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Commission permanente de l'Education
Bill 62 Loi concernant l'organisation
scolaire
sur l'île de Montréal
Séance du jeudi 11 décembre 1969
(Quinze heures quarante-cinq minutes)
M. CROTEAU (président de la commission permanente de
l'Education): Messieurs, pourriez-vous prendre vos places, s'il vous
plaît?
Alors, je vous souhaite la bienvenue ainsi qu'à l'assistance.
M. PROULX: M. le Président, vous remplacez un président
eminent...
M. LE PRESIDENT (Croteau): Je ferai de mon mieux.
M. PROULX: ... qui a fait sa marque. Je veux que ça soit inscrit
dans le journal des Débats.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si ça doit être
inscrit dans le journal des Débats, je proteste parce que je ne suis pas
d'accord.
M. LESAGE: Vous avez le droit de partir!
M. CHOQUETTE: Mais si tout ce qui est inscrit dans le journal des
Débats était vrai, il n'y aurait pas grand-chose.
M. LE PRESIDENT (Croteau): A l'ordre! Alors l'Assemblée nationale
a autorisé la commission permanente de l'Education, comme vous le savez
tous, à siéger pour étudier le projet de loi no 62
intitulé "Loi concernant l'organisation scolaire sur l'île de
Montréal". Lors de notre dernière séance, celle du 27
novembre dernier, M. Cardinal, le ministre de l'Education, nous a exposé
les principaux points du projet de loi 62. Est-ce que le ministre aurait
quelque chose à ajouter à son exposé qui a
été assez volumineux?
M. PROULX: Pétillant même.
M. LE PRESIDENT (Croteau): M. Cardinal.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président. Cet après-midi,
j'aurais un certain nombre de renseignements additionnels à donner. Il
ne s'agit nullement de quoi que ce soit qui ressemble à un discours. Je
voudrais, au contraire, pour faire suite à certains voeux
exprimés lors de la première séance de cette commission,
fournir des renseignements additionnels.
Je commencerai en invoquant l'honorable chef de l'Opposition...
M. CHOQUETTE: Toujours une bonne autorité à citer.
M. PROULX: Soyez prudent! UNE VOIX: Pas pour longtemps.
M. CARDINAL: Alors, M. le Président, le 20 novembre dernier, M.
Jean Lesage m'adressait une lettre dont je vais donner lecture. Cette lettre
n'était pas confidentielle. Nous avons d'ailleurs communiqué par
téléphone l'un avec l'autre à ce sujet. Alors je donne
lecture de cette lettre et, si nos honorables amis d'en face étaient
d'accord, je la déposerais pour qu'elle apparaisse au journal des
Débats. "Cher monsieur Cardinal
Afin de me faciliter la tâche dans l'étude du projet de loi
62, croyez-vous que les services techniques de votre ministère seraient
en mesure de me transmettre un tableau comparatif des budgets de
dépenses et de revenus des différentes commissions scolaires qui
sont affectées par la restructuration scolaire de l'île de
Montréal ainsi que les données concernant les populations
étudiantes de chacune de ces commissions scolaires tant aux niveaux
primaire que secondaire. "J'apprécierais beaucoup que vous puissiez me
transmettre également des renseignements concernant les
évaluations foncières pour fins de taxation scolaire, de
même que les taux de taxation de chacune des commissions scolaires
affectées. "Je vous remercie à l'avance, etc."
M. le Président, j'ai lu cette lettre qui, dans le fond,
complète un certain nombre de questions posées à la
première séance de cette commission. Cela, dans un but
très simple, c'est qu'aujourd'hui, au début de cette
séance, je voudrais déposer, pour le bénéfice des
membres de cette commission et pour le bénéfice de tous les
intéressés, une documentation assez importante dont je donnerai
l'inventaire.
En d'autres mots, le gouvernement et moi-même considérons
que l'importance de ce projet de loi, que les conséquences qui
s'ensuivront et les changements radicaux qu'il apporte sont tels que vraiment
il faut que tous ceux aui participent à ces délibérations
et qui y prendront part, tout particulièrement au cours des mois de
janvier et février, puissent avoir en main, puissent
étudier tous les renseignements que nous pouvons recueillir au
ministère de l'Education.
Le gouvernement n'a pas du tout l'intention de masquer des choses, de
cacher des renseignements. Au contraire, il faut qu'en toute bonne foi et en
dehors de toute stratégie politique, nous puissions étudier ce
projet de loi si important pour l'île de Montréal.
C'est pourquoi, M. le Président, avec votre permission, je
voudrais faire un inventaire des documents qui sont aujourd'hui
déposés et qui pourraient, je pense, aussi faire partie du
journal des Débats, pour que ceux qui ne sont pas présents
aujourd'hui puissent en prendre connaissance.
M. PICARD (Olier): M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait de poser une question? Les documents auxquels vous vous
référez, est-ce que nous allons les avoir aujourd'hui?
M. CARDINAL: Justement, oui, c'est pourquoi je veux faire cet inventaire
pour savoir...
M. PICARD (Olier): Est-ce qu'il y aurait possibilité d'en faire
faire la distribution avant que vous ne commenciez d'en faire faire
l'inventaire?
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai demandé au
secrétaire de cette commission, autant que faire se peut, d'en faire la
distribution. Je sais qu'un certain nombre de membres de la commission, sinon
tous, les ont déjà. Ceux qui ne les ont pas pourraient simplement
donner leur nom j'indique la source à M. Pierre Sauvé qui
est ici et qui est mon secrétaire de presse et qui pourrait leur en
fournir. Enfin, tous ceux qui sont membres de la commission, selon les motions
qui ont été adoptées en Chambre, ont déjà,
je pense, cette documentation ou sa plus grande partie. Oh oui, plus que
ça. Je vais faire l'inventaire. Ceux qui ne sont pas membres de cette
commission et qui sont présents pourront toujours, en communiquant avec
M. Pierre Sauvé, à mon bureau, 693-3636, 625 Saint-Amable,
cinquième étage, est-ce que l'on doit
répéter l'annonce comme à la radio?
M. LEVESQUE (Laurier): Adresse provisoire.
M. CARDINAL: Oui. Pardon?
M. LEVESQUE (Laurier): Adresse provisoire.
M. CARDINAL: Vous n'avez rien dit et c'est pourtant
enregistré.
M. LEVESQUE (Laurier): Adresse provisoire
M. CARDINAL: Ah bon! Adresse provisoire, oui. Est-ce que le
député de Laurier désirerait devenir ministre de
l'Education?
M. LEVESQUE (Laurier): Pas du tout. M. CARDINAL: D'accord.
M. PROULX: II m'a promis le ministère de l'Education,
monsieur.
M. CARDINAL: L'affirmation est aussi enregistrée au journal des
Débats.
M. PROULX: II m'a promis le ministère de l'Education.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans l'état où vous allez le
laisser, ce n'est pas un héritage.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je maintiens que le Parti
québécois fait de l'obstruction systématique.
UNE VOIX: Cela commence!
M. CHOQUETTE: II y a déjà une révision!
M. CARDINAL: M. le Président, si on peut revenir au sujet, voici
donc l'inventaire que je fais de cette documentation et les gens pourront
vérifier, s'ils la possèdent déjà.
Il y a tout d'abord ce que l'on pourrait appeler le document
numéro 1, qui est un cahier relié en noir et qui contient la
documentation relative au rapport Parent sur la question, à la
recommandation du Conseil supérieur de l'Education sur la
réorganisation scolaire de Montréal, aux propositions de ce qu'on
appelle le rapport Pagé, au mémoire de l'AEQ
c'est-à-dire de l'Association des éducateurs du Québec
et à la position du Conseil des ministres relativement à
l'île Perrot et à l'île Bizard dans ce projet de loi.
Au sujet de ce dernier document, île Perrot et île Bizard,
je souligne cependant que cette question, malgré l'expression d'opinions
contenues dans ce cahier, est encore à l'étude au
ministère de l'Education. Quand je dis à l'étude au
ministère de l'Education, je veux dire l'étude avec les
intéressés que la constultation est présentement
entreprise. Il se pose au sujet de l'île Perrot et de l'île Bizard
des problèmes particuliers. Ces deux îles ne font pas partie,
comme on le sait évidemment, de l'île de Montréal.
Cependant, l'île Bizard n'est reliée qu'à l'îlede Montréal, tandis que l'île Perrot peut aussi bien
être considérée comme étant reliée à
la région de Vaudreuil-Soulanges qu'à la région de
Montréal. Or le West Island Professors School Board couvre à la
fois l'ouest de Montréal, l'île Perrot et une partie de la terre
ferme. D y a donc là des problèmes particuliers qui pourraient
être résolus de la façon prévue dans le projet de
loi ou d'une façon différente. C'est un de ces cas où le
gouvernement, d'avance, indique qu'il y a souplesse. Donc, le premier document
est ce cahier.
Le deuxième document concerne certaines statistiques. Tout
d'abord, les inscriptions pour toutes les commissions scolaires de l'île
de
Montréal en 1967-1968. Deuxièmement, une carte de
l'île de Montréal découpée par zones d'analyse. Je
souligne ici que cette carte, dont les membres de la commission ont un
exemplaire, n'est pas la carte des arrondissements ou des municipalités
scolaires.
C'est une carte d'analyse découpée par zones, pour
comprendre davantage, sur le plan géographique, le détail des
statistiques qui sont indiquées dans les documents déjà
énumérés ou qui le seront.
M. PICARD (Olier): Et basées probablement sur les comtés,
un peu comme les comtés de recensement au fédéral, je
suppose.
M. CARDINAL: Ce n'est pas basé sur ces comtés-là,
mais c'est basé, disons, sur les recensements qu'on a pu faire à
partir des municipalités et commissions scolaires déjà
existantes. Vous avez aussi une répartition de la population scolaire
française et anglaise, population de l'âge de 5 ans à
l'âge de 16 ans, c'est-à-dire de la maternelle jusqu'à la
fin du secondaire, donc sur le plan de la langue. Vous avez aussi une
répartition des élèves selon la religion, et je voudrais
ici souligner quelque chose. Pour autant que les statistiques officielles
l'indiquent nous pourrons revenir sur ça plus tard vous
avez aussi une répartition de la population de l'île de
Montréal, âgée de 5 ans à 16 ans, selon les onze
arrondissements prévus en annexe au projet de loi.
Vous avez donc la population divisée selon des zones que j'ai
indiquées tantôt, qui sont des zones d'analyse et selon les
arrondissements prévus dans la loi. Ces statistiques forment la
série, que j'appelle no 2, des documents remis à la
commission.
