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(Onze heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission permanente du commerce extérieur se réunit
aux fins d'étudier les crédits du ministère du Commerce
extérieur.
Les membres de cette commission sont: M. Payne (Vachon) qui remplace M.
Beaumier; M. Rivest (Jean-Talon) qui remplace M. Bourbeau (Laporte); MM.
Ciaccia (Mont-Royal), Marquis (Matapédia) qui remplace M. Gagnon
(Champlain); MM. Gauthier (Roberval), Landry (Laval-des-Rapides), Léger
(Lafontaine), Lincoln (Nelligan), Paré (Shefford), Rochefort (Gouin),
Fortier (Outremont) qui remplace M. Rocheleau (Hull).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Dean
(Prévost), Rocheleau (Hull) qui remplace M. Dubois (Huntingdon); MM.
Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Perron (Duplessis), Bourbeau (Laporte) qui
remplace M. Rivest (Jean-Talon); MM. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) et
Tremblay (Chambly).
Comme c'est la coutume, si le ministre a une présentation
à faire.
M. Landry: Oui.
Le Président (M. Blank): Avant, on doit nommer un
rapporteur.
Est-ce que le député de Vachon est nommé
rapporteur?
D'accord.
M. Landry: M. le Président, avant de passer à la
présentation proprement dite, est-ce que mes collègues de
l'Opposition souhaitent que nous nous donnions ensemble un aperçu de
l'horaire de nos travaux, du temps que nous allons y consacrer? Avez-vous une
idée sur cette question?
M. Lincoln: Je crois qu'on a quatre heures d'allouées
à la commission. Est-ce qu'on termine à midi et trente, M. le
Président?
M. Landry: 13 heures.
Le Président (M. Blank): 13 heures.
M. Lincoln: Je suis disposé à aller jusqu'à
13 heures. Ensuite, on pourra commencer à 15 heures pour finir le reste
jusqu'à 18 heures.
M. Landry: Très bien, cela m'arrangerait parce que cela me
permettrait d'assister au Conseil des ministres qui, comme chacun le sait,
siège aujourd'hui. Alors, j'irai entre 13 heures et 15 heures.
M. Lincoln: Oui, d'accord. M. Landry: C'est parfait.
M. Lincoln: Si cela vous arrange de finir un petit peu avant 13
heures et dix minutes après 18 heures, cela m'est égal.
M. Landry: Ah! Cela serait peut-être une bonne suggestion.
Il est 11 h 45, si on finissait à 12 h 45, cela m'arrangerait.
M. Lincoln: Oui, d'accord, cela va.
Exposés préliminaires
M. Bernard Landry
M. Landry: Très bien.
Je vais profiter de l'occasion traditionnelle que vous me fournissez, M.
le Président, pour faire un petit exposé liminaire dans le but de
stimuler nos discussions et nos travaux.
Je voudrais d'abord vous dire que je suis accompagné à
cette table du sous-chef du ministère du Commerce extérieur, M.
Jean Vézina, à ma droite; j'ai également avec moi la
secrétaire du ministère, le directeur de l'administration, le
directeur de la Direction de l'expansion des marchés, la directrice de
l'information et, bien entendu, le sous-ministre qui s'était
malencontreusement placé en dehors de mon champ de vision, plutôt
vers la gauche, mais qui est un homme remarquablement visible dans les
questions où l'efficacité est requise.
Je remercie également mes collègues parlementaires qui se
sont très sérieusement préparés avec moi et mes
fonctionnaires à faire de cette étude des crédits le plus
grand succès possible et l'opération la plus éclairante
possible.
Je voudrais noter que les circonstances sont heureuses parce que cela
fait deux fois en six mois que nous-mêmes, avec nos vis-à-vis de
l'Opposition, avons l'occasion de scruter la question du commerce
extérieur: la première fois pour la naissance du
ministère où, pendant de nombreuses heures, nous nous
sommes penchés sur les premiers vagissements de cet organisme.
J'espère que, moins de six mois plus tard, sans pouvoir dire que la
mission est totalement accomplie, ce qui serait illusoire et
prétentieux, on sera en mesure de vous rapporter certains
progrès.
Alors, le programme que nous étudions aujourd'hui, qui est
essentiellement le budget du ministère du Commerce extérieur,
s'appelle: Développement des relations économiques avec
l'extérieur.
Nous parlons, en termes budgétaires, de 18 196 000 $. En termes
humains, en termes de ressources de personnel, il s'agit de 194 employés
permanents. Ce ministère, comme vous le savez, a, par sa nature
même, des antennes extérieures et il est représenté
à l'étranger par 21 conseillers économiques permanents,
qui sont des Québécois et Québécoises membres de la
fonction publique, et par 26 attachés commerciaux qui sont
recrutés localement suivant la tradition et qui sont des nationaux des
pays où nous travaillons. Au sujet de ces pays, il y en a 13 et nous
sommes dans 19 villes de ces pays. On consacre 2 210 000 $ de l'argent des
contribuables québécois à cette activité et
à ces antennes extérieures.
L'organisation de services promotionnels sur l'Europe, l'Amérique
du Nord et le reste du monde nécessite, en 1983-1984, des crédits
respectifs de 1 572 000 $, 1 291 000 $ et 937 000 $, auxquels il faut ajouter
des frais généraux de fonctionnement de 438 000 $. Ainsi le
budget global de la Direction générale de l'expansion des
marchés, dont je vous ai dit que nous avions le directeur parmi nous,
est fixé à 4 240 000 $.
Par ailleurs, à la Direction de l'administration et du personnel,
un budget de 371 000 $ est prévu pour la construction de stands
d'exposition destinés à soutenir les services professionnels
offerts par notre Direction générale de l'expansion des
marchés. Les effectifs permanents affectés à ces
tâches totalisent 76 personnes à la Direction
générale de l'expansion des marchés, 12 personnes à
la direction de l'administration, et l'effort global en matière de
développement des marchés se traduit par un budget de 4 611 000
$, incluant la rémunération de 88 employés permanents.
Au chapitre des transferts aux entreprises sous forme de subventions
pour la mise en place, en particulier, d'une stratégie de
pénétration des marchés extérieurs - c'est le
fameux volet "F" du programme APEX -en 1983-1984, les crédits sont de 6
000 000 $, auxquels il fallait ajouter presque 1 000 000 $, soit 878 000 $,
pour le programme régulier d'aide au développement des
exportations. Alors ce sont les autres APEX que "F".
De plus, un budget de 1 150 000 $ est mis à la disposition des
entreprises pour appuyer le développement de certains projets
spécifiques sur les marchés extérieurs. Un montant de 150
000 $ est déjà inscrit au budget actuel du ministère et
une somme de 1 000 000 $ sera ajoutée en conformité avec
l'annonce faite par mon collègue des Finances lors du discours sur le
budget.
Le développement de services-conseils plus
spécialisés auprès de l'entreprise afin de stimuler la
mentalité exportatrice et de faciliter la conclusion d'accords
industriels nécessite un budget de 863 000 $ et une équipe
d'environ 20 personnes. On a 807 000 $ qui sont prévus pour le
fonctionnement de la Direction des communications du ministère, qui a un
effectif de 13 personnes; un budget de 948 000 $ est prévu pour la mise
en place de trois équipes d'environ 10 personnes qui ont comme mandat de
procéder à des analyses systématiques de marché,
surveiller les intérêts québécois en matière
de politique commerciale, procéder à des échanges
significatifs en matière de coopération économique avec
l'étranger. C'est essentiellement ce que je vous avais annoncé
à l'étude article par article de la loi, c'est-à-dire que
nous allions mettre sur pied une section analyse et stratégie, de
façon non seulement à faire les efforts, mais à les faire
au bon moment et d'une façon coordonnée. Pour le reste, vous avez
les questions qui relèvent purement de l'administration, du
fonctionnement du ministère. C'est moins de 10% des crédits qui
sont consacrés à cette fin, incluant le cabinet du ministre, les
bureaux des sous-ministres et la Direction de l'administration et du
personnel.
Au chapitre des activités nouvelles, vous savez que nous sommes
sur le point de consolider, d'une part, et d'élargir, d'autre part,
l'action économique du gouvernement à l'extérieur du
Québec, en particulier, suivant nos projets, à Singapour,
à Bogota et à Stockholm, et par l'utilisation, comme je vous
l'avais annoncé d'ailleurs, de conseillers économiques
itinérants pour l'Algérie et le Moyen-Orient, la consolidation de
notre travail à Dallas, au Texas, et dans les villes de Tokyo, de Los
Angeles et de Chicago, ce qui, pour le prochain exercice, complétera
l'expansion que nous avons en tête avec des moyens qui sont relativement
modestes, mais, encore une fois, s'ils sont bien employés, cela ne
m'inspire aucune crainte quant à l'efficacité que nous pouvons
tirer de notre appareil diplomatique économique.
Je vais vous dire, en terminant cette introduction, que, selon des
engagements formels que j'avais pris à l'étude du projet de loi
article par article et qui correspondent profondément à ma
philosophie personnelle, à la philosophie des autorités du
ministère, nous n'avons pas voulu créer - et l'Opposition
aurait été tout à fait justifiée de nous le
reprocher si nous l'avions fait -quelque monstre bureaucratique qui aurait
ajouté une croissance non justifiée à l'appareil public
québécois. Nous avons constitué le ministère du
Commerce extérieur à même les ressources humaines
existantes à l'intérieur du gouvernement. Nous avions
déjà, soit à l'Office québécois du commerce
extérieur où ils et elles se retrouvaient en plus grand nombre ou
ailleurs dans la machine gouvernementale, un personnel tout a fait rompu aux
questions internationales, aux questions de l'action économique
extérieure et ce sont ces personnes que nous avons regroupées
dans le ministère du Commerce extérieur.
Je ne pense pas - mais il se peut que j'aie à le faire - avoir
recours à plus de cinq engagements extérieurs à la
fonction publique, au cas où j'aurais besoin de spécialistes d'un
calibre tel ou d'une spécialisation telle que je ne puisse pas les
retrouver à l'intérieur de la machine. Nous avons
procédé et nous procéderons, pour compléter notre
organigramme, par voie de mutation et de recrutement interne, de recyclage et
de "ressourcement" de personnel déjà existant. Vous avez, dans
les annexes, si vous voulez avoir une bonne vue de ce qu'est devenu ou presque
devenu, parce que tout n'est pas complété, le ministère du
Commerce extérieur, un organigramme simple, mais assez éloquent
qui, non seulement vous illustre la façon dont le ministère est
organisé, mais vous avez en plus les noms des individus qui occupent les
divers postes lorsque ces postes sont comblés. Voilà, M. le
Président, ce que je voulais dire pour aider à lancer nos
travaux.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Très brièvement, M. le
Président, parce que nous voudrions prendre le plus de temps possible
pour les questions, car nous n'avons pas beaucoup de temps.
Je voudrais situer un petit peu où on se place par rapport au
ministère du Commerce extérieur et notre attitude depuis la
création de ce ministère en janvier 1983. C'est vrai ce que
disait le ministre, c'est-à-dire que c'était une très
bonne occasion, après six mois, de pouvoir faire un tour d'horizon sur
toute la question du commerce extérieur par rapport à
l'économie du Québec. Il y avait une chose qui nous
préoccupait prioritairement durant l'étude du projet de loi 89,
cela a même été la question fondamentale, si le ministre
s'en souvient. Tous les débats s'étaient situés sur notre
opinion, c'est-à-dire qu'on aurait dû au préalable, avant
d'introduire le projet de loi 89, situer et tâcher d'éliminer
autant que possible - je comprends que cela est impossible les conflits
interministériels qui pourraient surgir à cause de la
façon dont sont structurées les lois contradictoires,
certainement par rapport à la loi des Affaires intergouvernementales qui
gère en bien des sens celle du ministère du Commerce
extérieur parce que c'est le ministre des Affaires intergouvernementales
qui a la responsabilité de coordonner les activités à
l'extérieur du Québec.
Nous nous posons toujours des questions sérieuses à ce
sujet. Je vais faire plusieurs allusions durant les questions à cette
préoccupation que nous avons parce que nous pensons que la chose doit
être vue, qu'il faudrait des changements dans toute la situation des
ministères par rapport à celui du Commerce extérieur. Nous
pensons que, s'il est logique de créer un ministère du Commerce
extérieur, il faut qu'il soit l'instrument pour le commerce
extérieur. Or, aujourd'hui, il y a des situations conflictuelles.
Même le ministre a admis tout récemment les zones grises entre son
ministère et surtout celui des Affaires intergouvernementales. (12
heures)
L'autre jour, j'ai eu l'occasion par accident de siéger à
l'étude des crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, en remplacement d'un collègue qui assistait
à une commission parlementaire. Là, on a pu voir pas mal de
contradictions entre le ministère du Commerce extérieur et le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme par rapport
à la Société de développement industriel, section
exportation. C'est le fait qu'une grosse partie du budget relié à
l'exportation au Québec, l'équivalence, en fait, du total du
ministère du Commerce extérieur est placée sous la
responsabilité d'un autre ministre, celui de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme. Je vais me référer à cela parce que nous
avons une somme de 18 600 000 $ qui se trouve dans le budget de la SDI pour les
exportations. Pour nous, cela nous apparaît illogique. Il nous semble que
le ministère du Commerce extérieur, si c'est lui qui est en
charge des exportations comme c'est le cas, devrait l'être tout à
fait ou on devrait régler toutes ces situations de conflit possible.
Nous savons et nous reconnaissons qu'il y a un protocole d'entente entre
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et le
ministère du Commerce extérieur, mais tout de même, nous ne
pensons pas que cela résolve la situation fondamentale de la
responsabilité d'un ministre. Nous pensons que, si un budget aussi
important que le budget total actuel du ministère du Commerce
extérieur est confié à la SDI, il
devrait être logiquement transféré au
ministère qui le concerne. Nous devons reconnaître, et nous le
faisons avec l'idée la plus constructive possible, il n'y a pas à
se cacher, que nous pensons que le ministre a mis beaucoup d'enthousiasme et
d'énergie à lancer son ministère. Nous le complimentons
pour tout le travail qui a été fait. Certainement qu'il passe pas
mal d'heures, qu'il y a eu beaucoup de voyages de faits et beaucoup d'actions
qui se sont produites dans le ministère du Commerce extérieur.
Pourtant, il faut, et c'est le rôle de l'Opposition, essayer d'apporter
des commentaires constructifs. Si nous voyons cela, quoique nous constations
l'énergie et l'enthousiasme au sein du ministère du Commerce
extérieur, nous nous posons, en même temps, beaucoup de questions
quant à l'attitude globale du ministère par rapport à ses
politiques du commerce international.
Nous pensons qu'il y a beaucoup d'actions qui se posent, mais nous
posons la question si ces actions se posent souvent en vitesse, sont des
actions ponctuelles et parfois à pied levé. Nous pensons qu'il
serait mieux d'agir lentement, de poser des gestes beaucoup plus globaux par
rapport au commerce extérieur. Par exemple, je vais situer quelques
points sur lesquels nous questionnerons le ministre. Nous pensons qu'il
faudrait une infrastructure de base par rapport aux services à
l'exportation qui sont tout à fait déficients et dont on n'a pas
parlé jusqu'à présent dans la question du commerce
extérieur. Nous pensons que toute la question des services à
l'exportation est cruciale. On pose des gestes aujourd'hui pour augmenter nos
délégations extérieures, mais, si on va trouver des
exportations à l'étranger - et cela on peut sûrement les
trouver dans plusieurs pays du tiers monde, par exemple; les chances ne
manquent pas de faire des exportations du Québec - en même temps,
nous pensons que l'infrastructure des services à l'exportation est tout
à fait déficiente au Québec. On pourrait donner l'exemple
des transitaires. On se sert de transitaires américains, allemands,
hollandais, suisses et anglais. Nous n'avons pas d'infrastructure. Toute la
question du "trading house" japonais, c'est là où les Japonais
pourraient nous donner le plus de leçons. Nous vendons du porc au Japon,
mais, si on va voir les conteneurs qui viennent chercher le porc, ces gens dans
les usines achètent toujours FOB à l'endroit de vente au
Québec; alors, on perd toute cette ressource de services à
l'exportation qui est parfois aussi lucrative pour le gouvernement que les
profits sur l'exportation elle-même.
Nous pensons qu'il y a lieu de revoir le commerce international d'une
façon beaucoup plus globale en situant aussi les importations comme une
partie intrinsèque du commerce extérieur. Nous avons dit du
reste, si le ministre s'en souvient, durant les débats sur la loi 89,
que peut-être on met trop l'accent sur le fait de la vente des
exportations en oubliant parfois que les importations, c'est une matière
tellement cruciale du commerce international, qu'on aurait pu se servir du
"leverage", du "bargaining power" des importations pour augmenter notre
technologie de base au Québec, qu'on aurait pu s'en servir pour
augmenter nos services d'infrastructures dans le commerce extérieur. Je
vais poser une question au ministre. Je pense qu'il y a eu un programme
à la radio - je l'ai écouté - où on lui posait une
question précise concernant la politique d'achat du Québec,
à laquelle il répondait: Ce n'est pas une entrave. Mais nous, mon
collègue...
M. Landry: Pardon? J'ai échappé le mot.
M. Lincoln: Vous avez dit que ce n'était pas une entrave
au commerce extérieur.
M. Landry: D'accord.
M. Lincoln: Si je vous ai bien compris, vous disiez que ce
n'était pas quelque chose de très important, de crucial, un
problème de grande envergure. Pourtant, nous avons rencontré, mon
collègue et moi, à plusieurs occasions, des manufacturiers qui
nous disent que la politique d'achat si restrictive, si protectionniste du
Québec, même par rapport aux autres provinces canadiennes, est une
entrave aux importations qui pourraient nous profiter pour augmenter notre
technologie, notre base même d'exportation.
Nous disions, par exemple, qu'il faudra revoir toute la question de la
taxe par rapport aux exportations. Est-ce que, par exemple, on n'aurait pas
dû penser aux incitatifs de taxes par rapport aux valeurs exportatrices
quand les valeurs exportatrices des firmes manufacturières exportatrices
dépassent celles de leurs produits intérieurs?
Il faudra aussi nous poser des questions sur les critères que
vous posez pour situer les centres géographiques où vous allez
vous établir, et les critères pour le personnel, les
critères pour le type de personnel. Je vois aussi qu'il faudra retourner
à toute la question du ministère des Affaires
intergouvernementales par rapport au Commerce extérieur et au
décret du Conseil du trésor du 26 avril où il est certain
que le ministère des Affaires intergouvernementales a le dernier mot sur
le type de personnel, même sur le type de personnel - c'est ce qui m'a
frappé - et sur les situations géographiques. Il faudra qu'on se
pose des questions là-dessus, parce que, si le Commerce extérieur
et les Affaires intergouvernementales doivent s'accorder, il faut que les
critères du
Commerce extérieur soient reconnus par l'autre ministère.
Cela pose toujours cette situation de conflit.
La dernière remarque que je vais faire dans ces remarques
préliminaires, c'est une chose qui me frappe de plus de plus. L'ironie
de la chose, le paradoxe de la chose, c'est que nous avons
décidé, au gouvernement du Québec, de créer un
ministère du Commerce extérieur et de dire: Ce ministère
prendra tout le commerce extérieur en main. Nous avons remarqué,
durant les débats, qu'il y a des positions de conflits possibles. Le
ministre reconnaît toujours les zones grises. Mais, maintenant, nous
assistons presque couramment à des actions prises par les autres
ministères dans le sens de faire leur propre petite boîte
d'exportation. C'est connu que le ministère de l'Agriculture a sa propre
boîte d'exportation. Il y a le ministère de l'Énergie et
des Ressources avec toute la question hydroélectrique, etc. Maintenant,
je vois la création de la société d'exportation des
ressources éducatives au ministère de l'Éducation.
Même aujourd'hui, par coïncidence, parce qu'un de mes
collègues nous en a parlé au conseil des députés,
je vois le projet de loi 25, la Loi sur la Société
québécoise des transports où, à l'article 20, le
ministère parle de favoriser l'exportation des biens qui sont produits
sous cette loi. Est-ce que le ministère des Transports va lui aussi
commencer sa petite boîte d'exportation? Le ministère de
l'Éducation a sa petite boîte d'exportation, le ministère
de l'Énergie et des Ressources, le ministère de l'Agriculture
aussi. Est-ce qu'il n'est pas temps pour le ministre du Commerce
extérieur de dire: Je suis le ministre du Commerce extérieur et
il faut que le ministère du Commerce extérieur prenne tout cela
en charge? Autrement, c'est un non-sens. Chaque ministère va mener sa
propre petite affaire à lui selon ses critères et selon son
évaluation de la politique du commerce extérieur.
C'était une partie des remarques que nous voulions soulever. On
n'a pas beaucoup de temps. Donc, je voudrais passer aux questions au ministre.
Mon collègue d'Outremont voudrait faire quelques remarques
préliminaires.
M. Fortier: Cela prendra seulement deux secondes.
Le Président (M. Blank): Un instant, avant, le
député de Vachon m'a demandé la même chose. M. le
député de Vachon.
M. Payne: Non, allez-y, c'était une question
particulière.
Le Président (M. Blank): Ah! une question...
Excusez-moi.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Je vais être à la suite... Mon
collègue a très bien résumé, je pense, nos
sentiments et les questions qu'on veut poser. Le ministre disait tout à
l'heure, lorsqu'il parlait du personnel, qu'il faisait très attention
pour ne pas créer une grosse boîte. Je me souviens que, en
deuxième lecture, on avait évoqué ce danger et ces
préoccupations et on avait dit: II faudrait quand même que,
à la fin, l'exportation soit faite par le secteur privé. En
regardant les crédits, on s'aperçoit que, sur 18 000 000 $, il y
en a 11 000 000 $ qui sont assumés à l'intérieur du
ministère et il y en a seulement 7 000 000 $ qui sont des transferts. Si
on ajoute à ces crédits les crédits qui font partie du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, je n'ai pas fait
le total, mais on peut s'apercevoir que peut-être une trop grande partie
est plutôt assumée à l'intérieur du ministère
et que, dans l'avenir, il faudra penser - quoique je voie qu'il y a un effort
qui a été fait par le programme APEX - à augmenter les
transferts et faire en sorte que le pourcentage du budget qui va à
l'entreprise privée aille en accroissant.
Sans vouloir prendre plus de temps, je voudrais quand même
demander au ministre s'il y a songé lorsqu'il cherche à augmenter
son personnel, sachant les difficultés de trouver du personnel qui a une
expérience du commerce extérieur et que cela prend un certain
nombre d'années pour former ce personnel. C'est peut-être
également un métier qui est tellement exigeant, comme le ministre
l'a constaté lui-même, qu'après un certain nombre
d'années on peut se fatiguer d'être toujours sur la route et
peut-être que les règles normales du fonctionnarisme font qu'il
serait un danger de rendre permanentes des fonctions qui devraient être
plutôt temporaires, sur une base de quelques années, et non pas
sur une base de carrière.
À ce sujet, je lui demanderais ceci, puisque je vois que, dans
les crédits, on parle de Stockholm. Ayant été
moi-même à Stockholm, à un moment donné, je
m'étais aperçu qu'une formule qui est retenue par la
Suède, c'est d'avoir une participation 50-50 en ce qui concerne le
commerce extérieur. Les experts du ministère le diront. On m'a
indiqué là-bas la formule du prêt d'individus
spécialisés dans le commerce extérieur, ils sont
prêtés à ce ministère. D'ailleurs, ce qui m'avait
également bien surpris, c'est que le ministre en titre, je ne sais pas
si c'est celui qui est responsable au niveau du cabinet, responsable de
recevoir ceux qui viennent de l'étranger visiter la Suède, ou un
sous-ministre responsable de certaines mesures pour pistonner ce genre
d'activité, était même un député de
l'Opposition. Cela m'a surpris et c'était assez inusité.
Je crois que, dans ce genre d'activité, il est plus facile de
faire l'unanimité, puisque je crois qu'on s'entend tous pour maximiser
les ventes à l'étranger. L'on s'entend pour dire que ce genre
d'exportation doit se faire surtout par le secteur privé. Les
inquiétudes de mon collègue, en ce qui concerne les boîtes
qui sont créées présentement par le gouvernement, je les
partage, pas seulement parce que cela va diminuer l'efficacité du
ministère du Commerce extérieur, mais peut-être aussi
également parce que cela va être une entrave additionnelle aux
compagnies du secteur privé que le ministre veut encourager par
ailleurs.
M. le Président, je m'arrête ici. Nous aurons l'occasion de
revenir sur des sujets précis au fur et à mesure que nous
travaillerons.
Le Président (M. Blank): Le ministre veut
répondre?
Réplique du ministre
M. Landry: Très brièvement, disons, par analogie
à une espèce de droit de réplique qui n'est pas formel,
mais sur les points les plus évidents que vous avez soulevés.
D'abord, cela ne m'étonne pas que le député de Nelligan
ait reparlé des conflits de droit et des zones grises parce que c'est un
problème réel. J'en avais convenu à la commission
parlementaire qui étudiait le projet article par article. J'en ai
convenu à l'Assemblée nationale en réponse à une
question la semaine dernière. Cependant, je pense qu'il ne serait pas
dans l'intérêt public de dramatiser une chose qui est moins
dramatique que vous ne le croyez.
J'avais parlé d'une période de rodage où les
problèmes seraient réglés pas à pas. En fait, nous
avons réglé un très grand nombre de ces problèmes.
Je donnerai des exemples. Dissipons d'abord le problème juridique qu'a
soulevé le député de Nelligan quand il parle des conflits
de droit. C'est une chose extrêmement technique. Je ne suis plus en
mesure, étant éloigné du métier trop longtemps, de
vous faire une démonstration brillante sur la théorie des
conflits de droit, mais je vais vous résumer ce qui en est d'une
façon simple.
Lorsque deux lois sont, dans leur rédaction, claires et
contradictoires, c'est le conflit de droit classique. Les règles
d'interprétation des lois, les lois d'interprétation et la
jurisprudence ont depuis nombre d'années réglé ce
problème. Le législateur ne parle pas pour rien dire et c'est sa
dernière parole qui l'emporte sur toutes les autres. Vous voyez ce que
je veux dire.
Il n'est pas nécessaire, quand on fait une loi, de corriger toute
la législation du
Québec depuis 1867 au cas où se retrouverait une phrase ou
l'autre ou un paragraphe contradictoire. C'est la dernière loi
adoptée, quand la situation est simple, comme je viens de la
décrire, qui l'emporte. Sur le plan technique, il y a peut-être
moins de conflits que vous ne le croyez.
(12 h 15)
Je reviens à cette période de rodage. Je m'étais
engagé à régler des problèmes pas à pas. Je
devrais dire: "Nous nous étions engagés", parce que mes
collègues, avec lesquels mon action peut être en interface, s'y
étaient engagés aussi et nous avons réglé des
problèmes. Vous avez fait allusion vous-même au protocole que nous
avons avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
concernant la SDI. Je dois vous dire que le ministère où il y
avait le plus d'interface possible - parce qu'autrefois l'Office
québécois du commerce extérieur relevait du
ministère de l'Industrie et du Commerce - est celui avec lequel nous
sommes allés le plus vite et le mieux, et c'est normal. J'ai entendu mon
collègue Biron se féliciter de notre coopération
harmonieuse et de la façon dont nos équipes travaillent ensemble.
Le problème majeur d'ajustement, c'était le MIC et c'est
fait.
Il reste évidemment la question du ministère des Affaires
intergouvernementales. Nous collaborons déjà sur une haute
échelle à plusieurs égards. Mais, avant de parler de la
coopération organique, je veux dire que, quand la Presse canadienne a
dit qu'il ne s'agissait pas d'une querelle personnelle entre mon
collègue Morin et moi-même, ou d'une querelle de prestige, la
Presse canadienne avait parfaitement raison. Je suis en excellente relation
avec mon collègue Morin et, lorsque des interfaces se font jour, elles
découlent de la nécessité de la période de rodage
des textes et des règlements. Ce sont des choses beaucoup plus faciles
à régler que lorsque ce sont des conflits frivoles qui
tourneraient autour du prestige ou de frictions personnelles.
On a parlé du budget de la SDI-Exportations et de
l'imputabilité. Le budget de la SDI-Exportations qui est uniquement
consacré au transfert - et je rejoins un peu l'objection du
député d'Outremont - est d'à peu près 20 000 000 $;
c'est consacré aux exportations. C'est du transfert pur; ce ne sont pas
les frais de fonctionnement de la SDI. Si vous prenez le budget du
ministère du Commerce extérieur et sa partie transfert en
particulier, si vous l'ajoutez au budget de la SDI-Exportations - suivant la
section V de la Loi sur la SDI que nous avons fait amender et qui permet au
gouvernement d'intervenir dans le commerce extérieur sous forme de
garantie de prêts ou de subventions, quand c'est nécessaire
l'énergie et les sommes consacrées au ministère du
Commerce extérieur dépassent
de beaucoup l'aspect budgétaire des choses. Vous pouvez localiser
40 000 000 $: 20 000 000 $ rigoureusement budgétaires et 20 000 000 $
à la SDI, plus des moyens illimités que nous allons employer
judicieusement, dossier par dossier, cas par cas, pour appuyer l'effort de
firmes à l'étranger. On a déjà un certain nombre
d'interventions dans ce sens. Je pourrais vous les relater en détail,
mais ne vous laissez pas prendre, pour évaluer les moyens du commerce
extérieur, à l'aspect rigoureusement budgétaire des
choses.
