(Neuf heures quarante-huit minutes)
La
Présidente (Mme Guillemette) : Bon matin, tout le monde. À l'ordre, s'il vous
plaît! Donc, je vais prendre ma bonne feuille. Votre attention! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance à la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude du projet de loi n° 9, Loi sur le
protecteur national de l'élève.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Allaire (Maskinongé) est remplacé par Mme Picard
(Soulanges); M. Chassin (Saint-Jérôme), par M. Provençal
(Beauce-Nord); M. Émond (Richelieu), par Mme Proulx
(Côte-du-Sud); Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), par M. Tremblay
(Dubuc); M. Lemieux (Saint-Jean), par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); Mme St-Pierre (Acadie), par Mme Charbonneau
(Mille-Îles); et Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Donc, lors de l'ajournement de nos travaux sur ce projet de loi, nous en étions
à l'étude d'un amendement de la députée de Mille-Îles à l'article 16.
Donc, est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement de Mme la députée de
Mille-Îles? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bonjour, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Bonjour.
Mme Rizqy : Vous semblez très heureuse.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Contente de vous retrouver.
Mme Rizqy : Ah! moi, je suis très
heureuse. On est contents d'être de retour ici pour le protecteur national de
l'élève.
Lorsqu'on
s'est quittés, il était question de formation,
puis on voulait savoir quels types de
formations seraient offertes et on s'est dit qu'il fallait quand même préciser,
dans la loi, celles qui nous apparaissaient évidentes, là, que c'était le seuil
minimum, là, donc, notamment, violences à caractère sexuel, réalités des
Premières Nations et des Inuits.
D'ailleurs, nous-mêmes, les élus et ainsi que
nos employés, suivrons la semaine prochaine, le 18 mai, une formation,
obligatoire pour tout le monde en même temps, et... de racisme et de
discrimination. Alors, je suis prête à entendre
le ministre et j'espère qu'il va accueillir favorablement cet amendement-là,
comme ça on peut passer au suivant.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bonjour, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Bon
matin.
• (9 h 50) •
M. Roberge : Moi aussi, je veux
saluer les collègues des deux côtés puis les gens qui nous accompagnent pour
nous aider. Donc, oui, on est contents de travailler sur le protecteur de
l'élève. On avait déjà fait une partie du débat là-dessus.
Il faut voir
que l'article 16, qu'on veut modifier, dit que le protecteur national de
l'élève fait plusieurs choses. J'arrive
au troisième paragraphe, on dit : «Il veille à ce que les protecteurs
régionaux de l'élève reçoivent la formation pertinente à l'exercice de
leurs fonctions.» Donc, c'est général.
Sachant que ça peut être très large, sachant
qu'au fil des années on pourrait avoir des problématiques qui surviennent,
qu'on n'anticipe pas, qui deviennent plus importantes, moins importantes à
l'échelle nationale parce qu'il arrive qu'on s'éveille à une problématique, ou
régionalement, je pense que tout est là. En réalité, là, tu dois donner la formation pertinente à l'exercice de
leurs fonctions. Je ne pense pas qu'on a à faire une liste de ce qui devrait
être là. La proposition n'est pas mauvaise,
là, on parle des violences à caractère sexuel, la réalité des Premières
Nations, des Inuits, le racisme, la discrimination. On pourrait mettre
les enjeux de transport, on pourrait mettre les élèves qui ont un trouble du
spectre de l'autisme, on pourrait parler de la réalité des nouvelles familles
avec les gardes partagées, parce que ça aussi, ça a des impacts, notamment sur
le consentement, pas consentement, les services professionnels. On pourrait
avoir une formation sur le cadre juridique parce qu'évidemment... tu sais...
Je pense qu'avec... quand
on dit «formation pertinente», on couvre assez large. Et je pense qu'il y aura
des formations, sans doute, sur les mots qui sont listés dans l'amendement, on
n'a pas besoin de complexifier la chose puis de mettre des choses dans une
liste sachant qu'on va en oublier de toute manière.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre.
J'ai... Ça va, Mme la députée de Saint-Laurent? J'ai...
Mme Rizqy : Non. Bien, je ne
sais pas si vous voulez intervenir, mais, sinon, j'allais intervenir, mais il
n'y a pas de problème.
La
Présidente (Mme Guillemette) : J'ai la députée de
Sherbrooke qui voulait intervenir sur le sujet également.
Mme Labrie : Oui, bien, merci.
Vous savez, nos travaux ont été interrompus quelques semaines, donc je pense
que j'avais perdu le fil. Quand j'ai vu ça à l'écran, j'ai naïvement pensé que
c'était un amendement du gouvernement puis je me suis dit : Ah! mon Dieu,
quel temps on va sauver avec cet amendement-là qu'il nous amène ce matin. J'ai
vraiment accueilli ça comme une bonne nouvelle. J'étale ma naïveté au grand jour,
là, je me trouve ridicule moi-même d'avoir pensé ça avec la réponse qu'on vient
d'entendre, mais c'est ce que j'ai pensé. J'ai lu ça, puis je me suis
dit : Enfin, ils ont compris quelque chose. Et là, finalement, cruel
retour à la réalité, c'était un amendement de ma collègue la députée de
Mille-Îles, que j'appuie, évidemment. Mais je trouve ça dommage parce que, si
ça avait été, effectivement, un amendement du gouvernement ou, en tout cas,
s'il s'engageait à l'appuyer, on se sauverait un temps considérable.
La comparaison que le ministre vient de faire
n'a juste aucun sens, là. Ici, ce qui est énuméré, ce sont des...
M. Roberge : ...
Mme Labrie : Écoutez, là — c'est
parce que je l'entends rire — ce sont des sujets qui peuvent causer des
nouveaux traumas aux victimes. Il y a plein d'enjeux, là, sur lesquels vont
travailler les protecteurs de l'élève, mais ce n'est pas vrai qu'une famille
qui fait affaire avec un protecteur de l'élève qui n'a pas reçu spécifiquement
une formation sur le transport scolaire s'expose à un nouveau trauma, alors que
les violences sexuelles, les enjeux des Premières Nations, le racisme,
discrimination, c'est le cas, c'est documenté, on le sait très bien puis on
sait même que la revictimisation est parfois
pire que les premiers événements, c'est ce qui est nommé par les victimes,
c'est documenté.
Donc, moi, de me faire mettre dans le même
panier que tout autre type de formation sur les autres sujets que vont devoir
aborder les protecteurs de l'élève, ce n'est pas quelque chose que je peux
accepter. On a documenté ici, comme société, puis on est même un chef de file
pour documenter ce type d'enjeux là à travers le monde. On l'a documenté que,
la revictimisation, ça entraînait des traumas importants qui peuvent parfois être
pires pour le rétablissement des victimes
que le trauma initial de la violence sexuelle ou du racisme subi par, par
exemple, des membres des Premières Nations.
Donc, je ne peux pas accepter qu'on mette sur un
même pied d'égalité puis de dire : Ah! si on commence cette liste-là, il
faudrait tout mettre. La liste ici, qui est proposée par ma collègue, elle
inclut un «notamment», elle met l'accent sur les sujets principaux dont on sait
qu'ils peuvent causer des traumas si la personne qui s'en occupe n'est pas formée adéquatement. Puis, je vous
dirais en plus que, là, le ministre a apporté... a déposé plusieurs amendements
pour donner des pouvoirs spécifiques aux protecteurs de l'élève en matière de violence
sexuelle. C'est d'autant plus important de venir s'assurer qu'ils vont l'avoir
eue, cette formation-là. Autrement, j'y vois un danger, moi, de revictimiser
des personnes qui ont subi des choses qu'elles n'auraient jamais dû subir à
l'école. Donc, j'aimerais vraiment qu'on traite cette proposition-là avec
sérieux du côté du gouvernement, qu'on considère tout le temps qu'on va pouvoir
gagner, tous les écueils qu'on va pouvoir éviter aux victimes en inscrivant
dans la loi que ça prend ce type de formation.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
M. le ministre.
M. Roberge : Mais, écoutez, je ne
pense pas qu'il va avoir des formations sur ces enjeux-là, parce que c'est dans
la loi, parce que c'est une évidence que les formations doivent avoir lieu.
D'accord? C'est... On ne pourrait pas former des équipes puis former des
protecteurs de l'élève sans former les gens sur les violences à caractère
sexuel, d'autant plus qu'on a déposé une liasse d'amendements, je pense qu'il y
a 30 amendements qui s'intéressent à cette question-là. Donc, ça ne marcherait
pas. Mais je vais y consentir puis on va le passer, on va l'accepter.
Mme Rizqy : Parfait!
M. Roberge : Parce que, je veux
dire, sincèrement, je ne pense pas que ça vient protéger parce qu'il l'aurait
de toute manière, mais, écoutez, comme je n'y vois non plus pas d'inconvénient
ou de danger, je veux dire. Bien, écoutez, allons-y.
Mme Rizqy : Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui.
Mme
Rizqy : Un, je vais dire merci, merci à ma collègue de Sherbrooke,
avec un vrai plaidoyer qui venait du coeur.
Puis je vais vous dire, M. le ministre, merci, sincèrement. Puis vous savez
pourquoi que les mots comptent? Quand qu'on s'est levés en Chambre, nous
tous, pour faire la formation pour les Premières Nations, on s'est engagés puis, aujourd'hui, on la suit, cette formation,
mais avant on ne la suivait pas, puis c'est là qu'on voit que le pouvoir des
mots puis de l'engagement fait une
différence. Alors, très contente, ça commence bien nos travaux, je trouve, ce
matin. Hé!
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Je
ne reviens pas sur ma parole, simplement sur la formulation ou les choses comme
ça, bien, on me signale à ma droite qu'on pourrait peut-être suspendre un
instant pour trouver la meilleure façon de l'écrire, avec l'aide des légistes,
là.
Mme Rizqy : Toujours.
Merci.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci. Donc, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 10)
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
nous reprenons les travaux. J'aurais besoin du consentement pour retirer
l'amendement de Mme la députée de Mille-Îles.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Consentement.
M. le ministre, pouvez-vous nous présenter l'amendement, s'il vous
plaît?
M. Roberge :
Oui. Donc, voilà. Après discussion avec les collègues et le support des
équipes ici, on propose un amendement à l'article 16 : Insérer, à la
fin du troisième alinéa de l'article 16, ce qui suit : «, notamment
sur le racisme et la discrimination, sur la réalité des autochtones et sur les
violences à caractère sexuel ainsi que sur toute matière que le ministre
détermine.».
Donc, on a quand même
une liste qui, je pense, rallie tout le monde autour de la table et on ouvre en
fonction d'autres sujets qui pourraient, au fil des années, à mesure que le
protecteur de l'élève fait son travail, démontrer à être plus sensibles, parce
qu'il arrive une nouvelle problématique dans la société québécoise, où on
recense qu'il y a beaucoup, supposons, de cas qui portent sur une matière
précise, bon, on s'assurait que la formation les inclue et les couvre.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. Des commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Je tiens à dire au micro à quel point j'apprécie que le ministre ait
cheminé sur ce sujet-là puis qu'il décide d'inclure cet amendement-là. J'ai en
tête les témoignages de... des jeunes qui ont vécu du racisme, qui ont vécu des
violences sexuelles dans nos écoles, qui sont venus témoigner en commission
parlementaire pour nous dire à quel point
ils avaient besoin d'un amendement dans le projet de loi qui allait prévoir
spécifiquement des formations là-dessus pour éviter d'être... de...
d'être... de subir un nouveau trauma lorsqu'ils utilisent les mécanismes de
plaintes et qu'ils font affaire avec une personne qui n'est pas sensibilisée à
ces enjeux. Donc, je sais que ça répond à une de leurs demandes. Je suis vraiment contente de voir que le ministre se
soit rangé à nos arguments et puis que ces jeunes-là ont été entendus.
Merci.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions
sur l'amendement? Donc, je vais mettre aux voix l'amendement. Est-ce que cet
amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Labrie :
Dans l'enthousiasme général.
La Présidente (Mme Guillemette) : Donc,
comme l'amendement a été adopté, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 16 amendé? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je m'en vais au dernier article...
pardon, dernier paragraphe de l'article. Première partie, c'est correct :
«Enfin, le protecteur national de l'élève apporte son soutien au protecteur
régional qui le requiert...» Ça, c'est la première partie. C'est la dernière
phrase que j'ai des interrogations : «Il examine aussi les plaintes
lorsque les protecteurs régionaux jugent opportun de formuler des
recommandations.»
Voici mes recommandations,
je vais dire, en liasse. Moi, c'est parce que je suis pas mal certaine qu'il
risque d'y avoir plusieurs recommandations qui vont être... qui vont émerger
des protecteurs régionaux. Puis on se rappelle, là, les recommandations ne sont
même pas exécutoires, c'est juste des recommandations, avec le poids que ça apporte, évidemment, moral. Mais, première
interrogation, donc, un protecteur régional doit, à partir de cette phrase-là, à
ma compréhension, se tourner vers le protecteur national pour formuler une
recommandation. Un, j'ai l'impression que ça va ralentir le processus. Deux, je
me pose la question sur l'indépendance du protecteur régional, parce qu'il est
un petit peu, à ce moment-là, sous le protecteur national. Qu'est-ce qu'il
arrive si le protecteur national n'est pas en
accord avec cette recommandation? Est-ce qu'il a quand même le droit de
l'écrire, cette recommandation, si dans sa communauté, au niveau de sa région, ça s'applique, mais peut-être que ça
ne s'applique pas à la grandeur du Québec? Moi, j'ai... là-dessus, j'ai... La
formulation me tique. Je pense qu'ici on a un enjeu d'indépendance pour le
protecteur régional s'il doit, à
chaque fois, se tourner vers le protecteur national avant de pouvoir formuler
une recommandation, à moins que le
ministre veut me rassurer ou qu'il y ait quelque chose que j'ai mal compris
dans la lecture de cette phrase.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre.
M. Roberge : Oui. En fait,
l'article 16 doit être écrit comme ça à cause de l'article 38, qui va
dans ce sens-là. On en a parlé déjà, mais on
a quand même suspendu les travaux un certain temps à cause de l'étude des
crédits, ça fait que c'est... On s'y
replonge, là. Mais c'est prévu que, puis je vais le lire, à l'article 38,
ça va être encore plus clair, là :
«Dans le cas où le protecteur régional de
l'élève juge opportun de formuler des recommandations, il transmet ses
conclusions et ses recommandations ainsi que les renseignements qu'il détient
relatifs à la plainte au protecteur national
de l'élève — donc, c'est prévu comme ça. Le protecteur national
de l'élève dispose alors d'un délai de cinq jours ouvrables pour
informer le protecteur régional de l'élève de son intention d'examiner la
plainte».
Après ça, on
dit : Bien, s'il décide de l'examiner, il a 10 jours pour voir s'il
veut substituer une recommandation plutôt qu'une autre. Tout ça est dans
le principe d'avoir une institution nationale qui se tient, une cohérence entre
deux plaintes très semblables, en deux territoires distincts, puis de ne pas
avoir des recommandations semblables.
Je comprends qu'il y a des réalités régionales,
c'est normal, il y a des réalités régionales, c'est... ça peut être différent, mais il y a aussi une question de transport.
Que ça se passe, là, à Montréal, ou à Québec, ou à Saint-Jérôme, hein, il y a une question que... que... Deux
parents n'habitant pas à la même adresse, est-ce que les deux peuvent avoir le transport, ne peuvent pas avoir le transport?
Il y a beaucoup, beaucoup d'exemples où, en réalité, il n'y aurait pas de
raison d'avoir une dissonance entre des recommandations différentes.
Le but, c'est
d'avoir une cohérence. Des fois, j'ai utilisé le terme «jurisprudence», ce
n'est pas exact, mais on peut penser
à une jurisprudence comme une allégorie, c'est-à-dire que deux juges, devant
des situations semblables — évidemment, ce n'est pas le
même cas, mais très, très, très semblable — bien, doivent se fier à des jugements précédents
pour avoir une cohérence. Donc, c'est un peu le même principe qui
prévaut puis c'est pour ça que le protecteur national dispose de cinq jours pour s'en saisir. Donc, il la
survole; s'il n'y a pas d'enjeu, bien, voilà, ça continue. Et, s'il y a des
enjeux, bien, il peut... il peut s'en
saisir. C'était prévu dès le départ. Ça avait été souligné aussi lors des
consultations particulières.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je me rappelle qu'on
avait lu l'article 38, on ne l'a pas utilisé, par contre, mais, lorsqu'on
en a discuté, c'était clair que les délais
mentionnés, c'était pour informer à chaque fois. C'était donc cinq jours pour
vous informer qu'on se saisit de la demande. Par exemple, ici, dans le
cas qui nous occupe, d'une demande de vouloir formuler une recommandation, le
protecteur national a cinq jours pour informer le protecteur régional de son
intention d'examiner la plainte. Par la suite, oui, il y a un délai de
10 jours pour terminer l'examen et substituer, s'il le juge opportun, ses recommandations. Puis, dans tous les cas, il y a
toujours : «Si le traitement de la plainte n'est pas terminé dans un délai
de 25 jours ouvrables suivant [la]
réception», le protecteur régional, à ce moment-là, lui, informe le plaignant
que le délai n'est pas de 25 jours, que ça va se continuer.
Mais, si moi, je reviens à l'article 16, on
écrit, en ce moment, un nouveau cadre légal. C'est ça qu'on fait présentement.
Puis, moi, il m'appert, à ce stade-ci, assez évident qu'il risque d'y avoir ce
qu'on... puis on va prendre le comparable de jurisprudence, et je vais prendre
aussi le comparable que ça soit un arbitre de griefs en première instance
versus un arbitre de griefs de deuxième instance ou la Cour supérieure versus
la Cour d'appel, la Cour d'appel étant le protecteur national... Puis
l'arbitre, évidemment, l'arbitre de deuxième instance qui regarde en appel sera
celui qui, dans mon exposé, ressemble plus au protecteur national de l'élève. À
tout le moins, lorsqu'on crée quelque chose de nouveau, on veut justement avoir
différents courants, parce qu'il n'y a personne, à ce stade-ci, qui sait c'est
quoi, le futur. Alors, ça se peut qu'il peut y avoir des nouveaux dossiers,
mais, si on donne déjà, d'ores et déjà, au protecteur national le droit de pouvoir
formuler les... d'avoir, en fait, un veto — c'est ça qu'on est en train
de créer en ce moment, on lui donne un veto de pouvoir, oui ou non, décider de
la nature des recommandations — on vient substituer le jugement du
protecteur régional par celui du protecteur national qui, lui, en haut de sa
pyramide, croit que c'est ça qui devrait être le meilleur pour tout le monde.
Or, un des avantages qu'on a d'un protecteur régional, c'est qu'il doit être
collé sur la réalité de son environnement et les particularités de sa région.
Moi, je crois qu'en début de... lorsqu'on crée
quelque chose d'aussi nouveau que ça, je pense qu'on devrait enlever cette
phrase-là, laisser les protecteurs régionaux, selon leur bon jugement, formuler
leurs recommandations. Je pense, c'est ça qu'on devrait faire. Et évidemment, à
la fin, là, il y aura toujours le... en appel, là, le protecteur national, s'il
veut renverser un courant, entre guillemets, jurisprudentiel établi par les
protecteurs régionaux, il pourra le faire. Mais je pense
que, quand on débute quelque chose de nouveau, il faut s'assurer d'avoir cette
indépendance de jugement, qui devrait relever des protecteurs régionaux, qui
sont plus collés sur la réalité de leur région que le protecteur national qui
siège en appel, et, là-dedans, c'est même en appel définitif qu'il siège, là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre.
• (10 h 20) •
M. Roberge : Oui. Bien, on fait... on fait des allégories, là,
ça nous aide à comprendre le terme «jurisprudence», le terme «appel», mais, par contre, le terme
«appel» est peut-être moins à propos dans ce cas-ci, parce qu'un plaignant
ne pourrait pas, supposons, étant insatisfait du traitement de la plainte au
protecteur régional, aller en appel au protecteur national parce que...
Dans le fond, il y a
trois étapes, il y a toujours eu trois étapes pour le plaignant. En fait, on
souhaite qu'il y en ait juste... on souhaite qu'il n'y en ait pas, de plainte,
mais, s'il y en a une, on souhaite que ça se règle directement à l'école. Ça,
ce serait le un. Ensuite, à l'instance supérieure, ce serait le centre de
services scolaire. Et, si le plaignant est toujours insatisfait, au protecteur
de l'élève... Je dis «protecteur de l'élève», je ne dis pas «le protecteur
régional versus le protecteur national», parce que c'est... Dans le fond, tout
ça, là, c'est le protecteur de l'élève. Lui, le parent, traite avec le
protecteur régional, mais, en réalité, c'est une institution, là, le protecteur
régional, national, c'est l'institution du protecteur de l'élève, c'est une
seule et même étape. Il n'y a pas la quatrième étape où, là, étant insatisfait
de la décision du protecteur régional, bien là tu vas au protecteur national,
puis là tu repars un autre délai. Ce n'est pas ça, parce que les deux, en
réalité, font partie d'une seule et même mission qui ne se contredit pas. Parce
que le protecteur régional reçoit toute l'information, fait l'analyse, peut
faire enquête — en
tout cas, il a des pouvoirs très, très
grands, on le verra dans d'autres articles — envoie,
s'il pense vraiment qu'il y a une recommandation à faire, envoie toute
la documentation au protecteur national, qui en fait la lecture. Et
normalement, vraisemblablement, il ne se passe rien, tout est... ça s'applique
tout simplement, mais il peut s'en saisir, et, à ce moment-là, c'est le
protecteur national qui viendrait discuter avec le protecteur régional puis
peut-être même modifier une recommandation. Et, si ce n'est pas... ce n'est pas
un amendement, là, qu'on a déposé, le projet de loi, il était comme ça dès le
dépôt, c'est ça qu'on a étudié en... en auditions particulières, je me souviens
de l'avoir mentionné à quelques reprises.
Donc,
l'article 16, ici, fait référence à l'article 38 où on détaille
cette... cette mécanique-là et cette séquence-là. Et l'idée, c'est
d'avoir une... une cohérence, tout simplement, institutionnelle.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : En
aucun temps un parent ne pourrait faire appel en... au protecteur national?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Allez-y.
M. Roberge : Lorsque tu fais appel au protecteur de l'élève, tu
fais appel à l'institution du protecteur de l'élève, ce n'est pas
protecteur régional puis, après ça, protecteur national. Donc, la réponse,
c'est non, parce que, depuis le début, on
dit que c'est... il y a trois étapes ultimement, et, je le répète, on ne veut
pas que ça soit trois, parce que, chaque fois, c'est plus long, mais on veut
garder ça très, très court. Donc, il n'y a pas un quatrième, un quatrième
étage, là, en faisant : école,
centre de services, protecteur régional, protecteur national. Quand tu vas au
protecteur, tu vas au protecteur.
Mme Rizqy : Ça, je comprends, mais est-ce que... Si jamais on
n'est pas satisfait du protecteur régional, est-ce qu'il y a possibilité
de monter plus haut?
M. Roberge : Non,
parce que la recommandation qui sera émise par le protecteur de l'élève aura
été préalablement validée par le protecteur national, de toute manière. C'est
un peu comme si... je reprends l'allégorie... toujours... toujours des failles
dans une allégorie, mais, des fois, ça vulgarise, là, c'est comme si d'office,
toutes les décisions des tribunaux étaient
préalablement validées par la Cour
suprême du Canada. Donc, quand tu
reçois ton jugement, tu ne dis
pas : Je vais aller à la Cour
suprême. C'est déjà validé par la Cour suprême, qui s'est déjà penchée sur la question. Donc, voilà.
Mme Rizqy : Je
m'excuse, mais moi, depuis le début, ma compréhension... puis même qu'on avait
fait un amendement au début parce qu'on avait l'impression qu'il siégeait en
appel de la décision du régional puis... à moins que ce soit dans les articles précédents puis que j'ai manqué quelque
chose, là, ma compréhension est qu'on pouvait aller... le parent pouvait
quand même monter jusqu'au protecteur national de l'élève.
Alors, je ne sais pas
si on peut faire... je veux juste relire les articles précédents, là, mais
j'avais... Si on peut suspendre deux
minutes, je veux juste relire correctement certains articles, là, parce que
j'étais convaincue. À moins que...
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la députée de Mille-Îles avait une intervention, je crois. Avez-vous une
intervention pendant que votre collègue cherche?
Mme
Charbonneau : Bien oui, mais, si la suspension peut aider, moi, je
n'ai pas de souci avec ça, là.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Pendant que votre collègue cherche, vous pouvez faire votre intervention, Mme
la députée.
Mme Charbonneau : Bien,
je suis à la même place que ma collègue. Je vous dirais que, quand j'ai eu le
plaisir de lire le document puis quand le ministre nous a annoncé qu'il
déposait des amendements d'avance, je pensais
y retrouver le 16, pour les deux raisons : la première, le premier
amendement qu'on a fait tantôt; la deuxième, pour le soutien. Et de la façon
que la phrase se lisait, que ma collègue a soumis : «Il examine aussi les
plaintes lorsque [le protecteur régional juge] opportun de formuler des
recommandations», j'y voyais, là, un dédoublement.
Là, je comprends, dans la philosophie du
document, puis on le comprend aujourd'hui, là, parce qu'au départ ce n'est pas
ça qu'on comprenait, que le national n'aura pas... n'aura pas un retour sur une
recommandation qu'un régional aura faite. Puis... puis il y a une partie de là
où je me sens un peu rassurée parce que je me dis : Le national est
tellement loin des régions que c'est difficile pour lui de comprendre le
rationnel, peut-être, de la recommandation du régional.
Mais, en même temps, pour avoir eu à faire...
des situations, des rencontres avec des parents qui, en bout de ligne — puis
je vous regarde, Mme la Présidente, puis je suis sûre que vous allez être
d'accord avec moi — se
ramassent quelques fois dans le bureau de la députée parce qu'il n'est pas
content de ce qu'il y a eu comme retour du régional... Parce qu'en ce moment on
n'a que des protecteurs de l'élève régionaux, qui ne sont pas partout, dans
toutes les institutions, là, mais qui gèrent une partie ou qui reçoivent une
partie des plaintes des centres scolaires ou des commissions scolaires. Bien,
de les avoir devant moi, dans mon bureau de comté, de les entendre puis
dire : Bien, c'est vrai que ton protecteur de l'élève a fait une
recommandation, puis ce n'était qu'une recommandation, il n'y a rien qui a
changé à la situation, le parent se sent un peu démuni, un peu abusé parce
qu'il a raconté à l'école, après ça, bien, il a pris son petit bagage, il a
raconté au centre scolaire à quelqu'un qui est attitré aux plaintes et à
l'écoute, puis finalement, bien, la recommandation qui lui a été faite,
c'est : Écris au protecteur de l'élève ou on va te donner rendez-vous avec
protecteur de l'élève, puis finalement le parent... les parents ne sont pas
satisfaits, donc se ramassent dans le bureau du député. Puis je vous dirais
que, probablement, comme la plupart d'entre nous, moi, je suis bien populaire
là-dessus, je ne sais pas pourquoi, là. Des fois, ils rentrent même dans mon bureau
en me disant : Bonjour, Mme la présidente, mais sachant fort bien que ça
fait bien longtemps que je ne joue plus ce rôle-là.
Mais le rôle qu'on y voyait pour le provincial,
pour porter un regard sur le régional, on se disait : Bien, probablement
qu'il va faire un registre des plaintes qui sont soulevées pour pouvoir
soumettre au ministre quelque chose qui revient avec récurrence, mais ça
faisait comme... puis je trouve que votre exemple est bon, c'était comme la cour des dernières instances. Le provincial,
c'est celui où il va y avoir, peut-être, au moment où il va accepter d'accueillir
des gens, quelque chose d'exceptionnel, où, là, peut-être qu'on va faire appel
à vous, pas pour une recommandation, mais
pour une décision du ministre, parce que ce sera une situation qui sera, je
vais dire, exceptionnelle, je pourrais dire terrible, pourrie,
inacceptable, mais je vais juste dire exceptionnelle parce que ça existe
des situations exceptionnelles.
Donc, oui à l'indépendance du régional, mais,
nécessairement... Puis ce n'est pas parce que je veux rajouter des étapes. Je
suis de celles qui pensent qu'il y a déjà une étape de trop. Je pense que les
parents ne devraient pas être obligés de confronter l'école, ça le met en
situation fragile, ils devraieht aller directement au centre de services. Mais,
un coup que je vous ai dit ça, on arrivera plus tard, là, à... aux étapes à
suivre, mais avec la même phrase où je vous dis que le régional doit maintenir
son autonomie, je vous dirais que le provincial doit avoir un regard
exceptionnel sur une situation qu'on ne veut pas voir répétée où, plutôt que de
faire une recommandation, on veut voir le provincial dire... le national, pas
le provincial, mais le national dire au ministre : Ce n'est pas... ce
n'est pas une recommandation que je veux faire, j'aimerais, M. le ministre, que
vous posiez un geste direct dans ce centre de services là ou dans cette
situation-là parce que ça concerne votre collègue qui est à la Sécurité
publique, parce que ça concerne votre collègue au secrétariat des... des
communautés autochtones, parce que ça va plus loin que juste une
recommandation.
Donc, dans cette perspective-là, il y a
l'autonomie du régional, mais il y a aussi la grande écoute et la recommandation du national pour le ministre. Donc,
c'est pour ça que le dernier paragraphe, à la dernière phrase, il y avait
quelque chose qui nous titillait. Mais je pense que, à ce moment-ci, Mme la
Présidente, non seulement le café est arrivé, ce qui va me faire un grand
plaisir de recevoir, mais je pense que ma collègue, elle peut reprendre la
parole.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée de Mille-Îles. Je pense que, Mme la députée de Saint-Laurent,
vous avez trouvé ce que vous cherchiez.
Mme Rizqy : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Donc, finalement, j'ai trouvé, je pense, le vrai terme pour le protecteur national de l'élève. Pour revenir à nos
analogies juridiques, c'est en fait un juge en chef/juge coordonnateur,
en d'autres mots, parce qu'il n'est pas vraiment en appel, puis, quand qu'on a
fait au... le début de nos travaux, je ne sais pas si vous vous rappelez, mais
on parlait de première instance puis deuxième instance. Ici, c'est qu'au fond
il n'y a pas de rang de deuxième instance. Puis moi, je ne déteste pas l'idée
d'avoir un juge... pas un juge, un protecteur national de l'élève qui est en
appel d'une décision d'un juge régional, parce que, justement, il y a l'aperçu
global du Québec, et ça nous permet... Parce que, là, on crée une instance
nouvelle, là, qui n'existe pas, là, alors, tant qu'à créer quelque chose de
nouveau, faisons-le correctement.
• (10 h 30) •
Ma perspective, c'est que c'est bien d'avoir les
protecteurs régionaux. Chacun regarde ce qui se passe dans sa cour, dans son
environnement, avec ses réalités. Protecteur national, c'est que, si jamais,
après qu'on instaure le tout, là, cette
nouvelle instance, on voit qu'ici et là il y a des réalités, parfait, que, si,
par exemple, plus tard, on devrait avoir une instance en appel, il me
semble, dans ma tête, c'est le protecteur national. Et c'est pour ça que
j'essaie de voir avec vous est-ce qu'il y aurait une ouverture, parce que je
crois que ça serait pertinent d'en avoir un. Parce que, si c'est juste un protecteur... Le protecteur
national de l'élève est en fait un juge en chef coordonnateur, là, tu sais,
c'est quoi, c'est... J'essaie de voir, au fond, parce que c'est lui...
c'est lui qui est nommé, c'est lui qui le... la... on va dire le plus haut, c'est le plus haut gradé dans cette
instance. On s'entend là-dessus. Il me semble qu'il devrait aussi avoir cette fonction-là
d'être en appel si jamais on devait avoir différents courants, de dire :
Bien, voici, c'est tranché. Comment que ça va être fait, là, je réfléchis avec
vous, M. le ministre, là, ce matin, là.
M.
Roberge : Oui. Juste revenir sur le fait que c'est... c'est
comme ça depuis le début, puis il y a un graphique sur... on peut le
trouver, là, sur Québec.ca, si on va sur Québec.ca, protecteur de l'élève. Bon,
voilà, c'est ça.
Une voix : ...
M.
Roberge : Non, mais c'est
très bien. D'habitude, elle montre ses propres graphiques, maintenant elle
recycle les miens. Elle montre à
l'écran une infographie du gouvernement. C'est formidable. Mais j'ai appris
d'elle parce que, dans les crédits, j'avais pas mal de graphiques.
Mme Rizqy : Non, mais honnêtement,
je trouve que, là-dessus, vos tableaux, bravo!
M. Roberge : Merci.
Mme Rizqy : Mais je suis contente de
vous avoir inspiré. Mais avouez que c'est pratique, les tableaux puis les
graphiques.
M. Roberge : Mais... Et la manière
que les tables sont faites, on chemine puis finalement on se rapproche. C'est
beau de même. Mais ça date du mois d'octobre 2021, puis on voit, justement, sur
le graphique, premièrement, traitement des plaintes : 10 jours
ouvrables, directement à l'école. Traitement des plaintes, malheureusement, si
ça ne fonctionne pas : 15 jours ouvrables au centre de services
scolaire. Puis après ça, ça s'appelle recours final, et là c'est écrit numéro
trois puis ça englobe le protecteur régional, élève, protecteur national,
élève, ça dit traitement de la plainte : 20 jours ouvrables. On est
rendus en troisième instance. Transmission des conclusions et recommandations, le cas échéant, aux plaignants ainsi qu'au centre
de services scolaire, à l'établissement d'enseignement privé, s'il le faut.
Et il y a aussi prise de décision d'examen de la plainte : cinq jours
ouvrables.
Donc, le
protecteur national reçoit copie de la plainte avant qu'elle ne soit acheminée
aux parents, il a cinq jours pour dire : Est ce que je décide de
réexaminer, de jeter un deuxième regard ou, à sa face même, en voyant la
recommandation, c'est tout à fait cohérent avec les informations et les
formations, avec d'autres qui arrivent d'autres régions, puis, avec notre
historique, on laisse aller?
Et, si, dans un délai de cinq jours ouvrables,
le protecteur national décide de se saisir de la plainte, de la regarder, bien
là il a 10 jours pour dire : Bien, finalement, après analyse, tout
est parfait, on ne touche pas. Ou alors la modifier, et ça devient la
recommandation du protecteur de l'élève. Parce que, je le répète, on parle de
protecteur national, protecteur régional, on est dans l'organigramme, mais
l'institution, ce n'est pas le protecteur national, ce n'est pas le protecteur
régional, c'est le protecteur de l'élève. Un peu comme le protecteur du
citoyen, il n'y a pas juste une personne qui
travaille dans la boîte, hein, on le sait bien, c'est incarné par une personne,
mais c'est une institution.
Mais tout ça étant, on pourrait... on pourrait
rajouter qu'il y a une possible quatrième instance puis, après ça, un appel au
ministre, puis, tu sais, je veux dire, on peut toujours en rajouter,
effectivement, un appel, puis un autre appel, puis une révision, puis une
dernière instance, je comprends, tu sais, mais, à la fin, il faut se souvenir
qu'une des critiques du système actuel, c'est les trop longs délais. Puis une
des demandes des parents quand ils sont venus, c'était : Écoutez, est-ce
qu'on peut réduire les délais qui sont là? Est-ce qu'on peut raccourcir le
nombre de jours? Donc, il faut prendre garde aussi, en voulant bien faire,
rajouter toujours une instance, bien, c'est sûr qu'on rajoute des jours avant
la conclusion finale puis la décision que le parent pourra aimer ou ne pas
aimer, parce qu'on ne peut pas présumer, là, de tout ça.
Ça fait que je pense que de la manière dont il
est conçu à ce moment-ci, c'est correct qu'il y ait une espèce de
révision-approbation directement par l'instance nationale avant d'envoyer aux
parents la recommandation et au réseau, là,
la recommandation, le cas échéant. Puis donc, ici, on arrive à
l'article 16 puis on en reparlera à l'article 38, mais je
pense qu'on a compris, là, l'affaire.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui. Moi, je comprends...
je veux juste vous laisser germer l'idée. La différence, c'est que le Protecteur
du citoyen n'a pas de protecteurs de citoyen régionaux. Puis, oui, les parents
veulent avoir des délais plus courts, puis je vous dirais que, dans le monde
juridique, tout le monde plaide pour avoir des délais beaucoup plus courts aussi, mais on n'a jamais plaidé pour
abolir la Cour d'appel ni la Cour
suprême, qui sont des instances en
appel, mais c'est dans le sens qu'on veut des délais plus courts, mais
c'est un ajout... c'est comme, au fond, un filet de protection de savoir qu'il
y ait quelqu'un qui siège au niveau national, qui a un regard qu'on appelle
macro, et ce regard macro, c'est une valeur ajoutée.
Et, à l'article 38... Puis on est un petit
peu obligés de lire 16 et 38 en même temps pour bien comprendre les rôles et
fonctions de chacun. Il faut savoir que le protecteur régional de l'élève ne
consulte que seulement lorsqu'il émet des
recommandations. Moi, je crois qu'évidemment il va avoir plusieurs
recommandations. Mais, s'il ne veut pas
consulter, il a juste à ne pas émettre de recommandations, mais juste de faire
les conclusions, là. Tu sais, on jouerait sur les mots, mais il pourrait
faire... Ça ne veut pas dire qu'à chaque fois que le protecteur national se
penche sur tous les dossiers il se penche seulement lorsqu'il y a des
recommandations.
Et là moi,
évidemment, vous savez ça, hein, j'ai le cerveau qui est comme un fiscaliste,
donc on pense toujours aux failles, nous autres, on trouve les trous. Alors,
quelqu'un qui veut trouver un trou va dire : Bien, moi, ça ne me tente pas
de demander une... ça ne me tente pas d'avoir le regard dans mon national, je
vais juste émettre une conclusion, c'est tout. On pourrait le faire de la façon
que c'est écrit.
Je vous laisse
cheminer. Je ne veux pas faire du temps là-dessus. Par contre, je crois qu'ici
on a une opportunité de s'assurer qu'on peut donner un niveau de protection
supplémentaire aux parents qui le souhaitent, hein? Parce qu'aller en appel ce
n'est pas obligatoire, là. On peut y aller si jamais on n'est pas satisfaits,
puis on regarde le protecteur national, qui, lui, à ce moment-là, regard macro
sur l'ensemble des dossiers du Québec et qui pourrait dire : Bien,
effectivement, ici, le protecteur régional a erré. Ça arrive, là. Il n'y a
aucun juge qui ne s'est jamais fait renverser, là. À moins que je me trompe,
mais je ne me rappelle pas d'avoir vu un juge de la Cour supérieure qui ne
s'est jamais fait renverser, jamais de sa vie. Il y en a qui ont une très bonne
cote, là, qui ont eu peut-être deux ou
trois... En fait, l'ami de mon père... l'ami de mon père, le père à mon ami, il y a
eu seulement trois fois qu'il a été
renversé dans sa vie, mais, bon, ça arrive. Mais ça, c'est une très bonne
moyenne au bâton. Mais, ceci étant dit, personne n'est à l'abri d'avoir
erré dans un jugement.
Alors, ce sera tout
de mon côté là-dessus pour mes commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre. Ou ça va? Pas d'autres
commentaires?
M. Roberge : Peut-être
un dernier commentaire sur le fait qu'on essaie de faire le meilleur projet de
loi, à ce moment-ci, avec les connaissances qu'on a du réseau. Mais on sait que
les lois sont ouvertes, et réouvertes, et ajustées. Puis il faut quand même
voir qu'à l'article 75, je pense qu'on appelle ça une clause
crépusculaire, là, on dit : Au plus tard cinq ans après la date d'entrée
en vigueur, le protecteur national doit faire un rapport. Puis là le rapport
doit contenir des recommandations visant l'amélioration du régime de traitement
des plaintes, une meilleure protection puis,
le cas échéant, mettre des modifications, peut-être, à la loi. Mais je pense
qu'on peut raisonnablement penser que le régime, en ce moment, est assez
bien conçu, donne suite aux recommandations de la Protectrice du citoyen, en
sachant que, dans cinq cas, ce sera réajusté au besoin. Puis, à ce moment-là,
si on se rend compte que, là, il faut
absolument avoir une quatrième instance, on le fera, mais, de prime abord, ce
n'est pas instinctivement, là, ce je que sens, là, qu'il faut en
rajouter.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le ministre. Oui, Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Je fais presque le signe
des scouts, Mme la Présidente. Puisque vous avez l'opportunité d'avoir des gens
alentour de vous qui puissent... qui peuvent nous guider assez rapidement, je
vous parlais d'un cas d'exception,
est-ce que, dans les articles plus loin, je vais retrouver un moment où le
protecteur national ou le protecteur régional peut faire appel à vous
pour une exception ou si, à tout moment, ça se passe qu'entre le protecteur
national et régional?
Et je vous reviens...
je reviens là-dessus, M. le ministre, parce qu'un petit peu plus tôt on a parlé
de la violence sexuelle, on a parlé du racisme, on a parlé de tout ce qui peut
se rattacher à des gestes qui sont, à tout égard, inacceptables. Donc, plutôt
qu'une recommandation qui vient d'un national et qui pourrait... parce que vous
avez cette force de parole auprès d'un
centre scolaire, ou d'une commission scolaire, ou d'une école privée, qui
dit : Ça, c'est venu à mon bureau, c'est inacceptable, je veux
qu'on pose des gestes. Parce qu'une recommandation ce n'est que : Je te
soumets que tu aurais dû mettre ce veston-là plutôt que ce veston-là. Mais, si
la parole vient du ministre, avec force, qui dit : Il est inacceptable
qu'il se passe tel événement. On prend, par exemple, un événement malheureux,
qui a été souligné par ma collègue de Saint-Laurent, d'activité qui s'est
passée dans une école de son comté, où, là, on...
