Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 29 mars 2022
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Vol. 46 N° 28
Étude détaillée du projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur national de l’élève
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Intervenants par tranches d'heure
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Guillemette, Nancy
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Rizqy, Marwah
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Roberge, Jean-François
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Rizqy, Marwah
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Labrie, Christine
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Roberge, Jean-François
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Guillemette, Nancy
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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Charbonneau, Francine
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Rizqy, Marwah
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Guillemette, Nancy
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Rizqy, Marwah
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Roberge, Jean-François
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Kelley, Gregory
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Labrie, Christine
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Labrie, Christine
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Rizqy, Marwah
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Émond, Jean-Bernard
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Charbonneau, Francine
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Maccarone, Jennifer
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Guillemette, Nancy
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Roberge, Jean-François
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Maccarone, Jennifer
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Rizqy, Marwah
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Charbonneau, Francine
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Allaire, Simon
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Jeannotte, Chantale
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Foster, Émilie
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Émond, Jean-Bernard
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Poulin, Samuel
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Lemieux, Louis
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures cinquante et une minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 9, Loi sur le protecteur
national de l'élève.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Chassin (Saint-Jérôme) sera remplacé par Mme Jeannotte (Labelle);
Mme David (Marguerite-Bourgeoys), par Mme Maccarone Westmount—Saint-Louis;
Mme St-Pierre (Acadie), par Mme Charbonneau (Mille-Îles); et Mme Dorion
(Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la secrétaire. Donc, aujourd'hui, nous poursuivons l'étude
avec l'amendement proposé par la députée de Saint-Laurent à l'article 5 du
projet de loi. Donc, est-ce qu'il y a des interventions <sur
l'amendement...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...l'article 5 du projet de loi. Donc,
est-ce qu'il y a des interventions >sur l'amendement de Mme la
députée? Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bon retour à tout le monde. Et c'est reparti! Très contente
de pouvoir siéger à nouveau. Je me demandais : Est-ce que le ministre et
son équipe ont eu l'occasion de parler directement avec le conseil de
l'enseignement des Premières Nations pour, justement... d'avoir leur avis suite
au dépôt de cet amendement?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Bien, il y a des discussions qui sont continues avec l'ensemble des
partenaires, dont les représentants des communautés autochtones.
Mme Rizqy : Puis, dans le
cadre de cet échange, vous êtes arrivé avec une entente ou pas du tout?
M. Roberge : Mme la
Présidente, je vais... on va faire nos travaux en commission, ici, là, on ne
fera pas de procès-verbal ou de... je dirais, de compte rendu des discussions
qu'on a avec chacun des groupes, là, qui sont en continu. Même, je sais, il y a
des groupes qui nous textent, qui nous écrivent. Lorsqu'on travaille en
commission, il y a des appels qui se font tard le soir, la fin de semaine.
Donc, on est toujours en train de discuter avec chacun des groupes. Et puis...
Bien, je pense, ma collègue veut revenir sur l'amendement qu'elle a déposé, en
réalité. Comme... Si on revient un peu sur sa proposition, c'est d'avoir, d'une
certaine façon, deux protecteurs nationaux, puis ma collègue me corrigera. Or,
il me semble qu'il est plus opportun d'avoir un protecteur national de l'élève.
Mme Rizqy : Non, ce n'est pas
ça que l'amendement dit. Le protecteur national reste au niveau national, mais
le ministre nomme des protecteurs régionaux de l'élève et un protecteur de
l'élève autochtone. Donc, ça rentre... Le protecteur national demeure toujours
au niveau national, ça, je tiens à vous rassurer, M. le ministre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, on a une
incompréhension ici, parce que, quand je lis l'amendement, on dit «un
protecteur de l'élève autochtone pour l'ensemble du territoire du Québec».
Donc, s'il couvre l'ensemble du territoire du Québec, il n'est donc pas
régional. S'il n'est pas régional, c'est qu'il est national.
Mme Rizqy : Non.
M. Roberge : Donc, je
comprends l'intention de bien traiter les plaintes qui peuvent émaner des
nations inuites et autochtones, mais je pense que, dans le projet de loi, de la
manière qu'il est conçu, on veut traiter toutes les plaintes. On veut, dans le
fond, accueillir toutes les plaintes, toutes les doléances, peu importe
qu'elles arrivent d'un élève qui appartienne au réseau... qui fréquente le
réseau francophone, qui... le réseau anglophone ou qui appartient aux Premières
Nations.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Évidemment, mon
tableau, vous comprendrez que, là, c'est... On fait les discussions pour être
sûr de bien comprendre. On a le protecteur national qui siège en appel ou en
révision, et on a les protecteurs régionaux qui siègent selon le territoire
établi qui va leur être désigné, et le protecteur désigné pour les Premières
Nations, qui, lui aussi, est en première instance. Il n'est pas en appel ni en
révision. Il va quand même être assujetti aux mêmes règles que la loi attribue,
c'est-à-dire que l'élève et le parent pourront toujours, par la suite,
s'adresser au protecteur national.
M. Roberge : Bien, je
comprends l'organigramme, là, de ma collègue, mais ça vient créer comme une
autre catégorie de... L'institution que l'on crée est constituée... D'abord,
c'est important de mentionner, là, d'abord, les plaintes se font à l'école,
s'il le faut, à la commission scolaire, au centre de services scolaire. Donc,
ça se règle localement, là, c'est ce qu'on souhaite. Mais l'institution du
protecteur national est divisée en protecteurs régionaux, protecteur national.
Ma collègue créerait comme une autre catégorie, protecteur couvrant tout le
territoire du Québec, destiné seulement aux élèves autochtones. S'il couvre
tout le territoire, il se trouve à être national autochtone. Bref, je trouve,
ça s'insère mal, là, dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Tout le monde,
tous les élus, on a tous reçu le rapport de la commission Viens, tout le monde.
C'est toute une catégorie en soi, les Premières Nations. C'est un peuple
complet, c'est une nation, et, dans le rapport Viens, il en est mention. Puis
c'est sûr que notre approche doit changer. Et c'est aussi l'engagement du
premier ministre du Québec, que notre approche change. Et, par conséquent, on
ne peut pas les traiter de la même façon qu'on va traiter les élèves de
Montréal, les élèves de Sherbrooke, les élèves de Trois-Rivières puis les
élèves de Québec. Leur réalité, elle est différente, elle est tellement
différente que leur taux de diplomation n'est même <pas proche...
Mme Rizqy :
...elle
est différente, elle est tellement différente que leur taux de diplomation
n'est même >pas proche, mais tellement pas proche des élèves du Québec.
Et c'est ça, moi, que je trouve alarmant et c'est ça qui doit changer.
Et de ce que je comprends de vos
discussions, autant au ministère de l'Éducation, que le ministère des Affaires
autochtones, de votre collègue en fin de semaine, vos discussions se sont...
ont terminé en disant que c'est un problème de logistique. On ne peut pas être
sérieux dans une démarche de nation à nation si on se limite à des impairs... à
des impératifs logistiques. Il y aura toujours une excuse pour ne pas traiter
de nation à nation. Mais, si on veut être sérieux puis donner suite au rapport
Viens et à toutes les discussions que nous avons eues avec les Premières
Nations, ça va nous prendre, aujourd'hui, là, un engagement du gouvernement
pour s'assurer qu'il y a un protecteur de l'élève pour les Premières Nations et
que, oui, ça va demander un effort logistique, mais que, oui, le gouvernement
du Québec a entendu cet appel.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, je pense qu'on peut, de manière exemplaire, traiter toutes les
plaintes sur le territoire du Québec, peu importe, là, où habite l'élève ou
l'appartenance de l'élève à une nation autochtone ou pas. Je rappelle qu'il y
a... à l'article 16, ce qui est prévu, c'est que toutes les formations
nécessaires soient données. Et, vous savez, les institutions nationales, bien,
elles sont nationales. Il n'y a pas, par exemple, de Protecteur du citoyen
dédié aux citoyens qui appartiennent aux nations autochtones, et c'est tout à
fait correct, je pense. Je ne pense pas qu'il y a un bris de confiance entre la
Protectrice du citoyen et les gens qui appartiennent ou qui habitent sur les
territoires des nations autochtones.
Donc, je ne pense pas qu'il faut y voir,
je ne sais pas trop, là, un problème théorique, là, qu'il y aurait entre le
gouvernement et les nations, absolument pas. D'ailleurs, le projet de loi
couvre enfin les nations autochtones. En ce moment, au moment où on se parle,
les articles de loi de la Loi sur l'instruction publique qui traitent des
protecteurs de l'élève ne traitent pas des nations autochtones. Donc, on vient
les protéger, on vient les considérer avec ce projet de loi là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le ministre,
c'est quoi, le taux de diplomation général au Québec?
M. Roberge : Écoutez, Mme la
Présidente, je vais répondre à ça, mais je ne veux pas partir dans un jeu de Génies
en herbe pour sortir des chiffres, pour voir si, là, on connaît les taux de
diplomation des différentes communautés. Mais, après sept ans, on est autour de
81,2 %, après sept ans, pour diplomation et qualification. Et je sais très
bien que, dans les commissions scolaires à statut particulier, malheureusement,
le taux de diplomation est plus bas. Mais ça ne change pas le fait qu'on est
capable de se donner une institution nationale pour traiter les plaintes qui
viennent de partout au Québec.
• (10 heures) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Donc, on peut
dire que, plus ou moins, le taux de diplomation de la population générale au
Québec est autour de 80 %. Quel est le taux de diplomation des Premières
Nations?
M. Roberge : Il faudrait que
je fouille dans mes chiffres, je sais qu'il est bien inférieur,
malheureusement. C'est pour ça qu'on travaille fort à mieux les financer puis à
mieux les accompagner. Mais, avec respect, Mme la Présidente, il y aura des
protecteurs régionaux qui seront destinés à des régions et à des territoires où
il y a des commissions scolaires à statut particulier, je pense à la commission
scolaire crie Kativik en particulier, mais je sais qu'à du Littoral il y a une
grande... je ne dirais pas communauté autochtone, une grande présence
d'autochtones. Donc, ils auront, sur ces territoires-là, un protecteur régional
qui est dédié, qui connaît bien la réalité puis qui connaît bien le processus
de plainte de l'établissement qui est sur le territoire.
Mais il faut rassembler, Mme la
Présidente, là, il ne s'agit pas de penser ou d'alléguer, là, qu'on ne voudrait
pas bien traiter les plaintes qui viendraient d'une communauté ou d'une nation
autochtone. Ce n'est vraiment pas, vraiment pas l'intention.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Donc, vous
connaissez le taux de diplomation pour la population générale, vous ne
connaissez pas le taux de diplomation pour la population plus spécifique des
Premières Nations. Selon les données du ministère, qui sont en date de 2017, 80 %
de la population du Québec, en général, obtiennent leur diplôme. C'est
exactement l'inverse pour les Premières Nations : 80 % d'entre eux
n'obtiennent pas de <diplôme...
>
10 h (version révisée)
<17883
Mme
Rizqy :
...de >diplôme. C'est plus qu'un peu inférieur,
c'est dramatique. Et c'est de là notre obligation, à nous, comme législateurs,
de traiter différemment, parce qu'ils sont malheureusement différents,
lorsqu'on regarde le taux de diplomation, puis ça prend une attention
particulière.
Je vais vous donner un exemple. Il y a
deux ans, nous étions tous ensemble, mes élus... les élus qui sont ici avec
nous, dans l'autre salle, Pauline-Marois, il y avait les crédits. J'ai posé la
question spécifique au sous-ministre pour les Affaires autochtones, donc, on a
un sous-ministre pour les Affaires autochtones. À chaque fois que je posais des
questions, là, bizarrement, il n'y avait jamais de réponse, on allait me
revenir. On n'est jamais revenu. On a même posé la question spécifique sur les
élèves des Premières Nations qui étaient confiés à la DPJ et qui étaient à
Montréal, dans des salles de gym, à faire du yoga puis que... au lieu d'être
scolarisés. Il n'y a personne, à part le journal, qui a sorti cette nouvelle.
Alors, c'est pour ça que ça prend une attention particulière.
Puis, si vous prenez l'organigramme, puis,
évidemment, je n'ai pas imprimé l'organigramme au complet du ministère de
l'Éducation, là, j'aurais manqué d'encre, là, mais, ici, là, on a un sous-ministre
aux Affaires autochtones, donc on a un sous-ministre qui est quand même dédié,
là, un sous-ministre adjoint, là. Donc, moi, je ne comprends pas pourquoi
qu'aujourd'hui, si c'est juste un problème de logistique, là... C'est ça que
vous avez dit au conseil de l'enseignement des Premières Nations, un problème
de logistique. Pouvez-vous élaborer? C'est quoi, l'enjeu logistique qui bloque,
au ministère de l'Éducation, pour donner suite à cette demande?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Monsieur le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, la raison pour laquelle on a conçu le projet de loi de cette
manière-là, c'est parce qu'on voulait avoir un interlocuteur, une institution nationale
forte, une institution nationale forte, qui est responsable, puis on le verra
dans les articles suivants, notamment le 16, mais d'autres articles, qui vient
faire de la coordination nationale, qui vient assurer une équité tout en
laissant aux protecteurs régionaux de l'élève une grande autonomie puis en
assurant une compétence puis une formation à toutes les instances régionales.
Donc, il y a un équilibre entre avoir une
institution nationale qui est très, très forte, qui n'existe pas au moment où
on se parle, hein, on n'est pas en train d'améliorer le Protecteur national de
l'élève, il n'existe pas, le Protecteur national de l'élève... où on se parle,
il n'y a que des protecteurs de l'élève affiliés, j'ai même le goût de dire «inféodés»
aux organisations locales, et il n'y en a juste pas pour les commissions
scolaires à statut particulier. Donc là, on leur donne, dans ces régions-là,
des protecteurs régionaux, qu'ils n'ont pas, on leur donne accès à une
institution nationale, on prévoit qu'il y ait des formations continues
essentielles.
Donc, c'est un pas en avant
extraordinaire. Je pense qu'on vient enfin protéger tous les élèves. Je n'ai
pas envie de dire «ces élèves», j'ai envie de dire tous les élèves du Québec.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Madame la députée.
Mme Rizqy : J'allais juste...
j'allais... Brièvement, puis je vais céder la parole à ma collègue, là, il n'y
a personne ici qui remet en question que c'est une avancée. C'est juste que,
tant qu'à avancer, faisons-le correctement. Puis il y a une demande spécifique
des Premières Nations, qui fait aussi suite au rapport de la commission Viens
et... qu'on ne peut pas traiter, sincèrement, là, les élèves de Premières
Nations de la même façon que tout autre élève, parce que leur réalité est
tellement différente non seulement de leur milieu de vie, de leur habitation,
de leur alimentation, de l'eau potable qu'ils n'ont pas, et que leur taux de
diplomation est inversement celui du Québec. Et ça... c'est ça, l'enjeu et...
c'est qu'ils ont besoin d'une attention particulière et, j'irais plus loin,
d'un message fort que le gouvernement du Québec croit sincèrement que la
démarche de nation à nation commande l'établissement d'un protecteur dédié aux
Premières Nations. Je vais m'arrêter ici, je vais céder la parole, madame la
présidente, à ma collègue de Sherbrooke.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Madame la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, madame la
Présidente. Moi, ça me surprend, qu'on ait cette conversation-là, bien
honnêtement, parce que je m'attendais que l'amendement soit apporté par le
ministre. Moi, ça, c'était mon attente, ici, puis là il y a comme eu quelques
secondes où ça ne s'est pas passé, puis là c'est ma collègue de Saint-Laurent
qui a déposé l'amendement. Puis je n'en reviens pas encore, je pense.
Honnêtement, je n'en reviens pas encore qu'on doive procéder comme ça puis que
ça doive être une demande de l'opposition d'intégrer cet amendement-là.
Moi, je sors tout juste de l'étude du
projet de loi n° 1, sur les services de garde,
dans lequel le ministre a inclus d'emblée les demandes des Premières Nations
pour s'assurer que son projet de loi réponde à leurs besoins, à leurs demandes,
et on n'a pas eu à faire cette bataille-là. J'ai le souvenir d'avoir travaillé
sur un projet de loi avec la ministre des Aînés, un projet de loi sur les <proches..
Mme Labrie :
...j'ai le souvenir d'avoir travaillé sur un projet de loi avec la ministre des
Aînés, un projet de loi sur les >proches aidants dans lequel elle avait
inclus d'emblée également des choses, dans son projet de loi, sans qu'on ait
besoin de faire la moindre bataille, pour s'assurer de répondre aux besoins des
communautés autochtones. Puis là on arrive ici, puis non seulement le
gouvernement, il n'y pense pas lui-même, mais, en plus, ils ne sont pas ouverts
quand l'opposition lui rappelle qu'il faudrait faire ça.
Moi, ça, ça me... Je ne comprends pas. Je
ne comprends pas où on se trouve, là, puis devant quel gouvernement on se
trouve, parce que je pensais que la voie était tracée puis qu'on travaillait à
la réconciliation puis j'avais vu des signaux dans ce sens-là. Pas toujours
aussi rapides qu'on l'aurait souhaité, mais j'en voyais, j'en voyais, quand
même.
Puis là je n'en vois plus, là,
aujourd'hui. Comment ça, que ce n'est pas le gouvernement qui dépose cet
amendement-là? On a le Conseil d'éducation des Premières Nations qui prend le
temps de déposer un mémoire pour nous dire : On aurait besoin de ceci, puis
là le gouvernement ne le fait pas puis il refuse même de le faire quand on le
lui rappelle. C'est comme mettre les brakes sur un trajet qui était pourtant
amorcé de manière intéressante.
