Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mardi 21 mars 2023
-
Vol. 47 N° 3
Mandat d’initiative portant sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d’autres sports
Aller directement au contenu du Journal des débats
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la culture et de l'éducation ouverte. La Commission est réunie afin de
procéder aujourd'hui aux consultations particulières et auditions publiques
dans le cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de violence
lors des initiations dans le milieu junior... le hockey junior, pardon, et la
possible situation dans d'autres sports.
Monsieur secrétaire, si vous pouvez nommer
les remplacements.
Le Secrétaire : ...
La Présidente (Mme Dionne) : O.K.
Je vais mentionner les remplaçants. Alors, le député de Marquette remplace la
députée de Mont-Royal—Outremontet le
député de Rosemont remplace la députée de Mercier.
Concernant l'ordre du jour, nous
entendrons aujourd'hui les personnes suivantes : Monsieur Michel Dorais,
professeur titulaire retraité à l'École de travail social et de criminologie de
l'Université Laval; M. Martin Lavallée, commissaire par intérim de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec; et monsieur Mario Cecchini, président par
intérim des Alouettes de Montréal et futur commissaire de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec.
Avant de souhaiter la bienvenue à notre
premier invité, je cède la parole au député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais déposer l'avis
de la Commissaire à l'éthique lors de notre première séance où on avait reçu
des groupes. J'avais demandé justement un avis de la Commissaire à l'éthique, vu
mon passé et ma rémunération avec la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Alors, j'ai l'avis écrit que je dépose. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
avis déposé. Je souhaite maintenant la bienvenue à notre premier interlocuteur,
M. Michel Dorais, professeur titulaire retraité à l'École de travail social et
de criminologie de l'Université Laval. Monsieur Dorais, je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après quoi, nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
• (9 h 50) •
M. Dorais (Michel) : Merci,
merci de m'avoir invité. Je suis content et honoré, en fait, d'être avec vous
ce matin parce qu'on va parler d'un sujet important qui me préoccupe depuis
longtemps. J'ai donné un petit deux pages de résumé de mon exposé ce matin. Je
travaille là-dessus depuis très longtemps.
Je suis retraité, mais j'ai une carrière
de 45 ans et des poussières. Et j'ai travaillé beaucoup, dans un premier temps,
à la protection de la jeunesse, en fait, à Montréal. J'ai développé beaucoup de
programmes de prévention aussi, notamment pour l'INSPQ, des programmes qui
durent encore pour certains d'entre eux, des programmes en prévention de l'exploitation
sexuelle, la protection des jeunes, en particulier pour le CIUSSS de la
capitale nationale. J'ai donné un cours comment monter des programmes et des campagnes
de prévention qui a longtemps été, je pense qu'il est encore, le seul cours
là-dessus à l'Université Laval. J'ai une formation, une double formation en
travail social et en sociologie de l'intimité et...
M. Dorais (Michel) : ...j'ai
fait partie aussi... Je vais terminer là-dessus ma présentation pour vous dire
que je suis particulièrement sensible aux victimes qui sont faites dans ces
affaires-là. J'étais sur le comité qui a bâti et déposé le rapport Rebâtir la
confiance, là, vous vous souviendrez, qui a été remis à l'Assemblée nationale
il y a un peu plus que deux ans maintenant, en décembre 2020. Voilà, pour ma
présentation.
Je vais surtout vous parler ce matin de
prévention primaire. Pour moi, c'est très important parce que j'ai suivi beaucoup,
beaucoup ce dossier-là et j'ai entendu très peu de gens en parler. On en parle
beaucoup à bon droit de prévention secondaire, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on
fait s'il y a des victimes d'avoir des lignes d'appel, de l'aide aux victimes.
Évidemment, je suis ravi qu'on parle de ça, je n'ai absolument rien contre ça,
tout au contraire, mais je suis inquiet qu'on parle si peu de prévention
primaire, c'est-à-dire que fait-on pour que ces choses-là ne se reproduisent
plus. Et j'ai entendu, en fait, très, très, très peu parler de ça.
On a aussi beaucoup parlé de
sensibilisation. Des gens me disent : Oui, on montre des films, on fait
des conférences. Vous savez, la prévention, ce n'est pas ça. Si vous pensez
qu'on change des comportements en visionnant un film... Et vous savez, vous
êtes en politique, vous essayez, vous autres aussi de votre côté, de changer
parfois des comportements, vous savez qu'on ne change pas de comportement comme
on change de vêtements, et ça ne se fait pas à la sortie d'un film ou d'une
conférence. C'est beaucoup plus complexe que ça. Alors, ce qu'il faut...
développer et promouvoir, en fait, des comportements alternatifs. Si je fais...
Quoi ne pas faire, la majorité des gens le savent, mais qu'est-ce que je fais à
la place? Là est la question. Et c'est surtout de ça dont je veux vous parler
ce matin, alors allons-y, allons-y.
J'ai été étonné que la LNH ne vous parle
pas qu'avec la directrice des services aux joueurs, Mme Llorens, on travaille
depuis 18 mois maintenant à développer un programme de prévention
primaire. Et c'est méritoire, c'est tout à son honneur, là. C'est elle qui
m'avait contacté sachant que je travaille là-dessus depuis fort longtemps à
l'été... il y a 18 mois, pas l'été dernier, l'été auparavant. Et, depuis
ce temps-là, on travaille là-dessus. Je le fais bénévolement, là, je tiens à le
dire, mais, bon, comme j'étais en processus de retraite, j'avais un peu plus de
temps, mais en se disant : Bien, un jour, on trouvera de l'argent pour ça.
Et c'est avant que... toutes ces affaires-là dont on a parlé dans les médias.
Et je pense que Mme Llorens est très allumée, là, sur les besoins des joueurs.
On a même fait un sondage auprès des joueurs, sur leurs besoins, et tout ça. Et
puis, bien, j'étais content de venir ici ce matin parce que je vois que je vais
être le premier à vous parler de ça. Et je pense qu'on n'en a pas parlé
beaucoup parce qu'on a cogné à beaucoup de portes pour demander... Bien,
évidemment, on demande de l'argent à ligue, on demander de l'argent... Avez-vous
de l'argent, les équipes? On demande de l'argent à certains ministères. Bien,
tout le monde trouve que notre idée excellente, mais, pour le moment, on n'a
pas trop de réponses.
Alors, de quoi s'agit-il quand je vous
parle, là, de prévention primaire? Il y a trois choses là-dedans. Alors, la
première, c'est ce qu'on appelle les codes de vie des joueurs, les règles,
les... Vous savez, les joueurs signent aussi, hein, maintenant, dans beaucoup
d'équipes, là, les joueurs signent une espèce de code de vie : Je m'engage
à... C'est très bien d'avoir déjà ça, mais, pour en avoir regardé quelques-uns,
je peux vous dire que c'est un peu comme du fromage gruyère, il y a des trous
dedans. Et puis c'est bon dans le fromage, mais, dans les règlements de sports
d'équipe, ce n'est pas l'idéal. Alors, il faudrait vraiment revamper tout ça,
on est en train de se pencher là-dessus, parce qu'il y a trop de zones grises,
là, qui sont laissées là.
Et puis je pense que, si on veut
mobiliser... Vous savez, en prévention, deux choses qu'il faut surtout
mobiliser... Bien, il y a... savoir, hein, il faut que les gens aient des
connaissances, développent des savoir-être, des savoir-faire. Ils vont y
arriver s'il y a deux choses de base : la motivation et les valeurs qui soutiennent
ces actions-là. Il faut motiver les jeunes, il faut motiver les adultes qui les
encadrent à agir pour prévenir. Il faut qu'il y ait des valeurs individuelles.
On a des valeurs sociales au Québec, on est une des sociétés sans doute les
plus sensibles, hein, au bien-être des jeunes, et tant mieux, mais on peut
toujours s'améliorer. Il faut aussi avoir des valeurs d'équipe. Il faut que le
sport... Le sport, c'est aussi éducatif, et on doit... le sport doit véhiculer
certaines valeurs bienveillantes et certaines valeurs qui n'autorisent pas ou
qui même empêchent...
M. Dorais (Michel) : ...la
commission d'actes aussi regrettables que ceux dont on a parlé dernièrement.
Alors donc, la première chose à faire, ce serait de revoir ces règles, ces
règlements, ces codes de vie, et là, il y a déjà un travail considérable à
faire. Deuxièmement, il faut s'adresser aux jeunes eux-mêmes. Aux joueurs,
pourquoi? Parce que les joueurs, là, pensez bien qu'il faut partir d'où ils
sont, là, et puis ce n'est pas facile. C'est pour ça que voir un film, entendre
une conférence, il faut les écouter, il faut parler avec eux, il faut les
intéresser.
Vous savez, les gens, quand on parle de
prévention, les gens pensent qu'on va leur faire la morale, ce n'est pas ça.
Responsabiliser les gens, ce n'est pas leur faire la morale. Au contraire,
c'est de les amener avec nous, là, dans un beau projet qui est de construire
quelque chose de mieux. C'est ça. Les campagnes de prévention qui fonctionnent,
là, il y en a de très belles par le gouvernement du Québec. C'est ça, le but et
c'est ça, le moyen utilisé alors... et on travaille là-dessus justement d'avoir
des choses qui vont plaire aux gars, que les gars vont avoir le goût de
participer, que ce soient des discussions, que ce soit des vidéos, des quiz. On
ne manque pas d'idées à ce sujet-là, mais on va auparavant les consulter. On
va... il faudrait... Enfin, je vous parle comme si on était en train de le
faire, j'espère qu'on le fera, que je vais convaincre quelqu'un quelque part
alors, et ce serait bien.
Moi, je le fais déjà, je peux vous le
dire, je l'ai fait beaucoup, là, je le fais actuellement. Je ne les nommerai
pas, pour certaines émissions de télé de réalité qui ont éprouvé des petits
problèmes moins graves, mais quand même se soucient qu'il n'y ait pas de
harcèlement et de comportements inappropriés. Et je peux dire que les gens ont
beaucoup de plaisir avec ce qu'on a développé. Donc, je sais que c'est possible
parce que je l'ai déjà fait puis je l'ai fait encore récemment. Alors donc,
rejoindre les jeunes par des mises en situation pratiques, des choses qui leur
permettent de se projeter dans l'avenir. Si telle chose arrive, qu'est ce que
je fais? Qu'est-ce que je peux faire? Comment je peux réagir? Ça arrive à moi,
à mon collègue, à mon équipe, à quelqu'un que je connais. C'est très important.
Deuxièmement, il faut impérativement
rejoindre les personnes qui encadrent ces jeunes-là. Et vous savez, ça va des
coachs ,aux familles d'accueil qui accueillent les jeunes, et vous savez, quand
les jeunes voyagent, là, il faut qu'ils dorment quelque part. Alors, moi,
j'irai jusqu'au propriétaire d'équipe, là, parce qu'il faut que l'exemple de
haut, là, puis il faut que... vous savez, quand vous voulez imposer des
nouvelles valeurs, des nouvelles façons de faire, ça doit aller de haut en bas
et ça, de remonter et descendre. Alors, il faut que tout le monde soit impliqué
là-dedans. Là aussi, évidemment, on pourrait et on devrait consulter les gens
qui sont des mentors, en fait, pour ces jeunes-là, là. Penser que les gens qui
les encadrent à quelque niveau que ce soit, sont des modèles. Les gens,
souvent : Oui, mais on ne veut pas être des modèles, on est seulement des
coachs, on est seulement des familles d'accueil, là, pour ces joueurs, appelez
ça comme ça, pour ces joueurs-là. Oui, mais quand ils sont avec toi, tu es un
adulte, hein, tu es un adulte et c'est un exemple que tu le veuilles ou pas.
• (10 heures) •
Et ce serait un peu la... Et ce serait
évidemment une formation plus étendue, plus extensive, parce qu'il faut
apprendre des choses qui sont plus de l'ordre de la résolution de problèmes, de
la relation d'aide même à ces adultes-là, si tu as un jeune qui est en problème
avant que tu reviennes pour consulter psychologues ou travailleurs sociaux,
est-ce que toi, tu peux faire des choses à ton niveau? Si tu as des victimes,
si tu as... Alors, il faut des choses de base et puis ça, comme je vous l'ai
dit, moi, j'ai enseigné ça, la relation d'aide pendant 40 ans passés, et
c'est sûr que j'ai des petites idées là-dessus. Mais encore là, des mises en
situation concrètes, des choses qui vont permettre aux gens à se projeter dans
l'avenir, hein, dire : Qu'est-ce que... voici, il y a des choses concrètes
à faire pour moi.
La grande question, et ça va être ma
conclusion c'est : Qui c'est qui prend ça en charge? Actuellement, c'est
la grande question. De qui relève de la prévention, qui doit en prendre
l'initiative et qui fixera des balises? Parce que, comme je disais tout à
l'heure, il y a beaucoup de gens qui disent faire la prévention, mais ce que je
vois, ce n'est pas ça, c'est de la sensibilisation.
Alors bien là, il y a une question de
coût-bénéfice. Évidemment, quand ça va bien, personne ne parle de prévention
parce qu'on dit : Mais pourquoi faire de la prévention... alors. Mais,
quand ça va mal, ça coûte très cher quand ça va mal, parce que, là, il y a eu
des victimes, et ça coûte très cher avoir des victimes, hein? Et alors, quand
ça va bien, on ne fait pas de prévention. Parce que ça va bien, pourquoi en
faire? Quand ça va mal, on dépense tout l'argent disponible pour compenser des
victimes. On dit : Ah! bien, c'est dommage, il ne reste plus d'argent pour
la prévention. Alors, la prévention passe à la trappe dans les deux cas, ce qui
est bien dommage et, à mon avis, assez tragique. C'est pour ça que je pense que
la rondelle...
10 h (version non révisée)
M. Dorais (Michel) : ...et le
jeu de mots est... mais la rondelle est dans le camp des décideurs, que ce soit
les équipes, que ce soit les ministères, les organismes publics. Est-ce qu'on
veut éviter que ces choses-là adviennent de nouveau? Et qu'est-ce qu'on fait en
prévention primaire...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. Dorais. Je suis désolé de vous interrompre.
M. Dorais (Michel) : Oui, j'avais
fini.
La Présidente (Mme Dionne) : Très,
intéressant. Alors, merci beaucoup pour votre exposé. Je céderais maintenant la
parole du côté du gouvernement. Quelqu'un veut intervenir? Oui. D'accord.
Alors, j'invite le député de Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup.
Merci, Mme la Présidente. Monsieur Dorais, bonjour. Merci de votre présence à l'Assemblée
nationale et d'avoir accepté de venir témoigner devant les membres de la
commission, je vous remercie pour votre introduction. Et, monsieur Dorais, en
regardant vos écrits, là, en préparant la journée d'aujourd'hui, je vois que
vous avez mentionné quelque part dans une entrevue en septembre dernier à
Radio-Canada... je crois que, et là j'ouvre les guillemets, «on ne veut pas
seulement qu'il y ait un changement dans la tête des jeunes, mais aussi dans
leurs comportements au quotidien», et je ferme, puis je crois que, dans votre
introduction, vous avez quand même beaucoup abordé ce point.
Et, dites-moi, vous parlez de prévention
primaire, changement de comportement, que vous dites que ça peut être complexe,
qu'il faut faire la promotion de comportements alternatifs, de quelle manière
ou à quel moment vous pensez qu'on doit aborder ces thèmes-là si on veut faire
une prévention? Puis là, je vous amène aussi tôt que le parcours scolaire
primaire, primaire et secondaire. Puis vous entendrez, au timbre de ma voix,
comme adjoint parlementaire au ministre l'Éducation, la prévention et l'enseignement
de l'éducation sexuelle, hein, qui est abordé chez nos jeunes. De quelle
manière, croyez-vous, on doit l'aborder dans le cursus du cours Citoyenneté
québécoise, là, Éthique et citoyenneté québécoise, le nouveau cours qui est mis
en marche, qui est présentement dans des projets pilotes dans différentes
écoles au Québec?
M. Dorais (Michel) : Oui.
Bien, le problème, c'est, évidemment, il y a peu de temps. Tu sais, on le sait,
hein, c'est cinq heures au primaire, 15 heures au secondaire, à moins que
ça ait changé, là, dernièrement. Il n'y a pas beaucoup de temps. Mais
effectivement, cette prévention des conduites inappropriées, utilisons un terme
poli, devrait être faite à toutes les étapes de la vie.
Cela dit, en ce qui concerne le sport en
particulier, dès qu'un jeune adhère... Je vais vous donner un exemple. À la
Ligue de hockey junior majeur, normalement, au mois d'août, là, il y a des...
on démarre la chose, là. Alors, ce que je parlais avec madame Laurence, c'est
qu'on pourrait très bien démarrer un programme comme celui-là. Et, comme je
dis, ce n'est pas une conférence, ce n'est pas... C'est un ensemble de mesures
qui vont s'échelonner dans le temps, là, et qui vont rejoindre les jeunes. Et
je pense que vous avez raison, c'est... ça fait partie de l'éducation, ça
devrait concerner la prévention du harcèlement, des agressions, des violences
de nature intime ou sexuelle. Évidemment que ça devrait nous préoccuper, et on
devrait commencer à le faire, oui, le plus tôt possible parce que les jeunes
sont témoins de ça, ne serait-ce qu'ils sont témoins de la part de personnes
plus âgées qu'elle dans le sport ou ailleurs, là. Mais là, vous prêchez quelqu'un
qui défend ça. Oui, oui, je crois. Et puis c'était d'ailleurs une des
recommandations de notre part, Rebâtir la confiance, que la prévention ait une
plus large place.
Moi, je pense aussi qu'on... Vous savez,
dans les organismes professionnels, on a le 1 % de la formation continue,
hein? Vous savez, ça existe encore. Pourquoi qu'il n'y aurait pas ça, une
mesure comme ça dans le sport, un 1 % de formation aux bonnes conduites
puis combattre les conduites toxiques? Tu sais, je lance ça comme ça. Ce n'est
pas dans... ce n'est pas dans... Je pensais à ça ce week-end en me préparant.
Pourquoi qu'on n'aurait pas une mesure encadrante comme ça, comme le
gouvernement québécois l'a fait, là, pour le 1 % formation professionnelle?
Ça passerait le message aux équipes, aux directions d'équipe, aux propriétaires
d'équipes : Regardez, c'est important pour l'État québécois puis on veut
que nos jeunes... Et ce serait une structure, en même temps... qui baliserait
les choses. Parce que moi, je peux vous dire, là, je fais de la prévention...
puis faire autre chose, là. Il faut que... Et je pense que l'État, encore là, a
un rôle de leadership à jouer en... On est très inventifs au Québec, on le
sait, là, en particulier pour tout ce qui concerne les jeunes. Alors, moi, je
lance un appel en ce sens-là. Encore une fois, soyons créatifs, innovateurs,
innovatrices.
M. Émond : D'accord, merci.
Une dernière courte question avant de passer la parole à mes collègues. Vous
avez mentionné dans votre introduction, monsieur Dorais, que l'exemple doit...
M. Émond : ...si on parle du
sujet qui nous occupe aujourd'hui, plus spécifiquement du hockey, dans nos
auditions précédentes, je demandais au commissaire sortant, monsieur Courteau,
de s'engager à lui-même, là, comme figure d'autorité de la ligue, de s'adresser
directement aux jeunes. On ne parle pas quand même de... Il n'y a pas des
milliers de joueurs, là, je crois dans la Ligue junior majeur.
M. Dorais (Michel) : Quelques
centaines.
M. Émond : Alors, est-ce que
vous seriez dans la ligne de proposer au successeur de M. le commissaire de
s'engager également dans une démarche participative pour ne pas remettre le
fardeau au coach ou parce que c'est la même personne qui pousse les jeunes à se
dépasser? Oui, mais il est derrière le banc des joueurs et ensuite, on le met
un peu dans le rôle de les sensibiliser, tandis que je me mets à la place d'un
jeune joueur qui reçoit un message, puis pas par un vidéo ou une lettre, là, ou
un code de conduite quelconque, mais d'une manière très personnelle en début
d'engagement. Là, on peut sentir que le message va être clair.
