(Quinze
heures trente minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) : Bon après-midi, tout le monde. Donc, ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits
budgétaires du portefeuille Enseignement supérieur pour l'exercice
financier 2021-2022. Une enveloppe de trois heures a été allouée pour
l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme IsaBelle (Huntingdon) est remplacée par
M. Lévesque (Chauveau); Mme Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par
Mme Nichols (Vaudreuil); Mme Labrie (Sherbrooke) est remplacée par
M. Zanetti (Jean-Lesage); et Mme Hivon (Joliette) est remplacée par
M. Roy (Bonaventure).
Enseignement supérieur
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le secrétaire. Donc, nous allons
procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et la ministre par blocs
d'environ 20 minutes. Le temps d'échange inclut les questions et les réponses
et la mise aux voix sera effectuée à la fin du temps alloué à l'étude des
crédits... à l'étude du volet. Donc, je vous demande de respecter les mesures
sanitaires. Lorsqu'on prend la parole, on peut enlever le masque, mais, sinon,
on doit remettre notre masque et garder la distanciation.
Discussion générale
Donc, je suis maintenant
prête à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour
un bloc d'échange. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, je vous cède la
parole.
Mme David :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ça me fait un grand, grand plaisir
non seulement de revenir dans les fonctions
de porte-parole de l'opposition officielle en enseignement supérieur, mais de
vous saluer aussi, de saluer, donc, Mme la Présidente, Mme la ministre, Mme la
députée, les membres de votre cabinet. Vous êtes bien accompagnée,
d'ailleurs, par les membres de votre équipe ministérielle. Alors, évidemment je
me permets un petit écart en saluant
particulièrement M. Simon Bergeron que je retrouve avec grand plaisir. On
a beaucoup, beaucoup
d'excellents souvenirs de travail, que ça soit pour la loi n° 151, que ça
soit pour les grands chantiers de révision des modèles de financement des
collèges et des universités. Alors, je retrouve ces dossiers-là avec un immense
plaisir et, comme je vous l'ai dit, Mme la
ministre, je veux... c'est en toute collégialité que je veux faire avancer
l'enseignement supérieur au Québec. Et je crois que vous partagez, donc,
mes objectifs.
Je vais commencer rapidement
parce que, studieuse comme je suis, évidemment, j'ai quand même quelques
questions. Et je voudrais avoir le temps de les poser. On va commencer par
l'aide financière aux études. S'il y a un enjeu qui, évidemment, mobilise beaucoup
les associations étudiantes, je suis passée par le transfert fédéral de
80 millions et je sais ce que c'est, d'aller voir mon collègue des
Finances pour dire : Est-ce que le transfert pourrait être au complet mis
pour l'aide financière aux études? Alors, là, on ne parle pas de
80 millions, cette fois-ci, on parle de 355 millions en compensation
pour l'aide financière aux études.
Alors, je voudrais
savoir si vous avez l'intention de faire le même genre de démarche,
c'est-à-dire d'aller parler au ministre des Finances, et de lui demander de ne
pas mettre les trois quarts dans le fonds consolidé, et de le garder
entièrement pour les étudiants, particulièrement avec ces années difficiles
qu'ils vivent actuellement.
Mme McCann : Merci. Merci pour votre question. Puis, moi
aussi, je vais en profiter pour saluer la présidente, Mme la Présidente,
évidemment, ma collègue de Marguerite-Bourgeoys que je retrouve avec plaisir, et mes
collègues de Jean-Lesage et de Bonaventure, et également saluer ma collègue la
députée de Charlevoix.
Une voix :
...
Mme McCann :
Oui, Charlevoix. Oui, voilà. Et les membres de l'équipe ministérielle et
également mon chef de cabinet qui est présent, là, aujourd'hui.
Alors, oui,
effectivement, ce sont de très bonnes nouvelles, hein, cette annonce, là, du
budget fédéral pour des mesures temporaires et permanentes qui incluent des
allègements pour la dette d'études, de reconduire la hausse des bourses d'études, d'élargir l'accès aux
personnes handicapées, de reconduire le soutien pour les adultes qui retournent
à l'école.
Nous,
de notre côté, on est en discussion, déjà, avec le gouvernement fédéral
là-dessus, le ministre des Finances, certainement,
et on analyse la situation. Comme ma collègue le sait très bien, on administre,
hein, notre propre programme d'aide financière aux études. D'ailleurs,
on a alloué des sommes importantes, là, dans la dernière année. Si on pense aux 300 millions que nous avons donnés
l'année dernière pour l'aide financière aux études, ça a été, je pense, un
moment charnière, ça a été très
important comme budget. Je pense que ça a été reconnu, d'ailleurs, par les
associations étudiantes. Alors, c'est
sûr que nous allons poursuivre nos discussions avec le ministre des Finances et
également avec le fédéral, là, du côté du ministre des Finances.
Mme David : Merci. Alors je
comprends que les discussions... Vous n'avez pas l'assurance aujourd'hui de
pouvoir bénéficier, pour les étudiants, du 355 millions, donc de
l'entièreté de la compensation du fédéral. Il pourrait vous réserver quelques
surprises, votre collègue des Finances.
Mme McCann : Bien, écoutez,
c'est sûr qu'il faut laisser les discussions se faire, là, avec le fédéral, à
ce moment-ci. Et on peut dire que, nous, on
a déjà un régime assez généreux, hein, du côté de Québec. On a le montant des bourses. Par exemple, quand le fédéral nous dit
qu'on veut doubler les bourses pour les étudiants, on passe d'un
3 000 $ à un
6 000 $. Bien, nous y sommes déjà, nous. Avec ce qu'on a donné aux
étudiants l'année dernière, on est passé d'un montant moyen de
5 700 $ à 6 700 $. C'est simplement pour donner un exemple
à quel point nous sommes généreux. Bon,
c'est sûr que ce n'est jamais parfait. On aimerait, évidemment,
avoir davantage, mais quand même on est en bonne position au Québec. On
a des droits de scolarité à peu près nuls au niveau des cégeps, c'est très,
très minime, et au niveau des universités, on est très compétitif au niveau des
droits de scolarité également.
Mme David : J'entends bien,
mais ce n'est pas clair encore si l'argent qui va venir du fédéral va transiter
par les Finances, et ils vont en prendre une
ponction ou pas. Alors, je reviendrai certainement sur cette question-là,
puisque je vois que ce n'est pas encore réglé. Mais le 80 millions,
82 millions, que vous avez, au dernier budget, annoncé, qui correspond à
100 $ par étudiant, d'abord, les étudiants ont beaucoup de réserves sur
cette mesure-là, parce qu'ils disent :
On récompense les plus performants. On se dit : Bon, 100 $ par étudiant,
c'est ceux qui sont à temps plein, etc. Beaucoup de questions sur
pourquoi c'est tout le monde et pourquoi ce n'est pas à l'aide financière aux
études pour ceux qui en ont le plus besoin.
Première question. Deuxième question : Le 82 millions de dollars que
ça totalise, est-ce que ça va être pris en plus ou dans le
355 millions?
Mme McCann : Oui. Je vais vous
répondre tout de suite. Je cherchais une information, mais je peux vous
répondre tout de suite que le 80 millions est à part, hein, n'est pas le
350. Alors, c'est déjà prévu au budget que nous avons annoncé, le dernier
budget annoncé. Donc, le 80 millions n'est pas dans le 350 millions.
Je peux comprendre la réserve au niveau des
étudiants, quoique les échos qu'on a eus pour le 100 $ qu'on donne par
session a quand même été positif. Je pense que c'est vu comme une aide
additionnelle à ce qu'on a déjà fait, hein,
c'est un complément. Et évidemment c'est pour des étudiants qui sont à temps plein,
parce qu'on veut susciter une mobilisation, on veut que les étudiants
fassent leurs études, évidemment, à temps plein le plus possible quand c'est
possible. Et cette aide-là peut aider à payer certaines fournitures, des
livres. Donc, c'est ce qu'on a voulu faire.
Puis on a également donné un congé d'intérêts,
hein, sur les prêts étudiants — ça, ça a été aussi très, très bien reçu — pour
un montant d'au-delà de 70 millions. Et ça, c'est heureux, ça vient aider
nos jeunes qui entrent sur le marché du travail et qui... On allège leur dette,
là. Alors, c'est un ensemble de mesures, hein, qu'on prend.
• (15 h 40) •
Mme David :
O.K., merci beaucoup. Je vais passer à un autre sujet très, très important, qui
m'apparaît vraiment fondamental : les étudiants internationaux et leur
présence ou non, ou virtuelle dans les collèges. Évidemment qu'on sait, et ça a été confirmé, et il y a toutes sortes de
sources, mais ça a été très publicisé récemment à Radio-Canada, là, des frais
astronomiques de 25 000 $ demandés
par certains collèges pour faire des A.E.C., des attestations d'études
collégiales. Et on sait, pour une certaine catégorie d'étudiants, d'un
certain coin de la planète, c'est passé de 2 000 $ en 2017, donc, à 23 000 $ en 2019. Et pour les
six premiers mois de 2020, 6 300 étudiants qui ont été recrutés. À
l'automne 2020, vos propres
données du ministère rapportent 12 000 étudiants de ce pays, soit
62,4 % de tous les étudiants collégiaux.
Vous avez dit dans ce reportage à Enquête :
«On va agir, c'est certain.» Un resserrement de la loi est-il envisagé? Que va faire le gouvernement? Vous
répétez : «On va agir, c'est certain, dans un horizon pas trop lointain.»
Le 3 décembre : «J'ai demandé des
rapports avant Noël, et je ferai les modifications nécessaires dans le
processus d'octroi de permis, et j'irai même peut-être jusqu'à renforcer
la formation au niveau de la langue française.»
Alors, deux questions. La première : Vous
attendiez des rapports avant Noël, alors les avez-vous reçus? Si oui, est-ce
que vous pouvez les déposer? Et le deuxième sur, oui, vous avez bien dit, on
l'a bien entendu, renforcer la langue
française. Donc, dans une A.E.C., des cours de français obligatoires, ce qui
serait vraiment totalement nouveau dans le régime d'études collégiales, où les
A.E.C., par définition, n'ont pas de cours, entre autres, de français ou
de formation générale.
Alors, je voudrais vous entendre sur ces deux
aspects-là.
Mme McCann : Bien, c'est une
question très importante, parce qu'on a réalisé qu'il y avait une situation particulière, là, dans nos établissements
collégiaux, certains établissements collégiaux, qui nous a grandement
préoccupés. Et on s'est mis en action tout de suite. Ça, c'est à
l'automne passé. Et effectivement, moi, j'ai demandé d'avoir au moins un peu d'information
provisoire, là, avant les fêtes pour pouvoir juger de l'orientation des travaux
avec le ministère, ce qui a été fait. Mais le rapport ne
m'a pas encore été déposé complètement. J'ai eu des parties, à ce moment-ci,
mais ce n'est pas final. Mais c'est à court terme que ça devrait arriver.
Parce que ça a été un
travail d'assez grande envergure, hein? Il y a trois volets à ce travail qu'on
a entamé quand on s'est aperçu de cette situation. Comme ma collègue l'a dit,
c'est quand même assez récent, dans les deux, trois dernières années. Puis on a
vu vraiment une explosion d'étudiants internationaux dans certains collèges.
Donc, il y a trois volets. Il y a d'abord un volet où on a fait une vérification de conformité à la Loi sur l'enseignement privé auprès de neuf collègues privés. Ensuite, on a fait une enquête
administrative sur l'encadrement des pratiques visant le recrutement des
étudiants internationaux. Et on a donné aussi un mandat d'évaluation du processus
global d'octroi des permis, parce qu'il y avait aussi cette dimension.
Parce
que moi, quand je suis entrée en poste, je me suis mise au courant du processus
pour donner des permis, et c'était évidemment l'été passé, et effectivement
j'ai rencontré la commission, là, d'évaluation de l'enseignement privé. En fait, c'est une commission
consultative, hein, qui fait des
recommandations, et on m'a expliqué le processus. Et quand j'ai vu la
situation qui se passait, je pense qu'il y avait là raison de revoir ce
processus-là, parce qu'il y a probablement des balises additionnelles qu'il
faut se donner, parce qu'au moment où on donnait un permis, il y avait un
certain nombre d'étudiants, et par la suite, le nombre d'étudiants pouvait
augmenter sans affecter la délivrance du permis.
Dans la loi ou le règlement, il n'y avait pas ce genre de balise. Alors, c'est
un élément, mais il y en a d'autres
aussi.
Je dois dire, Mme la
Présidente, que c'est un travail très exhaustif qu'a fait le ministère, qu'il
est sur le point de terminer. Avant l'été, certainement que je vais être en
mesure d'annoncer les mesures que nous allons prendre, le plan d'action que
nous allons prendre. Il y aura des volets réglementaires, il y aura des volets
administratifs aussi. Alors, on est sur le point, là, dans quelques semaines,
d'informer la population, d'informer aussi les établissements, bien entendu. On a déjà demandé des rectificatifs
à certains établissements. On a fait
plusieurs vérifications. Il y avait eu
aussi plusieurs plaintes, il y avait eu une couple de centaines, là, au moins
200 plaintes, là, qui touchaient quelques collèges, et on a procédé
à contacter ces collèges, demander des rectificatifs pour les motifs de ces
plaintes-là. Et un des motifs importants qu'il y a eu, c'étaient des frais de
scolarité qui étaient demandés aux étudiants avant même qu'ils arrivent pour
commencer leurs cours. Alors, il y a ce genre de rectificatif, là, qu'on va
demander dans l'esprit de la loi avec, potentiellement, modifications de
règlements et modifications administratives également.
Mme David :
Merci beaucoup. Si je peux en rajouter sur non seulement la complexité, mais
l'urgence de la situation, c'est un
véritable bourbier dans lequel tout ça se situe. Je ne dis pas que ça
n'existait pas avant vous, ce bourbier, mais là il y a eu une
augmentation exponentielle. C'est l'urgence, d'après moi, en ce moment, à
régler dans le ministère et dans... Vous avez un pouvoir lié par la commission
d'évaluation de l'enseignement privé. Vous avez les deux mains liées dans le dos. Vous le dites vous-même, il y a des choses
que vous ne pouvez pas faire. Il faut absolument, et je serai la plus
heureuse quand vous allez vous asseoir, déposer un projet de loi, puis qu'on
fasse le ménage là-dedans, là. C'est vraiment plus qu'urgent parce que, là, il
y a toutes sortes de problèmes avec l'immigration. Et là ça devient un enjeu
quasiment de relations internationales aussi.
Alors, je veux
vraiment m'assurer... J'ai la liste de tous les collèges, là, que vous avez à
la fois... pour lesquels vous avait fait une enquête administrative, pour
lesquels vous avez fait des vérifications. C'est bien beau. Je sais que le
ministère travaille fort. Je n'ai aucun doute là-dessus, aucun doute, mais il
va falloir travailler vite, mettre de la
pression parce qu'il faut arriver le plus vite possible avec quelque chose pour
la prochaine année. On ne peut pas rester
dans cette impasse. Moi, j'appellerais carrément ça une impasse par rapport au
niveau de cette Loi sur l'enseignement privé et, comme vous dites, des
permissions par absence de balise. On peut... Ils peuvent nous dire que ça va
être 200 étudiants, et on en retrouve
2 000 six mois après. Vous n'avez pas les pouvoirs nécessaires pour
assurer que tout ça se passe bien, et, en ce moment, selon moi, c'est là
que le feu est pris. Dans tous les dossiers que vous avez, c'est un des feux
les plus importants.
Mme McCann :
Oui. Et, Mme la Présidente, je peux ajouter là-dessus qu'il en va de la qualité
de l'enseignement. En fait, c'est
notre rôle premier, hein, de voir à la qualité de l'enseignement... découle
notre réputation aussi à l'international, là, je veux dire, c'est très
important. Alors, oui, on va bouger dans les meilleurs délais.
J'aimerais aussi
faire une nuance parce que je sais qu'actuellement dans les médias on parle
beaucoup d'étudiants qui ne peuvent pas venir au Québec, et peut-être même
certains au Canada, parce qu'ils n'ont pas un visa actuellement. Alors, ça, ça
appartient au gouvernement fédéral, hein? Je pense qu'il faut faire cette
distinction parce qu'ici les étudiants ont leur admission dans les
collèges, mais ne peuvent pas y venir actuellement parce
qu'ils n'ont pas le visa du gouvernement fédéral. Donc, je voulais faire cette distinction, mais j'abonde dans le même
sens. Nous allons agir. Et nous allons agir très rapidement.
Mme David :
Ma dernière question, s'il me reste... La prochaine fois, je vais mettre mon
minuteur.
La Présidente
(Mme Guillemette) : 6 minutes, Mme la députée.
Mme David :
Combien?
La Présidente
(Mme Guillemette) : 6 minutes.
Mme David : Ah super! Vous
n'avez pas répondu sur la langue française. Je trouve... Vous avez ouvert une porte intéressante dans le reportage d'Enquête.
On n'a plus entendu parler de ça. Vous en êtes où pour votre réflexion
sur ça? Parce que ça... On sait qu'on parle un petit peu
de langue française en ce moment, ça pourrait... et que la CAQ est particulièrement
intéressée à la langue française. Alors, vous ouvrez une porte, ma foi, qui
pourrait être porteuse.
Mme McCann :
Bien, ce que je peux répondre à ce moment-ci, parce que je dois évidemment
respecter un processus, là, il y aura le dépôt d'un projet de loi sur la langue
française, de mon collègue, là, qui en est responsable.
Alors,
je ne peux pas aujourd'hui annoncer quoi que ce soit de spécifique, mais c'est
sûr que notre gouvernement, comme ma
collègue le sait, et tout le monde, on est très préoccupés aussi par tout ce
qui touche la langue française et...
• (15 h 50) •
Mme David :
Je vous arrête, Mme la ministre. Ce n'est pas votre collègue responsable de la
langue française qui va aller décider sur le régime d'études collégiales, puis
les A.E.C., puis les cours de français, là. Il a beau avoir une large importance, ce n'est pas lui qui va
aller décider dans votre ministère, dans vos A.E.C. si vous pouvez imposer
des cours de français. Ce sont des processus internes à votre ministère.
Mme McCann :
Bien, écoutez, là, il y a quand même... Oui. Je vous répondrais : Dans un
sens plus large, vous avez raison. Il y a quand même, dans les collèges dont on
parle, des cours optionnels en français. Ça peut être renforcé, oui. Ça, c'est une possibilité. On a demandé, par exemple, au
collège... au cégep de Sept-Îles, qui... des Îles-de-la-Madeleine, pardon, pas de Sept-Îles, des
Îles-de-la-Madeleine, qui, comme vous le savez peut-être, offre des
cours à Montréal en anglais, mais d'offrir aussi des cours en français à
Montréal.
Alors,
on pose des actions dans ce sens-là. On est très conscients qu'il y a des
besoins au niveau de la francisation. Puis on va probablement poser
d'autres gestes dans le futur.
Mme David :
Alors, puisque vous avez abordé vous-même, vous dites, le cégep des
Îles-de-la-Madeleine. En fait, c'est un centre d'études collégiales du cégep de
Gaspé, que j'ai eu le privilège d'annoncer moi-même. Alors, c'est le cégep de
Gaspé, ce n'est pas Sept-Îles. Donc, vous allez vers...
Mme McCann :
Non, excusez-moi, ce n'est pas Sept-Îles. Gaspé, Îles-de-la-Madeleine.
Mme David :
C'est ça.
Mme McCann :
C'est ça.
Mme David :
Vous avez dit Sept-Îles au début.
Mme McCann :
Oui, oui, je...
Mme David :
J'étais mêlée dans la géographie, mais c'est vraiment les...
Mme McCann :
Oui, oui, moi aussi.
Mme David :
...de Gaspésie. Vous voulez en parler, du cégep de la Gaspésie et de sa
présence à Montréal?
Mme McCann :
En fait, ce que je donnais comme exemple, c'est qu'effectivement ils donnent
des cours en anglais à Montréal, mais on leur a demandé de donner également des
cours en français.
Mme David :
Mais vous savez qu'ils ont un nombre gigantissime d'étudiants en A.E.C.,
justement, avec... autofinancés, toute la question dont on parlait juste
précédemment, là.
Mme McCann :
Tout à fait, tout à fait.
Mme David :
Qu'est-ce que vous pensez de la loi 101 au cégep alors?
Mme McCann :
Ah, là, à ce moment-ci, je ne peux pas vous répondre parce que j'irais
davantage dans des positions gouvernementales. Et, encore une fois, je ne veux
pas faire un outrage à l'Assemblée nationale et donner quelque indication que
ce soit à un projet de loi, là, qui est imminent.
Mme David :
Mais je retiens, en tout cas, que vous avez une préoccupation et que vous
sentez l'urgence pour la question de
l'enseignement privé, et pas seulement privé, mais la question des A.E.C.
autofinancés. Ça peut être au public, ça peut être au privé.
Mme McCann :
Tout à fait.
Mme David :
...et qu'il y a une question de l'enseignement du français, mais il y a une
question aussi de l'ensemble de l'oeuvre qui peut-être a besoin de
resserrement.
Mme McCann : Tout à fait.
Mme David :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
2 min 30 s, Mme la députée, encore.
Mme David : Oui, mais est-ce
que je peux les garder pour tout à l'heure ou ça ne marche pas comme ça?
La Présidente (Mme Guillemette) :
On peut les cumuler, on peut. Oui, on peut les cumuler.
Mme David : Je vais les
cumuler.
La Présidente (Mme Guillemette) :
D'accord. Donc, je céderais maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition
pour 14 min 37 s
M. Zanetti :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup, Mme la ministre, pour vos
questions... vos réponses, plutôt. Moi, je vais avoir quelques
questions.
Concernant l'enjeu de la santé mentale, à la
fois dans les cégeps et les universités, il y a une situation qui est vraiment
dramatique. On a vu les sondages, les pourcentages de détresse, d'idées
suicidaires, de tentatives de suicide sont
historiquement élevés. Puis ça a été évidemment exacerbé par la pandémie, mais
c'était... Même avant ça, il y avait des signaux extrêmement
préoccupants.
