(Neuf heures quatre minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour, tout le monde. Votre attention, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des
consultations particulières au projet de loi n° 9,
Loi sur le protecteur national de l'élève.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme David
(Marguerite-Bourgeoys) sera remplacée
par Mme Charbonneau (Mille-Îles); Mme St-Pierre
(Acadie), par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); et Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, ce matin, nous allons débuter par les remarques... Non, nous allons entendre les groupes suivants :
l'Association québécoise des cadres scolaires, l'Association des commissions
scolaires anglophones, la Fédération québécoise de l'autisme et l'organisme Je
protège mon école publique.
Donc, nous
accueillons maintenant l'Association québécoise des cadres scolaires et leurs
représentants : M. Jean-François
Parent, président-directeur général; Mme Marie-France Dion, secrétaire
générale et directrice, Service du secrétariat général et des
communications, centre de services scolaire des Mille-Îles; et M. Érick Parent,
secrétaire général, centre de services scolaire de la Capitale. Bienvenue et
merci d'être avec nous ce matin.
Donc, on vous a bien expliqué. Vous aurez 10
minutes pour nous présenter votre exposé. Il y aura un échange par la suite
avec les membres de la commission. Et, sans plus attendre, je vous cède la
parole.
Association québécoise
des cadres scolaires (AQCS)
M. Parent (Jean-François) : Alors,
merci à vous. M. le ministre, mesdames et messieurs, membres de la Commission
de la culture et de l'éducation, je vous remercie d'accueillir aujourd'hui
l'Association québécoise des cadres scolaires.
L'AQCS a accueilli positivement le dépôt du
projet de loi n° 9 et souligné sa satisfaction quant au fait que les
nouveaux protecteurs régionaux d'élèves ne soient pas identifiés comme porte
d'entrée de l'examen des plaintes dans le réseau scolaire. Nous avons également
vu d'un bon oeil la mise en place du Protecteur national de l'élève, notamment
à l'égard du rôle qui lui est imparti en matière de concertation et de
formation des protecteurs régionaux d'élèves. Cet avis de l'AQCS soumis au
ministre... est soumis au ministre afin de contribuer à l'amélioration du
processus lié au traitement des plaintes des parents et des élèves.
Trois commentaires généraux, d'abord. Alors, on
va débuter avec la définition de certains termes. Le projet de loi n° 9
utilise différents termes qui ont un impact sur le travail des cadres des
services et des établissements. Une définition des termes suivants permettrait
de clarifier l'application de différents articles du projet de loi.
D'abord, le
terme «plainte», qui est un terme générique, qui peut désigner une simple
demande d'information, une insatisfaction, par exemple, facturation pour
les services de garde, une retenue lors d'une récréation ou code vestimentaire,
et s'étendre jusqu'à une réclamation ou une poursuite, c'est le mot clé du
projet de loi, et le définir nous apparaît impératif. «Dénonciation». Le projet
de loi remplace les notions de signalement et de plainte par celle de la
dénonciation au sens du plan de lutte contre l'intimidation et la violence. On
se demande un peu pourquoi avoir inclus ce terme. «Allié». Comment interpréter
ce terme?
Deuxième
commentaire général, la procédure d'examen des plaintes. L'article 220.2
de la Loi sur l'instruction publique, prévoyant que les centres de
services scolaires et les commissions scolaires doivent établir par règlement
une procédure d'examen des plaintes, a été modifié par l'article 69 du projet
de loi. Notre association s'interroge sur la portée et l'application d'un tel
règlement local puisque tout le processus de traitement des plaintes est défini
par le projet de loi.
Troisième commentaire général, le réseau de la
santé. Le projet de loi prévoit différents délais à chaque étape de la
procédure d'examen des plaintes. Or, plusieurs plaintes liées aux services
éducatifs nécessitent des diagnostics et des évaluations des professionnels du
réseau de la santé pour les élèves à besoins particuliers. Alors, on pense ici
aux évaluations pédopsychiatriques, des plans de services individualisés
également. Donc, il est important que le législateur fasse un arrimage étroit
avec ce réseau sur le plan des délais prévus au projet de loi.
Nominations et organisation au comité de
sélection pour les protecteurs régionaux de l'élève. Des cadres des services
administratifs des CSS sont exclus du comité de sélection pour les protecteurs
régionaux de l'élève, ce que nous avons du mal, je ne vous le cache pas, à
concevoir. Les cadres des services offrent des services directs à l'élève, dont
l'impact sur leur réussite, est fondamental.
Et, pour fins
d'illustration, on pense ici aux cadres des services éducatifs, qui sont
responsables en bonne partie des services complémentaires, des services
régionaux pour les écoles régionales, l'adaptation scolaire, cours d'été, technologies de l'information puis tout ce
qui est soutien technopédagogique, les secrétaires généraux responsables
des plaintes, les gens qui sont à l'organisation scolaire, tout le champ de la
mission d'inscription, transfert d'élèves, le transport scolaire et les
ressources humaines.
Donc, étant donné le rôle et les fonctions
qu'ils exercent, il est incontournable que des cadres scolaires soient inclus au sein du comité de sélection pour
l'embauche des protecteurs régionaux. Et notons que la majorité des plaintes
dans les CSS concerne les plaintes ou les
services liés aux élèves HDAA dont ce sont les services éducatifs,
l'organisation scolaire, qui est l'admission ou l'inscription des
élèves, les transferts ainsi que le transport.
• (9 h 10) •
Fonctions et responsabilités. L'article 15
du projet de loi attribue un rôle de veille des droits des élèves au protecteur
régional de l'élève. Selon l'AQCS, ce rôle devrait être précisé. Devrait-il
s'établir dans le cadre spécifique du
traitement d'une plainte ou plus largement? L'AQCS propose que le protecteur
régional de l'élève s'assure... assure, pardon, son rôle de veille
uniquement dans un contexte de dépôt d'une plainte ou lors d'une demande
d'avis.
Par ailleurs,
nous constatons que le protecteur régional devra donner son avis sur toute
question que lui soumet le conseil d'administration de la CSS, un comité
de parents ou un comité des élèves relativement aux services que rend le CSS.
Cette notion devra être clarifiée. Les avis du protecteur régional de l'élève
seront-ils rendus publics, soumis au conseil
d'administration? De quelle façon les suivis vont être assurés? C'est une
préoccupation que nous avons.
Le libellé de l'article 21 du projet de
loi, maintenant, prévoit que l'élève, l'enfant ou les parents de ceux-ci qui
sont insatisfaits d'un service peuvent formuler une plainte à la personne
directement concernée par la plainte ou à son supérieur immédiat. L'utilisation
du verbe «pouvoir» dans cet article laisse supposer que le plaignant peut passer
à un autre palier d'intervention avant d'en
saisir la personne concernée ou son supérieur immédiat. L'AQCS demande que le verbe «devoir» soit utilisé dans cet
article de façon à bien respecter chacune des étapes du cheminement d'une
plainte.
Par ailleurs, l'article 23 du projet de loi
préoccupe vivement l'AQCS, notamment à l'égard du rôle confié au conseil d'administration d'un CSS relatif au
traitement d'une plainte. Ce rôle ne correspond pas aux principes de saine
gouvernance des nouveaux conseils d'administration.
Le C.A. d'un CSS doit, d'abord et avant tout, se porter garant du
respect de la mission du centre de services scolaire.
Ainsi, il doit adopter un plan d'engagement vers
la réussite, évaluer la performance de l'organisation en fonction de ce plan,
embaucher un directeur général à qui il délègue son autorité sur les affaires
courantes. Il exerce une surveillance
appropriée, et voit à ce que le centre de services scolaire procède à une
gestion compétente des risques, et adopte un budget annuel ainsi que
l'ensemble des politiques de l'équipe de direction. Le conseil d'administration
ne doit pas avoir de rôle dans la gestion
courante de l'organisation. Celle-ci appartient, d'abord et avant tout, à la
direction générale. L'avis sur le bien-fondé d'une plainte ne devrait
donc pas être transmis au conseil d'administration, mais bien à la direction
générale, qui veillera à s'assurer que tous les aspects de la plainte, en
fonction de sa nature et de sa portée, ont été traités avec rigueur.
Ajoutons, à la lumière de notre expérience
terrain, qu'il est irréaliste que les C.A. soient saisis de tous les avis des
responsables du traitement des plaintes. Une analyse de quelques compilations
annuelles de traitement des plaintes laisse présager que plusieurs centaines
d'avis risquent d'être transmis aux membres des conseils d'administration, et,
en vertu des dispositions de l'article 23 du projet de loi, le responsable
du traitement des plaintes doit donner son avis sur le bien-fondé d'une plainte
dans un délai de 15 jours ouvrables.
Le conseil d'administration devra donc tenir
plusieurs séances extraordinaires, et probablement plus de séances extraordinaires
que de séances ordinaires. Cette fréquence de rencontres pour des dossiers
d'affaires courantes va à l'encontre des principes de saine gouvernance et
accrédite la thèse que la direction générale doit jouer un rôle de premier plan
en matière de traitement des plaintes.
Le traitement
des plaintes dans les établissements privés maintenant. L'article 26,
alinéa deux, du projet de loi prévoit qu'aux fins de l'application
de la section relative au traitement des plaintes par un CSS ou un établissement
d'enseignement privé le conseil d'administration du centre de services scolaire
désigne un établissement d'enseignement privé. Concrètement, cela signifie
qu'un directeur général d'un établissement d'enseignement privé substitue le
C.A. d'un CSS public et que le législateur accorde au privé une souplesse
administrative que le public n'a pas. Nous ne sommes pas opposés à cette
application dans le réseau privé dans la mesure où les mêmes responsabilités
sont confiées aux directeurs généraux des CSS.
Traitement des plaintes par le protecteur
régional de l'élève. Le rôle du protecteur régional de l'élève est défini dans
le chapitre II, section II du projet de loi, et cette partie du
projet de loi précise, entre autres, que, lorsque le protecteur régional de
l'élève examine une plainte, il doit en informer le CSS. Toutefois, quand il
refuse d'examiner une plainte ou qu'il met fin à l'examen d'une plainte, le
protecteur régional de l'élève n'a pas l'obligation d'en informer le CSS.
L'AQCS croit que le protecteur régional de l'élève devrait avoir l'obligation
d'informer le responsable du traitement des plaintes.
Délais applicables maintenant. L'article 39
précise, par ailleurs, que «le centre de services scolaire doit, dans les 10
jours ouvrables de la réception de toute conclusion ou recommandation, informer
par écrit le plaignant et le protecteur
régional de l'élève des suites qu'il entend donner et, le cas échéant, des
motifs justifiant tout refus d'y donner suite». Étant donné qu'en vertu de
l'article 58 du projet de loi le conseil d'administration peut infirmer,
en tout ou en partie, une décision visée par les conclusions ou des
recommandations formulées en application de l'article 38 de la Loi sur le
protecteur national de l'élève et prendre la décision qui, à son avis, aurait
déjà été prise en premier lieu, l'AQCS considère que le délai prévu à
l'article 39 du projet de loi n'est pas suffisant pour permettre au
conseil d'administration d'examiner la décision du
protecteur régional de l'élève. L'AQCS propose un délai de 20 jours
ouvrables.
En conclusion, nous
insistons pour que les principes de subsidiarité et de saine gouvernance soient
respectés relativement aux avis sur le bien-fondé des plaintes à remettre au
conseil d'administration. La direction générale doit être mise à contribution.
Le législateur doit lui laisser sa place. Quant au conseil d'administration, il
pourra en être informé subséquemment, et ce, dans une forme plus générale qui
protégera la confidentialité de l'information. Le législateur devra porter une
attention particulière pour reconnaître pleinement l'expertise des cadres et
leur accorder leur place au comité de sélection des protecteurs régionaux
d'élèves.
Ajoutons, en
terminant, qu'il est important que ce projet de loi prévoie une meilleure
communication entre les protecteurs régionaux d'élèves et leurs responsables de
traitement des plaintes des centres de services scolaires. Je vous remercie de
votre attention.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Donc, nous pouvons débuter les
échanges, en commençant avec M. le ministre.
M. Roberge :
Oui. Alors, merci beaucoup pour votre mémoire et votre présentation, M. Parent,
Mme Dion et M. Parent.
D'abord, je constate
que, comme, je pense, la grande majorité des intervenants, vous considérez que
c'est certainement une avancée qu'on fait avec ce projet de loi là. Vous
arrivez quand même avec plusieurs propositions d'amendements, et je vous
reconnais, comme groupe, là, toujours, je dirais, pointilleux sur la cible, avec
des propositions assez précises, là. On voit que vous êtes des gens qui
travaillent, en ce moment, dans le réseau, qui traitez, en ce moment, des plaintes. En tout cas, vous avez parmi vos
membres des gens qui ont les deux mains dedans. Donc, on va... Si vous le voulez, je vais y aller assez vite pour passer
une après l'autre certaines de vos recommandations, préoccupations, pour
bien, bien les comprendre.
D'entrée de jeu, vous
dites que c'est une bonne chose que, dans le projet de loi, tel qu'il est écrit
à ce moment, c'est une bonne chose que le protecteur régional de l'élève ne
soit pas la porte d'entrée. D'autres groupes nous ont dit le contraire ou, en
tout cas, d'autres qui s'en viennent aussi nous disent qu'on devrait, d'entrée
de jeu, pouvoir aller au protecteur régional. Pourquoi vous privilégiez de ne
pas faire du protecteur la porte d'entrée?
M. Parent
(Jean-François) : Bien, vous savez, une organisation, de façon à ce
qu'elle évolue... qu'elle évolue bien, elle doit être bien rattachée à sa
mission, à sa clientèle, en l'occurrence les parents des élèves, l'enfant. Si
les gens qui sont sur le terrain ne sont pas mis à contribution pour résoudre
une problématique particulière ou une plainte, alors, que ce soit au niveau de
l'établissement ou au niveau du centre de services scolaire, l'organisation
est, en quelque sorte, un peu désincarnée de la satisfaction de sa clientèle ou
de l'insatisfaction de sa clientèle, et on s'en va directement à une personne
qui est indépendante.
Alors, vous savez, M.
le ministre, on montre aux enfants, sur les cours d'école, dans le cadre du
programme Vers le Pacifique, de résoudre ensemble leurs problèmes, hein? On
leur demande de faire de la conciliation s'il y a un problème, d'aller voir le
surveillant sur la cour d'école. Par la suite, bien, tu sais, s'il y a une
difficulté, les parents peuvent aller à la direction. Donc, on franchit les
étapes une à une. Alors, je pense qu'en tant qu'adultes c'est aussi ce qu'on
doit faire par rapport aux centres de services scolaires et aux différents
paliers de plaintes.
M. Roberge : ...tellement
ancré sur la réalité de l'école et même de la cour d'école, ce que vous venez
de dire. J'en ai des souvenirs,
effectivement, médiation entre élèves, surveillants d'élèves, directions
d'école. Là, avec le protecteur de
l'élève, on se dit : Bien, l'école, le centre de services, le protecteur
régional... Je comprends la démarche.
Pour ce qui est des
délais, encore une fois, il y a des gens qui trouvent que ça va trop vite,
d'autres qui trouvent que ça ne va pas assez vite. Je comprends que vous
voulez, évidemment, que les choses se fassent bien. Vous nous dites que ça serait peut-être préférable d'allonger les
délais. Je vous retourne une question. Est-ce qu'on pourrait peut-être garder
les délais tels qu'ils sont avec la possibilité d'y déroger de manière
exceptionnelle ou d'y déroger... toujours en ayant l'obligation de se
justifier, plutôt que systématiquement augmenter le nombre de jours à chacun
des paliers?
• (9 h 20) •
M. Parent
(Jean-François) : On serait plutôt à l'aise avec ça. Je dois vous dire
qu'on ne s'est pas attardés à l'ensemble des délais un à un puisqu'au global
ils nous convenaient. On convient, par exemple, qu'il peut y avoir des situations plus complexes qui nécessitent des
délais de traitement plus longs. Puis on convient également qu'il peut y avoir
des périodes dans l'année, notamment, lorsqu'il y a un goulot d'étranglement,
là, à la rentrée, par exemple, en juin, lors des périodes de classement, par
exemple, de transport scolaire également, des transferts d'élèves. Alors là, ça
peut peut-être être un petit peu plus long. Et on ne peut pas ignorer aussi la
période de l'été qui, elle aussi, là, peut causer peut-être des petites
difficultés, là, pour rejoindre tout le monde. Donc, on serait à l'aise avec
ça.
Là où il y a un délai
qui, pour nous, était un petit peu plus problématique, c'est celui où...
Lorsqu'on reçoit du protecteur de l'élève
une recommandation et qu'on donne 10 jours au centre de services scolaire,
là, pour, peut-être, infirmer, en tout ou en partie, là, sa
recommandation, je dois vous dire que ce délai-là de 10 jours, pour nous,
était peut-être celui, là, qui était un
petit peu plus problématique. Donc, lui, il pourrait être effectivement
prolongé, là, dans certaines circonstances. On pense que ça pourrait se
produire.
M. Roberge : Je poursuis la
discussion avec vous sur ce thème-là, parce que c'est important autant, pour le
réseau, de faire son travail comme il faut, mais autant pour le parent et
l'élève, parce que, bien, pour eux, c'est toujours une
urgence, c'est toujours... eux, ils ne sont pas dans un cas, ils sont dans leur
enfant, ils sont dans... Puis, s'ils portent plainte, c'est parce que ça les
touche, là, au coeur. Ce n'est pas, sans doute, pour une dictée où il fallait
avoir 19 sur 20 plutôt que 18 sur 20. Alors, c'est quelque chose,
d'habitude, qui est assez important.
Le fait que vous, vous souhaitez un délai plus
grand à la toute fin du processus, là, dans le cas où un protecteur émet des
recommandations, puis ce n'est peut-être pas à chaque fois, là, est-ce que
c'est parce que ça se rend au conseil d'administration et que vous dites :
Bien, écoutez, là, les conseils d'administration ne se réunissent pas toutes
les semaines? Et donc qu'est-ce qui serait le mieux : allonger le délai
pour que ça se rende au C.A. ou garder le délai tel qu'il est, mais que ça ne
soit pas le C.A. qui s'en occupe?
M. Parent (Jean-François) : Bon,
la question est bien pertinente, et on s'est penchés sur cette question-là, et,
quand on examine, par exemple... Bien, deux choses.
Première chose, un conseil d'administration...
si on doit aller au conseil d'administration, c'est sûr qu'on doit l'informer
de l'ensemble du dossier, de a jusqu'à z, ce qui est quand même... On part du
début avec un conseil d'administration, ce qui risque d'être assez long.
L'autre aspect du conseil d'administration, selon les périodes de l'année,
c'est toute la question du quorum. Alors, on peut avoir à convoquer, mais il
faut avoir quorum. Donc, ça, c'est un aspect important.
L'autre chose par rapport à l'article... là,
c'est 58, je crois, on a... du côté privé, on dit que l'institution
d'enseignement privé, dans le fond, ça ne va pas du côté du conseil
d'administration parce que c'est l'établissement d'enseignement privé. Donc,
eux, ils ont cette étape-là de moins à faire que nous, ce qu'on trouve
intéressant, alors que nous devons faire cette étape-là avec le conseil
d'administration. Si vous jugez opportun qu'on le fasse avec le conseil
d'administration, bien là, je pense qu'il faudrait nous donner un peu plus de
temps pour s'assurer qu'il est bien saisi du dossier et qu'il puisse bien
prendre... bien le comprendre avant de prendre une décision sur la
recommandation du protecteur régional de l'élève.
M. Roberge : O.K., je comprends
bien. Je vous dirais qu'on avait mis un délai assez court à la toute fin aussi
parce que l'organisation, qui est le centre de services scolaire, connaît quand
même le traitement de la plainte. Il l'a traitée en première instance, en
seconde instance. Donc, ce n'est pas comme quelque chose qui arrive... qui est
totalement nouveau. Il y a quand même quelqu'un à l'école... puis le
responsable du traitement des plaintes qui connaît ce dossier-là. Donc, on ne
tombe pas des nues, mais je comprends votre préoccupation.
Vous nous parlez du rôle de veille et vous
dites : Attention, le rôle de veille du protecteur devrait s'exercer
seulement en contexte de plainte. Et je comprends ce que vous voulez dire,
parce qu'il ne faut pas penser que c'est le désert, il n'y a rien, et là qu'on
arrive avec le protecteur de l'élève, et que le protecteur de l'élève doit, à
lui seul, être garant de la bonne marche du réseau.
Il y a un
paquet d'organigrammes... un paquet d'éléments dans l'organigramme, un paquet
de personnes. Il y a le conseil d'administration, il y a le conseil
d'établissement. Ces gens-là voient à ce que ça fonctionne bien dans le réseau.
Il y a le ministère. Il y a la commission des droits de la personne et de la
jeunesse. Il y a le Conseil supérieur de l'éducation aussi, qui, lui, est dans
un grand tout, a le pouvoir d'autosaisine, se donne des mandats pour vérifier
ce qui va plus ou moins bien dans le réseau et faire des avis généraux qui
s'adressent aux ministres, qui s'adressent au gouvernement, qui s'adressent à
toutes les instances. Mais il y a, malgré tout, des gens qui souhaitent que le
protecteur de l'élève puisse, je vous dirais, avoir une espèce de vue
d'ensemble sur le réseau et puisse se saisir d'une question ou d'une autre.
Est-ce que vous pensez... Et donc je vous ai
partagé un peu mon analyse, mais j'aimerais avoir la vôtre. Considérant les
conseils d'établissement, les C.A. et tout ce qui existe, y compris le Conseil
supérieur de l'éducation, est-ce que vous pensez que l'institution du
protecteur, soit national ou régional, devrait, lui aussi, se mettre à se
saisir d'une question ou d'une autre et de produire des rapports, là, comme ça,
en autosaisine?
M. Parent (Jean-François) : Nous, on
est un peu moins à l'aise avec ça. Sincèrement, je vous dirais que ce qu'on
voit comme rôle du protecteur régional puis, ultimement, du Protecteur
national, c'est de dire...
Si, par exemple, le protecteur régional reçoit
plusieurs plaintes concernant un dossier donné, disons le transport scolaire,
et que, là, il décide, de son propre chef, de dire : Je vais faire une
analyse des différents politiques de transport scolaire des centres de services
scolaires, parce qu'il me semble y voir une difficulté ou il semble y avoir un
défi ou un enjeu, là, ça, nous, on voit ça d'un bon oeil, la même chose du côté
des avis. S'il y a des avis qui sont fréquemment demandés, par exemple, sur un
sujet en particulier, alors que ce soit, par exemple, sur les services aux
élèves HDAA, bien, peut-être qu'il va se dire : Très bien, ce serait bon
de regarder les différentes politiques de services complémentaires ou les
politiques de services aux élèves HDAA.
Mais on voit mal, par exemple, qu'il décide,
s'il n'a pas trop de demandes d'avis ou peu de plaintes, par exemple, sur le
financement des budgets d'entretien aux ressources matérielles, de se pencher
sur cette question-là. On trouve que son rôle devrait d'abord être le gardien
ou encore la personne qui va veiller sur les aspects ou les enjeux où il a plus
d'appels, où il a le plus de demandes d'avis, le plus de plaintes. Ça nous
apparaît être là le coeur de la question.
M. Roberge : Et c'est un peu comme
ça qu'est bâti le projet de loi en ce moment, avec les rapports annuels du
protecteur national, qui peut, dans le cadre de son rapport annuel, justement,
creuser une question en fonction des plaintes.
Je
vous remercie pour votre présentation et les réponses que vous apportez, mais
je vais laisser maintenant la parole à mon collègue député de Saint-Jean pour
la suite.
M. Parent
(Jean-François) : Très bien.
La Présidente (Mme
Guillemette) : M. le député.
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. On parle de combien de temps?
La Présidente (Mme
Guillemette) : 5 min 30 s.
M. Lemieux :
Merci beaucoup. Messieurs, madame, je voulais commencer par le commencement de
votre mémoire, avec ce que vous dites au sujet de la sémantique de la chose.
Puis les débats de sémantique, il faut faire attention,
c'est parfois ce qui peut être le plus long et le plus difficile. Je ne voulais
pas passer tout mon temps là-dessus, mais je voulais vous entendre. Pas
que ce n'est pas clair, ce que vous dites, mais j'aimerais que vous alliez un
petit peu plus loin par rapport à ce que ça change tellement pour vous, parce
qu'au final les parents, là, que ce soit parce que l'autobus ne passe pas,
parce qu'il y a un problème de cour d'école, parce qu'il y a un problème
humain, parce que... pour le parent, là, appelez ça comme vous
voulez, il a besoin d'appeler quelque part. Alors, je voulais juste vous
entendre pour comprendre un peu mieux l'importance que ça avait pour vous.
• (9 h 30) •
M. Parent
(Jean-François) : Oui. Alors, du côté d'une... Le mot «plainte», pour
nous, est un générique qui, dans notre pratique... puis il faut le vivre au
quotidien, là, pour entendre les gens, peut amener, par exemple, à avoir des demandes d'information, des insatisfactions
et, véritablement, des demandes pour des correctifs. Alors, par exemple,
on peut avoir des gens qui appellent pour
une demande d'information, d'autres qui vont dire : Écoutez, je vous
appelle parce que je trouve que votre politique de ne pas envoyer les
enfants à l'extérieur pendant la récréation à moins 20°, moi, je ne suis pas à
l'aise avec ça, alors je voulais vous le dire.
Donc, il n'y a pas
nécessairement de suivi de plainte à faire, mais il y a une insatisfaction.
Est-ce que c'est une plainte? Une autre
chose qui peut également arriver : Moi, je voudrais vous dire que tel
enseignant au secondaire, là, je remarque que... je ne veux pas que vous
en parliez à la direction, mais moi, là, ça me préoccupe, là, puis je voulais
juste que vous le saviez. Ça arrive, ça, dans notre quotidien. Donc, est-ce
qu'on doit le traiter comme plainte?
Récemment, on
regardait une compilation annuelle de différentes plaintes pour se rendre
compte que les CSS les traitent de façon différente. Certaines vont intégrer ce
que je vous ai dit, d'autres pas. Toutes les plaintes pour le secteur du
transport scolaire, par exemple, sont, règle générale, traitées par le service
du transport scolaire et ne vont pas au secrétariat pour le traitement des
plaintes. Est-ce que, dans un bilan, on doit les considérer, ces plaintes-là? Parce que vous savez, au transport, elles sont
nombreuses, là, le transport du midi, le transport à des adresses différentes,
demandes de changement d'arrêt, par exemple, zones dangereuses. Donc, c'est
très nombreux, là.
Est-ce qu'on doit...
Est-ce que ça en fait partie? Est-ce que ça doit être, par exemple, compilé?
Parce qu'éventuellement peut-être que ça pourrait amener le protecteur de
l'élève à comparer les centres de services scolaires les uns avec les autres en
matière de plainte et de traitement de plaintes. Et là, bien, par exemple, si
on se rend compte que, par 1 000 élèves, il y a beaucoup plus de
plaintes dans un milieu que dans un autre, bien, il faudrait savoir si, par
exemple, un secteur ou un centre de services scolaire considère les demandes
d'information ou les insatisfactions, puis l'autre, pas du tout.
Donc, on s'est buté
un petit peu à ça en regardant les compilations récemment et on pense que ça
pourrait être le cas aussi, éventuellement, si ce n'est pas précisé.
M. Lemieux : Il
me reste un peu de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Guillemette) : Oui, deux minutes.
M. Lemieux : Merci.
Bien, effectivement, comme je le redoutais, la sémantique nous amène à bien des
endroits. Pour moi, c'est... service à la clientèle, service de plainte, à
quelque part, quand on est gros, on a plusieurs services, quand on est petit,
comme un bureau de député, il y a juste un numéro, puis il y a une personne
pour répondre, puis ça devient toutes des plaintes, des commentaires puis un
service à la clientèle.
Et là où je voulais
vous amener, justement, puis je voulais vous entendre là-dessus... parce que
mon bureau de comté, et je présume que c'est vrai dans les 124 autres,
reçoivent beaucoup d'appels. Je ne dirai pas des plaintes, là, ils reçoivent
beaucoup d'appels vis-à-vis les écoles, le centre de services scolaire, et on
sent qu'il y a un manque de... je voudrais être poli, là, mais un manque de
confiance, disons-le comme ça, là, à une certaine étape dans le processus. Et
le projet de loi, à mon sens, va nous aider à mieux voir aller les choses et va
aider les parents surtout, quand je parle de manque de confiance, je parle des
parents, à leur redonner confiance dans un processus qui me semble beaucoup
plus clair et ultimement efficace.
Est-ce que vous le
sentez comme ça, généralement parlant, ce projet de loi là? Est-ce que vous
sentez que c'est nécessaire de redonner confiance aux parents qui... en tout
cas, à l'égard de ceux qui nous appellent, sont loin d'avoir toute confiance,
là?
M. Parent
(Jean-François) : Oui, je comprends, et je comprends que vous entendez
la partie de ceux qui vous appellent, mais vous n'entendez pas la partie de
ceux qui ne vous appellent pas. Parce que, dans les centres de services
scolaires, on regardait, par exemple, certaines compilations, comme on vous le
mentionnait récemment, et dans un centre de services scolaire, là, disons
autour de 30 000 élèves, il peut y avoir facilement, là, si on donne,
on attribue la notion large de plainte puis qu'on exclut le transport scolaire,
il peut y avoir 300, 400, bon, 500, là, si on augmente le nombre d'élèves vers
40 000, 45 000 élèves, plaintes, et elles sont, dans la très
grande majorité des cas, réglées avec satisfaction.
Ce dont vous entendez parler, c'est probablement
ces quelques plaintes qui sont beaucoup plus complexes et qui nécessitent des
délais de traitement beaucoup plus longs. Alors, ça, ça peut arriver, par
exemple, dans le cas de la pédopsychiatrie, par exemple, où on a des liens avec
le réseau de la santé, puis où un élève ne peut... peut ne pas être scolarisé
pendant quelques semaines. Ça, c'est malheureux...
M. Lemieux : Je n'aurai plus de
temps, là, mais je voudrais vous entendre me dire si vous trouvez que le projet
de loi s'en va dans la bonne direction pour redonner confiance.
M. Parent (Jean-François) : Oui,
oui. Je penserais que oui, mais je veux juste vous dire que vous entendez
malheureusement une minorité.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. Ça termine les échanges. Nous allons continuer avec la députée de
Mille-Îles. Mme la députée.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Mme Dion, MM. Parent, Parent avec un s, cette fois-ci,
puisque vous êtes monsieur et M. Parent, merci. Merci d'avoir rédigé ce
mémoire et de nous avoir guidés un peu, je vous dirais, au départ, dans le même
sens que les gens qu'on a reçus hier, donc dans le principe même des
définitions, puisque quelque chose de bien défini peut être bien appliqué.
Dans le principe des définitions, vous dites
qu'il serait bien de pouvoir dire c'est quoi, une plainte. Et je vous
dirais : Est-ce qu'il n'y a pas lieu de rajouter... Vous avez rajouté
«allié», parce que ça semble inquiéter bien des gens. J'aimerais ça vous
entendre un peu sur le principe qui veut qu'on choisisse ou qu'on ne fait pas
le choix de quelqu'un qui a un allié à la commission scolaire ou dans le
principe scolaire. Je voulais vous entendre sur l'inquiétude que vous aviez
là-dessus.
M. Parent (Jean-François) : Oui, en
fait, cet aspect-là est important pour, entre autres, le recrutement, là, du
protecteur de l'élève. Nous, on trouvait que c'était peut-être plus en lien
avec la définition de parent, mais on trouvait que d'associer ou d'exclure
quelqu'un qui est parent, éventuellement, de devenir protecteur régional de
l'élève, pour nous, on pouvait écarter, là, plusieurs bonnes candidatures.
Maintenant, peut-être que mes collègues pourraient intervenir, là, sur la
notion du mot «allié».
M. Parent (Érick) : Bien, je vais y
aller. Donc, juste pour vous donner un exemple, là, pour la députation, chez nous, au centre de services de la Capitale,
la notion d'allié, de parent, là, avec l'article 9, ça fait en sorte qu'il
y a 15 membres du conseil d'administration actuellement, il y a
47 personnes qui siègent au comité de parents, donc 47 parents au
comité de parents. J'ai 72 conseils d'établissement qui sont composés de
10 à 15 parents par conseil d'établissement,
donc à peu près 1 000 personnes, et on a un peu plus de
7 000 employés dans notre centre de services.
Donc, c'est de se priver de... probablement de
près de 10 000 personnes. Donc, on trouve que ce critère-là, là,
demande une réflexion, puis ce qu'on propose, c'est probablement... c'est
que... plutôt de laisser au protecteur national le soin, là, d'établir les
balises de sélection du protecteur régional.
Mme Charbonneau : ...M. Parent,
sachez que je suis une alliée indéfectible des parents, donc vous allez trouver chez moi beaucoup d'écoute par rapport au
principe de... les parents sont non seulement une source impérissable de
compétences, mais peuvent être des gens très, très intéressants alentour d'une
table pour comprendre le système scolaire.
Je veux vous entendre rapidement sur le
découpage de régions. Ça m'intrigue beaucoup, puisque chaque commission
scolaire et chaque centre scolaire a un découpage qui lui appartient et là
aussi une différence entre les anglophones et les francophones. Et on se
souviendra qu'une école privée n'a pas de régionalisation, hein, elle peut
aller piger dans toutes les piscines qu'elle veut. Ça lui appartient, ça dépend
du choix du parent et non du choix de la desserte.
Alors, je voulais vous entendre sur le principe,
puisque le projet de loi parle d'une régionalisation, hein, d'un principe
régional, mais on sait que les commissions scolaires anglophones sont beaucoup
plus larges qu'une seule région et que les commissions scolaires francophones
quelquefois... et, si je prends Montréal, c'est le cas. Bien, il y a cinq commissions scolaires francophones, plus
l'anglophone, et des politiques et des façons de faire qui sont similaires
et différentes. Donc, je voulais vous entendre sur le principe du découpage.
M. Parent (Jean-François) : Oui,
deux choses là-dessus. On parle de régions, mais on ne définit pas très bien,
là, ce qu'est une région. Donc, première des choses, ce que l'on voyait, c'est
que si, par exemple, il y a un protecteur régional de l'élève pour la région de
la Côte-Nord, bien, il est clair qu'avec peut-être autour de 8 000, 10 000 élèves, par rapport à un protecteur
régional pour, disons, l'île de Montréal avec, disons, un bon... près de
200 000 élèves, on voyait là une certaine disparité, puis peut-être
une iniquité, je dirais. Donc, ce qu'on se disait, c'est qu'il faudrait que la
notion de région, là, soit peut-être un peu plus large et puisse comprendre
qu'un protecteur régional soit à la fois... une personne soit à la fois sur la
Côte-Nord, au Saguenay—Lac-Saint-Jean
puis en Abitibi, par exemple, pour avoir une tâche équilibrée, tout en tenant
compte de la présence du réseau privé.
Deuxième des choses, c'est que la notion de
région ne doit pas être la même pour le secteur anglophone que le secteur
francophone. Donc, pour le secteur anglophone, elle doit être beaucoup plus
englobante, parce qu'il y a des territoires
comme Central Québec ou Eastern Shores qui sont beaucoup plus vastes qu'une
seule et unique région.
• (9 h 40) •
Mme Charbonneau : Je trouve ça, je
vous le dis, puis je réfléchis à haute voix, là, je trouve ça particulier que
vous faites une distinction entre anglophone et francophone, mais pas entre
privé et public. Mais ceci dit, un autre jour, je prendrai du temps sur le
principe privé-public. Je ne veux pas passer mon temps là-dessus.
Hier, on a reçu des groupes qui nous ont sensibilisés
sur le fait que d'avoir accès directement au protecteur de l'élève, plutôt que
de passer par la commission scolaire, peut être très aidant. Je vous donne les
deux groupes qu'on a reçus... bien, je vais vous dire, je vais vous en donner
un qui a fait un poids particulier, là, sur la façon de procéder, et c'est
Béliers solidaires. Pourquoi? Bien, parce qu'ils ont vécu des choses qui fait
en sorte qu'ils se sentaient confrontés à la structure scolaire, pas entendus,
et passer directement au protecteur de l'élève régional, dans le cas du projet
de loi, pourrait être très aidant.
Je vous donne un autre exemple parce que c'est
un dossier qui me tient à coeur. Dans le projet de loi, on parle
d'intimidation. Il y a quelques parents à qui j'ai eu le privilège de parler à
différents moments, où on a conseillé de changer leur enfant d'école, qui
subissait de l'intimidation, plutôt que de faire face à l'agresseur ou à la
famille de l'agresseur. Donc, de passer directement au protecteur de l'élève
devenait beaucoup plus aidant que de faire les cinq, six marches qu'il faut que
je fasse pour avoir des réponses puis des gestes concrets.
Je vous entends, quand vous dites : On
préférerait que... mais y a-t-il pour vous des cas qui pourraient être
considérés d'exception pour pouvoir avoir accès directement au protecteur de
l'élève?
M. Parent (Jean-François) : On n'a
pas spécifiquement analysé la question de cas d'exception, là, de gens qui
pourraient passer directement au protecteur de l'élève. Je dirais que si, dans
l'esprit du parent, il y a une notion d'urgence et à laquelle, par exemple,
l'établissement ou encore le centre de services scolaire n'est pas en mesure de
répondre, ou encore ça a déjà été un dossier traité dans le passé pour lequel
ça a été extrêmement difficile pour eux, il y a peut-être là quelque chose.
Mais je vous dirais que c'est vraiment l'exception, parce que je pense que,
d'abord et avant tout, on doit travailler avec la direction d'établissement
puis le centre de services scolaire. Mais donc, sincèrement, nous, on est des
tenants de gens qui disent : Il faut d'abord passer par le palier un et le
palier deux avant d'aller au protecteur. Comme je vous dis, il peut y avoir des
situations très, très, très exceptionnelles, mais de notre point de vue, elles
ne sont pas nombreuses.
Mme Charbonneau : Dans vos années
d'expérience, est-ce que les recommandations qui sont venues du protecteur de
l'élève de chacun de vos établissements ont été mises en application ou si les
réponses qui ont été faites, c'est : On a une politique, c'est comme ça
qu'on la gère, puis il n'y aura pas de changement à la décision qu'on a posée
pour l'enfant, le jeune, l'étudiant ou la famille de l'étudiant?
M. Parent (Jean-François) : Je vous
dirais que règle générale, ce qui s'est produit, lorsque le protecteur de
l'élève est intervenu dans le milieu où j'ai oeuvré, c'était pour suggérer des
modifications, par exemple, à des politiques. Donc, c'étaient des suggestions
qui étaient soumises ou des recommandations qui étaient soumises au conseil des
commissaires. Et oui, effectivement, des suivis ont été effectués, mais je dois
vous dire qu'ils n'ont pas... on n'a pas eu de nombreux cas là-dessus, là,
peut-être deux modifications des politiques, là, notamment au transport
scolaire.
Mme
Charbonneau : Dans
les ressources au niveau des EHDAA, vous n'avez jamais été confronté à une
limitation de services et un parent exigeait ou une famille qui apprécierait en
recevoir plus avec recommandation du protecteur de l'élève. Ce n'est jamais
arrivé. Je veux juste être sûre, là, qu'on s'entende.
M. Parent (Jean-François) : Sur un
plan personnel, dans le milieu où j'ai oeuvré, non. Je ne sais pas, là, si mes
collègues auraient des éléments pour compléter cette réponse-là, mais, non, pas
dans notre milieu.
M. Parent
(Érick) : Au centre de
services de la Capitale, c'est arrivé une fois en 10 ans, et les
recommandations ont été suivies.
Mme Dion (Marie-France) : Donc,
j'oeuvre au sein du centre de services scolaire des Mille-Îles depuis moins de
deux mois, alors je n'ai pas cette connaissance-là, mais pour mon ancien
milieu, à Marguerite-Bourgeoys, la plupart des recommandations étaient suivies.
Mme Charbonneau : Pour vous
taquiner, Mme Dion, je dirais, c'est vous qui avez le meilleur nom de
commission scolaire... de centre de services, parce que Mille-Îles, pour moi,
c'est un nom bien, bien important.
Les
délais de mise en application. Le ministre a touché un peu à l'inquiétude que
nous aurons probablement tout le long du projet de loi, c'est-à-dire répondre
rapidement, adéquatement à un parent, ou à une famille, ou à un jeune, ou à un
étudiant, parce que je le rappelais hier, puis il va falloir le préciser, éventuellement,
le projet de loi du protecteur de l'élève parle des conseils scolaires, ne
spécifiant pas que l'éducation des adultes et la formation professionnelle ne
sont pas touchées par le projet de loi. On sait, vous et moi, puis le ministre
aussi, là, que ça touche... un centre scolaire fait de quatre ans jusqu'à 72,
des fois 82, dépendamment des gens qui ont le goût de poursuivre dans leurs études, donne des cours... et sont vos étudiants.
L'étudiant n'a pas d'âge et non de... de péremption non plus.
Alors, les délais
pour répondre aux gens est très important, quelle que soit la notion de la
demande. Parce que si j'ai une demande en transport, je veux que ça se règle
demain, parce que je ne veux pas que mon jeune marche le deux kilomètres, je ne
veux pas que mon jeune marche le 1,2 kilomètre. Si je suis dans un
principe de service puis que ça doit avoir une analyse médicale, bien là, je
suis dans un autre délai.
Alors, quand vous
dites : Le 10 jours, c'est trop court, on parle toujours de jours
ouvrables, le 20 jours, ce serait plus propice, est-ce qu'il y a lieu de
mettre des jours plutôt que de dire «dans des délais raisonnables» ou dans un
moment donné très précis par rapport au cas? Vous aimez mieux garder des jours
ou vous aimeriez mieux qu'on utilise un vocabulaire qui fait en sorte que les
délais soient parfaits pour tout le monde?
M. Parent
(Jean-François) : Je comprends, là, dans votre question, que, dans le
fond, ce que vous nous dites, c'est : Est-ce qu'on doit aller au
20 jours ou on doit avoir une formulation qui vous donne un peu plus de
marge de manoeuvre? Est-ce que c'est bien ce que je comprends de votre
question?
Mme
Charbonneau : Moi, je ne vous donne pas la marge de manoeuvre à vous,
mais aux parents. Mais je comprends comment vous l'avez compris.
La Présidente (Mme Guillemette) : Malheureusement,
Mme la députée, on n'a plus de temps pour la réponse.
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Sauvée par la cloche, effectivement. Mais je céderais
la parole à la députée de Sherbrooke pour continuer les discussions. Mme la
députée.
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. Je vous écoutais parler tout à l'heure, bon, vous nous dites
que vous ne souhaitez pas que le protecteur de l'élève soit la porte d'entrée.
En même temps, je constate une difficulté, là, dans les centres de services, à
compiler de manière systématique les plaintes. Vous nous dites que ce n'est pas
uniforme, là, d'un centre de services à l'autre, la manière de les compiler.
Moi, je trouve ça
problématique, je pense qu'on doit trouver une manière plus uniforme de
recevoir les plaintes, de compiler les plaintes, de savoir si tel geste posé
par le parent est une plainte ou pas. Parce qu'autrement, comment on va faire
pour savoir c'est quoi, les problématiques rencontrées? Puis il me semble que
le plus simple, ce serait que la porte d'entrée, ce soit le protecteur de
l'élève, que quand, par exemple, un parent vous appelle pour vous dire :
Bien là, moi, je ne comprends pas, mon enfant n'est pas sorti dehors
aujourd'hui, que vous lui expliquiez c'est quoi, la politique, quand il fait
telle température, puis que vous lui disiez : Si vous jugez que vous
souhaitez porter plainte à l'égard de cette pratique-là, voici la porte
d'entrée, c'est le protecteur de l'élève. Puis là le parent jugera si, oui, ça
mérite une plainte formelle ou si, non, il a eu réponse à sa question puis
c'est bon. Est-ce que ça ne serait pas plus simple?
M. Parent
(Jean-François) : Nous, ce n'est pas une option, là, que l'on
privilégie. Que ce soit une organisation scolaire, une organisation municipale
ou même une organisation privée, là, qui offre des services à ses clients, on
pense que c'est important que l'organisation soit près de ses clients, près de
ses insatisfactions, près de ses plaintes pour être davantage en processus
d'amélioration continue.
Mme Labrie : Mais
ce n'est pas un magasin, là, c'est un service public. Est-ce qu'il n'y a pas
lieu de compiler ces plaintes-là de manière uniforme? Comment vous voulez qu'on
fasse pour les compiler de manière uniforme d'un centre de services à l'autre?
M. Parent
(Jean-François) : Pour la compilation, Mme Labrie, ça, nous, on
est tout à fait ouvert là-dessus. D'ailleurs, dans un avis qu'on avait déposé à
la suite du rapport déposé par la Protectrice du citoyen, on avait même souligné que la GRICS, qui est l'organisation qui
donne des services de technologie et d'informatique aux commissions
scolaires, fasse un système intégré, pour chaque centre de services scolaire,
de traitement de plaintes. Donc, ça, on serait bien à l'aise avec ça, là.
C'était une position qu'on avait, en 2018‑2019, sur ce sujet.
Mme Labrie : Un
système intégré qui serait le même, donc, pour tous les centres de services,
donc une autre porte d'entrée qui serait... qui permettrait aux parents de
choisir le centre de services pour lequel il veut enregistrer une plainte ou...
Comment ça marcherait?
M. Parent
(Jean-François) : Non. C'est que, dans les faits, on aurait un même
système informatique dans chacun des centres de services scolaires pour le
traitement des plaintes : le palier un, qui est l'école ou le centre
de formation, le palier deux, qui est le centre administratif, et par la
suite, bien, dans ton traitement des... dans ton registre ou dans ton logiciel,
tu as ensuite une étape qui dit : Ce dossier est passé au protecteur
régional de l'élève. Puis là, bien, le protecteur régional de l'élève, lui, ce
serait bon, là, qu'il fasse ses suivis auprès du centre de services scolaire
pour voir s'il accueille le dossier, ou s'il le rejette, ou s'il met fin, peu
importe, alors pour favoriser une bonne communication avec le centre de
services scolaire, là.
Parce qu'il y a des dossiers, vous savez,
Mme Labrie, qui sont des dossiers aussi de ressources humaines. Si ça va
directement au protecteur régional de l'élève puis que là, bien, tu sais, on
est dans des dossiers qui sont plus de nature de relations de travail, par exemple,
on voit mal, là, que ça puisse aller directement au protecteur régional de
l'élève, là. On pense que, vraiment, la porte d'entrée devrait être le centre
de services scolaire. Et le parent devrait avoir confiance et être rassuré en
sachant que, si ça ne va pas bien là pour lui, il y aura toujours l'instance du
protecteur régional qui, de son point de vue à lui, agit plus comme ombudsman,
par exemple. Donc, on pense que ça devrait être de cette façon-là.
Puis tout à l'heure, quand j'évoquais, par
exemple, la ville de Québec, bien, tu sais, la ville de Québec, chaque
service...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup, M. Parent. C'est tout le temps que nous avions pour notre
présentation. On a les prochains invités qui sont déjà arrivés. Je vous
remercie tous les trois pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et la
commission suspend ses travaux quelques instants, le temps d'accueillir les
nouveaux intervenants. Merci.