M. Dorais (Michel) : Oui,
c'est la raison pour laquelle je pense que la prévention primaire, ça concerne
tout le monde de bas en haut; et qu'on devrait former à la prévention primaire
aussi parce qu'ils sont spécialistes du hockey. Moi, je n'irai pas leur montrer
comment jouer au hockey. Mais leur parler de prévention primaire, moi ou
d'autres, il y en a d'autres spécialistes que moi, je suis plus à la retraite
qu'autre chose, je pense que ce serait une bonne chose parce qu'on a en a à
apprendre des choses. Et puis moi, je pense que les équipes auront tout
avantage de mieux apprendre comment prévenir la prévention secondaire, qu'est
ce qu'on fait rapidement quand il arrive quelque chose. Je pense qu'il y a une
sensibilisation à faire.
Moi, je suis un peu, bon, je suis un grand
optimiste dans la vie, mais je suis un peu déçu que, 18 mois plus tard, on
attend toujours une mesure autant. Puis, écoutez, il y a des ministères qui
vont dire : Regarde, là, on attend, on regarde ça avec attention. Je ne
vous dis pas que ça ne marchera pas, mais il me semble que si ça pouvait aller
plus vite. Et puis nous, on a hâte de commencer. Je peux vous dire qu'avec
madame Lawrence, on envisageait, il y a deux ans, d'être prêts à commencer cet
été, mais l'été, c'est bientôt, là. Alors, les jeunes, les nouveaux jeunes qui
vont arriver, là, arrivent, là, puis il faut être prêt à les accueillir, à les
accueillir autrement, avec des mesures structurantes et structurées.
M. Émond : Je vous remercie
beaucoup. C'est terminé pour moi.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Monsieur Dorais,
professeur Dorais, j'ai abondamment lu sur ce que vous avez fait. Puis je vous
remercie infiniment pour votre travail. Mais vous avez raison d'interpeler
l'État comme vous le faites. Mais je suis un peu curieux. Dans votre travail,
vous situez le travail de 18 mois et de madame Llorens, pourquoi vous
croyez que la Ligue n'a pas été de l'avant par rapport aux demandes que vous
avez faites?
M. Dorais (Michel) : Honnêtement,
monsieur, je n'en ai aucune idée.
M. Asselin : Vous n'avez
aucun, aucune hypothèse qui vous vient?
M. Dorais (Michel) : Bien,
écoutez, c'est une question d'argent souvent aussi, comme je disais tantôt, là.
Puis ils ne sont pas ni pire ni mieux que d'autres, là. Souvent, quand on parle
de prévention, puis je le sais, là, tu sais, toute ma vie j'ai été pas mal
là-dedans, les gens disent : Oui, mais on n'a pas d'argent pour ça. Moi,
je dis souvent : regardez, quand vous payez les dégâts, là, ça coûte cher,
compenser les victimes, des... tu sais, des entreprises de relations publiques,
des... des... des... Pour réparer une image cassée, ça coûterait très, très,
très cher. Alors, si on prévient les choses, si... si on... Le risque zéro
n'existe pas, ça, on s'entend tous là-dessus, mais, si on fait en sorte que le
risque soit minimisé, je pense que c'est un très bon placement. Mais les gens
de la ligue ne sont pas différents des autres.
Puis, écoutez, c'est... tu sais, c'est...
Ceux qui payent, c'est les propriétaires, là. Je ne sais pas si vous allez en
avoir ici, mais, tu sais, ultimement, là, c'est eux autres, j'imagine, là,
j'imagine, qui vont décider parce que c'est eux qui ont l'argent. C'est sûr que
si c'était Madame Llorens ou les gens qui collaboraient avec elle, je suis
certain que le programme serait déjà démarré parce qu'elle est enthousiaste, on
est enthousiastes, quand on fait ça, parce qu'on fait quelque chose d'utile
puis de positif, là. Mais, mais je vous recommanderais de leur demander. Moi,
je serais curieux, je serais curieux.
• (10 h 10) •
M. Asselin : Sur quels
facteurs en particulier Madame Llorens vous semblait la plus allumée?
M. Dorais (Michel) : Sur
quels facteurs?
M. Asselin : Bien, par
rapport au travail de prévention que vous vouliez mener.
M. Dorais (Michel) : Bien,
comme je disais tantôt, il faut... il faut... il faut tout faire ça, là. Il
faut refaire les règlements en profondeur, les codes de vie. Il faut démarrer
très vite. Si on veut insérer les jeunes dans un processus, là, d'apprentissage
de savoir, savoir-être, savoir-faire, il faut commencer à travailler dans les
semaines qui viennent, là.
Moi, je veux dire, j'ai parlé, je ne
nommerai pas de ministère, mais, au ministère, on avait une subvention, et puis
j'ai parlé aux gens, il y a quelques jours. Je leur dis : Écoutez, là, ça
fait quand même...
M. Dorais (Michel) : ...et
moi, je suis content que vous analysiez les choses en profondeur, mais il faut
démarrer à un moment donné. Nous, on est prêt à démarrer et j'espère qu'il y
aura des équipes... Tu sais, parce que peut être la ligue, mais peut-être, il y
a des équipes qui sont plus mobilisées. Il faudra partir avec les ressources
qui seront là à ce moment-là. Moi, je pense que tout le monde n'est pas
actuellement au même... sur le même diapason, là, mais débutons avec les gens
qui sont prêts à débuter parce qu'on est rendu là, à mon avis.
M. Asselin : Oui. Bien,
évidemment, moi, j'ai passé ma vie dans le secteur scolaire, et puis au niveau
des garçons en particulier, tout le monde le ressent qu'il y a une difficulté.
Mais vous ne pensez pas qu'au niveau des parents en particulier, l'importance
qu'on a donnée dans le passé au mot «victoire» puis l'importance que
l'expérience du hockey, c'était la victoire, sans ça, bon, ce n'est pas
important. Vous ne pensez pas qu'au niveau des parents, il y a des choses à
faire?
M. Dorais (Michel) : La
culture évolue. Moi, je salue, chapeau... à votre initiative, parce que je
pense, c'est quelque chose qui... c'est salutaire, ce qui nous arrive, c'est
très triste, là, les choses dont on a entendu parler dans les dernières
semaines, les derniers mois. Mais si c'est c'est un électrochoc qui fait en
sorte qu'on arrive à faire plus et mieux, bien, à toute chose malheur est bon,
dit-on, hein?
M. Asselin : Vous employez le
mot «salutaire». J'aimerais ça que vous explicitiez davantage sur ce que vous
voulez dire par rapport à ça. Il y a une opportunité, là, vous croyez?
M. Dorais (Michel) : Ah! là,
oui, il y a une opportunité parce que je pense que la population québécoise,
là... et la population s'attend à des choses de la part de l'État, un
encadrement. De baliser les choses, je ne sais pas comment, là, ce n'est pas...
moi, je ne suis pas à votre place, mais ça me fera plaisir de donner des
conseils si je le peux, mais... et que les équipes aussi... Parce qu'on leur
confie nos enfants à ces équipes-là et à ces propriétaires-là, qui donnent de
l'argent, mais qui en font aussi d'une certaine façon. Alors, je pense qu'on
peut s'attendre à plus qu'il y a actuellement. Oui, je pense qu'on doit être
exigeant. Je dirais qu'on a ce droit-là. En tout cas, moi, comme citoyen, je
parle comme citoyen, moi, je ne suis payé par personne, je suis à la retraite
chez moi, là. Je vous dis la vérité et ce que je pense profondément. Je vous
l'assure.
M. Asselin : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour,
M. Dorais, merci d'être avec nous aujourd'hui. Donc, moi aussi, là, je
suis étonnée par les délais parce qu'il y a d'autres associations, là, ici,
même au Québec, qui ont trouvé moyen de mettre en place toutes des mesures de
prévention. Tu sais, vous avez parlé d'un coût monétaire pour les équipes, là,
mais il y a un coût de briser des vies. Et c'est ça aujourd'hui, là, c'est le
coût pour moi qui est le plus important puis qui m'interpelle personnellement,
c'est celui qu'on a brisé des vies parce que, justement, il y a des processus
qui ne sont pas mis en place. On n'a pas assez travaillé en prévention
primaire, il y a la prévention secondaire.
Vous disez ici : «On a beaucoup parlé
dans ce dossier de sensibilisation à faire. C'est très bien. Ça n'est toutefois
qu'une première étape dans un véritable travail de prévention. Admettre qu'il y
a un problème, c'est une nécessité». Vous avez travaillé, bon, pendant
18 mois avec la LHJMQ. Est-ce qu'ils ont atteint cette étape-là, selon
vous?
M. Dorais (Michel) : Bien,
moi, j'ai travaillé avec madame Lorraine. C'est une personne avec qui je
travaille beaucoup, qui travaille aux communications. Je n'ai aucun doute que
ces gens-là sont enthousiasmés par le fait de démarrer de la prévention
primaire. Cependant, ce n'est pas eux qui prennent des décisions, hein? Eux
autres recommandent des choses. Et je pense qu'actuellement, c'est rendu... il
y a quelqu'un qui doit décider, on dit oui, on dit non, on met de l'argent ou
on n'en met pas et c'est ça. C'est rendu là à mon avis. Mais peut-être que tout
le monde regarde tout le monde. Peut être que les équipes puis les
propriétaires regardent le gouvernement, disent : Le gouvernement ne fait
rien, pourquoi nous? Le gouvernement dit : Peut être que si les équipes ne
font rien, pourquoi... Mais il va falloir que ça vienne de quelque part. Il
faut débuter et il faut surtout... Vous savez, à un moment donné, là... Je
parlais d'électrochoc tantôt, je pense qu'il va falloir, à un moment donné, dire :
On agit, là, on agit. Parce que je pense que le constat... le diagnostic est
déjà fait. Le traitement, là... je parle un peu comme un médecin, je ne suis
pas médecin, mais vous comprenez ce que je veux dire, on sait où est le
problème, on sait comment il est. On travaille déjà. Moi, je le fais avec
Madame Lorraine depuis 18 mois puis avec d'autres aussi, avec la Fondation
Jasmin... mission sur les milieux bienveillants pour les jeunes, alors qui est
prête aussi à mettre de l'argent, mais la fondation s'allie toujours à du
monde, là. Donc, tu sais, ils ne peuvent pas parce qu'eux autres, ils ne sont
pas propriétaires de la ligue puis ils ne peuvent pas remplacer le
gouvernement. Alors, il y aurait... je pense que ça pourrait démarrer assez
vite....
M. Dorais (Michel) : ...faire
quelque chose, mais je pense qu'il manque encore d'une volonté apparente,
peut-être de la volonté dans leur coeur ou dans la tête des gens, mais moi, je
voudrais qu'elle se manifeste concrètement pour que l'été prochain, par exemple,
je prends le cas de la ligue, mais ça concerne aussi d'autres équipes, qu'on
puisse dire : Bien, on démarre quelque chose de sérieux. Et moi,
j'aimerais, si on pouvait travailler sur des programmes pilotes, là, des
programmes qui pourraient devenir des programmes, je ne dirais pas modèles,
mais des programmes qui pourraient servir à d'autres, là. Et c'est comme ça
qu'on fait des programmes de prévention. Comme je vous dis, moi, je travaille
depuis 30, 40 ans là-dessus, puis tu en pars un puis tu le «ramieuttes»,
si j'ose dire, tu le bonifies au fil et à mesure que tu développes parce que
tu... «ah, on a oublié ça, on n'a pas fait ça, et tout ça». Et puis c'est
quelque chose de très, très dynamique, ce n'est pas on fait un programme, il
est figé, il est là. C'est quelque chose qui va durer de toute façon. Il faut
accompagner ces jeunes-là tout au long de leur jeune carrière dans le sport.
Mme Tremblay : Parfait.
On est tous parents, plusieurs d'entre nous, puis quand on inscrit nos jeunes
dans un sport, dans une activité, on veut que ça se passe le mieux, on veut que
ça soit une belle expérience puis, d'abord et avant tout, on veut qu'ils
s'amusent puis qu'ils en sortent grandis, vous savez. Et là vous avez parlé des
codes de vie puis des zones grises, là, dans plusieurs... on voit qu'il y a des
codes de vie, ça passe... comme parents, on les voit, hein, c'est signé
rapidement, un peu, hein, c'est un peu ça, on lit ça, O.K., c'est bon, puis on
a un peu l'impression après ça que c'est un peu mis de côté. Tu sais, c'est
présenté aux jeunes, puis moi, je suis enseignante de formation, là, tu sais,
puis il y a différents codes de vie aussi dans une école. On a un peu
l'impression qu'il y a une signature qui est apposée. Comment on peut aller
plus loin dans l'importance que ça a, un code de vie, dans l'appropriation du
code de vie? Il y a sûrement un lien à faire avec la prévention. Puis vous avez
parlé de zones grises dans les codes de vie, donc j'aimerais ça un peu vous
entendre, là, sur ce sujet-là?
M. Dorais (Michel) : Bien,
il y a bien des choses dont on ne parle pas ou pas suffisamment, en particulier
les violences entre joueurs par exemple, c'est quelque chose qui n'est pas...
qui n'est pas tellement présent là-dedans. Et puis dans les initiations, on l'a
vu que c'est... il y a... j'aurais pu l'amener, là, mais je ne veux pas... vous
comprenez, moi, j'aimerais travailler constructivement, là, avec les équipes,
notamment la LNH, si jamais notre projet va de l'avant. Je veux les critiquer
constructivement. Je ne vais pas, en public, dire : Regardez, là, le trou,
il est là. Mais, je pense qu'eux autres mêmes le savent. Et puis avec
Mme Lorenz, on a déjà identifié que faire mieux était tout à fait possible
et pensable, parce que tout ce brasse-camarade qu'on a eu depuis quelques mois,
justement, a mis la loupe, là, sur les manquements, oui.
Mme Tremblay : Oui, mais
dans les codes de vie, en général, là, tu sais, comment faire en sorte, là, que
ça soit mieux approprié aussi par... par les jeunes qui prennent connaissance
des codes de vie? Que ça ne soit pas juste une signature qu'on appose dans le
bas d'une feuille, dire «je l'ai lu, là» puis c'est classé. Moi, ce que je...
M. Dorais (Michel) : Vous
avez le bon mot, se l'approprier.
Mme Tremblay : Oui,
c'est ça. Puis après ça, c'est ça que je veux que vous nous expliquiez
comment... comment mettre ce... travailler sur ça? Peut-être que ça a un lien
avec la prévention, là, vous pourrez me le dire, là.
M. Dorais (Michel) : De
façon pédagogique, il ne faut pas que ça a l'air d'un mémoire de professeur
d'université. Moi, je mettrais des dessins, je mettrais de la couleur, je
mettrais plus... je mettrais des exemples, ce qu'il n'y a pas actuellement, je
mettrais des choses qui mobilisent les jeunes. Tu sais, un bon joueur sur la
glace, un bon gars hors la glace. Tu sais, prendre des... tu sais, trouver des
espèces de slogans, là, qui... puis montrer que c'est une valeur maintenant
dans le sport, de ne pas avoir de comportement inapproprié, toxique, comme on a
trop vu dans le passé. Mobiliser les valeurs, c'est très, très important. Et
montrer que si tu adhères à cette équipe-là, cette fédération-là, tu adhères
aussi à ces valeurs, et nos valeurs sont claires, c'est celles-là. Il faut aller
vers ça, là, je peux... je vais vous dire, madame, si on n'est pas rendu là, je
pense que c'est très triste, mais je pense qu'on est rendu là, il faut... mais
il faut le faire, mais qui c'est qui sait qui va lancer le go? Je ne sais pas,
mais il y a beaucoup de gens... je ne suis pas... il y a beaucoup de gens qui
sont prêts, là, à dire : Il faut faire quelque chose. Faisons-le
maintenant.
• (10 h 20) •
Mme Tremblay : Parfait.
Je vous remercie, monsieur. Puis je pense que la LHJMQ est bien entourée, c'est
bien entouré, mais, maintenant, tout comme vous, on va... on pense que le go
doit être là. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions?
M. Poulin : Il reste
combien de temps?
La Présidente (Mme Dionne) :
Il reste cinq minutes.
M. Poulin : D'accord.
Merci beaucoup. Merci, M. Dorais pour votre participation à nos travaux et vos
avis également de toute une vie que vous nous partagez aujourd'hui. J'aimerais
vous entendre sur la culture de silence parce que, lors de la première portion
de nos auditions, il est revenu à plusieurs reprises que ce qui faisait mal au
monde sport, c'est cette culture du silence là qui est souvent acceptée aussi,
il faut le dire, par des adultes. Alors, les jeunes suivent l'exemple des
adultes. Si les adultes trouvent le tout normal...
M. Poulin : ...si, pour les
adultes, c'est correct, le bizutage, c'est correct, les initiations, c'est
correct d'envoyer promener des gens lors des entraînements, ou autres, qu'il y
a une sorte de tolérance qui s'installe avec le temps. Comment casser, avec vos
recherches, cette culture de silence là qui est tellement ancrée? Et... Parce
que vous nous parlez de prévention, mais vous nous dites en même temps que ça prend
du temps. Alors, qu'est-ce que ça prend pour s'apercevoir que, finalement, des
choses qu'on a tolérées, on doit les cesser maintenant?
M. Dorais (Michel) : C'est la
raison pour laquelle je parle de code de vie et de valeurs qui soient clairs.
Actuellement, il y a des valeurs positives et négatives. Actuellement, le
silence, c'était une valeur. Quand je parle de changer en profondeur pas
seulement les textes mais la mentalité, c'est pour ça qu'il faut former des
gens, là, de haut en bas, de bas en haut, il faut montrer que ce n'est plus une
valeur.
M. Poulin : Vous dites...
C'est important, vous dites : Le silence est une valeur.
M. Dorais (Michel) : Bien, ça
peut être une valeur. Il y a des jeunes qui ont compris... Parce que les jeunes
se sont tus pendant longtemps, là... Puis, vous savez, moi, j'ai travaillé avec
beaucoup... très longtemps avec des victimes de prostitution, d'exploitation
sexuelle, d'abus de toutes sortes, et puis les gens, ils comprennent que c'est
ça qu'il faut faire. C'est pareil dans le hockey ou dans les autres sports. Les
jeunes comprennent que, dans ton milieu, la valeur... qui n'est pas une valeur
positive, là, on s'entend là-dessus, mais le silence, c'est présenté comme une
valeur positive. Si tu veux faire partie de la gang, si tu veux d'être accepté,
si tu veux avancer, tu te tais.
C'est bien beau, la solidarité masculine,
mais ça ne devrait pas être confondu avec la complicité criminelle. Il y a des
gens qui ne font pas la différence entre les deux, vous comprenez, et c'est
pour ça qu'il faut leur enseigner ça. Moi, je suis prêt à y aller, là. Parce
que la solidarité, ce n'est pas la complicité. C'est très beau, une équipe,
pour gagner, a absolument, impérativement besoin de complicité pour le sport,
de solidarité positive, pas d'une complicité dans des exactions, dans des
crimes, dans du harcèlement, et tout ça, mais les... vous savez, il y a des
adultes qui ne comprennent pas ça, là, alors les jeunes encore moins.
M. Poulin : Je veux vous
amener là, parce que le rôle des parents, là-dedans, dans certains témoignages,
on s'est aperçu que les parents, sans dire qu'ils étaient complices, et je
choisis mes mots, les parents mettaient une pression indue sur leur enfant,
particulièrement dans le monde du hockey. Et il suffit d'aller dans certaines
estrades, à certains endroits pour s'apercevoir que les parents mettent une
pression qui est incommensurable sur leurs enfants, qui fait que parfois les
enfants sont prêts à accepter l'inacceptable pour plaire à leurs parents.
Comment on peut inclure les parents dans
le processus? Vous nous parlez de code de vie, vous nous parlez de
sensibilisation, de protection. Est-ce que les parents ne devraient pas avoir
aussi un certain guide ou un certain code de conduite à savoir jusqu'où on se
rend dans la pression que l'on met à nos enfants. Parce que des pères puis des
mères qui vivent leur rêve de joueur de hockey à travers leurs enfants, là, on
en voit trop, et c'est ce qui arrive, par moment, que la pression est beaucoup
trop grande envers les enfants.
