(Dix
heures quarante-six minutes)
La Présidente
(Mme Thériault) : Votre attention, s'il vous plaît! Donc, ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Protection de la langue française
des crédits budgétaires du portefeuille Justice pour l'exercice financier 2022‑2023.
Une enveloppe de 1 h 45 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente.
M. Allaire (Maskinongé) est remplacé par Mme Proulx (Côte-du-Sud); M. Chassin
(Saint-Jérôme) est remplacé par Mme Grondin (Argenteuil); M. Émond
(Richelieu) est remplacé par Mme Hébert
(Saint-François); Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Lévesque (Chapleau); M. Poulin
(Beauce-Sud) est remplacé par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac);
Mme Dorion (Taschereau) est remplacée par M. Marissal (Rosemont); et
Mme Hivon (Joliette) est remplacée par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Protection de la langue française
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait. Merci. Donc, nous allons procéder aux
échanges entre les groupes d'opposition et le ministre, par blocs d'environ...
entre 14 et 20 minutes. Les députés ont été avisés du temps de parole
qu'ils avaient. Donc, pour permettre à chaque groupe d'écouler graduellement
son temps de parole, le temps d'échange inclut les questions et les réponses.
Donc, je rappelle qu'un échange... que je dois équilibrer le temps, donc une
question courte appelle une réponse courte. Donc, je veillerai à protéger le
temps, évidemment. Donc, je demande à M. le ministre de se plier à cette
règle-là. Il est habitué, il le fait toujours. Donc, le temps d'échange, comme
je vous dis, inclut les questions et les réponses. La mise aux voix de ces
crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit un peu avant
12 h 30.
Je vais avoir besoin
d'un consentement. On a commencé deux minutes en retard nos travaux. Donc,
consentement pour qu'on puisse continuer l'heure prévue de deux minutes?
Des voix : Consentement.
Discussion générale
La Présidente
(Mme Thériault) : Consentement. Donc, c'est beau. Donc, sans plus
tarder, je suis prête à reconnaître notre première intervention avec
l'opposition officielle pour le premier bloc d'échange. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous pour un bloc de
19 min 5 s.
Mme David :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dirais : rebonjour, tout le
monde. Rebonjour, ceux qu'on a le droit de nommer par leur nom, je pense, ceux
qui accompagnent le ministre, donc, M. Poirier, contente de vous revoir.
Mme la députée de Roberval, peut-être que la présidente ne sait pas ce que vous
avez fait, là, jeudi, le fameux jeudi où vous êtes restée pas mal longtemps
avec nous. Et on m'a même dit que ça avait été la plus longue prolongation de
commission parlementaire à peu près jamais vue dans l'histoire du Parlement,
alors ce n'est pas pire. Merci encore, Mme la présidente qui a remplacé Mme la
présidente en chef, je ne sais pas comment vous appeler, et M. le ministre,
dont on s'est ennuyé. Une semaine sans commission parlementaire sur la langue
française après avoir passé autant de temps à regarder tout ça et à finir sur
des chapeaux de roue, comme on dit, je ne sais pas comment... comment je me
sens aujourd'hui. J'essayais de me tâter, comme on dit, pour dire : As-tu
le goût de venir encore parler de langue française? As-tu le goût encore de
venir questionner le ministre, dont tu prévois pas mal les réponses parce qu'on
s'est pratiqué pas mal? Probablement qu'il prévoit, lui aussi, mes questions.
Alors, on va essayer
de poursuivre sans en faire quelque chose qui reprend le projet de loi n° 96 ligne par ligne, parce qu'on n'en aurait jamais
assez, de temps, mais je vais quand même demander au ministre si... parce
que... Je peux le citer où il a dit... et puis ça fait maintenant... ça va
faire 12 jours, là, alors j'imagine qu'il a eu le temps de ressasser tout
ce qu'on a vécu, je dirais, ensemble, dans ce long trajet que nous avons fait
autour de la langue française et autour, donc, de notre, je dirais, célèbre
amendement qui passera probablement à l'histoire, pour le meilleur et pour le
pire, j'espère le meilleur. Il me répond : J'avais besoin de réflexion. Il
me dit : Le processus législatif ne se termine pas aujourd'hui, il y aura
une autre étape, la prise en considération, ce n'est pas parce qu'on termine
l'étude détaillée aujourd'hui que ça termine le tout.
• (10 h 50) •
Alors, on parlait de l'amendement dont... il
sait très bien à quoi je réfère, au niveau des cégeps et des cours de français.
Donc, j'aimerais ça un peu revenir avec lui en disant si... où il en est dans
sa réflexion, s'il a eu le temps de réfléchir. Je sais que le ministre est quelqu'un de très occupé puis
il a peut-être déjà... il est déjà passé à autre chose, mais, quand même, ce n'est pas fini tant que ce
n'est pas fini, comme il le dit lui-même, et il dit... et je dis, mais je pense
qu'il l'a bien intégré, qu'il faut laisser du temps au temps.
Alors là, il y a quand même 12 jours de
réflexion. Moi, j'ai continué à y penser beaucoup. Donc, on est dans un
processus extrêmement sérieux de réfléchir à est-ce qu'on veut trouver la
meilleure solution, qui pense avant tout à nos jeunes et qui leur permet de
concilier quelque chose que j'ai très à coeur, et le ministre le sait très
bien, qui est la maîtrise du français, qu'elle soit langue seconde, langue
tertiaire, langue quaternaire, pour certains, ou langue primaire — on y
reviendra, parce que plusieurs de nos jeunes francophones pourraient améliorer
leur français aussi — donc
cette question de maîtrise du français langue seconde pour des... soit des
anglophones dont c'est la langue maternelle ou allophone, mais là disons qu'on
parle plus des anglophones de langue maternelle parce qu'ils ont un régime
d'éducation spécial.
Alors, je voulais voir s'il avait réfléchi
là-dessus, puis ce qu'il en pensait, de cette maîtrise du français langue
seconde, puis comment on... ce que nous partageons tous les deux, parce que,
là, je le sais qu'on le partage, l'intérêt à ce qu'il y ait une meilleure
maîtrise possible de la langue française, comment il voyait... où en était sa
réflexion.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente. Bien, tout d'abord vous saluer, saluer la députée de
Marguerite-Bourgeoys, le député de Rosemont, que je n'ai pas la chance souvent
de voir avec moi, alors... peut-être qu'il veut développer une nouvelle
relation, le député de Matane-Matapédia, la députée de Roberval, le député de
Saint-Jean, le député de Chapleau également, ainsi que la députée d'Argenteuil,
qui nous accompagnent. Souligner également la
présence du Secrétariat à la promotion et à la valorisation de la langue
française, notamment avec Me Juliette Champagne, qui est sous-ministre
associée, ainsi que toute l'équipe. Me Drouin, également, qui est sous-ministre
en titre au ministère de la Justice.
Bien, écoutez, Mme la Présidente, j'avais dit
le... D'ailleurs, je tiens à remercier les parlementaires d'avoir accepté de
terminer le projet de loi en étude détaillée. Je pense qu'après le nombre
d'heures que nous avions étudié d'une façon assidue, profonde et détaillée le
projet de loi, on est arrivés, comme on dit, au bout du bout, Mme la
Présidente. Alors, je pense que l'effort de travail législatif a été fait de
part et d'autre. Et c'est un projet de loi qui est costaud, et qui touche
différents volets de la société, et c'est une bonne chose qu'on actualise la
loi 101.
J'attendrai avec intérêt le vote final pour
savoir si ma collègue de Marguerite-Bourgeoys va voter pour ou contre ce projet
de loi. Je crois avoir déduit que sa formation politique votera contre le
projet de loi. Je vous dirais, c'est à ma grande déception puis à mon désarroi.
Je pense qu'il s'agit d'une erreur.
Cela étant, revenons sur la question de
l'article... de l'amendement auquel fait référence la députée de
Marguerite-Bourgeoys. Lors de l'étude détaillée, j'ai clairement dit que
j'avais davantage besoin de réflexion. C'est pour cette raison-là que le
gouvernement a voté contre l'amendement. Et il est vrai également que le
processus législatif ne se termine pas avec la fin de l'étude détaillée. Il
existe deux autres étapes avant qu'une loi soit adoptée, donc, la prise en
considération du rapport de la commission, qui, selon toute vraisemblance, est
généralement déposé le jour de séance
suivant la fin de la commission, donc j'imagine que ça va être aujourd'hui, le
26 avril, et, par la suite, il y a l'adoption finale du projet de loi
également, où le projet de loi peut être amendé également. Et ça, en raison des
crédits... vraisemblablement, la prise en
considération pourrait avoir lieu dans la semaine du 10 mai, et peut-être
l'adoption finale également, ou sinon, au retour de la fête des
Patriotes, Mme la Présidente.
Tout ça pour dire que je réfléchis toujours à la
proposition de la députée de Marguerite-Bourgeoys. L'objectif que nous avons
tous est de faire en sorte que le français soit utilisé par l'ensemble des
Québécois et que tout le monde ait les compétences langagières pour vivre, pour
travailler en français au Québec et avoir les outils linguistiques pour travailler, notamment les ayants droit également.
Alors, c'est pour ça que j'avais appuyé le sous-amendement de la députée
de Marguerite-Bourgeoys, il y a de cela cinq, six semaines, pour faire en
sorte, justement, d'offrir trois cours en
français à l'ensemble des étudiants qui étudient au collégial anglophone. La
députée de Marguerite-Bourgeoys nous est arrivée avec une proposition
pour que ce soit trois cours en... de français, qui est une proposition
légitime, qui mérite d'être étudiée.
Alors, je poursuis ma réflexion relativement à
cette proposition d'amendement, mais ce qui est fondamental, c'est de faire en
sorte que le français soit maîtrisé par tous. Ce n'est pas normal qu'il y ait
des gens au Québec qui ne puissent pas évoluer en français alors que c'est la
langue commune, c'est la langue de la nation, c'est la langue de travail, c'est la langue des affaires. Et, si on
veut dire... et, si on veut que ça dise quelque chose, que ça veuille dire
quelque chose puis que ce soit, concrètement, une réalité, bien, il faut
avoir les outils, autant au niveau primaire, au niveau secondaire, au niveau collégial également, pour que les gens puissent
avoir ces compétences langagières là en français. Et surtout, aussi, et je l'ai
dit à de multiples reprises durant le projet de loi, on n'a pas à être gêné, au
Québec, de vivre en français, de parler français, puis ce n'est pas vrai
qu'il faut se dire : Bien, je vais avoir besoin de travailler dans une
autre langue pour réussir. Je l'ai tellement entendu, ça, Mme la Présidente,
là, puis j'y reviendrai.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui, c'est très
intéressant. Je le répète, on s'entend sur la question de la maîtrise du
français, qu'elle est un aspect très
important de l'intégration. Et souvenez-vous, M. le ministre, quand le
consortium des collèges anglophones est venu nous parler, on leur a posé
des questions, vous-même, vous leur avez posé des questions et vous avez parlé de cours, par exemple, de français. Vous
avez dit la proposition du... Non, ça, c'était le directeur du cégep, John Halpin, mais vous-même, vous posez la
question : Oui, mais qu'est-ce que vous diriez de suivre plus de cours
de français? Vous dites même : Combien de cours ça prendrait, combien
d'heures de cours ça prendrait, en fonction des
six cégeps anglophones, pour que les étudiants qui étudient dans vos
établissements d'enseignement collégiaux aient une bonne maîtrise de la
langue française? Vous les avez posées, ces questions-là, donc, vous étiez déjà
sensible à ça. Puis là M. Halpin vous a
répondu : Il faut définir la compétence qu'on veut atteindre, et, après
ça, on pourra définir les heures de cours. Alors, vous, vous
dites : Bien, ça fait que ça serait le temps d'y penser pour nous dire
combien de cours vous voulez pour faire en
sorte que vos étudiants puissent diplômer adéquatement dans le cadre de leur
parcours scolaire.
Donc, vous
étiez ouvert, vous l'avez toujours été, mais, quand vous rencontriez, à ce
moment-là, effectivement, on parlait de cours, et même vous, vous
parliez de cours de français, mais ce n'était pas dans votre projet de loi initial. Vous ne vous intéressiez pas, dans le
projet de loi initial, à la francisation de ces étudiants collégiaux. Peut-être
que, puis je dirais, comme moi, vous vous
disiez : Bien, il y a une maîtrise du français qui vient avec le cours
primaire, le cours secondaire, des cours de langue seconde, le fait de
baigner dans une culture francophone, principalement montréalaise, mais je
pense qu'on a peut-être réalisé, peut-être tous ensemble, «peut-être tous
ensemble» voulant dire la société en
général, qu'il y avait des efforts à faire, et les directeurs de cégep nous le
disaient eux-mêmes qu'il y avait des efforts à faire pour mettre plus de
français dans les collèges anglophones.
Alors, effectivement, j'ai fait peut-être entrer
le loup dans la bergerie en disant : On va donner des cours en français.
On le disait quand même depuis un certain nombre de mois et on s'est rendu
compte, je pense, et vous, et moi, et tout
le monde, qu'il fallait peut-être commencer, pour un certain nombre d'entre
eux, en tout cas, par des cours de français parce que le niveau n'était
peut-être pas ce à quoi on s'attendait, ni vous, ni moi, ni les gens en
général. Alors, c'est peut-être à la surprise de tout le monde.
