sept enseignants. C'est encore un problème que nous avons à
régler à chaque semaine. Ce n'est pas par la volonté du
ministre que le problème arrive sur la table, c'est par
l'incapacité, l'incompétence de la structure en place à
régler ses problèmes à son niveau pour une bonne part,
à part certains aléas du côté du financement
que je ne veux pas aborder à ce moment-ci.
M. LE PRESIDENT: Une toute dernière invention du
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Quand vous mentionnez, dans votre mémoire, votre
insistance sur la
notion d'éducation permanente obligatoire, est-ce que dans votre
esprit, comme dans le mien, c'est un argument de plus favorisant
l'intégration de l'élémentaire et du secondaire dans une
commission scolaire pour pouvoir effectuer c'est ce que disait le
rapport Parent un meilleur service d'éducation permanente? Pour
ce faire, ce rapport précisait qu'il serait nécessaire
d'intégrer les services de l'élémentaire et du secondaire.
Est-ce que vous l'avez mis pour ça ou si vous avez d'autres
motivations?
M. CHARBONNEAU: Je ne l'ai pas mis comme étant un argument de
plus si ce n'est sous cet angle que, pour nous, les commissions scolaires, les
instances administratives créées dans les régions
devraient être habilitées à traiter de tous les types
d'enseignement qui se donnent par l'équipement scolaire et
l'équipement humain mis en place.
On ne devrait pas organiser l'enseignement élémentaire,
ensuite organiser l'enseignement secondaire et ensuite trouver moyen
d'organiser l'enseignement aux adultes. N'importe qui sait que les postes se
multiplient à ce moment-là postes de directions, de
services et les relations avec le financement au niveau du
ministère de l'Education. Il y a une espèce d'organisation
scolaire à au moins trois dimensions actuellement dans à peu
près toutes les régions de la province. Nous voyons là
évidemment beaucoup de gaspillage. S'il y avait une structure scolaire
qui voie aux trois types d'enseignement, quitte à
réaménager les aires géographiques, cela serait infiniment
plus efficace.
M. CHARRON: D'autant plus que les programmes d'éducation
permanente reposent sur et chevauchent à la fois les deux niveaux
d'enseignement par le personnel et l'équipement qu'ils emploient et par
les programmes aussi qu'ils ont.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire remarquer au député que
ces questions ont été discutées en deuxième
lecture. J'en profite pour remercier M. Charbonneau et ses compagnons pour le
rapport qui a été présenté. La commission et ses
membres vont prendre bonne note de vos suggestions.
M. CHARBONNEAU: Je ne voudrais vraiment pas abuser, M. le
Président, mais permettez-moi, ne serait-ce que pendant 30 secondes, de
vous rappeler l'importance qu'il y a à mettre des structures scolaires
à la foi efficaces et souples et compétentes sur les plans local
et régional devant le contexte de la négociation qui s'en
vient.
C'est extrêmement pénible d'être représentant
des syndiqués, et j'imagine que cela doit être assez
pénible aussi d'être représentant patronal ou d'être
employeur, dans un contexte où les juridictions ne sont pas claires et
où les textes de loi laissent des possibilités de traquenards
à tout moment et à tout coin de rue. On a bien assez d'avoir
à négocier pour s'entendre sur le contenu de la prochaine
convention collective. Si on pouvait éviter de doubler ce premier
débat par un débat de structure, de conflit de juridiction, moi,
j'invite le ministre à le faire par voie d'amendement, s'il y a lieu,
pour clarifier ce que nous avons suggéré.
Provincial Association of Catholic Teachers
M. LE PRESIDENT: On vous remercie. Nous allons passé à
présent à la Provincial Association of Protestant Teachers.
Est-ce qu'ils sont présents? The Provincial Association of Catholic
Teachers, est-ce qu'ils sont présents? La parole est à M.
Dobie.
M. DOBIE: Merci, M. le Président, je vais passer au late-late
show. Notre association, qui représente 5,700 professeurs
anglo-catholiques, est d'accord sur le but général du projet de
loi 27 qui regroupe les commissions scolaires locales afin de les rendre assez
larges pour qu'elles soient en mesure, d'une façon économique
surtout, de répondre à des besoins spécialisés et
variés.
Nous reconnaissons cependant que les commissions scolaires de type
confessionnel, avec des clauses pour les catholiques et les protestants, sont
encore reliées à certaines garanties constitutionnelles.
There are however some few aspects of this proposed legislation which we
urge should be modified. The first one is that there is a growing number of
school boards that have contracted with dissentient boards in accordance with
article 496 of the Education Act. For the education of English-speaking
Catholic children, the Act is not provided for the parents of these children to
actively represent by vote or by candidacy for office their particular needs
and interests.
Article 13 of Bill 27 provides a freedom of choice and of active
participation to all those who are neither Catholic nor Protestant. We ask that
the Bill be amended to extend this freedom of participation to all.
Number 2: "Nous demandons que le droit de vote et le droit de tenir ou
de prendre une charge et de payer des taxes à une commission scolaire
soit transféré quand l'éducation des enfants est aussi
transférée, contractuellement parlant."
Number 3: We urge that article 67 of Bill 27 clearly stipulates that the
parents of children transferred from one confessional board to a board of
another confession by contract shall elect a committee or a sub-committee of
the advisory committee provided in the Bill mandated to assure the
confessionnal aspects of education stipulated in the contract.
Number 4: We know what concerned the Bill 27. There is not detail,
administrative posts
and services for minority language groups within a given confessionnal
board to administer and coordinate pedagogical needs. We ask, therefore, taht a
post of assistant director of studies be created to see to the pedagogical
needs of a minority when the number of students in classes speaking the
language of the minority reaches 2,000.
We respectfully urge the Minister to take note of this submission. We
are aware of certain constitutional difficulties. We also know that in the
domain of education the Province is sovereign. The submissions we have made in
no way restrict the liberty of the parent, rather they enlarge it. And it is in
this spirit we made these recommandations to the Minister.
For example, take the case of a Protestant parent who wishes to send his
child to be educated in the French language. His only means of achieving this
may be to enrol his child in a French language Catholic school, but Section 13
is not giving him this freedom. We urge taht this be changed, thus insuring
equality of educational opportunity in either language for all citizens.
Je ne sais pas si les membres de la commission parlementaire sont au
courant, mais il devient de plus en plus courant que les commissions scolaires
francophones catholiques, par entente contractuelle avec les commissions
scolaires anglo-protestantes, donnent à ces commissions scolaires
anglo-protestantes le soin d'instruire les élèves
anglo-catholiques. Ceci devient de plus en plus un problème et c'est
pour cela que nous suggérons certains a mendements. Dans ce
cas-là, les parents catholiques ont un droit de vote, une voix seulement
pour la commission scolaire catholique, même si leurs enfants ne
fréquentent pas ces écoles. Les enfants se trouvent à
aller à une école anglo-protestante. C'est pour cela que nous
suggérons certaines modifications au projet de loi 27.
M. CHARRON: Cette possibilité serait atteinte si, au lieu de la
distinction religieuse, c'était la distinction linguistique. Mais la
constitution dans laquelle nous vivons nous l'interdit. La même chose a
été signalée tout à l'heure par la Quebec
Association of Protestant Teachers.
M. DOBIE: Pas exactement.
M. CHARRON: Non, mais je veux dire que c'est dans le même esprit,
qu'on se heurte toujours à la même difficulté. La
distinction constitutionnelle est confessionnelle.
M. DOBIE: Vu que la loi est telle... M. CHARRON: Oui.
M. DOBIE: ... ce qu'on voudrait, c'est qu'il y ait des dispositions pour
que le parent anglo-catholique ait une voix à la commission
anglo-protestante. Je ne sais pas si c'est consti-tutionnellement possible.
M. SAINT-PIERRE: Je remercie M. Dobie. Je pense que sa dernière
question soulève tout le débat: comment et jusqu'à quel
point permettre à des catholiques d'avoir une voix dans un
système confessionnel, et de l'avoir non pas dans le système
catholique, mais de l'avoir dans le système protestant? Et là, ce
qu'on donne à l'un, peut-être que, théoriquement, on
l'enlève à d'autres. Et en tentant de ménager un passage
pour faciliter l'objectif très louable que vous souhaitez,
peut-être que, théoriquement, dans nos textes de loi, on impose
à d'autres ce que la constitution ne nous permet pas. En tout cas, je
vous remercie, M. Dobie, je n'ai pas de questions particulières.
M. CHARRON: J'en ai une à poser au ministre, à partir des
remarques de M. Dobie.
Suite à l'application de la loi 63, un nombre considérable
de parents c'est peut-être plus particulièrement dans
Montréal, qui n'est pas touchée par le bill 27 mais quand
même, un nombre considérable de parents francophones, s'ils ne
l'ont pas fait, ont au moins le droit d'envoyer leurs enfants à
l'école anglaise.
Le problème soulevé par M. Dobie est que les enfants de
ces gens-là étant à l'école anglaise, donc
vraisemblablement protestante, n'auront le droit de voter que comme catholiques
à la commission scolaire française catholique et ils ne pourront
pas participer à la vie...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, les parents catholiques francophones n'ont
pas plus de liberté que les protestants anglophones pour changer de
système...
Il reste une distinction qu'on doit établir, c'est qu'au
Québec, en général, à l'intérieur d'un
système catholique, on a un réseau d'écoles
françaises et un réseau d'écoles anglaises. Quant aux
catholiques francophones, vos appréhensions sont fausses et
limitées à Saint-Léonard, on pourra y revenir pour
l'île de Montréal. Les catholiques anglais ont la liberté
d'envoyer leurs enfants à l'école catholique française.
C'est la même liberté que les parents francophones catholiques ont
de pouvoir bénéficier des deux réseaux d'écoles, ce
que n'ont pas les protestants.
M. CHARRON: En fait, ceux qui seront privés de leur droit de vote
ou qui auront un droit de vote limité, ce sont ceux qui profiteront de
l'article 2 de la loi 63. Les protestants anglais qui enverront leurs enfants
dans une école catholique française et les catholiques
français qui enverront leurs enfants dans une école protestante
anglaise, ceux-là ne pourront pas voter à la commission scolaire
où leur enfant est inscrit.