Tu sais, ça a balancé un peu sur... Puis je pense que votre parole à vous, à
force de, je vais dire, force de frappe, là, mais vous avez une autorité
auprès des institutions qui pourrait faire en sorte qu'une situation ne
pourrait pas se se continuer parce que vous,
vous avez pris le téléphone, après la recommandation du protecteur de l'élève,
et on vous dit : Vous devez intervenir.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
on l'a, là. On parle de ce qui s'est passé à l'école Saint-Laurent et on
peut... le ministre peut décider de déclencher une enquête, il peut envoyer un
accompagnateur dans une école privée comme dans un centre de services scolaire,
il peut mettre en tutelle une institution, si jamais ça dérive, si on
l'échappe, s'il y a des problèmes institutionnels de gouvernance graves puis
surtout si les élèves en paient le prix. À ce moment-là, on ne se contentera
pas d'une... on ne se contentera pas de mettre ça dans la cour des parents en
disant : Bien, formulez vos plaintes, puis le protecteur va en disposer,
là. On l'a vu, là. Je veux dire, juste dans le gouvernement, ici, on est
intervenus auprès du centre de services scolaire Rives-du-Saguenay, English-Montréal,
centre de services scolaire de Montréal, une école privée, et j'en passe, là,
et des meilleurs, là. Donc, ce projet de loi là ne vient pas enlever la
responsabilité du gouvernement de voir au respect de la loi puis au respect des
droits des élèves, à certains égards, avec d'autres outils.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Ça va, Mme la
députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Oui. Juste brièvement, je pense que ma
collègue, qu'est-ce qu'elle voulait savoir, c'était plutôt : Est-ce
qu'il y avait une disposition si jamais il arrivait quelque chose, vraiment un
fait nouveau qu'on n'a jamais réfléchi, puis
là, à ce moment-là, le protecteur national de l'élève peut se tourner vers vous pour avoir
ça? Mais je comprends que, là, à ce stade-ci, on n'a pas encore ça
comme... il n'y a pas de disposition là-dessus dans la loi. C'est ça?
M. Roberge : Oui,
17. C'est ça. On y arrive, je pense.
Mme Rizqy : Ah
bon! Dans ce cas, allons-y.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Allons-y.
M. Roberge : À
17. Adoptons le 16 puis...
Mme Rizqy : Oui,
oui. O.K. Parfait. Faisons ça.
La Présidente (Mme Guillemette) : Voilà.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 16 amendé? Donc,
s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais mettre aux voix l'article 16
amendé. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) : L'article
16, amendé, étant adopté, M. le ministre, vous pouvez nous présenter
l'article 17.
M. Roberge : Donc, l'article 17 :
«Le protecteur national de l'élève donne son avis au ministre sur toute question
que celui-ci lui soumet.»
Il est prévu,
ailleurs dans la loi, que le protecteur de l'élève, annuellement, fait des
rapports puis... de manière pluriannuelle, en fait aussi de manière différente.
Mais ici on est dans... on sort du cadre. Et donc ce n'est pas juste à une échéance précise, c'est : Il
se passe quelque chose dans la société, il se passe quelque chose dans une école,
dans un centre de services scolaire, et le gouvernement, la classe politique
veut en savoir davantage, bien, on peut demander... le gouvernement peut donc
demander un rapport ou un avis au protecteur national.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le ministre.
M. Roberge : De la même manière, comme c'est possible, en
fait... là, la comparaison encore, ça se comparerait peut-être un peu à ce qui
se passe au Conseil supérieur de
l'éducation où le conseil génère des
avis, des réflexions, des rapports annuels, mais est aussi interpelé,
peut être interpelé par le ministre, qui dit : Outre vos rapports, vos
commissions, les sujets qui vous intéressent, on aimerait avoir un avis sur un
sujet précis, donné puis... Donc, on a un peu la même chose ici.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci.
Une voix :
On a un amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Des interventions? J'ai Mme la députée de
Sherbrooke qui m'a demandé la parole.
Mme Labrie : O.K.
Bien, moi, j'ai une question.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Oui, allez-y.
Mme Labrie : Bon,
le ministre peut demander son avis au protecteur national de l'élève. Est-ce
que le protecteur national de l'élève peut, de sa propre initiative, remettre
un avis au ministre sur une politique, par exemple, que le ministre
souhaiterait mettre en oeuvre, une décision qu'il prend? Est-ce qu'il peut le
faire de sa propre initiative ou il doit ne le faire que sur demande du
ministre?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Le
protecteur national, à chaque année, fait un rapport qui va être déposé à
l'Assemblée nationale, et donc il peut effectivement donner son avis sur tout
sujet.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la députée.
Mme Labrie : Bien,
le rapport est un... bon, c'est un rapport annuel, donc ça peut venir plusieurs
mois après des décisions qui ont été prises, par exemple. Je pense, par
exemple... là, il y a un chantier qui est en cours sur le financement des
services pour les élèves à besoins particuliers. Est-ce que, par exemple, sans
attendre de voir la fin de ce changement, si
le ministre, lui, de sa propre initiative, n'a pas demandé son avis au
protecteur de l'élève, est-ce que le
protecteur de l'élève peut envoyer son avis ou il est obligé d'attendre qu'il y
ait un rapport annuel pour pouvoir dire ce qu'il a à dire au ministre?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
M. le ministre.
M. Roberge : Non, il ne peut pas le
faire parce que le protecteur de l'élève, ce n'est pas un autre Conseil
supérieur de l'éducation. Le protecteur de l'élève est dans une dynamique de
traitement des plaintes, gestion des plaintes, accompagnement des plaignants,
puis on va le voir avec ce qu'on a rajouté par rapport aux violences sexuelles. Donc, il est comme, je dirais même,
parfois en service à des élèves qui peuvent être en difficulté, mais il est
dans, vraiment, une démarche d'intervention locale. Il reçoit des informations
des parents et, de toutes ces plaintes qu'il reçoit ou traite, sur lesquelles
il formule des recommandations ou pas, bien, il peut tirer une lecture, mais
c'est une lecture pas sur un événement mais sur... Après deux mois, trois mois,
six mois, habituellement, sur une année, il voit qu'il y a des tendances, qu'il
y a des enjeux, puis là il peut faire, dans son rapport annuel, des
recommandations.
Mais son rôle premier, c'est vraiment de
s'assurer qu'au quotidien, là, puis dans des délais très, très courts, là, il
est plus dans... de rassurer, de donner confiance puis de traiter les plaintes,
de s'assurer que ce qui se passe dans les écoles et les centres, ça se passe
bien puis que les parents ont rapidement réponse à leur problème quand il y en
a, tandis que, par exemple, le Conseil supérieur de l'éducation est plus macro, va s'alimenter de recherches,
d'interviews. Il y a directement du monde qui siège, qui sont des
enseignants, des enseignantes et des parents. Sans doute que le Conseil
supérieur va se nourrir des recommandations puis des rapports du protecteur
national de l'élève pour, après ça, à haut
vol, faire des recommandations sur les élèves HDAA, la réussite des garçons et
des filles, ce qui se passe au préscolaire, la formation
professionnelle, les programmes pédagogiques particuliers, tous des sujets qui
sont à haut vol, mais c'est des institutions distinctes qui ont des missions
distinctes.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Oui. Bien, je comprends
qu'il agit en général sur la base d'une plainte, mais, à un moment donné, le
protecteur de l'élève va développer une grande expertise sur les enjeux dans le
réseau de l'éducation. Il va accumuler un bagage de connaissances sur les
situations typiques de non-respect de droits des élèves. Il pourrait avoir un
avis pertinent à donner sur une foule de sujets qui concernent les droits des
élèves. Il pourrait voir venir, par exemple, qu'une décision ou un projet du
ministre puisse régler un problème existant dans le réseau ou envenimer un
problème existant dans le réseau. Il pourrait avoir quelque chose à dire
là-dessus. Puis là moi, je comprends qu'il va pouvoir le dire juste si le
ministre décide de le consulter. Il ne pourra pas, de sa propre initiative,
dire, par exemple : Ce que vous avez l'intention de faire, on voit que ça
va nuire à une problématique déjà existante, par exemple, ça risque de causer
tel problème.
Moi, j'aimerais voir une ouverture pour que
l'expertise du protecteur de l'élève, qu'il va développer au fil des mois puis
au fil des années, puisse servir à orienter le ministre dans la bonne
direction. Ultimement, tout le monde devrait partager le même objectif de mieux
respecter les droits des élèves. Ça fait que cette expertise-là... Le Conseil
supérieur de l'éducation a sa propre expertise, évidemment. Par contre, eux ne
gèrent pas des plaintes d'élèves, donc ce n'est pas eux qui veillent au respect
des droits des élèves au quotidien, contrairement au protecteur de l'élève. Ça
me semblerait pertinent que le protecteur de l'élève puisse, lui aussi, sans
avoir à attendre une fois à chaque fin
d'année pour émettre ses recommandations, qu'il puisse le faire tout au long de
l'année, au fur et à mesure qu'il peut se passer les choses.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Pas d'autres commentaires, M. le ministre? Pas d'autres commentaires? Donc, Mme
la députée de Saint-Laurent, vous avez un amendement à déposer?
Mme Rizqy : Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) : L'amendement
est déjà sur Greffier?
Mme Rizqy : Voulez-vous que je le
lise?
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Guillemette) : S'il
vous plaît. On va l'afficher à l'écran également. Donc, présentez-nous votre
amendement.
Mme Rizqy : Bien, en fait, c'est
comme si on faisait de la télépathie, parce qu'on a un amendement, parce que
nous autres aussi, on trouvait que c'était très unidirectionnel. Puis j'entends
les arguments du ministre, de dire que,
contrairement au Conseil supérieur de
l'éducation, il n'émet pas des... ce
n'est pas son rôle, mais, en même temps, à l'article 17, on lui
donne ce rôle uniquement sur demande du ministre. Alors, je crois que ça serait
pertinent que ça ne soit pas unidirectionnel et que ça soit bilatéral.
Alors, l'article 17
du projet de loi est modifié par l'ajout, à la suite du premier alinéa, des
alinéas suivants :
«Le protecteur national de l'élève peut, sous
forme d'avis ou de recommandation, saisir le ministre de toute question
relative à sa mission.
«Tous les avis du protecteur national de l'élève
sont transmis au ministre qui doit les rendre publics sur son site Internet
dans un délai de 30 jours», soit par souci de transparence.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée.
Mme Rizqy : Donc, je pense que ça
répond à l'enjeu soulevé par ma collègue. Et le pire, c'est qu'on ne s'est même
pas parlé, on ne s'est même pas parlé ce matin. Télépathie, je vous le dis.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme Rizqy : Avec plaisir.
La Présidente (Mme Guillemette) : Des
interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Bien, moi, je pense
qu'il y a une confusion des rôles ici, là. Je pense que le Conseil supérieur fait son travail. Le protecteur à un mandat qui
est différent. Ceci dit, il est loin d'être bâillonné, là. On est à l'article
17, où lorsque survient quelque chose ou dans le cadre de l'étude d'un
projet de loi, le ministre, le gouvernement peut demander son avis, mais, à
l'article 50, on dit bien : «Le protecteur national peut, dans le
cadre de son rapport annuel, formuler toute
recommandation à portée collective qu'il juge utile à l'égard des services
rendus par les centres de services
scolaires ou les établissements d'enseignement privés.» Donc... Puis, bon,
c'est... 49, juste avant, donne des détails, prépare à ça. 48, 49, on va
là. Puis, à 50, on a le rapport annuel. Je ne crois pas que, dans son rôle...
En tout cas,
ça a toujours l'air bien de dire : Bien là, quelqu'un peut contribuer,
tout le monde peut contribuer, tout le monde... mais il y a quand même
des... On se crée des institutions. Il ne faut pas... Ce n'est pas comme les
étages d'un millefeuille, là, plus qu'il y en a, mieux c'est bon. À un moment
donné, on est en finances publiques. On doit prendre soin du portefeuille des
gens, on doit viser l'efficacité. Je pense qu'il y a un mandat qui est
circonscrit. Protecteur de l'élève, c'est l'expert pour être... amener une
efficacité dans le traitement des plaintes, puis il va être consulté dans ce
contexte-là annuellement, va faire son rapport dans ce contexte-là. Mais d'en
faire un, je ne sais pas, un intervenant qui pourrait prendre position à
gauche, à droite, sur à peu près tous les thèmes, alors qu'il y a d'autres
institutions qui jouent ce rôle-là, pour moi, ce n'est pas à propos.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent, ensuite ce
sera Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : Vous savez, pour vrai,
là, le millefeuille est vraiment mon dessert préféré.
M. Roberge : Je ne suis pas surpris.
Mme Rizqy : Non, pour vrai. Je l'ai
même pris au... Toi aussi? Même la députée de Sherbrooke. Je pense que
Beauce-Sud aussi. On l'avait pris ensemble au Parlementaire, tu ne te
rappelles pas? Il était très bon.
Bien, ceci étant dit, le rapport annuel, c'est,
au fond, une forme de reddition de comptes. Puis c'est important que, si
l'article 17 donne ce pouvoir au ministre de pouvoir donner, en fait, en
quelque sorte, un droit de parole à quelqu'un qui chapeaute... Puis tantôt il
l'a bien exprimé, le ministre, lorsqu'on étudiait l'article 16 en
parallèle avec l'article 38. Il disait : Bien, au fond, il a un droit
de regard sur l'ensemble des plaintes du Québec qui touchent le réseau de
l'éducation. Il n'ira pas plaider à gauche puis à droite, il va rester sur sa
mission telle... écrite dans l'amendement — bien écrit, Florence. Merci.
Donc, sa mission. Donc, ça reste dans le champ de compétence de l'éducation.
Et, en plus de ça, on met ça, le délai de 30 jours. Puis, dans tous les
cas, moi, je pense que l'article 17, l'avis... Parce qu'en ce moment il
est écrit... le ministre demande l'opinion du protecteur national de l'élève.
Ici, il faudrait que ça soit quand même publié, là. Je pense que c'est un
minimum, la transparence. On est rendu là en 2022. On veut savoir c'est quoi, les avis des gens qui sont payés... Vous
faisiez référence aux deniers publics. Bien, justement, deniers publics
exigent transparence.
Alors, étant donné que je trouve que ma collègue
de Sherbrooke est vraiment bonne pour plaider les bonnes causes, je vais lui
céder la parole ce matin.
La Présidente (Mme Guillemette) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, effectivement, je
ne sais pas si ça a l'air d'un complot vu de l'extérieur, mais on ne s'est pas
parlé du tout de cet enjeu-là, ma collègue de Saint-Laurent et moi, mais je
partage ses préoccupations. Puis c'est
exactement ce que je plaidais tout à l'heure, là, je ne comprends pas pourquoi
ça irait dans un seul sens, pourquoi c'est à sens unique. Pourquoi,
quand le ministre le juge opportun, il pourrait consulter le protecteur de
l'élève, mais, si, à un moment donné, il l'oublie sur un sujet, pourquoi le
protecteur de l'élève ne pourrait pas dire : Bien, moi, j'ai quelque chose à dire là-dessus, c'est mon champ
d'expertise, j'ai de la documentation là-dessus, j'ai vu passer plusieurs dossiers qui relèvent de cette situation, j'aurais des
recommandations à formuler? Je ne vois pas pourquoi il faudrait attendre à la
fin de l'année, alors que peut-être l'étude... la période prévue pour étudier
un projet de règlement va être dépassée, la période pour étudier un projet de
loi va être dépassée. Les délais sont souvent bien plus courts que ça. Donc, s'il faut dire au protecteur de
l'élève : Bien, ton avis, on va le prendre juste une fois par année, à
part si on te le demande expressément, je ne comprends pas.
Ils vont
développer une expertise. Le ministre a nommé toute la confiance qu'il avait,
lui, envers le protecteur de l'élève. Il va le consulter lui-même, à
l'occasion, quand il va y penser, quand il va le juger pertinent. Mais
ça pourrait arriver, ça pourrait tout à fait arriver, avec toute l'expertise qu'ils vont avoir, les protecteurs de
l'élève, qu'eux jugent pertinent de s'exprimer sur une situation, puis
je ne vois pas pour quelle raison on les en empêcherait.
Puis le ministre a parlé d'utilisation des fonds
publics. Là, écoutez, je ne pense pas que ça va coûter bien, bien plus cher si
on donne le droit au protecteur de l'élève de s'exprimer sur des enjeux qui
touchent sa mission, c'est-à-dire le respect
des droits des élèves. Au contraire, il me semble que c'est une saine
utilisation des fonds publics que de demander des avis à des gens qui
deviennent des experts dans leur champ d'action.
Puis le champ d'action du Conseil supérieur de
l'éducation puis celui du protecteur de l'élève, pour moi, ce n'est pas le
même. On ne peut pas dire : Bien, comme le Conseil supérieur de
l'éducation peut déjà faire ça quand il le
juge opportun, on n'a pas besoin de donner ce droit-là au protecteur de
l'élève. Il ne gère aucune plainte, le Conseil
supérieur de l'éducation. Il ne gère pas des plaintes d'élèves, de familles, de
membres du personnel.
Donc, je pense que c'est se priver d'information
pertinente, finalement, que de refuser ou de dire au protecteur de l'élève
d'attendre jusqu'à la fin de l'année avant de formuler des recommandations. Il
me semble que ça va être ordinaire si le
ministre décide d'adopter une nouvelle réglementation, par exemple, sur, je ne
sais pas, les frais chargés aux parents pour la surveillance du dîner,
puis que, bon, tout ça se passe dans les délais prévus, quelques dizaines de
jours, puis qu'au final, des mois plus tard, là, dans le rapport annuel, le
protecteur de l'élève va nous dire qu'il
aurait eu des recommandations là-dessus, mais finalement, entre temps, le
règlement, là, il a été adopté puis il est en vigueur. Il va être un peu
tard.
Donc, moi, je
pense qu'il faudrait qu'ils puissent le faire chaque fois qu'ils vont le juger
opportun. Idéalement, le ministre y
penserait lui-même puis il le ferait systématiquement, mais, à défaut
d'inscrire ici que, systématiquement, le
ministre doit consulter le protecteur national de l'élève avant de faire des
choses, je pense qu'on doit au moins donner le droit au protecteur de
l'élève de le dire si lui le juge opportun.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, moi, je pense qu'on
erre ici dans la confusion des mandats des différentes institutions.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
D'autres commentaires? Non? Oui, allez-y, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Mais en quoi on mélange?
Parce que l'article 17 ouvre déjà là-dessus. C'est juste que c'est unidirectionnel dans le sens que, si
l'article 17 prévoit déjà qu'on peut demander son avis, avoir le revers de
la médaille, c'est juste à propos. Puis en plus c'est aussi la question
de la transparence des avis.
Puis ma collègue de Mille-Îles m'a donné un
autre argument supplémentaire, en plus, parce qu'avec un avis public un parent,
ça va aussi l'aiguiller. Une fois qu'on sait c'est quoi, la réponse, bien, les
gens vont dire : Ah! O.K., voici la réponse. Soit que je m'embarque, soit
que je ne m'embarque pas. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin. Ou l'école
aussi va dire : Ah! O.K., voici l'avis du protecteur national de l'élève.
L'école, là, partout au Québec, une fois que
tu as un avis qui est rendu public, l'école va dire : Bien, O.K., là,
c'est ça, la réponse du protecteur national, donc je vais l'appliquer
aussi de façon locale.
Puis un autre exemple qu'elle m'a donné, souvent
dans les municipalités, on essaie de trouver des initiatives locales, comment on peut aider les gens. Lorsqu'on
voit qu'il y a un problème, je ne sais pas — tu m'as donné encore un autre exemple — transport,
je vais dire : O.K., comment que je peux... Moi, comme municipalité, je
vois que ça revient beaucoup dans ma
localité. C'est un enjeu tellement important que c'est rendu au protecteur
national de l'élève. On va se concerter pour essayer de trouver une
autre solution, une autre voie de passage.
Moi, je le vois déjà que l'article 17 ouvre
et donne ce rôle-là. Une fois qu'on lui donne à 50 %, donnons à
100 %, aussi, ce rôle, et non pas de façon unidirectionnelle. Là, je vous
vois pensif, en plus.
M. Roberge : Bien, pour moi, c'est
bidirectionnel. Le protecteur fait son rapport annuellement, puis toutes les informations de ma collègue se retrouvent là.
Si, ponctuellement, on ne peut pas attendre, puis, au milieu de l'année, sur le
mandat spécifique du protecteur de l'élève, le gouvernement veut un avis
particulier, bien, il le demande au protecteur
de l'élève. Mais, à un moment donné, il faut que tu... Si tu essaies d'être bon
dans tout, tu vas être à peu près bon dans rien.
• (11 heures) •
Le protecteur de l'élève, il a un mandat, c'est
de superviser les protecteurs régionaux, c'est de s'assurer... il a même un pouvoir d'enquête, c'est de veiller au
respect des plans de lutte contre la violence, l'intimidation, notamment
les violences sexuelles. Il a un champ d'expertise très précis, puis c'est ça,
son rôle, là. Ce n'est pas de générer... de lire la revue de presse du matin,
dire : Ah! est-ce que je pourrais commenter ceci, générer un avis? Il me
semble qu'il y a eu... qu'il s'est passé quelque chose il y a trois mois. Puis
là tu canalises tes énergies là-dedans, tu prends des ressources
puis tu t'en vas là-dedans, alors que ce n'est pas ça, ce n'est pas ça, son
mandat spécifique. C'est le traitement des plaintes, c'est la satisfaction des
plaignants, donc des parents, c'est la protection des droits des élèves. Puis
il y a une porte ouverte à 17 pour dire : Si, au milieu de l'année, le
ministre, le gouvernement a besoin de son avis sur un sujet, on peut le faire.
Mais, sinon, c'est un rapport annuel, puis il se concentre sur son mandat,
qu'il doit bien faire.
Ça fait qu'il faut
toujours partir... Tu sais, il ne faut pas trouver des solutions à des
problèmes qui n'existent pas, là. Les problèmes, ils ont été nommés très
clairement en 2017. Il y a eu unanimité là-dessus. La Protectrice du citoyen a
fait son rapport, nous a montré tout ce qui ne marchait pas dans le système de
traitement des plaintes. Là, on est en train de faire un système de traitement
des plaintes qui est blindé. Faisons ceci bien et même très bien. C'est ça,
notre mandat. Ce n'est pas de créer un autre Conseil supérieur de l'éducation
dédié aux plaintes, c'est un protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Le
protecteur national de l'élève est assez important pour que vous ayez prévu
déjà, c'est un bon réflexe, à 17, de dire : On peut lui demander son avis.
Et là on doit aspirer, justement, à blinder ce projet de loi, et moi, je trouve
qu'il manque une partie importante. Et vous vivez vous-même, en ce moment...
Je vais vous donner
un exemple concret. Lors de la pandémie, là, lorsque les... le 13 mars,
fermeture des écoles, vous et moi, on s'est parlé le dimanche, pas parce que
moi, j'avais pensé à quelque chose, parce que vous avez pensé à quelque chose,
c'était quelque chose qu'on n'avait pas pensé, c'étaient les déjeuners puis les
dîners à l'école. C'est quelqu'un d'autre qui nous avait interpelés là-dessus.
Puis j'ai dit : O.K., parfait. Puis rapidement je vous ai communiqué, puis
vous avez répondu tout de suite présent puis vous avez dit : Parfait, on
s'en occupe. Puis votre chef de... m'a rappelée : O.K., on doit attacher
ça.
Mais on n'avait pas
réfléchi à ça. On était dans l'urgence. Et, quand on est ministre, on est quotidiennement
dans l'urgence. Et, même si vous avez des équipes autour de vous, il y a des
affaires qu'on ne pense pas parce qu'on n'est pas au quotidien dans l'école.
Et, si on a une personne... ou enfin, je dirais plutôt, un organe protecteur de
l'élève, qui, eux, leur spécificité, c'est exactement ça, avoir les deux mains
dedans, voir c'est quoi, les enjeux... Et, si jamais, en début d'année ou à
la... pour reprendre votre exemple, à mi-chemin dans l'année scolaire, il y a
quelque chose qui relève, bien, à ce moment-là, pourquoi qu'on va attendre? Il
pourrait vous écrire : Regardez, là, je vous saisis de ça, M. le ministre. Pas parce que vous n'êtes
pas bon, pas parce que votre équipe n'est pas bonne, c'est parce qu'on
ne baigne pas au quotidien là-dedans. Et c'est que... c'est vrai que la vie en
politique, et plus particulièrement pour un ministre, ça va très, très vite.
Alors, je trouve
qu'ici, là, on gagnerait du temps. Il ne va pas commencer à vous écrire des
avis à tous les jours, là. On comprend qu'il va vous écrire des avis lorsque
c'est vraiment nécessaire, là. Et je tiens aussi à la transparence du 30 jours,
là. Peu importe, là, s'il décide de prendre notre amendement ou pas, à tout le
moins, là, on devrait avoir les avis rendus publics, là, sur le site Web, là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : J'ai
une question très spécifique : Est-ce que, pour venir, par exemple, en
audition sur un projet de loi, le protecteur de l'élève aurait besoin de la
permission du ministre... bien, dans ma lecture que j'ai du... de l'article 17 : «Le protecteur
national donne son avis au ministre sur toute question que celui-ci lui
soumet», je pense qu'en réalité il...
Je regarde, là, ce n'est pas prévu précisément. C'est une bonne question. Je
vais le soumettre aux gens de la...
s'il y a d'autres articles qui traitent de ça, s'il pouvait être... si le
protecteur de l'élève pourrait être, supposons, invité en auditions
particulières ou pas. Permettez-moi de vérifier. Je ne suis pas... Je ne suis
pas certain de ça.
Mme Labrie : Bien,
j'aimerais que ce soit vérifié, parce que ça m'apparaît un exemple de situation
où le protecteur de l'élève pourrait vouloir donner son avis sur, par exemple,
un projet de loi. Les projets de loi touchent, en général, les droits des élèves, là, en éducation. On en a étudié
plusieurs ici qui touchaient ça. S'il y avait eu un protecteur national
de l'élève, moi, j'aurais voulu l'entendre. Mais, moi, de la façon que je lis
l'article ici, si le ministre n'a pas lui-même explicitement dit qu'il voulait
les entendre en auditions, à ce moment-là c'est comme s'ils n'ont pas la
permission de donner leur avis. Moi, je trouve ça problématique.
Donc, oui, j'aimerais
qu'on me réponde à cette question-là. Puis, si la réponse, c'est : Bien
oui, ils pourraient venir, il n'y a pas besoin de la permission du ministre,
alors ça veut dire qu'il faut être cohérent puis dire : Bien, s'il n'y a pas besoin de la permission du ministre pour
donner leur avis sur quelque chose, laissons-les s'exprimer à l'année
longue sur toute question en lien avec leur mission qui... sur laquelle ils
estiment avoir un avis à donner.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, on m'a confirmé qu'il pourrait
s'exprimer en toute matière. Puis il pourrait très bien être appelé à
venir témoigner ou discuter en auditions particulières sur tout projet de loi.
Mme Labrie : Même
si, par exemple, ce n'est pas une demande explicite du ministre?
M. Roberge : Oui, oui. Tout à fait.
Tout à fait.
Mme Labrie : Parfait.
Donc, est-ce qu'on peut convenir que... Alors, ça veut dire... j'essaie de
comprendre l'interprétation qu'on doit faire de cet article-là, ça veut dire
que le protecteur de l'élève peut émettre son avis sur des questions qui
relèvent de sa compétence, peut les émettre dans l'espace public sans avoir eu
besoin de la permission du ministre pour le faire.
M. Roberge : C'est ce qu'on
m'indique.
Mme Labrie : Parfait. Bien, à ce
moment-là, je pense qu'on... moi, personnellement, j'atteins l'objectif que je
souhaitais, c'est-à-dire que le protecteur de l'élève puisse s'exprimer
publiquement sur toute question qui relève de
sa compétence même si le ministre n'a pas sollicité cet avis-là. Je trouve
juste dommage qu'il ne pourra pas l'envoyer directement au ministre,
parce que ce n'est pas ça qu'on écrit dans la loi. Mais, si le ministre nous
confirme qu'il va pouvoir le faire dans
l'espace public, à ce moment-là il le fera dans l'espace public, puis le
ministre lira sa revue de presse, puis il verra, à ce moment-là, quel
est l'avis du protecteur de l'élève.
Je... Est-ce que... Je ne sais pas si le
ministre me suit, mais l'objectif, c'est qu'ils puissent s'exprimer sur ces
questions-là. Si on nous confirme : Oui, ils vont pouvoir le faire, ils
n'auront pas besoin de notre permission pour s'exprimer sur des enjeux qui
touchent l'éducation, bien, moi, personnellement, j'atteins mon objectif. Je
pense qu'on devrait le préciser de la
manière dont propose ma collègue de Saint-Laurent. Moi, je trouve l'amendement
excellent. Mais, si le ministre nous confirme au micro que l'intention
du législateur, là, c'est de les laisser s'exprimer sur toute question qui touche l'éducation dans l'espace
public, qu'ils pourront le faire sans permission, à ce moment-là j'atteins
l'objectif que je souhaite.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Oui, M. le ministre.
M. Roberge : On me confirme que la
compréhension de ma collègue est la bonne.
La Présidente (Mme Guillemette) : Parfait.
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : J'ai un peu de la misère à suivre d'un point de
vue légal, parce qu'un organisme de droit public a tous les pouvoirs qui
lui sont conférés dans la loi ainsi que les limites de son silence de la loi.
Par exemple, là, si on va pour le Conseil
supérieur de la langue française, l'article 187 :
«Le conseil a pour mission de conseiller le
ministre responsable de l'application de la présente loi sur toute question
relative à la langue française au Québec.
«À ce titre, le conseil :
«1° donne
son avis au ministre sur toute question que [celui] lui soumet — mot
pour mot ce que vous avez... qui existe déjà;
«2° saisit le ministre de toute question
qui, selon lui, appelle l'attention du gouvernement.»
Alors,
pourquoi que... puis je vais vérifier dans le Protecteur du citoyen, mais
pourquoi que, d'autres organismes, on peut saisir le ministre de toute
question qui mérite l'attention du gouvernement? Il me semble que... Tu sais,
moi, c'est bien que votre intention, c'est
de dire : Bien oui, il va pouvoir parler, mais on ne l'inscrit pas dans la
loi, qu'il a le droit de parole.
Puis je vais vous donner un autre exemple. Dans
la vraie vie, là, vraiment vraie vie, c'est arrivé, là, puis j'étais présente
au palais de justice, puis nous, on a plaidé que l'organisme qui était présent
ne pouvait pas parler, qu'il n'avait pas le droit de parole parce que la loi ne
lui conférait que deux endroits où est-ce qu'il avait le droit de parole, puis
on a gagné ce point-là. C'est pour ça que j'essaie de voir pourquoi
que, pour le Conseil supérieur de la langue française, on l'a indiqué clairement :
«saisit le ministre de toute question qui, selon lui, appelle l'attention du
gouvernement».
Il me semble que ce n'est pas beaucoup écrire,
là, c'est des mots. Ça va enlever toute ambiguïté. Moi, ça va me rassurer. Puis
je suis d'accord avec ma collègue que, si c'est ça, l'intention du ministre,
puis vous le dites à micro ouvert, c'est
correct, mais la vérité, c'est que ça... c'est important que ça soit inscrit
dans la loi, puis qu'on n'ait pas besoin d'aller interpréter, puis
qu'après ça quelqu'un... tu sais, un juriste aille fouiller dans les archives
puis dire : O.K., bien, dans le
transcript, c'est vraiment marqué que c'était l'intention du ministre, puis
quelqu'un va dire : Bien, pourquoi qu'il ne l'a pas écrit?
Puis, en passant, le Commissaire à la santé et
au bien-être aussi, c'est le même libellé : « ...saisit le ministre de toute question qui, selon lui, appelle
l'attention du gouvernement.» Donc, si vous voulez, moi, ça ne me dérange pas de
l'amender... pourrais mettre mot pour mot ce qui existe dans d'autres... dans
d'autres lois qui sont actuellement en vigueur au Québec, là.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre.
M. Roberge : La différence, c'est
que, dans d'autres ministères, sur d'autres sujets, l'organigramme est
différent. Il y a comme un écosystème de différents organismes, chacun ayant sa
mission. Le Conseil du statut de la femme, je ne sais pas si je l'ai bien... je
l'ai bien nommé...
Mme Rizqy : ...
M. Roberge : C'était
de la langue française au départ? Le Conseil de la langue française — ...
Mme Rizqy : Puis le Commissaire à la
santé.
• (11 h 10) •
M. Roberge : ...c'est ça — n'est
pas un organisme dont la... dont le mandat, là, spécifiquement, c'est juste de
traiter les plaintes. Là, on a un... on crée un organisme ici qui remplace les
protecteurs des élèves qui sont attachés à
chacun des centres de services scolaires. On leur donne une hauteur, on leur
donne une structure, on crée une institution, on crée des formations, des
informations, des rapports annuels, un rapport après ça, après cinq ans,
sachant qu'il y a déjà d'autres
instances qui ont d'autres mandats. Puis il n'y a pas nécessairement, dans les
autres domaines que ma collègue mentionne, par exemple, un conseil
supérieur de tel ou tel sujet, il y a des mandats qui sont distincts.
Puis ça ne veut pas dire, comme j'ai dit, que le
protecteur de l'élève ne pourrait pas venir en commission parlementaire dans le
cadre d'étude d'un projet de loi, mais son mandat, c'est de s'assurer que le
traitement des plaintes se fasse bien. C'est
aussi de vérifier, puis de coordonner, puis d'encadrer, même, les plans de
lutte à l'intimidation et à la violence dans les écoles. Puis il va, en
toute transparence, après ça rendre compte, faire des propositions, faire des
recommandations dans ses rapports.
Je vois mal quel problème on tente de régler.
Puis juste dire : Bien, ça se fait dans d'autres domaines... Oui, mais ce
n'est pas la même chose. Tous les domaines, tous les ministères ne sont pas
structurés de la même manière.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, non seulement il y
a le Commissaire à la santé et au bien-être, il y a le Conseil supérieur de la langue française, il y a le Vérificateur général, Commissaire au développement durable, mais même le Protecteur du citoyen. Parce que, là, vous faites référence au
traitement des plaintes. Protecteur
du citoyen gère des plaintes. Eux
autres aussi, là, ils ont émis des... par... de leur propre chef. Avec, par
exemple, tout ce qui s'est passé dans les CHSLD, ils n'ont pas attendu,
ils ont émis leurs rapports puis leurs recommandations.
Coroner, même
chose. Le coroner, là, c'est parce que c'est... ce n'est pas, à proprement
parler, une plainte, c'est une situation qui peut être litigieuse, mais
qui n'est pas nécessairement une plainte. C'est qu'il y a des interrogations.
Il y a mort. On cherche le pourquoi puis on veut trouver des solutions.
Ici, moi, ça
m'apparaît d'une évidence que ça ne peut pas être unilatéral de celle que... à
la demande du ministre, ça doit être aussi le protecteur de l'élève qui
gère, oui, des plaintes.
Et, pour vraiment distinguer la mission du Conseil
supérieur de l'éducation du traitement des plaintes du protecteur national, le
conseil supérieur, là, c'est notre matière grise. Il y a de la recherche, il y
a de la pédagogie, c'est des rapports qui regardent non seulement maintenant,
mais regardent le futur, alors que le protecteur de l'élève, il gère d'un point
de vue, si vous me permettez, là, plus technique. L'application de la Loi sur
l'instruction publique est-elle bien appliquée? Est-ce qu'on a répondu
correctement aux services aux élèves? Ce n'est pas le même rôle, ce n'est pas
la même fonction, sinon on n'aurait pas créé ça.
Alors, je crois, là, qu'on devrait, à ce
moment-ci, reprendre le même libellé qui existe ailleurs. On garde,
paragraphe 1°, «donne son avis au ministre sur toute question que celui-ci
lui soumet». Puis, paragraphe 2°, je peux reprendre mot pour mot ce qui existe dans les autres... dans les autres lois
actuelles : «saisit le ministre de toute question qui, selon lui, appelle l'attention du
gouvernement». Comme ça, on aura le... il n'y aura pas de problème, cette
fois-ci, au niveau de la rédaction aux légistes, ça existe ailleurs.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre.
M. Roberge : ...importer tous les
articles indépendamment des missions des institutions. Ma collègue parle du Conseil
supérieur de la langue française, puis, à l'article 187, on dit :
«...le conseil :
«1° donne son avis au ministre sur toute
question que celui-ci lui soumet;
«2° saisit le ministre de toute question qui,
selon lui, appelle l'attention du gouvernement».
C'est son mandat de base, là.
Le mandat de base du protecteur de l'élève, on
est à... on est à l'article 15 :
«...protecteur
national de l'élève et protecteurs régionaux veillent au respect des droits des
élèves qui fréquentent un
établissement d'un centre de services scolaire [les] enfants qui reçoivent un
enseignement à la maison, ainsi que [les] parents de ceux-ci, au regard
des services que [...] rend le [...] services scolaire.
«Ils veillent de la même manière au respect des
droits des élèves...»
On est... Puis on continue, on parle de tout le
reste. On est dans un mandat de veiller au respect des droits des élèves en
s'assurant que le mécanisme de traitement des plaintes fonctionne, que les
plans de lutte à l'intimidation fonctionnent.
C'est ça, son mandat, précisément. Pour l'accomplir, bien, il s'assure du
respect des délais, il donne des formations, il coordonne le travail, il
fait des recommandations, il travaille avec les gens sur le terrain, il peut
donner son avis nationalement, si on le requiert, puis il fait des rapports
annuels. Mais son mandat, ce n'est pas d'être un autre conseil, un autre organe gouvernemental qui fait des
recommandations au national. Il va le faire accessoirement, mais ce
n'est pas ça. Il y a d'autres qui le font déjà. Donc, moi, je nous invite à ne
pas, encore une fois, superposer les choses puis confondre le rôle des uns, des
autres. Il ne s'agit pas de le bâillonner, là. Il peut s'exprimer, il peut
venir en commission, il va faire son rapport. C'est prévu comme ça.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Ensuite, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : Mais,
justement, on parle d'une des pierres angulaires en droit québécois :
l'éducation. C'est probablement, là, un des rôles les plus importants. Et, si
le gouvernement a jugé pertinent d'ajouter l'article 17 pour avoir l'avis,
sur demande du ministre, du protecteur de l'élève, bien, le pendant doit
exister. Puis de dire qu'on ne veut pas créer un autre conseil supérieur de
l'éducation... Ce n'est absolument pas ça qu'on fait.
Le Conseil supérieur
de l'éducation, là, est un organe, là, que j'appellerais notre matière grise de
l'éducation. Ils réfléchissent, ils ont des chercheurs, ils vont chercher des
données, des statistiques. Et, oui, c'est un travail, là, colossal qu'ils font,
là. Puis leurs rapports, là, c'est souvent les plus... j'allais dire...
«volumineux» serait le terme à propos, les plus volumineux qu'on reçoit. Et les
notes de bas de page, là, à chaque fois, là, ça nous amène à d'autres rapports
encore plus importants à lire, c'est pour ça que ça nous prend du temps à lire,
leurs rapports, mais ils sont très soutenus.
Là, ici, on n'est pas
dans la recherche, on est dans le pratico-pratique. Est-ce que, oui ou non, le
droit de l'élève a été respecté? Est-ce qu'il y a eu un service qui a été
déficient? Est-ce qu'on peut faire mieux au quotidien? Ce n'est pas de
réinventer l'école, là, ce n'est pas ça, le mandat, là, c'est de gérer la Loi
sur l'instruction publique et son application au quotidien.
Une fois que j'ai dit
ça, je vais vous donner un exemple où est-ce qu'on pourrait penser que les deux
se ressemblent : Protecteur du citoyen puis le coroner. Les deux se sont
penchés, oui ou non, sur les CHSLD? Oui. Sous un angle différent. Et, c'est
drôle, les deux, dans leurs lois, prévoient qu'ils peuvent, justement, s'exprimer.
Ils ont ce droit de parole.
Le Vérificateur
général du Québec a ce pouvoir-là aussi. Il peut, là... dans sa loi,
article 35 : «Le VG peut communiquer ses contestations de
vérification avec les recommandations qu'il juge appropriées aux autorités gouvernementales
et aux responsables concernés sur toute matière qui, à son avis, est de leur
compétence.»
Le ministre a
dit : Bien, moi, c'est mon intention, qu'il puisse communiquer. Moi, je
veux juste qu'on l'écrive, son intention. Puis on n'a même pas besoin de
réinventer la roue, parce que dans d'autres dispositions dans des lois
actuelles, au Québec, qui sont en vigueur, on l'a déjà inscrit, qu'on peut
saisir le ministre de toute question qui, selon lui, appelle l'attention du
gouvernement. Si c'est ça, son intention, moi, je veux juste qu'on l'inscrive
clairement dans la loi. Il n'y a aucune ambiguïté. Puis, en droit, quand il n'y
a pas d'ambiguïté, on n'a pas besoin d'interpréter. On fait juste appliquer la
loi. Alors, tu sais... Puis, en plus, j'ajoute qu'il n'a pas répondu sur
l'autre partie, là, qui est le 30 jours de la publication de l'avis, là,
pour la transparence. C'est aussi important, là. Puis pourquoi que c'est
important, ça? C'est que ça va envoyer un message aussi dans le réseau de
l'éducation. Une fois qu'on a un avis, ça
envoie un message aux parents, aux élèves, au réseau de l'éducation de comment
l'appliquer puis dire : O.K., voici où est-ce qu'on... voici l'état du
droit actuel sur ce dossier. Alors, en plus, on va peut-être gagner du temps,
là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre, d'autres commentaires?
M. Roberge :
Bien, je ne pense pas qu'on est en train de gagner du temps quand, clairement,
il y a un désaccord, là, sur la vision puis
la perspective des différents organismes qui ont des mandats distincts et
complémentaires. Ma collègue a un point de vue qui est différent, c'est
correct. Ça va arriver, des fois, qu'il y a... qu'on ne pourra pas voter du
même côté soit sur un article ou sur un amendement. Je pense qu'on est dans un
cas où on est d'accord pour être en désaccord.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
J'avais Mme la députée de Sherbrooke qui avait une intervention.