Vous avez, troisièmement, un tableau des clientèles
scolaires de l'île de Montréal, et vous avez trois cartes qui sont
jointes à ce tableau. Vous avez, quatrièmement, une liste de,
présentement, 29 organismes, groupements, associations ou individus qui
ont manifesté le désir de présenter un mémoire
devant la commission permanente de l'Education. Au moment où je
présente cette liste et j'en remercie le secrétaire des
commissions, M. Bonin, qui a dû agir avec diligence et
célérité cette liste est déjà, au
moment où on vous la présente, en partie incomplète.
Je souligne deux choses. D'une part, le Conseil supérieur de
l'éducation a été sollicité de présenter son
opinion. Le Conseil supérieur de l'éducation considère
et c'est son droit qu'il ne doit pas se présenter devant
une commission et que, d'après la loi, son rôle est de conseiller
directement le ministre. C'est-à-dire que le Conseil supérieur de
l'éducation, qui remettra probablement son mémoire d'ici la fin
de janvier 1970, le remettra directement au ministre. Je demanderai cependant
au Conseil supérieur de l'Education son accord pour ap- porter devant
cette commission les recommandations ou le mémoire qu'il
présentera. Il y a aussi, en dehors de cette liste, des gens qui, encore
aujourd'hui, ont adressé à mon bureau des
télégrammes manifestant leur intention de venir devant la
commission.
Vous me permettrez un commentaire, M. le Président. Je ne sais
pas si c'est comme dans l'enseignement, s'il ne faut pas dire ce que l'on va
dire, le dire et dire qu'on l'a dit, mais il semble qu'il existe encore, dans
la population de Montréal, des doutes à l'effet que nous sommes
disposés à entendre tous les intéressés. Je
n'impute d'intention ni de stratégie à personne, mais chaque
jour, je reçois des télégrammes angoissés et
anxieux, au véritable sens français du terme, de gens qui croient
que le projet de loi va être adopté rapidement et sans qu'ils
n'aient pu être entendus.
M. LEFEBVRE: Ils se trompent d'un chiffre dans le numéro du
bill.
M. CHOQUETTE: Ils confondent votre bill avec le bill du ministre des
Affaires municipales.
M. CARDINAL: Bon, alors moi, je n'ai pas de commentaire à faire
sur ce sujet, mais je peux répéter ce que j'ai dit à la
dernière séance de cette commission, c'est que cette commission
continuera ses travaux au-delà des travaux de l'Assemblée
nationale et nous y reviendrons tantôt.
Vous avez aussi, cinquièmement, enfin document indiqué 5,
un tableau comparatif des budgets de dépenses et de revenus des
différentes commissions scolaires touchées par la restructuration
scolaire de l'île de Montréal, telles qu'elles existent
présentement. C'est un document qui vient à peine d'arriver; s'il
n'est pas distribué, il le sera. Vous avez, sixièmement, les
renseignements concernant les évaluations foncières pour fins de
taxation scolaire, de même que les taux de taxation de chacune des
commissions scolaires touchées par ce projet de loi.
Et vous avez, septièmement, ce par quoi j'ai commencé,
photocopie de la lettre de l'honorable chef de l'Opposition. En disant ceci, je
boucle la boucle en quelque sorte, en ce sens que je pense que les six
documents précédents que j'ai mentionnés répondent
à toutes et à chacune des questions dans la lettre de M. Lesage.
Ils vont même au-delà de ce que le client a demandé.
M. CHOQUETTE: Toujours mauvais.
M. CARDINAL: Bien, voulez-vous dire ceci à haute voix?
M. CHOQUETTE : Je dis que c'est toujours mauvais
l'expérience...
M. CARDINAL: Ah bon! Enfin, je prends ce risque, et je dis tout de suite
ceci: Si des membres de cette commission ou des personnes qui viennent
déposer devant cette commission veulent bien informer le ministre de
l'Education d'autres renseignements qu'ils désireraient obtenir, nous
sommes à leur disposition.
Vous comprendrez que, pour remettre aujourd'hui ces sept documents, il a
fallu au ministère de l'Education un travail énorme qui ne s'est
d'ailleurs terminé que deux minutes avant que cette séance ne
commence.
Ce qui vous a été remis a cependant été
vérifié et peut servir de base à des études d'ici
à ce que cette commission se réunisse à nouveau.
C'était la deuxième chose, M. le Président, que je
voulais mentionner. J'ai donc commencé par la lettre de l'honorable Jean
Lesage. Je viens donc de faire l'inventaire de la documentation qui a
été déposée. Je pose tout de suite la question. Si
tous les membres ou la majorité des membres de cette commission sont
d'accord, j'accepterais volontiers que toute cette documentation fasse partie
du journal des Débats pour qu'elle soit à la disposition de
tous.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, y aurait-il
possibilité d'avoir ici je constate que le Conseil
supérieur de l'Education nous a enfin transmis le rapport de sa
réunion de sa réunion des 10 et 11 août à
Drummondville en 1967 les résolutions qui ont été
adoptées en cette occasion par le comité catholique et le
comité protestant?
M. CARDINAL: Pour autant que de telles résolutions existent, je
n'ai pas vérifié, je prends note de la question...
M. TREMBLAY (Montmorency): Concernant la résolution numéro
13 du rapport Parent.
M. CARDINAL: D'accord, je prends note de la question. Je l'apporterai
à une prochaine séance, pour autant que ceci existe, ce que je ne
sais pas au moment présent.
M. LEFEBVRE: Le ministre a fait allusion, en énumérant les
documents dont il faisait le dépôt devant la commission, à
un rapport qu'il attendait de la part du Conseil supérieur de
l'Education. Je voudrais être certain d'avoir bien saisi son propos. Ce
n'est pas simplement pour lui chercher chicane, mais il me semble qu'il y a
là un point de loi que j'aimerais éclaircir.
Le ministre a dit: Je demanderai au conseil supérieur de bien
vouloir communiquer le contenu de son mémoire aux membres de la
commission. Est-ce que je fais erreur ou est-ce qu'il n'est pas inscrit, dans
la Loi créant le Conseil supérieur de l'Education, que toutes les
recommandations transmises au ministre doivent être rendues
publiques?
M. CARDINAL: A moins que je ne me trompe, la loi prévoit que le
conseil supérieur peut toujours les rendre publiques, mais il n'est pas
tenu de le faire.
M. LEFEBVRE: II n'est pas tenu de le faire. C'est fort possible que vous
ayez raison; je n'en étais pas certain moi-même.
M. CARDINAL: Pour autant que l'expérience m'en informe, c'est la
position qu'a toujours tenue le conseil supérieur. Et, dans ce cas
précis, j'ai rencontré encore, il y a moins d'une semaine, le
président, M. Garant et le vice-président, M. Foy; je leur ai
donné un délai additionnel jusqu'à la fin de janvier. Ils
m'ont réaffirmé leur désir de ne pas comparaître
devant cette commission, mais je leur ai rappelé mon désir
d'apporter cette recommandation devant cette commission.
M.LEFEBVRE: La recommandation que vous attendez d'eux?
M. CARDINAL: Que j'attends d'eux.
M. LEFEBVRE: Et que vous n'avez pas reçue?
M. CARDINAL: Que je n'ai pas encore, non, et que je n'aurai pas avant la
fin de janvier.
M. LEFEBVRE: Très bien.
M. CARDINAL: Une autre note pour renseigner au sujet de la question du
député d'Ahunt-sic, c'est que la Commission des écoles
catholiques de Montréal remettra aussi un rapport ou un mémoire
à la fin de janvier. Je rappelle que, depuis la dernière
réunion de cette commission, j'ai continué à m'adresser
à certains organismes reconnus dans le domaine de l'éducation
pour les solliciter, pour avoir leur opinion.
Mentionnons, en passant, l'Alliance des professeurs catholiques de
Montréal, la CECQ, les enseignants protestants, le Protestant School
Board of Greater Montreal, la Fédération des associations de
professeurs d'université du Québec, etc, etc. Je pense que la
liste viendra en temps et lieu.
M. le Président, est-ce que je comprends que tous sont d'accord
pour que les documents déjà déposés soient en
annexe au journal des Débats?
M. LE PRESIDENT (M. Crôteau): Est-ce tous les documents?
M. CARDINAL: Tous les documents déjà
déposés, y compris les plans.
M. LEFEBVRE : Je ne sais pas si c'est physiquement possible dans le cas
des tableaux de statistiques.
M. CARDINAL: Je pense que c'est physiquement possible, puisque à
l'Assemblée nationale...
M. CHOQUETTE : II y a le coût.
M. CARDINAL: II y a peut-être la question du coût, mais je
ne sais pas si c'est une question qui doit nous arrêter.
M. LEFEBVRE: Honnêtement, M. le Président, je crois que
ça vaut la peine, parce que ça facilitera l'accès aux
documents à toutes les personnes intéressées au
problème. C'est sûr que le ministère ne peut pas facilement
faire parvenir ce cahier-là à beaucoup de gens, tandis que, si
c'est inclus au journal des Débats, il y a un mécanisme pour
commander des exemplaires du journal des Débats. Je pense, quant
à moi, que c'est suffisamment important et que le coût ne peut,
quand même, pas être prohibitif.
M. CARDINAL: D'ailleurs, M. le Président, j'admets qu'il y a une
question de coût, mais de deux choses l'une ou bien le ministère
paiera le coût ou bien l'assemblée nationale paiera le coût.
A ce moment-là, ceci vient du même gouvernement.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tout à fait la même chose. Si,
dans chaque commission, on déposait toujours des liasses de documents
épaisses comme ça qu'on annexait au journal des Débats,
ça finirait par augmenter le budget sérieusement. Enfin, dans le
cas actuel, étant donné l'importance de la question, je pense
bien que les collègues sont d'accord. Puis, vu l'importance des
documents aussi qui sont vraiment de base pour l'analyse du
problème.
M. CARDINAL: J'ajoute un autre détail technique. On discute le
problème des plans. Je souligne que, lors de l'étude du projet de
loi sur la création d'un Conseil supérieur de la recherche par
l'Assemblée nationale, il y a un schéma qui a été
préparé et que tout le monde a convenu qu'il ferait partie du
journal des Débats. Alors, je suis d'accord que ceci peut poser des
problèmes techniques et budgétaires, mais je me demande si, pour
une fois, vu l'importance du sujet, il ne vaudrait pas mieux surmonter ces
difficultés.
M. LE PRESIDENT: Faire une exception. M. CARDINAL: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la commission est d'accord pour faire une
exception?
