Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 5 octobre 2023
-
Vol. 47 N° 19
Étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique et édictant la Loi sur l’Institut national d’excellence en éducation
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12 h (version non révisée)
(Douze heures sept minutes)
La Présidente (Mme Tremblay) : Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
Donc, la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant la loi sur l'Institut
national d'excellence en éducation.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata) est remplacée par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont), par Mme Garceau
(Robert-Baldwin).
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Merci. Je vous rappelle que nous étudions le projet de loi n° 23 par
sujets. Nous en... nous avons... nous en sommes au sujet intitulé Les données.
De façon plus précise, lors de l'ajournement de nos travaux d'hier, nous
allions étudier l'article 61. Pour l'étude de cet article, je propose que
chaque article introduit par l'article 61 soit lu et étudié un à la fois,
parce qu'il y a plusieurs articles. Une fois que chaque article aura été
étudié, nous procéderons à l'adoption de l'article 61 dans son ensemble. M.
le ministre, je vous invite dès maintenant à faire la lecture de l'article 61.
M. Drainville : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je salue les collègues. Bonjour, mes amis.
Je salue les équipes qui nous accompagnent, les deux sous-ministres, M. le
juriste légiste, les deux, hein, on peut dire les deux, et votre équipe, n'est-ce
pas? Et je salue la députée de Robert-Baldwin qui va nous accompagner aujourd'hui.
Alors, on va passer quelques heures ensemble. Alors, je nous souhaite des
travaux constructifs et une belle collaboration comme celle que nous avons
jusqu'à maintenant depuis les débuts de cette commission parlementaire. Alors,
allons-y sans plus tarder.
L'article 61. Alors : Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'article 5, de la section suivante :
«Section II. Renseignements en
éducation.
«5.1. Le ministère de la Famille, des
Aînés et de la Condition féminine ou le ministère de la Santé et des Services
sociaux, lorsqu'il détient des renseignements dont la nature est reliée aux
fonctions du ministre, communiquent à ce dernier les renseignements non personnels
qu'il demande et qui sont nécessaires à l'exécution de ses fonctions.»
• (12 h 10) •
Cet article propose d'abord d'insérer dans
la loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport une section II
ayant pour intitulé Renseignements en éducation et comprenant les articles 5.1
à 6.17 proposés par le projet de loi. L'article prévoit ensuite que le
ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine ou le ministère
de la Santé et des Services sociaux, lorsqu'il détient des renseignements dont
la nature est reliée aux fonctions du ministre, communique à ce dernier les
renseignements non personnels qu'il demande et qui sont nécessaires à l'exécution
de ses fonctions. Voilà.
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
alors je donne maintenant la parole à l'opposition.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, moi aussi, également...
Mme Garceau : ...ça va être
ma première fois, dans cette commission parlementaire, en tant que porte-parole
en éducation. Je suis porte-parole en relations internationales, protection de
la jeunesse et condition féminine. Et j'aimerais, avec votre permission, Mme la
Présidente et M. le ministre, parce qu'aujourd'hui c'est quand même une journée
assez importante et spéciale, c'est la Journée mondiale des enseignants et des
enseignantes, qui a été proclamée par l'UNESCO en 1994. Et je crois que nous
prenons... nous pouvons prendre ce moment, cette opportunité pour souligner le
travail acharné et important de nos enseignants et de nos enseignantes dans
notre réseau scolaire. Et tout le travail, l'appui indéfectible, de façon
quotidienne, qu'ils donnent à nos enfants, nos élèves.
Et je sais que qu'est-ce qui est très,
très important, puisque j'étais aussi porte-parole pour un certain nombre de
mois, au niveau du ministère de la Famille et la valorisation de la profession,
que ce soit en petite enfance, que ce soit au secondaire, postsecondaire, c'est
tellement un élément important. Et je crois qu'aujourd'hui c'est vraiment une
belle opportunité de le mentionner, de le souligner, et que la valorisation
pour... de nous tous, tous les Québécois et les Québécoises, nous valorisons
beaucoup nos enseignants, nos enseignantes. Ils sont vraiment, pour les élèves,
des personnes importantes dans leur vie. Et j'ai eu l'expérience moi-même. J'ai
deux enfants qui ont 25 ans et 22 ans, et je sais que leurs parcours, leurs
chemins, peut-être, auraient pris, peut-être, une voie différente n'eût été
pour les conseils de certains enseignants et enseignantes et surtout les
conseillers, les conseillères en orientation. Donc pour ça, je les remercie.
Donc, je voulais... je ne sais pas, M. le
ministre, si vous voulez...
M. Drainville : Bien sûr.
Mme Garceau : ...prendre la
parole pour souligner le moment important.
La Présidente (Mme Tremblay) : ...
M. Drainville : Oui,
absolument. C'est une excellente idée, Mme la députée de Robert-Baldwin. Oui,
bien oui, j'ai fait un petit message, là, sur Facebook et sur Twitter bientôt,
si ce n'est pas déjà fait, pour souligner justement cette journée-là. Puis
effectivement... bien, le sens de mon message, moi, c'était de dire... de les
remercier, nos enseignantes et nos enseignants, pour la différence qu'ils font
dans la vie de nos enfants. Et on a tous été marqués par certaines enseignantes
ou enseignants, j'en ai parlé plus tôt dans les travaux de cette commission, et
donc c'est une très bonne idée que nous prenions quelques minutes pour dire
merci, Mme la Présidente.
Vous avez, d'ailleurs, été vous-même une
enseignante, n'est-ce pas, en mathématiques, si je me rappelle bien, ou en...
La Présidente (Mme Tremblay) : En
sciences, secondaire quatre et cinq, effectivement.
M. Drainville : En
sciences...
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui.
M. Drainville : ...pardonnez-moi.
Mais vous étiez bonne en maths pour enseigner en sciences.
La Présidente (Mme Tremblay) : Sûrement.
M. Drainville : Alors,
prenons un moment, effectivement, des travaux de cette commission pour dire à
nos enseignants et à nos enseignants : Merci beaucoup pour le travail que
vous faites auprès de nos enfants. Moi, je visite les écoles, comme vous le
savez, et puis je vois le niveau de... je vois le sens de l'engagement qui vous
anime. Je vois l'amour des enfants que vous témoignez au quotidien. Je vois
aussi les difficultés auxquelles vous faites face. Puis je sais qu'il y a des
jours où ce n'est pas évident, mais je veux juste que vous sachiez à quel point
nous sommes reconnaissants pour le travail que vous faites en éduquant nos
enfants, en leur donnant confiance, en les sécurisant, en les faisant sourire,
parfois, en faisant en sorte qu'ils soient bien dans leur peau, qu'ils se
sentent en sécurité, en les apprenant... en leur apprenant à jouer, à s'amuser,
en leur partageant l'amour de la connaissance dans tous les domaines.
Alors, vous faites un bien immense à notre
société. Vous êtes très importants, parce que vous êtes au cœur de ce qu'on dit
être la mission la plus importante, la plus fondamentale, la base de tout même,
on dit ça, parfois, de l'éducation qu'elle est la base de tout. Et, au cœur de
cette fondation, il y a vous...
M. Drainville : ...tous les
enseignantes et des enseignants. Alors, merci beaucoup pour ce que vous faites,
mais, si je peux me permettre, Mme la Présidente, je me permets de le dire au
nom des enfants que vous... à qui vous enseignez et au nom de leurs parents
également. Je pense que je peux, de concert avec mes autres collègues ici,
dire : Au nom des enfants et de leurs parents, merci beaucoup, chers
enseignantes et enseignants. Voilà.
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
merci de chaque côté, vous avez livré vraiment un message touchant aux
enseignants, aux enseignantes. Je vous en remercie. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 5.1? Allez-y.
Mme Garceau : Mme la
Présidente, pour débuter, c'est sûr que nous commençons l'étude d'un chapitre
qui est très important parce qu'on parle des renseignements en éducation et on
parle de matières... compte tenu des détails et de la révision que j'ai faite
des articles, de tous les sous-articles, parce qu'il y en a quand même... les
sous-paragraphes, 18 sous-paragraphes. Donc, c'est très long en termes
d'études qui démontrent évidemment l'importance de cette section, de ce
chapitre et parce que ça peut toucher la vie privée, la vie privée non
seulement des élèves, mais aussi des parents et du personnel du réseau
scolaire. Et donc j'apprécie énormément le fait que nous allons faire l'étude
de ce grand chapitre d'article en l'article.
Et, pour commencer, je voulais comprendre,
parce qu'il y a d'habitude une logique dans la détermination d'où on va
mettre... ou où on va commencer un certain chapitre dans un texte de loi. Et je
regardais évidemment préalablement à l'article 5.1, l'article cinq qui
parle que « le
gouvernement peut, aux conditions qu'il détermine, autoriser le ministre à
organiser, administrer et exploiter, seul ou avec d'autres, des établissements
d'enseignement dans les domaines de sa compétence ».
Deuxième paragraphe, on parle même d'expropriation de bâtiment. Et donc,
d'entrée de jeu, je tente de comprendre pourquoi est-ce que vous avez jugé bon
de... cette section de renseignements en éducation de l'insérer après ou sous
l'article 5.1, qui, d'après moi, ne devrait pas découler suite à l'article
cinq, au niveau de la logique des choses.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Comme c'est
une question, je dirais, de structure juridique de la loi, Mme la Présidente,
je demanderais le consentement de la commission pour que notre juriste légiste
Alexandre Guyon Martin puisse nous offrir une explication.
La Présidente (Mme Tremblay) : Consentement?
Mme Garceau : Consentement.
La Présidente (Mme Tremblay) : Je
vais vous demander de vous identifier, s'il vous plaît.
• (12 h 20) •
M. Guyon Martin (Alexandre) : Oui.
Alexandre Guyon Martin, avocat pour le ministère de l'Éducation. Comme ma
collègue l'a expliqué hier, en fait, c'est qu'on insère toute une section qui
concerne les renseignements en éducation. Donc, dans ce contexte-là, on avait
l'article 59 où il avait été ajouté, avant l'article 1, « responsabilités du ministre ». Donc, on regroupe les
premiers articles jusqu'à cinq, sous ce couvert-là. Ensuite, on va donc avoir « renseignements en éducation » qui va couvrir tout ce qu'on
va ajouter avec l'article 61, donc, qui va jusqu'à l'article 6.17,
puis ensuite on arrive à avant l'article sept. Donc, tout ce qui va de 7
jusqu'à la fin, on va parler à ce moment-là d'organisation du ministère. Donc,
c'est la structure qu'on propose pour la loi. Donc, ces trois grands... ces
trois grandes sections là.
Mme Garceau : Donc, si je
commence avec l'article 5.1, en termes des renseignements en éducation,
premier article, et...
Mme Garceau : ...j'aimerais,
Mme la Présidente, au niveau... j'aimerais avoir certaines explications
concernant l'objectif de cette modification. C'est quoi, l'objectif?
M. Drainville : ...l'objectif,
essentiellement, Mme la Présidente, c'est d'arrimer certaines interventions de
deux ministères aux travaux, aux interventions du ministère de l'Éducation. Je
parle, évidemment, ici, du ministère de la Famille, des Aînés et de la
Condition féminine. C'est, si je peux te dire, l'appellation officielle de ce
ministère. Bon, on sait qu'aujourd'hui on parle d'une ministre de la Famille,
une ministre des Aînés, une ministre de la Condition féminine, mais, dans la
loi constitutive de ces trois ministères, ils sont actuellement un. On parle,
dans la loi, du ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine,
donc ça, c'est un ministère au sens de la loi. L'autre ministère dont nous
parlons, c'est le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Et l'exemple que je vais donner, parce
que, vraiment, si je veux aller à l'essentiel, là, de la réponse... La
disposition qui est sous nos yeux présentement vise à faire en sorte que nous
puissions recevoir des renseignements non personnels, donc non nominatifs, en
provenance du programme Agir tôt du ministère de la Santé et des Services
sociaux pour nous aider à planifier les ressources nécessaires en fonction des
futurs élèves qui vont arriver dans le réseau de l'éducation. Alors, le
programme Agir tôt, petit résumé, c'est un programme, donc, qui vise à dépister
dès l'âge de 18 mois les élèves... pas les élèves, dis-je, les enfants qui
ont des vulnérabilités, si on peut dire. Alors, par «enfants vulnérables», on
peut parler d'enfants qui ont des besoins au niveau de leur maturité affective,
au niveau du développement cognitif ou langagier, des enfants qui ont des défis
au niveau de leurs habiletés en matière de communication et de connaissances
générales, des enfants, également, qui ont des besoins sur le plan de leur
santé physique et de leur bien-être et, finalement, des enfants qui ont des
besoins particuliers en matière de compétences sociales.
Je rappelle... Alors, c'est mon collègue,
Lionel... je pense que je ne peux pas le nommer Lionel, hein, le ministre des
Services sociaux. C'est mon voisin de banquette à l'Assemblée nationale. Et
Lionel m'a déjà expliqué un petit peu comment fonctionnait Agir tôt. Alors, à l'âge
de 18 mois, l'enfant va recevoir un ou ses vaccins, et il y a un premier
dépistage qui est fait à ce moment-là. Et l'objectif, évidemment, c'est de
pouvoir identifier les enfants qui ont des vulnérabilités comme celles que j'ai
mentionnées il y a un instant, et donc d'entreprendre une intervention auprès
de ces enfants-là afin de leur venir en aide, afin, donc, de répondre à leurs
besoins.
Je vous rappelle, Mme la Présidente, que
selon les données de l'enquête québécoise sur le développement des enfants à la
maternelle, ça, ça date de 2017, 28 % des enfants à la maternelle cinq ans
sont vulnérables dans au moins un domaine de développement. Alors, évidemment,
nous, quand on planifie... quand on fait notre planification stratégique, on
essaie de se projeter, c'est pour ça que ça s'appelle une planification, on
essaie de se projeter dans l'avenir et essayer, de cette manière-là, de
planifier des ressources en fonction des besoins des enfants qui vont arriver,
donc, dans le réseau scolaire. Et donc l'idée ici, Mme la Présidente, c'est de
faire en sorte... Je donne l'exemple d'Agir tôt parce que c'est vraiment, je
pense...
M. Drainville : ...l'exemple
le plus parlant, donc, c'est de pouvoir obtenir des données non nominatives,
donc non personnelles, en provenance du ministère de la Santé et des Services
sociaux, en lien, donc, avec le programme Agir tôt de telle manière à ce que
nous puissions, à travers cette collaboration, mieux planifier l'allocation de
nos ressources et mieux réaliser notre planification stratégique.
Alors, on le sait, Mme la Présidente, au
primaire, là, la proportion d'élèves HDAA, donc handicapés ou avec une
difficulté d'apprentissage ou d'adaptation, HDAA, la proportion de nos élèves
HDAA, elle est passée de 11 % au début des années 2000, en 2001 et
2002, à 23 % 20 ans plus tard. Au secondaire, c'est le tiers de nos
élèves qui sont HDAA dans le réseau public. Alors, c'est évident, Mme la
Présidente, que c'est une bonne idée que le ministère de la Santé et des
Services sociaux, d'un côté, et le ministère de l'Éducation, de l'autre,
collaborent de telle manière à ce que les données qui sont colligées, récoltées
et colligées par le ministère de la Santé et des Services sociaux, à travers
notamment le programme Agir tôt, que nous puissions donc avoir accès à ces
données, dans ce cas-ci, données non personnelles, pour mieux faire le travail
que nous faisons déjà.
