Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 23 avril 2024
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Vol. 47 N° 44
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Langue française
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10 h (version non révisée)
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Fortin) : Bonjour,
bonjour à vous tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la culture et de l'éducation ouverte. La commission est aujourd'hui
réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
Langue française pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe de deux
heures 15 minutes est allouée pour l'étude de ces crédits.
Bonjour Mme la secrétaire. Est-ce qu'il y
a des remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé par M. Lemay
(Saint-Jean), et Mme Rizqy (Saint-Laurent), par Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé).
Le Président (M. Fortin) : Très
bien. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'échange
d'environ 20 minutes, incluant les questions, réponses. La mise aux voix des
crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit cet
avant-midi, vers 12 h 30. Alors, je suis prêt à reconnaître la première
intervention de la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, tout le monde. Ravie d'être avec vous aujourd'hui.
Bonjour, M. le ministre. Donc, je vais commencer, donc, en vous parlant, sans
surprise, du groupe d'action sur l'avenir de la langue française. Je pense que
vous vous doutiez bien que ce sujet serait à l'ordre du jour aujourd'hui. C'est
bel et bien, donc, la raison pour laquelle, donc, vous nous avez dévoilé
quelque part, donc. De ce rapport.
Ceci dit, moi, quand j'ai ouvert ma presse
à 5 heures ce matin, ce que j'ai constaté, c'est que les questions que j'avais
préparées pour vous, finalement, elles n'ont pas beaucoup changé, parce que ce
que vous nous avez dévoilé, il n'y avait pas beaucoup de nouveau, il n'y avait
pas beaucoup de neuf, c'était passablement du réchauffé. Tout ce qui a été
annoncé, tout ce qui a été révélé, donc, ce matin, avait déjà préalablement été
annoncé par vos collègues. D'autant plus ce qu'on a constaté, donc, en
regardant, donc, les crédits, c'est que, pour le groupe d'action sur l'avenir
de la langue française, avec vos collègues ministres, vous vous êtes rencontrés
quatre fois. Le GAALF avait été annoncé en janvier 2023, on nous avait parlé d'un
sentiment d'urgence. Vous nous aviez dit, donc, on convient, donc il y a
urgence d'agir. Mais ce qu'on voit, c'est que le gouvernement, donc... en fait,
ne s'est pas pressé pour dévoiler, donc, le rapport.
Donc, je vous pose... la première
question, d'abord... En fait, pourquoi ça a pris autant de temps pour
finalement nous arriver avec ces résultats-ci? Puis pourquoi il y a seulement
eu quatre rencontres, M. le ministre?
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Donc, je salue la collègue, les collègues des oppositions, ma
collègue de la partie ministérielle, la sous-ministre, Mme la Présidente de l'Office
québécois de langue française, toutes les équipes autour, le cabinet. Voilà.
Maintenant, je suis tellement content de vous parliez groupe d'action pour l'avenir
de la langue française. Vous revenez sur un article paru, je peux juste vous
dire qu'il semble qu'un journaliste a eu accès à un des documents de travail, c'est
incomplet. On a très hâte de présenter le fruit du travail. Vous allez voir qu'il
y a...
M. Roberge : ...de choses que
ce qui a été révélé dans l'article de ce matin.
Ensuite, effectivement, il y a quelque
chose de totalement nouveau puis de très intéressant d'avoir un groupe d'action
pour l'avenir de la langue française, avec six ministres, donc évidemment,
éducation, enseignement supérieur, immigration, culture, langue française,
relations internationales et francophonie internationale, parce qu'on n'est pas
tout seul, évidemment. Et les travaux ont été faits de manière très, très
sérieuse. On a eu des rencontres de travail entre nous, mais il y a eu aussi
plusieurs rencontres de travail aussi des sous-ministres entre les rencontres
de travail, j'allais dire, qui ont été... qui ont été recensées, dont vous avez
parlé, il y a eu aussi des rencontres de travail entre ministres en bilatéral,
des rencontres de travail entre les cabinets. Et il y a 43 experts qui ont
été rencontrés sur des tables sectorielles, 24 entrevues individuelles et
entrevues d'experts qui ont été réalisées, 30 mémoires qui ont été reçus.
Donc, c'est vraiment un très, très grand chantier. Je pense que c'est inédit
pour le gouvernement du Québec d'avoir mobilisé sur une période de plus d'un an
les ministres, les cabinets, les sous-ministres, tout l'appareil gouvernemental
pour avoir une vision qui est... qui est intégrée. Parce que la langue
française, oui, ça appartient... enfin, ça relève des responsabilités du
ministère de langue française, du ministre de la Langue française, mais ça se
passe dans les écoles, ça se passe dans l'économie. Et je peux vous dire que
même il y a d'autres ministres, plusieurs autres ministres qui ne font pas
partie, si j'ose dire, du groupe des six qui ont collaboré aux travaux aussi.
Ça fait qu'à la fin, ça représente le travail de plus que six ministres et
ministères.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Donc, vous l'avez mentionné vous-même, donc, le travail était très
exhaustif. Ceci dit, vous nous aviez mentionné que le rapport devait être
déposé en novembre dernier, donc j'imagine que vous aviez planifié qu'il y
aurait, donc, toutes ces rencontres avec des... des experts, des rencontres
entre les sous-ministres. Vous aviez ça en tête, tout de même, ça a quand même
pris plusieurs mois, plusieurs mois de plus pour nous déposer une ébauche, là,
donc, de rapport, donc, qui nous semble, donc, à peu près finale. Donc,
qu'est-ce qui s'est passé? Vous avez dit, donc, il y a d'autres ministres un
peu qui ont collaboré à ça. Est-ce que vous avez rencontré de la résistance au
sein de votre caucus?
• (10 h 20) •
M. Roberge : Pas du tout, M.
le Président. Ce n'est pas une question de résistance, c'est une question d'avancer
plus loin. Il y a... Il y a un proverbe qui dit que tout seul, on va plus vite,
ensemble, on va plus loin. Nous sommes allés plus loin. On aurait pu aller plus
vite, travailler en solo ou en duo, mais on a travaillé en groupe de six
élargi, enfin, je ne sais pas combien d'autres, là, mais plusieurs autres
ministres aussi sont venus apporter leur expertise et leurs propositions pour
qu'on aille encore plus loin.
Je précise aussi qu'effectivement le plan
n'a pas encore été rendu public, qu'un article de journal ne fait pas foi d'une
annonce d'un plan transversal interministériel. Ça s'en vient. Mais on n'a pas
attendu la grande conférence de presse pour agir. Des travaux du Groupe
d'action pour la langue française sont nées des politiques publiques qui ont
déjà été annoncées, que ce soit maintenant l'immigration économique permanente,
l'immigration temporaire avec renouvellement de permis conditionnel à
l'atteinte d'un niveau de français, la politique maintenant sur les universités
anglophones en ce qui a... en ce qui a trait aux étudiants canadiens non
résidents, aux étudiants étrangers.
Mme Cadet : Oui, c'est ça.
Nous sommes au courant, M. le ministre, donc, de ces différentes mesures là.
M. Roberge : Tout ça découle
des travaux.
Mme Cadet : Donc, vous nous
dites, donc, ce que... ce qu'on a vu ce matin, donc, ça ne fait pas foi de ce
qui se retrouverait dans le plan. Donc, un, d'abord, quand est-ce qu'il sera
déposé officiellement, le plan, puis d'autre part, bien, qu'est-ce qu'on risque
d'y retrouver?
M. Roberge : Eh bien, il sera
déposé bientôt, et vous verrez ce qu'il y a dedans lorsqu'il sera déposé.
Mme Cadet : Dans le même
cadre, M. le ministre, vous l'avez mentionné à plusieurs reprises, nous nous
sommes rencontrés, on vous a fait quelques recommandations. Je vous ai demandé
de donner suite au rapport du groupe d'expertes sur la maîtrise du français au
collégial. Vous vous souvenez, donc c'est le rapport que votre gouvernement
avait... avait commandé, donc que vous aviez demandé, donc, le... la mise sur
pied de ce groupe d'expertes pour valider la maîtrise du français au collégial.
Lorsque nous avions posé des questions, donc, à la ministre de l'Enseignement
supérieur, elle nous disait : Il y aura, donc, des suivis à travers le
GAALF là-dessus. Dans vos quatre rencontres, là, que vous avez eues, est-ce que
vous avez eu l'occasion d'échanger sur la maîtrise du français au collégial?
Parce que ça, ça ne fait pas partie de ce qui a été diffusé ce matin dans
l'article qui parle du rapport du GAALF.
M. Roberge : Oui, il a été
question du rapport. D'ailleurs, ma collègue, la ministre de l'Enseignement
supérieur, Pascale Déry, a rendu public le rapport. Elle a dit qu'elle y
donnerait suite. Il en a été question dans le cadre des discussions, et ça
appartient à la ministre de l'Enseignement supérieur, là, de mettre en œuvre,
enfin, de choisir quelles recommandations...
M. Roberge : ...veut mettre en
œuvre pour s'assurer d'améliorer deux choses d'abord, la maîtrise de la langue
française au collégial puis aussi la diplomation, parce qu'il y avait une
partie du rapport qui parlait carrément d'améliorer le taux de diplomation, que
ce soit aux préuniversitaires, aux techniques trois ans puis aux attestations
d'études collégiales. Donc, ça appartient davantage, je vous dirais, à l'étude
des crédits de l'Enseignement supérieur de détailler quelles mesures, comment,
etc.
Mme Cadet : Je vous
rappellerais, M. le ministre, donc, d'une part, donc, vous disiez : Elle
l'a rendu public. Donc, effectivement, ça a pris 13 mois pour obtenir une
copie publique de ce rapport, donc, qui était au cabinet de la ministre de
l'Enseignement supérieur pendant tout ce temps. On n'a jamais été en mesure,
donc, de savoir pourquoi ces délais avaient été aussi longs pour qu'on puisse
prendre connaissance du rapport. Puis, quand ça a été le cas, la première chose
qu'on a pu lire de la part, donc, des expertes, c'est le fait qu'elles
mentionnaient explicitement qu'il y avait urgence d'agir.
Le rapport que vous aviez commandé, donc,
qui vous a été rendu il y a plus de 27 mois maintenant, on a posé la
question à la ministre de l'Enseignement supérieur qui nous a dit qu'à travers,
donc, le groupe d'action, parce qu'elle en fait partie, vous l'avez mentionné,
qu'il y aurait des suivis qui seraient faits. Je comprends que ça lui
appartient, à travers le groupe, là, au sein du groupe, de choisir quelles
recommandations seront mises en œuvre, mais l'urgence d'agir qu'il y avait il y
a 27 mois, elle est toujours d'actualité parce qu'aucune d'action n'a été
entreprise ou rendue publique à la suite de la publication de ce rapport-là.
Donc, est-ce que vous êtes en mesure de nous confirmer... Là, vous nous
dites : Vous en avez parlé. Est-ce que dans le plan, est-ce que c'est une
priorité pour vous, donc, le fait que nos jeunes collégiens, donc, puissent
maîtriser la langue française et que l'on puisse donner suite à ce rapport?
M. Roberge : M. le Président,
je veux juste pour parler des différents rôles de notre mode de fonctionnement,
notre manière de travailler en équipe. D'abord, on travaille en équipe. On le
faisait déjà, mais avec le groupe d'action, c'est vraiment formalisé. Ensuite,
quand un ministre, un des six ministres du groupe ou d'autres ministres du
gouvernement, veut aller de l'avant avec une mesure qui aide à mettre de
l'avant le français, à améliorer la connaissance, la maîtrise, la valorisation,
la promotion, la pérennité du français, bien, il peut aller de l'avant. Il
pourrait... ce ministre-là pourrait attendre l'annonce du plan d'action ou il
pourrait l'annoncer tout seul ou en duo avec moi. C'est ce qu'on a fait à
quelques reprises, comme je l'ai dit tout à l'heure, dans le cadre des travaux
du groupe d'action. Il y a plusieurs prises de position importantes, je vais
même dire historiques. Il faut faire attention, en politique, on dit
«historique», des fois, à tous les deux mots, mais là, c'est des choses qui
n'avaient jamais été faites de l'histoire. Ce sont donc des mesures
historiques, là, pour l'immigration permanente temporaire et pour les
universités anglophones. Dans ce cadre-là, j'étais présent avec mes collègues
pour ces annonces-là, mais il y a d'autres annonces qui pourraient être faites
lors du développement... du dévoilement du plan, il y a d'autres annonces qui
pourront suivre ensuite le dévoilement du plan, parce que c'est une action
gouvernementale continue.
Donc, pour ce qui est de l'annonce en
enseignement supérieur, il n'appartient pas au ministre de Langue française de
dire quand sa collègue va procéder à l'annonce, ça appartient à la ministre de
l'Enseignement supérieur. Ce serait particulier si c'était moi qui décidais ce
que font mes collègues. Ce n'est pas le cas du tout.
Mme Cadet : Alors, dans ce
cas-ci, M. le ministre, je vous écoute depuis tantôt, donc là, vous nous dites,
donc, qu'il y a des annonces qui ont été faites préalablement au dépôt du plan,
du GALF, il y a des annonces qui pourront suivre après. Vous ne vous êtes pas
vraiment beaucoup concertés, donc, entre les ministres, donc, qui sont... qui
forment officiellement le... Il y a d'autres ministres qui ont mis un petit
peu, donc, leur grain de sel. Au final, à quoi ça a servi de créer un groupe
d'action sur l'avenir de la langue française, alors, si on peut tout
simplement, donc, faire des annonces comme ça, au fur et à mesure? Est-ce que
c'était tout simplement tape-à-l'œil de créer un GALF? Pourquoi vous avez monté
les attentes comme ça?
M. Roberge : La création du
Groupe d'action pour la langue française a amené une synergie sans précédent au
gouvernement, puis une mobilisation sans précédent au gouvernement pour la
langue française. Ce n'était pas un simple comité de travail à deux, à trois ou
à quatre personnes. Lorsqu'on faisait nos rencontres, il y avait les six
ministres, les six chefs de cabinet, les six sous-ministres. Il y avait des
gens du cabinet du premier ministre. Il y avait un échéancier de travail
précis. Donc...
Mme Cadet : Un échéancier que
vous n'avez pas respecté, je vous rappelle.
M. Roberge : ...c'est
extrêmement... c'est une force de travail colossale qui a amené des prises de
position inédites, des prises de position d'ailleurs qu'un gouvernement libéral
n'aurait jamais faites. D'ailleurs, des prises de position... Vous ne pouvez
pas dire que ce n'est pas colossal quand au moment où on a rendu des
politiques...
M. Roberge : ...par exemple
sur les universités, vous vous êtes empressés de les dénoncer pour dire que ça
allait trop loin. Alors, il faudrait vous brancher, soit c'est insignifiant et
c'est peu de chose, soit ça va trop loin, mais vous ne pouvez pas dire les deux
choses, ça ne fonctionne pas, vous devez vous réconcilier avec vous-même.
Mme Cadet : M. le ministre,
donc, vous avez dit, donc, que vous deviez mettre de l'avant un échéancier.
D'abord, ce qu'on entend, ce qu'on lit dans l'article de ce matin, c'est qu'il
n'y a aucun échéancier, donc, de... il n'y a aucun... d'échéanciers, donc, qui
semble, donc, émerger du plan qui a été coulé, là, aujourd'hui. Puis, d'autre
part, vous ne répondez pas vraiment à ma question.
Là, je comprends, vous parlez, donc, de
synergie soi-disant sans précédent, mais si vous ne vous êtes pas vraiment concertés,
à quoi ça a servi, donc, de créer un groupe d'action sur l'avenir de la langue
française? Est-ce que c'était tout simplement pour avoir l'air de mettre de
l'avant les mesures pour protéger le français, ou est ce que c'est parce que ça
vous intéressait vraiment?
M. Roberge : M. le Président,
ma collègue dit : Vous ne vous êtes pas vraiment concertés. Je ne vois pas
ce sur quoi elle pourrait se baser pour dire que les membres du Groupe d'action
pour l'avenir de la langue française ne se sont pas concertés, alors que c'est
le contraire.
Mme Cadet : Je peux répondre
à ça, M. le Président?
Le Président (M. Fortin) : Laissez
le ministre terminer, Mme la députée.
M. Roberge : C'est le
contraire de ce qui s'est passé et c'est le contraire de ce qu'on a vécu. La
preuve aussi, c'est qu'il y a eu des annonces qui ont été faites en duo, mes
collègues et moi, pendant les travaux, et on était arrivé avec des politiques
tellement audacieuses qu'elles étaient trop audacieuses pour ma collègue et sa
formation politique.
Le Président (M. Fortin) : Mme
la députée.
Mme Cadet : Merci. M. le
ministre, donc, je me base, donc, sur la demande de renseignements généraux,
donc, à la page 11, donc, les renseignements particuliers, donc, qui nous
indiquent qu'il n'y a eu que quatre rencontres du GALF au cours de la dernière
année financière.
Je continue, M. le ministre, sur
Francisation Québec. L'an dernier, lors de l'étude des crédits, vous et moi,
nous avons eu l'occasion de discuter de la francisation au Québec, notamment de
création de Francisation Québec, donc qui est une unité administrative qui est
instituée en vertu du titre 2.2 de la Charte de la langue française. Donc,
c'est la raison pour laquelle je vous pose ces questions. Je vous rappelle
quelques-unes de vos paroles, M. le ministre. Vous me disiez : On va
faciliter la tâche, vraiment, des gens qui veulent suivre un cours de français.
Je suis convaincu que l'offre va être agrandie puisque les gens qui veulent
suivre des cours seront davantage satisfaits de ce qu'on a vécu dans les
précédentes années. C'est une évidence. Je suis d'accord avec ma collègue que
les délais sont trop longs. C'est pour ça qu'on prend les moyens pour réduire
les délais. Visiblement, ce qu'on a pu voir, donc, dans la dernière année,
depuis le 1ᵉʳ juin dernier, c'est que l'avenir ne s'est pas déroulé
exactement comment vous le prévoyez, M. le ministre. Le lancement de
Francisation Québec a été plutôt chaotique. Dans certains articles de presse,
on a même pu lire le terme «capharnaüm».
• (10 h 30) •
Vous semblez avoir mal évalué la demande,
mais surtout, ce qu'on voit au niveau des délais, c'est que, l'an dernier, je
déplorais que le nombre de jours ouvrables moyens pour avoir accès aux cours de
francisation était de 39 jours ouvrables. Aujourd'hui, ce qu'on constate,
donc, dans notre demande de renseignements, c'est que la moyenne d'heures... la
moyenne de jours pour avoir accès à des cours est maintenant de 45 jours
ouvrables. Dans certaines régions, on parle de 55 jours en Montérégie,
50 jours en Estrie, 50 jours au Centre-du-Québec. Les délais ont
vraiment augmenté depuis l'an dernier. Donc, comment est-ce que vous expliquez
cette différence entre vos prédictions de l'an dernier puis ceux de cette
année? Puis est ce que vous pouvez admettre que la situation en francisation
cette année, elle est pire que celle de l'an dernier?
Le Président (M. Fortin) : M.
le ministre.
M. Roberge : Oui. Je vais
être prudent parce que ça relève de ma collègue à l'Immigration, donc ce n'est
pas moi, ce n'est pas un ministre de Langue française qui supervise, dirige,
opérationnalise la mise en œuvre de Francisation Québec. Je pense qu'il
faudrait poser la question à ma collègue. Ce que je peux dire, par contre,
c'est qu'il n'y a jamais eu autant de personnes qui suivent des cours de
français qu'en ce moment. Oui, s'il y a des gens sur une liste d'attente, c'est
parce qu'il y a un gros engouement pour suivre des formations de francisation.
