Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 21 février 2025
-
Vol. 47 N° 59
Interpellation de la députée de Mont-Royal–Outremont à la ministre de l’Enseignement supérieur sur le sujet suivant : Les coupures drastiques imposées aux cégeps et aux universités par le gouvernement caquiste
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7 h 30 (version non révisée)
(Huit heures)
La Présidente (Mme Dionne) : Bon
vendredi à tous. Je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. La commission se réunit afin de procéder à l'interpellation de la
députée de Mont-Royal—Outremont et la ministre de l'Enseignement
supérieur sur le sujet suivant : Les coupures drastiques imposées aux
cégeps et aux universités par le gouvernement caquiste.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Schmaltz
(Vimont); Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); et Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé) est remplacée
par M. Morin (Acadie).
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le secrétaire. Donc, conformément à l'entente prévue pour la 43e
législature, le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la 3e et la
7e série d'interventions et le député indépendant interviendra lors de la 5e
série d'interventions. Sur ce, eh bien, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont,
je vous cède la parole pour une période de 10 minutes.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, bon matin à vous tous. Il est important de débuter cette
interpellation avec un rappel des événements marquants de la dernière année en
enseignement...
8 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...en
enseignement supérieur. Permettez-moi alors de dresser une ligne du temps. En
mai 2024, le rapport de la Vérificatrice générale est déposé avec ses constats
alarmants à l'effet que les deux tiers des bâtiments des cégeps sont en mauvais
état et que les investissements prévus couvrent moins de la moitié des besoins
à venir.
31 juillet 2024, un mois après le
début de l'année financière des cégeps, une lettre complètement inattendue leur
est envoyée, imposant des coupures majeures en plein durant les vacances d'été
alors que des travaux sont déjà en cours. La directive demande aux directions
de réduire drastiquement leur budget d'investissement. La réduction dépasse 50 %
dans certains cas. Cette lettre est reçue comme une onde de choc, Mme la
Présidente. On se souvient que plusieurs avaient invoqué une atteinte à la
gouvernance locale.
Septembre 2024, un plan d'action pour
répondre aux recommandations de la Vérificatrice générale est déposé. Le plan d'action
prévoit des échéances à long terme. La ministre répond quoi aux étudiants qui
doivent aujourd'hui étudier dans des cégeps où les infrastructures sont
inadéquates ou carrément dangereuses? Le plan d'action parle de transparence et
de gestion rigoureuse. Or, les étudiants, eux, n'ont pas de visibilité claire
sur les échéanciers pour les projets qui les concernent.
Octobre 2024, en plus des infrastructures
en décrépitude, des restrictions budgétaires imposées en plein été, du
plafonnement des heures rémunérées dans les établissements, le gouvernement a
imposé en octobre dernier un gel du recrutement de personnel administratif.
Soyons clairs, ce sont toutes des personnes qui sont en service direct aux
étudiants et qui jouent un rôle crucial. Sans ces services, Mme la Présidente,
les cégeps peinent à remplir leur mission et à offrir aux étudiants des
conditions d'apprentissage adéquates. Également, en octobre 2024, le
gouvernement de la CAQ dépose le projet de loi n° 74 sur l'encadrement des
étudiants étrangers. Le gouvernement est ici en contradiction avec ses propres
priorités énoncées, entre autres, dans le plan stratégique du ministère de l'Enseignement
supérieur qui indique qu'attirer des étudiants internationaux dans les collèges
et universités francophones est une priorité gouvernementale dans le cadre d'une
course mondiale aux talents.
Décembre 2024, la ministre a déclenché une
enquête concernant le contenu d'un cours donné au collège Dawson. Cette
intervention a été perçue par plusieurs, incluant les partis d'opposition,
comme une atteinte à la liberté académique et une ingérence politique dans le
milieu de l'enseignement supérieur. Fin 2024, on apprenait par le biais d'une
série de trois articles parus dans Le Devoir que les restrictions budgétaires
imposées aux cégeps ont conduit dans plusieurs cas à la suspension de l'achat
de nouveaux livres dans les bibliothèques des cégeps. Est-ce que la ministre
prend la pleine mesure de ces coupures? Ces coupures mettent une pression
supplémentaire sur les enseignants, elles se font au détriment de la promotion
de la culture québécoise, elles ont... et elles ont un effet domino sur toute
la chaîne du livre, sans parler évidemment des répercussions sur la réussite
scolaire et le goût de la lecture.
Janvier 2025, plusieurs cégeps ont été
contraints d'annuler des programmes d'attestation d'études collégiales, AEC, en
raison de coupures budgétaires imposées par le ministère. On met ainsi en péril
la capacité du réseau à pourvoir aux besoins de main-d'oeuvre dans plusieurs
secteurs clés de l'économie. Cela nous apparaît comme un non-sens, alors qu'on
parle, ces jours-ci, de l'importance de la formation et de la requalification.
N'est-ce pas là une partie de la réponse souhaitée aux menaces de tarifs par le
gouvernement américain? Comment la ministre explique-t-elle que les enveloppes
de formation continue dans les cégeps soient coupées de 18 millions alors
qu'on tente de répondre aux défis économiques actuels?
Février 2025, ce mois-ci, plusieurs
nouvelles importantes sont à souligner. Dans leurs demandes prébudgétaires, les
cégeps réclament 660 millions en investissement. Le gouvernement a reculé
sur sa propre cible qui est d'avoir 70 % du parc immobilier des cégeps en
bon état d'ici mars 2026. Il est inacceptable, à notre sens, de voir le
gouvernement s'en éloigner et de couper les fonds quand l'urgence est si
criante. Comment la ministre peut-elle justifier qu'elle abaisse ses cibles? La
ministre met fin prématurément aux bourses Perspective, un programme qui
représente 250 millions annuellement, sans présenter un nouveau programme
pour les étudiants.
Et, cette semaine, un autre triste
constat, on apprenait que la ministre abandonne une recommandation du plan d'action
pour lutter contre les violences sexuelles en enseignement supérieur. Le plan
prévoyait le financement d'une enquête de 1,12 million qui avait été
conclue... C'était une enquête qui avait été prévue dans une entente prévue en
mars... signée en mars 2024 qui a été résiliée en juillet pour des motifs d'ordre
administratif. Il me semble que ce serait important, Mme la Présidente, qu'on
aille au fond des choses quand on parle de sécurité, de violences sexuelles. Il
faut absolument qu'on ait un portrait complet... un portrait complet...
Mme Setlakwe : ...il y a
également des événements marquants concernant les universités. En juin de 2024,
il y avait l'adoption de la nouvelle mouture de la politique québécoise de
financement des universités visant à adapter le financement universitaire aux
priorités actuelles de la province. Cette politique s'articule notamment autour
de l'objectif de combattre la pénurie de main-d'oeuvre dans les secteurs
publics et les industries clés de l'économie québécoise.
Dans le volet relatif aux financements
conditionnels, on prévoit des fonds supplémentaires basés sur la performance,
incluant des incitatifs pour les inscriptions et les diplômes obtenus dans des
domaines jugés prioritaires pour l'économie. Une mesure notable de la politique
est la modification des frais de scolarité pour les étudiants non québécois. Il
n'y a pas de nouvel argent, et on compte sur les droits de scolarité provenant
des étudiants internationaux pour supposément redistribuer les ressources
financières de manière plus équitable entre les universités francophones et
anglophones. La ministre devra réconcilier ces nouvelles règles budgétaires
avec les décisions récentes de son gouvernement, soit l'adoption du projet de
loi 74 et son décret à venir incessamment, qui imposera des quotas pour la
population étudiante internationale.
Et la fin de la bourse... des bourses
Perspective. Comment va-t-elle compenser les universités pour le manque à
gagner? Même avant la sortie du décret, on a appris tout récemment que les
demandes d'admission des étudiants internationaux sont en chute libre. La
baisse moyenne tournerait autour de 48 %. Dans le cas de l'UCAQ, c'est 80 %.
Évidemment, il est important de mettre en contexte tous ces événements. Donc,
une fois qu'on a adressé la ligne du temps et les événements marquants de la
dernière année, rappelons-nous d'autres données pour bien saisir le contexte
dans lequel s'inscrit les coupures du gouvernement caquiste. Il y a
actuellement un trop-plein d'étudiants. Il y a des classes modulaires dans
certains cégeps. 1000 élèves au Montmorency à Laval se sont vu refuser l
l'admission en raison du manque d'espace. Les cégeps enregistrent une hausse
historique du nombre d'étudiants cette année, une première en 25 ans. On parle
d'une hausse inattendue de 5,3 % bien au-delà des prévisions de 2 %. Les
projections du gouvernement font état d'une croissance attendue de plus de 10 %
d'ici 2027. Donc, le déficit d'espace est appelé à se creuser.
On a entendu qu'il manque actuellement
l'équivalent de sept cégeps pour répondre aux besoins croissants, exacerbés par
une augmentation démographique et un taux de passage plus élevé du secondaire
au cégep. Dans ce contexte, je m 'explique mal les actions de la ministre,
madame la Présidente. Alors que des investissements additionnels doivent être
réalisés, c'est tout le contraire qui se produit, avec une série de coupures
qui mettent à mal le réseau. Plusieurs directeurs et directrices parlent d'une
tempête parfaite, rien de moins. Les attaques de ce gouvernement contre nos
cégeps sont sans précédent. Jamais le réseau public n'a été autant mal mené,
alors qu'on sait que les cégeps sont essentiels pour nos communautés, autant en
région, que dans les centres urbains. Ils accueillent et forment nos jeunes dans
des secteurs critiques. Ils sont en première ligne de notre développement
économique, social et culturel.
Nous espérons sincèrement, madame la
Présidente, que l'interpellation de ce matin servira à ce que la ministre
puisse rassurer le milieu. C'est son devoir de défendre la population
étudiante, défendre le réseau des cégeps publics, défendre les institutions
universitaires, défendre cet écosystème d'excellence. Le milieu qui nous
écoute, sans aucun doute, ce matin, est ébranlé face à toutes ces menaces
envers nos cégeps, nos universités, qui risquent sérieusement et qui déjà
mettent à mal la qualité des services qui sont rendus à la population
étudiante, qui déjà mettent à mal l'accessibilité, une valeur qui nous est
chère dans notre société, l'accessibilité à l'enseignement supérieur pour tous
les jeunes Québécois et Québécoises. Comment la ministre de l'Enseignement
supérieur justifie-t-elle le fait que les cégeps soient ici limités dans leur
capacité à offrir un environnement d'apprentissage complet et adapté?
Ce matin, ces réponses doivent être
adressées non seulement aux établissements eux-mêmes, mais directement à la
population étudiante qui s'inquiète. Il est de notre devoir, comme
parlementaires, de s 'assurer qu'on offre des conditions gagnantes à nos
étudiants, à nos jeunes, à notre jeunesse. C'est un gouvernement qui dit que
l'éducation, c'est la priorité de ses priorités, bien, il est temps, il est
temps de le démontrer. Il est temps que la ministre défendre adéquatement le
réseau et la population étudiante. Merci, madame la Présidente.
• (8 h 10) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
madame la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour une
période de 10 minutes également.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup à ma collègue, députée de
Mont-Royal-Outremont, député de l'Acadie que je salue aujourd'hui...
Mme Déry : ...député de
Jean-Lesage, député de Jean-Talon également, mes collègues qui sont ici avec
moi du cabinet, mais mes collègues aussi députés de Vimont et de Vanier Les
Rivières, merci d'être là en ce vendredi matin, après la victoire de l'équipe
Canada, donc ça nous met quand même assez en forme, je suis quand même contente
d'être ici ce matin pour vous parler, justement, des défis qu'il y a en
enseignement supérieur.
Il y a beaucoup, beaucoup de choses qui
ont été soulevées dans la déclaration de ma collègue, je pense qu'il est
important pour moi d'apporter certaines clarifications, certaines précisions,
mais je pense aussi, puis vous allez me permettre de faire ça d'entrée du jeu,
de faire un peu comme ma collègue a fait, de remonter dans le temps ou
prendre... reprendre ses mots, faire la ligne du temps, donc je veux être bien
claire, il n'y a jamais un gouvernement qui a autant investi en enseignement
supérieur. Depuis 2018, les budgets ont augmenté de plus de 30 %, si je me
fie, justement, à certaines données qu'on a pu sortir quand on regarde la
croissance des budgets en enseignement supérieur sous le gouvernement
précédent, donc sous les libéraux, entre, je vous dirais, je regarde 2015
jusqu'à 2018, il y avait à peu près 7 milliards, un peu plus de
7 milliards de budgets en enseignement supérieur. Puis quand on est
arrivés, les budgets ont augmenté de façon égale, c'est-à-dire constante, alors
que, sous les libéraux, les augmentations de budgets étaient pas mal de manière
inégale, donc c'était très difficile d'avoir une certaine prévisibilité dans le
réseau. Donc, tout ça pour vous dire qu'on a augmenté, je vous dirais, jusqu'à
plus de 10 milliards puis presque 11 milliards en 2024-2025
également. Alors, pour moi, c'est très clair que les budgets en enseignement
supérieur n'ont jamais été aussi élevés. Et on m'a souvent dit, depuis le début
du mandat, et je pense que les gens le reconnaissent, puis surtout les gens du
réseau le reconnaissent, on disait souvent que l'enseignement supérieur était
qualifié d'enfant pauvre, c'est une bonne chose qu'on ait scindé le ministère,
qui a maintenant un ministère de l'Enseignement supérieur, une entité en soi,
je pense que c'est très important vu les défis. Puis vu aussi la grosseur du
réseau, on a quand même un réseau qui est grand, c'est-à-dire on a le réseau
collégial, on a le réseau évidemment privé, il y a le réseau universitaire,
donc je pense que c'est une très bonne chose, et le rôle stratégique que joue
le ministère de l'Enseignement supérieur dans le contexte actuel, bien, je suis
très contente de voir qu'on a une entité qui est complètement indépendante.
On a investi beaucoup dans des programmes
de soutien aux étudiants, des programmes de soutien qui n'existaient pas avant,
du tout, donc je parle ici du plan d'action pour la réussite et la
persévérance, 450 millions sur 5 ans, le PASME qui est le plan d'action sur
la santé mentale, on sait à quel point les besoins sont importants en ce
moment, il y a des besoins croissants, on y a accordé 95 millions sur
6 ans, et le plan d'action sur les violences à caractère sexuel que nous
sommes venus bonifier dans les plans d'action subséquents, on est venu bonifier
vraiment les montants financiers, puis il y a un changement de culture
important qui s'opère, c'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur, c'est
quelque chose qui me préoccupe depuis le début de mon mandat, puis c'est
certainement, comme je le disais, un enjeu qui me tient à cœur puis un enjeu
sur lequel je suis très, très près, je travaille de très près sur les
différentes campagnes qu'il y a sur les différents campus en matière de
violences à caractère sexuel.
Alors, je vous parlais de ces plans
d'action. Pour les plans d'action du PARES puis du PASME, donc sur la
persévérance puis celui de la santé mentale, ça n'existait pas, ces sommes-là
n'existaient pas, les plans d'action n'existaient pas, donc on est venus quand
même mettre des centaines de millions de dollars pour venir en soutien aux
étudiants.
Laissez-moi vous parler aussi de l'AFE,
l'aide financière aux études, qui, pour moi, est vraiment le socle en
enseignement supérieur, c'est vraiment le programme qui est le plus généreux,
mais c'est le programme le plus important et nécessaire pour qu'on puisse,
justement, venir soutenir les étudiants, Mme la Présidente. Et, depuis 2018, on
a massivement, substantiellement bonifié plusieurs mesures de l'aide financière
aux études au cours des dernières années. Puis je vous donne quelques exemples
que j'ai souvent soulevés publiquement, puis même ici en Chambre, bien, la plus
récente, c'est l'indexation à 5 % qui a été confirmée l'automne dernier,
annuellement, on parle de 50 millions annuellement. On a réduit
l'endettement des étudiants à temps partiel qui sont réputés temps plein et qui
sont parents aussi, donc on vient aider des clientèles étudiantes un petit peu
plus vulnérables. On a pérennisé la bonification des frais temporaires, donc
des frais de subsistance. C'était une mesure temporaire qu'on avait mise dans
le cadre de la pandémie, et là on est venu pérenniser cette mesure-là, qui est
à la hauteur, je crois, d'un peu plus de 300 millions sur quelques années,
donc on est venu pérenniser cette mesure-là. L'exemption des montants reçus à
titre de pension alimentaire aussi a été bonifiée, donc ça a permis à plus de
500 mères monoparentales d'avoir un meilleur accès au soutien financier.
On est venus aussi bonifier certaines mesures pour les étudiants qui souffrent
de certains handicaps, donc leur permettre d'avoir une accessibilité...
