(Onze heures trente-quatre minutes)
La
Présidente (Mme Guillemette) : Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de
la culture et de l'éducation ouverte.
Et je demande à toutes les personnes présentes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement
à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme IsaBelle
(Huntingdon) est remplacée par M. Lévesque (Chapleau); Mme Melançon
(Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles); et Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Kelley
(Jacques-Cartier).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci. Lors de l'ajournement
de nos travaux, hier, nous étions à l'étude de l'article 1 du projet de loi. Y a-t-il d'autres interventions? Je crois que la collègue
de Mille-Îles avait une intervention.
Mme Charbonneau : Merci,
Mme la Présidente. Je vais avoir deux
questions, auxquelles j'aimerais avoir des réponses... puis je suis sûre que je
suis capable d'avoir des réponses assez pointues. J'aimerais savoir ce que ça
prend pour former un groupe dans une classe.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la Présidente,
les groupes sont formés par les commissions scolaires. Il y a des groupes de très petite taille, il y a des très petites écoles
de village, là, des fois, où, dans des écoles primaires, il peut y avoir
30 enfants, puis ils peuvent être
très, très peu nombreux dans une classe. Puis des classes, normalement, sont regroupées par cycle, mais il arrive qu'ils sont même... tu peux
même avoir des élèves de classes première année, deuxième année, troisième
année, même allant au-delà du cycle, des fois, Ça fait que l'organisation
scolaire, en ce moment, n'est pas limitée dans la loi.
Mme Charbonneau : Qu'est-ce
qui définit... Parce que, dans un milieu urbain et un milieu rural, c'est
différent, si une commission scolaire, quel que soit son endroit,
nécessairement, veut avoir une autre école, comment elle justifie la demande d'une... là, je vais utiliser le vocable,
là, le 424 ou le 4424, parce que c'est des grandeurs d'école... qu'est-ce qui
justifie qu'on va lui accorder une nouvelle école?
M. Roberge :
C'est une entente, commission scolaire et un ministère pour reconnaître les
besoins d'élèves. On reconnaît ou on ne reconnaît pas les besoins, donc
c'est des besoins démographiques sur le territoire.
Mme Charbonneau :
Et la commission scolaire le justifie comment, son besoin démographique?
M. Roberge :
Je comprends mal votre question. Elle le justifie en fonction du nombre
d'enfants sur le territoire.
Mme Charbonneau :
Bien, ça ne marche pas. Ça ne marche pas si j'ai le droit de choisir l'école
que je veux puis je peux aller où je veux.
Ça fait que comment je fais pour justifier ma demande d'école et d'espace si ma
commission scolaire n'a pas besoin de
reconnaître le nombre d'élèves sur son territoire? Je veux juste comprendre
comment on va faire, là. Puis, en même temps, bien, vous me dites... Je
comprends, vous me dites : Si une commission scolaire veut une école,
elle justifie sa demande de par les chiffres
du ministère. Est-ce que c'est les chiffres actualisés ou les chiffres futurs?
Parce qu'il y a différentes perspectives, là.
M. Roberge :
D'abord, il faut s'entendre sur l'état actuel. Démographiquement, il y a
combien d'enfants, d'adolescents sur
le territoire et dans une zone aussi, parce qu'il y a des limites, là, d'un
nombre de kilomètres qu'on peut faire faire à un enfant, un adolescent.
Alors, la commission scolaire fait son
estimation, peut s'informer auprès des municipalités, on le souhaite, pour
savoir est-ce qu'il y a un développement, là, en ce moment, est-ce qu'il y a
des gens qui sont en train... est-ce qu'on
est en train de zoner, de dézoner, est-ce qu'on est en train d'avoir un projet
domiciliaire, on peut tenir compte de ça, s'informer de ça. Le ministère
a ses informations, la commission scolaire a ses informations.
Maintenant,
et c'est nouveau, il y a un dialogue, il y a un échange. La commission scolaire
fait son estimation, le ministère a ses
chiffres, et il y a une discussion et il y a un échange jusqu'à tant... avoir
une entente qui dit : Bon, bien, voici,
sur ce territoire, le besoin qu'on a. Puis est-ce qu'en ce moment on a besoin
de construire de nouvelles classes? On n'a pas besoin de construire de
nouvelles classes. Et, si on a besoin, on dit : Bon, on est en surplus
d'élèves. On reconnaît qu'on a besoin
de la place pour, on va dire, 400 élèves au secondaire, bien là, la
commission scolaire ou le centre de services scolaire va faire sa
demande pour un agrandissement. On dit «un ajout d'espace», hein, parce que ça
peut être soit un agrandissement soit une construction de nouvelles écoles.
Mais c'est toujours
lié au territoire. Puis je pense que vous faites le lien avec l'article ici,
qui dit qu'un enfant ou un parent ayant un enfant résidant, on va dire, sur le
territoire du centre de services scolaire A pourrait inscrire son enfant dans une école du centre de services
scolaire B s'il y a de la place. Et je vais au-delà... parce que c'est
peut-être votre question, ou votre interrogation, ou, en tout cas, ça pourrait
éclairer les gens qui nous écoutent. On ne peut pas faire une demande d'ajout
d'espace ou de construction dans un centre de services scolaires, tu
sais : Bien, j'ai besoin qu'on agrandisse mon école de 10 classes pour accueillir les élèves du centre de
services scolaire d'à côté. Ce n'est pas ça, là. Ce n'est pas ça. Ce sont des mesures d'exception d'accueillir des élèves du centre de services scolaire
voisin dans des places qui sont déjà
disponibles. On n'agrandit pas une école pour accueillir les élèves du territoire
voisin, ce n'est pas ça, la vision.
• (11 h 40) •
Mme Charbonneau : Mme la
Présidente, qu'est-ce qui... est-ce
que le ministre peut m'expliquer qu'est-ce qui pourrait faire en sorte
que le ministère refuse la construction ou l'agrandissement d'une école?
M. Roberge :
Bien, précédemment, c'est arrivé très souvent que le budget était insuffisant,
tout simplement. Le PQI n'était pas
suffisant, on reconnaissait... le ministère disait : Bien, il y a deux
centres de services, auxquels on reconnaît qu'il y aurait besoin de construire
deux classes, ça coûterait 20 millions chaque fois, mais, nous autres,
dans notre PQI, on a planifié juste
20 millions. Donc, voici, la commission scolaire gagnante, puis l'autre,
bien, vous reviendrez nous voir l'an prochain. Bon. Ça, c'est déplorable
quand l'argent n'est pas suffisamment là, ce n'est pas le cas en ce moment.
Normalement, ce qu'on
souhaite puis ce qu'on veut faire, comme gouvernement, c'est que, quand le
besoin est reconnu, on alloue les sommes pour ajouter les classes ou construire
une nouvelle école et qu'est-ce qui pourrait permettre...
Qu'est-ce qui pourrait dire que le ministère, le gouvernement dit : Bien,
vous nous demandez une nouvelle école, on ne vous reconnaît pas ce besoin-là?
Bien, c'est parce que, quand on regarde les besoins, les dépassements en ce
moment, puis qu'on regarde la prévision dans les cinq prochaines années,
le temps qu'on construise l'école, on souhaite que ça se fasse à l'intérieur de deux, trois ans, là, ça va être déjà assez
innovant de le faire dans des délais aussi courts, bien, c'est un petit
boom et, en réalité, on va la construire, il va avoir des locaux vides. Donc,
c'est une question de : Est-ce qu'on s'entend sur les besoins présents et
futurs démographiques sur le territoire? C'est ce qui guide.
Mais, encore une
fois, si je veux revenir à notre article 1, il n'y a rien dans cet
article-là puis il n'y a rien dans la
volonté gouvernementale qui dit : Bien, on va construire des écoles pour
accueillir des élèves du territoire voisin, ou on va agrandir des écoles
pour accueillir les élèves du territoire voisin, parce que c'est de ça dont on
parle, c'est ça qui n'arrivera pas.
Mme Charbonneau :
Mme la Présidente, je vais faire, à ce moment-ci, le lien, moi aussi, avec
l'article 1. Dans la loi actuelle, pour
pouvoir accès à un nouveau bâtiment ou à un agrandissement, il faut qu'à
l'intérieur d'un certain nombre de kilomètres il n'y ait pas de place.
Alors, reprenons
l'exemple d'hier, parce qu'hier le ministre nous a fait l'exemple de la très
grande exception d'une commission scolaire
qui est limitrophe avec une autre, puis que le jeune qui est limitrophe puis
qui veut choisir l'école secondaire qui est là, plutôt que l'école
secondaire qui est là, bien, pourrait aller dans l'autre commission scolaire
avec une règle. Puis j'ai compris que le
ministre essayait de réduire la paperasserie, tout le système qui est en place,
là, qui fait que le parent a des papiers puis des papiers à remplir puis des
permissions à demander. J'ai compris ça. Mais je me souviens, parce que
j'aimerais ça vous dire que je ne m'en souviens pas, mais moi, je me souviens
d'avoir rempli des feuilles et des feuilles,
parce que, tout d'un coup, on avait eu un boom démographique puis on avait eu
l'accueil de gens en immigration où il y avait un développement, parce
que, moi, c'est la première fois que j'entends que le ministère va considérer
la vision de la ville sur un développement.
Je vous le dis, Mme la Présidente, c'est la première fois puisque le ministère,
jusqu'à aujourd'hui, ne prenait pas le boom démographique d'une ville
s'il n'est pas projeté dans les documents officiels du ministère. Ça fait que, moi, c'est la première fois que je l'entends,
mais je l'entends puis je me dis, peut-être que le ministre a donné une
consigne très claire qu'il faut les considérer.
Mais, si je prends
l'exemple qu'on prenait d'hier d'une commission scolaire limitrophe à une
autre, puis que, dans ma commission scolaire
juste à côté, qui n'est pas la même, qui a un débordement d'élèves, si je
comprends bien, le ministre pourrait, avec sans trop de papier puis trop
d'inscriptions, dire à 20 élèves qui sont en débordement dans cette
commission scolaire ci : Bien, à moins de 20 kilomètres, dans cette
commission scolaire là, il y a de la place. Alors, comme gouvernement, comme ministère... parce que, Mme la Présidente,
j'essaie de faire ça court, c'est excessivement difficile, mais, comme
ministre, il le voit qu'à la fin... et c'est normal, parce que le ministère a
tout son travail à faire, décline toutes
les demandes, puis ils font en sorte qu'on arrive devant le ministre puis on
dit : Tiens, voyez, M. le ministre, voici les demandes, voici les agrandissements, voici le PQI. Mais, en ce moment, je ne crois pas qu'on voit la chose
comme je la perçois, puis peut-être qu'on va me rassurer.
Mais,
en ce moment, si j'ai 20 élèves en débordement ici puis qu'à moins de
20 kilomètres alentour de ces 20 élèves-là je peux les relocaliser,
je peux le faire et je peux même recevoir une lettre signée de la main du ministre
ou du sous-ministre — parce
que, souvent, les mauvaises nouvelles viennent du sous-ministre, puis les
bonnes nouvelles viennent du ministre — signée
de la main du sous-ministre, disant : Désolé, à l'école Jean-Paul-II,
ici, il y a de la place.
Effectivement, ce n'est pas votre commission
scolaire. Vous n'avez peut-être
pas les chiffres, mais on peut transférer les élèves là, ce qui fait une
économie de 14 millions, parce
qu'une école secondaire, c'est à peu
près 14 millions à construire.
Donc, le lien que je fais avec l'article 1,
c'est qu'à partir du moment où je n'ai pas de territoire, à partir du moment où
je peux choisir... mais je peux aussi me faire dire de choisir l'école où je
dois aller.
Nécessairement, vous avez compris qu'il y a une
inquiétude. Et je vais reprendre les propos de ma collègue de Joliette :
Il peut y avoir glissement majeur sur les organisations scolaires et les
demandes des commissions scolaires.
Je vais
continuer et, tant que le nom ne sera pas changé, pour moi, ça fait une
différence d'appeler ça un centre de services. Ça devient très
administratif plutôt que «people», plutôt que parler aux citoyens. Donc,
j'appellerai ça une commission scolaire.