Il y avait probablement des personnes qui, dans les années passées, ne
s'inscrivaient pas, n'étaient pas au courant de l'offre de cours, donc ils
n'étaient pas sur la liste d'attente. D'accord, ils n'étaient même pas en
processus de se demander s'ils allaient peut-être se franciser. Maintenant, ils
sont conscients de ça. Ils sont conscients que, maintenant, dans la loi, on dit
qu'on peut apprendre le français, que ça devient un droit d'apprendre le
français. Ils sont conscients qu'ils peuvent s'inscrire, ils s'inscrivent en
très grand nombre, et Francisation Québec travaille à réduire ces délais. Mais
l'offre de cours est en croissance, ça, c'est certain.
L'autre chose qu'on doit prendre en
considération, c'est l'arrivée...
10 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...massive et
incontrôlée de demandeurs d'asile sur le territoire québécois. On reçoit
beaucoup plus que notre part, et ça crée une pression très, très, très grande,
on le sait, sur le logement, sur l'éducation, mais aussi sur la demande de
francisation.
Mme Cadet : M. le ministre,
vous venez de le dire, donc dans... en fait, la Charte de la langue française
comporte maintenant un nouveau droit, celui à l'apprentissage du français.
Est-ce que vous pensez qu'en raison des ratés de Francisation Québec, ce droit
que vous vous devez d'assurer n'est pas respecté?
M. Roberge : Je pense que le
gouvernement prend tous les moyens pour assurer un déploiement qui soit
adéquat. D'ailleurs, dans le budget qui vient d'être déposé par notre ministre
des Finances il y a quelques semaines, il y a une annonce de 320 millions de
dollars sur cinq ans pour déployer encore davantage, donc supplémentaires, par
rapport aux annonces précédentes, donc 40 millions pour 2024-2025, 70 millions
par année pour chacune des quatre années suivantes. Donc, on voit que le
déploiement de Francisation Québec se poursuit et se poursuivra.
Mme Cadet : M. le ministre,
vous ne répondez pas à ma question. Donc, vous avez créé, donc, un nouveau
droit, celui à l'apprentissage du français, un droit avec lequel nous sommes en
accord, mais maintenant que ce droit-là, il est créé, donc vous avez une
certaine responsabilité. Est-ce que vous pensez qu'en raison des ratés de
Francisation Québec, que ce droit-là n'est pas respecté?
M. Roberge : Bien, M. le
Président, je ne crois pas que ce droit n'est pas respecté puisque les cours
sont offerts. Dans la loi, on ne précise pas, là, c'est en trois jours ou en
trois semaines que la session de cours doit commencer. Les cours sont offerts,
les gens qui s'inscrivent sont appelés, ils peuvent se former, ils peuvent
apprendre. Mais je le rappelle encore, je vous ai dit tantôt que l'explosion
vraiment démesurée du nombre de demandeurs d'asile, particulièrement dans les
deux dernières années, mais une très, très grande pression au moment précis où
on déploie Francisation Québec, en fait, ça justifie l'action gouvernementale.
Puis il y a aussi des travailleurs étrangers temporaires, surtout PMI, du
programme mobilité international, qui arrive du côté du gouvernement fédéral,
qui augmente vraiment la demande de manière démesurée.
Mme Cadet : M. le ministre,
M. le ministre, donc dans ce cas-ci, si vous aviez donné donc six mois pour
pouvoir donc répondre donc à des nouvelles... à des nouveaux arrivants donc
dans une langue autre que le français, est-ce que vous pensez que ce délai-là,
il est toujours raisonnable, considérant les délais de francisation, les délais
pour avoir accès à des cours de francisation?
M. Roberge : Bien, on veut
toujours réduire les délais dans tous les secteurs. À chaque fois qu'il y a un
ministère qui... ministère donneur de services, on veut réduire les délais,
mais je vous réfère à un rapport du Commissaire à la langue française, dont le
poste a été créé suite à l'adoption de la loi n° 96
et qu'on a nommé cette année, qui révèle qu'en ce moment il y a plus de 32 000 personnes
qui ont participé à un cours de français tout récemment. Mais dans ces 32 000-là,
il y a 24 000 travailleurs temporaires, presque 6 000 étudiants
étrangers et, pour 2023, 2 500 demandeurs d'asile...
Mme Cadet : Mais juste parce
qu'il me reste très peu de temps, est-ce que vous avez reçu des plaintes à cet
égard, là, pour le droit à l'apprentissage du français? Parce que la 65.19 de
la loi, vous avez le droit... Vous en avez reçu?
M. Roberge : Non, à ma
connaissance... On me fait signe que non, nous n'avons pas reçu de plaintes.
Le Président (M. Fortin) : Ceci
conclut le premier bloc d'échange. On se tourne maintenant vers la députée de
Mercier pour tout près de 14 minutes.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Salutations à mes collègues membres de la
commission. Merci beaucoup à toutes les équipes, là, qui travaillent très, très
fort pour ces crédits. Moi j'aurais une question pour le GALF. J'ai manqué tout
à l'heure la réponse du ministre. Et ce qui est annoncé dans l'article, c'est
que le rapport va être où le plan d'action va être déposé le 28 avril.
Est-ce que c'est le cas ou est-ce que ça va encore être retardé, depuis que ça
a été annoncé en janvier 2023?
M. Roberge : Je ne peux pas
vous dire le moment où sera déposé le plan d'action. Ce sera très, très
bientôt. Mais ce qui est important, c'est les travaux du Groupe d'action pour l'avenir
de la langue française. C'est des annonces qui ont déjà été annoncées, donc les
politiques qui se mettent en œuvre en ce moment, notamment en ce qui concerne
les universités anglophones et l'immigration.
Mme Ghazal : Lors de l'annonce
du groupe de travail, puis qu'un plan d'action serait déposé, ça, c'était en
janvier 2023, vous aviez dit : Lors du dépôt du plan d'action, c'est sûr
qu'il y aura un échéancier. Est-ce que ça va être le cas dans le plan d'action
que vous allez déposer? Est-ce qu'il va y avoir un échéancier des différentes
mesures puis aussi pour que... pour arrêter le déclin du français?
M. Roberge : Bien là, je suis
content d'entendre «arrêter le déclin du français», parce que c'est vraiment l'objectif,
carrément, et carrément inverser la tendance, parce qu'il y a des reculs, on l'a
vu encore hier avec l'étude de l'Office québécois de langue française...
M. Roberge : ...il y a un
recul sur la langue d'accueil à Montréal. J'imagine que ça interpelle beaucoup,
beaucoup ma collègue et qu'en conséquence elle va appuyer les politiques
gouvernementales pour redonner au français ses lettres de noblesse, notamment
sur l'île de Montréal. Puis le plan, ce sera un plan qui sera ambitieux et
transversal, mais je n'annoncerai pas aujourd'hui les mesures du plan avant
d'annoncer le plan.
Mme Ghazal : Moi, dans toute
ma carrière, quand on fait un plan d'action, il y a des actions, il y a des
mesures, il y a un échéancier, des dates avec aussi des cibles puis des
indicateurs et des résultats. Est-ce que, dans le plan d'action du ministre sur
le français... est-ce qu'il va y avoir des échéanciers?
M. Roberge : Le plan d'action
sera exhaustif et ambitieux, à la hauteur des défis qu'on a. Et, quand je pense
aux... au français, langue de travail, français, langue d'études, c'est
extrêmement important, français, langue de consommation culturelle puis aussi
la qualité de la langue française. Donc, on touche, en réalité, les six
ministères et un peu plus. Donc, il y aura probablement même au dépôt du plan
des mesures qui vont au-delà des six ministères qui étaient concernés
originellement lors du lancement du plan.
Mme Ghazal : Je vais répéter
ma question pour une troisième fois, puis les options, c'est oui, non ou je ne
peux pas le dire, ça... ça aussi, c'est une réponse acceptable. Est-ce qu'il va
y avoir un échéancier?
M. Roberge : Monsieur le
Président, je n'annoncerai pas ici aujourd'hui...
Mme Ghazal : Très bien.
Pafait. J'ai eu ma réponse.
M. Roberge : ...les modalités
du plan. Mais je comprends, je comprends, j'ai l'impression d'être en mêlée de
presse...
Mme Ghazal : Non, mais je
voulais juste...
M. Roberge : ...et je ne suis
pas pressé d'être mêlé, donc je vais m'en tenir... Et j'ai très hâte d'annoncer
le plan. J'imagine que ma collègue appuiera chacune des mesures parce qu'on a
appris aujourd'hui qu'elle est très fâchée contre le recul du français à
Montréal. Donc, j'ai hâte de voir l'appui aux mesures...
Mme Ghazal : Bon, mêlez-nous
pas, mêlez-nous pas, je vais avoir des questions très précises. Il y a
plusieurs indicateurs qui existent pour mesurer l'état du français. Vous avez
choisi trois selon ce qui est écrit, peut-être le ministre peut le confirmer.
Parmi les indicateurs, c'est la langue maternelle, la langue principalement
parlée à la maison et la première langue officielle parlée. Est-ce que le
ministre confirme que ce sont les trois indicateurs principaux sur lesquels il
va... qu'il va suivre dans son tableau de bord?
• (10 h 40) •
M. Roberge : Les indicateurs
de la langue française sont multiples, ma collègue en a nommé plusieurs qui
sont très importants. L'indicateur, langue parlée à la maison, c'est un
indicateur qui est important, mais évidemment, jamais, le gouvernement ne dira
aux gens: Vous devez parler telle langue. Vous ne devez pas parler telle langue
à la maison, là. Juste pour rassurer, jamais, jamais, jamais le gouvernement ne
dira pas, puis jamais un inspecteur de l'Office québécois de langue française
viendra regarder quelle langue les gens parlent à la maison. Par contre, c'est
un indicateur de la langue de consommation culturelle, et donc j'imagine qu'on
va se rejoindre sur l'indication... l'indicateur langue de consommation
culturelle. Il y a langue de travail, c'est certain, il y a langue d'usage et
il y a plusieurs indicateurs. Maintenant, le dévoilement des mesures du plan
aura lieu lorsque le dévoilement du plan aura lieu. Mais j'invite ma collègue à
poursuivre sur cette lancée, si elle aime cet échange, je peux répéter la
réponse.
Mme Ghazal : Mais, en fait,
c'est juste parce que ce qui était mentionné, c'est qu'il y a trois indicateurs
principaux. Il y en a évidemment plusieurs, quand vous allez mettre le plan
d'action puis le tableau de bord, mais je voulais savoir... En fait, ce que
j'ai vu dans les trois indicateurs, langue maternelle, langue principalement
parlée à la maison et première langue officielle parlée, ce qui manquait, c'est
la langue du travail. Là, le ministre l'a nommée. Et moi, ce qui m'inquiète
énormément, énormément, puis le ministre aussi l'a mentionné après le dépôt du
rapport de l'OQLF sur la langue d'accueil, il a mentionné qu'on se rend compte
qu'il y a, comment vous l'avez dit, oui, il y a des choses qui sont... Non, ce
n'est pas celle-là. Attendez. Ah! bon, je ne trouve pas la... Ce que vous avez
dit, c'est que la langue... Ah oui! L'étude, donc, de l'OQLF, qui a été déposée
hier démontre que le français est de moins en moins la langue normale des
affaires et du commerce au Québec. Puis ça, ça veut dire que c'est la langue du
travail, parce qu'on parle de la langue comme client, mais il y a aussi la
langue du travail qui est importante.
Et il y a un rapport de l'OQLF, en 2023,
qui montrait que les gens qui utilisent principalement ou exclusivement le
français au travail, il y a un recul depuis les dernières années, puis c'est
vraiment ça, le plus grand indicateur, là, pour moi, pour Québec solidaire. Et
je voulais savoir: Est-ce que cet indicateur-là va être étudié de façon aussi
importante que la langue parlée à la maison?
M. Roberge : Monsieur le
Président, on se rejoint, à tout le moins, sur l'importance de l'indicateur
langue de travail, qui est très important. Je vous dirais que c'est un des
indicateurs qui a été le...
M. Roberge : ...au cœur de la
loi 96. C'est important de le rappeler. On est encore en phase d'implantation
de la loi 96 et on ne mesure pas encore tous les fruits, là. Lorsqu'en 1977 on
a adopté la Charte de la langue française, en 1980, trois ans plus tard, deux
ans... on ne récoltait pas tous les fruits de la charte. Et, dans la loi 96, la
loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, on est venus
instituer le droit de travailler en français. On est venus préciser aussi qu'un
employeur qui voulait exiger la maîtrise d'une autre langue que le français
devait pouvoir le justifier. Et donc quelqu'un qui se cherche un emploi et qui
verrait une offre d'emploi exigeant la maîtrise d'une autre langue pourrait
dire à l'employeur : Mais pourquoi ça figure sur cette offre d'emploi?
Puis l'employeur doit le justifier, et ça doit être... ça peut même faire
l'objet d'une plainte à l'Office québécois de langue française. Donc, il y a
déjà des mesures sur le français, langue de travail. Il faut les faire
connaître et il faut encore mettre en œuvre ces mesures-là. Il faut que les
Québécois soient informés et sachent qu'ils peuvent dire qu'ils ont le droit de
travailler en français.
Mme Ghazal : Mais le recul de
la langue du travail, est-ce que ça inquiète le ministre?
M. Roberge : Tous les reculs,
sur tous les indicateurs sont inquiétants, que ce soit consommation culturelle,
consommation en ligne, langue d'accueil, vous en avez parlé, là, l'Office
québécois de la langue française qui rendait hier publiques des données qui
montraient que, particulièrement à Montréal, il y avait un recul, donc tous les
indicateurs. Chaque fois que le recul... que le français recule, là...
Mme Ghazal : Est-ce que la
langue...
M. Roberge : ...moi, je suis
inquiet. Il faut avancer sur tous les indicateurs, y compris langue d'études en
enseignement supérieur.
Mme Ghazal : Est-ce que la
langue parlée à la maison inquiète, le recul? Je ne parle pas : on va
amener la police à la maison. Ça, il n'y a personne qui est inquiet de ça, là,
on le sait très bien. Ce n'est pas ça, mon point. Est-ce que le ministre est
inquiet par le recul de la langue maternelle, au Québec, qui n'est pas le
français?
M. Roberge : Je suis inquiet
de tous les reculs, de tous les indicateurs, y compris langue à la maison, oui,
y compris langue maternelle aussi, oui. Je vais prendre 30 secondes, je veux
être très rapide, mais il faut dire que...
Le Président (M. Fortin) : ...
M. Roberge : Pardon?
Le Président (M. Fortin) : Question
courte, réponse courte. Alors, rapidement, s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui, ça va être
très, très vite. Le français, langue à la maison est quand même important pour
vérifier les transferts linguistiques. Un nouvel arrivant qui arrive...
évidemment, qui arrive, évidemment, qui parle, on va dire, l'espagnol, peu
importe, 10 ans plus tard, s'il bascule vers l'anglais... ce n'est pas le
français en arrivant, ce n'est pas le français 10 ans plus tard, mais ça
voudrait dire que c'est un transfert vers l'anglais et ce serait inquiétant. Il
faut s'intéresser à cette statistique-là, comme à bien d'autres statistiques.
Mme Ghazal : Mais, après ça,
les indicateurs, c'est bien beau, on peut en avoir beaucoup, mais ce qui est important,
c'est de mettre en place des actions pour voir des aiguilles bouger. Donc, les
actions qu'on doit mettre en place... Tu sais, moi, par exemple, si la langue
parlée à la maison, parce qu'il y a des avions remplis d'Afghans, remplis de
Syriens remplis, de toutes sortes de personnes réfugiées qu'on accueille ici,
fait en sorte que mathématiquement, là... on n'a pas... on n'a pas besoin
d'avoir un doctorat en mathématique pour comprendre que la langue parlée à la
maison, bien, qu'est-ce que vous voulez, ça va baisser. Mais, si la langue du
travail augmente, l'indicateur de langue de travail augmente et que ce n'est
pas les chiffres qu'on a en ce moment où on voit une baisse, bien, moi, ça
m'inquiète moins. Est-ce que le ministre partage mon avis?
M. Roberge : Bien, oui et
non, parce qu'évidemment qu'on va continuer d'accueillir des gens qui sont des
demandeurs d'asile, qui sont des réfugiés, puis, quand il s'agit de réfugiés,
évidemment, on ne sélectionne pas les gens sur la langue maternelle ou la
langue parlée, ce n'est pas ça, hein, c'est notre devoir humanitaire
d'accueillir des gens qui fuient la guerre ou la misère. Puis évidemment que le
critère de la langue...
Mme Ghazal : Je suis contente
de vous l'entendre dire.
M. Roberge : ...ne s'applique
pas ici, ça ne s'est jamais appliqué là, ça n'a jamais été la politique du
gouvernement, ce n'est pas la politique du gouvernement quand on parle de
réfugiés. Mais il y a les étudiants... travailleurs étrangers temporaires, il y
a les économiques, et, si toutes... si toutes ces catégories de personnes là
sont mieux sélectionnées sur la base du français, bien, ça aura même ultimement
un impact sur le français comme langue de réunification familiale, puisqu'on
aura accueilli davantage de gens qui, à la base, parlent français. Mais je ne
vous parle pas des réfugiés ici.
Mme Ghazal : Pourquoi est-ce
que dans le... si la langue du travail, c'est si important, même si dans les
trois indicateurs importants, selon ce qu'on a vu dans le... l'article, ce
n'est pas les principaux... si la langue du travail est si importante, pourquoi
est-ce que les ministres du Travail et de l'Emploi n'étaient pas inclus dans le
groupe d'action?
M. Roberge : Je peux vous
dire que j'ai eu des conversations avec le ministre du Travail et de l'Emploi,
comme j'ai eu des conversations... il y en a qui sont carrément venus aux
séances de travail du Groupe d'action pour l'avenir de la langue française,
mais j'ai aussi des rencontres...
Mme Ghazal : ...pas inclus?
M. Roberge : Bien, c'est une
question d'efficacité aussi. C'est extrêmement complexe d'avoir, pour chacune
des rencontres...
M. Roberge : ...tous les
ministres, tous les chefs de cabinet, tous les sous-ministres. Ceci dit,
d'autres ministres sont venus apporter leur contribution aux travaux du groupe
et plusieurs séances de travail aussi ont été faites. Écoutez, je pense qu'on a
travaillé de manière exemplaire. J'ai très, très hâte de déposer le plan.
Mme Ghazal : Oui. Est-ce
qu'il va y avoir des actions en lien avec la langue du travail, comme celles
que j'ai déjà proposées au ministre? Par exemple, la francisation en emploi,
c'est celle qui est la plus efficace. Puis votre tableau de bord, là, si vous
le faites, là, vous allez voir, les indicateurs vont monter. C'est reconnu,
c'est su, c'est la façon la plus efficace. Est-ce qu'il va y avoir des mesures
en lien avec la langue du travail, oui ou non? J'ai très peu de temps.
M. Roberge : Les mesures qui
seront mises en place, ce seront les mesures les plus efficaces. Ma collègue
dit : J'ai trouvé la clé de voûte. J'ai trouvé la mesure la plus efficace.