Alors là, on est un peu entre le choix, je
dirais, de garder les choses telles qu'elles sont, et, à ce moment-là, on sait
qu'on pénalise au moins le tiers des étudiants qui n'ont pas la maîtrise
suffisante, et que ça va baisser leur cote R, etc., et que le ministère de
l'Enseignement supérieur va peut-être avoir à trouver toutes sortes
d'acrobaties de réussite ou échec, des choses comme ça, pour ne pas faire
baisser, ou on les accompagne dans la maîtrise du français en donnant plus de
cours de français pour ceux qui — ce qu'on ne savait pas, puis peut-être
qu'on n'était pas sensible suffisamment, personne, à ça — devaient
commencer par plus de cours de français. Alors, c'est comme si on était à peu
près au même point, mais il y a juste un adverbe qui nous sépare, le «en» puis
le «de».
• (11 heures) •
Puis moi, je pense aux étudiants avant tout. Je
pense vraiment aux étudiants, à leur réussite, puis il ne faut pas en faire un
enjeu, je pense, qui deviendrait... parce qu'il l'est déjà pas mal, je pense,
politique, cet enjeu-là. Mais moi, je pense avant tout à nos jeunes puis à
dire : Ils vont sortir quand même avec cinq cours de français. Pour ceux
qui n'étaient pas suffisamment francisés, c'est quand même mieux que votre
projet de loi initial, où il n'y avait pas de cours, ni en français ni de
français, pour les anglophones. Alors, je trouve que c'est un énorme progrès de
société. C'est un vrai progrès de société de
dire : Ils vont pouvoir participer beaucoup plus, ils vont pouvoir être
moins, peut-être, même, gênés d'aller étudier en français à
l'université, de travailler en français, d'avoir du plaisir en français. Parce
que des cours de français, ça a l'air plate comme ça, ça peut être vraiment
très intéressant. Ça peut être des cours de culture, des cours d'art, des
cours... tu fais des cours de français, il y a des... tu enseignes des mots,
mais tu enseignes une culture à travers l'enseignement des mots.
Alors, moi, je pense qu'on n'est pas loin l'un
de l'autre. Il s'agit de... vraiment, là, de dire : O.K., est-ce qu'on
pense aux étudiants puis on se dit : Mon Dieu! On a été peut-être un peu
trop vite? Peut-être que ça aura permis ça et ça aura permis quelque chose de
très important, de voir les réactions des collèges du milieu anglophone, de dire : Bien, nos étudiants, oui, ils
veulent apprendre le français, mais peut-être que, là, c'est trop difficile
d'intégrer, directement après le secondaire V, des cours de
matières en français.
Alors, je vous... c'est pour ça que je reviens
là-dessus, parce que j'ai beaucoup, beaucoup réfléchi, pendant les derniers 12
jours, et je me suis dit : On n'est tellement pas loin de pouvoir trouver
quelque chose qui fait l'affaire de tout le monde mais dont on sort tous
gagnants parce qu'on va tous se dire : Il va y avoir une bien meilleure
maîtrise du français, il va y avoir, donc, une plus grande facilité à
s'intégrer à la société, peut-être moins de passages automatiques à une
université anglophone, peut-être moins, donc, de gens qui, carrément,
travaillent après en anglais ou vont travailler ailleurs, carrément, aussi.
Alors, voilà, moi aussi, je réfléchis beaucoup,
M. le ministre. Puis je sais qu'on a eu beaucoup, beaucoup, et vous et votre
formation politique, j'imagine, et nous et notre formation politique, à
regarder ça, et je pense qu'on aurait tout
avantage, donc, à terminer cette réflexion avec la plus sage des réflexions et
des conclusions. Alors, je vais m'arrêter sur cette partie-là pour voir
si le ministre a des commentaires.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Juste pour
être certain, combien de temps au bloc?
La Présidente (Mme Thériault) : ...
M. Jolin-Barrette : O.K. Bien,
écoutez, j'entends bien la députée de Marguerite-Bourgeoys. Juste rappeler, tu
sais, les consultations, ça a été les plus longues de la législature, puis on a
appris beaucoup de choses, puis on a été à l'écoute. Puis
notamment, ce qu'on a retenu, là, c'est qu'une... Comment je pourrais dire? Le
fait qu'on ait tenu des consultations... la
vérité a éclaté un peu au grand jour. On avait Russell Copeman, D.G. de
l'Association des commissions scolaires anglophones, qui nous dit :
Nous, au Québec, là, nos étudiants, quand ils sortent de nos établissements
d'enseignement secondaire, les «high schools», là, ils sont, là, bilingues. Il
n'y a pas personne, là, qui n'a pas une maîtrise du français, là, tout le
monde, là, parle français, 100 %, là. C'est ça qu'il disait,
M. Copeman, là, puis il est venu nous faire la leçon en commission
parlementaire pour s'essuyer les pieds sur la loi n° 96 :
On n'a pas besoin de ça, puis on participe, puis tout ça. Ce n'était pas chic.
Après
ça, on a l'association, le consortium des collèges anglophones, puis c'est le collège Steering, finalement, qui est venu, le regroupement. Eux autres, ils nous
disent: Écoutez, les étudiants anglophones, les ayants droit qui
étudient dans le réseau anglophone au primaire, secondaire, quand ils arrivent
chez nous, ils ne maîtrisent pas le français, ils ont des lacunes en matière de
langue française. Qui croire? Des institutions québécoises anglophones? Parce
que ce sont des institutions québécoises. Deux réseaux nous disent une chose et
son contraire. Comment est-ce qu'on fait pour réconcilier tout ça?
Moi, je pense que
votre proposition, elle est bonne, de faire en sorte qu'il y ait davantage de
cours de français au cégep, ou en français, d'amener des outils linguistiques
pour les étudiants, mais il faut se dire les vraies affaires : Il faut que
le français soit amélioré au primaire, au secondaire et au collégial. Mais moi,
là, quand j'ai des gens qui viennent en commission parlementaire puis qu'ils
viennent me dire : Non, non, non, tout est beau, Mme la Marquise, vous
exagérez avec le projet de loi n° 96... Ce que les
consultations ont démontré puis ce que l'environnement public a démontré
également, c'est qu'il y a un problème avec le français au Québec, puis il y a
un déclin du français, puis il y a certaines personnes, encore aujourd'hui, qui
nient qu'il y a un déclin du français.
Écoutez, quand je
vois les différents partis politiques, là, qui vont être créés, là... Ce matin,
je pense que c'est le Parti canadien, puis il y en a un autre, là, Mouvement
Québec, là... il y a des gens qui nient encore. Puis je sais que ça ne doit pas être facile pour la députée de
Marguerite-Bourgeoys également, au sein de sa propre formation politique,
puis je la plains, mais je la remercie, parce qu'elle a fait les bons choix
pour le Québec, du fait de s'investir pour la langue française.
L'autre point
également qui a été soulevé, c'est qu'on s'est rendu compte qu'il y a beaucoup
des étudiants collégiaux qui devenaient membres d'ordres professionnels puis
qui ne sont pas aptes à parler français. M. Tremblay, de la Fédération des
cégeps, là, il nous a dit ça. Comment ça se fait que les ordres professionnels
acceptaient que des gens qui sont supposés
être en mesure de protéger le public puis de servir tous les Québécois en
français ne maîtrisaient pas la langue? Dans le domaine de la santé,
c'est ça que ça a montré. Alors, oui, c'est nécessaire, au niveau collégial,
pour pouvoir diplômer puis accéder à un ordre professionnel, d'avoir davantage
de cours en français.
Juste
m'assurer de quelque chose, Mme la Présidente. Dans la proposition de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, là, pour
trois cours en français ou de français pour les ayants droit, là, bien entendu,
c'est des cours réguliers de 45 heures puis c'est des cours qui
comptent dans la cote R, dans sa conception?
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce seraient trois
cours de français ou en français de 45 heures, donc des cours réguliers,
et qui sont comptabilisés dans la cote R également.
La Présidente (Mme
Thériault) : ...M. le ministre, le premier bloc de temps est écoulé.
Merci. Je me tourne maintenant du côté de la
deuxième opposition. M. le député de Rosemont, la parole est à vous, et vous
avez 1 min 18 s... 14 min 5 s, pardon.
Désolée.
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. M. le ministre, c'est
vrai que c'est la première fois, je pense, qu'on a le plaisir de travailler
ensemble en presque quatre ans. Je vous prie de croire que je n'ai pas fait exprès, c'est les circonstances qui
ont voulu ça. Je suis en remplacement de ma collègue de Mercier qui ne peut pas être ici. Puis prenez-le pas mal, votre
collègue de la Santé me tient pas mal occupé ces temps-ci. Alors, je fais un
petit détour aujourd'hui pour remplacer ma collègue. Je suis bien heureux
d'être ici.
Je veux aller dans le
vif du sujet, là, pas tant sur le projet de loi n° 96,
mais sur quelque chose qui occupe beaucoup l'actualité ces temps-ci. C'est
cyclique, d'ailleurs. Moi, je suis assez vieux pour avoir connu de maints
cycles et rebondissements de P.D.G., je devrais dire «CEO» ici, je pense qu'ils
comprendraient mieux si je dis que ce sont
des CEO de grandes entreprises, qui... Vous parliez tout à l'heure de s'essuyer
les pieds sur le projet de loi n° 96. Il y en a un paquet qui n'ont pas
compris que la loi 101, ce n'est pas un paillasson sur lequel on peut continuer
de s'essuyer les pieds, et le dernier en date, évidemment, c'est le CN, qui est
un multirécidiviste en la matière.
Le PM a dit, la
semaine dernière, qu'il était outré, puis je le crois. Je crois que vous avez
dit quelque chose du genre aussi, je ne veux pas vous mettre des mots dans la
bouche, là, mais... puis tout le monde est fâché, je pense, tout le monde est légitimement frustré, irrité,
outré, je pourrais défiler le dictionnaire des synonymes. Le premier ministre
a dit : On a contacté la direction du
CN. Je le crois aussi. O.K. Alors, pour que les dirigeants du CN nous
comprennent bien, le bureau du premier ministre ou votre bureau a
contacté le CN. «What's next» pour ne pas que, dans trois ans, dans six ans, peut-être même dans six mois, on se
retrouve ici encore avec un autre épisode lamentable de CEOs qui se contrefichent
du français ici, au Québec?
M. Jolin-Barrette : Ça me fait
plaisir de travailler avec le député de Rosemont. Peut-être aurons-nous
l'occasion dans la prochaine législature. Je tiens d'ailleurs à souligner le
travail également, Mme la Présidente, de la députée de
Mercier, qui nous a accompagnés tout au long de l'étude du projet de loi n° 96. Elle a fait des bonnes propositions. On a accepté
certaines de ses propositions également. Alors, je tiens à souligner la qualité
de son travail également. Bon.
• (11 h 10) •
«What's next?» Bien,
dans le projet de loi n° 96, on vient assujettir les
entreprises de juridiction fédérale à la loi 101. Donc, le Canadien
National, le... Air Canada, l'entreprise Air Canada, désormais, vont être
assujettis aux procédures de francisation, et c'est ce qui nous manquait pour
faire en sorte d'être en mesure d'avoir un impact sur les entreprises de
juridiction fédérale.
Écoutez,
au Québec, là, il faut le souligner, il y a des entreprises de juridiction
fédérale qui ont choisi elles-mêmes de s'assujettir à la loi 101,
et elles le font bien. On peut penser à Vidéotron, on peut penser à la Banque
Nationale, on peut penser à certaines autres institutions fédérales, puis je
pense qu'on doit souligner leur engagement. C'est possible de le faire puis
c'est possible de respecter le fait français au Québec puis respecter le fait
que la langue de travail, au Québec, c'est le français. Puis on doit souligner
le leadership de ces entreprises-là, de juridiction fédérale, qui décident de
dire : Bien, moi, j'évolue au Québec puis je m'y assujettis
volontairement. Mais il y en a d'autres qui ne le font pas puis que... ça ne
nous donne pas le choix de se donner les outils législatifs pour aller les
assujettir.
Ça m'amène à vous
parler du Parti libéral du Canada. Écoutez, ils ont déposé deux projets de loi
qui ne viendront pas régler la question.
Alors, ce qu'on dit au gouvernement fédéral, c'est : Mêlez-vous pas des compétences
du Québec dans ce dossier-là, et c'est la loi 101 qui va s'en occuper. Et
d'ailleurs c'est la première fois qu'on l'énonce clairement dans notre
législation, qu'on va assujettir les entreprises de juridiction fédérale à la
loi 101 pour pouvoir avoir les outils pour le faire. Et la démonstration a
été faite au fil des années, puis vous l'avez dit vous-même avant d'être un acteur de politique active, que ce
n'est pas nouveau, que ce sont des canards boiteux, ces entreprises-là, en
termes de respect du français. Je suis d'accord. Là, on se ramasse à l'époque,
là, de Gordon...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Stuart? Non, ce n'est pas Stuart. En tout cas, comme on dit, Mme la
Présidente, parfois, quand on regarde le CN, c'est Back to the Future,
puis je pense qu'ils devraient réaliser qu'au Québec, le français, c'est
important, puis que l'Office québécois de la langue française s'en vient, puis
qu'on va les accompagner bien comme il faut dans la francisation puis dans la
généralisation de tous les niveaux de l'entreprise.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Ma question visait plus l'immédiat. Le projet de loi n° 96,
je comprends, sera éventuellement adopté. Il deviendra loi. Je ne suis pas sûr,
de un, que ça couvre les conseils d'administration, que vous pourrez étirer
jusque-là, mais, dans l'immédiat, là, qu'est-ce qu'il y a eu comme suite? Je
comprends qu'ils ne peuvent pas changer leur
conseil d'administration, là, en une fin de semaine, là, mais qu'est-ce qu'il y
a eu comme suite, comme engagement, au-delà de la loi n° 96,
là, qui, je crois, pourrait avoir un impact, là? On ne fera pas le débat
juridique parce que ça va peut-être un jour aller devant les tribunaux, là, je
n'ai pas le temps d'aller là, ce matin, mais, dans l'immédiat, là, à part...