Ce qu'ils nous disent, là, c'est qu'ils
ont besoin de ça pour la sécurisation culturelle des élèves autochtones. La
sécurisation culturelle, c'est quelque chose de très important, qui a été
présent dans le rapport Viens, dans le rapport Laurent, ça a été nommé très
clairement. Puis, oui, ça a été nommé, qu'il y a un bris de confiance envers
les institutions publiques. Le ministre dit qu'il n'y a pas de bris de
confiance. Il va falloir relire quelques rapports parce que ça a été nommé très
clairement, qu'il y a un bris de confiance magistral des autochtones, des
Premières Nations envers les institutions publiques. C'est de ça dont il est
question depuis des années, là. Il est établi, il est nommé, les exemples
abondent, de bris de confiance des membres des Premières Nations envers nos
institutions publiques, puis ils nous disent : Bien là, nous, pour des
enjeux de sécurisation culturelle, on aurait besoin d'avoir ici un des
protecteurs régionaux qui va être dédié aux élèves autochtones. Ça va répondre
à notre besoin de sécurisation culturelle. Puis là le ministre ne veut pas.
Bien, qu'il nous explique comment il va
faire pour répondre à la demande de sécurisation culturelle. Parce que, là,
moi, ce que j'ai entendu du ministre, c'est qu'il allait pouvoir le faire de
manière exemplaire, de traiter les dossiers autochtones. Bien, moi, j'aimerais
ça qu'il nous dise qu'est-ce qu'il va mettre en place très exactement pour
répondre au besoin de sécurisation culturelle des communautés autochtones s'il
ne veut pas être à l'écoute de leurs recommandations pour y arriver.
• (10 h 10) •
Je n'ai pas entendu, moi, jusqu'à
maintenant, quels moyens seraient mis en place pour répondre au besoin de
sécurisation culturelle, puis on ne sortira pas d'ici tant qu'on n'aura pas la
certitude qu'on va répondre au besoin de sécurisation culturelle pour les
autochtones. Il me semble que c'est nécessaire, là, dans la démarche de
réconciliation qu'on est tous en train de vouloir accomplir ici, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, il faut
voir que dans le projet de loi, dans la loi, les plaintes sont d'abord traitées
par les écoles. Donc, si je fréquente une école de la commission scolaire crie,
je suis membre d'une nation autochtone, bien, le projet de loi n'enlève
absolument rien. Au contraire, il vient inscrire qu'il faut qu'il y ait un
système de traitement des plaintes qui soit adéquat. On vient renforcer la
protection de ces élèves-là par leur communauté, par leur institution. La
commission scolaire cri sera mieux outillée, aura un système de traitement des
plaintes qui sera supérieur grâce au projet de loi. Donc, on vient protéger cet
élève-là, qui fréquente cette école-là, par une amélioration. Parce que, quand
on crée le protecteur national, les protecteurs régionaux, c'est excellent,
mais on vient aussi s'assurer qu'il y a un bon système de traitement des
plaintes partout. On ne vient pas le faire du haut vers le bas, mais on vient
s'assurer que les communautés se donnent un meilleur système de traitement des
plaintes. Donc, on protège cet élève-là, non pas en ramenant tout au national
puis en disant : C'est le ministère qui va venir traiter la plainte puis
dire comment... quelle sera la conclusion, on vient renforcer l'instance locale
qu'est l'école.
Après ça, on vient renforcer l'instance
régionale, qui est... qui appartient à la communauté, supposons la commission
scolaire crie, là, on vient renforcer sa légitimité. On dit : Bien, en
deuxième instance, ça se passe là. Après ça, on donne un protecteur régional.
Donc, supposons, les gens qui habitent en Jamésie, bien, ils auront leur
protecteur régional qui connaît très bien la réalité du terrain, qui sera
habilité à connaître, même, je vous dirais, les us et coutumes de cette
commission scolaire-là en particulier, mais, ultimement, et là-dessus peut-être
que ma collègue n'est pas d'accord, mais on y reviendra, ultimement, même si ça
se rendait au protecteur régional, lequel est affecté, il connaît très, très
bien cette communauté-là, le protecteur fera une recommandation, et la décision
finale appartiendra à la commission scolaire crie, par exemple. Donc, on ne va
rien enlever, on vient renforcer <l'institution....
M. Roberge :
...à
la commission scolaire crie, par exemple. Donc, on ne va rien enlever, on vient
renforcer >l'institution.
Je pense que ma collègue a déjà mentionné,
puis on le traitera plus tard, mais elle voudrait que ça soit exécutoire, les
décisions. Là, on vient un peu déposséder la communauté de la gestion et de
l'administration, mais nous, on veut que ça soit une recommandation, un regard
différent issu des formations puis de la compétence qu'il y aura au protecteur
national et aux protecteurs régionaux. Mais d'aucune manière, là, on ne vient
s'attaquer à des instances. Au contraire, on vient renforcer les instances
régionales, les instances qui sont gouvernées par les nations.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Bien,
d'abord la réponse du ministre fait totalement abstraction d'une réalité très
importante au Québec : les autochtones ne vivent pas tous dans les
communautés autochtones. Il y en a un très grand nombre qui fréquentent des
écoles régulières, qui ne sont pas dans des centres de services autochtones.
Donc, ça, c'est une réalité dont le ministre semble faire totalement
abstraction, là, dans sa réponse. Des autochtones, il y en a... il y en a
partout, là, il y en a Montréal, qui fréquentent le CSSDM. Je... Moi, je trouve
ça très important.
Puis que... je n'ai pas eu la réponse à ma
question. Ma question, c'était : Qu'est-ce qui est prévu pour répondre au
besoin de sécurisation culturelle des communautés autochtones, des élèves
autochtones? Là, ce que le ministre m'explique, c'est le modèle général qui va
être appliqué à tout le monde. Bien, je pense que l'expérience de Joliette nous
démontre qu'on ne peut pas appliquer un même modèle à tout le monde puis penser
que ça va répondre aux besoins de tout le monde de manière égale, là. Si on n'a
pas appris ça de la mort de Joyce Echaquan, je pense qu'on n'a pas appris
grand-chose, là.
C'est sûr, quand on parle de sécurisation
culturelle, ça veut dire de prévoir des modalités particulières, des accès à un
interprète, par exemple, tu sais. C'est le genre de choses dont on a besoin
pour la sécurisation culturelle. Moi, j'ai entendu le ministre m'expliquer le
modèle général de ce qu'il mettait en place. C'est très bien. Ce modèle général
là ne prévoit absolument rien de spécifique pour les communautés autochtones.
Et c'est là qu'on échappe un très gros morceau pour la sécurisation culturelle,
parce que ça ne peut pas être «one size fits all», là, ça, ça ne marchera pas.
Ça a démontré qu'on échouait quand on procède comme ça. Ce n'est pas vrai que,
dans nos systèmes publics, que ce soit la santé ou l'éducation, que, quand on
applique la même chose pour tout le monde, on répond au besoin de sécurisation culturelle
des communautés autochtones. Puis c'est ça que nous dit le rapport Viens puis
c'est ce que nous dit le rapport Laurent également.
Donc, à un moment donné, il va falloir se
rendre à l'évidence qu'il y a un bris de confiance envers ces personnes-là. On
ne répond pas à leur besoin de sécurisation culturelle. Il faut mettre en place
des choses spécifiques pour répondre à leurs besoins, puis ça n'a pas été fait
jusqu'à maintenant.
Puis là ils nous proposent une façon d'y
arriver, le ministre refuse d'entendre cette proposition-là, qui vient du
Conseil d'éducation des Premières Nations, puis je n'ai pas entendu sa
proposition à lui pour y arriver. Il va falloir qu'il ait au minimum une
proposition à lui pour répondre au besoin de sécurisation culturelle s'il ne
veut pas entendre la proposition des communautés. Il faut leur proposer quelque
chose de spécifique.
Moi, je ne suis pas d'accord qu'on mette
en place un système qui va être identique pour tout le monde en prenant pour
acquis que, parce que c'est identique pour tout le monde, ça va bien répondre
aux besoins des communautés autochtones. Ils nous disent le contraire. Depuis
des années, déjà, que ça ne fonctionne pas comme ça, qu'il faut prévoir des
choses spécifiques pour eux. Si cette solution-là ne fonctionne pas pour le
ministre, qu'il nous le dise. Puis je la répète, ma question : Qu'est-ce
qui va être prévu pour répondre au besoin de sécurisation culturelle des élèves
autochtones puis de leurs familles?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. À l'article 16... là, on est à l'article 5, mais, à
l'article 16, on parle du fait que le protecteur national veille à ce que
les protecteurs régionaux reçoivent la formation pertinente à l'exercice de
leurs fonctions. Donc, on peut penser à un protecteur régional qui est dans une
zone où on a, par exemple, une commission scolaire à statut particulier, on va
dire crie ou Kativik, mais on peut penser aussi à des protecteurs régionaux
ailleurs au Québec qui auront sur leur territoire des membres des nations autochtones.
Bien, ils l'auront aussi, cette formation.
Il y a aussi le fait que le protecteur a
le devoir d'assurer la prestation de services et de prendre toutes les mesures
administratives requises. Donc, ça, ça peut vouloir dire justement d'avoir
accès à des interprètes, d'avoir accès à des formations, de développer des
compétences pour être capable de répondre à ces besoins-là. Mais, je le répète,
par rapport à la situation actuelle, les élèves qui fréquentent les écoles en
communauté ou toutes les écoles du Québec ont un niveau de protection bien
supérieur à ce qu'il y a actuellement. En ce moment, là, qu'on soit autochtone
ou non-autochtone, le système de traitement des plaintes varie d'une école
privée à une école publique, à un centre de services, à si je suis scolarisé à
la maison. Après ça, le système est différent. Après ça, c'est très, très long,
et, si, finalement, on se rend au protecteur de l'élève, bien, on n'est pas
trop <certain...
M. Roberge :
...et,
si, finalement, on se rend au protecteur de l'élève, bien, on n'est pas trop >certain,
parce qu'il est en lien direct avec la commission scolaire ou le centre de
services. Là, on vient tout nettoyer ça, puis c'est au bénéfice de tous les
élèves du Québec.
Qu'est-ce qu'on fait de différent pour les
élèves autochtones? Bien, l'affaire, c'est qu'on traite chaque élève en
fonction de ses besoins. C'est ça, le mandat du protecteur de l'élève. Chaque
élève, donc l'élève qui a un trouble du spectre de l'autisme, l'élève qui a un
handicap léger, l'élève qui a un handicap lourd, l'élève qui est scolarisé à la
maison, l'élève qui est anglophone, oui, l'élève qui est autochtone aussi, il
faut outiller notre institution qu'on est en train de bâtir pour qu'elle soit
capable de répondre à toutes ces particularités-là.
Et je comprends qu'on est à l'article 5,
mais on ne peut pas faire comme si ça arrêtait là puis dire : Bien, je ne
suis pas rassuré par les quatre premiers articles. Il y a, dans le reste du
projet de loi, un paquet de mesures qui viennent protéger ces élèves-là et,
bien sûr, les élèves autochtones.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Moi, Mme la
Présidente, je ne suis pas rassurée non plus par l'article 16 parce qu'il n'y a
pas de détails de ce qui va être offert comme formation là-dedans. Si le
ministre veut nous rassurer, qu'il nous dépose des amendements qui vont
clarifier, partout où cela est nécessaire dans son projet de loi, la liste des
formations qui vont devoir être données pour répondre aux besoins des
communautés autochtones puis également des élèves racisés, qui nous ont fait
des témoignages assez pertinents, merci, ici, en commission parlementaire. Moi,
je ne suis pas rassurée par ça parce que c'est juste écrit : «[Ils] reçoivent
la formation pertinente à l'exercice de leurs fonctions.»
À Sherbrooke, par exemple, ce n'est pas un
endroit où il y a une très importante communauté autochtone, hein, on va se le
dire. Par rapport à d'autres endroits où il y a une présence plus forte de
communautés autochtones, Sherbrooke, bon, ce n'est pas un lieu majeur, mais il
y en a quand même. Moi, comment je peux être certaine qu'avec ce qui est écrit
là le protecteur de l'élève de l'Estrie, qui n'est pas reconnue pour la prédominance
de sa population autochtone, va être formé pour bien connaître les enjeux
autochtones puis répondre au besoin de sécurisation culturelle des élèves
autochtones qui se trouvent sur le territoire? C'est sûr qu'il y en a quand
même. Qui nous dit que leurs parents parlent français, peuvent communiquer avec
un protecteur de l'élève régional? C'est exactement ça, le problème qu'on veut
régler, là.
C'est pour ça qu'un protecteur... un des
protecteurs régionaux qui serait consacré aux élèves autochtones pourrait
répondre à ces enjeux-là. Il y a peut-être d'autres moyens d'y parvenir. Ça,
c'est le moyen que nous recommandent les communautés autochtones elles-mêmes.
Donc, moi, j'aurais tendance à leur faire confiance pour savoir ce qui est le
mieux pour eux puis pour elles, a priori, là, mais, si le ministre pense qu'ils
ne sont pas capables de savoir ce qui est le mieux pour eux puis pour elles, il
va falloir qu'il nous dise comment il va y arriver, mais ce n'est pas écrit, là.
C'est écrit : «…reçoivent la formation pertinente à l'exercice de leurs
fonctions», puis je vous dis d'avance, quand on va être rendu là, il va falloir
lister ce que ça prend. Ça va être une pas pire liste parce que, là, en ce
moment, il y a un très grand flou. Puis je sais qu'on est capables, on l'a fait
sur le projet de loi pour les tribunaux spécialisés, de lister le type de
formations puis qui devait suivre ces formations-là. On l'a fait, on est
capables d'écrire ça dans une loi, on ne me dira pas ici que ce n'est pas
possible, on l'a fait dans d'autres lois. Donc, il va falloir faire ça, puis il
y a probablement d'autres articles auxquels il va falloir le préciser aussi, il
n'y a sûrement pas seulement l'article 16.
• (10 h 20) •
Mais, pour l'instant dans les réponses du
ministre, moi, ce que j'entends, c'est la défense du modèle qu'il nous propose,
comme quoi ça va être meilleur que ce qu'il y a actuellement. Bien sûr, tout le
monde le dit, là, que c'est meilleur que ce qu'il y a actuellement, là. Ce
n'est vraiment pas ça, l'enjeu ici. Est-ce que ça répond au besoin de
sécurisation culturelle? Nullement. Aucun endroit dans le projet de loi il n'y
a quoi que ce soit qui sert nommément à répondre au besoin de sécurisation
culturelle des communautés autochtones, et je pense que c'est hautement
problématique, en 2022, d'encore proposer un projet de loi qui ne prévoit
absolument rien pour régler ce problème-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, écoutez,
on va regarder, quand on arrivera plus loin, s'il y a des amendements à
apporter pour nommer les choses, si ma collègue veut le faire, mais le projet
de loi est écrit de manière générale, de manière à couvrir tout le monde
justement pour être large, pour être certain de ne pas exclure des choses. S'il
faut préciser des choses, peut-être qu'on le fera ultérieurement pour s'assurer
que tous les membres, là, de... bien, en fait, tous les élèves du Québec et
leurs parents soient rassurés, parce qu'on est dans un processus de
sécurisation culturelle avec ce projet de loi là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : En quoi? Où? Quels
articles nous démontrent qu'on est dans un processus de sécurisation culturelle
avec ce projet de loi là? Moi, je ne les ai pas vus, Mme la Présidente. S'il y
en a certains qui servent précisément à ça, que le ministre nous les identifie,
j'ai hâte d'aller les regarder, mais je l'ai lu, le projet de loi, je n'ai vu
absolument rien qui nous démontre une démarche de sécurisation culturelle dans
ce projet de loi là.
La sécurisation culturelle, c'est de faire
des choses spécifiquement pour les communautés autochtones. Ce n'est pas de
leur appliquer un modèle qui s'applique à tout le monde, c'est précisément le
contraire, c'est de prévoir des choses explicitement pour ces communautés-là.
Là, le projet de loi ne <fait...
Mme Labrie :
...contraire,
c'est de prévoir des choses explicitement pour ces communautés-là. Là, le
projet de loi ne >fait pas ça. J'aimerais que le ministre nous dise,
s'il nous dit que ce projet de loi là répond au besoin de sécurisation
culturelle, à quels endroits.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Avec les
protecteurs régionaux qui connaîtront bien les institutions et les communautés
sur leurs territoires, avec les systèmes prévus où on voit que tout le monde
sera formé et avec le respect aussi des instances locales et régionales, je
pense qu'on respecte absolument ce principe.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée.
Mme Labrie : Mais qu'en
est-il des autochtones hors communautés qui ne fréquentent pas un centre de
services autochtones? Qu'en est-il de ces élèves-là? Ils ne vivent pas tous sur
des réserves, il y en a plein qui habitent ailleurs, n'importe où sur notre
territoire. La réponse du ministre, c'est comme si, dans sa conception, les
élèves autochtones puis leurs parents fréquentaient tous les centres de services
autochtones. Ce n'est pas vrai. Il y a des élèves autochtones partout ailleurs
sur le territoire. Qu'est-ce qui nous dit, déjà, que le centre de services
qu'ils fréquentent puis l'école qu'ils fréquentent prennent déjà des mesures de
sécurisation culturelle pour eux? Pas grand-chose. Qu'est-ce qui nous dit que
le protecteur régional qu'il va mettre en place dans toutes sortes de régions,
comme l'Estrie, Montréal, Laval, n'importe où... qu'est-ce qui nous dit qu'il
va y avoir des dispositions prévues pour ça? Rien.
Moi, la réponse, là, elle ne me satisfait
pas, là, puis je ne pense pas qu'elle va satisfaire les autochtones non plus,
parce que, la preuve, ils l'ont lu, le projet de loi, puis ils ont dit :
Ça nous prend ça ici pour répondre au besoin de sécurisation culturelle. Ça
fait que je pense qu'il va falloir que le ministre s'assoie avec les
représentants des communautés autochtones pour discuter de cette proposition-là
ou, éventuellement, en trouver une autre qui va répondre à leur besoin de
sécurisation. Mais la vérité, c'est qu'eux autres ils nous le disent : Le
projet de loi, dans sa forme actuelle, ne répond pas à notre besoin de
sécurisation culturelle. Ça, c'est leur... c'est ce qu'ils disent, là, parce
qu'ils proposent des amendements pour y arriver.
