(Dix
heures une minute)
Le Président (M.
Tardif) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, bon matin. Je déclare la
séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques et je vous en remercie.
La
commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur sur le sujet suivant : L'absence inquiétante
de vision du gouvernement caquiste en matière d'enseignement supérieur.
M. le secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata) et M. Poulin
(Beauce-Sud) est remplacé par M. Simard (Montmorency).
Le
Président (M. Tardif) :
Merci. Alors, je comprends qu'il y a également une entente afin que le deuxième groupe d'opposition intervienne
lors de la troisième série d'interventions et que le troisième groupe
d'opposition intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
Nous
débutons les déclarations d'ouverture. Mme
la députée de Saint-Laurent, porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'éducation et de l'enseignement supérieur, vous
avez la parole 10 minutes.
Exposé du sujet
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur ainsi
qu'à mes collègues députés, et je vois qu'il est bien accompagné avec toute
l'équipe, avec lui, ministérielle. Un petit bonjour à M. Maltais.
Très
contente de vous voir, qu'on se retrouve aujourd'hui pour parler de
l'enseignement supérieur, car, vous le savez, on a parlé énormément, je
pense, autour de 80 %, de l'éducation, mais l'enseignement supérieur
mérite d'avoir aussi toute l'attention, car
nous avons plusieurs défis devant nous, qui touchent non seulement les corps
professoraux, nos étudiants, nos chaires de recherche, et là-dessus,
évidemment, il faut prendre le temps de s'attarder et de se mettre au travail
pour voir comment on peut améliorer tous nos établissements d'enseignement
supérieur, que ce soit le système collégial, universitaire et évidemment la
recherche qui se fait tant à l'université mais aussi dans les milieux collégiaux.
Je
vous parlerai aujourd'hui, M. le ministre, de l'enseignement supérieur et, pour
faire un peu plus court, je ne dirai pas ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur mais seulement ministre de l'Enseignement supérieur,
si vous le permettez.
On va parler
aujourd'hui, je vous le dis d'emblée, d'amélioration des conditions de stage
des étudiants. Il y a déjà eu des grands pas qui ont été faits. On peut penser
notamment en éducation, pour les étudiants en éducation, mais on peut aussi
penser, l'an passé, lorsque je vous ai plusieurs fois interpelé dans le dossier
de la FIDEP. Vous avez agi, et il reste encore quelques dossiers à régler. On
s'en était parlé lors des crédits détaillés.
Alors,
aujourd'hui, on va faire un suivi sur les conditions de stage, et là-dessus
j'espère être en mesure, avec vous, d'avoir quelques engagements pour être en
mesure de bien outiller non seulement nos universités et nos collèges mais
aussi nos étudiants qui méritent d'avoir des conditions qui sont tout
aussi gagnantes pour eux.
Vous
le savez, on parle beaucoup des étudiants, mais, cette semaine, il y a eu le
rapport très important qui a été déposé par l'Union étudiante du Québec, enquête
Sous ta façade. On s'en est parlé mardi, et je sais que vous avez eu le
temps de le lire, je vous connais, et ici il y a quand même plusieurs constats
qui sont alarmants.
Et,
lorsqu'on sait que la santé psychologique des étudiants... que près de
24 000 étudiants ont cru bon de répondre à ce sondage, et que la
qualité des réponses était au rendez-vous, et qu'il y a des constats
alarmants... On révèle que 58 % des
étudiants universitaires souffrent de détresse psychologique, un étudiant sur
cinq montre des symptômes dépressifs. Je peux vous dire que... souffrent
de détresse psychologique, pardon, et je peux aussi dire que, quand on compare
avec la population générale, les idées
suicidaires, c'est beaucoup plus important. On parle trois fois plus important
que dans la classe générale, et deux fois plus d'étudiants ont fait des
tentatives de suicide que la population générale.
Là-dessus, M. le
ministre, on a un constat très important, donc on doit agir promptement. Je
vais vous inviter, je sais que je vois déjà vos collègues se mettre à l'oeuvre,
on peut regarder ce qui a été fait à la loi n° 51,
puis j'aimerais déjà vous entendre puis vous laisser réfléchir d'emblée à
comment on peut outiller des universités, des cégeps pour vraiment avoir une directive très claire pour
donner les ressources, les outils et encadrer correctement les établissements d'enseignement
supérieur. Et là-dessus, nous allons pouvoir en jaser longuement dans un bloc.
Vous savez qu'une des
raisons que les étudiants, des fois, peuvent se sentir en état de détresse,
c'est l'isolement. D'autres, c'est aussi le
logement. Nos étudiants consacrent énormément d'argent pour payer leur loyer.
Et ça, c'est vrai non seulement à Montréal, mais
c'est surtout vrai en région. Pensez en Abitibi, pensez lorsqu'on va faire nos
études au cégep de Joliette. Pensez à ceux qui doivent être en résidence au
cégep de Gaspé, qui méritent un peu plus d'amour, parce que bien des établissements, leurs résidences datent de la même
époque que le cégep a été construit ou que l'université a été
construite.
À part le cégep de Valleyfield, qui dispose d'un
droit acquis pour la subvention gouvernementale du pied carré pour le maintien
d'actifs, aucun autre établissement d'enseignement supérieur ne détient ça.
Est-ce qu'il est temps aujourd'hui d'aider
nos réseaux collégiaux et universitaires pour le maintien d'actifs, pour à tout
le moins avoir des résidences de qualité, mais surtout sécuritaires?
Pourquoi je vous dis sécuritaires? Parce que lorsque les portes barrent mal,
bien, les risques sont beaucoup plus accrus d'agression. Lorsque vos fenêtres
datent de 40 ans, bien, c'est peut-être le temps de rénover puis d'ajouter
des meilleures fenêtres.
Parce que
tout ça, l'environnement dans lequel on vit a un impact sur nous. La santé
psychologique aussi de nos jeunes, il
ne faut pas l'oublier. Et là je vous parle de l'environnement, mais je vous
parle aussi du montant d'argent. Est-ce normal qu'aujourd'hui on a des
étudiants qui paient 800 $ par mois pour être logés? 800 $, c'est pas
mal cher. Et je vous le dis, ce sont
des étudiants. Ils n'ont pas nécessairement le temps de travailler et d'aller
aux études. Déjà que la performance est toujours très importante, souvent,
malheureusement, il y en a qui n'arrivent pas. Et par la suite, lorsqu'ils
cognent aux portes pour avoir de l'aide, bien, l'aide se fait attendre.
Alors, là-dessus, on a quelque chose à faire.
M. le ministre, rappelez-vous, je vous ai
interpelé lors de l'étude de crédits. Je vous ai parlé d'une étudiante, d'une mère monoparentale avec deux enfants, qui a
fait une demande d'aide financière aux études, que lorsqu'elle a rempli sa demande d'aide, elle a rempli une pile de
documents avec des analyses de médecins, diagnostiques. Elle a deux enfants, elle
étudie à l'Université de Sherbrooke en droit. Malheureusement, à plusieurs
reprises, elle a dû réduire sa tâche pour des raisons personnelles, médicales,
et aussi parce qu'elle a deux enfants qu'elle doit laisser avec ses parents à
Montréal et faire le trajet jusqu'à
Sherbrooke, étudier. La Loi sur l'aide financière aux études prévoit que, par
règlement, on peut accorder des délais supplémentaires. Ça lui avait été
refusé.
Lorsqu'on a fait l'étude des crédits, je vous ai
posé la question : Quels sont les motifs? Est-ce qu'on peut aller plus loin puis avoir des motifs raisonnables,
objectifs et, surtout, transparents? Je vous ai demandé aussi combien qu'il y
avait de dossiers comme elle qui ont
été refusés, et c'était au-dessus de 350, puis on s'était dit qu'on allait
travailler là-dessus. Mais le temps est venu de travailler là-dessus. Le
temps s'est écoulé, je crois que l'équipe ministérielle a eu le temps de regarder ce que je vous ai parlé, et comment
qu'on peut faire aujourd'hui pour améliorer ces critères en toute transparence.
Vous savez, je sais que l'heure n'est pas encore
au bilan sur les violences sexuelles, mais il y a quand même une université qui a décrié les manchettes,
l'Université Concordia. Là-dessus, je vous ai déjà parlé de cela. Je veux
savoir s'il y a eu un suivi qui a été fait. On en parlera tantôt.
• (10 h 10) •
Et finalement le PEQ, Programme de l'expérience
québécoise, qui a causé tout un émoi chez les étudiants internationaux mais aussi québécois, ceux qui sont ici, qui ont vu leurs
camarades de classe vivre l'impensable. Est-ce que je vais pouvoir rester? Est-ce que je vais devoir
partir? Est-ce que mon programme est bon? Est-ce que mon programme sera encore bon dans un an, dans deux
ans? Là-dessus, le leader, qui est aussi ministre de l'Immigration, a pris une
grosse partie du blâme, mais vous aussi.
Là-dessus, on va en parler car le ministre de
l'Immigration dit qu'il retourne à la
planche à dessin.
Sincèrement, pour avoir parlé avec plusieurs
personnes du milieu universitaire et collégial, plusieurs décrient la façon que ça a été fait et aussi la liste.
Alors, là-dessus, M. le ministre, je
m'attends à ce que vous nous déposiez vos avis, que vous avez
probablement déjà préparés lors du premier... lorsque la première fois ça a été
déposé, et j'aimerais savoir qui vous avez consulté, est-ce que les
consultations seront publiques après ça avec les partis d'opposition, tous les partis de l'opposition. Vous savez que c'est
un sujet qui est excessivement important pour nous, et aujourd'hui on cherche
aussi à vous entendre sur votre grande orientation pour la recherche.
Parce que
là-dessus, on sait... hier, on écoutait un témoin dit indépendant dans le
dossier Desjardins, qui est un professeur d'université à la Polytechnique. J'ai regardé la politique de recherche
de Polytechnique. Ils ont toujours dénoncé tout conflit d'intérêts. Vous comprendrez qu'on l'a appris sur
le banc, le conflit d'intérêts, mais la question se pose... est la
suivante : Comment se fait-il
que certaines universités qui reçoivent des fonds de recherche québécois et
canadiens en même temps peuvent recevoir des sommes colossales? Ici, on
parle de 1 250 000 $.
Alors, M. le
ministre, j'aimerais bien vous entendre, comment qu'on va s'assurer que nos
universités ne seront jamais à la remorque de l'industrie. Merci.
Le
Président (M. Tardif) : Mme la députée, merci. Je cède maintenant la
parole à M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
pour une période de 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci beaucoup, M. le
Président. Je veux remercier, avant de commencer, toute l'équipe qui
m'accompagne aujourd'hui, donc l'équipe des députés qui sont présents et
présentes avec nous et toute l'équipe aussi du ministère pour nous aider à
répondre de manière... le plus efficacement possible aux enjeux qui sont
soulevés.
Enfin, M. le Président, enfin, on parle
d'enseignement supérieur au salon bleu. On passe énormément de temps, mon
équipe et moi, autant l'équipe au cabinet puis l'équipe du ministère, les députés
qui m'accompagnent, à collaborer avec nos cégeps, nos universités, à les aider à développer leurs
projets, à aider les étudiants à aller au bout de leurs rêves, à
propulser l'économie québécoise. Puis au salon bleu, c'est le son des criquets.
Il n'y a pas de député de l'opposition qui nous interpelle, qui nous en parle,
qui nous questionne, probablement parce que ça va bien, hein?
Vous savez,
des fois, les questions visent plus à essayer de mettre en lumière les
supposées erreurs, ou les problèmes, ou
des enjeux qui sont soulevés par des groupes de pression. Mais, en enseignement
supérieur, M. le Président, le gouvernement a posé plusieurs gestes dans la dernière année. Est-ce que tout est
parfait? Bien non, tout n'est pas parfait, c'est sûr. Je veux dire, on est
toujours en processus d'amélioration continue et les dirigeants de nos cégeps
et de nos universités sont des gens créatifs, ambitieux pour leurs institutions. Alors, bien sûr, il y a toujours
plein de demandes puis plein de beaux projets sur la table à dessin. On
travaille à y répondre.
Le paradoxe, puis, bon, c'est un peu le jeu de
l'opposition, là, c'est d'essayer de dire que ça ne marche pas même quand ça marche. Et le titre de
l'interpellation, c'est quoi? L'absence ou le manque de vision en enseignement
supérieur. Bon, c'est presque drôle, parce qu'il y a définitivement
beaucoup de vision au sein du gouvernement et du ministère en enseignement supérieur. Puis quand on dit qu'il
y a de la vision, ça veut dire qu'il y a des valeurs cardinales qui guident les
orientations. On ne gère pas à la petite semaine, on sait où on s'en va, sur un
horizon même qui dépasse le mandat de l'actuel gouvernement.
Trois
valeurs, principes qui guident nos orientations, c'est la bienveillance, prendre soin du monde, prendre soin des étudiants et des étudiantes, prendre soin de
ceux qui oeuvrent dans le réseau, prendre soin des institutions. La
performance... parce que, oui, on veut un réseau d'enseignement supérieur performant. On met
les milliards dans notre réseau puis on veut que nos étudiants
aillent au bout de leurs rêves, on veut que nos étudiants diplôment le plus
possible puis on veut utiliser notre réseau d'enseignement supérieur comme un
levier de développement économique.
Donc, oui,
bienveillance, performance, agilité, et ça, disons que c'est tout un changement
par rapport aux dernières années,
d'avoir un gouvernement agile en enseignement supérieur, capable, à l'intérieur
de quelques mois ou à l'intérieur d'une année, de se poser une question, mais
de trouver la réponse, et de développer une politique, et de mettre de l'argent
pour la mettre en oeuvre.
D'habitude, c'est à peu près un mandat pour
chacun des éléments, là. Si on se fie aux 15 dernières années, là, pendant un mandat, on se pose des questions;
pendant l'autre mandat, on crée une politique; dans l'autre mandat, on trouve un
budget, si on n'est pas en période d'austérité. Puis des fois, bien, on
recommence, parce que finalement, ah, question,
politique... Ah! malheureusement, le ministre des Finances ou le premier
ministre trouve que c'est bien intéressant, mais ce n'est pas assez
important. Et l'argent, plutôt que d'arriver, est retiré du réseau de
l'enseignement supérieur.
Ça, c'est
l'histoire d'horreur des dernières années, mais, dans notre cas, ce n'est pas
ça. À l'intérieur d'une année, on
s'est posé des questions, on a trouvé des réponses, on a établi des politiques
puis on les a financées. C'est une petite révolution, ça, M. le
Président. Et, quand on parle à ceux qui oeuvrent dans le réseau d'enseignement
supérieur, dans les réseaux des cégeps, des
universités, bien, ils sont enthousiastes pour les années à venir. Bien sûr,
ils auraient voulu encore plus d'argent. C'est normal, je vous l'ai dit, ce sont des gens qui veulent bien faire,
ce sont des gens qui sont ambitieux pour leur réseau, et pour leurs
équipes, et pour leurs étudiants.
Mais l'espoir est de retour dans le réseau
d'enseignement supérieur. Les cégeps, les universités, les gens qui oeuvrent à
l'intérieur, les étudiants sentent qu'ils ont de l'écoute au gouvernement. Ça
se manifeste de plusieurs façons. Je reviens
sur quelques thèmes : bienveillance, performance, agilité. Bienveillance,
bien, ça se manifeste par une ouverture du côté du gouvernement pour s'attaquer très rapidement
au problème de la santé psychologique, ou des problèmes d'angoisse, ou d'inquiétude
que vivent nos étudiants.