Peut-être qu'ils ont dit au premier ministre : «Your call is very
important for us», là, mais, à part ça, là, c'est quoi, la suite? Parce qu'on les connaît, M. le ministre, là... vous
l'avez dit, là, on les connaît, là, puis assez de larmes de crocodile, puis de : C'est donc bien de
valeur, puis oui, on ne le fera plus, là. On a vu ce film-là, il tourne en
boucle, là, depuis des années au Québec, là. Avez-vous des engagements,
là?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
C'est la première fois qu'un gouvernement agit avec un projet de loi aussi
costaud, et justement, ça couvre les conseils d'administration, la
loi 101, c'est à tous les niveaux, c'est la généralisation de
l'utilisation du français. Et d'ailleurs votre collègue la députée de Mercier a
déposé un bon amendement, qu'on a accepté,
sur la bonne connaissance du français à tous les niveaux, notamment chez les
hauts dirigeants, et on va pouvoir l'appliquer aux conseils
d'administration également.
Là, vous me
dites : Qu'est-ce qu'il se passe maintenant? Bien, maintenant, la loi,
elle n'est pas sanctionnée, donc c'est sûr qu'en termes d'outils législatifs,
d'outils d'accompagnement, l'Office québécois de la langue française les a déjà
contactés, mais ils ne sont pas inscrits, et, tant que le projet de loi n'est
pas adopté, bien, c'est plus difficile de faire en sorte de forcer l'amour, si
je peux m'exprimer ainsi. Alors...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : Bien, écoutez, moi, je suis un éternel amoureux,
optimiste. Moi, je suis convaincu que le CN, d'ici quelque temps, peut avoir
une épiphanie et tomber en amour avec la langue française et... Mais il y a une
chose qui est sûre, c'est qu'on sera là dès la sanction de la loi, et l'Office
québécois de la langue française sera disponible pour accompagner l'entreprise
et pour faire l'analyse de la situation linguistique. Et on l'a vu, dans le
cadre de l'étude du projet de loi, on a expliqué quelles étaient les différentes
étapes : l'inscription, l'analyse de la situation linguistique,
l'obtention du certificat de francisation. Vous pouvez être certain qu'on va
faire une attention particulière au Canadien National. Et juste vous dire,
l'Office québécois de la langue française aura son plus haut niveau d'employés
depuis près de 40 ans avec les ressources qu'on lui donne.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. le député.
M. Marissal :
Bon, je serais tenté de dire : petit train va loin, mais la bonne foi
se présume, dit-on. Parfois, la mauvaise foi se confirme, là, alors suivons
cela de près. Je vous invite à le faire, parce qu'à chaque fois c'est comme une
nouvelle humiliation. À chaque fois, ça nous fait reculer plutôt qu'avancer, et
il y a quelque chose de détestable là-dedans. Je le dis, là, comme Québécois,
je trouve ça détestable comme attitude, là. Et je sais que vous voulez les assujettir, tant mieux, mais, pour reprendre une
autre expression que nos amis du CN comprendraient, là, «money talks», là.
Je
sais qu'il y a quelque chose dans votre projet de loi n° 96 qui lie, par
exemple, les programmes gouvernementaux ou les subventions à la maîtrise
du français et à l'assujettissement aux règles et aux lois linguistiques au
Québec. Vous, M. le ministre, là, allez-vous vous assurer puis vous dresser
devant vos collègues de l'équipe économique pour qu'on s'assure ici, tout le monde, là, les élus de cette Assemblée
nationale, qui n'y ait pas de subvention, de programme subventionnaire ou encore de contrat public à des
entreprises qui, d'aventure, ne respecteraient pas les lois
linguistiques au Québec?
M. Jolin-Barrette : Alors, les outils sont
dans le projet de loi n° 96. Il y a notamment des pouvoirs d'annulation
de contrats. Et l'État, c'est très clairement
dit... au niveau de l'exemplarité de l'État, l'État ne pourra pas contracter
avec une entreprise qui n'est pas...
n'a pas son certificat de francisation, n'est pas en situation de conformité.
Donc, si jamais l'entreprise n'a pas son certificat de francisation, ils
ne pourront pas avoir de contrat, ils ne pourront pas avoir de subvention. C'est l'article 152.1 du projet
de loi qu'on a étudié. Et notamment, vous voyez, là, il y a des ramifications à
tous les endroits en matière du projet loi n° 96, en
matière de langue française, pour boucher tous les trous. Et vous avez raison, l'argent parle. Alors, on utilise les
leviers de l'État, notamment les leviers financiers de l'État, pour faire en sorte
de changer les mentalités, changer les structures. Et je peux vous dire que...
vous savez, ça déplaît. Ça déplaît, mais c'est nécessaire de le faire pour la
pérennité du français.
Et je reviens sur un
point important. Durant les 40 dernières années, là, la Loi sur les
langues officielles, elle existait. Le législateur
fédéral, les gouvernements fédéraux n'ont pas agi pour protéger le français au
Québec. On ne peut pas faire en sorte
de remettre ça dans les mains du fédéral, et c'est pour ça que la loi 101
doit s'appliquer sur l'ensemble du
territoire québécois, à toutes les entreprises qui s'y trouvent. Et c'est une
avancée significative. Et vous avez raison de dire que c'est une attitude qui est détestable, parce que ça fait en
sorte que les droits des travailleurs québécois se retrouvent bafoués.
Et d'ailleurs, dans le projet de loi, on a rendu les droits exécutoires.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Marissal :
Il me reste trois minutes, environ. Je veux faire un lien entre mon chapeau
actuel de critique en santé puis celui de remplaçant de ma collègue de Mercier
ici. Je vais vous parler du réseau de la santé, sur lequel nous avons,
heureusement d'ailleurs, toute juridiction, et j'espère que ce sera redit.
D'expérience, là... je ne vous en dirai pas
plus parce que c'est très personnel, c'est familial, mais d'expérience très
proche de moi, là, j'ai vu, il y a quelques jours à peine, dans un grand hôpital de Montréal, l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont pour ne pas le nommer, des suivis orthopédiques sur
un patient purement francophone, là, faits exclusivement en anglais.
Bon, là, je
comprends, là, pénurie de main-d'oeuvre, on prend qui passe puis on a besoin
d'orthopédistes. Je comprends et je ne
remets pas la qualité des soins en cause, mais, comme a déjà dit Lucien
Bouchard en 1996 à propos des anglophones : Un patient qui va à l'hôpital,
il n'a pas besoin d'un test sanguin... il n'a pas besoin d'un test linguistique,
il a besoin d'un test sanguin. Il parlait des anglophones, mais moi, je vous
parle des francophones, ici, qui se
retrouvent à Maisonneuve-Rosemont et qui se font... qui reçoivent des suivis
orthopédiques en anglais seulement, et deux fois plutôt qu'une. J'étais
là, là.
C'est déjà dans la
loi, ça, les soins de santé, là, c'est la mission la plus importante de l'État,
avec l'éducation, mais qu'est-ce qu'on fait, là, pour s'assurer... parce que,
de toute évidence, les messages ne se rendent pas, là. Puis qu'est-ce qu'on fait, justement, dans un contexte
de pénurie de main-d'oeuvre, où on a absolument besoin de monde... qu'on se retrouve dans un hôpital, dans l'est de
Montréal, à se faire soigner dans des termes extrêmement techniques, après
une opération, «in English only»? Ça n'a aucun bon sens. Qu'est-ce que vous
faites pour nous assurer que ça ne s'élargisse pas, ce genre de choses?
La Présidente (Mme
Thériault) : Il reste 1 min 30 s au bloc, M. le
ministre.
• (11 h 20) •
M. Jolin-Barrette :
Alors, je suis heureux de la question parce qu'on l'a traitée dans le
projet de loi n° 96, justement, cette problématique-là. Que vous soyez soigné à l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont, à Santa Cabrini, au Glen, au CUSM, à l'hôpital
général pour enfants, au Lakeshore, ça se passe en français. Vous avez le droit
d'être soigné en français. Ce n'est même pas une question.
Et là ce qu'on a
fait, c'est qu'on a enlevé la présomption, au niveau des ordres professionnels,
de maîtrise de langue anglaise... de la
langue française. Et également, on donne un pouvoir au conseil de discipline,
justement, d'agir, et on est venu créer un acte dérogatoire à l'exercice de la
profession, si le professionnel n'a pas une maîtrise adéquate de la langue
commune, la langue officielle, le français. Parce qu'il faut comprendre, quand
on est médecin, qu'on est professionnel de la santé ou qu'on est membre
d'un ordre professionnel... ce n'est pas un droit, d'être membre d'un ordre
professionnel, c'est un privilège. C'est un pouvoir que l'État délègue à une
personne pour commettre... pour effectuer des actes réservés. Donc, c'est un
pouvoir de l'État qui est donné, et ces gens-là devront pouvoir soigner en
français toute personne qui se présente dans les établissements de santé. Et c'est
non négociable et c'est fondamental.
Et surtout la disposition
a été contestée. On a apporté un amendement sur l'acte dérogatoire, mais ça demeure un acte dérogatoire, justement, pour
donner les outils aux syndics des ordres professionnels de faire respecter.
Et c'est tout aussi important, le fait, pour le public, de se faire soigner en
français qu'un cas de fraude ou de malversation. Au Québec, ça doit se passer
en français.
La Présidente (Mme Thériault) : ...met
fin à l'échange avec la deuxième opposition. Donc, on repart sur un autre bloc,
avec Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, pour votre temps de parole.
Allez-y.
Mme David : Le temps passe vite, Mme
la Présidente. On aime ça parler de la langue française. J'ai oublié de saluer
un certain nombre de personnes, sentez-vous salués, président du Conseil
supérieur de la langue française, dont nos carrières se croisent et se
décroisent depuis quand même au moins 15 ans, et conseil, justement qui
est appelé à un peu... comment dire, je n'aime pas le mot «disparaître». Oui,
il y a des institutions qui doivent être modifiées pour être incorporées dans
d'autres structures. Alors, ce n'est pas que le conseil n'a pas fait du bon
travail, au contraire, depuis plusieurs années. C'est un choix qui a été fait,
gouvernemental, politique, il y a plusieurs années, d'avoir ce conseil-là, et
puis là c'est un autre choix qui est fait d'avoir un commissaire à la langue
française. Alors, ça va être intéressant.
Nous l'avions nous-mêmes souhaité et verbalisé, qu'on pensait que c'était
important, et je pense que, là-dessus, il va y avoir des avancées
significatives.
Alors, on va parler, justement, un peu de
gouvernance. Le ministre sait comment j'aime la gouvernance, comment je
haïssais la gouvernance avant et comment j'aime la gouvernance maintenant.
Parce que, plus on monte en responsabilités,
en pouvoirs, plus on s'aperçoit qu'une gouvernance, c'est comme la santé :
on n'y pense pas quand ça va bien, mais quand ça ne va pas bien, tout à
coup, on y pense beaucoup, beaucoup, beaucoup, à la gouvernance. Puis quand on
est imputable de... que ce soit dans une activité politique, dans notre rôle
d'élu ou dans un rôle dans la société
civile, bien, l'imputabilité, c'est la gouvernance, très souvent. Alors, je
vais revenir à un de mes sujets préférés, qui est la gouvernance de
l'OQLF.
On a beaucoup parlé de la question
de conseil d'administration, pas de conseil d'administration, et on a...
J'ai devant moi l'organigramme de l'OQLF et je sais que, par un hasard
extraordinaire, ce matin, on a parlé de l'OQLF dans Le Journal de Québec,
en disant qu'il y avait plus de plaintes, etc., et on a parlé d'embauches
additionnelles. Alors, ça me donne
l'occasion, justement, de regarder ça et de dire... Bon, on compare à 2016.
Quand on compare à 2021... Tiens, je vais commencer par ça, parce que ça
ne marche pas beaucoup, les chiffres. Dans les crédits, il est marqué qu'il y
avait 5 885 plaintes en 2021‑2022. C'est bizarre, comment c'est fait,
parce que 2022... ça veut dire que ça s'est arrêté au moment où on a demandé le
décompte, j'imagine, parce que 2022, ce n'est pas fini. 5 885, et c'est
probablement 31 mars au 31 mars. Ça doit être quelque chose comme ça,
et là on parle de 6 292. Alors, évidemment, quand on compare à 2016, ça a
l'air d'être une grosse augmentation, mais quand on compare à... 5 855
puis 6 292, ce n'est pas beaucoup. Il n'y a pas tant que ça de différence,
mais, ceci dit, il y a plus de plaintes, c'est vrai, donc...
Et avec le projet de loi n° 96, ça va demander,
d'après moi, beaucoup plus de personnel. Vous dites, je pense, qu'il y aura
35 personnes, déjà, de plus, mais je voudrais quand même qu'on parle de
cet organigramme parce que... On va
commencer par les fameux membres de l'office. Vous savez, moi, j'y crois
encore, ça, là-dessus, je n'ai pas changé d'idée, qu'un C.A. aurait été très, très, très... plus pertinent que des
membres dont le rôle est, ma foi, un peu semblable à du conseil
d'administration, mais sans l'imputabilité du conseil d'administration, ce qui,
d'après moi, en matière de gouvernance, n'est pas très, très intéressant, donc.
Et la P.D.G. est membre de l'office et la P.D.G. est à peu près partout dans l'organigramme, membre aussi,
évidemment, de la toponymie et puis membre de la commission de... elle est
même présidente de la Commission de toponymie.
Alors, ces
membres de l'office qui sont nommés pour contribuer, dans le cadre de leur
mandat, à la réalisation de la
mission de l'office et, le cas échéant, à la bonne administration de ses biens.