M. SAINT-PIERRE: C'est exact.
M. CHARRON: Donc, c'est un projet de loi qui s'inscrit comme si un autre
projet de loi auparavant n'avait pas existé. Pourquoi est-ce qu'on a
reconnu remarquez que ce n'est pas moi qui vais défendre la loi
63 à un moment donné aux parents certains droits alors que
les structures scolaires, qu'on édifie par la suite, ne reconnaissent
plus dans les faits ce droit-là? Si par quelque hasard, le gars est
catholique anglais et va dans une école catholique française, il
va voter pour une commission catholique, d'accord. Tout le monde sait que la
réalité est bien différente. Quand on dit protestant,
c'est en grande majorité anglais.
M. DOBIE: Je pense que le neutre a maintenant le droit de choisir. Le
catholique et le protestant n'ont pas le droit de choisir. Ce qu'on demande,
c'est que la même stipulation...
M. SAINT-PIERRE: Je pense que vous comprenez, M. Dobie, qu'il y a quand
même une contradiction d'avoir des structures confessionnelles,
particulièrement du côté catholique et protestant et, en
même temps, de donner le droit aux protestants, à
l'intérieur des structures confessionnelles, de choisir l'école
catholique.
Au départ, cette division de notre système scolaire sur
une base confessionnelle correspond à quelque chose ou elle n'y
correspond pas. On a vu bien des gens aujourd'hui qui ont trouvé que
ça correspondait à une réalité de la
majorité de la population et qui le désirent. Mais dès
qu'on reprend ça comme hypothèse c'est dans la
Constitution avec l'article 93 je ne pense pas que nos lois doivent
viser, dans les faits, à permettre une contradiction,
c'est-à-dire à permettre à des protestants d'aller dans
des écoles catholiques. Elle peut toujours le permettre mais elle ne
doit pas le faciliter...
M. CHARRON: Mais la contradiction existe entre deux lois issues du
gouvernement du Québec. Le gouvernement a un jour reconnu des droits que
le lendemain, le même gouvernement un parti différent, mais
le même gouvernement du même Etat ne reconnaît plus
dans des structures.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, le projet de loi 63 porte strictement sur
le droit à la demande.
M. CHARRON: C'est ça.
M. SAINT-PIERRE: La Constitution est l'établissement de
structures scolaires sur la base...
M. CHARRON: Pas besoin de faire un dessin sur le caractère
sociologique de la langue et de la religion au Québec. Le lien est assez
facile à faire, c'est aux alentours de 95 p.c. protestant
égale anglais j'imagine, je ne le sais pas. Il y a une loi qui
n'a pas de suite dans les structures scolaires d'une part. Deuxièmement,
si je comprends bien la suggestion de M. Dobie, c'est que le choix de la
commission scolaire où le parent va voter repose plutôt sur
l'endroit où son enfant est inscrit plutôt que sur sa religion
à lui.
M. SAINT-PIERRE: C'est ce que lui désirait. M. CHARRON: C'est ce
que lui désire.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas dans les faits.
M. CHARRON: C'est ça. D'accord.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Dobie et nous lui assurons que la
commission va prendre note de ses recommandations. Nous allons entendre
maintenant le représentant de l'Association des commissions scolaires
professionnelles du Québec. La parole est à M. Raymond
Beaudoin.
Association des commissions scolaires confessionnelles
du Québec
M. BEAUDOIN: M. le Président, nous remercions la commission
parlementaire de nous recevoir afin que nous puissions présenter
certaines revendications, même s'il est déjà minuit
trente.
Afin d'éviter des questions de la part des députés,
je me permettrais de préciser immédiatement le nombre de membres
que nous représentons. Tout d'abord, notre association a
été fondée légalement mais elle existait avant sous
le nom de Comité du maintien des commissions scolaires et elle groupait
400 membres.
Cet après-midi, M. Lefebvre, de la Fédération des
commissions scolaires, nous a dit qu'il restait 873 commissions scolaires
catholiques dont 97 sont regroupées. Si nous soustrayons ces 97, il
resterait donc 776 commissions scolaires non regroupées, ce qui voudrait
dire que si on se partageait moitié-moitié, ça ferait 388
et nous avons 400 membres.
M. Lefebvre compte parmi ces 776 membres des membres qui sont
également membres de notre association, mais tant et aussi longtemps
qu'ils n'ont pas démissionné de la fédération, ils
en demeurent membres et c'est la même chose chez nous. De quelle
façon fait-on le recrutement? Chaque commission scolaire qui veut
devenir membre doit envoyer une résolution à l'effet qu'elle veut
devenir membre de l'Association des commissions scolaires confessionnelles du
Québec.
Nous endossons intégralement les commentaires qui ont
été présentés par l'Association des parents
catholiques. Je tiens à faire remarquer qu'à la première
page du mémoire de l'Association des parents catholiques, à
l'article"Ce que nous voulons", il est dit ceci: "Regroupement volontaire, et
que cette décision devait être prise librement, etc." Le reste du
texte est
composé, à notre avis, de commentaires sur le bill 27
à l'effet qu'il est trouvé par l'Association des commissions
scolaires et notre association également inapplicable.
Nous ne commenterons pas le bill 27 sous ses divers aspects. Il l'a
déjà été d'ailleurs par M. Bouchard et nous croyons
inutile de le refaire. Permettez-nous cependant de vous formuler diverses
revendications et particulièrement de répondre à certaines
accusations des députés en Chambre à l'effet que nous
étions des conservateurs, que nous avions un esprit de clocher et que
nous voulions rétrograder.
Nous vous soumettons quelques idées et faits qui permettront
d'élucider les raisons qui motivent notre opposition au bill 27 et nous
précisons: 1- Que l'Association des commissions scolaires, comme
ç'a été dit cet après-midi, a été
fondée en 1942 par ce même groupe de personnes accusées et,
en 1947 donnait naissance à la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec; 2- Que lors de la centralisation
paroissiale, ces personnes ridiculisées étaient parmi les
premières à fermer leurs écoles de rang; 3- Que
l'opération 55 a obtenu les résultats escomptés par le
ministère dans les paroisses où ces mêmes personnes
étaient commissaires nous tenons compte cependant de quelques
exceptions qu'il y a eues, à savoir qu'il restait, parait-il, une
école ou deux de rang et peut-être quelques commissions scolaires
également qui ne sont pas affiliées à des
régionales 4- Que certains députés auraient
avantage à approfondir les besoins de leurs électeurs avant de se
prononcer sur un projet de loi ayant autant d'effets néfastes sur le
bill 27; 5- Que la publicité excessive orchestrée par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, les associations de commissions scolaires de zones, le
ministère de l'Education, auraient dû produire des
résultats à l'opération de regroupement volontaire tout
comme l'opération 55, si les commissaires avaient jugé que cette
opération améliorait administrativement et pédagogiquement
l'éducation; 6- Que plusieurs députés, à
circonscription électorale urbaine, ne sont pas conscients des besoins
ruraux et des conséquences économiques qu'aura à long
terme l'application du bill 27; 7- Que notre association représente
plusieurs commissions scolaires; 8- Que nous avons reçu des milliers de
signatures de parents et quantité de télégrammes nous
appuyant.
Consultation.
Le ministre de l'Education, à la présentation du bill 27
en deuxième lecture, affirmait que la nécessité du
regroupement des commissions scolaires a été reconnue, et il
citait plusieurs organismes, entre autres la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec.
Qui compose la fédération? Les membres du bureau de
direction, son exécutif ou les commissions scolaires
représentées par leurs délégués? Nous
appuyant sur la réponse logique, nous sommes surpris que le ministre
mentionne que la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec ait participé à l'élaboration du projet
de loi 27 parce qu'à son congrès du 19 au 22 novembre 1969, les
délégués ont rejeté la résolution
numéro 7, à 86 voix pour et 232 contre, à l'effet que le
regroupement des commissions scolaires soit complété par une
législation. Si vous regardez la pièce 1, à la page 185,
vous voyez le résultat et c'est extrait du compte-rendu du
congrès qui a été fourni par la
fédération.
Le président de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, lors de sa tournée provinciale,
a consulté les commissaires sur le mode de regroupement et non sur le
pour et le contre du regroupement. Il n'était pas mandaté par
l'assemblée générale pour effectuer ce travail. Il a
rencontré 1,542 commissaires alors qu'il y avait au moins 5,500
commissaires à l'élémentaire dans la province. Vous voyez
à la pièce 2 le compte-rendu de la tournée de M.
Lefebvre.
Les commissaires, tenant compte de la manière d'agir de M.
Lefebvre, ont sans doute jugé inutile d'y assister. Pourquoi 28.64 p.c.
des personnes présentes, des commissaires, n'ont-ils pas voté?
Nous pourrions croire qu'ils auraient vu le jeu du président de la
fédération qui pourrait dire dans son compte-rendu que les
commissaires ne sont pas contre le regroupement, ils ont voté pour tel
et tel mode de regroupement. A Charny, où nous étions
présents, des commissaires on voulu s'opposer et le président ne
leur a pas accordé le droit de parole.
Le ministre de l'Education, dans sa tournée provinciale, a
reçu des mémoires particulièrement à
Saint-Georges-de-Beauce, où nous étions, et il a mentionné
que c'était le premier endroit où il recevait des objections au
regroupement. Permettez-nous d'en douter, M. le ministre. A la régionale
de l'Amiante, même des commissaires d'écoles n'ont pas
été admis à la rencontre tout en étant
délégués à cette régionale, et encore moins
des délégués d'associations de parents catholiques de la
région. Quel genre de consultation était-ce donc?
Etait-ce une rencontre d'industriels voulant rendre la grande industrie
toute semblable à celle présentée dans un film au dernier
congrès de la fédération qui comparait presque
l'éducation de nos enfants à un produit manufacturé comme
si les normes des industries pouvaient s'appliquer intégralement
à des êtres humains et particulièrement à des
enfants, incertitude!