• (11 h 20) •
Mme Labrie : J'essaie
de comprendre l'objection du ministre, puis je retourne ça dans ma tête dans
tous les sens, puis je ne la comprends pas,
l'objection du ministre, parce que le postulat de base, là, c'est : le
ministre lui-même trouve que l'avis du protecteur de l'élève peut être
pertinent. Il a prévu, dans sa loi, un article pour pouvoir consulter le
protecteur de l'élève, donc il juge que son avis peut être pertinent, que ça
vaut la peine d'aller le chercher à l'occasion.
Ça, c'est... Je suis d'accord avec lui. Il pense ça, je suis d'accord avec lui.
Il nous dit que le protecteur de l'élève va pouvoir s'exprimer
publiquement, qu'il n'aura pas besoin de la permission pour venir... du
ministre pour pouvoir venir en commission
parlementaire. Je suis d'accord avec ça. Mais après ça il refuse de s'assurer
que cette intention-là de sa part soit écrite dans la loi. Moi, c'est ça
que je ne comprends pas.
Si c'est ça,
l'intention, si c'est comme ça qu'il veut que ce soit appliqué, s'il reconnaît
que l'avis du protecteur de l'élève est pertinent parce qu'il a l'intention de
le solliciter à l'occasion puis il veut en avoir le droit, pourquoi on ne peut
pas écrire, noir sur blanc, dans la loi, que ça va dans les deux sens puis que
le protecteur de l'élève aussi peut émettre son avis quand lui, qui a une
expertise, juge pertinent de le faire? Effectivement, ça ne veut pas dire qu'il
va le faire tous les jours, toutes les semaines. Ça se peut que, pendant deux
ans, il n'y ait aucune occasion où il pense qu'il a un avis pertinent à donner
puis ça se peut que, des fois, ça arrive plus souvent, mais je ne comprends pas
pourquoi, si le ministre nous dit d'emblée qu'il juge qu'il y a... il y a un
avis pertinent à aller chercher auprès du
protecteur de l'élève à l'occasion, qu'il nous dit d'emblée qu'il va lui donner
toute la latitude de s'exprimer dans l'espace public... mais après ça il
refuse de permettre formellement au protecteur de l'élève de déposer son avis
en l'envoyant directement au ministre. Ce n'est pas cohérent, là.
Pourquoi
il va pouvoir l'exprimer à tout le monde mais pas au ministre directement, son
avis? Pourquoi on n'irait pas préciser, dans la loi, qu'il va pouvoir l'envoyer
au ministre directement, son avis, si on juge qu'il a un point de vue
pertinent?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Je
pense, au contraire, que c'est parfaitement pertinent. Donner son avis au
ministre, ça veut dire rédiger un avis, ça veut dire faire un travail de
recherche, faire un document, mobiliser des ressources, qui ne seront pas
allouées à sa mission première, pour faire une recherche, documenter, ce qu'il
va faire une fois par année, mais là ça pourrait être deux, trois, quatre. Et
là il va prendre ses ressources puis il va creuser quelque chose, faire un
rapport qui serait documenté. Et, pendant ce temps-là, bien, il n'a plus assez
de ressources, parce que nous autres, on l'outille pour son mandat, là :
le traitement des plaintes, les droits des élèves, l'efficacité
gouvernementale, les délais qui sont serrés, la satisfaction du parent et de
l'élève. Bien là, ça va lui prendre plus de personnes pour aller faire d'autre
chose qui n'est pas son mandat premier.
On ne veut pas...
L'idée, là, ce n'est pas que... qu'on crée une instance qui se donne des
mandats, qui a besoin de plus de locaux, qui a besoin de plus de personnel, qui
a besoin de plus de fonds pour faire quelque chose qui est déjà fait par un
autre organisme. C'est ça. Qu'il se concentre, qu'il soit exceptionnel, qu'il
soit formidable, qu'il soit un modèle en Amérique, en Occident sur ce qu'il
doit faire puis que, quand il y a des problématiques, bien, il peut s'exprimer,
il n'est pas bâillonné puis il a son rapport annuel. Mais ce n'est pas... ce
n'est pas son mandat premier, là, de toujours être en train de colliger, puis
de rédiger, puis d'avoir une équipe de rédaction, puis de... Ce n'est pas ça,
son mandat. On focusse, on se concentre sur la cible pour être efficace, pour
avoir quelque chose qui est opérationnel. C'est ça qu'on veut, de l'efficacité
gouvernementale.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Labrie : Donc,
si je comprends bien le ministre, l'article 17 vient créer une exception
où, à l'occasion, le ministre va demander quelque chose au protecteur de
l'élève qui sort de son mandat habituel, si je le suis. Est-ce que ça veut dire
que, quand il va le faire, il va donc lui octroyer du financement
supplémentaire parce que le ministre va dire : Bien là, je vous commande
un avis sur tel enjeu, je sais que, dans le cadre de votre mission, ce n'est
pas ça que vous faites habituellement, ça ne rentre pas dans votre financement,
là, je vous commande un avis là-dessus, voici tel montant d'argent pour
financer les démarches que vous allez avoir à faire pour me fournir cet avis?
Est-ce que c'est ça que le ministre nous dit? Parce que, dans le fond, de la
façon qu'il me l'explique, c'est comme si ce n'est pas ça, la mission, ça ne
sera pas ça, la mission du protecteur de l'élève, mais, à l'occasion, le
ministre va vouloir lui donner ce mandat-là, mais ce n'est pas sa mission de
base, donc ça va nécessiter, donc, quand ça va se présenter, cette situation-là
où le ministre demande un avis, de fournir un financement supplémentaire parce
que, là, on donne une tâche supplémentaire. C'est ça, l'intention?
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le ministre.
M. Roberge : ...c'est
que ce n'est pas sa... Ce que je dis, c'est que ce n'est pas sa mission
principale. Il va être équipé, il va être capable de recevoir des demandes
ponctuelles. Il arrive quelque chose, le ministre a besoin d'un avis, il a
besoin d'éclairer les travaux sur une problématique à régler ou sur un projet
de loi, je pense qu'ils vont être capables d'y répondre, et c'est toute la
différence, versus : Bien, c'est dans votre mandat, puis vous avez en
permanence toujours des gens en train de rédiger des avis. C'est juste une
perspective d'efficacité gouvernementale, que j'ai déjà exprimée.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : L'amendement
de ma collègue ne dit pas que le protecteur national de l'élève doit fournir un
avis sur toute question relative à l'éducation, là, c'est s'il le juge
nécessaire. Ça se peut que ça arrive très rarement, mais c'est à lui de le juger. On fait confiance à son expertise ou on ne
fait pas confiance à son expertise pour déterminer à quelle occasion il
pense avoir quelque chose à apporter à une réflexion gouvernementale?
Je... L'idée, ce
n'est pas de leur imposer de faire ça, c'est de leur permettre, en toute
légitimité, parce que ça va être écrit dans
la loi qu'ils le peuvent, à l'occasion, quand ils ont quelque chose à dire, un
avis à donner, qu'ils n'aient pas besoin que cet avis-là ait été sollicité pour
pouvoir le transmettre au ministre. C'est... C'est juste ça qu'on veut, là.
Il n'y a personne qui
va être occupé à temps plein à rédiger des avis au protecteur de l'élève, là.
Si c'est le cas, ça va être un indice que peut-être que... peut-être que les
réflexions ont été mal faites en amont, là, du côté du ministère de
l'Éducation, là, si c'est rendu que le protecteur de l'élève, là, doit
consacrer des ressources à temps plein pour
donner des avis pour dire : Ça, vous ne devriez pas faire ça comme ça, ça,
c'est problématique, ça, parce que, là, ça travaille mal de l'autre
bord, là. Moi, je ne pense pas que ça va arriver si souvent que ça, mais on
veut que ça soit prévu qu'il puisse le faire.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. D'autres... Oui, M. le ministre.
M.
Roberge : Bien, la réponse à la question de ma collègue, qui
dit : Est-ce qu'on fait confiance à son expertise ou on ne fait pas
confiance à son expertise? On fait confiance à son expertise pour remplir le
mandat, puis on est en train de définir le mandat, puis là on a une divergence
de c'est quoi, le mandat.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. D'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme
Charbonneau : Dans la volonté qu'on a de mettre en place un protecteur
de l'élève de façon plus parapluie, plus grand, j'ai compris que la volonté,
c'est qu'il se fasse connaître, qu'il y ait une relation de proximité entre la
population qu'il va desservir et la résolution de problèmes qui peut émerger
des différentes situations qu'il va recevoir comme plaintes. Puis l'objectif
que je comprends, c'est qu'on ne veut pas qu'on se rende jusqu'à lui. On
aimerait bien que dans les centres de services, dans les écoles privées et dans
la relation entre le parent qui fait l'école
à la maison et le centre scolaire, il y ait cette possibilité-là de régler le
problème avant que ça arrive au protecteur de l'élève. Mais la volonté
qu'il y a dans le projet de loi, de la façon que je le comprends, puis je ne
pense pas être dans le champ, c'est qu'on veut qu'il y ait une belle façon de
faire connaître puis de donner cette proximité-là entre le protecteur de
l'élève et les gens qui cherchent à résoudre des problématiques. Donc, c'est un
protecteur de l'élève, puis le ministre l'a dit à plusieurs reprises, mes
collègues aussi, ça protège le droit de l'élève.
Le droit de cet
élève-là ne se conclut pas juste à la pédagogie. Ce n'est même pas non plus
qu'une piste de solution pour un parent qui pense qu'en EHDAA il n'a pas eu les
services désirés. Ce n'est pas juste ça. C'est aussi... puis ma collègue de
Saint-Laurent le disait, c'est aussi les déjeuners puis les dîners, c'est aussi
la surveillance, c'est aussi les activités, c'est aussi la run de bus, parce
qu'il ne faut pas oublier l'enfer jaune de nos écoles, où il y a des gens qui
essaient de mettre une façon facile de s'y rendre puis de revenir à la maison.
Mais notre nouveau
protecteur de l'élève, qui aura ce principe parapluie là, bien, le ministre
nous disait, la dernière fois qu'on s'est vus, bien, il ne sera pas en place,
là, au mois de septembre, là. Il va arriver probablement dans un an, puis il va
mettre en place sa structure, puis... Mais, si mon parent, là, qui est seul au
monde avec son problème... Puis, Mme la Présidente, quand tu as un enfant, tu
penses tout le temps que tu es seul au monde avec ton problème, puis finalement,
en parlant à d'autres parents, tu réalises que tout le monde a eu à peu près
les mêmes petites problématiques, le même questionnement. Puis c'est en échangeant, en faisant des lectures puis en
faisant en sorte que tu t'informes que tu arrives à dire : Bien,
c'est-tu une plainte ou c'est juste un constat?, ou : Je devrais peut-être
prendre un peu de recul comme parent, peut-être que je suis sauté trop vite sur
ma colère, puis... Est-ce que j'ai une référence? Bien, peut-être que je
pourrais en avoir une si, sur mon site du protecteur de l'élève, national, j'ai
une rubrique qui s'appelle Avis et que ce
soient les avis que le ministre a... je vais dire «permis», mais ce n'est
probablement pas le bon verbe, donc je ne veux pas qu'on me rappelle que
ce n'est pas le ministre qui donne des permissions, je veux juste vous
dire «permis» de mettre en ligne pour qu'un parent s'y retrouve.
Puis je prends un
pari avec vous, Mme la Présidente. Après un an, dans cette rubrique-là, il va y
avoir des avis qui vont aller dans le transport, activités, pédagogie,
services. Il va y avoir des rubriques pour guider le parent dans : Ah oui!
O.K. Ça, c'est vraiment quelque chose de récurrent, puis il faut que je
prenne... il faut que je prenne un peu de
recul, parce que le transport, ce n'est pas quelque chose que le centre
scolaire contrôle à temps plein, ou, bon, il y a un manque de personnel, ou il y a... Il y a des petites
problématiques qui peuvent émerger. Mais, Mme la Présidente, il faut se
rappeler, là, que le protecteur de l'élève va avoir un mandat différent de
celui qu'on a en ce moment.
L'école privée, là,
ce n'est pas un centre scolaire, c'est une PME qui donne des services
pédagogiques. Puis le parent qui choisit de donner l'école à la maison, bien,
il n'est pas en lien avec toute la structure scolaire. Puis la volonté qu'on a, c'est de faire en sorte que le
protecteur de l'élève devienne... je vais utiliser le mauvais terme, j'aime ça,
mais le «rock star» de la problématique. Ça veut dire que c'est lui qui va trouver
les pistes de solution avec le parent si le centre scolaire, l'école
privée ou le parent à la maison ne trouve pas de solution.
• (11 h 30) •
Alors, moi, quand je
vois, là, que l'avis est rendu public sur le site Internet dans un délai de
30 jours, je me dis : Mon parent, il n'a pas besoin d'attendre un an
pour savoir qu'il y a eu une problématique, puis il y a des pistes de solution,
puis il n'est pas obligé de passer à travers l'ensemble de la structure. Puis,
quand j'entends le ministre dire : Oui, mais ça prend des recherches, puis
ça prend du personnel, puis... Bien non. Je suis désolée, quand un protecteur
de l'élève va s'adresser au national puis que le national va s'adresser au
ministre, il va y avoir un échange, peut-être très fluide, où, là, ça va
être : Voici ce qui se passe, voici comment on a trouvé les pistes de
solution, voici une recommandation qu'on vous fait, M. le ministre, pour
pouvoir résoudre la problématique de façon nationale, peut-on afficher un avis?
Et là le ministre va dire : Bien oui, écrivez-moi un avis, puis on va...
on va le mettre sur le... 30 jours, puis on va informer la population de la
problématique qui existe, puis voici les pistes de solution.
Le fait de rendre les
choses publiques, accessibles puis transparentes fait en sorte que les gens,
les parents, les écoles, les écoles privées comme publiques, les parents à la
maison vont vouloir utiliser ce qu'on met en ligne pour pouvoir s'informer,
mieux comprendre puis accompagner les gens. Donc, ce n'est pas juste pour les
parents et les étudiants ou les élèves, c'est aussi pour les centres scolaires,
c'est aussi pour les écoles privées et les parents qui font l'école à la
maison. Ça devient un outil pédagogique puis, à la limite, ça devient quelque
chose qui fait que mon protecteur de l'élève ou le site Internet de mon
protecteur de l'élève devient accessible, qu'il est consulté par les gens avant
même qu'on se rende à un «peak» de colère où, là, les gens, ils disent :
Je ne suis pas entendu, je ne suis pas écouté, puis il y a quelque chose qui ne
marche pas, je vais écrire directement au ministre puis je vais aller
interpeler mon député.
Alors, j'entends le ministre dans ses craintes
de créer une grosse machine de gens qui vont faire des rapports, puis des
recherches, puis... mais ce n'est pas ça. La volonté qu'on a, c'est un principe
de transparence qui fait en sorte qu'autant les centres
scolaires, les écoles privées, les parents à la maison, les organismes
communautaires, les villes... On le dit parce que ce sont des gens qui vont
consulter, ils le vivent. L'école, c'est le milieu de vie d'un village, c'est le milieu de vie d'une ville ou
d'une partie de la ville. Quand il y a un problème à l'école, tout le monde
veut... on ne veut pas savoir le nom, mais, s'il y a un problème à cause
d'un arrêt stop puis qu'il y a une plainte récurrente qui revient, puis que le parent va sur l'avis, il regarde l'avis puis il
dit : Bon, bien, le transport scolaire, ce n'est pas... ce n'est pas la commission scolaire, c'est la ville,
bien, mon parent est déjà plus guidé, puis il ne perd pas de temps, puis
il n'en fait pas perdre non plus.
Ça fait que,
le principe de la transparence, où, là, on met les avis sur Internet parce que
le protecteur de l'élève national l'a transmis au ministre, je trouve
que ça vient apporter quelque chose supplémentaire dans la volonté de rendre
populaire, accessible et transparent le protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : On a une vision
différente, là, des missions. Puis, à l'article 18, on parle du fait que
le protecteur régional peut recevoir des demandes, mais localement. Il y a une
institution nationale, mais c'est pour voir à la bonne marche du traitement des
plaintes locales. C'est un soutien national au niveau local pour que ça se
passe bien dans les écoles. Ce n'est pas un
organisme national qui s'intéresse, par exemple, aux programmes de formation de
l'école québécoise, aux grandes politiques.
On est dans le traitement des plaintes. Puis, l'article 18, quand on y
viendra, on marque qu'on est au niveau du C.A., même du comité de parents, du
comité d'élèves, même. On est à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. le ministre. D'autres commentaires?
Mme Charbonneau : Bien, je trouve ça
malheureux, parce que la volonté, ce n'est pas d'informer juste le conseil
d'établissement, c'est d'informer l'ensemble de la population de la possibilité
de cette relation-là puis d'information par rapport au protecteur de l'élève.
Je ne sais pas pourquoi c'est inquiétant au niveau ministériel. Je ne le sais
pas. Je ne sais pas ce qui inquiète, mais la transparence, c'est toujours
gagnant. Puis, comme parent, si j'ai un
problème puis je peux aller me référer à un site pour aller voir s'il y a eu
d'autre monde qui ont eu ce problème-là ou bien s'il y a des pistes de
solution qui sont autres que juste lever ma main pour parler au protecteur de
l'élève, je trouve que je viens d'aider
l'ensemble de ma structure scolaire à trouver des pistes de solution. Je ne
comprends pas c'est quoi, la
problématique. J'aimerais ça la comprendre, là, parce que je pourrais la
débattre encore plus, mais je ne comprends pas la problématique qui
vient avec le deuxième alinéa, qui dit qu'on va informer les gens après
30 jours parce que la problématique a été transmise au ministre, puis on
va rendre publiques les choses. Je ne comprends pas.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Bien, pour conclure mon argumentaire là-dessus, je
dois dire que je ne comprends pas non plus la situation. Je pense que, oui, on est toujours gagnants avec plus de
transparence. On est toujours gagnants avec plus d'avis aussi. Ça permet de
prendre des meilleures décisions. Donc, je ne peux que me désoler qu'on ne
souhaite pas inscrire ça ici.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Bien, je vais lire le commentaire en dessous de
l'article 17 : «L'article proposé vise à permettre au ministre
de requérir l'avis du protecteur national sur toute question.» S'il n'y avait
pas une expertise, on n'aurait pas écrit
l'article 17. Si ce n'était pas utile, on n'aurait pas écrit
l'article 17. On aurait juste dit : Bien, le Conseil supérieur
de l'éducation, on va s'en remettre à lui.
C'est qu'on reconnaît qu'en établissant un nouvel organe on crée une expertise,
c'est ça qui est magnifique, en fait. Puis vous savez quoi? L'école, je vais
vous le dire, là, n'appartient pas à moi ni au
ministre ni à nous autres. L'expression consacrée, là, ça prend un village pour
élever un enfant, ce n'est pas des mots qui ne veulent rien dire, c'est que
c'est réel et c'est pour ça que cet avis-là n'est pas pour le bénéfice du
ministre en poste.
Puis tantôt, quand il a dit au micro : Moi,
c'est mon intention, c'est son intention à lui, mais l'avenir ne m'appartient
pas, à savoir qui sera en poste à titre de ministre aujourd'hui, demain, dans
cinq ans, dans 10 ans. Par contre, je
sais une chose, une fois qu'on aura adopté le protecteur national de l'élève,
il va survivre à notre passage à nous en
politique, et la loi, telle qu'écrite, va nous survivre, et c'est pour ça que
c'est impératif aujourd'hui de venir faire une petite modification pour
que ça soit bilatéral.
D'une part, le ministre peut, de son propre
chef, effectivement, demander l'avis, mais on doit laisser absolument cette
option bilatérale que le protecteur national de l'élève peut saisir le
ministre. Lorsqu'on étudiait l'article 16,
vous-même, vous avez dit : Il y a des situations qu'on n'aura pas prévues,
pas parce qu'on n'est pas bons, là,
mais c'est qu'il y a de l'évolution, l'être humain évolue, les technologies
nous dépassent. Hier, Pierre Arcand faisait même une blague là-dessus, que, quand c'est rendu que tu ne sais pas
c'est quoi, TikTok, c'est peut-être parce que tu es dépassé. Il a fait une
blague là-dessus. Mais on n'est pas capables, nous, aujourd'hui, de prévoir
toutes les éventualités.
Par contre, on sait une chose, c'est
qu'aujourd'hui on va instaurer un protecteur de l'élève, puis lui aura les deux mains dedans. Moi, je n'aurai pas les deux
mains dedans. Je le sais, mais aucun d'entre nous n'aura les deux mains dedans, et c'est juste... Cette option, M. le
ministre, là... Puis ça, c'est mon plaidoyer que je vous fais, donnons-nous
l'option. De votre propre aveu, vous avez dit : Moi, c'est mon
intention. Bien, légiférons correctement en inscrivant que... Puis, si vous voulez
qu'on le modifie pour reprendre le même libellé qui existe ailleurs : Peut
saisir, lorsque c'est pertinent, lorsqu'il juge à-propos, lorsqu'il juge
pertinent...
Moi, mon amendement,
ce n'est pas sur tout, là, ce n'est pas à gauche puis à droite, c'est sur sa
mission. Et évidemment il peut, là... ce
n'est pas «il doit», c'est «il peut». Puis, avant qu'on arrête de siéger sur le
projet de loi n° 9, pour les crédits, on vous a posé des questions
au niveau financier. Vous nous avez dit : Évidemment... Puis vous avez
raison de le dire. Vous ne pouvez pas aujourd'hui nous dire c'est quoi, les
crédits disponibles. Mais on ne peut pas donner l'argumentaire que ça va
demander plus de ressources parce qu'on ne sait pas, justement, les crédits,
mais moi, je suis convaincue, je suis très optimiste qu'il y aura les crédits
nécessaires pour veiller à sa mission première, qui est le respect des droits
des élèves, mais je suis aussi convaincue que tous les citoyens qui ont à coeur
l'école veulent aussi comprendre ce qui se passe dans les écoles, l'application
de la loi, mais aussi l'application de la loi par le protecteur de l'élève.
Puis, en définitive,
ça va nous donner aussi, à nous, des outils si jamais, plus tard, le protecteur
de l'élève dit : Moi, je dois conclure
à ça, voici ma conclusion parce que voici la limite de la loi. Ça ne lui
appartient pas, à lui, de juger au-delà de la loi. Ça, ça va nous
appartenir à nous, comme citoyens, avant tout. Je ne dis pas «députés», comme
citoyens, parce que souvent, lorsqu'on prend des décisions pour modifier la
loi, c'est d'abord et avant tout des démarches de citoyens, pas juste les
parents, pas juste les enseignants, pas juste... des fois même des élèves, là,
mais même des gens qui aiment tellement l'école puis qui veulent y participer.
Alors, tu sais,
l'amendement est tellement simple, M. le ministre. Ça fait un engagement qui
est bilatéral lorsque c'est pertinent et, en plus, c'est que c'est public, pour
le bénéfice de tous qui aiment leur école puis qui veulent s'investir. Ça,
c'est mon plaidoyer, M. le ministre.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Oui.
Bien, écoutez, moi, je répète que c'est une question de mandat, de mission,
d'affecter les ressources dans les organismes pour qu'ils remplissent ce qu'ils
ont à faire, de ne pas... d'empiéter sur le mandat du voisin, de la voisine, d'une autre organisation, mais de bien faire leur
mandat. Si c'est un mandat de décentralisation, c'est un mandat de
soutien aux écoles, c'est un mandat de recommandation, il y a des possibilités
pour que la personne puisse s'exprimer, il y a des rapports annuels. Je pense
qu'il y a tout...
Ma
collègue a dit : Quand on adoptera le projet de loi... faire attention,
parce que tout le monde est de bonne foi, mais il faut juste quand même
prendre garde. On a adopté... je ne sais pas si c'est 10, 12... moins de
15 articles. À date, on a une
moyenne... on est en bas d'un article à l'heure. Il reste, d'ici la fin de la
session, moins de 40 quelques heures, peut-être, puis il nous reste
comme 80 articles. Alors, c'est sûr que, si, une fois que l'on complète,
qu'on discute, parfois on amende, parfois on l'adopte tel quel, parfois on
accepte quelque chose, on s'entend, et c'est sûr que, si à chaque fois, après
avoir exprimé nos points de vue, qui sont parfois convergents ou divergents, on
ne passe pas au vote, mais on ramène plusieurs fois la même affaire, bien, on
ne l'adoptera juste pas. C'est ça, la simple vérité.
Ça fait que moi, je
pense qu'il faut qu'on l'étudie, qu'on creuse les dossiers, qu'on s'assure du
sens des mots à chaque fois puis qu'on regarde ce qu'on peut faire pour faire
le meilleur projet de loi. Ça, c'est sûr, certain. Puis, quand on se rend compte qu'on est en désaccord,
bien, moi, je nous invite à voter pour ou à voter contre, mais à avancer,
sinon on n'y arrivera pas. C'est une question... une simple question
mathématique.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...M.
le ministre, très franchement, là, vous avez toute notre collaboration. On a
été présents même en briefing technique. Si on a suspendu pour les crédits
l'étude du projet de loi, ça ne nous appartient pas. Vous le savez, c'est un
exercice de reddition de comptes qui est obligatoire auquel on s'est prêté. On
a toujours fait des amendements de bonne foi. On n'a jamais fait des
amendements pour faire du temps en aucun temps, et ça, vous le savez pertinemment. Puis les amendements qu'on
dépose sont... Il n'y en a pas un seul que vous pouvez me dire qu'il
n'est pas pertinent. On les a même adoptés. Alors, sincèrement, cet argument-là...
Puis, à la fin de la journée, ça, c'était un engagement qui était dans votre
plateforme électorale, puis on est pour, mais il est arrivé sur le tard, ce projet de loi. Puis, très franchement, vous avez
déposé en liasse des amendements pour les violences à caractère sexuel. Alors,
on aurait pu appeler le projet de loi de ma collègue, ça n'a pas été fait. Or,
là, tu sais, on essaie d'ajouter dans ce projet de loi parce qu'on n'est pas
capables d'appeler un autre projet de loi, mais les articles que vous faites
mention, qu'il va y en avoir 80 à adopter, là, c'est qu'on aurait pu en faire
deux, projets de loi, et non pas simplement un, respectueusement.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le ministre, pas de commentaire? D'autres
commentaires sur l'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Non.
Moi, je suis prête à faire un appel au vote nominal, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : D'accord. Donc, par vote nominal, s'il vous plaît, M.
le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Charbonneau (Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Roberge (Chambly)?
M. Roberge :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
Le Secrétaire :
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Proulx (Côte-du-Sud)?
Mme Proulx
(Côte-du-Sud) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Guillemette (Roberval)?
La Présidente (Mme Guillemette) : Abstention.
Donc, l'amendement à l'article 17 est rejeté. Donc, nous retournons aux discussions sur l'article 17.
Nous avons un autre amendement, je crois, de Mme la députée de Saint-Laurent à l'article 17.
Mme Rizqy : Non...
c'est après.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Non? O.K. Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 17?
Mme Rizqy : Non,
il n'y a pas d'autre intervention, mais il y a tout l'élément de la
transparence qui aussi a été voté contre en ce moment...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci. Donc, s'il n'y a pas d'autre
commentaire, je vais mettre aux voix l'article 17. Adopté?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Guillemette) : L'article 17 est adopté sur division. Donc, M. le
ministre, vous pouvez nous présenter l'article 18.
M. Roberge : Merci
bien, Mme la Présidente. On arrive à l'article 18, puis juste une question
de procédure. Comme il y avait un amendement de déposé, je dois quand même
faire la lecture... Ça fait un petit bout de temps. On est rouillés après la
période des crédits. Je dois faire la lecture de l'article tel qu'il est?
La Présidente (Mme Guillemette) : De
l'article tel quel et ensuite de l'amendement que vous avez à déposer,
effectivement.
M. Roberge : Ensuite déposer, O.K.,
très bien.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Et il est déjà dans le Greffier, l'amendement?
M. Roberge : Oui, oui, ça fait
partie de ceux qu'on avait déposés...
La Présidente (Mme Guillemette) : On
le mettra à l'écran par la suite. Merci.
M. Roberge : ...pour lutter contre
les violences... l'intimidation et les violences sexuelles.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait.
M. Roberge : O.K., donc,
l'article 18 puis, après ça, l'amendement. Merci.
Donc, 18 : «Aux fins de l'application de
l'article 15, les protecteurs régionaux de l'élève traitent toute plainte formulée par un élève qui fréquente un
établissement d'enseignement situé dans la région dans laquelle ils sont
affectés, par un enfant qui reçoit un enseignement à la maison qui réside dans
cette région ou par les parents de ceux-ci.
«Ils donnent leur avis sur toute question que
leur soumet le conseil d'administration d'un centre de services scolaire, un
comité de parents, un comité des élèves ou un établissement d'enseignement
privé visé à l'article 15 relativement
aux services que rend le centre de services scolaire ou l'établissement
d'enseignement privé aux élèves, aux enfants qui reçoivent un
enseignement à la maison ou aux parents de ceux-ci.»
Donc,
commentaire. L'article proposé vise à déterminer la mission propre aux
protecteurs régionaux de l'élève, soit l'examen des plaintes, et
rappelle leur assise régionale. Il permet également à certaines instances d'un
centre de services scolaire ainsi qu'aux
établissements d'enseignement privé de requérir l'avis d'un protecteur
régional.
Et je poursuis avec l'amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui,
vous présentez l'amendement.
M.
Roberge : Merci bien. Mes collègues l'ont reçu il y a déjà
un certain temps. Donc, amendement : Ajouter, à la fin du premier
alinéa de l'article 18 du projet de loi, la phrase suivante :
«Ils traitent
également toute plainte concernant un acte d'intimidation ou de violence ainsi
que tout signalement concernant un
acte de violence à caractère sexuel à l'endroit d'un élève qui fréquente un
établissement d'enseignement situé dans cette région.»
Donc, l'amendement vise à permettre au
protecteur régional de l'élève de recevoir et de traiter les plaintes concernant des actes d'intimidation et de violence
ainsi que les signalements concernant les actes de violence à caractère
sexuel faits par toute personne et non seulement par un élève ou ses parents.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Des commentaires? Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Juste pour être
certaine, à l'article 15, on inscrit directement dans la loi
«signalement», alors que, là, à moins que
j'ai mal lu, mais on inscrit seulement «plainte», dans la loi, mais, en commentaire,
on inscrit «signalement». Par souci de cohérence, on ne devrait pas
l'inscrire aux deux de la même façon?
M. Roberge : Est-ce qu'on peut
m'aider à cet égard-ci? On ajoute «signalement» avec l'amendement. Voilà, c'est
ça. Dans l'amendement, on dit : «Ils traitent également toute plainte
concernant un acte d'intimidation ou de violence ainsi que tout signalement
concernant un acte de violence à caractère sexuel...»
Mme Rizqy : Merci.
M. Roberge : Oui, c'est correct.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. D'autres commentaires? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Deux commentaires.
La première, c'est qu'on ne sait toujours pas comment seront délimitées les
régions. On n'a pas d'idée encore. Je... réponse par oui ou par non, là, parce
que...
M. Roberge : Bien, on a déjà discuté
de ça, et c'est le protecteur national qui les délimitera. Ensuite, on s'est
donné des critères avant de suspendre, quand même, sur les régions. On avait
fait des amendements ensemble pour donner
des grandes balises, mais ce sera fait après la sanction de la loi par le
protecteur national en fonction des critères qu'on a adoptés ensemble.
• (11 h 50) •
Mme Charbonneau : Vous faites bien
de me l'avoir rappelé. Mon deuxième commentaire va dans le deuxième paragraphe
où on énumère les gens, hein? On dit : «...le conseil d'administration
d'un centre de services scolaire, un comité de parents, un comité d'élèves ou
un établissement d'enseignement privé...» Pour les connaître un petit peu, les établissements d'enseignement
privés sont gérés par des conseils d'administration. N'y a-t-il pas lieu
de dire : «Le conseil d'administration de l'établissement d'un
enseignement privé», un peu comme vous le faites pour le conseil
d'administration d'un centre de services scolaire, puisque ce n'est pas que le
directeur d'école privée qui prend la décision? Je ne dirais pas «le directeur d'école», je
devrais dire «le gestionnaire de l'école privée». N'y a-t-il pas lieu de
nommer le conseil d'administration là aussi pour être clair dans qui vous allez
aviser puis avec qui vous allez faire affaire?
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le ministre.
M. Roberge : Comme il y a divers
moyens d'organiser ces institutions-là, elles n'ont pas toutes une seule et
même formule. Par exemple, dans le réseau public, bon, les centres de services
scolaires sont institués en fonction de la
loi. Donc, il y a toujours le même organigramme. Dans les écoles privées, on me
dit que ce n'est pas toujours... ça ne porte
pas toujours le même nom dans l'organigramme, et on les désigne tout simplement
par leur appellation «établissement d'enseignement privé». C'est le
terme générique qui respecte la LEP, la Loi sur l'enseignement privé, pour
avoir une cohérence, peu importe l'établissement.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
D'autres commentaires, Mme la députée?
Mme Charbonneau : Bien, je
n'insisterai pas. Je vais juste émettre une opinion. Puis je ne cherche pas à faire du temps. Je cherche vraiment juste à mieux
comprendre. Tout le projet de loi est écrit sans le mot «commission scolaire». Je comprends que c'est pour être
cohérent avec un argument qui est en cours en ce moment, mais là qu'on dise
«un établissement privé», je comprends
l'argument. Ce qui m'inquiète, c'est qu'à la lecture de la loi les gens se
réfèrent juste aux gestionnaires de l'école privée plutôt... de se référer soit
à un conseil d'établissement, ou à un conseil de parents, ou à un conseil d'administration, parce que la
nomenclature peut être différente, mais, bon, c'est un commentaire, parce
qu'à partir du moment où je suis un parent puis je lis la loi pour mieux la
comprendre, pour savoir avec qui je fais affaire puis comment je fais les
choses, bien, «un établissement privé» signifie son gestionnaire plus que son
cadre administratif. Donc, j'ai au moins émis mon opinion là-dessus. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que c'est un très bon commentaire dont on devrait tenir compte, puis on devrait l'ajouter, parce
qu'effectivement on veut qu'un conseil d'administration d'une école privée
puisse demander un avis. Des fois, il
peut avoir une opinion qui diverge, par exemple, de celle d'une direction
d'école privée ou un gestionnaire. Il devrait pouvoir aussi demander un
avis au protecteur de l'élève.
Puis je veux poser une question qui va dans le
même sens. Comment se fait-il que le conseil d'établissement n'est pas dans la
liste de cet article-là? Le conseil d'administration d'un centre de services,
un comité de parents, même un comité d'élèves peut demander un avis, mais on a
omis de mettre le conseil d'établissement. Moi, je pense qu'on devrait l'ajouter. Ça m'a été nommé par des
parents qui siègent sur des conseils d'établissement. Ils veulent que ce soit explicité parce qu'il arrive très
régulièrement qu'ils doivent prendre des décisions pour lesquelles ils se
demandent quel pourrait être l'impact sur le respect des droits des
élèves. Ils aimeraient pouvoir solliciter un avis.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Roberge : Oui, je vais... Je veux juste évaluer, pour la
question du conseil d'établissement, je veux vérifier à cet égard-là.
La Présidente (Mme Guillemette) : ...quelques
instants, une petite suspension?
M. Roberge : On peut suspendre une
minute, oui, juste pour vous comprendre. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : On
va suspendre une minute.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
(Reprise à 12 h 24)
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous reprenons les travaux. M.
le ministre, si vous voulez, je vous
cède la parole, là, pour nous faire une courte explication.
M.
Roberge : Clarifier pour les
gens à la maison, qui nous écoutent nombreux ce mardi en début d'après-midi.
Donc, ma collègue de Sherbrooke nous a proposé
d'inclure les conseils d'établissement comme étant un groupe qui peut solliciter un avis. On a suspendu pour évaluer
l'opportunité de tout ça. L'équipe qui m'accompagne est en train de
rédiger un amendement qui irait dans la direction de ma collègue. Cependant, au
point de vue technique, on ne pourra pas
vraiment le déposer tout de suite parce que ça ne modifie pas l'amendement qui
est déjà là, mais l'article original.
Donc, je propose qu'on revienne sur l'amendement, qu'on en traite puis, quand
on en aura disposé, on pourra déposer un autre amendement qui va dans le
sens de ce qui est proposé par ma collègue.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Ça va à tout le monde? Parfait. Donc, nous revenons à
l'amendement de M. le ministre. Il est à l'écran. Donc, des interventions sur
l'amendement, autres que celles de Mme la députée de Sherbrooke? Oui, Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon : Donc, je veux d'abord... je sais que, d'habitude,
on n'invoque pas l'absence, mais je m'assume complètement pour invoquer
mon absence. C'est que je suis sur deux projets de loi fort importants en même
temps, dont le projet de loi n° 2 sur la réforme du
droit de la famille, qui débute aujourd'hui, donc. Mais je voulais venir pour toute la question des violences sexuelles.
Donc, vous me direz si tout ça a déjà été débattu et que je ne fais pas oeuvre utile,
là. Mais, si je comprends bien, c'est à 18 qu'on intègre pour la première fois
la notion que le protecteur va être responsable
de traiter tout signalement concernant un acte de violence à caractère sexuel.
Est-ce que c'est la première occurrence de cette réalité-là et de cette
responsabilité-là à 18?
La Présidente (Mme Guillemette) : On
en a traité plus tôt, hein, aussi, M. le ministre?
Mme Hivon : Avec la formation que ma
collègue m'a dit tout à l'heure?
M.
Roberge : Exactement. Tout à l'heure, on a parlé de
formation, mais là c'est un peu ici, je dirais, qu'on établit la compétence.
Mme Hivon : C'est ça. On établit la
compétence ici.
M. Roberge : Oui, c'est ça, puis on
la précise. Parce que, d'une certaine façon, c'était peut-être de manière
implicite, mais là, de manière limpide et incontestable, on établit la
compétence à cet endroit-ci. Puis il y a plusieurs amendements qui viennent
détailler, là, le quoi, le comment, puis voilà.
Mme Hivon : Parfait. Puis il est
clair et spécifique que la formation de tous les protecteurs régionaux va
inclure de la formation sur les violences sexuelles en milieu scolaire?
M. Roberge : C'est un amendement qu'on
a adopté, tout à l'heure, à l'unanimité.
Mme
Hivon : O.K. Donc, je suis désolée, je ne prendrai pas
plus de votre temps pour me faire réexpliquer des choses, mais c'est une
très belle avancée, puis on va continuer à en parler, là.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée de Joliette. D'autres
interventions sur l'amendement de M. le ministre? Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, je vais mettre aux voix l'amendement de M. le ministre.
Donc, est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) : Adopté.
Donc, l'amendement étant adopté, nous revenons à l'article 18 tel
qu'amendé. Est ce qu'il y a des commentaires, des questions sur
l'article 18 amendé? M. le ministre.
M.
Roberge : Bien, je pense que là serait le moment d'afficher à
l'écran et de faire la lecture du nouvel amendement. Est-ce que je
devrais dire «sous-amendement», Mme la Présidente? Non, un amendement.
La Présidente (Mme Guillemette) : C'est
un nouvel amendement. C'est un nouvel amendement.
M. Roberge : Nouvel amendement.
Merci. Parfait.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, vous pouvez nous présenter votre nouvel amendement, M. le ministre.
M.
Roberge : Oui. Je vais l'expliquer ensuite, parce que des
fois, quand c'est juste ajouter un mot ici, un mot là puis qu'on ne voit pas la phrase au complet, ça
devient difficile. Mais donc l'amendement, c'est : Au
deuxième alinéa de l'article 18 du projet de loi :
1° insérer, après
«toute question», «à portée collective»;
2° insérer, après «conseil d'administration
d'un centre de services scolaire,», «un conseil d'établissement,».
Donc, juste... je vais le relire avec les mots
insérés aux bons endroits, qu'on comprenne bien. Alors, on est au deuxième
alinéa, ça serait... «Ils», ici, là, on parle des protecteurs régionaux :
«Ils donnent leur avis sur toute question à
portée collective que leur soumet le conseil d'administration d'un centre de services scolaire, un conseil
d'établissement, un comité de parents, un comité des élèves ou un établissement
d'enseignement privé visé à
l'article 15 relativement aux services que rend le centre de services
scolaire ou l'établissement d'enseignement privé aux élèves, aux enfants
qui reçoivent un enseignement à la maison ou aux parents de ceux-ci.»
Bref, on a
ajouté le conseil d'établissement. On a précisé quelque chose ici : à
portée collective. Probablement qu'il aurait fallu le faire de toute
manière, je vous dirais, mais, en mettant «conseil d'établissement», on y a
pensé encore plus,
c'est-à-dire qu'on demande un avis qui n'est pas une plainte, donc, pour
anticiper, pour prévenir des plaintes puis améliorer les services. Dans le
fond, idéalement, la meilleure plainte, c'est celle qui n'est jamais déposée,
parce que l'école fait bien son travail, les parents sont satisfaits. Donc, un
avis qui serait demandé en amont d'une plainte, il faudrait qu'il soit un avis
à portée collective, c'est-à-dire pas un avis qu'un conseil d'établissement ou
un comité de parents demanderait sur un cas très, très précis; sur mon enfant,
mettons.
Je siège au conseil
d'établissement... J'ai siégé en tant que parent sur le C.É., d'ailleurs, de
l'école de mes élèves puis en tant
qu'enseignant sur le C.É. de mon école, donc deux centres de services
scolaires, deux rôles différents, puis ça arrivait, des fois, que des
gens arrivaient avec l'anecdote. Mais je ne pense pas qu'il faudrait qu'un
conseil d'établissement demande au protecteur régional de l'élève une question
très, très précise sur le petit Tommy ou la petite
Coralie pour savoir qu'est-ce qui arriverait à elle dans tel ou tel cas. On est
plus dans une démarche de dénominaliser et à grande portée.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Donc, nous allons débattre de l'amendement de
M. le ministre après le dîner. Et je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux. Bon appétit, tout le monde!
(Suspension de la séance à
12 h 31)
(Reprise à 15 h 37)
La Présidente (Mme Thériault) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la Commission de la culture et de l'éducation reprend
ses travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 9, sur le protecteur national de
l'élève.