C'est quoi, la différence avec l'imputabilité d'un C.A.? Puis pourquoi, tant qu'à faire, on n'appelle pas ça... avec
tout ce qui vient avec de responsabilités d'un C.A., pourquoi on n'appelle pas ça un conseil
d'administration représentatif, pas juste des membres nommés par le
gouvernement, des membres de la société civile? On l'a dit, là, comment
ça pourrait être intéressant, en langue française, en plus, des gens dans le
milieu de la culture, des gens dans le milieu de l'enseignement, des... Je
continue... Plus je vois l'organigramme, plus je pense que le C.A. serait une
bonne idée.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la
Présidente. On a eu un peu cette discussion-là lors du projet de loi
n° 96. La députée de
Marguerite-Bourgeoys avait déposé des amendements. Bien, dans un premier temps,
il faut comprendre que le modèle qui a été choisi à l'époque, le fait
d'avoir un office, vise notamment à faire en sorte que c'est le prolongement du
pouvoir exécutif qui est dans le cadre de l'Office de la langue française. Et
c'est un peu la cheville ouvrière ou, si
vous voulez, le bras collaboratif de l'État pour agir, pour accompagner, pour
traiter les plaintes relativement à la mission de l'État, relativement à
la protection et à la valorisation du français.
L'autre point, c'est que l'office n'est pas une
personne morale et elle n'a pas ce statut juridique là, associé à la notion de
personne morale. Puis c'est différent que les sociétés d'État, qui ont une
mission bien distincte ou qui gèrent des bâtiments ou... Prenez, là, la Société
québécoise des infrastructures, supposons. Bien, ils gèrent des édifices, ils
gèrent des locaux. L'Office québécois de la langue française s'occupe de la
langue, et les membres sont investis de
cette mission-là. L'office est composé par ses membres, donc, le rôle des
membres est défini dans la charte, puis on vient leur attribuer des
dispositions et des pouvoirs particuliers.
Est-ce
qu'il y a 40 ans, il aurait été mieux de faire une société d'État? Je ne
pense pas nécessairement, parce que c'est un peu comme la même chose avec l'Office
des professions, ils sont... dans le fond, c'est un agent régulateur qui est
là. C'est la continuité du pouvoir de l'État pour la mission associée à la
langue française. Puis les gens qui sont nommés, ce sont des gens qui sont
extrêmement compétents, et il y a des comités, également, relativement à
l'officialisation, relativement au suivi, au suivi linguistique, alors... Un
peu aussi à l'image de l'Office de la
protection du consommateur, où il y a des membres, il y a une
présidente-directrice générale. On aura l'occasion de les rencontrer cet
après-midi, Mme la Présidente, et je suis sûr que vous aurez de nombreuses
questions, notamment sur les vols, les avions, mais tout ça pour dire qu'en
termes d'indépendance, on a créé le Commissaire à la langue française, qui
sera, je le souhaite, désigné ici avant la fin du mois de juin, avant la fin de
la session parlementaire, justement, pour surveiller l'office, pour surveiller
le gouvernement, pour surveiller, également, la situation linguistique,
également. Alors, sur la question du C.A., moi, je pense que c'est important que
l'office puisse avoir tous les outils, et il ne faudrait pas se retrouver dans
une situation où, bien, le rôle de l'État, en termes de protection et de
valorisation de la langue française, ne soit pas autant valorisé... n'ait pas
les outils d'action pour le faire. Donc, moi, je pense que c'est important.
• (11 h 30) •
Et je tiens à
souligner le travail de Mme Galarneau, qui est présidente-directrice générale
et qui est avec nous aujourd'hui, et de son équipe. L'OQLF, malgré la pandémie,
a fait face à une augmentation du nombre de plaintes, substantielle. Je pense
qu'on parle du quart d'augmentation de plaintes. Ils vont travailler... ils ont
travaillé extrêmement fort, les deux dernières années, et ils vont continuer de
travailler extrêmement fort, avec tous les pouvoirs qu'on leur a donnés, mais
aussi avec l'assujettissement des entreprises, à 25.49, pour les entreprises.
On a ajouté des
ressources à l'OQLF pour accompagner les entreprises, pour avoir davantage de
traitement de... des gens pour traiter les plaintes également, parce que ce que
ça va faire, les droits exécutoires... Vous vous souviendrez, dans le projet de loi n° 96, on ne veut qu'une seule
porte d'entrée pour le citoyen, et cette porte d'entrée là va se retrouver à
l'Office québécois de la langue française pour recevoir les plaintes qui, par
la suite, vont être dirigées au bon endroit, que ce soit au Commissaire
à la langue française ou que ce soit au ministère à la Langue française lorsque
ça touche l'État. Donc, l'OQLF traite les plaintes au niveau du privé, des
entreprises, mais aussi ils font beaucoup d'accompagnement, parce que ce que
l'on veut, puis je l'ai toujours dit, ce n'est pas nécessairement une augmentation du nombre de poursuites. Ce que l'on
veut, c'est changer le visage linguistique du Québec, particulièrement
dans la région métropolitaine, pour faire en sorte que le français, ce soit la
langue commune.
Et ce qu'on veut,
c'est l'accompagnement, du soutien, donc la carotte, mais, vous l'avez vu, dans
le projet de loi n° 96, le bâton, il est très présent, mais au bout du
processus. Mais on a donné les outils à l'OQLF, notamment avec le pouvoir
d'ordonnancement, de faire en sorte que, si jamais il n'y a pas de
collaboration, bien, les outils sont à la disposition de l'OQLF pour faire en
sorte que les comportements changent. Et je pense que le député de Rosemont le notait à juste titre qu'en matière d'entreprises
de juridiction fédérale, il y aura peut-être davantage de pédagogie à faire
pour certains, mais, vous avez pu le
constater, médiatiquement, l'Office québécois de la langue française est déjà
prêt, s'est déjà préparé pour accueillir les entreprises de juridiction
fédérale pour leur inscription à l'égard de l'OQLF.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme David : ...
La Présidente (Mme Thériault) : Oui.
Non, bien, votre intervention était 4 min 55 s et celle du
ministre était 4 min 15 s.
Mme David : Non, non, je ne critique pas. On est très
loquaces, tous les deux, mais ça fait huit minutes sur les 19? C'est ça
que je veux dire... ou j'ai 19 en tout, moi?
La Présidente (Mme
Thériault) : Non, c'est en tout, c'est global. C'est votre temps plus
son temps.
Mme David : C'est
ça, voilà. O.K.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça fait que, présentement, il reste
8 min 14 s.
Mme David : Parfait. Je n'en prendrai pas plus pour me démêler
dans le temps. Donc, il y a quand même, dans le principe d'éthique et règles
générales de déontologie, une mission qui est une responsabilité qui est donnée
aux membres de l'office. Quand on
dit... jusque-là, ça va, «contribuer, dans le cadre de leur mandat, à la
réalisation de la mission de l'office
et, le cas échéant, à la bonne administration de ses biens», qu'est-ce que ça
veut dire, ça? C'est quoi, les biens de l'office?
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, l'office a du
matériel. Notamment, ils ont des ordinateurs, ils ont des bureaux, ils ont
des chaises, ils ont des locaux.
Mme David : ...édifice?
M.
Jolin-Barrette : Bien, l'édifice, je crois qu'il est... Mme Galarneau,
vous pourrez me corriger, je crois qu'il est la propriété de la Société
québécoise des infrastructures. C'est ça, dans le fond, tous les édifices de
l'État québécois sont... sauf exception, sauf... il doit exister certaines
exceptions, mais généralement, c'est la SQI qui en est propriétaire, et chacun des ministères ou organismes loue les espaces
qui appartiennent... Parfois, c'est dispendieux, on peut dire ça comme
ça.
Mme David : O.K. Je reviens à ma
fameuse direction de la recherche. Vous allez trouver que j'ai de la suite, au moins, dans les idées, ça, c'est dit
positivement, ou alors, vous allez dire, j'ai des dadas, mais, dans tout
l'organigramme, il y a un blanc ici, puis c'est la direction de la
recherche. C'est comme si... elle est mise d'ailleurs avec du pas pareil
pantoute là, comme on dit, elle est mise avec la vérification interne. On sait
que c'est la partie un peu plate, la vérification interne, il y en a dans les
ministères, c'est faire vérifier... c'est des choses très, très réglementées,
puis est-ce qu'il y a des enquêtes et tout
ça. La recherche est mise là, il n'y a rien en dessous. Tous les autres, ils
ont plein de choses, ressources humaines, financières, matérielles pour
la direction des ressources humaines, après ça, direction générale des relations avec les entreprises et
l'administration, direction des communications. Mais là c'est un trou béant.
Alors, ça revient encore plus à ma
question : Qu'est-ce que c'est que ça mange en hiver, cette direction de
la recherche?
La
Présidente (Mme Thériault) :
Et j'ai compris que vous demandez
à ce que Mme Galarneau puisse répondre, M. le ministre?
M. Jolin-Barrette : Oui. Juste
avant, juste faire un bémol parce qu'on a eu la discussion dans le cadre de
l'étude détaillée également du projet de loi. On a vu qu'il y avait un
directeur de la recherche puis qu'il y avait une équipe aussi avec des gens qui
ont des PhD, puis des maîtrises, puis tout ça. Alors... mais je vais céder la
parole à Mme Galarneau pour la façon dont c'est organisé à l'OQLF.
La Présidente (Mme Thériault) : Donc,
avec le consentement, évidemment. Mme Galarneau, si vous voulez juste nous
donner votre titre exact pour l'enregistrement du Journal des débats,
s'il vous plaît.
Mme Galarneau (Ginette) : Oui.
Ginette Galarneau, P.D.G. de l'Office québécois de la langue française.
Si cette...
dans l'organigramme, il y a un rectangle blanc, c'est que cette gestionnaire-là
se consacre entièrement à la recherche et applique, en ce qui a trait à la
vérification interne, la directive qui est prévue par le Conseil du trésor. Alors,
d'autres gestionnaires ont des gestionnaires sous leur responsabilité, ce qui
explique donc la différence de couleur dans l'organigramme. Mais c'est une
équipe, effectivement, qui mène les recherches suivant les indicateurs qu'on nous demande justement de suivre sur de très
longues périodes, donc d'avoir des données historiques sur la langue de
travail, la langue maternelle, les groupes linguistiques au Québec. Donc, c'est
cette équipe-là qui prépare, ultimement, le rapport, le bilan sur la
situation linguistique aux cinq ans.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée.
Mme David : Bien, merci
beaucoup. Donc, je comprends que c'est Mme Blanchette.
Mme Galarneau (Ginette) : Oui,
c'est Lise Blanchette.
Mme David : Mais elle a aussi
la vérification interne sous sa responsabilité?
Mme Galarneau (Ginette) : C'est
une personne... excusez-moi, une personne au sein de cette douzaine de personnes là, qui fait de la vérification interne,
une fonction qui est dévolue à chacun des organismes, au gouvernement, à
savoir qu'il doit y avoir un suivi, une vérification d'un ensemble de données.
Mme David : Alors, j'ai deux
questions. Pourquoi ça a été mis dans la case recherche, cette vérification interne, premièrement? Deuxièmement, pourquoi il
n'y a pas de sous-division de la recherche, comme il y a pour toutes les autres
directions? Il y a plein d'autres petits casiers qui sont en blanc, ceux-là,
alors que les directions elles-mêmes
sont en gris. Alors, là, il n'y a que du gris, il n'y a pas de... il n'y a rien
en dessous. C'est comme s'il y avait une direction de la recherche avec
aucune structure en dessous.
Mme Galarneau (Ginette) : Je
répète, donc, il n'y a pas de gestionnaire sous la responsabilité. C'est un
organigramme. Vous retrouvez le nom des directeurs, des directeurs généraux.
Donc, il n'y a pas d'équipe sous elle et on ne peut pas faire une case pour une
personne qui fait de la vérification interne. Il y a 300 personnes à
l'office, là. Donc, les équipes, effectivement, vous le voyez dans le cas de la
direction des relations avec les entreprises et l'administration, mais il y a
des équipes en région, il y a des équipes à Montréal, il y a des équipes qui
s'occupent de l'administration, des équipes de soutien, des équipes qui
veillent au traitement des plaintes. Donc, c'est un ensemble de personnes qui
s'y retrouvent.
Je veux préciser aussi que la direction de la
recherche est en lien constant avec le comité de suivi sur la situation linguistique, donc des universitaires
choisis pour leur expertise en démographie, en sociologie, en sociolinguistique
et en
linguistique. Donc, des personnes qui regardent dès le départ les projets de
recherche, les questionnaires, la façon de procéder, par sondages, donc
tous ces aspects-là sont considérés, de même que les résultats sont d'abord
soumis au Comité de suivi sur la situation
linguistique avant d'être présentés aux membres de l'office et au ministre
responsable.
Mme David : Donc, si je comprends
bien, il y a M. Alain Bélanger, président du Comité de suivi de la situation
linguistique, qui est un peu le patron de Mme Blanchette.
Mme Galarneau
(Ginette) : Je n'ai pas... c'est un comité...
Mme David :
Le consultant?
Mme Galarneau (Ginette) : Bien, c'est un comité des
membres, tel que défini dans la loi, qui veille effectivement à la
préparation et à la validation des études de l'office.
Mme David : Donc,
si Mme Blanchette est autonome et relève de vous, en fait, plus dans
l'organigramme, qui rentre le matin à l'OQLF pour faire de la recherche... et
pourquoi ça ne se reflète pas? Combien il y a de chercheurs sous la direction
de Mme Blanchette et comment sont répartis leurs responsabilités ou leurs
mandats?
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme
Thériault) : Et il reste une minute pour répondre à la question.
Mme David : Combien?
La Présidente (Mme
Thériault) : Une minute.