Et l'objectif, évidemment, c'est toujours
le même, Mme la Présidente, c'est de mettre en place les conditions, les
conditions maximales, les conditions optimales pour permettre aux enfants de
développer leur plein potentiel et soutenir le mieux possible leur
développement global comme enfant. Alors, à travers cette disposition-là, Mme
la Présidente, ce que l'on fait, c'est qu'on encadre une zone de collaboration.
On met en place, dans le fond, une zone de collaboration qui va permettre un
transfert d'informations qui va nous aider, comme ministère de l'Éducation, à
mieux faire le travail que nous faisons déjà. Donc, ça a plein de bon sens, Mme
la Présidente.
Alors, on parle... Je vous parlais de
planification stratégique. Quand on parle de planification stratégique, on
parle à la fois de ressources financières, mais on peut parler également de
ressources professionnelles. Quand on parle des professionnels en matière
d'éducation, évidemment, c'est des personnes qui sont très souvent amenées à
intervenir auprès des élèves qui ont des besoins particuliers. Alors, de
savoir, à partir du programme Agir tôt, encore une fois, c'est un exemple et
c'est un exemple très parlant, de pouvoir voir venir, d'une certaine manière,
la prochaine cohorte, je pense que c'est une bonne idée puis je pense que ça va
être très, très positif. Le fait que les ministères se parlent puis que les
connaissances, les informations puissent cheminer afin d'en faire bénéficier à
nos enfants, je pense que c'est une bonne idée, et c'est exactement ce que
prévoit l'article 5.1.
La Présidente (Mme Tremblay) : Le
ministre a terminé son intervention. Est-ce qu'il y a d'autres interventions de
votre côté? Oui, allez-y.
• (12 h 30) •
Mme Garceau : Je vais
continuer, si vous permettez. Compte tenu des réponses de M. le ministre, qui
sont quand même intéressantes, compte tenu... si je regarde le libellé de
l'article, parce qu'il y a deux choses. Des renseignements, on le dit
clairement, non personnels. Et, Mme la Présidente, ce que je comprends du
ministre, et, à titre d'exemple, si on prend les renseignements qu'il souhaite
cueillir du programme Agir tôt, on ne parle pas de renseignements non
personnels, on est dans le personnel. On est en train d'aller chercher les
renseignements concernant de jeunes enfants avec des besoins particuliers, peut
être question de HDAA, peut être avec des diagnostics, peut être avec des
rapports médicaux qui prennent déjà une certaine médication et...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...des
problèmes, parce qu'Agir tôt est là pour aider aussi les parents, les aider
avec leurs enfants qui ont des problèmes, qui ont des besoins particuliers.
Vous parliez de dépistage des enfants qui ont des vulnérabilités. Le mot «vulnérabilité»,
en soi, est lié à de l'information personnelle. Donc, je tente de concilier, M.
le ministre, avec grand respect... Je comprends les renseignements que vous
voulez aller chercher, mais, lorsqu'on utilise les mots «non personnels», pour
moi, c'est autre chose.
La Présidente (Mme Tremblay) :
M. le ministre.
M. Drainville : Alors, pour
ce qui est des renseignements personnels, Mme la Présidente, c'est une matière
qui a été abordée par le projet de loi n° 3, qui a déjà été adopté, mais
qui n'est pas encore en vigueur. Alors, en vertu de ce projet de loi n° 3,
donc, qui a été piloté par le ministre de la Santé, le gouvernement, et le
ministère de la Santé, en particulier, s'est donné la possibilité de
communiquer des renseignements personnels. Alors, évidemment, la logique étant,
on ne peut pas, comment dire... c'était... La logique, c'est au ministère de la
Santé de nous... de s'autoriser, dans le fond, à nous transmettre l'information.
Comme l'information personnelle se trouve sous l'autorité, sous la
responsabilité du ministère de la Santé, c'était au ministère de la Santé de
nous permettre d'y avoir accès, et donc ça devait venir du ministère de la
Santé, dans le fond, Mme la Présidente, ce qui a été fait par le projet de loi
n° 3.
Et donc le projet de loi n° 3, ce qu'il
va permettre, il va permettre aux organismes scolaires, par exemple, aux
centres de services scolaires, d'obtenir, du réseau de la santé, des
renseignements relativement aux enfants, donc, qui sont visés par la démarche
Agir tôt. Alors, de la façon dont ça va fonctionner, le centre de services
scolaire va solliciter une autorisation de communication de ces renseignements
personnels auprès du gestionnaire délégué aux données numériques
gouvernementales du ministère de la Santé, et là ce sera au gestionnaire...
donc, un peu comme on le fait avec notre propre projet de loi ici... ce sera au
gestionnaire d'évaluer la pertinence de l'information demandée et de l'autoriser.
À ce moment-là, si elle est autorisée, la communication de l'information pourra
se faire. Et ça peut aller assez loin, Mme la Présidente, la communication de l'information
pourrait même porter sur des données qui sont visées par le secret
professionnel, donc c'est très, très vaste.
Et alors, si la question m'est posée par
la députée de Robert-Baldwin, qui est avocate, donc, il y a certainement un
intérêt pour la dimension juridique de l'affaire. Je l'informe que le levier
juridique qui est concerné pour que cette communication-là puisse se faire, ce
levier juridique là, il a été introduit par l'article 80 du projet de loi n° 3.
Donc, en fait, c'est article 80 de la Loi sur les renseignements de santé et de
services sociaux, pour être bien précis, et donc cet article-là de la LSSS, la
loi sur la santé et les services sociaux, se lit comme suit. Alors, je fais
lecture de l'article 80 :
«Une personne ou un groupement visé au
deuxième alinéa peut demander au gestionnaire l'autorisation de recevoir
communication d'un renseignement détenu par un organisme dans l'un des cas
suivants : il est nécessaire à l'application d'une loi au Québec sans que
sa communication, sa transmission, sa divulgation ou toute autre action
permettant de prendre connaissance du renseignement soit prévue expressément
par la loi, il est nécessaire à la réalisation de sa mission ou de son objet, à
l'exercice de ses fonctions ou de ses activités ou à la mise en œuvre d'un
programme dont il a la gestion, sa communication est manifestement au bénéfice
de la personne concernée, sa communication est justifiée par des circonstances
exceptionnelles.
«Peuvent demander une telle autorisation
les personnes ou les groupements suivants : un organisme, un organisme
public au sens de la Loi...
M. Drainville : ...au sens de
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels qui n'est pas un organisme du secteur de la santé
et des services sociaux; un ordre professionnel peut demander une telle
information; ainsi qu'un organisme d'un autre gouvernement.» Voilà.
La Présidente (Mme Tremblay) : Merci.
Aviez-vous d'autres interventions à faire en lien avec l'article 5.1?
Mme Garceau : Oui. Donc,
l'explication de M. le ministre concernant la possibilité d'obtenir les
renseignements - là, on parle... personnels - est déjà prévue dans un projet de
loi qui a été adopté. Donc, là, je reviens à l'article 5.1. Donc, quels seront
ou quels sont les renseignements non personnels que vous souhaitez obtenir en
fonction de cet article?
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre.
M. Drainville : Par
exemple... Alors, on parle, on l'aura compris, là, on parle bien de
renseignements non personnels. Je parlerais de... par exemple d'informations
agrégées, des informations concernant un groupe d'élèves ou une masse d'élèves
en fonction, par exemple, de certains besoins afin de nous préparer à les aider
lorsqu'ils vont arriver dans le réseau scolaire. Tout à l'heure, je faisais la
lecture des différents besoins qui sont concernés par le programme Agir tôt.
Alors, je vous ai parlé de maturité affective, de développement cognitif et
langagier, d'habiletés de communication, de santé physique et de bien-être, de
compétences sociales. Alors, par exemple, de pouvoir savoir, Mme la députée de
Robert-Baldwin, combien d'enfants avec un problème cognitif ou langagier vont
se présenter à la porte des maternelles cinq ans, de le savoir une année ou
deux années d'avance, ou même trois années d'avance, parce qu'Agir tôt commence
à 18 mois, alors, d'avoir une idée de la cohorte qui monte vers nous et qui a
effectivement des défis en matière de langage, bien, ça pourrait nous aider
peut-être à mettre en place des ressources qui vont nous permettre de les
aider.
Alors, évidemment, vous pourriez me répondre :
Oui, mais encore faut-il que les professionnels soient là. Exactement, il faut
s'assurer que les professionnels soient là. La... Comment dire? L'enjeu de la
pénurie, évidemment, se fait sentir. Mais d'être capable de voir venir, ça peut
nous aider à mettre en place des mesures qui vont nous rendre plus efficaces
dans la prestation des services pour venir en aide à ces enfants-là. À tout le
moins, de savoir d'avance, je pense que c'est mieux que de ne pas savoir du
tout. C'est un exemple que je vous donne.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que vous avez d'autres interventions?
Mme Garceau : Oui. Et, juste
à la fin de ce paragraphe, on parle des renseignements non personnels qu'il
demande et qui sont nécessaires à l'exécution de vos fonctions. Donc, quels
sont les renseignements non personnels qui vont être nécessaires à l'exercice
ou l'exécution de vos fonctions? Et est-ce qu'on ne pourrait pas, par - je vais
le suggérer - voie de règlement, définir les renseignements non personnels qui
seront nécessaires à l'exécution de vos fonctions?
• (12 h 40) •
M. Drainville : Oui. Alors,
si vous regardez l'article 60, que nous avons adopté hier, si vous regardez au
paragraphe 7°, «favoriser une gestion et une planification des ressources
affectées au système d'éducation basées sur la connaissance des besoins des
élèves et, à cette fin, recueillir les renseignements nécessaires pour évaluer
ces besoins et...
Mme Garceau : Vous allez trop
vite.
M. Drainville : Alors...
Hein?
Mme Garceau : Vous allez trop
vite.
M. Drainville : Ah!
Excusez-moi.
Mme Garceau : J'étais en
train... Correct.
M. Drainville : Pardon,
pardon. Alors... Oui, oui.
Mme Garceau : Je cherchais
mon article 60.
M. Drainville : Non, non,
c'est bon, c'est bon.
Mme Garceau : Désolée.
M. Drainville : C'est bon.
Non, non, c'est moi qui...
Mme Garceau : O.K., allez-y.
M. Drainville : Alors, si on
retourne donc à l'article 60...
Mme Garceau : Oui, O.K.
M. Drainville : ...septième
paragraphe, donc, vous voyez «favoriser une gestion et une planification des
ressources affectées au système d'éducation fondées notamment sur la
connaissance des besoins des élèves et, à cette fin, recueillir les
renseignements nécessaires pour évaluer ces besoins et...
M. Drainville : ...pour
évaluer ses besoins et procéder à cette évaluation. L'examen... pas l'examen,
excusez-moi, l'exemple que je viens de vous donner, comment dire, est parfaitement
cohérent avec ce paragraphe sept. C'est une... dans le fond, c'est une
application concrète du type d'affectation... du type d'information, dis-je
bien, que nous allons obtenir du programme Agir tôt et qui va nous aider avec
la planification des ressources. Parce que, quand on regarde le septième
paragraphe de 60, on parle de connaissance des besoins, dans ce cas-ci, on
parle des besoins des enfants avec vulnérabilité, recueillir les renseignements
nécessaires. Alors, avec la mise en place de l'article 5.1, on va pouvoir
justement obtenir ces renseignements.
Dans le fond, si je voulais résumer, Mme
la Présidente, 5.1, là, c'est pour favoriser la collaboration entre deux
ministères, en fait, entre trois ministères, dans les faits. D'un côté, il y a
Famille, Aînées et Condition féminine, de l'autre, il y a Santé et Services
sociaux. Et donc, ce qu'on veut, c'est favoriser la collaboration entre
ministères.
Souvent, M.... Mme la Présidente, souvent,
on reproche aux gouvernements, au pluriel, de fonctionner en silo, on
dit : Les machines sont grosses, la main gauche ne sait pas ce que la main
droite fait, etc., on a entendu cette critique-là, je pense, depuis que les
gouvernements existent. Bien, on essaie de surmonter ces obstacles-là en créant
des... j'appellerais ça des couloirs de fluidité, tu sais, de créer des
mécanismes qui vont faire en sorte que les machines, plutôt que de travailler
chacune de leur côté, vont collaborer puis vont échanger l'information à
l'intérieur du cadre juridique, puis c'est ce qu'on est en train d'établir avec
le projet de loi. Et donc l'idée, c'est de faire en sorte qu'on en échappe le
moins possible. C'est bête à dire, mais c'est ça pareil.
Je vais vous raconter une petite anecdote,
je ne pense pas que le ministre des Services sociaux m'en voudrait. On était...
on faisait la file pour aller se faire assermenter pour le Conseil des
ministres, alors on fait... La façon dont ça fonctionne, on sait dans quel
ordre on va être nommé, ça fait qu'on nous place en rang d'oignons, puis on
dit : Bon, bien, toi, tu vas être le premier à être appelé pour ton
assermentation, après ça, toi, tu vas être le deuxième, le troisième et
quatrième, voilà. Et c et d, c'est proche, n'est-ce pas? Mais je ne pense pas
que c'était par... je... C et d, c'est effectivement proche, mais je ne pense
pas que c'était ça, la logique. Il y avait une logique, là, que je serais bien
en peine de vous expliquer, mais bref, j'étais à côté du ministre des Services
sociaux, que je ne connaissais pas, et je commence à discuter avec M. L, et
puis là je dis alors : Écoute, tu sais, tu t'en vas où? Bien là, moi, je
m'en vais aux Services sociaux. Ah oui? Toi, tu t'en vas où? Moi, je vais être
à... Ah oui, tu vas être à l'Éducation à part de ça. Et là on commence à jaser,
et, à un moment donné, il me dit... il dit : Ça n'a pas de bon sens, il
dit : Il faut trouver une manière de faire en sorte que l'information...
qu'on partage l'information, qu'on partage mieux l'information entre le
ministère des Services sociaux — qu'il connaissait déjà de par ses fonctions
pendant le premier mandat — et ton ministère, Bernard.
Bien, c'est un petit peu en réponse à ça,
l'article 5.1, Mme la Présidente. Je ne dis pas qu'il n'y a pas... que ça va
être... comment dire, que ça va régler tous les enjeux de communication qu'on
peut avoir, là, on ne peut pas... tu sais, il faut travailler pour améliorer,
justement, la transmission des renseignements, dans ce cas-ci, non personnel,
pour faire en sorte, justement, que ceux pour qui on est là, c'est-à-dire les
enfants, puissent en bénéficier le plus possible. Alors, tranche de vie, Mme la
députée.
Mme Garceau : C'est
intéressant ce que vous dites. J'aurais pensé qu'entre ministères il y aurait
quand même une certaine collaboration concernant la transmission d'informations
et qu'une disposition législative ne serait pas nécessaire.
M. Drainville : Bien, elle
l'est, malheureusement, Mme la Présidente, il faut avoir un...