Le député de Nelligan a parlé d'action en vitesse.
À son objection, je dis oui et non. Les stratégies ne doivent pas
être conçues en vitesse; les projets à long terme ne
doivent pas être conçus en vitesse. Mais je considère que
c'est un compliment si vous me dites que mon ministère agit en vitesse,
parce que c'est un ministère qui doit battre au rythme de la
communauté exportatrice québécoise. Pour accrocher des
marchés à l'étranger et pour battre la concurrence, il
faut non seulement avoir un bon produit, avoir de bonnes conditions, mais il
faut être là avant eux. En matière de commerce, c'est une
chose déterminante. J'admets qu'il me faut, à moi-même et
à mon équipe, souvent aller vite, nous retourner vite dans nos
décisions de voyages, de missions ou dans nos décisions
d'interventions financières. Je pourrais vous montrer des
témoignages que j'ai reçus de chefs d'entreprises disant qu'ils
sont vraiment estomaqués de la vitesse à laquelle travaillent le
ministère du Commerce extérieur et ses fonctionnaires. Je vous
donne un exmple: un projet de 8 000 000 $ au Pérou; une demande nous est
faite de l'entreprise au jour X; sept jours plus tard, le Conseil des ministres
a approuvé l'activité et les crédits sont disponibles. Un
délai d'une semaine. Je me demande si les grosses machines exportatrices
des grands gouvernements de nos pays concurrents sont capables, dans une
semaine, de mobiliser autant de ressources avec autant d'efficacité.
M. Fortier: Tant que vous serez petit, c'est comme cela que cela
va aller. Ne grossissez pas trop.
M. Landry: Vous avez parfaitement compris, M. le
député d'Outremont, la philosophie qui anime ce ministère.
On va tout déployer pour conserver une taille modeste. Comment va-t-on
faire cela? Vous avez vous-même évoqué un certain nombre de
choses: l'emploi de contractuels, l'emploi de gens à temps partiel,
l'utilisation des techniques modernes de gestion aussi, traitement des mots,
informatique, etc. Vous voyez que nos crédits prévoient que nous
allons avancer dans cette direction de façon à avoir un volume de
production de plus en plus important sans que nos ressources humaines se
boursouflent et ne deviennent monstrueuses.
Vous avez évoqué aussi fort judicieusement la question du
secteur privé. Vous avez parlé d'infrastructures et du secteur
privé comme tel. Bien entendu, vous n'avez pas de dessin à me
faire, sauf exception rarissime. Le gouvernement lui-même n'est pas
exportateur. Le gouvernement ne produit pas de biens et services
destinés à l'exportation. C'est sur le dynamisme des entreprises
privées ou des entreprises du secteur public qui se comportent comme des
entreprises privées, par exemple, la Société
générale de financement, Marine Industrie ou les entreprises
mixtes comme Cégelec; ce sont elles et leur personnel qui sont à
la fine pointe de notre action commerciale et économique à
l'extérieur.
Il y a au Québec probablement, d'après nos estimations,
200 de ces firmes que l'on appelle des "Trading Houses". N'est-ce pas
étonnant? Deux centsl C'est tellement étonnant que, une fois, un
de mes ex-collègues, dont je ne préciserai pas le nom, avait eu
l'idée de nous suggérer, au Comité de développement
économique, de fonder un "Trading House". Uni La réponse est
qu'il y en avait déjà 200 dans le secteur privé.
Évidemment, on n'en a pas ajouté une 201e, dans le secteur
public. Là-dessus, je vous donne totalement raison.
L'interface politique des achats du gouvernement du Québec est
une politique protectionniste ou de compensation que pourraient avoir nos
interlocuteurs. Soyons bien clairs sur cette question. Comme tous les
gouvernements de la terre, le gouvernement du Québec a une politique des
achats. Si elle a une caractéristique, c'est qu'elle est moins
rigoureuse, moins contraignante et moins paralysante pour le commerce que la
plupart des politiques d'achat des gouvernements qui nous entourent. Vous avez
dit, il y a quelques semaines, par exemple, que le ministère des
Transports de l'Ontario a décidé de ne même pas aller en
appel d'offres pour du matériel de transport, mais de discuter avec la
ou les firmes ontariennes capables de fournir le matériel. Ce qui me
faisait dire, dans une formule un peu simple, qu'il est plus facile de vendre
des wagons de métro à Mexico qu'à Toronto. Avec Mexico
cela rime, et avec New York cela ne rime pas, mais le phénomène
est le même. On dit que la Société Bombardier et ses
filiales n'ont pas vendu de matériel de transport en Ontario, je pense,
depuis 1963, alors que la Montreal Locomotive Works avait vendu des locomotives
dans cette province.
Si nous avons une politique d'achat, c'est en vertu du principe que,
quand on veut être en mesure de négocier le
désarmement, il faut être soi-même armé. Je
suis le premier, et le gouvernement est d'accord, pour dire que
l'économie nord-américaine doit être la plus fluide
possible. Mais quand il existe dans cet espace économique des
législations comme le "Buy American Act", par exemple, la politique
d'achat du gouvernement de l'Ontario, la politique d'achat d'un certain nombre
d'autres provinces du Canada, ce serait de la naïveté pure, pour
nous, de ne pas avoir de politique d'achat. Par ailleurs, je vous signale que
cette politique d'achat reste économique. Elle est faite suivant les
règles du jeu. Je rappelle un incident qui ne nous avait pas rempli de
joie. Le Québec décide d'ouvrir un appel d'offres international
pour 1200 autobus. Vous vous souvenez de l'incident. L'appel d'offres est
conçu de façon que notre fabricant national, Bombardier, soit en
bonne position pour y répondre, pour faire face aux
spécifications. Mais une compagnie plus internationale, qui s'appelle
General Motors et qui n'est pas dans les plus petits, présente une
soumission. Elle décroche le marché suivant les règles en
vigueur. Évidemment, grand remousl Grand remous dans certains milieux
québécois qui avaient analysé la chose d'une façon
superficielle en disant: Quoi? Vous donnez un contrat d'autobus à GM?
Sauf que GM avait un contenu québécois qui répondait
à notre appel d'offres. GM a construit une usine à
Sainte-Thérèse pour construire les autobus. GM a non seulement
construit nos 1200 autobus, mais elle a construit des milliers d'autres autobus
qui sont un des fleurons de l'exportation québécoise et qui
circulent dans les villes des États-Unis d'Amérique, en
particulier, et dans d'autres villes de la planète.
Je pense que notre politique d'achat est raisonnable. Elle n'est pas
antiéconomique. Elle n'est pas basée sur les origines ethniques,
la religion ou autres caractéristiques superficielles de ceux qui font
des soumissions. Elle est basée sur le contenu québécois.
Si, par malheur, le gouvernement du Québec avait tripoté de
quelque façon que ce soit le processus des soumissions publiques, quand
il a été question d'acheter les autobus, pour favoriser une firme
plutôt qu'une autre, quelle aurait été la réaction,
par exemple, du ministère du Commerce des États-Unis quand
Bombardier a décroché ce fabuleux contrat de voitures de
métro à New York? En d'autres termes, si l'on traite ses
partenaires commerciaux d'une façon loyale, on a des chances d'avoir la
même loyauté. Deuxièmement, si on tripote les soumissions,
on va vous organiser quand vous serez vous-mêmes soumissionnaires dans
leur propre pays.
Un dernier paradoxe que vous avez souligné qui est aussi
important et qui mérite d'être éclairci. Vous m'avez
parlé de la Société d'exportation des biens culturels au
ministère de l'Éducation, vous m'avez parlé des services
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
qui s'occupent de l'exportation, des services d'un certain nombre d'autres
ministères qui s'occupent de l'exportation. Ma doctrine est faite sur
cela, ma religion est faite; il est clair que le ministère du Commerce
extérieur ne va pas réunir sous son toit tous les experts
sectoriels en exportation. Nous n'avons pas les moyens de nous payer un expert
en "deux par quatre" quand il y en a peut-être quatre au ministère
de l'Énergie et des Ressources. Je ne développerai pas un service
d'expertises sur les fromages à pâte molle ou autres au
ministère du Commerce extérieur. Le ministère du Commerce
extérieur est un ministère de services. Sa principale expertise,
c'est le commerce, c'est la coopération économique
internationale. Nous allons, en coopération avec les ministères
sectoriels, faire que les biens et les services québécois se
vendent à l'extérieur, mais non pas, d'une manière
impéraliste, essayer de tout régenter le gouvernement parce qu'on
a une vocation universelle sur le commerce extérieur. Nous allons tout
simplement, quand on aura besoin d'un expert en fromage à pâte
molle, le faire venir du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation qui est son port d'attache et qui va rester son port
d'attache. Je pense que je ne peux pas être plus clair que cela
là-dessus.
M. Lincoln: On reviendra là-dessus.
Le Président (M. Blank): Est-ce que le
député de Vachon a une question? D'accord, on va passer aux
questions maintenant.
M. Fortier: Sur sa politique d'achat, j'avais... Est-ce qu'on
peut enchaîner? C'est vous qui menez le jeu, M. Lincoln.
M. Lincoln: Je n'ai aucune...
M. Fortier: C'est juste sur la politique d'achat. Je crois que
l'intervention que nous avons faite se voulait dans le sens - le ministre s'en
rend bien compte - que l'image que le Québec projette à
l'extérieur de la province et à l'étranger est importante.
Quelquefois, l'image tient à une mauvaise interprétation de
politiques qu'on peut avoir ici en ce qui concerne, disons, la politique
d'achat, pour prendre un exemple, et, dans un deuxième exemple, ce
seraient les différentes sociétés que les
ministères se donnent. Ceci crée une image qui ne va pas dans le
sens des efforts du ministère. Même si le ministre dit qu'il ne
veut pas s'impliquer dans tous ces problèmes, il reste quand même
que cela a une certaine importance. Je vais donner au ministre deux
exemples.
Ce à quoi mon collègue faisait allusion lorsqu'on parlait
de la politique d'achat, c'est à une compagnie que je ne nommerai pas
qui fabrique des pneus et qui a dit: Écoutez, pour être rentable,
nous avons décidé que la fabrique de pneus de voitures se faisait
au Québec pour tout le Canada et que l'usine qui fabrique des pneus de
camions pour tout le Canada sera en Ontario. Donc, on se rend bien compte que
c'est une politique raisonnable, surtout lorsqu'on a ce besoin d'un certain
volume de production pour justifier un investissement. On doit se
réjouir que l'investissement en ce qui concerne la fabrique de pneus de
voiture soit au Québec et que, par ailleurs, ces gens aient pris la
décision, pour préserver leurs arrières en Ontario,
d'avoir la fabrique de pneus de camions en Ontario. Lorsque arrive le temps de
soumissionner sur des commandes du Québec et qu'à ce moment il
s'agit pour eux de soumissionner pour des pneus de camions, on leur dit: Vous
ne répondez pas aux exigences de la politique d'achat. C'est ce à
quoi ces gens faisaient allusion. Je crois que mon collègue et
moi-même étions certainement sensibles à ce genre
d'argument.
Au lieu de prendre la défense totale de notre politique d'achat
comme le fait le ministre, je suis d'avis qu'il devrait continuer à
prendre l'attitude qu'il a prise depuis un certain temps, c'est-à-dire
d'écouter les gens d'affaires, d'écouter les gens du milieu et de
dire: Peut-être qu'on pourrait modifier notre politique d'achat pour
continuer à faire ce qu'on a fait jusqu'à maintenant, se donner
des barrières si les autres s'en donnent et diminuer les
barrières si les autres veulent les diminuer, mais peut-être aussi
les adapter pour nous permettre d'avoir une meilleure image dans les autres
provinces en particulier. Une modification comme celle que je lui propose nous
permettrait d'avoir une meilleure image dans les autres provinces canadiennes
et en même temps correspondrait aux intérêts du
Québec.
En ce qui concerne le deuxième exemple que j'aimerais lui donner,
justement, c'est la création de la société d'exportations
des ressources éducatives du Québec. Je veux lui donner un autre
exemple, c'est Hydro-Québec International. Si vous parlez aux bureaux de
génie-conseil, ils vont vous dire que les millions de dollars - on ne
sait pas pourquoi d'ailleurs Hydro-Québec n'a pas publié les
états financiers d'Hydro-Québec International - qui ont
été dépensés dans Hydro-Québec International
n'ont pas donné des résultats fulgurants jusqu'à
maintenant. (12 h 30)
Le secteur privé, encouragé par le ministère du
Commerce extérieur, est prêt à collaborer et je crois que,
jusqu'à maintenant, il semblerait que le ministre ait réussi
à établir un pont. Ce pont va jouer d'une façon
très active, mais, dans la mesure où le gouvernement va passer
des messages disant qu'il veut intervenir dans le commerce extérieur par
des sociétés comme celles-là, qui ne publient jamais leurs
états financiers, dans lesquelles le ministère de
l'Éducation en particulier peut engouffrer des millions et des millions
de dollars pour être en concurrence avec les sociétés de
génie-conseil qui, elles, seraient bien heureuses de pouvoir compter sur
l'expertise du ministère de l'Éducation pour exporter, dans la
mesure où les ministères se donnent des sociétés
avec les fonds dont disposent les ministères et pour lesquels ils ne
publient aucun état financier, dans cette mesure les différents
ministères et le gouvernement passent le message qu'ils ne favorisent
pas le secteur privé pour l'exportation. Hydro-Québec
International d'ailleurs est un cas patent où, jusqu'à
maintenant, les résultats sont décevants. Les résultats
ont été très bons dans la mesure où
Hydro-Québec International a collaboré avec SNC, avec Lavalin,
avec les grands bureaux, mais, dans la mesure où ces gens ont voulu
faire de l'exportation eux-mêmes, cela a été un vrai
fiasco. Je le dis, même si j'ai des amis dans cette compagnie.
C'est la raison pour laquelle je crois que le ministère devrait
quand même s'intéresser aux politiques du gouvernement dans son
ensemble ou aux politiques que d'autres ministères ou
sociétés d'État peuvent mettre de l'avant, parce que je
crois que c'est son rôle d'inspirer le gouvernement dans les politiques
d'exportation. Même si les juridictions sont partagées avec
d'autres ministères, je crois que c'est son rôle dans ce secteur
de suggérer au gouvernement des politiques qui peuvent influencer les
autres ministères et même les sociétés d'État
et de favoriser des politiques qui vont aller dans le sens d'appuyer le secteur
privé et non pas de créer une multitude de sociétés
d'État qui vont pouvoir compter sur des fonds illimités, d'autant
plus que bien souvent leurs états financiers ne sont pas
publiés.
M. Landry: Je pense que je suis déjà en mesure de
donner une réponse plus que satisfaisante au député
d'Outremont sur le premier point qu'il a mentionné et satisfaisante sur
les deux autres.
Sur le premier point, le problème qu'il a soulevé est
véridique; nous en avons été saisis par le secteur
privé depuis déjà quelques années et nous l'avons
réglé. Le fait que mon sous-ministre adjoint, M. Latortue, vient
du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme nous donne la
possibilité d'avoir ce matin une information privilégiée
dans ce domaine.
Nous avons résolu ce problème à la
satisfaction des fabricants et dans le sens que souhaite le
député d'Outremont, c'est-à-dire que la compagnie
multinationale établie au Québec, qui a une mission mondiale, qui
fabrique une gamme de produits, mais qui en fabrique un en particulier au
Québec sur une vaste échelle voit l'ensemble de sa production
considérée comme étant de provenance
québécoise aux fins de la politique d'achat. M. Latortue me
confirme que non seulement cette politique est décidée, mais
qu'elle est déjà opérationnelle.
M. Fortier: II faudra la faire connaître.
M. Landry: Voilà une excellente suggestion et ce n'est pas
une admission qu'a faite le député.
M. Fortier: ...l'image qu'on projette est aussi importante que
nos efforts.
M. Landry: Ce n'est pas une confession que fait le
député d'Outremont, mais voudrait-il dire que le gouvernement du
Québec ne fait pas suffisamment de publicité autour de ses bonnes
réalisations?
M. Fortier: Je ne parle pas de publicité payante; je parle
du fait d'informer le secteur privé de ce genre de politique.
M. Landry: Bon, je vais vous donner satisfaction même sur
ce détail. Je m'engage à faire connaître, soit
moi-même ou soit le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
toutes les nuances de cette politique qui va exactement dans le sens...
M. Fortier: Une libéralisation de la politique
d'achat.
M. Landry: ...que vous avez préconisé. Je ne sais
pas si c'est une libéralisation, mais en tout cas cela en est une
interprétation intelligente. Faisons un compromis là-dessus.
Sur les deux autres points - il a parlé de la
Société d'exportation des biens culturels éducatifs et,
par extension, d'Hydro-Québec International, deuxième et
troisième point - nous sommes en accord de pensée et de
philosophie sur cette question. Pour des raisons extrêmement pratiques,
les entreprises québécoises de génie-conseil en
particulier, mais de conseil plus vaste comme CEGIR ou Sofati ont
travaillé de façon brillante et avec grand succès sur les
marchés mondiaux depuis dix ans. Ce ne serait sûrement pas
acceptable que le secteur public veuille se substituer à une
activité aussi subtile, aussi délicate et aussi couronnée
de succès...
M. Fortier: Et d'engouffrer des millions.
M. Landry: ...que celle qui a été menée
depuis un certain nombre d'années. Donc rien ne nous sépare sur
le plan idéologique et sur le plan pratique pour cette question. C'est
la raison pour laquelle, quand les textes qui ont mis sur pied la
Société d'exportation des biens culturels ont été
votés au conseil, comme ministre du Développement
économique à l'époque et repris en ma qualité de
ministre du Commerce extérieur, j'ai insisté lourdement sur le
fait que cette entreprise, qui possède une expertise tout a fait
particulière, qui ne peut pas être dans le secteur privé -
le secteur privé, sauf exception, n'exploite pas d'hôpitaux,
n'exploite pas d'écoles d'une façon générale, sauf
exception toujours - que l'expertise gouvernementale soit mise à la
disposition des firmes privées québécoises pour qu'elles
puissent la vendre dans le monde entier et cette société se
concentrera surtout - je vous fais remarquer que j'ai deux représentants
au conseil d'administration de cette société - à agir
comme ensemblier et non pas d'une manière à concurrencer nos
firmes privées, mais à seconder leurs efforts. Je dis, en
terminant sur cette question... Le député d'Outremont qui
connaît un peu ces questions de commerce international, au moins dans le
secteur qui est son ancienne activité professionnelle, reconnaîtra
que, dans plusieurs pays de la planète, les gouvernements insistent pour
avoir des relations sous un parapluie étatique. Ce n'est pas vrai aux
États-Unis, ce n'est pas vrai en France, ce n'est pas vrai en
Angleterre, mais c'est vrai dans la plupart des pays du tiers monde. J'ai pu
m'en rendre compte moi-même lors de mes missions dans un certain nombre
de pays. Les gouvernements veulent bien que nos entreprises privées
travaillent pour et avec eux, mais ils veulent l'aval, le parapluie, le chapeau
d'une organisation étatique et, dans ce cas-là, notre
Société d'exportation des biens culturels est extrêmement
bien placée parce qu'elle sera ensemblier pour CEGIR, Sofati et quelques
autres et en plus elle sera un interlocuteur étatique pour discuter
directement avec les gouvernements étrangers.
M. Fortier: Ce que je voulais éviter... Je remercie le
ministre de sa compréhension. Je crois que nous sommes sur la même
longueur d'ondes. Les exemples que j'ai donnés permettent de croire que,
si le gouvernement ne faisait pas attention, ces
sociétés-là - dans le cas d'Hydro-Québec
International, quand j'étais dans le secteur privé, j'avais
demandé qu'il y ait des lignes directrices très précises
qui soient données -au fur et à mesure de ces expériences,
se bâtissent des "staffs" considérables, font des offres de
service au début, en collaboration avec le secteur privé, et
même permettent au secteur privé d'être le maître
d'oeuvre...
La société d'État peut bien signer un contrat et se
retourner vers CEGIR et Lavalin et leur dire: Écoutez, vous
négociez, vous administrez le contrat pour nous.
Si vous ne faites pas attention, ces boîtes-là se
bâtiront un "staff" et tenteront de se bâtir une expérience
à des coûts de millions de dollars et ceci aura deux effets
néfastes. Le premier, c'est que, comme Hydro-Québec le fait dans
le cas où j'étais dans le secteur privé, elle vient en
concurrence avec nous. Ces sociétés perdent, mais c'est quand
même frustrant de concurrencer une société d'État
sachant que c'est une entrave et que c'est un compétiteur qu'on ne
devrait pas avoir, et le deuxième facteur, c'est que le gouvernement se
trouve à engouffrer des millions et des millions de dollars alors que
j'aimerais bien mieux que ces millions de dollars, au lieu d'aller bâtir
des stades dans des sociétés d'État qui sont des gouffres
sans fond, aillent au ministère du Commerce extérieur pour aider
ceux qui sont habiles dans ce genre de choses-là. C'est là que
cela a un impact financier, finalement. C'est une question d'efficacité
sur le plan des exportations et, comme le ministre le dit si bien, des firmes
comme CEGIR, Lavalin, SNC ont l'habileté internationale et on doit leur
faire confiance. J'en nomme trois, mais il y en a bien d'autres
également.
Au lieu de susciter et de pousser chacun des ministères à
se bâtir un "staff" de commerce international, qu'ils soient des
ensembliers pour que la technologie ou l'expertise dans l'administration des
hôpitaux, l'administration des écoles ou des choses comme
celles-là - Hydro-Québec qui a une expertise dans le montage, la
construction des lignes de transport d'énergie - qu'ils mettent cette
expertise-là entre les mains d'une firme qui a l'expérience de
négocier les contrats et surtout de les administrer en pays
étrangers. Là, ce n'est pas une mince... Négocier un
contrat est une chose, l'exécuter avec profit à l'étranger
est une autre chose.
Je crois qu'on est sur la bonne longueur d'ondes, mais j'inciterais le
ministre, s'il ne veut pas faire face à la situation, dans cinq ou dix
ans d'ici, où le ministère de l'Éducation aura bâti
un personnel exorbitant dans cette nouvelle société-là, il
serait peut-être bon qu'il insiste auprès du cabinet pour qu'il y
ait des lignes directrices très précises afin que le personnel de
ces sociétés se limite à jouer le rôle qu'il vient
de définir et qu'il laisse la négociation, l'exécution et
la responsabilité financière même... Parce qu'il pourrait
bien sous-traiter "on the back to back basis" avec une société
privée, quitte à laisser la responsabilité
financière à l'entreprise privée elle-même. Si on
est sur la même longueur d'ondes, tant mieux.
Le Président (M. Blank): Le député de
Vachon, une question.
M. Payne: J'ai quelques questions concrètes à
l'adresse du ministre. Je suis convaincu que l'avenir économique du
Québec repose essentiellement sur l'accroissement des exportations. Le
programme APEX, à mon avis, c'est le programme privilégié
pour ce genre de "undertaking", ce genre d'entreprise. Il y avait 6 000 000 $
d'accordés l'an passé à cette mission.
M. Landry: Cette année-ci, pas l'année
passée.
M. Payne: Dans le budget de cette année qu'on a
adopté.
M. Lincoln: L'année qui va venir.
M. Payne: L'année passée, c'était quoi? 4
000 000 $?
M. Landry: On y est allé en deux phases. Oui, on s'est
rendu à peu près à 4 000 000 $.
M. Payne: Le ministre est-il satisfait qu'on ait atteint le
moment où on peut dire que nos PME particulièrement sont
suffisamment renseignées sur l'existence de ce programme? Avec quel
degré de succès? Est-ce suffisamment connu? Le ministère
a-t-il évalué le succès de ce programme jusqu'à
aujourd'hui?
Dans mon comté de Vachon, j'ai eu à plusieurs reprises des
sessions d'information. Je ne suis pas un expert, mais j'ai fait le
relevé de tout ce qui est publié par le ministère en ce
qui concerne les dépliants. Vous avez maintenant quelque chose qui est
distribué particulièrement à l'étranger,
Québec économique international.
M. Landry: La publication est repensée.
M. Payne: J'ai remarqué une chose chez les PME, je parle
de la région sud de Montréal, là où on se concentre
beaucoup dans le coin de Longueuil et Saint-Hubert, particulièrement
dans le secteur de l'avionnerie et l'aérospatial. Est-ce que le
ministère est encore en mesure de sectoriser les demandes des
entreprises? Il y en a beaucoup qui cherchent des marchés à
l'extérieur. Est-ce qu'il y a des banques de données qui font en
sorte que ces entreprises puissent trouver les ouvertures à
l'extérieur? De quelle manière peuvent-elles se renseigner? Il y
a plusieurs personnes qui m'ont dit qu'elles apprécieraient beaucoup un
guichet unique, elles pourraient ainsi diminuer le temps perdu en trouvant le
marché. Souvent, comme on le soulignait à plusieurs reprises,
dans ce domaine-là, la communication rapide est absolument
essentielle pour trouver les fournisseurs.
M. Lincoln: Le député de Vachon pourrait-il poser
une question précise? Parce qu'on va aller à l'étude des
budgets. S'il fait une intervention de 20 minutes, on ne finira jamais parce
qu'on n'a que trois heures.
M. Payne: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lincoln: C'est vrai, il ne nous restera que trois heures.
Pourrait-il poser ses questions sur le programme APEX? Comme cela, on pourrait
changer de sujet. Là, je ne sais pas à quoi il veut en venir.
M. Landry: Mais j'ai déjà décelé
trois questions dans ce qu'a dit le député de Vachon.
M. Payne: M. le Président, pour l'intérêt de
cette commission, on a attendu une heure. On est censé ajourner les
travaux dans deux minutes. L'Opposition a occupé la place pendant plus
d'une heure en parlant de...
M. Lincoln: Nous avons occupé la place pendant une heure?
Le ministre a fait deux déclarations très longues...
Le programme APEX
M. Payne: Je pense que nous sommes capables d'avoir une
discussion touchant le programme APEX, si cela vous convient.
Le Président (M. Blank): Le ministre pourrait-il
répondre?
M. Landry: Oui. Les questions du député de Vachon
sont pertinentes. L'irritation de mon collègue de Nelligan est
peut-être parce que le député a posé avant lui les
questions pertinentes que lui-même voulait poser.
M. Lincoln: Ah non, du tout.
M. Landry: En tout cas, on travaille tous pour l'information
mutuelle. Je réponds brièvement et le plus clairement
possible.
M. Payne: ...
(12 h 45)
M. Landry: II nous reste quelques minutes. D'abord, le programme
APEX est-il connu? Oui, il est connu parce que les entreprises me font des
demandes qui équivalent pratiquement à l'ensemble du budget dont
je dispose. Est-ce que nous en avons fait un bilan? Oui, nous avons fait un
bilan. Évidemment, il n'est pas exhaustif comme je le voudrais, c'est un
programme expérimental. Dans douze mois, je vous en dirai plus, mais
voici ce que je vous dis qui est déjà pas mal intéressant
et qui va procurer une grande satisfaction au député de Vachon:
Nous avons consacré en moyenne 43 000 $ par intervention au programme
APEX "F". Les entreprises qui reçoivent de nous 43 000 $, en
général, avec leurs deniers, en investissent le triple.
C'est-à-dire que, si le gouvernement du Québec investit 43 000 $,
elles investissent environ 150 000 $ par cas. Leur chiffre d'affaires
s'élève, par ces diverses transactions, de 30%. C'est
énorme, 30%. Cela a permis de soutenir ou de créer 2000 emplois.
C'est donc un programme vedette extrêmement performant dont nous avons,
à deux reprises, augmenté le budget lors de l'exercice
antérieur et, dans l'exercice qui vient, nous disposerons de 6 000 000
$. Toutes nos indications vont dans le sens que nos 6 000 000 $ seront à
peine suffisants pour faire face à la demande de nos firmes.
J'espère avoir la complicité - même si je n'emploie
pas le mot tout à fait exact -de l'Opposition si jamais je dois revenir
avec des demandes budgétaires pour ce programme; je sais que vous serez
là comme un seul homme pour m'appuyer auprès du ministère
des Finances.
M. Lincoln: Selon les réponses que vous allez nous donner
tout à l'heure, oui.
