Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 17 septembre 2024
-
Vol. 47 N° 48
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 64, Loi instituant le Musée national de l’histoire du Québec
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt et une minutes)
La Présidente (Mme Poulet) :
Bonjour à tous. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la culture et de l'éducation ouverte. La commission est réunie
afin de procéder aux consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi no 64, Loi instituant le Musée national de l'histoire du
Québec. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata) est remplacée par Mme Poulet
(Laporte) et Mme Ghazal (Mercier) est remplacée par M. Zanetti
(Jean-Lesage).
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci. Alors, nous débuterons cet après-midi les remarques préliminaires,
puis nous entendrons les témoins suivants. Alors, M. Martin Pâquet, professeur
titulaire au Département des sciences historiques, à l'Université Laval, puis
la Fédération Histoire Québec. Alors, j'invite le ministre de la Culture et des
Communications à faire ses remarques préliminaires. Vous avez un total de six
minutes.
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bienvenue à tous et à toutes. Bien heureux de vous
voir et très heureux de lancer ces consultations particulières parce que c'est
une occasion importante de donner la parole à ceux et celles qui se sentent
interpelés par le projet de loi no 64 qui vise à instituer le Musée
national de l'histoire du Québec. Donc, je vous dis d'emblée que je serai à l'écoute
et que je vais accueillir vos observations avec toute la considération qu'elles
méritent. Et à ceux qui, comme moi, aiment peut-être les symboles, vous
trouverez intéressant qu'on commence l'étude de ce projet de loi en ce 17 septembre
2024, j'ai constaté ça ce matin, date d'un triste anniversaire quand même, il y
a 265 ans aujourd'hui, jour pour jour, à 22 minutes près, imaginez-vous,
le général de Ramezay envoyait un messager aux Britanniques pour leur proposer
la capitulation de Québec. Donc, une proposition qui a été signée le lendemain
matin, le 18 septembre. Donc, moment décisif quand on regarde l'histoire
nationale du Québec, moment décisif dans l'histoire de notre nation. Donc, le
hasard fait bien les choses. Ce matin, j'ai appris ça par hasard et je trouvais
que le symbole était particulièrement frappant.
J'aimerais saluer mes collègues de l'équipe
gouvernementale. Merci beaucoup d'être à l'heure. Je salue et remercie aussi
évidemment les collègues de l'opposition qui sont avec nous aujourd'hui pour
leur intérêt dans le processus. Et je veux dire merci à l'avance également aux
groupes et aux personnes qui vont venir s'exprimer, exprimer leur point de vue
aujourd'hui, demain jeudi et mardi, ils vont y consacrer du temps. Ils y ont
déjà consacré du temps pour se préparer une réflexion et de l'énergie aussi. Et
ça mérite d'être souligné. Puis je suis convaincu que ce qu'ils nous
apporteront, ça amènera un éclairage pertinent sur les différents aspects du
projet de loi no 64.
Avec ce projet de loi là, notre
gouvernement veut créer le Musée national de l'histoire du Québec, un nouveau
musée sous la responsabilité de l'État, qui a pour objectif de faire connaître
et de mettre en valeur l'histoire du Québec, sa culture, son identité distincte
et qui, pour nous, sera un legs pour les générations futures. Et ce serait le
tout premier musée national consacré exclusivement, exclusivement à notre
histoire. On veut qu'il mette en lumière l'évolution de la nation québécoise
par l'intermédiaire d'un vaste parcours historique. C'est un vrai musée du XXIᵉ
siècle auquel nous voulons donner accès aux Québécoises et aux Québécois, avec
les moyens numériques, notamment, et immersifs dont on dispose aujourd'hui. Une
nouvelle institution qui permettra également aux visiteurs de partout dans le
monde de découvrir l'histoire de notre nation et de son identité. Les
personnalités marquantes, les grandes réalisations culturelles, scientifiques,
sportives et économiques du Québec y seront mises à l'honneur, de même que la
langue française, l'apport des premiers peuples ainsi que des autres
communautés qui ont façonné le parcours et le territoire du Québec.
On ne comprend pas grand-chose à l'histoire
de la Nouvelle-France si on ne connaît pas l'influence des alliances entre les
Français et les autochtones. On ne comprend rien non plus de l'histoire du
Bas-Canada, si on ne connaît rien de l'immigration britannique, comme on ne
comprend pas grand-chose au Québec contemporain, si on n'y voit pas une société
ouverte sur le monde, une société qui n'est désormais plus ni la
Nouvelle-France ni le Bas-Canada.
Le mandat de la conception initiale des
contenus et la mise en place des expositions sera, sous réserve, bien sûr, de l'adoption
du projet de loi, confié au Musée de la civilisation, une nouvelle institution,
donc, qui prendrait place dans le pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec,
un bâtiment absolument magnifique au cœur de l'arrondissement historique du
Vieux-Québec, berceau de l'Amérique française, une inauguration qui pourrait
avoir lieu dès le printemps 2026. Et par ailleurs, le projet de loi que
nous... dont nous commençons l'étude, prévoit que le musée aurait pour fonction
d'établir des liens avec le réseau muséal québécois et d'assurer une
présence...
M. Lacombe : ...Québec dans le
réseau international par des acquisitions, des expositions et d'autres
activités d'animation.
La création du Musée national d'histoire
du Québec permettrait de faire rayonner l'histoire et la culture de la nation
québécoise de façon extraordinaire, et c'est aussi un geste fort pour stimuler
la fierté des Québécoises et des Québécois. S'approprier son histoire,
découvrir 400 ans de lutte pour la reconnaissance, une histoire parsemée de
victoires, parfois de défaites, comme je l'indiquais un peu plus tôt, c'est
s'offrir une carte vers un monde plus riche, avec plus de profondeur.
S'approprier son histoire, c'est s'offrir les outils pour comprendre comment le
Québec en est venu à être une nation francophone en terre d'Amérique. C'est un
outil, donc, dont tous les Québécois ont besoin, nos jeunes tout
particulièrement.
Et, en terminant, je souhaite réitérer,
donc, mes remerciements à tous ceux et celles qui vont s'exprimer. Je suis
vraiment convaincu que cette démarche-là sera très constructive. Donc, j'ai
très hâte de vous entendre. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
M. le ministre. Alors, j'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle et députée de Robert-Baldwin à faire ses remarques préliminaires
pour une durée de quatre minutes et 30 secondes.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à tous.
L'annonce de la création du Musée national
d'histoire du Québec à la fin du mois d'avril cette année a déjà fait couler
beaucoup d'encre et a suscité de nombreux débats, et ce, avant même le dépôt du
projet de loi. Pourquoi? Parce que, même si l'idée de créer un musée national
consacré exclusivement à l'histoire du Québec, tel qu'énoncé dans l'intitulé du
projet de loi, est louable, ce gouvernement a décidé d'aller de l'avant avec ce
projet monumental, avec des coûts estimés de 92 millions de dollars, sans
étude ni de planification stratégique, malgré aussi l'annonce du ministre des
Finances, le printemps dernier, d'un budget assorti d'un déficit record de 11
millions de dollars, et malgré les nombreuses crises de manque de
financement dans différents secteurs de nos services publics et aussi dans le
domaine de la culture.
Dans les dernières années, et
particulièrement depuis la pandémie, les musées régionaux protestent haut et
fort du manque criant de ressources et le sous-financement du réseau muséal
québécois. Ils font face à de nombreux défis non négligeables. Dans plusieurs
régions du Québec, des musées mettent déjà en valeur... la valeur... l'histoire
du Québec et contribuent à la vitalité culturelle des régions. Une question
importante s'impose aujourd'hui : Est-ce qu'il y aura des chevauchements
de certaines composantes de notre histoire avec l'arrivée d'un nouveau musée?
Et quel sera l'impact de ce nouveau musée sur la survie de nos musées
régionaux?
Et n'oublions pas que l'annonce en grande
pompe de la création du musée national s'est faite sur les cendres du fiasco
des espaces bleus, un autre grand projet caquiste annoncé en 2021 pour la
création des 17 espaces bleus. Ceci devait être aussi aménagé dans toutes les
régions du Québec pour honorer l'histoire des héros, les bâtisseurs du Québec.
Et nous connaissons très bien le sort des espaces bleus. On a commencé avec un
budget initial de 259 millions de dollars pour 17 espaces bleus en 2021.
On s'est rendu en avril 2023 avec un estimé de 153 millions de dollars
pour quatre espaces bleus. Et évidemment, au mois de mars, on a mis une fin, un
terme aux espaces bleus, les quatre. Et donc on était rendu à un budget
d'au-delà... au-delà de 1 milliard de dollars. Et donc il va sans dire que,
considérant le contexte économique actuel, les annonces antérieures de ce
gouvernement de grands projets mal ficelés et sous-estimés, nous devrons porter
une attention particulière aux travaux préalablement effectués avant le dépôt
de ce projet de loi et dans les prochains mois.
• (15 h 30) •
Chose est certaine, il sera d'une grande
importance, en tant que parlementaires, de nous assurer que ce nouveau musée
soit une représentation juste et non biaisée de l'histoire du Québec, dont tous
les Québécois seront fiers. Ce projet de loi va nous permettre d'écrire une
nouvelle page dans l'histoire du Québec. C'est la première fois en 40 ans que
nous allons discuter ensemble de la création d'un nouveau musée national et des
différentes composantes de l'histoire du Québec qui feront l'objet de ses
expositions. Et donc j'ai très hâte d'entendre les groupes, parce que je
comprends, juste par l'étude de quelques mémoires, qu'il y a des grandes
préoccupations, M. le ministre. Et donc je crois que ça va être très important
de voir ensemble ces préoccupations et comment nous allons pouvoir
satisfaire...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...les
satisfaire pour aller de l'avant.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Lesage pour vos remarques préliminaires pour une durée de 1 min 30 s.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bien, moi, je suis content qu'on ajoute un musée. Je suis
content qu'on ajoute celui-là. Je pense que c'est une excellente chose. Le
ministre le disait, c'est le seul musée exclusivement dédié à l'histoire du
Québec ou de la nation québécoise. C'est extrêmement intéressant. Il y a
évidemment des préoccupations qu'on avait soulevées à l'époque par rapport à
comment est-ce que les Premières Nations et Inuits vont pouvoir contribuer à
aux récits qui vont être faits dans ce musée-là. Parce qu'évidemment, notre
histoire, puis ça a été mentionné, elle est... elle a été construite de façon
inextricablement liée à celle des premiers peuples. Et je me dis : Il faut
qu'on trouve une façon de faire ça ensemble. Alors, moi, c'est une
préoccupation qui m'anime beaucoup puis que je vais... je serais très intéressé
d'entendre ce que les gens qui vont venir ici en auditions témoigner ce qu'ils
en ont à dire puis aussi, évidemment, ouvert à toutes les autres considérations.
Et voilà! Et j'ai bien hâte de commencer le travail. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup, M. le député. Alors, je souhaite la bienvenue à M. Martin Pâquet qui
est professeur titulaire au département des sciences historiques de l'Université
Laval. Alors, M. Pâquet, bienvenue, je vous rappelle...
M. Pâquet (Martin) : Bonjour.
La Présidente (Mme Poulet) : Bonjour.
Alors, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Alors, je vous invite donc à commencer.
M. Pâquet (Martin) : Bon, je
me présente, Martin Pâquet, professeur au département des sciences historiques
de l'Université Laval, historien, spécialiste de l'histoire et de la culture
politique au Québec. À ce titre, il est impliqué dans la mise en place de
plusieurs expositions destinées au grand public au Musée de la civilisation francophone,
au musée McCord, au musée Pointe-à-Callière. Mes recherches ont porté notamment
sur les relations entre la muséologie et l'histoire ainsi que sur les usages
publics du passé québécois et la Commémoration. Donc, mon argumentaire va se
déployer en trois temps. Le premier, cerner rapidement l'importance de la
recherche scientifique à l'oeuvre dans les musées en insistant sur l'histoire
et la muséologie. J'aimerais prendre plus de temps pour exprimer mes
préoccupations relativement au projet de Musée national d'histoire et je vais
plaider enfin pour la nécessité d'une planification préalable en tenant compte
de l'éco... de l'écosystème muséal québécois, un écosystème qui demeure
fragile. Donc, il est important de bien voir que les musées aujourd'hui ne sont
pas seulement que des lieux dans lesquels on entrepose des biens et des
artefacts. C'est un lieu d'échange de scientifiques et c'est surtout un lieu
dans lequel on assure une démocratisation de la culture au profit des citoyens
et des citoyennes. Ces citoyens et citoyennes, lorsqu'ils sont présents dans un
musée, ils ont affaire à une connaissance de pointe sur un domaine donné et ils
peuvent ainsi, munis de ces connaissances, de cette compréhension, justement,
intervenir et agir à l'intérieur de la communauté politique. Donc, ça se fait
grâce à l'éventail de disciplines scientifiques, entre autres, celle de l'histoire
dans le cas des musées à vocation historique et de la muséologie dans le cas de
l'histoire. Bon, un élément qui est particulièrement important ici, ce n'est
pas seulement la narration d'un récit qui est présent ici, mais c'est beaucoup
plus et c'est la volonté de la discipline historique de faire comprendre ce qui
s'est passé. Et c'est essentiellement sur cette démarche qui est fondée sur la
production de connaissances que l'histoire travaille dans le cadre d'un musée.
