Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 23 mars 2023
-
Vol. 47 N° 5
Mandat d’initiative portant sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d’autres sports
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14 h 30 (version non révisée)
(Quatorze heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de poursuivre les consultations particulières et des auditions publiques dans
le cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de violence lors
des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d'autres
sports.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Donc, nous attendrons cet après-midi Sport'Aide
ainsi que M. Richard Létourneau, qui est président du conseil d'administration
des Saguenéens de Chicoutimi et président de l'assemblée des membres de la
LHJMQ.
Donc, je souhaite la bienvenue pour
commencer à Sport'Aide, représenté par M. Denis Servais, président, et M. Sylvain
Croteau, directeur général. Donc, messieurs, je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour vous présenter. Donc, suite à cela, nous procéderons à la période d'échanges
avec les membres de la commission. Donc, je vous invite à débuter votre exposé
et nous faire part de votre présentation.
M. Servais (Denis) : Merci
beaucoup. Bonjour, Denis Servais, impliqué dans le monde du loisir, du sport et
de la vie communautaire depuis la fin des années 70 ou à titre de
professionnel de la Ville de Québec ou bénévole dans plusieurs organisations
sportives, accompagné de Sylvain Croteau, directeur général de Sport'Aide.
Merci beaucoup de nous donner la possibilité de nous exprimer dans cette
commission.
Actif depuis juillet 2017, Sport'Aide a
pour mission d'assurer un leadership pour des environnements sportifs sains,
sécuritaires et harmonieux pour les sportifs du Québec ainsi que les parties
prenantes impliquées dans le sport, et ce, tant au niveau élite que récréatif.
Sport'Aide offre donc des services d'accompagnement, d'écoute et d'orientation
aux divers acteurs du monde sportif et aux victimes et aux témoins de tout type
de violence. En parallèle, Sport'Aide fournit des services conseils aux
différentes organisations relevant des milieux sportifs, scolaires, municipaux
et de loisir liés à la communauté sportive. Sport'Aide va donc au développement
et à l'implantation et à l'optimisation d'outils, tels que des politiques, des
procédures, des codes, en plus d'activités d'éducation ou de sensibilisation.
Cela dit, pour le sujet qui nous
interpelle aujourd'hui et depuis quelques semaines, soit les initiations
sportives abusives, nous aimerions d'abord souligner que ces dernières sont
loin d'être l'apanage du hockey junior. Il s'agit d'un phénomène se retrouvant
dans l'ensemble des sports, qu'il soit collectif ou individuel. Une étude
nationale aux États-Unis rapportait d'ailleurs que 80 % des athlètes
collégiaux, tous sports et sexes confondus, avaient vécu des comportements
abusifs lors d'initiations. Nous encourageons ainsi la présente commission à
considérer que ces pratiques ne sont pas seulement caractéristiques de la Ligue
de hockey junior majeur du Québec, mais bien du sport dans son entier.
• (14 h 50) •
Maintenant, au risque de mentionner une
évidence, nous déplorons naturellement les initiations abusives en contexte
sportif. Il s'agit d'activités humiliantes, dégradantes, abusives et/ou
dangereuses, qu'elles soient de nature sexuelle ou autre, qui brisent les
règles du consentement et qui ne contribuent d'aucune façon au développement
positif de l'athlète. Au contraire, ces activités ont plutôt de graves
conséquences sur le plan psychologique et social. Nous parlons ici notamment d'un
sentiment d'humiliation, de perte de confiance en soi et envers les autres, de
difficultés relationnelles, d'exclusion, de trouble du stress post-traumatique,
d'anxiété et de dépression. Ce genre de conséquences pourrait même perdurer
jusqu'à 36 ans après les événements.
Si ces conséquences sont si dommageables,
c'est probablement que les initiations abusives se manifestent entre les pairs.
La particularité de la violence entre les pairs est le fait qu'elle est répétée
et constante au lieu d'être sporadique. De cette manière, les conséquences de
cette violence s'ancrent dans la structure psychologique des victimes et y
laissent une marque quasi indélébile. Pour appuyer ces propos, voici un premier
extrait d'un témoignage que nous vous partageons avec l'accord de la personne
concernée....
M. Servais (Denis) : ...j'ai
pratiqué plusieurs sports, mais le hockey a été celui dans lequel j'excellais
et sur lequel mes parents ont beaucoup investi. C'est connu et reconnu depuis
longtemps que le sport et la violence sont intimement liés, mais la violence la
plus destructrice et traumatisante est celle que j'ai subie, non d'un
entraîneur ou d'un adversaire mais de mes propres coéquipiers.
M. Croteau (Sylvain) : Pour
ceux et celles qui seraient tentés de justifier les initiations abusives à
leurs soi-disant bénéfices sur le plan sportif, la recherche montre au
contraire qu'elles diminuent la cohésion d'équipe plutôt que de la favoriser,
sans oublier que la violence vécue, entre autres, lors de ces activités limite
la performance et pousse vers l'abandon sportif.
Quant à nous, chez Sport'Aide, les
témoignages que nous recevons pointent d'ailleurs en ce sens, et voici un
second extrait du témoignage de la personne citée précédemment :
«Finalement, je comprends aujourd'hui que cette saison cauchemardesque est
l'une des raisons pourquoi j'ai refusé par la suite toutes les invitations
reçues pour les camps de sélection d'équipes de la LHJMQ. Il n'était pas
question de revivre ce harcèlement, cette humiliation et cette peur déjà
vécue.» Cette citation souligne aussi une composante importante des initiations
abusives, soit l'omerta les entourant. Cette omerta est fondée en partie sur le
fait qu'il est difficile pour l'athlète de comprendre et de réaliser les
conséquences des initiations abusives vécues. Ces conséquences variées
proviennent d'actions, de comportements et de paroles banalisées par les
athlètes et par les adultes responsables.
Une statistique frappante sur le sujet
rapporte que 12 % des athlètes disent avoir vécu une initiation abusive,
alors que 80 % décrivent avoir vécu, pendant leurs initiations, des
comportements pouvant être classés comme abusifs. La discrépance entre ces deux
statistiques s'explique notamment par la banalisation des comportements abusifs
lors des initiations en contexte sportif. De plus, il y a, bien sûr, la peur du
rejet et celle d'être perçu comme une personne faible, casseuse de party, un
«stool», nos plus jeunes diraient une «snitch», voire un traître par ses
coéquipiers et ses entraîneurs. Pour ces raisons, 95 % des personnes qui
vivent une initiation abusive ne la signaleront pas. C'est seulement après
avoir quitté le milieu sportif que les athlètes réalisent ce qu'ils ont vécu,
des impacts que cela a engendrés sur eux et que certains trouveront alors la
force de briser le silence.
Devant ce triste constat, que faire? Il
pourrait être tentant de vouloir adopter une politique tolérance zéro en
interdisant simplement les initiations. Sport'Aide estime toutefois que cette
approche implique deux grandes limites. D'abord, elle ne fait pas la
distinction entre une initiation positive et une initiation abusive. La
première, respectant la dignité et l'intégrité des participants, peut avoir des
effets positifs sur la cohésion, le bien-être et les performances en se
centrant autour d'activités de team building favorisant notamment la sécurité
psychologique. Par exemple, ces activités pourraient prévoir d'accomplir du
travail communautaire ou de participer à des activités bénévoles en équipe, de
planifier des activités sociales ludiques où l'on favorise l'échange, la
coopération, l'esprit d'équipe et le leadership, même d'associer un vétéran
comme mentor d'une recrue afin de l'accompagner dans son développement sportif
mais aussi dans son développement personnel. Vous conviendrez qu'il serait
contre-productif d'interdire ce genre d'initiation qui pourrait être grandement
bénéfique.
Ensuite, si les initiations abusives
doivent être sanctionnées, la recherche dans le milieu scolaire montre depuis longtemps
que les approches tolérance zéro ne sont pas efficaces dans la prévention des
comportements abusifs. L'American Psychological Association et le barreau
américain se sont d'ailleurs exprimés contre ce genre d'approche, déplorant
leur inefficacité. La logique est simple, ces méthodes ne sont qu'une façon de
se mettre la tête dans le sable, de se donner l'impression de faire quelque
chose et de se débarrasser du problème. Pour avoir été jeunes nous-mêmes,
croyons-nous vraiment que les jeunes qui désirent faire des initiations
abusives ne trouveraient tout simplement pas une façon de la faire autrement?
Il faut plutôt travailler en prévention,
en responsabilisation pour changer la culture nocive, qui a aussi... il faut le
rappeler, est au cœur des événements récents chez Hockey Canada impliquant une
histoire de viol collectif, et la protection des accusés. Au même titre que la
violence conjugale, il est maintenant temps de briser cette chaîne de violence
qui se transmet de génération en génération. Dans ce sens, revenons au contexte
du hockey junior et au nouveau commissaire de la LHJMQ, qui heureusement, dans
ses plus récentes apparitions médiatiques, a notamment parlé de mandat de
société et d'un changement de mentalité. Sport'Aide siégeant elle-même sur le
Comité indépendant d'aide aux joueurs de la Ligue depuis quelques années, il va
sans dire que nous souhaitons que ces bonnes intentions se traduiront en
actions concrètes.
Concernant des actions concrètes nous
proposant d'adopter une vision comparable à celle qui nous guide, chez
Sport'aide, depuis nos débuts, soit une approche globale, positive, durable et
responsable. Celle-ci nous a d'ailleurs permis de créer différentes initiatives
prévenant l'intimidation, favorisant la cohésion et le leadership positif,
encourageant l'inclusion des diversités en contexte sportif...
M. Croteau (Sylvain) : ...ces
initiatives sont reconnues par de nombreuses organisations et tendent à être
reproduites à l'international. Donc, pour les quatre éléments, le premier
global, au sens qu'un changement social de cet ordre demande un engagement de
tous les acteurs des milieux fédérés et non fédérés, récréatifs et compétitifs,
ainsi que de différents ministères : l'Éducation et le Sport, mais la
Justice, la Sécurité publique, la Santé et les Services sociaux, la Condition
féminine et la Famille. Tous ces acteurs doivent travailler ensemble et pour le
bien-être de notre communauté sportive.
Le deuxième élément de notre approche,
positive, au sens qu'il est nécessaire de sanctionner les comportements
abusifs, mais qu'il est primordial de miser sur la prévention et l'encadrement.
Cela comprend notamment de se doter de politiques et de procédures claires,
appliquées et efficaces, de répondre de manière optimale aux réalités du milieu
ainsi qu'aux plaintes formulées, de gérer les écarts de conduite à l'aide de
sanctions éducatives et réparatrices, de viser le développement des habiletés
de vie et le bien-être général des sportifs, bref, miser sur l'éducation et la
formation de l'ensemble des acteurs du milieu.
Troisième élément, durable, puisqu'une
culture ne se change pas en claquant des doigts. Pour ce faire, il est
essentiel que les milieux, actuellement, fortement mobilisés soient davantage
supportés en ressources humaines et financières. Il ne faut donc pas penser
révolutionner le monde avec... excusez, avec une activité de sensibilisation
ponctuelle simplement pour cocher des cases. Il faut plutôt que la panoplie
d'actions entreprises s'ancre dans le quotidien de nos sportifs pour réellement
changer les choses. Il faut aussi faire preuve de patience puisque les effets
escomptés peuvent prendre des années avant de se manifester. Comme le rappelle
d'ailleurs un proverbe chinois repris chez nous par le cinéaste et écrivain
québécois Pierre Falardeau : Le bœuf est lent, mais la terre est patiente.
Quatrième élément...
La Présidente (Mme Dionne) : M.
Croteau, désolé, il reste 15 secondes.
M. Croteau (Sylvain) : Parfait.
Bien, en terminant, la relation étroite que nous entretenons avec le terrain,
bien, on est confiant face à ce désir de changement dans la communauté afin de
protéger cette population vulnérable. Pour opérer un réel changement, on fait
appel à l'effort collectif, à des actions concrètes et pérennes, ainsi qu'à
l'audace et notre volonté réelle de changer les choses, allant même jusqu'à
revoir...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, on doit malheureusement s'arrêter là, et je vais devoir céder la...
ah! c'est très... le temps est très important, dans ces commissions-là, alors
je vais céder la parole du côté du gouvernement, au député de
Vanier-les-Rivières.
