(Quatorze
heures trente et une minutes)
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, bon après-midi, tout le monde. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte.
La commission est
réunie virtuellement cet après-midi afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Non, Mme la secrétaire... non, Mme la Présidente, pardon, il n'y a pas de
remplacement.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, cet après-midi, nous débuterons
les audiences par les remarques préliminaires, puis nous entendrons d'abord,
conjointement, M. Stéphane Aquin et M. Pierre Bourgie,
respectivement directeur général et président du conseil d'administration du
Musée des beaux-arts de Montréal, suivis du Syndicat des employés du Musée des
beaux-arts de Montréal et enfin la Société des musées du Québec.
Remarques préliminaires
Donc, j'invite
maintenant Mme la ministre de la Culture et des Communications à faire ses
remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de six minutes.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis très, très contente de la
tenue de ces consultations, aujourd'hui, sur le projet de loi n° 81, qui
va modifier la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal.
Je
souhaite remercier à l'avance celles et ceux qui viendront nourrir notre
réflexion d'aujourd'hui. Et permettez-moi de saluer et de remercier aussi mes
collègues députés du gouvernement qui sont avec nous et mes collègues de
l'opposition.
Je suis
contente d'être avec vous pour amorcer ce travail, qui s'inscrit dans la
démarche de modernisation de la gouvernance des organismes et des sociétés
d'État relevant du portefeuille du ministère de la Culture et des
Communications. Vous savez, c'est une démarche que notre gouvernement
viendrait, à toutes fins pratiques, compléter avec l'adoption du projet de loi
qui est devant vous, dont nous amorçons l'étude.
En date
d'aujourd'hui, il y a huit lois constitutives concernant 10 sociétés
d'État qui ont ainsi été réformées ou actualisées en tenant compte de la
dynamique et des caractéristiques propres à chaque organisation pour
assurer une gouvernance et une gestion plus performante et transparente et
ainsi renforcer la confiance des citoyennes et des citoyens. Alors, seule la
loi constitutive du Musée des beaux-arts de Montréal n'avait pas encore été
touchée.
Le Musée des
beaux-arts de Montréal est une personne morale sans but lucratif constituée en
vertu de la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal, qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale et sanctionnée en 1972. En tant que ministre de la Culture et
des Communications, je suis
responsable de l'application de cette loi. Le projet de loi n° 81 comporte une série de propositions qui,
j'en suis convaincue, amélioreront cette loi et rendront la gouvernance du Musée
des beaux-arts de Montréal conforme aux bonnes pratiques.
Le projet de loi
modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal poursuit deux
principaux objectifs, soit d'optimiser la gouvernance du musée et de préciser
et bonifier son processus de reddition de comptes tout en considérant ses
caractéristiques propres. Ces objectifs sont en phase avec les pratiques et les
principes mis de l'avant dans les huit lois déjà réformées ou actualisées et
ils témoignent de la volonté de notre gouvernement d'agir de manière
responsable et d'assurer une saine gestion des fonds publics consentis chaque
année au musée.
Je tiens également à
rappeler qu'à la fin de l'été 2020 j'ai mandaté un expert indépendant pour
examiner l'encadrement et la supervision de
la conduite des affaires du musée par l'équipe de direction et le conseil
d'administration et proposer des recommandations. Alors, dans son rapport, cet
expert émet des conclusions et recommandations qui appuient la pertinence
d'apporter des modifications à la gouvernance du musée, principalement en ce
qui a trait à la modernisation de sa loi
constitutive et de son règlement. Il recommande notamment de réviser les
pratiques de gouvernance, de modifier l'organigramme et d'améliorer
certaines pratiques de gestion des ressources humaines. C'est donc dans une
optique d'actualisation et de bonification que je souhaite apporter les
correctifs nécessaires à la loi actuelle.
Pour répondre à
l'objectif d'optimiser la gouvernance du musée, le projet de loi propose
d'abord de modifier la composition de son conseil d'administration. Cette
modification vise à réduire le nombre d'administrateurs, à intégrer des
exigences relativement à l'indépendance des administrateurs et à assurer la
parité et la représentativité de la société québécoise au sein du conseil.
Le
projet de loi prévoit aussi de préciser les fonctions et les responsabilités
des membres du conseil d'administration pour y inclure notamment les
éléments suivants, soit l'établissement des orientations stratégiques du musée, l'adoption du plan
stratégique et d'une politique générale de gestion des collections,
l'approbation des profits de... des profils, pardon, de compétence et
d'expérience requis pour la nomination et l'élection des administrateurs et
l'approbation des critères d'évaluation des administrateurs.
Le projet de loi
n° 81 propose également la constitution de trois comités, soit un comité
de gouvernance et d'éthique, un comité de vérification et un comité de
ressources humaines. Il prévoit aussi de définir leur composition ainsi que les
responsabilités et les règles qui leur seraient applicables. Les modifications
proposées à la loi visent par ailleurs à préciser les fonctions du président du
conseil d'administration et du directeur général du musée.
Enfin, en terminant, pour répondre à l'objectif de
préciser et de bonifier la reddition de comptes du musée, le projet
de loi n° 81 prévoit notamment l'obligation de transmettre à la ministre le plan stratégique du musée et les modalités
d'approbation de son règlement
interne de même que la précision des renseignements que doit contenir son rapport annuel
d'activité.
Alors, Mme la
Présidente, le projet de loi n° 81 modifiant la Loi sur le
Musée des beaux-arts de Montréal propose de nouvelles règles visant à ce que
les pratiques de gouvernance reconnues soient appliquées au musée tout en tenant
compte des caractéristiques distinctives qui font de ce musée l'un des plus
grands en Amérique du Nord, et je suis convaincue que les modifications
suggérées par notre gouvernement dans le projet de loi seraient bénéfiques à
court, moyen et long terme, et ce, pour les citoyens et citoyennes à la
grandeur du Québec.
Et
finalement je souhaite réitérer mes remerciements d'avance à tous ceux et
celles qui s'exprimeront lors de ces consultations. Merci à vous tous. Voilà,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la ministre.
Donc,
j'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle et députée de
l'Acadie à nous faire part de ses remarques préliminaires pour un maximum de
quatre minutes.
Mme la
députée, on ne vous entend pas, votre micro est fermé.
Mme Christine
St-Pierre
Mme St-Pierre :
Voilà. J'avais oublié d'ouvrir mon micro.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci.
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Je salue Mme la ministre, je salue également mes
collègues députés de l'Assemblée nationale
et aussi, bien sûr, nos invités aujourd'hui, M. Bourgie et M. Aquin.
C'est évidemment un grand plaisir de vous rencontrer dans le cadre de
cette consultation.
Je dois
dire, je le dis dès le départ, que nous sommes, évidemment, favorables à la
modernisation de la gouvernance du Musée des beaux-arts de Montréal. Lorsque
j'étais dans mes anciennes fonctions de ministre, c'est un processus qui avait
été enclenché sous notre gouvernement. Plusieurs sociétés d'État sous la
responsabilité du ministère de la Culture
ont vu leur gouvernance être modernisée, et je pense que c'est également une
très bonne chose de le faire dans votre cas. Donc, nous allons
travailler, bien sûr, en collaboration. Notre collaboration sera entière avec
la ministre dans ce dossier.
C'est
important de le faire parce qu'il faut regarder, bien sûr, l'avenir. Nous
avons... Votre institution est une institution-phare dans le domaine muséal au
Québec. Je regardais les statistiques, en 2017 vous avez eu plus de
1,3 million de visiteurs, vous aviez aussi plus de 120 000 membres.
Alors, c'est vraiment un musée qui est important tant sur le plan culturel pour
le Québec, mais aussi sur le plan touristique. Nous avons également contribué à
l'essor du musée, M. Bourgie, vous vous en souviendrez très bien, lorsque
nous avons annoncé l'agrandissement du musée et également l'aménagement de la
salle Bourgie. Ensuite, nous avons accueilli l'oeuvre, c'est-à-dire la
collection de la famille Hornstein, et ce qui a amené la construction,
également, d'un nouveau pavillon du musée. Et mon collègue Carlos Leitão, en 2018, a annoncé, lors du budget une augmentation substantielle
du budget de fonctionnement du musée.
• (14 h 40) •
Donc,
les gouvernements successifs vous ont toujours accompagnés, et je pense que
c'est vraiment la chose à faire lorsqu'on
a votre institution à coeur, bien sûr, mais aussi l'ensemble de tout ce que le
Québec peut offrir dans le domaine muséal.
Mais vous êtes vraiment, je pense, l'institution-phare, et nous allons
travailler pour que ça puisse se poursuivre au cours des prochaines années. Alors, je serai très heureuse d'entendre
vos commentaires lors de votre exposé. Merci beaucoup.
Auditions
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée.
Donc, je souhaite maintenant
la bienvenue à M. Aquin et à M. Bourgie. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi il y aura échange
avec les membres de la commission. Donc, je vous invite donc à vous présenter
et à commencer votre exposé. La parole est à vous.
MM. Pierre Bourgie et
Stéphane Aquin
M. Bourgie
(Pierre) : Merci, madame. Si vous permettez, je vais commencer.
Dans un premier temps,
je voudrais remercier tous ceux qui nous aident à avancer puis à aller de
l'avant et tous ceux qui nous supportent, donc, et tous ceux qui vont le faire
dans les jours qui suivent. Ça nous tient à coeur de voir que le musée est effectivement dans le coeur de tout le monde. Alors, on est là
pour le protéger puis pour le servir.
Alors, d'entrée de jeu, je
voudrais vous dire que le conseil d'administration que je représente puis les
dirigeants du musée accueillent d'une manière tout à fait favorable et positive
le projet de loi qui a été déposé par Mme Roy, que je salue et remercie au
passage. Comme elle le disait, je vous rappelle que le musée... La loi actuelle
du musée date de 50 ans et elle a pour le moins vieilli, elle est devenue
désuète, de même que nos règlements. Alors, ce projet, effectivement, met à
jour, et modernise, et nous permet d'actualiser nos processus pour les arrimer
aux meilleures pratiques de gouvernance qu'on retrouve un peu partout non
seulement dans le monde culturel, mais ailleurs, et tout ça dans le respect de
tous nos partenaires, c'est-à-dire le grand public, nos membres, nos donateurs
et évidemment les pouvoirs publics qui nous subventionnent. Donc, je pense qu'il
y a un bon équilibre dans le projet de loi, et tout le monde y trouve son
compte.
Lors de nos représentations auprès du ministère
par l'entremise, entre autres, de Mme Bissonnette et de M. Pierre
Raymond, qui avaient accepté de nous conseiller, nous avons prioritairement
insisté sur l'importance du respect du caractère privé du musée. Je vous
rappelle que nous réussissons à amasser, auprès de nos donateurs, annuellement
environ 10 millions de dollars en plus des nombreux dons d'oeuvres d'art
que l'on reçoit des différents collectionneurs. Alors, il est franchement
capital pour nous de poursuivre avec le même succès la collecte de fonds afin
de s'assurer que nos activités aient le même niveau d'excellence dans le futur.
Et d'autant plus que, comme vous le savez tous,
les temps sont durs. Il y a beaucoup de compétition pour la levée de fonds, qui
devient un peu partout de plus en plus forte et structurée. Donc, le contraire
ou l'échec à arriver à ces succès-là... à ce niveau de succès là va nous
obliger à envisager des coupures généralisées, que ce soit au niveau du
personnel, des programmes ou des expositions, ce qui, je pense, ne serait pas
apprécié de personne. Alors, il faut comprendre que, pour nous, c'était capital
de maintenir le caractère privé, et je pense que le projet de loi qui est actuellement
déposé respecte ce caractère-là. Et nous... pour nous, c'est vraiment une bonne
nouvelle.
Alors, je voudrais quand même terminer en vous
disant qu'il y a actuellement un vent de fraîcheur qui souffle sur le musée
avec l'arrivée de Stéphane Aquin comme directeur et de M. Théoret comme
directeur adjoint, de même que la nomination de Mary Desmarais à titre de
conservatrice en chef. Alors, il y a déjà... puis Stéphane aura l'occasion de
vous en parler plus abondamment, mais il y a déjà plusieurs initiatives qui ont
été prises depuis quelques mois qui vont tout à fait dans le sens de la
nouvelle loi qui est déposée, et donc c'est déjà enclenché, tout ça. Donc, ça,
c'est très bien.
Et donc pour conclure, je vous dirais que ce que
je vois au musée, actuellement, ce sont des gens heureux et une équipe qui est
confiante dans l'avenir, et c'est de ça qu'on a besoin chez nous. Alors, voilà,
ça complète ce que j'ai à dire en introduction.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, M. Aquin, est-ce que vous avez... Je vous cède la parole, et vous pouvez
y aller.
M. Aquin (Stéphane) : D'accord.
Merci, Mme la Présidente. Moi aussi, j'en profite pour saluer la ministre,
Mme Roy, et Mme St-Pierre, et en fait tous les membres de l'Assemblée.
C'est un honneur puis c'est une joie aussi d'être ici avec vous aujourd'hui,
parce que, comme l'a dit M. Bourgie, nous aussi, à l'interne, à la
direction, à l'administration, nous accueillons avec beaucoup d'optimisme cette
loi, beaucoup de joie. C'est une loi qui correspond à nos besoins, c'est une
loi qui modernise de façon habile, et intelligente, et nuancée la loi n° 72.
Et, comme l'a dit le président, déjà, on a mis
en place une série de chantiers qui vont dans le même sens. Vous savez qu'un
musée a besoin de stabilité pour prospérer, et le nôtre en a fait la démonstration,
on est un des plus anciens musées de notre type en Amérique du Nord. On a
160 ans... 161, c'est remarquable. Et la loi était peut-être désuète, mais
c'est sur la base de lois durables qu'on a pu prospérer, et celle-ci, là,
s'annonce très, très prometteuse. On est très heureux, notamment sur la
composition du conseil d'administration et la capacité de modifier, évidemment,
avec l'accord de la ministre, les règlements. Donc, ça, ce sont des aspects
très positifs à nos yeux.
Mais je voulais peut-être vous faire part de
quelques progrès, en effet, depuis que je suis arrivé au musée. D'abord, la
transformation du poste de directeur de l'administration en un poste de directeur
général adjoint, avec pouvoirs additionnels d'influence sur l'ensemble de l'organigramme
et de l'administration du musée. Yves Théoret, que Pierre a nommé, Yves
Théoret, qu'on a volé au MACM... pardon, Mme la ministre, de vous avoir volé un
de vos... un des fleurons de l'administration publique, mais donc Yves a le
mandat de mettre en opération, donc, la nouvelle gouvernance, l'implantation de
nouvelles politiques, le développement de nouvelles politiques, mais aussi la
révision de l'organigramme du musée, qui comme le rapport Beaupré l'a bien
établi, avait besoin d'être rafraîchi et d'attention.
Alors, ne fût-ce qu'à la conservation, pour
prendre ce cas-là, Mary-Dailey Desmarais, en effet, maintenant, est
conservatrice en chef. C'est un gros département, c'est 70 personnes. Je
suis très heureux qu'elle s'en occupe avec dévouement, sérieux, responsabilité,
en fait, toutes les qualités requises. À la conservation, on a aussi nommé
Carolina Calle Sandoval — je
vais me permettre de vous donner les noms — la cheffe de l'administration
des expositions. Cheffe de la production des expositions, Mme Natalia
Bojovic, qu'on a, elle, piquée à Moment Factory, et qui est extraordinaire. On
a aussi, vous avez peut-être vu, la nomination d'Eunice Bélidor, à titre de
conservatrice de l'art québécois et canadien. Donc, c'est formidable, on a une
équipe qui est revigorée et qui envisage avec beaucoup d'espoir l'avenir, et
ça, ce n'est que la conservation.
Mais je dirais, dans l'ensemble, on s'est
efforcés — ça
n'a pas un très grand effort, à vrai dire — de mettre en place une
culture de la transparence, de la communication, de la bonne foi, instaurer des
mécanismes décisionnels, donc, sous la forme de diverses réunions
interdépartementales ou autres pour statuer et décider sur la marche des opérations que ce soit en communication, en
médiation, en conservation. On a aussi rendu obligatoire une formation sur le
harcèlement et l'incivilité, d'abord pour les directeurs, les chefs de service,
les gestionnaires et enfin tout le personnel. On a aussi créé différents
comités, notamment un comité numérique — c'est moins de circonstance, aujourd'hui,
d'en parler — mais
surtout un comité DEAI, diversité, équité, accessibilité et inclusion, de
manière à ce qu'on mette le musée aux normes de ces enjeux-là sur tous les
plans. Alors, ce comité est très actif, il est à l'antenne de tout ce qu'on
fait et va nous guider dans l'avenir.