L'opération 55, telle que présentée en 1964
semblait acceptable. Si les commissaires avaient su à ce moment
jusqu'où irait l'opération 55, ils ne l'auraient probablement pas
acceptée avec autant d'empressement. Pouvons-nous accepter
le bill 27 sans tenir compte que les résultats de
l'opération 55 sont décevants vis-à-vis de tout ce qu'on
avait laissé prévoir? Certainement pas. Le ministre a
appuyé fortement sur le fait que le regroupement des commissions
scolaires n'implique pas nécessairement, ni le regroupement, ni le
transport des élèves. Aurait-il oublié que ce ne sera pas
lui qui décidera de ces questions? Qu'il nous suffise de mentionner
l'injonction de Scottstown. D'ailleurs il en a été question cet
avant-midi. Comment accepter le comité de parents
préconisé par le bill 27 alors que tant de protestations n'ont
pas porté de fruits et que ce comité demeure consultatif et par
conséquent n'a aucun pouvoir légal de décision au sein de
la commission scolaire? Les centralisateurs intéressés qu'ils
sont au développement économique laissent complètement de
côté le plus important dans l'éducation, l'enfant et la
qualité de l'éducation.
L'enseignant sera-t-il meilleur, le commissaire sera-t-il plus
compétent parce qu'il demeure en ville? Dans plusieurs cas, ce sera un
campagnard déménagé. Nous appuyant sur l'encyclique Mater
et Magistra, qui met en garde le risque d'une trop grande centralisation des
pouvoirs, permettez-nous d'insister de nouveau pour que le bill 27 soit
reporté à la prochaine session afin que ce projet soit mûri
davantage par les députés qui auraient le temps d'approfondir ces
implications diversifiées à long terme.
M. VEILLEUX: Qui est le président de la commission scolaire
régionale La Chaudière?
M. BEAUDOIN: M. Marius Bélanger.
M. VEILLEUX: Où réside-t-il?
M. BEAUDOIN: A Saint-Martin.
M. VEILLEUX: En ville?
M. BEAUDOIN : Non, à la campagne.
M. VEILLEUX: Merci. On mentionne ceci, M. le Président, à
la page 3. On dit tout simplement les centralisateurs, etc., le commissaire
sera-t-il plus compétent parce qu'il demeure en ville? Dans plusieurs
cas, ce sont des campagnards déménagés. Je voulais tout
simplement mentionner que la régionale dont fait partie la commission
scolaire de Saint-Ephrem, la régionale La Chaudière, dont le
président est M. Bélanger est un type d'un milieu rural. Il fait
très bien son travail depuis longtemps.
M. BEAUDOIN: Voici, M. le député, c'est tout simplement
pour répondre à une objection d'un député qui avait
l'air de croire qu'un commissaire de ville était plus compétent
qu'un commissaire de campagne.
M. VEILLEUX: Dans la même page, à l'article "incertitude",
vous mentionnez ceci:
Comment accepter le comité de parents préconisé par
le bill 27 alors que tant de protestations n'ont pas porté de fruits et
que ce comité demeure consultatif... Est-ce que dans votre commission
scolaire locale vous accepteriez qu'il y ait un comité de parents au
niveau de l'école qui ait des pouvoirs décisifs?
M. BEAUDOIN: Votre question, M. le député, n'a pas trop de
rapport avec ma commission scolaire, parce que le comité de parents chez
nous n'a jamais fonctionné. Je parle du comité de parents que le
bill 27 veut instituer. Il y a déjà eu des comités de
parents, est-ce que Mme Langlois a discuté.
UNE VOIX: L'atelier pédagogique et tout le "tralala"...
UNE VOIX: C'est un célibataire, il n'est pas au courant...
M. CHARRON: Comment se fait-il que vous dites que le bill 27 retire le
rôle des parents si votre comité n'a jamais marché?
M. BEAUDOIN: Je dis qu'il serait certainement difficile pour le
comité de parents d'avoir un bon fonctionnement, quand on regarde
à Scottstown où il y a eu tant de protestations au sujet du
transport des élèves d'une commission scolaire, des
élèves de 3e année qui étaient plus nombreux
à Scottstown et qui ont été déménagés
à un autre endroit.
Il y a eu une protestation des parents, il y a même eu une
injonction et ça n'a pas porté fruit. Les enfants ont
été déménagés quand même.
C'est parce qu'ils étaient consultatifs à ce
moment-là. Ce sont les commissaires de la commission scolaire
regroupée qui ont pris la décision de déménager les
élèves.
M. VEILLEUX: Est-ce que votre mémoire a été
accepté en assemblée générale par les 400
membres?
M. BEAUDOIN: J'ai oublié de le dire, je m'excuse. Cela a
été accepté à un congrès tenu à
Saint-Georges-de-Beauce le 25 octobre 1970 et tous les commissaires
présents ont voté unanimement à l'effet de rejeter tout
projet de loi qui voudrait un regroupement de commissions scolaires.
M. VEILLEUX: Quand vous mentionnez 400 membres, est-ce que vous
mentionnez 400 commissions scolaires membres de l'association?
M. BEAUDOIN: Oui.
M. VEILLEUX: Combien parmi les 400 commissions scolaires étaient
présentes à votre assemblée générale? A peu
près.
M. BEAUDOIN: Il pouvait y en avoir une centaine environ. Je n'ai pas
noté le nombre, j'ai seulement les résolutions, mais environ.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je voudrais remercier l'Association des commissions
scolaires confessionnelles du mémoire présenté.
Malgré ma grande générosité, je ne pourrai
cependant donner suite à leur désir de reporter à la
prochaine session ce projet de loi. J'ai bien l'intention de le faire adopter
à cette session-ci. Je ne suis pas pressé, mais j'ai
décidé de passer à l'action.
M. BROCHU: J'aurais simplement une question au ministre. Est-ce qu'il y
a des raisons particulières qui l'incitent à le faire adopter
aussi rapidement?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas rapidement. Vous voyez tantôt, nous
avons eu des reproches de groupes qui nous demandent pourquoi nous avons
piétiné. Il a été déposé au mois
d'avril, cela a donné amplement le temps à tous les groupes de
l'analyser. Maintenant, il faut bien passer à l'action, parce
qu'à l'automne nous en avons d'autres projets de loi sur
l'éducation. Vous pourrez discuter du no 28 sur la restructuration
scolaire.
M. BROCHU: Puisque d'un autre côté, il y a autant de
groupements et autant de représentants qui demandent également
que le projet soit reporté, je me demande si ce soir il n'y aurait pas
lieu...
M. SAINT-PIERRE: Je pense que ce soir de la part des enseignants, de la
part des parents on a vu un désir de faire un regroupement. C'est
peut-être en dehors de la discussion avec...
M. BROCHU: Je pense que si on embarque sur le désir des parents,
on va peut-être...
M. DUMONT: Mais 400 commissions scolaires qui disent non, est-ce que
ça ne mérite pas d'étudier davantage le bill 27 avant de
vouloir se faire à l'idée du gouvernement? Vous ne croyez pas que
ça a une certaine pesanteur.
M. VEILLEUX: Peut-être que, pour éclairer les membres de la
commission, je pourrais demander à M. Beaudoin dans quelles
régions sont situées les 400 commissions scolaires membres de
l'Association des commissions scolaires confessionnelles?
M. BEAUDOIN: Il y en a dans toute la province.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'il y en a dans la régionale
Honoré-Mercier?
M. BEAUDOIN: Il faudrait quand même que vous me donniez des
noms.
M. VEILLEUX: Voyez-vous, je tiens à vous dire que personnellement
j'ai eu l'occasion de rencontrer tous les commissaires d'écoles de ma
région, même de deux comtés le comté de
Missisquoi et le comté d'Iberville, même il y avait une commission
scolaire du comté de Napierville-Laprairie et à
l'unanimité les 28 commissions scolaires présentes sur 29 ont
accepté le principe du regroupement des commissions scolaires.
Je peux vous dire que, personnellement, quand je suis en faveur du
regroupement des commissions scolaires, je suis effectivement le porte-parole
des commissions scolaires de ma région.
M. BEAUDOIN: Je pense que vous avez tout à fait raison
d'être en faveur du bill 27, si vos commissaires le veulent, mais je
crois qu'il n'y a pas besoin d'une loi pour les obliger à les regrouper
s'ils le veulent, ils n'ont qu'à le faire librement.
Est-ce que je pourrais ajouter une chose? Aujourd'hui nous avons entendu
plusieurs mémoires, mais nous remarquons cependant que même ceux
qui étaient en faveur du principe avaient toujours une quantité
de revendications, toujours des corrections à apporter. Il semble qu'il
est très difficile d'application. Je me demande si les libéraux
ne font pas un peu fausse route vis-à-vis de l'électorat. Si on
prend, j'ai fait un petit calcul...
M. SAINT-PIERRE: Il n'y a aucune préoccupation
électorale.
M. LE PRESIDENT: C'est hors d'ordre.
M. BEAUDOIN: Je m'excuse alors, je veux bien rester dans l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés auraient des
questions?
L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ajouterais un petit mot pour dire...
L'Association des commissions scolaires confessionnelles du Québec a
ajouté en annexe certains documents et on se fait l'honneur de me
citer.
On y cite des papes deux fois et moi quatre fois. Merci. La
première citation est une chose tellement simple: distinction entre
éducation-formation et instruction, etc. il n'y a pas de problème
là-dedans. En ce qui concerne les autres citations, je dois faire
observer à ceux qui voudraient faire un usage malhonnête de ces
propos que ces textes ont été tirés de conférences
que j'ai données au moment de la parution du rapport Parent. Ce que je
dénonce dans les paragraphes que l'on a tirés de certains textes,
ce sont précisément des choses que le
ministre de l'Education qui a précédé l'actuel
ministre, a progressivement corrigées et ce sont des choses que le
ministre de l'Education actuel se propose de corriger par le projet de loi 27.