Donc, pour moi, elle est là, mon inquiétude,
puis peut-être que le ministre peut me rassurer en me disant : On va
changer complètement la règle de la distance de locaux disponibles dans un règlement,
dans une directive, à partir du moment où on va accepter ou on va avoir adopté
le projet de loi n° 40, pour m'assurer, Mme la
Présidente, qu'à 20 kilomètres de la
petite école où il y a six élèves il n'y a pas de place, puis, s'il y en
a, elle ne sera pas mise en danger, parce qu'il reste toujours cette
perspective-là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je peux... Je n'ai pas entendu une question
à la fin de l'intervention de ma collègue. Je ne sais pas comment
répondre à ceci.
Mme Charbonneau : ...vous ne l'avez pas entendue parce que
vous avez écouté probablement juste la... Tu sais, dans le fond, vous avez
entendu la fin de mon... la drop de ma question. Mais la question, c'est :
Est-ce qu'au moment où on va adopter le projet de loi n° 40 vous allez changer quelque chose dans la loi actuelle, qui fait que
je n'ai pas besoin d'avoir de la place, à moins d'un kilométrage, plutôt
que de me faire refuser la construction ou l'agrandissement de mon école?
M. Roberge : Là, j'écoutais
vraiment attentivement. J'ai de la misère à saisir...
Mme Charbonneau :
Mme la Présidente, je vais reprendre. Je trouve ça juste poche parce que ça va
sur mon temps, là. Mme la Présidente, pour
avoir accès à un agrandissement ou une nouvelle école, je dois avoir un manque
d'espace. Je dois en faire la démonstration.
Quand j'en fais la démonstration au ministère,
j'ai des devoirs à faire. Je dois faire la démonstration que j'ai un surplus d'élèves. Je dois faire la
démonstration que, dans les cinq prochaines années, je serai toujours en
surplus d'élèves.
Je dois aussi
faire la démonstration qu'à un certain nombre de kilomètres... je vais vous
dire 20, là. Je pense que c'est à peu près ça, 20 ou 24, mais c'est
20...
Une voix : ...primaire.
Mme Charbonneau : 20 pour le primaire. Alors, pour faire la... Je
dois faire la démonstration que, dans ma commission scolaire, à
20 kilomètres, je n'ai pas de place disponible pour transférer
ces élèves qui sont malheureusement
en débordement. Puis, quand je vous dis «en
débordement», Mme la Présidente, là, probablement que le ministre a appliqué le fait qu'un enseignant peut prendre deux élèves de plus avec une
compensation mensuelle qui fait qu'il est en surplus dans sa classe. Parce
qu'il y a cette possibilité-là aussi.
Je mets la situation le plus clair possible. Je
suis en débordement de 20 élèves. Je n'ai pas de place dans mon école. Mon école juste à côté n'a pas de place non
plus. Mais, à trois rues plus loin, c'est une autre commission scolaire, puis elle, elle a de la place.
Je veux me
faire rassurer qu'une commission
scolaire ne perd pas son lieu de
travail, elle ne perd pas sa disponibilité puis elle ne perd pas ses demandes,
et je veux aussi me faire rassurer que le ministre, si le projet de loi n° 40 passe, va revoir les normes, parce qu'en ce
moment le ministre peut faire ce qu'il a déjà fait, c'est-à-dire dire à une commission
scolaire qu'elle perd, qu'elle oublie
ou qu'elle prête ses espaces à une autre commission scolaire parce que celle-ci
est en débordement, et celle-ci,
d'après les chiffres, d'après les calculs et d'après la vision de cinq ans, a
bien de la place, ça fait qu'elle va céder de la place.
Je veux juste savoir s'il y a des règles qui
vont changer ou si l'article 1 fait en sorte que cette règle-là va devenir
transparente, et la fluidité et le passage
de mes élèves d'une école à l'autre, d'un choix à l'autre, d'un débordement à
l'autre... vont être transportés comme des cannes de bines. Parce que c'est ça
qu'on fait pour remplir une tablette, plutôt que de respecter le choix
du milieu et de l'école.
• (11 h 50) •
M. Roberge :
Merci d'avoir pris le temps de reformuler. De toute façon, je pense que ça
nourrit la réflexion. Mais ce n'est pas...
Mme Charbonneau :
...juste triste parce que, dans le premier exemple, je pense que vous auriez
compris.
M. Roberge :
Bien là, je n'essaie pas de gérer le temps ni de l'un, ni de l'une, ni de
l'autre, là. J'essaie d'avoir le plus
grand... le débat le plus clair puis le plus honnête possible. Il n'est pas
question... Hormis cet article 1, qui change la notion
dont on parle, il n'y a pas d'autre article dans le projet de loi n° 40 qui vient changer ce dont vous parlez, la limite du
20 kilomètres, etc. Et ce n'est pas l'intention, à ce moment-ci, de
changer ça.
Je
vais juste vous ramener à l'article 208 de la LIP actuelle, qui n'est
pas... et ça ne fait pas l'objet d'une... 209, pardon, qui ne fait pas l'objet
d'une modification, cet article-là, à moins que je ne me trompe... Oui, il sera
modifié, excusez-moi, mais pas dans le domaine qu'on a dit.
Une voix :
...
M. Roberge : C'est ça, mais c'est déjà
permis. Ce que je veux dire, c'est que c'est déjà permis qu'une commission scolaire... En ce moment, ça dit :
«La commission scolaire doit [...] organiser elle-même les services éducatifs
ou, si elle peut démontrer qu'elle n'a pas
les ressources nécessaires ou si elle accepte de donner suite à la demande des
parents — on
parlait de ça, là, de donner suite des
parents — les
faire organiser par une commission scolaire...» Donc, ça, en fait... voisine,
probablement... ça existe déjà. Ce n'est pas visé par l'article 1, et ce
n'est pas l'intention de changer cette section-là à ce moment-ci.
Mme Charbonneau :
Je comprends la réponse, mais je vais vous le dire comme on le dit, je vais la
challenger, la réponse. Je vais la
challenger parce que je pense qu'on ne voit pas collectivement l'impact de
l'article 1 sur tous les autres articles, entre autres, le 209, qui n'est
pas dans le projet de loi n° 40, vous avez raison. Mais il y a quand même un
impact.
Alors, imaginez-vous — parce
que cette scène-là, elle existe — un parent qui arrive dans une école
secondaire, qui arrive en 3e secondaire,
parce que son école privée lui a dit que son jeune n'était plus qualifié à
rester dans l'école privée. Il revient dans son école secondaire, arrive
à l'école secondaire, et il n'y a pas de place. Il n'y a pas de place parce que
les cohortes sont pleines, parce que... Les
dés sont joués, il n'y a pas de place. Donc, on dit au parent : Tu reviens
dans ton quartier, on comprend. Tu ne peux plus aller à l'école privée,
on comprend. Maintenant, on va te relocaliser dans une école secondaire qui
peut t'accueillir. Là, le parent, il dit : Attends une minute, là. Moi,
mon jeune, il revient, je veux qu'il se
réapproprie son quartier, je veux qu'il soit dans son milieu. Alors, je veux
revenir dans mon école de quartier. Le ministre dit : Le parent
peut choisir l'école. Mais, en même temps, il me dit : Les règles vont
rester, puis on ne pourra pas transférer les
élèves comme on veut. Puis, en plus, quand une commission scolaire n'aura plus
de place, elle va pouvoir continuer à faire les choix qu'elle fait,
c'est-à-dire, après un certain nombre de kilométrage... parce que vous ne
l'avez pas nommé. Je pense que ce
n'est pas écrit très... C'est plus dans la directive qu'il y a le nombre de
kilométrage. Vous pourrez quand même demander une école.
Dans
l'article 1, qui dit «le parent peut choisir»... Le parent va
dire : Moi, là, je n'ai pas le goût que tu choisisses où est-ce que mon
jeune va aller, parce que moi, j'avais choisi elle, j'avais choisi
Curé-Antoine-Labelle. Je n'ai pas choisi Poly-Jeunesse. Oui, je prends des noms
que je connais parce que je les connais. Alors, je ne veux pas aller à
Poly-Jeunesse. Je veux aller à Curé-Antoine. Et là la commission scolaire
explique, avec beaucoup de déférence, hein... parce
que c'est émotif, le... On le disait tous un peu hier, quand on parle de nos
jeunes à l'école, c'est dans nos tripes, là. Alors, la commission
scolaire, avec beaucoup de déférence, explique au parent que c'est impossible.
Alors, le parent va dire, à ce moment-là...
et il aura le droit de le faire, même s'il a le droit en ce moment, mais c'est
plus compliqué... il va dire : Bien, parfait. Moi, je travaille à
Montréal. Je m'en coince, des écoles de Laval. Je ne peux pas aller à Curé?
Bien, je vais aller à Montréal. À côté de mon bureau, il y a l'école X. Je vais
aller à l'école X. Puis je vais inscrire mon kid là parce que... je vais
inscrire mon jeune là parce que c'est là qu'il a le droit d'aller. Puis moi,
j'ai le droit de choisir.
Et là je ne sais pas
si vous avez, comme moi, ce sentiment-là de la passoire que devient la possibilité
d'une commission scolaire de perdre ses groupes, de ne plus avoir assez de
gens pour avoir les spécialistes dans une école parce que les élèves commencent à se voyager, voyager ailleurs.
Puis, hier, je me souviens, le ministre m'a dit : Vous savez, Mme la
députée il n'y aura pas... Je ne ferai pas les critères d'inscription. Mais
239, c'est des critères d'inscription. Le ministre
a déjà dit : Tu choisis ton école, tu n'as pas de transport. Bien
limitrophe, peut-être que l'autobus de l'école limitrophe, elle passe, l'autobus, là, puis le kid peut... le
jeune peut embarquer dedans. Mais il y a déjà des règles qui commencent à être
établies dans le discours qu'on a de : Bien, si tu choisis ton école, tu
n'as pas de transport.
Alors,
je vous le dis, moi, je suis excessivement inquiète avec l'article 1.
Mais, en même temps, je ne cherche qu'à être rassurée. Parce que, si j'ai un
travail à faire ici, c'est de bonifier pour faire en sorte qu'il n'y en a pas,
de passoire puis que les jeunes qui
vont aller dans une commission scolaire, les enseignants qui vont se faire
engager dans les commissions scolaires,
les commissions scolaires qui vont demander des services d'orthopédagogie vont
pouvoir le faire parce que les groupes
sont serrés, sont faits, puis ça marche. En ce moment, l'article 1 ne
permet pas ça. Il n'y a pas de question. Je vous dis juste : Soyez
prudents, parce que ça s'en vient. Puis il y aura sûrement, probablement, une
question. Ça ne sera pas long.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Avez-vous quelques... Oui, M. le ministre,
allez-y.
M. Roberge :
Brièvement, juste pour bien clarifier. Tout à l'heure, j'ai dit
l'article 209 de la LIP actuelle n'est pas modifié. En fait, il est modifié, mais, dans une règle de concordance.
Je ne voulais pas induire les gens en erreur. Il n'est pas changé dans sa nature.
Ils sont liés ensemble. Il y a plusieurs articles qui sont liés ensemble très
souvent, là. Ce n'est pas surprenant.
Mais,
pour rassurer ma collègue, je veux encore lui dire que, justement, la
responsabilité du centre de services, c'est de desservir les élèves de son territoire. Puis elle pourra accepter un
élève d'un territoire voisin, mais seulement s'il y a de la place. Puis là on a débordé sur quelque
chose qui est en lien. Dit: Oui, mais, quand je veux construire une école, en
réalité, quels sont mes critères? Est-ce que les critères changent à cause de
ça? Est-ce que je pourrai demander un ajout d'espace en fonction des élèves que
j'accueille du territoire voisin? Question pertinente à laquelle je réponds
non.