On en parlait
à la fin du dernier mandat, on en a parlé en campagne électorale, on est
rendus au moment où on développe nos politiques et, bientôt, on va les
financer. Pas dans un deuxième mandat ou dans un troisième mandat, dans ce
mandat-ci, ça va changer. Ça, c'est de la bienveillance. Ce n'est pas un comité
sur un rapport, sur un chantier, sur une
table de travail, puis l'important, c'est d'avoir un rapport, puis un ébéniste,
faire une tablette pour le mettre dessus, là. On va arriver avec quelque
chose de concret, bienveillance.
Bienveillance
aussi, ça s'est manifesté parce qu'on a écouté les étudiants et les étudiantes
qui, dans la dernière année, ont pris
des moyens pour se faire entendre, parce qu'ils vivaient une grande précarité
financière, particulièrement les jeunes femmes, particulièrement des
stagiaires. On aurait pu dire : Non, non, non, on a un programme de prêts
et bourses généreux, faites vos études. On n'a pas eu cette attitude-là
du tout. Rapidement, on a dit qu'on allait trouver des solutions. Ça ne faisait pas deux mois que j'étais titulaire de
cette fonction que j'avais déjà mandaté mon équipe de faire une grande tournée,
d'écouter les associations étudiantes, mais aussi les dirigeants
d'établissement scolaire, aussi les gens du patronat, aussi les ministères qui accueillent les stagiaires. Ils ont dit :
O.K., on fait un état des lieux, parce que ça me prend une solution à ce
problème-là. On ne balaiera pas ça sous le tapis.
Bienveillance, parce que non seulement on a
trouvé la solution, mais on a élaboré la politique. On est allés voir les gens aux Finances et du côté du premier
ministre, on a obtenu les budgets, et ça n'a même pas pris un an. Ça a pris
quoi, neuf mois? Neuf mois puis on
avait accouché d'une politique financée, et le bébé, maintenant, est bien
portant. On a maintenant quelque
chose qu'on n'avait absolument pas : un programme de bourses à la
persévérance et à la réussite pour nos stagiaires, quelque chose qu'on a
financé avec plus 35 millions de dollars, de l'argent neuf. On n'est pas
allés couper à gauche pour financer ça, et ça s'applique maintenant. L'an
passé, on vivait le problème. Cette année, on est en train d'implanter la
solution. Ça, c'est de la vraie bienveillance. Ce n'est pas des discours, c'est
des actions. Donc, oui, il y a de la vision, il y a des principes, mais ça se
décline dans quelque chose qui s'applique directement.
• (10 h 20) •
Performance,
performance, comme dans : On revoit la formule de financement de nos
cégeps puis on leur permet d'être efficaces dans quelque chose qu'ils
faisaient bien, mais pour lesquels ils n'étaient pas reconnus : la
recherche. Pendant des
années, ils étaient à la fois sous-financés et mal financés. Ça veut dire pas
assez d'argent, mal réparti. On les a mieux
financés puis on a changé notre façon de financer notre réseau collégial. On a
reconnu, pour la première fois, la mission recherche. Et là on leur permet d'être plus performants dans quelque chose qu'ils faisaient déjà bien, ça, c'est de la performance.
Agilité,
comme dans être capable de se retourner rapidement, d'écouter les
gens, pas d'imposer des politiques, là, parce que le ministre a une idée,
consulte deux, trois conseillers, puis il implante quelque chose. Non, agilité,
comme dans arriver avec une solution qui répond à des besoins. J'ai parlé des
stagiaires bien sûr aussi, je pourrais parler aussi de l'internationalisation de nos universités. Le précédent gouvernement libéral est arrivé avec une réforme de financement de nos universités
bâclée, où on déréglementait les frais de scolarité puis on disait : Bien,
au plus fort la poche. Puis tout le monde savait que les plus forts, là,
c'étaient McGill, Concordia, qui allaient, eux, remplir leurs facultés, remplir
leurs universités. Puis nos universités francophones, on a dit : Il va y
avoir de l'argent pour vous, si vous allez chercher des étudiants. On sait que vous n'irez pas, mais, si vous allez les
chercher, on va vous les financer. C'était n'importe quoi.
On est allé les voir, nos universités, on a
discuté avec eux autres. On n'a rien enlevé au réseau anglophone. Tant mieux s'ils déploient leurs ailes puis ils
attirent des étudiants de partout, mais on a outillé notre réseau francophone pour
qu'il puisse aller chercher des étudiants internationaux. Ça, c'est de
l'agilité. Donc, ce n'est pas de s'attaquer à ce qui fonctionne, c'est de
s'attaquer à ce qui fonctionne moins bien, c'est d'outiller notre réseau
francophone pour qu'il puisse aller au bout de ses rêves.
Donc, M. le Président, je suis bien content de pouvoir parler avec mes collègues qui vont
pouvoir exposer chacun de ces thèmes-là de belle façon, de la vision
qu'on a ici, partagée par l'ensemble du gouvernement, puis de l'ambition qu'on
a pour notre réseau collégial, universitaire : bienveillance, performance,
agilité.
Argumentation
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant
procéder en alternance aux interventions de cinq minutes, selon les
séquences suivantes : un député de l'opposition, le ministre, un député de
groupe formant le gouvernement, et ainsi de suite. Première intervention, Mme
la députée de Saint-Laurent, vous avez la parole pour un maximum de cinq
minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Bienveillance,
alors commençons par votre première valeur. Vous avez reçu une lettre... un, je vous ai parlé, le 2 mai
dernier, lors des crédits détaillés, d'une étudiante de l'Université de
Sherbrooke. Elle vous avait déjà écrit
auparavant, elle vous a réécrit par la suite, le 23 mai 2019. Elle vous a
réitéré votre aide. Elle vous a demandé votre support.
Et
permettez-moi de vous lire une des dernières qu'elle vous a envoyées. «Bonjour,
M. le ministre de l'Éducation, Mme la
ministre déléguée de l'Éducation. Ce message est en lien avec mon dossier de
demande de dérogation qui persiste depuis
un an. Ainsi, exposé dans ma lettre ci-jointe, je ne peux plus attendre, j'ai
besoin d'une réponse, à défaut d'une aide immédiate. En effet, par
vous-même, le 2 mai dernier, malgré toute ma situation difficile, j'ai une
force de résilience assez étonnante, voire
surréaliste. À cette même occasion, vous ajoutez que pour que le diplôme
devienne payant, on doit l'obtenir. En disant cette phrase, vous
reconnaissez implicitement, selon moi, que vous contribuez à ma non-réussite,
et ce, soit en prenant beaucoup trop de temps pour me répondre ou en me
refusant l'aide financière aux études.
«La seule chose qui m'empêche de réussir est mon
manque de ressources financières. Vous avez été informé de ma situation par moi
ou par l'entremise d'une tierce personne. Vous êtes bien avisé des imprévus que
j'ai vécus et qui sont d'ailleurs extérieurs
à ma volonté. Je suis encore au bac en droit. Là, où en sont les choses, ce
n'est plus ma seule volonté que je suis toujours dans le programme. La
direction de ma faculté de droit a compris ma situation particulière et en fait
foi. Elle a adopté l'objectif de ma réussite comme sienne. Pour elle, pour
reprendre vos mots, M. le ministre de
l'Éducation, mon diplôme sera payant parce que nous sommes déterminés à ce que
je l'obtienne. Votre cabinet par contre semble déterminé à ne rien
faire, pas le moindre compromis, allant jusqu'à l'absence de réponse à mes sollicitations.
«Une autre
chose, M. le ministre, beaucoup d'étudiants ont besoin d'aide additionnelle.
Plusieurs feraient une demande de
dérogation si l'information leur était donnée. Les personnes qui travaillent
pour le ministère de l'Éducation ne divulguent pas cette information. Il faut
trouver l'information par soi-même, et beaucoup d'étudiants ne le font pas.
Donc, pour le peu de personnes pour
qui cette demande est acceptée, il y a ceux qui sont en droit de l'obtenir, et
il y a ceux qui sont en faculté de
médecine, car je crois qu'ils sont considérés plus rentables. Un programme
comme le mien, le droit, je crois, est moins essentiel dans cette
logique. En plus, il fait abstraction de leur taux d'endettement, alors que le
mien, non.
«Moi, j'ai
fait ma demande parce que j'ai trouvé les informations. Je ne compte pas faire
une généralité en exposant ce qui précède, mais seulement vous préciser
ce que je connais et que je crois, vu de mon expérience actuelle. Il serait
dommage que le gouvernement, en plus de chercher à cacher cette ressource, ne
prenne pas des décisions arbitraires. Vous
pouvez me montrer que j'ai tort de penser ainsi. Depuis mon retour aux études,
l'aide financière aux études a toujours été ma principale source de
revenus. Juste pour chiffrer cette réalité, c'est plus ou moins
20 000 $ de prêts et bourses, et je ne l'ai pas reçue depuis août
2018.» Là, on est rendus en mai 2019 lorsqu'elle vous écrit.
«Vous avez
une enveloppe de 21 millions de dollars que vous avez promis d'utiliser
pour aider les étudiants en besoin. Je suis cette étudiante dans le
besoin. Je ne vous demande pas un don d'argent venant des fonds publics mais
seulement ce à quoi j'ai droit depuis une
année, sous forme de prêts et bourses, le seul objectif étant pour que je puisse
terminer mes études.
«Présentement,
j'ai une dette avec l'Université de Sherbrooke depuis la session d'automne
2018. En conséquence, je ne peux pas m'inscrire à la session d'été.» Il
lui reste trois cours. «Lors de l'assemblée de commission du 2 mai, Mme la
députée de Saint-Laurent vous a parlé du contexte étudiant. Vous savez
peut-être que je suis présentement à deux semaines de mes examens intra. Je ne
sais même pas comment je vais faire pour me déplacer à mes examens. Pire encore, je ne sais
pas comment je vais faire pour acheter mes livres pour mon examen. Il me reste
25 $ dans mon compte en date d'aujourd'hui. Dites-moi comment je
peux faire.»
Il
s'agit d'une mère avec deux enfants, monoparentale. L'aide financière aux
études, on l'a appris, c'est 9 % des appels qui sont reçus. Elle
n'a jamais su, par l'aide financière aux études, comment ça se fait qu'elle a
été rejetée, sa demande de dérogation. Les critères ne sont pas transparents.
M. le ministre, son
dossier était épais comme ça. Je l'ai vue, je l'ai reçue à mon bureau avec ses
deux enfants. Elle a pleuré dans mes bras.
Je vous demande ce que je vous ai demandé le 2 mai dernier. Ça nous prend
des critères objectifs, transparents, et vous devez publier désormais
les décisions. Vous pouvez passer par règlement. Vous n'êtes pas obligé de passer par la loi. Vous avez le pouvoir de
changer... et vous avez renversé 20 millions de dollars l'an dernier vers
le fonds consolidé du montant d'aide financière aux études. On aurait pu
utiliser cet argent pour aider tous les autres étudiants qui, eux, leur demande
de dérogation a été rejetée de façon pratiquement arbitraire, parce qu'on ne
sait même pas ce sont quoi, les critères pour ne pas avoir donné une dérogation
pour des causes humanitaires.
Alors, M. le
ministre, j'ai envie de vous entendre.
Le Président (M.
Tardif) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Il y a un programme d'aide financière aux études,
qui est balisé, qui est bien connu, qui est
le plus généreux en Amérique du Nord, et notre système de prêts et bourses.
Puis il y a des cas particuliers qui surviennent fréquemment, et c'est pour ça
qu'il y a un comité qui analyse exactement ces demandes-là, qu'on
pourrait dire des demandes dérogatoires.
En
2018‑2019, il y a eu 2,5 millions de dollars qui ont été versés en aide
dérogatoire, et ça, c'est une hausse de presque 18 % par rapport à l'année
précédente. C'est une hausse incroyable. Quel budget augmente de 18 % en
une seule année au gouvernement du Québec? Donc, pas besoin, là, de
faire trop de magie, trop de calculs, là. On voit bien que, depuis qu'on est
arrivés, il y a plus de demandes d'aide dérogatoire qui font... quand on sort,
là, des sentiers battus. Donc, plus
d'humanisme, plus d'humanité, plus d'écoute, plus de cas particuliers qui sont
regardés depuis notre arrivée.
Maintenant,
il faut prendre garde quand même, il faut se fier à des critères. C'est pour ça
qu'il y a... C'est un comité qui analyse tout ça, qui fait ses
recommandations. C'est quelque chose qui est fait avec rigueur et c'est
important. Et notre programme de prêts et bourses tient compte déjà, sans même
aller dans la question des dérogations, des situations particulières. Bien sûr,
ce n'est pas parfait. On améliore chacun de nos programmes à chaque année, en
tout cas, depuis le 1er octobre 2018. C'est notre vision.
• (10 h 30) •
Il
est possible d'avoir toutes sortes d'enveloppes, de soutien supplémentaire,
quand on est titulaire, là, d'une famille, des mesures d'aide à la
famille. Toutes ces mesures-là, là, ensemble, ça représente près de
300 millions de dollars annuellement,
M. le Président. Donc, on en fait déjà pas mal dans les cadres qui sont normés,
en plus des demandes dérogatoires qui,
elles, ont augmenté, en une seule année, de presque 18 %. Maintenant, la
possibilité de poursuivre ses études à temps partiel tout en demeurant admissible au Programme de prêts et bourses,
c'est quelque chose qui a été bonifié dernièrement. Et cette seule mesure là, c'est 113 millions,
113 millions pour permettre à des gens qui ont peut-être d'autres
obligations, justement, d'étudier à temps partiel et de recevoir de
l'aide.
La
prise en compte des frais de garde selon ce qu'il en coûte pour une place
subventionnée dans un service de garde à
l'enfance, c'est 83 millions que le gouvernement verse pour tenir compte
des frais de garde d'enfant quand on a des enfants en jeune âge et qu'on est étudiant.
L'admissibilité à une aide financière au cours de la période d'été, même si la
personne n'est pas aux études...
Quand même! L'admissibilité à de l'aide financière au cours de l'été, même si
la personne n'est pas aux études, ça, c'est 56,6 millions que le
gouvernement verse pour des étudiants pendant l'été.
Donc, je pense que le
gouvernement en fait déjà beaucoup. Et malgré tout ça, il y a toujours des cas
particuliers, des gens qui ont un parcours
particulier ou qui peuvent avoir un enjeu ou un problème de santé, que ce soit
santé physique ou un défi de santé mentale, un épuisement, mais c'est
pour ça aussi qu'il y a les mesures dérogatoires puis la possibilité de faire
une demande d'exemption, une demande qui est étudiée, pour des cas
humanitaires.