Le Président (M. Blank): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 46)
(Reprise de la séance à 15 h 03)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire permanente du
commerce extérieur. La parole est au député de
Nelligan.
M. Payne: M. le Président, je n'avais pas tout à
fait terminé les nombreuses questions que j'avais à poser.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Cela prendrait deux minutes. M. Lincoln: Oui,
oui, d'accord.
Le Président (M. Blank): Oui, vous avez le droit, comme
tout le monde.
M. Payne: Pour conclure, M. le Président, j'avais quelques
questions concernant le même chapitre APEX qui, à
mon avis, est la porte d'entrée comme programme pour
accroître et pour diversifier nos exportations. Je me demande si le
ministre pourrait nous parler un peu de la manière dont le
ministère aborde le virage technologique. Je ne sais pas si je peux
retrouver le document, mais, dans la documentation qu'il nous a fournie, il
parle de banques de données. C'est un outil très
intéressant pour les commerçants, pour les industriels, pour ceux
qui veulent exporter. Est-ce que le ministère se sert de l'informatique
chez nous au Québec et en ce qui concerne ses
délégués à l'extérieur du Québec?
La deuxième question est très concrète: Quels sont
les rapports avec Export Development Corporation concernant les rapports
organiques ou officieux entre le ministère et cet organisme du
gouvernement fédéral?
M. Landry: M. le Président, tout d'abord, j'ai
remarqué, en relisant mes notes, que j'ai laissé dans l'ombre un
aspect de la dernière question posée par le député
de Vachon avant que nous interrompions les travaux. C'est la question qui avait
trait à sa région qui est une région d'aéronautique
et de haute technologie et des rapports des PME de cette région avec
l'étranger. Je dois lui dire que le ministère du Commerce
extérieur a déjà contribué en argent, en conseils
techniques et en participation du ministre lui-même au rapprochement de
la région d'où vient le député avec une
région de haute technologie sur le continent européen, la
région de Toulouse- Midi-Pyrénées. Déjà, des
représentants de cette région extrêmement dynamique qui est
la région de l'Airbus, en particulier, de l'aérospatial,
étaient présents au Salon de la sous-traitance - même que
le Salon de la sous-traitance a été présidé par un
représentant de cette région française - et, dès
l'automne prochain, il y aura à Toulouse une grande activité
technologique touchant l'aérospatial et autres technologies dont les
biotechnologies. Ce sont les industriels de sa région, la région
du député de Vachon, qui sont le coeur de la
délégation québécoise à cette
activité. Je présiderai moi-même la mission
québécoise au SITEF...
M. Payne: Je pense que la Société pour le
progrès de la rive sud était impliquée
là-dedans.
M. Landry: Exactement, oui. Ce sont ces gens qui sont nos
interlocuteurs. Il y a une journée du Québec au SITEF. Le
Québec sera l'hôte d'honneur de ce salon international durant
toute une journée l'automne prochain.
Je reviens aux questions plus récentes sur la façon dont
le ministère du Commerce extérieur contribue au virage
technologique. D'abord, ni le président, ni vous-même ne serez
surpris de savoir que le ministère du Commerce extérieur est l'un
des alliés les plus ardents de la réalisation du virage
technologique pour des raisons historiques évidentes. Et, en
particulier, nous avons produit un instrument qui nous semble au coeur de notre
action pour les mois qui viennent, qui est un instrument original dont peu de
pays disposent - il a fait l'étonnement, en tout cas, de tous ceux
à qui on l'a montré - qui est un recensement des offres et des
demandes de technologie du Québec. On en aurait peut-être un
exemplaire ici. Non, malheureusement. Je le rendrai disponible à tout le
monde avant longtemps.
Ce document qui va être complété recense environ 200
technologies dont les firmes québécoises ont besoin, dont elles
sont demanderesses, ou dont les firmes québécoises disposent;
elles sont donc offreuses de technologie. Le document est facile à
consulter. Il est simple. L'entreprise requérante de technologie n'est
pas mentionnée par son nom, mais par un code parce qu'on ne veut pas
évidemment que la concurrence connaisse les faiblesses technologiques de
telle ou telle industrie du secteur. L'approche est la même lorsque nous
sommes demandeurs ou offreurs. Cela veut dire que, dans chaque pays
visité, je peux dire à mes interlocuteurs de la
coopération technologique: Voici ce dont l'industrie
québécoise a besoin comme technologie. On vous met en contact
avec la firme demanderesse ou voici ce que l'industrie québécoise
peut vous offrir comme technologie. Nous espérons de cette initiative un
brassage et un transfert technologique accéléré avec tous
les pays qui sont nos interlocuteurs, de sorte que nos industries disposent
rapidement de technologie importée, mais que les technologies
développées ici soient rapidement exportées dans les pays
avec lesquels nous avons des contacts.
Est-ce que nous utilisons l'informatique? Oui, nous utilisons
l'informatique. J'ai fait allusion, ce matin, à notre désir de
l'utiliser davantage parce que, si on ne veut pas grossir notre machine, il va
falloir la rendre plus productive, plus efficace en utilisant toutes les
technologies modernes de gestion. Cependant, nous avons déjà une
de nos unités qui est un de nos fleurons et qui est totalement
informatisée et branchée sur une banque de données. C'est
le centre de transfert et de coopération technologique du Québec
à Paris qui a un terminal et une mémoire reliée au Centre
de recherche industrielle du Québec et à un certain nombre de
banques technologiques françaises. Je pense que c'est un bel exemple de
ce qu'on peut faire. C'est pratiquement une
fatalité pour nous d'aller dans cette direction. Autant il est
vrai que le commerce international se fait rapidement, il doit se faire
à la lumière d'une information complète, d'une information
pertinente et détaillée. Nous allons, à cette fin,
consolider - nous avons des budgets dans les crédits qui vous sont
soumis - notre centre d'information de la Place Ville-Marie à
Montréal.
Le dernier volet de votre question, le dernier volet de la question du
député de Vachon, les rapports avec la Société pour
l'expansion des exportations du gouvernement du Canada. Je pourrais les
décrire de façon très simple. Ils sont excellents. J'ai
pris contact dès ma nomination avec celui qui était mon homologue
fédéral à l'époque, M. Lumley, et nous avons
convenu d'une façon générale de coopérer dans toute
la mesure du possible. M. Lumley a été muté - comme vous
le savez - et j'ai refait la même démarche et avec le même
succès auprès de M. Regan qui est son successeur.
Voici quelle est notre doctrine là-dessus. Le Québec et
ses gouvernements, depuis Louis-Alexandre Taschereau et Honoré Mercier,
ont un lourd contentieux avec le gouvernement du Canada. Nous ne sommes pas
satisfaits de l'équilibre constitutionnel du pays. Nous sommes
outrés de la dernière réforme constitutionnelle qu'on a
appelée le coup de force. On a toutes les raisons du monde pour ne pas
s'entendre sur ces questions-là avec le gouvernement du Canada, c'est
bien connu. C'est un secret de polichinelle. Sauf qu'à
l'étranger, nous prétendons que nous avons assez de nos
concurrents sur le dos, nous avons assez de lutter contre la concurrence
internationale sans aller projeter à l'extérieur, dans le domaine
économique et dans le domaine des affaires, les lourds contentieux qu'il
y a entre le gouvernement du Québec et du Canada. Ce qui a amené
les deux parties à un modus vivendi parfaitement vivable pour l'instant
qui fait que l'action du gouvernement du Québec consiste, dans les
secteurs où des programmes analogues existent à Ottawa, à
les compléter, à innover totalement dans les secteurs où
le gouvernement du Canada n'a pas agi. Un des exemples, c'est la formation que
nous donnons aux exportateurs, l'ancien SITE qui maintenant organise des cours
de formation pour les exportateurs à travers le Québec. C'est une
chose originale québécoise qui n'a pas d'interface avec ce que
font les fédéraux.
Enfin, dans les lieux où le Québec n'est pas
représenté, nous considérons qu'étant contribuables
canadiens, "payeurs de taxes", juridiquement même sujets britanniques,
nous avons le droit de recourir aux services de l'ambassade du Canada et aux
divers consulats du Canada. Dans les pays où le Québec n'a pas pu
être représenté, nous ne nous gênons pas pour
utiliser, et encore une fois dans un climat d'une harmonie certaine - selon
l'expérience que j'en ai, car j'ai déjà fait le tour d'une
certain nombre de pays et d'ambassades du Canada - les services canadiens
à l'étranger.
Je voudrais ajouter une phrase qui illustre bien quelle est notre
ambition qui est déjà partiellement réalisée. Notre
ambition, c'est de pouvoir dire, dans cinq ou six mois - parce qu'on a
déjà huit mois d'existence -tout exportateur
québécois de biens et de services est tellement soutenu,
appuyé par le gouvernement du Québec qu'il est dans la meilleure
position, de Halifax à Vancouver, de tous les exportateurs de biens et
services. En d'autres termes, si le fédéral donne X, le
gouvernement du Québec ajoute Y sous diverses formes, la SDI,
ministère du Commerce extérieur, délégations du
Québec à l'étranger. Donc, nos exportateurs pourront dire:
Nous bénéficions d'un appui X plus Y.
M. Payne: Un tout dernier commentaire avec l'indulgence du
député de Nelligan. Je viens de terminer ma troisième
tournée des industriels de Vachon. J'ai été très
encouragé de l'intérêt pour les activités du
ministère, particulièrement, comme je disais tout à
l'heure, pour le programme APEX. Ce n'est pas seulement le côté de
la commercialisation qui m'intéresse, mais c'est aussi le
côté pédagogique. J'ai bien constaté, comme
d'ailleurs le ministère, qu'il y avait un grand besoin
d'information.
Il y en avait plusieurs d'entre eux qui étaient
intéressés à savoir, ce dont je leur ai fait part, qu'il y
avait effectivement plusieurs séminaires organisés par les
ministères. Comment s'organisent ces séminaires? C'est par
initiative locale, je crois. Par exemple, nous avons le parc industriel et il y
a 45% de ces industriels qui sont orientés vers le marché de
fabrication pour les pièces de l'aérospatial. Quelles sont les
démarches que vous préconisez pour que les gens puissent
exploiter au maximum ce potentiel, cette offre du ministère? (15 h
15)
M. Landry: Le député a raison de souligner que
l'information et sa partie plus profonde qu'on pourrait appeler la formation
sont des facteurs déterminants de succès dans l'activité
économique internationale. Exporter est pas sorcier, comme le dit une
petite brochure que vous avez entre les mains; ce n'est pas sorcier et cela
s'apprend. Il faut le savoir. Il y a des techniques de base. Il faut
connaître l'assurance maritime. Il faut connaître les tarifs, les
quotas, les contingents des pays avec lesquels on veut travailler. Il faut
savoir ce qu'est un transitaire. Il faut savoir quels sont lesmeilleurs
moyens de transporter son produit du point A au point B.
Pour tout cela et en cela, notre gouvernement est très original
dans son approche, nous organisons la formation des hommes et des femmes qui
travaillent dans les PME exportatrices ou qui veulent exporter. C'est un cours
de 30 heures - cela répond à un autre aspect de la question du
député - que le ministère organise, pour lequel il fournit
l'apport intellectuel et logistique, mais il le fait en collaboration avec des
organisations soit régionales ou sectorielles. Je vous donne des
exemples. Nous avons déjà deux sessions qui ont été
données au cours des derniers mois. J'ai été
présidé à la collation des diplômes dans les deux
cas, avec la Chambre de commerce du Québec. Donc, organisation
régionale.
Nous donnons aussi les mêmes sessions avec la section
québécoise de l'Association des manufacturiers canadiens. Je suis
allé procéder également à deux collations de
diplômes. Il nous arrive facilement d'avoir 45, 50, 60 étudiants
par session. Ces cours sont en demande et ne sont pas gratuits, ce qui n'est
pas toujours le cas des services gouvernementaux qui sont dispensés sans
bourse délier.
M. Payne: Pas toujours, cela veut dire jamais?
M. Landry: Non. Cela ne veut pas dire jamais, mais, en tout cas,
il y a l'exception des cours du Commerce extérieur où nos
participants doivent payer 250 $ pour les 30 heures. Malgré cela, on
refuse du monde. Peut-être à cause de cela, comme certains
seraient portés à croire, parce que les choses données
gratuitement donnent parfois l'impression qu'elles ne valent rien. Cela dit
d'une façon très générale. Je ne veux pas entrer
dans la philosophie de cela.
Donc, formation individuelle. Formation de groupes également sur
les marchés extérieurs. J'ai vécu moi-même hier une
activité de ce genre où nous avons réuni les industriels
québécois intéressés à un segment du
marché américain, les États du Sud-Est des
États-Unis, c'est-à-dire la Géorgie, le Mississipi, le
Tennessee, la Floride et peut-être un autre...
M. Payne: La Louisiane?
M. Landry: ...l'Alabama. Il y avait là 150 entreprises
représentées. Sessions de travail très intensives;
invités américains présents; nos agents sur place que nous
avions ramenés à Montréal pour rencontrer leur
clientèle et leur clientèle éventuelle. C'est une
activité propre du ministère, qu'il organise lui-même.
D'ailleurs, on ne laisse rien au hasard. Nos clientèles savent longtemps
d'avance où et quand vont avoir lieu ces activités. Je vous
réfère toujours à cette petite brochure intitulée:
Exporter c'est pas sorcier, calendrier des cours et séminaires
1983-1984. On peut savoir, par exemple, qu'en septembre 1983, il va y avoir un
séminaire ventexport à Québec. Il va y avoir les
techniques administratives et exposition commerciale à Québec.
Cours en techniques administratives de l'exportation à Montréal.
Cours en techniques administratives de l'exportation à Québec.
Une session sur l'accord industriel à Montréal. En octobre, ce
sera Bas-Saint-Laurent, Gaspésie. En janvier 1984, à
Trois-Rivières, un séminaire ventexport. Enfin, bref, vous voyez
que nous allons dans toutes les régions. Nous y allons soit proprio
motu, soit à la demande des instances régionales ou des groupes
régionaux.
M. Payne: Merci beaucoup.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Nelligan.
Relations avec le ministère
de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme et avec la SDI
M. Lincoln: M. le ministre, si on pouvait passer aux relations
entre votre ministère et les autres ministères. Comme question
spécifique, j'aurais voulu parler tout d'abord des relations avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme concernant surtout
les transactions avec la SDI, selon le protocole d'entente que vous avez avec
elle.
Si on peut faire un résumé des programmes sur lesquels
vous travaillez, soit les différents règlements 2, 3, 4 et 5,
avec la SDI, il y a le programme des consortiums, du capital-actions. Il y a le
financement des opérations et l'exportation dans les programmes de la
SDI. C'est le financement des contrats. Il y a le programme 3 du crédit
d'implantation. Ensuite, le programme 5 est un programme spécial de
transfert du fonds consolidé de la province pour des interventions
spéciales.
Si je prends le budget du ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, vous parliez d'un transfert de 20 000 000 $ ce matin, vous
disiez que c'était purement des transferts. Je vois, dans le budget de
la SDI, du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qu'il y
a un programme de prêts - avances, aide à l'exportation, un
crédit à l'implantation à l'article 3 du règlement.
Là, nous avons 6 550 000 $. C'est seulement pour les prêts et les
subventions, 6 500 000 $. Pour la formation d'un consortium à
capital-actions, il n'y a aucun budget à la SDI. En plus, pour les
exportations, il y a un programme d'incitation aux exportations; ce sont des
subventions avec un crédit budgétaire de 12 100 000 $. Est-ce
à cela que vous vous
référiez quand vous parliez de 20 000 000 $? Est-ce que ce
sont ces deux-là mis ensemble ou si les 20 000 000 $ de transferts sont
additionnels à ces deux programmes?
M. Landry: Non, j'ai arrondi les chiffres. Je veux vous rassurer
tout de suite, cela fait 18 500 000 $; c'est ce que j'entendais par 20 000 000
$.
M. Lincoln: 18 600 000 $, oui. Vous parliez de transferts pour
cette somme. Est-ce que les 6 550 000 $ ne sont pas des prêts et des
subventions qui ne sont pas des transferts, qui sont vraiment de l'aide
à l'exportation à travers le programme 3, crédit à
l'implantation? Ce ne sont donc pas des transferts.
M. Landry: Quand vous parlez de subvention, entendons-nous sur
les mots. Une subvention, c'est un transfert; c'est l'image même d'un
transfert, c'est sa définition. Je prends l'argent dans les fonds
publics et je le transfère à la trésorerie de
l'entreprise. C'est un transfert. Il y a des transferts qui sont
irrémédiables et sans contrepartie, la subvention pure, et il y a
des transferts qui sont des prêts et qui ne sont pas sans contrepartie ni
irrémédiables. L'entreprise va rembourser si ça va bien,
elle ne remboursera pas si ça va mal. La subvention elle-même est
l'essence même du transfert, c'est sans retour.
M. Lincoln: Ce dont je vous parle, afin qu'on s'entende
très bien, c'est des programmes qui sont au budget du ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Ce sont deux programmes dont l'un,
de 6 550 000 $, à l'article 3, et un autre, à l'article 5, de 12
100 000 $. Ce sont des programmes budgétisés par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Donc, quand je
parlais de transferts - je comprends que, du point de vue comptable, vous
parliez de transferts de cette façon, je suis d'accord avec vous - je
voulais faire une distinction entre l'argent imputable au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui est déjà
consigné au budget pour l'exercice 1983-1984, indépendamment de
tout argent qui viendrait directement d'une autorisation du fonds
consolidé de la province pour retirer de l'argent.
M. Landry: Je comprends bien votre question et vous avez
parfaitement raison. La section V, car c'est de cela que vous parlez...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...n'est pas comprise dans les 18 500 000 $.
M. Lincoln: Alors, c'est additionnel.
M. Landry: Oui, oui. D'ailleurs, quand j'ai arrondi les chiffres,
le président, qui est un vieux routier de ces questions, m'a jeté
un regard que j'ai compris immédiatement. Il se peut que j'aie des
crédits supplémentaires en cours d'année, etc., et j'ai
arrondi. Parce que 1 500 000 $, M. le Président, vous le savez autant
que moi, c'est 1 500 000 $. Je ne suis pas partisan de la théorie "what
is a million".
Le Président (M. Blank): Oui, je vais faire
référence à l'ancien...
M. Landry: CD. Howe.
Le Président (M. Blank): ...CD. Howe.
M. Landry: Ouais! D'abord, il administrait des budgets beaucoup
plus gros que les miens. Je ne connais pas ses origines sociales, etc., mais,
depuis ma plus tendre enfance, un million, c'est un million. On n'était
pas dans des familles qui touchaient des montants de cette nature.
Cela étant réglé, je reviens à votre
question qui est très pertinente. Soyons clair. Le programme 5 est un
programme spécial et il tire son argent directement du fonds
consolidé du revenu avec autorisation du Comité de
développement économique et du Conseil des ministres sous la
signature du ministre du Commerce extérieur.
M. Lincoln: Sous la signature du ministre du Commerce
extérieur?
M. Landry: Oui. Ce programme ne peut pas être
mobilisé sans la signature du ministre du Commerce extérieur. Les
fonds, pour être plus technique, viennent du fonds de
suppléance.
M. Lincoln: Mais alors que sont ces fonds de 12 100 000 $? Pour
qu'on ne s'embrouille pas, on va les appeler... Moi, j'ai envie d'appeler un
article au budget qui serait incitation à l'exportation. Ils sont
présentés comme des subventions à la SDI-exportations ou
la SDI.
M. Landry: On a bien parlé d'APEX. Ce sont toutes des
choses qui précèdent l'exportation. On aide l'entreprise à
aller sur les lieux transférer ses échantillons. Ces
crédits de la SDI touchent l'activité, la transaction commerciale
elle-même. On finance les exportations, c'est-à-dire qu'entre le
moment de la livraison et celui du paiement, par exemple, s'il s'écoule
un délai de 30 jours ou de 90 jours, délai de transport, etc.,
nous finançons l'exportateur comme une banque d'affaires le ferait.
M. Lincoln: À ce moment, ce ne sont pas des transferts, M.
le ministre. C'est du financement, ce sont des prêts à court
terme.
M. Landry: C'est du transfert. Je vous ai dit quelle est la
nuance que je faisais. Il y a du transfert sans contrepartie, qui est la
subvention pure, et il y a du transfert avec contrepartie, c'est-à-dire
que la SDI émet un chèque, l'argent s'en va dans la
trésorerie de l'entreprise, sert à son fonds de roulement pour
fabriquer les biens devant être exportés et revient à la
trésorerie de la SDI quand l'activité est terminée.
M. Lincoln: Vous savez, il y a tout cet aspect flou. Je suppose
que l'incitation aux exportations, ce crédit de 12 100 000 $, cet
article budgétaire au MICT, qui est donné comme mode de
déboursement, sous forme de subvention, c'est le programme 4. Est-ce que
je comprends bien? Pour bien se situer dans cette affaire - parce que vraiment,
quand nous avons posé des questions, c'était tellement
embrouillé - j'aimerais avoir un éclairage là-dessus,
financement des activités d'exportation, le programme 4, c'est bien
cela. 12 000 000 $; c'est le programme 4.
M. Landry: Quand était-ce tellement embrouillé, M.
le Président?
M. Lincoln: On a fait une session avec la SDI.
M. Landry: Avec le MICT. M. Lincoln: Avec le MICT. M.
Landry: Très bien.
M. Lincoln: On a posé des questions. C'est d'un
complément de réponse dont j'ai besoin parce que toute cette
affaire, j'ai envie de mettre cela au clair dans ma tête, parce que
vraiment je veux savoir exactement quel est le budget total imputé aux
exportations. Nous pensions que c'était 18 600 000 $ dans le MICT, 18
100 000 $ dans le Commerce extérieur et là, je comprends qu'au
programme 5, vous avez droit à des transferts additionnels qu'on appelle
intervention d'État. Est-ce qu'il y a une limite là-dessus?
M. Landry: Non, M. le Président. Il n'y a aucune limite.
Il s'agit que les dossiers se tiennent debout, qu'on les étudie au
mérite et, d'ailleurs, ces interventions ne sont pas toujours
impliquées par un déboursé de l'État. Cela peut
être l'aval de l'État, c'est-à-dire qu'on va donner notre
garantie sans débourser d'argent. On va partager la garantie avec
l'institution bancaire locale du programme À ou du programme B. Cela
n'implique pas un déboursé gouvernemental, mais cela engage
l'État.
Le Président (M. Blank): Je pense que votre sous-ministre
veut répondre.
M. Landry: On peut peut-être y revenir pour être plus
spécifique. Il y a quatre programmes qui concernent le financement de
près ou de loin. Il y en a un qui est du crédit implantation
administré par la SDI. Il s'agit de prendre l'aval du programme APEX
dont on a parlé ce matin et, quand l'entreprise décide de
s'installer à l'étranger, par exemple, de louer des bureaux ou
des "sheds" pour stocker de la marchandise, d'engager du personnel, etc., elle
peut bénéficier d'un crédit implantation de la SDI. La SDI
finance cette activité dans le temps, elle finance sur une
période de quatre ou cinq ans. Il y a un deuxième programme,
c'est le consortium. Ce n'est pas une philosophie de s'implanter en consortium
pour s'implanter en consortium, mais c'est simplement pour donner l'aval
gouvernemental à certains consortiums qui transigent avec des pays la
plupart du temps en voie de développement.
M. Lincoln: Je vous interromps pour vous demander si je comprends
de la même façon que vous. Le consortium, d'après ce que je
vois, il n'y a aucun budget là-dedans.
M. Landry: Oui, on prend l'équité
là-dedans.
Ce que la SDI fait, elle prend l'équité dans le
consortium, elle prend du capital-actions dans le consortium. Elle peut aussi
faire du financement du consortium sur les deux autres aspects. Comprenez-vous?
Même si c'est un consortium, elle peut s'impliquer dans le
capital-actions, d'une part.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous demander pourquoi la SDI ne
met pas de fonds budgétaires dans son programme pour les consortiums?
C'est une négociation. D'après votre protocole d'entente, c'est
négocié sur ces programmes entre le ministère du Commerce
extérieur... C'est ce que je vous demande. Pour les consortiums, si,
demain matin, il y avait à fournir du capital-actions, ce n'est pas
prévu au budget.
M. Landry: Vous me permettez d'aller jusqu'au bout et de revenir
sur cet aspect?
M. Lincoln: Oui. (15 h 30)
M. Landry: Je crois qu'il y a là une opération
extra-budgétaire. Un consortium implique deux écritures dans la
comptabilité; cela implique que l'on débourse l'argent pour
acheter les actions du consortium, mais cela implique qu'à notre actif
s'inscrit le même
montant, la valeur des actions du consortium. Donc, c'est une
opération qui n'est pas budgétaire, pourrais-je dire, c'est une
opération extra-budgétaire.
Le dernier programme, c'est du financement d'exportation. Il s'agit
d'une entreprise qui va à l'étranger, décroche un contrat
et, pour une raison ou pour une autre, ne peut pas avoir de financement par les
institutions financières canadiennes sous prétexte que c'est loin
et que ce n'est pas sûr. Ce sont des contrats ordinairement de moins de 1
000 000 $. Les gros contrats sont assurés par la SEE.
Le développement des exportations. On en a parlé. Quels
sont les modes de financement et c'est là...
M. Lincoln: Si vous êtes d'accord avec moi, le no 4, c'est
un financement pur.
M. Landry: C'est un financement, mais il y a des
possibilités.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: J'arrive aux méthodes. Dans un cas, la SDI peut
faire du financement pur pour le crédit implantation ou elle peut faire
du financement à taux réduit, parce que c'est un secteur qui est
admissible, je ne me souviens pas à quel programme, 2-À ou 2-B.
Donc elle peut faire de la bonification du taux d'intérêt. D'autre
part, quand elle fait du financement pur, elle le fait à partir de ses
revenus, tout simplement parce qu'il y a une partie qui n'est pas
budgétaire dans cela, ce sont ses propres revenus, la SDI engendre ses
propres revenus. Donc, elle peut faire du financement au taux du marché
et a ses propres revenus. Quand elle fait du financement en bonification, elle
a un budget, c'est le budget que vous voyez apparaître.
La bonification équivaut à une subvention, vous comprenez
bien.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: Au lieu de payer 12%, vous allez payer 10%, on vient
de faire un cadeau de 2% durant toute la période. L'opération
équité est une opération extra-budgétaire, comme le
ministre l'a dit tout à l'heure. Ce qu'on voit dans cela, c'est la
partie vraiment budgétaire où le gouvernement avance des fonds
parce qu'il s'agit de bonification de taux d'intérêt, de
subvention parce que le prêt ne sera pas remboursé, etc. Elle fait
de son propre chef le financement au taux du marché, cela n'entre pas
dans le budget, c'est à même ses propres fonds. Ce qu'elle fait au
plan du capital-actions, c'est extrabudgétaire.
M. Lincoln: Pour revenir à cette question de la SDI, on
parlait de la rapidité d'action du ministère. Nous avons fait le
cheminement d'un dossier typique entre la SDI et le MCE parce que vraiment,
c'est une question qui nous tracasse. Il me semble que le ministre devrait
insister davantage. On a parlé de chiffres pendant la commission
parlementaire qui a étudié la loi 89. Je crois que je pourrais
relever une des citations du ministre où il disait: Une partie du
programme, c'est de prendre en main la SDI-Exportations. Quelqu'un pressent la
SDI, disons, sur le programme de crédit d'implantation. Cela sort de la
SDI à Québec et cela va à la SDI à Montréal;
cela sort de la SDI à Montréal et cela va au secrétaire
exécutif du MCE; cela sort du secrétaire exécutif du MCE
et cela va à la Direction générale de l'expansion des
marchés; cela va à un analyste et, finalement, cela retourne
à la SDI. C'est-à-dire que cela fait tout un circuit. Nous avons
un cas typique où une demande est faite. Supposons que votre
ministère ait cette demande le 25 février comme un cas typique.
Cela prend trois mois. La SDI reçoit la lettre d'approbation du
ministère du Commerce extérieur le 7 juin pour un cas qui avait
commencé le 25 février, et votre lettre est datée du 17
mai, mais elle n'est reçue que le 17 juin. Je ne sais pas ce qui arrive,
elle est collée quelque part. De plus, selon les informations que nous
avons, l'entreprise n'a même pas eu de communications avec le MCE, le MCE
n'a pas même communiqué avec l'entreprise, mais disons qu'il
connaît déjà l'entreprise. Il y a eu un délai. Si on
prend le délai total, on parle de quatre mois.
M. Landry: Sur le plan des textes, je peux régler une
partie de votre problème. Le protocole de fonctionnement mis au point
entre le ministère du Commerce extérieur et le MIC pour la
SDI...
M. Lincoln: Je l'ai ici, oui.
M. Landry: ...a été signé le 5 mai, comme
vous voyez. Je vous demande votre indulgence pour tout ce qui est
antérieur au 5 mai.