(Suspension de la séance à 9 h 50)
(Reprise à 9 h 54)
La Présidente (Mme Guillemette) : La
Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Et nous
accueillons maintenant l'Association des commissions scolaires anglophones du
Québec et leurs représentants : M. Dan Lamoureux,
président, M. Russell Copeman, directeur général,
M. Sylvain Racette, président de l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires anglophones du Québec.
Bienvenue à vous trois. Donc, merci d'être avec
nous ce matin. Comme convenu, vous aurez 10 minutes pour faire votre
présentation, et, par la suite, il y aura échange avec les membres de la
commission. Donc, je vous cède dès maintenant la parole.
Association des
commissions scolaires anglophones du Québec (ACSAQ)
M. Lamoureux (Dan) : Merci beaucoup.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, nous vous remercions
de l'invitation pour vous présenter...
La Présidente (Mme Guillemette) : On
ne vous entend pas bien.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Guillemette) :
On ne vous entend pas bien, monsieur, non plus. Avez-vous... Si,
M. Racette, vous fermez votre micro...
On va suspendre quelques instants puis on va
faire quelques tests, là, parce que...
(Suspension de la séance à 9 h 56)
(Reprise à 9 h 57)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bienvenue. Nous reprenons les travaux. Donc, vous pouvez commencer depuis
le début pour une meilleure compréhension. Je vous cède la parole.
M.
Lamoureux (Dan) : O.K.,
merci beaucoup. Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, nous vous remercions de l'invitation pour vous
présenter nos commentaires et recommandations sur le projet de loi n° 9,
Loi sur le protecteur national des élèves.
Je suis Dan Lamoureux, président de l'Association des commissions
scolaires anglophones du Québec. Je
suis accompagné de notre directeur général, Russell Copeman, et du
président de l'Association directeurs généraux des commissions scolaires
anglophones du Québec, Sylvain Racette.
This brief is submitted jointly
by the QESBA and by the Association of Directors General of English School Boards of Québec. While we subscribe to many of
the objectives of Bill n° 9, we have
a number of general observations and some serious
concerns with certain aspects of the proposed legislation.
M.
Copeman (Russell) : ...M. le ministre, Mmes les députées, nous ne
sommes pas convaincus que le processus de
traitement des plaintes des élèves dans le réseau anglophone soit assorti de
problèmes structurels majeurs. Selon nous, le système actuel de
protecteur de l'élève autonome dans nos commissions scolaires, qui relève des
conseils des commissaires scolaires élus, fonctionne bien.
Cette position est validée par le très faible
nombre de cas qui sont effectivement déposés auprès des protecteurs de l'élève
dans notre réseau. Selon les rapports annuels des neuf commissions scolaires
anglophones durant la dernière année, pour
laquelle des statistiques sont disponibles, les protecteurs de l'élève ont reçu
285 plaintes au total, dont le tiers étaient liées à la pandémie de
la COVID-19.
Si le gouvernement entend s'assurer que
davantage d'élèves et de parents soient conscients de leurs droits et du
processus de traitement des plaintes et établir des délais réalistes et
uniformes pour traiter ces plaintes, il est possible de réaliser ces objectifs
sans nécessairement créer de toutes nouvelles bureaucraties régionales et
centrales.
Par ailleurs, nous avons de sérieuses
préoccupations, notamment en ce qui concerne l'accès en anglais au processus
régional de traitement des plaintes et la diminution du rôle et des pouvoirs
des conseils des commissaires scolaires, la plus haute instance des commissions
scolaires dans ce processus.
Le projet de loi élimine les actuels protecteurs
de l'élève des commissions scolaires, de même que le recours direct des parents
et des élèves au conseil des commissaires scolaires. Il les remplace par un
système de protecteur national de l'élève et
de protecteurs régionaux de l'élève administré au niveau central ainsi qu'un
processus de traitement de plaintes normalisé.
Bien que la fonction de protecteur en soit
uniformisée et professionnalisée, les commissions scolaires locales sont
essentiellement dessaisies de cette fonction. Voilà un autre exemple d'une
centralisation accrue par le gouvernement de l'administration des services
d'enseignement public.
• (10 heures) •
Conjugué à d'autres mesures législatives
récentes, le projet de loi contribue à la diminution progressive du contrôle et
de gestion locale des établissements d'enseignement par la communauté
d'expression anglaise. Il n'est pas évident non plus que le projet de loi
rehaussera l'accessibilité et l'efficacité du processus de traitement des
plaintes pour les plaignants dans le système anglophone. Le projet de loi prévoit
que chaque région administrative sera dotée d'un protecteur régional de
l'élève. Nous ne sommes pas convaincus qu'un modèle territorial régional soit
en mesure de garantir les services nécessaires du protecteur régional de
l'élève en anglais, surtout à l'extérieur de la région métropolitaine de Montréal. Les plaintes des élèves et des
parents dans les commissions scolaires anglophones risquent d'être
marginalisées dans un modèle territorial régional en raison de leur faible
proportion, particulièrement en région.
M. Racette (Sylvain) : Les
protecteurs régionaux de l'élève doivent être attentifs aux différences
éducatives et culturelles de notre réseau.
Encore une fois, étant donné la faible proportion que représente le réseau
anglophone dans plusieurs régions, nous craignons que ce ne soit pas tous les
protecteurs régionaux de l'élève qui en feront une priorité.
De plus, la majorité de nos commissions
scolaires couvrent plus d'une région. La proposition dans le projet de
loi n° 9 implique que les commissions scolaires
seraient appelées à travailler avec plusieurs différents protecteurs régionaux
de l'élève. Cela ne ferait qu'accroître la complexité pour les parents...
constituant un défi administratif de taille pour bon nombre de commissions
scolaires.
De plus, on
ignore si les protecteurs régionaux de l'élève qui desservent les commissions
scolaires anglophones auront l'obligation et la capacité de communiquer
avec les plaignants en anglais.
Pour toutes ces raisons, nous proposons un
modèle régional de traitement de plaintes beaucoup mieux adapté à notre réseau
d'éducation. Nous recommandons que la nature linguistique du système scolaire
québécois soit reconnue à l'aide de modifications au projet de loi n° 9 qui instaureraient un protecteur régional de l'élève,
ou plus d'un, qui traiterait exclusivement
des plaintes provenant des commissions scolaires anglophones et des écoles de
langue anglaise privées.
En outre, le
projet de loi pose également des défis administratifs significatifs. Bien que
plusieurs commissions scolaires anglophones couvrent de vastes
territoires, certaines d'entre elles sont petites en termes d'effectifs
scolaires relativement parlant. Cela présente des défis particuliers dans
l'organisation des services, où certains administrateurs occupent plusieurs postes. La pression sur les
administrateurs des commissions scolaires est très forte et les ressources
sont déjà mobilisées au maximum.
Conséquemment, nous recommandons que le délai de
traitement des plaintes au niveau de la commission scolaire de 15 jours ouvrables soit légèrement prolongé afin de
refléter la capacité réaliste de nos commissions scolaires à traiter ces
plaintes.
M. Copeman (Russell) : Le projet de
loi précise que le ministre de l'Éducation nomme les protecteurs régionaux de
l'élève parmi les personnes déclarées aptes à être nommées à ces fonctions par
un comité de sélection. Ce comité de
sélection... de divers partenaires du réseau. Bien que la représentation au
sein du comité de sélection soit variée, il est intéressant de noter que
l'association des commissions scolaires et la Fédération des centres de
services scolaires n'y sont pas représentées. Nous demandons que le comité de
sélection des protecteurs régionaux de l'élève, mentionné à l'article 6 du
projet de loi, inclue un représentant de l'association des commissions
scolaires.
Nous avons quelques remarques au sujet du
traitement des plaintes au niveau des commissions scolaires. Initialement, le rôle du protecteur de l'élève
dans chaque commission scolaire a été créé à titre d'organe impartial autonome
afin d'étudier et identifier des solutions
aux problèmes locaux touchant les élèves et de formuler des recommandations appropriées à l'intention du conseil des commissaires
scolaires. L'ACSAQ a de vives préoccupations par rapport au projet de loi
proposé qui abolit le protecteur de l'élève autonome local pour assigner la
tâche à un employé d'une commission scolaire.
Nous recommandons que le projet de loi soit
modifié de façon à donner au conseil des commissaires scolaires les moyens,
soit de conserver l'actuel protecteur de l'élève autonome de la commission,
soit de désigner une personne chargée de traiter les plaintes parmi le
personnel de la commission scolaire. À présent, un élève ou un parent peut demander directement au conseil des
commissaires scolaires de réexaminer une décision d'une commission
scolaire. En vertu du projet de loi, le conseil peut encore renverser une
décision suite à une demande d'élève ou d'un parent,
mais seulement sur recommandation du protecteur régional de l'élève. En autre
mot, les parents et les élèves ne peuvent
plus porter plainte directement au conseil des commissaires, l'instance ultime
de gouvernance d'une commission scolaire.
Ce nouveau processus affaiblit le rôle du conseil des commissaires et restreint
le droit aux plaignants de pétitionner le conseil des commissaires
scolaires.
En
conséquence, nous demandons premièrement que le projet de loi prévoie le droit
du plaignant à un recours direct au
conseil des commissaires à tout moment du processus actuel des plaintes, comme
c'est le cas à l'heure actuelle.
M. Lamoureux
(Dan) :
The
QESBA thanks the committee on culture and education for the opportunity to be
heard during the parliamentary consultation on Bill 9. The QESBA and the
ADGESBQ are not convinced that the complaint
process in the English education network meets... needs the creation of a
regional and national bureaucracies to improve the rights of students
and their parents to appropriate educational services.
However, if the National
Assembly should decide to proceed with this reform, we have proposed certain
modifications to take into account the particular realities of both the
Government and of the needs of our school system
and the people it service. The concerns about local sensitivity and language of
service are crucial factors for the National Assembly to consider.
Finally, Bill 9 removes several
elements of self-management of our school system, which school boards have
vigorously defended over decades, self-management which is crucial to the
English-speaking community of Québec. These
elements of self-management do not conflict with the objectives of Bill 9, and,
as outlined in the recommendations of this brief, they should be
restored in the legislation. Merci and thank you very much.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup, messieurs. Donc, nous allons débuter la période
d'échange en débutant avec M. le ministre. Je vous cède la parole.
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation, MM. Racette, Copeman et Lamoureux.
On apprécie votre mémoire, votre présence et puis on est contents d'avoir la
chance d'échanger avec vous aujourd'hui pour trouver, je dirais, des
voies de passage puis des manières d'améliorer le réseau, là, qui seront à la
satisfaction de tous.
Puis, quand je dis de tous, il faut voir qu'il y
a vraiment une pluralité de points de vue quand on parle, depuis hier, à des
regroupements de jeunes, des associations de parents. On a eu l'association de
parents anglophones hier. On aura, tout à l'heure, l'association de comités de
parents francophones, et je vous dirais qu'il y a une convergence d'opinions. Tout le monde veut améliorer le
réseau, tout le monde veut améliorer le système, tout le monde veut qu'il
soit efficace. Il y a quand même des groupes
qui arrivent avec des propositions différentes sur la mécanique. Il faudra
ensemble, en commission, faire la suite. Mais aujourd'hui, essayons d'éclairer
nos lanternes puis faisons des réserves de propositions, d'ajustements puis
essayons de comprendre mieux les prémisses.
Dans votre mémoire, vous nous parlez de
centralisation, comme si le projet de loi n° 9
arrivait avec une centralisation de la gestion des plaintes. J'aimerais
comprendre pourquoi puisque ça ne s'en va pas à l'échelle du ministère. Bien, en fait, c'est un organisme à
part, et on ne vient formaliser que les deux premières étapes... sont purement
locales, très, très, très locales. C'est le principe de subsidiarité qui
s'applique. Et la troisième arrive à un niveau de protecteur de l'élève, et il
y avait déjà un protecteur de l'élève. Là, il est régional. Alors qu'on vient
formellement, dans la loi, dire qu'avant
d'arriver à l'étape trois, il faut d'abord faire l'étape un et deux, en
souhaitant même de ne pas se rendre à l'étape trois, on vient, je vous
dirais même, renforcer la première étape en disant que ça se règle d'abord, là,
à la hauteur, là, du quartier, à la hauteur de l'école... Comment on pourrait
dire que c'est une centralisation?
• (10 h 10) •
M. Copeman (Russell) : Si vous
me permettez, M. le ministre, je dirais que, oui, on reste avec un processus
local à l'école ou au centre, mais la deuxième étape, celui de la commission
scolaire, est beaucoup circonscrit par le projet
de loi. Présentement, évidemment, les commissions scolaires peuvent avoir un
protecteur de l'élève ou, en anglais, un ombudsman, qui est indépendant
et autonome, qui traite les plaintes.
On vous demande, dans le projet de loi, de
retenir cette possibilité que les conseils des commissaires déterminent qu'ils
veulent garder leur propre ombudsman en n'enlevant rien de l'étape supérieure
qui est celui au régional. Le projet de loi circonscrit le traitement des
plaintes, au niveau des commissions scolaires, à un membre du personnel de la
commission scolaire. Nous, on vous demande, aux législateurs, de permettre à ce
qu'une commission scolaire peut garder le protecteur de l'élève indépendant et
autonome afin que cette personne-là soit la personne qui est chargée de
recevoir des plaintes, un.
Deuxièmement, le projet de loi élimine la
possibilité pour des plaignants de s'adresser directement au conseil des
commissaires, et c'est quelque chose qu'on souhaite retenir. Et c'est en ce
sens là qu'on a dit : Il y a une certaine centralisation des décisions non
pas nécessairement au ministère, mais dans la structure que vous avez proposée.
M.
Roberge : Mais quand vous nous dites... vous parlez du système actuel
puis vous parlez des protecteurs des élèves indépendants et autonomes, alors
qu'ils sont affiliés aux centres de services scolaires francophones, aux
commissions scolaires anglophones.
Il me semble que vous
faites fi du diagnostic qui a quand même été fait, je vous dirais, qui n'a pas
été remis en question, avant aujourd'hui, par les Québécois, qui a été fait par
la Protectrice du citoyen, qui couvrait l'ensemble du réseau scolaire en 2017.
Puis j'ai devant moi, là, le document de la Protectrice du citoyen, 2017, puis
c'était assez sévère, là. On parlait de trop d'étapes et d'interlocuteurs, trop
de délais de traitement, manque d'information sur le recours, ce qui explique
d'ailleurs le faible nombre de plaintes auxquelles vous référez, absence de
formation et partage d'expertise pour les protecteurs des élèves,
l'indépendance du protecteur de l'élève à renforcer, impossibilité pour le
protecteur de l'élève d'agir de leur propre initiative, lacunes dans la
reddition de comptes, suivi des recommandations des protecteurs de l'élève
difficile à assurer. Ça, c'est ce que disait la Protectrice du citoyen sur
l'ensemble des commissions scolaires, parce qu'en 2007 il n'y avait que des
commissions scolaires, et on ne disait pas, dans ce rapport-là, à aucun
endroit : Mais sachez que les commissions scolaires anglophones, il n'y a
pas d'enjeu, là, je parle que des commissions scolaires francophones. Ça
traitait de l'ensemble du réseau.
Puis j'ai de la
misère à concilier ce rapport-là avec le fait que vous nous dites ce matin
qu'il n'y a pas vraiment de problème avec le système actuel puis que, comme il
y a peu de plaintes, ça veut dire que ça va bien. La protectrice du citoyen
nous disait qu'un des éléments qui montrait qu'il y avait un problème, c'est
que les gens étaient peu informés des recours. Donc, il me semble qu'à la base
c'est comme si on ne partait pas de la même prémisse. D'ailleurs, même hier,
l'Association des comités de parents anglophones nous proposait des
modifications, des ajustements pour s'assurer que les communautés anglophones
se retrouvent dans la nouvelle structure mais étaient
bien d'accord pour dire qu'il fallait changer les choses. Est-ce que, vous,
vous privilégiez en réalité le statu quo ou vous êtes plutôt dans une
démarche pour nous permettre d'améliorer le projet de loi n° 9?
M. Copeman
(Russell) : Bien, il y a peut-être M. Racette qui va ajouter quelque
chose, mais, M. le ministre, on est là pour
tenter d'améliorer le projet de loi. Mais rien dans le diagnostic du protecteur
du Québec... la Protectrice du
citoyen est irréconciliable avec la possibilité de retenir, au niveau de la
commission scolaire, un ombudsman qui sera la personne pour traiter les
plaintes de façon locale. Après ça, on sera... il y a une étape supplémentaire
qui est le protecteur régional.
Là où le bât blesse,
c'est dans le projet de loi, où, vous, vous dites : Il faut que la
personne qui traite les plaintes au niveau des commissions scolaires soit un
membre du personnel de la commission scolaire. Ce qu'on souhaite, c'est la
possibilité que les commissions scolaires anglophones, s'ils désirent, par la
voie des conseils des commissaires, retiennent leur protecteur de l'élève, leur
ombudsman qui est autonome, qui est à distance un peu de l'administration afin
de traiter les plaintes de la même façon qui est prévue dans la loi.
M. Roberge :
J'apprécie la précision. Merci. M. Racette, je croyais que vous... Oui,
allez-y.
M. Racette
(Sylvain) : Oui, M. le ministre, juste en réponse à votre question, je
pense qu'on a vraiment une volonté de travailler ensemble, là, pour améliorer
le système. Ce n'est pas de défendre le statu quo à tout prix. Le sens de notre intervention, en tout cas, la partie
à laquelle je référais plutôt, je pense que c'est important aussi qu'il y ait
une reconnaissance qu'il y a une réalité
assez différence avec des commissions scolaires anglophones. On a des
conventions collectives qui sont différentes, on a une façon de faire
qui est différente.
Alors, ça serait
vraiment apprécié, quand on dit... minimalement, une des pistes de solutions
pour améliorer le projet de loi ce serait d'avoir un... d'être considéré comme
une région où les commissions scolaires anglophones pourraient avoir un
ombudsman ou plusieurs ombudsmans qui s'occupent des commissions scolaires
anglophones pour s'assurer, là, que la personne baigne toujours dans notre
réalité puis ils ne doivent pas toujours se promener entre deux systèmes,
dire : Ah oui! c'est vrai, il y a une différence à ce niveau-là. Alors,
ça, ce serait... on pense que c'est une amélioration aussi qui respecte
l'esprit du projet de loi.
M. Roberge : Merci.
Bien, c'est beaucoup plus clair avec les précisions. Je vous remercie d'avoir
clarifié ça.
Peut-être une
dernière question avant de céder la parole à mon collègue député de Richelieu.
La proposition que vous faites, de dire qu'on pourrait y avoir... d'avoir des
protecteurs de l'élève régionaux assignés à la communauté anglophone, est-ce
qu'on ne pourrait pas, je vous dirais, garder la structure proposée dans le
projet de loi n° 9, mais en inscrivant, dans le profil de compétences pour
sélectionner les protecteurs des élèves régionaux, je vous dirais, la capacité
de s'exprimer et de servir en anglais la communauté qui fréquente les
commissions scolaires anglophones? Est-ce que ce serait, pour vous, une voie de
passage?
M. Racette
(Sylvain) : Bien, encore une fois, je vais revenir aux faits. Il y a
vraiment des différences... moi, j'ai travaillé, j'ai eu le plaisir de
travailler dans des commissions scolaires francophones et anglophones. Il y a
une différence, bon, de la façon dont la communauté est impliquée dans nos
écoles, la façon... Puis on le voit... puis, comme je dis encore une fois, dans
les conventions collectives, ils sont différents aussi. Il y a vraiment des
façons de faire qui sont différentes. Alors... puis, des fois, je le vois quand
je suis avec mes collègues. Quand on parle, on a des échanges, je me rends
compte qu'il y a des choses... des éléments, là, qui sont culturels dans la
façon d'appliquer, même, et de vivre au jour le jour l'école, l'expérience
éducative pour nos élèves et pour nos parents.
Alors, c'est pour ça que je pense que ça va
au-delà de la langue et, juste de comprendre une autre langue, c'est vraiment
de comprendre cette différence culturelle là. Alors, je pense que c'est pour ça
que, s'il y avait quelqu'un qui était assigné, disons,
aux commissions scolaires anglophones et aux écoles privées anglophones, il
baignerait uniquement là-dedans, il serait vraiment en immersion pour vraiment
s'assurer, là, que ces interventions soient vraiment en lien avec la façon de
faire des commissions scolaires anglophones.
M. Copeman
(Russell) : Si vous me permettez, M. le ministre, je pense que ça
serait... le strict minimum, pour nous, ça
serait d'intégrer dans la loi une obligation pour les protecteurs régionaux
d'être capables de communiquer et de traiter des plaintes en anglais. Ça
peut être une voie de passage, mais ça ne résout pas les problèmes de
différences culturelles et même éducatives dans le réseau.
Par ailleurs, comme
vous le savez, il y en a 17, régions administratives au Québec, là. On n'est
pas convaincus nécessairement que tous les directeurs régionaux, même si on
inscrit cette exigence comme obligation là, ils vont nécessairement porter les
efforts nécessaires dans toutes les régions. Dans la région de la Gaspésie, là,
la commission scolaire Eastern Shores représente tellement une petite
proportion des effectifs scolaires et probablement une petite portion des
plaintes que ce n'est pas très logique pour nous d'exiger nécessairement que le
protecteur régional de l'élève en Gaspésie et son équipe soient parfaitement
bilingues afin de traiter les cas. Mais si c'est la voie de passage qui est
exigée par l'Assemblée nationale, bien, c'est le minimum, c'est de s'assurer
qu'il y ait accès à des services en langue anglaise à travers le Québec.
M. Roberge :
Je vous remercie pour vos présentations puis les éclaircissements qu'on a
obtenus ce matin. Je vais laisser mon collègue poursuivre.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. M. le député.
• (10 h 20) •
M. Émond : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Messieurs, bonjour. Merci de votre présence
virtuelle avec nous ce matin et de votre contribution aux travaux de la
commission.
Ma question va être
très courte. En fait, c'est une précision que j'aimerais avoir de votre
recommandation 4.2 en ce qui a trait aux délais de traitement des plaintes,
parce qu'il y a deux choses là qui me viennent en tête, là. Quand vous parlez
du délai, vous désirez qu'il soit légèrement prolongé. Comme législateur, la
précision des mots est importante, là. Moi, j'ai souvenir de ma fille, qui est
maintenant une grande jeune femme, là, mais disons, dans sa période
adolescente, lui avoir demandé : J'aimerais, ce soir, que tu rentres à la
maison légèrement plus tôt. On ne s'enlignait assurément pas vers la même
définition du plus tôt.
Alors, je ne sais pas
si vous pourriez nous préciser pour vous quel serait le délai supplémentaire
que vous aimeriez avoir. Vous avez évoqué tout à l'heure, quoi, quelque chose
comme 15 jours, et il y a également, dans votre recommandation... vous demandez
que le délai soit prolongé afin de refléter la capacité réaliste de nos
commissions scolaires de traiter les plaintes. Est-ce que vous entendez par
là... il y a un de vous trois tantôt qui a évoqué peut-être un manque de
ressources ou, en tout cas, que les ressources sont suffisamment... sont
exploitées au maximum... ou est-ce qu'on parle du délai, la fréquence des
rencontres du conseil des commissaires, si c'est une fois par mois...
Donc, vous désirez
augmenter le délai pour qu'ils puissent se rencontrer... parce qu'il y a une
volonté dans le projet de loi de raccourcir les délais de traitement, là. Il y
a beaucoup de plaintes qui... de critiques, pardon, qui sont à l'effet que le
traitement est beaucoup trop long. Par contre, il y a la collègue de Mille-Îles
tantôt qui avait une intervention à propos
en disant que toutes les plaintes ne se ressemblent pas. Une plainte qui a...
Vous parliez... La collègue de Mille-Îles parlait d'une plainte, entre autres,
avec un traitement en lien avec le transport scolaire. Bien, on ne veut pas que
ça se règle trois mois après, là. On veut avoir une réponse dans la journée ou
dans les jours qui suivent.
Alors,
quel serait pour vous, là... si vous êtes en mesure de nous donner un chiffre
plutôt qu'une une définition du «légèrement augmenté»?
M. Racette
(Sylvain) : Bien, moi, je rajouterais cinq jours ouvrables, une autre
semaine. Je pense que ce qui est important de comprendre, c'est que les
plaintes, habituellement, qui se rendent jusque... qui montent les échelons, je
vais le dire comme ça, c'est rarement des situations faciles. Si c'était une
situation facile, ce serait réglé au niveau de l'école assez rapidement. Les
commissions scolaires, comme nos collègues, je suis sûr, des centres de
services, on a à coeur de répondre aux
besoins et aux demandes des parents le plus rapidement possible. On ne veut pas
faire traîner...
Puis aussi c'est sûr
que, quand on fait de la gestion des plaintes, on regarde toujours... S'il y a
une question de transport scolaire, effectivement que ça va être traité plus
rapidement. Mais on a plusieurs plaintes... Moi, je le vois, quand ça arrive à
mon bureau, je reçois un long, long, long courriel, mais pour faire le tour de
ça, moi, il faut que je parle à plusieurs
intervenants. C'est rare qu'une plainte qui se rend jusqu'à moi est une plainte
qui concerne une interaction avec deux personnes. Donc, il faut que j'aille
chercher les faits, il faut que je parle avec les intervenants, il faut que je
voie comment ça fonctionne.
Quand je parlais
aussi... On parlait du manque de ressources. Moi, j'ai des collègues qui sont
aussi... leur directeur des transports s'en
va. Ils sont directeurs des transports pendant deux mois, en même temps qu'ils
s'occupent des finances, parce que...
grandes commissions scolaires couvrent des grands territoires, mais peu de
personnes aux centrales. Alors, rapidement, si on a un imprévu... Souvent, j'ai
des collègues qui sont D.G. et, comme je disais tout à l'heure,
directeur des transports. Ils peuvent porter plusieurs chapeaux en plus si
quelqu'un quitte.
Alors,
je peux comprendre, là, qu'il y a des situations où on a besoin un peu d'un peu
plus de temps. D'ailleurs, si je me souviens bien, dans le projet de loi, au
niveau du protecteur de l'élève régional, je pense que le délai, c'est
20 jours, du traitement des plaintes.
Alors, ça reflète aussi un peu, là, cette réalité-là. Moi, je pense qu'on
devrait avoir le même nombre de jours pour faire nos... donner notre
réponse.
M. Émond :
O.K., parfait. Merci beaucoup. C'est tout pour moi, Mme la Présidente. Merci,
messieurs, pour votre participation.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Il reste 40 secondes. On va passer la parole à la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Good morning, gentlemen. It's a pleasure to
exchange with you this morning. Thank you very much for your presentation and thank
you very much for the brief that you've submitted to
this commission.
I want to come back to the
exchange that you had with the Minister in terms of the number of complaints.
And the sense that I get from the brief that you've submitted and the remarks
that you've had today is that... and we know that it's very different in the
anglophone sector, that, quite frankly, you are treating the complaints that
are happening on the ground, and we see that based on the information that you
are obliged to submit in your annual reports every year. You must document and
make public the number of complaints that you receive. And, based on the
information that you have in your brief, it's 285 for the nine English
schoolboards, that's of an hundred thousand students. Just to do the math, it's
less than 0.5% of your total population. So, good job.
Do you think that the elements
within this bill will address the problem that we're seeing on the ground? And,
if so, what is the problem that you feel that we need to address to improve,
whether it's in the anglophone or in the francophone sector?
M. Copeman (Russell) : Well, I think... if I may, and Mr. Racette has something to add as
well. You know, we're not insensitive to the idea that perhaps not all parents
and students are fully aware of their rights and fully use the system. That is a possibility, you know, that
one has to entertain. However, I guess what we're saying, Mrs. Maccarone, is that it is not clear that you need necessarily
an entire new bureaucracy in order to increase the amount of information
that's given to parents and students with regard to their rights and their
recourse.
Alors, c'est ça qu'on a
dit dans le mémoire, on peut améliorer l'information donnée aux parents et aux
élèves concernant leurs droits et leurs recours des... pour obtenir leurs
droits sans nécessairement créer un autre niveau de bureaucratie. Les deux ne sont pas nécessairement opposés.
M. Racette (Sylvain) : And if I may add, maybe there's more information that is needed,
but I'm going to speak for my schoolboard. We've got the ombudsman report in
our annual report that we're putting out on Twitter, we've got our complaints...
procedure complaint in our school agenda, it's on our website, our ombudsman
presents at the parents committee, so there's a lot of... the information is
out there. Could we do better? Maybe, perhaps.
Mais comme dit mon collègue Copeman, on est
ouverts à toutes ces nuances-là. Est-ce que ça vaut vraiment un grand
changement dans la façon de faire? On n'est pas sûr. Et je pense aussi, puis
ça, je pense que je parle pour pas mal
toutes les commissions scolaires anglophones, nos commissaires sont très, très
impliqués avec notre communauté. Alors,
il y a des plaintes qui viennent à nous par les commissaires. Notre communauté
parle à nos commissaires, alors on entend les préoccupations puis on
intervient, j'aime à penser, très rapidement pour les résoudre.
Alors, oui, j'ai entendu que ça peut être un
symptôme d'un problème, le fait qu'il y a eu peu de plaintes, mais en tout cas, je dois parler de Riverside, ça
m'étonnerait. Nos parents savent à qui s'adresser, et puis, je suis fier de
dire que, si on a peu de plaintes, c'est parce qu'on fait un bon
travail.
Mme Maccarone : Thank you to bringing up the point with regards the hard work that
the commissioners are doing on the ground in
terms of treating the complaints, and I think that that is the big value in
terms of management and control. They
are responsible and accountable to the population that elected them and
therefore they certainly have a sincere invested interest to work directly with
the public that they serve. And I think that... in large part part of the
reason of the success that you have in the
anglophone sector in terms of the number of complaints that reach «les
protecteurs de l'élève» or the ombudsman.
I'd like to go back to the
discussion you were having in terms of the requirement and your quest to
maintain your local ombudsman. We talked a lot about the particularities in the
anglophone sector and of course the need to have
access to an ombudsman that can treat the complaints of the parents in English.
It is an essential service. So, I'm 100% in agreement with you, but I
want to hear more about why it's important that you determine who your local ombudsman will be, because even though we've said
that you're open to the idea of having maybe one on two regional
ombudsman, I have a concern that this one or two individuals... and first of
all, good luck, because it's going to be very
difficult to treat all these complaints. You're adding distance, you're talking
about the gas paying, say the person is living in Montréal. So, now you're missing that
personal connection. Not everything can be done by Zoom. In my experience, it's always been important to... it's
counsel that votes on who your ombudsman will be, and counsel of course
is a reflection of the community that they represent. Why is it important that
we maintain that local representation and the choice within your schoolboard to
determine who will treat the complaints?
• (10 h 30) •
M.
Lamoureux (Dan) :
I'd like to respond to that if it's possible. I know that at Riverside... I'm
chair of Riverside schoolboard, and here, at Riverside,
we make sure that we are able to get an ombudsman that was independent. We did
not want to have an ombudsman that would be an arm of the administration. We
wanted to make sure that the parent or the complainant would realize that it's
independent. Et la voie qui, lui, pourrait bien... à notre commission scolaire, c'était très respectueux. We find
that, with an independent ombudsman, we're better to serve the needs of the
community at large rather than having a member of the staff be there.
Alors, pour nous, c'est très important d'avoir quelqu'un qui... vraiment
indépendant qui cherche la plus bonne manière de régler le problème, et
c'est pour ça qu'on garde ça très, très proche de nous.
M. Copeman
(Russell) : Mme Maccarone, le projet de loi maintient un choix local,
dans le sens qu'il est indiqué dans le projet de loi que la personne qui est
responsable du traitement des plaintes est nommée par le conseil d'administration.
La différence majeure, c'est que ce n'est plus un ombudsman dans son sens
strict. C'est un membre du personnel de la commission scolaire. Un membre du
personnel de la commission scolaire, ultimement, relève du directeur général.
Il se rapporte au directeur général, même si cette personne-là est nommée par
le conseil des commissaires.
Ce qu'on suggère,
c'est qu'on retient la possibilité d'utiliser ce modèle-là, si le conseil des
commissaires souhaite, mais qu'on retient la possibilité de maintenir un
ombudsman autonome et indépendant. Ça n'enlève rien des objectifs du projet de
loi. Ça ne contredit d'aucune façon les objectifs du projet de loi. Ça permet
un niveau de flexibilité, ça permet un niveau de... un degré d'autonomie pour
l'ombudsman et ça renforce les pouvoirs du conseil des commissaires dans un
système de gouvernance qui est très différent entre un centre de services
scolaire et une commission scolaire.
Mme
Maccarone :
Both,
right? Because, I think, what's interesting, if I think about... they have
both. They have somebody internally who's a director of schools, who's
responsible for treating the complaints to ensure that they are as efficient as
possible, and they also have their local ombudsman. So, I think, if what we're...
the goal here, in this commission, and in debating this bill, and hearing the
consultation, is to ensure that we are more efficient and that we improve... I
think that the suggestion is certainly one that's very reasonable because it
will ensure that the parents' complaint is treated in an even more reasonable
delay, and the more actors that there are to take into consideration the
complaints, the more quickly and the more efficiently that we can do so.
I
want to talk about... because we're talking a lot about improving in efficiency
and yet we're not necessarily talking about the data that supports it. We have
the report from 2017 from the Protecteur de citoyen, which is terrific, but
what's your measurement of success? Because... How are you measuring your
success? And is there somebody that's doing right? Is there something that we
can lift in terms of measures that are currently in place that we can inspire
ourselves from given the fact that you have less than half a percent of
complaints that happen in the entire network that actually reach the Protecteur
de citoyen?
M.
Copeman (Russell) :
Right. So, I mean, that's a little bit difficult because, you know,
you have to go into, I guess, the annual reports of each school board to see
how many complaints were actually resolved before they got to the ombudsman,
right? And that information is available. It's not something that we were able
to do in time for this parliamentary commission. But, you know, I think...
Mme
Maccarone :
Maybe
I can say: How do you attribute your success and how do you attribute... to
what do we attribute the success in the anglophone network then? Maybe it's
just an easier way to present it.
M.
Copeman (Russell) :
Right. I mean, I think part of it is that, because of our governing
structure, parents know that they can also address directly school
commissioners and the council of commissioners. And, you know, that's a very
different type of governing structure than the one that is used in school
service centers, which have existed for some time now.
Et
puis j'ajouterais même, Mme la députée, que, même dans le projet... dans la loi
n° 40, le gouvernement a reconnu une structure de
gouvernance distincte pour les commissions scolaires anglophones. Évidemment,
nous prétendons que ce n'est pas suffisant,
mais il y a une reconnaissance officielle qu'il y a une distinction de
gouvernance entre un centre de services scolaire et une commission
scolaire. Le rôle du commissaire est très important, et il faut maintenir la
possibilité d'utiliser ce rôle-là jusqu'au maximum.
Mme
Maccarone : ...we've heard the testimony just
prior to yours from AQCS. Their position is that we should be completely
bypassing council or the «conseil d'administration» in the francophone network.
What's your opinion on that?
M.
Copeman (Russell) : Well, again, I think, you
know...
La Présidente (Mme
Guillemette) : C'est tout le temps que nous avions, malheureusement,
pour l'échange avec la députée, mais nous poursuivons nos discussions avec la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci. J'ai eu des échanges régulièrement, dans les derniers temps, avec des
parents, dont plusieurs de communautés anglophones, et ils m'exprimaient leur
grand sentiment de vulnérabilité par rapport à l'accès aux services, parce que, contrairement au réseau francophone,
bon, bien, si ça ne fait pas l'affaire dans l'école qu'ils fréquentent, bien, l'école suivante n'est
pas quelques coins de rue plus loin. Des fois, elle peut être 75 kilomètres
plus loin, elle peut être beaucoup plus loin. Donc, il y a une impossibilité
pour les familles de se revirer de bord puis de simplement changer d'école.
Et, dans le projet de loi,
c'est prévu que le processus, la première étape, c'est de s'adresser
directement, là, à la personne concernée dans l'école. Moi, ce que j'entendais
de la part des parents, c'est qu'une démarche comme celle-là, c'était vraiment préoccupant pour eux. Ils avaient besoin de
pouvoir s'adresser en première instance à quelqu'un de plus indépendant,
justement, à cause de ce sentiment de vulnérabilité là. Puis le fait que les
communautés anglophones aussi, souvent, bon, sont plus... dans beaucoup de
régions, elles sont plus petites, donc tout le monde se connaît, c'est des
communautés tissées très serré, donc il y a une difficulté de dénoncer des
situations problématiques qui est comme accentuée dans leur contexte.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Racette (Sylvain) : Si vous me
permettez, je pense que c'est... Puis le projet de loi, tel que présenté, ne
changerait pas la première étape, qui est de s'adresser à la personne,
directement. Nous, la majorité des cas vont se résoudre à la première
intervention. Alors, s'il y a une situation problématique qui est identifiée,
peu importe, à l'école, avec l'enseignant ou avec la direction, tout de suite,
on appelle un ombudsman régional ou même un ombudsman local qui va, après ça,
venir à l'école. Ça rajoute des étapes dans le processus. Je pense que, s'il y
a des parents... Je pense que les parents doivent savoir que... les directions,
on a des... tout notre personnel et nos directions, tout notre personnel est
très professionnel. Tout le monde cherche à s'améliorer. Alors...
Mme Labrie : ...plusieurs, par
exemple, qui m'ont parlé, puis des gens qui connaissaient très bien, là, leurs
droits, qui connaissaient leur recours, qui m'ont parlé, par exemple, qu'ils
vivaient de l'intimidation juridique, des menaces de plaintes en harcèlement
pour demander des documents ou pour poser des questions. J'ai entendu des
témoignages comme ça, là, en ce moment, d'intimidation venant de la part de la
direction d'école, par exemple.
M. Racette (Sylvain) : Moi, c'est la
première fois que j'entends quelque chose comme ça, mais je pense que, dans ce
temps-là, il faut parler à la commission scolaire. Je ne peux pas... Je connais
bien mes confrères et je ne peux pas imaginer des confrères, là, qui vont faire
une guérilla juridique à leurs parents, là. Ce n'est pas notre rôle. Notre
rôle, c'est de supporter les élèves.
Alors, j'essaie de voir aussi en quoi, même avec
le projet de loi tel que présenté, ça changerait ça, parce que ça va être une
recommandation qui va venir après. S'il y avait vraiment de la mauvaise foi,
bien, je pense qu'il y a un problème qui faut qu'il soit adressé au niveau du
conseil des commissaires. S'il y avait de la mauvaise foi des administrateurs,
il faut que ça aille au conseil des commissaires pour qu'une solution soit
trouvée, là. Je suis étonné d'entendre ça. Je ne dis pas que ça n'existe pas,
mais...
Mme Labrie : ...que le projet de loi
ne changerait rien à cette situation-là?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup.
M. Racette (Sylvain) : Je ne pense
pas.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, nous poursuivons nos échanges avec la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Merci, Mme la Présidente.
Merci beaucoup à vous trois. Je veux revenir sur le rôle que vous voulez
maintenir, là, du conseil des commissaires. Donc, on a bien compris, là, vos
représentations générales de votre modèle idéal, mais admettons que la
structure ressemblerait, là, au bout du processus, je ne présume de rien, à ce
qui est un peu dans le projet de loi, comment vous voyez que ça pourrait
continuer de cohabiter? Comment vous feriez, je dirais, vivre ce que vous
souhaitez qui puisse demeurer, ce droit-là de s'adresser directement au conseil
des commissaires, auquel vous semblez, là,
beaucoup tenir? Puis votre structure, vous, a été maintenue, donc je comprends
aussi. Est-ce que vous avez pensé un peu à comment articuler ça, là, la
concomitance, un peu?
• (10 h 40) •
M. Copeman (Russell) : Mme la
députée, ça dépend vraiment des modifications qui sont apportées à la Loi sur
l'instruction publique, hein? Tout à l'heure, un de vos collègues a insisté
beaucoup sur la précision puis la valeur des
mots. Notre compréhension, c'est que le projet de loi modifie la Loi sur l'instruction publique et évacue la possibilité de s'adresser
directement au conseil des commissaires pendant le processus de plainte. Bien,
si c'est le cas, ça va être difficile de réconcilier ou de continuer ce
processus-là s'il est expressément enlevé de la Loi sur l'instruction publique.
Alors, peut-être un peu de souplesse sera nécessaire afin de ne pas... de
tout... de respecter la loi, mais de permettre certaines réalités d'être vécues
dans les commissions scolaires anglophones, réalités qui sont reconnues même
dans la fameuse loi n° 40.
Mme Hivon : Parce que comment
on pourrait littéralement empêcher quelqu'un de s'adresser au conseil en marge, mettons, d'un processus formel? C'est
difficile d'imaginer qu'il n'y aurait aucune possibilité, là, quand même.
M. Copeman (Russell) : Tout à
fait, mais c'est pour ça qu'il faut regarder de près. Et je ne suis plus assis
à votre place depuis un certain temps. C'est pour ça qu'il faut vraiment
regarder, lors de l'étude détaillée, quel est l'impact des modifications à la Loi
sur l'instruction publique, qui touche le pouvoir des commissions... des
conseils des commissaires et la possibilité des parents de s'adresser
directement au conseil pendant le processus de plainte. C'est
pour ça qu'on l'a soulevé dans notre mémoire. On se fie à vous de s'assurer que
c'est assez flexible pour permettre ces situations-là, au besoin.
Mme Hivon : Merci. J'essayais de vous sous-traiter un peu le travail, mais ça n'a
pas marché. Merci beaucoup. Vu votre expérience.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Bien essayé, Mme la députée. Donc, merci
beaucoup à vous trois pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et la commission
suspend ses travaux quelques instants, le temps d'accueillir les nouveaux
intervenants.
(Suspension de la séance à
10 h 42)
(Reprise à 10 h 52)
La Présidente (Mme
Guillemette) : Donc, bienvenue, tout le monde. Merci d'être présents.
La commission reprend ses travaux, et nous accueillons maintenant la Fédération
québécoise de l'autiste... de l'autisme, excusez, et ses deux représentants,
M. Tommy Bédard, président, et Mme Lili Plourde, directrice générale.
Bienvenue avec nous
ce matin, en virtuel, mais bienvenue. Donc, vous disposez de 10 minutes pour
nous faire votre présentation. Il y aura un
échange avec les membres de la commission par la suite. Donc, je vous cède la
parole.
Fédération québécoise de l'autisme (FQA)
M. Bédard
(Tommy) : Merci. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, bonjour. Présente depuis 45 ans, la
Fédération québécoise de l'autisme, FQA, est un regroupement provincial de
75 organismes qui ont en commun les intérêts de la personne autiste
et ceux de sa famille et de ses proches. 16 de ces organismes sont des
associations en autisme présentes dans chacune des régions du Québec. Les
autres organismes sont des membres associés à
la fédération et proviennent de différents réseaux, communautaires, scolaires,
santé, services sociaux et privés.
C'est à titre de
représentants de l'ensemble des personnes autistes et de leur famille que nous
déposons nos commentaires dans le cadre de la consultation particulière sur le
projet de loi n° 9. La fédération se réjouit
d'ailleurs de l'intérêt du gouvernement du Québec d'améliorer le rôle du
protecteur de l'élève.
Nous débuterons notre
présentation en citant la Fédération des comités de parents du Québec, qui sera
entendue ici aujourd'hui et qui demande,
depuis longtemps, un protecteur de l'élève accessible, transparent et
indépendant. Le projet de loi n° 9 et les
pouvoirs qui pourraient être donnés au protecteur national et aux protecteurs
régionaux sont des outils qui ont le potentiel de soutenir la réussite
éducative de tous les élèves en difficulté. On y trouve plusieurs éléments qui
assurent, justement, cette accessibilité, transparence et indépendance. Il
demeure cependant nécessaire de partager avec vous les problèmes actuels qu'il
faut s'assurer de ne pas répéter pour assurer le succès du nouveau modèle
proposé.
Les parents d'élèves
autistes ont... Les parents d'élèves autistes ou issus de la neurodiversité ont
vécu et vivent encore plusieurs frustrations face au processus de plainte
actuel et aux relations avec le protecteur de l'élève plus de 10 ans après son implantation.
Trop d'étapes résultant en autant d'embûches, délais de traitement trop longs,
manque de connaissance de la part du protecteur pour prendre des décisions
favorables à l'enfant, des rapports incomplets masquant la réalité, minimisant
les plaintes faites par les parents ou faisant tout simplement disparaître...
tout simplement disparaître, oui. Les parents ont donc perdu confiance non
seulement dans le protecteur de l'élève, mais dans tout le processus de
plaintes. Le système scolaire devient donc l'ennemi qui, présentement, semble
tout fait pour expulser les enfants autistes qui ne rentrent pas dans le moule
de l'élève neurotypique.
L'école ne fera pas
disparaître les manifestations typiques à l'autisme, mais elle peut soutenir
les élèves avec des interventions appropriées basées sur des standards de
pratique. La Loi sur l'instruction publique leur donne le droit d'aller à
l'école, et aller à l'école, ça implique d'avoir des services adéquats et
adaptés aux besoins. Nous profitons donc de l'occasion pour réclamer ces
services nécessaires à la réussite scolaire de tous les EHDAA. Cette réussite
demande un processus de plainte neutre et transparent qui ne prend pas
systématiquement le parti de l'école au détriment de l'élève. Cette nouvelle
institution, constituée par les nouveaux protecteurs, devra cependant démontrer
rapidement cette indépendance afin de reconstruire une relation de confiance
avec les parents.
Mme Plourde
(Lili) : Le projet de loi n° 9 est un grand
pas dans la bonne direction, mais nous croyons qu'il pourrait aller encore plus
loin pour donner plus de pouvoir aux protecteurs national et régionaux. Dans le
projet de loi, il est indiqué que les écoles peuvent refuser les
recommandations du protecteur régional, probablement au détriment des élèves.
Les écoles ne devraient pas avoir cette option avant de démontrer, entre
autres, que le plan d'intervention est fait dans les règles de l'art et suivi
par tous les membres du personnel, que les méthodes d'intervention sont
adaptées et qu'une analyse de l'environnement a été effectuée. Qu'on ne fasse
pas pression sur les parents pour
médicamenter les enfants plutôt que d'adapter les interventions et qu'on
comprenne bien que développer l'autonomie n'est pas synonyme de retrait
des services.
Un enfant autiste n'est pas responsable de ses
désorganisations, peu importe son besoin de soutien. Il réagit à son
environnement et, si ce dernier n'est pas adapté, il provoque lesdites
désorganisations. Son diagnostic ne peut donc pas être un
motif d'expulsion, mais c'est très peu compris actuellement dans le processus
de plainte. Nombreux sont les élèves à qui on accole une étiquette de trouble
d'opposition, alors qu'ils ne comprennent tout simplement pas les consignes.
Nous craignons donc qu'il soit encore beaucoup
trop facile pour les écoles d'ignorer les recommandations du protecteur en
évoquant des motifs qui demeurent discriminatoires envers des enfants à besoins
particuliers, tout particulièrement lorsqu'il y a présence de troubles de
comportement. Nous comprenons bien que la violence n'a pas sa place dans une
école, mais, quand cette violence est en fait la manifestation d'un malaise de
la part d'un enfant qui ne sait pas comment l'exprimer, le rôle des adultes qui
l'entourent est de l'aider à exprimer ce malaise différemment, pas d'expulser
un enfant qui n'a pas les outils pour le faire par lui-même.