On parlait tantôt de
quelqu'un qui pourrait être monoparental. Bien, l'aide supplémentaire pour le
ou la cheffe de famille monoparentale, bien,
c'est un programme de 18 millions de dollars. Puis c'est toujours
annuellement, ce que je vous dis, M. le Président. Donc, on voit bien
qu'il y a, dans le programme, toutes sortes de mesures qui tiennent compte des situations particulières des étudiants
dans notre système d'aide financière aux études. Ceci dit, et j'en ai parlé avec des gens du ministère, des sous-ministres
adjoints, on est toujours en train d'améliorer notre système d'aide financière
en parlant avec nos institutions qui côtoient les étudiants tous les jours,
mais en parlant aussi aux associations étudiantes qui ont le mandat de les
représenter, qui parlent en leur nom et qui voient entrer dans leurs bureaux,
dans leurs locaux d'association étudiante, des gens, des fois, qui sont en
détresse ou qui ont besoin d'aide particulière. Et c'est pour ça qu'on
accueille favorablement plusieurs de ces demandes d'aide particulière. M. le
Président, on est un gouvernement bienveillant. Merci.
Le Président
(M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Alors, je cède maintenant la
parole au député de Saint-Jean.
M. Lemieux :
Merci beaucoup, M. le Président. Salutations à tous les collègues ici pour
cette interpellation.
M.
le ministre vient de dire qu'on est dans la bienveillance, mais on n'est pas
non plus dans le déni. On a bien entendu cette semaine tout ce qui a été
dit autour de cette question de la santé mentale dans les universités et dans
les cégeps pour les étudiants en général. Ça fait beaucoup jaser. C'est le
genre de sujet qui, vraiment, s'enflamme dans les médias, et il y a une bonne
raison pour ça, on est dans l'humain. Alors, parlons-en.
Ça serait un lieu commun que de dire
qu'on vit dans une société de performance. On se le dit régulièrement entre
nous, ça change extrêmement
rapidement, et le problème croît. La société valorise la compétition, la
productivité, le succès personnel, le succès affectif, le succès
financier. Ce sont des éléments, ça, et c'est un lieu commun que de le dire
quand même, qui favorisent le dépassement,
l'atteinte d'objectifs ambitieux. C'est une bonne chose en soi, mais, comme
toutes les bonnes choses, l'excès a des effets pervers, et c'est un bon
cliché que de le dire, trop, parfois, c'est comme pas assez.
La
réalité vécue par les étudiants actuels est différente de celle de leurs
parents parce que la société est différente. Le contexte social, économique,
environnemental et, bien évidemment, technologique a radicalement changé et
continue de changer à la vitesse grand V. C'était générationnel à
l'époque, en tout cas à l'époque d'il y a quelques générations, dont la mienne, où on était fier de dire qu'on
envoyait ses enfants à l'université pour la première fois. Mais même si on est
déjà allé à l'université, quand un jeune adulte arrive à l'université ou au
cégep, c'est sa première fois de toute façon. Et
entre le marché du travail, le succès dans les études, l'effet parfois trompeur
des réseaux sociaux, la pression ressentie par les jeunes générations
est préoccupante.
Bref, plusieurs
enquêtes... La députée de Saint-Laurent parlait de ces révélations cette
semaine, d'un grand sondage de l'UEQ, mais
il n'y a pas juste l'UEQ. Plusieurs enquêtes sur le terrain dressent, depuis un
bon moment déjà, un portrait inquiétant de la santé émotive et
psychologique des étudiants. Je vous en souligne quelques-unes au passage.
Cégep Bois-de-Boulogne, 2014, 12 000 cégépiens, 35 % d'anxiété
fréquente, 18 % ont des pensées suicidaires. Toujours à Montréal, la Fédération des associations étudiantes du campus
de l'Université de Montréal a réalisé un sondage en 2016, 10 000 étudiants. 22 % vivent avec des symptômes
dépressifs, tentatives de suicide deux fois plus élevées que pour la
population québécoise.
Ça,
c'est une chose qu'il faut dire quand même, dont il faut se souvenir quand on
parle de statistiques, toutes choses étant
relatives par ailleurs. Les chiffres, parfois, sont impressionnants, mais
encore faut-il aussi comprendre que chez n'importe quels jeunes qui ne sont pas ni au cégep, ni à
l'université, il y a quand même des taux élevés, mais c'est beaucoup plus élevé
pour les jeunes universitaires. La même année — donc,
on était en 2016 — la
Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie du Québec publie une
enquête sur les conséquences du stress. Presque 20 %, 18,9 %,
augmentation de la consommation d'alcool; 7,4 %, augmentation de la consommation
de médicaments non prescrits ou de drogues.
Ce n'est pas d'hier, ce n'est pas nouveau, mais oui, il faut l'admettre, ça
s'amplifie. D'ailleurs, l'Union étudiante du Québec vient donc de publier Sous ta façade, 23 000
répondants. Un étudiant sur cinq montre des symptômes dépressifs, trois
fois plus d'étudiants ont des idées suicidaires que la population générale.
Qu'est-ce
que le gouvernement fait? Bien, on ne se cachera pas la tête dans le sable, on
va prendre nos responsabilités, on ne fera pas du déni. Notre gouvernement a
l'intention de collaborer avec l'UEQ, l'Union étudiante du Québec, et
l'ensemble des partenaires du réseau universitaire pour trouver des
solutions à cette problématique importante. On a déjà tenu deux forums — ce
n'est pas banal — deux
forums en santé mentale, un sur les jeunes en particulier au printemps, l'autre
sur les adultes. Et, conclusion de ces forums de cet automne en particulier, la
ministre de la Santé et des Services sociaux
a annoncé le déploiement du Programme québécois pour les troubles mentaux, qui
fait partie intégrante du nouveau programme d'accès et d'accompagnement
en santé mentale, dans cinq régions, et ça va être déployé l'an prochain
partout ailleurs au Québec.
La
seconde phase, donc, s'en vient. La ministre a aussi annoncé 20 millions
pour vider les guichets d'accès. C'est quand même vider les guichets d'accès, c'est important. Et le
ministre délégué, lui, a annoncé 20 millions pour l'expansion du
programme Aire ouverte, des lieux de consultation, information et partage
destinés aux jeunes.
Je le répète, il
n'est pas question de se cacher dans le sable ou d'être dans le déni. Il faut
agir. Je viens d'entendre la liste que le
ministre faisait de l'aide qu'on donne aux étudiants. Ça reste énorme, le
problème est énorme. Il va falloir continuer de travailler, et c'est ce
que notre gouvernement entend continuer de faire. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le député. Je vais céder maintenant
la parole à la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Honnêtement, je suis un peu surprise de la réponse du ministre
par rapport à ma première intervention concernant un motif de dérogation pour
des raisons humanitaires. Le 2 mai dernier, il a dit qu'il allait
travailler de façon sérieuse pour y mettre des critères. Je n'ai rien entendu
d'un commencement de réponse sur des critères transparents de façon rapide.
Honnêtement, 2 mai, on est rendus au mois de novembre. M. le ministre, là-dessus, sincèrement, on a besoin de travailler.
Je vous dis, là, c'est plus de 350 étudiants en moyenne par année qui se
font refuser l'aide financière aux
études pour des raisons humanitaires et là-dessus vous n'avez même pas été en
mesure de faire un suivi adéquat.
Alors que la jeune étudiante mère monoparentale avec plusieurs diagnostics
médicaux, elle vous a interpelé à plusieurs reprises, vous n'avez même
pas fait un accusé de réception. Je n'en reviens pas.
• (10 h 40) •
On
va continuer, parce que la FECQ, la Fédération étudiante collégiale du Québec,
aussi a envie de vous entendre. Elle nous écoute. Vous savez, ça fait
quand même quelques années que la FECQ suit tout ce qui se passe en matière de
l'encadrement des stages. Il y a une pétition qui a été déposée le 1er mai
2019, 1 645 signataires. Ça a été déposé par
le député de Gouin, et nous l'avons saisie avec le député de Nelligan en séance
de travail, de l'économie et du travail, le 16 mai. Le 16 mai,
lors des échanges, on est revenus sur certaines affaires dont on a parlé,
notamment les stages pour la FIDEP. Ça, c'était réglé. Mais, par la suite, on
est revenus sur comment on fait pour encadrer, avec les lois sur les normes du travail, correctement nos
stagiaires, et, à notre grande surprise, on nous a dit : On travaille sur
un projet de loi. Et nous, on a
dit : O.K., mais pouvez-vous nous dire c'est qui qui travaille sur ce
projet de loi? Et là c'était un petit peu difficile à comprendre, qui
qui travaillait là-dessus.
Première
question : Êtes-vous au courant? Deuxième question : Est-ce que vous
aussi, vous travaillez? Troisième
question : Est-ce que les partis d'opposition vont pouvoir collaborer avec
vous? Parce que c'est clair qu'on veut participer et
on veut vraiment bonifier. Je vous mets en contexte les problématiques qui ont
été notamment soulevées par la FECQ, la recherche recense assez justement les
principaux obstacles rencontrés par les stagiaires sous les plans de l'encadrement de leurs exercices et de la
réalisation de leurs stages. D'abord, l'IREC démontre que 22,4 % des
stages sont réalisés sans aucun contrat stipulant les modalités
d'exercice qui sont prévues. Ça, M. le ministre, c'est comme si vous et moi, on rentrait travailler, mais on ne
connaît pas nos conditions de travail. Vous comprendrez que ce n'est pas très réglementaire. Cette statistique met en
lumière un important flou quant aux limites, aux recours et aux attentes qui
encadreront le stagiaire dans le cadre de son expérience.
De
plus, plusieurs anciens stagiaires disent avoir connu un manque de supervision,
soit au sein du milieu d'exercice, au
moment de la recherche d'un milieu de stage ou encore dans le suivi quotidien
des tâches effectuées. Nous retenons de cela que la supervision, sous
toutes ses formes, ne se révèle pas toujours suffisante ou suffisamment
outillée pour se montrer pleinement utile, qu'elle soit sous la responsabilité
de l'établissement d'enseignement ou du milieu de stage.
Par la suite, la
recherche pointe du doigt différentes lacunes quant aux conditions de
réalisation des stages. 35,2 % des
stagiaires disent avoir rencontré des difficultés particulières lors de leurs
expériences. Parmi ces motifs, les questions financières se sont avérées
des irritants pour 61,5 % des répondants. En effet, des règles démontrent
que la conciliation du temps d'étude, de travail et de stage est un défi
important pour la communauté collégiale. Des stagiaires ont moins de temps pour occuper un emploi. Nous savons
également que 14,4 % de la population collégiale vit avec des difficultés financières, 18,4 % dans le secteur
technique, et que 30,8 % d'entre elles ciblent un emploi de subsistance
comme principal financement de leurs études. C'est presque un tiers, M.
le ministre.
La recherche nous
apprend aussi que 77 % des stages ne sont pas rémunérés. Donc là, ça veut
dire qu'on envoie nos étudiants... Certains
d'entre eux, durant leurs cursus, ont des cours et, là-dedans, ils ont des
stages à faire. Ils ne sont pas rémunérés, mais ils doivent continuer à
travailler au café étudiant, ou dans la restauration, ou dans d'autres milieux,
tout en continuant à aller à l'école, faire leurs stages non rémunérés, et
payer leur loyer.
La
FECQ vous a fait une proposition d'un cadre légal aussi pour encadrer les
stages et leur donner droit au chapitre en vertu de la Loi sur les normes du
travail. J'aimerais avoir un engagement clair, aujourd'hui, de votre part, pas
des réponses qui disent que vous
travaillez là-dessus, un engagement clair. La FECQ a fait un travail très
sérieux avec l'Union étudiante du Québec. Elles vous ont préparé un
projet de loi, vous pouvez le prendre. Je l'ai regardé. Sincèrement, c'est
justifié, et ce serait un grand pas pour
vraiment aider nos étudiants, et j'aimerais voir comment qu'avec vous on est
capables aussi d'ajouter les autres stages, qui ne sont toujours pas
rémunérés, dans la liste.
Le Président (M.
Tardif) : Merci, Mme la députée. La parole est maintenant à M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. La question des conditions de stage ou des bourses
de persévérance et de réussite, une question qui est importante, c'est quelque
chose qui a commencé... on a eu des balbutiements, là, sous le dernier gouvernement libéral. C'est une bataille qu'on a faite,
je me souviens, j'étais dans l'opposition, j'étais avec les associations étudiantes, pour reconnaître,
disons, l'évidence, avant même, là, de faire le travail exhaustif que nous
avons fait et qu'ils n'ont pas fait.
Mais il y avait quand même une évidence, là, qui était le stage quatre en
éducation, où là il y avait plus de
sept semaines de prise en charge, des centaines et des centaines d'heures où le
stagiaire n'était pas en observation ou même en apprentissage, il était
en prise en charge. Et ayant accueilli moi-même, comme enseignant, des
stagiaires à leur dernier stage en
enseignement, je le savais bien, puis je me souviens d'avoir eu des discussions
avec la ministre précédente en
éducation supérieure, Mme David, qui nous disait : Non, non, non. Puis
finalement, la dernière année avant l'élection... c'est-u drôle, avant
l'élection, il s'en passe-tu des affaires, hein? Finalement, juste avant
l'élection, ils ont vu la lumière puis ils ont créé, finalement, la bourse de
stage quatre en éducation.
On
a poursuivi ce travail-là puis on est allés beaucoup plus loin. Nous, on a fait
le travail exhaustif de faire le tour de
l'ensemble des formations, de l'ensemble des stages. Et c'est vrai, il n'y a
pas de rémunération, il n'y a pas de salaire aux stagiaires, puis il faut être
un petit peu rigoureux que de dire : Tout pareil pour tout le monde, tout
le temps, pas grave combien ça coûte, pas grave les contextes de stages.
Il faut être un petit peu, je dirais, sérieux que ça.
Donc, pour nous, être
sérieux, c'est prendre plusieurs mois pour faire le tour d'une question puis,
après ça, régler la problématique. Ce n'est pas balayer sous le tapis en
disant : Si c'est trop compliqué, on ne s'en occupe pas, ou banaliser la situation. Donc, on a, en
quelques mois... Puis je remercie vraiment sincèrement l'équipe qui est autour de moi parce qu'ils ont travaillé extrêmement fort pour consulter tout le monde puis arriver avec quelque
chose qui était adéquat.
Et
on ne peut pas quand même entendre les gens, les représentants du Parti libéral dire : Ah! bien là, c'est terrible parce qu'il y a des stagiaires qui ne sont pas rémunérés. Il faut se
souvenir de ce qu'ils disaient il y a un peu plus d'un an, là, il
n'était pas question de rémunérer personne, hein?
Nous sommes ceux qui
avons créé des bourses de persévérance et de réussite dans énormément de
domaines et nous sommes ceux qui avons
budgété la solution pour ajouter plus de 35 millions de dollars, pas une
année, de manière récurrente pour
soutenir nos étudiants et étudiantes, mais en majorité des jeunes filles, nos
stagiaires, dans le dernier stage, qui est bien souvent le stage qu'on pourrait
appeler de travail, ou le stage de prise en charge, ou plutôt le stage de mise
en oeuvre des compétences, où là les gens mettent énormément d'heures
puis aussi rendent des services.
Il
n'y avait pas de chose qui... Il n'y avait pas de programme et il n'y avait pas
d'argent... encore moins d'argent, hein, on niait le problème. Il n'y
avait pas de programme, ça fait qu'il n'y avait pas d'argent sous les
précédents gouvernements, évidemment.
Là, on a les trois
puis on a quelque chose qui est mesuré, et qui vient répondre aux besoins, qui
vient diminuer la précarité financière des étudiants de manière très
importante, et qui vient envoyer un signal aussi de persévérance. Ne lâchez pas, poursuivez vos études. Ce que vous
faites, c'est important. Le gouvernement reconnaît cette importance-là, et
à votre dernier stage, juste avant la diplomation, là où on va vous en demander
le plus, là, vous allez être capables de mettre en oeuvre
vos compétences et vos connaissances. Là où on va vous demander de rendre des
services, bien, il y aura cette bourse de persévérance et de réussite. C'est un
message extrêmement important qu'on envoie.