M. Lincoln: Ah bon, la copie qu'on m'a donnée n'avait pas
de date. Alors, c'est le 5 mai.
M. Landry: Ah! Je l'ai ici. Je vais vous faire confiance sur la
date.
M. Lincoln: Ah oui, ah oui!
M. Landry: En foi de quoi, les parties ont signé en double
exemplaire à Québec, le cinquième jour de mai 1983.
M. Lincoln: Vous avez votre signature sans date. Je peux vous
demander comment vous signez sans date, mais enfin...
M. Landry: Je ne sais pas comment une telle copie a pu tomber
entre vos mains, parce que ma copie...
M. Lincoln: Cela m'a été donné par votre
collègue du MICT et lui n'avait pas signé.
M. Landry: Cela devait être sa copie de travail...
M. Lincoln: C'était signé sans date. Cela devait
être la copie signée par vous.
M. Landry: ...parce qu'ici j'ai bel et bien la date. Donc, depuis
le 5 mai, puisque ce protocole est en vigueur, les choses que vous mentionnez
ne peuvent pas se reproduire. De plus, même avec ce protocole, de
façon à raccourcir les délais, on va rendre les
opérations, que vous avez décrites comme étant une suite,
concomitantes, c'est-à-dire que l'analyse va commencer au point À
en même temps qu'au point B et qu'au point C. Ce ne sera pas une
séquence dans le temps. Ce qui devrait nous permettre également
de raccourcir les délais.
Je vous ai dit qu'on a réussi à mobiliser dans un cas le
programme 5 en sept jours, toutes formalités comprises: demande de
l'entreprise le jour un, réponse définitive du gouvernement le
jour sept. C'est notre objectif.
M. Lincoln: Là, je vais vous... Pardon.
M. Landry: On n'a pas encore traité assez de dossiers
visant le programme 5 pour que je puisse vraiment vous donner des informations
parfaitement éclairantes de ce que sera notre performance. Je pense
qu'on a six dossiers, une demi-douzaine de dossiers. Cela va
s'accélérer et je pourrai vous dire: Mes délais sont bons;
mes délais ne sont pas bons. Le protocole date du 5 mai et mon
échantillon n'est pas assez large. Si je vous dis que, dans l'un des
cas, je l'ai réglé en sept jours, vous allez être
impressionné; si, dans les deux autres cas, cela m'a pris 28 jours, vous
allez être moins impressionné. Disons que l'échantillon
n'est pas suffisant. Je comprends ce que vous voulez que l'on fasse, c'est dans
la mentalité...
M. Lincoln: Non, je vais laisser de côté le
programme 5 pour le moment. Je parle des programmes où la SDI et le MICT
travaillent, sur tout le programme de crédits d'implantation, le
programme 3. D'après notre information, il y a environ 60 dossiers en
circulation sur le programme 3. Pouvez-vous nous donner un chiffre
quelconque?
C'est cela notre information.
M. Landry: D'abord, j'ai un regret parce que j'avais pensé
hier à faire venir les gens de la SDI ici avec moi aujourd'hui, mais,
après consultation, on a dit: Le MICT a sans doute amené les gens
à l'étude de ses crédits, alors l'Opposition n'en aura
plus besoin. Je regrette.
M. Lincoln: Vous voyez ce qui arrive, M. le ministre, cela
illustre un peu le point que je suis en train d'essayer de faire. Quand nous
avons la SDI avec le MICT, on nous donne des réponses, c'est sûr,
mais il manque le complément de votre côté. Ce n'est qu'un
côté de la médaille parce que vous êtes une partie
intégrante de l'affaire. On peut poser des questions à la SDI. Il
faudrait qu'on ait le MICT, vous et la SDI. À ce moment-là, on
aurait les deux côtés de la médaille. En fait, c'est le
"quick", je ne connais pas le mot français. La clé de la question
pour nous, c'est qu'il y a cette espèce de flottement tous les jours. On
demande au MICT, il va le demander à la SDI et on a les réponses,
mais, en fait, si on nous dit: Le commerce extérieur, c'est telle chose,
on ne peut pas le vérifier sans vous en parler. Alors, on
traverse...
M. Landry: M. le député, ce n'est pas un
flottement. Je pense que votre mot est mal choisi. C'est une décision
que nous avons prise et que je vous explique, ce qui n'est peut-être pas
promis à un avenir éternel. C'est comme cela pour l'instant et
voici pourquoi. Nous aurions fort bien pu mettre sur pied une
société québécoise des exportations qui aurait fait
toutes ses activités de façon indépendante de la SDI et du
MICT et qui aurait relevé du ministère du Commerce
extérieur. Pourquoi ne l'avons-nous pas fait? C'est parce que nous
pensons que l'appareil d'analyses de la SDI présentement peut être
employé à une double fin, une fin externe et une fin interne. Je
suis sûr qu'avec cela on économise des centaines et des centaines
de milliers de dollars en personnel. Le jour où le volume de
l'activité du Commerce extérieur et les interventions
financières du gouvernement seront suffisants, quand ce ne seront pas 60
dossiers qui seront dans la machine, mais 350 dossiers, je n'ai pas une seconde
d'hésitation à dire qu'à ce moment-là, le
gouvernement considérera de faire une société
québécoise du Commerce extérieur, une
société québécoise des exportations. Nous n'avons
pas jusqu'à ce jour le volume pour justifier cela aux yeux des
contribuables. C'est pour cela qu'on se sert de la structure d'accueil de la
SDI.
Par ailleurs, quels sont les points de liaison avec ce régime,
qui n'est pas un régime de flottement, mais qui est un
régime provisoire? Premièrement, je nomme un
administrateur au conseil d'administration de la SDI. Il est ici présent
avec moi, c'est M. Jean Vézina, sous-ministre en titre du
ministère; deuxièmement, les budgets de la SDI sont
discutés de concert avec le ministère du Commerce
extérieur en raison de la partie exportation. Le reste du budget de la
SDI ne m'intéresse guère. Ce n'est pas mon job. Mais je suis
allié au processus budgétaire pour la partie exportation.
Troisièmement, sur chaque intervention de la SDI dans tous les
programmes que vous avez mentionnés, nulle ne peut avoir lieu sans
l'autorisation du ministre du Commerce extérieur.
M. Lincoln: Oui, je sais cela.
M. Landry: Enfin, quatrième point de jonction avec la SDI,
le volet spécial, le 5, ne peut être mobilisé d'aucune
façon sans l'intervention du ministre du Commerce extérieur qui
pilote le dossier au Conseil des ministres.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous pensez que c'est
logique? Demain matin, vous dites: Les transferts - appelons cela de toutes les
façons - sont une partie du budget du MICT. C'est ce que je faisais
ressortir au ministre l'autre jour. Nous avons une partie du budget du MICT,
où il y a 18 650 000 $ qui sont imputés au ministre du Commerce
extérieur. Vous avez un droit de regard. Vous avez le droit d'avis. Vous
avez presque le droit de veto sur certains de ces programmes.
M. Landry: Ne dites pas "presque", c'est cela.
M. Lincoln: "Presque", oui, c'est cela. M. Landry: Non, ne
dites pas "presque".
M. Lincoln: D'accord. Si vous prenez une décision dans le
sens de recommander un de ces programmes, il accepte. En fait, il m'a dit
lui-même: La question de fond, c'est le ministère du Commerce
extérieur. Moi, je suis la question d'analyse des dépenses.
M. Landry: Voilà.
M. Lincoln: On a situé le problème. On a
situé le processus. Toutefois, qu'arrive-t-il si, par exemple - c'est ce
que je lui disais -un jugement que vous faites se révèle trop
rapide ou faux? Nous faisons tous des changements trop rapides ou faux. C'est
lui qui est responsable selon son budget de ministre. C'est cela qu'on ne peut
pas comprendre. On ne peut pas vous poser des questions sur quelque chose dont
il est responsable. Cela ne semble pas avoir de sens. Est-ce que vous ne
convenez pas que quelque chose ne va pas dans cette affaire et qu'il faudrait
changer?
M. Landry: Oui, mais vous avez oublié un
élément qui est le suivant: La Société de
développement industriel du Québec, comme son nom l'indique,
n'est pas le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, mais
une société qui a son conseil d'administration.
M. Lincoln: Oui, nous sommes d'accord.
M. Landry: L'imputabilité est aux administrateurs et au
conseil d'administration. Notre gouvernement et le gouvernement
antérieur ont voulu qu'il en soit ainsi. Je pense que ce n'est pas
mauvais que des gens d'affaires, en particulier, assis au conseil
d'administration de la SDI, prennent des décisions, soient comptables de
leurs décisions et que leurs décisions leur soient
imputables.
Vous me demandez si c'est logique. Ce n'est sûrement pas par la
logique que ce système brille. Ce n'est pas principalement la logique
qui l'a inspiré, c'est l'économie. Je vous l'ai dit. Vous le
comprenez bien. Si j'avais décidé, tambour battant, de mettre sur
pied une société des exportations du Québec et si je
m'étais mis à réengager des analystes, du personnel, des
gens et louer des locaux, j'aurais joyeusement gaspillé l'argent des
contribuables. Je ne le ferai que le jour où j'aurai l'assurance que le
volume des dossiers traités nécessite une structure
spéciale. Je souhaite qu'il en soit ainsi. Ce n'est pas encore cela.
C'est ce qui nous met dans cette période que vous appelez de flottement
et que j'appellerais plutôt évolutive.
M. Lincoln: D'accord. On va laisser cette question, M. le
ministre. Ce que je sais, c'est que vous avez, au programme 3, implantation,
environ 60 dossiers en circulation dont une dizaine depuis janvier.
Peut-être que le protocole a été signé en mai, mais
je constate que c'est quelque chose qui semble aller très lentement, que
le processus est très lourd. Le ministre me dit: On va changer le
processus. On va faire un processus concomitant plutôt qu'en
séquence. On va se revoir sur ce sujet. On va suivre cela. Pour le
moment, c'est...
M. Landry: ...du côté du ministère, M. le
député, c'est que, à l'heure actuelle, dans le
crédit implantation, il y a une vingtaine de dossiers qui ont
été étudiés en tout et partout. Il y en a cinq ou
six qui sont présentement encore à l'étude, en
circulation, autrement dit.
Cela ne vise que le crédit implantation, par ailleurs. Je ne sais
pas, lorsque vous
parliez de 60 dossiers, si vous parliez de tout le programme?
Il est arrivé, à un moment donné...
M. Lincoln: Je ne parlais pas du programme 5.
M. Landry: Je ne parle pas du programme 5.
M. Lincoln: Oui, du...
M. Landry: Je parle du crédit implantation. Dans le
crédit implantation, 20 dossiers ont été
étudiés. Cinq sont pendants. C'est cela?
Cinq ou six. Il est arrivé, je pense, à une période
donnée, pour l'ensemble de la réglementation des nouveaux
programmes de la SDI, dont les programmes importation, un embouteillage, parce
que la réglementation n'était pas adoptée. C'était
vrai particulièrement au niveau du programme innovation recherche. Je
pense que le conseil d'administration, d'une part, et, d'autre part, les
analystes à l'intérieur ont débloqué toute
l'affaire maintenant. La connaissance que j'en ai comme administrateur de la
SDI est que, maintenant, cela va beaucoup mieux de ce côté.
M. Lincoln: Est-ce que, M. le ministre, au programme 5, vous
croyez que... Je sais qu'on parle d'une action très rapide. On parle de
sommes substantielles, de sommes sans limite. Il y a un cas qui nous est
arrivé, Pylonex. C'est le cas dont vous parlez? (15 h 45)
M. Landry: Non, ce n'est pas ce cas-là.
M. Lincoln: Ce n'est pas celui-là.
Concernant l'intervention de l'État, il semble "shorter" tout le
système. Cela va directement au P.-D.G. de la SDI. Dans le programme 5,
il semble qu'on court-circuite toutes les procédures normales. C'est
dirigé vers une ou deux têtes dirigeantes et ensuite cela revient
au Conseil des ministres.
Pourriez-vous nous expliquer brièvement le cheminement? Quels en
sont les aspects sécuritaires?
M. Landry: Je vais d'abord vous donner le cheminement technique
en détail et je vais vous expliquer pourquoi on a procédé
ainsi.
Le programme 5, voici comment cela se passe. Les requérants
soumettent leur demande à la SDI qui s'empresse de transmettre copie du
dossier au ministère du Commerce extérieur. Après la
demande de la SDI, le dossier est monté et il est envoyé au
ministère du Commerce extérieur.
Dans les cas où une demande a été d'abord
adressée au ministère du Commerce extérieur, ce qui peut
arriver, ce dernier réfère les requérants à la SDI
et s'empresse de transmettre copie du dossier que nous avons. C'est la
première étape.
Dans le cadre de la deuxième étape de leurs mandats
respectifs, SDI et MCE examinent conjointement la demande et conviennent, dans
toute la mesure du possible, de recommandations communes.
Troisièmement, le ministre du Commerce extérieur prend
connaissance de ces recommandations. Lorsqu'il juge que le projet de
transaction soumis a un impact important sur le développement
économique du Québec, il prépare pour le CMPDE et le
Conseil des ministres - alors on a deux étapes - un mémoire
recommandant d'autoriser la SDI à accorder au requérant une aide
financière sous une ou plusieurs des formes prévues dans la
réglementation.
Si les recommandations de la SDI et du ministère du Commerce
extérieur sont divergentes, elles sont annexées au mémoire
du ministre du Commerce extérieur et enfin, advenant une décision
positive du Conseil des ministres, la SDI entreprend sans délai les
démarches requises pour y donner suite.
Pourquoi avons-nous adopté ce système? Toujours pour des
raisons d'économie, de rationalité. Je ne veux pas que le
ministère du Commerce extérieur se dote d'un appareil d'analyse
sophistiqué. Je ne veux pas que le ministère du Commerce
extérieur se dote d'un suivi pour percevoir des intérêts,
encaisser des chèques, vérifier si les entreprises sont
performantes ou sont en faillite.
La SDI est donc, d'une certaine manière, contractuelle, à
mon point de vue et à celui du gouvernement. Elle travaille pour moi
pour faire des opérations mécaniques dans des dossiers, parce que
je ne veux pas faire de chevauchement et occuper mes fonctionnaires à
faire des choses pour lesquelles les fonctionnaires de la SDI sont mieux
qualifiés.
Maintenant, pourquoi n'est-ce pas le processus normal de la SDI? Pour
une raison bien simple, l'argent vient directement du fonds consolidé et
on ne peut permettre à aucune agence du gouvernement d'être
branchée directement sur le fonds consolidé sans une
décision ministérielle adéquate. La décision
ministérielle adéquate se fait au comité
ministériel permanent de développement économique, dont je
suis membre, et au Conseil des ministres.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord sur la décision, c'est
très clair, le protocole d'entente que vous avez lu, mais je veux en
venir au processus d'analyse. Il me semble, d'après le protocole
d'entente, que c'est tacite que la SDI et le MCE font une analyse qui est
transmise immédiatement. La demande est examinée conjointement et
on
convient d'une décision.
J'aimerais savoir, dans le programme 5, s'il n'est pas arrivé
certains cas où l'on saute cette procédure d'analyse pour aller
presque directement à la SDI. C'est en fait tout à fait
péremptoire, la manière dont se fait l'analyse, parce qu'il faut
agir vite, etc. Est-ce que vraiment...
M. Landry: M. le député, ce n'est pas arrivé
depuis que le programme 5 existe et que le protocole existe. Il y a des cas
antérieurs à la naissance du ministère du Commerce
extérieur - vous en avez évoqué un - qui avaient
commencé leur cheminement suivant les procédures antiques,
évidemment, dont je ne réponds pas parce que je n'étais
pas dans le coup. Mais depuis que le ministère existe, que nous avons
notre protocole et que le programme 5 existe, le cheminement dont nous vous
parlons est rigoureusement suivi. Il a été suivi, la semaine
dernière, pour 4 dossiers en particulier dont 2 sont
présentés aujourd'hui même au Conseil des ministres.
Comme je vous le dis, je ne peux pas demander de rendement à des
instruments qui n'existaient pas pour des périodes
antérieures.
M. Lincoln: Tout ce que je voulais savoir, c'est si vous
êtes maintenant satisfait des mesures sécuritaires d'analyse,
compte tenu qu'il s'agit parfois de fortes sommes... C'est la navette
spatiale...
M. Landry: Un sacré beau produit d'exportation.
M. Lincoln: Je voulais vous demander, M. le ministre, de nous
assurer que les mesures sécuritaires d'analyse sont en place dans le
programme 5, d'après le protocole d'entente aujourd'hui, et que...
M. Landry: Si vous me posez la question aujourd'hui, la
réponse est oui. Vous m'auriez demandé la même chose il y a
deux ou trois mois, j'aurais été dans l'incapacité de
répondre.
Relations avec le ministère des Affaires
intergouvernementales
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut passer à la question des
Affaires intergouvernementales et de votre ministère? Vous dites que
cela va très bien. Enfin, vous nous avez dit ce matin que vous vous
entendez très bien avec votre collègue. Cela, on est prêt
à l'accepter. Mais, en même temps...
M. Landry: Je n'ai pas dit que cela allait très bien. J'ai
dit que je m'entendais très bien avec mon collègue.
M. Lincoln: Ah bon, vous vous entendez très bien. Il y a
une petite nuance, mais je ne comprends pas trop la différence. Le fait
est que le premier ministre lui-même a dit: II y a eu des
différends entre les ministres que j'ai dû arbitrer. C'est cela
qu'il a dit. Vous-même, vous dites qu'il y a des zones grises. Alors, si
vous dites qu'il y a des zones grises, elles sont peut-être gris
foncé. En tout cas, il est sûr que, d'après la constitution
même de la loi, le ministère est responsable pour coordonner
toutes les politiques extérieures du Québec. Je vais vous faire
part de situations précises. Par exemple, vous avez dit, dans l'article
du Devoir qui vous cite, que les budgets sont votés par rapport aux
délégations et aux attachés qu'on va nommer dans les
différents endroits. Les budgets...
M. Landry: Avant que vous alliez trop loin...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...je vous demande de lire bien attentivement cet
article. Cet article ne me cite d'aucune manière.
M. Lincoln: Oui, mais c'est entre guillemets, M. le ministre.
M. Landry: Oui, c'est entre guillemets, mais je ne suis pas le
seul personnage du gouvernement à pouvoir être cité, ni le
seul fonctionnaire, ni le seul journaliste. Regardez, le journaliste a
l'honnêteté de ne m'attribuer aucun de ces propos. Vous pensez
bien que je l'ai lu, si on parle du même papier...
M. Lincoln: "C'est ce qu'a révélé au Devoir
le ministre...
M. Landry: Ah, vous me parlez du papier d'hier?
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: Excusez-moi, je pensais que vous parliez d'une
dépêche de la Presse canadienne publiée la semaine
dernière.
M. Lincoln: Non, non, je parlais du dernier...
M. Landry: C'est que je lisais à l'envers sur votre
papier, à quelques pieds de distance. D'accord, le Devoir d'hier.
M. Lincoln: Cela disait: "Les budgets sont votés. Il ne me
reste plus qu'à m'entendre avec le ministère des Affaires
intergouvernementales, l'autre ministre responsable des
délégations du Québec à l'étranger, a
précisé M. Landry avec un petit
sourire." C'est peut-être de l'interprétation. Je ne sais
pas si vous aviez un sourire.
Il est précisé, dans le décret du Conseil du
trésor no 111-144-177 du 26 avril, de demander au ministère des
Affaires intergouvernementales de soumettre au Conseil du trésor une
évaluation des avantages comparatifs de la formule de conseiller
itinérant par rapport à l'éventualité d'ouvrir de
nouveaux bureaux. À l'article 3, on dit: "...d'indiquer au
ministère du Commerce extérieur que sept postes additionnels
reliés au renforcement de la représentation à
l'étranger seront automatiquement alloués lorsque le
ministère des Affaires intergouvernementales se sera prononcé sur
l'affectation."
Le Président (M. Blank): He is gone again.
M. Lincoln: You gave us an advance.
Le Président (M. Blank): I did not know it.
M. Landry: II fait partie des attributions du président
d'arrêter la commission pour voir la navette spatiale.
Une voix: À deux minutes d'avis.
M. Lincoln: M. le ministre, une question précise et
pratique. Vous avez décidé de vous implanter dans certains
endroits. Vous avez décidé de vous implanter à travers un
certain type de personnel. À tort ou à raison, c'est une formule
de représentation. Qu'est-ce qui se passe si, selon
l'arrêté du Conseil du trésor, le ministre dit:
Écoutez, notre étude des évaluations des avantages
comparatifs montre que la formule que je vais choisir est une formule
différente de celle que vous voulez? Dans le cas de vos sept postes
additionnels, lorsque le ministère des Affaires intergouvernementales se
sera prononcé sur l'affectation, s'il y a aussi un litige... En fait, ce
sont des questions fondamentales et, d'après ce que peut vous dire mon
collègue de Jean-Talon qui a passé plusieurs heures avec le
ministre pour essayer d'élucider cela... Et nous, on a l'impression que
le ministre des Affaires intergouvernementales ne veut céder aucune de
ses prérogatives sur la question des sites géographiques, sur la
question du type de personnel. Il veut être impliqué tout à
fait directement. Qu'est-ce qui va se passer si, demain matin, vous ne vous
entendez pas? Surtout qu'il semble, c'est très clair, avoir la main
haute là-dessus parce qu'il a le dernier mot.
M. Landry: Votre exemple me permet d'expliquer mon sourire. Vous
avez fait allusion à mon sourire. Je confirme que j'avais un sourire et
je vais vous dire pourquoi. Justement, l'arrêté en conseil que
vous avez cité a donné lieu à un règlement rapide
et satisfaisant pour tout le monde en ce qui a trait aux itinérants.
Votre première partie des itinérants, c'est réglé.
Les crédits budgétaires sont dans les documents que vous avez et
les gens sont en place ou l'un des deux l'est.
Une voix: Pas encore. On en est au recrutement.
M. Landry: En tout cas, c'est vous dire que ce système,
pour la moitié de l'arrêté en conseil que vous venez de
citer, a marché et il a marché rapidement. Ne trouvez-vous pas
absolument normal que, lorsque le ministère du Commerce extérieur
veut élargir sa représentation étrangère, veut
ajouter des antennes à l'étranger à l'appareil qu'il
possède déjà, ses gestes soient compatibles avec la
politique extérieure du Québec? C'est la logique même. Et
de ce point de vue, je ne voudrais pas ouvrir des postes dans des pays
où nous ne sommes pas présents sans avoir consulté le
ministère des "Affaires étrangères", le ministère
des Affaires intergouvernementales qui a le mandat par sa loi de coordonner
l'ensemble de la politique étrangère du Québec.
Prenons un cas absurde. Si nos relations générales
étaient au pire avec tel pays, pour des raisons d'État, des
raisons majeures, est-ce qu'il serait indiqué pour quelque
ministère que ce soit, y compris le ministère du Commerce
extérieur, de défaire de la main droite ce que la main gauche du
gouvernement ferait ou vice versa? Des arbitrages de cette nature entre
ministères de notre gouvernement ou de tous les gouvernements de la
terre, c'est monnaie courante, c'est même une partie essentielle de
l'activité du gouvernement. Il est sûr que le ministère de
l'Environnement, par exemple, qui a la vocation et l'obsession de
protéger l'environnement est en interface régulière avec
les gros ministères opérationnels comme celui de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, celui de l'Énergie et des
Ressources. On ne fait pas un barrage sans que l'environnement soit
affecté de quelque façon. On ne fait pas de porcherie sans que
l'environnement soit affecté de quelque façon. Il se fait des
arbitrages, c'est dans la nature du processus gouvernemental. Ces arbitrages se
font dans les divers comités ministériels qui sont des
sous-comités du Conseil des ministres et, ultimement, ils se font au
Conseil des ministres.
Je vais vous donner un exemple. Dédramatisons les choses. On a un
choix à faire pour l'ouverture de délégation - c'est la
deuxième partie de l'arrêté en conseil - je pense que
spontanément nous nous entendons
avec le ministère des Affaires intergouvernementales sur tous les
cas. Il est d'accord que nos visées commerciales coïncident avec la
politique générale du gouvernement. Il y a un cas qui est
litigieux - litigieux est un grand mot - il y a un cas qui n'est pas
décidé, c'est Hong Kong par rapport à Singapour. Tous nos
interlocuteurs du secteur privé, les banquiers, les industriels ne sont
pas étonnés qu'on hésite. Ils hésitent
eux-mêmes. Savez-vous ce que font les compagnies qui disposent de
beaucoup de moyens? Elles oeuvrent à Hong Kong et à Singapour.
Cela traîne dans tous les magazines de science économique. La
grande discussion est de savoir si c'est Hong Kong qui monte ou si c'est
Singapour qui baisse. Tout le monde dit: Hong Kong baisse et Singapour monte,
mais, en même temps que Hong Kong baisse en temps que protectorat
britannique, Hong Kong monte en tant que porte sur la Chine continentale. C'est
un débat très sérieux, très sensé. Il se
peut très bien que, ne pouvant trancher, pas plus que la Chase Manhattan
a pu trancher, on va ouvrir les deux parce que le ministère des Affaires
intergouvernementales considère majeur l'aspect montant de Hong Kong
comme porte sur la Chine continentale et nous considérons majeur le fait
que Singapour est en croissance beaucoup plus rapide. Ce ne sont pas des points
de vue irréconciliables. S'il nous faut des agents dans les deux pays,
on aura des agents dans les deux pays.
M. Lincoln: Dans le cahier des Affaires intergouvernementales
pour le budget de cette année, il y a deux choses que j'ai retenues. On
parle de concentration et de consolidation des positions dans les pays de
délégation Mexique et Venezuela, avec des programmations
polyvalentes qui attribuent environ 33% des budgets à la
coopération économique et technique. Tout cela est très
intimement relié à l'exportation. C'est clair.
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: L'extension vers l'Amérique du Sud, on parle
de la Colombie dont vous aussi faites état et du Brésil. Au
Brésil, les budgets seront doublés pour soutenir une
coopération scientifique et technique de haut niveau. Est-ce que, sur
toutes ces questions-là vous avez, par exemple, l'esquisse d'un
protocole d'entente pour vous accorder sur les... Par exemple, quand le
ministre des Affaires intergouvernementales décide, dans ce
cas-là, de prendre 33% de ses budgets pour la coopération
économique et technique, il va doubler son budget pour la
coopération scientifique et technique au Brésil, de prendre 33%
de son budget pour la coopération économique et technique au
Venezuela et au Mexique, si vous n'êtes pas d'accord sur cela -
après tout c'est le même argent qui sort du fonds consolidé
- est-ce que vous avez un droit de regard? Est-ce qu'on vous consulte? Quelles
sont les interventions qui sont faites de part et d'autre? Que pouvez-vous
faire si vous n'êtes pas d'accord sur les politiques économiques
du ministère des Affaires intergouvernementales? (16 heures)
M. Landry: D'abord, vous faites bien de soustraire les sommes qui
ne sont pas de la coopération économique. Le ministère du
Commerce extérieur ne peut pas assumer toutes les facettes de la
coopération intergouvernementale.
M. Lincoln: Sur cela, nous sommes d'accord.
M. Landry: Sur les questions non économiques, je vous
avoue vraiment que je ne sens même pas le besoin...
M. Lincoln: Les questions économiques.
M. Landry: ...d'avoir une opinion. Quant aux questions
économiques, la loi que vous nous avez aidé à
préparer et qui a été votée par notre
Assemblée nationale, à l'article 8, paragraphe 5, est
extrêmement claire. Les fonctions du ministre du Commerce
extérieur sont de coordonner, dans le cadre de la politique
extérieure du Québec, les activités économiques et
commerciales des ministères et des entreprises publiques à
l'extérieur du Québec.
Je réitère que cette coordination s'inscrit dans un cadre
plus vaste. Je suis la branche spécialisée en économique
de l'action extérieure du Québec. J'ai le mandat clair de
coordonner cela. Une fois que cela est fait avec les divers ministères
économiques, les diverses agences et entreprises publiques, comme le dit
la loi, je dois inscrire cette action dans le cadre de la politique
extérieure du Québec.
La politique extérieure du Québec est proposée,
conçue, dirigée par le ministère des Affaires
intergouvernementales, dont c'est la fonction première. Il y a des
interfaces, il y a des arbitrages et là c'est l'intelligence des divers
sous-comités du Conseil des ministres, et l'arbitrage du Conseil des
ministres prend la décision ultimement. Encore une fois, je pense qu'il
ne faut pas voir de drame là, car c'est l'essence même de la vie
administrative que de décider. Certains disent que gouverner c'est
prévoir, c'est vrai, mais gouverner c'est choisir.
M. Lincoln: D'accord, M. le ministre. Prenons des exemples
spécifiques. Le ministre va mettre des sommes importantes au Mexique, au
Venezuela. Il va doubler son budget au Brésil pour soutenir une
coopération scientifique et technique qui est un programme
économique.