M. Bédard (Tommy) : La formation. Le
projet de loi n° 9 ne parle nulle part de la
formation particulière nécessaire afin d'assurer une bonne analyse des plaintes
et la légitimité des décisions rendues par le protecteur national et régional,
ce qui est, à notre sens, une grande lacune. Un des problèmes actuels lors
d'une plainte, c'est que, si l'école dit au protecteur de l'élève qu'elle a
bien fait son travail, ce dernier n'est pas apte à déterminer si ce qui a été
fait par l'école est adapté. Et il arrive même que des protecteurs disent aux
parents : Je ne retiens pas votre plainte car je ne connais pas l'autisme. Je
ne peux pas juger ce qui a été fait... si ce qui a été fait est bon ou non.
Vous pouvez donc comprendre notre inquiétude et
la raison derrière notre insistance à ce sujet. La formation particulière des
protecteurs est une condition essentielle au succès de ce processus de plainte.
Nous croyons qu'il faudrait que ce soit ajouté au projet de loi. Cette
formation doit être continue et toucher toute la gamme des clientèles
scolaires, peu importe la nature du handicap. Pour être réellement impartial,
le protecteur doit comprendre le mécanisme derrière les actions d'un élève. Il
doit comprendre qu'un élève qui ne comprend pas la consigne ne fait pas de
l'opposition. C'est à l'enseignant et au reste du personnel d'aider l'élève à
comprendre la consigne.
Mme Plourde (Lili) : Le Protecteur
du citoyen recommandait un accès beaucoup plus rapide au protecteur de l'élève.
Nous croyons qu'il y a encore trop d'intervenants dans le processus. En plus de
la direction d'école, on ajoute un responsable des plaintes qui appartient à
l'école avant d'arriver au protecteur régional. Bien que les délais de réponse
de chaque intervenant sont maintenant bien identifiés dans le temps et assez
courts, il n'en demeure pas moins que c'est encore long avant d'arriver au
protecteur régional, plus de 45 jours, ce qui est bien long dans la vie
d'un enfant. Pour bien des parents, se faire dire par la direction d'école et
le responsable des plaintes que leur plainte n'est pas fondée les découragera
suffisamment pour ne pas aller plus loin. Et, comme nous l'avons déjà nommé, le
protecteur de l'élève n'a déjà pas beaucoup de crédibilité actuellement. Il
sera facile de faire perdre celle du nouveau protecteur régional. Nous croyons
donc qu'il est possible de réduire le délai.
Il est d'autant plus urgent d'intervenir
rapidement lorsqu'on parle d'une suspension ou d'une expulsion. Il faudrait
alors diminuer les étapes avant d'arriver au protecteur régional. Il faut aussi
préciser les recours possibles lorsque le
protecteur régional de l'élève refuse d'examiner une plainte ou qu'il met fin à
l'examen d'une plainte. Est-ce que le Protecteur du citoyen a un rôle
dans le processus de plainte, comme recommandé dans le rapport de 2017?
M. Bédard (Tommy) : Recommandations
du protecteur national. De même, il faut donner plus de pouvoir aux
recommandations du protecteur national de l'élève et encadrer les motifs
amenant à un refus de conclusions ou recommandations afin d'éviter le retour à
la case départ et que les écoles puissent continuer d'offrir des services non
adaptés aux élèves en difficulté.
Nous croyons aussi que le protecteur national
doit formuler des recommandations au ministre. Nous croyons qu'il faut mettre
plus d'emphase sur l'importance de ces recommandations. Il est temps d'examiner
en profondeur les obstacles à la réussite scolaire des EHDAA, et le protecteur
national sera dans la bonne position pour le faire. Il faut aussi que le
ministre puisse mettre en application les recommandations.
Encore une fois, nous le répétons, le succès des
nouveaux protecteurs reposera sur leur crédibilité aux yeux des parents afin
d'arriver à un processus de plainte efficace et surtout constructif, visant la
réussite éducative.
• (11 heures) •
Mme Plourde (Lili) : Les parents
d'enfants autistes ou handicapés ont une charge familiale plus élevée que le
reste de la population. Sans les tenir par la main, il faut leur donner un
petit soutien supplémentaire. Il serait donc bon que le nouveau processus de
plainte soit transmis plusieurs fois dans l'année et sous différentes formes,
dont des soirées d'information en visioconférence ou en présentiel. Cette
information doit indiquer qu'il est possible de porter plainte en cas de
suspension ou d'expulsion. Les règles ne sont pas toujours respectées en cas de
suspension, ce qui lie souvent les mains des parents. Il faut alors leur
permettre d'aller directement au protecteur régional.
Nous remercions le ministre pour ces changements
proposés, et nous espérons que les nouveaux protecteurs national et régional auront le pouvoir nécessaire pour réellement
soutenir les élèves, et surtout la formation nécessaire pour le faire,
et soutenir adéquatement toutes les personnes impliquées dans le processus de
plainte. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup à vous deux. Donc, nous débutons les échanges. M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme la
Présidente . Merci à vous pour votre mémoire et votre présentation. J'ai trouvé
que c'était très concret. Ça paraît que vous avez, je dirais, une expérience
terrain pour accompagner des parents et des intervenants dans les processus
actuels. Donc, je suis content de voir que vous disiez que le projet de loi arrive avec des éléments qui améliorent l'accessibilité,
la transparence, l'indépendance. Il reste du travail à faire pour améliorer le projet de loi, mais il y a quand
même un pas en avant pour vous, là, qui vivez avec le système actuel.
J'ai une petite
question préalable avant de creuser davantage vos recommandations et vos
précisions. Est-ce qu'en ce moment vous accompagnez des gens de la communauté
anglophone à l'intérieur du processus avec des commissions scolaires
anglophones?
M. Bédard
(Tommy) : Je peux y aller. Moi, présentement, outre être président de
la fédération, je suis directeur de la Société de l'autisme de
l'Abitibi-Témiscamingue. J'accompagne des familles dans la commission scolaire
anglophone. Donc, ça fonctionne un peu de la même façon, mais c'est un peu
différent, disons.
M. Roberge :
Est-ce que... juste pour comprendre, est-ce que le système actuel de traitement
des plaintes avec les commissions scolaires anglophones versus dans les centres
de services scolaires francophones est réellement différent? Est-ce que la
problématique est différente ou vous rencontrez autant des forces que des
failles semblables dans les deux réseaux?
M. Bédard
(Tommy) : Pour les quelques dossiers que j'ai eus pour les commissions
scolaires anglophones, c'est plus compliqué, plus compliqué et moins facile,
étant donné que nous roulons, nous fonctionnons plutôt avec le secteur québécois. Donc, l'accessibilité, je
dirais, plus difficile, donc accéder aux bonnes informations, à savoir est-ce que ça fonctionne de la même façon, c'est ce que nous
voyons. Côté québécois, côté centre des services scolaires, oui,
l'information est bien présente, mais difficile d'accès. Donc, il faut vraiment
faire partie d'une équipe quelconque pour savoir exactement où aller et comment
accéder à un processus de plainte.
M. Roberge : Merci.
J'aimerais avoir plus d'éclaircissements sur ce que vous pensez de la
proposition du projet de loi, tel qu'il est, sur le processus de nomination des
protecteurs régionaux de l'élève. Est-ce que vous pensez que la création d'un
comité, c'est une voie privilégiée? Puis est-ce que les gens qui sont en ce
moment sur le comité, dans le projet de loi tel qu'il est, sont les bonnes
personnes? Est-ce qu'il faudrait changer le processus ou changer la composition
du comité pour avoir quelqu'un, d'après vous, là, qui aurait toutes les
compétences?
M. Bédard
(Tommy) : Je peux y aller encore une fois. Étant président du centre
de services scolaires de ma région, je suis
un parent EHDAA d'un enfant HDAA, donc j'ai le souci, donc je suis teinté.
Présentement, à ma connaissance, je
crois, du comité consultatif, il n'y a aucun représentant HDAA. Donc, cette
expertise ou cette particularité-là ne semble... selon moi, ne sera pas
prise en cause, du moins, sera moins présente lors des délibérations ou du choix
des différentes personnes.
M. Roberge :
Parce que je faisais un lien entre ce que vous avez dans votre mémoire, votre
présentation, par rapport aux formations, autant dans le réseau scolaire qu'au
niveau... enfin, à l'échelle du protecteur régional. Donc, je me demandais si
vous alliez dans ce sens-là, donc s'assurer que sur le comité de sélection ou
alors dans les critères, la personne qui occupera le poste de protecteur
régional ait la sensibilité, là, mais au-delà de la sensibilité, je vous dirais,
la formation. C'est prévu, mais je vous dirais, ce n'est peut-être pas
précisément nommé. On en parle quand on en est à l'article 16 du projet de loi,
à ce moment, où on parle vraiment de formation pertinente, surtout par rapport au système actuel où chaque centre de
services scolaire, chaque commission scolaire se nomme son protecteur de
l'élève, où il n'y a pas vraiment, en aucun endroit, là, dans la loi,
d'obligation de formation, ou de formation continue, ou d'encadrement national.
On prévoit que les gens nommés suivent des formations, mais peut-être qu'on
devrait prévoir quelque chose même au niveau du processus de nomination, là. En
tout cas, je vous dirais que vos présentations éveillent, là, ma sensibilité de
ce côté-là.
Côté promotion, puis
vous en parlez, là, vous dites qu'il faut rappeler... il faut absolument que
les gens soient informés sur le processus de
plainte. Même, dans votre mémoire, vous parlez à plusieurs reprises... Dans la
loi, on le prévoit quand même, là, on
dit qu'à chaque année tous les parents doivent être informés du mécanisme de
plainte, de l'existence d'un protecteur régional de l'élève, je vous
parle version 2.0, là, pas de la situation actuelle, et que ça doit être sur le
site Internet.
Donc,
est-ce que vous pensez que c'est suffisant que chaque parent, chaque année,
soit informé du mécanisme de traitement de plainte, de l'existence du
protecteur et que ce soit sur le site Internet? D'après vous, c'est suffisant
ou bien il y aurait même d'autres mécanismes à prévoir pour faire connaître
l'institution?
M. Bédard
(Tommy) : Bien que ce soit suffisant, disons que, de mon expérience
personnelle, sur le site Web de notre centre
de services scolaires, c'est bien détaillé. Notre directeur de centre de
services scolaire nous le présente au
comité de parents en nous disant : L'information s'y retrouve, c'est
extrêmement bien détaillé, maintenant c'est vous, les ambassadeurs, de
devoir faire le suivi auprès des familles, et tout, et tout.
Une seule fois par
année, ce n'est pas assez. Si on parle de parents d'enfants HDAA, c'est des
parents qui sont extrêmement occupés et extrêmement bousculés par la vie. Donc,
c'est facile d'oublier. Puis, quand on est en situation de crise, on oublie nos
ressources, nos recours. Bien entendu, si, lors d'une expulsion ou quoi que ce
soit, la direction ou peu importe l'équipe scolaire avaient l'obligation de
rediriger les gens en leur disant : Écoutez, c'est ce qu'on fait, si vous
avez une plainte, voici, je vous reprise où est l'information, allez-y, c'est
libre à vous... bien que, comme je dis, une fois, ce n'est pas assez. Il
faudrait qu'il y ait comme un retour, une communication. Bref, je ne pourrais
pas expliquer la façon parfaite de le faire, mais plus d'une fois, ça, c'est
nécessaire.
Mme
Plourde (Lili) : Et ça
devrait être rappelé systématiquement en cas de suspension ou d'expulsion d'un
élève.
M. Roberge : O.K., oui, c'est ça,
c'est ce que j'avais vu. Donc, peut-être ne pas envoyer à tout le monde, trois,
quatre fois par année, la même information, là. Les parents risquent, à un
moment donné, d'ignorer quelque chose, là,
quand on le voit trop, on ne le voit plus. Mais à des moments précis, en
souhaitant que ça n'arrive pas du tout dans
le parcours scolaire de notre enfant, mais, s'il arrive un élément marquant, un
événement majeur, comme une suspension
ou une expulsion, bien, à ce moment-là, si je saisis bien votre recommandation,
ça serait que là, obligatoirement, avec cette décision vienne cette
information. C'est ça.
Mme Plourde (Lili) : Puis il peut
aussi y avoir des soirées d'information, une vidéo d'information, parce que, des fois, faire un processus de plainte, si
c'est pour le bien-être de tous, ça peut être constructif. Donc, d'avoir une
soirée d'échange sur le processus, des fois,
ça peut le rendre plus accessible et moins épeurant aussi comme processus.
• (11 h 10) •
M. Roberge : Mais je trouve ça
intéressant quand vous dites d'accessibilité, information. Un processus de
plainte, un protecteur de l'élève, ce n'est pas le début d'une chicane, là. Il
faut le voir comme quelque chose qui permet d'améliorer les services, quelque
chose, même, qui peut être un peu dissuasif, là, de la part de l'organisation
scolaire ou de l'école privée, là, dit : Bon, bien, on est aussi bien de
prendre nos précautions. Mais, en même temps, aussi, ce n'est pas une attaque à
quiconque. Ça, je pense, c'est important de le dire aujourd'hui, de le répéter,
puis peut-être dans les communications aussi, autant pour le réseau, ne pas
dire : Aïe! Je ne voudrais surtout pas que quelqu'un utilise le mécanisme
de plainte. Ce n'est pas un jugement contre une personne, mais il y a peut-être
un peu d'éducation à faire de part et d'autre avec ça.
Il y a quelque chose qui m'interpelle un peu,
parce que vous parlez peut-être d'une proposition d'éliminer le poste de responsable des plaintes à l'échelle de
la commission scolaire ou du centre de services scolaire. Donc, il n'y aurait
que deux paliers. Je ne sais pas si j'ai bien compris, dans votre mémoire, c'est
comme s'il n'y avait que l'école puis, après ça, on irait directement au
protecteur régional. Est-ce que c'est bien ça? Parce que vous êtes le premier
groupe, si vous apportez avec ça... ça ne veut pas dire que ce n'est pas bon,
mais ce serait, disons, la première fois que je l'entendrais, cette
proposition-là. Ai-je bien saisi?
Mme Plourde (Lili) : Oui,
effectivement. Effectivement, parce que, d'expérience, il y a beaucoup de
parents qui vont se décourager s'il y a trop d'étapes avant d'arriver au protecteur
régional. Mais on comprend que tout ne peut pas aller directement au protecteur
régional non plus, là. Tu sais, il faut commencer par avoir une médiation avec
la direction et tout ça, là, mais on a peur qu'il y ait encore beaucoup
d'étapes.
M. Bédard (Tommy) : Oui, puis il y a
aussi la crainte, aussi, du parent qui, lorsqu'il fait un dépôt de plainte, idéalement, le processus, c'est de passer par la
direction, puis, si ça ne fonctionne pas, on va une étape supplémentaire,
qui est la personne responsable des plaintes. Donc, on parle d'un délai pour la
première étape puis un délai pour la deuxième étape. Et ensuite il y a
peut-être une perte de confiance où, étant donné que le protecteur de l'élève
est quand même payé par le centre de services scolaire, les gens perdent... je
crois que ça enlève un peu de crédibilité, où les gens se disent : Bon, on
ne se rendra pas jusque-là ou on a peur parce que... on a peur de faire une
plainte, on a peur, étant donné que le protecteur de l'élève est quand même payé
par le centre de services scolaire. On a peur qu'on ait des représailles ou
qu'on soit jugés. Là, je parle de petits milieux comme l'Abitibi, comme un peu
partout en région. Les gens se connaissent,
ont peur un peu des représailles, sachant que la personne est un employé de
l'école, mais qui défend l'élève et l'école.
Donc, vraiment, il y a un double discours, une
double interprétation. Donc là, on parle des trois étapes, la direction, le
protecteur aux plaintes. S'il y avait une étape de moins, peut être que ce
serait plus simple.
M. Roberge : Mais ça, c'est
peut-être... il y a un os dans le jambon avec le système actuel, là,
effectivement, le fait qu'il y ait vraiment un lien direct entre, vraiment, le
protecteur de l'élève et l'organisation actuelle. On change ça, là, carrément,
là, on coupe le cordon, comme on dit, avec le projet de loi. Je m'interroge,
là, puis je ne rends pas un verdict, là. On n'est pas au moment des verdicts,
puis de toute façon, ça ne m'appartiendra pas, ça appartient à la commission,
mais sur la pertinence d'enlever l'étape du centre de services scolaire,
considérant surtout que, dans le cas d'élèves HDAA ou des élèves qui ont un
trouble du spectre de l'autisme, on parle d'élèves qui ont des besoins
particuliers. Or, l'organisation des services, elle est souvent à l'échelle du
centre de services scolaires. La répartition des élèves, il y a beaucoup de
choses qui se décident quand même au niveau, même, du comité de répartition des
ressources. Donc, j'ai peur que, si on cogne seulement à la porte de l'école
puis qu'après ça on est directement au protecteur de l'élève, on évite de
trouver une solution plus rapidement, mieux adaptée à l'organisation scolaire,
puis donc une réponse qui soit plus appropriée à l'élève, si on saute l'étape
où, justement, on fait la répartition des ressources professionnelles, parce
que ça se fait à l'échelle régionale, à l'échelle du centre de services
scolaire. C'est un peu ça qui m'inquiète, en fait, si on élimine cette
étape-là.
Mme Plourde (Lili) : Je vais revenir
avec l'exemple qu'on a donné tout à l'heure d'un enfant qui a eu des actes de
violence à l'école. Vous savez que ça, c'est un motif d'expulsion assez rapide.
Puis le temps va nous dire si le nouveau
modèle, avec un responsable des plaintes, sera efficace aussi. Le temps va le
dire, mais, tu sais, dans le cas d'une suspension ou d'une expulsion en
raison d'un acte de violence, nous, ce qu'on a peur, c'est que le responsable des plaintes du centre de services scolaire va juste dire
comme l'école puis il va dire : Bien non, il a été violent, il faut qu'il
s'en aille à la maison. Tandis que, si on donne l'opportunité aux parents
d'avoir des discussions avec la direction d'école : Qu'est-ce qui a amené
l'acte de violence?, puis, s'il n'y a pas de réponse... il n'y a pas de
possibilité de négocier pour mettre des choses en place avec l'école, aller
direct au protecteur régional. Parce que, tu sais, ça, c'est des choses qu'on
voit régulièrement sur le terrain, là, comme conséquence.
Donc, dans cette situation-là, en cas de
suspension ou d'expulsion, je pense que ça serait bon que les parents puissent
aller direct au protecteur. Puis sinon, le temps le dira si les étapes
proposées seront quand même facilitantes, là, dans le processus de plainte.
M. Roberge : Je termine en vous disant que l'article 31,
qui prévoit un accès direct dans certaines circonstances, pourrait
peut-être faire l'affaire. Et pour les minutes qui restent, et je m'excuse du
peu de temps que je laisse à mon collègue, je vais laisser mon collègue de
Saint-Jean poursuivre.
M. Lemieux : ...combien de
minutes, au fait, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Trois minutes, M. le député.
M. Lemieux : D'accord. Bonjour,
Mme Plourde, M. Bédard. D'abord, je dois dire, tout à l'heure, je parlais des
citoyens qui appelaient au bureau de comté dans leurs relations avec les
plaintes au centre de services scolaire ou dans une école en particulier... et
j'avoue que je suis content de vous voir intervenir, puis je suis content de la
qualité de la présentation que vous faites, parce que l'autisme est un bon
morceau, de là où ça devient compliqué dans les relations entre les parents et
les centres de services scolaires et les écoles, en tout cas, vu du point de
vue d'un bureau de comté de député. Ceci dit, je me suis fait répondre tout à
l'heure : oui, mais ils vous appellent juste quand ils ne sont pas
contents, ce à quoi j'ai répondu : je le sais. Et puis c'est comme ça à la
longueur de journée.
Mais dans votre cas, effectivement, les
problèmes sont particuliers. Et on pourrait dire qu'il y a plusieurs zones, là,
du transport au mécontentement de ce qui se passe dans la cour d'école, puis
là-dedans, vous faites partie d'un monde à part, sans vouloir être prosaïque,
considérant ce que vous vivez puis ce que vos enfants vivent. Je vous ai
entendu, entre autres, M. Bédard, au moins trois fois parler de confiance.
Reconstruire la confiance fait partie de votre discours, la crédibilité.
Rassurez-moi, là, c'est votre expérience passée qui vous fait avoir peur, ce
n'est pas ce que vous lisez dans le p.l. n° 9, là.
M. Bédard (Tommy) : Non,
absolument pas. On veut justement que l'image de la future façon de faire
permettra justement que les gens reprennent confiance au système. Donc, tout
dépend, en fin de compte, de l'endroit, parce que moi, ici, en région, il y a
une belle collaboration, les gens ont confiance au système présent parce qu'il
y a une collaboration et une communication, ce qui n'est pas la même chose un
peu partout en région.
M. Lemieux : Il y a peut-être
un élément du projet de loi qui, moi, m'emballe, dont on ne parle pas assez.
Alors, pardonnez-moi d'essayer d'aller tirer un petit peu sur ce que je trouve
de bon. Mais en particulier, pour les enfants autistes, il me semble que
d'avoir une sorte, à la longue, de jurisprudence, pour l'appeler comme ça, là,
sans faire du droit, là... Le protecteur national et les protecteurs régionaux
vont avoir, avec le temps, un certain nombre de décisions et de meilleures
pratiques. Et il me semble que là, en particulier pour l'autisme, il y a un
filon qui est particulièrement intéressant, non?
Mme Plourde (Lili) : Tout à
fait. Quand on fait de la défense de droits, c'est comme un bureau de député, quand
ça va bien, on n'en entend pas parler, on en entend quand ça va mal. Ça fait
que, oui, effectivement, c'est notre grand
espoir que le pouvoir de recommandation des protecteurs pourra faire en sorte
que, quand ça va bien dans une région parce qu'il y a des choses qui ont
été mises en place, parce qu'il y a des gens qui se remettent en question,
parce qu'il y a des gens qui comprennent vraiment la nature d'un enfant
autiste, qu'on va pouvoir appliquer ce qui marche bien partout au Québec.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Donc, nous allons continuer la discussion avec la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Plourde, bonjour, M. Bédard. Un plaisir de vous
avoir avec nous aujourd'hui comme d'habitude.
Je vais revenir un peu sur les propos de mon
collègue où il parle de... ce serait bien d'avoir du data, puis de
comptabiliser, puis d'avoir peut-être une harmonisation en ce qui concerne la
façon qu'on traite les plaintes. Je trouve ça particulier parce que, comme vous
le savez très bien, j'ai déposé plus de cinq mandats d'initiative, entre
autres, pour étudier la cause des enfants autistes, des adultes autistes, de la
transition de secteur mineur à majeur dans le réseau des services de garde où
ils n'ont souvent pas de place. Puis, juste dernièrement, j'ai déposé deux fois
un mandat d'initiative, en particulier pour
les réseaux scolaires en ce qui concerne l'expulsion scolaire, en ce qui
concerne l'expulsion des enfants handicapés, entre autres, la majorité,
que nous savons tous, sont autistes, et chaque fois, le gouvernement a refusé.
• (11 h 20) •
Alors, je trouve les
questions quand même particulières, de dire que ce serait bienvenu puis une
bonne idée, étant donné que dans le passé, les trois dernières années, le
gouvernement a carrément dit : non, ce n'est pas une bonne idée. Alors, en
espérant que peut-être le vent dans les voiles change de direction, qu'on va
pouvoir faire ceci. Alors, merci de me permettre de venter un peu de ma
frustration en ce qui concerne ceci. Je veux parler de... Dans le projet de loi n° 9, je vous entends, puis je
comprends qu'on a besoin de changer les choses pour le mieux, d'améliorer
le système, puis je pense que tout le monde
a la bonne volonté de vouloir faire ça, mais, à l'intérieur du projet de loi
n° 9, moi, ce que je lis dans le mémoire, puis vous me corrigez si
j'ai tort, je n'ai pas vu que vous dites : Ah! ça, là, ça, ça va corriger les problèmes que nous avons en ce qui
concerne l'expulsion des enfants autistes, ça, là, ça, ça va corriger ce
que nous avons comme problème comme parents qui placent des plaintes.
Dans le fond, ce que vous dites, c'est :
Bien, merci, on comprend, c'est bon qu'on regarde le système puis qu'on y va vers l'avant avec une réforme, mais
voici ce que nous recommandions parce que c'est ça que nous avons besoin.
On a des besoins particuliers, on a des enfants particuliers, d'abord, nos
parents, on a des besoins particuliers en ce qui concerne le protecteur de
l'élève.
Je veux faire
un propos. Ce que je lis à l'intérieur de ceci, puis là où je rejoins les
collègues du gouvernement, c'est que, oui, il y a un manque de
confiance, tu sais, il y a un manque de confiance, les gens... Tu sais, je
comprends que c'est complexe, puis on veut réduire les étapes, puis on veut
aussi rejoindre les recommandations que nous avons eues de la Protectrice du citoyen,
le rapport de 2017, s'assurer qu'on va améliorer le réseau pour nos enfants qui
ont des besoins, surtout que nous savions tout dernièrement qu'il y a un
minimum de 1 500 élèves qui sont expulsés du réseau. Puis ça, c'est
seulement ceux qui n'ont même pas un plan d'intervention personnalisé. Alors,
on sait que ce nombre-là, il y a... Le nombre, ça peut être illimité.
Pensez-vous que ce serait pertinent, quand on
parle du protecteur de l'élève régional, national, mais plutôt régional, qu'on a un protecteur de l'élève
spécialisé pour les élèves HDAA? Et, si oui, décrivez-moi cette personne un peu
parce que je veux mieux comprendre. Je vous propose ça, comme idée. Pourquoi
pas? Si la nature des plaintes qu'on reçoit dans les réseaux scolaires, on dit
que c'est 80 % des plaintes, pourquoi qu'on n'a pas une personne ou une
ressource dédiée uniquement pour ça?
M. Bédard (Tommy) : Lili.
Mme Plourde (Lili) : Dans notre
mémoire, où est-ce qu'on insiste puis qu'on trouve qu'il manque dans le projet,
c'est justement la formation du protecteur régional. Puis c'est la grosse
lacune présentement, c'est que le protecteur de l'élève n'est pas capable de
dire si les interventions mises en place par l'école sont adéquates. Ça fait
que c'est le problème de base qui fait que les parents ont perdu confiance. Ça
fait que de la formation, un profil dédié, mais ça prend quelqu'un qui comprend
les besoins des enfants différents qui ne fonctionnent pas dans le moule comme
les autres. C'est un élément essentiel pour assurer le succès du nouveau
processus de plaintes. Ça, c'est clair.
M. Bédard (Tommy) : Mais bien
entendu, c'est... si on nous présente la chance d'avoir quelqu'un qui est dédié
à la clientèle autiste étant donné que le pourcentage des gens où est ce que
c'est problématique, c'est les enfants autistes, donc... Mon Dieu! Si on est en
mesure d'avoir quelqu'un dédié, spécialisé, le meilleur pour tout le monde,
donc c'est bénéfique pour les parents, c'est bénéfique pour le système
scolaire, c'est bénéfique pour tout le monde. Comme on l'a dit tantôt, ce n'est
pas... il faut que ça soit constructif. C'est poser une plainte, mais ce n'est
pas une attaque. Ce n'est pas supposé être une attaque, c'est supposé être
constructif.
Mme Maccarone : Je vous entends, surtout
que, dans le rapport de l'OPHQ, nous savions que près de 50 % des plaintes
qu'eux ils reçoivent sont liées au manque de ressources ou le manque de
services dans le réseau scolaire pour les enfants handicapés ou ayant des
besoins particuliers. Alors, je suis contente de vous entendre là-dessus parce
que je pense que ça serait une idée. C'est qui qui devrait faire la formation,
selon vous? Est-ce que la Fédération québécoise de l'autisme... C'est qui qui
devrait former? Peu importe. Si, mettons, on a la chance, puis le ministre nous
entend, puis qu'on dit que ce serait bien d'avoir un protecteur de l'élève
dédié pour les élèves HDAA, mais c'est qui qui devrait faire la formation, peu
importe le cas, peu importe, si c'est un directeur national, si c'est un
directeur régional de l'élève? Puis la raison que je dis ça, c'est parce
qu'habituellement dans le réseau scolaire, vous, vous savez très bien, surtout
vous, M. Bédard, le protecteur de l'élève ou l'ombudsman plutôt local,
habituellement, c'est un avocat. Alors, c'est qui qui devrait donner cette
formation pour s'assurer qu'il comprend bien la réalité de nos familles?
M. Bédard (Tommy) : Idéalement, il
faut que ce soit quelqu'un qui est outillé, qui connaît bien l'autisme. C'est
sûr que passer par la fédération, la fédération est le centre de l'information
en autisme au Québec, donc oui, ce serait bien. Bien entendu, ce n'est pas Lili
ou moi qui allons faire la formation. On a des gens vers qui on peut tendre
pour monter une formation qui serait solide et qui va être évolutive aussi,
parce qu'on s'entend, quand on recherche les façons d'interagir avec les
personnes autistes, ça change au fil des années. Donc, oui, je pense que la
fédération serait quand même un endroit central, privilégié.
Mme Maccarone : Puis pensez-vous que
ce serait aussi pertinent qu'on pense à un certain niveau de perfectionnement
annuel, comme on fait dans les cadres professionnels? Ils ont un 40 heures
à faire à l'intérieur d'une certaine période de temps,
peu importe, c'est quoi, le cadre de profession. Mais pensez-vous que ça aussi,
ça serait pertinent?
M. Bédard (Tommy) : Oui, tout à
fait. Comme je vous dis, étant donné que les données, les informations en
autisme évoluent rapidement, donc oui, il y a un processus de formation qui
doit être fait. On parle de 40 heures, peu importe, mais qu'il y ait un
processus aussi d'amélioration continue, donc des formations supplémentaires au
fil des années, donc, à chaque fois qu'il y a quelque chose, bonifier la
formation.
Mme Maccarone : O.K. J'aimerais vous
entendre en ce qui concerne votre préoccupation, puis vous l'avez bien écrit
dans votre mémoire, l'absence du protecteur ou protectrice du citoyen à
l'intérieur de ce processus. Que pensez-vous... Il y a quelques groupes qui ont
proposé que le protecteur national de l'élève se relève au Protecteur du
citoyen. C'est quoi, votre opinion là-dessus?
M. Bédard (Tommy) : Lili?
Mme Plourde (Lili) : Bien, ça fait
partie des solutions qui sont intéressantes parce qu'il y a beaucoup... Si les
centres de services scolaires ont la possibilité de ne pas prendre en
considération les recommandations des protecteurs régionaux et du protecteur
national, le parent, il va aller où, après? Ça fait que oui, effectivement, que
le Protecteur du citoyen reste présent, et impliqué, et avec un autre pouvoir
de recommandation, on trouve que c'est important, oui.
Mme
Maccarone : Ça m'amène à la prochaine question. Vous avez
aussi évoqué parmi vos recommandations que... qu'est-ce qu'on fait quand
nous sommes face à un refus? Parce que malgré qu'il y a beaucoup de
recommandations... puis je vous dis, tu sais, je veux être très transparente,
dans l'état actuel, dans ce projet de loi, je vois difficilement comment nous
allons améliorer le système de plainte, parce que ça reste, comme vous l'avez
dit, dans votre projet... dans votre mémoire, ça reste que c'est toujours des
recommandations. C'est toujours des recommandations. Ce n'est pas
nécessairement une mesure d'application. Puis là vous évoquez : Qu'est-ce
qu'on fait à la suite... si, mettons, c'est toujours une recommandation, puis
comme on le sait dans le cas des enfants qui sont expulsés du réseau, faute de
service, faute de capacités, faute de connaissances, on fait quoi par la suite?
Ça fait que, qu'est-ce que vous recommandez en termes d'application? Parce que
c'est totalement différent de recommandation... parce que c'est ça que nous
avons dans le projet de loi n° 9.
Mme Plourde (Lili) : Grosse
question. Tu sais, quand on parle d'élèves HDAA, il y a toute la notion
d'accommodement raisonnable, puis l'accommodement raisonnable, là, il y a la
moitié du monde qui ne savent pas c'est quoi, un accommodement raisonnable.
Donc, si on ne sait pas c'est quoi, un accommodement raisonnable, c'est facile après que... tu sais, ça fait comme une
pierre qui roule, là. À toutes les étapes, on va dire : c'est un
accommodement déraisonnable, on ne peut pas le faire.
Ça fait
que... puis quand on parle de recommandation, si la recommandation touche un accommodement
qui a été déclaré déraisonnable puis que l'école dit : Bien non,
c'est un accommodement déraisonnable, on ne peut pas suivre la recommandation.
• (11 h 30) •
Là, je ne réponds clairement pas à la question
là, mais nous, on pense que ça devrait aller plus loin que le pouvoir de
recommandation parce qu'on arrive toujours aux préjugés face à l'autisme. Dans
le rapport qu'on a nommé tantôt, sur les expulsions, jusqu'à 40 % des
élèves expulsés qui n'ont pas de plan d'intervention... Comment peut-on dire
que les besoins de cet élève-là sont des accommodements déraisonnables? On ne
peut pas faire ça. Donc, pour assurer la réussite éducative de tous les
enfants, ça prend plus qu'un pouvoir de recommandation. À un moment donné, il
faut être capable de dire : il faut que ça change. Il faut qu'on mette en
place ce qu'il faut pour assurer la réussite éducative de tous. Mais je sais
que je n'ai pas entièrement répondu à la question.
Mme Maccarone : Vous soulevez
quelque chose qui est manquant dans le projet de loi, que je trouve très
intéressant, c'est que, oui, on devrait mettre quelque part de faire preuve
d'une obligation d'accommodement raisonnable. Ça, c'est quelque chose, je
pense, qu'on devrait faire un débat là-dessus parce que c'est vrai, c'est très
important, incluant, peut-être, un accompagnement des parents. Tu sais...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...Mme la députée.
Mme Maccarone : Ça ne se peut pas,
Mme la Présidente, j'ai plein d'autres questions.
La Présidente (Mme Guillemette) : On
en aurait dit pris longtemps encore. Mais, par contre, on continue les échanges
avec Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je suis sûre que vous aurez l'occasion de vous reparler. Je vais
vous amener sur la question des représailles. Vous nous pointez du doigt que le
processus qui est là n'est peut-être pas adéquat. Puis effectivement, il y en a
d'autres qui me l'ont soulevé que, bon, comme ce n'est pas exécutoire, les décisions du protecteur de l'élève, puis que le processus,
c'est de retourner au protecteur de l'élève s'il y a eu des représailles, ce
n'est pas exactement une protection satisfaisante. Qu'est-ce que vous nous
proposez?
Mme Plourde (Lili) : Bien, à ce
moment-là... Bien, Tommy, t'avais-tu...
M. Bédard (Tommy) : Non, non, vas-y.
Mme Plourde (Lili) : Bien, il faut
prévoir une haute instance parce qu'une des raisons principales pour lesquelles
les parents ne portent pas plainte en partant, c'est qu'ils ont peur aux
représailles pour leur enfant. Ça fait que, là, s'ils ont eu courage de porter
plainte, puis ont fait tout le processus, puis qu'après ils sont quand même
victimes de représailles, là, on les perd. On les perd complètement s'il faut
qu'ils retournent à la même place qu'ils sont déjà allés.
Ça fait qu'il faut prévoir un autre recours que
je n'ai pas nécessairement de réponse, là, pour ça. Est-ce qu'à ce moment-là ça
sera le Protecteur du citoyen? Mais clairement que ça prend un autre recours
pour permettre aux parents, là, d'être vraiment à l'aise dans tout un processus
de plainte.
Mme Labrie : Mais est-ce que c'est
un autre recours que ça prend ou carrément des indications plus claires que ce
n'est pas possible de faire des représailles, tu sais, prévoir des sanctions,
par exemple, en cas de représailles?
Mme Plourde
(Lili) : Oui. Et clairement
que ça pourrait être des sanctions parce qu'on sait que les représailles, ça existe, là. Il y a d'autres
groupes qui ont passé hier, des groupes d'étudiants, entre autres, là, des
élèves qui ont été assez marquants,
j'ai trouvé, comme présentation... que, oui, effectivement, là, on peut prévoir
des sanctions en cas de représailles envers un élève ou ses parents.
Mme Labrie : O.K. Parfait. Puis tout
à l'heure, il était question de l'enjeu du nombre d'étapes, tout ça. Vous nous
disiez préférer qu'il y ait seulement l'étape de l'école avant le protecteur
régional. Parfois, ça relève du centre de services, par exemple, quand c'est du
transport. Est-ce qu'on pourrait envisager qu'il y ait seulement une étape avant le protecteur, que ce soit les directions
d'école, soit le centre des services et que, tout de suite après, la personne
puisse se rendre au protecteur de l'élève?
Mme Plourde (Lili) : Selon les...
Encore là, je pense que...
Mme Labrie : Je réfléchis avec vous,
là.
Mme Plourde (Lili) : Oui. Bien, moi
aussi, je réfléchis en même temps. Je pense que ça, nous, on a encore peur
qu'il y ait trop d'étapes, c'est clair. Selon les expériences qu'on a vécues
dans les 10 dernières années, on pense qu'il y a encore trop d'étapes. Il y a
certaines choses qui vont se régler avec le centre de services, avec l'école.
On le sait, il y a des affaires qui vont se
régler. Des fois, il y a beaucoup des malentendus pour le transport scolaire,
des trucs comme ça.
Mais ça demeure que ça peut être l'école, ça
peut être la fin de service scolaire. Mais ça demeure que, dans certaines situations, encore une fois, parlons des
accommodements raisonnables ou déraisonnables, selon l'interprétation,
si le parent doit passer par un responsable de plainte avant d'aller au
protecteur régional puis qu'il se fait dire encore une fois que l'école a
raison dans son interprétation, tu sais, ça va... nous autres, on pense que ça
va créer encore une barrière puis une d'embûche, là.
Mme Labrie : L'idée, c'est de
faciliter l'accès direct?
Mme Plourde (Lili) : Oui.
Mme Labrie : Parfait.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous poursuivons les échanges avec la députée de Joliette. Mme la
députée.
Mme
Hivon : Oui, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. Merci de la pertinence de votre
présentation. Deux questions. Ça revient beaucoup, la difficulté pour des
parents qui veulent porter plainte d'être bien accompagnés, d'avoir
l'information juste, de ne pas être tétanisés, notamment, de peur de
représailles et de savoir comment être dirigés.
Je vous soumets une proposition. Dans le secteur
de la santé, il y a ce qu'on appelle les centres d'assistance et
d'accompagnement aux plaintes des usagers. Donc, quelqu'un qui dit : C'est-tu
pour moi? Je peux-tu faire une plainte? Comment m'y prendre... est-ce que vous
pensez que ce serait une bonne idée d'avoir le pendant ou d'élargir tout
simplement le mandat de ce type de centre là pour pouvoir avoir un volet dans
le domaine scolaire?
Deuxième
question. Est-ce qu'on devrait garder la Protectrice du citoyen comme ultime
instance? On sait que, quand elle avait déposé son rapport, elle, elle
recommandait de pouvoir avoir ce rôle-là plutôt que de créer, par exemple, un protecteur national de l'élève. Et hier, on lui
demandait la plus-value que ça pourrait avoir, et je pensais, justement, à des
enfants qui vivent avec l'autisme. Elle disait qu'une des plus-values qu'elle
voit, c'est qu'elle pourrait faire des liens
entre services de santé et services en matière d'éducation, santé et services
sociaux pour que ce soit mieux intégré aussi quand elle fait des
recommandations. Donc, j'aimerais vous entendre sur ces deux éléments-là.
M. Bédard (Tommy) : Si je peux
débuter, à votre première question, à savoir pour, vraiment, un centre de
plaintes officiel, les organismes régionaux sont justement là pour aider les
familles. Est-ce que, si on crée un centre officiel de plaintes, ou je ne sais
pas comment qu'on pourrait le nommer... est-ce que les gens vont être, encore
une fois, bien outillés pour répondre et bien comprendre la nature de l'autisme
ou de la différence de l'enfant? C'est sûr que, si on n'a qu'une seule porte
d'accès, on vient de faciliter encore les choses.
Pour la deuxième partie, je vais laisser Lili y
aller.
Mme Plourde (Lili) : Bien, la
protectrice...
Mme Hivon : ...comprendre, juste
là-dessus. Vous avez le sentiment que vos organismes à vous, régionaux, jouent vraiment ce rôle-là d'accompagner dans le
milieu scolaire pour faire une plainte. Donc, il n'y a pas ce besoin-là
en ce qui a trait aux gens que vous représentez.
Mme Plourde (Lili) : Ça dépend des
région. Ça dépend des régions.
M. Bédard (Tommy) : C'est ça,
exactement.
Mme
Plourde (Lili) : Parce que
le financement n'est pas égal, à la grandeur de la province, pour nos 16
associations régionales. Ça fait qu'il y a des associations régionales
qui n'ont pas la main-d'oeuvre présentement, qui n'ont pas les ressources
humaines et financières pour le faire. À ce moment-là, si on sort des centres
d'accompagnement aux plaintes puis qu'on offre aux associations régionales
d'avoir ce rôle-là, il faut que ça vienne avec un financement. C'est juste ça
que je ferais comme...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, M. Bédard et Mme Plourde, de votre contribution aux
travaux de la commission. Et c'est malheureusement tout le temps que nous
avions.
Donc, la commission suspend ses travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 54)
La Présidente (Mme Guillemette) : Bonjour.
Donc, la Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Avant
d'accueillir la prochaine invitée, j'aurais besoin du consentement de tout le
monde pour déborder un petit peu sur notre temps, donc de quelques minutes.
Est-ce que j'ai consentement? Consentement, tout le monde, d'accord.
Donc, nous pouvons accueillir notre prochaine
invitée qui est via le réseau téléphonique. C'est un petit peu plus difficile
au niveau du réseau Internet. Donc nous accueillons Mme Patricia Clermont,
porte-parole de Je protège mon école publique. Merci, Mme Clermont, d'être avec
nous ce matin.
Donc, vous
disposez de 10 minutes pour nous présenter votre exposé, et il y aura un
échange avec les membres de la commission par la suite. Donc, je vous
cède la parole, Mme Clermont.
Je protège mon école
publique (JPMEP)
Mme Clermont (Patricia) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Je protège mon école publique est un
mouvement citoyen indépendant et non partisan qui a mobilisé des dizaines de
milliers de parents à travers le Québec depuis sa création en 2015. Il a pour
mission de dénoncer, à travers différentes actions, le financement de l'école publique et ses conséquences désastreuses
sur le parcours scolaire et sur la qualité de vie des élèves. On a fait,
notamment, entre mai 2015 et septembre 2016, des chaînes humaines qui ont
rassemblé plus de 135 000 parents et, depuis, on poursuit notre
action en favorisant l'implication des parents dans les milieux scolaires puis
en faisant oeuvre de vigie en matière d'éducation en prenant régulièrement
position publiquement sur certaines orientations gouvernementales et dans les
médias par rapport à des situations problématiques et des enjeux qui se
présentent dans l'actualité. Nous ne sommes pas un lobby ni un organisme formel
de représentation des parents. C'est le comité organisateur du mouvement, un
groupe d'une dizaine de parents engagés provenant de plusieurs régions de la
province, qui se prononcent ici en se basant sur leur expérience au sein de Je
protège mon école publique et auprès de comités de parents, au cours des
dernières années et quotidiennement, notamment via les réseaux sociaux, ainsi
qu'en lien avec des commentaires provenant de parents par d'autres manières.
Alors, ce
projet de loi, à nos yeux, c'est un projet capital pour les droits des élèves,
mais il y a encore des choses à préciser.
Force est de constater qu'actuellement les processus de traitement des plaintes
dans le réseau scolaire restent opaques et déficients
dans la perception, mais aussi, malheureusement, l'expérience de nombreux
élèves et parents au sein du système
d'éducation du Québec. Le mouvement Je protège mon école publique le constate
d'autant plus depuis la disparition des commissaires scolaires et
l'adoption de la loi n° 40 en 2019 tout
particulièrement car nous recevons davantage de témoignages, de questions et
même d'appels à l'aide de la part de parents désemparés devant le système
scolaire, qu'ils abordent le plus souvent comme un mur dont ils cherchent la
porte d'entrée, sans compter que, quand ils
la trouvent, ils s'aperçoivent qu'ils méconnaissent les structures scolaires et
cela engendre de la méfiance.
D'emblée,
nous nous réjouissons que le protecteur national de l'élève soit à la tête
d'une équipe de protecteurs régionaux qui permettent de mieux rendre compte des
contextes et milieux, qui diffèrent évidemment à travers le Québec. Nous
saluons aussi le fait que le Protecteur national de l'élève concerne tous les
élèves scolarisés, qu'ils soient dans le
réseau public, une institution privée ou encore scolarisés à la maison. À nos
yeux, il sera crucial d'assurer efficacement et rapidement la promotion
du rôle de ce protecteur auprès des différentes instances, mais aussi, et
surtout, auprès de la population en général, des parents, qui ne sont pas tous
engagés dans les structures et comités scolaires. Surtout, il y aura fort à
faire afin de bâtir la confiance des parents envers cette institution, alors
que les milieux scolaires connaissent nombre de problèmes importants et
particulièrement en ce qui concerne des situations problématiques que vivent
les élèves.
Trop souvent déjà, les convaincre, avec leur
famille, de s'avancer pour rendre compte de leurs difficultés, et plus encore
lorsqu'il s'agit de dénoncer, cela représente d'emblée des énergies en plus de
celles qu'ils déploient déjà afin de faire face à ces situations. Malheureusement,
au fil des années et même des décennies, un cynisme et un désarroi profonds
sont venus teinter la perception et le bouche-à-oreille entre les parents.
Nous n'avons pas eu le temps de mettre un
processus d'analyse et de consultation des parents qui nous permette d'aller en
détail quant aux irritants des systèmes actuels de traitement des plaintes,
mais ils sont nombreux. Nous avons vu le mémoire du Regroupement des comités de
parents autonomes du Québec, et, à nos yeux, ça en brosse un portrait fiable et
pertinent. Quant à nous, nous avons fait l'exercice de lire attentivement le
présent projet de loi afin d'en faire une analyse succincte pour en faire
ressortir des recommandations qui nous apparaissent incontournables à sa
lecture.
D'emblée, nous nous réjouissons de savoir que le
protecteur fera rapport, de manière annuelle, par le ministre de l'Éducation, à
l'Assemblée nationale au 31 décembre de chaque année au plus tard, mais nous
préférerions que ce rapport soit ensuite déposé par le Protecteur national de
l'élève lui-même, afin de bien affirmer son indépendance dans son travail. À
noter que nous saluons aussi le rapport que devra faire le Protecteur national
de l'élève au plus tard cinq ans après la mise en oeuvre de l'application de la
nouvelle loi au sujet de sa mise en oeuvre. Ce rapport devrait être clairement
distingué du rapport annuel. Nous saluons par ailleurs que le rapport du
Protecteur national de l'élève fasse état, de manière distincte, des plaintes
concernant un acte d'intimidation ou de violence.