Puis
c'est beaucoup des jeunes femmes qui vont en bénéficier. Rien contre les jeunes
hommes qui font des stages, mais, quand on regarde les stages qui n'avaient
aucune forme de compensation ou de bourse, c'était... Quand on regarde, au fil des années, les derniers gouvernements nous
avaient laissé cet héritage-là qui était, il faut le dire, un peu
discriminatoire, et on est allé
régler ce problème-là. Et on est allé avec quelque chose qui est très
intéressant parce qu'on touche les formations universitaires mais aussi nos formations collégiales et aussi la
formation professionnelle. Personne n'était allé là avant nous autres.
Donc,
en FP, dans nos commissions scolaires — on ne parle plus juste d'enseignement
supérieur — il y a
maintenant des stages de FP qui se
qualifient pour des bourses de persévérance à la réussite au dernier stage, et
on est très fiers de ce qu'on a fait.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Je vais céder
maintenant la parole à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Madame.
Mme
Foster : Merci, M. le Président. Je vais prendre la balle au bond sur
cette discussion extrêmement intéressante que nous avons actuellement
sur les stages, les stagiaires.
Quand
on parle d'avoir une vision, bien, c'est certain qu'au cours des
15 dernières années, mon collègue le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur vient de le mentionner, il n'y en avait pas de
programme, il n'y en avait pas d'argent.
On fermait un peu les yeux sur une problématique qui était la suivante :
On avait des gens qui occupaient des postes et qui faisaient des tâches
semblables à un travailleur mais qui n'avaient aucune compensation.
Donc, quand on parle
d'avoir de la vision, bien, notre gouvernement, à notre arrivée au pouvoir, on
a dit : Écoute, c'est un problème qu'on
doit adresser, et déjà le ministre y avait répondu partiellement, et on a
continué à le faire au fil des mois avec le budget et après le budget.
On
a bien entendu, parce qu'on est un gouvernement à l'écoute, cette mobilisation
étudiante là du printemps dernier et
on a agi parce qu'on a d'abord dressé un portrait détaillé. Il fallait d'abord,
comme le ministre l'a souligné, faire un portrait, établir un portrait
de la situation pour ensuite savoir sur quel pilier on pouvait agir comme
gouvernement.
Les
solutions avec lesquelles on est arrivés, j'en profite pour les détailler de
façon un peu plus soutenue, ça tient compte
des préoccupations des partenaires du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, dont les regroupements étudiants, entre autres, mais également les établissements
d'enseignement, les partenaires du marché du travail et les autres
ministères concernés.
À la suite de ces
travaux-là, il y a plusieurs solutions qui ont été proposées. Elles visent,
entre autres, à favoriser la persévérance, la
réussite scolaire, l'accessibilité aux études également et la qualité de
l'expérience des étudiantes et des étudiants en stage.
• (10 h 50) •
On
parle, tout d'abord, de la production d'un guide d'accompagnement pour la
rédaction des conventions de stage. Ce document-là est destiné aux
établissements d'enseignement. Ça permet d'établir des normes qui portent sur
des aspects tels que le nombre d'heures de stage par jour, par semaine,
les modalités de cessation d'un stage, les assurances dont bénéficient
l'étudiant pendant son stage ou encore les bonnes pratiques en matière
d'encadrement pédagogique.
Notre
gouvernement a aussi bonifié de 5,6 millions de dollars le Programme de
prêts et bourses pour mieux répondre aux
besoins des bénéficiaires qui réalisent des stages. Par exemple, un montant est
maintenant accordé pour le matériel scolaire et les frais de subsistance
ont été ajustés pour mieux prendre en compte les frais de logement des
étudiants qui doivent louer une seconde
résidence pour effectuer leurs stages, parce que c'est souvent le cas. Le
montant de l'exemption des revenus de bourse a aussi été augmenté de
5 000 $ à 7 500 $. Donc, on fait des gains appréciables.
Les stagiaires de
certaines formations spécifiques en éducation, en santé, en services sociaux
bénéficient, depuis cette année, d'un
nouveau programme de bourses qui encourage la persévérance, la réussite
scolaire. C'est quand même un montant de 30 millions, là, qui a été
consenti à cette enveloppe-là, à ce nouveau programme là. Par exemple, le
baccalauréat en sciences infirmières va donner droit à une bourse additionnelle
de 2 800 $ et les baccalauréats, les maîtrises en enseignement à
une bourse additionnelle de 3 900 $. Je le répète, on est parti de
rien, on est rendu à ça.
Au total, ce sont
17 000 étudiants inscrits dans 16 programmes de formation de
niveau professionnel, collégial, universitaire
qui bénéficient cette année d'un programme de bourses. Les formations ciblées
par le programme conduisent à
l'exercice de professions qui comportent certaines particularités, notamment
une rareté de main-d'oeuvre significative, parce qu'il faut en tenir
compte. Ces particularités-là correspondent aux critères qui ont été retenus
par les membres du comité interministériel
sur les stages qui ont été utilisés par les experts du ministère de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur et du ministère de la Santé également et
des Services sociaux pour sélectionner les formations qu'il fallait inclure
dans le programme.
Ces critères vont
comme suit : le fait que les personnes qui exercent ces professions ont
une incidence directe sur un bassin d'utilisateurs des services publics,
parapublics, communautaires, la rareté relative de la main-d'oeuvre dans les professions, les difficultés de
regroupement dans les milieux publics également, le fait que les étudiants qui
réalisent les stages prévus dans les
programmes d'étude qui conduisent à l'exercice de ces professions ne sont
habituellement pas rémunérés ni soutenus financièrement.
Donc, depuis cette
année, grâce à ces solutions-là qui ont été mises de l'avant par notre
gouvernement, il y a quand même quatre fois plus d'étudiants qui ont droit à
des compensations financières pour leur stage en éducation, en santé, en services sociaux. Ce n'est pas rien,
et ça montre bien que l'enseignement supérieur, ça figure dans les objectifs
de notre gouvernement et dans notre
priorité, parce qu'avoir de la vision, vous savez, quand on regarde la
définition d'avoir de la vision,
c'est une manière de voir, de concevoir, de comprendre quelque chose de façon
globale. Bien, je pense que d'abord, là, il
fallait comprendre puis il fallait agir sur des problèmes qui n'avaient pas été
adressés par le gouvernement précédent. Et c'est ce qu'on a fait, et on
continue notre travail, M. le Président. Je vous remercie.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, Mme la députée. La parole sera au
deuxième groupe d'opposition, au député de Gouin. M. le député.
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Salutations au ministre, à son
équipe, aux autres députés également qui sont ici avec nous cet avant-midi.
Je
veux commencer par faire un retour sur les remarques introductives du ministre,
où il a dit qu'il était content enfin qu'on
parle d'éducation supérieure au salon bleu. Il avait l'air bien content qu'on
en parle et il s'est quand même permis de dire qu'habituellement, c'est
le bruit de criquets dans les oppositions à ce sujet-là.
Quand
on vit dans une maison de verre, il faut faire attention à la taille des
cailloux qu'on lance, puisque la dernière fois, moi, que j'ai posé une
question en éducation supérieure, c'était au ministre du Travail sur la
question des stages. Le député qui est
habituellement sur le siège où se situe le ministre, c'est-à-dire le premier
ministre du Québec, me regardait comme si je parlais de la chose la plus
banale et la plus insignifiante qui soit, même se permettant d'éclater de rire
pendant que je posais ma question, parce qu'il trouvait dont ça ridicule que la
gang de Québec solidaire fasse un plat de la
question des stages. Alors, je sais que lui, il est intéressé par
l'enseignement supérieur, mais le chef de sa formation politique,
historiquement, a démontré un intérêt pas mal plus inégal pour cette
question-là, hein?
C'est lui, en 2011,
qui disait que les cégeps, c'est une maudite belle place pour apprendre à fumer
de la drogue puis à décrocher. C'est le même
premier ministre qui, il y a quelque semaines, s'est permis de dire, alors que
tout le réseau de l'enseignement supérieur grimpait dans les rideaux
concernant la réforme du PEQ, qu'on n'allait quand même pas se mettre à remplir des classes pour remplir des
classes, que si les universités chialaient, c'est parce qu'elles étaient payées
par étudiant, qu'elles étaient financées par étudiant.
Alors,
fin de mon commentaire éditorial, je ferais attention à ne pas être trop fier
et défiant envers les oppositions en
matière d'enseignement supérieur, parce que son premier ministre a eu, par le
passé, des déclarations qui ne laissaient pas entendre que c'était, lui,
en haut de sa liste des priorités.
Mon introduction étant
terminée, parlons maintenant d'un enjeu plus spécifique. On a parlé de santé
mentale cette semaine, suite à la recherche
choc produite par l'Union étudiante du Québec. Et un des facteurs qui affectent
la santé mentale des étudiants, des étudiantes, c'est la pression,
notamment la pression financière qui vient avec le fait d'être aux études. Nos
étudiants, étudiantes aujourd'hui travaillent plus que jamais. Il y a de plus
en plus d'allers-retours entre le travail et
les études également. Le poids financier lié à la poursuite d'études
supérieures est plus important qu'avant. Il y a des dépenses courantes
aussi qui ont augmenté. La crise du logement n'est pas déconnectée de ça, les
loyers sont plus chers. Il y a des dépenses
en télécommunications, qui n'existaient pas il y a quelques années, qui
aujourd'hui font partie du fardeau financier que les étudiants, les
étudiantes doivent porter sur leurs épaules. Bref, la question de
l'accessibilité financière aux études, elle
est indissociable de la question de la santé mentale chez les étudiants, les
étudiantes du Québec.
Or, il y a des
demandes actuellement que les transferts fédéraux, en matière d'aide financière
aux études, servent en effet à financer
l'aide financière aux études au Québec. Il faut savoir que les transferts
fédéraux pour l'enseignement supérieur, ils ont stagné, hein, depuis les
20 dernières années, ou à peu près, même pas 1 % d'augmentation par
année. Aujourd'hui, les transferts fédéraux
en enseignement supérieur sont à peu près à 60 % de ce qu'ils étaient dans
les années 80. Alors, le
gouvernement fédéral ne nous a pas rendu le travail facile au Québec pour
financer notre réseau puis financer l'aide financière aux études. Il y a quand même un transfert qui s'en vient de
la part du fédéral en matière de programmes sociaux. Il y a un des blocs de ce
transfert pour les programmes sociaux qui devrait aller à l'aide financière aux
études. C'est ce que les gens sur le terrain demandent, notamment
les associations étudiantes.
J'aimerais connaître les intentions du ministre, j'aimerais
savoir s'il compte utiliser entièrement cet argent du fédéral pour l'investir dans l'aide financière aux
études. Ce qu'on veut voir, dans le fond, du côté de Québec solidaire, c'est
une ligne dans le budget qui dit que le transfert fédéral,
en matière d'accessibilité à l'éducation supérieure, va aller entièrement dans
le programme de l'AFE et qu'il ne sera pas, disons, éparpillé entre plusieurs
sources.
Je sais
que le ministre travaille sur cette question-là. Alors, j'aimerais bien qu'il
nous donne des informations sur ses
intentions. Est-ce que l'entièreté de cet argent-là va s'en aller en aide
financière aux études? Ensuite, on pourrait débattre d'où il pourrait
aller en aide financière aux études. Et, si on en arrive à ce débat-là, je
serai le premier à être content, parce qu'au moins ça voudra dire que l'argent
est allé complètement en AFE. Quelles sont les intentions du ministre à cet
égard-là?
Le Président (M.
Tardif) : Merci, M. le député. Alors, je cède maintenant la parole à M.
le ministre.
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président. Mon collègue a fait référence à l'importance qu'accorde le premier ministre à l'Éducation et l'Enseignement
supérieur. Il accorde une importance extrêmement importante, il a publié un
livre, Projet Saint-Laurent, cap sur un
Québec gagnant, qui mise sur
l'enseignement supérieur, sur nos universités, sur nos cégeps, sur la collaboration entre nos universités, nos
entreprises, sur l'importance d'avoir plus de jeunes qui développent leur plein
potentiel, qui accèdent à l'enseignement supérieur pour ensuite
participer à la société québécoise, réaliser leurs rêves puis évidemment participer à la prospérité de la
société québécoise, parce que, si on veut partager la richesse, encore faut-il
la créer. Donc, écoutez, on a un premier
ministre, qui a lui-même été ministre de l'Éducation, qui a écrit un livre
valorisant, de manière extraordinaire, le réseau de l'enseignement
supérieur, le mettant comme le levier qui allait nous permettre de relancer le
Québec.
• (11 heures) •
Alors,
je pense qu'on a définitivement un premier ministre qui accorde une importance
extrêmement grande, et, de toute façon, ça s'est manifesté au-delà de que par
des écrits, ce qui est déjà très important, et des discours, mais dans le
budget. Et ça, c'est quelque chose sur lequel j'insiste, parce que, les
premiers ministres qui font des discours sur l'éducation et l'enseignement
supérieur, on en a eu, comme on dit, un puis un autre. C'est facile, ça, facile
de dire : Ah! la jeunesse, c'est l'avenir. Ah! l'éducation, c'est ce qui
va nous permettre... et blablabla. Et arrive le budget suivant, austérité, coupures. Les enfants ne vont pas
mourir s'il n'y a pas de livre dans les bibliothèques. Dernière
fois que le Parti québécois
était au pouvoir, M. le Président, il y a eu une année où il y a eu deux rondes
de compressions dans la même année. Entre deux budgets, là, deux rondes de
coupures, mais ça ne les empêchait pas de faire des discours sur l'importance de l'éducation, puis ça ne les empêchait pas de taper sur des
casseroles, puis d'arborer des petits carrés rouges. Carrés rouges, coupures
en enseignement supérieur.
Méfions-nous
des discours. Regardons les actions, les politiques, les orientations gouvernementales. Et je pense que la dernière année est extrêmement
rassurante pour l'ensemble du réseau de l'enseignement supérieur. Et quand je
parle aux dirigeants, quand je parle aux représentants syndicaux aussi, quand je
parle aux associations étudiantes, les gens voient bien qu'il y a de l'espoir pour développer notre
réseau collégial, notre réseau universitaire puis de le faire dans le grand
respect de ceux qui y oeuvrent à tous
les jours, donc nos professeurs, nos employés de soutien, nos chargés de cours,
nos administrateurs puis évidemment
nos étudiants. Peu importe leur statut, qu'ils soient jeunes étudiants de
première génération, qu'ils soient des
gens qui sont au retour aux études et qui ont besoin d'un coup de pouce
supplémentaire, qu'ils soient parents étudiants, tout le monde voit bien qu'on en fait plus cette année que l'an passé.
On en fera probablement plus l'an prochain que cette année.
