(Onze heures six minutes)
La Présidente (Mme
Thériault) : Attention, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Guillemette (Roberval) sera remplacée par M. Lévesque (Chapleau);
Mme St-Pierre (Acadie), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); Mme Dorion (Taschereau), par Mme Ghazal (Mercier); et Mme Hivon
(Joliette), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci beaucoup. Donc, lors de l'ajournement, jeudi dernier, la commission
en était à l'étude de l'article 20 du projet de loi. Et, M. le ministre,
vous m'avez signalé avoir un amendement à déposer sur cet article-là?
M. Jolin-Barrette : Oui. Faisant
suite, Mme la Présidente... Mais, tout d'abord, bonjour. Faisant suite aux
discussions que nous avons eues jeudi dernier, vous savez, il y avait des
représentations, notamment, qui étaient faites par l'ordre des CPA, notamment
la Chambre des notaires également, relativement à qui va payer pour les frais de traduction, il y avait une inquiétude
relativement... et on avait un cas d'exemple qui avait été souligné par la
députée de Marguerite-Bourgeoys relativement au fait que qu'est-ce qui
arrive dans l'éventualité où une personne morale, dans le fond, demande ses états financiers à un comptable, et il les
demande dans une autre langue que le français, et là un actionnaire
demande de les avoir en français, les états financiers, parce que c'est une
personne qui est autorisée. Donc, l'amendement qu'on va introduire, Mme la
Présidente, c'est pour faire en sorte que ça soit la personne morale... lorsque
c'est une personne morale, c'est elle qui va assumer les frais et non pas le
professionnel.
Et donc je vous lis l'amendement, Mme la
Présidente.
Ajouter, à la fin de l'article 20 du projet
de loi, le paragraphe suivant :
3° par l'ajout à la fin de l'alinéa
suivant :
«Malgré le premier alinéa, lorsque le client
ayant fait appel aux services du membre d'un ordre professionnel est une
personne morale, les frais de traduction d'un document visé au premier alinéa à
la demande d'une personne autorisée à obtenir ce document, autre que ce client,
sont à la charge de celui-ci.»
Donc, l'article 30.1 de cette charte est
modifié. Là, je vous lis... pardon, le commentaire. Cet amendement prévoit que
les frais de traduction, à la demande d'un tiers, d'un document rédigé par un
professionnel sont à la charge du client de ce professionnel lorsque ce client
est une personne morale.
Donc, c'est ça, on vient faire en sorte
justement que l'article 30.1, tel qu'amendé, se lirait ainsi : «30.1.
Les membres des ordres professionnels doivent fournir en français et sans frais
de traduction tout avis, opinion, rapport, expertise ou autre document qu'ils
rédigent à toute personne autorisée à les obtenir et qui leur en fait la
demande. Cette demande peut être faite à tout moment.
«Malgré le premier alinéa, lorsque le client
ayant fait appel aux services du membre d'un ordre professionnel est une
personne morale, les frais de traduction d'un document visé au premier alinéa à
la demande d'une personne autorisée à obtenir ce document, autre que ce client,
sont à la charge de celui-ci.»
Donc, ça signifie que, si le client est une
personne morale puis qu'il y a une demande de frais de traduction, c'est le
client, personne morale, qui va les assumer.
La Présidente (Mme Thériault) : C'est
bon. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme
David : Bien, ça commence bien la semaine, Mme la
Présidente. Nos discussions ont porté fruit. Je pense que les arguments
convaincants de l'Ordre des comptables professionnels agréés sont
irréfragables.
M. Jolin-Barrette : Je n'irais pas
jusque là, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
Mme David : Même votre expert trouve
que c'est... il est même étonné de ma courbe d'apprentissage. Alors, je pense que nous avons là un excellent amendement
qui protège... moi qui a été pendant longtemps, entre autres, dans mes
nombreuses vies, une professionnelle autonome qui faisait des contrats,
justement, d'expertise psycholégale, je me serais très difficilement vue être
obligée de traduire, et de traduire, et de traduire, alors que mon client,
c'était une personne morale. Alors la personne morale a
les reins plus solides que le pauvre professionnel autonome. Donc je pense que c'est sage. Je pense que c'est avisé et
je pense que c'est rendre justice aussi à un excellent mémoire des CPA.
Je le dis en passant,
je l'ai relu attentivement pour préparer nos heures de discussion aujourd'hui.
Celui-là et celui des notaires sont vraiment excellents. Vous pouvez prendre
des notes, M. le conseiller, parce que vous verrez mes sources d'inspiration
pour discuter. Mais, quand il y a des bons mémoires, des gens qui ont travaillé
longtemps, qui se préoccupent... Évidemment, je l'avais dit, qu'on entrait dans
une zone complexe, qui est celle des ordres professionnels, missions de
protection du public. C'est une zone à la fois très légale et très... en tout
cas, moi, je n'ai jamais trouvé ça très simple, toute la question des ordres
professionnels, mais en lien avec l'enseignement, les programmes d'études, mais aussi les inspections, le code de déontologie,
les sanctions, les radiations. J'ai été moi-même membre de la formation continue de mon ordre. J'ai été très impliquée,
et c'est d'une complexité législative importante. Alors, de mettre la langue
française là-dedans, on comprend qu'on n'est pas dans le chapitre le plus
simple de... Alors, même, des fois,
je demanderai un peu de compréhension au ministre si jamais je me trompe dans
les mots, les expressions. Mais, pour ça, ici, j'ai bien compris que ça
causait un vrai problème et je suis très satisfaite de l'amendement.
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait. S'il n'y a pas d'autre question,
commentaire, on peut mettre aux voix l'amendement. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. Parfait. M. le ministre,
l'article 21
M. Jolin-Barrette :
Il ne faut pas adopter 20?
La Présidente (Mme Thériault) : Excusez-moi. Article 20, maintenant, tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 20?
Désolée.
Mme David :
Donc, c'était le commentaire vraiment principal.
La Présidente (Mme Thériault) : Il n'y a pas d'autre commentaire. Donc, est-ce
que l'article 20, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme Thériault) : Adopté. Parfait. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Oui. 21, Mme la Présidente.
L'article 32 de
cette charte est modifié :
1° dans le premier
alinéa :
a) par l'insertion,
après «utilisent», de «uniquement»;
b) par l'insertion,
après «écrites» de «et orales»;
c)
par le remplacement de «de leurs membres» par «ou une partie de leurs membres
et des candidats à l'exercice de la profession»;
2° par le
remplacement, dans le deuxième alinéa, de «Ils peuvent toutefois répondre dans
la langue de l'interlocuteur lorsqu'il s'agit d'» par «Sauf disposition
contraire à la présente loi, ils utilisent uniquement cette langue lorsqu'ils
communiquent oralement ou par écrit avec».
Commentaire.
L'article 21 du projet doit modifie l'article 32 de la Charte de la langue
française pour faire en sorte que les ordres
professionnels n'utilisent que le français dans leurs communications écrites et
orales avec l'ensemble ou une partie de leurs membres et des candidats à
l'exercice de la profession. De plus, les ordres professionnels devront
uniquement utiliser le français dans leurs communications orales ou écrites
avec un de leurs membres, sous réserve de ce
qui est prévu par l'article 40.2 de la Charte de la langue française,
proposé par l'article 27 du projet de loi. Et je vais avoir un
amendement, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) :Oui. Si vous pouviez en faire la lecture.
M. Jolin-Barrette :
Article 21. Remplacer le paragraphe 2° de l'article 21 du projet
de loi par le paragraphe suivant :
2° par le
remplacement du deuxième article par le suivant :
«Sauf
disposition au contraire de la présente loi, ils utilisent uniquement cette
langue lorsqu'ils communiquent oralement ou par écrit avec un membre ou
un candidat à l'exercice de la profession en particulier.»
Commentaire.
Par concordance avec les modifications apportées au premier alinéa de
l'article 32 de la Charte de la langue française par le
paragraphe 1° de l'article 21, cet amendement ajoute une référence
aux candidats à l'exercice de la profession au libellé du deuxième alinéa de
l'article 32 de la Charte de la langue française.
Donc, tel qu'amendé,
là, ça se lirait :
«32. Les ordres professionnels utilisent
uniquement la langue officielle dans les communications écrites et orales avec
l'ensemble ou une partie de leurs membres et des candidats à l'exercice de la
profession.
«Sauf
disposition contraire de la présente loi, ils utilisent uniquement cette langue
lorsqu'ils communiquent oralement ou par écrit avec un membre ou avec un
candidat à l'exercice de la profession en particulier.»
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeois.
Mme David :
Alors, écoutez, moi aussi, je vais avoir un amendement, un amendement que
j'aime beaucoup. Je vous le dis, je suis fière de cet amendement-là. Je vous
dirai après ma source pour ne pas trop donner d'indices, sauf que j'aimerais ça déposer mon amendement
assez rapidement, parce que, si on accepte mon amendement, je vais
accepter l'amendement qui est déposé là. Un va un peu avec l'autre parce qu'on
parle d'ajouter «candidat». Je vois la logique de mettre les candidats avec les
membres, mais je... Il y aurait un «mais» avant qui serait dans mon... qui serait dans mon amendement. Alors, est-ce que je
peux demander la permission de déposer le mien dans le même espace
temporel que celui du ministre ou pas? Ça doit être un puis après l'autre et
lors des...
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est... Là, on peut en discuter, mais, dans la mécanique, il faut
traiter de celui que je viens de déposer.
Mme David :
Un avant l'autre.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça, mais on peut quand même... Vous pouvez quand même en discuter. Puis
on va faire la discussion sur les... sur les deux en même temps, si vous
voulez.
Mme David :
Mais en discuter, ça veut dire quoi? Ça veut dire quoi, le déposer puis en
discuter?
La Présidente
(Mme Thériault) : Bien là, vous avez 20 minutes à discuter
sur l'article... sur l'amendement du ministre. Après ça, on revient sur
l'article. Ça fait que, puisque, vous introduisez quelque chose, vous pouvez
prendre dans le temps où vous voulez. Il n'y a pas de problème. Puis, à ce
moment-là, le ministre va savoir... avoir une meilleure idée d'où vous voulez
aller avec un amendement possible aussi. Donc, moi, je suis... On est dans le
cadre de l'article, là. Je n'y vois pas... Je n'y vois pas de...
Mme David :
Bien, je vais commencer tranquillement, là. Je vais commencer tranquillement
par une question quand même assez intéressante, qui est celle de... C'est une
question que j'ai souvent posée au ministre, qui était pourquoi il mettait
seulement «par écrit» quand il parlait des communications. Puis on en a
beaucoup discuté. Je pense, c'était 13.1 ou... Écrit inclut l'oral. Avec le mot
du ministre, que je ne comprends toujours pas, c'est : L'écrit emporte
l'oral. Mais je pense qu'«emporte» ça veut dire «inclut». Enfin, je suis sûre
que j'interprète bien, là. Le... l'écrit inclut l'oral quand on parle des
communications, etc., mais que c'était trop compliqué de mettre l'oral, la
communication orale pour les communications avec les citoyens, avec les
organismes de l'État. Pourquoi ici, quand on dit que les ordres sont quand même
des organismes parapublics, tout à coup, on peut facilement mettre le mot
«orales», que c'est : «Les ordres professionnels utilisent la langue
officielle dans les communications écrites», et là vous rajoutez «uniquement la
langue officielle dans les communications écrites et orales»? Vous-même, vous
le rajoutez. Je n'en suis pas sur le mot «uniquement», là, bien, ce qui est un
autre concept, mais pourquoi «orales»? Et après ça on pourra parler des
candidats.
M.
Jolin-Barrette : Parce que, dans le cadre des ordres professionnels,
on n'est pas dans le régime de l'exemplarité de l'État. Donc,
l'article 13.2 du projet de loi, qui touche les organismes de
l'administration, les ordres professionnels ne sont pas couverts par ça. Donc
là, on est dans un régime spécifique, on est sorti de la partie du projet de
loi sur l'administration en général, puis là on est vraiment dans le régime des
ordres professionnels en soi. C'est pour ça qu'on vient spécifier «oral» et
«écrit», c'est un régime distinct en soi. Donc...
Mme David :
S'il est distinct, pourquoi on peut ici mettre le moral puis on ne pouvait pas
dans l'administration de l'État?
M.
Jolin-Barrette : Parce que la façon dont la disposition, elle a été
écrite a 13.2 sur l'administration, l'exemplarité, l'administration, le régime
juridique qu'on est venu établir c'est que l'oral suivait l'écrit. Donc, ça, c'est établi pour ce mécanisme-là. Là on est dans
un autre mécanisme où on vient clairement l'identifier. Donc, dans le
fond, il ne faut pas mélanger la partie du projet de loi, 13.2, qui est un
régime applicable à l'État, à l'administration avec un grand A, versus ce
régime-là qui s'applique aux ordres professionnels.
Mme David :
Donc, ici, il n'y a pas nécessairement «écrit» qui inclut «oral», donc il faut
préciser «oral» et «écrit».
M.
Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David :
O.K.
M. Jolin-Barrette : Puis l'autre
point pour des fins de compréhension, ici, ce régime-là, il existe déjà. Tu
sais, le régime des ordres professionnels, dans la Charte de la langue
française, c'est déjà des dispositions existantes. On
vient ajouter des choses à un régime qui existe déjà, tandis que, quand on
était dans le régime de l'exemplarité de l'État, c'est un tout nouveau régime
qu'on vient mettre en place.
Mme David :
O.K. Maintenant, vous dites bien dans la deuxième partie : «Sauf
disposition...» On étudie tout l'article 32, là.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bien là, on est sur l'amendement.
Mme David :
On est sur...
M.
Jolin-Barrette : Mais on peut faire la discussion sur tout l'article
aussi. Dans le fond...
Mme David :
C'est vrai qu'on est juste sur l'amendement.
M. Jolin-Barrette : Mais l'amendement, là, l'amendement, ce qui vient rajouter, ce n'est
pas juste le membre, c'est également le candidat à l'exercice de la
profession. Ça veut dire que les communications... Supposons, là, vous prenez
un étudiant à l'École du Barreau du Québec, donc l'article va s'appliquer
également à l'étudiant à l'École du Barreau de Québec parce qu'il est candidat
à l'exercice de la profession. Même chose, supposons, il a passé son évaluation
au Barreau puis il est stagiaire, bien, durant le laps de temps de six mois de
stage, bien, c'est un candidat à l'exercice de la profession, même chose quand
vous êtes, je ne sais pas, là, ingénieur junior ou vous êtes... vous faites
votre stage de la Chambre des notaires, qui dure un an, là.
Mme David :
Puis ça, ça n'existe pas dans la... On n'avait pas pensé aux candidats en 1977,
si je comprends bien, puis ça n'a jamais été modifié. Puis là vous semblez
trouver ça très important de mettre les candidats aux professions.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, là, on est plus sur l'article. L'article visait les ordres
professionnels en général pour dire : Ils communiquent en français, mais
là nous, on vient rajouter le fait que...
Mme David :
Rajouter dans l'amendement...
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, dans l'article du projet de loi n° 96, par rapport à la
loi 101, on vient dire : Dans vos communications avec un membre, ça
se passe en français. Puis également on avait omis d'indiquer, dans le projet de loi n° 96, le candidat à l'exercice
de la profession, puis c'est un des commentaires qu'on a reçus lors des consultations également. Donc, on vient couvrir à
la fois le membre de l'Ordre, mais celui qui veut le devenir également.
• (11 h 20) •
Mme David :
Puis ça, c'est une question qui vient de «popper» dans mon petit cerveau. Un
candidat à l'exercice de la profession, là, c'est peut être plus dans votre
profession qu'on parle comme ça, que quelqu'un qui fait son stage au
Barreau, c'est un candidat à l'exercice de la profession parce que le Barreau
est une école professionnelle qui est le seul exemple totalement atypique, et
on ne partira pas là-dessus, mais j'ai fait d'énormes tirades là-dessus dans
une autre ancienne vie... que ça ne se passe pas à l'université, les notaires
ont remis ça à l'université. Donc, est-ce que les notaires, quand ils font leur
maîtrise, eu autres, ils sont membres candidats?
M.
Jolin-Barrette : Bien, dans le fond, les notaires doivent faire un
stage également.
Mme David :
Oui, mais votre définition de «stage», là, est ce que... Je vous donne un
exemple, là, le doctorat en psychologie, il y a un internat obligatoire. On n'a
jamais considéré que c'étaient des membres candidats à l'exercice de la
profession. Ils font leur demande une fois qu'ils ont rempli toutes les
conditions exigées par l'ordre pour la
formation universitaire, mais c'est quand ils ont leur diplôme donné avec la
belle... le beau chapeau sur la tête, dont je ne me souviens plus le nom, là.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça. Mais, quand vous êtes candidat, c'est lorsque vous êtes encadré par
l'ordre. Donc, si jamais vous faites des...
Mme David :
Vous pensez aux avocats, surtout?
M.
Jolin-Barrette : Bien, aux avocats, aux notaires, aux comptables...
Mme David :
Non, pas aux notaires.
M.
Jolin-Barrette : Oui.
Mme David :
Bien, les notaires, c'est... la maîtrise a été renvoyée... les stages, dans les
universités, ce n'est plus... Il y avait l'École du Barreau, puis les notaires
étaient... Il y a à peu près sept, huit ans.
M. Jolin-Barrette : Mais la Chambre
des notaires exige de faire un stage, non?
Mme
David : Bien oui, mais l'Ordre des psychologues exige des stages, les
médecins, les architectes, les ingénieurs, tout ce monde-là fait des stages.
Est-ce que ce sont tous des candidats à l'exercice de la profession?
M.
Jolin-Barrette : En fait, lorsque c'est prescrit par l'université,
lorsque c'est encadré par l'université, ce n'est
pas des candidats à l'exercice de la profession. Quand c'est exigé par l'ordre
professionnel, puis ils sont candidats pour devenir professionnels, là,
à ce moment-là, ça l'est.
Mme David :
...j'ai le goût de... Ce n'est pas parce que je veux faire travailler plus vos
équipes, là, mais, à l'OPQ, ils auraient certainement ça, c'est... Qui est
touché par cette définition de «candidat à l'exercice de la profession»? Parce
que c'est l'ordre qui encadre le stage. Je ne connais pas beaucoup d'exemples,
moi. Je ne pense pas que l'Ordre des ingénieurs encadre les stages en génie, je
pense que c'est les facultés de génie qui encadrent les stages en génie.
M.
Jolin-Barrette : Ah! non, moi, je pense que c'est le... sous réserve,
là, mais je pense que c'est l'Ordre des ingénieurs, parce qu'avant de pouvoir
devenir ingénieur avec... ingénieur, supposons...
Une voix :
Normal.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais parce que vous avez deux types
d'ingénieurs. Vous avez les ingénieurs juniors,
puis ils sont assujettis... Dans le fond, un coup que vous diplômez, là,
supposons, de Polytechnique, puis là, comme on dit, ne prenez pas tout,
tout pour du cash, là, je vais faire les vérifications, mais vous faites vos
quatre ans de génie, il peut y avoir des
stages à travers ça, tout ça, vous obtenez votre diplôme de Polytechnique, là,
à ce moment-là, vous devenez ingénieur junior. Mais, avant de devenir
ingénieur pour signer, vous avez un certain nombre d'heures qui sont prescrites
en vertu de l'Ordre des ingénieurs de la...
Mme David :
On sait que tout ce qui mène au diplôme donné par l'université, ça ne s'appelle
pas «candidat à la profession». C'est quand le diplôme est terminé que vous
avez un stage à faire après, et là je ne suis même pas sûre que la médecine, ça s'applique... qui sont candidats à une
profession au Collège des médecins ou, après ça, résidents, je pense, ce sont
des diplômes donnés par les facultés de médecine. Mais, moi aussi, c'est sous
réserve, là, mais c'est parce que,
tout à coup, je me dis : Il n'y a peut-être pas tant de monde que ça que
ça touche, vos candidats à la profession.
M.
Jolin-Barrette : Bien, quand même, là, les notaires, les comptables,
les ingénieurs... Les médecins, on peut
vérifier, parce que les médecins, dans le fond, là, quand vous recevez, là,
votre diplôme de M.D., là, donc le doctorat en médecine, supposons, là,
qui est un doctorat de premier cycle, pas comme un doctorat en psychologie,
hein...
Mme David :
Merci de faire la différence.
M.
Jolin-Barrette : ...ou pas comme un doctorat en droit, qui requiert
plusieurs années, hein...
Mme David :
Absolument.
M.
Jolin-Barrette : ...ou un Philosophia Doctor, quelque chose comme
ça...
Mme David :
Philosophiae Doctor.
M.
Jolin-Barrette : ...Philosophiae Doctor, c'est ça, donc, qui demande
plus, plus d'années, comme on dit, ça, c'est des vrais docteurs.
Mme David :
Ça demande une vraie thèse de doctorat.
M.
Jolin-Barrette : C'est ça, c'est ça. Mais donc, à ce moment-là, vous
avez votre diplôme de l'université qui est délivré, supposons, à l'Université
de Montréal, c'est cinq ans, à l'Université de Sherbrooke, c'est quatre ans,
là, à ce moment-là, pour pouvoir exercer la médecine, là, il y a une spécialité
qui est requise, médecine de famille...
Mme David :
Mais qui est encadrée.
M. Jolin-Barrette : ...ou médecine... autre programme, là, à ce moment-là, je crois, et on
va faire les vérifications, que, là, c'est encadré par l'ordre
professionnel.
Mme David :
Moi, je ne crois pas. Mais on va faire les vérifications, parce que tu
t'inscris à un programme, quand tu veux être
anesthésiste, au programme d'anesthésiologie de l'université X, encadré par la
Faculté de médecine.
M.
Jolin-Barrette : On va le vérifier.
Mme David :
Écoutez, on n'en fera pas un... Mais c'est parce que ça met en balance que ça
ne touche pas l'ensemble des professions, parce qu'il n'y a peut-être pas tant
de professions que ça où il y a ce qu'on appelle des candidats à l'exercice de la profession. Mais, moi, de toute façon, mon
amendement portera sur l'ensemble des membres dans les communications orales et
écrites. Alors, là-dessus, je ne pense pas que j'aie tellement d'autres choses
à dire, Mme la Présidente.
M. Jolin-Barrette : Bien, pour le
bénéfice de la commission, je vais m'amender. Semblerait-il que, pour les
ingénieurs, il n'existe plus de juniorat, donc il n'y a plus d'ingénieurs
juniors, alors, voyez-vous, depuis 2019. Alors, moi aussi, je mets mes
compétences à jour, Mme la Présidente.
Mme
David : ...projet de loi
omnibus de l'ensemble de la société, on aura ratissé dans tous les coins de
toutes sortes de choses : les ordres professionnels, les
entreprises, l'État. Nommez-les, on est... Alors, je pense qu'on va avoir gagné
notre salaire, Mme la Présidente, et notre engagement à notre dur métier d'élu
parlementaire dans ce cas-ci. Alors, voilà.
J'aimerais beaucoup que, dans vos formidables
équipes, si vous nous trouvez éventuellement... ça ne m'empêche pas de dire que
je n'ai plus rien à dire sur l'amendement, mais ce qu'est un candidat à la
profession et quels ordres professionnels. Vous avez, tout plein, un bon carnet
d'adresses pour trouver la réponse.
M. Jolin-Barrette : On va faire la
vérification.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, je comprends que vous allez faire la vérification puis vous allez revenir
avec la liste des professions qui sont assujetties à ça. Parfait. Donc, s'il
n'y a pas d'autre commentaire sur l'amendement, on peut mettre l'amendement aux
voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. Ça fait que, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, pour votre
amendement, maintenant.
Mme David : Alors, moi, je vais
déposer un amendement inspiré beaucoup, je vous le dis tout de suite, vous
pouvez aller relire, des pages 23, 24, 25 de la Chambre des notaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
L'amendement est sur Greffier pour les membres de la commission aussi. Vous
pouvez aller prendre connaissance de l'amendement, le temps que la collègue va
en faire la lecture. Allez-y, Mme la députée.
Mme David : Oui, et, en toute
honnêteté, je cite mes sources. Donc, on a le droit d'être inspiré par des gens
qui connaissent bien ça.
La Présidente (Mme Thériault) : ...c'est
fait pour ça aussi, de toute façon, lorsque les gens viennent nous donner leur
point de vue, c'est ça.
Mme David : Les consultations
particulières et les mémoires.
La Présidente (Mme Thériault) : Les
consultations servent exactement à faire ce que vous faites...
Mme David : Ils sont directement
impliqués par ça.
La Présidente (Mme Thériault) : ...puis
ça nous permettait qu'on les entende.
Mme David : Donc,
article 21 :
L'article 32 de la Charte de la langue
française, introduit par l'article 22 du projet de loi, est modifié par
l'ajout, au deuxième alinéa, des mots «ou lorsque la santé, la sécurité
publique ou les principes de justice naturelle l'exigent», après les mots
«présente loi».
Commentaire. L'article 32 de la Charte de
la langue française, introduit par l'article 22 du projet de loi tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
«Sauf disposition contraire à la présente loi ou
lorsque la santé, [...]sécurité publique ou les principes de justice naturelle
l'exigent, ils utilisent uniquement cette langue lorsqu'ils communiquent
oralement [...] par écrit avec un membre en particulier.»
Pourquoi, Mme la Présidente, pourquoi? Je vais
retrouver mon mémoire. Chambre des notaires, page 23, je trouve qu'ils font une présentation très éloquente
de la question en disant... en commençant, à la page 23... en disant...
Puis là on rentre dans le statut légal des
ordres professionnels. Ils peuvent radier un membre. Ça, ce n'est pas rien,
hein, ils peuvent radier... Puis on
reçoit tous les mois, tous les deux mois, bon, de façon numérique ou papier,
des lettres d'information de nos ordres et on les voit, les membres qui sont
radiés, parce que ça doit être public. C'est terrible, ça, c'est...
Quand
l'inspection professionnelle vient dans notre bureau ou quand on a une plainte
au syndic, je veux dire, on tremble. C'est
aussi pire que d'être accusé en cour criminelle de quelque chose, là, c'est...
J'ai des souvenirs, moi, de collègues totalement, totalement effondrés. Et puis
il y a eu toutes les histoires de relations sexuelles inappropriées, il y a eu des histoires de... toutes sortes de
raisons, là, pour lesquelles un professionnel peut se retrouver dans des
situations extrêmement stressantes, et l'ordre doit donc prendre des
décisions très importantes. C'est quasi judiciaire, là. Je ne veux pas dire un
mot exagéré, mais ils peuvent suspendre, radier, et tout ça.
Alors, la lecture du
libellé, bon, tel que proposé ici, amène la chambre à se poser plusieurs
questions. Le second alinéa s'applique-t-il lorsqu'une instance de l'ordre rend
une décision qui oblige un membre à compléter avec succès un stage ou un cours
de perfectionnement? Qu'en est-il lorsqu'elle limite ou suspend le droit
d'exercer des activités professionnelles, quand elle radie un membre ou limite
définitivement son droit d'exercer des activités professionnelles? Toutes ces
décisions revêtent une grande importance pour le membre concerné, puisqu'elles,
évidemment, affectent son privilège d'exercer pleinement, exercer sa
profession. Suivant les principes de justice naturelle, ce membre doit pouvoir
comprendre les motifs, les conditions et, le cas échéant, les limitations.
• (11 h 30) •
Alors, qu'est-ce qui
se passe si le membre n'a pas la connaissance appropriée de la langue
officielle? Vous allez peut-être me
dire : Il devrait l'avoir. Mais admettons que, dans ces cas-là, on n'est
pas loin de principe de justice naturelle. Et la chambre nous amène à...
nous rappelle... elle dit même : «La chambre ne peut passer sous silence
le fait que, suivant le nouvel article 22.3 de la charte — dont
nous, on a longuement discuté, vous ne vous en souvenez peut-être plus, Mme la
Présidente, c'est mélangeant, là, mais c'est extrêmement important — un
organisme de l'administration — et
on cite — peut
utiliser, en plus du français, une autre langue lorsqu'il écrit dans une situation
où les principes de justice naturelle l'exigent. Or, ces mêmes principes
de justice naturelle sont suspendus pour les organismes parapublics (tels les
ordres professionnels), qui sont pourtant, dans certaines sphères de leurs
activités prévues législativement, des organismes judiciaires investis du
pouvoir de rendre [...] justice.»
Donc, la chambre se
demande «si les décisions des instances des ordres ayant une portée
individuelle — on
comprend bien — et qui revêtent une grande importance pour
l'individu concerné pourraient être rédigées en anglais, et ce, en
posant la prémisse que ces instances ne sont pas des tribunaux judiciaires.
Dans ce cas, l'ordre n'aurait pas à joindre, immédiatement et sans délai, une
version française de celles-ci.»
Et là ils vont dans
des choses, là, que M. le conseiller, Dr Poirier, connaît très bien. Ils
s'appuient également sur les principes
énoncés dans l'arrêt Blaikie : «que le terme "justice" comprend
les organismes exerçant des fonctions judiciaires ou quasi judiciaires — ça,
ce n'est pas moi qui le dis, là, mais je fais tout à fait confiance à la Chambre
des notaires;
«la garantie accordée
à l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 quant à
l'utilisation du français ou de l'anglais "dans toute plaidoirie ou pièce
de procédure [...] par devant tous les tribunaux ou émanant des tribunaux du
Québec" s'applique tant aux cours ordinaires qu'aux autres organismes
ayant pouvoir de rendre la justice.» Alors là, écoutez, il y a une très longue
note infrapaginale, page 24, que je ne vous lirai pas, mais qui explique
les choses.
«"Ainsi, non
seulement les parties à des procédures devant les cours du Québec ou ses autres
organismes ayant pouvoir de rendre la justice (et cela comprend les plaidoiries
écrites et orales) ont-elles le choix d'utiliser l'une ou l'autre langue, mais
les documents [...] émis en leur nom ou sous leur autorité peuvent être rédigés
dans l'une ou l'autre langue et ce choix s'étend au prononcé et à la
publication des jugements ou ordonnances."
«Bref, afin d'éviter
tout débat devant les tribunaux quant aux garanties et, le cas échéant, quant
aux obligations des instances des ordres portant sur la langue de leurs
décisions quasi judiciaires découlant des nouvelles dispositions des
articles 7, 10 et 32 de la charte, la chambre recommande que l'intention
du législateur soit précisée. Une piste de solution pourrait être de prévoir
des dispositions similaires à celles du nouvel article 22.3 de la charte,
soit de prévoir qu'en plus du français les ordres professionnels peuvent
communiquer avec les candidats à l'exercice de la profession et avec leurs
membres dans une autre langue lorsque la santé, la sécurité publique ou les
principes de justice naturelle l'exigent.»
Et ils en font donc
une recommandation majeure. Ça m'a frappé beaucoup, beaucoup, cette
question-là, me rappelant évidemment le drame que peuvent provoquer des
situations semblables où un professionnel est appelé devant son syndic et peut
être... faire l'objet de sanctions, voire même de radiation temporaire ou même
à vie, et, je vous dis, c'est aussi pire qu'une sentence de 10 ans de
prison pour beaucoup de ces professionnels.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors, bien, dans un
premier temps, là, pour, Mme la Présidente, la crainte relativement, là, aux
organismes disciplinaires, là, exemple, le conseil de discipline, là, bien
entendu que 133 s'applique. Donc, pour le membre, vu que c'est supralégislatif,
la Constitution s'applique relativement à cet élément-là. Donc, il n'y a
pas d'enjeu relativement à ça, que le membre
qui serait poursuivi en matière disciplinaire, puisque c'est quasi judiciaire,
les garanties associées à 133 s'appliquent, la Loi constitutionnelle.
Mme David : Réponse
intéressante, et je vais demander que ça soit sous réserve de
l'article 133, qu'il y ait un petit
amendement à cet effet-là. À ce moment-là, je pense que vos collègues notaires
et avocats vont être très, très, très contents.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais, dans
tous les cas, ce n'est pas nécessaire de le libeller ainsi, parce que la
Constitution prime, c'est implicite, là.
Mme David : Oui,
mais les notaires ne sont pas des... tous... Ils citent eux-mêmes
l'article 133 puis ils n'ont pas dit ça, donc ça serait peut-être bien de
les rassurer.
M. Jolin-Barrette : Oui, c'est ce
que je fais actuellement, je le dis dans le micro.
Mme David : Oui, mais comment ça se
fait qu'eux n'ont pas la même lecture?
M. Jolin-Barrette : Ah! bien, ça,
écoutez, il y a beaucoup de gens qui n'ont souvent pas la même lecture. Ça ne
signifie pas, par contre, que, dans toutes les dispositions qu'on adopte à
chacun des articles de loi, puis je ne parle pas nécessairement de la Charte de
la langue française, on n'est pas tout le temps en train d'écrire «sous
réserve de la Loi constitutionnelle», «sous réserve de l'article x de la
Loi constitutionnelle», c'est implicite, là. Dans le fond, le régime normatif
qui existe... Dans le fond, vous avez la Constitution de 1867. Accessoirement,
vous avez la Loi constitutionnelle de 1982, à laquelle on n'a pas
souscrit. Bon, on ne repartira pas sur ce débat-là, mais, en fait, c'est quand
même d'actualité avec ce qu'on a vu hier à Ottawa, là, mais là on n'est pas
dans le bon forum.
Mme David : ...qu'on accélère, on ne
va pas faire l'histoire du Canada, là, puis des mesures d'urgence, là.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on ne
fait pas l'histoire du Canada, mais vous voyez à quel point la Loi
constitutionnelle fait partie de nos vies. Parfois, ça a l'air loin...
Mme David : Bien oui, mais le Canada
fait partie de nos vies aussi. Vous êtes...
M.
Jolin-Barrette : Ah! bien,
ça, il fait... Bien, vous savez, il fait... le Canada fait partie de la vie du
député de Matane-Matapédia, et il y a
consacré une partie de sa vie. Qu'il le veuille ou non, ça fait partie de son
environnement. Il voudrait en sortir, de cet environnement-là, mais ça
fait... C'est ça.
Mon point,
là, c'est que votre amendement, là, en lien avec, supposons, le conseil de
discipline, bien entendu, c'est implicite que 133 s'applique. Le point
fondamental, là, c'est que les ordres professionnels, là, les membres d'un
ordre professionnel sont supposés maintenir la compétence linguistique en
matière de langue française pour exercer leur
profession. Ça fait que tout le monde est supposé parler français puis tout le
monde est supposé écrire en français également lorsque vous êtes un
professionnel au Québec. Parce qu'être membre d'un ordre professionnel, ce
n'est pas un droit, c'est un privilège. C'est un pouvoir régi par l'État
d'exercer une profession où le public, il est protégé. Et la connaissance
appropriée, là, le concept de connaissance appropriée est présent dans la
charte depuis 1977. Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on dit : Bien, écoutez,
l'ordre professionnel, qui est un régulateur dont le pouvoir est un pouvoir
délégué de l'État, on a choisi, au Québec, d'avoir ce régime-là, puis c'est un
régime historique qui fait part aussi de la France puis, dans le fond, c'est un
régime distinct du monde anglo-saxon, tu sais, c'est plus... les corporations
de métiers, puis tout ça. Alors, nous, on a dit : Bien, écoutez, les
ordres professionnels, ils ont un pouvoir délégué qu'ils exercent au nom de
l'État, mais le professionnel doit avoir une connaissance appropriée, depuis
1977, de la langue française pour pouvoir exercer sa profession. Donc, nous, ce
qu'on dit : Bien, l'ordre professionnel, lui aussi s'exprimera
exclusivement en français avec ses membres ou les candidats à l'exercice de la
profession.
Mme David : Alors, ce que je
comprends, c'est que vous donnez raison quand même à la partie du mémoire de la
Chambre des notaires qui fait référence à l'arrêt Blaikie, qui fait
référence à l'article 133 et qui dit : Malgré les dispositions de
l'article 32, la chambre s'interroge — et moi, je vais répondre, là,
pour voir si j'ai bien compris ce que vous dites — à savoir si les
décisions des instances des ordres ayant une... des instances des ordres, les
instances des ordres, là, c'est syndics,
inspections professionnelles, c'est les jugements qui sont rendus, ayant une
portée individuelle, donc par rapport à un candidat, et qui revêtent une grande
importance pour l'individu concern, pourraient être rédigées en anglais,
et ce, en posant la prémisse que ces instances ne sont pas des tribunaux
judiciaires. Alors...