M. Landry: Attention. Il faut bien voir où les
frontières passent. Si vous dites que tout ce qui est scientifique et
technique est un programme économique, les universités vont
être sous la coupe du ministère du Commerce extérieur ou du
ministère des Finances. Je pense que vous êtes conscient que vous
avez tourné le coin rond.
Il y a toujours une relation, et tout est économique à la
limite. L'exploitation de la Place des Arts à Montréal, par le
ministère des Affaires culturelles, est économique.
M. Lincoln: Bien oui.
M. Landry: Mais il faut quand même trancher d'une
façon un peu plus claire. Je ne crois pas que toute la
coopération scientifique et technique soit du ressort économique.
Dans notre loi - le législateur a été sage encore une
fois, et vous avez contribué à l'étudier article par
article - le paragraphe 2 dit: Élaborer, mettre en oeuvre des programmes
d'aide favorisant les exportations et la réalisation d'accords
industriels. La technologie appliquée à l'industrie, c'est une
autre affaire.
Le paragraphe 3, fournir aux entreprises et aux ministères les
services qu'il juge nécessaires au développement des exportations
et des accords industriels, promotions, organisations de missions, stages et
expositions. Je ne suis pas le coordonnateur de la politique scientifique du
Québec ni de la politique technologique. C'est mon collègue, le
ministre délégué à la Science et à la
Technologie.
M. Lincoln: Mon collègue me disait que, dans les
crédits du ministère des Affaires intergouvernementales, il est
ressorti que les Affaires intergouvernementales sont en train de planifier une
division de la planification et du développement économique.
Où est-ce que vous vous placez par rapport à cela?
M. Landry: J'ai entendu mon collègue ce matin dire cela
à la radio. Évidemment, je n'ai pas assisté à la
séance de l'étude de ses crédits, mais j'ai lu les textes
par ailleurs. C'est tout à fait normal que ceux qui sont chargés
de l'élaboration de la politique extérieure du Québec se
donnent une direction de la planification, de la réflexion et de la
recherche. C'est très bien et c'est parfait cela.
M. Lincoln: M. le ministre, pour reprendre la question d'une
façon inverse. Tout le côté économique des
délégations, exportation, importation, investissement, selon la
loi 89, éventuellement, tout cela revient sous votre ombrelle, à
juste raison.
Nous avons tous les programmes spécifiques de tous ces
ministères qui commencent à s'implanter de plus en plus par
eux-mêmes. Qu'est-ce qui va rester du ministère des Affaires
intergouvernementales advenant que la situation constitutionnelle ne change
pas? On parle du Québec d'aujourd'hui, on ne parle pas du Québec
de demain qui pourrait changer sa constitution, mais on parle d'aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'il nous reste à faire? Ou bien c'est une question...
M. Landry: Votre question m'étonne. Toute la politique
internationale est un univers aux mille facettes différentes. La
coopération culturelle, l'aide humanitaire, les contacts politiques, les
contacts scientifiques, les accords entre les diverses universités, les
mouvements de parlementaires, enfin, cette affaire-là est un empire.
C'est un empire. C'est toute l'activité humaine qui n'est pas
directement reliée aux questions économiques dont nous sommes les
responsables, en plus de la dimension fédérale-provinciale.
N'oubliez pas que le ministère des Affaires intergouvernementales
est en contact avec tous les gouvernements du Canada et avec le gouvernement du
Canada lui-même, qu'il assiste à toutes les conférences
fédérales-provinciales. Enfin, j'imagine que vous ne voulez pas
me faire décrire les activités d'un de mes collègues qui
est fort actif et qui est un homme très occupé, avec une
équipe imposante de fonctionnaires derrière lui et un
ministère des Affaires intergouvernementales qui existe
déjà depuis quinze ans probablement et peut-être davantage.
Ils n'ont pas attendu la Loi sur le ministère du Commerce
extérieur pour s'activer dans toutes les directions qui sont de leur
juridiction.
C'est comme si vous me disiez qu'Ottawa a un ministère des
Affaires étrangères. Oui, mais il y a aussi un ministre du
Commerce extérieur. Que va faire le ministère des Affaires
étrangères maintenant? Ces gens en ont plein leurs bottes, si
vous voulez me passer l'expression, avec tout l'univers politique, culturel,
scientifique, les minorités...
M. Lincoln: M. le ministre, en théorie, je suis tout
à fait d'accord avec vous. Il est sûr que c'est un univers de
questions à coordonner. En même temps, ce que nous voyons de plus
en plus - c'est ce que mon collègue de Jean-Talon me souligne,
après avoir passé des heures, hier, avec le ministre des Affaires
intergouvernementales - ce sont des ministres sectoriels au Québec. Je
vous ai donné l'exemple de l'exportation des programmes
éducatifs. C'est une dernière loi. De plus en plus, ils prennent
de l'intérêt dans les questions sectorielles se reliant à
leur secteur. Par exemple, vous parlez de programme culturel. Si vous demandez
au
ministère des Affaires culturelles, il en reste le coordonnateur,
d'accord, mais, en même temps, il semble penser que la question
économique est la question fondamentale. Il l'a dit plusieurs fois. Il
semblerait qu'il veut se garder une grosse part du gâteau
économique qui est relié à votre ministère.
Il nous semble, si ce n'était pas le cas, que vous ne parleriez
pas des zones grises. Le premier ministre ne parlerait pas des
différends qu'il a à arbitrer. Il est sûr que la conception
de votre collègue, en voulant continuer très activement
là-dedans, est parce qu'il considère cela comme une grosse part
de la vocation de son ministère.
M. Landry: Duquel parlez-vous? Vous avez mentionné le
ministère des Affaires culturelles.
M. Lincoln: Je parle de votre collègue des Affaires
intergouvernementales.
M. Landry: Je pense que je l'ai dit simplement ce matin. Je peux
le répéter d'une autre manière. Je vous avais promis, lors
de la commission parlementaire qui a étudié ce projet de loi
article par article, cette loi maintenant, que nous allions nous attacher
à passer convenablement à travers la période de rodage. Ce
ministère est né au mois de janvier. Alors que nous n'avons pas
encore une demi-année de vécue, nous avons réglé,
avec la plupart des ministères sectoriels, même sous forme de
protocoles, auxquels vous vous référez vous-même, la
plupart des problèmes majeurs.
Je ne cache pas qu'il y a encore des questions d'ajustement à
régler. Il faut compter aussi sur, ce qu'on pourrait appeler, l'erre.
L'erre d'élan. Le ministère des Affaires intergouvernementales,
par suppléance, a joué un certain nombre des rôles qui sont
maintenant dévolus au ministère du Commerce extérieur. Il
y a des hommes et des femmes impliqués là-dedans. Il y a des
dossiers qui ont commencé il y a un an ou deux et ils ne peuvent pas
être transférés d'une journée à l'autre. Ce
serait catastrophique. Ce serait perdre des compétences. Ce serait
perdre des énergies.
Je vous donne un dossier précis. Le dossier Saindak:
coopération pour une grande entreprise minière avec la
république du Pakistan. Le ministère des Affaires
intergouvernementales travaillait sur le dossier Saindak, depuis de nombreux
mois. Ce n'est pas parce qu'on a adopté cette loi que son contact
n'était plus utile et que les amitiés pakistanaises
développées devaient être négligées. Cela a
pris un certain nombre de semaines pour que le ministère des Affaires
intergouvernementales se désengage du dossier Saindak et que le
ministère du Commerce extérieur s'engage dans ce dossier. Alors,
c'est une zone grise qui est située dans le temps. C'est gris parce
qu'il n'y a pas suffisamment de temps d'écoulé et que certains
transferts se font peu à peu.
Un autre exemple spectaculaire. Quelques jours après ma
nomination, mon collègue du ministère des Affaires
intergouvernementales fait une visite dans l'État de la Floride, qui
comportait un fort contenu économique. La visite dans l'État de
la Floride était planifiée de longs mois avant le remaniement.
Est-ce qu'on allait télégraphier à toutes les chambres de
commerce de Floride et à tous les contacts qui avaient été
préparés pour dire: Changez votre programme, changez le nom sur
les billets, il y a eu un remaniement au Québec? D'autant plus que moi,
le nouveau ministre, je n'étais pas disponible pour des raisons d'agenda
dont vous vous souviendrez. Cela ne s'est plus reproduit depuis. Il y a un
transfert normal qui se fait peu à peu et qui excite plus certains
observateurs qui ne connaissent pas le fond des choses que les acteurs
eux-mêmes de cette question. Nous vivons cela très
sereinement.
M. Lincoln: Je voudrais poser une dernière question sur ce
sujet avant de passer à quelque chose d'autre. Je cite une de vos
réponses à la commission parlementaire qui a étudié
le projet de loi 89. Répondant à mon collègue de
Jean-Talon, vous disiez: Ces questions ne sont pas tellement théoriques;
il est possible que l'Assemblée soit saisie de changements à
d'autres lois, dont celle du ministère des Affaires
intergouvernementales, et, éventuellement, celle du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Il vous demandait: Comment se fait-il que le projet de loi n'amende
d'aucune façon la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales? Vous avez répondu: Ces questions ne sont pas
tellement théoriques; il est possible que l'Assemblée soit saisie
de changements... Six mois, cela a sûrement produit des problèmes
à résoudre, des différends à arbitrer puisque c'est
cité. Est-ce que vous prévoyez, à l'avenir, la
nécessité d'amender la loi? Quel genre d'échéancier
envisagez-vous pour la période de rodage?
M. Landry: D'abord, en ce qui a trait aux amendements
législatifs, la question n'était pas théorique à
l'époque et elle ne l'est pas plus aujourd'hui. Le plus bel exemple,
c'est vous-même qui l'avez apporté: la SDI-Exportations.
Actuellement, c'est la SDI, dans son volet exportation, qui s'occupe d'un
très grand nombre de dossiers qui touchent directement le commerce
extérieur. Je vous ai expliqué pourquoi on a laissé cela
ainsi et je vous ai dit que l'échéancier serait fixé par
le volume des dossiers. Si on se rend compte qu'il devient économique,
qu'il devient pratique sur le plan administratif de
confier à une unité autonome, à une cellule
autonome les questions de financement à l'exportation, on le fera, mais
ce n'est pas le cas. Je pourrais prendre une décision arbitraire et
mauvaise en disant: Je vais aller au Conseil des ministres et je vais demander
cela. Je ne le ferai que quand le volume des dossiers le justifiera. C'est une
approche pragmatique. Pour cette raison, je ne veux pas me couler dans le
ciment sur des échéanciers.
Maintenant, vous avez beaucoup parlé du député de
Jean-Talon et à bon droit puisqu'il est intervenu fréquemment
à la commission sur l'étude du projet de loi. Je vais vous
expliquer en partie d'où vient son intérêt: il a
vécu dans un gouvernement.
M. Lincoln: Oui, justement.
M. Landry: II vous a peut-être raconté, comme il me
les a racontées, de nombreuses anecdotes extrêmement juteuses sur
ce problème que tous les gouvernements de la terre affrontent
quotidiennement, le problème d'arbitrage entre les divers niveaux de
juridiction. C'est simplement parce qu'il connaît bien la gestion d'un
gouvernement au jour le jour que le député de Jean-Talon est si
inspiré dans ses questions, celles qu'il m'a posées à
l'époque et celles qu'il a posées à mon collègue
des Affaires intergouvernementales. Je le sais très bien. Cela
démontre qu'il a vécu près du pouvoir.
M. Lincoln: II m'a dit qu'ayant vécu la chose, il est
beaucoup plus conscient des problèmes que cela crée. C'est
justement pourquoi il pose ces questions. Il semble y avoir un illogisme dans
ces contradictions.
M. Landry: C'est parce qu'il a vécu la chose qu'il est
également conscient du fait que certains problèmes ne sont pas
réglables. Je ne sais pas si c'est lui, mais je crois que c'est lui qui
me racontait l'anecdote suivante: II y avait un différend, une zone
grise, dans son temps, entre le ministre responsable de l'eau et le ministre
responsable de l'environnement. Le ministre qui était responsable de
l'eau avait dit à l'autre: C'est clair, quand l'eau est propre, c'est
moi et, quand elle est sale, c'est toi. C'est une façon un peu
caricaturale de résoudre des différends qui sont dans la nature
des choses.
M. Lincoln: Et vous, êtes-vous dans l'eau propre ou dans
l'eau sale?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Landry: II ne faut pas mélanger les eaux, en tout cas,
ce n'est jamais une bonne chose. On est mieux d'avoir des récipients
spéciaux pour les unes et les autres.
M. Lincoln: Du côté du commerce extérieur, on
va souhaiter que ce soit l'eau propre.
M. Landry: II y a beaucoup de gens qui, pour des raisons
philosophiques qui ne tiennent pas, considèrent que les questions
commerciales ne sont pas parmi les plus nobles. Ils pensent que c'est un peu se
salir les mains que de faire du commerce. Moi, je pense le contraire, je pense
que c'est un élément fondamental de la vie économique.
Représentation à
l'étranger
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut parler de la représentation
à l'étranger? Vous avez parlé de plusieurs formules dans
différents articles qui ont été écrits et qu'on a
lus. Vous avez parlé d'un groupe d'agents itinérants - vous avez
peut-être retenu cette formule - à commission, d'utiliser le
programme existant de délégations, de conseillers
économiques permanents. Ensuite, vous avez aussi parlé de
vendeurs à temps partiel, d'agents à temps partiel qui pourraient
être des employés de grandes firmes à l'étranger
ou... J'aurais voulu savoir, par exemple... Je sais que les Suédois
suivent le "straight council", emploient une formule de gens de l'entreprise
qu'ils envoient à l'étranger, qu'ils ont testés au cours
des années, etc. J'ai rencontré en fait un des
préposés suédois pour expliquer tout le système,
etc. D'abord, est-ce que vous avez fait une analyse de tous ces
différents types de représentation, agent itinérant, agent
à commission, avec tous les critères, les données? Est-ce
que vous pouvez nous la faire voir? Est-ce qu'on peut savoir quel genre
d'analyse vous avez faite? (16 h 15)
M. Landry: J'ai fait une analyse pour les itinérants. Je
me suis branché. J'ai demandé des budgets. Je suis sur le point
d'en nommer. Combien? Trois. Le Conseil du trésor m'a donné les
postes. Pour les itinérants, mon analyse est terminée, mes
activités commencent. C'est une façon peu coûteuse, vous en
conviendrez, d'élargir notre représentation à
l'étranger. Si l'itinérant doit aller deux semaines dans le pays
X pour aider à la conclusion de quelques transactions et faire un
certain nombre de contacts, cela me coûte moins cher de lui payer ses
billets d'avion que de le transporter là avec femme et enfants pour un
an, deux ans ou trois ans. Quant à l'analyse des deux autres
possibilités que je considère, c'est-à-dire les agents
à commission et la coopération avec le secteur privé, mon
analyse n'est pas terminée. Les travaux faits jusqu'à ce jour
sont sous forme de consultation avec les hommes d'affaires. Je pense que c'est
encore une des meilleures sources pour nous dire comment agir ou ne pas agir.
Cependant, comme je prévois que
mes consultations vont aboutir bientôt et que j'aurai une doctrine
précise, vous allez voir dans les crédits que j'ai prévus
des montants modestes pour faire des expériences dès le
présent exercice avec ces différentes formules.
Mais, si je retiens, par exemple, une fois mes travaux conclus, qu'il me
faut des conseillers à temps partiel ou des conseillers reliés
à des bureaux du secteur privé, je n'en nommerai pas 50 la
première année. Je vais commencer par un, deux, trois. Cela va me
coûter quelques centaines de milliers de dollars. Quand j'aurai six mois,
dix mois, un an de performance, si cela marche, je passerai à 10,
à 20, à 30, mais ne me demandez pas de commencer de vastes
activités sans que ce soit bien éprouvé sur le terrain.
Vous comprenez ce que je veux dire. Vous allez retrouver aux crédits des
montants pour cela, qui sont des montants modestes et, si cela marche, je vous
garantis que, l'an prochain, je ferai l'impossible pour décrocher des
gros montants, des grosses activités, mais, pour cette année,
non.
M. Lincoln: Ce que je vous demandais vraiment, M. le ministre,
c'est que, quand je parle d'analyse, il me semble que, si on analyse le type,
les formules de représentation, il y a différentes formules.
Vous-même vous en citez plusieurs, il y en a d'autres dont on se sert
dans les différents pays du monde. Il y a des formules, par exemple, que
le Canada emploie. Est-ce qu'on a fait une analyse comparative d'une formule
à l'autre? Là, vous me dites qu'on a analysé les formules
d'agents itinérants. Je ne sais pas quelle base vous avez prise, si
c'est purement la base du coût de ces agents itinérants. Quand je
parle de critères, je parle des coûts, je parle de la performance
potentielle, je parle des avantages comparatifs et des désavantages
comparatifs de ce système, comparé aussi à tous les autres
systèmes existants, les autres systèmes potentiels et les
systèmes dans les autres pays, les autres agences, comme, par exemple,
ceux dont les autres provinces se servent. Est-ce qu'on en a fait une analyse
détaillée, globale, en voyant un peu l'un contre l'autre? Quels
sont les critères dont vous vous servez pour dire: L'agent
itinérant, pour le moment, c'est bon? Ou bien, est-ce une affaire qu'on
a faite en disant: Un agent itinérant, cela ne coûte pas trop
cher? On va essayer cela. Si cela marche, ça marche. Si cela ne marche
pas, ça ne marche pas.
M. Landry: Vous me fendez le coeur, M. le député,
de me prêter des méthodes aussi simplistes dans la gestion du
ministère. On a fait une analyse. Comme je vous le dis, elle n'est pas
encore conclue, mais je vais vous en donner un avant-goût. Prenons
l'option 1; une des façons de faire l'analyse, c'est de faire les listes
des avantages et des inconvénients. L'option 1, c'est la
représentation par une société québécoise
qui a un bureau à l'étranger.
Premier avantage, possède une certaine connaissance de la
structure industrielle du Québec, de ses forces et faiblesses et de
l'offre québécoise. Deuxième avantage, possède une
connaissance du marché, des structures, du milieu, etc. Troisième
avantage, peut nous fournir des informations de premier ordre difficiles
à obtenir autrement. Quatrième avantage, peut accueillir et
encadrer possiblement des hommes d'affaires québécois en
visite.
Dans la colonne de droite, les inconvénients. Il est difficile
d'exercer un contrôle. La société pourrait chercher d'abord
son intérêt avant l'intérêt du Québec, qui ne
coïncide pas forcément. Le troisième inconvénient,
risque de manque de confiance de la part des hommes d'affaires
québécois et particulièrement des compétiteurs. Le
quatrième inconvénient, risque de conflits entre
sociétés québécoises, mettant le ministère
dans une position délicate, etc.
Vous voyez que j'ai une étude systématique des avantages
et des inconvénients de cette formule d'une option 2 qui s'appelle
Représentation par une société étrangère,
d'une option 3, qui s'appelle Démarcheurs à commission, d'une
option 4 qui s'appelle Conseillers économiques itinérants, d'une
option 5 qui s'appelle chambres de commerce, Québec et autres pays.
Donc, même la formule que vous évoquez pour les Suédois.
J'ai tout cela sous les yeux. Je ne suis pas en mesure présentement de
conclure, je le ferai dans les mois qui viennent et, pour chacune de ces
formules, si elle est retenue, vous aurez d'ici douze mois une
expérimentation en marche. Après cela, on pourra parler de
méthodes empiriques.
Pourquoi j'ai choisi les agents itinérants aux yeux des
informations que je vous communique? C'est parce que les avantages
excédaient de beaucoup les inconvénients. Je vous dis les
avantages. L'avantage du conseiller économique itinérant: il
connaît bien la structure industrielle du Québec, c'est un
Québécois, il connaît l'offre québécoise et
les priorités gouvernementales, il vit ici. Deuxièmement, il peut
cueillir des informations de premier ordre dans les pays étrangers
à court terme. Troisièmement, il peut établir des contacts
permanents avec des représentants des secteurs privé et public et
tisser un réseau utile à nos hommes d'affaires. Il peut encadrer
l'entreprise québécoise ici et là-bas puisqu'il est
basé au Québec, mais il voyage. Quels sont les
inconvénients? Des frais de voyage élevés. Cela va de soi.
Il prend des avions déjà. Deuxièmement, il doit
s'expatrier plusieurs
mois par année, c'est un inconvénient pour lui.
Il faut maintenant - et c'est ce que j'ai fait - comparer le prix des
billets d'avion et le prix d'avoir le gars avec sa femme et ses enfants dans
une résidence qui est une résidence de calibre diplomatique en
pays étranger, ce que cela me coûterait, etc. Je n'ai pas
hésité et j'engage trois conseillers économiques
itinérants. Vous voyez que notre processus décisionnel est
rigoureux et que, dès que nous sommes en mesure de conclure, nous
concluons et nous passons à l'action.
M. Lincoln: Pouvez-nous dire s'il y a d'autres pays qui ont fait
cette expérience déjà? Est-ce qu'il y a d'autres
régions ou États des États-Unis ou est-ce la
première expérience, à votre connaissance, qui se fait
pour les conseillers itinérants? Est-ce que cela se pratique
déjà?
M. Landry: Pour les itinérants, il y a plusieurs pays qui
utilisent des itinérants à un degré ou à l'autre.
Pour le reste, mes consultations dans le monde du commerce extérieur,
soit à Ottawa ou en France ou en Belgique ou en Colombie, me
démontrent que les pays ont été assez peu innovateurs et
que la représentation économique s'est constituée autour
de la représentation diplomatique traditionnelle, c'est-à-dire
structure d'ambassades, de consulats avec des tâches de chancellerie, des
tâches politiques, etc. On a simplement, peu à peu au cours de
l'histoire, fait diverger le diplomate conventiel vers une certaine vocation
économique et là on a les "trade officers" et on a eu tous ces
gens. On ne peut pas dire qu'il y a beaucoup d'innovations en ce domaine dans
les pays dont j'ai des informations et pour lesquels j'ai consulté
jusqu'à ce jour. Évidemment, tout en étant prudent et en y
allant pas à pas, le Québec serait très heureux de pouvoir
apporter une expérience positive à la communauté
internationale dans ces matières.
M. Lincoln: Vous parlez de trois conseillers itinérants.
Dans votre livre, si je me souviens bien, on parlait de deux, un pour
l'Algérie et un pour le Moyen-Orient. Vous parlez de trois; le
troisième est où?
M. Landry: Le troisième va au pacte Andin. Les pays
signataires du pacte Andin, les pays bolivariens, plus quelques autres.
M. Lincoln: Les trois sont basés au Québec.
Pouvez-vous nous donner une formule, comment est-ce que ces gens vont
fonctionnner? Ces gens sont basés au Québec, disons qu'on parle
de celui qui va faire le Moyen-Orient, vous avez parlé principalement de
l'Arabie Saoudite et des émirats. Il me semble que cette personne va
faire plus que cela, elle fera tout le Moyen-Orient, le Liban, etc., je
suppose. Que fait-elle? Va-t-elle là pour une période
donnée? Pendant un certain temps, elle voyage dans toute la
région et elle revient Québec et repart ensuite? Pouvez-vous nous
en donner une idée? Ou est-ce à l'état
expériemental?
M. Landry: Eh bien, le conseiller va faire un peu comme moi. Il
va faire ses valises et il va aller là où les besoins le
requièrent, mais tout cela, c'est fait d'une façon
extrêmement systématique. Je vous réfère à
cet opuscule que j'ai mentionné qui s'appelle: Exporter, c'est pas
sorcier. Vous avez le calendrier des missions et des expositions à
l'extérieur du Québec, 1983-1984. À peu près tous
les pays et toutes les villes de la planète y passent. Alors, notre
conseiller itinérant pour une région géographique
donnée va s'associer au calendrier de toutes les activités de
cette région qui sont prévues d'avance. L'an prochain, il va
pouvoir influencer lui-même ce calendrier et il va faire des missions
spécifiques sur tel ou tel type de produit de temps à autre. Je
vous donne un exemple. Actuellement, nous ne sommes pas
représentés en Colombie, sauf que nous avons d'énormes
projets en Colombie. J'ai moi-même fait une mission qui m'a amené
à rencontrer le président de la république, Bellisario
Bétancour, et un certain nombre de ses ministres. Nous avons de grands
projets hydroélectriques et un grand projet de transport en commun qui
est le métro de la seconde ville en importance du pays, la ville de
Medellin. Alors, j'envoie des gens en mission extraordinaire, comme
itinérants. J'ai un fonctionnaire de mon ministère qui est
hispanophone, qui connaît bien les pays andins et dont l'épouse
est d'origine latino-américaine, qui se déplace dans les pays
où je crois nécessaire de l'envoyer, soit pour préparer
les missions ou pour en consolider d'autres. Quand je suis allé en
Colombie, par exemple, nous n'avons pas de représentation en Colombie ou
au Pérou. La Colombie est un peu différente. Le cas du
Pérou, c'est M. Camille Côté, le fonctionnaire en question,
qui m'a précédé là, qui a organisé le
voyage, qui a ouvert les portes et qui a permis que la mission soit un
succès. Cela m'a coûté moins cher d'envoyer M. Camille
Côté là, de payer ses billets d'avion et son hôtel
que de le déménager dans ce coin-là avec femme et enfants
dans une luxueuse résidence diplomatique. Poser la question, c'est y
répondre.
M. Lincoln: II y a eu des articles de journaux - je ne sais pas,
je vous pose la question - au sujet de l'Algérie, disant que le
ministère des Affaires intergouvernementales voulait ouvrir un bureau de
délégation
à Alger tandis que vous auriez préféré la
méthode d'un conseiller itinérant.
M. Landry: Oui. Remarquez que ce n'est pas antagoniste l'un et
l'autre dans le temps. Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée d'aller
éventuellement à Alger, je dis qu'il serait sage de
préparer le poste algérien tout le temps qu'il faudra en
utilisant un itinérant. Alors, c'est un aspect transitoire d'une
même réalité.
M. Lincoln: Vous avez parlé de deux itinérants dans
votre budget. Là, il y en a trois. Ce troisième est-il extra ou
est-ce qu'il y a un des postes que vous aviez spécifié pour autre
chose qui devient un conseiller itinérant? Quel genre de dépenses
prévoit-on par personne? Combien cela va-t-il coûter
comparé à un autre? Avez-vous des chiffres à nous
donner?
M. Landry: Vous m'embêtez un peu, pas sur les chiffres.
C'est parce que j'ai une stratégie que je suis en train de
développer qui me permettra de réduire de beaucoup mes
coûts d'itinérants. Je pense qu'il ne serait pas dans
l'intérêt public que je vous la communique.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous situer ces itinérants par
rapport au budget, par exemple?
M. Landry: Justement. Si je réussis, pour ce
cas-là, à faire ce que j'ai l'intention de faire, cela va me
coûter beaucoup moins cher que d'avoir un itinérant qui partirait
de Montréal chaque fois.
M. Lincoln: Ce sont les fonctionnaires à salaire qui
auront...
M. Landry: Oui, oui, ce sont les membres de la fonction
publique.
M. Lincoln: De la fonction publique du Québec qui seront
attachés à la DGEM.
M. Landry: Absolument! Je vous ai dit que je n'avais
recruté personne à l'extérieur du gouvernement. Alors,
cela s'applique à ceux-là comme aux autres.
M. Lincoln: Vous avez dit que vous aviez déjà en
place ces fonctionnaires. Est-ce que ce sont des gens de la DGEM qui seront
affectés comme conseillers itinérants ou est-ce que ce seront des
gens que vous allez recruter ailleurs ou quoi?
M. Landry: Mis à part le cas de M.
Côté...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...je vous l'ai dit, que j'ai employé comme
cela, qui est déjà un de nos permanents, on est en train d'en
recruter deux autres, mais à l'intérieur de la machine
gouvernementale.
M. Lincoln: Si je comprends bien, ce sont des gens
déjà expérimentés dans le commerce
extérieur.
M. Landry: Ce sont des concours avec jury, vous pensez bien, et
on prend toujours le meilleur candidat possible dans les circonstances. On
attache beaucoup d'importance - cela ne vous surprendra pas -à la
connaissance des langues étrangères pour les régions du
globe où ils auront à travailler. Tous nos agents en
Amérique latine, par exemple, sont couramment hispanophones. Nous
essayons d'exiger la même chose pour toutes les régions du monde
où nous travaillons. Vous savez que nos gens de Tokyo parlent le
japonais et ainsi de suite. (16 h 30)
Le programme APEX "F"
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait passer au programme APEX? J'ai
envie de regarder certains chiffres avec vous concernant le programme APEX,
surtout le programme APEX "F", parce que, si vous vous en souvenez, je vous ai
posé des questions en Chambre là-dessus. Franchement, à
regarder la paperasse, on ne réussit pas du tout à concilier les
chiffres, cela a l'air tout à fait flou. Ici, on parle du programme APEX
"F". En 1982-1983, il y avait des crédits totaux de 3 700 000 $.