• (12 heures) •
Mme Charbonneau :
Encore une fois, je challenge. Ce n'est pas : Est-ce que je peux avoir une
école parce que j'accueille ailleurs? C'est : Je vais-tu perdre mon droit
d'avoir une école parce que mes élèves s'en vont ailleurs? Il y a aussi ça. Puis, en même temps, M. le ministre,
je vous le dis, quelqu'un dans un ministère qui est payé pour mettre en
place des directives, puis lire des lois, puis les interpréter, puis faire en
sorte que la commission scolaire a la bonne information
peut dire : Je regarde la carte. Madame, la commission scolaire de
Montréal — parce
que Laval, c'est Laval. Je ne peux pas prendre Laval en exemple — et,
dans Marguerite-Bourgeoys, il y a 40 classes de disponibles. Dans la commission scolaire de Montréal, ça déborde.
Alors, vous allez transférer 40 élèves limitrophes à Marguerite-Bourgeoys.
C'est aussi ça, là. Ce n'est pas
juste : Le parent peut choisir. C'est aussi le principe même qui veut que
la clientèle se bouge. Puis elle se
bouge avec moins de difficulté, avec plus de fluidité puis moins de paperasse.
Je comprends. Je vais vous faire encore plus peur que ça, parce que moi,
oui, je le vois. Parce que moi, j'ai eu des réponses de gens de ministère de l'Éducation qui m'ont dit des belles choses. Pas
hier soir, là, mais quand je pratiquais avec beaucoup d'honneur et de privilège
le principe d'être présidente de commission scolaire.
Je vais vous faire plus peur, je vais vous
parler de la Beauce, Beauce-Nord, Beauce-Sud. Beauce-Sud demande une école. Beauce-Nord la justifie pour les mêmes
raisons en disant : Bien non. Nous autres, on va en ouvrir une l'an
prochain puis on va aller récupérer
des élèves qui, dans Beauce-Sud, aimeraient ça, jouer au football, mais on va
les amener dans Beauce-Nord. Ça fait
que c'est nous autres qui devraient avoir l'école. Je le sais, que vous me
dites : Bien non. Mais vous, en caucus, là, demandez à vos
collègues s'il y a des chicanes de village pour avoir le bâtiment, puis si vous
pensez que les maires veulent des
établissements scolaires. Parce que vous savez ce que ça fait, un établissement
scolaire. Ça attire. Ça garde. Ça
fait en sorte qu'un village reste en vie. Puis des fois la clientèle veut que
ça existe, mais la clientèle est limitrophe. Parce que Laval, c'est Laval. Mais, quand tu sors de Laval, toutes les autres
commissions scolaires ont plus qu'une ville.
Personnellement, je n'ai jamais eu ce
problème-là, mais, quand j'étais assise autour de la table de la Fédération des commissions scolaires, je l'ai entendu puis
j'ai vu des présidents dire : Je reçois trois téléphones à tous les jours,
c'est trois maires différents puis c'est trois endroits différents où on
veut l'école. Puis savez-vous quoi? Ils sont dans le prisme d'où la clientèle, elle est. C'est juste que, dans ce prisme-là,
bien, les lignes se fondent, un peu comme vous le disiez hier, entre
quelques rues, puis il y a des élèves de ce bord-là puis il y a des élèves de
ce bord-là.
Je ne conçois pas qu'on ne se rende pas
jusque-là dans la réflexion qu'on vous oblige à faire pour votre projet de loi. Parce que ça va nécessairement, dans mon
principe de passoire, faire en sorte qu'il y a des maires, en ce moment, là,
qui vont se dire : Il faut qu'on se dépêche, là, parce qu'à partir du
moment que ça passe entre Beauce-Nord puis Beauce-Sud, ça va faire que c'est
peut-être Beauce-Sud parce qu'il a plus l'oreille de son député que
Beauce-Nord. Parce que, là, oubliez ça, les commissaires, là, vous les enlevez,
ça fait que ça va passer directement dans le principe de vos oreilles de
députés.
Puis je vous le dis parce que j'ai beaucoup de
respect pour ce que vous faites. Puis être ministre, tout le monde veut être ministre jusqu'à tant qu'il tombe dans
ces souliers-là puis qu'il comprend qu'il n'a plus de vie. Alors, chez vous,
là, je le sais, que vous faites un effort
extraordinaire pour rencontrer votre monde, mais c'est les députés qui vont
être plus accessibles. Et, bientôt, à
la porte de votre bureau, ça va être les députés qui vont être en ligne, puis
ils vont vous demander des écoles,
des agrandissements puis des façons de faire, et ça va dépendre de ce qu'on
choisit dans le projet de loi n° 40 sur les réponses qu'on va vous aider à
avoir, parce que vous allez voir que c'est déchirant. Je vous le dis.
Puis, encore une fois, je vous le dis, moi, je
suis à Laval, une île, une ville. Si vous bâtissez une école à Laval, elle va
être où? À Laval. Puis le maire va être content parce qu'il n'a pas besoin de
négocier avec personne. Mais, à Sainte-Rose, je suis à un jet de pierre de
traverser un pont puis être à Rosemère. La différence entre Rosemère puis Sainte-Rose, c'est que Rosemère, c'est une ville
bien nantie, Sainte-Rose, c'est merveilleux, c'est très beau, mais c'est plein,
c'est plein, plein. Puis il y a deux écoles
primaires qui ont de l'eau de plomb. Ça fait qu'imaginez les parents qui
disent : Oh! je ne veux plus aller à celle-là parce que je ne sais pas
s'ils peuvent se servir de l'abreuvoir. Donc, je vous le dis, parce
qu'il faut mettre ça aussi dans la réflexion qu'on a sur la mouvance de la
clientèle.
Je termine en
vous disant, maintenant que je vous ai tout dit ça : Dites-moi comment
qu'une commission scolaire peut planifier ses infrastructures puis l'engagement
de son personnel si, d'une année à l'autre, elle ne saura pas si la
passoire va faire en sorte que j'ai une quantité de clientèle qui va plus à une
école plutôt qu'à une autre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : D'abord, je veux
remercier ma collègue pour son intervention, pour sa connaissance du dossier, la pertinence de la question qu'elle a posée. Puis
ça démontre plusieurs choses. Une des choses, ça démontre qu'il y a déjà...
puis ça arrive déjà entre des maires qui veulent un aréna sur leur territoire,
ou une piscine, ou n'importe quelle infrastructure, une école fait partie de l'affaire, aussitôt qu'il
y a un territoire puis qu'il y a quelqu'un qui s'occupe d'un territoire, bien,
on veut des services pour nos gens. C'est un état de fait actuel.
Puis
école entre dans ça. Puis vous décrivez la situation actuelle, où il y a déjà
des gens qui, d'une commission scolaire à
l'autre, peuvent vouloir un agrandissement ou un ajout, je le conçois, mais je
veux vous rassurer sur le fait que, pour demander une construction ou un
agrandissement, le centre de services ne pourra plaider que pour desservir les
gens de son territoire. Il ne pourra
pas dire : Considérant qu'à huit kilomètres il y a un boom démographique,
dans le territoire du centre de
services d'à côté, donnez-moi cette nouvelle école secondaire ou cette nouvelle
école primaire. Ce n'est pas ce que dit la loi. Ce n'est pas... La mission du
centre de services, c'est de servir et d'organiser, là, les gens qui sont sur
leur territoire. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Ma collègue essaie, avec plusieurs exemples, d'illustrer
l'impact de l'article 1 sur les modalités, les directives qui sont, en ce
moment, appliquées en vertu de la Loi sur l'instruction publique. Ça fait quand
même plusieurs minutes, et là la question
qu'on doit poser, c'est qu'avec l'article 1, si rien n'est changé avec les autres articles
actuels de la Loi sur l'instruction publique ainsi que les directives, comment,
désormais, on va faire en sorte
d'attribuer les ressources, au
Québec, notamment lorsqu'on sait qu'il y a des milieux qui sont très
rapprochés, mais, en même temps, différents et en compétition? C'est une question qui est excessivement pertinente,
puis on aurait besoin d'avoir une réponse assez précise, car la question
de ma collègue, elle est pointue.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...
M. Roberge : Mme la Présidente,
mes collègues s'inquiètent d'un possible effet néfaste qui découlerait de l'adoption du projet de loi n° 1 ou de
l'article... pardon, du projet de loi n° 40, de l'article 1. Je
pense, en lui prêtant des vertus qu'il n'a pas, ou en extrapolant, c'est
comme le jeu de domino. Bien, si on touche ce domino-là, probablement
qu'arrivera, quand ça touchera le 17e domino, la catastrophe appréhendée.
Donc, ne faisons pas ça.
Au-delà
d'avoir des questionnements... puis c'est parfait d'avoir des questionnements,
parce qu'on s'assure que c'est
correct... au-delà d'avoir des craintes sur ce qui pouvait arriver si on change
les choses, moi, j'ai des craintes que perdurent les problèmes actuels. Il y a
des problèmes, en ce moment, réels. Il y avait ici, là, un article du
23 juin 2017, de Mme Jessica Nadeau, dans Le Devoir,
et là je vais vous lire un extrait : «Il est 23 h 30, une quinzaine
de parents fond le pied de grue à la porte
du conseil des commissaires. À l'intérieur, les commissaires discutent à huis
clos du dossier de quatre d'entre
eux. Plusieurs parents qui ont déjà obtenu une entente extraterritoriale — c'est comme ça qu'on appelle ça actuellement — ils ont obtenu une entente extraterritoriale
au printemps, sont là en soutien, ils trouvent la situation injuste, car
les parents qui attendent une réponse ce soir n'ont pu bénéficier, comme eux,
de l'aide de la protectrice de l'élève. Comme
le révélait Le Devoir, plus tôt cette semaine, cette dernière a
refusé de s'occuper de leurs cas après avoir été blâmée, en avril dernier, par le conseil des commissaires — c'est quand même quelque chose. Les parents ont
plutôt été orientés vers le comité de révision, composé de trois commissaires.»
Ça fait que, là, dans ce cas-ci, les commissaires ont refusé une demande pour fréquenter le territoire d'à côté. Il
y a mécanisme d'appel, qui s'appelle la protectrice de l'élève, mais on a dit :
Non, vas-y pas. Va en comité d'appel composé de trois commissaires. «La porte
s'ouvre, le verdict tombe : plutôt que d'aller à l'école de leur choix, à quelques minutes de marche de chez
eux, leurs enfants devront faire 45 minutes de transport en commun
pour aller à l'école qui leur est assignée par la CSDM.»
Bon. Ça, moi, j'ai peur. Au-delà d'avoir peur,
là, que, je ne sais pas par quelle magie, les commissions scolaires se mettent à demander des agrandissements d'école
pour des élèves extraterritoriaux, ce que la loi ne permet pas... on a peur des
choses que la loi ne permet pas... moi, j'ai peur que se poursuive ce genre de
problème. Alors, je... Humblement, on dépose cet article de loi dans le
projet de loi n° 40, pas juste pour ce cas-là, ces trois élèves-là, parce
qu'il y en a beaucoup, puis ça s'est répété
à plusieurs fois, là, on a un exemple qui est clair, et moi, je vois le
problème. On amène une solution qu'on pense juste, une solution qui
n'amène pas des dérapages, qui ne dit pas aux commissions scolaires : Bien, à l'avenir, pour vos constructions,
agrandissements, ça n'existe plus, des territoires, vous pouvez considérer les
territoires dans un rayon de 150 kilomètres, et puis ce n'est pas
grave, construisez des écoles en fonction des territoires... Il n'y a rien de
tout ça, là. Ce n'est pas vrai, ça. Ce qui est vrai, c'est que cette
injustice-là ne pourrait plus se produire. Et,
dans plus autres endroits... dans plusieurs autres commissions scolaires, bien,
on viendrait répondre mieux aux enfants et aux familles. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
• (12 h 10) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup à la
Présidente. J'invite évidemment le ministre à envoyer l'hyperlien au secrétaire
pour le bénéfice de tous ceux qui nous écoutent aussi à la maison. Mais ce
qu'il qualifie d'injustice en lisant l'article du Devoir, c'est
exactement consacré maintenant à l'article 1 de son projet de loi. Et,
lorsqu'il parle, il n'a pas encore saisi la question de ma collègue. Si, par
exemple, nous avons une commission scolaire... Profitons qu'on a Beauce-Sud qui avec nous. Beauce-Sud demande un agrandissement
parce qu'ils ont des besoins actuels. Ils répondent aux critères actuellement. Et là, chamboulement, les
parents peuvent magasiner leur école, décident que ce n'est plus attractif,
pour une raison qu'on ignore, vers le Nord, Beauce-Nord. Est-ce qu'à ce
moment-là... Comment qu'on fait pour autoriser l'agrandissement qui
aurait pu être consenti en Beauce-Sud ou, par exemple, l'ajout d'un gymnase?