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre a mentionné que
la CECM déposerait un mémoire à la fin de janvier.
D'ailleurs, je vois qu'il est à l'ordre du jour. Est-ce que vous avez
dit que la CECM déposerait un mémoire? Dois-je comprendre que ses
représentants viendront à la barre?
M. CARDINAL: J'ai rencontré le président de la CECM et
nous n'avons pas pris de décision à ce sujet.
M.LEFEBVRE: M. le Président, j'aimerais, pour ma part, insister.
Est-ce que les représentants du Protestant School Board of Greater
Montreal, qui figurent les premiers sur la liste, sont ici aujourd'hui?
M. CARDINAL: Je ne le sais pas. On m'a dit qu'aujourd'hui il y avait des
observateurs de trois groupes. Je pense que le président pourrait
demander quels sont les gens présents. Je serais d'accord pour qu'on
connaisse leur identité...
M. LE PRESIDENT: Oui, très bien.
M. CARDINAL: ... et qu'on les interroge, s'il y a lieu.
M. LEFEBVRE: On peut d'abord vérifier si le Protestant School
Board of Greater Montreal est ici ou non; ça m'intéresserait.
M. CARDINAL: C'est M. Peter White, je pense, qu'il se lève. Vous
représentez qui, M. White?
M. WHITE: Je représente l'Association pour la réforme de
l'éducation, M. le Président. Un de nos membres est, en effet, le
Protestant School Board of Greater Montreal, mais je vois ici également
mon confrère, M. Dionne, qui le représente, je crois, à la
commission.
M. CARDINAL: Est-ce que M. Dionne pourrait nous dire s'il est de
l'intention du Protestant School Board of Greater Montreal de se
présenter lui-même devant cette commission ou simplement de
déposer un mémoire?
M. DIONNE : Je crois que le Protestant School Board se présentera
lui-même dans la deuxième moitié de janvier, M. le
ministre.
M. CARDINAL: D'accord, je vous remercie, M. Dionne.
M. LEFEBVRE: Voici, M. le Président, la raison de ma question. Je
crois que les deux organismes qui sont les mieux en mesure d'éclairer la
commission sur la portée de ce bill et sur les problèmes de
réalisation concrète des objectifs du bill sont certainement le
Protestant School Board of Greater Montreal et la Com-
mission des écoles catholiques de Montréal. Vous avez dans
ces deux organismes non seulement des commissaires mais aussi des officiers
supérieurs qui ont une grande expérience dans l'administration de
l'éducation sur le territoire couvert par le bill 62. Quant à
moi, j'émettrais volontiers le voeu que ces deux organismes soient
représentés non seulement par des membres, mais aussi par les
principaux hauts fonctionnaires, de façon que la commission puisse
bénéficier de leur expérience.
M. CARDINAL: Tout ce que je puis dire, c'est que, comme ministre de
l'Education je ne me sens pas l'autorité pour obliger ces gens d'agir,
mais j'accepte volontiers la suggestion et je la transmettrai aux
autorités concernées.
M. LEFEBVRE: Vous êtes d'accord que ce serait utile?
M. CARDINAL: Je suis d'accord qu'il serait utile d'entendre tous ceux
qui peuvent nous aider.
Est-ce qu'il y a d'autres questions ou si je puis continuer? Il y a un
autre petit détail que je voudrais mentionner. A l'Assemblée
nationale, depuis une semaine, il a été question à
plusieurs reprises des institutions privées. Il a été tout
particulièrement question d'une institution privée qui a
présentement un contrat d'association avec une commission scolaire sur
l'île de Montréal. Je veux parler du collège des clercs de
Saint-Viateur à Outremont.
Je profite de l'occasion de cette séance pour souligner que
justement en 1969, à la fin de cette année, à la veille de
1970, dans un secteur d'environ un mille carré qui est sur le territoire
d'un député qui est maintenant en face de moi, il y a une
population dont les moyens sont certainement c'est le moins que l'on
puisse dire supérieurs à la moyenne des moyens financiers
de la population du Québec et qui n'a même pas, au moment
où nous nous rencontrons, d'école secondaire polyvalente pour les
garçons et pour les filles. Ce qui vous montre quelle est la situation
scolaire présente à Montréal avec 42 commissions
scolaires. Je ne veux pas ici discuter du mérite de cette question, mais
je veux simplement indiquer par cet exemple qui s'est produit entre nos deux
rencontres que c'est une raison de plus pour le gouvernement et pour le
Parlement de réorganiser les structures scolaires du Montréal
métropolitain.
Je ne sais pas si le député d'Outremont veut ajouter
quelque chose. Je ne veux en rien le compromettre dans cette affaire.
M. CHOQUETTE: Cela ne me compromet pas du tout, mais puisque le ministre
m'invite à prendre la parole, je dirais que la question me
préoccupe beaucoup. J'ai lu la déclaration du ministre sur le
sujet, sur l'école Saint-Viateur, déclaration qu'il a faite il y
a environ une semaine ou dix jours et si je me souviens bien, le ministre avait
exprimé son désaccord avec une certaine requête qui
circulait à l'effet de changer le collège...
M. CARDINAL: D faudrait s'entendre sur la requête parce qu'il y en
a eu deux.
M. CHOQUETTE: II y a des requêtes contradictoires. Evidemment, je
réfère à la requête qui veut que le statut actuel du
collège soit modifié. Est-ce que le ministre a été
en communication avec les autorités scolaires d'Outremont à ce
sujet?
M. CARDINAL: En fin de semaine, j'ai rencontré certaines
personnes d'Outremont je préfère taire les noms pour le
moment parce que cela a été sur une base personnelle pour
connaître davantage quelle était la situation à Outremont
et pour éviter que l'on ne cré un problème entre deux
groupes qui pourraient s'affronter. En fait, je pense que l'intervention que
j'ai pu faire en fin de semaine a démontré que depuis ce temps
les choses se sont apaisées et que les gens ont l'intention de
collaborer avec le ministère. D'ailleurs, Mlle Thérèse
Baron, qui est sous-ministre est présente cet après-midi et si je
ne m'abuse elle a eu une rencontre en fin de semaine également avec les
intéressés.
M. CHOQUETTE: Les intéressés? Les commissaires?
M. CARDINAL: La commission scolaire d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. CARDINAL: Ceci étant dit, je voudrais terminer ce que j'avais
à dire en rappelant ceci. Je le rappelle non pour faire volontairement
une répétition qui serait sans fondement et pour prendre le temps
de cette commission, mais à la suite d'éditoriaux que j'ai lus
dans les journaux, de lettres ouvertes que l'on a publiées. Je me pose
une question et j'en appelle ici d'ailleurs aux membres de la presse et des
autres moyens d'information qui sont présents. H semble qu'il y ait
beaucoup de gens qui parlent du projet de loi 62. H semble d'autre part, sans
vouloir du tout manifester de prétention envers la population, que peu
de gens on eu le loisir de lire tous les articles de ce projet de loi et que
très souvent l'on part de renseignements ou de pseudo-renseignements qui
ne sont pas tout à fait exacts.
Je rappelle que les quatre buts du gouvernement sont les suivants, et je
les souligne encore une fois. D s'agit, d'une part, d'établir
l'égalité des services sur tout le territoire concerné,
territoire actuellement défini dans cette loi,
mais comme je l'ai indiqué au début de cette commission,
qui pourrait être légèrement modifié quant à
la situation du West Island Protestant School Board.
Deuxièmement, démocratisation de l'administration. Ici,
j'indique qu'à la suite d'une déclaration faite à
l'occasion du congrès de la Fédération des commissions
scolaires catholiques, on a découvert qu'entre la réalité
et les apparences, il y a parfois des différences énormes.
Alors que l'on croit que la démocratisation joue à plein
à travers le territoire du Québec pour l'élection des
commissaires d'école, des statistiques que nous allons vérifier
au ministère, et dont je serai prêt à apporter le
résultat ici devant cette commission, nous indiquent qu'à travers
tout le Québec, il y a environ 16 p.c. seulement des commissaires qui
sont élus d'une façon que j'appellerai bona fide. Dans les autres
cas, ils sont ou bien nommés par le ministre, faute d'élection,
ou bien ils demeurent en place faute d'élection.
M. TETLEY: Vous parlez des conseillers de Montréal?
M. CARDINAL: Non, je parle de tout le territoire du Québec. Par
conséquent, lorsqu'on fait des comparaisons et qu'on nous dit que, sur
tout le territoire du Québec, la Démocratie joue au maximum, je
voudrais bien apporter devant cette commission des réalités
plutôt que des poncifs.
Troisièmement, le gouvernement avait l'intention et c'est
encore la sienne d'avoir une plus grande participation des parents.
Encore là, il faudrait analyser quel a été et quel est le
rôle des ateliers pédagogiques à Montréal, pour
comparer ce qui existe avec ce qui est proposé dans la loi.
Quatrièmement, il s'agissait, je le répète, de ce
que j'appelle en termes très précis, du respect du pluralisme
religieux.
J'ajoute le commentaire suivant: S'il s'avère, à la suite
des travaux de cette commission, des discussions et de ce que nous entendrons
ici, que certains groupes religieux croient qu'ils ne sont pas suffisamment
protégés, le gouvernement, tout en tenant c'est un de ses
principes à la commission scolaire unique, est disposé
à inclure dans la loi des dispositions qui viendront corriger ce qu'on
pourra appeler des absences, des manquements, des ambiguïtés.
J'ai déjà souligné et je ne veux pas y
revenir à la première séance de cette commission
une interprétation donnée à la loi quant au choix de la
foi par les parents. Je voudrais bien que ceci soit clair. J'attendrai la fin
de ces discussions, de ces auditions, les suggestions que nous aurons entendues
pour exposer ce que sera alors la position du gouvernement, même encore
une fois si certains principes de cette loi nous paraissent être des
impératifs, des exigences pour le bien commun de la population scolaire
de Montréal. Ces principes se confondent avec ces quatre objectifs que
je viens de répéter.
M. le Président, je vous remercie, ainsi que les membres de cette
commission, de m'avoir entendu une fois de plus. Je suis à la
disposition des membres de cette commission, s'il y a d'autres questions. Je
suggérerais cependant, en terminant, que, comme la dernière fois,
le président s'adresse à ceux qui sont de l'autre
côté de cette barre, pour qu'ils puissent s'identifier, nous dire
à quel titre ils sont ici et quelles sont leurs intentions pour
l'avenir.