Par conséquent, j'estime que l'utilisation qu'on a voulu faire de ces
textes, est, je ne dirais pas malhonnête, mais à mon sens
suspecte. Je mets en garde immédiatement les créditistes contre
l'utilisation qu'ils pourraient en faire parce que les gens savent très
bien que, parlant français, je puis parler aux gens qui parlent
français.
M. DUMONT: M. Beaudoin, vous parlez ici dans votre mémoire du
président de la fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec qui, lors de sa tournée provinciale,
n'aurait consulté que 1,542 commissaires. Donc, vous affirmez qu'il y a
au moins 4,000 commissaires dans la province de Québec qui n'auraient
pas été consultés concernant ce regroupement et ce projet
de loi 27.
M. BEAUDOIN: Nous affirmons qu'il y aurait probablement eu lieu de
mettre environ 5,500 commissaires parce qu'à ce moment-là, il
aurait pu y avoir existé 1,100 commissaires. M. Lefebvre a justement
mentionné qu'en 1969 il y a eu quantité de regroupements. Le
chiffre est exact si vous voulez, laissez-en 900 multiplié par cinq
commissaires, serait de 4,500. C'est un chiffre arbitraire, on n'a pas de
données précises. C'est pour ça qu'on se pose une question
à savoir pourquoi les autres n'étaient pas présents.
M. LE PRESIDENT: Je considère, M. Beaudoin, le débat
terminé. On vous en remercie et on prend note de vos
recommandations.
M. BEAUDOIN: Je vous remercie, M. le Président. Merci, messieurs
les membres de la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le représentant de la Corporation
des secrétaires municipaux et scolaires, M. Henri Auger.
Corporation des secrétaires municipaux et
scolaires du Québec
M. AUGER: M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres
de la commission parlementaire, à titre de président de la
Corporation des secrétaires municipaux et scolaires du Québec, je
tiens tout d'abord en tout premier lieu à remercier la commission de
nous avoir invité à vous soumettre un mémoire dans lequel
la corporation, que je représente, approuve le principe de la
restructuration scolaire, telle que proposée dans le bill 27.
Pour certains aspects techniques, je cède la parole à
notre conseiller juridique, Me Pierre Delisle. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Avant d'accorder la parole à M. Delisle, je
voudrais qu'on fasse un résumé, si possible, du mémoire
que la corporation nous a présenté vu l'heure assez tardive.
M. DELISLE: Cela va être court en effet. L'intervention sera un
résumé très bref de quelques aspects techniques
soulevés par le projet de loi 27 qui concernent plus
particulièrement les secrétaires-trésoriers. Il faudrait
peut-être ajouter, comme introduction, que le mémoire est
présenté par la Corporation des secrétaires municipaux et
scolaires du Québec ainsi que par l'Association professionnelle des
secrétaires-trésoriers scolaires du Québec. Les deux
associations groupent, pour la première, 800 membres et, la seconde, 200
membres dans les commissions scolaires surtout de milieux urbains.
En annexe au mémoire trois résolutions sont soumises
donnant l'idée de l'ensemble des membres, tant de l'association
professionnelle que de la corporation des secrétaires, sur le projet de
loi et sur la restructuration.
Disons qu'il est facile de comprendre qu'à titre d'officier de
commission scolaire ou d'employé de cadre des commissions scolaires ce
n'est pas au secrétaire de prendre position sur la question politique ou
sur la question de désirabilité du projet. Il reste cependant que
le projet comme tel répond à un souci de meilleure administration
et que ce souci de meilleure administration est un souci actuellement des
secrétaires qui sont prêts à jouer le jeu des nouvelles
structures si telle est la décision de l'Assemblée nationale.
Cependant, si on se réfère au mémoire qui a
été soumis, il y a deux articles qui nous inquiètent
fortement, c'est-à-dire l'article 41 concernant la division des
fonctions de cadre à l'intérieur des futures commissions
scolaires et l'article 93 concernant la sécurité d'emploi.
A l'article 41 je pense qu'on peut dire tout de suite que nous avons
déjà rencontré, après le dépôt du
projet de loi, le ministre Saint-Pierre pour essayer d'obtenir des informations
supplémentaires. Je dois avouer à la commission parlementaire
qu'on n'y comprend absolument rien.
L'article 41 laisse entendre que les fonctions seraient partagées
éventuellement entre trois personnages qui seraient le directeur
général, l'adjoint et le secrétaire général.
Le second paragraphe laisse entendre que, par réglementation de chacune
des commissions scolaires, ces différents pouvoirs ou les pouvoirs
actuellement conférés au secrétaire-trésorier
seraient une fois de plus partagés entre les deux premiers personnages
et un troisième qui serait le contrôleur des finances. Alors cette
solution d'un problème, qui est d'ailleurs probablement mal
défini dans l'article 41, ne plaît pas à prime abord
à la Corporation des secrétaires-trésoriers, pour une
raison évidente, c'est qu'on semble y voir la disparition de la fonction
comme telle et au-delà des termes employés, que ce soit
secrétaire-trésorier ou que ce soit secrétaire
général, au-delà des termes la corporation croit que ses
membres ont encore un rôle à jouer dans les nouvelles structures,
rôle qui pourrait être modifié. La corporation croit que ce
serait le devoir de l'Assemblée nationale de préciser
elle-même les différentes fonctions qui devraient être
données à chacun des personnages ou au personnel de cadre des
nouvelles commissions scolaires. Cette responsabilité qu'a
l'Assemblée nationale, on ne voudrait pas la voir déléguer
par le biais d'une réglementation individuelle des commissions scolaires
parce que ça ne pourrait que jouer d'après nous un mauvais tour
aux cadres scolaires qui jouent le jeu scolaire au Québec
actuellement.
Quant à cet article 41, le mémoire fait surtout mention
d'appréhensions ou d'informations désirées ou de
précisions de textes, car il n'est pas dans le cadre de notre mandat de
proposer une structure, qu'on l'appelle unicéphale ou bicéphale.
On ne sait pas trop si c'est le débat qui est à
l'intérieur de l'article 41. Ce que l'on demande, dans le fond, c'est
que la fonction de secrétaire-trésorier continue et qu'on
prévoie à l'intérieur des nouvelles structures une
position précise pour les secrétaires qui ont oeuvré
jusqu'ici dans le travail scolaire. Au surplus, que l'Assemblée
nationale décide elle-même de la distribution des fonctions et
décide d'elle-même d'amender le code scolaire ce qui,
d'après nous, sur le plan juridique ne peut se faire par
réglementation individuelle.
La deuxième préoccupation qu'on peut retrouver aux pages
10 et suivantes du mémoires qui sont les pages essentielles, concernent
la sécurité d'emploi. Là, il ne s'agit plus d'informations
que nous demandons mais d'appréhensions réelles et
sérieuses.
La question de sécurité d'emploi est traitée
vous le savez tous, je pense bien, après une journée
complète de discussions, d'ailleurs c'est une question qui devrait
intéresser les députés en général, c'est une
chose, la sécurité d'emploi, qui est très mal connue ici
et elle nous fait poser plusieurs questions. La première, c'est
un argument de texte, c'est la question de savoir si l'ensemble des personnes
actuellement à l'emploi des commissions scolaires seront effectivement
réengagées à l'intérieur de ce qu'on appelle des
plans d'intégration. L'interprétation actuelle que l'on peut
faire de l'article nous permet d'en douter énormément et je pense
bien que l'intention du ministre de l'Education est de respecter les notes
explicatives données à la page 2 ou à la page 3 du projet
de loi 27, qui mentionnaient que cet article devait prévoir le respect
des droits acquis. A ce moment-là on devrait préciser le texte et
inclure l'ensemble des personnes actuellement à l'emploi des commissions
scolaires et plus spécialement le personnel de cadre.
Cette première question est peut-être un peu plus simple,
la deuxième qui nous fait réagir d'une façon suffisamment
importante, c'est qu'on n'a prévu aucune structure pour le respect de ce
réengagement, passé le 1er juillet 1972.
C'est-à-dire qu'à minuit le 30 juin, ces
personnes-là seraient réengagés mais à 1 heure le
1er juillet, si ces nouveaux commissaires siègent, l'ensemble pourrait
être congédié et on pourrait à ce moment-là
faire ce qu'on a déjà commencé à faire au
Québec, demander à un ensemble de pédagogues qui
connaissent bien le système scolaire, surtout au plan pédagogique
et qui ont peut-être de très bonnes qualifications administratives
mais demander purement et simplement de remplacer tout le personnel,
spécialement le personnel de cadre qui a oeuvré pendant des
années, qui a certaines compétences et sur lequel d'ailleurs on
reviendra.
On remarque qu'il n'y a aucune structure, on remarque aussi qu'il n'y a
aucune prévision pour le salaire, au niveau du plan
d'intégration, qu'il y aura au minimum un respect du salaire égal
à celui que la personne obtenait antérieurement. Sur toutes ces
questions, je ne veux pas m'allonger mais j'aimerais référer la
commission et les députés qui en font partie à la
résolution no 2 qui est soumise en annexe. Je m'excuse, il s'agit de la
résolution no 3 concernant le projet gouvernemental de regroupement
scolaire.
Cette résolution, quant à nous, prévoit un
système de ce qu'on peut appeler respect des droits acquis ou
sécurité d'emploi et de salaire, peut-être même plus
réaliste que celui qui est prévu dans le projet de loi no 27. En
ce sens que la corporation qui groupe des secrétaires à temps
plein, des secrétaires de toutes les compétences et des
secrétaires aussi à temps partiel parce que l'objection
viendra sûrement des députés tout à l'heure alors,
il s'agit de ne pas le nier de notre part la corporation est consciente
que l'ensemble des 600 ou 700 membres ou peut-être 800 membres actifs
n'ont peut-être pas tous la compétence pour s'intégrer
demain matin ou dans un an dans les nouvelles commissions scolaires
regroupées.
La structure que nous proposions était un certain respect des
droits acquis, un réengagement presque automatique pour peut-être
le tiers des membres qui actuellement, peuvent très facilement prendre
l'un ou l'autre des emplois de cadre qui sont prévus dans les
organigrammes, soit le document 21 ou un futur document qui sera
préparé par les autorités du ministère de
l'Education.