M. Landry: Exact.
M. Lincoln: II y avait deux ventilations, une première en
août 1982 et ensuite en janvier 1983.
M. Landry: Exact.
M. Lincoln: Exact. Cette année, il y a des crédits
de 6 000 000 $.
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Ce que nous ne pouvons pas concilier, d'abord, c'est
la partie budgétaire assignée au commerce extérieur de
janvier à mars ou avril 1983. Il semblerait, selon les chiffres que vous
nous avez donnés, que presque 80% du programme ont été
dépensés. Je pense que vous avez parlé en Chambre de 3 300
000 $. Cela ne se concilie pas du tout avec les chiffres que nous avons. Par
exemple, nous voyons, dans le premier volet du programme, dans les
crédits, qu'il y a eu 26 dossiers. On a dépensé une somme
de
854 000 $ aux premiers crédits. La somme inutilisée
était de 545 000 $. Dans la seconde tranche de janvier, il semblerait
qu'on ait utilisé 1 100 000 $ et que le montant inutilisé
était de 816 000 $. D'après nos chiffres, nous voyons qu'il y a
bien plus de 1 000 000 $, soit 1 300 000 $, exactement, qui semblent
inutilisés au programme APEX "F". On ne peut pas concilier cela avec -
c'est ce que le ministre m'a dit en Chambre, il faudrait que je revois les
rubans - les 3 300 000 $. Cela a l'air tout à fait contradictoire avec
les chiffres.
M. Landry: L'occasion est propice pour aller au fond des choses.
Je ne vois pas pourquoi vous n'auriez pas toute l'information parfaitement
conciliée. J'ai avec moi le responsable, le directeur
général de la direction qui dispense les programmes APEX. On va
essayer de reprendre cela soigneusement...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...pour que vous ne restiez sur votre appétit
et que vous sachiez vraiment de quoi on parle.
Au 31 décembre 1982, qui était la date ultime
d'inscription de dossiers pour ce programme, nous avions 114 demandes
d'enregistrées. Au 31 mars 1983, 77 demandes étaient
acceptées, 26 annulées ou refusées, 11 encore à
l'étude. Vous avez très bien mentionné les crédits,
mais j'ajouterais encore quelques détails. Vous avez dit que, en
1982-1983, les crédits totaux étaient de 3 700 000 $ - c'est vrai
- obtenus en deux temps, 1 200 000 $ en août 1982, 2 500 000 $ en janvier
1983. Les premiers 1 200 000 $, donc ceux d'août 1982, ont permis de
traiter 25 dossiers et la deuxième tranche, les 2 500 000 $, 52
dossiers.
Au 31 mars 1983 - on parlera maintenant de versements d'argent 2 400 000
$ avaient été versés à 77 entreprises. 20
entreprises ont reçu les deux versements prévus - ici, c'est
important que je vous parle un peu des versements...
M. Lincoln: Oui, on sait comment cela fonctionne.
M. Landry: ...et 57, le deuxième versement, ceci
représentant une somme globale de 1 300 000 $ restant à venir.
C'est le deuxième versement. On se comprend?
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Or, le rapport du contrôleur financier - c'est
bien cela? - en date du 13 mai 1983, donc c'est récent...
M. Lincoln: C'est bien 1 362 184 $?
M. Landry: Je vous ai dit 1 300 000 $ en arrondissant un peu. Le
chiffre exact pour le contrôleur des dépenses est de 1 354 837,05
$.
Une voix: 350 000 $.
M. Landry: 1 350 837,05 $. Alors, cela correspond en gros
à ce que j'ai dit, 1 300 000 $ restant à venir pour le
deuxième versement. Je continue. Cette somme de 1 300 000 $
prévue aux crédits 1982-1983 a été
périmée le 31 mars 1983 et devra être versée en
1983-1984. On est engagé, mais on n'a pas versé. Pourquoi on n'a
pas versé? C'est à cause du phénomène du
deuxième versement et, une exception, une des entreprises sur le groupe
a fait faillite; alors la, on ne versera pas. J'espère ne pas verser. Le
syndic peut nous poursuivre et demander de verser. Enfin, une des entreprises
dont le dossier était accepté en 1982-1983 qui s'appelle X - ce
n'est peut-être pas correct de mentionner son nom ici -n'a reçu
aucun versement, car elle a déclaré faillite. Le dossier est
entre les mains du syndic.
M. Lincoln: M. le ministre, la tranche de 2 500 000 $, qui a
été versée, je pense, aux environs du 23 janvier 1983,
coïncidait avec la date de sanction du ministère. Je me souviens,
je lisais un article du journal Les affaires où vous disiez: Les 2 500
000 $, pas de problème, on va dépenser cet argent d'ici le 31
mars. En fait d'après notre information, cela prend six semaines pour un
programme APEX pour transiter, se faire étudier, atteindre le stade du
versement. Quand vous dites 1 350 000 $, quand vous avez annoncé 2 500
000 $, est-ce qu'on savait qu'on allait dépenser 2 500 000 $ ou bien si
on savait que cette somme de 1 350 000 $ était restée en suspens?
Est-ce que cela peut être versé ou si cela ne peut pas être
versé? Mais, en fait, l'échancier était beaucoup trop
restreint.
M. Landry: Évidemment, on le savait, c'est dans la nature
des choses; puisque vous m'avez dit que vous compreniez le mécanisme des
versements, vous devez en déduire...
M. Lincoln: Oui, je comprends le mécanisme des
versements.
M. Landry: ...qu'on le savait et, sans doute, ce journaliste de
bonne foi a pris la notion de dépense pour la notion d'engagement, qui
sont deux notions différentes. La notion d'engagement veut dire que
l'argent sera versé, mais il ne l'est pas fatalement. Pourquoi il ne
l'est pas? C'est parce qu'on ne veut pas se faire jouer de tour. On ne veut pas
débloquer le chèque.
On dit: D'accord, on vous approuve 50 000 $, mais on ne vous envoie pas
un chèque de 50 000 $ parce que, si vous faites faillite trois semaines
après, on va avoir l'air fin. On aura mis dans un gouffre sans fond 50
000 $ d'argent public pour rien. Alors, on y va par versement à mesure
que les travaux progressent.
Maintenant, vous avez parlé de six semaines de délai.
M. Lincoln: Avec APEX "F".
M. Landry: Vous ne pouvez pas avoir raison pour l'ensemble des
programmes APEX. Est-ce que vous vous concentrez sur "F"? Parce que, en ce qui
concerne l'ensemble des programmes APEX, on m'a rapporté des cas
où cela a pris six jours.
M. Lincoln: Non, je parlais de "F", je parle des APEX "F", le
programme de 50 000 $.
M. Landry: Les APEX "F", six semaines, ce n'est pas de quoi faire
dresser les cheveux sur la tête. Vous savez ce que sont les APEX "F"?
C'est pour subventionner, non pas un "one shot deal", comme on dit, mais une
stratégie de marketing, une vaste opération de marketing bien
planifiée.
M. Lincoln: Excusez-moi de vous interrompre. Je suis d'accord
avec vous, M. le ministre. Ce que je voulais faire ressortir, c'est que le 23
janvier vous annonciez que vous aviez 2 500 000 $. Si vous prenez six semaines
pour APEX, c'est presque impossible parce qu'on arrivait à
l'échancier du 31 mars presque automatiquement. Cela vous donnait
à peine le temps de faire l'étude des dossiers.
M. Landry: On avait déjà dans notre machine 114
demandes. Je suis sûr que vous ne me reprochez pas de prendre six
semaines pour étudier un dossier de plan de marketing qui implique 50
000 $ de dépense. Vous me le reprocheriez d'autant moins que le
ministère est en train de s'organiser - à cette époque,
c'était encore plus vrai, le ministère est né en janvier -
et est dans une période de rodage. Pour cette question d'engagement et
de dépense, cela tombe sous le sens que, si un journaliste dit que
j'allais dépenser cet argent, il a mal interprété mes
paroles et il a pris la notion de dépense pour la notion d'engagement.
Parce que, si j'avais dépensé cet argent dans une période
de huit ou dix semaines, j'aurais été un très mauvais
administrateur des fonds publics et j'aurais lancé l'argent par les
fenêtres.
Une autre question technique que peut-être il faut ajouter, c'est
que, quand on fait des versements, il y a des programmes où on fait des
versements, mais on sait que le deuxième versement aura lieu un an
après, le troisième versement, un an et demi après. Dans
ce cas, le versement est fonction de la rapidité avec laquelle
l'entreprise va mettre son programme en marche. Il y a des entreprises qui nous
arrivent et qui reviennent pour un deuxième versement trois semaines
après, parce que c'est fait, c'est réglé et qu'il faut
payer. Il y a d'autres entreprises qui ont un programme qui s'étale sur
douze mois. Voilà un cas où le gouvernement est obligé de
s'engager sur des versements dans le temps, parce qu'il ne sait pas s'ils se
produiront dans trois semaines ou dans trois mois. Et il faut qu'on nous envoie
les factures. Il faut, autrement dit, qu'on ait fait la dépense, qu'on
ait complété l'affaire. Alors, le paiement peut s'étendre
sur douze mois, comme il peut s'étendre sur trois mois ou trois
semaines.
M. Lincoln: Moi, ce que je voulais savoir, c'est quel est votre
critère pour évaluer... Par exemple, vous mettez 6 000 000 $ dans
le budget de l'année 1983-1984. Est-ce que c'est sur le nombre
anticipé de dossiers ou si vous dites: Bon, on a 6 000 000 $, on va
essayer de... Ou bien, vous avez déjà en banque des centaines de
dossiers qui...
M. Landry: C'est le nombre anticipé de dossiers.
M. Lincoln: Le nombre anticipé de dossiers pour
l'année. Ce que je ne peux pas comprendre, encore une fois, au sujet des
engagements financiers du programme APEX, c'est que cela n'indique pas que
c'est le programme APEX "F"; cela indique APEX. Mais, d'après les
montants, cela me semble être APEX "F", parce que ce sont des montants de
49 000 $...
M. Landry: C'est du "F".
M. Lincoln: C'est du "F", c'est sûr, parce que l'autre est
de 5000 $.
M. Landry: C'est sûr que c'est du "F".
M. Lincoln: J'essaie de me retrouver dans la liste de vos
crédits. Vous dites: Subventions accordées dans le cadre du
programme APEX "F", 1982-1983. Je cherche dans les engagements financiers et
ces firmes-là ne s'accordent pas du tout avec votre liste. Je ne peux
pas comprendre comment cela se fait. Voilà les montants qui apparaissent
à la liste des subventions accordées au programme APEX "F",
Commerce extérieur. En avril 1983: 582 000 $. En mars 1983: 938 000 $.
J'essaie de trouver le nom de ces firmes. Par exemple, vous avez la firme
Dutailier à Saint-Pie de Bagot. Je ne la retrouve pas
ici. Oui, je la retrouve. C'est la même?
M. Landry: Chaises berçantes et ensembles de salon en bois
franc: 49 920 $.
M. Lincoln: Si vous prenez, par exemple, les montants que vous
donnez:
Géomines. Dans votre liste, nous avons...
Géomines, c'est la même chose. C'est 1 500 000 $.
M. Landry: ...aussi, M. le député? M. Lincoln:
Oui.
M. Landry: Au 31 mars? J'ai une précision qui pourrait
peut-être vous aider. Dans mon tableau no 1, à la page 9...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Cela commence par Astell, Aviatech, Bonneterie Paris,
etc.
M. Lincoln: Oui, je crois que je le retrouve.
M. Landry: Cela, c'est au 31 mars et ce ne sont pas des
engagements, c'est de l'argent dépensé.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Vous voyez? Alors, n'essayez pas de concilier cela
avec les engagements. Vous n'y arriverez pas.
M. Lincoln: Tout cela, c'est de l'argent
dépensé?
M. Landry: C'est cela, n'est-ce pas? Page 9, tableau 1, au 31
mars.
M. Lincoln: Où retrouve-t-on cela?
M. Landry: Vous, ce sont les engagements et moi, ce sont les
dépenses.
M. Lincoln: Où retrouvez-vous Astell là-dedans?
À moins que cela ne soit avant?
M. Landry: II y a les deux là-dedans: il y a du
payé et de l'engagé; c'est cela? D'accord, alors correction. Dans
mon tableau 1, à la page 9, il y a du payé et de
l'engagé.
M. Lincoln: Et cela, ce sont purement des engagements?
M. Landry: Vous, ce que vous avez à la commission des
engagements financiers, ce sont purement des engagements.
M. Lincoln: Alors, cela, c'est une mixture de l'engagé et
du payé?
M. Landry: Du payé et de l'engagé. Donc, n'essayons
pas de faire des additions. Cela ne se recoupera pas.
M. Lincoln: C'est bon à savoir. D'après ce que je
comprends, c'est 1 350 837 $ qui est engagé, mais pas payé?
M. Landry: C'est cela, 1 300 000 $. On n'a pas les factures.
M. Lincoln: Les 6 000 000 $ sont en prévision des dossiers
anticipés pour la prochaine année.
M. Landry: On anticipe les dossiers parce que le programme est de
plus en plus connu et on anticipe la reprise économique aussi, qui est
une réalité qui fait que, par exemple, dans certaines industries
comme le bois de sciage, les exportations ont considérablement
augmenté, etc. (16 h 45)
M. Lincoln: À partir de 1983-1984, tout cela relève
à 100% du Commerce extérieur. Depuis janvier, tous les programmes
- avant, il y avait les programmes APEX du MICT -sont maintenant
terminés. On parle maintenant du Commerce extérieur.
M. Landry: À 100% du Commerce extérieur pour le
présent exercice financier.
M. Lincoln: Les crédits de 1982-1983 pour les APEX "B",
"C" et "D", recherche, expositions et promotion, etc., étaient d'un peu
plus de 1 000 000 $. Cette année, ils sont de 878 500 $ pour 1983-1984.
Pourquoi parle-t-on d'une baisse de 150 000 $ pour les APEX "B", "C" et "D"?
Est-ce que vous avez décidé de réduire les programmes?
M. Landry: On a restructuré les programmes. En fait, nous
n'avons par réduit les crédits, M. le député. Dans
le budget de l'an dernier, il y avait un "E" non normé qui était
inclus là-dedans. Cette année, on l'a mis à part. Il y a
150 000 $ à part, cela fait donc à peu près le même
budget que l'an passé.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez m'expliquer le
non-normé de 150 000 $?
M. Landry: Le non-normé est pour des cas imprévus.
Je n'ai pas eu à en signer beaucoup parce ce que la plupart de ces
choses-là ont été faites avant que le ministère
existe, mais j'en ai signé un. Je vais vous donner un exemple. Un
spécialiste québécois veut aller étudier les
questions concernant le contrôle de la qualité. C'est une
recommandation du virage technologique. Nous n'avons pas, pour le pays
visé, d'expertise sur les procédés de contrôle de la
qualité. Nous décidons, hors norme, d'envoyer
un expert québécois. Nous partageons ses frais de
déplacement ou de séjour. Cela nous coûte environ 6000 $.
Il va dans le pays en question, visite les centres de qualité, analyse
les méthodes de contrôle de la qualité et nous fait
rapport. Voilà l'exemple d'un APEX non normé. Ce sont des
situations que les règlements les plus élaborés, les
normes les plus complexes ne pourraient pas prévoir et qui
paralyseraient l'action du gouvernement pour des choses pourtant
essentielles.
Je vous ai parlé d'une restructuration des programmes, ce qui
devrait rendre votre étude des crédits plus simple l'an prochain.
Je tiens à déposer devant cette commission les nouveaux
règlements, les nouvelles descriptions de programmes. J'ai même le
formulaire dont les entreprises se serviront pour mobiliser ces programmes.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, juste pour vous
dire qu'en commission parlementaire, il n'y a pas de dépôt, mais
je présume que vous faites circuler...
M. Landry: Pour l'information.
M. Lincoln: On a le consentement pour le dépôt...
Selon votre cahier explicatif, vous dites que, du mois d'avril 1978 au mois de
mars 1983, le gouvernement a consacré au programme - on parle de APEX -
un budget de 5 300 000 $, ce qui a permis 1728 interventions. Les ventes
déclarées sur place pour avril 1978 à septembre 1982
s'élèvent à 37 500 000 $. Les ventes au cours des douze
mois qui ont suivi ces déplacements sont d'environ 371 000 000 $.
Comment arrivez-vous à cette évaluation? Est-ce une
estimation?
M. Landry: On questionne les entreprises. Les ventes
déclarées sur place constituent les rapports de missions.
Ensuite, on retourne les voir pour les ventes se développant dans les
douze mois qui suivent sur les marchés en question. C'est une
méthode acceptable sur le plan de la statistique. Cela fait ressortir
que ces programmes-là sont extrêmement rentables.
Aide au développement
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut passer au programme d'aide au
développement? C'est le nouveau programme que vous administrez, celui du
rabais de taux d'intérêt pour les firmes québécoises
ayant besoin de financement.
M. Landry: C'est le volet 5.
M. Lincoln: C'est le volet 5. Est-ce que c'est pour aider le
financement par rapport aux taux d'intérêt ou si cela peut
être une subvention à long terme? Est-ce que c'est
l'équivalent, par exemple, du programme de la SEE par rapport aux
exportations?
M. Landry: D'abord, vous mentionnez la SEE. Je vous dis
dès le départ que plusieurs exportateurs se plaignent que,
même avec les efforts du gouvernement du Canada, ils ne sont pas
armés comme la concurrence l'est en pays tiers et réclament des
programmes supplémentaires, ce que le Québec maintenant
possède par le volet 5.
Le volet 5 permet les interventions de tous les types que vous avez
mentionnés et probablement certains autres. Vous n'avez pas parlé
de la garantie de prêt. Le volet 5 permet d'utiliser l'aval de
l'État québécois pour garantir une institution
financière de la cédule À ou de la cédule B, qui
elle-même avance de l'argent pour financer des travaux, des projets en
pays tiers. Cela peut être garantie de prêts, bonification
d'intérêts, subvention pure et simple, l'idée
générale étant que jamais un de nos industriels ne soit
battu à cause de la concurrence qui lui vient d'un pays dont les
pouvoirs publics soutiendraient mieux que nous les entreprises.
M. Lincoln: Est-ce que cela pourrait être du financement
direct à des pays étrangers?
M. Landry: Absolument. Je vous ai dit qu'on avait six cas
d'étudiés, d'approuvés jusqu'à aujourd'hui ou en
voie de l'être dans les jours qui viennent. Il y a deux de ceux-là
qui sont du financement de pays étrangers. Par exemple, un des grands
problèmes du financement de certaines exportations de matériel
lourd, c'est le financement des travaux locaux. Une institution bancaire va
financer des génératrices pour le pays X, sauf qu'en
général le pays X ne peut pas financer le socle de béton
sur lequel on doit poser la génératrice. Il peut nous arriver
-cela dépend du pays, de son niveau de risque - de donner l'aval du
gouvernement du Québec à une institution bancaire
québécoise de la cédule À ou B qui, elle, va
financer les travaux locaux. Vous voyez ce que je veux dire.
M. Lincoln: Oui. Vous avez parlé de sept projets qui ont
été acceptés jusqu'à présent.
M. Landry: Disons une demi-douzaine qui sont acceptés ou
en voie de l'être. Il y en a deux cet après-midi au Conseil des
ministres, en particulier.
M. Lincoln: Est-ce que vous auriez pu nous dire combien sont des
rabais de taux d'intérêt par rapport à des garanties
bancaires ou par rapport à des subventions?
M. Landry: Je pense qu'on n'a fait aucun rabais
d'intérêt jusqu'à maintenant, on n'a fait aucune
subvention, on n'a fait que des garanties.
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous dire l'ordre de
grandeur de ces prêts, sans citer les firmes et nous dire de quoi vous
parlez?
M. Landry: Oui, je peux vous dire l'ordre de grandeur. La plus
grosse garantie de prêt va jusqu'à 2 000 000 $, la plus petite est
de 500 000 $, je pense.
M. Lincoln: En tout, une affaire de 10 000 000 $...
M. Landry: 75 000 000 $ d'équité aussi dans une
compagnie.
M. Lincoln: Une compagnie étrangère ou une
compagnie québécoise?
M. Landry: On a pris de l'équité dans une compagnie
québécoise travaillant à l'étranger.
M. Lincoln: C'est au ministère du Commerce
extérieur où l'équité se... Comment est-ce que
vous...
M. Landry: C'est la SDI qui détient
l'équité.
M. Lincoln: C'est la SDI qui la détient. Comment se fait
le contrôle sur cet investissement? Est-ce que le contrôle de
l'investissement se fait à travers la SDI? Est-ce que vous avez un droit
de...
M. Landry: Oui, c'est tout le mécanisme que je vous ai
expliqué ce matin selon lequel je ne voulais pas doter le
ministère du Commerce extérieur d'un appareil boursouflé
de contrôles quand la SDI en possède déjà un. La SDI
est mon mandataire, c'est-à-dire le mandataire du gouvernement, pour
faire le suivi de ces dossiers, donc le contrôle dont vous parlez.
M. Lincoln: Quand il s'agit de capital-actions d'une
société qui va opérer à longueur d'année,
qui pourrait peut-être mal opérer, est-ce que c'est vous, en
fait...
M. Landry: Non, je ne suis pas...
M. Lincoln: Non, je ne dis pas cela. Je dis que c'est vous qui
avez fait l'évaluation de la société et de ses
risques.
M. Landry: Vous avez vu le protocole. M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Nous avons fait l'évaluation avec la SDI. On a
même fait notre évaluation parallèle. Ces
évaluations concordaient. On a décidé d'intervenir et la
SDI fait le suivi.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous dire s'il y a d'autres
projets de capital-actions d'équité qui sont en marche?
M. Landry: Je n'ai pas d'autres projets d'équité
sur la table. J'ai des projets de garanties de prêts surtout.
M. Lincoln: Quel est le pourcentage d'actions de la SDI dans
cette société?
M. Landry: C'est 49%.
M. Lincoln: C'est une société qui était
sous-capitalisée et qui ne pouvait pas trouver du capital?
M. Landry: C'est une société
sous-capitalisée et exsangue qui était sur le point de
décrocher un très gros contrat et on aurait été en
passe de la situation absurde que la société se serait
effondrée, disons, à 100 mètres du point d'arrivée,
après des années d'effort. On a décidé de lui
donner le ballon d'oxygène pour faire les 100 mètres, sous forme
d'équité; on a pris 49% des actions.
M. Lincoln: Est-ce que la SDI a des membres au conseil
d'administration?
M. Landry: Deux.
M. Lincoln: Ce ne sera pas comme Madelipêche.
M. Landry: N'élargissez pas le cadre des travaux de notre
commission, M. le député, à la flotte atlantique.
M. Lincoln: Oui. À la flotte atlantique, oui. Ces six ou
sept projets, c'est une affaire d'environ quoi? 10 000 000 $? Est-ce que vous
envisagez des sommes importantes qui pourraient être pour des gros
projets de 10 000 000 $, 15 000 000 $, 20 000 000 $ ou 50 000 000 $, ou bien
m'avez-vous dit qu'il n'y avait pas de limite? Sûrement que, dans l'ordre
de grandeur de vos projections, vous avez un certain nombre d'idées,
parce que le fonds consolidé du trésor ne va pas donner carte
blanche pour n'importe quelle somme d'argent.
M. Landry: D'abord, je veux dissiper une équivoque. Quand
je donne une garantie, cela ne veut pas dire que je débourse ou
même que je débourserai.
M. Lincoln: Bien oui, nous sommes
d'accord.
M. Landry: On saura, dans deux ou trois ans, quand tous ces
projets seront à maturité, s'ils ont coûté 100 000 $
ou s'ils ont coûté 10 000 000 $. Ce serait une hypothèse
pessimiste. Dans l'autre partie de votre question, vous me demandiez s'il y a
une limite. Non. Je vous l'ai dit. Encore une fois, il n'y a pas de limite. Il
s'agit d'étudier les retombées économiques du projet au
Québec, incluant les retombées fiscales. Encore une fois, c'est
théorique, mais, si le projet est de 1 000 000 000 $ et si je me rends
compte qu'il va rapporter à l'économie du Québec,
seulement en retombées fiscales, 50 000 000 $ ou 60 000 000 $, cela
devient un excellent calcul pour moi de l'appuyer pour 5 000 000 $.
M. Lincoln: Dans le fonds consolidé de la province, le
budget prévoyait environ 1 000 000 $ pour l'aide à l'exportation.
Est-ce que c'est relié directement ou indirectement?
M. Landry: Non, c'est une autre affaire.
M. Lincoln: C'est une autre affaire.
M. Landry: C'est une autre affaire. C'est un fonds d'intervention
spécial à la disposition du ministre du Commerce
extérieur, pour des opérations qui demandent peu d'argent, cas
par cas, mais qui peuvent être déterminantes et qui doivent
être mobilisées rapidement.
Voici un exemple concret. Nous nous trouvons avec une mission dans le
pays tiers X. Au jour même de l'ouverture des soumissions, des appels
d'offres sont plus ou moins clairs sur les conditions de crédit et on se
rend compte qu'avec 100 000 $, on peut décrocher un contrat de 20 000
000 $. On peut réagir rapidement. Quelques télex, quelques coups
de fil pour mobiliser le montant de 100 000 $ et décrocher le contrat.
Cela semble un exemple théorique, mais ce que je vous dis là est
arrivé.
M. Lincoln: Quelle est la procédure pour débloquer
ces fonds? Est-ce que vous faites une recommandation au Conseil du
trésor avec le dossier?
M. Landry: Non, je m'adresse au comité ministériel
de développement économique. J'obtiens l'approbation de ce
sous-comité du Conseil des ministres et je reporte le tout au Conseil
des ministres, étant donné que la première analyse est
faite au comité de développement économique.
M. Lincoln: Vous avez parlé de la coopération avec
le fédéral, en réponse à une question du
député de Vachon. Quel est le genre de coopération ou le
genre de relation que votre ministère a avec l'ACDI, la SEE et les
programmes d'exportation du fédéral? En particulier, la SEE.
M. Landry: Je vous ai dit que j'avais décrit ces relations
comme bonnes, qu'elles avaient été amorcées au plus haut
niveau, avec MM. Lumley et Regan. Les fonctionnaires des agences du
Québec et d'Ottawa ont pris le relais. Je n'ai pas de mauvaises
nouvelles de cette coopération. Donc, j'en conclus qu'elle est
fructueuse. J'ai moi-même rencontré, à plusieurs reprises,
les gens de l'ACDI, les gens de diverses sociétés
fédérales d'exportation. Jusqu'à maintenant, comme je vous
le dis, on a plutôt une action qui se "supplémentait" sans
histoire particulière.
M. Lincoln: Est-ce qu'il y a un contact de la part de vos
fonctionnaires qui sont responsables des recommandations qui doivent être
faites par rapport au programme 5, par exemple, ou même par rapport aux
programmes 2 et 3, avec la SEE?
M. Landry: En général, quand je mobilise le
programme 5, il est bien écrit, dans mon mémoire de
l'étude du dossier, que la SEE est intervenue pour tant d'argent. En
général, je "supplémente" la SEE. Donc, il faut que j'aie
l'information de la SEE pour savoir si elle intervient ou pas. (17 heures)
M. Lincoln: Si on prend le projet de Bogota, le projet colombien,
il y a un des projets, BG Checo, qui est financé par la SEE.
M. Landry: Je pense que c'est plutôt l'ACDI.
M. Lincoln: L'ACDI?
M. Landry: Je pense que c'est plutôt l'ACDI.
M. Lincoln: Non, je crois que c'est la SEE.
M. Landry: La SEE. Ce serait au Pérou, l'ACDI.
M. Lincoln: Ce serait quelque chose comme 80%. Comme question
pratique, prenons cela comme exemple.
M. Landry: C'est parce que la SEE n'allait pas aux travaux locaux
dans ce cas et j'ai financé les travaux locaux. C'est un exemple de mon
implication dans les travaux locaux.
M. Lincoln: Dans ce cas, il y a eu un
contact entre les fonctionnaires de la SEE et ceux de votre
ministère.
M. Landry: Je crois pouvoir l'affirmer. Oui, il y a eu contact
entre les fonctionnaires de la SDI et ceux de la SEE.
Il y a quelqu'un de notre ministère, M. le député,
qui est accrédité auprès de la SEE et de la SDI qui a
accès au dossier. On a un contact systématique avec la SEE.
M. Lincoln: Chaque fois qu'il y a un projet où la SEE ou
l'ACDI est impliquée, automatiquement, votre ministère y est.
M. Landry: Absolument.
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait pu voir une annexe du cahier, les
chiffres des autres transferts à la fin du cahier? Par exemple, il y a
quelque chose qu'on ne peut pas concilier, ce sont les autres transferts. Il y
a le budget original sur le transfert no 10, qui est de 4 140 975 $.