Ça fait que peut-être qu'on est mieux de
suspendre ça, le temps de régler la question, mais ce n'est pas vrai que ce
projet de loi là répond au besoin de sécurisation culturelle. Les communautés
autochtones elles-mêmes nous disent que ça prend des modifications pour qu'on
puisse le faire. Puis, je pense que c'est à eux et à elles de nous le dire, si
ça répond à leur besoin de sécurisation, ce n'est pas au ministre de déterminer
que lui, il pense que oui, là. Il faut les écouter. Puis, s'ils nous
disent : Non, ça n'y répond pas suffisamment, bien, rassoyons-nous, que le
ministère se rassoie avec eux pour définir comment on va y arriver, parce qu'on
ne va pas adopter ici un projet de loi qui ne répond pas au besoin de
sécurisation culturelle. Je comprends qu'on a des vieilles lois puis qu'on ne
peut pas toutes les rouvrir en même temps, mais, quand on en écrit une
nouvelle, on ne peut pas écrire une nouvelle loi qui ne répond pas au besoin de
sécurisation culturelle.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Je veux
préciser une chose. Je n'ai pas dit... je n'ai jamais dit que tous les élèves
autochtones habitaient sur un territoire desservi par une commission scolaire à
statut particulier. On sait qu'il y en a plusieurs. J'en ai parlé, je pense que
c'est un élément important d'avoir des protecteurs régionaux, je pense que
c'est un élément important. Ceci dit, tous les protecteurs régionaux seront
formés puis il y a plusieurs mesures qui sont de nature administrative qui vont
aller dans le sens de ce que ma collègue souhaite.
Est-ce qu'on pourrait en préciser,
peut-être, dans d'autres articles, pour montrer de manière plus précise, plutôt
que de manière générale? On pourra le faire, on pourra le faire, mais ce sera
plus loin dans le projet de loi. Là, la question, c'est : Est-ce qu'on
veut un protecteur... ce n'est pas écrit «national», mais on parle d'un
protecteur national de l'élève autochtone. Je ne pense pas que ça soit à
propos. Je ne pense pas que ça soit à propos. On a une institution nationale,
on a des protecteurs régionaux. Il faudra s'assurer qu'ils soient bien formés.
Il faudra s'assurer que les nations autochtones sont rassurées, qu'on a bien
pris en compte leurs besoins. Est-ce qu'on peut le faire ultérieurement?
Probablement, mais je ne pense pas que l'amendement de ma collègue soit le bon
outil.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Juste pour que ce
soit clair pour tout le monde ici, l'amendement de ma collègue de Saint-Laurent,
bien qu'elle ait généralement de très bonnes idées, il ne sort pas de sa tête,
là, c'est une recommandation des communautés autochtones elles-mêmes. Donc, je
ne veux rien enlever à ma collègue de Saint-Laurent, qui a déposé l'amendement,
mais elle ne l'a pas inventé, là. Elle répond ici, avec cet amendement-là, à
une demande spécifique des communautés autochtones, qui ont lu le projet de loi
puis qui se sont dit : Ce projet de loi là ne répond pas à nos besoins. On
prend le temps d'écrire un mémoire dans lequel on formule des recommandations
et on formule celle-là. Ça, c'est une demande autochtone. Ce n'est pas une
demande du Parti libéral du Québec ou de Québec solidaire. Moi, je ne
prétendrai pas ici savoir mieux que les autochtones qu'est-ce qui répond à leur
besoin de sécurisation, mais, quand ils nous disent : On a besoin de ça
pour répondre à notre <besoin...
Mme Labrie :
...qu'est-ce
qui répond à leur besoin de sécurisation, mais, quand ils nous disent : On
a besoin de ça pour répondre à notre >besoin, j'ai tendance à les
écouter puis je vois qu'il y en a d'autres ici qui font ça.
Le ministre dit : Est-ce qu'on peut,
plus tard dans le projet de loi... On doit. On doit, dans le projet de loi,
inscrire nommément tout ce qu'il faut comme mesures administratives, comme
exigences de formation. On doit l'écrire. L'expérience nous montre que, quand
on ne le fait pas, c'est inadéquat, ça ne répond pas au besoin. Donc, il va
falloir qu'il y en ait, des amendements comme ça. J'espère que c'est assez
clair, là. Il va falloir que le ministre nous revienne avec tous les
amendements nécessaires pour répondre au besoin de sécurisation culturelle. Il
va falloir qu'il discute avec les communautés autochtones pour voir si ça
répond vraiment à leur besoin de sécurisation culturelle. Parce que, nous, pour
en être convaincus, il va falloir que les communautés autochtones nous
disent : Oui, on a discuté avec le ministère, avec le ministre, ce qu'il
propose dans son projet de loi, ça répond à notre besoin. Puis, à ce moment-là,
moi, je serai satisfaite. Ce n'est pas le ministre qui va me convaincre de ça,
ni son personnel, ni les gens de son parti politique, il va falloir que ce soient
les autochtones qui me le disent. Puis, en ce moment, ce qu'ils nous disent,
c'est qu'ils ont besoin de ça.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Je vais
lire un extrait du mémoire du CEPN. On dit : «Veiller à ce que les
fonctions et responsabilités du protecteur national et des protecteurs
régionaux soient adaptées aux besoins des élèves des Premières Nations et Inuit
qui fréquentent le réseau scolaire provincial en tenant compte de facteurs
culturels, sociaux et linguistiques.»
Je suis 100 % d'accord qu'il faut
veiller à ce que les fonctions et responsabilités du protecteur national et des
protecteurs régionaux soient adaptées aux besoins des élèves des Premières
Nations, à 100 %. Je pense que ce l'est déjà dans le projet de loi puis je
suis ouvert à le préciser, s'il le faut, à d'autres endroits. On verra la cohérence
législative pour que ça fonctionne, là, mais, écoutez, je ne suis pas...
absolument pas fermé, là, à améliorer le projet de loi.
On a déjà adopté ensemble un amendement.
Il y en aura d'autres. C'est juste que je ne pense pas qu'il faille aller de l'avant
avec l'amendement qu'on étudie à ce moment-ci. Il ne s'agit pas de dire :
Qui veut respecter les droits des autochtones puis qui ne veut pas respecter
les droits des autochtones? On veut tous respecter les droits des autochtones,
c'est certain.
• (10 h 30) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je pense
que ma collègue veut prendre la parole, ça fait que je vais terminer là-dessus
pour l'instant, là. Je pense qu'on... Tant mieux si on veut tous respecter les
droits des communautés autochtones puis répondre à leur besoin de sécurisation
culturelle. Le ministre demande... s'il faut l'écrire dans la loi, on le fera.
La réponse, c'est oui, il faut l'écrire dans la loi.
Donc là, j'espère qu'il y a déjà des gens
dans son équipe qui sont au travail pour entrer en contact avec les Premières
Nations, les communautés autochtones, pour leur demander : À quels endroits
il faut faire des modifications, lesquelles vous voulez? Parce que, oui, la
réponse... Ce n'est pas : Si c'est oui. Il faut faire des modifications
dans la loi, il faut s'assurer que ça va être très clair, les exigences,
notamment, pour... au niveau linguistique, qu'il y ait toutes les dispositions
administratives qui soient prises pour qu'il n'y ait aucune barrière d'accès
aux services pour ces personnes-là où qu'ils se trouvent sur le territoire, là,
pas juste s'ils habitent à Mistassini, là.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, j'ai la députée de
Saint-Laurent, de Westmount—Saint-Louis, et, ensuite, ce sera la députée de
Joliette. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je suis
contente que le ministre se réfère au mémoire, le mémoire, page 2. Le
ministre nous cite un des trois points soulevés. Le premier : «Intégrer
aux fonctions et responsabilités du protecteur de l'élève, section 2, un
mandat d'information et de prévention relatif à ses autres fonctions.» Premier
point soulevé.
Deuxième point, il l'a lu, c'est : «Veiller
à ce que les fonctions et responsabilités du protecteur national et des
protecteurs régionaux soient adaptées aux besoins des élèves des Premières
Nations et Inuits qui fréquentent le réseau scolaire provincial en tenant
compte de facteurs culturels, sociaux et linguistiques.»
Troisième point, et c'est de là
l'amendement que nous avons déposé : «Instaurer le poste de protecteur de
l'élève autochtone, doté des mêmes fonctions et mêmes responsabilités que les
protecteurs régionaux et des qualités requises pour assurer des procédés et des
interventions adaptées sur le plan culturel.»
Tantôt... depuis tantôt, le ministre nous
parle qu'on va créer un autre poste à côté du Protecteur national de l'élève.
Non, ce n'est pas ça que l'amendement dit. Ce n'est pas ça non plus que le
mémoire dit. On dit... Mon organigramme, là, maison, vous voyez, là, il est au
même niveau que les protecteurs régionaux. Alors, moi, s'il n'y a pas... Je
vais le dire une dernière fois, là : On ne peut pas ne pas donner suite à
cet amendement-là en donnant l'excuse aux Premières Nations que c'est trop
difficile à cause de la logistique. Ce n'est pas vrai, ça. L'organigramme, là,
du ministère de l'Éducation, là, ça, c'est difficile, puis on le gère quand
même.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Mme la <Présidente...
>
10 h 30 (version révisée)
<18247
La
Présidente (Mme Guillemette) :
...la députée. M. le
ministre.
M. Roberge :
Mme
la >Présidente, quand je dis, tout à l'heure, qu'on va, dans les
articles subséquents, y revenir, on va définitivement y revenir, mais, de
Gatineau à Gaspé puis de, je ne sais pas, l'Estrie au Grand Nord, là, les
contextes sont très différents à la fois… En fait, pour les autochtones, pour
les non-autochtones, d'avoir un protecteur d'élève autochtone pour l'ensemble
du territoire du Québec, qu'elle appellerait régional, mais qui couvrirait tout
le territoire, ça veut dire qu'il recevrait des plaintes des parents ou des
élèves autochtones qui habitent autant au centre-ville de Montréal que dans le
Grand Nord, qui vit des réalités complètement différentes. Il pourrait recevoir
des plaintes de plusieurs, mais vraiment plusieurs, plusieurs nations, des
anglophones, des francophones, en milieu rural, en milieu urbain. C'est toute
une commande! Moi, je pense que les protecteurs régionaux peuvent mieux connaître
les mécanismes de traitement des plaintes des commissions scolaires et centres
de services qui sont sur leur territoire, les processus de traitement des
plaintes.
Puis, quand je regarde le mémoire du CEPN,
on parle, dans les demandes, là, embauche de personnel autochtone et adaptation
de directives en harmonie avec la culture, la langue et l'identité... bien, on
répond à ça à l'article 11. On demande, dans leur mémoire, la traduction
des informations diffusées en langue autochtone. Bien, on est là-dessus à l'article 19.
On demande, dans le mémoire, un devoir d'assistance en tenant compte des
facteurs culturels. Le devoir d'assistance, bien, on est à l'article 28.
Donc, je pense, Mme la Présidente, que c'est
dans le projet de loi qu'il y a beaucoup de mesures qui répondent à ces besoins-là,
à ces demandes tout à fait légitimes. Je pense qu'à certains endroits le projet
de loi y répond déjà. À d'autres endroits, peut-être qu'en les commentant on
verra qu'il faut resserrer quelques boulons ou pas. Mais je pense que l'idée de
l'amendement de ma collègue, bien qu'il parte d'une bonne intention, n'est pas
à-propos.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai
attendu longtemps. J'ai été patiente, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Tout à fait. Merci pour votre patience, Mme la députée.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Évidemment, l'échange est très intéressant, puis évidemment je suis
très pour l'adoption de cet article... de cet amendement. Pourquoi? Parce que
je pense que nous devons fonctionner sur la prémisse que les choses peuvent
être mieux. J'entends les arguments du ministre quand il dit que ça se peut qu'on
va avoir autres articles qui s'en viennent, où on va... qui vont adresser la
particularité et la spécificité de la communauté des Premières Nations, mais ça
reste qu'on aura probablement des amendements, Mme la Présidente, rendus aussi
à ces articles, pour s'assurer que le projet de loi est bonifié puis qu'encore
une fois, je répète, la prémisse, c'est qu'on fait des choses pour le mieux puis
on peut améliorer le processus ainsi que le projet de loi.
Pourquoi? Pour moi, puis je pense que je
parle pour tout le monde, on veut éviter tout risque. Puis, comme les collègues
ont dit, on a de la chance de faire des choses comme il faut la première fois.
Nous ne sommes pas en train de corriger quelque chose puis nous devons éviter d'avoir,
dans un futur rapproché, probablement le besoin aussi de : Mon Dieu! On
aurait dû puis on ne l'a pas fait. On a une occasion en or de faire des choses
comme il faut la première fois, «out of the gate», puis c'est important. C'est
très important parce que la spécificité de cette communauté...
Puis là je peux vous parler un peu comme
ancienne présidente d'une commission scolaire qui a desservi le territoire de
Laval, Lanaudière et Laurentides, où nous avons des communautés autochtones
assez fortes dans les communautés. On a parlé de Joliette, oui, ça fait partie
de cette commission scolaire. On a aussi Oka. Ça fait qu'on a plusieurs élèves
avec beaucoup de spécificités. J'ai vu des plaintes. J'ai fait partie des
comités de révision. J'ai parlé aussi et interagi avec le protecteur de l'élève
local.
Puis, je peux vous dire, même avec
beaucoup de respect pour la personne aussi puis la formation qu'il va recevoir,
ce n'est pas la même chose que d'avoir une personne qui va pouvoir veiller sur
le tout. Je pense que ça amène une certaine sécurité. C'est une sensibilité. C'est
la personne à qui le protecteur de l'élève local ainsi que les autres régionaux
aussi vont pouvoir aller parler pour dire : Voici les problématiques que
nous voyons, c'est quoi, vos recommandations, comment pouvons-nous mieux
desservir la communauté et accompagner la communauté? C'est une formation qui
est probablement vraiment différente. Je vois même en bien que cette personne
peut être issue de la communauté en question.
Alors, je pense que ce <serait...
Mme Maccarone :
...pense
que ce >serait quelque chose nécessaire. Je pense que ce serait un pas
vers le futur qu'on cherche aussi. Quand on parle beaucoup de réconciliation, la
suite du rapport de la commission Viens, je pense que ça devrait faire partie
de notre façon de faire. Alors, j'ai mal qu'on fait beaucoup de débats à ce
sujet parce que je sais que les gens nous écoutent, puis ils doivent
questionner comment ça se fait qu'on fait un débat sur ceci quand, il me
semble, c'est vraiment logique qu'on nommerait puis qu'on rajouterait dans notre
organigramme, au même niveau que les autres protecteurs de l'élève régionaux,
quelqu'un qui peut amener cette expertise et cette spécificité. Même nous,
comme députés, Mme la Présidente, nous avons tous suivi une formation en ce qui
concerne la population des Premières Nations autochtones et inuites. Pourquoi?
Parce que c'est important pour nous aussi d'être sensibles.
Alors, suite à cette formation, ça change
aussi ma façon de voir les choses quand on parle en commission. Je pense
régulièrement à eux. Puis je pense que, pour les populations qui peuvent être
en situation de vulnérabilité, nous avons un devoir de tendre la main, peut-être
aller plus loin qu'on aurait prévu. Moi, je vois en bien une façon de bonifier
le projet de loi pour s'assurer que leurs droits, que, comme la collègue a dit,
leur sécurisation culturelle est respectée. Ça peut juste ajouter et pas nuire.
Encore une fois, c'est une question de ne pas soustraire. Moi, ce que je
cherche, puis je pense que les collègues, ce qu'on cherche, c'est vraiment de
bonifier, d'ajouter. Je vois ça d'un bon oeil.
• (10 h 40) •
Puis, si vous me permettez, Mme la
Présidente, je veux juste lire les faits saillants qui ont sorti d'un rapport
sur l'intimidation vécue par les populations autochtones, de l'INSPQ, les faits
saillants, parce que c'est grave, c'est important, puis je pense que nous
devons faire suite à ceci. Ils disent, et je leur cite… puis tous les collègues
qui veulent suivre, c'est sur leur site Web.
«L'intimidation — on sait — de
populations autochtones s'inscrit bien souvent dans un contexte de violence
plus large [que] tient sa source de traumatismes collectifs passés et
contemporains et du cumul des difficultés sociales, économiques et de la santé
vécues par ces populations.
«L'intimidation commise par des personnes
non autochtones envers des autochtones s'exprime bien souvent par des préjugés
[...] des stéréotypes liés à l'exclusion sociale, économique, politique et
culturelle et se remarque davantage à l'extérieur des communautés autochtones.
«L'intimidation vécue entre personnes d'origine
autochtone renvoie à différentes formes de comportements tels que les ragots,
les querelles, la violence physique. Elle [s'exprimait] davantage dans les
communautés autochtones.
«L'intimidation a d'importantes
conséquences sur la santé et le bien-être des individus, des familles et des
communautés. Elle compromet également la confiance des autochtones à l'égard
des institutions [politiques].
«La prévention de l'intimidation au sein
des populations autochtones requiert d'agir en amont sur différents
déterminants sociaux de la santé, de favoriser le renforcement du capital
social, d'agir précocement sur les plans individuel et familial et de soutenir
les initiatives scolaires et parascolaires.»