Quant à une autre catégorie qu'on pourrait appeler la
catégorie tampon, il y a peut-être un autre tiers, je fais des
catégories approximatives mais certains chiffres ont, je crois,
été donnés au ministère, quant à l'autre
tiers, on pourrait espérer du ministère un peu plus de
perspicacité et prévoir un certain programme de recyclage pour
ces gens-là, recyclage qu'on a mis au maximum à un an dans la
résolution. Il ne s'agit pas de négocier sur une base quelconque
mais il faudrait quand même que ce soit suffisamment court pour laisser
un espoir à ces gens-là.
Il ne s'agit pas de les faire, comme on dit en canadien, poiroter dans
une école pendant trois ans à l'âge de 45 ans. La
troisième catégorie, particulièrement certains
secrétaires à temps partiel qui seraient éloignés
des nouveaux centres de décision, des nouvelles commissions
regroupées, que pour ces gens-là, on prévoie un
système de recyclage ou de réembauchage, soit dans l'entreprise
publique ou privée, comme ça s'est fait dans bien des fusions,
des restructurations d'organismes administratifs...
M. CHARRON: Comme pour les gars de Lapalme.
M. DELISLE: Comme pour les gars de Lapalme, malheureusement, il ne
semble pas que ce soit ça. Disons que la structure qui est prévue
là était essentiellement l'idée de la corporation. On se
félicite du principe prévu dans la loi que tous les
employés seront réengagés avec les nuances que j'ai
exposées tout à l'heure mais il demeure qu'on en demande
peut-être un peu moins mais un peu plus en même temps.
On ne demande pas que tous soient exactement
réintégrés ou respectés dans leur même
emploi, on demande cependant qu'on s'occupe un peu plus du problème
particulier de chacun parce qu'on créera beaucoup de malheur dans bien
des endroits. Si les députés sont intéressés, on
pourra donner maints exemples tout à l'heure de ce qui s'est
passé dans les regroupements volontaires.
Cette structure de trois paliers, si on peut l'appeler ainsi, sur le
respect des droits acquis est une méthode quand même assez souple.
Nous voudrions qu'un droit d'appel à ce niveau-là soit
donné à la commission municipale du Québec qui a
déjà une responsabilité en matière d'engagement, de
destitution ou de diminution de salaire des
secrétaires-trésoriers. Nous croyons qu'à défaut
d'une entente provinciale concernant le personnel de cadre, chose qui n'est pas
encore faite, nous croyons que la commission municipale du Québec est
peut-être le seul organisme suffisamment indépendant pour
peut-être conserver un certain droit de regard sur ce qui se fera dans
l'année qui vient au niveau des plans d'intégration.
Où enverra-t-on les secrétaires-trésoriers? Quel
poste et quel salaire leur offrira-t-on et qu'est-ce qu'il leur arrivera par la
suite pendant l'année 1972, au minimum? Il est peut-être pertinent
à ce moment-ci de mentionner aux membres de la commission que
l'Assemblée nationale a déjà respecté ces
principes-là lors des projets de fusion forcée à
Percé, à Sainte-Scholastique ainsi qu'à Gaspé et
aussi l'ensemble de ces principes-là s'appuie sur le code du
travail.
Vous avez des références au code du travail ainsi qu'aux
lois des fusions volontaires ainsi qu'au code scolaire. C'est un principe
universellement reconnu que, lorsque des corps se regroupent, qu'ils soient de
l'entreprise privée ou qu'ils soient publics, qu'on doit au minimum
respecter les personnes qui ont oeuvré à l'intérieur de
ces cadres et dans toute la mesure du possible leur offrir un poste ou leur
offrir une solution de rechange si cela s'avère nécessaire pour
leur permettre de survivre à une opération qui demeure quand
même forcée. Même si elle est voulue de tous, il demeure que
c'est une opération qui devra se faire rapidement, dans un délai
maximal d'un an et c'est une opération qui sera sûrement un
très grand bien pour la population scolaire du Québec mais c'est
aussi une opération qui créera des pressions, des besoins
importants à bien des niveaux.
Il faudrait peut-être se rappeler aussi que beaucoup de
secrétaires-trésoriers, surtout des parties rurales, parce qu'on
en représente énormément des parties rurales, sont
peut-être plus à même d'être mises en danger par ces
nouvelles structures. Et même si unanimement et d'une façon
très dynamique elles se sentent d'accord sur le projet ou sur la mise en
oeuvre de nouvelles structures, il ne faudrait pas non plus du même coup
s'en débarrasser purement et simplement comme du bois mort sans
même s'attarder au problème qui pourrait être particulier
mais sans même s'attarder au cas d'espèce.
Je ne voudrais pas insister plus. Le mémoire est suffisamment
explicite sur tous ces points-là, sur les aspects juridiques en
particulier et les trois résolutions qui sont en annexe exposent d'une
façon très précise aussi l'idée des membres et
l'idée du conseil d'administration des deux organismes que nous
représentons ici aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean avait
demandé la parole.
M. VEILLEUX: Je trouve très intéressant ce que vous
mentionnez. J'aurais deux questions. Est-ce que votre association regroupe, ou
est-ce que dans ce que vous demandez, vous voulez donner une protection
d'emploi, par exemple, à une commission scolaire strictement rurale
où le secrétaire-trésorier n'est à l'emploi de la
commission scolaire qu'au moment où il y a des assemblées d'une
commission scolaire. En d'autres mots, le type a son travail journalier et il
fait un travail de secrétaire-trésorier très
partiellement, le soir, par exemple.
M. DELISLE: En principe, et je vais préciser, oui. En pratique,
non parce qu'il existe beaucoup de types de secrétaires à temps
partiel. Il existe des personnes qui oeuvrent à temps partiel mais il
faut nécessairement qu'elles aient un bureau ouvert ou bien c'est
l'épouse qui fait le travail ou ce sont des personnes quelconques. Il
reste qu'il y a des cas extrêmes ou réellement des personnes ne
font en salaire que quelques mille dollars par année. Mais disons que
c'est quand même l'extrême minorité de ce qu'on
appelle communément le secrétaire à temps partiel.
Il y a des personnes qui sont, par exemple, à la fois secrétaires
municipaux et scolaires d'ailleurs, c'est le nom de la corporation, nous
regroupons l'ensemble des deux il y a des personnes qui oeuvrent
à temps plein, qui ont un secrétariat à temps plein et
très bien organisé au municipal et au scolaire.
Il reste que, lorsque le regroupement se fera, on enlèvera
peut-être à des personnes, qui font $10,000 ou $15,000, la
moitié de leur revenu parce que dans une municipalité
particulière on a jugé bon de concentrer les deux
secrétariats, chose d'ailleurs qui est admise aux Etats-Unis où
la responsabilité scolaire est une responsabilité municipale.
Dans un cas comme celui-là, il faudrait quand même, pour
être juste avec les personnes qui ont travaillé peut-être
dix ou quinze ans, qui sont compétentes, d'abord prévoir une
technique d'option, ce qu'on a prévu dans la résolution
numéro 3, peut-être donner un délai à ces
gens-là pour opter soit pour un système ou pour l'autre et, par
la suite, leur donner aussi un certain respect des droits acquis.
Maintenant, en ce qui concerne les petits secrétaires à
temps très partiel et je le dis une autre fois, c'est
l'extrême minorité il s'agit de personnes que nous
regroupons dans la troisième catégorie et, si c'est possible, si
ces gens-là sont suffisamment jeunes pour se lancer dans une nouvelle
profession, qu'on prévoie, avec le ministère du Travail et
d'autres ministères intéressés, un programme
spécial d'embauche. Ce sont des choses qui peuvent se faire en 1971.
M. VEILLEUX: Je pense, monsieur... pourriez-vous me rappeler votre nom,
s'il vous plaît?
M. DELISLE: M. Delisle.
M. VEILLEUX: J'ai plusieurs exemples en tête de commissaires
auxquels vous faites allusion. J'en ai un, entre autres, dans une commission
scolaire de ma région où le secrétaire-trésorier
est professeur à temps plein le jour à la Commission scolaire des
écoles catholiques de Montréal. Je ne pense pas que vous
protégiez ce type d'individu. Une ligne générale peut
être très difficile d'application, cela devient un cas
d'espèce. Je termine en vous demandant si vous avez eu bien des
problèmes lorsque cinq cents commissions scolaires se sont
regroupées en 97, si je me souviens bien.
M. DELISLE: En général, l'expérience a
été assez malheureuse. Vous allez trouver, au dernier chapitre du
mémoire, une référence à un arrêt type, une
cause type qui a été plaidée concernant les regroupements
volontaires. Il s'agit de l'arrêt Lambert versus la municipalité
de l'Anse-aux-Gascons où la commission municipale a décidé
qu'en matière de regroupement le droit d'appel cessait d'exister. Il
s'agissait d'une interprétation quand même assez rigoureuse de la
loi. Même les conseillers juridiques du ministère de l'Education
ne s'entendaient pas tellement sur cette question. Il reste que, dans cette
commission scolaire en particulier, la première résolution
passée par les nouveaux commissaires concernait le réengagement
de tous les balayeurs et la seconde le congédiement de tous les
secrétaires-trésoriers. Quant à nous, cela pose une
situation quand même assez étrange. Il faut même ajouter que
la commission scolaire particulière celle qui employait l'ancien
secrétaire-trésorier avait exigé par
résolution le réengagement ou du moins qu'on donne un certain
poste de cadre à cette personne-là, qui, d'après nous, du
moins dans le cas particulier, avait la compétence voulue pour agir
comme contrôleur ou comme directeur à l'équipement ou au
transport scolaire. De toute façon, il aurait pu y avoir des solutions,
des discussions ou une certaine méthode de conciliation que nous ne
trouverions pas idéales avec la commission municipale du Québec,
mais qui serait quand même une première approche. Il n'existe pas,
à moins d'en créer une actuellement dans le projet de loi,
d'organisme de conciliation à ce niveau-là. Il en existe pour les
employés salariés, les enseignants, mais il n'en existera pas
pour les cadres, il n'en existera pas spécialement pour les plus petits
dans les petites sections où la tendance générale est de
réengager, par exemple, le secrétaire-trésorier du milieu
urbain ou celui de la plus grosse commission scolaire et de se départir,
de la meilleure façon possible, des autres.