M. Asselin : ...Mme la
Présidente, donc, à moins que vous ayez autre chose à ajouter, je ne veux
pas... trop sec, là. Allez-y, là.
M. Croteau (Sylvain) : Vous
êtes vraiment gentil de me laisser ce 10 secondes, parce qu'il est important.
M. Asselin : Oui, allez-y.
Allez-y.
M. Croteau (Sylvain) : Donc,
nous, on fait appel à l'effort collectif, des actions concrètes et pérennes
ainsi qu'à l'audace et notre volonté réelle de changer les choses, allant même
jusqu'à revoir l'efficacité des mécanismes actuels, dont la politique de
l'intégrité. La partie est peut-être commencée, elle est loin d'être terminée,
mais je vais vous laisser sur cette question : Quel héritage voulons-nous
laisser?
M. Asselin : Effectivement,
c'est au centre de nos discussions, puis on a, dans cette deuxième vague
d'audiences, entendu quand même des choses intéressantes. Je vous remercie, M.
Croteau et M. Servais, de venir alimenter nos réflexions. Sport'Aide est un
intervenant qui est quand même jeune dans cet écosystème-là, mais, déjà, on
voit que vous voulez apporter des choses positives, puis je vous remercie. Je
vous félicite de votre travail, d'ailleurs, c'est intéressant de voir où vous
vous en allez.
Jusqu'à quel point est-ce que la présente
ambiance contribue à recueillir des témoignages, à briser le mur de silence?
Est-ce que vous avez quelques données que vous pouvez nous fournir qui
expliquent, disons, ce qui se passe, là, sur le terrain?
M. Croteau (Sylvain) : Merci
pour la question, M. le député. Pour y répondre plus précisément, pour ce qui
est des initiations, et ça illustre l'omerta qui entoure le phénomène des initiations,
nous, à chaque année, on reçoit quelques cas, quelques informations de gens qui
nous appellent sur des initiations.
M. Asselin : ...
• (15 heures) •
M. Croteau (Sylvain) : Ça
varie d'une année à l'autre, et évidemment que, dans une médiatisation récente,
bien, il y a des gens qui nous ont contactés, qui nous ont écrit, qui nous ont
partagé le commentaire.
M. Asselin : On parle de
deux, trois, ou 10 ou plus que cinquante?
M. Croteau (Sylvain) : C'est
moins d'une dizaine à chaque année.
M. Asselin : O.K. Parfait.
M. Croteau (Sylvain) : Mais
c'est quand même trop, d'une part, et, d'autre part, bien, ça illustre le
fameux phénomène de l'omerta. Étant très présents sur le terrain, on entend, on
voit, on nous dit des choses et on sait très bien qu'il y a des choses qui ne
nous sont pas dites, justement parce que les gens ont peur de représailles, ont
des craintes. Et le témoignage qui vous a été lu illustre parfaitement cette
situation-là. La personne a plus de 50 ans et elle a vraiment insisté sur
l'anonymat de son témoignage. Elle acceptait de le partager, mais elle a
fortement insisté sur l'anonymat. Crainte de représailles...
15 h (version non révisée)
M. Croteau (Sylvain) : ...alors,
ça, c'est un phénomène, là, et, quand on fait référence aux 36 ans de
conséquences qui suivent un individu qui a subi de l'intimidation, c'est une
étude qui a été menée auprès d'adolescents, d'adolescentes, et les conséquences,
là, sont graves, c'est des idées suicidaires, des gens passent à l'acte, c'est
des symptômes post-traumatiques, c'est la dépression, c'est des troubles
alimentaires, c'est de la violence conjugale. Alors, c'est vraiment important
de prendre conscience de ça et de poser des gestes pour éduquer,
responsabiliser, prévenir et contrer.
M. Asselin : On a entendu, je
pense, le témoignage de M. Bernard, hier, qu'il y avait peut-être moyen de
profiter de l'opportunité qu'on vit actuellement pour essayer de baliser
positivement les initiations. Quels seraient les critères que vous pensez qu'on
devrait recommander, là, pour que l'utilisation ou, en tout cas, la
systématisation des initiations reste dans des balises constructives?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
moi, je pense qu'il faut faire appel à la responsabilisation puis à l'éducation.
Puis, dans cet esprit-là, bien, on pourrait penser, par exemple, que les
équipes ont un cadre de référence avec des suggestions d'activités acceptables
et d'autres qui ne le sont pas. Et, en lien avec ça, autour du leadership,
bien, se doter de valeurs pour notre groupe, notre équipe, et s'assurer que les
activités que l'on va proposer en cours d'année, que ce soit initiation ou
autre, que ces activités répondent aux valeurs que nous avons déterminées en
groupe. Puis, bien, j'ajouterais aussi que ça serait peut-être important de
penser à avoir un ou des individus responsables de ces activités, et, lorsqu'on
en aura déterminé des activités, bien, qu'on vienne les valider avec l'intervenant,
avec le coach pour s'assurer que tout ça répond aux valeurs. Et, dans les cas
où une activité ne répondra pas aux valeurs, bien là, je pense qu'il
faudrait... on pourrait penser qu'il y a des sanctions qui sont rattachées aux
dérives.
M. Asselin : Oui. Je vais
laisser la parole à mes collègues, mais juste... point, est-ce que vous croyez
réellement à l'opportunité? Est-ce qu'il y a un climat qui va faire en sorte qu'on
peut espérer quelque chose de positif qui ressorte de la période qu'on vit?
M. Croteau (Sylvain) : Oui,
bien, l'avertissement que nous avons mentionné à la fin de notre exposé :
il ne faut pas souhaiter de changement immédiat. C'est des changements de
société, c'est un changement de culture, c'est quelque chose qui est ancré dans
les pratiques. Et, quand on relit les témoignages qui ont été rapportés par M.
Leclerc il y a quelques semaines, on s'aperçoit qu'il y a des gens en position
d'autorité qui ont eux-mêmes participé. Alors, ce que ça illustre, c'est que
ces gens-là l'ont probablement déjà subi et qu'ils adhèrent à ces pratiques.
Alors, il ne faut pas espérer des changements du jour au lendemain. C'est pour
ça qu'il faut faire appel à l'éducation, non pas à la répression, mais à l'éducation,
la responsabilisation et l'accompagnement.
M. Asselin : Il a été
abondamment question de ça dans nos audiences, et je vous garantis que tout le
monde ici cherche les meilleures solutions puis veut des recommandations les
plus musclées possibles, parce que tout le monde est ému par ce qui se passe
actuellement. Je vous remercie de votre témoignage et je laisse la parole à mes
collègues.
M. Croteau (Sylvain) : Merci
à vous.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. M. Servais, M. Croteau, merci de votre passage pour
éclairer, ajouter votre voix afin d'éclairer la lanterne des membres de la
commission. C'est apprécié.
Vous avez indiqué tantôt que les
initiations peuvent avoir des effets positifs, là. Vous n'êtes pas de ceux qui
pensent que... une abolition pure et simple plutôt que d'être bénéfique, ce
serait plutôt catastrophique. Parce que vous avez raison, puis le collègue de
Beauce-Sud l'a déjà mentionné, interdire systématiquement les initiations,
elles vont se produire dans des endroits non contrôlés, avec un dérapage
peut-être même accéléré, bon. Toutefois, dites-moi, et vous en avez un peu
parlé avec mon collègue il y a quelques secondes, mais il y a un intervenant,
hier, qui nous disait... qui faisait la proposition d'encadrer le processus des
initiations en balisant ce qui est permis, ce qui ne l'est pas. Vous l'avez un
peu mentionné. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée de l'intervenant précédent
qui, lui, dit qu'il devrait y avoir un comité organisateur, souvent, c'est des
vétérans ou des membres de l'équipe qui ont plus d'ancienneté, ils devraient
soumettre un plan précis de l'initiation à l'entraîneur, entre autres, ou à une
personne responsable de l'organisation pour validation, afin de voir si le
processus initiatique cadre ou pas dans les valeurs de l'organisation?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
nous sommes tout à fait d'accord, et c'est une des recommandations que l'on
fait, bien, c'est l'explication que je donnais sur l'encadrement. Il ne faut
pas non plus que ce soit strict à l'extrême, mais il faut donner des balises,
et on doit les déterminer ensemble. Puis il y a une occasion là de travailler
sur la responsabilisation d'un...
M. Croteau (Sylvain) : ...sur
le leadership puis, comme intervenants sportifs, on a un rôle éducatif avec nos
jeunes. Alors, c'est une fenêtre qui est ouverte pour nos intervenants, pour
accompagner ces sportifs-là dans leur éducation. Parce que les qualités
humaines, les habiletés de vie qu'ils développent dans la pratique sportive, si
elles sont développées d'une manière positive, elles vont être incarnées
ailleurs, dans d'autres sphères de la vie de ces jeunes là, puis ça va les
accompagner plus tard dans leur futur. Puis tantôt, on a fait référence à ce
qui est arrivé avec Hockey Canada, ce qui a fait les manchettes, bien, nos
jeunes garçons d'aujourd'hui, là, si on les accompagne maintenant dans
l'éducation, dans le respect, sur les habiletés de vie, il y a fort à parier
qu'on vient de diminuer le facteur de risque avec ces jeunes-là.
M. Émond : Je comprends très
bien. Dites-moi, vous avez remis en cause, en fin de témoignage, l'efficacité
du système actuel, les mesures qui sont en place actuellement. Qu'est-ce que
vous avez à nous dire concernant... Parce que je veux... puis je ne veux pas
parler que de, mais il faut quand même aborder la Ligue de hockey junior majeur
du Québec. Lors de son passage en février dernier, le commissaire... nous
parlait du système de gestion des plaintes à l'interne. Et comme membres de la
commission, là, on a été beaucoup à trouver un processus qui n'est peut-être
pas suffisamment convenable ou indépendant, puisque les plaintes sont reçues
directement par la directrice des services aux joueurs de la ligue. Qu'est-ce
que vous pensez de cet encadrement-là?
M. Croteau (Sylvain) : Je
vais être très transparent, et ce que je vais dire là, moi, je l'ai partagé à
la responsable puis à l'ancien commissaire. Je ne doute pas du tout du professionnalisme
de la personne qui s'occupe de ce service-là. Elle est certainement très
compétente, j'en suis assuré. Sauf qu'il faut se placer dans la peau d'une
victime trois minutes pour se demander s'il est facile pour une victime de
prendre le téléphone, de contacter quelqu'un pour demander de l'aide, qui est
une employée payée par la ligue. Encore une fois, je ne doute pas de sa
compétence, bien au contraire, je la connais personnellement, Mme Lawrence
est extrêmement compétente, mais quand je me mets dans la peau d'une victime,
c'est difficile de demander de l'aide. Chez nous même, on reçoit des gens qui
nous appellent, qui nous contactent et qui nous le disent. C'est difficile.
Puis la deuxième question, c'est : Allez-vous contacter mon club, mon entraîneur,
mes parents? Il y a cette crainte, il y a cette peur de ne pas être crue,
crainte de représailles. Alors, pour un jeune, une jeune, de contacter
quelqu'un qui est employé par la ligue, ce n'est pas facile, ça.
M. Émond : Dans un contexte
comme ça, la peur d'être stigmatisé peut alimenter la culture du silence, hein,
plutôt que de...
M. Croteau (Sylvain) : Absolument,
absolument. Ça prend vraiment un organisme indépendant pour recevoir les
signalements, les témoignages des gens qui ont ce besoin d'aide pour leur
offrir cette quiétude.
M. Émond : Juste avant de
passer la parole aux collègues pour la suite, le témoignage que vous avez
évoqué dans votre présentation s'ajoute aux témoignages troublants dont les
membres de la commission ont été témoins. Et vous avez cité, là, et je m'excuse
d'avoir manqué les... plusieurs statistiques intéressantes. Pouvez-vous me
donner un petit peu plus de détails, là? Vous parlez que 95 % des gens qui
ont signalé des abus lors des initiations ont indiqué ne pas avoir la volonté
de dénoncer.