C'est des questions très, très pertinentes.
Alors là, ici, il soulève deux enjeux, le
premier, effectivement l'article du Devoir, il vient de le consacrer
dans l'article 1 avec le magasinage,
et, d'autre part, que maintenant les directives que nous avons, bien, tombent
caduques, parce qu'on ne sait plus c'est quoi, maintenant, les priorités, parce
qu'on ne sera plus capables de savoir, avec beaucoup plus de
prévisibilité, est-ce qu'aujourd'hui, en 2019, c'est 125 élèves que j'ai,
mais que, par exemple, au mois de mai 2020... Parce que c'est ça qui est marqué
ici, là, dans les notes, 2020, là, les parents peuvent encore changer d'idée.
Est-ce que ça veut dire que, finalement, on
va pouvoir revenir puis découdre ce qui a été déjà accordé? C'est ça, mais
c'est deux enjeux qu'il doit saisir, en ce moment, le ministre.
Alors,
j'invite vraiment, là, peut-être à prendre un petit moment pour mieux
comprendre ce que ma collègue... je sais que c'est pointu, mais c'est
parce que c'est du concret, elle a travaillé dedans, les deux mains dedans,
donc elle sait de quoi elle parle. Puis
savez-vous quoi? Ma collègue à ma gauche, la députée de Westmount—Saint-Louis, aussi, elle va vous donner un autre
exemple pour illustrer davantage le propos et l'inquiétude qu'on soulève. Parce
que, oui, ce n'est pas que c'est probable, l'effet domino, il y a un
effet domino, il y en a un, ça, c'est sûr à 100 %.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci. C'est une conversation très importante qu'on a en ce moment, puis je
remercie mes collègues, qui ont vraiment une compréhension fine du
fonctionnement d'une commission scolaire, de nous éclairer là-dessus. Je
vais peut-être amener plus l'éclairage de
l'organisation familiale et scolaire par rapport à ça, le choix de parent,
parce que c'est quelque chose qui existe déjà, hein? Un choix de parent, on
peut le faire au sein d'une commission scolaire, puis je parle au primaire en
particulier, parce que c'est sûr qu'au secondaire c'est rare qu'un parent
choisisse une autre école que celle de son bassin pour s'inscrire au
régulier. Quand il le fait, il le fait dans le cadre d'un programme
particulier, et donc son inscription est
confirmée longtemps d'avance, parce que c'est sélectif, mais on reviendra
là-dessus une autre fois.
Quand un parent veut inscrire avec l'option
choix de parent, il doit faire la démarche, et malheureusement ça ne se passe
pas exactement comme le ministre nous l'a dit, il disait : Quand un parent
s'inscrit dans une autre école, il se fait
simplement dire : Bon, non, oui, il y a de la place, et donc il s'inscrit
s'il y a de la place, et c'est simple comme ça. La réalité, c'est que,
comme l'école a l'obligation d'offrir, en premier, une place aux élèves de son
quartier, comme il semblerait que ce soit maintenu avec l'article 239,
bien, l'école, il faut qu'elle attende de savoir combien il y a d'enfants de son quartier qui vont s'inscrire dans l'école.
Puis effectivement il y a des déménagements, on en a parlé hier soir, et,
jusqu'à la dernière minute, l'école doit être certaine de réserver les places
dans son école aux élèves qui appartiennent à son bassin. Ça, c'est jusqu'à la
dernière minute.
Donc, un parent qui fait un choix de parent, qui
décide d'inscrire son enfant dans une autre école que celle de son bassin ou
dans une autre commission scolaire, il va devoir attendre jusqu'au 26,
27 août pour savoir dans quelle école,
finalement, il va être inscrit, son enfant, parce qu'il va falloir être certain
qu'il n'y ait pas aucun autre enfant qui ait déménagé dans le quartier
de l'école concernée. Donc, ce que ça veut dire, c'est que le parent, bon,
bien, il ne sait pas trop quel effet scolaire acheter, il ne peut pas aller
montrer à son enfant l'école où il va aller, il ne peut pas... L'école elle-même, pour planifier l'organisation des
classes, s'il y a des élèves, par exemple, qui ont des besoins particuliers,
qui veulent équilibrer leur groupe, il faut qu'ils attendent à la
dernière minute aussi pour savoir lesquels élèves, finalement, vont faire partie de leur classe. C'est quelque
chose qui peut se décider assez tard. S'il y a beaucoup de demandes à gérer
de l'extérieur, ça ne se confirme qu'à la toute dernière minute.
Donc, ça, il faut le prendre en considération.
Je ne sais pas si le ministre l'a en tête. Moi, je peux vous le dire, pour l'avoir vécu moi-même cette année, il a
manqué de place dans mon école de quartier, puis se faire dire, à quelques
jours de la rentrée : Ah! finalement, l'école de ton enfant, ça ne sera
pas celle-là, ça va être celle-là. Ah! bien, le matériel scolaire, ça ne sera pas celui-là, ça va être
celui-là. Puis, tu sais, à un moment donné, pour s'organiser, c'est compliqué.
Donc, je pense que ça vaut la peine d'être considéré aussi.
Puis moi, je
veux qu'on priorise les élèves qui relèvent du territoire de l'école et je suis
très heureuse de voir que c'est inscrit comme un critère ici, à
l'article 239, mais il faut savoir que ça va engendrer quand même pas mal
de difficultés d'organisation familiale et scolaire, le fait de gérer
davantage qu'en ce moment des demandes qui viennent de d'autres territoires et de faire attendre tout ce monde-là
jusqu'à la dernière seconde à chaque
fois. Et je dis «à chaque fois» parce
que c'est à chaque année. Parce qu'un parent qui fait un choix de parent,
bien, il va savoir le 26 ou le 27 août à quelle école son enfant va
rentrer le 28, puis l'année d'après il va aussi le savoir le 26 ou le
27 août, à quelle école son enfant va
rentrer le 28. Puis, à chaque année, il ne sera jamais capable de se faire
garantir que son enfant va avoir une place dans cette école-là, jamais,
à aucun moment. Puis ça va toujours dépendre du nombre d'enfants inscrits cette
année-là.
Et en milieu
urbain, bien, effectivement, il y a des quartiers où il y a du développement
urbain. Il y a aussi beaucoup de
villes qui reçoivent un grand nombre d'immigrants, de réfugiés en particulier,
qui peuvent arriver à n'importe quel moment de l'année et pour lesquels
les écoles doivent faire des places.
Donc, c'est certain qu'il y a une prévisibilité,
là, qui est difficile à avoir quand on doit en plus ajouter à ça des demandes
qui viennent de l'extérieur, en nombre probablement beaucoup plus important que
ce qu'on a en ce moment, parce qu'on est en
train de créer une possibilité qui était exceptionnelle avant. On est en train
de vouloir la rendre accessible beaucoup plus facilement.
Donc, je ne sais pas si le ministre avait
réfléchi à ça, l'impact que ça peut avoir sur l'organisation scolaire, de dire à un paquet de monde, finalement : Si,
dans une école, par exemple, une école primaire de 400 enfants, qui est très
intéressante parce qu'elle a un programme de santé globale, puis, oui, ça se
peut au primaire... s'il y a 100 personnes qui ont fait une demande d'admission pour cette école-là parce qu'elle
les intéresse vraiment, puis que cette école-là, bien, elle ne peut confirmer à aucune de ces
100 personnes là s'il va y avoir de la place pour eux avant le 26 ou le
27 août, ça fait quand même pas mal de monde qui, tout d'un coup,
doivent probablement se retourner à la dernière seconde pour essayer de ravoir une place dans leur école de
quartier et se faire probablement dire, parce que c'est ça, la situation en ce
moment : Finalement, dans votre école de quartier, il y en a plus, de
place, non plus, parce qu'on l'a remplie avec des enfants du quartier. Et là finalement se faire envoyer dans une autre
école quelque part, qui n'est ni une école de quartier ni celle du choix de parent. Ça, ce sont des
choses qui arrivent. Puis, quand un parent appelle à la commission scolaire
pour se faire expliquer c'est quoi,
le processus du choix de parent, il se fait dire ça. Ce sont des possibilités
qui existent, il se fait prévenir.
Donc,
si on crée la possibilité que les gens s'inscrivent n'importe où, on vient
multiplier cette possibilité-là d'avoir des dizaines, des centaines de
personnes qui... Puis ça va arriver, là. Quand je dis des centaines, je
n'exagère même pas, là. Je veux dire, il y a des écoles secondaires qui
ont des programmes qui attirent des gens, qui peuvent... qui vont pouvoir attirer des gens de partout et qu'il peut y avoir
beaucoup d'intérêt. Il pourrait y avoir des centaines de demandes d'admission
de gens qui vont rester en suspens jusqu'à la dernière seconde.
Et sans
compter que, si jamais il advenait que, par chance, il y avait de la place dans
cette école-là pour des enfants qui ne sont pas du quartier et qu'ils peuvent
se permettre, après avoir considéré les critères ici, au 239, d'en accueillir
d'autres qui font une demande mais qui ne sont pas du territoire de la
commission scolaire, bien, il va falloir qu'ils les choisissent quand
même. Ils vont les choisir comment? Ils vont les choisir en fonction des
résultats scolaires? Ils vont les choisir... Ils
vont s'assurer d'élaguer un petit peu avec le prix du programme? Comment ils
vont faire pour choisir, si jamais, là, ils ont suffisamment d'espace
pour accueillir des élèves hors territoire, des élèves hors fratrie, des élèves
qui dépassent, là, ces critères-là? Il va
falloir qu'il y ait d'autres critères de sélection. Puis ça, moi, c'est quelque
chose qui m'inquiète beaucoup aussi
parce que, quand on fait ça, bien, on accentue encore les inégalités sociales
puis la ségrégation scolaire. Donc... si le ministre a pensé à ça?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge : Ma collègue fait
référence à des écoles qui pourraient être plus populaires que d'autres sur un
territoire donné, supposons, au centre de services A, mais cette école-là devra
d'abord accueillir les élèves du quartier, des
élèves... selon la distance, après ça, la fratrie et les gens du territoire du
centre de services. Là, les chances que, dans cette école-là, qui est très
attractive, il y ait 100 places de libres, ça, c'est mince, quand même.
Parce que, déjà, vous me dites :
C'est une école qui draine déjà, là. Là, j'ai l'impression qu'on se monte un
cas, là, une école hyperattractive mais vide, ou ayant 100 places de
disponibles. Déjà, c'est... Je ne dis pas que c'est impossible.
Mme Labrie : ...exemple...
M. Roberge :
Je ne dis pas que c'est impossible. Mais vous comprenez que j'ai l'impression
qu'on monte quelque chose qui pourrait arriver, mais ça commence à être très,
très théorique, une école hyperattractive mais à moitié vide.
Mme Labrie : ...exemple, parce
que ministre ne l'a pas bien compris.
M. Roberge : Oui.
• (12 h 20) •
Mme Labrie :
Dans mon exemple, disons, de cette école-là qui est effectivement populaire,
pour laquelle il y a déjà pas mal de demandes d'admission de gens qui répondent
aux critères principaux, mon exemple, il y avait 100 demandes
d'admission, je n'ai pas dit qu'il y avait 100 places. Disons qu'il y en a
juste huit, finalement, des places, pour des élèves
qui viennent de l'extérieur, mais il y a quand même 100 demandes. Il y a
quand même 100 demandes après qu'on ait quand même priorisé tous les gens ici qui correspondent à ces
critères-là. Sur les 100, comment on va en choisir huit? Il va falloir avoir des critères. Ces critères-là,
ils vont être basés sur quoi? Les notes? Ou on va s'assurer de ne pas avoir
trop, non plus, de demandes d'admission parce que c'est dur à gérer, on
va monter le prix des programmes pour s'assurer que, finalement, ça soit gérable? C'est ça, ma question. Je le sais,
qu'il n'y aura pas 100 places dans une école qui est déjà très,
très populaire.