• (12 heures) •
Par ailleurs, en ce qui concerne les qualités et
les compétences des protecteurs national et régionaux de l'élève, alors qu'il
est prévu que le protecteur national soit nommé en qualité de sa connaissance
du système d'éducation et ses mécanismes de règlement des différends, nous
souhaitons que les mêmes exigences soient requises pour les protecteurs
régionaux de l'élève, d'autant plus qu'ils pourraient être amenés à assurer un
intérim en cas d'empêchement ou de vacance de son poste. De plus, il subsiste
plusieurs questions quant à la composition du comité de sélection des
protecteurs régionaux et surtout de comment seront choisis les membres de ces
comités de sélection en regard de la répartition des protecteurs régionaux de
l'élève, les manières par lesquelles les protecteurs régionaux seront répartis
à travers le territoire, les manières par lesquelles ils se coordonneront et se
concerteront ensemble avec le Protecteur national, comment tous rendront compte
publiquement des situations qu'ils sont amenés à examiner, cela sera crucial.
Alors que les protecteurs régionaux pourraient être amenés à être responsables
de plus d'une région, cela nous apparaît, en fait, problématique, et il ne
faudrait pas que cela dépasse deux régions, mais, en fait, nous considérons que
chaque région devrait... mérite, en fait, l'attention et l'emploi d'un
protecteur régional à temps plein.
Il est aussi bienvenu et pertinent que le
protecteur national puisse agir en appui des protecteurs régionaux dans le
cours de leur travail de traitement des plaintes, de même qu'il puisse être
interpelé par le ministre, qui lui demanderait son avis sur toute question pour
laquelle il juge utile d'avoir son avis. Pour ce faire, il nous apparaît
pertinent que ce soit le gouvernement qui détermine le budget et les effectifs
des protecteurs régionaux également.
Quant aux démarches, délais et pouvoirs, nous
comprenons bien que les élèves et les familles feront appel au protecteur de
l'élève lorsque leurs démarches au sein de leur école et/ou au sein de leur
centre de services scolaire n'auront pas abouti et permis de résoudre les
situations problématiques. Il faudra rendre vraiment explicites ce recours et
les précédents car il est essentiel que les familles comprennent bien qu'elles
sont véritablement invitées à faire
connaître leurs problèmes, et à faire prévaloir les droits des élèves, et pour
qu'elles comprennent le cheminement et les délais qui vont de pair avec
leurs démarches.
À travers le projet de loi, on comprend bien
qu'un élève et ses parents doivent d'abord dénoncer... s'adresser, en fait, à la personne concernée dans une école,
mais il reste que la procédure selon laquelle ce membre d'établissement
doit aviser sa direction, ça reste aussi à préciser. Ensuite, il faudrait faire
appel à la direction de l'école en question, qui devrait répondre aux parents,
à la famille, dans les 10 jours ouvrables, sinon au centre de services scolaire
dans un délai de 15 jours ouvrables. Et c'est après que les parents et
élèves seraient invités à entamer une démarche auprès du protecteur régional de
l'élève, mais ces délais, dans le projet actuel de loi, sont quand même confus
à la lecture, et ça pourrait engendrer de la confusion, et ça risque de miner
non seulement la confiance, mais même d'empêcher qu'elle se bâtisse à l'égard
de cette institution.
Donc,
les outils de communication visant à expliquer les pouvoirs, devoirs et délais
devraient comporter un tableau clair, exposant les délais qui concernent les protecteurs
régionaux et le Protecteur national de l'élève, tout en incluant ceux des
instances précédentes, et qui sont beaucoup mieux exposés dans ce projet de
loi. Je vais sauter un petit un peu pour ne pas excéder...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il vous reste une minute, si vous voulez terminer.
Mme Clermont
(Patricia) : Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait.
Mme Clermont
(Patricia) : Oui, certainement. Alors, on voulait aussi saluer, en
fait, le délai de 10 jours ouvrables dont dispose un centre de services
scolaire pour informer les plaignants à la suite des communications du
protecteur de l'élève.
Mais je voudrais
porter l'attention, en fait, pour notre 10e recommandation, puis la 11e aussi,
sur le fait que non seulement l'information
relative au travail du Protecteur national de l'élève devrait être clairement
communiquée au public, mais que soit aussi mis sur pied un service
d'accompagnement au sein de son équipe afin d'aider les élèves et familles dans
leur cheminement lorsqu'ils décident d'entreprendre une démarche auprès de lui,
et même que des services de médiation soient
mis sur pied afin d'aider lorsqu'il y a des problèmes du côté des centres de
services scolaires, parce que je le soulignerai aussi, au passage, que
ça nous inquiète de voir, je pense, c'est à l'article 58, en fait, que le
conseil d'administration pourrait décider de, finalement, passer outre à une
recommandation ou une conclusion du Protecteur national de l'élève.
Alors, je terminerais
ici. Ce n'est pas évident par téléphone, mais je pense que c'est complet.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. On vous entend beaucoup mieux que tout à
l'heure. Donc, pour nous, c'est plus facilitant. Donc, nous allons débuter les
échanges en commençant avec M. le ministre. Je vous cède la parole, M. le
ministre.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Merci beaucoup, Mme Clermont. Effectivement, on
aurait aimé mieux vous voir. On aurait même
aimé que vous soyez carrément avec nous en salle de commission. Mais
l'important, c'est qu'on a vraiment bien reçu puis pris connaissance de
votre mémoire puis on va continuer de l'analyser. On n'a pas perdu un seul des
mots que vous avez prononcé dans votre présentation. Donc, je pense que ça,
c'est l'essentiel. Merci beaucoup.
Il y a un constat
clair et dur, là, que vous tracez à la page 3 de votre mémoire quand vous
parlez de cynisme et de désarroi par rapport au statu quo, au système actuel.
Vous parlez d'une perception de cynisme et de désarroi. Je suis certain que ce
n'est pas partout pareil pour tous les parents dans toutes les régions, mais,
je pense, c'est quand même quelque chose qu'il ne faut pas nier. Et je vous
dirais que ça fait un peu écho au diagnostic qu'avait fait la Protectrice du citoyen
en 2017. Il fallait changer le système de traitement des plaintes. Il faut
rénover notre système de protecteur de l'élève.
Donc, là-dessus, je
suis d'accord avec vous. Je suis content que vous disiez que le projet de loi
est un projet de loi capital. Travaillons maintenant à mieux le comprendre puis
à l'ajuster. Vous nous dites, en page 2 de votre mémoire, que c'est une bonne
chose que les protecteurs soient régionaux et qu'il n'y en ait pas seulement un
qui est national, parce que vous dites que ça permet de mieux considérer les
différents milieux. Est-ce que vous pouvez m'expliquer un peu plus davantage ce
que vous aviez derrière la tête, vous et votre comité, les parents, quand vous
parlez de mieux considérer les préoccupations et les réalités des différents
milieux?
Mme Clermont
(Patricia) : Bien, en fait, c'est qu'étant... Bien, vivant moi-même à
Montréal puis faisant partie, donc, du
centre de services scolaire de Montréal, il est évident que la région de
Montréal... Par exemple, ce centre de services là, de même que les
autres de la grande région de Montréal, sont profondément différents des
centres de services qui sont, par exemple, en Gaspésie, ou sur la Côte-Nord, ou
en Mauricie. Alors, nous, au mouvement, on en apprend tous les jours, à force
de parler avec les gens, puis on apprend... On est conscients aussi que les
dynamiques locales sont très différentes dans une ville comme Montréal, par
exemple, où est-ce qu'il y a quantité de nouveaux arrivants qui arrivent, puis
leur concentration est beaucoup plus grande que dans une région comme la
Mauricie ou comme les Laurentides, par exemple.
Alors, c'est pour ça
qu'on salue le fait que le protecteur national ait une équipe de protecteurs
régionaux qui puissent rendre compte de ces
différentes réalités puis aussi des différentes dynamiques, parce que ce n'est
évidemment pas la même chose au sein d'une petite, moyenne ou grande
ville. Est-ce que c'est plus clair?
M. Roberge : Merci.
Et, bien que votre regroupement s'appelle Je protège mon école publique, vous
mentionnez que c'est une bonne chose qu'on couvre les parents qui font l'école
à la maison et les écoles privées. Voulez-vous nous dire pourquoi c'est
important de couvrir aussi ces secteurs-là pour des parents, dans le fond, qui
choisissent de ne pas envoyer leurs enfants dans une école publique?
Mme Clermont (Patricia) : Bien, en
fait, c'est sûr que nous, notre intérêt se porte plus sur l'école publique,
mais il nous apparaît qu'étant donné qu'il y a un système... En principe, il y a
un système d'éducation au Québec. Il nous apparaît
important, quand même, que le protecteur national s'intéresse à tous les
élèves, d'autant plus que, par exemple, du primaire au secondaire, il peut
arriver qu'un élève passe du public au privé et inversement ou à la maison.
Alors, on n'a pas élaboré sur ce point, mais, en fin de compte, pour que ça
reste cohérent et pertinent puis pour ne pas que les gens disent, finalement,
qu'il y a une de ces trois formes-là qui n'est pas couverte, bien, c'est dans ce
sens-là qu'on salue le fait que ça couvre tous les élèves.
M. Roberge : D'ailleurs, bon, il y a
des protecteurs régionaux qui sont prévus, dans le projet de loi, sous la
gouverne, la supervision, la formation d'un protecteur national, puis on
dit : Le protecteur national, bien, il doit couvrir tout le monde, il ne
peut pas échapper des élèves. Puis d'autres groupes ou d'autres personnes ont
parlé de pouvoir de retrait ou, excusez-moi l'anglicisme, d'«opting out» pour
certaines commissions scolaires. Moi, c'est quelque chose qui m'inquiéterait.
Si on avait un protecteur national qui ne couvre pas toutes les personnes de la
nation québécoise, il me semble, ça serait... on échapperait quelqu'un quelque
part.
Mme Clermont (Patricia) : En effet.
M. Roberge : Oui, bon, voilà, très
bien, on est d'accord là-dessus. Par rapport à un rapport... à l'article 75, où
on parle, après cinq ans, d'un rapport de mise en oeuvre, vous voulez qu'on
distingue ce rapport-là des rapports annuels. Voulez-vous nous dire pourquoi
vous trouvez important ce rapport spécifique prévu à l'article 75, sur le
rapport de mise en oeuvre?
• (12 h 10) •
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
c'est parce qu'il permettrait, au bout de cinq ans, et donc de cinq rapports
annuels, de dresser un bilan, et donc des évolutions, certainement, au fil des
années, de comment ce nouveau... cette institution-là agit et est reçue, et je
pense que ça pourrait... Par exemple, s'il y a des problèmes qui persistent,
bien, ça pourrait permettre de les mettre plus clairement en lumière afin qu'à
ce moment-là, par exemple, au bout de cinq ans, par exemple, on s'y
attaque plus particulièrement ou, en tout cas, qu'on puisse dégager des lignes
de force quant aux bénéfices qu'on a retirés de l'implantation de ce protecteur
national là ou des problèmes qui persistent. Mais un rapport annuel, pour moi,
ça couvre juste l'année courante, tandis que ce rapport-là, sur la mise en
oeuvre, ça permettrait de dégager un portrait, sur plusieurs années, de comment
le travail du protecteur national et des protecteurs régionaux s'est effectué.
M. Roberge : Oui, c'est ça et
c'est prévu qu'ils soient distincts. Donc, à l'an 5, il y aurait deux
rapports, d'une certaine façon, là. Il y
aura le rapport annuel de l'an 5 et il y aura, je vous dirais, là, le
rapport de mise en oeuvre. Puis, à l'article 75, on dit : «Ce
rapport peut contenir des recommandations visant l'amélioration du régime de
traitement des plaintes et une meilleure protection des droits des élèves, des
enfants qui reçoivent un enseignement à la maison et de leurs parents visés...»
Bref, tout le monde. Donc, c'est important de distinguer ces deux rapports-là,
comme vous le disiez.
Je voyais que, dans votre mémoire et dans votre
présentation, vous dites : Bien, ça pourrait être intéressant qu'à
l'Assemblée nationale ce ne soit pas le ministre ou la ministre qui dépose les
rapports, mais directement le protecteur national. Écoutez, ce serait
totalement différent des us et coutumes, parce que, et c'est comme ça pour tous
les ministres, on ne fait que se lever au salon bleu, dire : Je dépose le
rapport de telle instance, des universités, qui
sont pourtant... qui ont pourtant une grande, grande indépendance par rapport
au gouvernement, ou même, supposons, du Conseil supérieur de
l'éducation, alors que c'est Mme Lassonde qui préside le Conseil supérieur
de l'éducation, qui a ses budgets, son équipe de communication qui fait ses
points de presse, ses communiqués, qui a une grande indépendance.
Juste vous
rassurer, vous et ceux qui nous écoutent, que ce n'est pas parce que le
ministre se lève pour déposer au salon bleu le document qu'il a la
moindre prise sur ce qui est écrit dans ce document-là et sur l'indépendance de
l'organisme ou de la personne qui préside cette organisation-là. Donc, ce
serait, si on va de l'avant avec ça, comme avec les universités et les
conseils... le Conseil supérieur et autres. Donc, je voulais peut-être
clarifier cet élément-là.
J'aimerais avoir votre avis ou vos réflexions
sur la nomination, la sélection des protecteurs régionaux des élèves. On
prévoit, dans le projet de loi, d'avoir un comité. Est-ce que vous avez eu
l'occasion de vous pencher sur la composition de ce comité-là? Est-ce que vous
pensez que les bonnes personnes y sont? Est-ce qu'il y aurait d'autres
critères, d'après vous, à préciser dans la loi pour bien choisir les personnes
qui occuperont cette importante fonction?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
en fait, on n'a pas vraiment eu le temps de se pencher sur ça, mais il reste que,
de s'entendre ou de publiciser qui peut être reconnu et qui ne peut pas, c'est
quelque chose qui reste crucial quant à la perception puis à la construction de
la confiance du public, parce que... Puis, eu égard à ce que vous avez dit par
rapport au dépôt, là, à l'Assemblée nationale, nous, on a mis ça de l'avant
aussi, dans le fait que, quand on parle de cynisme et de désarroi, c'est que
nous, on déploie parfois beaucoup d'énergie à essayer de convaincre les gens
qu'ils ont bien fait de nous parler, ils ont bien fait de contacter les
instances qu'ils ont essayé de contacter et que c'est important qu'ils se
fassent entendre.
Alors, je pense que de bien implanter ces
processus de sélection là, de reconnaissance... Des fois, on se rend compte
aussi de la méconnaissance des gens. Ça veut dire que, quand leur enfant entre
à l'école, des fois, c'est là qu'eux-mêmes découvrent ce monde-là, mais ils le
trouvent très complexe, et le cynisme vient du fait qu'ils ont l'impression que
c'est tellement compliqué qu'ils vont perdre, en fait, d'avance. Alors, je ne
peux pas vous répondre sur la sélection, mais c'est
certain qu'encore une fois. au sein des différents milieux, et contextes, et
dynamiques locales, régionales, c'est important que les gens qui soient nommés
puis les gens qui soient éventuellement... c'est ça, nommés et sélectionnés
soient reconnus parmi des gens qui sont reconnus par la communauté sans qu'il y
ait de polémique à cet égard-là puis sans qu'il n'y ait d'oubli non plus, parce
que, parfois, il y a des... il peut y avoir des individus ou des groupes qui ne
sont pas autour de la table et qui pourraient être pertinents.
M. Roberge : Très bien, pour
susciter l'adhésion. D'ailleurs, je veux souligner le travail que vous faites
et que Je protège mon école publique fait, parce que, oui, il y a des
critiques, il y a des demandes, il y a des recommandations, mais il y a une
démarche positive, constructive, parce que j'ai vu souvent que, de la manière
dont vous travaillez, vous incitez les gens non pas à être en marge, à côté,
puis à contester... oui, à s'exprimer, mais aussi à s'impliquer, à se mobiliser
à toutes les instances, à prendre leur place au conseil d'établissement, dans
un comité de parents, au conseil d'administration, pour être des acteurs, puis
ça, ça fait toute la différence. Ça ne permet pas au réseau de s'asseoir sur
ses lauriers puis de renoncer à améliorer les structures, mais d'inciter les
gens à s'investir dans les structures, c'est sûr que ça vient lutter contre le
cynisme puis ça fait des gens qui sont très mobilisés. Donc, ça, je pense,
c'est très important de le mentionner.
Puis, par rapport à la sélection, je veux dire
que, bon, dans la version du projet de loi, on prévoit qu'il y a des personnes
sur ce comité-là, mais il y a aussi ce qu'on appelle une habilitation
réglementaire pour dire qu'il y aura un règlement qui viendra donner des
balises aussi, puis s'assurer de la compétence puis de l'adhésion, puis
s'assurer que le choix de cette personne-là sera quelque chose, justement, qui
donnera confiance dans l'institution. Puis ce n'était pas une question, c'était
plus un commentaire, un échange.
Et je permettrais à mon collègue de Richelieu,
si vous permettez, de poursuivre l'échange avec vous, en vous remerciant pour
votre contribution.
Mme Clermont (Patricia) : Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
M. le député, la parole est à vous.
M. Émond : Oui. Merci beaucoup,
madame...
La Présidente (Mme Guillemette) : Cinq
minutes.
M. Émond : Cinq minutes? Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme Clermont. À mon tour de vous remercier pour
votre participation aux travaux de la commission.
Dans votre mémoire, vous indiquez qu'il est
crucial d'assurer la promotion du rôle du protecteur de l'élève. Je suis
parfaitement d'accord avec vous. Il est prévu que, minimalement, au moins une
fois par année, les parents soient informés en début d'année, là, du rôle, de
la procédure, de l'existence du protecteur de l'élève par un document également
sur le site Web des centres de services scolaires. Vous, vous parlez, à votre
recommandation 6, je trouve ça intéressant, d'amener comme outil d'information
également un tableau clair qui va exposer les délais pour chacune des étapes.
Ça me semble intéressant. Et est-ce que vous proposez ça parce que, dans
votre...
Tu sais, vous savez, on a des groupes qui nous
ont indiqué de diminuer les délais qui sont impartis, d'autres groupes qui nous
disent : Non, non, on a besoin de plus de temps, les délais devraient être
un petit peu plus longs. Donc, à quel endroit, votre regroupement et vous, vous
situez-vous? Est-ce que vous trouvez que, dans sa mouture actuelle, ce que
propose le projet de loi, en ce qui a trait aux délais de traitement, ça vous
semble suffisant, ça vous semble correct?
Mme Clermont (Patricia) : C'est une
très bonne question. Je dois vous dire que c'est une très bonne question, parce
que nous, on essaie aussi de se mettre du point de vue des parents ordinaires
qui... avec qui on échange, là, chaque jour. Puis, quand on compte tous les
délais, là, ça fait beaucoup de temps pour quelqu'un, par exemple, qui a un
problème pour son enfant au primaire, par exemple. Souvent, ces enfants-là...
Le problème, au primaire, c'est souvent que les parents paniquent un peu, là.
Je veux dire, ils sont... Ils se sentent désemparés, puis, des fois, au
secondaire, le problème, c'est que les parents se disent : Bien, ça ne
donne rien. Ils ont acquis, justement, une espèce de cynisme.
• (12 h 20) •
Alors, quand on compte tous les délais, là, de
10 jours à l'école plus 15 jours au centre de services, ça fait déjà 25,
plus un 20 jours, ça fait 45 jours ouvrables. C'est très long. Alors, je
ne pourrais pas vous dire, aujourd'hui, que je suggérerais autre chose, mais
simplement, dans la démarche d'information auprès du public, ça m'apparaît
important que les gens comprennent que, même si c'est long, 45 jours
ouvrables... parce que, tu sais, c'est deux mois pour qu'un problème se règle,
plus que... bien, deux mois environ... qu'ils comprennent bien que ça se tient,
tu sais, qu'il n'y a pas une espèce de trou noir, à un moment donné, par
exemple, quand ils arrivent au protecteur régional de l'élève, au protecteur
national, dans lequel on n'entend plus parler... ou ils ne savent plus de quel
délai il s'agit.
Alors, nous, je pense que la première chose, en
fait, qu'on aurait aimé voir, qu'on aimerait voir, c'est un outil qui permet
d'exposer ces différents délais-là et qui nous permet aussi, justement, de...
Et puis, quand on parlait du service d'accompagnement, c'est que, justement, au
sein de l'équipe de protecteur national, il y ait quelqu'un qui puisse aider et
sécuriser les gens pour qu'ils continuent leurs démarches, parce que, quand on
se rend au protecteur, c'est parce que la situation n'est
pas résolue de manière satisfaisante. Alors, il faut qu'ils gardent confiance,
puis la première façon, c'est de savoir dans quoi on s'embarque. J'espère que
c'était clair.
M. Émond : Oui, oui, c'était
très clair. Je vous remercie. En conclusion, peut-être, si vous pourriez donner
un petit peu plus de précisions concernant votre recommandation 10, qui...
Vous demandez que des services d'accompagnement soient mis sur pied au sein de
l'équipe du Protecteur national de l'élève pour aider les élèves et les familles dans leur cheminement. Quels types de
services d'accompagnement avez-vous en tête? De quelle manière,
concrètement, vous pensez que cela pourrait se déployer?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
par exemple... En fait, la réalité... Je reviens à la réalité des parents telle
qu'ils nous l'exposent, des fois, quand ils nous expliquent les démarches
qu'ils ont faites. Puis là, des fois, ils nous disent : Bien, vous
comprenez, Mme Clermont, moi, j'arrive puis je ne veux pas que mon enfant
ait des représailles ou des conditions défavorables. S'il y a un problème avec
un prof, bien, par exemple, ce prof-là a un représentant syndical. Puis il y a
toutes sortes d'autres gens que les parents méconnaissent, dans le fond, puis c'est
sûr que ça leur ferait craindre aussi...
Alors, à la suite du dépôt de notre mémoire, il
y a un autre de mes collègues qui a soulevé que peut-être que les... Je ne sais
pas comment ça s'appelle exactement, là, mais des centres d'accompagnement aux
plaintes, là, comme dans le milieu de la santé, ça pourrait être quelque chose
d'intéressant, en l'adaptant au milieu scolaire aussi, alors d'autant plus...
je vous le mentionne, d'autant plus qu'avec les enfants en difficulté, souvent,
ces enfants-là sont comme suivis par les deux réseaux. Puis nous, on est parmi
les acteurs qui plaidons pour, toujours, que les silos de la santé et
l'éducation, en fait, n'existent plus en tant que silos, là, qu'ils se
concertent mieux.
Alors, je ne sais pas si, par exemple, des
centres d'accompagnement aux plaintes comme ça, dans le milieu de la santé,
pourraient avoir un volet scolaire aussi qui leur soit ajouté.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme Clermont. Nous allons continuer les échanges avec la
députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Clermont.
Je vais commencer par vous taquiner un petit peu
puis vous dire que, vous savez, la plupart des députés qui sont à l'Assemblée nationale ont commencé par être
des parents qui se sont impliqués. Donc, soyez prudente, peut-être que,
bientôt, vous serez alentour de la table vous aussi en politique active, mais
merci. Je joins ma voix à celles de mes collègues pour vous dire merci pour
cette implication.
Je vais faire avec vous vos
recommandations, mais je vais commencer à l'envers. Donc, je vais commencer par
la fin puis, après ça, je vais remonter, là, sur les recommandations. Moi, je
les ai devant moi, c'est pour ça que je vous dis comment je vais procéder.
Comme ça, on peut se suivre.
Ma première question va être en même temps une
suggestion que j'ai reçue d'un parent, je l'ai reçue il y a quelques minutes,
d'ailleurs, pour la recommandation 10 et 11, puisqu'à cette
recommandation-là vous nous parlez d'accompagner les parents. Et j'entends bien
dans votre volonté toute la pesée des mots quand vous dites désarroi,
cynisme, scepticisme. Je rajoute ce mot-là, mais je sens qu'il est peut-être
aussi dans votre vocabulaire.
Alors, comment recevez-vous l'idée... Puis je
vous la propose à vous parce que vous n'êtes pas une organisation, là, monstre.
Vous êtes vraiment des gens qui parlez entre vous puis, vous le disiez plus
tôt, là, de bouche à oreille. Comment recevez-vous l'idée qu'il pourrait y
avoir une ligne nationale à laquelle élève, parent ou enseignant téléphone,
soumet sa problématique, où là on peut les guider à travers le processus de...
oui, première étape, ce serait de parler à la direction de l'école, ou,
première étape, ce serait d'aller directement au directeur général, ou :
Non, non, oubliez ça, nous, on va prendre en main votre dossier tout de suite
pour s'assurer qu'il n'y a pas de perte de temps ou de réponse. Est-ce que,
pour vous, ce serait quelque chose qui est intéressant ou on s'en remet
peut-être plus au tableau, là, que vous parliez?
Mme Clermont (Patricia) : Bien, moi,
d'emblée, là, mais je le dis vraiment spontanément sur le moment, je me
dis : Pourquoi pas les deux? Parce que tout ce qui peut aller capter,
justement, le moment où est-ce qu'un parent ou un élève décide de faire
confiance à un système qui fonctionne puis qui est transparent, bien,
prenons-le, parce que nous, c'est à ça qu'on fait face. Puis quand vous dites
qu'on se parle entre nous, mais, les parents sur le comité organisateur, on est
dans plein de structures aussi. On est au sein des... On participe aux comités
de parents de nos centres de services scolaires.
Donc, on parle à d'autres parents qui sont très
engagés, et, même s'ils ne sont pas dans notre mouvement de manière formelle,
souvent, ils sont sympathisants. Certainement, tout le monde est préoccupé,
justement, par quelque chose, un, qui fonctionne, deux, qui soit rapide, mais
surtout il faut que ça soit cohérent. Alors, le tableau... Moi, je pense que la
ligne pourrait certainement être quelque chose qui s'ajoute. En tout cas, c'est
intéressant à explorer de manière sérieuse, mais ça ne peut rien remplacer, là,
au sein de ce qu'on a vu dans le projet de loi.
Mme Charbonneau : Mais je suis
heureuse de vous entendre... que ça pourrait être quelque chose d'intéressant.
Le projet de loi est en discussion entre nous en ce moment, mais va tomber dans
le principe de l'article par article, j'espère, avant que le premier ministre
déclenche les élections. Et, de ce fait, bien, c'est peut-être une proposition
qui va tomber sur la table, de notre côté, en tout cas, pour pouvoir la
proposer au ministre.
Après ça, je me rends à la
recommandation n° 9 parce que c'est quelque chose qui
me chatouille beaucoup depuis le début, c'est-à-dire que donner plus de
pouvoirs ou donner du pouvoir au Protecteur national de l'élève, qu'il soit
clairement affirmé étant, finalement, prépondérant par rapport aux pouvoirs et
prérogatives du conseil d'administration du centre de services scolaires. Donc,
j'aimerais ça vous entendre, parce qu'il n'a qu'un pouvoir de recommandation.
Je le dis sans vouloir être de mauvaise foi, mais il n'a aucun pouvoir de
recommandation. Donc, je voulais vous entendre par rapport à la
recommandation 9.
Mme Clermont (Patricia) : Je vous
entends bien puis je vais juste souligner qu'on a vraiment manqué de temps pour
revoir toute la cohérence de notre texte. Alors, je m'en excuse déjà, mais, en
fait, c'est que ça nous a surpris un petit peu de voir ça. Je comprends bien le
pouvoir de recommandation. Vous avez vraiment raison, mais, à sa face même,
puis c'est peut-être parce qu'il y a des situations particulières dans... comme
au CSSDM, là, qui font en sorte que le... Tu sais, à Montréal, on est sous
tutelle, alors, mais l'idée qu'un conseil d'administration, dont il faut
améliorer le lien avec le public, là, je pense, pourrait renverser ou... en
tout cas, il y a quelque chose là-dedans qui est comme un peu surprenant quand
on arrive à ce moment-là du projet de loi. Et, en fait, ce n'est pas très
détaillé, là, par exemple, les raisons pour lesquelles un conseil
d'administration pourrait décider de ne pas tenir compte d'une conclusion ou
d'une recommandation du Protecteur national de l'élève.
C'est dans ce sens-là qu'on se dit :
Bien... puis surtout, encore une fois, du point de vue du parent qui nous
appelle, qui nous interpelle, nous, à Je protège mon école publique, on se
dit : Des situations comme ça, ce serait vraiment dangereux pour la
confiance du public, parce que, finalement, quelqu'un aurait fait toutes les
démarches, sur deux mois, par rapport à une situation, donc, qui devrait se
résoudre, là, mais ça, c'est sans compter le temps que ça a pris pour se
décider à faire une démarche, et puis le conseil d'administration pourrait
décider de ne pas en tenir compte, alors que souvent, l'autre chose que je n'ai
pas mentionnée dans mon allocution, mais qui est vraiment importante, c'est
que, quand il y a quelqu'un qui dénonce une situation... En tout cas, nous, à
Je protège mon... notre école publique... mon école publique, pardon, on prend
d'emblée... on suppose d'emblée que, quand une situation nous vient d'un côté,
par un individu, bien, c'est qu'elle existe à plusieurs endroits puis qu'on ne
le sait pas. Alors, c'est pour ça qu'on salue puis qu'on veut accompagner du
mieux qu'on peut cette personne-là, parce que ça va sûrement en aider d'autres.
Alors, encore une fois, c'est simplement parce
que les centres de services scolaires et leurs conseils d'administration... Je
pense qu'il y a encore de la confiance à bâtir puis à voir aussi comment ils
vont recevoir ces recommandations-là. Mais nous, on se dit que le parent qui a
une recommandation du protecteur de l'élève, bien, il veut que ça soit suivi.
Il ne veut pas que ça soit retourné, tu sais, qu'il y ait un revirement de la situation.
• (12 h 30) •
Mme
Charbonneau : Il
ne veut pas que ça soit tabletté, comme on dit dans...
Mme Clermont (Patricia) : C'est ça
que je... C'est exactement ça.
Mme Charbonneau : Je poursuis avec
la recommandation 7 où, là, vous abordez un petit peu plus les délais.
Puis tantôt je vous entendais répondre à mon collègue, puis vous avez
nécessairement bien situé le principe de l'attente d'un parent quand il soumet,
quand il a le courage d'aller jusqu'au bout de sa démarche. Parce que les
parents EHDAA ont l'habitude, hein... eux autres, à partir du moment où leur
enfant rentre à l'école, ils sont déjà des combattants. Mais quand on est un
parent où, là, émerge une situation puis on n'est pas habitué, on se pose
beaucoup de questions, là, pour savoir si on dépose, si on va plus loin, si on
fait des démarches.
Un peu plus tôt, on faisait une proposition de
voir si, dépendamment de la situation, les délais devraient être différents.
Est-ce que vous croyez que les délais devraient être les mêmes pour toute forme
de situation?
Mme Clermont (Patricia) : Bien,
d'emblée, je dirais que non. Mais, en même temps, il ne faudrait pas qu'encore
là il y ait un trou qui puisse s'ouvrir, c'est-à-dire que, si on détermine que
ça ne serait pas toujours le même délai, bien, il faut que ce délai-là ait une
limite minimale et maximale, parce que sinon, évidemment... bien, notamment avec les élèves avec des problèmes
d'apprentissage, en difficulté, c'est des situations vraiment complexes.
Mais, encore une fois, je pense que d'avertir le parent de combien de temps ça
va prendre au plus, c'est capital pour même que les gens décident de s'engager
dans une telle démarche.
Mme Charbonneau : Merci. Ma dernière
question...
Mme Clermont (Patricia) : Il ne
faudrait pas que ça soit...
Mme Charbonneau : Oui, bien, je
comprends que c'est pour mieux accompagner le parent, à partir du moment où il
connaît son délai, là. Ça, je comprends ça.
Ma dernière question, elle est un petit peu
pointue puis, en même temps, très large, là. C'est la recommandation 5 où,
là, vous donnez le pouvoir au gouvernement de déterminer le nombre d'employés
et le budget du protecteur de l'élève. Puis, si on se rappelle pourquoi votre
organisation existe, c'est justement parce que c'est le gouvernement qui a le
pouvoir de décider des budgets.
Est-ce que vous voyez, dans votre proposition,
plus un montant d'argent ou une attribution monétaire par rapport à la région,
par rapport au nombre d'élèves desservis, par rapport au nombre
d'établissements que le protecteur de l'élève va avoir,
plutôt que le gouvernement qui dit : Bien, pour toutes les régions, ça va
être un protecteur, puis deux adjoints, puis ça va être un national avec juste
quelques adjoints? Comment vous voyez votre recommandation plus précisément?
Mme Clermont
(Patricia) : Bien, effectivement, vous complétez bien la
recommandation. Ce n'est, en fait, pas en termes de budget fixe, de montant
d'argent fixe et de nombre d'employés fixe, mais en regard du nombre
d'établissements, en regard aussi de certaines... comment je pourrais dire, de
certaines problématiques et dynamiques qui pourraient justifier ça.
Alors, évidemment,
c'est ça, c'est... En fait, toutes les régions du Québec sont évidemment
importantes, mais elles ne connaissent pas les mêmes enjeux et avec la même
ampleur. Par exemple, l'intensité de l'immigration dans la région de Montréal
et dans la ville de Montréal, même par rapport à la grande région, ce n'est pas
la même chose qu'en région éloignée. Alors, ça devrait être pris en compte pour
effectivement que, par exemple, il puisse y avoir des effectifs en plus grand
nombre pour un plus grand centre de services scolaire, bien, pour un
territoire, par exemple, qui aurait des gros centres de services scolaires.
Mme
Charbonneau : Tout à fait. Je vous fais un clin d'oeil en vous
disant...
Mme Clermont
(Patricia) : Je vous remercie, en fait, de la précision.
Mme
Charbonneau : Je suis la fille d'à côté, je suis la fille de Laval,
puis effectivement on s'est battu pour dire qu'on n'est pas Montréal, on est
Laval. Donc, merci beaucoup pour ces échanges, Mme Clermont.
Mme Clermont
(Patricia) : C'est moi qui vous remercie.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. Nous continuons les échanges
avec Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Clermont. Je voudrais vous poser
des questions sur les outils d'information
qui vont être utilisés pour informer les parents, les familles de leurs droits
puis de leurs recours. Tout à l'heure, la Fédération québécoise de
l'autisme nous a demandé que, par exemple, en cas de suspension ou d'expulsion, la famille reçoive systématiquement,
là, l'information pour leur rappeler c'est quoi, les recours possibles
en termes de plainte.
Est-ce
qu'il y a des événements en particulier qui nécessiteraient, selon vous, là,
d'envoyer ce rappel systématique, des
exemples de situations, par exemple, souvent vécues par les parents dans
lesquelles ils ont vraiment besoin d'avoir ce rappel-là?
Mme Clermont (Patricia) : Bien, moi, d'emblée... c'est une très bonne
question, mais d'emblée, j'ai... peut-être
que vous allez penser que je réponds à côté,
mais pourtant, non, je pense qu'un des premiers endroits... puis à cet
égard-là, on a salué, là, que ce soit communiqué au 30 septembre le
plus tard, mais, en même temps, les assemblées générales d'établissements, par
exemple, dans les écoles, c'est souvent au début du mois de septembre, puis
c'est certain que ça serait des bons endroits où est-ce que pourraient être
publicisés les pouvoirs puis les recours, les délais. En tout cas, le fait
qu'il y ait de l'information au sujet du protecteur national de l'élève, déjà,
ça me fait penser à modifier cette recommandation-là, mais, en même temps, on
comprend bien que le 30 septembre, c'est une date maximale.
Mais je pense, en
fait, que, tu sais, s'il pouvait y avoir des outils qui soient à l'école même, mais
aussi à la disposition puis à la connaissance, par exemple, des membres de
conseils d'établissement pour qu'ils puissent déjà donner ça à un parent qui
leur fait part d'un problème, ça serait une avancée. Parce que nous, par
exemple, quand on nous contacte, on suggère souvent aux gens de contacter les
gens de leur conseil d'établissement, ce qui est étrange un peu, des fois,
qu'on appelle un mouvement comme nous plutôt que le conseil d'établissement,
mais c'est pour vous montrer à quel point les gens, des fois, ils se
disent : Ah! bien, j'ai vu Je protège dans les médias, je vais les
appeler, puis ils n'ont pas pensé à appeler le conseil d'établissement de leur
école. Mais, dans tous les cas, je pense que le plus d'endroits possible où
est-ce qu'il pourrait y avoir de l'information au sujet du protecteur de
l'élève, ça serait pertinent, y compris dans les services à l'école.
Mme Labrie : Donc,
que ce soit diffusé à l'école, entre les murs de l'école, mais que ce soit
aussi transmis aux conseils d'établissement aux moments comme les assemblées
générales, ça, c'est important.
Mme Clermont
(Patricia) : Bien, ça me semble incontournable pour que ce soit
vraiment quelque chose qui participe à construire la confiance.
Mme Labrie : Parfait.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, nous allons terminer les échanges avec Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
bonjour, Mme Clermont. Je vais revenir sur vos recommandations 10 et
11. Donc, services d'accompagnement, on vous a bien entendue. Je pense qu'on se
rencontre à un certain niveau sur l'idée d'envisager un rôle pour les comités
d'assistance et d'accompagnement, là, en matière de plainte, que l'on voit déjà
dans le secteur de la santé, aussi pour l'aspect intégration, parce que des
fois des élèves vont vivre à la fois des problèmes scolaires et dans le secteur
santé et services sociaux.
Puis moi, je vous soumettrais que l'avantage de
plus que j'y vois, c'est une certaine indépendance par rapport à l'institution
elle-même. Donc, les gens ne peuvent pas avoir peur de se faire freiner dans
leur élan parce qu'ils savent que ce ne sont pas des gens à l'intérieur même de
l'organisation. Donc, je vous ai bien compris par rapport à ça, oui?
Mme Clermont (Patricia) : Oui, je
suis tout à fait d'accord. En fait, nous, on pense que les... tout ce qui peut
concourir à la perception de l'indépendance, ça peut concourir, justement, à
donner confiance puis à défaire peu à peu la méfiance envers le fait de
dénoncer une situation et de vouloir l'améliorer ou la résoudre.
Mme Hivon : Puis la
recommandation 11 sur la médiation, c'est très intéressant aussi. Je pense
que c'est dans l'air aussi, là, de la réflexion du ministre. Mais vous dites,
donc, «à agir en conséquence d'une conclusion ou d'une recommandation d'un
protecteur régional ou national». Donc, juste pour bien comprendre, vous, le
processus de médiation, vous le voyez une fois que la conclusion est tombée
pour essayer de trouver une solution pour que les choses changent, en fait.
Mme Clermont (Patricia) : Oui, parce
que ce qui m'apparaît... puis c'est pour ça que je vous exprimais ma surprise
par rapport à l'article 58, je pense, à la... justement, je parlais, à la
recommandation 9, l'important, là, du point de vue du parent, puis ce qui
peut mettre fin peu à peu au cynisme ambiant, là, puis surtout au scepticisme,
comme Mme Charbonneau le disait tout à l'heure, c'est que ça ne puisse
pas... ça ne puisse plus être possible désormais que quelqu'un fasse toute
cette démarche-là et qu'on en vienne à rester, finalement, au statu quo. Il
faut que ça, ça... il faut qu'on dise : Le protecteur de l'élève est là
pour... Évidemment, ça ne peut pas être frivole, là, ça ne peut pas être... tu sais, on ne peut pas faire des dénonciations à
propos de tout et de rien, qui ne vaudraient pas, là... mais, je veux
dire, toute situation problématique qui a un fondement important, et, comme je
vous disais, une plainte égale probablement plusieurs situations qui se vivent
à plusieurs endroits. Il ne faut pas que la perception du public, ça soit possible que finalement,
par exemple, un conseil
d'administration d'un centre de services scolaire puisse dire : Bien, nous, on préfère le statu quo, alors
on n'en tient pas compte. En tout cas, l'enjeu, c'est de faire cesser le statu
quo.
• (12 h 40) •
Mme Hivon : Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme Clermont, pour votre contribution
aux travaux de la commission.
Et nous suspendons les travaux jusqu'à
14 h 30... 14 heures, excusez, 14 heures. Merci, tout le
monde.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprise à 14 h 02)
La
Présidente (Mme Guillemette) : Votre attention, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de
l'éducation reprend ses travaux.
Donc, nous poursuivons les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 9, la Loi sur le protecteur national de l'élève. Et cet
après-midi, nous entendrons la Coalition de parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec, la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse, le Regroupement des comités de parents autonomes du Québec et
la Fédération des comités de parents du Québec.
Donc, nous accueillons maintenant la
représentante de la Coalition de comités de parents d'enfants à besoins
particuliers du Québec, Mme Bianca Nugent. Mme Nugent, bienvenue,
merci d'être avec nous cet après-midi. Donc, vous
disposez de 10 minutes pour faire votre présentation, et il y aura un
échange avec les membres de la commission par la suite. Donc, sans plus
tarder, je vous cède la parole.
Coalition de parents
d'enfants à besoins particuliers du Québec (CPEBPQ)
Mme Nugent (Bianca) : Merci,
Mme la Présidente. Je profite de l'occasion pour remercier la Commission de la
culture et de l'éducation pour l'invitation de la Coalition des parents
d'enfants à besoins particuliers du Québec. Je me présente à vous aujourd'hui à
titre de, évidemment, porte-voix des experts par expérience des réalités
éducatives et sociales des enfants à besoins particuliers du Québec, qui
représentent des centaines de membres individuels et associatifs, dont
81 % s'identifient comme parents d'enfants à besoins particuliers mais
également comme enseignantes, éducatrices à la petite enfance, éducateurs
spécialisés, professionnels et alliés, comme les grands-parents de toutes les
régions du Québec. Plus de 6 500 personnes sont abonnées à nos fils
d'actualité, sur les différents réseaux sociaux, en appui à notre mission.
J'aimerais attirer l'attention
sur un élément de notre mission qui vise à défendre et à promouvoir les
intérêts des enfants à besoins particuliers du Québec, qui explique notre
présence aujourd'hui.
Notre présentation d'aujourd'hui va
principalement focaliser sur quatre principales recommandations et étayer,
finalement, des enjeux relatifs au processus de plainte, que nous souhaitons
plus clair, plus transparent, plus accessible et plus impartial. Nous allons
aussi témoigner des recours que les parents d'enfants à besoins particuliers
ont à leur portée quand ils sentent que leurs droits ou ceux de leurs enfants
sont lésés.
D'entrée de jeu, nous tenons à réitérer le
concept de besoin particulier, qui, pour la CPEBPQ, est relié à l'intensité de
soutien nécessaire à apporter aux enfants ayant une condition
neurodéveloppementale, ou une variation neurologique,
ou un handicap visible ou invisible, une déficience physique ou intellectuelle,
ou encore une psychopathologie reconnue dans la définition d'«enfant handicapé»
par l'Office des personnes handicapées du Québec. Pour la coalition, ces
besoins particuliers sont aussi concomitants à leur situation de vie. On
réitère l'importance, pour les membres et les élus, de prendre en compte des
conditions reconnues et celles pas encore reconnues comme la neurodiversité,
sans se limiter à ces conditions dans l'offre des services publics.
Selon les plus récentes statistiques du
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur du Québec, Mme la
Présidente, le nombre d'élèves québécois qui sont dans ces situations ou
présentent des conditions de santé et des besoins psychosociaux associés à leur
réalité représente un élève sur quatre. La plupart d'entre eux nécessitent des
services éducatifs adaptés. C'est le respect des droits de ces centaines de
milliers d'élèves particulièrement vulnérables qui sont au coeur de notre avis
et notre mémoire déposés aujourd'hui à la commission.
Comme le stipule l'article 1 de la Loi sur
l'instruction publique, le MELS a l'obligation de rendre les services éducatifs accessibles à tous les enfants
âgés de cinq à 18 ans, ou 21 ans dans le cas d'une personne
handicapée, lui permettant d'exercer ses droits en vue de son
intégration sociale, professionnelle, scolaire. Alors, pour la coalition, rendre accessible, Mme la Présidente,
c'est d'abord éliminer les obstacles et les contraintes à l'accès aux services
éducatifs et complémentaires ainsi qu'aux ressources dont ils ont besoin.
Autrement dit, avant toute modification de loi, avant toute modification de
structure, pour qu'il y ait un accès, nous réitérons l'importance d'avoir en
amont une reconnaissance claire des droits de ces élèves qui sont plus
susceptibles de vivre des inégalités d'accès.
Pour la coalition, le respect des droits des
enfants à besoins particuliers, c'est d'abord un rempart à leur dignité
d'apprendre. Quand nous pensons aux droits des enfants, nous évoquons souvent
la Convention relative aux droits des enfants, la CDE, qui engage tous les
États signataires à garantir, dans tous les aspects de leur vie, un milieu puis
les accès sans discrimination. Alors, on entend très peu, par contre, parler de
l'article 23 de la CDE, qui met l'accent sur le droit spécifique des
enfants handicapés, comme, par exemple, la reconnaissance qu'ils doivent être
en mesure de mener une vie pleine et décente dans des conditions qui
garantissent leur dignité, qui favorisent leur autonomie et qui facilitent leur
participation à la vie... à la collectivité, qui garantissent aussi leur accès
à l'éducation, à la formation, aux soins de santé, à la rééducation, à la
préparation à l'emploi ainsi qu'aux activités récréatives dont ils ont besoin
pour leur épanouissement personnel.
Dans cette optique, Mme la Présidente, on
réitère aussi l'importance de mieux connaître la Convention relative aux droits des personnes handicapées,
qu'ils reconnaissent que la notion de handicap évolue et que le handicap
résulte de l'interaction entre des personnes qui présentent des incapacités et
des barrières comportementales sur la base de l'égalité avec les autres. Il en
est de même pour tous les élèves québécois en situation de handicap, Mme la
Présidente. Et on tient que l'État québécois veille aussi à respecter son
engagement afin que tous les enfants handicapés ne soient pas exclus sur le fondement
de leur handicap, tant au niveau de l'enseignement primaire que dans l'enseignement secondaire et les études
supérieures, que ce soit sur le principe de la base de l'égalité avec les
autres, avoir accès à un enseignement primaire et secondaire inclusif de
qualité ainsi que des aménagements raisonnables en fonction de leurs besoins
est absolument nécessaire pour leur plein épanouissement dans leur vie sociale.
En ce sens, la CPEBPQ tient à réitérer aux
membres de la Commission de la culture et de l'éducation qu'un instrument de
protection bien de chez nous, la Charte des droits et libertés du Québec, a
déjà le mandat de veiller à cette protection. Or, avoir besoin de ces
adaptations-là ne sont... ce n'est pas un luxe, c'est un droit qui est enchâssé
par la Loi sur l'instruction publique. Dans ce sens, on réitère l'importance de
respecter la portée des droits de la Commission des droits de la personne mais
aussi d'étendre, dans une portée plus large, certains de ces droits, ou ces
revendications-là, ou ces mesures d'enquête et mesures de recommandations au
futur protecteur national de l'élève.