M. Croteau (Sylvain) : Et la
preuve en est, là, le témoignage et ces personnes-là qui nous contactent à
l'âge de 50 ans et plus, bien, les gens ont peur. Les gens ont peur parce
que c'est peut-être signe de leur temps de jeu, c'est peut-être leur place sur
l'équipe, mais c'est aussi surtout la crainte, la relation de pouvoir vis-à-vis
les pairs, les coéquipiers qui sont dans le vestiaire. Alors, on ne veut pas
être vu comme celui qui va semer le trouble, celui sur qui on peut avoir des
doutes. Alors, bien, on se rallie au groupe puis on accepte parce qu'on voit
les autres accepter aussi. Puis on est dans une dynamique où, bien, c'est comme
ça depuis des années, c'est accepté, c'est banalisé.
M. Émond : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Côte-du-Sud, il vous reste environ quatre minutes de temps de
parole.
• (15 h 10) •
M. Rivest : Merci à tous les
deux, M. Croteau, M. Servais. Plus agressif. Pouvez-vous me dresser
un petit tableau, là, plus de chiffres ou de données en lien avec le
pourcentage des autres sports, le pourcentage relié au hockey et peut-être même
le pourcentage relié directement à la ligue, que vous pouvez recevoir comme
appels.
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
d'abord, de la ligue, on ne reçoit rien parce qu'ils ont un programme d'aide.
Quant au... et la question, je l'apprécie, quant à la proportion des sports.
J'ai entendu, dans les derniers jours, je ne me souviens pas et qui, mettre
beaucoup l'emphase sur le fait que c'était normal que ce soit au hockey. Ce qui
est normal, c'est que, que ce soit des initiations ou tout type de violence, on
est au Québec, c'est normal, la force du nombre va aller vers le hockey
davantage que vers l'escrime. Il y a pas mal plus de joueurs puis de joueuses
de hockey, mais si on était au Brésil, c'est sûr qu'il y aurait moins de cas de
hockey aussi. Ça fait qu'il faut prendre en compte, là. Moi, j'entends ça
souvent, les gens qui dépeignent le... puis je ne défends pas le monde du
hockey, ils peuvent se défendre eux-mêmes, là, mais...
M. Croteau (Sylvain) : ...qu'il
faut être réaliste, c'est sûr que la force du nombre fait qu'il y aura plus de
cas au Québec en hockey, en soccer, en basketball, en baseball, c'est nos
quatre sports les plus pratiqués.
M. Rivest : Mais, si on
faisait une règle de trois bien simple, d'après vous, est-ce qu'on serait quand
même...
M. Croteau (Sylvain) : Il n'y
a pas de sports qui sont épargnés. Il n'y en a pas, de sports qui sont épargnés
par la violence en contexte sportif.
M. Rivest : Est-ce que des
gens, des jeunes qui sont à la Ligue junior majeur pourraient faire appel à
Sport'Aide, actuellement?
M. Croteau (Sylvain) : Absolument,
ils pourraient le faire. Et d'ailleurs le programme d'aide nous mentionne comme
un des services à leur disposition.
M. Rivest : Est-ce que vous
pensez que le fait de vivre la commission actuellement, de se rassembler,
d'avoir eu tous ces éléments, bien qu'on sait que ça fait quand même plusieurs
années, là, qu'il se passe des éléments... je vous dirais, est-ce que vous
pensez qu'on est en train de vivre un moment bascule en lien avec les
responsables, même en lien avec la ligue, de savoir qu'il y a quelque chose qui
se passe actuellement qui va nous mener à peut-être enrayer la problématique?
M. Croteau (Sylvain) : Absolument.
Puis nous, depuis que nous existons, bon, ça fait seulement cinq ans, mais on
sent le changement. Nous le sentons déjà. Et moi, à chaque fois que nous avons
une opportunité d'en parler, bien que ce soit relié à des éléments, à des
événements négatifs, moi, je vois ça quand même comme une opportunité de faire
de l'éducation, de la sensibilisation. C'est très triste, ce que les victimes
vivent, mais, si ça nous donne une occasion d'en parler pour que les pratiques
changent et aussi pour faire réaliser à des personnes qui vivent des choses que
ce qu'ils vivent, finalement, bien, ce n'est pas normal... La personne qui nous
a contactés, il nous a contactés au lendemain des révélations en réalisant que
ce qu'il avait vécu il y a longtemps, bien, finalement, non, ce n'est pas
acceptable. Alors, c'est triste, les événements qui marquent l'actualité, mais
moi, je le vois comme une opportunité de faire de l'éducation puis de
sensibiliser les gens à la responsabilité qu'ils ont, l'imputabilité qu'il
repose sur nous tous de prendre les bonnes décisions et d'être proactifs.
Le Québec est vu comme un exemple à
l'étranger. Il n'y a rien qui est parfait sur ce que nous avons lancé au cours
des dernières années, mais le Québec est vu comme un exemple, il faut demeurer
en avant, il ne faudrait pas se faire rattraper, ce serait très dommage.
M. Rivest : Je vous dirais, à
titre d'opportunité, je vous en offre une à titre de directeur et à titre de
président. Je vous offre une baguette magique, et on vous donne tous les moyens
financiers nécessaires pour votre développement à vous, Sport'Aide. Vous faites
quoi comme nouveau mandat?
M. Croteau (Sylvain) : Parfait.
Bien, moi, je mettrais sur pied un programme qui a fait ses preuves à
l'étranger, et nous allons l'avoir en projet pilote grâce à une collaboration
avec le Canadien de Montréal et Hockey Québec, qui a été annoncée il y a
quelques semaines, un laboratoire où on va venir outiller le terrain. On va
avoir des gens sur le terrain, rémunérés, dont ce sera la responsabilité
unique, et non la tâche 28 comme bénévole, des gens qui auront été formés, qui
seront encadrés et qui seront accompagnés dans un programme d'éducation, de
sensibilisation, pour les rendre outillés pour être capables d'implanter,
développer, maintenir des environnements sportifs sains et sécuritaires dans
leurs organisations.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
complet, M. le député?
M. Rivest : Il reste quelques
secondes.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
une vingtaine de secondes.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
cède maintenant la parole à M. le député de Marquette, porte-parole de
l'opposition officielle.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente, M. Servais, M. Croteau,
bonjour, merci beaucoup d'être là aujourd'hui. Vous n'êtes pas sans savoir que
c'est un sujet qui m'interpelle énormément. J'ai été, moi aussi... Vous parliez
d'un homme de 50 ans qui vous avait appelé, tu sais, je veux dire, aujourd'hui,
moi, ça fait cinq, six semaines, là, que je suis retourné à 17, 16, 17, quand
je suis arrivé là. Puis par la suite, là, tu dis : Que c'est qui est
arrivé? C'est pour ça que, lors de la première séance, on a eu vraiment une
discussion parce qu'on se disait : On ne peut pas arrêter la commission,
on ne peut pas arrêter la commission, parce que, si moi, je me sens comme ça
aujourd'hui puis je veux comprendre parce que je veux être capable de
recommander, émettre un rapport exhaustif à la commission, bien, il faut que ce
soit payant.
Puis il y a une chose que je veux vous
remercier, c'est de de l'amener plus large, également, parce que je me tue à le
dire, parce qu'on a tous des témoignages, là, puis ce n'est pas juste le
hockey, hein... Parce que c'est notre sport national, ici, on l'aime, puis moi,
c'est ce que j'aime le plus au monde, le hockey. Pour moi, c'est le plus beau
sport au monde, puis là on utilise des mots comme «toxique», «harcèlement»,
«violent», écoutez, ça me fait mal, ça fait mal à mon sport, puis moi, je
n'aime pas ça, entendre ça. Mais est-ce qu'on pourrait commencer par justement
changer les mots et utiliser les vrais mots? Parce que, tantôt, là, on parle
d'initiation, mais on peut-u laisser le mot «initiation» de côté? Parce que,
quand je regarde la définition d'«initiation», là, dans le Petit Larousse, là,
on parle d'«action révélée ou de recevoir la connaissance de certaines
pratiques», synonymes : apprentissage, découverte, formation, action de
donner les premiers... mon Dieu, j'ai perdu ma page, action de donner les
premiers rudiments d'une discipline, action, d'initier une réaction, un processus
physique ou chimique...
M. Ciccone :...cérémonie qui fait accéder un individu à un nouveau
groupe d'appartenance défini par le partage d'un savoir commun. Est-ce qu'on
peut commencer par utiliser le vrai mot qui est le bizutage?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
le bizutage est relié à des initiations à caractère négatif.
M. Ciccone :Oui.
M. Croteau (Sylvain) : Mais
les initiations, le mot demeure le bon, s'il est utilisé correctement. Le
bizutage fait directement référence à des initiations qui dérapent, des
initiations abusives. C'est une catégorie d'initiations.
M. Ciccone :Parce qu'on dirait toujours que... Parce qu'il y a des gens
comme vous, qui sont venus ici avant vous, puis ils ont dit : Bien, non,
les initiations, il ne faut pas les éliminer, là, parce que les initiations, ça
peut être bon, ça peut être...
M. Croteau (Sylvain) : ...
M. Ciccone :Tu sais, ça fait que c'est juste que je me dis : Bien,
si on veut commencer à changer les choses... Parce que là, ce qu'on parle... on
parle de harcèlement, on parle d'abus, mais, tu sais, ce n'est pas des... pour
moi, je veux dire, c'est dans la catégorie de bizutage, ça, là. Je comprends
que c'est une sous-catégorie des initiations, mais je voulais juste vous entendre
là- dessus.
Tantôt vous avez parlé que des joueurs...
n'importe qui peut vous appeler. Quand on dit n'importe qui, c'est-u des
jeunes, c'est-u des adultes? C'est-u, par exemple quelqu'un qui fait partie...
Hier, on parlait, là, dans un club de Scrabble, quelque chose qui... Il faut-u
que ça soit fédéré? Il faut que ça soit vraiment un sport ou ça peut être...
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
depuis le mois d'octobre dernier, le secteur loisirs-plein air peut aussi
maintenant nous contacter.
M. Ciccone :O.K.
M. Croteau (Sylvain) : Et
quiconque est victime ou témoin... Donc, ça peut être un pratiquant, mais ça
peut être un coéquipier. Ça peut être un papa, une maman. Ça peut être un
grand-parent, qui sont de plus en plus présents dans la vie de nos jeunes, que
le petit-fils ou la petite-fille lui témoigne quelque chose. Ça peut être
quelqu'un qui, comme vous l'avez exprimé, a vécu des choses il y a 30 ans
puis qu'il a encore des conséquences de ça. Puis c'est arrivé qu'il nous
appelle parce qu'il a besoin d'en parler, parce qu'il est encore animé de cette
boule-là qui le mine. Ça peut être des entraîneurs, ça peut être des officiels,
ça peut être des bénévoles, des administrateurs de clubs, des gestionnaires,
donc... mais quiconque, n'importe qui peut nous appeler.
M. Ciccone :Quand on parle de génération en génération, quel est...
parce que c'est là qu'il faut briser le cycle, là.
M. Croteau (Sylvain) : Oui.
M. Ciccone :Parce que vous l'avez dit tantôt, ceux qui sont initiés,
bien, l'année d'après... Puis là on a vu, à un moment donné, que ça... ce qu'on
a lu dans l'article de Martin Leclerc, ça a dégénéré, là. C'est-à-dire ceux qui
ont été initiés sont revenus l'année d'après, oh, ils en ont fait un petit peu
plus. Là, c'est revenu, un petit peu plus, un petit peu plus, un petit plus,
puis là on parle de viol, là, puis d'abus sexuel, là. Ça fait que comment
est-ce qu'on fait pour arrêter ça? Parce que même si on lance des
recommandations, une politique, un rapport, bien, comment est-ce qu'on fait
pour arrêter ce cycle-là? Parce que moi, je lisais tantôt dans votre mémoire...
puis là je vous cite, M. Croteau : Des initiations abusives... Ça,
c'est un article de La Presse, pardon, le 25 février : Des
initiations abusives, ça existe encore et ça ne touche pas que le hockey. Ça,
vous l'avez dit. Les sports collectifs... ça ne touche pas que les sports, ça
touche d'autres sphères de la société... Je vous cite, là, ça fait que ça
arrive encore aujourd'hui, là.
M. Croteau (Sylvain) : Ça arrive
encore effectivement, mais malheureusement... puis il faut y mettre un terme.
Mais, je le répète, il ne faut pas espérer un changement du jour au lendemain.