M. Roberge : Bien, en ce moment, les commissions scolaires font déjà ce tri-là. Ils font... habituellement... soit que c'est tirage, ou soit que c'est notes, et, des fois,
c'est sélectif, là, quand c'est... Ça peut être des programmes qui sont
sélectifs en fonction des résultats des élèves, d'autres fois, c'est un tirage,
mais ils ont déjà des critères.
Les critères
qui existent déjà, qu'il y ait, supposons, pour ces huit places
disponibles, 12 demandes ou 72 demandes, c'est le même critère, et il n'y a rien qui dit
que là ils vont attendre jusqu'à la fin du mois d'août avant de rendre leur
décision, et donc...
(Interruption)
Merci. Et donc que là... Les
critères, on ne les connaît pas, mais, dans le fond, c'est ceux qui existent actuellement, puis là ça va attendre jusqu'à la fin du mois d'août, et là vont
arriver des problèmes parce qu'on va donner la réponse trop tard aux
parents.
Je ne pense pas que les gens vont attendre si
tard puis je ne pense pas que les gens n'auront pas de critère. Les commissions
scolaires ont déjà ces critères.
Donc, ils
vont décider... C'est quelque chose qui arrive déjà, là. La seule... La
différence, c'est que, si je suis dans le territoire du centre de services A,
je veux envoyer mon enfant dans le centre de services B, j'accepte de faire le
transport, tout ça, c'est comme en ce moment, la nuance, c'est que je
n'ai pas à demander l'autorisation à mon centre de services actuel, qui pourrait me dire oui, auquel cas ce
que vous identifiez comme un problème, c'est entier, c'est la situation
actuelle, ou qui pourrait me dire non, même s'il y a de la place de
disponible, et là j'ai un problème.
Donc, la
réalité, là... Donc, ce que vous énoncez comme problème, l'idée qu'il peut y
avoir des parents qui veulent inscrire
des enfants dans une école X, et que ça peut amener une sélection, ou un choix,
ou un critère, c'est déjà tout actuel. Ça, ça datait d'avant le projet
de loi n° 40.
Ce que ça
dit, le projet de loi n° 40, c'est simplement : Je n'aurai pas à
demander s'il y a une place de libre, et si je suis prêt à faire le transport, et si j'accepte
le fait que peut-être, l'an prochain, il n'y aura plus de place pour
mon enfant dans cette école-là... Bien, je n'ai
pas à demander la permission à mon centre de... scolaire actuel, qui pourrait
me dire oui ou non. S'il me dit oui, l'article 1
n'a rien changé, puis, s'il me dit non, bien, moi, je me questionne, dans la
mesure où il y a une place de disponible, je suis prêt à accepter le
transport puis je suis prêt à vivre avec le risque que mon enfant pourrait ne
pas faire tout son parcours dans cette école-là.
C'est ça, le
réel impact de l'article 1. Le
reste des choses, ce que vous dites, existait déjà, et les critères existent
déjà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous pouvez y aller, Mme la députée.
Mme Labrie : On va y aller avec
un autre exemple très, très précis. Pas loin de Sherbrooke, on a une ville qui s'appelle Magog — très jolie ville également mais un petit peu
moins que Sherbrooke quand
même — ce n'est pas très loin, c'est 20 minutes, O.K.? Beaucoup de gens habitent à Magog, travaillent à Sherbrooke,
parce qu'à Sherbrooke on a énormément de services publics, services de santé,
services d'éducation, une université, un cégep. Donc, il y a énormément de gens qui viennent travailler à Sherbrooke, qui
n'habitent pas nécessairement à Sherbrooke, qui habitent dans les environs.
À Sherbrooke,
on a quelques quartiers en croissance. On a eu des constructions de nouvelles
écoles dans les dernières années, des belles écoles flambant neuves.
Si on a des
familles, à Magog, qui font l'aller-retour, de toute façon, tous les jours pour
aller travailler à Sherbrooke, passent devant ces écoles-là, puis qu'ils
décident d'inscrire leur enfant dans l'école primaire qui est à Sherbrooke
parce qu'ils passent devant... Puis elle est
plus belle, elle est flambant neuve, alors que peut-être que leur école de
quartier à Magog, peut-être qu'elle
est vraiment due pour des rénovations, peut-être qu'il y a du plomb dans l'eau,
peut-être que la cour d'école, elle
fait dur. Ça, il y en a dans toutes les villes, des écoles dans cette
situation-là. Je ne veux pas ostraciser Magog non plus. Ce n'est pas...
Je n'ai pas d'exemple précis d'école en tête, mais disons qu'un parent fait ce
choix-là.
Il va faire
une demande pour s'inscrire à l'école... disons, l'école du Boisé-Fabi, une
nouvelle école à Sherbrooke. Cette école-là, d'abord, ce qu'elle va regarder,
c'est les élèves qui sont de son bassin, hein? Elle va prioriser les
fratries, elle va prioriser les élèves de sa
commission scolaire puis ensuite, s'il reste de la place, elle va pouvoir
accepter la demande de la famille que je prends en exemple, O.K.?
Mais, pour être certaine qu'il y en a, de la
place, il va falloir qu'elle attende à la toute dernière minute. C'est sûr qu'elle ne pourra pas donner une réponse au
mois d'avril, mai, juin, même juillet, parce qu'il va falloir qu'elle soit
certaine de se garder suffisamment de place. Même si, au 15 juillet, il y
a encore quatre places de libres dans l'école puis qu'il y en aurait une place en troisième pour la petite
fille, là, bien, ils vont être obligés d'attendre quand même, parce que, si une
famille déménage dans le quartier, il faut
qu'ils soient en mesure d'offrir la place à la famille qui habite vraiment
proche de l'école. Ils sont obligés. Ils sont obligés d'attendre. C'est
normal qu'ils le fassent.
Bien, quand ils font ça, ce que ça fait, c'est
que l'autre famille qui vient de l'extérieur, qui a demandé, bien, elle doit attendre à la toute fin pour savoir,
O.K.? S'il en reste, de la place, là,
rendu au 26, 27 août, là, il en reste quatre, il reste quatre places dans cette école primaire
là... Finalement, on a comblé tout, on est rendu pas mal certain qu'il n'y aura
pas de nouvelle famille qui s'est
installée dans le quartier, il y en a, de la place, on peut en accepter. Mais
on a eu 15 demandes qui venaient
de l'extérieur, mais il y en a juste quatre, places. Comment ils vont choisir
ces élèves-là? Moi, c'est ça que je dis.
On a des
écoles, en ce moment, là, qui peinent à offrir des services aux élèves à
besoins particuliers. Qu'est-ce que vous pensez qu'il va arriver? Ça se
peut que les écoles, ils regardent un petit peu les dossiers des élèves, puis
qu'ils disent : Hum! Ces élèves-là sont
un peu plus compliqués. Ces élèves-là ont l'air de mieux réussir, ils ont un
plus beau relevé de notes. Ça se peut
qu'ils disent : Oui, je pense que je vais prendre celle-là, celle-là,
celle-là, parce que, en fonction des ressources que j'ai à offrir à mes
élèves puis du fait que je manque déjà de professionnels dans mon école, ça va
être un petit peu moins de trouble si je
prends des élèves qui ont moins besoin de professionnels, par exemple, ou qui ont plus de facilité à l'école. Puis je ne veux pas leur
reprocher de faire des choix comme ça, parce que tout le monde essaie de
s'aider dans les circonstances de pénurie, là, mais il y a quand
même des bonnes chances que ça soit
le cas. J'aimerais ça savoir ce que le ministre pense de ça, du fait que, finalement, il va y
avoir des gens qui vont accéder à cette mobilité-là, au fait de choisir une
école qui fait plus leur affaire, mais que ça va finir par être... pas réservé,
mais, disons, à arriver plus souvent à des familles ou à des élèves en
particulier, et pas de manière égale à tous les élèves.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre, une réponse.
M. Roberge : ...d'abord dire
que la situation décrite par la collègue est déjà possible actuellement. Il n'y
a pas de nouveauté là-dedans. Avec
l'article 1, on enlève une étape de paperasse puis on enlève un refus
qu'on pourrait difficilement
justifier ou qui pourrait être... il pourrait être... ça peut être accepté ou
refusé par la commission scolaire qui a déjà l'élève sur son territoire sans les considérations dont vous
parlez pour la commission scolaire qui pourrait... ou l'école, ou l'élève, qui
pourrait recevoir cet élève-là. Donc, ça, il n'y a rien qui change.
Ensuite, les
critères d'admission de ces élèves-là, extraterritoriaux, pour l'école et la
commission scolaire qui reçoit, sont, en vertu de l'article 239
actuel et qui reste, déterminés par la commission scolaire ou le centre de
services après consultations du comité de
parents. Donc, il y a quand même des parents qui ont leur mot à dire. Ce que ma
collègue ne semble pas considérer, c'est que, des fois, ça peut être
pour le contraire aussi. On présume que les critères de sélection, ce serait pour prendre des élèves qui n'ont pas de
difficulté, ou de besoin particulier ou des élèves qui auraient une facilité.
Ça peut être le contraire aussi. Ça pourrait être aussi des élèves... la place
qu'il y a dans une classe spécialisée pour des élèves qui ont des besoins
particuliers. Peut-être que, pour aller dans cette classe-là, justement, il
faut avoir des besoins particuliers, ça se peut aussi, ça, puis que,
comme parent, tu dis : Bon, bien, regarde, il y a cette école qui a une
classe ouverte, ou
TED, ou TSA ou... écoutez, il y a plein de dénominations, souvent les
dénominations sont différentes d'un territoire à l'autre, mais, bref, des classes pour élèves à besoins particuliers.
Peut-être que, pour y avoir accès, au lieu de dire qu'il faut donc avoir une grande facilité puis avoir des
parents qui ont des moyens, peut-être aussi que ça va permettre à des élèves
qui ont des besoins particuliers d'avoir plus de services. Ça se peut, ça
aussi.
Moi, j'ai le souvenir aussi d'une maman qui m'a
parlé. Sa petite fille... Ça, ça ne s'était pas passé à la CSDM à Montréal, ça s'était passé sur la Rive-Sud,
parce que, quand c'est arrivé, ce cas-là qui a été médiatisé à Montréal, plein
de parents qui vivaient ces problèmes-là se sont exprimés. Puis c'était une
petite fille qui n'était pas ni forte ni faible en français, en maths, en science, mais qui avait un talent en patinage
artistique, mais exceptionnel. On parle, là, de sport d'élite, pas quelqu'un qui aime ça patiner, là, mais
quelqu'un qui, à 12, 13 ans, est vu comme espoir olympique. Mais ce
n'était pas possible sur son
territoire de sa commission scolaire, de son centre de services scolaire, là...
il n'y avait pas un programme sport-études
avec un horaire vraiment modulé, là, avec un horaire qui permettait du sport
d'élite. Il n'y en avait juste pas. La
commission scolaire a dit : Bien, scolarisez-la à la maison. Nous autres,
on n'est pas équipés pour ça. La mère a dit : Bien, aïe! Ça
s'adonne que je travaille, moi.