Mme Galarneau
(Ginette) : Il y a neuf chercheurs, dont chacun a une recherche à
mener, que ce soit en lien avec la question des jeunes, avec la langue de
travail, avec les exigences linguistiques, donc des études qui sont en cours,
dont on examine les questionnaires, la façon de procéder, la méthodologie et la
rédaction par la suite, une fois les résultats et le traitement d'analyses
terminés.
La Présidente (Mme
Thériault) : 30 secondes.
Mme David : Combien?
La Présidente (Mme
Thériault) : 30 secondes.
Mme David : Bien,
écoutez, ça me laisse sur mon appétit. Le ministre le sait, je trouve qu'on
pourrait valoriser encore plus la recherche et je pense qu'elle devrait être un
peu plus suivie, parce que ça va être tellement important avec l'adoption du
projet de loi n° 96, toute cette question de suivi de
la situation linguistique. Alors, je ne peux
qu'encourager le ministre à surveiller ça de près et peut-être même à offrir
encore plus de postes à Mme la P.D.G. pour aller faire une recherche qui
peut être de calibre mondial.
La Présidente (Mme
Thériault) : Et le temps est terminé. Donc, merci. Je me tourne
maintenant du côté de la troisième opposition. M. le député de Matane, vous
avez 14 min 6 s, allez-y.
M. Bérubé : Merci,
Mme la Présidente. Salutations à tout le monde. D'entrée de jeu, je veux
rappeler que le ministre, depuis le début de
ses travaux pour ce projet de loi là, utilise le vocable de costaud. Il n'était
pas déposé encore, il voulait que ce soit costaud. Il continue de
l'appeler costaud, il est le seul à l'appeler costaud, sinon la communauté
anglophone... mais dans les tiers indépendants et crédibles, personne ne trouve
ça costaud. La preuve, lui-même trouvait que ce n'était pas suffisant, et je
fais référence à un article paru sur le site Internet de Radio-Canada le
14 décembre 2021, coécrit par Martine Biron, Alex Boissonneault et Hugo
Lavallée, trois journalistes chevronnés de la presse parlementaire, un texte
intitulé Le français, langue de discorde à la CAQ.
Qu'est-ce qu'on y
apprend, Mme la Présidente? Et on ne saurait mettre en doute le
professionnalisme de ces journalistes. Je cite : «Au sein même du caucus
de la CAQ, l'aile plus nationaliste s'active depuis des semaines pour réclamer
une action plus musclée. Parmi eux, le ministre responsable de la Langue
française [...] cherche à faire monter les enchères et sollicite ses collègues
ministres au téléphone pour obtenir leur appui à un renforcement de son projet de loi. [...]Au coeur du débat : le
sort des cégeps de langue française. Le projet de loi prévoit dans sa forme
actuelle un plafonnement du nombre de places dans les établissements
anglophones à leur proportion de la population étudiante en 2019, soit 17,5 %. Un geste insuffisant, juge l'aile
nationaliste du parti, qui déplore que le projet de loi ne compte pas de
mesure structurante forte qui puisse marquer l'imaginaire de l'électorat.»
Ça, c'était le
premier élément. On y apprend également que le ministre dispose d'alliés qui
font cette bataille avec lui à l'intérieur
de son propre parti. Il y a également des collègues qui sont contre.
J'appellerais ça l'aile fédéraliste de
la Coalition avenir Québec. On y retrouve la députée de Louis-Hébert, la
députée de Champlain, le député de Groulx, le député de Sainte-Rose,
notamment.
Résultat des courses : maintenant que
l'étude détaillée est terminée, bien, malheureusement, et je sympathise avec le
ministre, il a perdu sa bataille. Il trouvait que ce n'était pas suffisant, il
l'a plaidé, il s'est rendu compte que son aile n'était pas la plus influente au sein du
caucus de la CAQ. Et je n'avais pas eu l'occasion de le questionner là-dessus, alors
je lui donne l'occasion de nous indiquer comment il prend ça que cet
autoproclamé courant nationaliste, finalement, est minoritaire à la CAQ
quand vient le temps de poser des gestes sérieux, costauds, en matière de
nationalisme. Manifestement, c'est une défaite qui doit lui faire mal, mais je
veux lui offrir tout mon soutien.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je suis conscient
que c'est difficile pour le député de Matane-Matapédia parce qu'il aurait
souhaité déposer le projet de loi n° 96. Il ne
l'admettra pas, mais je le sais qu'il aurait
souhaité le faire. Or, là, avec le projet de loi n° 96,
on a passé beaucoup de temps ensemble, et lorsqu'il dit, là : Ce n'est pas
costaud, c'est molo, c'est une bonne formule, là. Puis je reconnais que le
député de Matane-Matapedia, il a le sens des formules, mais, par contre,
sur le fond, ce n'est pas vrai, puis tout le monde le reconnaît. Puis je le
sais que, dans son for intérieur, le député de Matane-Matapédia le sait, puis
il est content qu'on ait déposé le projet de loi n° 96. Est-ce que, lui,
il souhaiterait que la loi 101 soit étendue aux cégeps? La réponse, c'est
oui. Puis je lui ai dit : Son idée,
elle est légitime. Le choix que l'État québécois a fait, dans le cadre du
projet de loi n° 96, c'est justement de venir faire en sorte de
maintenir le libre choix, mais d'amener des plafonds, d'amener des crans de
sûreté également pour faire en sorte que la langue normale des études, ça soit
le français. Vous l'avez vu, on est venu geler le nombre de places, il n'y aura
pas de facteur de croissance. Au niveau des DEC, ça ne sera pas possible d'en
développer à moins que ça soit à l'intérieur du plafond. On est venu rajouter
des encadrements relativement aux AEC en matière de langue anglaise pour éviter
que ça serve à l'immigration massive en contournant le processus et les
compétences du Québec.
Alors, honnêtement,
Mme la Présidente, moi, je peux dire que je suis assez fier du travail qu'on a
fait en collaboration, du travail des collègues députés de la partie
gouvernementale, des collègues des oppositions aussi. À la fin du processus, la
langue française sera renforcée, et surtout on s'est dotés d'outils, notamment
l'exécution des droits, hein? Le fait de rendre des droits exécutoires, ça, le
PQ, durant toutes ces années de pouvoir là, n'a pas voulu rendre les droits
exécutoires. Alors, on est venu combler les trous et les lacunes dans la
langue... dans la Charte de la langue française.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Bérubé : Mme la Présidente, le
ministre dit : J'aurais aimé déposer ça. J'aurais aimé que lui tienne compte
d'une vaste mobilisation en faveur du cégep en français. 30 cégeps,
30 syndicats d'enseignants sont allés dans notre sens. Quand le ministre
dit : en commission parlementaire, on a appris la vérité, puis il cite
Russell Copeman, est-ce que je peux citer Guy Rocher qui, lui, a dit qu'on
aurait dû faire ça? On aurait dû le faire en 1977 puis on devrait le faire
maintenant. Il a entendu Guy Rocher, il a choisi de ne pas l'écouter. Ce n'est
pas à propos du gouvernement du Québec, ce que je dis, puis le ministre
doit bien recevoir ce que je lui dis. J'aurais aimé qu'il gagne sa
bataille à l'intérieur de la CAQ. Pour moi, c'est révélateur du taux de
nationalisme de la CAQ. C'est comme une barre de limbo qui ne cesse de descendre,
Mme la Présidente. Le niveau commence à être bas, mais ça donne l'impression
que c'est nationaliste. Alors, c'est ça que je veux lui dire. Le projet de loi
n° 14, le ministre n'était pas en politique à ce moment-là, sa coalition a
dit : Non, non, ça va trop loin en matière de langue.
Donc, je maintiens,
Mme la Présidente, que ce n'est pas une conviction si forte que ça dans le
caucus puis au Conseil des ministres. La
preuve, c'est un enjeu comme les autres. Puis, dans la grille électorale, ça
donne l'impression qu'on est nationaliste. C'est une occasion manquée.
Je ne sais pas si le ministre considère que les 30 syndicats d'enseignants et Guy Rocher et tous les autres qui
nous ont proposé le cégep en français, c'est des extrémistes, comme le premier ministre l'a dit. Est-ce qu'il aura le
courage de répéter ça? Mais je peux vous dire que c'est ce que j'ai noté.
J'ai
une question sur la francisation qui va nécessiter une réponse courte et
précise. Comme ministre responsable de la Langue française, on imagine qu'il a
entre les mains le taux de réussite et d'échec en francisation. On aimerait
les connaître pour 2020‑2021. Quelle est la proportion d'immigrants qui y
participent? Et on aimerait avoir ces chiffres maintenant.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, relativement aux syndicats d'enseignants collégiaux qui ont adopté
différentes résolutions à hauteur de
30 établissements collégiaux, je vous l'ai dit et je l'ai réitéré, c'est
une option qui est légitime puis c'est un point de vue que je respecte, mais ce
n'est pas le choix que le gouvernement a fait dans le cadre de ce projet
de loi.
Le
député de Matane-Matapédia cite souvent M. Guy Rocher, mais j'ai entendu
M. Guy Rocher dire également qu'il appuyait le projet de loi. Il y
a apporté certaines nuances relativement à l'application de la loi 101 aux
cégeps, et je l'ai dit publiquement, je respecte son opinion également. Mais il
a également souligné le fait qu'il appuyait le projet de loi. J'ai eu
l'occasion de discuter en privé avec M. Rocher à quelques reprises
également.
M. Bérubé : Question de règlement, M. le Président. J'ai posé une question très précise sur le taux d'immigration. La
réponse est à quelque part, le ministre pourrait la solliciter.
La Présidente (Mme Thériault) : Le
ministre, il lui restait encore du temps. Vous avez pris 1 min
50 s...
M. Bérubé :
Oui, mais vous savez ce qu'il fait avec, hein?
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
mais vous avez pris 1 min 50 s pour poser votre question, et
j'équilibre le temps, soyez-en
garanti. Je suis la gardienne de votre temps, pas juste du temps du ministre.
M. le ministre, c'est à vous.
M. Jolin-Barrette : Alors, pour la
fréquentation en matière de francisation, c'est le ministère de l'Immigration
qui a ces données-là. Cependant, avec Francisation Québec, l'unité qu'on vient
créer, à l'intérieur du ministère de l'Immigration, il va y avoir qu'une seule
porte d'entrée désormais au lieu d'en avoir au niveau des centres de services
scolaires, au niveau des cégeps, des universités, des organismes communautaires
et de l'immigration. Donc, on va regrouper tout ça, donc on va pouvoir
consolider le tout. Mais au niveau de la fréquentation puis du taux de succès,
actuellement, je n'ai pas ce détail-là. Il faudrait que je demande au ministère
de l'Immigration.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député.
M. Bérubé :
Mme la Présidente, je suggère que ce n'est pas normal que le ministre ne
dispose pas de cette information-là. Je l'invite non seulement à l'obtenir,
mais à nous la procurer pour le bénéfice des membres de la commission. Je veux dire, ce n'est pas sérieux. Si
le ministre intervient sur ces questions-là, il n'a pas cette réponse-là, c'est
un peu gênant pour les gens qui l'accompagnent. Je le dis très humblement.
Je veux parler du
collège Dawson. Le collège Dawson, on en a parlé depuis des mois, on a expliqué
qu'à l'antipode du Parti libéral du Québec, qu'on envoyait un bien mauvais
signal de supporter encore plus le plus gros cégep au Québec, anglophone. Et
là, sous la pression, le ministre ayant perdu sa bataille pour le cégep en
français, ils se sont dit : Au moins,
il faut gagner quelque chose. Alors, on va demander à ma collègue de
l'Enseignement supérieur de dire : Non, on ne va pas de l'avant.
Donc, ça, c'est récent, là. Ce n'était pas prématuré, c'est récent.
Je veux entendre le
ministre sur ce que son collègue de la Santé a dit en anglais et qu'il n'a pas
répété en français, à l'effet que, pour lui, c'est un bon projet puis on va le
faire, il est ouvert à le faire. Alors, est-ce que c'est un projet qui est
terminé, ça ne reviendra pas, ou est-ce qu'ils se disent : Si on remporte
l'élection, on va le ramener après? Est-ce qu'il d'accord avec le ministre de
la Santé que, pour lui, ce dossier n'est pas clos? C'est quoi, sa position
là-dessus?
• (11 h 50) •
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Le dossier est clos et c'est terminé.
M. Bérubé :
Merci, j'apprécie, mais il faudrait le dire au ministre de la Santé, parce
qu'on a un extrait ici, à lui transmettre, que... lui, j'ai l'impression qu'il
n'écoute pas grand monde, en tout cas, pas le ministre responsable de la
Langue. Alors, je lui transmettrai cette réponse claire et franche sur le
dossier. Je l'apprécie, je l'apprécie.
On pourrait parler...
Bien là, sur l'immigration, je comprends qu'on n'a pas énormément de données.
J'aimerais ça... quelques questions en rafale, avec le temps qu'il nous reste,
sur l'immigration et la langue française. Est-ce que l'avis du gouvernement a
été sollicité là-dessus? Parce que le gouvernement fédéral décide des seuils. À
sa connaissance, est-ce que l'avis du gouvernement du Québec a été sollicité?
M. Jolin-Barrette :
Pouvez-vous répéter? Excusez-moi.
M. Bérubé : Est-ce que l'avis du
gouvernement du Québec, tel que le prévoient la loi et l'usage, a été sollicité
pour les seuils d'immigration fédéraux? Parce que, là, ça a augmenté
considérablement, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, ça relève de mon collègue le titulaire ministre de l'Immigration.
M. Bérubé :
Mais à sa connaissance...
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, je ne suis
pas dans la poutine interne depuis que je ne suis pas au ministère de
l'Immigration, alors je vous référerais au collègue ministre de l'Immigration
pour répondre à ces questions-là.