De notre côté, on s'est fié aux experts qu'on a rencontrés. Je l'ai dit tout à
l'heure, il y a eu plusieurs tables de travail. Il y aura plusieurs mesures. Il
ne s'agit pas de trouver la mesure. Parce que prise isolément, chaque mesure...
Mme Ghazal : Est-ce qu'il va
y en avoir sur le travail?
M. Roberge : ...chaque mesure
peut être importante, mais ne réglera pas la situation. Il faut avoir une
approche qui est transversale.
Mme Ghazal : Donc, on ne sait
pas s'il va y en avoir sur le travail. On va découvrir ça quand le plan un jour
va être déposé. Que pense le ministre de l'autre rapport de l'OQLF qui a été
déposé qui dit qu'il y a... c'est stable, la langue du travail dans l'espace
public? 79 % des Québécois utilisaient le plus souvent le français dans
l'espace public, et ça montre une stabilité. Qu'en pense-t-il? Est-ce qu'il
dit : Wow, c'est une bonne nouvelle, grâce à la CAQ, depuis qu'on est ici
depuis six ans, on a une bonne mesure ou une stabilité?
Le Président (M. Fortin) : En
30 secondes, M. le ministre.
Mme Ghazal : En
30 secondes, que pensez-vous de ce rapport de l'OQLF? Je ne vous ai pas
entendu, contrairement à celui déposé hier.
M. Roberge : C'est un rapport
qui a amené un éclairage très intéressant, notamment sur les régions qui
montrent qu'à Montréal, c'est beaucoup plus vulnérable, c'est beaucoup plus
précaire. Montréal et l'Outaouais en particulier, je regarde ma collègue, là,
qui le vit au quotidien. Et il y a aussi un important écart générationnel.
L'étude dont ma collègue parle montre que les jeunes accordent une moins grande
importance à la langue parlée dans l'usage courant versus les personnes plus
âgées, comme moi-même. Et moi, c'est ça...
Mme Ghazal : Mais comment
vous qualifiez ce rapport?
• (10 h 50) •
Le Président (M. Fortin) : Mme
la députée, votre temps est malheureusement écoulé. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé, c'est à votre tour.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Donc, plutôt, M. le ministre, on vous taquinait sur votre peluche
que vous n'avez pas avec vous. Donc, j'ai quelques questions au sujet du faucon
pèlerin. Donc, en 2023, donc, votre gouvernement a réalisé cette campagne
publicitaire afin de mettre en exergue, donc, le recours aux anglicismes, aux
termes, donc, empruntés à l'anglais dans l'usage courant au Québec. Est-ce que
vous pouvez partager votre évaluation du succès de cette campagne?
M. Roberge : Oui, absolument.
Je pense que ç'a été une excellente campagne publicitaire. C'était dans la
phase de ce que j'ai appelé le grand réveil national, parce qu'on avait reçu,
en août 2022, une tonne de brique. Les résultats du sondage, pas du sondage, du
recensement de 2021, eh bien on avait reçu ces informations là en août 2022,
juste avant la campagne électorale, puis ça montrait d'importants reculs. Mais,
bon, ça avait fait l'objet de quelques articles. Mais je pense qu'il y avait
beaucoup, beaucoup, beaucoup de Québécois qui n'étaient pas conscients,
informés, sensibilisés des importants reculs. Ça montrait en réalité qu'on
avait plus reculé entre 1901 et 2021... pardon, entre 2001 et 2021, donc sur
20 ans, que dans le siècle précédent, entre 1901 et 2001. Alors, un recul
plus grand en 20 ans qu'en 100 ans. Il fallait, comme disait mon
père, secouer le pommier, donc brasser des choses, faire parler. Puis la
campagne a été un succès retentissant parce que ça a fait beaucoup jaser. Ça a
été utilisé par beaucoup d'enseignants d'ailleurs, dans les classes, qui l'ont
présenté pour discuter. Ça a permis aussi une tournée d'entrevues pour faire
parler, et ça m'a permis, lorsque je prenais la parole pour parler de cette
publicité, de parler des indicateurs dont on parle depuis tout à l'heure,
langue d'usage, langue de travail, langue de consommation culturelle.
Donc, ça a été, je pense, quelque chose de
très, très positif et constructif dans le sens d'éveiller les Québécois au
recul, au déclin de la langue. Après ça, une fois qu'on est conscients d'un
problème, on a le goût de trouver des solutions. Et c'est ça, je pense, le
grand gain de la campagne.
Le Président (M. Fortin) : Mme
la députée.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. M. le ministre, donc, vous parlez...
Mme Cadet : ...d'un succès
retentissant. À la suite de la campagne, vous avez octroyé un contrat à la
firme de sondage Somme pour une valeur d'environ 28 000 $ pour réaliser une évaluation de la
campagne publicitaire sur le faucon pèlerin. Nous avons obtenu, par demande
d'accès à l'information, ce rapport d'évaluation qui est daté de juin 2023,
dans lequel il est fait mention des constats suivants. Donc, on nous dit :
«La campagne reçoit un accueil mitigé. Bien qu'elle illustre précisément ce qui
est évoqué ci-dessous... ci-dessus, donc l'utilisation accrue de l'anglais, du
franglais contribuerait au déclin de la langue française. Mais, en effet, le manque
de clarté du message et l'incompréhension qu'il suscite font en sorte que les
jeunes rencontrés se sentent peu concernés et ne savent pas ce qu'on attend
d'eux. L'analogie entre le faucon, espèce vulnérable, et le déclin du français,
ne semble pas évidente non plus, ou du moins n'est pas suffisamment marquante
pour être mentionnée.» Qu'est-ce que vous pensez des résultats? Est-ce que vous
les avez reçus?
M. Roberge : Je pense qu'il
faut surtout lire l'étude Somme jusqu'à la fin. Le chef de l'opposition
officielle avait fait un petit peu le même tour de-passe passe, il avait lu
quelques extraits, mais il faut aller à la... Si on veut tirer des conclusions,
allons à la conclusion. Je cite la même étude que ma collègue, mais après les
pour, les contre, les analyses, viennent les conclusions. Ça dit :
«L'objectif principal de la campagne est atteint. En fait, le message de la
campagne axée sur le déclin de la langue française au Québec est généralement
bien compris de la population, tant francophone qu'anglophone. En outre, la
campagne a le mérite de faire réfléchir près de 80 % des francophones à la
qualité de la langue et, dans une moindre mesure, à la situation précaire du
français. La prise de conscience visée par la campagne est donc bien amorcée.»
C'était précisément et exactement ce que nous voulions, directement sur la
cible.
Mme Cadet : Le rapport Somme,
M. le ministre, donc, vous fait également des recommandations sur les
prochaines campagnes. Donc, ils vous disent donc de privilégier des messages
clairs et concrets, miser sur le positif, employer la bonne dose d'humour pour
éviter que des clientèles se sentent critiquées, utiliser des canaux de
communication adaptés aux publics cibles. Est-ce que, lorsque vous avez pris
connaissance du rapport, parce que manifestement ça a été le cas, là, vous
citez d'autres extraits... Lorsque vous avez pris connaissance, donc, du
rapport d'évaluation, est-ce que vous avez tenu en compte, donc, ces différents
éléments ci avant, donc, de poursuivre d'autres campagnes?
M. Roberge : C'est certain
que, si on commande un rapport, c'est parce qu'on veut une analyse, on tient
compte de l'analyse. Il y aura d'autres campagnes sur la langue française. On
ne refera pas toujours la même campagne. Puis c'est sûr qu'on va tenir compte
de l'analyse, mais, si, à chaque fois, à chaque campagne, on a, à la fin de
l'évaluation, la note qui dit : L'objectif principal de la campagne est
atteint, bien, on sera... on sera satisfait. Une autre campagne aura peut-être
d'autres objectifs et j'espère qu'on va les atteindre avec autant d'efficacité
qu'avec la campagne sur le faucon, c'est quand même exceptionnel.
Mme Cadet : Dans le même
document, donc, on nous dit aussi, donc, que le message est clair en partie seulement,
que plusieurs participants restent perplexes, que l'impact visé est flou et que
plusieurs ont une perception erronée que la publicité ciblait les jeunes. C'est
intéressant parce que, plutôt dans les échanges avec notre collègue, donc, vous
parliez, donc, des jeunes, est-ce que... Comment vous auriez pu mieux faire?
M. Roberge : Écoutez, je...
je ne suis pas celui qui conçoit les campagnes publicitaires. Ce sont des
experts, des créatifs, des gens qui ont toute la formation en campagne publicitaire.
Il faut voir quel était l'objectif. C'est précis. C'est très important de voir
quel est l'objectif. On voulait susciter des réactions. Donc, une fois que tu
acceptes de susciter des réactions, c'est certain qu'il y a des réactions qui
vont être positives, il y en a qui vont être négatives, il y en a qui vont
trouver ça drôle, il y en a qui vont se questionner. Et le fait que ça a été
utilisé par des enseignants dans de très, très nombreuses classes, ça aussi, ça
témoigne de la réflexion qui a été amorcée. La campagne, en 30 secondes,
là, on ne peut pas tout mettre, on ne peut pas mettre toutes les nuances. Il
fallait secouer le pommier, faire jaser et amener d'autres réflexions. Il
fallait que la campagne soit le début de quelque chose, le début d'une
réflexion collective, le début d'une prise de conscience. Et c'est ce qu'on
voulait. Une autre campagne aura un autre objectif. Il faudra l'atteindre avec
autant d'acuité, mais, pour cette campagne-là, sincèrement, je pense
qu'objectivement c'est un succès.
Mme Cadet : Donc,
l'évaluation de la campagne, donc, dans le rapport, donnait la note de six sur
10 en matière d'opinion envers la campagne. Donc, vous êtes toujours... vous
pensez toujours que c'est un succès retentissant, 60 %?
M. Roberge : Absolument, oui.
L'objectif de la campagne... Écoutez, on aurait pu mettre, je ne sais pas, moi,
une...
M. Roberge : ...de fleur de
lys avec du violon, une chanson traditionnelle québécoise, faire...avoir une
voix formidable, disserter un poème pour dire les grandeurs de la langue
française. Personne n'aurait été choqué, tout le monde aurait dit : Bien,
moi, si... je trouve que c'est doux à l'oreille. Puis il aurait peut-être eu
neuf sur 10 ou 10 sur 10, en disant : Est-ce que vous trouvez ça gentil?
Ils auraient dit oui. On n'aurait pas atteint notre cible. C'était une campagne
de réveil national qui a suscité le débat, qui a permis de faire une tournée
d'entrevues pour parler de d'autres choses que ce qu'il y avait dans la publicité.
Dans la... dans la tournée d'entrevues, je pouvais parler de langue de
consommation culturelle, de langue d'études universitaires, de langue de
travail, du déclin généralisé de la langue, pour susciter ensuite une réflexion
collective qui allait nous amener là où on en est aujourd'hui, c'est-à-dire que
les Québécois sont mobilisés et c'est ce qu'on voulait.
Le Président (M. Fortin) : Merci,
M. le ministre.
Mme Cadet : Mais alors,
pourquoi avoir amené, pendant le temps des Fêtes, la campagne? Elle serait
passée, donc, une fois, donc, je pense, le 31 décembre. Donc, ça a coûté
271 000 $, donc, pour cette publicité de fin d'année. Donc, pourquoi,
après avoir vu ces résultats-là, vous vous êtes dit : On va en remettre...
On va faire ce clin d'oeil, on va rappeler, donc, cette publicité, cette
campagne publicitaire là?
M. Roberge : Bien, parce que
justement c'était important, je pense, de ramener cette prise de conscience
encore une fois. Dans les émissions de fin d'année, évidemment, c'est un moment
qui est très, très, très rassembleur. On savait qu'il y aurait beaucoup de
Québécois qui la verraient, on me dit que c'est autour de 3 millions de
personnes qui l'ont vu. C'est remarquable, et ça a... ça a donné un deuxième
souffre, ça a fait jase encore une deuxième fois. Et donc je pense qu'on a
atteint la cible encore une deuxième fois.
Mme Cadet : L'étude de l'OQLF
sur la langue, dans l'espace public, donc, celle d'il y a deux semaines, donc,
l'étude, donc, démontrait une stabilité de la place du français dans l'espace
public, donc un indicateur qui est excessivement important pour ma formation
politique et moi. Il y a certaines critiques méthodologiques qui ont été
formulées sur la place publique, puis ça, ça a été... Je vous avouerais, donc,
que c'était différent, donc, des études précédentes de l'OQLF, contrairement
aux études précédentes. Donc, l'office a dû émettre une rectification le 12
avril dernier, dans lequel on précisait, donc, que «l'OQLF était conscient du
décalage entre le portrait sociodémographique du Québec, entre le moment de la
collecte des données à l'hiver 2022 et celui de l'hiver 2024».
M. le ministre, est-ce que vous considérez
que l'étude produite par l'OQLF était de bonne qualité?
• (11 heures) •
M. Roberge : Si vous vous
permettez, j'ai 10 secondes sur un élément, après ça, je passerais la parole à
Mme la Présidente de l'Office québécois de la langue française qui pourrait
parler de la méthodologie.
Mme Cadet : Bien, j'aimerais
vous entendre sur ma question, d'abord et avant tout. Si c'est dans le 10
secondes, allez-y. Ensuite, je verrai si...
M. Roberge : Je pense que la
méthodologie nous a permis de voir un écart très important entre les jeunes, 18
à 34 ans, sont... 74 % disent qu'ils utilisent l'anglais le plus souvent,
tandis que les 70 ans et plus sont 84 %, donc il y a un écart de presque
11 % entre les deux. Et je pense que, nonobstant la méthodologie, cet
écart-là est important. Mais pour le détail de votre réponse, je pense qu'il
faudrait laisser...
Mme Cadet : En fait, non...
Le Président (M. Fortin) : ça
vous appartient, Mme la députée.
Mme Cadet : ...non, M. le
Président, avec égard, Mme la présidente, pas encore, j'aimerais tout simplement,
donc, entendre le ministre là-dessus. Donc, est-ce que vous considérez que
l'étude était de bonne qualité?
M. Roberge : Bien, moi, j'ai
confiance dans les études de l'Office québécois langue française, et je trouve
dommage que vous ne permettiez pas à la présidente de répondre parce qu'elle
aurait plus de détails sur la méthodologie. Si ce qui vous intéresse, c'est la
méthodologie, je vous invite à laisser la présidente répondre à la question.
Mme Cadet : On pourra
poursuivre, avec Mme la présidente, par la suite. Mais tout simplement, donc,
je comprends, donc, vous dites : Vous avez confiance dans les études qui
sont produites par l'OQLF. Donc, comment est-ce que vous réconciliez la
stabilité de l'usage du français dans l'espace public avec les autres éléments,
donc, que vous mettez de l'avant dans votre gouvernement?
M. Roberge : Bien, en tout
cas, je vais faire des réponses courtes, parce que vous ne voulez pas les
nuances méthodologiques qui s'imposent, mais l'enquête, dont vous parlez, c'est
une enquête qui interroge les gens sur leurs perceptions, une enquête qui a été
publiée hier. C'est une enquête qui n'interroge pas les gens sur leurs
perceptions, mais ce sont des inspecteurs, des gens qui ont été embauchés pour
entrer et poser des questions et noter, avec une rigueur méthodologique, des
choses. Donc, ce n'est pas la même enquête, il y en a une, c'est des faits
mesurés, d'autres...
11 h (version non révisée)
M. Roberge : ...c'est des
perceptions.
Mme Cadet : Je ne parle pas
du tout de l'enquête d'hier, du moins pas encore. Donc, je suis toujours sur
celle sur la langue d'usage dans l'espace public et non celle sur la langue d'accueil
et de service dans les commerces. Est-ce que vous avez eu des échanges avec l'OQLF
au sujet de l'étude et au sujet du rectificatif émis?
M. Roberge : J'ai su qu'il y
avait un rectificatif à émettre, et il a été émis, c'est tout. Ça a été la
nature de mon échange. Moi, je ne suis pas statisticien, je laisse les
statisticiens faire leur travail, bâtir les critères, les manières de faire, et
s'ils ont des précisions à apporter, je les laisse les apporter. Je pense qu'il
faut faire attention. D'ailleurs, il y a une... il y a un bras de distance
entre l'Office québécois de langue française et le ministre puis c'est
important de le garder. Je ne leur dirais pas : Changez vos chiffres ou changez
votre méthodologie. Jamais je ne pourrais faire ça.
Mme Cadet : Vous me rassurez,
M. le ministre, parce que, tout à fait, donc, il y a ce bras de distance là qui
est bien important. Donc, vous confirmez que vous n'avez pas demandé à l'OQLF d'émettre
un rectificatif le 12 avril dernier?
M. Roberge : Je le confirme.
Mme Cadet : Merci. Puis est-ce
que vous pensez que l'émission du rectificatif était la chose à faire?
M. Roberge : Bien, je pense
que oui. Si les... l'OQLF a jugé utile de faire ce rectificatif, c'est parce
que c'était pertinent de le faire.
Mme Cadet : Maintenant, oui,
donc j'aimerais donc entendre Mme la nouvelle présidente de l'OQLF. Donc, je
consens.
Le Président (M. Fortin) : Est-ce
qu'il y a consentement autour de la table?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Fortin) : Consentement.
Mme la Présidente, en vous présentant, s'il vous plaît.
Mme Malack (Dominique) : Bonjour.
Dominique Malack, P.D.G. de l'Office québécois de la langue française. Alors,
quelques éléments à porter à votre attention. L'étude demeure valide, ne
contient pas d'erreurs. Le rectificatif qui a été publié le 12 avril porte
sur une réponse qui a été donnée à un média, donc une réponse de précision,
mais la donnée de... l'étude demeure valide.
Maintenant, sur la question que vous posiez :
Comment est-ce qu'on réconcilie cette étude avec les autres études de l'office?
Je dirais quelques éléments qui étaient précisés dans l'étude. D'abord, elle a
été réalisée en 2022, au moment où il y avait des mesures sanitaires en cours.
Cet élément-là n'est pas ressorti dans ce qu'on a... ce qui a été véhiculé,
mais les comportements des... des citoyens pouvaient être influencés par cet
élément. Elle porte effectivement... c'est un sondage de perception qui porte,
entre autres, sur les relations avec l'administration. Donc, dans l'espace
public, il y a les relations avec le gouvernement du Québec, dans les
transports en commun, les services municipaux, services de santé. Donc, bien
évidemment, les administrations s'adressent et servent principalement en
français les citoyens. J'ajouterais à cet élément que la valeur de publier une
telle étude, malgré les bémols qu'on a identifiés sur le comportement en
mesures sanitaires, c'est de voir dans le long terme, dans 10, 15 ans, est-ce
qu'il s'agira d'un épiphénomène quand on va refaire ces... de mêmes études ou
bien si c'est une tendance qui... qui s'inscrit?
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente directrice générale. Donc, vous confirmez que la méthodologie pour
ce type d'études, dont vous dites c'est une étude de perception, donc, est la
même qui est toujours employée par l'OQLF?
Mme Malack (Dominique) : Pour
ce type d'études, c'est un sondage, donc, oui, c'est la même. Par contre, on
fait d'autres types d'enquêtes qui sont basées sur des méthodologies
distinctes.
Mme Cadet : Bien sûr. Et le
moment de publication de l'étude est aussi conforme à ce qui se fait
régulièrement au sein de l'OQLF, donc, il y a un moment, donc, de collecte de
données et 12, 18 ou 24 mois plus tard, donc, on publie, donc, ce qu'on a
récolté, donc, vous le faites toujours, donc c'est conforme, donc, à vos
habitudes aussi.