Mais la
commission scolaire d'à côté, il y en a un, sport-études, il y en a, de la
place. Bien, figurez-vous que la commission scolaire sur laquelle
habitait cette petite élève athlète a dit : Non, je ne vous donne pas le
droit d'inscrire votre fille sur le
territoire voisin, je ne vous donne pas le droit de la transporter, même si
cette école-là, là, il y a de la place. Maman avait parlé à la direction d'école. Oui, j'ai de la place. Je n'ai
pas 15 places, mais j'ai de la place, parce que des élèves athlètes
de sports olympiques, il n'y en a pas tant que ça, là. On serait capable d'en
accueillir cinq, six de plus, puis, votre fille, on pourrait s'en
occuper. Bien, la commission scolaire qui accueillait disait oui, la direction
d'école disait : Bien oui. La commission scolaire sur laquelle habitait la petite fille disait : Non. Tu
m'appartiens, toi, élève athlète, tu restes ici. Je te refuse — ça a passé par tous les comités possibles,
là — je te
refuse ce droit d'aller à côté. Puis ce n'était pas une élève qui... Oui, elle
avait une habileté extraordinaire, mais c'était en patins, là, ce n'était pas
autre chose. La commission scolaire
aimait mieux dire : Bien, vous allez la scolariser à la maison si vous
voulez, là, mais moi, je ne la laisse pas partir.
Ça, là, c'est
l'état de droit actuel. C'est arrivé, j'ai parlé à la mère puis j'ai parlé à la
directrice d'école. Ça, ça me fait peur. Ça fait que je ne veux plus que
ça arrive.
• (12 h 30) •
La
Présidente (Mme Guillemette) : Mme la députée de Sherbrooke, vous pouvez continuer votre intervention.
Mme Labrie : Je comprends très
bien l'exemple que le ministre me donne puis je dois dire que je suis assez
d'accord avec lui, je pense que c'est un bon exemple de mauvaise décision qui a
été prise, puis moi, je pense qu'il faut qu'il
existe des mécanismes pour ça, puis j'imagine qu'un protecteur de l'élève
aurait pu intervenir dans ce dossier-là pour faire changer la décision.
En tout cas, je l'espère, parce qu'il faudrait que ça serve à ça, un protecteur
de l'élève.
Mais je vais revenir surtout sur les premières
paroles de la réponse du ministre. Je trouve ça très intéressant, parce qu'il a reconnu que les enjeux que je décrivais,
les situations problématiques que je décrivais, il a reconnu que c'était déjà
comme ça et que ça existait déjà. Bien, c'est bien qu'il le reconnaisse, parce
que ce que je décrivais, c'est de la ségrégation scolaire. Donc, ce que le
ministre nous dit, c'est : Oui, il y a déjà de la ségrégation scolaire qui
se fait dans les écoles; dans le système actuel, là, ça se produit déjà. Il le
reconnaît.
Là, ce qu'on
est en train de faire, c'est d'augmenter le potentiel de ségrégation scolaire,
parce qu'il y en a déjà au sein des commissions scolaires. Là, on vient
rajouter un étage supplémentaire de risque de ségrégation scolaire entre centres de services. Moi, c'est ça, le problème
que je vois. Puis j'entends très bien la préoccupation du ministre, puis il a
raison de s'inquiéter de ce genre de situation là. Ce n'est pas normal qu'il y
ait eu un refus dans cette situation-là, je suis d'accord avec lui. Mais les
mécanismes pour éviter ça, il faut qu'ils existent, il faut qu'ils soient à
l'intérieur même du centre de
services pour s'assurer que les droits des élèves sont respectés. Est-ce que
c'est une raison, de vouloir s'assurer de ça, de rajouter une couche de ségrégation scolaire supplémentaire, alors qu'on
sait déjà que c'est un problème qui gangrène notre réseau d'éducation?
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Oui. Bien, d'abord, ce que j'ai dit, c'est que ça arrivait qu'il y avait des
élèves... des écoles qui recevaient pas mal de demandes puis qui,
donc... puis, une fois qu'ils ont desservi leur territoire, là, local, écoles
de quartier, etc., donc, ils pouvaient
sélectionner, parce que, supposons qu'il y avait, dans le territoire,
300 élèves puis, dans l'école, 380 places, donc il y a un
80 places pour lesquelles ils reçoivent, on va dire, 180 demandes.
Est-ce que,
nécessairement, les critères de sélection seront ceux que vous dites et seront
mauvais, ce qu'on présume de tout ça puis que là on prend le mot le plus
fort possible? Pour moi, le mot «ségrégation», là, ça réfère à l'apartheid en Afrique du Sud, là. Tu sais, c'est comme si on
disait : Quand on élimine quelque chose, on fait un génocide de telle
affaire. Tu sais, c'est le mot le
plus fort qui est très lourd... Qu'est-ce que je veux dire, c'est comme...
c'est très fort comme mot, là, «ségrégation». Mais, bon, je sais que
plusieurs groupes l'ont utilisé, vous n'êtes pas la seule. Mais, tu sais,
aussitôt qu'il y a... Ça suppose, là... L'utilisation de ce mot-là, ça veut
dire... ça suppose qu'aussitôt qu'il y a une sélection il y a injustice et
victime, ce que, tu sais, on... Moi, quand j'étais adolescent, là, je
m'intéressais un petit peu à la politique internationale,
puis on ne pouvait pas imaginer une ségrégation positive. «Ségrégation», là, on
pensait à Nelson Mandela en prison. C'est lourd. Et là on prend un mot qui est
très lourd puis on dit : Bien, si on sélectionne, donc, ce n'est pas
correct, et on présume que ça, ça va amener plus de sélection, donc plus d'injustice.
C'est un paradigme ou un biais que je ne
partage pas. Donc, des fois, ça arrive, c'est pour ça qu'il y a
différentes formations politiques. Je n'adhère pas à cette perspective
et à cette ligne de pensée.
Ceci
dit, malgré tout, là où on se rejoint, je souhaite plus de mixité scolaire.
C'est juste... je trouve le mot qui... Il y
a des endroits où on se rejoint, puis
on pose toutes sortes de gestes pour aider les élèves vulnérables, pour rénover
les écoles. Vous avez dit :
Bien, des fois, ça peut être juste la beauté de l'école. Est-ce qu'il y a en a une qui est due pour
rénovée, puis ça a été refusé huit
fois, puis l'autre qui est neuve? Peu importe qu'elle soit dans un quartier
riche ou un quartier pauvre, bien,
comme parent, on va dire : Bien, je vais choisir la neuve. Ma solution, ce
n'est pas d'enlever des choix aux parents, c'est de les rénover. Voilà.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Sherbrooke voudrait finir son intervention, et, après, la parole va être à
vous, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Labrie :
Effectivement, c'est un endroit où on se rejoint, le ministre et moi.
J'aimerais ça que toutes nos écoles soient
suffisamment belles et intéressantes, avec les programmes qu'elles offrent,
pour qu'un parent n'ait jamais à se demander :
c'est laquelle, la meilleure école pour mon enfant? Puis que la réponse, ça
soit toujours, ça soit toujours la plus proche de la maison, parce qu'en plus d'être aussi bonne que les autres,
elle est proche de la maison. Simplement. Ça, là, il faudrait que ça soit
toujours ça, la réponse. Il faudrait que toutes les écoles, sans exception,
offrent le même niveau de qualité,
d'espace physique, de services professionnels, de programmes particuliers
accessibles sans sélection. Ça, c'est clair, pour moi, mais on n'est pas
là en ce moment. On n'est vraiment, vraiment, vraiment pas là en ce moment.
Puis je peux vous le dire parce qu'il y a des écarts de richesse quand même
assez impressionnants dans ma circonscription, qui est assez petite et assez dense, mais, quand même, il y a des écoles qui
n'ont absolument rien à voir les unes entre les autres.
C'est
terrifiant de voir ces écarts-là, et le ministre trouve peut-être que
ségrégation scolaire, c'est trop fort, mais, moi, quand je vois des élèves qui
n'ont pas accès aux mêmes choses à cause du revenu de leurs parents, je trouve
que c'est de la ségrégation scolaire.
Puis je vais citer... je l'ai fait hier, mais je vais le reciter, là...
l'enfant qui dit à son parent : Je
ne veux pas manger dans la cafétéria des pauvres... Parce qu'elle sait que, si
c'est là qu'elle va, là, si elle n'est pas inscrite au service de garde puis qu'elle est juste
inscrite à la surveillance du dîner, ça, c'est la cafétéria des pauvres. Ça,
c'est de la ségrégation scolaire. Quand les enfants eux-mêmes sont
capables de savoir : Hum! Cet enfant-là, il a ce service-là, il est plus riche que moi, ça, c'est de la
ségrégation scolaire. C'est vraiment grave, le message que ça envoie à ces élèves-là.
Comme le message
qu'on envoie aux élèves qui sont au régulier en ce moment, qui se sentent moins
que rien à côté des élèves qui sont inscrits
dans des programmes particuliers, valorisés par tout le monde, avec raison,
parce que ce sont des bons
programmes. Mais il y en a qui n'y ont pas accès. Puis, eux autres, bien, il y
a de la pitié dans le regard des gens
qui les regardent, quand ils disent : Non, je suis à cette école-là, mais,
moi, je suis au régulier. C'est ça, la ségrégation scolaire dont je parle. Ça fait qu'il n'y a pas de
gens en prison, mais il y a des gens dont on coupe les ailes parce qu'on leur
fait sentir comme des moins que rien. On leur fait sentir qu'ils n'ont pas
accès aux mêmes choses que les autres à cause de leur revenu, très
souvent. Et, moi, ça, je trouve que c'est de la ségrégation scolaire.
Donc, si le ministre
veut venir... je sais qu'il visite déjà beaucoup, beaucoup d'écoles, mais je
l'invite à en visiter de différents milieux
économiques aussi, à aller constater que ça a des ramifications tellement
grandes, là. Les écoles, d'un quartier à l'autre, là...
Il y a des quartiers
très favorisés dans ma circonscription, des quartiers très défavorisés. Mais
savez-vous quoi? Les fondations d'écoles,
là, qui rénovent les cours d'école puis qui financent les sorties scolaires,
là, bien, elles ne récoltent pas les mêmes fonds dans leurs activités de
financement selon qu'elles sont dans un quartier favorisé ou défavorisé, hein?
Parce que, quand les parents eux-mêmes n'ont pas les moyens d'acheter tous les
produits qu'ils vendent dans les activités de financement, puis qu'en plus tout leur réseau n'est pas tellement
favorisé non plus, ils n'en vendent pas bien, bien, du chocolat, puis du
fromage, puis des patentes à gosses.
Mais,
dans les réseaux, dans les quartiers où il y a à peu près juste des médecins
spécialistes, par exemple, vous pouvez être certains qu'ils vont ramasser de
l'argent, puis ils vont en ramasser, puis ils vont en avoir une belle, cour d'école.
Puis eux autres, là, pour l'avoir, leur belle cour d'école, là, ça ne prendra
pas 15 ans d'activités de financement, trois, quatre par année. Deux, trois, ans, ils vont l'avoir. Ils vont l'avoir,
leur 200 000 $, ils vont le faire. Puis eux autres, ils vont
pouvoir payer plus de sorties scolaires à leurs enfants à chaque année, comme
si de rien n'était, parce qu'à chaque fois qu'ils
font une activité de financement, tous ces gens-là qui ont des bons emplois,
qui travaillent à l'université, au CHU, bien, ils ont, en plus, un réseau de collègues qui ont des bons revenus eux
autres aussi, qui vont contribuer à leurs activités de financement.
Dans
d'autres quartiers, bien, on a des élèves que peut-être leurs parents sont sur
l'aide sociale, puis tous leurs voisins aussi. Ça fait qu'aller faire du
porte-à-porte, là, ça va moins bien.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Le député de Sainte-Rose a une
question de règlement, je crois.
M. Skeete :
Non.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Non?
M. Skeete :
Ce n'est pas une question de règlement, c'est une intervention, Mme la
Présidente. Je vais attendre mon tour.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Donc, vous pouvez terminer.
• (12 h 40) •
Mme Labrie :
Donc, la ségrégation scolaire, ça
peut aussi prendre cette forme-là, c'est que, d'une école à l'autre, ils n'ont pas les mêmes moyens, on n'offre pas les
mêmes choses aux enfants. C'est à ça qu'il faut s'attaquer. Puis je suis
vraiment désolée de voir que, dans ce projet de loi là, non seulement il n'y
a rien pour contrer ça, alors que
c'est le problème principal de notre réseau d'éducation, mais, en plus, il y a des éléments qui ont un fort risque d'augmenter
cette ségrégation-là, de l'augmenter.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci,
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme la députée de Saint-Laurent, est-ce que vous voulez prendre votre
droit de parole?