Mme Déry : ...plus facile
justement à l'enseignement supérieur. Puis on a investi, dans le dernier PQI,
depuis 2023, 225 millions pour augmenter l'offre de résidentes étudiantes, une
façon concrète de loger des étudiants à faible coût, d'alléger leur fardeau
financier. On ne le faisait pas avant. Ça veut dire, il n'y a pas de montant et
ce n'est pas... ce n'était pas la mission, je vous dirais, non plus de
l'Enseignement supérieur de s'occuper de logements abordables, mais on a
commencé à le faire, vu qu'il y a des besoins croissants puis vu, évidemment,
qu'il y a une crise du logement. Puis, pour moi, l'accessibilité à l'enseignement
supérieur est extrêmement importante. Puis, en région, on avait évidemment un
taux d'inoccupation qui était extrêmement faible. Donc, on a mis des montants
très substantiels, puis on continue de développer ces projets-là pour qu'on
puisse avoir une meilleure accessibilité, surtout en région.
Donc, l'AFE, en gros, c'est plus de 1
milliard de dollars investis entre 2019 et 2023. Là, j'exclus 2024, parce qu'il
y a des sommes qui ont été investies en 2024, donc ça exclut ces sommes-là. Je
suis déjà à plus de 1 milliard entre 2019 et 2023 en prêts et bourses, les
montants qui ont doublé par rapport aux libéraux.
Donc, je suis consciente des défis, je
suis consciente du contexte actuel, qui est plus en plus difficile, que ce soit
pour les étudiants, que ce soit pour les réseaux, en raison de la hausse du
coût de la vie, mais en raison évidemment du taux d'inflation, en raison,
justement, que les coûts ont explosé aussi. Mais j'aimerais rappeler surtout,
d'abord et avant tout, qu'on a les droits de scolarité les plus faibles en
Amérique du Nord. Ces droits de scolarité ont été plafonnés à 3 %. Donc,
ça aussi, c'est une mesure qui coûte au gouvernement, on parle de 72 millions
de dollars supplémentaires depuis qu'on a adopté cette fameuse loi en 2022 sur
l'indexation de plusieurs tarifs gouvernementaux. Et puis, bien sûr,
l'éducation au cégep demeure gratuite, l'éducation à la formation
professionnelle aussi demeure gratuite. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
défis, on reconnaît qu'il y a des défis, puis on y travaille, puis on va
continuer de soutenir, Mme la Présidente, la communauté étudiante.
On parle beaucoup d'infrastructures. En ce
qui concerne le PQI, je parlais, pour les logements, de l'augmentation qu'on a
eue au PQI, mais le fameux PQI est passé de 100 milliards à 153 milliards.
C'est du jamais-vu, un PQI aussi important. Puis, juste pour nous, en
enseignement supérieur, le PQI, pour les 10 prochaines années, a été
excessivement bonifié. Il se chiffre à peu près à 8,5 milliards. Donc, ça couvre
tout le réseau, évidemment, le réseau collégial, le réseau universitaire, tant
en maintien d'actif qu'en projets de bonification.
Alors, je suis vraiment toujours un peu...
un peu étonnée, un peu même estomaquée, je vous dirais, de voir à quel point la
députée ne réalise pas qu'on ramasse un peu les pots cassés, je vous dirais, du
gouvernement libéral qu'on a... dont on a hérité quand on est arrivés. C'est un
rattrapage énorme qu'on doit faire. Il y a plusieurs projets qui sont là. Les
coûts ont doublé, même triplé. Au cégep, on le sait, que tout le réseau de
cégep a été construit au même moment et bâti au même moment. Donc, les besoins
arrivent en même temps. Puis, pendant des années, je vous dirais, pendant des
décennies, on a très peu fait de travaux. Au PQI, on avait un 5 milliards, là,
on est passés à 8,5 milliards. Donc, le rattrapage est énorme.
On continue de mettre les sommes
nécessaires. On a mis des seuils, on a établi des seuils pour tous les cégeps,
pour les trois prochaines années, pour justement suivre l'évolution des projets
puis de s'assurer qu'on sache exactement quelle est la planification pour
chacun des cégeps, chacun des établissements, pour s'assurer au moins que
2024-2025 soit couvert complètement, tant en maintien d'actif qu'en projets de
bonification ou d'agrandissement. Pareil pour le réseau universitaire aussi.
Donc, on n'en serait pas là si les
gouvernements précédents avaient investi les sommes nécessaires au fur et à
mesure pour maintenir un parc immobilier en bon état. Malheureusement, ce que
je dis, c'est que tous les gouvernements se sont succédé et ont négligé les
infrastructures en enseignement supérieur. Donc, on ne peut pas venir nous dire
aujourd'hui qu'on peut rattraper ça du jour au lendemain. Ça ne se fait pas du
jour au lendemain, mais, depuis 2018, on s'y attaque. Les projets sont là, les
projets sont dans le pipeline, les projets continuent. Il n'y a pas de chantier
qui a été arrêté ou suspendu. Les projets continuent pour l'année 2024-2025, et
on va continuer de le faire pour les prochaines années.
Et, ceci dit, les réseaux ont leurs seuils
pour qu'on soit capables de savoir exactement qu'est-ce qu'il y a dans le
pipeline pour les prochaines années. Donc, les besoins sont énormes, mais on...
on continue de soutenir non seulement le réseau, mais on continue de soutenir
aussi les étudiants, parce que c'est un contexte plus difficile, soit en
bonifiant l'AFE, soit en ayant des mesures comme les plans d'action qui
viennent les soutenir.
Donc, je vais... je vais continuer. Il y
avait beaucoup de choses dans la déclaration de ma collègue tout à l'heure. Ça
me... J'aurai l'occasion de parler des autres défis qu'elle a soulevés, des
autres préoccupations qui ont été soulevées au cours de cette interpellation. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
• (8 h 20) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la ministre. Donc, nous allons maintenant débuter cette période d'échange.
Donc, Mme la députée de Mont-Royal-Outremont, vous avez...
La Présidente (Mme Dionne) : ...la
parole pour cinq minutes.
Mme Setlakwe : Merci,
Mme la Présidente. Je veux qu'on parle d'insécurité alimentaire dans ce bloc,
mais avant, j'aimerais revenir sur les derniers propos de la ministre sur les
infrastructures. Elle parle du... de ce qu'elle a... de ce que son gouvernement
a dû hériter des gouvernements précédents. Je trouve ça... Je trouve ça gros
comme déclaration, quand ça fait plus de six ans que le gouvernement de la CAQ
est au pouvoir. Et on n'a qu'à prendre le rapport de la Vérificatrice générale
en mai dernier pour constater que la période qu'elle a auditée, c'est une
période de temps sous le règne de la CAQ, les dernières années, les six
dernières années, alors où la situation s'est détériorée. Alors, moi, je pense
que ces déclarations sont beaucoup trop générales. Il est les temps qu'elle
descende sur le terrain et puis qu'elle parle de la réalité sur le terrain,
qu'elle parle du rapport de la Vérificatrice générale et de son plan d'action
pour y répondre.
La Vérificatrice générale nous dit, dans
le fond, que c'est le temps d'accélérer et non pas de mettre le pied sur le
frein. Et qu'est-ce que fait la ministre? Elle revoit ses propres cibles à la
baisse. On ne sait même pas quelles seront les nouvelles cibles. Donc, pendant
ce temps-là, les bâtiments continuent de se détériorer, la situation continue
de s'aggraver. Et c'est ça qu'elle répond aux étudiants qui nous écoutent ce
matin, qu'elle a hérité d'un lourd bilan des gouvernements précédents? Je
trouve ça gros. Je pense qu'il est temps que le gouvernement regarde son propre
nombril, ses propres agissements. Qu'ils prennent leur responsabilité et
répondent, avec un plan d'action clair et précis, aux étudiants qui,
aujourd'hui, s'inquiètent de la condition de leurs bâtiments puis
s'inquiètent... Donc, pour ceux qui sont plus jeunes, ils regardent l'état des
cégeps et se disent que c'est décourageant, ce qu'ils vont avoir, dans quel
état les cégeps vont être quand ça va être le temps d'aller, pour eux, d'aller
au cégep. Et même, est-ce qu'il va y avoir assez d'espace?
J'aimerais revenir donc, une fois qu'on a
dit ça, à la question de l'insécurité alimentaire. J'ai été vraiment très
touchée et très bouleversée par les chiffres qui sont sortis récemment. Et je
suis sûre que c'est la même chose pour tous les parlementaires qui sont réunis
aujourd'hui. On le savait, dans les dernières semaines, dans les derniers mois,
ce n'est pas la première fois que les étudiants déplorent cette détresse
financière qu'ils vivent. Mais là on a, cette semaine, appris... On a eu des
résultats très concrets qui ont été livrés suite à des études, des études
sérieuses, qui nous apprennent que 40 % des étudiants ont vécu une
insécurité alimentaire dans les 12 derniers mois. Pour ceux qui reçoivent
l'Aide financière aux études, le régime dont la ministre a parlé, c'est un sur
deux qui bénéficient, qui ont recours à... qui vivent de l'insécurité
alimentaire. Donc, clairement, ceux qui sont sur l'AFE ne reçoivent pas
suffisamment d'argent. Un étudiant sur cinq a eu recours à une forme d'aide
alimentaire, soit sur le campus ou encore dans les banques alimentaires.
13 % reconnaissent avoir déjà passé une journée entière sans manger. Ça,
c'est grave, Mme la Présidente.
Alors, notre démarche en est une... en est
une que je dirais transpartisane. Nous, on a déposé un mandat d'initiative. On
a demandé qu'une commission parlementaire se penche sur ce fléau. On tend la
main au gouvernement, on tend la main aux autres parlementaires. C'est notre
responsabilité collective de nous assurer que nos étudiants ne soient pas assis
sur des bancs, des bancs d'école, des bancs de nos cégeps et universités, le
ventre vide. Comment peuvent-ils se concentrer sur leurs études? Comment
pouvons-nous assurer leur réussite académique s'ils ont faim? Donc, il faut
vraiment se pencher sur les causes de ce fléau. Il faut se pencher sur les
initiatives qui existent déjà sur le terrain. On le sait, dans les cégeps, dans
les universités, moi-même dans mon propre comté à l'Université de Montréal, il
y a une banque alimentaire, il y a des initiatives de frigo-partage. Ça
déborde, ils ne répondent pas à la demande. Et il y a même des étudiants qui
n'y vont pas parce qu'il y a un sentiment de honte. Donc, comme parlementaires,
il est urgent qu'on se penche sur cette question-là.
Et je tends la main à la ministre. Est-ce
qu'elle va accepter de se pencher sur le... Est-ce que notre demande
d'initiative va être acceptée? Je comprends qu'il y a une procédure avec la
commission, mais je lui demande, comme ministre, comme mère de famille, est-ce
qu'elle accepte qu'on travaille ensemble? Encore une fois, c'est notre
responsabilité collective de trouver, d'identifier les causes, d'aider les
initiatives à très court terme et à plus long terme, se demander si nos
programmes répondent réellement aux besoins. À la lumière des chiffres, à la
lumière des statistiques, bien, clairement, la réponse, c'est non. Elle a beau
dire que le gouvernement investit dans le programme d'AFE, c'est vrai, mais ça
ne se rend pas aux étudiants...
Mme Setlakwe : ...qui en on
besoin.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq
minutes.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, juste d'entrée de jeu, pour faire suite, parce qu'il
y a plusieurs choses encore dans les déclarations de ma collègue, mais juste
sur l'insécurité alimentaire, évidemment que ça préoccupe, là. C'est quelque
chose dont on parle récemment. Au cours de la dernière année, je vous dirais,
les associations étudiantes, là, avec les... que j'ai rencontrées à plusieurs
reprises, me parlent d'insécurité alimentaire. On a tous pris connaissance du
sondage. On est en train d'analyser le tout aussi, puis les associations
étudiantes sont très conscientes qu'on travaille en collaboration là-dessus.
Ceci dit, je reviendrais sur l'insécurité alimentaire quand on aura la chance
d'en parler davantage. Je veux revenir aussi sur le PQI. Sa déclaration portait
aussi sur les infras. Je reviendrais sur l'insécurité alimentaire quand j'aurai
quelques minutes tantôt, mais je veux revenir sur les infrastructures.
Quand on nous dit qu'on n'agit pas, quand
on nous dit que le rapport de la VG, il y a des actions qui sont à bien long
terme, je pense qu'il y a des actions très courtes, à très, très court terme,
qui ont... qui sont posées actuellement, justement pour répondre aux
recommandations du rapport de la vérificatrice. Puis on n'a même pas attendu le
rapport de la vérificatrice générale pour répondre à certains enjeux, qu'on
avait justement en matière d'infra. Donc, là-dessus, honnêtement, je pense
qu'on a été très proactifs, puis je suis contente que le rapport de la VG nous
permette justement de revoir des façons de faire.
Je veux juste retourner dans le temps,
puis je pense que c'est important de retourner dans le temps encore une fois.
Un parc immobilier, là, comme les cégeps, puis comme le réseau universitaire,
il y a 48 cégeps et une vingtaine d'universités, il y a le réseau public
qui s'ajoute, mais qui n'est pas dans le PQI. Il y a un parc immobilier, dont
on ne connaît pas du tout, du tout la vétusté. Il n'y avait pas d'ABC, il n'y
avait rien, il n'y avait pas de portrait global avant qu'on arrive sur l'état
du parc immobilier, Mme la Présidente. Alors, comment est-ce qu'on peut savoir
quel type de travaux on a besoin, puis d'infrastructures, si, jusqu'en 2018, il
n'y avait pas de portrait global? Donc, quand on est arrivé, ça a pris quand
même un an ou deux de mettre en place des processus pour qu'on soit capable
d'avoir un portrait global sur l'état du parc immobilier. Avant, là, c'était à
la pièce, puis c'est ce qu'on me disait tout le temps. C'était à la pièce,
premier arrivé, premier servi, les enveloppes qui servaient pour un toit, ou un
système de chauffage, ou des changements de fenêtre, ou peu importe, du
maintien d'actifs, c'était un peu le premier arrivé, premier servi. Donc, il
n'y avait pas de vue d'ensemble.
On est arrivé, on a mis des processus en
place. Est-ce que ces processus sont parfaits? La réponse, c'est non. Puis
c'est la raison pour laquelle on les... on est en train de les parfaire, les
rendre, évidemment, perfectibles, là, ça... On doit les parfaire, ces
processus-là, puis c'est ce que la VG nous demande de faire, puis c'est ce
qu'on fait. Donc, en termes d'investissement, honnêtement, même si je mettais
encore de l'argent demain, que ce soit un 500 millions, que ce soit un autre
milliard par-dessus les milliards qu'on a mis au cours des dernières années, je
ne pourrais pas tout rattraper maintenant, parce que le rattrapage est énorme.
Puis je vais le dire, puis je vais le répéter, je sais que ça ne fait pas leur
affaire, mais c'est la vérité, puis c'est factuel.
Je vais vous demander de me donner mon
petit tableau, que je sors souvent, puis je suis très contente de le ressortir.
C'est que ça, c'est les investissements quand le gouvernement libéral était au
pouvoir. On a 1,92 milliard, on a ici presque 3 milliards, entre 2019
et 2024. Pour le collégial, c'est une hausse de 55,7 % d'infrastructure,
puis ici, en termes de budget d'infra, puis ensuite, dans le réseau
universitaire, on parle d'une augmentation de près de 24 %. Donc, quand on
me dit que les fonds ne sont pas là, juste cette année, juste cette année, en
2024-2025, rouvrez le budget, là, je pense qu'ici, dans le bureau du premier
ministre du Québec, que j'occupe actuellement, il y a le livre du budget. Dans
le budget, vous allez le voir que, cette année, on parle d'une augmentation de 11,9 %.
Donc, 11,9 %, c'est... Ça dépasse maintenant le milliard. Donc, quand on
me dit qu'on n'investit pas les sommes nécessaires, là, je pense qu'on va
remettre les pendules à l'heure à ce niveau-là. Encore une fois, c'est le
rattrapage.
Donc, je vous disais justement que le
rapport de la VG, pour moi, c'est important, parce qu'on répond au rapport de
la VG. Puis j'ai les deux mains dedans, sur le rapport de la VG. J'ai participé
vraiment très étroitement à la rédaction du plan d'action puis de savoir exactement
ce qu'on allait mettre de l'avant pour m'assurer qu'on réponde le plus
rapidement aux recommandations de la VG. Donc, il y a des processus qu'on va
parfaire, qu'on va vraiment s'assurer que l'ensemble des établissements vont
nous soumettre une estimation budgétaire, approuvée par un professionnel, pour
qu'on n'échappe aucun détail pertinent. Moi, en ce moment, j'ai des projets qui
doublent, qui triplent de coûts. À un moment donné, il y a une capacité de
payer aussi.