Mme Malack (Dominique) : L'Office
québécois de la langue française fait une planification quinquennale, tous les
cinq ans, de sa programmation d'études. Certaines des études peuvent prendre,
comme celles-ci, jusqu'à deux, trois ans pour passer vraiment toutes les
étapes, puis ce n'est pas uniquement un sondage, et oui, c'est tout à fait
conforme à ce qu'on produit habituellement.
Mme Cadet : Et vous avez l'obligation
de publier ce type d'études lorsque vous faites... vous procéder à la collecte
de données, nonobstant le... les données sociodémographiques ou
démolinguistiques qui prévalent au moment de la publication.
Mme Malack (Dominique) : Nous
jugeons qu'il y a un investissement quand même important de la part des
ressources des citoyens du Québec via l'office, et que ces études là, elles ont
de la valeur.
Mme Cadet : Merci. M. le ministre,
donc, je reviens à vous. Accès aux services en langue anglaise maintenant.
Depuis le mois de juin dernier, donc, certains Montréalais d'expression
anglaise qui téléphonent au 3-1-1, donc...
Mme Cadet : ...doivent
attester de bonne foi qu'ils font partie des groupes couverts par l'une des
exceptions, donc les exceptions qui font maintenant partie, donc, de la Charte
de la langue française. Est-ce que vous trouvez que cette attestation de bonne
foi, parce qu'on vous a entendu un peu, donc, dans l'espace public à ce
moment-là, donc, d'attester de bonne foi qu'on est admissible à recevoir
l'éducation en anglais, donc, par exemple, donc, c'est propice à la défense de
la langue française, donc, de devoir le faire, donc, pour savoir, donc, par exemple,
donc, à quelle journée, donc, sortir les poubelles?
M. Roberge : Bien, oui, je
pense que la preuve de bonne foi est la preuve à avoir à ce moment-ci. Il me
semble que c'est tout à fait adéquat. Je m'imagine mal avoir un document
officiel attestant cette autorisation.
Mme Cadet : Donc, vous dites
«document officiel», parce qu'en effet ce serait difficile à appliquer. Donc,
vous confirmez que le système, donc, demeurera fondé sur l'honneur, en fait,
là, ce que vous dites, sur la bonne foi?
M. Roberge : C'est
l'orientation actuelle.
Mme Cadet : O.K. J'arrive ici
à une présentation du ministère de la Langue française à l'attention des
mandataires et aides mandataires en date du 28 avril 2023, au sujet des
exceptions qui permettent l'accès à des services en anglais dans les
municipalités. On peut y lire, au niveau de l'admissibilité, donc : «Il
sera permis initialement d'attester l'admissibilité sans demander de pièce
justificative, en se fondant uniquement sur une déclaration de bonne foi des
personnes physiques. Toutefois, les mesures se resserreront avec le temps.»
Vous venez de nous dire que le système, donc, demeurera basé sur la bonne foi.
Le ministère, il y a un an, donc, disait autre chose. Comment est-ce que vous expliquez
cette contradiction?
M. Roberge : Ce n'est pas
une... Ce n'est pas une contradiction. Je vous ai dit : C'est
l'orientation actuelle. Je n'envisage pas à ce moment-ci d'avoir un document
officiel. Donc, les formations ont été faites dans cette... dans cette
directive-là... avec cette directive-là, avec cette orientation-là, et, en ce
moment, il n'est pas prévu d'avoir un document officiel. Est-ce qu'ultimement
ça pourrait arriver? Je ne pense pas. Je ne pense pas non plus.
• (11 h 10) •
Mme Cadet : D'accord. Parce
que là... bien confirmer. Donc, vous venez de dire, donc, à ce moment-ci, les
orientations actuelles, pour le moment, ne le prévoient pas. Est-ce que, donc,
vous confirmez que les mesures ne se resserreront pas? Est-ce que... Puis je
vous réfère, donc, c'est ici à la page 15, hein, du document Le français,
langue de l'État, langue de la loi. Tour d'horizon pour les mandataires et
aides mandataires, ministère de la Langue française, 28 avril 2023, là, pour
vous outiller, c'est à la page 15.
Le Président (M. Fortin) : ...
M. Roberge : Je ne m'en vais
pas dans cette direction-là. Je n'ai aucun groupe de travail en ce moment
là-dessus. Il n'y a aucune directive auprès, là, des juristes ou des... du
ministère, là, pour élaborer une pièce justificative ou quelque chose comme ça.
On n'est pas là.
Mme Cadet : D'accord. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Fortin) : Très
bien. Merci. Merci, Mme la députée. On se tourne vers le député de
Matane-Matapédia pour un bloc d'échange de presque neuf minutes.
M. Bérubé : Merci, M. le
Président. M. le ministre, chers collègues. Évidemment, pour le Parti
québécois, l'avenir de la langue française et sa vitalité est un enjeu
important, prioritaire, de notre fondation jusqu'à aujourd'hui. Dans ma
préparation, j'avais une question sur le groupe d'action sur la langue
française et je me disais : C'était prévu pour l'automne dernier, c'est
pour quand? J'ai lu le journal, c'était là. Alors, j'imagine que le ministre
doit être déçu que ça soit dans le journal ce matin. J'imagine qu'il a vérifié
qui a pu envoyer ça. Est-ce que vous êtes déçu de... du fait que c'est dans le
journal ce matin...
M. Roberge : Bien, moi, j'aime
ça qu'on en parle.
M. Bérubé : ...c'est éventé?
M. Roberge : Non, moi, j'aime
ça qu'on en parle. Je suis content qu'on en parle. Ça ramène le sujet sur la
table. L'article énonce des choses qui étaient dans des documents de travail.
L'annonce sera différente que ce qu'il y a dans l'article. Mais c'est quand
même intéressant parce que ce qu'il y a dans l'article, c'est un rappel aussi
des mesures fortes qu'on a faites dans la dernière année, je le répète :
immigration temporaire, immigration permanente, frais de scolarité pour les
étudiants non québécois qui étudient en anglais, qui permet de refinancer le
réseau francophone universitaire. Donc, des mesures très, très fortes qui sont
rappelées ce matin.
M. Bérubé : Gardez-vous des
punchs.
Le Président (M. Fortin) : Merci,
M. le ministre, oui.
M. Roberge : C'est une bonne
nouvelle.
M. Bérubé : Gardez-vous des
punchs. Mais ça tombe bien, c'est aujourd'hui. Donc, la personne qui l'a
envoyé, elle... il n'y aura pas de mesure disciplinaire. Elle peut respirer.
Bon. Très bien. Je voulais préciser ça. Puis c'est peut-être quelqu'un qui a eu
accès à ça. Donc, il n'y a pas tant de monde que ça. Vous avez nommé les
ministres tantôt, alors...
D'ailleurs, le ministre responsable de la
loi 96, il n'a pas été invité. J'ai trouvé ça spécial. C'était un projet de loi
costaud, ça devait révolutionner le français. Il faut croire qu'il n'était pas
disponible.
Donc, j'ai attendu, l'automne dernier...
votre plan. Ça fait qu'en attendant je me suis rabattu sur votre roman de
pirates et je l'ai... Et là j'aimerais avoir une dédicace tout à l'heure. Ça
m'a fait patienter. Mais plus sérieusement...
M. Bérubé : ...quoi que c'est
un travail qui est sérieux, ce n'est pas votre premier. Dans les mesures
importantes, pour nous, il y a la loi 101 au cégep, l'application de la
Charte de langue française au réseau collégial. La coalition qui appuie ça,
elle est drôlement large présentement, une quarantaine de syndicats d'enseignants,
des personnalités qui se sont dites en faveur maintenant, qui ont bien étudié
ça. Vous n'avez pas choisi de la retenir, à moins d'avis contraire, ça pourrait
être une belle surprise. Pourquoi vous ne croyez pas ça, que c'est une mesure
qui est intéressante que les enfants de la loi 101... je parle uniquement
des... des enfants de la loi 101, primaire et secondaire, qui ont un
parcours en français, que ce soit le libre choix au collégial. Pourquoi vous ne
l'avez pas retenue, cette politique?
M. Roberge : Merci. Fidèle à
son habitude, mon collègue fait des préambules sur toutes sortes de choses
avant sa question. Donc, je vais faire un préambule de réponse, puis la réponse
finale. Donc, mon collègue s'inquiète qu'il y ait de la chicane à la Coalition
avenir Québec.
M. Bérubé : Je n'ai pas dit
ça.
M. Roberge : ...des
réprimandes, il fait de la projection. Ça, c'est la tradition au Parti
québécois, là, des chicanes, des réprimandes, etc. Je sais que le chef se fâche
beaucoup dernièrement.
M. Bérubé : Je tiens à dire
que ça va très bien chez nous...
M. Roberge : ...mon temps de
parole, M. le Président.
Le Président (M. Fortin) : Oui,
allez-y avec la réponse, M. le ministre.
M. Roberge : Oui, absolument.
Sur la question des cégeps, bien, je pense qu'on peut être très fiers de voir
qu'enfin la Charte de la langue française touche les cégeps, touche le milieu
collégial. Ce n'était jamais arrivé. Ça touchait ce qu'on appelait la formation
générale de base, là, préscolaire, primaire, secondaire, il n'y avait rien.
C'était le désert. Et il y a quand même eu plusieurs gouvernements du Parti
québécois entre 1977 et aujourd'hui. Et jamais le gouvernement du Parti
québécois n'a imposé, comme il le dit aujourd'hui, comme ils... c'est leur
nouvelle position, la loi 101 au cégep, en réalité, la loi 101 touche
maintenant les cégeps, les collèges en plafonnant le nombre et le pourcentage
d'étudiants qui fréquentent un cégep anglophone, en imposant des cours en
français et de français, en imposant l'épreuve uniforme de français dans les
cégeps anglophones, je pense que c'est une belle avancée.
M. Bérubé : O.K. Très bien.
Je rassure la ministre, il n'y a pas de chicane chez nous, là, il n'y a
personne qui quitte, là, ça va bien. Mais, sur le français, il y a eu un
comité, la loi 96, il y a un comité, il y a un article qui a rapporté
trois journalistes très sérieux, dont votre collègue actuel aux Affaires
internationales, qui rapportent que certains députés voulaient l'application de
cet élément, d'autres, non. Je comprends que ça n'a pas été retenu. Dans
l'article, à moins que ce ne soit pas le cas, on dit que vous, vous étiez en
faveur. Je vous remercie et je vous invite à continuer.
Il y a quelques jours à peine, vous avez
rendu hommage à Guy Rocher, un grand sociologue. J'ai lu ce que vous avez écrit
sur le réseau X, puis il faut saluer son legs. Mais ce n'est pas terminé. Il y
a encore des idées sur la place publique. Il vous dit qu'il faut appliquer la
Charte de langue française au collégial. Alors, il faut écouter ce bout-là
aussi, si on veut totalement lui rendre hommage, j'invite tous les partis qui
sont contre cette politique-là puis qui rendent hommage à Guy Rocher, à lui
faire plaisir. Lui, il pense qu'on aurait dû l'ajouter à la loi 101.
Alors, est-ce que rendre hommage à Guy
Rocher ça ne serait pas aussi se rendre à son argument qu'il faut appliquer ça?
34 %, selon notre calcul, des étudiants issus de l'immigration vont dans
les cégeps anglophones. C'est plus que le tiers. Il m'apparaît là, il y a un
article ce matin également d'Emmanuelle Latraverse, que c'est une idée très
solide de l'appliquer. Je ne vois pas qu'est-ce qui vous retient de le faire.
M. Roberge : Bien, on se
rejoint pour saluer Guy Rocher, sa contribution immense, immense au Québec.
Écoutez, les polyvalentes, donc nos écoles secondaires, la fin des collèges
classiques, le début de la déconfessionnalisation, donc de la... de la
laïcisation, les cégeps, le réseau UQ, c'est considérable. J'étais très content
d'être là pour lui rendre hommage. Effectivement, il voudrait qu'on aille plus
loin que là où on va en ce moment pour les cégeps. Nous sommes allés plus loin
que quiconque et je pense qu'il faut prendre le temps de mesurer cette avancée-là.
Cette année, c'est la première année où les... le nombre d'étudiants dans les
cégeps sont là. L'an prochain, on continue de l'implanter. Ça va être les
cours. Mais, si mon collègue veut prendre d'emblée tout ce que M. Guy Rocher a
dit, ça veut dire qu'il va se rallier à la position de la maternelle quatre ans
parce que c'était... Le déploiement de la maternelle quatre ans à la grandeur,
c'était une recommandation de M. Guy Rocher lors du rapport Parent. Donc,
peut-être se rangera-t-il derrière notre politique de la maternelle quatre ans,
à tout prendre.
Le Président (M. Fortin) : ...M.
le ministre.
M. Bérubé : ...si vous voulez
vous rallier, il était aussi indépendantiste, ça aussi vous pouvez vous rallier
sans problème, ce serait bien. Donc, Guy Rocher maintient cette position. Je
vous invite à aller de l'avant. Sinon, on se prive d'une politique qui est
drôlement intéressante pour favoriser un cursus d'intégration. Je vous pose une
question rapide. Une municipalité qui compte 7,2 % d'anglophones, est-ce
qu'elle devrait avoir le statut bilingue...
Le Président (M. Fortin) : ...M.
le ministre.
M. Roberge : Juste préciser
que c'est quand même particulier tout le temps de voir le Parti québécois nous
reprocher de ne pas aller assez loin quand nous allons plus loin qu'eux ne sont
jamais allés.
M. Bérubé : Ce n'est pas ça
que je dis. Je n'ai rien dit de ça.
M. Roberge : C'est quand même
quelque chose.
M. Bérubé : Bien, je n'ai
rien dit de ça.
Le Président (M. Fortin) : La
réponse, M. le ministre. Merci.
M. Roberge : Bien oui, je
regrette.
M. Bérubé : Oui ou non?
M. Roberge : Oui, il a dit
ça. Parce que le Parti québécois n'a jamais implanté la politique aux cégeps qu'il
nous reproche de ne pas implanter. Nous allons plus loin qu'ou ne sont... eux
ne sont jamais allés...
M. Bérubé : Question de
règlement, M. le Président. Question de règlement.
M. Roberge : ...puis ils
trouvent qu'on ne va pas assez loin. À un moment donné...
Le Président (M. Fortin) : Oui.
M....
M. Bérubé : Question de
règlement.
Le Président (M. Fortin) : Merci.
M. le député. M. le député.
M. Bérubé : J'ai une... J'ai
une question sur une ligne, j'ai huit minutes. Est-ce qu'une municipalité qui
compte 7.2 % d'anglophones mérite un statut bilingue au Québec? C'est ça,
ma question.
M. Roberge : Je pense que la
prochaine campagne électorale municipale va répondre à bien des questions.
Parce qu'on a voté la loi 96 qui a changé la règle pour ce qui est des
municipalités dites bilingues au Québec. Et l'ensemble des municipalités qui
ont... qui pouvaient perdre ce statut ont adopté une résolution pour le garder.
M. Bérubé : Bien oui, c'est
sûr.
M. Roberge : Même s'ils sont
en bas du seuil de 50 %. Sauf qu'aucun des élus qui a pris cette
décision-là n'a fait face à l'électorat depuis. Je pense qu'ils vont devoir
rendre des comptes, et je pense qu'il y a des candidats, aux prochaines... Moi,
je pense que ça devrait être un enjeu des prochaines campagnes électorales
municipales.
M. Bérubé : O.K., d'accord.
O.K. Vous avez deviné que la municipalité n'est pas tellement loin de votre
bureau de comté de Chambly, là, c'est Otterburn Park, dans le comté de votre
collègue qui était responsable la lo, du français, avec la loi 96. C'est
demeuré tel quel. Mais, s'il y a débat là-dessus, intéressant.
Dans les documents qui sont devant nous,
il y a les frais de publicité, 25-24...
Une voix : ...
M. Bérubé : Oui, 23-24...
Bien, j'aimerais ça avoir des détails sur Cossette Média, Placement média, pour
la campagne Défense et valorisation de la langue française. C'est
450 000 $, puis le centre... gouvernementales et Cartier
communication c'est une publicité traditionnelle de campagne, c'est
223 741 $. Donc, il y a plus de publicités que de subventions aux
groupes qui s'occupent de ça.
Le Président (M. Fortin) : M.
le ministre, rapidement... très rapidement.
M. Roberge : Je pose la
question aux gens qui m'entourent pendant qu'on m'apporte la fiche. Mais, comme
dans son préambule, il a parlé des municipalités, je peux parler des
municipalités aussi. C'est juste que c'est systémique, au Parti québécois, ils
nous reprochent toujours de faire des choses qui, eux, n'ont jamais faites.
Lorsqu'ils étaient au gouvernement, lorsque mon collègue était au
gouvernement...
• (11 h 20) •
M. Bérubé : La loi 14?
M. Roberge : 2012, 2013,
2014.
M. Bérubé : Ah! ça, c'est
facile.
M. Roberge : Ils n'ont pas
enlevé le statut bilingue aux municipalités. Là, parce qu'on ne le fait pas...
M. Bérubé : Mais vous avez
voté contre.
Le Président (M. Fortin) : Malheureusement,
je sens que de part et d'autre, vous avez beaucoup d'autres arguments, mais
votre temps est écoulé.
M. Roberge : ...
M. Bérubé : Vous avez voté
contre la loi 14, en passant.
Le Président (M. Fortin) : Votre
temps est écoulé, M. le député. On aura tous très hâte de lire la dédicace du
ministre à votre livre, mais pour l'instant, on se tourne vers la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le Président. J'ai très hâte aussi de me procurer mon propre exemplaire du roman
de pirates. M. le ministre... M. le ministre? Voilà. Donc, le 10 janvier
dernier, donc, vous avez publié dans la Gazette officielle le projet de
règlement sur la langue du commerce et des affaires, donc, qui a suscité quand
même, donc, plusieurs réactions dans le milieu économique. On a d'ailleurs vu
une lettre ouverte, donc, de différents groupes économiques cette fin de
semaine dans différents médias. Le projet de règlement, donc, visait plusieurs
choses, là, mais notamment, prévoir, donc, les règles applicables en matière
d'affichage public des marques de commerce et prévoir des dispositions visant
les inscriptions sur les produits. Donc, on y arrive avec l'inscription, donc,
sur les produits. Donc, j'ai pris connaissance, donc, du projet de règlement.
Donc, vous modifiez l'article trois, à l'alinéa six du règlement, donc, pour
qu'une... qui se lirait maintenant comme suit : «Une inscription sur un
produit peut être rédigée uniquement dans une autre langue que le français dans
les cas suivants : le produit provient de l'extérieur du Québec, et
l'inscription, sauf si elle est, donc, nécessaire à l'utilisation du produit,
est gravée, cuite ou incrustée dans le produit lui-même, y est rivetée ou
soudée, ou encore y figure en relief de façon permanente.» On parle ici, par
exemple, donc, d'électroménagers, là, donc des boutons, donc, de fonctionnement
sur des électroménagers, sur des télécommandes, etc.
Je suis retournée voir ma charte de la
langue française. Donc, depuis 1977, c'est très clair que les modes d'emploi
qui accompagnent ce type d'objets là, donc, qu'ils doivent être rédigés en
français. Donc, j'aimerais savoir exactement ici quel est le problème auquel
donc vous tentiez de répondre en publiant le projet de règlement.