Je sais que
vous avez annoncé certaines sommes pour qu'il y ait des soins psychologiques
dans les établissements, mais ma question ne porte spécifiquement pas
là-dessus. Je vous le dis, là, pour qu'on sauve du temps, c'est-à-dire
que, je voudrais savoir, d'une part, il y a ce qu'on peut faire pour que les
étudiantes, étudiants aient accès à un psychologue ou à une psychothérapie,
mais qu'est-ce que vous allez faire pour qu'ils n'en aient pas besoin?
Mme McCann : Ah! C'est une
bonne question. Oui. Bien, justement, c'est une excellente question parce qu'il faut justement faire davantage de prévention
et de dépistage. Et c'est un volet
très important de notre plan d'action
en santé mentale. Parce que, comme mon collègue le dit, ce n'est pas un problème
qui existe depuis la pandémie. Ça a été
exacerbé par la pandémie. Mais je pense qu'il était temps qu'on fasse un plan
d'action complet en santé mentale pour nos établissements d'enseignement
supérieur.
Et c'est ce qui va se passer. J'aurai un plan
d'action probablement d'ici l'été. Et on va commencer à implanter des mesures à
l'automne avec un 60 millions sur cinq ans. Et dans ces mesures il y a un
volet prévention. Parce que, oui, il y a l'offre de services qu'il faut
consolider, mais il faut davantage dépister. Alors, il y a tout un travail qui
a été fait par le ministère, mais avec les établissements, avec les étudiants,
avec les associations étudiantes qui jouent un rôle très, très important. S'il
y a un partenaire qui a vraiment soulevé de façon continue cette situation,
c'est bien les associations étudiantes, là, depuis le début de la pandémie.
Alors, moi, j'ai confiance qu'on va vraiment
faire des avancées. Déjà, avec les budgets qu'on a investis, on est allé capter
beaucoup plus d'étudiants. Par exemple, là, dans les trois derniers mois, il y
a 15 000 étudiants qui ont eu des
services. Mais ils ont été dépistés aussi grâce au budget qu'on a investi. Et
moi, j'ai confiance qu'avec le 60 millions, là, qu'on investit pour
cinq ans, bien, on va être capable d'en dépister davantage et de voir davantage
d'étudiants.
Et j'ai hâte de voir le plan d'action parce
qu'il y a vraiment différentes mesures qu'on peut prendre, mais je ne veux pas
trop m'avancer, mais parce qu'évidemment on va annoncer ça, là, de façon
complète. Mais je pense que ce qu'on cherche, c'est aussi un changement de
culture sur les campus et que ça soit démystifié, que vraiment nos étudiants
puissent avoir toutes sortes de modalités où on voit à leur santé mentale et
ils voient à leur santé mentale en travaillant de pair aussi avec le ministère
de Santé et Services sociaux.
M. Zanetti : Je vous remercie.
C'est intéressant. Les mesures de dépistage, les mesures de prévention, je suis
d'accord, mais j'aimerais vous entendre sur les déterminants sociaux de la
santé mentale étudiante. Quand on leur demande qu'est-ce qui fait que la
situation est telle qu'elle est, bien, on nous parle de pressions financières,
on nous parle d'endettement, on nous parle de travail, de conciliation
travail-famille-étude, de proche aidance, etc. On nous parle d'enjeux
d'inclusion, d'enjeux d'enrayer les agressions sexuelles, des enjeux de
compétition aussi. On parle de cote R
qui est une... qui est quelque chose qui soulève des questionnements, des
injustices. On parle de frais de scolarité, de logement, de stage, de
conditions de travail étudiant. Est-ce que vous... Qu'est-ce que vous allez
faire pour ces choses-là, en particulier?
Mme McCann : Combien de minutes
avez-vous? Parce qu'il y a vraiment toutes les dimensions, là, dans ce que mon
collègue apporte. Et moi, je pense qu'une des choses fondamentales, là, qu'on
est en train de faire, à part le Plan d'action en santé mentale, c'est le
chantier de la réussite. Puis c'est vrai qu'il y a les déterminants sociaux.
Là, vous parliez de pression financière.
Bien, il y a un ensemble de mesures qu'on a prises, là, pour alléger le poids
financier des étudiants. Je parlais du 300 millions qu'on a
investi l'année dernière et il y en aura d'autres, là, évidemment, mesures qu'on va prendre, là, qui s'annoncent, là.
Mais le chantier de la réussite, aussi, qui... Là aussi, j'ai hâte d'avoir
le plan d'action, ça touche les universités,
ça touche les cégeps. L'université du futur en a parlé, également, de la
réussite.
Il y a du travail à faire au niveau des cégeps,
encore plus que dans les universités. Le taux de diplomation, après
cinq ans, est seulement de 60 % à 62 %, ce n'est pas suffisant.
Et il y a, là, des embûches. Et j'ai rencontré la Fédération des cégeps, récemment, qui m'a parlé de sa lecture des
problèmes, qui travaille d'ailleurs avec le ministère. Et je pense qu'on a, là, des pistes très intéressantes pour
la réussite, parce que, ça, c'est le gage d'une vie qui est plus heureuse,
aussi, là, quand on a pu réussir ses études.
• (16 heures) •
Mais il y a beaucoup
de thèmes dans ce que mon collègue apporte que j'aimerais aborder, mais là je
ne pense pas que je vais avoir le temps. Mais il y a toute la question de la
conciliation travail-famille, aussi. On a, je pense, au Québec, le bonheur
d'avoir un réseau, notamment les universités du Québec, qui est ouvert partout,
dans toutes les régions du Québec, et qui est souple, qui est agile et qui
permet à des gens de retourner aux études, de concilier travail-famille, aussi,
et qui est souple dans ses offres de cours. Alors, on peut les prendre à
distance, hein? Les cours à distance,
l'enseignement à distance, avec raison, là, les étudiants en sont saturés, là,
donc il faut revenir au maximum sur les campus. Mais s'il y a un groupe
d'étudiants qui me dit que : Bien, finalement, nous, on est quand même généralement à l'aise avec ça, ce sont les
étudiants en formation continue et les étudiants, aussi, qui sont loin, dans
des régions éloignées, puis qui veulent prendre des cours à distance.
Alors, il y a là une accessibilité.
Donc, je pense qu'il
faut qu'on ait une offre de services qui soit adaptée aux gens qui sont dans le
milieu de travail et qui veulent faire une formation continue, par exemple. Et
on est de plus en plus agiles dans ce sens-là puis on a besoin de l'être parce
qu'on a des besoins de main-d'oeuvre exponentiels actuellement en santé, en
éducation, en technologies de l'information. Donc, on a besoin de ces
gens-là.
Alors, je ne sais pas
si je réponds à une partie de la question, je pense, mais il y a tellement de
thèmes dans la question qu'il faudrait voir, là, s'il y en a que mon collègue
voudrait prioriser.
M. Zanetti :
Je vais prioriser, effectivement, la question du logement. On sait qu'on est en
pleine crise du logement, les prix des logements explosent, il y a des
rénovictions à Montréal, mais partout, partout au Québec il y a des phénomènes,
et les étudiants aussi paient le prix de ça parce qu'il n'y a pas assez de
résidences étudiantes pour eux, et donc il y
en a beaucoup qui sont sur ce marché-là.
Et le 100 $ qu'ils vont recevoir
l'année prochaine, ça ne couvrira pas,
disons, les frais puis ce n'est pas ça qui va faire une différence sur les
augmentations de loyer qu'on voit en ce moment.
Alors, est-ce que,
sur la question du loyer, vous avez réservé des sommes quelque part là-dedans
pour aider des coopératives, par exemple, de logements étudiants ou aider des
cégeps à rénover ou agrandir leurs résidences étudiantes, par exemple?
Mme
McCann : Je vais être très
candide là-dessus, là, que c'est une question, bon, d'abord, qui me
préoccupe, là, parce que, bon, on voit que dernièrement, là, la
surchauffe du marché cause de graves problèmes, et j'ai l'intention d'en
parler notamment avec les associations étudiantes, qui sont bien, bien branchées sur la situation
que vivent nos étudiants.
Je dois vous dire
qu'on est aussi en lien avec le MAMH là-dessus, je suis en lien avec la ministre
des Affaires municipales, et certainement que je vais vouloir voir quelles sont
les possibilités qu'on a, au ministère, pour aider notre population étudiante,
surtout qu'on veut qu'ils reviennent sur les campus. Après tant de temps passé
à distance, il ne faudrait pas qu'il y ait un autre frein pour les empêcher de
venir sur le campus.
Alors, c'est une
question qui est récente, hein, cette fameuse surenchère. Disons qu'elle était
moins dans notre radar, là, il y a quelques
mois, quand on était tous à distance, mais là on vient de comprendre qu'à
l'automne c'est ce qui va se passer, mais il faut le faire maintenant.
Alors, on va travailler avec le ministère des Affaires municipales là-dessus,
certainement.
M.
Zanetti : On sait que... Bien, en fait, il y a un enjeu au Québec avec...
un enjeu d'occupation du territoire,
là, puis un enjeu de services en région. Et les cégeps qui sont en
région, et particulièrement en région éloignée, voient des gros investissements
se faire dans la métropole pour rénover des cégeps ou les agrandir, etc., et
ils se demandent un peu qu'est-ce
qu'il va leur rester. Il y a une
ligne en particulier, dans le budget, qui parle d'un 41 millions sur cinq
ans, donc, pour renforcer la présence des établissements d'enseignement
supérieur en région.
Alors, ma question
s'adresse... en tout cas, concerne cette ligne-là dans le budget. De quels
cégeps on parle? Est-ce qu'on parle des cégeps en région en général, ou en
région très éloignée, ou... Alors, voilà. De quels cégeps on parle? De combien
de cégeps on parle, dans le fond? Ce 41 millions là sur cinq ans se sépare
en combien de cégeps?
Mme McCann :
Je me tourne un peu vers les sous-ministres pour me... Moi, je comprends qu'on
parle surtout de 12 cégeps qui sont dans des régions plus éloignées, qui
ont une situation particulière parce que, dans leur communauté, la population
est moins dense, et parfois c'est une question de survie, alors...
Mais
on prend d'autres mesures aussi, hein? Il y a le fameux 41 millions, là, qu'on a
réussi à obtenir, en passant, là. Ce n'est pas... C'est nouveau, ça,
d'avoir un 41 millions comme ça pour des cégeps en région. Et moi, je dois
dire que, quand je suis arrivée en poste,
j'ai eu une sensibilité particulière parce
que je suis vraiment
convaincue, et encore plus maintenant,
que les cégeps en région ont un rôle important d'un point
de vue social, d'un point de vue économique aussi. Alors, moi, je veux qu'ils survivent. Donc,
le 41 millions, c'est pour les 12 cégeps qui sont dans des régions
plus éloignées. Et on espère que ça va être un appui.
Et
on veut également bonifier le programme de mobilité, vous
savez, où est-ce qu'on donne une compensation aux étudiants qui
décident d'aller étudier dans les régions et sortir des grands centres. Alors,
on a travaillé avec le ministère pour qu'il bonifie ce programme de mobilité
pour faire en sorte qu'il y ait davantage d'étudiants qui aillent étudier dans
ces cégeps des régions.
M. Zanetti : Bon, ça amène des
précisions, je vous remercie, mais, mettons, 41 millions sur cinq ans
divisés par 12 cégeps, ça fait moins de
1 million par cégep par année. Pour beaucoup de ces cégeps-là, qui
ont besoin de rénover les résidences, par exemple,
ou qui ont besoin... qui veulent ouvrir un nouveau programme, ou etc., ou qui
doivent acheter du matériel, par exemple, pour de la formation en ligne ou
d'autre chose, ce n'est pas très significatif. Est-ce qu'on peut espérer plus?
Mme McCann : Mon Dieu! Ma réponse va
vous décevoir parce qu'en fait c'est 18 cégeps, hein, c'est plus que 12, là, j'ai eu la précision, là, du
ministère. Mais non, je comprends que ça paraît peu, là, mais c'est quand même
un premier pas. Il y a toujours la possibilité de budget de location
aussi, hein, si on déborde.
C'est sûr
que, le PQI, hein, il y a une limite, hein? On a tellement de besoins au
Québec, on a besoin d'hôpitaux, on a besoin de maisons des aînés, on a besoin
d'écoles, on a besoin de cégeps, effectivement. Et nos cégeps, oui, ils
sont plus vétustes maintenant, parce que ça fait 50 ans pour plusieurs
d'entre eux. Et on a une urgence dans la grande région de Montréal, et là aussi
il fallait prévoir des budgets pour la grande région de Montréal parce qu'on va
avoir 23 000 étudiants de plus en l'espace de 10 ans, alors,
dans nos cégeps à Montréal. Donc, il y avait une urgence, et on n'a pas... on
doit obtenir davantage, même, de budget du PQI l'année prochaine. Mais on va
aider les cégeps des régions de différentes façons, que ce soit par des budgets
de location s'ils en ont besoin.
M. Zanetti : J'ai...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci...
M. Zanetti : Ah non!
La
Présidente (Mme Guillemette) :
...Mme la ministre. Merci, M. le député. Je passerais maintenant
la parole à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Merci beaucoup. Je viens
de démarrer mon minuteur, ça va être moins stressant, je vais savoir combien de
temps il me reste. Alors, j'ai 24 min 50 s. Donc, c'est
formidable de pouvoir avoir un échange comme ça avec vous.
Vous avez parlé tout à l'heure... je reviens là-dessus,
le plan d'action en santé mentale. Moi, j'avais compris, peut-être
à tort, que nous, les députés d'opposition, on pourrait être consultés, que
vous aimeriez ça avoir notre opinion. Je
n'ai pas reçu d'appel, en tout cas, je ne sais pas pour mes collègues, ou je
n'ai pas vu passer le message, mais je pense que vous aviez une très
bonne idée. Est-ce que vous avez toujours l'idée? Parce que vous l'avez annoncé
ce matin.
Mme McCann : Oui. Non, je précise
que l'annonce de ce matin, c'est que nous sommes en train de finaliser un plan
d'action en santé mentale, mais le travail n'est pas terminé. L'annonce du plan
d'action, là, du contenu du plan d'action va se faire plus tard, va se faire,
j'espère, avant l'été. Et, oui, il est toujours question, certainement, ça va se faire, de consulter les collègues de
l'opposition, non seulement pour le plan d'action en santé mentale, mais pour
le Chantier sur la réussite aussi. Alors, il y aura consultation. Ce sont de
gros chantiers, et on aimerait ça avoir l'input des gens de l'opposition.
• (16 h 10) •
Mme David : Merci beaucoup. On va
retenir ça. En tout cas, moi, je le retiens, je pense bien que mes collègues
aussi.
Alors, je
vais vous amener dans un autre terrain complètement, celui de la recherche au collégial. On a
59 CCTT, on en avait annoncé 10
de plus en 2018, dont 12 PSN, pratiques sociales novatrices, 47 plus
technos. Savez-vous combien on a de
Ph. D. qui enseignent au cégep? Ça m'a vraiment... Je l'ai toujours dit, moi, qu'il y en
avait beaucoup. Il y en a 1 600, Ph. D. Arrêtons de dire que c'est une école
secondaire V, là, les cégeps, là. Vous l'avez dit, que vous y croyez,
bien, moi aussi, j'y crois. Quand il y a 1 600 professeurs qui ont
six, sept, huit, neuf, 10 ans de scolarité — on sait ce que c'est,
un Ph. D. — je
pense qu'on est capable de faire de la recherche au collégial.
Le Réseau trans-tech est devenu Synchronex. La
SQRI3 s'en vient. Puis ce n'est pas vrai que c'est juste au ministère de
l'Économie, là, le ministère de l'Enseignement supérieur peut mettre son grain
de sel, et j'espère que vous allez le
mettre. L'argent, donc, on espère, va être au rendez-vous à la SQRI3. Et je
voudrais savoir si, donc, elle va être au rendez-vous pour aider les
chercheurs au collégial et pour toutes sortes de recherches.
Elle n'est pas neutre, ma question. Toutes
sortes de recherches, ça peut vouloir dire de la recherche fondamentale, pas seulement de la recherche
appliquée, de la recherche en sociologie, en psychologie, dont on parlait.
Parce qu'au cégep on a la parole facile sur les CCTT, mais beaucoup moins... je
ne sais pas si vous avez rencontré l'ARC, l'Association pour la recherche au
collégial, mais on a beaucoup moins... on entend beaucoup moins parler de la
recherche de type plus psychosocial. C'est pour ça que j'ai mentionné qu'il y
avait 12 CCTT pratiques sociales novatrices, que ma collègue Michelle
Courchesne avait partis, à l'époque, avec trois, on est rendus à 12. C'est formidable ce qu'ils font. Exemple, dépression
chez les agriculteurs. Qui fait des choses... C'est appliqué, mais c'est d'une
énorme pertinence sociale.
Donc, première question : SQRI3, est-ce que
vous avez l'intention de surveiller ça d'un oeil assez précis dans la partie où
vous pouvez influencer vos collègues dans les fonds de recherche et le collègue
à l'Économie?
Mme McCann :
Certainement. Et j'aimerais dire, parce que ça m'a vraiment impressionnée,
quand je suis arrivée en poste, d'avoir découvert
les CCTT et toute la recherche au collégial, moi qui connaissais les cégeps
d'avant, là, du début, mon Dieu, ça a été une
découverte pour moi. Et j'ai eu le plaisir de rencontrer Synchronex, j'ai
rencontré également un ou deux CCTT, là, plus particulièrement, au Québec, ça
m'a impressionnée, et il y a énormément de potentiel. Et on travaille beaucoup
avec le Scientifique en chef. J'ai eu l'occasion de le rencontrer plusieurs
fois, d'en parler plusieurs
fois avec lui, avec son équipe aussi, qui m'ont présenté leurs projets, et, de plus en plus, ils travaillent avec les cégeps, avec les CCTT. Et moi, je
pense que ça va simplement prendre de l'expansion dans le futur, et je vais suivre ça, et même je vais l'encourager. Et
c'est vrai que le MEI a un rôle important, là, à jouer, mais le ministère de l'Enseignement supérieur est
très présent, et surtout au niveau des cégeps mais aussi des universités. Et ce
qui est intéressant, c'est que ce travail se fait sur le terrain dans toutes
les... dans plusieurs régions et ça se fait en collégialité entre les universités, les CCTT des cégeps et les entreprises
aussi, quand on parle du volet économique. Mais il y a ce maillage
entre les cégeps et les universités qui augmente.
Mme David :
Je suis bien contente que vous ayez eu cette révélation. Je vous encourage à
tous les visiter. C'est hallucinant, c'est extraordinaire tout ce qui se fait
dans les CCTT, en agriculture, par exemple, allez à Alma, Agrinova, en
photonique, en mode, en... En tout cas, moi, j'étais dithyrambique sur tout ce
qui se fait là, alors il ne faut pas que je parte trop longtemps là-dessus.
Mais
je vais vous dire un bravo pour une chose qui était dans le rapport... Moi, je
l'appelle le rapport Hélène P.
Tremblay, mais c'est le rapport sur le financement des collèges, là, le rapport
qui a été soumis en décembre, là, sur
le modèle d'allocation des ressources à l'enseignement collégial public. Alors,
bravo pour une chose. Elle recommandait 90 000 $ par collège...
ils recommandaient, ils étaient trois, 90 000 $ par collège pour la
recherche pour avoir soit un cadre ou un
professionnel dont la fonction, c'est de développer la recherche dans son
collège. Et ce qui m'inquiète toujours dans ça... Je sais bien que c'est
devenu le FABRES et que ce n'est plus le FABES, on a rajouté «R» pour «régions»
et «recherche». Bravo, bravo, bravo! Mais, des fois, ils peuvent jouer dans
leur propre enveloppe, et je me demandais si
ce poste-là, un, est protégé, donc n'est pas dans... Comme le rapport le dit si
bien à la page 43, une fois que le cégep reçoit sa subvention du
«F» de FABRES — mais
là je vais peut-être me tourner vers le
sous-ministre adjoint, là — est-ce que le «R» est aussi protégé et... «dédié» n'est pas un bon
mot, mais consacré à une enveloppe fermée ou alors il peut la
redistribuer en fonction de ses propres priorités?
Ma question :
Est-ce que vous nous rassurez que, dans chaque cégep, il va y avoir ce
poste-là? Si oui, est-ce qu'il est déjà... ils sont tous comblés? En avez-vous
des échos du terrain, de ça?
Mme McCann :
Bien, je vais être très honnête, j'ai bien pris note de la question de ma collègue
et je vais faire un suivi là-dessus, parce que le rapport est quand même assez
récent. Et effectivement il y a là à protéger une somme qui est intéressante,
là, pour la recherche. Alors, j'apprécie le commentaire, puis je prends bien
note, et je fais un suivi là-dessus.
Mme David :
Parfait. Parlons d'initiation à la recherche au collégial, parce que, vous le
savez, je pense que vous partagez avec moi cette priorité qu'il faut en former,
des chercheurs à l'université, il faut former des chercheurs en médecine,
des... On voit plus que jamais le rôle de la recherche. Les étudiants le disent
eux-mêmes : On n'est pas exposés dès le cégep. Je suis certaine qu'on perd
des vocations, certaine, certaine qu'on perd des vocations parce qu'on ne
les inclut pas dans les activités ou très peu dans les activités des CCTT ou de
la recherche qui se fait, comme je
vous ai dit, en sciences humaines et sociales, et tout ça, par nos fameux 16 000 professeurs qui ont des doctorats,
et les étudiants se sentent passifs. C'est des trucs ponctuels.
Et donc il y a une
recherche de l'IREC en 2019, Portrait des retombées de la recherche au
collégial, qui proposait quelque chose
que je trouve vraiment intéressant, vraiment, que chaque CCTT soit financé pour
six bourses d'étudiants, qui pourraient, justement, aller dans les CCTT,
participer. Pourquoi des bourses? Parce que, là, c'est rendu la mode, on paie
pour tout : on paie pour qu'ils réussissent, on paie pour qu'ils
diplôment, on paie pour... on leur donne des
bourses dans des milieux en pénurie. Mais ça, ce n'est pas de la pénurie, c'est
de l'exposition à la recherche. Donc,
on pourrait leur donner des bourses où ils se mêlent un peu de faire de la
recherche. Est-ce que vous ne pensez pas que cette proposition peut être
porteuse pour révéler des carrières de recherche?