Dans le cas de la muséologie, ici, on concentre beaucoup plus la question de la
transmission. Et là, la transmission du savoir sur le passé permet d'habiliter
les citoyens et les citoyennes par toute une série de gammes de procédés qui
vont relever d'une vulgarisation scientifique de la communication muséologique
pour constituer ce qu'on appelle un lieu d'expérience qui va toucher l'affect
des visiteurs. Et ce lieu d'expérience, c'est celui du musée. En deuxième
temps, j'ai des préoccupations concernant la viabilité du projet. Bien, comme
bien des gens, je suis évidemment comme historien très sensible à la création d'un
musée d'histoire et je suis tout à fait sensible à la pertinence que peut avoir
ce musée justement pour la société québécoise. Mais il y a trois éléments qui
sont à relever, qui concernent la viabilité du projet. Ils concernent, entre
autres, les fonctions des deux institutions d'une part, le musée de la civilisation
et d'autre part, le Musée national d'histoire du Québec. L'apparence de double
emploi dans un...
M. Pâquet (Martin) : ...deuxième
temps, et l'enchâssement de l'éventuel musée dans l'écosystème muséal. Donc,
dans le cas du premier élément concernant les fonctions des deux institutions,
la Loi des musées nationaux, dans son article 4.1, accorde comme fonction
au... au Musée de la civilisation, un, de faire connaître l'histoire, je le
souligne, et les différentes composantes de notre civilisation, notamment les
cultures matérielles et sociales des occupants du territoire québécois et
celles qu'ils ont enrichies. Donc, il y a d'autres éléments qui sont présents.
Je vais les passer rapidement. Et cette fonction est assez ancienne, parce que,
dès 1983, le législateur l'a prévue, elle correspond ici, cette fonction, aux
disciplines de l'histoire et de la muséologie qui veulent produire des
connaissances et les diffuser. Elle tient compte aussi de l'évolution
temporelle des contenus muséaux. Parce qu'un musée de société est
nécessairement à l'heure actuelle un musée d'histoire, puisque ses collections
ou ses expositions présentent des objets anciens qui relevaient du présent et
que ces objets s'inscrivent dans une continuité historique pour être bien compris
par le public.
Donc, pour s'en convaincre, il suffit
d'aller voir les expositions du... du Musée de la civilisation, entre autres la
toute dernière exposition, le Québec Autrement, qui... un contenu historique
qui est présent là-dedans Le projet de loi n° 64, l'article deux, nous
donne comme mandat au musée... pour le futur Musée national d'histoire, de
faire connaître et de promouvoir l'histoire du Québec, et je le souligne encore
ici, sa nation, son identité distincte, ainsi de faire témoigner de l'évolution
de la nation québécoise et de l'apport des communautés qui l'ont façonnée, son
parcours et son territoire.
Si l'historien que je suis convient à la
fonction de faire connaître l'histoire, il considère d'une part que celle de la
promouvoir ne relève pas de disciplines historiques, ni de la muséologie qui
insiste c'est beaucoup plus sur la diffusion, rappelons-le. La promotion relève
ici du monde des stratégies publicitaires où on met en marché un produit ou
un... qui sont simplifiés au fait de l'adhésion du public. La promotion est
univoque, elle va viser un produit ou un seul affect. Or, dans un musée,
surtout un musée d'histoire, et là vous... un exemple que j'ai à vous donner,
c'est celui du Smithsonian à Washington, c'est montrer la richesse et la
complexité du passé national là-dessus, et donc de ne pas privilégier seulement
qu'une trame ou qu'un seul affect, aussi bon, aussi légitime soit-il, à
l'exemple par exemple de celui de la fierté, mais de montrer au contraire la
grande pluralité qui est présente ici en tant que telle. Et ça correspond... la
mention de promotion ici ne répond pas à la mission pédagogique des musées qui
s'adresse ici à l'ensemble des citoyens. Il serait mieux d'insister beaucoup
plus sur une mission de diffusion par rapport à cela.
J'ajouterais un élément aussi, à
l'apparence de double emploi entre le Musée de la civilisation et le futur
Musée national d'histoire. Les deux musées possèdent des fonctions de faire
connaître l'histoire du Québec. Le Musée de la civilisation s'intéresse aux
différentes composantes de notre civilisation. Le projet de loi qui accorde au
futur Musée national d'histoire... est de faire connaître aussi l'histoire du
Québec, sa culture et son identité distincte. On conviendra rapidement que ces deux
intentions, si elles ne sont pas semblables, sans passablement similaires.
Ensuite, il y a des éléments qui relèvent
ici de l'allocation des ressources, et des ressources à la fois matérielles et
des ressources humaines. Et, d'une part, les collections matérielles, bien sûr,
il y a une collection qui est particulièrement importante au Musée de la
civilisation. On parle de 680 000 objets, artefacts. Or, quels sont les
critères qui sont retenus pour le partage ici de ces objets et artefacts entre
les deux institutions? Que faire lorsqu'un objet relèvera à la fois des
missions du Musée de la civilisation et du futur Musée national d'histoire?
Prévoit-on des procédures de prêt ou d'échange? La constitution de collections
repose sur des critères qui sont bien définis et des exigences de maintien et
de mise en valeur. Comment s'assurer que ces critères et ces exigences sont
bien respectés dans le cas du démantèlement de la collection du Musée de la
civilisation? Et ça, c'est un des éléments qui sont inquiétants, que je dirais
ainsi, en termes de ressources matérielles.
• (15 h 40) •
C'est le même phénomène qu'on retrouve ici
avec les ressources humaines. Pour travailler avec les gens du monde muséal à
plusieurs reprises, ce sont des gens qui... constitués des équipes de qualité
et qui sont à la fine pointe du savoir. Or, le projet de loi prévoit, dans son
article 11, sous réserve des conditions de travail qui sont applicables,
que les employés du Musée de la civilisation identifiés dans une entente conclue
entre celui-ci et le Musée national d'histoire, deviennent des employés du
Musée national d'histoire du Québec. Donc, c'est-à-dire qu'on va ici réaffecter
des ressources humaines, et on va réduire le nombre d'employés qui sont
présents au Musée de la civilisation. On va... des équipes éventuellement...
des équipes muséologiques qui ont déjà connu une...
M. Pâquet (Martin) : ...attrition
importante des effectifs depuis 2016, et on ne tient pas compte nécessairement
des critères de sélection... on n'indique pas les critères de sélection des
employés concernés en pensant qu'ils sont interchangeables. Et ça, ça risque
d'avoir un effet important, je dirais, aussi sur le nécessaire dialogue
interdisciplinaire à l'œuvre dans les musées.
Le troisième élément de préoccupation
concerne l'enchâssement de l'éventuel musée national dans l'écosystème muséal
du Québec. Bon, évidemment, il y a des relations entre le Musée de la
civilisation et le Musée national d'histoire. Je pourrais évoquer aussi le cas
spécifique du Musée d'Amérique francophone, dont l'intégration au futur musée
pourrait être envisagée selon des modalités qui restent à discuter.
Je veux aussi souligner l'emplacement même
du futur musée en... au sein de l'ensemble immobilier du Séminaire de Québec et
surtout au cœur de l'arrondissement historique du Vieux-Québec, qui est classé
au patrimoine mondial de l'UNESCO. Dans ces conditions, de quelle manière
tiendra compte des enjeux de l'authenticité, de l'intégrité patrimoniale, des
enjeux qui sont déterminants pour l'obtention et le maintien de la
classification de l'UNESCO? Avec quels partenaires va-t-on fonctionner,
notamment les partenaires municipaux, et je parle entre autres de la ville de
Québec?
Et l'enchâssement dépasse au-delà la ville
de Québec. On parle évidemment des musées québécois qui constituent un musée...
un écosystème qui est relativement fragile. On parle de 124 institutions
muséales agréées et soutenues dans le cas du programme d'aide au fonctionnement
par les institutions muséales. Et c'est... dans une période où il y a des
questionnements qui se posent en matière budgétaire, c'est... cela porte à
conséquence en tant que tel, parce que les institutions répondent à leur
manière et selon leurs capacités limitées aux nombreuses demandes sociales de
leurs régions et de leurs communautés.
Le journaliste Stéphane Baillargeon du
Devoir soulignait en fin de semaine que «les trois quarts des dépenses totales
de l'administration publique dans la culture bénéficient à deux, et seulement
deux, des 17 régions administratives, soit Montréal et la Capitale-Nationale.
L'image de deux luxuriantes oasis au milieu de déserts plus ou moins arides
pourrait s'imposer.» Fin de citation.
Donc, dès là, comment l'introduction d'une
nouvelle institution muséale aura-t-elle des impacts sur les autres acteurs
institutionnels de cet écosystème, impacts qui sont à la fois financiers...
La Présidente (Mme Poulet) : M.
Pâquet...
M. Pâquet (Martin) : Oui?
La Présidente (Mme Poulet) : ...je
m'excuse de vous interrompre. Votre temps... le... votre 10 minutes est écoulé.
M. Pâquet (Martin) : Je
laisserais la parole...
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
je suis vraiment désolée...
M. Pâquet (Martin) : Pas de
problème.
La Présidente (Mme Poulet) : ...mais
je vous remercie pour votre exposé. Alors, nous allons maintenant commencer la
période de... la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour
une période de 16 minutes et 30 secondes.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, M. Pâquet, d'avoir pris le temps, je le disais dans
mes remarques préliminaires, d'avoir mis du temps, de l'énergie et d'amener
votre point de vue dans l'étude de ce projet de loi. Donc, je vous remercie
d'être ici. Vous avez... Puis je vous remercie particulièrement parce que vous
avez dit dans les médias, et vous avez fait allusion tantôt aux entrevues que
vous avez données, que vous souhaitiez un processus de consultation. Donc, on
en est à cette étape aujourd'hui, et vous êtes là. Donc, je l'apprécie.
Vous avez assurément pris connaissance de
notre projet de loi en détail. C'est un petit projet de loi pour un grand
projet, mais un petit projet de loi, 13 articles seulement. Vous avez
probablement vu que la gouvernance du musée serait semblable à celle des autres
musées nationaux, notamment avec, bien sûr, un P.D.G. Mais, quand on parle de
gouvernance, le conseil d'administration, est-ce que vous considérez que
cette... cette gouvernance, qui sera évidemment indépendante, qui sera la même
que dans tous les autres musées nationaux, va permettre au Musée national de
l'histoire du Québec d'avoir des démarches scientifiques reconnues dans
l'élaboration de ses contenus? Parce que vous posez beaucoup cette question-là.
Est-ce que ça vous rassure de voir que ce sera la même chose que dans les
autres musées? Puis est-ce que vous pensez que... qu'il aura, donc, cette
indépendance?
M. Pâquet (Martin) : Bon. Je
me réjouis de... justement de... voulant qu'il y ait une... et selon les principes
de belle... de bonne gouvernance, qu'il y ait une indépendance entre d'une part
les institutions... l'institution politique québécoise et entre autres l'État
québécois et son gouvernement... et ensuite, d'autre part, avec l'institution
que sera le futur Musée national d'histoire. Parce que cette indépendance-là
est essentielle, elle est indispensable pour la bonne marche, justement, d'un
musée. Et un musée, pour qu'il puisse remplir bien cette fonction, il doit donc
tenir compte ici de la... comment dire, des sollicitations qui lui viennent de
l'ensemble des citoyens, d'une part, et aussi des contraintes qui sont d'ordre
à la fois humain et budgétaire, qui sont... autre part. Et là il y a beaucoup
plus de réticence par rapport à...
M. Pâquet (Martin) : ...au
budget, mais... il reste à voir s'il y aura des nouvelles sommes qui seront
allouées, est-ce qu'il y aura du nouveau personnel embauché, est-ce qu'il, le
musée, pourra mener à bien cette mission en tant que telle, sans nécessairement
dégarnir les autres acteurs de l'écosystème? Et les autres acteurs de
l'écosystème, ici, sont particulièrement fragiles.
Et, bon, je vais faire allusion à un musée
qu'elle aime bien, moi, c'est le musée de la Gaspésie. Vous êtes allés
d'ailleurs tout récemment au musée juste à côté, au musée du Manoir Le
Boutillier. Vous savez que ces petites institutions ne sont pas très
importantes en... régionale, mais on se compare au Musée de la Gaspésie, grosso
modo, au musée des... D'ailleurs, il se compare volontiers en termes de mission
avec le Musée de la civilisation. Le problème qu'on voit là-dedans, c'est que
les budgets ne sont pas tous similaires et que la possibilité de progression
pour faire, pour atteindre, pour assurer la mission de ce musée est
relativement restreinte. Donc, lorsqu'on arrive avec une nouvelle institution
là-dedans, il est donc important de savoir quels sont les autres acteurs
là-dedans. Et là c'est un élément qui relève, ici, de la gouvernance et qui
relève, justement, de la planification stratégique, ici, pour être plus précis.