M. Roberge : Oui. Bien, je
disais tout à l'heure qu'il faut avoir une approche qui est intégrée, qui
est... qui est transversale. Puis c'est très important de le faire parce qu'à
chaque fois qu'on touche un domaine...
M. Roberge : ...il y a le pas
«dans ma cour» en français qui s'exprime très, très fort en disant
toujours : Cette mesure-là ne réglera rien, allez donc voir ailleurs. Et
on peut faire ça 45 fois et donc n'implanter aucune de 45 mesures, ou
20 mesures, ou 30 mesures, parce qu'il y a toujours quelqu'un qui
trouve que ça devient peut-être un inconvénient. D'ailleurs, j'imagine que le
Parti libéral a entendu exactement cette ligne-là parce qu'en 2012, votre
formation politique, vous n'y étiez pas, mais vous vouliez aller dans cette
direction là, sans doute qu'il y a des gens qui se sont fait entendre, et vous
avez choisi de ne rien faire. Nous, on a le document qui... on a le règlement
qui est en prépublication. Donc, je fais quand même une nuance, on tient compte
de tous les commentaires... mais je ne vous prête aucune intention. On tient
compte de tous les commentaires reçus parce que l'objectif, quand même, c'est
de faire les choses correctement et que ça se fasse le mieux possible pour
l'économie du Québec, d'accord, on ne veut pas opposer langue française et
économie, mais on ne peut pas s'empêcher d'avancer à chaque fois qu'un groupe
dit : Ceci représente un inconvénient. Parce que ça, ça voudrait dire
qu'on ne changerait rien pour la langue de travail, pour l'affichage, pour la
langue d'enseignement, ça veut dire qu'on n'aurait pas fait ce qu'on a fait
pour les cégeps, ça veut dire qu'en fait on n'aurait pas voté la loi 101
en 1977, parce que si vous regardez la revue de presse, là, tout le monde
trouvait une bonne raison de ne rien faire, alors qu'il fallait être audacieux.
Et je pense qu'il faut encore aujourd'hui être audacieux, mais respectueux de
l'économie. Il faut le faire comme il faut, c'est pour ça que je vais demeurer
quand même prudent parce que le règlement final n'est pas édicté aujourd'hui,
mais je rappelle à tout le monde, et ce n'est pas... ce n'est pas pour vous,
là, qu'au Portugal, c'est en portugais. Les fours, là, c'est en portugais, les
frigos, là, c'est en portugais. En Pologne, c'est en polonais. Aux Pays-Bas,
c'est en néerlandais. Bref, en Europe, habituellement, là, Samsung et compagnie
respectent les langues nationales. En France, tu peux faire cuire les choses,
tu n'es pas obligé de faire «bake», tu peux cuire des choses. Pourquoi nous, au
Québec, on ne pourrait pas être respectés nous aussi? C'est terminé de
s'excuser d'exister, ce n'est pas notre politique.
Mme Cadet : M. le ministre,
donc, vous l'avez dit, donc c'est un projet de règlement, comme je l'ai
mentionné, donc il a été publié, donc, le 10 janvier. Donc, le projet de
règlement, donc, donnait 45 jours pour entendre différents intervenants.
Quels sont les commentaires, les préoccupations qui vous ont été émis pendant
cette période-là?
M. Roberge : Bien, des gens
ont parlé de la difficulté de convaincre les... les manufacturiers d'appliquer
ces règles-là, mais on a fait des recherches. Eux, on fait des recherches. Nous
en avons fait aussi. En Belgique, c'est en néerlandais et en français en plus,
les deux... deux langues différentes. Et ce qu'on appelle les logiciels
embarqués, par exemple, maintenant, il y a de plus en plus d'écrans, hein, sur
les électroménagers, ce n'est juste des boutons, là, il y a des écrans et
c'est... c'est déjà embarqué dans la puce, là, d'être capable de sélectionner
le langage, ça se fait très bien. Bref, là-dessus, je vous dirais que les
objections sont peut-être moins... moins... portent moins à réflexion de notre
côté. Par contre, sur le délai de mise en œuvre, bien, il faut prendre en
compte les choses, les chaînes d'approvisionnement pour que ce soit faisable.
Donc, on prend le temps de lire non seulement les mémoires, mais après ça, de
rappeler les personnes pour comprendre comment on pourrait faire quelque chose,
parce que ne rien faire, ce n'est pas l'option qu'on met de l'avant.
Mme Cadet : M. le ministre,
donc, vous me devancez un peu parce que vous parlez de délai de mise en œuvre.
Donc là, c'est une chose, donc, d'aller de l'avant avec votre projet de
règlement, certainement, donc il faut le faire donc de façon cohérente pour
l'économie québécoise et pour l'ensemble, donc, des gens qui sont aussi, donc,
des consommateurs.
Donc, d'abord sur la question des délais,
parce que, quand on regarde le projet de règlement, donc, il y a différents
délais, hein, on le sait, donc, pour l'affichage, donc, des marques de
commerce, c'est très clair, c'est le 1er juin 2025. Pour ce qui est, donc,
de... des inscriptions de différentes marques de commerce, en fait, de
descriptif ou de générique de marque de commerce en français sur les différents
produits, on donne jusqu'au 1er juin 2027 aux manufacturiers pour écouler
leurs inventaires non conformes, mais pour ce qui est de... donc, des éléments,
donc, que je mentionnais plus tôt, donc les éléments nécessaires à l'utilisation
du produit qui sont gravés, cuits, incrustés sur les produits eux-mêmes, vous
donnez 15 jours après l'édiction, donc, du projet de règlement, donc...
Mme Cadet : ...en vigueur,
donc, du règlement en tant que tel. Donc, comment est-ce que vous expliquez,
donc, ce délai très, très court, alors qu'ailleurs, dans le projet de loi,
donc, on voit, donc, nos délais qui sont considérés comme raisonnables par les
acteurs de l'industrie?
M. Roberge : Bien, je vous
dirais que c'est une excellente question. Et c'est ce qu'on vérifie,
l'applicabilité des différents délais et la capacité de tenir compte des
mémoires reçus, des commentaires reçus, en fonction de ce qu'il y a dans la
loi. Vous savez, un règlement ne peut pas aller à l'encontre de la lettre de la
loi. L'objectif, quand on met une habilitation réglementaire dans la loi, c'est
pour se donner une marge de manœuvre. Donc, dans certains cas, on a des marges
de manœuvre non pas pour reculer puis faire reculer le français ou reculer sur
nos intentions, mais, des fois, sur la mise en œuvre, l'applicabilité, les
exceptions, du gros bon sens, si on est capable de le ...
Moi, j'ai une question pour ma collègue,
puisqu'on regarde les politiques publiques ensemble, est-ce qu'elle est
d'accord avec... Est-ce que la formation politique, c'est le Parti libéral, est
d'accord à ce que ces électroménagers aient maintenant des inscriptions en
français? On parlera du délai plus tard.
Mme Cadet : Bien, M. le
ministre, je sais que ça ne va pas très bien dans les sondages pour le
gouvernement en ce moment, mais en ce moment, c'est moi qui pose les questions
de ce côté-ci. Donc, je vais revenir, donc, à notre ordre du jour. Donc, je
vous dirais, donc, est-ce que le délai de 15 jours, pour y revenir, celui que
vous aviez mis dans le projet de règlement, est-ce que vous trouvez que c'est
un délai qui est raisonnable?
M. Roberge : Bien, moi, j'ai
déjà dit qu'on allait tenir compte de ce qu'on a entendu. Les gens savent que
la Coalition avenir Québec veut aller de l'avant avec davantage d'affichage
d'inscription. Pour ce qui est du Parti libéral, ils ne le sauront pas.
Mme Cadet : M. le ministre,
donc, vous avez vu... Donc, j'ai parlé un peu plus tôt de la lettre publiée en
fin de semaine par les différentes... par les différents groupes économiques,
donc, qui parlent, donc du marché, donc, la taille, donc du marché, donc, du
Québec en Amérique du Nord. Je lisais votre analyse d'impact réglementaire,
donc, que vous en avez... vous en avez fait mention. Je demande, pour vous,
est-ce que la diminution de l'offre de ces produits, donc, pourrait être une
conséquence acceptable de votre projet de règlement?
• (11 h 30) •
M. Roberge : Bien, d'abord,
on n'en est pas là. Il ne faut pas non plus ajouter des épouvantails. Et je me
désole un peu de voir que le Parti libéral a pas de position là-dessus. Je
trouve que ça crée de l'incertitude, puis l'incertitude économique, ce n'est
pas ce qui est bon. Les gens ne savent pas, là, si le Parti libéral d'aventure
montait, il voulait implanter une politique sur la langue française. Ils n'ont
aucune idée où irait le Parti libéral en cette matière, alors que nous, c'est
davantage, c'est davantage bien plus clair. Mais, en Belgique, qui sont 40
millions de personnes qui parlent français...
Une voix : ...
M. Roberge : ...au Canada,
pardon, au Canada, bien oui, ils sont 40 millions de personnes, c'est français
et anglais, une bonne partie en français, tandis qu'en Belgique, ils sont quoi,
moins de 12 millions qui parlent deux langues. Et ça fonctionne, ça fonctionne,
ils sont capables d'avoir des électros dans les deux langues officielles.
Pourquoi on ne pourrait pas l'avoir ici? Pourquoi je n'ai pas l'appui du Parti
libéral et de ma collègue pour montrer la faisabilité d'une mesure ambitieuse
pour le français?
Mme Cadet : M. le ministre,
en fait, quand je vous parle, donc, de la possible diminution de l'offre de ces
produits, je cite votre propre analyse d'impact réglementaire. Donc, ce n'est
pas un commentaire, donc, qui sort directement, donc, de la voix, donc, de
l'espace public, mais bien la vôtre. Vous dites, à la page 8 : «Les
exigences du règlement peuvent entraîner un manque à gagner, donc, à la
suite... bon, à la suite, donc, de la décision de cesser d'offrir des biens et
services sur le marché du Québec par des firmes non québécoises.» Donc, c'est
cet élément-là que je veux mettre en exergue et savoir, donc, quand vous avez
mis de l'avant, donc, ce projet de règlement, si vous aviez considéré tous ces
éléments-ci, parce qu'une bonne politique publique, peu importe le choix
politique ou le choix idéologique qui est fait, donc, doit... prendre
l'expression consacrée, ça ne doit pas être brouillon. Donc, il faut
nous assurer, moi, je suis dans cet exercice de reddition de comptes, je vous
pose la question : Puisque ça a été considéré dans le cadre de votre
analyse d'impact réglementaire, est-ce que, pour vous, c'est une conséquence
acceptable?
M. Roberge : Oui, ça a été
considéré, vous citez un document gouvernemental que nous avons rendu public.
Oui, ça a été considéré, mais la nature a horreur du vide. Si un manufacturier
décidait de se retirer, même momentanément, moi, je pense qu'un autre prendrait
la place. À ce que je sache, en Europe, les gens sont capables de faire cuire
leur nourriture, de laver leurs vêtements, de laver leur vaisselle, etc. Ils
ont accès à des...
11 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...électroménagers
dans un... dans un environnement qui est multilingue. Et pourtant, les langues
nationales sont respectées par les manufacturiers. Ce sont des contraintes d'un
réseau de distribution. Il y a plus de 320 millions de francophones sur la
planète. En France, ils ont leurs électroménagers en français et dans d'autres
pays européens. Puis on l'avait en plus au Québec, si on recule de 20, 25 ans,
on en avait davantage. À un moment donné, il ne faut pas laisser aller les reculs.
Puis je vous pose la question : Est-ce que, pour vous, ce serait
acceptable la contrainte que vous citez dans le gouvernement... dans le
document gouvernemental? Est-ce que ce serait acceptable au nom de la défense
du français?
Mme Cadet : Bien, je vois, M.
le ministre, que vous avez très hâte de retourner sur les banquettes de l'opposition.
Vous étiez excellent dans ce rôle, mais aujourd'hui, vous êtes au gouvernement.
Donc, c'est pour ça que je vous pose les questions à vous. Donc, dans votre
mémoire, vous dites aussi...
M. Roberge : Si on veut y
aller, il faut être capable de présenter quelque chose aux Québécois aussi.
Mme Cadet : Ah!
Inquiétez-vous pas qu'on va être capables de le faire. Vous dites : Donc,
ceci peut être compensé en tout ou en partie par une offre par des firmes
québécoises dans le secteur de l'électroménager. Il y a 10 ans, là, il y a
un peu plus de 10 ans, donc, en 2014, donc, des deux... des deux derniers
sites, donc, d'entreprises, donc, étrangères, qui avaient donc... donc que
fabriquaient donc des produits électroménagers, donc, au Québec. Ça fait près
de 10 ans que ces sites-là, donc, sont fermés. Donc, par quelles firmes
québécoises ces... ces produits-là, donc, pourraient être compensés?
M. Roberge : Écoutez, je ne
connais pas sur le bout de mes doigts le secteur manufacturier pour chacun des
appareils électroménagers. Mais la démonstration est faite qu'on peut très,
très bien recevoir sur le territoire québécois des électroménagers qui ont des
inscriptions en français ou qui sont bilingues, avec des logiciels embarqués
qui sont francophones, comme ça se passe dans plein d'autres pays. Il faut
faire la réglementation, il faut s'affirmer pour être respecté. C'est sûr que,
si on se couche par terre, les gens s'essuient les pieds sur nous. C'est
terminé au Québec.
Mme Cadet : M. le ministre,
est-ce que vous évaluez le risque d'augmentation du nombre d'achats en ligne
auprès des fournisseurs hors Québec? Ce n'est pas un élément qui ressort de l'analyse
d'impact réglementaire.
M. Roberge : La Charte de la
langue française s'applique sur les achats en ligne.
Mme Cadet : Mais sur les
produits qui sont... les achats qui sont faits en ligne auprès de fournisseurs
hors Québec, parce que j'ai déjà entendu, donc, dans d'autres entrevues,
notamment, donc, en ce qui avait trait, donc, à certains produits de
consommation, donc, dans des... des jeux, par exemple, qui étaient offerts en
ligne en anglais. Donc, vous disiez que vous n'aviez pas la capacité d'agir à
ce moment-là. Donc, en quoi ces deux situations diffèrent?
M. Roberge : Quand c'est
destiné au marché québécois, la Charte de la langue française s'applique.
Mme Cadet : Mais, dans ce
cadre-ci, si quelqu'un, donc, commande, fait des achats en ligne, donc, à l'international...
C'est parce qu'il y aurait donc diminution donc de l'offre ou augmentation
corollaire du prix. Est-ce que c'est un élément qui a été considéré?
M. Roberge : Je pense que ma collègue
est dans une fiction, là, dans une espèce de dystopie, là, d'un Québec ravagé,
parce qu'il essaie de défendre sa langue française, où là les gens ne sont plus
capables de laver leur vaisselle, puis ils sont obligés de commander des
affaires en anglais, ça va donc bien mal. En 1977, là, on prédisait aussi, là,
tous les maux du monde, parce que le Québécois s'affirmait puis votait la loi 101.
Je pense que c'est le temps qu'on se donne un nouvel élan, puis qu'on arrête d'avoir
peur.
Mme Cadet : M. le...
Le Président (M. Fortin) : ...en
rappelant aux parlementaires de ne pas se prêter d'intentions. Mme la députée.
Mme Cadet : Merci. M. le
ministre, juste m'assurer que toutes évaluations des risques ont été prises. L'objectif,
ce n'est pas de faire peur à qui que ce soit. C'est de nous assurer que,
lorsque vous avez pris votre décision, vous avez tout considéré. Et ça mène à
la question, donc, des marchandises d'occasion. Donc, quel sera le traitement
pour ces produits-là, donc, advenant le cas que les... que tout ce qui sera sur
le marché pour les Québécois, donc, devra être conforme 15 jours après la
publication du règlement dans la Gazette officielle?
M. Roberge : Je ferai les
vérifications pour répondre correctement à ma collègue, mais, de toute manière,
je... il faut quand même être prudent, le règlement n'est pas encore mis en
œuvre. On parle d'un roman... pas d'un roman...
Mme Cadet : Pas cette fois-ci,
pas cette fois-ci.
M. Roberge : Non, non, c'est...
Je ne suis pas à la veille d'en publier un autre, là, mais pour l'instant, c'est...
ça prend quand même plusieurs années avec mon horaire. Donc, on parle d'un
règlement qui est en prépublication. Donc, je ne peux pas vous dire quels sont
les impacts d'un règlement qui n'est pas encore écrit parce qu'on réfléchit aux
manières de l'appliquer. Donc, il faut prendre le temps de faire les choses. On
commentera lorsque ce sera mis en œuvre, donc...
M. Roberge : ...je vous ai
parlé des grands principes, et, en tout cas, je ne sais pas. Je m'en allais
dire : Je pense qu'on est d'accord. En fait, je n'ai aucune idée, parce
que ma collègue ne répond pas aux questions, mais je sais quels sont nos grands
principes. Pour ce qui est des détails du règlement, bien, il faudra voir quand
la réflexion sera terminée.
Mme Cadet : Puis à quel
moment la réflexion sera terminée? Parce qu'évidemment vous comprenez... Puis,
vous l'avez mentionné vous-même, hein, vous voulez donc bien faire les choses,
puis là-dessus on vous invite à le faire. En ce moment, donc, il y a quand même
donc un délai relativement court qui est indiqué dans le projet de règlement.
Est-ce que vous êtes en mesure de donner une certaine indication quant à sa
publication? Parce que les consultations de 45 jours sont terminées, bien
évidemment, à ce stade-ci.
M. Roberge : Oui, mais en
fait, la durée de 45 jours, c'est pour que les gens envoient leurs
informations...
Mme Cadet : Tout à fait.
M. Roberge : ...mais après,
nous, on a le temps de consulter puis d'aller plus loin. Il y a des rencontres
qui se font, il y a des appels qui se font auprès des gens qui se sont... qui
se sont exprimés. Donc, ce n'est pas 45 jours, puis prêt, pas prêt, j'y
vais, on publie quelque chose qui n'est pas prêt. J'ai mentionné qu'une des
préoccupations qu'on a pour la mise en œuvre, ce sont les délais de mise en
œuvre. Donc, on va prendre en compte ce qui a été exprimé dans les mémoires,
dans les commentaires en regardant aussi notre marge de manœuvre avec
l'échéancier qui est inscrit dans la loi. Il y a des choses pour lesquelles on
a une marge de manœuvre réglementaire, il y a des choses pour lesquelles cette
marge de manœuvre n'existe pas.
Mme Cadet : Pour ce qui est
de l'affichage au niveau, donc, des marques de commerce, vous dites dans
l'analyse d'impact, donc : «Les données disponibles auprès de l'OQLF ou
celles disponibles sur divers sites statistiques ne permettent pas de générer
des indications fiables sur le nombre de biens ou services, d'entités ou
d'interactions visés par les différents éléments du règlement et, d'autre part,
sur les coûts associés à une activité de conformité.» Donc, vous dites :
«Par ailleurs, au niveau donc des inscriptions gravées, cuites ou incrustées
dont on vient de parler, que les coûts de conformité par entreprise sont
inconnus et difficiles à mesurer.» En parcourant l'analyse d'impact, donc, on
parle aussi donc d'un... de 7 à 15 millions de dollars pour les
entreprises. Donc, juste d'abord ici, clarification, est-ce que c'est un
chiffre par entreprise ou pour l'ensemble des entreprises?