M. Jolin-Barrette : ...dans les
critères déterminés par 133, donc qu'il y ait un processus contradictoire, donc
c'est comme ça qu'a été interprété 133. Mais je veux juste qu'on revienne à la
base, là, votre membre, là, il doit avoir une
connaissance appropriée du français. Donc, pour être membre d'un ordre
professionnel, vous devez parler français, vous devez écrire en français. Ça,
c'est la base. Donc, ça signifie... Puis c'est ça qu'on change, là, dans le
régime des ordres professionnels, là, tous les membres des ordres
professionnels, notamment pour la protection du public, doivent maintenir cette
compétence linguistique là. Au Québec, premièrement, la langue du travail,
c'est le français. Mais, deuxièmement, si vous êtes investi d'une
responsabilité particulière comme professionnel parce que soit que vous avez
des actes réservés, en psychologie, c'est... Moi, je ne peux pas faire en sorte
de dispenser les actes qui sont réservés aux psychologues. Par contre, comme
avocat, je peux conseiller juridiquement des gens, mais cette responsabilité-là,
ces pouvoirs-là viennent avec également des exigences, notamment d'avoir la
maîtrise de la langue française.
• (11 h 40) •
Mme David : Mais qu'est-ce que vous
répondez quand ils disent... Parce que je comprends que ça ne s'appliquerait
pas, par exemple, à une lettre qui annonce au candidat qu'il ne sera pas membre
de sa profession parce qu'il échoue ledit
stage, là, de candidat à la profession. Il échoue son stage, ou on suspend son
activité professionnelle, ou on... le candidat ne peut pas compléter
avec succès un stage ou un cours de perfectionnement. Là, j'ai l'impression que, vous l'avez dit, c'est quand il y a débat
contradictoire. Alors, le cours de perfectionnement, j'ai l'impression, ou le stage, s'il reçoit sa lettre, on t'annonce...
on vous annonce que vous avez échoué, merci, bonjour, c'est dans le cas où
ça se rendrait jusqu'au comité x ou y,
avec le candidat qui a son avocat puis l'ordre qui a son avocat, puis là ça
plaide d'un bord et de l'autre parce qu'il conteste la décision. Là, il pourrait
le faire dans la langue de son choix parce que c'est sous
l'article 133. Mais, s'il reçoit une lettre disant : Vous avez échoué
votre stage, jusque-là, ce n'est pas contradictoire, donc ça doit être en
français.
Est-ce que je
comprends qu'on doit diviser les choses, là, et qu'à ce moment-là il n'y a pas
de principe de justice naturelle qui s'applique, alors que, pour
l'article 22.3, le principe de justice naturelle est déjà prévu pour
l'exemplarité de l'État? Alors, ça, je ne comprends pas pourquoi vous prenez la
peine, à 22.3, de le dire, puis on ne peut
pas dire ça pour les cas comme ça, qui pourraient être des conditions de
justice naturelle, pour que le membre puisse bien comprendre les motifs, les
conditions, les limitations puisqu'ils sont vraiment... et particulièrement,
là, qu'on met les candidats, des fois, dans une maîtrise qui s'améliore, mais
qui n'est pas nécessairement encore parfaite.
M.
Jolin-Barrette : Bien, lorsque vous êtes un candidat à l'admission à
la profession, vous voulez devenir un professionnel, O.K., vous devez avoir une
connaissance appropriée du français pour pouvoir exercer la profession que vous souhaitez exercer. Donc, c'est tout à
fait normal que l'ordre professionnel communique avec vous exclusivement
en français. Lorsque vous êtes en présence de 133, lorsque vous êtes dans un
processus judiciaire ou quasi judiciaire, notamment, qui inclut un processus
contradictoire, effectivement, la façon dont 133 a été interprété jusqu'à ce
jour fait en sorte que 133 s'applique. Mais
un ordre professionnel, c'est un pouvoir délégué de l'État, et donc les membres
de l'ordre professionnel doivent avoir une maîtrise appropriée, une
connaissance appropriée de la langue française. Alors, l'État va communiquer avec eux... bien, pas l'État, l'ordre
professionnel va communiquer avec eux en français.
Mme David :
Et donc ce que vous appelez la portion, même si vous dites : Les ordres,
c'est un organisme quasi judiciaire, ce ne sont pas tous les actes des
ordres qui sont quasi judiciaires, c'est la partie...
M.
Jolin-Barrette : Bien, quand vous êtes devant le conseil de
discipline, là...
Mme David :
Voilà, c'est là que je m'en allais.
M. Jolin-Barrette : ...133 pourrait s'appliquer, mais l'ordre lui-même, l'ordre lui-même,
dans ses communications administratives avec les membres, on n'est pas
dans une application de 133.
Mme David :
Même si c'est une communication individuelle qui lui annonce qu'il ne sera plus
travailleur social demain matin parce qu'il a échoué son... son... enfin, le
critère de candidat à l'exercice de la profession n'a pas été adéquatement
relevé ou je ne sais trop.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme David :
Mais, s'il s'en va en processus disciplinaire et que, là, il y a ce qu'on
appelle le débat contradictoire, là,
l'ordre se... c'est dans sa partie quasi judiciaire qu'il exerce son mandat de
protection du public, et, à ce moment-là, comme c'est du quasi judiciaire dans
ces fonctions-là, ils ne sont pas... Autrement dit, un ordre n'est pas quasi
judiciaire à temps plein, là, quand il écrit à tous les membres pour annoncer
que... Il est quasi judiciaire quand il y a un débat contradictoire, que le
membre a le droit de se défende et, bon... Et à ce moment-là, là,
l'article 133 s'applique.
M.
Jolin-Barrette : Effectivement, l'article 133 pourrait être
invoqué à cette étape-là, lorsqu'il est devant le conseil de discipline. Mais,
dans le cadre uniquement des communications entre le membre et l'ordre
professionnel ou entre l'ordre professionnel et le membre, l'ordre doit
s'exprimer exclusivement en français.
Mme David :
Bon, ça, j'imagine que...
M.
Jolin-Barrette : Et, si je peux rajouter, là, si on prend un pas de
recul, là, tous les membres des ordres professionnels, là, au Québec, là,
doivent avoir une connaissance appropriée de la langue française. Qu'est-ce que
ça signifie si on dit aux ordres professionnels : Continuez de communiquer
avec le bilinguisme institutionnel qui est répandu dans plusieurs ordres
professionnels? Les ordres professionnels font partie du marché du travail. Il
y a, quoi, 400 000 professionnels, à peu près, au Québec? Me Nolin,
400 000 professionnels au Québec environ?
Une voix :
Pardon?
M.
Jolin-Barrette : Combien d'ordres... Combien de membres d'ordres
professionnels?
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Bon,
300 000, 400 000 personnes qui participent au marché du travail,
46 ordres professionnels. La personne qui obtient son permis
d'exercice, qui pratique au Québec avec des citoyens québécois, doit avoir une
connaissance appropriée du français. Et... Non, mais on...
Mme
David : En fait, ce n'est pas ça du tout, là.
M.
Jolin-Barrette : Oui, oui, mais on est sur la nature même... Puis le
Conseil interprofessionnel, là, nous l'a dit dans son mémoire, là. Il est venu
nous dire... Attendez, je vais retrouver ça. Il nous a dit : «Le
gouvernement intègre plusieurs mesures qui
visent à freiner une tendance que plusieurs observateurs ont décriée ces
dernières années, le bilinguisme institutionnel. Plusieurs articles
s'attardent à la langue de l'administration et resserrent les différents critères qui allouent d'offrir un service ou de
communiquer avec des entités publiques ou privées dans une autre langue que le français. Les ordres professionnels, comme
organismes étroitement liés à la gestion de l'État, doivent contribuer à
cet objectif.» Ça, c'est le Conseil interprofessionnel qui dit ça.
Le Conseil
interprofessionnel, pour le bénéfice de tout le monde qui nous écoute, c'est le
syndicat des ordres professionnels, si on veut dire, ou l'organisme
représentant les ordres professionnels, mais, pour faire simple, on va dire le
syndicat.
«Sachant que
l'ensemble des membres des ordres doivent maîtriser le français lors de leur
admission à une profession et que le présent projet de loi prévoit également le
maintien de la connaissance de cette langue tout au long de leur pratique, le
conseil considère qu'il est raisonnable de croire qu'une communication en
français, qu'elle soit orale ou écrite, sera
aisément comprise par les membres.» Donc, ça, c'est la position du Conseil
interprofessionnel. Je comprends qu'il y a...
Mme David :
Et de d'autres ordres aussi, là, qui disent qu'ils sont tout à fait en respect
de ça. Mais je vais quand même vous poser la question : C'est quoi, la
différence avec l'article 22.3 de la charte où, là, vous avez, nommément,
spécifiquement inclus une exception quand la justice santé naturelle ou...
pas... santé et justice naturelle ou... bon.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais là on est l'État dans une situation où
l'État est présent, l'administration avec un grand A, une situation
particulière envers le citoyen. Donc, ça, c'est distinct. On est dans un régime
où c'est l'État. Et vous aurez noté dans le régime, puis on a étudié tout ça la
semaine dernière puis l'autre semaine d'avant également, les exceptions qui
sont par directive devront être approuvées également. Donc, les exceptions sont
là, mais elle doit être approuvée également lorsqu'un organisme se prévaut de
ça.
Là, on est dans un
régime distinct. Ce n'est pas les services de l'État qui sont donnés, ce n'est
pas les communications de l'État qui sont données, c'est un ordre
professionnel. Puis l'ordre professionnel, on exige de leurs membres qu'ils
aient une connaissance appropriée du français. Alors, être membre d'un ordre
professionnel, là, ce n'est pas un droit, là, c'est un privilège, être membre
d'un ordre professionnel, de pratiquer une profession. Il y a des règles à
respecter. Puis nous, au Québec, on se dit : Vous voulez être un
professionnel, vous voulez être membre d'un des 46 ordres professionnels
au Québec, vous devez avoir la connaissance appropriée. Et ça doit se traduire
également dans la législation, dans les communications que les ordres
professionnels ont avec leurs membres.
Mme David :
Donc, la recommandation de la chambre, quand elle dit : «Bref, afin
d'éviter tout débat devant les tribunaux
quant aux garanties et, le cas échéant, quant aux obligations des instances des
ordres portant sur la langue de leurs
décisions quasi judiciaires découlant des nouvelles dispositions des
articles 7, 10 et 32 de la charte, la chambre recommande — bon — que
l'intention du législateur soit précisée», vous me répondez : On n'a pas
besoin de le préciser, parce que c'est implicite que, dans le mot «quasi
judiciaire», il y a l'implication de l'article 133 qui entre en scène, et que c'est déjà inclus, et que les
organismes quasi judiciaires sont inclus et couverts par l'article 133, et
donc qu'à ce moment-là ça pourrait... il pourrait y avoir une
communication dans une autre langue sous réserve de l'article 133 quand...
quand on fait appel ou quand on est dans une... une instance quasi... dans la
partie quasi judiciaire de débat contradictoire de l'ordre.
Alors, ce que vous
dites, c'est que les notaires devraient être rassurés par votre réponse. Quand
eux disent «aux obligations des instances des ordres portant sur la langue de
leurs décisions quasi judiciaires», donc, on parle de la même chose que vous à
ce moment-là.
• (11 h 50) •
M.
Jolin-Barrette : Ils n'ont pas d'inquiétude à avoir. Le membre pourra
invoquer la protection associée à l'article 133 s'il se ramasse devant le
conseil de discipline de l'Ordre des notaires.
Une voix :
...
M.
Jolin-Barrette : Puis l'autre élément qui est important, Mme la
Présidente, de savoir également, là, c'est que
là, à 32, on est dans le cadre du permis général, hein, du candidat à
l'exercice de la profession ou du professionnel. Donc, exemple, Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys, qui est psychologue, elle a un permis
régulier. Bien, je présume, là, mais je...
Elle a un permis régulier. Il y a des exceptions au régime prévu par la Charte
de la langue française, il y a des permis temporaires, il y a tout ça.
Donc, c'est sûr que, dans le cadre des régimes particuliers, l'ordre pourra communiquer dans une autre langue que le français
parce que, justement, l'ordre professionnel prévoit des dispositions
particulières où le membre n'a pas nécessairement besoin de parler
français durant cette période de laps de temps là, donc on ajuste les communications. Mais, pour le membre régulier en
règle par le permis général de 32, la communication doit être en
français. Ça, c'est ce que je vous disais, c'est 40.2.
Mme
David : Ça, c'était pour ce qui a trait, donc, à l'amendement comme
tel, principe de... J'aurai d'autres questions sur la langue de communication
par rapport aux examens, par exemple, que les CPA... la perspective de la
protection du public, les CPA sont très inquiets de plusieurs de ces choses-là.
Donc, ça, Mme la Présidente, il me reste du temps hors amendement, précis?
La Présidente (Mme Thériault) : Vous n'avez presque pas eu de propos sur
l'article comme tel, donc là vous êtes toujours sur l'amendement, il
vous reste à peu près huit minutes sur votre amendement.
Mme David :
Je n'ai eu presque pas de propos? Ah! bien, coudon. Alors, tant que vous ne
mettez pas «déplacé», que mes propos étaient corrects, donc...
La Présidente (Mme
Thériault) : On n'a pas fait de discussion sur 21 encore, on l'a fait
sur l'amendement du ministre, et après ça sur votre amendement.
Mme David :
O.K. Donc, moi, j'ai terminé sur cette partie-là de l'amendement, mais je voulais
être sûre que je pouvais revenir sur d'autres aspects. Donc, voilà.
La Présidente (Mme
Thériault) : Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'amendement, est-ce que vous le retirez ou on le met au vote...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Thériault) : ...suite à la discussion que vous avez eue avec
le ministre? Si vous le retirez, on demande un consentement, sinon on
demande un... on le passe au vote.
Mme David :
Oui, je pense, je vais le retirer, en tenant compte de ce qui est sur
l'enregistrement pour rassurer les notaires.
La Présidente (Mme
Thériault) : Du commentaire du ministre. Parfait. Donc, est-ce qu'il y
a consentement pour retirer l'amendement de la députée?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Thériault) : Consentement. Parfait. Donc, on revient maintenant à
l'article 21, tel qu'amendé, pour la discussion. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Bien, écoutez, là, on change de... on sort des notaires, et puis on s'en va
peut-être plus vers nos amis les CPA. Il y a
des inquiétudes réelles sur... et là je vais aller trouver mes amis, sur la
langue, dans une perspective de
protection du public, là, de permettre aux ordres de communiquer dans une autre
langue, surtout pour les communications orales. Parce que, des fois, la
personne peut être vraiment très, très mal prise, et puis il faut absolument
lui communiquer des choses, puis, bon, ils ont très, très peur.
Mais ce qui est
particulier, par exemple, c'est que, par exemple, en ce moment, je suis à peu
près certaine qu'il y a des formations qui se donnent en anglais. Prenez... les
CPA nous le disent bien, il y a des nouvelles normes américaines, où, là, je ne
suis pas sûre que j'ai tout suivi, sur des choses très complexes, là, des
normes de comptabilité, là, des choses extrêmement difficiles, et évidemment
que tous les documents sont en anglais. Il faut faire de la formation continue.
On a un nombre d'heures assez considérable, et je trouve que c'est une... je ne
suis pas contre du tout, là, c'est important, mais donc il faut qu'il y ait
d'abord beaucoup de matériel didactique qui soit directement transmis dans la
langue de ces dites normes. Je ne dis pas qu'ils ne sont pas traduits. Mais
donc les CPA sont très... sont très inquiets parce qu'ils ont peur que leurs
membres ne comprennent pas grand-chose de ces normes-là,
et d'autant qu'ils ont à les appliquer dans la langue, souvent, dans laquelle
elles ont été écrites, c'est-à-dire l'anglais, quand le CPA fait partie
d'une compagnie qui elle-même transige avec une compagnie américaine.
On comprend que, là,
on est dans... Puis on n'est pas rendu dans les entreprises encore, là, où ça
va être compliqué, parce qu'au Québec on a quand même mondialisé beaucoup de
nos entreprises, et c'est une bonne nouvelle en même temps, même s'il y a des
conséquences négatives aussi. Mais, s'ils ne peuvent plus faire aucune
formation en anglais, ce qui est embêtant, c'est que la langue dans laquelle
ils sont susceptibles de transiger ces normes-là, ça va être une langue autre
que le français. Et donc quelle va être leur compétence pour faire ça? C'est
une question assez complexe, je trouve, parce que les comptables, là, il y en a
beaucoup, beaucoup qui travaillent pour des entreprises qui elles-mêmes sont
avec des contrats hors Québec et qui ne sont pas... ça ne se passe pas du tout
en français.
Alors, les CPA
demandent qu'«il soit permis aux ordres d'offrir des activités de formation
continue en anglais et d'utiliser du matériel pédagogique dans une autre langue
que le français». Donc, bonne question. Je sais un peu quelle va être la
réponse, mais je pense qu'il faut être sensible à la réalité de certains ordres
professionnels qui travaillent dans une perspective très, très, très mondialisée.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Alors, je reviens sur la question de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, tout à l'heure, Mme la Présidente,
relativement aux ordres professionnels et aux candidats à l'exercice de la
profession. Donc, la question,
c'était : Bien, pouvez-vous vous renseigner à savoir quand est-ce qu'on
est candidat à l'exercice de la profession? En fait, pour tous les
ordres professionnels, dès que l'on fait une demande de permis afin de pouvoir
devenir un professionnel, vous êtes un
candidat à la profession. Donc, même s'il n'y a pas d'exigence de stage,
supposons, supposons que c'est dans
la période où vous soumettez votre demande pour devenir membre de l'ordre
professionnel, donc vous êtes candidat à l'admission à la profession, ça
démarre à partir de ce moment-là.
Donc,
dans les professions où vous n'avez pas de stage, supposons, où vous n'avez pas
de période de mentorat ou quoi que ce soit, vous allez tout de même être
visé par l'article parce que c'est pour devenir membre. Donc, c'est candidat à
l'exercice entre le moment... Exemple, prenons le cas où je suis diplômé de
l'université, j'ai mon diplôme et, par la
suite, je veux devenir membre de l'ordre professionnel. Ce n'est pas
automatique, il faut que je fasse les démarches auprès de l'ordre. Donc
là, je suis candidat parce que j'entame des démarches pour devenir membre de
l'ordre professionnel. Il va y arriver, exemple, prenons le Barreau, que je
veux devenir avocat, bien là, à ce moment-là, oui, je vais entamer des démarches avec l'ordre professionnel, je m'inscris,
mais par ailleurs le Barreau du Québec m'exige un stage de six mois. Alors, durant cette période temporelle là, je suis
également candidat à l'exercice de la profession.
Mme David :
Il y a toujours un délai, quel que soit l'ordre, mais ce n'est pas tellement
ces chiffres-là auxquels je m'intéresse ou aux ordres. C'est l'ordre qui exige,
en plus, quelque chose une fois que le diplôme est terminé. Mais on n'a pas
besoin de ça pour poursuivre le projet de loi. Mais ce que je comprends, je
n'avais pas pensé à ça, vous m'inspirez ce matin, c'est tous les programmes de
mise à niveau pour les professionnels formés à l'étranger. Tous les DHCEU, par
exemple, ça, c'est un bel exemple de candidats à l'exercice d'une profession,
les diplômés hors Québec et Canada, c'est en médecine. On parlait des médecins
chauffeurs de taxi, là, c'est ça, les DHCEU, ça, c'est les médecins...
Une voix :
...
Mme David :
Non, non, mais je vous parle des candidats à l'exercice d'une profession qui
ont beaucoup de difficultés à se trouver un stage, à réussir un stage. Ce sont
vraiment... ils rentrent, eux... ou un pharmacien qui fait un stage de
18 mois dans un programme d'appoint en pharmacie, que je connais bien.
Bien, il y en a 300, par exemple, qui sont candidats à faire ce programme-là,
il y en a 30 qui sont pris par année. Donc, je ne sais pas s'ils sont, pendant
toutes les années que ça va prendre, des candidats à l'exercice de la
profession, mais, en tout cas, quand ils sont admis dans un programme
d'appoint... Puis là on a évidemment, depuis des années... depuis au moins 12,
13 ans qu'on est très, très préoccupés par le manque de professionnels,
donc il y a de plus en plus de recrutement de professionnels formés à
l'étranger, architecture, psycho, n'importe quoi. Et je comprends que ce sont
tous des candidats à l'exercice de la profession quand ils sont, genre, admis,
mais à condition que. Et ça, c'est peut-être même plus les candidats de
l'étranger que des candidats à l'interne, mais le diplôme, presque
automatiquement, t'admet à la profession.
M.
Jolin-Barrette : Mais sous réserve du régime particulier qui s'adresse
à eux, s'ils ont une autorisation de pratiquer avec un permis restrictif ou
autre...
Mme David :
Ça, c'est autre chose. Ça, vous en parlez beaucoup, là, les permis restrictifs.
M.
Jolin-Barrette : Oui.
Mme
David : O.K. O.K. Là, je
suis mêlée parce que j'étais-tu dans mes... J'étais dans mes normes
internationales puis les formations continues en anglais
• (12 heures) •
M. Jolin-Barrette : Oui. Bon, bien, pour les formations, ce qui est important, là, c'est
que l'ordre professionnel communique en français avec ses membres. Bien
entendu, s'il fait référence à une norme internationale, la norme
internationale peut être dans une autre langue que le français, mais la
communication entre l'ordre, les membres et/ou une partie des membres, ça doit
se faire en français. Mais la référence à une norme internationale, bien
entendu, si la norme est en anglais, ça va demeurer en anglais.
Mme David :
Bien, je vais prendre un exemple assez concret, là. Vous êtes membre d'un
ordre, je l'ai été longtemps, je ne le suis plus, là, je pratique autrement la
psychologie en étant au Parlement, hein, à l'Assemblée nationale.
M.
Jolin-Barrette : Mais faites attention, vous ne pouvez pas dire que
vous la pratiquez.
Mme David :
Je ne la pratique pas, attention, je la... je l'observe. Alors je ne la
pratique pas. Alors, on a des... on avait,
on a, ils ont des activités de formation continue. Donc, vous allez un samedi
dans un... faire vos sept heures, vous êtes inscrit à un séminaire sur
quelque chose. Ce que vous me dites, c'est que le séminaire, là, il y a
quelqu'un en avant qui a bien expliqué les nouvelles normes des CPA en matière
de je ne sais pas quoi. La norme peut être présentée en anglais, mais il ne
faudrait pas que l'ensemble de l'activité se déroule en anglais.
M.
Jolin-Barrette : Bien, la communication, elle doit être faite en
français par l'ordre professionnel. Mais, lorsqu'on se retrouve... vous, votre
question, c'est : Est-ce que, si le formateur... en fait, si la formation,
elle est accréditée, supposons, elle est reconnue pour faire partie du
règlement sur la formation continue? Est-ce que ça peut être quelqu'un qui vient
de l'étranger, qui vient de donner la formation? Moi, je vous dirais :
Oui, parce que ce n'est pas l'ordre qui donne la formation dans le cadre du
règlement de formation continue. Et donc, l'important, c'est la communication
qui encadre ça. Mais ce n'est pas l'ordre qui dispense la formation, c'est un
professionnel autre, supposons, qui offre la formation, là.
Mme David : Bel
exemple, prenons les médecins qui font de la formation continue, et il y a la
compagnie, pour ne pas la nommer, Pfizer qui vient de Philadelphie présenter un
nouveau médicament avec toutes les... et, bon, et là il y a 300 médecins
qui viennent suivre ça. C'est sûr que la personne va s'exprimer dans sa langue,
la seule qu'elle maîtrise, l'anglais, j'imagine, si elle est... s'il... Donc,
elle pourra présenter parce qu'elle n'est pas membre du Collège des médecins.
Elle, elle vient comme conférencier invité.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais là il faut juste faire attention. La
qualification, ce n'est pas parce que vous êtes membre de l'ordre professionnel
ou non, là. Deux membres d'un ordre professionnel, là, peuvent se parler dans
une autre langue que le français, s'ils le souhaitent, là, entre
confrères, là. Il n'y a pas ça, on ne vient pas réglementer ça. Ce qu'on vient
réglementer, c'est les communications de l'ordre professionnel avec le membre.
Là, dans le cas que vous donnez, je ne suis pas sûr que ça serait une activité
de formation reconnue par un ordre professionnel puis qu'on fait venir une
compagnie pharmaceutique pour parler d'un médicament, supposons, de Pfizer.
Mme David : Ah!
les pharmas sont bien importantes dans la vie médicale.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais prenons l'exemple, là, c'était la
Saint-Valentin hier, puis, supposons, Pfizer venait parler de leur petite
pilule bleue. Je ne suis pas sûr que c'est reconnu...
Mme David : Ah! si ça serait reconnu comme activité, mais vous
avez raison, on pourrait débattre longtemps de ce qui est reconnu et pas
reconnu. Il y a eu toutes sortes de choses, des fois, qui ont été reconnues qui
étaient un peu particulières. Mais, si c'est reconnu, si c'est reconnu, pardon.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais, dans le fond, ça peut arriver que le
formateur, dans le cadre d'une activité de formation
reconnue qui est reconnue, ça ne soit même pas un membre de l'ordre
professionnel. Ça arrive fréquemment.
Mme David : Bien,
c'est ça que je dis.
M.
Jolin-Barrette : Donc, bien entendu, la personne va pouvoir s'exprimer
dans la langue qu'elle souhaite. Exemple,
prenons le Barreau, là. Ça arrive qu'il y a des formations qui sont données,
qui sont reconnues par le Barreau, qui
ne sont pas données par un membre du Barreau. Donc, l'idée de la communication,
c'est la communication de l'ordre avec ses membres, pas le contenu d'une
formation qui vise notamment à obtenir son 30 heures de formation
continue.
Mme David : J'allais
vous faire une petite blague, mais vous allez... ça va trop vous stimuler.
Alors, je ne vais pas...
M.
Jolin-Barrette : Est-ce que, Mme la Présidente, c'est une blague
d'ordre constitutionnel? Parce que ça, ça me stimule beaucoup.
Mme David : Bien,
c'est un peu trop vers ça, effectivement, parce que... elle était bonne, mais
on se le dira hors d'ondes. Je vais vous en
soumettre une autre qui est quand même intéressante, c'est les examens d'entrée
aux ordres. Les CPA, l'examen d'entrée dans la profession de CPA, puis
je me demande si les actuaires, ce n'est pas ça, puis le fameux, fameux examen
aussi pour avoir le diplôme de médecine puis le droit de pratique, là, du LMCC,
ce sont des examens pancanadiens avec version anglaise et version française.
Alors, tu le passes dans langue de ton choix, mais c'est un examen pancanadien. Alors, moi, je ne le savais pas, je ne
connais pas... je connais moins le métier de comptable, mais, pour
entrer dans la profession, c'est l'examen final commun EFC, qui est un examen
pancanadien administré au même moment d'un océan à l'autre. Il est offert, au
choix des candidats, en français ou en anglais. Alors, tu étudies à Concordia,
à l'école de commerce, tu étudies à McGill, à Desautels, à John-Molson, tu
étudies à Bishop, il y a à peu près
300 candidats, chaque année, qui se présentent à ces examens d'uniquement
ces trois universités-là, donc qui
ont étudié en anglais, forcément. Est-ce que, comme c'est un examen
pancanadien, ils peuvent le faire en anglais?
M.
Jolin-Barrette : ...question-là, c'est oui si c'est un examen
pancanadien, bien entendu que les candidats à l'exercice de la profession vont
pouvoir le faire dans une autre langue que le français. Donc, on pense
notamment aux comptables. On pense au collège royal canadien, également...
Mme David : Voilà.
M.
Jolin-Barrette : ...pour la médecine.
Mme David : O.K. Vous voyez, c'est
quand même intéressant parce que, là, on rassure des gens qui ont des questions. Si on ne faisait pas cette étude
détaillée, il y aurait plein d'inquiétudes, là, qui restent. Et donc vos
réponses sont extrêmement importantes, mais il faut vous poser les
questions. Alors je considère qu'on remplit notre rôle de parlementaire quand
on fait ça, Mme la Présidente. Ça, ça règle ça.
Je pense que ça va. Ça va pour
l'article 21.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va pour l'article 21. M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : ...qui aurait déjà été discuté, mais je me permets
une petite latitude, si je peux, Mme la Présidente. Aux yeux de
l'article 21, s'il y avait une rencontre, disons, régionale de l'Ordre des
orthophonistes en Outaouais, une orthophoniste, évidemment, pourrait aider un
jeune élève, il faut que ça se passe dans la langue... Alors, c'est un petit
regroupement de membres de l'Ordre des orthophonistes en Outaouais qui
parlent... qui se sont convoqués pour parler, bon, des cas en particulier et un
phénomène qui se manifeste au sein de leur clientèle de langue anglaise. Ça
serait des membres de l'ordre, pas une petite conversation un à un, ça serait
dûment convoqué, disons, comme une petite mini rencontre. Est-ce qu'ils
seraient en train d'aller à l'encontre de l'article 21 s'ils tenaient une
discussion, peut être avec un procès-verbal, même un genre de rencontre en
français, mais en anglais aussi? Parce qu'on parle de communication orale ainsi
qu'écrite.
M. Jolin-Barrette : Oui. En fait, la
communication qui est visée, c'est celle de l'ordre professionnel. Les
professionnels entre eux, lorsqu'ils discutent d'un dossier, ils peuvent le
faire entre deux collègues dans une autre langue que le français, s'ils le
souhaitent. Dans le fond, l'article 21 vise la communication qui est entre
l'ordre professionnel vers les membres de l'ordre professionnel, vers les
psychologues, les orthophonistes dans le cas que vous soulevez. Donc, exemple,
l'ordre professionnel envoie une convocation à l'assemblée générale annuelle,
va l'envoyer en français à ses membres ou envoie une communication à un groupe
de membres, à ce moment-là, ça va être également en français. Mais, dans le
cadre de leur... Dans le cas que vous soulevez, dans l'exemple que vous
soulevez, c'est des membres entre eux. Ce n'est pas une communication entre
l'ordre et les membres. Les membres entre eux peuvent communiquer dans une
autre langue que le français s'ils le souhaitent.
• (12 h 10) •
M. Birnbaum : Mme la Présidente, je
tenais justement à offrir un exemple qui est quasi formel. Je ne fais pas la
prétention que ça serait la réunion annuelle générale de cet ordre
d'orthophonistes où je crois que la réponse est assez claire, mais je parle de
plus qu'une... Et je crois que je me permets d'un exemple qui risque de se
manifester de façon fréquente et dans l'intérêt des clients et du service
offert par un tel ordre. Je parle d'une, oui, une petite rencontre qui serait
dûment convoquée, même de façon formelle, où, fort possiblement, l'avis de
convocation aurait été rédigé uniquement en français, mais où ça serait compris
qu'en dedans de... en respectant leurs devoirs déontologiques et pratiques, cette rencontre se déroulerait plus
efficacement largement en anglais, peut être en français aussi, parce
qu'ils seraient en train de parler des cas très pratiques qui impliquent des
jeunes étudiants avec des problèmes de langage dans leur langue maternelle
anglaise, comme je dis, dans l'Outaouais, Montréal, bon. Dans un tel exemple, y a-t-il une espèce de dérogation
possible et comprise en dedans de l'article 21 ou, compte tenu que c'est
une... l'instance que je décris est quasi formelle, ce ne serait pas possible?
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas
formel ou quasi formel, c'est lorsqu'il y a une communication de l'ordre
professionnel. Si vous avez une association de psychologues, une association de
psychologues, ce n'est pas l'ordre... bien,
pardon, d'orthophonistes, ce n'est pas l'Ordre des orthophonistes. L'Ordre des
orthophonistes, lui, quand il communique avec ses membres ou avec une
partie de ses membres, c'est en français, parce que c'est l'ordre professionnel
qui est visé. Ce n'est pas un regroupement de membres d'un ordre professionnel
sur le plan, supposons, associatif. Dans ce cas-là, les règles de la Charte de
la langue française visant les ordres professionnels ne s'appliquent pas. Dans
le fond, l'objet qu'on vient viser, c'est vraiment l'ordre professionnel
lui-même dans ses communications.
M. Birnbaum : Deux autres petites
précisions. Et je comprends l'objectif, tout à fait légitime, de l'article. Je
vais réviser mon exemple, qui est peut-être crédible. J'ai vécu une telle
situation à l'ancienne commission scolaire de Western Québec en Outaouais. Il y
avait là, comme il y en a maintenant, une pénurie d'orthophonistes et surtout
une pénurie d'orthophonistes habiles en anglais comme en français. Supposons
que cette commission scolaire... je ne veux
pas laisser induire... alors, c'est une situation que j'invente, quand même,
supposons que la commission scolaire Western Québec aurait déposé une
plainte devant l'ordre, et, selon les règles d'opération, l'ordre aurait jugé
qu'il fallait en parler à la réunion annuelle générale. Et la plainte,
j'imagine, aurait été...
M.
Jolin-Barrette : Juste une
seconde. Dans votre exemple, c'est une commission scolaire qui... C'est qui,
l'ordre?
M. Birnbaum : L'Ordre des
orthophonistes. Juste pour m'assurer que j'ai la précision que je cherche, ce
serait une personne physique qui aurait déposé la plainte, mais c'est jugé de
l'ordre assez important que c'est normal que ce soit un sujet lors d'une
réunion formelle dûment convoquée par l'Ordre des orthophonistes. Est-ce que l'article 21 permettrait un échange formel en dedans
d'une telle réunion, parce qu'on parle d'oral ainsi qu'écrit, un échange en
anglais durant cette rencontre dûment convoquée?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
Mme la Présidente, dans l'exemple du député de D'Arcy-McGee, la personne qui
fait la plainte n'est pas un membre de l'ordre professionnel, donc pourra
utiliser la langue de son choix pour formuler sa plainte. Et ce qui est
important également dans votre cas d'exemple, supposons que l'ordre
professionnel convoque une réunion, c'est une communication, donc l'ordre
professionnel le fait en français parce que c'est une communication entre l'ordre
et les membres. Dans l'exemple que vous donnez, par contre, la plainte est
issue d'un citoyen, donc ce citoyen-là, lui, peut s'exprimer dans la langue de
son choix.
M.
Birnbaum : Bon, dernière
précision. Je me permets de voyager dans le temps. La présidente de l'Ordre des
psychologues a planifié, pour leur réunion
annuelle générale — comme
je dis, je voyage dans le temps — Sigmund
Freud à faire un discours. Est-ce que
la présidente, devant une instance formelle de son ordre, pourrait se permettre
de parler dans une langue comprise par Sigmund Freud, c'est-à-dire de le
présenter devant ses membres, de communiquer devant ses membres, dans cette
espèce d'exemple que j'invente, en anglais aux yeux de l'article 21?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
fond, la communication qui est avec Sigmund Freud, s'il ressuscite, oui, il va
pouvoir le faire, pourquoi pas, en allemand, parce que je crois qu'il était
germanophone. Mais, oui, lorsqu'il s'adresse à la personne, il peut le faire
dans cette langue-là, l'interlocuteur. Il est là et il ne parle pas français.
Mais les communications avec les membres, ça, ça se fait en français, par
contre.
M. Birnbaum : Comme je dis, son
discours de présentation, de l'estimé Dr Sigmund Freud, il pourrait le
prononcer, s'il était habile, en allemand ou en anglais, son discours formel
d'introduction de leur invité d'honneur.
M. Jolin-Barrette : Donc, bien
entendu, l'ordre professionnel s'adresse à leurs membres en français, donc ça se déroule en français, la communication. Mais,
bien entendu, la personne qui est invitée, qui est un conférencier et qui, lui,
n'est pas membre, alors la discussion peut se faire dans une autre langue que
le français. Mais les communications de l'ordre se passent en français,
qu'elles soient orales ou écrites.
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 21, nous serons
prêts à le mettre aux voix. Est-ce que l'article 21, tel qu'amendé, est
adopté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. M. le ministre, l'article 22.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 35 de cette charte est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «leur» par «la»;
2° par le remplacement de ce qui précède le
paragraphe 1° du deuxième alinéa par ce qui suit :
«Un ordre
professionnel doit, lors de la délivrance du permis, considérer qu'une personne
a cette connaissance si :»
Commentaire.
Le remplacement du mot «leur» par le mot «la» proposé au premier alinéa de
l'article 35 de la Charte de la langue française par
l'article 22 du projet de loi vise à éviter de laisser entendre, par le
déterminant possessif «leur», qu'il faut tenir compte de la pratique
particulière d'un professionnel dans l'évaluation de sa connaissance de la
langue officielle. Il faut... ou plutôt évaluer le niveau de connaissance
approprié pour l'ensemble de la profession. Subsidiairement, comme les
candidats à la profession n'exercent pas encore une profession, il convient
d'utiliser le déterminant «la» plutôt que «leur».