M. VEILLEUX: Est-ce que vous acceptez, M. Delisle, le principe que c'est
plus facile d'établir une sécurité d'emploi aux
enseignants d'une commission scolaire qu'aux secrétaires des commissions
scolaires? Vous devez certainement avoir en tête des cas moi, j'en
ai où c'est un homme qui porte le titre de
secrétaire-trésorier, mais c'est son épouse qui fait tout
le travail.
M. DELISLE: J'en connais aussi. Il y a assez longtemps que j'oeuvre dans
le domaine. Evidemment, nous ne sommes pas là pour poser des questions
mais est-ce que ce n'est quand même pas des cas d'exception? Il y a quand
même 900 commissions scolaires on vient de parler du nombre
est-ce que ce ne sont pas des cas d'exception? Est-ce qu'on ne pourrait pas se
référer à quelqu'un d'indépendant? Par exemple, la
commission municipale a toujours été habilitée, dans les
dernières années, à juger les cas de congédiement
pour les raisons comme cela, à savoir des questions de
non-compétence ou de non-intéressement au travail parce que c'est
la femme qui fait le travail ou le gars fait autre chose à temps plein
ailleurs?
M. VEILLEUX: Dans mon esprit, dire: On regroupe les commissions
scolaires et on fait
disparaître tous les secrétaires-trésoriers
existants, c'est une mesure extrême comme de dire: Tous les
secrétaires-trésoriers à l'emploi de toutes les
commissions scolaires, on va leur trouver quelque chose. C'est encore une autre
mesure extrême. Cela devient une étude d'espèce beaucoup
plus qu'autre chose.
M. DELISLE: Il reste, cependant, que l'Assemblée nationale a
quand même respecté ces principes-là dans tous les
regroupements municipaux. Quant à moi, je ne peux pas voir de
distinction ou de différence à faire entre les deux
systèmes à ce niveau-là.
Il est de même d'ailleurs de l'article 41 qui propose quant
à nous une structure unicéphale, soit un directeur
régional. Il existe dans les villes des gérants de ville et on a
pu quand même respecter dans la Loi des cités et villes certains
pouvoirs au secrétaire qui est un officier d'exécution, purement
et simplement des ordres de l'assemblée législative. Un conseil
municipal et une commission scolaire, c'est une assemblée
législative. Je vois mal un directeur général qui est le
premier cadre administratif, qui est le responsable de l'administration,
répondre de son administration et à la fois prendre des notes,
sortir des procès verbaux, envoyer les comptes de taxes, enfin toutes
les responsabilités qui sont données au code scolaire
actuellement. Pourquoi ne pas répartir les diverses
responsabilités à l'intérieur du code scolaire dans des
textes précis, laisser une certaine responsabilité d'unité
parce que les faits le disent actuellement en 1971, à un type qui
serait secrétaire ou secrétaire-trésorier ou
secrétaire général ou quelque nom qu'on invente ou cadre
administratif ou quoi que ce soit à cette personne de sorte
qu'à l'intérieur du regroupement les personnes qui sont
actuellement secrétaires-trésoriers auront au moins un poste
auquel elles pourront aspirer. Si on enlève ce poste...
M. LE PRESIDENT: La parole...
M. SAINT-PIERRE: Au sujet du partage des responsabilités entre
différents postes qui sont mentionnés, ce qu'on met dans le texte
de loi, c'est aussi le principe de l'unicéphalie, c'est-à dire
que le secrétaire-trésorier ou le nouveau secrétaire
prévu dans le texte de loi pourra avoir des responsabilités
particulières pour les comptes rendus des réunions du
comité exécutif et du conseil des commissaires. Mais il
relève quand même du directeur général, des
principes de gestion...
M. CHARRON: Mais, il y a un autre fait aussi à ce point...
M. SAINT-PIERRE: C'est qu'on dit simplement que l'ensemble des pouvoirs
actuellement détenus par le secrétaire-trésorier est
partagé, somme toute, entre trois personnes tel que
mentionné dans le texte de loi: le directeur général, le
secrétaire et l'adjoint.
M. DELISLE: Mais là-dessus, M. le ministre, vous ne le savez
peut-être pas ou peut-être le savez-vous, actuellement on met
déjà en oeuvre le projet de loi no 27 dans plusieurs commissions
scolaires du Québec. Bien des commissions scolaires ont
déjà commencé à nommer des directeurs
généraux et des secrétaires-trésoriers à la
fois, de sorte que même actuellement bien des secrétaires perdent
leurs droits acquis ou leurs droits d'appel ou peut-être même le
droit d'être prévus dans un plan d'intégration
l'année prochaine. Alors non seulement la structure est
unicéphale, non seulement elle est prévue dans le projet de loi,
mais elle est déjà appliquée et elle est appliquée
en prévision de l'acceptation de cette loi. Souvent il arrive que le
secrétaire général, le directeur général est
purement et simplement nommé secrétaire-trésorier, c'est
une question uniquement juridique pour lui permettre de signer tous les
documents. A ce moment, on fait simplement disparaître la fonction et je
vois mal pourquoi le système scolaire du Québec s'orienterait au
niveau de sa structuration juridique d'une façon différente des
corporations municipales au Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Est-ce qu'actuellement vous avez la stabilité d'emploi,
oui ou non?
M. DELISLE: Oui, actuellement nous l'avons. Le
secrétaire-trésorier actuellement ne peut pas être
congédié, sauf pour des causes que la Commission municipale peut
entendre à tout moment, et sur lesquelles elle a le droit de
décision en dernier ressort.
M. BOIS: Comme vous l'avez mentionné, tout à l'heure, pour
les secrétaires par exemple, le fait d'être éloignés
des centres de décision, est-ce que cela peut créer le même
problème pour les commissions scolaires?
M. DELISLE: Je ne comprends pas tellement votre question. Vous voulez
dire que pour les secrétaires-trésoriers, le fait d'être
éloignés des centres de décision...
M. BOIS: Oui, est-ce que cela peut affecter les commissions scolaires
locales de la même façon?
M. DELISLE: Sûrement pas de la même façon, parce que
le secrétaire de toute façon était un employé de
l'ancienne commission scolaire. L'exemple que j'ai donné tout à
l'heure montrait qu'au niveau du choix, par exemple du
secrétaire-trésorier, s'il en est nommé un, dans la
nouvelle commission scolai-
re regroupée, on aura plutôt tendance à nommer
l'ancien secrétaire de la commission la plus importante. D'ailleurs,
c'est ce qu'on a vécu dans les regroupements volontaires.
A ce niveau-là, peut-être que ça donne raison, mais
je ne peux pas faire de lien direct entre la nomination d'un nouveau
secrétaire-trésorier et l'éloignement des centres. Il ne
s'agit pas nécessairement de la distance, mais il s'agit purement et
simplement d'une position de force à l'intérieur de certaines
décisions administratives.
C'est normal d'ailleurs, parce que, le plus souvent, le
secrétaire-trésorier du centre le plus important est
généralement le plus qualifié, et là, on ne
conteste pas.
M. BOIS: Comprenez-vous, si vous représentez les
secrétaires municipaux et scolaires, le télégramme qui
provient du secrétaire de l'Association professionnelle des
administrateurs scolaires, qui se déclare entièrement en faveur
du bill?
M. DELISLE: L'APASQ qui se déclare en faveur du bill? Nous nous
déclarons en faveur du bill nous aussi.
M. BOIS: En fin de compte, est-ce que vous représentez les
secrétaires municipaux et scolaires?
M. DELISLE: Oui. Là, vous vous référez à une
autre organisation qui groupe des administrateurs scolaires, l'Association
professionnelle des administrateurs scolaires, qui groupe peut-être une
trentaine ou une quarantaine de secrétaires-trésoriers...
M. BOIS: Ah, excusez-moi!
M. DELISLE: C'est ce qu'on appelait anciennement les secrétaires
millionnaires à budget d'un million et plus.
M. VEILLEUX: Il y a de la discrimination chez vous.
M. BOIS: Est-ce que, dans les questions de nomination, vous croyez que
ceci peut amener des questions d'influence sur les nominations futures?
M. DELISLE: Disons qu'en théorie on peut sûrement
prévoir des heurts assez importants entre des membres de cette
association et des membres d'autres associations pour l'obtention des postes,
surtout si on donne une interprétation restrictive au plan
d'intégration. Si la nouvelle commission scolaire a le choix de
décider qui sera dans le plan d'intégration et qui n'y sera pas,
parce qu'il n'y a pas d'obligation d'inclure tout le monde, à ce
moment-là, on peut prévoir que bien des gens seront
oubliés. Quant à nous, nous prévoyons que ce seront nos
membres qui seront oubliés d'abord avant bien d'autres.
Nos membres ne sont pas en effet pour la plupart des administrateurs
professionnels ou des pédagogues et d'anciens pédagogues qui sont
versés dans l'adminstration. Par contre, ce sont des gens qui peuvent
avoir de très bonnes qualifications en administration, en
comptabilité, en perception de comptes, tâches qui devront
continuer à être faites, qui pourraient être faites par ces
gens-là. Nous aimerions avoir un organisme ou quelqu'un qui aurait la
responsabilité de voir à ce que ça soit
respecté.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Si ma mémoire est fidèle, est-ce que la loi
prévoit la nomination du directeur général, de l'adjoint
et du secrétaire par le conseil provisoire qui sera formé
à partir du 1 er août. Je me joins un peu aux inquiétudes
du député de Saint-Sauveur, que vous avez vous-même
reprises. J'imagine tout de suite qu'il y a une espèce de trafic
d'influence énorme, de querelles qui va se faire au niveau de chacun des
conseils provisoires, puisque les commissaires issus de différentes
commissions désormais regroupées voudront chacun leur tour
imposer leur choix à un poste plutôt qu'à un autre. A ce
moment-là, les plus grosses, qui amèneront le plus de monde
à la commission provisoire, se trouveront avantagées pour faire
passer leur personnel et le personnel actuel des petites commissions scolaires
pourra être désavantagé.