Et surtout, et c'est là que, je pense, ce qu'on
a mis en place rencontre aussi ou disons plutôt que la loi va nous permettre
d'actualiser ce fait, nous avons mis en place un exercice de vision stratégique
que nous menons avec la firme McKinsey, et dont les conclusions vont être
faites au cours de l'été, et qui vont nous donner, en fait, les indications,
là, sur qui nous voulons être pour les 20, 30, 40 prochaines années.
Alors, tout est en place. La loi va venir nous aider, nous le pensons très
sérieusement, à actualiser ces chantiers. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Merci, messieurs. Donc... (Interruption) Excusez.
Donc, nous allons maintenant passer à la période
d'échange. Nous allons débuter par Mme la ministre, pour une période, avec Mme
la ministre, de 16 min 30 s.
• (14 h 50) •
Mme Roy : Oui. Alors,
j'ouvre mon micro. Merci beaucoup, M. Bourgie, M. Aquin. Contente de
vous voir aujourd'hui et contente de vous
entendre aussi, parce qu'il y a beaucoup d'eau qui a coulé sur le pont puis à
une grande, grande vitesse, hein?
Nous sommes en mai. Et, à l'égard du projet de loi n° 81 que nous venons
de déposer, je suis heureuse de vous entendre et de voir dans quelle
mesure on est sur la même page à l'effet qu'on devait moderniser cette loi-là.
Et c'était... et ma collègue du Parti libéral
l'a dit, il y a eu cette refonte de nos sociétés d'État, des règles de
gouvernance, mais chez vous il n'y en avait pas eu, et ça s'était passé en
2016, et le Musée des beaux-arts de Montréal n'avait pas été... il n'y avait
pas eu de révision de sa gouvernance à cette époque-là. Donc, nous y sommes, le
fruit est mûr. Et, à l'égard des nouvelles dispositions, c'est une loi qui,
somme toute, est comparable à nos lois qui créent les sociétés d'État.
Cependant, et ça, je tiens à le souligner, il y
a une nuance ici, le Musée des beaux-arts de Montréal n'est pas une société
d'État, demeure un OSBL, et c'est bien important. Donc, ce n'est pas tout à
fait la même chose, il y a des dispositions qui ne sont pas similaires. Mais
j'aimerais vous entendre, entre autres, M. Bourgie ou M. Aquin, l'un
de vous, à l'égard de la gouvernance, par exemple. Selon vous, ce fameux projet
de loi n° 81 vous aidera à quel égard? C'est qu'on fait plusieurs nouveaux
aménagements en ce qui a trait, entre autres, à la composition du conseil
d'administration, au nombre des administrateurs, au vote. Donc, j'aimerais
savoir dans quelle mesure ça va vous aider, parce qu'on fait quand même un
bond, là, on fait un bond dans le temps, là.
M. Bourgie (Pierre) : Oui,
bien, écoutez, d'une part, on va parler du nombre d'administrateurs. Je pense
que ce qui est proposé s'inscrit dans ce que l'on retrouve en général dans
les... que ce soit dans le milieu corporatif, public ou privé ou, enfin, dans
l'ensemble des organisations, on a eu tendance, au fil des ans, à diminuer le
nombre de membres, et ce que j'ai remarqué que ça faisait, et je ne suis pas le
seul qui l'a remarqué, mais ça a pour effet de responsabiliser beaucoup les gens autour de la table. Ça fait qu'il y a
eu une époque où... Puis on a vu, d'ailleurs, dans d'autres institutions, d'autres musées, que ce
soit aux États-Unis ou ailleurs, des fois des conseils de 30 ou
40 personnes. C'est complètement une
autre dynamique où chacun ne se sent pas aussi bien, aussi responsable. Alors,
avec un conseil de 15, à peu près tous les membres sont membres de
comités, connaissent beaucoup mieux l'organisation, sont plus portés à vouloir
approfondir les choses, et donc sont en mesure d'orienter, lorsqu'il est temps
de prendre des décisions, de prendre les
décisions d'orientation qui sont beaucoup en ligne avec ce qu'est l'institution
ou ce qu'elle a besoin pour
poursuivre son développement. Donc, ça, je pense que la réduction du nombre,
c'est une très bonne chose.
En ce qui a trait à la diversité et l'équité, je
ne vous cache pas que ce n'était pas... dans le projet de loi existant, ce
n'était pas écrit de la même façon, quoique déjà, au Musée des beaux-arts... et
je ne dis pas ça pour nous vanter, on n'est pas meilleurs que les autres, mais
on a déjà une diversité assez intéressante et une forme d'équité qui est
correcte. Alors, que ce soit écrit, je pense, c'est nécessaire, et puis donc...
bon.
Maintenant, en ce qui a trait à la nomination
des membres, je le mentionnais d'entrée de jeu tout à l'heure, il me semble y
avoir un bel équilibre pour que tout le monde y trouve son compte. Et donc, en
tant que gouvernement, sur les 15, vous en nommez six, les membres vont en
élire quatre, et le conseil lui-même, via son comité de gouvernance, va en
nommer cinq, incluant le directeur général, qui d'office, donc, devient membre
du conseil. Donc, ce que ça permet... ce que ça nous permet de faire... puis,
encore une fois, je reviens sur les levées de fonds, là, on va chercher
10 millions par année, il faut être capables, occasionnellement, d'inclure
sur notre conseil des gens qui amènent de l'eau au moulin en termes de dollars
et en termes de collections. Le musée s'est bâti au fil des ans... et puis ça,
on pourrait faire un exposé de deux heures de temps, là, pour vous montrer
à quel point ce musée-là a été bâti par des collectionneurs qui ont donné des
oeuvres, et donné des oeuvres, et donné des oeuvres, et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui
on a trois ou quatre pavillons avec une collection d'art décoratif, une
collection d'art ancien, une collection contemporaine, tout ça, et il faut
prendre soin de ces gens-là.
Et alors on voulait s'assurer qu'on ait cette possibilité
ou cette flexibilité d'inclure au conseil un certain nombre de personnes à même
le conseil, comme d'autres organismes culturels, que ce soit le TNM ou d'autres
organismes à but non lucratif, le font, je veux dire. Donc, je pense que ça
amène, donc, un très bel équilibre, tout le monde y trouve son compte. Donc, je ne sais pas si ça
répond à votre question, mais disons que c'est les trois éléments
qui me paraissent les plus importants.
Mme Roy :
Et merci beaucoup, M. Bourgie. Et je voyais M. Aquin hocher de la
tête lorsqu'on parlait du grand nombre parce que vous étiez un membre du
conseil d'administration.
Dans le pratico-pratique, dans quelle mesure
croyez-vous que ce projet de loi, s'il est adopté — ce que nous
souhaitons — va
pouvoir vous aider dans la gouvernance des choses et pour la suite des choses,
pour l'avenir du musée, qu'on veut, naturellement, toujours plus beau et
rayonnant?
M. Aquin
(Stéphane) : Alors, j'espère
bien répondre à votre question, Mme la ministre. Mais, pour expliquer
mon opinion du volet à ce que M. Bourgie disait, effectivement, ce que,
personnellement, j'apprécie de cette composition du C.A., c'est ce principe, si
vous me permettez de prendre une expression américaine, de «checks and
balances» aussi, où on a une diversité de provenance des membres du C.A. qui
assure donc une diversité des points de vue, et aussi le respect que la loi
démontre envers le fait que nous sommes une institution privée. Nous sommes nés
d'initiatives privées, nous avons crû grâce à des initiatives privées.
Mme St-Pierre, vous avez parlé de la collection Hornstein.
M. Hornstein était sur le «board» et il nous a donné une centaine
d'oeuvres pour une valeur, si vous vous rappelez, à l'époque, de
75 millions de dollars. C'est ce type de dons... Et Pierre Bourgie a
fait référence aux collections au musée d'art... en fait, notre collection
d'art décoratif. Mme Stewart nous a donné sa collection, qui était celle
du Musée des arts décoratifs, près de 5 000 pièces. Alors, le musée
s'est constitué au fil des générations, et on peut même dire maintenant des
siècles, sur l'agglomération, là, de ces extraordinaires efforts de générosité
individuelle. Alors, pour nous, c'est extrêmement important de maintenir ce
lien.
Ensuite, j'aime que la loi... le directeur
général, encadre la nécessité pour le musée de se doter de politiques, notamment
de politiques de gestion de collections, d'acquisition.
J'ajouterais un terme, et je ne veux vraiment
pas l'ajouter, pour moi, ça n'a rien de controversé, par exemple, d'aliénation.
De plus en plus, les musées, et ce n'est pas dans le but de vendre des oeuvres,
c'est de plus en plus les musées... Et hier les musées allemands, donc, ont entrepris
un programme de restitution des bronzes du Bénin au Nigeria, vous savez, ces
bronzes qui ont été pillés à cette partie du Nigeria en 1897 par les forces
britanniques et dont nous avons nous-mêmes quelques exemples dans notre
collection, c'est remarquable. Mais on assiste maintenant à un mouvement
mondial de restitution, des fois, de restes humains, de momies, de bronzes du
Bénin, etc. Donc, je dirais que, si j'avais une petite addition à faire à la
loi, cette politique de collections devrait aussi contenir une politique
éclairée d'aliénation et de restitution. Bien, ça, on pourrait y travailler.
Et puis ensuite, évidemment, les comités et,
comme je le soulignais d'entrée de jeu, la question des règlements, alors, ça,
c'est très critique, par exemple, pour les opérations de levée de fonds. Je
donne un petit exemple très simple, mais qui est un caillou dans le pied depuis
une dizaine d'années, est membre à vie quiconque donne cumulativement
2 000 $ au fil de sa vie, membre à vie. Donc, après, on ne peut plus
vraiment le solliciter pour lui dire : Voulez-vous redonner
2 000 $ pour redevenir membre pour cinq ans? 2 000 $ en
1972, c'était peut-être quelque chose, aujourd'hui ce n'est pas grand-chose. Et
ça inclut aussi les dons en oeuvres d'art. Si vous donnez une aquarelle qui
vaut 5 000 $, vous êtes membre à vie, on ne peut plus vous
solliciter. Alors, la capacité pour nous de redéfinir ou de définir les
catégories de membres, de sorte à nous donner une souplesse dans l'opération de
levée de fonds, ça, c'est critique. Et évidemment c'est tout un travail à faire
avec le comité de gestion de... le comité de ressources humaines du conseil. Le
membership est toujours, évidemment, sous l'accord... sous condition le
l'accord de la ministre. Je donne des exemples.
Mme Roy : C'est très
intéressant, ce que vous dites. Et par ailleurs, quand vous parlez qu'il
pourrait y avoir, au musée, entre autres, parce qu'il y a différentes
politiques que vous allez élaborer à la suite des règlements, une politique
d'aliénation et de restitution, je crois savoir que les gens de l'association
des musées du Québec aussi ont cette préoccupation-là. Ils vont venir nous en
parler tout à l'heure. Alors, vous vous rejoignez...
M. Aquin (Stéphane) : Ah oui?
D'accord.
• (15 heures) •
Mme Roy : Sous toutes
réserves, là. J'émets ça sous toutes réserves, c'est l'information que j'ai
eue. Effectivement... Et vous disiez d'autre chose, parce que j'ai pris des
notes quand vous parliez plus tôt, et vous nous disiez : Pour ce qui est
de la vision stratégique pour l'avenir... Parce que, naturellement, la loi
demande au conseil d'administration de créer des comités, trois comités très
précis, avec des profils très précis également de personnes qui devront remplir
ces postes. Vous nous disiez : Pour ce qui est de la vision d'avenir, pour
développer notre vision stratégique, on a fait affaire avec la firme McKinsey, entre
autres, on attend des résultats de savoir tout ça.
Est-ce que, déjà, sans avoir... sans vendre la
mèche, déjà est-ce qu'on a une idée dans quelle direction on voudrait orienter les travaux ou bien la vision du
Musée des beaux-arts de Montréal pour la suite des choses — parce que, comme musée, comme tous les autres, on sort et vous sortez lentement,
graduellement de cette maudite pandémie, qui a mis à mal, naturellement,
toutes nos institutions culturelles, alors peut-être y a-t-il un impact dans la
vision pour le futur également de ce qu'on vient de vivre — je vous
dis, là, sans nous dévoiler des secrets ou sans brûler la mèche?
M. Aquin (Stéphane) : Bien,
on... Pardon, Mme la ministre. Si cette réunion avait lieu la semaine
prochaine, j'aurais une mèche à vendre, mais justement c'est que je vais avoir
un briefing avec les gens qui mènent l'exercice à McKinsey ce vendredi. Alors
donc, j'ai...
Vous savez, on a conduit toutes sortes
d'exercices de consultation avec... D'ailleurs, plus de 100 membres du personnel ont participé à cet exercice de vision,
on a les a sollicités. On pensait que 60 diraient : Oui, je vais y participer,
et 100 ont demandé.
Donc, on a ajouté des ateliers, on a fait aussi toutes sortes de... pas
d'enquêtes, mais d'entrevues, je dirais, avec des personnes dans le
milieu, des partenaires différents.
Ce qui se dégage, et sans doute que l'exercice de
vision stratégique va regrouper ce que nous observons déjà, là, au Musée des
beaux-arts —
on est à travers le monde des musées — des effets de ce que sont les effets de la
pandémie, c'est un recentrement sur les collections. Alors, nous sommes un
musée encyclopédique, nous sommes le seul musée de ce type au Québec, je le
dis. Vous avez accès à l'archéologie méditerranéenne, à l'art précolombien, aux
maîtres anciens, etc.
Le recentrement sur les collections, le
recentrement, aussi, sur notre vocation communautaire s'est accentué par la
pandémie du fait que nous n'avons plus de touristes et nous réalisons que nous
survivons. Nous avons d'ailleurs assez bien
survécu financièrement grâce à l'engagement de ceux qui nous soutiennent depuis
des générations. Alors, ça, c'est au
coeur de notre réflexion, et j'ai l'impression que ça va transparaître dans
l'exercice de vision stratégique.
C'est peut-être... ça va peut-être être appelé à
devenir anecdotique sur certains plans, mais pas sur tous. Clairement, la pandémie
a fait ressortir la nécessité d'une sorte de direction de l'engagement
numérique, mais du fait de la numérisation, aussi, de plusieurs de nos
pratiques, ne fût-ce que l'achat de billets, les apps pour un accéder à un
contenu enrichi lorsqu'on visite l'exposition, etc. Mais, de plus en plus, on
voit que cette dimension est au coeur de l'ensemble de ce que nous faisons,
c'est interdépartemental, et il va falloir, nous, nous doter, là, d'un outil de
gestion, si on veut, d'une instance de
gestion qui puisse affronter ça. Je sais, par exemple, que le Musée de la civilisation du Québec, qui est brillamment dirigé par Stéphan La
Roche, s'est doté d'une sorte de
direction de l'engagement numérique,
le Met aussi, évidemment. Alors, on arrive, on y arrive.
Mais, je dirais, c'est... et puis ça, c'est peut-être
quelque chose de... qui me tient à coeur, c'est de s'assurer que nous
demeurerons la maison de l'artiste. Nous sommes un musée des beaux-arts, l'art
doit être au coeur de tout ce que nous
faisons. L'art est le vecteur de nos convictions. Et une dimension de
l'appréciation de ça, c'est l'accessibilité. Alors, je pense que nous
voulons nous mettre aussi... aussi nous mettre aux normes de l'accessibilité
pour tous. Et ça, ce n'est pas seulement l'accessibilité pour les gens
malentendants ou physiquement en difficulté mais aussi les gens des quartiers,
qui grandissent sans penser que le Musée des beaux-arts peut être un endroit où
ils sont bienvenus, accueillis. Alors, ça, c'est certainement le...
Voilà. Je n'ai brûlé aucune mèche, mais je...
c'est... alors, une triangulation, là.
Mme Roy : Je tiens à
vous remercier. Je vois la présidente qui fait ses petits yeux. Écoutez...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Il vous reste une minute, Mme la ministre.
Mme Roy : Parfait. Je
sais que nous avons tous, collectivement, et particulièrement le milieu
culturel, passé à travers ces 18 mois qui étaient très difficiles de façon remarquable. Alors, je voulais en profiter pour
vous remercier pour votre collaboration, vous remercier aussi,
M. Bourgie, pour avoir tenu le fort, parce que ça n'a pas été facile, les
derniers mois, et, M. Aquin, pour avoir accéléré à vitesse grand V le
développement, les prises de décision, la création de comités dès votre
arrivée.