Donc,
je ne pense pas que le gouvernement de la Coalition avenir Québec ait de leçon
à recevoir d'aucune des autres formations politiques sur le territoire
québécois. Et les valeurs qui nous animent, bienveillance, performance,
agilité, bien, elles nous animent puis elles se traduisent dans des politiques,
dans des façons de faire qui sont innovantes. Écoutez,
une des idées, une des démonstrations très claires qui montre que nous innovons
et que nous sommes en action, c'est
l'annonce du 25 octobre dernier par mon collègue le ministre de
l'Agriculture dans son comté, quand on a annoncé plus de 10 millions de dollars pour un nouveau pavillon de l'UQTR à
Drummondville, pour ce qu'on dit le CNIMI, le Centre national intégré du
manufacturier intelligent. Et là on a un pôle en enseignement supérieur où on a
collégial, université, manufacturier innovant. On va avoir de l'enseignement,
de la recherche, de la valorisation, du transfert technologique, et tout le
monde va gagner là-dedans.
Tout le monde va
gagner là-dedans, les étudiants, comme les chercheurs, comme les professeurs,
comme tout le monde, d'ailleurs, des régions, hein... la région du
Centre-du-Québec qui a enfin un pôle en enseignement supérieur, qui va pouvoir faire son développement social et
économique. Puis il ne faut pas opposer un à l'autre bêtement, là, le patronat,
le prolétariat, etc. Non, c'est plus le temps maintenant de se
rassembler puis d'investir en nous-mêmes, c'est-à-dire dans le capital humain
du Québec.
Le
Président (M. Tardif) : M. le ministre, merci. Je vais passer
maintenant la parole au député de Montmorency.
M. Simard :
Bien, je vous remercie beaucoup, M. le Président. Je suis très heureux d'être
avec vous ce matin, très heureux de
participer à cette interpellation. Quand je vous dis que je suis très heureux,
ce n'est pas... Je ne le dis pas de
manière banale, je le dis vraiment en pesant chaque mot, parce que les gens qui
nous écoutent, M. le Président, et Dieu sait qu'ils sont très nombreux,
savent à quel point le rôle du législateur, le rôle du député, requiert
beaucoup de polyvalence. On passe souvent, d'une journée à l'autre, à des
sujets qui sont parfois très loin les uns des autres. Hier, par exemple, j'avais l'honneur de présider la Commission des
finances publiques. J'y retrouvais ma collègue de Saint-Laurent, j'y retrouvais
également mon collègue le député de Gouin. On était sur la fuite des données à
Desjardins, donc à des années-lumière du sujet qui nous concerne aujourd'hui.
Mais
la raison pour laquelle je suis très, très, très heureux d'être ici ce matin,
c'est que je me sens un peu en famille. Je débats, je vais débattre d'un
sujet qui me préoccupe, d'un sujet auquel j'ai donné une partie importante de
ma vie, M. le Président, qui est la question
universitaire, parce qu'en définitive, je vais vous faire une petite
confession, là, une petite confidence,
j'ai deux grandes passions, vous les connaissez, la politique, bien entendu, je
ne suis pas ici, comme mes collègues, par hasard, mais aussi la
dimension universitaire.
Avec
ma collègue la députée de Charlevoix, elle est bien humble, elle ne vous l'a
pas dit, mais on partage quelque chose
en commun. On a fait notre doctorat dans la très belle Faculté des sciences
sociales de la très belle Université Laval,
elle en sciences po, moi en sociologie. Et
donc je suis très, très, très heureux de me retrouver avec des gens qui ont à
coeur la question de l'enseignement,
à commencer, bien sûr, par notre ministre, que j'ai eu la chance de connaître
au moment de la fondation de la CAQ.
Avant même que ce soit un parti, on réfléchissait beaucoup à ces questions
d'enseignement supérieur. Je vois le député de Gouin ici, qui a été très
actif durant la grève étudiante de 2012, et qui, en quelque sorte, est arrivé
dans l'espace public notamment et largement via ce mouvement, et donc qui
connaît très, très, très bien les tenants et les aboutissants de la question
universitaire. Et, bien sûr, ma collègue la députée de Saint-Laurent, qui est
elle-même professeure d'université, disons, en congé sans solde pour service
public, pourrions-nous dire, hein? C'est ça. Donc, un peu comme moi, je suis en
congé sans solde pour service public et donc je garde jalousement la clef de
mon bureau d'université, M. le Président, dans mon trousseau de clefs, hein? Je
n'ai pas été capable de m'en départir encore. Donc, tout ça pour vous dire que je crois qu'il y a une attention, une
considération permanente de la question universitaire à travers toutes les
banquettes, là, quel que soit le parti dont on parle, à l'Assemblée nationale.
Simplement,
un petit mot, M. le Président, sur la question de l'absence inquiétante de
vision du gouvernement caquiste, parce
que c'est le titre de l'interpellation de ce matin. Et la députée de
Saint-Laurent sait à quel point l'admiration que j'ai pour elle. Elle le sait, et je lui répète, elle
pourra retirer ça des galées durant la prochaine campagne électorale pour dire qu'il
y avait même des députés caquistes qui saluaient sa combativité, saluaient son
intelligence et sa détermination. Moi, je lui envoie
toutes les fleurs qu'elle mérite, particulièrement cette semaine, parce que
vous savez, M. le Président, il y en a qui disent que nul n'est prophète dans
son pays, parfois j'aurais l'impression de croire que nul n'est prophète dans son caucus. En tout cas, moi, je tiens à dire
à la députée de Saint-Laurent qu'on l'apprécie puis qu'on apprécie ça, la combativité. C'est nécessaire en politique.
Nous, de la CAQ, on sait c'est quoi, un peu, la combativité, ça nous en a pris
pour... on est un jeune parti, on
sait de quoi on parle quand on parle de combativité. Donc, je lui dis : Ne
lâchez pas, restez comme vous êtes, on vous aime comme ça, nous, Mme la
députée de Saint-Laurent.
Ceci
étant dit, malgré tout le respect que j'ai pour elle, je dois rappeler qu'elle
fait partie d'un parti qui est à l'origine de ce qu'on appelle...
certains, à l'époque, appelaient ça le printemps érable, la plus grande crise
étudiante universitaire qu'on ait connue, en 2012. Le député de Gouin, je suis
sûr, pourrait attester de ça. C'est tellement un moment important dans notre
histoire nationale que Wikipédia consacre 60 pages durant, largement
documentées, à cette crise. On dit : Cette grève étudiante, la plus longue
et la plus imposante de l'histoire du Québec et du Canada, ce n'est pas rien,
est principalement en réponse à l'augmentation projetée des droits de scolarité
universitaire, pour la période 2012 à 2017, dans le budget provincial du
gouvernement du Parti libéral de Jean Charest. Je vous dis ça parce que nous
héritons d'une grave crise sociale que le
Parti québécois a en partie corrigée, et que nous faisons en sorte et... de
corriger, disons, je l'espère, définitivement, malgré les...
Le Président (M.
Tardif) : M. le député, merci. Nous reconnaissons vos grands talents
d'art oratoire, mais votre temps est écoulé.
Alors, je vous en remercie et je passerais la parole, maintenant,
à la députée de Saint-Laurent. Merci.
Mme
Rizqy : Vous me faites bien
rire. J'ai cherché, dans les différentes interventions, un début de
commencement de réponse, parce qu'il y a quand même des étudiants qui nous écoutent. Puis il y a
la FECQ qui fait des... je vous le dis sincèrement,
la Fédération étudiante collégiale du Québec et l'Union étudiante du Québec
font des travaux de recherche qui, plus qu'autrement, sont meilleurs que
bien des députés qui sont assis ici, au salon bleu. Alors, je trouve ça
malheureux que vous tombez dans une
bassesse, pour un professeur qui sait à quel point la recherche est importante.
Et, lorsqu'on prend un congé sans solde pour venir se prêter à
l'exercice politique...
Une voix :
...
Mme Rizqy :
Non, c'est assez factuel. C'est très factuel.
Le
Président (M. Tardif) : On
va garder... un instant, s'il vous
plaît. S'il vous plaît! S'il vous plaît! On va garder la bonne atmosphère, on y va dans le déroulement.
Merci. S'il vous plaît, merci. Fin de la discussion. La parole est à la députée
de Saint-Laurent. Merci. On enchaîne.
• (11 h 10) •
Mme
Rizqy : Alors, vous
comprendrez que je n'ai pas pris un congé sans solde pour faire ici oeuvre
utile à n'être que silencieuse. C'est vrai que je porte des combats,
paradis fiscaux, c'est vrai que j'ai parlé plus souvent qu'autrement, mais jamais je ne me suis cachée et j'ai toujours
fait dans la transparence. Et aujourd'hui j'interpelle votre collègue le ministre de
l'Éducation. Le premier dossier était
hyperhumain. Personne d'entre vous
qui a pris la parole n'a parlé de cette étudiante, mais qui est aussi le cas de 350 autres
étudiants qui vivent dans cette même situation de vulnérabilité, de grande
angoisse. Personne n'a pu répondre, vous êtes restés dans des lignes de
communication toutes faites.
Ici, l'exercice,
c'est un échange pour aussi obtenir des réponses. Et j'ai demandé clairement un
engagement du ministre de l'Éducation à
faire en sorte que les conventions de stage soient de nature obligatoire. C'est
une question claire, nette et précise. On nous a parlé du fleuve
Saint-Laurent puis du beau livre du premier ministre, mais sincèrement
j'aimerais ça que vous ne parliez pas juste du fleuve Saint-Laurent.
Alors,
je vous invite maintenant à parler d'autre chose, du logement, un logement que
les étudiants doivent trouver. À Montréal, vous le savez, des logements
abordables, il n'y en a pas tant que ça. On reçoit aussi des étudiants internationaux, je sais que vous n'aimez pas trop
les étudiants étrangers, mais on en reçoit, puis les universités aiment ça, puis le collégial aussi aime. Malheureusement,
même pour se trouver une chambre, ça coûte 600 $ par mois. En ce moment,
là, on peut lire dans le journal qu'il y a
des étudiants qui paient 50 $ par nuitée dans des auberges de jeunesse.
50 $ par mois... par soir, là, c'est 1 500 $ par mois.
C'est immense.
Et
maintenant je vais vous parler de l'Abitibi. Vous savez, il y a l'industrie
minière, donc il y a plusieurs travailleurs. Alors, pour un quatre et
demie, c'est 800 $. Alors, même à deux, plus le chauffage, évidemment,
l'électricité et avoir le minimum, le câble,
bien, pour un étudiant, on tourne... à deux, là, 550 $ par mois environ.
Cégep de Gaspé, oui, ils ont des résidences, mais il faut les rénover.
Alors, moi, aujourd'hui, M. le ministre, je m'adresse à vous. Je ne veux pas
des longs discours, je ne veux pas faire la genèse du passé.
On pourrait faire la
genèse du passé, mais en ce moment, par respect pour ceux qui nous écoutent,
êtes-vous en mesure de dire qu'effectivement vous allez prendre le dossier du
logement étudiant? Parce qu'en ce moment plusieurs étudiants consacrent plus de
30 % de leurs revenus à payer leur logement. Alors, est-ce que les
résidences, le pied carré... est-ce qu'on
peut aller plus loin puis les subventionner pour le maintien d'actif? Puis il
y a aussi là-dedans
une question de sécurité. C'est le temps d'améliorer nos installations,
surtout collégiales, mais aussi universitaires. Est-ce que là-dessus vous êtes
capable de prendre un engagement clair?
Et, je vais vous
dire, vous allez aider énormément d'étudiants. Vous donner quelques autres
statistiques... 10 % des étudiants vivent en logement étudiant, mais
dans des conditions inadéquates : bris d'aqueduc, moisissures, logements
non fonctionnels, miteux. Et les résidences de Gaspé, elles sont en mauvais
état et devraient être rénovées, c'est ce que plusieurs nous disent. Trois
étudiants sur quatre donnent plus de 30 % de leurs revenus pour leur
logement. Donc, c'est énorme, c'est 75 % des
étudiants, et ça, là, c'est ceux qui sont déjà en situation... sous le seuil de
pauvreté. Ça, c'est aussi un stress, le logement. Vous avez eu le rapport, là,
de l'union étudiante sur la détresse psychologique des étudiants. Alors,
aujourd'hui, vous avez aussi un pouvoir.
Il y a aussi
maintenant une pratique qu'on voit : des cégeps qui cèdent des terrains
pour la construction de résidences privées.
Des fois, ça va être marqué qu'ils ne peuvent pas augmenter le loyer pour les
cinq prochaines années, mais après les cinq prochaines années, il n'y en a pas
de contrôle pour l'augmentation des loyers. Là, on parle d'étudiants. Est-ce que vous avez une vision, un politique
claire pour encadrer et vraiment, là, soutenir les logements... puis là je ne
parle pas juste de vous, mais il va
falloir que vous travailliez avec vos autres ministres, vos collègues, pour
avoir une politique très, très claire
en matière de logements abordables, non seulement pour Montréal, mais je vous
dis qu'en région c'est aussi très, très problématique. C'est vrai en
Abitibi, c'est vrai à Rimouski, c'est aussi vrai à Gaspé.
Alors,
là-dessus, M. le ministre, s'il vous plaît, je compte sur vous pour ne pas
faire de la politique là-dessus, là, de petite politique. Je veux avoir
une grande politique, une grande vision pour nos étudiants.
Le Président (M.
Tardif) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Roberge : Merci bien. En
cinq minutes, ma collègue a couvert un large éventail de sujets, posé
plusieurs questions. Je vais essayer de répondre à quelques-unes d'entre
elles, mais je ne garantis pas que je vais y arriver en cinq minutes.
Elle
a parlé du logement. C'est définitivement
un enjeu pour plusieurs étudiants. Il y en a qui ont la chance d'habiter
chez leurs parents et de n'avoir aucuns
frais de subsistance ou de ce type de frais là. Il y en a qui peuvent avoir une
résidence étudiante, c'est vrai, auquel cas, habituellement, ça va bien, parce
qu'on est tout près souvent du campus puis c'est plus bas comme frais. D'autres se magasinent un appartement
plus ou moins proche du campus, avec plus ou moins de distance à faire, puis souvent le loyer est à la clé. Donc, il y a
une partie de choix là-dedans, mais il y a une partie aussi de contraintes
financières, quand on n'a pas suffisamment d'argent.
Tantôt, il y a un de mes collègues, je ne sais plus
lequel, qui a parlé des possibles transferts du gouvernement fédéral qui
s'en viendront. La dernière fois, il y a eu un 80 millions. Je me souviens
d'avoir fait une bataille qui était conjointe avec
d'autres oppositions, parce que ce 80 millions
de dollars là du fédéral arrivait suite à la fin de crédit d'impôt des étudiants.
Donc, c'était carrément de l'argent qui
était d'une certaine façon... qui venait de la poche des étudiants, que le
gouvernement fédéral retirait puis qu'il envoyait à la province. Et je
me souviens que, de notre côté, on souhaitait... bien là, on disait :
Comme c'est de l'argent économisé dans ce qui venait des étudiants, il faudrait
bien que ça retourne aux étudiants. Puis on
avait fait cette bataille-là pour bonifier l'aide financière puis on était bien
contents que le gouvernement se rende aux arguments.
Il
faudra voir, la prochaine fois qu'un transfert s'en viendra, puis on va
s'arranger pour négocier pour qu'il s'en vienne le plus vite possible,
d'où proviendra l'argent, puis qu'une partie de cet argent-là puisse être
utilisée, certainement, pour améliorer les
conditions de vie des enseignants... pas des enseignants, mais des étudiants et
des étudiantes. C'est sans doute une
avenue qui sera intéressante puis notamment pour payer les frais de logement
pour ceux qui en ont besoin. Ce n'est pas tout le monde qui ont besoin.