• (14 h 10) •
Nos principales recommandations d'aujourd'hui
portent sur un processus de plainte clair, transparent, accessible et
impartial. À la lumière du constat du rapport du Protecteur du citoyen, déposé
en 2017, ainsi que l'enquête systémique sur les droits des élèves EHDAA, menée
par la commission des droits de la personne et de la protection de la jeunesse
en 2018, qui révèle un nombre accru de plaintes reçues pour discrimination
d'élèves EHDAA, nous avons recommandé déjà, dans notre mémoire déposé en 2018,
de rendre et d'améliorer le processus de plainte selon trois principales
modalités. On réitère cette recommandation aujourd'hui afin de rendre le rôle
du protecteur de l'élève complètement
indépendant des politiques internes des commissions scolaires et ainsi lui
permettre de non seulement faire recommandation à l'Assemblée nationale,
mais aussi d'avoir des pouvoirs d'enquête accrus, ainsi que des pouvoirs de recommandation, et ainsi qu'un budget
favorisant la mise en place de mesures de prévention pour s'assurer
d'éliminer les motifs de compromission à l'accès aux services qu'une majorité
d'élèves à besoins particuliers ont de la difficulté à recevoir.
Dans ce principe-là, on demande aussi aux
membres de la Commission de la culture et de l'éducation de réfléchir à ce que
la loi permette et favorise l'implantation de mécanismes simples pour s'assurer
du respect non seulement de la Loi sur
l'instruction publique, mais de la nouvelle Loi du protecteur national du
citoyen. On demande aussi de prévoir, dans la loi,
des conséquences lors de constats d'inconduite de la part d'une personne, ou
d'une instance, ou d'un établissement scolaire et une obligation de s'y
conformer.
Dans
cette perspective-là, Mme la Présidente, on réitère l'importance que le
processus de traitement des plaintes ainsi que le recensement national
soient clairs dans la loi et que la loi fasse preuve non seulement de
transparence dans son processus, mais que le rôle du protecteur national et des
protecteurs régionaux fasse preuve d'une grande impartialité.
Quant à la
recommandation sur le plan des traitements des plaintes, l'une des
recommandations du Protecteur du citoyen, en 2017, visait à ce que le
protecteur de l'élève de la commission scolaire de l'époque soit la porte
d'entrée du processus d'examen. Or, ce n'est pas du tout le cas. Le projet de
loi n'apporte que très peu d'ouverture, en allant jusqu'à préciser même le
nombre de jours à respecter sans égard à la teneur de la plainte ni à sa
récurrence. Bien que nous sommes pour l'importance de fixer un temps limite,
nous ne le mentionnerons pas dans les premières étapes, mais plutôt une fois
que la teneur et la nature de la plainte... (panne de son) ...déterminées. Pour
nous, il est important de développer un
mécanisme ou un dispositif qui permettrait de rapidement sécuriser le parent,
l'élève ou la personne qui fait une plainte au nom de l'élève, un accès
accessible, universel, qui permettrait de rapidement avoir une meilleure idée
du délai de traitement de sa plainte une fois que celle-ci serait saisie par le
responsable.
On demande aussi que
non seulement ce processus-là soit accessible en ligne, mais qu'il soit aussi
accessible par téléphone, à l'aide d'un numéro dédié, pour que les personnes
qui ne disposent pas d'ordinateur puissent y avoir accès et aussi permettre aux parents d'enfants à besoins particuliers,
l'élève ou les personnes qui déposent une plainte en leur nom puissent
rejoindre rapidement la personne responsable. Nous croyons que ce dispositif
permettrait de recenser les plaintes. Leur recension est très importante pour
la Coalition des parents d'enfants à besoins particuliers du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci pour votre présentation. On va débuter les
échanges avec M. le ministre, qui, j'imagine, a des questions pour vous.
M. le ministre.
M. Roberge :
Absolument. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation et
votre mémoire. C'est un apport complémentaire, je dirais, à d'autres groupes,
donc c'est très intéressant que vous soyez là aujourd'hui. C'est une
perspective, un point de vue qui est différent. Vous arrivez avec des prémisses
qui ne sont pas directement liées au projet de loi, mais qui couvrent plus
large sur la réalité des enfants qui ont des besoins particuliers puis la
réalité aussi des parents qui doivent trouver leur chemin, là, à travers, des
fois, des dédales administratifs qui sont trop complexes. On est là, justement,
pour essayer de faire le ménage, faciliter la vie de ceux et celles qui veulent
améliorer les services à leurs jeunes.
Je vais juste prendre
une minute, je voulais aller à la page 7 de votre mémoire, qui était
peut-être en amont de vos recommandations ou précisions, vraiment, sur le
projet de loi n° 9. Mais j'aimais bien... comme des prémisses que vous aviez, d'ores et déjà, vous dites :
«1. Rendre le protecteur de l'élève indépendant des politiques internes des
commissions scolaires ou créer une nouvelle instance de protection de l'élève
totalement indépendante — "ombudsman des élèves à besoins particuliers". Le tout dans le
but d'alléger et non d'alourdir la structure existante.»
J'ai l'impression que
ça, c'était, disons, une revendication, une réflexion que vous aviez faite en
constatant ce qui se passe dans le réseau mais avant de voir le projet de loi
n° 9. Puis le projet est perfectible, là, je le dis tout le temps, on
travaille là-dessus, et c'est pour ça, les auditions et la commission. Mais
est-ce que vous pensez que le projet de loi va dans le sens de votre première
préoccupation, là, disons, l'indépendance puis de créer une instance qui est
indépendante des commissions scolaires, des centres de services? Est-ce que
vous pensez qu'on coche cette case, si j'ose dire?
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, merci, M. le ministre. En fait, effectivement, la
prémisse stipule qu'on a déposé cette recommandation-là déjà... d'ores et déjà,
en 2018. Alors, effectivement, on attendait avec anticipation le dépôt d'un
projet de loi qui, évidemment, irait de l'avant avec non seulement la prémisse
de créer un poste, mais une instance.
Alors, quand on fait
état d'une instance, pour nous, il importe que non seulement le protecteur
national de l'élève soit totalement indépendant, mais qu'il puisse avoir les
moyens aussi d'investiguer et de mener les enquêtes qu'il juge à propos, qu'il
puisse aussi avoir des moyens, aussi, de proposer des recommandations dans une
perspective de prévention. Et malheureusement, ce n'est pas... on n'a pas été
en mesure de voir non seulement ces moyens, mais non seulement être confirmés
que c'est une véritable instance et non pas simplement une personne qui va être
responsable d'une reddition de comptes à l'Assemblée nationale, selon notre
proposition, mais vraiment qui, au besoin,
pourrait s'adjoindre des conseillers indépendants ou s'adjoindre, finalement,
peut-être même de partenaires comme l'Office des personnes handicapées
ou des commissions, pour vraiment s'assurer que l'ombudsman ou le Protecteur
national de l'élève ait tous les moyens nécessaires pour mettre fin aux motifs
de compromission, aux plaintes qui lui sont rapportées par les protecteurs
régionaux.
M. Roberge :
O.K. Bien, on parle ici de créer... on ne parle pas d'une personne, mais d'une
institution. On parle de créer carrément une institution, un organisme. On dit
«le protecteur», mais on s'entend que c'est un peu comme quand on dit «la
Protectrice du citoyen», on sait bien que Mme Rinfret n'est pas seule, là.
Là, on y va avec le protecteur national, les protecteurs régionaux, puis tout
ce monde-là aura le personnel nécessaire pour jouer son rôle. Mais je prends
bonne note du souhait que vous avez mentionné aussi, la prévention, et là il
faudra voir ce qu'il y a déjà dans la loi ou ce qu'on peut faire à cet
égard-là.
Ensuite,
vous aviez, au point 2, toujours dans la même séquence : «Prévoir des
mécanismes simples pour s'assurer du respect de la Loi sur l'instruction
publique et de la politique d'adaptation scolaire.» On vise à simplifier les
choses, c'est sûr, faire connaître aussi, hein? Parce que, des fois, ce qu'on
ne connaît pas nous semble opaque, nous semble complexe. On ne sait même pas
que ça existe, on sait qu'il existe quelque chose ou on ne le sait même pas que
ça existe. C'est arrivé à quelques reprises, depuis le début des auditions, que
mes collègues députés disent qu'on reçoit dans nos bureaux de comté, des fois,
des plaintes de parents, souvent, d'ailleurs, des parents qui ont des enfants à
besoins particuliers, qui sont insatisfaits de ce qui se passe dans les écoles,
puis ils ne savent même pas qu'il existe un mécanisme de plainte dans leur
organisation, ils savent encore moins qu'il existe un protecteur de l'élève.
Puis donc ils vont au bureau de député, puis là on les informe, on les aide, on
les réoriente.
Ça fait que c'est sûr
que, si ce n'est pas connu du tout, du tout, ça ne peut pas être simple. Mais
on a prévu, dans le projet de loi, l'obligation pour le protecteur national et
les protecteurs régionaux de diffuser l'information, de se faire connaître, de
prendre les moyens pour se faire connaître. On a précisé qu'à chaque année il
fallait que les parents reçoivent de l'information. Donc, il ne suffit pas de
dire que c'est sur un site Internet : Vous avez juste à aller sur le site
Internet. Là, on a l'obligation de le rappeler à chaque année.
Mais, outre la
diffusion, l'information aux parents, est-ce que vous considérez que, tel que
c'est conçu en ce moment dans le projet de loi n° 9, il y a une
simplification pour les parents de se prémunir du mécanisme?
• (14 h 20) •
Mme Nugent
(Bianca) : Je vous dirais, M. le ministre, comme on a étayé plus dans
notre section au niveau de la clarté et de la transparence, il importe de mieux
définir la portée des rôles de tous les intervenants qui sont dans le
processus, qui sont inclus dans le processus de plainte. Le projet de loi,
actuellement, fait, oui, état des rôles et des responsabilités du protecteur
national, du protecteur régional, de la personne responsable aux plaintes mais,
quand même, de manière encore qui mériterait davantage de clarté. Mais qu'en
est-il des directions? Qu'en est-il des enseignants,
de la responsabilité des enseignants? Qu'en est-il, même, de la portée même du
rôle du parent de l'élève? Je dirais
qu'il y a encore du travail à faire au niveau de la clarté quant à apporter au
niveau des rôles et responsabilités des différentes...
Et pour ce qui est du
mécanisme, on a fait une proposition, dans notre mémoire, d'un mécanisme...
comment je pourrais dire, je pourrais dire un peu intuitif d'auto-évaluation.
La majorité des parents, si on leur permet clairement d'arriver à une page, pas
qui explique simplement le processus de plainte, mais qui explique d'abord
c'est quoi, les droits des élèves qui sont reconnus, c'est quoi, les
principales étapes, c'est quoi, les principaux critères pour qu'une... pour la recevabilité d'une plainte...
Les plaintes, généralement, les plaintes qui seraient formulées sur la nature,
par exemple, des politiques et des procédures, pourraient être adressées, par
exemple, aux membres du conseil d'administration. Les plaintes qui sont plus de
l'ordre de l'offre de services pourraient être adressées à l'organisation
scolaire. C'est dans ce sens-là qu'on aimerait qu'il y ait un dispositif
neutre, impartial, qui permettrait au parent de se faire déjà une idée avant
que le processus de traitement de sa plainte se fasse... soit déjà au fait, à
quoi il peut s'attendre, et c'est ça qu'on ne retrouve pas en ce moment.
Et on n'a
malheureusement pas aussi vu de détails. On comprend que le projet de loi
n'explique pas nécessairement la procédure,
mais on profite de... je profite de l'occasion de votre présence aujourd'hui,
M. le ministre, pour vous le demander, là, directement. C'est important
de faire confiance aux parents, que les parents sont capables de s'informer,
mais encore faut-il que l'information qu'on leur diffuse soit claire, concise
et évidemment que la portée de l'information qu'on leur donne leur permette de
se faire... de donner du sens au processus avant que ce processus, là, se
déclenche.
M. Roberge :
Je comprends. C'est pour ça qu'il faut que le protecteur national et les
protecteurs régionaux aient vraiment le mandat de vulgariser le régime. Ça
arrive souvent en commission, lors des auditions ou quand on travaille à
l'article par article, qu'on regarde le projet de loi puis on trouve :
Oui, mais là, c'est un peu... ce n'est pas facilement accessible, ce n'est pas
vulgarisé. C'est normal, là, c'est du langage de juriste. Mais par contre il
faut que, dans le langage de juristes, il y ait l'obligation de vulgarisation,
ensuite. Parce que bien peu de parents vont aller lire la Loi sur l'instruction
publique pour connaître les procédures de traitement des plaintes, puis c'est
correct. Si on se rend là, c'est parce qu'on n'aura pas fait notre travail
avant.
Normalement, le
protecteur et les réseaux scolaires auront fait leur travail en fonction des
articles qu'il y a dans la loi puis auront fait connaître, auront rédigé des
dépliants, les auront distribués, auront envoyé des courriels, utilisé les
médias sociaux, utilisé les panneaux sur le bord de l'autoroute, des campagnes
publicitaires à la télé, s'il le faut, pour faire connaître la porte d'entrée
puis, justement, comme vous nous disiez, quelle est la meilleure façon de se
prévaloir puis de faire valoir ses droits.
Il y a quelque chose
qui a piqué ma curiosité aussi, dans votre mémoire, parce que, là, vous êtes
les seuls à arriver avec ça, de ne pas préciser des délais. Je suis à la
page 9, vous dites : «Bien que nous sommes pour fixer un temps
limite, nous ne le mentionnerions pas dans les premières étapes, mais plutôt
une fois que la teneur et la nature de la plainte eurent été déterminées.» Il y
a des gens qui nous ont dit que les délais dans le projet de loi étaient trop
courts, d'autres trop longs. Vous, vous nous dites qu'on ne le mentionnerait
pas, au départ, mais on ne donnerait pas, dans le projet de loi, des balises
pour l'étape 1, lorsqu'on va d'abord s'expliquer puis obtenir des
précisions à l'école, dans l'étape 2, si jamais elle est nécessaire, au
centre de service, puis dans l'étape 3, si elle nécessaire, au protecteur
régional. Vous ne mettriez pas ces balises-là, si je comprends bien?
Mme Nugent (Bianca) : Nous, ce
qu'on... Non, en fait, dans l'optique de créer un dispositif qui permettrait au
parent de non seulement être bien informé de quelle nature est sa plainte, vers
qui sa plainte devrait être redirigée, à ce moment-là, et
c'est un processus assez simple... à ce moment-là, ce qu'on précise, c'est
qu'effectivement, une fois que le processus
ou, je pourrais dire, la pré-étape d'envoi de la plainte est traitée dans un
délai raisonnable et rapidement, à ce
moment-là, la personne responsable, finalement, de la réception de cette
demande doit valider, finalement, le processus.
Parce que,
malheureusement, en validant... ce qu'on précise, c'est qu'en validant à un
moment précis il y a des plaintes qui vont
nécessiter une enquête, une analyse plus approfondie qui, et on le précise, ne
devrait pas dépasser 10 jours. On est d'accord avec ce temps limite de
10 jours pour donner un premier avis. Mais ce qu'on dit, c'est que,
si le parent, déjà, d'abord, est bien informé, déjà, le parent est déjà... il
sait qu'il y a quelqu'un au bout de la ligne qui va lui revenir dans un délai
de 48 heures. Ça peut être même plus bas que 10 jours. C'est pour ça
qu'à l'intérieur de 10 jours on aimerait juste qu'il y ait une pré-étape
qui vienne avant l'étape 1, pour s'assurer que le parent s'informe, est en plein processus d'autodétermination, par
lui-même, de non seulement comment sa plainte va être traitée, mais de la
nature de sa plainte et à qui il peut s'informer, d'ores et déjà, sans avoir à
attendre qu'on le rappelle.
Parce qu'en ce
moment, M. le ministre, vous n'êtes pas sans le savoir... vous êtes familier
avec le concept de géométrie variable. On l'a utilisé à maintes reprises, là,
dans nos interpellations, si ce processus-là n'est pas bien défini, n'est pas
appliqué et standardisé et que les centres de services scolaires ne sont pas
imputables, justement, de rapidement
répondre à toutes les demandes qui leur seraient formulées, bien,
malheureusement, on craint qu'il va y avoir encore des demandes qui vont
non seulement dépasser le délai, mais qu'il va y avoir des parents qui vont
demeurer dans l'incertitude, l'insécurité que, finalement, leurs plaintes, ou
leurs doléances, ou leurs insatisfactions ne sont pas prises en compte.
Alors, au contraire,
on demande qu'il y ait une pré-étape rapide, instantanée, qui permet aux
parents de même recevoir un courriel de
réception comme quoi que sa plainte a été prise en compte. Et d'ailleurs ce
dispositif-là permettrait également de recenser le nombre de plaintes
reçues, parce qu'en ce moment, malheureusement, les mécanismes de recension ne
permettent pas d'avoir une vue d'ensemble de l'ensemble des initiatives, que ce
soient des plaintes amorcées et avortées, que ce soient des plaintes
redirigées. Malheureusement, pour avoir siégé à titre de commissaire, à
l'époque, dédiée aux services aux élèves EHDAA, je peux vous laisser savoir que
c'est un enjeu majeur, pas simplement dans la commission scolaire de l'époque,
le centre de services scolaires, mais aussi à travers la province. Alors, on précise
l'importance d'avoir une pré-étape.
M. Roberge : Merci. Je comprends, pour dire que c'est pris en charge à partir de tel
moment. Si vous permettez, je permettrais à mon collègue de Richelieu de
poursuivre avec vous. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Richelieu, 2 min 30 s.
• (14 h 30) •
M. Émond :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Bonjour, madame. Merci pour votre
participation à notre commission, merci pour votre mémoire. M. le ministre
vient de pas mal embarquer dans l'objet de ma question, en ce qui a trait aux
délais du traitement des plaintes, puisque dans votre recommandation 1,
là, vous demandiez de fixer... d'attendre
avant de fixer un délai de traitement d'une plainte qui soit très précis. Vous
venez de l'expliquer, quand même, d'une façon claire.
J'aurais envie
d'ajouter... Vous avez parlé de la recension des plaintes, là, le mécanisme qui
pourrait être enclenché pour nous permettre de recenser adéquatement. Est-ce
que vous pensez que... parce que ça a été apporté par d'autres groupes, un peu
plus tôt, que le principe de jurisprudence, qui risque de s'accumuler, là, au
fil du traitement des plaintes, pourrait faire en sorte que le délai va devenir
acceptable... je m'exprime mal, le délai pourrait être connu d'une façon plus
précise au fur et à mesure que le protecteur de l'élève va être en place?
Puisque, sans supposer que les plaintes vont se ressembler partout, dans toutes
les régions du Québec, à travers les époques ou les mois, on pourrait arriver
relativement facilement, après un certain temps, à catégoriser et de donner un
délai qui serait plus précis aux parents, parce que c'est un enjeu, là. On en
entend parler de tous les groupes. Certains nous disent : Rajoutez des
délais, s'il vous plaît, pour laisser le temps à notre organisation de traiter
des groupes comme le vôtre, ou des groupes
de parents vont plutôt dire : Non, il faut que les délais soient
raccourcis. Alors, vous vous situez où là-dedans, à peu près? Dites-moi.
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, on se situe dans un changement de paradigme,
c'est-à-dire que, pour nous, ce n'est pas tant les délais que la prise en
charge et la prise en compte de la teneur et la nature de la plainte qui nous
importent.
Pour
les parents d'enfants à besoins particuliers, qui, comme on l'a étayé dans
notre mémoire, vivent plusieurs interactions avec plusieurs instances,
que ce soit dans les services sociaux ou les services de santé et les services
en éducation, le plus important, c'est de
sentir qu'il y a quelqu'un qui nous écoute, qu'il y a quelqu'un au bout de la
ligne, ou au bout du courriel, ou au bout du formulaire.
Alors, pour nous, ce
n'est pas tant de, oui, d'étayer, dans la loi, qui... ça prend un délai
maximal, mais d'étayer clairement qu'il va y avoir un mécanisme qui va
permettre rapidement d'offrir une réponse au parent de la teneur, de la nature
de sa plainte. Et, à ce moment-là, effectivement, au fur et à mesure... Puis
évidemment, bien avant le projet de loi n° 9, il faut
aussi rendre compte que les centres de services scolaires ont déjà développé
des mécanismes puis ils ont déjà aussi l'habitude de transiger, et surtout,
quand c'est de niveau local, ils connaissent les parents, ils connaissent la
réalité et les enjeux vécus par les parents de leur région. Alors, à ce
moment-là, pourquoi prescrire...
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme Nugent. Je m'excuse de vous interrompre,
mais on va poursuivre la discussion avec la députée de Westmount Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Nugent. Un plaisir de vous avoir avec nous
aujourd'hui.
J'aimerais vous entendre en ce qui concerne la
réalité des parents sur le processus des plaintes actuellement en place. On
comprend qu'il y a souvent la peur de conflits, la peur des représailles ainsi
que l'inconnu de qu'est-ce que je fais si
j'ai besoin d'avoir un recours suite à une décision. Ça fait que peut-être vous
pouvez élaborer un peu là-dessus.
Mme Nugent (Bianca) : Oui. Merci
pour votre question. En fait, comme on l'a étayé à la page 7 de notre mémoire,
les plaintes qui sont reçues et qui sont recensées dans les rapports annuels
des protecteurs de l'élève, là, actuels, ce
n'est que la pointe de l'iceberg, là, pour faire référence... Dans notre mandat
provincial, notre mobilisation depuis 2015, et plus formellement, là,
depuis 2017, notre incorporation, on reçoit des centaines de partages, de
témoignages de parents qui hésitent, qui nous disent de ne pas porter plainte,
qu'ils n'ont pas envie de porter plainte à l'école, d'abord aussi parce que,
comme vous l'avez étayé, par peur de conflits ou encore par crainte de
représailles comme on l'a déjà vu, la diminution des services que leurs enfants
reçoivent ou même, pire, leur expulsion. Vous êtes bien au fait, Mme la
députée, des cas d'expulsion que vous avez étayés aussi, puis dans vos mandats
d'initiative, comme... que c'est inconcevable, eu égard à l'article 1 de la Loi
sur l'instruction publique, qu'il y ait des enfants qui sont en bris de
services et qui se font expulser d'un droit enchâssé, là, accès à l'école.
Alors, souvent aussi, c'est parce que le
processus est rebutant et trop fastidieux. Et aussi, souvent, c'est qu'aux
dires du ministre, aussi, de l'Éducation, les parents d'enfants à besoins
particuliers, on est experts par expérience de nos réalités. On n'est pas à
notre première plainte. On veut juste savoir s'il va y avoir quelqu'un au bout
de la ligne qui va prendre au sérieux nos demandes et aussi qui vont faire
preuve aussi d'empathie en raison du fait que les parents d'enfants à besoins
particuliers sont plus susceptibles de vivre négativement des interactions,
avec les différentes instances, à fortes charges émotives. Et l'écoute sans
jugement ni critique est de mise pour assurer une saine collaboration.
Une plainte qui ne se rend pas, des fois, qui
doit être d'abord traitée à l'interne peut ne... et/ou pas, ne pas se rendre au
protecteur de l'élève. Le parent a besoin de sentir que le protecteur de l'élève
est là pour être à son écoute et qu'il est pleinement indépendant, là,
finalement, de l'instance scolaire ou de la personne, évidemment, qui est
rémunérée, là, pour entendre sa plainte.
Mme Maccarone : Ça m'amène à votre
mémoire. Quand vous parlez de... recommandation 3, sur le plan de
l'accessibilité, vous évoquez que ce serait important d'avoir peut-être un
conseiller, un médiateur pour accompagner les parents. Je vous soumets que
peut-être ce serait une bonne idée d'avoir un protecteur de l'élève qui se
spécialise dans les cas EHDAA avec une formation particulière. Que pensez-vous
de ceci et que sera le rôle de ces personnes que vous évoquez dans votre
mémoire?
Mme Nugent (Bianca) : Bien, en fait,
il est très simple d'étayer, même dans le projet de loi actuel, si on va dans ce sens, que le protecteur régional ait les
compétences en matière de droits des élèves ou des enfants en situation
de handicap et qu'il ait une bonne connaissance aussi des partenaires
communautaires utilisés par les parents d'enfants à besoins particuliers.
Alors, pour nous, il est important de le préciser déjà en amont, au niveau de
la composition, et effectivement d'élargir le rôle du protecteur de l'élève pour
qu'il puisse être amené à être conseiller, être médiateur ou à nommer une
personne désignée dans la communauté pouvant jouer ce rôle.
Mme la députée, je me permets de dire qu'on
avait déjà, avant la réforme des centres de services scolaires, une personne qui
était dédiée aux services aux élèves, et c'étaient les commissaires. Et
d'ailleurs, en ce moment, la structure actuelle a... et la loi a éliminé cette
nomenclature-là précise. On demanderait à ce que le ministre de l'Éducation
repense sérieusement à s'assurer de la représentativité des parents d'enfants à
besoins particuliers à tous les niveaux, que ce soit local, régional et
national, des réalités vécues par les parents parce que ce sont les plaintes
qui demandent le plus de temps, énergie, ressources au réseau et ce sont les
plaintes qui sont... qui visent les élèves les plus vulnérables de notre
système d'éducation.
Mme
Maccarone : Merci de la précision. Je partage la déception
puis je vois en bien une bonne recommandation pour s'assurer que les
droits des personnes qui se retrouvent souvent en situation de vulnérabilité...
non seulement l'enfant, mais aussi leur famille doivent avoir une
représentation facile, l'accessibilité. Vous l'avez évoqué plusieurs fois non
seulement dans votre mémoire, mais aussi dans votre témoignage, ce qui m'amène
à ma prochaine question.
Vous, vous désirez que les personnes qui veulent
porter plainte peuvent aller directement au protecteur de l'élève. Dans le
projet de loi, il y a quand même une clause qui dit : Exceptionnellement,
nous pouvons dire oui à ce type de demande. Mais pensez-vous que... Vous avez
utilisé le mot «universel». Ça fait que vous, vous demanderez que tous les
parents... les enfants EHDAA, des parents avec des enfants EHDAA devront avoir
la possibilité d'aller directement tout le temps. Ça fait que ça ne serait pas
une exception, ça serait un article dans la loi qui exige qu'eux, s'ils
souhaitent, pourront avoir un accès direct.
Mme Nugent
(Bianca) : Oui, tout à fait, parce qu'évidemment on n'est pas,
souvent, à notre première plainte. Le projet de loi, la manière qu'il est
étayé, c'est comme si, un parent fait une plainte, elle est traitée, il n'y a plus de problème. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour
certains parents d'enfants à besoins particuliers qui, année après année, en
fonction des changements d'intervenants, en fonction du manque de constance
aussi dans les interventions ou simplement des difficultés d'adaptation de
leurs enfants, sont amenés à faire plusieurs plaintes, ou plusieurs demandes,
ou de partager simplement des différends ou des doléances. Si, par exemple, un
parent a vu sa plainte refusée dans le passé
pour sensiblement le même type d'enjeux ou le même type de problème ou
d'insatisfaction, bien, à ce moment-là, je vois mal le parent devoir
repasser par le même processus, obligatoirement, quand finalement le protecteur
de l'élève aurait tout à... à trouver un avantage à entendre comment cette
plainte-là a été résolue ou d'en faire le suivi.
Alors, comme le Protecteur
du citoyen l'a étayé dans son rapport en 2017, on croit qu'il est important
que... de rendre l'accès au protecteur de l'élève facile, direct et sans
ambages. Alors, retirer toute mention qui fait état d'exception, parce que, si on parle d'exceptions, il va falloir les
décrire, ces exceptions-là, et malheureusement, comme on le sait, si ce
n'est pas écrit et ce n'est pas détaillé, on se retrouve avec des applications
à géométrie variable.
• (14 h 40) •
Mme
Maccarone : Parce que vous, vous évoquez aussi des pouvoirs d'enquête,
mais aussi des pouvoirs décisionnels? C'est qui qui devrait prendre la dernière
décision quand on parle des recours?
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, on s'entend qu'en étayant, effectivement,
l'importance de mettre de l'avant le respect
des droits comme un rempart à la dignité d'apprendre pour les élèves
vulnérables, à ce moment-là, le protecteur de l'élève serait très au
fait, finalement, de l'application de la charte, serait très au fait aussi de
la définition des droits enchâssés par les conventions internationales et aussi
notre loi sur les personnes handicapées. Alors, souvent, la plainte serait plus
facilement traitée, si elle serait traitée directement et si le protecteur de
l'élève aurait le pouvoir de rendre une décision avant même que cette
plainte-là passe à travers un processus. Parce que, et il ne faut pas se le cacher, là, ce n'est pas tout le personnel des
centres de services scolaires qui possède, finalement, une compréhension
étendue des droits des enfants en situation de handicap, la même chose pour les
directeurs d'établissement. Alors, si on est
pour nommer une personne dédiée à la protection des droits des élèves, bien, il
vaut mieux prendre une personne qui en a la compétence.
Et on rappelle aussi
le droit et le délai d'appel et d'opposition du parent à une décision du
protecteur de l'élève. On ne parle aucunement de ce droit et des délais d'appel
dans le projet de loi, contrairement à l'ombudsman de l'Ontario, qui fait état,
là, de précisions, là, plus étayées à ce sujet là. Le parent doit pouvoir
connaître son droit d'appel et d'opposition.
Mme Maccarone :
Comment le protecteur de l'élève, que ce soit régional ou national, parce que
vous avez aussi mentionné le rôle de prévention, comment qu'il pourra mettre en
vigueur cet aspect de son rôle, selon vous, sur le terrain pour s'assurer qu'on
aura moins de plaintes? On veut avoir un projet de loi qui est assez robuste
pour s'assurer qu'il y aura un vrai
changement sur le terrain. Alors, selon vous, c'est quoi, le rôle de
prévention? Comment qu'on verrait ça dans le pratico-pratique?
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, dans le pratico-pratique, c'est... Le ministre de
l'Éducation a fait état, tout à l'heure, de
l'information diffusée. Pour nous, ce ne sont que des outils, ce ne sont que
des processus ou des mécanismes. Il importe que, dans la loi, il soit
précisé l'obligation de la reddition de comptes, finalement, de ces
campagnes-là, de prévention, et de s'assurer que, finalement, le protecteur
national de l'élève ait une obligation non seulement d'étayer la portée de ses
recommandations, ce n'est pas juste recenser mais de pouvoir étayer la
portée... et de formuler des recommandations aux membres de l'Assemblée
nationale directement et d'évidemment suggérer des améliorations ou des changements aux politiques. Ce n'est pas
simplement de faire état d'un nombre recensé de la nature des plaintes,
mais de vraiment s'assurer que le protecteur de l'élève a des pouvoirs accrus
pour que la mise en application de ces recommandations-là soit faite dans les
centres des services scolaires.
Mme Maccarone :
Alors, le recensement puis la reddition de comptes, ça va être important que
c'est très détaillé. Parce qu'actuellement le réseau de l'éducation, peu
importe lequel, ils disent qu'à peu près 80 % de leurs plaintes sont liées
au EHDAA. OPHQ, c'est 50 % à peu près. On a aussi les CDPDJ. Ça fait que,
vous, vous aimerez ça que ça soit vraiment
détaillé. Alors, l'expulsion de l'école, mais pas juste faute... manque de services,
bris de service.
Mme Nugent
(Bianca) : Tout à fait. À l'instar de...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. C'est tout le temps que nous avions
avec les échanges pour Mme la députée, mais nous continuons tout de même avec
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Je veux vous amener sur la question des représailles.
Vous dites, dans votre mémoire, que c'est une des raisons qui peut expliquer
que des parents, en ce moment, ne déposent pas de plainte. Par exemple, ils ont
peur que les services de leur enfant soient affectés. Est-ce que vous
considérez que ce qu'il y a dans le projet de loi en ce moment, pour éviter les
représailles, c'est suffisant pour rassurer les parents et pour éviter qu'il y
en ait, des représailles?
Mme Nugent (Bianca) : Non. En
fait, dans le processus en trois étapes... d'où le pourquoi qu'on aimerait
avoir une pré-étape confidentielle, hein? Parce qu'en ce moment, si un parent
d'enfant à besoins particuliers porte une plainte et que
ce parent-là est connu, que la situation de l'enfant est connue, que, par
exemple, le parent, sa plainte a déjà été déboutée par les années passées, ou
quoi que ce soit, il va y avoir des biais inconscients envers ce parent-là, à
savoir que peut-être que ce parent-là se plaint pour rien, qu'il n'est pas
satisfait, que finalement... et c'est ce
genre-là d'étiquettes que plusieurs parents d'enfants à besoins particuliers
nous partagent, pour lesquels ils veulent se départir.
Alors, en ce moment,
le processus en trois étapes de formuler une plainte à l'instance même visée
par la plainte, pour nous, ça ne nous apparaît pas cohérent, ça ne nous
apparaît pas impartial, d'où le pourquoi de s'assurer, comme Mme la députée
Jennifer Maccarone l'a mentionné, de pouvoir avoir un accès direct au
protecteur de l'élève et vraiment... et de s'assurer, comme on l'a écrit dans
notre mémoire, que le... surtout en matière... pour les élèves en situation de
handicap, dont la protection des droits et privilèges sont enchâssés par la
charte, qu'il y ait une recension spécifique dans son rapport annuel sur le
nombre d'élèves à besoins particuliers.
Mme Labrie :
Question, parce qu'en ce moment, dans le projet de loi, le processus en cas de
représailles, c'est de réutiliser le
protecteur de l'élève. Donc, est-ce que vous pensez que ça va rassurer les
parents, cette boucle-là?
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, en fait, le processus, c'est de réutiliser le
protecteur de l'élève qui n'était même pas au courant de la teneur de leur
plainte, déjà au départ, parce que par le temps que les plaintes arrivent au protecteur de l'élève, bien, à ce moment-là,
souvent, elle a été dénuée de son contexte. Il y a certains éléments,
peut-être, de la plainte qui ont été résolus à l'interne. On n'est pas
contre trouver des solutions rapides aux situations, mais on ne veut pas non plus que les plaintes soient
complètement... on appelle ça tuées dans l'oeuf, pour qu'une fois rendu au
protecteur de l'élève, bien, finalement,
qu'il n'y ait pas de moyen ni de disposition pour pouvoir faire une
recommandation qui va vraiment amener un véritable changement.
Alors, on est d'avis
que...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Merci, Mme Nugent. Nous continuons la
discussion avec la députée de Joliette. Mme la députée.
Mme Hivon :
Oui, bonjour. Merci beaucoup. Vous insistez... Un des points dans votre
mémoire, vous insistez sur le recensement des plaintes, donc avoir de la
transparence, savoir ce qu'il en est. Moi, je voulais vous amener, surtout avec
les enfants que vous représentez, les parents d'enfants que vous représentez...
quand on se rend compte qu'il y a comme un problème systémique, par exemple,
les plans d'intervention ne sont pas suivis, l'accès à l'orthophonie, l'orthopédagogie
est à peu près inexistant, et qu'on se rend compte que, même s'il y a un parent
qui lève peut-être un drapeau, ça cache probablement une multitude d'autres
parents, est-ce qu'on devrait prévoir un mécanisme pour faire en sorte que le
protecteur, que ce soit régional ou national, ait vraiment un pouvoir pour tout
de suite indiquer qu'il y a là un enjeu systémique, plutôt que de devoir y
aller à la pièce, élément par élément? Est-ce que vous avez réfléchi à ça un
peu?
Mme Nugent
(Bianca) : Bien, en fait, on l'a exposé vaguement, je pourrais dire...
pas vaguement, mais plutôt de manière transversale dans l'ensemble de nos
recommandations. Mais, si on prend une vue d'ensemble de nos recommandations,
en fait, ce qu'on souhaite, c'est que le protecteur de l'élève ait tous les
moyens nécessaires pour agir rapidement afin de mettre fin aux compromissions.
Si, par exemple, on
maintient le processus en trois étapes comme étant un absolu, bien, on craint
qu'encore une fois le protecteur d'un élève, peu importe... de l'élève, peu
importe ses compétences, n'ait même pas accès, finalement, aux données, ou à la
teneur, ou à des plaintes qui ont été formulées. Alors, à ce moment-là... d'où
le pourquoi qu'il faut éliminer les barrières et les obstacles pour que le
protecteur de l'élève puisse avoir en main assez d'éléments d'information pour
se faire une vision d'ensemble, comme vous évoquez. Cette vision d'ensemble là,
c'est ce qui va permettre, finalement, de trouver des enjeux systémiques et, en
raison des pouvoirs qui pourraient leur être octroyés, agir rapidement, et ne
pas attendre que le protecteur national en fasse dépôt et en fasse état pour
que, rapidement, soit précisé que, dès que le protecteur régional est au
courant, il puisse rapidement mettre en place des solutions, là, pour mettre
fin, ou en faire rapport aux élus pour faire des modifications aux politiques,
ou simplement pour s'assurer que le ministre de l'Éducation en fasse avis au
centre des services scolaire.
On
l'a vu avec la Politique de réussite éducative. Le ministre de l'époque a dû
réitérer, réitérer à maintes reprises les prescriptions de la nouvelle loi. On
s'attend à ce que ça soit possible aussi, là, avec l'adoption de ce projet de
loi là.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci beaucoup, Mme Nugent. Merci, Mme
la députée. Donc, on vous remercie pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Et nous suspendons
les travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités. Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 50)
(Reprise à 14 h 53)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, bon après-midi. La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses
travaux, et nous accueillons maintenant la Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse, et leurs représentants,
dont Me Philippe-André Tessier, président; Me Karina Montminy, conseillère
juridique; et M. Daniel Ducharme, chercheur.
Merci d'être avec
nous cet après-midi. Donc, vous disposez de 10 minutes pour nous faire
votre présentation, et, par la suite, il y
aura un échange avec les membres de la commission. Donc, sans plus tarder, je
vous cède la parole.
Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse (CDPDJ)
M. Tessier
(Philippe-André) : Merci, Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés. Donc, Philippe-André
Tessier, président de la CDPDJ, évidemment accompagné de M. Daniel Ducharme et
Me Karina Montminy, tous deux à la direction de la recherche de la
commission.
Je tiens d'abord à
rappeler que la commission a pour mission d'assurer le respect et la promotion
des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne.
Elle assure la protection de l'intérêt de l'enfant ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus,
notamment par la Loi sur la
protection de la jeunesse.
C'est depuis sa
création en 1976 que la commission est active dans le milieu scolaire pour
assurer la promotion et la défense des droits qui sont garantis par la charte
aux élèves du Québec. Ainsi, à travers l'exercice de ses différentes
responsabilités, la commission a acquis une fine compréhension des enjeux des
droits et... auxquels ces derniers font face dans l'accès à la prestation de
services éducatifs. Elle se sent donc particulièrement interpelée par le
présent projet de loi, dont l'objectif annoncé est d'assurer une meilleure
protection des droits de tous les élèves du Québec, qu'ils fréquentent le
réseau public ou privé. Elle a insisté à plusieurs reprises récemment,
notamment lors de consultations tenues par
la Commission spéciale sur les droits
des enfants et la protection de la jeunesse, sur l'urgence pour le gouvernement du Québec d'agir pour
accroître le respect des droits de l'ensemble des enfants et leur garantir la
pleine protection de leur sécurité et de leur développement.
Soulignons, d'entrée
de jeu, que les commentaires de la commission sont avant tout fondés sur le
respect des droits protégés par la charte, mais ils s'inscrivent aussi dans une
plus large perspective qui est celle d'assurer la complémentarité des missions
des différents acteurs qui oeuvrent spécifiquement au respect de leurs droits
en milieu scolaire. Il s'agit de garantir tant l'efficience des moyens et des
ressources qui sont alloués en faveur des élèves que l'accessibilité des
mécanismes permettant aux élèves de faire valoir leurs droits dont il est ici
question. En ce sens, la commission insiste sur l'importance pour le
gouvernement et les acteurs scolaires de s'attaquer en amont aux causes qui amènent les élèves et leurs parents à porter
plainte en cas d'insatisfaction quant aux services auxquels ils ont droit.
Les interventions de
la commission ont comme dénominateur commun celui de veiller au respect du
droit à l'égalité des élèves dans l'instruction publique gratuite ou aux
services qui y sont offerts afin qu'aucun d'entre eux ne fasse l'objet de
discrimination. Évidemment, vous le savez, la commission traite des plaintes
pour discrimination et harcèlement discriminatoire. Les discriminations
alléguées peuvent être fondées sur les différents motifs interdits à l'article 10 de la charte, dont la race, l'origine
ethnique nationale, le handicap, le sexe et l'identité ou l'expression de
genre.
La commission agit de
façon à favoriser un règlement à l'amiable entre les parties, souvent par la
voie de la médiation. Si elle n'y parvient
pas, elle peut, au terme d'une enquête, proposer des mesures de redressement,
tels la cessation des actes reprochés, le paiement d'une indemnité pour
les dommages subis, et, lorsque les mesures proposées ne sont pas mises en
oeuvre, elle peut saisir un tribunal, notamment le Tribunal des droits de la
personne, qui est spécialisé en matière de
discrimination et de harcèlement. Le tribunal a le pouvoir d'ordonner toute
mesure nécessaire à la cessation de
l'atteinte illicite à un droit ou à une liberté protégés par la charte, ainsi
qu'à la réparation du préjudice moral et matériel qui en résulte.
Pour donner un aperçu
des plaintes en discrimination ou harcèlement discriminatoire que la commission
reçoit concernant le milieu scolaire,
mentionnons qu'elle a, depuis l'année scolaire 2016‑2017, donc cinq dernières
années, ouvert 147 dossiers d'enquête portant sur les services éducatifs
dispensés par des établissements d'enseignement préscolaire, primaire ou
secondaire. Ces dossiers concernent l'ensemble des régions administratives du
Québec, et 88 % mettent en cause le réseau public et 12 % le réseau
privé. Le motif handicap représente 70 % de tous les dossiers ouverts,
tandis que les motifs race, couleur, origine ethnique ou nationale représentent
19 % de ceux-ci.
Il importe de le
souligner, la très vaste majorité des dossiers concernant le milieu scolaire
ouverts à la commission, soit 90 % d'entre eux, ont trait à l'adaptation
des services éducatifs offerts aux élèves. Notons qu'il y a quand même 8 %
des dossiers qui concernent des propos discriminatoires tenus à l'égard de
l'élève ou de sa famille.
Précisons
que les dossiers traités depuis 2016‑2017 sont réglés à différentes étapes du processus. En
tout, 82 dossiers ont été fermés pendant cette période, dont le quart à
l'étape de l'évaluation et près de la moitié après enquête. Mentionnons
également que 15 % des dossiers l'ont été à la suite d'une médiation entre
les parties.
La commission dispose
d'autres moyens d'intervention pour assurer les droits et libertés des élèves.
La commission peut notamment offrir des activités de formation et d'éducation
aux droits, faire au gouvernement des recommandations appropriées, comme nous
le faisons présentement, et encourager les recherches et publications en lien
avec celui-ci.
C'est à ce titre que
la commission a mené une vaste étude systémique sur l'organisation des services
aux élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage. C'était en 2018. Elle a dressé, à partir des
témoignages recueillis, le constat que ceux-ci sont davantage sollicités
pour des demandes d'information ou de conseils provenant de parents ou d'élèves
que par le dépôt de plaintes formelles. Les protecteurs de l'élève refusent
généralement de se saisir d'une plainte qui leur est soumise concernant la
situation d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage s'ils n'entrevoient pas a priori
de solution ou de recommandation possible. Elle a également relevé que
certains protecteurs de l'élève estiment qu'ils n'ont pas le pouvoir de
recommander des mesures à portée systémique, pourtant appropriées aux
situations traitées.
Dans
cette même étude, la commission a mis en exergue le principal motif de demande
de révision rapporté par les commissions scolaires, soit le classement de
l'élève en classe ordinaire ou spécialisée ou encore dans une école spécialisée. Les autres motifs invoqués sont
essentiellement les mesures d'adaptation proposées au plan d'intervention
des élèves et le refus d'offrir certains services spécialisés réclamés par les
parents. Puis elle a révélé que les données démontraient
que la majorité des demandes de révision étaient maintenues par les conseils
des commissaires, tels qu'ils s'appelaient alors.
Ce
constat a mené la commission à recommander au ministre de l'Éducation de
prendre les moyens nécessaires pour que le processus d'examen interne
des plaintes prévu à la Loi sur l'instruction publique, en regard des services
éducatifs rendus aux élèves, offre toutes les garanties pour assurer le respect
du droit à l'égalité de l'élève dans l'exercice de son droit à l'instruction
publique gratuite, enchâssé à l'article 40 de la charte, faut-il le rappeler.
Elle insistait particulièrement pour que le processus soit accessible et
efficace pour l'ensemble des élèves et leurs parents.
L'institution d'un
protecteur national de l'élève qui aurait pour mandat de coordonner, de
soutenir et de conseiller les protecteurs régionaux de l'élève, présents dans
toutes les régions du Québec, répondrait à certains des besoins identifiés par
la commission. Il en est de même des précisions prévues au projet de loi
concernant les fonctions et responsabilités des protecteurs régionaux de
l'élève.
• (15 heures) •
Cependant, la
commission s'interroge sur le traitement qui sera accordé aux plaintes
relatives aux services éducatifs rendus aux élèves qui portent sur un motif de
discrimination, ces questionnements concernent la prise en compte des droits de la charte, les délais de
traitement des plaintes ainsi que l'effectivité réelle du mécanisme de plainte.
La commission ne saurait suffisamment insister sur l'importance pour les
protecteurs régionaux de l'élève ainsi que pour le protecteur national de
détecter les actes et comportements discriminatoires dans les situations
portées à leur connaissance, par exemple, lorsque les élèves en situation de
handicap ou en difficulté d'adaptation, d'apprentissage ou racisés n'ont pas
accès à des services adaptés. Cela découle souvent de préjugés tenaces quant à
leur capacité à entreprendre et à réussir un parcours scolaire. Sans une véritable
prise en compte de la discrimination à l'oeuvre dans ces situations, les
conclusions et recommandations qui seraient formulées par les protecteurs aux
établissements d'enseignement risqueraient de rater leur cible. Cet aspect
semble occulté par le projet de loi.
Dans
de telles circonstances, la commission se demande si l'article 30 du
projet de loi s'appliquerait lorsqu'une situation visée par une plainte paraît
constituer de la discrimination. Cela obligerait les protecteurs régionaux de
l'élève à refuser d'examiner une plainte lorsqu'ils jugent qu'un autre recours
serait susceptible de corriger adéquatement, et dans un délai raisonnable, la situation faisant l'objet de la plainte.
S'il s'agit là de l'intention recherchée, la commission recommande que
le projet de loi soit amendé afin de prévoir spécifiquement que toute plainte
reçue par un protecteur qui relèverait de la compétence d'enquête de la
commission lui soit transmise, à moins que le plaignant s'y oppose. Un tel
mécanisme existe d'ailleurs déjà dans la charte concernant les plaintes
traitées par la Protectrice du citoyen. Cela éviterait toute confusion sur la
compétence qui serait attribuée au protecteur régional de l'élève.
Dans un autre ordre
d'idées, la commission reconnaît que de définir des délais stricts à chacune
des étapes du cheminement des plaintes contribuerait à régler avec célérité
toute plainte soumise. Elle souhaite néanmoins porter à l'attention du
législateur la complexité que revêt généralement le traitement des plaintes en
milieu scolaire, entre autres lorsque
celles-ci portent sur le classement d'élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage qui,
rappelons-le, est le principal motif de révision des plaintes formulées
actuellement en vertu des mécanismes internes de plaintes prévues à la
LIP. Les enquêtes qui doivent être menées à ce sujet impliquent souvent
plusieurs acteurs du milieu scolaire et requièrent de faire appel à des experts
externes. Cela entraîne nécessairement des délais de traitement, malgré la
volonté d'agir promptement.