M. PICARD (Olier): Etant donné que la commission a
décidé de transmettre tous ses documents au journal des
Débats, j'aurais une question à poser sur un document afin de
m'assurer que, si c'est transféré au journal des Débats,
ce soit bien précis. Le document annexe a) commission scolaire de
l'île de Montréal, prévisions budgétaires 68/69,
revenu d'imposition. Evaluation en millions de dollars. Est-ce une
évaluation normalisée?
M. CARDINAL: C'est une évaluation?
M. PICARD (Olier): Normalisée pour tout le territoire.
M. CARDINAL: Normalisée, il faudrait s'entendre sur les termes.
Je ne voudrais pas être plus catholique que le pape. Les mots
"égalisée", "normalisée", etc., ont des sens
différents mais c'est une évaluation établie par la
Corporation du Montréal métropolitain.
M. PICARD (Olier): Alors, je crois sincèrement qu'il y aurait
lieu de l'indiquer parce que c'est là une question que tout le monde va
se poser.
M. CARDINAL: Disons que nous l'indiquons immédiatement au journal
des Débats: que c'est l'évaluation de la Corporation du
Montréal métropolitain.
M. PICARD (Olier): Avant d'imprimer le document, on pourrait l'indiquer
sur le document.
M. CARDINAL: Je n'ai aucune objection. Je ne sais si techniquement ceux
qui rédigent le journal des Débats peuvent ajouter cette mention
ou si l'un de mes collaborateurs peut le faire avant de le remettre aux
fonctionnaires du journal des Débats?
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre et je vais le faire tout de suite, tout simplement pour la
bonne intelligence de nos délibérations parce que cela fait suite
à une remarque que le ministre vient de faire. Le ministre a dit, si je
l'ai bien écouté,
que c'était l'intention du gouvernement d'apporter, en temps et
lieu, certaines modifications à la loi, de façon à
assurer, notamment, la protection des droits des minorités.
M. CARDINAL: C'est-à-dire les droits des confessions.
M. LEFEBVRE: Enfin, des confessions, bon. Voici, M. le Président,
la question que je voudrais poser au ministre et c'est en même temps une
suggestion. J'ai moi aussi suivi avec beaucoup d'intérêt les
commentaires qui ont été publiés dans les journaux
relativement au bill 62. D y a deux points qui me semblent avoir fait
l'unanimité de presque tous les critiques du bill 62. Le premier
concerne le mode de nomination des membres du conseil de restructuration
scolaire.
M. CARDINAL: Vous parlez du conseil métropolitain, ou du conseil
provisoire?
M. LEFEBVRE: Oui. M. CARDINAL: Du conseil provisoire? M. LEFEBVRE: Des
deux, en fait. M. CARDINAL: D'accord.
M. LEFEBVRE: Je parle de tout le problème de la structure du
conseil métropolitain. Il me semble qu'il serait dans
l'intérêt de la discussion d'en parler, et c'est une suggestion
que je fais au gouvernement, sans aucun esprit partisan, c'est même tout
le contraire parce qu'il serait dans l'intérêt de la partisanerie
politique que le gouvernement ne bougeât pas sur ce point, parce que je
crois qu'il est très vulnérable. Mais comme je ne recherche pas
d'intérêt partisan ici, je suggérerais au ministre et en
même temps je lui pose la question: Est-ce qu'il ne serait pas
indiqué, pour faciliter le débat sur le bill, que le
gouvernement, s'il est disposé à modifier son attitude, par
exemple, concernant le mode de nomination des membres du conseil de
restructuration scolaire, fil connaître tout de suite cette bonne
disposition en suggérant, par exemple, des amendements
hypothétiques ou provisoires, si vous voulez? C'est-à-dire en
suggérant un ou deux textes qui seraient une alternative à ce qui
est actuellement prévu de façon que les gens ne se battent pas
inutilement?
Je trouve que c'est un jeu un peu futile de laisser l'opinion se monter
sur un point lorsque déjà on constate, à mon avis, qu'il y
a presque unanimité des gens de bonne foi, quel que soit leur plumage,
pour voir certaines failles dans un projet de loi. Il me semble que c'est de la
mauvaise politique que d'attendre in extremis pour apporter des corrections, et
qu'on sauve bien des énergies et peut-être aussi de l'argent
à tout le monde en manifestant cette bonne volonté autrement
qu'en paroles.
Voici la suggestion-question que je formule au ministre, sur ce point
précis: Est-ce qu'il ne serait pas dans l'intérêt du bien
commun de tous les Québécois que le gouvernement fît
connaître dès maintenant des propositions alternatives sur cette
question de la formation du conseil?
J'en ferai le ministre retiendra ma première question
tout de suite une deuxième, qui est du même ordre. J'ai
pour ma part noté, avec plaisir, qu'en dépit des oppositions
soulevées dans beaucoup de milieux de langue anglaise à l'endroit
du bill 62, il y a au moins un journal journal d'autant plus excellent
que j'y collabore occasionnellement, le Montreal Star qui, dans un
éditorial fort raisonnable, je crois, a donné un appui de
principe au bill 62.
Alors, cela veut dire qu'il y a même dans la communauté de
langue anglaise de Montréal, des gens qui sont prêts à
accepter le principe de la commission scolaire unique. Toutefois, j'ai
été, quant à moi, assez sensible à l'idée
qu'il faudrait peut-être assurer une certaine garantie quant à la
représentation des minorités au niveau des commissions scolaires.
Encore là, si le gouvernement est sensible à ce point de vue, il
me semble qu'il serait dans l'intérêt de tout le monde qu'il fit
connaître dès maintenant des propositions alternatives. Le
gouvernement peut faire cela, à mon avis, sans se compromettre d'une
façon définitive, mais en disant: Voici, l'article numéro
untel prévoit telle chose, on pense qu'il y aurait peut-être... on
voudrait soumettre à la discussion une ou deux autres rédactions
possibles de façon qu'on puisse avoir je ne sais pas si j'ai
frappé, comment dit-on en anglais: "I have rang a bell"?
Peut-être que cette suggestion correspond à d'autres
suggestions que le ministre a déjà reçues. Je ne sais pas,
je ne suis de connivence avec personne, mais cela me semblerait en tout cas une
affaire de gros bon sens de la part du gouvernement actuellement que de faire
ce geste-là. Encore une fois, pour éviter qu'on se batte contre
des moulins à vent. Alors j'aimerais bien que le ministre me fasse part
de son opinion en rapport avec cette question-suggestion.
M. CARDINAL: Est-ce que je puis vous répondre
immédiatement? M. le Président, j'accepte les suggestions du
député d'Ahuntsic. Cependant je pense qu'il a suffisamment
d'expérience pour comprendre que, dès le moment présent,
je ne suis pas disposé, je ne suis pas prêt si vous voulez,
à proposer des alternatives. Je ferai trois commentaires au sujet de sa
question-suggestion.
Tout d'abord, c'est que dès avant Noël au ministère
de l'Education, je réunirai une équipe autour de moi pour
réétudier, à la lumière de ce qui
déjà aura été dit en deux séances, le
projet
de loi 62. La date d'ailleurs de cette réunion est
déjà fixée. Il n'y a rien à cacher, c'est le 23
décembre. Peut-être qu'à ce moment-là, pendant
l'Avent, nous aurons des lumières qui nous viendront tout
particulièrement.
M. LEFEBVRE: Cela risque de tourner en "party" de Noël par
exemple.
M. CARDINAL: Absolument pas, M. le Président.
M. TETLEY: "Office party".
M. CARDINAL: Non, si vous connaissiez le sérieux du travail au
ministère de l'Education, vous sauriez que des choses semblables ne
peuvent jamais se produire.
M. LEFEBVRE: Ne nous faites pas pleurer.
M. CARDINAL: Deuxièmement... Ah bien, tiens! Si le
député d'Ahuntsic me lance une perche, deuxièmement, j'en
profiterai d'ailleurs pour féliciter le député d'Ahuntsic
qui souvent, je pense que je puis le dire, m'a harcelé devant cette
commission pour souligner qu'il s'améliore au moment où il
désire s'en aller.
M. LEFEBVRE: Non, M. le Président, cela dépend des
circonstances. Il y a un temps pour chaque chose.
M. LE PRESIDENT (M. Croteau): A l'ordre!
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Président. Et,
troisièmement, je dirai que quand même je peux faire
réapprendre, non jusqu'à la fin, mais la suite des
retombées à la suite de la divulgation du texte de ce projet de
loi, la suite de ces travaux de la commission, de la réunion dont j'ai
parlé tantôt au ministère de l'Education pour proposer un
ou des amendements s'il y a lieu, qui tiendront compte, je le dis, des
observations qui viennent d'êtres faites.
M. LE PRESIDENT (M. Croteau): L'honorable député de
D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre a parlé il y a
quelques instants de modifications possibles au projet de loi. Il a dit, si je
l'ai bien compris et je voudrais bien le comprendre et je sais que je
fais une certaine interprétation de ses paroles que je lui demande de
vérifier que selon le gouvernement, les droits des confessions
sont suffisamment protégés par le projet de loi 62.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux vous interrompre tout de suite? J'ai dit
que s'ils n'étaient pas suffisamment protégés, nous
serions disposés à apporter des modifications qui les
protégeraient à la satisfaction de la population.
M. GOLDBLOOM: Bon, c'est là où je voudrais en venir. J'ai
cru comprendre un peu plus que cela, c'est-à-dire que, même si le
gouvernement croit de son propre point de vue que les droits confessionnels
sont protégés, si aux yeux de ceux qui parlent au nom des
confessions, les droits ne sont pas exprimés de façon
suffisamment explicite, le gouvernement serait disposé à modifier
la phraséologie, même le sens de certains articles pour convaincre
ces personnes que les droits des confessions sont vraiment
protégés.
M. CARDINAL: II est toujours difficile d'être catégorique
dans un tel domaine et disons que le député de D'Arcy-McGee a
compris le sens de mon intervention.
M. GOLDBLOOM: Donc, je demande au ministre si le même sens peut
s'appliquer aux droits linguistiques.
Je sais le ministre l'a dit la dernière fois que nous nous
sommes réunis qu'aux yeux du gouvernement le bill 63 que nous
avons adopté et le bill 62 sur lequel nous nous penchons
présentement doivent être considérés comme faisant
partie d'un tout, et que les deux ensemble devraient être
considérés comme une protection valable et efficace pour les
droits linguistiques.