Mme McCann :
Bien, certainement. D'ailleurs, je pense que ça peut faire l'objet... On a déjà
discuté, de façon générale, avec le Scientifique en chef, de cette question,
là, d'encourager davantage la recherche au niveau des cégeps. Alors, moi, je pense que le mouvement est là. Et le Scientifique
en chef est très ouvert aussi à financer davantage. Alors, c'est une question, évidemment, de temps
pour que ce financement-là arrive. Mais les CCTT aussi sont très actifs, là.
Mme
David : Mais c'est une question... Je vous interromps. C'est une
question de temps, mais c'est une question de volonté politique, c'est une question d'argent. Le Scientifique en
chef, je le connais bien, et il est formidable, il veut
plein, plein de choses, mais, s'il n'y a pas les ressources puis s'il n'y a pas
la volonté politique, bien, peut-être qu'il n'y aura jamais d'étudiants qui
vont pénétrer dans les CCTT. Parce que ça a été très, très longtemps en silo,
très longtemps. CCTT et collèges, là, c'est
un à côté de l'autre, mais ça ne se parle pas beaucoup. Là, ça commence à plus se
parler, mais la meilleure façon
qu'ils se parlent, ça, c'est comme l'interdisciplinarité à l'université, c'est
qu'on finance des projets d'interdisciplinarité.
Je vous amène sur un
autre sujet, mais je vous encourage à multiplier les rencontres avec
M. Quirion.
Mme
McCann : Mais, si vous le
permettez... parce que vous avez dit un mot très important :
l'interdisciplinarité, mais je dirais aussi l'interordres.
Mme David :
Ah! mon Dieu! Je vais vous amener là-dessus, inquiétez-vous pas.
Mme McCann : Mais, sur la question
de la recherche, l'interdisciplinarité, on y travaille de plus en plus, puis
l'interordres également. Alors, je voulais simplement renforcer non seulement
au niveau de l'université, mais au niveau des cégeps également. Alors, c'est
même...
Mme David : Je vais vous amener sur
quelque chose de plus féminin.
Mme McCann : Ah! très bien.
Mme David : Seulement 10 % de
femmes... Tous les chercheurs au collégial, si on regarde 100 % des
chercheurs, c'est seulement 10 %, le nombre de femmes. On est loin, loin,
loin de la parité. Pourtant, on le sait, maintenant, aux études, il y a une
majorité de femmes, hein, au postsecondaire. Alors, 10 % de femmes, ce
n'est pas très glorieux. Au moins, si vous
le savez puis si vous... Je suis certaine que vous êtes sensible à ça. Il
faudrait peut-être réfléchir à des mesures pour atteindre une sorte de
parité.
• (16 h 20) •
Mme McCann : Tout à fait. Parce que
le principe de la parité, au bout du compte, c'est 50 %, parce que les femmes composent 50 % de la population.
Alors, dans ces domaines, comme en génie, comme dans d'autres domaines, il faut au moins 50 % de femmes. Alors, c'est
l'objectif qu'on doit avoir. Donc, oui, déjà, on se penche là-dessus pour
des bourses en technologies de
l'information. On veut qu'il y ait davantage de femmes. Polytechnique vient
d'annoncer qu'ils ont 30 %, maintenant, d'étudiantes.
Mme David : ...des chercheurs au
collégial.
Mme McCann : Oui, oui, oui, je
reviens, mais, en fait, c'est un mouvement, ça aussi. Mais effectivement le
point est tout à fait pertinent, et, oui, je suis très sensible à cette
question-là parce que c'est bon pour la société et c'est bon pour l'économie.
Voilà.
Mme David : Je vais vous faire une
prédiction.
Mme McCann : Allez-y.
Mme David : On va augmenter le taux
de femmes parce qu'on a augmenté le taux de CCTT pratiques sociales novatrices,
parce que, comme par hasard, qui va s'occuper de la dépression chez les
agriculteurs? Ça risque d'être plus les femmes. Puis qui s'occupe d'un CCTT
formidable, entre autres, là, où il y avait de la technologie de toute sorte? C'est souvent plus des hommes. Alors,
on va changer ça un jour. Vous venez parler de génie, mais peut-être que
le fait qu'il y ait plus de PSN, il y aura plus de femmes.
Est-ce que vous aimeriez
ça vous pencher sur une recommandation de 2019 que j'ai beaucoup aimée? Si vous
n'avez pas rencontré encore, je vous conseille de rencontrer l'Association pour
la recherche au collégial. C'est eux qui, dans le fond, ont mis sur pied
l'AQPC, qui est le grand, grand congrès annuel sur la pédagogie au
collégial. Mais ça va beaucoup plus loin que ça, c'est presque un ACFAS pour
les collèges. Et ils ont proposé l'équivalent de, je ne sais pas si ça vous dit
quelque chose, les programmes «honors» au baccalauréat universitaire.
Alors, les
programmes «honors» sont devenus, là, vraiment la coqueluche de tous les
baccalauréats maintenant.
C'est un programme qui permet aux étudiants de faire beaucoup plus de
recherche, beaucoup plus de recherche dès le baccalauréat, et ça donne comme
un... L'étudiant qui dit : J'ai un bac avec «honors», là, je ne sais pas
s'il y en a ici qui ont eu des enfants qui ont eu ça, mais c'était vraiment,
là... ça donne comme un plus, là. C'est comme faire un baccalauréat
international, où on donne un point de plus à la cote R, bon, dans les
admissions aux universités.
Alors, pourquoi on ne pourrait pas — on
aime ça, créer des programmes au cégep, je sais que ça prend des années, mais, en
tout cas, peut-être, ça, c'est un autre problème — créer des programmes
recherche-études?
Mme
McCann : Pourquoi pas? C'est certainement une possibilité. Ce sont d'excellentes
idées, mais ça prend certainement un certain temps, là, pour les mettre
en place. Mais il y a déjà des parcours, là, des étudiants au collège,
recherche et formation. Alors, il y a déjà ces parcours qui existent, là,
actuellement...
Mme David : Ah! lesquels?
Mme McCann : ...mais il faut les
renforcer.
Mme David : Je ne suis pas au
courant qu'il y a des parcours vraiment recherche et formation. Stages, oui, et
formation.
Mme McCann : Oui. Stages, formation,
recherche, oui.
Mme David : Ça, c'est le trial
auquel j'avais songé en 2018. On y reviendra.
Parlons,
toujours en recherche, de ce qu'on appelle les FIR, les frais indirects de
recherche. Ça, c'était un autre sujet
important au ministère. C'est bien beau faire de la recherche, mais, dès
qu'on est à l'université, ça devient le cauchemar. C'est être sûr que
notre ami du Scientifique en chef... mais aussi là c'était le ministère qui,
pour les programmes PART et PAREA, avait mis des dépenses admissibles aux... ce
qu'on appelle les frais indirects de recherche, les fameux FIR. Alors, c'est de
payer ce que ça coûte d'espace, de locaux, de technologies, de chauffage, de ci, de ça, tous les frais afférents à faire de
la recherche. Et il doit y avoir un comité entre le ministère de l'Enseignement supérieur et le
ministère de l'Économie pour regarder quelles peuvent être les dépenses
admissibles. Puis là je me demandais où vous
en étiez rendus là-dedans, parce
qu'encore une fois on sait comment les universités sont gourmandes en
recherche, on sait comment elles sont performantes aussi, puis, quand les
chercheurs collégiaux arrivent, bien, ils sont des fois un petit peu relégués
au second plan.
Mme McCann :
Bien, Mme la Présidente, je demanderais à notre sous-ministre de répondre à
cette question, parce que j'avoue que, sur celle-ci, je n'ai pas l'information,
si tout le monde est d'accord.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix :
Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) : Oui, il y a consentement? Vous pouvez y aller.
Vous allez vous nommer ainsi que votre titre, s'il vous plaît.
M. Bergeron
(Simon) : Oui. Bonjour. Je suis Simon Bergeron, sous-ministre adjoint
au développement et au soutien des réseaux.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. Bergeron.
M. Bergeron
(Simon) : Je tiens à saluer tout le monde aujourd'hui. Pour répondre à
cette question, je dois dire que, oui, il y
a eu des échanges avec les différents partenaires gouvernementaux sur cette
question. Il faut savoir que l'enjeu
porte souvent sur le fait que certaines organisations qui vont faire des
projets de recherche dans les établissements universitaires... Souvent,
c'est ces organisations-là qui ne paieront pas nécessairement toute la partie
des frais indirects de recherche. Et il y a eu un travail qu'on avait commencé
avant la pandémie, récemment, là, on a moins été
le revisiter, mais pour que, justement, les universités nous identifient
clairement, là, quels étaient les partenaires qui, justement, ne remettaient pas, peut-être,
l'entièreté, là, des fameux frais indirects de recherche dont parle, Mme la
Présidente, la députée. Alors, c'est
vraiment... Il y avait un travail de recensement qui devait se faire, là, dans
les universités, sur cette question pour qu'après ça on puisse adresser
la question, parce qu'évidemment le gouvernement peut s'engager pour ses
projets de recherche à lui, que lui finance, mais, ceux que ce n'est pas le
gouvernement qui finance, bien là, il faudrait trouver des façons de les
solutionner, ces enjeux-là, dans ces cas-là, là.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci, M. Bergeron.
Mme David :
Oui. Parce que, dans le rapport de Mme Tremblay et collègues, elle
proposait d'augmenter de 1,25 million les frais indirects de recherche sur
les programmes de subvention PART et PAREA parce qu'elle a... Vous le savez,
dans le rapport sur la recherche, on connaît Mme Tremblay, elle aimait
beaucoup le volet recherche, et donc elle a...
et vous avez augmenté significativement les PART et PAREA, bravo, je dois le
dire, mais je ne sais pas si les frais indirects ont suivi.
Mais je vais
m'arrêter là parce que je veux absolument profiter des 6 min 12 s
qu'il me reste pour parler de... Parce que, là, votre collègue vous a tellement
vantée dans le fait que vous passez nuit et jour, 100 % de votre temps, à
réfléchir au programme dual que ceux qui me connaissent savent que ce mot-là
est un mot que je prends avec des grandes
pincettes parce que... Et Hélène Tremblay le dit bien dans le rapport, elle
dit : «...les entreprises — bon, le modèle s'applique plutôt à la formation professionnelle
du secondaire — sur un financement mixte, les entreprises
assumant elles-mêmes les masses salariales de ces enseignants, ce qui
est concevable dans un pays dont l'économie repose sur de grandes entreprises,
mais illusoire au Québec.»
Alors, j'ai pris la
décision, il y a quelques années, d'aller moi-même à Munich visiter l'académie
dont vous avez sûrement
entendu parler, qui s'appelle l'académie Siemens, qui est la compagnie qui est vraiment
avec l'auréole des plus grands programmes duals en Allemagne. Alors, ça,
c'était vraiment l'inspiration emblématique de ce que peut être un vrai programme
dual. Au Québec, on est très, très loin de ça.
Mais,
quand le ministre dit...
«La ministre de l'Enseignement supérieur travaille avec les recteurs des universités
pour faire cette adéquation. On travaille ça
[...] un système que l'Allemagne a bien défini...» Le système
dual, je viens de vous le décrire, ce
n'est pas tout à fait ça ici. «On travaille ça depuis six mois. On a
une très grande vision avec les recteurs»,
alors que ça se passe pas mal plus au secondaire professionnel puis au cégep
technique. Après ça, il continue à
vous encenser : «La ministre de
l'Enseignement supérieur, qui a été
nommée en poste depuis — il y a plusieurs mois — ne
travaille que sur ça avec les recteurs universitaires.» Pas sûre qu'ils sont si
disponibles que ça puis qu'ils font tant de
dual eux-mêmes. «Je pense que l'adéquation qui n'existait pas va
exister. Je pense qu'il y a des progrès qui vont se faire. Le travail de la ministre — écoutez,
là, c'est formidable — est
vraiment très performant [...] de regarder les
besoins [...] l'immigration pour compenser [...] la requalification.»
Parlons donc de
l'inspiration duale. D'abord, ce n'est pas, au Québec, les... Je ne pense pas
que nos syndicats d'enseignants aimeraient beaucoup que ça soit les entreprises
qui évaluent, fassent passer, financent, etc., tout ça, graduent les étudiants
avec des examens de l'entreprise, parce que c'est ça qui se passe en Allemagne.
Alors, à entendre votre collègue, vous ne
travaillez que là-dessus, mais encore plus, le modèle dual, vous ne travaillez
qu'avec les recteurs universitaires.
Moi, je veux
vraiment vous entendre sur l'avancement de ces travaux. Il y a une annexe, qui
était anciennement la S046, qui est devenue la S105, qui finance, depuis
2019, 19 projets, surtout en génie. On ne sera pas surpris, c'est toujours le génie. Les montants accordés sont-ils
suffisants, d'une part? Puis c'est quoi, votre différence entre dual — vous, vous en pensez quoi, de ça,
puis c'est-tu vrai que vous y travaillez nuit et jour? — et ce
qu'on nomme «apprentissage en milieu de travail», l'AMT?
Alors, c'est des questions fondamentales, ça,
parce que... Vous n'avez peut-être pas eu encore les syndicats dans vos bureaux, mais ils aiment... disons qu'il
peut y avoir des grandes réticences à une application stricte. Je pense
qu'on pourrait se trouver un mot québécois pour dire ces choses-là. Moi,
j'aimais beaucoup l'«apprentissage en milieu
de travail», ça dit ce que ça veut dire, mais ça ne donne pas toutes les responsabilités
aux entreprises d'évaluer et de graduer les étudiants. Alors, j'aimerais
ça, vous entendre là-dessus, Mme la ministre.
• (16 h 30) •
Mme
McCann : Bien, c'est une question
fondamentale, surtout à cette époque. Et je présume que vous parliez
du ministre du Travail et de l'Emploi. Non, vous parliez du ministre de
l'Économie.
Mme David : De l'Économie, vous ne
l'avez pas écouté vous encenser? Je suis étonnée.
Mme McCann : Ah! mais, parce que
c'est sûr que le ministre de l'Économie est impliqué directement, mais, quand
même, il y a un travail très important qui se fait actuellement entre le ministre
du Travail et de l'Emploi, Solidarité
sociale, la ministre de l'Immigration et moi-même dans le cadre de toute cette adéquation
formation-emploi.
On le sait
tous, là, nous sommes dans un contexte, un moment de notre histoire, comme plusieurs
au monde, là, où on a une grave pénurie de main-d'oeuvre. Donc, tous les
chemins sont nécessaires pour vraiment pallier à cette pénurie. Donc, il y a des formations en entreprise qui deviennent de plus en plus nombreuses. D'ailleurs,
sur deux ans, la mise à jour économique, mon collègue ministre du
Travail, de l'Emploi et moi-même, on a obtenu 359 millions sur deux ans
pour requalifier et qualifier de plus en plus de travailleurs.
Et ça, ça se
fait au niveau des collèges et au niveau des universités, mais il y a beaucoup
à faire, là. Bon, il y a eu l'impact de la pandémie, certains secteurs
qu'on connaît qui malheureusement ont un peu périclité, des travailleurs qui se sont retrouvés sans emploi. Il faut
requalifier, mais il faut aussi répondre aux besoins des entreprises mais aussi
aux besoins en santé, en éducation, besoins sociaux de notre société, donc un
travail très important qu'on est en train de
faire, les trois ministères, les trois ministres, pour qualifier et requalifier
davantage de travailleurs dans toutes les sphères.
Et il y en a qui sont davantage en pénurie
actuellement. Donc, quand vous parlez de modèle de formation en entreprise,
bien...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre. Je vais être obligée de vous interrompre pour céder la
parole au député de Bonaventure.
M. Roy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. J'avais hâte d'enlever mon masque, ça fait quand même un certain
temps que je l'ai. Écoutez, je vais faire du pouce un peu sur ce que la députée
de Marguerite-Bourgeoys vient de dire par rapport aux interventions du ministre
Fitzgibbon. Lui, il parle aussi des cégeps puis des formations techniques, là,
il ne parle pas juste des universités, des recteurs.
Et c'est sûr que ça nous amène à avoir une
certaine crainte, là. Est-ce qu'on s'en va vers une prolifération des A.E.C. en
lien avec les besoins de l'entreprise, en éliminant la formation générale? Bon,
est-ce qu'on va avoir des programmes techniques qui vont être abolis? Ça fait
que c'est quand même lourd de conséquences, de proposer un système de cette
nature-là et, comme le disait ma collègue, de peu intégrer, quand même, les
syndicats et l'univers professoral. Ça fait que je vous partage ma crainte.
Donc, est-ce que vous pouvez me dire si, oui ou
non, on s'en va vers une prolifération des attestations d'études collégiales? Ou qu'on... Parce que vous dites que vous
vouliez... je pense, c'est bonifier ou adapter la formation, mais une
adaptation, ça n'implique pas une régression, je dirais, du curriculum de la
formation. Je comprends que les entreprises veulent avoir des individus très
bien formés en fonction de leurs besoins, mais il n'en demeure pas moins que
l'éducation, c'est plus que ça. Voilà, première question.
Mme McCann : Bien, moi, je veux
rassurer mon collègue, parce qu'il n'est pas question d'abolir, là, des programmes techniques, il n'est pas question d'en
abolir. On vient même... enfin, on termine, là, on n'est pas totalement
à la fin, là, mais il y a eu une très grande révision du programme en sciences
humaines, qui a pris quatre ans, je pense, c'est débuté depuis longtemps, et
qui est en dernière étape, là. Alors, on valorise ce programme-là, en sciences humaines, de toute évidence, pour l'avoir révisé,
et je pense, de très bonne façon. Donc, moi, la première chose que je veux faire, c'est rassurer que ces programmes sont
là pour rester et qu'on n'a pas l'intention d'abolir des programmes
techniques.
Toutefois, il faut quand même que j'ajoute qu'il
y a des urgences à combler certains postes, on les connaît, et il faut qu'on mette
l'accent sur ces postes, ces emplois, je les nomme encore, là, en santé, les
infirmières et d'autres, en éducation, les enseignants. Et, également, en économie, si vous
prenez juste les technologies de l'information, il y a une urgence aussi
de ce côté-là, mais on essaie de tout faire en même temps. Et il faut garder la
formation générale, elle est très importante.
M.
Roy : Mme la
Présidente, vous comprendrez que je veux des réponses courtes, Mme la
ministre, parce que j'ai beaucoup de questions puis je n'ai pas beaucoup
de temps en tant que la troisième opposition.
Mme McCann :
Je vais mettre mon chronomètre.
La Présidente (Mme
Guillemette) : On va essayer d'avoir les réponses proportionnellement
aux questions.
M.
Roy : Regardez-moi,
Mme la Présidente, s'il vous plaît. O.K. Je fais du pouce sur ce que mon
collègue de Jean-Lesage a apporté tout à l'heure. On parlait de santé
mentale, du... je pense, c'est 65 millions qui est ajouté pour la santé
mentale.
Puis un des
déterminants, en tout respect, que vous n'avez pas nommé, c'est la solitude,
l'isolement, mais, de manière, à mon avis,
un peu contradictoire, vous rajoutez 85 millions pour la formation à
distance, O.K., sur cinq ans. Moi, j'ai ça, là, il y a 85 millions de prévus pour l'enseignement à distance sur cinq ans. À ma connaissance, l'enseignement
à distance, ce n'est pas un facteur de regroupement, mais c'est plutôt un
déterminant d'isolement.
Et là, là, la question,
bon, c'est sûr que... Est-ce que ça va s'anéantir en termes d'effets
psychologiques, là, parce qu'on va isoler quand même un nombre considérable
d'individus? Combien de programmes vous visez avec un 85 millions en investissement sur cinq ans pour la formation à
distance? Quels types de formation? Et puis, bon, on veut savoir à quoi
ça va servir.
Parce que moi... Il
ne faut pas se servir du contexte de la pandémie pour développer tous azimuts
une formation à distance qui va isoler de
plus en plus les jeunes et les obliger à rester chez eux ou ne plus aller dans
les cégeps. Et ça aussi, j'ai
enseigné à distance puis je peux vous dire que j'avais cinq classes avec pas
loin de 100 étudiants, ce qui n'est pas le ratio actuel d'un prof
de cégep.
Ça
fait que, moi, ce que je veux, c'est savoir où vous allez avec ça et vous
rappeler qu'il y a une contradiction avec
l'investissement en santé mentale pour briser la solitude puis l'isolement dans
un contexte où on va en provoquer par ricochet.
Mme
McCann : Bien, Mme la Présidente, je pense qu'il ne faut pas faire
cette équation-là, je vais me permettre de le dire comme ça. Je pense qu'il nous faut les deux. Quand je disais,
tout à l'heure, là, ce qu'on vise, là, pour l'automne, c'est le retour au maximum en présentiel, mais...
Donc, ça, c'est fondamental. Et on va avoir appris de la pandémie puis on va vraiment apprécier... oh! oui, il faut que
je sois assez courte, apprécier de revenir en présentiel et comment c'est
important. Mon collègue est professeur, il le sait très bien.
Mais il faut aussi
tirer profit le plus possible du numérique. Puis on a un plan d'action
numérique qui tient compte de ce qu'on a
vécu dans la pandémie et qui met à profit des expériences qui existent déjà
dans des cégeps, des universités en collégialité avec d'autres
établissements. C'est très porteur. Alors, ça ne va pas augmenter la solitude.
Au contraire, ça va augmenter l'expérience, améliorer l'expérience académique.
M.
Roy : Parfait, merci. 41 millions sur cinq ans pour des
cégeps des régions, 18 cégeps. Moi, j'ai été interpellé par des
cégeps des régions qui n'avaient pas été... qui se sentaient lésés par une
planification, bon, qui s'était enclenchée en consultant les villes en premier
pour savoir, bon, le nombre... les autorisations du nombre d'étudiants puis les nouveaux programmes projetés. Et on avait débuté par les villes puis on laissait
les miettes aux régions. Je pense
que le ministère s'est... a changé de position. Vous annoncez un 41 millions
pour soutenir les cégeps des régions.
Écoutez, les cégeps
des régions, ce qu'ils veulent, là, c'est des exclusivités de programmes. C'est
ça qu'ils veulent. Ils veulent avoir des
programmes exclusifs qui vont permettre d'être attractifs. Là, vous nous parlez
de 41 millions pour de l'aide aux étudiants pour qu'ils
puissent aller dans les régions. Moi, je pense que le vrai enjeu, c'est de leur
donner la chance d'avoir des programmes exclusifs.