M. Dorais (Michel) : Vous
avez raison. J'ai parlé, tout à l'heure, de formation, d'encadrement pour des
familles qui reçoivent les jeunes lors des voyages pour jouer des parties, mais
oui. Et il faut partir quelque part. Moi, je pense qu'il faut partir les
joueurs, les gens qui les encadrent, mais toucher éventuellement... Puis, quand
vous partez, là, un mouvement de prévention, effectivement, vous découvrez
toujours de nouvelles portes à ouvrir. Est-ce qu'il faudrait toucher les
parents éventuellement? Assurément. Assurément, parce que...
Mais, les parents, vous savez, encore là,
les valeurs de l'équipe, les valeurs... Les parents veulent que leurs enfants
avancent dans le sport. Alors, les parents font ce qu'il semble qu'on leur dit
de faire pour avancer dans le sport. Donc, s'il y a la valeur du silence, la
valeur très négative, là, bien, les parents comprennent que... même si ça ne
fait pas leur affaire, la majorité des parents sont très bienveillants, là,
personne n'en doute, mais c'est ça qui arrive. Mais est-ce qu'il faut toucher
l'ensemble de la culture québécoise? Oui.
La Présidente (Mme Dionne) : En
20 secondes.
M. Poulin : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Ah!
bon, parfait. J'allais dire en 20 secondes, mais il reste...
M. Poulin : Oui, bien, j'en
profite pour vous remercier pour vos travaux, vos suggestions, vos
recommandations qui sont extrêmement concrètes et qui va nous permettre
certainement de déposer un rapport qui sera enrichi. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour vos échanges. Je cède maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Monsieur
Dorais. Vraiment heureux de vous avoir aujourd'hui. Vous savez que, depuis un
mois, cinq semaines, maintenant, on est dans une tourmente, là, notamment les
sportifs, les anciens sportifs. J'ai fait partie de cette gang-là, monsieur
Dorais. Puis on se pose beaucoup de questions, on a beaucoup de témoignages.
Puis, quand on parle avec les gens du réseau, je tiens à mentionner que votre
nom ressort souvent comme étant une personne-ressource, une sommité dans la
matière...
M. Ciccone :...puis on est vraiment honorés de vous avoir aujourd'hui
avec nous, parce qu'aujourd'hui on est à une étape suivante, là. On a eu les
premières auditions qui étaient d'essayer de comprendre qu'est-ce qui est
arrivé, de confronter... également de poser des questions qui étaient très,
très, très, très dures, puis vous avez vu aussi les intervenants qui étaient là
à l'époque. Maintenant, aujourd'hui, on est à l'étape de vouloir comprendre, de
vouloir guérir, de vouloir trouver des solutions pour que ce genre de choses là
n'arrivent plus.
Vous avez parlé de prévention primaire,
puis c'est pour ça que vous êtes là aujourd'hui, parce qu'on veut vraiment
comprendre le pourquoi puis surtout le phénomène, le phénomène de tout ça.
Parce que le député de Beauce-Sud parle de culture du silence, vous en avez
parlé beaucoup, mais moi, j'irais plus loin que ça. M. Dorais, c'est que c'est
normal. Puis moi, je trouve que c'est pire ça, que la culture du silence, parce
que ça devient normal. Il n'y a personne, là, puis moi le premier, là... Je
n'ai jamais... Il n'y a personne qui m'a dit : Parles-en pas, ne dis rien.
Bien, non, c'était tout simplement normal, ça faisait partie de la culture. On
arrivait dans une équipe junior puis on savait qu'on était pour faire des
niaiseries puis on savait qu'on était pour nous faire faire des affaires puis
nous enfermer dans l'autobus en arrière. On trouvait ça normal, ça faisait
partie de l'apprentissage de l'entrée dans la Ligue junior majeur du Québec,
cependant. Mais je veux juste vous dire une chose avant de vous laisser la
parole, moi, je refuse de dire que c'est seulement dans le hockey que ça se
passe, ça, là, là. Ça, c'est un phénomène sportif. C'est un phénomène scolaire
également au cégep, à l'université... puis ce n'est pas juste les gars, c'est
les filles également. Ça fait que moi, ma première question, c'est
justement : Trouvez vous ça normal que les athlètes ou même les autres...
des étudiants de tous les genres confondus, là, trouvent ça tout simplement normal,
puis c'est la culture du sport?
M. Dorais (Michel) : Non. Je
pense qu'il faut éviter de... On parlait du silence, c'est une façon de
banaliser. Oui, ça a été trop longtemps banalisé, effectivement, et c'est pour
ça qu'il faut envoyer un message très fort. C'est pour ça que je parle de
programmes qui seraient encadrés et balisés probablement par un organisme
public ou par un ministère, parce que, comme je disais tantôt, les fédérations,
les équipes ne sont pas des spécialistes en prévention, et ce serait
déraisonnable d'attendre ça d'eux. Ils sont des spécialistes de leur sport et
c'est très bien... c'est de ça dont on s'entend. Maintenant, il faut les
soutenir. Il faut peut-être même encadrer pour s'assurer que la prévention soit
là, puis ce ne sera pas seulement des mots, ce sera des actions, et les bonnes.
C'est ça qui m'inquiète un peu parce que, vous savez, quand l'argent commence à
arriver dans certains projets, là, tout le monde devient spécialiste en
prévention. C'est assez compliqué. J'ai travaillé fort, moi, pour développer
quelque chose là-dedans.
Alors donc, oui, il faut travailler
collectivement, puis monsieur disait : C'est changer la culture québécoise
jusqu'à un certain point, parce que dans certains sports, notamment, le hockey,
ça fait vraiment partie de notre culture, là. Alors, la barre est haute, mais
je pense que, comme je disais tantôt, c'est une belle occasion d'agir.
M. Ciccone :Vous avez parlé du code de vie. Ça fait des années, là, qu'il
y a des joueurs qui signent des codes de vie. Il y a même des parents qui
signent des codes de de vie également, puis comment se comporter dans les
arénas, mais ça ne nous empêche jamais d'avoir des parents écervelés puis des
joueurs qui vont faire des... qui vont dépasser justement le code de vie. Il
faut comprendre que dans la culture... dans certains sports, des sports de haut
niveau notamment, là, même si tu signes un code de vie, là, les joueurs, les
athlètes sont prêts à tout faire, là, sont prêts à tout faire pour accéder au
niveau supérieur, que ce soit dans les Olympiques, d'aller jouer dans la Ligue
nationale. Puis, même si le code de vie, il est écrit, le joueur, lui, il va
faire n'importe quoi... puis je vous laisse là-dessus, là. Puis non seulement
il va faire n'importe quoi, mais il va signer n'importe quoi, parce que lui,
là, je parle de la ligue junior majeur du Québec, tous les petits gars veulent
jouer dans la Ligue nationale, là, puis tous les entraîneurs veulent monter au
niveau supérieur, là.
• (10 h 30) •
M. Dorais (Michel) : Oui,
mais il y a une raison à ça, parce qu'une fois signé, on l'oublie, on n'en
parle plus.
M. Ciccone :Pardon, je n'ai pas compris.
M. Dorais (Michel) : Parce
qu'une fois qu'ils ont signé, on n'en parle plus du code de vie.
M. Ciccone :Oui. O.K.
M. Dorais (Michel) : C'est
pour ça que je vous parle d'un bon programme en prévention primaire. Le code de
vie, c'est pour ça qu'il faut les refaire, il doit être au cœur de ça. Comment,
maintenant, toi, dans ta pratique, dans ton comportement de joueur puis sur la
glace et à l'extérieur de la glace, tu vas incarner ces valeurs? C'est à ça
qu'on... les joueurs, puis les adultes... Comment tu vas incarner ces
valeurs-là, qui sont dans ce code de vie? Alors, tu vas le ramener par toutes
sortes de façons dans les programmes. C'est pour ça que la première chose à
faire, c'est de refaire les codes de vie, parce que si tu veux que les gens...
et c'est ça qui devra être incarné dans ta formation. C'est pour ça que c'est
quelque chose d'assez complexe à faire, mais il faut le faire, parce qu'il faut
que ces valeurs-là soient mobilisées constamment et soient rappelées, surtout,
souvent.
M. Ciccone :Parce qu'on écrit des codes de vie, justement, puis il faut
revoir les règlements, mais, en même temps, la mentalité...
10 h 30 (version non révisée)
M. Ciccone :...l'état d'être d'un athlète qui aspire à aller plus haut
va faire en sorte... non seulement les athlètes, mais en même temps l'entourage
de l'athlète, que ce soit la ligue junior, que ce soit au niveau également au
collégial. On l'a vu avec les filles à Harvard, qu'est ce que ces jeunes filles
là se sont fait entre eux. C'est comme si l'athlète ne vivait pas sur la même
planète que les autres. C'est comme si les athlètes, eux, avaient des lois
différentes, des règlements différents et des modes de vie différents parce
que, justement, c'est comme ça, puis je vais vous laisser là-dessus, je vais
vous laisser répondre. Moi, je me rappelle, quand j'ai pris ma retraite de la
Ligue nationale de hockey, ça m'a pris deux ans avant de retomber sur la
planète, puis redevenir un citoyen normal parce que moi, j'étais habitué que le
monde faisait tout pour moi, me donnait tout. Tout le monde voulait... nous
donnait vraiment des... nous, faisaient manger gratuitement, ils nous
invitaient partout, payaient tout pour nous autres, puis nous autres, on
pensait que c'était comme ça, la vie. Mais, quand on revient sur la planète, on
s'aperçoit que ce n'est pas ça du tout. Puis même les joueurs, à un plus jeune
âge, quand ils jouent dans le sport élite, bien, ils sont sur leur planète à
eux autres, puis ils décrochent tout simplement.
M. Dorais (Michel) : Mais à
grand privilège, grandes responsabilités. C'est pour ça qu'il faut mobiliser
les joueurs à travers des valeurs, à travers un programme qui n'est pas quelque
chose qui dure une journée, tu signes un document, puis bonjour la visite, on n'en
parle plus. C'est quelque chose qui doit... C'est pour ça que ça coûte de l'argent.
Ce n'est pas une conférence, ce n'est pas un film, ça sera-tu des petits vidéos
qu.ils vont regarder tout au long de la session, parfois des rencontres de
groupe avec les coachs? Il y a toutes sortes de moyens. On est en train de
penser à ça et on va pouvoir y penser plus rapidement quand on pourra démarrer
pour de bon, là, parce qu'actuellement c'est seulement en gestation. Mais oui,
je pense que c'est la raison. Parce que la compétition, tu sais, ton
adversaire, ce n'est pas ton ennemi, là. Ton adversaire, c'est ton adversaire.
Tu sais, je ne sais pas si vous regardez
des fois le tennis, là, o a vu les deux plus grands champions, on pensait qu'ils
se détestaient pour mourir. C'était Federer et voyons donc...
Une voix : Nadal.
M. Dorais (Michel) : ...Nadal,
c'est ça. Hein, cet été, on a vu qu'ils étaient très, très, très bons amis,
alors que c'étaient de farouches ennemis sur le terrain. Alors, je pense que c'est
quoi compétitionner? C'est quoi? Il y a une certaine agressivité qui est
nécessaire dans le sport, mais il y a d'autres types d'agressivité qui s'emparent
du tout. Ça aussi pour pouvoir en parler. Vous savez, là, je pourrais revenir
pour vous parler très longtemps et j'espère pouvoir le faire avec un groupe qui
développera un programme ou avec un organisme, avec un ministère parce que c'est
sûr que je ne manque pas d'idées là-dessus et j'ai hâte que ça démarre. Mais
vous avez raison qu'il faut travailler là-dessus : les privilèges, les
responsabilités, c'est quoi la compétition, la saine puis la moins saine
compétition.
M. Ciccone :Vous avez parlé d'argent, puis je vais faire du millage là-dessus.
Tantôt, le député de Vanier-Les Rivières vous a parlé justement du
financement. Vous aviez un programme que vous avez travaillé depuis 18 mois
avec Natasha Lawrence, qui, selon moi, est une femme formidable. Je vous le
dis, j'ai travaillé avec elle depuis... notamment sur la politique antidopage à
l'époque. Elle a à cœur les joueurs...
M. Dorais (Michel) : Oui.
M. Ciccone :...ça, je peux vous le confirmer. Puis elle veut le bien de
tout, puis de la ligue avec laquelle elle travaille.
Vous avez demandé du financement, ça tarde
à venir. Le député de Vanier-Les Rivières vous a posé la question :
Pourquoi la Ligue junior ne vous a pas donné les fonds nécessaires? Mais vous
avez aussi approché les ministères.
M. Dorais (Michel) : Oui,
tout à fait.
M. Ciccone :Pouvez-vous nous nommer les ministères que vous avez
approchés et leurs réponses?
M. Dorais (Michel) : Bien, en
tout cas, il y en a un... je vais nommer le dernier, parce que c'est celui qui
est le plus porteur d'espoir, parce que je sais que notre attente... notre
demande est... Bien, au fédéral, on a dit on nous a dit : Adressez-vous...
En tout cas, on nous a dit que ce n'est pas le bon moment ou pas. En tout cas,
n'en parlons pas. On avait demandé au ministère de la Famille, on m'a dit :
Nous, ce n'est pas tout à fait de notre mandat. Finalement, il y a eu un
programme qui touche plus ou moins ces choses-là, plutôt plus ou moins, je dis
bien. Alors, on n'était pas tout à fait... C'étaient les violences puis l'égalité
hommes-femmes, et tout ça. Mais je sais que notre demande est encore à l'étude.
Là, j'ai hâte parce qu'elle a été soumise quand même en juin dernier. Alors, j'aimerais
que... j'ai hâte, là, que la décision soit prise et je suis optimiste d'un
optimiste prudent. Ce n'est pas moi qui prends la décision, mais je pense que
certainement que le Secrétariat à la condition féminine, qui souvent a des
initiatives justement très progressistes, j'ose croire que ça va finir par aboutir.
Mais je n'ai aucune idée, ce n'est pas moi qui décide. Mais, pour le moment...
M. Dorais (Michel) : ...l'endroit
dont on attend encore une réponse, c'est cet endroit-là, effectivement.
M. Ciccone :Mais là je suis persuadé qu'il y a beaucoup de gens, du
staff politique, également, qui nous écoutent, là, ça fait que, s'il y a des
gens d'un ministère qui veulent se proposer pour vous aider... Mais là, quand
vous parlez de financement, vous parlez de l'ordre de combien? Quel serait
votre budget pour implanter ce programme-là?
M. Dorais (Michel) : Bien, ça
dépend. Vous savez, là, quand on démarre quelque chose, ça ne prend pas
forcément une fortune. Nous, on avait dit : Si on inclut tout, beaucoup,
beaucoup de choses, puis là on avait, je ne me souviens pas du... je pense,
pour trois ans... de mémoire, je pense que c'était 50000 par année, là,
150 000, sur... Et puis, bien, évidemment, on peut aller chercher de l'argent ailleurs.
On pensait, nous aller chercher peut-être des commanditaires dans le privé,
d'aller chercher, bon, la Fondation Jasmin Roy a dit : On pourrait mettre
de l'argent, nous autres, justement, aller chercher des commanditaires. Si
chacun met l'épaule à la roue, ça ne coûte pas une fortune, là.
Écoutez, pour moi, à comparer à ce que
coûtent les dégâts qui sont faits par les... qui peuvent être commises là,
hélas, pour moi c'est un montant... très très peu. Calculez le nombre
d'équipes, vous savez, les propriétaires d'équipes ne sont pas des gens
particulièrement pauvres non plus, pour moi, que chaque équipe mette quelques
milliers de dollars là-dessus... et on ne parle pas de 50 000 $ par
équipe, là, on parle bien de
50 000 $ par année, ou quelque chose comme
ça. Ça ne coûte pas une fortune, démarrer quelque chose. C'est sûr qu'à mesure
où on va de l'avant, on découvre qu'on pourrait avoir plus d'argent, on
pourrait faire ci, faire ça, là... mais, on se disait tantôt, là, les parents,
les familles d'accueil, et tout ça.
Mais moi, je vous dirais, là, le plus
petit montant possible qu'on pourrait trouver pour démarrer, pour être certains
que, cet été, les joueurs qui commencent leur année dans la ligue aient quelque
chose, là. Moi, je trouverais ça correct, là. Ce n'est pas... Parce que ce
n'est pas seulement une question d'argent, vous comprenez, c'est une question
de détermination. Quand on a... Quand on est déterminé, l'argent, on en trouve.
M. Ciccone :Avez-vous contacté le ministère de l'Éducation?
M. Dorais (Michel) : Bien
non, parce que c'est des programmes, hein, vous savez, souvent pour ces
choses-là. Mais, si quelqu'un au ministère de l'Éducation me téléphone, me
dit : M. Dorais, on veut vous parler, je serais bien content. Et c'est
bénévole. Je le dis, moi, tout ça, qu'est-ce que j'ai fait depuis 18 mois,
c'est bénévole. Je n'ai jamais demandé à être payé, tout ça en disant, si
jamais ça marche, puis je suis expert-conseil, quelque chose, vous me payerez.
Mais ma motivation première, ce n'est pas ça. Je pense que la société
québécoise... Et toute ma carrière, ça a été ça, moi. Je ne fais pas ça pour de
l'argent, je fais ça parce que j'y crois.
M. Ciccone :La dernière fois que la ligue junior majeur du Québec est
venue ici, en commission, on nous a parlé d'un code du vestiaire qui était pour
être implanté en 2023-2024. Vous pensez quoi, ça, de ce fameux code du
vestiaire là, alors qu'il y a déjà des codes de vie?
M. Dorais (Michel) : Bien,
comme je disais tantôt, là, si ce n'est pas incarné dans un programme continu
où on parle de ça, mais autrement que signer un papier, un papier qui a l'air
d'une lettre de notaire, là, ça ne fait pas de sens. Je ne vous dis pas qu'il
ne faut pas le faire, mais il ne faut pas faire que ça. Il faut que ce soit
intégré, il faut que ce soit intégré dans la vie des gens, il faut que ce soit
actualisé à travers un cheminement concret des discussions, des vidéos, des...
toutes sortes de choses, là, qu'on peut penser pour que ces valeurs-là... Comme
je disais tantôt, on ne change pas de valeur comme on change de vêtements.
C'est long, c'est un processus continu. Il va falloir... On dit, c'est un
processus réitératif, il faut revenir souvent avec la même chose, mais de
différentes façons pour que ça entre dans l'esprit, dans les pratiques des
joueurs et des équipes.
• (10 h 40) •
M. Ciccone :Puis ça, ça va en conjoncture avec justement le 1 % de
formation que vous parlez.
M. Dorais (Michel) : Oui,
oui, j'aimerais... Je ne sais pas un 1 % de quoi, mais, tu sais, j'ai...
l'idée m'est venue en regardant les programmes de formation professionnelle,
là, et... Parce que ce n'est pas des montants extrêmement considérables.
Écoutez, je suis certain qu'une firme de relations publiques pour réparer les
dégâts d'une seule victime coûte plusieurs fois ça. Je ne sais pas, je n'ai
jamais travaillé pour une firme de relations publiques. Mais je trouve que
faire de la prévention, c'est extrêmement profitable. Parce que pensez, là, que
l'argent ne règle pas tout, puis une victime que vous avez... un joueur agressé
par d'autres joueurs ou une victime, une fille harcelée ou, bon, agressée, une
jeune fille, une jeune femme, c'est des vies brisées, là. Alors, il n'y a pas
de montant pour ça. C'est pour ça que moi, je trouve que ce n'est pas
déraisonnable. Et ça, je serais bien choqué, je vais vous dire franchement,
qu'on me dise que c'est déraisonnable de s'attendre à ce que les équipes
mettent un petit peu d'argent là-dessus ou... Et que l'État encadre, parce que
je pense que les spécialistes, bien, actuellement, ils ne sont pas des équipes,
parce que, s'ils étaient là, bien, ils ne seraient pas arrivés tout ça par le
passé. Puis, écoutez, c'est la pointe de l'iceberg qu'on a vu, là. Il faut
bien...
M. Ciccone :Quand vous parlez du 1 % de formation...
M. Ciccone :...formation, ce n'est pas juste aux joueurs, là. C'est aux
dirigeants d'équipe, c'est aux entraîneurs, c'est tout le monde, tout le monde,
tout le monde qui doit participer.
M. Dorais (Michel) : Je
l'ai dit tantôt, tout le monde autour des jeunes.