La modification proposée au deuxième alinéa de
cet article vise quant à elle à supprimer la présomption irréfragable de
connaissance du français qui est prévue. Un professionnel... un ordre
professionnel devra plutôt considérer, au moment de la délivrance du permis,
qu'une personne a une connaissance appropriée à l'exercice de la profession si
elle est visée par l'un des paragraphes de cet alinéa. Cette modification
s'explique en raison du nouvel article 35.2, que propose l'article 23
du projet de loi, qui prévoyait certaines mesures qu'un ordre professionnel
peut prendre à l'égard d'un membre qui n'a plus de la langue officielle une
connaissance appropriée à l'exercice de la profession,
implique d'une personne peut... pardon, implique d'une personne... peut cesser
d'avoir cette connaissance. Conséquemment, la présomption de
connaissance irréfragable et sans limite de temps que prévoit actuellement
l'article 35 ne peut coexister avec l'article 35.2.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires sur l'article 22? Mme la députée.
Mme David : Oui. Je trouve ça. Je
trouve ça fort intéressant, le «la» et le «leur». Il y a des juristes qui ont
vraiment travaillé de très, très près, puis là, comme les candidats sont
intégrés dans les deux alinéas, bien là ce n'est pas leur profession parce qu'ils ne sont pas encore admis, ils sont
candidats à l'exercice. Donc il faut passer de «leur», parce que ça ne peut pas être un pronom possessif,
là, ce n'est pas «leur». Ils ne sont pas encore membres officiellement,
donc «la» profession. Alors, je comprends bien l'esprit de ça. On ne veut pas
vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. C'est ça, la... c'est ça, le
proverbe. Alors je vais compétitionner le ministre, qui, lui, fait parler de
lui avec ces images de Youppi! ou de je ne sais pas qui,
de petits enfants, là. C'est ce qui revient toujours à Infoman... pas Infoman,
mais À la semaine prochaine, alors il est rendu un personnage.
M. Jolin-Barrette : Ah! de Goofy.
Goofy puis Donald.
Mme David : Goofy. Mais là il y en a
un nouveau de la semaine dernière, là, puis... en tout cas. Alors, à chaque
fois, c'est en interaction avec moi, donc là, moi j'essaie de faire ma place,
moi aussi, dans ce soleil-là.
M. Jolin-Barrette : La course de
Goofy avec Betty.
Mme David : Voilà. Voilà,
exactement.
M. Jolin-Barrette : Teuf, teuf,
teuf, lentement, mais sûrement.
Mme David : Voilà.
M. Jolin-Barrette : C'est ce qu'on
fait ici, lentement, mais sûrement.
Mme David : Bien, lentement, là,
vous allez... Vous êtes quand même, là... je trouve que vous êtes un peu sévère
envers nous.
M. Jolin-Barrette : Bien, 50
quelques heures, 21 articles...
• (12 h 20) •
Mme David : Ah! c'est facile à dire.
Donc, «leur» versus «la», je comprends très bien l'idée. Maintenant, là où les
gens sont évidemment un peu... certains ordres professionnels ont bien vu ça,
et on est toujours... comme le législateur n'écrit pas pour ne rien dire, comme
on dit toujours, vous avez enlevé «réputé». Bon, ça, on comprend très bien.
Bien, maintenant, je comprends très bien, je n'aurais pas compris ça il y a six
mois, mais maintenant je suis devenue une quasi-candidate à la profession,
comme on dit au Barreau, mais «réputé», ça ne marche plus avec le 35.1 parce
qu'il faut maintenir la connaissance. Donc, «réputé», ça veut dire une fois
pour toutes, irréfragable, on ne conteste
plus ça. Ça, je comprends très bien l'esprit de ça, mais c'est ce par quoi vous
l'avez remplacé qui m'intrigue. Un ordre professionnel doit, lors de...
«considérer». Ça, c'est du beau français, mais ce n'est pas l'antithèse de
«réputé», qui est toujours présumé. Alors pourquoi ce n'est pas «présumé» puis
pourquoi et comment va-t-on opérationnaliser l'expression «doit considérer»?
Comment est-ce que je vous considère un jeune, un moins jeune? Est-ce que je
vous considère avec telle ou telle qualité? Dur à... C'est dur à définir. Je ne
sais pas comment les juristes définissent «considérer», mais je comprends les
critères après, là. Je comprends les critères. Elle a suivi, bon. Mais
«considérer», c'est au sens «doivent conclure», «doivent porter un jugement».
M. Jolin-Barrette : En fait, la
différence qu'on vient introduire auparavant, avant le projet de loi
n° 96, c'était «réputé». Donc, on est dans le cadre de la présomption
irréfragable. Ça veut dire, on ne pouvait pas repousser cette présomption-là.
C'était : Vous rentrez dans les différentes catégories, 1°, 2°, 3°... 1°,
2°, 3°. On... En fait, on se ferme les yeux.
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Si vous
rentrez dans les catégories 1°, 2°, 3°, on ne valide pas. On ne valide pas.
Vous remplissez un de ces critères-là. Vous ne parlez pas un mot de français,
mais on ne se pose même pas la question. Si vous ne parlez pas un mot de
français, vous remplissez ces trois critères-là, un des trois critères?
Parfait. On vous donne votre permis. On n'en entend même pas parler. Là, ce
qu'on fait, c'est qu'on amène une présomption, mais réfragable. Ça veut dire
qu'elle peut être repoussée. Alors, c'est pour ça le «considérer».
Un ordre professionnel doit, lors de la
délivrance du permis, considérer qu'une personne a cette connaissance si 1°, 2°, 3°. Ça veut dire qu'il y a une présomption. Vous
avez suivi à temps plein au moins trois années d'enseignement de niveau
secondaire ou postsecondaire dispensé en français pour entrer dans cette
catégorie-là? Parfait. On présume que vous parlez ou vous avez une connaissance
appropriée de la langue française.
Mme David : Vous le dites
vous-même, c'est le mot «présumér» que vous employez tout le temps. Pourquoi il
n'est pas là, «doit présumer que»? C'est le mot «considérer», moi, qui
m'inquiète.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, on le considère. On le considère,
mais ça fait en sorte qu'on va pouvoir quand même l'évaluer. L'ordre
professionnel, désormais, va pouvoir vérifier si, oui...
Mme David : Pas au moment où il
coche. Au moment où il coche, ça, c'est irréfragable qu'il a réussi ses examens de français, langue maternelle de la
quatrième ou de la cinquième année du cours secondaire. Vous n'allez quand
même pas refaire l'examen de la quatrième année secondaire, là, avant d'entrer
dans l'ordre. Ça, c'est en arrière. Il coche, là. Dans mon cas, c'est un
arrière. Il coche, là.
M. Jolin-Barrette :
Non, non, mais vous ne rentrez pas dans l'ordre professionnel après votre
examen de quatrième secondaire, là.
Mme David : Bien oui, c'est peut attester à cette connaissance si elle a suivi à
temps plein au moins trois années d'enseignement de niveau secondaire ou
postsecondaire dispensé en français.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça. C'est ça, mais entre... Supposons, là, trois...
Mme David :
Il coche les trois choses ou une des trois choses, mais vous n'allez pas aller
vérifier. Ça, c'est une de mes questions. C'est-tu les trois choses
additionnées? Et on remonte à 1985, 1986, là. Vous n'étiez pas né. En tout cas,
elle obtient, au Québec, un certificat d'études secondaires. C'est un des trois
ou les trois. Moi, je pense, c'est un des trois. Mais vous n'allez pas aller
vérifier combien d'années à son examen de quatrième secondaire. C'est ça que je
veux dire. Ça, c'est réputé dans ce sens-là. Mais vous êtes présumé pour la
suite des choses. Ça, je le comprends qu'aux cinq ans vous allez vérifier la...
la maintenance, j'allais dire, la... si elle a bien maintenu la qualité du
français. Puis là, si c'est non, là, on va tout rentrer dans le 35.1. Mais le
«considérer» n'est pas clair.
M. Jolin-Barrette : Alors, pour votre question relativement, c'est ce
que 1°, 2°, 3°, c'est cumulatif ou ce n'est pas
cumulatif? On va commencer par ça. Alors, est-ce que 1°, 2°, 3°, c'est
cumulatif?
Une voix :
C'est «ou».
M. Jolin-Barrette :
C'est «ou».
Mme David :
Voilà! C'est «ou».
M. Jolin-Barrette : 1°, 2°, 3°. Donc, partons de là. Donc, 35.1, elle a suivi à
temps plein au moins trois années d'enseignement de niveau secondaire ou
postsecondaire dispensé en français. Prenez cet exemple-là. Donc, vous êtes à 1°. J'ai suivi trois ans d'études secondaires
en français, mais supposons c'est secondaire I, II, III, O.K., que j'ai
suivi en français. Puis là je me ramasse 15 ans plus tard.
Mme David : Non, je ne veux pas qu'on se ramasse 15 ans plus tard. Je veux
juste à l'admission pour l'instant.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est exactement... C'est ce que je veux dire.
Mme David :
On l'admet.
M. Jolin-Barrette :
Non, non, mais laissez-les terminer mon exemple. Laissez-moi terminer mon
exemple. Secondaire I, II, III en
français, puis je décide de devenir avocat quand j'ai 30 ans. O.K. Ça fait
que, là, secondaire III, là, quand vous finissez ça, là, vous avez
15 ans. Oui, 15 ans. 15 ans. Je décide de devenir avocat à
30 ans. Ça fait que, là, je fais mon
bac, je fais mon Barreau. Je suis rendu à 34. Mais là ça fait 20 ans. Mais
moi, là, je coche le 1°, là. Avec l'ancien article, j'ai une présomption irréfragable que j'ai une
connaissance appropriée du français. J'ai étudié trois ans en français, puis ça
se peut que je ne parle pas un mot de français. Alors, ce qu'on fait
maintenant, c'est qu'on va venir le considérer. On va venir dire :
Bien, écoutez, si vous avez encore ces trois années-là, on le considère, oui.
Donc, c'est comme une présomption simple pour dire : Bien oui, on le
considère, mais on peut quand même aller vérifier si vous avez une connaissance appropriée de la langue française, même si
vous rentrez dans ces critères-là, ce que ne nous permettait pas l'article précédent. Si vous aviez
trois ans d'études secondaires en français, là, bien, l'ordre professionnel
ne se posait même pas la question :
Est-ce qu'il est apte à communiquer avec le public spécifiquement en français?
C'était...
Mme David : Mais là c'est majeur, là, ce que vous m'expliquez là. En tout cas, je
ne sais pas pour les autres, là, peut-être je suis la seule à
m'intéresser aux détails de tout ça. Mais ça veut dire qu'au moment où il
répond dans le ou à 1°, à 2° ou à 3°, dans votre exemple, il répond à 1°, je
pensais qu'automatiquement il était admis à l'ordre, sous réserve de 35 heures qu'il doit avoir
maintenues. Mais le maintenu, pour moi, n'était pas contemporain de
l'admission. C'est : On va...
Là, ce que vous dites, c'est : On va l'admettre... On ne l'admettra pas,
on va dire : O.K., il a répondu à 1°. Maintenant, je
peux... Puis là ça va tout être à installer, ce système, de dire :
Peut-être que tu vas devoir quand même passer
un examen de l'office tout de suite, de l'OQLF, tout de suite, parce que...
Mais comment faire pour savoir, avant même qu'il soit entré à l'ordre,
s'il répond à une des trois conditions? On fait quoi? On y jase puis on trouve
qu'il baragouine? L'autre, on trouve qu'il baragouine moins?
M. Jolin-Barrette :
Non, mais l'ordre va pouvoir avoir recours à une évaluation de français, comme
ça se fait pour des candidats qui souhaitent soit accéder à la profession, donc
d'avoir une connaissance suffisante de la langue française pour pouvoir exercer
sa profession. Prenons un autre cas d'exemple, là, en vertu de 1°, là. Je suis
en Colombie-Britannique, O.K., je fais trois ans d'études, au secondaire, en
français dans un établissement britanno-colombien. J'arrive...
Mme David : Bien, tous ceux qui
font de l'immersion, puis il y en a des centaines de milliers.
M. Jolin-Barrette :
Oui, mais j'arrive 15 ans plus tard, là, au Québec, là. Je n'ai pas
retouché au français depuis le secondaire III, là. Là, actuellement, là,
on avait une présomption, en vertu de paragraphe 1°, que vous avez une
présomption irréfragable, que vous avez une connaissance appropriée de la
langue française. On ne se posait pas de question.
Mme David : Mais ça ne marche pas. Excusez, là, en tout
respect, ça ne marche pas. Je dis ça là, c'est 1°, ou 2°,
ou 3°, comme Dr Poirier a dit. Puis, après ça, il est marqué : Dans les
autres cas, donc qui sont ni 1°, ni 2°, ni 3°, une personne doit obtenir une
attestation. Ça, ça veut dire la personne qui ne répond pas à ni 1°, ni 2°, ni
3°. Ce que je comprends, c'est que, même comme candidat à l'exercice de la
profession, on parle... Parce qu'après ça le 35 heures, ça va être
l'inspection professionnelle qui va faire ça. Et là il ne parle pas
d'inspection professionnelle, il n'est même pas entré encore dans la
profession.
M. Jolin-Barrette : ...pour
pouvoir rentrer dans un ordre professionnel, vous devez avoir une connaissance
appropriée du français.
Mme David : Oui. Mais, en ce
moment, là, je les connais, les examens de l'office, l'OQLF, qui ont un peu
amélioré les choses, parce que, là, c'est un peu plus ciblé sur profession par
profession. D'ailleurs, on a travaillé très fort pour avoir... être sûr que le
candidat maîtrise au moins le vocabulaire lié à sa profession. Mais ça, c'est
quand ils ne répondent pas à ni 1°, ni 2°, ni 3°.
• (12 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Mais là ils
vont...
Mme David : Mais là ils
répondent à 1°, ou à 2°, ou à 3°.
M. Jolin-Barrette : Oui, sauf qu'on donne le pouvoir à l'ordre de
valider qu'ils ont une compétence adéquate du français.
Mme David : Donc, ce n'est pas
dans les autres cas qu'il faut dire, c'est dans tous les cas, quasiment, où
l'ordre a une...
M. Jolin-Barrette : En fait, dans les autres cas, là, il n'y a pas de
présomption pour les autres cas. Exemple, là, si vous n'êtes pas dans 1°,
2°, 3°, là, là, à ce moment-là, vous allez passer l'évaluation de l'office.
Mme David : Les examens de
l'office. Ils n'ont jamais étudié en français, ils ont... etc. Ça, je
comprends. Puis ça, ça ne change pas grand-chose à ce qui existe actuellement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je dois suspendre les travaux compte tenu de l'heure. Donc, vous pourrez
poursuivre cette agréable discussion après la période des affaires courantes et
la période de questions. Donc, bon appétit, tout le monde.
Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 27)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît!
Donc, la Commission de la culture et de
l'éducation reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune
du Québec, le français.
Lors de la suspension de nos travaux, ce midi,
nous en étions à l'étude de l'article 22, donc, et la députée de
Marguerite-Bourgeoys... La parole est à vous.
Mme David : On était à quelques
interrogations, je pense, qu'avait le ministre, soit avec lui-même ou avec son équipe, ce qui est un bon signe par rapport à
la clarté, peut-être, qu'il va falloir apporter sur ces trois conditions-là.
Donc, moi, j'avais une question sur pourquoi ne
pas présumer et dire à la place «doit considérer». Je trouvais que ce n'était
pas une façon très juridique de dire les choses. Et je ne suis pas la seule
personne, parce que des ordres professionnels se posent la même question. Et
après ça, bien, les trois conditions, c'est du «ou». Une fois qu'on nous dit du «ou», je vais vous citer les CPA, qui
disent quelque chose de très intéressant. Je lis leur paragraphe :
«Toutefois, malgré la modification
apportée à la présomption de la maîtrise de la langue — on
est encore dans le mot "présomption" — le
libellé proposé de l'article 35 précise toujours qu'un ordre professionnel
"doit" émettre le permis au candidat qui répond à l'un des
paramètres. Il apparaît...» Donc, eux ont bien lu que c'était «ou» puisqu'ils
disent «qui répond à l'un des paramètres». «Il apparaît important que le
législateur précise son intention à cet égard. Si un ordre professionnel a des
doutes quant à la qualité de maîtrise de la langue française d'un candidat,
pourra-t-il exiger que ce dernier se soumette à un test administré par l'OQLF
avant d'émettre le permis?»
Je pense, ça ne peut pas
dire mieux les questions que je me posais et que je n'avais pas réalisé que le
CPA se posait à peu près dans les mêmes termes. Nos esprits se sont rencontrés.
M. Jolin-Barrette : Je
constate, Mme la Présidente, qu'ils ont beaucoup de questions, l'ordre des CPA.
Mme David : Oui, mais celle-là
a été écrite, puis je ne l'avais pas...
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme
la Présidente, en réponse à la question, dans le fond, lorsqu'on est dans les
situations 1°, 2°, 3°, l'ordre va accorder, dans le fond, le permis d'exercice.
Dans l'éventualité où il constaterait que la maîtrise de la langue française
n'est pas présente, bien là on tombe dans l'article suivant, à
l'article 35.1.
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Oui. Donc, la
personne qui se retrouverait à remplir un des trois critères 1°, 2°, 3°...
1°, 2° ou 3°...
Mme David : 1°, ou 2°, ou 3°.
• (15 h 30) •
M. Jolin-Barrette : ...1°, ou 2°,
ou 3°, à ce moment-là, son permis lui est donné... En fait, cette connaissance appropriée là va être considérée, en vertu de 1°, ou 2°, ou 3°, donc
le permis va être accordé. Donc, si vous remplissez le critère d'« elle
a suivi à tempsplein au moins trois années d'enseignement au niveau secondaire
ou postsecondaire, dispensé en français», l'ordre professionnel dit : Ah!
vous rentrez dans cette case-là? Parfait, je peux vous émettre votre permis de pratique professionnelle. Ça va.
Mais, si, par ailleurs, suite à ça, l'ordre professionnel se rend compte que
le membre professionnel n'a pas une connaissance appropriée du français, là on
tombe dans 35.1.
Mme David : Extrêmement intéressant, la réponse du ministre,
parce que, moi, ça correspond, après que votre cher Dr Poirier a
répondu que c'était «ou», c'est exactement ce que je pensais, c'est vraiment
comme ça que je lisais les choses, et puis
que, dans les autres cas, donc les autres cas, ce sont ceux où ça ne coche ni 1°, ni 2°, ni 3°, là,
c'est le cas un peu classique, là, de... qu'on connaît depuis toujours,
là, d'aller passer l'examen de l'OQLF.
Ça va poser une question fort intéressante, à
35.1, c'est... Tu as, je ne sais pas, moi... Dans l'ordre auquel j'appartenais,
il y avait 10 000... disons 10 000 membres. Alors, dans les
10 000, il y a un calendrier d'inspection professionnelle, tant à tous les
ans. Puis là on discutera de la façon dont les ordres vont devoir assumer, si
tant est que c'est eux qui doivent assumer.
Alors là, il y a quand même quelques petites questions qui vont se poser. Si
c'est eux, bien, comment ils vont évaluer cette fameuse maîtrise du
français? Quels outils l'OQLF va leur donner, etc.?
Mais ça se
peut très bien que... bon, on évaluera la qualité du français de ce nouveau
membre qui a répondu à 1°, ou 2°, ou 3° quand il arrivera en inspection professionnelle.
Ça, c'est un trajet possible. L'autre trajet possible, c'est : quelqu'un,
un client, porte plainte ou dise : Je n'ai pas eu le service en français
auquel je pensais... que je pensais recevoir ou quelque chose comme ça, je n'ai
pas eu l'impression d'être compris, enfin, le mécanisme, j'imagine, habituel de
plainte.
Alors, est-ce que je comprends bien le
cheminement d'un nouveau professionnel dans un ordre? Ça sera après, soit par
une plainte soit par le mécanisme habituel d'inspection, dont on parlera à
35.1, c'est sûr, parce que, là, on joue peut
être dans toute la question, qui est très régie aussi, là, des inspections
professionnelles, qui procèdent chacun de leur façon, mais qui ne sont
pas tous aussi gros les uns que les autres. Et on verra comment ça va se passer
à ce moment-là. Est ce que j'ai... tout ça est à peu près correct, ce que j'ai
dit en rapport avec...
M. Jolin-Barrette : Tout est à peu
près correct. Ça veut dire que le projet de loi, il est clair.
Mme David : Il est tellement clair
qu'il a fallu vous poser pas mal de questions pour me répondre aussi
clairement.
M. Jolin-Barrette : Mais
effectivement, dans le fond, c'est le cheminement dont vous avez exprimé.
Mme David : O.K. Alors, ça va, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Ça
va? Si je n'ai pas d'autre intervention sur l'article 22, est-ce que
l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Thériault) :
Adopté. M. le ministre, l'article 23, qui introduit deux articles. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Oui, et j'aurai
un amendement, Mme la Présidente, à l'article 23.
La Présidente (Mme Thériault) : Ah
oui! vous avez un amendement à 35.1?
M.
Jolin-Barrette : Oui.
La
Présidente (Mme Thériault) :
La députée de Marguerite-Bourgeoys aussi en a un. Et vous avez préséance,
donc il n'y a pas de problème.
M. Jolin-Barrette : Alors,
article 23 : Cette charte est modifiée par l'insertion, après
l'article 35, des suivants :
«35.1. Le titulaire d'un
permis délivré conformément à l'article 35 doit, tant qu'il le détient,
maintenir une connaissance de la langue officielle appropriée à l'exercice de
la profession.
«Il ne peut, dans
l'exercice de ses activités professionnelles, refuser de fournir une prestation
pour le seul motif qu'on lui demande d'utiliser la langue officielle dans
l'exécution de cette prestation.
«35.2. L'ordre
professionnel qui, pour des motifs sérieux, considère qu'un de ses membres n'a
pas de la langue officielle une connaissance appropriée à l'exercice de la
profession peut, outre des mesures qui peuvent être prises à l'égard de
celui-ci en vertu du Code des professions, exiger qu'il obtienne l'attestation
délivrée par l'office en vertu du troisième alinéa de l'article 35.
«De plus, les cours
de perfectionnement qu'un membre d'un ordre professionnel peut être obligé de
suivre avec succès ainsi que toute autre obligation, déterminée dans un
règlement pris en vertu de l'article 90 de ce code, qui peut lui être
imposée peuvent avoir pour objet de permettre à un tel membre de recouvrer de
la langue officielle une connaissance appropriée à l'exercice de la
profession.»
Alors...
La Présidente (Mme
Thériault) : ...pour commencer, avec le commentaire.
M.
Jolin-Barrette : Oui, alors, 35.1, pour le commentaire.
L'article 35.1 de la Charte de la langue française, proposé par
l'article 23 du projet de loi, prévoit que les membres des ordres
professionnels qui ont obtenu un permis d'exercice conformément à
l'article 35 de cette charte devront, parmi leurs compétences
professionnelles, maintenir une connaissance de la langue officielle appropriée
à l'exercice de la profession.
Il prévoit également
que les membres des ordres professionnels ne pourront pas, dans l'exercice de
leur activité professionnelle, refuser de fournir une prestation pour le seul
motif qu'on leur demande d'utiliser le français dans l'exécution de cette
prestation.
Et, pour le
commentaire à 35.2, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Thériault) : On les traite séparément, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Ah! O.K., d'accord.
La Présidente (Mme
Thériault) : On fait 35.1, après ça on passera à 35.2.
M.
Jolin-Barrette : Parfait.
La Présidente (Mme
Thériault) : Vous avez un amendement à 35.1, c'est ça?
M.
Jolin-Barrette : Oui, exactement.
La Présidente (Mme
Thériault) : Allez avec l'amendement.
M.
Jolin-Barrette : Donc, article 23, article 35.1 de la Charte
de la langue française. À l'article 23 du projet de loi, ajouter, à la fin du deuxième alinéa de l'article 35.1 de
la Charte de la langue française qu'il propose, la phrase suivante : «Il est fait exception à cette
règle lorsque ses activités professionnelles reposent, par nature, sur
l'utilisation d'une autre langue que le français; en ce cas, le
titulaire d'un permis délivré conformément à l'article 35 ne peut
toutefois refuser de fournir une prestation pour le seul motif qu'on lui
demande d'utiliser la langue officielle dans sa relation professionnelle avec
la personne qui fait appel à ses services.»
Commentaire. Cet
amendement propose de préciser la portée de l'article 35.1 dans les cas où
l'utilisation d'une autre langue que le français est une composante inhérente
des activités professionnelles d'une profession, telle que celle du traducteur
agréé qui traduit des écrits du mandarin en anglais. En un tel cas, puisque le
professionnel est reconnu à ce titre pour ses compétences qui reposent sur
l'utilisation d'une autre langue que le français, il doit être en mesure de refuser un mandat devant être exécuté en
français puisque ce mandat est étranger à sa compétence. Cependant, même
en un tel cas, le professionnel ne peut refuser de fournir une prestation si on
lui demande d'utiliser la langue officielle dans ses relations professionnelles
avec son client.
La Présidente
(Mme Thériault) : Questions, commentaires? Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, sur 35.1... sur l'amendement, pardon, déposé par le
ministre.
Mme David :
Là, on est sur l'amendement, parce que...
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, on est sur l'amendement déposé par le ministre.
Mme David :
On va les prendre une par une, parce que ça, il y a plusieurs petites bombes
dans ce 35.1, il y a au moins trois sujets
différents. Le premier, je pense, le ministre a été sensible à la question des
activités professionnelles qui reposent par nature sur l'utilisation
d'une autre langue que le français. On avait un amendement qui ressemble à ça,
qui aurait été «sauf dans les cas où la langue est l'objet thérapeutique de la
prestation de services». Peut-être que... ça
vient d'une psy, alors «objet thérapeutique»... Vous, vous donnez l'exemple des
traducteurs, on ne parlera pas de thérapie. Donc, vous incluez... alors,
vous dites : «...lorsque [les] activités professionnelles reposent, par
nature...» Alors, je pense que ça veut dire la même chose, là.
Et donc, sur
l'utilisation de... Puis là vous prenez l'exemple des traducteurs agréés, qui
est un exemple intéressant. Moi, j'ai l'exemple des orthophonistes, évidemment,
qui nous ont beaucoup, beaucoup... qui ont dû aussi vous sensibiliser à leur
situation, quand l'orthophonie, c'est les problèmes de langue, par nature, et
donc très difficile de traiter la langue quand quelqu'un ne possède pas la
langue. Alors, je voulais juste être sûre.
Et j'étais un petit
peu étonnée que vous alliez vers les traducteurs et non pas les orthophonistes,
parce qu'ils ont tellement été inquiets que, là, on va le dire en ondes,
puisque ce n'est pas dit par écrit, mais je pense et je conclus, moi, que ça inclut aussi ce genre de situation qui repose par
nature sur l'utilisation d'une autre langue. Et donc, cette partie-là,
je vais vous demander de les rassurer. Puis on n'a peut-être pas pensé à tous
les cas de figure, là, mais...
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, je peux les rassurer, ça couvre les orthophonistes, ça
couvre les audiologistes également, les traducteurs, interprètes. Alors,
l'amendement va permettre de répondre à leurs préoccupations.
Mme David :
Donc, tous ceux qui lisent ça et qui... Ça pourrait être contesté, peut-être,
là, que leur nature n'est pas la bonne, mais tous les ordres professionnels qui
peuvent répondre à l'affirmation «lorsque [leurs] activités professionnelles
reposent, par nature, sur l'utilisation d'une autre langue que le français»...
C'est le mot «par nature». Là, vous êtes juriste, probablement que ça veut dire
quelque chose.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, c'est parce que c'est la nature des fonctions qu'il va exercer,
son rôle professionnel. Donc, nécessairement, si l'orthophoniste, c'est pour
donner des... dans le fond, améliorer la compétence langagière avec les
exercices, tout ça, puis ça se fait en langue anglaise, bien entendu que c'est
la nature même de son travail d'utiliser une autre langue.
Mme David :
L'audiologiste, la même chose, s'il ne parle pas la... c'est dur de traiter des
problèmes d'audition si... Mais je ne veux
pas émettre d'idées, peut-être, d'une version plus étendue de cette nature-là,
mais est-ce qu'il y a plusieurs ordres professionnels qui pourraient
dire que, par nature, il faut qu'ils utilisent une autre langue? Je pense aux
CPA, justement, parce qu'ils travaillent avec des entreprises anglophones.
Parce que...
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette :
Non. Je vous dirais non. À la limite, j'accepterais l'argument que nous, on
parle le langage des chiffres. Mais je ne pense pas que c'est une langue...
Mme David :
Ah! je n'avais pas pensé à ça. Oui, parce que c'est peut-être les tribunaux qui
auront à voir si certains ont exagéré sur la définition ou pas. C'est pour ça,
je vous fais parler un peu de la définition. Je comprends, moi, l'esprit de ça,
là, je comprends bien l'esprit de ça.
M. Jolin-Barrette :
Alors, soyons très clairs, là, pour le bénéfice, si jamais la disposition se
retrouvait dans une salle de cours et que
nos débats parlementaires étaient cités. Alors, la nature de la fonction repose
sur l'utilisation d'une autre langue. Ça signifie que c'est nécessaire
d'utiliser la nature même. Donc, l'orthophoniste, l'audiologiste, le traducteur
qui traduit un texte du russe à l'anglais, supposons, ou de l'anglais au russe,
donc, nécessairement, on comprend que, par la nature même de ses compétences,
ce pour quoi il exerce sa profession, il n'a pas recours à l'utilisation de la
langue française.
Mme David :
Moi, je pense que... Je comprends...
M. Jolin-Barrette :
Donc, c'est intrinsèquement rattaché au geste, là, à l'activité.
Mme David :
Oui. Et, quand vous dites : «Il doit être en mesure», c'est la phrase
d'après qui m'embête. Parce que, là, on est
dans la subtilité des relations professionnelles. Donc, prenons l'exemple, vous
dites : Le professionnel ne peut
refuser de fournir une prestation si on lui demande d'utiliser la langue
officielle dans ses relations professionnelles. Alors là, on sort de
l'activité professionnelle, qui repose par nature sur l'utilisation. Il faut
lire attentivement, on parle de relation professionnelle.
Alors, je donne
l'exemple... peut-être que je réponds à votre place, là, mais une maman d'un
enfant qui a besoin d'un orthophoniste, qui parle avec une orthophoniste, mais
qui veut s'exprimer en français pour dire : Ma fille a besoin d'aide.
Peut-être que l'exemple ne tient pas la route, parce que, si sa fille a besoin
d'aide en anglais, c'est peut-être parce que la mère est anglophone. Mais tout
d'un coup qu'elle n'est pas anglophone, c'est le père qui est anglophone...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : Bon, je lis dans vos pensées. Donc, la mère
parle, et c'est... Est-ce que c'est ça que ça veut dire? Là, on est dans
plus la relation professionnelle qui n'est pas l'acte réservé, professionnel.
M. Jolin-Barrette : Exactement. On est dans le cadre de la relation
du mandat. Dans le fond, je vous mandate pour...
Mme David : Traiter ma fille.
M. Jolin-Barrette : ...faire ce travail-là. Bien, le professionnel
doit être en mesure de communiquer avec moi en français, même si la nature de
l'activité professionnelle commande qu'il ne le fasse pas en français.
Exemple...
Mme David : Le traducteur...
M. Jolin-Barrette : C'est un
traducteur puis lui, le traducteur, il fait de l'arabe au mandarin, supposons,
je le mandate pour ça. Je ne le mandate pas pour traduire du mandarin au
français, parce que ce n'est pas dans son champ de compétence, supposons. Mais par contre, quand je vais aller le voir
pour dire : M. ou Mme la traducteur, traductrice, je voudrais que
vous me traduisiez ça de l'arabe au mandarin, parfait, il va falloir qu'il
puisse me servir en français, il va falloir qu'il puisse m'envoyer ma facture
en français. C'est ça, la relation professionnelle.
Mme David : O.K. Tout ce qui
entoure l'acte réservé.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : O.K. O.K. Cette
partie-là est claire.
M. Jolin-Barrette : Donc, je
pense que, Mme la Présidente, on peut penser à l'adoption de l'amendement.
Donc, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Je n'en vois
pas...
La Présidente (Mme Thériault) :
Excusez-moi. Donc, s'il n'y a pas d'autre interprétation...
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
on peut voter sur l'amendement.
La Présidente (Mme Thériault) :
...on peut voter sur l'amendement.
Mme David : Il peut faire tous
les métiers, je vous dis.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, définitivement. Désolée.
M. Jolin-Barrette : Savez-vous,
je n'ai jamais eu l'occasion de présider une commission parlementaire.
La
Présidente (Mme Thériault) : Ah! bien, c'est un peu plus compliqué que qu'est-ce qu'on pense. Et
j'étais en discussion avec le député de Beauce pour qu'il puisse assumer
la suite des travaux à un certain moment donné aujourd'hui, donc c'est pour ça
que je n'étais pas très attentive. Désolée.
M. Jolin-Barrette : Et je sais
qu'il est capable, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il est plus que capable. C'est pour ça que je me suis tourné vers lui pour
pouvoir être capable de faire en sorte que la commission se déroule bien.
M. Jolin-Barrette : Mais, sans
rien ne lui enlever, il n'a pas votre expérience.
La Présidente (Mme Thériault) :
Non, mais il a une... mais il a une capacité d'apprentissage qui est inouïe.
Donc, sur ce, est-ce que l'amendement déposé par le ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Thériault) : Adopté. Est-ce que, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, vous
désirez toujours présenter votre amendement que vous aviez à ce même
article-là?
Mme David : Bien, on va parler
un peu avant, O.K.?
La Présidente (Mme Thériault) :
Pardon?
Mme David : On peut-tu jaser
avant, un peu?
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui,
absolument. Vous revenez sur l'article, donc il n'y a pas de problème, vous
revenez sur l'article puis, si vous voulez déposer votre amendement, vous avez
le droit.
Mme David :
Oui. Parce que, là, on va aller au deuxième paragraphe, le deuxième paragraphe
de 35.1. On peut toucher ça, Mme la Présidente, là, on est toujours dans le
35.1, là? Il y a deux alinéas.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui. 35.1.
Mme David :
Alors : «Il ne peut, dans l'exercice de ses activités professionnelles,
refuser de fournir une prestation pour le seul motif qu'on lui demande
d'utiliser la langue officielle dans l'exécution de cette prestation.» Je me serais peut-être attendue à un amendement là
aussi, parce que ça, ça a fait beaucoup couler... couler beaucoup d'encre.
Parce que, là, arrive une confrontation
énorme entre le Code des professions, le code de déontologie et l'exigence,
bon, de parler français et qu'il ne peut pas refuser un mandat.
Alors,
évidemment que tout ce qui est ordre professionnel qui a déposé des mémoires
disent carrément... il y en a qui disent : Retirez-nous ça, ce
paragraphe-là, ça n'a pas bon sens. Les médecins, les comptables, les
architectes, les notaires, alors ils disent : Mais comment, quand on sait
que le mandat, avec un M majuscule, la mission d'un ordre professionnel, c'est
la protection du public et que... Dans le code de déontologie, il est marqué,
vraiment, dans le Code de déontologie des CPA, je le cite parce que c'est lui,
là, que j'ai ici :
«"Dans
toutes les circonstances, que ce soit envers le public, un client ou un
employeur, le membre doit, avant de convenir d'un contrat résultant de
l'exercice de la profession, tenir compte des limites de ses aptitudes, de ses connaissances ainsi que des moyens dont il dispose.
Il ne doit pas, notamment, entreprendre des travaux pour
lesquels il n'est pas suffisamment préparé ou n'a pas les
aptitudes ou les connaissances requises sans obtenir l'assistance nécessaire.
Dans toutes les circonstances, que ce soit envers le public, un client ou un
employeur, le membre doit, avant de convenir d'un contrat résultant de
l'exercice de la profession, tenir compte des limites de ses aptitudes, de ses
connaissances ainsi que des moyens dont il dispose. Il ne doit pas, notamment,
entreprendre des travaux pour lesquels il n'est pas suffisamment préparé ou n'a
pas les aptitudes ou les connaissances requises sans obtenir l'assistance
nécessaire."
«Il en va de la
protection du public de permettre à un professionnel de refuser un mandat s'il
considère, pour quelque raison que ce soit, qu'il ne pourra offrir un service
de haute qualité.
«Par ailleurs, il
importe de préciser que l'article 24 du Code de déontologie prévoit ce qui
suit :
«"Si l'intérêt
du client l'exige, il doit, sur autorisation de ce dernier, consulter un autre
membre, un autre professionnel ou une autre personne compétente ou le diriger
vers l'une de ces personnes."
«Conséquemment, les
membres ont une obligation de référence qui est expressément prévue par leur
code de déontologie et qui trouverait
application dans le contexte où leurs compétences ne leur permettraient pas
d'entreprendre un mandat donné dans
la langue officielle. Le professionnel serait alors tenu de référer son client
à un autre professionnel pleinement compétent pour exécuter le mandat
dans la langue demandée.