Et vous le disiez à juste titre, financièrement
on a été, somme toute, quand même bien appuyés par nos gens, nos donateurs et
le milieu. Alors, je tenais à vous remercier pour les efforts qui ont été faits
à cet égard-là. Et vous savez également que, du côté du ministère, une forme
d'aide a été envoyée parce qu'on tient à chacune de nos institutions culturelles. Donc, il y a eu des sous qui viennent du plan de relance pour vous aider à
passer à travers tout ça.
Mon temps est terminé. Merci pour votre présentation,
et puis, bien, en espérant que nous puissions faire cheminer ce projet de loi.
Merci à vous.
M. Aquin (Stéphane) : Merci, Mme
la ministre.
M. Bourgie (Pierre) : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme la ministre.
Avant de passer la parole à Mme la députée de
l'Acadie, j'aurais besoin du consentement pour que le député de Matane-Matapédia
remplace Mme la députée de Joliette.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Consentement accepté.
Donc, je cède maintenant la parole à la députée de
l'Acadie pour une période de 11 minutes.
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente.
Alors, cet échange est fort intéressant, parce
qu'effectivement, vous avez eu... en plus de la pandémie, vous avez eu à vivre
à travers... passer à travers une autre tempête, une tempête qui a vraiment
fait en sorte que vous avez dû vous relever assez rapidement. Et on voit, avec
les actions, M. Aquin, que vous venez de nous annoncer, que vous avez
mises... les actions que vous avez mises en place, bien, vous remettez, en
fait, le musée sur ses rails.
Vous avez, tout à l'heure, parlé que vous aviez
mis en place des formations sur le harcèlement. Donc, en termes de ressources
humaines, en termes de RH, comme on dit, en termes de ressources humaines, est-ce
que vous sentez que cet épisode-là est derrière ou si
vous sentez qu'il y a encore du travail à faire pour rétablir la confiance des
employés, rétablir le climat de travail, leur dire qu'ils ont encore leur place
et que leur opinion compte à l'intérieur de l'institution? Est-ce que vous avez
des employés qui ont encore des séquelles de ce qui s'est passé?
M. Aquin (Stéphane) : Alors,
pour répondre à la dernière question très précisément, Mme St-Pierre,
j'apprenais qu'une collègue que je connais depuis des années, effectivement,
est médicamentée. Alors, les années dernières ont été très difficiles, c'est
très vrai, mais, dans l'ensemble, je pense que le moral est bon.
D'ailleurs, j'oubliais de le souligner, mais on
a renouvelé la convention collective avec nos 195 employés syndiqués
jusqu'au 31 mars 2022 dans un temps record. Il y a un climat de confiance
qui s'est établi. Ce n'est pas que moi, évidemment. Yves Théoret, qui est notre
directeur général adjoint, contribue largement à l'instauration de ce climat de
confiance, et de transparence, et d'honnêteté.
Ensuite, je
dirais qu'on a aussi rétabli, d'abord, le respect de... et ça, ça se fait dans le
travail de l'organigramme, le respect des compétences et des directions,
de sorte que la conservatrice en chef est nommément directrice à la conservation. Les questions de la conservation,
du contenu, de la gestion du travail des conservateurs relèvent d'elle,
le travail des restaurateurs. Ça, c'est extrêmement important
juste pour assurer une espèce de clarté dans la conduite du travail.
Ensuite, des leviers décisionnels, comme je vous
ai dit, qui font que, là aussi, on se simplifie le travail, la décision est prise,
on avance, beaucoup de travail de planification, ce qui évite les situations de
crise, et en fait une communication régulière. Donc, jusqu'à la semaine passée,
j'écrivais moi-même toutes les semaines à l'ensemble du personnel pour les
tenir au courant, etc. Maintenant, Yves Théoret a pris le relais. On organise,
à tous les trois mois, une assemblée de tout le personnel. Donc, on a mis en
place aussi, avec les ressources humaines, un plan de valorisation de
l'ancienneté des employés, ça avait été un peu laissé en friche, toutes sortes
d'actions et d'initiatives de façon, en effet, à encadrer le personnel, à le
valoriser, à le rassurer, à lui permettre de travailler dans la sérénité,
d'agir sur des décisions qui sont claires et puis de partager. Alors...
Un problème de ce musée — et c'est le problème de
tous les grands musées, en fait —
c'est de développer une sorte de culture par silo : les coms ici,
l'éducation là, la conservation ici. Et donc de mettre en place des leviers de consultation sur la base desquels on prend des
décisions qui s'appliquent et qui sont bien communiquées à l'ensemble du
personnel, ça facilite grandement. C'est un travail de planification assez
logique, très simple mais qui se fait, ça, je peux
vous en assurer, sur une base de respect, et d'honnêteté, et de transparence.
Et on ne le fait pas pour la frime, mais, si on devait être cynique, ça
serait encore la meilleure façon de s'assurer du bien-être et de la prospérité
du musée.
• (15 h 10) •
Mme St-Pierre :
Non, c'est vraiment important.
Je vous amène sur la recommandation... Vous
faites vraiment une recommandation sur la question de l'aliénation et la
restitution. Je pense que, ça, vous en faites officiellement une recommandation
pour qu'on amène un amendement dans la loi sur cet aspect-là.
M. Aquin (Stéphane) : Je pense
que... c'est-à-dire qu'évidemment ça fait partie d'une politique globale de
gestion des collections et à la fois les questions d'entreposage, les questions
d'acquisition, mais aussi les questions d'aliénation qui sont... qui se
présentent sous toutes sortes de formes.
J'ai eu le plaisir et le privilège, il y a des
années de ça, d'assister à une réunion du conseil d'administration, ici même,
où on aliénait une petite oeuvre de Vasari qu'on avait achetée d'un marchand
new-yorkais en 1960 qui, lui, l'avait achetée du gouvernement hongrois en 1956 —
rappelez-vous ce qui se passe en Hongrie en 1956 — et que la Hongrie, tout d'un coup,
s'était mise à nous réclamer comme étant leur oeuvre. Et M. Chrétien, qui
était alors premier ministre du Canada, nous avait dit : Écoutez, le
président de la Hongrie veut venir, je ne veux plus entendre parler de cette
histoire de tableau de Vasari, qui, semble-t-il, était à eux et pas à nous,
etc. Alors, on avait tous les papiers en règle, mais on a, par courtoisie,
aliéné ce petit tableau de Vasari en échange de sa valeur sur le marché et qui
nous a permis de nous enrichir de deux ou trois autres oeuvres. Mais, voilà,
c'est un cas où nous devons aliéner une oeuvre.
Mme St-Pierre :
Mais il faut l'inscrire dans... il faut l'enchâsser dans la loi.
M. Aquin (Stéphane) : Alors,
ça, je ne sais pas.
Mme St-Pierre :
O.K. On pourra demander aux juristes de nous éclairer là-dessus lorsqu'on va
être arrivés à l'étape de l'article par article.
Sur les restitutions, est-ce que vous envisagez
qu'il puisse y avoir des demandes de restitution de la part d'organismes, ou de
gens, ou de groupes qui disent : Bien, ces collections-là, c'est à nous,
on doit s'en occuper? Je vous pose cette question-là parce qu'il y a un musée,
qui n'est pas aussi important que le vôtre, au Québec, qui a une demande de
restitution d'oeuvres d'art autochtones, et je me demandais si, de votre côté,
vous avez aussi ce genre de demande là. Et, encore là, il faudra que les
juristes nous éclairent pour qu'on puisse peut-être l'enchâsser ou l'encadrer
dans la loi.
M. Aquin (Stéphane) : Alors,
pas encore, mais j'en parlais la semaine passée avec mon homologue le directeur de... et on est conscients que c'est la
prochaine vague. Ça, alors, comment on va répondre à ces demandes-là?
Une bonne part de ça, c'est du cas par cas, on ne peut pas avoir une règle
précise, mais que la loi nous incite, nous encourage à
nous doter d'une politique de restitution qui nous donne les paramètres à
l'intérieur desquels on va pouvoir réfléchir et analyser les différents cas qui
vont se présenter à nous, ça serait bien, oui.
Mme St-Pierre :
Excellent. Et, pour ce qui est de la mission du musée, je lisais dans les notes
que j'ai ici que le... collabore avec 450 organismes de milieux scolaires
et sociocommunautaires et de la santé afin de lutter contre, bon, différentes
problématiques, décrochage scolaire, la violence, l'homophobie, la
discrimination, la pauvreté. Est-ce que, ça, vous allez maintenir cette
volonté-là d'être aussi proches du public et, en fait, des groupes qui oeuvrent
auprès de personnes qui sont moins... qui n'ont pas la chance, peut-être,
d'avoir un milieu enrichi et avoir accès à toutes ces grandes richesses intellectuelles
là?
M. Aquin (Stéphane) :
Absolument. Ça, c'est au coeur de qui nous sommes. Vous savez, on parle
souvent, dans le milieu des musées, de l'ADN particulier des différentes
institutions. C'est clairement une partie de notre ADN qui est là pour rester
et se développer. Cela nous définit, cela nous caractérise, nous y croyons
aussi. Alors, tout à fait, ça, c'est au coeur de notre mission. Et le DEM, donc
la Direction de l'éducation et du mieux-être, va continuer d'agir, de croître
et de... Et on doit... Tu sais, la composition démographique de Montréal, au
niveau socioculturel, est très, très diversifiée, comme vous le savez, et on
veut que ces gens puissent sentir que le musée leur appartient, est le leur, et
c'est des efforts qu'on va continuer de faire, absolument.
Mme
St-Pierre :
M. Bourgie, pour ma curiosité, vous avez mentionné à deux reprises... vous
avez parlé de l'importance du caractère privé. Est-ce qu'un donateur a plus
confiance à un musée qui a un caractère privé pour faire don de son oeuvre plutôt
qu'un musée qui serait une société d'État? Est-ce qu'il y a une compétition
entre les deux? Juste pour que je puisse saisir un peu ce que vous...
M. Bourgie (Pierre) : Vous
m'entendez bien?
Mme St-Pierre :
Oui.
M. Bourgie (Pierre) : Bien, d'abord,
on va procéder par l'absurde. On est privés, puis c'est nous... bien, c'est
nous, on est un des musées, au Québec, sinon le musée qui va chercher le plus
d'argent dans le privé, que ce soit le milieu corporatif, que ce soient des individus,
des familles, des collections ou de l'argent.
Donc, moi, pour un, je peux vous parler de ma
propre expérience. Quand j'ai décidé de déménager, si je puis dire, ma
fondation ici, au musée, en résidence pour le projet musical, ça a été quand
même une réflexion assez profonde. Et je ne suis pas sûr que je l'aurais fait
dans un contexte d'un musée d'État. Et, quand je dis ça, ce n'est vraiment pas
une critique des musées d'État, j'ai été moi-même, déjà, président du conseil
du Musée d'art contemporain, que j'aime beaucoup, mais évidemment c'est une
direction, si je peux me permettre, qui est plus changeante, parce
qu'évidemment les partis politiques changent, les gens changent, tout ça...
Mme St-Pierre :
Donc, vous savez qu'on s'entend bien, tout le monde.
M. Bourgie (Pierre) : Non, oui,
non, mais je suis d'accord, mais il y a une insécurité. Je me rappelle d'avoir
fait la campagne de levée de fonds du MAC lorsqu'il avait déménagé au
centre-ville, qu'il était parti de la Cité-du-Havre pour s'en venir au
centre-ville, et j'avais trouvé trois présidents, un président de la communauté
anglophone, juive et francophone, et la plus grande difficulté que j'avais eue,
c'était de convaincre... À cette époque-là, si vous vous rappelez qu'il était
plus question d'indépendance du Québec, etc., et il y avait des communautés
pour qui il n'était absolument pas question de donner et de supporter un musée
d'État. Alors, ce genre de considérations, on ne les retrouve pas dans un musée
privé.
Et évidemment les donateurs sont plus proches.
Bon, si je prends mon cas, je veux dire, je suis aujourd'hui président du
conseil un peu par accident, mais le fait de pouvoir être proche de
l'administration, des gens, des équipes, etc., c'est réconfortant quand...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci, M. Bourgie.
M. Bourgie (Pierre) : Ah!
excusez, ma réponse est trop longue.
Mme St-Pierre :
Merci.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Désolée, c'est tout le temps que nous avions avec Mme la députée de l'Acadie.
M. Bourgie (Pierre) : Merci. On
se reprendra.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Je cède la parole, maintenant, au député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Merci. Bonjour, tout le monde. Je n'ai pas de question.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait, merci. Donc, merci, messieurs, pour
votre contribution aux travaux de la commission.
Nous suspendons quelques instants, le temps
d'accueillir nos prochains invités. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 18)
(Reprise à 15 h 38)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Nous sommes de retour. Donc, j'aurais besoin du consentement de tout le monde
pour pouvoir faire la répartition du temps de parole de la deuxième et de la
troisième opposition.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Il y a consentement, parfait. Merci.
Donc, nous sommes de retour à la Commission de
la culture et de l'éducation. Nous accueillons maintenant nos deux prochaines
invitées, du Syndicat des employés du Musée des beaux-arts de Montréal,
Mme Nathalie Richard, présidente, et Mme Joanie Brousseau,
conseillère syndicale. Donc, vous disposez de 10 minutes pour nous
présenter votre exposé, et par la suite il y aura un échange avec les membres
de la commission. Donc, sans plus tarder, je vous cède la parole.
Syndicat des employés du Musée des beaux-arts de Montréal
Mme Brousseau (Joanie) :
Nathalie, est-ce que tu as perdu le son?
Mme Richard (Nathalie) : J'ai
un...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Est-ce que vous m'entendez bien, Mme Richard?
Mme Richard (Nathalie) : Non,
il y a un double son. Je suis désolée, moi, j'ai une superposition de son.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On va suspendre quelques instants, juste le temps de faire des tests de son un
peu avec vous, là.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 40)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous sommes de retour. Mme Richard, je vous cède la parole pour le
début de votre exposé pour 10 minutes.
Mme Richard
(Nathalie) : Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, Mmes et MM. les membres de la
commission. Je vous remercie. Joanie et moi, nous vous remercions vraiment pour
cette opportunité que vous nous donnez de nous exprimer sur ce projet de loi,
de cette invitation à réfléchir avec vous à l'avancée de ses travaux.
Nous tenons à préciser que ce nous allons
commenter et ce que nous allons questionner, les suggestions que nous allons faire sont évidemment
liées à notre expérience dans le syndicat du musée, mais elles ne sont pas
uniquement reliées à l'expérience récente de la crise du musée. On ne vise pas
non plus spécifiquement les administrateurs ni le directeur actuel, etc. Les
points que nous allons discuter s'inscrivent vraiment dans une réflexion qui
est plus générale, sur un projet de loi, un texte, qui va... qui devrait, en
fait, accompagner le musée pendant de longues années et qui aura un impact
pendant ces années-là, quelle que soit la constitution des équipes et des
personnes en poste au sein du conseil d'administration et de la direction du
musée.
Donc, nous, à partir de votre texte, en tant que
syndicat, ce qu'on a cherché à faire, c'était à voir dans quelle mesure ils
pouvaient favoriser ou, en tout cas, nous aider à avoir des recours ou nous
entraver dans la protection des droits des
employés, notamment leur protection à travailler dans de bonnes conditions, des
conditions environnementales et professionnelles, des climats de
travail, etc. C'est un projet qui, évidemment, est très technique, qui concerne
beaucoup la gouvernance et on n'a pas la prétention d'avoir des connaissances
poussées dans ce domaine-là, on est juste là pour vous donner notre avis et
vous communiquer, en fait, les choses sur lesquelles on a eu des étonnements et
sur lesquelles on aimerait qu'il y ait une réflexion peut-être un petit peu plus
poussée.
Nous avons noté, évidemment, que le projet de
loi est largement inspiré de la Loi sur les musées nationaux. C'est certain que
certains articles peuvent être directement appliqués au Musée des beaux-arts,
mais nous nous questionnons sur certaines différences, et puis il nous semble
qu'il y a des points sur lesquels des aménagements seraient nécessaires, étant
donné que le statut du musée n'est pas un statut de musée national, mais un
statut privé.
On va aborder deux points
assez brièvement. Le premier point concernera la composition du conseil
d'administration en regard de ses fonctions, et le deuxième point concernera le
directeur général, pardon, notamment sa présence au conseil d'administration en
tant que membre, le renouvellement de son mandat et le cumul potentiel de
fonctions. Je vais aborder le premier point puis je céderai la parole à Joanie,
qui abordera le deuxième point.