Je pense que de rajouter puis d'accepter
cet amendement, c'est une mesure dont nous pouvons dire : On fait suite
aussi à ce rapport non seulement à la demande du Conseil en éducation des
Premières Nations, mais je pense qu'en général les gens... Il y a un consensus
que nous avons ce besoin. Et je dirais que, dans un futur, cinq ans, 10 ans… Parce
que j'espère aussi, à l'intérieur de ce projet de loi… Parce qu'on a parlé
beaucoup des recensements, du «data», que le ministre sait, pour moi, est très
important. «If you can measure it, you can manage it.» Ça se peut, dans cinq
ans, le ministre, à cette époque-là, il va dire : Bien, peut-être, nous n'avons
plus besoin de ce poste, on va faire une restructuration.
Alors, tu sais, il va soumettre aux
collègues à l'Assemblée nationale une modification du projet de loi n° 9
pour dire qu'on va changer la structure. Pourquoi? Parce qu'on a vu après un
certain nombre d'années, après qu'on a recensé le «data», que les besoins sont
différents ou on a manqué un peu une opportunité de peut-être mieux agir pour
accompagner la population, puis nous avons besoin d'avoir deux protecteurs
nationaux ou je ne sais pas. Mais je pense que d'ajouter dans la structure, ça
peut juste vraiment bien faire…
Comme ma collègue de Saint-Laurent, elle a
dit, comme membres de la communauté d'expression anglaise, quand on regarde la
structure, par exemple, des sous-ministres adjoints, d'avoir quelqu'un qui est
responsable de cette communauté en matière d'éducation, qui est aussi la
personne responsable de la communauté des Premières Nations, c'est rassurant
puis ça fait du bien parce que cette personne, souvent, va pouvoir apporter des
spécificités de la communauté… qui est nettement différent. Même si on a quelqu'un
qui est régional, qui va avoir... parce que, comme le ministre a dit puis comme
les autres collègues ont dit, partout dans le territoire, on peut avoir des
poches de personnes issues de la communauté. Je ne pense pas…
Puis, avec beaucoup de respect pour la
personne qui va occuper ce poste, on ne peut <pas...
Mme Maccarone :
...on
ne peut >pas être maître de tout. Je pense que cette personne... Puis,
parce que la nature de ces plaintes... sont tellement particulières, ce serait
bien d'avoir ceci, une personne, aussi, qui va pouvoir oeuvrer au sein des
autres postes en ce qui concerne la communauté des Premières Nations
autochtones et inuite, travailler avec le secrétariat à porter la voix, faire
des liens, arrêter de travailler en silo. On n'a pas assez de monde qui occupe
le poste en ce qui concerne cette communauté… en nom de cette communauté. Je
pense qu'on a un devoir d'avoir moins de débats là-dessus puis un vote
là-dessus en disant oui.
Puis on donne toute la liberté au ministre
de faire le choix de ce serait qui, la personne qui a... ce serait quoi, les
compétences. Comme je dis, moi, je verrais en bien que ce soit quelqu'un issu
de la communauté elle-même qui pourrait porter cette voix pour donner la
formation au moment que c'est nécessaire parce qu'on a des plaintes. Moi, j'aurais
voulu avoir, dans une ancienne vie quand j'oeuvrais au sein de ma commission
scolaire... avoir cette personne à qui j'aurais pu référer mon protecteur de l'élève
local pour dire : Bien, voici la personne qui peut vous guider, qui peut
nous aider, qui connaît vraiment les lois, la culture, les besoins. C'est
vraiment, comme j'ai dit, la prémisse que nous pouvons faire des choses de
mieux. Ça, là, c'est une occasion en or, pour nous, comme collègues ici, de
dire : On a entendu, on veut agir collectivement, on vous entend puis on
veut bien faire pour vous, pour améliorer le Québec.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je pense, ma
collègue a une sensibilité certaine, comme tous les membres ici, puis elle a
oeuvré au sein du réseau anglophone, ce qui, peut-être, amène même un regard
différent aussi, là, qui est éclairant. Ça fait qu'on partage cet objectif-là.
Moi, comme je dis, je suis ouvert à peut-être, à certains endroits, clarifier
quelque chose pour qu'il n'y ait pas nécessairement que des termes généraux. C'est
important d'avoir des termes généraux, parce qu'il y a un danger à vouloir tout
mettre dans un projet de loi, parce qu'après ça, ça devient des mesures exclusives,
puis, après ça, quand on dit : Bien, si on met tel groupe, pourquoi pas
tel autre groupe, si on met telle information, pourquoi pas telle autre
information…
Il y a comme un dérapage à éviter, mais,
quand même, il y a quand même aussi le devoir de rassurer les gens qui nous
écoutent, particulièrement les gens des nations autochtones. Ça fait que moi,
je pense qu'on devrait être capables de trouver ensemble des endroits puis j'ai
mentionné tantôt plusieurs articles où c'est déjà couvert d'une certaine
manière. On verra si on peut l'ajouter. Je ne pense pas que ce soit avec l'amendement
de ma collègue, mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord, supposons,
sur un amendement, sur un moyen, qu'on ne s'entend pas sur l'objectif puis qu'on
ne trouvera pas un moyen d'atteindre l'objectif. Je pense, c'est important de
le nommer comme il faut.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Moi, je voulais
juste... Je reviens huit pas en arrière, à peu près. Le ministre, tantôt, a
dit... Je veux juste... Dans sa perception à lui, le protecteur de l'élève, il
va être une instance pour les nations non conventionnées, mais j'imagine que,
pour les Cris, Naskapis, Inuits qui ont une très, très grande autonomie, ce n'est
pas le même chemin. J'étais juste curieuse de savoir si, dans son esprit, le
protecteur de l'élève avait la même portée pour les territoires conventionnés
que non conventionnés.
Puis, moi, honnêtement, j'ai un grand
malaise à ce qu'on discute de tout ça sans entendre les principaux concernés.
Ça fait que, je vous le dis, Mme la Présidente, je trouve ça vraiment
intéressant et important comme débat, mais j'aimerais beaucoup que l'on se
prenne, au cours des prochains jours, un moment pour entendre autant les gens,
évidemment, du conseil, qui représente les nations non conventionnées, les
conventionnés, les centres d'amitié autochtones qui s'occupent des autochtones
hors communauté, parce que j'ai un certain inconfort. Ils ont fait un mémoire.
C'est superintéressant, mais c'est quand même un mémoire bref, bien ramassé. Ça
fait que, moi, en tout cas, c'est la suggestion que je nous ferais parce que je
trouve que le respect des nations autochtones, c'est aussi de les entendre, et
de dialoguer, et de discuter avec eux quand on parle d'institutions qui
pourraient mieux les représenter et plus prendre en compte leur <réalité...
Mme Hivon :
...leur
>réalité.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien,
écoutez, pendant un certain temps, on a eu une vacance au poste de sous-ministre
adjoint qui traitait avec les nations autochtones. Maintenant on a
Mme Blais qui est là. Puis évidemment qu'on est en conversation avec,
directement, les nations, leurs représentants, pour comprendre les garanties qu'il
y a dans le projet de loi puis les améliorations qu'on peut y apporter. Puis l'objectif
du projet de loi, c'est de couvrir l'ensemble des élèves sur l'ensemble du
territoire.
Mme Hivon : Donc, autant
les nations dont les territoires sont conventionnés... le protecteur de l'élève
s'applique à eux?
M. Roberge : Oui.
Mme Hivon : O.K. Je
pense, ce serait d'autant plus important de les entendre.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, d'autres interventions? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci,
Mme la Présidente. Je le sais, que vous ne l'avez pas dit puis je le sais, qu'on
n'est pas supposés de le dire, mais je suis désolée de mon retard. J'ai été un
peu prise ce matin.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'important, c'est que vous soyez là pour participer.
Mme Charbonneau : Vous
avez tout à fait raison, Mme la Présidente. Je trouve que, comme toutes les
autres commissions, celle-ci est fort importante.
Je vais vous faire deux citations, Mme la
Présidente, de deux personnes différentes, la première étant le premier
ministre le 2 octobre 2019. Je vous fais une courte citation. Inquiétez-vous
pas, je ne vais pas trop m'étirer, mais le premier ministre nous disait : «On
doit comprendre les raisons qui ont mené à cette situation et, à partir de là,
on doit changer les choses. Comme pour le Québec tout entier, on doit faire
plus, on doit faire mieux. On doit faire avec les membres des Premières Nations
et les Inuits. Comme je le disais dans mon discours inaugural, on doit
travailler ensemble à développer le Québec pour le bien commun de nos nations
respectives. Aujourd'hui, par cette déclaration, je vous confirme que le Québec
va répondre présent.»
Je fais une parenthèse avant de vous faire
l'autre citation pour vous dire que d'entendre ça du premier ministre était
rassurant pour l'ensemble du Québec, pour ceux qui avaient une compréhension
des nations puis ceux qui ne l'avaient pas, parce que d'entendre un premier
ministre, du haut de son siège, nous confirmer la perspective qu'il a puis l'enlignement
qu'il va prendre peut rassurer bien des gens.
Par la suite, il s'est passé plusieurs
choses. Malheureusement, il y a eu des événements où on a compris que tout n'était
pas compris. Et puis, un jour, Konrad Sioui, l'ancien grand chef de Wendake,
qui est juste ici, à Québec, qui n'est pas dans le Grand Nord, qui n'est pas
isolé, qui n'est pas dans une... hein, il est juste, juste ici à côté, il
disait : Des excuses, on en a entendu depuis tant d'années, mais qu'est-ce
qu'on veut vraiment, c'est de l'action.
Puis, honnêtement, Mme la Présidente, je
crois que la proposition de ma collègue de Saint-Laurent, c'est de l'action. Et
moi, je n'ai pas le même privilège que ma collègue de Westmount—Saint-Louis, c'est-à-dire
que, sur la grande région de Laval, il n'y avait pas une spécificité de
clientèle à ce point pour les Premières Nations. Mais, de la façon que je
regarde le projet de loi, parce qu'on est passés au travers, là, avant de s'asseoir
avec le ministre… On fait nos devoirs parce que c'est important d'être capable
d'améliorer puis d'apporter des propositions qui sont, nous croyons, faisables
et applicables. J'ai regardé l'ensemble de la structure, parce que ça va être
toute une structure. On ne se le dit pas tout de suite, là, on va arriver
bientôt, là, déjà à l'article 16, le ministre le disait tantôt, je me suis
arrêtée un peu, j'ai fait la lecture, c'est le fun de faire la promotion du
poste puis de s'assurer que tout le monde a une chaise, mais ça devrait être un
protecteur de l'élève.
Puis, dans cette perspective-là, bien, il reste
différents réseaux. On peut faire un projet de loi pour l'ensemble du réseau, mais
revenons à la base de ce projet de loi là. Il est pour les centres scolaires
francophones, commissions scolaires anglophones, les commissions scolaires
particulières, parce que les commissions scolaires des Premières Nations ne
sont pas incluses dans les deux premiers, les écoles privées puis l'école à la
maison. Puis le protecteur de l'élève national, j'ose imaginer, je vous le dis,
j'ose imaginer, parce qu'on n'a pas fini le projet de loi, on est au premier
rang, là, de son titre puis de sa façon de faire, mais j'ose imaginer qu'il va
être entouré de gens qui vont être capables d'accompagner nos protecteurs
régionaux dans les spécificités de certains aspects.
Puis les Premières Nations, pour moi, c'est
des <spécificités...
Mme Charbonneau :
...des
>spécificités importantes. Puis, quand je suis arrivée, ma collègue de
Sherbrooke était en train d'expliquer sa perspective puis elle a utilisé la
sécurisation culturelle. J'ai fort apprécié parce qu'effectivement même nous,
en ce moment, avec le projet de loi n° 96, avec
d'autres projets de loi, on se questionne sur qui on est, ce qu'on doit
protéger, ce qu'on doit conserver. Puis eux, ils se questionnent à toutes les
fois qu'ils sont butés à un projet de loi. Eux, ils se questionnent à chaque
fois qu'il faut qu'ils expliquent leurs façons de faire, puis pourquoi ils font
les choses, puis comment ils le font, puis la conservation de leur propre
culture, puis leurs habitudes, puis leurs façons de faire.
Si, au national, le ministre acceptait
d'avoir un protecteur de l'élève qui vient guider les protecteurs régionaux
qu'il y aura dans la région Laval-Laurentides-Lanaudière, peut-être, si on en
fait une région ou si on en fait trois régions, parce qu'on n'a pas encore le
décompte des régions, il pourrait probablement s'assurer d'un traitement
équitable juste sur l'ensemble du Québec. Pourquoi? Parce qu'il aurait une
perspective nationale sur laquelle il peut faire des références par rapport à
certains protecteurs de l'élève régionaux.
Je ne crois pas que ça soit malsain
d'aller dans cette perspective-là puisque ce qu'on veut, je crois, sincèrement,
là, pour le projet de loi, c'est d'avoir des réponses aux parents qui vont
aller jusque-là, parce que rappelons-nous, là, que le protecteur national, il
n'est pas le premier répondant des parents de régions. Il est le dernier
répondant de l'ensemble des régions parce que lui, il va guider, informer,
s'assurer de la formation, faire la promotion du protecteur régional, parce que
c'est le régional qui va être au premier banc de l'audience, là, que le parent
va vouloir avoir s'il n'a pas satisfaction avec l'organisme avec qui il fait
affaire, parce que c'est un peu ça, la structure, là.
Mon parent, il part avec sa plainte, il
parle peut-être au centre ou à l'école puis, après ça, bien, il est dirigé vers
quelqu'un qui va être reconnu par le centre, ou la commission scolaire, ou la
personne du privé puis la personne qui va représenter l'école à la maison. Là,
on n'est pas rendus là. Mais, s'il n'a aucune satisfaction, il a cette
capacité-là, puis c'est ce que le projet de loi offre, il a la capacité
d'appeler le protecteur national puis de dire : Je veux me faire entendre.
Puis là ce qu'on lui fait… Puis moi, je
l'apprécie, là, parce que, là, ce qu'on lui fait dans le projet de loi, c'est
de dire : Oui, oui, tu as accès un coup que tu auras passé tout le
processus, là. Puis on se reparlera plus tard, là, du temps, puis le temps que
le parent n'aura peut-être pas ou qu'il va avoir besoin, parce que, dans l'un
ou dans l'autre, le temps vient jouer un peu dans la perspective des plaintes,
mais il faut comprendre que, rendu là, il y a de l'exaspération, il y a de
l'impatience. Il y a une volonté pour le parent de défendre le droit de son
enfant ou un élève qui a le droit de défendre son propre droit, parce que, j'aime
le souligner, hein, on va avoir des élèves qui auront peut-être plus l'âge de
se défendre par eux-mêmes. Donc, il devrait y avoir quelqu'un qui, en haut de
la pyramide, puisse guider.
Puis là je veux prendre quelques secondes
pour revenir sur le commentaire de ma collègue de Westmount—Saint-Louis parce
que, comme tous mes collègues députés, j'ai été informée d'une formation
obligatoire. C'était une formation obligatoire. Il n'y avait pas tant le choix,
là, il fallait faire l'obligation, ça, les informations, puis la perspective,
puis la réalité des Premières Nations... Puis, je vous le dis, Mme la
Présidente, parce que vous l'avez fait, mais vous êtes neutre, assise à votre
siège, ce n'était pas quelque chose d'une demi-heure, là, hein? Moi, je me
souviens à la maison, puisque c'était mon nouveau bureau de comté, la maison,
assise à la salle à manger, prendre des notes, puis, à la fin de chaque chaque
segment, il y avait un petit examen vite fait, mais bien fait, pour nous
rappeler la notion de ce qu'on venait de voir dans la perspective de cette
formation-là.
Est-ce qu'aujourd'hui j'en sais beaucoup
plus? Bien, j'ai... je sais que je peux aller chercher plus d'information. J'en
sais un peu plus parce qu'une formation ne fait pas que j'ai tout retenu, mais
je sais que, si je me tourne vers un collègue qui a suivi la même formation,
peut-être qu'on n'a pas retenu la même information puis on va pouvoir
s'entraider. Sinon, Mme la Présidente, on a maintenant un ministre responsable
des Premières Nations, puis, si j'ai vraiment une question qui me titille, puis
qui me chicote, puis que je veux avoir la réponse, je le sais que je peux aller
voir ce collègue puis lui <dire...
Mme Charbonneau :
...puis
lui >dire : Écoute, je peux-tu parler à quelqu'un de ton cabinet
parce que... Puis pourquoi je dirais quelqu'un de son cabinet plutôt qu'à lui,
bien, parce que je ne m'attends pas à ce que le ministre ait toute
l'information. Je m'attends à ce qu'il soit entouré de gens qui auraient
l'information.
Alors, mon protecteur de l'élève national,
il ne pourra pas avoir toute l'information. Il ne pourra pas. Alors, si on en avait
un qui pouvait avoir toute l'information rapidement, là… Parce que mon
national, là, j'en ai un, ça fait que, là, il va falloir qu'il réponde à tous
ces gens-là dans toutes les perspectives. Là, je comprends que le ministre
pense que je viens de lui donner la réponse pour le régional puis le national,
mais, j'insiste, il faut que, quand j'appelle au bureau national, je puisse
avoir une personne qui a une spécificité, qui puisse répondre dans les minutes
qui suivent et non trois jours plus tard, parce que, là, je suis occupé à faire
les centres scolaires, les commissions scolaires anglophones, et tout le reste.
Donc, je peux comprendre que, pour les
gens qui sont avec le ministre et le ministre, c'est une structure alourdie,
que c'est peut-être un peu plus lourd, c'est peut-être un peu plus complexe, mais
je crois qu'une personne qui se donne... une personne qui représenterait... parce
que je suis très à l'aise avec la recommandation qui dit que ça devrait être
quelqu'un des Premières Nations, qui connaît toutes les différentes
perspectives des régions, mais aussi des gens des Premières Nations… pourrait
faire en sorte qu'on répond rapidement, adéquatement, dans la culture qu'ils
ont, dans les pratiques qu'ils ont puis dans leurs façons de faire, parce qu'une
commission scolaire, c'est une chose, mais un élève dans une commission
scolaire, c'est une autre chose.