«Nous sommes d'avis
que la nouvelle interdiction prévue par l'article 35.1 et l'acte
dérogatoire — dont
on sait que vous avez annoncé que ça serait changé, probablement dans le Code
des professions — qui
en découle, bien que reposant sur de nobles intentions, constitue le plus gros
enjeu de protection du public que soulève le projet de loi — ce
n'est pas rien, là, c'est le plus gros enjeu de protection du public — dans
la mesure où celui-ci met en opposition deux obligations d'ordre public que
devrait désormais respecter un professionnel, soit celle de respecter les
limites de ses compétences et l'interdiction de refuser d'exécuter une
prestation de service en français.
«Conséquemment, nous
demandons le retrait du deuxième alinéa de l'article 35.1 tel que
proposé.»
Ça, c'est l'Ordre des
comptables. Alors, je peux continuer. Ils sont tous de la même... de la même
teneur, on pourrait dire, parce que chacun y va de sa façon d'expliquer la même
chose. On ne pourra jamais faire cohabiter 35.1 et le code de déontologie,
parce que ça ne peut pas fonctionner ensemble, c'est vraiment beaucoup trop...
Ils disent... la Chambre des notaires disent la même chose, ils sont très
inquiets de l'acte dérogatoire, d'une part, mais, d'autre part, de ne pas être capable de faire ce qu'il
faut pour être capable de remplir le mandat puis d'être obligé... être obligé
d'accepter tous les mandats. Donc, moi, je me demandais vraiment, là, comment
on pourrait faire pour concilier le Collège des médecins. Il y a des
lettres de médecins qui nous ont été envoyées en disant : On ne pourra
jamais faire ça, ça n'a pas de bon sens, on
ne peut pas accepter des mandats pour lesquels on n'a pas la compétence, parce
que ça exige une compétence langagière.
Alors, je vous avoue
que je suis un peu embêtée. Je conçois que vous nous avez avertis qu'à
l'article 142, je crois, quand ça
touche le code de déontologie, ça va être un peu moins... bvien, sévère, ça ne
peut pas être plus sévère que ce que
vous proposez. L'acte dérogatoire, c'est comme la condamnation de la peine
criminelle la plus importante. Donc, il faut absolument ramener ça à de
plus justes proportions. Mais comment vous pensez être capable de concilier
protection du public, code de déontologie et votre deuxième paragraphe, qui est
de... «Il ne peut [pas] refuser de fournir une prestation pour le seul motif
qu'on lui demande d'utiliser la langue officielle dans l'exécution de cette
prestation»? Alors, c'est comme de dire : Je n'ai pas le droit de refuser
en disant : Bien, écoutez, je ne parle pas assez français pour faire une
plaidoirie pour votre cause, pour faire un acte en français de... je ne sais
pas, ou pour être... pour vous représenter
comme comptable, pour être votre médecin dans telle ou telle chose. J'essaie de
comprendre ce qui vous a amené à ça et quelle est la valeur ajoutée dans la
question de la langue française au Québec.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, discutons de ça, parce qu'on avait donné
des exemples de comptables, de médecins, d'avocats. Ça veut dire, là,
avec cette prémisse là, là, c'est qu'au Québec on a des médecins qui ne sont
pas capables de parler en français aux patients, aux citoyens québécois. Dans
le fond, là, la crainte des ordres professionnels, là, c'est ça, là. Dans le fond, depuis 1977, là, le professionnel, au
Québec, est supposé avoir une connaissance appropriée de la langue
française pour servir le public. Là, dans les exemples que la députée de Marguerite-Bourgeoys
me donne, on a le cas d'un médecin. Ça veut dire que cette thèse-là est
accréditée, ça veut dire qu'on a des médecins qui ne sont pas aptes à
renseigner adéquatement un patient en français au Québec.
Mme David :
...d'un médecin. Il y a des médecins qui sont en contact relationnel beaucoup
plus subtil que ce que vous décrivez, là. Je pense à des psychiatres, je pense
à des médecins qui accompagnent, même des médecins de famille qui accompagnent
des patients dans des dépressions, dans des ci, dans des ça. Ça peut être...
Puis l'exemple du médecin, bon, il y a tout l'article 15 de la loi santé,
services sociaux. Je pense qu'on ne devrait même pas prendre l'exemple des
médecins, il faudrait prendre plus l'exemple des comptables ou des notaires,
par exemple.
M.
Jolin-Barrette : Bien, c'est vous qui l'avez donné...
Mme David :
Je le sais, je le sais, je...
M.
Jolin-Barrette : ...l'exemple des médecins que je disais. Moi, là, j'arrive,
là, avec un médecin, là...
Mme David : Je
vous ramène au comptable.
M.
Jolin-Barrette : Mais vidons la question des médecins en premier, là.
Mme David : Oui,
mais il y a l'article 15 de la LSSS.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais l'article 15 de la LSSS est en faveur
du citoyen.
Mme David : Oui.
M.
Jolin-Barrette : Il est en faveur du citoyen. Le citoyen, lui, il va
se faire servir, en vertu de l'article 15, en français ou en anglais.
L'enjeu que je pose, c'est de dire : Dans le fond, on a, selon votre
propos, des médecins qui ne seraient pas capables de se conformer à traiter un
patient dans la langue officielle, en français.
Mme David :
Bien, c'est parce que votre conception est très simpliste de ce qu'est un acte
médical, là. C'est compliqué, la médecine.
Il y en a qui sont dans de la médecine de relation thérapeutique. C'est le
geste le plus posé par les médecins de famille, c'est le geste le plus facturé,
les questions de santé mentale. Bien, les questions de santé mentale, je suis
d'accord avec vous qu'ils sont obligés d'avoir une connaissance minimale, mais
là on pose un geste professionnel.
M. Jolin-Barrette : Ce n'est pas une connaissance minimale. Depuis 1977, tous les
professionnels, au Québec, sont supposés d'avoir une connaissance
appropriée de la langue française, notamment à l'égard de leurs fonctions. Ça,
ça signifie que, si vous êtes un psychiatre, là, ou si vous êtes un médecin de
famille, là, au Québec, vous devez être en mesure de fournir en français un
service au citoyen, à la personne qui se présente dans votre bureau, là. Quand
vous faites du sans rendez-vous, là, supposons vous êtes un médecin de famille,
là, vous ne savez pas qui, qui va se présenter. Est-ce qu'on veut, au Québec,
de dire : Le médecin n'a pas une compétence langagière appropriée pour
soigner un francophone?
Moi, honnêtement, on
en a discuté tantôt, là, on l'a dit très clairement, le fait d'être membre d'un
ordre professionnel, c'est un privilège, hein, ce n'est pas un droit. Alors, on
a décidé, en 1977, qu'il fallait avoir un niveau approprié pour permettre d'exercer la profession en français. Puis là
vous avez 46 ordres professionnels puis 50 quelques professions. Ça
fait que, là, c'est comme si on viendrait cautionner le fait de dire :
Bien, c'est correct de ne pas avoir une connaissance appropriée de la langue
française dans l'exercice du métier.
Puis, on s'entend, on
ne demande pas à un médecin d'utiliser des termes d'ingénierie, là, on ne
demande pas à un comptable de parler comme un avocat. Mais par contre, dans
leurs champs d'expertise de la connaissance appropriée, c'est le coeur même des
pouvoirs que l'État vient leur confier, les actes réservés. Lorsqu'une
personne, au Québec, décide d'aller consulter
un professionnel, ce professionnel-là doit être en mesure de pouvoir le servir
dans la langue officielle, puis tout le régime est basé là-dessus, sur
le fait qu'il doit avoir une connaissance appropriée de la langue officielle en
fonction de l'exercice de sa profession. Et là ce qu'on vient formaliser, c'est
qu'on vient dire : Bien, écoutez, vous devez maintenir des compétences en
matière de langue française tout au long de l'exercice de votre vie professionnelle. Ça fait partie de vos
obligations déontologiques d'avoir cette compétence-là. C'est aussi important,
cette compétence langagière là, qu'une compétence technique. Parce que
l'objectif d'un ordre professionnel, c'est de protéger le public.
Mme David :
...est bien servi, si l'avocat doit faire une plaidoirie, qui est une question
quasiment de vie ou de mort pour son client,
et que l'avocat ne maîtrise tellement pas suffisamment le français qu'il n'est
pas très convaincant devant un jury, par exemple?
M.
Jolin-Barrette : Alors là,
vous m'amenez un article intéressant, parce qu'en vertu de l'article 133
de la Loi constitutionnelle de 1867 l'avocat n'a pas à plaider en
français. Il va pouvoir le faire en anglais.
Mme David : Alors, on va prendre un
exemple d'un psychologue, un psychologue qui se fait demander par un patient
anglophone : Voulez-vous me suivre? Bon, on va peut être dire oui, parce
que... Mais, si la personne ne se sent pas suffisamment à l'aise, je ne suis
pas sûre que... À moins qu'elle manque beaucoup de patients puis qu'elle
accepte tous les patients qui se présentent, je ne suis pas sûre qu'elle va
rendre le meilleur service possible à son patient,
parce que ça va dans les grandes subtilités, là, de... Passer quatre ans, deux
fois par semaine, avec quelqu'un qui vous raconte vraiment des choses
puis qui est dans un état mental très perturbé, disons, ce n'est pas évident,
quand on ne possède pas la langue. Est-ce que vous allez me dire que, dans ce
cas là, la nature de l'acte pourrait permettre d'utiliser une langue autre
parce qu'on est santé mentale, donc on est santé? Peut-être que vous allez me
répondre qu'il y a une porte de sortie pour un geste thérapeutique à moyen ou à
long terme avec un patient.
M. Jolin-Barrette : On a voté, dans
les droits fondamentaux plus tôt, là, dans le projet de loi, au début du projet
de loi : «Toute personne a le droit que communiquent en français avec elle
l'administration, les services de santé et les services sociaux, les autres
prestataires d'un service régi par la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, les entreprises d'utilité publique, les ordres
professionnels, leurs membres titulaires d'un permis délivré conformément à
l'article 35...» Ça, on est venu enchâsser ça comme droit fondamental dans
le projet de loi n° 96.
Il m'apparaît tout à fait raisonnable que,
lorsqu'on est un professionnel au Québec, on puisse s'adresser, on puisse
offrir les services en français à tout citoyen québécois. Parce que, si on ne
le fait pas, ça signifie, dans le fond, qu'on tasse la Charte de la langue
française, on dit : Bien, ce n'est pas grave, ce n'est pas grave que vous
ne donniez pas vos services... Dans le fond, la connaissance appropriée de la
langue, qu'est-ce que ça signifie? C'est une des...
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est une
des exigences fondamentales qui doit être au coeur de la Charte de la langue
française. Dans le cadre du système professionnel, là, c'est indiqué que, tout
au long de leur parcours de vie professionnelle, ils doivent avoir une maîtrise
appropriée de la langue française à l'exercice de leurs fonctions. Le fait
d'exercer une profession au Québec, vous devez maintenir une compétence
linguistique en matière de langue française, et c'est notamment pour ça qu'on
donne des pouvoirs aux ordres professionnels à ce niveau-là.
Mme David : Bon, admettons, là...
M. Jolin-Barrette : Et ça, là, ça se
détaille à la fois avec l'avocat, le notaire, le médecin, l'ingénieur, le
comptable, le géologue, l'arpenteur, pour tout le monde. Si on veut faire du
français la langue officielle, autant du travail, des affaires, la langue
commune, ça va de pair. Il faut que le professionnel, on considère que c'est le
standard minimal, là.
• (16 heures) •
Mme David : Donc, ce que vous dites,
c'est : si un client... Un client, là, on va sortir de la santé, un client
n'est pas satisfait, soit de son avocat,
dans la plaidoirie qu'il a fait, qui n'était pas convaincante parce qu'il
s'enfargeait à tous les deux mots, disons...
M. Jolin-Barrette : La plaidoirie,
c'est prévu par l'article 133.
Mme David : Non... Bon, alors, il
n'est pas satisfait du service de comptabilité qu'il a eu, du... des rapports de son professionnel qu'il a engagé, payé, etc. Il
pourra donc se plaindre, en vertu du Code des professions, probablement,
que le professionnel n'était pas compétent, soit pas compétent dans son type de
professionnel? C'est ça qui inquiète beaucoup,
évidemment, les professionnels. Normalement, si je n'avais pas eu cet
article-là, je l'aurais référé à un collègue, mais là il a fallu que je
le prenne, puis là le client n'est pas content, donc il a porté plainte. Donc,
c'est-tu le Code des professions ou si c'est votre fameux recours à l'acte
dérogatoire, là, qui va être entré en cause si le client n'est pas content et
porte plainte? Qu'est-ce qui va primer, là? Le code de déontologie en vertu de
la langue ou en vertu de l'incompétence parce qu'il n'a pas la langue,
suffisamment, la compétence langagière?
M. Jolin-Barrette : Théoriquement,
là, les professionnels, au Québec, là, ont le niveau approprié de français pour
leur permettre d'exercer leur profession en français. C'est de même depuis
1977.
Mme David : Oui, mais on se comprend
que...
M. Jolin-Barrette : Non, non, on ne
se comprend pas.
Mme David : Bien, c'est pour ça que
vous mettez «doit [...] maintenir», parce que c'était «réputé».
M. Jolin-Barrette : Bien, ce que je
veux dire, là, c'est que, si on veut faire... Si on veut avancer, là, pour la protection puis l'utilisation de la langue
française, là, est-ce que vous trouvez normal qu'un professionnel, au Québec,
ne puisse pas offrir en français ses services professionnels?
C'est ça, la question, là. La question, c'est de dire : Pourquoi est-ce
qu'on négligerait une compétence linguistique qui est exigée depuis 1977 pour
être membre d'un ordre professionnel? C'est
tout aussi important que les compétences de nature technique parce que le
public est en contact avec ce professionnel-là. Donc, le professionnel
doit être en mesure d'expliquer à tout citoyen les gestes, les activités
professionnelles qu'il va faire dans son dossier en lien avec l'exercice de sa
profession.
Mme David :
Donc, dans le fond, on demande un bilinguisme qui va être... qui va devoir être
soutenu et très... très affirmé, un vrai,
vrai bilinguisme de niveau... je ne sais pas s'il y a des niveaux, là, mais un
très bon bilinguisme, s'il est d'origine d'une langue autre que le
français.
M. Jolin-Barrette : Non, ce n'est pas du
bilinguisme. C'est... depuis 1977, ce qui est demandé, c'est la connaissance
appropriée de la langue officielle rattachée à l'exercice...
Mme David :
De la fonction.
M.
Jolin-Barrette : ...de sa fonction.
Puis, écoutez, même
là le gouvernement libéral, M. Bourassa, dans le projet de loi, dans le
bill 22, comme on disait à l'époque,
article 21 : «Nulle corporation professionnelle ne peut délivrer un
permis à une personne qui n'a pas une connaissance d'usage de la langue
française déterminée suivant les normes établies à cette fin par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil.» Alors, même un gouvernement libéral avait
imposé ça en 1974.
Mme David : ...c'est
que vous ajoutez un paragraphe qui est assez costaud, qui met : «Il ne
peut, dans l'exercice de ses activités professionnelles, refuser de fournir une
prestation...» Je pense que c'est le mot «refuser». Il ne peut pas dire :
Je vais l'envoyer à un collègue parce que je ne me sens pas... Je peux
l'envoyer à un collègue si je ne me sens pas compétent dans l'objet de sa
demande, mais je n'ai pas le droit...
Puis ça, ça, ça
correspond tout à fait au code de déontologie que je vous ai lu. Si vous, vous
êtes un ingénieur des ponts et chaussées, comme ils disent en France, vous
n'êtes pas un ingénieur chimique. Alors, si on vient vous voir pour faire du
génie chimique, vous allez dire : Non, c'est parce que ce n'est pas tout à
fait dans ma... Mais, si on vient vous...
Alors, vous avez le
droit de refuser le service parce que votre code de déontologie dit : Fais
des gestes, pose des actes professionnels pour lesquels tu as des compétences.
Mais, si on vient vous voir comme ingénieur des ponts et chaussées, mais en
français, puis vous n'êtes pas assez à l'aise, là vous n'avez pas le droit de
refuser le contrat. Vous avez le droit de le refuser pour des raisons de
compétences liées à votre profession, mais pas pour des raisons de compétences
liées à votre langue. Est-ce que je résume bien?
M.
Jolin-Barrette : La langue française au Québec, c'est un minimum.
C'est un minimum. Ce n'est pas l'équivalent de : Je suis spécialisé en
droit corporatif versus je ne peux pas prendre le dossier de droit familial.
C'est le minimum. Pour être membre d'un ordre professionnel, là, vous devez
avoir de bonnes moeurs, comme ils disaient dans le temps, là, maintenant, c'est
probité, intégrité, et tout ça. Hein, ça, ça s'applique à tous les professionnels :
probité et intégrité. Bien, la langue aussi, ça s'applique puis c'est de même
depuis 1977.
Mme David :
Alors, ce qu'il reste à faire pour le client, c'est... s'il veut être sûr
d'avoir un bon service où il se sent bien compris, c'est de trouver un
professionnel qui parle sa langue et puis c'est...
Là, ça va être le
contraire qu'il risque de se passer. C'est que, s'il s'aperçoit que la personne
qu'on lui a assignée ou qu'il est allé voir dit : Bien là, je vais
changer, moi, je pense, de professionnel parce que je n'ai pas l'impression
qu'il m'a vraiment compris dans mon besoin, donc ce n'est pas le professionnel
qui va avoir à refuser, c'est pas mal plus le client qui va décider d'aller
voir ailleurs.
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, c'est surtout aussi pour envoyer un
signal très clair que, pour exercer sa profession au Québec, il faut avoir et
maintenir une connaissance appropriée de la langue française.
Mme David :
Appropriée, c'est ça. Mais c'est parce qu'il y a des appropriations plus
difficiles que d'autres parce qu'il y a des métiers plus langagiers que
d'autres, disons ça comme ça. Je pense qu'il y a certains métiers très
techniques où il n'y a pas beaucoup de relationnel, je dirais ça comme ça. Et
il y a d'autres métiers, il y a d'autres gestes professionnels qui sont très,
très, très linguistiques, je veux dire... c'est mal dit, là, mais très
relationnels. Dans la relation, d'habitude,
on se parle, on ne fait pas juste se regarder dans les yeux. Donc, quand on se
parle, bien, la parole, la façon dont c'est dit, les intonations, ça va
chercher beaucoup plus de subtilités. Donc, on pourrait dire que le maintien
du français technique pour la profession
qu'on exerce, bien, pour certains, c'est beaucoup plus exigeant que pour
d'autres.
Peut-être que l'ordre
des... Je ne veux pas nommer d'ordre, là, mais il y a certains métiers que la
compétence technique vient assez rapidement. Tu sais comment dire tel mot, tel
mot, tel mot en français, puis c'est à peu près ça que le client veut. Puis il
ne lui raconte pas sa vie, là, alors c'est correct. Mais, dans d'autres
métiers, c'est... On parlait des orthophonistes, et tout ça, mais, sans parler
de ça, là, je dirais, c'est la relation qui est la thérapie, quelque part, c'est la relation, même... Là, vous m'avez
dit qu'il ne faut plus que je parle des avocats ni des médecins, donc....
Mais, des avocats, c'est beaucoup la relation aussi, puis la plaidoirie, et
tout ça, même si ça ne va pas en cour, là, mais le client, il veut se sentir
compris.
Alors,
moi, je comprends que, si je vais voir un professionnel, avec cette loi-là,
bien, je vais m'assurer qu'il me comprend
bien. Peut être que ça va donner comme résultat, ce paragraphe-là et surtout ce
qui s'en vient, de maintenir, que ça
va donner des professionnels plus bilingues. Ça, je le conçois, là, puis je ne
suis pas contre ça, là. Que les gens maintiennent une compétence en
français, je suis tout à fait d'accord. Maintenant, un, il va falloir le
mesurer, que les inspections professionnelles aient les outils, etc., mais,
deuxièmement, il y a quand même des professions qui exigent beaucoup plus de
nuances dans la relation en français. Donc, pour ces professionnels-là, ça va
être peut-être plus exigeant que pour des professions plus techniques.
M.
Jolin-Barrette : C'est
inhérent depuis 1977. Vous me donnez l'exemple du psychologue, là. Depuis 1977,
le régime, il est construit de cette façon-là.
Mme David : Je le sais.
M. Jolin-Barrette : Donc, dans les
faits, le psychologue, là, ça fait partie des compétences minimales qu'il
devait avoir pour exercer ses fonctions en vertu de la Charte de la langue
française. Ce que nous faisons de différent cette fois-ci, c'est que nous
venons ajouter également un mécanisme de vérification pour s'assurer qu'il ait
maintenu cette compétence langagière là pour exercer sa profession au Québec.
Parce qu'il offre des services au public, il doit s'assurer de le faire dans la
langue officielle du Québec, ce qui est prévu dans la Charte de la langue
française.
Mais revenons sur votre exemple du médecin.
Comment se fait-il qu'il y aurait des membres du Collège des médecins qui ne
sont pas en mesure de communiquer en français avec des citoyens québécois?
Mme David : Alors, c'est
intéressant, vous employez le mot «communiquer». Pour moi, communiquer, ce
n'est pas du tout de la relation ça. Communiquer, c'est : Bonjour. Comment
allez-vous? Je vous ai diagnostiqué un lymphome
de quelque chose. Ça, c'est de la communication. Puis on est dans les ères de
communication... vite, un tweet, des mots pas complétés, etc., bing,
bang, bang.
M. Jolin-Barrette : Bien, j'espère
que votre médecin ne vous tweete pas qu'il vous a trouvé un lymphome, là. Ça,
je ne suis pas sûr que ça respecte le code de déontologie non plus.
Mme David : Non, moi aussi. Mais la
communication, ce n'est pas la même chose que la relation, qui est beaucoup
plus subtile.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
prenons le cas...
Mme David : C'est ça que je veux
dire.
M. Jolin-Barrette : Non, non, mais
revenons sur ça. Mais, sur le cas d'un médecin, là, il faut-tu qu'il...
Mme
David : Mais oui, mais un
médecin, là, il en y a qui... Un dermatologue, c'est peut-être moins compliqué
un peu parce qu'il prescrit puis il y a des mots techniques.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais
vous, là, vous dites, là : Le psychiatre au Québec, il n'a pas besoin de
parler français.
Mme David : Ah! je ne dis pas ça du
tout, mais ce que je dis...
M. Jolin-Barrette : Mais c'est ça.
• (16 h 10) •
Mme David : ...c'est que les
exigences... Moi, si j'allais voir quelqu'un puis je disais au psychiatre, au
psychologue : Je veux une thérapie, je m'assurerais qu'il me comprend
bien, même, à la limite, quand je ne parle pas trop, puis qu'il faut qu'il
décode mes émotions, puis il faut que... et qu'il faut que moi, je comprenne
qu'est-ce qu'il me dise quand il parle aussi. Et donc c'est beaucoup plus sur
la relation langagière que ça se passe, ce n'est pas juste de la communication.
M.
Jolin-Barrette : Mais ma
question, Mme la Présidente, c'est : Pourquoi voulez-vous exonérer les professionnels
de cette obligation-là?
Mme David : Je n'exonère pas. C'est
pour ça que je vais vous dire que je suis d'accord avec le maintien de la
compétence langagière.
Là où vous ajoutez une petite coche de plus, là,
une grosse coche, c'est qu'il ne peut pas refuser de traiter un patient en
disant : Ça, je pense que ça demanderait vraiment, là, une subtilité
langagière que je dois concéder que je n'ai
pas. Alors là, s'il le prend, le patient, parce qu'il n'a pas le droit de le
refuser, il pourrait se retrouver, effectivement, avec une infraction à son Code des professions. Puis là vous, en plus, vous mettez que c'est un acte dérogatoire,
alors là c'est la pire des condamnations. Donc, on additionne les
couches de mesures, et ça rend le professionnel coupable de la pire infraction,
au même niveau que la collusion, la corruption, les abus sexuels, etc., là, si
vous ne changez pas votre
idée, puis vous avez annoncé que vous aviez peut-être changé votre idée. Mais
l'acte dérogatoire, c'est ça. Donc, c'est le fait qu'il ne peut pas
refuser. Alors, on va devoir, quand on va parler du maintien des compétences,
parler vraiment de comment on va maintenir ces compétences-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, on est dans une situation où : Est-ce que ça veut dire
quelque chose, avoir une connaissance appropriée ou non de la langue officielle
pour servir le public?
Je reviens à mon cas du médecin, là. Clinique de
sans rendez-vous. Je ne sais pas, là, vous avez une douleur quelconque, là, un
samedi matin, ça adonne que votre GMF ou votre médecin de famille n'est pas
disponible, mais il faut que vous voyiez un médecin. Vous allez soit à
l'urgence soit à une clinique sans rendez-vous. Quand vous vous présentez, là,
avec votre carte-soleil, là, vous entrez dans le bureau du médecin, là, le
médecin, au Québec, qui vous reçoit, est-ce qu'il doit parler français ou on
l'exonère? Le médecin, il dit-tu : Je suis désolé, je ne vous servirai pas
aujourd'hui parce que je ne parle pas français? Est-ce que... Non, mais
c'est...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
non, je ne caricature pas du tout, du tout, du tout. Puis c'était un exemple
qui était amené par vous relativement au médecin.
Alors, est-ce que le médecin, au Québec, qui
fait sans du rendez-vous doit parler français?
Mme David : Oui, c'est clair.
M. Jolin-Barrette : Bon, bien,
l'article est là pour ça.
Mme David : Non, parce que, là,
on tombe dans les autres articles de la loi sur la santé et services sociaux.
Prenons un avocat qui fait de la médiation
familiale, de la médiation de couples qui sont en chicane. Là, les balles passent vite entre les deux, là. Puis là
lui, il parle français, mais est-ce qu'il le parle à ce point-là, de comprendre
toutes les subtilités de ce qui se passe
devant lui où, même quand c'est dans ta propre langue, tu as de la misère à
suivre?
M. Jolin-Barrette : Un des
rôles de l'avocat, là, qui fait de la médiation, O.K., dans le cadre de son
métier, c'est un professionnel du droit et c'est un médiateur accrédité. Il
s'affiche comme médiateur accrédité au public, là. Il dit : Moi, je suis
un médiateur accrédité. Un citoyen, une citoyenne québécoise vont le voir, au
Québec, là, il est en affaires, il peut exercer des actes réservés. On lui
dit : Vous devez avoir une connaissance appropriée, à l'exercice de vos
fonctions, de la langue officielle depuis 1977, même depuis 1974. On lui
dit : Bien, dans le fond, ce n'est pas grave,
ce n'est pas grave que tu ne maintiennes pas de connaissance; parce que tu ne
te sens pas à l'aise, tu ne le fais pas? C'est au coeur même, au coeur même de
l'importance, également, du système professionnel. C'est une compétence
minimale. Est-ce qu'on accepte qu'un professionnel ne fasse pas preuve de
probité ou d'intégrité? La réponse à cette question-là, c'est non. Tous les
professionnels doivent faire preuve de probité et d'intégrité. Alors, pour la
langue, ça serait différent? On dit : C'est moins grave?
Mme David : C'est de refuser de
fournir qui est très, très, très inquiétant. Il ne peut pas refuser, donc il ne
va pas refuser. Il ne va pas refuser, il n'a pas le droit de refuser. Il n'a
pas le droit de dire... Il est mieux de ne pas répondre au téléphone, là, ou il
est mieux de dire... Est-ce qu'il peut répondre : Bien, je n'ai pas de
place?
M. Jolin-Barrette : Donc, on
part du principe... pardon...
Mme David : Un avocat qui
dit : Écoutez, là, moi, je n'ai vraiment pas de... je ne peux pas vous
prendre, je n'ai pas de place. Il donne, dans le fond, une autre raison. Ça, le
client ne peut pas juger de ça, là, si c'est la vraie raison qu'il lui a
donnée. Écoutez, monsieur, je n'ai vraiment pas de disponibilité.
M. Jolin-Barrette : Donc, on part
d'un principe de dire : Le français, ce n'est pas une compétence minimale
pour être membre d'un ordre professionnel. Ça revient à ça.
Mme
David : ...français, là.
Vous êtes... On est dans... des fois, dans des exigences de français très, très
élaborées, je dirais.
M. Jolin-Barrette : Mais ce n'est
pas élaboré. Si vous voulez exercer votre profession au Québec, vous devez être
en mesure de le faire en français. C'est un prérequis depuis 1977 d'avoir une
connaissance appropriée à l'exercice de sa profession. La question,
c'est : Est-ce que ça veut dire quelque chose ou ça ne veut rien dire, le
fait que les professionnels doivent pouvoir exercer leur profession dans la
langue officielle?
Mme David : Donc, on conclut que,
dans l'article où on va dire «doit maintenir ses compétences», on met tout un fardeau sur les ordres professionnels, les
inspections professionnelles. D'avoir un niveau pour certains métiers plus que d'autres peut être très, très exigeant. Quelqu'un
va le vérifier, ça. Quelqu'un va devoir vérifier la... pas la maintenance, mais
le maintien de la langue française pour le métier en question. Puis il y a des
métiers relationnels. J'y reviens, là.
M. Jolin-Barrette : Mais le métier
relationnel, là, entre aujourd'hui puis le 10 mai 2021, là, bon, bien,
bien sûr, il y a de la formation continue, il y a de l'actualisation, tout ça,
mais ça n'a pas changé tant que ça. Puis le, 10 mai, là, 2021, là, le
professionnel devait avoir une connaissance appropriée à l'exercice de ses
fonctions.
Mme David : Je pense que je vais
déposer mon amendement.
La Présidente (Mme Thériault) : Pas
de problème si vous nous en faites la lecture. Il est déjà sur Greffier, donc
les collègues députés peuvent en prendre connaissance.
Mme David : Alors,
l'article 23 : L'article 35.1 de la Charte de la langue
française, introduit par l'article 23 du projet de loi, est modifié par
l'ajout, au deuxième alinéa, des mots «en tout respect de la mission des
ordres, soit celui de la protection du public et de leurs codes de
déontologie.» après le mot «prestation».
Commentaire. L'article 35.1 de la Charte de
la langue française, introduit par l'article 23 du projet de loi tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
«Il ne peut, dans l'exercice de ses activités
professionnelles, refuser de fournir une prestation pour le seul motif qu'on
lui demande d'utiliser la langue officielle dans l'exécution de cette
prestation en tout respect de la mission des ordres, soit celui de la
protection du public et de leurs codes de déontologie.»
Alors, pourquoi je dépose ça? C'est parce que
c'est exactement ce que les ordres professionnels nous disent quand ils
expriment leur inquiétude. C'est : Comment concilier protection du public
et la mission des ordres professionnels? Ce n'est pas la protection des
professionnels, c'est la protection du public. Ils ont des codes de déontologie
et, en même temps, ils ne peuvent pas refuser de fournir une prestation.
Alors, moi, je dis : Essayons de penser,
ici, et peut-être en fonction de ce qui s'en vient, c'est-à-dire comment
maintenir cette qualité du français, mais tout ça en respect de la mission des
ordres, c'est-à-dire de bien protéger le public, donc de faire en sorte que le
public reçoive, si tel est le but de cet article-là, des services en français
d'aussi bonne qualité que si c'était dans une autre langue. Alors, on protège
le public puis on doit protéger le code de déontologie pour être sûr que le
professionnel ne contrevienne ni à la protection du public ni au code de
déontologie. Et peut-être que, pour le ministre, dans le fond, ça ne... dans la
perspective de ce qu'il a dit, il n'y a pas tant de conséquences que ça.
• (16 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Bien, moi, Mme
la Présidente, je suis un homme de bonne volonté. Alors, je cherche le
consensus et je souhaite rassurer la collègue. Alors, si vous permettez, j'ai
pris en note votre amendement, on va le travailler et on vous proposerait
quelque chose.
Cela étant, puis je vais être très clair, puis
que ça soit dit dans le micro, tous les professionnels, au Québec, doivent
pouvoir fournir leurs services professionnels dans la langue officielle. C'est
l'intention du législateur et c'est également l'obligation légale qui est
prévue à la Charte de la langue française depuis 1977. Les amendements, en
fait, que nous faisons à la loi 101 par le biais de ce projet de loi n° 96
vont tous en ce sens-là, pour s'assurer qu'au Québec
tous les professionnels, sans exception, soient en mesure de servir en français
les Québécois et les Québécoises, sans distinction aucune.
Alors,
j'accueille votre amendement. Si vous permettez, on va suspendre quelques
instants, Mme la Présidente.
Mme David : ...ajouter un petit
quelque chose. Est-ce que je peux, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, allez-y.
Mme David : Je dois dire que
oui et je pense que votre outil pour ça, pour ce faire, ça va être le maintien
des compétences. Puis là il va falloir... Le maintien des compétences qui s'en
viennent, là, dans le 35.2, je crois, «doit maintenir sa compétence en français».
Alors, la question, ça va être... Puis, ça, sincèrement, je ne pense pas que ça
n'a jamais... bien, ça ne l'a jamais été, fait, ça, depuis 1977. C'était
«réputé». Alors, le mot «réputé», c'était jusqu'à la fin de ses jours. Mais là,
dans le maintien de la compétence, un, je pense que les jeunes professionnels
sont beaucoup plus bilingues que peut-être
leur père, ou leur grand-père, ou leur grand-mère, ou leur mère parce qu'il y
a... Parce que le «réputé», vous l'avez dit vous-même, tu es réputé à
24 ans, tu rentres dans un ordre professionnel, tu as fait ton trois ans d'école secondaire en français,
bon, mais ça fait 30 ans que tu ne parles pas français. Donc, c'est clair
qu'il y a des professionnels, en ce moment, qui doivent trouver ça un peu
inquiétant.
Par ailleurs, le maintien, ça veut dire de
mettre en place un tout nouveau système dans les inspections professionnelles
de : Oui, mais comment? L'OQLF va être très, très occupé à accompagner les
ordres professionnels. Il y a même un ordre
professionnel, je me demande si ce n'est pas encore des CPA, qui propose, avec
raison, de mettre ça dans le Code des professions, cette question du
maintien, de faire un amendement au Code des professions.
Donc, c'est parce que ça, c'est une toute
nouvelle mission. J'ai été inspectrice professionnelle. Je sais ce que c'est d'aller dans le bureau d'un collègue puis de
vérifier la tenue de ses dossiers, vérifier ses compétences théoriques, sa compétence pratique. On ne m'a jamais demandé
de vérifier les compétences langagières, mais, comme par hasard, j'allais visiter des collègues qui étaient de la même langue
que moi, donc qui parlaient français. Mais, si j'avais eu à vérifier ça chez un collègue plutôt d'origine...
d'une autre langue — d'ailleurs,
maintenant, il y a des professionnels de plein de langues, là — bien,
ça aurait été toute une autre affaire.
Puis là les gens disent : O.K., mais moi,
je ne suis pas linguiste. Comment je vais faire pour évaluer ça? C'est un
critère de 1 à 10. Il est-tu à 6, 7, 8, 9? Ça, là, vous avez toute une
armature, je dirais, organisationnelle et affaires dont on parlera. Mais, si on a tout ça, votre problème va être de
beaucoup amélioré, je pense, sur la maîtrise du français.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je reviens, Mme la Présidente. Ce qui est
fondamental, c'est qu'au Québec les professionnels puissent et doivent
exercer leurs fonctions en français. Comme on dit...
Mme David : ...1977, ils sont
réputés, mais ça se perd, vous le savez.
M. Jolin-Barrette : Bien, il ne
faut pas que ça se perde.
Mme David : Voilà.
M. Jolin-Barrette : Il ne faut pas
que ça se perde. Puis, comme on dit en bon québécois, là, un «walk-in» qui
rentre dans le bureau, là, du professionnel, là, il faut que le professionnel,
il puisse le servir en français.
Mme David : Faites attention
avec votre expression anglaise.
M. Jolin-Barrette : Bien oui!
La Présidente (Mme Thériault) :
Le client de passage plutôt que le «walk-in».
Mme David : Je voulais être sûr
d'être bien compris.
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est un client de passage.
Mme David : Mais moi, je vais même plus loin que ça. Il faut
qu'il fasse plus comprendre, pour une fois... de passage, mais la compétence maintenue, c'est un niveau de compétence un
petit peu plus élevé que ce que vous décrivez, je pense.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, sur ce, puisque, M. le ministre, vous nous avez demandé une suspension le temps de regarder de quelle manière
vous allez proposer ou trouver une voie de passage à l'amendement de la
députée de Marguerite-Bourgeoys, nous allons suspendre nos travaux pour laisser
le temps aux légistes de travailler et on reviendra. S'il faut retirer
l'amendement, on le fera.