M. Drainville : ...législatif
pour, justement, éviter les enjeux d'intrusions dans le monde des
renseignements personnels. C'est une grande préoccupation. Ça a toujours été
une préoccupation, mais à l'ère du numérique, et des réseaux sociaux, et de
l'Internet, et de tout ça...
Alors, cet encadrement législatif, Mme la
Présidente, va, justement, faire en sorte de baliser le transfert de
l'information et faire en sorte, justement, qu'il se fasse d'une manière
continue et qu'on n'ait pas toujours besoin de se demander : Est-ce qu'on
a le droit de faire ça? Est-ce qu'on peut transmettre cette information-là? Il
vaut mieux se poser la question, Mme la Présidente. J'ai dit... Est-ce que j'ai
dit renseignement personnel? Je voulais dire renseignements non personnels dans
ce cas-ci. Mais, même les renseignements non personnels. Mme la Présidente, si
on avait été absolument... s'il n'y avait pas eu de questionnement, on n'aurait
pas senti le besoin d'insérer cette disposition-là. Mais... Vous savez, Mme la
Présidente, il faut agir d'une manière prudente, hein? Avoir une approche
prudentielle, c'est toujours la bonne façon de faire les choses. Il vaut mieux
prévenir que guérir. Et donc, en se donnant cette assise juridique, cette
assise légale, on n'aura pas de questionnement puis on n'aura pas d'hésitation.
On va savoir qu'on a une loi qui fait en sorte, justement, que l'information
non nominative peut être transférée du ministère de la Santé et des Services
sociaux au ministère de l'Éducation.
Mme Garceau : Oui. Vous avez
parlé du programme Agir tôt, qui découle évidemment du ministère des Services
sociaux, votre collègue M. L., mais est-ce qu'il y a d'autres programmes? Parce
que là, je comprends, là, que c'est la loi qui mise, le ministère, on parle
quand même famille, des aînés, condition féminine. Je ne pense pas qu'au niveau
des aînés, condition féminine, il va y avoir des renseignements, dont vous
avez... vous allez avoir besoin, qui vont être nécessaires à l'exercice de vos
fonctions. Donc, à part du programme Agir tôt, est-ce qu'il y a d'autres programmes?
Je crois que ça serait très intéressant de comprendre exactement, là, la portée
de cet article.
M. Drainville : Alors, j'ai
posé précisément la question, Mme la Présidente. Je voyais très bien... Pour ce
qui est de Santé et Services sociaux, je voyais très bien Agir tôt. Dans le cas
du ministère de la Famille, Mme la Présidente, c'est en lien avec les services
de garde, parce qu'Agir tôt est présent à l'intérieur des services de garde,
ils font des interventions dans les services de garde. Donc, si on veut pouvoir
bénéficier à nouveau de renseignements non nominatifs qui sont colligés à
l'intérieur des services de garde et si on veut pouvoir donc qu'ils soient
communiqués du ministère de la Famille au ministère de l'Éducation, il faut la
disposition légale qui est présentement à l'étude. C'est ça, la réponse.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que vous avez une autre intervention à faire?
Mme Garceau : Oui. À part,
donc... Je veux juste continuer. Parce que peut-être qu'il faudrait les
préciser, je vais suggérer. Parce que ça a quand même... l'article a une portée
assez large, parce que ça implique, compte tenu de la loi, vraiment, quatre
ministères, parce qu'il y a aussi le ministère de la Santé. Et donc ma question
c'est : Est-ce qu'il ne serait pas utile de préciser des programmes liés
aux ministères, dont vous avez besoin de renseignement?
• (12 h 50) •
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre.
M. Drainville : Oui. Bien, la
réponse, c'est non, cela étant dit très respectueusement, Mme la Présidente,
parce que ça risque de devenir trop limitatif. Le programme Agir tôt s'appelle
Agir tôt pour le moment. Est-ce qu'il s'appellera un autre nom éventuellement?
On ne le sait pas. Est-ce qu'il y aura d'autres programmes qui viendront en
aide aux clientèles vulnérables et qui pourraient s'ajouter à Agir tôt?
Possiblement...
M. Drainville : ...ce qu'on
veut créer, Mme la Présidente, c'est une passerelle de collaboration, et on ne
veut pas limiter cette passerelle-là à un programme qui existe maintenant, en
2023. On ne peut pas savoir où est-ce qu'on en sera dans deux ans, dans cinq
ans, dans 10 ans. Ce qui est important, Mme la Présidente, c'est que ce qu'on
met en place auprès de la toute petite enfance puisse nous aider à mieux aider
l'enfant lorsqu'il va entrer dans le réseau scolaire. Donc, j'ai donné
l'exemple d'Agir tôt, mais ce n'est pas limitatif, ce n'est pas une passerelle
qui ne vise qu'Agir tôt. Ce que l'on souhaite, c'est avoir une passerelle qui
nous permette de travailler ensemble, d'un côté, santé et services, et, de
l'autre, éducation, d'un côté, famille, et, de l'autre, éducation. C'est ça
qu'on souhaite, on souhaite que ces ministères-là travaillent ensemble pour le
bénéfice des enfants.
Et donc, pour le moment, le meilleur
exemple que je peux donner, c'est Agir tôt, mais on ne sait pas de quoi
l'avenir est fait, Mme la Présidente, et ce serait dommage que l'on s'empêche
d'aider les enfants à bénéficier d'un programme, qui n'existe pas encore, dans
deux ans, dans cinq ans, dans 10 ans, et qu'on se dise : Ah! on ne peut
pas avoir accès à l'information parce que, quand on a voté la loi, on l'a
limité à un seul programme. Ça fait que là, il faudrait rouvrir la loi, revenir
introduire d'autres programmes. Pendant ce temps-là, c'est les enfants qui
paient pour ça, Mme la Présidente, puis on ne veut pas ça.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Mme la députée de Baldwin... C'est «Baldwin»?
Mme Garceau : Oui,
Robert-Baldwin.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Robert-Baldwin, j'avais oublié...
Mme Garceau : Je voulais
savoir... Parce que qu'est-ce qui n'est pas clair pour moi, en lisant
l'article, c'est... Oui, vous voulez cet article pour favoriser la
collaboration entre les ministères, mais, ceci étant, les renseignements, vous
allez devoir faire une demande au ministère, à titre d'exemple, Services
sociaux. Et donc qui va déterminer la nécessité, l'élément de nécessité de
l'information? Parce que là, je présume, vous demandez, ce n'est pas un
transfert automatique, ça veut dire que le ministère de Santé, ministère des
Services sociaux, ministère de la Famille, la personne qui va recevoir la
demande pour les renseignements pourrait vous refuser des renseignements. Donc,
ça implique : Qui décide de la nécessité? Et c'est pour ça que je me
disais : peut-être qu'il devrait y avoir un règlement concernant le type
de renseignements qui va être nécessaire. Donc, tout le monde va se comprendre,
va savoir l'enveloppe des renseignements dont vous souhaitiez... vous allez
souhaiter avoir, parce qu'il pourrait y avoir un refus.
La Présidente (Mme Tremblay) :
M. le ministre.
M. Drainville : Mme la
Présidente, si vous lisez la disposition... Alors : «Le ministère de la Famille,
des Aînés, de la Condition féminine ou le ministère de la Santé et des Services
sociaux, lorsqu'il détient des renseignements dont la nature est reliée aux
fonctions du ministre — dans ce cas-ci, du ministre de l'Éducation — communique
à ce dernier les renseignements non personnels qu'il demande et qui sont
nécessaires à l'exécution de ses fonctions.» Alors, c'est le ministère de
l'Éducation qui demande, ou le ministre de l'Éducation, à travers son
ministère, qui demande, et, dans les faits, on crée une obligation de
communication. Mais, évidemment, encore une fois, Mme la Présidente, il n'y a
pas un rapport d'autorité ici, là. C'est-à-dire qu'on demande, mais il va
falloir que l'on démontre que cette demande pour des renseignements est
nécessaire à l'exécution de mes fonctions, des fonctions du ministre de
l'Éducation ou de la ministre de l'Éducation.
Donc, on est dans un processus d'échange,
on est dans un processus de collaboration, Mme la Présidente, puis c'est comme
ça que ça fonctionne, de façon générale, entre ministères, entre ministres. Ça
arrive tout le temps, là, qu'on a des enjeux qui impliquent plusieurs
ministères. Alors, les ministres, par exemple, vont se parler, ou même,
parfois, ce sont d'abord les sous-ministres qui vont se parler ou les SMA qui
vont se parler...
M. Drainville : ...puis
éventuellement, bien, on a un rapport à l'effet qu'il y a eu telle ou telle
rencontre, il y a des travaux qui sont... qui ont... qui se sont amorcés sur
tel ou tel enjeu, et là on nous dit : Bien, voici où en sont les travaux,
puis éventuellement ça va remonter jusqu'au politique.
Alors, cette collaboration-là, Mme la
Présidente, c'est quelque chose de normal. Alors, dans ce cas-ci, à partir du
moment où on crée ce cadre-là, c'est évident que la collaboration va se... va
devenir systématique, pour ne pas dire systémique. Et donc c'est sûr que... Je
ne pense pas que ce soit déraisonnable de penser qu'il va s'installer une
espèce de suivi des interventions qui sont faites auprès des enfants par, par
exemple, Santé et Services sociaux, et il va y avoir un échange, un flux
d'information qui va être constant.
Puis c'est sûr qu'à un moment donné ça se
peut qu'un nouveau programme voie le jour au ministère des Services sociaux et
que là nous autres, on dise, à Éducation : Aïe! Ça, c'est intéressant ce
que tu es en train de faire là, est-ce que ce sera possible, au terme de ton
projet, de nous transmettre, après la première année, je ne sais trop, les
résultats de ton projet, du nouveau programme que tu as mis en place? Alors là,
il y aura une demande formelle qui sera faite, Mme la Présidente, et on
exposera dans la demande la nécessité pour le ministère de l'Éducation d'avoir
accès à ces renseignements-là. Et puis, au terme de cette démarche-là, le
ministère de la Santé et des Services sociaux va pouvoir transmettre
l'information. Il va... On va... Les deux vont convenir à un moment donné de la
nécessité de cette transmission d'information là, et, à ce moment-là, le
transfert d'information pourra se faire.
La Présidente (Mme Tremblay) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article point un?
Mme Garceau : Oui, donc
c'est... Vous avez parlé de la création d'une obligation, mais j'ai écouté
attentivement votre réponse, donc c'est vraiment une collaboration
conditionnelle. Ce n'est pas un transfert automatique d'information entre
ministères, mais c'est vraiment le ministère qui doit remettre ou transmettre
l'information qui va déterminer de la nécessité.
M. Drainville : Non, je
dirais que c'est les échanges que les deux ministères auront sur un certain
type de renseignements, un certain type de données qui va faire en sorte que le
ministère de l'Éducation va se dire : Ah! Ça, cette information-là
pourrait être intéressante pour nous aider dans le travail qu'on va faire
lorsque les enfants vont entrer dans le réseau scolaire. Et donc, lorsque cette
démonstration-là aura été faite, ce sera possible à ce moment-là pour le
ministère de l'Éducation de demander et donc d'obtenir l'information.
Mais vous savez, Mme la Présidente, on
n'est pas dans des... encore une fois, on n'est pas dans une hiérarchie ici,
là, on est plutôt dans un exercice de collaboration. Ce n'est pas impossible,
Mme la Présidente, que, je ne sais pas, moi, une sous-ministre à la Santé ou
aux Services sociaux, un sous-ministre, sous-ministre adjoint, peu importe, se
dise : Ah! Ça, cette information-là pourrait être vraiment utile pour la
gang de l'Éducation, là, ça pourrait être utile pour le ministère de
l'Éducation, puis l'idée d'un échange pourrait très bien venir de Santé et
Services sociaux, là, ce n'est pas... ce n'est pas à sens unique, ces
relations.
La Présidente (Mme Tremblay) : ...très
intéressant, mais, compte tenu de l'heure, nous allons devoir suspendre les
travaux de la commission jusqu'à 14 h. Merci. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 05)
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
bonjour. La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi n° 23, modifiant principalement la Loi
sur l'instruction publique et édictant la Loi sur l'Institut national
d'excellence en éducation.
Lors de la suspension, j'aimerais rappeler
que, nos travaux de cet avant-midi, on en était à l'article 5.1 introduit
par l'article 61. Donc, M. le ministre, j'avais interrompu, là, votre
discussion. Alors, est-ce que le...
M. Drainville : ...une
envolée oratoire, sans doute, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
oui, oui, évidemment.
M. Drainville : Évidemment.
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
j'aimerais ça savoir si vous désirez reprendre.
M. Drainville : Écoutez,
comme vous m'avez interrompu dans mon élan, je vais bouder. Non, je... Mme la
Présidente, non, je pense que... je pense que j'aurai l'occasion de reprendre,
mais de reprendre le fil là où je l'ai laissé parce qu'honnêtement je ne me
souviens pas tellement de là où je l'ai laissé, alors je vais laisser la
députée peut être nous indiquer quelle direction elle souhaite prendre. Est-ce
qu'elle est à l'aise avec les réponses que nous avons données, Mme la députée
de Robert-Baldwin?
La Présidente (Mme Tremblay) : Mme
la députée de Robert-Baldwin, est-ce que vous avez d'autres interventions à
faire avec l'article 5.1?
Mme Garceau : Oui, on va y
arriver, on va y arriver.
M. Drainville : Aucun enjeu.
Mme Garceau : Mme la
Présidente...
Mme Garceau : ...M. le
ministre m'avait référé, avant le dîner, à la loi LSSS et plus particulièrement
à l'article 80 concernant les renseignements, la nature des
renseignements. Et j'aimerais référer, puisqu'on est dans la collecte de
renseignements quand même importants, à l'article 82 de cette loi et à
l'alinéa 4...
M. Drainville : ...de la Loi
sur la santé et les services sociaux?
Mme Garceau : Oui, oui, oui.
M. Drainville : O.K.
Mme Garceau : Excusez, du
projet de loi n° 3. Je m'excuse, du projet de loi n° 3.
M. Drainville : Le
paragraphe... Quel paragraphe?
Mme Garceau : 82...
M. Drainville : Article 82....
Mme Garceau : ...alinéa 4.
M. Drainville : O.K.
Mme Garceau : On parle des
mesures de sécurité qui seront en place, lorsque les renseignements seront
communiqués, sont propres à assurer la protection des renseignements et sont
conformes aux règles de gouvernance des renseignements visés à
l'article 90 et aux règles particulières définies par le dirigeant...
réseau de l'information en vertu de l'article 87. Mais c'est ce qui suit
qui est important : L'autorisation doit prévoir que la communication de
renseignements se fait uniquement sous une forme ne permettant pas d'identifier
directement la personne concernée lorsque l'atteinte des finalités visées par
la communication de ce renseignement est possible en le communiquant sous une
telle forme. Puisqu'on vise des enfants, on voulait savoir si le ministre était
ouvert à reprendre ce passage concernant l'autorisation pour ne pas identifier
la personne concernée, peut-être un 5.2.