M. Ciccone :Oui, participer.
M. Dorais (Michel) : De
façon différente, cela dit.
M. Ciccone :Oui, oui, je comprends, mais dans l'optique justement de
cette... Moi aussi, il ne me reste pas beaucoup, hein, je pense que...
La Présidente (Mme Dionne) :
Il reste deux minutes.
M. Ciccone :Il reste deux minutes. Dans l'optique justement du
1 %, puis d'avoir un suivi. Parce que, là, en ce moment, là, je pense que
la perception des gens, tu sais, au Québec, puis ce n'est pas juste le hockey,
là, c'est le sport en général, là, le monde a été secoué avec ce qui s'est
passé. Est ce que justement vous seriez d'accord à ce que, justement, le rôle
du législateur, c'est quand l'industrie, différentes industries ne sont pas
capables de veiller au bien-être à 100 %, bien, c'est pour ça qu'on est
ici aujourd'hui?
M. Dorais (Michel) : Oui.
M. Ciccone :Là, on n'a pas le choix de faire notre travail, mais seriez-vous
d'accord à ce que justement il y ait un suivi du législateur...
M. Dorais (Michel) : Oui.
M. Ciccone :...pour quelques années, pour s'assurer que... juste
entendre les groupes, entendre différentes ligues, différents paliers sportif,
juste pour s'assurer que c'est bien suivi avec nos recommandations?
M. Dorais (Michel) : Oui,
parce que la barre est haute. Il faut changer toute une culture. Je pense qu'on
a vraiment besoin de ça. Pas parce qu'il n'y a pas de bonne volonté, là, du
côté des équipes, ou des joueurs, ou de leurs familles, mais parce qu'il faut
une mesure encadrante, une mesure, je dirais même, sécurisante pour les gens de
dire : Bien là je peux envoyer mon jeune, ma jeune, là, dans le sport. Je
ne suis pas inquiet parce qu'il y a des gens, quelque part, qui s'inquiètent,
là, qu'il n'y ait pas des exactions, des abus, des agressions, comme il y a eu
dans le passé.
M. Ciccone :Ça va être ma dernière question. Pour régler le problème,
il faut voir d'où il vient, là. Puis ça, ça va être ma derrière question,
M. Dorais. Qui, selon vous, est le grand responsable? Qui est le grand
responsable de cette situation-là? Qui est le joueur... Puis qui est le joueur
majeur pour le régler?
M. Dorais (Michel) : Vous
savez, c'est un peu... C'est ça, le problème. C'est un peu personne et tout le
monde. Parce que comme vous avez dit, plusieurs l'ont répété, c'est une
question de valeur, de culture de sport qui est responsable de la culture de...
Mais on sait qui serait responsable de le régler, par exemple. Parce que s'il
faut démarrer des nouvelles mesures, ça va prendre de l'argent. Et ça, on sait
c'est qui, les gens qui ont cet argent-là. C'est les gens qui décident. Parce
que changer une culture sportive, en tout cas, la faire évoluer pour le mieux,
il va falloir commencer quelque part. Ça va coûter quelque chose. Et ça en est
responsable.
4dio Merci beaucoup.
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. Dorais.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Merci beaucoup pour les échanges. C'est tout le temps qu'on a. Je
vais maintenant passer la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. M. Dorais, merci d'être là. Je vais y aller rapidement
parce que je n'ai pas beaucoup de temps pour beaucoup de questions. Puis, en
toute transparence, on a eu l'occasion de se parler avant, là. Donc, il y a des
choses que je ne fouillerai pas davantage, d'autant que je passe en dernier,
là, puis il n'y a pas mal de terrain qui a été couvert par les collègues. Juste
pour fins de transparence, justement, je crois que vous êtes, ou vous étiez
aussi sur un comité avec la ministre du Sport amateur. Est-ce que je me trompe?
M. Dorais (Michel) : Non.
M. Marissal : Vous n'étiez
pas sur un comité pour la prévention de la violence dans le sport?
M. Dorais (Michel) : Non.
M. Marissal : Ah bon.
O.K.
M. Dorais (Michel) : J'ai
été sur des choses sur les préventions des agressions sexuelles... Le comité,
là... Le dernier comité, là, ça a été celui qui a fabriqué le rapport
Levasseur.
M. Marissal : O.K. Bon,
bien, ma source n'est pas bonne, pourtant elle est pas mal proche, là.
M. Dorais (Michel) : Mais
il y a des gens... des fois des gens qui me téléphonent, là, pour me
dire : Ça t'intéresse-tu? Tout ça. Mais est-ce que j'ai fait partie d'un
comité comme ça? Non, jamais.
M. Marissal : C'est bon.
C'est bon. Et toujours pour question de transparence, vous n'avez pas
d'avantage pécuniaire à être ici ou à obtenir un contrat? Juste pour que ça
soit dit, là, que ça soit très clair, là.
M. Dorais (Michel) : Jusqu'à...
Moi-même, tout ça, je l'ai fait gratuitement. Si... Évidemment, s'il y a des
subventions, s'il y a des contrats, s'il y a... puis on décide de m'engager
comme expert-conseil, je serai content de le faire. Mais souvent, je fais
vraiment travailler les autres.
M. Marissal : C'est bon.
M. Dorais (Michel) : Parce
que, moi, mon... Souvent, dans les campagnes, ce que je fais, c'est de dynamiser,
mobiliser, orienter les équipes pour qu'il y a des bons coups qui se fassent.
Mais non, je n'attends pas ça pour vivre, là. Évidemment, je suis... Bon, je
suis retraité, puis je vis bien.
M. Marissal : Très bien.
Ça laisse plus de temps pour faire des...
M. Marissal : J'ai plus
de temps pour écrire faire plus de choses, mais... Mais trouver des nouveaux
projets, être générateur de projets, d'idées, je trouve que ça fait partie un
peu de la vie d'un intellectuel, avec le guillemet, si on me permet d'utiliser
l'expression.
M. Marissal : Vous avez
parlé du ministère de la Famille. C'est sûrement une bonne piste. Vous avez
parlé du Secrétariat à la condition féminine. Je pense qu'il y a un dossier,
là, qui n'est pas mort non plus complètement.
M. Dorais (Michel) : Non.
On m'a dit que c'est en analyse, oui.
M. Marissal : Mais
pourquoi pas Sport amateur puisque c'est... Il me semble que ça serait la porte
d'entrée
M. Dorais (Michel) : Bien,
c'est...
M. Marissal : Moi, c'est
celle que j'aurais privilégiée en tout cas.
M. Dorais (Michel) : Oui,
oui. Bien, on a regardé avec la Fondation Jasmin Roy, avec Mme...
M. Dorais (Michel) : ...bien,
depuis 18 mois, on regarde les programmes passer, là, puis on regarde où sont
les montants où il y a des... En tout cas, souvent, oui, mais on n'a pas de
programme pour ça. Vous savez, moi, comme chercheur, là, je suis habitué de
faire des demandes de subventions, puis les gens vous disent : Bien, vous
vous levez, un matin, avec ça, c'est une bonne idée, mais allez voir si on a
des programmes. Nous, on a regardé les programmes qui semblaient pouvoir
correspondre à...
M. Marissal : O.K. Bien,
c'est parce qu'on a un ministère Sport amateur. Il me semble que c'est là que ça
devrait aller. Est-ce qu'on devrait peut-être revoir... créer un programme,
justement? Parce qu'à quoi bon avoir un ministère du Sport amateur si ça
échappe à son chapeau? Je ne sais pas, il me semble que c'est tellement... ça
me paraît tellement évident, là.
M. Dorais (Michel) : Oui,
bien, pour moi, l'important, ce serait que la relève... que ce soit relayé
quelque part, ces préoccupations-là. Pour moi, je ne doute pas que, quel que
soit le ministère ou l'organisme public, ce sera bien fait. Mais, effectivement,
vous avez raison de dire que ça doit être relayé quelque part, et au meilleur
endroit possible, oui, pourquoi pas. Mais je ne suis pas un spécialiste des
organigrammes gouvernementaux, je vous fais confiance là-dessus.
M. Marissal : Je comprends.
Et les organigrammes gouvernementaux ne sont pas toujours de la plus grande
logique non plus, j'en conviens avec vous.
On nous a beaucoup dit... puis moi, j'ai
fait des entrevues divertissantes avec des journalistes sportifs dans certaines
régions du Québec, en particulier, depuis un mois, où on me dit : Vous
vous énervez pour rien, vous faites un show de boucane, c'est fini, ça, il n'y
en a plus, de ça, ça va bien, tout va bien. La ligue ne nous a pas dit ça. M.
Courteau, à sa décharge, ne nous a pas dit ça, mais il nous a dit que ça va
beaucoup, beaucoup mieux. C'est fini, les initiations, la violence, tout ça?
Est-ce qu'on perd notre temps ici?
M. Dorais (Michel) : Non,
non, non. Les choses se manifestent peut-être autrement, de façon parfois plus
subtile, ou pas forcément dans les mêmes lieux. Mais on a lieu de s'inquiéter
encore, Nous, on a fait un sondage avec les jeunes et puis on voit que ça
s'améliore. Bien sûr que ça s'améliore, mais on a encore du chemin à faire, je
pense. Et puis le danger, avec les alarmes qu'on a eues dernièrement, c'est que
ce soit encore plus caché. Il faut se méfier de ça aussi, là.
M. Marissal : Votre sondage,
est-ce que vous auriez objection à nous le...
M. Dorais (Michel) : Il
appartient à la ligue de hockey, c'est à eux...
M. Marissal : Laquelle?
Hockey junior majeur?
M. Dorais (Michel) : ...Mme
Laurence... On a bricolé un petit sondage maison ensemble, et beaucoup de
joueurs ont répondu. Il y a des choses très positives dedans, il y a des choses
un petit peu inquiétantes aussi. Je pense que... Et on l'a fait, vous voyez, on
l'a écrit l'automne dernier, puis on se disait dernièrement, encore, si on
avait à le refaire, il me semble qu'on ajouterait pas mal quelques questions.
On voulait quelque chose de très bref, de très concis, pour que les gars se
disent : Ah! ça va me prendre trois minutes, je le fais. Puis,
effectivement, la majorité... un très grand nombre de joueurs l'ont fait. Mais
je pense que, si on va de l'avant avec un projet, il faudra faire un sondage un
petit peu plus élaboré, plus précis, là, avec, justement, tout ce qu'il y a eu
lieu ici, bon, ce qui est sorti. On sait qu'il y aurait des questions plus
précises. Mais quand on consulte les jeunes, on ne veut pas les apeurer.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
suis désolée de vous interrompre une seconde fois, j'ai le mauvais rôle
aujourd'hui. C'est très intéressant. Je dois, par contre, mettre fin à ces
échanges. Alors, merci à tous pour votre contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques instants,
le temps qu'on accueille notre deuxième groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
(Reprise à 10 h 55)
La Présidente (Mme Dionne) : Bonjour
à tous et à toutes. La commission reprend ses travaux. Tout d'abord, j'aurais
besoin d'un consentement de la part des membres de la commission pour aller un
petit peu au-delà de l'heure prévue étant donné le léger retard de ce matin.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, j'accueille maintenant notre deuxième invité, Monsieur Martin
Lavallée, commissaire par intérim de la Ligue de hockey junior majeur du
Québec. Donc, monsieur Lavallée, je vous rappelle que vous disposez de deux...
10 minutes, pardon, pour votre exposé, après quoi nous allons procéder à
une période d'échanges avec les membres de la Commission. Donc, je vous invite
donc à vous présenter et à commencer votre exposé par la suite.
M. Lavallée (Martin) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente, Madame, Messieurs les députés,
bonjour à tous. Je ne m'attendais pas à me retrouver à nouveau devant vous
aujourd'hui. Cette commission a certainement précipité les choses. Il s'en est,
en effet, passé beaucoup, d'événements, depuis le 22 février dernier. Le
changement est lancé de manière irréversible et dans le bon sens.
Je voudrais d'abord que vous sachiez que
le départ subit de M. Courteau a été un choc pour l'écosystème de la LHJMQ, que
ce soient les employés du bureau du commissaire, l'Assemblée des membres que
sont les 18 propriétaires de nos...
M. Lavallée (Martin) : ...ou
encore les employés des équipes. Au-delà des erreurs, des omissions ou des
contradictions qui ont pu lui être attribuées à tort ou à raison, nous avons vu
partir sans avertissement un homme qui a consacré sa vie à cette ligue. Pour ma
part, je suis d'abord père de famille, mais je suis également enseignant
d'histoire de formation. Ma passion pour le hockey a eu le dessus sur ma
vocation d'enseignant et de direction d'école. Mais il reste des choses
importantes de mon parcours dans le monde de l'éducation.
En histoire, on considère que la
connaissance et la compréhension du passé éclairent le présent et oriente
l'avenir. Nous sommes conscients que des événements inadmissibles ont pu avoir
lieu dans notre circuit à la lumière des témoignages rendus publics dans les
derniers mois. Et nous appelons encore une fois ceux qui auraient subi ou été
témoins de gestes d'agression, de harcèlement, d'abus ou d'intimidation, de
dénoncer. De mon regard d'éducateur, je garde aussi la conviction que les
jeunes ont besoin d'être encadrés, guidés, éduqués par des adultes qui sont
responsables et bienveillants.
Sur les 400 joueurs de la LHJMQ, un
très faible pourcentage parmi eux atteindront les circuits professionnels. Nous
aidons des athlètes d'élite à vivre leur passion du sport et à devenir des
citoyens qui seront des atouts pour la société de demain. Dans les dernières
semaines, nous avons vu plusieurs anciens joueurs témoigner de l'influence
positive qu'avait eue dans leur vie leur passage dans la LHJMQ. Nous avons
entendu plusieurs artisans du hockey, membres d'équipes professionnelles,
analystes, entraîneurs, témoigner de l'évolution de la ligue et de
l'encadrement des jeunes dans les dernières années. Il y a eu des manques, nous
le reconnaissons, mais il y a eu beaucoup de bonnes choses. Reconnaître le
passé, c'est important pour avancer.
Lors de notre première comparution, nous
avons énuméré les nombreuses politiques et initiatives de formation destinées
aux joueurs et aux entraîneurs qui ont été mises en place depuis 20 ans.
Est-ce que ces initiatives ont été assez claires ou appliquées assez fermement
pour briser la culture du silence du vestiaire? Probablement pas. Afin de
corriger la situation, voici, en quelques mots, ce qui a été fait depuis notre
première présence devant la commission. Le 23 février dernier, la Ligue a
rencontré tous les propriétaires afin qu'ils comprennent le sens du changement
qui doit se faire et de s'assurer de leur pleine collaboration. Le
27 février, la Ligue a rencontré les directeurs généraux et
entraîneurs-chefs de toutes les équipes. Ils sont en contact direct avec les
joueurs. Ils font partie de la solution.
• (11 heures) •
Parallèlement, le comité indépendant du
programme d'aide aux joueurs s'est réuni tel que prévu et a entamé
l'élaboration d'un plan d'action visant à mieux prévenir et traiter les
comportements inappropriés et la violence à caractère sexuel. Ce plan d'action
sera complet et prévoira notamment un processus de plainte indépendant et un
code du vestiaire clair sur les comportements attendus et proscrits. Ce plan
d'action entrera en vigueur pour la prochaine saison.
Également, j'ai personnellement rencontré
tous les joueurs actifs de la ligue ainsi que le personnel de banc des
18 formations, les 13 et 14 mars dernier. À chaque occasion, j'ai
expliqué aux joueurs les différentes étapes qui s'en viennent. Je leur ai dit
ce qui était attendu d'eux comme comportement et également ce qui était attendu
comme comportement de la part de leurs entraîneurs. Je leur ai rappelé qu'ils
ne devaient jamais hésiter à dénoncer tout geste répréhensible dont ils
auraient été témoins ou victimes. J'ai répété que leur voix était non seulement
importante pour dénoncer, mais également pour construire, pour être une ligue
encore meilleure. Je leur ai dit à eux également qu'ils faisaient partie de la
solution.
Enfin, le processus de nomination du
prochain commissaire s'est conclu avec la nomination confirmée de Mario
Cecchini. Sachez que sa nomination a été très bien reçue. Nous avons tous très
hâte de travailler avec lui lorsqu'il entrera en fonction. En terminant, je
peux vous dire que, chaque jour, j'ai des appels d'employés...
11 h (version non révisée)
M. Lavallée (Martin) : ...d'entraîneurs,
d'agents, d'anciens joueurs ou de joueurs actuels qui sont abasourdis. Ils me
disent que la ligue qu'ils connaissent, ce n'est pas ce qu'on entend et ce qu'on
en dit dernièrement. À toutes les personnes qui s'impliquent et oeuvrent de
près ou de loin dans la LHJMQ depuis des années avec cœur, générosité et
bienveillance, je leur dis merci. Vous êtes l'immense majorité. Et nous avons
besoin de vous pour que chaque ligue redevienne une source de fierté pour toute
la société. À tous les parents qui, comme moi, voient leurs jeunes rêver de
jouer dans la LHJMQ, ne tournez pas le dos, nous serons dignes de votre
confiance. Nous serons une école de vie et de sport à la hauteur de vos
attentes. Nous ferons ensemble l'avenir de la ligue. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, monsieur Lavallée, pour cet exposé. On va maintenant débuter la
période d'échanges. Je cède la parole du côté du gouvernement avec le député de
Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, Monsieur Lavallée. Félicitations pour vos nouvelles
fonctions malgré qu'elles sont par intérim. Et merci d'être devant nous aujourd'hui.
Vous êtes dans la ligue depuis 2017 si je ne me trompe pas, c'est bien ça?
M. Lavallée (Martin) : Effectivement,
depuis janvier 2017.
M. Poulin : Janvier 2017.
Donc, vous avez travaillé avec Monsieur Courteau pendant un certain nombre d'années.
Monsieur Courteau est venu ici, à l'Assemblée nationale, et il nous a dit qu'il
n'avait pas lu les témoignages qui se retrouvaient, entre autres, dans ce qui
était dénoncé dans le recours collectif par l'ancien joueur de la LNH et
également à cet endroit-là où on faisait allusion d'initiations dans la Ligue
de hockey junior majeur du Québec. Vous avez lu comme moi les témoignages de
Monsieur Stephen Quirk qui a été, entre autres, tout récemment dans le Journal
de Québec et dans Le Devoir. Vous, avec votre expérience, est-ce que vous avez
déjà eu connaissance d'initiations qui se sont tenues dans la Ligue de hockey?
M. Lavallée (Martin) : Si
vous me permettez, j'aimerais profiter de votre question, dans un premier
temps, pour mentionner qu'il y a des informations erronées ont été communiquées
en lien avec l'affidavit de Monsieur Stephen Quirk. Je comprends qu'il peut y
avoir des remises en question ou des frustrations. Aucune intention d'induire
en erreur les parlementaires et la population n'a été volontaire. Donc, pour...
en cette occasion-là, j'aimerais profiter de la tribune pour, personnellement
et au nom de la LHJMQ, d'offrir toutes nos excuses.
M. Poulin : Donc, vous nous
parlez de confusion. Donc, vous nous dites que Monsieur Courteau, finalement,
aurait lu les témoignages?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
en fait, ce que... il en a pris connaissance, malheureusement, après la
commission parlementaire.
M. Poulin : O.K., d'accord.
Vous, est-ce que vous en aviez pris connaissance?
M. Lavallée (Martin) : Au
moment où j'étais commissaire adjoint, non, mais, depuis mon entrée en
fonction, oui.
M. Poulin : Quel est votre
bilan? Quelle est votre réaction? Parce qu'au même moment on nous dit : Ça
ne s'est pas produit dans la ligue, il n'y a pas d'initiation, c'est interdit.
Et le recours collectif, le témoignage de monsieur Quirk nous laisse
sous-entendre le contraire. Quelle a été votre réaction quand vous avez pris
connaissance des témoignages?
M. Lavallée (Martin) : Comme
tout le monde, j'ai trouvé ces éléments-là absolument déplorables.
M. Poulin : Est-ce que ce n'est
encore pas plus fâchant quand on sait que ça a pu perdurer pendant plusieurs
années, sachant que monsieur Courtois était là pendant 37 ans, qu'il y a
des gens qui sont aussi dans la ligue depuis plusieurs années? Est-ce qu'il n'y
a pas quelque chose un peu de révoltant là-dedans?