M. CARDINAL: Je le répète.
M. GOLDBLOOM: Oui. Je ne mets pas en doute la déclaration du
ministre, mais je lui demande si le gouvernement aurait les mêmes
dispositions, c'est-à-dire si le gouvernement serait disposé, si
aux yeux de ceux qui parlent pour ces groupements linguistiques, les
protections ne semblent pas suffisamment explicitées, à modifier
quelques articles de façon à rendre cette protection absolument
explicite.
M. CARDINAL: Difficilement, je le dis clairement, difficilement, en ce
sens qu'il n'est pas question pour le gouvernement, à l'occasion des
débats sur le projet de loi 62, de refaire le débat sur le projet
de loi 63.
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas ce que j'ai demandé, M. le
Président.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Ce n'est pas une réponse.
M. CARDINAL: Je m'excuse, si ce n'est pas une réponse. Je vais
donc être très clair. Je dis ceci, et je l'ai déjà
mentionné en Chambre, à l'occasion de la deuxième ou de la
troisième lecture du projet de loi 63, lorsque le gouvernement a
commencé à étudier le projet de
restructuration scolaire de l'île de Montréal, il y avait
dans un seul projet les questions linguistiques et les questions de foi.
Une question s'est posée au gouvernement: Doit-on appliquer ces
principes dans l'ordre de la confession et dans l'ordre de la langue à
tout le Québec ou seulement à Montréal? Le gouvernement en
est venu à la conclusion qu'il fallait, dans l'ordre de la langue,
appliquer les principes qui étaient les siens à tout le
territoire du Québec; c'est ainsi qu'il a extirpé du projet de
loi 62 les principes qui sont devenus la substance du projet de loi 63 dont
nous avons discuté pendant exactement un mois à
l'Assemblée nationale.
Le projet de loi 62 vient après que le projet de loi 63 a
été adopté; je comprends, avec beaucoup de
difficulté que, devant l'effort qu'a fait le gouvernement pour les
droits linguistiques, effort qu'aucune autre province n'a fait en aucun moment
dans l'histoire de la confédération...
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président.
M. CARDINAL: ... effort que peut-être aucune province ne fera
jamais d'ici un bon bout de temps, l'on redemande, à l'occasion d'un
autre projet, que cet effort aille plus loin.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je regrette, le ministre semble
avoir mal compris ou mal interprété la question que je lui ai
posée.
M. CARDINAL: Alors, recommencez, je vais vous écouter à
nouveau.
M. GOLDBLOOM: II s'est dit disposé à agir de façon
à convaincre davantage les représentants des confessions que nous
reconnaissons au Québec que leurs droits sont vraiment
protégés dans le bill 62, et ceci en modifiant, si
nécessaire, le texte à certains endroits. Je lui ai
demandé tout simplement, si la même situation se présente
sur le plan linguistique, si le gouvernement est disposé à
convaincre les gens.
Je comprends que c'est difficile pour le ministre de croire
qu'après tous les efforts qu'a faits le gouvernement, qu'a faits
l'Opposition officielle pour faire adopter le bill 63 contre une opposition
importante, je comprends, dis-je, qu'il trouve difficile de saisir qu'il
persiste des inquiétudes et des doutes dans la population. Je ne parle
pas pour moi-même, et le ministre le sait, je parle comme un
député qui a des contacts dans les milieux de toutes sortes et
qui y constate des inquiétudes. Je demande donc tout simplement au
ministre si le gouvernement est disposé à exprimer un peu
différemment, si nécessaire, ce qu'il faudra exprimer de
façon à le rendre clair dans l'esprit de tout le monde ce dont le
gouvernement est déjà convaincu.
M. CARDINAL: Si la question est posée comme ceci, je
répondrai que le gouvernement et celui qui vous parle feront devant
cette commission et à l'Assemblée nationale, au sujet du projet
de loi 62, tous les efforts pour amoindrir les appréhensions, convaincre
les gens et expliquer davantage la politique du gouvernement en cette
matière. Je ne voudrais pas ici, à l'occasion du projet de loi
62, établir une confusion. Je dis au député de
D'Arcy-Mc-Gee, dont je ne doute en rien d'ailleurs de la bonne foi à la
façon dont il pose sa question, que ceci revient à ce que je
mentionnais tantôt. Au cours des délibérations de cette
commission, nous aurons l'occasion de nous questionner, de répondre et
d'expliciter davantage ce projet de loi, de l'améliorer s'il y a lieu,
comme on l'a déjà fait pour d'autres projets. De cette
façon, peut-être, du moins je l'espère, nous pourrons
indiquer vraiment ce que, dans l'île de Montréal, la jonction
si le terme est français des deux projets de loi viendra
faire comme règle d'équité tant pour les
communautés confessionnelles que pour les communautés
linguistiques.
M. LE PRESIDENT (M. Crôteau): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Dans le même ordre d'idées que le
député d'Ahuntsic, j'ai quelques commentaires, et je vous ai
donné avis d'une espèce de question. Je crois, moi aussi, que le
conseil scolaire, le grand conseil de l'île de Montréal a trop de
juridiction, trop de pouvoirs et n'est pas assez démocratique. J'ai
plusieurs commentaires, mais je passe tout simplement les plus importants. Je
crois que le bill 62 doit être beaucoup plus clair quand on parle des
négociations pour les enseignants, etc. Je note que M. Laliberté,
président de la Corporation des enseignants du Québec, a
déjà noté que c'est lui seul qui va négocier pour
tous les enseignants; et les deux autres groupes d'enseignants, soit les
Provincial Association of Protestant Teachers et Provincial Association of
Catholic Teachers, qui ont leur siège social, par hasard, dans mon
comté, ne sont pas d'accord avec M. Laliberté. Pour moi, c'est
une question qui doit être décidée par l'Assemblée
nationale ou le gouvernement et non par les associations catholiques ou
protestantes.
M. CARDINAL: Je peux répondre tout de suite à cette
première question.
M. TETLEY: Oui.
M. CARDINAL: Premièrement, et je dis ceci sans
méchanceté, M. Raymond Lalibeté, à ce que je sache,
n'est encore ni membre du gouvernement ni du Parlement. Par conséquent,
il ne nous engage pas; deuxièmement, depuis que l'avis de question m'a
été donné il y a quelques minutes ou quelques heures, j'ai
déjà
fait un contact non officiel avec la CEQ pour avoir des
explications.
C'est une question fort technique et j'obtiendrai ces explications que
j'apporterai devant la commission.
M. TETLEY: Oui, je cite tout simplement le Montreal Star du 4
décembre 1969, page 32. Je crois, évidemment, comme tout le
monde, que le bill a de magnifiques qualités, surtout, parce que nous
allons unifier, je l'espère, les deux solitudes du Québec.
M. CARDINAL: Je le souhaite aussi.
M. TETLEY: Je crois que le bill va donner l'égalité dans
le champ de taxation, parce qu'il y en a qui paient moins, d'autres qui paient
plus actuellement. Les commissions scolaires ont des budgets; j'espère
que quelqu'un va les regarder soigneusement, suivant le texte de loi.
M. CARDINAL: En particulier, le ministre de l'Education.
M. TETLEY: Je l'espère. Il y aura, comme vous venez de le dire,
des élections scolaires. Je note qu'à Montréal les membres
du Protestant School Board of Greater Montreal sont nommés par les
conseillers municipaux protestants. Une fois, on avait besoin d'un membre; il
n'y avait qu'un conseiller municipal protestant et il s'est nommé
lui-même.
M. CARDINAL: Est-ce que vous appelez cela de la démocratie?
M. TETLEY: Oui. Il n'y avait pas d'appel.
UNE VOIX: Ce n'est pas ce qu'il propose; c'est ce qu'il constate.
M. TETLEY: Je suis 100 p.c. contre ce principe de démocratie. Je
vais vous faire parvenir d'autres suggestions un peu plus techniques au sujet
du bill, avant votre réunion du 23 décembre.
M. CARDINAL: D'accord. M. le Président, je remercie le
député de Notre-DAme-de-Grâce. De même que,
tantôt, j'ai apporté, je pense, toutes les réponses aux
questions soulevées par la lettre de l'honorable chef de l'Opposition,
il me fera plaisir de recevoir la lettre du député de
Notre-Dame-de-Grâce et d'apporter devant cette commission, autant que
faire se peut, les réponses aux questions qu'il aura posées.
M. TETLEY: Oui, je ne veux pas donner l'impression que j'approuve le
bill. J'ai deux pages de critique et deux pages de...
M. CARDINAL: De félicitations?
M. TETLEY: Pas de félicitations, mais de choses que je
trouve...
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Le bill 62, on le prend relativement au bill 63, comme
vous l'avez mentionné, tout à l'heure. Je suis personnellement
toujours un peu surpris qu'on essaie de lier les deux législations. Je
ne dis pas qu'il n'y a pas de lien entre les deux législations, mais,
à bien des points de vue, il y a beaucoup d'endroits où il n'y a
aucune relation entre les deux législations. Dans le bill 62...
M. CARDINAL: Vous allez m'excuser un instant. Le projet de loi 63
modifie l'article 203 de la Loi de l'instruction publique et le projet de loi
62 modifie l'article 203 de la Loi de l'instruction publique, si je m'en
souviens bien, par son article 584. En d'autres mots, pour l'île de
Montréal, l'article 203, qui est l'article central concernant les
programmes quant à la confessionnalité et aux langues, est
modifié par ces deux projets. Je rappelle qu'en troisième lecture
le projet de loi 63 a été pour ajouter, aux mots "protestants et
catholiques", le mot "autres", que l'on retrouve dans le projet de loi 62. Le
lien s'est donc fait, dès l'adoption du projet de loi 63, avec le projet
de loi 62. Ceci est très technique, d'accord. Nous pourrons y revenir en
temps et lieu. Lorsque je fais cette affirmation, je le fais à partir
non pas d'intuitions ou de généralités, mais à
partir de relations techniques précises avec la Loi de l'instruction
publique qui est modifiée par chacun des deux projets de loi.
M. SAINT-GERMAIN: A ce point de vue...
M. CHOQUETTE : Si le député de Jacques-Cartier me permet
une interruption. Est-ce qu'il y a des gens dans la salle ici qui sont venus
pour présenter des mémoires? Ah, il n'y a personne.
M. LE PRESIDENT: Tantôt, on l'a demandé.
M. CHOQUETTE: Il n'y a personne qui est prêt maintenant.
M. LE PRESIDENT: Tantôt, on pourrait leur demander d'intervenir
s'ils ont des questions à poser ou quelques mots à dire.
M. CARDINAL: Je m'excuse maintenant: J'ai dit 584, c'est 586; je me
corrige tout de suite.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, voyez-vous, ce sont des
erreurs que je peux difficilement...