Considérant que le
projet de loi prévoit un processus de traitement des plaintes en plusieurs
étapes, il apparaît justifié d'appréhender certains délais, et ce,
particulièrement dans les régions administratives où les ressources
professionnelles sont limitées pour participer au processus de traitement de
plainte. Ajoutons à cela que même si les délais
étaient respectés, le projet de loi prévoit que le conseil d'administration du
centre des services scolaires pourrait infirmer en tout ou en partie une
décision visée par des conclusions ou des recommandations formulées par les
protecteurs régionaux de l'élève ou
le protecteur national et prendre la décision qui, à son avis, aurait dû être
prise en premier lieu.
La commission ne
comprend pas pourquoi une telle possibilité est prévue, sachant que le
gouvernement présente le projet de loi comme étant de nature à rehausser
l'indépendance et la transparence de l'institution du protecteur de l'élève.
Elle se demande sur quels éléments se fonderait un conseil d'administration
pour rejeter les conclusions d'enquête du protecteur régional ou national. Cela
irait d'ailleurs à l'encontre de la position que la commission défend depuis
maintenant 10 ans, lorsque la LIP a été modifiée pour lutter contre
l'intimidation et la violence à l'école. Quant à l'importance de renforcer
l'impartialité du rôle du protecteur de l'élève, elle estime essentiel que le
projet de loi soit modifié pour retirer cette possibilité qui viendrait
amoindrir significativement l'efficacité des dispositions visant à renforcer le
rôle des protecteurs de l'élève.
En terminant, la
commission entend poursuivre l'accomplissement de ses responsabilités en milieu
scolaire afin d'assurer les droits garantis par la charte aux élèves et elle
demeure évidemment disponible pour collaborer avec tous les acteurs qui
oeuvrent à cette fin. Nous vous remercions de votre attention et nous sommes
disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Donc, nous allons débuter les
échanges avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci
beaucoup, Me Tessier, Me Ducharme et... j'ai oublié le nom, vous
trois.
M. Tessier
(Philippe-André) : Me Montminy et M. Ducharme.
M. Roberge : Montminy.
Excusez-moi, j'ai pris trop de notes en même temps et ça n'entrait plus. Donc,
merci pour votre présentation. J'ai beaucoup de questions, puis mes collègues
aussi m'ont fait signe qu'ils voulaient creuser davantage. Merci de venir nous
éclairer.
La CDPDJ arrive avec une perspective, une
compétence, un historique très, très riche, très complémentaire aux autres
acteurs qui sont venus et viendront. Donc, on est privilégiés de vous avoir. Je
vais y aller brièvement. Le précédent gouvernement avait déposé, juste avant
l'élection de 2018, un projet de loi qui allait quand même donner davantage,
là, de pouvoirs, allait améliorer, quand même, le régime protecteur de l'élève,
mais ne touchait pas le réseau privé.
Est-ce que vous considérez que l'actuel projet
de loi, en couvrant aussi les élèves du réseau privé, fait la bonne chose?
M. Tessier (Philippe-André) : Une
réponse courte : Oui, tout à fait.
M. Roberge : Excellent. D'autres
groupes avant vous sont venus nous dire qu'il faudrait avoir... pour des
commissions scolaires, soit anglophones, soit commission à statut particulier,
crie, Kativik, du Littoral, peut-être, ce serait pertinent de leur permettre de
s'exclure du projet de loi, une espèce d'opting-out. Votre avis à ce sujet là?
M. Tessier (Philippe-André) : On n'a
pas pris connaissance de ces éléments-là, je suis désolé. La position de la commission était de faire en sorte que... La
charte s'applique à l'ensemble des citoyens du Québec, à l'ensemble des
élèves québécois. Donc, c'est sûr et certain que, pour la commission, l'optique
et l'essence des recommandations qui avaient été faites étaient de voir à ce
que tant les élèves qui sont au public qu'au privé bénéficient d'un recours
utile, accessible et efficace. Donc, ça, c'est valable pour l'ensemble des
élèves. Et évidemment il faut tenir compte toujours, comme on l'a dit, des
particularités aussi. Il n'est pas interdit d'avoir des particularités pour
tenir compte de certains types de clientèles, certaines communautés. Ça, c'est
sûr et certain que ce genre de mesures là peuvent être réfléchies, mais ce n'est pas un élément sur lequel on s'est penchés
spécifiquement à ce moment-ci, Mme la
Présidente.
M. Roberge : Il faut trouver une
façon, en réalité, de protéger, de donner les mêmes droits à tous les élèves sur le territoire québécois, mais évidemment pas
interdit de tenir compte du contexte culturel, économique, etc. Très bien.
Vous avez piqué ma curiosité quand vous avez
parlé du traitement des plaintes que vous faites dans votre institution. Vous avez mentionné, puis vous me
corrigerez si je me trompe, que parmi les plaintes qui touchent l'éducation,
vous avez dit un 25 % qui sont fermées après l'évaluation de la plainte. Qu'est-ce
que ça veut dire? Ça veut dire que vous ne donnez pas suite? Les gens arrivent
à une conclusion positive avant que vous ayez le temps de compléter l'analyse?
Qu'est-ce que ça veut dire quand 25% des cas, des plaintes sont fermées au
stade de l'évaluation?
M. Tessier (Philippe-André) :
Évidemment, ce que la commission va faire lorsqu'elle reçoit une plainte... il
y a différentes étapes de traitement. Et un des rôles de la commission, dans le
contexte de l'évaluation d'une plainte, évidemment, c'est de vérifier s'il y a
suffisance de preuves pour soumettre le dossier au Tribunal des droits de la
personne. Donc, la commission, lorsqu'elle procède à cet exercice-là, elle pose
un regard sur la nature des services offerts et peut, pour des raisons qui sont
propres à chacun des dossiers, décider de cesser d'agir, de ne pas continuer
son intervention. Parce que ce n'est pas 100% des plaintes qui sont déposées à
la commission qui débouchent automatiquement dans un constat que le centre de
services scolaire a fait défaut de remplir ses obligations. Il y a des cas où
la commission va juger que les situations qui lui sont présentées... le centre
de services scolaire a rempli ses obligations en vertu de la charte. Donc,
c'est sûr et certain qu'il y a un pourcentage de ces dossiers-là qui vont être
fermés à ces étapes-là.
Et il y a aussi, évidemment, des dossiers qui
vont être fermés en médiation. Évidemment, la commission, depuis une vingtaine
d'années, comme la plupart des institutions du réseau juridique québécois
élargi, là, puis je parle de l'administratif,
a mis beaucoup l'accent et l'emphase sur le recours à la médiation, aux
méthodes alternatives de résolution de conflits pour tenter de trouver
des solutions. Parce qu'évidemment, lorsqu'on parle de scolarisation d'élèves, bien, ces élèves-là continuent leur
parcours scolaire, donc une solution négociée, souvent, bien, permet justement
la continuité dans le même milieu scolaire
en trouvant une solution de compromis entre les parties. Donc, ça,
évidemment... aussi la question d'encourager ça et va tenter d'amener
les parties à trouver des solutions ensemble.
M. Roberge : C'est ça, vous avez
mentionné environ 15 % via médiation, 25 % au stade de l'évaluation et comme,
disons, 25% des plaintes dans votre institution ne dépassent pas l'évaluation,
peut-être raison de plus pour les faire en concomitance au protecteur de
l'élève et peut-être à la commission, pour ne pas que ça soit mutuellement
exclusif, si on va à un, on se ferme la porte à l'autre. Est-ce que je vous
comprends bien?
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
effectivement, l'idée ici, c'est de s'assurer que les recours, évidemment, ici
n'ont pas la même finalité. Notre compréhension, puis n'hésitez pas à me
corriger si la commission a mal compris le
sens du projet de loi, mais de notre compréhension du projet de loi, le
Protecteur national de l'élève est plus un recours de l'équivalent du Protecteur
du citoyen, donc, qu'on appelle d'ombudsman, la catégorie de l'ombudsman, alors
que le rôle de la commission des droits, elle, est de s'assurer du respect des
droits devant, ultimement, un forum judiciaire, ce qui
n'est pas le propre des ombudsmans, ça, de façon, là... au niveau
international, là. C'est comme ça, un peu, la grande distinction entre les deux
types de recours.
• (15 h 10) •
Donc, c'est sûr et certain que ces recours-là
peuvent être... peuvent se dérouler au même moment, peuvent être successifs l'un à l'autre. Ce sur quoi on
attire l'attention du législateur à l'article 30, c'est qu'il faut faire
attention pour ne pas que nécessairement... que cette collaboration-là,
essentielle entre les institutions, elle se fasse de façon explicite dans le projet de loi. Et on attire
l'attention du législateur à l'article 75 de la charte, qui prévoit
explicitement une passerelle, là — dans le jargon, on l'appelle
la passerelle — entre
la Protectrice du citoyen et la commission. Donc, c'est inscrit dans le texte
législatif, ce qui donne encore plus de clarté sur le fait qu'il faut que les
institutions, on travaille chacun dans notre compétence, et de façon
complémentaire, pour évidemment assurer les droits et le respect des droits des
élèves en cause ici.
Parce qu'ultimement, puis je termine là-dessus,
c'est que c'est le choix de la personne. Le parent ou l'élève peut décider, pour toutes sortes de raisons, de
déposer son dossier à la commission parce que les aspects discriminatoires
sont, pour cette personne-là, les éléments les plus probants. D'autres peuvent
choisir le recours au protecteur de l'élève. Donc, il faut respecter
aussi l'autonomie décisionnelle des parents, des élèves, qui, pour toutes
sortes de bonnes ou de mauvaises raisons, peu importe... ça leur appartient de
choisir l'un ou l'autre recours, ou les deux, le cas échéant, mais de prévoir
une passerelle entre les deux organisations pour que cela se fasse de façon la
plus explicite possible.
M. Roberge : Prévoir la passerelle
puis l'information pour connaître les tenants et les aboutissants si on va à
un, si on va à l'autre, etc. Mais je pense qu'on va demander, là, à nos
légistes de regarder cette question-là.
Bien, écoutez, j'avais plein, plein, plein de
questions, mais je vais laisser mes collègues poursuivre parce qu'ils en ont
aussi. Merci beaucoup pour votre présentation, très, très apprécié.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Je cède la parole au député de Saint-Jean, avec neuf minutes, M. le
député.
M. Lemieux : Merci de prendre les
devants, Mme la Présidente. Bonjour, Me Tessier, et toute votre équipe. Je
voulais comprendre davantage, je n'ose pas dire, le fond de votre pensée, mais
je vous écoutais puis je me disais : Ça
va être quoi, la cohabitation? Puis là, bien, pour en parler, forcément, on est
obligés de partir de ce qu'on a comme projet de loi n° 9,
là... vous, et... ce qui va advenir de ce projet de loi avec le protecteur
national et les protecteurs régionaux des élèves. La cohabitation, vous la
voyez comment?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
écoutez... Puis là, je veux dire, mes collègues aussi, là, n'hésitez pas aussi
à intervenir, s'il y a lieu. Mais il faut comprendre... Le protecteur de
l'élève, il existe déjà, hein? Il y a déjà des protecteurs de l'élève dans les
différentes commissions scolaires, là, et centres de services scolaires. Donc,
c'est sûr et certain que la commission va
généralement aussi recevoir... ou tenir compte s'il y a un processus qui a été
fait devant un protecteur de l'élève.
Mais il est toujours opportun... et le législateur ne parle pas sans rien
dire... de prévoir de façon explicite ces modes de collaboration là
entre les entités.
Parce qu'il faut comprendre que les... une des
recommandations, puis un des éléments qui a débouché de nos enquêtes, de
l'enquête de la Protectrice du citoyen également, en 2017, de notre étude sur
les élèves HDAA en 2018, c'était le fait que
les parents et les élèves souhaitent un... quelque chose de beau, très robuste,
un protecteur de l'élève qui est
indépendant de la commission scolaire, qui ne relève pas de la commission
scolaire, qui donne cette sécurité-là que,
lorsque l'élève ou le parent fait une plainte, il sent réellement qu'il y a
quelqu'un qui est là pour l'écouter, ce qui est déjà le cas de la
commission, ce qui n'était pas... ce qui n'est pas le cas des protecteurs
actuels de l'élève et ce que vise à corriger
le projet de loi n° 9. Ces éléments-là, on le salue puis on dit :
Il faut juste s'assurer de bien boucler la boucle, parce que la
collaboration des différentes entités de l'État, elle est essentielle dans le
succès de l'équation.
M. Lemieux : Et c'est précisément ce
que j'essayais de comprendre, entre ce que vous dites ou ce que vous disiez
tout à l'heure, par rapport à ce qui existe puis ce qui existera. Et c'est là
où j'essaie de voir dans quelle mesure, vous, vous voyez ça arriver, en termes
de... Bon, ce n'est pas une compétition, là. Ce n'est pas que vous allez perdre
des clients parce que les protecteurs vont en avoir plus. Mais effectivement,
il va se passer un peu de ça aussi, là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Écoutez, c'est dur à prévoir s'il va... peut-être, parce que, s'il y a un
recours mieux connu... Ce recours-là est plus robuste, il va peut-être y avoir
plus de plaintes, et donc peut-être plus de plaintes à la commission aussi,
parce que le protecteur pourrait prendre des conclusions... Cela n'exclut pas
un recours aussi à la commission, vous comprenez? Il est possible d'avoir...
C'est dur, à ce moment-ci, de savoir. Mais généralement, lorsqu'on prévoit un
recours, on lui donne une robustesse, on fait en sorte qu'il est mieux connu,
bien, il peut y avoir plus de plaintes, parce que des gens peuvent se retenir
de faire des plaintes, parce que le recours, c'est un parcours du combattant
puis c'est très complexe ou autre. Puis, quand on le simplifie, bien, peut-être
que ça peut générer plus de plaintes, et ça, l'avenir nous le dira.
M. Lemieux : Bien, j'ai tendance à
penser que vous avez raison dans la mesure où, effectivement, le but, c'est
d'élargir la capacité pour les élèves et leurs parents de demander à faire
respecter leurs droits. Mais ici, c'est ici qu'il faut... ce n'est pas une
ségrégation, mais il faut voir les choses en face. Il n'y a pas de petit droit
puis il n'y a pas de grand droit, il y a des droits. Mais
on s'entend que le protecteur de l'élève, au premier niveau, même avant qu'on
arrive au protecteur régional, le premier niveau des plaintes, on est peut-être
directement, dans plusieurs cas, dans le fondamental, dans des droits
fondamentaux, mais on est aussi beaucoup dans l'administratif, le transport,
l'autobus et plein d'autres choses comme ça, là. Là, à quelque part, ce
trafic-là va devoir être réorienté.
Est-ce que vous... Si on faisait table rase de
ce qu'on appelle le p.l. n° 9, là, les légistes ne
seront pas contents, là, mais vous puis moi,
on recommence, là, est-ce qu'on devrait dire... ces droits-là, ces droits
fondamentaux là qui arrivent dans une optique puis une vision de la
spécialité du CDPDJ, ça devrait aller là directement, ça ne devrait pas aller
jouer dans le reste du cheminement? Mais là je comprends qu'on... Je parle en
fou, là, vous n'êtes pas obligé de me suivre, mais j'aimerais ça vous entendre
là-dessus quand même.
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
je veux dire, pratico-pratique, là, un des éléments sur lequel on s'est
attardé... des éléments, là, par exemple, à l'article 41 du projet de loi,
est-ce que le protecteur de l'élève, il va être tenu de partager ses conclusions à la demande de la commission? Tu sais,
si on veut, justement, faire en sorte qu'il y a une belle et belle...
une bonne passerelle, il y a une bonne collaboration, c'est ce genre de
questions là que nous, on se pose, donc, dans l'application pratique.
Maintenant, ce qui arrive, puis c'est un... le sens de notre propos, il faut se
rappeler que notre étude HDAA démontre, et puis la protectrice, elle aussi a
fait les mêmes constats, la vaste majorité des plaintes qui sont déposées sont
des questions en lien avec des éléments qui touchent à des droits et des droits
des élèves HDAA.
Donc, c'est sûr et certain que, lorsqu'on est
dans ce type de dossier là, il y a deux préoccupations qu'on soulève. Un, il va
falloir que le mécanisme... que les protecteurs de l'élève se saisissent de
questions en lien avec les aspects discriminatoires, aient ça en tête. Je sais
que vous avez entendu d'autres groupes vous parler aussi de violences
sexuelles. Vous avez entendu d'autres groupes parler d'autres éléments, des
élèves racisés, etc. Donc, les protecteurs de l'élève vont avoir ces
éléments-là qui vont leur être portés devant eux. Ils vont donc devoir tenir
compte du cadre aussi de la charte parce que l'article 49 de la charte
québécoise prévoit qu'elle s'applique à tout l'ensemble de l'appareil de la
fonction publique... le dire explicitement. C'est une loi quasi
constitutionnelle au Québec, c'est une loi fondamentale, donc elle doit diriger
les travaux aussi des protecteurs de l'élève dans les dossiers dont ils sont
saisis, et ça, bien, ça, pour nous, c'est aussi un élément assez fondamental.
Et l'autre chose, bien, c'est la question des
délais. Puis là-dessus on le dit bien gentiment au législateur, il est bien
beau de vouloir avoir des délais très rapprochés, très brefs, on comprend, et
un mécanisme déjudiciarisé, comme un ombudsman, est de nature à aider ça. Cela
dit, il ne faut pas s'illusionner non plus lorsqu'on parle des questions, par
exemple, de plans d'intervention, de classement ou de services à des élèves
HDAA. Ce ne sont pas des questions simples. Et qui dit pas simple, dit pas
nécessairement court à traiter.
M. Lemieux : J'avais compris. Quand
on est en train de parler de là où on est rendus, est-ce que vous suggérez...
parce que j'ai compris que le ministre a dit : On va aller voir les
légistes, quelle sorte de passerelle ils vont trouver? Ça peut se faire en
parallèle tout le temps ou il y a des moments où il n'y a pas des cas, mais des
questions fondamentales, des droits
fondamentaux qui ne devraient pas être débattus en même temps aux deux places,
chez le protecteur et chez vous... Et pourtant, si je comprends bien, ça
pourrait être possible, quelqu'un pourrait aller cogner aux deux portes
en même temps puis voir lequel se rend le plus loin le premier.
• (15 h 20) •
M. Tessier (Philippe-André) :
L'objectif de nos représentations aujourd'hui, ce n'est pas de venir tenter de
faire une liste de droits ou de venir... parce que c'est un peu illusoire
d'essayer de faire ce genre d'exercice là. Ce qu'il faut rappeler, puis c'est
un peu le coeur de nos représentations qu'on fait, c'est qu'il faudra que les
protecteurs de l'élève tiennent compte du cadre de la charte dans l'exercice de
leurs compétences. Et lorsque... puis c'est pour ça qu'on vous dit, la
passerelle est intéressante. C'est que lorsque le protecteur constatera que la
question devant lui est une question véritablement de discrimination, où les
remèdes, où les recours... bien, il faut permettre au protecteur de dire : Bien, ce dossier-là, je vais le
déférer à la commission, comme l'article 75 de la charte le prévoit pour
la protectrice.
M. Lemieux : Clair. Merci
beaucoup.
M. Tessier
(Philippe-André) : C'est un
peu la façon qu'on... tu sais, c'est la façon un peu, dans la mécanique
quotidienne, qu'on peut le faire.
M. Lemieux : Je comprends. Il
reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
40 secondes.
M. Lemieux : Bon, bien, désolé.
Je ne sais pas si le député de Richelieu va m'en vouloir, mais avec le peu de
temps qu'il me reste, dernière question. Oui, je sais, il n'est pas content.
À la
page 5, où vous nous dites... bien, moi, je l'interprète comme ça, pas
question de donner un droit d'appel, finalement, aux C.A. des centres de
services. C'est un peu ça la nature de votre remarque, là-dedans, là.
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, écoutez, tout à fait. On dit : Ce qu'on veut, c'est avoir un
mécanisme indépendant, mais il... puis rappelez vous aussi, dans l'étude EHDAA,
ce qu'on disait, ce qui était sorti, c'est que le conseil
des commissaires, dans... puis Daniel, corrige-moi si je me trompe, 80 %
et 90 % du temps, il faisait juste confirmer la décision.
Donc, dans les faits, on dit : un conseil
d'administration de centre de services scolaires a bien des choses à gérer. Ce
n'est pas un mécanisme d'appel d'un organisme qu'on vient structurer, donner
une robustesse, donner une indépendance,
donner un protecteur national de l'élève pour dire : vous, vous allez vous
saisir des questions puis vous allez
être «second-guessés» par un conseil d'administration, avec respect pour les
conseils d'administration. Ils en ont en masse à faire dans leur... j'en
suis convaincu, dans leur gestion des centres de services scolaires.
M. Lemieux : Merci, Me Tessier.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le député. Donc, nous poursuivons la discussion avec Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Un plaisir de vous avoir avec nous
aujourd'hui. Merci beaucoup pour votre mémoire et votre témoignage. Merci aussi
pour la clarté en ce qui concerne ce que vous évoquez, de s'assurer qu'il y a
un lien.
Je rajoute l'OPHQ. Comment voyez-vous leur rôle
à l'intérieur de ceci? Parce que là, on a beaucoup de gens qui traitent des
plaintes, mettons, des personnes handicapées, en ce cas ici, vous, le
Protecteur du citoyen ou Protectrice du citoyen, et aussi l'OPHQ qui va faire
un genre d'accompagnement. Alors, est-ce que vous évoquez le même type de liens
et portes en ce qui concerne l'article 30, par exemple, pour eux, ou c'est
uniquement en ce qui concerne les plaintes de discrimination, de racisme, etc.,
seulement pour la CDPDJ?
M. Tessier (Philippe-André) :
Peut-être me tourner vers mes collègues, mais à ma connaissance, l'OPHQ
n'entend pas de plainte. Donc, je n'ai pas entendu, jamais, parler d'un type de
passerelle de cette nature-là. L'OPHQ, on travaille beaucoup avec eux dans
l'accompagnement, dans les services offerts. Donc, c'est un partenaire
essentiel dans l'équation parce qu'eux vont être en soutien des élèves, vont
être en soutien des élèves en situation EHDAA. Mais ils ne seront pas et ils ne
vont pas être ceux qui vont, disons, entendre la plainte en discrimination ou
se prononcer sur une situation de respect des droits comme les protecteurs de
l'élève le font présentement.
Mme Maccarone : Mais ils font
quand même de l'accompagnement, ils font de la médiation. C'est ce qu'ils
évoquent aussi dans leur mémoire, alors, de s'assurer qu'ils font partie du
processus. Est-ce que nous devons prévoir aussi qu'ils font partie d'un projet
de loi pour s'assurer que leurs compétences, leur expertise... est-ce que nous
devons, dans le fond, craindre un peu en ce qui concerne le protecteur de
l'élève régional, national, en ce qui concerne les compétences? Il y a beaucoup
de gens qui disent : On a besoin d'avoir des compétences en ce qui concerne
les élèves handicapés. Vous, vous dites que ça devrait être vous, que les
compétences en ce qui concerne discrimination, racisme, etc... Alors, que
devons-nous prévoir en ce qui concerne toutes les autres instances? Comment
voyez-vous la collaboration?
M. Tessier (Philippe-André) :
Bien, on n'a pas regardé la question spécifique de l'OPHQ. Puis, encore là, les
collègues, hésitez pas s'il y a quelque chose. Donc, cette question-là, je ne
peux malheureusement pas vous répondre plus que ce que je vous ai dit.
Ce que je peux dire, par exemple, puis c'est un
peu le sens dans notre mémoire, c'est que, puis vous avez parfaitement raison,
Mme la députée, il y a beaucoup d'organismes qui travaillent, des organismes de
l'État, et la collaboration de ces organismes-là, pour assurer l'exercice
effectif des droits des enfants, elle est centrale. Donc, c'est sûr et certain
que d'avoir une reconnaissance des rôles et des responsabilités de tout le
monde puis une bonne compréhension, ça peut faire partie de l'équation. Je ne
sais pas si, Daniel ou Karina, vous voulez ajouter quelque chose là-dessus.
Mme Montminy (Karina) : Non,
moi, je dirais, effectivement, ça va puisqu'effectivement, là, chacun, on a un
rôle... nos rôles sont très... sont complémentaires. Il faut le voir aussi
beaucoup de cette façon-là. Ils peuvent être concurrents à certains égards,
mais surtout pour... c'est le but, là, de notre présentation, c'était de
vraiment s'assurer de la complémentarité
puis de s'assurer que les mécanismes soient là effectivement. Ça, c'est un bon
point, de s'assurer que ces mécanismes-là, ça soit aussi des
automatismes, là, pour le protecteur régional de l'élève qui doit penser dans
ces situations-là, est-ce que... Quels sont les acteurs les plus... Est-ce
qu'il y a d'autres acteurs? Est-ce que j'ai des collaborations aussi... des
collaborateurs à consulter?
Mme Maccarone : Une des raisons pour
laquelle que je pose cette question, c'est parce qu'on a plusieurs gens qui
sont venus témoigner, qui disent que le droit des élèves, ce n'est pas clair en
ce qui concerne ce projet de loi. Et je rajouterais d'abord le droit,
peut-être, des personnes handicapées, ce n'est pas nécessairement écrit et
évoqué. Ce n'est pas clair.
Est-ce que nous devons prévoir peut-être des amendements
pour s'assurer que ceci est écrit pour qu'il y ait une compréhension commune de
c'est quoi, le droit des élèves? Je rajoute à ceci aussi, exemple, la
définition de «service» est manquante, la définition de c'est quoi, la
différence entre une dénonciation et une plainte pour s'assurer qu'on a de la
clarté.
M.
Tessier (Philippe-André) : Ce n'est pas des éléments sur lesquels on s'est
penché de façon très spécifique.
Cela dit, encore une fois, les principes
derrière lesquels et ce sur quoi on a insisté dans notre étude HDAA, c'était
d'avoir un recours, hein, accessible, efficace, avec la meilleure information
possible.
Donc, des éléments de cette nature-là, il faut aussi
comprendre une chose, c'est qu'il y a une distinction des fois à faire aussi entre la loi et les mécanismes
d'information eux-mêmes. Donc, si, par exemple, la loi prévoit les droits
des enfants, il peut y avoir différents services d'information qui vont venir
baliser qu'est-ce que cela veut dire, qu'est-ce qui est prévu et compris.
Et il y a une chose aussi, ça me permet de
rebondir à... parce que vous avez soulevé la question. L'idée ici, évidemment,
ce n'est pas de s'amuser à faire double emploi, hein? Je pense qu'un des
objectifs... Puis il faut bien comprendre, oui, les recours peuvent être
concurrents, mais dans un monde idéal, ce qu'on a, c'est qu'il y a aussi une
complémentarité dans les recours. Donc, on vient bonifier par la création de ce
qu'on vient faire là, on vient donner de la robustesse à un mécanisme déjà
existant. Et cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas, des fois, des recours qui
se retrouvent aussi chez nous. Mais le but ce n'est pas non plus de faire... de
juste faire deux enquêtes pour la même situation. Ce n'est pas non plus
nécessairement, là, une utilisation des ressources judicieuses.
L'idée, c'est plus de travailler en
complémentarité puis en... Donc, c'est pour ça que votre idée avec... ce que
vous soulevez avec l'OPHQ, effectivement, donc, tous les acteurs qui peuvent
être partie d'une solution, qu'elle soit négociée de notre côté ou avec un
protecteur, bien, si l'OPHQ peut être mis à contribution pour trouver une
solution, tant mieux. Ça, c'est sûr que cette complémentarité-là des acteurs,
elle est au coeur aussi de nos représentations.
Mme Maccarone : Que pensez-vous de
ce qui est présenté par plusieurs groupes qui représentent les enfants
handicapés ainsi que les groupes qui sont venus témoigner des causes d'intimidation,
abus sexuel, les droits des personnes handicapées, d'aller directement au
protecteur de l'élève? Vous, vous pensez que c'est une bonne idée qu'ils
devront avoir un accès direct au lieu que ça soit traité comme une exception?
M. Tessier (Philippe-André) : Pour
ce qui est de la nature spécifique des mécanismes, on n'a pas pris de position,
dans le cadre de notre analyse du projet de loi, sur le point d'entrée. Puis
encore une fois, l'optique étant de dire que, pour nous, ce qui est essentiel,
c'est que la personne qui va avoir le droit de regard, qui est le protecteur
régional, soit complètement indépendante du conseil d'administration, ait le
dernier mot à dire sur le recours, puisse faire des recommandations de nature
systémique lorsque c'est nécessaire de le faire. Donc, toute cette
robustesse-là qu'on viendrait donner au PNE puis au PRE, pour nous, ça, c'est
ça qui est l'avancée du projet de loi n° 9. C'est ça la bonne chose. C'est ça
qui répond à certaines de nos recommandations de 2018.
Mme
Maccarone : Je ne suis pas avocate, mais le mot
«recommandation», pour moi, ce n'est pas exécutoire. Alors, est-ce qu'on
devrait penser... It's not executory. Ce n'est pas la même chose... comme un
pouvoir décisionnel. On fait des recommandations. Il y a quand même une
instance qui va prendre une décision.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
c'est ma compréhension. Oui...
Mme
Maccarone : Alors, vous, vous évoquez que le protecteur de
l'élève devrait avoir des pouvoirs décisionnels.
M. Tessier (Philippe-André) : Non,
ce n'est pas ce qu'on a dit. Ce qu'on a dit, c'est qu'ultimement le protecteur
de l'élève, tout comme la Protectrice du citoyen, fait des recommandations.
Mme Maccarone : Mais c'est une
recommandation, ce n'est pas un pouvoir décisionnel.
M. Tessier (Philippe-André) : Oui,
tout à fait.
Mme Maccarone : Il y a quand même
quelqu'un qui va dire : Oui, je suis d'accord. Oui, je veux mettre ça en vigueur ou non je ne suis pas en accord. Alors,
est-ce que ce serait peut-être mieux, selon vous, d'abord, qu'on donne
des pouvoirs décisionnels à cette instance?
• (15 h 30) •
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
à ce moment-là, est-ce qu'on le transforme en recours qui est plus de la nature judiciaire et on l'éloigne d'un recours
d'ombudsman. Et donc c'est ça, la difficulté de ce que... de l'exercice auquel
vous voulez que je me prête, c'est qu'on change la nature de la fonction.
Mme Maccarone : Tout à fait. Je
voulais juste avoir la clarté. En ce qui concerne l'accès, on a aussi entendu
des groupes qui ont quand même des craintes, puis ils ont peur qu'ils n'auront
pas accès, mettons, en anglais, parce qu'avec ce type de transformation, par
exemple, les commissions scolaires anglophones, les parents anglophones, si on
a des représentants de protecteur régional de l'élève qui ne sont pas
bilingues, qui ne sont pas... qui ne parlent pas anglais, ils ne vont pas nécessairement comprendre aussi la réalité.
Puis il faut comprendre aussi, dans une commission scolaire anglophone,
il peut y avoir trois, même quatre régions dont ils siègent sur leur
territoire. Entre autres, nous sommes ici sur le territoire de Central Québec
School Board. C'est la grandeur d'Espagne.
Alors, est-ce que, selon vous, c'est un droit,
parce que c'est quand même un service essentiel, l'éducation, que ces élèves,
ces parents devront avoir accès à un protecteur de l'élève dans leur langue
maternelle?
M. Tessier
(Philippe-André) : Avec toutes les excuses pour la commission
parlementaire, ce n'est pas un sujet qu'on a étudié pour notre
comparution aujourd'hui. Je suis vraiment désolé.
Mme Maccarone :
Mais si, mettons, vous recevez une plainte... tu sais, vous êtes quand même
la CDPDJ. Je suis parent, je me mets dans les souliers d'un parent qui
dit : Bien, écoute, vous avez aussi parlé d'un délai raisonnable, un
délai... c'est quoi un délai raisonnable, mais moi, j'ai eu un retard parce
qu'ils n'ont pas pu trouver quelqu'un qui parlait en anglais, puis moi, c'est
important. Je vous parle des besoins de mes enfants, que mon enfant a été
victime de racisme systémique ou bien que mon enfant est victime d'un manque de
services, puis il n'y a personne qui a pu traiter la plainte que j'ai déposée
parce qu'ils ne parlent pas en anglais.
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, je peux vous répondre ainsi, peut-être, c'est
que, pour nous, lorsque nous, on a une
plainte qui implique un élève anglophone d'une commission scolaire anglophone,
on lui répond en anglais.
Mme Maccarone :
Parfait. O.K. C'est bon. Une dernière question pour vous, ce serait en ce
qui concerne... puis, encore une fois, ce n'est pas dans votre mémoire, mais
j'ose croire que vous avez quand même une idée. Est-ce qu'il y a un système
actuel qui existe peut-être à l'extérieur de notre province en ce qui concerne
ombudsman, protecteur de l'élève, dont vous pensez que nous devons s'inspirer
parce que le modèle fonctionne, que ça soit en Ontario ou au Manitoba? Je
comprends qu'il y a quand même des pouvoirs décisionnels, c'est un peu
différent de notre modèle de fonctionnement ici. Alors, est-ce que nous devons
s'inspirer peut-être d'ailleurs en ce qui concerne des modifications pour ce
projet de loi?
M. Tessier (Philippe-André) : Peut-être
sur ça je laisserais mes collègues s'ils veulent s'avancer. Moi, je n'ai
pas de réponse à cette question-là.
Mme Montminy
(Karina) : Malheureusement, on n'aura pas de réponse complémentaire,
là, à vous fournir, de modèle spécifique, là, qu'on a eu l'opportunité, là,
d'analyser plus en détail.
Mme Maccarone :
O.K. Que dites-vous en ce qui concerne la peur de conflit, la peur de
représailles que plusieurs parents font face quand ils vont déposer des
plaintes? Vous avez mentionné que ça va être important d'avoir une mesure
d'indépendance. Comment pouvons-nous s'assurer que ces parents se sentent en
sécurité pour déposer une plainte auprès de leur protecteur de l'élève?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, c'est sûr et certain que, pour ce qui est de
la commission, chez nous, évidemment, il y a une protection contre les
représailles. Donc, c'est toujours ce genre de mécanisme là qui est utilisé à
la commission lorsque nous sommes saisis d'une plainte et qu'il y a
effectivement, là, des allégations que la personne a subi des répercussions d'avoir
porté plainte chez nous, là. Donc, il y a une protection contre les
représailles lorsqu'on dépose une plainte à la commission.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
M. Tessier. C'est tout le temps que nous disposions avec la députée de
Westmount—Saint-Louis,
mais nous continuons la discussion avec la députée de Sherbrooke. Mme la
députée.
Mme Labrie :
Merci. J'aimerais ça vous amener sur la question de la médiation. Vous avez
dit que c'est un mécanisme que vous utilisez à l'intérieur de la CDPDJ. Je vous
pose la question parce que vous avez entendu tout le débat sur la porte
d'entrée, là, est-ce que le protecteur de l'élève devrait être la porte
d'entrée ou non. Il y en a qui disent que ça ne devrait pas l'être parce qu'ils
privilégient, justement, qu'il y ait comme un peu de médiation sur le terrain
entre la personne qui souhaite porter plainte puis la personne concernée.
J'aimerais ça que vous m'expliquiez comment ça marche, la médiation, dans
l'esprit de savoir si ça ne pourrait pas être intégré dans le protecteur de
l'élève aussi comme mécanisme.
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, la médiation, en gros, elle fonctionne à
toutes sortes d'étapes du dossier. Oui, il y
a des médiateurs dont le travail est à temps plein de faire des médiations.
Mais il faut comprendre que souvent, comme je l'évoquais tout à l'heure,
dans les étapes préliminaires d'un dossier, si la commission constate qu'il y a
des possibilités... puis, des fois, c'est parce que justement le dossier a fait
l'objet d'une plainte chez nous. Ça fait en sorte qu'il y a différents acteurs
qui sont impliqués, qui ont des regards. Il y a aussi l'écoulement du temps. Il
y a des expertises. Il y a des éléments de faits nouveaux qui se produisent
dans un dossier puis qui viennent un peu changer l'approche des parties au
dossier, qui font en sorte que, des fois, les conditions pour une médiation
sont réussies. Ça prend toujours une
médiation, c'est aussi la volonté des parties. Il n'y a pas de médiation qui se
peut sans...
Mme Labrie : Elle peut arriver n'importe quand dans le processus. Ça peut être au
tout début, après... à la fin, ça peut être plus tard. O.K..
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui. Ça peut être à la toute fin aussi. Ça peut
même être... on est rendu... au tribunal, il y a des dossiers qu'on règle
aussi, qui sont judiciarisés. Oui, ça peut être offert à toute étape.
Mme Labrie : Puis ce
service-là, il est offert gratuitement par la CDPDJ?
M. Tessier
(Philippe-André) : Oui, comme tous les services de la commission.
Mme Labrie :
O.K. Parfait. Puis sur la question des représailles, comment ça fonctionne, la
protection contre les représailles à la CDPDJ? Parce que je ne vous cacherai
pas que je trouve un peu faible la protection qui est proposée dans le projet
de loi n° 9 actuellement, dans la mesure où on propose de réutiliser le
même mécanisme, qui peut être rejeté par le conseil d'administration.
M. Tessier
(Philippe-André) : Essentiellement, la protection contre les
représailles, c'est un recours, c'est un droit de recours. Puis encore une
fois, il faut comprendre, la commission étant un organisme qui va saisir le
tribunal, donc il s'agit d'un recours distinct sur lequel on peut encore une
fois saisir le tribunal. Donc, ça peut être l'objet d'une deuxième plainte.
Mme Labrie :
Dans votre cas, on peut saisir un tribunal. C'est que, dans le cas du projet de
loi n° 9, c'est de réutiliser le protecteur de l'élève. Et donc le conseil
d'administration pourrait ultimement dire qu'il ne va pas suivre la
recommandation de ne pas faire de représailles.
M. Tessier
(Philippe-André) : Le modèle d'ombudsman, si... puis, encore une fois,
il faut comprendre, c'est qu'un modèle d'ombudsman... les ombudsmans, c'est ça
aussi, leur force, puis, je veux dire, il faut comprendre les deux modèles,
puis je ne veux pas... je pense que la Protectrice du citoyen peut vous en
parler beaucoup mieux que moi, mais la vaste majorité de ses recommandations
sont suivies. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas nécessairement de contrainte
que ce n'est pas suivi.
Il y a une question
aussi de reddition de comptes. Je comprends qu'il y a des rapports annuels qui
sont mis de l'avant. Il y a une question d'exemplarité. Le protecteur national
de l'élève va rendre des comptes une fois par année, si je ne m'abuse, dans le
projet de loi. Les parlementaires sont aussi un bon chien de garde pour
s'assurer que les centres de services scolaires font le travail. Ça fait des
bonnes questions, pour une période des questions, pour un ministre de
l'Éducation.
Donc, ce n'est pas
juste la voie judiciaire qui est utilisée lorsqu'on a un ombudsman. Alors, je
fais juste dire qu'il ne faut pas nécessairement le voir comme étant quelque
chose de... C'est quelque chose de différent, mais ce n'est pas nécessairement
quelque chose de moins bon ou de mieux. Moi, je ne suis pas dans la qualification
de lequel est le meilleur. C'est deux choses différentes, puis ça, il faut bien
comprendre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Me Tessier. Merci, Mme la députée.
Donc, je cède la parole à la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Bonjour à vous tous et toutes. Vous parlez, là, à quel point, en ce qui a
trait aux plaintes que vous recevez chez vous, pour le milieu scolaire, 90 %
sont en lien avec un enjeu relié à un handicap. Donc, c'est très important. On peut imaginer qu'il y aurait
beaucoup de plaintes aussi au protecteur de l'élève à cet égard là. Est-ce que
vous estimez qu'il devrait y avoir, de ce fait, une formation spécifique sur
tous ces enjeux-là? Certains groupes qui représentent des parents
d'élèves HDAA nous l'ont dit.
Et aussi, sur
l'aspect, là... Je veux vraiment comprendre, là, j'ai trois minutes, ça fait
que je vous dis mes deux éléments. Vous dites... vous ne vous prononcez pas que
ça devrait être mutuellement exclusif, les deux peuvent cohabiter, mais est-ce
qu'on peut imaginer qu'avec l'expérience que vous avez, que les protecteurs de
l'élève soient bien outillés pour des enjeux de discrimination, par exemple,
sur la base d'un handicap, là, dans la mesure où ils ne veulent pas
entreprendre un recours du style commission des droits plus une plainte à
l'ombudsman, mais est-ce qu'ils sont bien outillés ou est-ce que c'est très
complexe, selon votre expérience?
M. Tessier
(Philippe-André) : Bien, je vais tenter de répondre à vos deux
questions en une. En gros, c'est que c'est sûr que l'adaptation des services
aux élèves HDAA, c'est déjà le motif numéro un pour les plaintes au protecteur actuel de l'élève. C'est ce que notre
étude HDAA révèle. Ça l'est chez nous aussi, mais ça l'est aussi chez eux.
Donc, ça, ça ne changera pas. Alors, oui, il
faut que les personnes nommées pour ça... puis c'est un peu ça, la robustesse
qu'on voit dans le projet de loi n° 9, c'est d'avoir aussi des gens
habilités, bien formés, qui sont compétents pour se saisir de ces
questions-là. Ça, c'est au coeur de la chose. Et donc, si on a des personnes
bien formées, bien compétentes... puis c'est ce qu'on dit dans notre mémoire,
nous, ce qu'on souhaite, c'est que les protecteurs puissent prendre en compte
ces éléments-là de droits prévus à la charte, les différents droits prévus.
Donc, évidemment, ils devront être formés puis habilités à se poser ces
questions-là, ce genre de questions là, bien comprendre les différents
mécanismes prévus et le respect des droits, les principes juridiques applicables,
les arrêts de la Cour d'appel. Tout ça devra faire partie de leur cursus de
formation, assurément.
• (15 h 40) •
Mme Hivon :
O.K. Puis si un parent se demandait c'est quoi le meilleur chemin pour
moi... On vient de le faire, là, avec le tribunal spécialisé puis
l'accompagnement, donc de pouvoir accompagner des gens. Donc, le parent, il se
dit : Est-ce que moi, je suis mieux d'aller vers le processus protecteur
de l'élève, commission des droits, tout ça? Est-ce que, s'il appelle chez vous,
on va le guider à travers tout ça? Comment vous voyez ça, le... comment on peut
accompagner le mieux possible les parents?
M. Tessier
(Philippe-André) : Nous, ce qui est toujours important, c'est de bien
faire comprendre c'est quoi, la spécificité de chacun des recours, à quoi ça
mène, c'est quoi la finalité. L'un peut arriver après l'autre, ils peuvent être
en même temps, ils peuvent être un après l'autre. Notre prescription, hein,
chez nous, c'est deux ans, même trois ans pour dans certains cas. Donc, c'est
sûr et certain qu'avec les délais qu'il y a là, une personne peut être... se
déclarer insatisfaite puis finalement de se retourner chez nous. Il y a toutes
sortes de cas de figure qui peuvent se poser. C'est pour ça que ce qu'on
répète, c'est qu'il va... ce protecteur national de l'élève là va d'avoir
collaborer avec la commission dans l'exercice de nos responsabilités
spécifiques pour trouver les bonnes façons de fonctionner, pour assurer le
respect des droits des élèves, et ça, ça va être le temps qui va nous le dire.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. Merci, Mme la députée. Merci à vous trois pour votre contribution aux
travaux de la commission et d'avoir été présents avec nous cet après-midi, donc
nous suspendons les travaux quelques instants, le temps d'accueillir nos
nouveaux invités.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 45)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour. La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Donc, nous accueillons maintenant le Regroupement des comités de parents
autonomes du Québec et leurs deux représentants : M. Sylvain Martel,
administrateur et porte-parole, et Mme Lyne Deschamps, conseillère. Bon
après-midi, bienvenue. Merci d'être avec nous cet après-midi.
Donc, vous disposez de 10 minutes pour nous
présenter votre... nous faire votre présentation, et, par la suite, il y aura
un échange avec les membres de la commission. Donc, je vous cède la parole.
Regroupement des
comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ)
M. Martel (Sylvain) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, bonjour, M. le ministre. Bonjour, membres de la
commission et députés. Je profiterais de l'occasion pour saluer plus
particulièrement Mme la députée des Mille-Îles, qui est ma représentante à
l'Assemblée nationale, qui m'a conseillé, il y a une dizaine d'années, de
m'impliquer dans les structures en éducation pour pouvoir influer sur les
décisions. Alors, je pense que le message a bien été reçu.
Merci d'entendre les parents aujourd'hui. C'est
important parce que ça fait longtemps que les parents demandent des changements dans ce dossier et puis les parents sont les
principaux utilisateurs du recours du protecteur de l'élève. Donc,
souvent, quand on a une problématique, elle se dessine autour de deux
intervenants, c'est-à-dire le parent, la direction d'école. Donc, leur point de
vue est essentiel au bon déroulement des travaux, et je vous remercie d'avoir
invité.
Au Regroupement des comités de parents autonomes
du Québec, on a travaillé sur ce dossier, comme on le fait à l'habitude, de
façon pertinente et rigoureuse. On est allé chercher les talents, les
connaissances, les expertises, notamment légales, des parents de nos comités de
parents, parce qu'on est des parents, mais on a aussi des métiers, et donc on
est capables d'apporter une couleur à ces travaux-là, selon nos différents
backgrounds.
Donc, on est ici pour vous présenter l'avis des
parents qu'on représente. Le RCPAQ, c'est 1 500 parents, un peu plus que 1 500 parents engagés dans
le réseau scolaire de différents milieux, que ce soit des grands centres
urbains, des banlieues, des villes et villages, des régions rurales à la
fois francophones et anglophones, qui, par leur rôle dans les comités de
parents, représentent les familles d'environ 200 000 élèves
québécois, soit un élève sur cinq, à peu près 20 % des élèves.
Suite à la consultation de nos parents et avoir
compilé tous leurs commentaires, leurs propositions et leurs avis, deux choses
sont claires : ils sont favorables à ce que le protecteur de l'élève
devienne une entité en soit, 83 % étaient d'accord avec cette
affirmation-là, mais ils désirent un service plus vaste, plus complet. 92 %
indiquent qu'il doit demeurer une première étape locale de résolution de
problématiques, donc qu'on puisse donner la chance de résoudre les problèmes au
niveau local.
Toutefois,
les parents qu'on représente demeurent insatisfaits sur certains points : le
délai et le nombre d'étapes pour
atteindre la fin du processus et la capacité du réseau de répondre adéquatement
aux décisions et recommandations du protecteur.
On a, pour la
présentation d'aujourd'hui... on vous a soumis un mémoire, mais, pour la présentation
d'aujourd'hui, on va se concentrer sur quatre incontournables à mettre
en place. Donc, le premier de ces incontournables-là, c'est un accès rapide.