Donc, c'est pour ça qu'il me semble particulièrement important de pouvoir
cerner cet élément.
M. Lacombe : Bien, c'est
un sujet de discussion très pertinent. Comprenez-moi bien, je pense qu'on
pourrait effectivement en parler longtemps, mais je veux vraiment préciser ma
question qui porte sur l'indépendance et sur la démarche scientifique. Est-ce
que le cadre que nous proposons, c'est-à-dire le même que pour tous les autres
musées nationaux, est-ce que, selon vous, c'est rassurant? Est-ce que ça vous
rassure sur l'indépendance du musée et sur le caractère scientifique des
expositions, du caractère scientifique de la conception des expositions qui
vont y être présentées?
M. Pâquet (Martin) : Comme
toute instance émanant de l'État, normalement, les normes nous permettent
justement d'assurer une indépendance comme, par exemple, on peut le remarquer
pour la SAQ. On peut le remarquer, par exemple, pour d'autres instances. Donc,
là-dessus, à l'instar des autres instances de l'État, il y a une volonté
d'assurer cette indépendance. Et ça, selon moi, je ne m'attendais à pas moins
que cela. C'est parce que dans toute... pour que l'État puisse fonctionner, et
entre autres dans le cadre de ces institutions, il est donc nécessaire
d'assurer une autonomie et une capacité d'action là-dessus. Et que vous l'ayez
inscrit selon moi, ça me donne... Bon, bien sûr, ça me rassure, mais je dirais
que ça me... Ce qui est important, ça va de soi. Et ça va de soi que ce soit
présent ici et que ce soit maintenu par la suite.
M. Lacombe : Oui. Bien,
je le mentionne et je pose la question parce que vous avez quand même exprimé
des doutes. Donc, je veux juste préciser, encore une fois, ce que je comprends,
c'est donc que vous êtes rassuré.
M. Pâquet (Martin) : ...
M. Lacombe : Vous êtes
rassuré sur la démarche scientifique que va mener le musée, démarche
scientifique qui sera la même que pour tous les autres musées nationaux.
M. Pâquet (Martin) : Je
vais préciser. Ce ne sont pas des doutes, ce sont des appréhensions. Et donc ce
sont des appréhensions. Si vous le, vous comme étant le principal responsable,
justement, de ce dossier, me donnez des éléments pour me rassurer, pour réduire
mes appréhensions...
M. Lacombe : Oui.
M. Pâquet (Martin) : ...eh
bien, je les reçois.
M. Lacombe : Bien,
peut-être que je peux en ajouter, donc, une couche pour vous rassurer, puisque
vous m'invitez à le faire. Je pense, puis je ne veux pas vous mettre de mots
dans la bouche, mais je ne pense pas me tromper si je dis que vous appréciez le
travail du Musée de la civilisation, que vous appréciez sa démarche et que vous
trouvez que ce sont des professionnels. Je le disais d'entrée de jeu, c'est
l'équipe du Musée de la civilisation, donc les professionnels qui y
travaillent, qui seront appelés à travailler sur les premières expositions. Ça,
est-ce que ça vous rassure?
M. Pâquet (Martin) : Bien
sûr que ça... Bien, ça me rassure parce que j'ai travaillé avec ces gens. Ce
sont des... des gens d'ailleurs, parfois, que j'ai contribué à former, et que
ce sont des professionnels dans leur domaine, et je peux attester de leur
professionnalisme à cet effet. Ma crainte n'est pas là. Ma crainte est par
rapport au maintien de ces équipes, et concernant les effectifs qui sont
octroyés et les moyens qui sont alloués pour qu'ils puissent remplir
efficacement leur mission. Et là c'est autre chose aussi.
• (15 h 50) •
M. Lacombe : Oui,
d'accord. Donc, sur le contenu, en tout cas, je comprends que vous avez des
éléments pour vous rassurer, Musée de la civilisation, même gouvernance que
dans les autres musées nationaux. Donc, j'entends bien ça. Sur les ressources,
peut-être juste une précision parce qu'il y a peut-être des gens qui nous
écoutent, précision à l'effet que les gens qui ont été embauchés pour
travailler sur ce projet, qui était auparavant l'Espace Bleu, qui a migré vers
le Musée national, ce sont des ajouts qui ont été faits expressément pour ce
projet-là...
M. Lacombe : ...et ça ne
touche en rien l'équipe habituelle, donc l'équipe régulière du Musée de la
civilisation à Québec. Donc, il n'y aura pas d'équipes amputées. On ne coupera
pas dans l'équipe, l'équipe va rester intacte, c'est-à-dire que les gens qui
ont été embauchés pour ce projet-là, probablement, vont migrer, bon, pour ceux
qui le souhaitent, tout ça. Il y aura... il y aura des discussions, mais ce que
vous aviez avant le projet des Espaces bleus, Musée national de l'histoire du
Québec, en tant qu'équipe, va... En nombre, j'entends bien, là, en nombre
d'ETC, va demeurer. Donc, ça, je pense que c'est une précision qui est... qui
est importante. Peut-être, deux...
M. Pâquet (Martin) : ...j'aimerais,
peut-être...
M. Lacombe : Oui?
M. Pâquet (Martin) : Excusez-moi,
j'aimerais être rassuré également, non seulement la question du nombre, mais
aussi concernant les compétences scientifiques, et l'équilibre des compétences
scientifiques est particulièrement important pour la mission muséale. Et ça,
c'est un élément qui me semble important, à la fois pour le Musée de la
civilisation et pour le futur musée d'histoire. Donc, ici, on débalance...
M. Lacombe : Bien sûr, bien,
on vient de parler de la...
M. Pâquet (Martin) : ...vous
me rassurez sur cet élément-là?
M. Lacombe : Oui, je vous
rassure, on vient de parler de la compétence des employés du Musée de la
civilisation, d'ailleurs, qui doivent être contents d'entendre ça, mais ça
fait... ça fait plaisir, j'imagine, à entendre pour eux. Donc, il y en aura...
On imagine bien plusieurs qui étaient attitrés à ce projet-là, qui vont migrer
vers le Musée national de l'histoire. Donc, vous avez déjà une piste là pour
vous rassurer sur la compétence des gens qui vont se retrouver AU MNHQ. Puis
sinon, pour les postes à combler, bien évidemment, ce n'est pas le ministre ni
le ministère, c'est l'institution elle-même, son P.D.G., évidemment, qui
procède aux embauches. Moi, j'ai tout à fait confiance, mais je vais...
j'aurais peut-être les mêmes appréhensions, mais je m'en remets à eux. Je suis
certain qu'ils arriveront à embaucher les meilleurs professionnels.
Je veux rapidement peut-être vous parler
du double emploi. Je vous avoue que ça me fait tiquer un peu quand on me parle
de ce double emploi. Quand on dit : Le Musée de la civilisation a déjà
dans sa mission une partie de cette mission, donc, qui est liée à la mise en
valeur de notre histoire. C'est vrai. La nouvelle exposition sur le Québec,
elle est magnifique, je suis allé la visiter, mais c'est une exposition parmi
beaucoup. Donc, est-ce que vous convenez que c'est... la création du Musée
national de l'histoire, ça fait en sorte que, pour la première fois, on aurait
un musée qui serait exclusivement lié à l'histoire? On convient de ça, c'est
une évidence.
M. Pâquet (Martin) : Non,
c'est... d'une part, bon, le dernier exemple de l'exposition Le Québec
autrement... les autres expositions qui sont présentes, qui qui ont un contenu
historique aussi. Par exemple, celle sur la lutte a un contenu historique, là.
M. Lacombe : Effectivement.
M. Pâquet (Martin) : Mais
même, bon, évidemment, je pourrais même sortir l'exemple des gladiateurs qui
est encore un contenu très historique.
M. Lacombe : Qui est moins
lié au Québec, par contre.
M. Pâquet (Martin) : C'est
moins lié au Québec, mais on fait des liens également. Et ça, on met d'ailleurs
en valeur les éléments de la collection, ici, qui... présents ici. Donc,
évidemment, je me réjouis... comme je vous dis, on n'est pas contre la tarte
aux pommes, là, dans un certain sens, on est en faveur justement, on est en
faveur de la vertu, puis on est en faveur, évidemment, de la création d'un
musée qui... porté plus spécifiquement sur l'histoire québécoise, l'histoire
québécoise comprise dans une dimension large. L'exemple de Smithsonian, à
Washington, me semble tout à fait approprié à cet effet, justement. Ce n'est
pas seulement un musée qui est là pour mettre en valeur le patriotisme
américain, mais c'est là... c'est un musée qui nous permet de comprendre
l'expérience américaine à travers le temps. Et, si le Musée national d'histoire
du Québec remplit cette fonction-là, bien, j'en serais très heureux. Donc, il
faut y accorder des moyens, et ces moyens sont importants.
M. Lacombe : Je comprends
bien. Et d'ailleurs on a fait beaucoup de visites de musées. Quand je dis «on»,
évidemment ce n'est pas moi, c'est l'équipe du Musée de la civilisation, mais
pour s'inspirer des meilleures pratiques. Mais je reviens sur le double emploi,
parce que je sais que ça va revenir souvent. Je sais que ça va revenir souvent
au cours des consultations. Et, quand je vous dis que ça me fait tiquer,
prenons... ça me fait tiquer parce qu'il n'y a pas de musée, donc, on en
convient, là, ça, c'est une évidence, il n'y a pas de musée exclusivement dédié
actuellement à l'histoire du Québec. Le Musée de la civilisation, je le répète,
oui, avec une expo, parfois, avec quelques expositions comme celles sur la
lutte, vous avez raison, qui va parler de lutteurs québécois, et ça, c'est une
exposition qui pourrait se retrouver au Musée national d'histoire du Québec,
vous avez raison. Mais quand on parle de gladiateurs ou d'Égypte ancienne, on
est ailleurs. Et ce double emploi, pour moi, il est déjà présent dans
d'autres... dans d'autres institutions. Prenez le Musée d'art contemporain, par
exemple, qui présente donc de l'art contemporain, art contemporain qui se
retrouve aussi en partie au Musée national des beaux-arts du Québec.
D'ailleurs, il y a une embauche en ce moment qui a fait jaser. Vous avez
probablement vu ça, qui vise spécifiquement le poste de la personne qui
s'occupe de l'art contemporain au Musée national des beaux-arts. Donc, il y a
un chevauchement là aussi. Mais évidemment, l'art contemporain n'est pas le
sujet principal au Musée national des beaux-arts du Québec. Est-ce que...
puisque ça existe dans...
M. Lacombe : ...dans d'autres
musées, ça ne pourrait pas aussi exister pour le Musée national de l'histoire.
En quoi il y a une contradiction, là, ou une impossibilité de faire les deux.
M. Pâquet (Martin) : Je ne
parle pas de contradiction ou d'impossibilité, je parle de la capacité de
planification qui est importante là-dedans. Bien sûr, les musées dans le monde
ont souvent des missions qui ne vont pas nécessairement se chevaucher, mais qui
vont être complémentaires les uns avec les autres. Et dans le cas des musées à
vocation généraliste, comme le Musée de la civilisation, ici, il va de soi
qu'il y aura... le fait qu'on ait un musée plus spécialisé... Par exemple, si
on avait un musée sur la science et la technologie, il serait nécessairement
plus spécialisé et qui comprendrait évidemment les éléments qui sont présents
dans le cadre de... Donc, ici, ce qui est important, là, de s'assurer, c'est de
l'arrimage entre... Et ça, évidemment, ce sont des éléments de bonne
gouvernance, ce sont aussi des éléments de question et de planification à long
terme qui sont importants à traiter ici. Et donc s'assurer qu'il y ait ces
arrimages pour éviter qu'il y ait justement une redondance des messages et...
Ça me semble particulièrement important à établir. Et pour ça, il faut donc
planifier.
M. Lacombe : Et je suis
d'accord avec vous. Et ce qui peut nous rassurer tous les deux, donc, sur cette
question-là, je pense, c'est le fait que tout ça démarre avec les équipes du
Musée de la civilisation qui, évidemment, sont très au courant de leur propre
contenu et qui planifient... et qui vont planifier le contenu du Musée national
de l'histoire. Donc, je pense que c'est rassurant. Et là il me reste très peu
de temps, mais je voudrais...
La Présidente (Mme Poulet) : 2 min 33 s.
M. Lacombe : Deux minutes et
demie. Je voudrais peut-être juste que vous précisiez votre pensée sur la promotion.
Parce que quand vous avez mentionné ça tantôt, ça m'a fait sursauter et j'ai
vérifié. Quand vous regardez la Loi sur les musées nationaux, cette notion de
promotion, elle s'applique à d'autres institutions muséales, par exemple le
Musée d'art contemporain, c'est dans sa mission de faire la promotion. Le Musée
national des beaux-arts, c'est la même chose. Donc, pourquoi est-ce que pour le
Musée national de l'histoire, faire la promotion de l'histoire, ça ne pourrait
pas... comme, par exemple, ces deux autres musées, c'est à l'article 23.