• (11 heures) •
Alors, je suis étonnée, c'est la première
chose, parce que j'aurais même pensé que la recommandation d'un collègue aurait
pu se faire au ministre de l'Éducation, hein? Le collègue des Premières Nations
aurait pu, puis peut-être qu'il le fera, dire au ministre : Voici une
occasion de marquer le pas. Voici une occasion de dire : Ça n'a pas marché
en santé. Ça n'a pas marché en santé. Ça nous prend quelqu'un en santé qui va
être capable de répondre par rapport à cette perspective-là. Puis, vu qu'on ne
peut pas nommer... on ne peut pas nommer certaines choses parce que le
gouvernement ne veut pas le nommer, donc, le racisme systémique, bien, on va
faire autrement, puis autrement, c'est être capable de dire : On va
marquer le pas dans un projet de loi puis on va dire qu'ils ont une place qui
leur appartient, nation à nation, puis on va les reconnaître dans cette
perspective-là.
Si le ministre ne veut pas le faire, bien,
ça lui appartient, mais les gens sauront que l'insistance s'est faite ici. Et,
quand la correction viendra éventuellement, peut-être par quelqu'un d'autre qui
sera dans le siège, bien, on dira : On a manqué une belle occasion. Ce
qu'on offre au ministre, c'est d'avoir une belle occasion en ce moment de
marquer le pas auprès d'une loi qui va toucher tous les élèves du Québec pour
pouvoir venir corriger la situation puis donner une perspective juste,
équitable et, j'ose dire, égale, même si ça ne se dit pas, pour un service aux
élèves et à leurs parents en cas de plainte. Donc, c'est plus un plaidoyer
qu'une question ou une recommandation, mais je trouve difficile qu'on passe à
côté de cette perspective-là où on peut faire en sorte qu'on marque le pas pour
vraiment bien faire les choses. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions? Oui, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, je suis
un petit peu surprise de la réponse qui a été donnée à ma collègue de Joliette
pour l'application aux territoires conventionnés et non conventionnés. Est-ce
qu'on peut savoir comment vous allez procéder?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, il y a d'autres articles où on parle des territoires, de la
répartition régionale des protecteurs régionaux, mais il est prévu dans le
projet de loi, puis j'imagine que mes collègues s'en réjouissent, que tous les
élèves du Québec profiteront de l'amélioration du système de traitement des
plaintes et profiteront de l'instance nationale.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
Mme Rizqy : Bien,moi,
ma question est vraiment pratico-pratique. Comment vous allez procéder avec les
territoires non conventionnés?
M. Roberge : On va
procéder de la même manière. C'est-à-dire, s'il y a une plainte qui est en
première instance à l'école, deuxième instance au centre des services scolaire,
on peut faire appel ensuite au protecteur régional. En fait, ça s'applique, je
vous dirais, à l'ensemble des... en fait, pas à l'ensemble, pour l'ensemble, au
bénéfice de l'ensemble des élèves et, par extension, de leurs parents en
précisant quelque chose. À la fin, ce sont des <recommandations...
>
11 h (version révisée)
<15361
M.
Roberge :
...à la fin, ce sont des >recommandations que
font les protecteurs de l'élève et il appartient aux écoles ou aux centres de
services de disposer de cette recommandation-là, quand même, avec, je vous
dirais, le poids important de l'autorité quand arrive une recommandation. Mais
reste qu'on préserve vraiment l'autonomie des centres de services scolaires,
des commissions scolaires spécialisées, je dirais, à statut particulier et
anglophones aussi. C'est important de le mentionner parce que je pense qu'il
faut préserver aussi, pour les anglophones, le droit d'administration et de
gestion de leur institution scolaire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
Mme Rizqy : Il y a deux
affaires, moi, tout de suite, qui me viennent à l'esprit. Dans un premier
temps, du même souffle, le ministre nous dit qu'au fond, inquiétez-vous pas, c'est
juste des recommandations. Donc, il n'y aura pas grand-chose qui va se passer
là, à part l'autorité, hein, d'une recommandation. Puis tout le monde sait c'est
quoi, une autorité d'une recommandation, c'est juste une recommandation. Ça, c'est
un problème que nous pourrons discuter plus tard.
Mais si on revient, la mécanique, le
ministre nous dit en d'autres mots que, pour les territoires non conventionnés,
on applique. Nonobstant ce que ma collègue a soulevé, c'est qu'on ne les a pas
entendus, ces communautés. Il me semble que c'est un non-sens.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la Présidente,
est-ce qu'on peut suspendre une seconde? Parce que je veux juste discuter pour
être certain de bien comprendre ici. Ce ne sera pas long.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Ça fait qu'on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 04)
(Reprise à 11 h 20)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous reprenons les travaux.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il vous plaît! Votre attention! La commission reprend ses travaux.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il vous plaît! Votre attention! Je demanderais l'attention de tout le monde.
Mme la secrétaire, nous avons un remplacement à ajouter, avec le consentement
de tous les membres de la commission. Donc, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui. Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel) sera remplacée par M. Kelley
(Jacques-Cartier).
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement de tous? Consentement? Merci, M. Kelley.
Donc, nous en sommes à l'amendement de Mme
la députée de Saint-Laurent. M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Je salue l'arrivée de mon collègue de Jacques-Cartier. Et je veux
préciser quelque chose. Ma collègue avait soulevé une question d'intérêt, puis
j'ai commis une petite erreur, je l'admets.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il vous plaît, messieurs! Merci.
M. Roberge : Oui, donc, c'est
ça, tout à l'heure, je disais : Tous les enfants... en fait, les élèves
sur le territoire québécois. J'aurais dû dire : Sur lesquels le Québec a
juridiction. Je validais parce que, bien sûr, je retenais, à l'avancée, en ce
moment, les élèves du réseau privé ne sont pas couverts par les protecteurs de
l'élève. Les élèves qui font l'école à la maison ne sont pas couverts, les
élèves des commissions scolaires crie et Kativik ne sont pas couverts. Tous ces
élèves-là seraient couverts avec le nouveau projet de loi. Cependant, il y a
quand même des élèves sur lesquels le Québec n'a pas juridiction, ce sont les
élèves qui fréquentent des écoles de bandes établies en vertu de la Loi sur les
Indiens. Donc là, ici, on n'a tout simplement pas juridiction, mais, pour les
autres élèves, ils seraient couverts. C'est ça que je voulais préciser suite à
la question de ma collègue.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci, M. le ministre. D'autres interventions? Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
parce que j'étais très surprise de la réponse qui a été donnée à ma collègue de
Joliette par rapport aux territoires conventionnés et non conventionnés, et,
quand j'ai reposé la question, on m'avait encore réaffirmé que ça s'appliquait
aussi aux territoires non conventionnés, et je trouvais qu'il y avait ici une
incohérence au niveau juridique. Maintenant que ceci est rétabli, je remercie
le ministre, mais je vais aller plus loin.
Tantôt, le ministre a dit : Vous
devriez être tous contents que ça s'applique à tout le monde, tous les élèves
du Québec. Et j'ai répondu : Mais on n'est pas certains, à cause des
territoires non conventionnés. Est-ce que ce n'est pas particulier de devoir
prendre la loi puis de l'appliquer à des territoires non conventionnés sans l'avoir
discuté avec eux?
Maintenant que le ministre comprend que ça
ne s'applique pas aux territoires non conventionnés, est-ce qu'il réalise que
la demande qui était soulevée par ma collègue de Joliette, qui disait :
Bien, peut-être qu'on devrait les entendre, peut-être que, si on travaillait
avec eux <aujourd'hui...
Mme Rizqy :
...qui
disait : Bien, peut-être qu'on devrait les entendre, peut-être que, si on
travaillait avec eux >aujourd'hui, bien, peut-être qu'eux autres aussi
embarqueraient puis ils diraient : Ah! bien, nous, même si on n'est pas
conventionnés, bien, on est intéressés si, oui, on a été entendus, puis, oui,
on va travailler avec vous, puis que, oui, on va avoir un protecteur de l'élève
autochtone pour nos réalités spécifiques? Il me semble que ça, là, on a une
occasion, là, de travailler tous ensemble. Et c'est ça, le message de la
réconciliation, c'est d'arrêter de dire aux gens comment la loi va s'appliquer
avec vous, c'est de travailler avec vous pour l'application d'une loi ou d'une
mesure protectrice.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Autres interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
rassure ma collègue en lui rappelant que les recommandations du protecteur de
l'élève sont des recommandations.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. J'ai une question pour vous. Est-ce
que vous croyez dans le principe qu'ici, au Québec, nous avons une relation
nation à nation?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, c'est quelque chose qui a été établi depuis un certain temps déjà,
là, par le gouvernement du Québec. On travaille avec les nations autochtones. Oui,
on travaille de nation à nation de plusieurs manières dans plusieurs domaines.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
M. Kelley : Merci. Mais,
dans ce cas ici, je trouve que c'est une répétition d'un flagrant manque de
respect de ce principe qui est en place depuis plusieurs années. J'ai intervenu
sur plusieurs projets de loi où nous avons eu une recommandation de l'Assemblée
des Premières Nations du Québec et Labrador pour améliorer les choses. Et c'est
un non-recevoir de la part du gouvernement. J'ai énormément de respect pour le
ministre responsable des Affaires autochtones, qui travaille fort, mais je
trouve que, chaque fois qu'il veut avancer des choses ensemble, avec nos
partenaires autochtones, sur les autres côtés, dans les autres ministères,
c'est toujours un recul. Alors, une autre question pour la ministre :
Est-ce que le ministre croit en la réconciliation entre nous et les peuples
autochtones du Québec?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, Mme
la Présidente, l'amendement qui est déposé ici vise à changer l'organigramme de
l'institution qui est mise en place, laquelle institution est prévue pour
répondre aux besoins de tous les élèves sur lesquels le Québec a juridiction.
C'est une grande, grande, grande majorité des élèves. Il ne s'agit pas ici de
remettre en question le travail qui est fait par le gouvernement pour
travailler main dans la main avec les nations autochtones. Absolument pas. En
fait, on vient renforcer tous ces partenariats puis on vient bonifier les
services qui sont offerts, protéger les services des élèves autochtones,
protéger les droits des élèves.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres commentaires? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Je n'ai pas
vraiment entendu une réponse claire à une question claire sur la
réconciliation. Je peux comprendre pourquoi, souvent, le grand chef Picard est
frustré par, des fois, des grandes lignes politiques et des choses qui passent
sur le terrain et quand même ici, en commission. J'étais présent aussi pour le
débat dans une autre commission sur la protection de la langue française où la
même commission de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et Labrador sur
l'éducation a demandé un changement pour protéger environ 200 élèves
autochtones chaque année. Et c'était non, on ne peut pas changer les lois d'un
autre ministère dans un projet de loi comme ça, c'est la réponse du ministre,
que je trouve ça bien drôle parce qu'on change plusieurs lois avec ça. Mais,
bref, ça, c'est un autre exemple où c'était non d'une demande très raisonnable
vers la réconciliation entre les peuples autochtones et la société québécoise.
Et ici, même chose, on ne change pas
l'organigramme, on ajoute une position pour, j'espère, si jamais le ministre
dit oui, quelqu'un issu de la communauté autochtone. Parce que ça, c'est aussi
important qu'eux autres sont pleinement au sein de notre fonction publique pour
mieux protéger leurs enfants, mieux informer les fonctionnaires autour le
ministre et, quand même, le ministre lui-même. Et je sais que le ministre va <répondre...
M. Kelley :
...mieux
informer les fonctionnaires autour le ministre, et quand même le ministre
lui-même. Et je sais que le ministre va >répondre avec la formation,
mais quand je regarde les chiffres sur la formation des fonctionnaires de l'État
pour sensibiliser aux réalités autochtones, on est loin des cibles, loin d'être
là. Et, quand même, si quelqu'un prend un cours de formation, c'est très
différent d'avoir quelqu'un qui a vécu l'expérience d'être un élève autochtone
dans une école québécoise. C'est très différent.
Alors, encore, nous avons une occasion... on
est en train ici de créer une loi, de créer quelque chose, puis on va dire non
aux autochtones quand ils demandent d'avoir quelqu'un pour eux autres. Et je
trouve que ça, c'est un problème souvent avec l'État québécois, c'est qu'on dit
non à ces décisions-là quand on sait que ça peut vraiment faire une différence
pour les élèves autochtones sur le terrain. Et ce n'est pas fusionné, gelé avec
une autre position où ce fonctionnaire-là a la responsabilité de prendre soin d'un
groupe, des enfants très vulnérables, puis aussi avoir les autres tâches. On va
créer un rôle spécifique, et je trouve ça dommage.
Alors, juste une dernière question pour le
ministre. Sur la sécurisation culturelle, est-ce que le ministre croit que le
gouvernement doit faire plus pour les peuples autochtones dans ce domaine-là?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président...
Mme la Présidente, excusez-moi, Mme la Présidente, on en fait pas mal, pas mal,
pas mal plus que ce qui n'a jamais été fait par les précédents gouvernements
sur la sécurisation. Vraiment, on ne peut pas se faire donner des leçons, à un
moment donné, on laisse passer, on laisse passer, mais le gouvernement libéral,
juste avant la dernière élection, a déposé un projet de loi qui venait changer
des éléments du protecteur de l'élève, qui venait l'améliorer à certains
égards, mais qui ne donnait rien aux commissions scolaires à statut particulier
pour les autochtones, qui les laissait... qui ne leur donnait pas de recours
supplémentaire, qui ne venait pas défendre leurs droits, qui ne venait pas
protéger leurs droits, qui ne venait pas leur donner un mécanisme d'appel. Il
les laissait de côté. Là, aujourd'hui, ils nous disent qu'on n'en fait pas
assez, alors qu'on en fait beaucoup plus qu'eux. Quand ils ont rédigé le projet
de loi n° 183, juste avant l'élection, ils avaient
écarté les commissions scolaires autochtones à statut particulier. Ils ne
donnaient pas de droits, ils ne protégeaient pas ces élèves-là. Les parents n'avaient
pas ce recours-là. On leur donne un recours supplémentaire, puis ils nous font
la leçon. Il y a toujours bien des limites, Mme la Présidente!
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. J'ai Mme la... on va terminer avec M. le député de Jacques-Cartier,
et ensuite j'aurai la députée de Sherbrooke.
M. Kelley : Je ne suis pas
ici pour faire... donner des leçons. Je répète une demande qui est faite par
les Premières Nations du Québec et Labrador. Alors, est-ce que c'est eux autres
qui font la leçon au gouvernement? Parce que, souvent, c'est le gouvernement
qui donne les leçons aux autochtones. Quand ils demandent pour une meilleure
protection de leurs enfants dans le système de protection des enfants
autochtones, le VG, c'est : Non, on ne va pas donner l'autonomie parce que
c'est notre champ de compétence. Alors, je ne suis pas ici pour donner les
leçons, et c'est toujours le ministère... the Ministry of Plenty, comme George
Orwell a dit. Nous avons fait plus, plus, plus. Puis, sur la réalité sur le
terrain, c'est toujours un non, refus à la commission aux Premières Nations du
Québec et Labrador quand il y a des demandes. C'est non à modifier nos lois. C'est
non, c'est non, c'est non. Alors, je ne suis pas là... Le ministre a l'occasion,
je crois, ici, de faire quelque chose qui va aider les peuples autochtones du
Québec, mais c'est clair que c'est non, puis je vais laisser une de mes
collègues prendre la parole puis poser des questions au ministre. Merci,
madame.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Oui, M. le ministre.
M. Roberge : Bien, moi, je
pense qu'on dit oui. On dit oui aux élèves du Québec pour leur donner plus de
recours, pour mieux protéger leurs droits. Puis on dit oui aussi pour bien
former les protecteurs régionaux. C'est important, là, il y a beaucoup... Là,
on est à l'article 5, là, mais dans les articles qui viennent, il y a
beaucoup de mesures qui vont venir garantir qu'au niveau national et au niveau
régional il y a la compétence pour accueillir les plaintes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Tantôt, le ministre a dit qu'il en faisait plus que n'importe quel
gouvernement auparavant. La question, je pense, qu'on devrait se poser, ce n'est
pas si on en fait plus, là, c'est si on en fait assez. Je pense que c'est
clair, là, puis il va sûrement y avoir un consensus ici si je dis qu'il n'y a
jamais aucun gouvernement qui en a fait assez pour répondre aux besoins des communautés
autochtones. Je pense que c'est reconnu, on a eu des exemples clairs. Depuis
les anciens gouvernements, on a <eu...
>
11 h 30 (version révisée)
<17889
Mme
Labrie :
...est reconnu. On a >eu des exemples clairs.
Depuis les anciens gouvernements, on a eu le rapport Viens, on a eu le décès
malheureux de Joyce Echaquan, tout le débat social que ça a entraîné autour de
la question de la sécurisation culturelle. On n'est vraiment pas à la même place.
Puis moi, je ne me contenterai pas aujourd'hui qu'on dise qu'on en fait plus
que les autres ont fait auparavant, avant qu'on fasse tous ces constats-là,
puis qu'il y ait toute une série de recommandations, notamment pour la
sécurisation culturelle. Évidemment que ça n'a jamais été aussi avancé que ce
qu'on fait en ce moment, mais là on a entre les mains un projet de loi qui, à
aucun moment, ne prend des dispositions spécifiques pour répondre aux besoins
des communautés autochtones. On est dans un projet de loi de l'ancien temps, un
projet de loi qui aurait pu être écrit avant le rapport Viens, un projet de loi
qui aurait pu être écrit avant la commission Laurent, qui aurait pu être écrit
avant la mort de Joyce Echaquan, un projet de loi qui ne répond pas aux besoins
de sécurisation culturelle. Ça, c'est clair pour moi.