M. Lavallée (Martin) : On
peut... on pourrait dire que ce qui a pu se passer dans le passé,
effectivement, porte à croire que, malheureusement, ça pourrait être révoltant,
je suis d'accord avec vous, mais ce qu'il faut prendre en compte, c'est que,
lorsque nous sommes mis au courant, nous prenons action. Puis, aujourd'hui,
moi, ce que je me suis engagé de faire à mon arrivée à l'intérim, c'est de m'assurer
que, dès lors, on allait se retrousser les manches pour s'assurer de pouvoir
aller de l'avant puis de mettre en place des programmes, ou des politiques, ou
codes du vestiaire qui allaient avoir du mordant, puis s'assurer que ces
choses-là ne se répètent pas.
M. Poulin : Est-ce que la ligue
va s'excuser auprès de monsieur Quirk?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
en fait, moi, j'ai offert aujourd'hui mes excuses au niveau de la Ligue de
hockey junior majeur non seulement à l'égard des parlementaires, mais également
à l'égard de la société québécoise.
M. Poulin : Je conclurai
également en vous demandant : Est-ce que vous avez connaissance, aujourd'hui,
d'initiations, de bizutages qui se tiennent toujours dans la Ligue de hockey
junior majeur du Québec?
M. Lavallée (Martin) : Qui se
tiennent toujours, non, mais, qui se sont passés, oui.
M. Poulin : Et remontent à
quand les plus récentes activités d'initiation dont vous avez eu connaissance?
M. Lavallée (Martin) : En
fait, moi, j'ai...
M. Lavallée (Martin) : ...Il y
a deux éléments que je peux certainement faire allusion. La première, c'est une
situation qui s'est passée à Sherbrooke en 2015-2016, je crois, ou 2016-2017
qui a été rendue publique, O.K., pour laquelle, lorsque le bureau du commissaire
en a été informé, il y a eu un comité d'enquête indépendant qui a travaillé sur
le dossier pour lequel il y a eu un rapport qui a été remis et publicisé.
M. Poulin : Pouvez-vous nous
rappeler les faits de cet événement-là à Sherbrooke en 2015-2017?
M. Lavallée (Martin) : En
fait, les joueurs se sont retrouvés à un endroit pour, disons, participer à une
activité d'intégration ou d'initiation dans laquelle il y a des activités à
connotation sexuelle qui se sont déroulées.
M. Poulin : D'accord. Vous
nous avez parlé de deux événements, ça, c'en est un à Sherbrooke, est-ce qu'il
y en a un autre?
M. Lavallée (Martin) : Ce
week-end, il y a des allégations qui sont venues à nos oreilles alléguant
des... justement, des allégations de nature sexuelle qui se seraient déroulées
dans les années 90 dans une de nos formations. Et, à ce moment-là, lorsque
j'ai été informé de la situation, nous avons procédé à une quête d'information,
laquelle, rapidement, nous a amenés à mettre en place une enquête indépendante
pour s'assurer de... d'aller au fond des choses par rapport à ça.
M. Poulin : Pouvez-vous nous
dire l'année?
M. Lavallée (Martin) : Dans
les années 90.
M. Poulin : C'est assez
large, est-ce qu'on est au début des années 90, à la fin des
années 90? Pour juste comprendre la culture du silence et jusqu'où, là.
M. Lavallée (Martin) : Oui,
bien, on est plutôt dans la première demie des années 90.
M. Poulin : O.K. Est-ce que
vous pouvez nommer le nom de l'équipe?
M. Lavallée (Martin) : Par
souci de l'enquête indépendante et aussi pour préserver la présumée victime,
j'aimerais mieux garder confidentiel.
M. Poulin : O.K. Et je
conclurai là-dessus avant de laisser la parole à mes collègues, mais est-ce que
ça ne vous choque pas? Parce que là, vous nous dites un événement, Sherbrooke,
2015-2017, c'est assez récent quand même, bon, il y a n rapport, et tout. Là,
on porte à votre attention, en fin de semaine, des événements qui, quand même,
démontrent au début... remontent au début des années 90, mais, au même
moment, on était ici il y a quelques semaines, et le commissaire
M. Courteau nous disait : Ça n'arrive pas, je n'ai pas connaissance,
je ne le sais pas. Alors, que finalement, c'est arrivé.
M. Lavallée (Martin) : Oui.
Évidemment, il n'y a personne qui souhaite que des événements comme ça
surviennent, on travaille excessivement fort pour que des éléments comme ça ne
surviennent pas. Malheureusement, il en est arrivé, puis nous... en tout cas,
je vais parler au je, là, actuellement, pour moi, c'est important de, dès qu'on
a des informations, on mette en place des processus pour assurer la sécurité de
l'ensemble de nos joueurs.
M. Poulin : O.K. Puis je
terminerai là-dessus, est-ce que, depuis les dernières semaines où est-ce que
vous vous engagez comme commissaire par intérim à transmettre une directive
écrite, claire et précise à l'ensemble des gouverneurs, à l'ensemble des
entraîneurs, que les initiations, le bizutage est interdit?
M. Lavallée (Martin) : Mais,
écoutez, j'ai... comme je vous ai mentionné, j'ai rencontré chacun des groupes
que vous mentionnez de vive voix, en personne, O.K., par vidéoconférence. Ça a
été... le message a été très clair, on leur a dit ce qui s'en venait, ce sur
quoi nous devons travailler collectivement, O.K., et nous allons prendre acte,
mais je vous rappelle aussi que, dans le code d'éthique, c'est clairement
défini.
M. Poulin : D'accord. Je vous
remercie beaucoup.
M. Lavallée (Martin) : Ça
fait plaisir.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Je vous remercie,
Mme la Présidente. Écoutez, je continuerais peut-être dans ce qu'on vient de
discuter, vous avez parlé, là, que, dans les dernières semaines, vous avez eu
des échos, là, qu'en 1990 il s'est passé quelque chose. On s'entend que, dans
les dernières semaines, il y a comme une espèce d'effervescence, de se dire
que... de vouloir dénoncer, de vouloir... Est-ce que vous vous attendez, dans
les prochains jours, les prochaines semaines ou prochains mois, d'avoir
d'autres révélations de ce type?
• (11 h 10) •
M. Lavallée (Martin) : Malheureusement,
je ne suis pas en mesure de vous dire ça. Ce que je souhaite, c'est que les
gens qui auraient été victimes puissent dénoncer, ça, c'est le plus important,
c'est... dans le fond, c'est le message que je veux, entre autres, livrer
aujourd'hui, c'est celui-là.
M. Rivest : Parce que vous
l'avez dit, hein, d'éclairer le présent pour orienter l'avenir, votre souci
comme éducateur, moi-même aussi, on est tous, hein, les parlementaires, aller
voir nos jeunes jouer au hockey, on est témoins, comme vous, qu'il y a un volet
hyper stimulant à la pratique sportive puis qu'il y a beaucoup de beau, mais,
si on est rassemblés aujourd'hui, c'est justement pour connaître cette culture
du silence là, la dénoncer, encourager cette dénonciation-là. Puis on le voit
nous-mêmes comment, en ce moment, il se passe... les éléments qui font qu'on
rouvre la commission et qu'on vous reçoit aujourd'hui. Pouvez-vous me dire,
vous avez parlé d'un processus, là, d'enquête indépendante, ou un volet que
vous souhaitez aller un peu plus loin, pouvez-vous nous en dire plus sur cette
enquête indépendante là, quels sont les processus, le mécanisme?
M. Lavallée (Martin) : Mais,
écoutez, celle... j'ai fait mention tantôt, c'est celle spécifiquement à la
situation, là...
M. Lavallée (Martin) : ...qui
nous a été porté à notre attention.
M. Rivest : En 1990.
M. Lavallée (Martin) : Exact.
Pour le reste, nous avons le comité, si on veut, indépendant, au niveau du
programme des joueurs, s'est réuni pour aller de l'avant avec un plan d'action
qui, notamment, souhaite qu'il y ait la mise en place d'un service de
traitement des plaintes totalement indépendant.
M. Rivest : Est ce que vous
pouvez nous en dire la nature?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
tu sais, dans le fond, ce qu'on veut, c'est que les joueurs, que les membres du
personnel, à travers nos 18 équipes et même le bureau du commissaire, puissent
se sentir d'avoir un espace qui est libre pour pouvoir témoigner ou pouvoir
dénoncer les gestes, et que cette information-là puisse être enquêtée de
manière très objective pour arriver à des mesures qui sont concluantes.
M. Rivest : Dans ces
mesures-là, est-ce que l'idée du code du vestiaire dont il est question, est-ce
que, dans votre intérim, vous allez mettre des actions claires, outre celles
que vous avez mentionnées, d'aller à la rencontre le 27 février, les
rencontres des D.G., etc.? Pouvez-vous m'en parler davantage de vestiaire?
M. Lavallée (Martin) : Oui.
Mais, écoutez, le code du vestiaire, pour nous, là, c'est un moyen. Il y a
beaucoup... on a beaucoup de programmes, on a beaucoup de politiques, elles
sont sur papier, mais elles doivent devenir significatives. Et, pour nous, le
code du vestiaire, c'est exactement ce qu'on souhaite faire, c'est d'amener,
dans un condensé, des informations qui sont claires, qui sont constructives et
qui interpellent nos joueurs, qui interpellent les membres du personnel sur les
comportements qui sont proscrits puis les comportements qui sont attendus.
Alors, dans les prochaines semaines, de
par mon passage en intérim, puis aussi avec le mandat qui suivra de M.
Cecchini, nous allons travailler très fort pour nous assurer que nous pourrons
mettre en place toutes ces mesures- là à la prochaine saison.
M. Rivest : Donc, tu sais, on
s'entend qu'il y a comme un délai, là. Si vous partez votre intérim depuis
quelques semaines, il. Il va se rendre quoi, jusqu'au mois de mai?
M. Lavallée (Martin) : Jusqu'au
mois de mai, puis M. Cecchini arrivera à ce moment-là.
M. Rivest : Avez-vous des
discussions avec M. Cecchini qui vous remplacerait au mois de mai?
M. Lavallée (Martin) : Bon,
on s'est parlé, je veux dire par la force des choses, là. Mais actuellement,
j'ai un mandat. M. Cecchini a des obligations professionnelles avec une autre
organisation, il va compléter son mandat puis, à ce moment-là, lorsqu'il
entrera, on va avoir des bons échanges.
M. Rivest : J'imagine.
Peut-être comme dernier élément, pouvez-vous me dire ce qui a mené la culture
du silence, selon vous? On parle des années 90, M. Courteau. On voit...
vous avez, à quelque part fait, son éloge. Mais on est aussi là en se
disant : Il a quand même quitté d'une façon peut-être dommageable pour
vous. Mais, en même temps, cette culture du silence là était présente durant
son mandat. De quelle façon vous pouvez nous expliquer de quelle façon cette
culture de silence a pu s'impliquer d'une façon aussi importante à l'intérieur
de la ligue?
M. Lavallée (Martin) : Vous
savez, on a mis en place plusieurs choses, puis je l'ai répété puis et je pense
que c'est important de continuer à le répéter parce que ces choses-là, elles
sont là puis elles ont des raisons d'être là. Ceci étant dit, il faut être en
mesure de mieux les faire comprendre, de mieux de donner des références
claires, que les gens comprennent pourquoi il y a ces choses-là. Dans un
premier temps, c'est pour leur sécurité, puis là, je ne parle pas non seulement
de la sécurité du joueur de hockey, mais vraiment la sécurité de l'humain, et
que ce joueur-là, ou les joueurs, ou les membres du personnel se sentent bien,
se sentent en sécurité avec l'ensemble de ces programmes-là. Ça fait que, pour
moi, lorsqu'on se sent en sécurité, lorsqu'on se sent épaulé, c'est beaucoup
plus facile de parler. Et c'est l'intervention qu'on doit faire, on doit mieux
éduquer, on doit mieux baliser pour que les gens se sentent bien.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède la parole à la députée de Hull. Je vous rappelle qu'il
vous reste 3 minutes.
Mme Tremblay : Oui, parfait.
Donc, bon, vous avez parlé, là, d'éduquer, de prendre connaissance, mais est-ce
que vous admettez, là, qu'il y a un problème clairement, là, aujourd'hui, là?
Parce que ça fait partie d'un processus qui était important, puis c'est ce que
monsieur Dorais nous a dit un petit peu plus tôt.
M. Lavallée (Martin) : Oui.
Moi, je reconnais qu'on nomme la culture du silence, qu'on nomme qu'elle est et
qu'elle est présente. Personne ici ne va nier ça. Maintenant, c'est comment on
va faire la lumière sur cette culture du silence là pour s'assurer que tout le
monde l'écarte, puis que ça n'est pas une valeur...
M. Lavallée (Martin) : ...pour
moi puis la ligue, la culture du silence ou la loi du silence n'est pas une
valeur.
Mme Tremblay : Alors,
justement, M. Dorais disait que ça prend un changement, justement, puis
c'est au niveau... c'est profond, hein, c'est au niveau des valeurs. Vous venez
de le mentionner. On parle de mettre en place, là, un programme qui va au-delà
de : on fait une rencontre au début de la saison pour dire : Bon,
bien, voici le code de vie, on le signe, c'est beau. Il parle vraiment d'un
programme à long terme qui touche l'ensemble de l'organisation. Et là, vous
parlez quand même d'un délai assez... Bon, on met ça ici en place en septembre
ou bien au début, là, quand vous allez commencer, puis vous, vous êtes par
intérim, la prochaine personne arrive au mois de mai. Moi, j'aimerais ça savoir
avec qui vous allez travailler, parce que, M. Dorais, avec qui vous avez
déjà travaillé... Puis là je comprends que vous avez trouvé le financement, là,
que ce n'est plus un enjeu, là, que vous avez trouvé l'argent pour le faire,
parce qu'on disait qu'on était en attente de ça dans le rapport de
M. Dorais. Donc, avec qui vous allez travailler pour mettre ça en place?
Puis, j'aurais une autre question. Vous
avez fait un sondage dans lequel vous avez obtenu des données importantes. Moi,
j'aimerais... Puis, M. Dorais parlait même peut-être de faire un autre
sondage parce qu'il manquait peut-être des données dans ce sondage-là. Donc,
d'abord, j'aimerais savoir : est-ce que vous seriez prêts à nous
transmettre ce sondage là, qu'on en prenne connaissance? Et est-ce que vous
seriez prêt à aller de l'avant avec un autre sondage? Donc, avec qui vous
voulez travailler puis la question du sondage.
M. Lavallée (Martin) : Bon,
alors je vais essayer d'y aller dans l'ordre. Avec qui? Écoutez,
M. Dorais, c'est effectivement quelqu'un avec qui nous avons travaillé.
Nous avons des organismes, là, je pense à Sport'Aide, nous avons le comité
indépendant qui est composé d'une multitude de gens qui sont reconnus dans le
domaine, autant sportifs que du domaine de la santé. Donc, ces gens-là, on va
s'appuyer avec eux, O.K.?
La deuxième chose, pour ce qui est du
financement, j'aimerais quand même porter à votre attention que nous avons
effectivement fait des demandes de financement. Nous en avons fait trois et,
pour l'instant, il y en a... les trois ont été d'entrée refusées, O.K., une au
gouvernement fédéral et deux au gouvernement provincial. Et parmi les deux
refusées au niveau provincial, elles sont dernièrement revenues à l'étude.
Donc, je vais prendre ça positivement.
Et pour ce qui est des données des
sondages, eh bien, sans aucun doute, on va être capable de vous acheminer les
données qui ont été colligées.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps qu'on a, malheureusement. Merci,
M. Lavallée, merci au nom de la commission.
Je passe maintenant la parole au porte-parole
de l'opposition officielle, le député de Marquette.
• (11 h 20) •
M. Ciccone :Merci beaucoup. Bonjour, M. Lavallée. Merci d'avoir
accepté encore une fois de revenir devant la commission. D'entrée de jeu, je
vous dirai simplement, à titre de transparence, je refuse de croire que c'est
une problématique seulement dans le hockey, cette culture-là. Je refuse avec
véhémence parce qu'on l'a vu avec certains témoignages. Puis je vais le
répéter, je le dis, je le répète, mais je vais le répéter encore parce qu'on ne
peut pas juste viser un endroit. C'est la culture du sport, c'est la culture de
l'athlète élite qui veut monter et qui est prêt à faire n'importe quoi pour
s'intégrer. Alors, je sais que c'est vous qui est là aujourd'hui, là. Ce n'est
pas facile, mais en même temps, c'est important pour moi de le dire. Et,
également, j'aimerais dire aussi que vous avez entièrement raison,
M. Lavallée, que l'évolution de la Ligue junior majeur du Québec est à
1 000 % si ce n'est pas plus depuis mon époque, que ce soit au niveau des
études, que ce soit au niveau aussi de la mentalité, de la violence, des
bagarres. Je tiens à dire également, ce n'est pas parfait, encore une fois,
vous m'entendez souvent, il y a toujours place à amélioration, mais je tiens à
le dire aussi.
Ma première question,
M. Lavallée : Pouvez-vous nous décrire un peu quel était votre rôle
d'adjoint au commissaire?
M. Lavallée (Martin) : Alors,
comme adjoint au commissaire, mon rôle principal est de veiller aux opérations
au niveau de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Parfois, il y a des
mandats particuliers qui me sont octroyés, puis vient en tête évidemment, dans
le temps de la pandémie, j'ai été à l'origine de la mise en place de tous les
environnements protégés qui nous ont permis d'opérer, de s'assurer des
protocoles sanitaires et de la collaboration, évidemment, avec tous les
paliers, là, que ce soit le ministère de la Santé ou la Santé publique pour
mettre en place tout ça. Ça fait que, tu sais, je vous dirais, là, les opérations
quotidiennes au bureau, de façon globale, et parfois certains mandats
particuliers, comme celui de la pandémie.
M. Ciccone :Est-ce que, dans votre rôle de commissaire adjoint, vous
aviez le pouvoir d'influencer les décisions des propriétaires, par exemple?
Parce qu'on sait que les propriétaires, la façon que c'est bâti...
M. Ciccone :...Chez vous, c'est que les propriétaires, ce sont les,
les, les actionnaires majoritaires de la Ligue, engagent un commissaire, vous
engagent, et tout le personnel, et vous êtes payés par les, les propriétaires.
Selon vous, là, quel était votre... vos... votre force d'influence au niveau
des, des propriétaires?
M. Lavallée (Martin) : La
force d'influence que les gens voudront évidemment bien vouloir m'octroyer, OK,
on s'entend là-dessus. Mais, tu sais, au-delà de ça, c'est, c'est de s'assurer
le plus possible de la compréhension de la direction qu'on souhaite prendre,
OK. Ça fait que, moi, je, je, j'aimerais répondre de cette façon-là à votre
question, M. Ciccone, c'est de dire : mon pouvoir à moi, c'est de
m'assurer que les opérations fonctionnent dans l'esprit et la mission de la
ligue.
M. Ciccone :Je, je, je pose cette question-là, monsieur Lavallée, parce
que je suis persuadé que vous savez où je m'en vais avec ça. La dernière fois,
on avait madame Llorens, monsieur Courteau, vous étiez là également.
Connaissant très bien la façon que ça fonctionne, là, je, je sais que vous êtes
rempli de, de bonnes volontés. Vous êtes là pour les bonnes raisons. Vous avez
fait du bien pour la ligue. Monsieur Courteau a fait bien pour la ligue
également et Natacha Llorens aussi, elle a fait beaucoup de bien pour cette
ligue-là. Mais j'ai comme l'impression qui... Puis je pense avoir raison, là,
que, souvent vous avez les mains liées. Est-ce que j'ai tort?
M. Lavallée (Martin) : Moi,
ce que j'ai le goût de vous dire, M. le député, c'est qu'aujourd'hui, ce que je
fais dans mon rôle de commissaire par intérim, c'est de m'assurer que nous
regardons vers l'avenir, en apprenant de ce qui s'est fait avant pour s'assurer
qu'on puisse s'engager envers la mission. Puis, ça, ça a été personnellement le
mandat que je me suis donné pour les deux prochains mois, puis de m'assurer de
pouvoir poursuivre dans cette continuité-là à partir de l'arrivée de Monsieur
Cecchini.