24 de la Loi sur les musées nationaux... pourquoi est-ce qu'il y aurait une
distinction ou une incompatibilité dans le cas du MNHQ?
M. Pâquet (Martin) : Donc, ce
qui est important là-dedans, c'est peut-être de préciser ce qu'on entend par
promotion. Effectivement, donc, la manière qu'on indique la promotion ici,
c'est une promotion à une fin particulière. Et cette fin particulière, dans le
cadre des institutions muséales, c'est la démocratisation de la culture, c'est
d'assurer que cette culture soit diffusée et transmise et valorisée parmi
l'ensemble des citoyens. Donc là, ce qu'on fait... une indication comme étant
la promotion de l'histoire. La promotion de l'histoire, on présente le produit
histoire ici. Alors, le produit histoire, de cette façon, il est même assez
circonscrit. Si on lui donne la mission ici, à quelle fin qu'on lui la donne?
Et en termes, justement, de démocratisation et en termes, justement,
d'habilitation citoyenne, pour prendre le terme savant ici, de permettre aux
citoyennes et aux citoyens de disposer d'une compréhension de la société, une
compréhension qui s'inscrit dans le temps, qui s'inscrit dans l'histoire ici...
le terme promotion porte moins à caution ici, il sonne moins comme étant...
M. Lacombe : On est dans un
monde de nuances, et là je pense que le temps file, hein?
La Présidente (Mme Poulet) : 30 secondes.
M. Lacombe : Il nous reste
30 secondes. Peut-être juste pour... Je prends les dernières secondes pour
vous remercier puis vous dire qu'au fond j'ai l'impression que vous n'êtes pas
contre le projet. Je ne veux pas vous mettre de mots dans la bouche, là, mais
que vous souhaitez qu'il se fasse de la bonne façon. Donc, j'espère avoir...
puis on aura, j'imagine, l'occasion d'en reparler, mais j'espère vous avoir
donné des éléments pour vous rassurer dans vos appréhensions.
M. Pâquet (Martin) : Il sera
donc extrêmement important... et je vais plaider enfin là-dessus, il sera donc
très important, comme lors de la création du Musée de la civilisation à
l'époque, de faire un nouveau rapport... Et nouveau rapport... permettrait à
vous, comme décideurs politiques, peut-être de mieux planifier l'offre muséale
en matière d'histoire du Québec.
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
M. Paquet. Merci, M. le ministre. Alors, maintenant, je cède la parole à
la députée de Robert-Baldwin pour une période de 12 min 23 s.
Mme Garceau : Ah! O.K. merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Pâquet, bonjour et merci beaucoup pour vos
paroles aujourd'hui et surtout pour votre mémoire quand même fort intéressant,
étoffé, surtout concernant vos préoccupations liées à la création d'un nouveau
musée national de l'histoire du Québec...
16 h (version non révisée)
Mme Garceau : ...et j'aimerais
tout de suite que nous continuions la discussion concernant... Parce qu'en
lisant votre mémoire, toute cette question de la nécessité - est-ce que c'est
nécessaire de créer un nouveau musée de l'histoire dans l'écosystème muséal
actuel? - et toute la question de... d'une planification préalable,
planification préalable, et là on rejoint votre point concernant ce fameux
rapport de Roland Arpin, et vous avez mentionné vers la fin de votre mémoire,
et j'aimerais vraiment vous entendre là-dessus, parce que pour moi c'est comme
fondamental, c'est le cœur de cet enjeu de la création d'un nouveau musée, c'est
l'impact que ça va avoir sur l'écosystème, nos musées régionaux, aussi en ce
qui a trait à l'économie, le financement, parce qu'on sait déjà, là, que les
musées régionaux, il y en a beaucoup qui souffrent, il y a du sous-financement.
Et donc, toute la question de l'impact de cette planification préalable, j'aimerais
vous entendre là-dessus, parce que, moi aussi, et je sais que je ne suis pas la
seule qui est préoccupée par l'impact qu'un nouveau musée pourrait avoir, donc,
j'aimerais vous entendre sur toute cette question de rapport Arpin 2.0.
M. Pâquet (Martin) : Bien, je
vais vous donner un rappel historique rapide. Lorsqu'on a créé le Musée de la
civilisation et puis on a commencé à discuter de... justement de la nouvelle
mission qu'on accordait au Musée du Québec et on scindait justement le Musée du
Québec pour le créer, créer un musée de la civilisation, il était... ça a été
une question qui était éminemment politique. On parle... début des années 80,
on parle d'un gouvernement souverainiste à Québec, on parle évidemment d'une
apparence d'intervention et on parle surtout également... Bon. D'un côté, en
1984, Québec devient patrimoine... joyau du patrimoine mondial, et c'est une
période de restrictions budgétaires qui est particulièrement importante.
Le gouvernement de Robert Bourassa se fait
élire en 1985, et là, devant le tollé, devant les problèmes qui sont présents
dans la mise en place du Musée de la civilisation, ils ont dit : Bien,
écoutez, on va s'asseoir puis on va étudier la situation des musées au Québec,
et il a mandaté justement Roland Arpin pour faire ce rapport, qu'il a déposé en
1988, qui a permis justement, d'une part, de bien cibler la mission du Musée de
la civilisation, de bien comprendre la place du Musée de la civilisation au
sein de l'écosystème québécois, de... d'outiller le système... l'écosystème
québécois en matière muséale de moyens, et ça, ça a permis pendant plusieurs
années, justement, le développement de musées au Québec, deux musées, au
pluriel, là, au Québec qui sont particulièrement actifs, qui sont
particulièrement... qui remplissent leur mission en termes de démocratisation de
la culture, qui sont l'envie de bien du monde à travers le monde.
Donc, cette nécessaire planification, l'exemple
de Roland Arpin, en 1988, nous le donne. Si nous le faisons... Parce que le
monde a changé, et on parle de 36 ans plus tard. Lorsqu'on regarde... J'entendais
le ministre tout à l'heure parler, par exemple, du numérique, la question,
justement... on pourrait parler de la question du réseautage, le rôle de l'informatique,
par exemple, ainsi de suite. Ce sont des éléments qui jouent beaucoup maintenant
dans l'expérience muséale. Donc, tenir compte de ces réalités, entre autres, il
faut encore aussi de tenir compte des enjeux d'ordre budgétaire également, mais
aussi la... je dirais aussi la dévolution des compétences qui sont présentes
entre les institutions à la fois locales, régionales et nationales. Il est donc
important ici d'enquêter et de s'asseoir à cette question.
...d'une politique sur les musées en 2000
sous Agnès Maltais, il y a eu une consultation qui a été faite en 2013
justement par un groupe de travail sur les musées. Là, nous en sommes en 2024,
et comment prévoit-on les cinq ou les 10 prochaines années? C'est un peu
curieux, comme historien, de vous dire que, moi, mon... comme historien, mon
objectif, mon champ d'expertise, c'est le passé, mais là il faut voir l'avenir,
puis là, c'est important de pouvoir se prévoir dans l'avenir, et c'est le rôle
des décideurs politiques de s'asseoir sur des connaissances probantes qui leur
permettront justement de mieux planifier une offre muséale qui soit... qui
réponde à sa mission.
Mme Garceau : Donc,
évidemment, il faut regarder au niveau du passé, oui, pour voir ce qu'on va
faire dans l'avenir, pour ne pas non plus causer des conséquences néfastes...
Mme Garceau : ...lors de la
création d'un nouveau musée, sur l'écosystème muséal au Québec.
M. Pâquet (Martin) : En
effet.
Mme Garceau : Donc,
d'après vous, en termes de... Est-ce que ce projet de loi est comme précipité?
Est-ce qu'on n'aurait pas, au lieu de déposer un projet de loi, d'avoir fait
cette étude, d'avoir fait, d'avoir commencé avec une étude approfondie
concernant le système actuel pour déterminer les impacts, les aboutissants et
tout ça?
M. Pâquet (Martin) : Bon,
écoutez, je reviens encore...
Mme Garceau : D'après
vous.
M. Pâquet (Martin) : Je
reviens encore à l'exemple du passé. La loi qui a instauré entre autres le
ministère... le Musée de la civilisation était antérieure au rapport Arpin. Il
est toujours possible, mais pour donner une capacité au musée, il a donc été
nécessaire, justement, de savoir... de s'adjoindre un rapport qui documentait
la situation et qui leur permettait... lui permettait par la suite à ce musée
d'avoir les moyens et d'avoir les capacités de mobiliser des connaissances, de
mobiliser des ressources pour pouvoir remplir sa mission. Donc, je ne dirais
pas que c'est... que le projet de loi n'est pas utile. Maintenant, je dis qu'il
est utile parce que, dans un certain sens, il est donc important de lancer
l'initiative. Par contre, la précipitation ici, et surtout en matière
décisionnelle, et surtout en termes de planification est... C'est quand on est
pressé qu'on fait des erreurs. Et ça, on est... Il est donc important de bien
s'assurer... D'autant plus que ça a des conséquences importantes, conséquences
financières, mais aussi des conséquences en termes, je dirais, civiques qui
sont particulièrement importantes dans le cadre des musées. Donc, c'est donc
important de pouvoir documenter.
Mme Garceau : Donc, tel
qu'il a été fait en 1988 avec l'étude... le rapport Arpin, on devrait faire la
même chose aujourd'hui.
M. Pâquet (Martin) : Oui,
je pense que...
Mme Garceau : On devrait
faire une étude, une planification stratégique, afin de s'assurer.... de
s'assurer que ce musée n'aura pas d'impacts, des conséquences néfastes au
niveau de l'écosystème, mais aussi pour prévenir les chevauchements, tel que
vous avez mentionné tantôt.
M. Pâquet (Martin) : En
effet. Puis tenir compte aussi des doléances des autres institutions. Il y a
124 musées au Québec. Puis là je ne parle pas des centres
d'interprétation, je ne parle pas des autres lieux de culture qui ont une
dimension de représentation du passé ou des représentations d'une dimension
muséale au Québec. Donc, de pouvoir faire un inventaire de la situation
permettrait de montrer justement la pertinence sociale du futur musée, je vous
dirais. Bon, là, on se dirait, non seulement il n'y a pas de... il n'y a pas
nécessairement de chevauchements en termes de fonctions, non seulement il y
aurait moins d'inquiétudes par rapport à l'allocation des ressources
matérielles et humaines, mais il y aurait aussi une capacité de dire :
Bien voici, cet apport nouveau là, c'est un nouveau, pour utiliser une
expression, une image, un nouveau... une nouvelle... un nouveau joyau qu'on
ajoute à l'ensemble. Et cette entité s'intègre à ce bien dans cet ensemble. Et
pour qu'il puisse bien s'encastrer dans cet ensemble, il est donc important de
connaître justement l'état actuel de l'écosystème muséal.
Nous avons des éléments de connaissance.
Le groupe de travail de 2013 avait déjà identifié des éléments qui étaient
présents ici en termes de préoccupations du monde muséal. Évidemment, la
situation depuis 2013 s'est transformée. Il y a eu des enjeux d'ordre
budgétaire qui se sont posés. Il y a des enjeux également aussi de
transformations des musées depuis 2013 qui ont joué, mais quand... Et une mise
à jour serait tout à fait... permettrait une décision, une action beaucoup plus
optimale.
• (16 h 10) •
Mme Garceau : Donc,
M. Pâquet, prochaine démarche selon vous? Ça serait quoi nos prochaines
démarches?
M. Pâquet (Martin) : Bien,
la prochaine démarche, c'est nécessairement, selon moi, la mise sur place d'un
nouveau rapport Arpin qui aurait... qui serait reçu par le ministère de la
Culture et qui pourrait orienter les décisions politiques par la suite en
termes de planification et en termes de mise en valeur du milieu muséal.
Mme Garceau : Et qui
siégerait sur ce comité?
M. Pâquet (Martin) : Eh
bien, les gens du milieu d'une part, les gens du milieu qui s'y connaissent
bien, là. Je pense que la représentation...
M. Pâquet (Martin) : ...est
importante. Je pense aussi, la représentation des premiers peuples est
particulièrement importante. Je pense aussi que la représentation des citoyens
un peu partout... Et l'article de Stéphane Baillargeon était passablement
inquiétant quand il mentionnait que deux régions reçoivent... la manne par
rapport à l'ensemble des régions du Québec. Et je pense que la plupart des
régions du Québec devraient être sollicitées ici, et en tenant compte,
évidemment...
C'est un exercice citoyen, ici, quand on
parle de... et cet exercice citoyen... Il est donc important d'avoir des gens
qui proviennent aussi du monde scientifique, du monde qui viennent des
universités, qui viennent des musées, qui ne sont pas seulement que des
historiens, là... ma paroisse uniquement. Les muséologues sont importants. Les
gens... les avocats, c'est important. Des gens qui contribuent au 3D, c'est
important également, l'industrie numérique. Mais il faut assurer cette
diversité, et cette diversité en termes de régions, en termes de groupes
sociaux, en termes de... évidemment, les Premières Nations, ainsi de suite.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. Pâquet. Très intéressant.