Les
besoins des étudiants, c'est très vaste. Il faut faire attention de ne pas
dire : Bien là, il y a un enjeu, puis l'enjeu, c'est le logement
étudiant. Le lendemain, l'autre enjeu, ça va être la santé psychologique. Je
pense qu'il faut répondre aux besoins des
étudiants, puis ils sont multiples. Donc, il y aura de l'argent qui s'en
viendra vraisemblablement, on va travailler très fort pour négocier pour avoir
notre juste part ici, au gouvernement du Québec, puis certainement qu'on va
considérer l'idée de retourner, au moins, une partie de cet argent-là en aide
ou en services directs aux étudiants.
Ma
collègue a parlé de plein de choses, elle a parlé de la qualité des recherches
qui sont faites par les associations étudiantes.
Effectivement, très, très, très souvent, ils font des dossiers qui sont
fouillés, qui sont bien travaillés. Je le sais parce qu'à ma droite mon
directeur de cabinet adjoint en a réalisé deux pour elle, alors qu'il était
directeur de département lui-même, qui
provient du réseau de l'enseignement supérieur. Donc, il y a d'autres bons
chercheurs dans le réseau, je veux rassurer
les associations étudiantes. Mais certainement que je reconnais la valeur du
travail qui a été fait par mon collègue et, par la bande, la valeur du
travail qui est fait par les associations étudiantes.
Ma collègue a aussi
parlé des conventions de stage. C'est quelque chose d'important, les
conventions de stage, parce qu'au-delà de la
bourse qu'on peut avoir ou ne pas avoir, la bourse de persévérance et de
réussite, au-delà du salaire qu'on a,
parce qu'il y en a qui sont payés... on n'en parle pas, là, mais il y en a qui
ont des stages payés au Québec, qui sont rémunérés pour le faire. Il y en a qui ont un système coop aussi, avec
l'Université de Sherbrooke, qui fonctionne très bien. Mais une fois qu'on
décroche un stage, que ce soit un stage d'observation ou une mise en oeuvre des
compétences, il y a les conditions,
il y a les heures qu'on nous demande de faire, il y a les protections qu'on a
ou qu'on n'a pas, protection sociale, protection de type CSST. Et je
sais que mon collègue le ministre du Travail travaille ce dossier-là de manière
sérieuse. Il y a eu d'ailleurs une ou peut-être même deux rencontres, en tout
cas, au moins une directement avec les étudiants qui ont préparé un projet de loi pour répondre à cette problématique-là.
Il les a rencontrés personnellement, puis son cabinet les a rencontrés
aussi encore.
Donc,
c'est un travail qu'on fait en équipe, le ministère du Travail et moi; lui,
peut-être, pour une solution qui serait légale, c'est à voir; et, nous,
c'est pour un guide d'accompagnement, qu'on est tout près d'avoir terminé, un
guide d'accompagnement destiné aux établissements d'enseignement pour la
rédaction des conventions de stage, pour qu'on ne fasse pas juste envoyer
l'étudiant en stage, mais qu'on prenne soin de lui.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, M. le ministre. Votre temps est écoulé.
La parole irait maintenant à la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
• (11 h 20) •
Mme Foster : Merci, M.
le Président. Je prends deux minutes pour revenir sur l'intervention de la
députée de Saint-Laurent, de tout à l'heure. Je trouve ça parfaitement
et complètement humoristique de nous faire dire que nous lisons des lignes de communication. Vous savez, dans mon passé, j'ai
été recherchiste pendant trois ans. J'ai assisté l'actuel ministre de
l'Éducation, mon dossier, c'était l'éducation. Qui étaient mes
vis-à-vis? Le gouvernement libéral, l'ancien gouvernement libéral, les libéraux. Pendant ces trois années-là, moi,
comme recherchiste, comme conseillère politique, j'ai entendu parler d'un
paquet de problèmes dans le réseau, des problèmes structurels qui ne se
réglaient pas.
Quand
on vous décrit, ce matin, ce qu'on fait, c'est qu'on vous décrit les actions
qu'on pose, actions, verbe «agir».
Les stages, il n'y en avait pas, d'action. C'est-u vrai? O.K. Merci. Il n'y en
avait pas, d'action.
En ce qui concerne, maintenant,
les universités et les cégeps en région, ça aussi, c'est un problème
structurel. On parle, là, de l'absence de
vision du gouvernement caquiste.
Quelle ironie, quel humour! Pendant les années où moi, j'ai été là, je ne
cessais de recevoir les doléances des cégeps et des universités en région, qui
me disaient : Il y a des problèmes structurels qui ne sont pas réglés. Ça nous empêche de fonctionner, on
manque d'argent, les formules de financement sont déficientes. Peut-être
qu'il faudrait commencer par là.
Bien,
quand on est arrivés au pouvoir, le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, je suis bien fière de lui, parce qu'il a fait ce
qu'on avait dit dans l'opposition. En ce qui concerne les universités, là, en
région, là, il manquait cruellement
de fonds. On leur a accordé 75 millions supplémentaires jusqu'en 2024. Ils
en avaient besoin, les universités de région, les universités qui sont des
moteurs et des vecteurs économiques pour nos milieux communautaires régionaux
et qui rayonnent et qui font rayonner le
Québec également partout à travers la planète par leur recherche et leur
innovation, parce qu'au Québec on peut être fier de cet aspect-là.
Également, moi, je
voudrais vous parler des cégeps. Vous savez, moi, malgré mes origines
charlevoisiennes, j'ai grandi sur la
Côte-Nord, ce n'est un secret pour personne, et, dans une ville comme
Baie-Comeau, 23 000 habitants, le cégep est un vecteur important pour
ce qui est de la croissance économique. Certains programmes exclusifs sont
offerts, je pense entre autres à TACHE, Techniques d'aménagement
cynégétique et halieutique, qui voit arriver des autobus, des contingents de
Québec et Montréal qui viennent suivre la formation dans un domaine spécifique
à Baie-Comeau.
Ces
cégeps-là avaient des problèmes structurels récurrents, comme je le disais tout
à l'heure, et, quand on est arrivés au
pouvoir, on a agi. On a agi comment? Maintenant, les plus petits cégeps
reçoivent 120 % de leur financement. Il y a une aide aux petites cohortes, ce qui était un problème récurrent,
récurrent. J'en ai entendu parler pendant tout l'ancien mandat, qui était sous le gouvernement libéral, les
petites cohortes avaient de la difficulté à démarrer. C'était compliqué, mais
compliqué pour les directions de cégep, alors ont leur a accordé de
l'aide.
Également,
la reconnaissance et le renforcement de l'importance des activités de
recherche. Ça, c'est un autre problème, parce qu'il se fait de la
recherche, oui, certes, dans les universités, mais également dans nos cégeps.
Par l'intermédiaire des CCTT bien sûr, mais également dans les cégeps tout
court, il se fait de la recherche, et là on a accordé un 90 000 $ par
cégep pour qu'ils puissent organiser leurs activités de recherche et aider au
soutien. Donc, on continue à travailler pour
améliorer le système d'enseignement supérieur, améliorer l'accès aux études
collégiales dans les régions du Québec, améliorer la qualité des
formations également qui sont offertes aux étudiants, favoriser la réussite de
ces cégeps-là.
Je
pense que, si on n'avait pas eu de vision, la Fédération des cégeps du Québec
nous l'aurait très certainement rappelé, mais, après le dernier budget, ils nous ont dit : En plus de
couvrir les coûts de système, ces sommes incluent le financement de
68 millions nécessaire à la mise en oeuvre de la révision du modèle de
financement des cégeps, et ce, dès l'année scolaire 2019‑2020.
Nous sommes ravis de voir un gouvernement faire de l'éducation sa priorité et
de constater que les cégeps ont été
entendus. Même son de cloche du côté de Matane, le directeur général du cégep
de Matane, Pierre Bédard, qui disait : Tout le monde a mis la main à la pâte pour aider les plus petits. Là-dessus,
je lève mon chapeau au ministère et au ministre. Vraiment ils ont pris en considération les besoins des plus petits
cégeps. Au final, les petits cégeps en région sont gagnants.
Moi,
je pense qu'on peut être fier des actions qu'on a posées en enseignement
supérieur. Parce que je vous le rappelle, dans les années où j'ai été ici comme conseillère politique entre 2014
et 2017, c'étaient des problèmes récurrents, qui n'étaient pas réglés.
Donc, quand on parle de manque de vision, là, je prends ça un petit peu en
riant. Ça me fait un peu sourire, parce qu'au
niveau des stages, là, on joue la veuve et l'orphelin présentement en
disant : Ah! c'est un scandale, alors
qu'il n'y avait rien de fait puis qu'on fait du travail. Alors, voilà, c'était
ce que j'avais à dire, M. le Président. Merci.
Le Président (M.
Tardif) : Merci, Mme la députée. Le droit de parole irait au député de
Gouin.
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. D'abord, je veux remercier le
ministre, parce que, précédemment, j'avais
posé une question sur les transferts fédéraux, puis il avait pris le cinq
minutes, finalement, pour défendre le premier ministre. Je comprends. J'avais été déçu de ne pas avoir de réponse. Finalement,
il a utilisé le bloc subséquent pour
me donner une réponse. Tant mieux.
J'allais le relancer, je n'aurai pas besoin de le faire, mais je vais le faire
quand même parce que je veux une précision.
Je l'ai entendu
parler de dire... je l'ai entendu dire : On veut utiliser... Il parlait
des transferts fédéraux. Il a dit : On va voir si on ne peut pas utiliser
une partie de ça pour aller en aide financière aux études. Or, le bloc de
transfert dont je lui parle est un bloc qui
vise spécifiquement les programmes sociaux, et il y a une portion de ça qui est
pour l'éducation supérieure, donc les programmes sociaux en éducation
supérieure, autrement dit l'aide financière aux études. J'aimerais savoir si cet argent-là va aller entièrement dans l'aide
financière aux études ou seulement de manière partielle. La demande des associations étudiantes, c'est une
demande unanime, c'est que ce bloc-là soit en totalité investi en aide
financière aux études pour donner du répit aux étudiants et aux étudiantes du
Québec. Alors, j'aimerais une réponse plus précise encore. Je suis sûr qu'il en
est capable.
Toujours sur l'aide
financière aux études, j'aimerais entendre le ministre sur un enjeu de fond. Je
pense que l'interpellation devrait servir aussi à ça, pas seulement à
l'opposition officielle à se refaire une réputation en matière d'enseignement supérieur
et au gouvernement à rappeler les mauvais coups passés de l'opposition
officielle en enseignement supérieur. Ça serait le fun qu'on puisse
avoir aussi des débats qui vont vers l'avenir, disons.
Et
il y a une association étudiante de l'Université Laval qui a remis récemment
sur la table un enjeu qui n'est pas nouveau pour le mouvement étudiant, qui est
celui de la gestion des prêts étudiants. Historiquement, la gestion des prêts
étudiants a été... bien, est donnée, au Québec, a été donnée à des banques, à
des banques privées. Ces prêts-là, bien sûr, sont garantis par l'État québécois, mais c'est quand même des banques
privées qui font les prêts. Et c'est une bonne affaire, parce que ça leur permet de n'avoir aucun risque,
puisque le gouvernement garantit le remboursement des prêts, et de récolter
quand même les intérêts. Ça fait que c'est
une bonne affaire pour les banques, hein, mais c'est un peu une moins bonne
affaire pour le trésor public et surtout pour les étudiants et les
étudiantes.
Il
y a l'association étudiante des cycles supérieurs, à l'Université Laval, qui a
remis de l'avant cette problématique-là puis qui est allée d'une solution qui m'apparaît originale et
intéressante, puis j'aimerais ça que le ministre me réponde sur cette
solution-là.
La
piste de réflexion, donc, de cette association étudiante est de dire :
Pourquoi on ne donne pas la gestion des prêts étudiants à la Caisse de dépôt et placement du Québec pour que les
intérêts payés sur les prêts étudiants, au lieu d'enrichir des grandes
banques, enrichissent les Québécois et les Québécoises à travers... donc par le
biais de la Caisse de dépôt et placement du Québec? Ce serait facile à faire,
c'est possible de le faire, et on viendrait assurer une stabilité... bien, ça
ne remettrait pas en question la stabilité financière de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Ça permettrait probablement
d'avoir un meilleur contrôle sur les taux d'intérêt de ces prêts-là. Ça
permettrait aussi de protéger ces prêts-là à l'égard des incertitudes du marché... qui sont propres aux
marchés bancaires, comme on l'a vu en 2008‑2009, au moment de la dernière crise économique. Ça favoriserait le remboursement
des prêts puisqu'on va faire... la Caisse de dépôt pourrait offrir un taux
d'intérêt plus bas. On pourrait diminuer le nombre de mauvaises
créances, donc il y aurait moins de risques pour le gouvernement quand il donne
ces prêts-là.
C'est
une proposition concrète, pragmatique, intéressante. J'aimerais entendre le
ministre sur ce qu'il pense de cette idée-là. Est-ce qu'il est ouvert à
l'examiner? Moi, je trouve que c'est une proposition qui mérite d'être
examinée. Je la trouve intéressante, cette proposition-là.
Et,
si le ministre pouvait vraiment me répondre, là, sur... d'abord, sur la
question des transferts fédéraux, est-ce que ce sera en totalité ou en partie, puis ensuite, sur cette
proposition-là, de confier la gestion des prêts étudiants à une institution publique plutôt qu'à des banques privées qui, en
ce moment, ont le beurre et l'argent du beurre, parce qu'elles n'assument aucun risque, parce que le gouvernement assure le
remboursement des prêts, tout en récoltant des intérêts auprès d'étudiants
et d'étudiantes.
Donc,
pourquoi ne pas faire bénéficier le trésor public et les étudiants en assurant
des intérêts plus bas et des intérêts qui financent la Caisse de dépôt
et de placement du Québec?
Le Président (M.
Tardif) : M. le député, merci. La parole est au ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
• (11 h 30) •
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Des questions, des points intéressants soulevés
par mon collègue. Je n'ai pas toutes les
réponses à toutes ces questions. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas les
trouver. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas réfléchir sur cette
question-là.
Effectivement,
on a un régime d'aide financière aux études qui est extrêmement généreux, mais
il ne le sera jamais assez, d'une certaine façon. Il faut le
reconnaître, les besoins sont très, très grands. Il y a beaucoup de bourses, il
y a les prêts.
Puis là la question
des prêts, la gestion des prêts... Effectivement, le gouvernement les garantit.
Effectivement, en ce moment, c'est confié à
des prêteurs privés qui s'acquittent très bien de leur travail à ce moment-ci.
Puis là la suggestion c'est de
dire : Bon, est-ce qu'on devrait confier tout ça à la Caisse de dépôt et
placement? C'est quelque chose qu'on peut étudier. Pourquoi ne pas
étudier de nouvelles avenues? Peut-être, après, pour expliquer pourquoi on ne
les suit pas, ou peut-être, après, pour enclencher un chantier, pour améliorer
la gestion des finances publiques. C'est une façon de... Quand on se questionne sur la gestion de notre
aide financière aux études, on se questionne sur l'accessibilité aux études, on se questionne sur les conditions de vie des
étudiants, qui ont un impact sur la santé mentale puis la détresse qu'ils
peuvent vivre. Puis ce qui a un
impact aussi sur nos finances publiques, combien de millage on peut faire avec
chacun des dollars.