Donc, la composition du conseil d'administration
en regard de ses fonctions. C'est sûr que, par rapport à la loi qui est
actuellement en vigueur, vous inscrivez ou projetez d'inscrire de nombreuses
fonctions du conseil d'administration qui sont ajoutées, qui prévoient des
devoirs, qui prévoient des droits et des pouvoirs étendus dans le domaine de la
gestion des musées ou du musée. C'est inscrit de manière équivalente à ce qui
est présenté dans la Loi sur les musées nationaux. Ces fonctions, bien sûr,
sont généralement déjà assumées par le C.A., mais nous saluons que ce soit
inscrit dans le projet. Et la nécessité, notamment, d'établir des orientations
stratégiques et d'adopter une politique de gestion des collections de musées
nous semble vraiment important d'être inscrite noir sur blanc dans ce projet,
dans ce texte.
Nous notons quand même qu'il n'est pas précisé
que le C.A. doive être composé d'un nombre minimum de personnes qui possèdent
un parcours académique et professionnel muséal. Pour les aspects financiers, le
projet de loi prend la peine d'exiger qu'un membre du conseil soit membre de
l'ordre professionnel de comptables mentionné au Code des professions, mais
nous considérons que c'est important qu'il y ait aussi une obligation
d'intégrer au moins un membre qui soit bien familier des aspects particuliers
de la gestion des collections, que ce soit pour soutenir les propositions
faites par le directeur général ou pour y apporter un regard critique. C'est
une demande qui nous paraît d'autant plus importante que vous proposez un
nombre d'administrateurs qui est réduit.
Il est certain que les compétences en matière de
gestion muséale, nous les avons au sein du musée, et c'est le musée qui doit
porter ces tâches, ces fonctions et tous ces procédés, mais ça nous semble
important qu'au sein du comité d'administration il y ait quelqu'un qui soit
familier de ce type de procédure et qui comprenne bien les enjeux que les
stratégies muséales peuvent impliquer à ce niveau-là pour les collections, mais
aussi pour les employés.
De plus, on
n'a aucune garantie... même si ça a été le cas toutes ces précédentes années,
on n'a aucune garantie dans les
textes que le directeur général soit choisi parmi les professionnels du monde
des musées et que ce soit quelqu'un qui soit bien formé et expérimenté
sur ces notions de gestion des collections. C'est certain qu'il y a des aspects
stratégiques qui sont très particuliers, qui
peuvent être cruciaux et qui ont des répercussions sur les employés du
musée.
À titre
d'exemple très simple, une politique de développement, qui implique un
accroissement des collections important, induit des surcharges de
travail qui nécessitent des employés en nombres supplémentaires, et c'est toute
une chaîne d'opération qui est impactée pour qu'on fournisse un résultat digne
des standards reconnus dans le milieu muséal sans impacter à répétition
l'énergie des équipes, les capacités des équipes, etc. Et la connaissance de
tout ce qui implique une stratégie, toute la répercussion d'une stratégie, en
termes de travail sur le terrain, en termes de chaîne opératoire, nous semble
quelque chose... qu'il est important que quelqu'un au sein du C.A. soit averti,
connaisse et comprenne facilement.
Il y a, de plus, le 10e point de l'article 7,
qui prévoit que le conseil d'administration puisse adopter un règlement
intérieur qui porte sur les conditions d'acquisition, d'aliénation, de
location, de prêt, d'emprunt, de donation, d'échange, de conservation ou de
restauration des biens, donc tous ces aspects particuliers de la gestion des
collections. C'est certainement, évidemment, des aspects qui seront discutés
par les spécialistes du musée avant d'être
portés devant le conseil d'administration. Et il est également prévu qu'un
règlement sur ces points-là soit approuvé par l'assemblée générale des
membres du musée et par le ministre. Cependant, il nous semble quand même
important d'être assurés qu'il y ait, au sein du conseil d'administration, au
moins une personne très avisée et très familière de ces enjeux, en plus du
directeur général, si le directeur général vient du milieu professionnel
muséal.
Je signale que, dans l'article de la Loi sur les
musées nationaux, il est indiqué que le ministre prend conseil auprès
d'organismes culturels et muséaux pour nommer les personnes au conseil
d'administration. Votre texte n'utilise pas ce terme muséal.
Mon point est terminé concernant cet aspect de
la composition du conseil d'administration, et je vais céder la parole à Joanie
Brousseau.
Mme Brousseau (Joanie) : Donc,
il y a d'autres éléments qu'on voulait mettre en lumière. Puis, bien
honnêtement, Nathalie l'a dit d'emblée, là, on ne se place pas en termes de
référence en matière de gouvernance, évidemment, là, mais on croyait quand même
important de vous partager, là, la décision du syndicat sur certains éléments
du projet de loi suite à ce qu'ils ont vécu, là, disons, dans la dernière année.
La première des choses, c'est quant au fait que
le directeur général... il est prévu dans le projet de loi que le directeur
général siège sur le conseil d'administration, maintenant, dans la nouvelle
mouture du projet de loi. Je vous dirais que, d'emblée, on n'est pas opposés à
ce changement-là parce qu'on pense que ça peut être bénéfique, comme le
directeur général est souvent porteur des projets du musée, qu'il ait
également, là, sa voix au conseil d'administration. Ceci étant dit, je vous
dirais qu'il y a quand même eu une réflexion puis un petit malaise au départ,
parce qu'on se disait : Si, à l'époque de la crise, le directeur avait
siégé au conseil d'administration, est-ce que le syndicat se serait senti la même légitimité ou, disons, la même facilité
de saisir le conseil d'administration qu'il y avait une problématique? Parce que, clairement, il y
avait une problématique de climat de travail et qui n'a pas pu être
adressée par les mécanismes normaux prévus
ni à la convention collective, ni au niveau des comités de relations de
travail, puis ça bloquait au niveau
de la direction générale. Donc, pour nous, on a quand même une petite crainte
de se dire : Est-ce que le syndicat se sentirait aussi à l'aise,
là, disons, de porter une problématique au C.A. si la direction générale siège
sur ce C.A. là? Mais, comme je vous dis, on voit quand même les bénéfices, de
l'autre côté, qu'il pourrait y avoir.
Alors, ce qu'on vous
propose plutôt, ce serait un mécanisme de contrôle autre qui passerait plutôt
par le comité des ressources humaines que vous avez créé, là, dans la loi. Là,
je comprends que la loi créerait trois comités différents : un comité d'éthique, un comité de ressources humaines,
un comité de vérification. Donc, j'y reviendrai après, là, sur le...
disons, sur le mandat additionnel qu'on souhaiterait voir donné au comité de
ressources humaines.
Sinon, par rapport à la question du directeur
général, il y a également ce qu'on voit, là, dans le projet de loi, une
non-limite du mandat du directeur général, en opposition à la limite que vous
mettez pour les membres du conseil
d'administration. Encore une fois, la réserve qu'on avait, c'est dans... Quand
ça ne va pas bien puis qu'il n'y a pas de limite au mandat...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci.
Mme Brousseau (Joanie) : Ah!
c'est déjà terminé?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Brousseau, c'est tout le temps que nous avions. Mais on
continue les échanges, et on va débuter par Mme la ministre, qui va probablement
vous donner de son temps.
Mme Roy : Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est ce que je comprends, Mme la ministre?
Mme Roy : ...l'idée, je
trouve très intéressante, votre analyse, alors je prends des notes. Vous êtes
sur mon temps. Je vous écoute.
La Présidente (Mme Guillemette) :
D'accord.
• (15 h 50) •
Mme Brousseau
(Joanie) : C'est bon. Bien,
écoutez, je vais faire un petit... je vais essayer de faire un «wrap-up»
rapide juste pour finir les propositions qu'on avait.
Mme Roy : Prenez votre
temps. Non, non, mais vous n'avez pas à vous précipiter.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y, Mme Brousseau, prenez le temps qu'il vous faut, maintenant.
Mme Brousseau
(Joanie) : Donc, je disais,
sur la question de la limite des mandats, je pense qu'effectivement
c'est une bonne chose de ne pas limiter le mandat du directeur général. Dans
l'optique où on a quelqu'un qui fait bien le travail, qui fait rayonner le
musée, ce serait dommage pour un poste de dirigeant de limiter son mandat. Ceci
étant, ça nous ramène à la même problématique que, si jamais ça ne fonctionne
pas, qu'il y a toujours des enjeux de climat
et que ça bloque au stade du directeur
général, on est comme un peu empêché
d'agir. Donc, c'est pour ça qu'on vous offrait, là, peut-être un autre mécanisme
au niveau du comité des ressources humaines, sans nécessairement, là, venir
jouer avec la limite des mandats.
Ensuite de ça, il y a un des éléments, à notre
avis, que le projet de loi... qui est problématique pour nous, à
l'article 26, là, c'est sur la possibilité de cumul des fonctions du directeur
général. Ça, ça a été un élément qui a été compliqué à gérer, là, pour le
syndicat dans les dernières années, parce qu'à partir du moment où ça ne va pas
bien dans ton milieu de travail ou dans ton secteur d'activité donné et que ton
supérieur immédiat est également directeur général du musée ça donne, disons... ça rend les choses
complexes, tu sais, pour dénoncer les problèmes, pour intervenir, parce
que rapidement on est confronté à la première personne qui est décisionnelle,
qui est la même personne qui est décisionnelle pour l'ensemble du musée.
Donc, on souhaiterait, si possible, qu'il y ait
une indication dans le projet de loi... en fait, une impossibilité de cumul des
fonctions pour le directeur général, avec une fonction de gestionnaire d'un
département, par exemple, comme le conservateur en chef ou comme un autre
département du musée. Pour nous, ça rassurerait énormément les employés, là, que tout le monde joue son rôle et
que, s'il y a des problématiques, on ne soit pas confronté, là, à la même
personne qui occupe deux fonctions importantes pour un employé.
Et, en terminant, notre proposition quant au
comité des ressources humaines, ce qu'on voit, là, la formation du comité,
quand on se réfère à la loi sur les gestionnaires de sociétés d'État, je crois,
les... ce qu'on voit, dans la composition du comité, c'est qu'il sert essentiellement,
ce comité-là, à élaborer des profils de compétence pour aider le C.A. à nommer
la bonne personne au poste de directeur général ou au poste de haut
fonctionnaire. Nous, on aimerait que vous lui ajoutiez un bras supplémentaire, dans
le fond, un bras d'action supplémentaire qui permettrait de faire un suivi
régulier du bien-être des employés au travail, de la question du climat de
travail, soit par sondage auprès des employés de manière périodique, pas nécessairement
à chaque année. Mais on pourrait, par exemple, évaluer les questions, là, de bien-être
au travail, de santé psychologique au travail, de climat de travail, le faire
avant de renouveler le mandat du directeur général, de manière statutaire, on
pourrait... le comité pourrait avoir cette fonction-là, ce mandat-là, mais ce
n'est pas exclu, là, qu'il puisse le faire à d'autres moments dans le temps,
là. Donc, vraiment, de lui donner un rôle d'évaluation de climat de travail par
un mécanisme, qui peut être un sondage aux employés, mais qui peut être d'une
autre forme, pour être en mesure, là, d'apprécier, dans le fond, comment ça va
dans le milieu de travail pour les gens.
Donc, ça complète les
quelques petits commentaires que nous avions, là, à vous partager sur le projet
de loi. Je vous remercie, Mme la ministre, de m'avoir donné de votre temps.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme Brousseau. Mme la ministre, je vous cède la parole.
Mme Roy : Bien, ça fait
plaisir. On va continuer l'échange, parce que vous avez dit des choses... je
prenais des notes puis je vérifiais, puis ça va peut-être répondre à certaines
de vos craintes, il y en a plusieurs, entre autres à l'égard, par exemple, du directeur général qui cumule une fonction en
étant aussi membre du C.A. Sachez qu'actuellement, sur les musées qui
sont des sociétés d'État, c'est la réalité, les autres musées qui sont sous ma
responsabilité. Alors, on a un peu calqué ce qui se fait dans nos sociétés
d'État. Alors, ça peut expliquer en partie pourquoi c'est la façon dont on
procède ici.
Par ailleurs,
vous parliez des comités, la possibilité... Vous disiez : Il y a trois
comités, peut-être créer d'autres comités.
Le projet de loi prévoit que le C.A. peut créer d'autres comités également. Il
pourrait y avoir d'autres comités.
À l'égard... Mme Richard, vous parliez de
la composition du C.A. en regard des fonctions, j'ai pris des notes ici, puis
vous parliez du profil de compétence. Vous disiez que c'est important qu'il y
ait des membres qui aient ce fameux profil de compétences muséales. Je vous
annonce que, dans l'article 5, le dernier alinéa nous parle des profils de
compétence que les gens devront avoir. Donc, on va pouvoir ouvrir spécifiquement
à des gens qui ont ces compétences muséales là. Donc, c'est prévu que l'on
puisse décrire le profil de compétence.
Et même, et ça, je pense que vous allez
apprécier celle-là, à l'égard du directeur général, quand vous nous dites que,
le directeur général, en nulle part on ne dit qu'il doit venir du milieu, etc.,
vous avez raison, ce n'est pas écrit comme ça, mais c'est écrit pareil, puis je
vais vous dire où, c'est écrit à l'article 21. Et c'est très technique,
là, c'est vraiment les articles de gouvernance. L'article 21, nous
dit : «Les responsabilités et les règles applicables aux comités [...] à l'article 20 sont celles que
prévoient les articles 22 à 27 de la Loi sur la gouvernance des sociétés
d'État...»
Et, quand vous allez à l'article 27 de la
Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, c'est là qu'on établit le profil de
compétence des nominations des D.G. Alors, il y a un organe de vérification
puis il y a des dispositions dans les lois, entre autres la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État, qui nous permet de nous assurer que les
personnes qui seront nommées aient des profils de compétence pertinents aux
fonctions, et je vous comprends que ce n'est pas écrit nommément comme ça dans
l'article, alors, autant pour des membres du C.A. que pour le directeur
général, si ça peut un peu vous conforter à cet égard-là.
J'aurais peut-être des petites questions. Bon,
là, la poussière est retombée. Il y a eu des événements qu'on connaît tous, la
poussière est retombée. On avait, juste avant vous, le nouveau directeur
général, M. Aquin, le président du C.A., M. Bourgie. J'aimerais avoir
votre pouls, comment ça se passe. Je sais que votre convention collective a été
signée récemment. Comment ça se passe, le climat de travail à l'intérieur?
Et je sais... Et peut-être avant d'aller plus
loin, d'abord, merci pour le travail qui a été fait cette année, qui a été une
année hyper difficile, avec la pandémie. Tout le milieu culturel a été affecté,
les musées également. Et merci pour le travail parce que le travail continue
quand même, là, hein, il y a des collections dont il faut prendre soin, puis il
faut se retourner de bord, puis il faut faire, maintenant, des ouvertures avec
des réservations, la distance, tout ça, là, qui complique votre vie. Alors,
merci pour le travail, pour la résilience, pour la collaboration qui fait en
sorte qu'on peut... et que les amateurs d'art puissent continuer à avoir accès
à vos magnifiques collections.
Donc, ma question. Depuis que, bon, je l'espère,
la cendre est tombée un peu, comment ça se passe à l'intérieur? Comment sont
les relations de travail, le climat?
Mme Richard (Nathalie) : Bien,
je vais prendre la parole. Il y a un énorme changement qui est très clair, qui
a été assez rapide, hein, et avec beaucoup d'espoir au début. Et puis on voit
que l'espoir se concrétise dans des faits réels, là, dans des constructions de
processus qui sont, enfin, beaucoup plus souples, et beaucoup plus fluides, et
beaucoup plus proches de ce qu'on considère que ça doit être. Il y a un espoir,
effectivement, de relations respectueuses
entre les ressources humaines, la direction, le syndicat, les employés. C'est
certain que, pour nous, c'est très enthousiasmant de sentir qu'on a des
interlocuteurs qui sont beaucoup plus abordables et beaucoup plus à l'écoute.
Ce qui est important pour nous, c'est que ce
fait-là, cet état-là se pérennise, et c'est pour ça qu'on est vigilants à ce
que le texte de loi pose des mots et des capacités pour nous, des possibilités
pour nous, qu'il n'y ait pas des rouages un petit peu malfaisants qui,
peut-être, au fur et à mesure du changement, du temps qui passe, des
responsabilités de chacun, des situations de crise économique ou autres, enfin,
qu'il y ait des choses qui fassent évoluer cet environnement qui s'assainit beaucoup
et qui est bien plus intéressant et bien plus agréable pour nous et nous permet
de travailler beaucoup mieux. C'est ça qui nous importe, que ça, ça puisse
durer malgré des difficultés extérieures qui viendraient, puis là, évidemment,
on en a vu une, c'est celle de la pandémie. Et, juste pour commenter ce que vous disiez, c'est étonnant parce
que c'est une période pendant laquelle il y a des choses et des champs
de notre activité qui sont arrêtés puis il y en a d'autres qui sont très, très
intenses. Mais voilà, pour nous, vraiment...