Il faut vraiment faire appel à la responsabilisation, l'éducation. Il faut
outiller les intervenants, il faut les accompagner, puis ça commence en bas
âge, là. Et nous, chez Sport'Aide, là, on n'est pas meilleurs que d'autres,
mais de l'éducation avec des tout petits, on en fait, on publie des bandes
dessinées. Il faut déjà s'adresser, parler aux plus jeunes pour les rendre
capables de reconnaître ce qui est acceptable ou non, de leur indiquer qu'il
n'est pas honteux de demander de l'aide, qu'il faut demander de l'aide puis
qu'on doit agir si on est témoin de quelque chose. Alors, c'est une éducation,
un accompagnement qui doit toucher l'ensemble des parties prenantes d'un
environnement, là.
• (15 h 20) •
M. Ciccone :On a parlé beaucoup de codes de vie. On a parlé beaucoup
de... Parce que ce qu'on entend des intervenants, souvent des ligues, et
autres : Bien, on a un code de vie. On fait signer un code de vie. Les
parents vont signer des codes de bons comportements. On dirait qu'on veut
juste... On fait ça juste pour se donner bonne conscience. Mais est-ce que ça
fonctionne, ce genre de choses là?
M. Croteau (Sylvain) : Il n'y
a pas d'outils en soi qui sont mauvais, mais un seul outil, ce n'est pas
suffisant. Construire une maison avec un marteau, ça ne fonctionne pas. Ça
prend plusieurs outils. Puis là, bien, dans l'exemple que vous nous donnez, un
code de vie, un code de conduite, on est pour ça, mais, si on se contente de
ça, on manque un paquet d'autres éléments. Puis, bon, je vais me répéter, mais
l'éducation, ça fait partie de la sensibilisation. Il faut outiller les
organisations. Puis aussi il faut que nos administrateurs, nos gestionnaires
d'organisations sportives affichent un leadership et il faut qu'ils le disent
régulièrement de différentes manières que, pour eux, l'expérience sportive de
leurs jeunes est importante et qu'il n'y a pas de passe droit. Il faut que ça
soit affiché partout, que ce soit dit régulièrement, pour que, si quelqu'un
dans un club, un petit Enrico ou une petite Sylvie, vit quelque chose, bien,
qu'il ait la sécurité psychologique...
M. Croteau (Sylvain) : ...la
certitude qu'il va pouvoir aller voir M. le Président, Mme la Présidente ou le
responsable de l'éthique et de l'intégrité dans son club pour lui faire part de
ce qu'il vit, mais ça, c'est un ensemble de mesures. On a beau avoir un code
d'éthique pour cocher une case, ce n'est pas suffisant.
M. Ciccone :Quels sont vos pouvoirs? Vous entendez quelqu'un qui vous
appelle de façon anonyme, vous nous avez parlé d'un jeune homme qui vous a
appelé, il ne veut pas... Je ne sais pas s'il voulait se nommer ou il ne
voulait pas trop en dire. Est-ce que vous pouvez, vous... Quand c'est des
jeunes mineurs, j'imagine que vous appelez immédiatement la DPJ, vous faites un
signalement. Si c'est une personne majeure, quels sont vos pouvoirs là-dedans?
Êtes-vous capable d'appeler la police puis dire : Moi, je fais un
signalement parce que là... Allez enquêter. Comment ça fonctionne?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
en fait, nous, d'abord, notre approche, c'est une approche psychosociale qui permet...
donc, qui est basée sur l'empowerment des gens. Donc, les gens qui nous
appellent, nous, on ne règle... on ne solutionne pas les situations pour eux.
On les écoute, on les accompagne. Et, partant de ce qu'ils vivent, de leurs
besoins, de leurs objectifs, on les oriente vers les meilleures solutions. Dans
les cas les pires, un mineur qui vit de la violence sexuelle ou physique, bien,
on a tous l'obligation citoyenne de faire un signalement, et ça touche
Sport'Aide aussi. On va, évidemment, insister la personne ou celle qui nous
fait part de cette information à le faire lui-même parce que c'est un premier
pas vers la guérison, de pouvoir prendre action.
Mais il est arrivé, parfois, que ça soit
au-dessus des forces des gens de le faire. Alors, dans ce cas-là, on va faire
le signalement. Lorsque c'est une personne adulte qui vit de la violence
physique ou sexuelle, bien, c'est un peu la même chose. On va l'inciter, on va
lui faire voir les pistes de solution, mais, s'il devait arriver que c'était au-dessus
des forces de la personne de le faire, bien, nous, on peut faire le signalement
pour lui, oui.
M. Ciccone :Quelqu'un appelle chez vous, il parle à qui? Il parle-tu à
un spécialiste dans le domaine? Il parle-tu à un psychologue? Il y a-tu un
suivi par la suite? Est-ce qu'il est entrepris? Est-ce que vous lui donnez
toutes les ressources? Il y a un suivi jusqu'à tant qu'il se sente bien, qu'il
dise : O.K., parfait, merci beaucoup des services? Comment ça fonctionne?
M. Croteau (Sylvain) : J'apprécie
beaucoup votre question parce que ça va nous permettre, justement, de présenter
la manière, là, dont nous fonctionnons. Donc, les gens qui appellent chez nous
sont reçus par une équipe d'intervenants qui sont là en tout temps, 24/7, un
service, là, qui est vraiment gratuit, confidentiel, bilingue, où on écoute,
accompagne, oriente. Et puis là j'oublie un élément de votre question, je
m'excuse. De quelle manière...
M. Ciccone :Oui, bien, pour le suivi par la suite?
M. Croteau (Sylvain) : Oui,
pour le suivi, parfait. Oui, donc, chez nous, le bagage de notre équipe est
diversifié : psychologie, psychologie sportive, travail social,
criminologie, sexologie, mais, en dehors de notre équipe d'intervenants, nous,
on a tissé un réseau, un système de référencement qui fait en sorte que, sur
des problématiques plus pointues, on peut référer les gens qui nous contactent
vers des ressources externes. Donc, on a près de 400 organismes et
intervenants répertoriés sur le territoire québécois qui... sur des
problématiques... L'exemple que je donne toujours, quelqu'un qui a une
problématique de trouble alimentaire relié à sa pratique sportive, bien, nous,
on n'a pas un spécialiste en troubles alimentaires chez nous, on va donc
référer la personne qui nous a contactés vers les ressources appropriées.
M. Ciccone :J'ai pas mal posé cette question-là à tout le monde, parce
que là on a un mandat bien précis, puis on va remettre un rapport, là. Puis là
la commission, bien, tu sais, c'est culture et éducation, elle va passer sur
d'autres projets de loi, puis elle va continuer, mais seriez-vous prêt... Parce
qu'on a entendu des intervenants dire : C'est bien beau donner des
recommandations, mais il faut toujours qu'il y ait un suivi, il faut qu'il y
ait une formation également. Seriez-vous d'accord à ce que, justement, à chaque
année, on rencontre... on réouvre la commission puis on rencontre certains
groupes pour voir... par exemple la Ligue de hockey junior majeur du Québec, à
venir nous parler, dire : Écoutez, vous avez mis des nouveaux programmes,
est-ce que vous suivez les recommandations?
Parce que c'est un peu notre rôle aussi
ici. Parce que, si on est ici aujourd'hui, là, ce n'est pas de gaieté de cœur,
là, c'est parce que, si, l'industrie, on s'est aperçu qu'il y a un problème
puis que les jeunes ne sont pas protégés à la pleine mesure, bien, c'est le
rôle du législateur de dire : Wo! Minute, on lève le drapeau puis on fait
quelque chose. Puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui tous ensemble. Seriez-vous
d'accord à ce que... pour un certain temps, là, pour s'assurer qu'il commence à
y avoir un changement de paradigme, un changement de philosophie, qu'on
rencontre annuellement certains groupes?
M. Croteau (Sylvain) : Sport'Aide
serait très favorable à ça. Et ça rejoindrait une préoccupation importante chez
nous. C'est un sujet qui devrait être à l'agenda constamment parce que les gens
qui sont dans la pratique sportive, ça change rapidement. Les gens suivent
leurs enfants, puis, dans trois ans, les bénévoles qui sont là aujourd'hui ne
sont plus là. Alors, il faut répéter constamment, il faut retaper sur le même
clou. Alors, moi, je serais... Sport'Aide serait très heureux que ce sujet-là
soit à l'ordre du jour, pas seulement pour les trois prochaines années, pour
toujours. C'est... Nos enfants qui font du sport, là, c'est les adultes de
demain, là. Et, si on veut que nos enfants d'aujourd'hui fassent encore leur
sport dans 30 ans... Tu sais, on se moque souvent des ligues de bière, là,
mais moi, je leur lève mon chapeau parce que ça veut dire que ces gens-là, ils
aiment encore jouer au hockey...
M. Croteau (Sylvain) : ...ils
y sont encore. Alors, la sécurité, l'intégrité et la protection de nos jeunes,
là, c'est un sujet qui devrait être à l'agenda pour toujours.
M. Ciccone :Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste 10 secondes.
M. Ciccone :
10 secondes. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs d'être là. Merci pour le travail que vous faites.
Je vais y aller très, très rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
Pourriez-vous remettre à la commission, après votre passage ici, là, les
statistiques, là, combien de temps de das que vous traitez dans la ventilation
qui est la vôtre, là. Parce que j'ai pas le temps de les détailler avec vous
ici aujourd'hui. Avez-vous eu des cas récents qui vous ont appelé, qui vous ont
forcé ou, en tout cas, qui vous ont forcé la main à appeler soit la DPJ, soit
la police?
M. Croteau (Sylvain) : Mon
Dieu! En fait, moi... il y a une séparation fonctionnelle entre mon rôle à moi
et les intervenants qui sont sur la ligne. Alors, dans les cas précis comme
ceux-là, probablement, je ne peux pas vous l'assurer avec certitude, mais fort
probablement. Mais très honnêtement, je ne l'ai pas, l'information parce que ce
n'est pas dans mon rôle de l'avoir.
M. Marissal : Est-ce que vous
pouvez faire la vérification...
M. Croteau (Sylvain) : Absolument.
M. Marissal : ...et nous
revenir subséquemment? C'est le mot que je cherchais tantôt auprès du
secrétariat de la commission qui recevra ça. Ça nous sera utile pour la suite,
de même que, si vous avez des recommandations, parce que je veux aller
ailleurs, là, mais si vous avez des recommandations sur des changements qui
pourraient être apportés à votre fonctionnement, qui passent par l'Assemblée
nationale du Québec, donc par le législateur, vous seriez bien avisé puis vous
seriez bien servis par vous-même aussi de nous le faire savoir. Ça pourrait
faire partie de nos recommandations.
Deux choses. Vous avez dit que vous
espérez que l'arrivée de M. Cecchini, en tout cas, un nouveau commissaire, je
ne veux pas personnaliser, mais un nouveau commissaire à la LHJMQ vous permet,
en tout cas, d'espérer que ce sera positif. Ce n'était pas le cas avant quoi?
M. Croteau (Sylvain) : J'ai
fait une distinction entre volonté et volonté réelle. Pour moi, c'est très
important.
M. Marissal : ...puis on a
tous bien compris que, là, mais...
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
une volonté.
M. Marissal : O.K. Qu'est-ce
que vous vivez, vous, à la LHJMQ, là, pour que vous ne trouviez pas ça réel
comme volonté?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
on a eu des discussions au cours des trois dernières années sur des actions à
mettre en place. Et dans les dernières semaines, on a eu une rencontre de notre
comité, et moi, j'ai clairement indiqué que, s'il n'y avait pas des gestes
concrets qui étaient posés très bientôt, Sport'Aide allait se retirer du
comité.
M. Marissal : Carrément.
M. Croteau (Sylvain) : Absolument.
Et ça, pour nous, c'est très important. Puis, je le dis, je n'ai aucune gêne à
le dire, les gens le savaient, et c'est pour ça que ça me réjouit d'entendre
les commentaires du nouveau commissaire.
M. Marissal : C'est bien
noté, on va garder ça en tête pour la suite.
Dernier élément, là. Entendez-moi bien,
là, moi, je suis un petit gars né à 66 ans, j'ai grandi à Granby, là.