M. Drainville : La
différence, Mme la Présidente, c'est que... Dans le cas de l'article 82,
quatrième paragraphe, deuxième alinéa, c'est qu'on parle de renseignements
personnels, tandis que la disposition que nous étudions présentement, c'est
pour des renseignements non personnels. C'est ça, la différence. Donc, ce n'est
pas pertinent dans le cas de l'article qui nous concerne, parce qu'il ne s'agit
pas de renseignements personnels mais bien de renseignements non personnels.
Mme Garceau : Mais on veut...
C'est vraiment, si je peux me permettre, une couche de protection. C'est une
couche de protection au niveau de... surtout parce qu'on parle d'enfants, on
parle de mineurs en particulier. Donc, d'ajouter ce genre de disposition
additionnelle pourrait venir, évidemment, mettre, ajouter une couche de
protection concernant la nature des documents.
M. Drainville : Mme la
Présidente, on l'a déjà. On a déjà exactement la même... On l'a à 6.9.
Mme Garceau : Vous l'avez, je
m'excuse, M. le ministre?
M. Drainville : Si vous allez
à 6.9.
Mme Garceau : 6.9.
• (14 h 10) •
M. Drainville : Pour les
renseignements personnels, on l'a à 6.9, paragraphe deux, deuxième alinéa.
L'autorisation doit prévoir que la communication et l'utilisation de
renseignements se fait uniquement sous la forme... sous une forme ne permettant
pas d'identifier directement la personne concernée, lorsqu'elle atteint les
finalités visées par la communication et l'utilisation de ce renseignement, est
possible en la communiquant ou en l'utilisant sous une telle forme. C'est, si
je ne m'abuse, la copie conforme de la disposition qui est à l'article 82
de la Loi sur la santé et les services sociaux.
La Présidente (Mme Tremblay) : Mme
la députée.
Mme Garceau : Est-ce qu'on
pourrait suspendre, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Donc, on va suspendre.
(Suspension de la séance à 14 h 11)
(Reprise à 14 h 16)
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
nous reprenons nos travaux. Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole est à
vous.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je remercie M. le ministre pour cette explication. Nonobstant
le fait qu'on parle d'un cadre différent dans le sens que les articles... le
6.9 est vraiment au niveau du gestionnaire du système, là on est dans la
collaboration et le transfert de renseignements entre ministères, mais je ne
vais pas aller plus loin à ce sujet-là.
Mais j'aimerais quand même revenir, M. le
ministre, sur quelque chose que je trouve fort important, et c'est vraiment
dans... parce que vous avez mentionné des mots importants concernant l'objectif
de cet article, et c'est pour favoriser la collaboration entre les ministères,
et c'est sûr et certain que ça, c'est important, mais il me semble que pour
favoriser la collaboration, un aspect, on veut être aussi efficaces pour
obtenir des renseignements dans les meilleurs délais, on veut avoir une pleine
collaboration, il me semble, ça... il nous manque un élément à cette
disposition et c'est vraiment concernant la définition des renseignements non
personnels qui vont être nécessaires à l'exécution de vos fonctions. C'est sûr
et certain que le ministère de la Famille, je vais mettre de côté des Aînés et
Condition féminine, parce qu'on le sait très bien, là, qu'il n'y aura pas de
données ou de renseignements qui vont être nécessaires pour vous dans
l'exercice de vos fonctions, mais surtout concernant le ministère de la Santé
et Services sociaux pour des motifs d'efficacité, de pleine collaboration, il
me semble que ça serait nécessaire, que ce serait opportun, par voie de
règlement, de définir les renseignements non personnels qui vont être
nécessaires pour éviter, là, tout conflit ou tout manque de compréhension, puis
pour éviter peut-être des non, un refus de transfert de données. Donc, d'après
moi, ça semble être assez important de voir une modification à cet égard.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre.
M. Drainville : Les fonctions...
Quand c'est écrit, Mme la Présidente, que «le ministère de la Santé ou de la
Famille, lorsqu'il détient des renseignements dont la nature est reliée aux
fonctions du ministre de l'Éducation, communique à ce dernier les
renseignements non personnels qu'il demande et qui sont nécessaires à
l'exécution de ses fonctions», c'est précisément ce que nous venons d'adopter
avec l'article 60. On vient d'adopter la liste des fonctions du ministre.
Donc, les renseignements qui seront demandés seront en lien avec les fonctions
du ministre que nous venons de... sur lesquelles nous venons de statuer.
• (14 h 20) •
Mme Garceau : Je comprends,
mais même à l'article 60, alinéa sept, il n'y a pas de définition de
renseignement nécessaire. On parle de fonction, on parle pour favoriser une
gestion, planification des ressources affectées au système d'éducation, mais on
n'a pas encore défini qu'est-ce qui est nécessaire comme renseignement, et moi,
c'est là où je me dis, compte tenu, on... il n'est pas défini, cette nécessité
de renseignement n'est pas définie, il me semble, pour encore des motifs
d'efficacité, pour évidemment encourager la pleine collaboration entre les
ministères, et surtout pour vous aider évidemment dans votre travail et
exécution de vos fonctions, j'avais suggéré un amendement, un...
Mme Garceau : ...5.2, où on
pourrait prévoir, là, que vous allez définir par voie de règlement qu'est-ce
qui est nécessaire comme renseignements.
M. Drainville : Oui. La
difficulté, Mme la Présidente, c'est que... comment dire, la... Ce qui est
nécessaire, c'est ce qui est nécessaire pour... notamment pour veiller à la
réussite éducative, qui est le cinquième paragraphe, assurer le suivi du
parcours scolaire des élèves, identifier les facteurs déterminants en vue
d'influencer de façon positive le parcours, cibler les difficultés et les
interventions, mesurer l'efficacité, suivre l'évolution. C'est ce pour quoi
nous avons, nous aurons éventuellement besoin d'obtenir ces données-là. Je
pense que le critère de nécessité est en lien avec les objectifs qui sont les
miens de par les fonctions que j'occupe. C'est nécessaire d'adopter des mesures
qui sont propres à contribuer à la formation et au développement des personnes.
C'est nécessaire pour assurer le développement des établissements
d'enseignement. C'est nécessaire pour veiller à la qualité et à l'amélioration
des services éducatifs, pour en évaluer... Pour évaluer la qualité des
services, et cetera. Donc, il faut voir le... comment dire, il faut voir
l'article 5.1 en lien avec le reste du texte du projet de loi et en
particulier avec l'article 60.
Mme Garceau : Je comprends.
C'est parce que l'article 60 parle... avec respect, votre interprétation
de qu'est-ce qui est nécessaire est liée à la définition de vos fonctions
prévues à l'article 60.
Des voix : ...
M. Drainville : Quand on dit,
les deux ministères en question, lorsqu'ils détiennent des renseignements dont
la nature est reliée aux fonctions du ministre, le communiquent, on parle bien
de renseignements non personnels, évidemment, et qui... et les deux ministères
en question le communiquent, puis il faut faire la preuve ou il faut faire la
démonstration qu'ils sont nécessaires à l'exécution de ses fonctions.
Donc, si vous allez à l'article 60
puis vous regardez l'article deux de l'article 60, «dans le domaine de sa...
dans les domaines de sa compétence, les fonctions du ministre consistent plus
particulièrement à» un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept. Donc, il faut
vraiment le voir comme un... il faut le voir en lien avec
l'article 60 qu'on vient d'adopter. Donc, les fonctions sont
énoncées, et à l'intérieur de ces fonctions qui sont énoncées, il y a des...
comment dire, des objectifs précis que... Sur lesquels le ministre doit
veiller, et c'est la liste qui est faite.
La Présidente (Mme Tremblay) : Mme
la députée.
Mme Garceau : Donc, si vous
êtes en train de relier la nécessité à vos fonctions au niveau des
renseignements, peut-être qu'à la fin de ce paragraphe, de 5.1, «qu'il demande
et qui sont nécessaires à l'exécution de ses fonctions tel que prévu à
l'article 60» ou «conformément à l'article 60», donc là, on vient
définir, pour vous, qu'est-ce que vous considérez comme étant des renseignements
nécessaires qui sont liés à ces fonctions?
Des voix : ...
M. Drainville : O.K. On va
suspendre, Mme la Présidente. On va essayer de trouver un chemin de passage,
une voie de passage, O.K.?
Mme Garceau : O.K. Merci, M.
le ministre.
La Présidente (Mme Tremblay) : On
va suspendre...
(Suspension de la séance à 14 h 26)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 36)
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
nous reprenons...
La Présidente (Mme Tremblay) : ...prenons
les travaux. M. le ministre, je crois comprendre que vous déposez un
amendement.
M. Drainville : Oui.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que vous pouvez en faire la lecture?
M. Drainville : Oui, je fais
ça à l'instant. Alors, voilà. Mais ce n'est pas très compliqué, mais je pense
que ça répond à la préoccupation de la députée de Robert-Baldwin.
Alors, article 5.1, donc de la Loi
sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, tel que modifié,
voilà : «Le ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition
féminine, ou le ministère de la Santé et des Services sociaux, lorsqu'il
détient des renseignements dont la nature est reliée aux fonctions du ministre,
communique à ce dernier les renseignements non personnels qu'il demande et qui
sont nécessaires à l'exécution de ses fonctions visées à l'article 2 de la
présente loi.»
La Présidente (Mme Tremblay) : Mme
la députée.
Mme Garceau : Donc, Mme la
Présidente, je remercie M. le Ministre et son équipe pour l'écoute et l'ajout à
l'article 5.1, de l'amendement. Donc, ça me convient.
La Présidente (Mme Tremblay) : Ça
vous convient?
Mme Garceau : Oui, merci.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec l'amendement? Donc, est-ce
qu'il y a...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec l'article 5.1?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Tremblay) : Ça
va. Ça nous amènerait donc à l'article 6. M. le ministre, je vous
inviterais à lire le prochain article.
M. Drainville : Juste pour
être clair, Mme la Présidente, est-ce qu'on doit signifier l'adoption du 5.1?
Non. On va faire ça en bloc?
La Présidente (Mme Tremblay) : On
va faire ça à la fin. Quand on va avoir passé chacun des articles, on va
revenir à 61 pour son adoption.
M. Drainville : Merci.
La Présidente (Mme Tremblay) : C'est
seulement les amendements que l'on adopte pendant l'étude des prochains
articles.
M. Drainville : C'est bien
noté. C'est bien noté. Très bien.
Alors, article «6. Pour l'application
de la présente section, sont des organismes :
«1° un centre de services scolaires;
«2° une commission scolaire visée par la
Loi sur l'instruction publique pour les autochtones cris, inuits et naskapis
(chapitre I-14)
«3° un établissement d'enseignement régi
par la loi sur l'enseignement privé (chapitre E-9.1) qui dispense tout ou
partie des services éducatifs qui sont sous la responsabilité du ministre;
«4° un établissement dont le régime
d'enseignement est l'objet d'une entente internationale au sens de la loi sur
le ministère des Relations internationales (chapitre M-25.1.1); et
«5° un établissement d'enseignement visé à
l'article5.»
Alors, attendez un petit peu. Commentaire — excusez-moi :
cet article prévoit que pour l'application de la section II intitulée
Renseignement en éducation de la loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir
et du Sport sont des organismes : un centre de services scolaires, une
commission scolaire visée par la Loi sur l'instruction publique pour les
autochtones cris, inuits et naskapis, un établissement d'enseignement régi par
la Loi sur l'enseignement privé qui dispense en tout ou en partie des services
éducatifs qui sont sous la responsabilité du ministre de l'Éducation; un
établissement dont le régime d'enseignement est l'objet d'une entente
internationale au sens de la loi sur le ministère des Relations
internationales, ainsi qu'un établissement d'enseignement visé à
l'article 5 de la Loi sur le ministère de l'Éducation, du Loisir et du
Sport.
• (14 h 40) •
Pour les fins de la discussion, parce que
je sens que la question viendra. En tout cas, moi, je me la posais. Un
établissement d'enseignement visé à l'article 5 : «Le gouvernement
peut, aux conditions qu'il détermine, autoriser le ministre à organiser,
administrer et exploiter, seul ou avec d'autres, des établissements
d'enseignement dans les domaines de sa compétence.» Voilà.
La Présidente (Mme Tremblay) : Merci.
Donc, est-ce que vous avez des questions concernant l'article 6?
Mme Garceau : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Compte tenu que nous sommes dans la définition des organismes
concernant la collecte d'informations et de renseignements en éducation...
Mme Garceau : ...en
éducation, je reviens à la discussion et l'échange que nous avons eus mardi de
cette semaine avec, ma collègue et moi, ma collègue, la députée de
Saint-Laurent, concernant les commissions scolaires anglophones, parce qu'ici
vous avez, au premier alinéa, un centre de services scolaire. Donc, est-ce que
vous incluez dans cet article, dans l'alinéa, les commissions scolaires
anglophones?
M. Drainville : En effet, au
sens de la loi, les centres de services scolaires incluent les commissions
scolaires anglophones...
Mme Garceau : Donc, M. le
ministre...
M. Drainville : ...l'appellation
«centre de services scolaire».
Mme Garceau : Mais, compte
tenu de la décision du juge Lussier, au mois d'août 2023, et la déclaration de
l'inconstitutionnalité de certaines dispositions de la loi 40, je vais
procéder à faire la demande... même demande qu'on a faite mardi concernant la
suspension de la révision de cet article, l'article 6, alinéa 1,
jusqu'à tant que le ministre peut avoir les discussions qui s'impose avec M...
et les autres demandeurs, liés à la décision judiciaire qui a été portée en
appel, pour avoir cette discussion.
M. Drainville : On va
suspendre deux instants, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Tremblay) : Nous
allons suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 h 48)
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
nous allons poursuivre les travaux. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Oui. Alors,
Mme la Présidente, d'abord rappelons les principes. Le législateur doit tenir
compte du fait que la loi est valide. Actuellement, la loi est valide, elle
n'est pas en vigueur, on parle de la loi 40, évidemment, elle n'est pas en
vigueur, mais elle est constitutionnellement valide. Tant et aussi longtemps
que l'appel n'a pas été entendu et que la décision n'a pas été rendue, la loi
est jugée valide. Puis il faut rappeler également que le corpus juridique et
réglementaire continue de s'appliquer aux commissions scolaires anglophones. Ça
aussi, on est dans le prolongement de la validité de la loi.
Je comprends l'argument que nous a soulevé
la députée de Robert-Baldwin, mais je tiens quand même, Mme la Présidente, à
porter à son attention que l'Association des commissions scolaires anglophones
n'a pas contesté la légitimité du régime sur les données. Ce n'est pas un enjeu
qu'ils ont remis en question lors de leur intervention ni dans leur mémoire. Je
pense que... enfin, pas «je pense», là, quand je me fie sur leur... les Propos
qu'ils ont tenus et le contenu du mémoire, pour eux, ce n'est pas... Ou pour
elles, pour les commissions scolaires anglophones, ce n'est pas un enjeu, ce
n'est pas un enjeu. Ils sont favorables à ce que l'on propose sur les données.
Donc, je peux comprendre, sur la gouvernance, hein? Je... Ce n'est pas pour
rien que j'ai accepté assez rapidement de mettre en réserve le bloc
gouvernance, mettre à l'écart le bloc gouvernance. Mais dans ce cas-ci, il n'y
a pas d'enjeu pour les commissions scolaires anglophones, en tout cas tel que
j'interprète leur...