Donc, on suspend les travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 42)
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, nous allons poursuivre nos travaux.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Thériault) :
Collègues, collègues, s'il vous plaît! Merci beaucoup pour votre attention. Donc, M. le ministre nous avait annoncé un
amendement, mais je pense que, finalement, il n'y en aura pas, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Non,
effectivement, suite à discussion, réflexion, consultation des équipes,
notamment, un souhait qui est formulé par la députée de Marguerite-Bourgeoys,
c'est notamment le fait de dire qu'est-ce qui arrive quand...
Bien, en fait, revenons au principe de base. Le
principe de base, c'est que tout professionnel au Québec doit être en mesure de
servir en français tous les Québécois et toutes les Québécoises, et c'est pour
ça, notamment, qu'on s'assure du maintien de
la compétence linguistique en français tout au long de la vie professionnelle
du professionnel. Or, s'il arrivait, de par la nature et de la
profondeur du traitement thérapeutique qui serait donné par le professionnel,
que le professionnel sentirait qu'il ne pourrait, parce qu'il n'a pas une
connaissance de la langue française qui est plus... qui n'est pas... qu'il a
une connaissance appropriée de la langue française, mais qui n'est pas... à
l'exercice de ses fonctions, mais qui n'est pas
supérieure à la norme prévue à la Charte de la langue française, donc la
connaissance appropriée pour servir le client, il pourrait bénéficier de
l'exception de par nature, parce qu'on donnait l'exemple tout
à l'heure d'un... supposons, d'un psychologue qui faisait... qui fait une
psychothérapie et que... Supposons qu'on a un enfant qui... supposons, qui a
été agressé sexuellement, un enfant francophone qui a été agressé sexuellement,
et qu'il est extrêmement important d'avoir,
dans le cadre de la relation thérapeutique, les mots et la subtilité
linguistique qui va au-delà de la
connaissance appropriée de la langue française... qui est plus exigeant que la
connaissance appropriée, à ce moment-là, le professionnel pourrait
décliner le mandat en vertu de ses règles déontologiques. Mais, en vertu de
l'exception qu'on vient d'insérer, du fait que, de par la nature même du geste
et de la fonction du traitement qu'il offre à l'enfant, cette compétence
langagière là doit être supérieure à la connaissance appropriée, alors il
pourrait bénéficier de l'exception.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui, là, on tombe
effectivement dans des subtilités où... quand même, je sais que le député de
D'Arcy-McGee pourra faire une intervention... voudra faire une intervention,
mais je pense que le ministre a saisi quand même la subtilité, et son exemple
est assez révélateur, effectivement, d'une situation où ça serait presque
intenable. Et, vous savez, dans le domaine des relations thérapeutiques, là, le
mot veut dire quelque chose, il y a quelque chose qui s'appelle l'alliance
thérapeutique. Et je ne pense pas qu'un enfant agressé sexuellement qui ne se
sent pas entendu, déjà qu'il peut être assez traumatisé comme ça... d'autres
situations traumatiques de toutes sortes, il faut qu'il ait au moins la
confiance du professionnel et qu'il se sente en confiance et, pour se sentir en
confiance, il faut se sentir compris, mais, des fois compris, c'est entendu,
mais, des fois, c'est émotif, c'est langagier.
Alors, ça, je pense que, si ça rentre dans le
concept de «nature», bien, tant mieux, parce que le «par nature» veut, à ce moment-là, quand même dire qu'il y a
des relations qui, comment dirais-je, vont bien au-delà des mots et qui
demandent une sensibilité extrême à des situations qui sont apportées, ce qui
n'est pas si courant que ça dans la quantité
d'ordres professionnels dont on parle, mais qui, quand même, réfère à des
situations où, comme dit le ministre, ça dépasse le niveau attendu
d'une... même d'une bonne compétence en français.
Alors, je pense que ça permet d'éclaircir le
concept de «par nature» et d'apporter, donc, un peu d'assurance en ce qui a
trait à ça. Je reviendrai, parce que, là, je pense que, là-dessus, je ne sais
plus où j'en suis dans mon temps puis je veux laisser parler le député de
D'Arcy-McGee. Je reviendrai sur le maintien de la connaissance de la langue
officielle, dont on n'a pas vraiment encore parlé. On a l'impression de faire
du coq à l'âne parce que je suis allée plus au deuxième alinéa, mais je...
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais avoir besoin d'éclaircissements. Là, vous avez déposé un
amendement. Est-ce qu'à ce moment-ci vous voulez que le collègue de
D'Arcy-McGee fasse une intervention sur l'amendement? C'est ce que je
comprends?
Mme David : Oui, je pense que
c'est ça, oui.
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. Donc, M. le collègue de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M. Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. En quelque part, je
trouve très recevable l'explication que vient de donner le ministre,
mais, avec tout respect, j'entends là-dedans une justification claire et
raisonnable de l'importance de notre amendement. L'idée, c'est de comprendre...
L'objectif de base de l'article 35.1, le ministre l'a réitéré à plusieurs reprises, et c'est compris, mais là où
il risque d'y avoir une confrontation, et j'insiste que c'est une possibilité
assez responsablement... s'est construite par notre amendement, là où il risque
d'y avoir... de se manifester un conflit potentiel entre la dispensation d'un
service en langue française et les obligations très sérieuses d'un ordre
déontologique, imposées sur le membre d'un ordre à titre très exceptionnel, l'ordre
qui voit ses responsabilités déjà accrues dans la surveillance de la capacité
langagière en langue commune de ses membres... L'ordre aurait à trancher sur la
possibilité... de façon exceptionnelle, l'ordre aurait, selon notre amendement,
la responsabilité aussi... que la capacité, comme j'insiste, assez
circonscrite, de dire, pour des raisons déontologiques... un de ses membres
qui, dûment et correctement, fait son possible pour maîtriser le français se
sent devant une problématique.
Donc, peut-être, ça serait un cas très exigeant
où ce professionnel, ce membre d'un ordre, dirait que je me sens... en toute
bonne foi, pas que, de A à Z, ouf! ma clientèle est de langue anglaise, là, m'a
donné le souci de servir un client français, je n'ai pas le goût. Alors, de
façon routinière, je laisse à côté cette obligation, ce n'est pas ma clientèle. On ne parle aucunement d'une telle
situation dans notre proposition. Notre proposition, c'est ou... pour moi...
moi, je la vois comme ça, ça serait ou...
d'offrir le service exemplaire aux clients dans la langue française risque
d'être problématique selon la lecture
sérieuse, et supervisée, et nécessairement validée par son ordre, est un seuil
impossible pour lui malgré sa
maîtrise plus ou moins... mais maîtrise comme obligée du français. N'y a-t-il
pas intérêt à trouver cet équilibre,
comme je dis, quand je lis les mots de notre amendement... sont de nature
exceptionnelle? Alors, n'y a-t-il pas une façon de garder l'esprit ainsi
que la lettre de l'article, tel que proposé par le ministre, avec l'amendement
que nous aurions mis sur la table?
• (16 h 50) •
M.
Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, là, on est dans le régime distinct des ordres professionnels. Le
député de D'Arcy-McGee a fait
référence à un service exemplaire de la part des professionnels en matière de
la langue française. Ce n'est pas le critère qui est exigé, c'est la
connaissance appropriée de la langue à l'exercice de ses fonctions. Donc, le
niveau d'exigence pour les professionnels, il est moins. Cependant, ils doivent
fournir les services en français. Alors, avec
l'amendement que nous avons déposé, ça permet de faire en sorte... «de par la
nature», c'est une circonstance extrêmement exceptionnelle qui permet, oui, aux
professionnels, dans ce cas-ci, de refuser un mandat, mais pour des raisons
grandement exceptionnelles parce qu'en raison de la nature du traitement offert
ça aurait un impact pour le fait de ne pas offrir ce service-là à la personne,
au citoyen.
Alors, je comprends
l'amendement qui est déposé par la députée de Marguerite-Bourgeoys. Je
comprends le sens de l'intervention du député de D'Arcy-McGee. Mais l'objectif
du projet loi n° 96, notamment, c'est de faire en
sorte véritablement que, pour les membres des ordres professionnels, l'exercice
de la profession puisse se faire notamment en français, donc, lorsqu'il y a un
citoyen qui se présente, qu'il puisse être servi en français par le
professionnel et qu'il ne puisse pas refuser simplement parce que le citoyen
souhaite se faire servir en français par le professionnel. Donc, ça, ça doit
être très clair. Ça, c'est le principe. Avec l'exception qui est prévue, «par
la nature», le cas évoqué par la députée de Marguerite-Bourgeoys pourrait
s'avérer une situation qui est couverte par le «par nature» parce qu'en raison
de la nature intrinsèque et profonde de la relation ça nécessite des
compétences langagières supérieures à la connaissance appropriée de la langue
française.
M. Birnbaum :
J'apprécie, bon, plus que la nuance, la précision que fait le ministre quand il
parle du fait que le seuil n'est pas, dans ce cas-ci, l'exemplarité, mais, pour
moi, ça rend même plus important notre amendement que... j'insiste à nouveau,
ne remet pas en question le principe derrière l'article devant nous, et je
m'explique. Il risque d'y avoir des cas très complexes qui ne seraient pas
couverts par une mention de la nature du travail, ça peut être dans un... le
travail d'un ordre qui ne touche pas directement aux relations humaines, mais
où, pour fonctionner comme il faut, pour offrir un service qui serait fidèle
aux obligations déontologiques d'un membre d'un ordre, le niveau de
sophistication, d'expertise en langue française ne serait pas au rendez-vous.
J'insiste qu'on
parle... On ne s'attendrait aucunement, advenant l'adoption de notre
amendement, que les ordres donnent des dispensations à leurs membres, comme je
dis, de dire : Bon, retournez dans votre coin, refusez tous les clients
québécois francophones ou francophones autres que vous voulez, aucunement,
aucunement. Je peux imaginer des membres de n'importe quel des ordres, à titre
très exceptionnel, qui se diraient : Là, je suis devant un cas très
complexe. Donc, je me permets un autre genre d'exemple. Je suis devant un cas
qui risque d'être très médiatisé. Je suis devant un cas où les conséquences en
termes de jurisprudence possible, les conséquences en termes financiers, à
cause des particularités du client devant moi, francophone, sont très
sérieuses. Je m'imagine dispenser mes
services à ma pleine capacité et, dans ce cas-ci, je me sens confronté par mes
obligations solennelles et déontologiques d'inviter le client à s'assurer un
service un petit peu plus complet dans sa langue, qui n'est pas la mienne.
Pour moi, c'est ça,
le sens de notre amendement, qui est tout à fait, potentiellement,
complémentaire au principe qu'énonce le
ministre et est exercé par l'article tel que rédigé. Est-ce que ce n'est pas
ces genres de situations où on veut assurer la moindre souplesse,
surveillées, par nécessité, par les ordres eux-mêmes?
M. Jolin-Barrette :
Bien, Mme la Présidente, je pense que c'est très clair, là, ce qu'on souhaite
au Québec, c'est de faire en sorte que les
citoyens québécois, lorsqu'ils vont voir un professionnel, soient servis en français.
Et les modifications législatives qu'on amène et qu'on propose visent
justement à faire en sorte que les professionnels doivent maintenir la compétence linguistique en langue française, tout
comme la probité, tout comme l'intégrité. Ça ne doit pas être
négociable. Les professionnels doivent pouvoir communiquer, servir les
Québécois et les Québécoises en français. Puis je pense qu'avec les
explications que j'ai données par rapport à l'amendement que j'ai déposé, ça
fait en sorte de répondre aux préoccupations des collègues.
M. Birnbaum :
M. le Président, ou l'autre, je me permets une dernière intervention là-dessus,
si je peux, et je me permets... Soit de
façon subtile ou, assez souvent, non subtile, le ministre a tendance à décider,
j'ai l'impression, d'entendre ce qu'il veut entendre plus que les mots
qui sont exprimés. Combien de fois est-ce que j'ai encadré mes suggestions
comme complémentaires aux objectifs que vise le ministre et combien de fois
est-ce que j'ai l'obligation d'entendre que le
député de D'Arcy-McGee n'a pas l'air de comprendre que le principe, c'est qu'un
membre de l'ordre doit être en mesure de desservir ses clients en
français? Est-ce qu'on peut s'entendre que mes interventions sont basées sur le
fait que je suis d'accord avec le principe?
Là, si le ministre
écarte la possibilité que, pour des raisons déontologiques tout à fait
louables, il y a des membres des ordres qui
veulent assurer que leur client ait le meilleur service possible, optimal, dans
la langue française, et compte tenu, comme le ministre lui-même a dit,
que le seuil n'est pas une exemplarité, c'est une compétence en français, que
l'ordre, j'espère qu'il ferait confiance aux ordres, selon notre amendement,
risquerait de comprendre que, dans ces cas, circonscrits et clairs, et de façon
exceptionnelle, ça devrait être recevable pour un tel professionnel membre d'un
ordre de se désister ou d'inviter même le client de comprendre qu'il propose
désister... de lui donner un service parce qu'il prend au sérieux ses obligations
et il s'inquiète de sa capacité, malgré son expertise, jusqu'à un certain
point, en français, de donner honneur à ses obligations auprès de ce client
francophone.
• (17 heures) •
Le Président
(M. Poulin) : Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. Vous
comprendrez que, comme président qui prend mon rôle extrêmement au sérieux...
que je ne peux pas juger de la teneur des propos qui sont tenus à la fois par des ministres ou par vous.
Évidemment, je vous invite à continuer dans le respect à des échanges dans
une idée de construction commune. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le
Président, je comprends le point du député de D'Arcy-McGee, mais ce qu'il nous
invite à faire, c'est un élargissement de l'exception, et je ne suis pas prêt à
faire ça, parce que ce que nous faisons, c'est justement
de dire : Écoutez, désormais, les professionnels doivent rendre un service
en français. Et l'exception qui est là, elle
est tout à fait raisonnable, de si, par la nature, la profondeur de la relation,
comme l'exemple que nous avons eu de la relation thérapeutique avec un
enfant agressé sexuellement, le professionnel doit recevoir avec le
professionnel une subtilité linguistique tellement importante, ça pourrait
bénéficier de l'exception.
Alors, moi, je fais
confiance aux ordres pour s'assurer que leurs membres aient une connaissance
appropriée du français pour exercer leur profession en français. Et ça fait
part des articles suivants qu'on va voir.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Je comprends qu'il... Oui, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien,
je ne sais plus s'il me reste du temps, mais je ne pense pas qu'il me reste
beaucoup de temps, de toute façon.
Le Président (M.
Poulin) : Il vous reste, oui, quelques minutes, 13 min 30 s.
C'est bien ça?
Mme David : Ah
oui? 13?
Le Président (M.
Poulin) : 13 min 30 s.
Mme David : Bien,
coudon. Je comprends, je comprends qu'on a, j'insiste pour le redire... qu'on a
élargi la... pas élargi, mais on a précisé la notion de «par nature», et il
faudra peut-être que les ordres... Ça, je ne sais pas comment ça peut
fonctionner, à part de nous écouter là, je ne sais pas comment ça se traduit en
pratique, comment les ordres, à partir de ça, disent, par exemple : O.K.,
on a parlé de ça, on a parlé de certaines situations thérapeutiques très
complexes où la langue devient un outil majeur de compétence à aider le client,
la cliente. Comment ça se traduit en termes
d'autofonctionnement pour les ordres professionnels? Ça, c'est une vraie
question, là. Je ne sais pas comment ça
marche, puisque, oui, l'amendement va être intégré dans la loi. L'amendement
est passé par nature, mais est-ce qu'ils vont tous nous réécouter pour
nous... pour comprendre ce que ça veut dire? Comment ça fonctionne?
M.
Jolin-Barrette : Je suis convaincu qu'il y a de nombreuses personnes
qui travaillent dans les ordres professionnels qui sont à l'écoute pour cette
section du projet de loi.
Mme David : Moi
aussi.
M.
Jolin-Barrette : Convaincu.
Mme David : Moi
aussi, mais tout ça se transforme éventuellement en jurisprudence, j'imagine.
M. Jolin-Barrette : Et,
M. le Président, ces nouvelles normes vont s'appliquer dans ce que les ordres
font déjà. Donc, ils connaissent la Charte
de la langue française, ils vont s'y
référer et vont constater également que ça demande une petite mise à
jour, si je peux dire, notamment au niveau des inspections professionnelles,
notamment au fait que, désormais, il n'y a plus de présomption irréfragable et
sur le fait que tous leurs professionnels doivent être en mesure de servir les
Québécois et les Québécoises en français.
Mme David : Oui,
puis je pense que, s'ils ont... ils doivent tous savoir parce qu'ils sont dans
des ordres professionnels. Et j'ai toujours été étonnée de la complexité légale
dans un ordre... pas comme membre, mais quand tu administres un ordre
professionnel, c'est... tu administres une loi assez complexe, et donc je suis
sûre qu'ils nous écoutent attentivement. Mais ils vont devoir opérationnaliser,
définir. Puis là-dessus je pense que vous avez fait, avec raison, des
précisions sur le mot «nature». On avait commencé, mais là on a continué. Et,
si j'étais présidente d'un ordre ou juriste
dans un ordre... ils ont toujours un secteur juridique important,
plus l'ordre est grand, ou, au CIQ, ils doivent surveiller ça, au
Conseil interprofessionnel, c'est ça, sur : O.K., qu'est-ce qui va
s'appliquer à nous ou pas dans la diversité des actes réservés que nous avons?
Et je pense que ce mot...
M.
Jolin-Barrette : Ils n'ont pas d'actes réservés, qui ont juste des
titres réservés?
Mme David : Oui,
mais disons que le mot «nature» va quand même être intéressant et important à
regarder entre eux et dans la spécificité de
leurs titres, ou de leurs actes, ou... et dans divers... parce qu'il y a des
actes partagés aussi. Alors, on a
parlé, tout à l'heure, par exemple, d'abus sexuel, d'abus physiques, de choses
très, très... très difficiles et très traumatiques, bien, ça peut être
l'ordre des travailleurs sociaux, ça peut être l'Ordre des psychologues, ça
peut être le Collège des médecins, ça peut être l'Ordre des psychoéducateurs,
ça peut être l'ordre des... bien, conseillers d'orientation sont avec
travailleurs sociaux, mais on comprend qu'il y a plusieurs ordres qui touchent
à la relation humaine qui feront, j'imagine, une analyse la plus rigoureuse possible
de nos échanges. Et là-dessus je dois dire que je trouve ça important quand
même d'avoir eu cet échange-là.
On est toujours sur
l'amendement, j'imagine, M. le Président?
Le Président (M. Poulin) : ...de clarification, le temps qu'il vous restait
était effectivement sur l'amendement, alors qu'il vous restait
1 min 30 s sur l'article. Donc, il vous reste un, quoi,
10 minutes sur l'amendement. Oui, on est toujours sur l'amendement.
Mme David :
Oui, mais après ça... Là, je vous pose une question technique parce que j'ai
vraiment besoin, puis je pense que le ministre est d'accord, là, qu'on revienne
sur la question de maintenir, comment les ordres vont faire, et je pense qu'il
y a des suggestions fort intéressantes. Puis moi, je pensais que ça venait plus
loin, alors j'étais moi-même un peu mêlée dans la... Là, j'ai pris le deuxième
paragraphe avant de prendre le premier. Et donc on m'a dit après qu'on peut
revenir sur l'ensemble de l'article 23, je retrouverais un 20 minutes
pour parler du premier paragraphe de 35.1.
C'est juste ça dont je veux m'assurer, que... Trouvez-moi la façon de retrouver
du temps, autrement dit.
Le Président
(M. Poulin) : Ah! je ne sais pas, M. le ministre, aviez-vous une
suggestion ou non? O.K.
M. Jolin-Barrette :
Vous aviez 20 minutes sur 35.1, là il vous reste une minute sur 35.1. Là,
on est sur votre amendement, où il vous reste 10 minutes. C'est ma
compréhension, M. le Président.
Le Président
(M. Poulin) : Tout à fait.
M. Jolin-Barrette :
Et ensuite, suite à votre minute qui va être écoulée, là on va passer à 35.2.
Mme David :
...je vais prendre ce qu'il me reste sur l'amendement...
Le Président
(M. Poulin) : D'accord.
Mme David :
...même si je parle... j'étends la notion d'amendement, disons, sur la notion
de maintenir une connaissance.
M. Jolin-Barrette :
Je pourrais soulever une question de règlement sur la notion de la pertinence,
mais je ne le ferai pas.
Mme David :
Bien, disons que j'élargis le concept de la prestation...
M.
Jolin-Barrette : Déontologique, oui.
Mme David :
...dans la langue officielle. Et je pense que c'est pour les fins d'une
bonne... je pense que c'est pour une bonne cause que de se dire... d'abord, de
rassurer... pas de rassurer, mais d'être clair, dans votre tête, que la tâche,
la responsabilité, puis là ça veut dire quelque chose pour les ordres
professionnels, la responsabilité d'évaluer la maîtrise du français va incomber
au comité d'inspection professionnelle des ordres, dans un premier temps.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Donc, les inspecteurs vont être chargés d'assurer le maintien. Dans le
fond, c'est un outil qu'on rajoute dans leur coffre à outils en termes
d'inspection professionnelle.
Mme David :
Alors, ce qui est intéressant, c'est que, par exemple, dans l'Ordre des
comptables agréés, bien, ce sont des gens experts en comptabilité, en
fiscalité, en audit, et là on leur demande de devenir des linguistes ou des
terminologues... bien, disons des linguistes. Alors là se pose la question du
rôle de l'OQLF du niveau de maîtrise attendu, parce que, là, les tests de
français, vous le savez, les TFI puis ces trucs comme ça, c'est très, très,
très sophistiqué, les outils qui vont être mis à la... qui devront être
développés pour établir les standards, et les ordres professionnels n'ont
évidemment ni l'expertise ni les ressources, donc il va falloir un programme de
surveillance, il va falloir des inspecteurs assignés à cette tâche-là. Et c'est
de là où cet ordre professionnel-là, mais peut-être que les autres aussi,
diraient : Bien, il va falloir le consigner au Code des professions, parce
que, là, c'est une toute nouvelle tâche confiée au comité d'inspection
professionnelle.
Alors, je voulais
demander au ministre : Qu'est-ce que vous aviez, comme, prévu? Un jour, la
loi sera adoptée. Combien de temps de transition pour maintenir ce français,
pour aller chercher les compétences de ça, etc.? Et puis qui, quand, comment
faire tout ça?
• (17 h 10) •
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, la question, elle est pertinente, là. L'OQLF va être là pour
accompagner les ordres professionnels,
notamment pour évaluer la connaissance pour développer les outils. Vous savez,
déjà, l'OQLF, et ça a été fait au cours des dernières années, ils ont
actualisé tous les examens en lien avec les compétences pour faire en sorte que
les compétences linguistiques qui sont évaluées sont évaluées en lien avec
l'exercice de la profession, donc une connaissance appropriée de la langue
officielle en lien avec la profession. Donc, on va pouvoir... l'OQLF va
travailler avec les ordres professionnels pour évaluer le maintien et la
connaissance de la langue. Donc, l'OQLF va développer ses ressources au
bénéfice des ordres professionnels pour accompagner les inspecteurs dans ce
cas-là.
Mme
David : Et est-ce qu'on peut donc dire que chaque ordre professionnel
développera ses standards de maintien de la connaissance du français avec
l'accompagnement de l'OQLF? Parce qu'il faut des standards. Le pauvre
inspecteur qui est un ingénieur chimique, là, il n'a jamais fait ça, lui.
M.
Jolin-Barrette : Voyez-vous... Oui, ça va être fait en collaboration
avec l'OQLF. Et, vous savez, c'est déjà le cas, là. Lorsqu'on a quelqu'un, là,
qui veut un permis professionnel pour pratiquer une profession et qui ne rentre
pas dans les exceptions qui sont prévues, là, à 1°, ou 2°, ou 3°, bien, il y a
déjà une évaluation de français qui est faite avec l'OQLF. Alors, en fonction
des besoins qui vont être exprimés par les ordres, l'OQLF va être là pour les
accompagner, pour développer les différents outils.
Mme David : Mais
on convient qu'il va y avoir quand même, je pense, disons, 90 % qui
viennent d'une... qui sont francophones, disons, dans un ordre professionnel.
Ce n'est pas eux où ça va... tout va se passer en français, puis tout de suite
l'inspecteur n'aura pas de soucis, c'est pour le 10 %, admettons. Oui, là,
il va falloir évaluer ça.
Vous dites :
Oui, ça pourra peut-être être l'inspecteur quand il va littéralement s'asseoir
dans le bureau du professionnel puis il vérifie la tenue de dossiers, il pose
plein de questions professionnelles sur ses compétences théoriques, pratiques, etc. Il pose même des... Il regarde même comment
le bureau... C'est rendu, là, très spécialisé, là. Il y a-tu une porte
d'entrée séparée de la maison? Est-ce que l'insonorisation est bonne? Etc. Puis
là il va rajouter : Est-ce que son niveau de français est bon?, j'imagine,
avec des outils de l'OQLF. Puis, si ça me... s'il dit : O.K. celui-là, je
pense qu'on va le référer à la section langagière de notre ordre, et là il va
pouvoir faire ça. Est-ce que je résume un peu assez clairement?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Mais, en fait, déjà, là, l'OQLF travaille avec
les ordres professionnels. Je pense qu'il y a 320 scénarios différents qui
sont adaptés aux différentes réalités des pratiques professionnelles déjà. Ça
fait qu'il y a déjà une grande collaboration
entre les ordres. Très bien. Ça fonctionne très bien entre les ordres puis
l'OQLF puis ça va continuer comme ça.
Mais, oui, les
inspecteurs vont être outillés avec des outils linguistiques, notamment. Alors,
les ordres et l'OQLF vont travailler
ensemble pour développer ça. Et c'est un outil supplémentaire qu'on ajoute dans
le coffre à outils des inspecteurs, justement, parce qu'on vient rajouter le
fait que les ordres professionnels également doivent s'assurer du
maintien de la compétence linguistique de leurs membres. Donc, c'est une
responsabilité qu'on confie à l'ordre.
Mme David : Confiée
à l'ordre. Et on confie à l'ordre aussi ce qui s'en vient au 35.2, c'est-à-dire,
dans le cas où, pour des motifs sérieux, là,
ça ne va pas, bien, c'est l'ordre qui va intervenir à travers son Code des professions. Et c'est là que vous nous réservez une petite surprise,
j'espère, qui va rassurer les ordres par rapport à l'acte dérogatoire. Est-ce
que je comprends bien que c'est plus à partir de 35.2 qu'on va faire référence
à 142 ou à...
M.
Jolin-Barrette : Mais les mesures qui vont être prises, dans le fond,
ça va être justement... l'inspecteur constate que le niveau de français n'est
pas atteint, et donc l'ordre professionnel va pouvoir inviter le professionnel
à prendre les mesures requises pour assurer le maintien de sa compétence
langagière.
Mme David : Et
ça sera l'ordre qui vérifiera qu'il y aura un processus pour dire : Là, ça
ne va pas, là, le maintien n'est pas du tout satisfaisant. Donc... Et là il y
aura différentes mesures liées à ça avec éventuellement l'article 35.2 qui
va arriver dans le cas de non-respect, finalement, de cette disposition-là.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Puis, dans le fond, l'ordre professionnel peut
dire à son professionnel membre : Je t'ordonne d'aller suivre des cours de
formation continue, d'améliorer tes compétences langagières en français pour que tu puisses rencontrer les standards de la Charte de la langue française, pour que tu puisses maîtriser adéquatement
le français parce que c'est une obligation légale, au même titre que la probité
ou l'intégrité d'un membre.
Mme David :
Ou au même titre de choses que j'ai connues, là, parce qu'on sait que ça
existe, c'est de... La tenue de dossier, par exemple. Votre tenue de dossier,
monsieur, n'est pas adéquate. Il n'y a pas assez de détails. Alors, on vous
demande... on va vous suivre pendant un an. Vous allez avoir un mentor qui va
venir regarder, avec trois dossiers que vous allez lui présenter, votre tenue de
dossier parce que tenue de dossier, là, c'est devenu quelque chose
d'extrêmement important. Alors, ça va être un peu la tenue de la langue, comme
la tenue de dossier, si je comprends bien.
Sauf que, tenue de dossier, c'est un peu plus facile parce que le professionnel
qui est inspecteur s'y connaît plus en contenu, mais, en contenant, là,
qui est la langue, ça, c'est un peu plus difficile. Alors, on peut comprendre
les ordres de dire : Oh! c'est un tout nouveau mandat qu'on me confie.
Alors, eux vous proposent
de consigner ça dans le Code des professions. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Ça, c'est ma première question. Il
faudrait des ressources financières et techniques. Bon, c'est l'OQLS,
ressources financières, je ne le sais pas.
Et la transition, ça,
j'ai relu vos commentaires, il n'y a rien là-dessus. Ça fonctionne comment, à
partir de la sanction de la loi, par rapport à ces mesures-là?
M.
Jolin-Barrette : Par rapport au fait que les inspecteurs vont devoir
vérifier?
Mme David : Oui.
M.
Jolin-Barrette : Bien, ils vont travailler avec l'OQLF pour développer
les différents outils. Déjà, les outils en termes d'évaluation de connaissances
du français pour donner le permis professionnel basé sur l'examen de l'OQLF, ça
existe déjà. Donc, ils vont travailler à développer les différents outils avec
l'OQLF pour faire en sorte que l'inspecteur va évaluer la compétence langagière
également. Mais l'OQLF, déjà à ce jour, travaille avec les ordres professionnels. Donc, c'est une continuité
de travail. Mais on confie aux ordres professionnels un nouveau mandat,
et ils vont s'acquitter de leurs tâches avec l'OQLF.
Le
Président (M. Poulin) : Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, je sais que vous avez cet intérêt, il vous
reste 3 min 30 s sur l'amendement, effectivement.
Mme David : Merci beaucoup, M. le
Président... nouveau président. Enfin. Alors, si je comprends bien, les ordres
vont avoir vraiment une nouvelle responsabilité, là, qui leur incombe. L'OQLF a
déjà une expertise là-dedans pour un petit nombre, là, c'est-à-dire des gens
dont on doit évaluer la compétence pour l'entrée à la profession, le «réputé»,
etc., bon. Mais là on parle d'autre chose, là. On parle de maintenir en
continu, donc ça va prendre pas mal de
ressources. L'OQLF, on en parle beaucoup, on n'a pas fini d'en parler. On va en
reparler dans la langue du travail, on
en parle en francisation, on en a parlé déjà. Voulez-vous bien me dire combien
ça va finir... avec combien de ressources on va terminer, à l'OQLF, pour
être en mesure de donner le service?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
notre gouvernement n'a pas peur d'investir pour la protection puis la
valorisation de la langue française. Lors du dernier budget, vous avez pu le
constater également. Puis il y aura un budget prochainement également qui sera
déposé. Alors... Mais il faut dire également qu'il s'agit d'une priorité
gouvernementale, puis je pense que ça devrait être une priorité parlementaire,
si je pourrais dire, d'adopter rapidement ce projet de loi là pour faire en
sorte, justement, qu'on redresse la situation du français.
Alors, c'est important de donner les outils aux
ordres professionnels rapidement, que l'OQLF soit mandaté rapidement pour agir
à ce niveau-là, parce qu'à chaque...
Mme David : ...contente de vous
l'entendre dire, mais...
M.
Jolin-Barrette : Chaque jour qui passe, c'est un jour de trop qu'on
n'a pas les outils pour agir sur le déclin du français.
Mme David : Alors, si vous voulez
effectivement voir que votre projet de loi, qui va devenir une loi un jour,
soit vraiment efficace, il va falloir vraiment aider l'OQLF. Quand j'avais le
privilège de servir dans ces fonctions-là, effectivement... Je sais que vous avez
rajouté des... de l'argent, et tout ça, mais là on leur ajoute tellement des
gros, gros mandats qu'il va falloir que ça soit... ça soit vraiment une
organisation. Parce que les tests langagiers, j'avais eu des longues conversations avec eux, effectivement,
ce n'était pas une équipe très, très... très, très élaborée, là, ils n'avaient
pas tellement de monde. Là, on vient de mettre, vous avez dit tout à l'heure,
300 000, 400 000 professionnels à.... Je ne dis pas que les
400 000 sont des...
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est ça. L'enjeu, il n'y a pas 400 000 professionnels qui n'ont pas
une connaissance appropriée. On se retrouve...
Mme David : ...à maintenir, on vient
de multiplier beaucoup, pendant toute la carrière, une surveillance de... Puis
on part peut-être, dans certains cas, d'assez loin. Donc, il va y avoir
quelques années, je pense, assez occupées où ils ne pourront jamais remplir
leur mandat, l'OQLF ni les ordres, s'ils ne sont pas bien accompagnés.
• (17 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Ils vont être
bien accompagnés, bien dotés. Mais ce n'est pas parce que la montagne, elle est
grande, elle est haute qu'il ne faut pas la monter.
Mme David : Je ne suis pas une
grimpeuse de montagne. C'est des choses que je n'aime pas beaucoup, mais je
comprends votre image.
M. Jolin-Barrette : Bien, ce n'est
pas parce que le défi est important qu'il ne faut pas s'y attaquer.
Mme David : Je comprends tout à fait
votre image, mais, justement, pour monter le Kilimandjaro, il faut se préparer
beaucoup, beaucoup, beaucoup, et puis il faut être bien équipé.
Donc, si on monte l'Everest, ici, il va falloir
qu'il y ait vraiment l'équipement qui suit... soit et... pas soit, et pour les
ordres et pour l'OQLF.
Le
Président (M. Poulin) : J'avais une demande d'intervention, j'imagine que
c'est sur l'amendement, du député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, M. le Président.
Ce n'est pas que je veux interrompre le dialogue entre la députée de
Marguerite-Bourgeoys et le ministre, mais j'ai entendu le ministre dire que
chaque jour qui passe est important. Chaque jour qui
passe où on ne demande pas la connaissance du français pour les immigrants,
c'est un jour de trop. Chaque jour qui passe
où on n'intervient pas au niveau collégial pour demander que la formation se
fasse en français, c'est un jour de trop aussi. Je voulais le rappeler
au ministre.
Le Président (M.
Poulin) : Merci beaucoup, M. le député de Matane-Matapédia. Est-ce
que, M. le ministre, vous aviez une réaction?
M.
Jolin-Barrette : Bien oui. Je suis heureux d'entendre ça, parce que,
justement, dans le projet de loi, on impose une
épreuve uniforme de français au collégial anglophone. Alors, plus rapidement le
projet de loi va être adopté, pour être diplômé, on va nécessiter des
compétences en langue française.
Le Président (M.
Poulin) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M.
le Président, je connais bien le projet de loi du ministre, il sait ce que j'en
pense. C'est un projet de loi qui est particulièrement faible.
Il n'est pas trop
tard pour l'améliorer. Tant qu'à être dans ces débats-là, le ministre peut
toujours continuer sa bataille à l'intérieur du caucus pour essayer de
convaincre ses collègues. Je suis prêt à l'aider.
M.
Jolin-Barrette : Bien, M. le Président...
Le Président (M.
Poulin) : M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : ...voyez-vous toute la pertinence de se rendre
rapidement à l'article qui intéresse le député
de Matane-Matapédia sur les dispositions du cégep, qui sont aux
articles 88.0 point quelques? Alors, à ce moment-là, on aura des
discussions intéressantes avec le député de Matane-Matapédia. Mais il faut
avancer, n'est-ce pas?
Le Président (M.
Poulin) : M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : M.
le Président, j'ai déjà été leader parlementaire. Je connais bien toutes ces
règles. À moins que le ministre m'annonce
maintenant qu'il est prêt à se joindre à notre proposition, je ne vois pas
l'intérêt d'accélérer les démarches.
Le Président (M. Poulin) : Est
ce qu'il y a d'autres interventions sur ces propos du député de
Matane-Matapédia? Non.
Une voix :
...
Le Président (M.
Poulin) : Excellent. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, il vous
reste 1 min 31 s sur l'amendement. Est-ce que vous souhaitez
compléter?
Mme David : Bien,
je vous dirais juste que, d'une part, nous, on propose trois cours en français.
Alors, j'ai très hâte d'arriver au collégial aussi. Nos propositions sont
claires. Et ce que je veux dire aussi, c'est qu'on avance en tout respect des clientèles qui sont touchées, des
secteurs de la société qui sont touchés et avec le sens des responsabilités
qui doit aller avec ça.
M.
Jolin-Barrette : Bien, voyez-vous, c'est là où on diverge
profondément. Parce que, quand vous dites : En fonction des clientèles,
pourquoi est-ce qu'on a la Charte de la langue française? Pourquoi est-ce qu'on
a le projet de loi n° 96? On ne fait pas de
clientélisme. On s'assure de faire en sorte que la langue française au Québec,
ça soit la langue commune puis la langue d'usage.