J'aime profondément le Canadien de Montréal. J'ai essayé de m'en séparer, j'ai
essayé de me sevrer. J'ai de la misère. Mais j'ai un peu de... j'ai un petit
malaise d'ordre psychologique à vous voir vous associer financièrement avec le
Canadien de Montréal, en ce sens que le Canadien de Montréal ne fait pas
grand-chose pour mettre fin à la violence sur la glace. Le capitaine récemment
a dit : Non, non, non, il ne faut pas abolir. Puis Suzuki, ce n'est pas
celui qui se bat le plus en partant, là. Le nouveau, là, dont j'ignore le nom,
là Xhekaj ou je ne sais pas quoi, ça a l'air d'être le nouveau Chris Nilan,
là...
M. Croteau (Sylvain) : Xhekaj
M. Marissal : ...tout le
monde a l'air bien content qu'il se batte à toutes les parties. Je ne sais pas.
C'est une institution, là, sainte au Québec, mais je ne sais pas, votre
association, avec cette organisation-là, j'ai l'impression qu'il se donne une
bonne conscience avec vous?
• (15 h 30) •
M. Croteau (Sylvain) : Non.
Je peux vous assurer que non. Et d'ailleurs, dès la première discussion, nous
avons eu ensemble, la réponse a été claire. Si le Canadien de Montréal veut
travailler avec Sport'Aide pour javelliser son image, vous vous trompez
d'adresse. Ç'a été la réponse qu'ils ont eue et on a travaillé ensemble sur un
programme d'accompagnement et d'éducation. Et on a débuté dimanche dernier. On
a rencontré 500 jeunes, leurs parents, leurs entraîneurs puis on a
travaillé avec eux sur les habiletés de vie. Alors, le Canadien ne fait pas les
choses pour les mauvaises raisons. Et, à L'époque, je n'étais pas un partisan
du Canadien, alors ce n'est pas le partisan qui parle.
M. Marissal : On ne vous
demandera pas pour qui, là...
La Présidente (Mme Dionne) : Il
vous reste 14 secondes, M. le député.
M. Marissal : Je ne voudrais
pas vous mettre mal, mais je vous remercie. En fait, il me reste
10 secondes pour vous remercier de votre passage. Et puis on attend vos
documents ici avec impatience. Merci.
M. Croteau (Sylvain) : Merci
à vous. Parfait.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci pour les échanges et votre contribution à cette commission.
Pour l'instant, nous, on va suspendre les travaux quelques instants pour
accueillir notre deuxième groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
la commission reprend ses travaux.
Nous accueillons en deuxième groupe cet
après-midi, M. Richard Létourneau, qui est président du conseil d'administration
des Saguenéens de Chicoutimi et aussi président de l'assemblée des membres de
la LHJMQ, il sera accompagné aussi en visioconférence par Mme Joanne
Leblanc, conseillère pédagogique pour les Saguenéens de Chicoutimi.
Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour vous présenter et nous faire votre exposé. Par la suite, nous procéderons
aux échanges avec les membres de la commission. À vous la parole.
M. Létourneau (Richard) : Merci.
Mme la Présidente de la commission, Mmes, MM. les députés, bonjour à tous. Je
suis heureux de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui dans le cadre du mandat d'initiative
qui vous occupe et qui s'intéresse à un enjeu de la plus grande importance pour
l'avenir du sport au Québec. Comme vous le savez, j'ai le hockey junior majeur
tatoué sur le coeur et j'y suis fortement impliqué. Les différentes fonctions
que j'occupe m'amènent à avoir certaines perspectives différentes sur la Ligue
de hockey junior majeur du Québec que ce que j'ai parfois entendu dans le cadre
de vos travaux. Je profiterai donc des prochaines minutes pour vous les
exposer.
D'abord, je suis président des Saguenéens
de Chicoutimi. Dans ce cadre, je vous exposerai la réalité des équipes qui...
M. Létourneau (Richard) : ...la
Ligue de hockey junior majeur du Québec. Ensuite, je préside également
l'assemblée des membres. Je reprendrai certains éléments entendus dans l'espace
public au cours des derniers jours ou des dernières semaines pour y apporter
des nuances importantes.
Avant tout, j'aimerais vous dire que ma
plus grande fierté est de voir la transformation qui s'opère chez les quelque
400 joueurs qui constituent chaque année notre ligue. Ils y entrent à 16 ans
les yeux pleins d'étoiles et des projets plein la tête, ils en ressortent à 20
ans, adultes. Si tous n'atteignent pas leur rêve de jouer dans la Ligue
nationale de hockey, notre objectif est qu'ils deviennent néanmoins des actifs
pour la société québécoise. Au-delà des victoires et des défaites, c'est ce qui
nous importe et c'est ce qui nous gouverne.
Imaginons un peu, Mme la Présidente, que
votre jeune de 15 ou 16 ans soit repêché par les Saguenéens de Chicoutimi.
Lorsqu'il descend de l'estrade et qu'il sera venu se vêtir du magnifique gilet
bleu des Saguenéens, il sera tout de suite reçu au kiosque de notre équipe.
Avec ses parents, il rencontre notre conseillère pédagogique, Mme Johanne
Leblanc, qui posera toutes les questions nécessaires pour déterminer
l'encadrement scolaire de votre jeune. Une fois rendu à Chicoutimi, la même
conseillère pédagogique le reverra chaque semaine pour son briefing scolaire.
Qu'il soit sur la route ou non, il saura exactement quelles sont les attentes
envers sa performance scolaire et à quoi s'en tenir. Si, malheureusement, ses
résultats ne sont pas au rendez-vous, l'équipe en sera tout de suite informée
par l'école, et nous pourrons lui offrir les ressources scolaires ou santé
mentale nécessaires à sa réussite. Mais encore, nous l'outillerons, Mme la
Présidente. Il suivra des formations continues sur l'utilisation des réseaux
sociaux, sur les notions de consentement et de respect des autres. Il verra
défiler des policiers qui lui expliqueront comment se gouverner face à des
situations potentiellement dangereuses. En d'autres termes, le filet est, à
Chicoutimi comme pour les autres équipes, bien présent pour encadrer les
jeunes. Je ne vous dis pas que tout est parfait. Il faut évoluer constamment.
Aucun milieu n'est exempt de comportement déplorable. Nous évoluons comme vous
et, lorsque nous devons resserrer les mailles du filet, nous le faisons.
Maintenant, Mme la Présidente, j'ai été
surpris d'entendre dans l'espace public ou dans le cadre des travaux de cette
commission que les équipes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec
généraient des profits importants pour leurs propriétaires. C'est, pour moi qui
préside l'assemblée des membres de la ligue et de mon équipe de manière
bénévole, une nouvelle. D'abord, parce que cinq équipes sur 18 sont constituées
comme organismes à but non lucratif. Si nous excluons les équipes des
Maritimes, il reste 12 équipes pour le Québec, nous savons tous qu'il y a deux
équipes qui sont détenues par une société publique, donc, pour les 10 équipes
restantes, cinq sont gérées par un organisme à but non lucratif. Ensuite, comme
un cas particulier comme le nôtre, les Saguenéens de Chicoutimi, l'équipe est
la propriété de Ville Saguenay. Cette dernière a délégué la gestion de l'équipe
à une organisation à but non lucratif, et c'est cette organisation que je
préside. La recherche de profits n'est donc pas l'objectif poursuivi par la
ville en étant propriétaire des Saguenéens. Par contre, pour une organisation
comme la nôtre, d'être un but non lucratif nous permet d'avoir accès à un
marché de revenus et de commandites plus diversifiés.
• (15 h 40) •
Au-delà de tout ça, que les propriétaires
des équipes soient des entités privées ou publiques, c'est de bien mal les
connaître que de laisser sous-entendre qu'ils sont avides de profits. Plusieurs
marchés sont peu rentables. Certains propriétaires investissent des sommes considérables
seulement par passion pour le sport, pour redonner à leur collectivité, sachant
que leur équipe est une source de fierté locale. L'autre élément qui m'a
étonné, c'est qu'on laisse sous-entendre que le commissaire de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec, ou son bureau, manquerait d'indépendance face
aux propriétaires. Encore une fois, cette idée est très loin de la réalité. Les
pouvoirs du commissaire sont clairement établis par la constitution de la
ligue. L'assemblée des membres vote, c'est bien vrai, les orientations, mais il
revient aux commissaires de voir à leur application et qu'elles soient en
toutes lettres respectées. Je peux m'exprimer au nom de mes confrères et
consœurs...
M. Létourneau (Richard) : ...lorsque
j'affirme que le commissaire par intérim et celui qui prendra ses fonctions
sous peu, M. Lavallée et Cecchini, ont tout notre appui et jouiront de tout
l'espace requis pour jouer pleinement leur rôle. D'ailleurs, Mme la Présidente,
le commissaire par intérim, monsieur Lavallée, a déclaré devant cette
commission que des allégations de comportement inapproprié et de nature
sexuelle qui seraient survenues dans les années 90 lui ont été acheminées
en fin de semaine dernière. Lorsqu'il a en a pris connaissance, il a procédé à
une cueillette d'information. Celle-ci l'a mené à déclencher une enquête
indépendante. Cette décision était la sienne et uniquement la sienne. Jamais il
n'a eu à demander la permission au propriétaire ou au comité exécutif de la Ligue
pour déclencher une telle enquête. Cela démontre toute son indépendance. Il a
agi comme il se doit dans de telles circonstances. Personne ne gagne quand un
joueur de la Ligue de hockey junior majeur du Québec subit ou pose des actes
dégradants, ni la victime, ni ses parents, ni sa famille d'accueil, ni son
équipe, ni son entraîneur, ni son directeur général, ni son propriétaire et ni
la ligue. Il est alors de la responsabilité de l'ensemble de ceux que je viens
de nommer, et pas seulement du commissaire, de tout mettre en œuvre pour que de
tels gestes ne se produisent pas et que tous ceux qui se sont produits, que ce
soit hier ou il y a 30 ans, soient mis en lumière, comme il est aussi de
notre responsabilité que les fautifs, qui qu'ils soient, soient punis. Je fais
miens des propos qui ont été tenus ici plus tôt cette semaine par messieurs
Lavallée et Cecchini. Le message que nous envoyons est que c'est tolérance zéro
pour les comportements inappropriés et inacceptables.
À titre de président de l'Assemblée des
membres de la Ligue et à titre de président d'une équipe de hockey, je peux
vous assurer que je vais appuyer à 100 % le commissaire par intérim actuel
et notre futur commissaire dans la mise en place de tous les moyens nécessaires
qui feront en sorte que nos joueurs et tous les artisans de la Ligue hockey
junior majeur du Québec puissent évoluer dans un environnement sain,
respectueux et exempt de violence de toutes sortes. Je suis conscient de
l'importance qu'occupe le hockey dans la société québécoise. C'est notre sport
national. Nos joueurs sont des modèles, voire des héros pour plusieurs enfants
au Québec. Notre ligue se doit d'être exemplaire et d'évoluer au rythme de la
société dans laquelle elle est ancrée. Nous avons fait beaucoup de chemin au
cours des dernières années en ce sens, mais il en reste encore à faire. C'est
pourquoi nous travaillerons sans relâche pour que nous soyons à la hauteur des
attentes des Québécoises et des Québécois, pour que nous demeurions une source
de fierté. Merci de m'avoir écouté. Je suis maintenant prêt à répondre à vos
questions.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment pour cette présentation. Nous allons débuter les échanges
du côté du gouvernement avec le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, Monsieur Létourneau. Bonjour, madame Leblanc.
Monsieur Létourneau, est-ce que vous avez recommandé le départ de Gilles
Courteau?
M. Létourneau (Richard) : Non,
je n'ai pas recommandé le départ de M. Courteau.
M. Poulin : Comment
jugez-vous les derniers mois, les dernières années avec monsieur Courteau?
M. Létourneau (Richard) : Moi,
je suis, je suis... Je représente les Saguenéens comme membre depuis 2016. J'ai
toujours eu une très bonne communication avec monsieur Courteau. Je fais partie
du comité exécutif depuis 2018, président depuis 2020 et la communication et ce
que j'ai eu à faire comme entregent avec Monsieur Courteau ont toujours été exemplaires.
M. Poulin : Donc, le départ
de monsieur Courteau est vraiment sa décision à lui, ça n'a pas été à la suite
d'une pression des membres du conseil d'administration qui souhaitaient un
changement à l'intérieur de la ligue ou un changement de commissaire. Alors,
vous, vous auriez continué, là, avec M. Courteau, si je comprends bien?