• (8 h 30) •
Je comprends que ce n'est pas... Je ne
blâme pas les collèges pour ça, mais il y a un accompagnement, dans certains
établissements, qui est absolument nécessaire pour qu'on soit sûr qu'on
n'arrive pas avec une surprise en bout de ligne ou en milieu de parcours, où le
projet double et triple, parce qu'à un moment donné il y a une capacité de
payer. J'ai des enveloppes qui sont substantielles, mais vous comprendrez, Mme
la Présidente, que, ces enveloppes-là, je ne peux pas non plus les dépasser. Il
y a... les ressources sont... ont ses limites, ont leur limite. Donc, avec les
enveloppes que j'ai, je veux m'assurer que tous ces plans-là, que tous ces
projets-là suivent vraiment un processus extrêmement rigoureux puis nous
permettent de ne pas l'échapper...
8 h 30 (version non révisée)
Mme Déry : ...de ne pas l'échapper
en cours de route puis de mieux accompagner le réseau collégial, puis c'est ce
que nous demandent de faire la Vérificatrice générale, Mme la Présidente.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée de Vimont, la parole est à vous pour cinq
minutes.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bon matin à tout le monde, à tous les collègues présents. C'est
sûr que, ce matin, les quelques minutes que je vais pouvoir m'exprimer vont me
permettre, encore une fois, de démontrer l'engagement clair, constant de notre
gouvernement envers l'enseignement supérieur. Vous savez, on est là ce matin,
encore une fois, pour démontrer tout le travail qu'on fait en lien, malheureusement,
avec les années des gouvernements précédents, hein, on ramasse un peu les pots
cassés ce matin. Alors, c'est un petit peu pour... pour ça aussi qu'on est
présents.
Alors, permettez-moi d'insister aussi et
surtout de rétablir la vérité sur les mesures budgétaires récentes sur la place
centrale que le gouvernement du Québec accorde à l'éducation postsecondaire. Je
pense qu'on va le répéter assez souvent, cette phrase-là, à l'effet que notre
gouvernement a à cœur la priorité de l'enseignement supérieur. Les chiffres qui
ont été présentés dans le dernier budget 2024-2025 attestent sans
équivoque, encore une fois, cette priorité. En effet, selon le budget présenté,
la croissance des dépenses dans le domaine de l'enseignement supérieur est
significative, et ce, sur plusieurs années.
Permettez-moi de rappeler que, dans le
cadre du budget 2024-2025, la croissance des dépenses du ministère de l'Enseignement
supérieur atteint 4 % par rapport à 2023 -2024. Il est important de
souligner que cette augmentation prend en compte des mesures stratégiques qui
visent à répondre aux besoins urgents du secteur tout en équilibrant les
finances publiques. Sans les mesures spécifiques du budget 2024-2025, la
croissance des dépenses du MES aurait été de 3,8 % par rapport au budget
des dépenses comparatives de 2023-2024. Ce chiffre montre qu'il y a eu l'effort
concerté, l'effort présent pour renforcer l'investissement dans ce domaine et
non pas, comme le prétendent malheureusement certains, un retrait ou une
réduction.
Mais, au-delà de ces chiffres, Mme la
Présidente, ce qui est véritablement significatif, c'est l'impact global du
budget sur l'ensemble du portefeuille de l'enseignement supérieur. Le budget
consolidé, qui inclut les dépenses du MES et des entités consolidées relevant
de la ministre, montre une augmentation de 5,3 % pour l'année 2024-2025.
Cette croissance dépasse largement les attentes et témoigne de l'engagement à
long terme du gouvernement en faveur de l'enseignement supérieur, je le répète
à nouveau. En analysant les chiffres sur plusieurs années, nous constatons qu'entre
2019-2020 et 2024-2025, l'augmentation totale du budget en enseignement
supérieur a été de 30,7 %, soit une croissance annuelle moyenne de 4,6 %.
Cette performance est bien plus élevée que celle des années précédentes. De
2014-2015 à 2019-2020, la croissance était de 16,5 %, soit une moyenne de
2,8 % par année. Nous sommes loin des années difficiles du Parti libéral,
qui nous ont habitués à des budgets qui, dans certains cas, ne couvraient pas
les coûts du système. J'aimerais donc souligner l'année 2014-2015 où le
Parti libéral a présenté un budget qui réduisait de 6,2 % les sommes
allouées à l'enseignement supérieur.
Je tiens également à préciser que la
gestion des finances publiques exige une approche équilibrée. Il est crucial d'investir
de manière durable tout en garantissant l'équité entre les différents secteurs
de la société. Le gouvernement a choisi d'investir massivement dans l'éducation
tout en maintenant une approche responsable sur le plan fiscal. Je pense que la
ministre de l'Enseignement supérieur nous le rappelle assez régulièrement. La
stratégie choisie par notre gouvernement pour le secteur de l'enseignement
supérieur repose sur des choix budgétaires éclairés, permettant d'augmenter les
investissements, effectuer le rattrapage en matière d'infrastructure tout en
assurant la pérennité des finances publiques à long terme. Je ne peux pas non
plus passer sous silence les diverses mesures de soutien à l'accès et à la
réussite des étudiants dans nos établissements d'éducation supérieure. Le
budget 2024-2025 prévoit des investissements spécifiques pour soutenir les
étudiants qui proviennent, malheureusement, à des milieux plus vulnérables afin
de garantir que chacun, quelle que soit sa situation économique, ait accès à
une éducation de qualité.
Il ne me reste plus beaucoup de temps,
alors je vais terminer pour parler, naturellement, du soutien qu'on a... qu'on
effectue envers les établissements...
Mme Schmaltz : ...universitaires,
collégiaux, mais nous assurons également que les étudiants aient les conditions
nécessaires pour s'épanouir et réussir dans leurs études. Je reviendrai un
petit plus tard avec un complément d'information. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Nous sommes maintenant prêts pour cette deuxième série
d'interventions. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Mont-Royal—Outremont pour cinq minutes.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Honnêtement, je vais devoir aller vite parce que j'ai reçu, dans
les derniers jours, tellement d'exemples concrets du terrain. Il y a plusieurs
cégeps, avec qui j'ai communiqué, qui m'ont rapidement donné des exemples
concrets de ce qu'ils vivent sur le terrain. Donc, j'y vais. Mais avant de le
faire, il y a une nouvelle toute fraîche ce matin que je n'ai pas eu la chance
de placer dans mon introduction : «Recherche au collégial», c'est tout...
on vient d'apprendre ça. «Québec reporte indéfiniment des demandes de
financement. Des chercheurs au niveau collégial doivent mettre sur pause leurs
projets de recherche en raison d'une directive de Québec reportant indéfiniment
le dépôt des demandes de subventions de programmes créés il y a des décennies».
C'est sous la plume de Léa Carrier. «Ces fonds ont permis d'étudier une variété
de méthodes pédagogiques dans le but de favoriser la réussite scolaire.»
Honnêtement, on s'en va où, Mme la Présidente? C'est franchement inquiétant.
Abitibi-Témiscamingue, évidemment, ils parlent
d'une importante... réfection importante de leur... une réfection importante de
leur pavillon 4000 pour lequel d'importants enjeux de toiture et de
structure sont identifiés. Mais aucune action n'a pu être initiée dans le
contexte actuel. Au niveau du gel d'embauche, ils déplorent eux aussi qu'ils ne
puissent pas embaucher des ressources essentielles, des ressources importantes,
ce qui crée une pression, un stress. Comment se fait-il qu'on impose aux
cégeps, c'est ce que j'ai retenu de mes nombreuses visites, ce niveau de
microgestion, on s'ingère dans des décisions qui relèvent de nos cégeps, de nos
directions. Il faut leur faire confiance, il faut leur permettre de faire leur
travail. En ce moment, ils sont obligés de demander au Conseil du Trésor, mais
avant, il faut passer par le ministère de l'Enseignement supérieur, pour
embaucher du personnel essentiel : des concierges, du personnel de soutien
en service direct aux étudiants. C'est là où on est rendus avec la ministre de
l'Enseignement supérieur. Ils parlent de la réduction des heures
supplémentaires et le gel, qui font en sorte que les services aux étudiants et
à la population aient été réduits. Ça, c'est Abitibi-Témiscamingue.
Gaspésie, eux aussi déplorent le gel
d'embauche, les heures rémunérées. Ils parlent également de l'impact de la
loi 74. Ils nous demandent... ils nous disent que, devant autant
d'incertitudes, les étudiants remettent leur projet ou changent de destination.
On ne l'a même pas entendu, la ministre de l'Enseignement supérieur, durant
l'étude du projet de loi n° 74 qui vise à encadrer les étudiants
internationaux. On n'a entendu que son collègue. Elle doit intervenir, elle
doit rassurer le milieu. Même avant qu'on ait annoncé les quotas, il y a une
chute drastique des demandes d'admission.
Cégep de Baie-Comeau. Je regarde la liste
des projets en équipement qui sont reportés. Il y en a certains qui ont sauté,
qui sautent aux yeux comme étant vraiment aberrants. Au niveau de soins
préhospitaliers, le cégep ne peut pas acheter des équipements de pointe. Là, en
soins préhospitaliers, on accepte que des étudiants qui vont devoir entrer sur
le milieu du travail ne puissent pas être formés sur les bons équipements qui
vont être utilisés une fois qu'ils vont être en service : appareil pour la
réanimation, équipement d'assistance à embarquement, mannequin intelligent.
C'est aberrant comment est-ce qu'on est en train de former nos étudiants avec
du vieil équipement qui ne peut pas être remplacé. Des exemples comme ça, il y
en a à la grandeur du Québec. Encore au cégep de Baie-Comeau, à la variation
dans leurs allocations normalisées, une baisse de 72 %. Avec les baisses
d'allocations et l'instauration des niveaux d'investissement autorisés, il sera
difficile de maintenir la mise à niveau du parc d'équipement spécialisé et des
différentes composantes du parc immobilier. La qualité de l'enseignement, ce
n'est pas moi qui le dis, là, je les cite : «Les besoins en développement
pédagogique, la sécurité et le maintien de nos installations sont
inévitablement impactés par ces restrictions budgétaires».
• (8 h 40) •
À Jonquière, rappelons-nous tout ce qui se
passe avec la piscine au cégep de La Pocatière... Excusez. Et à Jonquière, ils
doivent reporter la réfection de la plomberie dans leur résidence où il y a
215 chambres. Le système de la plomberie a plus de 50 ans. Si jamais
il y a un bris au 12e étage, qu'est-ce qui va arriver? On va devoir sortir
tous les étudiants qui sont logés dans cet immeuble? C'est ridicule. Du côté des
heures rémunérées, on nous dit qu'ils ont dû appliquer la syndicalisation. Ça,
c'est une décision qui leur est imposée, sur laquelle ils n'ont aucun contrôle.
Dans les deux CCTT, c'est la même situation. À Victoriaville...
Mme Setlakwe : ...n'était pas
considéré dans les heures rémunérées l'an passé puisque ce n'était pas des
chercheurs syndiqués. Donc là, ils sont en déficit de rémunérer, c'est ce que
j'entends partout, à Sherbrooke aussi, quand j'y suis allée en janvier. Ils
m'ont parlé de cette pression... de ces compressions qui créent vraiment un
stress et qui les empêche de bien gérer. Ils nous l'ont dit, ils sont inquiets
de la bonne gestion.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Nous allons maintenant procéder à cette troisième période
d'intervention. Et je cède la parole à monsieur... Oui.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
le tour de la ministre. Oui, vous savez raison, c'est le tour de la ministre.
Je m'en excuse. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous. Je vous ai oublié
avant d'entamer la troisième série d'intervention.
Mme Déry : Il n'y a pas de
souci. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
vendredi.
Mme Déry : Je vais essayer,
en cinq minutes, de parler, il y a plusieurs, plusieurs choses que Mme la
députée a soulevées, il y a des enjeux de gel de recrutement dont elle a parlé.
On est revenu sur le PQI, on est revenu sur la recherche au collégial. En tout
cas, il y a plein de choses, je vais essayer de ramasser tout ça.
Donc, pour ce qui est de la recherche au
collégial, évidemment, c'est très important, les programmes de recherche au
collégial. On parle beaucoup de CCTT, on est en train de revoir justement, avec
Synchronex, tout le modèle des CCTT. Mais pour ce qui est des programmes de
recherche au collégial, dont ma collègue parlait au début de son intervention,
le PAREA, le PREP, ce sont des programmes d'aide à la recherche sur
l'enseignement, l'apprentissage. Vous avez des programmes de recherche et
d'expérimentation pédagogique. Ces programmes n'ont pas été suspendus, là.
C'est l'appel à projets qui a été reporté à une date ultérieure. Ce qu'on fait
en ce moment, c'est qu'on revoit certains processus. Puis il y a une nouvelle
date d'ouverture qui sera transmise dans le cadre de l'exercice financier
2025-2026. Donc, je ne peux pas me prononcer maintenant sur cette date-là parce
qu'on attend le budget. Mais il y a un montant total d'une enveloppe qui est
d'environ 4 millions. Et c'est des enveloppes qui peuvent varier d'une année à
l'autre.
Mais, ceci dit, ce sont des programmes de
recherche qui ont été suspendus... qui n'ont pas été suspendus, qui ont été reportés
dans le temps. Donc, j attends évidemment le budget de 2025-2026, pour savoir
combien on va allouer, et de quelle manière on va le faire aussi parce que les
processus sont à revoir. C'est pareil pour le PAREA, pareil pour le PREP,
pareil pour le PADR, RCC. En tout cas, c'est des acronymes un peu difficiles,
mais c'est des programmes de recherche au collégial. Donc, il n'y a pas de
budget coupé, on a juste reporté l'appel à projets. Mais c'est quand même des
enveloppes budgétaires qui sont très substantielles dans ces trois
programmes-là, le PAREA, on parle de 4 millions. L'enveloppe globale pour le
PREP, on parle de plus de 700 000. Il y a d'autres enveloppes que je vois ici
où on parle aussi de plusieurs centaines de milliers de dollars. Donc, c'est un
processus d'appel à projets qui est très, très long. Et on est en train de
revoir ce processus-là. Donc il y a différents scénarios qui sont envisagés,
mais c'est juste pour rendre le processus beaucoup plus efficace.
Elle parlait, Mme la députée, aussi du
programme sur les VCS, le fameux programme sur les violences à caractère sexuel
qu'on a... dont on a mis fin. D'abord, on a plusieurs initiatives actuellement
qui nous permettent de recueillir des données sur les violences à caractère
sexuel. Donc, depuis qu'on a des plans d'action, il y a plusieurs travaux qui
sont menés par des chaires de recherche sur les violences sexistes et sexuelles
en enseignement supérieur, notamment l'UQAM. Vous avez l'enquête sur la santé
mentale étudiante actuellement qui est menée par l'Observatoire sur la santé
mentale étudiante en enseignement supérieur. Donc, pour toutes ces raisons-là,
on a conclu justement que l'entente qui était signée avec l'Institut de la
statistique du Québec n'était plus optimale pour obtenir des données, parce
qu'on va les avoir, ces données-là. On va continuer de prioriser la poursuite
des services qui sont déjà offerts aux étudiants sur nos campus.
D'ailleurs, il y a plusieurs ressources
qui ont été embauchées au cours des dernières années, que ce soit pour le
PARES, Mme la Présidente, ou que ce soit pour le PASME, le fameux programme en
santé mentale. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'embauches qui ont été
faites, et on garantit la rétention de ces embauches-là. Donc ce n'est pas
parce que c'est des plans d'action qui ont un début puis une fin que les
embauches de ce personnel-là, qu'on va s'en débarrasser, là. On a, dans le
budget de fonctionnement, de l'argent qui a été alloué pour permettre à ces
ressources de rester dans le réseau, permettre à ces ressources-là, Mme la
Présidente, de continuer de fournir des services aux étudiants, que ce soit en
persévérance ou en réussite, ou que ce soit en santé mentale.
Je reviens... J'essaie de me souvenir de
tous les enjeux dont elle a parlé. On donne de la prévisibilité à
l'enseignement supérieur en ce moment. Que ce soit en PQI, que ce soit en
termes de budget, on donne la prévisibilité. Oui, effectivement, il y a un gel
de recrutement. Ce n'est pas un gel d'embauche, c'est un gel de recrutement.