M. Bérubé :
C'est là que ça ne marche pas, Mme la Présidente. Et c'est pour ça que
nous, on propose que le ministère responsable de la Langue française soit avec
le ministère de l'Immigration pour que le ministre puisse donner des réponses dans les deux domaines. Et
c'est une de nos propositions qu'on retrouve dans notre plan, que moi, je
ne vais pas autoqualifier moi-même, mais, disons, qui est assez complet sur ces
enjeux-là. J'invite le ministre à s'intéresser à ça aussi. Je sais qu'il
prévoit la création d'un ministère de la Langue française, mais l'Immigration devrait être liée. Bon, peut-être qu'il ne
souhaite pas retrouver l'Immigration, il a déjà donné dans le domaine, mais ça
m'apparaît être un ministère qui va bien avec le français. Et malheureusement,
bon, je n'aurai pas accès au ministre de l'Immigration pour avoir les réponses,
mais je suis d'avis que le ministre devrait avoir ça pour ne serait-ce que sa
propre gouverne.
Entreprises à
charte fédérale. Pour le peu de temps qu'il nous reste, est-ce que le ministre
peut me rappeler par quels moyens le gouvernement du Québec va pouvoir
imposer, dans les entreprises à charte fédérale, la francisation, si le
gouvernement fédéral s'y oppose? Comment on réussit ça?
M. Jolin-Barrette : Les
lois québécoises s'appliquent sur le territoire québécois, sur l'ensemble des
entreprises, on était venu... on est venu amender la Charte de la langue
française relativement pour clarifier le tout. Alors, on a à notre disposition
désormais, lorsque le projet de loi n° 96 sera sanctionné,
les outils législatifs pour imposer la procédure de francisation de
l'OQLF.
M. Bérubé : Si d'aventure la
ministre Petitpas ou le premier ministre indique que nous, c'est notre loi qui
s'applique, comme c'est le cas dans bien des cas au plan fédéral — on
l'apprend, nous, dans ma région, avec le caribou,
le gouvernement fédéral nous dit, comme aux cartes : On a priorité sur
vous — qu'est-ce
qui va arriver? Il va falloir aller devant les tribunaux pour appliquer
ce qu'on souhaiterait juste?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : La loi
québécoise sera présumée valide et je...
M. Bérubé : Donc, c'est la
prétention du gouvernement, mais ça va être validé devant les tribunaux.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, tout citoyen peut s'adresser aux tribunaux, s'il le souhaite, mais il
y a une chose que je peux vous dire, c'est que l'État québécois sera très
ferme. Et d'ailleurs, on est dans une situation où la loi québécoise n'entrave
aucunement les activités essentielles d'une entreprise. Le fait, pour les
Québécois, d'avoir le droit de travailler dans leur langue en français fait en
sorte que la loi québécoise s'applique. Le fait, là, que quelqu'un, là, qui est
au Québec qui dit : Moi, je veux travailler en français, même si c'est une
entreprise qui pose des fils de câbles, là, en quoi est-ce qu'on va l'empêcher
de travailler en français? En quoi on va l'empêcher de faire respecter ses
droits fondamentaux?
M. Bérubé : ...les méthodes du
gouvernement fédéral, je le mets en garde. Combien il nous reste de temps, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) : 50 secondes.
M. Bérubé : 50 secondes.
Est-ce que je peux poser une question à la présidente-directrice générale de
l'Office québécois de la langue française?
M. Jolin-Barrette : Ça dépend
de la question.
M. Bérubé : Vraiment.
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
peut-être que je vais répondre.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Les règles font que vous posez
votre question. Le ministre peut répondre, sinon il peut demander à la
présidente.
M. Bérubé : ...s'est
tenu récemment un gala pour remercier, pour célébrer les récipiendaires en
matière de langue. Ma question : Pourquoi ne pas avoir invité les
porte-parole de l'opposition en matière de langue? Est-ce un choix de l'office
ou est-ce un choix qu'on vous a demandé de faire?
La Présidente (Mme Thériault) : 15 secondes
pour la réponse, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, je
comprends, et le député de Matane-Matapédia m'a partagé le fait que, pour les
prochains événements, il souhaite être invité, et il sera invité.
M. Bérubé : Mais ma question,
c'est : Est-ce que c'est un choix de l'office ou un choix du cabinet?
La Présidente (Mme Thériault) : Malheureusement,
il ne reste plus de temps. Donc, je dois me retourner du côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, il vous reste
18 min 40 s pour votre dernier bloc.
Mme David : On
est tous très amoureux de la langue française, alors on aurait pu aller à ce
gala, effectivement.
Moi, je vais vous amener vers... On a trop peu,
très peu, trop peu discuté de la qualité de la langue française en général, y compris chez nos Québécois,
Québécoises francophones. Alors, le Conseil
du patronat du Québec, M. Blackburn, entre autres, est venu nous
dire des choses vraiment frappantes. Puis le ministre va peut-être me
dire : Ce n'est pas à travers ce projet de loi là qu'on peut
intervenir, mais il faut intervenir. Si ce n'est pas à travers le projet de loi
n° 96, ça peut être à travers sa responsabilité de langue française.
Des voix : ...
Mme
David : Je continue? Et donc je sais qu'il est capable de faire
beaucoup de choses en même temps dans la vie. Donc, il a deux oreilles. Il va
m'écouter de l'oreille droite et puis il va parler avec la bouche.
Alors,
le Conseil du patronat du Québec est venu dire que... attention, nous rappeler que
le taux d'analphabétisme était 50 %. Là, on va dire : Ça
dépend comment on calcule ça, il y a des nuances, mais il est quand même très
élevé, le taux d'analphabétisme au Québec. Et là on ne parle pas d'une
catégorie de Québécois par rapport aux autres. Mais il dit des chiffres
incroyables : 35 % des entreprises refusent des candidats à
l'embauche à cause de la qualité de leur français écrit. Mais, attention, c'est
des Québécois francophones, très souvent, qui ont fait leur primaire,
secondaire en français, mais ils ne sont
tellement pas capables de bien écrire que l'employeur dit : Bien là, moi,
ça passe beaucoup par courriels, etc. Ça n'a pas de bon sens, ils ne
maîtrisent pas la langue française.
Alors, il a cette
phrase quand même que vous allez aimer, M. le ministre : «La qualité du
français est sur une civière.» Moi, je trouve que c'est un... ça déborde dans
les urgences en ce moment, là, mais ça déborde aussi du côté de la qualité du
français. «Ce n'est pas l'immigration, dit-il, qui pose problème au
niveau 7, le fameux niveau de maîtrise.» Il dit : «Au moins la moitié
des Québécois francophones ne se qualifierait pas comme immigrants». C'est
quand même incroyable, là.
Alors, la question
que le CPQ posait, c'est : Le projet de loi n° 96 va-t-il améliorer
le français? Qu'est-ce qu'on fait quand on est ministre responsable de la
Langue française? Je sais qu'il y a des initiatives, j'améliore le français,
j'apprends le français, j'aime le français, les méritas de français, etc., mais
il y a un problème structurel. Et là je pense qu'on revient encore, Mme la
Présidente, à la question du primaire, secondaire, de l'écriture. C'est dur,
c'est plate, faire de l'orthographe, de la grammaire, des dictées, mais comment
on peut agir là-dessus? Et on a tellement peu parlé, dans ce projet de loi là,
du primaire, secondaire, parce qu'on n'y touche pas beaucoup, hein, dans le
fond, ça a été plus la loi 101 première mouture qui est intervenue là-dessus,
mais il reste qu'on a un sérieux problème avec la question de la maîtrise du
français, écrit en particulier, et qu'est-ce qu'on fait pour les employeurs.
Alors, ce n'est pas le projet de loi n° 96, ça va nous faire du bien
peut-être de parler de la langue française autrement qu'à travers le projet de
loi.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Je voudrais juste
apporter un point de précision, là, Mme la Présidente. On m'informe, en lien
avec la question du député de Matane-Matapédia, qu'au cours des dernières
années, les porte-parole des oppositions en matière de langue française, ils
n'ont pas été invités au gala. Mais je m'engage, Mme la Présidente, à
faire en sorte que, dès l'année prochaine, les collègues des oppositions seront
invités. Et, si on peut également, Mme la présidente-directrice
générale, envoyer une invitation à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, l'an
prochain, à titre de citoyenne, si c'est possible...
• (12 heures) •
Bon,
en termes de compétences langagières, effectivement, c'est un défi. C'est un
défi pour notre nation, hein? La maîtrise adéquate de la langue française,
c'est un outil d'émancipation. Puis effectivement, le taux d'analphabétisme
est important, le temps d'analphabétisme fonctionnel est important également.
Puis honnêtement ce n'est pas facile, la langue française, à maîtriser
adéquatement. Ça demande du travail, des efforts, il y a beaucoup de règles.
C'est une langue qui est beaucoup plus
complexe que l'anglais, supposons, sauf qu'elle est d'une richesse incroyable.
Et il y a des choses qu'on peut dire
avec la langue française que l'on ne peut pas dire avec des mots en langue
anglaise également : le niveau de détail, les spécificités, tout
ça.
Alors, c'est sûr
qu'il faut encourager et il faut donner les outils pour faire en sorte que tout
le monde puisse maîtriser la langue
française, apprendre à lire, à écrire. Il y a beaucoup d'enfants qui ont des
difficultés d'apprentissage, et c'est
pour ça qu'on agit dans le réseau de l'éducation notamment. Mais il faut la
valoriser aussi, notre langue. Il y a des campagnes de sensibilisation,
d'information, tout ça, qui sont mises en place.
Mais longtemps, ce
n'était comme pas bien vu de bien parler français. Il y a eu une époque que oui
puis, par la suite, là, ça s'est dégradé ou ça faisait comme élitiste, si je
peux dire, d'avoir un bon français, de bien parler le français. Or, c'est tout
le contraire. Le fait de maîtriser notre langue nationale, notre langue commune
de la bonne façon, on devrait valoriser ça. Puis malheureusement, on a beaucoup
de travail à faire, parce que, chez les jeunes notamment, puis je ne veux pas
jeter la pierre aux jeunes, parce qu'on vit dans la société dans laquelle on
vit, avec Internet, avec la diffusion des contenus, il y a une langue mondiale
dominante aussi, donc les gens sont beaucoup plus
soumis à cette influence-là. Mais il faut être fier d'avoir les bons mots,
d'avoir les bonnes compétences linguistiques. Alors, il faut que ça
devienne un plaisir puis il faut que ça soit valorisé aussi.
C'est un peu... je
ferais le parallèle avec le service public. Souvent, on a une mauvaise image du
service public. Bien, pourquoi les gens, ils font du service public, tout ça?
Mais non, il faut le valoriser, le service public. Il faut dire pourquoi est-ce
que les gens en font, pourquoi les gens décident de s'investir. Alors, il faut
expliquer également pourquoi est-ce que c'est important. C'est l'âme d'une
nation, la langue. C'est ce qui nous rassemble, c'est ce qui nous fait vivre.
Alors, je pense que c'est un sentiment général puis les ressources doivent être
présentes effectivement, mais aussi il faut... Comment je pourrais dire? Il
faut changer nos paradigmes puis réussir à démontrer puis à convaincre toute
l'importance d'avoir cet outil d'émancipation.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Bien oui, le
ministre a, dans son... je ne sais plus c'était en quelle année vous avez eu la
responsabilité de la Langue française. Ça
fait peut-être deux ans, deux ans et demi. Enfin, vous avez consacré énormément
de temps à la partie légale, je dirais, de la langue
française, le projet de loi n° 96. Et je sais à quel point vous avez
consacré beaucoup de temps, moi aussi d'ailleurs, mais il me semble que,
dans un prochain mandat, là, que ça soit vous ou quelqu'un d'autre, moi, je ne
serai plus là pour talonner, mais il faudrait vraiment que ça soit un objectif
prioritaire d'un ministre, on va dire, de la Langue française, le ministère
sera créé, de s'asseoir avec le ou la ministre de l'Éducation puis dire :
On a besoin d'un immense chantier là-dessus, un immense chantier. Parce que,
là, j'ai vu qu'il y avait une annonce que vous avez faite avec la ministre de
la Culture, par exemple, où j'entendais à la radio qu'enfin les artistes vont
être mieux payés pour aller passer une journée dans les écoles à parler de
culture. On parlait de culture, évidemment, implicitement, en français, mais,
justement, ils pourraient être payés pour aller dans des commissions scolaires autant anglophones que
francophones, aller dans des cégeps anglophones autant que francophones. Ça, ce
sont des initiatives très importantes, mais il faut aussi valoriser énormément
toute cette question d'apprentissage de la langue. Et ça, bien, il n'y a
pas tellement d'autres passages que celui de l'école primaire, secondaire. Et
je répète, on a très peu parlé de ces deux ordres d'enseignement parce que ce
n'était pas les points les plus visés par le projet de loi n° 96.
Mais, dans un prochain mandat, je pense que c'est... quel que soit le gouvernement
qui sera en place, c'est une ultra urgence.
Je vais vous raconter une très courte anecdote.
Ma première entrevue comme ministre responsable de la Langue française, c'était
dans une grande radio matinale francophone, et j'avais eu le malheur de dire
que la langue française était une langue complexe, difficile à apprendre, et je
ne me suis jamais fait autant ramasser que d'avoir dit que la langue était
complexe, en voulant dire : Il faut quasiment capituler. Non, ce n'est pas
ça que je voulais dire, mais on n'a pas toujours le temps de s'expliquer comme
on veut, mais c'est complexe, mais il faut... C'est la culture, la langue.
C'est pour ça que savoir écrire, savoir recevoir des artistes, parler du rap,
parler de n'importe quoi à tous nos enfants qui sont élevés à l'ère des tweets
et des traductions par traducteur automatique... Si vous écoutez... Les sous-titres des télévisions, quand c'est écrit en
sous-titres, le français est très approximatif, c'est au son, il faut décoder.