Lors de la
suspension, le ministre venait de déposer un second amendement à
l'article 17... 18, pardon, 18. Et, Mme la députée de Saint-Laurent, vous
aviez signifié votre intention de prendre la parole. Donc, on recommence avec
vous, Mme la députée. Allez-y.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Quand on a arrêté nos travaux, à
12 h 30, là, tantôt, moi, j'avais posé une question parce que, là, on
insérait un fait nouveau, là, «à portée collective». Donc là, on va venir
définir c'est quoi, une question qui peut être répondue... alors qu'au départ
ce n'était pas le cas. Puis je comprends le ministre quand il dit... il nous a
donné l'explication, juste pour refaire un topo, brièvement, on dit : On
ne veut pas que, par exemple, un parent
prenne sa situation, son cas particulier, puis qu'à chaque fois... que le
protecteur de l'élève doive répondre, à ce moment-là, à cette question.
Par contre, ici, là,
c'est quand même déjà encadré, parce ce n'est pas un parent qui soulève un
questionnement, c'est le conseil d'administration d'un centre de services, un
comité de parents, un comité d'élèves, un conseil d'établissement, si
d'aventure on adopte le deuxième paragraphe. Donc, ce n'est pas une personne,
c'est vraiment... ça prend un comité. Donc, il n'y aura pas ce problème-là
parce qu'il y a déjà... en amont, le comité ou le conseil va établir quelle question on a besoin. Puis évidemment, si
jamais on se rend compte, là, que... j'ose faire encore un parallèle juridique,
là, qu'on aurait un comité qui serait un plaideur quérulent, là, qu'à chaque
cinq secondes... Ça, ça serait problématique, mais j'espère
qu'effectivement, tu sais, à ce moment-là, le protecteur de l'élève pourra
dire : Bien, on vous a déjà répondu. Ça
va aller vite, là, si, toujours, il ramène les mêmes questions sur la table et
qu'il n'y a pas de fait nouveau, mais je crois qu'on ne devrait pas
aller aussi loin que de définir le type de question, parce que, sinon, on embarque dans de l'interprétation, à
savoir si, oui ou non, c'est de portée collective. Et, des fois, ça peut ne
toucher qu'un élève. Par contre, même si ça ne touche, à ce stade-ci,
qu'un seul élève, il a une portée collective.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
tout ce que ça veut dire, en réalité, quand on parle de portée collective,
c'est que ce soit formulé de manière générale et que ce ne soit pas une plainte
d'une personne, c'est qu'on y va sur un mécanisme. Par exemple, si on va au niveau local, supposons, un conseil
d'établissement, ça pourrait être le territoire du transport scolaire. Quoique ça, ça relève peut-être plus,
davantage du conseil d'administration. Par exemple, les règles de vie d'une
école, c'est à portée collective. Au niveau du conseil d'administration, ça
peut être le transport scolaire. C'est un avis à portée collective, tout
simplement.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Et
qu'est-ce qui ne serait pas de portée collective?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Une
question qui serait très précise, sur un cas d'élève, un cas d'espèce.
• (15 h 40) •
Mme Rizqy : O.K.. Bien, je vous
donne un exemple, là, puis je le formule en même temps que je vous parle. Ce
n'est jamais très bon de réfléchir et de parler en même temps, je le sais, mais
bon. Si, par exemple, on a un cas d'espèce d'un enfant en
région, que, pour lui, le transport scolaire est dans un milieu où est-ce qu'il
n'y a pas de route en béton, c'est de la gravelle, donc c'est plus difficile de
se rendre, c'est un cas d'espèce, mais qui peut quand même avoir une portée
collective. Même si ce n'est pas toutes les routes qui sont, des fois, plus
difficiles, là... là, je me mets vraiment en
région. Tu sais, c'est ça, si, même moi, j'ai de la misère à définir qu'est-ce
qui n'est pas de portée collective, imaginez eux.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Je
comprends que, si... On prend un exemple, là, supposons, on pourrait... un
conseil d'établissement pourrait demander un avis au protecteur régional de
l'élève en disant : Est-ce qu'on pourrait, dans une école primaire qui n'a aucune sélection, exiger le port d'un
uniforme? C'est une question à portée collective. Ça se peut que le
parent qui amène cette question-là y soit favorable, y soit opposé, c'est
correct, mais ce n'est pas : Est-ce que
mon fils pourrait déroger à la règle du port de l'uniforme? Ça, ce n'est pas
une question à portée collective, mais, si on dit... le conseil
d'établissement se demande, bon, dans le cadre de l'élaboration du code de vie
de l'école... Il y a des parents qui sont
favorables, des parents qui sont défavorables, bien là le conseil
d'établissement s'apprête à statuer puis il veut savoir, dans le
fond : Est-ce qu'on a la légitimité? Si quelqu'un porte plainte après
parce qu'il ne veut pas adhérer, est-ce que
le protecteur de l'élève va lui donner raison ou pas? Donc, le conseil
d'établissement, avant de prendre sa résolution, pourrait demander avis au
protecteur régional : Bien, est-ce que nous, là, on peut exiger un code,
un code vestimentaire à l'école? Ça, c'est purement à portée collective.
Mme Rizqy : O.K.
Je reprends le même exemple, parce que ça, dans ma tête, c'est clair, ça vise
tout le monde, le port de l'uniforme. Mais là, si jamais, dans un cas d'espèce,
on a... dans une école qui va dire : Pantalon pour tout le monde, sauf les
filles, qui peuvent avoir pantalon ou jupe, selon leur souhait, et là j'ai un
enfant qui est en processus, qui veut passer de masculin à féminin, qui est en
processus, mais qui n'est pas encore... puis là le projet de loi n° 2 n'est pas encore adopté,
puis je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de ce projet de loi,
mais que, là, cet enfant-là dit : Bien, moi, je veux porter une
jupe, puis là l'organisation dit : Oui, mais tu n'es pas encore une fille,
là, ça devient un cas d'espèce qui n'est pas de portée générale. Alors là, il
pourrait...
M. Roberge : Je pense que c'est beaucoup dans la formulation de
la question, en réalité. S'il y a un problème, là, de cas de... O.K. Je vais reprendre la question. On est dans le code
de vie, on a le port ou non de l'uniforme, le conseil d'établissement se
demande, il dit : Oui, mais là, si on fait un uniforme qui est genré,
qu'est-ce qui va arriver avec des élèves qui
ne s'identifient pas à un genre plutôt qu'à l'autre? Tout à fait. Mais, si on
demande au protecteur : Bien, écoutez, avant d'adopter... Dans le
fond, je vais y aller très clairement, là : Ce n'est pas au conseil
d'établissement de déposer une plainte
contre lui-même au protecteur de l'élève. C'est juste de distinguer la plainte de
la demande d'avis, tout simplement. C'est ça que ça veut dire.
Mme Rizqy : Oui,
ça, je suis d'accord avec vous, c'est juste que je trouve que ce serait plus
simple si on enlevait cet élément-là, parce que, même moi, j'ai de la misère à
saisir qu'est-ce qui ne pourrait pas être de portée collective. Puis on jase
entre nous deux, puis, même nous, on n'arrive pas à donner, tu sais, des
exemples concrets qui pourraient être... pas être de portée collective, alors
aussi bien juste de l'enlever, ça va enlever cette ambiguïté. Puis moi, je fais confiance que les conseils, puis
les centres de services, puis les comités de parents ne vont pas faire... ils
ne seront pas, entre guillemets, des plaideurs quérulents, toujours en train de
demander des avis, là, ils vont aller, évidemment... le principe de bonne foi
va s'appliquer, puis ils vont déposer un avis quand ils arrivent dans un cas
d'espèce qui, justement, n'a jamais dû être appliqué dans le réseau de
l'éducation, puis là ils vont se tourner en amont,
pour, justement, essayer d'éviter une situation conflictuelle qui pourrait
générer une plainte puis une révision auprès du protecteur de l'élève.
Moi, je le vois comme
plutôt une façon d'en amont s'assurer qu'on n'aura pas le dépôt de plainte,
parce qu'on a justement eu un avis du
protecteur de l'élève. Moi, je vous demanderais peut-être juste... Moi, tout le
reste, il me convient. C'est juste ce bout-là qui porte à... matière à
interprétation puis une ambiguïté, je l'enlèverais pour dissiper les doutes pour
tout le monde, tout simplement.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, écoutez, on va vérifier, mais c'est parce que je pense qu'il y a
quand même un principe important : le plaignant a accès à un mécanisme de
plainte, bon, en trois volets, comme on le dit depuis le début, tandis que, là, ici, quand on est dans la demande
d'avis, on est dans la prévention des plaintes, donc, par défaut, on est
dans une démarche à portée collective, on est dans l'organisation.
C'était juste pour
baliser, pour dire qu'il ne s'agit pas, par exemple, pour un comité de parents,
de déposer une plainte. C'est ça aussi qu'il faut préciser, ce n'est pas... il
n'appartient pas au comité de parents de porter plainte, admettons, contre le centre de services scolaire
sur un cas précis. Le comité de parents, lui, voulant avoir un avis, bien,
c'est plus global. Peut-être que, bon, l'exemple, ça se comprend mieux quand je
parle du comité de parents versus du conseil d'établissement.
Mme Rizqy : Oui, mais ça, j'ai
la même lecture que vous, que l'avis, c'est justement pour prévenir... tu sais,
on le fait en amont pour éviter justement
le... Parce qu'on est allé chercher cet avis-là, parce que c'est comme, par
exemple, un fait nouveau que personne n'a vu
venir, puis là on a dit : O.K., on n'a jamais géré ça, on va demander
l'avis. Puis, même, je pense qu'être parent,
tu sais, de savoir, regardez, le conseil d'établissement, ou le comité de
parents, ou le conseil d'administration est allé chercher, justement,
une ressource supplémentaire, puis voici l'interprétation du protecteur de l'élève, c'est son avis, même, le parent va
dire : O.K., voici la réponse, puis je comprends que, si, mettons, je
déposais plainte, bien, il y a quand même déjà eu, entre guillemets...
il y a un avis qui a été donné par le protecteur de l'élève. Donc, ça va sauver
du temps pour tout le monde, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez, de
toute manière, le protecteur ne pourrait pas donner un avis, par exemple, au conseil d'administration ou au conseil
d'établissement si ce n'est pas à portée collective. Il fait des plaintes,
supposons, individuelles, puis il donne des avis à portée collective.
Si vous souhaitez que ça ne soit pas là, on peut
l'enlever, mais il va... il va... il ne pourra faire que ça, de toute manière,
dans ce contexte-là. Je ne pense pas que c'est une clarification de l'enlever.
D'habitude, c'est le contraire, hein? D'habitude, vous voulez absolument qu'on
le précise, vous voulez absolument qu'on l'écrive, parce que, sinon, si ce
n'est pas là, ce n'est pas assez clair. Là, vous voulez qu'on ne le mette pas,
puis ça va être plus clair. Mais je pense
que ça ne changera rien. Mon père, il dit : Ça ne change rien au prix des
bananes, c'est-à-dire ça va finir pareil, mais je peux le retirer si
vous pensez que ça crée une ambiguïté.
Une voix : ...
M. Roberge : Oui,
je sais, l'inflation, mais je peux... S'il y a consensus... Je ne le ferai pas
s'il n'y a pas consensus, mais, s'il y a consensus autour de la table,
je peux, à la limite, retirer mon amendement puis...
Mme Rizqy : Bien, peut-être une
précision.
M. Roberge : ...le redéposer
sans ce terme-là.
Mme Rizqy : Bien, pas de
problème, mais, juste avant, parce que ça va aussi sauver du temps, à quel
endroit c'est spécifié que c'est seulement sur portée collective qu'il donne
son avis?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Ce n'est pas
précisé ici, mais, justement, c'était pour le clarifier, parce que, dans la
mesure où on est dans une démarche où, par
exemple, un conseil d'administration sollicite un avis, bien, il n'est pas en
démarche de porter une plainte sur le
cas très précis, il est en train d'ajuster ses politiques, il est en train de
valider puis de prévenir des plaintes, donc, par défaut, il est plus
dans l'organisation.
Mme Rizqy : Moi, je serais plus
à l'aise qu'on l'enlève, ça va enlever une ambiguïté, en tout cas, que moi,
j'ai dans ma tête, puis ça va être beaucoup plus clair. Bizarrement, moi, je
pense que ça sera plus clair.
M. Roberge : Bien,
je le répète, j'aimerais juste savoir si tous les collègues sont du même avis.
Sinon, bien, on va le laisser, si oui, bien, on peut retirer, mais...
La
Présidente (Mme Thériault) :
J'ai Mme la députée de Mille-Îles
puis, après ça, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Charbonneau : Très rapidement,
Mme la Présidente, habituellement, quand une plainte se fait dans un centre
scolaire ou même dans une école, on est obligé de garder la discrétion
puisqu'on parle d'un élève ou d'une problématique d'un élève et de
l'institution. Donc, c'est implicite, le principe de l'avis à version
collective, là, donc il n'y a pas de souci pour moi.
La Présidente (Mme Thériault) : D'accord.
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien,
j'essaie de retourner ça dans tous les sens, moi aussi, puis je ne suis pas
capable, moi non plus, d'imaginer une
situation où ça ne sera pas à portée collective, de toute façon, tu sais.
Disons, on reprend l'exemple de l'uniforme, là... Puis là il y avait un
parent dont l'enfant est handicapé, par exemple, fauteuil roulant, mobilité
très réduite, incapable de s'habiller seul, doit porter des vêtements adaptés,
par exemple, puis là demande un traitement particulier, de ne pas être obligé
de porter l'uniforme, par exemple. Il fait cette demande-là, puis là le conseil
d'établissement dit : Bon, bien, on va demander un avis au protecteur de
l'élève, à savoir est-ce qu'on peut dire oui
à cette demande-là ou est-ce que ça, tu sais... est-ce que ça pose problème.
Dans tous les cas, ça reste à portée collective
parce qu'il pourrait se produire d'autres situations comme ça, là. Même si on
est sur un cas microspécifique, il pourrait y avoir d'autres situations
à travers le Québec, ça fait que ça reste à portée collective.
Ça fait que,
pour moi, chacune des décisions que va prendre le protecteur de l'élève sur
tous les dossiers qui vont lui être soumis ont toutes un potentiel
d'être à portée collective. Donc, je ne suis pas sûre d'avoir une opinion, à savoir s'il faut
l'enlever ou le laisser, mais, pour moi, je ne suis pas capable d'imaginer
aucun exemple où on pourrait refuser de donner un avis en disant :
Ça, ce n'est pas à portée collective. J'aimerais bien ça, voir ça, tu sais.
• (15 h 50) •
La question, pour moi, c'est plus : Est-ce
que le ministre mettait ça parce qu'il voulait être certain que les données
nominatives ne circuleraient pas? Puis là ma question, elle va dans le sens
de : Est-ce que ces avis-là vont être
rendus publics? Est-ce que c'est ça, l'enjeu, la raison pour laquelle il
parlait d'avis à portée collective? Est-ce que c'est parce que c'est des avis qui sont rendus publics, et donc, quand
c'est un avis qui porte sur une situation spécifique, il ne faut pas
qu'il y ait de données nominatives, par exemple? Moi, ça, j'aimerais le savoir.
Quand ils vont donner leur avis, quand, par
exemple, un comité de parents, ou un conseil d'établissement, ou une école va
demander un avis au protecteur de
l'élève, ces avis-là vont-ils être rendus publics? Parce qu'on s'entend qu'ils
vont être à portée collective, donc probablement que ça vaudrait la peine
qu'ils soient rendus publics, parce qu'ils vont présenter un intérêt pour
beaucoup d'autres gens.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je pense que ce
type d'avis là, demandé par un C.A. ou un comité de parents, un comité
d'élèves, de toute façon, c'est demandé par une instance, ce n'est pas... Par
exemple, si une mère porte plainte, bien là
je ne pense pas que ça devrait nécessairement être rendu public, précisément,
là. C'est un cas précis, ça peut toucher la vie privée. Là, on est dans
plus la vie collective. Il n'y a pas d'enjeu, là, de toute façon, les gens vont
le recevoir puis... ils vont recevoir l'avis, puis ça va pouvoir être utilisé,
ça va pouvoir être partagé pour éclairer le réseau ou l'organisme, l'instance
qui va le demander.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : À ce moment-là,
est-ce qu'on ne peut pas améliorer l'amendement puis aller reprendre une
disposition qui était prévue dans l'amendement de ma collègue de Saint-Laurent
un peu plus tôt à un autre article, prévoir que ça va être rendu public, par
exemple, dans les 30 jours ou pour s'assurer que ça va être consigné
quelque part? Parce que, justement, ils vont
consacrer de leur temps, à l'occasion, à produire un avis à la demande d'une de
ces instances-là. Si on ne veut pas
qu'ils passent leur temps à réécrire les mêmes avis sur des sujets similaires,
ça vaudrait la peine qu'ils soient
systématiquement rendus publics assez rapidement après leur production pour
qu'un autre conseil d'établissement ailleurs au Québec qui se penche
là-dessus puisse aller fouiller là-dedans. Au lieu de resolliciter un nouvel avis, à leur protecteur régional, par
exemple, bien, ils vont pouvoir voir : Ah bien! Dans telle autre région,
il y a un avis similaire qui a déjà été... un avis sur un sujet similaire qui a
déjà été demandé, par exemple, justement, dans le but d'aller chercher
l'efficacité dont le ministre parlait là, de s'assurer qu'ils ne travaillent
pas 20 fois par année sur un avis sur
une situation similaire. Moi, je pense qu'on devrait modifier l'amendement pour
inclure une disposition pour rendre public dans un délai de
30 jours.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je
pense ça appartient au protecteur régional puis au protecteur national de
colliger ces choses-là, puis de voir
des lignes de force, puis de dire : Oh! il y a plusieurs instances, des
conseils d'administration, des comités de parents qui se posent tel type
de questions. Bien là, en amont, on va même faire un avis plus générique, plus
riche, je vous dirais, qui couvre plus
large, puis on va le diffuser, on va l'envoyer à tous, mais ce n'est pas... ce
n'est peut-être pas nécessairement l'avis... Supposons, conseil
d'administration du centre de services des Découvreurs demande un avis sur le
code vestimentaire, qui va être très, très précis, puis un autre C.A. demande
un autre avis sur le code vestimentaire, mais sous un autre angle, après ça,
ces gens-là se parlent, on va prendre cet avis-là... on va prendre cet avis-là,
on va faire une suggestion de politique, on va faire une proposition, on va
l'envoyer partout. Je pense qu'il faut faire confiance au protecteur, aux
instances pour partager l'information. Des fois, est-ce qu'on peut consolider deux, trois avis pour avoir quelque chose qui est
plus utile? Tu sais, ça devient un document d'information, ça devient un dépliant. Vous savez, des fois, trop d'infos,
ça tue l'info, là. Je ferais confiance au protecteur pour voir dans quelle
mesure un avis doit être partagé ou
reformulé, puis de manière à être utile pour tous plutôt que d'être très
pointus, donc.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, en tout cas,
je pense qu'on s'entend sur le fait qu'on veut que les avis produits, qui vont demander de l'énergie aux gens, soient utiles pour
tous. Ça, je pense qu'on va convenir de ça, là, on veut que ça puisse
servir aux autres.
Là, en ce moment, de la façon dont
l'article 18 est écrit, puis même avec l'amendement, ce n'est pas prévu qu'ils vont être rendus publics, ces avis-là.
Donc, moi, je pense qu'on ne fera pas travailler les gens pour rien. Si on veut
que ça soit utile pour tous, on va
prévoir qu'ils soient rendus publics puis on va dire de quelle manière, à quel
endroit, par exemple, dans quel délai. Je pense qu'il faut prévoir ça.
On peut tout
à fait prévoir que le demandeur de l'avis, ça ne sera pas diffusé, tu sais, que
l'avis va être diffusé, mais qu'on ne saura pas que c'est le centre de
services scolaire des Découvreurs ou le conseil d'établissement de l'école Soleil-Levant
qui a demandé ça, mais on va pouvoir quand même avoir accès à la mise en
situation puis à l'avis qui a été rendu. Moi, je pense
que, si on s'entend qu'on veut rendre ça utile pour tout le monde, ces avis-là,
il faut prévoir de quelle manière ils vont être rendus publics. Puis ça va
juste sauver du travail à beaucoup de monde, finalement.
Puis, oui, en plus,
peut-être que... peut-être qu'en plus ils vont produire des documents, comme le
ministre l'a dit, mais, à un moment donné, ça devient comme une question...
comme une rubrique questions fréquentes sur un site Web, là, tu sais, que ce
soit déjà disponible, que ça soit possible de consulter tous les avis qui ont
été rendus, par exemple, en matière de transport scolaire, tous les avis qui
ont été rendus en matière d'uniformes puis que les gens puissent consulter puis
voir qu'est-ce qui ressemble le plus à la situation qu'ils vivent puis
s'inspirer de ça. Puis, s'ils ne trouvent
rien qui convient à leur situation parce qu'eux autres, c'est vraiment différent,
leur situation, bien là ils solliciteront un autre avis, mais, au moins,
ils auront pu vérifier avant. Ça fait que moi, je pense qu'il faut juste
prévoir, dans cet article-là, de quelle manière on va les rendre publics puis
dans quel délai.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, je veux que l'information soit rendue publique, mais il me semble
qu'il faut laisser... Excusez-moi, j'accroche le micro, ça fait deux fois, là.
Il faut laisser, je pense, aux instances la latitude pour voir de quelle
manière elles vont rendre public le fruit des délibérations. Est-ce que ça peut
être un graphique? Est-ce qu'ils peuvent colliger les avis par thèmes? Est-ce
qu'ils peuvent les regrouper pour faire un pense-bête ou une section sur le
site Internet avec les questions les plus fréquentes, le formuler pour que ça
soit plus clair? Quand c'est un conseil d'administration qui demande, par
exemple, là, un avis, la manière, bien, que ça va être rédigé, ça ne sera pas nécessairement facilement accessible pour un
parent qui pourrait avoir besoin de quelque chose de plus vulgarisé, plus
simple.
Donc,
c'est pour ça que je me dis... dire : Bien là, écoutez, vous allez tout le
temps rendre publiques vos affaires sur le site Internet, je comprends,
mais j'aime mieux... j'aime mieux permettre aux gens d'avoir la latitude pour
le formuler, le vulgariser, comment ils vont
le colliger, comment ils vont le rendre public pour que ça soit utile et
utilisable, plutôt que de dire : Bien, on va tout publier en vrac.
C'est juste ça, là. Je ne pense pas qu'on a... Je pense que c'est évident
qu'ils vont vouloir être efficaces, puis qu'ils ne voudront pas vouloir
répondre plein de fois aux mêmes questions, puis qu'ils vont partager
l'information. C'est juste, je ne pense pas que c'est utile de le préciser ici,
que tout doit être en vrac comme ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Bien, on est d'accord, là. Moi, je ne veux pas aller dans la microgestion
de comment doit être configurée la section du site Web à cet effet, mais je
pense que juste... la balise minimale qu'on pourrait se dire, c'est d'être
rendus publics sur le site Web dans un délai de 30 jours. Après ça, ils
organiseront ça comme ils veulent, évidemment, en fonction de ce qu'ils
voudront comme catégories, ils présenteront l'information de la manière qu'ils
le souhaitent pour la vulgariser ou quoi que ce soit. Moi, ça, je ne veux pas
qu'on rentre dans ce niveau de détail-là, mais de dire : Sur le site Web
dans un délai de 30 jours, je pense que ça laisse quand même pas mal de
latitude, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, avec cette manière-là, on peut très bien l'intégrer. On pourrait
peut-être remplacer le... justement, retirer l'amendement puis remplacer... au
lieu d'avoir «à portée collective», indiquer qu'il y aura, je ne sais pas trop,
là, diffusion de l'information dans un délai... je pense que 30 jours,
c'est suffisant, puis, après ça, «de la manière jugée opportune». Ou peut-être
qu'on n'a pas besoin d'écrire «de la manière jugée opportune». On peut voir de
quelle façon on peut ajuster ça.
La Présidente
(Mme Thériault) : Donc, je comprends que nous allons retirer
l'amendement déposé par le ministre. Est-ce que vous avez d'autres choses à
ajouter, Mme la députée? Non? M. le ministre, est-ce que vous voulez qu'on suspende quelques instants ou si
votre amendement est prêt? Parce que, j'ai compris, il y a deux amendements. Donc,
on peut retirer.
M. Roberge :
Oui, s'il vous plaît. Oui, juste une seconde, ça ne sera pas long.
La Présidente
(Mme Thériault) : On va suspendre quelques instants, le temps
d'avoir un écrit.
Nous suspendons les
travaux.
(Suspension de la séance à
16 heures)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente
(Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît, collègues! Donc,
l'amendement du ministre a été déposé puisque
nous avons retiré l'autre amendement déjà. J'ai eu votre consentement. À
l'écran, vous avez l'amendement présenté par le ministre. M. le
ministre, je vous laisse nous en faire lecture, s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui.
Donc, le nouvel amendement : Au deuxième alinéa de l'article 18 du
projet de loi :
1° insérer après «conseil d'administration d'un
centre de services scolaire,», «un conseil d'établissement,»;
2° ajouter, à la fin : «Ces avis sont
publiés sur le site Internet du protecteur national de l'élève dans les
30 jours de leur transmission.» Voilà.
La
Présidente (Mme Thériault) :
...M. le ministre. Questions,
commentaires sur l'amendement? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : C'est un excellent
amendement. Je remercie le ministre pour son ouverture.
La Présidente (Mme Thériault) : À
votre initiative, merci. D'autres commentaires?
Mme Labrie : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Ça va? On le passe aux voix.
Est-ce que l'amendement du ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Mme Labrie : On va faire du renforcement
positif.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Donc, à ce moment-là, nous, nous revenons à l'autre amendement, si je ne
me trompe pas, ou s'il a été fait?
(Consultation)
La Présidente (Mme Thériault) :
Il a été fait. Donc, on est rendus à l'article tel qu'amendé. Donc, est-ce
qu'il y a des questions, commentaires sur l'article tel qu'amendé?
Une voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Je n'en vois pas. Donc, M. le ministre, est-ce que l'article, tel qu'amendé, 18,
est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. L'article 19. M. le
ministre, allez-y. Et vous avez un amendement aussi, si je ne m'abuse.
M. Roberge : «19.
Les protecteurs régionaux de l'élève diffusent l'information relative à la
procédure de traitement des plaintes prévue par la présente loi.»
Et j'ai un amendement que la commission et les
collègues ont reçu.
La Présidente (Mme Thériault) : Si
vous voulez nous faire la lecture de votre amendement.
M. Roberge : L'amendement,
c'est donc : Remplacer l'article 19 du projet de loi par le
suivant :
«19. Les protecteurs régionaux de l'élève
diffusent l'information relative à la procédure de traitement des plaintes
prévue par la présente loi ainsi qu'à la possibilité d'effectuer un signalement
ou de formuler une plainte concernant un acte de violence à caractère sexuel au
protecteur national de l'élève.
«Les
protecteurs régionaux de l'élève fournissent tout renseignement demandé sur
l'application de la procédure d'examen des plaintes aux personnes qui le
requièrent et les informent des mesures de protection contre les
représailles que la loi reconnaît à toute personne qui effectue un signalement,
formule une plainte, collabore au traitement d'un signalement ou d'une plainte
ou accompagne une personne qui effectue un signalement ou formule une plainte.»
Donc, l'amendement vise à ajouter à
l'information que doivent diffuser les protecteurs régionaux de l'élève celle
concernant la possibilité de lui faire un signalement ou de formuler auprès de
lui une plainte concernant un acte de violence à caractère sexuel.
Puis on
parle, bien sûr, de la question du traitement des plaintes et des mesures de
protection contre les représailles.
La Présidente (Mme Thériault) : Questions
ou commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui. Moi,
l'amendement me va. Juste deux questions, la première : Est-ce que ça peut
être aussi une plainte indirecte? Et je vais m'expliquer. Si, par exemple, un
mineur se confie à un adulte de son école par rapport à une agression sexuelle,
même si, mettons, le mineur souhaite que tout ça soit confidentiel, à ce
moment-là, immédiatement,
il y a des obligations légales, par exemple, d'immédiatement... la DPJ doit
être informée, il doit y avoir un signalement. Est-ce que l'adulte qui a reçu
cette plainte, lui aussi devra, à ce moment-là, faire le signalement au
protecteur de l'élève pour être conséquent?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : L'obligation,
c'est envers la DPJ dans ce cas-ci, ce ne serait pas envers le protecteur de
l'élève.
Mme Rizqy : ...une plainte
indirecte? Donc, ce n'est pas l'élève qui la fait mais un adulte responsable?
Des voix : ...
M. Roberge : On pourrait le
faire, oui, ça serait un signalement.
Mme Rizqy : O.K. Excellent,
oui. Deuxième question, c'est plus commentaire. Moi, je me suis amusée, en
prenant le projet de loi qui est déposé par ma collègue, le projet n° 394, qu'on appuie, puis je sais que ma collègue très optimiste, elle aimerait ça qu'il soit
adopté, mais, si jamais il ne l'est pas, je me suis dit on va prendre les
paragraphes pour voir qu'est-ce qui pourrait être ajouté pour bonifier.
Des voix : ...
Mme Rizqy : Puis, à
l'article 19 de votre projet de loi, il y a quelque chose que je trouve qui
est pertinent, mais qui est dans le projet de loi n° 394
au niveau de la confidentialité. C'est précis dans le projet de loi n° 394, à l'article 4, paragraphes 7°, 12°, 13°,
il est question, au fond, de toutes les communications confidentielles. Est-ce qu'il y a un endroit où est-ce qu'on parle de la
confidentialité des plaintes? Parce qu'en matière de violence à caractère
sexuel, je sais, c'est comme...
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
Mme Rizqy : ...c'est plus
large, là. Je ne sais pas si c'est ailleurs.
Des voix : ...
M. Roberge : O.K. Donc, c'est ça, étant donné que c'est un
organisme public, la Loi sur la confidentialité des renseignements
personnels s'applique, donc la confidentialité est déjà protégée.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : O.K. Oui. O.K. Là,
je comprends. C'est une question simple.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Sherbrooke,
après ça, ce sera Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Labrie : Oui, j'appuie
l'amendement qui est là. Je veux porter à l'attention du ministre une demande
du Conseil en éducation des Premières Nations qui demandait... ils le
demandaient pour le précédent article 19, mais je suis convaincue que ça
vaut encore plus avec le nouvel article 19, qui élargit puis qui parle de
violence sexuelle, il demandait qu'on ajoute une mention pour garantir la
traduction de toutes les informations diffusées en langues autochtones pour
s'assurer de pouvoir y avoir accès, c'est un enjeu, pour eux, de sécurisation
culturelle. Donc, je voulais savoir ce que le ministre pense de cette demande.
Est-ce que c'est déjà prévu? Si oui, est-ce qu'on peut le confirmer dans la loi pour les rassurer, pour
s'assurer que, justement, tous les élèves et leurs familles qui auraient besoin
d'avoir accès à ces informations-là dans leur langue puissent y avoir accès?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je
vérifie pour être certain. Mais c'est bien... c'est vraiment dans le projet de
loi n° 96 qu'on balise la transmission des
gouvernements ou qu'on... où il y a les dispositions qui encadrent et dirigent
la communication entre l'État, les
organisations et les citoyens des différentes communautés. Donc, on ne pourra
pas, dans le projet de loi n° 9, aller faire quelque chose qui va à
l'encontre du projet de loi n° 96. Mais je sais que,
dans le projet de loi n° 96, il y a des balises pour
traiter les langues autochtones d'une manière différente.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Bien, il y a justement
des insatisfactions des communautés autochtones par rapport à ce qui est prévu
dans le projet de loi n° 96. Donc, je me permets humblement de dire que je
pense que c'est une réponse qui ne va pas satisfaire les Premières Nations. Aujourd'hui
même, elles faisaient un point de presse pour dire qu'elles ne sont pas rassurées du tout par ce qu'il y a dans le projet
de loi n° 96. Donc, si la réponse, c'est : Le projet de loi
n° 96 s'en occupe, c'est-à-dire ça ne répond pas à leurs demandes.
Moi, ce que je
voudrais, c'est m'assurer que les élèves vont avoir accès à l'information dans
une langue qu'ils maîtrisent, leurs parents également. Pour toutes sortes de
raisons, il peut arriver que leurs parents ne maîtrisent pas la langue française ou anglaise. Il faut
qu'ils aient accès à ces informations-là. Donc, comment on va faire? Comment
on va faire pour que leur droit de savoir
c'est quoi les mécanismes qui existent pour eux, quand on diffuse
l'information, là, pour qu'ils y aient vraiment accès?
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le
ministre.
M. Roberge : Dans
le principe d'exemplarité de l'État, ce que la langue d'usage de base,
normale... c'est le français. Après ça, les
ayants droit, les anglophones ont... en anglais, et il est prévu, ce n'est pas
la norme, mais il est prévu que l'État peut s'adresser dans une autre
langue, particulièrement avec les autochtones. Donc, ce sera possible pour eux
d'avoir les services.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée.
Mme Labrie : Donc,
je comprends que le ministre me dit : Tu sais, on ne l'écrira pas dans la
loi, mais il est prévu que ce type d'information là va être accessible aussi
dans les langues autochtones. Est-ce que c'est ce que le ministre me dit?
M. Roberge : Exactement.
Ce n'est pas la norme, je le précise, là, mais c'est possible de le faire
lorsque, justement, il y a des personnes qui
ne comprendraient pas le français et qui ne seraient pas des ayants droit,
supposons, pour la communauté anglophone. On parle de communautés, là, qui
parlent... puis tant mieux s'ils ont préservé vraiment leurs langues
autochtones puis ils sont restés sur leurs langues d'usage, pas de problème
avec ça. À ce moment-là, ils vont pouvoir recevoir l'information.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça va? Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la Présidente.
Juste la procédure quand je suis en formation professionnelle, éducation des adultes, parce que vous avez dit,
puis c'est logique, là, la DPJ, c'est pour les jeunes, mais les centres
scolaires couvrent plus large. Je voulais juste savoir, si je suis un adulte
puis je veux être accompagné dans une démarche ou je ne sais pas trop ce que je
fais avec ma démarche, on ne l'envoie pas à la DPJ, là. Donc, je voulais juste
savoir quelle était la démarche qui se rattache, là, au principe du protecteur
de l'élève à 19.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui.
C'est ça. Mais dans les amendements, on va le voir, là, on précise qu'une
personne peut être accompagnée, pas juste des mineurs. Ce n'est pas
nécessairement juste... il n'y a pas que les enfants qui peuvent être
accompagnés dans le processus. Donc, un élève majeur, un adulte qui est en FP,
en — ...
Mme
Charbonneau :
Oui, je sais.
M.
Roberge : ...je vais arrêter
d'accrocher mon micro, excusez-moi, j'ai des grandes baguettes — pourrait très bien être accompagné.
Mme
Charbonneau : Mais la seule chose qui me chicote, puis je vous le dis
parce qu'on les mentionne rarement. Alors,
je me demandais s'il n'y a pas lieu, éventuellement, de pouvoir faire une
spécificité par rapport aux adultes qui fréquentent nos centres
scolaires, là. On a des adultes avec des déficiences, on a des jeunes qui sont
en formation professionnelle, on a des gens qui reviennent en formation
continue à l'éducation des adultes. Donc, je fais juste nous le rappeler, parce qu'ils peuvent faire appel aussi au protecteur
de l'élève puisqu'ils en sont, mais que la procédure se doit d'être un
peu ajustée. Mais, ceci dit, si vous dites qu'on le mentionne plus loin dans la
procédure, qu'ils peuvent être accompagnés, il n'y a pas de souci. Merci.
La Présidente (Mme
Thériault) : Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article...
sur l'amendement de l'article 19? Je n'en ai pas. Est-ce l'amendement est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article tel qu'amendé? Je
n'en ai pas non plus. Est-ce que l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Thériault) : Adopté. Ça fait déjà deux, M. le ministre.
L'article 20.
M. Roberge : C'est la moyenne qui
compte. C'est la moyenne. Merci. Article 20, pour lequel il y aura aussi
un amendement. Article 20 :
«Un centre de services scolaires ou un
établissement d'enseignement privé doit, au plus tard le 30 septembre de chaque année, informer les élèves, les enfants
et leurs parents de la possibilité de formuler une plainte en application
de la procédure de traitement des plaintes prévue par la présente loi. À cet
effet, il doit afficher de manière visible, dans chaque établissement d'enseignement,
un document fourni par le protecteur national de l'élève et expliquant qui peut formuler une plainte ainsi que les
modalités d'exercice de ce droit. Le document doit indiquer les coordonnées
du protecteur régional de l'élève à qui doit être acheminée une plainte.
«Le centre de services scolaires ou
l'établissement d'enseignement privé doit aussi diffuser ces informations dans
le même délai dans une section dédiée à cette fin qui est accessible à partir
de la page d'accueil du site Internet de chaque établissement d'enseignement.»
Donc, il y a un amendement. Je ne sais pas si
vous voulez que je le lise tout de suite.
La Présidente (Mme Thériault) : L'amendement,
oui.
M. Roberge : Vous l'aviez déjà
reçu?
La Présidente (Mme Thériault) : Oui.
M. Roberge : Très bien. Donc,
amendement:
A l'article 20 du projet de loi :
1° insérer, après la première phrase du premier
alinéa, la suivante :
«Il doit également informer les élèves et leurs
parents de la possibilité d'effectuer un signalement ou de formuler une plainte
concernant un acte de violence à caractère sexuel au protecteur régional de
l'élève.»; et
2° ajouter, à la fin, l'alinéa suivant :
«Le protecteur national de l'élève peut
déterminer tout autre moyen de communication que doivent utiliser les centres
de services scolaires et les établissements d'enseignement privés, ou certains
d'entre eux, afin de diffuser cette information.».
Donc, ce
n'est pas un amendement qui vient changer le sens de l'article, là, on vient
ajouter... puis il y en a plusieurs, là, où on vient comme ajouter la
section des violences sexuelles.
La Présidente (Mme Thériault) : Questions
ou commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...sur
l'amendement, juste pour clarification, le centre de services scolaire informe,
évidemment, les parents qui font l'école à la maison aussi, là, auquel
les élèves sont inscrits à leur centre de services scolaire.
M. Roberge : Absolument.
Mme Rizqy : Parfait.
M. Roberge : Oui, oui.
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) : Est-ce
que j'ai d'autres commentaires sur l'amendement? Je n'en ai pas, est-ce que
l'amendement du ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. On retourne sur
l'article 20 tel qu'amendé. Est-ce que j'ai d'autres commentaires
sur l'article 20? Je n'en ai pas. Donc, est-ce que l'article 20, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Et de trois. M. le ministre, vous êtes rendu à l'article 21 et vous avez
également un amendement.
M. Roberge : Excusez-moi, Mme
la Présidente, et on me dit qu'il y a un 20.1.
La Présidente (Mme Thériault) : Ah!
Une petite insertion, on a un 20.1.
M. Roberge : Je ne l'ai pas
devant moi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Je n'ai... Est-ce que nous avons le 20.1 reçu
au secrétariat?
M. Roberge : Est-ce que vous
l'avez, à la commission?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : On
va l'afficher, c'est rendu au secrétariat.
M. Roberge : Ah! oui.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
on n'aura pas besoin de suspendre.
M. Roberge : Vous l'avez, c'est
ça, je me souviens.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
il est au secrétariat.
M. Roberge : Je me souviens.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
je ne l'ai pas, mais on l'a à l'écran présentement.
M. Roberge : C'est bon.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Donc, on a 20.1 qui s'ajoute. Là,
c'est vous qui allongez les travaux, M. le ministre.
M. Roberge : Oui, mais je pense
que les collègues seront très contents de ça.
La Présidente (Mme Thériault) : Tiens,
regarde, aucun problème. Vous voyez, elles sont très conciliantes.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Thériault) :
Elles travaillent vite et bien.
Donc, l'article... Votre 20.1, vous voulez nous le lire, M. le président...
M. Roberge : C'est ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
...M. le ministre?
M. Roberge : Oui,
je ne l'avais pas parce que ça n'avait pas été déposé en même temps que les
amendements en violence sexuelle, mais c'est un amendement important qui
fait suite aux réflexions qu'on avait.
20.1 Insérer, après l'article 20 du projet
de loi, le suivant :
«20.1. Dans le cadre des fonctions qui leur sont
confiées par la présente loi, le protecteur national de l'élève et les
protecteurs régionaux de l'élève s'assurent de tenir compte de la réalité des
autochtones.»
La Présidente (Mme Thériault) : Questions,
commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent, par la suite, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : J'aime beaucoup cet
amendement. Bien, j'en profiterais pour ajouter le commentaire de ma collègue,
puis ça serait parfait, d'ajouter un «notamment en traduisant les avis en
langues autochtones», comme ça, il serait complet, cet amendement-là, vous
voyez?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je ne pense pas
qu'il faut y aller de manière systématique, cependant, par exemple. C'est
vraiment sur demande, si on n'est pas capables de communiquer d'abord en
français, d'abord en anglais, parce que les autochtones sont souvent des ayants
droit aussi. Donc, il y a quand même, je pense, la primauté de la langue
française. Puis je ne veux pas empêcher la traduction en langues autochtones,
mais je ne voudrais pas que ça soit systématique, donc, et la loi n° 96 le prévoit déjà, on en a parlé, donc c'est une mesure
d'exception qui est très importante, mais c'est déjà prévu dans une autre loi,
et je n'irai pas là.