M. Létourneau (Richard) : Je
peux vous dire que la décision provient de monsieur Courteau. Et, oui, nous
aurions continué encore avec monsieur Courteau.
M. Poulin : D'accord.
Pourquoi avoir fait le choix de Monsieur Cecchini?
M. Létourneau (Richard) : M.
Cecchini... Bien. Premièrement, comme vous le savez, là, il y a eu un processus
qui a été mis en place en début janvier et nous avons eu sept personnes qui ont
été retenues pour une entrevue. Et monsieur...
M. Létourneau (Richard) : ...Checcini
s'est vraiment distingué par rapport aux autres. Premièrement parce que, pour
lui, ce qui était important, c'était le joueur en premier. Puis, pour nous, ça,
c'était important. Puis, par la suite, bien, comme vous connaissiez M.
Checcini, bien, M. Checcini a quand même une bonne expertise au niveau de la
commercialisation du sport puis il avait quand même une bonne expertise aussi
au niveau du sport de haut niveau.
M. Poulin : Vous croyez que
M. Cecchini est l'homme de la situation pour redorer le blason de la ligue?
M. Létourneau (Richard) : Je
crois et nous croyons que M. Checcini est la personne qui va permettre à la
ligue de continuer son évolution et d'être à un autre niveau.
M. Poulin : On a... On est
évidemment ici pour parler, entre autres, là, parce qu'il y a plusieurs
éléments, mais tout ce qui concerne les initiations et le bizutage et
évidemment la pression qui peut avoir été mise sur des joueurs au cours des
dernières années. On a eu évidemment des allégations très troublantes, y
compris à l'intérieur de la Ligue de hockey junior majeur. Est-ce que vous, M.
Létourneau, vous avez un avis sur les initiations? Comment vous voyez ça?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, je vais vous parler par rapport aux Saguenéens de Chicoutimi. Comme je
vous disais, je suis arrivé à Chicoutimi en 2016. Notre instructeur gérant est
là depuis 2015 et, depuis que notre directeur-gérant instructeur est là, les
initiations sont interdites à l'intérieur des Saguenéens de Chicoutimi. Pour
nous, c'est drôlement important, parce qu'on s'est dit qu'il y avait une autre
façon à ce que les joueurs puissent faire connaissance ensemble puis puissent
s'intégrer. On préfère faire des activités d'intégration, et non de... Et, pour
nous, c'est fondamental, au niveau des initiations, c'est non.
M. Poulin : Qu'est-ce que
c'est, ces activités d'intégration là?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je vais vous donner un exemple... oh! il y a un écho... pour cette année, notre
directeur-gérant instructeur a invité tous les joueurs à son chalet pour faire
une activité de volleyball de plage, avec un barbecue par la suite, pour que
les jeunes soient capables de s'intégrer puis de se sentir vraiment inclus à
l'intérieur de l'équipe.
M. Poulin : O.K.. Donc, une
activité, davantage de sociabilisation, si je comprends.
M. Létourneau (Richard) : C'est
bien ça.
Je terminerais, avant de laisser la parole
à mes collègues, là, on a eu bien des enjeux au niveau des batailles, O.K., au
cours des dernières années. La ligue s'est enfin conformée, mais, selon vous...
ou, en tout cas, le souhaite, se conformer, selon vous, est-ce que des
batailles, ça donne un bon spectacle?
M. Létourneau (Richard) : Les
deux dernières fois que j'ai eu une mauvaise réaction, c'est quand j'ai vu des
bagarres au Centre Georges-Vézina. Pour moi, de voir un jeune de 16 ans être
aux prises pour se battre... pour moi, ce n'est pas... ça ne rentre pas dans
mon ADN.
M. Poulin : Avez vous le
pouvoir, comme gouverneur, d'appeler... oui, c'est ça, comme gouverneur,
d'appeler le commissaire et de lui dire : Là, ça n'a pas de bon sens, les
batailles, j'ai entendu parler d'initiations? Pouvez-vous décrocher le
téléphone puis mettre de la pression sur le commissaire? Parce que vous nous
parlez quand même qu'ils ont beaucoup de pouvoir, là, mais vous, vous êtes
un... vous avez parlé un peu de finances, tout à l'heure, mais, tout de même,
vous représentez des bailleurs de fonds, des gens... s'ils n'ont pas l'argent,
il la trouve pour pouvoir investir dans les équipes de hockey. Avez-vous le
pouvoir de les appeler puis de passer des commandes ou vous êtes des
spectateurs dans tout ça?
M. Létourneau (Richard) : Par
rapport aux commissaires, vous dites?
M. Poulin : Oui, absolument,
sur les décisions de la ligue.
• (15 h 50) •
M. Létourneau (Richard) : Bien,
effectivement, quand on a à parler au commissaire, le commissaire est là. Sauf
que, pour ce qui est de l'exemple des bagarres ou d'un changement de
réglementation, puis effectivement vous avez que, depuis le mois de décembre,
que l'assemblée des membres a voté l'interdiction des bagarres, pour faire le
changement au niveau des règles de jeu, ça prend deux tiers des membres qui
votent en faveur. Donc, effectivement, oui, c'est vrai qu'on peut faire des
pressions, mais si on est 11 sur 18 qui votent pour, bien, ça ne passe pas.
Mais, par contre, au mois de décembre, nous avons eu la majorité qu'il fallait,
et les bagarres maintenant sont interdites.
M. Poulin : D'accord. Je vous
remercie. Je vais céder la parole à mes collègues. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Richelieu.
M. Émond : Oui. Merci, Mme la
Présidente. M. Létourneau, bonjour. Mme Leblanc. Je vais faire un peu de pouce
sur les interventions précédentes de mon collègue. Vous avez dit que M.
Cecchini aura toute votre confiance...
M. Émond : ...est-ce que vous
et les autres gouverneurs, propriétaires allez laisser les coudées franches au
nouveau commissaire qui va bientôt arriver en poste pour qu'il puisse, en toute
indépendance, là, mettre fin aux dérives qu'on a entendues? Parce qu'on a bien
entendu, M. Létourneau, que... dans vos commentaires, dans votre introduction,
que vos collègues et vous êtes, en quelque sorte, des philanthropes, là, mais
il y a toujours bien quelqu'un qui paie le salaire du commissaire. Donc, est-ce
qu'il aura la possibilité d'agir en toute indépendance pour mettre en place des
mécanismes afin que les travaux de la Commission n'aient pas à se reproduire
chaque année?
M. Létourneau (Richard) : Oui,
M. le Commissaire va avoir tout mon support et le support des membres pour
qu'effectivement... qu'il soit capable de mettre sur pied ou en place la
différente réglementation pour qu'effectivement... que ce genre de choses là ne
se reproduise plus. Et en plus, M. le député, à titre de membre, à titre
d'assemblée des membres, notre devoir de gouvernance va être de s'assurer que
les politiques qui vont être en place vont être suivies et de s'assurer que ces
politiques-là vont être suffisamment pour plus qu'il n'y ait ce genre de gestes
là.
M. Émond : Je vous entends
bien. Est-ce que vous entendez modifier le processus de plainte actuel au sein
de la Ligue? Parce qu'il a été beaucoup question, là, de la non-transparence ou
d'une forme d'inefficacité, puisque les joueurs auraient tendance à cultiver la
culture du silence, puisque ça pourrait être intimidant de dénoncer à quelqu'un
qui est au sein même de l'organisation, là. Je ne remets pas en doute la
compétence de la dame qui s'occupe du processus actuellement, mais est-ce que
vous allez, encore une fois, laisser les coudées franches au prochain
commissaire pour une révision en profondeur du processus de plainte au sein de
votre ligue?
M. Létourneau (Richard) : Oui,
je peux même vous dire qu'actuellement le processus est en fonction. Et,
excusez, quand je dis qu'il est en fonction, on est en cours de le développer.
Le comité consultatif a déjà fait un rapport et... un rapport préliminaire, et
on va s'organiser, pas tout faire à notre pouvoir, on va s'organiser, pour la
prochaine saison, qu'il va y avoir un processus indépendant pour le dépôt de
toute plainte provenant d'un joueur.
M. Émond : Bon, pendant que
vous allez mettre en place le processus indépendant, puis ça va venir vite,
hein, la prochaine saison, c'est à l'automne prochain, moi, je vous invite
peut-être à parler ou à écouter les travaux de la commission puisque les gens
de la Santé publique nous ont interpelés à l'effet qu'ils désirent avoir un
processus de collecte de données standardisées. Alors, je vous invite à
collaborer avec eux dans ce sens-là.
Dites-moi, tantôt vous avez mentionné que
les initiations étaient interdites au sein des Saguenéens de Chicoutimi. Il y a
plus d'un intervenant qui nous ont dit que c'était une très mauvaise idée
d'interdire les initiations puisque... Vous ne pensez pas, monsieur Létourneau,
que... Votre activité de volleyball de plage, là, c'est gentil, mais vous ne
pensez pas que les joueurs ont pu, dans un contexte privé, caché, secret, perpétuer
de possibles processus d'initiation qui auraient pu... durant lequel il
pourrait y avoir des dérives? Est-ce que vous avez eu... Là, vous êtes en place
depuis 2015, 2016. Est-ce qu'il a été porté à votre attention des dérives de ce
genre, là, dans les dernières années?
M. Létourneau (Richard) : Aucune,
aucune, M. le député. Écoutez, c'est une... Maintenant, comme je vous dis,
depuis 2015, vous savez qu'un joueur... Mettons qu'un joueur arrive à
16 ans plus tard, le plus tard qu'il peut partir, c'est 20 ans, donc
c'est cinq ans, O.K. Puis on a commencé en 2016 ou 2015, on est rendus en 2023,
donc le cycle est passé. Ça veut dire que, chez nous, tous les joueurs qui ont
commencé à jouer au hockey chez nous, O.K., n'ont pas eu à subir ou à avoir à...
à avoir aussi la problématique des initiations. Pour nous, notre contrôle,
naturellement, part des instructeurs, mais en plus les vétérans à l'intérieur
de l'organisation, nos leaders, que ça soit le capitaine, les assistants, sont
là pour, effectivement, voir à ce qu'il n'y ait pas d'initiation à l'intérieur
du club.
M. Émond : Je comprends très
bien. Une dernière question, Mme la Présidente, avant de passer la parole à un
collègue. Dites-moi, est-ce que... Vous êtes en poste depuis 2015, 2016, mais vous
avez quand même assurément mis le nez dans les livres. Est-ce qu'il y a déjà eu
des dédommagements financiers ou des ententes hors cour au sein des Saguenéens,
comme on...
M. Émond : ...auprès de ceux
de Val-d'Or, par exemple.
M. Létourneau (Richard) : Non,
aucune.
M. Émond : De 2015 à
aujourd'hui, puis à votre connaissance, aucun dans les... dans les années
précédentes.
M. Létourneau (Richard) : Les
années précédentes, M. le député, je ne peux pas me... je ne peux pas... je ne
peux vraiment pas, j'étais... j'étais... j'étais seulement un fidèle partisan
des Saguenéens, je n'étais pas mêlé à l'administration, donc je ne peux pas...
je ne peux pas répondre à ça.
M. Émond : Merci pour votre
témoignage. J'ai terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
cède maintenant la parole... M. le député de Côte-du-Sud. Il vous reste environ
quatre minutes.
M. Rivest : Merci. Écoutez,
je suis un petit peu étonné de me dire qu'on est assis ici, on doit être une
vingtaine, là, puis de savoir que, bon, O.K., chez vous, vous nous dites
n'avoir jamais pris connaissance d'initiation problématique, de bizutage, ou
d'éléments violents, ou d'une façon qui était inadéquate au sein des
Saguenéens, vous nous confirmez ça aujourd'hui?
M. Létourneau (Richard) : De
2016 à 2023.
M. Rivest : O.K. Est-ce que
vous pouvez me dire, au sein de la ligue, vous devez vous parler entre
gouverneurs, est-ce qu'il y en a qui ont vécu ce type de problématique là?
M. Létourneau (Richard) : Les
seules problématiques que j'ai eu vent sont celles-là qu'on a entendues parler
en 2018 à Sherbrooke. Et la dernière, en fin de semaine, là, qu'on a entendue,
qu'on a entendue parler. Bien, et naturellement, là, ce qui s'est passé, là, en
1986, là, avec l'affidavit... puis je pense, 1986, mais avec l'affidavit de M. Curt,
mais, si on parle...