Et c'est justement
pour ça que, durant des années, il n'y a pas eu de changements significatifs
comme nous le faisons. Parce qu'il y a toujours une clientèle qui dit :
Non, non, pas nous autres, non, non, pas nous autres, non, non, pas nous
autres. On est en faveur de la langue française, là, oui, oui, oui, c'est bien
important de protéger la langue française, vraiment superimportant, je suis
d'accord avec les objectifs, puis tout ça, mais, moi, ah! non, il ne faut pas que ça s'applique à mon groupe, il ne faut pas que
ça s'applique à l'autre groupe. C'est ça, le problème. Puis, si on veut
être cohérents, tout le monde doit faire son effort. Puis c'est surtout pour ça
que le projet de loi n° 96, il touche tous les domaines de la société,
tous les paramètres de la société.
Mais il faut que
chaque personne, ou chaque clientèle, ou chaque groupe se pose la
question : Qu'est ce que je peux faire pour mieux protéger, pour mieux
valoriser la langue française? C'est un effort collectif qui est requis, et
l'organe qui est... qui doit faire son plus grand effort, c'est l'État
québécois. Puis là on s'est imposé des obligations d'exemplarité. Nous, on
relève le défi, on le fait, mais là il faut que tout le monde embarque dans le
train, comme on dit. Puis là le train, il a
quitté la gare. Mais il ne faut pas défendre des clientèles, il faut penser au
statut de la langue parce que ça va nous transcender. Dans 20 ans, dans
30 ans, dans 40 ans, dans 50 ans, bien, si on ne prend pas des
actions maintenant, au bout de la ligne, il va y avoir des conséquences.
Le Président (M. Poulin) : Il vous
reste une minute, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien,
je pense que c'est assez, quand même, de prendre une minute pour dire que le
ministre interprète fort mal le mot
«clientèle» ou l'esprit dans lequel j'ai pu le dire. Je suis tout à fait
d'accord. Et effectivement, si ça ne me dérangeait absolument pas, la
question de protéger la langue française, je ne serais pas ici à passer autant
d'heures depuis autant de mois à regarder pour avoir le meilleur projet de loi
possible.
Alors, je
pense qu'on travaille très sérieusement et que le ministre lui-même a déposé plusieurs
amendements. Donc, il trouve lui-même
que sa loi peut être améliorée. Je fais des propositions les plus honnêtes
possible pour améliorer aussi. Et ce n'est pas parce qu'on pense à une
clientèle ou à une autre clientèle, mais ça touche tous les pans de la société.
Puis c'est de notre devoir de faire le travail de parlementaires.
La seule autre option, ce serait quoi? Ça serait
quoi? Ça serait de regarder le projet de loi puis dire : O.K., tout est
correct, on ferme les livres. Merci, bonjour. C'est ça que le ministre veut?
C'est vraiment ça? Qu'on soit déjà rendus à la fin, puis que c'est terminé,
puis c'est le plus beau projet de loi que la Terre a jamais porté?
Le Président (M. Poulin) : Mme
la députée de Marguerite-Bourgeoys, il ne nous reste plus de temps sur
l'amendement.
Mme David : ...
Le Président (M. Poulin) :
D'accord. Est-ce que, maintenant, nous sommes prêts à passer... Est-ce que vous
souhaitez retirer votre amendement ou vous souhaitez voter sur...
Mme David : ...
Le Président (M. Poulin) : Vous
le retirez? Parfait. Alors, nous revenons...
Ah! ça nous prend le consentement pour retirer
l'amendement. M. le ministre, vous avez... Vous consentez? Les membres du
gouvernement également? Alors, nous consentons à retirer l'amendement.
Nous retournons
donc à l'article 23. C'est bien ça? 35.1? 35.1. Donc, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, il vous laissait... il vous restait donc
1 min 30 s à ce niveau-là. C'est bien ça?
Mme David : Alors, moi, je ne
comprends plus le temps que j'ai, mais, ce n'est pas grave, je vais le prendre.
Je finis juste ce que je voulais dire sur le fait que l'argument est très...
disons, peut être débattu, disons ça comme ça, de dire que parce qu'on pose des
questions, parce qu'on dépose des amendements... Il y en a quand même plusieurs
qui ont été acceptés par le ministre, c'est donc qu'ils ne devaient pas être si
mauvais que ça. Puis il y en a même plusieurs
qui ont été déposés par le ministre parce que peut-être qu'il a eu, lui-même...
en se rendant compte qu'il y avait des ajustements à apporter.
Moi, quand j'ai déposé des projets de loi, ce
n'était certainement pas pour dire aux oppositions : Vous n'avez pas un mot à dire. Puis je n'ai de cesse de
féliciter les oppositions sur l'amélioration que ça a apportée au projet de
loi, vraiment. Puis je le dis avec
sincérité, que ça soit sur le conservatoire, que ça soit sur la BANQ, que ça
soit sur les violences, la loi pour prévenir et contrer les violences
sexuelles. Alors, les oppositions ont été formidables. Et je le dis, et je leur
ai dit à ce moment-là, et je le redis encore.
Alors, j'aimerais ça que le ministre ait la même
attitude par rapport à notre travail. On ne le fait pas...
Le Président (M. Poulin) : M.
le député de Chapleau, vous avez une question de règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Je pense que...
Le Président (M. Poulin) : Vous
pouvez retirer votre masque afin qu'on puisse bien vous entendre.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, c'est
vrai. Merci, M. le Président. Je pense que la collègue de Marguerite-Bourgeoys
prête des intentions au ministre actuellement. Puis je pense que les travaux
vont bien, les travaux avancent. Effectivement, on souhaite que tout
aille rondement et continue d'aller rondement. Donc, voilà.
Le Président (M. Poulin) :
Effectivement, en vous rappelant à la prudence, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys. Il vous reste 18 secondes.
Mme David : À la prudence,
définition...
Le Président (M. Poulin) : Dans
le prêt des intentions que vous faites au collègue parlementaire.
Mme David : O.K. Bien, moi, je
n'ai jamais, jamais fait cette question de règlement pour le ministre, jamais.
Alors, je suis vraiment d'une... Me dire ça à moi? Même lui est complètement
surpris.
Le Président (M. Poulin) : Ça
allait bien, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. On continue.
Mme David : Bien, je n'ai plus
rien à dire.
Le
Président (M. Poulin) : D'accord. Bien, je vous remercie pour
votre intervention.
Donc, toujours à
l'article 35.1, est-ce qu'il y avait d'autres interventions? Je vois que non.
Alors, nous allons procéder à sa mise aux... Non? Non, on passe tout de suite à
35.2 parce qu'on le vote en bloc. C'est vrai. Parfait. Excusez-moi. Alors,
l'article 35.2, M. le ministre en fait la lecture? C'est bien ça? Parfait.
M. Jolin-Barrette :
Bien, je l'avais déjà lu, mais je vais le relire, M. le Président. «L'ordre
professionnel qui, pour des motifs sérieux, considère qu'un de ses membres n'a
pas de la langue officielle une connaissance appropriée à l'exercice de la
profession peut, outre des mesures qui peuvent être prises à l'égard de
celui-ci en vertu du Code des professions, exiger qu'il obtienne l'attestation délivrée par l'Office en vertu du troisième
alinéa de l'article 35.
«De plus, les cours
de perfectionnement qu'un membre d'un ordre professionnel peut être obligé de
suivre avec succès ainsi que toute autre obligation, déterminée dans un
règlement pris en vertu de l'article 90 de ce code, qui peut lui être imposée peuvent avoir pour objet de permettre à un tel
membre de recouvrer de la langue officielle une connaissance appropriée
à l'exercice de la profession.».
Et les commentaires,
M. le Président. Le premier alinéa de l'article 35.2 de la Charte de la langue
française, proposé par l'article 23 du projet de loi, prévoit, outres les
mesures que prévoit le Code des professions, les mesures qui peuvent être
prises par un ordre professionnel qui, pour des motifs sérieux, considère qu'un
de ses membres n'a pas la langue officielle
une... n'a pas de la langue officielle une connaissance appropriée de...
l'exercice de la profession.
Le
deuxième élément de cet article rend explicites que les obligations que peut
imposer le conseil d'administration d'un
ordre à la suite d'une inspection professionnelle peuvent viser à assurer que
le membre se conforme à son devoir de maintenir une connaissance du
français appropriée à l'exercice de la profession.
Le Président
(M. Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce que vous aviez des
commentaires sur le 35.2?
• (17 h 30) •
M. Jolin-Barrette :
Oui, c'est ce que je viens de vous lire.
Le Président
(M. Poulin) : O.K., mais autre... de votre part?
M.
Jolin-Barrette : Non, non, ça va.
Le Président (M.
Poulin) : Aucune mise... O.K., parfait. Est-ce que d'autres collègues
souhaitent intervenir? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David :
Je vais intervenir pour vous dire que je n'ai pas de commentaire sur cet
article-là, mais j'insiste pour le dire parce que, quand je fais des
commentaires, c'est parce que je trouve que c'est important puis, quand je n'ai
pas de commentaire parce que je trouve que l'article est bien, bien charpenté,
bien mis, bien dit, bien, ça s'adonne qu'on va passer vite. Puis je vous
annonce qu'il y a plein d'articles où je vais passer assez vite. Alors, quand
on me dit toujours, et me... on répète, et on répète qu'on retarde, puis c'est
long, puis tatati, tatata, bien moi, écoutez, je travaille avec la rigueur
qu'on me connaît, je ne vais pas arrêter à la période où je suis rendue dans ma
vie. Et, quand je n'ai pas de commentaire, bien, je n'ai pas de commentaire
parce qu'il est correct, cet article-là. Puis je pense que le ministre a
beaucoup d'exemples antérieurs où je n'ai pas eu de commentaire. Donc, quand
j'ai des commentaires, c'est parce qu'on les a travaillés très sérieusement.
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Poulin) : Merci beaucoup, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
M. le Président, je tiens à faire la même précision. Moi, je n'ai pas de
commentaire non plus sur cet article. Je réserve le droit et la responsabilité
d'avoir d'autres commentaires, offerts de façon constructive, dans les articles
qui s'en viennent. Merci.
Le Président (M. Poulin) : Absolument. Merci beaucoup. Est-ce que d'autres
collègues souhaitent intervenir? Je crois que nous allons donc pouvoir procéder
à la mise aux voix. Donc, nous allons voter le 35.1 et le 35.2...
Une voix :
...
Le Président (M.
Poulin) : ...l'article 23 de façon officielle, qui contient 35.1
et 35.2. Alors, nous allons procéder à la mise aux voix qui... Est-ce qu'on...
Oui, qui sont en faveur de...
Des voix :
Adopté.
Le Président (M. Poulin) : Est-ce que l'article 23 est adopté? Je
n'avais pas la phrase exacte. Donc, il est adopté. Merci beaucoup. Nous
allons maintenant procéder à l'article 24. Nous avons un... Bien, je vais
laisser M. le ministre en faire la lecture tout d'abord.
M.
Jolin-Barrette : ...pour
l'article 24, et je vous annonce qu'on aura un amendement qui est déjà sur
Greffier.
Donc : L'article 37 de cette charte
est remplacé par le suivant :
«37. Malgré
l'article 35, un ordre professionnel peut délivrer un permis visé aux
articles 40 à 42.2 du Code des professions à une personne qui n'a pas de
la langue officielle une connaissance appropriée à l'exercice de la profession,
pourvu, à la fois :
«1° que le permis soit temporaire;
«2° que la personne ait, à l'extérieur du
Québec, suivi avec succès la formation ou obtenu le diplôme nécessaire à
l'exercice, au Québec, de cette profession.
«Le permis délivré en vertu du premier alinéa
est valable pour une période d'au plus un an.»
Et
l'amendement, M. le Président : À l'article 24 du projet de loi,
remplacer le paragraphe 2° du premier alinéa de l'article 37 de
la Charte de la langue française qu'il propose par le paragraphe suivant :
«2° que la personne
ait acquis, à l'extérieur du Québec, les compétences professionnelles requises
pour l'obtention d'un tel permis.»
Commentaire.
Cet amendement vise à revoir la formulation du paragraphe 2°
du premier alinéa de l'article 37 de la Charte de la langue
française proposé par l'article 24 du projet de loi afin de respecter la
pratique actuelle à cet égard. Il permet
donc la délivrance d'un permis temporaire à une personne qui a acquis les
compétences professionnelles requises, que celle-ci soit démontrée,
selon le cas, par l'obtention d'un diplôme ou d'une autorisation légale, par la
réussite d'une formation ou autrement.
Donc, en conséquence, l'amendement qu'on propose
à 37, c'est parce qu'on référait, dans le projet de loi, à un diplôme. Or,
parfois, on réfère à un diplôme ou à une expérience professionnelle, donc c'est
pour ça qu'on vient l'ajouter.
Le
Président (M. Poulin) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, nous sommes prêts à entamer la
discussion sur l'amendement. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je n'ai pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
Mme la députée. Est-ce que d'autres collègues souhaitent intervenir? Non? Alors, nous allons pouvoir procéder à la mise
aux voix de l'article... de l'amendement. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Poulin) :
Adopté. Alors, c'est adopté. Toujours à l'article, nous avions un autre
amendement, c'est bien ça?
Une voix : ...
Le Président (M. Poulin) : Non?
Alors, nous allons procéder à la mise aux voix... Ah! est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article tel qu'amendé?
Mme David : Je n'ai pas de
commentaire, M. le Président...
Le Président (M. Poulin) : Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys, je vais vous reconnaître.
Mme David : ...et je veux que ce
soit noté.
Le
Président (M. Poulin) :
D'accord. Alors, merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y avait d'autres
commentaires sur l'article 24 tel qu'amendé? Non? Nous allons
pouvoir procéder à sa mise aux voix. La phrase exacte : Est-ce que
l'article 24, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Poulin) : Adopté.
Merci. Nous procédons maintenant à l'article 25. Je vais laisser M. le
ministre en faire la lecture.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 39 de cette charte est abrogé.
Commentaire. L'article 25 du projet de loi
propose d'abroger l'article 39 de la Charte de la langue française étant
donné qu'il ne produit plus d'effet juridique depuis la fin de
l'année 1980.
Le Président (M. Poulin) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 25?
Non? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Poulin) :
Adopté. Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette :
...
Le Président (M. Poulin) : Oui.
M. Jolin-Barrette :
L'article 40 de cette charte est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«L'office peut, au moment où il autorise un
ordre à délivrer un tel permis, en déterminer la durée et les autres conditions
qui s'y rattachent.»
Commentaire. La modification proposée à
l'article 40 de la Charte de la langue française par l'article 26 du
projet de loi permettra à l'Office québécois de la langue française de
déterminer la durée et les conditions qui se rattachent à un permis restrictif
lorsqu'il autorise un ordre professionnel à en délivrer.
Et j'ai un amendement, M. le Président, qui est
sur Greffier également. Donc, article 40... bien, article 26,
article 40 de la Charte de la langue française. Supprimer, à
l'article 26 du projet de loi, «et les autres conditions qui s'y
rattachent».
Commentaire. Cet amendement supprime, à
l'article 26 du projet de loi, la mention de conditions se rattachant au
permis restrictif délivré en vertu de l'article 40 de cette charte.
Donc, on supprime ce qu'on avait ajouté parce
que ce n'est pas nécessaire. Il n'y a pas d'autres conditions qui s'y
rattachent, c'est uniquement la durée que l'office détermine.
Le Président (M. Poulin) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y avait des interventions sur l'article...
sur l'amendement de l'article 26?
Une voix : ...
Le
Président (M. Poulin) :
Le ministre a, oui, proposé un amendement à l'article 26, qui était sur le
Greffier. C'est bien ça?
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Donc, si je résume l'amendement, là, c'est parce que, dans le projet de loi, on
venait ajouter : «L'office peut, au moment où il autorise un ordre à
délivrer un tel permis, en détermine la durée et les autres conditions qui s'y
rattachent», mais il n'y a pas d'autre condition, à part la durée. Donc, c'est
un pouvoir que l'office n'a pas de besoin.
Le Président (M. Poulin) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix de l'article 26 tel qu'amendé... pardon, de l'amendement, alors,
de l'amendement. Donc, est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Poulin) :
Adopté. Donc, nous allons voter l'article tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des
commentaires? S'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Celles et ceux qui sont en faveur...
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Poulin) :
Adopté. Oui, parfait. Nous allons maintenant passer à l'article 27.
M. Jolin-Barrette : Oui, M. le Président. Cette charte est modifiée
par l'insertion, après l'article 40, des suivants :
«40.1. L'Office des professions transmet
annuellement à l'office, pour chaque ordre professionnel, le nombre de permis délivrés
visés à l'article 37 et le nombre d'autorisations spéciales accordées en
vertu de l'article 42.4 du Code des professions ainsi que le nombre de
renouvellements de telles autorisations spéciales.
«L'office indique, dans le rapport annuel de ses
activités, les renseignements ainsi transmis par l'Office des professions.
«40.2. Un ordre professionnel peut utiliser une
autre langue en plus de la langue officielle dans une communication écrite
particulière à l'une des personnes suivantes :
«1° un candidat à l'exercice de la profession
qui demande à ce qu'un permis lui soit délivré conformément à l'article 37
ou en vertu de l'article 40;
«2° un membre de l'ordre qui, en vertu de la
présente loi, n'est pas tenu d'avoir de la langue officielle une connaissance
appropriée à l'exercice de la profession.
«Un ordre professionnel peut également utiliser
cette autre langue dans une communication orale particulière avec l'une de ces
personnes, sans avoir à utiliser en même temps la langue officielle.»
Commentaire. L'article 40.1 que propose
d'ajouter à la Charte de la langue française l'article 27 du projet de loi
prévoit que l'Office des professions doit transmettre chaque année des données
concernant les permis, les permis temporaires, les permis restrictifs temporaires,
les permis spéciaux et les autorisations spéciales accordées par les autres
professionnels.
L'Office québécois de la langue française
indiquera ces renseignements dans son rapport annuel d'activité.
Le
Président (M. Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 27, 40.1?
M. Jolin-Barrette :
Non. 40.2, le commentaire. L'article 40.2 de la Charte de la langue
française proposé par l'article 27 du projet de loi permet à un ordre
professionnel de communiquer par écrit dans une autre langue, en plus du
français, dans certaines situations. Il prévoit également qu'un ordre
professionnel peut, dans ces situations, communiquer oralement dans une autre
langue que le français sans devoir utiliser en même temps le français.
Le Président
(M. Poulin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur 40.2? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons pouvoir procéder à la mise aux voix
de l'article 27. Est-ce que, donc, l'article est adopté?
Des voix :
Adopté.
• (17 h 40) •
Le Président
(M. Poulin) : Adopté. L'article 28.
M. Jolin-Barrette :
28. Cette charte est modifiée par l'insertion, après l'intitulé du
chapitre VI qui précède l'article 41, de l'article suivant :
«40.3. Pour
l'application du présent chapitre :
«1° un salarié
s'entend d'un salarié auquel s'applique la section V.2 du chapitre IV
de la Loi sur les normes du travail;
«2°
un travailleur s'entend d'un salarié et d'une personne dont les conditions
d'engagement ou de rémunération ou dont la rétribution de services sont
prévues par une entente collective;
«3° une entente
collective est celle, autre qu'une convention collective de travail, qui est
conclue par une association ou un autre groupement habilités par une loi à la
négocier et qui, en vertu de cette loi, s'applique même à des personnes qui ne
sont pas membres de cette association ou de cet autre groupement;
«4° un employeur
s'entend de quiconque fait effectuer un travail par un salarié ou, étant régi
par une entente collective, procure du travail à un travailleur ou coordonne
les services offerts par celui-ci;
«5° une association
de travailleurs comprend, outre une association de salariés au sens du Code du
travail, l'association et le groupement visés au paragraphe 3°.»
Commentaire.
L'article 27 du projet de loi propose d'ajouter un article 40.3 à la
Charte de la langue française pour définir certains concepts utilisés dans les
dispositions relatives à la langue du travail.
Cette définition vise
à protéger les droits des personnes qui sont des salariés et de certaines
autres personnes qui sont plutôt considérées comme des travailleurs autonomes.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 28? Il n'y a pas de commentaire, alors nous allons pouvoir
procéder à sa mise aux voix. Est-ce que l'article 28 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Adopté. Merci beaucoup. Nous allons pouvoir procéder à
l'article 29.
M. Jolin-Barrette :
Oui. L'article 41 de cette charte est modifié :
1°
par le remplacement de «rédige dans la langue officielle les communications
qu'il adresse à son personnel. Il rédige et publie en français les offres
d'emploi ou de promotion.» par «doit respecter le droit du travailleur
d'exercer ses activités en français; il est en conséquence notamment
tenu :»;
2° par l'ajout, à la
fin, de ce qui suit :
«1° de voir à ce que
toute offre d'emploi, de mutation ou de promotion qu'il diffuse le soit en français;
«2° de voir à ce que
tout contrat individuel de travail qu'il conclut par écrit soit rédigé en
français;
«3° d'utiliser le
français dans les communications écrites, même celles suivant la fin du lien
d'emploi, qu'il adresse à son personnel, à une partie de celui-ci, à un
travailleur en particulier ou à une association de travailleurs représentant
son personnel ou une partie de celui-ci;
«4° de voir à ce que
les documents visés ci-dessous qu'il rend disponibles soient rédigés en
français et, s'il les rend aussi disponibles dans une autre langue, à ce que
leur version française soit accessible dans des conditions au moins aussi
favorables :
«a) les
formulaires de demande d'emploi;
«b) les
documents ayant trait aux conditions de travail;
«c) les documents
de formation produits à l'intention de son personnel.
«Malgré le paragraphe
2° du premier alinéa, les parties au contrat individuel de travail qui est un
contrat d'adhésion ou dans lequel figurent des clauses-types peuvent être liées
seulement par sa version dans une autre langue que le français si, après avoir
pris connaissance de sa version française, telle est leur volonté expresse.
Dans les autres cas, un contrat individuel de travail peut être rédigé
exclusivement dans une autre langue que le français si telle est la volonté
expresse des parties.
«Malgré le paragraphe
3° du premier alinéa, l'employeur peut communiquer par écrit exclusivement dans
une autre langue que le français avec un travailleur lorsque celui-ci lui en a
fait la demande.»
Commentaire. Les modifications à
l'article 41 de la Charte de la langue française, proposées par
l'article 29 du projet de loi, visent à ce que les employeurs soient tenus
de respecter le droit que l'article 4 de la charte confère aux travailleurs d'exercer leurs activités en français. Pour
ce faire, les modifications proposées prévoient certaines des exigences que les
employeurs doivent satisfaire pour assurer le respect de ce droit.
Ainsi,
l'employeur doit notamment utiliser le français dans les offres d'emploi qu'il
diffuse, dans les contrats de travail qu'il conclut ainsi que dans ses
communications écrites avec les travailleurs et les associations de
travailleurs.
Il doit également
voir à ce que divers documents qu'il rend disponibles dans le cours de ces
activités soient rédigés en français.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 29? Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci,
M. le Président. Donc là, ici, on est rentrés dans les... dans la section de la
langue du travail. Et je pense que j'en ai amplement parlé et dit à quel point
le recul du français... une des causes du recul du français au Québec, depuis
de nombreuses années, c'est la langue qui est parlée au travail.
Un autre élément
aussi que j'ai souvent mentionné, c'est le fait qu'on accueille, par exemple,
des immigrants, souvent, qui parlent français — ce n'est pas tous des
immigrants ou des nouveaux arrivants qui ne parlent
pas français — parce
qu'ils parlent français et quand ils arrivent ici, ils se rendent compte que,
sur le marché du travail, leur anglais n'est pas bon et ils doivent
parler anglais pour pouvoir avoir des bons postes, des bons emplois.
Donc, ça, c'est
vraiment un sujet qui est extrêmement, extrêmement, extrêmement important. On
peut franciser partout dans les écoles, les cégeps, les universités, dans les
maisons, puisqu'on veut aussi vérifier la langue qui est parlée à la maison,
partout, partout, mais, si la langue du travail, ce n'est pas le français et
que le français n'est pas renforcé dans le monde du travail, bien, on n'y
arrivera jamais. On n'y arrivera jamais.
J'aimerais poser des
questions au ministre. J'aurais un amendement, je le dis tout de suite, mais,
tout d'abord, je voudrais poser une question au ministre. De quelle façon ces
modifications font en sorte qu'il n'y aura pas de recul du français dans le
monde du travail? C'est quoi, les éléments importants dans les changements
qu'il fait, là, à l'article 41, donc l'article 29 du projet de loi mais
qui modifie l'article 41 de la charte... quels sont les éléments qui nous
disent : Ah! bien, en faisant ces changements-là, on va faire... on va
protéger le français ou faire reculer, disons, l'anglais au travail?
Le Président (M.
Poulin) : Merci. Mme la députée de Mercier, pour ma compréhension,
vous souhaitez attendre avant de faire le dépôt de l'amendement, c'est bien ça?
Mme Ghazal :
Oui, oui.
Le Président (M. Poulin) : Compte tenu qu'on ne l'a pas, on suspendra pour
pouvoir recevoir votre amendement.
Mme Ghazal : Oui.
Le Président (M.
Poulin) : Il n'y a pas de problème. Alors, M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Et, d'entrée de jeu, je souhaite informer, moi
aussi, que j'ai un petit amendement qui va être communiqué au secrétariat,
M. le Président, très court amendement.
Alors, écoutez, on
fait plusieurs choses. On vient garantir, notamment à l'article 41,
supposons que vous prenez le paragraphe 3°, d'«utiliser le français dans les
communications écrites, même celles suivant la fin du lien d'emploi, qu'il
adresse à son personnel, à une partie de celui-ci, à un travailleur en
particulier ou à une association de travailleurs représentant son personnel ou
une partie de celui-ci».
Prenez le cas d'un
travailleur, O.K., qui a travaillé toute sa vie pour une entreprise. Prenons le
cas d'un travailleur, supposons, qui travaillait dans une papetière sur la
Côte-Nord. Il a passé 30 ans de sa vie là-bas. Du jour au lendemain, il
est congédié, avec son préavis, tout ça, mais ce travailleur-là, supposons
qu'il n'était pas syndiqué, puis là, bien, dans le fond, l'employeur lui
dit : Bien, on met fin à ton lien d'emploi, mais on fait ça en anglais. Le
travailleur, il est unilingue francophone, puis là on lui dit : Bien,
écoute, on t'offre... comme on dit, en utilisant une expression anglophone, on
t'offre un package, mais, dans le package qu'on t'offre pour mettre fin à ton
emploi, c'est juste en anglais : votre indemnité de fin d'emploi, vos
vacances, votre salaire, votre régime de retraite. Puis ça adonne que
l'employeur, dans le fond, il a une place d'affaires au Québec, mais la maison
mère est aux États-Unis. Ça fait que, là, on congédie un employé après de
nombreuses années de service puis on lui dit : Bien, on ne fera pas ça
dans ta langue, on ne fera pas ça en français.
Alors ça, ça vient
protéger le travailleur qui, notamment... il y a une terminaison de son lien
d'emploi, où on dit d'«utiliser le français dans les communications écrites,
même celles suivant la fin du lien d'emploi, qu'il adresse à son personnel, à
une partie de celui-ci, à un travailleur en particulier». Ça, c'est majeur.
C'est pour dire, dans le fond, que le travailleur, il a le droit de recevoir la
documentation écrite de son employeur en français. Puis c'est arrivé au Québec
récemment, encore, que des gens soient congédiés uniquement dans une autre
langue que la langue commune puis que leurs épargnes, leurs vacances, bien, la
personne ne comprend même pas, au Québec, qu'est-ce que ça signifie. Ça fait
qu'on vient garantir le droit au travailleur qu'on communique avec lui en
français.
Mme Ghazal : ...dans la loi
actuelle, dans la charte, c'est permis, quand il y a une cessation... la fin
d'un lien d'emploi, de communiquer... que
l'employeur communique en une autre langue que le français. C'est permis.
C'est-à-dire que
la façon que c'est rédigé, l'article 41 : «L'employeur — ce qui a été biffé, là — rédige
dans la langue officielle les communications qu'il adresse à son
personnel. Il rédige et publie en français les offres d'emploi ou de
promotion.» Comme on ne parlait pas
explicitement de la fin du lien d'emploi, on ne pouvait pas, avec cet
article-là, dire qu'implicitement c'était obligé. Est-ce que c'est le
cas...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Ghazal : ...donc, ce n'était pas
obligatoire, et non pas... On vient juste préciser quelque chose qui est
obligatoire?
M. Jolin-Barrette : Oui, bien, ce
n'était pas obligatoire.
Mme Ghazal : Ce n'était pas...
• (17 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Il fallait le
préciser parce qu'on pourrait se retrouver dans une situation où ce n'était pas
fait. L'autre élément également, dans le projet de loi, dans les mesures, dans
le fond, avant de pouvoir avoir un contrat de travail dans une autre langue que
le français, la version française doit être présentée préalablement.
Mme Ghazal : Pour un contrat?
M. Jolin-Barrette : Pour un contrat
de travail.
Mme Ghazal : Ça, c'est dans quel
article?
M. Jolin-Barrette : Quand le contrat
est adhésion. Donc, c'est le paragraphe 2°. C'est ça,
donc : «De voir à ce que tout contrat individuel de travail qu'il conclut
par écrit soit rédigé en français.»
Mme Ghazal : Donc, ça, c'est
beaucoup les communications écrites?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Ghazal : Est-ce qu'il y a un
autre endroit, dans le projet de loi, là, je ne me rappelle plus des articles
exactement, où on parle aussi des communications orales, où est-ce que, là
aussi quand on dit «écrites», quand on a des exigences pour la communication
écrite, donc, implicitement, l'oral suit ou ce n'est pas la même chose, comme
les autres articles dont on a parlé?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bien,
en fait, il faut comprendre l'article 41 qui est la suite logique de
l'article 4, qu'on est venus insérer, de la charte, qui
confère le droit aux travailleurs d'exercer leurs activités en français. Donc
ça, c'est l'opérationnalisation de qu'est-ce que... en quoi constitue le droit
fondamental de travailler en français.
Mme Ghazal : O.K. Ça, c'est
l'article 4 qui est dans la charte?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme Ghazal : Mais qu'on... On dit
qu'il faut que ça se passe en français, mais qu'après ça... Comme on dit, le diable est dans les détails, les détails
faisaient en sorte qu'il y avait beaucoup de façons de contourner cette
exigence de l'article 4.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, l'article 4,
il n'était pas exécutoire. Dans le fond, il est là, vous avez le droit de
travailler en français, mais il n'y a pas d'outils pour le faire respecter.
Alors, ce qu'on vient faire, notamment à l'article 41, c'est qu'on vient
l'ajouter.
Mme Ghazal : Et, tu sais, moi, j'ai
beaucoup travaillé dans le milieu privé, et, souvent, même les sièges sociaux
des entreprises où j'ai travaillé étaient américains ou ailleurs au Canada,
puis ça arrivait, tu sais, souvent, même quand il n'y avait pas des gens du
siège social qui étaient présents... Quand ils étaient présents, ça se passait
en anglais, c'est terminé, là. Même, un haut dirigeant venait faire une
présentation lors des... ce qu'on appelle les «town hall», les... quand on
avait des rencontres de tous les employés de l'usine, il venait parler en
anglais, puis là on avait le directeur des
ressources humaines qui faisait la traduction parce que la majorité des
employés étaient francophones. Mais ça arrive souvent, en dehors du fait
qu'il y a des gens qui viennent de l'étranger, là, dans l'entreprise, dès qu'il
y a un travailleur qui habite au Québec,
hein, et qui ne parle pas français, ou un cadre, bien, que, dans les
conversations, dans les réunions, il est seul, il est l'unique unilingue
anglophone, et c'est fini, là, tout se passe en anglais, sans aucune exception.
Moi, j'ai vécu ça tout le temps, toujours, même
quand je travaillais dans la très ancienne, très francophone Bombardier. Je me
rappelle très bien. Il fallait que je donne une formation en santé, sécurité et
environnement au travail, et il y avait quelques
travailleurs qui étaient unilingues francophones, là, des Québécois...
anglophones, des Québécois, qui étaient là. Et là on disait à tous les
travailleurs qui... dont la majorité des francophones : C'est correct, pour ne pas perdre du temps, on fait ça en anglais
seulement? Puis là tout le monde, pour montrer qu'ils parlaient anglais puis qu'ils comprenaient : Oui, oui, il n'y a
pas de problème, on comprend, on comprend. Puis là on faisait une formation
en santé, sécurité, et en anglais seulement.
Maintenant, ma
question : Est-ce que ce genre de situation là, avec un article comme
celui-là, même si on parle juste de la communication écrite, n'aurait plus
lieu?
Le Président (M. Poulin) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, on va le voir plus loin, notamment,
c'est notamment au niveau de la procédure de francisation qu'on vient étendre
aux entreprises de 25-49. Donc : «Les programmes de francisation ont pour
but la généralisation de l'utilisation du français à tous les niveaux de
l'entreprise par :
«1°
la connaissance de la langue officielle chez les dirigeants, les membres des
ordres professionnels, les autres membres du personnel;
«2°
l'augmentation, s'il y a lieu, à tous les niveaux de l'entreprise, y compris au
sein du conseil d'administration, du nombre...»
Mme Ghazal :
Ça, c'est quel article?
M.
Jolin-Barrette : C'est 141 de la charte actuellement. On va voir plus loin
également qu'on a des mesures pour renforcer 141 dans le projet de loi
n° 96. Donc...
Mme Ghazal : Et vous avez parlé des membres du C.A. et des hauts dirigeants. Est-ce
qu'on parlait des hauts dirigeants?
M.
Jolin-Barrette : Oui, des hauts dirigeants.
Mme Ghazal :
O.K.
M.
Jolin-Barrette : Donc, ça, c'est 141 de la charte. Quand l'entreprise
est assujettie à la procédure de francisation, c'est 141 qui s'applique. Donc,
nous, dans le projet de loi n° 96, on va venir renforcer également
l'article 141, on va le voir plus loin. Alors, c'est la procédure de
francisation qui s'applique à votre cas d'exemple que vous parlez, là, du
P.D.G. qui...
Mme Ghazal :
C'est...
M. Jolin-Barrette :
Puis, juste pour vous spécifier, dans le fond, là, ce qu'on étudie, c'est
l'écrit, dans le fond, c'est les règles écrites pour les travailleurs, donc,
tout ça. L'oral, ça va être plus loin, notamment avec la procédure de
francisation. Mais ce qu'on fait là, c'est vraiment, tu sais, dans le fond,
tout ce que le travailleur... l'environnement écrit de 41, dans le fond, du
droit de travailler en français, par l'écrit, en quoi ça consiste. Parce que,
exemple, le contrat de travail à 41, bien, nécessairement, c'est un document
écrit, là, ce n'est pas un document oral, là. Donc, on part du principe général
du droit du travailleur d'exercer ses activités en français, puis, dans le
fond, ici, on vise les documents qui vont
être, dans la vie, comment je pourrais dire... dans la vie professionnelle d'un
travailleur, quels seront les documents qu'il consultera.
Quand vous allez à 1°, bien, offre d'emploi, les offres d'emploi, ils doivent être
en français, mutations, promotions qu'il diffuse soient en français. Après ça,
2°, on dit : Contrat individuel de travail qu'il
conclut, il faut qu'il soit rédigé en français.
«3°
[utiliser] le français dans les communications écrites, même celles suivant la
fin du lien d'emploi, qu'il adresse à son personnel, à une partie de celui-ci,
à un travailleur en particulier ou à une association de travailleurs...» Exemple, les communications avec le syndicat, des
communications... l'infolettre, ça doit être en français, les communications...
un avis disciplinaire va devoir être en français.
«4° de
voir à ce que les documents visés ci-dessous qu'il rend disponibles soient
rédigés en français et, s'il les rend aussi disponibles dans une autre langue,
à ce que leur version française soit accessible dans des conditions au moins aussi favorables», c'est-à-dire les formulaires de demande d'emploi, les documents ayant trait aux
conditions de travail, les documents de formation produits à l'intention
de son personnel.
Ça fait que, si
jamais l'employeur veut le rendre dans une autre langue aussi, bien, il faut
que ça soit la même chose, là, en français, là. Exemple, supposons, il y a une
offre d'emploi dans un journal, bien, il faut qu'il soit offert, l'offre
d'emploi, dans un journal... dans une situation équivalente, dans le journal
francophone, supposons.
Ça fait que c'est ça,
ça fait qu'à ce moment-ci j'introduirais l'amendement, si vous le permettez. Ou
vous voulez qu'on continue?
Mme Ghazal :
Bien, moi, j'avais un amendement, donc, on pourrait... Je ne sais pas, est-ce
que...
M. Jolin-Barrette : Parce que
c'est un court, court amendement que j'ai, c'est sur les clauses types.