Mme Rizqy :
...le ministre veut répondre...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Après, j'aurai le député de Sainte-Rose.
Oui, M. le ministre, vous pouvez y aller.
M. Roberge :
Bien, je ne vois pas pourquoi j'aurais préséance sur le député de Sainte-Rose,
qui a demandé la parole avant moi.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Bien, voulez-vous répondre...
Une voix :
...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Oui, si vous voulez répondre à la députée de Sherbrooke.
Sinon, on peut faire répondre le député de Sainte-Rose.
M. Roberge : J'ai des choses à dire, mais il a levé la... Je
ne veux pas avoir préséance sur mon collègue, s'il demande la parole...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Député de Sainte-Rose.
M. Skeete :
Je remercie M. le ministre. Bien, je voulais juste... Je me sentais... J'étais
heurté, parce que moi, je viens d'un milieu
modeste. Je me souviens... Moi, j'étais ce garçon-là qui... Puis, je me
souviens, peut-être la députée de Westmount—Saint-Louis va se souvenir de ça, les fameux Scholastic, les livres qui rentraient.
Puis moi, j'étais toujours le gars qui n'avait pas de livre, là, tu sais. Il y avait
la moitié de la classe qui recevait les livres, puis moi, je me dirais toujours : Tu sais, ça aurait été le fun d'avoir un livre, là, tu sais. Puis là tout le monde se garrochait autour des livres. Puis je me souviens aussi des
sorties. Moi, j'étais celui qui n'allait pas aux sorties. Puis c'était plate,
oui.
Mais
je pense qu'il faut faire attention, là, on est quand même
au Québec, on a un réseau scolaire qui est extraordinaire. Les écarts que
vous illustrez semblent comme s'il y
a zéro, puis il y a
tout, puis il n'y a pas de milieu. Je pense qu'il faut être prudent. Je pense qu'on est dans des ajustements, je ne pense pas qu'on est dans le noir et blanc. Je comprends,
là, la situation cauchemardesque que la collègue décrit, puis il ne faut
pas aller là. Je ne pense pas que le projet de loi va là.
Mais, en même temps,
tu sais, le réseau scolaire permet quand même une ascension sociale. Le réseau
scolaire public à 100 % permet encore aux Québécois, les jeunes
Québécois, de sortir de leur milieu économique. Ça fait que, tu sais, je ne suis pas sûr qu'on est dans les grands
écarts. Je suis sûr qu'il y a une différence entre ce que moi puis la collègue,
on pense, là. Ça, je suis convaincu. Mais je ne pense pas qu'on est dans
le noir et blanc.
En tout cas, c'est
mon point de vue. Je tenais à le dire parce que ça me frappait à quel point que
ce n'est pas le Québec, là, où qu'on vit, là, où est-ce qu'il y a zéro
possibilité de sortir... ou d'améliorer son sort. Merci.
La Présidente (Mme Guillemette) : Merci, M. le député de Sainte-Rose. Mme la
députée de Sherbrooke, quelques minutes, s'il vous plaît, oui.
Mme Labrie :
Je suis vraiment contente que vous ayez dit ça. Puis le système d'éducation, il
doit servir d'ascenseur social, puis ça a fonctionné pour vous, puis
j'en suis ravie.
Ces
inégalités-là, elles sont en train de se creuser. C'est ça, moi, le problème
que je vois en ce moment. Elles ne sont pas en train de se réduire. L'effet de
notre système d'éducation comme ascenseur social, il diminue en ce moment. C'est ça qu'on constate, c'est ça que les études
constatent. Donc, moi, c'est ça qui me préoccupe en ce moment. Le gouffre,
il n'est peut-être pas immense en ce moment, mais il est en train de
s'agrandir.
Donc,
le système d'éducation que vous, vous avez connu, puis même que moi, j'ai connu
n'a rien à voir avec celui d'en ce moment par rapport à l'égalité des chances
qu'il donne aux enfants. On est déjà moins dans un système qui favorise l'égalité des chances qu'il y a 20 ans, quand
moi, j'étais dans ce système-là. Et je ne sais pas à quelle époque vous y
étiez...
Mais,
effectivement, pendant un bon moment après le rapport Parent, on a réussi à
avoir un système d'éducation qui mettait tout le monde à la même place
puis qui faisait en sorte que, peu importe d'où on arrivait en entrant dans le système d'éducation, on réussissait à en sortir
puis à pouvoir accéder à d'autres classes sociales. Mais ça, c'est craqué,
c'est vraiment en train de se briser.
Puis moi, c'est... Ce
que vous avez vécu, je voudrais que tous les enfants puissent le vivre, puis
s'élever eux autres aussi, puis avoir accès
à un éventail de possibilités. Mais, en ce moment, ces écarts-là, ils se
creusent. C'est ça qui est très, très préoccupant, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui, M. le député de Sainte-Rose.
M. Skeete :
Puis ensemble... vous allez toujours avoir un partenaire en moi pour réduire ça
parce que la raison que j'ai pu sortir de
mon milieu, c'était l'éducation, alors je suis un passionné du sujet. Puis
c'est vrai que ça fait longtemps, le primaire puis le secondaire, mais
je suis encore étudiant. Ce même système, aujourd'hui, je suis encore dedans,
au niveau universitaire, puis j'ai la chance de fréquenter l'UQAM. Puis, encore
une fois, pour un gars qui n'est pas trop bon
à l'école, qui n'est pas trop... pour toutes sortes de raisons, qui a toujours
eu de la misère à l'école... bien, le système fonctionne encore pour
moi.
Alors,
je donne l'espoir à la collègue qu'en ce moment même un élève médiocre peut
quand même aspirer à mieux. Puis juste vous dire que moi, je pense qu'on est
dans les ajustements, là, mais, effectivement, il faut toujours veiller
à s'assurer qu'on ne va pas, comme nos
voisins du Sud, là, dans cette direction-là. Je vais toujours être partenaire
pour ça. Merci pour l'échange.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le député de Sainte-Rose. M. le
ministre, commentaires?
M. Roberge :
Alors, très brièvement, bien, je partage les valeurs, là... Là-dessus, je pense
qu'on se rejoint, puis je partage qu'est-ce que dit mon collègue le
député de Sainte-Rose.
Mais
juste dire que, oui, on dépose un article qui vient enlever, à notre sens, des
obstacles bureaucratiques ou même... Je ne sais pas comment qualifier ce que
j'ai décrit tantôt, là, pour l'élève athlète, là. Ce n'était plus de la
bureaucratie, là, c'était... Vous trouverez le mot, mais ça n'avait pas de
maudit bon sens, donc on vient régler ça. Mais je ne pense pas que, par
ce geste-là ou les autres, on vient empêcher le réseau scolaire de faire son
rôle d'être un ascenseur social.
Puis, je veux dire,
dans le dernier budget, là, outre cet article-là, qui, à notre sens, ne va
pas... n'a pas les vertus que vous lui
prêtez... ce n'est pas l'intention, puis je ne pense pas que ça va être le
fait... mais, dans le dernier budget, on a augmenté de 10 %, en une seule année, les investissements pour les
écoles qui ont un indice de milieu socioéconomiquement faible. En une année, une hausse de 10 % dans
des budgets... Il n'y a pas beaucoup de budgets qui augmentent de 10 %,
là. C'est comme l'inflation fois, au
moins, cinq. On a augmenté l'aide alimentaire. Il n'y a jamais eu autant d'aide
alimentaire au Québec que cette
année. On ne peut pas s'en réjouir. On souhaiterait que les gens n'en aient pas
besoin, mais on répond mieux aux besoins cette année que l'année d'avant
ou que les années d'austérité, ça, c'est sûr.
On
commence un programme de parascolaire gratuit, qui va aller... on commence
cette année, mais ça va continuer, donc tous les élèves du réseau public
vont y avoir accès. On a augmenté — ça a été annoncé ce
matin — de
100 %... Encore là, on augmente cette
année, d'un seul coup, pas 10 %, 50 %, de 100 % le budget pour
retaper les cours d'école puis on diminue la part de ce qui viendra de
la communauté. Donc, encore une fois, accessibilité, accessibilité,
accessibilité. Puis, cette année, c'est la première année où il y a deux
sorties culturelles gratuites à tous.
Donc, il me semble
que ce sont des gestes très, très forts, concrets, au-delà des discours. Moi,
j'aime bien... Puis ce n'est pas à vous
que... Je ne vous reproche pas de faire des discours. Je pense que vous avez
parlé avec votre coeur. Ce n'est pas
ça, mais, des fois, on lit un paquet d'affaires, on entend un paquet
d'affaires, puis tu dis : O.K., c'est correct, mais il se passe quoi, dans la vraie vie, là?
Bien, je pense qu'il se passe des choses dans les écoles cette année qui sont
des vraies améliorations, dont on verra, dans trois ans, dans cinq ans,
dans huit ans, dans 12 ans, les effets pour dire : Bien, finalement, peut-être que, depuis 2018, on a de
plus en plus, et à chaque année, un système qui fait sa job de lutter contre
les inégalités.
Peut-être que c'est
vrai qu'en 2016‑2017... on a eu des mauvaises années, là, puis on a eu un
système qui jouait moins son rôle de lutter contre les inégalités sociales.
Mais, à partir de 2018, il y a eu un paquet de gestes, de mesures budgétaires,
de politiques qui font que... un petit peu plus à chaque année, parce que ça ne
se fait pas dans une seule année, là... un
petit peu plus à chaque année, le réseau scolaire public joue son rôle
d'ascenseur social. Puis on travaille pour ça.
Mais
l'article 1, pour moi, ne vient pas, ni dans un sens ni dans l'autre...
Pour moi, il vient mieux répondre aux besoins des enfants et des familles pour
faciliter la vie des familles. Voilà.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci. J'attendais avec... mon tour.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci de votre patience.
• (12 h 50) •
Mme Rizqy :
Je suis très patiente, Mme la Présidente. Pour nos enfants, il n'y en a pas, de
problème. Mais, sincèrement, là, il faut avoir un minimum de front, là, pour
dire qu'ils vont être du même combat que nous. Parce que je n'ai pas entendu, mais pas du tout, une
fraction de seconde, le député de Sainte-Rose lorsqu'il était question du
projet de loi n° 12, les frais
facturés aux parents. Et il y a un point de bascule au Québec, Mme la
Présidente, avec le p.l. n° 12. Quand on a posé la question suivante : Il y en a combien, de projets
pédagogiques particuliers au Québec?, pas de réponse de côté du gouvernement.
Quand on leur a demandé de nous dire combien que les gens pouvaient payer, pas
de réponse du côté du gouvernement.
Mais, quand nous, on leur disait : Il y a des projets pédagogiques
particuliers à 2 500 $, 5 000 $ par année,
10 000 $, certains riaient, disaient : Bien non, c'est exagéré.
On a donc dressé le
portrait nous-mêmes de la situation au Québec, puis de dire : Voyons... La
Fédération des commissions scolaires du Québec est venue ici puis elle a
dit : Si on voulait le rendre public, notre régime de projets pédagogiques particuliers, pour l'ensemble, ça
peut coûter entre 300 et 350 millions, puis, si on voulait même exagérer,
un gros 400 millions de dollars.
Il y a
un choix qui a été fait de venir inscrire noir sur blanc qu'au Québec,
oui, on va avoir un système à deux vitesses puis on va venir privatiser
l'école publique. C'est ça qui a été fait avec le projet de loi n° 12.
Alors, pour être du même
combat, on repassera. Mais le point de bascule, c'était là, à ce moment-là.
Puis le deuxième point de bascule, c'est le projet
de loi n° 40, qui, lui, maintenant, dit : Non
seulement les parents qui ont de l'argent,
vous pouvez payer pour avoir l'école de votre choix, vous pouvez même créer
l'école de votre choix. Ensemble, mettez-vous dans le conseil d'établissement, là, puis, si vous en voulez, des projets pédagogiques, puis
mettez ça à 5 000 $, 10 000 $, il n'y en a pas, de problème
si vous avez fait entre vous, là, une entente dans le conseil d'établissement
puis que vous êtes assez.