Mme Roy :
...le numérique, j'imagine. Quand vous dites «très, très intenses», l'accueil,
le numérique, les collections, qu'est-ce que c'est?
• (16 heures) •
Mme Richard (Nathalie) : Oui.
Bien, oui, il y a tout... effectivement, toutes les personnes qui travaillent
sur tout ce qui est virtuel, tout ce qui est numérique, tout ce qui est
présentation du musée, faire venir le musée chez vous par les biais d'Internet,
mais il y a aussi tout le travail de fond. Il y a des projets très
enthousiasmants de réfection de réserve. Il y a des choses qui sont importantes, qui sont vraiment des
beaux gros projets. Puis il y a quand même tout le quotidien, du quotidien ou du rattrapage de
travail qu'on n'avait pas pu faire précédemment qui se fait aussi en ce
moment.
Donc, voilà, si je dois poser des mots sur votre
question, c'est : On est vraiment très contents de la relation qu'il y a
en ce moment et on aimerait vraiment que ça se pérennise et que ça continue à
être dans... qu'on continue à être dans ce positif respectueux et ces échanges
qui peuvent se faire et qui peuvent faire avancer et les conditions de travail
et permettre de résoudre les conflits normaux et habituels d'une entreprise.
Mme Roy : Sachez que je
suis très, très contente de vous entendre nous dire ça aujourd'hui, parce que
c'est le but, hein, c'est le but de tout ça, qu'on en sorte mieux et tous plus
forts, et vous au premier chef, là, les employés du musée.
Dans le projet de loi, vous l'avez vu, puis à
juste titre, il y a cette formation des comités. Puis, comme je vous disais, il pourrait y avoir d'autres comités,
ce n'est pas limitatif, là. Il y a le fameux comité qui doit toucher aux
ressources humaines, et il a déjà été mis sur pied, je pense, et je voulais
savoir dans quelle mesure ce comité-là... qu'est-ce qu'il change, ou qu'est-ce
qu'il pourrait changer, ou dans quelle mesure... quel rôle il exerce à l'égard
de vos employés.
Mme Richard
(Nathalie) : Je vous dirais que, le comité des ressources humaines du
conseil d'administration, pour l'instant, je ne vois pas une
répercussion directe sur les employés, si ce n'est que tout ce qu'il va mettre
en place au niveau du conseil d'administration, ou de son regard au niveau des
directions, ou ses discussions avec les directeurs des ressources humaines du
musée, le directeur du musée, les directeurs des différents départements. Je
pense que c'est un travail qui est en construction et qu'indirectement il y
aura des répercussions positives, mais je ne suis pas en mesure de vous dire ce
qu'ils font, actuellement, et de vous donner des exemples sur ses répercussions
directes ou indirectes sur les employés.
Mme Roy : Vous nous en
avez parlé, ces modifications législatives là, effectivement, c'est vraiment la
gouvernance qu'on refait, là, pour l'adapter... la faire rentrer dans le
XXIe siècle. Et, à cet égard-là, vous m'avez parlé, bon, des craintes, des
améliorations que vous pourriez voir, puis j'ai essayé
de vous dire dans quelle mesure, bien oui, vous voyez juste, parce qu'on crée
des profils, on demande que des gens aient des compétences spécifiques. Donc,
ça, ça sera ultérieurement dans les comités, les règlements également.
Et je me demandais dans quelle mesure ce projet
de loi... je ne sais pas si on peut voir déjà les contours de l'incidence qu'il
pourrait avoir sur le travail, de façon générale, sur les conditions de travail
de vos employés, de façon générale... de vos collègues, et non de vos employés.
Mme Richard (Nathalie) : Je
pense que ce sont des balises, en fait, des mots qui rattrapent noir sur blanc,
en fait, cette nécessité d'être au niveau des grands musées dans les standards
de gestion. Il y a des choses, évidemment, au musée qui se font de cette
manière-là depuis tout le temps. C'est bien que ce soit inscrit dans la loi et
c'est bien qu'il soit inscrit de manière un peu plus loin que ce qui se
faisait. Je ne suis pas certaine que le musée ait eu des plans stratégiques,
précédemment, et des politiques vraiment affirmées, annoncées et suivies sur un
laps de temps x. Donc, ça, je trouve ça intéressant, et, bien sûr, ça va avoir
des répercussions, parce qu'on sera beaucoup plus dans des choses qui seront
programmables, on saura ce vers quoi on va et on va peut-être éliminer un petit
peu tous les à-côtés vers lesquels on avait
peut-être tendance à aller dans les années précédentes et qui faisaient qu'il y
avait une espèce de goulot d'étranglement dans les activités, qui étaient
difficiles à suivre, en fait. Peut-être que, là, on va avoir une stratégie qui
va éliminer un certain nombre de projets, certes très intéressants, peut-être
dommage de ne pas faire, mais qui va nous permettre de suivre un axe et donc
d'être plus sereins par rapport au rythme d'activité et à la manière de les
organiser.
Mme Roy : Et vous avez parfaitement raison à l'égard des
plans stratégiques, il n'y en avait pas ou, du moins, si d'aventure il y
en avait, ils n'étaient pas transmis au gouvernement, à la ministre. Donc, ça
va être intéressant de pouvoir suivre, parce que, là, il y en aura, donc, de
suivre l'évolution, de... Et je comprends ce que vous dites, là, parce que ça donne de la prévisibilité dans ce qui
s'en vient, dans les objectifs à atteindre et puis dans le développement
des expositions, des collections. Donc, ça, ce sera... ça fera partie des
outils de modernisation de la gouvernance.
Mme Richard (Nathalie) : Et
puis, si je puis me permettre de rajouter quelque chose, ça permet aussi
d'anticiper les besoins en termes d'employés, en termes de personnel, et ça,
c'est important.
Mme Roy : Juste...
Mme Brousseau (Joanie) : Par
contre...
Mme Roy : Oui, allez-y.
Mme Brousseau (Joanie) : Je ne
sais pas si je peux me permettre d'ajouter, Mme Roy, il y a quand même un
élément, moi, sur lequel je souhaite revenir, c'est que, pour l'instant, on a
quand même l'impression... Moi, je ne le vois pas dans les textes du projet de
loi, ce que le comité des ressources humaines va pouvoir donner comme impact au
niveau des employés dans leur quotidien, parce que ce que je lis dans le projet
de loi, c'est vraiment... Tu sais, oui, ils vont faire,
par exemple, des profils de compétence et d'expérience pour nommer le D.G., ils
vont élaborer et proposer des critères d'évaluation du président-directeur,
bon, contribuer à la sélection des dirigeants, s'assurer de la mise en place de
politiques concernant les ressources humaines, mais, quand on faisait référence,
dans notre présentation, hein... on pense qu'il devrait y avoir un mandat
additionnel de contrôle du climat de travail, c'est ça qu'on voulait dire, on
ne parlait pas nécessairement de créer un quatrième comité, là. C'est-à-dire,
ce serait d'ajouter au mandat pour qu'il ne soit pas juste en termes de
consultation par rapport à la nomination des dirigeants ou au profil qu'on
recherche, mais vraiment d'avoir un mandat clair, là, de s'assurer du contrôle
de la qualité du climat de travail et des relations de travail à l'intérieur du
musée, là. Donc, je voulais juste revenir là-dessus parce que, pour nous, c'est
un élément qui était assez important.
Mme Roy : Je comprends
la différence que vous faites, là.
Mme Brousseau (Joanie) : Merci.
Mme Roy : Je comprends.
Il y a aussi... Il y a quand même les mécanismes traditionnels du droit du
travail qui s'appliquent, là. Les employés sont syndiqués, ils sont
représentés, ont droit de se défendre, ont droit de parole et... mais je
comprends ce que vous dites.
Bien, écoutez, est-ce qu'il y a des questions et
des commentaires que ça soulève, de votre côté? Moi, je trouve que votre
présentation est d'une grande limpidité, d'une grande clarté, et surtout je la
trouve encourageante pour le futur. Je sens ce fameux vent de fraîcheur, là. Je
pense que, bon, le projet de loi, c'est un outil, c'est un outil de
gouvernance, mais, outre ça, le musée, éventuellement, lorsque nous serons entièrement
déconfinés, va revivre avec toute sa frénésie, avec, également, ses magnifiques
campagnes de financement, ses expositions extraordinaires et un nombre très
important de visiteurs. Alors, je tenais... Et je vois la présidente qui me
fait des petits yeux. Alors, je tenais à vous dire...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Une minute encore, Mme la ministre, pas de problème.
Mme Roy : Bien oui, on
ne peut pas poser beaucoup de questions en une minute, mais je veux vous
remercier, je l'ai fait d'entrée de jeu, mais je veux terminer en vous
remerciant parce que le travail n'est pas fini pour vous. Parce que, quand on
va rouvrir la machine puis... Parce que, pour le moment, les mesures sanitaires
sont toujours là, alors je sais que les gens doivent prendre des réservations,
vous devez garder un oeil sur eux, s'assurer qu'il y ait de la distance entre
les visiteurs, que les bulles familiales restent ensemble, que le parcours se
passe, parce qu'il y a ça aussi, hein? On a un temps limité, quand même, on ne
peut pas rester... Il faut que ça bouge, hein, que les gens visitent à tour de
rôle.
Donc, moi, je vous remercie pour le travail que
vous faites, parce que c'est difficile. Ce n'est pas ce pour quoi vous avez été
formés, puis tout le monde s'adapte, et puis merci de le faire. Puis merci, au
nom des citoyens qui visitent le musée, des Québécoises et Québécois, puis
merci, au nom du gouvernement, pour le travail qui est fait pendant cette
pandémie-là, parce que ce n'est pas facile pour personne et pour vous au
premier chef, puis en plus de ce que vous avez vécu l'été dernier. Donc, ça a
été un tremblement de terre au sein même du musée, mais là je pense que ça
retombe, et là je pense qu'on s'en va vers des belles choses. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre.
Donc, je céderais maintenant la parole à la députée
de l'Acadie pour 13 min 45 s.
• (16 h 10) •
Mme St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Alors, évidemment, je salue à mon tour
Mmes Brousseau et Richard. Merci de participer à cette importante
commission parlementaire, parce que je pense que, comme l'a dit la ministre,
vous avez vécu deux tempêtes dans la dernière année, la tempête interne puis la
tempête, également, qui était reliée à la pandémie, et vous avez, évidemment,
passé à travers tout cela.
Moi, la première question qui me vient en tête...
Bien, tout d'abord, une question plus technique : Est-ce que votre syndicat
est affilié à une centrale syndicale ou si vous êtes un syndicat indépendant,
ce qu'on appelle syndicat de boutique, là, dans le temps, là, dans mon vieux
syndicalisme?
Mme Brousseau (Joanie) : Le
syndicat est affilié à la CSN.
Mme St-Pierre :
Donc, vous êtes affiliés quand même à une grande centrale syndicale. Et est-ce
que vous avez eu l'idée de demander à ce
qu'au sein du nouveau conseil d'administration que l'on va... qui va être
créé... est-ce que vous avez eu l'idée de demander à ce qu'il y ait un
représentant syndical qui siège au conseil d'administration, compte tenu de ce
que vous avez vécu dans les derniers mois?
Mme Richard (Nathalie) : On ne
l'a pas fait. C'est vrai que les discussions sont en cours, au sein du
syndicat, de savoir... pas forcément quelqu'un du syndicat, mais qu'un employé
puisse être présent au sein du conseil d'administration. C'est des discussions
qui se font. On n'a pas statué là-dessus, on ne l'a pas fait.
Mme St-Pierre :
Bien, en fait, l'employé, il serait quand même syndiqué.
Mme Richard
(Nathalie) : Oui.
Mme St-Pierre :
D'accord. O.K. Mais ce n'est pas quelque chose qui vous apparaîtrait normal,
justement, compte tenu de ce que vous avez vécu, on a parlé du comité des
ressources humaines et... pour ne pas avoir à être obligés de faire la
démarche, mais d'être... faire partie aussi d'une démarche d'une administration
qui soit plus saine non seulement sur le... en termes de gouvernance, en termes
d'argent, ou de dons, ou... mais en termes, également, de gouvernance de
ressources humaines qui serait vraiment plus saine? Parce que ce que je
comprends de ce qu'on nous... moi, je n'ai pas tout su, évidemment, ce qu'on a
lu, ce qu'on... c'est qu'il y a eu un climat de travail qui a duré plusieurs
années. Ce climat de travail là que vous avez connu, il ne datait pas d'hier,
là.
Mme Richard (Nathalie) : Non,
non, il ne datait pas d'hier. Et effectivement il y aurait des intérêts,
effectivement, à ce qu'un membre du syndicat fasse partie du conseil
d'administration.
Cela dit, on a réussi, finalement, à se donner
les moyens de faire changer des choses. Vous savez, au niveau syndical, ce qui
est difficile, c'est que les personnes parlent, là. Quand vous subissez une
situation de crise, les personnes ont du mal à parler, elles s'autocensurent un
petit peu parce qu'elles ont peur, et donc il est difficile pour le syndicat de trouver les outils pour faire
levier, en fait. Mais je dois dire qu'on est plus confiants, maintenant, dans
la manière dont on va pouvoir gérer les
problèmes et dont on va pouvoir garder un environnement sain et le faire
pérenniser.
Cela dit, votre suggestion... enfin, votre
question est tout à fait pertinente, et le syndicat n'a pas encore
véritablement... ne s'est pas positionné là-dessus.
Mme St-Pierre :
Vous avez... On nous a dit tout à l'heure — M. Bourgie était là,
M. Aquin — que
vous aviez signé une nouvelle convention collective.
Mme Richard (Nathalie) : Oui.
Mme
St-Pierre : O.K. Est-ce que la nouvelle convention collective
est une convention sur trois ans ou cinq ans sur... Est-ce que...
Qu'est-ce que...
Mme Brousseau
(Joanie) : Non. Étant donné
la situation de la pandémie, nous avons renouvelé la convention
collective pour un an, essentiellement au statu quo, là, avec une augmentation
de salaire. Donc, je... c'est... suite à des discussions entre les parties, on
a jugé qu'on avait tous les deux intérêt, là, à faire un renouvellement rapide
de la convention pour se revoir l'an prochain et en rediscuter.
Mme St-Pierre :
Étant donné que le gouvernement est quand même un assez important bailleur de
fonds, alors, je pense que c'est important aussi que le gouvernement ait son
mot à dire dans la gouvernance du musée, qu'elle demeure privée, bien sûr, mais
il va y avoir quand même des nominations qui... il y a des nominations qui sont
faites par le gouvernement, et le conseil d'administration va quand même avoir
des... pas représentants du gouvernement, mais des personnes qui vont être
nommées par le gouvernement.
Est-ce que ça, ça... c'est quelque chose, dans
la nouvelle gouvernance, qui vous rassure, en termes de nombre de membres du
conseil d'administration, en termes de, entre guillemets, découpage? Vous avez
parlé, tout à l'heure, de l'importance d'avoir quelqu'un qui connaît un peu la
gestion des collections, mais j'imagine que ça va aller de soi, là. Est-ce que
vous avez quand même... vous sentez que vous allez pouvoir entrevoir un avenir
qui va être nettement meilleur?
Mme Richard (Nathalie) : Oui,
en termes de... le nombre de personnes qui sont au conseil d'administration,
bien, le pourcentage reste à peu près équivalent pour les personnes qui sont
mandatées par le gouvernement. C'est sûr que la tendance est plutôt à la baisse
du nombre des personnes au sein des conseils d'administration pour qu'ils
s'impliquent plus. Je pense que les personnes, précédemment, même si c'étaient
21 personnes, étaient assez impliquées et que chacune apportait des contributions importantes au musée par le réseau, les
compétences, etc.
Je n'ai pas d'avis sur le fait que ce soit une
bonne chose que ce nombre soit réduit. Je pense que, de toute façon, le conseil...
Bien, j'ai confiance, effectivement, dans l'avenir et, même si ce nombre est
réduit, j'ai confiance dans le fait que les gens qui y seront se sentiront
mobilisés et puis apporteront véritablement une contribution, se sentiront
investis quand même d'un devoir au niveau de ces fonctions. Par rapport au
nombre, je ne sais pas tellement quoi en penser, je ne suis pas familière de
ces aspects de gouvernance et de...
Mme St-Pierre :
Pensez-vous que, dans le grand public en général, ce qui s'est produit dans la
dernière année a eu un impact ou si c'est quelque chose qui est resté plus dans...
comme nous? Parce qu'évidemment c'est un sujet qui nous a intéressés beaucoup.