Le Président (M. Poulin) : L'amendement du ministre vient avant le vôtre,
alors peut-être ça pourrait faciliter l'étude article par article, là.
Mme Ghazal :
Ah! O.K.
Le Président
(M. Poulin) : Parce qu'on cible le 2°, alors
que vous, vous étiez au 5°.
Mme Ghazal :
O.K.
Le Président
(M. Poulin) : Ça fait qu'on pourra y revenir sans problème. Donc,
oui, M. le ministre, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Donc, à l'article 29 du projet de loi, dans
le paragraphe 2°, supprimer, dans le deuxième alinéa de
l'article 4 de la Charte de la langue française qu'il propose, «ou dans
laquelle figurent des clauses-types».
Commentaire.
Cet amendement apporte au deuxième alinéa de l'article 41 de la Charte de
la langue française que propose l'article 29 du projet loi une
modification en concordance avec un amendement qui sera présenté à l'article 44
du projet de loi modifiant l'article 55 de la charte, et ce, afin d'en
retirer la mention des contrats comportant des clauses types.
Donc,
on vient juste barrer, dans l'amendement, la section sur les clauses types, là,
dans l'avant-dernier alinéa, là, dans lequel figurent les clauses types.
Le Président
(M. Poulin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement
du ministre? S'il n'y a pas d'intervention à l'amendement, nous allons procéder
à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Poulin) : Adopté. Alors, Mme la députée de Mercier, est-ce
que vous souhaitez déposer dès maintenant votre amendement?
Mme Ghazal : Bien, je voulais juste, comme, continuer la discussion. Quand le
ministre me parle de l'article 141 de la charte, donc, dans le...
M. Jolin-Barrette :
Oui, de la langue française.
Mme Ghazal :
...puis le projet, il dit qu'on le renforce, donc, dans le projet de loi, c'est
l'article... En faisant une recherche rapide, c'est l'article 84, c'est ça?
M. Jolin-Barrette :
Je ne suis pas rendu là, je vous dirais, mais...
Mme Ghazal :
C'est parce que j'essaie de... Mais ce n'est pas grave. De ce que je vois, ça
ne vient pas toucher au sujet dont je veux parler. À l'article 4, qui
devient exécutoire avec le projet de loi n° 96, est-ce que ça fait en
sorte que les hauts dirigeants aussi doivent parler le français?
M. Jolin-Barrette :
En fait, à cause de la procédure de francisation, c'est l'article 41 qui
s'applique. Donc, dans l'article 41 de la charte, quand on y va, là...
Mme Ghazal :
Ah! c'est 41 de la charte.
M. Jolin-Barrette :
141, pardon.
• (18 heures) •
Mme Ghazal :
141. Oui.
M. Jolin-Barrette :
Donc, 141. Oui, les hauts dirigeants doivent parler le français, parce qu'on
dit là : La connaissance... On
dit : «Les programmes de francisation ont pour but la généralisation de
l'utilisation du français à tous les niveaux de l'entreprise par :
«1° la connaissance
de la langue officielle chez les dirigeants, les membres des ordres
professionnels et les autres membres du personnel.» Puis...
Mme Ghazal :
Les dirigeants?
M.
Jolin-Barrette : Oui, les dirigeants. Puis ensuite, à 2°, vous
avez : «l'augmentation, s'il y a lieu, à tous les niveaux de l'entreprise,
y compris au sein du conseil d'administration, du nombre de personnes ayant une
bonne connaissance de la langue française de manière à en assurer l'utilisation
généralisée.»
Mme Ghazal :
Donc, ce que la charte actuelle dit et qui, visiblement, n'est pas respecté,
elle dit que les dirigeants... mais elle ne dit pas tous les dirigeants, elle
dit : Les dirigeants doivent avoir une connaissance de la langue officielle. Puis après ça, quand on dit
«l'augmentation, s'il y a lieu, à tous les niveaux de l'entreprise...» Ah! oui.
M.
Jolin-Barrette : Bien, chez les dirigeants. Ce n'est pas un
dirigeant sur deux, là, c'est chacun des dirigeants.
Mme Ghazal : Donc, c'est : chacun des dirigeants doit parler le français dans
la charte actuelle, dans notre monde actuel, avant 96?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Avec la procédure de francisation.
Mme Ghazal :
Avec la procédure de francisation, là, qui s'appliquait aux entreprises de...
M.
Jolin-Barrette : Aux 50 et plus, aux 50 et plus.
Mme Ghazal :
50 et plus. Maintenant, c'est 25.
M. Jolin-Barrette :
Nous, on amène ça à 25-49.
Mme Ghazal :
Et d'augmenter le niveau de connaissance partout. O.K. Mais, en ce moment, ça,
ce n'est pas respecté, ces articles-là ne sont pas respectés. Dans le projet de
loi n° 96, où est-ce qu'on renforcit ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, actuellement, les entreprises sont accompagnées par
l'OQLF dans la démarche de francisation.
Mme Ghazal :
Parce que, dans le fond, mon point, c'est que, dans une entreprise comme...
J'ai mentionné quelques exemples où ce n'est même pas les hauts dirigeants, là.
Il suffit juste que quelques employés du même niveau que les autres employés ne
sachent pas parler le français, et, dans le monde du travail, c'est terminé,
tout se passe en anglais. Je veux dire, il
n'y a personne qui n'a pas vécu... qui n'a pas travaillé dans une entreprise
qui n'ait pas vécu ça, à moins que ce soit une entreprise de deux
personnes puis qu'il y ait juste trois francophones, là. Je parle des
entreprises moyennes normales, là.
Moi, j'ai souvent
travaillé dans des entreprises de plus de 100 employés, donc c'est sûr que
la francisation, le processus de francisation s'applique. Et on a aussi des
cas, en ce moment, qui sortent beaucoup dans les médias sur des hauts dirigeants qui ne parlent pas le
français, et je ne parle même pas des entreprises à charte fédérale où le
projet de loi, maintenant, veut que
la Charte de la langue française s'applique, qu'on pense juste au célèbre cas
d'Air Canada avec Michael Rousseau, je ne parle même pas de ces cas-là, je
parle d'entreprises québécoises, siège social au Québec, et les hauts
dirigeants... conseil d'administration, mais même pas les hauts dirigeants dans
l'entreprise, des cadres ne parlent pas notre langue nationale. C'est le cas en
ce moment avec la charte qu'on a, qui dit qu'il faut qu'ils la parlent. Donc, clairement, elle n'est pas
respectée, puis, je ne sais pas, peut-être que, là, ils ne sont pas très bien
accompagnés avec l'OQLF ou il y a eu une démission, on a dit :
Bien, c'est comme ça que ça se passe. Le monde des affaires, c'est en anglais,
puis on a démissionné.
Maintenant, qu'est-ce
qui, dans la Charte de la langue française, vient renforcer ça pour que ça soit
différent une fois que le projet de loi
n° 96 est adopté, pour que cette situation change, puisque c'est exigé
dans la charte actuelle et ce n'est pas respecté, et la situation s'est
empirée, elle s'est empirée au Québec?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans un premier temps, là, vous avez fait référence à la situation
de Michael Rousseau à Air Canada. Dans le fond, Air Canada, c'est une
entreprise de juridiction fédérale, on va venir l'assujettir. Puis, puisqu'on va venir l'assujettir, on va appliquer
la procédure de francisation, c'est une entreprise de 25 employés et plus.
Donc, ils vont être accompagnés par l'OQLF pour amener la généralisation de
l'utilisation du français, notamment au conseil d'administration, mais
également chez les hauts dirigeants. Premier élément.
Également, on rend
exécutoires les droits des travailleurs que leur environnement soit de langue
française. Donc, ça signifie qu'il y a des
recours à la portée des travailleurs pour travailler dans un environnement de
langue française.
Mme Ghazal :
Moi, je...
M.
Jolin-Barrette : Et je tiens juste à réitérer également que, dans la
foulée des événements de la conférence à la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain, l'OQLF a déjà offert à Air
Canada une offre d'accompagnement qui a été, à ce jour, déclinée.
Alors...
Mme Ghazal :
Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire avec... On vous dit non, c'est
terminé? Ça se termine là?
M.
Jolin-Barrette : Justement, un coup qu'on va avoir la loi, on va
s'assurer qu'ils s'impliquent, ils vont devenir assujettis à la juridiction
québécoise, donc à la loi 101, et donc on va appliquer la procédure de
francisation.
Mme Ghazal :
Et est-ce qu'on va lui donner un délai de six mois?
M. Jolin-Barrette : Non, il n'y a
pas de délai de six mois pour que la loi s'applique aux entreprises de
juridiction fédérale.
Mme
Ghazal : Mais, en ce moment, moi, je vais juste regarder la liste, là,
d'entreprises, parce que, là, j'ai parlé de Michael Rousseau en disant :
Bien, c'est une entreprise à charte fédérale. On peut comprendre, admettons, vu
que le projet de loi n° 96 n'est pas encore adopté, il est supposé s'y
appliquer, mais prenons juste des exemples d'entreprises très, très, très.
Québec inc. où les hauts dirigeants ne parlent pas français. Alimentation Couche-Tard.
Ça, je pense que le ministre est au courant.
Rio Tinto Alcan. SNC-Lavalin. Et là je ne parle pas des... je ne parle même
pas des... je parle des hauts dirigeants dans l'entreprise, les plus hauts
dirigeants, qui doivent probablement, quand ils embauchent, embaucher des gens
de leurs connaissances, de leurs contacts, et plus bas dans la hiérarchie, plus
bas, il va toujours avoir probablement des anglophones unilingues. Donc,
comment est-ce que l'article 4 va être respecté?
J'essaie de trouver,
moi, j'ai un amendement qui serait très, très clair et très simple, pour que ça
soit respecté, puisque, dans la situation actuelle, avec la charte actuelle qui
leur exige... et j'ai l'impression que de ce que j'entends des réponses du
ministre, c'est que ce qui est écrit à l'article 141 de la charte actuelle
est suffisant. Il ne le modifie pas. Il dit : Bien, c'est écrit, on exige
aux entreprises du Québec, là, et maintenant aussi à charte fédérale, dans un
autre article, mais concentrons-nous juste sur les entreprises du Québec, c'est
écrit qu'on exige le français pour les dirigeants, les professionnels, etc.
L'article 141, ce n'est pas le cas. Et le ministre ne vient même pas
renforcer cet article-là. Donc, comment est ce que la situation va changer?
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, deux choses l'une. Les entreprises ont le droit d'embaucher des
gens qui ne parlent pas français. Dans le fond, ce sont des entreprises
privées, et ils peuvent embaucher des patrons, peuvent embaucher des dirigeants
ou des travailleurs qui ne maîtrisent pas le français, sous réserve de :
Est-ce qu'ils sont assujettis à d'autres parties de la Charte de la langue
française? Exemple, vous allez chez Lavalin, O.K., puis vous êtes un ingénieur.
Bien, pour être un ingénieur qui travaille chez Lavalin, nécessairement, vous
allez parler français parce que vous avez...
vous devez avoir une connaissance appropriée de la langue officielle. Ça fait
que premier élément.
Là, on est dans le
cadre des dirigeants. La procédure de francisation s'applique donc à partir du
moment où la personne est embauchée et rentre dans la procédure de
francisation. La distinction qu'il y a entre avant le projet de loi n° 96 et
après le projet de loi n° 96, c'est au niveau des droits fondamentaux,
notamment pour les travailleurs. Les travailleurs ont le droit de travailler en
français, et ces mesures-là sont exécutoires. Donc ils vont pouvoir exiger que
ça se passe en français.
Mme Ghazal :
Et comment ça va arriver pour les travailleurs? C'est à dire que le travail va
être dans une... rencontre, comme j'ai mentionné, par exemple, pour une
formation, puis il y a deux personnes dans la rencontre, qui sont un groupe,
là, de travailleurs, et deux personnes ou une personne parle anglais. Et déjà,
on change de langue, puis tout le monde parle en anglais parce que tout le
monde comprend à peu près. Ça fait qu'ils disent : Ce n'est pas grave, là,
on n'a pas de temps à perdre de traduire ou de parler avec les deux langues. On
comprend quand même assez bien, pas besoin. Ça, c'est quand d'autres
travailleurs parlent anglais, Ça fait qu'imaginez quand c'est le boss.
Souvent, on dit, dans
les cours ou les articles de gestion, souvent, la culture d'entreprise, bien,
elle est imprégnée de la stratégie ou de la vision des hauts dirigeants à
l'intérieur de l'entreprise. Donc, si, déjà dans les faits, le haut dirigeant parle en anglais parce qu'il est
unilingue anglophone, qu'on le veuille ou pas, ça va se percoler, ou ça va
déteindre, ou ça va influencer tous les niveaux hiérarchiques de l'entreprise.
C'est sûr et certain, c'est sûr et certain.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, Mme la... Merci. Je ne sais pas si vous avez complété
votre intervention.
Mme Ghazal :
Bien, je suis en train de discuter. Oui. Non, je n'ai pas complété.
Le Président (M.
Poulin) : Ah! d'accord. C'était une pause pour...
Mme Ghazal :
Je réfléchis en même temps que je parle.
Le Président (M.
Poulin) : Ah! c'était une pause. D'accord.
• (18 h 10) •
Mme Ghazal :
Oui, je sais, moi, je suis du genre à... il n'y a pas... jamais de silence dans
mes phrases, puis... mais là je voulais faire de l'effet et avoir un silence,
et vous avez pensé que j'ai terminé.
Le Président (M.
Poulin) : ...coupée. Désolé, c'est de ma faute. J'ai le député de
Matane-Matapédia, qui a également levé sa main, simplement, mais je vous laisse
compléter, Mme la députée de Mercier.
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Question de...
Le Président (M.
Poulin) : Ah! bien, je laissais la députée de...
Mme Ghazal :
Bien, ce n'est pas grave... Il a commencé.
Le Président (M.
Poulin) : Ah! ça vous va? O.K.
M. Bérubé : Très court, mais ça va
aider tout le monde, je pense. Question de compréhension. Le ministre nous
indique qu'une fois que le projet de loi serait éventuellement adopté la loi
s'applique aux entreprises à charte fédérale. Alors, je
veux savoir comment ça fonctionnerait pour Air Canada, pour le CN. Alors, si je
comprends bien, l'exemple qu'il a donné, d'accompagnement pour Air Canada, ça a
été refusé. À partir du moment où ça fonctionne, les fonctionnaires du
gouvernement du Québec peuvent entrer, puis le gouvernement fédéral se
dit : On n'applique pas la loi, mais, une fois qu'elle est adoptée, O.K.,
vous pouvez venir.
J'aimerais ça qu'il m'indique les assurances
qu'il a que le gouvernement fédéral va accepter cela au moment où il va adopter
sa loi. Je ne sais pas s'il a de la correspondance qui peut nous démontrer que
le gouvernement fédéral est en accord, qu'il va abandonner sa juridiction. Ça
fait plusieurs fois que je pose la question, mais, pour l'instant, ça repose
uniquement sur le mode incantatoire du ministre, qui dit : Ça va arriver,
tu sais, mets-le dans le projet de loi, puis
ça va arriver. Pas convaincu de ça, moi, puis, comme je n'ai pas de preuve de
ça, je continue de dire que c'est du n'importe quoi, M. le Président.
Le Président (M. Poulin) : Merci, M.
le député de Matane-Matapédia. M. le ministre, est-ce que vous avez une
réaction?
M. Jolin-Barrette : Bien oui! La
première des choses qu'il faut faire, c'est d'assujettir les entreprises de
juridiction fédérale à la Charte de la langue française. À partir du moment où
le Parlement du Québec adopte la loi, bien, les entreprises sont soumises et
vont être assujetties à un processus de francisation puis à l'ensemble du
régime de la Charte de la langue française. Et l'OQLF a tous les moyens requis
pour imposer notamment un pouvoir d'ordonnance aux entreprises qui ne
s'assujettiraient pas aux programmes de francisation.
M. Bérubé : ...dernière intervention
là-dessus.
Le Président (M. Poulin) : M. le
député, oui.
M. Bérubé : Je présume qu'il y a eu
des échanges avec le gouvernement fédéral, ne serait-ce que parce que le
gouvernement fédéral est au courant qu'il y a ce projet de loi, qu'il y a eu
des échanges. Est-ce que le ministre peut
nous indiquer c'est quoi, la réceptivité du gouvernement du Canada face à une
intention unilatérale du gouvernement du Québec d'intervenir dans un
champ de juridiction fédérale? Parce qu'à la rigueur on pourrait décider qu'on
est les seuls gestionnaires de la culture
uniquement parce qu'on le met dans un projet de loi, qu'on ait un seul rapport
d'impôt. Je pourrais continuer très longtemps les exigences du Québec.
On pourrait se débarrasser de la monarchie. Tu sais, je pourrais continuer très
longtemps. Pourquoi ce serait l'unique cas où ça fonctionnerait parce que le
ministre en a décidé ainsi?
Le Président (M. Poulin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en fait,
c'est parce que, là, le député de Matane-Matapédia fait référence parfois à des
champs de compétence qui sont prévus dans la Constitution nommément. Alors là,
ce n'est pas un champ de compétence qui est prévu par la Constitution, et le
fédéral n'a pas à se retirer de sa juridiction. Le critère, c'est : Au
Québec, c'est la loi québécoise qui s'applique. Et il n'y a rien qui entrave la
compétence fédérale, supposons, sur les chemins de fer, que les Québécois puis
les Québécoises puissent travailler dans leur langue en français au Québec.
Alors, ce n'est pas le fait que le fédéral a une
juridiction sur les avions ou sur les trains. C'est le droit fondamental des
Québécois de travailler dans leur langue en français. Alors, ça, ça doit
s'appliquer et ce n'est pas un motif d'exclusion. Et la charte québécoise va
s'appliquer parce qu'on vient viser toutes les entreprises.
Le Président (M. Poulin) : Merci, M.
le ministre. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui. Bien, en ce
moment, là, dans le monde réel dans lequel on vit, la Charte de la langue française est bafouée à tous les jours dans les entreprises
privées. C'est le cas. J'essaie de trouver, dans le projet de loi,
quelque chose qui va faire que ça va être différent après son adoption. Je ne
le vois pas, mais le ministre est d'accord avec moi.
Il dit qu'il faut que les dirigeants aussi parlent
français, et ça s'applique à eux, pas uniquement aux employés. Même si les
entreprises, les employeurs ont le droit d'embaucher des unilingues
anglophones, il faut quand même respecter le
droit de tout le monde de travailler en français. Mais là on est comme dans
un... comment dire... le chien qui se mord la queue.
C'est parce que le problème, c'est que, quand on
des hauts dirigeants, puis des dirigeants, puis des cadres qui sont unilingues
anglophones, ça fait en sorte que les employés, je veux dire, ils vont... ils
se sentent mal de défendre leur droit de
parler en français. Admettons, je ne sais pas, là, qu'ils veulent négocier une
hausse ou une augmentation, par exemple, dans des cas d'employés non
syndiqués, comme il y en a beaucoup au Québec. Moi, j'ai travaillé dans des
entreprises et syndiquées et non syndiquées de plus d'une centaine d'employés,
avec... dans des usines, là, des shops. Et c'est difficile d'avoir l'employé
tout seul qui doit défendre sa langue devant celui qui lui donne sa paie, celui
qui paie le pain qu'il amène à la maison.
Donc, si le ministre est d'accord avec moi qu'il
faut que les dirigeants aussi parlent la langue, et s'il trouve que c'est
important, puis qu'il trouve que c'est une bonne chose que le projet de loi
fait en sorte que l'article 4 devienne exécutoire, bien, ça va être
important de clarifier cet aspect-là, parce que c'est là le nerf de la guerre.
C'est ça qui est le plus important. On ne peut pas juste
exiger des immigrants de parler français quand, dans les entreprises, ce n'est
pas le cas, on parle des deux côtés de la bouche.
Donc, moi, je demande... Je ne sais pas si le
ministre veut ajouter quelque chose à ce que j'ai dit.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
pense... vous avez un amendement.
Mme Ghazal : Oui, mais l'amendement,
je suis certaine, après la discussion que j'ai eue avec le ministre, qu'il va
être d'accord avec ça puisque lui-même, il a dit : Oui, il faut que les
hauts dirigeants et les dirigeants parlent aussi français pour que ça se passe
en français dans les entreprises.
Donc, moi, je viens juste clarifier ce avec
quoi, il est d'accord avec moi.
M. Jolin-Barrette : Juste pour être
clair, là, dans le fond, on vient conférer au travailleur le droit de travailler en français. Ça veut dire, si le patron
s'adresse dans une autre langue que le français aux employés, l'employé
a un recours en vertu de la Loi sur les normes du travail ou en vertu d'une
poursuite civile également.
Mme Ghazal : Bien, c'est ça que
j'étais en train de dire et que le ministre n'a pas entendu. C'est très
difficile de mettre sur les épaules d'un simple employé, d'un employé et même
d'un cadre dont le boss est unilingue, par exemple, dans la hiérarchie,
unilingue anglophone, de mettre sur ses épaules le poids de défendre sa langue,
de défendre la langue commune en ayant des recours face à la personne qui lui
paie un salaire, face à la personne qui, comme je le disais, fait en sorte
qu'il est capable de vivre, de payer ses factures. C'est très, très difficile.
Il faudrait que, partout dans l'entreprise, on exige, on ait la même exigence
de tout le monde, des hauts dirigeants aussi, de parler... des dirigeants et
des hauts dirigeants, de parler la langue officielle. Je sens que le ministre
est tout d'un coup plus accommodant, disons, maintenant qu'on parle de la
langue du travail et des employeurs et des dirigeants, contrairement à quand on
discutait des articles pour les nouveaux arrivants où, là, il était plus
vindicatif et très, très certain, là, qu'ici au Québec, ça se passe en
français. Il ne m'a pas répété la phrase «Ici, au Québec, ça se passe en
français.» «Ici, au Québec» plusieurs fois, peut-être parce qu'il a compris
qu'on était d'accord sur ce point.
Le Président (M. Poulin) : En vous
invitant à la prudence, évidemment, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, si c'est
pour faire plaisir à la députée de Mercier, ce qui est mon plus grand souhait,
alors, effectivement, ici, au Québec, ça doit se passer en français partout,
dans toutes les entreprises. Et pourquoi j'y faisais référence abondamment
préalablement? Parce qu'on parlait de l'exemplarité de l'État. L'organe qui
doit donner l'exemple, qui doit prendre tous les moyens requis, au premier
titre, c'est l'État québécois, qui est, lui,
le vecteur de communication, le vecteur d'influence également pour l'ensemble
de la société québécoise. Écoutez, 500 000 employés
au niveau de l'État québécois, alors c'est un employeur important, et tout le
monde a des communications avec l'État québécois.
Bon, pour répondre à votre question, notamment
sur le droit des travailleurs, bien, c'est sûr que, là, ce qu'on a fait dans le
cadre du projet de loi, c'est que, lorsque l'employé, il est conventionné, donc
il y a une convention collective qui s'applique, ça va être le mécanisme de
grief qui va s'appliquer.
Donc, lorsque la députée de Mercier
disait : Bien, écoutez, on ne veut pas faire reposer uniquement sur les
épaules de l'employé le fait de formuler une plainte à cet effet-là, bien,
lorsqu'il y a une convention collective, ça passe par la procédure de grief, et
là il est accompagné par son syndicat. Lorsqu'on est dans le cadre d'un
employeur qui n'a pas de syndicat, là, effectivement, à ce moment-là, c'est un
recours qui est effectué en vertu de la Loi sur les normes du travail.
Par contre, il faut savoir que le mécanisme de
plainte à la Commission des normes du travail, c'est que vous êtes accompagné,
vous êtes représenté par la Commission des normes du travail. Donc, il y a des
avocats qui sont disponibles pour prendre en charge la plainte et qui sont des
avocats de la Commission des normes... Ça a été fusionné, là, avec la CSST,
donc l'équité... CNESST. Donc, eux prennent fait et cause et vous représentent.
Mme Ghazal : Combien de cas où des
gens se sont plaints de leur employeur alors qu'ils n'étaient pas syndiqués — j'ai
travaillé, moi, dans des entreprises, comme je le disais, et syndiquées et non
syndiquées — qui
se sont dit : Tiens, moi, je vais aller jusqu'aux normes juste pour ça?
Des fois, c'est d'autres droits qui étaient très, très bafoués, oui,
puis ce n'est pas évident.
M. Jolin-Barrette : La langue, c'est
zéro, parce qu'ils n'étaient pas exécutoires, les droits. Là, on les rend
exécutoires.
• (18 h 20) •
Mme Ghazal : Et là les gens vont
trouver le courage de défendre la langue, alors que, dans la culture de
l'entreprise qui est imprégnée de la vision et du haut dirigeant et des
dirigeants... Vous parlez de l'exemplarité de l'État. Comment faire en sorte que
l'exemplarité de l'État soit suivie par les entreprises? Parce que vous êtes
ferme, vous disiez : Moi, j'étais ferme parce que c'est l'exemplarité de
l'État, donc je suis ferme face aux nouveaux arrivants.
Mais comment faire en sorte qu'elle soit suivie, cette exemplarité, partout
pour que la personne qui arrive, le nouvel arrivant qui ne se fait
parler qu'en français, même si ça fait sept mois qu'il est au Québec, par les
gens de... pour obtenir des services publics, quand il se tourne pour avoir du
travail, finalement, le français est bafoué tous les jours,
on parle des deux côtés de la bouche? Et je vais demander une suspension pour
pouvoir juste prendre le temps de déposer mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Poulin) : D'accord.
Alors, nous suspendons. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 18 h 29)
Le Président (M. Poulin) : Nous
allons pouvoir reprendre nos travaux. Mme la...
Une voix : ...
Le Président (M. Poulin) :
Pardonnez?
Une voix : ...
Le Président (M. Poulin) :
D'accord. O.K. Alors, on va pouvoir reprendre nos travaux. Mme la députée de
Mercier, vous déposez un amendement?
• (18 h 30) •
Mme Ghazal :Oui, il est déjà
sur Greffier, si je ne me trompe pas. Donc, je vais le lire :
Insérer,
après le paragraphe 4° du premier alinéa du paragraphe 2 de
l'article 29 du projet de loi, le paragraphe suivant :
«5° de voir à ce que tous les hauts dirigeants
de son entreprise aient une bonne connaissance de la langue française.»
Donc, avec la modification de l'article 41,
là, par le projet de loi n° 96... 40... par le projet de loi n° 96,
qui vient d'être ajoutée, c'est que l'employeur doit respecter le droit du
travailleur d'exercer ses activités en français, toutes sortes d'activités,
c'est ce qui est écrit, c'est ce qui est mentionné dans le projet de loi, et il
est en conséquence tenu de voir plusieurs... de faire plusieurs choses. Il a
plusieurs obligations qui sont listées ici, quatre éléments. Et moi, je viens d'en ajouter un, qui est de voir à
ce que les hauts dirigeants de son entreprise aient une bonne connaissance
de la langue française. Et, comme je l'ai mentionné tantôt, c'est ça, le nerf
de la guerre.
Si on veut que, partout dans l'entreprise, ça se
passe en français puis que le message soit clair que c'est la langue officielle
du Québec qui doit être respectée pour pouvoir travailler, pour pouvoir gagner
son pain, hein, comme on dit, c'est un des meilleurs incitatifs. Si vous voulez
que les gens partout au Québec, là, parlent français, un des meilleurs
incitatifs, c'est que, dans le monde du travail, ça se passe en français puis
que ça soit difficile de gagner sa vie au Québec si on ne parle pas français.
Actuellement, ce n'est pas le cas, il est tout à fait possible de bien gagner
sa vie et de très bien la gagner en ne connaissant que l'anglais, en étant
unilingue anglophone, ce qui n'est vraiment
pas le cas, par exemple, ailleurs au Canada, bien, ça ne marche pas, là, si on
est unilingue francophone.
Et même, pour certains nouveaux arrivants, ce
qu'ils disent, c'est que, si je veux avoir accès à des postes à la hauteur de
mes compétences, il faut que j'aie une bonne connaissance de l'anglais pour
être capable aussi de monter dans la hiérarchie. Pourquoi? Bien, parce que plus
on monte dans la hiérarchie des entreprises, plus ça se passe en anglais, et
pas uniquement à cause des questions à l'international.
Donc, voilà une façon, vu que le ministre est
d'accord avec moi qu'il faut que ça se passe en français dans le monde du
travail. Et j'espère qu'il est d'accord que sa façon de s'assurer que le
français soit protégé dans le monde du travail ne soit pas uniquement le fait
que le pauvre petit travailleur doit lui-même se lever de bonne heure pour aller contre son employeur aux normes du travail
pour dire : Mon droit de travailler en français n'est pas respecté. Il
faut faire les choses de façon beaucoup plus systématique et différente
que ça. Et de la même façon que ce gouvernement n'hésite jamais à montrer les
gros bras face aux nouveaux arrivants pour dire : Voici, ça se passe en
français, puis à les regarder comme si, eux, leur objectif dans la vie n'est
pas ça... C'est ça, leur objectif, c'est de s'intégrer dans leur société, et,
si c'est en français que ça se passe, bien, ça va être en français, comme dans
n'importe quel pays normal dans le monde. Quand on va dans une... n'importe
quelle société, les gens sont prêts à apprendre n'importe quelle langue si
c'est ça que ça prend puis si c'est une condition pour s'intégrer.
Donc, pour que ça se passe en français dans les
entreprises, je viens de ce monde-là, je vous le dis, ça prend... il faut que
les hauts dirigeants, il faut qu'on soit aussi ferme envers eux qu'on l'est
envers les nouveaux arrivants. Et donc je ne vois pas comment le ministre ne
peut pas... ne peut pas accepter et voter pour l'amendement, qui est très
simple, très clair, qui ne laisse aucune place à l'ambiguïté, que je viens de
déposer.
Le Président (M. Poulin) : Merci,
Mme la députée de Mercier. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions sur
l'amendement? M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Mais
peut-être je pourrais faire une suggestion à la députée de Mercier. Son
amendement, je le trouve légitime. Par contre, je trouve qu'il serait
plus approprié dans le cadre de l'article 141, donc lorsqu'on parle des
programmes de francisation. Parce que, là, à l'article 41, on se retrouve
dans une situation où on est par rapport aux documents
écrits, par rapport aux travailleurs, O.K., quelles sont les exigences. Puis
là, vous, votre amendement, il touche relativement... «de voir à ce que tous
les hauts dirigeants de son entreprise aient une bonne connaissance de la
langue française.» Alors, ça, tu sais, déjà, à 141, on prévoit des obligations pour
les hauts dirigeants. Là, vous, vous bonifiez ça en visant... Il est écrit «les
dirigeants», là, vous, vous rajoutez «tous les hauts dirigeants», ça, je n'ai pas d'enjeu, «aient une bonne connaissance de
la langue française». Alors, je vous suggérerais, lorsqu'on va être à 141, je
vous annonce qu'un tel type d'amendement je l'accepterais, mais à 141. Parce
qu'à 41 c'est vraiment pour le travailleur, les documents écrits,
notamment en lien avec les garanties associées au droit de travailler en
français.
Mme Ghazal :
...revenir sur cette technicalité-là, du fait que ce soit à 41 ou pas, mais
est-ce que j'ai bien entendu le ministre me dire que, si je dépose un
amendement à 141, où je vais modifier le premier alinéa, là, si je me rappelle
bien, et que ce soit écrit «tous les hauts dirigeants», et peut-être que je
vais voir...
M.
Jolin-Barrette : ...connaissance.
Mme Ghazal :
...ça, le ministre va voter pour?
M.
Jolin-Barrette : Oui.
Mme Ghazal :
O.K.
Le Président (M.
Poulin) : Alors, qu'est-ce qu'on fait?
Mme Ghazal :
Bien, attendez, je veux juste revenir sur l'aspect que ce n'est pas là que ça
va. Avant, là, dans l'article 41
actuel, c'est écrit... et qui est biffé, là, mais je vais le lire : «L'employeur
rédige — donc,
écrit, rédige — dans
la langue officielle les communications qu'il adresse à son personnel. Il
rédige et publie en français les offres d'emploi ou de promotion.» Tout ça est
biffé, il n'y a plus de «rédige», ce n'est plus ça. Mais ce qui est écrit,
c'est : «L'employeur doit respecter le droit du travailleur d'exercer ses
activités en français», et là il doit ta, ta, ta. Et moi, j'ajoute les hauts
dirigeants. Il y a eu comme un choix de... Même si l'aspect écrit n'est plus
dans le libellé, il y a eu le choix de... à 1°, 2°, et 3°, et 4° de parler des
documents, de ce qui est écrit, alors que le libellé d'en haut, là, le premier
alinéa ou principal, là, si on veut, le paragraphe principal en haut, c'est
d'exercer ses activités en français. Donc, ce n'est pas juste rédiger puis ce
n'est pas juste des documents, ça peut être tenir une réunion, avoir une
formation, etc. Donc, ça se justifie quand même de le mettre à cet endroit-là.
Mais, si le ministre a cette ouverture-là, est-ce que c'est possible, vu qu'on
est dans le vif du sujet, puis, comme on dit, avec le consentement, tout est
possible, d'aller vers 141 maintenant et de me donner le temps de rédiger un
amendement, de suspendre?
M.
Jolin-Barrette : Bien, en fait, ce que je vous propose, c'est qu'on
rédige le libellé adéquat pour 141 et puis qu'on continue 41. Puis, lorsqu'il
est prêt, on passe à 141.
Mme Ghazal : Juste avant que ce soit écrit par l'équipe du ministre, c'est important
qu'on l'écrive ensemble pour ne pas qu'après ça on recommence. On pourrait... C'est-à-dire
que je ne sais pas comment ça va être écrit. Tout ce qu'on va faire, c'est tous
les hauts dirigeants. Est-ce qu'on va ajouter «aient une bonne connaissance»?
Il faudrait que je voie le détail.
M.
Jolin-Barrette : Dans le fond, vos éléments importants, c'est «tous
les hauts dirigeants» puis «une bonne connaissance»?
Mme Ghazal :
Oui.
M.
Jolin-Barrette : Sur ces deux éléments-là, moi, je n'ai pas d'enjeu.
Mme Ghazal :
O.K.
M. Jolin-Barrette : Ça fait que, si vous permettez, continuons sur 41, quand l'amendement
est prêt, je suggère à la commission d'aller à 141 faire ça, puis on va
revenir après.
Mme Ghazal :
J'apprécie l'ouverture du ministre. Même le président... M. le président est
étonné.
Le Président (M. Poulin) : Je n'irai pas là, mais je peux constater
l'excellente collaboration des parlementaires à trouver des solutions.
Alors, est-ce que, Mme la députée, vous souhaitez retirer votre amendement à ce
moment-ci?
Mme Ghazal :
C'est quoi, la procédure? Je retire ou...
Le Président (M. Poulin) : Bien, en
fait, vous avez l'option de retirer votre amendement, et on continue la
discussion sur l'article, compte tenu que vous avez un engagement du ministre
de revenir à votre question un peu plus tard, dès que l'amendement est rédigé.
Je résume bien les échanges? Oui?
Mme
Ghazal : O.K. Donc, je demande le consentement à ce qu'il soit retiré.
Le Président (M.
Poulin) : Est-ce qu'il y a consentement? Il y a consentement. Alors,
nous retirons l'amendement de la députée de Mercier et nous continuons la
discussion sur l'article 29, s'il y a effectivement des interventions. S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 29 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M. Poulin) : Adopté. Il avait été amendé. Donc, l'article 29 est
adopté. Nous allons à l'article 30.
M.
Jolin-Barrette : L'article 42 de cette charte est modifié :
1° par le
remplacement «d'emploi concerne un emploi dans l'administration, dans un
organisme parapublic ou dans une entreprise
qui doit, selon le cas, instituer un comité de francisation, posséder une
attestation d'application d'un
programme de francisation ou posséder un certificat de francisation, l'» par
«visant à pourvoir un poste, notamment par recrutement, embauche,
mutation ou promotion, [...]diffusée par un»;
2° par la suppression
de «qui publie cette offre d'emploi dans un quotidien diffusant»;
3° par le
remplacement de «doit la publier» par «en plus de l'offre qu'il est tenu de
diffuser en français en vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de
l'article 41, il doit s'assurer que ces offres sont diffusées»;
4° par le
remplacement de «dans un quotidien diffusant en français et ce, dans une
présentation au moins équivalente» par «et
par des moyens de transmission de même nature et atteignant un public cible de
taille comparable, toutes proportions gardées».
Commentaire.
L'article 30 du projet de loi propose de modifier l'article 42 de la Charte
de la langue française pour faire en sorte que les offres visant à pourvoir un
poste qui sont diffusées par un employeur dans une autre langue que le français
doivent être diffusées simultanément avec l'offre qui doit être diffusée en
français en vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 41
tel que modifié par l'article 29 du projet de loi.