Donc,
écoutez, moi, c'est quelque chose que je peux regarder comme proposition,
personnellement, mais surtout je vais
vous le dire sincèrement, avec l'équipe, quels sont les enjeux. En ce moment,
évidemment, en termes de personnel, on n'est pas équipés pour faire ça,
donc il faudrait embaucher des équipes. Bon, qu'est-ce que ça amène comme
enjeux? Au terme du mobilier, ça veut dire
embaucher du monde, ça veut dire occuper des locaux. Bon, ça veut dire lancer
un nouveau chantier. Est-ce qu'à la
fin il y aurait plus de gains que de pertes, de pertes que de gains? Quel
serait l'impact? C'est une question qui est complexe, mais c'est une question qu'on peut se poser pour améliorer
la gestion de nos finances publiques puis les services qu'on rend. Notre
mission, c'est d'améliorer les services aux citoyens, le citoyen étudiant, le
citoyen bénéficiaire d'aide financière.
Donc,
j'essaie de répondre avec le plus d'honnêteté possible à mon collègue en disant
qu'on peut se pencher sur cette
question-là, mais vous comprenez que je ne peux pas spontanément
dire : Nous irons. J'aurais pu dire spontanément : Nous n'irons
pas, mais je pense que ça aurait été prématuré. Prenons le temps de le
regarder. Donc, voilà pour cette question.
Pour
ce qui est de l'aide financière du fédéral... ce n'est pas de l'aide
financière, en fait, là, c'est des fonds fédéraux. Sincèrement, ce
serait prématuré de dire aujourd'hui, là : Peu importe le montant qui nous
arrivera, de notre argent, du gouvernement
fédéral, peu importe ce qui arrive, c'est certain que ça s'en va juste en aide
financière. Ça serait prématuré. On ne sait pas le montant qui arrive,
puis il faut regarder l'ensemble des besoins du réseau collégial et
universitaire puis l'ensemble des besoins
des étudiants. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les étudiants, bien sûr qu'ils
ont besoin d'améliorer leur situation
financière, puis le programme de prêts et bourses est là pour ça, mais quand on
nous parle de détresse psychologique, bien, ils
ont aussi besoin d'avoir des gens qui prennent soin d'eux quand ils font une
demande d'aide sur leur campus puis ils ne veulent pas attendre une semaine,
deux semaines, trois semaines.
Donc, ça se
peut que, de l'argent qui nous arrive, des nouveaux fonds qui nous arrivent
soient bien utilisés en aide financière. Ça se peut aussi que cet
argent-là soit bien utilisé aussi pour améliorer nos services directs aux
étudiants. Puis là ce dont on parle, c'est de la santé psychologique ou de la
détresse psychologique, mais on pourrait voir d'autres domaines aussi. Il y a aussi des associations étudiantes qui, dans
d'autres moments, nous demandent d'avoir un ratio professeurs plus
élevé, absolument rien contre les chargés de cours. On souhaite avoir plus de
professeurs pour avoir un meilleur
encadrement à la recherche, un meilleur encadrement à la maîtrise et au
doctorat. Donc, ça aussi, c'est des demandes qu'on reçoit.
Donc, c'est
prématuré de dire : Bien, 100 % de ce qu'on va recevoir, peu importe
combien on reçoit, ça va aller dans
une direction plutôt que dans l'autre. Les besoins sont immenses, et les
retombées, après, sont immenses. Moi, je suis convaincu que, quand on investit
en enseignement supérieur, c'est un investissement. Ça, c'est sûr. Ceci dit, on
peut mieux l'investir à un endroit plutôt qu'à l'autre. Puis il y a des
secteurs qui sont davantage en crise, où on doit aller. Donc, je pense que
c'est important, dans les deux cas, de montrer de l'ouverture, mais, en même
temps, de ne pas prendre une décision qui soit prématurée avant d'avoir toute
l'information. Voilà.
Le Président (M. Tardif) : Merci, M.
le ministre. La parole irait maintenant au député de Saint-Jean.
M.
Lemieux : Merci beaucoup, M. le Président. La députée de
Saint-Laurent... et déjà ma collègue de Charlevoix lui a répondu, mais
ça m'a piqué, moi aussi, les lignes de com. Vous en voulez une, ligne de com,
Mme la députée? M. le Président, pardon, il faut que je vous parle à vous.
J'oublie tout le temps.
À la
suite de la présentation du premier budget du ministre des Finances,
l'université TELUQ se réjouit de l'engagement manifeste du gouvernement
en faveur de l'éducation et de l'enseignement supérieur.
Ma ligne
à moi, c'est que, quand je suis allé au cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, dans
mon comté, après que le ministre ait annoncé
une bonification du financement des cégeps, je pense que j'aurais pu passer au
travers le cégep sans remarquer... je
n'aurais pas pu passer à travers le cégep sans remarquer la bouffée d'air frais
que ça voulait dire pour les gens au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. Mon alma mater à l'Université du Québec à
Chicoutimi était tellement soulagée des 3,3 millions, je pense que c'était... qu'elle a reçus à ce
moment-là, lorsque le ministre a bonifié la partie régionale du financement des
universités. Alors, oui, des lignes
de com, bien oui, mais on pose des questions aussi, puis on se fait donner des
réponses, puis on vient vous les porter ou, en tout cas, on vient les
porter pour vous.
Alors là,
moi, je vais vous parler d'étudiants internationaux. Non, non, non, pas juste
du PEQ, pas juste du PEQ, parce que
le Programme de l'expérience québécoise, c'est la partie de l'iceberg, si vous
préférez, qui est réservée à l'immigration pour les étudiants
internationaux. Mais parlons-en, des étudiants internationaux au Québec, parce
que c'est énorme. C'est devenu très gros. Le
réseau universitaire québécois est en concurrence avec les universités de
partout dans le monde, c'est bien clair. On l'a non seulement compris quand on
a juste vu le nombre d'étudiants qui, justement, à cause du PEQ,
attendaient. Alors, on s'est dit : Mon Dieu! Il y en a donc bien. Il y en
a énormément.
Et la
réponse... pas la réponse, mais la raison pour ça, c'est qu'il y a eu une
déréglementation, au cours des dernières années dans le monde de
l'université, par rapport aux étudiants internationaux, une déréglementation
qui a fait qu'entre 2006 et 2018 — on prend des dates au hasard comme ça,
c'étaient les statistiques qu'on avait — le nombre d'étudiants internationaux de niveau universitaire a plus que
doublé au Québec, mais là c'est quand même sur une période de 12 ans,
là, passant de 22 000 à 44 000. Le nombre d'étudiants
collégiaux... Et ça, c'est important, puis on ne s'en rend pas compte, mais,
quand je suis allé à Saint-Jean-sur-Richelieu, au cégep, ils me l'avaient dit
aussi. Le nombre d'étudiants collégiaux a,
pour sa part, plus que quadruplé, passant de 2 100 quelques, sur
cette période-là, à presque 10 000. Un total, donc, de près de
50 000 étudiants internationaux ou d'enseignement supérieur étaient
présents au Québec.
Mais ils
venaient surtout de la France, de la Chine, de l'Inde et des États-Unis. Il n'y
a pas de problème avec ça, sinon
qu'on comprend là-dedans que la déréglementation avait une espèce de petit
biais, mettons-le comme ça, pour la langue anglaise et donc les
universités un peu plus anglaises. Donc, ce que le ministre a fait, c'est qu'il
a regardé la version internationale de la chose en faisant du recrutement
d'étudiants internationaux francophones. L'approche du ministère, m'a-t-on expliqué, en matière de promotion
internationale de l'offre éducative québécoise est notamment structurée autour du potentiel de recrutement d'étudiants
francophones, et ce, dans les pays membres de la francophonie. Priorité
accordée, donc, à la francophonie et à la francophilie,
c'est important, forcément, d'autant plus qu'au Canada anglais, on se targue
d'avoir élevé et enseigné en immersion à beaucoup, beaucoup de jeunes, et on
est rendus dans la francophilie plus qu'autre chose, et c'est vrai pour le
reste de la planète aussi. Donc, tout ça pour dire que la priorité accordée
s'applique à la fois dans la campagne de promotion internationale que dans la
planification annuelle des événements de promotion et de recrutement réalisés à
l'international.
Au niveau collégial, c'est important, je vous le
disais, pour Saint-Jean-sur-Richelieu, entre autres, 250 exemptions
de droits de scolarité supplémentaires sont
réservées maintenant à des étudiants inscrits dans des établissements en région
du Québec, qui proviennent de
44 pays francophones ciblés, et les ententes avec la France et la
communauté française, et ça, ce
n'est pas d'hier, mais on a travaillé sur cette base-là au niveau
universitaire, octroient un nombre illimité d'exemptions de droits
de scolarité supplémentaires habituellement demandés aux étudiants internationaux
et donc accordent plutôt le tarif canadien au premier cycle ainsi que les
tarifs québécois aux deuxième et troisième cycles.
Tout
ça pour dire que, quand on vient vous répondre en interpellation, on va
chercher des réponses. Et, quand on vient vous parler... parce que, quand vous
nous dites que... C'est quoi, c'est l'absence de vision? C'est drôle, c'est la
même formule que la semaine passée. J'étais assis ici la semaine passée.
On avait une absence de vision en communication. Là, on a une absence de vision en éducation, en
enseignement supérieur. Et la semaine prochaine on n'aura pas d'absence de
vision parce qu'il y aura pas d'interpellation,
parce qu'on sera en session intensive. Mais ça va me faire plaisir de revenir parce qu'à chaque fois ça me permet de mieux
comprendre le détail de ce que notre gouvernement fait, et j'en suis très fier.
Le
Président (M. Tardif) : Merci. Merci de vous être adressé à la
présidence durant cette présentation-là. Une minute pour vous. Oui, une
grosse minute, si on veut rentrer dans le temps. Alors, allez-y, Mme la
députée, s'il vous plaît.
• (11 h 40) •
Mme Rizqy :
Il manquait juste : Nous agissons, puis ça aurait été parfait, votre
prestation, là, bravo. Mais je n'ai
pas entendu si, oui ou non, est-ce que
vous allez revenir sur le programme des frais pour les étudiants
internationaux. Est-ce que ça, c'est un engagement que vous nous
annoncez? Ça, je ne l'ai pas entendu.
Il reste une minute, M.
le ministre. Deux affaires. Vous savez, chez les étudiants, les livres, ça
coûte cher. Donc, ressources éducatives
libres, je suis convaincue que l'Union étudiante du Québec
vous en a parlé, je suis convaincue que
la FECQ vous en a parlé. BCcampus, donc en Colombie-Britannique, ils ont
déjà fait un virage, l'Ontario a fait un virage, le Manitoba a fait un
virage. Juste pour la Colombie-Britannique, à ce jour, c'est entre 8 et 9 millions
de dollars qui ont été épargnés pour les étudiants. Les livres coûtent cher. Est-ce
que vous pouvez prendre aujourd'hui un engagement de faire un virage vers les
ressources éducatives libres pour nos étudiants?
Le Président (M.
Tardif) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, 10 minutes.
M.
Roberge : Merci bien. Oui, j'avais... Bien, je ne pensais
pas qu'il y avait une minute, 10 minutes, comme ça. Donc, il nous
reste 10 minutes...
Le Président (M.
Tardif) : Oui, bien oui.
Conclusions
On
est rendu à 10 minutes, et c'est pour permettre justement de finir avec
votre interpellatrice, qui viendra donner la conclusion sur son dernier
10 minutes. D'accord?
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Bien, certainement qu'on est d'accord, M. le Président. On est d'accord pour
parler de la vision qu'on a en enseignement
supérieur parce qu'il faut revenir sur le thème. C'est un peu drôle, là, de
faire une interpellation avec une espèce de titre qui est une attaque,
là, le manque de vision du gouvernement, alors que je lui ai bien expliqué...
Puis je pense qu'aujourd'hui je veux remercier ma collègue de nous avoir donné
l'occasion, enfin, de parler d'enseignement
supérieur ici, au salon bleu. On en a parlé, je pense, à quelques reprises,
mais de manière très, très rare, lors de l'étude des crédits, mais sinon
ça n'arrive pas.
Donc, cette vision
qui nous permet d'être bienveillants, performants et agiles... et ça s'est
matérialisé de belle façon dans notre réseau collégial, dans nos cégeps dans la
dernière année, parce que les cégeps étaient pas mal passés dans le rouleau compresseur ces dernières années.
Ça avait commencé sous le gouvernement du Parti québécois, qui avait coupé
les vivres aux cégeps, puis ça s'est continué sous le régime du gouvernement
libéral, et les cégeps étaient frappés par
la tempête parfaite du gouvernement libéral et d'une baisse démographique. Ils
ne l'ont pas eu facile, M. le Président. Donc, ils étaient présents
quand c'était le temps de couper, mais ils n'étaient pas là quand c'était le
temps de réinvestir sous le précédent
gouvernement, même avant l'élection, ce qui est surprenant. D'habitude, il
trouve des fonds avant l'élection, ce gouvernement-là.
Donc,
on a trouvé le moyen de rassembler plutôt que de diviser, d'écouter les gens
dans le réseau collégial et d'arriver non pas avec une politique, suivie
d'une consultation, suivie d'un sommet, suivi des états généraux puis de finir
avec un programme électoral, mais d'arriver
avec quelque chose de concret qui fait qu'au moment où on se parle, ce matin,
là, cette session-ci, là, les cégeps sont plus financés et mieux
financés.
Et
c'est extrêmement important parce que c'est la porte d'entrée de l'enseignement
supérieur. C'est là où nos gens vont faire le parcours préuniversitaire,
vont faire nos formations techniques, vont faire nos A.E.C., nos attestations
d'études collégiales, et très souvent c'est le lieu de retour aussi aux études
pour les gens qui ont besoin de se requalifier en cours de carrière. Et l'accessibilité de notre réseau collégial en
région et la grande disponibilité de l'ensemble des programmes sur le territoire, c'est extrêmement important, et
ça, c'était menacé par, je dirais, une formule de financement qui discriminait
les cégeps en fonction de leur taille puis de leur emplacement géographique.
L'ancienne
formule de financement, donc, les anciens gouvernements des vieux partis qui se
sont succédé le déploraient mais ne s'en occupaient pas, ce qui fait
que, dans un cégep de plus petite taille en région, souvent ce n'était pas
possible de lancer des cohortes, d'ouvrir
des programmes. Donc, concrètement, là, humainement, là, tu es un étudiant, tu
es une étudiante, tu veux t'inscrire
dans un programme puis il faut supposons 12 ou 15 étudiants, et on est
huit, bien, la cohorte n'ouvre pas. Et là l'étudiante ou l'étudiant a deux
choix : soit il s'expatrie, il quitte sa région, souvent pour ne pas
revenir, soit il renonce à son rêve d'amorcer des études en enseignement
supérieur. Et, dans les deux cas, c'est le Québec qui perd.
On a remédié
à ça avec des cohortes de plus petite taille, avec une façon qui nous permet de
consolider notre réseau collégial et de lui permettre de se préparer. Parce que
là on stagne, d'un point de vue démographique, pendant deux, trois ans, mais bientôt, il va y avoir des hausses. Donc,
enfin, dans le réseau collégial, on va avoir plus d'étudiants qui s'en
viennent.