Idéalement, comme je le disais, on règle au niveau local, mais, à partir du
moment où la résolution locale n'est pas possible, si les délais restent les
mêmes partout dans le processus, on n'améliore rien, là.
On a entendu que le processus peut présentement
prendre jusqu'à un an, mais nous, on a calculé que dans le processus qui est
proposé dans le projet de loi n° 9, on peut se rendre jusqu'à
60 jours ouvrables. Ça, c'est presque trois mois. C'est inacceptable comme
délai dans toutes circonstances. C'est pour ça qu'on suggère de diminuer le
nombre d'étapes et que le délai soit d'un maximum de 10 jours ouvrables au
niveau local et d'un maximum de 20 jours
ouvrables au niveau cumulé du protecteur régional et national. Pensons plutôt à
avoir l'opportunité d'allonger certains
délais dans des situations exceptionnelles, comme, par exemple, s'il faut
attendre un rapport en pédopsychiatre ou quelque chose comme ça, plutôt
que de déjà allonger les délais maximaux.
Donc,
ultimement, c'est le directeur général qui prend la décision. Il y a un délai
de 10 jours suivant la recommandation du protecteur de l'élève, selon
l'article 38. Mais le conseil d'administration, dans l'article 58,
peut infirmer en tout et en partie cette décision, mais il n'y a aucun délai
prescrit pour que le conseil d'administration le fasse. Selon nous, ça laisse
un dossier ouvert indéfiniment. En fait, ça laisse tous les dossiers ouverts
indéfiniment. Puis, si ce n'est pas le cas, bien, il y a lieu d'aller clarifier
les articles 38 et 58, parce que nous, tout le monde qui l'a regardé l'a
compris comme ça.
• (15 h 50) •
Donc,
deuxième incontournable, ça prend un processus spécialisé, dédié, centralisé et
uniformisé. Si on garde l'intention de répartir par région les
ressources, on doit assurer une charge à temps plein, parce que c'est comme ça
qu'on va réussir à professionnaliser le rôle du protecteur qu'on dit régional,
mais il faut également un processus de sélection qui soit au-dessus des
critiques. Donc, il faut arriver à nommer des personnes neutres, indépendantes.
Aussi, on pense que les désignations
devraient toujours être faites par l'Assemblée nationale, pour tous les
protecteurs, qu'il soit national ou régional. Le comité de sélection
doit définitivement éviter les critiques aussi. Donc, soyons inclusifs puis
ajoutons plus de monde au niveau de ses membres pour qu'on ait vraiment une diversité
d'opinions.
En écoutant les
autres témoignages, depuis hier, on a continué notre réflexion puis on est
arrivés à se demander : Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un découpage
par spécialisation plutôt que par région? Parce que ce n'est pas la même chose
que de prendre une plainte d'un parent ou prendre celle d'un élève, tout comme
ce n'est pas la même chose de prendre la plainte d'un parent d'élève HDAA ou
une plainte de harcèlement, une plainte d'intimidation, violence, une plainte
par rapport au transport, au classement des élèves. Donc, ça optimiserait le
processus, si le protecteur connaissait et maîtrisait déjà le sujet et son
contexte.
Donc, nous, dans
notre mémoire, on recommande des protecteurs affectés aux parents anglophones.
C'est pour des questions de compréhension de langue, mais, dans la même veine,
pourquoi pas des protecteurs spécialisés au lieu de protecteurs territoriaux?
La comparaison est boiteuse un peu, là, mais on l'a fait dans les C.A., pour
les membres de la communauté. On a créé des catégories puis on s'en tient à ces
spécialités-là. Donc, peut-être qu'on pourrait répliquer le modèle ici.
Troisième
incontournable, un service publicisé. Ça aussi, on l'a entendu pendant les
travaux. On doit faire connaître le service à tous, partout, sans oublier les
contraintes au niveau de la langue et de la compréhension. Chez nous, c'est
90 % des parents consultés qui disent connaître peu ou pas du tout
l'actuel recours du protecteur de l'élève et le processus qui l'entoure. On s'entend,
là, c'est des parents qui sont engagés, ils siègent dans un conseil
d'établissement et dans un comité de parents. On peut présumer qu'ils sont
mieux informés que la moyenne, et quand
même, il y en a neuf sur 10 qui ne connaissent pas au complet le recours. Donc,
on recommande un grand effort de communication pour faire connaître le
protecteur de l'élève, un effort de communication aussi qui doit toujours
prendre en compte, comme on devrait le faire dans tous les dossiers... en fait,
dès qu'on s'adresse à des parents.
Il ne faut jamais
oublier qu'au Québec, on a un gros problème d'analphabétisme puis qu'il y a
50 % de la population, donc 50 % des parents qui ont des problèmes à
ce niveau-là. Donc, il faut trouver des façons de les rejoindre et de pouvoir
leur permettre à la fois de comprendre le recours, leurs droits, mais aussi de
l'utiliser. Si tout est écrit, si les
plaintes sont écrites, si la documentation est écrite, que ce soit en ligne, en
vrai, ce n'est plus un service qui est accessible de façon universelle
parce qu'on a à peu près la moitié des parents qui ne peuvent pas vraiment y
avoir accès.
Donc, notre quatrième
incontournable, c'est une assurance que les recommandations peuvent avoir un
vrai impact sur l'organisation. Donc, on veut plus qu'un processus qui vise
exclusivement une analyse de la conformité à des politiques ou des règlements.
Souvent, ces analyses-là sont liées à des considérations financières. Puis, si
on reste pris dans ces concepts-là, là, on n'avancera pas puis on n'améliorera
pas rien. Donc, il faut absolument, absolument avoir un côté un peu plus humain à l'écoute des plaintes et aussi à la
résolution et à l'application des recommandations que fera le Protecteur
national de l'élève.
En
plus aussi, on pense qu'un pouvoir d'initiative serait essentiel,
particulièrement dans les cas d'intimidation et de violence. Les situations
problématiques qui viennent à être connues par d'autres moyens, donc dans
les médias, ça pourrait être un cas, devraient être traitées aussi sans l'attente
d'une plainte officielle, d'autant plus que le protecteur peut faire des recommandations à portée collective. Donc, il
devrait avoir la possibilité d'initier une enquête. Si on veut un exemple, là, pensons juste à l'école
Henri-Bourassa, puis je pense que ça nous met un contexte où est-ce que
ça aurait pu être nécessaire d'avoir ce pouvoir-là.
Donc, suite à notre
consultation, on peut dire que les parents qu'on représente s'attendent à trois
choses principales : un pouvoir accru du protecteur national, qui implique
de contraindre les centres de services scolaires à appliquer ces décisions; une indépendance des individus nommés à titre
de protecteur national et protecteurs régionaux, exigeant une prestation
de serment; et, naturellement, un processus de plaintes plus rapide.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, nous procédons maintenant à la
période d'échange avec les parlementaires en débutant avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup. Merci, M. Martel, Mme Deschamps. Ça a-tu
vraiment duré 10 minutes? C'était comme un épisode de District 31.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Même un petit peu plus que 10 minutes.
M. Roberge : Ça a passé trop vite. C'était vraiment très pertinent. Vous avez une
connaissance exceptionnelle du projet de loi. Vous naviguez d'un article
à l'autre. Très, très, très pertinent. Merci beaucoup.
Je regardais votre mémoire. J'aime bien qu'au
départ on y va... page 3, vous disiez : Bien, écoutez, voici ce qu'on
avait sur le coeur, en ce moment, elle avait une apparence de partialité, un
processus qui visait seulement l'analyse de la conformité avec les politiques
actuelles... Je ne referai pas la lecture, mais vous l'avez fait. Ce que j'aime bien aussi, c'est que vous êtes arrivés, à
la page 4, à dire : Bien, voici ce qu'on ne veut pas, voici ce qu'on
veut. La page 4, j'ai comme l'impression que... voici votre grille
d'analyse à la fin, il faut arriver à ceci : Un, un accès rapide; deux, un
processus spécialisé, dédié, centralisé, uniformisé; après ça, un service
publicisé par une variété de moyens connus... donc connus, c'est un des
problèmes avec le système actuel.
Une assurance... les recommandations peuvent
avoir un vrai impact sur l'organisation. Et là vous dites : «par exemple,
en ajoutant une obligation au centre de services scolaire de justifier, par
écrit, les motifs pour lesquels le centre de services scolaire ne met pas en
oeuvre les recommandations».
Et là, ici, je vous pose une question, parce
qu'il me semble que, dans votre présentation, vous êtes allés plus loin que
dans votre mémoire. Dans votre présentation, vous avez dit : Il faut que
ça s'applique, il faut que ce soit exécutoire. Dans votre mémoire, vous
dites : Bien, il faudrait qu'idéalement elles soient retenues, mais, si
les recommandations n'étaient pas retenues, il faut se justifier. Alors, j'aimerais
avoir des précisions, là, sur ce que vous souhaitez là-dedans, au fond.
M. Martel
(Sylvain) : Bien, écoutez,
il y a à peu près trois quarts des parents qui demandaient que les décisions
soient exécutoires et qu'elles soient... que les centres de services soient
contraints à appliquer les recommandations.
Maintenant, on regarde les travaux aussi, on
voit ça aller puis on se rend bien compte qu'on est les seuls, à peu près, qui
ont demandé ça. Donc, c'est sûr que pour... On demande, mais on le sait que, si
on est les seuls, fort probablement que ça ne s'appliquera pas. Donc, le niveau
juste en dessous, ça serait de justifier un refus d'appliquer. Ça, les parents
le saluaient, là, que de voir qu'il y aurait ce genre de processus là, mais à
la base, la demande pure et dure, je vais le dire, ça, là, des parents,
c'était : Il faudrait que les recommandations ne soient pas des...
justement, des recommandations, mais des décisions.
M. Roberge : O.K. Non, mais je
comprends, mais je suis content de vous poser la question parce que je
comprends vraiment le cheminement, puis voilà. D'ailleurs, la commission des
droits de la personne, de la jeunesse, qui est venue passer juste avant vous,
nous a donné une petite précision, justement, entre ce qu'on attend plus d'un
processus qu'on appelle un ombudsman, protecteur du citoyen, ce qu'on retrouve
dans les universités, où là il y a des recommandations avec quand même un fort
ascendant, je vous dirais, là. Quand la Protectrice du citoyen dit quelque
chose, il y a quand même un poids puis une reconnaissance certaine de la
crédibilité. Il faut donner suite, peut-être pas exactement à chaque mesure
dans la manière, mais c'est sûr qu'on ne veut pas ignorer les recommandations.
Ça sera probablement un peu la même chose avec le protecteur de l'élève. En
fait, c'est ce qu'on souhaite. Donc, différence entre ombudsman versus tribunal
judiciaire, puis ça m'aide bien à mieux comprendre.
• (16 heures) •
Un peu plus loin après, je trouvais ça très
intéressant que vous rendiez publiques vos statistiques, vos consultations en
pourcentage, le taux d'adhésion, quoi qu'on ne peut pas juste décider en
fonction du plus... du pourcentage le plus élevé, suite à son... mais ça donne quand
même un poids, puis un ascendant, puis un portrait de parents impliqués aussi,
mais ça donne quand même un poids, puis un ascendant, puis un portrait de
parents impliqués aussi. Parce qu'évidemment vous n'avez pas consulté
100 % des parents dans un sondage d'une firme. Ce sont des parents qui
sont déjà mobilisés, donc peut-être un peu plus informés aussi. Donc, ça, c'est
intéressant, de voir quand... vous arrivez avec 83 % des parents qui
disent que l'information va être fluide, très, très, très important. C'est là,
dans la loi, mais il ne faudrait surtout pas que ça parte au fil, supposons, de
l'article par article. Parce qu'on sait bien que le projet de loi, quand il va
être adopté, il ne sera pas identique à ce qu'on connaît aujourd'hui. On va le
bonifier, donc il faut garder absolument l'information.
L'accompagnement, qui n'est peut-être pas
explicite en ce moment, dans un projet de loi n° 9,
la nécessité de soutenir ceux qui vont cheminer dans le processus, d'autres
l'ont dit avant moi, mais je pense qu'il va falloir faire quelque chose ou, en
tout cas, s'en assurer. Si ce n'est pas dans la loi, ce sera via d'autres
leviers gouvernementaux.
Puis la médiation, qui est déjà là, mais qui
n'est pas là pour les premières instances, est-ce que vous considérez que le
protecteur régional devrait aider le parent qui souhaite recevoir de l'aide,
même si c'est une plainte qui ne se... au niveau de l'école? Est-ce qu'il
devrait donner un coup de main pour la médiation au niveau de l'école?
M. Martel (Sylvain) : Écoutez, moi,
je sais pertinemment que, dans certains centres de services, vu, justement, que, des fois, l'information est... sur
le processus de plainte, est difficilement accessible, les gens ont parfois
tendance à avoir recours directement au protecteur de l'élève. Et puis je sais
qu'il y en a certains qui lancent un genre de processus de médiation sur leur
propre... Ça ne fait pas nécessairement partie de leur rôle, mais ils le font
et ils accompagnent les parents là-dedans pour dire : Bien, regardez,
parlez à telle personne, peut-être qu'on peut régler le cas à ce niveau-là. Et je sais que ça marche. Je sais que ça permet
d'éviter qu'il y ait une plainte officielle parce que... Vous savez,
souvent, la plainte, c'est un manque d'information, c'est un manque de
compréhension de comment ça se passe. Donc, si on amène le parent à se faire
expliquer et surtout comprendre, souvent, la plainte, elle disparaît.
Puis oui, si vous regardez les statistiques,
effectivement, les parents sont en accord avec le projet mais aimeraient ça
qu'il soit bonifié, qu'il soit un peu plus large pour qu'on puisse, justement,
tout... Puis c'est important parce que... toujours en
gardant une possibilité de régler au niveau local, parce que, là aussi, on
règle probablement... je ne sais pas les statistiques, mais je sais que c'est
très, très élevé, le nombre de plaintes qu'on peut, juste au niveau local,
résorber. Je pense que ça, il faut le garder, mais d'aller vers un service qui
est un peu plus complet dans l'accompagnement, dans l'information aussi :
Vous savez, vous pouvez faire ça, vous pouvez parler à telle personne, vous
pouvez...
Donc, je pense qu'on résoudrait beaucoup de
problèmes qui ne... Bon, il y en a qui méritent des plaintes, là, c'est sûr, là. Les gens ne font pas des plaintes
pour rien, là, mais, des fois, le but de la... la cause de la plainte, ce n'est
pas nécessairement une problématique grave, c'est un manque de compréhension
d'une situation. Donc, par une médiation ou par de l'information, on réussit à
éliminer ça, puis, bien, ça laisse de la place pour traiter les dossiers
vraiment, vraiment graves ou qui méritent vraiment une attention plus poussée,
là.
M. Roberge : Oui, la meilleure des
plaintes, c'est celle qu'on ne formule pas parce qu'on est satisfaits. Mais, si
on n'est pas satisfaits, on veut avoir de l'information.
M. Martel (Sylvain) : C'est rare que
les gens appellent pour dire : On est contents.
M.
Roberge : Oui. Non, c'est
rare, c'est rare. L'humain n'est pas ainsi fait. Mais s'il y a quelque chose,
par contre, on veut être informés, on veut être aidés, on veut être
outillés. On ne veut pas qu'il y ait des disparités en fonction de la langue
d'usage à la maison ou du niveau de littératie du parent. C'est là où on veut
une équité de droit pour les élèves et pour les parents et c'est là où je pense
que le protecteur peut être appelé à jouer un rôle important.
Il y a quelque chose que vous avez dit, une
demande, mais il me semble qu'on a déjà répondu favorablement. Alors, peut-être
que... Là, encore une fois, il faut se comprendre. Peut-être c'est moi qui a
mal saisi. Vous dites : Si jamais l'école ou centre de service ne répond
pas favorablement à la recommandation, il faut le justifier, il faut le dire. Or, il me semble qu'à l'article 39 on
le précise exactement quand on dit, bon : Le centre de services scolaire
doit, dans les 10 jours ouvrables... la réception de toute conclusion ou
recommandation, informer par écrit le plaignant et le protecteur régional de
l'élève des suites qu'il entend y donner et, le cas échéant, les motifs
justifiant tout refus d'y donner suite.
Donc, si jamais le centre de services scolaire
ou l'école ne donnait pas suite, il doit quand même se justifier en donnant les
motifs puis ne pas juste dire : Bien, on ne s'en occupera pas. Donc, ça,
il me semble que c'est déjà là. Est-ce que vous souhaitiez davantage ou c'est
parce qu'on s'était peut-être juste mal compris là-dessus?
M. Martel (Sylvain) : Mme Deschamps,
est-ce que vous voulez prendre le relais sur celle-là?
Mme Deschamps (Lyne) : Oui, oui. Il
n'y a pas de souci.
M.
Roberge : Je ne veux pas vous piéger, hein? Je veux juste
qu'on se comprenne. Des fois, c'est d'un côté, des fois, c'est de
l'autre, là.
Mme Deschamps (Lyne) : Il n'y a pas
de souci. Effectivement, c'est peut-être une demande que ce soit justifié. Oui, on le retrouve à cet endroit-là
dans le projet de loi. Par ailleurs, on pourrait gagner à ce que ce soit tout
le temps comme ça partout, pas juste au niveau d'une décision. Parce que
j'ai vu, dans d'autres recommandations d'autres organismes qui sont passés chez
vous, aujourd'hui ou hier, qu'il y a eu souvent des recommandations
d'expliciter par écrit systématiquement tout refus, voire toute recommandation.
Donc, on veut juste s'assurer que, partout, il y aura une justification.
En passant, l'article 9 de la Loi de
l'instruction publique, nos juristes nous ont dit... les parents qui sont
juristes nous ont interpelés par rapport au fait que, le conseil
d'administration, il n'y a comme pas de délai sur la manière dont lui peut se
prononcer. En tout cas, c'est comme ça qu'ils l'ont compris. Donc, il faudrait
juste vérifier ça. Est-ce que j'ai répondu à votre question, M. le
ministre?
M. Roberge : Absolument, oui. Et je
suis content que vous le rameniez, celui-là, parce que, pendant votre
présentation, je me suis retourné puis j'ai discuté avec la sous-ministre
adjointe qui est avec nous pour nous guider puis nous aider là-dedans. Et oui,
c'est un malentendu ou... Bon, vous savez, des fois, c'est écrit de manière un
peu technique. C'est la même réponse, donc c'est 10 jours pour l'institution
qu'est le centre des services scolaire pour donner sa réponse finale.
Idéalement, on souhaite qu'elle soit positive, mais, si elle est négative,
bien, il doit justifier son refus, et ça
doit se faire de manière très claire. Donc, ce n'est pas... Il n'y a pas de
délai ouvert, fort heureusement. Sinon, on l'aurait... on aurait bouché
le trou si ça avait été le cas, là. Mais, dans ce cas-ci, c'est peut-être juste
une question, là, d'interprétation législative.
Mme Deschamps (Lyne) : On
clarifiera, je suppose.
M. Roberge : Bien, il faut
clarifier, des fois, dans la loi. Mais, des fois aussi, on ne lit pas
toujours... Je ne suis pas un juriste. Des fois, je ne lis pas la loi avec des
yeux de juriste. Alors, je me retourne vers les juristes et... Ça, ça veut dire
quoi, exactement? Par contre, quand on va extraire de la loi les documents
explicatifs, les documents de vulgarisation, les pamphlets, les outils de
communication, là, ceux-là auront l'obligation d'être clairs et facilement compréhensibles par tout le monde. Mais on ne peut pas tout
le temps écrire le projet de loi en disant : Oui, mais la mère ou le père
de famille que je suis devrait le comprendre selon la langue d'usage. Des fois,
il y a des termes techniques. Mais ceci dit, je vous rassure, là, il n'y a pas
de délais ouverts, là, c'est refermé. On peut souhaiter qu'ils soient plus
courts, mais ils sont quand même limités dans le temps.
Sur la question du mécanisme d'urgence, l'idée
de dire : Parfois, ça presse, parfois, là, il y a une crise qui se vit
dans la famille — dans
l'école ou dans la famille, des fois, c'est la même chose, là, le jeune, il est
tantôt élève, tantôt enfant — je veux aussi vous dire qu'on a
l'article 31 qui peut nous dire... qui permet au protecteur régional de
l'élève de dire : O.K., regarde, là, on saute l'étape 1,
l'étape 2, on peut aller directement au protecteur régional, puis il peut
accepter de se saisir tout de suite d'une situation. Ce n'est pas, je vous
dirais, la mécanique qu'on étend à toutes les plaintes parce qu'on pense que,
d'habitude, là, ça se règle à l'échelle de la classe, avec l'enseignant ou, au
pire, avec la direction d'école. Mais il y a quand même une souplesse dans la
loi pour dire : Voici la démarche habituelle puis voici la démarche
d'exception, parce que, quand arrive une situation exceptionnelle, il faut avoir
des mesures exceptionnelles. Puis ça, c'est notre article 31 qui, je
pense, fait le travail.
Il me reste un peu de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) : Trois
minutes.
• (16 h 10) •
M. Roberge : Trois minutes. O.K. À
la page 7, vous parlez... commentaires spécifiques, section des notes
explicatives du projet de loi n° 9, vous parlez
de la nomination. Deuxième paragraphe, je lis : «La nomination des
protecteurs régionaux par le ministre et non par le gouvernement met à risque
l'indépendance des personnes nommées.» Une nomination gouvernementale pour tous
les protecteurs serait plus appropriée, puis une garantie de neutralité, en
tout cas, apporterait, selon vous, une garantie de neutralité ou, en tout cas,
une apparence, parce que, des fois, il y a une question de perception, au-delà
de la réalité, pour que les gens aient confiance. Je comprends que vous êtes
là-dedans. Est-ce à dire que des nominations par le gouvernement, pour vous, ça
apporte suffisamment, comme on dit, un bras
de distance entre le ministre? Est-ce que c'est ça que vous vouliez dire?
J'aimerais ça comprendre ce qu'il y a derrière ce paragraphe-là. Oui?
M. Martel (Sylvain) : En fait,
ce qu'il y a derrière ce paragraphe-là, c'est une erreur, M. le ministre.
M. Roberge : Bon. Voilà.
M. Martel (Sylvain) : C'est
pour ça que j'ai pris la peine, dans l'allocution, de le dire. C'est qu'en fait
on aurait dû dire «une nomination par l'Assemblée nationale» et non pas
par «une nomination gouvernementale». Donc, ça change un peu le...
Donc, en fait, ce qu'on disait, ce qu'on dit, ce
qu'on voulait dire, c'était à peu près la même chose que certains autres
groupes ont amené, là, comme proposition. Donc, c'est pour ça que, tantôt, j'ai
pris la peine de le dire, parce que je savais, on l'a vu, et le mémoire était
parti, alors...
M. Roberge : Pas d'enjeu.
Est-ce qu'il y aurait une recommandation prioritaire pour vous, que je n'ai pas
abordée? Parce que, bon, mon intention dans
ma discussion avec vous, c'était de clarifier, justement, pour dire :
Est-ce que j'ai bien compris, sur votre présentation, sur votre mémoire? Est-ce
qu'il y a un élément, là, crucial, vous dites : Là-dessus, M. le ministre,
voici ce qu'on veut préciser, puis peut-être que je ne vous ai pas questionné
là dessus?
M. Martel (Sylvain) : Écoutez,
je pense que le plus grand enjeu pour les parents, là, c'est vraiment le délai.
C'est vraiment le délai. Vous l'avez dit, parfois, c'est l'urgence, mais, même
si ce n'est pas urgent, si un parent fait une plainte, c'est parce qu'il y a
une problématique qui vient toucher sa famille, qui vient toucher ses enfants.
Et vous savez, bon, il y a des exceptions
dans tout, mais, si un parent fait une plainte, il y a une raison de faire une
plainte, là. S'il est rendu là, c'est parce qu'il a tout essayé puis, donc,
il y a quelque chose qui ne marche pas.
C'est sûr que, si on commence à parler de...
parce que, vous savez, bon, présentement, les délais, généralement, c'est
quelque chose comme deux mois, ça peut même aller à trois mois. C'est très,
très long pour... si un enfant a une
problématique dans la classe même, donc, c'est deux mois où est-ce que son
apprentissage va souffrir. Donc, je pense que le plus gros enjeu, là,
c'est vraiment le délai, d'être capable de répondre rapidement et d'être
capable d'analyser la situation rapidement.
Puis c'est pour ça aussi qu'il nous est venu, à
un moment donné... en écoutant les autres intervenants, qu'on s'est dit :
Si on avait des gens en place qui ont une spécialité, qui connaissent déjà
des... mettons, si, au niveau du transport, qu'ils ont déjà un genre de
background au niveau du transport, qu'ils seraient capables, donc, dans leur
analyse, d'aller beaucoup plus vite. Si c'est au niveau des élèves HDAA, ils
pourraient aller plus vite. Donc, voilà. C'est un peu ça.
Je ne sais pas, Lyne, si tu voulais ajouter
quelque chose.
Mme Deschamps (Lyne) : Bien,
peut-être préciser que...
La
Présidente (Mme Guillemette) : C'est tout le temps que nous avions pour M. le ministre, mais nous
allons continuer les échanges avec Mme la députée de Joliette.
Mme Deschamps
(Lyne) : Sauvée par la cloche.
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous
deux. J'ai un gros trois minutes, donc on va... et plein de petites questions. Vous dites que vous trouvez pertinent,
là, de conserver l'étape locale d'abord, avant d'aller au protecteur
régional ou spécialisé, selon votre proposition. Est-ce que vous estimez que ça
doit être obligatoire ou optionnel, dans la
mesure où des parents ne seraient pas confortables d'aller à ce niveau-là, peur
de représailles, mauvaises expériences?
Est-ce que vous pensez quand même que cette étape-là, elle est incontournable
ou devrait être optionnelle?
Mme Deschamps (Lyne) : Moi, je
pense que les parents doivent avoir un accès pour se faire entendre. Et si, ça,
ça fait partie de ce qu'on a parlé tantôt, des choses urgentes, bien,
l'urgence, ce n'est pas toujours nécessairement une question de temps. Ça peut
être aussi une question de confort. Qu'on pense à l'intimidation, sérieusement,
quand on a un problème d'intimidation puis
qu'on est très mal avec ça, peut-être qu'il faut qu'on trouve... puis qu'on
soit ouvert à ce que ce soit
exceptionnel, mais qu'on puisse aller ailleurs qu'au niveau local. Parce que de
l'intimidation, ça peut briser une vie, puis on ne peut pas passer à
côté de ça.
Mme Hivon : O.K. Vous êtes les
premiers qui nous arrivez avec cette idée-là de découper par spécialisations au
lieu de régions. On a entendu certains nous dire qu'il devrait y avoir une
expertise... ma collègue de Westmount—Saint-Louis va sûrement en reparler, là, mais
une expertise vraiment pour les élèves HDAA. Donc, ça, on pourrait imaginer
peut-être un sous-protecteur ou protecteur adjoint. Ça, c'est quelque chose
qu'on a entendu, mais pas jusqu'où vous poussez l'idée.
Donc, juste pour nous donner un aperçu de ce que
vous voyez comme types de catégorie, là, vous avez dit transport, évidemment...
Tantôt, les gens de la commission des droits... moi, c'est une statistique que
je ne savais pas, mais ils nous disaient que chez eux, c'est à peu près
90 % des plaintes en discrimination dans le milieu scolaire qui viennent
de situations d'élèves HDAA. C'est à peu près la même chose actuellement pour
le protecteur de l'élève. Donc, est-ce qu'il n'y aurait pas une disproportion?
Comment vous voyez ça? Puis c'est quoi, les différentes catégories?
Disproportion entre les spécialisations, je veux dire.
Mme Deschamps (Lyne) : Je pense que
ce qui est important, c'est de vraiment voir qu'il y a des plaintes qui sont
plus techniques puis il y a des plaintes qui méritent de comprendre beaucoup
plus de choses. Donc, qu'il y ait un nombre x de protecteurs au service des
parents, mais qu'ils soient... qu'ils aient chacun une spécialisation, ça va augmenter l'efficacité, mais surtout on va devenir
efficients. Transport, organisation scolaire, qu'on pense à l'intimidation
et la violence, ce n'est pas vrai que traiter de ça, parce que, là, on
l'amène au niveau du protecteur, que c'est pareil.
Comment on reçoit la plainte d'un jeune? On a la
Protection de la jeunesse qui s'occupe d'eux autres, ils sont spécialisés, puis
là on va dire que, quand on est dans le réseau de l'éducation, tout le monde
peut répondre à ça. Vous savez, qu'il y ait un nombre x de protecteurs, ce
n'est pas le nombre qui nous semble important, c'est plus de voir comment ils
seront efficients. On parle de collaboration, dans le projet de loi, entre les
protecteurs qu'on appelle régionaux, mais, dans ce cas-ci, on pourrait avoir un
spécialisé en anglais, un pour les EHDAA — vous en avez parlé — l'organisation
scolaire, le classement, et ça, ça irait tellement plus vite. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Deschamps.
Mme Deschamps (Lyne) : Je ne peux
pas aller plus loin.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, nous allons poursuivre la discussion avec la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. M. Martel, vous m'avez surprise tantôt, je ne savais pas
trop pourquoi vous étiez pour me saluer particulièrement, à part le fait qu'on
est deux Lavallois puis orgueilleux dans la place qu'on occupe au niveau de
Laval. Mme Deschamps, salutations particulières, puisqu'on a eu le plaisir,
dans le mot «Mille-Îles», de se fréquenter à la commission scolaire des
Mille-Îles dans le temps, début d'implication parentale de mon côté.
Je vais
revenir sur les incontournables pour pouvoir vous poser mes questions à partir
de vos cinq incontournables. Le premier, l'accès rapide. Tous les intervenants
qu'on a rencontrés aujourd'hui nous ont parlé, aujourd'hui puis hier, nous ont
parlé d'une accessibilité facile, rapide. Je vais rajouter «spécifique» parce
que vous semblez dire que ça serait
intéressant d'avoir des gens avec des spécificités par rapport à certains
dossiers. Ma collègue de Westmount—Saint-Louis a parlé de deux
spécificités : la première, avoir accès dans sa langue maternelle pour
avoir une facilité de compréhension pour des parents et la deuxième, EHDAA. On
a beaucoup parlé des élèves, des jeunes et des parents. Comment recevez-vous
l'idée d'ouvrir cette porte aussi aux enseignants?
M. Martel
(Sylvain) : Écoutez, ça va
être très simple. Si ça aide nos enfants, on est d'accord. C'est aussi simple
que ça. On ne voit pas de souci si, en bout de ligne, nos enfants en tirent un
bénéfice.
Mme Charbonneau : Parfait. Dans le processus de spécialiser,
dédier, centraliser, uniformiser, deux questions. La première, le
découpage régional. Vous avez parlé d'une autre forme de découpage. Quelques
représentations, entre autres, les cadres, des gens qui sont
plus rattachés aux centres scolaires, nous ont dit : Il y a quelque chose
qui nous achale par rapport à la régionalisation, soit le regard sur la
clientèle, soit la répartition de la clientèle, soit le territoire qu'on va
occuper.
J'aimerais ça savoir
comment vous percevez le découpage régional et j'aimerais vous entendre sur la formation qu'il pourrait y avoir, soit du côté du
protecteur de l'élève envers la clientèle qu'il va desservir ou spécifiquement
la formation chez le protecteur de l'élève pour pouvoir être plus compétent ou
meilleur pour répondre à la clientèle.
• (16 h 20) •
Mme
Deschamps (Lyne) : Je pense
que, dans un premier temps, quand on parle d'information, de formation, c'est
essentiel dans les deux cas. Et plus que ça, l'information au niveau des
parents, par exemple, là, il faut aller beaucoup plus loin que ce qu'on
propose dans le projet de loi.
Concernant
l'occupation du territoire, je reprends votre expression, vous savez, on
regarde le projet de loi avec ce qu'on connaît depuis très, très, très
longtemps au Québec, où on a toujours divisé le territoire pour donner des
services éducatifs. Est-ce que c'est la meilleure chose? Est-ce que c'est comme
ça qu'il faut continuer à voir les choses? Quand l'objectif du protecteur
national, c'est de trouver des solutions à des problèmes que vivent les parents
puis qui n'ont pas pu être résolus au niveau local, c'est quoi, l'impact de
recevoir une question de manière territoriale plutôt qu'autrement? Honnêtement,
ça nous semble une question moins essentielle ici.
Mme
Charbonneau : Je comprends. Merci. Je me souviens d'un ancien
député... ou un député qui l'est toujours, mais maintenant rendu ministre, qui
déchirait sa chemise sur un code postal. C'est pour ça qu'en ce moment, quand
on dit «attribuer des services» et «critiquer des services» puis qu'on parle
des régions, je peux comprendre que les centres scolaires puissent dire :
Bien, il faut vraiment être spécifique par rapport à ça, parce que tout ne
retient pas d'un code postal. Malheureusement, nos écoles sont codées, il faut
le dire comme ça, par rapport à la
clientèle. Je ne vous apprends rien, je sais que vous le savez, mais je le dis.
J'avais le goût que le ministre l'entende aussi puisqu'on se...
quelquefois, on se passe les messages en parlant à d'autre monde, hein? Un peu
comme, des sondages, ça se fait autrement que les commander puis de les payer.
Des fois, ça se fait gratuitement à travers une clientèle très spécifique.
Votre troisième
incontournable, un service publicisé par une variété de moyens, je dois vous
avouer que,celle-là, je l'ai vue, je la vois à chaque fois qu'on parle
d'information en éducation. On parle de l'agenda, on parle de la rentrée
scolaire. On a émis un peu le début d'une idée d'une possibilité d'un service
téléphonique, une ligne unique où un parent peut appeler, un jeune peut
appeler, un étudiant, parce que... on ne les nomme jamais, mais la formation
professionnelle et l'éducation font partie des centres scolaires, peut-être pas
des écoles privées, mais des centres
scolaires — de
ce fait, à un moment donné, on va en parler — mais d'être capable d'accompagner la personne
qui croit qu'elle ne se sent pas bien par rapport à un geste, qui veut savoir
jusqu'où elle peut aller ou par où aller, première marche, deuxième marche,
troisième marche, qui sait. Un coup de téléphone pour l'accompagner dans sa
démarche, est-ce que, pour vous, c'est quelque chose d'intéressant? En plus,
j'imagine, là, que l'agenda puis le bulletin, le portail, tous les autres
moyens qu'on a actuellement et qui sont en place depuis assez longtemps qui...
quelquefois, quand ça fait trop longtemps, le parent passe un peu par-dessus ou
le voit peut-être un peu moins.
M. Martel
(Sylvain) : Oui. En fait, ce n'est pas juste intéressant, c'est
essentiel, selon nous, parce que, comme je le disais tantôt, on a à peu près la
moitié des parents qui ont des problèmes au niveau de la lecture ou de l'écriture. Donc, que ce soit pour la langue...
D'ailleurs, un service téléphonique, oui. Dans certains endroits, il faudrait
peut-être que les gens parlent plus que les deux langues les plus communes pour
être capables d'offrir les services aussi aux parents. Donc, oui, oui, oui,
tout à fait, que ce soit pour informer, mais aussi pour déposer une plainte,
parce que, comme c'est là, dans le projet de loi, il faut déposer une plainte
écrite. Ce n'est pas donné à tout le monde d'être capable de faire une plainte
écrite. C'est quand même un processus intimidant et complexe quand on ne
maîtrise pas les communications écrites, là. Donc, oui, oui.
Mme
Charbonneau : ...un petit peu plus tôt, l'aspect analphabète d'une
partie de la communauté ou des gens au Québec.
M. Martel
(Sylvain) : Oui, tout à fait.
Mme
Charbonneau :
La quatrième, une assurance que les recommandations peuvent... Moi, je suis
allée à la page 12. Page 12, vous spécifiez l'aspect contraignant. Là, je vais
faire appel à vous en vous faisant un petit clin d'oeil à la fois. Vous avez
tous les deux siégé à des endroits différents dans des commissions scolaires.
Je les nomme spécifiquement comme ça parce qu'il y a certains comités qui ont
changé depuis ce temps-là. Est-ce qu'il vous est arrivé de pouvoir appliquer
une recommandation qui allait à l'encontre d'une décision d'une commission
scolaire face à un service ou une demande d'un parent?
Mme Deschamps
(Lyne) : Est-ce que je peux commencer, M. Martel?
M. Martel
(Sylvain) : Allez-y.
Mme Deschamps (Lyne) : Je vais vous
raconter quelque chose qui est arrivé, effectivement, alors que j'occupais un autre poste au niveau de
l'application de la politique du transport et du fameux 1,6 kilomètre à
l'époque. La demande faisait en sorte que, si on
prenait juste le mosus de logiciel, dont j'oublie le nom, bien, ça donnait 1,4.
O.K.? Mais on a demandé, nous, d'aller plus loin puis de prendre le petit
machin, la roue, là, qui tourne puis en faisant le même piétage que l'enfant
ferait. Ça donnait plus que 1,6.
Donc, oui, on est
allés plus loin que ce que disait la politique et les outils qui étaient en
place. Est-ce que c'est arrivé souvent? Non. Est-ce que c'est exceptionnel?
Oui.
M. Martel
(Sylvain) : Moi, je peux vous dire que j'ai été commissaire
représentant des parents, et puis, lorsqu'il y avait une recommandation du
protecteur de l'élève, souvent, la résolution qui finissait par être adoptée disait «prendre acte de la recommandation», et
c'est là que ça arrêtait. Je ne dis pas que, dans l'administration, il n'y
avait pas des choses qui s'ajustaient, là. C'est possible. C'est fort
probable, d'ailleurs. Mais moi, je l'ai vécu même comme parent, parce qu'on
s'est rendus jusqu'au protecteur de l'élève, à l'école où mes enfants vont, et
puis le protecteur de l'élève était complètement d'accord avec nos demandes.
Puis le conseil des commissaires, à l'époque, a pris acte de sa recommandation,
et ça a fini là. On était d'ailleurs 28 parents avec la même demande chez le
protecteur de l'élève en même temps.
Donc, vous savez,
depuis hier, on entend les craintes sur la nature des plaintes que peuvent
faire les parents, puis ces craintes sont apparues généralisées par les
exceptions, là. Un parent, ça ne porte pas plainte pour rien, là. Je l'ai dit
tantôt, là, un parent qui dépose plainte, c'est parce qu'il a besoin d'adresser
un besoin essentiellement humain, là. C'est un acte sensible. Ça fait que, si
l'analyse reste au niveau des règlements puis de l'argent, bien, le côté
humain, il est évacué. Ça fait que, si le protecteur national répond aux
parents que la politique a été respectée puis que... bien, il n'y a rien qui
est réglé, là, du niveau... de l'optique du parent. Si le projet de loi permet
qu'on reste dans ce pattern-là, là, bien, on n'aura rien amélioré.
Donc, moi, je... tu
sais, moi, je ne suis pas juriste, là, mais on m'a souvent dit qu'à la Cour des
petites créances le bon sens prévalait sur la lettre de la loi, là, dans les
décisions. Ça fait que je me dis : Inspirons-nous plus de la Cour des
petites créances que, mettons, de la Régie du logement, où est-ce que, là,
c'est vraiment le règlement à la lettre, puis il n'y a aucune humanité. Puis je
suis désolé pour les gens de ce tribunal-là, mais, bon, c'est quand même la
réputation qu'on en tire.
Ça fait que je ne
suis pas en train de dire qu'il ne faut plus respecter les politiques puis les
règlements des centres de services, là, mais ce que je dis, c'est :
Donnons-nous une certaine latitude pour trouver des solutions humaines aux
problèmes soumis au protecteur de l'élève plutôt que de les balayer puis de
prétendre qu'ils sont résolus ou impossibles à résoudre pour toutes sortes de
considérations de politique, de réglementation. À long terme, là, on va tous en
sortir gagnants, nos enfants en premier.
Mme
Charbonneau : Je vous lance une dernière... Vous n'aurez pas beaucoup
de temps pour me répondre, je vous le dis tout de suite.
M. Martel
(Sylvain) : C'est bon.
Mme
Charbonneau : Mais je n'irai pas à la cinquième, là, je vais tout de
suite vous poser cette question-ci, c'est-à-dire qu'à partir de l'expérience
que vous avez, à partir des parents que vous avez consultés, croyez-vous que le
projet de loi n° 9 va venir améliorer de façon
substantielle la façon qu'on fait les choses au niveau du protecteur de
l'élève?
M. Martel
(Sylvain) : Je vais me garder une petite gêne et je vais dire qu'il va
améliorer. Je vais arrêter là. Je n'irai pas jusqu'à «de façon substantielle».
Il y a de la place à bonifier et à venir outiller le protecteur de l'élève pour
répondre aux besoins des parents, tel qu'ils le demandent depuis de nombreuses
années.
Mme Charbonneau :
Donc, un peu de scepticisme. Un peu, un peu.
Mme Deschamps
(Lyne) : Un petit pas. C'est un petit pas.
Mme
Charbonneau : Merci infiniment.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, Mme la députée. Donc, nous poursuivons les
échanges avec Mme la députée de Sherbrooke.
• (16 h 30) •
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. J'ai entendu tantôt que vous vous êtes un peu limités dans
vos demandes parce que vous avez vu que, bon, aucun autre groupe n'a demandé la
chose que vous auriez souhaitée. Je vois
aussi qu'il y a des écarts entre ce que vous nous dites puis ce qui est écrit
dans le mémoire, notamment au niveau... qu'il y a plein de recommandations pour améliorer le protecteur
régional, mais vous nous dites, bon, ce n'est peut-être pas ce qui
serait l'idéal.
Là, j'aimerais ça que
vous fassiez abstraction de ce que les autres ont dit, de ce que nous, on peut
penser, puis que vous nous disiez c'est quoi, pour vous, le scénario idéal de
réforme du protecteur de l'élève, qu'est-ce que ça prend dedans, comment vous
le voyez..
Mme Deschamps
(Lyne) : Je pense que... deux choses essentielles,
incontournables : la rapidité de donner une réponse de la part de
quelqu'un ou d'un organisme qui saura se faire écouter dans sa recommandation.
Je pense que, si on est capable de diminuer les délais pour la masse
importante, pas les exceptions, là, O.K., pour la masse des parents qui font
des demandes, si on peut réduire les délais de manière significative et pas
nécessairement tel que prescrit dans le projet de loi maintenant, là... parce
que, quand on rentre en processus d'appel de décision, tel que prévu par le
projet de loi, si on va jusqu'au bout, puis ça se peut qu'on aille jusqu'au bout,
parce que si c'est réglé localement, on n'y touchera pas, au processus, mais si
on va jusqu'au bout, bien, c'est 60 jours de calendrier ouvrables. Ce
n'est pas deux semaines, ça, c'est beaucoup, beaucoup de semaines. Donc, ça,
là, c'est un irritant qui était top numéro un. Pas certaine que de dire qu'on
règle jusqu'au bout en deux ou trois mois, ça fait la job, vraiment pas
certaine de ça.
Deuxième élément : Est-ce que les
recommandations vont aller plus loin que la... vérifier si c'est conforme aux
politiques? Puis est-ce que ça va aller... est-ce que ces recommandations-là
seront mises en place? J'ai lu dans un mémoire
que faire le suivi des recommandations, ça serait intéressant. On l'a demandé,
nous aussi, dans... Nos parents nous ont dit la même chose : Est-ce
que quelqu'un peut assurer le suivi des recommandations?
Donc, c'est important, ce sont ces deux
éléments-là qui sont au centre, bien, des raisons pour lesquelles on trouvait
que c'était... que ça méritait une modification, mais pour lesquelles on reste
sur notre faim. Est-ce que j'ai répondu à votre question?
Mme Labrie : Oui. Souhaitez-vous
compléter, monsieur?
M. Martel (Sylvain) : Bien, en fait,
oui, c'est un peu ça, c'est-à-dire qu'il y a certaines attentes des parents qui
ont été répondues, la plus grande étant de sortir du centre de services
l'entité qu'est le protecteur de l'élève. C'est un... comme on vient de dire
tantôt, c'est un pas dans la bonne direction. Il y a encore de la place pour,
quand même, de la bonification. C'est sûr
que quand ça fait si longtemps qu'on demande que cet outil-là soit modernisé
puis, en fait, qu'il serve plus,
hein, parce que c'est quand même un bel outil, là, bien, c'est sûr que, bon, on
s'attend à avoir peut-être un peu plus. Puis, tu sais, l'expression, là,
changer quatre trente-sous pour une piastre, là, tu sais, ça, on craint ça, là.
C'est sûr que si on le sort puis que c'est exactement la même procédure du
point de vue du parent, c'est juste qu'il n'est plus au centre des services, on
n'avance pas, là. Ce n'est pas...
Mme Labrie : Ça, vous le craignez
avec le projet de loi?
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Merci, Mme la députée. C'est tout le temps que nous avions. Donc, merci de
votre présence et de la contribution... de votre contribution aux travaux de la
commission.
Nous ajournons quelques instants, le temps
d'accueillir nos nouveaux invités. Bonne fin d'après-midi.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, la commission reprend ses travaux. Bienvenue à la Commission culture éducation. Donc, nous accueillons
maintenant la Fédération des comités de parents du Québec et leurs
représentants, Mme Corinne Payne, directrice générale, et
M. Kévin Roy, président. Merci d'être avec nous cet après-midi. Donc,
vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation avec un échange, par la suite, avec les membres de la commission.
Donc, je vous cède la parole.
Fédération des comités
de parents du Québec (FCPQ)
M. Roy (Kévin) : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires, merci de nous recevoir pour entendre l'avis des parents
d'élèves sur la réforme du protecteur de l'élève. Mon nom est Kévin Roy,
je suis parent bénévole et je suis le président de la Fédération des comités de
parents du Québec. Je suis accompagné par Corinne Payne, directrice
générale de la fédération.
La FCPQ a pour mission, depuis maintenant près
de 50 ans, la défense et la promotion des droits et intérêts des parents
et des élèves des écoles publiques dans l'objectif d'assurer la qualité des
services éducatifs et la réussite de tous
les élèves. La FCPQ représente aujourd'hui les comités de parents de plus de 90 %
des centres de services scolaires.
Depuis 30 ans, la FCPQ a pris le rôle de
chef de file dans le dossier du traitement des plaintes dans le milieu
scolaire. C'est d'ailleurs à l'insistance de la FCPQ que le rôle du protecteur
de l'élève a été ajouté à la Loi sur l'instruction publique en 2009. Depuis, la
fédération a régulièrement consulté ses membres. Entre autres, en 2016, à
l'occasion de la consultation nationale sur la réussite éducative, les délégués
ont réaffirmé l'importance de rendre accessible le protecteur de l'élève et
d'en assurer la neutralité.
La FCPQ a ensuite applaudi le rapport du
Protecteur du citoyen, en 2017, qui mettait en lumière plusieurs constats
dressés par la fédération à partir des expériences vécues par les parents sur
le terrain. De plus, selon notre sondage Léger d'octobre dernier, seulement 42 %
des parents ont confiance au protecteur de l'élève.
• (16 h 40) •
Les nombreuses
consultations et échanges avec les membres ont dégagé quatre grands principes
essentiels pour que le protecteur de l'élève
puisse remplir efficacement son rôle : l'accessibilité, la transparence,
l'indépendance et l'impact réel. La FCPQ accueille favorablement le
projet de réforme du protecteur de l'élève. Cette réforme était demandée et
attendue depuis longtemps.