M. Ciccone :C'est... Je suis entièrement d'accord avec vous là-dessus.
Il faut regarder en avant. Il faut commencer à guérir, là, parce que notre sport
est à mal en ce moment, ici, depuis les... le dernier mois, là, notamment. Moi,
je vous pose cette question-là parce que je, je veux savoir, puis votre avis
également : est-ce que vous croyez que vous, je ne sais pas si vous allez
avoir le même, le même titre, avec l'arrivée de monsieur Cecchini, avec le
commissaire et même le rôle de, de Natacha Llorens, que vous devriez avoir plus
de latitude, plus d'indépendance face aux propriétaires, plus de pouvoir
également?
M. Lavallée (Martin) : Je
crois fermement qu'on doit tous travailler en collaboration et dans la même
direction. Ça fait qu'après ça, c'est... Pour moi, ce n'est pas une notion de
pouvoir, c'est une notion d'engagement.
M. Ciccone :Mais c'est parce que la perception, monsieur Lavallée,
c'est que les propriétaires vous payent en même temps puis c'est vous qui
devez... qui êtes devant la commission, on va recevoir, là, un gouverneur
devant cette commission-là, là, dans quelques jours, mais c'est parce que c'est
vous qui devenez... devez répondre. Vous êtes les... le Visage de cette
ligue-là. Mais en même temps, il y a 18 équipes, là, dont plusieurs qui
sont dans une autre province. Puis C'est vous qui venez ici, puis vous êtes les
grands responsables, que vous avez le... c'est, c'est, c'est... Vous avez le...
c'est... Comment je pourrais dire ça? Vous êtes imputables de tout ce qui
arrive dans votre ligue, mais en même temps, vous... Vous n'avez pas les
pouvoirs extrêmes puis vous n'avez pas le pouvoir décisionnel en entier. Ça
fait que c'est pour ça ma question : trouvez-vous que justement... Puis je
vais vous répéter la question parce qu'elle est importante, là : Est-ce
que les gens dans votre position, ceux qui dirigent la ligue, devraient avoir
plus d'indépendance?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
la, la gouvernance de la Ligue octroie des pouvoirs au bureau du commissaire.
C'est à nous de les prendre. C'est à nous de s'assurer qu'on est capables de
mettre en place tout ce qui est nécessaire pour répondre à la mission qu'on se
donne, et non seulement au niveau du bureau du commissaire, mais pour
l'ensemble des équipes, parce que cette mission-là, elle nous appartient tous.
M. Ciccone :Vous avez parlé d'entrée de jeu, de, d'ère de changement,
vous êtes dans l'ère de changement irréversible, pouvez-vous élaborer un peu
là-dessus? C'est quoi, le changement?
M. Lavallée (Martin) : Le
changement, c'est d'abord et avant tout ce qu'on est à mettre en place avec le
plan d'action, OK. J'en ai fait mention tantôt, tout le traitement de gestion
de plainte d'un niveau indépendant, tout ce qui est au niveau du code du
vestiaire, les, les formations qu'on souhaite mettre en place, je pense que
c'est quelque chose qui est important, de mieux vulgariser les attentes, de les
rendre accessibles et compréhensibles par tous et chacun. Ça, pour moi, c'est
important. Puis ça passe par le bien-être des joueurs. Puis, si on garde cette
idée-là majeure en tête, on va y arriver...
M. Lavallée (Martin) : ...On
va y arriver.
M. Ciccone :Vous parlez, comme vous avez dit, de changements. Vous
voulez avancer dans la façon de faire, la façon de voir les choses, la façon...
la perception. Mais pourquoi vous n'avez pas justement entamé cette aire de
changements là avant? Parce que, je veux dire, il n'y a rien de parfait, là.
C'est on dirait qu'aujourd'hui, ce qu'on entend puis, depuis votre dernière
présence avec monsieur Courteau, c'est là... il est arrivé une situation, puis
là, vous avez des propositions, des propositions à amener justement pour faire
ce changement-là, pour améliorer les choses. Mais, je veux dire, on a entendu
Monsieur Dorais qui était là, là, qui nous a dit : Bien, on a travaillé
sur un programme, ça fait 18 mois. Puis, bien, on voit bien, là, il nous a
dit que ça coûtait 50 000 $ par année. Il n'a pas été capable d'avoir
le financement du gouvernement, des ministères. 50 000 $, Monsieur Lavallée,
pourquoi ça n'a pas été fait voilà 18 mois?
M. Lavallée (Martin) : Bien le
montant, on pourrait... On pourrait reparler du montant. Je pense que c'est un
montant qui est un peu plus important parce qu'il faut englober l'ensemble de
nos équipes, là, 18 formations, non seulement 12 au Québec, mais six dans
les provinces maritimes. Ce qu'il faut aussi voir, c'est que l'encadrement d'un
joueur au niveau de la Ligue de hockey junior majeur du Québec représente
environ entre 30 à 40 000 $ par joueur, par saison, O.K.? Donc, quand
on inclut tout le programme de bourses d'études, quand qu'on inclut le
programme d'accompagnement scolaire aussi au niveau de... Sur un joueur qui est
dans le système de la ligue pendant une possibilité de neuf ans à peu près, là,
on peut parler d'un investissement par joueur d'environ 240 à 250 000 $,
O.K., sur neuf ans. Donc, il y a des sommes qui sont engagées de manière
importante par nos équipes. Manifestement, aujourd'hui, je pense qu'il y a des
choses qu'on doit faire de mieux et qui vont nécessiter de l'argent
supplémentaire. Puis on souhaite qu'on puisse le faire tous ensemble, non
seulement au niveau de la ligue, mais également au niveau des propriétaires et
également au niveau des différents paliers de gouvernement.
M. Ciccone :Il y a une façon de réduire les coûts, M. Lavallée,
vous m'avez ouvert une porte comme ça, là, c'est en réduisant le nombre de
matchs pour commencer puis c'est peut-être en changeant l'appellation. Je sais
qu'on appelle ça une ligue de développement, là, mais à 68 matchs par
année, la pression, le voyagement, les études, on voit que le joueur est mis
dans une situation où c'est exactement la même chose qu'un joueur
professionnel. Si on change la vision en disant que, bien là, les joueurs, on
va moins les solliciter, on... le ratio sur, par exemple, entraînement versus
match va faire en sorte qu'on va peut être, là, redorer premièrement
l'appellation de la Ligue, la structure de la Ligue également, puis il va y
avoir moins cette pression là aussi en disant que, bien, écoutez, là, cette
ligue-là est là pour bâtir des êtres qui vont être des citoyens productifs dans
notre société, alors que la majorité des petits gars qui rentrent là, là, ils
pensent tous qu'ils vont jouer dans la Ligue nationale à un moment donné.
Est-ce que vous pensez que peut-être de changer justement cette façon de voir
la ligue junior majeur du Québec pourrait aider justement dans tout ce qui est
pression, culture du silence, normalité dans tout ce qu'on a entendu
dernièrement?
M. Lavallée (Martin) : Le
hockey étant partie prenante de nos mœurs dans la société québécoise, tout le
monde a son opinion sur le hockey, tout le monde a son opinion sur ce qui
pourrait être fait, peu importe le niveau de jeu, qu'on fasse référence aux
Canadiens de Montréal, à la ligue de hockey junior majeur du Québec ou au
hockey mineur. Moi, ce que j'ai le goût de répondre à ça, M. le député,
c'est : Chaque dollar qui est reçu par nos équipes est investi pour le
bien-être de nos joueurs. Ça fait que si c'est de déterminer combien de matchs
est nécessaire pour assurer le développement puis le bien être, je pense que
c'est un débat qui peut se faire ailleurs que dans la commission dans laquelle
on est impliqués aujourd'hui. Mais moi, je veux vous assurer que chaque dollar
qui est perçu par nos équipes est investi pour le bien-être de nos joueurs.
M. Ciccone :On pourrait aller ailleurs, là. C'est-à-dire que personne
ne fait de profits dans votre ligue, là. C'est ça que vous me dites?
• (11 h 30) •
M. Lavallée (Martin) : Je ne
suis pas en train de vous dire ça, mais vous connaissez le... du hockey junior,
O.K.?
M. Ciccone :
Oui. O.K.
La Présidente (Mme Dionne) : ...rappelle
juste qu'il vous reste 30 secondes.
M. Ciccone :Parfait. En terminant, plateforme de plaintes indépendante.
Comment vous allez faire pour que ce soit vraiment indépendant, cette
plateforme de plaintes là, que vous voulez amener?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
je vais... Dans un premier temps, je vais attendre les recommandations de notre
comité, là, qui planche là-dessus. Ce sont des gens... Il y a des avocats
là-dedans, il y a d'anciens policiers, il y a des gens d'organismes réputés. Je
pense qu'ils vont être en mesure de nous suggérer la bonne chose.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. Lavallée.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au porte-parole...
11 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Dionne) : ...du
deuxième groupe d'opposition, le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. M. Lavallée, rebonjour.
M. Lavallée (Martin) : Rebonjour.
M. Marissal : Effectivement,
on n'avait pas pris de rendez-vous pour se revoir, mais les circonstances en
ont voulu autrement. Juste pour être sûr, là, que j'ai bien compris une de vos
réponses à une de mes collègues du gouvernement, vous vous engagez à déposer le
sondage dont M. Dorais...
M. Lavallée (Martin) : Oui.
M. Marissal : Avec la
méthodologie?
M. Lavallée (Martin) : Oui.
On vous transmettra toutes les informations pertinentes.
M. Marissal : Parfait. Merci.
Ça sera utile pour nous, et peut-être pour la suite.
Un peu de retour dans le temps, là, je
veux juste être sûr, là, de comprendre. Stephen Quirk fait une déclaration sous
serment le 21... en mars 2021, la fameuse déclaration sous serment, l'affidavit,
là, qui fait tellement de bruit, et avec raison. L'ancien commissaire, M.
Courteau, réplique au même cabinet d'avocats, toujours sous serment, en
novembre 2021. Éric Chouinard, qui, jusqu'à preuve du contraire, est toujours
directeur de la sécurité des joueurs dans votre ligue, lui aussi est
assermenté, fait une déclaration et un affidavit en novembre 2021, lui aussi.
Par ailleurs, vous êtes adjoint au commissaire depuis 2017. Il n'y a vraiment
personne qui avait pris le temps de lire l'affidavit de M. Quirk, y compris les
gens qui sont allés le commenter sous serment? Et vous n'en avez jamais entendu
parler?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
si vous me permettez, M. le député, je ne répondrai pas au nom de M. Courteau.
À cet égard-là, il s'est expliqué, il a donné ses explications. J'ai
précédemment expliqué mon rôle, et la gestion ou l'opération des recours
collectifs, dont le recours impliquant l'affidavit de M. Quirk, ne faisait pas
partie de mon mandat et/ou de mes responsabilités.
M. Marissal : Vous êtes...
Parmi vos responsabilités en ce moment, vous êtes commissaire.
M. Lavallée (Martin) : Oui.
Oui.
M. Marissal : Par intérim,
mais, en attendant M. Cecchini, dont on salue la nomination, c'est vous qui
êtes en charge. Éric Chouinard est-il toujours directeur de la sécurité des
joueurs?
M. Lavallée (Martin) : Oui.
M. Marissal : Il n'est pas
là, là. Lui non plus, il ne peut pas se défendre, mais c'est votre employé.
Comment on peut être directeur de la sécurité des joueurs, aller faire un
affidavit sous serment dans une histoire de viol puis ne pas avoir lu l'affidavit
du joueur?
M. Lavallée (Martin) : Écoutez,
il a fait son affidavit avec le contenu qui faisait référence à son expérience
à lui. Je ne pense pas que ça faisait référence à l'affidavit de M. Quirk.
M. Marissal : On parle de M.
Chouinard, là, qui était en réponse à l'affidavit de M. Quirk.
M. Lavallée (Martin) : Oui.
Je vous entends.
M. Marissal : Moi aussi, je
vous écoute. Comment se fait-il que ce n'est pas remonté aux plus hautes
sphères de la ligue, si le directeur de la sécurité des joueurs était appelé à
faire un témoignage sous serment? Il ne l'a pas lu, lui non plus?
M. Lavallée (Martin) : Tu
sais, malheureusement, je ne suis pas en mesure de répondre au nom de M.
Chouinard. Ce que je suis en mesure de vous dire, c'est que M. Chouinard a fait
un témoignage sous un affidavit par rapport à ce que lui connaît de la
situation.
M. Marissal : Est-ce que vous
pouvez, M. Lavallée, vous engager devant nous à aller vérifier? Parce que ce...
M. Chouinard, que je ne connais pas, là, il est encore directeur de la sécurité
des joueurs. Là, vous nous dites : vous faites un appel aux possibles
victimes pour libérer leur parole, et qu'ils viennent vous voir, et qu'ils
soient capables de témoigner de ce qu'ils auraient pu vivre. Moi, je ne mets
pas votre bonne foi en cause, là, mais vous avez quelqu'un qui est directeur de
la sécurité des joueurs. Je ne vois pas comment on peut être plus impliqué que
ça.
La Présidente (Mme Dionne) : En
terminant. Il vous reste 10 secondes.
M. Marissal : Vous n'avez pas
redistribué le temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) : On
a redistribué le temps, c'était 45 minutes d'intervention.
M. Marissal : Vous avez raison.
C'est mon erreur, vous avez raison.
La Présidente (Mme Dionne) : Désolée.
M. Marissal : Alors, à une
prochaine.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
à tous pour vos contributions. Donc, je vais suspendre les travaux quelques instants,
le temps d'accueillir notre troisième groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 11 h 48)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
nous reprenons les travaux de la commission. Je souhaite la bienvenue à
Monsieur Mario Cecchini, président par intérim des Alouettes de Montréal et
futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, qui est avec
nous aujourd'hui en visioconférence.
Je vous rappelle M. Cecchini, vous avez
10 minutes pour faire votre exposé et après quoi nous procéderons à une
période d'échange. Donc, je vous invite à vous présenter et à nous faire votre
exposé.
M. Cecchini (Mario) : Un gros
merci, Mme la Présidente. Alors, mon nom et Mario Cecchini, président actuel
des... président par intérim actuellement des Alouettes de Montréal et futur
commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, à compter du
8 mai.
Alors, Mme la Présidente, Mmes, MM. les
députés, d'abord et avant tout, je me présente devant vous aujourd'hui avec une
grande volonté de collaboration. Par contre, vous le comprendrez, je suis aussi
dans une situation particulière, je suis toujours employé comme président par
intérim des Alouettes de Montréal. Nous sommes en plein processus d'intégration
qui suit la transaction. Alors, comme vous le savez, le rythme est très élevé,
considérant mon départ le 6 avril prochain.
• (11 h 50) •
À l'heure actuelle, la LHJMQ est entre les
mains de Martin Lavallée et de l'équipe du bureau du commissaire jusqu'à mon
arrivée le 8 mai prochain. J'ai eu des contacts très limités avec le
comité exécutif et l'exécutif de la ligue. Par conséquent, je comprends que ma
convocation n'est pas pour commenter une situation que je n'ai pas connue dans
une organisation où je n'ai encore aucune fonction officielle, mais plutôt pour
parler de l'avenir comme futur commissaire de la LHJMQ. Du moins, c'est de
cette façon qu'on me l'a présenté.
Et, avec tout respect pour le travail de
cette commission, j'aurais tout de même préféré vous parler quelques mois après
mon entrée en poste et le début de la mise en place des bases de mon plan à
long terme pour le futur de la ligue. Vous avez par contre considéré qu'il
fallait que cette discussion ait lieu au plus tôt, alors nous y sommes. J'y
participe de bon cœur et je répondrai à vos questions du mieux que je le
pourrai, mais il m'apparaissait important que vous connaissiez le contexte dans
lequel je me retrouve, car je ne voudrais manquer de respect à qui que ce soit
si toutefois mes réponses vous apparaissaient comme conceptuelles.
Ceci étant dit, j'aimerais partager
quelques réflexions avant de répondre à vos questions au meilleur de vos
connaissances. J'ai évolué durant la majorité de ma carrière dans le domaine de
la radiodiffusion et de la télévision dans tous les grands marchés canadiens,
depuis Montréal et Toronto, que j'ai habité au tournant du siècle. Je suis
arrivé dans le monde de la gestion sportive de façon formelle en 2005 avec les
Alouettes de Montréal. Toutefois, ce n'était pas ma première expérience dans le
merveilleux monde du sport puisque j'ai produit, pour une courte période,
l'émission Les amateurs de sports, en 1992, sur les ondes de CKAC. J'ai
aussi...
M. Cecchini (Mario) : ...diriger...
qui est désormais Sportsnet, qui était alors la seule station sportive au
Canada, autour de l'an 2000 et j'ai opéré avec mon équipe la
transformation de CKAC qui devenait... sport en 2007. Bref, le monde du sport
a toujours été relativement près de moi.
Le sport s'est présenté initialement comme
un défi de gestion et de reconstruction. C'est ainsi que je me suis retrouvé
président des Alouettes de Montréal à un moment difficile de l'histoire de
l'équipe. Je me réjouis d'ailleurs que l'équipe ait retrouvé aujourd'hui un
propriétaire québécois. C'était un peu le sens de mon mandat, et de redorer le
blason des Alouettes. Au détour d'une conversation avant Noël, un ami m'a
fortement suggéré de réfléchir et d'envisager le poste de commissaire de la
Ligue de hockey junior majeur du Québec suite à la transition qui avait été
annoncée plus tôt au mois de décembre, l'idée a grandi et ma réflexion s'est
précisée. Le processus de sélection s'est étendu sur plusieurs semaines. J'ai
été heureux d'être le choix du comité de sélection et ma nomination a été
entérinée par les 18 équipes que je remercie de cette confiance.
Les événements des dernières semaines
amènent une transition plus mouvementée que prévu, mais je sais que je serai
bien entourée par le bureau du commissaire. J'arriverai donc en poste avec un
autre bagage, un autre regard, tout en profitant de la grande expertise en
place. Nous devrons, comme ligue évolutive, être au diapason de la société et
de ses valeurs, donc en faire davantage et toujours viser plus haut.
Quelques exemples de cette future évolution
sont notamment l'instauration d'un processus de plainte indépendant et une
clarification de la réglementation actuelle à l'intérieur du code d'éthique.
L'Éducation et la prévention demeureront prioritaires à l'intérieur de notre
mission. Cependant, s'il y a faute, il doit y avoir sanction. Celles-ci devront
être claires et connues de tous pour éviter le maximum de zones grises. Dans
l'avenir, je veux qu'il soit clair, reconnu et incontestable que tout geste
dégradant d'intimidation, de harcèlement, de violence psychologique ou physique
ou d'agressions sexuelles est inadmissible dans la Ligue de hockey junior
majeur du Québec et ne sera pas toléré. Dans l'avenir, je veux qu'il soit
clair, reconnu et incontestable qu'aucune culture d'équipe ou de vestiaire ne
peut servir à protéger des agresseurs ou à empêcher des victimes de parles. Ce
sera tolérance zéro pour l'intolérable et l'inacceptable.
Le travail est d'ailleurs déjà commencé.
Nous comprenons tous que cette crise doit servir à aller de l'avant différemment.
Et, comme disait Churchill, il ne faut jamais gaspiller une bonne crise. Il y a
indéniablement beaucoup de compétences à la Ligue de hockey junior majeur du
Québec. Je voudrai m'assurer qu'il y ait beaucoup de cohérence. Les mêmes
règles appliquées de la même façon dans tout le circuit, dans toutes les
circonstances. Cette rigueur et cette cohésion contribueront à redorer le
blason... à redorer, pardon, le blason de la Ligue.