M. Pâquet (Martin) : Bienvenue.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci,
Mme la députée. Alors, je cède maintenant la parole au député de Jean-Lesage,
pour une période de 4 min 8 s.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup, M. Pâquet, pour votre présentation, votre mémoire,
que j'ai lu avec intérêt. J'ai une question. Bon, vous dites : Il y a un
risque de chevauchement, quand même, dans les fonctions du Musée de la
civilisation et du nouveau musée qu'on veut faire, entre autres, parce que les
deux ont pour mission de... d'une façon différemment formulée, mais traiter de
l'histoire du Québec, en gros, là, tu sais, ou des peuples qui y habitent, etc.
La musée... La mission, la fonction du Musée de la civilisation a l'air, quand
même, plus large, dans sa définition.
Est-ce que vous pensez que... Là, je pose
la question, vraiment, très concrètement à cause... en prévision de l'étude
détaillée qui va avoir lieu après les audiences publiques, là. C'est que...
Est-ce qu'on devrait, par exemple, en profiter pour modifier la fonction du
Musée de la civilisation, pour éviter les chevauchements, par exemple, ou on
devrait amener une précision à la fonction du nouveau musée? Ou pensez-vous
que, par exemple, le... disons, le fait que... Bien, que les deux musées,
finalement, bien, ils vont avoir des employés en commun, de ce qu'on a compris,
mais aussi, on présume qu'ils vont se parler puis qu'ils ne feront pas des
expositions sur le même sujet, en même temps. Comment vous voyez ça? Comment...
M. Pâquet (Martin) : C'est à
souhaiter.
M. Zanetti : Voilà.
M. Pâquet (Martin) : Bien,
d'abord, c'est à souhaiter qu'on... qu'il n'y ait pas de concurrence entre les
deux musées en tant que tels. Bon, d'une part, je vous dirais que le Musée de
la civilisation, il rend... bon, malgré les contraintes budgétaires, malgré les
problèmes d'effectifs, ainsi de suite, c'est un musée qui remplit très bien sa
fonction, c'est un musée qui attire les citoyens et les citoyennes, qui les
habilitent, et qui ont... sont capables de faire des... des expositions qui
sont remarquables, en tant que telles, et surtout, qu'on leur donne les moyens
à cet effet là. Et ça, c'est une chose qui... Ma préoccupation... par rapport
au Musée de la civilisation, ne serait pas de changer le mandat, mais, au
contraire, d'accroître les moyens de ce musée pour qu'il puisse remplir son
mandat. Et c'est...
Peut-être, un élément... Là, vous parlez
du futur musée national d'histoire. Là, il y aurait peut-être un élément de
précision, aussi, qui pourrait être donné, parce que, lorsqu'on parle
d'histoire on confond souvent l'histoire et mémoire, et c'est en ce sens là,
ici, que je vois la... la volonté de... de valoriser la fierté. La fierté,
c'est un sentiment qui est tout à fait légitime, mais c'est un sentiment qui ne
relève pas de l'histoire, qui relève, ici, de la mémoire, du sentiment
d'appartenance, que nous avons une communauté. Et on peut être fiers
d'appartenir à une communauté, on peut se sentir, aussi, coupable d'appartenir
à une communauté.
Or, quand on fait un musée d'histoire, on
est là pour faire comprendre le passé, et ça, c'est un élément qui me semble
important à faire définir ici. Donc, ça veut dire que c'est un ensemble
d'affects qui sont concernés. Un ensemble d'affects, la compréhension,
c'est : je vais être choqué, ou je vais être révolté, ou je vais être, au
contraire, enflammé, fier, heureux, désolé, ainsi de suite. C'est une gamme de
sentiments... que la compréhension peut fournir. Et il me semble, ici, qu'il
serait important de bien définir, justement, que ce musée a une vocation de
compréhension historique et non pas seulement qu'une dimension d'ordre
mémorial, ici.
Et, enfin, bon, là, à ce moment-là, ça demande
aussi une nécessaire...
M. Pâquet (Martin) : ...coopération
entre les partenaires muséaux, justement pour éviter la concurrence.
M. Zanetti : Il reste à peu
près 20... 20 à 30 secondes. Est-ce que c'est compatible mémoire et
histoire? Et vous disiez justement, là, dans la fonction du musée, qu'on va...
on parle de promotion, que c'est un verbe un peu problématique, on aurait parlé
de diffusion. Donc, si vous avez... peut-être cinq secondes pour élaborer
là-dessus, ça n'a pas de bon sens.
M. Pâquet (Martin) : Ça...
non, ça n'a pas de bon sens.
M. Zanetti : Alors, on se
reprendra
M. Pâquet (Martin) : Ce n'est
pas du même registre, simplement, ce n'est pas du même registre, il est donc
important de bien distinguer, simplement.
La Présidente (Mme Poulet) : M.
Pâquet, je vous remercie beaucoup de votre contribution aux travaux de la
commission. Alors, je suspends les travaux quelques instants afin de permettre
au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on reprend nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue au représentant de
la Fédération Histoire Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer votre exposé.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Merci
beaucoup. Merci de cette invitation. Je suis Jean Rey-Regazzi, directeur
général de la Fédération Histoire Québec. M. le ministre, Mme la Présidente de
la commission, Mmes et MM. les députés, la Fédération Histoire Québec est
l'organisme national de regroupement des associations en histoire, généalogie
et patrimoine depuis 1965, qui rassemble des sociétés d'histoire, mais aussi
des musées, des sociétés de généalogie, des centres d'archives et des
regroupements professionnels dans les secteurs des sciences historiques. Notre
membrariat, à l'heure actuelle, est de plus de 350 membres, avec un réseau
des plus efficaces pour alimenter une offre culturelle en histoire et
patrimoine, partout... de qualité partout sur le territoire, y compris là où le
gouvernement est absent, et bien souvent en comptant sur un...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...l'implication
de ses bénévoles et de ses membres.
Notre mission, en plus de regroupement,
vise la valorisation de l'histoire locale, régionale et nationale en mettant en
lumière les réalisations des membres. Et, avec les années, nous avons augmenté
notre rayonnement grâce aux différents services que nous offrons pour aider le
milieu et encourager l'action citoyenne et l'éducation populaire dans les
domaines de l'histoire et du patrimoine au Québec. Le champ d'expertise de
notre réseau couvre partout au Québec tous les aspects de l'histoire du
patrimoine, incluant la muséologie. Notons que parmi nos membres, nous comptons
de nombreux acteurs majeurs du milieu muséal. Certains, la plupart, qui
bénéficient, pardon, de l'agrément des institutions délivré par le gouvernement
du Québec.
Tous les organismes qui composent le
membrariat de la FHQ partagent ces mêmes valeurs motrices de la
fédération : reconnaître, mettre en valeur l'engagement citoyen. Et c'est
à ce titre que nous souhaitons aujourd'hui porter cette voix des citoyens,
citoyennes et citoyens passionnés, défenseurs, propagateurs, engagés pour
l'histoire et le patrimoine, ceux qui en somme, constitueront, on l'espère, les
futurs partenaires, les partenaires privilégiés du futur Musée national de
l'histoire du Québec.
La lecture que je vais vous faire est le
résultat de ces consultations que nous avons faites avec nos membres, avec
notre... nos administrateurs, mais aussi avec les professionnels du Musée de la
civilisation que nous avons rencontrés. Nous avons souhaité en effet faire la
lumière sur le projet, encouragés par ces membres qui nous ont fait... qui nous
ont fait part de leurs craintes. Bien sûr, on se réjouit que le Québec
consolide son offre culturelle en se dotant d'un nouvel établissement national,
le premier depuis 1984.
On doit toutefois signaler qu'il y a des
inquiétudes qui nous amènent aujourd'hui à nous prononcer. Plusieurs membres
ont exprimé l'appréhension que le nouveau musée national vienne... vienne en
concurrence, pardon, avec le milieu existant, déjà fragilisé. Tous observent
que les budgets existants, dont le programme d'aide au financement des
institutions muséales, sont insuffisants, surtout en région, et que cette
situation menace la survie de plusieurs organismes. Bien sûr, il ne faudrait
pas que l'arrivée d'un nouveau joueur nuise aux budgets existants et monopolise
une portion importante des visiteurs et des ressources humaines limitées qui
font vivre la culture.
Une autre réticence concerne l'image que
reflétera cette nouvelle institution. Un musée de l'histoire, c'est avant tout
un musée de l'histoire de la nation et... c'est tout autant un musée d'histoire
de la nation qu'une porte ouverte sur l'histoire du Québec et de ses régions.
Il est important que l'image qui sera donnée de l'histoire du Québec soit celle
d'un territoire qui s'est bâti à travers ses différentes régions, sa diversité
et toutes ses populations. Un musée national doit donc être un incitatif, une
vitrine pour que les visiteurs aient le goût de mieux connaître les régions du
Québec et de leur histoire... et leur histoire. Il ne doit pas être le
compétiteur des régions, mais plutôt une locomotive pour elles.
Enfin, nous pensons que l'instauration de
ce nouveau membre majeur... excusez moi, du réseau muséal du Québec devrait
permettre un regard différent sur l'histoire. Nos régions et les membres de la
fédération ont une approche différente de l'histoire du Québec, de l'histoire,
une approche qui est complémentaire à la voix officielle, institutionnelle.
Bien souvent méconnue, cette voix citoyenne ne peut plus être ignorée. Elle est
une façon différente de faire l'histoire et elle permet, par ses thématiques
inédites, par ses méthodes novatrices, de voir et faire l'histoire à partir de
préoccupations locales, c'est-à-dire profondément humaines. Bien sûr, il n'est
pas question de substituer les professionnels de l'histoire et de la muséologie
par un autre groupe, mais plutôt de bonifier le discours muséal grâce à cette
façon de faire de l'histoire, de voir l'histoire. Et c'est certain que laisser
la place nécessaire à ces voix plurielles bénéficiera très certainement au
futur musée.
J'entre maintenant dans nos
recommandations, trois recommandations, je pense que je vais avoir le temps,
qui ont pour but d'assurer au nouveau Musée national de l'histoire du Québec
une meilleure représentativité de l'histoire qui sera exposée et d'engager
l'établissement à naître vers la plus grande efficacité.
La première recommandation est de
concrétiser le financement en histoire grâce au Musée national de l'histoire du
Québec et en dehors. Dans un écosystème culturel déjà fragile, il faudra pour
le gouvernement faire la preuve que cet effort considérable au profit d'un
nouvel établissement national ne prive pas les autres organismes. Nous
souhaitons que cet investissement majeur dans un nouveau musée ne nuise pas aux
actuels budgets du gouvernement en culture, mais au contraire qu'il soit le
signe d'une bonification, d'une pérennité de l'engagement gouvernemental pour
l'histoire et pour les organismes qui la déploient au quotidien.
Nous sommes conscients que les sommes...
allouées, pardon, aux musées nationaux ne proviennent pas des mêmes enveloppes,
mais in fine cela reste l'argent d'un même ministère, qui a déjà un budget
insuffisant au regard de ses responsabilités multiples, dans un contexte
économique qui nécessite des coupures et alors même que nos organismes
bénévoles ne touchent de leur côté aucune somme de ministère... du ministère,
pardon. Signalons aussi, de notre propre côté, l'aide au fonctionnement de la
Fédération Histoire Québec, qui a subi des coupures, et ce, malgré nos
performances, l'augmentation considérable du membrariat et des services que
nous rendons à nos adhérents, aux citoyens et aux pouvoirs publics. Quant aux
membres que nous soutenons, donc, ils bénéficieraient par ailleurs de la... par
ailleurs de la mise en place d'un appui gouvernemental pérenne pour leur
fonctionnement.
Ainsi, dans une vision d'un musée qui fait
l'histoire d'un Québec multiple, nous souhaitons que le futur établissement
puisse mettre en valeur les régions, leurs richesses, et qu'en cela, il
sollicitera nos membres partout au Québec. On souligne ici l'enjeu essentiel
d'un musée aujourd'hui : la décentralisation de l'histoire. Le projet de
loi précise que ce nouvel établissement sera au service de l'existant. Pour
nous, il est important qu'il soit réellement au service des autres éléments du
réseau...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...culturel
muséal québécois. En partant de ce principe, nous croyons que le budget
d'acquisition, par exemple, pourra permettre l'acquisition de pièces maîtresses
qui pourront être... qui pourraient être ensuite transférées aux institutions
des territoires dont elles sont représentatives. De la même façon, il serait
intéressant qu'une ou plusieurs salles soient réservées à des expositions
conçues et pensées dans les régions afin de les représenter et que ces
expositions pourront être ensuite envoyées dans les régions pour faire
connaître à l'ensemble du Québec l'histoire des autres régions... le
savoir-faire culturel et le savoir-faire muséologique de chacun. En plus de
favoriser directement le musée, cet investissement viendra encourager
l'implication dont font preuve les organismes en histoire du patrimoine.