• (11 h 40) •
M. Roberge : C'était un
chiffre qui était par année pour l'ensemble des entreprises. Par contre, pour
ce qui est de l'affichage, là, on n'est plus, là, sur les inscriptions sur les
appareils, là, ma collègue parle maintenant de l'affichage extérieur visible,
donc l'enseigne, ce qu'il y a dans la vitrine, etc. Je trouve important de
rappeler quand même les principes. Donc, dans la Charte de la langue française,
il y a déjà des mesures, mais c'est complexe en ce moment, parce qu'il y a des
critères... il y a trois règles différentes, trois critères différents pour une
seule devanture commerciale. Donc, nous, on a le souci aussi de simplifier les
choses. Donc, oui, on veut une prédominance du français, il y a une
augmentation des exigences pour la présence du français, mais il y a une
préoccupation de simplification réglementaire, puis on essaie d'harmoniser tout
ça.
Mme Cadet : ...compris. Oui,
oui. Ça, c'est très bien compris.
Le Président (M. Fortin) : Je
vous remercie, Mme la députée. Votre temps est écoulé...
Mme Cadet : Ah! Merci.
Le Président (M. Fortin) : ...il
vous restera un bloc subséquent. Mme la députée de Mercier, vous avez été très
patiente, et c'est à votre tour.
Mme Ghazal : Très bien,
merci. Merci beaucoup. Moi, je suis contente d'entendre le ministre dire que
c'est important de se tenir debout face notamment au monde économique, au monde
des affaires. Tout le monde doit faire sa part pour protéger le français, les
citoyens, le gouvernement, incluant aussi le monde des affaires, et ce qui est
important, c'est une prévisibilité pour le monde économique pour savoir ce qui
s'en vient. Est-ce que le gouvernement, actuellement, avec toutes les mesures
qu'il est en train de mettre en œuvre, notamment qui découlent du projet de
loi... de la loi n° 96, avec la réglementation, l'affichage, etc... Est-ce
qu'il va y avoir d'autres actions dans le monde des affaires en lien avec la
protection de la langue française, ou là, vous trouvez que vous en avez fait
assez, puis ça arrête là, dans les mesures que vous avez maintenant?
M. Roberge : M. le Président,
ma collègue est très astucieuse, elle veut vraiment savoir ce qu'il y a dans le
plan avant le dépôt du plan. Il est possible qu'il y ait des mesures qui
touchent le monde des affaires, comme il y a des mesures qui touchent
l'éducation, l'enseignement supérieur, l'immigration, la culture et les
relations internationales. Je vous ai dit tout à l'heure qu'au-delà des six
ministres du Groupe d'action pour l'avenir de la langue française, d'autres
ministres ont apporté leur collaboration. Donc, il est possible, effectivement,
qu'on touche aussi le travail, comme... Bien, quand on touche l'affichage, on
touche quand même le monde des affaires aussi.
Mme Ghazal : Oui, exact. Ça,
c'est ce qui existe maintenant. Pour le futur, vous dites qu'il est possible...
Je suis très contente d'entendre ça. Moi, je suis une fille positive, comme...
Quand j'entends «possible», j'entends qu'il va y avoir d'autres mesures. Moi,
j'en ai proposé une pour le ministre, qui est la francisation en entreprise. Il
existe la loi sur... de la formation sur la main-d'œuvre, que le monde des
affaires veut abolir, puis que... je ne pense pas que le gouvernement a
l'intention de le faire, mais ce serait d'ajouter une mesure supplémentaire. Je
ne veux pas...
Mme Ghazal : ...aller dans les
technicalités, là, mais ça veut dire qu'il y aurait même des investissements ou
de l'argent supplémentaire qui pourrait être donné par les employeurs pour la
formation, la francisation en entreprise. Je ne veux pas entendre le ministre
me dire : Ah! vous allez voir qu'est-ce qui va être dans le plan. Je veux
savoir si, lui, il trouve que c'est une bonne idée.
M. Roberge : Bien, M. le
Président, je vais commencer par remercier les deux collègues de l'opposition
officielle et de la seconde opposition, parce qu'elles avaient accepté mon
offre d'une discussion informelle au début des travaux du Groupe d'action pour
la langue française. Puis elles ont de la suite dans les idées, parce que ce
qu'elles nous disent aujourd'hui, c'est pas mal fidèle à ce qu'elles nous
disaient à ce moment-là. Puis j'en ai tenu compte. Sur la main-d'œuvre, je
trouve que c'est une proposition qui est intéressante. C'est dommage que le
collègue de la troisième opposition n'a jamais voulu collaborer, enrichir,
améliorer la langue française du point de vue de sa formation politique, qui
est la troisième opposition. Il aurait quand même pu vouloir influencer le
gouvernement pour améliorer la langue française, mais bon, il avait une
démarche davantage partisane que nationaliste. Ça lui appartient. La proposition
de la collègue est une proposition intéressante.
Mme Ghazal : «Intéressante».
Je n'en saurai pas plus pour aujourd'hui?
M. Roberge : Non.
Mme Ghazal : Je vais avoir
des belles surprises? O.K.
M. Roberge : Une surprise...
C'est une belle surprise. Vous verrez la surprise au moment de la surprise.
Vous, vous deviez avoir hâte à Noël, quand vous étiez jeune. Hé là là! Hé! À
partir du 1er décembre, ça devait être quelque chose.
Mme Ghazal : Oui, j'aime les
cadeaux. Est-ce que... Donc, je suis contente. C'est-à-dire que le ministre et
son gouvernement ne sont pas inquiets de rendre encore plus en colère peut-être
le monde des affaires. Parce que, ce qui est important, tu sais, moi, je l'ai
déjà dit, pour Québec solidaire, pour moi, tu sais, on peut dire que tout est
important, à l'école, pour les immigrants, la francisation, etc., mais, des
fois, il faut avoir une priorité, puis pour nous, c'est très clair, c'est la
langue du travail. Si on demandait aux nouveaux arrivants d'apprendre une
langue morte pour pouvoir mettre du pain sur la table de leur famille, ils vont
l'apprendre. Il n'y a aucun problème avec ça. Maintenant, il faut mettre en
place les conditions, c'est la langue du travail. Des fois, en entendant le
gouvernement, j'ai l'impression, quand on parle de la langue, on est beaucoup
plus dans les dossiers d'immigration. Je travaille beaucoup les dossiers de la
langue avec mon collègue en immigration parce que c'est beaucoup là-dessus que
ça va. Et le ministre a déjà dit : Oui, il y a des choses qui sont
menacées, il y a des services qui sont menacés, il y a une manière de vivre qui
est menacée lorsque le nombre de demandeurs d'asile sont trop grand... est trop
grand. Est-ce que le ministre est toujours d'accord avec cette affirmation-là,
que les demandeurs d'asile menacent l'identité québécoise?
M. Roberge : Juste revenir
sur le préambule de la question. Ma collègue dit : Écoutez, là, de son
point de vue, de sa formation politique, tant pis si ça cause des problèmes,
là, au monde des affaires. Bien, écoutez, on a démontré qu'on avait du courage
dans notre formation politique. L'adoption de la loi 96, je pense, est une
démonstration solide de courage. Maintenant, ce n'est pas un objectif, puis je
l'ai dit à sa collègue juste à côté, on ne veut pas faire mal à l'économie
québécoise. Je veux dire, tout le monde paie le prix, qu'on parle français ou
anglais, ou qu'on soit nouvel arrivant ou qu'on soit né ici, si l'économie
recule, c'est tout le monde qui s'appauvrit, peu importe la langue. Puis on a
vraiment cette préoccupation-là quand même de faire attention au monde des
affaires. On ne veut pas appauvrir les Québécois. On est ambitieux mais
mesurés.
Par rapport au... à la question de... des
demandeurs d'asile, c'est ça. Bien, jamais...
Mme Ghazal : Est-ce que vous
êtes d'accord? Je veux vraiment préciser la question. Vous avez dit : Il y
a des choses qui sont menacées, il y a des services qui sont menacés, il y a
une manière de vivre qui est menacée lorsque le nombre de demandeurs d'asile
est trop grand. Est-ce que vous êtes d'accord toujours aujourd'hui avec cette
affirmation?
M. Roberge : Oui, je suis
d'accord. Pas parce que les demandeurs d'asile menacent qui que ce soit. Ce
sont des personnes qui veulent améliorer leur sort, qui fuient la misère, la
maladie, l'autoritarisme, etc. Le nombre trop grand actuel peut être une
menace. Je ne reviendrai pas sur cette déclaration-là. Mais je ne dirai
jamais : Les demandeurs d'asile sont une menace. Mais, à un moment donné,
la quantité. Parce qu'il faut se poser la question, s'il y a
50 000 demandeurs d'asile, est-ce que ça pose un enjeu pour le
français? D'accord. À 100 000, à 200 000? On est 9 millions, s'il en
arrivait à 9 millions l'an prochain, est-ce que ma collègue dirait :
non, il n'y a aucun impact, ça ne menace pas du tout l'identité de la langue?
Bie non. À un moment donné, c'est une quantité... c'est une question de
quantité, non pas de personne ou de légitimité de la démarche, pour une
personne qui veut améliorer son sort et celui de sa famille.
Mme Ghazal : Puis le fait...
comme le demandait par exemple le rapport du commissaire à la langue française
et vous-même, le fait de dire : Bien, les demandeurs d'asile, eux autres,
ils arrivent au Canada, puis qu'est-ce que vous voulez, on a un aéroport...
Mme Ghazal : ...qui fait que
les... international, que les gens viennent ici. Eux autres, ils ne veulent pas
nécessairement venir au Québec. Et l'idée, ça serait de dire que ces
personnes-là, pour le français... on est toujours dans le français, parce
qu'avec le gouvernement de la CAQ, quand on parle de français, on se retrouve
plus à parler d'immigration que d'autre chose. Moi, j'aurais plus aimé parler
de travail... de la langue du travail, et tout ça, mais c'est les priorités du
gouvernement. Est-ce que vous êtes d'accord que le fait d'inviter les
demandeurs d'asile d'aller ailleurs au Canada... est-ce que ça devrait être
fait de façon volontaire et bienveillante?
M. Roberge : Ça doit toujours
être fait de manière bienveillante, surtout que ce sont des personnes qui sont,
à la base, précaires...
Mme Ghazal : Et volontaire?
M. Roberge : ...qui font des
choses particulières. Pour ce qui est des modalités, là, on va discuter avec le
gouvernement fédéral, mais le Québec a toujours été accueillant, il sera
toujours accueillant. C'est important de le mentionner. Mais, pour demeurer
accueillant, il faut respecter la capacité d'accueil.
Je vous signale que, juste avant qu'on
réussisse à faire fermer le chemin Roxham, dans les semaines précédant la
fermeture, le gouvernement fédéral répartissait de manière beaucoup plus
équitable les gens qui arrivaient pour faire des demandeurs d'asile... des demandes
d'asile. Donc, s'ils l'ont fait alors que le chemin Roxham était ouvert, bien,
ils peuvent le faire aussi à travers les gens qui arrivent à l'aéroport. Moi,
je suis convaincu qu'on est capable de faire ça. On envoie des gens sur la
lune, on est capable de faire une meilleure répartition des demandeurs d'asile
au Canada.
Mme Ghazal : Puis une des
questions aussi importantes, c'est : Comment rendre le français attractif?
Parce que la langue la plus attractive sera toujours celle de la majorité. Les
gens qui viennent de l'extérieur, quand ils viennent au Canada puis qu'ils
arrivent au Québec, c'est quoi, la langue de la majorité dans leur esprit?
M. Roberge : Bien, ça doit
être le français. Donc, il faut le... il faut le dire à l'avance. Les gens...
Mme Ghazal : Mais, dans les
faits, c'est quoi, la langue de la majorité...
M. Roberge : Bien, la langue
de la majorité, c'est le français.
Mme Ghazal : ...quand les
gens viennent dans... arrivent dans la province... quand les gens arrivent dans
la province du Québec, dans la province, c'est ça, du Québec, dans le Canada,
eux, ils arrivent au Canada, c'est quoi, la langue de la majorité au Canada?
M. Roberge : J'ai un peu de
misère avec le mot «province» tout le temps. On va dire l'État... l'État
québécois.
Mme Ghazal : Je le sais...
Non, non, non, moi, je ne le dis pas. Moi, ce que je dis, c'est que, dans la
province du Québec, c'est la réalité actuelle, je sais que M. le ministre, qui
est un nationaliste fédéraliste, n'aime pas ça, mais c'est la réalité, c'est un
nationaliste fédéraliste, et, en ce moment, nous sommes dans la province du
Québec. On pourrait se mettre la tête dans le sable tant qu'on veut, c'est la
réalité, c'est confirmé, ce n'est pas mon opinion.
Donc, quand les gens arrivent dans la
province du Québec, mais ils arrivent au Canada, c'est quoi, la langue de la
majorité au Canada?
• (11 h 50) •
M. Roberge : Sur le
territoire québécois, c'est la langue française, parce que, quand on arrive au
Québec, on arrive dans un État qui a sa politique d'aménagement linguistique
puis on a une loi fondamentale qui dit qu'il y a une langue commune au Québec,
il y a une langue officielle au Québec, puis c'est le français. Il faut que les
gens en soient informés en amont, avant d'arriver, pour savoir où est-ce qu'ils
arrivent, là. Ils doivent en être informés. Et, lorsqu'ils arrivent, s'ils ne
savent pas, on doit encore les informer puis on doit leur donner tous les
outils possibles, s'ils ne maîtrisent pas le français à l'accueil, pour
l'acquérir ensuite.
Mme Ghazal : Bien, je suis
contente de voir la perception puis la façon de voir théorique du ministre.
Dans la réalité, quand les gens viennent au Canada puis qu'ils atterrissent au
Québec, la langue de la majorité, c'est l'anglais, et ça sera toujours la
langue la plus attractive. Donc, le meilleur moyen pour que la langue de la
majorité qui soit la plus attractive soit le français, c'est l'indépendance du
Québec. Ça va être la meilleure façon de protéger la langue parce qu'il n'y a
pas de concurrence avec la langue anglophone... anglaise, et, en ce moment, il
y a une concurrence. Ça, je sais que peut-être que la... l'idée du ministre va
peut-être évoluer dans le temps, mais, en ce moment, comme nationaliste
fédéraliste qui veut rester dans le Canada, c'est la réalité. C'est la... C'est
un fait.
Comment est-ce qu'on peut rendre la langue
française attractive dans l'état de province du Québec? Par exemple, on a vu
que le français est boudé dans les... dans des écoles, et le ministre de
l'Éducation et le ministre de la Langue française ont dit que, bien, c'est
parce qu'il y a trop de demandeurs d'asile. J'ai une question pour le ministre.
Il y a combien de demandeurs d'asile à Vaudreuil-Dorion, là où le reportage a
été fait, dans une école à Vaudreuil-Dorion? Il y a combien de demandeurs
d'asile qui font que les jeunes parlent en anglais dans les corridors et à
l'extérieur des classes de français?
M. Roberge : D'abord, sur
l'ensemble des interventions de ma collègue, c'est un petit peu de la pensée
magique, il y en a qui ont utilisé le mot «baguette magique», de penser qu'en
faisant l'indépendance, tout serait simple. Le Québec sera toujours un îlot
francophone en Amérique du Nord, peu importe. Et une très grande menace à la
survie du français au Québec, c'est la culture, c'est la culture numérique.
Alors...
M. Roberge : ...même si ma
collègue a réussi à convaincre ces militants, qui, pour la plupart, n'ont pas la
même opinion qu'elle sur la souveraineté du Québec, de penser comme elle, ça ne
réglerait pas d'un coup de baguette magique la question de la langue française.
Et c'est vrai, c'est vrai que l'arrivée massive de demandeurs d'asile, mais je
veux dire aussi de migrants temporaires depuis les cinq dernières années, mais
de manière exacerbée depuis les deux dernières années, ça pose des défis
incroyables dans le Grand Montréal et particulièrement dans les écoles. Et
est-ce que ma collègue le reconnaît? Est-ce qu'elle le reconnaît?
Mme Ghazal : Donc, je veux
juste savoir, c'est les... c'est les... Qu'est-ce qui fait que les gens à
Vaudreuil-Dorion, parce que c'était ça, parlaient beaucoup en anglais, parlent
beaucoup en anglais? Puis on a entendu, certains disent que c'est comme ça
qu'ils se sentent mieux, tout ça, même s'ils parlent français, puis ils sont
dans une école francophone. Est-ce que c'est les demandeurs d'asile ou c'est
les Netflix, les GAFAM puis les... le monde numérique? Parce que le ministre
nous l'a dit, c'est le monde numérique. Absolument, c'est la culture. Puism
même dans les pays indépendants, ça va toujours être un élément de risque pour
les cultures nationales, surtout quand c'est des minorités, par exemple, ici,
en Amérique du Nord, ça, c'est sûr. On se donne plus de chances de notre côté
en faisant l'indépendance du Québec, mais ça ne réglera pas tous les problèmes.
Maintenant, pour le cas précis dans l'école de Vaudreuil-Dorion, celui-là, il y
a combien de demandeurs d'asile qui font que les jeunes parlent en anglais?
M. Roberge : Je n'ai pas le
nombre par école à la grandeur du Québec, mais les plateformes numériques
existaient il y a trois ans, il y a quatre ans, et le problème se présentait de
manière beaucoup moins exacerbée. Qu'est-ce qui a changé depuis trois ans,
depuis quatre ans? Quelque chose que ma collègue n'admettra jamais, l'arrivée
massive de temporaires et de demandeurs d'asile cause un enjeu important...
Mme Ghazal : Parler en
anglais dans les corridors, ce n'est pas nouveau, ça.
Le Président (M. Fortin) : Mme
la députée, M. le ministre, votre bloc d'échange est terminé. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé, pour votre dernier bloc d'intervention.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. M. le ministre, donc, mon dernier bloc, donc, nous allons y aller
avec des questions courtes et des réponses courtes. Exemplarité linguistique de
l'État. Premier sujet, donc, nous avons tous une certaine responsabilité en
matière d'exemplarité linguistique. C'est le cas aussi ici, à l'Assemblée
nationale. J'aimerais déposer, M. le Président, donc une dizaine de motions
sans préavis qui ont été rédigées par l'équipe du gouvernement, qui comportent,
donc, quelques erreurs flagrantes de français qu'une relecture aurait aisément
permis de débusquer. Donc, je les dépose. Et j'aimerais savoir, donc, M. le...
M. le Président, puis évidemment, ça nous arrive tous, là... M. le ministre,
plutôt, donc, ça nous arrive tous. Mais est-ce que vous, comme enseignant, vous
vous engagez à faire un rappel à l'ordre à votre leader parlementaire en la
matière?
M. Roberge : M. le Président,
j'ai donné beaucoup de dictées dans ma carrière. J'en ai corrigé beaucoup. J'ai
corrigé aussi des productions écrites. J'avoue qu'après relecture de la
nouvelle Charte de la langue française, je n'ai pas vu, dans le cadre de mes
responsabilités, la correction de l'ensemble des documents gouvernementaux, y
compris les motions, mais ça me remplit d'émotion de savoir que ma collègue a un
souci aussi grand que le mien pour la qualité de la langue, même si je suis
imparfait, puis probablement que j'échappe une faute de temps en temps, à
l'oral comme à l'écrit. Mais bon, je suis en voie d'amélioration.