C'est une directive, en effet, du Conseil du trésor, mais ça me permet à un
moment donné, moi, de suivre aussi l'évolution des embauches qu'il y a eu. Il y
a eu énormément d'embauches au cours des dernières années, particulièrement
dans le réseau collégial. Donc, je ne peux pas dépasser les enveloppes d'heures
rémunérées. Et puis, on était, à un moment donné, il y a quelques...
Mme Déry : ...on voyait
qu'on allait dépasser ces enveloppes-là d'heures rémunérées, donc on est venu
mettre cette directive-là. Ceci dit, je viens d'augmenter il y a quelques jours
à peine le nombre d'heures rémunérées dans le réseau collégial. On leur a
donné... On leur a donné, on leur a alloué, octroyé des heures rémunérées
additionnelles compte tenu des besoins. Donc, on est venu augmenter et bonifier
le nombre d'heures rémunérées au cours des derniers jours. C'est quelque chose
que j'ai signé la semaine dernière ou la semaine d'avant, je ne me rappelle
plus exactement, mais ça a été fait au cours des derniers jours, Mme la
Présidente.
Donc, on continue. Malgré le contexte
difficile, je peux vous dire qu'on continue à soutenir les réseaux, on continue
à les aider. C'est un réseau qui est très agile, qui répond très bien,
justement, à ce contexte-là, puis ça se fait en collaboration. Je ne peux pas
faire ça toute seule. Je comprends que le contexte soit difficile, mais mon
rôle à moi, c'est de maintenir ce soutien-là, cette collaboration-là, que ce
soit avec les réseaux ou avec les étudiants, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la ministre. Encore toutes mes excuses de vous avoir oubliées.
Alors, maintenant, on peut commencer la troisième période d'intervention avec
M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je ne pensais pas commencer comme ça
aujourd'hui, mais j'ai ressenti le besoin, en regardant mes collègues de tous
les partis, ici présents, de refaire peut-être une brève histoire de
l'austérité au Québec et en éducation. J'ai cinq minutes. Alors, je vais couper
les coins ronds un peu et enlever des éléments, mais il faut quand même revenir
un peu à pourquoi on se retrouve ici à parler d'austérité, puis quel paradoxe
il y a à entendre tous les partis, ici, en parler, à part évidemment Québec
solidaire. Tout a commencé, je pense, avec la loi sur le déficit de zéro de
Lucien Bouchard et du Parti québécois qui a instauré un cadre qui a favorisé,
encouragé, promu et même contraint, presque, malgré que ça a été fait souvent
dans l'enthousiasme, les gouvernements des dernières décennies à adopter des
politiques d'austérité et de couper dans les services publics au Québec. Et
ensuite de ça, moi, j'ai quand même le souvenir assez clair d'une des pires
périodes d'austérité au Québec, qui était, en fait, sous le Parti libéral.
L'austérité, je vais revenir à, tu sais,
l'austérité a été telle que... qu'aujourd'hui on n'ose même plus dire son nom.
L'austérité en enseignement supérieur et la hausse de 75 % des frais de
scolarité qui était proposée par Jean Charest, le premier ministre du Québec,
parti du... chef du Parti libéral, cette austérité-là, cette arrogance envers
la communauté étudiante, elle a chassé les libéraux du pouvoir. C'est ça qui a
chassé les libéraux du pouvoir en 2012. Et les députés du Parti québécois qui
portaient le carré rouge en Chambre, Mme la Présidente, synonyme de refus de la
hausse des frais de scolarité, pour certains, synonyme d'un idéal de gratuité
scolaire, bien, ces députés-là, ils ont voté pour une indexation des frais de
scolarité, ce qui fait qu'aujourd'hui la hausse de 75 %, on l'a pas mal
dépassée. Je n'ai pas fait le calcul précis ce matin parce que je ne pensais
pas parler de ça, mais je trouve ça complètement aberrant.
• (8 h 50) •
La situation dans laquelle on est,
évidemment, elle est entretenue depuis six ans par la Coalition avenir Québec
qui, en ce moment, ne peut pas nier sa responsabilité dans la détresse
financière des étudiantes et étudiants du Québec, mais elle a été orchestrée
par les partis qui sont venus avant, Parti libéral, Parti québécois. Et c'est
pour ça que je m'étonne aujourd'hui de les voir ici s'insurger contre des
politiques d'austérité dont ils ont été les grands chevaliers. En 2017‑2018, ça
a été probablement les pires moments de l'austérité libérale qui a atteint un
niveau de violence et de répercussion à long terme, Mme la Présidente,
qu'aujourd'hui, justement, la CAQ retourne dans des politiques d'austérité et
n'ose plus dire son nom, ils appellent ça des efforts budgétaires, des efforts.
Ce qui constituerait un effort, Mme la Présidente, là, bien, ce serait d'aller
chercher les moyens là où ils sont au Québec en révisant la fiscalité, en
allant chercher l'argent chez les milliardaires, les banques, les
multinationales qui nous ponctionnent et d'aller financer les services dont
nous avons besoin, sortir les étudiantes et étudiantes de la précarité, de la
faim. 40 % des étudiantes et étudiantes du Québec ont faim, souffrent
d'insécurité alimentaire. Si, ça, ce n'est pas un diagnostic clair, un résultat
évident de l'absence de résultats de ce gouvernement-là et de son incurie, je
ne sais pas ce que c'est. Je ne sais pas qu'est-ce que ça prend. Je ne sais pas
quel indice économique ça prend. Est-ce qu'il faut que ça soit... Est-ce qu'il
faut que ça soit, je ne sais pas, moi, les organisations internationales qui le
disent? 40 % de la communauté étudiante... 13 % de la communauté
étudiante passe des journées sans manger, même pas un Ramen, rien, parce qu'ils
n'ont pas d'argent. Comment voulez-vous réussir dans ces conditions? Comment ne
pas voir, là, le symptôme d'une misère, d'une famine qu'on...
M. Zanetti : ...laquelle on
devrait avoir honte au Québec, qu'on devrait... que le gouvernement devrait
avoir honte d'entretenir par son laxisme. Je trouve ça effarant. Je suis fâché
et je n'en reviens pas d'entendre aujourd'hui ce que je considère comme étant
vraiment un revirement de position par rapport aux deux autres partis
d'opposition, qui me semble une insulte à l'intelligence et à la mémoire
collective.
Alors, je voulais commencer par faire
cette petite histoire brève de l'austérité en enseignement supérieur et dire
une chose : Il n'y en aura pas, de sortie de crise, avec 11 milliards de
déficit, en coupant. La sortie de crise de l'enseignement supérieur, c'est en
allant chercher l'argent des milliardaires, des banques, des minières, des
multinationales, qui en ce moment se font l'argent sur notre dos et qui
s'enrichissent pendant que nous, on laisse... pas nous, mais le gouvernement
laisse les étudiantes et étudiants du Québec crever de faim. Ça n'a pas de bon
sens. Je trouve ça complètement irresponsable. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Déry : ...Mme la
Présidente. Bien, c'est... je suis d'accord avec mon collègue député, je suis
d'accord avec vous quand on parle d'austérité libérale. Oui, il y a des années.
Puis, encore une fois, j'ai une fiche ici, que je vais... que je peux déposer
tantôt, là, c'est tous les budgets des dernières années.
Au dernier gouvernement libéral, la
croissance du budget en enseignement supérieur était de 2,8 % en moyenne,
avec des années où on n'atteignait, là, même pas le 1 % ici, là, même pas
1 %. Depuis 2019, nos budgets, à l'Enseignement supérieur, ont augmenté de
30 %. C'est deux fois plus que sous les libéraux, puis c'est factuel, là,
c'est factuel. Je... C'est les faits, c'est les chiffres qu'on voit sur nos
tableaux. On n'atteignait même pas 1 %. Moi, j'ai des années ici, quand on
est arrivés, on atteignait 4,8 %, puis ensuite ça continue de grimper jusqu'en
2025-2026.
Donc, je suis d'accord pour dire qu'il y
avait une certaine austérité libérale, je ne suis pas d'accord du tout quand on
dit... quand on parle de coupures en éducation et en enseignement supérieur
sous le gouvernement de la CAQ. Il y a 50 % de budget... plus de budget en
éducation, 50 % de plus d'investissement en éducation. Et, en enseignement
supérieur, on parle de 30 % de plus dans le budget. Dans le PQI aussi, on
parle de 8,5 milliards, 8 milliards et demi dans le PQI. La dernière année,
on... on dépasse le 1 milliard, on a une augmentation de 12 %.
Donc, honnêtement, là, je me garderais une
petite gêne si j'étais de l'autre côté de la Chambre en ce moment, parce que,
quand on regarde les chiffres, et c'est factuel, les sommes sont là, les sommes,
on les utilise, les sommes, elles servent à faire pousser des logements
étudiants pour que, justement, on freine... je ne veux pas que ce soit un frein
à l'accessibilité en enseignement supérieur. Donc, on a des mesures qu'on a
mises dans le dernier budget, on a des sommes, mais on a aussi des mesures, des
allègements réglementaires qui viennent justement aider des organismes comme
UTILE, qui viennent aider des cégeps. On vient mettre une garantie de bail pour
que, justement, on donne cette facilité-là à des promoteurs de faire pousser
des logements étudiants. Puis c'est ce qui fait qu'en région maintenant il y a
de plus en plus de logements étudiants qui se bâtissent, d'autres qui ont vu le
jour, d'autres qui vont voir le jour en 2025, d'autres qui vont voir le jour en
2026, mais ça se poursuit, ces chantiers-là ne sont pas du tout suspendus. Tout
ce que je fais, c'est de m'assurer que la planification sur du long terme...
bien, qu'elle se fasse convenablement. Là, c'est ce qu'on a fait. On a fait une
planification pour 2024-2025 pour s'assurer que tout rentre là-dedans et on a
fait une planif pour les années à venir, trois ans pour les années à venir, où,
honnêtement, pour avoir fait l'exercice moi-même avec l'équipe du ministère,
qui a travaillé énormément au cours des derniers mois et que je remercie
d'ailleurs, parce que c'est vraiment complexe d'avoir la planification des
infrastructures de chacun des établissements, c'est un exercice qui est
complexe, en maintien d'actif et aussi en bonification, en agrandissement. Ce
n'est pas évident. On a fini cet exercice-là, on a donné les seuils à tous les
établissements pour qu'ils aient plus de prévisibilité. Donc, dans le contexte
actuel, qui est, oui, plus difficile, bien, on continue de travailler, on continue
de trouver des solutions puis trouver des voies de passage. Mais les sommes,
elles sont là. Je dois juste être capable de suivre ces sommes-là puis de
suivre ces enveloppes-là pour ne pas qu'on déborde ou qu'on les dépasse, parce
qu'il y a une capacité de payer, même si les enveloppes sont extrêmement... ont
été bonifiées puis sont extrêmement élevées.
Alors, je pense que de parler de mauvaise
performance en enseignement supérieur puis de parler que, le réseau, on
l'abandonne puis que c'est rendu que c'est un réseau qu'on laisse à l'abandon,
écoutez, je ne suis pas d'accord du tout, du tout, du tout avec ce genre de
narratif et d'accusations quand on sait pertinemment les sommes qui ont été
mises pour les infrastructures, et dans les budgets, pas juste dans le PQI,
mais dans les budgets. Les budgets ont augmenté. Les budgets, que ce soit en
soutien aux étudiants ou en soutien aux établissements, ont augmenté au cours
des dernières années. Mon collègue député parlait tout à l'heure de...
Mme Déry : ...d'insécurité
alimentaire. Comme je l'ai dit, je suis très sensible à ce phénomène-là, je
suis très préoccupée aussi par ce phénomène-là. On est en train d'analyser,
évidemment, le sondage qui a été fait. C'est un nouvel enjeu. Je parlais
justement avec Etienne Paré, qui représente l'UEQ, et on me disait que c'est un
nouveau phénomène qu'on voit de plus en plus. Moi, au début de mandat, on me
parlait beaucoup de logements étudiants, on a mis les sommes qu'il fallait. On
me parlait beaucoup de l'AFE, on est venus bonifier plusieurs mesures de l'AFE.
Là, l'insécurité alimentaire, ça dépend des établissements, il y a des régions
qui sont plus en... qui sont plus vulnérables que d'autres, des communautés
étudiantes qui sont plus vulnérables que d'autres aussi. Puis il y a des
initiatives qui se font dans les établissements. Il ne faut pas oublier qu'il y
a des initiatives actuellement qui se font. Donc, on est en train de voir
quelles sont ces initiatives, quelles sont les partenariats qu'ont les établissements
ou même les associations étudiantes avec des organismes communautaires. Les
frigos communautaires, c'est quelque chose qui est quand même bien en place
dans les établissements en ce moment. Est-ce que ça, c'est suffisant? Bien,
c'est ce qu'on est en train de voir puis de regarder, mais c'est quelque chose
aussi que je regarde et auquel je suis très sensible, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. M. le député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, salutations aux collègues présents. L'intervention que je
m'apprête à faire à l'occasion de cette interpellation exige une réflexion
approfondie, nuancée et une vision plus large des enjeux que nous considérons
ensemble. Nous, parlementaires, partageons un objectif commun, celui d'assurer
la réussite des étudiants et de garantir la vitalité de nos établissements
d'enseignement supérieur, pilier de notre avenir collectif. Il est crucial de
replacer le débat dans son contexte, celui de la gestion rigoureuse des
finances publiques. Aujourd'hui, nous discutons non seulement de la santé
financière de nos institutions, mais aussi de l'avenir des générations futures
et de la solidité de notre réseau de l'enseignement supérieur. Cet équilibre
entre rigueur et développement, les collègues de l'autre côté ne semblent pas
manifester beaucoup d'intérêt pour le sujet, mais moi, je suis fortement
préoccupé par l'enjeu. Il s'agit d'une question centrale non seulement pour
l'avenir des jeunes Québécois et Québécoises, mais aussi pour la prospérité de
notre société dans son ensemble.
Notre responsabilité est de garantir un
système d'éducation de qualité capable de répondre aux objectifs de... aux
défis de demain. L'objectif fondamental que nous poursuivons est crucial. On
doit bâtir, au Québec, plus solide et plus performant, plus résilient. Pour ce
faire, on a pris des décisions audacieuses en matière d'investissement, en
particulier dans nos infrastructures et dans l'éducation supérieure. Ces choix
sont la clé d'une transition réussie vers un avenir moderne et plus équitable.
Nous prenons une place pour... un instant
pour revenir sur les mesures déjà prises en place. Depuis le Plan québécois des
infrastructures 2018-2028, on a observé une évolution significative des
investissements publics, et c'est encore plus marqué avec le
PQI 2024-2034. Il ne s'agit pas de simples chiffres, dans un budget, ce
sont des engagements concrets pour moderniser et pérenniser nos infrastructures
tout en stimulant notre économie à long terme. Il est également important de
souligner que le PQI actuel fait suite à des années de sous-investissements.
Aujourd'hui, nous amorçons un important rattrapage. Le total du PQI s'élève
désormais à 153 milliards de dollars, soit 3 milliards de plus que le
plan précédent, et 52,6 milliards de plus que celui de 2018-2028.
• (9 heures) •
Qu'est-ce que ça veut dire concrètement
pour l'enseignement supérieur, M.... Mme la Présidente? Notre PQI total est
passé de 5 milliards en moyenne à plus de 5... de 8 milliards. Encore
une fois, on répond présent. Ces investissements couvrent un large éventail de
secteurs essentiels pour notre société parmi lesquels... La santé, les services
sociaux, les infrastructures de transport, les transports collectifs, les
ressources informationnelles, le logement social et communautaire et, bien
entendu, l'éducation et l'enseignement supérieur, ces domaines sont au cœur de
notre action. Il ne s'agit pas tout simplement d'une gestion financière, mais
d'une vision globale de la société que nous souhaitons bâtir.
En ce qui concerne spécifiquement
l'éducation et l'enseignement supérieur, il faut souligner que jamais nous
n'avons investi autant dans nos infrastructures éducatives. Alors, un avenir
qui repose sur la formation de nos jeunes et la mise en place d'infrastructures
adaptées pour les accompagner...
9 h (version non révisée)
M. Asselin : ...leur parcours
académique. La réussite éducative des étudiants est certes, oui, académique,
mais passe aussi par un parcours productif et fructueux. Pour ce faire, j'aimerais
souligner, la ministre l'a mentionné, l'importance de l'investissement pour la
santé mentale des étudiants. Le Plan d'action pour la santé mentale en
enseignement supérieur, PASME, lancé en 2021, vise à répondre aux défis accrus
en matière de santé mentale. Dans nos établissements, nous sommes... des sommes
importantes ont été allouées pour améliorer l'accès aux services, réduire les
délais d'attente et créer un environnement scolaire plus sain et plus inclusif.
Donc, des efforts sont essentiels pour que nos étudiants puissent réussir dans
leurs études, mais aussi dans leur vie personnelle.