Moi, comme ancienne ministre de la Culture et maintenant porte-parole en
culture, bien sûr, j'ai suivi ça. Est-ce que vous sentez que le public va quand
même être au rendez-vous quand tout va revenir à la normale, que, finalement,
on va pouvoir aller au musée comme on le faisait avant, avec peut-être quelques
mesures de protection sanitaire, mais, en fait, qu'on revienne... qu'on
redevienne à la normale?
Mme Richard
(Nathalie) : Bien, je pense que oui. Je pense que, si on revient à la
normale, c'est-à-dire que si les conditions économiques n'ont pas gravement
atteint le milieu culturel et le milieu muséal et que les gens reprennent leurs habitudes précédentes, ce qui n'est pas
forcément évident, je pense que le musée aura traversé... enfin, la crise de la direction n'aura pas
d'impact. S'il y a un impact, ce sera celui lié à la pandémie, mais je pense
qu'au niveau de la direction il y a eu un impact majeur au moment où ça a eu
lieu, parce que c'était très frappant, que ça a été très médiatisé et que ça a
été assez, peut-être, difficile pour le public de comprendre les tenants et les
aboutissants, mais je pense que c'est du passé et je pense surtout que les gens
sont très attachés à ce musée, on en a des preuves vraiment tous les jours, personnellement,
au niveau de nos amis ou au niveau des personnes qui s'abonnent pour le musée,
qui viennent, qui le visitent, qui attendent sa réouverture. Donc, j'ai absolument
confiance dans le fait que la crise de la direction n'impactera pas du tout
l'avenir du musée. Je pense que c'est un phénomène qui a été important mais qui
est derrière nous.
Mme St-Pierre :
Est-ce qu'il y a encore des... chez les employés, encore des séquelles de ce
qui s'est passé?
Mme Richard
(Nathalie) : Ah oui, c'est certain qu'il y en a. Absolument, oui. Il y
a des gens qui sont toujours dans une espèce de défiance par rapport à un
certain nombre de choses, il y a des gens qui ont encore des habitudes où ils ne s'autorisent pas certaines
manières de travailler parce qu'ils pensent que ça ne va pas passer. Il y a encore le souvenir très net, oui, de
certaines souffrances qui ont été vécues. Je ne dirais pas que c'est forcément
des grandes souffrances majeures, mais c'est des petites souffrances à
répétition qui pourrissent... du travail. Et puis évidemment il n'y a pas eu
que ça, il y a aussi des grands moments de joie. Je veux dire, c'est... il ne
faut pas non plus réduire les dernières années à quelque chose de dramatique,
mais c'est certain que ça a été très important et qu'on en a tous un peu le
souvenir de... oui, de ce pour quoi on espérait qu'il y ait un changement, puis
on est contentes que le changement ait eu lieu, oui, oui, absolument.
Mme St-Pierre :
Et cette nouvelle loi là, même si elle est très technique, c'est une loi sur la
gouvernance, vous êtes confiants que ça va amener... ça va ajouter à
l'amélioration du climat à l'intérieur du musée?
Mme Richard
(Nathalie) : Bien, on espère que vous aurez entendu nos points, qui
sont, disons, des garants de ne pas avoir, en fait, ces travers qui ont permis
de... qui ont empêché de résoudre sainement des problèmes au moment où il fallait
le faire.
Mme St-Pierre :
Et ça, le point du cumul semble être le point... un point très, très, très
important, parce que vous l'avez quand même mentionné à plusieurs reprises, là.
Il faut mettre une barrière, là.
Mme Richard
(Nathalie) : Oui, absolument. Quand on dit que le comité
d'administration peut demander... peut donner d'autres fonctions au directeur
général, alors, on entend bien que ça ne va pas être des fonctions majeures,
parce qu'il est quand même directeur général et il faut qu'il s'attache à cette
fonction-là, mais, pour nous, c'est un risque, et effectivement on veut
l'éviter.
Mme St-Pierre :
C'est un risque parce que vous avez vécu la situation.
Mme Richard
(Nathalie) : On a vécu la situation, on a vu les empêchements, en
fait, de résolution de problèmes, on a vu à quel point quelqu'un qui est pris
dans deux postes qui sont très, très importants est peut-être moins disponible,
même si elle... cette personne peut penser l'être. Elle est dans une masse de
travail qui est énorme, et, bon, il y a peut-être moins de disponibilité, moins
d'écoute, du coup.
Oui, ça nous
semblerait moins sain, vraiment, de... beaucoup plus sain d'avoir quelqu'un qui
ne puisse pas cumuler de fonctions. On comprend bien qu'il est possible que ce
soit nécessaire pour une urgence, mais il faut que ce soit dans un laps de
temps qui soit vraiment réduit, que ce soit ponctuel et que ce ne soit
absolument pas quelque... une situation qui perdure, quoi. S'il y a une urgence
et une nécessité que le directeur assume les fonctions d'un directeur qui est
en impossibilité de travailler, d'accord, mais il faut que ce soit très clair
que ce soit ponctuel.
Mme St-Pierre :
Et il faut l'écrire.
Mme Richard
(Nathalie) : Et il faut l'écrire.
Mme St-Pierre :
Absolument. C'est important d'avoir un amendement là-dessus. Alors, j'imagine
que...
Mme Richard
(Nathalie) : Moi, je trouve.
Mme St-Pierre :
Les juristes suivent nos travaux, alors j'imagine qu'ils vont se mettre au
travail pour préparer l'article et l'amendement qui va faire en sorte que vous
allez être satisfaits, parce que, nous aussi, comme législateurs, ce qu'on
veut, c'est que le musée voie grand puis le musée puisse continuer à oeuvrer
comme étant le musée... En fait, c'est un musée-phare, là, c'est notre plus
important musée au Québec, et ce musée-là doit vraiment être capable de voguer
en mer tranquille et non pas en ayant des crises et en voyant, lorsque ça sort
dans les médias, tous les dommages qui ont été faits et toute la crise que vous
avez vécue. Et ça, je pense que personne ne souhaite ça, puis on ne souhaite
pas que vous viviez dans un climat de travail comme celui-là. Mais c'est vrai
qu'il y a peut-être... Tout n'est pas mauvais, il y a eu quand même des grands
moments très prestigieux de...
Mme Richard
(Nathalie) : Bien sûr.
Mme St-Pierre : ...que
le musée a accompli des choses fort importantes, mais il faut que ça se
poursuive.
Sur la... Moi, j'aurais une dernière question
sur la relève. Est-ce que, dans ce milieu, vous avez... vous voyez que la relève... Parce qu'on parle souvent, de ce temps-ci, de pénurie de main-d'oeuvre,
de relève, de... Est-ce que vous sentez
qu'il y a quand même une relève qui est là ou s'il faut faire des efforts pour
attirer des gens dans ce domaine-là?
Mme Richard (Nathalie) : Je
pense qu'il y a une relève. Je pense qu'il y a toujours un bon intérêt pour ce
type de profession et ce type de milieu professionnel. Je pense qu'il faut
faire un effort pour donner du travail aux gens qui sont dans des cursus qui...
des cursus vraiment spécialisés et dans ce domaine-là pour qu'ils puissent
exercer leur profession. Il faut qu'il y ait des aides pour qu'il y ait plus de
recherche, peut-être, dans des domaines de muséo,
d'histoire de l'art, etc., pour que les compétences puissent s'exprimer et ne
se perdent pas, puissent se transmettre.
Mme St-Pierre :
Alors, écoutez, bien, je vous remercie, je vous remercie beaucoup. Ça a été
fort agréable de vous entendre. Puis en espérant que tout revienne vraiment à
la normale, on vous le souhaite énormément. Puis moi, j'ai pris bonne note, et
je pense que la ministre aussi, de vos recommandations. Merci infiniment.
Mme Richard (Nathalie) : Merci.
Mme Brousseau (Joanie) : Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Merci beaucoup, Mmes Richard et Brousseau,
de votre participation et de votre contribution aux travaux aujourd'hui.
Donc, je suspends la commission quelques
instants, le temps d'accueillir nos nouveaux invités.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprise à 16 h 32)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, merci beaucoup. Nous sommes de retour à la Commission culture et
éducation.
Donc, nous accueillons notre prochain invité,
M. Stéphane Chagnon, Société des musées du Québec. Donc, M. Chagnon,
je vous cède la parole.
Société des musées du Québec (SMQ)
M. Chagnon (Stéphane) : Alors,
merci, Mme la Présidente de la commission.
Mme la ministre
de la Culture et des Communications, Mme Nathalie Roy, Mme St-Pierre,
chers députés, merci de m'avoir invité à participer aux auditions
concernant le projet de loi n° 81. Vous comprendrez
que, pour la Société des musées du Québec,
qui a été fondée en 1958 et qui regroupe 300 institutions muséales et 600 professionnels de la muséologie, la question de la gouvernance des institutions muséales est une question qui nous habite
depuis très longtemps.
D'ailleurs, c'est en 2014 que nous avons produit
un code de déontologie muséale qui a deux volets, c'est-à-dire une déontologie
des institutions muséales et une éthique professionnelle des individus. Et par
la suite, toujours en 2014, nous avons créé le guide de gouvernance des
institutions muséales. Donc déjà depuis plusieurs années, nous réfléchissons à
la gouvernance. Évidemment, la gouvernance dans les institutions muséales
reconnaît les rôles et les prérogatives de
deux composantes, hein, le conseil d'administration et la direction générale,
ainsi que leur interdépendance. Au Québec... le Québec compte
400 institutions muséales. Elles sont, pour la plupart, des personnes
morales à but non lucratif, c'est-à-dire des musées privés. Et il y a trois
musées d'État et un musée privé doté d'une loi spécifique, qu'on appelle le
musée, loi sur laquelle repose le projet de loi n° 81, qui est le Musée
des beaux-arts de Montréal.
Alors, si on a accepté d'emblée cette
invitation, c'est que la question de la gouvernance, comme j'ai dit, nous
préoccupe. Et, quand des événements surviennent, comme ceux de
l'été 2020... inutile de faire référence, vous savez de quoi on parle, et,
quand il y a des crises comme ça qui arrivent dans le secteur muséal, eh bien,
c'est toute la communauté muséale qui en souffre. Et je peux vous dire, étant
au premier chef à la direction de la Société des musées du Québec, c'était une
question qui était très d'actualité partout.
Alors, voilà,
mes interventions vont être très courtes. C'est-à-dire que, moi, c'est surtout des questionnements par
rapport à certains points, certains articles. Je vous dirais peut-être qu'une
saine gouvernance muséale, je tiens à le rappeler, dans un contexte muséal se
manifeste dans une structure qui reconnaît les rôles et les prérogatives du
C.A. et ceux de la direction générale, tout comme leur indépendance. C'est-à-dire
que le C.A. du musée, lui, débat des questions administratives, assume le rôle
de mandataire, de fiduciaire et exerce leurs pouvoirs de décision et de
surveillance avec diligence afin de réaliser le plan stratégique. Je dirais que
le C.A. s'apparente un peu au pouvoir législatif, tel que défini par la
séparation des pouvoirs de l'État. La direction générale d'un musée, elle,
représente le pôle opérationnel, s'occupe des affaires courantes, la gestion
quotidienne, je dis bien, des fonctions muséales et la vision de leur
déploiement dans la mission institutionnelle.
Alors, la direction
générale est aussi le porte-parole ou la porte-parole du musée, demeure le seul
employé à rendre des comptes au C.A., généralement, et doit être accessible
afin que cette reddition puisse être rendue. Alors, les deux, C.A. et D.G.
coopèrent sans complaisance, fonctionnent en complémentarité, et c'est leur
devoir. Et cette association constitue en outre une grande force ayant toutes
les chances de créer de la valeur si elle est bien menée. A contrario, si l'une ou l'autre des parties,
volontairement ou non, s'impose de manière indue, eh bien, la
gouvernance se voit alors compromise, tout comme le développement de
l'institution muséale.
Alors, voilà. J'avais quelques remarques à faire
sur quatre articles seulement. Si vous souhaitez que je les aborde tout de
suite, ça va me faire plaisir. Alors...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Pas de problème, M. Chagnon.
M. Chagnon (Stéphane) : Merci
beaucoup. Alors, l'article 5, qui définit la composition du conseil
d'administration, je veux soulever votre... je veux porter à votre attention,
plutôt, la pratique qui se vit, qui se fait en réalité dans le secteur muséal
dans ce qu'on appelle des institutions à but non lucratif. Le directeur général
ou la direction générale va siéger non pas en tant qu'administrateur au sein du
conseil d'administration, mais il y participe, aux réunions, aux délibérations
avec droit de parole, mais n'a pas le droit de vote, alors qu'ici, bon, on
remarque que le directeur général siège en tant que membre pleinement avec des
devoirs, des obligations et avec ses pleins pouvoirs comme administrateur.
Donc, ce qu'on a... ce que je remarque, ce que
j'ai remarqué, c'est qu'on prend un peu... bon, on prend un peu, beaucoup le
modèle des sociétés d'État, où la direction générale, ou voire le P.D.G... Si
vous regardez dans le... avec la BANQ, c'est un peu ça, ou les musées, les
trois musées d'État, on reprend ce modèle-là, mais qu'on applique dans le cadre
de la gouvernance d'un musée dit privé ou au sein des... Voilà. Donc, je
voulais attirer votre attention là-dessus, c'est-à-dire qu'à partir du moment
où on applique une gouvernance qui est celle de société d'État à un musée
privé, on envoie un message aussi : Est-ce que ce musée va un jour devenir
une société d'État ou est-ce que ce musée va rester privé, mais avec une
gouvernance différente des 400 musées privés, dans lesquels les conseils
d'administration ne... la direction ne siège pas? Voilà. C'était un
commentaire, c'était tout simplement...
Est-ce que vous voulez que je poursuive mes
trois autres points?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, vous pouvez y aller sans problème.
• (16 h 40) •
M. Chagnon
(Stéphane) : À
l'article 14, c'est une question,
aussi, que je me pose, c'est-à-dire que le conseil d'administration — et
ça, c'est très bien — doit
adopter une politique générale de gestion des collections, c'est très important. On fait mention, à l'alinéa 1°,
des axes de développement retenus. L'alinéa 2°, c'est de sa politique
d'acquisition. On ne fait pas mention, à un
alinéa 3°, de sa politique d'aliénation. Par contre, on fait référence aux
conditions d'aliénation à l'alinéa 10°.
Donc, je me demande si ça serait pertinent de
rajouter un alinéa 3° qui dit «sa politique d'aliénation». Et, quand on
dit «politique d'aliénation», c'est de prévoir toutes les modalités et les
procédures liées au retrait éventuel d'objets, d'objets des collections du
musée, et ça, c'est... On parle d'aliénation volontaire, mais aussi
d'aliénation involontaire, un feu, un incendie où l'objet n'est plus... n'a
plus aucune valeur, là, on parle d'aliénation involontaire, ou de restitution,
et là la restitution, c'est-à-dire des biens qui auraient été acquis de manière
indue, de manière non conforme aux règles de l'art, si on peut dire, ou des
objets qui devraient être rapatriés à certaines communautés, qui ont été acquis
de façon non orthodoxe, on pourrait dire.
Donc, je me pose la question si on ne devrait
pas ajouter «sa politique d'aliénation» à un alinéa 3° sous
l'article 14. Comme je vous dis, on parle d'aliénation à l'alinéa 10°,
mais on ne parle pas de restitution aussi. La restitution fait partie de
l'aliénation. Bon, voilà pour l'article 14.
L'article 16. L'article 16, et là
c'est peut-être le seul... peut-être pas le seul endroit, mais avec le fait
qu'à l'article 5 que la direction générale siège comme administrateur et
comme D.G., il y a une double imputabilité, je dirais que, là, il y a un petit
flou qui pourrait apparaître quant au rôle du C.A. et de ses comités. On dit
que... à l'article 16, alinéa 7°, le C.A. peut adopter un règlement
intérieur qui peut notamment porter sur la constitution, la composition ou les
fonctions de comités au sein du musée. J'attire votre attention sur «au sein du
musée ou du C.A.». Alors, je pense qu'il est important de faire la différence
entre les comités qui relèvent de la direction générale, qui sont en appui à la
gestion des opérations, et aux comités qui relèvent du conseil
d'administration. Alors, cet alinéa-là, 7°, fait écho aussi à
l'article 23, l'article 23, la deuxième ligne, qui dit que le
président du conseil voit également au bon fonctionnement comités du conseil.
Alors, je vous ferais une suggestion, c'est ma seule intervention un peu plus
affirmative. Pour s'assurer que le conseil d'administration ne vient pas créer
des comités au sein du musée, qui
interfèrent avec la gestion des opérations de la direction générale, je vous
suggérais... je suggérais, à l'article 16, alinéa 7°, de dire
«et les fonctions de comités relevant du C.A. ou de comités du C.A.». Et je
ferais la même chose avec l'article 23,
je dirais : «Il voit également au bon fonctionnement des comités qui
relèvent du conseil.»