• (14 h 50) •
Je vais vous lire l'extrait de leur
mémoire. Alors, «l'information dans le domaine de l'éducation. Le projet de loi
n° 23 établit un système étendu d'archivage et de communication qui
hébergera une vaste quantité de données, notamment des renseignements
nominatifs. N'étant pas spécialiste des technologies de l'information, l'ACSAQ
souhaite être rassurée que tous les mécanismes de protection nécessaires ont
été envisagés pour l'établissement de ce système. Le rendement récent du
gouvernement du Québec en matière de gestion et technologies de l'information
n'a pas été particulièrement reluisant.» Mais il n'y a pas d'objection de
principe, comme vous pouvez voir, dans la... sur la... sur le...
M. Drainville : ...la
légalité de l'article qui est proposé. Alors, je ne sais pas si ça peut
influencer l'opinion.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Mme la députée.
Mme Garceau : Regardez,
je vais commencer avec... avec respect les propos concernant que la loi
no 40 demeure valide. Il y a des dispositions législatives liées à 40 qui
ont été déclarées inconstitutionnelles, invalides. Donc, dès le départ, je ne
peux pas... Je suis en désaccord avec le principe que la loi no 40 est
valide, premièrement.
Deuxièmement, nous sommes dans l'article
de renseignement, l'éducation, qui va faire en sorte que les centres de
services scolaires, si on va plus loin, là, dans les articles, pourront
avoir... il va y avoir une obligation potentielle désignée par le ministre qui
vont devoir s'assujettir à un système de dépôt et de communication, d'échange
d'informations et tout ça. Tout ça, ce volet-là, entre en ligne avec la gestion
et le contrôle d'une commission scolaire qui, pour les commissions scolaires
anglophones, ça, c'est un droit protégé par l'article 23 de la charte.
Donc, je reviens à la demande de
suspension parce que, si nous continuons avec, et un petit peu plus tard dans
tout l'aspect de... et même le 6.2 que le ministre peut prévoir l'obligation
pour un organisme de recourir à un système de dépôt de communication et tout
ça, vous êtes en train d'empiéter sur les responsabilités de la commission
scolaire... les commissions scolaires anglophones. Et pour le moment ils
maintiennent ce contrôle, et c'est la gestion de ces données.
M. Drainville : Donc,
si...
Mme Garceau : Donc, je
demanderais au ministre de reconsidérer sa position à ce sujet.
M. Drainville : On va
suspendre deux secondes, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Parfait. Donc, nous allons suspendre les travaux
quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 54)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme Tremblay) : On
peut reprendre nos travaux. M. le ministre.
M. Drainville : Oui. Juste un
instant.
O.K. Excusez-moi, Mme la Présidente...
15 h (version non révisée)
M. Drainville : ...excusez-moi,
Mme la Présidente. J'ai une famille. Des fois, il faut que je fasse ma job de
père de famille aussi, là. Alors, voici, Mme la Présidente, on va... je vais
proposer une façon de contourner la difficulté, je pense que ça va fonctionner.
Ce que je proposerais, Mme la Présidente, c'est que nous suspendions 6.1 jusqu'à
la fin du bloc 61, le temps de se donner le temps, le temps de se donner le
temps, n'est-ce pas? Alors, vous voyez que 61, là, il est constitué de 6.1,
6.2, 6.3, 6.4, 6.7, ça va jusqu'à 6.14, 6.17. Bon, alors, on reviendrait, à ce
moment-là... après le 6.17, on reviendrait avec le 6.1, donc on pourrait
continuer avec les données, et ça nous permettrait, nous, de réfléchir, de
notre côté, là, aux arguments qui ont été invoqués par la députée de
Robert-Baldwin. Je pense que ça pourrait être une façon correcte de ne pas nous
paralyser, et donc de poursuivre nos travaux, puis de revenir, par la suite, à
cette discussion-là.
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
je comprends qu'on suspend l'étude de l'article 61?
M. Drainville : Non, non, pas
61.
La Présidente (Mme Tremblay) : Pas
61. 6.1.
M. Drainville : 6.1, puis on
l'amène à la fin.
La Présidente (Mme Tremblay) : À
la fin...
M. Drainville : 6,
pardonnez-moi.
La Présidente (Mme Tremblay) : Le
6, donc.
M. Drainville : Excusez-moi,
6.
La Présidente (Mme Tremblay) : Attendez,
je vais reprendre, là, je vais... que ce soit clair pour tout le monde. Donc,
M. le ministre, vous souhaitez...
M. Drainville : C'est mon
erreur, mon erreur.
La Présidente (Mme Tremblay) : ...vous
souhaitez suspendre l'article 6 et poursuivre l'étude des articles suivants?
M. Drainville : De 61, c'est
ça. Alors, 6.1, 6.2...
La Présidente (Mme Tremblay) : On
passerait à 6.1, si je comprends bien.
M. Drainville : Exact.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
M. Drainville : Et donc l'article
6 serait étudié après 6.17. On se comprend bien, c'est bon?
Des voix : ...
M. Drainville : C'est bon.
Excellent. O.K., alors on fait ça comme ça. Alors, on s'en va donc, Mme la
Présidente, à 6.1.
La Présidente (Mme Tremblay) : Vous
allez nous en faire la lecture, M. le ministre.
M. Drainville : Avec plaisir.
Donc : Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 5, de la
section suivante :
«6.1. Le ministre peut désigner un système
de dépôt et de communication de renseignements en éducation afin de soutenir la
gestion du réseau de l'éducation ainsi que l'organisation, la planification et
la prestation de services en matière d'éducation en simplifiant les
communications.
«Ce système doit notamment permettre :
«1° l'hébergement et l'indexation de
tout ou partie des renseignements qu'un organisme détient dans l'exercice de
ses fonctions;
«2° la communication entre organismes
ou entre un organisme et le ministre des renseignements concernant un élève;
«3° la communication au ministre, par
un organisme, des renseignements concernant son personnel;
«4° l'accès aux renseignements
hébergés dans ce système;
«5° la journalisation de tout accès à
ce système par une personne, que ce soit pour y verser des renseignements, les
utiliser ou en recevoir communication;
«6° toute autre fonctionnalité que
détermine le ministre.
«Le système de dépôt et de communication
de renseignements est sous la responsabilité du ministre. Le ministre ne peut
utiliser les renseignements personnels hébergés dans ce système à d'autres fins
que celles autorisées par le gestionnaire délégué visé à l'article 6.7 ou que
celles liées à l'exercice de sa responsabilité à l'égard du système.»
Alors, commentaires. Cet article prévoit
que le ministre peut désigner un système de dépôt et de communication de
renseignements en éducation afin de soutenir la gestion du réseau de l'éducation
ainsi que l'organisation, la planification et la prestation de services en
matière d'éducation en simplifiant les communications.
Il prévoit que ce système doit notamment
permettre l'hébergement et l'indexation de tout ou partie des renseignements qu'un
organisme détient dans l'exercice de ses fonctions, la communication entre
organismes ou entre un organisme et le ministre des renseignements concernant
un élève, la communication au ministre, par un organisme, des renseignements
concernant son personnel, l'accès aux renseignements hébergés dans ce système,
la journalisation de tout accès à ce système par une personne, que ce soit pour
y verser des renseignements, les utiliser ou en recevoir communication, ainsi
que toute autre fonctionnalité que détermine le ministre.
Enfin, il prévoit que le ministre... Je
recommence. Enfin, il prévoit que le système de dépôt et de communication de
renseignements est sous la responsabilité du ministre et que le ministre ne
peut utiliser les renseignements personnels hébergés dans ce système à d'autres
fins que celles autorisées par le...
M. Drainville : ...que celles
autorisées par le gestionnaire délégué visé à l'article 6.7 ou que celles liées
à l'exercice de sa responsabilité à l'égard du système.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que vous avez terminé, M. le ministre?
M. Drainville : Je pense que
oui.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
M. Drainville : Merci.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Donc, la parole serait de votre côté.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Avant de commencer l'étude, M. le ministre, de l'article,
qui est quand même important, on est au cœur en ce moment, là, des
renseignements en éducation, qu'est-ce qu'on veut aller chercher comme
renseignements, nous avons une proposition d'amendement à faire. Donc, on va
demander de suspendre quelques instants, pour un article 6.0.1.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Est-ce que la députée de Mercier... Est-ce que vous voulez intervenir
maintenant ou après...
Mme Ghazal : Non, non, je
vais attendre le...
La Présidente (Mme Tremblay) :
Parfait. Donc, nous allons suspendre les travaux quelques minutes. Merci.
Mme Garceau : Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 07)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
nous allons reprendre les travaux. Donc, la parole est à la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Donc, à titre d'amendement, on propose ce qui suit : Insérer,
après l'article 6, tel que proposé par l'article 61 du projet de loi, l'article
suivant :
«6.0.1. Le ministre détermine par
règlement les renseignements personnels qui sont nécessaires à...
Mme Garceau : ...qui sont
nécessaires à l'exécution de ces fonctions.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre.
M. Drainville : On va
suspendre, le temps d'analyser l'amendement, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Donc, nous allons suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 11)
(Reprise à 15 h 20)
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
on reprend les travaux. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : ...je vais
plaider la redondance, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Tremblay) : On
vous écoute.
M. Drainville : Je vais
plaider la redondance parce que le critère de nécessité est déjà défini par la
jurisprudence. Et c'est une détermination du critère qui a été faite dans un
jugement, Société de transport de la ville de Laval contre X, et donc on
définit comme suit les critères de nécessité : Un renseignement sera
nécessaire non pas lorsqu'il pourra être jugé absolument indispensable ou, au
contraire, simplement utile, il sera nécessaire lorsque chaque fin spécifique
poursuivie par l'organisme pour la réalisation d'un objectif lié à ses
attributions...
M. Drainville : ...sera
légitime. Donc, chaque fin poursuivie par l'organisme sera légitime,
importante, urgente et réelle, et, lorsque l'atteinte au droit à la vie privée
que pourra constituer la cueillette, la communication ou la conservation de
chaque élément de renseignement sera proportionnelle à cette fin, cette
proportionnalité jouera en faveur de l'organisme lorsqu'il sera établi que
l'utilisation est rationnellement liée à l'objectif, que l'atteinte est
minimisée et que la divulgation du renseignement requis est nettement plus
utile à l'organisme que préjudiciable à la personne. Autrement, le droit à la
vie privée et à la confidentialité des renseignements personnels devra
prévaloir.»
Alors, ça, c'est ce que la jurisprudence
prévoit. Et si vous regardez, Mme la Présidente, la Loi sur la protection des
renseignements personnels, l'article 67 dit ceci : «Un organisme
public peut, sans le consentement de la personne concernée, communiquer un
renseignement personnel à toute personne ou organisme si cette communication
est nécessaire à l'application d'une loi au Québec, que cette communication
soit ou non prévue expressément par la loi.» Et il n'y a pas, dans la Loi sur
la protection des renseignements personnels... c'est quand même la loi
fondamentale en matière de protection des renseignements personnels... il n'y a
pas de définition du critère de nécessité ou de ce qui est nécessaire, parce
que l'application de la loi se fonde sur la définition que je viens de vous
lire, qui découle, donc, de ce jugement.
Donc, Mme la Présidente, c'est déjà prévu.
L'application de la loi, l'éventuelle loi 23, devra se faire en fonction
de cette définition de ce qui est nécessaire. Donc, le gestionnaire de données
numériques va devoir s'appuyer sur cette définition avant de donner son
autorisation à la divulgation d'une... en fait, pas à la divulgation, mais
avant de donner son autorisation à la collecte d'une donnée. Voilà, Mme la
députée de Robert-Baldwin.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Mme la députée.
Mme Garceau : Merci, Mme
la Présidente. Merci, M. le ministre, pour... On retourne un peu en droit, là,
mes études, très intéressant. Donc, permettez-moi de faire, comme je plaidais
dans mon ancienne vie, un peu, la distinction entre cette jurisprudence et
cette disposition législative que nous avons, que nous sommes en train d'étudier.
Vous avez parlé de la définition de
qu'est-ce qui constitue un renseignement, la nécessité, le critère de la
nécessité. Moi, je ne parlais pas du critère de la nécessité. Je parlais de la
définition d'un renseignement en éducation. Le ministre de l'Éducation, tel que
prévu à l'article 6.1, vous allez mettre en place un système de dépôt et
de communication de renseignements en éducation afin de soutenir la gestion du
réseau d'éducation ainsi que l'organisation, la planification, la prestation de
services en matière d'éducation, en simplifiant les communications. Et, avant
d'aborder tous les sous-paragraphes alinéas, il me semble que c'est hautement
pertinent d'avoir une définition de qu'est-ce que le ministre considère comme
étant des renseignements, quels renseignements est-ce qu'il souhaite obtenir en
éducation, liés... Parce que... Puis je sais que, plus tard, on va parler au
niveau de renseignements qui ont trait à la vie privée.
C'est sûr et certain que, quand je regarde
les autres dispositions de ce texte de loi, que ce soit le 2°... on parle de la
communication entre organismes ou entre un organisme et le ministre, des
renseignements concernant un élève. Quels renseignements concernant l'élève? On
va jusqu'à quelle fin, au niveau... Parce qu'on parle quand même d'un mineur...
Mme Garceau : ...fort
probablement. Est-ce qu'on va divulguer... Est-ce qu'on veut les renseignements
concernant, on a parlé, les besoins particuliers. On a parlé possiblement en
termes de médication. On parle aussi à l'alinéa trois les renseignements
concernant son personnel. Le personnel? Donc, quelle sorte de renseignement est
ce que vous nécessitez concernant le personnel dans le réseau? Est-ce qu'on va
aller dans les aspects, là, où c'est hautement personnel, je ne le sais pas,
personnel concernant le statut, marié, célibataire, divorcé? Est-ce qu'il y a
des antécédents judiciaires? On va jusqu'à quelle fin au niveau d'une
définition ou des renseignements qui seraient... qui seraient nécessaires et
que certaines personnes pourraient avoir accès à ces informations-là ou à ces
renseignements-là qui, ultimement, pourraient être publiés dans un registre,
là? J'ai vu ça plus tard dans les dispositions. Donc, me semble qu'à ce
stade-ci il est fort important de donner une définition aux renseignements en
éducation que le ministre souhaite obtenir.
La Présidente
(Mme Tremblay) : M. le ministre. Après l'intervention du
ministre, il y a la députée de Mercier qui souhaite intervenir.
M. Drainville : Dans le
cas des... Dans le cas des élèves, Mme la Présidente, ce dont on parle ici,
c'est par exemple si on veut avoir accès à des données concernant les élèves
qui sont dans des écoles à indice de défavorisation élevé, bien, à ce moment-là,
Mme la Présidente, c'est sûr qu'il va falloir qu'on ait... qu'on communique les
données des écoles en question.
Et donc c'est évident que l'addition des
différentes données ou l'addition des différentes données concernant les
différents élèves nous ramène effectivement à des unités d'élèves, si je peux
dire. Mais l'objectif, ce n'est pas d'avoir une information sur, comment dire,
l'objectif, ce n'est pas d'arriver puis de dire : Je souhaite avoir
l'information très précise sur un cas individuel. L'idée, c'est de se donner un
indicateur et d'aller chercher pour cet indicateur les informations qui
concernent tous les élèves qui sont visés par l'indicateur en question.