La deuxième recommandation est de faire
l'histoire de tous les Québécois. Nous croyons que, si le gouvernement...
gouvernement veut faire de ce musée une réussite, il convient de s'assurer
qu'il soit apolitique et qu'il reflète les différentes... les différentes
façons de voir, de faire, de comprendre l'histoire. Le MNHQ doit être à l'image
de ce que le Québec est et porter sur la place publique des débats ou des
périodes, des sujets controversés. Ce devrait être la fonction d'un musée aujourd'hui,
amener les visiteurs à s'interroger sur l'histoire, à participer au débat
public et à jouer leur rôle de citoyen.
Globalement, on se réjouit, nous nous
réjouissons de l'annonce. Nous croyons, par exemple, que la meilleure façon de
préserver le patrimoine bâti, c'est de lui donner une vocation telle qu'il
arrivera au pavillon... au pavillon Camille-Roy. Pour faire de ce musée un lieu
de rassemblement de tous les Québécois, il conviendra toutefois d'y présenter
toutes les facettes de leur identité, incluant sous le même vocable d'histoire
nationale tous les peuples qui la composent. Par exemple, et de manière non
exhaustive, la place nécessaire qui doit être faite aux anglophones, aux
Premières Nations, aux communautés immigrantes qui ont contribué et continuent
de contribuer à notre histoire. Et justement, nos sociétés d'histoire incarnent
au quotidien ces aspects en donnant une lumière particulière, en jetant.... en
jetant une lumière particulière sur ces identités multiples qui font le Québec
d'aujourd'hui. Aussi sera-t-il important d'envisager que, si l'espace retenu
n'est pas suffisant pour remplir la mission que le gouvernement a voulu donner
à la nouvelle institution, il faudra peut-être songer à la création hors des
murs de sections complémentaires afin d'aborder des pans importants ou des
thématiques qui ne trouvent pas leur place dans les locaux envisagés,
notamment, la chapelle des Soeurs du Bon-Pasteur pourrait être utilisée comme
lieu d'exposition sur l'histoire des femmes, un sujet sur lequel nos membres
sont particulièrement actifs et efficaces. D'autres espaces pourraient être
explorés... notamment dans l'éventualité où le ministère de la Culture
réussisse à rapatrier ou à garder au Québec une partie des collections de Parcs
Canada destinées à la Réserve fédérale de Gatineau.
La troisième recommandation est
probablement la plus importante est d'inclure la voix citoyenne. Faire
l'histoire devient de plus en plus complexe au regard de cette diversité des
récits qui la composent. La nouvelle institution muséale doit permettre la
diffusion de cette diversité des voix, notamment celle des citoyens, de
leurs... de leurs organismes et de leurs regroupements. La création du Musée
national d'histoire du Québec est en effet le moment opportun pour prendre le
temps de s'arrêter et provoquer un dialogue entre les professionnels de
l'histoire et de la muséologie, et les citoyennes et citoyens, ceux et celles
qui ont un regard différent sur leur histoire. En accord avec la loi...
l'article 10, pardon, de la Loi sur les musées nationaux stipulant que...
précisant que «les nominations des membres du conseil d'administration doivent
être représentatives de la société québécoise, notamment en s'assurant de la
présence de personnes issues de communautés variées nous suggérons d'inclure
dans le conseil d'administration une représentation des organismes citoyens en
histoire et patrimoine. Ainsi, cette représentation citoyenne devrait permettre
d'atteindre l'objectif que les régions et la voix citoyenne en histoire soit
entendue.
Pour la Fédération, nous croyons que
c'est... une telle prise en compte des organismes citoyens et de leurs
regroupements peut amener un point de vue différent en permettant la mise en
valeur des travaux de nos membres, par exemple en patrimoine commémoratif, ou
sur le travail qui est fait sur l'histoire des femmes ou plus généralement sur
l'histoire citoyenne et l'engagement des citoyens pour la défense du
patrimoine. La place prise par les organismes citoyens en histoire est
généreuse, efficace, novatrice, et cela doit se refléter dans les orientations
et actions d'un musée national de l'histoire, outil de réflexion qui profitera
indéniablement au musée. L'apport des sociétés d'histoire est un sujet en soi
qui mériterait sa place dans un établissement national et pourra faire l'objet
de réflexion commune, d'expositions temporaires. Un musée qui intégrera... qui
intégrera, pardon, dans son fonctionnement et sur ses murs les organismes
citoyens. Leur engagement sans faille constituera, à n'en pas douter, une
réussite institutionnelle et un encouragement au milieu. Nous espérons que le
MNHQ permettra cette mise en pratique réelle de la principale ambition de
l'institution qui lui permettra la collaboration de l'établissement, tant avec
les régions qu'avec les voix citoyennes, qu'il favorise le financement et le
rayonnement des communautés historiennes et muséales, tout en collaborant avec
nos membres. Et nous demandons que le gouvernement profite de ce nouvel outil
de promotion de notre histoire pour prendre en compte la voix citoyenne,
maintenant, un incontournable comme... un incontournable, comme en témoigne le
dynamisme de notre réseau. En conclusion...
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Poulet) : Je
vous remercie... Ah! Allez-y pour votre conclusion. Vous avez déjà écoulé votre
temps, mais combien de temps qu'il vous reste, vous pensez?
M. Rey-Regazzi (Jean) : Il me
reste une page, mais je vais aller au... je vais aller à l'essentiel.
La Présidente (Mme Poulet) : Comme...
Je vous donne 10 secondes, si c'est possible pour vous.
M. Rey-Regazzi (Jean) : 10 secondes,
c'est parfait...
16 h 30 (version non révisée)
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...gardons
à l'esprit que ces enjeux disciplinaires, politiques, économiques, le
gouvernement pourra faire du musée une réussite qu'il doit être. Et soyez
assuré que la fédération reste disponible autant que vigilante, convaincue de
la bonne volonté du gouvernement de rendre l'histoire plus accessible, mieux
reconnue, mieux financée. On offre notre soutien aux musées à Québec ainsi que
partout où les Québécoises et Québécois voudront... s'attacheront à faire vivre
l'histoire jour après jour.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Je vous remercie beaucoup, monsieur, pour votre exposé. Alors, nous allons
commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous pour une
période de 16 min 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Donc, je vais avoir deux ou trois questions, puis j'invite aussi
mes collègues, si jamais ils en ont, à ne pas se gêner. Peut-être d'abord...
bien, en fait, vous remercier d'entrée de jeu de vous apprêter à l'exercice. Je
sais que vous avez déjà des vies professionnelles bien occupées. Évidemment, on
sait tout le travail que vous faites. Donc, merci d'avoir pris le temps de
produire ce mémoire qu'on a aussi regardé dans les dernières heures et c'est
intéressant.
Donc, effectivement, c'est bien structuré,
cous avez trois recommandations. D'abord sur le financement, bien,
effectivement, peut-être vous dire que c'est certain que vous avez raison, à un
moment donné, ce sont des vases communicants. Certains diraient qu'on peut
étendre ça à l'ensemble du gouvernement, c'est-à-dire, quand on donne 1 $
en culture, on ne le met pas en éducation ou en santé, par exemple. Mais je
souhaite quand même vous rassurer en vous disant que, je pense, vous avez bien
cerné le fait qu'il y a le programme de financement pour les institutions
muséales, le PAFIM, c'est une chose. Nos institutions muséales, qui sont des
musées nationaux, ont des budgets qui sont à part. Puis le financement, il est
déjà planifié, on y pense, donc on ne pigera pas dans l'enveloppe du PAFIM, par
exemple, pour pour être capable de financer le Musée national de l'histoire du
Québec. Donc ça, je pense que c'est important de le dire.
Faire l'histoire de tous les Québécois,
vous avez bien raison. Je sais qu'on va revenir abondamment sur ce point-là,
et, d'ailleurs, je suis certain que mes collègues de l'opposition vont m'en
parler plus longuement dans l'étude détaillée, donc... Mais, je vous dis d'emblée,
je suis, je suis tout à fait d'accord, parce que la nation québécoise est née
de rencontres au pluriel. Donc, certainement qu'il sera question de tous les
Québécois dans ce musée. Et la voix citoyenne, je l'entends bien. Donc, je
prends ça aussi en note.
Donc, d'entrée de jeu, je faisais ces
remarques-là. Question pour vous. Je sais que vous travaillez très fort, je le
sais parce qu'on a fait une annonce de financement sur cette question-là, sur
le patrimoine commémoratif. Je sais que ça vous tient à cœur. Ça me tient aussi
à cœur parce qu'il faut connaître son histoire. Comme on dit, il faut savoir d'où
on vient pour savoir où on va. Le Musée national de l'histoire de l'histoire du
Québec va nous... bien sûr nous aider à atteindre cet objectif là, mais, en
même temps, le patrimoine commémoratif, il est partout sur le territoire, on le
connaît plus ou moins bien. Vous avez reçu une subvention, 250 000 $,
si ma mémoire est bonne, il y a quelques mois, pour donc faire cet inventaire.
Est-ce que vous pensez — c'est
ma question — que le Musée national de l'histoire du Québec pourrait
jouer un rôle dans la commémoration de... je vais mettre ça au pluriel, dans
les commémorations?
M. Rey-Regazzi (Jean) : Oui,
merci beaucoup, M. le ministre. Merci aussi de nous inviter, c'est toujours
très apprécié. Puis c'est un exercice qu'on se devait de faire pour tous les
multiples enjeux qu'on vous a évoqués. La partie du patrimoine commémoratif, c'est
un beau projet qui est tout à fait pertinent, qui est tout à fait... qui a été
tout à fait pertinent de confier aux sociétés d'histoire, parce que, comme je
le dis à chaque fois qu'un nouvel organisme embarque dans son inventaire... à
faire les centaines de kilomètres qui lui permettront de faire l'inventaire
nécessaire et de faire remonter ces trésors insoupçonnés. On a, avec le
patrimoine commémoratif, on a des... on a une couche d'histoire qui s'ajoute à
l'histoire. Ce sont des citoyens ou des groupes humains qui, à un moment donné
de leur histoire, se sont dit : Voilà ce que nous, après avoir réfléchi
ensemble, après avoir trouvé une apparence de consensus, on estime comme étant
nos dates fondatrices, nos éléments, nos personnages fondateurs, nos lieux
fondateurs.
Donc, il y a déjà cet effort réflexif, cet
effort d'avoir donné, d'avoir voulu transmettre une page d'histoire qui s'incarne
dans des monuments, des statues, des plaques. Et je pense que nos membres sont
très sensibles parce que, généralement, quand il y a une commémoration, elle
vient de citoyens qui sont attachés à leur identité, à leur territoire, à leur
histoire quand ce ne sont pas directement des sociétés d'histoire elles-mêmes
qui sont les...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...les
initiatrices, pardon, de tels projets de mise en place d'éléments et de
statuts. Bien souvent, on voit qu'elles étaient déjà là et qu'elles vont aider
à la levée de fonds. Ce qui est intéressant, je reste, tout bonnement, sur ce
volet patrimoine commémoratif de la Stratégie québécoise de commémoration qui
est plus large... qui est beaucoup plus large, c'est que, présentement,
l'inventaire bat son plein. Les membres sont sur le terrain avec leurs
appareils photo et leurs rubans à mesure... à mesurer, mais, en tout cas, leurs
appareils photo et que les données qui vont être produites vont être versées...
commencent déjà à être versées sur le répertoire du patrimoine culturel.
Ça fait que c'est un très beau projet
d'inventaire, mais un inventaire, ça doit... ça doit se mettre en avant, que ce
soit par des expositions en ligne ou par des projets concrets qui peuvent
prendre place entre les murs. Ça fait que vous avez déjà, je vous en remercie,
vous nous avez mandatés pour ce beau projet de récolter des données,
d'harmoniser des données, de réfléchir sur le terrain, mais avec une
coordination centralisée. Il y a déjà un très beau projet de commémoration et
de pourquoi c'est important de faire de l'histoire et de se pencher sur les
dates que l'on veut estimer comme fondatrices. Je vois tout à fait le maillage
qui pourrait être fait entre ce projet spécifique, bien sûr, la fédération et
les membres en général. Mais ce projet spécifique est le Musée national de
l'histoire, puisque la réflexion elle-même est en cours...
M. Lacombe : Et il y a une
expertise. Il y a une expertise aussi qui va se développer, évidemment, une
expertise scientifique, en cette matière, qui va... qui va se développer au
Musée national de l'histoire. Donc, vous pensez que le musée, le futur musée,
finalement, si le projet doit est adopté, pourrait être un partenaire dans cet
objectif de mettre de l'avant les commémorations.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Absolument,
absolument, dans la réflexion générale sur la commémoration, y compris dans les
aspects les moins... les moins consensuels justement. Ce qu'on découvre en ce
moment, c'est qu'on a beaucoup d'éléments qui... pardon, qui questionnent
l'histoire nationale telle qu'on la connaît présentement, c'est très précieux.