Je ne sais pas quel moyen on pourrait prévoir au projet de loi
pour y mettre un peu plus d'équité. Je ne sais pas s'il faudrait
même en faire un concours public plutôt que de laisser ça
à la discrétion et au rapport de poste qu'une commission plus
grosse qu'une autre va se trouver à apporter dans la commission
provisoire.
Cela me passe par la tête. Ce n'est pas ça que je voulais
dire du tout.
M. DUMONT: C'est parce que vous êtes fatigué.
M. CHARRON: Oui, on prend ce qui passe à cette heure-là.
Je voulais demander au ministre quelles étaient ses premières
réactions à la proposition de M. Delisle quant aux trois types
d'intégration possible qui, à mon avis, à première
vue, me semblent très réalistes.
M. SAINT-PIERRE: Nous en avions déjà discuté avec
les représentants de cette association. Effectivement, tout le
problème du perfectionnement des cadres, du recyclage, tout ce qui
intervient avec toutes ces personnes est un problème qui nous
préoccupe.
D'ailleurs, nous nous sommes penchés avec ceux qui sont
responsables et qui pourraient
nous aider dans ce secteur de perfectionnement des cadres.
Essentiellement, la classification donnée correspond à des types
de problèmes différents. Il sera peut-être possible dans un
premier cas d'avoir une juxtaposition dans une fonction analogue d'une nouvelle
commission scolaire jusqu'au dernier type qui, lui, cause plus de
problèmes. Qu'est-ce qu'on fait avec celui qui, soit à cause de
l'âge, soit à cause du manque de qualifications pose un certain
problème pour son intégration dans les nouvelles structures? Il
ne me semble pas que c'est dans le texte de loi même qu'on doit... ce
seraient des cas.
M. DELISLE: Une fois la loi passée, le gouvernement va s'en laver
les mains parce que la décentralisation va être complète
à ce niveau-là.
M. SAINT-PIERRE: C'est une préoccupation du ministère.
Déjà un travail de recherche a été fait sur tout le
problème du perfectionnement des cadres.
M. CHARRON: Ce dont je veux m'assurer je ne demande pas
nécessairement que cela figure dans le projet de loi c'est que,
si une entente intervenait entre le ministère et l'association que
représente M. Delisle, il faudrait être sûr, pour
éviter votre crainte, que cette entente-là ait une espèce
de force supérieure aux nouvelles commissions scolaires, qui ne
pourraient pas faire semblant de l'ignorer puisque cette entente aurait
été contractée avant l'existence du projet de loi.
M. SAINT-PIERRE: Il y a effectivement des rencontres constantes entre le
ministère et les associations qui représentent les cadres. Sans
être des tables de négociation, nous y discutons de tous les
problèmes des cadres. C'est actuellement un des problèmes qui est
discuté et on tente d'y trouver des solutions et d'amener de part et
d'autre un dialogue. C'est dans cet esprit-là qu'on aborde le
problème soulevé.
M. CHARRON: M. Delisle, est-ce que vous croyez à la
possibilité d'une entente avec le ministère de l'Education?
M. DELISLE: Sur cette question particulière, j'en doute. M. le
ministre réfère aux négociations ou en tout cas aux
discussions qui ont actuellement lieu avec la Fédération des
cadres scolaires dont une des associations ici fait partie. Maintenant, il
faudrait bien se rappeler la déclaration du ministre Castonguay
concernant les corporations professionnelles. C'est justement dans le but de
dissocier les négociations salariales, ou du moins les questions
salariales, que la corporation ici a créé en son sein même,
l'Association professionnelle qui, elle, négocie la question
salariale.
Maintenant, en ce qui concerne les questions de continuation de fonction
ou de préparation des structures, il reste que le seul mandataire
officiel est la Corporation des secrétaires municipaux et scolaires.
C'est elle qui a principalement le désir et la compétence
nécessaires pour régler cette question. Peut-être qu'on
déplace un peu la question en reportant cela à la table où
le ministère rencontre la Fédération des commissions
scolaires et la Fédération des cadres scolaires. Il s'agit quand
même de questions assez limitées. Je comprends que les deux choses
se soient jointes à un moment donné et il y aura peut-être
un arbitrage provincial prévu. Je ne le sais pas parce que je n'y
assiste pas. On peut quand même prévoir certaines techniques de
consultation. Il faudrait quand même reconnaître le désir,
pour certaines corporations, de dissocier les deux aspects et peut-être
trouver une technique de représentativité au niveau des deux.
C'est pour ça qu'aujourd'hui les deux associations se présentent
devant vous concernant les deux aspects parce que les deux y sont
intéressées. Il ne faudrait pas non plus se servir de cette
dualité de corporatives, si on peut l'appeler comme ça, et s'en
servir pour éviter un porte-parole autorisé. Actuellement, je
dois avouer que je doute qu'on puisse en arriver à une entente, du moins
aux résultats escomptés, sans prévoir au minimum un
principe directeur dans le projet de loi-cadre ou le projet de loi 27.
M. CHARRON: Pour vous, la garantie pourrait venir d'un amendement
à la loi même.
M. DELISLE: Actuellement, oui. D'abord certains amendements de textes,
pour bien préciser l'intention, à l'article 93, et
deuxièmement un article additionnel qui concernerait le personnel des
cadres en général ou si ce n'est pas l'intention du gouvernement,
le personnel...
M. CHARRON: A l'article 41?
M. DELISLE: Toujours à l'article 93, en ce qui concerne la
sécurité d'emploi. A l'article 41, c'est un autre
problème.
M. CHARRON: Je pensais que vous parliez de ça quand vous parliez
de...
M. DELISLE: Non, il s'agit de l'article 93. Maintenant à
l'article 41, encore là, nous trouvons que l'attitude du
ministère est la même. On prévoit la nomination obligatoire
de trois personnes, mais on n'oublie pas que l'article 319 du code scolaire
n'est pas modifié. Ledit article oblige toute commission scolaire
à nommer un secrétaire-trésorier. A ce moment-là,
il y a chevauchement de fonctions et personnellement je n'y comprends rien. Je
ne comprends pas comment on puisse nommer trois personnes, avoir en même
temps l'obligation d'en nommer une quatrième et que toutes les fonctions
soient par règlement individuel
je pense qu'il y a 180 commissions scolaires regroupées
et partager une fois de plus ces fonctions-là. Personnellement,
comme avocat, si demain j'avais à assigner un
secrétaire-trésorier pour produire des documents publics dans une
cause particulière, il faudrait que j'aille vérifier à
telle commission scolaire quel est le règlement qui autorise M. Untel
à venir en cour déposer et qui a les archives en main. D'une
commission scolaire à l'autre, cela pourrait être une personne
différente et je me vois mal déranger le directeur
général d'une nouvelle commission regroupée à
budget de $10 millions et plus pour venir témoigner dans une cause sur
la résolution qui a été adoptée deux ans plus
tôt. C'est ce genre de problèmes qui se pose actuellement et sur
lesquels on aimerait plus d'étude, plus d'analyse. On pourrait
peut-être même souhaiter que la décision en ce qui concerne
la répartition des fonctions ou l'amendement profond du code scolaire
parce que c'est un amendement profond du code scolaire qui devrait
être fait soit reportée à plus tard en ce qui
concerne uniquement ce principe-là.
Les commissions scolaires régionales fonctionnent pour plusieurs
avec des secrétaires-trésoriers qui travaillent avec un directeur
général et parfois avec d'autres personnes. Bien des commissions
scolaires regroupées travaillent aussi avec des
secrétaires-trésoriers et il n'y a rien qui empêche en
principe la continuation du même système tant qu'on n'aura pas
élaboré une structure et un organigramme bien précis avec
les fonctions de chacun. Je ne pense pas que ce soit à toutes les
commissions scolaires du Québec de décider qui fera quoi dans une
commission scolaire. La Loi des cités et villes est dans cet
ordre-là très révélatrice, car, au fur et à
mesure de l'évolution du temps et des problèmes, elle a
précisé les fonctions précises de chacun, de ce qu'on
appelle en anglais un officier ou en français un cadre administratif.
Par exemple, elle a prévu que si une municipalité est
régie ou n'a qu'un secrétaire-trésorier, ce
secrétaire-trésorier aura telle fonction. Maintenant, si elle a
là un gérant qui a des fonctions administratives beaucoup plus
importantes qu'un secrétaire-trésorier, à ce
moment-là le gérant existera et en dessous de lui il y aura un
secrétaire et un trésorier ou un
secrétaire-trésorier, mais, chaque fois avec des pouvoirs bien
précis.
Sur le plan juridique, d'ailleurs, il y a d'autres problèmes. Il
y a la question du cautionnement. Vous savez qu'un
secrétaire-trésorier doit être cautionné par une
compagnie d'assurance pour l'administration qu'il fait des biens publics. On se
demande qui devra porter le cautionnement. Est-ce qu'il sera porté par
trois personnes?
De toute façon, on pourrait élaborer sur le plan juridique
de cette question des heures durant. J'avais cru comprendre, lorsqu'on avait
rencontré M. le ministre Saint-Pierre, qu'une étude plus
particulière de ces questions serait faite. Disons qu'aujourd'hui nous
n'avons pas de précision de la part du ministère et ce sont les
observations que nous voulions faire sur les deux articles.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre nous réserve des surprises
pour le comité plénier sur ces problèmes-là?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres
questions j'étais justement... Il y a une autre question?
Peut-être qu'on pourrait prendre une dernière question.
M. AUDET: M. Delisle, j'ai une seule question. Seriez-vous en mesure de
nous dire si vous avez un nombre quelconque de vos membres qui sont contre le
bill 27? Si oui, quelle raison donnent-ils?
M. DELISLE: Lors de la dernière assemblée
générale des membres vous trouverez la résolution
ici en annexe l'ensemble des membres présents,
c'est-à-dire environ 500 membres, a voté pour la restructuration
et municipale et scolaire.