Alors, évidemment, si vous questionnez la
banque de données, vous allez questionner une banque de données à partir d'un
indicateur qui va concerner plusieurs élèves sur une base individuelle, mais
c'est... L'idée, ce n'est pas d'aller chercher l'information individuelle.
L'idée, c'est d'utiliser les données individuelles à partir d'un indicateur
collectif pour nous permettre, après ça, de tirer des conclusions, puis de
venir en aide à ce groupe d'élèves. Ça pourrait être des élèves, par exemple, à
besoins particuliers, des élèves dans des écoles qui ont des enjeux de
défavorisation. Ça pourrait être des élèves qui sont dans des écoles où il y a
une incidence d'actes d'intimidation plus élevée, etc., etc. C'est le sens de
la formulation du paragraphe 2°, Mme la Présidente. Par ailleurs, quel était
l'autre argument que vous avez soulevé, Mme la députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau : La vie
privée. Et surtout, j'aimerais revenir, si vous permettez, M. le ministre, là,
parce que l'article... l'alinéa deux est très précis. On ne parle pas de
renseignements concernant un groupe ou une catégorie d'élèves. Ça, on en a déjà
discuté hier. On parle concernant un élève. C'est très précis. Ça peut être
très personnel. On est carrément en dehors de groupes, là, et de renseignements
généraux.
• (15 h 30) •
M. Drainville : Oui.
Alors...
Mme Garceau : Donc...
M. Drainville : Je vous
donne des exemples, Mme la Présidente, je donne à la députée de Robert-Baldwin
des exemples de renseignements personnels qui...
15 h 30 (version non révisée)
M. Drainville : ...pourraient
être visés par une demande. Par exemple, les absences. On en a parlé, hier,
avec la députée de Saint-Laurent. Les absences peuvent être un déterminant de
réussite scolaire. Les enfants dont les parents sont décédés, ça peut avoir un
impact très important sur la réussite scolaire. Les élèves qui ont un plan d'intervention.
Les élèves... en fait, les résultats aux épreuves obligatoires des élèves, ça
aussi, ça peut être un exemple de renseignements personnels, donc de données
qui, une fois colligées, nous permettront peut-être d'intervenir pour favoriser
la réussite scolaire. Donc, c'est ce type de renseignements personnels, Mme la
Présidente, que la disposition nous permettrait d'obtenir, dans la mesure,
évidemment, où on aura fait la preuve que c'est nécessaire à l'atteinte d'un
objectif qui est légitime et qui est en lien avec les fonctions du ministre.
Ça, ces conditions-là devront être rencontrées à tout moment, dans toutes les
demandes.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Est-ce que la députée de Mercier souhaite intervenir?
Mme Ghazal : Oui, oui...
Merci beaucoup. Donc, je vais intervenir sur l'amendement de la députée de
Baldwin. C'est écrit... c'est ça, «qui sont nécessaires à l'exécution», puis là
je comprends que le ministre a amené de la jurisprudence pour dire pourquoi c'est
redondant. Mais dans 5.1, tel qu'amendé par le ministre, c'est écrit :
«les renseignements non personnels qu'il demande et qui sont nécessaires».
Donc, moi, je comprends que le «nécessaires», dans l'amendement de la députée
de Robert-Baldwin, c'est un petit peu dans le même sens que dans 5.1. C'est
juste que, dans 5.1, les renseignements dont on dit qu'ils sont nécessaires, c'est
ceux qui sont non personnels, et l'amendement, ce qu'il permet de faire, c'est
de dire qu'il faut que ce soient les renseignements personnels, cette fois, qui
soient nécessaires à l'exécution des fonctions du ministre.
Donc, pourquoi... C'est un peu le même
«nécessaires». C'est juste qu'il y a... c'est les renseignements non
personnels, avant, puis là, maintenant, c'est les renseignements personnels, et
là le ministre vient de les nommer, puis on comprend que ça, c'est nécessaire à
sa fonction. Mais là il y a peut-être d'autres exemples de données qui ne nous
viennent pas tout de suite puis qui ne sont peut-être pas nécessaires, donc on
est bien mieux de les spécifier, comme dans... l'amendement le fait.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre.
Mme Ghazal : C'est écrit à
5.1, «nécessaires», oui.
M. Drainville : Oui, O.K. Et
donc il s'ensuit, dites-vous, que?
Mme Ghazal : ...dans 5.1, on
spécifie qu'il faut que ce soient les renseignements nécessaires, mais c'est
les renseignements non personnels. Plus tard, dans 6.1, on parle de
renseignements... là, je ne le vois pas, là, mais, en tout cas, renseignements
personnels à quelques endroits. Donc là, elle, ce qu'elle dit, c'est que, quand
c'est des renseignements personnels, il faut aussi que ce soit nécessaire. Pourquoi
c'est nécessaire pour un, pas nécessaire pour l'autre? Pourquoi c'est redondant
là, puis ce n'était pas redondant à 5.1?
M. Drainville : Bien,
écoutez, je pense que je vais céder la parole à notre légiste là-dessus.
Voulez-vous répéter votre question, Mme la députée de Mercier? Parce que moi,
ce que je comprends, c'est... La raison pour laquelle on ne le précise pas dans
6.1, c'est que la jurisprudence fait en sorte que c'est déjà intégré au texte
de loi, c'est déjà intégré au texte de loi. L'application du critère de
nécessité va se faire automatiquement. Sinon, s'il n'y a pas atteinte de ce
critère de nécessité, il ne peut pas y avoir transmission du renseignement
personnel. Le renseignement personnel peut être communiqué, mais seulement s'il
rencontre le test de nécessité, et le test de nécessité, c'est ce que je vous
ai lu tout à l'heure, c'est basé sur le jugement que je vous ai lu tout à l'heure.
Donc, la raison pour laquelle on ne
mentionne pas la nécessité à 6.1, dis-je bien... oui, c'est ça... c'est,
justement, parce que c'est entendu. Et donc le législateur ne parle pas pour ne
rien dire, comme on dit, donc il y aurait redondance si on l'insérait. Mais
peut-être que ma lecture ou mon interprétation n'est pas la bonne, alors je
vais laisser M. l'expert en cette matière...
Mme Ghazal : Oui, je suis d'accord,
je consens, mais je veux juste préciser ma question, pour être certaine. Je
comprends ce que le ministre dit, mais la question, c'est : Pourquoi la
jurisprudence ne s'applique pas à 5.1 quand on a utilisé le mot «nécessaires»?
Pourquoi on n'a pas dit : Bien, c'est sous-entendu...
Mme Ghazal : ...c'est
nécessaire. Et alors que, là, maintenant, on dira : Ah! là, c'est
redondant, c'est sous-entendu que c'est nécessaire. C'est ça aussi qui est
important.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Vous pouvez prendre la parole.
M. Guyon Martin (Alexandre) : Oui,
en fait, pour 5.1, comme il s'agit de renseignements non personnels, donc le
critère de nécessité ne s'appliquait pas nécessairement à ce moment-là. Puis,
quand on est rendu, après ça, à 6.1 et suivants, comme on est dans les
renseignements personnels, le critère de la nécessité établi par la
jurisprudence, à ce moment-là, va s'appliquer.
Mme Ghazal : Donc, je
comprends que, dans n'importe quelle loi, dès qu'on dit renseignement
personnel, ça va s'appliquer, que c'est nécessaire à cause de la jurisprudence,
c'est ça, ou juste ici?
M. Guyon Martin (Alexandre) : Bien,
en fait, ici, la loi sur l'accès est quand même prépondérante sur tous les
emplois, donc, dans la mesure où on ne l'écarte pas, ce qu'on ne fait pas,
justement, ici. Le critère établi par la loi sur l'accès va s'appliquer.
Mme Ghazal : Je ne sais pas,
est-ce que la jurisprudence... est-ce que ça a été déposé? Est-ce que c'est
quelque chose qui a été lu par le ministre? Est-ce qu'on peut l'avoir?
J'aimerais ça. Bien, j'aimerais ça que ce soit déposé.
M. Drainville : Bien, je
pense que... non, mais c'est une question très légitime. Non, non, mais c'est
une question très légitime. Je pense qu'on peut s'arranger pour vous la
trouver. Et est-ce qu'on a accès à une imprimante ici ou pas loin?
Mme Ghazal : ...
La Présidente (Mme Tremblay) : Vous
pouvez nous l'envoyer, puis on va pouvoir le déposer sur Greffier pour les
membres de la commission.
M. Drainville : On va... Sur
Greffier, ça vous convient? Bon, bien, on va la retrouver puis on va la mettre
sur Greffier, Mme.
La Présidente (Mme Tremblay) : Juste
le transmettre à l'adresse de la commission, puis nous, on va le rendre
disponible sur Greffier.
M. Drainville : On va faire
ça. On va faire ça. Très bien. Très bien.
Mme Ghazal : Donc, je
comprends que ça ne va pas... Dans n'importe quelle loi, dès qu'on parle de
renseignements personnels, parce que la Loi sur l'accès à l'information... vous
avez dit, qui a prescience, et à cause de la jurisprudence, que je n'ai pas
retenue, mais peut-être que quand je vais la voir, je vais plus la retenir, ça
fait en sorte qu'on n'a pas besoin d'ajouter ça, puis ça devient une
redondance.
Puis je comprends le principe, là, le
législateur ne parle pas pour ne rien dire, mais est-ce que c'est vraiment
systématique qu'on ne peut pas dire renseignements personnels, c'est-à-dire
que, dans tous les contextes de n'importe quelle loi, dès qu'on dit
renseignements personnels, pas besoin de dire qu'ils sont nécessaires à quelque
chose ou qu'ils sont nécessaires à l'exercice de la fonction du ministre? Ou,
là, dans ce cas précis, dans le contexte dont on parle, des renseignements du
ministère, du ministre de l'Éducation avec ces organismes-là puis le système
qui va être mis en place, là, ça devient redondant?
Je ne sais pas si vous comprenez ma
question. Supposons qu'on était dans une autre loi avec un autre ministre en
train de parler de renseignements personnels, est-ce que le fait de dire que
c'est nécessaire, là aussi, on va dire : Non, on n'a pas besoin de le
mettre? C'est universel, comme règle, ou c'est juste spécifique à ce cas-là
qu'on n'a pas besoin de l'ajouter?
M. Guyon Martin (Alexandre) : Comme
je l'ai mentionné, la loi sur l'accès étant prépondérante, elle va s'appliquer,
à moins qu'on y déroge expressément. Donc, elle va s'appliquer dans toutes les
lois lorsqu'il est question de renseignements personnels, à moins qu'on ne
l'ait spécifié.
Mme Ghazal : Puis j'essaie de
réfléchir aussi, des renseignements personnels qui ne sont pas nécessaires puis
que, là, on va dire : Ah bien, on n'a pas besoin de... c'est-à-dire que,
quand on va discuter du système, là, j'imagine que c'est un système
informatique, en tout cas, peu importe l'outil, le système où il va y avoir les
renseignements, est-ce que, par exemple, si le ministre demande ou le ministère
demande un renseignement personnel mais que ça porte à interprétation que c'est
nécessaire ou pas... Peut-être que le ministre va dire : Ça, c'est
nécessaire pour moi, pour la réussite, pour faire mon travail, pour la réussite
des élèves, mais peut-être que la direction va dire : Non, non, non,
c'est...
• (15 h 40) •
M. Drainville : Ça se peut,
ça.
Mme Ghazal : O.K. Comme quoi,
par exemple, des renseignements personnels qui ne sont pas nécessaires?
M. Drainville : Si je n'ai pas
été capable de faire la démonstration que le renseignement demandé était
nécessaire en fonction de mes fonctions qu'on a déjà... sur lesquelles on a
déjà statué et que je n'ai pas été... s'il s'agit d'un renseignement personnel,
si je n'ai pas fait la démonstration que ce sont des renseignements pour
lesquels il y a une nécessité d'agir, en fonction de la définition que je vous
ai donnée tout à l'heure, à ce moment-là, le gestionnaire de données pourrait
refuser l'autorisation d'avoir accès à ces données-là...
M. Drainville : ...Et
rappelez-vous... Mme la députée de Mercier, rappelez-vous que toute
autorisation que le gestionnaire de données va accorder sera rendue publique,
et il devra justifier dans son rapport à la... notamment à la Commission
d'accès à l'information. Il devra justifier ce pourquoi cet accès a été
accordé, et en quoi est-ce que cet accès était nécessaire, et à quelles fins il
a été accordé, et l'utilisation que nous en avons faite par la suite également.
Toute cette justification, elle ne va pas rester dans le ministère, là. Cette
justification-là va être éventuellement rendue publique, là. Alors...
La Présidente (Mme Tremblay) : Pour
votre information, la jurisprudence est disponible maintenant sur Greffier.
Mme Ghazal : Merci.
M. Drainville : Très bien.
Mme Ghazal : Puis j'avais une
question sur... Est-ce que... Un exemple de renseignement personnel qui ne
serait pas nécessaire, est-ce que ça pourrait par exemple des problèmes de
santé mentale du personnel scolaire?
M. Drainville : C'est une
bonne question, ça. Un exemple de renseignement personnel qui ne serait pas
nécessaire? Je vais vous dire, franchement, Mme la députée de Mercier, je
trouve que dans l'abstrait, c'est difficile de dire... de donner un exemple de
renseignement qui ne serait pas nécessaire. Je ne vois pas, honnêtement... Ça
peut arriver puis ça va peut-être arriver, là, mais je ne vois pas tellement
l'intérêt du ministre ou de la ministre de faire une demande pour des renseignements
qui seraient jugés superflus ou inutiles ou...
Mme Ghazal : ...santé
mentale, problèmes de santé mentale en disant : Peut-être qu'il y a
beaucoup trop d'absences. Est-ce que c'est pour des raisons de burn-out du
personnel? Parce que là je ne parle pas des renseignements sur les élèves. Au
6.13, on va parler des renseignements sur le personnel scolaire. Donc, on peut
dire : Ah! peut-être que, je ne sais pas, la façon qu'on dirige dans cette
école-là, on crée beaucoup de stress, ce qui fait que ça amène des problèmes de
santé mentale au personnel, ce qui fait qu'ils s'absentent. Donc, moi, je veux
savoir : Il y a combien de personnes... C'est quoi, les problèmes de santé
mentale? Donc, c'est des renseignements personnels du personnel scolaire qui
est là. Est-ce que les gens sont absents pour des raisons de santé mentale ou
santé physique de toutes sortes? C'est des renseignements personnels, mais qui
pourraient peut-être, après discussion, là... peut-être, là, le ministre
pourrait dire : Bien, c'est justifié parce que moi, ça va me permettre de
savoir comment cette école-là ou ce centre de services scolaire là est géré.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre. Est ce que vous souhaitez suspendre ou...
M. Drainville : ...deux
secondes, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Tremblay) : On
va suspendre les travaux quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 55)
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
nous reprenons les travaux de la commission. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Drainville : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, on a un exemple. Je pense que j'ai un bon
exemple, là, pour illustrer ce qui ne serait pas nécessaire, une demande de
renseignement qui ne serait pas nécessaire. Et l'exemple que je vais vous
donner, c'est celui d'enfants qui ont des parents séparés ou divorcés...