Mme Rizqy : Mais vous voyez, ce
n'est pas... bien, moi, je n'ai pas assisté, mais je connais quelqu'un... en
fait, quelqu'un de très bien qui a assisté à la conférence de presse tantôt,
l'excellent député de Jacques-Cartier, puis, tu sais — je me
trouve drôle, désolée — mais
ça pourrait être «notamment, lorsque requis, de faire la traduction», là, tu
sais. Vous voyez, là, on a gagné un paquet de temps puis on pourrait en gagner
encore plus vite si vous consentez.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Il
y en a qui, aussitôt... l'argent leur brûle les doigts, hein? Ils gagnent des
minutes et ils veulent toutes les flauber comme ça.
Mme Rizqy :
M. Roberge!
M. Roberge :
Je vais vous dire très, très, très clairement, là, on a vraiment une
directive de dire que la question des
langues, c'est dans le p. l. n° 96 et que, dans un
paquet d'autres lois, dans toutes les lois, à peu près, il y a des
mesures d'interaction avec les citoyens, là, de documents, d'information, de
ci, de ça, de ne pas modifier, ajuster, de faire des choses par cohérence,
qu'il y a une loi, un peu comme la Charte de la langue française qui chapeaute,
la loi n° 96 s'inscrit là-dedans. Mais je vous
dirais... je vous dis très, très clairement, je n'ai pas le mandat puis l'intention
de mettre des dispositions législatives sur les langues ici alors que c'est
traité dans une autre loi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : C'est clair, le leader, il en mène large. Ça, il
n'y a pas de problème, je comprends maintenant la position.
La Présidente (Mme
Thériault) : D'accord. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. J'aime beaucoup cet amendement-là. Il répond aux
préoccupations que j'avais à l'article
précédent. «Notamment», je pense que ça ouvre tout à fait la porte à ce qu'il y
ait de la traduction pour accéder à certaines informations en langues
autochtones.
J'aimerais juste dire
que je trouve ça dommage que ça arrive en amendement après le début du projet
de loi. Moi, j'aimerais ça que, dorénavant à
l'Assemblée nationale du Québec quand il y a des projets de loi qui sont
déposés, ça soit systématique comme réflexion de se demander si on doit
inclure des articles comme ça. Puis là j'applaudis l'ajout, j'en suis contente, mais ça devrait devenir un réflexe. On ne
devrait pas avoir besoin de parler de ça en commission parlementaire.
Je
me souviens, on en a parlé, au début de l'étude détaillée sur ce projet de loi
là qu'au XXIᵉ siècle, là, en 2022, là, quand
on dépose des projets de loi, on doit tenir compte des réalités autochtones.
Maintenant, on le fait avec cet amendement-là,
c'est bienvenu, mais il faut que ça soit dorénavant dans les projets de loi au
moment où ils sont déposés initialement, là, oui.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
je pense qu'on s'améliore de fois en fois. Maintenant, les auditions
particulières nous ont fait cheminer, avancer. Je trouve ça sain aussi, quand
même, qu'entre le dépôt de projet de loi puis l'étude article par article,
quand il y a des auditions, bien, on prépare d'avance des amendements.
Mais je comprends la
préoccupation de ma collègue aussi puis je pense que c'est le cas aussi que,
dans plusieurs domaines quand on rédige des lois, finalement, on intègre des
choses qui sont plus dans le consensus social de fois en fois.
La Présidente (Mme
Thériault) : Si ça va, sur l'amendement déposé par le ministre, on est
prêts à le mettre aux voix? Est-ce que l'article 20.1, introduit par le
ministre, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Donc, on est prêt à passer à l'article 21. Il n'y a pas d'amendement, c'est
moi qui avais pris ma feuille du 20.1 pour un amendement à 21. Donc, allez-y
sur l'article 21, M. le ministre.
M. Roberge : Voilà.
On entre dans le chapitre II, intitulé :
«Traitement des
plaintes
«Section I
«Traitement des
plaintes par un centre de services scolaires ou par un établissement [...]
privé». l'article 21 :
«L'élève
ou l'enfant visé à l'article 15 ou les parents de ceux-ci qui sont
insatisfaits d'un service qu'ils ont reçus, reçoivent, [ou] auraient dû recevoir ou requièrent du centre de services
scolaire peuvent formuler une plainte à la personne directement
concernée par la plainte ou à son supérieur immédiat.
«Lorsque
cette plainte est formulée à un membre du personnel d'un établissement
d'enseignement, le membre en avise sans délai le directeur de cet
établissement.»
Donc, c'est assez
clair, dans le fond, on est dans ce qu'on appelle la première instance.
La Présidente (Mme
Thériault) : Questions, commentaires sur l'article 21? Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. Ici, je pense que ça prend un amendement. On prévoit que
l'élève, ou l'enfant, ou ses parents peuvent formuler une plainte. Je pense qu'il
faut ajouter aussi les tiers, les témoins, pour qu'ils puissent eux-mêmes
déposer une plainte. Il y a un nombre incalculable de situations que je peux
imaginer où un tiers peut... Ça peut être un
membre du personnel, ça peut être un parent, peut être témoin d'une situation
problématique, et en ce moment-là, si
c'est prévu comme ça, il y a juste l'élève concerné ou ses parents qui peuvent
déposer une plainte.
Je vais donner des exemples. Un parent
accompagne un groupe scolaire pour une sortie, est témoin d'un comportement
inadéquat d'une enseignante qui va, par exemple, crier ou frapper un élève qui
n'est pas son enfant, qui est l'enfant de quelqu'un d'autre qui est dans le
groupe. La personne qui est témoin de ça ne pourrait rien faire, ne pourrait pas déposer une plainte en vertu de la
manière dont c'est rédigé en ce moment. Un membre du personnel qui voit
qu'un de ses collègues a des comportements déplacés envers certains élèves,
tient des propos racistes, par exemple, ne pourrait pas déposer une plainte de
la façon dont c'est formulé en ce moment.
Donc, moi, je voudrais m'assurer qu'un témoin ou
un tiers puisse aussi déposer une plainte. Après ça, ça sera au protecteur de l'élève de juger si cette
plainte-là vaut la peine d'être traitée, retenue ou pas, mais je veux qu'il
puisse le faire.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Dans... On parle ici plutôt d'un signalement, juste
pour séparer plaintes et signalements. Un signalement, c'est quand tu
veux signaler quelque chose dont tu es témoin ou que tu apprends, qui concerne
quelqu'un d'autre, et c'est possible de le faire déjà. C'est en vertu de
l'article 75 de la Loi sur l'instruction publique. Actuellement, en rajoutant les dispositions qu'on a du protecteur de
l'élève, dans le fond, ça s'arrime et ça fonctionne. C'est comme si on
perd l'article 75 puis on lui donne du muscle, parce qu'il arrive le
protecteur de l'élève pour traiter ces signalements-là. Donc, ça fonctionne, ce
que vous souhaitez, ça fonctionne pour tout ce qui touche les plans de lutte contre la violence, notamment les
violences sexuelles, mais aussi le harcèlement, l'intimidation, ça s'applique.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Dans la réponse du
ministre, il m'a dit que c'est déjà dans la Loi sur l'instruction publique. Or, dans la vraie vie, c'est quelque chose qui est
dit, là, de manière répétée par les gens dans le milieu, qu'ils ne peuvent
pas dénoncer des situations comme ça, là. En ce moment, ils ne peuvent pas le
faire sans s'exposer à des représailles.
J'ai des témoignages, moi, d'enseignants, de
membres du personnel qui sont témoins que des services n'avaient pas été donnés
à un élève, des services auxquels il avait droit, qui ne portent pas plainte
pour ça parce qu'ils ont peur de subir des
représailles, ils se font menacer de représailles quand ils signalent une
situation. J'entends un exemple bien précis d'un enseignant qui était témoin
que des enfants qui venaient de passer par des classes d'accueil, qui étaient
intégrés dans des classes régulières, avaient droit à un certain nombre
d'heures de soutien linguistique pour l'apprentissage du français. Une
fois qu'ils étaient intégrés à une classe régulière, il était témoin que ce
soutien linguistique là n'était pas offert du tout ou certainement pas le
nombre d'heures auquel l'enfant avait droit. Il se fait menacer de représailles
si la situation est dénoncée publiquement, se fait empêcher de dénoncer la
situation. En tout cas, ça, c'est des choses qui se passent.
Ça fait que,
quand le ministre me dit : Bien non, la loi prévoit déjà que c'est
possible, bien, malheureusement, ce n'est pas suffisant. Moi, j'aimerais
ça que ça puisse être possible de le faire directement au protecteur de l'élève
via le mécanisme qu'on est en train de créer. Il est question, dans ce qu'on
est en train de créer, de protection contre les représailles. Moi, je veux que
les tiers, que ce soient des membres du personnel ou des parents qui sont témoins
de situations, puissent signaler le problème.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je comprends la
préoccupation de ma collègue, j'ai entendu ces choses-là aussi, mais on ne peut pas prendre, supposons, la Loi sur
l'instruction publique, telle qu'elle est, puis le protecteur de l'élève
séparément, c'est qu'un renforce l'autre. En ce moment, il est prévu qu'un
tiers, voyant que tout élément qui touche le plan de lutte contre la
violence et l'intimidation, supposons, qui ne serait pas respecté, ne serait
pas appliqué, il y aurait des jeunes qui seraient victimes, peut porter
plainte, il peut faire un signalement au nom de cette personne-là. Vous me
dites : Oui, mais là il y aurait des
représailles, et c'est là qu'arrive le p.l. n° 9,
à l'article 45, qui dit : Bien là, on protège les gens contre
les représailles. Donc, la force, c'est 75 de la LIP plus 45 du p.l. n° 9, et c'est là où on structure la chose puis on vient
bonifier.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme
Labrie : Le ministre me parle des situations qui touchent
la violence et l'intimidation; moi, je lui ai fourni d'autres exemples. Je lui ai donné l'exemple d'un
enseignant qui constate que les heures prévues en soutien linguistique,
pour un enfant qui quitte sa classe d'accueil, qui est intégré en classe
régulière, ces heures-là ne sont pas données. Ça n'a rien à voir avec les
politiques contre les violences puis l'intimidation. Cet enseignant-là, est-ce
qu'il peut porter plainte au protecteur de l'élève pour dénoncer que l'enfant
n'a pas, dans les faits, les heures de soutien linguistique auxquelles il a
droit?
Quand,
par exemple, une orthophoniste constate qu'il n'y a pas de service dans son
école pour un enfant qui est en troisième
année parce que, dans cette école-là, on n'avait pas beaucoup de ressources
puis on a décidé de consacrer les
ressources aux élèves de cinq, sixième année pour qu'ils puissent avoir un
diagnostic avant de rentrer au secondaire, par exemple, un exemple que j'ai entendu la semaine passée, bien, ça, ça
n'a rien à voir avec la violence puis
l'intimidation. C'est quand même une situation qu'un membre du personnel
voit, constate que les droits de l'élève ne sont pas respectés. On dit à cette
famille-là : Bien là, on est désolé, mais les services, on les concentre
pour les élèves du dernier cycle. Est-ce que
cette professionnelle-là va pouvoir porter plainte auprès du protecteur de
l'élève? Moi, je comprends actuellement que ce n'est pas prévu. Je veux
que ce soit prévu, que ce soit possible, pour les gens qui voient des
situations comme celles-là, de les dénoncer en portant plainte auprès du
protecteur de l'élève.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Là,
on touche deux sujets, puis là je comprends qu'il y a des choses que vous
soumettez qui sont couvertes en prenant le
75 de la LIP plus les articles de 9, il y a des choses qui ne sont pas
couvertes. Même le 45, on le renforce, d'ailleurs, parce qu'il y a des
amendements au 45, là. Il y a des choses qui relèvent, je vous dirais, du membre du personnel qui voudrait prendre la parole
puis voudrait utiliser, probablement, son instance syndicale pour dire :
Moi, je ne suis pas satisfait de l'organisation des services. À ce moment-là,
ils passent par leur instance syndicale pour faire valoir les choses. Je
vous dirais que c'est ça, la voie à suivre.
Mme Labrie : L'instance
syndicale défend ses membres. Sa mission, ce pour quoi ils existent, ce n'est
pas de défendre le respect des droits des
élèves, ils respectent... ils veillent au respect des droits de leurs membres,
et c'est très bien ainsi que ça existe. Mais je ne vois pas en quoi un syndicat
va aller s'occuper d'une situation où des heures auxquelles un élève
aurait droit en linguistique ne lui sont pas données dans les faits. L'élève
aurait droit, par exemple, à trois heures par semaine de soutien linguistique,
ne les reçoit pas. Quelqu'un constate ça. En quoi un syndicat à avoir
là-dedans? Ce n'est pas une affaire syndicale. C'est l'élève que ses droits
sont brimés.
Puis là, si ses
parents ne le savent pas qu'il a droit à trois heures de soutien linguistique
par semaine, lui, il ne le sait probablement pas non plus. La famille elle-même
ne pourra pas porter plainte. Qui sait ça? C'est les gens qui connaissent les
rouages de comment ça fonctionne au sein d'une école, ce à quoi l'élève devrait
avoir droit. C'est ces gens-là qui savent, quand ils voient sur la liste le
code qui est attribué à cet élève-là, ils savent ce à quoi il devrait avoir
droit. Eux ont la capacité de voir le problème. Ils devraient avoir la capacité
de porter plainte. Parce que le parent ne le sait pas, lui, qu'en fonction de
tel numéro de code qui a été donné à son enfant ça devrait lui donner droit à
tant d'heures de soutien linguistique. Il ne peut pas porter plainte, le
parent, il n'en a aucune idée. La personne qui sait ça, c'est un employé qui
constate la situation, un membre du personnel qui constate la situation.
Ça fait que moi, je
ne peux pas comprendre pourquoi ça relèverait d'un syndicat de faire ça. Le
syndicat ne va pas aller défendre un élève qui n'a pas de services auxquels il
a droit, là. Ils ont bien assez à gérer de défendre les conditions de travail
de leurs membres, là.
• (16 h 40) •
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, c'est là où il prend la parole pour dire que le membre a droit de
s'exprimer et que le membre a droit de parler. Mais ce que je veux dire, c'est
qu'un membre du personnel qui verrait un problème peut accompagner un
plaignant, donc un élève, donc un parent, dans sa plainte. Donc, il pourrait,
de cette façon-là, non pas signaler sans que la personne le sache, tu sais, le
parent apprend que quelqu'un a porté plainte au nom de son enfant, là, c'est
quoi, ça, là, mais le membre du personnel qui voit quelque chose pourrait
contacter le parent puis lui dire : Bien, je vais t'accompagner, parce que
les gens ont le droit d'être accompagnés.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Labrie :
Je comprends ce que le ministre me dit. Ça pourrait fonctionner dans
certaines situations. Je suis certaine qu'il y a des parents qui seraient mis
au courant, par un membre du personnel ou par un autre parent qui a vu un
problème, d'un enjeu pour initier des démarches. Mais j'imagine, en même temps,
plein d'autres situations... Il y a beaucoup de va-et-vient. Je ne sais pas
s'il y a une seule personne, dans la salle, qui écoute ce que je suis en train
de dire. Peut-être vous, Mme la Présidente? J'ai confiance que vous, vous
m'écoutez, mais vous ne pourrez pas amender le projet de loi.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mais j'ai comme... De manière générale, le
ministre écoute ce que vous dites, et ses conseillers à l'entour sont en train
de trouver des réponses. Donc, je voudrais vous rassurer...
M. Roberge :
Je ne suis pas en train de vous ignorer, j'essaie de répondre au mieux.
Mme Labrie :
Non, non, je sais qu'ils sont en train de discuter. Je veux juste
m'assurer, tu sais, si je donne des exemples, qu'ils soient bien entendus pour
alimenter la réflexion. Mais je le vois que les gens ne sont pas en train de
jouer au tic-tac-toe sur leurs téléphones, là, ils sont en train de réfléchir.
Mais, si je
donne d'autres exemples, c'est parce que moi, je peux très bien imaginer des
situations, par exemple, où une
famille, pour des raisons, par exemple, culturelles, une famille immigrante,
une famille à statut précaire pourrait se faire dire par un membre du personnel : Votre
enfant, ses droits ne sont pas respectés en ce moment, puis cette famille-là,
parce qu'ils viennent d'un pays où on ne conteste pas vraiment ce que l'État
fait, peuvent avoir peur, peuvent décider de ne pas entamer le processus
de plainte de leur côté.
Parce qu'il y a des jeunes qui nous ont dit ça.
Quand il y a eu des enjeux à Henri-Bourassa, là, de comportements, propos
racistes d'un enseignant, moi, je les ai rencontrés, les jeunes qui ont vécu
ça, puis ils me l'ont dit : On a besoin
de pouvoir porter plainte nous-mêmes, hein? Au début, c'était un enjeu. Là, le
ministre le règle dans le projet de loi n° 9, l'élève peut porter
plainte. Eux autres mêmes, ils peuvent le faire. Ce n'était pas toujours
possible, avant. Bien, ils nous disaient : On a besoin de pouvoir le
faire, parce que nos parents, des fois, ne veulent pas. On parle du problème à nos parents, puis nos parents
ne veulent pas porter plainte pour des raisons culturelles, par exemple, de
respect de l'autorité, de l'institution, de l'école, de peur de représailles,
de ne pas vouloir avoir de trouble. Les parents ne le feront pas toujours, même
si un enseignant leur dit, par exemple : Oui, votre enfant, il devrait
avoir droit à tel type de service, et ça ne lui est pas offert en ce moment,
vous devriez porter plainte. C'est fort possible que le parent ne le fasse pas, pour toutes sortes de raisons culturelles,
parce qu'il n'a pas l'énergie de s'embarquer là-dedans, parce qu'il mène
plein d'autres batailles, ailleurs dans sa vie, pour toutes sortes de raisons.
Ça fait que moi, j'y tiens. Je pense qu'on doit
quand même permettre à un membre du personnel ou à un autre parent, un témoin
qui voit ça... Ça peut être un électricien qui vient faire des travaux dans
l'école, là, puis qui passe dans le corridor, puis qui se rend compte qu'il y a
une enseignante qui donne une taloche en arrière de la tête d'un enfant. Puis,
s'il passe puis il voit ça, là, il n'y a aucun autre membre du personnel de l'école
qui a vu ça, pas d'autres témoins, à part les enfants de la classe. Lui, il a
passé puis il a vu ça. Il faut qu'il puisse dénoncer la situation. Je veux
dire, les exemples, là, il pourrait y en avoir des centaines. Il y a des gens
qui sont témoins de situations problématiques, il faut qu'ils puissent le
faire.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, dans le cas,
là, de l'électricien qui verrait un geste de violence, bien, on a un plan de
lutte, là, il pourrait vraiment faire un signalement, absolument, ça, c'est
sûr. Mais, pour le reste, je vous dirais que le fait que les parents peuvent
porter plainte, que les enfants peuvent porter plainte, que les élèves adultes
peuvent porter plainte, que des signalements peuvent être faits pour autrui
pour tout ce qui touche les plans de lutte à la violence et que, pour tout
autre sujet, la personne témoin du problème peut communiquer avec les élèves ou
parents en disant : Je vais t'accompagner, puis que le protecteur de l'élève,
en plus, t'accompagne dans ta plainte, puis qu'on arrive à l'article 45
amendé pour le renforcer avec des mesures contre toutes représailles, je pense
qu'on est bons. Je pense qu'on est bons, par rapport à ce qui se passe, là,
sincèrement, là, c'est un bond en avant formidable.
Mme Labrie : Ça fait que le
ministre est convaincu que ce qui est prévu actuellement va être suffisant pour
briser l'omerta qui règne en ce moment dans le réseau d'éducation? Parce qu'il
l'a reconnu lui-même qu'il y avait un enjeu, là, en ce moment, il y a des gens
qui ont peur de représailles. Je me souviens que, dans le passé, il a dit qu'il
fallait le briser, cet omerta-là sur les différents enjeux en éducation, que
plusieurs personnes ne se sentent pas à l'aise de dénoncer.
J'entends qu'il est confiant qu'avec ce qui est
prévu en ce moment il n'y a aucun acteur du milieu de l'éducation qui va sentir
qu'il n'est pas en mesure ou qu'il ne sera pas à l'aise de dénoncer une
situation parce que tout va être béton, là, au niveau de la protection contre
les représailles. Puis ils vont avoir... tous et chacun d'entre eux vont avoir
les chemins formels, protégés contre les représailles pour signaler des
situations problématiques, que ce soit un professionnel, personnel de soutien,
un enseignant, un membre de la direction, qui que ce soit qui voit... un
chauffeur d'autobus, un surveillant du dîner, ces gens-là qui vont voir une
situation problématique vécue par un élève vont avoir tous les chemins
possibles et protégés pour dénoncer ces situations-là? Le ministre me dit que
ça va être réglé?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Au meilleur de ma
connaissance, là, j'évite les mots «toujours» et «jamais», là, parce que c'est
rare que c'est la perfection ou que c'est l'enfer, mais je pense que, de
manière générale, ça répond aux attentes, oui. Puis je pense qu'à mesure qu'on
va lire les articles, les amendements, on va se rendre compte que ça va plus
loin qu'on pensait, plus loin qu'on pensait, plus loin qu'on pensait puis qu'on
va être globalement rassurés à mesure qu'on avance. Oui, oui, absolument.
Mme Labrie : Puis c'est quoi la
raison pour laquelle à cet article-ci, alors qu'on fait la liste des gens qui
peuvent formuler une plainte, le ministre ne veut pas qu'on ajoute un tiers
témoin d'une situation qui pourrait représenter un non-respect des droits des
élèves?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Je
l'ai mentionné, tout à l'heure, c'est... Je vais y aller, là. C'est la Loi sur
l'instruction publique, excusez-moi, à l'article 75... Pour ne pas écrire
deux fois la même affaire. Attendez un petit peu, là, j'y arrive. 75.1, on
me dit. J'y arrive, je l'ai devant moi. Bon, tout le monde me le donne en même
temps. 75.1, le...
Une
voix : ...
M.
Roberge : ...point 5°,
O.K., excusez-moi, cinquième alinéa : «Les actions qui doivent être prises
lorsqu'un acte d'intimidation ou de violence est constaté par un élève,
un enseignant, un autre membre du personnel de l'école ou par quelque autre personne...» Une fois qu'on met «quelque autre
personne», ça veut dire tout le monde, ça. Donc là, ça, c'est l'article 75 qui parle du plan de
lutte à l'intimidation et la violence. Puis le p.l. n° 9
vient complètement renforcer cet article-là et toute cette section-là en
y incluant les violences sexuelles, en rajoutant les mesures de protection
contre les gens qui font des représailles, en créant le mécanisme d'aide aux
plaignants, en précisant qu'on peut être accompagné. Et c'est ça qu'on
comprend.
La base était là.
Vous me dites : C'était chancelant, ce n'était pas parfait. C'est correct.
Est-ce que ça va être parfait, après? Probablement que ça ne sera pas parfait,
honnêtement, là, ça ne sera probablement pas parfait, là. Mais on part de quelque chose qui était correct,
puis c'est ça qu'on vient vraiment renforcer, là, avec plusieurs articles
et amendements. Donc, c'est là, là, quand on dit «quelque autre personne»,
c'est tout le monde, ça, là, là.
La Présidente (Mme
Thériault) : ...Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui.
Là, je ne sais pas si c'est moi qui est confuse, là, j'ai ouvert la Loi sur
l'instruction publique, je l'ai devant les yeux, je vois 75.1, 75.2, 75.3,
après, ça passe à 76. Est-ce que je n'ai pas le bon document sous les yeux
ou...
La Présidente (Mme
Thériault) : ...la bonne version. Attendez. Le ministre va vous répondre.
M. Roberge : Je
vais le préciser, peut-être j'ai mal mentionné. Il y a 75.1, et puis après ça
il y a des alinéas : 1°, 2°, 3°, 4° et 5°. Le 5°, ça dit : «Les actions...» Parce que, bon, on est dans
une énumération, là : «Les actions qui doivent être prises lorsqu'un acte
d'intimidation ou de violence est constaté par un élève, un enseignant, un
autre membre du personnel de l'école ou par
quelque autre personne...» C'est là qu'on voit que les gens qui peuvent constater
ces actes-là sont très, très larges. Et les actions dont on parle, ça inclut le
signalement. Donc, un signalement peut être fait par un élève, un enseignant,
un autre membre du personnel et quelque autre personne. C'est de ça dont on
parle. Parce qu'il faut se souvenir qu'il y a plusieurs articles qui réfèrent à
la LIP ou qui modifient la LIP. La LIP, c'est la Loi sur l'instruction
publique. Je ne le dis pas pour vous, je le dis pour les gens qui nous
écoutent. Je sais très bien que vous savez ce que c'est.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke...
• (16 h 50) •
M. Roberge : Non, non, mais je sais très bien que vous savez ce
que c'est. Mais, des fois, on parle en code, là. «La LIP», ce n'est pas
tout le monde qui sait ce que ça veut dire.
Mme Labrie : Mais la lacune que je vois là-dedans, c'est qu'il
est seulement question d'un acte d'intimidation ou de violence, il n'est
pas question d'accès à des services auxquels un élève devrait avoir droit.
M. Roberge : Bienlà, on se répète. C'est ça que je vous ai dit tout à l'heure...
Mme Labrie : Non,
mais on se répète parce que le problème existe encore. Moi, je ne suis pas
convaincue qu'il est réglé, là. Le ministre me répond en me parlant de cet
article-là, 75.1, cinquième paragraphe, ça concerne des actes d'intimidation ou
de violence. À ce moment-là, quelque autre personne ou un enseignant, membre du
personnel peut signaler cette situation-là. Bien, tant mieux. Mais qu'est-ce
que ça change pour l'enseignant qui est témoin que les heures de soutien linguistique ne sont pas offertes? Qu'est-ce que
ça change pour la psychoéducatrice qui est témoin ou l'orthophoniste qui
est témoin qu'un enfant, là, il ne recevra pas de service, alors qu'il devrait
y avoir accès?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien,
on vient...
Mme Labrie : Il va falloir... Moi, j'ai compris de la réponse
de tout à l'heure, du ministre, que cette personne-là aurait la
responsabilité de le dire au parent et que ce serait le parent qui devrait
faire la plainte.
M. Roberge : Et
que le membre du personnel a le droit et peut accompagner le parent et que le
membre du personnel est de ce fait protégé contre toutes représailles. Voilà.
Mme Labrie : Sauf
que, si le parent décide de ne pas le faire parce qu'il ne veut pas avoir de
trouble avec l'institution, puis tout ça, son enfant va continuer de ne pas
avoir les services, alors qu'il y aurait droit.
M.
Roberge : Bien, moi, j'ai l'impression qu'on pousse un peu,
là. Je pense qu'on est déjà très, très protégés avec cette mesure-là. Puis là
on informe le parent, on protège le parent contre toutes représailles, on
protège l'accompagnateur contre toutes représailles. J'ai l'impression
que, sincèrement, on fait le travail, là.
Mme Labrie : Bien,
c'est parce que ça met une responsabilité quand même assez importante. Je vais
donner l'exemple, là, je vais rester avec l'exemple de l'orthophoniste, là.
Les orthophonistes le savent très bien qu'il y a
des dizaines d'élèves de plus qui ont besoin de services, dans leur école, que
ce qu'elles sont capables d'offrir. Là, ce qu'on dit, c'est : Si elles
veulent s'assurer que leurs droits soient respectés, à ces dizaines d'autres
élèves là au sein de l'école qui n'ont pas la capacité de recevoir des services
parce que, par exemple, il manque d'orthophonistes dans l'école, il va falloir
qu'elle accompagne les dizaines de parents pour qu'ils puissent chacun déposer
une plainte. C'est quand même beaucoup de travail, là. Cette personne-là va
faire ça sur son temps personnel, quoi? Parce que les heures qu'elle travaille
à l'école, là, techniquement, elle est en train d'essayer d'offrir des services
en orthophonie ou d'accompagner les enseignants pour qu'ils puissent le faire
dans leurs classes.
Je trouve que c'est beaucoup leur demander, là,
aux membres du personnel d'une école, de dire : C'est eux autres qui vont devoir accompagner les familles ou
les élèves quand on parle de formation professionnelle, par exemple éducation
des adultes. C'est les membres du personnel qui vont devoir accompagner les
gens vers le processus de plainte. Ils ont déjà beaucoup de travail, ces
gens-là, écoutez, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Mais là accompagner, ça ne veut pas dire devenir
l'avocat de la défense ou devenir un parajuriste, là. Ça veut juste dire
accepter de répondre aux questions. Mais je comprends mal ma collègue : ma
collègue voulait que ça parte du personnel, puis là, quand on dit que ça
part du personnel, elle dit : Bien non, ils sont trop occupés.
Mme Labrie : Bien, c'est parce qu'il
y a une différence entre, par exemple, une orthophoniste qui peut déposer elle-même
la plainte parce que l'élève untel n'a pas les services auxquels il a droit
puis l'orthophoniste qui doit accompagner la famille de l'élève untel, qui ne
parle peut-être même pas français, peut être même pas anglais non plus, pour
qu'ils puissent déposer leur plainte. Ça commence à être difficile. Ça commence
à être beaucoup lui demander. Ça se pourrait
que ça lui prenne juste quelques minutes, elle-même, déposer la plainte, mais,
s'il faut qu'elle accompagne une famille, par exemple, immigrante, qui ne
maîtrise pas les codes ni la langue, ça va lui prendre pas mal plus de
temps que si elle dépose la plainte toute seule, là.
Moi, c'est là que je trouve qu'il y a une
surcharge de travail, de leur demander d'accompagner les parents plutôt que de
déposer eux autres mêmes la plainte quand ils voient une situation
problématique. Parce que c'est les premiers témoins de ça, c'est eux qui
connaissent bien les rouages, c'est eux qui connaissent bien la Loi sur
l'instruction publique, ils savent ce à quoi les élèves devraient avoir droit.
C'est les membres du personnel dans nos équipes-écoles qui savent ça, qui sont
des témoins en premier d'une situation de non-respect des droits des élèves. Si
on n'outille pas les gens qui sont les premiers témoins puis les plus fins
connaisseurs de ce que sont les droits des élèves pour qu'ils puissent
eux-mêmes porter plainte, on vient, disons, faire en sorte que beaucoup de
situations qui... ne seront pas dénoncées, là.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez, je n'ai
pas la même lecture que ma collègue. Puis moi, je répète souvent qu'on est en
train de corriger un système en fonction des failles qu'il avait puis en
fonction de ce qui ne marchait pas. Souvenons-nous, là, du constat de départ,
tout ce qu'on est en train de réparer, puis du rapport de la protectrice en
2017. On disait qu'il y avait trop de dépendance entre le protecteur de l'élève
et, à l'époque, la commission scolaire. On disait qu'il n'y avait pas assez
d'information. On disait que les jeunes n'étaient pas assez équipés. On disait
qu'il n'y avait pas assez de... il n'y avait pas de mécanisme d'appel,
nécessairement, que les délais étaient trop longs. Des fois, ça prenait un an.
Je veux dire, ce sont... ça, c'est là dessus où, vraiment, on a jeté un
éclairage puis on s'est dit : Voilà ce qu'on doit régler. Puis en fait on
va déjà plus loin, on règle tout ça puis on rajoute d'autres choses. Mais il me
semble qu'on vient répondre amplement aux problématiques. Il me semble qu'on
fait vraiment le travail, là. Je ne partage pas le découragement, moi, je
trouve, au contraire, c'est emballant, ce qu'on fait.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme Labrie : Bien, moi, j'ai
l'impression qu'on... C'est parce que mon objectif, c'est que les droits des
élèves soient respectés. Je suis sûre que c'est l'objectif du ministre aussi.
Tout le monde ici, c'est ça, notre objectif. Ça veut dire que chaque situation
où ils ne sont pas respectés, il faut qu'elles puissent être dénoncées. Je ne
pense pas qu'on se donne les moyens pour qu'elles soient toutes dénoncées.
J'aimerais ça qu'on se donne les moyens pour qu'elles soient toutes dénoncées,
les situations où les droits des élèves ne sont pas respectés; il y en a
énormément.
Je vais être plate, là, mais chaque jour dans
nos écoles au Québec, il y a des droits d'élèves qui ne sont pas respectés,
notamment parce qu'il manque de personnel pour offrir des services, parce qu'il
y a des gens qui ont des... qui n'ont pas juste des enseignants non qualifiés
devant eux, mais qui ont parfois des surveillants, au lieu d'un enseignant,
pour leur donner un véritable cours. C'est des situations récurrentes. C'est
des situations récurrentes. Bien, un moment
donné, il faut arrêter de se voiler la face sur l'ampleur de ces problèmes-là,
il faut créer tous les chemins possibles
pour que les gens qui en sont témoins signalent ces situations-là, qu'on puisse
mesurer l'ampleur du problème, prendre les moyens qu'il faut pour que
les droits des élèves soient respectés.
Si on n'ouvre pas tous ces
chemins-là, il va avoir une fraction des situations qui vont être dénoncées.
Parce qu'il y a des gens qui sont plus habiles que d'autres ou plus
revendicateurs que d'autres pour faire respecter leurs droits. Ces gens-là,
c'est des gens qui utilisaient probablement déjà les mécanismes. Là, on va
venir le simplifier, on va venir rendre l'information plus accessible, ça fait
qu'il y a plus de gens qui vont l'utiliser. Mais les premiers témoins des situations
de droits non respectés, c'est les membres du personnel. Puis là, en ce moment,
on est en train de ne pas leur permettre de déposer une plainte eux-mêmes. Moi,
je trouve ça regrettable. Je pense qu'on échappe quelque chose qui aurait pu
nous faire avancer beaucoup, comme société, qui aurait permis de lever l'omerta
en éducation. Ça fait que je suis déçue qu'on ne veuille pas aller là. Moi, je
veux y aller, en tout cas. C'est tout.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, moi, j'appuie la
demande de ma collègue puis je vais donner... avec des exemples concrets, si vous le permettez. Tantôt, on a
dit : Oui, mais... Le ministre a dit : Mais, au fond, si la députée
de Sherbrooke dit qu'accompagner ça prend plus de temps, mais le faire, ça
prend plus de temps. C'est faux. Puis il y a même une expression
québécoise consacrée, là : Laisse faire, m'a le faire. Ce n'est pas pour
rien. Parce que ça prend moins de temps quand c'est nous-mêmes qui le fait.
Moi-même, je suis fille d'immigrants, avec une
mère que, franchement, là... Quand j'étais petite, là, elle venait aux
rencontres d'école. Elle ne comprenait pas toujours tout ce qui se passait,
puis à mon grand bénéfice : j'étais
tannante. Avant, ça faisait mon affaire. Mais, très franchement, je vais
prendre deux cas : l'école Henri-Bourassa puis l'école Saint-Laurent. Henri-Bourassa, quand les Béliers
solidaires... Nous, on les a rencontrés, puis, je pense, tous mes
collègues les ont rencontrés : pas une ou deux, mais des dizaines de
plaintes sur plus de 10 ans. La direction avait dit : On n'a jamais
eu de plainte. Bizarrement, peu importe à qui qu'on parlait, tous les élèves,
même s'ils n'étaient pas dans la même promotion, disaient : Non, non, on a
porté plainte, on a porté plainte au même directeur. Tout le monde avait... Et
ils ne peuvent pas se connaître, là, ils ont plus de 10 ans d'écart en
âge.
Si un prof ou... moi, mettons, dans mes écoles,
j'ai une travailleuse sociale ou un intervenant social voit ça, dit :
Regarde, je vais la faire, la plainte, un, ce qui est pertinent là-dedans,
c'est que l'intervenant social ou la personne qui travaille pour... le
travailleur social va rester encore dans l'école. L'élève va peut-être cheminer,
va être rendu au secondaire... pardon, au cégep, mais il y aura encore cette
mémoire de cet individu qui aura fait la plainte ou le signalement, qui va être
encore dans l'école, qui, lui, est protégé, évidemment, par son syndicat aussi.
Mais ça permet aussi que l'élève ou le parent qui ne comprend pas tous ses
droits, les plus vulnérables, parce qu'on écrit souvent une loi en pensant aux
plus vulnérables, ceux qui ont même de la difficulté...
• (17 heures) •
Et je vais
aller encore plus loin. Je représente un des comtés, en fait, le comté... où
j'ai le plus grand nombre de communautés
culturelles. On accueille le plus grand nombre de réfugiés à Saint-Laurent. Le
plus grand nombre d'immigrants, c'est à Saint-Laurent. Savez-vous quoi?
Peu importe le dossier, je sors de l'éducation, la première chose qu'ils
veulent, c'est de ne pas déranger. Première chose, ils ne veulent pas déranger.
Ils veulent juste s'intégrer puis ils ont
peur, ils n'osent pas, là. Puis, quand ils rencontrent un député, eux autres,
certains disent : Nous, dans notre pays, le député, là, ce n'est pas bon
signe parce que c'est le gouvernement. Puis il y en a, c'est des coups de
matraque. Ce n'est pas des farces. Alors, tu sais, c'est dans...
Je crois que ma collègue, qu'est-ce qu'elle essaie
de dire depuis tantôt, c'est de réfléchir aux plus vulnérables de ce projet de
loi. Est-ce qu'à ce moment-là on ne devrait pas avoir un dernier bouclier, qui
est un adulte qui, lui, c'est un tiers, un responsable, qui peut être un
enseignant, mais même l'intervenant social qui est dans cette école ou le
travailleur social qui est dans cette école, qui, en plus de ça, aura toujours
cette mémoire collective parce qu'il restera à cette école? Et, en plus de ça,
il y a quand même le... vu que c'est un adulte, il connaît ses droits puis il a
aussi la protection de son syndicat. Alors, je pense, ça serait bien de donner
ça.
Puis j'appuie 100 % cette démarche,
100 % cette demande. Puis ça ne nous coûte, en plus, absolument rien. On
leur donne, au fond, un droit de faire un signalement, s'ils voient quelque
chose mais que, malheureusement, la personne ou le parent a trop peur d'agir
parce qu'il ne veut pas déranger, tout simplement.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, par rapport à
l'exemple de ma collègue, là, pour Saint-Laurent, il aurait pu le faire, là, le
signalement, avec la nouvelle loi. Je ne vous dis pas que c'était parfait. Si
c'était parfait, on ne serait pas ici en train de jaser, là, en train de modifier la loi. Mais, avec la loi qu'on
dépose, tout enseignant, tout le monde du personnel, en fait, n'importe qui qui
aurait eu vent de ça pourrait faire un signalement. Il n'y a pas d'enjeu, là,
pour Saint Laurent.
Mme Rizqy : Non, mais, attendez, là.
Ici, là, comment c'est fait, là, à moins que j'aie mal compris... Moi, je ne vous parle pas juste de violence à caractère
sexuel. Là, mettons, Henri-Bourassa, c'étaient des questions... c'étaient
des propos racistes, là, qui avaient lieu, là. Henri-Bourassa, c'était vraiment
ça. Je ne sais pas si c'est...
Une voix : ...
Mme Rizqy : C'est ça. Alors,
violence, intimidation, c'est une chose, mais il y a d'autres cas qui feraient
en sorte... Moi, j'ai donné l'exemple parce
que, dans les deux cas, c'est des communautés qui sont fragilisées.
Saint-Laurent, c'est...
On a fait l'exercice de vérifier l'indice de défavorisation pour toute l'île de
Montréal, Saint-Laurent est numéro un, suivi de Montréal-Nord, suivi
d'Hochelaga. Et c'est là où est-ce qu'on a vu que les plaintes, même si elles
étaient formulées, elles n'existent pas.
Elles étaient dans une filière 13. C'était vrai non seulement à
Henri-Bourassa, c'était vrai aussi à Saint-Laurent.
M. Roberge : Ça
ne sera plus possible, ça. Ça ne sera plus possible, ça, là.
Mme Rizqy : Ça,
je suis d'accord que ce ne sera plus possible une fois qu'on adopte. Par
contre, la clientèle fragilisée va encore exister. Demain matin, moi, je n'ai
pas de baguette magique pour enlever la pauvreté. Puis malheureusement, même si
on met des moyens, il y aura toujours, toujours, malheureusement, des
clientèles qui vont être marginalisées. Puis on fait notre maximum. Tu sais, je
n'arrive pas, moi, à voir le jour qu'on aura réussi, collectivement... Puis je nous le souhaite. Mais, à ce stade-ci, c'est
que, je le sais, j'ai encore des clientèles marginalisées, des clientèles fragilisées, des clientèles qui
doivent apprendre... qui sont en train d'apprendre le français, des clientèles
immigrantes qui font de leur mieux mais qui arrivent aussi...
J'ai des gens qui
sont réfugiés, moi, dans mon comté puis à Montréal-Nord aussi, qui sont aussi
réfugiés, puis ils ont peur de déranger.
Alors, si ce n'est pas violence ni intimidation, mais c'est un autre service...
Si, imaginez, dans ce qui est le plus violent qui est, un, des violences
à caractère sexuel ou, deux, se faire... de recevoir des propos racistes dans
son cours. Ça, c'est les affaires les plus violentes qui peuvent nous arriver.
Ça, c'est, pour reprendre l'expression de ma collègue, des traumas, des
traumatismes. Ils n'ont pas été capables de se faire entendre, les élèves ni
leurs parents. Imaginez pour des cas qui ne sont pas aussi, disons-le ainsi,
traumatisants, mais qui sont quand même fort importants, un service aux élèves.