M. CARDINAL: Ce n'est pas une erreur, non, non. Ceci est fort
compréhensible, parce que cette question est très technique.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, justement. Le ministre a tout à fait
raison. Lorsque j'ai mentionné cette relation entre les deux bills,
j'allais dire que le bill 63 traite surtout des langues, tandis que le bill 62
va beaucoup plus profondément que les questions linguistiques.
Je pense, par exemple, à nos deux cultures. Il me semble
évident que la culture anglaise et la culture française n'ont pas
comme simple différence la question d'une langue qui est
différente. Cela va beaucoup plus profondément. En regardant le
bill 62, par exemple, si je pense aux gens de langue anglaise de mon
comté, je sais pertinemment que ces gens ont tout de même une
échelle de valeur, un barème de valeur, une façon de
penser qui est tout à fait différente, ou du moins qui peut
être, à certains points de vue bien différente. Cette
différence dans les échelles de valeur doit nécessairement
se refléter au point de vue culturel dans la programmation, dans les
programmes scolaires. Il me semble que les programmes scolaires doivent
nécessairement découler de ces échelles de valeur qui sont
différentes pour les deux cultures.
A ce point de vue, je ne trouve rien dans le bill 62 qui garantisse, par
exemple, que cette culture différente se reflétera dans les cours
de langue anglaise comme dans ceux de langue française. Pour ceux de
langue française, naturellement, puisque la majorité du
Québec est de langue française, que la majorité du
ministère et des fonctionnaires sont de langue française et que
toutes les chances au monde sont que le ministre demeure, du moins pour les
générations à venir, de langue française. Si
j'étais de culture anglaise, il me semble que j'aurais une certaine
crainte relativement à la programmation des écoles de langue
anglaise. Je crois que les gens de culture anglaise ont tout de même un
certain droit à voir dans la législation leur échelle de
valeurs respectée, non pas simplement dans les déclarations
publiques, mais dans la législation même. Je ne vois rien dans le
bill 62 qui permette de croire que les gens de culture anglaise vont avoir la
maîtrise, si vous voulez, de la programmation scolaire,
premièrement.
M. CARDINAL: Je pourrais répondre tout de suite. En fait, il y a
encore là une illusion. Je m'excuse d'être aussi cartésien,
mais il y a trois réactions. La première, c'est que ce n'est ni
dans le bill 62 ni dans le bill 63 que l'on trouve ceci. C'est dans la Loi de
l'instruction publique, en ce sens que tous les programmes sont établis
par le ministère de l'Education, ainsi que tous les examens, et que
c'est déjà dans la loi que l'on prévoit actuellement
déjà ces programmes. Je rappelle l'article 203 et l'existence des
comités catholique et protestant, du Conseil supérieur de
l'Education et l'existence déjà, dans la Loi du Conseil
supérieur de l'Education, d'un secteur autre que catholique ou
protestant. C'est-à-dire que les amendements que nous apportons ne
changent rien, sauf quant à l'organisation administrative et à
certains autres points, à la Loi de l'instruction publique.
Deuxième remarque, c'est que j'admets ces différences de
culture, mais je ne puis m'empêcher, par conviction personnelle et comme
membre du gouvernement de l'Union Nationale, de souligner qu'il y a quand
même quelque chose qui doit exister si ça n'existe pas
et qui s'appellera la vie québécoise ou le contexte
québécois et qu'il était temps que l'on songe à ne
pas avoir deux histoires du Québec ou deux histoires du Canada
différentes, deux géographies différentes, deux
systèmes différents. Tantôt, le député
parlait de la réunion des deux solitudes. Je pense que c'est le
député de D'Arcy-McGee, si je ne me trompe, à moins que ce
ne soit celui de Notre-Dame-de-Grâce. J'ai mentionné en dehors de
cette commission que les gens qui justement depuis des années
recherchaient l'unité au Canada devraient rechercher cette unité
au Québec.
Troisième et dernière remarque, parce que l'on pourrait
s'engager dans un autre débat et j'aimerais entendre ceux qui sont de
l'autre côté de cette barre et qui auraient quelque chose à
dire avant que nous ajournions nos travaux.
Je pense que tout ceci, il faudrait y revenir après avoir entendu
les gens qui vont se présenter devant cette commission. Je vais
dévoiler tout de suite, si vous voulez, la stratégie en ce sens
que, pour ma part, j'aimerais entendre tous ceux qui veulent s'exprimer, toutes
les questions qui seront posées avant de reprendre le tout et de le
donner dans une synthèse plutôt que de répondre par
morceaux à des questions qui ne représentent toujours qu'une
partie du problème.
Encore une fois, je le souligne, ce texte de loi qui vous est
proposé s'insère dans une loi qui existe déjà. Ce
n'est pas un projet de loi à part. C'est une modification à la
Loi de l'instruction publique où il existe déjà des
garanties, des règles, des dispositions qui ont subi l'usure du temps,
l'épreuve du temps, qui ont été rodées par l'ancien
département de l'Instruction publique et le nouveau et jeune
ministère de l'Education. Je réponds d'une façon si
générale non pas pour repousser la question du
député de Jacques-Cartier, mais de façon à prendre
sa question avec toutes les autres qui ont été posées et
avec les interventions qui se feront, pour je ne dirais pas, à la fin,
avoir le dernier mot, mais pour, en temps opportun, reprendre le tout et
expliquer le tout dans une synthèse générale, plutôt
que de prendre chaque chose par morceaux parce qu'on n'en finirait pas avec un
projet de loi de cette longueur.
M. SAINT-GERMAIN: Entendu, je comprends très bien le point de vue
du ministre. Je ne veux pas prendre trop de temps, puisqu'on a des gens
à écouter, mais, tout de même, pour bien nous
éclairer, et je crois que cela pourrait peut-être aider la
discussion, le ministre pourrait-il nous dire, en peu de mots et techniquement,
avec la Loi de l'instruction publique actuelle, comment les deux programmations
seront étudiées, celle de la culture française et celle de
la culture anglaise?
M. CARDINAL: Présentement, d'après l'article 203, les
commissions scolaires sont obligées c'est une obligation
d'appliquer les programmes qui viennent du ministère de l'Education. En
vertu de la Loi du Conseil supérieur de l'Education, ces programmes
doivent être examinés avant d'être approuvés par le
ministre j'emploie le mot "ministre" au sens de la loi par le
comité catholique et le comité protestant. Avec le projet de loi
63, ces programmes devront à l'avenir être faits à la suite
d'une réglementation qui tiendra compte particulièrement des
articles 1 et 2 du projet de loi 63.
Présentement, au ministère de l'Education, nous sommes
à travailler sur cette nouvelle réglementation et sur ces
nouveaux programmes qu'ils devront adopter. Quant à l'île de
Montréal, ces programmes appelez-les ou français ou
anglais, ou catholiques ou protestants, dans toutes les combinaisons possibles
- vont s'appliquer à tout le Québec, sauf qu'à
Montréal, la structure administrative qui verra à les appliquer
sera différente. Ce sont quand même les commissions scolaires qui
vont les appliquer même si le choix du programme, quant à la
langue et quant à la foi, sera le rôle des parents. C'est la
réponse que je donne en peu de mots, elle résume beaucoup de
choses. C'est le mécanisme qui existera lorsque la Loi de l'instruction
publique, le projet de loi 63, au 1er juillet 1970, le projet de loi 62, au 1er
juillet 1971, s'il est adopté, seront tous en vigueur.
M. LE PRESIDENT (M. Crôteau): L'honorable député de
Westmount.
M. HYDE: M. le Président, c'est plutôt un renseignement que
je voudrais. Concernant la déclaration du ministre au sujet de la
réunion au sein de son ministère le 23 décembre, si je
comprends bien, le ministre a dit qu'ils vont considérer les
représentations qui sont faites devant cette commission-ci. J'imagine
que le ministre doit avoir un dossier assez complet de différents
commentaires qui ont été faits en dehors de la commission. Il
pourrait même avoir des suggestions venant de personnes qui viendront
plus tard devant la commission pour témoigner.
Doit-on comprendre que le ministre tiendra compte de l'ensemble de
l'affaire et non simple- ment de ce qui s'est passé devant cette
commission-ci?
M. CARDINAL: Oui, M. le Président. De fait, nous avons
déjà un dossier dont je ne connais pas la hauteur...
M. HYDE: Oui, j'imagine.
M. CARDINAL: ... j'ai bien des lettres, des télégrammes,
il y a des coupures de journaux chaque jour qui sont faites, le journal des
Débats, les mémoires qu nous recevrons et que nous avons
reçus. Quand j'ai parlé d'une rencontre le 23, c'est une
première rencontre...
M. HYDE: Oui, oui, je comprends.
M. CARDINAL: ... c'est une première réaction. Il y en aura
d'autres au fur et à mesure. Si je puis donner un exemple, par analogie,
qu'on se rappelle décembre 1968, alors que nous avons
étudié deux projets de loi qui sont devenus le projet de loi 56,
où le ministère, pendant que les travaux de la commission se
poursuivaient, se rajustait sans cesse, si bien qu'à la dernière
réunion de cette commission, il a proposé un nouveau texte qui
est devenu ce projet de loi 56.
M. HYDE: M. le Président, je ne voudrais pas entrer dans une
discussion générale, mais je voudrais simplement faire une
remarque à propos des questions posées par le
député de Jacques-Cartier et la réponse du ministre, pour
essayer de suggérer au ministre que c'est bien beau d'espérer
que, avec ce projet de loi ou avec n'importe quel projet de loi, nous pourrions
faire disparaïtre les deux solitudes du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Tout le monde est d'accord pour dire que ce serait
une bonne chose, si nous étions capables de le faire. Mais, dans
l'optique du bill 62, c'est la critique majeure que je vois là-dedans
et comme le député de Notre-Dame-de-Grâce, je n'ai
pas l'intention d'entrer dans une discussion complète du bill je
trouve que l'idée de créer immédiatement les commissions
scolaires unifiées, c'est peut-être aller un peu trop vite. Ce
serait peut-être un objectif à prévoir pour trois, quatre
ou cinq ans.
M. CARDINAL : Faudra-t-il attendre encore cent ans?
M. HYDE: Non, non, non. Le ministre est trop réaliste pour
entrevoir même une telle situation, mais dans trois, quatre ou cinq ans,
peut-être.