M. Drainville : ...et donc il
y a alternance d'une semaine à l'autre ou d'une journée à l'autre de... Il y a
une journée, c'est le papa qui va chercher l'enfant aux services de garde. Le
lendemain, c'est la maman, etc. Alors, le service de garde, donc l'école, doit
avoir cette information-là, doit avoir ces renseignements-là, évidemment. Mais
ce serait non nécessaire, c'est non... En tout cas, à sa face même, là,
aujourd'hui, au jour d'aujourd'hui, là je pense que ce serait non nécessaire
pour le ministre de demander ce type d'information qui... que les écoles ont en
main. Et donc un ministre qui voudrait savoir qui sont les parents qui... tu
sais, il y a combien d'enfants, mettons, qui ont des dispositions ou des
clauses de... comment est-ce qu'on dirait ça, là, tu sais, qui ont, au dossier
de l'enfant, des détails aussi précis que les parents de cet enfant
s'appellent, là, je ne sais pas, moi, Alexandra et Carl, et Alexandra et Carl
ont une entente à l'effet que, les lundis, c'est Carl qui vient chercher
l'enfant, puis, le mardi, c'est Alexandra, et cetera. C'est le genre de renseignement
personnel que l'école doit avoir pour gérer son service de garde.
Donc, ce sont des données que le centre de
service a, mais que le ministre ne pourrait pas justifier d'obtenir. Donc, je
pense que ce serait... je pense qu'un ministre qui voudrait savoir si on se
ferait dire par le gestionnaire de données : Ce sont des données pour
lesquelles vous n'avez pas démontré le critère de nécessité, et donc c'est
refusé.
Mme Ghazal : Puis les
critères de...
M. Drainville : On a cherché,
là.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça.
Exact. Je comprends, là, je comprends ce que le ministre vient de me donner
comme exemple, là. Mais si... parce que tout... ce que le ministre... La
justification des données probantes, puis c'est important d'avoir, tu sais, des
renseignements puis des informations, c'est pour s'assurer de voir ce que la
recherche scientifique dit. Puis si, par exemple, dans une étude... ou, en tout
cas, il y a toutes sortes de corrélations qui peuvent être faites pour savoir
c'est quoi, les déterminants de la réussite scolaire. Si, par exemple, il y a
des données probantes ou des études qui montrent que, bien, c'est important
d'avoir ce renseignement-là. Tu sais, ça, c'est peut-être un exemple...
M. Drainville : Non, mais
c'est un très bon point puis je suis content que vous le souleviez, parce qu'on
se disait justement, en préparation a la réponse que je voulais vous donner, on
se disait : Ce qui n'est pas nécessaire aujourd'hui pourrait le devenir
éventuellement, à l'avenir. On ne peut pas prévoir ça. Il y a des données qui
ne sont pas pertinentes aujourd'hui, dans toute la discussion sur la réussite
scolaire, qui pourraient le devenir éventuellement. Et ça, donc, on ne peut pas
prévoir. C'est pour ça que le critère de nécessité est si important, le critère
de nécessité, il balise la demande. Il faut que tu justifies la nécessité puis
il faut que ce soit compatible avec le droit à la vie privée. Puis moi, je
trouve que la phrase qui est importante dans la décision qui nous sert de
critère de décision, c'est la phrase : «Cette proportionnalité jouera en
faveur de l'organisme lorsqu'il sera établi que l'utilisation est
rationnellement liée à l'objectif, que l'atteinte est minimisée, et que la
divulgation du renseignement requis est nettement plus utile à l'organisme que
préjudiciable à la personne.»
• (16 heures) •
Mme Ghazal : Ça, c'est où,
ça?
M. Drainville : C'est dans la
fameuse définition que nous avons...
Mme Ghazal : Ah oui! Ça a été
déposé, mais je n'ai pas trouvé encore, là...
M. Drainville : Oui, voilà.
Mme Ghazal : ...je ne sais
pas comment le trouver. O.K.
M. Drainville : Bien, on
peut...
Mme Ghazal : Non, non, non,
il est déjà là.
M. Drainville : O.K. D'accord.
Mme Ghazal : Mais c'est ça,
c'est qu'on ne sait pas. Peut-être qu'un jour, peut-être qu'un jour le fait de
savoir si le père ou la mère, ou je ne sais pas trop qui, vient chercher
l'enfant a un lien avec la réussite. Évidemment, ça a l'air farfelu, mais...
16 h (version non révisée)
Mme Ghazal : ...ça a l'air
farfelu, mais le ministre me dit que c'est possible, sauf que...
M. Drainville : C'est
possible, mais...
Mme Ghazal : ...tu sais, moi,
j'ai donné un autre exemple qui pourrait ne pas être farfelu, mais qui pourrait
être quand même sensible, c'est par exemple les burn-out, les problèmes de
santé mentale du personnel ou des enfants, parce qu'il y a une étude qui
démontre que... les données probantes démontrent que c'est une information
importante à avoir et qui a un lien sur la réussite scolaire, et donc ça prend
tel type d'intervention, ou il faudrait plus de psychologues, ou je ne sais pas
trop quoi, par exemple si c'est pour les élèves. Est-ce que... Dans le fond, la
question, c'est : Elle est où, la limite? Jusqu'où?
M. Drainville : La limite, c'est
la nécessité. Il faut que tu démontres que ce que tu veux avoir comme données
est vraiment nécessaire en fonction des fonctions du ministre et aussi en
fonction des critères qui balisent la nécessité. Est-ce que c'est nécessaire ou
pas? Et cette évaluation-là, elle va être faite par le responsable des données
numériques. Il va jouer un rôle très important, ce gestionnaire des données
numériques.
Mme Ghazal : Est-ce qu'on
peut dire que tout... Tu sais, souvent, on va dire, là, tous les moyens
justifient... Non. La fin justifie les moyens. Est-ce que la réussite justifie
tous les types de renseignements sans aucune limite?
M. Drainville : Non,
évidemment pas. Non, c'est sûr que non.
Mme Ghazal : Mais c'est quoi,
la limite? C'est ça, comment on la trace?
M. Drainville : Bien, on la
trace à partir de l'objectif recherché...
Mme Ghazal : Mais dans la
loi...
M. Drainville : ...et il faut
que ce soit...
Mme Ghazal : Comment on s'en
assure dans la loi, que cette limite-là est respectée? Ça, c'est comme une
sorte de moyen que l'amendement de la députée de Robert-Baldwin amène en disant :
Bien, il faut mettre qu'est-ce qui est nécessaire à l'exécution de ses fonctions.
M. Drainville : Oui, mais...
Mme Ghazal : Je comprends que
c'est redondant, puis, qu'on le mette ou qu'on ne le mette pas, pour le
ministre, c'est la même chose. Donc, est-ce qu'il y a d'autres moyens dans la
loi qu'on s'assure qu'il y ait une limite, puis c'est laquelle? Vu que l'objectif,
c'est la réussite, puis une des façons d'y arriver, c'est d'avoir toutes les
données possibles, personnelles et non personnelles, jusqu'où? La question, c'est :
Jusqu'où? Puis comment est-ce qu'on peut, dans la loi, la tracer?
M. Drainville : Mais elle est
déjà tracée, c'est ça que je vous dis, elle est déjà tracée.
Mme Ghazal : À cause du...
M. Drainville : Oui, c'est
ça.
Mme Ghazal : ...nécessaire
qui est dans le...
M. Drainville : Oui, c'est
ça, exactement.
Mme Ghazal : Pouvez-vous
juste... C'est parce que je... C'est-tu dans Documents déposés, c'est ça? Non.
M. Drainville : Si vous
allez...
Mme Ghazal : Dans Greffier, c'est
dans Documents déposés, c'est ça?
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui.
Mme Ghazal : Puis c'est le
dernier?
La Présidente (Mme Tremblay) : C'est
dans Documents distribués, donc, le document, là.
Mme Ghazal : Ah! Distribués.
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui.
Mme Ghazal : Ah! bien oui.
La Présidente (Mme Tremblay) : Là,
vous pourrez trouver, là, la jurisprudence.
Mme Ghazal : C'est bon.
Distribués virtuellement. O.K., je la vois.
M. Drainville : Regardez
bien, je... Si vous me permettez, Mme la députée de Mercier...
Mme Ghazal : Oui.
M. Drainville : ...si vous
allez à 6.9...
Mme Ghazal : Oui.
M. Drainville : ...«Le
gestionnaire peut autoriser la communication et l'utilisation demandée
conformément à... 6.8 - on va aller à 6.8 dans un instant - pour la durée, aux
conditions et selon les modalités qu'il détermine lorsqu'au terme de son appréciation
de cette demande, il considère que les conditions suivantes sont remplies :
«1° la communication ou l'utilisation
demandée s'inscrit dans le cadre de... 6.8;
«2° les mesures de sécurité qui seront en
place lorsque les renseignements seront communiqués ou utilisés sont propres à
assurer la protection des renseignements.
«L'autorisation doit prévoir que la
communication ou l'utilisation d'un renseignement se fait uniquement sous une
forme ne permettant pas d'identifier directement la personne concernée lorsque
l'atteinte des finalités visées par la communication ou l'utilisation de ce
renseignement est possible en le communiquant ou en l'utilisant sous une telle
forme.
«Le gestionnaire motive sa décision par
écrit.».
Et, si vous allez à 6.8 : «Le
ministre peut demander au gestionnaire l'autorisation :
«1° de recevoir communication de
renseignements personnels détenus par un organisme;
«2° d'utiliser des renseignements
personnels déposés par un organisme dans le système de dépôt et de
communication des renseignements.
«La demande d'autorisation doit être
présentée par écrit au gestionnaire. Elle doit :
«1° préciser les finalités pour lesquelles
la communication ou l'utilisation d'un renseignement est demandée et démontrer
que les renseignements sont nécessaires aux fins de l'exercice de ses fonctions
et pouvoirs visés par la présente loi ou par une autre loi dont il est
responsable de l'application en matière d'éducation; et
«2° présenter les mesures de sécurité qui
seront en place lorsque les renseignements seront communiqués ou utilisés.»
Et donc, dans le premier paragraphe,
«préciser les finalités pour lesquelles la communication ou l'utilisation d'un
renseignement est demandée et démontrer que les renseignements sont
nécessaires.» Et donc, il faut démontrer que les renseignements sont
nécessaires, et là, ça renvoie à la définition de la nécessité que je vous ai
lue tout à l'heure.
Mme Ghazal : O.K. Juste pour
être sûre, ici, c'est les renseignements personnels aussi, à 6.8...
M. Drainville : Oui.
Mme Ghazal : ...la demande
1°?
M. Drainville : Oui. À partir
de 6.1, ce sont les renseignements personnels dont il est question.
Mme Ghazal : O.K. Puis là, c'était
correct...
Mme Ghazal : ...O.K. Puis là
c'était correct de dire «nécessaire». Excusez-moi, je ne suis pas juriste du tout,
ça fait que, moi, tout ça, ça me mélange, mais là ici c'était nécessaire de
dire «nécessaire».
M. Drainville : Il faut que
la demande soit nécessaire. Allez-y, M. le juriste. Allez-y.
Mme Ghazal : Ah, c'est la...
O.K., O.K., O.K., il faut que je lise le français, c'est ça.
M. Guyon Martin (Alexandre) : C'est
ça. En fait, ici, c'est la demande d'autorisation, on précise qu'est-ce que ça
doit contenir puis on demande de faire la démonstration que c'est nécessaire
pour qu'après ça, l'analyse de la nécessité puisse être faite. Donc, c'est le
corollaire de l'analyse, mais du point de vue de la demande.
Mme Ghazal : Mais pour vrai,
là, M, le juriste, si on acceptait de mettre ici «nécessaire», je comprends
tous les cheveux qu'on est en train de couper en 50 puis c'est le... je ne suis
pas en train de vous critiquer vous, là, mais... c'est un truc de juriste puis
ce n'est pas vous qui avez mis ça en place, là, mais, tu sais, pour rassurer
tout le monde, là... bien là, ça, c'est le ministre, là, qui va... qui doit
répondre à ça, là, pas vous le... pour rassurer tout le monde, pour s'assurer
qu'il y ait une limite, je comprends, là, moi, je trouve ça intéressant, là,
qu'on lit à 6.8, 6.9, mais de mentionner que c'est nécessaire ici, tu sais, ça
ne se peut pas que ce n'est jamais arrivé qu'il n'y ait pas de redondance. Ce
n'est jamais...
Mme Garceau : Oui...
La Présidente (Mme Tremblay) : ...Baldwin
souhaite intervenir.
Mme Garceau : Oui, Mme la
Présidente, avec votre permission, on va aborder le sujet d'une autre façon.
6.1., lorsqu'on parle de... je comprends, critères de nécessité, et tout ça.
6.8, très pertinent parce que ça va... ça vient rejoindre mon amendement au
niveau de la définition de renseignements personnels en éducation qui va être
nécessaire afin de, puis je reprends vos termes, de soutenir la gestion du
réseau de l'éducation, c'est très large comme définition, ainsi que
l'organisation, la planification et la prestation de services. Donc, la raison
d'être de l'amendement, c'est pour encadrer. Il faut mettre un encadrement ici
dans la définition des renseignements que le ministre va pouvoir aller chercher
pour les fins de l'exercice de ses fonctions, pour soutenir la gestion du
réseau, ainsi de suite.
• (16 h 10) •
Donc, à titre d'exemple, parce qu'on
touche le personnel... je veux dire le personnel, pas le personnel soutien et
les enseignants, les enseignantes, mais on touche des aspects personnels de la
vie d'un élève, de la vie des enseignants, des enseignantes, et je ne peux pas
croire que les parents, le personnel du réseau scolaire ne sont pas préoccupés
par cet aspect de quelle est la limite, on va jusqu'à où pour définir les
renseignements que le ministre a besoin pour accomplir, si je peux dire, sa
mission? Parce qu'au bout du compte, c'est l'objectif, c'est la réussite
scolaire puis assurer la réussite scolaire. Donc, est-ce que ça veut dire qu'on
s'en va dans... Parce que ce n'est pas défini, M. le ministre, et c'est ça, la
préoccupation, les renseignements perso ne sont pas définis. Donc, concernant
les renseignements, je reviens à l'alinéa deux des renseignements concernant un
élève, oui, peut-être des groupes, mais est-ce que ça veut dire qu'on s'en va
dans... des enfants, il y a des signalements à la DPJ, il y a des rapports
d'évaluation de la DPJ, est-ce qu'on va aller chercher les rapports? Parce que
c'est des enfants, question de vulnérabilité, question de familles
défavorisées. Est-ce qu'on s'en va dans les expertises psychosociales? Ou il y
a eu des enjeux de capacité parentale entre les parents, et tout ça, qui
viennent affecter l'enfant, donc, le comportement de l'enfant, donc il est à
risque peut-être de... oui, il va peut-être couler des cours parce qu'il y a
des problèmes à la maison, donc... Et même au niveau du personnel, est-ce qu'on
s'en va, comme ma collègue de Mercier a mentionné, des questions de burn-out,
des questions de dossiers médicaux, la médication pour les enfants et...