Mme Cadet : Nous sommes tous
imparfaits, M. le ministre, mais effectivement, donc, je suis une grande...
J'adore les dictées, donc c'est certain que ce... ces petites coquilles, donc,
m'ont frappé l'œil, et je tenais à vous en faire mention. Par ailleurs, donc,
je voudrais donc vous amener vers les programmes de valorisation du français,
le programme de promotion et de valorisation de la langue française, le PPVLF,
donc, c'est un programme qui permet de soutenir les organisations, les
organismes ayant des projets qui mettent l'accent sur la valeur ajoutée que
confère l'usage du français sur les plans personnel, professionnel et social.
On constate que, l'an dernier, les montants octroyés dans le cadre du PPVLF
étaient de 1 498 610 $ selon la demande de renseignements. Or, cette année,
on voit que les... que les crédits de 472 000 $ ont été réservés pour ces
projets. Est-ce que vous confirmez une coupure de près de 1 million dans
ce programme-là cette année?
M. Roberge : Je vérifie
votre... votre affirmation. J'ai une fiche ici qui me montre, en 2023-2024...
diffusion avait eu 100 000 $. Ça, c'était pour la super francofête, si je
ne m'abuse...
M. Roberge : ...après ça, il
y a toute une série d'organisations qui ont 49 500, le Festival de la chanson
de Granby, Impératif français, plusieurs fois, je pense, Institut canadien de
Québec, Fondation Cégep Limoilou, là vous me dites qui manquerait 1
million de dollars d'après ce que... d'après votre analyse, on n'a pas
vérifié.
Mme Cadet : Oui, on a posé
cette question, donc, cette année, je veux dire. Donc, c'est en fait, c'est la
demande de renseignements P3 de l'opposition officielle, les montants octroyés
2023-2024, bien, en fait, ils sont indisponibles, parce que vous essayez de
sortir des informations en date du 31 janvier 2024, contrairement à l'an
dernier. Donc, les crédits, on les voit à la demande P4 du deuxième groupe
d'opposition. Mais, pendant que vous cherchez, on peut continuer, votre équipe
peut continuer de chercher, M. le ministre.
M. Roberge : O.K. Les budgets
totaux du ministère de la Langue française, avant les transferts, vous me
dites, Mme la sous-ministre. Je veux juste répondre comme il faut... Non, mais
c'est parce que l'étude des crédits, c'est le fun de parler des chiffres à l'étude
de crédits. On est dedans, mais, des fois, ce n'est pas du tac au tac, il faut
quand même qu'on fouille pour trouver la réponse précise. Je ne veux pas vous
induire en erreur.
Mme Cadet : On peut... Bien,
c'est ça, pendant que votre équipe fouille... Donc, on peut continuer pendant
que votre équipe fouille, M. le ministre.
M. Roberge : Oui.
Mme Cadet : Oui. Aussi, la
même chose pour le programme En français, naturellement, donc on constate une
coupure d'environ 50 000 $. Donc, tout simplement, donc, nous confirmer le
tout. Puis, pendant qu'on regarde, donc, pour ces deux programmes-ci, je vais
regarder, donc, sur le site Internet du ministère de la Langue française, donc,
le programme d'aide financière En français, naturellement, et le Programme de
promotion, de valorisation de la langue française, et, dans les deux cas, donc,
j'ai trouvé, donc, des fautes relativement flagrantes. Donc, je dépose aussi en
Chambre... en commission, donc, l'équipe du ministère aura l'occasion de les
confirmer. Donc, «période terminé», donc il n'est pas accordé au féminin.
Ensuite, vous l'avez mentionné, les
subventions Impératif français, dans le programme d'accueil de projets langue
française, donc, cinq des huit subventions accordées l'ont été à Impératif
français, donc, toutes pour la même somme, le 49 500, vous l'avez mentionné au
passage. Je ne remets pas en doute l'engagement, la qualité des projets
d'Impératif français, je me questionne tout simplement sur le fait qu'un seul
organisme récolte 72 % des sommes disponibles dans un programme. Est-ce
que vous avez les guides et les normes de ce programme-là?
• (12 heures) •
M. Roberge : Bien,
effectivement, Impératif français revient, mais il n'y a pas non plus des
dizaines d'organismes qui remplissent des mandats semblables sur le territoire
québécois. Et à chaque fois qu'il y a des demandes, c'est évalué au mérite par
l'analyse des fonctionnaires. Ce n'est pas moi qui reçois tout ça puis qui
dit : On finance, on ne finance pas. On finance, on ne finance pas. Donc,
revoir...
Mme Cadet : ...
M. Roberge : Pardon?
Mme Cadet : Est-ce qu'on peut
déposer, en commission, le... le guide de programme... le guide et les normes
du programme?
M. Roberge : Oui, on va être
capable de trouver ça, le guide et les normes, dans le fond, le critère d'aide
à la décision...
Mme Cadet : Voilà.
M. Roberge : ...pour analyser
quels programmes sont financés. Et ce n'est pas... ce n'est pas des contrats à vie,
là, c'est toujours financé pour des périodes indéterminées puis, après ça, il
doit resoumettre d'autres programmes.
Mme Cadet : D'accord. Merci.
M. Roberge : C'est pour ça
que, des fois, il y a des organismes qui sont financés une année, ils
s'attendent à l'avoir l'année d'après, puis ils disent : Ah! c'est une
coupure, je ne l'ai pas. Mais là ce n'est pas une coupure parce que c'est un
programme qui était d'une année, il présente un autre programme. Des fois,
c'est un autre groupe qui, l'année suivante, reçoit les montants. Donc, des
fois, les gens disent que c'est des coupures, alors que ça n'en est pas, là.
Le Président (M. Fortin) : Si
on vous a bien compris, vous allez déposer le guide et les normes à la
commission, M. le ministre?
M. Roberge : Oui, absolument,
M. le Président.
Le Président (M. Fortin) : Très
bien. Très bien.
Mme Cadet : Contrat de
75 000 $ à Jean Boulet, pas le ministre, un autre Jean Boulet, ici,
c'était pour assister le ministère dans la réalisation du rapport annuel sur
l'application de la charte dans les organismes de l'administration. On a fait
une demande relativement à ce contrat-là. Donc, on nous indique : «Le
ministère de la Langue française ne possède pas encore les compétences
nécessaires à la rédaction de ce genre de rapport de grande envergure.»
Est-ce que ministre peut m'expliquer si
des tentatives ont été faites pour trouver l'expertise nécessaire, si ce n'est
pas dans le ministère de la Langue française, au sein de l'OQLF, au moins, au
sein de la fonction publique?
M. Roberge : Oui, je confirme
que ça a été vérifié puis je suis content que vous ayez mentionné qu'il ne
s'agit pas du ministre évidemment. C'est ça. M. Boulet a piloté plusieurs
initiatives stratégiques. Il a accompagné plusieurs équipes sectorielles en
gestion de dossiers complexes. La réalisation du mandat a permis au ministère,
en travaillant avec lui aussi, de développer cette expertise-là. Il faut dire
qu'on est un ministère qui est tout jeune, là, ça ne fait même pas trois ans
qu'on existe. Donc, on est en train de construire toute l'expertise,
d'embaucher des gens. Et on me confirme que, pour les années à venir, n'auront
plus besoin de faire appel à de telles personnes à l'extérieur, puisque
maintenant on est... on est mieux équipé, je dirais.
Mme Cadet : Voilà. Vous
confirmez que le rapport se reproduit à l'interne pour...
12 h (version non révisée)
Mme Cadet : ...l'année 2024-2025.
Merci.
M. Roberge : Oui. Pour la
suite avec, disons, ce même type de... de rapport pourra être fait à l'interne
puisqu'on a développé l'expertise.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
Parce qu'il s'agit d'une obligation en vertu de l'article 156.4 de la
charte. Donc, vous devez le produire. Candidature aux prix remis par le
ministère de la Langue française et l'OQLF. On a fait une demande de
renseignement particulier, vous avez refusé de nous dévoiler le nom de
candidatures reçues pour l'octroi des prix suivants : Ordre des
francophones d'Amérique, prix Raymond Charette, Prix Jules Fournier, Prix du 3 juillet
1608, Prix Camil Laurin, Mérite francopub, Mérite du français. Mais pour nous,
je vous dirais que c'est quand même un indicateur clé, là, pour déterminer si
les prix ont la visibilité nécessaire pour être connus du public. Pourquoi ce
refus?
M. Roberge : Bien, il y a un
enjeu ici pour les personnes qui sont nommées. En fait, on ne veut pas rendre
public le nom des personnes dont la candidature n'a pas été retenue et...
Mme Cadet : ...
M. Roberge : Non, non, je le
sais, mais il y a quand même aussi, au fil des années, il pourrait y avoir,
pour un prix, une année, il pourrait y avoir, par exemple, sept candidatures, l'année
suivante, il pourrait y en avoir trois, puis ça pourrait déconsidérer le mérite
de la personne qui remporte le prix. Bien là, il y avait une ou deux autres
personnes qui étaient candidats et candidates, alors que, des fois, la personne
qui... qui reçoit le prix cette année-là aurait gagné parmi 100. Donc, ça... ça
n'apporte en rien pour... pour l'analyse et ça viendrait apporter une
importance relative aux prix année après année. Donc, on considère, là, que pour
préserver la valeur du prix, on rend public le nom de la personne qui gagne,
mais pas le nombre de personnes qui sont mises en candidature.
Mme Cadet : Est-ce qu'il y a
évaluation de la visibilité de ces différents prix-là qui sont faites dans le
public justement pour susciter et mousser le nombre de candidatures? Ces
prix-là, ils sont importants, là, j'en conviens, mais... Vous faites ce travail-là,
de vous dire : O.K., on a... on a peut-être reçu un petit peu moins pour
ceux-ci, alors qu'il pourrait être à plus grand déploiement. Et étant donné,
donc, l'aspect prestigieux de ces prix-là, ce serait quand même important que
le public connaisse leur existence et soit interpellé par l'octroi de ces prix.
M. Roberge : Vous avez
raison, on s'en parle à la fois au cabinet avec le ministère, on le diffuse à
travers les organisations, à travers les organismes qui font la... la
valorisation, la promotion de la langue française, on diffuse aussi par, je
pense, une infolettre, et je le diffuse habituellement sur les médias sociaux,
mais ce n'est pas une chose que les médias traditionnels ont tendance à faire
rayonner beaucoup, beaucoup, malheureusement.
Mme Cadet : Alors, on les
invite à le faire. Contrat du drapeau du Québec projeté sur la façade du Musée
de la civilisation, donc c'est un contrat, donc, qui a été octroyé pour une
valeur de 43 000 $. Donc, évidemment, donc, je suis en faveur, donc,
des actions qui visent à mettre en valeur le drapeau québécois, mais ici j'essaie
de comprendre, donc, comment est-ce que ce coût-là, donc, il a pu être...
comment est-ce qu'on a pu en arriver à... en arriver à ce coût-là?
M. Roberge : J'y arrive,
excusez-moi, j'y arrive. J'avais une fiche pour ça.
Mme Cadet : C'est surtout qu'il
y a déjà un drapeau devant le musée et qu'on essaie de comprendre.
M. Roberge : ...excusez-moi,
je vais faire vite. Donc, donc, donc pavoisement du drapeau, bon, c'est ça, c'est
ça. Donc, bien, c'était le 75e anniversaire, hein, du drapeau, il faut s'en
rappeler en 2023, donc c'est sûr qu'on a mis... on a mis des efforts
supplémentaires, des budgets supplémentaires pour célébrer notre drapeau. C'est
important de mentionner que, oui, il y a eu pavoisement du drapeau dans 10 grandes
villes du Québec, il y a eu projection de l'image du drapeau sur la façade
principale du Musée de la civilisation de juin à août 2023 à un coût de 43 000 $.
C'était immense, c'était pour le 75e anniversaire. Tant qu'à moi, je le
ferais à toutes les années, mais on ne le fera pas toutes les années parce qu'on
n'a pas les moyens toujours de célébrer comme on l'a quand c'est une année
anniversaire comme celle-là.
Mme Cadet : Est-ce que vous
aviez approuvé...
M. Roberge : Mais ce qui est
intéressant, c'est qu'il y avait une très grande visibilité, d'autant plus
aussi que ça faisait office quasiment de carte postale lorsque les gens
débarquaient des croisières. Puis on l'a mis à ce moment-là...
Mme Cadet : Vous avez
approuvé cette décision-là, M. le ministre?
M. Roberge : Pardon?
Mme Cadet : Vous l'aviez
approuvée, cette décision-là?
M. Roberge : Absolument. Oui.
Quand même... Et quand même, c'était juin à août 2023, donc au moment des
croisières, et je pense que c'était une très, très belle signature.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Les sondages réalisés par le ministère de Langue française et l'OQLF.
Donc, le ministère a réalisé trois sondages pour un coût de 40 585 $.
L'OQLF a réalisé quatre sondages pour un coût de 285 335 $. On
nous...
Mme Cadet : ...les questions
posées et les réponses, est-ce que vous pouvez rendre publics les résultats de
ces sondages?
M. Roberge : Je vais
vérifier. Je ne sais pas de quels on parle exactement, encore une fois, là, on
est dans quel...
Des voix : ...
M. Roberge : Est-ce que
c'était à l'intérieur des travaux du GAALF? Non, ce n'était pas ça.
Des voix : ...
M. Roberge : Qu'est-ce que
vous voulez savoir par rapport aux sondages? Je m'excuse, les sondages ont été
publics, vous avez les montants, qu'est-ce que vous voulez que vous n'avez pas?
Mme Cadet : Dans le fond, on
a des montants, mais on n'a pas l'objet des sondages, donc on ne sait pas sur
quels sujets ils ont porté. Donc, on a posé la question lors de la demande de
renseignements particuliers, ça, on nous a refusé la réponse à ces questions.
M. Roberge : O.K. Bien,
merci. Bien, merci d'avoir précisé. On me dit que oui, on va être capable de
sortir les sujets et rendre les sujets des sondages publics. On va vous
transmettre...
Mme Cadet : Est-ce que vous
allez pouvoir les déposer en commission?
M. Roberge : Oui, oui. Bien,
quand on dit : On va les rendre publics, ça veut dire qu'on va les déposer
en commission.
Mme Cadet : Oui, bien sûr.
M. Roberge : Il n'y a pas
d'enjeu.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Rapport sur l'évolution des programmes de francisation. Je vous amène à la
demande de renseignements de l'opposition officielle, page 35, pour
l'OQLF. On... Donc, on propose donc la date prévue de réalisation du rapport
concernant l'évolution des programmes de francisation et de conformité requis
par l'article 161.1 de la Charte. On nous indique ce que dit l'article 161.1,
mais sans répondre plus amplement. Est-ce que vous pouvez nous donner une idée
de quand sera rendu public le rapport concernant l'évolution des programmes de
francisation et de conformité?
M. Roberge : Permettez à ce
que Mme Malack puisse répondre dans le détail?
Mme Cadet : Bien sûr, oui,
consentement.
M. Roberge : Merci.
Le Président (M. Fortin) : ...
Mme Malack (Dominique) : Est-ce
que je dois m'identifier à nouveau?
Le Président (M. Fortin) : Non,
ça va.
Mme Malack (Dominique) : Donc,
ce qui est prévu par le... la loi, c'est qu'on dépose au 30 avril le
rapport quinquennal au ministre. Le ministre a ensuite 30 jours pour le
déposer à l'Assemblée nationale. Donc, nous serons dans les délais prescrits.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Rapport annuel de gestion 2022-2023 de l'OQLF, donc le dernier publié, en
faisant donc une lecture attentive, donc on constate un nouveau record de
plaintes à l'égard, donc, de possibles manquements à la Charte, en
page 14, donc, du document, une hausse de 145 % des plaintes en cinq
ans, soit le niveau le plus élevé des 15 dernières années. Est-ce que le
ministère ou l'OQLF dispose des données concernant le nombre de plaignants
uniques et la répartition régionale de ces plaintes?
• (12 h 10) •
M. Roberge : On a des
informations pour savoir s'il y en a qui se sont plaints plusieurs fois. Il me
semble avoir vu cette information-là. Est-ce que vous avez ça, Mme Malack, la
présidente?
Mme Malack (Dominique) : Oui.
On va vous la fournir. Laissez-moi juste un petit moment, on va la déposer.
M. Roberge :
Ah! O.K. Juste un petit moment.
Le Président (M. Fortin) : ...la
question de consentement.
M. Roberge : On a... On me
dit que les régions, c'est disponible sur le site web, donc on peut les trouver
directement sur le site web, par région. Ensuite...
Mme Cadet : Le nombre de
plaignants uniques.
M. Roberge : On va être
capable de trouver ça. 80 % des plaignants sont des plaignants uniques.
Mme Cadet : O.K., d'accord.
M. Roberge : Donc, pour ceux
et celles qui penseraient que c'est quelques personnes ultramilitantes, là, qui
gonfleraient les chiffres.
Des voix : ...
Mme Cadet : Parfait. Est-ce
qu'on peut avoir de dépôt en commission?
M. Roberge : Donc, 80 %,
plaignants uniques, 97 %, quatre plaintes et moins.
Mme Cadet : Merci. Est-ce
qu'on peut déposer le document en commission aussi, s'il vous plaît?
M. Roberge : Bien là, la
réponse est donnée. Le document, c'est la réponse : 80 %, 97 %.
Mme Cadet : Ah! O.K.,
d'accord. Il n'y a pas de document... Merci. La lecture...
M. Roberge : Tout est écrit.
Mme Cadet : Merci. La lecture
des documents, donc, nous apprend aussi que 1 735 plaintes, soit 25 %
de plus... 25 % de toutes les plaintes, donc, étaient non fondées ou
irrecevables l'an dernier, 817 plaintes non fondées de plus que l'an
dernier. Qu'est-ce qui explique ce phénomène? Est-ce que vous l'avez documenté?
M. Roberge : Bien, je pense
qu'on revient, et c'est... Comme on dit en français, tout est dans tout. Parmi
vos dernières questions, on revient aux premières, la publicité sur le faucon
et tout ce qu'on a fait pour susciter le grand réveil national. S'il y a autant
de personnes maintenant qui n'acceptent pas d'être simplement accueillies dans
une autre langue que le français ou servies dans une autre langue de français,
si dans les sondages d'opinion aussi, on voit que les Québécois sont mobilisés
pour la langue française, bien, c'est d'abord, il faut le reconnaître, parce
qu'il y a un enjeu, il y a eu un déclin, mais aussi parce que nous en avons
parlé, parce qu'on a eu une campagne de publicité qui est importante. Puis j'ai
fait plusieurs fois dans mes entrevues des appels aux gens en disant :
N'acceptez pas ça, portez plainte, allez-y, dites-le.
Mme Cadet : Je comprends, M.
le ministre.
M. Roberge : Je sais qu'il me
reste juste quelques secondes.
Mme Cadet : Oui.
M. Roberge : Je veux
compléter juste en disant qu'il y a eu une petite erreur qui s'est glissée tout
à l'heure par rapport aux travaux du Groupe d'action pour l'avenir de la langue
française...