Il y avait au moins 500 membres présents au congrès
l'été dernier au manoir Richelieu et l'ensemble des membres, sans
aucune abstention ou sans aucune dissidence, a voté pour le principe.
Maintenant, ça ne veut pas dire qu'obligatoirement et personnellement
chacun soit nécessairement favorable. Imaginez-vous qu'on n'est pas
allé le leur demander.
Il reste une chose que j'ai dite au début, c'est que les
secrétaires-trésoriers sont des cadres administratifs et que,
comme tels, toute décision gouvernementale visant à
améliorer l'administration scolaire leur plaît et leur semble
désirable pour des raisons que je n'ai pas à détailler
puisqu'elles sont évidentes par elles-mêmes.
Les cadres administratifs, tant soit peu honnêtes, désirent
que l'administration publique s'améliore, désirent travailler
dans des nouvelles structures, désirent eux-mêmes améliorer
leur sort, et pour améliorer leur sort, je crois bien que c'est en
agrandissant un peu l'assiette ou le bassin de population qu'eux-mêmes
peuvent aspirer à un meilleur sort.
Par exemple se pose le problème des plans de pension au niveau
des cadres scolaires. Actuellement, bien des cadres scolaires n'en ont point et
on peut facilement comprendre que bien des jeunes administrateurs de nos
universités ne soient pas intéressés à aller dans
ces entreprises publiques qui n'offrent pas des avantages similaires à
ceux de l'entreprise privée, des assurances-vie, un tas de
bénéfices marginaux qui n'existent pas. Il n'y a jamais eu
d'entente provinciale ou d'entente même avec bien des commissions
scolaires sur le plan salarial, bien des secrétaires sont payés
à même le salaire minimum. Dans ces conditions-là, je peux
comprendre que bien des membres soient
favorables à une amélioration. Maintenant, ils veulent y
participer.
M. AUDET: M. Delisle, vous admettez qu'on s'appuie surtout sur une
revalorisation personnelle d'un poste plus rémunérateur.
M. DELISLE: Exactement, plus rémunérateur et aussi plus
valorisant.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. DUMONT: Une simple question avant que le ministre ne réponde.
Elle s'adresse au ministre. Considérant qu'il y aura peut-être
demain 4,000 commissaires qui ne seront plus rémunérés et
1,100 secrétaires qui seront remerciés de leurs services, est-ce
que le ministre n'acceptera pas encore de remettre au début d'octobre
l'étude du projet de loi 27 afin de considérer toutes les
implications de cette loi qui ne semble pas être acceptée?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, malheureusement, la
réponse à cette dernière question soulevée est
négative. Je voudrais, en terminant déjà l'heure
avance remercier bien sincèrement tous les groupes qui sont venus
témoigner aujourd'hui ainsi que les membres de la commission qui ont eu
une attention toute particulière à tous les mémoires
présentés, qui ont soulevé des questions fort pertinentes.
Nous avons siégé, M. le Président, plus de dix heures, je
pense que ceci nous a permis d'examiner en détail plusieurs des facettes
du projet de loi.
Cette journée n'aura pas été perdue, elle permettra
d'une part au gouvernement de réfléter dans des mesures
concrètes annoncées en troisième lecture, certaines des
recommandations valables qui nous semblent aller dans le sens du projet de loi
tout en améliorant peut-être la modalité de ses
applications, améliorant son processus pour permettre d'atteindre
réellement les objectifs que nous nous étions proposés.
Elle permettra, j'en suis certain également, aux membres de l'Opposition
de poser des questions encore plus pertinentes en troisième lecture et
d'y aller aussi à la fois d'une opinion à la fois
éclairée et jugée.
Je crois que, sur ceci, nous devrions conclure pour ce soir, nous avons
entendu les différents groupes. Pour le bénéfice des
membres de la commission parlementaire de l'Education, je vous ferais remarquer
que demain, immédiatement après la période des questions,
soit vers 11 h 30, nous recommencerons dans cette salle l'étude des
crédits du ministère de l'Education que nous avions
laissée en plan la semaine dernière et que mercredi,
immédiatement de nouveau après la période des questions,
la commission parlementaire siégera pour l'analyse, article par article,
des différents articles du projet de loi 27.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: Je vais dire comme le ministre.
Je remercie tous ceux qui ont eu la patience de s'exprimer ou de nous
écouter et de répondre à nos questions. Je regrette une
seule chose c'est que, entre le comité plénier et ces
commissions, nous aurons des crédits, ce qui veut dire que nous aurons
peu de temps pour, à la lumière de tout ce que nous avons
entendu, revoir le texte de loi et proposer des amendements pertinents en
troisième lecture en comité plénier.
J'ai dit en deuxième lecture que nous avions accepté le
principe, que nous avions voté pour ce principe mais que beaucoup de
modalités nous paraissaient devoir être corrigées. De toute
façon, je n'allongerai certainement pas cette séance en partant
de ce point et j'ose espérer que l'étude des crédits
demain et que le comité plénier après-demain ne nous
prendra pas autant d'heures.
M. BROCHU: M. le Président, nous sommes particulièrement
heureux que cette commission ait pu siéger et entendre les
différents points de vue qui ont été émis qui sont
susceptibles aussi d'apporter certaines lumières pour des modifications
au moins sur les modalités d'application du projet de loi. Nous
demeurons cependant convaincus que nous agissons un peu hâtivement en
continuant l'étude du bill tel quel pour le moment puisque, à
notre sens, il y a eu beaucoup d'objections qui se sont soulevées, de
questions pertinentes aussi qui se sont soulevées relativement à
ce projet de loi 27. A notre avis, il nous apparaît un peu comme une
patate chaude, si vous me prêtez l'expression, qui tombe entre les mains
du ministre. J'imagine et je pense qu'il le sait d'ailleurs que
c'est une responsabilité assez lourde et que cette patate ne se
refroidira pas tout de suite, du moins je n'en ai pas l'impression. Si on tient
compte aussi du fait de la non-constitutionnalité aussi du bill 27 qui
fera également son chemin aussi. A ce moment-là, je pense que le
ministre fait actuellement face à énormément de travail et
a peut-être énormément de maux de tête aussi.
J'espère que ses cheveux ne blanchiront pas trop tôt, relativement
à ce projet de loi, étant donné les difficultés de
ce projet de loi.
Je me permets encore de lui souligner qu'un référendum
aurait peut-être permis de régler la situation de fond, d'agir
d'une façon démocratique ou du moins peut-être, M. le
ministre, de tenter une expérience pilote en ce qui concerne le
référendum, peut-être de l'essayer au niveau d'un
comté ou deux, peut-être dans le comté de Terrebonne, entre
autres, où ça allait si bien aujourd'hui de même que dans
le comté de Saint-Jean, peut-être faire un
référendum au niveau d'un comté pour voir ce que ça
pourrait donner.
Nous nous sommes efforcés d'apporter des objections
constructives, d'apporter certaines nuances sur les mises en application et sur
le
principe également de ce projet de loi, tenant compte du fait que
la démocratie devrait exister encore au Québec. Les objectifs que
nous poursuivions étaient peut-être un peu différents au
point de départ puisque nous nous situions sur des plans un petit peu
différents. Nous avons quand même voulu participer activement
à ces débats et nous continuerons de le faire en toute
objectivité et aussi en toute honnêteté. Je suis content
que la commission ait siégé. Je remercie sincèrement tous
ceux qui se sont déplacés et qui ont travaillé dans un
sens comme dans l'autre à présenter des mémoires qui,
à mon sens, avaient beaucoup de valeur, ainsi que les fonctionnaires qui
ont bien voulu se déplacer et être ici aujourd'hui pour endurer
peut-être ces longues périodes au risque de certains
bâillements et de certains sourires à un moment donné sur
tout ce qui pouvait se passer.
M. le Président, étant donné que les
décisions semblent être prises de la part du ministre, nous lui
remettons je dirais peut-être avec plaisir si j'étais malin
vu les prochaines élections la responsabilité du bill
27.
M. LE PRESIDENT: En tant que président...
M. CHARRON: L'éducation c'est aussi épuisant
qu'intéressant. Je pense qu'on a passé une journée
où tout le monde autour de la table a appris beaucoup et où on a
pu constater, une fois de plus, que c'est certainement le secteur le plus
dynamique de la société et où il y a le plus de courants
controversés, c'est justement pourquoi il est intéressant.
C'est certainement un des seuls secteurs de la vie
québécoise qui peut nous tenir debout jusqu'à une heure et
demie facilement.
Pour la suite des travaux qui concernent le projet de loi 27, j'exprime
un peu la même crainte que le député de Bagot tout à
l'heure à l'effet qu'il ne serait pas bon, je pense que
l'importance des témoignages qu'on a eus aujourd'hui viennent le
confirmer que, pour un calendrier législatif qui, de toute
façon, sera "boosté" tôt ou tard, on accélère
le processus du comité plénier et de la troisième lecture
de ce projet de loi.
Pour ma part, j'en ai appris beaucoup aujourd'hui. J'aimerais relire
certains documents qui nous ont été donnés pour pouvoir
mieux travailler en comité plénier. Et puisque demain ou tout
à l'heure nous reprendrons nos travaux sur les crédits de
l'éducation et que vraisemblablement nous n'aurons donc pas la
journée pour préparer nos travaux, c'est un peu inutile de penser
de nous retrouver immédiatement en comité plénier
mercredi. En tout cas, nous aurons l'occasion probablement demain d'en reparler
avec le ministre, mais je n'aimerais pas qu'on bouscule comme cela
inutilement.
C'est tout, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je tiens à remercier ceux qui ont
participé, de près ou de loin, à cette séance; je
pense aux fonctionnaires, aux députés et aux associations et
à leurs représentants qui sont venus patiemment attendre
jusqu'à une heure trente pour présenter leurs mémoires.
Même si j'ai été pendant douze ans dans l'enseignement, je
dois vous dire que la journée d'aujourd'hui m'a été
très profitable et je vous souhaite bonne nuit.
(Fin de la séance: 1 h 35)