Première question,
donc, 41 millions pour les cégeps, est-ce que vous envisagez vraiment de
permettre aux cégeps des régions d'offrir des programmes exclusifs pour leur
permettre d'être attractifs?
• (16 h 40) •
Mme McCann :
Bien, je les ai rencontrés tôt dans le mandat. Je les ai rencontrés parce que...
Puis le ministère a ajusté, d'ailleurs, le tir là-dessus, parce que, et je
comprends, le ministère avait la préoccupation, là, des 24 000 étudiants qui
arrivaient à Montréal en 10 ans, là, c'est énorme, mais on veut vraiment
enrichir les programmes offerts par les cégeps des régions. Il n'est pas
exclu... Écoutez, on doit regarder des possibilités de ce côté-là. Et il y a différentes alternatives, on pourrait même
modifier la loi. On aurait peut-être à modifier la loi sur l'enseignement
collégial pour le faire.
Mais
il y a déjà des stratégies, actuellement, qui sont mises en place. Notamment,
prenez le cégep de Jonquière, là, qui a la technique de production
audiovisuelle, qui va faire des ententes avec Limoilou, avec le Vieux Montréal.
Donc, il y a aussi d'autres façons de rendre
les cégeps de régions plus, entre guillemets, importants, mais je comprends
que la question n'est pas résolue à la satisfaction, là, et on va continuer nos
travaux là-dessus.
Mme Roy : Je termine
avec ça, c'est vraiment l'exclusivité des programmes qui rend un cégep
attractif, puis je vous l'ai déjà expliqué aux crédits l'année passée.
Puis là, bien, c'est sûr
que, quand je regarde le 41 millions pour 18 cégeps dans les régions
de Québec, bien, ça m'oblige de vous poser la question à savoir combien
pour Dawson. Et combien pour l'Université McGill pour son projet de
reconversion des bâtiments de l'Hôpital Royal Victoria? Combien pour Dawson
pour son agrandissement? Là, là, vous voyez,
là, je ne veux pas mettre en contradiction les cégeps urbains des régions,
mais, à un moment donné, il y a des choses... Puis pour combien
d'étudiants de plus, Dawson, on planifie les investissements?
Mme McCann : Bon, écoutez, ça,
c'est une question, là, qu'on est en train d'analyser. Il faut voir le portrait
global, là. Il va y avoir beaucoup plus d'investissements dans les cégeps de Montréal
francophones qu'à Dawson. Il y en a pour cinq cégeps, des projets majeurs. Actuellement,
on en a ajouté trois dans le dernier PQI. Alors, dans la grande région de Montréal,
là, c'est beaucoup plus important, ce qu'on va investir dans les cégeps
francophones, puis il y aura l'année
prochaine et l'année d'après. Alors, ça, là-dessus, je pense qu'il faut être au clair, là, et savoir
que, nous, ce qu'on veut, c'est que ça soit le français qui soit la
langue prédominante en enseignement supérieur.
M. Roy : Je vais en reparler
à mon prochain bloc, de la langue française, mais c'est combien pour Dawson,
Mme la ministre? Combien? Parce que moi, là, je fais une corrélation entre les
18 cégeps des régions du Québec qui représentent
un grand territoire puis des moteurs de développement économicosocioculturel
pour chacune des régions dans lesquels les cégeps oeuvrent... En
passant, il y en a partout, des CCTT, là, puis... Bon, ça... J'en ai créé un à
l'époque. Ceci étant dit, combien pour Dawson, pour juste un cégep? Et pourquoi
les cégeps des régions n'ont pas une attention aussi particulière?
Mme McCann : Bien, écoutez, je l'ai
dit et je vais le redire, comment je trouve important le rôle des cégeps en
région, mais l'urgence à Montréal, c'est 24 000 étudiants de plus en
10 ans. C'est énorme. On ne peut pas laisser ça aller, là, mais, mais,
c'est sûr qu'on va tout faire pour que nos cégeps en région jouent pleinement
leur rôle. Pour Dawson, ce n'est pas encore arrêté. Je ne peux pas vous donner
un montant, à ce moment-ci, parce que ce n'est pas arrêté, à ce moment-ci,
qu'est-ce qu'il va arriver dans le dossier de Dawson.
M. Roy : Le
24 000 étudiants en 10 ans, c'est au détriment des régions, Mme
la ministre. Je le sais, mes enfants ont été dans les villes parce que les
programmes qu'ils voulaient, ils n'étaient pas en région. Ça fait que ce n'est pas compliqué, les déterminants
d'attractivité des régions du Québec passent par une offre de services,
l'éducation, entre autres, les programmes de niveau collégial. Je sais
qu'on a réussi à baisser les cohortes pour l'ouverture de programmes il y a deux ans ou trois ans, je pense,
là, puis ça, c'était un gain, puis j'ai remercié le ministre à l'époque,
mais il va falloir donner...
Et qui plus est, là, nous sommes dans un
contexte d'attractivité important des régions du Québec. Il n'y a personne qui avait vu ça dans sa boule de cristal.
Une raison de plus pour soutenir les collèges des régions, les cégeps, offrir des... je vais terminer avec ça, là, mais
de leur offrir la possibilité d'exclusivité de programmes, parce qu'ils sont
attractifs de plus en plus.
Et, bien, je
reviens à ma question qui n'a pas de réponse,
là : Combien de fonds publics le gouvernement va-t-il donner à l'Université McGill pour
son projet de reconversion des bâtiments à l'Hôpital Royal Victoria puis
combien pour l'agrandissement de Dawson pour combien d'étudiants? Moi, j'ai un
chiffre ici, est-ce que vous pouvez me le valider? 1 000 étudiants de
plus, Dawson, qui est prévu dans le devis.
Mme McCann : Je ne pense pas que ça
soit à cette hauteur-là du tout, mais je ne peux pas vous donner un chiffre
précis parce que... Écoutez, ce que je peux vous dire, là, c'est que ce qu'on a
demandé aux cégeps et à tous les cégeps,
parce qu'il faut quand même leur donner une réponse pour l'automne, hein,
parce que, déjà, les inscriptions commencent, c'est de s'en tenir aux
devis qu'ils avaient en 2019. C'est la réponse que je peux donner.
M. Roy : Il me reste combien
de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Guillemette) :
1 min 30 s.
M. Roy : Eh, mon Dieu! O.K.
Je vais débuter avec ça, mais je reviendrais au prochain bloc, là. J'ai ici un
rapport du Vérificateur général du Québec de 2018‑2019 sur la formation
technique au collégial où on fait des recommandations et des observations. Ça
fait que juste pour vous mettre l'eau à la bouche, on parle de... Puis je vais y aller avec le libellé, ça va nous préparer pour
le prochain bloc, puis vos collègues vont savoir de quoi on va parler,
là : «Un nombre très limité de programmes techniques conduisant à
un D.E.C. a fait l'objet d'une révision de la part du ministère et, lorsque c'est le cas, de longs délais sont observés pour
leur révision. Il y a donc un risque que les programmes ne soient pas bien arrimés avec les exigences des
emplois. Au 31 décembre 2017, 90 des 112 programmes techniques
conduisant à un D.E.C. n'avaient pas été revisés par le ministère depuis leur
conception.»
Là, on sait qu'il se brasse des choses au niveau
de la révision des programmes, on sait qu'actuellement... Bon, c'est sûr qu'on
a été interpellés... Je peux encore y aller, là?
La Présidente (Mme Guillemette) :
10 secondes.
M. Roy : Je vais continuer
tout à l'heure, O.K., ça fait que je n'ai pas posé ma question encore. Merci.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le député. Donc, je céderais la parole à l'opposition officielle,
à Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, pour 23 min 24 s.
Mme David : Merci. O.K., je vais
laisser ça à 23. Démarrer. Parfait. Merci de mentionner, vous ne le faites pas
assez souvent, si je peux me permettre, les énormes projets d'agrandissement
des collèges francophones dans la grande région de Montréal. Est-ce qu'on peut
nommer Édouard‑Montpetit avec plus de 150 millions? Est-ce qu'on peut
nommer le collègue Ahuntsic avec au moins 135 millions? C'est pas mal plus
d'argent, même pour l'instant, que ce qui a été prévu à Dawson. Est-ce qu'on
peut rajouter que, Dawson, il n'y a pas un étudiant de plus de prévu? Pas un
étudiant de plus de prévu.
Alors, c'est de la mise aux normes, que ça
s'appelle, ça, c'est des... Demandez aux fonctionnaires, là, il fallait faire
des mises à niveau dans certains collèges, puis il y en a qui ont besoin de
places, puis je vous remercie de mentionner les 25 000 étudiants de
plus. Puis nous, on recommande de maintenir les cégeps tels qu'ils sont là,
avec la photo 2019 pour les cégeps anglophones,
ce qu'ils vous ont même dit dans une lettre, qu'ils étaient d'accord
pour faire ça, que nous avons.
Je vais aller vers les pôles régionaux en enseignement
supérieur qui vont pas mal avec la suite de ce dont on parlait, des cégeps en
région. Je trouvais que c'était une très bonne idée. On avait commencé ça en
2017, 1,5 million. Ça a été augmenté à
3 millions. Puis là ça n'a comme pas bougé beaucoup,
les pôles régionaux. C'est-à-dire qu'il y en a eu qui se sont développé, puis tant mieux, six pôles à 500 000.
C'est populaire à un point que je me suis inscrite, d'ailleurs,
il y a un colloque de l'ACFAS, la semaine prochaine, lundi, mardi, sur les
pôles régionaux. J'ai failli m'évanouir, j'ai dit : Mais on est
rendu là, un colloque de deux jours sur tous les programmes de recherche.
Alors, les pôles régionaux, là, on y est, à
l'interordre, on est vraiment dans l'interordre, parce que c'est un critère de
base. C'est quand on s'assoit avec ces gens-là puis on dit : O.K., on va
mettre le recteur de Trois-Rivières avec les
cégeps de la région, on va mettre le recteur de l'UQAC avec les cégeps de
Saguenay. C'est.... Et on s'aperçoit qu'il y a une synergie, ma foi,
encore bien plus présente que dans la région métropolitaine, parce que c'est
plus dilué.
Alors, est-ce que vous avez une vision à moyen
ou à long terme? Est-ce que vous aimez ça comme moi, j'aime ça, ou bien est-ce que vous avez une vision pour ça, pour que vraiment
ça prenne une ampleur interordre encore plus importante? Parce que, pour
les régions, moi, ça m'apparaissait, en tout cas, très important.
• (16 h 50) •
Mme McCann : Oui, moi, je pense,
puis ça fait le lien avec la question du député de Bonaventure aussi, ça, c'est
une voie prometteuse pour les cégeps des régions. Puis il y a vraiment un
terrain fertile. Alors, oui, moi, je veux vraiment supporter, renforcer ce
mouvement-là. Et c'est bon aussi, il y a des zones d'innovation, là, qui vont être
annoncées, qui vont voir le jour, il y en a plusieurs
au Québec. Les CCTT y sont impliqués, les universités
y sont impliquées.
Et je pense
qu'à la lumière de notre échange il faut qu'on en parle davantage.
Il faut qu'on en parle davantage, je pense que la population en général ne
le réalise pas, comme moi avant d'entrer dans le mandat actuel, à quel point ça
fait une différence au Québec et c'est particulier au Québec. Alors, oui, moi, tout
à fait, je pense, c'est une voie porteuse pour les cégeps des régions, entre
autres.
Mme David : Puis vous répondrez à
ceux qui veulent... qui, des fois, disent : Ce n'est pas nécessaire, les
cégeps, faisons comme en Ontario
et partout, là. Je pense que plus vous allez vous promener dans les CCTT puis
dans les régions, plus vous allez trouver ça... C'est tellement
structurant, mais les pôles régionaux rajoutent à ça.
Dans le même ordre d'idées, on avait mis sur
pied des bourses interrégionales de mobilité étudiante. Alors, ça, c'est devenu
la R104, là, j'ai fait mes devoirs pour voir l'adéquation avec la S047, et
c'est toujours resté au même montant :
1,4 million. Ça, là, l'idée, là, c'est... Et j'ai la liste des étudiants,
il y a eu 2 046 bourses données en quatre ans. C'est bien,
mais ce n'est pas assez, ce n'est pas assez pour le nombre de cégeps qui, dans
ces bourses interrégionales, viennent passer un trimestre. Il est au cégep
Saint-Laurent à Montréal, il va passer un trimestre au cégep de Gaspé, au cégep
de Baie-Comeau, etc., c'est interrégional, le mot le dit bien.
On trouvait
que c'était très porteur pour... Justement, on pourrait envoyer des étudiants
de cégeps anglophones, même, avec les
bourses, pour aller faire un bon petit immersion en Gaspésie, ou à Baie-Comeau,
là, ou à Sept-Îles, puis passer un trimestre en français. Imaginez
comment ça peut être porteur. Sauf que j'ai été un peu déçue de voir qu'on est
encore à 1,4 million, ça n'a pas augmenté.
Puis moi aussi, je vais dire : Bien,
pourquoi vous ne prenez pas votre 41 millions sur cinq ans? On vous donne
toutes sortes de bonnes idées avec ce 41 millions pour, justement, encore
plus mousser, pour bonifier. Puis ce que disent beaucoup les étudiants, puis
ils ont raison là-dessus : Bien, faisons la promotion, faisons une
campagne nationale de promotion. Les étudiants ne savent pas que ça existe,
comment voulez-vous vous inscrire à quelque chose?
Puis il faut commencer au secondaire à penser à ça, secondaire V, parce
qu'il faut que tu prévoies : Papa, maman, je m'en vais passer un an
à Gaspé, ça va être le fun, bon. Ah! oui, comment on va faire ça? Je vais avoir
une bourse interrégionale.
Alors, ça a
besoin d'une campagne nationale, on a peut-être besoin d'un peu d'argent dans le
41 millions, puis on a certainement besoin d'avoir un... L'argent
est dépensé, le 1,4 million, il est dépensé, mais il faudrait en mettre beaucoup
plus.
Mme McCann : Et j'ai demandé qu'on
en mette davantage. D'ailleurs, le 40 millions, c'est davantage pour des
projets d'infrastructure, mais on a 11 millions aussi d'annoncés pour ce
budget-ci et on entend bien en utiliser une partie, moi, j'aimerais bien, pour
les programmes de mobilité. C'est ce dont je parlais tout à l'heure, quand je suis arrivée en poste et
que j'ai rencontré les 12 cégeps des régions plus éloignées et quand j'ai
rencontré le ministère, j'ai demandé qu'on augmente le budget dans le
programme de mobilité.
C'est tout à fait
dans le sens de ce que ma collègue énonce, ce n'est pas suffisamment connu et
c'est une voie intéressante pour donner davantage d'importance, et ils le
méritent bien, aux cégeps des régions. Et vraiment... Et c'est bon pour le
Québec. Comme disait le collègue, il y a une attraction, maintenant, beaucoup
plus importante vers ces régions, il y a
énormément de potentiel. Donc, j'ai demandé, et je vais faire un suivi là-dessus,
parce que j'aimerais que, cette année, on augmente le budget pour le
programme de mobilité.
Mme David :
Mettez de l'argent sur la promotion parce que c'est beau avoir les plus beaux
secrets, trop bien gardés, ça ne donne pas grand-chose.
On va aller vers quelque
chose qui, là, est très intéressant, mais il y a des gens pas mal plus
mécontents parce qu'ils ne sont pas dans le
party. Alors, c'est les fameuses compensations en bourses pour certains
programmes d'études. Vous avez parlé, justement, de programmes qu'il
faut promouvoir, et il y en a 16 dans les collèges, les universités, puis c'est
votre prédécesseur qui avait mis ça sur pied, 16 programmes
professionnels, techniques et universitaires.
Il y a quatre
critères, bon, et alors, évidemment, vous ne serez pas étonnée qu'il y en a
qui... On a parti le bal. Je plaide coupable
là-dessus, mais c'est une très belle culpabilité d'avoir
parti le financement des stages IV en enseignement, parti le
programme des doctorants en psychologie. Ça va rappeler des souvenirs au ministère.
Mais
là on a allongé la liste, et c'était prévisible, mais il y en a encore qui
trouvent que ça n'a pas de bon sens, ils correspondent aux quatre critères, et
les quatre programmes, là, qui sont très frustrés, c'est sexologie, audiologie,
ergothérapie et physiothérapie. Alors, là, les étudiants de ces
programmes-là se demandent vraiment : Mais pourquoi donc on n'est pas inclus
dans ces bourses-là?
Deuxième question.
Elles ne sont pas indexées, les bourses, alors rapidement ça va devenir moins
attractif.
Mme McCann :
Oui, Mme la Présidente, je suis très au fait, on m'avait mise au fait, là, de
la demande de ces quatre professions. Et, effectivement, selon l'évaluation du ministère
avec les critères actuels... ne correspondent pas aux critères. Je peux
demander au sous-ministre, là, s'il veut élaborer là-dessus, M. Bergeron,
si on m'en donne l'autorisation.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Est-ce qu'il y a consentement pour que M. Bergeron
prenne la parole?
Mme David :
Bien, rapidement, oui.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Rapidement, oui, M. Bergeron, s'il vous plaît.
M. Bergeron
(Simon) : Oui, bien, bonjour. Oui, sur cette question, bien, c'est...
oui, on est au courant, évidemment, là, des demandes qui ont été faites,
d'ailleurs, par les étudiants, les regroupements étudiants qui sont venus nous
faire ces représentations-là.
Il
faut comprendre que le programme est discuté aussi de façon étroite avec les
gens du ministère de la Santé et
Services sociaux parce que les critères, c'est des critères qui sont liés
aussi... Il y a des enjeux de rareté de main-d'oeuvre. On veut être
certains de bien... que les choix de domaines d'études qui avaient été faits
soient en adéquation avec les domaines pour lesquels le ministère de la Santé
avait certaines difficultés à combler.
Ça fait que les
dernières représentations qu'on a eues, c'est des informations qu'on a prises
puis qu'on a discutées avec les gens de la Santé, puis on est en... pour le moment,
on n'était pas à vouloir nécessairement changer tout de suite. On continue à faire les analyses, mais on comprend les
demandes. Puis la situation évolue aussi dans le domaine de la santé, ça fait que donc la situation
pourrait évoluer sur l'étendue des domaines couverts en conséquence, peut-être,
que je pourrais dire aujourd'hui.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Mme la députée.
Mme David :
Bien, c'est exactement la réponse à laquelle je m'attendais, mais vous savez,
l'adéquation, là, je vais faire une très
mauvaise figure de style, mais c'est comme une banane sur un comptoir :
elle est bien, bien, fraîche, elle est bien, bien importante, elle est
bien, bien bonne au début; deux jours après, trois jours après, elle commence à
être plus brune puis elle commence à être
moins attirante; puis cinq jours après, on la met aux poubelles. L'adéquation,
ça peut être un peu ça aussi, c'est-à-dire que ce qui est bon pour aujourd'hui,
demain, dans six mois, qui va savoir si ça va être aussi important dans un an,
dans deux ans?
Nos étudiants, oui,
il faut les préparer en fonction d'un métier très, très, très pointu, mais les
métiers pointus, ils changent vite de bord, là. Alors, il y a la mode des
étudiants en génie, la mode des étudiants en administration. Là, comme vous avez bien dit, tout à l'heure, la
pénurie est à peu près partout. Alors, c'est un peu frustrant, probablement,
je me mets à la place de ces étudiants-là, ergothérapie, physiothérapie, c'est
une maîtrise obligatoire maintenant, c'est minimum quatre ans d'études.
Audiologie, c'est très long aussi. On va tous devenir vieux puis on va tous
avoir des problèmes auditifs, donc l'audiologie, ça se peut que ça devienne
superimportant. Prenez inhalothérapie — on va s'en reparler, ça,
inhalothérapie — on
savait-u qu'il y aurait une pandémie puis que l'inhalothérapie allait être le métier le plus en demande quasiment sur la
planète? Puis que les médecins spécialistes en santé publique... vous en savez
quelque chose, on ne parlait jamais de ça, la santé publique, avant, et puis
là, bien, c'est devenu vraiment les grands, grands, grands spécialistes.
Alors, je vais aller,
justement, dans un autre domaine qui est très en demande, mais vraiment très,
très en demande, puis là je vais me limiter
parce que j'aurais beaucoup de commentaires à faire là-dessus, c'est la
psychologie, d'où je viens. On a parti, là aussi, un programme de
bourses. Les résultats, première année, ça allait très bien, mais ça va de plus
en plus mal, je trouve. Et, les appels que j'ai eus, ils ne sont pas rassurés,
les étudiants.
• (17 heures) •
Quand le programme est parti, en 2017‑2018,
216 bourses et 88 demi-bourses. En 2019‑2020, 195 bourses puis 34 demi-bourses. On se comprend,
demi-bourses, c'est parce qu'ils sont à demi-temps, donc ils ont deux fois une
demi-bourse, ce qui donne une bourse. Alors, le ministère les compile comme ça.
C'est... Ils sont très anxieux dans le fait de répartir ça, combien
d'étudiants... On l'a fait, la première année, avec les demandes intégrales des
étudiants, ils voulaient 250 bourses, ils ont eu 250 bourses.
Mais là aussi, l'adéquation, là, un mot bien à
la mode, bien, ça peut changer. Si les universités prennent plus d'étudiants,
s'ils ne trouvent pas de poste dans les hôpitaux parce qu'on demandait deux ans
de... de redonner à la société, si on veut, avec cette bourse-là, de rester
deux ans ou alors de faire 150 heures de plus dans leur stage.
Mais là ils demandent d'enlever des critères,
ils demandent de... La tarte financière se divise en beaucoup plus de monde. Alors, moi, je sens qu'il y a
beaucoup d'écueils. Donc, on fait quoi, là, avec les... Quand même,
c'était beaucoup d'argent à l'époque, c'était des grosses batailles, ça
aussi, pour aller chercher cet argent-là. Donc, on fait quoi avec le programme
de soutien au doctorat en psychologie?