Ceci étant
dit, notre fédération voit encore des améliorations à apporter qui sont
détaillées en quatre exigences et 16 recommandations dans notre
mémoire. Aujourd'hui, nous nous concentrerons sur les quatre exigences. Je
souligne que nos recommandations et exigences sont issues d'une consultation
rigoureuse de l'ensemble des comités de parents que nous représentons.
La première exigence. Les comités de parents
sont favorables à la création du protecteur national de l'élève. Par contre,
nous avons une sérieuse réserve. 70 % des répondants à notre consultation
ne sont pas favorables à la nomination par le gouvernement. Pour les parents,
il s'agit d'un manque d'indépendance. Les comités de parents sont
catégoriques : la nomination du protecteur national de l'élève ne doit pas
être politique.
Nous exigeons donc que la nomination du
protecteur national de l'élève soit faite avec le plus haut degré d'indépendance possible, de manière non partisane,
soit par l'Assemblée nationale ou par un comité d'experts désignés à
cette fin. Cette exigence rejoint les principes d'indépendance.
Mme Payne (Corinne) : L'exigence
deux. Concernant les protecteurs régionaux d'élève, le nouveau mode de
nomination proposé est une perte importante par rapport à qu'est-ce qui se fait
présentement. Actuellement, chaque comité de
parents est consulté sur la nomination du protecteur d'élève de leur centre de
services. Nous pensons qu'un seul parent parmi un comité de sept
n'assure pas la représentation nécessaire des parents, sûrement pas instaurer
la confiance non plus.
La FCPQ exige que le comité de sélection soit
composé d'un tiers des parents, une personne désignée par la principale
fédération représentant des comités de parents, un représentant des parents de
la région concernée et un parent représentant des élèves HDAA de cette région.
De plus, la FCPQ recommande que les comités de
parents de la région soient consultés lors de la nomination de leur protecteur
régional d'élève. Cette exigence rejoint les principes d'indépendance et de
transparence.
Je veux ajouter un mot sur le terme «parent et
allié» dans le projet de loi. M. Parent, le D.G. de la CSS de la Capitale
a bien expliqué ce matin. Nous comprenons qu'une personne ne pourrait accéder à
la fonction de protecteur d'élève, si elle est parent ou alliée d'une personne
employée d'un CSS, membre d'un C.A., un comité de parents et même un conseil
d'établissement. Avec 18 000 parents bénévoles impliqués dans le
milieu scolaire, l'interprétation large viendra restreindre le bassin des
candidats d'une manière considérable. Je pense qu'il ne va rester presque
personne. Nous recommandons donc de clarifier les critères d'éligibilité.
M. Roy (Kévin) : La troisième
exigence, dans la loi actuelle, la fonction de protecteur de l'élève est
parfois critiquée parce que les centres de services scolaires n'ont aucune
obligation d'appliquer ces recommandations. Lors de notre consultation, il a
été clair que le protecteur de l'élève devenait inutile si le conseil
d'administration et le centre de services scolaire peuvent ignorer ces
recommandations. Par conséquent, la FCPQ exige que le conseil d'administration
du centre de services scolaire doive suivre les recommandations du protecteur
de l'élève, à moins qu'il n'en démontre l'impossibilité pour des motifs graves
ou une contrainte excessive. Cette exigence rejoint le principe d'impact réel.
Mme Payne
(Corinne) : La quatrième exigence, puis on a attendu qu'elle
porte pendant les derniers deux jours. Nous,
on dit : La porte entre les parents et le protecteur d'élève ne devrait
être jamais fermée. Dans toutes les situations conflictuelles, nous croyons qu'il... privilégier des discussions entre
les personnes concernées comme première étape, même de mettre en place
des programmes de prévention, de proactivité.
La FCPQ a une forte expérience dans
l'accompagnement des parents depuis presque 50 ans. Entre septembre et
décembre 2021, nous avons reçu près de 500 demandes de
service-conseil, dont 32 %, oui, plus qu'une sur trois, concernent les
droits et des recours. Lorsque les parents appellent notre service-conseil,
nous leur demandons s'ils ont tenté de
résoudre le conflit ou de trouver une solution en parlant avec l'autre partie,
avec la direction ou avec l'enseignante.
Il y a toutefois des situations où les parents
vont préférer parler avec le protecteur d'élève en premier lieu, parce qu'ils
ont besoin d'une personne neutre pour les écouter et les conseiller. Pour cette
raison, la FCPQ demande que le protecteur régional d'élève ait accès à toutes
les plaintes déposées sur son territoire pour pouvoir s'en saisir à tout moment, s'il juge nécessaire et pertinent.
Puis je répète, la porte entre les parents et le protecteur d'élève ne devrait
jamais être fermée. Cette exigence rejoint le principe d'accessibilité.
M. Roy
(Kévin) : De plus, les
délais proposés pour atteindre le protecteur de l'élève et obtenir sa
recommandation sont trop longs. Selon le projet de loi, les délais pourraient
aller jusqu'à 60 jours ouvrables. 12 semaines, c'est long dans
la vie d'un enfant, c'est long dans la vie d'un élève, c'est même trop long. Un
délai de 30 jours, selon nous, serait beaucoup plus raisonnable. Même que
dans certaines situations, comme des situations de violence et d'intimidation,
nous devrions agir encore plus vite.
Concernant
les violences à caractère sexuel, les comités de parents ont indiqué avoir une
grande préoccupation pour ce type de violence et ont été très clairs qu'elles
doivent être traitées différemment des autres types de plaintes. En ce
sens, la Fédération des comités de parents joint sa voix au collectif
La Voix des jeunes compte et demande au gouvernement
d'appeler le projet de loi n° 394 visant à prévenir
et à combattre les violences à caractère sexuel dans le milieu scolaire. Les
dénonciations de violence à caractère sexuel doivent être traitées d'une façon
adaptée.
Les comités de
parents sont très clairs, le rôle du protecteur national de l'élève devrait
être un rôle de connaissance des droits, de formation, d'information et de
promotion, parce que seulement une affiche sur un babillard dans une école,
c'est loin d'être suffisant. Cette personne devrait s'assurer que toutes les
familles puissent être accompagnées, malgré les barrières diverses qui
existent.
Nous pensons que les
parents analphabètes ou défavorisés, qui n'ont pas le temps ou les capacités de
suivre des processus de plainte complexes...
nous pensons d'ailleurs à ceux-là, en fait, aux parents analphabètes ou
défavorisés. Nous pensons aussi aux
familles autochtones, aux allophones, aux anglophones, qui ont aussi besoin
d'accompagnement dans une langue autre que le français. La FCPQ appuie
d'ailleurs son partenaire, l'Association des comités de parents anglophones,
EPCA, qui demande que les services soient disponibles en anglais dans tout le
réseau.
Pour conclure, la
Fédération des comités de parents est favorable à la réforme. En consultant
notre mémoire, vous verrez que les comités de parents sont unanimes, 100 %
d'accord avec plusieurs des éléments du projet de loi. La FCPQ accorde une note
acceptable, dans l'ensemble, de 78 % au projet de loi, mais nous ne serons
entièrement satisfaits que si nos quatre exigences sont incluses dans la loi et
si nos recommandations font l'objet d'une étude et d'une réflexion
approfondies.
Malgré le court délai
accordé pour notre consultation, malgré le confinement et l'école à distance,
les parents bénévoles ont été en mesure de s'organiser et de remettre leurs
bulletins à l'heure sans demander d'extension. Le projet de loi n° 9 doit être mis en oeuvre rapidement avec tous les
éléments nécessaires. Vous pourrez toujours compter sur la collaboration
de la Fédération des comités de parents du Québec et vous pourrez toujours
compter sur les parents du Québec pour défendre les droits et les intérêts de
tous les élèves. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci beaucoup. Donc, nous passons maintenant à
la période d'échange en débutant avec M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, Mme Payne, M. Roy.
Merci pour votre présentation puis la
clarté de votre mémoire, la clarté de votre présentation, des propositions
claires, des revendications claires aussi. J'aime bien vos quatre
principes : accessibilité, indépendance, transparence, impact réel. Je pense
que... 78 %, c'est la note que vous donnez au projet de loi actuel.
Tant mieux, ce n'est pas l'épreuve finale. On verra lors de la sanction. On
espère que la note augmentera davantage. Ce n'est pas gênant, 78 %, mais
je pense qu'on peut faire mieux. J'ai déjà écrit ça, d'ailleurs, comme
enseignant, tu sais, c'est bien, mais peut faire mieux. Donc, allons-y, on est
en train de faire un travail d'équipe, justement, comme ça se fait à l'école.
Je pense que sur les
quatre points, accessibilité, indépendance, transparence et impact réel, le
projet de loi, c'est définitivement une avancée très importante par rapport à
la situation actuelle. Par contre, vous nous proposez des suggestions ou des
voies pour augmenter, dans chacun de ces quatre éléments-là, des fois, c'est
assez... C'est un changement important que vous proposez.
• (16 h 50) •
Par rapport à la
nomination du protecteur national ou des protecteurs régionaux, plusieurs sont
allés dans la même direction que vous, avant vous. Je veux quand même souligner
le fait que c'est rare que des institutions voient leurs dirigeants nommés aux
deux tiers par l'Assemblée nationale. Il y a quand même beaucoup d'autres institutions
à fort mandat social qui voient leurs dirigeants nommés soit par le ministre ou
par le gouvernement... ministre de l'Éducation, par exemple, le
commissaire-conseil à la santé, le Coroner en chef, le directeur national de la
DPJ, puis c'est trois institutions où il y a une parenté avec le protecteur
national, c'est-à-dire qu'il y a une institution nationale puis des bureaux ou
des représentants régionaux qui s'intéressent, je vous dirais, à la prestation
de services locale.
La mission de ces
trois institutions-là, comme celle du protecteur de l'élève, n'est pas de
critiquer ou de commenter le travail du gouvernement mais plutôt des instances
locales. C'est là où il y a une parenté. Ceci dit, on ne présume pas des
amendements puis du travail qui se fera en commission, par la suite, sur la
nomination ou pas, mais je voulais quand
même apporter ça, parce que je ne pense pas avoir eu le temps de le mentionner
précédemment.
Vous parlez de
l'article 9 puis vous voulez une clarification sur «parent», sur la
nomination des protecteurs régionaux des élèves. D'autres l'ont mentionné avant
vous. On dit... je vais y aller, parce que c'est important,
article 9 : «Le protecteur national de l'élève ou un protecteur
régional de l'élève ne peut...» Après ça, on dit : «être membre du C.A.
d'un centre de services scolaire, d'un comité de parents ou d'un conseil
d'établissement ou employé d'un centre de services scolaire; être
administrateur, actionnaire, dirigeant ou employé d'un établissement
d'enseignement privé — puis,
bon, je saute les technicalités — ou être parent ou allié d'une personne
visée aux paragraphes 1° et 2°.»
Donc, ce n'est pas
qu'il ne peut pas être parent d'un enfant qui va à l'école, c'est qu'il ne peut
pas être parent de quelqu'un qui est membre du C.A. ou membre d'un conseil
d'établissement. C'est une précision que je voulais apporter. Je pense que vous
aviez compris cette subtilité-là, puis vous me direz si oui ou non, mais je
pense que d'autres avant vous avaient dit : Mais ça n'a pas de bon sens,
un parent ne peut pas être protecteur. Ce n'est pas ça, là, ce n'est pas que les parents sont exclus, mais c'est quelqu'un qui a
un lien de parenté avec un administrateur. Est-ce qu'on se comprend à
cet égard-là?
Des voix :
...
M. Roberge : On ne vous entend pas,
M. Roy.
M. Roy (Kévin) : Voilà,
mon micro était fermé. Je pense qu'on a bien compris le terme «parent ou
allié», mais on pense que ça va venir... En fait, il y a 18 000... on
évalue à 18 000 parents impliqués dans le réseau scolaire, puis on pense qu'on
vient rejeter, en fait, on vient d'emblée éliminer beaucoup de personnes qui
pourraient avoir les compétences pour assumer ce rôle-là. Puis Mme Payne
va pouvoir me compléter, mais c'est à ce niveau-là puis... c'est à ce
niveau-là, en fait, qu'on voulait venir préciser pour venir plus donner une
définition ou clarifier, en fait, ces termes-là, qu'est-ce qu'on voulait dire
avec ces termes-là. Mme Payne, est-ce que...
Mme Payne (Corinne) : Bien, on
comprend très bien la nuance entre parent puis parent ou allié. On comprend
très bien, mais il y a tellement de monde, surtout quand... Regarde, je pense à
M. Parent, ce matin, le D.G. de la
capitale a donné... exemple, quand il a dit, dans son centre de services, quand
il prend ses employés puis tout le monde qui siègent sur les comités... puis,
si tu enlèves juste ce monde-là, leur famille immédiate... puis ça, ce n'est
pas des alliés, là. Puis, je vais vous dire,
il y a plein de monde qui sont nos alliés, hein? Il y a plein de monde qui sont
parents, qui sont alliés des parents ou du monde qui siègent sur ces
comités-là.
Alors, il
faut assurer que l'application de cet article-là n'est pas trop, trop stricte,
parce qu'on va éliminer bien, bien, bien... beaucoup, beaucoup de bon
monde qui peut être les protecteurs régionaux d'élève surtout. Voilà.
M. Roberge : Je comprends votre
préoccupation, parce que le réseau de l'éducation, c'est tellement vaste.
Souvent, les gens ne réalisent pas, tu sais, l'éducation, c'est plus de
3 000 écoles, plus de 1 million d'élèves. Quand on prend le personnel, on tombe à 1,3,
1,4 million de Québécois, quand on compte les élèves, évidemment, je ne
parle pas... 1,4 million de
parents, là, les parents ne sont pas exclus, mais ça fait beaucoup de monde.
Donc, je comprends ça.
En même temps, on parle beaucoup, beaucoup, puis
c'est un de vos quatre piliers, là, dans vos quatre piliers, il y a indépendance. Alors, il faut prendre garde
de ne pas exclure des gens qui pourraient faire un travail exceptionnel,
mais, en même temps, si on ne trace pas la
ligne au bon endroit, les gens vont nous dire qu'on manque d'indépendance,
parce que, bon, le conjoint de quelqu'un qui siège au C.A., le conjoint ou la
conjointe du directeur général ou de la directrice
générale qui deviendrait le protecteur de l'élève régional, là, les gens nous
diraient : Bien là, pour l'indépendance, c'est raté, là. Donc, il y
aura des arbitrages, peut-être, à faire, en tout cas, une réflexion pour tracer
la ligne. Parce que je suis d'accord avec vous qu'on ne peut pas exclure des
personnes, mais, en même temps, sinon, on va passer à côté d'un de vos quatre
piliers. Mais là, je pense, Mme Payne voulait ajouter quelque chose, je le
vois dans vos yeux.
Mme Payne (Corinne) : Bien, je vais
vous dire, nous, on vous apporte la voix puis le point de vue des parents. On laisse à vous de trouver des
solutions. On vous donne plusieurs fois des solutions, mais celui-là, c'est
vraiment une question légale. On va laisser des bons juristes trouver la
solution.
M. Roberge : C'est ça, voici nos
préoccupations, puis voilà. C'est correct. C'est correct, chacun, on va le
faire... je ne le prends pas juste sur moi, je vous le dis. Une chance qu'on a
une commission culture, éducation, beaucoup d'expérience puis de compétences.
Puis je vois, hein, les députés, la députée de Sherbrooke notamment... je suis
capable d'en prendre, parfait. On trouvera la voie d'accès pour concilier la
compétence puis l'indépendance. Allez-y, oui.
Mme Payne (Corinne) : Je peux juste
ajouter quelque chose, parce que, M. le ministre, vous avez fait... On a un écho ou c'est juste moi? Non? Vous faites
référence aussi de la nomination de la PNE par l'Assemblée nationale, puis je
veux juste apporter deux points à votre attention. Un sondage Léger, cet
automne, a démontré... qui a clairement, là, dit que 42 % des parents n'a pas confiance présentement dans
le protecteur d'élève. En plus, si on n'est pas prêt que l'Assemblée
nationale va nommer la personne qui va protéger nos enfants au Québec, je
pense, on passe à côté de quelque chose pour assurer l'indépendance puis
augmenter le niveau de confiance de tous les parents du Québec.
M.
Roberge : Merci. Je vous
amènerais sur la question de la médiation. Je pense, c'est votre
recommandation 8, on recommande que le recours à la médiation soit
systématiquement suggéré. On en parle dans le projet de loi. Quand vous parlez
d'un principe de médiation plus systématiquement utilisé, suggéré, mis en
place, est-ce que vous parlez à l'échelle du protecteur de l'élève, au
protecteur régional ou même dès le départ, là, de l'étape un, là, si,
supposons, la plainte est au niveau de l'école?
M. Roy (Kévin) : Tu pourras me
compléter, Corinne, mais c'est à tous les niveaux, en fait. Je pense qu'on
devrait... On souhaite puis je pense que tout le monde souhaite que les
problèmes, que les plaintes, que les différends se règlent avec une médiation.
Je pense que c'est le souhait de tous les parents qui font une plainte, en
fait, c'est que le problème se règle. Puis
si ça doit passer... si ça peut passer par une médiation, je pense que c'est
une bonne chose, mais c'est à tous les niveaux. Puis on pense que le
protecteur régional de l'élève devrait d'emblée... on comprend qu'il devrait y
avoir... qu'il va sûrement y avoir des exceptions, que ça ne serait pas
possible, là, mais devrait d'emblée proposer une médiation aux parties. On
comprend que, si la médiation est acceptée par les deux parties, si on peut les
appeler comme ça, le chronomètre du délai va
s'arrêter là. Mais je ne sais pas, Corinne, si tu voulais compléter. Mais,
en fait, c'est à tous les niveaux, mais surtout puis systématiquement au niveau
du protecteur régional.
Mme Payne (Corinne) : La seule chose
que je vais ajouter, c'est, je pense, c'est l'article 37... je m'excuse,
je peux juste comprendre vous autres, c'est deux longues journées, là. Je pense
que c'est l'article 37, il fait référence à la
médiation, mais il ne dit jamais le mot «médiation». Alors, on ne comprend pas
pourquoi les juristes qui a écrit ça, pourquoi il n'a pas utilisé le vrai mot
pour dire c'est la médiation. Mais, dans le fond, la médiation, c'est : on
s'assoit ensemble puis on essaie de trouver une solution. Puis ça, c'est
qu'est-ce qu'on doit toujours faire, hein? Quand on a un problème avec notre
conjoint, là, c'est toujours mieux d'asseoir ensemble puis essayer de trouver
un problème avant d'aller en recours de divorce. Alors, on peut toujours
trouver une bonne solution si on se communique ensemble.
• (17 heures) •
M. Roberge : Je vais me garder de
commenter. Ça va bien encore, là, pour l'instant, on croise les doigts, mais ce
n'est pas... Bon, bref, je ne commenterai pas, j'avais dit je ne le ferais pas.
Bon, je vais... je suis... je pense à trop de choses et trop d'amis en même
temps. Mais vous êtes le dernier groupe, hein? Vous vouliez être le dernier
groupe, ça donne ça.
Par rapport au devoir de justifier, si jamais le
centre de services scolaire ne donne pas suite à la recommandation, il y a des
gens qui sont venus insister pour dire : Attention, c'est un ombudsman, ce
n'est pas un tribunal. D'ailleurs, la commission des droits de la personne est
venue en parler tout à l'heure. La Protectrice du citoyen elle-même aussi a
dit : Attention, l'idée, c'est de renforcer la confiance, la compétence de
l'institution et ensuite, bien, ce sera suffisant, il faudra quand même laisser
l'instance locale décider de sa manière de recevoir les recommandations. Enfin,
c'est quelque chose qui sourit à l'instance de la Protectrice du citoyen.
Est-ce que la voie de passage, c'est de garantir
ou de s'assurer, justement, de la force de l'institution puis de s'assurer
qu'advenant le cas où une recommandation ne peut vraiment être appliquée il y
ait obligation de justifier le fait de faire ça, ou vous n'en démordez pas, ça
doit être exécutoire?
M. Roy (Kévin) : En fait, quand on a
consulté nos parents, quand on a consulté les parents sur le terrain, eux, ce
qu'ils nous ont dit, c'est que ça devrait être exécutoire. Je pense, c'est le
mot qui... le mot juste. Il faudrait que, le protecteur régional de l'élève,
ses recommandations soient applicables. On a quand même pensé que probablement
qu'il y aurait des cas d'exception, comme on l'a mentionné, là, quand il y a
une impossibilité, ou des motifs graves, ou des contraintes excessives, qui
devront être expliqués, mais on pense que les décisions du protecteur, puis
«on» étant les parents qu'on a consultés, les comités de parents... c'est ce
qu'ils nous ont dit.
Si on veut garder... ramener la confiance...
Parce que Corinne l'a dit tantôt, dans nos statistiques, on veut ramener la
confiance des parents envers cette personne-là, envers cet organisme-là. Il
faut s'assurer, en fait, que, quand un parent fait appel au protecteur régional
de l'élève, bien, ses décisions vont être réellement appliquées, puis ils
vont... il va vraiment venir à bout de quelque chose puis qu'un conseil
d'administration ne pourrait pas venir défaire une recommandation.
Il y a eu des éléments aussi de jurisprudence
qui ont été parlés. Ce n'est pas légal, mais, dans un terme de... je vous parle
comme un parent, là, tu sais, à force des années qui vont suivre, bien, il va y
avoir une certaine jurisprudence qui va se développer. Donc, je pense que ça
devrait guider aussi les conseils d'administration après. Mais c'est vraiment
une exigence, c'est les parents qui nous l'ont dit, on veut qu'une décision du
protecteur régional de l'élève soit mise en place, absolument, dans un centre
de services scolaire.
M. Roberge : O.K. Indépendance,
accessibilité, transparence, poids réel, protection contre des représailles,
informations aux parents et à tous, médiation, accompagnement, on va essayer de
renforcer ces éléments-là, qui sont tous dans le projet de loi.
Mais je vous remercie beaucoup pour vos
réflexions, vos précisions aussi puis, si Mme la présidente le permet, je
passerais la parole à mon collègue de Richelieu. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Guillemette) : M.
le député.
M. Émond : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bien, je vais avoir une courte question pour peut-être diriger le
débat vers mon collègue de Saint-Jean, là, si le temps nous le permet.
Mme Payne, M. Roy, bonjour. Merci beaucoup. Merci pour votre mémoire,
pour votre présence, votre participation aux travaux de la commission. Vous
avez d'excellentes... plusieurs recommandations, des exigences, même un
précieux conseil concernant notre vie conjugale de parlementaires.
Mais, blague à part, je voudrais vous amener
concernant... Vous avez consulté vos délégués en ce qui a trait aux délais, là,
que vos membres semblent juger déraisonnables, là, dans une majorité des cas.
J'aimerais vous entendre peut-être un petit peu plus en détail concernant les
commentaires qui ont pu.. vous apportez face à ces délais-là. Parce que, dans
votre proposition, là, je vois, dans votre tableau, que vous coupez en deux,
là, beaucoup des jours ouvrables qui sont dans le projet de loi, surtout au
niveau du traitement dans les établissements pour le protecteur régional de
l'élève. Et n'avez-vous pas peur que... Moi, j'entends, là, je salue votre
intention derrière la recommandation, mais vous ne craignez pas que raccourcir
les délais, ça puisse parfois rendre le processus expéditif ou
contre-productif, là?
M. Roy (Kévin) : Au niveau des
délais, ce qu'il faut savoir, c'est que les parents... tu sais, avec le
processus actuel, le processus de plainte, puis il est variable d'un centre de
services scolaire à l'autre, là, c'est une course à obstacles. Tu sais, c'est
une étape, après ça une autre étape, après ça une autre étape. Il y a des
délais, il y a des... tu sais, il y a un certain temps pour chacune de ces
étapes-là. Les parents, ce qu'ils nous ont dit, c'est qu'un délai acceptable, ça serait 30 jours. Donc, en ayant ça en
tête, nous, on a essayé de proposer, c'est une proposition... Ce qu'il faut
surtout retenir, c'est le 30 jours, mais on est allés avec une proposition
de délai dans chacune des étapes. D'ailleurs, je crois, la Protectrice du
citoyen a même aussi dit que pour... Au niveau de l'établissement, nous, on
propose cinq jours. C'est ce que la Protectrice du citoyen aussi a proposé.
Mais ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut
surtout retenir, c'est que c'est... 60 jours, c'est trop long, puis quand
que... Nous, on pense aux enfants, on pense aux élèves qui vivent peut-être des
préjudices pendant ce délai-là. Donc, il faudrait le minimiser, le réduire au
plus... le plus possible. Puis, tu sais, 12 semaines, c'est long. Puis là
je calculais un peu plus tôt, voilà 12 semaines, là, c'était l'Halloween.
Ça fait longtemps, l'Halloween. Ça veut dire que, si un parent a déposé une
plainte fin octobre, bien, aujourd'hui, elle n'est peut-être pas encore
traitée, là, avec la mouture du projet de loi qu'on a actuellement.
Donc, on comprend que, pour certains cas, il
pourrait y avoir des délais supplémentaires. Il y a d'autres groupes qui
demandent des... un délai plus long. Nous, ce qu'on voudrait, en fait, c'est
que ce serait un maximum de 30 jours, mais on s'entend qu'il peut y avoir
des cas d'exception ou qu'il pourrait y avoir une demande d'extensionner ce
délai-là. Mais, pour le bien des enfants, je pense qu'on devrait réduire ce
délai-là. Puis, si jamais il y a un cas
exceptionnel qui demande un plus long délai, bien là, on pourrait aller avec
une demande d'extensionner le délai.
Mme Payne (Corinne) : Puis, si je
peux ajouter aussi, notre expérience sur le terrain puis... c'est les parents,
c'est... Qu'est-ce qu'on a mis dans notre mémoire, c'est qu'est-ce que les
parents nous dit. Puis, quand tu vas le lire au complet, si vous n'avez pas eu
la chance, il y a des citations qui viennent directement d'eux autres sur le
terrain, des centaines, puis des centaines, puis des centaines de parents,
pendant le temps de Noël, là, qui a fait cette consultation-là. Puis je vous
dis, l'expérience, c'est : si on donne 20 jours, ils vont prendre les
20 jours, O.K.? Alors, ils veulent déjà extensionner plus que
60 jours, alors, s'il y en a 10, jours, je peux pas mal dire qu'il va
prendre les 10 jours, il ne va pas essayer d'expédier... puis je dis «on»,
toute la grosse structure de l'école, puis c'est ça que les parents vivent avec
tous les jours.
Alors, il veut assurer que les choses sont
traitées puis les enfants, ils ne vivent pas des torts, des préjudices ou... Et
ça affecte leur réussite, parce que, comme M. Roy le dit, là,
12 semaines dans une vie d'un enfant, c'est infernal, hein? Nous autres,
on ne veut plus avoir d'autres fêtes, nos fêtes arrivent trop vite, mais eux
autres, là, ils ont assez hâte à la prochaine fête, leur prochain anniversaire
pour avoir leur journée. Alors, 12 semaines, c'est long.
M.
Émond : Merci pour vos
commentaires. Dites-moi, juste avant de compléter, je vois que vous recommandez la création d'un site Web
national pour publiciser, là. Vous vous inscrivez dans une forme
d'accessibilité et de transparence, là, une campagne de sensibilisation pour
que les gens puissent retrouver... rapidement, pardon, l'information sur
le protocole, la mise en application d'un processus d'une demande de plainte,
et tout ça.
Est-ce que vous vous rendez aussi loin dans
votre volonté d'avoir un site Web national? Je réfléchis tout haut en vous
parlant, là. On a évoqué avec d'autres groupes la jurisprudence qui se crée,
qui va se créer avec les entités régionales et le Protecteur national de
l'élève. Est-ce que, par contre, on devrait...
La Présidente (Mme Guillemette) : Je
suis désolée, M. le député, mais on n'aura pas le temps pour la réponse. Merci.
Donc, je cède la parole, maintenant, à la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux, M. Roy, Mme Payne. On s'est déjà
rencontrées, là, auprès de d'autres commissions, Mme Payne, dans une autre
vie mais dans d'autres endroits, donc on se connaît un peu.
Les mots sont
importants, et votre mémoire fait foi de ça, puisque vous n'avez pas juste des
recommandations, vous exigez et vous êtes favorables. Je reprends en
gros, là, les recommandations, les exigences. Vous soulignez, vous êtes
favorables, donc chaque recommandation vient avec son petit mot qui donne un
peu le sens du reste du texte. Depuis qu'on se connaît, je vous dirais que
la... le pouvoir que vous avez maintenant est vraiment très différent. Je ne
pensais pas qu'un groupe pouvait demander de passer en dernier, mais puisque le
ministre vous l'a accordé, je trouve ça intéressant de savoir que vous aviez ce
pouvoir-là.
Je voulais savoir, dans la même intention de la
pesanteur des mots et des questions que je vais poser... Vous parlez d'un
sondage Léger et vous parlez d'une consultation auprès de vos membres.
Qu'est-ce qui a construit votre mémoire,
deux aspects, c'est-à-dire le sondage Léger et une consultation, ou que le
sondage Léger auprès de vos membres?
M. Roy (Kévin) : Non, en fait, on
fonctionne par consensus, donc c'est réellement une consultation. C'est la
consultation qu'on a faite auprès de nos membres pendant le temps des Fêtes,
hein? Ils ont travaillé fort, les parents bénévoles, pendant le temps des
fêtes, avec des instances à des endroits où qu'il n'y avait pas nécessairement
des rencontres. Ça fait qu'il a fallu qu'ils soient imaginatifs pour bien consulter
chacun des membres dans chacun des comités de parents, mais c'est vraiment les
consultations.
On prend aussi nos grandes orientations envers
nos conseils généraux, donc, qui regroupent des parents bénévoles de chacun des
comités de parents qu'on représente, donc, quatre fois par année. Donc, c'est
de là qu'ils viennent, qu'ils proviennent,
nos recommandations, donc c'est vraiment la parole des parents. Quand on fait
référence au sondage Léger... On a fait un sondage Léger, dernièrement,
un sondage scientifique avec... en bonne et due forme, puis c'est... on en a
profité pour poser une question sur le protecteur de l'élève à ce moment-là.
• (17 h 10) •
Mme
Charbonneau :
Vous avez bien fait. Quelquefois, les sondages Léger influencent le gouvernement,
donc vous avez bien fait d'aller jusque-là pour le protecteur de l'élève.
J'ai, comme mon collègue, apprécié les quatre
mots principaux qui viennent guider l'ensemble de votre réflexion, là :
accessibilité, indépendance, clarté, impact réel. J'aime surtout le
numéro 4, impact réel, parce qu'on parle beaucoup du protecteur de
l'élève, on parle des recommandations, mais quelquefois on peut avoir un doute,
là, puis je le dis maintenant en tant que
grand-parent, mais il fut un temps que je le disais comme parent, sur la
recommandation qu'il fait.
Vous allez probablement m'entendre vous répéter
des questions que j'ai posées à d'autres personnes, mais j'ai besoin de vous
entendre là-dessus, puisque vos parents viennent de toutes les régions du Québec
et dans toute sa forme de conseil d'établissement de chacune des écoles qui est
rattachée au centre qui vous est dévolu, donc je voulais savoir votre opinion
sur le principe des régions. Quand, dans le projet de loi, on dit que le
protecteur de l'élève sera un représentant d'une région, je veux vous entendre
là-dessus, puisque chaque commission scolaire, anglophone, francophone, école
privée, ne représente pas nécessairement, dans leur sens à eux, la même région.
M. Roy (Kévin) : Pour les... Ce
qu'il faut retenir, ce qui est important pour les parents, sur le protecteur
régional, le protecteur de l'élève régional, c'est que... Puis là j'ai entendu
aussi d'autres groupes puis je vais joindre d'autres éléments à ça, là, mais,
au niveau de l'expertise, au niveau des particularités de chacune des régions,
même au niveau d'urbains, ruraux ou au niveau de la langue aussi, on peut
penser aux anglophones, bien évidemment, mais ce qui est important, c'est que
chaque bureau régional ait toutes les expertises dans son bureau, parce
qu'on... nous, dans notre tête, c'est. Il y a un protecteur de l'élève régional
ou plusieurs, mais il ne travaillera pas seul, j'imagine qu'il va y avoir
des... une équipe aussi avec lui. Donc, dans son équipe, ça va être important
que chacune des personnes ait toutes les expertises pour pouvoir bien
accompagner les parents, bien aider les parents.
Au niveau de la séparation des régions, bien,
j'imagine que le Protecteur national de l'élève va bien faire les choses pour
bien répartir chacun de son équipe dans chacune des régions, mais ce qui est
important, ce qui est surtout important pour les parents, c'est l'expertise
puis la sensibilité. On a pensé... D'autres groupes ont dit, puis on le
mentionne nous aussi, là, au niveau des élèves à besoins particuliers, bien, la
formation... Ça fait que ça va être important que, dans chacune de ces
équipes-là, il y ait quelqu'un qui a cette expertise-là pour pouvoir bien
comprendre les préoccupations des parents, bien les accompagner.
Mme Charbonneau : Donc, pas la
région mais plus la spécificité des personnes qui vont répondre pour qu'ils
aient une connaissance par rapport à certains aspects de certains dossiers, là.
Vous avez fait... nommément les EHDAA, mais effectivement, c'est une spécialité.
Puis on a reçu différents groupes qui nous ont dit que, nécessairement, la
plupart des plaintes... sinon eux disaient 90 % étaient par rapport à un
service ou une qualité de service au niveau des EHDAA.
M. Roy (Kévin) : Ça peut être par
région, mais ce qui est important, c'est, quand que le parent veut aller cogner
à cette porte-là, qu'il y ait quelqu'un qui va l'aider, qui va comprendre sa
réalité. Donc, je pense, c'est ça qui est important pour les régions. Je ne
sais pas si Mme Payne voulait...
Mme Payne (Corinne) : Oui, je vais
ajouter un complément. Certaines personnes, puis même en première lecture...
mais je sais qu'on est rendu loin sur ça, le Protecteur national de l'élève, ce
n'est pas une personne, c'est un institut ou même un réseau qu'il faut couvrir.
Puis une autre chose qui est dans notre mémoire, c'est : on ne pense pas
qu'il doit y avoir des protecteurs régionaux qui sont à temps partiel. Parce
que comment vous pouvez travailler à temps
partiel, d'être un protecteur de l'élève, puis tu as un contrat à quelque
d'autre part? Parce que, là, on a vraiment un problème au niveau
d'indépendance. Alors, ça, c'est très important aussi.
Les protecteurs régionaux d'élève, il faut
qu'ils connaissent les services qui sont sur le territoire. Vous comme moi,
Mme Charbonneau, c'est important que, quand on va aider un parent, on peut
le suggérer les bonnes ressources dans son territoire, alors tu as besoin de
savoir qu'à Baie-James... c'est quoi qui est offert pour aider ce parent-là. Ce n'est pas la même chose que si tu es
à Hochelaga-Maisonneuve, là, ce n'est pas les mêmes services qui sont
disponibles. Alors, il faut savoir c'est quoi, les services.
Puis je vais ajouter aussi... Puis excuse-moi,
je vais... Le député de Richelieu a demandé sur le site Web national. Oui, ça
prend un site Web national, pas quelque chose bric-à-brac que chaque protecteur
régional va faire quelque chose ou chaque centre de services. Ça prend quelque
chose vraiment costaud, là, comme Clic Santé, hein?
Mme Charbonneau : Je comprends. Et
l'exemple est bonne quand même de dire : Clic Santé, c'est aussi une bonne
chose. Par contre, c'était une question de mon collègue, qui rejoint un peu le
principe de l'accessibilité, hein? Nous, on propose aussi peut-être de regarder
pour une ligne téléphonique pour accompagner. Il y a certains services gouvernementaux
qui ont ce service-là, c'est-à-dire qu'un parent pourrait appeler un enseignant
ou un étudiant puis dire : Bien, moi, j'ai une question par rapport à une
plainte que j'aimerais poser, j'aimerais savoir où aller. Et là on pourrait
trouver les réponses.
Parce qu'on parle souvent de l'accessibilité
Internet, tout le monde ne l'a pas. On souhaite que tout le Québec ait Internet. On n'est pas rendus là, mais
on va nous dire que ça s'en vient, et je comprends, mais tout le monde
n'a pas la même possibilité. Puis je suis capable même de penser à une
étudiante, dans son cégep, qui choisit de prendre un téléphone pour appeler la
ligne plutôt que d'essayer d'aller voir sur les réseaux, donc... Mais je
comprends, quand vous
nous faites la suggestion et quand on regarde les façons de faire, que plus
c'est accessible, plus on a de l'information, plus c'est facile pour
tout le monde de s'y retrouver. Ça, je comprends ça.
Au niveau de
l'indépendance, vous faites la recommandation, à 7, de... ne bougez pas, que...
à chaque centre scolaire, qu'il y ait une
personne à même le centre scolaire qui s'occupe des plaintes, qui devient un
peu le responsable du traitement de la plainte à l'intérieur du réseau,
que je vais appeler le réseau scolaire. Donc, pour moi, j'ai une petite difficulté... puis vous allez probablement
me recadrer, là, une petite difficulté avec l'indépendance d'un employé
qui va dire : Bien oui, tu peux aller au protecteur de l'élève, ou non,
non, non, vas-y pas, si c'est un employé de la commission scolaire. Donc,
expliquez-moi le principe, que je le comprenne mieux.
M. Roy (Kévin) : Oui, bien, en fait, on vient... dans notre recommandation, là, c'est ce
qu'on vient souligner, en fait, c'est exactement ce que vous dites.
C'est que la personne qui va être responsable des plaintes, elle doit être neutre, impartiale. Puis ce qui est important
aussi, là, dans tout ça puis ce qui va aider aussi les parents à avoir
confiance à ce processus-là, c'est la confidentialité, la confidentialité dans
tout le processus. Ça met des freins à bien des parents de déposer une plainte, parce qu'il se dit :
Bon, bien, je vais aller faire du trouble, puis finalement ce n'est pas
grand-chose, puis finalement... Ça fait qu'il s'abstient de faire une
plainte, il garde ça pour lui puis même s'il voit... il voit les impacts réels sur les élèves. Donc, la
confidentialité dans tout ça, je le rajoute, là, à la neutralité, impartialité,
ça va être vraiment important dans... d'avoir le souci de ça dans tout
le processus.
Mme Payne (Corinne) : Puis la personne à qui on fait référence, c'est la personne... chaque
centre de services ou chaque commission scolaire. Je sais,
Mme Charbonneau, tu veux utiliser le mot encore jusqu'à... encore un petit
peu, le plus possible, mais chaque centre de services, chaque commission
scolaire, il y a déjà quelqu'un qui traite les plaintes habituellement. Des
fois, c'est le secrétaire général, des fois, il y a quelqu'un d'autre, mais
c'est important qu'il y ait quand même cette porte-là puis cette tâche-là.
Mme
Charbonneau : Je pense qu'on ne pourra jamais m'enlever l'amour que
j'avais pour les commissions scolaires, Mme Payne, nonobstant tout ce que
les autres personnes peuvent en penser.
Je veux aller à
l'exigence 3, qui dit que «le protecteur régional de l'élève puisse avoir
accès à toutes les plaintes déposées dans un centre de services scolaire».
Est-ce que vous croyez à la réciprocité? C'est-à-dire que... Plus tôt, on se
posait la question, par rapport au centre scolaire, de savoir les plaintes qui
sont déposées au protecteur de l'élève et
que le protecteur de l'élève... Moi, je me suis fait un petit rond, là, pour
montrer que vous parlez peut-être d'une réciprocité. Je ne suis pas
sûre, mais vous nous dites que vous, vous exigiez que le protecteur régional
ait tous les plaintes, même ceux qui ne vont pas à lui, ceux qui sont déposés
au centre scolaire aussi. J'imagine, c'est pour avoir un regard large, mais je
vais vous laisser me l'expliquer un petit peu plus.
M. Roy
(Kévin) : Exact, un regard large, c'est... je pense que c'est un bon
mot. Mais aussi on dit, dans le projet de loi, qu'il va pouvoir... qu'il
pourrait intervenir à tout moment dans le processus. Donc, pour pouvoir
intervenir, il faut qu'il ait une vision de ce qui se passe. Puis, s'il voit
qu'il y a une plainte, deux plaintes, trois plaintes sur le même sujet, bien,
peut-être que lui, il va décider lui-même de pouvoir intervenir plus rapidement
ou, s'il voit qu'il y a une plainte, dans le processus, présentement, qui s'en
vient, qui va probablement arriver vers lui, bien, ça ne va pas lui permettre
de réagir peut-être plus vite.
Puis ça va dans les
deux sens. Quand on dit «réciproque», là, nous, on pense aux parents. Ça
devrait être réciproque aux parents. Les parents devraient aussi avoir accès au
protecteur régional de l'élève pour de l'accompagnement,
pour une ressource neutre, en fait, qui pourrait aussi accompagner les parents
dans ce processus-là. En fait, vous avez parlé d'une ligne téléphonique
tantôt, ça pourrait être une ligne de clavardage dans le site Web... tu sais,
quelque chose qui va... tout, en fait, ce qui va faire en sorte que ça va
assurer une accessibilité pour les parents. Donc, dans les deux sens, les
parents devraient aussi avoir accès au protecteur régional de l'élève à tout
moment. La porte ne devrait être jamais fermée, je pense, c'est les mots qu'il
faut retenir.
• (17 h 20) •
Mme Charbonneau :
Bien, j'ai entendu tantôt... puis je les ai appréciés, là. La porte ne devrait
jamais être fermée. Mais est-ce que la porte pourrait être directe? Est-ce que
je suis obligée de prendre l'ascenseur pour me rendre à lui? C'est-à-dire que
est-ce que, comme parent d'un élève EHDAA, je peux me rendre directement au protecteur, ou vous croyez qu'il est plus
pertinent de passer par la... le centre de services — vous
voyez, Mme Payne, je suis
capable de le dire — le
centre de services ou la commission scolaire, parce qu'elles existent encore,
où il pourrait avoir accès direct pour s'assurer d'une communication et
d'une explication et de ne pas avoir de représailles puis d'avoir des réponses
un peu plus claires ou un accompagnement un peu plus solide?
M. Roy (Kévin) :
Exact.Corinne...
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...temps pour la réponse, Mme la députée.
Mme
Charbonneau : Vous m'écrirez.
La Présidente (Mme
Guillemette) : C'est tout le temps...
Mme Payne (Corinne) : On peut
échanger pendant des heures.
La
Présidente (Mme Guillemette) : On poursuit nos échanges avec la députée de
Sherbrooke. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je trouve ça intéressant que vous ayez distingué vos exigences de
vos recommandations dans le mémoire. Ça nous éclaire beaucoup.
Puis je trouve ça intéressant aussi que vous
ayez sondé l'appui pour la proposition du collectif La Voix des jeunes compte,
un projet de loi-cadre sur les violences sexuelles. Je trouve que c'est une
belle reconnaissance de leur travail puis de leur mobilisation, puis on voit
que l'appui est assez fort. Donc, je vous remercie d'avoir pris le temps de
sonder vos membres là-dessus.
Je vais continuer sur l'accompagnement. Il a été
question, dans les différentes auditions, de peut-être créer des comités
d'accompagnement pour les plaintes comme on le voit dans le réseau de la santé.
D'autres ont parlé que ça devrait relever du protecteur de l'élève lui-même
d'offrir cet accompagnement-là. Tout le monde s'entend que ça prend un
accompagnement. J'aimerais ça vous entendre sur le chemin qui vous semble le
plus intéressant.
M. Roy (Kévin) : C'est sûr que ça
prend un accompagnement, en fait, tout ce qui va venir garantir plus
d'accessibilité au protecteur de l'élève. Dans le processus des plaintes aussi,
on parle du protecteur de l'élève, mais, si ça se règle plus bas, à d'autres
niveaux, tant mieux, là. Puis, à la fédération, on a une ligne de
services-conseils puis on en reçoit, là... je n'ai pas les statistiques, mais
Mme Payne les a, elle pourra peut-être les évoquer, là, mais le tiers de
nos appels, c'est en lien avec des droits et des recours. Donc, on fait de
l'accompagnement, on le fait déjà, à la fédération, donc c'est déjà un service
qu'on offre. On réenligne les parents, on les redirige, je devrais dire, vers
les bonnes ressources. Bien, tant mieux s'il y a d'autres ressources
supplémentaires qui viennent s'ajouter à ça, qui pourraient venir nous donner
un coup de main dans... à aider les parents. Je ne sais pas si...
Mme Labrie : C'est un mandat qu'on
pourrait confier officiellement au comité de parents de faire cet
accompagnement-là, par exemple, parce que, là, vous le faites sans que ce soit
nécessairement votre responsabilité de le faire, sans nécessairement avoir les
moyens que ça peut nécessiter.
Mme Payne (Corinne) : Bien, notre
mission, c'est de défendre les droits des parents puis des enfants dans l'école
publique. Alors, on trouve que ça rentre directement dans notre mission puis
notre mandat de le faire. Puis on le fait
depuis près de 50 ans maintenant, accompagner des parents. On ne va jamais
lâcher d'accompagner des parents.
Mme Labrie : Oui, oui, bien, je sais
que vous faites ça, mais c'est juste, tu sais, par rapport... quand on dresse le parallèle avec le système de santé où on
a... il y a carrément des organismes dans toutes les régions du Québec qui se dédient exclusivement à cette mission-là
d'accompagner les usagers dans le processus de rédaction d'une plainte,
par exemple. Donc, je comprends que vous accompagnez les parents, mais, tu
sais, ce n'est pas formalisé de cette manière-là, donc ça pourrait être
intéressant de le faire.
M. Roy (Kévin) : Ça pourrait faire
partie de notre mandat, mais ça pourrait faire partie du mandat d'un autre organisme. Ce qui est important à retenir, là, si
on se place à la position d'un parent, bien, c'est comme ça, puis c'est ça
que je suis, puis c'est au nom de ces
parents-là qu'on... de tous les parents qu'on parle, mais ça prend de
l'accompagnement. Moi, je veux cogner... il se passe quelque chose, mon
jeune, il me raconte quelque chose, le soir, en arrivant, bien, je ne sais pas à quelle porte cogner, mais, si on
a... on connaît le numéro, la ligne téléphonique, le site Web, bien, je vais
cogner là, puis ce site Web là va me référer vers une ressource pour
m'accompagner, pour m'aider. On pense aux parents
anglophones, aux parents peut-être un peu plus vulnérables, aux parents
analphabètes. Donc, il faut vraiment... Je pense, ça serait une bonne
solution, en fait, qu'il y ait de l'accompagnement pour les parents. Que ça
soit cette solution-là ou une autre, bien,
en fait, ce qu'il faut... ce qui est important, c'est que ça prend de
l'accompagnement pour nos parents.
Mme Payne (Corinne) : Puis je pense...
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps que nous avions. Merci à Mme Payne et à
M. Roy pour votre contribution aux travaux de la commission.
Mémoires déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires des
personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus.
Et la
commission ayant accompli son mandat, j'ajourne ses travaux sine die. Merci,
tout le monde, et bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 17 h 25)