Comme prochain commissaire de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec, j'estime que je suis d'abord au service des
jeunes. J'estime que les membres, les entraîneurs, les employés sont aussi
d'abord au service des jeunes. Les joueurs doivent sentir que leur intérêt,
leur sécurité, leur intégrité sont le sens de toutes les décisions. La Ligue de
hockey junior majeur du Québec doit être une organisation au service des gens,
de leur épanouissement personnel et social, de leur réussite scolaire et de
leur développement sportif. Nous serons un circuit d'élite parce que nous serons
des bons guides et des bons mentors pour les jeunes. Nous serons des équipes en
santé parce que nous montrerons le hockey à son meilleur et parce que nous
véhiculerons dans la société des valeurs gagnantes de travail, d'effort et de
respect. C'est dans cet ordre que je conçois les priorités. Je suis honoré
d'avoir été choisi comme commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du
Québec. Je comprends et prends la mesure de la responsabilité liée à la
fonction. Je ferai tout pour que cette ligue, parmi les meilleures au monde,
regagne tout son prestige. Merci. Je suis maintenant prêt pour vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment, Monsieur Cecchini, nous allons commencer nos échanges. Je cède la
parole du côté du gouvernement...
La Présidente (Mme Dionne) : ...donc
à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui, bonjour.
Donc, merci d'être avec nous aujourd'hui. Vous l'avez mentionné, vous avez
quand même un horaire chargé. Donc, comment votre expérience, là... Parce que
vous avez parlé... Bon, là, vous venez... vous arrivez du sport, du football
avec les Alouettes. Puis là vous avez dit : Bon, bien, j'avais un sens à
mon mandat. Il y avait celui, notamment, de retrouver, hein, un propriétaire
québécois. Dans votre... C'est quoi, le sens... C'est quoi que vous donnez au
sens de votre prochain mandat au niveau, là, de la LHJMQ? Donc, ça va être
quoi, là, le sens que vous voyez dans votre prochain mandat?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
ce qui m'a attiré beaucoup et ce que j'ai présenté à l'équipe du comité de
sélection, en fait, c'était, d'abord et avant tout, en quatre étapes, mais la
première et la plus importante, j'avais noté le bien-être des jeunes. J'ai
raconté un peu, la semaine dernière, si vous me permettez l'anecdote, quand
j'ai eu l'appel, j'ai... s'ensuivit une longue conversation avec la personne
qui me suggérait d'être... de penser à ce poste-là. Quand je suis monté... J'ai
raccroché, j'ai monté en haut, j'ai parlé à ma fille qui m'a simplement dit :
C'est un de tes rêves de travailler avec les jeunes. Parce que j'ai travaillé
beaucoup sur le décrochage scolaire, j'étais... et le sport fait partie du
raccrochage. Alors, on avait... Je fais partie... je faisais partie d'un groupe
avec feu monsieur Jacques Ménard, vous le connaissez sûrement, qui avait
présenté un plan en 13 étapes à madame Courchesne à l'époque, on est avant
2010. Donc, c'est toujours... J'ai travaillé avec Sainte-Justine, j'ai fait...
aider la jeunesse au Soleil, la DPJ.
Donc, ça arrivait à un moment de ma vie,
quand les Alouettes se sont terminées de façon particulière, à ce moment-là,
pour... Puis, avec tout ce qu'on avait entendu dans Hockey Canada dans les mois
qui précédaient, c'est venu me chercher. C'est devenu... Au gré de la
réflexion, c'est devenu, si on veut, un mandat, même, que j'ai qualifié de
social jusqu'à un certain point, qui va être important pour la société. Donc,
c'est ça, le sens que j'y donne, je pense. Puis, de toute évidence, ça se
trame, aujourd'hui, sur fond de changement.
Mme Tremblay : Merci. Est-ce
que vous avez vécu des situations, tu sais, de violence dans votre carrière?
Est-ce que vous êtes intervenu dans ce type de situation là? Est-ce que vous
avez eu à gérer ça?
• (12 heures) •
M. Cecchini (Mario) : Bien,
j'ai eu à gérer... Oui, récemment... violence... mais j'ai eu à gérer des
conflits publics aussi. En 2006, j'ai eu à gérer une plainte de harcèlement qui
était devenue publique. Et puis, à ma deuxième journée, quand je suis arrivé en
poste avec Corus, j'avais vu la plainte et j'ai agi. D'ailleurs, c'est à propos
parce que j'avais agi en engageant... Comme la plainte, tout ça, avait traîné
dans les journaux, ça avait été très public, on avait agi donc, par souci de
transparence, en demandant à un juge à la retraite de la Cour supérieure du
Québec de faire l'enquête. Alors, on est allés dans un processus indépendant.
Ça, c'en est un, exemple, où c'était public, il y avait énormément de pression.
Récemment, malheureusement, avec les
Alouettes de Montréal, on a eu à gérer un cas d'un joueur, ça a été dans les
médias aussi, qui se fait arrêter ou s'est faire accuser, en fait, pour être
très précis avec les termes, de leurre d'enfants via Internet. J'étais en
vacances avec ma famille un jeudi soir, on était en semaine... ce qu'on appelle
dans le football, en semaine de repos, une semaine où on n'avait pas de match.
Et puis j'ai eu l'appel à 7 h 20 parce que c'était sorti dans Le
Nouvelliste... dans La Voix de l'Est, pardon. Et puis, à 9 h, on a
suspendu le joueur quand qu'on a pris connaissance des allégations. Et puis la
convention collective demandait d'avoir 48 heures... la convention
collective des joueurs de la Ligue canadienne, d'avoir 48 heures pour
analyser le tout. Et, dès les 48 heures terminées, quand qu'on a eu
vent... quand qu'on a eu encore plus d'information, on a retiré, donc, le
joueur, on a coupé, comme on le dit dans le sport, le joueur de notre équipe.
Ça, c'est deux exemples que je peux vous donner.
J'ai eu à gérer aussi des situations d'un
morning man, au Canada anglais, qui devait... a dû prendre des cours de gestion
de colère, par exemple. Alors, il y en a eu, puis j'ai eu à gérer, évidemment,
des animateurs qui ont dû s'excuser, des fois, pour des propos. Puis je n'ai pas
toujours attendu que le CRTC nous le demande non plus. Alors, dans ce genre
de... c'est ce genre de controverse, si on veut, que j'ai...
12 h (version non révisée)
M. Cecchini (Mario) : ...à
gérer dans ma carrière.
Mme Tremblay : Dans... Le
commissaire par intérim, M. Lavallée, qui était là tantôt, il nous parlait de
mettre en place, là, dès, là, la prochaine saison, là, tout un programme. Puis
je suis contente de vous entendre ce matin, là, de dire que c'est le jeune qui
va être vraiment au cœur de toutes les décisions. Ça, pour moi, qui a passé
aussi sa vie, sa carrière dans le milieu de l'éducation et travaillé beaucoup
aussi au niveau du décrochage scolaire... Puis on connaît l'importance que ça
a, le sport, pour nos jeunes, mais aussi, on veut que ce soit une belle
expérience, hein, puis on veut que ce soit... ça leur permette de devenir plus
grands dans leur vie de citoyens et citoyennes, parce que c'est ça aussi, le
sport, c'est développer des belles habiletés.
Moi, ce que je veux savoir... Vous
parlez... Là, ce matin... On va mettre en place un programme, puis il
parlait... bon, comme je l'ai dit, la prochaine saison. Est-ce que vous allez
être prêts pour la prochaine saison? Est-ce que vous avez déjà réfléchi avec
qui vous voulez travailler? Et ce programme-là, c'est important. Puis c'est ce
que l'intervenant, M. Dorais, disait, hein, ce n'est pas juste des rencontres,
mais on parle vraiment d'un programme qui parle aux jeunes. C'est quoi, votre
vision? Puis est-ce que vous pensez que c'est réaliste, avec votre entrée au
mois de mai, là, que tout soit prêt pour le mois de septembre, ou ce sera un
travail plus continu? J'aimerais avoir votre vision, là, de ça dans les
prochains mois.
M. Cecchini (Mario) : Bien, c'est
une très bonne question, que je me pose à chaque jour. J'espère avoir le temps,
en arrivant le 8 mai... Je sais que c'est pour ça que c'est important que
le travail ait déjà commencé. Par contre, je dirais que la deuxième portion de
votre question, ou le commentaire que vous faites à l'intérieur de votre
question, le plus important, ça va être évolutif. Je ne crois pas qu'on va
arriver, à un moment donné, le 18 septembre, puis dire : Voilà, et c'est
terminé, et on applique ça. Je pense que l'expérience nous a montrés, et mon
expérience professionnelle... quand on parle de changement de culture, on ne
commence pas le vendredi, puis ça ne se termine pas le lundi matin. Ça va être
profond, ça va être long. C'est pour ça que je parle des prochaines années.
Mais je crois qu'on va y arriver. Je pense qu'on a déjà vu un changement de
culture, des changements s'opérer au cours des 10 dernières années, des
éléments du match, du hockey qui ont changé.
Je pense, par contre, pour répondre
directement, qu'on peut être prêts pour le mois de septembre. C'est la commande
qui est donnée, qui a été donnée, en fait, par Martin, qui va travailler ça,
clairement, dans les deux prochains mois. C'est sûr que mon agenda d'entrée en
poste, comme je l'ai mentionné, avec tout ce qui s'est passé, a changé un peu
les priorités à court terme. Moi, je suis là pour le long terme. Normalement,
le commissaire se doit d'avoir un horizon un peu plus lointain, pour assurer la
bonne marche. Mais c'est clair que, dans la première année, je vais être très,
permettez-moi l'expression, «hands-on», donc, les mains dans la pâte, pour s'assurer
qu'on n'est pas dans l'écriture, on n'est pas comme... j'ai entendu certaines
anecdotes. Et je ne prétends pas que ça se passe comme ça. Je pense que, quand
Martin, quand le commissaire par intérim a dit qu'il a rencontré... je suis
convaincu que le langage était très approprié, très ferme. Mais, oui, il va
peut-être falloir être plus proactifs, il va peut-être falloir faire des
rappels beaucoup plus souvent.
Mais j'ai beaucoup l'intention de me fier
à des spécialistes. S'il y a une chose que j'ai apprise avec la jeunesse et la
pédagogie, c'est qu'il y a des gens qui étudient là-dedans. D'ailleurs, ça m'a
réjoui quand j'ai su que Martin... que M. Lavallée, pardon, le commissaire par
intérim, était professeur de formation. J'ai trois professeurs, moi, autour de
moi, ma soeur, beau-frère et un neveu, et je sais que c'est un emploi qu'on ne
s'improvise pas pédagogue. Donc, j'ai hâte de travailler avec les spécialistes
sur ça, et de voir, au bout, le chemin qui va nous guider et le chemin que
nous, on va prendre.
Mme Tremblay : Parfait,
merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Alors, je cède la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, M. Cecchini. Nous venons d'apprendre, à la suite
des questions des membres de la commission, que la ligue a appris ce week-end
que... du moins, des allégations d'initiation, des événements, c'est ce qu'on
nous dit jusqu'à présent, au début des années 90... Est-ce que ce sera... Et le
processus d'enquête est encore laborieux, là, on ne sait pas trop quel sera le
processus exact pour déterminer ce qui s'est passé. Est-ce que ce sera l'un des
premiers mandats que vous prendrez en charge, de faire la lumière sur ce qui s'est
passé, au début des années 90, dans une équipe qu'on ne nous a pas été capables
de nous nommer il y a quelques minutes à peine?
M. Cecchini (Mario) : Oui. Je
comprends qu'il y a une protection du processus d'enquête et des présumées
victimes, alors j'apprécie votre compréhension sur ça. En fait, j'espère que l'enquête
va être réglée quand je vais arriver au mois de mai, mais je peux vous assurer
qu'avec diligence, c'est le mot que je prendrais, tout ce dossier-là, l'appel
est fait. Alors, si je peux... si ce dossier-là est encore ouvert, c'est clair
que, dès mon arrivée en poste, on va accélérer le processus pour arriver à une
résolution...
M. Cecchini (Mario) : ...ou du
moins une compréhension.
M. Poulin : O.K.. Donc, vous
allez vous en charger si ce n'est pas réglé le 8 mai dernier. De quelle
façon on s'en charge? Parce que le processus d'enquête, la façon dont les
plaintes sont remises à la ligue de hockey, ça semble être un enjeu pour
assurer son indépendance. Tout à l'heure, vous nous avez noté que vous, vous
aviez engagé, dans le passé, un ancien juge à la retraite pour pouvoir enquêter
sur une situation. Est-ce que vous allez suggérer à la ligue de hockey
d'engager un ancien juge à la retraite, par exemple, pour pouvoir faire la
lumière sur des situations qui pourraient être portées à leur attention? Est-ce
que, pour vous, c'est un processus qui serait bon et louable?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
deux choses. D'abord, moi, j'ai... on m'a informé de cette situation hier soir,
j'ai... je n'ai pas beaucoup de détails, évidemment, parce que comme indiqué,
je pense que le commissaire par intérim va prendre les bonnes décisions sur ça,
je pense que je lui fais confiance. Si on me demande mon opinion à ce point-ci,
je n'ai jamais eu, moi... Un processus indépendant peut se... de plusieurs
façons. Puis, effectivement, la suggestion d'un juge à la retraite peut être
une avenue qui peut être explorée, absolument.
M. Poulin : Donc, vous allez
vous pencher sur le processus des plaintes à l'intérieur de la ligue de hockey,
vous n'écartez pas de pouvoir prendre, par exemple, un juge à la retraite pour
pouvoir faire ce travail-là. Vous, c'est quelque chose que vous n'écartez pas à
ce moment-ci.
M. Cecchini (Mario) : Non. Je
vous répondrais, M. le député, pour répéter, effectivement, que, dans ma
nature, pour ceux qui me connaissent, qui ont travaillé avec moi, d'emblée,
j'écarte rarement une avenue...
M. Poulin : D'accord.
M. Cecchini (Mario) : ...j'écoute,
puis après ça on va regarder. Alors, c'est une possibilité comme une autre.
M. Poulin : O.K. Parlez-moi
un peu de la relation que vous pourriez avoir avec les gouverneurs. On sait que
ce sont des bailleurs de fonds importants. Le député de Marquette en faisait
allusion tout à l'heure, aux profits importants qui sont engendrés de la part
des gouverneurs. On nous a aussi dit tout à l'heure... puis probablement que le
député de Marquette y reviendra, mais que les sommes sont réinvesties dans les
joueurs, là. Ça nous a fait un peu sourire. Mais comment vous voyez votre
relation avec les gouverneurs? Parce que ce sont des gens qui sont là, oui,
peut-être pour les jeunes, peut-être pour l'amour du sport, pour l'amour du
hockey, mais qui sont aussi des gens d'affaires, des hommes d'affaires qui
veulent un spectacle. Ça a été difficile, le dossier des bagarres, là, la ligue
a enfin agi à ce niveau-là. Mais, de façon très succincte, là, comment vous
voyez cette relation avec les gouverneurs? Et trouvez-vous que vous avez la
pleine indépendance pour assumer vos fonctions comme commissaire devant les
intérêts financiers des gouverneurs?
M. Cecchini (Mario) : Moi, je
vous dirais, la réponse sur ça va... tout d'abord, elle va se définir avec le
temps. Mais je vous dirais que j'ai présenté la notion de bien-être aux gens,
j'ai présenté une notion d'être très évolutifs dans nos façons de faire. C'est
sûr qu'on veut la santé. Alors, j'ai présenté un plan, sur lequel on m'a
embauché, un plan assez clair, un plan qui appelait... Potentiellement, c'est à
eux à juger la notion de changement, parce que moi, je ne suis pas au courant
de tout ce qui était fait avant évidemment. Mais moi, ce que j'ai fait, ce que
je peux vous assurer, j'ai lu la constitution de la LHJMQ, j'ai lu
exactement... qui est un peu ma description de tâche, et, là-dedans, il y a
délégation de pouvoir exécutif, il y a possibilité d'être punitif, il y a
surtout la notion de protéger l'intégrité de la ligue dans l'image publique.
Alors, quand je lis ça et que je regarde
le comité de sélection qui m'a embauché sur des éléments assez... assez clairs,
je vous dirais, j'ai probablement beaucoup de défauts, mais je suis assez clair
la plupart du temps. Et moi, je suis sorti d'une semi-retraite pour les
Alouettes et... puis, à travers ça, j'ai découvert que j'aimais encore le
travail d'équipe et les gros mandats. Donc, essentiellement, c'est ce qui m'a
attiré, cette notion de changement là, parce qu'au fur et à mesure que les
réflexions avançaient, on voyait que le changement était nécessaire.
• (12 h 10) •
M. Poulin : Donc... puisque
le temps file et je veux laisser le temps à mes autres collègues, vous nous
dites que vous jugez que vous avez l'indépendance nécessaire pour faire votre
travail devant le conseil des gouverneurs parce qu'à l'intérieur de la
constitution il y a des pouvoirs exécutifs qui vous sont délégués. C'est ce que
j'en comprends.
M. Cecchini (Mario) : C'est
ce que vous comprenez. Puis, pour... parce qu'il y a beaucoup de nuances, je
sais qu'il faut aller vite, mais c'est dur des fois d'aller vite parce qu'il y
a beaucoup de nuances, mais, tu sais, pour moi, pour vous dire d'une autre
façon, tout ce qui est l'axe mise en marché, tout ce qui est l'axe initiative
communautaire, ça, on va... on le fait de concert. D'ailleurs, je le vis avec
la Ligue canadienne de football en ce moment, quand même avec un commissaire,
comme président d'équipe. Je suis président d'équipe en ce moment, avant de
changer de rôle. Donc, ça, ça se fait de concert, c'est des idées qui sont
partagées, on avance là-dedans.
Tout ce qui est l'intégrité du jeu,
l'intégrité des arbitres, l'intégrité des entraîneurs, on veut les meilleurs
entraîneurs au monde, la façon de faire...
M. Cecchini (Mario) : ...Évidemment,
sécurité et, et, et bien-être, ça, c'est les éléments où ça prend une
indépendance, puis je vais prendre ça en...
M. Poulin : D'accord.
Merci beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : J'essaie
d'être le plus simple possible. Désolé.
M. Poulin : Non, non,
c'est correct. J'ai, j'ai d'autres collègues qui ont des questions. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Monsieur Cecchini, bonjour. Une très courte question avec
une courte réponse, s'il vous plaît, afin que je laisse un peu de temps à mon
collègue qui va compléter les échanges.
Je voudrais revenir sur le processus de
gestion des plaintes, mais à l'interne, dans la SJMQ... LHJMQ, puisque le
22 février, lors du passage de monsieur Courteau, moi j'ai appris que les
plaintes sont reçues directement par la directrice des services aux joueurs de
la ligue. Alors, selon vous, là, comme, comme prochain commissaire au mois de
mai, est-ce que vous trouvez que c'est un, c'est un processus qui, qui est convenable,
qui est suffisamment indépendant? Prévoyez-vous peut-être mettre un peu plus
de, de, de rigueur ou de coffre dans ce processus à l'interne de gestion des
plaintes?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
dans une réponse courte, je vous dirais d'abord, ça fait partie des éléments
dans le détail que, que, que je veux prendre connaissance à 100 % lorsque
je vais être en place. Mais effectivement, les mots que vous prenez, «plus de
coffre et plus d'indépendance», ça va guider cette réflexion-là. Alors, on
verra où ça va nous mener, mais, ce qui nous guide, ce qui est important, c'est
l'indépendance.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Donc, il reste une minute. En conclusion, M. le député de
Côte-du-Sud.
M. Rivest : D'accord.
Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé de protection justement de l'image de
la Ligue. On vient juste, juste, juste de discuter de ça. J'aimerais peut-être
vous... peut-être clore là-dessus. Il y a, il y a ce côté-là d'indépendance,
d'autonomie, mais, en même temps, moi, ça me fait un peu peur d'entendre, O.K.,
la protection de l'image de la Ligue versus justement la protection des jeunes
puis des, des, des... de la, de la façon qu'ils participent à leur sport, à
leur sport. Est-ce qu'il n'y a pas là justement des éléments de, de, de
continuer cette culture-là du silence? Quelles sont les actions que vous allez
vous dire : O.K., il y a la protection de l'image de la ligue, mais, en
même temps, il y a ce comité indépendant là ou la façon d'être indépendant dans
la gestion des plaintes. J'aimerais ça juste vous réentendre là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne) :
Il vous reste 20 secondes. Désolée.
M. Cecchini (Mario) : Alors,
je suis très heureux que vous me dites ça parce que le sens que vous donnez, le
sens que je voulais donner à ça, moi, c'est... en fait, c'est regagner la... de
garder et regagner la confiance du public. Ça fait que, quand qu'on protège
l'image, je ne voulais pas, je ne veux pas le prendre comme un, un écran de
fumée. C'est vraiment faire les bonnes choses. J'ai aussi promis la semaine
dernière en conférence de presse...