Ce projet de loi là, il n'y a pas aucune
garantie de ce que le ministre nous dit en ce moment. Il n'y a aucune mention
spécifique pour les besoins des communautés autochtones, et, tant qu'on n'aura
pas ça, on n'aura pas fait le nécessaire pour répondre à leurs besoins de
sécurisation culturelle. Je pense qu'on a eu... on a discuté déjà depuis
plusieurs heures de ça ici. Moi, j'ai nommé mes attentes. Je veux que le
ministre nous revienne avec des amendements, partout où ça va être nécessaire
dans la loi, pour qu'on nomme spécifiquement les dispositions qu'on va prendre
pour répondre aux besoins de sécurisation culturelle des communautés
autochtones. On ne peut pas écrire un nouveau projet de loi aujourd'hui ou
ouvrir une loi puis ne pas la modifier pour répondre aux constats sociaux qui
ont été faits, là, dans les derniers rapports, dans le dialogue pour la
réconciliation qu'on fait avec les Premières Nations en ce moment. On ne peut pas
faire ça, c'est... puis en particulier dans un projet de loi comme celui-là,
là, qui n'est pas purement technique. C'est un projet de loi pour assurer le
respect des droits des élèves.
C'est absolument nécessaire, quand on met
en place un mécanisme de plainte, de s'assurer qu'il va y avoir toutes les
dispositions claires dans la loi, dans la loi, pas plus tard, dans des
règlements ou dans des dispositions administratives. Dans la loi, il faut que
tout soit clair pour la sécurisation culturelle. Puis à aucun endroit dans le
projet de loi il n'y a mention de ce qui va être fait pour répondre
spécifiquement aux besoins des communautés autochtones. Il n'y a pas ça. Le
ministre nous dit que le projet de loi répond, mais il ne nous a pas déposé
aucun amendement, il ne nous a pas dit à quel article il allait déposer des
amendements pour le corriger. On n'a pas idée de ses intentions, en ce moment,
pour corriger ça.
Puis ce projet de loi là, là, je le
répète, c'est un projet de loi de l'ancien temps, c'est un projet de loi qui
aurait pu être écrit avant qu'on soit dans une démarche officielle de
réconciliation avec les Premières Nations. Ça fait qu'on ne peut pas... Moi, je
ne veux pas participer à l'adoption d'un projet de loi de l'ancien temps, qui
ne répond pas à ces considérations-là, pas après tout ce qui s'est passé dans
les dernières années puis après tous les signaux qu'on a envoyés pour la
réconciliation.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Mme la
Présidente, le projet de loi, c'est un plus par rapport à la situation
actuelle. Ma collègue voudrait qu'il y en ait encore plus, mais c'est un projet
de loi qui est ouvert, qui est flexible, parce que la société avance. On a fait
des pas de géant, là, dans les dernières années. Puis je suis d'accord qu'on
est en marche. On n'est pas arrivés, on n'est pas parvenus là où on voudrait
aller, mais on s'y dirige. Je pense que ce projet de loi là le permet, et il
est assez ouvert pour s'adapter à ce qui va s'en venir, parce qu'on va
continuer de faire des pas. Il s'en est fait, des pas, en santé, depuis le
drame qui s'est passé avec Mme Echaquan, il s'en est fait, des pas,
énormes, mais ça n'a pas... il n'a pas été nécessaire de réécrire toutes les
lois de la santé. Pourtant, en santé... Par exemple, en novembre 2020, il
y avait un investissement de 15 millions pour déployer des actions qui
favorisent la sécurisation culturelle à l'égard des membres des Premières
Nations inuites dans le réseau de la santé. Il y a eu une approche de
sécurisation culturelle pour reconnaître et prendre en compte, dans l'offre de
services et l'expérience de soins, la réalité puis la culture des personnes qui
y ont accès. Ça, ça s'est passé dans le réseau de la santé depuis ce qui est
arrivé.
Rédaction et publication de guides sur la
sécurisation culturelle destinés aux membres des conseils d'administration,
même des membres de la haute direction et gestionnaires des établissements. Il
y a eu des formations offertes aux gestionnaires, aux intervenants du réseau
pour les familiariser avec la notion de sécurisation culturelle. On en a reçu,
même nous, les membres de l'Assemblée nationale, des formations, parce que les
lois le permettaient. Lorsque les événements sont arrivés, des gestes ont été
pris dans le réseau de la santé, puis j'aurais une liste, là, beaucoup plus
grande. Puis même à l'Assemblée nationale, on en a reçu. Là, on adopte... on
travaille une loi qui vient... qui a un seul but, là, dans le fond, protéger
les élèves, et qui permet tout ça. Tout ce qui a été fait en santé, et plus, est
permis. Donc, je pense que c'est un grand pas, et il est écrit de manière à ce
qu'on en fasse d'autres.
Je comprends, souvent, les collègues nous <disent...
M. Roberge :
...est permis.
Donc, je pense que c'est un grand pas, et il est écrit de manière à ce qu'on en
fasse d'autres.
Je comprends, souvent, les collègues
nous >disent : Bien, il faut tout prévoir, il faut nous rassurer,
il faut tout écrire. Je pense qu'il faut écrire des articles de loi qui créent
des possibles, des articles de loi qui viennent protéger le droit des élèves. Nommément,
il faut avoir une structure, là, un organigramme très efficace. L'organigramme,
lui, il est prévu dans la loi. Lui, on ne change pas ça par règlement. Puis on
n'est pas capables, parce qu'il arrive un événement dans un mois ou dans deux
ans, de changer l'organigramme. Enfin, on peut revenir ici. Il faut que l'organigramme
dure à travers le temps, mais il faut que le mandat de la mission soit
suffisamment large et englobant pour être capables d'être agiles, et c'est ça
qu'on a dans le projet de loi. Si on a pu faire, avec une loi qui était plus
vieille, en santé, bien, une loi qui a été écrite après les événements
malheureux puis après, je vais dire, l'éveil qu'on a eu au Québec, bien, on va
être capables de les faire, ces pas-là.
Il ne faut pas être cyniques, il ne faut
pas penser que les choses ne se feront pas puis qu'il y a des gens mal
intentionnés. Les gens qui vont être nommés dans ces instances-là vont avoir un
seul but, là, c'est répondre aux besoins des élèves et des parents, traiter les
plaintes, se former, être informés, s'assurer qu'il y a une équité dans le
réseau, dans les plaintes. C'est ça, le mandat. Ils n'auront que cette
lunette-là, ils seront formés pour ça, avec des articles de loi qui le
permettront et le faciliteront. Donc, je pense, Mme la Présidente, qu'on fait
nos devoirs et qu'on les fait bien.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : On dirait que le
ministre réfléchit encore comme dans un ancien paradigme où on pensait qu'en
appliquant la même chose à tout le monde on pouvait répondre aux besoins de
tout le monde. Moi, je viens de passer des années à me battre, avec plusieurs
collègues ici, pour qu'on adapte le système de justice parce qu'on s'est rendu
compte que ce n'était pas vrai qu'en appliquant la même chose à tout le monde
on pouvait répondre aux besoins de tout le monde qui fréquentait le système de
justice. Puis il y a eu une reconnaissance de ça, qu'on avait besoin de changer
nos manières de faire, parce qu'il y avait des besoins spécifiques. Puis on a
mis sur pied des tribunaux spécialisés. C'est un projet de loi que le
gouvernement était très heureux d'adopter, il s'en est félicité. Puis ça a été
dit je ne sais pas combien de milliers de fois, dans les dernières années, par
plusieurs membres de ce gouvernement-là, qu'il fallait reconnaître qu'il y
avait des besoins spécifiques pour certaines victimes et qu'il fallait adapter
le processus en conséquence.
Là, c'est un peu la même chose. On a un
ministre qui nous dit ici que son projet de loi, il va s'appliquer pareil pour
tout le monde, et donc que c'est bon que ce soit ainsi. Moi, je lui dis non. On
sait qu'il y a des besoins spécifiques. Ce n'est pas vrai qu'en appliquant la
même chose pour tout le monde on va répondre aux besoins spécifiques. C'est
précisément ce que les communautés autochtones nous disent. C'est eux qui ont
demandé qu'on dépose cet amendement-là, ce que ma collègue de Saint-Laurent a
fait. C'est une réponse à leur demande de dépôt de cet amendement-là.
• (11 h 40) •
Moi, je ne crois pas, en 2022, qu'avec une
procédure qui va être uniforme pour tout le monde on peut répondre à des
besoins aussi spécifiques que ceux des communautés autochtones. Je ne le crois
pas pour les victimes de violence sexuelle, dans le système de justice, puis je
ne le crois pas pour les communautés autochtones, dans le mécanisme du
protecteur de l'élève qu'on est en train de mettre en place. Il va falloir
changer de paradigme. Le ministre, il dit qu'il a fait ses devoirs, mais il a
fait ses devoirs dans les années 90, là, parce qu'à un moment donné... Là,
c'est en 2022 qu'on adopte un projet de loi, puis on ne peut plus penser ça
aujourd'hui, avec tout ce qu'on sait, que d'appliquer la même chose à tout le monde
ça marche, pour des gens qui ont des besoins aussi spécifiques que d'avoir
accès à des services dans sa langue autochtone, par exemple, que ces gens-là
vivent dans une communauté autochtone ou pas, d'ailleurs. C'est pour ça que cet
amendement-là est là.
Donc, moi, j'insiste, là, ce n'est pas
vrai qu'avec une réponse uniforme pour tout le monde on répond à ces besoins-là,
et j'attends encore la liste des amendements qui vont être déposés pour
répondre à ça dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Votre temps est écoulé. Donc, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent?
Mme Rizqy : Je ne sais pas si
le ministre veut répondre à ma collègue.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ça va.
Mme Rizqy : O.K. Bien, je suis
surprise, là, parce qu'il y avait quand même plusieurs points, puis le
parallèle qui a été tracé par ma collègue est frappant. Puis moi, j'ai été...
je pense que tout le monde était très content, là, de ce changement.
Évidemment, on aurait souhaité que les femmes qui ont participé à ce changement
soient invitées au premier tribunal.
Ceci étant dit, je vais continuer sur
l'éducation. Par contre, je vais le répéter, Mme la Présidente, à plusieurs
reprises, le ministre a dit que mon amendement changeait l'organigramme.
Premièrement, ce projet de loi n'appartient pas au ministre. Il nous appartient
collectivement à titre d'élus. Deuxièmement, ce projet de loi n'est pas adopté.
Par conséquent, l'organigramme n'existe pas. On est en train d'en discuter. Et,
troisièmement, j'ai fait le dessin, je l'ai même maintenant, <imprimé...
Mme Rizqy :
...à
titre d'élus. Deuxièmement, ce projet de loi n'est pas
adopté. Par conséquent, l'organigramme n'existe pas. On est en train d'en
discuter. Et, troisièmement, j'ai fait le dessin, je l'ai même maintenant, >imprimé
en propre. On peut le donner au ministre, là, mais... au ministre de
l'Éducation. Il ne change pas, l'organigramme. L'instance d'appel de révision
reste le protecteur national. Première instance, c'est les protecteurs
régionaux, ainsi que... En propre, tel que promis. Protecteur national, en
appel ou en révision. Première instance, protecteur régional et protecteur de
l'élève autochtone. Là, je ne sais pas s'il veut le garder devant lui, parce
que j'aimerais ça qu'on arrête de dire qu'on change l'organigramme. On s'assure
de répondre à une demande qui émane d'un mémoire des Premières Nations.
Alors, on va revenir pratico-pratique.
Moi, j'aimerais comprendre comment que le ministre croit sincèrement qu'on va
répondre aux besoins de la communauté des Premières Nations. Si le protecteur
régional, disons, que ce soit une personne de Québec, qui a suivi une
formation... Puis, en passant, on l'a tous suivie, hein, nous autres, la
formation, hein? Savez-vous quoi? Dans la formation qu'on a suivie, il y avait
la question sur les territoires conventionnés et non conventionnés, et pourtant
le ministre ne le savait même pas, alors qu'il a suivi lui-même la formation.
Alors, ça en dit long sur les formations qu'on suit. Deuxièmement, même si moi,
j'ai suivi cette formation, je vous le dis d'entrée de jeu, je ne suis pas une
experte. Troisièmement, je ne maîtrise même pas la langue ni les us et
coutumes. Je peux vous donner plein de raisons que, même si on suit une
formation, ça ne veut pas dire qu'on devient un expert dans ce domaine. Ça veut
juste dire, peut-être, qu'on a une sensibilité, qu'on a peut-être des lumières
rouges qui vont apparaître, puis qu'on va avoir le réflexe de poser la question
à quelqu'un qui, lui, est un expert.
Alors, pratico-pratique, comment que le
ministre voit ça? On a un élève, à Wendake, qui fréquente un centre de services
scolaire de la Capitale-Nationale, qui a une réalité différente. Comment qu'il
va s'adresser à lui? Est-ce qu'il va aller vérifier aussi sur la communauté?
Est-ce qu'il va comprendre tout ça? Pratico-pratique. Puis au niveau de la
langue aussi, ça m'intéresse.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Donc, sur l'organigramme du projet de loi... je dis «projet de loi»,
hein, je sais bien que la loi n'est pas adoptée... moi, avec respect pour ma
collègue, on est en désaccord. Puis c'est correct, ça arrive. C'est tout à fait
correct d'être en désaccord. D'avoir un protecteur qui n'est pas régional, mais
qui couvre tout le territoire, bien, ça dénature, définitivement, là, le
principe, de la manière que c'est fait, bon.
Ensuite, bien, je pense que ma collègue
pose une question, mais je pense qu'elle a la réponse, là. On aurait... On a
des protecteurs régionaux qui sont prévus dans la loi, qui ont compétence sur un
territoire, mais surtout, ce qui est nouveau, hein, avec le projet de loi, on a
un protecteur national avec son équipe. Quand on dit «le protecteur national»,
il ne faut pas imaginer un homme ou une femme toute seule, là, qui doit
répondre à tout. Il y aura, bien sûr, des employés, une équipe, autour de lui,
qui aura des compétences, capable de le soutenir pour répondre aux questions,
pour assurer la formation. Puis on ne peut pas présumer, parce que nous avons
suivi une formation d'un nombre x d'heures, qui nous sensibilise, qui pique
notre curiosité pour en suivre encore plus, que ce sera la même. Tu sais, il
existe quand même d'autres formations, là.
Donc, il y aura des protecteurs régionaux,
il y aura un protecteur national, avec son équipe, à même d'assurer la
cohérence, à même d'assurer la formation, les formations et l'information des
protecteurs régionaux quand ils ont à faire face ou à traiter des plaintes.
Mais, si un élève, je ne sais pas, et son parent ne sont pas satisfaits parce
qu'il ne reçoit pas, supposément, le nombre d'heures prévu, en orthopédagogie,
qui réponde à ses besoins, ce n'est pas nécessairement une particularité que
l'élève appartienne à une nation autochtone ou pas. Il ne faut pas penser que
toutes les plaintes seraient traitées différemment non plus, là. Je veux dire,
une plainte parce qu'on n'a pas suffisamment d'heures d'un service
professionnel, par exemple, qu'elle vienne d'un élève du réseau francophone,
anglophone ou une nation autochtone, ça reste la même plainte, et qui sera
traitée de la même façon. Il peut y avoir des plaintes qui peuvent être
traitées d'autres façons, mais ce n'est pas toute plainte qui sera différente
en fonction du fait que c'est quelqu'un qui vient d'une nation autochtone non
plus, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, moi, je <trouve...
M. Roberge :
...plainte qui sera différente en fonction du fait que c'est
quelqu'un qui vient d'une nation autochtone non plus, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. D'autres commentaires? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Bien,
moi, je >trouve que c'est précisément ça, l'enjeu. C'est que, pour vous,
là, vous utilisez la méthode «one size fits all». C'est vraiment ça que vous
venez de dire, là, toutes les plaintes vont être traitées de la même façon.
Donc, il ne faut pas traiter une autre plainte différemment, c'est le «one size
fits all». Moi, je vais vous dire où est-ce que ça nous a conduits, le «one
size fits all» en éducation : 78 % de taux de diplomation dans la
région... pour les élèves du Québec en général, exactement l'inverse pour les
élèves autochtones, 78 % qui n'ont pas de diplôme. «One size fits all.» Et
nous, aujourd'hui, on vous demande respectueusement, là, de changer de
paradigme.
Je suis allée voir, parce que je n'ai pas
eu l'occasion de siéger dans le projet de loi n° 1, sur la famille, que ma
collègue a fait référence, puis, effectivement, il y a vraiment un amendement
qui dit la chose suivante : «Afin de permettre l'application de mesures
assurant la prise en compte de la réalité des autochtones…» Il n'a pas été
déposé par les oppositions, il a été déposé par le ministre de la Famille.
Pourquoi? Pour la réconciliation. Pourquoi qu'en éducation on refuse de commencer
ce pas de réconciliation? Je la pose sincèrement, cette question-là. Parce que
ce n'est pas normal qu'on a un premier ministre qui s'est levé, au salon bleu,
ému, en nous lisant une lettre d'excuses, en disant qu'on devait changer, tout
revoir notre façon de faire. Ce n'est pas normal que plusieurs d'entre nous, on
a été secoués après la mort de Joyce Echaquan, qu'on a dit qu'il faut tout
changer ça... Ce n'est pas normal qu'on a eu un nouveau ministre des Affaires
autochtones qui a remplacé l'ancienne pour rétablir les ponts, rétablir les
lignes de communication, puis dire : Ça va changer, puis qu'on arrive au
ministère le plus important après celui de la Santé, celui de l'Éducation... Le
meilleur ascenseur social du Québec, c'est l'éducation. Puis, je m'excuse, là,
le gouvernement du Québec a failli à la tâche en matière de Premières Nations.
Alors, moi, non, aujourd'hui, c'est plus
qu'un noeud. Puis cette fin de non-recevoir, je ne la comprends pas, du
ministre. Et il y a notre formation politique, celle de Québec solidaire, Parti
québécois, on représente, là, quand même, une opposition importante, et,
aujourd'hui, j'entends que le ministre, là, ne veut pas coopérer. Parce qu'on a
donné tous les arguments. On a aussi donné...