Donc, cette gestion équilibrée et
responsable des finances publiques vise à garantir la pérennité des
investissements tout en respectant le cadre financier du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Mme... M. le député. Pardon. Nous allons procéder à cette quatrième
série d'interventions. Donc, je cède la parole à Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Je crois que c'est
mon collègue, mon collègue de l'Acadie.
M. Morin : Si vous permettez,
Mme la Présidente, je pense que ça va être le député de l'Acadie, avec votre
permission.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
oui, oui, parfait. Allez-y, M. le député de l'Acadie. C'est votre tour.
M. Morin : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Mme la ministre, collègues députés,
collègue de Mont-Royal—Outremont. Très heureux de
participer à ce débat avec vous aujourd'hui.
On a beaucoup parlé de la ligne du temps.
Je ferai d'abord en introduction cette remarque : nous sommes dans la
septième année du gouvernement de la CAQ. Alors, on va mettre ça en
perspective, là, ça fait sept ans qu'ils sont au pouvoir. Puis là, moi, je vais
vous parler, dans les minutes qui suivent, de l'impact concret des décisions du
gouvernement de la CAQ dans un comté, le mien, magnifique comté d'Acadie, Mme
la Présidente. J'ai le privilège d'avoir trois cégeps dans mon comté :
cégep Saint-Laurent, cégep Vanier puis le cégep Bois-de-Boulogne. Bon, je vous
le dis d'emblée, là, j'ai un petit faible pour Bois-de-Boulogne, je suis
diplômé de Bois-de-Boulogne, alors je vais vous le divulguer tout vite en
commençant, là. Mais quand on parle des décisions d'un gouvernement, là, bien,
moi, je vais vous expliquer concrètement ce que ça fait sur le terrain dans
trois établissements d'enseignement supérieur.
Parlons de Bois-de-Boulogne. J'en ai déjà
parlé ici en Chambre, j'ai posé des questions à la ministre là-dessus. Il y a
un pavillon, pavillon Ignace-Bourget, il y a un problème avec toute la façade
qui est en vert. La ministre le sait, elle l'a vu, je l'ai vu aussi. Écoutez, c'est
tellement critique que les gestionnaires du cégep ont dû mettre une clôture en
broche à l'intérieur pour pas que ça tombe ses élèves puis ils ont fait un
périmètre de sécurité à l'extérieur pour ne pas que ça blesse le monde non
plus. Le mur, là, on le voit, là, il est bombé. Alors, moi, ma question, elle
est toute simple, et puis là, ça ne fait pas 10, 12 ans, là, que c'est de
même, en passant, là. Alors, quand est-ce que la ministre va donner son feu
vert pour que le cégep puisse aller de l'avant avec les réparations du mur de
façade d'Ignace-Bourget? La gestion du collège, ils ont fait tout leur travail,
ils sont prêts, mais vous comprendrez qu'avant de lancer un appel d'offres pour
un travail important, bien, ils s'attendent le feu vert de la ministre. Alors,
moi, je lui demande, à la ministre : Quand est-ce que vous allez donner le
go pour que ça fonctionne? Le cégep est prêt.
Autre cas concret, le cégep Vanier. Moi,
je vais vous dire, Mme la Présidente, au niveau des finances, là, l'allocation
pour les investissements en équipement et infrastructure mobile de toutes
sortes allouée pour 2025-2026, des chiffres concrets, c'est 463 000 $.
463 000 $. Pour 2022-2023, c'était 2,54 millions. Puis, pour
2023-2024, 1,5 million. Puis, pour 2024-2025, 2,8 millions.
2025-2026, 463 000 $. Ce n'est pas des coupures, ça? Ça s'appelle
comment, si ce n'est pas des coupures? En plus, en plus, ils ont un cap d'investissement
d'infrastructure qui limite le budget utilisable pour 2025-2026 à 2,4 millions,
une baisse de 74 % par rapport au budget de 2024-2025. Ce n'est pas des
coupures, ça?
Écoutez, encore, encore autre exemple très
concret. Pour des fonds accumulés, parce qu'il y a des cégeps qui gèrent bien
leur budget, ils ont des fonds accumulés de 11,5 millions, mais le
ministère de l'Éducation supérieure les autorise à utiliser 170 000 $
pour 2025-2026. Puis s'il y a un résiduel, il va probablement être récupéré...
M. Morin : ...géré par le
ministère et que l'accumulation de surplus d'opérations ne sera plus permise.
Ça, là, ça veut dire que le gouvernement de la CAQ a tellement mal géré que, là,
il ramasse à gauche puis à droite dans les cégeps qui ont bien géré pour aller
donner ça ailleurs, parce qu'en fait le déficit, le déficit que le gouvernement
a fait est assez exceptionnel.
Donc ça, Mme la Présidente, c'est des cas
concrets de ce que ça fait quand on gère mal, quand on est au gouvernement de
la CAQ, puis quand on impose des coupures partout. Je ne vous parlerai pas
trop, trop longtemps du gel de recrutement parce qu'il y a une directive. Je
comprends que Mme la ministre vient d'augmenter un peu pour le cap des heures
rémunérées, mais ils ont dû se rendre compte que ce qu'ils avaient fait, pas de
plan comme d'habitude, du spectacle, ça a fait en sorte que, là, ils sont
obligés de se réenligner.
Il me reste quelques secondes. Je vous parle
du cégep Saint-Laurent. Situation difficile. Il y a un bâtiment complet qui est
condamné. Là-dessus, là, on n'a toujours pas de nouvelles. Qu'est-ce qui va
arriver? Je comprends que la ministre a accordé des fonds pour des immeubles
locatifs, mais ça, là, ça ne répare pas le bâtiment principal. Ils ont besoin
d'argent, ils ont besoin d'une décision rapide pour être capables de faire des
travaux. Pour savoir quelle est l'ampleur, évidemment, de la situation et des
travaux qui devront être faits, on n'a toujours pas de nouvelles. Alors, quand
on parle de l'impact de mauvaise gestion de la CAQ, sur le concret, sur le
terrain, Mme la Présidente, c'est ça que ça donne. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup de soulever ces enjeux dont on a
parlé ici même en Chambre concernant deux cégeps qui sont sous le radar,
Bois-de-Boulogne et le cégep Saint-Laurent aussi, qui sont dans le comté de mon
collègue. D'ailleurs, pour Bois-de-Boulogne, bien, vous êtes invité. Je pense
que mon cabinet a communiqué avec votre équipe. Vous êtes invité à une certaine
annonce, là, dans quelques jours à peine, pour justement, concernant le
pavillon Ignace-Bourget. Comme vous, je l'ai vu, le pavillon Ignace-Bourget,
plus d'une fois. Très, très, très consciente des enjeux qu'il y a à
Ignace-Bourget. C'est sur le top de la pile, comme on dit, pour le collège
Bois-de-Boulogne. On a annoncé au cours des dernières semaines, Mme la
Présidente, une aide de plus de 14 millions pour un projet de location de
20 millions, ce qui va nous permettre justement de louer des espaces
nécessaires pour relocaliser les étudiants, le temps qu'on s'attarde aux travaux.
Parce qu'évidemment, il y a des travaux importants. On ne peut pas garder les
étudiants dans cet édifice-là. Donc, on va louer des espaces nécessaires pour
relocaliser les étudiants, le temps qu'on s'attarde à ces travaux-là. Puis là,
on est en train de planifier à l'interne avec les équipes du MES les travaux à
venir pour rénover justement cette façade qui s'effrite de plus en plus. On a
d'ailleurs... On va justement, comme je le disais, à mon collègue en faire
l'annonce au cours des prochains jours. Et donc, j'espère que nos collègues
seront présents. Donc, pour moi, c'est important. On est conscient des enjeux.
Encore une fois... Encore une fois, ce sont des travaux et des projets qui
arrivent en même temps. Il y a beaucoup de problèmes d'infra qui arrivent en
même temps, parce que ce sont... Non seulement, de un, ce sont des bâtiments
patrimoniaux, les coûts sont beaucoup plus chers, mais, de deux, justement, si
on avait investi, encore une fois, au cours des dernières années en maintien
d'actifs, bien, on ne serait probablement pas là.
Maintenant, je ne me déresponsabilise pas
du tout, là. On est en train de prendre les enjeux très au sérieux concernant
Bois de Boulogne et concernant le cégep Saint-Laurent. Le cégep Saint-Laurent,
pour ceux qui connaissent le cégep Saint-Laurent qui se retrouve à Montréal
dans le comté de Saint-Laurent, c'est quand même une grosse structure. C'est
une grosse structure, le cégep Saint-Laurent. C'est un immeuble patrimonial.
C'est collé sur le cégep Vanier. Donc, ce sont deux cégeps qui sont collés, qui
sont quand même de grosse structure. Il y a eu des enjeux importants. Le cégep
a effectué des travaux exploratoires pour effectuer l'inspection de la façade.
Et quand on a reçu ce rapport-là, on a procédé à la fermeture du pavillon par
mesure préventive, parce qu'il y avait des enjeux. On a investi 2 millions
pour sécuriser le lieu pour le personnel, pour les étudiants.
• (9 h 10) •
Et là, bien, on travaille fort avec
l'établissement pour planifier un chantier, puis pour savoir où est-ce qu'on
s'en va, parce que c'est extrêmement complexe, là. Ce bâtiment-là est un
bâtiment patrimonial. Il faut être capable de trouver une solution, parce que
de tout détruire, en fait, de rénover cette bâtisse-là, ce n'est pas moins de
500 ou 600 millions, là. Puis je vous le dis de manière très transparente,
c'est énorme. Donc, ce sont des enjeux problématiques auxquels il faut
s'attarder et auxquels on s'attarde actuellement. C'est un enjeu sur lequel on
se penche avec la direction du cégep et les équipes du MES, pour être capables
de voir quelles sont les solutions. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, là,
refaire toute cette bâtisse-là. Donc, je peux vous dire que les enjeux de santé
et sécurité, là, pour moi, c'est non négociable. C'est-à-dire, à chaque fois
qu'il va y avoir un enjeu de sécurité, là, c'est clair qu'on va intervenir,
puis c'est clair qu'on est intervenu justement pour fermer le pavillon par
mesures préventives, en investissant justement les 2 millions...
Mme Déry : ...pour être
capable de sécuriser le tout. Donc, je pense qu'on prend nos responsabilités.
On sait très bien prioriser les projets, Bois-de-Boulogne en est un,
Saint-Laurent en est un autre. Ce sont les deux cégeps avec lesquels il y a des
enjeux de structures, et on s'y attaque. Pour le reste, les projets d'infra se
poursuivent, comme je le mentionnais tout à l'heure. Et, pour les seuils, mon
collègue a abordé la question des seuils, à chaque PQI, évidemment, on revoit,
on revoit ce qu'on alloue comme enveloppe. Là, on a établi des seuils pour la
première fois. C'est un changement de culture qu'on opère, Mme la Présidente,
dans le réseau collégial actuellement, parce qu'on nous demande de mieux
accompagner le réseau collégial. C'est une, justement, des recommandations de
la VG.
Donc, pour moi, vu le contexte, vu
l'explosion des coûts, de deux, trois fois le coût pour des infras, on a établi
des seuils, comme je le mentionnais tout à l'heure. Ces seuils -là ont été
rehaussés avec les marges de manoeuvre qu'on a eues au cours des derniers mois,
puis c'est là -dessus que j'ai travaillé avec nos collègues aux finances, au
ministère de l'Enseignement supérieur puis avec Trésor. Et ces seuils-là, bien,
c'est dynamique, ça va évoluer. Donc, on a donné un trois ans de prévisibilité,
mais ces trois ans-là sont là actuellement pour chacun des établissements,
mais, avec le prochain PQI, vont probablement bouger. Et c'est ce qui va nous
permettre d'avoir, encore une fois, de préciser cette planification qu'on va
avoir dans le PQI au cours des prochaines années.
Donc, on s'y attaque, on continue de
travailler, on fera l'annonce au cours des prochains jours avec mon collègue,
qui participera à l'annonce avec grand plaisir sur la question de Bois-de-Boulogne.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
Mme la ministre.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Nous allons passer à cette cinquième période d'intervention. M. le
député de Jean-Lesage, la parole est à vous pour cinq minutes... Jean-Talon,
oui.
M. Paradis : Le Parti
québécois, notamment, à travers mon collègue Pascal Bérubé, est en contact avec
le réseau de l'enseignement supérieur partout au Québec. Et, moi, dans
Jean-Talon, j'ai la chance d'avoir l'Université Laval et deux cégeps avec qui
je suis en contact aussi. Et partout au Québec, on entend le même
message : Il y a des coupures, des compressions, des restrictions
budgétaires. Tout le monde dit la même chose et tout le monde le voit au
Québec, sauf la ministre et le gouvernement qui tentent de dire le contraire.
Alors, encore une fois, nous avons un
problème de message d'un gouvernement qui dit une chose et qui fait son
contraire. La ministre et les députés du gouvernement nous disent
aujourd'hui : On n'a jamais autant investi en enseignement supérieur, et
la ministre sort un tableau qui montre que ça coûte plus cher. N'importe quel
Québécois est capable de sortir un tableau pareil aujourd'hui : Ma maison
coûte plus cher, mon foyer coûte plus cher, ma voiture coûte plus cher. Ça fait
que là, tu as des colonnes qui montent. N'importe quelle entreprise est capable
de comprendre que ça, c'est une opération de communication et de déboulonner
cet argument-là. Ça coûte plus cher, c'est sûr. Le gouvernement investit plus
que des gouvernements des années 80 , 90, c'est sûr, ça coûte plus cher. La
réalité, c'est celle qui est indiquée dans la ligne de la fin du budget de
l'année dernière : déficit de 11 milliards de dollars. Il faut couper, il
faut couper.
Et le budget dans l'enseignement
supérieur, il se prépare au début de l'année et il est prêt au printemps. Les
professeurs sont embauchés, les dépenses sont engagées, les investissements
sont préparés. Et qu'est-ce qui s'est passé cette année? C'est le gouvernement
de la CAQ lui-même qui nous le dit dans ses communications. J'ai un paquet de
lettres que les cégeps et les universités du Québec ont reçues. Le ministère
écrit pour dire : Ah! première vague, début du mois de juillet, les
budgets sont déjà tout bouclés, les dépenses sont engagées, limites strictes
aux heures rémunérées. Qu'est -ce que ça veut dire, ça? Ça veut dire
compressions budgétaires. Vous ne pouvez pas avoir plus d'heures. Il y a des
nouveaux étudiants, vous voulez ouvrir des nouveaux cours, vous n'aurez pas
plus d'heures. Camisole de force sur les heures enseignées aux Québécoises et
aux Québécois, c'est ça qui se passe. Deuxième vague, des lettres du ministère
sont envoyées, encore une fois, aux cégeps, aux universités : Vous allez
limiter vos dépenses d'infrastructure. Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Ça veut
dire coupures, ça veut dire compressions. Ça veut dire que, dans un programme
d'inhalothérapie dans un cégep, dans des cégeps au Québec, on ne peut plus acheter...
d'inhalateur. Ça veut dire que, dans les soins préhospitaliers, on ne peut pas
acheter des appareils pour la réanimation. Ça veut dire que, dans les soins
infirmiers, on ne peut plus acheter... pour faire des diagnostics, pour donner
des cours. Ça veut dire qu'en techniques policières, on ne peut pas acheter de
veste pare-balles. Et là ça veut dire qu'on ne peut pas travailler pour contrer
le déficit d'entretien. Et ça, c'est sous le gouvernement de la CAQ.
En voilà un autre tableau : Le
problème de déficit d'entretien dans les établissements d'enseignement
supérieur du Québec est en hausse. On a besoin de plus d'argent, on en envoie
moins. Vous n'avez plus d'argent - c'est ça qu'on a dit à la fin du mois de
juillet - vous n'avez plus d'argent pour acheter des tuyaux, pour réparer la
ventilation, pour faire du plâtrage des plafonds qui sont endommagés. Et
qu'est-ce qui se passe le 1er novembre...
M. Paradis : ...troisième
vague, des lettres qui disent «gel d'embauche». Puis là on se vante : Ça,
c'est les services qui ne touchent pas les étudiants. Alors que, pendant la
pandémie, on le savait que des mécaniciens, des tuyauteurs, c'était essentiel
pour le bien-être de nos étudiants. Là, soudainement, ça, ce n'est plus grave.