Mais si nous pouvions trouver une solution aujourd'hui, qui pourrait
faire l'intérim, je crois que ça pourrait résoudre bien
des problèmes. Après avoir écouté le ministre
à propos de la réunion du 23 décembre, je crois que, si le
ministère était prêt, après toutes ces
études, à
fournir à la Chambre et au public les résultats de ces
études, cela pourrait raccourcir apprécia-blement les discussions
devant la commission après le Jour de l'An.
M. CARDINAL: Je remercie le député de Westmount, si je ne
me trompe. J'ajouterai tout de suite le détail suivant, qu'il est bon de
souligner, c'est que, de toute façon, il y aurait, après adoption
de la loi, une période transitoire jusqu'au 1er juillet 1971 sinon 1972,
avant qu'un conseil provisoire ne soit créé. Il y aura,
deuxièmement, une période qui pourra peut-être être
déterminée suivant la longueur des travaux de cette commission,
avant que le conseil provisoire n'ait terminé ses travaux.
C'est-à-dire que, d'une façon ou d'une autre, il y aura
nécessairement une période de transition et d'adaptation. Quant
à porter un jugement de valeur sur la longueur de cette période,
je ne suis pas prêt à le faire aujourd'hui et j'écoute avec
autant de sympathie toutes les suggestions qui sont faites, essayant tout
simplement ici de me faire le porte-parole, d'une part du gouvernement
qui a comme devoir de représenter les aspirations de la majorité
qui l'a porté au pouvoir
M. CHOQUETTE: De l'intérêt général. Ce n'est
pas toujours la même chose.
M. LE PRESIDENT (Croteau): Le député de Montmorency.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. LEFEBVRE: Vous avez dit la majorité, c'était 41
p.c.
M. TREMBLAY (Montmorency): Le député d'Ahuntsic a pris
l'habitude de me couper la parole chaque fois que je parle.
M. LEFEBVRE: Ah, jamais, M. le Président. Je fais des excuses
officielles.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, M. le Président, je voudrais
dire tout d'abord que je suis heureux que le ministre, cette fois-ci,
contrairement à l'attitude du bill 63, ait consenti à permettre
aux organismes concernés par l'éducation de se faire entendre
devant la commission parlementaire.
Il y a des paroles que le ministre a dites tout à l'heure qui
sont rassurantes jusqu'à un certain point. Il a dit que le gouvernement
était disposé à inclure dans la loi les absences, les
manquements, les ambiguités qui pourraient inquiéter certains
groupes religieux ou autres en ce qui concerne la confessionnalité. Je
sais que ces corps intermédiaires, ces organismes représentant
l'éducation sauront apporter des éléments très
positifs à cette loi cela fait rire monsieur le ministre.
M. CARDINAL: Non, non, je souris toujours, moi.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je pense que cette loi qui n'est pas
parfaite, qui a été fabriquée par des hommes, bien
entendu, comporte beaucoup d'aspects techniques; je pense qu'au
ministère de l'Education, on s'est, hélas, dans le passé,
un peut trop appliqué à résoudre les aspects techniques
sans tenir compte des aspects humains de ces questions. Alors, ces solutions
devraient en fait être envisagées sous ce double aspect et
technique et humain. Je pense bien que le côté humain pourra
être exprimé largement par ces organismes qui viendront ici
s'exprimer.
Alors, en définitive, j'ai hâte d'entendre ces
différents organismes, et je pense que nous en tirerons quelque chose de
bénéfique pour l'Etat du Québec tout entier.
M. CARDINAL: Merci. M. le Président, si vous me permettez juste
une remarque; je ne voudrais certainement pas, après ce qu'a dit le
député, être méchant. Je le remercie de cette
intervention, mais je soulignerai que j'ai promis d'écouter
attentivement tous ceux qui se présenteront, d'apporter, si
nécessaire, certaines garanties. Mais je voudrais bien, pour le journal
des Débats, cependant, que l'on convienne que je n'ai pas voulu apporter
de garantie particulière au Parti nationaliste chrétien.
M. LE PRESIDENT (M. Croteau): Le député d'Ahuntsic avait
quelque chose à dire.
M. LEFEBVRE: Je voudrais ajouter une précision...
M. LE PRESIDENT (M. Croteau): L'honorable député
d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: M. le Président, pour que personne ne croie que le
député d'Ahuntsic a perdu toute notion de combativité,
j'aimerais bien...
M. CARDINAL: De combativité ou de parti-sanerie?
M.LEFEBVRE: ... mentionner ici j'ai bien dit de
combativité ma certitude que le gouvernement va manoeuvrer de
façon à ne pas faire voter ce projet de loi avant les prochaines
élections. Mais enfin, l'avenir dira si mes pronostics...
M. CARDINAL: Pardon, il est de mon intention très ferme que ceci
soit voté à la prochaine session. Et si ce n'est pas voté,
ça ne dépendra pas du gouvernement, mais de l'Opposition.
M. LEFEBVRE: L'avenir le dira, M. le Président. Nous avons
déjà assisté à beaucoup de projets très
fermes comme ça qui se sont tout à
coup ramollis et sont devenus tout à fait différents de ce
qu'ils étaient à l'origine. A tout événement, ce
n'était pas l'intention première pour laquelle j'ai
demandé la parole. C'était pour apporter une précision
quant à ma suggestion question de tout à l'heure.
Après cette suggestion-question, j'ai reçu un billet, je ne dirai
pas de qui, me reprochant de prendre la défense des Anglais.
Or, M. le Président, j'aurais deux remarques à faire
à ce sujet. La première, c'est que c'est techniquement faux parce
que si l'on regarde remarquez que je me défendrai ensuite sur
l'autre point la liste des onze arrondissements scolaires
proposés par le bill 62, chacun pourra facilement se rendre compte qu'il
y a neuf districts où les Français ont la majorité et deux
arrondissements où ce sont les gens de langue anglaise qui ont la
majorité.
Donc, j'ai le souci de protéger les droits des minorités.
On n'a pas un souci qui est proprement racial ou linguistique, mais un souci
d'équité qui est élémentaire. Le seul autre
commentaire que je voudrais ajouter là-dessus remarquez que
ça pourrait nous entraîner dans des débats fort longs et je
m'en abstiendrai c'est que j'ai le sentiment que nous avons depuis
quelque temps au Québec, transporté dans la politique le
dogmatisme qu'on avait l'habitude de manifester dans la religion. Depuis que
beaucoup de gens ont cessé d'être religieux, on dirait que les
dogmes deviennent politiques, si bien que les procès de tendances et les
accusations de traîtrise ou de mollesse, etc., pleuvent de gauche ou de
droite et qu'il est assez difficile parfois de rendre ses positions bien
claires. En tout cas, quant à moi, je maintiens que les droits des
minorités sont un objectif qui est essentiel à tout
libéral et que ça doit être défendu, même
quand ce n'est pas populaire.
Deuxièmement, je ferai remarquer à tout le monde que la
faiblesse que j'ai mentionnée au ministre intéresse autant les
gens de langue française que les gens de langue anlaise, puisqu'il y a
deux arrondissements où ce sont les Canadiens français qui sont
en minorité.
Finalement, j'aimerais, pour le bénéfice de la partie du
23 décembre, suggérer au ministre, parce que tout à
l'heure...
M. TETLEY: Est-ce que tout le monde est invité?
M. PICARD (Olier): C'est une partie privée.
M. LEFEBVRE : Je dirai au sous-ministre, que je suis au régime et
que ne prends pas d'alcool. Mais j'aimerais formuler une hypothèse, et
ce, gratuitement, je n'enverrai pas de facture au ministre. Je pense que la
meilleure technique pour s'assurer de la protection des droits des
minorités parce que j'ai lu les articles tout à l'heure et
j'admets que c'est extrêmement compliqué compte tenu du
fait que l'élection des membres des commissions scolaires orgine, d'une
part, du suffrage universel et, d'autre part, des collèges
électoraux... Je suggère donc, comme hypothèse, dans un
esprit très positif, que les droits des minorités s'ajoutent au
processus. Autrement dit, que l'on procède selon ce qui est prévu
par la loi pour ce qui est des commissions scolaires. Le conseil, c'est une
autre affaire, mais pour ce qui est des commissions scolaires, une
hypothèse à mon avis logique serait de procéder tel qu'il
est prévu par la loi, mais qu'on ajoute un article en disant que si
l'élection telle que cela est faite en vertu des paragraphes 1 et 2 ne
donne pas le résultat satisfaisant...
M. CARDINAL: Ce n'est pas une grande confiance en la démocratie
ça, mais en tout cas...
M. LEFEBVRE: M. le Président, ce n'est pas facile de
prévoir. Enfin, je crois qu'à l'expérience, le ministre se
rendrait compte, simplement en s'assoyant dans le bureau, lors de cette
réunion deu 23, et en spéculant, que le calcul des
probabilités indiquera facilement que les chances sont assez
considérables et qu'effectivement l'élection selon le
procédé prévu ici n'assure pas la représentation de
la minorité.
C'est pourquoi je dis que la meilleure façon de faire ceci serait
peut-être de ne pas limiter les droits au point de vue de
l'éligibilité, au niveau des mécanismes qui sont
déjà prévus, mais bien d'ajouter un mécanisme
additionnel qui entrerait en fonction uniquement si les premiers
mécanismes n'ont pas effectivement assuré une
représentation équitable.
En tout cas, je le mentionne simplement comme une hypothèse.
L'important, et ce qui me tient à coeur pour ma part, c'est l'objectif
et non pas la méthode, pourvu que le ministre nous proposera une
méthode qui apparaîtra vraisemblable et qui satisfera les esprits
qui ont un peu de subtilité au point de vue du calcul des
probabilités, ce sera suffisant. Remarquez que je ne me classe pas
nécessairement parmi ceux-là, mais je demanderai conseil.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, j'ai deux
commentaires; on les prendra pour ce qu'ils valent. Le premier c'est: Est-ce
que nous avons ces garanties pour les minorités au niveau de
l'Assemblée nationale? Le deuxième, s'il s'agit de dogme, je
rappellerai que je suis cardinal et non pas pape.
M. LE PRESIDENT (Croteau): L'honorable député d'Olier.
M. PICARD (Olier): M. le Président, comme la majorité des
membres de la commission, j'ai eu l'occasion de lire, dans certains journaux,
les commentaires soit d'éditorialistes ou de simples
journalistes sur le bill 62. A mon avis, il semble y avoir deux
catégories de commentaires: une catégorie sur le plan des
structures administratives du bill, l'autre sur le plan pédagogique. Je
pense qu'à la suite des nombreux articles qui ont paru dans certains
journaux, plus précisément de langue anglaise, qu'il y aurait
lieu de diffuser d'une façon plus générale la
déclaration qu'a faite tout à l'heure le ministre, que j'approuve
entièrement et qui, à mon sens, clarifie la situation sur le plan
pédagogique.