M. Roberge : ...vous aviez mentionné
qu'il y avait eu seulement quatre rencontres, mais, en réalité, il y en a eu
sept, parce qu'on est sur deux années financières, sept rencontres complètes du
groupe d'avenir... le quatre m'était resté en tête, je me disais : Ça ne
se peut pas, plus d'autres rencontres juste de sous-ministres, plus des
bilatérales, etc., des rencontres de cabinet. Donc, voilà. Je pense, c'est
important de le préciser.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Mais, juste pour confirmer ici, vous dites que la publicité du faucon
pèlerin, donc, a mené, donc, à une hausse des plaintes non fondées?
M. Roberge : Non. Des
plaintes non fondées? Ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis, c'est que ça
contribue...
Mme Cadet : Oui, bien, c'est
parce que la question ici portait là-dessus, oui. Ma question portait
là-dessus.
M. Roberge : ...ce que je
dis, c'est que l'action gouvernementale, pas juste le faucon, là, ça a commencé
même dans le précédent gouvernement, avec l'actuel ministre de la Justice, qui,
en déposant la loi 96, a ramené vraiment la question de la langue française de
l'avant, et nous avons continué, et il y a eu plusieurs appels aux Québécois...
Mme Cadet : Je comprends.
Merci.
M. Roberge : ...en
disant : Écoutez, lorsque vous n'êtes pas servis en français ou accueillis
en français, vous devez l'exiger, vous devez porter plainte. Faites-vous
entendre.
Mme Cadet : Merci. Je
comprends. Rapport annuel de gestion, toujours, de l'OQLF, page 25. On trouve
des informations sur le taux de croissance, donc, d'entreprises conformes en
matière d'affichage public. La cible a été atteinte en 2020-2021. On arrête de
suivre le tout. Pourquoi est-ce qu'on cesse de suivre l'état de situation? Il
ne faudrait pas plutôt continuer de le faire, nous assurer qu'on demeure... que
la cible demeure atteinte?
M. Roberge : Je... On
vérifie, mais je ne crois pas qu'on a arrêté de suivre ça, c'est juste qu'on ne
peut pas... on ne le suit pas, là, en continu, je pense, à chaque mois. On va
trouver la réponse.
Juste sur les plaintes aussi, en réalité,
le pourcentage de plaintes non fondées ou irrecevables est stable, donc c'est
toujours de 20 % à 25 %. Donc, c'est sûr que 20 % de 100, c'est moins
que 20 % de 1 000. Donc, vous pouvez dire : Il y a de plus en
plus de plaintes non fondées, mais, en pourcentage, en proportion, ça reste
identique.
Pour ce qui est... On est en train de
trouver la réponse à votre dernière question, là, pour ce qui est de...
Mme Cadet : Merci.
M. Roberge : ...la
vérification de la conformité de l'affichage.
Mme Cadet : Rapidement, Plan
stratégique 2023-2027 de l'OQLF, la page 11 témoigne des objectifs en matière
du taux de croissance du nombre d'organismes de l'administration qui ont un
certificat, une attestation de conformité. La situation est de 84 % en fin
de période, on vise d'être rendu à 94 %. Pourquoi pas un taux, un objectif, une
cible de 100 %?
M. Roberge : À la fin?
Mme Cadet : Oui, c'est ça. On
dit, donc, une cible de 94 %. On vise d'être rendu à 94 % à la fin de
la période, en 2026-2027.
M. Roberge : Oui, mais, en
2026-2027, là, la terre n'arrêtera pas de tourner, on va continuer, on va
vouloir se redonner un élan puis aller plus loin. Mais se mettre une cible qui
serait déraisonnable, ça serait juste nous placer en situation d'échec. Donc,
je pense qu'il faut voir ça par paliers...
Le Président (M. Fortin) : Je
vous remercie...
M. Roberge : ...atteindre le
palier, puis continuer.
Le Président (M. Fortin) : Je
vous remercie, M. le ministre. Mme la députée, votre bloc d'échange est
terminé. Je me tourne, pour un dernier bloc, vers le député de Saint-Jean. M.
le député.
M. Lemieux : Pour combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Fortin) : ...minutes
58 secondes.
M. Lemieux : Merci, M. le
Président. Salutations, tout le monde, en cette fin de crédits. On va terminer
avec ces quelques questions. Le ministre vient de dire : Tout est dans
tout. Effectivement. J'ai l'impression qu'on a fait le tour du sujet pour être
revenus au début. Mais j'aurais... avec votre permission, M. le Président, et
le consentement des collègues, j'aurais une question, pour commencer, pour la
nouvelle présidente-directrice générale de l'OQLF, Mme Malack, qui a déjà eu la
permission de parler. Consentement, M. le Président?
Des voix : Consentement.
M. Lemieux : Merci, M. le Président.
D'abord, Mme Malack, félicitations. Bienvenue à l'OQLF. Vous n'êtes sûrement
pas trop dépaysée par rapport au sujet. C'est les rouages que vous allez...
auxquels vous allez vous habituer. Donc, bon mandat.
Mme Malack, on apprenait en juillet dernier...
et l'affaire remonte en 2020, vous allez me pardonner d'avoir gratté un peu,
mais il me semble qu'il y a à boire et à manger là-dedans, dans cette histoire
un peu abracadabrante. Donc, en 2020, ce qu'on a appris l'été dernier, il y a
une femme victime d'une agression sexuelle qui avait été refusée à l'hôpital
général de Montréal sous prétexte qu'elle ne parlait pas anglais. Vous avez...
l'OQLF, vous n'étiez pas encore là, mais l'OQLF, à l'époque, avait annoncé
déclencher une enquête pour savoir ce qui avait réellement pu se passer à
l'hôpital.
Donc, questions simples : L'enquête
est-elle terminée? Quelles ont été les étapes? Comment avez-vous procédé? Et
pouvez-vous nous partager... partager avec nous certains des constats au bout
du compte et au bout de l'enquête?
Mme Malack (Dominique) : Oui,
merci. Oui, l'enquête a été réalisée. Elle est terminée. Voici quelques
éléments qui en sont ressortis, puis je vous dirai ensuite en quoi a consisté
l'enquête.
Donc, la raison pour laquelle... la raison
principale pour laquelle la victime d'agression n'avait pas pu obtenir les
soins à l'Hôpital général de Montréal était liée à l'application d'un protocole
en matière d'agression sexuelle qui visait...
Mme Malack (Dominique) : ...à
réorienter les victimes vers des établissements déterminés selon leur langue.
Plutôt que d'offrir le service dans chaque établissement dans la langue de leur
choix. Donc, l'application par l'hôpital général du protocole, sans que soit
prise en compte son obligation d'assurer les services en français, ça allait
évidemment à l'encontre des exigences prévues dans la Charte de la langue
française. Et l'hôpital, donc, n'aurait pas respecté les procédures qui
prévoient que le service doit être explicitement offert à la victime et que sa
réorientation vers un autre centre désigné doit faire l'objet d'un consentement
préalable. La capacité du personnel de l'hôpital à offrir le service en
français n'était pas nécessairement en cause.
Donc, au niveau des... de l'inspection,
elle a eu lieu entre le 21 et le 26 juillet 2023. Ces inspections-là, ces
cinq inspections ont eu lieu à différents moments de la journée et de la
semaine, y compris soir et fin de semaine. Dans le cadre aussi de son enquête,
l'Office s'est entretenu avec les représentants du CUSM du MSSS et du Centre
pour victimes d'agressions... sexuelles, pardon. Et ce qui en a découlé, c'est
la modification du protocole en matière d'agression sexuelle, de même que des
rappels à l'ensemble du personnel quant à leurs obligations. Donc, voilà le
premier résultat.
Toutefois, l'Office a jugé bon, parce que
c'était une situation quand même sérieuse, de faire de nouvelles inspections au
printemps 2024. Donc, cinq nouvelles inspections ont été réalisées entre
le 3 et le 14 avril pour vérifier à nouveau la disponibilité du service en
français. Comme dans le cas précédent, c'étaient des inspections où nous
n'avons pas prévenu à l'avance le centre hospitalier que nous irions. Et elles
se sont déroulées là encore de jour, de soir, de fin de semaine ainsi que de
nuit, et elles ont pu confirmer que le service était disponible à tout moment.
Donc, le bon protocole était appliqué et il y a eu une orientation
ministérielle qui a été produite le 30 novembre dernier par le ministère
de la Santé et des Services sociaux, qui précisait que les services des centres
désignés doivent être offerts aux victimes sans distinction de leur langue.
Voilà.
• (12 h 20) •
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme Malack. M. le ministre, si, avant de terminer, on revenait sur quelque
chose qui a été abordé par le député de Matane-Matapédia, et je voudrais
presque continuer là où il est arrêté, mais on va quand même le mettre un petit
peu en contexte. C'est les cégeps anglophones avec le projet de loi n° 96
qui est devenu la loi 14. On va s'entendre, là, c'est dans la continuité
de tout ce qui avait été adopté pour les cégeps, une réforme importante parce
qu'on prévoyait de nouvelles obligations, pas seulement pour les cégeps, mais
pour les étudiants aussi. Une des obligations, moi, qui m'intéressaient
beaucoup au moment de l'étude du projet de loi, c'est réussir trois cours de
français pour les étudiants au cégep anglophone et réussir l'épreuve uniforme
de français.
La première année, parce que ça fait quand
même un bout de temps qu'on a adopté ça, la première année
d'opérationnalisation de ces nouvelles... ces nouvelles façons de faire et ces
nouvelles façons d'être diplômés aussi, on est dedans. Qu'est-ce que vous en
savez de comment ça fonctionne? On nous avait prévu la fin du monde, là, au
début, quand on avait proposé ça. Comment ça se passe? Comment est-ce que vous
sentez que ça se passe? Et est-ce qu'il y a des ajustements à apporter? Bref,
où on en est maintenant que c'est en train de se faire?
M. Roberge : Merci bien. La
loi 96, la Loi sur la langue commune et officielle du Québec, le français
a plusieurs éléments : l'affichage, la langue de travail, la création du
commissaire à la langue française, des... des choses pour les entreprises
assujetties... les entreprises assujetties à la Charte fédérale, à la loi. Mais
les obligations de francisation pour les entreprises de 25 à 49 employés
et le collégial, les cégeps. Nous sommes à l'an un de l'implantation graduelle
en ce moment. Et effectivement, chaque fois qu'on relève la tête, qu'on a un
peu d'ambition, il y a des gens pour dire que ça va être la catastrophe, que
c'est impossible. C'est comme la chanson de Claude Dubois, là, tu ne peux pas,
tu n'as pas le droit, tu n'as même pas le droit d'être là, tu parles, n'importe
quoi. Ça va dans cette direction-là. Et habituellement, ce sont les mêmes
personnes qui nous font toujours ces commentaires...
M. Roberge : ...et ça
fonctionne, M. le Président, ça fonctionne. Ça n'a pas été facile, c'est sûr,
c'est... ça a demandé des exigences dans le réseau collégial, mais on a ramené
une légère diminution. On a ramené le taux de fréquentation des cégeps
anglophones à 17,5 % maximum de tout le réseau collégial. Et c'est
important de comprendre que ça compte le préuniversitaire, ça considère aussi
les D.E.C. techniques. Pourquoi c'est si important? Bien, c'est parce que c'est
en croissance depuis plusieurs années. Puis à un moment donné, quand c'est en
croissance, arrive une tendance, puis on ne sait pas où ça va s'arrêter. Puis
il fallait mettre mettre... mettre un holà!
La loi est claire, maintenant, dans le
réseau collégial, le nombre d'étudiants est plafonné. Ils doivent aussi prendre
des cours en français ou de français, et la plupart doivent aussi réussir
l'épreuve uniforme de français. Ce qui a envoyé aussi un message aux
commissions scolaires anglophones, le primaire et secondaire. Parce que, dans
le réseau, que je connais assez bien, l'éducation, ils nous disaient :
Nous, là, on est pas mal bons, on est pas mal bons, on forme des gens qui sont
bilingues dans le réseau anglophone. Puis ça fonctionnait. Ils ne voulaient pas
se remettre en question, tout était parfait. Jusqu'à ce qu'on leur dise :
Bien, vos élèves bilingues, là, c'est parfait, ils vont réussir le test de
français. Ils ont dit : Bien non, voyons donc, jamais ils ne vont réussir
les tests de français. Ah! Bon, bien, alors, qu'est-ce qui arrive, c'est qu'on
est venu aussi amener une réflexion dans les commissions scolaires anglophones
pour rehausser leur niveau d'enseignement du français au primaire et au
secondaire, ce qui est un bénéfice non négligeable de ce qu'on a fait au
collégial. Donc, ça, on n'en parle pas assez, mais moi, je sais que ça bouge en
ce moment dans les écoles primaires et secondaires du réseau anglophone. Et
c'est tant mieux. C'est des personnes qui vont être mieux... mieux outillées
pour prendre leur place dans le Québec puis dans le marché du travail.
M. Lemieux : Il a beaucoup
été question des francophones hors Québec au cours des derniers jours dans une
certaine couverture de presse. Ce n'est pas là que je m'en vais, mais en même
temps, ça fait partie du portrait global. Je suis d'ailleurs votre adjoint
parlementaire à la francophonie canadienne. Et il y a quelque chose de
particulier. La troisième fois était la bonne pour l'adoption des... de la Loi
sur les langues officielles à Ottawa, C-13. Et, à ce moment-là, tout le monde
avait des raisons de vouloir que ça passe ou pas. Et il y avait eu une alliance
assez forte à l'époque entre vous, donc le Québec, et les francophones du reste
du pays pour passer au travers. Effectivement, on y est arrivés. On y est non
seulement arrivés, mais avec des gains considérables. Ça n'a peut-être pas eu
au Québec, en tout cas au sens où les Québécois le comprenaient, ça n'a
peut-être pas eu l'écho que ça représentait par rapport aux gains que vous avez
réussi à faire à ce moment-là pour renforcer la défense du français, pas
seulement partout au Canada, mais partout au Québec. C'est quoi, ces gains-là?
Comment... Comment est-ce qu'après-coup maintenant, vous aviez beaucoup parlé à
l'époque de l'effet miroir, et puis on était en train de travailler... de finir
d'installer et de mettre en œuvre ce que le projet de loi n° 96 nous avait
donné, ça fait qu'on était un peu perdus là-dedans. Moi, ça m'intéresse, il
vous reste encore le temps de m'expliquer en détail c'est quoi, les gains du
Québec dans cette nouvelle loi, C-13, du gouvernement du Canada sur... donc, la
Loi sur les langues officielles, la LLO, comme on l'appelle à l'interne.
M. Roberge : À l'échelle des
relations canadiennes puis de la francophonie canadienne, c'est probablement le
plus grand gain depuis quelques décennies d'avoir réussi à faire changer la loi
sur les langues officielles pour y insérer des références très claires et très
nettes à la Charte de la langue française. Beaucoup disaient que c'était
impossible. Mais, à ces gens-là, je dis : Ceux qui croient que c'est
impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui sont en train de le faire. Et
c'est pour ça qu'on a persévéré, qu'on a fait des discussions à la fois avec
les libéraux fédéraux, mais aussi avec le NPD, avec le Bloc, puis avec les
conservateurs, parce qu'autour de la table, hein, une commission parlementaire
à Ottawa, un peu comme ce qu'on fait ce matin, ce n'est pas tout le monde qui
était d'accord. Il y en a qui voyaient ça comme une menace. Il a fallu les
rassurer aussi. Ça n'enlève absolument rien aux Franco-Manitobains ou aux
Franco-Albertains, etc. Et il y avait un gain très, très, très important qui
est de pouvoir assujettir de manière très claire les entreprises à charte
fédérale à la Charte de la langue française. Puis on l'a réussi parce qu'en
même temps on négociait avec Ottawa, avec tous les partis, bien, on faisait un
grand travail, au cabinet, mais aussi à l'OQLF...
M. Roberge : ...vraiment
souligner le travail de l'OQLF là-dedans pour communiquer une par une avec les
entreprises qui au départ étaient récalcitrantes pour qu'elles s'inscrivent
dans une démarche de francisation de l'Office québécois de langue française, ce
qui du coup légitimait notre institution phare pour la langue française et la
Charte de la langue française parce qu'il y avait une certaine reconnaissance que
c'était possible.
M. Lemieux : Je veux quand
même parler des francophones du reste du pays, dans la mesure où je vois le
directeur du CFA derrière vous, Sylvain, et que c'est le 15e0 anniversaire
cette année de ce petit bijou méconnu ou mal connu malheureusement pour les
Québécois. Mais c'est en plein milieu du Vieux-Québec, en plein cœur, c'est à
côté de la basilique. Et, pour le reste des francophones, pas seulement du
Canada, mais des Amériques, c'est un phare, mais véritablement un phare exceptionnel.
Alors, je voulais terminer là-dessus parce que c'est... tout est dans tout,
comme vous disiez. Quand on a l'écho qu'on a des francophones du reste du
Canada ces jours-ci dans les journaux, on se dit... ou dans certains journaux,
on se dit : Mon Dieu! C'est-tu rendu comme ça? Moi, j'ai passé 20 ans
de ma vie dans le reste du Canada anglais, et ce que je lis n'est pas étranger
à ce que j'ai vécu. Il faut croire que plus ça change, plus c'est pareil,
malheureusement. Mais ça n'empêche pas qu'on fait des gains. Et, dans les gains
dont vous parliez au sujet de la loi sur les langues officielles,
politiquement, il y a aussi eu, et ça a été assorti d'un ajustement du nombre
de... d'immigrants, pour l'immigration canadienne dans le reste du pays, de francophones.
Et finalement, non seulement cette année, ça a été une grosse année, ils ont
adopté la loi 113... C-13 l'an dernier, mais ils ont atteint la cible de
4 % d'immigrants francophones dans le reste du pays. Je pensais que
c'était quelque chose à souligner, moi, en plus du 15e anniversaire du
CFA, bien sûr.
M. Roberge : Il reste?
Le Président (M. Fortin) : Très
peu de temps, M. le ministre.
• (12 h 30) •
M. Roberge : Très peu de
temps. Juste souligner aussi que dans l'adoption de la nouvelle loi sur les
langues officielles, il y a un engagement, puis il y a un engagement phare du
gouvernement fédéral à offrir davantage de services aux francophones aussi, là
où le nombre le justifie, mais c'est beaucoup plus étendu. En réalité, les
francophones hors Québec ont gagné aussi parce qu'il y en a qui ont essayé
d'opposer le Québec aux francophones hors Québec. Mais c'est une vieille toune
qu'on ne veut plus entendre. On est capables maintenant de travailler ensemble,
et je pense que ça s'est... ça s'est concrétisé avec la loi sur les langues
officielles, puis on va continuer de le faire vivre à partir d'ici aussi.
M. Lemieux : Merci... M. le
ministre.
Le Président (M. Fortin) : Je
vous remercie, Messieurs, pour cet échange. Le temps alloué à l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille langue française étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Est-ce que le
programme un intitulé Langue française est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Fortin) : Sur
division. Finalement, est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille langue française pour l'exercice financier 2024-2025 est
adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Fortin) : Sur
division. Nous avons pris connaissance des documents transmis par la députée de
Bourassa-Sauvé, et le dépôt en est autorisé. Dans le cas des motions
transmises, je tiens cependant à dire qu'il s'agit de documents de travail dont
le texte final peut avoir varié. Je dépose également les réponses aux demandes
de renseignements des oppositions.
Et, compte tenu de l'heure, la Commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 h 30, où elle entreprendra l'étude des
crédits budgétaires du volet culture et communications du portefeuille Culture
et Communications. Je vous remercie tous et toutes pour votre engagement.
Merci.
(Fin de la séance à 12 h 31)