Pas de chauffage dans un cégep, non, vous ne pouvez pas embaucher quelqu'un
pour faire la réparation. Il y a un problème, il y a un tuyau... Les
tuyauteurs, ils ne sont pas là pour regarder les tuyaux, ils sont là pour
réparer s'il y a des problèmes avec l'eau courante dans nos établissements
d'enseignement supérieur. Il y a un ascenseur qui est brisé, et là il y a des
personnes à mobilité réduite qui en ont besoin pour monter ou descendre, non,
ça, ce n'est pas grave, ce n'est pas pour les services directs aux étudiants. De
la communication pour cacher des coupes qui ont des impacts directs sur les
étudiants. Et tout ça trahit aussi un problème de mise sous tutelle des
établissements d'enseignement supérieur, d'un manque de respect pour la qualité
du travail et la qualité du travail des gestionnaires. On essaie de faire
croire aux Québécois que c'est leur problème de gestion. Ils ont trop dépensé.
Non, non, non, c'est le gouvernement qui, en cours d'exercice, vient
dire : Je limite vos budgets. C'est ça qui se passe. Et là on oblige les
cégeps et les universités à envoyer une tonne de paperasse au gouvernement pour
faire des demandes de dérogation : S'il vous plaît, est-ce que je pourrais
faire telle embauche? Créer plus de bureaucratie, faire plus de paperasses,
moins de services à la population. Les établissements d'enseignement supérieur,
notamment les cégeps, ne peuvent même pas faire de déficit. Ils disent :
Donnez-nous un cadre clair, laissez-nous bien gérer les fonds des Québécois.
C'est ça qu'on demande au gouvernement, de la transparence et de la confiance
envers les gens du réseau.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député de Jean-Talon. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup au député de Jean-Talon pour son
intervention, qui va me permettre de clarifier certaines choses. Quand on parle
de transparence, s'il y en a bien une qui est transparente puis qui dit les
choses telles qu'elles sont, c'est bien moi. Alors, je vais vous dire de
manière transparente ce que les cégeps... Puis je sais que les cégeps Garneau
et Sainte-Foy sont dans votre comté, M. le député, l'Université Laval aussi. Je
veux juste regarder un petit peu les chiffres. Je suis quand même quelqu'un qui
aime bien les chiffres. Alors, quand on parle de seuils qui ont été distribués,
on a établi certains seuils, comme je l'ai dit tout à l'heure, et il y a
certains seuils, évidemment, c'est la première fois qu'on les établit. Donc, ça
a été un peu un choc au niveau des cégeps. On les accompagne depuis. Comme je
le disais tantôt, c'est un changement de culture. Mais il faut quand même dire
que quand on a établi tous ces seuils-là, il y a eu un 13,6 millions dans le
réseau collégial et universitaire qui a été, entre guillemets, laissé sur la
table. Je n'aime pas cette expression, mais c'est pour vous dire qu'on a
réussi, après avoir distribué tous les seuils auprès des 48 cégeps puis
des universités, à dégager 13,6 millions. Ce 13,6 millions a été
redistribué il y a quelques semaines dans le réseau : 6 millions pour le
collégial, le reste dans les universités. Donc, il y a des seuils qui ont été
rehaussés dans pas mal de cégeps. La plupart ont eu un rehaussement. Pour ce
qui est de Sainte-Foy et Garneau, il y a eu deux rehaussements de seuils. Donc,
à deux reprises, il y a un seuil qui a été rehaussé et il y a un autre seuil
qui a été rehaussé quand on a été capables d'avoir ce 13,6 millions qu'on
a pu réallouer et réattitrer. Puis, comme je le mentionnais, pour le prochain PQI,
ces seuils vont varier encore une fois. Donc, je leur donne la prévisibilité,
mais c'est des seuils qui varient et c'est des seuils qui leur permettent de
faire encore plus de projections puis de planifs. Donc, on les laisse faire
leur planification. Ils ont toute l'autonomie pour gérer leurs projets. C'est
eux qui priorisent leurs projets. Ce n'est pas moi qui leur demande de faire
tel maintien d'actif ou tel projet. Ce sont eux qui font les projets. Mais la
VG, dans le rapport, c'est clair, c'est écrit noir sur blanc, M. le député,
vous vous en doutez, mais je vous invite à lire le rapport de la VG, elle nous
demande, noir sur blanc, de mieux les accompagner pour éviter qu'on en échappe
en cours de route. Donc, ce n'est pas parce que les cégeps ne font pas leur
job, là. Les cégeps le font. Il y a de très bons gestionnaires. Ils ont
l'habitude aussi. Il y en a certains qui ont moins de ressources. On les
accompagne pour que, justement, on évite d'avoir ce genre de mauvaise surprise.
• (9 h 20) •
Pour ce qui est de l'Université Laval, je
parlais des cégeps, mais l'Université Laval est une université que
j'affectionne beaucoup puis que j'aime beaucoup. Je pense que le réseau
universitaire au Québec est un réseau extrêmement fort. Ils ont des expertises.
On se démarque. Et l'Université Laval est une université qui se démarque
beaucoup à l'international. Et je peux vous dire qu'ils ont quand même été
soutenus au cours des dernières années, là, on parle d'investissements massifs.
Puis d'abord, en termes de seuil, M. le député, il y a eu deux rehaussements du
côté de l'Université Laval. On est passé de 18 millions, le seuil initial
qu'on avait établi au mois de juillet, ,au mois d'août. Puis, après ça, on est
revenu, le seuil est établi maintenant à 53 millions. Donc, on a quand
même un seuil qui leur permet de faire les travaux qui sont le pipeline en
2024-2025. Puis il y a quand même eu des investissements massifs au cours des
dernières années. J'ai toutes les universités ici, mais je vais isoler celles de
Laval. En 2019-2020, on parlait d'investissements de 40 millions. Ensuite,
en 2020-2021, un autre 32. Ensuite, en 2021-2022, 27 millions.
2022-2023, un autre 26, 27 millions. Et les niveaux
d'investissements, 2024-2025, on est rendus à 53 millions. Donc, on
investit beaucoup...
Mme Déry : ...on déploie
beaucoup de programmes aussi, on déploie de nouveaux programmes qui sont très
stratégiques pour le Québec. Puis je vous dirais que les gestionnaires de
l'Université Laval sont... collaborent très bien avec le ministère. On a
vraiment un réseau qui est très agile, je le répète. Donc, je comprends que ce
soit un contexte plus complexe. Je comprends qu'on établit de nouvelles façons
de procéder ou de nouveaux processus, mais je tiens à les accompagner de la
meilleure... la meilleure manière possible. Puis on nous demande aussi de le
faire.
Je pense qu'il faut aussi... il faut aussi
faire la distinction entre le réseau universitaire et le réseau collégial. Le
réseau universitaire, ils sont beaucoup plus habitués à des projets majeurs,
parce que c'est des structures qui sont déjà très, très grosses depuis le
début. Les cégeps sont moins habitués, sont beaucoup plus habitués à faire du
maintien d'actifs. Donc, on a mis beaucoup de sous dans le maintien d'actifs
puis on continue de privilégier le maintien d'actifs. Pour moi, c'est important
quand je réalloue les enveloppes. Je demande toujours au ministère d'en
réallouer pour le maintien d'actifs, parce que je ne veux pas me retrouver avec
des situations comme le Bois-de-Boulogne ou comme le cégep Saint-Laurent où il
y a d'autres enjeux, d'imprévus qui arrivent, où on est obligé de les gérer
puis ça prend des sommes, là. Donc, il y a des enveloppes d'imprévus, mais des
fois les enveloppes d'imprévus, bien, ça ne couvre pas tous les coûts non plus.
On arrive avec des surprises. Donc, ça me permet, avec le maintien d'actifs,
d'avoir des sommes substantielles qui vont me permettre de répondre à ces
imprévus-là.
Ce que je veux dire, c'est que, dans le
collégial, les projets majeurs sont moins... sont moins fréquents, mais là, on
arrive dans une période où il y a de plus en plus de projets majeurs. Donc,
c'est clair qu'il y a des cégeps qui sont un petit peu plus habitués, parce
qu'ils ont de grosses structures. Il y en a d'autres qui le sont moins. Et
donc, c'est là où l'accompagnement devient important, pas parce qu'ils ne font
pas leur job, c'est juste pour les aider. Eux aussi nous demandent de les
accompagner pour la plupart. Donc, pour moi, c'est un rôle de... c'est une
collaboration qu'on a. On a des équipes d'infra qui sont excellentes...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la ministre. Je dois...
Mme Déry : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
nous sommes... en sommes à cette sixième série d'interventions. Et je cède la
parole à Mme la députée de Mont-Royal–Outremont pour cinq minutes.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Il faut parler de nos universités. Et ce qui arrive, auprès de nos
universités en ce moment, c'est 100 % l'œuvre de la CAQ. Parlons des
impacts des réductions prévues du nombre d'étudiants internationaux. En
moyenne, on nous dit que ça tourne autour d'une baisse de 48 %. Le décret
n'est pas encore émis. Et déjà, on nous dit que les demandes d'admission, il y
a un effondrement, ça s'écroule. Ce sont les mots qui sont utilisés dans le
milieu.
Faisons rapidement le tour de la revue de
presse récente. INRS, Institut national de la recherche scientifique, antenne
de l'Université du Québec : baisse de 32 %. ETS, baisse entre 30 et
40 %. Polytechnique Montréal parle d'une baisse significative. À l'UQAC,
on parle d'une baisse de 80 % d'inscriptions d'étudiants étrangers
l'automne prochain. Quels sont les impacts de ces réductions? Bien, bien sûr,
il y a un impact financier, il y a un manque à gagner majeur, alors que, pour
plusieurs universités, les finances sont déjà précaires.
Plusieurs universités annoncent des
déficits, ils ont des enjeux financiers importants. De l'UQAC, qui prévoit un
déficit de 3 millions, à McGill, imaginez-vous, l'Université McGill a
annoncé le 10 février dernier qu'elle procède... qu'elle procédera à
d'importantes compressions. Des programmes sont à risque. Certains programmes
trop peu fréquentés pourraient disparaître, en dépit des promesses du ministre
de l'Immigration d'épargner les régions. Je pense notamment aux commentaires de
l'UQAC dans l'article qui est paru cette semaine dans le cadre de cette chute
radicale. Ils ont peur pour des programmes qui vont devoir être éliminés.
Évidemment, il y a un impact sur
l'économie locale. Ces étudiants internationaux, qui constituent une grande
richesse, travaillent à temps partiel, donc ils contribuent. Je cite Ghislain
Samson à l'UQAC : «Je pense que les commerces autour de nous sont bien
heureux de voir arriver toute cette belle diversité-là et cette main-d'oeuvre
qui travaille à temps partiel.» Il y a un impact sur la capacité du Québec en
recherche et innovation. Quel non-sens, Mme la Présidente, d'affecter notre
agenda d'innovation, alors que, face aux menaces tarifaires du gouvernement
américain, on souhaite augmenter notre productivité? Honnêtement, j'implore la
ministre d'intervenir dans ce dossier-là.
Dans le cas particulier de l'INRS, dont
la... qui a une vocation spécifique de recherche scientifique, on affaiblit sa
mission. On hypothèque le centre de recherche. On va perdre des opportunités de
subvention s'il y a des places libres... des places vides. Au-delà de
l'institution, on affecte la réputation de ce qui a pris des années à bâtir,
les équipes de recherche...
Mme Setlakwe : ...ça va
prendre des années à rebâtir la réputation et la confiance. Nos universités ne
seront plus capables de compétitionner efficacement dans cette course mondiale
au talent. Il y a atteinte à notre réputation, atteinte à notre capacité
d'innover. Il y a plein de choses, c'est ce qui m'a été dit cette semaine,
plein de choses que nos universités ne pourront pas faire. On parle ici d'être
en mesure de répondre à nos enjeux de société, ceux d'aujourd'hui et ceux de
demain. Il y a des questions spécifiques que j'aimerais poser à la ministre.
Étant donné l'effondrement des demandes d'admission et les baisses budgétaires,
les universités seront-elles compensées? Le recteur de l'UQTR, qui est aussi à
la tête du BCI, M. Blanchette, avait donné une entrevue à l'automne, alors
qu'on étudiait le projet de loi n° 74, et il avait dit une estimation. Si
les demandes d'admission baissent ou les inscriptions baissent de 30 %, il y
aura un manque à gagner de 100 à 150 millions. Ça, c'est des pertes pour une
année qui se perpétuent les années suivantes, parce que les étudiants
internationaux, on les a pour quelques années.
Et ce manque à gagner, c'est la population
étudiante qui va en souffrir. Est-ce que la ministre a un plan pour rétablir la
confiance? Le message qui a été envoyé dans la francophonie a eu un réel effet
de refroidissement. Les étudiants ont le choix. Ils ne choisiront pas le
Québec. Rappelons-nous que nos médias voyagent. Le moratoire sur le PEQ a
également fait très mal, et ça affecte la population étudiante internationale.
Que fera la ministre pour assurer la neutralité budgétaire qu'on promettait aux
universités? Elle n'est pas au rendez-vous. Est-ce que la ministre va faire sa
propre évaluation de sa nouvelle politique de financement après un an? Ce qui
avait été prévu dans les règles budgétaires ne se réalise pas. Et ce n'est pas
par le fruit du hasard, c'est par les décisions du gouvernement. Est-ce que la
fin des bourses Perspective? Qu'est-ce que ça veut dire, la fin des bourses
Perspective en termes de baisse de financement pour les universités? En lien
avec le contexte politique actuel et les réactions que le projet de loi
n° 74 a déjà eues, est-ce que la ministre a l'intention de maintenir un
taux...
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. C'est tout le temps que nous avons. Donc, je cède
maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq minutes.
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci pour... Bien, merci d'aborder le fameux p.l. n° 74.
Je sais que, pendant les consultations, ça a suscité beaucoup d'inquiétudes et
de préoccupations. C'est mon collègue à l'immigration, au MIFI, qui a piloté ce
dossier-là avec nous au ministère d'Enseignement supérieur, puis avec mon
collègue aussi à l'Éducation. Puis c'est un projet de loi qu'on pilote à trois
epuis qui fonctionne par décret. Donc, ça... Je ne peux pas m'avancer sur ce
qui s'en vient, mais en même temps, je trouve ça un peu difficile de blâmer toujours
Québec avant même qu'on ait mis la mesure en marche, là. Donc, je peux
comprendre qu'il y a certaines inquiétudes, puis d'ailleurs, je parle à tous
les réseaux depuis plusieurs mois. Ils sont très au courant de ce qui s'en
vient comme mesure, très au courant. On leur parle régulièrement. Je sais que
ça crée un certain sentiment d'incertitude quand même, mais ils savent où on
s'en va. Ils savent très bien les scénarios qu'on a mis de l'avant, puis on va
les annoncer en temps et lieu. Ça passe par décret, ça passe par le Conseil des
ministres. Donc, je ne m'avancerai pas là-dessus, mais ce que je peux dire, par
exemple, c'est qu'on a toujours dit qu'on protégerait, Mme la Présidente, les
régions. Et on va avoir une approche équilibrée, et je vous le dis encore
aujourd'hui, on va protéger les régions, protéger toutes les régions, protéger
les programmes, justement, qui dépendent des cohortes. Des fois, on a de la
difficulté à démarrer une cohorte si on n'a pas d'étudiants internationaux. Des
fois, il y a des cohortes qui marchent à six, à sept, à huit étudiants. Donc,
c'est important. On ne va pas jouer là-dedans. On ne mettra pas la hache dans
les programmes.
Effectivement, il y a une baisse
d'admission en ce moment, une bonne baisse d'admission, mais c'est facile de
blâmer Québec. Même le gouvernement fédéral, votre grand frère d'ailleurs, a
admis qu'il y avait un problème en termes d'étudiants internationaux sur le
territoire. À un moment donné, je veux bien, là, mais la mesure fédérale, elle
est arrivée avant nous autres. Je n'ai pas encore mis de mesure au Québec. On
ne l'a pas établi, la mesure au Québec. Elle n'est même pas encore mise en
œuvre, la mesure au Québec, Mme la Présidente. Ça fait que l'effet de la mesure
du fédéral a déjà un impact. C'est vrai, on ne le nie pas, là. Je suis très
consciente qu'il y a déjà un impact, mais on a dit que le p.l. n° 74 nous
permettrait d'avoir les leviers nécessaires pour être capables d'agir de
manière ciblée.
• (9 h 30) •
À l'heure actuelle, on ne peut pas agir de
manière ciblée. Moi, je ne peux pas demain matin dire, bien, on veut tant de
programmes en région, dans tel cégep, puis tel programme... On ne peut pas
faire ça. On ne peut pas le faire de manière ciblée. S'il y a certains abus
dans certains collèges, on ne peut pas agir non plus. Donc, c'est important de
se doter de ce levier-là pour qu'on soit capables de mettre des plafonds à
travers les établissements puis nous permettre justement d'agir de manière
ciblée. Moi, je dis toujours agir sans nuire. Et j'y tiens encore, on va agir
sans nuire. Maintenant, je comprends que ça suscite des préoccupations et je
comprends que la mesure fédérale a déjà un impact. C'est la raison pour
laquelle on prend ça en considération, là. On le prend en considération. On
regarde aussi ce qui se passe du côté de la mesure et l'effet de la mesure
fédérale actuellement. Parce que le fédéral, je vous le rappelle, a décidé de
mettre un...