Mme McCann : Bien, c'est une
bonne question. Parce qu'il y a assez de bourses pour tout le monde, de toute
évidence. Les programmes de bourses, là, comme celui dont on vient de parler
dans la question précédente, là, juste pour
donner une idée, c'est de l'argent, là. Au collégial, universitaire, pour les types d'emploi qui ont été priorisés, là,
11 729 étudiants qui ont été acceptés, on a versé 32 millions de
dollars. En 2020‑2021, l'année n'est pas terminée, on est rendus à
10 800 bourses avec 16 millions de donnés.
Mme David : ...ne portait pas là-dessus,
je sais.
Mme McCann : Non, mais je dis
ça en préambule, là. Alors, pour ce qui est des psychologues, je dois dire que je n'ai pas fait l'analyse moi-même,
là, on n'a pas porté ça à mon attention. Je comprends que, sur les 250, il y en a 198 qui sont prises, et 34 à
demi-temps, là. Donc, on n'est pas au rendez-vous des 250. Qu'est-ce qu'il se
passe?
Mme David : ...manque de
psychologues hallucinant.
Mme McCann : Alors, il faut
faire l'analyse du dossier. Qu'est-ce qu'il se passe exactement? Parce que, oui, il y a le public et il y a le privé. Et c'est
un programme qui est long, c'est un doctorat. Alors, bon, quelles sont les
embûches? Bien, actuellement, tous les
étudiants qui le demandent reçoivent une bourse. Donc, le programme fonctionne
pour ces étudiants-là. On parle de, quoi, 80 %, 75 %, là.
Mme David : Pourquoi ils ne
l'acceptent pas, la plupart, là, ceux qui ne l'acceptent pas? Parce qu'ils se
disent : Moi, je n'en veux pas, de bourse. J'aime mieux aller au privé
tout de suite, le lendemain de mon doctorat, puis je vais faire bien plus
d'argent. Le public n'est plus, absolument plus attirant. Moi, j'ai été de
l'époque où avoir un emploi à l'hôpital, c'était formidable, mais, maintenant,
les conditions, les conditions salariales ne sont même pas un tiers de ce
qu'ils font en privé. On ne peut pas leur en vouloir de dire : Je vais
aller en privé.
Puis, dans le temps, on courait après les
patients, on était tout contents d'avoir des patients en privé. Là, maintenant,
ils ne savent plus où les mettre. Il y a un grave problème d'accès à la santé
mentale. Puis ça, vous êtes responsable des
ordres professionnels aussi, on va pouvoir... Il y a un lien avec les exigences
de rehaussement de diplôme, là, il y a un lien assez précis avec ça.
Mme McCann : Oui, mais il y a
aussi une question d'organisation de services, là. Ça, c'est vraiment...
Mme David :
Oui, bien là, ça, c'est l'ancienne ministre de la Santé qui peut certainement
en parler beaucoup.
Mme McCann : Ça, c'est autre
chose, c'est autre chose, oui.
Mme David : Mais on n'est pas
sorti du bois. Un meilleur... Vous pouvez avoir le meilleur plan d'action en santé mentale, si vous n'avez même pas les
psychologues au rendez-vous, bien, il va y avoir encore deux ans d'attente,
et puis... Alors, ça a l'air de rien, on est rendus loin un peu dans notre
discussion, parce qu'on parle de bourses, mais ces bourses-là, ils les
refusent, entre autres, parce qu'ils se disent : On va aller plus vite en
privé.
Mme McCann : Je comprends, mais, en
même temps, et je vais être brève, vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a de
l'achat de services qui se fait actuellement, là, par mon collègue, le ministre
délégué à la Santé et Services sociaux, des psychologues qui travaillent en
privé pour qu'ils viennent prêter main-forte.
Mme
David : On est rendus là. Comme les chirurgies à RocklandMD, tout ça,
on est rendus à faire des chirurgies en privé, on paie pour... Le modèle
est en train, là, d'être obligé d'être étiré un peu.
Alors,
les infirmières, les infirmières, 23 millions sur cinq ans au dernier
budget, là aussi on va les payer pour
diplômer puis on va... Les étudiants, évidemment, trouvent qu'on ne les aide
pas beaucoup pour la réussite, parce que celles qui diplôment, d'habitude
c'est celles qui sont déjà dans un environnement peut-être plus aidant, qui
peuvent être à temps plein, et tout ça. Alors, les étudiantes disent :
Bien, oui, mais il faudrait peut-être nous soutenir pour la réussite, pas
seulement une fois qu'on diplôme. Je te donne 1 000 $... Comme quand,
nos enfants, on les éduque en disant :
Si tu fais ton lit toute la semaine, je t'achèterai un cornet de crème glacée.
Oui, il faut favoriser la diplomation, mais c'est en les accompagnant.
Alors là, je comprends
que le nouveau mantra, là, c'est qu'on donne de l'argent tout le temps pour
diplômer en génie, en technologies de
l'information, en sciences infirmières, tous les programmes de bourses et
diplômer, diplômer, diplômer, mais on va arrêter où de payer pour les
diplômes? Puis on va peut-être plus devoir soutenir les étudiants qui ont plus
de misères pour y arriver.
Moi, je dirais :
Probablement, vos enfants, mes enfants étaient très, très, très soutenus, là.
Je n'aurais pas aimé ça qu'ils aient une bourse pour réussir, j'aurais
dit : Bien là, on marchandise l'éducation — mot à la mode que vous avez
dû entendre souvent — mais
d'aider ceux qui en arrachaient plus, par exemple, ça, oui. Puis pas juste en
arracher financièrement, en arracher au niveau des étudiants qui ont des
problèmes d'apprentissage, des étudiants qui sont plus anxieux, des
étudiants... Bon. Et là, eux, les amener à la réussite, c'est un vrai exploit.
Moi, amener un étudiant qui est très, très bien entouré à la réussite puis
qu'il devienne infirmière ou ingénieur, ce n'est pas un si grand succès de
société.
Alors, comment vous
allez amener ceux que vous aidez moins à la diplomation? Et qu'est-ce qu'on va
faire, justement, pour les aider autrement
que de l'argent cash quand ils ont un diplôme? Bientôt, on va faire des
soutenances de... j'en ai fait beaucoup dans les universités, des
remises de diplômes, là, on a tous le beau chapeau, et tout, on va donner le
diplôme puis je pense qu'on va donner un chèque à peu près à tous les étudiants
maintenant.
Mme
McCann : Bien, pour répondre à votre question, on a un gros chantier
de la réussite, et c'est exactement ça. C'est exactement ça que... Le
ministère a pris le taureau par les cornes, là, puis a décidé de trouver les
meilleures stratégies possibles. Ça aussi, c'est un travail d'envergure qui a
été fait depuis deux ans.
Et, encore une fois,
il y a un plan d'action costaud. J'ai eu quelques échos, je n'ose pas trop en
parler parce qu'on va faire, évidemment, une annonce. Vous allez être consultés.
Et il y a des éléments, là, je vais en dire un qui m'a été apporté par la
fédération : la langue française, la compétence en langue française chez
nos étudiants, il faut faire quelque chose. C'est à la base de tout, et on
s'aperçoit qu'il y a des lacunes actuellement. Il faut faire quelque chose. Je
ne vous parlerai pas de stratégie.
Mme David :
Je ne pourrais pas mieux dire, Mme la ministre. On a déposé un beau plan
d'action qui parle beaucoup de qualité de la langue française
parlée et écrite, pas chez les allophones et les anglophones, oui, certainement les francophones aussi. Puis
les employeurs qui nous disent : Je peux... 34 %, on refuse les
employés parce qu'ils ne savent pas assez bien écrire leur français.
Bon, on va passer à
autre chose, effectivement. Une fois qu'on a parlé de tous ces beaux
métiers-là, ça prend des tonnes et des tonnes de superviseurs de stages. Ça, je
pense que vous connaissez le domaine dans les hôpitaux, et ça prend... On paie
les médecins pour former les médecins, les externes, des internes, des R1, R2,
R3, R4, tout est prévu à la FMSQ, tout est
prévu, là. Si tu fais une vacation pour superviser, là, tu es payé. Pensez-vous
vraiment que les psychologues dans les hôpitaux
sont payés pour superviser les internes en psycho? Les travailleurs sociaux,
pour payer...
Alors, il y a un
grave problème non seulement de financement des superviseurs à tous les niveaux,
là, on parle en entreprise, on parle au niveau technique, mais on
parle aussi de les former. Ça, ce n'est pas de la science infuse, ça,
d'enseigner à un étudiant à devenir un bon professionnel. Et ça, on n'en parle
pas beaucoup. On en parle quand même dans certaines recherches et dans une des
recherches de l'IREC qui dit : Seulement 56 % des étudiants
disent : Oui, il y a quelqu'un qui m'a aidé dans mon apprentissage pendant
mon stage. Puis ça, ça veut dire qu'il y en a 44 % qui ont été probablement considérés comme ce qu'on appelle du cheap
labor, de la main-d'oeuvre, là, laissés à eux-mêmes.
Ce
n'est pas un stage, ça. Ce n'est pas un stage pour moi. Je suis sûre que vous
êtes d'accord avec moi là-dessus. Moi,
je n'aime pas ça, voir que 44 % considèrent qu'ils n'ont pas été
supervisés pendant leurs stages. Alors, il faut y penser à ça, l'adéquation, l'alternance travail-études,
l'apprentissage en milieu de travail. Oui, mais tu fais quoi avec ton nouveau
stagiaire le lundi matin, là? As-tu quelqu'un d'attitré pour le former dégagé,
payé? Je m'inquiéterais de ça.
• (17 h 10) •
Mme
McCann : Notamment
au niveau des sciences infirmières, on a prévu, hein, du budget
pour accompagner davantage la coordination des stages, il y a un besoin
très, très important, mais le commentaire est légitime, là, par rapport à un ensemble
de stages, il faut vraiment avoir les conditions réunies. C'était plus criant,
là, au niveau des infirmières, bon, pour des
raisons probablement évidentes, là, et on a ajouté, là, des mesures
pour aider à la coordination.
Mme David :
Oui, mais coordination, j'ai assez joué dans le film des sciences infirmières,
là, que je sais que c'est pour simplement les placer en stage, là. Si c'est ça,
la réponse qu'on vous donne, ce n'est pas de la grosse supervision, ça, c'est
des logiciels très sophistiqués pour... Tu sais, juste dans les Laurentides,
là, Lanaudière, là, ça se pile sur les pieds
pour avoir des stages, hein? On va passer à autre chose, mais, je pense,
je n'ai plus beaucoup de temps.
La Présidente (Mme
Guillemette) : ...50 secondes.
Mme
David : Ah! moi, j'avais
32 secondes. Alors, écoutez, on va s'arrêter là, je vais garder ça pour tout à l'heure.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, je céderais la parole au député de Jean-Lesage avec 14 min 37 s.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Je veux juste commencer en faisant un bref préambule. J'entendais la
députée de Marguerite-Bourgeoys dénoncer des choses aberrantes, l'exode des
psychologues du public, le manque d'argent
par ci, le manque d'argent par là, la privatisation, mais c'est quand même
son gouvernement qui est à l'origine de ces problèmes-là.
Et moi, j'aimerais quand même, par respect pour les gens qui en paient les
conséquences, que, lorsque ce soit dénoncé de sa part ou de la part de
son parti, bien, qu'elle se rappelle et qu'ils se rappellent qu'on s'en
rappelle, ne pas faire comme s'il y avait eu table rase.
Je vais
revenir sur la question des régions, Mme la ministre. Il y a à peu près
160 millions pour des infrastructures à Édouard-Montpetit, à peu près 100 millions
à Dawson, en fait, c'est ce que j'avais compris mais peut-être que c'est erroné, mais mettons... Puis on parlait, tout à l'heure, de 135 millions prévus pour Ahuntsic, mais, si on regarde,
mettons, Édouard-Montpetit, puis c'est super, qu'il y ait 120 millions
là, mais, si on compare aux 155 millions par an par cégep de région qui
est prévu dans le 41 millions, c'est 350 fois plus.
Alors, je
comprends votre logique, vous dites : Il y a 24 000 étudiants, étudiantes qui s'en
viennent à Montréal dans les 10 prochaines années, mais ne
serait-il pas possible, avant de construire des infrastructures nouvelles pour
les accueillir à Montréal, de commencer par remplir les cégeps qui ne sont pas
pleins, partout ailleurs sur le territoire, en finançant la mobilité de ces
étudiants-là vers les régions?
Mme McCann : C'est le défi. On en a
parlé, les sous-ministres le savent, c'est une des premières choses dont j'ai
parlé avec eux quand je suis arrivée en poste, parce que... mais l'équation
n'est pas si simple, il faut le dire. Si j'avais une baguette magique, oui,
c'est ce que je ferais, mais il y a toutes sortes de conditions qu'il faut
réunir. Et c'est pour ça que j'ai demandé d'augmenter le budget de mobilité.
Ça, c'est une chose.
On a parlé de promotion, il faut aussi
promouvoir ces programmes-là. Il y a un gros travail à faire pour attirer davantage.
Puis il y a probablement de regarder l'exclusivité des programmes, là. Il
y a différents volets dans la stratégie.
Mais, moi, ce que je peux dire aujourd'hui,
c'est que c'est un de mes objectifs. J'aimerais vraiment que nos jeunes Québécois
étudient davantage dans les cégeps des régions. Puis je pense, comme le disait
le collègue de Bonaventure, on a probablement un moment, actuellement, qui est
propice à ça, mais ce n'est pas automatique. Il va falloir vraiment faire
davantage de promotion de ces cégeps, faire davantage de promotion des
stratégies qu'on se donne, comme un budget de mobilité. Il y a vraiment un gros
dossier à faire là-dessus.
M. Zanetti : Merci. Je pense que ça
aurait un impact positif non seulement sur ces cégeps-là, sur, évidemment, le
développement de toutes ces régions-là, mais aussi sur le sentiment d'unité
nationale, parce qu'on verrait des gens qui viennent des grands centres puis
qui vont en région. Et comme on voit plus souvent l'inverse... Et je pense que
ça amènerait à ce qu'on se connaisse davantage comme peuple. Donc, il y a des
avantages là-dedans qui sont d'une valeur inestimable.
Mme McCann : Si je peux ajouter,
justement, dans ce sens-là, on vient d'allouer des programmes en technicien en
pharmacie, et il y a sept des 10 cégeps qui ont obtenu ce programme-là qui
sont en région. Alors, ça, là, c'est une
avancée. On va en faire d'autres, mais c'est un bel exemple de ce qu'on peut
faire avec les cégeps des régions. Sept sur 10 ont obtenu le programme.
M. Zanetti : Bien, je vous remercie.
Je suis content de voir ces intentions-là. En même temps, moi, je constate que là on est dans une vague
d'investissements en infrastructure extrêmement importante, il y a des millions,
des centaines de millions qui s'investissent, puis là... puis, une fois que ça
va être fait, le tournant va être pris pour des décennies, et là on est en
train de tout investir à Montréal ou presque, là, tout sauf des poussières.
Alors, je vous invite quand même à réfléchir à renverser la tendance pour le
prochain budget.
Je voulais aborder un autre sujet. La question
de la liberté académique a fait couler beaucoup d'encre. Vous avez nommé un
comité spécial chargé d'étudier la question puis de faire des recommandations
au gouvernement. Est-ce que vous lui avez demandé aussi de se pencher sur un
aspect qui est fondamental de la liberté académique, c'est-à-dire l'influence
du privé sur les universités, sur les cégeps et sur la recherche universitaire
particulièrement?
Mme McCann : Dans le mandat qu'on a
donné au comité sur la liberté académique, bon, il y a une certaine latitude.
Ils pourraient regarder cette question-là s'ils le jugent à propos, hein? Ils
vont faire un état de situation de ce qui se passe dans ce contexte-là. Est-ce
qu'ils vont avoir... ils vont élargir un peu le mandat ou ils vont rester un
peu plus circonscrit? Bien, ils sont quand même indépendants, par rapport à ça.
Mais ce que je peux dire, c'est que l'université
du futur, le chantier de l'université du futur, d'ailleurs le comité-conseil
est présidé par ma collègue, a soulevé la question que vous invoquez. Alors, on
va faire des travaux là-dessus, certainement, puis d'ailleurs, comme vous
savez, c'est le Scientifique en chef qui a piloté des travaux du chantier de
l'université du futur. Donc, c'est une question qui l'intéresse grandement.
M.
Zanetti : Est-ce qu'il va y avoir
des consultations, par exemple, auxquelles les gens du milieu universitaire
pourront soulever cette préoccupation-là?
Parce qu'elle a été soulevée... bien, elle est souvent soulevée, mais
récemment, à Québec, dans le cadre des ententes de recherche entre le port de
Québec et son projet Laurentia et l'Université
Laval, il y a des enseignants qui ont évoqué leur malaise
par rapport à ce partenariat-là financier avec l'Université Laval en
disant : Moi, voyant que mon
université a comme partenaire financier le port de Québec, j'ai un malaise à
prendre des positions publiques qui
devraient peut-être être prises parfois contre ce partenaire-là.
Alors, c'est vraiment quelque chose qui est important.
Je voudrais
savoir : Est-ce que le milieu universitaire... Comment va fonctionner
exactement les consultations de ce comité-là?
Mme
McCann : Est-ce que le
collègue parle du comité sur la liberté académique? Bon, il y aura des
consultations publiques sur invitation qui vont se faire probablement
autour du mois de juin. Donc, le comité va inviter différents interlocuteurs
là-dessus. Certainement... Bien, vous savez que le comité est formé
d'universitaires, d'ailleurs, hein, et d'une chargée de cours étudiante aussi.
Donc, il y aura, sur invitation, des consultations publiques.
M. Zanetti : Et donc je comprends
que vous trouveriez intéressant qu'ils abordent ce sujet-là.
Mme McCann : Bien, comme je disais,
ils sont indépendants, là, je ne veux pas m'ingérer parce que ce n'est pas mon
rôle, de m'ingérer. Et je pense qu'il faut leur laisser toute la latitude, mais
ils sont conscients, certainement, que la question a été soulevée par le
chantier de l'université du futur, parce qu'à mon avis ils ont pris
connaissance du rapport.
M. Zanetti : Merci. Le cours
d'histoire au collégial qui change, qui va changer, qui va donc éliminer
l'enseignement, de ce que je comprends, de l'Antiquité et de la période du
Moyen Âge, est-ce que la décision est prise? Est-ce qu'il y a une possibilité
de revenir en arrière? Où en est cette question-là?
Mme McCann : Bon, bien, la décision
n'est pas prise de façon finale, elle n'est pas prise à ce moment-ci. Il faut dire, toutefois, qu'il faut recadrer ça dans
la révision du programme en sciences humaines, hein, qui a pris quatre ans, là,
puis qui s'est bien passé. Je pense que les gens sont contents,
satisfaits.
Par rapport au cours d'histoire, il y a eu une
consultation qui a été faite, qui est quand même assez grande, puis il y a eu une forme d'assentiment à ce
nouveau cours d'histoire, mais par la suite, quand ça a été plus connu, il y a,
comme on le sait, dans l'espace public et même chez les enseignants, certains
enseignants, des préoccupations, des réticences par rapport au nouveau cours,
bon.
Moi, sur le principe, là, d'ouvrir sur le monde
le cours d'histoire, on ne peut pas être contre ça. On avait un cours d'histoire occidentale, d'ouvrir sur le
monde, c'est un bon principe. De mettre ça en lien avec l'histoire du Québec,
c'est un bon principe.
Il demeure que la question de l'Antiquité et du
Moyen Âge n'est pas résolue encore. Alors, moi, je continue mes rencontres avec les deux côtés. J'ai rencontré
des professeurs, des enseignants qui étaient d'accord avec le nouveau
cours, d'autres qui ne l'étaient pas. J'ai parlé à différents interlocuteurs,
et on essaie de trouver une voie de passage.
• (17 h 20) •
M.
Zanetti : Merci. Sur la
question des frais de scolarité des étudiants internationaux, il y a eu une
déréglementation, on sait, c'est quelque chose qui a précédé votre arrivée, et
je voulais savoir si vous aviez l'intention de revenir là-dessus. Est-ce
qu'il serait possible qu'on revienne à la situation qui prédominait avant cette
déréglementation-là? Est-ce que c'est dans vos cartons?
Mme McCann : Pas à ce moment-ci, pas
à ce moment-ci. C'est sûr qu'on a des ententes, on a à peu près une quarantaine
d'ententes avec différents pays francophones. Et j'ai eu l'occasion de
rencontrer deux représentants, là, de pays
avec lesquels on a des ententes et de signer ces ententes, de renouveler ces
ententes. Je pense que les étudiants internationaux, là, c'est très
important pour l'enseignement supérieur.
La question des frais de scolarité, bon, on a
des ententes avec la Belgique, la France, comme vous le savez probablement, où
les frais sont absorbés par le ministère, là, l'écart avec les frais de
scolarité payés par les étudiants québécois, mais la question de la déréglementation, à ce moment-ci, là, je ne peux pas vous dire que c'est dans mes cartons.
M. Zanetti : Je voudrais qu'on parle
de conciliation études-famille-travail. C'est quelque chose qui est de plus en
plus d'actualité. On a une économie qui bouge énormément, de plus en plus les
gens ont plusieurs carrières dans une vie, ils ne font pas tout simplement une
seule carrière dans un même domaine pendant des décennies. Alors, il y a
souvent des retours aux études de personnes qui ont des familles et qui ont du
travail, et c'est compliqué à marier. Puis, en même temps, il faut être capable
d'avoir cette souplesse-là pour permettre aux gens de s'adapter au monde qui
est changeant.
Est-ce que vous avez de l'ouverture, disons, à
doter, là, le Québec d'une véritable politique de conciliation
travail-études-famille?
Mme
McCann : Intéressant. Bien, en fait, ce qu'on fait actuellement, c'est vraiment d'encourager la flexibilité dans les programmes.
Une des choses, d'ailleurs, dont je me suis aperçu en arrivant à l'Enseignement
supérieur, c'est l'évolution des universités dans ce sens-là. Je pense que les
cégeps sont reconnus, hein, pour les A.E.C., les collèges aussi, mais les universités sont de plus en plus au
rendez-vous avec des microprogrammes, entre autres, là, bien agiles, là,
pour concilier le travail, la famille et les études.