Que ça soit, par exemple, de s'assurer que l'orthophoniste offre le service à
un enfant qui en a vraiment besoin ou un orthopédagogue, c'est de ça dont il
est question, c'est de donner le dernier coup de main à une clientèle qui est
plus marginalisée. C'est comme ça que moi, je le vois, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Ah oui! Bien, je pense... En fait, je pense qu'on vise la même chose, là,
puis qu'on veut aider tous les élèves. Puis on sait qu'il faut en donner plus à
ceux qui en ont moins, là, toujours. C'est l'équité. Puis avec la possibilité
d'accompagner, je répète, là, bien, je pense que c'est important, avec la
possibilité d'accompagner un plaignant puis de communiquer avec quelqu'un, en
disant : Bien, regarde, je peux t'accompagner dans ta plainte, puis ça ne
devient pas un emploi à temps plein, je pense qu'on ouvre... Comme je vous dis,
on couvre très, très large. En plus, on
protège contre les représailles. En plus, on ouvre à beaucoup de personnes qui
peuvent signaler. On parlait tantôt autant de racisme, de violence, de violence
sexuelle, d'intimidation, ça couvre assez large, là. Je pense qu'on
couvre assez large, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Je veux bien comprendre. Dans la catégorie de
choses que vous venez de dire, vous nous assurez qu'il y aura quelqu'un pour
accompagner à l'extérieur du contexte, que c'est un enseignant ou une direction d'école, qui va venir soit du centre
scolaire, de la commission scolaire, de l'école privée, qui peut accompagner un élève ou ses parents dans
le processus de plainte. Ici vous nous ramenez au principe que, dans la Loi de l'instruction publique, renforcée par le
projet de loi n° 9, ça passe toujours par le processus des trois
intervenants. Vous le disiez un petit
peu plus tôt, là, les trois intervenants, c'est celui à qui on veut se
plaindre, que ce soit l'enseignant ou la personne qui est supposé de
donner le service, la direction d'école ou la direction du centre puis, après,
le protecteur régional.
Donc, le défaut et la
qualité de l'ancien rôle du protecteur de l'élève, c'est que, dans chaque
commission scolaire ou centre scolaire, il y avait un répondant qui s'appelait
le protecteur de l'élève. Maintenant, on change. Puis je suis d'accord avec
vous, je pense qu'on bonifie, là, le service au principe même du protecteur de
l'élève. Mais je n'ai plus... Est-ce que j'aurai encore un répondant à même les
centres scolaires, les commissions scolaires et l'école privée pour répondre à
mes parents, pour ne pas qu'ils aient, peut-être... pour ne pas qu'ils aient à
faire affaire avec le directeur d'école?
Parce que quelquefois le conflit peut être suffisamment sensible. Puis moi, je
ne vais pas mettre de catégorie, parce que je pense que les amendements
que vous apportez pour la violence sexuelle sont superimportants, mais les
plaintes ne sont pas que ça. Donc, est-ce que je comprends bien qu'il y aura
toujours quelqu'un pour accompagner mes familles?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, il y a... On arrive tantôt à un amendement de l'article 28, où
on en parle, qu'on peut être accompagné par la personne de notre choix. Puis
c'est la députée de Joliette qui l'avait ramené à quelques reprises dans les
auditions, puis, au début, on va-tu être capable de permettre à des organismes
communautaires de soutenir puis
d'accompagner quelqu'un, là, qui est peut-être moins habile, qui a peut-être
moins de littératie? Bon, ces organismes communautaires là ont le droit, là, parce qu'on a le droit d'être épaulé, d'être accompagné de cette manière-là.
Est-ce que ça répond?
Mme Charbonneau :
Bien, oui puis non. Je vous explique. Je vous explique ce que je me
rappelle de la procédure. Puis vous allez
sûrement m'éclairer, parce qu'il y a toujours eu, dans les commissions
scolaires, un répondant. Ça fait que
je comprends ce que vous me dites quand vous me dites qu'il y a un tiers qui
peut accompagner, mais il y a toujours eu un répondant. Est-ce que le
principe était parfait? Peut-être pas, mais ça répond un peu à la demande de
mes collègues qui dit : Est-ce qu'on peut accompagner les personnes? Quand
vous me dites : Bien oui, ils peuvent être accompagnés par quelqu'un dans
le communautaire, je vous entends, mais il y a toujours eu une personne qui répondait à l'intérieur des commissions scolaires.
J'utilise juste ce terme-là parce qu'avec les centres scolaires peut-être
que vous avez maintenu la même règle, mais, dans les écoles privées, ce n'est
pas la même chose non plus. Donc là, est-ce
que le projet de loi fait en sorte qu'on va avoir une personne par institution
qui va accompagner élèves, familles, enseignants, professionnels non
enseignants pour pouvoir aller jusqu'au bout du processus, pour s'assurer qu'on
corrige le tir, qu'on revoit la situation ou
qu'on explique que c'est comme ça que les règles sont faites puis que le parent
a peut-être ou, malheureusement, ne peut pas avoir l'attente qu'il a
envers l'institution qu'il fréquente?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
15
361
M. Roberge : Bien,
il y aura ou il y a dans les centres de services scolaires un responsable du
traitement des plaintes. Mais, pour ce qui est de l'accompagnement, vous
appelez ça un répondant, c'est le protecteur de l'élève qui vient aider, là. On
dit au 28 : «Le protecteur national de l'élève prête assistance à toute
personne qui le requiert pour la formulation de sa plainte ou pour toute
démarche s'y rapportant.» Donc, c'est large, ça, là, là. Donc, aussitôt...
Mme Charbonneau : Et puis il arrive...
il arrive en troisième, mon protecteur. Il n'arrive pas en premier.
15
361
M. Roberge : Non,
mais tu peux lui demander assistance dès la première étape.
• (17 h 10) •
Mme Charbonneau : Donc, je
peux, si l'occasion et le moment me donnent cette opportunité-là plutôt que — puis
je le vois dans un sens positif, là, ce n'est pas négatif — de
faire un processus où je suis obligé d'avoir une réponse de chacun des
intervenants que je considère en autorité dans mon école, aller directement au
protecteur de l'élève régional. Il va m'accompagner. Il ne va pas... Chez nous,
ma mère, elle dirait : Il ne va pas me revirer de bord pour me dire que,
là, il faut que je parle en premier au directeur de l'école, là. Il va
m'accueillir, m'entendre puis m'accompagner
dans le principe même de la plainte que je veux déposer. On parle, là. Puis
vous tenez... Vous en parlez
beaucoup, vous aussi, là, on veut raccourcir les délais, on veut s'assurer
d'accompagner. Est-ce qu'on peut imaginer qu'une famille, un parent, un élève va tout de suite au protecteur de
l'élève? Parce que, là, quand on parle du 21, on revient souvent aux
trois étapes, là. Je peux-tu sauter tout de suite à la troisième étape?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
15
361
M. Roberge : Tu
peux. Il y a un pouvoir d'exception. Tu peux aller directement au protecteur.
Tu peux aussi lui demander assistance dans ta plainte à l'étape 1,
c'est-à-dire à l'étape de l'école. Mais il y a aussi, puis je le cherchais en
même temps que je vous écoutais, là... Donc, tu sais, des fois, il y a mes yeux
qui vous quittent, mais ce n'est pas que je ne vous écoute pas, là, c'est parce
que j'essaie de retrouver l'article de la loi. Puis vous nous disiez : On
avait ça dans les commissions scolaires. On l'a-tu encore? Dans la LIP actuelle, puis ça
reste, on n'enlève pas ça, dans 96.12, on
parle du traitement des plaintes. Puis la direction générale doit informer les
parents, les élèves de leur droit de
demander l'assistance de la personne du centre de services. Puis le centre de
services doit désigner spécialement une personne pour donner assistance.
Donc...
Mme Charbonneau : Vous
faites... m'aider. Vu que vous l'avez sous les yeux, est-ce que ça concerne
l'école privée ou juste l'école publique?
15
361
M. Roberge : On
est dans l'école publique.
Mme Charbonneau : Publique.
Est-ce que j'ai le même article dans l'école privée?
15
361
M. Roberge : Je
veux le retrouver...
Mme Charbonneau : Parce que
j'ai compris que votre protecteur de l'élève va couvrir, tu sais, je dis tout
le temps que c'est un parapluie, là, il va couvrir l'école privée aussi.
15
361
M. Roberge : Oui.
Mme Charbonneau : Il
ne faudrait pas... Il ne faudrait pas l'échapper, parce que votre volonté,
c'est vraiment de le couvrir aussi. Si
je ne l'ai pas dans les règles, parce je ne les connais pas, les... Je connais
bien la Loi de l'instruction publique, mais pas celle du privé, je ne la
connais pas si bien que ça. Donc, je veux juste m'assurer...
15
361
M. Roberge : Mais,
au privé, il y a quand même le même droit de demander au protecteur de l'élève
assistance.
Mme Charbonneau :
Il n'y a pas de protecteur de l'élève au privé, M. le ministre.
15
361
M. Roberge : Bien,
il va en avoir un aussitôt qu'on va sanctionner cette loi.
Mme Charbonneau : Oui, mais...
15
361
M. Roberge : Et
donc, aussitôt que cette loi...
Mme Charbonneau : Je ne peux
pas me rattacher à la Loi de l'instruction publique. Je voulais savoir si, dans
la loi sur les écoles privées, si c'était là.
15
361
M. Roberge : Puis
en plus... Parce que, là, on a comme ceinture et bretelles au public, là. On
peut demander l'assistance à l'intérieur de l'organisation scolaire, même pour
l'étape un à l'échelle de l'école. On peut demander au protecteur de
l'élève, qui est la troisième instance, dire : Aide-moi donc à
l'étape un. Là, au privé, on regarde si on peut avoir l'aide dès l'étape un, si on peut avoir l'aide dans
l'école pour ça, mais, de toute manière, on peut demander au protecteur
de l'élève de nous assister dès l'étape un. Donc, il y a déjà ça, là.
Mme Charbonneau : Vous avez
raison. Je vais... Je veux... J'insiste.
15
361
M. Roberge : Oui,
je vois ça.
Mme Charbonneau : J'insiste
pour dire, dans la Loi de l'instruction publique, l'école publique est
couverte. Puis vous me le dites, vous faites bien de me le rappeler, là, le
titre est là. Dans l'école privée, il n'est pas là. Alors, quand vous me
rassurez en me disant : Mme la députée, le 9 va venir renforcer la Loi de
l'instruction publique parce que ça va se... Ça va être concordant, ça va se
jumeler. Pas dans la... Pas dans la loi de l'instruction pour les écoles
privées. Donc, dites-moi que vous allez mettre un article qui concerne
spécifiquement le fait que l'école privée aura l'obligation de mettre une
personne en service pour répondre et accompagner les familles qui vont lever la
main, parce qu'en ce moment, je pense que vous le savez mieux que moi, moi, mes
enfants ont fait l'école publique, c'est pour ça que je ne connais pas
tellement le... Mais je le sais que les parents qui viennent à mon bureau ont
signé un contrat. Et, si l'enfant défait le
contrat, bien, il perd sa place au privé, là, puis on lui dit : Bye-bye,
va-t'en au public, là. Puis le parent n'a aucun recours, parce qu'on va
lui rappeler qu'il a signé un contrat puis on va lui rembourser le restant des
mois qu'il reste parce que, là, son enfant, il ne répond plus à ce à quoi le
parent a signé. Il n'a aucun recours parce qu'en cour il va se faire
dire : Vous avez signé un contrat, alors vous ne pouvez pas vous défaire
de ce contrat-là.
Si vous me dites : À partir de 9, il y a
quelque chose qui va faire en sorte que toutes les écoles privées et du public
vont avoir un répondant qui va s'appeler le protecteur de l'élève, j'achète. Je
suis d'accord. Je suis contente. Je suis même surexcitée parce qu'on veut
protéger l'élève malgré le contrat signé par les parents, pas au détriment de
l'école privée, entendez-moi bien, là, je pense que c'est quelque chose qui est
historique, là, les contrats entre le parent puis l'école privée. Puis il y a
des écoles privées qui sont extraordinaires, qui prennent les enfants même avec
difficulté, et il y en a d'autres qui choisissent des élèves. Je n'en suis pas
là. Je veux juste être sûre que, si on dit oui au protecteur de l'élève à
l'école privée, je veux le voir écrit à quelque part parce que c'est des PME,
ce n'est pas juste des écoles.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, c'est plus
des OSBL que des PME, mais ce qu'ils ont, c'est qu'ils sont couverts par le
régime du protecteur de l'élève régional, puis le protecteur régional est là
pour les accompagner. On n'a pas une disposition qui force toutes les écoles
privées à donner assistance au plaignant à l'intérieur de l'école. Puis c'est
peut-être correct, là, parce qu'il va pouvoir... Le parent qui porte plainte
contre l'école, contre l'école ou pour son enfant, là, sera de toute façon probablement
même plus à l'aise d'aller chercher de l'aide puis de l'accompagnement du
protecteur de l'élève dans le traitement de sa plainte que directement dans
l'école de toute manière, là. De toute façon, l'idée, c'est que le parent ou
l'élève soit accompagné, et c'est déjà dans la loi.
Mme Charbonneau : C'est
juste... C'est juste que, dans l'école publique, j'ai le privilège d'avoir cet
accompagnement-là par une personne qui vient de l'institution. Ce qui
est très aidant parce que peut-être que la résolution de problème va venir
directement de cette personne qui va être le lien entre le protecteur régional
et le parent. À l'école privée, je ne l'ai pas, cette personne-là. Je vous
entends puis je comprends quand vous me dites : Bien, ça viendra du
protecteur régional automatiquement. Mais ça veut dire que mon parent va avoir
un débat direct avec le protecteur de
l'élève régional pour son école privée avec laquelle il a signé une entente. Il
a fait un chèque, il a convenu de quelque chose, ce qui n'est pas fait
comme ça pour l'école publique. Donc, dans un endroit, j'ai l'école gratuite, je suis accompagné par quelqu'un qui
vient de l'institution, du centre scolaire. Puis à l'autre endroit, à l'autre
endroit, ça me coûte 8 000 $ pour
envoyer mon jeune à cette école-là. J'ai signé un contrat comme quoi, s'il se
fait prendre à avoir du pot dans son casier, il va perdre son droit d'aller à
l'école, mais il y a toute autre chose sur laquelle je pourrais me
plaindre comme parent qui a payé 8 000 $ pour aller à l'école, et je
n'ai pas de répondant. Je dois aller directement au
protecteur de l'élève régional pour dire : Ça ne marche pas, j'ai une
plainte à formuler puis je vous la formule à vous parce que mon école privée ne
m'entend pas sur ma problématique.
Puis j'insiste, je le
sais que ce qu'on veut, c'est un protecteur de l'élève qui couvre l'ensemble de
l'oeuvre, c'est-à-dire public, privé, à la maison. Je veux être capable de vous
dire, M. le ministre, qu'on l'a couvert en disant : Bien oui, ça couvre
tout le monde puisque que le privé comme le public aura un... je l'appelle un
répondant, encore une fois, ce n'est peut-être pas le bon terme, mais, pour
moi, si j'en ai un au public, je devrais minimalement avoir quelqu'un au privé
pour pouvoir m'accompagner puisque, dès le départ, vous nous avez dit : Il
n'y aura pas de gens avec des spécificités
dans le régional. Donc, je n'aurai pas un protecteur de l'élève pour l'école
privée, je vais avoir un protecteur de l'élève, point, régional. Donc, je veux
m'assurer que cette volonté-là reste, à savoir ma famille, qu'elle soit
au public, au privé ou à la maison, elle est bien accompagnée, même si elle
fait le saut directement au régional.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, pour moi, oui. Oui, mais on n'a pas nécessairement à faire la même...
Je vous dirais, une obligation de résultat n'est pas nécessairement une
obligation de moyens, de faire exactement la même chose sur des institutions
qui sont quand même différentes, des organigrammes qui sont différents, des...
On ne peut pas comparer puis demander la même chose à l'école de
300 élèves versus au centre de services scolaire de
50 000 élèves d'avoir la même structure. Il faut que l'élève soit
protégé des deux côtés, ce qui n'est... En ce moment, c'est 0 %. Ils n'en
ont juste pas, de mécanisme. Alors, on vient leur mettre le fameux parapluie,
je vais emprunter votre terme, puis ce qu'il n'y
a pas, peut-être pas, dans l'école privée, ce qu'il y a déjà dans l'institution
publique, parce que la Loi sur l'instruction publique, il y avait déjà
ça, là, je veux dire, il y avait bien des bonnes affaires avant que j'arrive,
là.
Mme Charbonneau :
Je n'ai pas bien compris.
• (17 h 20) •
M. Roberge :
Il y avait bien des bonnes choses déjà avant que j'arrive, là. Je veux
dire, regarde, on bonifie des choses, mais,
regardez, il y avait des affaires que les autres avant nous... qui avaient
pensé à ça. Puis c'est très bien, puis on le laisse. Maintenant, on comble des
choses, puis là, bon, on donne... On n'oblige pas le privé à se donner exactement la même chose que le public, ce n'est
pas... Comme je dis, entre 200 puis 20 000, bon, ce n'est pas pareil, mais par contre on comble en donnant au protecteur
de l'élève le devoir d'accompagner, là, la personne dans sa plainte. Donc,
on comble pour qu'à la fin ça soit tout à fait correct des deux côtés, pas
pareil, mais équitable.
Mme Charbonneau :
Je comprends et j'acquiesce que je suis d'accord avec «ce n'est pas
pareil». Un coup qu'on a dit que ce n'est pas pareil, je vous dirais, à la
comparaison, je ne peux pas comparer une école de 300 élèves à une
commission scolaire de 41 000 élèves. Je ne suis pas d'accord parce
qu'on parle toujours de la même personne, on
parle de l'élève, on parle de la famille d'un élève qui doit être accompagné
pour une problématique. Toute comparaison n'est pas bonne. Mais, que ce soit une petite hôpital ou une grosse
hôpital, il faut que je sois servie de la même façon.
Alors, si je suis un
élève du privé ou du public, il faut que je sois en mesure d'avoir des
services. Je comprends par contre, de votre côté, qu'il serait difficile, puis
je vais le dire comme ça, puis vous me corrigerez, je m'en coince un peu, mais
vous me corrigerez s'il y a lieu, il serait difficile pour vous de prendre la
décision de dire aux écoles privées d'avoir quelqu'un à l'intérieur de
l'institution pour accompagner les parents dans un processus de plaintes. Je comprends que c'est difficile, comme
ministre de l'Éducation, de prendre cette décision-là. Mais, en même
temps, vous dites que le projet de loi n° 9 va couvrir les écoles privées.
Pour les couvrir, il faut être capable de mettre en place le processus adéquat.
Donc, j'entends : On ne peut pas les obliger d'avoir un répondant. Je
trouve ça un peu difficile, parce que ma réalité à moi, à Laval, ce n'est pas
des écoles privées de 300 élèves, là. L'école Letendre, le collège Laval,
c'est des milliers d'élèves, ce n'est pas trois élèves, ce n'est pas 300, c'est
des milliers d'élèves. Donc, d'avoir une personne qui peut répondre, je trouve
que c'est un minimum. Même si ce n'est pas un poste à temps plein, ça peut-être
un poste à temps partiel qui accueille le parent, qui entend la plainte.
Puis je vous dis ça,
puis peut-être que je vais recevoir un texto ou deux de gens qui me
disent : Bien non, dans mon école privée, j'ai déjà ça. Je vous dis juste
que je trouve ça difficile si on écrit un texte puis on nous dit : Bien
non, faites-nous confiance, dans la Loi de l'instruction publique, il y en a
un, protecteur de l'élève dans les centres scolaires, mais il n'y en a pas dans
le privé. Ça fait que, même si vous me dites : Faites-moi... Il y en a
dans la Loi de l'instruction publique, je comprends. Mais ça m'inquiète pareil
de savoir qu'à l'école privée, après avoir signé
mon contrat, je n'ai plus de recours, je suis un parent qui n'a plus de recours
parce que j'ai signé un contrat avec l'école, puis ils m'ont demandé de... Ils
m'ont facturé le principe de l'enseignement de mon jeune, puis, malheureusement,
mon jeune a fait une erreur ou je m'attendais à ce que mon jeune ait un service
malgré qu'en troisième secondaire ses notes sont moins bonnes, puis là l'école,
elle... L'école, elle trouve que ça y fait mal un peu de garder ce jeune-là en
troisième secondaire, qui n'a pas assez des bonnes notes. Ça fait qu'ils vont
le retirer de l'école pour l'envoyer à l'école publique. Là, je porte un
jugement, je ne suis pas fine, tous les gens qui me connaissent savent que je
pense ça, mais, ceci dit, j'aurais aimé ça,
M. le ministre, vous entendre dire : Oui, il va y avoir quelqu'un pour
accompagner les familles. Mais là je comprends que ça va être le protecteur de
l'élève régional qui va prendre sous sa juridiction d'accompagner une
famille de l'école privée s'il y a une plainte contre son école privée.
M. Roberge :
C'est ça.
Mme Charbonneau :
Je n'ai rien à rajouter, Mme la Présidente, parce qu'il n'y a rien que je
peux dire qui pourrait convaincre un ministre de l'Éducation — puis
ce n'est pas vous, là — d'imposer
quelque chose à une école privée. Alors, j'ai hâte de voir la... Tu sais, j'ai
hâte de voir la fin du projet de loi n° 9 parce que j'aimerais ça qu'à la
fin de ce projet de loi là il soit aussi responsable que l'école publique.
C'est tout, merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, on n'est pas d'accord sur certains éléments, mais il y a pas mal de
choses qui viennent, je ne sais pas si le terme, c'est «imposer», mais, en tout
cas, baliser, encadrer l'école privée et donner des droits aux élèves des
écoles privées. Par rapport au statu quo, il y a beaucoup de choses.
La Présidente
(Mme Thériault) : Est-ce que j'ai d'autres commentaires sur l'article 21?
Mme Rizqy :
Ah! mais moi, j'ai un amendement, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez un amendement?
Mme Rizqy :
Oui.
La Présidente
(Mme Thériault) : Est-ce qu'on a reçu l'amendement, M. le
secrétaire? On a reçu l'amendement. Si vous pouvez le mettre à l'écran, parce
que je ne l'avais pas, s'il vous plaît. Étant donné qu'on va le mettre à
l'écran dans quelques instants... Si vous pouvez le mettre à l'écran, je vais
vous demander de nous en faire la lecture, Mme la députée de Saint-Laurent.
Est-ce que vous avez une copie devant vous pour nous le lire?
Mme Rizqy :
Non, elle n'a plus d'énergie.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non? Vous allez le voir à l'écran. Vous n'avez
plus d'énergie ou c'est l'ordinateur?
Mme Rizqy : Alors :
L'article 21 du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin de
l'article, de l'alinéa suivant :
«Le
directeur de l'établissement doit tenir un registre des plaintes. Le registre
doit être disponible pour consultation par le protecteur régional de
l'élève et le protecteur national de l'élève.»
La raison de cet
amendement, je vais l'expliquer, Mme la Présidente. Moi, j'ai été un petit peu
beaucoup échaudée autant par les histoires
des élèves de l'école secondaire Henri-Bourrassa que par ce qui est arrivé à
Saint-Laurent. Puis là je ne parle pas juste de violence à caractère
sexuel à Saint-Laurent, je parle aussi de harcèlement en milieu de travail puis
des commentaires à caractère raciste. Puis il y a quelque chose qui est assez
déconcertant, c'est quand tout le monde te dit : Bien, je l'ai signalé à
la direction. Puis quand c'est des élèves qui le disent, quand c'est des parents qui le disent, quand c'est des enseignants
qui le disent, puis qu'on a des gens... disent : Non, non, on n'a eu
aucune plainte, jamais, jamais, jamais, il y a quelqu'un qui ne dit pas la
vérité là-dedans, là. Puis, dans Henri-Bourassa, ça a été pendant
10 ans, les plaintes, puis ils n'avaient pas une seule plainte à la
direction.
Donc, ça, je n'y ai
jamais cru. Je crois beaucoup plus la version des élèves, des parents puis des
enseignants. Et là ça va forcer la direction que, quand il y a quelqu'un qui
vient formuler une plainte, ça va être consacré à l'écrit, le directeur aura la
responsabilité d'avoir son registre. Pourquoi? Parce que ça va arriver que, des
fois, l'élève en secondaire V, par exemple, va faire sa plainte mais n'ira
pas plus loin. Il a fait sa plainte, puis là il se dit : De toute façon,
je m'en vais au collégial l'année prochaine. Puis, dans Béliers solidaires,
c'est souvent ça qui est arrivé. Ils ont dit : O.K., tu sais quoi, là?
C'est mon dernier cours, je m'en vais au cégep, j'ai dénoncé à mon directeur
d'école, il va s'arranger avec ça, il va faire quelque chose.
Mais, après ça, eux,
là, quand, nous, on les a rencontrés, ils étaient tous sidérés de constater
que, finalement, il n'y a rien qui a changé puis, pire, qu'on dit partout, sur
toutes les tribunes : Aïe! Il n'y a pas de plainte. Il dit : Aïe! Une
seconde, là, j'existe. J'ai fait ma plainte. Elle aurait dû être consacrée à
l'écrit dans un registre.
Aussi, pourquoi que
c'est pertinent? C'est que le protecteur régional ou le protecteur national, si
jamais, d'aventure, lui, il reçoit une plainte, il pourra voir si c'est une
plainte isolée ou c'est quelque chose qui est — je sais, c'est un terme qu'on
a des fois de la misère, là — systémique. Et c'est ça l'importance d'un
registre. Puis un registre, là, ça existe, là. Dans mon code de déonto, là,
j'ai plein de registres à tenir, là. Ça fait qu'envoye, les registres! Moi, j'y
crois, aux registres. Ça nous force à tenir à jour ce qui se passe dans notre
école. Puis aussi c'est que, quand on veut formuler des recommandations pour un
protecteur de l'élève, si jamais lui veut vérifier, bien, il se dit :
O.K., parfait. Si c'est un cas isolé, il n'y
a pas vraiment... Un cas isolé, c'est important, mais, quand c'est plusieurs
cas, à un moment donné, là, on a un vrai problème puis on doit à ce
moment-là agir beaucoup plus rapidement et de façon, des fois, beaucoup plus soutenue. Alors, voici
l'amendement. Puis j'espère qu'il va être reçu, parce que je pense que ce serait
une grande avancée.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : On peut-tu juste
suspendre une minute pour qu'on voie les tenants et aboutissants, les impacts
de ça? Ce ne sera pas long.
La
Présidente (Mme Thériault) : Donc, on suspend quelques instants à
la demande du ministre. Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 30)
(Reprise à 17 h 42)
La Présidente
(Mme Thériault) : Nous poursuivons nos travaux. Donc, M. le
ministre, vous nous aviez demandé une suspension pour vérifier l'amendement de
la députée de Saint-Laurent.
M. Roberge :
Oui, exactement, je voulais voir : Est-ce que c'est utile? Est-ce que
ça peut nuire? Est-ce que, d'un point de vue juridique, il n'y a pas d'autres
dispositions qui font ça ou le contraire? Bon, tout ça. Je nous amène brièvement... Des fois, on est obligé de faire ça
pour analyser la pertinence d'un article ou un amendement puis regarder
un peu...
51
va un peu dans le sens, pas à 100 %, je ne veux pas vous dire que c'est du
pareil au même, mais va un peu dans ce sens-là. 51, on dit :
«Le protecteur
national de l'élève peut déterminer l'actif informationnel que les centres de
services scolaires et les établissements d'enseignement privés doivent utiliser
aux fins de l'examen des plaintes.
«L'actif
informationnel — là,
dans le fond, là, c'est un registre, c'est de la documentation, c'est des
données, c'est ça ici — doit
respecter les normes de tenue de dossier et permettre d'inscrire les renseignements
que le ministre détermine par règlement.»
Donc, il y aura un
règlement qui déterminera comment sont colligées... je vais prendre le mot
«registre», là, parce que, des fois, il y a les mots juridiques puis il y a les
mots d'usage commun, comment ça doit être fait. La nuance entre le 51 et ce que
ma collègue apporte, c'est que le 51, c'est à l'échelle du centre de services
scolaire ou de l'établissement privé. Ma
collègue est au niveau de l'école, hein, la direction d'école. Il y a un danger
d'alourdissement de bureaucratie, d'alourdissement de tâches à l'échelle
de l'école, ou de la direction d'école, ou de son adjoint, ou de son adjointe
si on le fait à ce niveau-là.
Et il y a aussi, je
dirais, un... Je me demande, en fait, à quoi ça pourrait servir. Ma collègue
amène l'idée de : Bien, regardez, j'ai un exemple où il y a des gens qui
ont porté plainte, puis on n'a pas trouvé de trace. Bon, là, ce qu'on verrait,
c'est qu'il n'y a pas de trace. S'il n'y avait pas de registre des plaintes, on
dirait : Écoutez, on n'a pas de trace.
Ça ne réglera pas... Ça ne réglerait pas... Toutes choses étant égales, par
ailleurs, si on va à l'école puis on constate que le registre est vide,
on va dire : Bien, coudon, ça n'a pas de bon sens, c'est ça qui est
arrivé. Mais surtout, avec la loi n° 9, ce qui est
arrivé, c'est-à-dire des étudiants ou des étudiantes qui portent plainte, je ne
sais plus si c'était dans le cas du racisme ou des violences sexuelles, mais
que ce soit un, l'autre ou les deux, ça ne pourrait pas rester lettre morte
comme ça parce qu'il y a un délai de 10 jours, à l'instance un, à l'école,
après quoi, si tu n'es pas satisfait du traitement de la plainte ou si on fait
juste ignorer ta plainte, tu as recours automatique à l'instance deux, au
centre de services scolaire.
Donc, dire,
admettons, que, dans une école, il ne se passe rien, bien là ça, c'est arrivé
avant le p.l. n° 9, mais ça ne pourrait plus arriver
après, parce qu'à ce moment-là, si, malheureusement, arrivait encore ça dans le
réseau, on va dire, en 2024, puis que quelqu'un porte plainte, puis que je ne
sais pas ce qui se passe à la direction d'école, mais personne ne s'en occupe,
bien, le plaignant, il peut aller à l'étape suivante, puis avoir gain de cause,
puis être écouté, puis être entendu. Donc, voilà.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent. Après ça, je vais à la
députée de Sherbrooke.
Mme Rizqy : Je
vais aller dans les mêmes étapes. À l'article 51, dans les commentaires,
on le voit bien, c'est : «Il propose également de conférer au ministre le
pouvoir d'établir des normes de tenue de dossier de plainte.» Donc, le ministre
aurait ce pouvoir-là. Moi, je l'inscris directement avec cet amendement-là qui
serait prévu à l'article 21. Et la raison pourquoi je le choisis au niveau
de l'instance principale, c'est-à-dire l'établissement scolaire, l'école, c'est
parce que les cas concrets qu'on a eus, que ce n'est pas remonté au centre de
services scolaires, c'est que c'est resté au niveau de la direction, puis la
direction a dit publiquement : On n'a pas de plainte. Et ça allait en
porte-à-faux avec des témoignages graves et concordants d'élèves, parents et
enseignants qui disaient : Bien non... Puis moi, je vais vous le dire, là,
j'ai même reçu les courriels des plaintes. Alors, clairement, il y a quelqu'un
qui n'a pas dit la vérité, puis ce n'est pas l'enseignant, ce n'est pas le
parent, ce n'est pas l'élève. Eux autres ont dit la vérité. Là, au fond, ça...
Ici, l'ajout, ça devient aussi une obligation légale.
Quand vous dites en
exemple, et vous faites bien de le faire, cet exemple-là : Ah! mais, si on
arrive puis que le registre est vide, on n'est pas plus avancés, au contraire,
il y a une obligation légale. On est très avancés. Si un directeur d'école omet
de respecter la loi, c'est grave, il le sait. C'est pour ça que les directeurs
d'école... la direction d'école a intérêt à respecter la lettre de la loi dans
son ensemble, ce qui inclut le registre. Et moi, j'ai confiance que, quand
c'est écrit noir sur blanc qu'ils ont une obligation légale, ils vont le faire,
parce que, sinon, c'est un défaut d'exécution d'une fonction qui leur est
établie par la loi, et ça, ça peut entraîner la déchéance même de leur emploi.
Alors, c'est pour ça que j'y tiens.
Puis, en
terminant, c'est que, là-dessus, je vais avoir besoin des éclairages de
Francine, là, la députée de Mille-Îles, c'est que ça existe déjà, de garder au centre de services scolaire... un
registre de plaintes au centre de services scolaire. Nous, dans les cas qu'on a vus, là, ce que nous,
on essaie de corriger, là, c'est des vrais cas, des vrais dossiers, ce n'est
jamais remonté à eux. Alors, même si le centre de services scolaire a
l'obligation légale de conserver un registre, encore faut-il que ça se
rende à eux.
En terminant, vous avez dit : Ah! mais il y
a un recours automatique. Oui et non. Si l'élève... Puis, dans le cas de... ils
l'ont même dit dans les articles de journaux, on peut le lire : J'étais en
fin d'année, j'ai décidé, là, de faire tête baissée, puis de continuer mon
année, puis de me mettre des oeillères pour finir mon année puis m'en aller au
cégep. C'est ça qui est arrivé, des élèves, là, qui étaient en... Puis il y en
a une qui a même dit : J'étais en mode survie. Puis elle dit : Il me
restait quatre mois à toffer l'année. Tu sais, quand tu vas à l'école
secondaire, tu n'as pas envie de toffer ton année, tu as envie de la vivre.
Moi, c'est juste... M. le ministre, là, c'est
mon plaidoyer. Je vous le dis, c'est pertinent d'avoir un registre, puis on les...
je... Ça va donner, là, un message. On a entendu les victimes. Il y en a que
c'est des violences à caractère sexuel, d'autres, c'est des propos racistes,
puis d'autres, c'est des facteurs d'intimidation, puis d'autres, ce sera autre
chose, je ne sais pas c'est quoi, puis, honnêtement, moi, en autant qu'on a un
registre... Puis c'est surtout... Ça va aussi donner un éclairage au protecteur
régional lorsqu'il va prendre des décisions. Est-ce que c'est juste une plainte
isolée ou est-ce qu'on a un problème plus profond qui va peut-être commander
une action plus soutenue à un endroit particulier?
Alors, je vais m'arrêter ici parce que je sais
qu'il y a d'autres interventions, là, mais on peut cheminer ensemble là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : J'aimerais ça écouter
les autres interventions.
La
Présidente (Mme Thériault) : On va à une intervention. Vous voulez les
entendre, parfait. Donc, Mme la députée de Sherbrooke. Après ça, je
reviendrai à Mme la députée de Mille-Îles. Allez-y.
Mme Labrie : Bien, je pense qu'une
partie du problème de cet enjeu-là, c'est qu'il y a un flou artistique autour de c'est quoi, une plainte, parce qu'il y a
des élèves qui ont dénoncé des situations, puis, après ça, ça a disparu,
il n'y a pas eu de trace de ça. Moi, je suis en faveur qu'il y ait un registre,
mais je fais juste me demander... Il va falloir clarifier aussi c'est quoi, une plainte, parce que, si un élève débarque
dans le bureau du directeur, par exemple, pour dire : Bien là, tel
autre élève vient de m'accoter dans un coin pour me taponner, ou tel entraîneur
vient de... hier soir, à la pratique de volleyball, a tenu des propos sur mon
poids que j'estime déplacés, ou toute autre situation, puis que, là, le
directeur dit : Ah oui, O.K., je vais lui parler, il consigne-tu ça dans
le registre des plaintes? C'est-tu une plainte? Est-ce qu'il faut qu'il ait
rempli un formulaire, l'élève, pour que ça soit considéré comme une plainte?
Parce que moi, j'ai l'impression que c'est
un peu pour ça qu'on a perdu la trace de toutes les démarches que des élèves ou
des membres du personnel ont pu faire dans des cas comme Saint-Laurent,
dans des cas comme Henri-Bourassa, parce qu'à un moment donné il faut que ça soit clair à partir de quand c'est une
véritable plainte puis que la porte d'entrée, il n'y ait pas d'ambiguïté
là-dessus, là, il faut le définir.
Il faut qu'il y ait une responsabilité aussi de
s'assurer que la personne qui reçoit au départ... je vais appeler ça des
doléances, là, de la part d'un élève lui dise : Veux-tu déposer une vraie
plainte par rapport à ça? Voici le papier. Puis là on va le consigner, puis
elle va être inscrite, par exemple, dans un registre ou, en tout cas, dans
quelque autre mécanisme qu'on aura fixé, mais, tant que ça, ce n'est pas clair...
Puis moi, je ne suis pas sûre que c'est clair dans le projet de loi en ce moment, là, à partir de quand on considère qu'il y a
eu une vraie plainte. Si un parent appelle à l'école pour dire : Oui, là, mon enfant, il a des...
on m'a dit au début de l'année qu'il avait besoin d'un petit coup de pouce au
niveau du langage puis on n'a toujours pas eu de nouvelles quand est-ce qu'on
va avoir des services, puis que, là, la direction
de l'école répond : Bien oui, il n'y a plus d'heures de disponible,
avez-vous les moyens d'aller au privé, blabla, le parent, là, s'il dit : Bien là, ça ne fait pas mon affaire
d'aller au privé, vous devriez offrir ce service-là dans l'école, ça, c'est-tu
considéré comme une plainte ou bien il faut qu'il remplisse un formulaire?
• (17 h 50) •
Tu sais, à un moment donné, là, tant que ça, ça
reste flou, on ne sera pas capables de régler ces problèmes-là, puis les délais, on ne sera pas capables de les
comptabiliser non plus. Si le parent considère que s'être plaint verbalement ou
l'élève considère que s'être plaint verbalement auprès d'un intervenant de
l'école, c'était sa plainte, lui, il considère-tu le délai de 10 jours à
partir de ce moment-là? Moi, je pense qu'il faut le définir clairement. Puis,
si on clarifie le processus, bien, ça va être bien plus facile de tenir un
registre après puis qu'on soit sûrs de ne jamais en échapper puis de
comptabiliser les délais comme du monde, mais la situation en ce moment, c'est
qu'il y a un énorme flou autour de ça, même chose avec les centres de services,
d'ailleurs, là. Ce n'est pas juste à l'échelle des directions d'école, là. À
l'échelle des centres de services, c'est la même affaire, un parent qui
appelle...
Tu sais, moi, je me... quand je parle de ces
situations-là avec les centres de services scolaires, on m'a déjà dit : Tu
sais, les parents appellent, puis eux autres, ils considèrent ça... tu sais, à
moins que la personne ait rempli un formulaire, pour vrai, de plainte, là, ils
considèrent ça comme une demande d'information. Quand quelqu'un appelle au
service des plaintes pour parler d'un enjeu, bien, ils considèrent ça comme une
demande d'information tant et aussi longtemps que le formulaire n'a pas été
rempli, par exemple, mais ce n'est pas la même affaire pantoute. Ça se peut, mais il faut que ça soit clair pour le
parent que, là, ce qu'il a dit là, là, tant qu'il n'a pas rempli le formulaire,
ce n'est pas une vraie plainte du point de vue du centre de services
scolaire, par exemple. Sinon, lui, il n'aura pas les bonnes attentes
au niveau du suivi s'il considère que de l'avoir dit verbalement, c'était une
plainte puis que, du point de vue du centre
de services, ce n'était pas encore une plainte, il fallait remplir un
formulaire. Moi, ça, ce n'est pas clair dans le projet de loi, pour moi,
à partir de quand il y a une plainte.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de
Mille-Îles. Est-ce le ministre souhaite vous entendre?
M. Roberge : Tout de suite.
La Présidente (Mme Thériault) : Allez-y.
Mme Charbonneau : Vous voulez
parler tout de suite ou...
M. Roberge : Non, j'aimerais
vous entendre.
Mme Charbonneau : Merci, c'est
gentil. Je reviens à l'information que j'ai échangée avec ma collègue. Ce qui est consigné dans les centres scolaires ou les
commissions scolaires, c'est quand c'est rendu au protecteur de l'élève
puisqu'il dépose annuellement au ministre un registre de ses plaintes. Grosso
modo, là, c'étaient des plaintes par rapport à quoi. Ça ne concerne pas
l'école, ça concerne vraiment le centre scolaire ou la commission scolaire.
Donc, quand ma collègue de Sherbrooke
dit : Il faut clarifier l'aspect d'une plainte, puis, quand ma collègue de
Saint-Laurent dit : Il faut que
ça soit par institution, par école, je trouve que ça devient encore plus
logique, d'autant plus qu'on parle des
écoles privées comme de l'école publique, puis, encore une fois, c'est
l'établissement, ce n'est pas l'institution. Donc, je trouve que c'est
très intéressant.
Maintenant, ma collègue de Sherbrooke a tout à
fait raison, quand un parent appelle pour parler d'une plainte, bien, souvent,
on va parler d'une communication directe avec le parent pour l'informer des
heures requises ou du financement des heures qu'ils ont par rapport à
l'orthophonie ou par rapport à un autre service pédagogique. La direction va
dire : Bien, j'ai eu un parent qui m'a fait un commentaire ou j'ai eu un
parent qui m'a avisé que... mais c'est rarement consigné comme une plainte, à
moins que le parent soit informé. Puis ça, les directions d'école, moi, en tout cas, ceux que je connais, le font
très bien, ils vont dire : Si vous n'êtes pas satisfait de ma réponse,
vous pouvez faire appel au protecteur de l'élève. Donc, il y a quelque
chose qui se passe par rapport au protecteur de l'élève, mais il faut vraiment
que le parent soit informé pour pouvoir le faire, sinon ça devient un échange
verbal entre la direction de l'école et la famille.
La Présidente (Mme Thériault) : O.K.,
M. le ministre, vous vouliez entendre les points de vue des gens. J'ai envoyé
une note au ministre pour lui demander si je pouvais prendre la parole pour un
cas... Excusez-moi, ceux qui me connaissent
savent que je suis vraiment très sensible. Je vais relater ici... Puis je vais
taire le nom de la région, etc. Je connais quelqu'un que sa fille a été
agressée par un petit gars de son école. La police a été mise dans le dossier.
Ils n'ont pas retenu la plainte. Pourtant, les deux enfants sont mineurs. La
petite fille a 14 ans. Les deux enfants sont mineurs. Ils n'ont pas retenu
la plainte. La maman a décidé de déménager pour changer sa fille d'école, lui
donner une nouvelle chance d'aller plus loin. Heureusement, les gens de la
CAVAC qui ont suivi cette petite fille là dans sa nouvelle école... Elle a
toute l'aide et le support nécessaires qu'elle a besoin et elle s'est rappelé
des choses, parce qu'elle était en stress
post-traumatique. Elle s'est rappelé des choses, et c'est grave. Dans son
ancienne école, les gens le savaient. S'il y avait eu un registre, puis ce
petit gars là avait été dénoncé par cette petite fille là, on se serait rendu
compte qu'il y avait d'autres petites filles dans la même école qui ont subi
exactement le même sort que cette petite fille là.