Ça ne nous aide pas, ça, du tout, du tout pour améliorer...
Moi, ça m'inquiète beaucoup, parce que moins on
possède... moins on va écouter des pièces de théâtre en français, moins on
s'intéresse à la... Le dernier qui nous a rassemblé autour, là, de la langue
française récemment, c'est le décès de Guy Lafleur. Voilà un héros national,
bon, qui a fait ça en français, mais il l'a fait en anglais aussi. On sait bien, il a été dans des équipes
anglophones, mais c'était quand même le petit gars de Thurso, comme on dit, qui
parlait français avant tout.
Alors, il
faut faire plus que ça, et moi, ce que je vous souhaite, c'est... et ce que je
nous souhaite, quel que soit le parti
au pouvoir aux prochaines élections, c'est vraiment un chantier majeur sur la
qualité de la langue et l'apprentissage de la langue dans le plaisir. Je ne sais pas si vous avez des réactions
à ça, parce qu'on ne peut pas juste dire : C'est beau, c'est le
fun, c'est important.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, je suis
d'accord, puis c'est amusant également, mais effectivement il ne faut pas que
ça soit vu comme une corvée. Il faut que ça soit ludique puis il faut que ça
soit intéressant. Moi, je me souviens, j'avais une prof de français en
secondaire V, elle disait, quand le cloche sonnait : Ah! ciel que le temps
passe vite quand on s'amuse. Bien, c'est
vrai, son cours passait très vite, parce que, même si c'était de la grammaire,
même si c'était de la syntaxe, la façon dont c'était amené, c'était
superintéressant.
Alors... Mais on n'attend pas le prochain mandat
pour agir. On a beaucoup d'ententes de partenariats. Vous avez fait référence à
celui avec le domaine de la culture, au niveau théâtral, également avec
l'Université Laval, avec l'Université de Sherbrooke, relativement à la
valorisation du patrimoine linguistique. On a différentes ententes avec
Télé-Québec qu'on a annoncées également, des campagnes jeunesse avec... une
subvention avec l'UNEQ également, une tournée d'auteurs dans nos cégeps, pour
valoriser la langue des textes également. Alors... et on a des concours de
créativité lexicale également. Alors, on finance également ce à quoi vous avez
participé également avec l'Université de Montréal, le concours Délie ta langue!
Alors, on
agit sur différents volets. On va continuer de le faire, mais effectivement il y
a un chantier national à amener au niveau de la maîtrise adéquate. Et, vous le
savez, le Conseil du patronat est préoccupé par l'analphabétisme,
notamment par le fait que la qualité de la langue est peu valorisée, mais tout
le monde a un rôle à jouer, incluant les entreprises également.
Là, en créant Francisation Québec, on est venus
faire en sorte également d'amener un volet où on a créé un droit à
l'apprentissage du français. Donc, toute personne qui veut améliorer ses
compétences langagières en français va
pouvoir le faire également. Ce n'est pas uniquement destiné aux nouveaux
arrivants qui visent à apprendre la langue, mais on veut permettre aux
citoyens québécois d'améliorer leur qualité de maîtrise de la langue française.
Alors, ça démarre dès les tout-petits, je suis
d'accord, mais il faut travailler avec les différents acteurs de la société, et
c'est ce qu'on fait, donc, avec... Supposons, je donne l'exemple, avec l'ACFAS,
on a un partenariat avec l'ACFAS pour la
recherche en français. D'ailleurs, dans le projet de loi, on est venus
l'indiquer également, qu'il fallait valoriser la recherche en français.
Mais c'est sûr qu'à chaque étape de la vie d'une
personne au Québec elle ne doit pas se poser la question : Pour mon avenir, pour ma réussite, pour la façon
dont je vais élever ma famille, pour la façon dont je vais vivre ma vie,
est-ce que je ne dois pas le faire en français parce que ça va me nuire? La
réponse, c'est non. Au Québec, là, de la naissance
à la mort, vous pouvez aspirer au bonheur en français et réussir votre vie. Ça
a l'air cliché, ce que je vais dire, mais il faut sortir de cette
mentalité-là de dire : J'ai besoin d'aller travailler dans une autre
langue ou il va falloir que j'aille étudier dans une
autre langue. Les gens sont libres de le faire. Ils peuvent le faire. Le fait
de maîtriser plusieurs langues, c'est un atout. C'est une avancée, d'être
polyglotte, de voyager partout, mais il faut aussi réaliser qu'au Québec on
peut vivre une vie de succès, de bonheur et de réussite en français et on n'a
pas à être gênés de ça. Moi, j'espère que c'est ce qu'on va retenir de nos
échanges, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.Il reste 4 min 20 s au
bloc.
• (12 h 10) •
Mme David : Quatre minutes?
La Présidente (Mme Thériault) : Oui.
Mme David : Ça va vous faire
plaisir, j'étais à un lancement d'un don le plus incroyable qui a été accordé à
l'Université de Montréal, 159 millions pour faire de la recherche fondamentale,
ce qui est rarissime, là, recherche fondamentale, et je demandais au donateur,
après, qu'est-ce qui l'avait motivé, alors qu'il avait étudié à McGill,
Oxford et à Harvard. Ce n'est pas très francophone, évidemment, comme parcours.
Alors, j'ai dit : Bien, pourquoi l'Université de Montréal? Il dit :
Parce que c'est en français. C'est formidable, là, il venait de parents... un
francophone, un anglophone... parce que c'est en français, et il dit :
Parce que, si on attire, dans des grands centres de recherche, en chimie, parce qu'ils vont travailler beaucoup sur les
batteries, sur... J'ai visité les laboratoires. C'est hallucinant, mais il
dit : Ça va se faire en français, mais les gens vont venir de partout au
monde parce que ça va être vraiment un centre de pointe, mais ils vont
rester parce qu'ils vont avoir appris le français.
Donc, on va garder des chercheurs qui
connaissent la langue française. Sinon, ils vont repartir puis ils vont être agents libres partout dans le monde, mais, en
ayant été formés en français, ils vont se sentir beaucoup plus à l'aise
de pouvoir rester en français. Ça, là, des donateurs comme ça, comme dit le
recteur, il nous en faudrait beaucoup, beaucoup plus pour, justement, à travers
la recherche fondamentale et à travers l'éducation, avoir des modèles,
justement. Et je pense que ça, on n'a pas fini d'en parler. Quels que soient le
futur ou la future ministre et le futur ou la
future... le futur gouvernement, je pense que ça devra être absolument
indissociable de la partie légale. La partie légale, ça fait coercition. La partie apprentissage de la
langue française, présence de la langue française, ça, c'est vraiment ce qui
fait notre fierté, quelle que soit notre langue d'origine, d'ailleurs.
Vous allez avoir... Essayez de me dire très
rapidement, parce que la présidente me regarde, puis je sais que je n'ai plus beaucoup de temps, comment vous allez
faire pour mettre sur pied toutes ces mesures-là à partir de l'adoption de la
loi. Il me semble, ça va demander une quantité phénoménale de comités de ci, de
ça.
La Présidente (Mme Thériault) : Deux
minutes pour répondre, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors,
bien, je vais commencer ma réponse en vous disant pourquoi est-ce qu'on a débuté avec la loi. Moi, je pense que c'est
important d'avoir une assise qui est solide, qui est forte, et il y avait des
trous dans la Charte de la langue française, et, si on voulait aller
plus loin, bien, ça prend les outils pour pouvoir changer les comportements.
Moi, je pense que profondément, en politique, oui, il y a les plans d'action,
il y a les annonces, tout ça, mais, si ce n'est pas supporté par un véhicule
législatif, bien, le plan d'action y passe puis, à un moment donné, ça se peut qu'il ne soit plus financé par
certains gouvernements. Bien, comment est-ce qu'on fait pour s'assurer
que ça demeure une priorité?
Même chose, les données, durant des années, les
données ont été évacuées de l'espace public parce que ce n'était pas rendu
public. Avec le commissaire, on s'est assurés que ça va être rendu public, ça
va être vérifié, et il va avoir un suivi
également. Donc, on est venus mettre l'environnement légal, oui, mais
l'environnement légal, c'est comme un peu les règles du jeu pour dire :
Bien, voici qu'est-ce qu'on veut. On veut que le français soit priorisé, on
veut valoriser notre langue et on ne veut pas s'éteindre non plus comme
nation. Alors, ça passe par un cadre juridique fort.
Après ça, là, c'est l'argent. L'an passé, mon
collègue nous a donné 103 millions sur cinq ans. Cette année, il nous a
rajouté plusieurs millions de dollars également pour bien doter l'OQLF... pour
le ministère de la langue française. Ça aussi, c'est important. On ne l'a pas
souligné assez dans l'étude des crédits. La création du ministère de la Langue
française, là, il faut dire que c'est un ministère qui va parler d'égal à égal
avec les autres collègues, et surtout, vous
avez vu, la Charte de la langue française devient prépondérante également. Et
le ministre de la langue française, vous l'avez dit également en étude
détaillée, il a les mains un peu partout, parce que le français, c'est
paramétrique sur l'ensemble de l'État québécois, puis l'exemplarité de l'État
est fondamentale si on veut influencer le cours de la société. Alors, à votre question, on va mettre en place une politique
linguistique de l'État à l'intérieur d'une année et on va agir.
La
Présidente (Mme Thériault) :
...la députée de
Marguerite-Bourgeoys. Nous sommes rendus maintenant au bloc du côté gouvernemental, et vous avez
16 min 50 s à votre disposition. Les temps ont été ajustés. Et
je comprends que c'est le député de Chapleau qui entame le bloc.
Allez-y, M. le député.
17
851
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. J'en profite pour vous saluer, également
saluer le ministre, également ma collègue de Marguerite-Bourgeoys et les
collègues de la banquette gouvernementale.
Peut-être
commencer avec un élément qui m'a fait sourire lorsque je lisais, là, sur le
budget et les crédits concernant la
langue française. Le gouvernement consacre, dans le fond, un budget qui gagne
en importance d'année après année, et le budget
des dépenses relatif à la langue française a connu une augmentation constante
depuis 2018, passant de 29 millions en 2018‑2019
à près de 60 millions pour l'exercice en cours, 2022‑2023.
Avez-vous une idée du pourcentage de
la hausse, Mme la Présidente? Je vous le donne en mille, 101 %. Petit clin
d'oeil à notre loi 101 que nous bonifions. C'était ma petite
anecdote pour commencer.
Un sujet peut-être un peu plus sérieux, là, du
moins, pas que ce n'est pas sérieux, là, les crédits qui sont alloués au ministère puis à la langue française,
au contraire, là, mais, du moins, un sujet de préoccupation et d'inquiétude, là,
pour ma part, mais, je pense, pour la population, en lien avec l'Office
québécois de la langue française, là, aussi connu sous le nom de l'OQLF, qui
observe, année après année, une augmentation constante du nombre de plaintes qui sont déposées par les citoyens et les citoyennes
pour, évidemment, signaler de possibles contraventions à la charte... Si
on prend les années 2021 et 2022, il y a un nombre record de plaintes qui
ont été reçues par l'office.
Donc, en
10 ans, jamais les citoyens et les citoyennes n'avaient manifesté autant
d'inquiétude, là, quant au respect de leurs droits linguistiques. Le
nombre élevé de plaintes et de témoignages, évidemment, clairs, la
préoccupation qui est grandissante des Québécois et des Québécoises au regard
de la pérennité de la langue française et de leur engagement pour sa
protection... Et donc, en 2021‑2022, c'est 6 292 plaintes
qui ont été reçues. Il s'agit d'une augmentation de 45 % par rapport à
l'année précédente et de 72 % d'augmentation par rapport à 2019‑2020, Mme
la Présidente. Donc, c'est un volume très, très élevé depuis les
10 dernières années.
Évidemment, les Québécois, les Québécoises, là,
sont très préoccupés, là, surtout de la difficulté à être servis en français,
de voir des affichages qui ne respectent pas la charte et des sites Web aussi,
là, qui font fi de leurs droits d'accès à une documentation en français. Et
donc, pour bien, là, distribuer les motifs de plaintes, on parle de 31 %
qui portent sur la langue de service, 25 % sur les sites Web, 16 % pour
l'affichage public.
Et donc, comme vous le savez, l'OQLF, c'est
l'organisme qui est responsable de veiller au respect de la charte, puis il
reçoit également les plaintes qui sont déposées par les citoyennes et les
citoyens, qu'il en assure le traitement équitable, efficient et efficace. Il y
a également le nombre d'inspections, pour l'OQLF, qui a augmenté de façon
significative par rapport aux années précédentes. Donc, on recense 5 848 inspections
comparé à 3 677
l'année dernière. Donc, de ce côté-là aussi, il y a une progression qui va de
pair, évidemment, avec les plaintes.
Dans le cadre de ses activités d'inspection et
d'enquête, donc, c'est 3 408 dossiers
de plainte ont été traités et fermés comparé
à 1 164 l'année dernière. Et donc, dans ses
interventions, l'office met vraiment l'accent sur l'accompagnement des entreprises pour qu'elles
appliquent la loi et corrigent les éléments non conformes à la charte.
Ça inclut également le soutien, l'aide et le suivi qui est offert aux
entreprises qui sont visées par une plainte. Cette approche, évidemment, là, va
permettre d'obtenir des résultats... de véritables résultats, tout en évitant
le recours aux tribunaux. Donc, seul 1 % des dossiers de plainte sont
transmis en moyenne par année au Directeur des poursuites criminelles et
pénales.