9 h 30 (version non révisée)
Mme Déry : ...quota, donc un
plafond sur l'arrivée des étudiants étrangers partout au pays, dans toutes les
universités, incluant ici au Québec. Donc, l'effet de la mesure a ça aussi.
Puis, contexte actuel, je vous dirais, tant aussi à nous faire... à avoir moins
d'étudiants internationaux. Donc, il y a une baisse d'admissions. Est-ce que ça
va se traduire en baisse d'inscriptions? Bien là, on va voir après, avec les
chiffres, comment ça se traduit. Si ça se traduit en baisse d'inscriptions,
bien, on regardera tout ça. Mais ceci dit, on est en cohérence complète, même
avec la politique de financement. La politique de financement, on l'a dit, dans
la politique, on va redistribuer. Il y a une mesure budgétaire à l'intérieur de
la politique de financement qui va me permettre de redistribuer les revenus ou l'enveloppe
que génèrent les étudiants internationaux aux établissements francophones,
comme on l'a fait. Ces sommes-là seront redistribuées, il n'y aura pas de
problème. On me dit que les étudiants internationaux sont en train de diminuer,
donc les revenus de ces enveloppes-là vont diminuer. On est rassuré, on peut
vous rassurer et rassurer le réseau, Mme la Présidente, qu'on arrivera
justement à jongler avec tout ça puis à permettre aux établissements
francophones d'avoir ces enveloppes comme on les a promises à cause de la
politique de déréglementation. Et je veux le rappeler, la politique de
déréglementation qui a déstabilisé le réseau, qui a favorisé largement les
universités anglophones au détriment d'un réseau francophone. Comme ministre de
l'Enseignement supérieur, c'est l'argent des contribuables, c'est financé par l'État,
je me dois de rétablir un certain équilibre. Et c'est la raison pour laquelle,
dans la politique de financement, on y a inclus cette mesure-là. Donc, le p.l. 74
s'en vient au cours des prochaines semaines, des prochains jours, prochaines
semaines. On aura l'occasion d'en discuter, mais je peux déjà vous rassurer que
ce sont des mesures qui tiennent compte des difficultés actuelles, du contexte
actuel, de la réalité de chacun des établissements, leur compétitivité aussi.
Moi, je suis fière d'avoir un réseau qui demeure extrêmement compétitif. La
recherche de nos universités est... on est très compétitifs à l'étranger et on
va le demeurer, compétitifs. On a quatre universités de recherche. Ce sont d'excellentes
universités de recherche qui font d'excellents boulots qui arrivent à
attirer...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la ministre. Merci. Mme la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Je suis contente, je vais prendre la balle au bond de la ministre,
justement, pour parler des régions. Justement, nos cégeps, nos universités qui
jouent un rôle crucial dans la formation de la relève et, naturellement, de la
vitalité économique du Québec. Les établissements d'enseignement supérieur
bénéficient d'un soutien gouvernemental important. Je pense que je l'ai
mentionné assez souvent. Notre objectif, c'est donc de préserver la qualité de l'éducation
tout en optimisant l'utilisation des ressources. Nous sommes conscients des
préoccupations qui sont soulevées et nous travaillons, bien sûr, en
collaboration avec le milieu pour trouver des solutions adaptées.
Alors, je vais y aller un petit peu plus
vite que la dernière fois. Je vais sauter dans le vif du sujet. Et puis je vais
prendre le temps que m'offre la motion pour mettre en lumière les nombreuses
mesures d'aide que notre gouvernement a mises en place pour soutenir les
étudiants et contribuer à leur réussite. Je pense que je vais pouvoir amener un
sourire sur le visage du député de Jean-Talon avec ces mesures-là.
Alors, en premier, nous avons la bourse
Parcours pour la mobilité étudiante interrégionale. On le sait, les régions
sont au cœur des priorités de la CAQ et les cégeps en région sont des acteurs
importants. Alors, c'est pourquoi, afin de contribuer à cette vitalité-là,
justement, et en permettant aux étudiants de vivre une expérience unique
pendant leurs études, le ministère de l'Enseignement supérieur a mis en œuvre
les bourses Parcours, une mesure visant à favoriser la mobilité étudiante...
interrégionale, pardon. Si j'avais eu l'occasion, pendant mes années... mes
jeunes années, je pense que c'est quelque chose qui m'aurait véritablement
intéressé. Ce programme représente un investissement de 108 millions sur
cinq ans pour soutenir des milieux étudiants qui choisissent d'étudier dans un
cégep éloigné. Si on parle justement du cégep de Sorel-Tracy, 80 bourses
ont été octroyées en 2023-2024 pour un montant total de 720 000 $. On
parle... ça représente une bourse annuelle de 7 500 $ pour ces
étudiants.
Opération main-d'oeuvre maintenant. Dans
le cadre de l'opération main-d'oeuvre, le ministère a déployé 20 mesures
qui représentent un investissement de 1,9 milliard en nouveaux crédits. Le
MES soutient les établissements d'Enseignement supérieur pour la location d'espace
afin d'assurer la capacité d'accueil dans les programmes d'études qui mènent
aux professions ciblées par l'OPMO. En 2024-2025, les montants suivants sont
prévus : cégeps, 29,6 millions; collèges privés, 600 000 $;
universités, 33,3 millions pour une nouvelle mesure visant la location d'espace
OPMO et médecine humaine...
Mme Schmaltz : ...les sommes
obtenues au régime financier des cégeps 2023-2024 et dans les règles
budgétaires aux universités 2023-2024 ont servi à financer jusqu'à maintenant
35 projets locatifs et 22 projets d'infrastructures dans des cégeps et des
universités. Ce sont des chiffres qui parlent.
Parlons maintenant du plan d'action pour
la réussite en enseignement supérieur 2021... 2026, pardon, PARES, qui vise à
soutenir les collèges et les universités dans la mise en oeuvre d'initiatives
favorisant l'accès à l'enseignement supérieur, la persévérance des étudiantes
et étudiants dans leurs études, leur diplomation et leur insertion
socioprofessionnelle. Le PARES comprend 19 mesures et prévoit des
investissements de 453 millions sur cinq ans, ce n'est pas rien, 453 millions
sur cinq ans. L'investissement initial annoncé à 450 millions a été bonifié en
2023-2024 par un investissement supplémentaire de 1 million annuellement pour
la mise en place d'initiatives régionales favorisant la réussite. Ce plan
constitue un levier important pour l'atteinte des cibles d'accès, de persévérance
et de réussite du plan stratégique 2023-2027 du ministère. En 2024-2025, les
cégeps obtiendront 31,31 millions, les collèges privés, 1,97 million et les
universités, 47,7 millions. À l'aide des sommes du PARES, le ministère a
également mis sur pied l'Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur
sous la responsabilité de l'Université du Québec. Le plan d'action concrétise
la volonté du ministère de continuer au développement du plein potentiel de
chacun comme au développement d'une société prospère qui pourra compter sur une
population hautement qualifiée. Ultimement, le plan d'action vise à hausser
aussi le niveau de scolarité de la population québécoise. Quoi dire de plus,
Mme la Présidente, que tout le travail que la ministre fait actuellement, c'est
juste un gros bravo.
La Présidente (Mme Dionne) : ...d'interventions,
j'appelle le député de Jean-Lessage pour 1 min 45 s.
M. Zanetti : ...la
Présidente. Je voudrais revenir sur une approximation inexacte que j'ai dite
tantôt. L'indexation des frais de scolarité qui a eu lieu par le Parti
québécois en 2013 à peu près, elle n'aurait pas dépassé la hausse de 75 %
des libéraux, mais aujourd'hui, là, ça fait à peu près une différence de
800 $. Imaginez si on avait gelé les frais de scolarité à cette époque-là
puis qu'aujourd'hui tous les étudiants temps plein du Québec avaient eu
800 $ de plus dans leurs poches, gageons qu'une grande partie d'entre
elles et eux, qui aujourd'hui vivent dans l'insécurité alimentaire, en seraient
sortis avec ce montant.
Maintenant, je veux parler de la question
de la guerre tarifaire. Des fois, quand on se regarde les coupures,
particulièrement en formation continue, là, dans le réseau de l'éducation
supérieure, on se dit : Mais y a-t-il un économiste ou des économistes ou
une économiste dans ce gouvernement? En ce moment, la guerre tarifaire, là, ce
qu'elle a comme impact sur le Québec, c'est que notre économie va être, dans
les prochaines années, potentiellement bouleversée d'une façon qu'on ne peut
pas prévoir avec exactitude. On va avoir besoin pour s'en sortir d'une
chose : de l'adaptabilité. On va avoir besoin de pouvoir requalifier
rapidement de la main-d'œuvre et avoir une agilité, une souplesse et une
rapidité d'exécution dans le domaine. Qu'est-ce qui peut faire ça le mieux? Le
réseau collégial, les réseaux universitaires, en... puis particulièrement la
formation continue, qui aide des gens à se requalifier tout en continuant de
travailler, parce que c'est difficile, quand on a un emploi à temps plein et
une famille, etc., des obligations, de tout arrêter pour ça. Et là on coupe
là-dedans. Moi, je trouve ça complètement terrible. C'est un manque de vision
économique. Ça met en péril la sécurité économique du Québec pour les
prochaines années. J'implore la ministre de convaincre son ministre des
Finances de rétablir les sommes et d'investir davantage en formation continue.
• (9 h 40) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le député. Donc, nous en sommes aux dernières interventions. Je
cède la parole à Mme la ministre pour une... une série de 10 minutes.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, merci pour l'intervention de mon collègue sur les
droits de scolarité. C'est la raison aussi pour laquelle, en 2022, on est venus
plafonner plusieurs... bien, plusieurs tarifs, dont les droits de scolarité qui
sont plafonnés à 3 %. C'est quand même un coût pour un gouvernement. On
parlait de 72 millions un petit peu plus tôt. Donc, pour nous, oui, on a les
droits de scolarité les plus faibles en Amérique du Nord. On est chanceux
d'avoir un programme généreux aussi de l'AFE, qu'on est venus bonifier
substantiellement encore une fois au cours des dernières années. Je suis
revenue sur la série de mesures qu'on est venus bonifier depuis 2019. Je vais
revenir sur la série de mesures, mais, en gros, avec toutes les mesures qu'on a
bonifiées depuis 2019, entre 2019 et...
Mme Déry : ...je vous
dirais, c'est plus de 1 milliard de dollars qui a été investi dans l'AFE.
Et quand je regarde par rapport aux montants qu'il y avait en prêts et bourses
à l'époque des libéraux, bien, les montants ont plus que doublé. On peut
toujours faire mieux, on peut toujours faire plus. Le contexte est difficile,
j'en suis très consciente, la hausse du coût de la vie, l'inflation, c'est
difficile aussi pour les étudiants. On était dans un contexte, il y a deux,
trois ans, qui change encore. C'est-à-dire, on était dans un contexte, il y a
deux, trois ans, où on avait beaucoup de gens sur le marché de l'emploi. Là,
les étudiants reviennent sur les bancs d'école, ce qui est une bonne chose. On
aura réussi quand même à ramener une bonne partie de la clientèle étudiante.
C'est la raison pour laquelle, au collégial, il y a une croissance. Puis on va
connaître, je vous dirais, un sommet de cette croissance-là autour de 2028‑2029,
mais on est conscients et c'est la raison pour laquelle on continue de faire
des travaux d'infrastructure, de limiter aussi la hausse d'étudiants étrangers.
Il ne faut pas oublier que ces étudiants-là, là, la pression que ça va créer
aussi. Il y a des étudiants actuellement qui viennent dans le système
collégial. Il y a une croissance démographique naturelle qui va se faire. Ces
gens-là, tous ces étudiants vont se retrouver, pour la plupart, pas tous, vont
se retrouver dans le système universitaire. Donc, il faut penser aussi à
accueillir, à accueillir ces étudiants-là, à mieux intégrer aussi nos étudiants
internationaux.
Je sais que, tout à l'heure, ma collègue
de Mont-Royal—Outremont, parlait de réduction des
étudiants internationaux, puis de chute drastique du nombre d'admissions. Puis
à l'UQAC, on parle de 80 % de chute d'admission. Je prends l'exemple de
l'UQAC, qui est l'exemple avec lequel on a eu des enjeux. Puis ils ont géré ces
enjeux-là. Puis c'est la raison aussi pour laquelle on s'est penchés sur le
p.l. n° 74. Mais je pense que c'est important de rappeler aussi les faits.
L'UQAC est une université qui a un modèle où il y a énormément d'étudiants
étrangers. Pour les bonnes raisons. Ils viennent sur des programmes, puis sur
des... certaines AEC, puis certains programmes qui sont clés pour le
gouvernement, mais à un moment donné on avait des étudiants qui étaient en
précarité financière. On en a eu, là, cette année. Ça a été un enjeu pour nous
de régler tout ça. Ça a été un enjeu pour l'université elle-même. On les a
accompagnés dans tout ça. Mais ce sont des étudiants qui se retrouvent en
précarité financière. Donc, ils arrivent ici, ils commencent leurs études, puis
après, ils sont en défaut de paiement. Donc, c'est un problème. Il n'y a
personne de gagnant là-dedans, ni eux ni nous. Il n'y a personne qui est
gagnant à avoir un étudiant étranger qui arrive ici sans avoir les moyens
d'étudier à long terme. On ne peut pas, comme gouvernement, absorber les
défauts de paiement des étudiants étrangers. Donc, quand on nous parle de chute
de 80 %, je pense qu'il faut que l'UQAC, puis d'autres établissements
revoient un peu leur modèle d'accueil, d'intégration.
Dans la politique de financement, il y a
des enveloppes et des sommes allouées à ça. Il y a des enveloppes financières
allouées à une meilleure intégration, un meilleur accueil. Ce sera gagnant,
gagnant pour tout le monde. On va continuer d'accueillir les étudiants
étrangers comme on l'a fait depuis toujours dans les cycles, dans les
différents cycles. Il y a beaucoup d'étudiants étrangers dans les cycles
supérieurs, que ce soit en deuxième et troisième cycles. Donc, on veut
absolument garder ces étudiants-là dans les deuxièmes et dans les troisièmes
cycles également.
Donc, je pense qu'on fait les choses de
manière prudente, de manière équilibrée. Mais il faut être aussi réaliste. Ça
crée une pression sur les services publics. De mon côté, en enseignement
supérieur, ça crée une pression, Mme la Présidente, sur le logement. Ça crée
une pression, Mme la Présidente, évidemment, sur les infra, mais les logements
en font partie. En début de mandat, on accueillait beaucoup, beaucoup
d'étudiants étrangers. Il y avait une hausse substantielle d'étudiants
étrangers. Mais en même temps, on parlait aussi du manque d'infrastructures,
puis du manque de logements. Donc, il faut régler ce problème-là. Il faut être
capable de retrouver un équilibre. Je ne dis pas que c'est... tout est de la
faute des étudiants étrangers. Là, n'est pas le cas. Mais il y a une hausse,
une croissance substantielle qui a eu lieu au cours des dernières années. Puis
je pense qu'il faut rééquilibrer le tout pour être capable, financièrement
aussi comme gouvernement de bâtir, de faire des agrandissements, de continuer
de rénover et de continuer de faire des logements étudiants pour que ça reste
abordable pour tout le monde.
Donc, là-dessus, il faudra attendre le
décret pour ce fameux projet de loi n° 74. Mais je pense que chacun des
établissements, puis chaque gestionnaire, puis chacun d'entre nous avons une
responsabilité justement de regarder ça de plus près. Puis les établissements,
ce n'est pas juste l'UQAC, il y en a eu d'autres établissements qui ont eu
certains enjeux, mais ils ont déjà trouvé certains leviers qui leur permettent
de les accueillir et de mieux les intégrer, de s'assurer qu'ils aient les
moyens financiers pour venir étudier ici au Québec. Quand on vient ici, bien,
on doit pouvoir s'assurer que ces étudiants-là aient les moyens de payer leurs
études tout au long du parcours. Donc, c'est surtout un enjeu qu'on a eu dans
les universités en région. Donc, je pense que chaque université a pris le
taureau par les cornes. Chaque université prend ses responsabilités. Ils savent
qu'ils ont ces enjeux-là. Donc, qu'il y ait le projet de loi n° 74 ou pas,
ils sont capables aussi de cibler les enjeux que nous avons actuellement. Et
c'est ce qui va nous permettre aussi d'avoir un meilleur...