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Merci beaucoup, M. Chagnon.
M. Chagnon (Stéphane) : Merci.
Ça fait le tour. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup. Je céderais maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Roy :
Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Chagnon. Je suis
contente de vous voir. Écoutez, j'allais
dire vous êtes un habitué des commissions parce que vous rentrez dans votre
temps. J'allais dire poursuivez, hein, vous pouvez porter sur mon temps
s'il y a d'autres détails dont vous voulez nous faire part. On a du temps, là.
On a des amis qui ne sont pas là, ça fait qu'on a du temps. J'ai pris bonne
note de tout ce que vous m'avez mentionné.
D'abord, un petit aparté, je garde d'excellents
souvenirs de l'époque où on pouvait se voir en personne, hein, et Dieu sait que
la Société des musées du Québec fait de belles choses et surtout quand vous
êtes réunis tous les membres ensemble. Donc, j'ai eu le plaisir de participer à
un de vos événements, puis eh qu'on a donc hâte. Alors, avant de commencer puis
répondre à vos questions, parce que j'ai pris des notes, je voulais juste vous
dire merci pour le travail que vous faites, à la société. Vous l'avez dit, vous
avez 300 membres, là, c'est beaucoup, c'est gros. Et on a vécu, on a tous
vécu, collectivement, une année de fou, hein, les 18 derniers mois ont été
assez fous. Le milieu culturel a été touché de plein fouet avec l'arrêt des
activités culturelles. Et je voulais vous remercier pour le travail que vous
faites, que vous avez fait pour la résilience puis la collaboration, parce que
tout le monde a mis l'épaule à la roue, et je sais que vous faites un gros
travail d'accompagnement auprès des musées.
D'ailleurs, on a tenu aussi, dans notre plan
d'aide, à vous aider aussi à bonifier l'Aide au fonctionnement qu'on vous a
envoyé à l'égard du plan de relance, là, pour le milieu culturel, parce que
vous en avez besoin, et puis, bon, on continue d'épauler le milieu, c'est très,
très important. Donc, c'est ma petite parenthèse, mais merci pour la
collaboration, la résilience, le travail.
M. Chagnon (Stéphane) : Merci à
vous, Mme la ministre.
Mme Roy : On s'en va
vers du beau, on s'en va vers du beau. Il y a encore des... il faut faire
attention, il y a encore des règles à suivre, mais on s'en va vers du beau.
Pour répondre à vos questions, vous avez l'oeil
juste. À l'article 5, quand vous nous dites, et là je vais référer à mon
article, qu'à l'égard... l'article 5, la pratique. Bon, le fait que
nous... Mon Dieu que j'écris mal! Vous avez raison, quand vous dites que le
président... le directeur, pardon, le directeur général du musée puisse
également siéger comme membre du C.A., et ça ressemble à ce qu'on a dans nos
sociétés d'État. Vous avez tout à fait raison. En fait, c'est idem, c'est
calqué sur nos sociétés d'État qui sont nos trois grands musées que nous
connaissons.
Donc, vous comprenez que, et vous l'avez dit à
juste titre, c'est un OSBL mais qui est totalement privé, ce n'est pas une
société d'État. Je vous annonce, s'il y avait une petite crainte, là, ou pas,
qu'il n'est pas question que le Musée des beaux-arts de Montréal devienne une
société d'État, là, pas du tout, pas du tout, pas du tout, mais on tente de
rapprocher la gouvernance le plus possible à ce qui se fait dans nos sociétés
d'État à l'égard des musées, parce qu'on parle ici d'un musée, mais également
avec la Loi sur la gouvernance du gouvernement du Québec, la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État. Donc, vous avez raison, c'est pour ressembler
le plus possible à ce qui peut se faire en termes de bonnes pratiques, mais il
n'est pas question que ça devienne une société d'État.
D'ailleurs, vous avez pu constater qu'il y a des
articles où on n'est pas allés aussi loin à certains autres égards parce que ça
aurait été en faire une société d'État. Tu sais, on m'a déjà demandé :
Pourquoi tu ne fais pas ci, pourquoi tu ne fais pas ça? Bien, si je fais ça, ça
devient une société d'État, et ce n'est pas le but. Alors, je veux juste vous
dire que vous avez l'oeil, mais il n'est pas question d'en faire une société
d'État, mais de nous arrimer le plus possible à la Loi sur la gouvernance des
sociétés d'État. C'est le nom de la loi.
Par ailleurs, à l'article 14, vous nous
parlez du conseil d'administration qui «doit adopter une politique générale de
gestion des collections du musée qui regroupe notamment», et là on met trois types
de politiques. Vous aurez remarqué qu'il y a le mot «notamment», alors, ça, ça
veut dire que ce n'est pas limitatif. Et, quand vous nous dites : Ça
serait intéressant qu'il y ait une politique d'aliénation... Et «aliénation»,
le terme que vous avez employé, c'est de... qu'est-ce qu'on remet, là, je ne
l'ai pas pris en note, aliénation et...
M. Chagnon (Stéphane) :
Restitution.
Mme Roy :
...restitution, voilà, c'est tout à fait possible, parce que l'article 14,
il n'est pas limitatif. Et, plus que ça, vous avez l'oeil, et vous avez le bon
oeil, parce qu'à l'article 16, lorsqu'on nous dit... puis vous l'avez vu à
son paragraphe 10°, lorsqu'on dit «le conseil d'administration peut
adopter un règlement intérieur qui peut notamment porter sur», et, au
paragraphe 10°, on dit... on parle justement d'acquisition, d'aliénation.
Donc, on donne des exemples de ce qui pourra être... des exemples de ce qui
pourra... oui, des exemples de ce qui pourra être fait à l'intérieur d'un règlement.
Donc, on ouvre la porte, on dit au C.A. : Bien, voyez, ce sont des bonnes
pratiques qu'il est possible de faire, on vous en nomme trois ici, elles ne
sont pas limitatives. Donc... Et je pense que nous avions, avant vous,
M. Aquin, du Musée des beaux-arts de Montréal, qui réfléchissait à la même
chose que vous. Alors, il avait vu la même chose, il trouvait que c'était très
intéressant. Alors, je vous dis que vous avez bon pied et bon oeil.
Pour la suite des choses, vous parliez également
de...
M. Chagnon (Stéphane) : Mme la
ministre, est-ce que je peux intervenir sur ce que vous...
Mme Roy : Bien, allez-y.
Oui, allez-y.
M. Chagnon (Stéphane) : O.K. Au
lieu de... Oui, mais l'article 14, il oblige, hein, il dit que «le conseil
d'administration doit», O.K., tandis que l'article 16, il dit qu'il peut.
Donc, la différence entre le 14 et le 16... c'est-à-dire que, dans... en général, dans une politique
générale de gestion des collections, il y a deux grands volets :
comment vous avez fait l'acquisition d'objets et comment vous vous départissez
des objets. Et c'est pour ça que moi, je... Et, dans la politique... une
politique générale de gestion des collections, là, il pourrait... le Musée des
beaux-arts pourrait adopter un règlement concernant l'aliénation de ces objets,
mais il n'a pas d'obligation.
Donc, en mettant dans la politique générale de
gestion des collections une sous-politique d'acquisition, comment on acquiert,
on acquiert des objets de collection, et une politique d'aliénation, comment on
s'en départit, là, c'est une obligation que ça nous met au point 14, c'est
une obligation même s'il y a le «notamment». Mais la seule différence que je
faisais entre le 14 et le 16, c'est que, dans le 16, le musée n'est pas tenu
d'avoir une politique... un règlement visant l'aliénation de certains objets.
Il n'est pas tenu, dans l'article 16. Mais le jour où il va être confronté
à des restitutions d'objets dans ses collections — vous savez, on ne connaît pas ce
qu'on a dans nos collections muséales, on
les connaît, mais pas toutes, en fait on connaît tout ce qu'on a dans nos
collections muséales, mais on ne connaît pas tous la manière dont ça a
été acquis —
ça pourrait être un enjeu. Je fais juste... C'est un enjeu de... je fais juste
le soulever. Puis peut-être que ce serait à voir, effectivement, avec
M. Aquin, là, si c'est pertinent.
• (16 h 50) •
Mme Roy : Bien, je
trouve que ce vous dites est très pertinent, parce que les autres musées
nationaux, nos trois grands musées qui nous appartiennent à nous tous, ils ont
déjà une politique d'aliénation de restitution. Et, quand je vous dis qu'on
veut se coller...
M. Chagnon (Stéphane) : Oui,
c'est ça, c'est ça.
Mme Roy : Alors, on veut
se coller sur ce qui fait de mieux en termes de gouvernance.
M. Chagnon (Stéphane) : Voilà.
En tout cas...
Mme Roy : Et
l'article 14, à juste titre, c'est «doit», mais c'est «doit à l'égard
d'une politique», et elles ne sont pas limitatives, alors qu'à
l'article 16, c'est «peut à l'égard des règlements». Alors, une politique,
c'est une chose, un règlement, ça en est une autre. Et il y a de fortes chances
que, si vous avez une politique, vous allez faire un règlement si vous en avez
besoin d'un pour qu'elle s'applique.
M. Chagnon (Stéphane) : O.K.
Voilà. Merci.
Mme Roy : Mais j'adore
l'échange qu'on a, mais, comme je vous dis, c'est quelque chose du domaine du
possible et ce n'est surtout pas limitatif, ce qui est là, pour laisser de la
latitude au Musée des beaux-arts d'aller plus loin puis d'améliorer encore sa
gouvernance.
M. Chagnon (Stéphane) : Tout à
fait, tout à fait. Effectivement. Merci.
Mme Roy : Merci à vous.
Donc, c'est un échange qui se... comme ça, mais... Donc, j'ai fait le tour des
notes que vous m'aviez...
M. Chagnon (Stéphane) : Et le
16, l'article 16, l'alinéa 7°, où je dis : Oups! Attention, là
le C.A. peut constituer... voir à «la constitution, la composition et les
fonctions de comités au sein du musée ou du conseil»... En général, les comités
que le conseil crée, ce sont des comités qui relèvent du conseil. Alors là, ce
n'est pas clair, quand on dit «au sein du musée». Qu'est-ce que ça veut dire,
«au sein du musée»? Ce n'est pas clair.
Par exemple, le directeur général du Musée des
beaux-arts, M. Aquin, lui, il peut constituer des comités, un comité sur
la programmation. Un comité de programmation, il va avoir trois, quatre
gestionnaires avec lui, voir quelles sont les prochaines expositions qu'on va
programmer en 2024-2025. Là, ce que ça dit, c'est que le C.A. peut constituer des
«comités au sein du musée ou du conseil d'administration». Ce n'est pas clair,
ça, «au sein du musée». Là, ça voudrait
peut-être sous-entendre des comités dans les opérations du musée qui relèvent
du D.G. C'est pour ça que j'aurais
plutôt mis «les fonctions de comités relevant du C.A.», mais peut-être que j'y
vois quelque chose qui n'est pas là.
Mme Roy :
Bien, on en prend bonne note. Cependant, c'est que la façon dont c'est libellé,
ce l'est actuellement dans la loi initiale. C'est déjà un état de droit
actuel que nous avons reproduit. Donc, on n'a rien...
M. Chagnon (Stéphane) : Ah!
O.K.
Mme Roy : On a pris ce
qui existait déjà.
M. Chagnon (Stéphane) : Ah bon.
Bien, écoutez...
Mme Roy : Et ça peut
être des comités de tous types pour différentes situations, j'imagine. Par
ailleurs, c'est vraiment tiré du libellé actuel de la loi que nous révisons.
M. Chagnon (Stéphane) : O.K.
Bon, bien ça, je ne l'avais pas remarqué.
Mme Roy :
Juste pour vous dire...
M. Chagnon (Stéphane) : Je ne
l'avais pas remarqué, ça.
Mme Roy :
Il est dedans déjà. Mais on prend note de ce que vous nous dites, là, pour voir
dans quelle mesure on peut s'assurer que tout ça concorde.
M. Chagnon (Stéphane) : Oui.
Parfait.
Mme Roy : Bien, écoutez,
vous êtes un... J'avais des questions, ici, mais, franchement, elles sont
franchement banales à côté de l'échange qu'on a, actuellement. Je pense que...
Et la question... Tu sais, si on fait ça, c'est pour améliorer les choses, pour
espérer que le Musée des beaux-arts, bon, se sorte... mais je pense que, là, la
poussière est tombée, puis on est partis dans une autre direction, là, puis
avec la pandémie par-dessus ça, là, bon, on va sortir de tout ça. Et la
question, naturellement, c'est : Selon votre compréhension et votre
lecture du p.l. n° 81, considérez-vous qu'à l'égard
de la gouvernance on va être mieux équipés ou pas que ce qu'on avait
précédemment?
M. Chagnon (Stéphane) : Bien,
je pense que, décidément, vous allez être mieux équipés et mieux occupés aussi,
peut-être, mais vous allez être mieux équipés. En fait, les administrateurs et
la direction générale du Musée des beaux-arts vont être mieux équipés. Il
faudra voir comment le fait de siéger... mais ça, c'est calqué sur les sociétés
d'État, comment la direction générale, en siégeant comme administrateur, avoir
cette double imputabilité, comment ça va s'opérer concrètement, hein? Ça, il
faudrait voir. Dans la mesure où le conseil d'administration adopte des
politiques, alors, le D.G. va se voir comme... il va, comme administrateur,
adopter des politiques qu'il va lui-même mettre en oeuvre et faire respecter à
l'intérieur. Ça sera à voir. Ça, je pense, c'est l'élément qui est le plus...
qui me questionne le plus et qui... et ça, ça va se voir dans la pratique
d'abord.
Ce que ça a
aussi, c'est que... puis le bon côté de cette chose-là, peut-être, c'est qu'un
conseil d'administration ne peut pas tenir un C.A., et délibérer, et...
sans que... et en excluant le directeur général. Avec ça...
Mme Roy : Là, vous
voyez...
M. Chagnon (Stéphane) : Avec
ça... C'est sûr qu'avec ça, le C.A., il est obligé, le directeur, il siège
comme administrateur.
L'autre chose que j'ai remarquée, aussi, qui est
importante, c'est que le gouvernement, aussi, garde un oeil sur ce que
j'appelle la nomination des quatre membres parmi les membres du Musée des
beaux-arts... bien, en fait, c'est 11 personnes... non, non, pardon, c'est
10 personnes ensemble qui vont nommer les quatre membres provenant...
parmi les membres du musée. Et donc, ça, ça veut dire que, si c'est deux tiers,
ça veut dire que ça prend sept administrateurs sur 10, donc, dont quatre...
dont six nommés par le gouvernement, quatre élus en assemblée générale. Donc,
sur ces 10 là, ça en prend sept pour nommer les administrateurs. Donc, je pense
que, là, on ne peut plus s'attendre à ce qu'on voyait dans certaines assemblées
dans les bonnes années 70-80, ce qu'on appelait le paquetage de salles,
hein, paqueter des salles puis arriver à...
Donc, dans cette mesure-là, ça peut être perçu
comme un élément de stabilité et, d'un autre côté, ça peut être perçu comme un
élément aussi où le gouvernement a un grand rôle à jouer dans la gouvernance,
joue un grand rôle dans cette gouvernance-là, un rôle prépondérant. Donc,
voilà, je m'arrête là.
Mme Roy : Oups! Mon
petit micro, excusez-moi. M. Chagnon, c'est toujours un plaisir, un, de
vous voir, de discuter avec vous. Je vous remercie beaucoup pour les échanges,
et puis on a pris des notes, et très constructif comme analyse, vraiment. Puis,
à nouveau, au risque d'être redondante, merci encore pour tout le travail qui a
été fait pendant cette année exceptionnelle que nous avons tous vécue, mais
dont, je crois, nous sortirons tous plus fort et dont... avec tellement un appétit pour se retrouver et aller voir nos
beaux musées. D'ailleurs, ça affiche plein partout, hein? Les
musées, là, depuis le jour 1, c'est plein, plein, plein partout. C'est
réservé, puis les gens avaient hâte de revenir.
M. Chagnon (Stéphane) : Oui.
Mme Roy : C'est vrai,
hein? Vous trouvez?
M. Chagnon (Stéphane) : Oui,
oui, c'est plein à 40 %, parce qu'on ne peut pas accueillir plus que
40 % de visiteurs à cause de la norme de distanciation de deux mètres. Ça
fait que les... mais c'est plein à 40 %.