M. Lacombe : Oui, c'est un
terrain délicat, n'est-ce pas? Donc, ça répond, ça répond à ma question. Je
pense que j'ai un collègue qui a aussi une question pour vous.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui.
Alors, vous avez la parole. Allez-y.
M. Rivest : Merci, c'est
gentil. Mais, écoutez, j'ai... dans mon ancienne vie, j'ai eu la chance de
rencontrer Jean-Louis Vallée, avec qui, je crois, vous travaillez, donc, vous
le saluerez d'abord pour moi, et aussi de voir le travail, d'avoir pu être
témoin du travail que vous avez réalisé, entre autres, sur tout ce qui est du
patrimoine culinaire ou la valorisation de certains éléments, de mandats que
vous vous êtes donnés, sur la partie d'archives, aussi, de tout le travail de
conservation que vous réalisez. J'aimerais vous demander dans tout, dans tout
ce volet-là, dans les membres que vous avez, dans les projets que je vais
considérer, je vais vous dire, assez fabuleux, là, ce que j'ai été témoin,
entre autres, sur le volet culinaire. Je viens d'une région importante où
l'agriculture fait partie de notre quotidien et où on souhaite avec, entre
autres, le musée de l'agriculture, également, à La Pocatière, entre autres.
Donc, comment, comment vos membres, vos membres font et, de quelle façon, la
présence du Musée national d'histoire du Québec peut aider à davantage faire
connaître notre histoire? Parce que tous ces projets-là sont fabuleux, mais ils
doivent être connus, ils doivent être diffusés. On parlait tout à l'heure d'une
subtilité sur le mot «promouvoir».
Alors, c'est très important pour nous, de
pouvoir faire, oui, la promotion de notre histoire. Puis c'est pour ça qu'on
met le projet de loi sur pied et le musée. Bien, de quelle façon, vous voyez
que vos membres peuvent collaborer à cette diffusion de notre histoire,
finalement?
• (16 h 40) •
M. Rey-Regazzi (Jean) : Merci
beaucoup. Les grandes difficultés que vivent nos membres et qui pourraient être
adressées... pardon pour l'anglicisme, être tenues en compte par le le futur
musée. La situation des sociétés d'histoire est très bonne. Notre membrariat
continue de grandir comme... Il n'y a pas une semaine sans qu'on doive examiner
de nouvelles demandes d'adhésion, ça, c'est fabuleux. L'histoire se porte très
bien. Les enjeux qui sont, quand même, ceux de l'histoire, c'est, bien sûr, le
financement, la relève et le rayonnement. On parle de personnes bien souvent
bénévoles, avec des horaires qui dépassent... des horaires de temps plein, qui
ont un engagement très fort, local et qui voudraient le faire reconnaître au
national...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...ces
organismes n'ont souvent... n'ont pas forcément pignon sur rue comme pourrait
l'avoir un musée, en région ou pas. Et il y a une opportunité formidable de
faire en sorte qu'on reconnaisse que depuis... bien, en fait, depuis le XIXᵉ
siècle au moins... XIXᵉ siècle, pardon, au moins, des gens s'engagent pour
mettre en valeur l'histoire. Que ça prend des formes qui ne sont pas forcément
encore celles habituelles de l'exposition ou de la muséographie, et le musée
d'histoire... le musée d'histoire pourrait profiter de cette expertise, d'avoir
approché des matériaux, des objets qu'on appellerait des musées... qui ne sont
pas habituels, entre les murs. Encore une fois, toute la partie de
l'innovation, de la créativité de nos membres, qui font sans locaux, sans
moyens, sans relève, des choses formidables est un bon exemple. Le contenu est
parfois même techniquement réutilisable. On le voit quand nos membres font des
demandes de produire une exposition virtuelle, tout est déjà là, il suffit de
le mettre en place avec les bons outils. La richesse de l'engagement et des
contenus qui sont créés par nos membres est assez grande, elle reste maintenant
à être reconnue, à être mise en valeur entre des murs, entre des murs qui
accueilleront les visiteurs du Québec... de Québec, du Québec et puis du monde
entier et qui montreront qu'il y a eu une... Je peux le dire avec fierté, il y
a une manière très particulière de faire de l'histoire citoyenne au Québec, qui
est admirable et qui devrait être mise en valeur dans les... dans une
institution qui se veut un musée d'histoire nationale.
M. Rivest : O.K. Et vous
savez, la place de la relève, c'est assez, tout comme vous, comme assurément
pour l'ensemble des musées du Québec, d'être innovant, d'être créatif pour
apporter le plus possible de jeunes à connaître, entre autres, notre histoire.
Est-ce que vous avez certains éléments que vous pourriez proposer? Comment
qu'on pourrait faire pour s'assurer de la présence... On parle, là, entre
autres, de projets, là, en lien avec le numérique, Éric Bédard, les gens qui
ont... qui travaillent, entre autres, comme la directrice générale et
artistique de la Société des arts technologiques, tout le monde met la main à
la pâte pour être innovant, trouver les meilleures idées possibles. Avez-vous
des choses à suggérer pour faire place à la relève dans un tel musée?
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est
le... Le contexte est vraiment bon, puisqu'on vient d'achever un grand
chantier, cet été, de développement jeune public, qui était un outil qu'on
avait... qu'on a, en fait, des ressources mutualisées et un employé qu'on a
offert à nos... qu'on a permis à nos membres de rencontrer pour développer des
activités pour le scolaire, parascolaire, camp de jour, jeunes familles. Donc,
cet enjeu commence à être pris en compte, donc, a toujours été pris en compte
mais commence à être résolu avec des activités de médiation qui sont en place
ou qui vont se mettre en place dans différents secteurs.
Je vous invite à aller directement auprès
de nos membres pour voir ce qui s'est fait et ce qui est en train de se faire.
Ce qui... ce qui est vraiment un des points... un des points d'entrée pour les
jeunes, ne serait-ce que pour en faire des... pardonnez le mot, des
consommateurs de notre culture, de notre histoire, c'est de ne pas hésiter à
innover techniquement, mais aussi d'aller dans les sujets qui sont inhabituels,
qui vont interpeller, y compris sans avoir de réponse fixe. On a passé le cap
de la nouvelle muséologie et on peut maintenant se permettre d'adresser des
sujets de société qui sont clivants, qui sont même même... même, j'allais dire
délétères, mais qui sont même évolués... évolutifs, pardon.
Il y a cette audace qu'un musée national
de l'histoire doit avoir. C'est probablement un défi pour une institution
nationale de se permettre d'aller là-dedans, mais on a la conviction, et ça, ça
a été... ça a été confirmé en rencontrant les équipes de préfiguration,
notamment au Musée de la civilisation, que l'expérience de ce musée-là, des
personnes qui vont faire la transition entre le Musée de la civilisation,
l'expérience des équipes que vous allez approcher, que vous avez déjà
approchées pour faire le futur musée va très certainement aller dans cette
optique d'ouvrir le musée à des nouveaux sujets, à des enjeux actuels et en
cela, en faire un appel... un appel du pied assez pertinent pour le jeune public,
pour la relève, qui va y trouver... qui va y trouver son compte, qui va être...
qui va comprendre que le produit est en partie pour eux, en tant que futurs
citoyens, en tant que citoyens actuels et futurs membres de cette...
M. Rivest : Tout à fait.
Réponse courte...
M. Rivest : ...la personne
qui vous a précédé, on a parlé du rapport Arpin. On sait qu'en 1994, il y a eu
le dernier musée qui a été annoncé au Québec. Le premier ministre parlait de ce
côté-là rassembleur, de la fierté qu'on souhaite obtenir lorsqu'on va visiter
ce nouveau musée là. Êtes-vous d'avis qu'on a les outils nécessaires,
actuellement, avec les partenaires qui sont sur le dossier, pour avancer sur le
projet, plutôt que de revenir à des consultations citoyennes, tel le rapport
Arpin, qui a été réalisé dans les années 2000?
M. Rey-Regazzi (Jean) : Réponse
courte : Oui. Réponse moyenne : Oui, mais n'oubliez pas les
organismes citoyens.
M. Rivest : Merci.
M. Lacombe : ...
La Présidente (Mme Poulet) : Il
reste 1 min 17 s.
M. Lacombe : Bien, je vais y
aller aussi avec une question courte. Je note ce que vous venez de dire,
c'est-à-dire pas de nécessité, donc, de se relancer dans des consultations.
Selon vous, on a tout ce que ça prend pour aller de l'avant, mais il ne faut
pas oublier les partenaires en région, et ça, on compte bien garder ça en tête.
Réponse courte, encore une fois. Il y a
des gens, et on l'a entendu tantôt, là, qui nous disent, essentiellement, si je
résume : Un musée national pour parler de notre histoire, ça coûte trop
cher, puis, en plus de ça, ça va encore être dans une grande ville, on n'en a
pas besoin, parce qu'il y a des institutions ailleurs, entre autres, en région,
qui ont besoin d'argent. Évidemment, je comprends, je comprends qu'il y a des
institutions, ailleurs, qui en ont besoin. Mais qu'est-ce que vous répondez,
malgré tout, à ça, à quelqu'un qui vous dirait qu'on n'a pas besoin de musée
national de l'histoire? Êtes-vous... Êtes-vous en désaccord ou en accord avec
cette proposition-là?
M. Rey-Regazzi (Jean) : Il y
a plusieurs points dans votre question.
M. Lacombe : Mais qu'est-ce
que vous répondez à quelqu'un qui vous dit qu'on n'en a pas besoin?
M. Rey-Regazzi (Jean) : La
culture ne se divise pas, elle se multiplie. On n'aura jamais trop
d'établissements culturels. Et vous êtes les premiers... Vous êtes le premier à
être conscient qu'un investissement dans la culture est un investissement et
n'est pas une perte sèche. Mais, au contraire, ça va attirer, ça va attirer du
rayonnement immatériel, mais aussi des avantages matériels comme le tourisme et
la diffusion d'expositions, d'expertises.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Alors, ça met fin à cette discussion-là du côté de la banquette
gouvernementale. On poursuit les discussions avec la députée de Robert-Baldwin
pour une période de 12 minutes et 23 secondes.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. M. Rey-Regazzi, bonjour.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Bonjour.
Mme Garceau : J'aimerais...
Nous n'avons pas reçu malheureusement le mémoire. Il n'a pas été déposé juste
pour que vous soyez. Je ne sais pas si mon collègue l'a reçu, mais nous, on ne
l'a pas reçu. Donc, je sais... en tout cas, je l'ai souligné. Nonobstant, je
vais... Je ne sais s'il y avait des éléments liés à votre dernière page, parce
que vous êtes... vous n'avez pas eu le temps de discuter de votre dernière
page. Donc, je voulais vous laisser le temps, s'il y avait quelque chose en
particulier que vous vouliez souligner à la commission concernant cet aspect-là
de votre mémoire.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Merci
beaucoup pour cette opportunité qui est très appréciée. Je suis navré pour ce
défaut de dépôt, le mémoire...
Mme Garceau : Ce n'est pas
votre faute, inquiétez-vous pas.
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...acheminer.
Je peux vous faire un point sur... Le mémoire est relativement court, il fait à
peu près... bien, il fait sept pages, mais surtout il est très intéressant
parce que c'est... On parlait d'enjeux de consultation, à notre échelle, on la
fait avec nos membres, y compris les membres du milieu muséal qui ont vu, avec
crainte, l'arrivée de ce nouveau joueur, de ce nouveau, je reprends une
expression qui a pu être dite, ce nouveau trou noir financier. Ça fait que
c'était normal qu'on fasse cet exercice et qu'on l'achève relativement
précocement. On a eu une rencontre avec notre conseil d'administration qui a
voulu remettre la main à la pâte. Donc, j'ai envoyé... j'enverrai bientôt une
version finale, mais je ne veux même pas vous la soumettre présentement sur
l'aspect, l'aspect de ce que j'aurais pu dire... effectivement. Le projet sera
d'autant mieux accepté par tous les citoyens, par tous les payeurs de taxes,
par tous les visiteurs, qu'il trouvera sa pertinence. Donc, l'audace... sont
vraiment attendues. La prise en compte de la voix citoyenne est vraiment
attendue.
• (16 h 50) •
Et il y a un grand enjeu pour le
gouvernement actuel de rassurer tout le monde, de rassurer le milieu, de
rassurer les organismes citoyens qui sont, bien souvent, des organismes
bénévoles qui en arrachent et qui vont voir à grands frais. C'est vrai que c'est
raisonnable de s'inquiéter... sortir de terre. Donc, la collaboration, on la
souhaite dès le départ, dès la conception... de la conception à l'évaluation,
jusqu'à l'administration du musée avec nos membres, avec les membres, y compris
en région, y compris les régions, les plus...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...auxquels
on ne donne pas la parole et auxquels le retrait du projet des Espaces bleus,
mine de rien, enlève une opportunité culturelle de plus, une opportunité
culturelle. Puis dans cette collaboration, ce qu'on souhaite, c'est que les
sociétés d'histoire, les autres organismes soient reconnus, soient soutenus,
soient mis en valeur comme les collaborateurs qui doivent être... c'était
vraiment cette... ma dernière page de conclusion allait vraiment dans ce
sens-là que ça peut être un très beau projet, ça va être certainement un projet
très ambitieux, probablement onéreux, mais on est certain que le Québec en
sortira gagnant, puis vous... et le gouvernement sait réaffirmer la pertinence
d'un tel projet et qu'il s'agit d'un projet non pas du haut vers le bas, mais
qui implique les citoyens dans toutes les étapes de sa conception.