Moi, personnellement, qui pense que c'est
correct qu'on puisse écrire quelque chose quand il y a quelque chose qui ne
marche pas... Quand la police a été mêlée au dossier, elle a été à l'école
aussi. S'il y avait eu un registre avec des
plaintes dedans, la police aurait pu en prendre connaissance, et probablement
que ça aurait été fort différent dans le traitement du dossier, et la
maman, elle n'aurait pas été obligée de déménager puis de déraciner ses trois
enfants de son secteur, et elle a changé de ville et changé de vie pour
protéger sa fille et ses enfants, mais je ne peux pas m'empêcher de penser aux
autres enfants, aux autres petites filles dans cette région-là qui subissent
les actes d'un jeune homme qui est mineur.
Puis, comme dans bien des écoles, bien, quand
les enfants commencent à parler, le petit garçon, qui a pas mal
d'influence : C'est de la faute des petites filles. Et imaginez le
traitement qu'on réserve aux petites filles qui sont trop faciles. Je suis très
polie dans ce que je dis présentement. Moi personnellement, des histoires comme
ça, ça me touche, puis c'est sûr que, quand je vois que nous, comme législateurs,
on a la possibilité de changer les choses, c'est un bel exemple de comment on
pourrait changer les choses.
Ceci étant dit, ce n'est pas dans mon habitude
de faire des interventions à titre de députée comme présidente, et je suis
désolée de l'avoir fait, mais je considère que le plus beau privilège qu'on m'a
donné, c'est de représenter ma population,
de représenter mes citoyens, et c'est avec l'expérience du terrain que, très
souvent, on fait les lois. Donc, je vais
rentrer dans ma réserve de présidente et, puisque vous avez entendu toutes les
personnes qui avaient quelque chose à dire, M. le ministre, je vous
redonne la parole.
M.
Roberge : Merci d'avoir eu la délicatesse de m'envoyer un
petit message avant puis surtout merci d'avoir pris la parole. On connaît... On
est nombreux à connaître des gens qui ont vécu des choses. Ça fait que vous
avez dit des choses, puis on n'a peut-être pas tous besoin de les dire
après. Donc, j'ai demandé au légiste de rédiger un amendement.
Si vous permettez, il va aller à l'article 51 parce que ça va... De toute
façon, ça va dans le même... Ça va être par
cohérence législative, mais ce n'est pas du tout une fin de non-recevoir. Je
n'essaie pas de le pelleter en avant ou en dessous du tapis. Ça fait
qu'on va l'adapter dans le cadre pertinent.
Mme
Rizqy : Avec consentement, je vais le retirer, puis merci.
Je pense qu'en ce moment on est... Si on peut faire une petite
pause santé, on va la prendre.
M. Roberge : Bonne affaire.
La Présidente (Mme Thériault) : Compte
tenu de l'heure, ça va être bon pour tout le monde.
On suspend les travaux quelques instants. Merci,
M. le ministre, pour l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 18 h 03)
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
à l'ordre! Nous allons reprendre nos travaux. Donc, à la suggestion de la
députée de Saint-Laurent, son amendement sera retiré. Il y a consentement?Consentement.
On a compris que, M. le ministre, à
l'article 51, vous allez... 51, c'est ça, vous allez faire quelque chose
plus tard. Il n'y a pas de problème. Donc, j'ai compris également,
l'échange qu'on a eu, qu'il n'y avait pas d'autre commentaire sur
l'article 21. Donc, est-ce que l'article 21 est adopté?Adopté.
Parfait. M. le ministre, on peut aller à l'article 22. Et je pense que
vous avez un amendement également.
M. Roberge : Oui, merci. Alors,
article 22 :
«[Une] personne qui est insatisfaite du
traitement de sa plainte ou dont la plainte n'est pas traitée dans un délai de
10 jours ouvrables suivant sa réception peut s'adresser au responsable du
traitement des plaintes du centre de services scolaire. Le responsable du
traitement des plaintes est désigné parmi les membres du personnel du centre de
services scolaire par le conseil d'administration de celui-ci.
«Malgré l'article 21, la personne qui est
insatisfaite du suivi donné à une dénonciation concernant un acte d'intimidation ou de violence faite à un directeur
d'établissement d'enseignement en vertu de l'article 96.12 ou 110.13 de
la Loi sur l'instruction publique peut formuler une plainte au responsable du
traitement des plaintes.»
Donc, l'article propose la deuxième étape du
processus de traitement des plaintes, soit de s'adresser au responsable du
traitement des plaintes du centre de services scolaire. Elle précise que cette
étape est accessible 10 jours ouvrables
après s'être adressé à la personne directement concernée ou à son supérieur
immédiat. L'article propose également que la personne insatisfaite du
suivi d'une dénonciation concernant un acte d'intimidation ou de violence peut
s'adresser directement au responsable du traitement des plaintes sans devoir
s'adresser d'abord à la personne directement concernée ou à son supérieur
immédiat.
Je peux y aller avec l'amendement?
La Présidente (Mme Thériault) : Avec
l'amendement, oui, continuez.
M. Roberge : Que mes collègues ont
reçu et qui est disponible. Donc, remplacer, dans le deuxième alinéa de
l'article 22 du projet de loi, «une dénonciation» par «un signalement ou
une plainte».
Donc l'amendement, c'est tout simplement de
revenir à la terminologie de «signalement» et de «plainte», grosso modo.
La Présidente (Mme Thériault) : Alors,
madame... Oui, M. le ministre, allez-y, continuez.
M. Roberge : Excusez-moi. La
plainte est formulée directement par l'élève mineur ou adulte, ou son parent,
tandis que le signalement, c'est formulé par un tiers. C'est ça, la...
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui.
Bien là, je reviens à ce que j'ai plaidé tout à l'heure. Le délai de
10 jours, il va commencer à courir à partir de quand? Est-ce qu'on
parle du moment où il y a un échange verbal entre un élève ou son parent puis la direction? Est-ce qu'on parle du moment où
un courriel est envoyé par le parent pour dire à la direction : Il s'est passé telle affaire? Est-ce qu'on parle du moment
ou il y a un formulaire qui a été rempli, sur lequel il est écrit «plainte» en
haut? Moi, c'est ça qui n'est pas clair, pour moi, à ce stade-ci.
M. Roberge : Oui. C'est une
excellente question. Honnêtement, on se l'est posée à plus d'une reprise,
excusez-moi le terme, des fois, on s'est challengés, on a discuté, on a échangé
et on a regardé ce qui se faisait dans d'autres
lois. Il y a d'autres lois qui parlent de mécanismes de plainte, là. Je pense
que c'est le cas à la santé. Je pense que c'est le cas aussi au
Protecteur, Protectrice du citoyen, je ne veux pas me tromper. Et dans aucune
loi ce n'est défini. Ça
fait qu'on dit : Bien là, comment se fait-il, dans le fond... On entend
par «plainte», dans le fond, c'est une insatisfaction qui est exprimée, d'accord? Aussitôt que tu
exprimes une insatisfaction, ça peut être verbalement ou ça peut être par
écrit, à l'égard d'un service que tu as reçu ou que tu n'as pas reçu.
Et c'est là où il y a
le caractère un peu informel, parce que, des fois, ça peut être juste :
Écoutez, tu es à l'épicerie, tu croises ton enseignante... l'enseignante de ton
enfant, puis tu lui dis : Oui, mais là il me semble... Je suis sur le
portail, là, du centre de services scolaire. Il n'y a pas une note encore en
maths, on est rendus au mois... à début novembre, je n'ai pas d'évaluation en
maths. Comment ça se fait? Tu sais, ça pourrait être simplement comme ça. Puis
j'aimerais ça... Puis le prof dit : Ah! bien, je pensais que je l'avais
entré, ou peu importe, bon. 10 jours après, techniquement, le parent
pourrait dire : Bien, je n'ai toujours pas reçu de réponse. Le prof que
j'ai accroché à l'épicerie — puis
là je ne suis pas en train de dire que je veux que les profs se fassent achaler
à l'épicerie, c'est un exemple qui peut être un peu invasif — mais
il dit : Je vais t'envoyer un courriel ou je vais faire...
Puis après tu... le
parent pourrait dire : Bien, moi, je vais à l'instance supérieure. Je lui
en ai parlé, j'attendais un courriel. Ça fait 10 jours, j'ai le droit d'y
aller. Ça pourrait être informel comme ça. Ça pourrait être un courriel envoyé
à la direction d'école. Ça pourrait être : On se rencontre pour élaborer
un plan d'intervention, puis le parent, séance tenante, manifeste son
insatisfaction face à quelque chose. Là, ça serait plus formel, plus documenté,
parce qu'il y a un écrit, vraiment, puis c'est...
L'appréciation de la
plainte est beaucoup, d'après ce qu'on m'a dit, dans l'oeil du plaignant. Parce
que, si on ne fait pas ça, si on dit : Une plainte, ça doit être formel,
ça doit être valide, on doit avoir le nom de l'élève, le nom du parent, la
personne qui l'a reçue, évidemment, la date, pour faire courir le délai, bien,
on va empêcher des fois des personnes plus vulnérables, des personnes qui
parlent plus ou moins français, des personnes qui sont plus... d'utiliser le
système de traitement de plaintes parce qu'ils ne sont pas outillés. Il
faudrait qu'ils prennent rendez-vous avec la direction, dire : Je vais,
officiellement, formuler une plainte. Et ça risque de diminuer, dans les faits,
le nombre de plaintes, et donc de
règlements. Ce n'est pas que j'aime les plaintes, mais j'aime les solutions,
là. Ce n'est pas que j'aime les problèmes, mais j'aime les solutions.
Et
ça vient aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup bureaucratiser. Si on dit : À
chaque fois qu'il y a une plainte, qu'il
y a une insatisfaction manifestée, il faut absolument que ça soit écrit, daté,
signé, envoyé au bureau de la direction, filière 52, etc., bien, ça
va faire beaucoup de travail pour les profs, pour les surveillantes de dîner,
pour... Ça peut être ça aussi. L'élève, il a
le droit de manifester une plainte, ça fait que... Je suis tout le temps assis
à côté des micro-ondes. Tout le monde passe à côté de moi, puis il
m'accroche, puis il m'accroche. Je peux-tu m'asseoir ailleurs? L'élève le
manifeste. Est-ce que l'éducatrice doit s'en aller, puis écrire ça, puis...
Vous comprenez? C'est ça.
• (18 h 10) •
Par contre, quand
l'élève dit : Écoute, là, ça fait depuis le mois de septembre que je suis
là, je n'arrête pas de le dire à
l'éducatrice, puis je veux changer de place, elle ne me change jamais de place.
Bien, le parent pourrait dire : Bien, regarde, ça fait bien plus
que 10 jours, on s'en va direct au centre de services scolaire. Je donne
deux, trois exemples qui sont issus des
discussions que j'ai eues avec d'autres personnes, parce que moi aussi, je me
disais : Comment on fait pour le formaliser? Là où ça devient
vraiment formel, où ça va être mis par écrit par le plaignant ou par la
personne qui la reçoit, parce qu'on lui porte assistance, à la personne qui est
peut-être moins d'habilités littéraires puis qui sait peut-être moins parler
français, puis tout ça, à la deuxième instance, là, c'est sûr qu'il va avoir
vraiment une étude de cas, puis ça va être
écrit, puis ça va être signé, puis il va avoir la date. Mais, à l'étape de
l'école, je pense que l'appréciation des uns et des autres, qui pourrait
poser problème, a aussi des avantages. C'est comme ça que je l'exprime parce que... Puis, quand on me l'a expliqué comme ça, on
m'a convaincu, parce qu'au départ je n'étais pas convaincu, d'accord? Je
vous partage cette réflexion. Voilà. Excusez ma longue réponse.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui.
C'est une souplesse qui est vraiment intéressante, là, parce qu'effectivement
on ne veut pas alourdir la première étape puis on veut que les gens le fassent.
Moi, je n'en attendais pas tant au niveau de la souplesse, je dois dire, donc
je suis contente d'entendre ça. En même temps, là, le ministre a donné plein
d'exemples, tu sais, qui... Je veux juste
m'assurer que ça va être vraiment clair pour tout le monde, là. Ça se peut que
je lui fasse répéter, là, mais... Ça
fait que le parent ou l'élève n'a pas besoin de nommer le mot «plainte». S'il
parle d'insatisfaction, si l'élève dit qu'il n'est pas confortable avec
une situation, les mots qu'il utilise, là, il n'y a pas besoin d'avoir le mot
«plainte» là-dedans. Ça peut être considéré comme une plainte quand même, peu
importe la manière dont c'est nommé, même si c'est verbal.
Le
ministre a donné plein d'exemples de situations ou, même, de plaintes nommées
sous forme d'insatisfaction, qui sont nommées à l'épicerie, par exemple,
dans un contexte qui n'a rien à voir avec l'école. Ça compte pareil. C'est des
exemples pertinents parce que ça permet de mesurer comme l'ampleur du possible,
là, pour ce qui est du dépôt... de la
formulation d'une plainte, disons, là. Il y a vraiment une multitude de
scénarios possibles. Donc, ce n'est vraiment
pas formel comme processus. C'est correct, c'est une chose. Là où je vois un
enjeu, c'est peut-être comment on va faire pour s'assurer que tous les membres
du personnel de l'équipe-école concernée comprennent bien, là, que, si...
Quand l'enfant vient chercher... Quand le
parent vient chercher son enfant au service de garde, il formule un commentaire
sur... Oui, il me semble qu'ils ne sont pas sortis dehors bien, bien cette
semaine, par exemple, que la responsable du service de garde comprenne que ça
peut être considéré comme une plainte, ce commentaire-là, et donc devrait y
donner suite, parce que, sinon, ça pourrait se retrouver à l'instance d'en
haut, c'est-à-dire le centre de services.
Moi, je veux juste
m'assurer que tout le monde doit bien comprendre qu'il faut considérer tous ces
types de commentaire là, qui ne sont parfois pas si clairs, sur est-ce que la
personne est en train de formuler une plainte ou pas, là. Tu sais, elle fait-tu
juste chialer? Tu sais, est-ce qu'elle anticipe d'aller plus loin avec ça?
Juste pour ne pas que les gens fassent le saut après, là : Bien là, elle
m'a dit ça dans le corridor, ou ci, ou ça, puis elle m'a dit ça à l'épicerie,
puis que ça se retrouve au centre de services, puis que, là, la personne,
finalement, blâmée pour ne pas avoir donné suite à la plainte, dise : Bien
là, je ne savais pas que c'était vraiment une plainte, là, quand on m'a dit ça,
tu sais, j'en ai pris acte, mais...
Je veux juste... Tu sais, tant mieux si c'est
aussi souple, mais il va falloir s'assurer que les gens comprennent qu'ils ont
la responsabilité de donner suite, là, parce que des commentaires de cette
nature-là, les gens du milieu de l'éducation en entendent tous les jours, là,
tu sais, ça, c'est sûr, là, ça fait que... Tu sais, des élèves qui se
plaignent, avec toutes sortes de vocabulaires, de ce qui peut se passer à
l'école, il y en a, là, c'est le quotidien. Donc, moi, je voudrais juste que...
Là, on a prévu des formations pour le personnel du protecteur de l'élève, là.
Comment on va faire pour que les acteurs du réseau de l'éducation, eux autres,
prennent la mesure de tout ce qu'ils doivent considérer comme une plainte à
partir de maintenant, là?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Il faut penser que la
plainte ne mène pas nécessairement à un blâme. Parce que, si on dit au réseau
scolaire : Écoutez, attention, à partir de maintenant, aussitôt que
quelqu'un manifeste une insatisfaction, là, attention, là, le protecteur s'en
vient puis il s'en va vous blâmer, là. Ce n'est pas ça, là, le rôle du
protecteur. Non, mais je ne vous mets pas des mots dans la bouche, là, je veux
juste rassurer... Puis il y a peut-être des gens qui nous écoutent qui ont
dit : Bien, voyons donc, c'est quoi, ça?
Le rôle de protecteur de l'élève, ce n'est pas
la police qui arrive avec des sanctions, puis des amendes, puis des blâmes. Il
n'est pas l'employeur de l'enseignant ou de l'éducatrice en service de garde.
Il ne vient pas lui imposer une sanction. Ce n'est pas ça non plus, là, faire
attention, parce que, sinon, ça peut être très inquiétant. Puis plusieurs
centres de services, lors de la rédaction, on les a questionnés aussi, là. Puis
c'est ça, ici, c'est déjà, je vous dirais,
dans les libellés utilisés dans les centres de services scolaires. Ils se sont
partagés, hein? Souvent, ils partagent, avec la fédération, des
définitions pour avoir des choses communes puis ils nous disent : C'est
ça, nous, on l'a inscrit et compris comme ça
dans notre centre de services puis on l'a diffusé comme ça : «Toute
insatisfaction exprimée verbalement ou par écrit par un plaignant à
l'égard d'un service qu'il a reçu ou aurait dû recevoir de la commission
scolaire.»
Donc, ça, c'est une des définitions qui circule,
qui est assez large, et ça ne cause pas de préjudice. Parce que, dans la mesure
où ça monte à la deuxième instance...
Je redonne
l'exemple, tiens. J'arrive, je m'en vais conduire ma petite-fille au service de
garde. Puis admettons qu'il n'y a pas aucun micro-ondes à l'école puis
que ma petite-fille est tannée de manger des sandwichs, je sais que ça arrive dans les écoles, et là je dis à
l'éducatrice, je sais bien que ce n'est pas elle qui branche les fils, là, elle
reçoit la plainte, mais ce n'est pas elle qui va les brancher, mais je
dis : Là, ça suffit, là, je voudrais qu'il y ait des micro-ondes. Ça
prendrait ça, là. Je vous le dis, là, bon, ça prendrait des micro-ondes. Puis
je ramasse ma petite-fille, puis on s'en va.
Puis là, une semaine après, je dis : Bien, il y en a-tu? Puis elle me
dit : Bien là, on n'en a pas. Bon, je ne pense pas que c'est une
mauvaise personne pour autant, mais je serais tout à fait légitimé, avec le
projet de loi, parce que ça fait 10 jours, je pourrais peut-être en parler
à la direction aussi, hein?
Mais j'en ai
parlé à quelqu'un à l'école, je pourrais aller au centre de services scolaire,
aller voir le responsable de traitement des plaintes puis dire :
Là, regarde, je vous l'ai demandé, je ne l'ai pas eu, pouvez-vous faire quelque
chose? Et là on va me formaliser un petit
peu... on ne va pas me... on va formaliser l'affaire un peu plus, puis le
centre de services scolaire va se pencher. Eux auront, je ne me trompe pas,
15 jours — merci,
je ne voulais pas me tromper dans les délais — auront
15 jours pour me donner une réponse à moi, parent, qui va me satisfaire ou
pas. Idéalement, on va régler le problème, sinon je pourrais aller au
protecteur de l'élève, puis on verra ce qu'il en dira, je ne peux pas présumer
de ça.
Mais donc la première, c'est vrai que peut-être
que l'éducatrice, dont je parle dans mon exemple, sur le coup, n'aura pas eu conscience de dire : Je viens
de recevoir un traitement d'une plainte, qu'est-ce que je fais? Il faut que
j'en parle à mes supérieurs, il faut que je le note par écrit. Peut-être
pas, mais l'essentiel n'est pas de bureaucratiser l'école et la première instance, l'essentiel est de régler les problèmes
puis de permettre aux parents d'avoir, idéalement, satisfaction, mais, à
tout le moins, une réponse à terme. Donc, c'est comme ça que je l'expliquerais.
Puis je pense que c'est imparfait, mais
c'est tout à fait raisonnable, dans le cadre d'une école, pour que ça
fonctionne. C'est comme ça que je le dirais.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
Madame, allez-y.
Mme Labrie : Donc, il n'y a pas non
plus... C'est juste pour mieux comprendre, hein, je ne critique pas cette approche-là, au contraire, moi, j'aime cette
souplesse-là, mais je veux juste qu'on s'assure que les choses sont claires.
Il n'y a pas non plus de responsabilité d'un membre du personnel de l'école
qui, bon, reçoit cette doléance-là : Il n'y a pas de micro-ondes. Il
commence à être le temps qu'il y ait des micro-ondes, les enfants sont tannés
de manger des sandwichs. Bon, cette personne-là n'a pas la responsabilité de
dire à la direction, par exemple : Oui, là, il y a un parent qui m'a dit : Ça prendrait des
micro-ondes. Ça veut dire qu'éventuellement, si le parent se tanne puis qu'il
n'y a toujours pas de micro-ondes, il va au centre de services, puis là
le centre de services, j'imagine, lui, c'est la direction d'école
qu'il va contacter pour vérifier c'est quoi, cette affaire-là. Il ne contactera
pas la personne du service de garde, il va
contacter le directeur ou la directrice d'école. Puis là cette personne-là
pourrait dire : Bien là, je n'ai jamais entendu parler qu'un parent
a dit ça, tu sais. Ça ne s'est pas rendu à lui parce que la personne du service
de garde n'a pas... il n'a pas pensé,
finalement, de le dire à la direction, n'a pas considéré que c'était
nécessairement l'amorce d'une plainte, là.
Ça fait que
comment le ministre voit ça, là, le fait, là, ça va rebondir à la direction
d'école via, par exemple, le centre de services, puis la direction va dire :
Bien là, je n'ai jamais entendu parlé... tu sais, ça... C'est ça.
M.
Roberge : Mais je ne pense pas qu'il faut le voir dans une
démarche de la direction va aller taper sur la tête de l'éducatrice. Ça
dépend aussi, des fois...
Mme Labrie : Mais je ne le dis pas
pour ça.
• (18 h 20) •
M. Roberge : Non, non, non, je le
sais. Non, on ne s'obstine pas, là, on jase. Mais, idéalement, la plainte est
formulée de manière assez claire par le parent en disant : Là, j'aimerais
vraiment que ça change, il pourrait même dire :
Est-ce que je peux porter plainte... quelqu'un... quelque part? C'est sûr que
ça aide. Plus c'est limpide, plus la demande est claire, hein? On dit,
tu sais : Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, bon. Mais plus c'est
clair, plus elle a de chances d'avoir
satisfaction d'être entendue, etc. Il y a une part de responsabilité du point
de vue du plaignant, je vous dirais, jusqu'à un certain...
Parce que, si c'est formulé très, très
clairement, ça va nous permettre d'appliquer le 21 qu'on vient d'adopter, puis le 21 disait ça, là : «Lorsque cette
plainte est formulée à un membre du personnel d'un établissement
d'enseignement, le membre en avise sans délai le directeur de
l'établissement.»
Donc, oui, techniquement, l'éducatrice, en vertu
de cet article-là, doit aviser la direction, mais encore faut-il que ça ait été exprimé assez clairement pour
qu'elle dise : Oups! Bon, bien, dans cinq minutes, aussitôt que j'ai le
temps, j'avise la direction ou la direction du service de garde.
Peut-être qu'il y aura des formations en disant : Bien, prenez garde. Mais, en même temps, on veut que les
éducatrices s'occupent davantage des élèves, ne soient pas tout le temps
en train de remplir des formulaires de plainte puis... C'est ça. Donc, oui, il
y a une obligation, mais dans la mesure où c'est assez clair. C'est sûr que, si
le parent, il dit : Écoute, là, j'ai même... j'ai écrit une petite feuille
puis j'ai dit : Ça, j'aimerais que ça change, bien là je pense
qu'évidemment que ça va être transmis à la direction.
Mais ce ne sera pas toujours aussi clair que ça,
puis ça ne sera pas parfait, puis on peut vivre avec cette... Étant donné qu'il y a trois étapes, on peut vivre,
je pense, avec... je ne dirais pas ce flou-là, mais le fait que c'est un peu
organique, la première étape, pour donner de la souplesse puis répondre aux
besoins comme ça. Mais peut-être que je m'égare, là, mais c'est ça. Voilà.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Sherbrooke. Il y a Mme la députée de Mille-Îles, après,
qui va... Allez-y.
Mme Labrie : Oui, parfait. Bien, je
vais y aller rapidement. Moi, je vis bien avec cette souplesse-là, en autant
que jamais un parent ou un élève ne se fait dire que ce n'était pas assez
clair, là, puis donc que le délai ne tient pas
parce qu'il n'a pas été assez explicite sur la formulation, tu sais, il n'a pas
utilisé les mots : Je veux porter plainte ou... Tu sais, moi, en
autant... Cette souplesse-là, elle peut exister, je trouve que c'est
intéressant, justement, pour ne pas alourdir
le processus, mais il ne faut pas qu'après quelqu'un se fasse dire : Bien
là, on n'est pas rendu, pour vrai, à cette étape-là du processus parce
que ce n'était pas assez clair au départ, quand tu as formulé ta plainte, ou ta
doléance, ou ton commentaire, ou peu importe.
M. Roberge : Bien, le pire qui
pourrait arriver...
Mme
Labrie : Si ça n'arrive pas
qu'on leur reproche ça, par exemple, puis qu'on retarde le processus à cause
de ça, moi, je n'ai aucun enjeu avec la souplesse.
M. Roberge : Vous savez, le pire qui
pourrait arriver, ce serait que le centre de services scolaire reçoive, là, de
manière plus formelle, la plainte en deuxième instance. Aussitôt que tu fais
ça, bien, tu appelles à la direction, tu dis : Bien, êtes-vous au courant
que... tout le temps l'exemple des micro-ondes, puis la direction dit :
Bien, je n'en ai jamais entendu parler. Bon, bien là il pourrait peut-être
dire : Bien, écoutez, on va vous mettre en relation avec la direction. Si
vous en avez parlé, mettons, à l'éducatrice, ça ne s'est pas rendu à la
direction, je vous invite à en parler à la direction. Si vous n'êtes pas
satisfait, revenez me voir dans 48 heures, juste pour dire : Bien, on
ne va pas, je ne sais pas trop, occuper
plein de gens au centre de services scolaire quand on est disposé à vous
entendre. Tu sais, ça serait... Ça ne
s'appelle pas retour à la case départ pour perdre du temps, mais ce serait
peut-être juste dans un souci d'efficacité. Ce n'est pas à exclure, mais
j'ai assez confiance que ça fonctionnerait.
Puis, si c'était un mois, étape un, deux mois,
étape deux, on dirait : Aïe! Tu me retournes, tu me fais perdre un mois, là. Ça suffit, mon enfant est en crise.
Si c'est 10 jours ouvrables, c'est quand même raisonnable, je pense que
c'est correct.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Ça va? Parfait. Mme la députée de Mille-Îles, vous avez demandé la parole.
Mme Charbonneau : Mme la Présidente, j'ai une inquiétude, parce que
l'échange que le ministre vient d'avoir me donne le souci de :
C'est la parole de qui? Puis je comprends qu'on ne veut pas alourdir ça, je
comprends, puis on veut mettre un processus qui devient facilitant pour les
échanges, mais... Mais, dans toutes les situations plausibles, il y a celle aussi où la personne qui reçoit le
parent ne trouve pas important de lui signifier l'information. Je n'en ferai pas
un débat. Ma collègue m'a dit : Francine, il y a des choses... Alors, je
comprends. La seule chose que je vais vous dire, M. le ministre, c'est qu'il
faut absolument que l'information que les parents vont recevoir soit claire, en
langage simple et très informatif.
Parce
que, quand vous dites : Il y a 10 jours de délai, mais que je peux
faire ma plainte à l'épicerie en achetant mes bananes, qui sont... On en disait plus tôt, hein, on... Ça ne
changera pas le prix des bananes si, devant le rack à légumes, j'exprime
à mon... à l'enseignant de mon enfant qu'il y a une problématique avec l'école,
puis je devrais recevoir plus d'orthophonie,
puis que, finalement, l'enseignant reçoit la conversation, mais ce n'est pas
une plainte puis, 10 jours plus tard, ce n'est toujours pas une
plainte, puis que, finalement, quand le parent relève la main pour dire :
Je l'ai signifié, la phrase qui lui revient, c'est : Bien, moi, je ne me
souviens pas d'avoir parlé à ce parent-là, il me semble que ce n'était pas une
plainte, mais bon.
Alors, je n'en ferai
pas un débat, parce que, je suis d'accord avec vous, il ne faut pas alourdir le
processus, il faut s'assurer que le parent ait une fluidité dans sa volonté de
dénoncer quelque chose ou de faire quelque chose. Par contre, où je m'inquiète,
c'est : C'est la parole de qui qui compte? Celui qui est en autorité ou le
parent qui dit qu'il n'a pas eu de service? Je fais juste vous dire que ça
m'inquiète, mais faisons en sorte que l'information, dont lequel vous faites
mention depuis le début, qu'il faut que ça soit facile entre le parent et le
protecteur de l'élève, que celui-ci aura la responsabilité de faire connaître
ses services et les droits à lesquels le parent a... que ça soit vraiment très
bien fait, là. Parce que, là, pour l'instant, ma plainte, si elle n'est pas...
si la personne à qui je l'ai fait, il n'est pas d'accord à ce que c'est une
plainte, elle ne sera jamais signifiée, puis je n'aurai pas mon 10 jours
de délai. Je vais toujours être en recommencement parce qu'il va falloir que,
là, je revienne à la charge puis que je dise : Bien, je vous en ai parlé
l'autre fois. Puis là la personne va interpréter ça comme une conversation
plutôt qu'une plainte.
Je vous lève un
drapeau jaune là-dessus, parce que je vous entends quand vous dites :
Faisons confiance. Ce n'est pas toujours aussi simple que la confiance. Des
fois, c'est émotif, des fois c'est autre chose, mais ça peut être... Ça peut
être assez mélangeant pour un parent de savoir qu'un coup qu'il a dit quelque
chose il a 10 jours. Puis, s'il l'a dit à l'épicerie, ça compte, s'il l'a
dit à l'école, ça compte, s'il l'a dit dans la porte ouverte de l'autobus, au
conducteur de l'autobus, ça compte. Vous comprenez ce que je veux dire? Donc, assurons-nous,
puis ça, je le mets un peu dans votre cour, là, mais assurons-nous que les
informations qui seront distribuées par le protecteur de l'élève, par le centre
scolaire, par la commission scolaire, par l'école privée soient justes,
claires, pour que le parent s'y retrouve.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien, je suis assez d'accord avec ma collègue. Puis, vous savez, des fois,
on échappe une parole, on dit : Je ne suis pas dans la bonne... L'histoire
de l'épicerie, je pense, c'est un très mauvais exemple. Je me dis : Ça n'a
pas de bon sens. Ça n'a pas de bon sens de mettre sur le dos du personnel que,
là, tu te fais accrocher à l'épicerie. Donc, si je pouvais retirer, je trouvais
que... Je veux quand même... C'est enregistré, là. Je pense, ce n'était
vraiment pas un bon exemple...
Mme Charbonneau :
Je vais vous taquiner...
M. Roberge :
...pour la charge mentale du personnel...
Mme Charbonneau :
...je vais vous taquiner puis je vais vous...
M. Roberge : ...de penser qu'à
l'épicerie tu peux te faire accrocher puis que le délai compte, là. Plus j'y
pense, moins c'était un bon exemple... de l'allure. Ça fait que je vais
retirer ça.
Mme Charbonneau : Je vais faire un exemple
qui va lui faire une fleur. Mais j'avais une collègue qui s'appelle
Michelle Courchesne qui, régulièrement, à titre de présidente de commission
scolaire et, elle, comme ministre de l'Éducation, m'expliquait qu'en allant
faire ses courses à l'épicerie elle se faisait interpeler sur des sujets
d'école. Donc, vous n'aviez pas tort de dire
que ça se passe aussi à l'épicerie. Je dis juste qu'où que soit l'endroit où ça
se passe, si ce n'est pas consigné
comme par la personne qui reçoit la plainte ou la conversation, bien, ça peut
être une problématique. Mais vous n'aviez pas tort de dire que ça se
passe à l'épicerie.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Je n'ai pas... Je n'ai rien à ajouter. Je suis d'accord. On est juste
d'accord.
La Présidente
(Mme Thériault) : Il n'y a pas d'autres interventions? Donc, à ce
moment-là, on peut mettre aux voix l'amendement du ministre. Est-ce que
l'amendement du ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Est-ce que j'ai d'autres
commentaires sur l'article tel qu'amendé? Je n'en ai pas. Est-ce que l'article 22,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
M. le ministre, l'article 23. Et vous avez aussi un amendement.
M. Roberge : Oui, j'y vais.
Alors, article 23 : «Le responsable du traitement des plaintes doit,
dans un délai de 15 jours ouvrables suivant la réception de la plainte,
donner au plaignant, à la personne directement concernée par la plainte ainsi
qu'au conseil d'administration du centre de services scolaire son avis sur le
bien-fondé de la plainte et indique, le cas échéant, les correctifs qu'il juge
appropriés.
«Lorsque la
plainte concerne le suivi donné à une dénonciation concernant un acte
d'intimidation ou de violence, l'avis est donné au plaignant, au directeur
d'établissement d'enseignement ainsi qu'au conseil d'administration du
centre de services scolaire.»
Donc, on y va... Dans le fond, on institue le
délai de 15 jours ici, à la deuxième instance. Et je vais lire
l'amendement, si vous permettez.
Donc l'amendement à l'article 23 du projet
de loi :
1° remplacer, dans le premier alinéa, «, à la
personne directement concernée par la plainte ainsi qu'au conseil
d'administration du centre de service scolaire» par «et à la personne
directement concernée par la plainte»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «une
dénonciation» et «, au directeur d'établissement d'enseignement ainsi qu'au
conseil d'administration du centre de services scolaire» par, respectivement,
«un signalement ou [...] une plainte», «et au directeur d'établissement
d'enseignement».
• (18 h 30) •
Donc, souvent
il y a des amendements qui vont sur le sens de signalement et plainte plutôt
que dénonciation, là. C'est rendu, je dirais, même rendu là, de la
concordance. Mais je vais quand même poursuivre parce qu'il n'y a pas que ça.
L'amendement vise aussi à supprimer l'obligation de transmettre au conseil
l'avis du responsable du traitement de la plainte.
L'amendement...
Puis il y a toujours la question des signalements et plaintes. Donc, comme il y
a deux, trois mots à changer, si c'est clair, ça va, sinon je lirais l'article
une fois modifié pour qu'on sache ce que ça veut dire.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui.
Allez-y.
M. Roberge : Oui.
O.K. Donc, si on prenait l'article avec l'amendement, qu'on se comprenne bien,
ça donnerait :
«23. Le responsable du traitement des plaintes
doit, dans un délai de 15 jours ouvrables suivant la réception de la plainte, donner au plaignant et à la
personne directement concernée par la plainte son avis sur le bien-fondé de la
plainte et indique, le cas échéant, les correctifs qu'il juge appropriés.
«Lorsque la
plainte concerne un suivi donné à un signalement ou à une plainte concernant un
acte d'intimidation ou de violence, l'avis est donné au plaignant et au
directeur d'établissement d'enseignement.» Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Questions,
commentaires? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je pense qu'à ce
stade-ci l'avis doit être écrit. Je ne sais pas si c'est déjà ça qu'entend le ministre quand il parle d'un avis, mais je pense
que ça va faciliter le traitement du dossier, s'il y a un suivi à y avoir au
protecteur de l'élève, que le centre de services ou, par exemple, la direction
d'une école privée ait rendu sa réponse de
manière écrite. Je rajouterais simplement un mot, là, pour dire «doit donner
son avis écrit sur le bien-fondé». Je pense vraiment que, pour la suite
des choses, ça va faciliter le processus pour ne pas que... un appel où
personne ne se souvient vraiment qu'est-ce qui a été dit pour justifier de ne
pas donner suite. Par exemple, là, c'est la version d'un contre la version de
l'autre. Je pense que, si c'est un avis écrit, ça va être plus clair.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Écoutez, honnêtement,
en le lisant, j'étais surpris que ça ne soit pas écrit «avis écrit». À moins
que... Je vous dis, à moins que ça soit implicite puis que, dans le fond, c'est
une évidence, mais, si tout le monde est d'accord — puis,
avant de le faire, j'attendrai que tout le monde soit d'accord — je pourrais... on pourrait juste retirer et redéposer avec
«avis écrit». On pourrait...
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait.
M. Roberge : Parce que je pense que
c'est tout à fait pertinent. Mais on peut jaser un peu puis, s'il y a d'autres
amendements, on les fera en même temps. Mais, d'après moi, ça, c'est sûr qu'on
va y aller.
La
Présidente (Mme Thériault) : Absolument. Je vous... J'invite aux légistes à
changer la rédaction. Mme la députée de Sherbrooke, c'est beau?
Mme
Labrie : C'est tout.
La Présidente (Mme
Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci.
J'ai peut-être manqué une étape, mais, entre 22 et 23, j'ai l'impression qu'il
manque quelque chose, à moins que j'aie mal
lu, c'est le droit d'être entendu. Il n'est comme pas entre 22 et 23. Est-ce
que c'est...
Une voix :
...
Mme Rizqy :
O.K. Dispositions générales. Parce que, je pense, c'est important qu'avant
qu'il rende son avis... Parce qu'au fond il
traite la plainte mais on n'inscrit nulle part clairement le droit d'être
entendu de part et d'autre. Autant le plaignant que la direction ou la
personne visée par la plainte, ils devraient... habituellement, on écrit noir sur blanc qu'effectivement il a le droit d'être
entendu, là. Alors, je ne sais pas si c'est peut-être plus tard, que je l'ai
manqué.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, ma collègue a raison d'apporter ça.
Effectivement, ce n'est juste pas dans cet article-ci. On va essayer de
juste retrouver l'article.
Mme Rizqy : Et,
si jamais, d'aventure, il n'est pas là, on n'est pas obligés de suspendre, on
peut le travailler puis revenir plus tard. Ça fait que... hein?
M. Roberge : Non,
c'est très bien, c'est très bien. Mais on va juste vous dire à quel article il
y a ça. Je ne sais pas si c'est dans les amendements ou dans le... original.
Des voix :
...
M. Roberge :
On le cherche, on le cherche, on le cherche. On sait qu'il est là.
Des voix :
...
Mme Rizqy : Bien,
pendant... Moi, sinon, pendant ce temps-là, on peut quand même rédiger
l'amendement puis on pourrait l'adopter avec
«avis écrit». Je pense, il y a un consensus. Puis, si jamais il n'est pas là
plus tard, il n'y a rien qui nous empêche, de consentement, de revenir
pour ne pas retarder nos précieux travaux.
La Présidente (Mme
Thériault) : Absolument.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Thériault) : Donc, M. le ministre, est-ce que votre amendement est
prêt, en attendant avec l'«avis par écrit», le temps de laisser à vos légistes
de surveiller le reste?
Mme Rizqy : Ou
on peut le faire à la main, hein, avec un consentement. On fait-tu ça à la
main?
La Présidente (Mme
Thériault) : Si l'amendement «par écrit»...
Des voix :
...
Mme Rizqy : Bien,
si on est consentants, on peut l'écrire tout le monde. Puis, avec consentement,
on va dire qu'il y a un «avis écrit», là, comme ça... Moi... Vous voyez comment
on est de bonne foi.
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
parce que ça me prend un amendement écrit pour rentrer au secrétariat.
Je m'excuse, me ça prend quelque chose.
Mme Rizqy :
Oui, c'est ça. Je vais l'écrire. On va lui donner.
La Présidente (Mme
Thériault) : Non, ça ne marche pas.
M. Roberge : Les
avis sont écrits, les amendements aussi.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
ne marche pas dans les manières de faire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
En tout cas, je souligne que nous autres, on a...
La Présidente (Mme
Thériault) : Je conviens que
vous voulez sauver du temps, mais, des fois, ça ne marche pas. Il y a
une certaine procédure à suivre au Secrétariat des commissions, comme vous le
savez. Donc, non, ça me prend une trace dans le système informatique, qu'on
puisse l'avoir sur Greffier avec les amendements. Donc, je suis convaincue que
le temps que je vous dis ça, il y a deux choses qui se font : il y a des
légistes qui sont en train d'envoyer un courriel ou qui sont en train d'ajouter
«par écrit» à l'amendement du ministre et il y a d'autres légistes qui sont en train de chercher sur votre
questionnement, Mme la députée de Saint-Laurent, à savoir dans quel article de
loi on va retrouver le droit d'être entendu, évidemment. Donc, M. le ministre.
M. Roberge : Oui.
Bien, pendant...
(Interruption)
M. Roberge :
Oups! Est-ce qu'on est arrivé? Non. On continue. La question d'être...
La Présidente (Mme
Thériault) : Du droit d'être entendu.
M. Roberge : ...entendu,
c'est à 34 des amendements. Excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) : «...donne
à la personne directement concernée par la plainte [...] l'occasion de
se faire entendre...» Oui, on le voit, 34.
M. Roberge : 34.
Voilà. Merci.
Mme Rizqy : Mais
par contre l'article 34, à moins que je me trompe, ne vise... vise le
protecteur de l'élève, alors que 23 vise le responsable du traitement des
plaintes. C'est le niveau avant.
M. Roberge : C'est
ça. Mais ce qui nous a guidés, c'est les délais, encore. C'est que, si on est
insatisfaits, on va à l'étape trois. L'étape
trois, il y a plus de temps, c'est 20 jours ouvrables, et là on a plus de
temps et on... et on met cette
étape-là. Tandis qu'à l'étape deux on est juste à 15 jours, puis il y a
des limites à ce que tu peux faire en 15 jours. Ce n'est pas
interdit d'entendre quelqu'un, là, évidemment, mais on ne le met pas dans les
obligations.
Mme Rizqy : Je
comprends. C'est juste que, généralement... Je vais vous donner un exemple
que... Mettons, moi, à l'université, ça va arriver qu'il peut y avoir un
conflit, par exemple si j'ai un professeur qui me fait une plainte parce qu'il
juge qu'un étudiant a triché. Alors, on va faire un comité. Puis évidemment, à
ce moment-là, on donne le droit d'être
entendu à l'étudiant, à l'enseignant, ou au professeur, ou même au surveillant
qui était présent sur place pour nous dire si, oui ou non, il y a eu tricherie.