M. CARDINAL: Comptez sur moi, je passe à la
télévision en sortant de cette commission.
M. PICARD (Olier): C'est à n'y rien comprendre qu'on ait encore
des craintes dans ce domaine-là. Je me dis qu'actuellement la discussion
du bill 62 devrait probablement s'en tenir strictement aux structures
administratives. Sur ce plan-là, le député d'Ahuntsic a
mentionné une suggestion qu'il avait faite au ministre à l'effet
d'étudier une possibilité d'accorder j'appellerai cela
certains privilèges certains privilèges aux
minorités de langue anglaise.
M. LEFEBVRE: Je n'ai pas dit de langue anglaise.
M. PICARD (Olier): Non, mais aux minorités linguistiques. Je dis
qu'à ce moment-là nous essayons de légiférer selon
des principes démocratiques et qu'a ce moment-là c'est la loi de
la majorité qui devrait primer. Je ne crois pas que les minorités
linguistiques aient à craindre, certainement pas au Québec, de
persécution, de quelque nature que ce soit. C'est tout ce que j'avais
à dire.
M. CARDINAL: M. le Président, avant qu'on ne s'adresse à
d'autres, je voudrais donner deux détails. Je me suis entendu ce matin
avec l'honorable chef de l'Opposition je pense que le
député d'Outremont est au courant à l'effet que
nous ajournerions cet après-midi, quand nos travaux seront
terminés, vers cinq heures trente je l'espère, sine die, en ce
sens qu'à la fin des travaux parlementaires, il y aura une motion,
probablement faite par le leader parlementaire ou le premier ministre, motion
omnibus, pour que les commissions qui étudient des projets de loi qui
sont devant nous, puissent siéger entre les deux sessions et faire
rapport à la prochaine session.
Je tenais à le dire encore une fois pour assurer les gens.
Deuxième remarque, ceci permettra, pendant cette période
intersessionnelle, à tous ceux qui veulent se préparer davantage,
à la lumière des documents déposés, de venir devant
nous. Je pense qu'à cause d'un certain congrès, dont quelques-uns
parlent au Québec présentement, il y aura lieu d'attendre
après le 17 janvier pour nous réunir à nouveau.
M. LEFEBVRE: Un genre de congrès dont le ministre conserve
d'amers souvenirs.
M. LE PRESIDENT (Croteau): Dans l'assistance, y aurait-il des personnes
qui aimeraient poser des questions au ministre? Me White.
M. WHITE: Merci, M. le Président. Evidemment, je ne suis pas
prêt aujourd'hui à déposer un mémoire ou à
faire des commentaires sur le fond du bill 62, qui est devant la commission.
J'aimerais mentionner deux points. D'abord, le ministre avait dit, je crois,
que la documentation qui vient d'être distribuée aux membres de la
commission serait peut-être disponible aujourd'hui même pour les
intéressés qui sont ici présents.
M. CARDINAL: Aujourd'hui même, ce serait assez difficile. A la
suite d'une décision prise par la commission, je suggérerais que
l'on obtienne le journal des Débats, ce qui est un moyen facile et qui
contient toute la documentation.
M. WHITE: Très bien. Le deuxième point que j'aimerais
soulever est un point que je crois être fondamental et qui a
déjà été mentionné à plusieurs
reprises par les membres de la commission. Avant de venir ici aujourd'hui, j'ai
essayé de faire mes devoirs et j'ai relu attentivement toutes les
déclarations que j'ai pu trouver et que les ministres auraient faites au
sujet du bill 62, et évidemment sur le bill 63 aussi, parce que les deux
font partie intégrante, comme le ministre l'a signalé, d'une
politique générale du gouvernement.
Je n'ai pu que remarquer très spécialement la
déclaration du ministre lorsqu'il s'adressait à la
congrégation Shaar Hashomayim à Westmount le 8 novembre. La
congrégation...
M. CARDINAL: Shaar Hashonayim, cela veut dire les portes du ciel, "the
gates of heaven".
M. WHITE: II s'agissait, je crois, d'un dîner organisé en
l'honneur de M. Ben Bentel. Lors de ce dîner, le ministre dit et
je cite, ici, un document quasi officiel ou presque officiel, soit
Hebdo-Education une phrase seulement de son discours: "Le principe de la
commission scolaire unique, multiconfessionnelle, est un de ceux dont le
gouvernement n'a pas l'intention de démordre". Alors, le ministre est
revenu, aujourd'hui, sur les quatre buts qu'il recherche en présentant
à l'Assemblée nationale le bill 62, soit: l'égalité
des services sur tout le territoire concerné, la démocratisation
de l'administration, une plus grande participation des parents et le respect du
pluralisme religieux. Alors, je crois que tout Québécois ne peut
qu'être d'accord avec ces grands buts recherchés par le projet de
loi.
Mais ce n'est pas dire, M. le Ministre et M. le Président, que
tout Québécois est obligé d'être d'accord avec les
moyens qui sont proposés dans ce bill pour atteindre justement ces buts.
Permettez-moi de mentionner, en plus, un but que le ministre n'a pas
mentionné comme étant un de ceux recherchés par ce bill
mais qui est un but visé, je crois, par une majorité de
Québécois, soit le développement et
l'épanouissement de la civilisation française en Amérique
du Nord. Je crois que tout Québécois, de quelque langue qu'il
soit, appuie très fermement ce principe et ce but. Le ministre, je
crois, a déjà mentionné que c'est en partie par le projet
de loi 63 et par le projet de loi 62 qu'on cherche à atteindre ce
but.
Alors, il y a, en effet, cinq buts que nous recherchons. Les quatre
énumérés par le ministre et le but général
de la nation québécoise. Mais il existe, je crois, d'autres
moyens que ceux proposés par le ministre pour atteindre ces buts et je
crois certains ici l'on déjà mentionné que
c'est d'un vif intérêt pour le Canada tout entier, et pour le
Québec, et pour les minorités au sein de cette province. Au
Québec, il faut dire que nous faisons tous partie d'une minorité
ou d'une autre qui désire contrôler le système
d'enseignement, quant à la pédagogie, quant aux cours et quant
à l'enseignement. Je crois qu'il n'y a rien dans l'histoire du Canada
qui ait soulevé plus de passions, plus de débats que cette
question du contrôle de nos systèmes d'enseignement. Je dis nos
systèmes, au pluriel.
Alors, je demande tout simplement au ministre et je crois que je
dois dire que c'est une demande que je fais en toute bonne foi et en toute
sincérité s'il ne serait pas prêt à
amoindrir, à attendrir un peu la fermeté de sa déclaration
à Westmount pour cette raison. Parce que, d'abord, je crois qu'elle
n'est pas de nature à inspirer la confiance chez des personnes que le
ministre connaît, qui ont des craintes déjà, des
appréhensions, quant aux effets possibles de la structure
proposée.
Deuxièmement, si le ministre ou le gouvernement prend une
position ferme, dont il ne démordra pas, sur cette question, à
quoi bon, donc, venir faire des représentations ici à la
commission parlementaire et a quoi bon, donc, faire des demandes, par les voix
normales, au ministre de l'Education?
En quelque sorte, si le ministre et je l'ai vu très
accueillant aujourd'hui, il a bien souligné qu'il est prêt
à accepter toutes les représentations que les gens voudront faire
sur tous les sujets mais si le ministre dit: Nous vous entendrons, mais
nous n'agirons pas après, advienne que pourra, je crois qu'il est
évident, que le ministre force le débat sur un autre plan qui ne
serait peut-être pas un plan très sain pour la démocratie
au Québec. Ce serait un débat qui ne se ferait pas ici, au
Parlement, où ce débat devrait se poursuivre, mais plutôt
sur la place publique. Et cela aurait nécessairement de très
mauvais effets, je crois, pour la bonne entente entre nos deux cultures au
Québec.
Je ne demande rien de très grave, de très spécial.
Je demande tout simplement au ministre de montrer la souplesse qu'il a
montrée dans tous les autres domaines, qu'il nous dise, au moins, que si
les arguments avancés par les gens qui ont des craintes
légitimes je crois quant à la structure proposée,
s'avèrent convaincants aux yeux des membres de la commission, du
gouvernement et du ministre, qu'il y a possibilité au moins que le
ministre pourra reconsidérer cette question.
M. CARDINAL: M. le Président, puis-je répondre, à
ce moment-ci que, comme je l'ai dit tantôt, je suis disposé avec
ce même accueil à entendre toutes les expressions d'opinion et je
préfère, comme je l'ai dit tantôt, revenir à la fin
et donner ce que j'appelais un document de synthèse. Disons que je
remercie M. White d'ajouter un élément à ma
réflexion. Et si je ne réponds pas immédiatement à
sa question, il comprendra que lorsque je parle, ce n'est pas simplement en
tant que moi-même mais en tant que représentant du gouvernement et
que nous pourrons revenir sur cette question au cours des
délibérations de cette commission.
M. LE PRESIDENT (Croteau): Alors Me Dionne a-t-il quelque chose?
M. DIONNE: M. le Président, je vous remercie de m'accorder la
parole. Je veux simplement compléter ma courte remarque de tout à
l'heure, lorsque j'ai informé cette assemblée que je
représentais le Bureau métropolitain des écoles
protestantes de Montréal. En même temps j'agis pour l'Association
des commissions scolaires protestantes du Québec, mais je dois informer
cette assemblée que je le fais au pied levé pour mon
associé senior Me Jacques de Billy, qui est présentement retenu
à l'extérieur du Québec et qui sera certainement
présent avec les organismes qu'il représente, lors de votre
prochaine réunion qui est prévue je crois pour janvier
prochain.
M. CARDINAL: Après le 17 janvier. M. DIONNE: Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Alors nous aviserons soit par les média
d'information ou par des avis les personnes intéressées au projet
de loi no 62. Alors nous ajournons sine die?
M. CARDINAL: C'est-à-dire que je n'aime pas l'expression sine die
parce que ç'a l'air d'un enterrement de première classe. Nous
ajournons à une date à être fixée par motion
à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance: 17 h 18)
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ANNEXE Référer à la version PDF page 4338 à
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PREMIÈRE PARTIE
LA DIVERSITÉ DANS LE SYSTÈME D'ENSEIGNEMENT
CHAPITRE II
CONFESSIONNALITÉ ET
NON-CONFESSIONNALITÉ
Introduction
ANNEXE Référer à la version PDF page 4338 à
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