Donc, on n'a peut-être pas
une politique, à ce moment-ci, mais on a beaucoup d'actions dans ce sens-là. Le
besoin, actuellement, des différents
marchés, là, puis j'inclus l'éducation et la santé, malgré qu'on n'a pas
nécessairement une politique qui enchâsse tout ça, nous force à adapter
nos programmes. Et, si on pense à l'Université du Québec, c'est une université
qui va quand même assez loin dans ce sens-là à travers le Québec, hein? Parce
qu'on parle, avec raison, des cégeps, mais
parlons du réseau des universités du Québec qui vont très loin dans le maillage
avec les besoins des entreprises et du marché en général.
M. Zanetti : Je vous remercie.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Une minute.
M. Zanetti : C'est bon.
La Présidente (Mme Guillemette) : Ça
va? Merci, M. le député. Donc, je céderais la parole à l'opposition officielle.
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
Mme
David : Bien, est-ce que vous me permettez de passer la parole à ma
collègue députée de Vaudreuil qui aurait une question?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, tout à fait. Allez-y, Mme la députée.
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Merci à ma collègue aussi. Bonjour, Mme la ministre. Je suis contente d'être parmi vous aujourd'hui. Je vous entendais parler, entre autres, de l'importance de l'éducation en région. Et j'en profite justement pour
venir vous rencontrer, je vous ai envoyé aussi certaines correspondances, pour
vous entendre relativement au centre d'études collégiales à Vaudreuil-Dorion.
Je fais une petite mise en contexte, là, très rapidement.
C'est un dossier superimportant dans un comté en explosion ou, en fait, deux
comtés... une région en explosion démographique comme Vaudreuil et comme Soulanges.
Je regardais récemment les statistiques ou, en fait, même les prévisions, on prévoit
que le nombre de jeunes de 15 à 19 ans va augmenter de 20 % d'ici 2026. C'est un comté, tant Vaudreuil, tant Soulanges, là, qu'il n'y a pas de cégep. Les cégeps à proximité sont soit à Valleyfield, soit
Gérald-Godin à Pierrefonds ou encore John-Abbott à Sainte-Anne-de-Bellevue.
En 2017, il y a
un beau projet qui a été mis sur pied par les trois directeurs généraux, là,
des cégeps environnants, on parle, comme je disais, de John-Abbott,
Gérald-Godin puis Valleyfield, pour faire un centre d'études collégiales à Vaudreuil-Dorion.
Bon, quand vous avez été élus, on a tout
de suite compris que c'était probablement problématique, là, le cégep anglophone, et il s'est
retiré lui-même du projet. Le cégep John-Abbott s'est retiré du projet, et ils
sont maintenant deux cégeps, Valleyfield et John-Abbott, pour
offrir un... Valleyfield, John-Abbott... Valleyfield, Gérald-Godin, pour
offrir un centre d'études collégiales sur le territoire.
Le projet est monté, là, le projet est ficelé,
vous devez certainement en avoir pris connaissance. Il y a une entente au
niveau de la formation, il y a une entente au niveau du financement, il y a une
entente au niveau... bien, comme je vous
dis, là, même les programmes. Puis je vous rappelle toute l'importance... parce qu'entre autres, à
Vaudreuil, il y a l'hôpital qui s'en vient. On va avoir besoin de
3 000 employés, des préposés aux bénéficiaires, des infirmières, toutes
sortes de monde, mais c'est surtout pour donner la possibilité à nos jeunes,
là, d'étudier sur notre territoire. Puis c'est prouvé, hein, quand on étudie
sur notre territoire, le taux de diplomation est là, le rendement est là. Donc,
c'est superimportant pour des comtés en explosion démographique comme
Vaudreuil-Soulanges, un projet comme celui-là.
Donc, je vous demande... Puis évidemment, là,
les intervenants du milieu sont dynamiques. Puis je regarde les gens autour de la table, puis je sais que votre
équipe est au courant parce qu'il y a des noms que je vois circuler, puis
je le sais, qu'il y en a, des rencontres,
mais on n'a pas de nouvelles du dossier, puis, quand je rencontre mes
directeurs de cégep, ils n'ont pas de nouvelles non plus. Donc, le milieu,
nos intervenants sont dynamiques, ils sont prêts, c'est un besoin. Tout ce qui
manque, c'est votre aval.
Alors, je voulais savoir : Quand allez-vous
donner l'aval à ce beau projet à Vaudreuil-Dorion?
Mme McCann : Bien, oui, je me
souviens, là, de la première mouture, je pense, c'était quand je suis arrivée
en poste, là, comme vous l'avez dit, mais il faut qu'on fasse un plan
d'ensemble, là, hein, avec l'arrivée des fameux 24 000 étudiants, là, dans la grande région de Montréal.
Puis on est en train, là, de faire les dernières étapes, là, de ce plan
d'ensemble.
Mais moi, je regarderai ce projet, là, ça, je
peux le dire, Mme la Présidente, là, je vais regarder la deuxième mouture du
projet, mais il faut qu'on ait notre plan d'ensemble avant d'aller de l'avant
et de regarder d'autres projets comme celui,
là, de Gérald-Godin et Valleyfield, là, mais il faut que ça soit bien maillé
avec le plan d'ensemble, mais je vais regarder le projet.
Mme Nichols : Est-ce que c'est
possible d'avoir un échéancier, d'avoir une idée? Parce que, sincèrement, là, ça fait trois ans qu'on attend des réponses. Le
projet était sur les rails... J'ai fait des demandes de rencontre, vous avez
reçu aussi, là, la correspondance, là. La dernière
date de... je pense que j'en ai fait une en octobre l'année passée, j'en ai
fait une plus récente en début d'année.
J'attends... on attend des nouvelles, là, on attend... la population
attend des nouvelles.
Est-ce
que vous pouvez nous dire, sur un échéancier, quelles rencontres sont prévues
avec les intervenants du milieu, puis après ça nous dire : Bien, on
prévoit... le plan d'ensemble, on le prévoit à telle date? Pouvez-vous nous
donner des dates, pas juste dire qu'on regarde le dossier? Ça fait trois ans
qu'on nous le dit.
Mme McCann :
Bon, bien, écoutez, je dois vous dire que moi, je vais vouloir prendre
connaissance... je l'appelle la deuxième mouture, là, parce que je comprends
qu'il y a un deuxième projet, là, et, à ce moment-là, on va vous revenir. Ce
que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que je vais en prendre connaissance,
et on va vous revenir là-dessus, au moins vous donner une réponse par rapport
au processus.
Mme Nichols :
Bien, je vous remercie, Mme la ministre, d'en prendre connaissance, mais je
suis très déçue que vous n'en ayez pas déjà pris connaissance. Donc, merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. Donc, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
• (17 h 30) •
Mme David :
Bien, ça s'adonnait bien parce que je voulais revenir sur les devis scolaires.
Vous avez un beau problème, mais vous avez un énorme problème. Quand vous
parlez de 24 000 étudiants, c'est 48 000 au niveau de l'ensemble
du Québec. C'est un beau problème dans le sens que 48 000 étudiants
de plus puis 24 000 seulement pour l'île de Montréal même, je pense, c'est
du monde, ça, c'est énorme. Je me souviens d'années où les cégeps pleuraient parce qu'ils avaient peur, et le ministère
pleurait aussi : On va être à moins 1 %, moins 2 %, moins
3 %, à chaque année, là. C'est
comme les cotes en bourse, là, les universités disent : Ah! mon Dieu, on est à moins
1 %, moins 2 %. Là, on est à plus, plus, plus. C'est un aussi
gros problème que la quantité d'étudiants qu'on y attend.
Alors, je sais que
vous avez fait travailler tous les collèges, puis il y a même un groupe de 21 collèges
qui se sont mis ensemble, grande région de
Montréal, ils vous ont soumis des choses. Là, il y a eu comme... Ça a l'air
d'être, comme dit ma collègue, un peu arrêté. Mais ils n'en peuvent
plus, là, ils veulent savoir quand est-ce qu'on va donner le dévoilement du
résultat de ces travaux sur les devis.
Parce que c'est bien
beau dire : On vous accorde ça de plus, ça de plus, ça de plus... Comme me
disait le cégep Ahuntsic, là : Moi, j'ai besoin de 12 classes sèches
en septembre, là, qui s'en vient, là, pas dans... je ne sais plus où mettre les étudiants. Puis là ils ne sont
même pas arrivés encore, les 24 000. Puis là on parle des cégeps anglophones
puis francophones, puis on en met-tu plus, puis on n'en met pas plus, puis on
en met moins. Vous avez un énorme bouchon à
l'horizon, là, de PQI, d'étudiants. Et ça, on parle de Montréal, mais
48 000, ça veut dire qu'il y en a au moins 24 000 ailleurs aussi
au Québec, là.
Donc, c'est un beau
problème, mais ce problème-là, ça veut dire qu'il faut vraiment, vraiment...
Mais on ne s'énervera pas immédiatement,
mais je pense qu'il faut commencer. Parce que vous dites : Dans les
10 prochaines années. Moi, j'ai entendu 2029. Donc, on est 2021. Ça
fait huit ans, ça va vite, pour construire, pour accueillir. Alors, quand
est-ce que vous allez dévoiler les travaux?
Mme McCann :
Écoutez, je pense que les travaux sont faits de façon systématique avec les
directeurs généraux des cégeps, hein, il y a des rencontres systématiques avec
eux. Moi, ce que je vois aussi, c'est des rencontres du ministère et de mon cabinet avec la Fédération des cégeps.
Donc, il n'y a pas de vacuum, là. Les D.G. sont au courant de ce qui se
passe avec le ministère. Et nous, au niveau du cabinet, on suit ça de très
près.
Le
message qui a été donné aux directeurs généraux des cégeps, parce que, là, on
arrive à faire la planification pour l'automne, c'est de se baser sur leurs
devis de 2019. Donc, ils vont travailler avec ce nombre d'étudiants. Et
on est en lien avec eux constamment s'ils ont besoin, évidemment, de davantage...
Mme David :
Oui, mais, en tout respect, le devis de 2019, ça ne comptait pas les
24 000 étudiants de plus, là.
Mme McCann :
Je m'excuse. On parle de la fréquentation. J'ai dit «devis», mais c'est
fréquentation de 2019.
Mme David :
Oui, c'est ça. C'est ça.
Mme McCann :
Il y a une nuance, là, oui. Il y a une nuance.
Mme David :
Parce que les ETP c'est bien différent que les effectifs étudiants.
Mme McCann :
On se comprend, on se comprend.
Mme David :
Mais où vous allez les mettre, les 24 000 nouveaux? Ils ont fait
l'exercice déjà. Ils se sont réunis, les 21 cégeps. Ils savent, ils vous
ont fait des propositions. La tarte, elle est répartie, là. Mais là il va
falloir donner un feu vert parce que ça ne vient pas sans nouvelles classes, ça
ne vient pas sans... Ça, c'est sans compter, toujours, le maintien d'actif,
comme on dit, là. Il ne faut pas qu'ils tombent en ruine non plus, ces
cégeps-là. Alors, non seulement il y en a qui tombent en ruine, mais en plus il
faut rajouter des classes, des laboratoires. Il faut tout ça.
Alors,
si vous prenez la photo de 2019, ça va pour maintenir le flot actuel, mais ça
ne règle pas votre problème pour les prochaines années. C'est ce
devis-là qu'ils attendent, ce n'est pas celui de 2019.
Mme
McCann : Oui, mais, vous savez, on a du retard, là, on a du retard. On
doit rattraper un retard, là, je dois le
dire candidement, là, et le PQI... on a quand même obtenu trois cégeps de plus,
là, dans le PQI. Alors, ça, ça va aider, mais, le retard, il faut le
rattraper, puis on va retravailler encore l'année prochaine. On a beaucoup
investi dans le PQI, là, hein, 800 millions, là, cette année encore.
Mme David :
Je le sais. Je le sais, mais, quand même, il va falloir... Il y a seulement
87 millions sur 10 ans prévus pour
les nouvelles initiatives du réseau collégial. J'imagine que ça ne tient pas
compte des besoins en infrastructures, ça, pour le lier à l'augmentation
des devis.
Mme McCann :
Mais il y a des budgets, au niveau du maintien des actifs, là, qui est donné
aux cégeps. Et, si vous voulez plus de précisions, je peux demander, là, au
sous-ministre pour vous éclairer là-dessus.
Mme David :
Non, non, ça va aller parce que je veux aller...
Mme McCann :
Mais il y a quand même des budgets quand même très importants, cette année, qui
ont été donnés pour faire du rattrapage, je dois le dire, là.
Mme David :
Il y a du rattrapage, puis il y en a... on n'a même pas parlé des universités,
il y a des choses aussi pour...
Mme
McCann : Regardez, on a
donné quand même... On est rendus à 6,5 milliards de dollars, au niveau du
PQI.
Mme David :
Sur 10 ans.
Mme
McCann : Oui. Et on a obtenu
811 millions cette année, dans le PQI 2021-2031, c'est une
augmentation de 13 %, ce qui est intéressant. Les cégeps :
200 millions, les universités : 186 millions, puis les projets
majeurs, hein, que vous avez même nommés : Édouard-Montpetit, Ahuntsic,
mais aussi des universités, l'Université du Québec en Outaouais, Polytechnique
également. Alors...
Mme David :
ETS, UdeM, les anciens pavillons Roger-Gaudry.
Mme McCann :
Ah! bien, ça, c'est...
Mme David :
Juste ça, là, on est rendus à presque 1 milliard juste pour le
Roger-Gaudry parce qu'ils sont allés au campus MIL de la santé. C'est tellement
de centaines, et de centaines, et de centaines de millions, mais ça, il n'y a
même pas les 25 000 étudiants rentrés là-dedans. Alors, je dis que c'est un beau problème parce qu'on en veut, des étudiants
qui vont aux études supérieures, mais il va falloir les accueillir.
Mais je vais vous
amener, justement, sur un dossier que vous allez sûrement aimer, en tout cas, moi,
ça, j'étais tombée en amour, vraiment, avec ce dossier-là : les cliniques
santé dans les cégeps. Alors, là, j'avais même dit à mon collègue à l'époque, à
la Santé : Là, là, considère que c'est comme, là, des CLSC de proximité où
c'est de la formation, parce que c'est tous
des étudiants en formation : soins infirmiers, orthèses, prothèses,
physiothérapie, infirmières, bon, tout ça.
Alors, c'est ça, le
projet, entre autres, d'Édouard-Montpetit. C'est magnifique, ce qu'ils vont
faire là, puis ça va être une clinique où les gens vont aller... de la
proximité, de la communauté. Puis là ils ont même engagé, vous allez être
contente, une IPS envoyée par le CIUSSS pour être là, dans le cégep, temps
plein, pour gérer la question des soins infirmiers.
Il
y en a une vingtaine, de cliniques santé. Elles ne sont pas toutes au même
niveau, mais allez voir Rosemont, allez voir Ahuntsic, ça commence à être assez
sophistiqué, merci, là. Prises de sang, tests d'audiologie, toutes sortes
de choses qu'ils font. Et là il y avait un comité qui avait été mis sur pied
pour établir les conditions de reconnaissance de ces cliniques-là. J'aimerais
ça savoir où ça en est.
Parce que ce qui est
dit aussi, je trouve ça immensément important, ça peut être un lieu qui vous
aurait réglé des problèmes quand vous étiez
dans l'autre ministère, à la Santé, pour les professionnels formés à
l'étranger, des cliniques, entre
autres, qui accueillent pour des stages de mise à niveau des professionnels.
Parce qu'il n'y a pas juste des médecins qu'on appelle chauffeurs de
taxi, là, il y a plein, plein de professionnels dans d'autres disciplines qui
ont besoin de mise à niveau, puis là ça peut être des endroits de stage
formidables.
Mais il y avait un
comité, justement, qui a été mis sur pied pour établir les conditions de
reconnaissance de ces cliniques. Moi, je voudrais savoir où il en est, ce
comité-là, puis quelles sont les prochaines étapes.
Mme McCann :
Je vais vous répondre là-dessus, mais je vais quand même dire qu'au niveau de
la formation de professionnels qui viennent
de l'étranger on a fait des avancées, notamment au niveau des infirmières. On a
débloqué des budgets. On en a 250, là, qui sont en formation
actuellement, on a un autre 250 qui s'en vient à l'automne. Alors, là-dessus,
on travaille très fort. Je fais la parenthèse parce qu'elle est importante, là,
parce qu'on a besoin de cette main-d'oeuvre-là également.
Par rapport à cette reconnaissance de ces
cliniques, moi, ça m'intéresse beaucoup, puis c'est vrai que j'ai un intérêt
personnel, là. Quand vous nommez une IPS, là, c'est sûr que c'est la voie de
l'avenir aussi. Et je vais me pencher sur la question
parce que ça peut être intéressant, là, de se joindre au réseau de la santé et
des services sociaux. Alors, je vais voir avec le ministère qu'est-ce qu'on
peut faire par rapport à ces cliniques.
• (17 h 40) •
Mme David : Quand on est à
l'Enseignement supérieur, en tout cas, moi, je trouve, c'est le dossier qui
était le plus porteur pour travailler avec Santé. Puis ça aussi, c'est un
secret trop bien gardé, la qualité de l'enseignement et de l'équipement dans les cégeps, pour enseigner, pour les
professionnels de la santé. Ils ont des mannequins simulateurs extraordinaires en soins infirmiers, entre autres,
là, c'est des vrais hôpitaux, même à Chicoutimi. Je suis allée dans des
régions, j'ai dit : Mais ce n'est pas possible, c'est des hôpitaux, c'est
des lieux d'enseignement avec les technologies qui sont absolument
extraordinaires.
Allons vers
les petites cohortes, la fameuse... dans le temps, c'était S026, dont on
parlait tout le temps, puis là c'est
la R108. Vous avez abaissé les critères à sept, qui était une demande, là, mais
une demande tellement importante des cégeps, Gaspésie, Baie-Comeau,
Sept-Îles, là, comme disait mon collègue, les plus en enjeu de recrutement. Et
là il y avait des critères, bien oui, mais
c'est bien beau... À sept, ce n'est pas des bien gros groupes, hein, puis on
accepte de financer quand même, on pourrait dire, des sièges vides,
parce que c'est plus que ça qu'on demande à des cégeps de Montréal, là, où il va y avoir 25 000 étudiants
de plus, on n'a pas de problème de petites cohortes. Mais, en région, on
les a. Ça ne veut pas dire qu'il faut arrêter de donner les programmes.
Alors, est-ce qu'on a déterminé beaucoup plus la
mission à cette mesure-là? Puis est-ce que vous diriez que ça va bien, ça va
mieux, le recrutement, depuis qu'on accepte qu'il y ait des plus petites
cohortes?
Mme
McCann : Bien, moi, de ce
que j'en sais, parce qu'effectivement
je me suis intéressée à la question, c'est qu'on a ajusté le financement des cégeps en conséquence, là, on en a
tenu compte, hein, dans la modification du financement des cégeps, et ça a été heureux. Mais, si ma
collègue a besoin d'un complément d'information, je peux donner la parole
à la sous-ministre, Mme la Présidente.
Mme David : C'est parce qu'il me
reste juste cinq minutes.
La Présidente (Mme Guillemette) : Il
vous reste 6 min 38 s.
Mme David : C'est ça. En
30 secondes.
La
Présidente (Mme Guillemette) :
Il y a consentement, donc vous pouvez vous nommer ainsi que votre fonction.
Mme
Parenteau (Nathalie) : Oui,
bonjour. Nathalie Parenteau, excusez-moi, sous-ministre adjointe
performance, financement et soutien à la gestion.
Alors, écoutez, la modification au régime de financement
des cégeps a amené plus d'argent, bien entendu, là, à la majorité des collèges.
Certains d'entre eux ont vu leur quote-part augmenter de
l'ordre de 33 %, là, si on va au sommet, et le plus bas en a bénéficié de
7 %. Donc, personne n'a perdu. Et, de manière particulière, les régions,
étant un nouveau vecteur, ont bénéficié, là, grandement de la réforme.
Mme David : Bien, merci beaucoup.
C'est comme le modèle de financement des universités, il n'y a eu aucune
perdante, mais il y avait des plus gagnants que d'autres, particulièrement en
région. C'est rassurant, mais on parlait des
programmes d'exclusivité, là. Il y en a des extraordinaires, là, le programme TACH, par
exemple, d'halieutique
cynégétique à Baie-Comeau, les programmes qu'il y a... tourisme d'aventure à
Gaspé, tout ça, c'est des programmes de niche qui, eux, attirent en plus beaucoup
d'étudiants internationaux. C'est quand même extrêmement intéressant. Alors, c'est des façons de recruter. Mais, dans
les D.E.C. plus habituels, sciences humaines, c'est vraiment
difficile pour eux.
Dans le rapport de l'université du futur, moi,
j'ai adoré une proposition, là, je vous le dis, je n'y avais jamais pensé, les centres interordres de transfert technologique. Alors, au lieu d'être CCTT, c'est
CITT. Wow! Moi, j'ai mis : Wow! Quelle idée!
Avez-vous le même intérêt que moi? Est-ce qu'on
pourrait imaginer que, dans une réflexion, vous disiez au ministère :
Bien, peut-être qu'on pourrait regarder ça un peu plus, là, toujours dans cette
idée de l'interordres?
Mme McCann : Ah! bien oui. On a un
intérêt certain. D'ailleurs, c'est un thème très important du chantier de
l'université du futur. L'interordres, là, ça m'a été répété plusieurs fois,
alors... Et on est dans un univers où on va développer davantage de zones
d'innovation, alors, d'autant plus, ça converge, là, oui.
Mme David : O.K. Donc, vous allez
vous en souvenir. Super.
Il y a une drôle de mesure, il y a une règle
budgétaire qui est même liée à ça : seuil d'étudiants québécois. C'est
nouveau, mars 2021, là, c'est sorti il n'y a pas longtemps. «Les universités
doivent s'assurer que le nombre d'étudiants
québécois (voir section 3.2 — Définition de résident du Québec) représente
au moins 50 % de l'ensemble des
étudiants inscrits dans les programmes de premier cycle ou de deuxième cycle,
exception faite de ceux inscrits à la maîtrise dans les formations
orientées vers la recherche.» Bon, ça, c'est toujours la règle. «Ce pourcentage
minimal passera à 55 %, et ce, à compter de 2026‑2027.»