M. Rivest : Là, est-ce qu'on
parle de 1990 aussi, de... d'allégations qu'on aura certainement plus de
détails dans les prochaines semaines, j'imagine.
M. Létourneau (Richard) : C'est
ça. Exactement.
M. Rivest : Puis dites-moi,
est-ce que, dans les... On n'a pas eu la chance de rencontrer, là, les
gouverneurs comme vous puis de savoir, dans les hautes instances de la sphère
du hockey, est-ce que vous pensez que si on est là aujourd'hui... puis bien,
d'abord, je vais vous poser la question, ce qu'on parle de code du vestiaire ou
bien non de culture du silence, êtes-vous capable de me le définir? Parce que
là, j'avoue, moi, être un peu étonné aujourd'hui de me dire qu'on est
rassemblés ici, on doit parler de ça, on parle de pourcentage élevé de jeunes
qui ne souhaitent peut-être même plus faire affaire avec la ligue parce qu'ils
ont, dans leur processus, vécu des éléments qu'ils ont gardés sous silence
pendant des années, là, on apprend que, finalement, il n'y en a pas.
Pouvez-vous me dire, la culture du silence, pour vous, c'est quoi? Comment on
définit ça, à ce moment-là?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, je vais vous parler plus de la culture du vestiaire, le code du vestiaire
qu'on veut qu'on veut mettre en application. Puis là-dessus, d'ailleurs,
M. Lavallée s'était exprimé à la sortie de presse, là, après sa première
intervention, le 22 février, puis on rejoint ce que Mme Sauvageau a
dit hier avec le code de vie, parce que le code du vestiaire, pour nous, c'est
comme le code de vie dans une école, c'est-à-dire que c'est une structure qui
va être organisée avec... et qui va chapeauter toute la réglementation qui va
être là pour la protection du joueur, ça va être une fenêtre dans la porte
close, puis ça va être une fenêtre dans le mur opaque. Ce que l'on veut...
Parce qu'au lieu de l'appeler le code de vie, on l'a appelé le code du
vestiaire, mais ça va être... c'est... et, à l'intérieur de ça, on va voir le
processus de dépôt de plainte d'une façon indépendante, après ça, la protection
au niveau de la réglementation, au niveau de la politique, plutôt, au niveau du
harcèlement, etc., etc.
M. Rivest : À quel moment
vous pensez déposer ce code du vestiaire?
M. Létourneau (Richard) : Je
ne vous dis pas qu'il va être prêt à 100 % pour la prochaine saison...
pour le début de la prochaine saison, c'est sûr que ça va être quelque chose
qui va... qui va se faire en continuité, mais, comme j'ai dit à M. le député
avant vous, on va s'organiser pour que le processus de dépôt de plainte
indépendant soit en vigueur pour le début de saison 2023-2024.
M. Rivest : On a remis, ici,
dans la commission, un peu en question l'indépendance puis...
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le député.
• (16 heures) •
M. Rivest : ...le volet du
processus de plainte actuel, que pensez-vous des services de Sport'Aide?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
Sport'Aide... Excusez?
M. Rivest : Au niveau du
processus de plainte.
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je peux dire que Sport'Aide... on a le directeur général de Sport'Aide,
d'ailleurs, qui siège sur notre comité consultatif au niveau de la Ligue junior
majeur du Québec, ça fait que ça montre qu'on a quand même des... une façon de
travailler ensemble. Puis oui, ça va être quelque chose qu'il va falloir que
l'on regarde.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au... M. le député de Marquette,
porte-parole de l'opposition officielle.
M. Ciccone :Merci...
16 h (version non révisée)
M. Ciccone :...merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Monsieur
Létourneau. Bonjour, madame Leblanc. Merci d'être là. Madame Leblanc, vous
pouvez toujours entrer dans la discussion, hein, on est... je sais que vous
êtes une personne qui est importante pour le développement et le soutien de nos
jeunes également, là, gênez-vous pas. Je sais que monsieur Létourneau parle
beaucoup, mais on va vous laisser parler si vous voulez parler.
Ceci dit, monsieur Létourneau, je veux
juste vous parler... faire un peu de pouce sur ce que le député de
Beauce-Sud... a parlé de bagarre, puis on voit qu'il va y avoir un changement de
paradigme, là. Je ne sais pas si la commission commence à porter fruit parce qu'on
vient d'apprendre que les Remparts de Québec et Patrick Roy a porté plainte à l'endroit
d'un entraîneur, Daniel Renaud, avec les Cataractes de Shawinigan pour l'intimidation,
pour un joueur qui s'est attaqué à un des siens. Trouvez-vous ça...
trouvez-vous que justement, depuis les révélations qu'on vient d'entendre, ça
commence à bouger, même dans votre ligue et entre équipes. Puis ce n'est pas
mauvais non plus, là.
M. Létourneau (Richard) : Non.
Bien, effectivement, d'une façon ou d'une autre au niveau hockey, si,
effectivement, un instructeur veut porter plainte, bien, habituellement, le
processus est là puis je suis bien à l'aise avec ça.
M. Ciccone :C'est parce qu'on ne voyait pas ça avant, on ne voyait pas
ça avant. Puis je pense que c'est encourageant. Si on commence à voir...
M. Létourneau (Richard) : ...
M. Ciccone :Non, mais vous comprenez, tu sais, M. Létourneau, Je
comprends votre réaction parce que vous parlez à un gars de hockey, là, qui est
lui aussi, quand c'est dans sa ligue, tu ne veux pas faire mal à ta ligue, tu
veux protéger l'image, tu veux protéger le logo. On est prêts à faire n'importe
quoi, hein, pour protéger nos coéquipiers. Puis moi, j'ai été élevé dans ce
système-là, puis je comprenais que, tu sais, les joueurs puis les entraîneurs
ne veulent pas non plus écorcher leur ligue puis s'écorcher entre homologues.
Mais à un moment donné, quand ça fait, ça fait, puis il faut dénoncer.
Vous faites... la réalité dans votre
ligue, monsieur Létourneau, c'est que vous avez... vous faites affaire avec les
provinces maritimes également. Est-ce que vous voyez... parce que je connais
bien les gens des Maritimes aussi, là, mais au bureau des gouverneurs,
voyez-vous une différence de mentalité avec les gouverneurs des Maritimes et
ceux du Québec?
M. Létourneau (Richard) : Vous
posez une bonne question Monsieur Ciccones, mais, en partant, je vais quand
même enlever le terme de gouverneur. Maintenant, les gouverneurs, ça n'existe
plus. Vous saviez qu'avant il y avait des gouverneurs puis après ça il y avait
les membres.
M. Ciccone :Oui.
M. Létourneau (Richard) : On
a enlevé ce niveau-là de gouverneurs pour que ce soit vraiment les
propriétaires et non des représentants des propriétaires qui soient à la table.
M. Ciccone :Parfait.
M. Létourneau (Richard) : O.K.?
Donc, c'est pour ça qu'on parle de membres, là. Écoutez, oui, il y a une
différence de... il y a une différence dans la façon de jouer au hockey dans
les Maritimes versus le Québec, effectivement, oui.
M. Ciccone :Mais...
M. Létourneau (Richard) : Ce
n'est pas la même...
M. Ciccone :Non, mais je ne parle pas de l'aspect technique puis je ne
parle pas de l'aspect hockey, là, je parle de l'aspect de mentalité. Parce que
vous n'êtes pas sans savoir que, moi... Bobby Smith, c'était un de vos membres,
là, bien, il était propriétaire, il était membre aussi. Bobby Smith, ça a été
mon cochambreur avec les North Sars du Minnesota. Puis ce n'était pas le gars
le plus brave sur la glace, M. Létourneau, O.K.? C'était un maudit bon joueur, O.K.,
mais ce n'était pas le plus brave. Puis je sais très bien que c'est lui qui
était le plus grand à lobby pour garder les bagarres dans le junior. Et là,
dans son équipe, quitte, prochaine réunion des membres, les bagarres sont
abolies.
Ça fait que voyez-vous où je veux en venir
avec ça, là? Dans... c'était beaucoup... Parce que je parlais beaucoup avec les
membres aussi de votre... puis des propriétaires, des entraîneurs, directeur
général, que je suis très proche, là, aussi, puis ils me disaient tous :
Bien là, les bagarres, ça doit disparaître, mais ça ne passait jamais à cause
de Bobby Smith. Alors, c'est pour ça, puis je répète ma question, pas au niveau
hockey, mais au niveau de mentalité avec les joueurs également, avec ceux qui
viennent des Maritimes versus ceux du Québec.
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, comme je vous dis... Bien, la mentalité, oui, c'est vrai qu'au niveau jeu,
ce n'est pas le même jeu qu'il se passe dans les Maritimes versus... versus...
Mais, au niveau maintenant des propriétaires, écoutez, M. Smith était encore
membre lorsque la décision d'abolir les bagarres a été prise en compte.
M. Ciccone :Mais tout le monde savait qu'il s'en allait, Monsieur
Létourneau. On ne jouera pas avec les mots, mais tout le monde savait qu'il s'en
allait.
M. Létourneau (Richard) : ...
Non, mais... Mais, Monsieur Ciccone, ce qui est important, O.K., et je pense
que c'est ça, la base, c'est de dire que maintenant les bagarres sont
interdites.
M. Ciccone :Bravo! Bravo, Monsieur Létourneau!
M. Létourneau (Richard) : Merci.
M. Ciccone :Bravo! Je veux revenir aussi sur... un peu sur l'impression
aussi qu'on peut avoir de la ligue. Parce qu'aujourd'hui, puis je vous ai
écouté pendant votre votre exposé, tu sais, vous êtes là puis vous...
M. Ciccone :...avez à coeur cette ligue-là. Puis tous ceux qui
entourent la Ligue junior majeur du Québec, c'est des gens qui ont... qui sont
vraiment là pour les bonnes raisons. Ce n'est pas parfait parce qu'il y a
toujours place à amélioration. Puis je tiens à vous réitérer... à réitérer ce
que j'ai dit Monsieur Létourneau : Vous avez fait des progrès à 1 000
puis 2 000 % depuis l'époque que j'étais, moi, dans la Ligue junior majeur
du Québec.
Mais pourquoi, encore une fois, il y a
cette impression-là que les équipes veulent toujours protéger leur image à tout
prix? Comment on peut changer ça? Parce qu'on a l'impression de dire :
Bien, ils vont tout cacher au lieu d'être ultratransparents puis de dire :
Voici la situation, puis on va régler la problématique, puis on va s'assurer de
mettre les programmes en place. Un peu comme monsieur... nous a dit, que
c'était très, très rafraîchissant, mais ce n'est pas un discours qu'on
entendait à l'époque. Comment est-ce qu'on fait pour changer ça?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je pense qu'en ayant un nouveau commissaire, déjà en partant, il va... Il
arrive avec une nouvelle... sa Façon de faire à lui. il va... Écoutez, je ne
vous mentirais pas non plus, là, que tout le brouhaha, présentement, là, avec
les... ce qui se passe actuellement avec les interventions de la commission,
tout ça, bien, veux ou veux pas, ça porte à réfléchir, que ce soit pour
juste... Parce qu'au début on pensait que notre façon de processus des
plaintes, c'était correct. Puis on s'est fait dire : non, ça prend un
comité indépendant. Bien, on a dit : Oui, vous avez raison, puis là, on
est rendus avec un comité indépendant.
Donc, à ce niveau-là, je veux dire, quand,
moi, tantôt, j'ai pris l'engagement de dire que, nous, ce qu'on va avoir à
faire, c'est de s'assurer que ce que le commissaire va mettre en marche, en
place fonctionne, bien, c'est ça que je veux dire.
Et, ce que je veux dire aussi, là, c'est
que, quand le code d'éthique... Oui, c'est vrai que le code d'éthique, le jeune
le signait en début de saison, mais, après ça, il n'en entendait plus parler
pendant la saison. Bien, il faut que ça soit un processus qui est continu pour
que le jeune soit toujours prêt à toute éventualité, là.
M. Ciccone :Vous avez parlé des membres, tantôt, puis la commission.
Comment les membres, vos membres, vos homologues ont réagi, justement, quand
vous avez su qu'il était pour y avoir une commission en ce sens, puis qu'on
était pour inviter la ligue junior majeur du Québec?