Parce qu'on sait que ce n'est pas tous les
parents qui vont y aller. Puis ça, ce n'est pas moi qui le dis, ce n'est pas la députée de Sherbrooke, ce n'est pas la
députée de Joliette qui le dit, ce sont nos intervenants qui sont
venus, qui nous ont dit que c'était
probable qu'il y en a, là-dedans, qui ne savent même pas qu'ils peuvent participer
au conseil d'établissement. Ils
ont même donné des exemples concrets : des familles plus vulnérables,
des nouveaux arrivants, des immigrants, qui n'ont même pas encore saisi le français ou l'anglais, ou nos réfugiés
que nous avons accueillis ici, au Québec, qui partent avec beaucoup plus
vulnérabilité que toute autre personne et qui arrivent avec un bagage important.
J'entends le député de Sainte-Rose me parler de
son passé. Bien, justement, il devrait comprendre mieux que quiconque.
Pourtant, il a été très silencieux dans le projet de loi n° 12,
excessivement silencieux, alors que c'était à ce moment-là qu'il aurait dû se lever puis dire : Non,
qu'effectivement, moi, je faisais partie de la clique, là, qui devait rester
à la maison, puis ce n'était pas chouette.
La Présidente
(Mme Guillemette) :
...aux termes qu'on utilise, Mme la
députée de Saint-Laurent, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : Bien, «pas
chouette», ce n'est pas encore à l'index.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Quand même, on va faire attention à... Merci.
Mme Rizqy : Parfait. Alors, parlons du terme qui chatouille
le ministre : ségrégation. Puis dire : Attention,
attention... Ségrégation, après ça,
il parle de génocide. Il n'y a personne ici qui parle de génocide. Puis, s'il y a
un terme que, oui, on sait qu'il est important, on sait que ça, c'est
des mots qui sont vraiment importants.
Mais, oui, le
terme «ségrégation» s'applique en ce moment. Le projet de loi n° 12, là, est venu concrétiser qu'au Québec, oui, maintenant,
il y a de la ségrégation officielle, légale en vertu de la loi n° 12 telle qu'adoptée par la CAQ.
À ce jour, on
attend toujours le portrait de la situation. Ils ne sont toujours
pas capables de nous le donner, ce portrait de situation.
Est-ce normal que, dans nos écoles, on a des
enfants qui se sentent pauvres, qu'ils ont l'intime conviction d'être trop pauvres? Est-ce normal qu'il y en a
qui portent l'odieux de cette pauvreté? Est-ce normal que, lorsqu'on a
accueilli la commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys, avec deux élèves qui ont pris la parole puis qui ont
dit : Bien non, ils le savent, là, ces gens-là, ils n'iront pas
demander de la charité, il y a un sentiment de honte?
Alors, oui,
il y a de la ségrégation. Puis savez-vous quoi? La ségrégation, là... Quand on
parle de ségrégation, puis, quand il dit qu'il y a des victimes puis
qu'il ne pense pas qu'il y a des victimes, oui, il y en a des victimes. Il y a
des laissés-pour-compte.
Les
laissés-pour-compte, c'est ceux que... le soir, retournent à la maison puis ils
disent : Maman, moi, j'aimerais ça, là, être dans l'équipe de hockey, puis
que maman dit : Bien non, moi, 3 000 $, je n'ai pas ça.
Malheureusement, je ne pourrai pas te mettre dans l'équipe de hockey. Bien,
c'est correct, le ministre va dire : Va faire du parascolaire.
Donc, on va avoir l'équipe projet pédagogique de
hockey puis le parascolaire, hein? Ils vont faire du hockey Cosom, mais les autres n'auront pas la chance
d'être dans l'équipe de hockey, même si l'équipe de hockey fait effectivement...
participe au sentiment d'appartenance de
l'élève. Bien, lui, il n'aura pas son sentiment d'appartenance. Il n'a pas
assez d'argent. C'est triste, hein?
Bien, savez-vous qu'est-ce qui est encore plus
triste? C'est quand, à tous les jours, on a des enfants qui vont arriver, puis que, vu que, dans le conseil
d'établissement, ils vont pouvoir facturer, puis choisir qu'est-ce qu'on
facture, puis faire a, b, c pour le
lunch, bien, il y en a qui vont pouvoir faire la ligne pour avoir droit au
micro-ondes, puis les autres, ils vont
dire : Bien non, retourne à la cafétéria des pauvres. Moi, quand la
députée de Sherbrooke raconte ça, là, ça me donne... ça ne me fait pas
rire, là, c'est d'une tristesse inouïe.
Alors, oui,
ça s'appelle de la ségrégation, parce que, oui, il y a des victimes, puis que,
oui, ces victimes-là... Le retard, là, qui est construit, à partir du primaire...
parce que les projets pédagogiques particuliers, c'est même au primaire, puis
les histoires des micro-ondes, c'est aux écoles primaires que ça commence, ça
fait que ce retard, là, qu'ils vont cumuler, ce sentiment de honte qu'ils vont
cumuler, ce n'est pas le projet de loi n° 40 qui le
règle, il vient l'accentuer.
Parce qu'ils l'ont dit, là, la CSN : «Dans
son état actuel, le projet de loi ne règle en rien les problèmes vécus
quotidiennement dans nos écoles. Pire encore, dans sa forme actuelle, ce
dernier viendra exacerber les problèmes d'iniquité
et de ségrégation sociales que nous connaissons dans les réseaux québécois.»
Gros mot, le terme «ségrégation», hein?
C'est la CSN qui l'utilise. Ça fait que la commission scolaire... le regroupement de la Montérégie et de l'Estrie, quand ils sont venus, aussi l'ont utilisé,
«ségrégation». Mouvement L'École ensemble, ils ont aussi utilisé le gros mot
«ségrégation». Puis la réponse du ministre, c'est de nous parler de petits projets.
Mais il oublie le coeur même du problème, le projet de loi n° 12 qui a été adopté.
Puis maintenant, le projet de loi n° 40,
le magasinage de l'école, bien, c'est drôle, quand la FAE est venue, Nathalie
Morel, qui est vice-présidente, a aussi été enseignante. Pas dans n'importe
quel quartier, Mme la Présidente, Hochelaga-Maisonneuve,
un des quartiers, là, les plus démunis de Montréal, pour ne pas dire au Québec.
Elle y croit, à une mixité sociale. Mais encore faut-il que, pour qu'il
y ait mixité sociale, les gens restent dans leur quartier et continuent de fréquenter leur école de quartier. Parce que, comme
qu'elle a si bien dit : Ce n'est pas les plus pauvres qui vont être
capables de prendre leur enfant puis d'aller les déposer sur le chemin du
travail. Ils n'en ont pas, de travail. Alors là, on est en train de tuer, oui,
c'est un autre gros mot, tuer nos écoles de quartier.
Alors, quand on parle des victimes, je vous
invite à réfléchir. Parce qu'en ce moment, oui, ce projet de loi va faire mal à des groupes plus vulnérables, non
seulement ceux qui, au niveau financier, n'ont pas d'argent, mais pensez aussi
aux immigrants. Pensez aussi aux autochtones. Pensez à tous les autres petits
groupes qui n'auront pas nécessairement, eux, les moyens de pouvoir
sélectionner, magasiner leur école, aller inscrire leur enfant.
Parce
qu'encore faut-il que, pour savoir qu'il y a un super programme, il faut savoir
lire. Puis là ce n'est pas drôle, hein, mais moi, j'en connais, là, des gens
que leurs parents ne savent pas lire, analphabètes. Pas analphabètes
fonctionnels, analphabètes complètement, puis que c'est l'enfant qui
doit lire à sa mère les programmes. Alors, est-ce que ces enfants-là, pensez-vous sincèrement qu'eux vont
être en mesure de choisir leur école, d'avoir la plus belle école, puis dire :
Moi, j'embarque, puis je m'en vais à tel endroit? Non. Pensez-vous que les
enfants, là-dedans, là, vont tous être traités équitablement? Non plus. Ça va être au plus fort la poche. C'est ça, la
réalité. Au plus fort la poche pour ceux qui veulent avoir des projets
pédagogiques particuliers. Au plus fort la poche pour ceux qui vont devoir
choisir leur école. Au plus fort la poche pour avoir droit à un
micro-ondes.
Alors, ici,
on a des enjeux de société importants. Moi, je disais, là, que certains groupes
sont surreprésentés dans, incidemment, la DPJ. C'est drôle, hein? Ce n'est pas
les plus riches.
Alors,
Mme la Présidente, vous comprendrez que, moi, aujourd'hui, quand j'entends le
ministre un peu être offusqué qu'on utilise
le terme «ségrégation», qu'il trouve trop fort... il est fort, le terme
«ségrégation», et ça prendrait une réponse d'un ministre encore plus
fort qui dit : J'entends, justement, ces inquiétudes, ces constats, car
ils sont factuels, et que je vais répondre,
pas avec un projet de loi n° 40 mal ficelé, mais je vais dire : Non,
effectivement, je vais protéger l'école de quartier, puis je vais protéger la mixité sociale. Parce que c'est,
justement, comme ça qu'on est capable d'assurer l'égalité des chances, ce n'est
pas en mettant tout le même monde du même endroit puis favorisant des gens pour
pouvoir faire de l'écrémage social, c'est en s'assurant que, dans notre
école de quartier, on a des gens de tout horizon. Puis, même pour ceux qui sont nés ici, qui sont grandis au Québec,
quand ils voient arriver des gens d'ailleurs, bien, ça leur donne une bonne
dose d'humanité. Puis, quand j'ai vécu à
Sherbrooke, là, je peux vous dire, là, les Sherbrookois en ont accueilli, des
réfugiés. Puis, dans mon comté, à Saint-Laurent, des réfugiés syriens, on en a
accueilli énormément. Je ne sais pas si ça... Alors, oui, on a accueilli des réfugiés, puis savez-vous quoi?
À Saint-Laurent, il y a une école où est-ce qu'on voit tous les Québécois
de tout horizon. Puis les enfants, là, entre eux, s'entraident. Puis ils
apprennent de l'expérience du parcours vécu de tous les autres enfants. Puis eux autres, même ceux qui sont plus nantis
réalisent aussi la grande chance qu'ils ont. Alors, ça, c'est des
opportunités.
Alors, moi,
quand je lis l'article 1, je le vois comme un recul. Et ce n'est pas juste
moi qui le vois comme un recul. La CSN, là, dit qu'effectivement, ici, là, ça
ne mène en rien et ça vient exacerber les
problèmes d'iniquité et de ségrégation sociales. Alors, je demande au ministre
de comprendre qu'aujourd'hui, là, le terme est bien choisi et que le problème, c'est l'outil choisi, c'est le projet
de loi n° 40, le problème, parce qu'il n'aide pas du tout nos enfants.
• (13 heures) •
La
Présidente (Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. Avant d'ajourner les travaux, M. le ministre aurait...
M. Roberge : Je veux juste simplement
rappeler, Mme la Présidente, qu'on se revoit mardi pour poursuivre, qu'on s'est entendu pour avoir une... à votre... à
la demande des collègues, d'avoir un breffage technique mardi matin qui va
se faire par blocs puis qu'après coup... on s'était dit, hier et ce matin, on y
allait en ordre numérique. On verra si on poursuit l'article 1,
mais qu'après ça on ira vraisemblablement par blocs, comme la fiche a été
déposée.
Mme Rizqy : Mme la
Présidente, on n'a pas donné notre consentement, compte tenu de l'heure. On en reparlera.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Guillemette) : Donc, on va ajourner les travaux
pour aujourd'hui, compte tenu de l'heure. Merci à tous de votre très
grande collaboration.
Compte tenu
de l'heure, on ajourne nos travaux jusqu'à mardi 10 heures — merci — où nous reprendrons le mandat. Merci,
tout le monde.
(Fin de la séance à
13 h 01)