Mme Déry : ...meilleur
contrôle, je n'aime pas le mot «contrôle», mais un meilleur encadrement de la
mobilité, Mme la Présidente, des étudiants à travers la province. Donc, d'avoir
un meilleur portrait de la mobilité, vu qu'on est capable maintenant de cibler
la mobilité étudiante à travers chacun des établissements, ça va être plus
facile pour nous de pouvoir savoir un peu comment se comporte la communauté
étudiante au Québec, puis comment elle évolue, puis comment on peut l'encadrer
d'une meilleure façon. Ça, c'est pour le projet de loi n° 74.
Pour le reste, bien, on va continuer
d'investir les sommes qu'il y a au PQI. Les sommes sont là, on va continuer de
faire les chantiers. On a plein de chantiers actuellement. En 2024-2025, encore
une fois, c'est une augmentation de 1 milliard, c'est une augmentation de
12 % par rapport au PQI que j'avais l'année d'avant, ou l'année...
l'année... même les deux dernières années, le PQI n'a pas arrêté d'augmenter.
Donc, il y a beaucoup de rattrapage. Oui, c'est vrai, la demande augmente, le
rattrapage est énorme. Donc, on essaie de suivre avec les capacités qu'on a,
puis la capacité de payer aussi d'un gouvernement et des contribuables. Donc,
on continue d'investir pour soutenir les étudiants, mais pour soutenir aussi
les réseaux, puis les infrastructures dans le réseau collégial surtout. Les
projets majeurs dans le réseau universitaire vont se poursuivre au cours des
prochaines années. Il y a aussi des projets majeurs, Mme la Présidente, dans le
milieu universitaire qui suivent leurs cours.
Encore une fois, je suis très fière des
investissements que nous avons faits. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
défi, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'enjeu. Il y en a partout à travers
le pays, partout à travers le monde. Je parle avec mes homologues à travers les
provinces, mais aussi à travers d'autres pays, quand on est à l'extérieur, puis
qu'on rencontre des ministres de l'Enseignement supérieur à l'extérieur dans
d'autres pays. Ils ont à peu près les mêmes enjeux que nous. C'est incroyable,
mais c'est les mêmes enjeux. Ils ont les mêmes enjeux de logement, ils ont les
mêmes enjeux... les mêmes enjeux de précarité financière, ils ont les mêmes
enjeux. Justement, ils nous demandent... ils sont... ils sont... ils regardent...
ils nous regardent vraiment avec un œil un peu jaloux quand on a des programmes
comme l'AFE. On nous demande tout le temps : Comment vous faites? Comment
ça fonctionne? Comment se fait-il que ce programme est généreux? Comment vous
faites pour bonifier? On s'inspire beaucoup du modèle québécois, non seulement
pour les programmes généreux que nous avons, Mme la Présidente, mais aussi pour
le réseau, le réseau collégial que nous avons, qui est un fort réseau, qui est
un réseau unique, qui est un modèle unique dont on est fier. Et, quand les gens
viennent ici, que ce soient les consuls que je rencontre ici, au cabinet, ou
que ce soit quand je suis à l'étranger, c'est un modèle qui attire vraiment
beaucoup de... Les gens sont curieux de savoir comment ça fonctionne, le modèle
des cégeps puis le modèle collégial, parce que c'est le modèle unique, même au
pays, chez nous, là.
Donc, je pense qu'on va continuer à
soutenir les étudiants, on va continuer de bonifier les mesures de l'AFE, on va
continuer de faire le travail qu'on a avec les enjeux dont je parlais tantôt
sur des... le Cégep Bois-de-Boulogne ou le cégep Saint-Laurent, où ces
enjeux-là sont vraiment des enjeux de sécurité auxquels on s'attaque. Pour
nous, c'est non négociable, encore une fois. On va répondre avec le plan
d'action aux recommandations de la Vérificatrice générale. Il y a plusieurs
recommandations qui, dans le plan d'action, sont répondues dans un délai très
court. Il y a plusieurs processus, puis ça va me faire plaisir de m'asseoir avec
mes collègues pour leur dire exactement, dans le plan d'action : Oui, il y
a des... il y a peut-être quelques mesures qui sont à très long terme, mais la
majorité des mesures... et je me suis assurée d'avoir une bonne partie des
mesures qui se font maintenant à court terme pour être capable justement de
changer et de parfaire les processus qu'on a dans le suivi des dossiers, vu
l'explosion de coûts, vu le contexte actuel qui n'est pas facile. Donc, on
continue.
Moi, je suis quelqu'un de pragmatique, je
suis quelqu'un de solution, je suis quelqu'un de voie de passage, puis je vais
continuer à travailler avec le réseau en étroite collaboration, que ce soit
avec la Fédération des cégeps, que ce soit avec le réseau universitaire, que ce
soit avec la... les fédérations enseignantes. Il y a des décisions qu'on prend,
il y a des choix nécessaires et des décisions qu'on prend qui ne sont pas
toujours faciles, mais ça s'explique, on trouve des voies de passage, on
continue d'investir, puis c'est ce que je vais continuer de faire avec mes
collègues des oppositions puis avec le réseau aussi de l'enseignement
supérieur.
• (9 h 50) •
Alors, je veux juste dire, en terminant,
je vois qu'il me reste à peu près une quinzaine de secondes, remercier tout le
monde, remercier mes collègues qui étaient là, ce matin, présents, en ce
vendredi matin, merci beaucoup pour les interventions, merci à mes collègues du
cabinet, merci aux collègues de l'autre côté de la Chambre également, merci
à... merci à la Présidente, merci à tout le monde de nous avoir accordé ce
temps-là pour faire quelques clarifications. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci, Mme la ministre. Donc, je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Mont-Royal–Outremont pour 10 minutes également.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. J'entendais la ministre, dans les derniers instants, dire qu'elle
est pragmatique et qu'elle est une ministre de voie de passage. Quand on parle
de notre agenda d'innovation, quand on parle de l'excellence de notre
écosystème universitaire, quand on parle de la fierté qu'on ressent vis-à-vis
nos réseaux, vis-à-vis notre capacité de recherche et développement,
d'innovation, ce qui nous permet d'être productifs, ce qui nous permet d'innover,
ce qui fait la fierté du Québec, honnêtement, je ne comprends pas qu'elle parle
de voie de passage. Quand on a étudié le projet de loi n° 74, il aurait
fallu qu'on l'entende. On a demandé qu'elle vienne s'asseoir en commission
parlementaire, elle ne...
Mme Setlakwe : ...elle ne l'a
pas fait. Il aurait fallu qu'elle exclue à tout le moins les universités, à
tout le moins les deuxièmes et troisièmes cycles. On sait que, dans les deux...
Donc, ce n'est pas une voie de passage. C'est qu'il fallait qu'elle vienne
défendre le réseau, dont elle dit qu'elle est si fière.
Avec les circonstances actuelles, les
menaces qui planent sur nous depuis la réélection du président Trump, c'est ce
qu'il faut faire, il faut miser sur l'innovation, il faut miser sur la
productivité, il faut miser sur la requalification. Plus que jamais on a besoin
d'une ministre qui défend le réseau, qui met le réseau en valeur. Ce n'est pas
une ministre qui parle de voie de passage. Il faut qu'on l'entende. Je me
demande vraiment si sa voix est entendue au sein du Conseil des ministres. Son
ministre parle de requalification, son premier ministre, le premier ministre
parle de requalification. Or, elle, qu'est-ce qu'elle fait, elle laisse toutes
ces coupures budgétaires passer. On n'a qu'à penser au AEC. Dans le mémoire de
la Fédération des cégeps, il demande de remettre les enveloppes, de réinvestir.
Quelle incohérence d'un... d'un premier ministre qui parle de requalifier et
d'une ministre de l'Enseignement supérieur qui laisse passer toutes ces
coupures. Il est temps plus que jamais de requalifier, de former et d'assurer
une formation continue pour s'assurer qu'on puisse être agiles, pour s'assurer
qu'on puisse être plus productifs. C'est une aberration, c'est un non-sens.
Encore une fois, on est devant un gouvernement incohérent, un gouvernement
brouillon, un gouvernement qui planifie mal et un gouvernement qui, en ce
moment, négocie mal. On est à une période charnière. On a besoin d'un premier
ministre qui sait négocier, on a besoin d'un premier ministre entouré de
ministres, comme la ministre de l'Enseignement supérieur, qui défend le réseau.
Elle dit qu'elle en est fière. On n'a pas besoin d'une ministre de voie de
passage.
Il est important qu'on écoute les experts.
Moi, je l'ai dit haut et fort durant... avec mon collègue de l'Acadie, durant
l'étude du projet de loi n° 74, à quel point on est dans une course
mondiale aux talents. Si les cerveaux... Ça, c'est Maud Cohen qui le dit. Dans
ma circonscription, j'ai l'Université de Montréal et l'École polytechnique.
Maud Cohen dit : «Si les cerveaux ne viennent pas ici, ils iront
nécessairement ailleurs.» Mme Cohen disait également qu'aujourd'hui nos... les
jeunes, les ingénieurs notamment... C'est dans les deux sens. Nos jeunes veulent
aller étudier à l'étranger et nous, on accueille ces étudiants internationaux
qui, dans la grande majorité des cas, restent. Ce sont... Déjà, ce sont des
personnes brillantes et elles sont convoitées, on veut qu'elles restent. Et
quel message on est en train d'envoyer? Il y aurait fallu qu'on ferme la porte
tout de suite puis qu'on dise : On ne touche pas au cycle supérieur parce
qu'on ne peut pas se permettre d'affecter notre capacité en recherche et
innovation.
60 % des étudiants inscrits à la
maîtrise et près de 70 % de ceux inscrits au doctorat à la Polytechnique
Montréal viennent de l'étranger. L'apport de ceux-ci aux programmes de
recherche est donc crucial pour assurer l'avenir du développement technologique
et scientifique du Québec. Si ce n'est pas l'enjeu le plus important en ce
moment, là, je me demande quel est... en tout cas, c'est un des enjeux les plus
importants en ce moment. Et j'implore le gouvernement de poser les gestes dès
maintenant, d'intervenir. La ministre doit intervenir pour s'assurer que notre
réputation à l'étranger ne soit pas davantage affectée.
Quand le Scientifique en chef du Québec,
Rémi Quirion, s'en mêle... Il est venu ajouter sa voix dans un texte d'opinion
dans Le Devoir à l'automne dernier. Selon lui : Il est essentiel de
maintenir, voire d'augmenter le nombre car plusieurs... dans plusieurs
disciplines et champs de recherche où le Québec excelle, le manque d'étudiants
québécois et canadiens est alarmant — ce sont ses mots — en sciences de la vie,
génie, numérique, aérospatiale, environnement et plusieurs autres. Si la
recherche est si importante, pourquoi ne pas avoir exclu les deuxièmes,
troisièmes cycles pour protéger nos centres de recherche? Je ne comprends
vraiment pas, Mme la Présidente. Alors, ce n'est pas une voie de passage, là,
qu'on a de besoin, c'est une... c'est une ministre qui défend haut et fort le
réseau.
Durant nos discussions ce matin, on a
parlé de l'impact des coupures, oui, sur les bâtiments, mais on a parlé de
l'impact des coupures sur les équipements, mon collègue de Jean-Talon en a
parlé aussi, nous avions la même liste sous les yeux, en soins préhospitaliers,
des équipements qui ne peuvent pas être renouvelés. On est rendus là, au
Québec. On est en train de former nos jeunes qui vont être sur le marché du
travail demain. Alors qu'on a une population vieillissante, alors qu'on a
besoin d'avoir ces jeunes formés sur une... sur des équipements de pointe, on
les forme sur des équipements désuets. Les coupures que le gouvernement a
imposées est en train d'empêcher nos établissements...
Mme Setlakwe : ...d'acheter
les bons équipements pour former nos jeunes. On affecte les programmes. La
ministre, je ne l'ai pas entendue parler de ça, je pense qu'on a touché une
corde sensible. Rappelons que 49 % des étudiants s'en vont en technique et
qu'il y a un enjeu de désuétude d'équipement. On va continuer dans des exemples
concrets. Peut-être que, la ministre, ça va... ça va susciter son intérêt. On
affecte le programme de génie civil si on ne peut pas acheter des robots
d'arpentage. On affecte le programme d'inhalothérapie, si on n'a pas les bonnes
tables d'anesthésie. Il y a des besoins ciblés pour les programmes
d'infirmières. On a besoin, par exemple, de mannequins de simulation. Il faut
s'assurer que les équipements respectent les normes du réseau de la santé.
On aurait pu continuer à en lister, des
exemples, il y en a partout, à la grandeur des établissements sur le territoire
du Québec. Je suis certaine que les collègues des banquettes gouvernementales
dans la... On sait qu'il y en a des dizaines de députés caquistes, je suis
certaine qu'ils ont reçu des appels des directeurs de leurs cégeps dans leur
circonscription, en leur disant : Faites quelque chose, on n'arrive pas.
Et ce qui est le plus déplorable, c'est qu'on a une ministre qui a démontré
plus d'une fois qu'elle s'ingère, qu'elle fait de l'ingérence politique. Elle a
même... On a même eu affaire à une atteinte à la liberté académique. Qu'elle
laisse les directeurs de cégep faire leur travail. C'est ce qu'on nous demande.
Qu'elle laisse les recteurs d'université faire leur travail. Ce n'est pas un
trio caquiste qui va, le ministre de l'Immigration, la ministre de
l'Enseignement supérieur et la ministre de l'Économie et de l'Innovation qui vont
décider quel programme va être offert, dans quel programme on va couper, dans
quelle région. Ces décisions appartiennent à ceux qui ont l'expertise. Elles
appartiennent aux recteurs universitaires. Et ce n'est pas moi qui le dis. Ça a
été... Ça a été énoncé dans la lettre du président du BCI. Laissez-nous décider
dans quels programmes on a... quels programmes on a besoin d'étudiants
internationaux, les programmes d'aujourd'hui, les programmes de demain.
En intelligence artificielle, qui aurait
pensé, il y a... il y a... Bon, la ministre parle... Bien, je l'invite, la
ministre, à relire la lettre du président du BCI, ce sont des décisions qui
appartiennent aux recteurs des universités, de déterminer les programmes qui
sont importants pour des fins de recherche, pour le... pour que le Québec
puisse, aujourd'hui et demain, répondre aux enjeux de société. Il y en a, des
enjeux de société. J'en ai nommé tout à l'heure, le scientifique en chef en a
nommé.
En conclusion, permettez-moi de rappeler
pourquoi on est rendus là, pourquoi on est rendus à parler de coupures dans nos
réseaux d'enseignement supérieur. Bien, c'est simple, c'est la mauvaise gestion
des finances publiques par le gouvernement caquiste qui a provoqué un déficit
historique et qui nous place dans cette situation extrêmement déplorable. Le
gouvernement a complètement perdu le contrôle des finances publiques et a fait
de très mauvais choix depuis qu'il est au pouvoir. Pensons à l'argent gaspillé
avec les chèques électoralistes, je l'ai déploré plus d'une fois, des chèques
envoyés à presque 100 % de la population, on en a même reçu chez moi, sans
tenir compte du revenu familial. Quelle aberration, pour ne nommer que cet
exemple-là.
• (10 heures) •
Depuis l'arrivée de la CAQ, il y a six ans
et demi, la santé financière du Québec s'est détériorée de 18 milliards.
Bien oui, on... À sa rentrée au pouvoir, il y avait 7 milliards qui
avaient été laissés, en 2018. Il a été dilapidé par ce gouvernement. Et cette
mauvaise gestion force ce gouvernement aujourd'hui à sacrifier le futur du
réseau de l'enseignement supérieur et de notre jeunesse en imposant ces tristes
coupures, Mme la Présidente. Depuis l'été 2024, le réseau de
l'enseignement supérieur a dû subir une série de mesures qui, de toute
évidence, visent à corriger cette mauvaise gestion du gouvernement. Quand
j'entends la ministre parler qu'elle est en train d'offrir une meilleure
prévisibilité aux enseignements... aux établissements, je n'en crois pas mes
oreilles. Alors que sur le terrain ce qu'on entend, c'est ce manque de
prévisibilité et cette incapacité d'offrir une bonne gestion. Qu'elle soit donc
à l'écoute du milieu.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup, Mme la députée. C'est tout le temps que nous avons.
Donc, compte tenu de l'heure, je lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne de nos ses
travaux, sine die. Donc, bon vendredi à tous.
(Fin de la séance à 10 h 01)