Mme Garceau : ...le personnel,
il faut l'encadrer, M.... il faut sécuriser que le personnel de nos... de notre
réseau scolaire et les parents, il faut les protéger dans une certaine mesure
ici. Donc, il y a des choses, oui, des éléments qui sont absolument nécessaires
pour accomplir votre mandat, votre mission, la réussite scolaire, mais il y a
une limite à ces renseignements-là. Et je pense que... Donc, c'est pour ça que
je reviens à... dans la rédaction de ce projet de loi et les éléments de
renseignement que vous avez à votre disposition, je présume que vous avez quand
même une idée de quels éléments, quels renseignements vous avez besoin et qu'on
ne va pas empiéter sur la vie privée des enfants, potentiellement de leurs
parents, parce qu'il va y avoir dans le dossier des éléments peut-être de
violence, de viols et même, M. le ministre, les enfants de 14 ans, des
enfants, 15, 16... des jeunes filles qui ont eu peut-être des avortements. Il y
a eu des viols, il y a eu... Est-ce que cette information là vous allez dire
que c'est nécessaire dans la gestion du réseau ou l'organisation? Il y a une
limite, M. le ministre, dans le genre, le type de renseignements.
M. Drainville : Mais la loi
fixe la limite, c'est ça, l'affaire. Mme la Présidente, la loi fixe la limite.
La limite, c'est le test de nécessité. Le test de nécessité dit : « Un renseignement sera
nécessaire ou pas, lorsqu'il pourrait être jugé absolument indispensable ou au
contraire simplement utile. Il sera nécessaire lorsque chaque fin... spécifique
poursuivie par l'organisme pour la réalisation d'un objectif lié à ses
attributions. » Donc, il
sera nécessaire lorsque chaque fin poursuivie par l'organisme, dans ce cas-ci,
le ministère de l'Éducation, sera légitime, importante, urgente et réelle et
lorsque l'atteinte au droit à la vie privée que pourra constituer la
cueillette, la communication et la conservation de chaque élément de
renseignement sera proportionnelle. Donc, si c'est disproportionnel, la demande
d'accès ne sera pas accordée. C'est ça, la règle et on continue : « Cette proportionnalité jouera
en faveur de l'organisme lorsqu'il sera établi que l'utilisation est
rationnellement liée à l'objectif, que l'atteinte et minimisée, l'atteinte à la
vie privée, si je comprends bien, que l'atteinte est minimisée et que la divulgation
du renseignement requis est nettement plus utile à l'organisme que
préjudiciable à la personne. »
Dans les exemples que vous donnez, si
c'est préjudiciable aux enfants, dans ce cas-ci, la demande d'accès ne sera pas
accordée. Autrement, le droit à la vie privée, à la confidentialité des
renseignements personnels devra prévaloir. Tous les arguments tout à fait
légitimes, toutes les préoccupations tout à fait légitimes que vous exprimez,
Mme la députée de... excusez-moi de...
Mme Garceau : Robert.
M. Drainville : Robert, je...
oui, Robert...
Mme Garceau : Je le sais, on
achève.
M. Drainville : On salue
Robert, on salue Robert. Alors...
Mme Garceau : On salue
Robert, oui.
M. Drainville : Allô, Robert.
Ça fait que toutes les préoccupations fort légitimes que la députée de
Robert-Baldwin soulève, en toute sincérité, je pense qu'elle trouve réponse,
ses préoccupations, dans la définition très bien décrite, honnêtement, je
trouve que c'est vraiment... c'est un article... pas un article, mais une
partie de décision qui est vraiment bien écrite et qui est très, très claire.
C'est du droit très, très clair et très bien construit et je trouve qu'il y a
là-dedans réponse aux inquiétudes, Mme la Présidente, que nous exprime la
députée de Robert-Baldwin.
C'est pour ça que je dis : Je
comprends ce que vous me dites puis vous avez raison de soulever les questions
que vous soulevez, vous avez absolument raison de les soulever, mais je trouve
que, si vous... si on retourne à la définition de nécessité, on a la... on a
le...
M. Drainville : ...le filet de
sécurité que vous réclamez, on l'a déjà. Donc...
Mme Garceau : Donc, qui est
le, comme, garant, si je peux dire, qui ultimement prend la décision de qu'est-ce
qui va être nécessaire?
M. Drainville : Le
gestionnaire, sous supervision de la Commission d'accès à l'information, à
laquelle il va devoir faire rapport. La Commission d'accès à l'information, si
vous regardez à l'article 6.17 : «La Commission d'accès à
l'information est chargée de surveiller l'application des dispositions de la
présente loi relatives au système de dépôt et de communication de
renseignements ainsi qu'à l'utilisation et à la communication de renseignements
personnels. Elle dispose, pour ce faire, de tous les pouvoirs prévus par la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels.»
Alors, le gestionnaire de données
publiques va devoir appliquer le critère de nécessité, refuser ou accorder
l'accès aux données. Une fois que les données auront été obtenues, le ministère
va devoir rendre compte de son utilisation. Ces rapports-là seront rendus
publics et ils seront par ailleurs acheminés à la commission d'accès, qui va
pouvoir porter un jugement sur l'utilisation. Donc, la commission d'accès va
pouvoir continuer à jouer son rôle de chien de garde.
La Présidente (Mme Tremblay) : D'autres
commentaires?
Mme Garceau : Oui. Je
comprends, mais là, tel que prévu un petit peu plus loin dans le texte de loi,
vous avez un autre aspect qui me préoccupe, que la gestion opérationnelle du
système peut être transmise à un tiers, vous pouvez conférer un mandat, en tout
ou en partie, de la gestion opérationnelle... et confie... Et là je regarde
plus particulièrement le...
M. Drainville : Là, vous êtes
à 6.3?
Mme Garceau : ...6.3, oui.
M. Drainville : 6.3, oui.
Mme Garceau : Oui,
exactement. À la fin, lorsqu'on parle d'une entente, parce que vous pouvez
confier... ou même vous pouvez, premièrement, confier, 6.3, au début, en tout
ou en partie, ça, peut-être une autre journée, on va entrer dans les détails de
qu'est-ce que tout ça veut dire... par un gestionnaire opérationnel qu'il
désigne. Donc, le gestionnaire opérationnel, il y a des possibilités que
certains renseignements soient gérés à l'extérieur du ministère de l'Éducation,
que vous n'avez pas le système en place, qu'il y a une entreprise qui a une
expertise, qui va pouvoir faire la gestion. Et donc il y a un mandat qui est
confié, contrat de service, à une entreprise pour les services d'hébergement,
d'opération, d'exploitation. Et donc est-ce que ça veut dire que ça va être ce
tiers qui va déterminer qu'est-ce qui est nécessaire comme renseignement?
• (16 h 20) •
M. Drainville : Savez-vous
quoi, Mme la Présidente, quand on parle du gestionnaire opérationnel ici, là,
on parle de la GRICS. La GRICS... En fait, elle est envisagée pour jouer ce rôle-là,
la GRICS. C'est une filiale du gouvernement selon la Loi sur les contrats et
organismes publics. Elle héberge déjà des données pour les centres de services
scolaires et les commissions scolaires.
Maintenant, donc, je comprends, encore une
fois, la préoccupation puis le questionnement de la députée de Robert-Baldwin,
mais je pense que ça ne serait pas une bonne... une mauvaise idée à ce
stade-ci, il nous reste encore 10 minutes, de peut-être référer au
sous-ministre responsable du numérique, je résume un petit peu votre titre,
mais, je pense, ça pourrait être une bonne idée, peut-être, de nous donner un
petit peu plus d'information, là, sur... en réponse à la question qui est
soulevée par la députée.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Une voix : Consentement.
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
je vais vous permettre de vous identifier avant de prendre la parole.
M. Lehoux (Stéphane) : Bonjour.
Stéphane Lehoux, sous-ministre adjoint Numérique et information au ministère de
l'Éducation...
M. Lehoux (Stéphane) : ...à
la question, le gestionnaire opérationnel des données peut effectivement... il
peut être envisagé que la GRICS joue ce rôle-là. La GRICS, actuellement, est...
c'est une filiale du ministère ou du gouvernement en fonction de la Loi sur les
contrats. Elle est déjà au centre des opérations des centres de services
scolaires. Donc, elle travaille avec les centres de services scolaires depuis
plus d'une trentaine d'années, offre des services informatiques aux centres de
services scolaires et héberge la majorité des données des centres de services
scolaires du côté autant pour le volet élève, ou personnel, ou autre. Elle est
déjà au cœur des opérations et pourrait assurément, selon l'entente, là, et les
modalités de l'entente, là, c'est important, ici, de bien signaler que les
modalités de l'entente seront à définir, mais jouer le rôle de gestionnaire
opérationnel des données.
Mme Garceau : Donc, on
revient vers ma préoccupation, que si un mandat est confié à un tiers pour
faire la gestion de certaines données, parce qu'on mentionne que c'est en tout
ou en partie, il y a cette possibilité-là, donc, qui détermine parce que qui va
déterminer la nécessité du renseignement?
M. Lehoux (Stéphane) : Ce
n'est pas le gestionnaire opérationnel. Le gestionnaire opérationnel a pour
rôle de mettre en place le système de dépôt de communication et s'assurer de sa
sécurité en fonction de toutes les pratiques et normes de sécurité en vigueur,
s'assurer d'effectuer le transfert des données vers ce système-là, d'en assurer
la mise à jour, la journalisation et de mettre en place tous les aspects de
sécurité. Mais ce n'est pas le gestionnaire opérationnel qui détermine des
critères de nécessité lorsqu'une demande lui est... lorsqu'une demande du
ministre est adressée. C'est les gestionnaires... C'est les gestionnaires
délégués à la revue numérique qui ont cette responsabilité-là.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Tremblay) : Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Bien,
j'ai... Écoutez. Moi, c'est sûr que je vais appuyer l'amendement qu'on a ici.
Je comprends les explications qui nous ont été données, mais je me dis que pour
rassurer, tu sais, les gens par rapport à... au vote qu'on va, tu sais, ça va
être où la limite. Il faut que ça soit écrit dans la loi. Et un amendement
comme celui-là, tu sais, pourrait... Tout en comprenant que, le ministre, son
intention n'est pas d'aller chercher des informations qui ne sont pas nécessaires,
etc., puis, de toute façon, il y a d'autres, peut-être, protections.
Mais en ce moment, on a le projet de loi
devant nous, le texte qui est devant nous, puis je suis certaine que ça ne
changerait rien dans le sens que ça améliorerait le fait de rassurer les gens,
d'ajouter cet amendement-là. Donc... Puis aussi, en fait, ça, peut être tout à
l'heure, on va en discuter un peu plus, là, du gestionnaire puis tu sais, de
s'assurer de toutes les protections possibles pour ne pas aller dans la vie privée,
là, que ce soit des élèves ou aussi du personnel. Ça aussi, ça va être un
élément très, très important parce qu'on peut pousser loin les arguments
d'aller chercher le plus d'information possible dans le but d'assurer la
réussite des élèves. Même s'il y a peut-être des protections dans la loi qui
permettent, c'est quand même un élément inquiétant puis un élément important vu
que l'objectif aussi de la loi puis de l'institut, c'est de s'assurer d'avoir
les données probantes et que les données probantes vont permettre, c'est un peu
ça l'esprit, là, permettre de s'assurer de la réussite des élèves, alors que
c'est comme une école de pensée, là, qui est très, très, je l'avais déjà dit,
là, très, très étroite et très... C'est comme si c'était tout ce qui comptait,
là. Je sais que le ministre dit que ce n'est pas juste ça, uniquement les
données.
M. Drainville : ...le
lien entre l'INEE et les données, ici, parce qu'il y en... Il n'y a pas de...
il n'y a pas de lien, là.
Mme Ghazal : Les
données, ce n'est pas pour... pour notamment l'institut?
M. Drainville : Bien,
les données, le ministère a les...
Mme Ghazal : Je
comprends qu'ici on est dans la...
M. Drainville : Il va
les obtenir s'il est autorisé à les obtenir, va faire certains constats. Est ce
qu'une fois que les données auront été interprétées puis que les analyses
seront publiques, est ce que l'INEE pourra se servir de ces analyses-là? Je...
M. Drainville : ...je ne sais
pas quoi répondre à cette question-là.
Mme Ghazal : Bien, c'est ça
l'objectif.
M. Drainville : Assurément,
parce que ce sera du domaine public à ce moment-là. Voilà, c'est ça.
Mme Ghazal : Je comprends
qu'on n'est pas dans la section du... on est dans la LIP, là.
M. Drainville : Oui, oui,
oui.
Mme Ghazal : Puis que
l'objectif, c'est d'aller le chercher. Mais il y a quand même un lien que je
voyais.
M. Drainville : Mais ce que
je veux dire, c'est que... bien là, corrige-moi si je me trompe, M. Lehoux, mais
est-ce que l'INEE pourrait faire une demande au ministère pour avoir accès à
certaines données qui seraient nécessaires à des études, mettons, que l'INEE
voudrait mener? À ce moment-là, il faudrait... Est-ce qu'il pourrait même
passer... faire une demande directement au gestionnaire de données numériques?
Est-ce que l'INEE pourrait faire cette demande-là? Il faudrait vérifier, hein?
Une voix : On va vérifier.
M. Drainville : On va
vérifier. On a... Il nous reste encore quelques minutes.
Mme Ghazal : Oui, on va avoir
du temps. Oui, c'est ça.
M. Drainville : Oui, oui,
c'est ça, on aura du temps, alors on va vérifier ça effectivement. Non, mais
c'est une bonne question, c'est une bonne question. On pourra le vérifier
puis...
Mme Ghazal : Mais moi, je le
prenais un petit peu pour acquis que, toutes ces données-là, je comprends que
c'est pour le ministre. Mais à un moment donné...
M. Drainville : Mais à partir
du moment où elles sont domaine public, la réponse est, oui, là.
Mme Ghazal : C'est ça.
M. Drainville : Elles sont
accessibles à tout le monde. Mais est-ce qu'il y aurait un chemin par lequel
l'INEE pourrait éventuellement faire des demandes comme celle- là? C'est à
voir, on va le... on va le vérifier.
Mme Ghazal : O.K.
M. Drainville : C'est une
bonne question.
Mme Ghazal : Bien, en résumé,
je vais voter pour cet amendement-là.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions concernant l'amendement qui a été soumis par
la députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau : Non. Un vote
nominal, je demanderais.
La Présidente (Mme Tremblay) : Un
vote nominal, parfait. Donc, on va procéder au vote.
La Secrétaire : Mme Garceau
(Robert Baldwin)?
Mme Garceau : Pour.
La Secrétaire : M. Drainville
(Lévis)?
M. Drainville : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre
La Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre
La Secrétaire : M. Rivest (Côte-du-Sud)?
M. Rivest : Contre.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire : Mme Tremblay
(Hull)?
La Présidente (Mme Tremblay) : Abstention.
Donc l'amendement est rejeté.
Ce que je vous propose là, compte tenu de
l'heure, il nous reste à peu près 1 min 30 s, donc la commission
ajournerait ses travaux sine die. Donc est-ce que vous êtes en accord?
Consentement pour tout le monde?
M. Drainville : On fait ça.
On fait ça.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Alors, bonne fin de journée à tous et à toutes.
M. Drainville : Merci et
bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à
16 h 29)