M. Landry: À quelle page?
M. Lincoln: Ce n'est pas paginé, je pense. C'est parmi les
chiffres. Je ne pense pas que ce soit paginé. C'est à la page 10.
C'est parmi les dernières pages.
M. Landry: Pour la période écoulée. Vous
parlez de 4 140 975 $?
M. Lincoln: Oui, c'est cela. M. Landry: Au 13 mai 1983?
M. Lincoln: Justement.
M. Landry: C'est tout ce qui a été mis dans notre
APEX "F" comme ministère du Commerce extérieur, plus ce qui
était au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et
qui nous a été versé.
M. Lincoln: Alors, c'est le APEX "F" qui est resté du
ministère du Commerce extérieur plus...
M. Landry: C'est tous les APEX.
M. Lincoln: Tous les Apex, À, B, C, D, E, F. Si vous avez
un budget original de transfert...
M. Landry: Je vous ferai remarquer en passant qu'il n'y a plus
d'APEX "À".
M. Lincoln: II n'y a plus de À.
M. Landry: II n'y a plus de À, de B ni de C. Vous allez le
voir dans la nouvelle réglementation. C'est terminé.
M. Lincoln: Ah, bon! c'est terminé. Dans le transfert no
10, vous avez justement la somme de 4 140 975 $. Si on regarde les engagements
non liquidés et les engagements disponibles, vous avez 1 300 000 $ non
liquidés et vous avez ensuite 2 790 137 $ disponibles à engager.
Cela a trait aux APEX, n'est-ce pas? Mais si vous regardez... Non...
M. Landry: II faut que vous fassiez une série de
soustractions. Sous vos 2 700 000 $, il y a une série de moins: moins
500 $, moins 51 000 $, moins 2 600 000 $. En fait, ce qui reste, c'est 119 808
$.
M. Lincoln: D'accord. Si on prend le transfert à la
dernière ligne, 10, et deux astérisques... Je ne sais pas trop ce
que cela veut dire, mais vos fonctionnaires le sauront tout de suite.
D'accord?
M. Landry: D'accord.
M. Lincoln: Sous la dépense à ce jour, nous avons 2
670 329,46 $.
M. Landry: Exact.
M. Lincoln: D'accord. On a des engagements non liquidés
pour 1 350 837,05 $.
M. Landry: Vous savez très bien ce dont il s'agit.
M. Lincoln: D'accord, je comprends. Si on additionne les deux,
nous arrivons au total du transfert, soit 4 140 975 $. Comment, à ce
moment-là, peut-il rester 119 000 $ disponibles?
M. Landry: C'est une bonne question.
Je pense que, si on voulait parler rigoureusement, ce serait cela les
vrais crédits périmés.
Si on additionne 2 670 000 $ plus 1 350 837 $ plus 119 808 $, cela donne
4 140 975 $.
M. Lincoln: Non, je ne pense pas additionner 2 670 329,46$.
M. Landry: On a une machine ici. M. Lincoln: II faut
additionner.
M. Landry: On a vérifié à la main et
à la machine; si on additionne les trois, cela donne bien 4 140 975
$.
M. Lincoln: 119 808 $, ce sont les crédits
périmés.
M. Landry: Non, ce ne sont pas les crédits
périmés, mais c'est l'équivalent. C'est
ce qu'on n'a pas pu engager.
Les crédits périmés, c'est le total de cela.
Si notre machine avait été en fonction durant tout
l'exercice financier et s'il nous était resté 119 000 $, on
aurait dit: Voici qu'on périme 119 000 $. Ce n'est pas ce qui arrive;
c'est que tout ce qu'on n'a pas engagé, c'est 119 000 $.
M. Lincoln: Pour arriver à 1983-1984, en fait, on est
déjà arrivé au point où on a déjà
assumé tout ce qu'il y avait de MICT dans les APEX. Tout cela maintenant
est commercialisé.
M. Landry: On commence une époque budgétaire
nouvelle.
Structure du ministère
M. Lincoln: Maintenant à l'OQCE, si on veut parler, ce qui
s'appelle la Direction générale de l'expansion des
marchés, la DGEM, cela se situe par situation géographique:
l'Europe, avec 1 572 000 $; l'Amérique du Nord avec, 1 291 000 $; le
reste du monde, avec 937 000 $. Vous parlez de nouveaux postes de conseillers
pour la Colombie, la Scandinavie, l'Asie du Sud-Est, le Sud-Est
américain, le Texas, la région de New York. Finalement, les
provinces maritimes. Ce sont les postes additionnels que vous avez
demandés. Ce sont des conseillers économiques ralliés au
développement prévu de notre représentation à
l'extérieur. Est-ce que vous pouvez me dire... Ces postes sont des
postes au sein de postes nouveaux, au sein de la DGEM; est-ce que vous pouvez
nous dire si c'est un conseiller économique qui y est attaché?
Par exemple, au niveau de la Colombie... Quel est l'interrelation, par exemple,
entre ces conseillers économiques et les conseillers itinérants
que vous aurez? Est-ce qu'ils sont situés purement,
spécifiquement sur un dossier ou bien s'ils sont adaptables, ou s'ils
sont situés purement sur une région et sont des postes
géographiques? Par exemple, vous parlez de New York et des Maritimes.
N'en avez-vous pas déjà? Pour New York, est-ce qu'on n'en avait
pas assez?
M. Landry: D'accord. Un conseiller économique
conventionnel, c'est une personne recrutée au Québec, un
fonctionnaire québécois en poste fixe dans une de nos
représentations. Il est assisté par des attachés
commerciaux qui, eux aussi, sont en poste fixe, mais ce sont des
recrutés locaux et ce sont des contractuels qui ne sont pas membres de
la fonction publique québécoise: des Japonais au Japon, des
Américains aux États-Unis. Un conseiller économique
itinérant ne sera jamais relié à un conseiller
économique à poste fixe puisque le rôle des
itinérants est justement de couvrir le terrain où nous n'avons
pas de poste fixe. Maintenant, à quoi sont-ils reliés en termes
de coordination? Ils sont reliés à ce qu'on appelle dans le
jargon le "desk" et ces "desks", vous les voyez apparaître dans les
directions géographiques: Amérique du Nord, Europe. DAALAO, c'est
une expression bizarre qui couvre le reste de la planète. Ne cherchez
pas cela sur les cartes géographiques.
Disons que le conseiller itinérant va couvrir des zones incluses
dans le territoire DAALAO. Il va se rapporter à M. Dominique Bonifacio.
Les conseillers permanents se rapportent aussi à M. Dominique Bonifacio.
Cela va de pair. Si je grossis la machine à un bout de la chaîne,
si je grossis New York, par exemple, je vais avoir plus de volume pour le
comptoir de Montréal, Amérique du Nord. Il faut que je fasse mon
opération de façon concomitante, il faut que j'aie des postes aux
deux bouts.
M. Lincoln: Vous ne grossissez pas la machine par rapport, par
exemple, aux provinces maritimes; est-ce que c'est un nouveau poste qui est
créé? Est-ce que cela existe déjà?
M. Landry: On a quelqu'un à Moncton actuellement, mais ce
sont les Affaires intergouvernementales et c'est nouveau. C'est un nouveau
poste.
M. Lincoln: Je ne me souviens pas que vous ayez parlé
d'ajouter quelqu'un à New York. Je pensais que c'était Dallas,
Chicago; je ne pensais pas qu'on ajoutait à la machine à New
York. C'est pourquoi on se demande pourquoi vous avez besoin d'un conseiller
économique additionnel pour les provinces maritimes et pour New York.
Est-ce nouveau dans le cas des provinces maritimes? Est-ce que New York a une
activité accrue? Qu'est-ce qui le justifie.
M. Landry: Dans le cas de New York, les activités sont en
très grande expansion. Le volume des affaires transitées et le
nombre d'hommes d'affaires qui s'y rendent est en croissance spectaculaire.
Cela détermine un surcroît d'activités à New York et
cela détermine un surcroît d'activités à
Montréal pour les répondants aux gens de New York.
M. Lincoln: Est-ce que la Colombie, c'est un fait? D'après
ce que je comprenais, le ministère des Affaires intergouvernementales,
si je me réfère à des articles, favorisait le
Brésil. Est-ce que cela sera la Colombie? Est-ce que Stockholm va
s'ouvrir?
M. Landry: Nous avons les budgets pour
la Colombie, je vous l'ai dit. Nous avons basé notre analyse sur
une foule de facteurs dont certains tombent sous le sens. En particulier, si
vous regardez les solvabilités latino-américaines actuellement,
la Colombie est un des pays qui est très bien placé. Si vous
regardez les stabilités politiques, le régime démocratique
du président Bétancourt est bien en place. Si vous regardez les
projets, métro de Medellin projets hydrauliques, transport et
distribution du courant électrique, pour nous, il tombe sous le sens
qu'on doit avoir une représentation économique en Colombie.
Maintenant, il restera à discuter avec le ministère des Affaires
intergouvernementales s'il est intéressant pour lui d'avoir une
représentation qui irait au-delà des questions
économiques. Je suis mal placé pour l'analyser. Quant aux besoins
que ces gens peuvent avoir au Brésil, ce sont des besoins qui leur sont
propres et qui touchent à la culture, à la science, aux relations
avec les universités, toutes choses qui sont sans doute très
valables et qu'encore une fois je ne suis pas en position d'analyser. Mon
analyse économique me dit que ma priorité, c'est la Colombie
avant le Brésil.
M. Lincoln: Tout ce que je voulais vous demander, c'est si, par
exemple, tout cela est contingent à l'ouverture en Colombie, à
l'ouverture à Singapour parce que, si le ministre des Affaires
intergouvernementales dit: Nous, on va à Hongkong et Singapour ne
s'ouvre pas... Là, vous avez dit: On ouvre... À ce moment, ce
conseiller économique n'existe pas, c'est cela que je veux dire. L'un
amène l'autre.
M. Landry: Ce que je vous ai dit, c'est que ma prévision,
c'est qu'on irait à la fois à Singapour et à Hongkong et
ces choses sont fixes, pour autant qu'on n'ait pas recours aux fonds de
suppléance et qu'on n'ait pas recours en cours d'année à
des budgets supplémentaires. Ce n'est pas totalement exclusif l'un de
l'autre.
Je pourrais ajouter une chose, c'est qu'on ouvre ou qu'on n'ouvre pas
à Bogota, ou qu'on ouvre ou qu'on n'ouvre pas au Pérou, les
dossiers qu'on a des hommes d'affaires qui sont déjà
engagés dans ces pays nous demandent d'avoir un conseiller
économique à Montréal pour s'occuper de ces dossiers.
M. Lincoln: C'est cela. En d'autres mots, ces postes, vous allez
les combler d'une façon ou d'une autre que vous ouvriez ailleurs ou
non.
M. Landry: Absolument, parce que le volume des affaires est tel
qu'il faut répondre à cette demande.
M. Lincoln: Vous avez trois autres conseillers. Il y a quinze
nouveaux postes, si je comprends bien. Il y a six de ces conseillers
économiques. Il y a trois autres conseillers, un pour assumer la gestion
de la coopération économique sur l'Europe, dans le cas du
programme ACTIM. C'est un programme que vous avez pris des Affaires
intergouvernementales.
M. Landry: C'est un programme qui vient des Affaires
intergouvernementales, un vieux programme, extrêmement performant, des
centaines de stagiaires échangés chaque année avec la
France.
M. Lincoln: Est-ce qu'il se faisait avant au point de vue de
ACTIM? Est-ce que c'est un transfert d'un type des Affaires
intergouvernementales? (17 h 15)
M. Landry: Non, on n'a pas transféré l'individu, on
a transféré les budgets. Un poste. C'est un bel exemple de
programme en voie de transfert et d'évolution dont je vous ai
parlé précédemment. Le ministère des Affaires
intergouvernementales s'est occupé de cette tâche et s'en est bien
occupé pendant de nombreuses années avant que le ministère
du Commerce extérieur existe. À la naissance du ministère,
il nous a transféré le budget et la personne. Ce n'est qu'un
poste, il n'y . a pas de soutien logistique, il n'y a pas de secrétaire,
rien? Ah bon! On a eu un poste du ministère des Affaires
intergouvernementales et on a demandé un poste de plus pour le
soutien.
M. Lincoln: Alors, c'est un poste additionnel.
M. Landry: Oui...
M. Lincoln: Combien de gens vont s'occuper d'ACTIM?
M. Landry: Deux personnes.
M. Lincoln: Mais cela, c'est une personne de plus dont le
ministère des Affaires intergouvernementales avait besoin?
M. Landry: Non, le ministère des Affaires
intergouvernementales nous a envoyé le professionnel, j'imagine, et on a
dû recruter la secrétaire. Ah'. On nous a envoyé la
secrétaire et on a ajouté le professionnel.
M. Lincoln: Qu'est-il arrivé au professionnel du
ministère des Affaires intergouvernementales, ou n'y en avait-il
pas?
M. Landry: Je ne sais pas si on peut répondre à
cela. On n'en sait rien. J'espère qu'il lui est arrivé toutes
sortes de bonnes choses.
M. Lincoln: Mais le corollaire de la question est ceci: puisque
vous nous avez dit vous-même que le programme ACTIM fonctionnait
très bien et que c'était un programme très effectif,
puisque le ministère des Affaires intergouvernementales pouvait se
débrouiller pour ce programme avec une secrétaire, quel est ce
besoin d'avoir un professionnel pour mener le programme ACTIM maintenant?
M. Landry: Ah! non, ce n'est pas cela qu'on vous dit. On vous dit
que le professionnel est resté au ministère des Affaires
intergouvernementales. Il a réorienté sa carrière. Un gars
peut faire un excellent programme pendant dix ans...
M. Lincoln: Ah bon! excusez-moi.
M. Landry: Je peux vous dire, M. le député, qu'on
va le faire fonctionner avec beaucoup moins de monde l'an prochain.
M. Lincoln: Oui, on va voir cela l'an prochain.
M. Landry: Ah! oui. On est dans une belle situation. C'est un
ministère qui a commencé à travailler au début de
l'année.
M. Lincoln: On parle de quinze nouveaux postes. On va poser
naturellement des questions. J'ai compris qu'il y avait un professionnel pour
le programme ACTIM et qu'il est quelque part. D'accord. Vous avez un
professionnel désigné pour les agences fédérales.
Vous m'avez montré quelqu'un ici et vous m'avez dit: Voilà la
personne qui fait déjà cela. Est-ce une personne additionnelle?
Devenez-vous fédéraliste, M. le ministre?
M. Landry: Je tiens à vous enlever toute inquiétude
à ce sujet.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Mon choix pour l'indépendance politique du
Québec a été fait après mûre réflexion
il y a déjà un certain nombre d'années. Je le crois et le
sais définitif et, au risque de vous décevoir, ne cherchez pas de
réorientation de ma part ni dans les mois qui viennent, ni jamais.
M. Lincoln: Alors, pour le poste désigné pour les
agences fédérales, est-ce que le poste dont vous parlez ici a
déjà été comblé ou est-ce un poste
additionnel?
M. Landry: Vous faites une confusion, là. Les agences
fédérales, c'est une chose, et nous traitons différemment,
dans le cadre constitutionnel actuel, les agences d'aide internationale. Alors,
Banque Mondiale et autres organisations internationales.
M. Lincoln: Parce que votre description, dans le cahier
explicatif, dit qu'il y en a un de désigné pour les agences
fédérales de financement et d'aide internationale.
M. Landry: Oui. Entre parenthèses, on met...
M. Lincoln: SEE, ACDI...
M. Landry: Oui, mais cela illustre l'agence
fédérale de financement, mais on aurait pu dire Banque Mondiale
ou Banque du Sud-Est asiatique.
Vous avez raison. Effectivement, on couvrait mal cette partie-là
autrefois. On la couvrait, mais pas avec une agence accréditée
qui voit aux dossiers et qui se rend là constamment.
M. Lincoln: C'est-à-dire qu'on peut prévoir une
coopération encore plus étroite?
M. Landry: Absolument!
M. Lincoln: Alors, un professionnel désigné
auprès des institutions financières internationales qui aura
à travailler avec une institution qui traite chaque année de
projets d'une valeur approximative de 35 000 000 000 $. Par exemple, il y a les
institutions financières internationales. Vous me parliez des banques,
etc. Est-ce que ce n'est pas un autre poste en cause?
M. Landry: Oui, eh bien, c'est la Banque Mondiale...
Il demande si c'est un autre poste.
C'est un autre poste, effectivement. Personne ne suivait cela.
On n'avait personne là-dessus.
M. Lincoln: Cela veut dire que, chez les banques, il y a les
agences internationales et, ensuite, il y a le monde financier international.
Là, il y a un poste qui a été créé pour
cela.
M. Landry: C'est cela. Je vous rappelle que c'est la
création de nouveaux postes, mais ce n'est pas l'embauche de nouveaux
fonctionnaires. Ce sont des fonctionnaires qui étaient
déjà dans la machine et qui sont venus chez nous occuper ce
poste.
En fait, il faut être au courant de tout ce qui se donne, entre
autres, par la Banque Mondiale, pour profiter des occasions. Autrefois, cela se
faisait à peu près par tout le monde d'une direction. Là,
cela va se faire par un bonhomme accrédité auprès de ces
institutions et qui va pouvoir suivre les choses de beaucoup plus
près.
M. Lincoln: Vous avez six postes de
soutien aux opérations à cause de l'engagement de nouveaux
professionnels, l'accroissement du programme APEX, le transfert du programme
ACTIM, etc. Alors, cela, c'est la secrétaire du programme ACTIM ou vous
avez déjà la secrétaire?
M. Landry: C'est l'ensemble du volume des affaires qu'on va
être obligé de reprendre. Le ministre vous disait qu'on
était en train de faire un examen sur la mécanisation. Il va
falloir, je pense, mécaniser beaucoup mieux nos activités, mais
même au-delà de cela, il nous faut déjà augmenter le
soutien parce que c'était déjà tout à fait
engorgé.
M. Lincoln: Vous avez deux personnes à la DGEM qui
s'occuperont de relations internationales, les institutions financières
internationales et les agences internationales, incluant l'ACDI et la SEE.
Est-ce bien cela?
M. Landry: Qui font cela à temps plein.
M. Lincoln: À temps plein. Quelle coordination de
relations y aura-t-il entre la Direction de la coopération
économique et les gens de la Direction générale de
l'analyse et de la stratégie qui s'occupent de la politique commerciale?
Quelle est l'interrelation? Où se retrouvent ces gens qui s'occupaient
de la même chose aux Affaires intergouvernementales? Est-ce que vous avez
transféré des gens?
M. Landry: Non, parce qu'il n'y avait personne qui s'occupait de
cela aux Affaires intergouvernementales, si vous parlez, disons, de la
Direction générale de l'analyse et de la stratégie qui est
une activité purement économique. Là, ce sont les
transferts du MICT qu'on a eus. On avait une bonne équipe au MICT.
M. Lincoln: Je vois votre organigramme. Au plan pratique, qui va
faire... Par exemple, ce sont deux personnes qui vont avoir affaire à
des sujets tout à fait internationaux. C'est l'essence même de
leurs fonctions. Elles ont travaillé au centre de la DGEM. Comment ces
gens font-ils leurs interrelations du point de vue de la coopération
économique et l'analyse de la stratégie qui sont naturellement
une partie de leurs fonctions?
M. Landry: Le directeur général est un des trois
directeurs généraux. Il relève directement du
sous-ministre. Ce ne sont pas des problèmes de coordination.
M. Lincoln: Le ministre a souri parce qu'il trouve cela un peu
confus.
M. Landry: Ce n'est pas un casse-tête administratif, ce
sont 200 personnes divisées en trois directions générales
et quelques directions de soutien. Je ne vois pas le sens de votre
question.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous poser la question une autre
fois, parce que je crois que le sous-ministre me comprend très bien?
Est-ce que ces deux personnes, du point de vue logique, auraient dû
être rattachées aux trois? Ou bien, si elles sont
rattachées à la DGEM, est-ce qu'elles ne vont pas être
accaparées par la DGEM? Et l'autre volet: Comment va-t-on diviser le
temps entre ces trois secteurs?
M. Landry: Vous avez, M. le député, une direction
qui s'appelle le DAALAO. La DAALAO, c'est l'Amérique latine, c'est
l'Afrique, c'est l'Océanie. ...la Banque Mondiale.
Dans ces projets, on a des institutions internationales et les gens qui
vont s'occuper des institutions internationales et de l'ACDI - l'ACDI est aussi
en pays en voie de développement - vont être rattachés
à cette direction. Mais leur rôle, c'est de voir à suivre
les projets industriels. Donc, ils sont vraiment dans l'expansion des
marchés. Tandis que le rôle de l'analyse et de la
stratégie, c'est de déterminer des priorités,
déterminer des pays dans lesquels on doit faire des efforts parce qu'il
y a une marge de crédit, parce qu'il y a du financement disponible,
parce que la cote est bonne, parce qu'il y a un plan d'équipement, parce
qu'ils sont en train de faire justement la sorte d'équipement qu'on peut
offrir, etc. Vous voyez que les rôles sont tout à fait
différents. Ceci dit, l'analyse des stratégies est là pour
déterminer des priorités, nous dire quels sont les marchés
sur lesquels on ne devrait pas faire d'effort parce qu'il est facile de vendre,
mais jamais on ne sera payé.
C'est facile de vendre dans certains pays, mais jamais tu ne seras
payé. Il faut être capable de donner une orientation aux
directions géographiques pour dire: Cela ne sert à rien. Il faut
même avertir les entreprises de ne pas aller sur ces marchés parce
qu'on ne sera jamais payé. L'instabilité politique est telle,
etc. Le rôle d'analyse et de stratégie est très
différent du rôle des deux bonshommes qui vont suivre les
institutions. Les deux bonshommes qui suivent les institutions suivent les
institutions en fonction de projets bien précis.
M. Lincoln: Oui, mais, M. le sous-ministre, regardez un instant
le diagramme. On va regarder l'organigramme. Vous prenez, par exemple, la
Direction de la coopération économique.
M. Landry: C'est autre chose. La
coopération économique, en général, c'est de
pays en pays et c'est rarement sur des dossiers ponctuels. C'est le dossier de
la coopération technique entre la Wallonie et le Québec, par
exemple, dans le domaine de la biotechnologie et de ses applications
industrielles. Tandis que les projets que finance la Banque Mondiale sont des
projets précis: une ligne de transport électrique dans tel pays,
un projet de développement de minerai dans tel autre pays. Or, il n'y a
que dans la DAALAO que ces interventions se font parce que l'ACDI n'intervient
pas en Amérique du Nord. Pour des raisons évidentes, ce sont des
fonds mis à la disposition soit d'États ou soit de groupes
d'États, dans le cas de la Banque Mondiale, pour venir en aide aux pays
en voie de développement.
Or, il n'y a aucun pays en voie de développement à la
direction de l'Amérique du Nord ou à la direction de l'Europe et
c'est la raison pour laquelle nos fonctionnaires chargés du suivi des
institutions internationales sont rattachés directement au seul secteur
géographique où leur action peut avoir quelque sens.
M. Lincoln: Ce qu'on appelait auparavant la Direction des
études en relations économiques internationales du MICT, vous
avez...
M. Landry: Elle se retrouve en partie à la Direction
générale de l'analyse et de la stratégie, à la
Direction de la politique commerciale.
M. Lincoln: À la Direction de la politique
commerciale?
M. Landry: Direction générale de l'analyse et de la
stratégie: bloc de droite, en bas, Direction de la politique
commerciale.
M. Lincoln: Par rapport aux investissements étrangers,
c'est sous quelle direction? Est-ce que vous pourriez nous parler
spécifiquement des investissements étrangers par rapport au MICT?
Est-ce que les investissements étrangers comme Pechiney, etc., cela
aussi c'est une espèce de zone grise? Jusqu'à quel point les
conseillers du MICT travaillant avec les investisseurs étrangers se
relient-ils à votre Direction de la politique commerciale? Comment tout
cela se rejoint-il?
M. Landry: Je vous ramène à la loi, article 8,
paragraphe 4: "Collaborer avec les autres ministères à la
prospection des investissements étrangers".
Le cas de Pechiney, vous le savez bien, n'est pas un bon exemple parce
qu'il était virtuellement réglé dans l'ancienne
structure.
M. Lincoln: Oui, dans l'ancienne structure.
M. Landry: La prospection des investissements étrangers
comporte, en particulier, beaucoup de travail à l'étranger.
M. Lincoln: Beaucoup de travail?
M. Landry: À l'étranger même,
c'est-à-dire rencontres d'entrepreneurs, localisation et identification
des firmes intéressées à investir, promotion, promotion
des avantages hydrauliques, par exemple.
Nous avons un réseau à l'étranger qui est en
première ligne et qui est bien placé pour se mettre au service
des ministères sectoriels qui ont aussi avec nous, comme le dit la loi,
la charge de prospecter des investissements étrangers. Il faut dire
également qu'il y a une relation directe entre investissements
étrangers et coopération. Le projet de Pechiney devient, à
ce moment, un bon exemple. Le projet de Pechiney est le couronnement
spectaculaire de vingt ans de coopération économique avec la
France, ce qui a donné lieu à l'implantation de centaines et de
centaines de petites et moyennes entreprises, mais il n'y a jamais eu de
couronnement aussi important d'un investissement de 1 500 000 000 $ d'un seul
coup. Vous voyez que la prospection des investissements est reliée
à la coopération économique en général.
Je pense qu'on peut définir notre rôle par rapport à
l'investissement étranger comme un intermédiaire, en ce sens que
le MICT n'a pas de conseillers économiques à l'étranger,
il n'a pas de fonctionnaires à l'étranger. Donc,
nécessairement, l'investisseur étranger qui veut venir au
Québec se rendra d'abord à une délégation du
Québec et, la porte d'entrée étant chez nous, on
réfère le cas au service responsable des investissements au MICT.
Cela fonctionne en relation très étroite, surtout que,
physiquement, on est au 23e étage de Place Ville-Marie, les deux
services sont là. On sert de rôle d'agent et
d'intermédiaire. On a organisé avec lui toute une série de
séminaires en Europe, par exemple, sur la prospection et
l'investissement étranger. Il a fait le séminaire et on a fait
les contacts avec les entreprises parce qu'on a là-bas des gens qui s'y
connaissent. On leur donné toute une série de conseils en cette
matière, mais c'est lui qui, quand même, sait dans quels secteurs
on veut investir, on souhaite des investissements, etc. Cet exemple illustre
bien d'ailleurs que le ministère du Commerce extérieur est un
ministère de services aux autres ministères pour une grande
partie de son activité.
M. Lincoln: Pourriez-vous nous indiquer
le genre de suivi que vous avez auprès des participants aux
missions, aux expositions, etc.? De quelle nature est le suivi, de quelle
manière le suivi se fait-il? Quel en est le processus?
M. Landry: On nous fait d'abord un rapport de mission et c'est
une condition pour participer à la mission: pas de rapport, pas
d'invitation. C'est à la suite de ces rapports en particulier qu'on a pu
vous donner des informations sur les rendements des programmes APEX. Nos
fonctionnaires gardent également le contact avec les entreprises pendant
même au-delà d'un an après, de six à douze mois,
pour voir quelles sont les retombées de moyen et de plus long terme de
la mission ou de l'exposition.
M. Lincoln: Comment évaluez-vous ou comment estimez-vous
dans votre cahier le potentiel de douze mois parce que, parfois, ce dont des
chiffres assez impressionnants? Sur quels critères se base l'estimation?
(17 h 30)
M. Landry: C'est l'industrie qui nous fournit ces chiffres
à l'aide de ses états financiers, du montant de ses ventes, ses
documents comptables et, comme les exercices comptables sont sur douze mois,
c'est une période facile.
M. Lincoln: D'accord, ce potentiel de douze mois est un potentiel
anticipé, naturellement, puisqu'il est potentiel. L'année
prochaine, aux crédits 1984-1985, on pourra savoir, par exemple, de ces
25 000 000 $ dont vous parlez, combien ont été
réalisés ou...
M. Landry: Ce n'est pas sûr. Écoutez, il faut faire
attention à ce que vous demandez.
M. Lincoln: Je n'ai pas envie de vous demander cela
spécifiquement, mais il y a sûrement un barème quelconque,
parce qu'il y a autrement un potentiel...
M. Landry: Là, actuellement...
M. Lincoln: ...pour évaluer même la valeur du
service.