On peut comprendre qu'on veuille donner de la
place aux étudiants québécois, j'en suis, mais ce que ça risque de donner, c'est que... Certains se
plaignent qu'il y a beaucoup trop d'étudiants francophones dans les universités anglophones,
mais là, comme il faut 55 % de Québécois, s'ils font le plein
d'anglophones, c'est évident qu'il va y avoir plus de francophones,
c'est écrit dans le ciel.
Mme McCann :
Je dois vous dire que je dois en reparler au ministère
parce que cette règle m'a échappé, à moins que je l'aie oubliée. Mais,
55 % d'étudiants québécois, il faudra bien l'analyser. Quel est
l'impact? Il demeure que notre objectif, là, en enseignement supérieur, c'est
que le français domine en enseignement supérieur. Bon, quel est le bien-fondé de cette règle-là à 55 %
versus 50 % en 2026? Je dois vous dire que je dois me faire une tête
là-dessus, je dois l'analyser.
Mme David :
Bien, un, je suis très étonnée que vous ne le sachiez pas parce que, les
recteurs, eux autres, je peux vous dire qu'ils le savent. Donc, il y a
quelqu'un qui leur a dit, c'est évident.
Deuxièmement, je veux
dire, quelle est la logique de ça? Ce n'est certainement pas l'UQAC, l'UQAT,
l'UQAR qui ont des problèmes de francophones dans leurs baccalauréats, hein? Ce
n'est pas l'UdeM, je peux vous le garantir, ce n'est pas l'Université Laval, ce
n'est pas l'UQAM. Mais c'est qui? C'est qui qui n'ont pas assez de Québécois?
Je pense que ça vise les universités anglophones. Mais, si ça vise les
universités anglophones puis qu'on augmente le seuil, ce n'est pas : ils
font le plein d'anglophones, ils vont aller chercher des Québécois. Ça va
encore être plus attractif pour les étudiants québécois francophones, ça, j'en
suis convaincue. C'est correct si c'est ça qu'on veut, mais j'étais curieuse de
voir quel était le rationnel derrière ça.
Je comprends que vous
n'étiez pas au courant. Alors, vous me reviendrez, comme on dit.
Mme McCann :
On va vous revenir.
Mme David :
O.K. Très intéressant. Les conditions de travail des hauts dirigeants. Bon, on
a les chiffres, etc. On a changé la règle,
je pense que votre sous-ministre adjoint s'en souvient comme si c'était hier.
Il y avait deux enjeux. Il y avait l'enjeu des conditions de travail
périphériques au salaire. Le salaire, c'est une chose, on n'y a pas beaucoup
touché. On n'y a pas beaucoup touché, mais on avait quelques balises...
(Interruption)
Mme David :
Oh! merde, excusez-moi.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Il vous reste 45 secondes, Mme la députée.
Mme
David : Alors, ce dont je voulais parler, et j'y reviendrai, ce
n'était pas seulement le salaire, mais c'était le reste des conditions, et, le
réseau UQ, où en sont les travaux pour le salaire des recteurs, qui sont des
employés des emplois supérieurs. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Merci. 30 secondes.
Mme McCann :
Écoutez, peut-être que je devrais demander à la sous-ministre de répondre. Je
ne sais pas si on a le temps, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Peut-être prendre la réponse dans le deuxième bloc, Mme
la députée?
Mme McCann :
Dans le deuxième?
Mme David :
Oui.
La Présidente (Mme
Guillemette) : D'accord.
Mme McCann :
Je pense, ce serait plus prudent, là, que la sous-ministre réponde là-dessus.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Parfait. Merci, Mme la ministre. Donc, je cède
maintenant la parole au député de Bonaventure pour 15 min 10 s.
M. Roy :
Merci de votre générosité, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Guillemette) : Toujours un plaisir.
M.
Roy : Bon, je vais
essayer de rester calme. Je pense qu'il est de l'intérêt supérieur de la nation
de revoir l'occupation de territoire
au Québec. Depuis tout
à l'heure, j'entends la députée
de Marguerite-Bourgeoys vanter l'attractivité de Montréal,
l'urbanisation du Québec, la concentration de la population étudiante,
mais ça se fait au détriment des régions.
Si tu investis des centaines de millions de
dollars dans les institutions de Montréal, c'est sûr que ça va être attractif.
Les jeunes veulent avoir des locaux de qualité, ils veulent avoir des gymnases,
des théâtres, tout ce qu'il faut pour avoir une éducation bon, à laquelle ils
s'attendent.
Ça
fait que, quand j'entends des discours qui viennent, à la limite, discréditer
les cégeps des régions, bien là je n'ai pas le choix de répliquer. Parce que,
je vous dis, il va y avoir une redéfinition de l'occupation de territoire, puis
l'éducation est un déterminant qui va favoriser la dissémination de la population
pour éviter les problématiques qu'on vit actuellement.
Vous voulez accueillir des dizaines de milliers
d'étudiants à Montréal. On va les mettre où? Dans quels logements?
Il y a une pénurie de logements. Il va y avoir du monde dans la rue tantôt.
Ça fait que moi, je
reviens, je vais terminer avec ça, sur le débat des régions, mais c'est
important que le ministère de l'Enseignement supérieur comprenne qu'il va avoir
un rôle déterminant à jouer sur l'occupation globale du territoire au Québec et
sur la dynamique économique qui va s'ensuivre. Fin de la parenthèse là-dessus.
Voilà.
• (17 h 50) •
Je reviens au rapport
du Vérificateur général du Québec, sur le picot qui parle d'un nombre limité de
programmes qui ont été évalués par la Commission d'évaluation de l'enseignement
au collégial. Ça, ça vient... Bon, ça, ça
m'a été... J'ai été informé, je ne l'avais pas vu, là, récemment du rapport, et
ça vient avec, je dirais, un cri d'alarme des techniques des cégeps du
Québec, techniques de comptabilité, gestion de commerces, techniques de
bureautique, qui nous disent qu'on va
sacrifier les programmes pour n'en créer qu'un. Bon, là, ils essaient de voir
le rationnel là-dedans. La démarche qui a été faite pour atrophier trois
programmes techniques dans les cégeps pour en créer un seul ne fait pas du tout
leur affaire, c'est sûr. Mais, en même temps, ce qu'on me dit, c'est que ça ne
répond absolument pas aux besoins du marché du travail, qui demande des gens
avec une spécialisation donnée dans des secteurs donnés. Donc, de la
bureautique, ce n'est pas de... Bien, exemple, techniques de comptabilité et
gestion, ce n'est pas nécessairement de la gestion de commerces ou de la
technique de bureautique en microédition et hypermédia.
Ça fait que ces
gens-là arrivent avec ça, disent : Regarde, on veut concentrer trois
programmes en un seul programme, et, qui plus est, ce sont des techniques qui
sont fréquentées par des femmes. Et là ce qu'on craint aussi, c'est que le niveau professionnel secondaire
rapatrie les techniques de bureautique pour déqualifier et, je dirais, diminuer
la capacité... bon, diminuer la mobilité ascendante des gens qui vont être là.
Tu ne peux pas passer d'un D.E.P. en bureautique au bac en administration, là,
les passerelles ne sont pas là, ça fait que...
Donc, et là la question,
c'est : Est-ce qu'on assiste actuellement au Québec... Parce que la
Commission d'évaluation de l'enseignement au
collégial s'est fait un peu taper sur les doigts par le bureau de la VG parce
qu'il y a eu du retard, un retard assez important dans l'évaluation des
programmes. Je le répète, 90 programmes sur 112 qui n'ont pas été révisés. Ça fait que ça fait des
programmes, ça. Donc là, est-ce qu'on essaie de faire du rattrapage en atrophiant certains programmes pour avoir moins de programmes
à gérer dans l'avenir ou qu'on tourne les coins ronds, parce que, là, on s'est fait brasser le cocotier par le
bureau du VG, et qu'on essaie d'arriver avec une modification de programmes
assez rapide? Parce que ce qu'on nous dit, dans ce cas-là, là, c'est qu'il n'y
a pas grand monde qui ont été consultés. Les
enseignants... Puis il y a beaucoup d'omerta ou des ententes de confidentialité. Donc,
je trouve ça extrêmement étrange.
Puis là, bien, ça me
rappelle un autre dossier, je vais faire ma plaidoirie, c'est... Puis, tout à
l'heure, vous avez dit : Bon, on a besoin de tout le monde dans le marché
du travail. Là, actuellement, il y a des pressions pour éliminer le D.E.C. en sciences infirmières pour ne considérer que le
bac. Ça encore, on éliminerait le D.E.C. en sciences infirmières dans
les collèges. On élimine trois D.E.C. pour n'en créer qu'un.
Donc, est-ce que
c'est ponctuel ou on s'en va vers une atrophie de l'offre de programmes dans
les collèges et les cégeps du Québec pour répondre à des lobbys ou à toutes
sortes de pressions? Bien, moi, je trouve ça inquiétant. Puis là est-ce que
c'est juste ces programmes-là ou est-ce qu'il y a d'autres programmes qui sont
en train d'être réévalués pour être, je
dirais, amalgamés avec d'autres programmes? Donc, tu sais, c'est une question qui est assez
large, mais, en même temps, je ne sais pas, là, je trouve qu'il y a
quelque chose d'inquiétant.
Mme McCann :
Oui. Alors, bien, sur le premier volet, c'est une
consultation, là, qui est à ses débuts. Alors, il n'y a pas de décisions qui sont prises, mais je vais suivre ça de
près, là, parce que je suis aussi sensible au fait qu'il y a des programmes
solides, là, au niveau des cégeps, il faut les préserver. Mais je veux voir la
consultation, évidemment, là. On est dans un processus
démocratique.
Pour ce qui est des
sciences infirmières, ça, il faut vraiment que j'apporte quelques éléments.
Bon, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, il se peut, là, qu'au
printemps, là, maintenant, à sa réunion annuelle, annonce que, pour l'entrée...
pour obtenir, là, l'autorisation afin d'avoir un permis de l'ordre, il faudrait
avoir un bac et qu'un D.E.C. ne serait plus
recevable. De là part, hein, ce qui arrive actuellement au niveau des
sciences infirmières.
Bon, l'ordre peut
faire une demande à l'Office des professions pour faire en sorte que l'entrée,
au niveau, là, d'avoir un permis de l'Ordre des infirmières, soit un bac. Elle
peut demander à l'Office des professions d'examiner la chose. Par la suite, l'Office
des professions va faire une recommandation à la ministre. Mais tout ça n'est pas enclenché encore.
Il se peut que l'ordre le fasse, et c'est ça qui vient inquiéter beaucoup de
gens dans les cégeps.
J'en ai parlé avec la
Fédération des cégeps. Nous sommes très conscients de la situation au niveau de
mon cabinet, au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur, et j'ai demandé au ministère de mettre sur pied
un comité avec les partenaires pour regarder toute cette question des
sciences infirmières, sans avoir d'idées préconçues sur l'aboutissement, parce
qu'à ce moment-ci la majorité des cégeps donnent un cours en sciences
infirmières, ont le programme de sciences infirmières. La moitié des
finissantes en sciences infirmières viennent des cégeps. On a une grave pénurie d'infirmières. Donc, c'est un
dossier qu'on ne peut pas prendre à la légère. Et je n'annonce rien, mais ce
que je dis, c'est qu'il faut que les
partenaires se réunissent avec le ministère, regardent toutes ces questions et, j'utilise
encore cette expression, qu'on trouve une voie de passage.
Il y a des
préoccupations du côté de l'Ordre des infirmières et infirmiers. Actuellement, le D.E.C. est toujours
qualifiant pour être
membre de l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec, qui est
nécessaire pour avoir un permis d'exercice. Et ça
continue, là, il n'y a pas de changement. Sauf que, dans notre environnement, il y a l'ordre qui énonce cette
possibilité potentielle. Alors, il faut se pencher
là-dessus. La profession évolue, le réseau évolue, les besoins des citoyens évoluent, mais il demeure que les D.E.C.
forment énormément d'infirmières, et c'est une formation qualifiante
actuellement. Donc, on va se pencher là-dessus. On prend la situation très au
sérieux.
M. Roy : Bien, c'est sûr que
l'approche corporatiste de l'ordre est évidente et que, si ça passe, on va
avoir un fichu problème de main-d'oeuvre dans les hôpitaux du Québec. Et, qui
plus est, l'offre de formation est dans les cégeps dans toutes les régions du
Québec, et, si on concentre ça dans les universités, bien, on a encore un enjeu
de drainage de la population vers les villes
où on va offrir le bac en «nursing» ou en sciences infirmières. Donc, moi, j'y
vois encore un enjeu de concentration de l'offre de formation par un
moyen détourné, par une stratégie de disqualification d'une certaine catégorie
de professionnels ou de techniciens. Puis ça, écoutez, moi, je trouve ça
inacceptable. Ça fait que je vous réitère le fait qu'au-delà de l'enjeu de
l'évolution de la profession on a encore un enjeu de fermeture de programmes
dans les régions du Québec. C'est écrit dans le ciel.
Mme McCann : Madame... Est-ce que,
oui, vous me permettez de répondre quelques mots?
C'est ce que j'ai demandé à tous les gens qui
sont impliqués dans ce dossier, de ne pas spéculer, de nous permettre de faire
l'exercice. C'est précieux qu'est-ce qu'il se passe au niveau des cégeps, au
niveau de la formation des sciences infirmières. Alors, il faut trouver une
voie de passage. Il y a des préoccupations du côté de l'ordre. Il y a des voies
de passage qu'on peut trouver. Ce n'est probablement pas noir ou blanc, il y a
des... Est-ce qu'il y a une bonification à faire au niveau de la formation, au
niveau des cégeps? Peut-être. C'est une autre voie. Là, je ne vais pas entrer
dans le contenu du dossier.
Ce que je voulais faire, Mme la Présidente,
c'est éclairer mon collègue sur qu'est-ce qu'il se passe dans l'environnement qui fait qu'on entend des
spéculations, oui, par rapport au programme sciences infirmières au niveau
des cégeps. Mais moi la première, j'ai conscience de ce que ça peut représenter
pour les cégeps mais aussi pour la population, pour les étudiants.
Alors, rien n'est fait, le processus n'est pas
même entamé du côté de l'ordre, mais on se prépare déjà.
M. Roy : Bon, le masque puis
les lunettes, ça ne marche pas tout le temps. Ça m'est arrivé en période de
questions l'autre jour.
Mme McCann : Oui, je comprends ça.
• (18 heures) •
M. Roy : O.K. Je vous
entends. Je reviens sur le premier enjeu, fermeture des programmes techniques
en bureautique, en administration puis...
attendez, techniques de comptabilité et gestion, gestion de commerce,
techniques de bureautique, qui vont être concentrés en un seul D.E.C.,
technique d'administration. Est-ce que... Vous m'avez dit au début qu'on ne perdrait pas de techniques. J'ai
cru entendre ça. Donc, est-ce que vous allez jeter un oeil là-dessus pour
revoir le modus operandi de ça? Parce qu'il y a des choses que je trouve un peu
particulières dans ce qui m'a été signalé et
que c'était un peu trop vite. Ça a été fait sans prendre en considération ou en
consultant les enseignants et aussi le marché du travail.
Donc, c'est comme si on répondait à un... sur les
doigts, là, du bureau du Vérificateur général. Donc, il faut éviter ce genre de
dérive là et d'action un peu trop rapide pour répondre à des objectifs associés
à une sanction ou à tout le moins une réprimande. Mais, en tout cas, j'aimerais
qu'on en reparle, parce que je pense que c'est un enjeu extrêmement important.
Encore une fois, ce sont des programmes qui sont dans tous les cégeps, presque
tous, donc ce sont des programmes qui vont disparaître dans les régions du
Québec et qui ne correspondent pas aux besoins des employeurs si on élimine les
trois D.E.C. puis on en crée un seul. On crée des grands généralistes qui ne
seront pas formés pour répondre à des objectifs très précis en fonction de
l'entreprise ou du commerce qui va requérir leurs services. C'est bon?
Mme McCann : ...
M. Roy : J'aime ça quand
vous dites oui. Ça me donne un peu de courage.
Mme McCann : Bien, je
dis : Oui, je vais me pencher là-dessus.
M. Roy : Je vais vous
fournir les documents, Mme la ministre.
Mme McCann : S'il vous plaît.
M. Roy :
Bon. Je reviens là-dessus, là, tu sais... McGill, on parle d'un milliard. Ils
se font donner un bâtiment. Combien le gouvernement va fournir
là-dedans, dans le projet de McGill?
Mme McCann : Le montage n'est
pas terminé actuellement. Bon. La décision n'est pas prise. Au niveau, là, du
processus, hein, il faut qu'il y ait un dossier d'affaires, etc., il faut que
le dossier d'opportunité soit déposé. Bon. Il demeure que le Royal Vic, pour
qui connaît le site du Royal Vic — moi, je le connais bien, j'y ai même
travaillé quand j'étais plus jeune — c'est
un site vraiment énorme, près de la montagne, qui est très important pour la
région et la ville de Montréal, évidemment.
Et il y a eu un appel de projets par le gouvernement, et le seul qui a levé la
main, c'est McGill. Bon. McGill a probablement... Au Québec, c'est
vraiment l'université qui a le plus gros problème de déficit d'espace pour ses
étudiants. Pour qui connaît McGill, c'est très vétuste, très vétuste. Alors, le
Royal Vic...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la ministre.
M. Roy : C'est déjà
fini?
La Présidente (Mme Guillemette) :
On a terminé, effectivement.
M. Roy : Je voulais vous
parler du français.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Et nous passerions au dernier bloc de la députée de Marguerite-Bourgeoys pour
24 min 15 s
Mme David : O.K. Merci beaucoup.
Voilà, démarré. Vous référiez justement, Mme la ministre, au rapport
Corbo-Charlebois-Lessard, vous l'avez bien lu effectivement, il n'y avait eu
aucun appel de projets, il n'y avait eu aucun...
personne qui avait répondu pour McGill, il y a seulement... pour le Royal Vic. Alors, j'aurais aimé ça
entendre la suite, mais on voit que
vous aviez bien lu ou, en tout cas, quelqu'un a lu le fameux rapport sur les espaces
excédentaires, je veux dire, ça ne peut pas être plus clair que ça. Mais
là ce n'est plus à moi à répondre aux questions, hein, seulement poser des questions.
Là, je vais continuer, et mon collègue va
trouver que je m'intéresse beaucoup aux régions, ce qui serait tout à fait
vrai. On va en parler du rehaussement. Est-ce que vous savez combien de cégeps
au Québec ont le programme de soins infirmiers? Savez-vous combien? 46 sur
48 cégeps.
Mme McCann : C'est ça.
Mme David : C'est plus que la
majorité, ça, la majorité, c'est 24... c'est 25, 50 plus un, 46 sur 48.
Mme McCann : Non, je me suis
mal exprimée, effectivement, à peu près tous.
Mme David : Si le D.E.C. technique n'est plus la voie parce
que... Vous dites que c'est récent. J'étais sous-ministre à la place de
M. Bergeron en 2008, moi, à l'Enseignement supérieur. Le feu était déjà
pris à l'ordre entre cégeps d'un bord, puis
ça, c'est tout le problème de la formation continue, des comités de formation
continue dans les ordres
professionnels. C'est le fun, vous êtes aussi ministre des ordres
professionnels, mais le chapeau va être compliqué à un moment donné à... Bonne chance! Mais, en 2008, déjà...
Après je suis retournée à l'Université de Montréal. Comme vice-rectrice,
j'ai été responsable de l'ACÉSI qui était un groupe... Les doyens de soins
infirmiers. Ça fait 15 ans, au moins, qu'ils veulent le bac obligatoire, ce n'est pas nouveau, là. Ce n'est pas
nouveau. Puis les cégeps n'ont jamais eu leur mot à dire beaucoup,
beaucoup dans le comité de formation. Puis il y a des lobbys très, très, très
solides, là.
Et c'est
simple, là, si on ne demande plus le passage obligé par le D.E.C. technique, on
ferme les programmes, comme dit mon collègue, on ferme les régions puis
on perd les élections. Moi, ça ne me fait rien, faites-le, si vous voulez, là,
mais regardez, vous ne fermez pas 46 programmes de soins infirmiers. C'est
comme fermer sciences de l'éducation. L'UQ a
été créée en région, dans les années 60, pour former des maîtres, comme on
disait. Bien, des infirmières, c'est
la même chose, c'est la base, le fonds de commerce de tous les cégeps, 46 sur
48. Pensez-y bien avant de toucher à
ça. Et moi, je trouve que ça serait une insulte personnellement à la formation qui est... Je parlais même des simulateurs,
je parlais de tout ça. Ce n'est pas de la... Ce n'est pas des programmes, là,
non performants, au contraire. Mais il y a moyen, et là je veux vous amener là-dessus,
il y a moyen de penser intelligemment.
Comment à la fois protéger ces D.E.C. techniques
puis faire un parcours qui pourrait amener, après ça, à l'université? Bien
souvent les universités, puis là ils ne m'aimeront pas quand je dis ça, mais
ils regardent un peu de haut ce qui se fait
au D.E.C. technique. Et puis, là, ils disent : Non, non, non. Il faut que
les étudiants fassent un préu en sciences
de la nature ou, c'est ça, sciences de la santé puis qu'après ça ils viennent
faire notre beau bac en soins infirmiers.
Oui, il y a des D.E.C.-bacs, mais à ce moment-là
faisons des D.E.C.-bacs comme étant la voie royale et unique pour devenir
infirmière, ou alors certaines auront un diplôme en sciences humaines, mais
vous touchez à du thermonucléaire en touchant à ce dossier-là, littéralement.
Puis je le dis pour le bien des cégeps en région, on ne peut pas se priver de
46 D.E.C. techniques. Alors, le jour où on dira : Non, non, non, ce
n'est plus nécessaire pour entrer à l'ordre, ou etc., c'est une catastrophe
sociale, c'est une catastrophe des régions. Ça va être une catastrophe
électorale, d'après moi. Puis c'est une catastrophe pour les étudiants qui étudient
là-dedans.