Mme Garceau : Vous avez
mentionné la concurrence avec la fragilité des musées régionaux, et je vous ai
entendu concernant évidemment l'impact financier, parce qu'on a déjà un réseau
qui est fragilisé, qui est sous-financé. Et donc est-ce qu'il y a, pour vous,
la fédération et vos membres, une préoccupation concernant l'arrivée d'un grand
musée à Québec qui va affecter, qui va avoir un impact financier dans les
régions, sur tous les musées?
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est...
c'est vraiment ce qu'on souligne avec cet enjeu de... de ne pas oublier les
régions. Québec pourra toujours accueillir autant de musées qu'on le veut, avec
bien sûr une précaution contre le retour surtourisme, pardon. J'interpelle...
j'interpelle les députés de la région de Capitale-Nationale qui doivent faire
attention aussi au surtourisme et à une utilisation pertinente des ressources
de... des ressources et des... de la Capitale-Nationale. Eh oui, c'est certain,
on est tout à fait conscients qu'il y a le budget musées nationaux et que, de
l'autre côté, il y a le budget des PAFIM. mais comme... comme on lit dans...
comme on le dit dans le mémoire, ça reste l'argent d'un seul ministère qui
n'est pas le plus... le mieux doté. Dans un gouvernement qui fait des coupures
nécessaires ou non, il y a une inquiétude, il y a une inquiétude. Pourquoi
couper les budgets existants de la Fédération des musées et d'autres
organismes? Alors, pourquoi faire un nouveau musée alors qu'on coupe des
budgets existants? Ça, c'est vraiment une intention particulière qui va falloir
être expliquée avec beaucoup de pédagogie, beaucoup d'empathie aussi pour nos
membres qui en arrachent ou qui ont de la difficulté... beaucoup de pédagogie
et leur faire comprendre que, si le projet va de l'avant, si la loi est adoptée
et que le musée voit le jour et... bien, sort de terre, ils en seront les
bénéficiaires directs ou indirects.
Mme Garceau : Comment
voyez-vous qu'ils soient évidemment bénéficiaires directs voudrait dire que le
ministère va augmenter l'enveloppe budgétaire pour aider les musées régionaux
qui souffrent énormément? Ça, ça serait une chose.
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est
ça, le point.
Mme Garceau : L'impact indirect,
si vous pourriez peut-être élaborer sur cette question de l'impact indirect.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Oui.
Ce qu'on veut avec ce musée, c'est que le signal qu'il faut envoyer, c'est
qu'il est bon de s'investir dans l'histoire, que ce soit des citoyens, des
visiteurs qui vont faire la visite du musée du futur Musée national d'histoire
et de se dire : Aïe! c'est le fun même. Aïe! ce n'est pas réservé à des
universitaires ou à des professionnels de musée, mais il y a des organismes, il
y a des citoyens qui se sont engagés, et autour de chez moi, il y en a qui ont
qui... qui ont une activité assez intéressante de conférences, de généalogie,
de visites patrimoniales. Donc, c'est un bénéfice indirect, c'est reconnaître
l'importance de l'histoire pour notre gouvernement, pour notre — je
dis «notre», mais vous comprenez que je suis au Québec depuis assez longtemps pour
me permettre de dire «notre» — pour notre... notre identité
québécoise, qu'elle passe par l'histoire, y compris dans cette histoire des
zones grises, dans cette histoire multiple et diverse et parfois problématique.
Le musée peut, si c'est bien fait, on fait confiance, le musée peut être un
symbole, un symbole fort envoyé dans le... en direction... en direction des
gens qui font l'histoire pour leur dire : OK les temps sont durs, on n'a pas
les finances pour donner une somme X à chaque société d'histoire, mais
continuez, on participe à cet effort de relève, de rayonnement et de
reconnaissance que demandent les organismes...
M. Rey-Regazzi (Jean) : ...en
histoire qui sont membre de la Fédération Histoire Québec. Parmi les autres,
les autres aspects directs, plus ou moins directs sur lesquels le musée
pourrait bénéficier au milieu et qu'effectivement on sait que le musée
d'histoire va venir avec des budgets, notamment d'acquisitions ou
d'expositions. Donc, il y a autant d'actions qui, si elles sont prises en
concertation avec le milieu, pourront être utiles et pourront rejaillir sur
tout le milieu, notamment l'acquisition d'objets en lien avec des histoires
régionales ou la préparation d'expositions qui vont être... c'est une habitude
qui est très bonne, qui vont des expositions itinérantes, qui vont offrir une
offre, qui vont alimenter l'offre culturelle en région. On souhaite vraiment
que ce soit pris en compte dans les projets actuels musées et dans les dépenses
qui vont être faites en lien avec le futur musée.
Mme Garceau : Oui. Dites-moi,
compte tenu de votre rôle et en termes de directeur général de la Fédération,
vous avez au-delà de 350 membres. C'est ça que vous avez mentionné. Et là, je
voulais voir avec vous en termes de... On a mis un terme aux espaces bleus et à
la création de tous les espaces bleus qui devaient être dans les 17 régions du
Québec. Je présume qu'il y a eu une grande déception au sein de la Fédération
suite à cette annonce et peu de temps après l'annonce de la création d'un
nouveau musée national. D'après vous et les membres de votre fédération, est-ce
que le gouvernement avant d'avoir annoncé la création d'un nouveau Musée
national n'aurait pas dû faire une étude en termes de l'impact financier au
niveau de la création d'un nouveau musée, l'impact que ça aurait sur les
musées actuels et l'écosystème muséal au Québec?
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est
absolument ce qu'on ce propose de faire présentement. C'est la collaboration
qu'on propose de faire qui a peut-être manqué dans certains espaces bleus,
certains espaces bleus ont été très bien accueillis, d'autres très mal, très,
très, très rejetés. L'abandon fait qu'on est passé à autre chose. Ce qu'on veut
éviter, c'est que ce qu'on encourage maintenant, c'est que la collaboration
soit vraiment plus forte. Le projet peut être vraiment très bon si la
collaboration est forte. Un des défauts, une des craintes qui vient des membres
est née lors de l'annonce publique. Mais ça, ce sont les aléas de la
communication politique avec les différents dossiers qui s'ajoutent les uns sur
les autres. En dehors de la culture, c'est qu'on avait l'impression, on a pu
avoir l'impression que c'était un dossier imposé du haut vers le bas. Ce qu'on
demande maintenant, c'est que la consultation... la consultation dans le
fonctionnement du musée, se concrétise et s'incarne au profit de tous... de
tous les citoyens du Québec.
Mme Garceau : Donc, dans la
composition peut-être du conseil d'administration, est-ce que vous avez des
recommandations à faire à ce sujet-là, de qui devrait siéger au sein du conseil
d'administration de ce nouveau musée? En termes de pour... pour, si je peux
dire, effectuer cette collaboration ou représenter cette collaboration.
M. Rey-Regazzi (Jean) :
Certain que j'aurais des noms, mais la décision ne me revient pas. Mais le
gouvernement s'est doté de plusieurs organismes nationaux de loisir culturels
reconnus et financés qui pourraient jouer ce rôle , sans compter les citoyens
qui seraient prêts à s'engager et qui ont déjà une grande expérience avec les
organismes citoyens, que ce soit pour y avoir été actif ou pour en avoir été
des chercheurs chevronnés qui les ont mis en valeur et qui ont permis de les
faire rayonner aujourd'hui.
Mme Garceau : O.K. vous avez
juste deux secondes sur la voie citoyenne. Comment est-ce que vous voulez que
la voix citoyenne soit représentée dans ce musée?
• (17 heures) •
M. Rey-Regazzi (Jean) :
Concrètement, ce serait certain que des membres des sociétés d'histoire ont
tout à fait leur place dans les conseils d'administration et dans les dans les
comités de préparation d'expositions, dans les comités d'évaluation
d'expositions. Il y a eu... pardon. La nécessité de rendre disponibles les
recherches, les contenus, les expertises qui ont été faites par nos membres,
qui pourraient trouver une place tout à fait légitime dans le futur musée.
La Présidente (Mme Poulet) :
Je vous remercie. On va poursuivre la discussion avec...
17 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Poulet) : ...le
député de Jean-Lesage. Mais avant, je voudrais vous dire qu'une copie de votre
mémoire a été remise à la députée de Robert-Baldwin et le député de
Jean-Lesage. Alors, à vous la parole pour une période de quatre minutes et huit
secondes.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup. Par rapport à la mission du nouveau musée, donc, j'entends
bien votre préoccupation, que je partage, par rapport à : ce doit être l'histoire
de tous les Québécois, toutes les Québécoises, il doit y avoir une
participation citoyenne. Dans la fonction du musée tel que c'est libellé dans
le projet de loi, on parle de... entre autres, de promouvoir l'histoire du
Québec. Donc, c'est comme un... c'est un... l'intervenant précédent qui faisait
remarquer que «promouvoir», disons, plutôt que «diffuser», ça ressemble plus à
de la mémoire qu'à de l'histoire, par exemple, puis on n'a pas eu le temps d'en
discuter, mais je voulais savoir si... quel est votre point de vue par rapport
à ça. Est-ce que ça doit être un musée qui fait de l'histoire et de la mémoire,
que de l'histoire, que de la mémoire?
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est
certain que le terme «promouvoir» est probablement à revoir et qu'on espère que
nos membres le prouvent, la... l'histoire est en perpétuelle construction, en
perpétuelle interrogation et perpétuelle destruction, parfois, s'il le faut...
si ça arrive. Et, si le musée veut jouer son rôle d'organisme citoyen, il faut
qu'il soit ouvert à des débats, à des histoires contradictoires, y compris sous
la forme... Le musée peut proposer de multiples activités qui ne sont pas
celles traditionnelles des musées, mais des conférences, des activités, des
débats, des tables rondes. Il y a des multiples formes par lesquelles on peut
sortir d'une histoire matérielle qui va s'appuyer sur des objets qui ont
effectivement un ancrage... un ancrage dans le... la mémoire. C'est cette... Je
comprends l'articulation autour... la réflexion à faire autour de «promouvoir»
et que, si l'histoire est vraiment l'objet du musée, ça va être une histoire
vivante, une histoire qui va être alimentée, qui va être contestée si besoin,
mais qu'il va falloir se pencher sur ces manières démocratiques de faire l'histoire
et la faire... la faire vivre.
M. Zanetti : Est-ce qu'il y
a, selon vous, une incompatibilité fondamentale entre, disons, ces deux
fonctions-là, histoire et mémoire? Est-ce que ça pourrait cohabiter dans le
même musée? Pensez-vous qu'il y a là un problème ou pas nécessairement?
M. Rey-Regazzi (Jean) : C'est
une très bonne question. Je ne pense pas avoir de réponse. Je ne m'engagerai
pas dans cette réflexion.
M. Zanetti : O.K.
M. Rey-Regazzi (Jean) : Je
vois tout à fait les problèmes que ça va soulever puis vous avez juste un temps
limité...
M. Zanetti : Ah! il reste une
minute. Mais, dans le fond, moi, je me pose la question, je me dis... parce
que, dans «promouvoir»... C'est sûr que là c'est un verbe, un verbe dans un
projet de loi, là. Je veux dire, à quelque part, il ne faut pas capoter avec
ça. En même temps, peut-être qu'il faut capoter avec ça, je ne sais pas, on va
voir. On a du temps pour... On aura du temps. Mais c'est que je me dis :
«promouvoir», il y a comme... tu sais, on veut promouvoir peut-être un récit,
puis, en même temps, comme, l'idée de promotion d'un récit, il y a là une
contradiction, par exemple, avec une histoire citoyenne qui est en construction
perpétuelle, en modification, qui est l'espace de débats où des récits
potentiellement contradictoires peuvent à la fois cohabiter, s'entrechoquer
puis se résoudre dans une belle synthèse intéressante, qui elle-même peut être
niée comme la science évolue, là. C'est ça...
Donc, est-ce qu'il y a une contradiction
entre promouvoir un récit, par exemple, et faire une histoire qui se construit?
Bien, disons, je pose la question là, vous n'avez pas le temps de répondre,
mais merci d'avoir contribué à alimenter cette question.
La Présidente (Mme Poulet) : Effectivement,
c'est tout le temps qu'il nous reste. Alors, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, mercredi 18 septembre 2024, après les avis touchant les travaux des
commissions.
(Fin de la séance à 17 h 05)