Mme Roy : Oui, alors les
visiteurs voulaient y aller... Parce que certains disent : Les gens auront
peur. Non, je ne crois pas ça. On en a la démonstration, là. Vous êtes au
maximum de ce que vous pouvez accueillir.
M. Chagnon (Stéphane) : Oui. Je
pourrais peut-être terminer par quelque chose...
Mme Roy : Oui, allez-y.
• (17 heures) •
M. Chagnon
(Stéphane) : ...puis j'en profite, vu que les députés sont là et puis
que j'ai peut-être une oreille attentive, assurez-vous que les mesures de
déconfinement puissent donner... qu'il y ait un peu d'assouplissement pour les
musées. Là, les assouplissements, ce sont à l'extérieur, on le voit, les
festivals, les familles dans la cour à huit,
mais, vous savez, à l'intérieur, les musées, là, en zone rouge, là, on ne peut
même pas faire de visite guidée pour une famille en zone rouge; en zone
orange, on peut faire une visite guidée pour une bulle familiale en zone
orange, imaginez-vous; puis, en zone jaune,
bien, on peut faire une visite guidée à 12 personnes distantes de deux
mètres. Si ça reste comme ça tout
l'été, les touristes qui vont venir de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick, ça va être difficile de les accueillir en petits groupes. Et il faudrait,
là... il faudrait voir à un assouplissement des activités de groupe à
l'intérieur des musées, parce que les règles, en ce moment, qui sont édictées
dans le tableau récapitulatif des ouvertures et suspensions des activités du
milieu culturel, ce document-là...
Mme Roy : Eh oui, les
fameux guides.
M. Chagnon
(Stéphane) : ...oui, il est
très, très limitatif. Et, si... Voilà, je finirais par cette petite note
éditoriale.
Mme Roy : Mais elle est
parfaite, votre note éditoriale. Et la bonne nouvelle, entre parenthèses, là,
c'est que nous devrions tourner au orange pratiquement partout assez
rapidement, au courant de la semaine prochaine, à moins que je ne m'abuse, là, et
ce qui est une bonne chose, et par ailleurs... et puis plus on avance dans les
couleurs, mieux c'est. Mais je vais quand même réitérer auprès du premier
ministre le fait que, si on veut avoir des visiteurs, là, il faut que nos gens
puissent visiter en grosse bulle familiale collée, là, tissée serré pour se
promener. J'en prends bonne note, M. Chagnon.
M. Chagnon (Stéphane) : Bien,
merci.
Mme Roy : Merci à vous.
M. Chagnon (Stéphane) : Salut,
tout le monde.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme la ministre.
Je céderais maintenant la parole à la députée de
l'Acadie pour 13 min 45 s.
Mme St-Pierre :
Merci beaucoup. Merci, M. Chagnon, merci d'être parmi nous aujourd'hui.
C'est un projet de loi qui est important puis
c'est un projet de loi qui va faire en sorte que le musée va pouvoir regarder l'avenir avec plus d'optimisme,
parce qu'il a passé à travers toute une tempête... en fait, deux
tempêtes dans la dernière année, la pandémie et cette tempête interne. Et je
pense que les gens ont la volonté... ce qu'on a entendu aujourd'hui, ont
vraiment la volonté... parce qu'ils sont amoureux de ce grand musée, ont la
volonté que ce musée-là puisse vraiment être tout à fait... je dirais, qu'il
ait une gouvernance plus moderne. Puis peut-être que, finalement, la bonne
chose qui est arrivée dans ce qui est arrivé, c'est qu'on arrive avec ce projet
de loi là. Puis je vais vous rassurer tout de suite, je ne sais pas si vous
avez entendu le début des consultations, mais nous sommes, nous, de l'opposition
officielle, vraiment sur la même page que la ministre dans cette atteinte, là,
d'une meilleure gouvernance. Ça vient aussi avec les projets de loi qu'on avait
adoptés antérieurement lorsque j'étais dans mes anciennes fonctions, puis c'est
une façon de moderniser également cette façon de voir... de faire les choses.
Sur la question du D.G., donc, il y a un
avantage à ce que le D.G. soit au conseil d'administration puis il y a un désavantage parce que, s'il n'est pas au
conseil d'administration, bien, il ne participe pas aux réunions. Mais est-ce
qu'on pourrait avoir une formule, pour employer un terme qui est très populaire
aujourd'hui, une formule hybride, c'est-à-dire il n'est pas membre du conseil
d'administration, mais assiste au conseil d'administration pour éclairer les
membres du conseil d'administration — on le voit dans d'autres types, là, d'organisations
— pour
éclairer le conseil d'administration sur, bon, qu'est-ce qui se passe au musée
puis si les membres ont des questions? Est-ce que vous seriez... Est-ce que
vous nous dites : On devrait vraiment faire en sorte que le D.G. ne soit
pas membre du conseil d'administration, ou si vous... Je n'ai pas votre
position claire, claire, claire, là.
M. Chagnon (Stéphane) : Bien,
en fait, elle n'est pas tout à fait claire parce que... En fait, ce qu'il
faudrait voir, effectivement, c'est on parle de musées privés. La pratique
commune, en ce moment... Il y a plusieurs musées au Québec, les 400 musées
sont des OBNL, et plusieurs musées qui ont, dans le règlement, enchâssé que la direction
générale assiste à toutes les réunions du conseil d'administration. Donc, il y
a possibilité... oui, il y a possibilité d'inscrire dans le projet de loi
n° 81 le fait que le directeur général assiste aux réunions avec droit de
parole, sans droit de vote, et ça, il y a possibilité... il y a possibilité de
le faire. Et là, bien, si c'est ça et qu'il n'est pas membre du C.A., il faudra revoir la composition ou
l'équilibre. On ne peut pas laisser un C.A. de 14 membres si le D.G. ne
l'est pas.
Mme St-Pierre :
Non, non.
M. Chagnon (Stéphane) : C'est
ça. Mais ça, ça se fait, là, on parle de structure. Là, je ne peux pas vous
dire de quelle manière, si ça va... s'il y a
des avantages et des inconvénients dans les deux façons, effectivement. Et peut-être que,
dans le contexte actuel, suite à ce qui s'est passé...
Mme St-Pierre :
Bien, on devrait peut-être avoir la ceinture puis les bretelles, là, c'est-à-dire...
M. Chagnon
(Stéphane) : Bien, c'est ça. C'est qu'en ce moment la meilleure
manière, c'est de dire... bon, bien, c'est de lui permettre d'être, par règlement,
membre du conseil d'administration de plein droit. Et, à ce moment-là, il n'y a
pas d'équivoque, c'est-à-dire que le D.G. assiste à plein droit avec... Ça sera
dans la... je dirais, dans la pratique organisationnelle. On va voir comment ce
rôle-là va se vivre, mais je vois juste... N'oubliez pas, ce n'est pas une société
d'État, parce qu'une société d'État... Le directeur siégeant au sein du conseil
d'administration, tout ce beau monde-là travaille pour l'État québécois, mais
là le D.G. qui est là, lui, quand il va devoir voter sur des politiques... Moi,
j'imaginais la direction générale qui n'est pas à l'aise avec une politique que
le C.A. va adopter, s'il y en a une couple comme ça, là, puis il n'aura pas le
choix... s'il manifeste son abstention, ça va être quoi, 14 sur 15, 14 sur 15,
14 sur 15. À un moment donné, la direction générale peut se sentir en
porte-à-faux entre cette double imputabilité, c'est-à-dire cette double
imputabilité d'adopter des politiques et des règlements internes, et après ça
les appliquer. C'est juste ça. Mais, quand on est dans une société d'État,
c'est autre chose, là.
Mme St-Pierre : Oui, mais, moi, ce que je comprends, c'est qu'on
devrait demander... on devrait approfondir cela davantage — puis je
pense que la ministre prend des notes puis est à l'écoute —
approfondir cela davantage à la lumière de
ce qui s'est passé et de faire en sorte que le directeur général ou la directrice générale n'ait pas à siéger... ne soit
pas membre du conseil
d'administration, mais puisse peut-être
assister aux réunions du conseil
d'administration...
M. Chagnon
(Stéphane) : Obligatoirement.
Mme St-Pierre :
...obligatoirement et répondre aux questions.
M. Chagnon
(Stéphane) : Obligatoirement avec droit de parole.
Mme St-Pierre :
Oui, oui... les membres du conseil d'administration.
M. Chagnon
(Stéphane) : Oui, avec droit de parole.
Mme St-Pierre :
Alors, O.K., on va réfléchir là-dessus.
M. Chagnon
(Stéphane) : Oui, oui, et c'est ça qui ferait peut-être la particularité
du règlement 81, qui ne s'applique pas à une société d'État, mais à un musée
privé. Donc, les juristes sont très bons là-dedans.
Mme St-Pierre :
Bon. Et en plus il se retrouve, le D.G... s'il est à être remplacé, il se
retrouve un petit peu en conflit d'intérêts, parce que le conseil
d'administration, bon, va mettre un comité en place pour recruter quelqu'un
d'autre, mais il est quand même... il va voter sur sa succession.
M. Chagnon
(Stéphane) : C'est ça.
Mme St-Pierre : Le syndicat nous a parlé aussi — puis ça, c'est peut-être trop interne, mais enfin — d'empêcher
le cumul des fonctions, en fait, que le D.G. puisse cumuler une autre fonction
au sein de l'organisation. Ça, c'est vraiment à la lumière de ce qui s'est
passé dans le passé. Vous, est-ce que vous voyez un problème à ce qu'un D.G.
cumule une autre fonction dans l'organisation?
M. Chagnon
(Stéphane) : Je vais vous dire que...
Mme St-Pierre :
Peut-être pour des petits, petits musées, ils sont obligés de le faire, là,
mais...
M. Chagnon
(Stéphane) : Bien, c'est ça que je voulais vous dire. Dans la pratique
actuelle, il y a plusieurs directions générales de musée au Québec qui cumulent
deux fonctions...
Mme St-Pierre :
Mais là on est en grand musée.
M. Chagnon (Stéphane) : ...directeur-conservateur,
directrice-conservatrice. C'est-à-dire que... Dans un grand musée, écoutez, c'est...
Qu'est-ce que je pourrais répondre à cette question? Dans un grand musée, c'est
sûr que la fonction de directeur général... en soi, c'est elle, c'est la
personne qui veille à tout ce qui est... toutes les actions muséales relèvent de cette personne-là. En plus
d'avoir, je dirais, les fonctions de gestion des RH, financières et
matérielles, bien, la direction générale
doit voir à l'ensemble des activités dites muséales, c'est-à-dire des collections... Donc, déjà là, comme directeur général, tu
dois superviser les activités de collectionnement, les activités d'exposition,
les activités éducatives, des événements.
Donc, je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'il y ait des cumuls, non,
je ne vois pas d'inconvénient.
Mme St-Pierre :
Mais, pour ce cas-là en particulier, vous ne voyez pas... C'est-à-dire, si on
pense à des plus petits... mais, pour un
grand musée comme ça, vous ne voyez pas d'inconvénient. Les craintes du syndicat
sont peut-être basées sur ce
qu'ils ont vécu dans le passé puis que, là...
M. Chagnon
(Stéphane) : Je vous dirais que qui a été mordu par le serpent craint
la ficelle, chat échaudé craint l'eau chaude. Effectivement, c'est peut-être à
cause de ça qu'on ne veut pas une double...
Mme St-Pierre : De
toute façon, peut-être, aussi, qu'il y aura des mécanismes pour permettre au
syndicat, dans l'avenir, d'avoir accès à de l'aide ou, enfin, pouvoir faire
connaître la problématique qui est vécue à l'intérieur de l'organisation.
• (17 h 10) •
M. Chagnon (Stéphane) : Il me
semble que la... évidemment, il me semble que la direction générale devrait
avoir la possibilité de voir quelles fonctions elle veut amalgamer à sa
direction générale pour lui donner... Vous savez, la personne va... elle est là
cinq ans, renouvelable. Mais moi, je n'y vois pas d'inconvénient. Voilà.
Mme St-Pierre :
O.K., c'est beau.
Sur les mesures dont vous avez parlé à la fin de
votre intervention avec Mme la ministre, on a débordé sur la pandémie, puis je
sais que ce n'est pas ça, le but du projet de loi, mais, puisqu'on vous a avec
nous, 300 musées... Puis je me souviens, là, quand j'étais dans mes
anciennes fonctions puis qu'on se rencontrait, c'étaient des gens, évidemment,
passionnés, puis on était toujours émerveillés par tout ce qui se passait puis
tout ce qu'on pouvait faire en termes de protection. Est-ce que vous craignez,
là, à la suite de cette pandémie-là, chez vos 300 membres... Est-ce qu'on
va en perdre? Est-ce qu'on va avoir des établissements qui vont devoir fermer
ou... Ils sont dans quel état, là, à la sortie de tout ça, là?
M. Chagnon
(Stéphane) : Je vous dirais qu'il y
a à peu près... On a 300 musées membres, mais il y en a
400 au Québec. Il y a une quinzaine d'institutions muséales qui n'ont
pas réouvert leurs portes depuis le début de la pandémie, O.K., une quinzaine. Je
pense que, si certains des musées qui n'ont pas ouvert n'ont pas d'aide cette
année, en 2021‑2022, il se peut qu'on... il se pourrait qu'on assiste à quelques
fermetures. Si le plan de relance du secteur culturel prévoit de l'aide
financière du gouvernement, via le ministère de la Culture, pour le réseau
qu'on appelle les institutions muséales soutenues et agréées, je pense qu'on va
maintenir la tête hors de l'eau. Mais il se pourrait qu'il y ait des
institutions muséales, s'il n'y a pas de soutien... Comme je le disais tantôt,
les musées sont aussi affectés que l'été dernier, et donc la capacité
d'accueil, les revenus autonomes ont baissé, je vous dirais, dans les centres
urbains, de 90 %. Les musées à Montréal, Québec, des grandes villes ont
baissé... Les revenus autonomes, billetteries, boutiques, événements,
philanthropie, donc, commandites, ça a baissé, dans les centres urbains, jusqu'à
90 %. Dans certaines régions plus touristiques, là on dit : Wow! Ça a
été un été touristique formidable, 2020. Mais formidable... mais, si on le
compare à 2019, on n'a jamais atteint les taux de fréquentation de 2019. Donc
là, les musées en région, dans certaines régions touristiques, vont retrouver peut-être...
au niveau des revenus autonomes, peut-être 40 %, peut-être 50 % des
revenus autonomes qu'ils avaient eus à l'été 2019.
Donc, c'est impossible de penser que les musées
au Québec vont pouvoir continuer à opérer cet été avec des capacités réduites à
30 % en raison de la distanciation physique et sans touristes étrangers et
sans activités de groupe et sans rassemblements, vous savez, toutes les soirées
de philanthropie qu'on fait dans les musées. Donc, il se pourrait... s'il n'y a
pas d'aide, je pense, il se pourrait qu'il y ait quelques fermetures. L'ICOM,
l'International Council of Museums, a évalué que les musées en Amérique du Nord,
10 % pourraient fermer leurs portes. Donc, je ne pense pas qu'on en est
rendus là, nous, au Québec, parce que 10 % de 400...
Mme St-Pierre :
On parle de 40.
M. Chagnon
(Stéphane) : On parle de 40,
et je ne crois pas. S'il y a fermeture, on pourrait penser à peut-être cinq, 10. Mais là je n'ai pas de
boule de cristal.
Mme St-Pierre : D'accord.
O.K. Bien, écoutez, je pense que ce sera intéressant de suivre cela.
Moi, je veux vous féliciter pour votre travail
aussi à mon tour, votre résilience. Et j'imagine aussi... je pense que le
message a été bien capté de voir comment, en... comment, là, la sortie de la
pandémie puisse aussi vous accommoder, c'est-à-dire en termes de visiteurs que
vous pouvez... que vous allez pouvoir accueillir au sein de vos organisations.
Alors, je pense que ça, c'est important de... parce qu'effectivement on a bien
hâte de retourner vous voir puis de pouvoir voir aussi... de pouvoir voir du
monde, comme on dit, en personne.
Alors, je vous
remercie beaucoup, ça a été fort agréable de vous entendre. Et sachez qu'on va
souhaiter... tout le monde, on va se souhaiter un très bel été puis de
revenir à la normale le plus rapidement possible. Merci beaucoup.
M. Chagnon (Stéphane) : Merci,
Mme St-Pierre. On va se souhaiter un bel été muséal et culturel.
Mme St-Pierre :
Oui. On en a besoin.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Merci beaucoup, M. Chagnon, de votre présence avec
nous cet après-midi. Et cette intervention met fin aux travaux de la commission
pour aujourd'hui.
Donc, la commission ayant accompli son mandat,
j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 16)