M. Landry: ...ce sont les chiffres qui nous sont fournis par
l'entreprise, qui nous sont fournis à l'aide de ses documents comptables
pour le réaliser ou le projeter, à l'aide de ses budgets. Notre
idéal n'est pas de suivre les firmes pas à pas jusqu'à la
fin des temps. Si on a lancé une firme sur le marché
américain, il se peut très bien qu'à l'aide de notre
effort initial, au bout de dix ans, elle ait vendu pour 2 000 000 000 $ et on
ne le saura même pas. Est-ce que je vais avoir un appareil pour savoir
exactement, juste pour le plaisir de me documenter, ce qu'une firme qui est
bien implantée sur le marché américain avec notre aide
fait plusieurs années après? Je pense que cela n'est pas
utile.
M. Lincoln: Non, allons...
M. Landry: Cela va se refléter dans la balance des
paiements du Québec.
M. Lincoln: II faut bien se comprendre. Alors, vous dites qu'on a
un potentiel de douze mois, par exemple; il y a certaines firmes: la mission
commerciale à Cuba, le développement de l'infrastructure
touristique des hôtels, 25 000 000 $, une autre mission commerciale au
Sud-Est asiatique, télécommunications, 24 000 000 $. Ce sont les
projets substantiels, des projets de grande envergure. Il me semble que cela
serait assez intéressant de savoir, afin de juger des
bénéfices de ces missions... Autrement, si on dit le potentiel...
Après tout, la firme peut nous dire que le type va à Cuba et veut
avoir 25 000 000 $. Il arrive un subside...
M. Landry: Passez projet par projet, M. le député,
ne vous inquiétez pas, on les suit.
M. Lincoln: C'est cela que j'ai demandé, les
projets...
M. Landry: C'est pour les pénétrations de
marché que je vois moins l'utilité de suivre.
M. Lincoln: Je vous parlais des activités de groupes qui
sont spécifiées ici.
M. Landry: Celles-là sont suivies une après
l'autre, il n'y a pas de doute. Comme moi, quand je dirige une mission à
l'étranger, je sais immédiatement quel est le potentiel et je
sais, de mois en mois, la partie du potentiel qui est
réalisée.
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous appelez distributeur? Quelle est
la colonne distributeur? Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Landry: À quel document vous
référez-vous?
M. Lincoln: Je parle des activités de groupes, la
direction Afrique, Amérique latine, enfin, les missions...
M. Landry: C'est lorsque l'industriel engage sur place un agent
manufacturier, qui est une façon classique de continuer son suivi.
M. Lincoln: Est-ce qu'on ne peut pas aller dans vos statistiques
au sujet du service
d'accueil, de diagnostic et de consultation? C'est à une des
pages, ce n'est pas paginé, je ne peux vous dire la page exacte. C'est:
Service d'accueil, diagnostic et consultation.
M. Landry: Prenez une copie paginée, cela va aller plus
vite.
M. Lincoln: J'ai trouvé là. Ah! C'est le
contraire.
M. Landry: Vous allez nous aider et nous dire où vous
êtes.
Une voix: Celle-là est paginée. M. Lincoln:
Ah bon! Je vois.
M. Landry: Je dirais qu'on n'a pas simplifié votre
problème.
M. Lincoln: On ne l'a pas simplifié, j'ai trouvé
plus facilement à la fin. Quelqu'un de plus malin que moi. Ah, oui!
voilà!. C'est la page 89. Excusez-moi.
M. Landry: Page 89, d'accord. Service d'accueil, diagnostic et
consultation.
M. Lincoln: Si vous voulez me donner une demi-seconde. Le service
d'accueil, diagnostic et consultation, demandes reçues et
traitées, 551 et, pour les demandes référées
après traitement, je crois que le total est 62. Cela nous semble un
écart immense entre les demandes reçues et les demandes
traitées. Est-ce que...
M. Landry: En fait, la première colonne, c'est "demandes
reçues et traitées". Toutes les demandes sont reçues et
traitées. Toutes les demandes sont traitées. Le service d'accueil
peut traiter lui-même la demande. Si on demande une information sur le
programme APEX, on répond et on envoie le programme APEX. Tandis que
"demandes référées après traitement", c'est que non
seulement on les a traitées, mais on les a
référées, pour aller plus loin, dans les opérations
parce que c'étaient des gens qui demandaient autre chose que cela.
M. Lincoln: Le chiffre de 62, c'est quoi alors?
M. Landry: C'est cela. Ce sont des gens qui voulaient exporter,
qui avaient besoin de conseils spécialisés, qui voulaient aller
au DAALAO, en Asie, par exemple, et qui devaient être
référés à quelqu'un qui ne pouvait pas, à
l'accueil, traiter cette information sur-le-champ.
M. Lincoln: M. le ministre, il y a des gens qui font de
l'exportation et qui m'ont fait part de cela. Alors, je n'invente rien. Ils me
disent que le service d'accueil à l'ancien OQCE est un service tout
à fait déficient. Je peux vous citer un cas spécifique
d'un individu qui arrive et qui dit: Bon, j'ai envie d'exporter. Je ne sais pas
où me présenter. Je cherche les filons et je ne sais pas
où aller pour le financement. Là, on lui donne des renseignements
très confus. On lui demande: Où voulez-vous exporter? Il
répond: Moi, j'ai envie de voir quelles sont les structures, quelles
sont les méthodes de financement. Je ne sais pas moi-même si je
devrais exporter en Afrique ou en Asie. Je ne veux pas aller au DAALAO, je ne
peux pas aller en Europe parce que je ne sais pas. D'ailleurs, je viens vous le
demander: Est-ce que c'est une critique véridique et valide? Je peux
vous dire que je l'ai entendu de diverses personnes et j'ai même un cas
très proche. Quelqu'un est allé à l'OQCE assez
récemment et m'a dit que le service d'accueil est tout à fait
déficient. C'est pourquoi je me demande si, dans les 551 demandes et les
62 demandes, il n'aurait pas dû y en avoir beaucoup plus qui soient
référées pour traitement et qui ne l'ont pas
été parce que le service d'accueil est déficient.
M. Landry: Je pense, M. le député, qu'il y a eu,
à un moment donné, un flottement au service d'accueil au 23e
étage, en ce sens qu'on ne savait plus à qui on devait
s'adresser: il y avait l'OQCE, mais l'OQCE, c'était le MICT. Alors, il y
avait un service d'accueil, mais il n'y avait pas d'accueil au Commerce
extérieur.
Maintenant, on a un bureau qui s'appelle accueil, Commerce
extérieur. Quand vous sortez au 23e étage, vous avez le MICT d'un
côté et le Commerce extérieur de l'autre, et il y a
quelqu'un pour recevoir les gens. C'est déjà un pas.
Deuxièmement, on pense qu'effectivement le service d'accueil,
diagnostic et consultation est primordial et c'est pourquoi on a fait une
Direction générale du développement de l'offre qui va
prendre toute la partie diagnostic et consultation et qui va être capable
de traiter les dossiers d'entreprises. Vous retrouvez cela dans l'organigramme
au centre.
M. Lincoln: C'est bien embrouillé.
M. Landry: Je dois vous dire que, durant la période de
flottement, j'ai servi d'accueil moi-même pour un certain nombre de vos
électeurs. On est bien d'accord avec vous sur le fait que, probablement,
il y a des gens qui ont eu à se plaindre, et avec raison, à un
moment donné.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec vous quand
vous dites que, si l'accueil ne fonctionne pas, tout le reste ne
fonctionne pas, parce que la personne a besoin de commencer quelque
part. Cela va être la Direction générale du
développement de l'offre à l'exportation. Vous aurez deux
sections: Direction de la formation et Direction des services-conseils.
M. Landry: Ce seront des gens qui seront capables justement de
répondre à la question que vous posiez tout à l'heure,
à savoir: Moi, je veux exporter; à quel endroit devrais-je me
diriger? Des gens qui vont être capables de porter un diagnostic sur
l'entreprise, voir un peu sur quel marché elle devrait s'orienter avant
de l'envoyer précisément dans une direction X ou Y.
M. Lincoln: D'après ce que je voyais dans le cahier
explicatif, vous n'avez pas encore de directeur général.
M. Landry: Le concours est ouvert. Alors, ce sera au jury de
désigner la personne en question. En attendant, M. Jean Bérard
assume l'intérim. Ou bien cela va revenir à la direction
générale, à la Direction des services-conseils qui aura
une section diagostic.
M. Lincoln: Si vous regardez l'organisation de l'offre, à
la page 25 de votre cahier, ce n'est pas très clair le sens de l'accueil
que cela va donner. Il me semble qu'on devrait mieux étoffer le contenu
de certains programmes pour les rendre plus disponibles, dans la mesure
où la clientèle le justifierait, répondre aux besoins des
entreprises, regrouper dans des mouvements régionaux, améliorer
l'expertise en commerce extérieur, regrouper des entreprises, donner des
suites concrètes aux engagements du virage technologique. Moi, je parle
de l'accueil technique. Quelqu'un arrive, il sent qu'il y a quelqu'un, comme
lorsque vous arrivez dans une banque où vous avez un expert qui vous
dit: Vous avez besoin d'aller à telle place, telle place, telle
place.
M. Landry: Vous avez raison de mentionner qu'il y a beaucoup de
types d'accueil. Le premier accueil est d'avoir quelqu'un à un bureau
qui dit: Bonjour, monsieur. Qu'est-ce que vous venez faire? Bonjour, madame.
Qu'est-ce que vous venez faire? C'est déjà en place. Il y a aussi
un accueil pour les gens qui ne veulent que de l'information. C'est pour cela
que, dans le tableau qu'on avait, la partie haute du tableau nous donnait la
consultation. On a une espèce de centre d'information qui nous permet
d'offrir un certain nombre de services aux gens qui viennent.
Le troisième type d'accueil, on a maintenant une Direction des
communications qui peut transmettre toute une série d'informations sans
que ce soient des informations spécialisées. Ces gens vont
prendre cela en main. Enfin, il y a la Direction des services-conseils qui va
pouvoir porter un diagnostic. Je pense que cela va être nettement
amélioré dans les prochaines semaines, dans les prochains
jours.
M. Lincoln: Quel est votre échéancier pour
compléter ce service, pour avoir des gens en place?
M. Landry: Le concours pour le poste de directeur
général se termine le 17 juin et les entrevues devraient se tenir
au mois de juillet. Au début du mois d'août, il devrait y avoir
quelqu'un en place. D'ici là, il y a quand même quelqu'un par
intérim et les choses fonctionnent quand même.
M. Lincoln: La Direction générale de l'analyse et
de la stratégie, la nouvelle direction, qu'entendez-vous par l'objectif
b, établir des liaisons directes et rapides avec les principaux centres
de décision des entreprises québécoises? Qu'est-ce que
c'est en pratique? Pouvez-vous nous dire comment cela fonctionne? C'est un
petit peu comme...
M. Landry: À quelle page êtes-vous?
M. Lincoln: À la page 21 b, en haut: Établir des
liaisons directes et rapides avec les principaux centres de décision des
entreprises québécoises. Est-ce que cela sera un genre de
communication...
M. Landry: Vous n'êtes pas dans analyse et stratégie
spécifiquement.
M. Lincoln: Pardon. Expansion des marchés, vous avez
raison.
M. Landry: Vous êtes dans l'objectif global de l'expansion
des marchés. Cela regroupe toute une série de choses. Cela
regroupe l'objectif comme tel qui est l'expansion des marchés,
l'objectif global du MCE.
M. Lincoln: Excusez-moi. Je me suis trompé de division.
Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous entendez par cela? Est-ce qu'il y
a des gens qui ont pour fonction de communiquer avec les entreprises d'une
façon systématique? Est-ce que c'est leur fonction
spécifique ou...
M. Landry: Tout le ministère est orienté
vers...
M. Lincoln: Oui, d'accord, c'est sûr.
M. Landry: ...l'aide aux entreprises. Il faut donc être
capable, pour aider rapidement les entreprises, de parler
vraiment aux dirigeants, à ceux qui prennent des décisions
dans les entreprises, surtout quand on négocie des contrats de
financement ou une mission spéciale à l'étranger. Cela
veut dire simplement se tenir en contact encore plus étroit avec
l'entreprise. C'est tout ce que cela veut dire, et se mettre vraiment au
service et à l'écoute des besoin des entreprises.
M. Lincoln: En ce qui concerne l'analyse et la stratégie,
est-ce que c'est déjà commencé ou si c'est...
M. Landry: C'est déjà commencé parce qu'on a
hérité d'un certain nombre de gestionnaires du MICT qui sont
rendus chez nous, qui faisaient cela au MICT et qui le font, mais on pourra le
faire d'une façon beaucoup plus systématique.
M. Lincoln: On ne parle pas des analyses...
M. Landry: C'est l'embryon de cette cellule qui a traité
toute la question où nous avons réussi dans le contentieux avec
les États-Unis sur le bois d'oeuvre. C'est la Direction de l'analyse et
de la stratégie qui a fait cela. C'est elle qui a étudié
la législation américaine, la législation internationale,
les meilleures méthodes et les meilleures stratégies pour
convaincre les Américains de s'abstenir de faire les choses qu'un
certain nombre de pétitionnaires leur demandaient. Cela a
été couronné de succès.
M. Lincoln: M. le Président, j'aurais voulu savoir si les
autres députés ont des questions parce qu'on finit à 18
heures. À ce moment-là, je pourrai m'orienter parce qu'il me
reste plusieurs choses. Je vais escamoter, je ne dirai pas escamoter, mais
enfin...
Le Président (M. Gagnon): Je n'ai pas remarqué
qu'un député ait demandé la parole.
M. Landry: Nos collègues me disent qu'ils ont posé
leurs questions ce matin. Alors, on vous laisse aller.
Le Président (M. Gagnon): Alors, vous avez jusqu'à
18 heures. (17 h 45)
M. Lincoln: Par exemple, dans le programme analyse et
stratégie, si je comprends bien, le DG n'est pas encore choisi.
M. Landry: Non. L'organigramme a été accepté
le 9 mai. Tous les concours sont déjà en marche et celui qui se
termine le plus tard, c'est le 17 juin. Vous voyez qu'on a fait une
opération extrêmement rapide.
M. Lincoln: Vous avez parlé de banque d'informations. Il y
a déjà des banques d'informations au MICT et au CRIQ...
M. Landry: On se connecte sur celles-là aussi.
M. Lincoln: ...qui coûtent très cher. Est-ce qu'il
est besoin de banques d'informations additionnelles au ministère du
Commerce extérieur?
M. Landry: Ce sont plutôt des terminaux pour entrer sur des
banques d'informations.
M. Lincoln: Sur des banques d'informations existantes.
M. Landry: C'est cela.
M. Lincoln: Beaucoup de ces banques d'informations coûtent
très cher et développent un paquet d'informations qui parfois ne
servent pas en pratique. Vous avez l'air d'accord avec moi, d'après la
façon dont vous répondez. Est-ce qu'on connaît
déjà l'efficacité de ces banques d'informations existant
au MICT et au CRIQ? Se brancher sur ces banques, est-ce que ce ne serait pas
aller chercher une autre bureaucratie qui coûterait très cher?
M. Landry: C'est le contraire de la bureaucratie. Si on
était obligé de traiter cette information avec du personnel,
là, ce serait de la bureaucratie. Quant à la banque du CRIQ, vous
savez qu'elle est consultée à un rythme effarant par la PME
québécoise. Si vous parlez d'un mauvais fonctionnement de banque,
je connais celle du CRIQ en particulier et ce n'est pas là qu'il faut
trouver la faiblesse.
M. Lincoln: Je voyais... Je sais que...
M. Landry: Écoutez, on est déjà
branché sur celle du CRIQ. On a demandé à CETAI, qui est
un organisme des HEC à Montréal, spécialisé dans
les problèmes internationaux, de nous faire une évaluation des
banques de données existantes. Ce qui nous intéresse, c'est
d'avoir une information sur l'international et non sur l'interne. À
partir du travail qui va être fait par CETAI, on va choisir un certain
nombre de données.
Là où j'étais d'accord avec vous, M. le
député, c'est qu'effectivement il y a beaucoup d'informations
dans ces banques de données, mais il faut que quelqu'un les traite et
que quelqu'un les fasse passer par les opérations. Autrement,
effectivement, les gens sont pris dans les opérations et ils n'ont pas
le temps de consulter l'information. Il faut s'assurer qu'il y a un relais
entre l'information et l'action. C'est tout.
M. Lincoln: Sur le développement de ... On a beaucoup de
questions là-dessus. Il faudrait qu'on passe un petit peu à
travers parce que je voudrais vous questionner sur certains aspects de la
gestion du personnel. Un des objectifs est de regrouper dans les mouvements
régionaux de solidarité et d'entraide des cercles d'exportateurs,
des entreprises exportatrices québécoises. Est-ce que vous pouvez
nous parler un peu de ces cercles d'exportateurs? Est-ce qu'il y en a qui sont
déjà formés? Quelle est la progression et
l'évolution?
M. Landry: D'abord, on vous demande des crédits pour venir
en aide matériellement à ces cercles. On a des demandes
actuellement d'à peu près toutes les régions du
Québec. Il y a des chambres de commerce qui s'offrent à
être le véhicule. Il y a des commissariats industriels qui
s'offrent à être le véhicule. Je pense qu'au cours de
l'automne on en mettra un certain nombre en place.
M. Lincoln: Sur cette question, ce n'est pas tout à
fait...
M. Landry: Mon collègue ici présent m'a
exprimé à plusieurs reprises, de même que les gens de sa
région, son intérêt pour développer un cercle
d'exportation parce qu'ils sont dans une région qui est
déjà hautement exportatrice et ils veulent continuer dans cette
voie.
M. Lincoln: Je sais que ce n'est pas tout à fait connexe,
mais c'est un petit peu le sujet. On parle du développement de l'offre,
de prospection. Il y a certains organismes qui se sont formés autour des
universités. Il y en a un à Montréal, aux HEC. Il y en a
un ici à Laval et c'est la mission marketing. Vous parlez de mission
marketing. Dans ce cas précis, c'est une initiative qui a permis
à plus de dix entreprises de la région de Québec, surtout
dans le secteur de l'agro-alimentaire et de la haute technologie, de s'orienter
vers la grande exportation.
D'après ce que nous comprenons, elles ont reçu des fonds,
beaucoup d'aide du programme fédéral PMED, soit 10 000 $. Elles
ont reçu 5000 $ des Affaires extérieures canadiennes. La
réaction du MCE a été tout à fait passive,
négative.
M. Landry: Ce n'est pas ce qu'on me rapporte, on me dit qu'il y a
eu deux ou trois de nos APEX là-dessus. Personnellement, j'ai
écrit au directeur du projet pour lui dire que c'était absolument
intéressant, qu'il pouvait compter sur nos conseillers
économiques parce que l'affaire se fait à Los Angeles.
Effectivement, toute la prospection a été faite par nos
conseillers économiques à Los Angeles et nos attachés
commerciaux. En plus, je lui ai dit que, ad hoc, on prendrait en
considération, mais de façon prioritaire, chacun des cas qui
seraient soumis dans ce programme et déjà il y en a deux ou trois
qui sont passés. On a eu depuis le départ un appui massif
à cette affaire. J'aimerais bien connaître si les autres
détails qui vous font dire qu'on n'est pas dans le coup. On est vraiment
dans le coup depuis le début. Sans notre conseiller économique
à Los Angeles, j'ai l'impression que cette affaire n'aurait pas
volé très loin.
M. Lincoln: Est-ce que le rapport de votre conseiller
économique à Los Angeles dit qu'il y a eu une
coopération?
M. Landry: Très étroite. Moi-même, j'ai vu
plusieurs fois M. Béliveau qui est en tête de ce projet. On a des
relations très étroites. Je ne comprends vraiment pas.
M. Lincoln: Est-ce que ce serait possible, si nous avions des
informations plus spécifiques, de se référer à vous
pour voir, parce que cela nous intéresse beaucoup? Est-ce que le
programme des HEC à Montréal, j'oublie le nom...
M. Landry: Ce serait sûrement très utile.
Sûrement. CETAI.
M. Lincoln: CETAI. Est-ce qu'il y a une coopération active
de votre part?
M. Landry: En particulier, ces gens travaillent pour nous, pour
nos banques de données.
On a même un fonctionnaire du MCE qui est au conseil
d'administration de l'affaire aux HEC. Pour moi, ce sont mes anciens
collègues en plus. Vous voyez que...
M. Lincoln: Excusez-nous. C'est un peu du coq à
l'âne, mais il reste très peu de temps. Dans votre livre de
crédits, vous parlez de 153 employés permanents. Il y en a quatre
temporaires, ce qui fait 157. Plus le reste qui sont des postes vacants. Il y
en a 194 en tout. Si on ajoute, dans votre livre, les postes de toutes les
différentes représentations extérieures, services
promotionnels, etc., nous arrivons à 221 personnes. La
différence, ce sont les gens à l'extérieur, est-ce
cela?
M. Landry: Les attachés commerciaux. On a des conseillers
économiques à l'étranger, comme le ministre vous le disait
tout à l'heure, qui sont des fonctionnaires de la fonction publique
québécoise, mais les recrutés locaux sont des
attachés commerciaux, ce sont des contractuels, donc qui ne sont pas
dans les effectifs. Il y en a 26.
M. Lincoln: Cela fait partie du budget, mais il n'y a pas de
poste.
M. Landry: II n'y a pas de poste. Ils ne peuvent pas compter sur
un poste de la fonction publique québécoise.
C'est cela. C'est la même chose aux Affaires
intergouvernementales. C'est la même chose aux autres
ministères.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Seulement, en fait, les
employés de votre ministère, ce sont bien 221 personnes
maintenant.
M. Landry: Quand tous nos cadres seront complétés,
avec les contractuels, cela va aller à 221. Et même plus que cela,
M. le député. Avec le personnel de soutien, les
secrétaires...
Ils sont fournis par les Affaires intergouvernementales dans les
délégations. La secrétaire qui travaille pour le
conseiller économique à Paris est payée par les Affaires
intergouvernementales.
Il faut parler de 200 postes, en vérité, à peu
près.
M. Lincoln: Nous avons ajouté 221. Vous avez parlé,
vous aussi, d'un ministère léger qui ne dépasserait pas
200 personnes. C'est pourquoi cela nous intéressait.
M. Landry: C'est cela, 200 postes. Mais les contractuels, ce
n'est pas du tout comme un fonctionnaire. Le contractuel, si cela ne fait pas
mon affaire, je le renvoie. Je n'ai pas à le supporter jusqu'à la
fin de ses jours. Il n'a pas les mêmes avantages sociaux, etc.
M. Lincoln: Non, mais, M. le ministre...
M. Landry: C'est bon signe. Si les affaires vont tellement bien
dans une ville que je dois engager, pour la période d'expansion, deux ou
trois contractuels, je vais le faire avec joie.
M. Lincoln: Oui. 0e sais que 221 personnes pour un
ministère, ce n'est pas grand-chose. Nous sommes d'accord. Mais
seulement, le principe de l'affaire... Je me souviens qu'on avait cette
discussion avec votre ancien collègue, M. Léger, au
ministère de l'Environnement, où il y avait des quantités
de contractuels. Il me disait: Non, le ministère de l'Environnement,
c'est tant de centaines de personnes, le reste, ce sont des contractuels.
M. Landry: Ce n'est pas le cas du tout du ministère du
Commerce extérieur. D'ailleurs, les contractuels que j'ai sont des
contractuels à l'étranger parce que j'ai des Japonais au Japon,
des Italiens en Italie et, pour être fonctionnaire du Québec, il
faut être citoyen du Québec.
M. Lincoln: Nous sommes entièrement d'accord. Ce sont des
postes, des positions qui sont au budget, si on peut dire.
M. Landry: Qui sont dans le budget, mais...
M. Lincoln: Dans le budget, mais hors fonction publique.
M. Landry: ...hors fonction publique.
M. Lincoln: Si on en arrive à votre personnel de cabinet,
là, cela nous a un peu étonnés. On a fait une remarque
parce qu'on voyait que vous aviez... On voit quelque chose comme huit
attachés politiques.
M. Landry: Attention, il faut regarder les dates, ils ne sont pas
huit en même temps.
M. Lincoln: C'est cela qu'il faudrait que vous expliquiez.
M. Landry: II y a de la rotation dans les cabinets.
M. Lincoln: Vous donnez la date d'entrée en fonction, cela
ne dit pas quand ils ont fini la fonction.
M. Landry: Je peux vous éclairer cas par cas.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Manon Guitard, par exemple. Vous voyez Manon Guitard,
36 672 $, attachée politique? Elle n'est plus chez moi, parce que Manon
Guitard assumait les responsabilités des dossiers de l'Outaouais, dont
j'étais le ministre responsable. Je ne suis plus ministre responsable de
l'Outaouais, c'est ma collègue, Mme Marois. Mme Guitard est partie chez
Mme Marois.
Mme Lise Venne, la dernière en bas, est ma secrétaire de
comté.
M. Lincoln: Laquelle, M. le ministre? M. Landry: La
dernière en bas. M. Lincoln: Mme Venne.
M. Landry: Venne, Lise, secrétaire de comté. Les
entrées en fonction, c'est la date de sanction du ministère. Oui,
sur le plan théorique, tout cela était à la même
date.
M. Lincoln: Mme Venne, en fait, est payée par votre budget
de député. Cela n'a rien à voir avec ce que l'on
étudie ici.
M. Landry: Non, Mme Venne est payée
par... Les ministres ont, dans leur comté, une extension de leur
cabinet.
M. Lincoln: Ah bon! Vous êtes chanceux.
M. Landry: Je sais que vous pensez que c'est mieux d'être
au pouvoir que de ne pas l'être, mais, si l'électorat en a
décidé autrement, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Lincoln: Cela changera bientôt. Tous les autres sont des
attachés politiques?
M. Landry: Vous avez dit cela avant l'autre élection
aussi.
M. Lincoln: Oui.
M. Maciocia: On n'était pas là.
M. Lincoln: Mon collègue et moi n'étions pas
là. Les autres sont en place. Là, vous avez un, deux, trois,
quatre, cinq attachés politiques.
M. Landry: Philippe Châtillon est l'attaché de
presse. On ne fait pas preuve d'originalité. On a un chef de cabinet,
six attachés politiques, comme tout le monde.
M. Lincoln: Ce n'est pas comme tout le monde, M. le ministre.
M. Landry: C'est la directive du premier ministre qui est
appliquée à la lettre.
M. Lincoln: La quantité est étonnante. Nous avons
comparé, parce que cela nous semblait beaucoup pour l'envergure du
ministère. Je vois votre collègue qui secoue la tête. En
fait, on a regardé aux Affaires municipales, on n'en a que cinq et un
directeur de cabinet, attaché politique. Aux Communautés
culturelles, on en a cinq. Aux Communications, on en a cinq. Aux Finances, on
en a quatre.
M. Landry: Ce que je vous dis, c'est que je suis à la
lettre la directive du premier ministre. Vous ne comptez peut-être pas la
secrétaire de comté ou l'attaché de presse. Je vous dis
que c'est rigoureusement conforme. Ensuite, il ne faut pas que vous pensiez
uniquement au nombre de fonctionnaires du ministère pour
déterminer le personnel de cabinet. Vous imaginez-vous qu'il y a
quelqu'un parmi ces gens qui est toujours obligé de me suivre sur la
route, quelquefois un, quelquefois deux? Vous imaginez-vous que ce
ministère est principalement situé à Montréal mais
qu'il a des employés non négligeables à Québec? En
plus d'être dans les normes, vous ne pouvez pas faire une
adéquation entre la taille du ministère et la taille des
cabinets. Les cabinets ont tous la même taille et les ministères
sont de taille variable.
M. Lincoln: J'aurais une dernière question. M. Bonin a
deux petites étoiles au bas. Qu'est-ce que cela indique?
M. Landry: C'est sans doute...
M. Lincoln: II a deux étoiles et les autres ont une
étoile.
M. Landry: ...que c'est un jeune homme très brillant. Je
sais qu'il a un MBA de Western, Ontario, je ne sais pas si c'est cela qui lui a
valu les étoiles.
M. Lincoln: Pourquoi est-il dans une section
séparée?
M. Landry: II a été recruté le 28
février. C'est tout ce qu'il y a de spécial dans son cas.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Landry: Les autres étaient là avant.
M. Lincoln: II avait été mis à part et on ne
comprenait pas pourquoi.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que les crédits du
Commerce extérieur sont adoptés?
M. Lincoln: Oui, on va adopter les crédits.
Le Président (M. Gagnon): Adopté?
M. Lincoln: Malheureusement, l'année prochaine, on devrait
avoir plus d'heures. On avait pas mal de questions. Mais c'est notre faute, ce
n'est pas la faute...
M. Landry: Vous avez toujours la possibilité d'en demander
à l'Assemblée nationale.
M. Lincoln: Oui, mais on pensait que nous aurions assez de temps
pour voir cela.
Le Président (M. Gagnon): La commission du commerce
extérieur ajourne ses travaux sine die.
M. Landry: Merci, M. le Président. Je remercie mes
collègues de la majorité ministérielle et de l'Opposition
pour ces séances qui, somme toute, me sont apparues très
fructueuses.
(Fin de la séance à 18 heures)