De plus, les deux
offres devront être diffusées par des moyens de transmission de même nature et
atteignant un public cible de taille comparable, toutes proportions gardées.
Le Président (M. Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 30? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce l'article 30 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Adopté.
M.
Jolin-Barrette : 31, M. le Président?
Le Président (M.
Poulin) : 31.
• (18 h 40) •
M. Jolin-Barrette :
L'article 43 de cette charte est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa... l'alinéa suivant :
«Une entente
collective, si elle n'est pas déjà rédigée en français, doit également être
disponible dans cette langue dès sa conclusion.»
Commentaire. La
modification proposée à l'article 43 de la Charte de la langue française
par l'article 31 du projet de loi
prévoit qu'une entente collective, si elle n'est pas déjà rédigée en français,
doit également être disponible dans cette langue dès sa conclusion.
Le Président (M.
Poulin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 31? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que
l'article 31 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Merci. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : 32, M. le Président. L'article 44 de cette
charte est modifié :
1°
par le remplacement de «Toute» par «Une version française doit être jointe
immédiatement et sans délai à toute»;
2° par le
remplacement de «faisant suite à l'arbitrage d'un grief ou d'un différend» par
«rendue en anglais à la suite de l'arbitrage d'un grief, d'une mésentente ou
d'un différend, soit»;
3° par le
remplacement de «est, à la demande d'une partie, traduite en français ou en
anglais, selon le cas, aux frais des parties» par «ou d'une entente collective,
soit résultant de l'interprétation ou de l'application d'une telle convention
ou d'une telle entente»;
4° par l'ajout, à la
fin, de... à la fin, des alinéas suivants :
«Une telle sentence
rendue en français est traduite en anglais lorsqu'une partie le demande.
«Toute traduction effectuée en application du
présent article doit être certifiée. Les frais de [...] traduction nécessaire à
l'établissement de la version française prévue au premier alinéa sont assumés,
le cas échéant, par les parties; ils sont, dans les autres cas, à la charge de
la partie qui demande la traduction.»
Commentaire.
Le premier alinéa de l'article 44 de la Charte de la langue française, tel
que modifié par l'article 32 du projet de loi, prévoit qu'une version
française doit être jointe immédiatement et sans délai à toute sentence
arbitrale rendue en anglais en matière de relations de travail.
Le deuxième alinéa de
cet article maintient la règle actuelle permettant d'obtenir, sur demande, la
traduction anglaise d'une sentence arbitrale rendue en français.
Enfin, le troisième
alinéa de cet article prévoit que toute traduction effectuée en vertu de cet
article doit être certifiée. Il prévoit également des règles permettant de
déterminer les parties tenues d'assumer les frais de traduction.
Les dispositions de
l'article 32 entreront en vigueur six mois après la sanction du projet de
loi ou à une date antérieure que peut déterminer le gouvernement, ainsi que le
prévoit le paragraphe 2° de l'article 201.
Le Président (M.
Poulin) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 32?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 32 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Article 33. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : L'article 45 de cette charte est modifié :
1° dans le premier
alinéa :
a) par le
remplacement de «pour la seule raison que ce dernier ne parle que le français
ou qu'il ne connaît pas suffisamment une langue donnée autre que la langue
officielle ou parce qu'il a exigé le respect d'un droit découlant des
dispositions du présent chapitre.» par «, d'exercer à son endroit des
représailles ou de lui imposer toute autre sanction pour la seule raison que ce
dernier ne parle que le français ou qu'il ne connaît pas suffisamment une
langue donnée autre que la langue officielle [...] pour l'un ou l'autre des
motifs suivants :»;
b) par l'ajout, à la
fin, des paragraphes suivants :
«1° il a exigé le
respect d'un droit découlant des dispositions du présent chapitre;
«2° pour le dissuader
d'exercer un tel droit;
«3°
parce qu'il n'a pas la connaissance ou un niveau de connaissance spécifique
d'une autre langue que la langue officielle alors que l'accomplissement
de la tâche ne le nécessite pas;
«4° parce qu'il a
participé aux réunions d'un comité de francisation institué en vertu de
l'article 136 ou de l'article 140 ou d'un sous-comité créé par
celui-ci ou parce qu'il a effectué des tâches pour eux;
«5° pour l'amener à
souscrire, en application du premier alinéa de l'article 138.2, à un
document visé à l'article 138.1, ou pour l'en dissuader;
«6°
parce qu'il a de bonne foi communiqué à l'office un renseignement en vertu de l'article 165.22
ou [collabore] à une enquête menée en raison d'une telle
communication.»;
2° par le
remplacement des deuxième et troisième alinéas par le suivant :
«Est assimilé à une
pratique interdite visée au premier alinéa le fait, pour un employeur, d'exiger
d'une personne, pour qu'elle puisse rester
en poste ou y accéder, notamment par recrutement, embauche, mutation ou
promotion, la connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d'une
[autre langue] que la langue officielle, à moins qu'il ne démontre,
conformément aux articles 46 et 46.1, que l'accomplissement de la tâche
nécessite une telle connaissance et qu'il a, au préalable, pris tous les moyens
raisonnables pour éviter d'imposer une telle exigence.»
Commentaire. Les
modifications proposées à l'article 45 de la Charte de la langue française
par l'article 33 du projet de loi prévoient davantage de pratiques
interdites qu'un employeur ne peut adopter à l'égard d'un membre de son
personnel.
Il assimile également
à une pratique interdite le fait, pour un employeur, d'exiger d'une personne,
pour qu'elle puisse rester en poste ou accéder à un poste, la connaissance ou
un niveau de connaissance spécifique d'une langue autre que la langue
officielle, à moins qu'il ne démontre que l'accomplissement de la tâche
nécessite une telle connaissance et qu'il a, au préalable, pris tous les moyens
raisonnables pour éviter d'imposer une telle exigence.
Les deuxième et
troisième alinéas de l'article 45 de la charte sont supprimés, vu que les
articles 47 et 50 de la charte proposés par les articles 37 et 39 du
projet de loi prévoient le recours... les recours applicables en cas de
manquement.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 33? Je vois que oui. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui,
je voudrais juste être sûre que le dernier paragraphe ne présume pas de
l'adoption du prochain paragraphe, du
prochain article 46. Alors, quand on dit : «Est assimilé à une pratique
interdite — bon — d'exiger
d'une personne — bon — la
connaissance — ta,
ta, ta — à
moins qu'il ne démontre, conformément aux articles 46 et 46.1...» Alors,
ce n'est pas encore adopté, 46, 46.1. Donc, je veux être sûre qu'en adoptant
celui-là on ne présume pas de l'adoption dans la facture actuelle, tout d'un
coup qu'il y a des amendements.
M. Jolin-Barrette : Non. Dans le fond, ça fait référence à 46 puis 46.1, mais 46 puis 46.1
ne sont pas adoptés. On aura le débat sur 46 puis 46.1.
Mme David : Et ça ne nous empêchera
pas de...
M.
Jolin-Barrette : D'amender 46 ou 46.1.
Mme David : ...proposer des
amendements, 46, 46.1, même si on a voté pour cet article-là.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : O.K.
Le Président (M. Poulin) : Est-ce
que... Mme la députée de Mercier et, par la suite, M. le député de D'Arcy-McGee.
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : J'avais juste une
question par rapport à ce qui a été enlevé et le troisième paragraphe, là, qui
a été ajouté. C'est-à-dire que, là, il est interdit à un employeur de
congédier, mettre à pied, les représailles, etc., «parce qu'il n'a pas la connaissance ou un niveau de connaissance
spécifique d'une autre langue que la langue officielle alors que
l'accomplissement de la tâche ne le nécessite pas». C'est juste, comme,
m'expliquer, est-ce que... Est-ce qu'on a repris ce qui a été enlevé, on l'a
mis, ou il y a quelque chose de différent?
M. Jolin-Barrette : À quel alinéa?
Mme Ghazal : Bien, à
l'alinéa 3°. Et je veux juste savoir si c'est la même chose ou il y a
comme une subtilité. C'est-à-dire que ce qui
était en haut a été mis à l'alinéa 3°, ce qui est en haut, ce qui est
biffé, là, «pour la seule raison que
ce dernier ne parle pas français ou qu'il ne connaît pas suffisamment une
langue donnée autre que la langue officielle», c'est la même chose qui a
été juste déplacée, dans le fond.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais
là on a «niveau de connaissance spécifique d'une autre langue que la langue
officielle alors que l'accomplissement de la tâche ne le...
Mme Ghazal : Ne le nécessite pas.
M. Jolin-Barrette : ... nécessite
pas», effectivement.
Mme Ghazal : Alors qu'avant il n'y
avait pas «l'accomplissement de la tâche ne le nécessite pas».
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme Ghazal : Il y avait juste... on
ne peut pas lui exiger ça. Puis est-ce que la façon de dire... de déterminer ça, est-ce que la tâche le nécessite ou est-ce que
la tâche ne le nécessite pas, ça, comment est-ce que... C'est mentionné où?
M. Jolin-Barrette : Ça, c'est 46...
articles 46, 46.1 qu'on va voir.
Mme Ghazal : Ça, ce n'est pas à
l'embauche? Non, hein? L'embauche, c'est 35.
M. Jolin-Barrette : C'est pour tout,
c'est embauche, mutation, promotion, 46, 46.1.
Mme Ghazal : O.K. Ça, c'est dans
l'article 35 du p.l., c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Oui, 36, 36.
Mme
Ghazal : Oui.
L'article 46, c'est l'article 35 du p.l. Donc là, on va le voir en
détail ou comment est-ce que ça va être justifié.
M. Jolin-Barrette : C'est ça, parce
qu'on vient imposer des nouveaux critères pour 46.1.
Mme Ghazal : Oui, je me rappelle que
c'était pour l'embauche. O.K., très bien.
Le Président (M. Poulin) : Merci.
J'avais M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Je crois comprendre que le législateur a une obligation d'agir sur
le principe de nécessité. Peut-être je n'exprime pas ça de façon légale, mais,
en l'absence d'une exigence déjà présente, on peut évidemment légiférer sur
toutes sortes de choses. Est-ce qu'on est dans l'absence, déjà, d'une
stipulation qui réglerait des problèmes dans les alinéas 4° et 6°? Est-ce que
les normes de travail, les exigences de la charte actuelle ne rendraient ça pas
difficile pour un employeur prospectif de congédier quelqu'un «parce qu'il a
participé aux réunions d'un comité de francisation institué en vertu de
l'article 136 ou de l'article 140 ou d'un sous-comité créé par
celle-ci ou parce qu'il a effectué des tâches pour eux» ou, 6°, «parce qu'il a
de bonne foi communiqué — de
bonne foi communiqué — à l'office un renseignement
en vertu de l'article 165.22 ou collaboré à une enquête menée en raison
d'une telle communication»?
Est-ce que je peux comprendre si le ministre
peut m'affirmer qu'en l'absence de ces deux alinéas-là on risque d'avoir une
épidémie de congédiements pour quelqu'un qui a osé, en bonne et due forme,
assister à une rencontre, en bonne foi, ou à collaborer avec une enquête? On
n'écrit pas pour rien ou, des fois, oui, peut-être, on écrit pour rien ou pour
avoir l'impression d'être très vigilant. Est-ce que je peux comprendre s'il peut
imaginer une circonstance... S'il décidait de rayer les alinéas 4° et 6°,
est-ce qu'il a peur que, pour les deux raisons citées dans ces alinéas, on
risque de voir des gens de congédiés pour ces deux raisons-là? Ou est-ce que ça
se peut que, déjà, notre panoplie de lois, de normes de travail, d'exigences
sur quelque employeur que ce soit d'agir de façon responsable, ces deux
éventualités ne se présenteraient jamais? Est-ce que je me trompe?
• (18 h 50) •
Le Président (M. Poulin) : Merci, M.
le député. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, pourquoi
paragraphe 4° et paragraphe 6° sont là, c'est notamment pour protéger
les travailleurs contre des sanctions linguistiques. Un travailleur qui
participerait au comité de francisation de son entreprise, on ne voudrait pas
qu'il soit congédié parce qu'il assiste au comité de travail. On ne voudrait
pas qu'un employé, parce qu'il collabore à une enquête de l'office, ça soit une
mesure de représailles. Donc, on vient nommément dire : Écoutez, c'est une
pratique interdite, et on vient l'indiquer clairement.
M. Birnbaum : Oui, je comprends. Ma
question, c'est d'établir si on est devant une rédaction qui est claire et
nécessaire. Je ne dis pas que ces deux choses devraient être des actes qui peuvent
mener, en quelque circonstance que ce soit, au congédiement. Je me permets la
question : Est-ce que le ministre peut crédiblement me dire, en absence de
ces deux choses-là, 4° et 6°, il n'y a pas de loi, de contraintes auxquelles
serait confronté un employeur qui oserait si ridiculement songer à congédier
quelqu'un? C'est ça, ma question.
M. Jolin-Barrette : Bien, je vous
dirais comme réponse... Puis la discussion que j'avais avec la députée de
Mercier tantôt, c'était une bonne discussion. La députée de Mercier me
disait : Écoutez, l'employé, le travailleur, parfois, va être intimidé, va
être intimidé parce que le boss parle une autre langue que le français. Donc,
il n'osera pas, il n'osera pas, là, aller à
l'encontre de la directive du patron, même si c'est ses droits fondamentaux,
même ses droits.
Donc, il faut assurer aux travailleurs au Québec
les garanties. Et, notamment, le législateur, effectivement, ne parle pas pour
ne rien dire. On considère que c'est fort important d'indiquer très clairement
aux travailleurs : Vous ne pourrez pas être congédiés pour ce motif-là. Tu
sais, on pourrait faire le parallèle de se dire : Une dame qui est
enceinte, on ne devrait pas la congédier pour ça, parce qu'elle est enceinte.
Bien, le législateur, il a prévu... Parce que ça
va de soi, vous êtes d'accord avec moi, M. le Président, qu'on ne devrait pas
congédier une femme parce qu'elle est enceinte, parce qu'elle prend un
congé de maternité. Mais il a fallu, au Québec à un moment donné, dire :
C'est une pratique interdite, puis vous ne pouvez pas congédier une femme qui
est enceinte puis qui va prendre un congé de maternité.
Ça allait de soi que vous ne voulez... que, selon le sens commun, on ne voulait
pas ça, on ne voulait pas congédier une femme qui est enceinte. Mais
pourquoi ça a été mis là? Parce qu'il fallait assurer la protection des
travailleuses sur des pratiques interdites.
Alors, c'est la même chose, on vient simplement
garantir le droit du travailleur. S'il va dans un comité de francisation, il
n'y aura pas de conséquence. S'il fait une... il participe à une enquête de
l'OQLF, il n'y aura pas de conséquence pour son emploi. Moi, je pense qu'il
s'agit de droits importants. Puis on vient créer un environnement où le fait de
protéger le travailleur d'une sanction parce qu'il participe à certains droits
qui lui sont conférés, moi, je pense que c'est un signal positif qu'on envoie
en termes de protection et également si on veut rendre la langue française
comme la langue du travail au Québec.
Le Président (M. Poulin) : M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Alors, on est dans une
nouvelle catégorie d'intimidation linguistique. Je répète ma question. En
absence... J'essaie juste de voir... Et le ministre vient de dire qu'il y a un
symbole qu'on vient de lancer. On ne rédige pas des articles dans un projet de
loi pour être symbolique. On parle de la chose concrète. J'essaie juste de comprendre si le ministre affirme que, selon ces
scénarios-là, qu'il n'y a rien dans notre corpus législatif actuellement
qui rendrait un congédiement irrecevable. Déjà, si un employeur essaie de
congédier quelqu'un parce qu'en bonne foi il aurait communiqué avec l'office un
renseignement en vertu de l'article 165.22... J'essaie d'établir si on est
devant quelque chose, sur le plan législatif,
qui est pertinent et nécessaire. Est-ce que le ministre me dit qu'actuellement
quelqu'un devant la situation, telle qu'identifiée dans l'alinéa 6°,
risque d'être congédié sans recours sans son alinéa 6°? Voilà ma question.
Le Président (M. Poulin) : M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, M. le
Président, la question qui se pose, c'est : Pourquoi est-ce que le député
de D'Arcy-McGee est réticent à inscrire noir sur blanc que c'est une pratique
interdite de congédier quelqu'un parce qu'il
a participé aux réunions du comité de francisation et/ou qu'il a communiqué un
renseignement à l'OQLF? Moi, là, le fait de venir nommer des pratiques
interdites, je n'ai pas de malaise avec ça. On veut que les travailleurs
québécois, là, soient
à l'aise de pouvoir travailler dans leur langue puis surtout qu'il n'y ait pas
de motif qui comprendrait quelconque ambiguïté. Alors, on dit : Écoutez,
c'est un élément qui est important, on garantit le droit aux travailleurs
québécois, prévu à 1° à 6°, et ça constitue des pratiques interdites que
l'employeur ne peut pas faire.
Alors, à la question
du député de D'Arcy-McGee : Est-ce que quelqu'un qui serait congédié pour
ça aurait un recours? Bien, fort probablement qu'il aurait un recours. Mais là
on est dans un... dans un code, je reviens à l'équivalent du Code civil avec la
Charte de la langue française, où on vient prévoir que les droits fondamentaux
de travailler en français sont exécutoires puis on vient donner des droits aux
travailleurs. On vient garantir également qu'ils ont des recours si jamais il y
a une pratique interdite. Et le fait de nommer ces pratiques interdites là, ça
fait peur également du fait qu'on vient protéger les travailleurs de ne pas
avoir de sanction linguistique.
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a autre chose à
ajouter, M. le député de D'Arcy-McGee?
M. Birnbaum :
Non, merci.
Le Président (M.
Poulin) : D'accord. Est-ce qu'il y avait d'autres interventions sur
l'article 33? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Est-ce que l'article 33 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Adopté. Article 34. M. le ministre.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Alors : Cette charte est modifiée par
l'insertion, après l'article 45, du suivant :
«45.1. Tout salarié a
droit à un milieu de travail qui soit exempt de discrimination ou de
harcèlement parce qu'il ne maîtrise pas ou
peu une langue autre que la langue officielle, parce qu'il revendique la
possibilité de s'exprimer dans la langue officielle ou parce qu'il a exigé le
respect d'un droit découlant des dispositions du présent chapitre.
«L'employeur doit
prendre les moyens raisonnables pour prévenir ce type de conduite et,
lorsqu'une telle conduite est portée à sa connaissance, pour la faire cesser.»
Commentaire.
L'article 45 de la Charte de la langue française, proposé par
l'article 34 du projet de loi, reconnaît à tout salarié le droit à un
milieu de travail exempt de discrimination ou de harcèlement qui découle de son
manque de maîtrise d'une autre langue que le français, du fait qu'il revendique
la possibilité de s'exprimer en français ou du fait qu'il a exigé le respect
d'un droit relatif à son droit d'exercer ses activités en français.
Cet article prévoit
également que les employeurs doivent prendre les moyens raisonnables pour
prévenir les situations de harcèlement et de discrimination. Si une telle
conduite est portée à leur connaissance, ils devront prendre les moyens
raisonnables pour la faire cesser.
Le Président (M. Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 34? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Est-ce que
l'article 34 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Poulin) : Adopté. M. le ministre. L'article 35.
M.
Jolin-Barrette : L'article 35 : L'article 46 de cette
charte est modifié :
1° dans le premier
alinéa :
a) par le
remplacement de «pour l'accès à un emploi ou à un poste» par «d'une personne,
pour qu'elle puisse rester en poste ou y accéder, notamment par recrutement,
embauche, mutation ou promotion,»;
2) par l'insertion, à
la fin, de «; même alors, il doit, au préalable, avoir pris tous les moyens
raisonnables pour éviter d'imposer une telle exigence»;
2° par la suppression
des deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième alinéas.
Commentaire.
L'article 35 du projet de loi propose d'abord de modifier
l'article 46 de la Charte de la langue française pour qu'il soit
dorénavant interdit à un employeur d'exiger d'une personne, pour qu'elle puisse
rester en poste ou accéder à un poste, la
connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d'une autre langue que le
français, à moins que l'accomplissement de la tâche ne nécessite une
telle connaissance.
Cet article est
également modifié pour prévoir qu'un employeur qui exige la connaissance ou un
niveau de connaissance spécifique d'une langue autre que le français doit, au
préalable, avoir pris tous les moyens raisonnables pour éviter d'imposer une
telle exigence.
Enfin, les derniers
alinéas de cet article sont supprimés, vu que les articles 47 et 50 de la
charte proposés par les articles 37 et 39 du projet de loi prévoient les
recours applicables en cas de manquement.
• (19 heures) •
Le Président (M.
Poulin) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 35? Je vois la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui, M. le Président,
articles extrêmement importants qui, évidemment... 46 et 46.1, je dirais peut-être
encore plus 46.1, mais, dès 46, qui ont fait réagir tous les... les associations,
les... Conseil québécois du commerce de détail, Chambre
de commerce Montréal métropolitain, Conseil du patronat et d'autres, là, on a
toute la liste, qui sont très inquiets par les conditions.
Nous avons été les premiers, dans notre plan
d'action en langue française, de dire qu'il fallait baliser l'article 46,
et, pour ça, je suis d'accord qu'on y travaille. Maintenant, peut-être que le
ministre a peut-être été très, très, très loin dans le balisage. Alors, je
pense que les entreprises et... puisque je pense qu'il est important de dire à
tout le monde que l'article 46 et 46.1 s'appliquent à toutes les entreprises,
petites, moyennes et grandes, vous allez me
le confirmer, M. le ministre, d'un employé à 10 000,
15 000 employés. On est dans... parce que, là, quand on parle
de toutes, toutes petites entreprises, le Conseil du patronat a de très
importantes statistiques là-dessus, le Conseil québécois de commerce de
détail... Quand on dit commerce de détail, on parle de gens, habituellement,
qui ont du zéro à 10 employés ou zéro à 20 employés. Ça, c'est
beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde, là. Et on pense que... Enfin, moi, je pensais que l'article 46, 46.1
s'appliquaient aux 25-49 employés ou... à cause de la loi, là, on commence
à 25, mais, non, c'est toutes les entreprises qui sont visées par cet
article-là. Donc, imaginez une seconde l'application des trois critères,
ça va être assez exigeant.
Donc, première chose, est-ce que le ministre
peut me confirmer que ça s'applique à toutes les entreprises, les très, très
PME... très, très petites PME, puis les PME, puis les grandes entreprises?
Le Président (M. Poulin) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, ça
s'applique à tous les employeurs.
Mme David : Donc, un employeur peut
avoir, dans un tout petit commerce, deux employés. Bon, maintenant, deuxième
question, est-ce qu'on applique au mot «employé» un EETP, un équivalent...
EETP, c'est dans le réseau collégial, puis ça, ça va devenir très important quand
on va arriver aux collèges, mais est-ce que ce sont des équivalents temps plein ou un employé qui travaille cinq heures
semaine, un étudiant qui vient, un jeudi soir, travailler au
dépanneur... est considéré comme un employé et que, s'il y a 10 employés
pour faire un chiffre de 40 heures ou huit employés qui font
cinq heures, ça correspond à huit employés? C'est-tu de l'équivalent temps
plein?
M. Jolin-Barrette : Ça s'applique à
tous les employés à temps plein.
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Temps plein,
temps partiel, effectivement.
Mme David : Et à temps très, très,
très partiel, et tout ça, parce que ça va devenir drôlement important dans
l'opérationnalisation de ça quand on va dire qu'il faut avoir vérifié, dans les
autres employés, s'il n'y en a pas d'autres qui parlent anglais, etc., qui
parlaient... qui étaient bilingues, est-ce que l'accomplissement des tâches...
Bon, alors, ça va devenir assez compliqué, mais donc ça s'applique... c'est
10 employés. Ça veut dire 10 sur les... qui ont des chèques de paie, comme
on dit, mais ces chèques-là peuvent être pour cinq heures semaine, c'est
ça, autant que 40 heures semaine.
M. Jolin-Barrette : Dans le fond, ça
couvre... Pour l'employeur, c'est lorsqu'il fait une embauche. Donc, ça couvre
tous les types de postes.
Mme
David : Même un jeune de
15 ans qui fait quelques heures à surveiller la piscine ou des choses
comme ça?
M. Jolin-Barrette : Dans le fond,
l'employeur, lui, c'est un employeur. Donc, il ne s'agit pas de segmenter et de
dire : Pas cet employé-là ou, oui, cet employé-là. 46, 46.1 est là pour
garantir le droit de travailler en français, notamment. Donc, les critères
associés à la nécessité, puis on va les voir à 46.1, pour éviter d'imposer une
telle exigence, à moins que ça soit nécessaire, puis on va avoir des critères,
dans le fond, ça s'applique aux employeurs, à tous les employeurs.
Mme David : ....de très petites
organisations, on peut dire, jusqu'aux...
M.
Jolin-Barrette : Tous les
employeurs visent tous les employeurs, autant la multinationale qui est au
Québec, qui a 5 000 employés, que le restaurant qui a
10 employés.
Mme
David : Vos amis de la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain posent une question intéressante.
Ils disent...
M. Jolin-Barrette : Vous avez dit
«mes amis» ou «vos amis»?
Mme David : J'ai dit «vos amis».
M. Jolin-Barrette : Mes amis à moi
ou vos amis à vous?
Mme David :
J'ai dit «vos amis».
M. Jolin-Barrette : Ah! mes amis,
O.K. Je voulais juste être sûr que vous ne voyiez pas mes amis.
Mme David : Vos amis, donc, qui
précisent que... Ils disent, d'ailleurs, dans leur mémoire, à la
page 6 : «L'enjeu est de déterminer qui décide de la nécessité de
connaître l'anglais : Est-ce l'entreprise, le candidat au poste, un
fonctionnaire ou encore un processus gouvernemental normé?»
M. Jolin-Barrette : Est-ce que...
pouvez-vous répéter?
Mme
David : Alors, la question, c'est... l'enjeu, ils
soulignent ça, est de déterminer qui décide de la nécessité
de connaître l'anglais, avec
les critères, là. Est-ce que c'est l'entreprise elle-même, le
candidat au poste, un fonctionnaire ou encore un processus
gouvernemental normé?
M. Jolin-Barrette : Bien, le
mécanisme ne change pas avec les amendements qu'on fait à l'article 46 ou
à l'article 46.1. Ça demeure
l'employeur qui est souverain en lien avec ces articles-là, comme c'est le cas
actuellement.
Mme David : Comme c'est le cas
actuellement.
M. Jolin-Barrette : Comme c'est le
cas actuellement.
Mme David : Donc, c'est l'employeur
qui doit répondre à ces critères-là.
M.
Jolin-Barrette : Exactement, c'est l'employeur qui a la
responsabilité, comme c'est le cas actuellement. Puis, pour mes amis de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, faire peur au monde, faire peur aux employeurs,
ce n'est pas une bonne idée puis ce n'est pas très crédible non plus.
Mme David : Bon, moi, je n'ai pas de
commentaire sur ça, mais je continue sur...
M.
Jolin-Barrette : Vous devriez, vous devriez, parce que c'est ce qui
est arrivé en commission parlementaire.
Mme David : Bien, je continue sur
l'article 46. Quand on dit qu'«un niveau de connaissance spécifique d'une
langue autre que la langue officielle, à moins que l'accomplissement de la
tâche ne nécessite une telle connaissance», on verra, avec le Conseil du
patronat, qu'ils ont beaucoup de réserve à l'utilisation du mot «tâche», parce que, bien, ça va revenir plus loin, là, le
mot «tâche», parce qu'ils disent : C'est très, très segmenté. Un emploi
peut comporter plusieurs tâches. Alors là, ça complique encore plus les
choses. Alors, ça va peut-être être plus pertinent d'amender à 46.1, mais ils
vont vous recommander... et je pourrai relayer leur suggestion, mais je voulais
déjà savoir pourquoi c'est l'accomplissement de la tâche et non pas de
l'emploi. Et vous pourriez me dire : Mais ça ne veut pas dire qu'on ne
peut pas bonifier, que c'était déjà là, dans la Charte de la langue française
actuelle, que... où on parlait de tâche, mais peut-être que, là, 43,
44 ans après, ça s'est un peu complexifié puis qu'on peut parler d'emploi.
Alors, voilà, pour l'instant... parce qu'il
était marqué, dans l'article 46 d'origine, mais qui a été enlevé :
«Il est interdit à un employeur d'exiger pour l'accès à un emploi ou à un
poste...» Puis là c'est devenu : «...pour qu'elle puisse rester en poste
ou y accéder, notamment par recrutement, embauche, [...]la connaissance [...]
spécifique d'une langue[...], à moins que l'accomplissement de la tâche...»
Alors là, il y a confusion, il y a trois mots possibles, il y a le poste, il y
a l'emploi ou il y a la tâche. Là, on a l'air de faire vraiment de la
sémantique, mais c'est parce que les employeurs, eux autres, ils savent ce que
ça veut dire. Alors, dans les critères, ça va devenir très important, la
différence entre poste, tâche et emploi.
M. Jolin-Barrette : Bien, «tâche»
était déjà là à 46.
Mme David : Je le sais, mais ça ne
veut pas dire qu'on ne peut pas l'améliorer, hein, la charte existante.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais il faut s'inspirer également des bonnes
choses qui ont été faites dans le passé aussi.
Mme David : Alors, pourquoi c'est
une bonne chose?
M. Jolin-Barrette : Bien, dans le
cadre d'un emploi, vous avez plusieurs tâches.
Mme
David : C'est ça. C'est ça, mais vous dites «de la tâche»,
«à moins que l'accomplissement de la tâche», comme si l'employé avait
juste une tâche.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais :
«Il est interdit à un employeur d'exiger d'une personne, pour qu'elle puisse
rester en poste ou y accéder, notamment par recrutement, embauche, mutation ou
promotion, la connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d'une langue
autre que la langue officielle, à moins que l'accomplissement de la tâche ne nécessite une telle connaissance; même alors, il
doit, au préalable, avoir pris tous les moyens raisonnables pour éviter
d'imposer une telle exigence.»
Donc, le poste ou
l'emploi, c'est... comme on dit, c'est la tablette, la tablette, vous êtes sur
une chaise, hein? Souvent, on dit ça, là,
dans le fond, un poste, c'est une chaise, mais, pour définir qu'est-ce que vous
faites dans le cadre de votre poste, bien, ça, c'est une tâche.
Mme David : Il
va y avoir plusieurs tâches dans un poste. Vous en êtes l'exemple incarné.
M.
Jolin-Barrette : Oui, mais j'ai plusieurs postes.
• (19 h 10) •
Mme David : Peut-être
qu'il y a des tâches qui impliqueraient que vous parliez une langue autre que
le français, exemple, être ministre des Relations internationales, ce que vous
n'êtes pas, mais que, peut-être un jour, on ne sait pas, et... ou être dans une
tâche x, et, dans 80 % du reste de vos autres tâches, il n'y a aucune
exigence de vous exprimer dans une langue autre.
M.
Jolin-Barrette : Exactement. C'est pour ça que le critère de nécessité
est important.
Mme David :
Mais c'est là que l'employeur va être très, très, très mal pris, parce qu'il va
falloir qu'il segmente non seulement les postes, mais les tâches pour être sûr
que cette tâche-là, il n'y a personne d'autre qui peut l'avoir, mais là
peut-être qu'il y a un employé Y quelque part qui, lui, sait... connaît déjà
une langue autre que le français, disons, qu'il parle... il est un peu plus
bilingue, et puis là cette tâche-là... Donc, il va falloir que l'employeur
scinde le poste pour donner une partie de la tâche à quelqu'un qui l'a déjà,
mais ça ne marche pas dans son organigramme. C'est plate à dire, mais c'est ça,
les préoccupations d'un employeur. Et vous trouveriez bien triste,
probablement, de vous mettre trop à dos ou trop mécontents, je ne sais pas
combien, 45 000 PME qui ont beaucoup de craintes par rapport à ça.
M.
Jolin-Barrette : Bien, 46.1, on fait référence... à 3°, on fait
référence à «tâches» au pluriel également. Donc, on comprend le concept
relativement à plusieurs tâches. Donc, on va le voir, c'est une analyse
globale, à 46.1, qui doit être effectuée en prenant en compte les trois
critères.
Mme David :
Bon, mais je trouve que ça ne simplifie pas les choses, parce que, dans la même
phrase, vous avez cette confusion entre «poste» et «tâche» pour que... «Il est
interdit à un employeur d'exiger d'une personne, pour qu'elle puisse rester en
poste ou y accéder, [...]la connaissance[...], à moins que l'accomplissement de
la tâche...» Comme s'il ne faisait rien
qu'une tâche, puis que c'est un synonyme, alors qu'après on parle des tâches.
J'essaie, parce que ça va être
tellement important, dans cet article-là, que tout le monde sorte... Je parle
plus des entreprises, là. Ce n'est pas nous qui allons vivre avec le
projet de loi, c'est eux.
M. Jolin-Barrette : Mais le poste n'est pas une tâche. Dans un poste, vous avez une tâche
ou plusieurs tâches.
Mme David :
C'est ça.
M.
Jolin-Barrette : Mais le poste, ce n'est pas la tâche en soi.
Mme David :
C'est ça. Alors, c'est... Là, on met un équivalent : «à moins que
l'accomplissement de la tâche». C'est parce qu'on a pris deux bouts de
phrase du nouveau et puis de la charte actuelle.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais : «Il est interdit à l'employeur
d'exiger d'une personne, pour qu'elle puisse rester en poste ou y accéder,
notamment par recrutement, embauche, mutation ou promotion, la connaissance ou
un niveau de connaissance spécifique d'une langue autre que la langue
officielle, à moins que l'accomplissement de la tâche ne nécessite une telle
connaissance; même alors, il doit, au préalable, avoir pris tous les moyens
raisonnables pour éviter d'imposer une telle
exigence.» Bien, ce n'est pas contradictoire. On accède à un poste, on
accomplit une tâche.
Mme David :
Oui, mais c'est parce que j'ai peur que ça soit assez confus quand on va dire,
pour l'employeur, s'il y a plusieurs
tâches pour un même poste... Là, peut-être qu'une partie de ses tâches, dans la
mutation ou la promotion, là, va exiger
l'anglais puis pas les autres parties de la tâche. Donc, il faut qu'il revoie
son organigramme, il faut qu'il... C'est un peu compliqué, là.
M.
Jolin-Barrette : Bien, on va le voir à 46.1. Dans le fond, on
n'empêche pas un employeur d'exiger une autre langue que le français, mais par
contre il y a des critères à respecter. Ce n'est pas parce que... Dans le fond,
là, le problème, puis vous l'avez vu à Montréal, là, avec les enquêtes qui ont
été rendues publiques, là, que ça soit par les différentes sources
journalistiques, que ça soit par l'OQLF, notamment, relativement au fait qu'on
exige systématiquement une maîtrise de la langue anglaise pour des postes
qui... Est-ce que c'est nécessaire dans tous les postes? Est-ce qu'on doit
faire en sorte qu'un poste de concierge on exige l'anglais pour travailler à
Montréal?
Mme David :
On est d'accord.
M.
Jolin-Barrette : Bien, je ne pense pas, mais c'est pas mal plus... Tu
sais, ce n'est pas...
Mme David : Bien, un poste de
concierge, il n'a peut-être pas beaucoup, beaucoup de tâches différentes, c'est-à-dire c'est la tâche, c'est... le poste
lui-même, ça serait probablement suffisant de parler de poste dans ce cas-là.
M. Jolin-Barrette : Bien non, parce
qu'un poste, un poste, là, c'est la chaise sur laquelle vous êtes assis, là. Tu
sais, dans le fond...
Mme David : Bien, c'est un peu
réducteur.
M.
Jolin-Barrette : Non, mais
ce que je veux dire, c'est que, souvent, là, supposons, sur... dans les
conventions collectives, là, ils créent des noms de postes, O.K., ça
fait que c'est ce que je veux dire, là. La chaise physique, là, c'est un poste,
mais ça ne veut pas... on ne sait pas c'est quoi, la tâche rattachée au poste.
Chaque poste a une tâche ou des tâches différentes. Donc, ce n'est pas normal
qu'à Montréal on exige, pour tous les postes... Parce que c'est ça, le critère, hein, c'est toujours plus facile
d'exiger le bilinguisme. On ne se pose pas de question, là. On ne fait pas
d'effort, là, on dit... le mur-à-mur,
là, on exige le bilinguisme autant pour servir de la crème glacée, que vendre
des jeans, que de répondre au téléphone, que...
Le Président (M. Poulin) : Chers
collègues, je dois malheureusement vous remercier.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux. Sachez que ça a été un plaisir pour moi de présider en votre
compagnie, et je salue la députée d'Anjou—Louis-Riel également. Merci
beaucoup. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 19 h 16)