M. Létourneau (Richard) : Je
ne peux pas... Je peux vous dire qu'on s'est dit : Coudon, si la... si on
est convoqués, on va y aller, on va... C'est sûr que, comme le commissaire...
Quand le commissaire a été invité, bien, effectivement, bien, un, une fois
l'esprit de surprise passé, bien, effectivement, on fait comme on doit se
faire, c'est-à-dire qu'on se présente puis on fait de notre mieux pour répondre
le plus possible à vos questions, puis de démontrer aussi tout ce que la Ligue
fait aussi pour les jeunes, là.
M. Ciccone :Vous avez parlé tantôt de Constitution, vous avez parlé
également, vous avez défendu, là, le rôle du commissaire à l'effet qu'il avait
beaucoup de pouvoir, plus qu'on pensait. Êtes-vous capable de nous déposer
votre constitution pour qu'on soit capables de voir qui a les réels pouvoirs?
Parce que je sais, pour avoir travaillé justement au niveau du développement
avec la Ligue junior majeur du Québec et monsieur Lavallée, à l'époque, avant
mon élection, je sais qu'il y a un comité hockey, je sais qu'il y a certains
éléments au niveau des règles. La réglementation, ça passe par un vote aux deux
tiers, vous l'avez nommé, mais on ne sait pas c'est quoi, les réels pouvoirs du
commissaire. On ne sait pas, lui, il peut décider quoi sans vous en parler, et
arriver, à un moment donné, vous réunir puis dire : Moi, là, je prends la
décision, puis c'est comme ça que ça va fonctionner. On ne le sait pas, ça.
Est-ce que c'est possible que vous puissiez nous déposer à la Commission
justement votre Constitution pour savoir comment ça fonctionne chez vous?
• (16 h 10) •
M. Létourneau (Richard) : oui,
je ne verrais pas pourquoi est-ce que... Bien, je veux dire, à moins que... Je
vais commencer par : est-ce que, là, vous me pognez un peu au dépourvu,
c'est que, est-ce que j'ai le droit de le faire. Je pense que je vais commencer
par poser la question à mon aviseur légal. Si vous me dites que l'Assemblée
nationale a tous les droits, bien là... Bien, je ne le sais pas, c'est ce que
je vous dis. Moi, si vous me parlez de chiffres, si vous me parlez de ce genre
de choses là, je vais être capable de répondre. Mais, là-dessus, je ne peux pas
répondre non plus pour l'ensemble des membres, là.
M. Ciccone :je comprends. Mais, juste... On n'est pas un tribunal ici,
là, c'est parce qu'on veut juste comprendre, puisque, vous comprenez qu'on est
ici aujourd'hui, puis ce n'est pas de gaieté de cœur qu'on est ici, on est ici
vraiment pour comprendre des choses, parce qu'on doit émettre des
recommandations, on doit émettre un rapport. Puis on veut vraiment, là, je
regarde les collègues qui sont autour de la table, on est tous... c'est
transpartisan, là, il n'y a pas de parti ici. Puis on veut vraiment, vraiment
aider les jeunes pour ne plus que ces choses-là se reproduisent. Puis, s'il y a
une impression, ça pourrait peut-être arriver, mais il faut...
M. Ciccone :...les éliminer, ça fait que c'est pour ça que plus
d'information qu'on va avoir, plus de documents on va avoir, on va être capable
d'avancer puis de remettre un rapport qui va être exhaustif.
Vous avez parlé tantôt du code du
vestiaire. Il y a... On a parlé, il y a à peu près cinq semaines, là, au
professeur Labeau de McGill, qui nous avait... on avait vu leur politique de
bizutage. Puis vraiment, là, c'était exhaustif, ce qu'ils avaient mis sur
papier. Habituellement, ils disent : On n'a pas le droit de refaire du
bizutage, mais la définition de bizutage, pour chaque individu, est peut-être
différente, on ne sait pas. Ce qu'ont fait McGill, c'est qu'ils ont mis noir
sur blanc qu'est-ce qu'ils n'avaient pas le droit de faire. On en a parlé à
monsieur Lavallée lors de la première rencontre, il nous a dit que c'était pour
être en vigueur en 2023-2024. Moi, je lui ai demandé : Mais pourquoi que
ce n'est pas en vigueur dans les prochaines semaines? Si on est pour le faire,
qu'on le fasse immédiatement. Là, vous me dites que ce n'est pas sûr que ce
soit en vigueur en 2023-2024.
Est-ce que vous pouvez, encore une fois,
nous envoyer, quand ça va être prêt, votre code du vestiaire, envoyer les
documents à la commission pour qu'on puisse en prendre note pour que ça puisse
être... qu'on puisse l'avoir entre les mains?
M. Létourneau (Richard) : Oui,
le code du vestiaire, on va vous envoyer ça... on va vous envoyer ça, il n'y a
pas de problème.
M. Ciccone :Parfait. Puis là je vais faire plaisir, monsieur
Létourneau. Vous savez que... Puis c'est vrai, là, que ce n'est pas toutes les
équipes qui font de l'argent, ça, je le sais, là, je le sais profondément. J'ai
été là assez longtemps puis j'ai... je voyais 150 games par année pendant
11 ans. Au niveau du développement des jeunes, je sais qu'il y en a qui
tirent de la patte, mais avez-vous déjà considéré, justement, pour aider nos jeunes,
pour qu'il y ait des places pour jouer, un partage des revenus avec les gros
clubs des Maritimes, qui font énormément d'argent, pour certains, puis ça, vous
ne pouvez pas me dire le contraire, là? Puis il y a même un club ici, proche de
chez nous, de l'Assemblée nationale, qui fait aussi des pas pires profits, qui
est... Le propriétaire est une multinationale. Est-ce que... Avez-vous déjà
pensé à des partages... un partage de revenus entre clubs?
M. Létourneau (Richard) : Moi,
je n'ai jamais entendu parler d'une possibilité de partage de revenus.
M. Ciccone :Vous n'en avez jamais parlé?
M. Létourneau (Richard) : Je
n'en ai jamais entendu parler, donc, effectivement, je... Moi, depuis que je
suis là, je n'en ai pas entendu parler.
M. Ciccone :Oui. Bien, ça serait un beau sujet à proposer dans la
prochaine rencontre, Monsieur Létourneau. Je n'ai plus de temps, je vous laisse
là-dessus. Merci beaucoup.
M. Létourneau (Richard) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont, porte-parole
du deuxième groupe d'opposition. Vous avez 4 min 20 s, M. le député.
M. Marissal : Merci. Monsieur
Létourneau, madame Leblanc, merci d'être là. Monsieur Létourneau, je comprends...
Je comprends bien puis je respecte votre passion. Vous avez fait la
démonstration dans votre introduction que la meilleure défense, c'est souvent
l'attaque. Mais dites-vous bien que... Si vous avez été apparemment froissé par
des choses qui ont été dites, ou lues, ou entendues, ou écrites sur le hockey
junior, dites-vous bien qu'il y a pas mal de Québécois puis de Québécoises qui
ont été horrifiés par les mêmes choses qu'ils ont lues, qu'ils ont entendues
aussi. C'est pour ça qu'on est là. On n'a pas fait le choix d'être là, c'est
parce qu'il s'est passé des choses qu'on doit clarifier. Lors du vote de
décembre sur... bien, je n'ose pas dire l'interdiction des batailles, elles ne
sont pas interdites, elles sont durement sanctionnées ou, en tout cas, plus durement
sanctionnées, est-ce que vous aviez le droit de vote?
M. Létourneau (Richard) : Oui.
M. Marissal : Vous avez voté
comment, si ce n'est pas trop indiscret?
M. Létourneau (Richard) : Pour...
M. Marissal : Pour l'interdiction?
M. Létourneau (Richard) : ...l'abolition.
Oui. C'est... Oui, en passant, là, c'est que le texte dit que les bagarres sont
interdites.
M. Marissal : Bien, en
fait... On ne jouera pas sur les mots, je n'ai pas assez de temps pour ça, là.
M. Létourneau (Richard) : Non,
non, mais je le sais, mais...
M. Marissal : Elles ne sont
pas interdites, on est suspendu à un match.
M. Létourneau (Richard) : Bien...
M. Marissal : Puis même à ça,
il y a des gens comme Patrick Roy qui trouvent que c'est trop sévère, alors...
M. Létourneau (Richard) : Mais...
Oui, mais...
M. Marissal : Je comprends
qu'on ne peut pas attacher les mains dans le dos des joueurs, là, je comprends
ça, là...
M. Létourneau (Richard) : C'est
ça.
M. Marissal : ...tu sais,
mais ça aurait pu être plus sévère.
M. Létourneau (Richard) : Et
c'est pour ça que...
M. Marissal : Ça aurait pu
être plus sévère, c'est ce que je veux dire. Mais vous avez voté contre, puis
moi aussi, comme député de Marquette, je vais vous féliciter pour ça. Parce
que, pour avoir vu du junior, là, au début de ma carrière de journaliste, là, à
l'époque des Bisons de Granby, je peux vous dire que j'en ai... et gardé des
souvenirs traumatisants, puis pour ce que j'ai vu dans le hockey de la ligue
américaine récemment à Laval, je peux vous dire que ça ressemble pas mal plus à
de la boxe que du hockey à certains moments, là. Ça fait que tant mieux. Puis
bravo d'avoir fait ça! Ça fera... Ça améliorera votre spectacle quant à moi.
C'est ce que je pense.
Si ce n'est pas dans votre ADN puis, je
présume, dans l'ADN de bien du monde, pourquoi ça a été si long à abolir, les
batailles? Ça fait quand même des années qu'on parle...
M. Marissal : ...De ça?
M. Létourneau (Richard) : Oui,
je suis d'accord, je suis d'accord avec vous, on n'était pas tous sur la même
page. Puis là, bien, je pense que ce qui est important, c'est que, maintenant,
pour le futur, bien, c'est interdit, puis on va par en avant. Je pense que
c'est ça qui est important. Mais il y a eu quand même beaucoup d'améliorations.
Mais effectivement, quand on est rendus à point 14 bagarres, bien,
effectivement, ça peut être point 14 de trop, puis... Sauf que ça a
descendu beaucoup. Puis, je veux dire, on va continuer à s'améliorer.
M. Marissal : Mettons
qu'un cas d'intimidation, là, est porté à votre attention en ce moment, avec
les Saguenéens, là, soit entre deux joueurs, soit entre trois... Ou trois
joueurs contre un joueur, soit entre un joueur et ses entraîneurs, c'est quoi,
la procédure, chez les Saguenéens en ce moment?
M. Létourneau (Richard) : La
procédure des Saguenéens en ce moment à ce niveau-là, c'est que dès qu'on est
au courant d'une plainte, effectivement, la personne qui a à faire une plainte
va être rencontrée. On va lui donner le support qu'il faut, s'il veut parler
avec quelqu'un à la ligue. On va lui demander s'il veut faire une plainte
officielle, et, sinon, bien, on va lui demander qu'est-ce qu'il faut faire pour
l'aider à régler le conflit qu'il a avec un autre individu, ou quelque chose du
genre.
M. Marissal : Mais, dans
tout ce que vous me dites, il n'y a rien d'externe et d'indépendant, là, c'est
toujours à l'intérieur de l'organisation des Saguenéens, là.
M. Létourneau (Richard) : Bien
là, bien, ça dépend, monsieur Marissal, de... du Degré de... Du degré
proprement dit. C'est ça que je vous ai dit tantôt. C'est que, un, si le
joueur, en partant, se sent lésé, bien, avec le comité indépendant, il va
pouvoir faire une plainte, directement, au comité indépendant. Si la personne
juge mieux de parler avec l'instructeur ou avec le gérant, bien, effectivement,
là, c'est cette personne-là qui va dire : Bien, écoute, tu veux-tu faire
une plainte officielle? Veux-tu aller plus loin? Mais c'est sûr qu'en partant,
la place pour aller, c'est avec...
La Présidente (Mme Dionne) :
C'est malheureusement le temps qu'on avait pour cette commission. Madame
Létourneau... «Madame Létourneau», madame Leblanc, M. Létourneau, merci
infiniment pour votre contribution. Merci aux membres.
Donc, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain vendredi 24 mars à 10 h, où elle se réunira pour
entreprendre un nouveau mandat. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 19)