M. Émond : ...la collègue a
beaucoup d'expérience, on sent sa passion. On est capables de le faire dans le
respect. Le ministre coopère depuis son élection, en 2018, j'ai été témoin,
dans nos nombreuses commissions parlementaires. Je vous invite à ramener la
collègue dans le droit chemin du respect entre parlementaires.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. Donc, j'invite tout le monde ici à la prudence dans
les mots qu'on choisit pour que ça continue de bien aller. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Il coopère
tellement bien qu'on a eu droit à deux bâillons en éducation en trois ans.
Alors, là-dessus...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mme la députée de Saint-Laurent, s'il vous plaît!
• (11 h 50) •
Mme Rizqy : Excusez-moi. Je
me suis peut-être trompée dans le nombre de bâillons, on en a tellement eu avec
la CAQ. Alors...
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il vous plaît! Je demande...
Mme Rizqy : Non, mais, tant
qu'à prendre la parole, là, pour faire des interventions de règlement, faites
donc des interventions qui sont en lien avec les Premières Nations. Pour vrai.
Vous ne parlez jamais, mais, quand c'est le temps de dire quelque chose... On a
le député de Maskinongé, qui, lui, a des communautés culturelles autochtones
dans son comté. Pourquoi qu'il ne prend pas la parole pour défendre les gens,
aussi, de sa nation? Alors, faites donc des appels de règlements, là, mais,
pendant ce temps là, on n'avance pas pour les gens qui comptent vraiment, qui
sont les plus vulnérables. 78 %, pas de diplôme. Ce sera tout, Mme la
Présidente, puis faites autant d'appels de règlement là-dessus.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. Il faut faire attention, là, quand même, il ne faut pas se prêter
des intentions. Je pense que ma collègue veut la réussite de tous les élèves, je
pense que nous aussi. Je pense que, de l'autre côté, on veut tous la réussite
des élèves, puis du côté du gouvernement aussi, y compris mes collègues qui
viennent travailler en commission parlementaire, là. Je pense qu'il faut faire
attention à ça.
Avec le projet de loi qu'on apporte, on
révolutionne, je vous dirais, la manière d'assurer que les droits des élèves
soient protégés. Les élèves ont tous les mêmes droits, mais ils peuvent avoir
différents besoins, il peut y avoir différentes façons d'y répondre. C'est pour
ça que le projet de loi, il est décentralisé. On ne crée pas une instance
nationale pour venir superviser, puis, comme dit ma collègue en anglais, le «one
size fits all», ce n'est pas ce qu'on fait, ce n'est pas ça qu'on fait. On crée
une instance nationale pour coordonner, pour former, pour soutenir les
instances régionales, non pas pour tout décider dans un bureau, là, en
centralisant. C'est le contraire, c'est l'exact contraire. <Donc...
M. Roberge :
...former,
pour soutenir les instances régionales, non pas pour tout décider dans un
bureau, là, en centralisant. C'est le contraire, c'est l'exact contraire. >Donc,
il faut faire attention de ne pas se prêter des intentions. Moi, je n'ai pas l'intention
de le faire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme
la Présidente. Je veux revenir sur des termes qui ont été utilisés par mes
différents collègues. Je veux revenir sur l'ancien temps, parce qu'il y a peu
de gens, dans cette salle, qui peuvent parler de l'ancien temps. J'ai ce
privilège-là. Je peux parler de l'ancien temps, puisque j'y étais. Comme vous, M.
le ministre. Vous étiez dans l'ancien temps aussi, puisque l'ancien temps, pour
nous, comme pour les enfants, c'est les années précédentes. Puis, dans les
années précédentes, il y avait un gouvernement différent. Ma collègue de
Joliette aussi fait partie de l'ancien temps. Moi, c'était ma fête la semaine
passée, ça fait que ça ne me dérange pas de dire «l'ancien temps», hein? Je
suis grand-mère, ça fait que l'ancien temps, je l'explique presque à toutes les
fins de semaine. Puis, non, je n'ai jamais écouté un disque fait en cire. Mais,
ceci dit, l'ancien temps, c'est où on prenait des décisions avec les événements
qui étaient factuels.
Je nous écoute, puis, nécessairement, vous
avez compris, Mme la Présidente, qu'il y a une partie de moi qui est fort déçue,
parce que l'actualisation d'un projet de loi, c'est quand on le dépose puis
quand on l'étudie. Puis, quand mon collègue dit : On a... Le gouvernement
précédent, dans l'ancien temps, a déposé un projet de loi, puis il n'y avait
pas cette perspective-là dedans, il a tout à fait raison. Il n'y avait pas cette
perspective-là, mais il n'a pas été étudié. Puis je pourrais presque mettre ma
main au feu que le ministre aurait déchiré sa chemise sur deux, trois sujets.
Parce que c'est ça, étudier un projet de loi, c'est : chacun y va avec sa
perspective, son comté, son expérience, puis on sait, de part et d'autre de
cette salle, que l'expérience vient jouer dans notre perspective du projet de
loi.
Mais il n'y avait pas le dossier de Joyce
Echaquan. Et, dans cette perspective-là, ma collègue de Saint-Laurent l'a dit,
hein, il y a la santé. Dans l'aspect ministériel, là, il y a la santé. Tout le
monde va dire que c'est le Conseil du trésor qui est important, là, mais il y a
la santé et il y a l'éducation. Pourquoi? Bien, c'est les ministères de
proximité avec le citoyen. Si ça ne va pas bien en santé, Mme la Présidente, on
le sait, ce que ça fait. On peut donner d'ailleurs un chiffre au nombre de gens
qui sont morts pendant la COVID. On peut parler du livre qui est sorti aujourd'hui,
puis qui va dénoncer des choses, puis avouer des choses, puis on peut parler de
l'enquête qui ne se fera pas. En santé, on peut dire des choses.
Mais on peut utiliser ce qui s'est passé
dans l'ancien temps pour améliorer le temps actuel. Puis je le sais que, tu
sais, ça peut sembler qu'on s'entête à vouloir changer un organigramme, mais ce
n'est pas ça qu'on fait, là. Là, ce qu'on fait, c'est... on dit : Il y a
différentes réalités. Puis, je suis d'accord, on essaie de ne pas faire du «one
size fits all». Je suis d'accord avec ça, puis c'est ça, la volonté qu'on a. Mais
chaque perspective peut être différente, et, de ce fait, la personne qui va
répondre, au national, à l'ensemble des régionales, elle devrait avoir
connaissance de la culture, de la langue et des traditions.
Je fais une parenthèse sur «traditions»
parce qu'il y a des parents qui vont demander une absence, pas pour aller à
Walt Disney pendant le mois de janvier, là. Non, non, ils vont demander une
absence parce que, dans les traditions qu'ils ont, il y a un moment où on s'arrête,
puis on fait quelque chose, et ça fait partie de la culture, ça fait partie de
leur apprentissage, ça fait partie de qui ils sont. On a... J'ai le privilège
de représenter les gens de Forêts, Faune et Parcs. Bien, on a ces
conversations-là régulièrement pour pouvoir échanger puis voir c'est quoi, les
perspectives, puis comment on peut faire mieux.
Qu'on ne veuille pas changer un
organigramme, c'est une chose, mais qu'on ne veuille pas entendre que l'histoire
nous a fait la démonstration que, si le gouvernement ne donne pas le ton, on ne
changera pas la population... On ne cherche pas à toute la changer, là, mais on
cherche à faire en sorte que cette nation-là puisse être entendue, respectée,
et que... force de loi, parce que ce qui n'est pas écrit, tu n'es pas obligé de
le faire. Mais quand c'est écrit, quand ça dit... D'ailleurs, le ministre de la
Santé a même dit, là : Il faut qu'il y ait de la formation. Puis il n'a
pas juste dit : On va faire un dépliant puis on va le passer aux gens, là.
Il a dit : On va faire de la formation pour s'assurer qu'à Joliette comme
partout au Québec ça ne se passe plus jamais comme ça, qu'on comprenne, qu'on
puisse entreprendre cette conversation-là.
J'ai compris qu'il restait peu de temps
puis j'ai compris qu'on va compter le temps, parce que c'est important, mais,
Mme la Présidente, c'est décevant de savoir que... Pour <marquer...
Mme Charbonneau :
...J'ai
compris qu'il restait peu de temps puis j'ai compris qu'on va compter le temps,
parce que c'est important, mais, Mme la Présidente, c'est décevant de savoir
que... Pour >marquer le pas, on pourrait poser un geste, qui semble fort
simple pour nous, compliqué de l'autre côté, mais qui changerait la donne sur
la compréhension qu'on a de «nation à nation», du respect qu'on devrait avoir
de nation à nation puis de la volonté qu'on a que, plutôt que de regarder une
structure, qu'on regarde le mot «respect», parce que c'est dans la définition
du mot «respect» qu'on est capables d'avancer. Ce n'est pas dans la définition
du mot «organigramme». Je pense qu'il y a une grande différence. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je
voulais savoir, de la part du ministre : Est-ce qu'il y a une autre
formulation de cet article qui serait acceptable pour lui et son équipe?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, de la
manière dont c'est conçu ici, on parle, dans l'article, d'avoir une instance
séparée. Je pense que ce qu'on souhaite c'est d'avoir un vivre-ensemble puis
d'avoir des instances nationales, mais surtout régionales parce que ce sont...
c'est régionalement que ça se passe, supportées par le national, régionalement
que ça se passe. Il faut que les gens soient sensibilisés, formés, informés,
comme ce qu'on a vu dans le réseau de la santé, là, avec des formations, des
informations, des partenariats, des ententes avec les communautés, avec les
nations, avec les organismes communautaires.
Je pense qu'on... Il faut qu'on ait cette
agilité régionale, cette compétence, cette connaissance, mais je ne pense pas
qu'il faut changer la manière dont le système est organisé. Puis là ma collègue
dit : Oui, mais il faut parler de respect plutôt que d'organigramme. On
est 100 % d'accord, là. 100 % du projet de loi est voué au respect
des droits des élèves. Donc, je veux dire, on est à la même place. Mais là
c'est un article qui traite de l'organisation du système. On ne peut pas me
reprocher de parler de l'organisation du système quand on a un amendement qui
parle de l'organisation, là.
Mme Charbonneau : ...je
n'ai fait aucun reproche. On me prête des intentions. Je n'ai pas fait de
reproche, là. J'ai parlé, je vous le dis, là, du fond de mon cœur, de la
volonté qu'on a de voir un article venir s'ajouter. Je n'ai fait aucun reproche
au ministre, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci de la précision, Mme la députée. Je vais laisser terminer M. le
ministre.
M. Roberge : D'accord. Je
vais me garder de faire des reproches, aussi, à ma collègue, qui est toujours
bien intentionnée, là, qui n'est pas du tout, du tout dans les attaques
personnelles, puis je ne veux pas... je ne veux même pas l'insinuer. Pour
répondre à ma collègue, je ne pense pas que la solution soit dans un... la
création d'un protecteur national ou régional dédié aux nations autochtones. Je
pense que la solution, elle est dans les formations, dans les informations,
dans les sensibilisations, dans les mandats qui seront donnés. Voilà.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui.
Mais n'est-ce pas important d'avoir quelqu'un qui a du pouvoir en ce qui
concerne ce dossier? J'aimerais beaucoup trouver un mi-chemin. Je pense que
c'est... Évidemment, on comprend notre point de vue puis on ressent le manque
d'ouverture en ce qui concerne cet article. J'aimerais trouver une porte, une
porte d'ouverture où nous pouvons trouver un mi-chemin. Je comprends le besoin
d'avoir la formation puis je comprends que ça s'en vient dans les articles qui
suivent, mais je pense aussi que tous les collègues ont fait des... ils ont
fait un débat qui était élevé, ils ont quand même fait des représentations
auprès de la communauté puis ils ont fait une suggestion parce que la
population concernée cherche à avoir des garanties, cherche à avoir une
représentation. On veut être à l'écoute.
Ça fait que, si ce n'est pas dans
l'organigramme qui a été préparé par ma collègue, est-ce qu'on peut peut-être
prévoir une boîte ailleurs? Est-ce que c'est avec un autre titre? Est-ce que
c'est un consultant? Mais de s'assurer que cette personne clé, dans
l'organigramme, existera. Pourquoi? Parce que tous les arguments que les
collègues ont présentés, ils ont du mérite. Je pense que les gens comprennent
le sens de l'intervention puis ce qu'on cherche. Ça fait que, si le ministre
dit que ce n'est pas au même niveau que le protecteur régional, est-ce qu'il y
a une autre place, dans l'organigramme, où cette personne pourra occuper une
case? Parce que, <pour...
>
12 h (version révisée)
<17911
Mme Maccarone :
...Parce que, >pour avoir une bonne représentation de cette
communauté, à mon estime à moi, à mon expérience dans le passé, c'est bien d'avoir
une personne clé, une personne qui peut porter cette voix, qui peut amener une expertise,
qui peut donner la formation, qui peut faire le pont. Parce qu'au bout de tout,
je pense qu'on l'a dit aussi, ça nous ramène toujours au centre du débat, puis
c'est l'élève. C'est l'élève en question. Puis, oui, il y a plusieurs
préoccupations. On parle du racisme, la discrimination, l'intimidation, c'est
des préoccupations qui sont très importantes. Il y a un manque d'assurance dans
la communauté que nous serons là pour répondre à leurs besoins. Et, encore une
fois, on a une occasion en or parce que c'est un nouveau départ. Je pense qu'on
a dit d'emblée, dans nos remarques préliminaires, j'aime l'idée d'avoir un
protecteur national de l'élève. Je suis venue ici avec une ouverture de vouloir
bonifier le projet de loi.
Ça fait qu'est-ce qu'il y a une autre
façon que nous pouvons traiter ceci pour s'assurer qu'on peut avoir cette case
remplie? C'est archi-important, puis je ne veux pas que les gens qui nous
écoutent, surtout les gens qui sont issus de la communauté des Premières
Nations autochtones, pensent qu'on n'a pas fait tout ce qu'on pouvait pour s'assurer
que leurs droits sont respectés puis que la voix de cette communauté paraît
aussi dans le projet de loi. C'est un petit pas que nous pouvons faire qui peut
amener beaucoup, vraiment beaucoup. Ça fait que ça prend juste une petite
volonté. Peut-être, il faut juste regarder les choses autrement. Si ce n'est
pas ici, je soumets au ministre... Je pense que la collègue serait prête à
discuter son amendement. On peut suspendre pour jaser, donner le ministre un peu
de temps pour discuter avec son équipe.
Mais est-ce qu'il y a une autre place que
nous pouvons avoir cette personne clé dans l'organigramme? Parce que c'est un
nouveau départ, c'est une nouvelle ère. Ce n'est plus dans l'ancien temps. Je
pense qu'il faut faire des choses différemment, il faut oser l'avenir. Il faut
vraiment penser à qu'est-ce que nous pouvons faire pour protéger les droits de
ces élèves et leurs familles, puis ce serait la façon, je pense, de le faire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : J'apprécie
la main tendue de la collègue. Moi, je pense qu'on est dans un projet de loi
qui est très, très moderne, qui vient couvrir, pour la première fois, l'ensemble
des centres de services scolaires et des commissions scolaires à statut
particulier. Je pense qu'on va les définir ensemble, si d'aventure... Peut-être
qu'on va se rendre compte que les articles, de la manière qu'ils sont écrits,
couvrent déjà ce qu'on souhaite à la lecture. Puis, à chaque fois qu'on tombe
sur des articles, on creuse puis on regarde ce que ça veut dire puis ce que ça
représente. Il est possible qu'on ait des amendements, mais je ne peux pas vous
dire tout de suite, supposons : Voilà l'article où, ensemble, il y aura un
amendement où on changera... On va y arriver, à ces articles-là, mais ce n'est
pas à l'article 5.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre.
Mme Maccarone : Pour
conclure, d'abord, je partage la déception, parce que, pour vrai, je pensais
que l'amendement ou une version de l'amendement aurait été très opportun dans
ce projet de loi pour le bonifier. Je pense qu'encore une fois, pour nous, c'était
une question d'ajouter et pas de soustraire. C'est une question de
collaboration, c'est une question de représentation. Ça fait que suis déçue
que... Évidemment, j'ai l'intention de ne pas déposer cet amendement. Je
comprends que, du banc du gouvernement, ça va être contre. On sait compter, on
sait compter. Mais, vraiment, je suis triste de ceci parce que je pense qu'on
avait vraiment une occasion de s'assurer qu'on aurait une représentation pour
la communauté. Ça aurait été vraiment une façon de faire notre part en ce qui
concerne les réconciliations. Et je pense aussi que ça serait mal vu par la
communauté que c'est un amendement qui n'a pas été accepté. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions sur l'amendement de Mme la députée
de Saint-Laurent? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention...
Une voix : Par appel nominal.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, merci. Donc, je vais mettre l'amendement aux voix. Par appel nominal,
s'il vous plaît, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Veuillez
répondre pour, contre ou abstention. Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy : Pour.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
Westmount—Saint-Louis?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: Mme Charbonneau
(Mille-Îles)?
Mme
Charbonneau
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Roberge
(Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
: M. Allaire
(Maskinongé)?
M. Allaire : Contre.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
: Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Contre.
La Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: Et Mme Guillemette
(Roberval)?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Abstention. Donc, nous retournons maintenant à l'article 5. Est-ce qu'il
y a des... Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : J'ai un
amendement à déposer, Mme la Présidente. Je vous demande la permission de suspendre
pour quelques minutes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Nous allons suspendre quelques instants. <Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...quelques instants. >Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 07
(Reprise à 12 h 13)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, la commission reprend ses travaux sur un amendement de Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis. Mme la députée, si vous voulez bien nous présenter
votre amendement.