Un autre
élément intéressant, c'est très important, le ministre en faisait mention
d'entrée de jeu, c'est l'augmentation,
là, constante des budgets pour renforcer les interventions de l'Office
québécois de la langue française. Ça n'a jamais été aussi élevé que sous
notre gouvernement. On a d'abord eu une augmentation, un rehaussement de
5 millions, suivi d'un autre rehaussement de 4,6 millions de
dollars. Donc, c'est très intéressant et très important. Également, en termes
de personnel et d'effectifs à l'OQLF, d'abord, une augmentation de
50 personnes puis, tout récemment, un autre 45 personnes qui viennent
s'ajouter. Donc, c'est très, très intéressant et positif à ce niveau-là.
Et
évidemment, là, comme je viens de le mentionner, on sent l'inquiétude et les
préoccupations de la population. C'est un peu le sens de ma question. Est-ce
que, dans le fond, l'augmentation des budgets et des moyens va venir
aider, Mme la Présidente, à réduire cette inquiétude croissante au sein de la
population québécoise pour notre très chère langue française, pour notre
nation? C'est tellement important, donc, tous ces nouveaux effectifs et ces
budgets qui augmentent. Ça serait peut-être ma première question pour le
ministre.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
• (12 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, merci
au député de Chapleau pour sa question. Vous savez, c'est un choix de l'État
québécois de consacrer davantage de sommes à la protection de la langue
française. Donc, écoutez, sur les 104 millions
sur cinq ans, bien, on a rajouté des sommes dans le dernier budget également
pour faire en sorte, justement, de répondre aux différents besoins qui
auront cours avec le ministère de la Langue française, mais également par
rapport au nombre de plaintes. Vous savez, on est en forte augmentation
relativement au nombre de plaintes, mais, avec les droits qui seront rendus
exécutoires avec le projet de loi n° 96, bien, les gens risquent de
déposer davantage de plaintes à l'OQLF. Puis
surtout ce qui est important, c'est que les gens aient une réponse à leur
plainte, qu'il y ait suivi.
Depuis quelques années d'ailleurs, l'OQLF,
désormais, fait réception et donne un suivi également aux citoyens, parce que,
vous savez, lorsque le citoyen appelle à l'OQLF pour faire état d'une plainte,
c'est notamment parce qu'il a été heurté dans ses droits. Il a été heurté par
rapport au fait que soit qu'il n'a pas reçu un service auquel il avait droit en
français, soit parce qu'il n'a pas été informé adéquatement en français, soit
parce que l'affichage n'est pas conforme. Et, vous savez, la situation du
français, c'est un combat de tous les instants. Il ne faut pas perdre cette... je dirais, cette vigilance-là, parce
qu'on l'a vu au cours des années, alors que le français était moins valorisé,
bien, il y avait un déclin du français, et, rapidement, les autres langues que
le français prennent la place qui est libérée.
Et surtout c'est un combat de tous les instants
également de faire respecter ces droits-là, et il y a énormément de pression
qui vient de l'extérieur, d'où l'importance de doter adéquatement le ministère
de la Langue française et l'Office québécois de la langue française avec les
ressources et les outils pour justement agir sur les différents volets, autant en matière de plaintes, de traitement des
plaintes, d'accompagnement, de recherche, également d'accompagnement des entreprises, parce que ça sera toujours, Mme la
Présidente, toujours, plus facile de dire : Bien, tout devrait se passer
en anglais, hein? On est au Canada, on est en Amérique du Nord, on est dans le
monde entier, pourquoi est-ce qu'on devrait mettre de l'argent en matière de
langue française? Pourquoi on devrait protéger le français?
C'est toujours plus simple ou... c'est toujours
plus simple également d'exiger, supposons, le bilinguisme. Pourquoi est-ce
qu'on valoriserait le français? Pourquoi est-ce qu'on ferait en sorte de
dire : On est un État-nation où est-ce
que la langue officielle, c'est le français et que ça signifie quelque chose?
Pourquoi est-ce que la nation québécoise devrait laisser tomber... Moi,
je ne suis pas là du tout, puis le gouvernement du Québec n'est pas là du tout,
mes collègues ne sont pas là du tout. Ce
n'est pas vrai, Mme la Présidente, qu'on va se résigner. On va s'assurer de
redonner au français le statut qu'il mérite et de faire en sorte que ça
soit la langue de la nation, la langue commune, la langue officielle également,
et que ça veuille dire quelque chose. Et notre meilleur outil pour ça, Mme la
Présidente, c'est l'État par son exemplarité, le député de Rosemont le
soulignait tout à l'heure, par son pouvoir financier.
Vous savez, à
la Révolution tranquille, Mme la Présidente, là, qu'est-ce que les Québécois
ont fait? Ils ont investi leur État et ils se sont servis de l'État pour
s'émanciper, parce que la nation québécoise, à cette époque-là, était
dans une situation de vulnérabilité financière, mais le peuple québécois s'est
doté de ses propres institutions, de ses outils et a fait changer le cours de l'histoire, et on est capables de faire ça
également avec la langue française. Alors, c'est pour ça qu'on est heureux de donner... pas de donner, mais
d'octroyer les ressources nécessaires à l'Office québécois de la langue
française, au ministère de la Langue française.
Et d'ailleurs
je tiens, vous me permettrez de le faire sur mon temps, Mme la Présidente, à
remercier l'ensemble des équipes,
qu'elles soient à l'Office québécois de la langue française, au SPVLF, au
ministère de la Justice, l'ensemble des collègues également de la partie
gouvernementale qui ont contribué, Mme la Présidente, depuis les trois
dernières années, à la vitalité, et à la reconquête, et à la relance
linguistique au français. Alors, je peux vous dire que c'est vraiment un
travail d'équipe et c'est grandement apprécié. Et surtout, je sais, Mme la
Présidente, que c'est partagé également par des collègues d'opposition, parce
qu'il y a beaucoup de personnes dans cette Assemblée qui ont à coeur le
français, mais parfois qui se retrouvent dans une situation où la liberté
d'expression peut être réduite.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de Chapleau.
17
851
M. Lévesque
(Chapleau) : Parlant de relance et de reconquête, Mme la Présidente,
vous savez que, dans le projet de loi
n° 96, là, on vient... le gouvernement vient assujettir les entreprises,
là, entre 24 et 49 personnes également à la charte pour pouvoir
justement bien franciser en milieu de travail, également, on l'a mentionné, là,
les entreprises à charte fédérale, pour s'assurer qu'elles respectent la loi,
la Charte de la langue française du Québec, et donc le droit de travailler en français pour les Québécois.
Également, il y a beaucoup de mesures pour la francisation en entreprise.
Et donc ça vient bonifier le projet de loi
puis également tout ce qui touche notre langue française, comme le disait le
ministre.
Puis
justement, c'est une petite question, là, en complémentaire, là, comme on aime
me dire ici. Donc, en quoi, dans le fond, le projet de loi n° 96 puis les
fonds et les crédits qui sont accordés, là, aujourd'hui, pendant le budget, ça
vient, dans le fond, offrir à l'office les outils nécessaires, à l'office, mais
aussi en général... les outils nécessaires, là, pour intervenir plus efficacement auprès des entreprises, là, afin
qu'elles respectent les droits linguistiques des Québécoises et des
Québécois?
15
359
M. Jolin-Barrette : Bien,
juste pour l'OQLF, Mme la Présidente, là, 2017‑2018, on parlait de
24,1 millions; 2018‑2019, 24,1; 2019‑2020, 23,9; 2020‑2021, 29,8; 2021‑2022,
29,7; et 2022‑2023, 32,6 millions. Donc, vous comprenez qu'on part... de 2017 à 2022, on part de 24,1 millions à
32,6 millions, ce qui est une augmentation, là, du tiers, quasiment...
en fait, même, 41 %, par rapport à 2019‑2020, et, par rapport à 2020‑2021,
10,5 % d'augmentation. Le ministère de la Langue française, on part... on
est rendus à 58.
Donc, c'est des sommes qui sont substantielles,
justement, pour avoir les outils pour engager des gens. Et, à l'OQLF, là, on va
avoir près de 338 employés qui vont être embauchés. C'est un des plus
hauts niveaux depuis fort longtemps, Mme la Présidente. Et c'est sûr que, si on
veut avoir un moyen d'action, bien, ça prend des gens pour influencer le cours
de la situation linguistique, et il faut que l'OQLF ait des bras pour
travailler, et c'est justement ce que l'OQLF a, et il y a une grande diversité
au sein de l'OQLF, Mme la Présidente, de fonctions. Tout à l'heure, Mme la présidente-directrice
générale l'énonçait, mais on se retrouve dans... avec des corps d'emploi au
niveau de différents volets.
Alors, bref, honnêtement, moi, ça m'enthousiasme
que le ministre des Finances ait décidé d'octroyer... et d'en faire une priorité au niveau de la langue
française. Et surtout je souhaite qu'à travers le temps, Mme la Présidente,
ce niveau de financement là soit maintenu et même accru par tous les
gouvernements lorsqu'on va être dans 10, 15, 20, 25 ans, Mme la Présidente.
Il faut en faire une priorité nationale. Et le fait d'avoir le Commissaire à la
langue française va justement permettre de surveiller les gouvernements
successifs et de dire : Peut-être que vous n'avez pas investi assez ou
peut-être que vous ne prenez pas les bons indicateurs linguistiques, et on aura
un chien de garde pour assurer la pérennité du français, ce qui est une très
bonne chose.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de Saint-Jean, il vous reste 3 min 25 s.
17
879
M. Lemieux : Je
vous signale en passant que vous avez tout le droit de me ramener à l'ordre
parce que j'ai toujours l'habitude de parler à celui à qui je pose la question,
mais, comme c'est des crédits, on a un petit passage supplémentaire.
Il
faut que je vous dise que la députée de Marguerite-Bourgeoys m'a beaucoup
inspiré en parlant de recherche. On a parlé de recherche en français, et,
pendant les consultations particulières, il y en avait été largement état, mais
de la recherche sur le français aussi, quand elle a regardé l'organigramme tout
à l'heure avec la P.D.G. de l'OQLF. Et, en
tout début de séance, le ministre nous a dit : Il faut se... bien, pas
nous a dit, mais a rappelé une citation de quelqu'un en disant : Il
faut se dire les vraies affaires. Et, en fin de séance, il a dit : Les
données sur l'état du français n'avaient pas vraiment été aussi publiques qu'on
aurait voulu qu'elles le soient depuis quelques années. Et ça, pour moi, c'est
fondamental, et je voulais saisir l'opportunité de lui poser la question à
travers vous, Mme la Présidente, parce que, vous
savez, quand on parle du déclin du français, là, on a beau le stopper, le
déclin, là, on est encore déclinés, là, nous autres, là.
Donc, quand
j'entends, dans le discours du ministre et dans la bouche des autres, parler de
pérennité du français, là, j'aime ça, parce qu'on a du rattrapage à faire,
parce qu'il y a eu un déclin, c'est clair. On s'est réveillés ici, avec
la dernière étude de l'OQLF en disant : Bien, voyons donc, «Bonjour! Hi!»,
ce n'est pas juste anecdotique, ce n'est pas juste
un petit problème, c'en est un gros, tellement que le ministre, à un moment
donné, avant de déposer son projet de loi, a même considéré légiférer
là-dessus. De toute évidence, il n'a pas trouvé comment faire, mais ce n'était
pas une mauvaise idée du passé.
Mais moi, ça
m'énerve, parce que, si on se fie seulement à l'anecdote, justement, si on se
fie seulement au travail journalistique puis qu'on n'a pas les données
fondamentales, qu'on n'a pas les études, la recherche pour nous dire où on est, où on s'en va, qu'est-ce qu'il nous reste,
qu'est-ce qu'il nous reste à faire pour améliorer la qualité du français,
bien, où on est rendus dans cette capacité de ne pas juste décliner, mais
d'exploser le français comme on a besoin de le faire pour avoir une meilleure
qualité?
Alors, moi, je me dis, ces recherches-là, M. le
ministre, il en faut plus. Il faut évidemment que les données qui en découlent
soient publiées davantage, que tout le monde soit conscient du problème qu'on a
puis ne pas juste se dire : Aïe! Ça
parle-tu assez anglais à Montréal? Non, c'est tout le Québec qui doit être
conscient de l'état de la situation. Et je vous le demande avec la
minute qui vous reste pour me répondre, M. le ministre, je vous demande de
m'expliquer comment on va faire pour suivre à la trace les progrès ou les
problèmes qu'on aura eus au cours des prochaines années avec l'avènement de la
loi n° 96 qui va renouveler cette Charte de la langue
française qui nous est si chère.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
vous avez 27 secondes pour répondre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors, c'est une bonne question, M. le député
de Saint-Jean. Dans le fond, désormais, on va être obligés de déposer le
rapport sur la situation linguistique ici, à l'Assemblée nationale, également,
ce qui n'était pas le cas auparavant. Donc, les parlementaires devront, aux
cinq ans, avoir le rapport. Et surtout il peut y avoir des rapports
intérimaires aux deux ans également qui peuvent être déposés. Et l'autre point
qui est important également, le Commissaire à la langue française va avoir ces
pouvoirs de surveillance pour, notamment, indiquer les indicateurs de suivi
linguistique en collaboration avec l'OQLF. Alors, le commissaire va être
partout.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme Thériault) : Et
ceci met fin à l'échange. Merci, M. le ministre.
Adoption des crédits
Donc, le temps alloué à l'étude du volet
Protection de la langue française des crédits budgétaires portefeuille Justice étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de ces crédits. Donc, le programme 7, intitulé
Langue française, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division
La Présidente (Mme Thériault) : Sur
division.
Documents déposés
Donc, en terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au
mercredi 27 avril, où elle entreprendra l'étude des crédits
budgétaires du portefeuille Culture et Communications. Merci à tous.
(Fin de la séance à 12 h 32)