Ça m'amène
justement au rehaussement parce que, là, j'ai beaucoup travaillé ces
questions-là, il y a beaucoup de monde à ce party-là, du rehaussement,
je peux vous dire ça, là. Il y a beaucoup d'acteurs qui interviennent puis qui
s'affrontent. Il y a les ordres professionnels, évidemment, qui veulent
toujours plus. On a parlé des psychologues. J'ai joué dans ce jeu, là. J'étais
membre de la formation... du comité de formation. Les ordres professionnels. Il
y a évidemment les collèges, mais qui sont des joueurs souvent un peu pas
considérés à leur juste valeur, les universités évidemment qui parlent haut et fort, puis les infirmières, c'est un
très, très bel exemple. Alors, ils sont tous là, en masse. Il y a le comité de
formation. Là, il y a le ministère, il y a même les lobbyistes. Moi, je
recevais des compagnies de lobbyistes pour... D'ailleurs,
l'inhalothérapie, il y en a, des lobbyistes là-dedans.
Donc, il y a tellement de monde. Il y a un
processus — écoutez,
là, on remonte à 2008 — qui
devait être mis sur pied pour avoir un
endroit neutre, là, intelligent, bien équipé, avec du monde qui ont une bonne
tête, qui fasse rapport. Puis là ça allait à l'Office des professions.
Puis c'était dans le temps du prédécesseur à l'Office des professions, là. Et
j'ai l'impression que ça n'a jamais rien donné. Puis la chicane est encore
aussi forte.
Pour les
infirmières, ça fait... Écoutez, là, ça fait 13 ans, moi, que j'étais
sous-ministre adjointe à l'enseignement supérieur puis tout ça, et
c'était déjà là. Inhalothérapie! Inhalothérapie, ça n'a pas de bon sens, il va
falloir que vous sépariez les combattants bientôt, là. Ce n'est pas possible.
• (18 h 10) •
Et ce que le Conseil supérieur de l'éducation, écoutons-le, on en veut d'un conseil supérieur.
Bien, lisons donc les avis qu'ils font. Puis il y en a un qui s'appelle Retracer
les frontières, qui est en 2015, et qui, déjà, proposait plein de
choses dans ça qui étaient formidables, alors Retracer les frontières des
formations collégiales : Entre l'héritage et l'impossible. Bien,
savez-vous quoi? Ils proposaient trois voies royales. Ils ont réfléchi à ces
questions-là parce que c'est normal de
demander plus d'exigences, la science évolue, les pratiques évoluent. Ça se
peut, ça, qu'on demande plus. En ergothérapie, physio, c'était un bac,
il y a 10 ans. Maintenant, c'est une maîtrise. Travail social, vous
avez... Vous connaissez toutes ces choses-là, les techniciennes versus les
travailleuses sociales, et tout ça.
Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas rehausser
les diplômes, mais ils proposaient trois voies : Un baccalauréat appliqué — ça,
ça serait le cégep qui décernerait des baccalauréats, ça, c'est un gros, gros
défi — un
diplôme collégial d'études spécialisées, le
D.C.E.S, qui n'a jamais été appliqué, puis
un baccalauréat collaboratif collège-université, c'est celui que le CSE
préfère, que beaucoup de monde préfère, que la Fédération des cégeps préfère.
Encore cette semaine, la fédération a soumis
un mémoire à l'Ordre des infirmières, et puis ils proposent encore ce bac
collaboratif.
Là, là, si vous voulez sortir vivante de ce
dossier-là puis ne pas tuer 46 cégeps, il faut trouver des nouveaux programmes, un nouveau parcours. Puis vous avez la
chance d'être à la fois aux ordres professionnels et à l'Enseignement
supérieur. Moi, je pense qu'un bac collaboratif est une bonne idée. Ce n'est
pas un cumul de deux diplômes comme, en ce moment, les infirmières, c'est
vraiment... Puis ce n'est pas comme un D.E.C-bac, c'est une formation intégrée.
Élaborée par qui? Par les deux partenaires.
Alors là, il faut un médiateur au milieu, une
ministre qui dit : Là, vous allez vous entendre, parce que ça passe par
là. Je suis très inquiète, très inquiète de ce qui se passe en soins
infirmiers. Vous avez une immense responsabilité, immense, par rapport à
ça. C'est le plus gros ordre professionnel, il y a 75 000...
Mme McCann : 75 000.
Mme David : ...75 000
infirmières membres de l'ordre. Alors, s'il vous plaît, dites-moi quelque
chose, rassurez-moi. Je ne sais pas comment le dire, mais je suis aussi
inquiète que mon collègue, mais parce qu'on n'arrive pas à trouver des
solutions. Il vous reste un an, là, à peu près, puis, après ça, bien, on verra.
Mais que c'est que vous allez faire avec ça? Puis là je n'ai pas parlé
d'inhalothérapie encore, mais c'est le même enjeu.
Mme McCann : Bien, ces
processus-là aussi sont très longs. Mais je vous rassure. Moi, je veux rassurer
les gens qu'en quelque part... D'ailleurs, j'ai lu l'avis du Conseil supérieur
de l'éducation. Ma collègue a raison de parler d'un avis très solide, costaud,
même, dont on doit s'inspirer.
Alors donc, la demande n'est pas déposée encore,
de l'Ordre des infirmières. Il y a beaucoup en jeu. Les sciences infirmières au
niveau des cégeps, c'est énorme, l'enjeu qu'on a là. Donc, moi, j'ai confiance.
Moi, je pense qu'on a été assez bons, au
Québec, pour créer des cégeps. Ils font un travail formidable. On va être
capables de trouver une solution pour les sciences infirmières. Et il faut
travailler avec nos collègues du réseau de la santé, parce qu'ayant été de ce côté-là aussi, il y a des
choses à améliorer au niveau de l'organisation. Et ça passe par la formation
aussi. Mais ce que suggère le Conseil
supérieur de l'éducation, c'est très intéressant, ça devrait être une base de
travail pour les discussions qu'on va avoir.
Mme David : Je suis contente de
vous l'entendre dire. J'espère que vous n'êtes pas la seule au ministère qui a
lu ce truc-là, et puis que vous pourriez le dire aux ordres professionnels, de
lire ça aussi. Puis il va falloir un vrai... À un moment donné, là, il va falloir
trancher, c'est sûr, mais qui va trancher, et comment?
Les étudiants
proposent quelque chose de formidable, là, un conseil... Comment ils appellent
ça? C'est vraiment le fun. Un conseil
de l'articulation scolaire. Bon, scolaire, ça fait un peu primaire, secondaire.
Mais eux-mêmes se rendent compte, la FEC. Ils disent : Mais c'est
qui, le capitaine, ou comment on... La gouvernance de tout ça n'est encore pas très claire. Alors, quand on reçoit, par exemple,
en inhalothérapie — parce
que le feu est pris, là aussi, solide, là — quand on reçoit un mémoire qui est conjoint, Collège des médecins et ordre des
inhalothérapeutes, qui se mêle de la formation des inhalothérapeutes, vous ne serez pas surprise que la Fédération des
cégeps fait évidemment un mémoire extrêmement étoffé puis dit :
Vous n'avez pas raison sur telle chose, telle chose, telle chose. Puis là
l'ordre répond sur telle autre chose, telle
autre chose. Parce que, là, il n'y a pas de répondant universitaire parce que
l'ordre voudrait une formation universitaire, mais elle n'existe pas.
Donc là, il n'y a pas de doyen qui répond. Et
donc ça se fait entre l'ordre puis le Collège des médecins, qui se sont mis
ensemble pour dire : Il faut qu'ils soient bien plus formés, bien plus
formés. Et puis là les sept programmes d'inhalothérapie, on parle encore de
régions, on parle de besoins... Puis là on n'a même pas mentionné pénurie de main-d'oeuvre, là, à travers tout ça. Alors, en inhalo,
qu'est-ce que vous allez faire? Parce que, là aussi, ça brûle beaucoup, là.
Mme McCann :
Bon, j'en prends un à la fois. Et l'Office des professions aussi. Actuellement,
il n'y a pas de dossier qui est en analyse à l'Office des professions
actuellement. Alors, je pense... Ah! oui, excusez-moi, c'est l'inhalothérapie. Je m'excuse, c'est le dossier
qui est en analyse actuellement à l'Office des professions. Je faisais... Je
mélangeais deux dossiers. Alors, l'Office des professions en
prend un à la fois et regarde le dossier des inhalothérapeutes. Donc, ils
vont faire une recommandation, et je verrai à ce moment-là.
Je pense qu'il faut
se fier aussi à l'expertise de l'Office des professions sur ces questions-là et
prendre une décision éclairée par la suite, mais... Et comme la collègue le dit
si bien : Il y en a plusieurs, là, qui attendent, là. Et il faut faire une
réflexion probablement plus large, là. Mais le mouvement est commencé depuis
des années, on a parlé du travail social.
Mme David :
Mais c'est une réflexion majeure sur la question du rehaussement. Qu'est-ce que
ça prend pour être — puis
vous le savez — un
professionnel de la santé, par exemple? Qu'est-ce que ça prend? Quand c'est de
l'interordre, c'est là que la chicane est épouvantable. Quand c'est du
intraordre, passer du bac à la maîtrise pour ergo
et physio, ça s'est fait en criant ciseau, c'était facile. C'étaient les mêmes universités
qui se trouvaient à avoir, dans chaque programme, dans l'université où
j'étais, 100 étudiants de plus. On était content, ça fait un beau
financement à la maîtrise, ça. 100 étudiants
qui arrivent à une maîtrise professionnelle, c'est... Alors, il n'y a pas eu d'enjeu.
Mais soins infirmiers, c'est l'interordre entre les cégeps et les universités.
Alors, moi, c'est la gouvernance
de tout ça qui m'inquiète le plus. Puis il ne faut pas qu'on se trompe. Puis
vous avez raison de dire : C'est un enjeu social beaucoup plus large que
ça. Puis là ça touche les régions, ça touche 46 cégeps,
ça touche les jeunes, ça touche la pénurie
de main-d'oeuvre. Alors, on peut-tu
trouver quelque chose qui soit gagnant-gagnant pour les cégeps
et pour les universités? En soins préhospitaliers d'urgence, on l'avait
trouvée, la solution, c'était le D.E.C. technique pour être, comme on dit,
ambulancier, mais un certificat dans une université que je connais, qui était d'accord pour le donner, pour des soins plus avancés en
soins préhospitaliers d'urgence. Et s'ils ont trouvé ça, pourquoi on ne
trouvera pas? Alors, je vous souhaite bonne chance, on va suivre ça de très près,
puis on est très inquiets.
Je
voulais peut-être revenir sur nos recteurs puis les conditions.
Bien, je pense, parce que vous aviez donné la parole à...
Mme McCann :
Oui. Je donnerais la parole à la sous-ministre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Oui, il y a consentement. Vous pouvez y
aller.
Mme Parenteau (Nathalie) : Alors, bonjour. Je vais prendre la parole et je
vais vous demander la permission de faire intervenir mon collègue, Simon
Bergeron, parce que, et je vous explique simplement pourquoi, les questions de relations
de travail sont dans son univers. Alors, pour être bien servi, je relaie le
micro à...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. M. Bergeron, vous pouvez y
aller.
M. Bergeron
(Simon) : Oui. Bien, relativement
à tout ce qui est du suivi de ce qu'on appelle la règle 5.11, là, c'est sûr qu'il continue à y avoir des échanges,
annuellement, maintenant, avec les établissements universitaires parce qu'il faut
que... Cette règle-là, d'ailleurs, qui a été changée il y a maintenant deux ou
trois ans, certain, si ce n'est pas plus, prévoit que les... Il y a un rapport
étoffé. Il doit être remis par chaque établissement, expliquant comment il se
conforme à chacune des spécifications qui sont prévues dans la règle.
Et ça, ça se fait, je
vous dirais, maintenant, relativement bien, je crois. Et les universités, il ne
faut pas se le cacher, continuent à trouver que le processus est un peu lourd,
là, mais de façon générale les établissements répondent à toutes les, maintenant,
les demandes qui sont en lien avec ça. Il y a un rapport qui est vérifié aussi.
Et en lien avec ça, il reste des zones où c'est certain que les établissements
aimeraient avoir certaines améliorations pour un
peu simplifier, là, la conformité, là, les exigences qui sont prévues. Mais de façon
générale ça va relativement bien.
Concernant la question
des... Parce que la députée a aussi posé une question relativement aux UQ, au
scénario des UQ. Ça, je ne peux pas vous en dire plus aujourd'hui sur cette question-là.
Il faudrait que je... Il faut que... On pourrait vous revenir parce que j'ai
des vérifications à faire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Oui, Mme la députée.
Mme David :
Bien, dans les vérifications que, moi, j'ai faites, en tout cas, il y a eu... Il
y a eu la moitié du chemin de parcourue par les emplois supérieurs parce que
j'ai... J'ai regardé un certain nombre d'évolutions dans l'échelle salariale et
je peux vous dire qu'il y a eu quand même un certain progrès parce qu'il y
avait une énorme différence entre le réseau de l'UQ et les universités dites à
charte, mais une différence... Alors, j'ai pu noter. Mais j'espère que ça va se
continuer.
Le rapport sur le financement
des collèges proposait de confier à un comité ad hoc le soin d'analyser le financement des écoles nationales. Moi, j'ai toujours eu un faible pour les
écoles nationales. On en a cinq. Je voudrais savoir où on en est.
• (18 h 20) •
Mme McCann :
Oui, Mme la Présidente. On peut vous revenir aussi là-dessus, à moins que
M. Bergeron soit au courant, là, de l'évolution.
M. Bergeron (Simon) : En fait,
avec... Ça, c'est sûr, avec les travaux, puis ça, ça...
Mme McCann : Là, c'est...
M. Bergeron (Simon) : Mais ça, ça
va être le dossier, justement, où ma collègue... Ça va être ma collègue qui va assurer le suivi. Mais avec la pandémie, et
ça, c'est sûr, c'est un travail qui n'a pas débuté, peut-être,
aussi rapidement qu'on avait...
qu'on aurait peut-être voulu... Mais tu sais, c'était effectivement... Ça
suivait la mise en oeuvre du nouveau
régime... Puis, bon, ça, c'était des travaux qui devaient venir, mais que, bon,
ça va, tu sais, ça va... Ça va être partie remise, là. Ça va... Ça
va être repris en temps et lieu.
Mme David : O.K. Si je peux...
Si je peux donner un souhait, c'est... C'est qu'on n'oublie pas nos écoles
nationales parce que c'est très, très important. L'Institut maritime, par
exemple, qui est une visite incontournable à faire. Il y a... Puis j'ai
travaillé beaucoup sur l'ITAQ, la création de... bon, pour un de vos collègues.
Mme McCann : Oui, absolument, avec le ministre
de l'Agriculture. Mais ce que je peux
vous dire, par exemple, aujourd'hui,
qui est intéressant, c'est que... Prenez l'ITAQ. Cette année, on a beaucoup
aidé l'ITAQ.
Mme David : Ils ont 40 %
de baisse d'inscriptions cette année. Alors, ils vont sonner... Le téléphone
doit déjà sonner.
Un projet que je chérissais beaucoup, mise en
place du Campus numérique. Parce qu'il ne s'appelle plus eCampus. Je suis
d'accord avec ça, qu'il s'appelle Campus numérique. J'avais été très
impressionnée par le modèle ontarien à l'époque. Il est marqué dans le
rapport : «...une imposante structure de concertation a été mise en
place.» Y a-t-il un rapport qui a été produit? On s'en va où avec cette
plateforme?
Mme McCann :
Bien, ça, c'est une question très intéressante. Puis je pense, Mme la
Présidente, que je donnerais la parole au sous-ministre Périgny, Sylvain
Périgny, qui est responsable du dossier.
Je vais juste dire quelques mots. C'est déjà un
campus qui a été très utile, je dirais, dans le contexte de la pandémie, hein, où est-ce qu'on a dû accélérer la
formation numérique. Donc, on a investi beaucoup dans les établissements
au niveau de la technologie, au niveau de la
formation, de la technopédagogie également. Et le campus numérique a été
très, très actif.
Il y a également question, là, d'avoir, sur une
même plateforme, l'ensemble des formations qui sont données.
Une voix : ...
Mme McCann : Oui. Et ça, je
vais donner la parole à M. Périgny si vous m'en donnez l'autorisation.
Mais on investit beaucoup, là, 40 millions dans les environnements, le
numérique d'apprentissage. Et il y a beaucoup de travail qui se fait dans les
établissements qui se mettent en collaboration à plusieurs pour développer les
plateformes numériques. Alors, Mme la Présidente, si vous le permettez.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, M. Périgny, avec le consentement de Mme la députée, vous
allez vous nommer ainsi que votre fonction, s'il vous plaît.
M. Périgny (Sylvain) : Oui,
bonjour. Sylvain Périgny, sous-ministre adjoint à l'accessibilité aux études,
aux infrastructures, aux ressources informationnelles.
Donc, effectivement, le projet Campus numérique,
initialement connu sous le nom de eCampus, est un projet qu'on poursuit toujours au ministère et avec le
réseau. Et effectivement le contexte de la pandémie a fait en sorte qu'on
a un peu, je dois dire, adapté les livrables dans ce dossier. On a mis
l'emphase sur des mesures ou des ressources qui pourraient être mises à la
disposition des établissements pour justement les aider dans le contexte qu'ils
vivaient dans la dernière année.
Mme la
ministre a fait référence à une somme qui est de 40 millions qui a été
investie dans les environnements numériques d'apprentissage. On a aussi
investi de l'ordre d'au-delà de 4 millions pour soutenir le développement
de cours, de programmes, les adapter au contexte numérique, donc à
l'automne 2020.
Donc, dans le courant de la dernière année,
aussi, on a aussi fait des travaux avec nos partenaires du réseau, dans la
vision qu'on a de développer un portail ou on a l'offre de cours des
universités, puis en formation à distance, donc
des sous-comités sur l'offre de cours, la reconnaissance d'équivalence, donc
entre les établissements, également sur les enjeux de financement que ça
peut amener, là, dans les modèles de financement. Donc, je vous dirais, on a adapté le projet en fonction de l'urgence du
moment pour répondre aux besoins les plus urgents du réseau, mais on poursuit
et on est très actif, là, dans le dossier avec les réseaux.
Mme David : Bien... Woupelaïe!
Excusez. Merci beaucoup. C'est important que ça vive parce que c'est l'avenir.
On ne savait pas qu'une pandémie allait nous tomber dessus comme ça, mais une
plateforme comme ça, ça veut
dire qu'un étudiant international ou n'importe où au Québec peut dire :
Moi, je veux suivre un cours en telle chose. Bien là, il va sur la
plateforme, puis après ça il choisit son université à partir de ça ou son
collège. Donc, je suis contente de voir que ça survit.
J'avais un chiffre qui m'avait beaucoup frappé.
Je ne sais pas si vous en êtes conscient. Je parle d'effectifs collégiaux, je
ne parle pas d'équivalents temps plein, le nombre de paires de pattes qui
rentrent dans des... hein, c'est des subtilités, enfin.
Alors, dans un rapport de la Fédération des
cégeps, en 2015, vraiment, j'étais très, très, très étonnée, je ne vous ferai
pas une devinette, là, je vais vous le dire, mais vous le savez peut-être déjà
qu'il y a 50 % des effectifs temps plein, 50 % temps partiel. Donc,
attention aux bourses parce que 50 % temps partiel ont besoin de bourses
eux autres aussi. Il y a 60 % qui sont en A.E.C., mais ça depuis des
décennies, hein? On pense que c'est toujours les D.E.C., temps plein préu.
60 % sont en A.E.C., 20 % sont dans des cours hors programmes, il en
reste 20 % pour des D.E.C. classiques. Et dans le 20 % il y en a
8 % en préuniversitaire, qu'on pense qui est l'immense majorité des
étudiants, et 12 % en technique.
Donc, 8 % des paires de pattes qui rentrent
dans un cégep, ce sont des préu, 12 % du technique. Tout le reste, tout le
reste, c'est des A.E.C., des cours hors programmes. Et ça, là, je trouve qu'on
ne le dit pas suffisamment. Donc, il faut
prendre soin de tous les autres, parce qu'une A.E.C., là, ça peut devenir...
comme un certificat peut devenir un
bac, trois certificats. Mais une A.E.C., plus une autre A.E.C., plus une
autre A.E.C., c'est la nouvelle façon d'étudier pour beaucoup de monde,
c'est de la requalification. Vous le savez, vous en ouvrez plein de bourses et
tout ça. Mais 60 %, c'est des gens qui fréquentent...
Alors, si on ne connaît pas ces chiffres-là, on
ne comprend pas la réalité de la fréquentation collégiale. Alors je voulais
vous demander si vous étiez consciente de ça puis en quoi ça pouvait influencer
votre vision des collèges.
Mme McCann :
Ah! c'est majeur. C'est une donnée majeure, et ça peut expliquer en partie...
Il faut probablement ajuster notre
analyse, notre compréhension. Par exemple, quand je parlais du taux de
diplomation de 60 % après cinq ans, si on est à temps partiel et
qu'on fait ça, là... Oh!
La
Présidente (Mme Guillemette) : Mme la ministre, c'est tout le temps qu'on avait. Donc, merci, tout le
monde, pour les échanges.
Le temps
alloué à l'étude du volet Enseignement supérieur des crédits budgétaires du
portefeuille Enseignement supérieur étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits par appel nominal,
conformément à l'entente du 13 avril dernier.
Adoption des crédits
Donc, pour la mise aux voix du programme 1,
intitulé Administation, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Pour les membres du
groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy : Contre.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Pour la mise aux voix du programme 2, intitulé Soutien aux
organismes, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy : Contre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Pour la mise aux voix du
programme 3, intitulé Aide financière aux études, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy : Contre.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Pour la mise aux voix du programme 4,
intitulé Enseignement supérieur, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant le
gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy : Contre.
La
Présidente (Mme Guillemette) : Pour la mise aux voix du
programme 5, intitulé Régimes de retraite, M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant le
gouvernement, Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Foster : Pour.
Le Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
Le Secrétaire : M. Roy
(Bonaventure)?
M. Roy : Contre.
Documents déposés
La
Présidente (Mme Guillemette) : Donc, en terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au mardi 4 mai 2021, à 9 h 30, où
elle entreprendra l'étude du portefeuille Culture et Éducation. Merci, tout le
monde.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...ajourne ses travaux jusqu'au mardi 4 mai 2021, à 9 h 30, où
elle entreprendra l'étude du portefeuille Culture et Éducation. Merci, tout le
monde.
(Fin de la séance à 18 h 30)