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. Je m'excuse.
M. Cecchini (Mario) : ...énormément
de transparence.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je m'excuse, M. Cecchini. Notre temps est calculé de façon très, très,
très sérieuse. Donc, je, je passe maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Monsieur
Cechinni. Bravo pour votre nomination. Je suis persuadé que les jeunes vont
être entre bonnes mains.
Ceci dit, je vais faire du chemin
justement sur... C'était dans mes questions, mais je vais commencer par
celle-là parce que vous étiez en train d'expliquer un peu. Puis moi aussi, je
suis un petit peu de l'avis du député de, de Côte-du-Sud, parce que justement,
quand j'ai entendu dire que dans la Constitution, on protège la Ligue face au
public, un, je n'avais pas besoin de savoir qu'il était dans la Constitution
parce que j'ai tellement été proche de cette ligue-là que je le sais, on... la
ligue, l'image de la ligue est tellement, tellement importante, alors qu'on
sait qu'il y a une, il y a vraiment une compétition avec les ligues collégiales,
notamment aux États-Unis. Il faut garder les bons joueurs ici au Québec. Mais
moi, j'ai toujours eu l'impression que justement, ça causait problème, ça, de
toujours vouloir protéger l'image de la ligue au... Parce que c'est la
perception. Je ne dis pas que c'était le... un fait, mais il y avait toujours
cette perception-là qu'on protégeait l'image de la ligue avant de, d'être
ultratransparents. Parce qu'il n'y a rien de mal à dire : il y a une
situation, on a vécu une situation terrible, voici ce qu'il en est, on va la
régler, faites-nous confiance avec vos enfants. Moi, c'est le, c'est, c'est le
message que je veux entendre, au lieu de... Dans le passé, on a trop entendu
justement des intervenants protéger la ligue, alors que par la suite, on apprenait
des choses qui étaient répréhensibles, là.
Continuez ce que vous... Vous étiez sur
une lancée, là, je vous laisse aller.
M. Cecchini (Mario) : Bien,
merci, M. le député de Marquette. C'est exactement... vous m'enlevez les mots
de la bouche un peu parce que... puis j'ai peut-être... puis je suis très
content de pouvoir clarifier ça, parce que pour moi, ce que j'ai beaucoup dit,
et ceux à qui je pense beaucoup, c'est justement les parents puis les jeunes,
par conséquent, qui ont aujourd'hui 13, 14, 15 ans, qui ont probablement
un, un talent pour le hockey et qui se posent la question, bien, quand qu'ils
vont se poser la question, Il faut qu'on mérite leur, leur confiance.
Une des choses que j'ai dites au comité de
sélection aussi, je pense que...
M. Cecchini (Mario) : ...et
vous m'avez entendu dire publiquement, avec M. Létourneau à côté de moi,
président du comité exécutif de la Ligue, la semaine dernière, que la
transparence dans les communications, ça va être un élément très important. Ça fait
partie de... ça fait que, quand je dis : Protéger l'intégrité, je vais
trouver une autre formule, parce que je me rends compte, ce matin, qu'elle
porte à confusion. Ce qu'on veut... parce que, justement, de bien gérer quand
il arrive des cas comme vous dites si bien, il n'y a pas de mal à ça. Et plus
vite on sort, plus vite on l'explique, ou plus vite on le règle, pas du tout
derrière un rideau, toutes les personnes concernées doivent être au courant,
puis, si on est interpellés, on va répondre. Je pense que ça, c'est justement
protéger l'intégrité de la ligue plutôt que l'image, disons ça de cette
façon-là. C'est mon intention.
M. Ciccone :Bien, je suis content de vous entendre dire ça, M.
Cecchini, parce que vous allez sauver énormément d'argent avec les firmes de
communication, qui doit arriver par la suite et avoir un bon message pour
essayer de sauver, justement, l'image, et ça, on sait que ça coûte très, très
cher.
Maintenant, je vais revenir au début. Vous
avez dit que vous aviez présenté un plan, et j'ose espérer que c'était un
maudit bon plan, parce qu'ils vous ont engagé, est-ce que vous pouvez nous
donner un peu les grandes lignes de ce que vous avez présenté au bureau des
gouverneurs?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
encore une fois, j'essaie d'être conscient du temps, mais je pense qu'on a même
monsieur... les quatre piliers, si vous voulez. Vous savez, un processus de
cette façon-là, ça prend... à mon âge, en plus, c'était une première fois, moi,
que je participais dans un processus, donc il y a une certaine dose d'humilité,
mais c'est une grande, c'est une belle expérience parce que ça te ramène à la
base.
Et, dans la lettre que j'ai écrite au
comité de sélection, j'y vais de mémoire, mais il y avait... ce qui était
prioritaire pour moi, tantôt, je l'ai mentionné, le bien-être des jeunes, le
marketing évolutif, il y avait de la progression des revenus aussi. Je pense
qu'on n'a pas à se cacher, tantôt, on pourra revenir sur ça aussi, mais s'il y
a plus de revenus, bien, il y a plus de bourses pour les jeunes, il y a plus de
choses qu'on pourra faire pour les jeunes aussi.
Et évidemment il y avait aussi conserver
et augmenter une certaine influence dans la Ligue canadienne de hockey. J'ai
mentionné souvent, c'est assez rare, je pense que je vais peut-être être la
seule personne dans sa carrière qui va remplacer quelqu'un qui a eu un mandat
de 37 ans. On n'entend pas ça très, très souvent. Ça, c'était la base, si on
veut.
• (12 h 20) •
Puis, après ça, bien, je suis allé un
petit peu plus loin, en termes de priorités, donc ce qu'on pourrait appeler...
évidemment, priorités hockey, donc d'assurer le calibre, surtout... là-dedans,
je parlais d'être au diapason avec, tu sais, les changements requis, être au
diapason avec la société, ce qui n'est plus acceptable, il faut passer au plus
vite à autre chose. J'avais parlé de diversité, il faut prôner cette
diversité-là, l'intégrité, qui va aussi... Tu sais, moi, ce qui m'importe
beaucoup aussi, dans l'intégrité sur le jeu, l'intégrité physique aussi de
tous, évidemment qu'il faut protéger, dans ce cas-là, le mot est bon.
J'ai aussi parlé de savoir-être. Je
constate, on dit souvent qu'il y a beaucoup d'appelés, et qu'il y a peu d'élus.
Il y a peut-être 10 à 20 % des joueurs qui vont jouer professionnel, pas
nécessairement dans la Ligue nationale, mais professionnel, donc tout le
parcours académique. Il y a des choses qui m'apparaissent importantes au niveau
de la gestion de soi... avec qu'est-ce qu'on vit, encore plus, mais la gestion
de la performance et la gestion de transition de carrière, parce que je peux
vous assurer que les 400 qui sont là pensent qu'ils vont être dans les 30 qui
vont être repêchés. Ça fait que, quand tu arrives à 19, 20 ans puis tu ne joues
pas, comme beaucoup d'athlètes que j'ai connus, tu as cette période-là de
deuil, là, une période où ton rêve s'éteint. Donc, en ce sens-là, je pense
qu'on va essayer de les aider de ce côté-là aussi. Évidemment, des bourses
aident à poursuivre après ça, côté universitaire.
J'ai mentionné aussi que j'aimerais...
probablement qu'on va travailler avec le gouvernement sur ça, dans le futur,
prolonger... qu'en fait, le 16-20 devienne 16-24 parce que, comme vous avez
dit, M. le député, dans votre question, que les bourses qui sont données... que
les cerveaux restent au Québec. Ça m'apparaît important. Il y a, je pense, deux
fois moins de joueurs au Québec, en proportion, qui jouent au hockey
universitaire versus les autres provinces. C'est les stats que j'ai rapidement
vues, ne pas me citer, s'il vous plaît, sur ça, mais je sais que c'est
significatif. En, même temps, on a déjà un taux de réussite plus grand que la
moyenne des Québécois aussi, ça fait que...
M. Cecchini (Mario) : ...les
éléments... puis, après ça, bien, au niveau du marketing, si ça vous intéresse,
c'est toute la notion des nouvelles plateformes. Je pense qu'il faut parler aux
gens, comme eux se comprennent et utilisent leurs moyens. Alors, tout ça, c'est
des éléments qui faisaient partie du plan. Beaucoup de misère à être succinct,
parce que...
M. Ciccone :Non, mais c'est... Merci beaucoup. Vous avez parlé de
revenu. C'est sûr que, quand c'est une industrie privée, il y a des gens qui
investissent. Puis il faut dire aussi également que ce n'est pas tout le monde
qui roule sur l'or là, dans la Ligue junior majeur du Québec. Quand on regarde
les clubs des clubs des Maritimes, certains clubs, soit Val-d'Or, Rouyn,
Baie-Comeau, c'est un peu plus difficile. Vous avez parlé du revenu, moi, puis
je vais vous faire un parallèle, là, tu sais, le revenu versus le bien-être du
joueur, parce que je sais que vous êtes dans le domaine depuis longtemps, au
niveau du marketing également, vous êtes capable d'aller chercher des revenus
autres.
Mais quand... Là on regarde le nombre de
matchs qui est joué dans la Ligue junior majeur du Québec avec 68 matchs, ça,
c'est sans calculer les matchs hors concours, les matchs également des séries
éliminatoires. Tous les joueurs, puis vous l'avez mentionné, là, tous les
joueurs qui mettent le pied dans cette ligue-là, et moi incluant, là... moi
inclus, là, on voulait tous jouer dans la Ligue nationale, on était prêts à
faire n'importe quoi. Et quand il y a cette pression là, monsieur Cecchini, on
est prêts à fermer les yeux sur beaucoup de choses. On est prêt à sauter en bas
du pont si notre entraîneur nous demande de le faire. On va être prêts à faire
n'importe quoi.
Alors, comment changer justement cette
culture-là de pression? Je ne dis pas de leur enlever de la pression, ils sont
quand même dans un niveau quand même assez élevé, là. D'enlever cette
pression-là où le joueur va fermer les yeux sur tout, ne sera pas critique, ne
lèvera pas le ton pour fermer les yeux, et non seulement il va y avoir cette
culture du silence là, mais moi je vais encore plus loin, qui trouve que tout
ce qui arrive, c'est normal. Comment on va faire pour changer ça?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
il n'y a pas d'autre façon, M. le député, je pense que de l'éducation. Encore
une fois, je vais préciser, on va travailler avec des spécialistes, on va
travailler avec des gens qui vont guider, mais ça va prendre beaucoup de
conviction, ça va prendre beaucoup de, je dirais... Moi, je suis impatient de
nature. D'ailleurs, plus un défi est grand, plus il est long, plus je trouve
qu'il est urgent qu'on recommence.
Alors, c'est sûr que le processus
d'éducation, le processus de formation, le processus de dire, comme j'ai
mentionné en entrée de jeu, si ce n'est pas acceptable, ça va être puni. Tu
sais, les gens oublient souvent... Moi, avec le comité de sélection, on a
échangé, on m'a dit que tu ne vas pas à tes cours, tu coules un cours, tu n'es
pas sérieux, tu ne joues pas le vendredi soir. Et ça, et ça, c'est des éléments
que, moi, quand on m'a dit, ça, ça me frappe, et c'est des choses qu'il va
falloir s'assurer qui se produisent. Alors ça, c'est des éléments pour moi...
Par exemple, quand vous dites un changement de culture, ça va passer par
toujours la prévention, toujours les meilleurs conseils, toujours l'encadrement,
mais ensuite, finalement, on l'a mentionné, il faut qu'il y ait du punitif.
M. Ciccone :Tantôt, le professeur retraité Dorais disait qu'il doit y
avoir une formation de 1% continuelle. Si on amène des programmes, ce n'est pas
juste d"amener un programme, ce n'est pas juste d"amener un code du
vestiaire, il faut qu'il y ait un suivi constamment. Vous savez qu'on est ici,
aujourd'hui en commission parlementaire, parce que, justement, quand
l'industrie ne fait pas son travail au maximum pour protéger les jeunes, puis
c'est notre rôle ici, en tant que législateurs, mais il y a des commissions
qu'on questionner, puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.
Monsieur Cecchini, seriez-vous prêt, là,
parce que on avance, il va avoir des programmes qui vont être déposés, il va
avoir des annonces de votre côté, seriez-vous prêt à venir, de façon annuelle,
ici, en commission, pour discuter, voir ce que vous êtes rendu, voir votre
cheminement, voir également comment vos programmes ont cheminé pour qu'on
puisse tous ensemble travailler pour le bien-être de nos enfants?
M. Cecchini (Mario) : M. le
député, sur cette question-là, moi, je viens d'un environnement très réglementé
par le fédéral dans ce cas-là, qui s'appelle le CRTC. Alors, on va toujours
être prêt à collaborer puis à répondre présent lorsque vous jugerez bon que
l'on se présente devant vous.
M. Ciccone :Merci beaucoup, monsieur Cecchini. Merci beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
le député de Rosemont. Alors, vous disposez de quatre... oui, cinq minutes,
cinq minutes, 23 secondes.
M. Marissal : Cinq minutes.
Merci. M. Cecchini, bonjour, virtuellement, mais merci quand même d'avoir pu
rapidement vous adresser à nous, d'autant que vous n'êtes pas...
M. Marissal : ...encore
arrivé. Je vois d'ailleurs en arrière de vous, c'est plus une image de
football, je pense, de coupe Grey que, que de hockey, là. Vous êtes vraiment en
transition.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Alors,
merci, merci d'être là.
Je vais rapidement par faute de temps.
Vous avez entendu monsieur Dorais tantôt ou non?
M. Cecchini (Mario) : Monsieur
Dorais, j'ai entendu peut-être cinq, 10 minutes. J'étais entre... Je n'ai
pas entendu...
M. Marissal : O.K. Bien,
vous pouvez aller le réécouter en rattrapage, comme on dit dans votre ancien
milieu, sur le site de l'Assemblée nationale, ça a été enregistré, c'est assez
utile. Monsieur Dorais disait que ça fait 18 mois qu'il travaille,
notamment, avec madame Llorens, que vous avez certainement rencontrée, là. Ça
fait 18 mois, ça n'avance pas. Puis là, on nous dit : Bien, il n'y a
peut-être pas d'argent pour ça. Monsieur Lavallée nous a dit tout à
l'heure : on a fait des demandes de subventions auprès de différents
ministères. Je m'en étonne un peu d'ailleurs, parce que la Ligue de hockey
junior majeur, ce n'est pas, ce n'est pas une entreprise de charité, là, je
pense que... Est-ce que vous pourriez trouver les moyens, pour monsieur Dorais
ou pour un autre groupe, là? Moi, je ne travaille pas pour monsieur Dorais, là.
Vous avez dit tantôt que vous vouliez travailler avec des spécialistes, là. Je
fais un calcul rapide, là, même si ça coûtait 300 000 $, là, c'est à peu
près 16 000 $ par équipe par année. Avez-vous vraiment besoin de passer le
chapeau au gouvernement? ou si vous êtes assez déterminés pour dire : on
va prendre l'argent dans notre pot, là, puis on va le faire, le programme?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
sur ça, M. le député, je vous dirais une... puis vous ne serez pas étonné de ma
réponse. Dans le contexte, d'abord, je n'ai pas rencontré madame Laurence...
Llorens encore, justement. J'ai eu une conversation téléphonique avec elle,
donc pas... je veux dire, pas rencontrée face à face. À ça, je vais vous
répondre simplement : c'est facile de répondre oui et probablement que
j'ai envie de répondre oui, quand on entend tout ça. La seule affaire que je
vous dirais, c'est que je n'ai vu aucunement... de la ligue à date, pas vu...
pas parlé de ça en profondeur avec chaque équipe. Ça me rappelle souvent, puis
je ne veux pas faire une, une analogie qui ne serait pas... qui ne sera pas
bonne, des fois, on dit souvent : c'est que 16 000 par équipe, mais,
des fois, les 16 000 par équipe, ça s'accumule. Donc, il faut juste
choisir les priorités.
Ça fait que, moi, je me donne le temps
d'arriver, de regarder tout ça, de parler avec chaque club. Et, si je devinais
votre autre question, est-ce que, est-ce que je crois que ce genre de programme
là va devenir prioritaire, aujourd'hui, je serais porté à dire que, oui, ça va
devenir prioritaire, mais je veux me laisser le temps de regarder le tout dans
son ensemble.
M. Marissal : Vous êtes
fort, vous aviez effectivement trouvé ma seconde question, les grands esprits
se rencontrent, à savoir, puis, si, effectivement c'était une priorité, je
pense que vous venez de répondre Oui. Ça... ça va plus vite, vous me faites
gagner du temps en allant davantage vers mes questions.
Vous avez parlé d'un cas, tout à l'heure,
là, dans, dans, dans la Ligue de... Canadienne de football. Mais vous avez
dit : La convention collective des joueurs exigeait telle ou telle chose.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Il n'y en
a pas, de convention collective des joueurs, dans la Ligue de hockey junior
majeur. Ils n'ont pas de protection. Ça, c'est un problème peut-être à plus
long terme, mais qui vous... il vous faudra aussi un jour attaquer de front.
Parce que ces, ces, ces enfants-là, j'ai envie de dire, là, ces petits gars là,
ils n'en ont pas, d'association syndicale.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
Je... Oui, tantôt, je mentionnais ça dans le contexte où, justement, la, la, la
convention nous empêche de bouger rapidement. Je... Parce qu'on aurait
probablement... Ce que je voulais dire, c'est qu'on aurait agi encore plus vite
que trois jours après...
M. Marissal : Je
comprends.
• (12 h 30) •
M. Cecchini (Mario) : Je...
Écoutez, vous soulevez un point. Je ne pense pas que les... je ne... je... On
est dans un contexte où on prend des jeunes à 16 ans, ils sortent adultes
à 20 ans. La vaste majorité ont une expérience très, très positive avec la
LHJMQ aussi. Moi, les gens que j'ai rencontrés parlent en, en... ont... en tout
cas, ont toujours le mot «bien-être» des jeunes, et proches, prendre soin des
jeunes et proches. J'ai vu des stats d'investissements, j'ai vu la... je veux
dire, par jeunes, qu'est-ce que ça... ça coûte. On s'occupe des, des, des
familles. Il y a, il y a aussi des familles d'accueil. Il y a aussi une
progression énorme sur... en fait, très importante sur les 15 dernières
années. J'hésite à citer parce que je n'ai pas tout étudié, mais il y a eu
beaucoup de progression, notamment sur les bourses et sur l'encadrement
scolaire. Alors, je pense que les jeunes sont entre bonnes mains, puis on va
s'assurer qu'ils le sont encore plus puis, justement, que ces dérapages
desquels on parle, qui datent, en tout cas, la plus récente, de...
M. Marissal : Mais, mon
point, M. Cecchini, est que ces jeunes-là n'ont pas d'association. Ils
sont livrés entre les mains de la Ligue de hockey junior majeur. On leur fait
signer des contrats sans qu'ils aient de contrepartie de représentation. C'est
un problème. C'est un problème dans la structure même de la ligue. Vous... vous
n'êtes pas obligé d'être d'accord avec moi, là, c'est un éditorial que je viens
de faire, là. Mais vous citiez...
12 h 30 (version non révisée)
M. Marissal : ...d'ailleurs,
tout à l'heure, Monsieur Churchill, qui disait ne jamais gaspiller une bonne
crise, monsieur Churchill a déjà dit aussi en politique : Mes adversaires
sont devant moi, mes ennemis sont derrière moi. Alors, imaginez la Chambre des
communes à Londres, là, ça veut dire que ses... ses ennemis, ce sont les gens
de sa propre équipe.
M. Cecchini (Mario) : Absolument.
M. Marissal : Ce n'est pas ce
que je vous souhaite, mais comment vous allez briser cette culture-là?
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
malheureusement le temps de mettre fin à la commission. Je suis désolée. Alors,
je vous remercie tous pour votre contribution. Merci, M. Cecchini, pour votre
disponibilité.
Donc, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain, mercredi 22 mars, après les avis touchant les travaux
de la commission, où elle poursuivra son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 32)