Mme Maccarone : Avec grand
plaisir, Mme la Présidente. L'article 5 : L'article 5 du projet
de loi est modifié par l'ajout dans le premier alinéa, après les mots «le
ministre nomme des protecteurs régionaux de l'élève», des mots «et un
protecteur de l'élève pour les élèves handicapés et en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage».
Ce n'est pas une surprise pour aucun
collègue à l'Assemblée nationale que c'est un amendement que je porte au nom
des élèves HDAA, on va dire, qui est l'acronyme le plus connu dans le réseau
scolaire. Je pense que nous avons tous entendu, lors des auditions en
commission parlementaire, les interventions des groupes qui ont dit qu'ils
pensaient non seulement que c'était nécessaire, c'était essentiel, d'avoir une
personne responsable de ces enfants, ces élèves, leurs familles. C'est souvent
le parcours des combattants quand nous sommes parents d'un enfant HDAA, un
enfant à besoins particuliers ou handicapé. Je sais que le ministre connaît
déjà, souvent, beaucoup d'histoires, mais je vais quand même raconter un...
pour le bénéfice des gens qui nous écoutent.
Juste pour donner un portrait, parce que
ça aurait pu être moi, ça aurait pu être n'importe qui qui a un enfant avec des
besoins particuliers puis ça peut être n'importe quel type de besoin. On peut
dire qu'un enfant qui a des troubles de langue... de langage, qui a des
difficultés à s'exprimer, qui a besoin d'avoir accès à un orthophoniste, un
enfant autiste, un enfant qui est lourdement handicapé, le combattant de ce
parent ainsi que cet élève, ça peut être très, très, très difficile. Puis nous
savons aussi que la majorité des plaintes que nous recevons sont liées à des
enfants qui ont des handicaps ou des besoins particuliers. Un enfant qui ne
reçoit pas le service, un enfant qui n'est pas intégré dans le milieu scolaire,
un enfant qui est face à des difficultés, les parents vont dire : Bien,
mon Dieu, mon enfant, il est fragile, mon enfant est vulnérable, qu'est-ce que
je fais? Si je peux parler pour moi-même, je pense que je parle pour plusieurs
parents qui ont des enfants avec des besoins particuliers, tu es fragile,
surtout quand les enfants sont jeunes. Ça fait qu'un accompagnement, quand ils
sont plus jeunes, est archi-important. Parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on
ne connaît pas dans le réseau, on a besoin d'avoir une aide. On est souvent
face à des portes fermées.
Ça fait que ce parent va dire : Bon,
bien... Ils vont rencontrer le professeur puis ils qui vont dire au professeur :
Bon, bien, les choses ne vont pas bien, mon enfant est face à des difficultés,
peu importe c'est quoi, mon enfant est lourdement autiste, puis ça ne va pas
bien dans la classe, mon enfant a besoin d'avoir une aide, un accompagnement.
Ça ne va pas bien en termes de cette discussion, alors ils vont aller...
prochaine étape, ils vont rencontrer la direction de l'école. Alors, ils vont
avoir une autre conversation avec la direction d'école, qui va dire : Mais,
peut-être, vous savez quoi, Mme Maccarone, votre enfant, là, on ne peut
pas l'intégrer, on ne peut pas l'intégrer dans le milieu scolaire. Ça ne va pas
bien, cet enfant-là, il a des comportements sévères très difficiles. Alors,
nous sommes face à des difficultés, ça fait qu'on vous renvoie à la maison avec
votre enfant.
Ça fait que, là, la maman ou le papa, la
prochaine chose qu'ils vont faire, ils vont aller au centre de services
scolaire ou la commission scolaire, puis ils vont faire un appel, le service,
puis ils vont dire : Hé mon Dieu! Qu'est-ce que je vais faire là? Moi, là,
j'ai besoin d'aller au travail. Moi, là, j'ai besoin... je n'ai plus d'accès
aux transports. Il n'y a personne qui me contacte, je ne sais pas qu'est-ce que
je dois faire. Je sais que mon enfant doit être scolarisé. Si c'est moi qui
avais gardé mon enfant à la maison, bien, ils auront appelé la DPJ. Mais là
c'est l'inverse. Moi, je veux absolument que mon enfant soit envoyé à la
maison... à l'école, mais ils me disent qu'il n'y a pas de place. Ça fait que
le centre de services scolaire, le siège social, ils vont essayer, ils vont
appeler l'école. Ils vont appeler le directeur d'école ou la directrice. Ils
vont faire appel aux professionnels pour essayer de faire un plan de
réintégration. Bref, ces parents, souvent, ils font face... encore, des
difficultés. Hé mon Dieu! Depuis novembre que cet enfant-là, maintenant, n'est
plus à l'école. Puis là <on est rendu...
Mme Maccarone :
...depuis
novembre que cet enfant-là, maintenant, n'est plus à l'école. Puis là >on
est rendu... C'est presque avril. C'est cinq mois, Mme la Présidente, de
non-scolarisation de cet enfant, le parent encore fragile, encore plus
fragilisé. Pourquoi? Parce que, là, maintenant, je dois aller sur le chômage,
aide sociale, peu importe, parce que je ne peux plus aller au travail, parce
que je dois rester à la maison à temps plein pour s'occuper de mon enfant. Il
n'y a personne qui vient à la maison pour m'aider. Puis ils offrent que mon
enfant peut aller à l'école une heure par jour. Bien, une heure par jour, puis
là, tu sais, ça veut dire que je n'ai pas du temps à aller au travail et
revenir à la maison pour occuper de mon enfant, ça fait que ça peut être encore
plus compliqué. Puis ça prend un transport adapté, puis, mon Dieu, je n'ai
peut-être pas ça dans mon coin où j'habite, à Chicoutimi. C'est compliqué.
Ça fait que, là, bien, ils vont parler,
peut-être, bien, dans une commission scolaire anglophone, on se comprend, ils
vont parler avec leur commissaire, on n'a plus ça dans le réseau francophone.
Ça fait qu'ils vont essayer de faire contact, peut-être, avec un membre du
conseil d'administration pour dire : Qu'est-ce que je fais? C'est quoi,
mes droits? Qu'est-ce que je peux faire? Le conseil d'administration va dire :
Bien, nous, on n'a pas de cette responsabilité. Ça fait qu'ils vont appeler
leur député puis ils vont dire : Eh! aidez-moi, je suis face à un gros
problème. Qu'est-ce que je fais? Puis là il faut comprendre, Mme la Présidente,
pendant tout ce chemin, le parent, là, son estime en soi, la santé mentale
dégrade, dégrade parce que le plus de temps qu'on passe à la maison, le plus de
fois que je reçois des «non», le plus de fois que je suis face à des
difficultés, je me sens moins confortable, je ne suis plus la combattante que
j'étais au début. Ça fait que, là... Puis là mon inquiétude commence à
augmenter.
Ça fait que, là, ils vont appeler le
député en question. Ils vont peut-être appeler n'importe quel député ici puis
ils vont dire : Bien, avez-vous placé une plainte auprès de votre protecteur
de l'élève? Ah! il faut faire ça? Mon Dieu! Mais là ça fait cinq mois déjà que
mon enfant n'est pas scolarisé. Ça fait que, là, j'ouvre un autre dossier avec
cette personne. Ça se peut que ça va être une attente de 30 à 45 jours
avant que ma plainte est traitée, parce que, là, c'est une autre attente. Cette
personne va faire une recommandation auprès de le C.A. ou auprès de le conseil
de commissaires. Et ça se peut que ça va être un non, on ne sait pas qu'est-ce
qu'on fait.
Ça fait que, là, prochaine étape, là, il
faut qu'ils aillent maintenant au protecteur régional. Puis ça se peut, encore
une fois, que... Bien, présentement, on n'a même pas de protecteur régional.
Là, les deux étapes que les parents peuvent suivre, c'est le Protecteur ou
Protectrice du citoyen et le CDPDJ pour faire une enquête. Ça peut être très
long, comme processus, puis, entre-temps, mon enfant n'est toujours pas
scolarisé. Moi, je ne suis toujours pas sur le marché du travail. Nous sommes
face à une pénurie de main-d'oeuvre. Ma santé mentale est à terre, finie. Je
suis en plein milieu d'un divorce parce qu'on ne peut plus travailler ensemble,
comme couple. J'ai un autre enfant que j'ai mis de côté, un enfant qui est
neurotypique, aucun problème, parce qu'il faut que je consacre tout mon temps à
l'autre enfant qui a des besoins à 100 %. «My life is over.» Là, je pense
juste au suicide, puis je n'ai pas accès à un professionnel de la santé, puis
je ne sais plus quoi faire. C'est une famille que nous avons laissée de côté.
• (12 h 20) •
Puis ça, c'est l'histoire d'un minimum de 1 500 élèves
et leurs familles, qui sont non scolarisés actuellement dans notre réseau. Puis
ça, on sait ce chiffre-là parce que c'est le produit d'un rapport très
parcellaire qui a été fait l'année passée en ce qui concerne les élèves
autistes qui sont renvoyés à la maison faute de la capacité de l'école d'offrir
un service. Ça, c'est 1 500 plaintes en attente. Puis ça, c'est juste
ceux que nous savons, parce qu'on ne comptabilise pas ceux qui ont un plan
d'éducation individualisé où ça fait partie de leur plan de ne pas être
scolarisé. C'est grave, comme problème, puis ça aurait pu être n'importe qui.
Puis ça, c'est une histoire... Je ne nomme pas la personne concernée, mais
c'est l'histoire que j'entends à chaque jour dans mon bureau de comté. Je suis
la députée responsable pour le comté de Westmount—Saint-Louis, mais je reçois
des plaintes puis des appels des parents qui sont en détresse de partout,
partout, partout parce qu'ils ne savent plus quoi faire.
La raison pour cet amendement, Mme la
Présidente, c'est pour leur offrir de l'espoir, pour dire : Vous pouvez
respirer. Nous sommes là, on est à l'écoute. On sait qu'il y a des lacunes dans
le système. On sait qu'on a aussi les moyens de le modifier, de le bonifier, de
venir offrir une aide. Alors, je le soumets avec beaucoup de respect et
beaucoup d'espoir, Mme la Présidente. Nous devons... et nous avons une
responsabilité de nommer, à l'intérieur de l'organigramme avant que
l'organigramme soit adopté, terminé, complété, une personne responsable de
cette communauté hypervulnérable, les enfants, les parents, les professeurs,
les directions d'école, toutes les personnes concernées, «because
it takes a village». Et tout le monde a dit et tout le monde continue à
dire : Il faut <faire mieux...
Mme Maccarone :
...because it takes a village. Et
tout le monde a dit et tout le monde continue à dire : Il faut >faire
mieux pour s'occuper de ces enfants. C'est la majorité des plaintes que nous
recevons. On a une responsabilité de venir leur aider avec une aide ponctuelle
et d'être en mesure de ralentir ce chemin de combattant, de venir plus tôt sur
ce chemin... excusez-moi, de venir plus tôt sur ce chemin pour dire que : «I'm
here, I understand», avant que ça devienne trop tard. Parce que les appels que :
Je veux juste me suicider parce que je ne suis plus capable, puis je veux
amener mes enfants dans mon auto, je vais barrer la porte de garage, je vais
mettre des... C'est ça, parce qu'on est rendus là, parce que je me sens
délaissée. Il faut aider plus tôt.
Ça fait que non seulement... Puis ça va
peut-être être un amendement plus tard, Mme la Présidente, mais, dans cet
amendement, je dis que c'est essentiel que nous avons une personne clé nommée
pour cette clientèle, pour ces élèves et leurs familles, mais aussi qui ont un
accès direct pour éviter toutes les autres étapes. Parce qu'ils n'en peuvent
plus, ils n'en peuvent plus, ils sont épuisés. Il faut envoyer une bouée, là,
ils ont besoin d'aide. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Merci, Mme
la Présidente. Je pense, ma collègue a fait un plaidoyer en toute connaissance
de cause, en forme de cri du coeur et d'écho aux messages reçus de beaucoup de
parents. La situation actuelle est difficile pour des parents, on parle de
parcours de combattant. Il y a beaucoup de différences des mécanismes de
plainte d'un endroit à l'autre. Il y a trop de disparités, ça fait partie des
constats sur la situation actuelle. Ça ne veut pas dire que le réseau est
mauvais à la grandeur, là, il est constitué de 100 % de personnes bien
intentionnées. Mais ça manque de rigueur et d'équité d'une école à l'autre,
d'un centre de services scolaire à l'autre, c'est certain. Puis c'est ce qu'on
veut faire, là, avec le projet de loi.
Ça fait que je ne pense pas que l'amendement,
tel qu'il est déposé, nous permet de mieux répondre aux plaintes puis de
répondre aux besoins des élèves. Mais, en disant ça, je ne défends pas le statu
quo, là, pas du tout. On est en train de le changer, le statu quo. Mais une
grande partie des plaintes, les demandes des parents, proviendra sans doute de
parents qui ont des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. Je ne pense pas qu'il faut faire, à côté des protecteurs
régionaux ou nationaux, une instance pour les parents qui ont un enfant
handicapé ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, je veux dire, c'est
le coeur, pratiquement, de l'instance ou de l'organisme qu'on est en train de
créer, de traiter ces plaintes-là.
Il n'y a pas que celles-là, il y en a
d'autres, il y en a d'autres. Mais on sait très bien qu'il y a beaucoup de
parents qui considèrent que les élèves n'ont pas tous les services auxquels ils
ont droit parce qu'ils ont un enfant qui est handicapé ou en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Je pense que, justement, il faut s'assurer que
le système qu'on met en place fonctionne, que les traitements des plaintes
fonctionnent à l'échelle de l'école, à l'échelle du centre de services
scolaire, que les protecteurs régionaux soient très bien formés et informés,
puis que le protecteur national soit capable de les supporter. Mais je ne pense
pas qu'il faut créer, à côté, un protecteur dédié à ça. Il faut que le
protecteur national et les protecteurs régionaux soient très habiles à
accueillir ces plaintes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Évidemment,
je suis en désaccord. Pour moi, ça va être très important qu'on nomme cette
personne, non seulement que ça envoie un message sur le terrain que nous avons
une écoute puis qu'on comprend la réalité de ces familles, c'est nécessaire,
c'est essentiel. Je ne nie pas le rôle du protecteur national, que, je pense,
est très important, ni le rôle de tous les protecteurs régionaux, qui vont
avoir leur rôle à jouer, parce qu'il faut donner... C'est aussi... C'est
spécifique, quand on parle des régions, Mme la Présidente, parce qu'on ne sait
pas comment ça va être attribué, ces régions. Est-ce que ça va être 17 régions?
Bien, on comprend qu'à Roberval puis à Montréal les réalités sont totalement
différentes. Alors, d'avoir un protecteur régional qui va être responsable de
ça, c'est important parce qu'ils vont amener leur spécificité.
Mais, quand on parle des élèves HDAA,
c'est très important qu'on nomme quelqu'un, parce que c'est compliqué. Parce
qu'aussi, dans mon expérience, les personnes qui oeuvrent au sein de la
communauté, même scolaire, quand la personne qui va être responsable, le protecteur
de l'élève, que ça soit local ou autre... je comprends qu'on va avoir une
formation, mais ce n'est pas la même chose comme avoir quelqu'un, <peut-être...
Mme Maccarone :
...je
comprends qu'on va avoir une formation, mais ce n'est pas la même chose comme
avoir quelqu'un, >peut-être, qui... un parent, lui-même, qui a fait ce
vécu, ce chemin de combattant, qui va pouvoir amener un oeil puis une
expérience spécifique à ce rôle pour dire que je comprends. Je pense qu'il faut
agir vraiment avec de la compassion en ce qui concerne ceci.
Ce n'est pas uniquement la politique puis
la loi, mais, comme j'ai dit, c'est une responsabilité humaine envers cette
population, des personnes qui se retrouvent en difficulté puis en situation de
vulnérabilité. Encore une fois, c'est une question d'ajouter et pas de
soustraire. Ça fait que, si ce n'est pas la façon que l'article est écrit
actuellement, moi, je suis ouverte à parler puis à discuter, avoir un débat par
rapport à la vision du ministre pour intégrer cette personne.
Tous les protecteurs, que ça soit local,
régional ou national, devront avoir une formation. Ça va être essentiel en ce
qui concerne la population des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage, certes. 100 %. 100 %. Mais une personne
responsable de cette population, c'est totalement différent, ce n'est pas la
même chose, parce que ça assure une fluidité de l'information, ça assure que
les lois sont respectées, les droits sont respectés. Ça, aussi, donne la
crédibilité à ce rôle envers cette population concernée. Ça envoie un message
fort que nous allons se préoccuper de ces enfants.
Depuis la dernière fois que j'ai déposé...
mais, dans le fond, je l'ai déposé deux fois, le mandat d'initiative par
rapport à la non-scolarisation des enfants autistes. Une fois parce que, mon
Dieu, j'en ai reçu, des plaintes en ce qui concerne cette communauté des
enfants puis leurs familles, puis c'était grave, mais parce que le ministre a
fait suite, puis il a dit : On reconnaît qu'il y a un problème, malgré que
le gouvernement a voté contre la première fois que j'ai déposé le mandat, après
qu'ils ont dit : Oui, mais, Mme la députée, qu'est-ce que vous souhaitez
faire? Ça fait que j'ai fait quand même une proposition. Pendant que j'étais en
auto, j'ai parlé avec quelqu'un. J'ai dit : Bien, voici un peu la vision
de ce que nous pouvons faire. Un rapport a été sorti, Mme la Présidente, très
parcellaire, puis on a dit qu'on va attendre la suite de ça. On va aller en
profondeur, on va faire une consultation, on va sortir les données. C'est, un
an plus tard, zéro, on n'a toujours pas plus d'informations. C'est une autre
raison...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Merci, tout le monde, pour votre collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux. Merci, tout le monde. Bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 12 h 30)