Par la suite, l'élève, s'il veut aller devant l'ombudsman de l'université,
il peut. Si, après ça, il veut même aller en révision judiciaire, bien, il
pourra. Mais la première étape du droit d'être entendu est toujours dans la
première instance, parce que c'est les parties prenantes qui sont là et c'est à
ce stade-là qu'on veut quand même essayer de régler de façon locale.
Parce que, dans le
fond, ça, c'est en appel. Moi, je pense que, tu sais, entendre des personnes
devant soi, là, c'est le minimum. Ça va de soi dans ma tête, là, c'est... ils
traitent la plainte. J'ai mon enseignant, j'ai mon directeur d'école, O.K., qu'est-ce que j'ai entendu, puis ce
n'est pas... ce n'est pas une procédure judiciaire où est-ce qu'il va y avoir
un jury, et tout ça, là. Ça va quand même assez vite. Nous, à l'université, là,
pour avoir fait des comités de discipline, même si je n'aimais pas trop ça, il
n'y a personne qui aime ça, faire ça, mais ça va quand même assez vite. Puis ce
n'est pas une instance de délibéré qui dure longtemps, là. On donne le
droit : Étudiant, explique-moi qu'est-ce qui est arrivé. O.K. Maintenant, après ça, j'ai la version de l'enseignant, j'ai
la version du surveillant, puis après ça le comité rend sa décision, là. C'est assez rapide. Ça va
rondement, plus rondement, même, que nos travaux, Mme la Présidente.
M. Roberge :
Ça, c'est rond, là.
Des voix :
Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme
Thériault) : Tant qu'on ne tourne pas en rond.
M. Roberge : Non. Ça roule carré. Mais j'aime le principe,
évidemment, là, mais c'est... il y a l'univers du faisable. Puis en parlant,
dans la rédaction du projet de loi, avec les cadres scolaires, puis les
associations de directions, puis ceux qui auraient à gérer ça, ils
disaient : Évidemment qu'on veut faire ça. Puis déjà ils le font. Quand
ils ont quelque chose à régler, tu ne fais pas ça tout seul sans parler à
personne. Mais de dire obligatoirement de le formaliser à la deuxième étape
d'un processus qui est... bon, on peut y voir des avantages, des inconvénients,
n'est pas décisionnel... Je pense qu'à l'université la révision de notes, à la
fin, il y a une décision. Là, ici, on y va avec une recommandation, donc ce
n'est pas... on a dit que ça n'applique pas nécessairement les principes de
justice naturelle — et
là je sors mon latin des grandes occasions — audi alteram partem. J'ai appris ça quand Bernard
Landry l'avait sorti. Depuis ce temps-là, je le recycle de temps en
temps.
Mais voilà pourquoi il n'est pas là : parce
que ce n'est pas final, parce que c'est des recommandations, parce que c'est la seconde instance, parce qu'on a juste
15 jours. On souhaite que ce soit le cas, mais, si on l'écrit là, c'est...
plus qu'on formalise puis qu'on met des conditions, bien,
à un moment donné, ça devient impossible de respecter les délais, il faut qu'on
augmente les délais. Il est là, l'arbitrage. Je ne suis pas un opposant, là, à
ce que vous proposez, mais...
Mme Rizqy : Mais
je vais vous convaincre.
M. Roberge : Sinon,
à un moment donné, l'élastique, ça ne fonctionne plus, là.
• (18 h 40) •
Mme Rizqy : C'est
le plaignant qui a le droit d'aller en appel. Vous êtes d'accord avec ça?
M. Roberge : Absolument.
Mme Rizqy : O.K.
Mettons que, malheureusement, pour x raisons, c'est allé vite, puis on n'a pas
entendu, par exemple, l'enseignant. Et là le
plaignant est content, il a une décision favorable. Mais l'enseignant, lui, va
dire : Attends une seconde, là, ce n'est pas ça qui est arrivé,
vous ne m'avez pas entendu. Alors, je pense qu'ici, là, c'est... vous avez raison de dire que c'est important, l'audi
alteram partem. Puis Bernard Landry, je suis convaincue que, quelque part
dans cette pièce, il survole.
Alors je crois qu'on...
je crois que c'est pertinent de l'ajouter et je ne sais pas comment. Je vais
vous laisser, les légistes, réfléchir à ça.
De toute façon, vous êtes meilleurs que nous pour rédiger les amendements,
parce que, plus souvent qu'autrement, vous les... vous les refaites à
notre place, puis c'est merveilleux.
Je ne vais pas non
plus en faire une bataille, parce que je crois sincèrement que c'est un ajout,
mais que, tu sais, je ne veux pas non plus
retarder nos travaux inutilement. Mais je crois qu'ici, de dire qu'il y a une
instance d'appel, donc on n'est pas obligés de le faire, je vous dis que
presque partout, même quand qu'il y a des appels, il y a quand même cette règle d'audi alteram partem qui existe.
Que ça soit à l'université, au collégial, dès lors qu'il y a une plainte,
on met un petit comité. Et, je vous le dis, pour avoir siégé, pour en avoir
fait, ça va très vite. Tu sais, même dans les cas très, très lourds, là, j'ai
rarement vu des séances qui dépassaient trois heures, là. Des fois, c'est... tu
sais, le prof rentre, là, lui, il nous
raconte ses faits cinq, 10 minutes. L'étudiant arrive. Puis même que nous,
on pose des questions à l'étudiant,
ça peut durer 15 minutes. Je n'ai pas vu quelqu'un me plaider quelque
chose à l'université, j'ai beau chercher dans ma tête... est-ce que
c'est déjà arrivé même que quelqu'un plaide pendant une heure, là, sa cause,
là, non. Ça pourrait peut-être arriver, là, mais, je pense, c'est assez de
base, là.
Donc, je mets mes
arguments, je vous laisse réfléchir. Je suis convaincue qu'on est peut-être
capables de revenir sur cet article-là, un
entre-deux entre le 22 et le 23. Il me semble qu'il manque quelque chose, juste
de l'écrire, parce que, sinon, on
pourrait avoir, un jour, par omission involontaire... ce ne sera même pas de
façon intentionnelle qu'on va dire, tu sais : Je ne veux pas
t'entendre. On va juste dire : Aïe! On est allés vite, on a pris ça puis
on a juste fait ça. Puis là on n'a pas entendu, finalement, une des parties
prenantes qui, peut-être, aurait amené un éclairage, alors que c'est le
principal concerné lorsqu'il y a un dépôt d'une plainte contre cette personne.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
Mme Rizqy :
Je m'arrête ici.
La
Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre, est-ce que vous prenez en délibéré la réflexion de la collègue?
Mme Rizqy : Vous
pouvez prendre mon commentaire en délibéré.
M. Roberge : On
peut-tu le suspendre? On peut-tu suspendre même le 23?
Mme Rizqy : Non, non, mais on peut même le prendre en
délibéré. Ça ne dérange pas. Tu sais, je ne veux pas...
La Présidente (Mme Thériault) : Bien,
regardez, ce que la collègue vous a suggéré, c'est de prendre en délibéré
ses propos, qu'on peut continuer. Comme, là,
on a l'amendement qui est déjà à l'écran. On peut rouvrir. On peut revenir, on
peut ouvrir, il n'y a pas de problème. On insérera un 23.1, si vous voulez,
demain, le temps que vos légistes puissent regarder la faisabilité de la
chose. Donc, dans un premier temps, j'ai besoin d'avoir un consentement pour
retirer l'amendement que vous avez déposé. J'ai un consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Thériault) : Consentement.
Donc, M. le ministre, je vais vous demander de relire l'amendement avec
la modification par rapport à la demande de la députée de Sherbrooke, avec son
«avis écrit».
M. Roberge : Oui.
J'y arrive. Attendez un petit peu.
La Présidente (Mme
Thériault) : Et il est à l'écran aussi, M. le ministre, si vous voulez.
M.
Roberge : Ah! O.K. Voilà. Donc, une fois modifié, ça
donnerait ceci : «23. Le responsable du traitement des plaintes doit, dans un délai de 15 jours
ouvrables suivant la réception de la plainte, donner au plaignant et à la
personne directement concernée par la
plainte son avis écrit sur le bien-fondé de la plainte et indique, le cas
échéant, les correctifs qu'il juge appropriés.»
Ça ne devrait pas être «indiquer»? C'est juste,
là, «il doit donner» et «indiquer», je pense que...
La Présidente
(Mme Thériault) : Un «avis écrit sur le bien-fondé de la plainte
et». C'est comme c'est «et il indique».
M. Roberge : C'est «doit donner»
puis, après, «indiquer».
Une voix : ...
M. Roberge : C'est «indique». O.K.
La Présidente
(Mme Thériault) : C'est comme c'est «et il indique». Je vais
juste... Je vais juste vous demander...
M. Roberge : O.K. Des fois, c'est
parce que des phrases de six lignes, là, on s'y perd.
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vais vous demander de lire le deuxième paragraphe également parce qu'on a
retiré l'amendement précédent.
M. Roberge : Second
paragraphe : «Lorsque la plainte concerne le suivi donné à un signalement
ou à une plainte concernant un acte d'intimidation ou de violence, l'avis est
donné au plaignant et au directeur d'établissement d'enseignement.» Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Parfait.
Donc, c'est conforme aux discussions. Ça vous va? Est-ce que l'amendement à
l'article 23 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) : Adopté. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à
son article 23, nonobstant le fait que le ministre a pris en
délibéré le commentaire de la députée de Saint-Laurent concernant le droit
d'appel de la personne qui serait mise en cause? Donc, il n'y a pas d'autre
commentaire. Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
M. le ministre. L'article 24.
M. Roberge : Merci bien. «24.
Lorsque le responsable du traitement des plaintes estime que des faits portés à
sa connaissance soulèvent des questions d'ordre disciplinaire, il en avise par
écrit sans délai le responsable des ressources humaines du centre de services
scolaire. Lorsqu'il le juge à propos, il en avise également le plaignant.
«De même, lorsque le responsable du traitement
des plaintes estime que des faits portés à sa connaissance [concernant] une
faute grave ou un acte dérogatoire visé au premier alinéa de l'article 26
de la Loi sur l'instruction publique, il avise sans délai et par écrit le
ministre des faits relatifs à cette faute ou à cet acte. Il en avise également
le plaignant.
«Le ministre assure le suivi auprès du plaignant
de tout avis reçu en application l'alinéa précédent, notamment quant à son
intention de porter plainte en vertu de l'article 26 de la Loi sur
l'instruction publique.
«Le responsable du traitement des plaintes
poursuit l'examen de la plainte.»
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Commentaires
sur l'article 24? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, vous voyez,
moi, quand j'ai lu : «[Lorsqu'il soulève] des questions d'ordre
disciplinaire, il en avise par écrit [et] sans délai le responsable des
ressources humaines du centre de services scolaire. Lorsqu'il le juge à propos,
il en avise également le plaignant», moi, de ce que j'ai appris en parlant avec
autant les étudiants collégiaux, universitaires que des élèves, c'est qu'ils ne
savent pas qu'est-ce qui arrive lorsqu'ils portent une plainte, c'est quoi, la
conséquence, si jamais il y a une dénonciation qui est faite. Et, pour guérir
d'une blessure, bien... et pour boucler la boucle, ils ont besoin de savoir la
conclusion de leur plainte. Moi, je pense qu'on devrait juste indiquer «il en
avise également le plaignant», parce que ça sera toujours à propos, pour une
victime, de savoir si, oui ou non, il y a eu des questions d'ordre
disciplinaire.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Là,
je me pose des questions, par exemple. Parce que ce n'est pas parce qu'il y a
une question qui peut relever de l'ordre disciplinaire que la question est
tranchée puis que... Supposons, le membre du personnel est fautif et qu'il a une sanction, vous comprenez que, si on dit tout
de suite : Écoutez, on considère que ça peut être... il peut y
avoir un impact d'ordre disciplinaire, puis on le transfère, on dit tout de
suite l'information aux parents, puis qu'après examen, finalement, il n'y a
aucun problème d'ordre disciplinaire, est-ce que le mal ne serait pas déjà
fait, côté réputationnel, tu sais, pour la personne qui est visée? Là, je pense
à la personne qui est... qui ne serait pas fautive d'aucune manière, puis la
personne dit : Ah! je pense que ça soulève des questions d'ordre
disciplinaire. Là, tu avises le parent, tu dis : Je pense que ça soulève
des questions d'ordre disciplinaire, je le réfère aux ressources humaines.
Peut-être qu'après analyse ils vont dire : Bien non. Mais ça se peut-tu
que, pour le parent, là, on a un peu catégorisé? Je prends un enseignant mais
ça peut être un autre membre du personnel. Puis, je ne sais pas, le danger
aussi, là, de... la plainte n'est pas traitée encore, mais il y a peut-être un
risque réputationnel. Puis je pense qu'il faut quand même faire attention ici,
là, il faut quand même faire attention au tribunal populaire. Puis, tu sais, il
y a quand même une organisation qui gère les ressources humaines correctement
sans que ça aille nécessairement sur la place publique à chaque fois. Disons
que j'ai un petit peu peur.
Mme Rizqy : Vous avez raison,
vous avez raison. Mais par contre, au niveau de... du risque réputationnel...
Si, par exemple, je vous donne un exemple, un enseignant qui... ou une
personne, un membre de l'équipe-école qui tient des propos racistes. Il y a eu
une plainte, puis le protecteur de l'élève dit : Bien, moi, je crois qu'il
mériterait trois jours de suspension sans solde — là j'invente,
évidemment, et c'est une mesure disciplinaire, je n'ai pas vu la jurisprudence
par rapport à ça — mais
que les ressources humaines, eux, décident que ça va être zéro puis qu'ils ne
suivent pas, bien, au moins, le parent, il sait qu'il y a eu au moins ici une
question d'ordre disciplinaire, qu'il a fait une
recommandation. Puis on sait que les recommandations ne sont pas exécutoires,
mais au moins on va savoir : O.K., finalement, le centre de services scolaire, nonobstant que le fait que
le protecteur... pardon, le responsable des plaintes indique qu'il recommande
une mesure disciplinaire... Moi, je trouve, ça pourrait être pertinent. Puis
surtout qu'on inscrit : «Lorsqu'il le juge à propos, il en avise également
le plaignant.» Je crois que, quand qu'on est rendu à faire des recommandations
de mesures disciplinaires, c'est que la personne qui traite les plaintes pense
sincèrement qu'on est rendu là, là, il faut agir. Puis après ça, ça sera au
centre des ressources humaines puis au centre de services scolaire de s'expliquer, pourquoi qu'ils ne vont
pas, dans un sens, suivre une recommandation, par exemple, de mesure disciplinaire.
• (18 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Roberge : Mais là on n'en
est pas là, là. On n'est pas rendus à faire une recommandation d'une sanction. On est juste... Je veux dire, ça soulève une
question, vous comprenez? C'est un peu tôt pour dire : Il faut obligatoirement
aviser le parent, alors que ça soulève une question. On peut regarder, mais
peut-être que... peut-être qu'il n'y aura rien.
Bien, à ce moment-là, je trouve qu'il est... je trouve que c'est trop tôt.
C'est pour ça que je dis «s'il le juge à propos». Puis, je pense,
il ne faut pas que ça soit nécessairement automatique et rapide.
Mme Rizqy : D'accord. O.K., ça, je
vous suis.
M. Roberge : Et en amont, en tout
cas, au début de processus...
Mme Rizqy : Je vous suis. Est-ce
qu'on peut s'entendre que...
M. Roberge : ...gardons une petite
gêne.
Mme
Rizqy : Mais est-ce qu'on peut s'entendre que, lorsqu'il y
a une recommandation de mesure disciplinaire, il en avise le plaignant? Parce que, là, c'est quand qu'on dit «on juge à
propos». C'est quand est-ce qu'on va juger à propos?
M. Roberge : J'ai comme l'impression
qu'à chaque fois ce sera évalué par les affaires juridiques du centre de
services scolaire, parce qu'on peut causer un préjudice qui pourrait être
grave, puis il faut prendre garde, là.
Mme Rizqy : O.K. Je vous dis tout de
suite...
M.
Roberge : Il faut prendre garde ici. C'est pour ça que je...
Probablement que c'est du cas par cas, probablement que ça dépend de la
faute, puis c'est des considérations employé-employeur.
Mme Rizqy : Là, je vais vous donner
un exemple réel. UQAM. Même si une personne qui a eu une plainte qui a été
retenue... la plaignante n'a jamais su c'était quoi, la conséquence, et s'il y
en avait eu une. Jamais, jamais. Après ça, quelques années passent, une autre
plainte sur la même personne, mais on ne sait toujours pas est-ce que la plainte... on sait que la plainte est retenue,
mais on ne sait pas c'est quoi, la conséquence. C'est ça qui était dénoncé par
un groupe d'étudiants d'UQAM. On dit : Bien, O.K., on porte
plainte, mais on ne sait pas qu'est-ce qui se passe après.
Alors, moi, je me demande... J'aimerais juste
qu'on ne répète pas le même scénario qui existe présentement. Puis le service
juridique, savez-vous qu'est-ce qu'ils disent? Il dit : Ah! bien, on ne
peut pas dire, c'est personnel, c'est privé. À chaque
fois. Puis là je peux vous dire d'entrée de jeu, là, qu'est-ce qu'ils vont nous
dire, le service juridique de tous les centres de services scolaires de
Montréal, de Laval, de partout au Québec. Ils vont dire : On ne peut pas,
c'est privé. Alors là... Sauf si on fait une modification législative. Là, on
va se donner des outils... au moins les mesures disciplinaires.
Puis là savez-vous
quoi? Je suis d'accord, pas... Savez-vous quoi? Maintenant, je vous l'accorde,
s'il n'y a pas de mesure disciplinaire puis que la plainte n'est pas retenue,
c'est une chose, mais, si la plainte est retenue, on doit savoir c'est quoi, la conséquence, qu'il y en ait une ou qu'il n'y
en ait pas, mais, si la plainte est retenue, je pense, c'est important pour...
particulièrement en matière de violence à caractère sexuel, de savoir c'est
quoi, la conséquence. Peut-être pas pour tous les dossiers, je peux
comprendre, mais, en matière de violence à caractère sexuel, pour les victimes,
c'est dans le processus de guérison de savoir qu'en est-il devenu de ma
plainte, qu'en est-il de la sanction. Alors, je suis d'accord. Peut-être pas à
24.
Puis je vous demande
juste de réfléchir comment, parce que je sais qu'il va y avoir... je connais
déjà la réponse à cause de l'enseignement supérieur, collégial et
universitaire, puis ça demande des changements législatifs. Puis ça tombe bien,
il y a une étudiante au doctorat, à l'UQAM, qui a même préparé des amendements
pour le réseau collégial et universitaire, alors on pourrait peut-être les
prendre. Ça va même me donner le temps à moi de retrouver ses amendements pour
voir comment qu'on pourrait les intégrer pour justement pas qu'on se fasse
servir à chaque fois l'argument juridique : Ah! domaine privé et
personnel. Bien, on pourrait le prendre en délibéré.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : J'ai
quand même une crainte. Puis je comprends, du point de vue de la victime, je
comprends très, très bien. Mais le système
de traitement de plaintes puis le système de gestion des ressources humaines ne
substituent d'aucune manière au système de justice, au système pénal,
criminel, lequel doit être public. Les jugements sont connus, sont reconnus,
puis, à part les mineurs, on sait le nom de la personne, puis sa date de
naissance, puis on est capables de savoir c'est qui. Puis, bon, je pense qu'il
faut accompagner puis encourager les plaignants, plaignantes à aller au bout sans leur mettre une pression, mais
je pense qu'il faut les aider, là. Mais je pense que, quand ce n'est pas
sur un... Tu sais, on ne peut pas penser que
la gestion du traitement des plaintes puis la gestion des ressources humaines
deviennent des tribunaux puis ont les mêmes obligations puis la même
transparence. Il y a des choses qui se font en comité, il y a des choses qui se
font à huis clos, tu n'as pas le procès-verbal versus, tu sais...
Un procès, au Québec,
c'est public. On sait c'est qui, le juge, on sait c'est qui, l'accusé, on sait
c'est quoi, la sanction, on sait c'est quoi,
l'amende, on sait... on peut lire les jugements. Ce n'est quand même pas le cas
pour les gestions de ressources humaines puis pour, supposons, tout le
protecteur de l'élève. Il y a des choses qui sont publiques, évidemment, là, mais ce n'est quand même pas
pareil. Puis je comprends que, dans une démarche de victime puis pour regagner la confiance, la transparence, c'est très
important, mais il faut quand même prendre garde. On ne peut pas faire, dans
ce cadre-là, tout ce qu'on fait dans un cadre de système de justice.
Mme Rizqy : 100 %
d'accord.
M. Roberge :
C'est ça.
Mme
Rizqy : Puis c'est bien,
parce qu'on a un bon système de justice maintenant avec les tribunaux
spécialisés. Bravo! Maintenant, ici, le responsable des ressources
humaines va devoir prendre une décision — les ressources humaines vont être accompagnées de leur équipe
juridique — puis,
dans cette prise de décision, ça va conduire peut-être à des sanctions. Et ça, n'oubliez pas que c'est
aussi du domaine légal, mais c'est du domaine légal civil, droit du travail.
Alors, c'est comme... à toutes fins
pratiques, là, c'est une forme de tribunal, parce qu'après ça, si on n'est pas
content, l'individu concerné peut
aller, lui, en appel. Ça va se retrouver devant un arbitre. Puis là, à ce
moment-là... on va dire, pour les fins de la discussion, un arbitre de
grief. Ils vont avoir tous les droits, comme d'habitude. Bien, à tout le moins,
je crois qu'une fois qu'il y a une décision qui est rendue par le centre de
services scolaire avec le département de ressources humaines puis leur équipe
juridique, à savoir si, oui ou non, il y a une personne... il y a un individu
qui est à leur emploi qui est suspendu, disons, trois jours sans solde, bien,
on l'annonce à la victime. Puis je comprends que ça peut être pas dans toutes
les causes pour toutes les plaintes, mais, en matière de violence à caractère
sexuel, ça s'y prête parfaitement, parce que c'est une des étapes à la guérison
qui est documentée par les experts puis les chercheurs dans ce domaine pour les
violences à caractère sexuel.
Je
ne le sais pas où l'inscrire, M. le ministre. J'attire votre attention
là-dessus. Je ne veux pas non plus m'étirer. Ce sera un deuxième élément que... Peut-être, des fois, la nuit porte
conseil, pas juste pour moi, mais pour tout le monde, puis on pourra
peut-être revoir quelque part... Parce que vous avez raison de dire : Ça
ne se prête pas ici, «lorsqu'il le juge à
propos», parce qu'ici c'est vrai, vous avez raison, que c'est prématuré, parce
qu'on n'arrive pas à une décision qui aurait été faite par le comité de
ressources humaines du centre de services scolaire. Ça, je suis d'accord avec
vous, parce que la sanction n'est pas encore... vous avez raison de dire que
c'est prématuré. Ça, je vous l'accorde, 100 %. Mais, une fois que la décision est prise, elle est prise en toute
connaissance de cause par les ressources humaines avec leur équipe de
juristes. Et, lorsqu'eux déposent leur sanction, c'est important à ce
moment-là. Je crois que, quand qu'on dit «lorsqu'il le juge à propos», moi,
dans ma tête, là, là, ça, ça serait à propos, là, de dire que, dans ce cas-ci, violence à caractère sexuel, on a... les
ressources humaines communiqueront, à ce moment-là, la décision qui a été
rendue.
Puis je pense que je vais m'arrêter ici parce
que je pense que vous comprenez mon point. On ne sait pas où est-ce qu'on va
l'insérer, si on l'insère, mais je pense que ce serait bien d'aller là. Je
perds la voix. Désolée.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je comprends le
point, mais je pense qu'il faut faire confiance aussi aux juristes. Il y a des avocats dans les centres de services
scolaires, tu sais, il y a des chartes à respecter, il y a le respect de la vie
privée, tu sais. On est là pour protéger les élèves puis voir aux
intérêts des élèves, mais, en même temps, il y a un corollaire, là, puis il faut quand même prendre garde à
respecter la vie privée. Puis, bon, je ne répéterai pas tous les arguments, là.
Il y a quand même un certain équilibre, je pense qu'on est dans
l'équilibre, puis il ne faut pas trop traverser la ligne.
Mme Rizqy : Bien, vous voyez, moi,
là-dessus, je... non. Parce que «lorsqu'il le juge à propos, il en avise également le plaignant», je peux vous garantir,
là, que, si c'est... toutes choses étant égales, par ailleurs, avec le réseau collégial
et universitaire, on n'avise jamais les plaignantes en matière de violence à
caractère sexuel. Jamais. Elles ne savent pas qu'est-ce qu'il en est de leur
plainte. Elles sont exclues, même, à la fin de la décision. Et c'est ça, une
des plus grandes blessures des victimes de violence à caractère sexuel, c'est
de ne pas connaître la sanction. Ça, je vais m'arrêter ici, là, mais je suis
convaincue que ça, c'est une affaire, là... s'il y a une chose, là, ce serait
dans ce dossier spécifique qu'on pourrait améliorer. Ce sera tout, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Thériault) : C'est bon. Donc, je comprends qu'on est prêts à
voir l'article 24. Est-ce que l'article 24 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
Donc, M. le ministre, ça fait huit articles adoptés déjà avec les deux
amendements. On s'en va à l'article 25.
Des voix : ...
M. Roberge : Je ne crois pas qu'il y
ait d'amendement pour le 25.
La Présidente (Mme Thériault) : Non.
Il n'y a pas d'amendement à 25.
• (19 heures) •
M. Roberge : Merci. «25. La personne
qui est insatisfaite du traitement de sa plainte par le responsable [...] des plaintes ou dont le traitement n'est pas
terminé dans un délai de 15 jours ouvrables suivant la réception de la
plainte peut s'adresser au protecteur régional de l'élève conformément
aux dispositions de la section II du présent chapitre.» Donc, c'est donc
le passage à la troisième et dernière étape.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires? Il n'y en a pas. Est-ce que l'article 25 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) : Adopté.
L'article 26, et là vous avez un amendement. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, merci bien.
Il y a une partie qui est de la concordance. J'y vais :
«26. La procédure prévue au présent chapitre
s'applique également, avec les adaptations nécessaires, à un établissement d'enseignement privé qui dispense des
services éducatifs appartenant aux catégories visées aux [articles] 1° à
5° de l'article 1 de la Loi sur l'enseignement privé à l'égard de ces
services et du suivi donné à une dénonciation concernant un acte d'intimidation
ou de violence.
«Aux fins de l'application de la présente
section, "conseil d'administration du centre de services scolaire"
désigne un établissement d'enseignement privé.»
Je vais y
aller, tout de suite, avec l'amendement avant de donner peut-être des petites
explications. Donc, l'amendement :
1° remplacer,
dans le premier alinéa, «une dénonciation» par «un signalement ou à une
plainte» — donc, on est dans la concordance, et;
2° remplacer le deuxième alinéa par le
suivant :
«Aux fins de l'application de l'article 22,
[...]conseil d'administration du centre de services scolaire [désigne] le conseil d'administration d'un établissement
d'enseignement privé ou, à défaut, la personne qui tient cet établissement
au sens de l'article 3 de la Loi sur l'enseignement privé.»
Donc, ici, selon la forme juridique des
entreprises, des OSBL, on peut parler d'un conseil d'administration où, en l'absence d'un conseil d'administration, il
y a une personne qui tient l'établissement, qui exploite l'entreprise que
constitue l'enseignement... l'établissement d'enseignement privé. C'est ce
qu'on essaie de désigner. Donc, c'est un... lui-même,
c'est un article de... je ne dirais pas de concordance, mais d'application au
réseau privé, considérant qu'ils n'ont pas les mêmes instances, les
mêmes organigrammes, mais pour qu'on puisse appliquer le régime.
La Présidente (Mme Thériault) : Questions,
commentaires sur l'amendement du ministre? Il n'y en a pas. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. Questions, commentaires maintenant sur
l'article tel qu'amendé? Il n'y en a pas non plus. Est-ce que
l'article 26, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. M. le ministre, pour l'article 27.
M. Roberge :
Merci bien. 27, on n'a pas d'amendement non plus? Non.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non plus.
M. Roberge :
«Aux fins de l'application de la présence section, le ministre peut, par
règlement, établir toute autre modalité
relative au dépôt d'une plainte ou au traitement des plaintes par le
responsable du traitement des plaintes.»
Donc, l'objectif,
c'est de conférer au ministre un pouvoir d'établir d'autres modalités, donc en
surplus. Et ce serait donc une habilitation, dans le fond, réglementaire pour
venir préciser des choses si jamais des problèmes surviennent. Souvent, c'est à
la suite de recommandations. Voilà.
La Présidente
(Mme Thériault) : Questions, commentaires? Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
C'est une question. Cet article-là vise spécifiquement les plaintes qui
sont traitées par le responsable du traitement des plaintes, donc c'est au
niveau du centre de services ou du conseil d'administration. Le ministre ne se donne pas le pouvoir, ou, en tout
cas, pas à cet article-là, je ne sais pas c'est où s'il le fait, de faire la
même chose par règlement pour la première étape du processus. Je veux juste
m'assurer que ma compréhension est la bonne.
M. Roberge :
On est ici à l'étape un et à l'étape deux, là, le dépôt d'une
plainte puis, après ça, le traitement des plaintes par le responsable du
traitement des plaintes. Je ne me trompe pas?
Une voix :
...
M. Roberge :
C'est ça, on est là.
Mme Labrie :
Donc, quand il est écrit ici «le dépôt d'une plainte», on parle de la
première étape, donc ça encadre ce qui se
passe, par exemple, au sein de l'école, ce n'est pas le dépôt de la plainte au
centre de services. Moi, je l'interprétais comme si c'était au centre de
services, parce que, quand on parle de la... du responsable du traitement des
plaintes à la fin de l'article...
M. Roberge :
Oui. Non, vous avez raison, chère collègue, c'est ça, on est à
l'étape deux ici.
Mme Labrie :
On est à l'étape deux
M. Roberge :
L'étape du centre de services.
Mme Labrie :
Je me demande juste si ce ne serait pas plus prudent de prévoir... Puis
c'est rare qu'on veut faire ça, là, rajouter
des pouvoirs par règlement pour le ministre, mais je me demande juste si ça ne serait
pas plus prudent de prévoir la même chose pour la première étape aussi. Parce
qu'on a discuté, tantôt, d'une formule très souple pour la première étape du dépôt de la plainte. Si jamais
on se rend compte que ça devient le bordel à gérer, finalement, peut-être
qu'on va se rendre compte que c'est trop compliqué avec la façon dont on veut
le gérer en ce moment.
Est-ce qu'on n'est
pas mieux de le prévoir ou est-ce que c'est déjà prévu ailleurs que le ministre
va pouvoir proposer une procédure plus formelle,
advenant qu'on se rende compte que la souplesse qu'on veut donner n'est pas...
est dysfonctionnelle?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Je pense que c'est une très intéressante suggestion, effectivement. On
pense qu'on est corrects, mais il est possible qu'il y ait des ajustements à
apporter. Ça fait que j'accueille la proposition de la collègue. Je ne sais pas
si elle veut formuler un amendement ou si elle veut que les légistes rédigent
quelque chose, mais je suis bien d'accord avec sa suggestion.
La Présidente (Mme
Thériault) : ...amendement à cet article-là ou ailleurs vis-à-vis
l'étape un?
Mme Labrie : Moi, je laisserais le ministre et son équipe le
faire. Je... Puis ce n'est pas pour critiquer la façon qu'on a décidée de fonctionner tout à l'heure,
c'est juste être prêt à ce que... si jamais ça devienne dysfonctionnel, qu'on
soit équipé sans avoir besoin de rouvrir la loi, là, pour...
La
Présidente (Mme Thériault) : Je suis d'accord avec vous, mais j'ai rarement vu
des parlementaires donner plus de pouvoirs au ministre. Par contre,
étant donné que le rotecteur national de l'élève, c'est nouveau, avec les fonctions, bien, si les députés de l'opposition
donnent plus de pouvoirs au ministre, au cas où qu'on a échappé quelque chose, c'est à vous de décider si vous le mettez
là ou si vous le mettez ailleurs dans la loi, selon les étapes. Donc, si vous
voulez le mettre là, vous pouvez travailler sur un amendement. Si vous voulez
le mettre ailleurs, à ce moment-là, ça veut
dire qu'on pourrait adopter l'article 27, puis, demain ou... vous nous
reviendrez avec un autre amendement ou on peut suspendre
l'article 27, comme vous voulez.
Mme Labrie : ...ou on peut le
suspendre, je n'ai pas d'enjeu.
M. Roberge : Si les collègues sont
d'accord, ça ne sera pas très long, mais on peut le suspendre puis on peut
continuer à 28, voir, puis on pourra revenir tout à l'heure ou à la prochaine
séance, puis en intégrant la proposition d'un collègue.
La Présidente (Mme Thériault) : Bon,
il n'y a pas de problème. Il y a consentement pour qu'on suspende
l'article 27? Et il reste exactement... Juste pour votre information, M.
le ministre, il reste neuf minutes à nos travaux. Donc, si vos légistes veulent
que cet amendement-là soit adopté, il reste neuf minutes à nos travaux pour ce
soir.
M. Roberge : Sinon, ça sera demain,
c'est tout.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
sinon ça sera demain. Je fais juste vous donner un «timeline», comme on dit.
Donc, à l'article 28... on peut passer à l'article 28. Et là vous
avez un amendement. Et, l'article... l'article 28, je comprends également
que nous changeons de section, on est dans la section II.
M. Roberge : Exactement.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
M. le ministre, allez-y.
M. Roberge : Écoutez, c'est assez
simple, là, Donc :
«Section II
«Traitement
des plaintes par le protecteur régional de l'élève». Donc, 28 : «Le
protecteur régional de l'élève prête assistance à toute personne qui le
requiert pour la formulation de sa plainte ou pour toute démarche s'y
rapportant.»
Puis l'amendement, c'est tout simplement :
Inscrire, avant l'article du projet de loi, ce qui suit...
Une voix : ...
M. Roberge : Non. Oups! Je m'en allais...
On vient de me rattraper en disant que...
Des voix : ...
M.
Roberge : Excusez-moi,
excusez-moi. Donc, article 28... dans le fond, c'est : Remplacer
l'article 28 du projet de loi par le suivant — tout
d'abord, inscrire :
«1. Dispositions générales.»
Puis ensuite l'article 28 : «Le
protecteur régional de l'élève prête assistance à toute personne qui le
requiert pour la formulation de sa plainte ou pour toute démarche s'y
rapportant. Il l'informe de son droit d'être accompagnée de la personne de son
choix, à toute étape du traitement de sa plainte.»
Voilà l'ajout ici, là, que je n'avais pas dans
mon... je n'avais pas la bonne version, là. C'est une obligation supplémentaire, en réalité, pour aider le
plaignant, avoir l'obligation d'informer les gens d'être... du droit d'être
accompagné.
La Présidente (Mme Thériault) : L'amendement
est déposé. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, c'est correct,
l'amendement, mais j'ai une question d'ordre plus légal. Advenant que le parent
porte une... porte plainte, on lui dit : Oui, vous pouvez être accompagné,
rédige sa plainte, même si, mettons, peut-être qu'il pourrait être accompagné
d'un avocat, mais n'a pas les moyens, nécessairement, d'avoir un avocat, puis l'aide
juridique ne s'applique pas dans tous les cas, la plainte écrite, est-ce
qu'elle peut être retenue, si, plus tard, le
parent puis l'élève poursuivent un centre de services scolaire, contre le
parent ou c'est quelque chose qui ne pourra pas être retenu contre lui,
parce que...
M. Roberge : Le parent?
Mme Rizqy : Oui. Parce que... Si,
admettons, le parent écrit une plainte pour son enfant puis il n'a pas tout
consigné parce qu'il n'a pas été accompagné, par exemple, d'un avocat, mais que,
plus tard, ça va être judiciarisé, si, admettons,
il n'est pas satisfait à la fin, fin, fin de ce processus, il va toujours lui
rester l'occasion de pouvoir s'adresser aux tribunaux. Moi, je veux savoir : Cette plainte écrite, est-ce
qu'elle pourrait être retenue contre un parent ou un élève?
M.
Roberge : Est-ce que ça pourrait... est-ce qu'elle pourrait
être produite en preuve, admettons, par le centre de services scolaire?
Mme Rizqy : Exactement, oui.
M. Roberge : Je pose la question aux
avocats près de moi.
La Présidente (Mme Thériault) : ...on
dit que c'est une bonne question. Il y a des légistes qui s'affairent.
M. Roberge : Oui, on va attendre un
petit peu.
Mme
Rizqy : ...adopter l'amendement. L'amendement, moi, ne me
dérange pas. C'est une question plus de fond de cet article.
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
ça. C'est une question de fond, oui. J'ai la députée de Sherbrooke qui veut
s'inscrire aussi dans le débat par rapport à l'amendement, j'imagine.
• (19 h 10) •
Mme
Labrie : Oui. Bien, pendant que la recherche se fait pour
répondre à la question de ma collègue, à quelques endroits, on nomme «plaintes et signalements»,
parce qu'on le constate différemment selon qui le fait. Ici, il est question d'assistance seulement pour les plaintes. Est-ce
que c'est délibéré? Est-ce qu'on peut prévoir de l'assistance également
pour les signalements?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. le ministre, j'imagine que vous allez aussi
vous tourner vers les légistes, puisque, tout à l'heure, vous avez fait des
modifications, des amendements dans au moins deux articles avec «plaintes
ou signalements».
M. Roberge : «Plaintes ou
signalements», oui. Est-ce que la personne a besoin d'être assistée pour faire
un signalement? Je ne sais pas, là. Pardon?
Une voix : ...
M. Roberge : C'est ça,
l'accompagnement... Vous voudriez que le protecteur de l'élève aide la personne
à faire un signalement en voyant un problème. Mais, une fois que tu fais le
signalement, le protecteur s'en occupe, s'en charge, et je ne pense pas qu'il a
besoin de t'aider à faire un signalement, là. Après ça, il aide la victime,
après ça, il aide le plaignant. La démarche de signalement, elle peut être
relativement courte, là. Je signale puis, après ça, je ne suis pas parti tout
le long, là, à faire ça, tu sais. Dans le fond, après ça, on se saisit de la
cause, on se saisit du problème, on remercie la personne qui a signalé puis,
après ça, on continue. Je ne suis pas certain qu'on a besoin d'aider la
personne à faire un signalement, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je le dis parce que,
des fois, la personne qui veut faire la plainte ou le signalement peut ne pas
penser toute seule à tout ce qui mérite d'être consigné dans la plainte. C'est
le cas des victimes de violence, par exemple, qui vont porter plainte à la
police. Avec les tribunaux spécialisés, on a mis en place un processus où ils vont
être accompagnés, avant d'aller déposer leur plainte avec un policier, pour
qu'il y ait, par exemple, un travailleur social, un intervenant spécialisé en
violence sexuelle qui va discuter avec eux autres pour qu'ils puissent bien
comprendre comment va être utilisée leur plainte : quels types
d'information doivent s'y trouver, à quoi elle va servir, au final, pour qu'ils
puissent avoir ça en tête quand ils vont rencontrer le policier pour déposer
leur plainte.
Bon, moi, je pense que c'est un processus qui
peut être comparable dans le sens où, là, quelqu'un veut faire un signalement ou déposer une plainte. C'est
important de savoir qu'est-ce qui mérite d'être consigné dans ce signalement
ou cette plainte, comme information, pour
s'assurer qu'il n'y ait pas des choses qui soient omises, qui auraient dû y
être pour faciliter le traitement. On va le faire pour les victimes ou
disons... ou les plaignants, qui sont l'élève ou ses parents. Pourquoi ne pas
le faire pour une autre personne?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M.
Roberge : Je pense que c'est un service qui risque d'être
moins sollicité, mais je n'ai aucun empêchement ou aucun problème si on
veut en faire un amendement pour couvrir un petit peu plus large puis aider
quelqu'un qui pourrait avoir besoin. Comme je dis, je ne pense pas que c'est
quelque chose qui va arriver fréquemment, mais, si le besoin est là, ce sera
permis. Donc, je peux très bien intégrer cette modification-là, si ma collègue
le souhaite.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
est-ce que je comprends... est-ce que je comprends qu'il y aura un amendement
en rédaction sur cet... bien, pas un amendement, parce qu'il y a déjà un
amendement. Est-ce qu'il y aura un
sous-amendement ou, compte tenu que, dans deux minutes à peu près, on va
suspendre les travaux ou on va ajourner les travaux pour aujourd'hui... Est-ce que, M. le
ministre, on peut demander à vos légistes de peut-être se pencher là-dessus
demain, bien, s'il y a un amendement à faire pour accompagner le signalement
tel que le demande la députée de Sherbrooke? Parce qu'effectivement il peut y
avoir des gens qui ont moins de moyens pour pouvoir le faire. À ce moment-là,
vous présenterez... vous retirerez l'amendement qui a été déposé, vous en
déposerez un nouveau.
M. Roberge : C'est ça. On va
l'évaluer, là. De prime abord, je trouve ça intéressant. Est-ce qu'il y a un
enjeu juridique que je ne vois pas? On peut l'évaluer, là, d'ici... rapidement,
mais, de prime abord, on va voir si on est capables de donner une suite
positive. Voyons voir.
Mme Labrie : Parfait.
La
Présidente (Mme Thériault) : Donc, puisqu'on va évaluer, est-ce que... compte
tenu de l'heure, pour la minute qui
reste, étant donné qu'on a déjà un article qui est suspendu avant, on a
celui-là que je préfère peut-être ne pas clore la discussion, là. Comme ça, demain, quand vous allez
repartir les travaux, vous allez pouvoir repartir sur cet amendement-là,
que vous retirerez ou pas. Puis, à ce
moment-là, la députée de Roberval pourra revenir avec l'article qui a été
suspendu, puisque c'est elle qui va présider les travaux demain. Donc,
ça vous va?
M. Roberge : Numéro un!
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
compte tenu de l'heure, j'ajourne les travaux. Je vous souhaite une bonne
soirée, tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 15)