Et
concrètement, là, parce que tout ça, là, c'est des principes... Mais, dans la
vraie vie, il arrivé quoi? Bien, je vais vous donner des exemples, parce
que tous les cégeps ont gagné. Il n'y a personne qui, dans l'opération, a
perdu, et ça, ça veut dire embaucher du monde. Parce que,
dans les dernières années, là, ce qu'on voyait, là, c'étaient des coupures de poste pour des API. Ça, c'est des aides
pédagogiques individuelles, du monde qui change des vies, du monde qui aide des
étudiants et des étudiantes qui ont des besoins.
Donc, il y avait des
API qui perdaient leur poste ou qui n'étaient pas embauchés. Il y avait des
bibliothèques qu'on fermait. Imaginez, on
est dans une maison d'éducation, on est en enseignement supérieur puis on
coupait dans les heures d'ouverture
des bibliothèques. En même temps, on avait un premier ministre, là, qui
disait : L'éducation, c'est important. Là, n'importe quoi. Puis évidemment on
n'avait pas suffisamment de ressources pour embaucher des jeunes qui étaient en détresse psychologique. Demandez-vous pas, le
constat qu'on a aujourd'hui, là, c'est le résultat des années passées, là. C'est
bien clair.
Donc, concrètement,
là, ce qui est arrivé... Tiens, en Abitibi-Témiscamingue cette année, le budget
a augmenté, en une seule année, de
9,7 %. Le nombre d'étudiants n'a pas augmenté de 9,7 %, là, on est
dans une période de stagnation. Mais,
en une seule année, 3,2 millions de dollars de plus en une année pour le
cégep d'Abitibi-Témiscamingue, une hausse de 9,7 %. Ça, c'est une
bouffée d'air frais pour le cégep, pour les étudiants, mais carrément pour la
région qui dit : Ça, c'est un gouvernement qui croit en nous autres, ça,
c'est un gouvernement qui croit en nos cégeps comme des pôles de développement
économique mais aussi sociaux et culturels.
Cégep
Ahuntsic, lui, à Montréal, est-ce qu'on peut dire : Oui, mais un cégep
de grande taille... presque 69 000 étudiants. 68 000 étudiants, donc c'est un gros cégep.
Lui, il est en ville. Est-ce que, lui, il a été coupé? Est-ce que lui... La
CAQ, est-ce que c'est un gouvernement qui est contre ça, les gros cégeps à Montréal?
Bien non. Une hausse de 6 %, cette année, pas mal plus que
l'inflation, hein? Pas mal plus que les tarifs d'hydroélectricité... Ça, on va
les geler puis on va les indexer. Mais même
l'indexation... l'opposition
officielle, elle trouve que l'indexation,
c'est beaucoup, c'est terrible, l'indexation, c'est bien gros. Imaginez, j'imagine qu'ils vont
faire des communiqués de presse puis des manifestations, fanfare et trompettes,
parce qu'on a augmenté de presque 6 % le budget du cégep d'Ahuntsic. C'est
incroyable. Ah oui! je me suis trompé, j'ai dit 68 000 étudiants, ça ne se
peut pas, ça n'a pas de bons sens, non, c'est 68 millions. Excusez-moi.
Ahuntsic, c'est un cégep de grande taille, mais il n'y a pas 68 000
étudiants, bien sûr que non. Mais la hausse... où je ne me suis pas trompé dans les chiffres, par contre,
c'est la hausse, évidemment, de presque 6 % du budget.
Alma, on s'en va en région, 20 %. Une année, et il y a une hausse
de budget, pour le cégep d'Alma, de 20 %.
C'est incroyable
comme message qu'on envoie. Ça veut dire qu'on croit à la région, ça veut dire
qu'on croit aux cégeps puis ça veut dire que les étudiants peuvent amorcer des
parcours de réussite, des parcours de formation, sachant que le cégep va être là pour les aider. Ça veut dire qu'au cégep
d'Alma, là, des bibliothèques dont on coupe les heures d'ouverture, là,
ça n'arrivera pas quand le budget augmente de 20 %. Des aides pédagogiques
individuelles, ils vont être capables d'en
embaucher. Donc, la solution au problème légué par le précédent gouvernement, la détresse psychologique, là,
que les jeunes ressentent cette année, ça, c'est un épuisement des années de
coupures et de désintéressement. On est en mode solution.
• (11 h 50) •
Je vais vous en
lancer quelques-unes parce que c'est trop beau. Baie-Comeau, 14,8 % de
hausse cette année; Beauce-Appalaches,
13,9 % de hausse cette année; cégep de Champlain, cégep anglophone qui
rayonne, 10,4 %, plus de 4,5 millions
de dollars de hausse de financement en une seule année; cégep de La
Pocatière, 11 % de hausse en une seule année. Donc, M. le Président, je pourrais continuer, là, ça ne finit pas. Il
n'y a pas de cégeps qui ont des coupures, là, pas de cégep, tout le
monde a des hausses.
Notre
réseau universitaire a été consolidé par une enveloppe récurrente pour
nos universités en région. Il a été consolidé, notre réseau universitaire, par l'ambition d'un gouvernement qui
dit : Oubliez ça, le yoyo en fonction de l'échéance électorale, il va y avoir une hausse graduelle, puis on va
travailler avec vous autres sur une université du XXIe siècle. Puis on va vous donner des mandats stratégiques pour des domaines
prioritaires comme des nouvelles formations pour former nos enseignants, des
nouvelles passerelles pour attirer des nouveaux talents en enseignement. On va
vous donner des budgets stratégiques pour faire de meilleures collaborations, universités,
collèges, entreprises, comme je parlais tout à l'heure, dans le Centre-du-Québec,
avec le CNIMI.
Donc,
oui, il y a de la vision, on règle les problèmes
qui nous ont été hérités, mais au-delà
de faire la gestion de crise, de simplement gérer les crises héritées des
précédents gouvernements, on regarde en avant, on déploie notre réseau
collégial et universitaire, on leur confie des mandats, on leur donne un budget
qui est garanti en hausse pour les prochaines années. C'est fini l'insécurité financière. Ils ne sont
pas en train de se demander où est-ce qu'ils vont couper l'an prochain, ils
sont en train de se demander comment ils vont pouvoir contribuer à la
prospérité du Québec puis à déployer tous nos talents.
Le
Président (M. Tardif) :
Merci, M. le ministre. On va enchaîner. Je vais passer la parole à
l'interpellatrice 10 minutes. Mme la députée de Saint-Laurent, on
vous écoute.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Honnêtement, je ne peux pas le croire, sur la note qu'il vient de terminer, le ministre de l'Enseignement supérieur. Finie
la peur de devoir fermer. Je ne sais pas il était où en début de novembre.
Est-ce qu'il était au Québec? Parce que... clairement non. Ça a été le pire
moment pour plusieurs universités et plusieurs cégeps.
Moi, ça me fait quand
même sourire lorsque j'entends quelqu'un qui me parle du programme TACH puis
que cette personne-là... oui, si elle
lâchait son téléphone, elle comprendrait qu'on parle d'elle. On parle du
programme TACH. Bien, le programme
TACH, là, c'est 16 % d'étudiants internationaux, puis tu n'es pas dans
liste du Programme de l'expérience québécoise. Baie-Comeau, là, il y a
plusieurs étudiants internationaux. Elle a aussi parlé du cégep de Matane,
45 % d'étudiants internationaux. Plusieurs programmes de ce cégep
n'étaient pas dans le Programme de l'expérience québécoise.
Alors, pour la vision,
bien, sincèrement, je comprends pourquoi Denis Lessard doit faire un article
puis dire : Le discret mea culpa du
ministre de l'Éducation puis de l'Enseignement supérieur. La question :
Qui a concocté la fameuse liste des formations qui a plongé dans l'embarras
le gouvernement — ici,
il y a le nom du premier ministre et le leader du gouvernement — et la nomenclature des formations acceptées pour les
ressortissants étrangers inscrits au Programme de l'expérience québécoise faisait sourire. On a surtout vu l'effet de
la précipitation du ministre. On y retrouvait des programmes disparus depuis longtemps, tel le baccalauréat en
sciences domestiques ou abolis plus récemment, comme le diplôme d'études professionnelles
en modelage. Or, peut-être qu'un autre ministère devrait être blâmé.
L'inscription du programme en sciences domestiques vient nécessairement du
ministère de l'Éducation, observe Yvon Boudreau, longtemps sous-ministre à
l'Emploi, aujourd'hui à la retraite.
Alors, en
matière de vision, là, je ne sais pas, mais ici, lorsqu'on a des cégeps qui
vous interpellent puis qui vous disent :
Vous mettez énormément de pression sur nos étudiants, mais, pire que ça, vous
mettez une menace hyper importante de fermeture de programmes... Puis
ça, c'est vous, de votre propre chef.
Bernard
Tremblay, de la Fédération des cégeps, ainsi que Johanne Jean, de l'Université
du Québec : À première vue, on ne voit pas du tout la nécessité d'avoir
une liste pour les détenteurs de D.E.C, affirme le P.D.G. de la Fédération des
cégeps. Il dit n'avoir jamais été avisé qu'un participant du PEQ s'est
avéré incapable de trouver un emploi après avoir terminé un programme d'études techniques dans un collège
québécois. Les étudiants internationaux s'intègrent au marché du travail.
On ne voit pas la pertinence d'avoir une
liste. Bernard Tremblay et Johanne Jean n'ont toujours pas été invités aux
consultations promises, il n'y a pas plus d'une semaine, par le ministre
de l'Immigration. Je ne sais même pas, moi, M. le Président, là, si le ministre de l'Éducation, lui, a
travaillé ou travaille actuellement sur cette liste. Donc, oui, en matière de
vision, là, là-dessus, là, ça a été un échec monumental.
Au mois de
février, il est arrivé quelque chose de très grave à l'Université Concordia.
Plusieurs étudiants ont dénoncé un
climat de harcèlement sexuel sur le campus, plusieurs étudiantes et étudiants.
J'en ai parlé, on a interpelé. Moi, j'aimerais savoir, là, presque un an plus tard, est-ce que le ministre a cru bon de
personnellement se rendre à l'Université
Concordia, de faire une rencontre avec les dirigeants puis de voir avec
eux s'ils comprennent que, lorsque ma collègue la députée de Marguerite-Bourgeoys
a instauré la loi n° 51, ce n'était pas juste une
directive, c'est une loi? Puis que là-dessus, lorsqu'on
a des étudiants qui se disent inquiets de retourner en classe avec la personne
sur qui ils ont porté plainte, je ne
suis pas certaine que M. le ministre, là, est allé à cette université
puis dire : Moi, là, je veux qu'on parle de ce dossier particulier,
je veux savoir qu'est-ce qui est arrivé, puis peut-être resserrer les règles,
puis avoir des nouvelles directives, parce que, clairement, c'est insuffisant
dans ce cas-ci.
Lorsqu'on vous
parle des logements abordables pour les étudiants, honnêtement, je n'ai eu
aucune réponse. Et pourtant, c'est
grave. Il y a vraiment une crise, là. Des étudiants ne trouvent pas de logement
à Montréal, sinon ils paient beaucoup
trop cher. Puis ceux qui sont en région puis qui sont en résidence, il y a des
résidences qui doivent avoir un meilleur maintien. Je vous demande simplement d'ajouter des subventions puis de
subventionner le pied carré dans les établissements d'enseignement
supérieur. Ça, vous avez le pouvoir de le faire.
En matière d'aide financière aux études, vous
pouvez le faire par règlement. Vous n'êtes pas obligé d'aller avec la loi. Vous
êtes en mesure, dès aujourd'hui, de tenir votre engagement pris le 2 mai
2019, lorsque nous étions en étude de
crédits. Je vous ai interpelé, je vous ai raconté l'histoire de cette jeune
femme qui est aussi l'histoire de plus de 350 étudiants en moyenne par
année qui se font refuser de l'aide financière aux études pour une demande de
dérogation pour motifs humanitaires.
Son dossier, TDAH, dyslexie, mère monoparentale, deux enfants, si ça, ce n'est
pas humanitaire comme cause, c'est quoi qui est humanitaire au Québec?
Puis là vous
m'avez dit d'aller travailler sérieusement. On est le 22 novembre. Alors,
M. le ministre... M. le Président, vous comprendrez qu'il y a urgence
d'agir parce que peut-être que pour vous, ça peut passer, être que quelques
dossiers, mais chaque dossier est un dossier de trop lorsqu'on empêche
quelqu'un de terminer ses études. Les études, là, cégep, universitaires, là, ça
permet à plein de gens de briser le cercle de la pauvreté, vous le savez.
L'aide
financière aux études doit être revue et corrigée. Ce n'est pas normal que
c'est un étudiant sur 10 qui est capable d'avoir la ligne au téléphone.
Ce n'est pas normal que lorsqu'on écrit durant notre session universitaire...
On commence au mois de janvier, on doit écrire, trois semaines plus tard on
reçoit une réponse, il faut réécrire pour justifier davantage, on envoie des rapports
médicaux. Puis là on est rendu dans les intras, on est stressé pour préparer
nos examens intras et là on reçoit une autre
réponse d'un fonctionnaire qui nous dit : Bien, c'est refusé. Mais pas de
motif, c'est juste refusé. Puis on dit : Bien, vous pouvez faire un
appel. On fait un appel, on est rendu à l'examen final, la session est
terminée, puis on nous court après pour payer nos frais de scolarité puis on a
25 $ dans notre compte.
La personne
vous a écrit à vous, personnellement, plusieurs reprises. C'est vous, le
ministre, vous avez un pouvoir d'agir par règlement et d'avoir un impact
immédiat sur la vie de centaines d'étudiants. Et tantôt vous avez commencé en
disant que nous, là, notre premier critère, c'est quoi déjà? Bienveillance. Sur
ce dossier particulier, vous pouvez vous montrer très bienveillant.
En matière de vision, tantôt, on a vu que le
PEQ, ça ne coopère pas vraiment avec les différents ministères, mais le Conseil du trésor, moi, je n'en reviens
pas que le projet de loi n° 37... qu'on dit à nos universités, là :
On va centraliser les pouvoirs
d'achat. Comment voulez-vous que l'ETS, l'Université de Sherbrooke,
l'Université Laval, Rimouski, l'UQAC, on
centralise les pouvoirs d'achat en matière informatique, alors qu'il se fait de
la recherche et chaque université a ses propres programmes, ses propres
spécificités?
Toutes les
universités vous ont écrit, le Bureau de coopération interuniversitaire a écrit
au ministre. Je n'en reviens pas qu'ils
n'ont pas encore réalisé qu'on ne peut pas demander à nos universités de
regrouper leurs achats en matière informatique, alors qu'ils doivent faire de
la recherche hyper spécifique et de... oui, des fois, il y a des partenariats.
Pire que cela, on leur dit qu'on va diminuer la paperasse. Comment qu'on
diminue la paperasse lorsque le seuil de reddition passe de 25 000 $ à 10 000 $?
C'est plus de paperasse. Pierre Cossette du BCI est venu au projet de loi
n° 37. Est-ce que vous avez entendu son message?
• (12 heures) •
Et hier... je
m'en voudrais, hein, je m'en voudrais de ne pas parler d'hier, où on était en
commission avec Desjardins. Comment est-ce possible aujourd'hui que
nous, on reçoit des professeurs et chercheurs qui reçoivent des subventions, des fonds de recherche publics, travaillent dans les
universités publiques, et, au même moment, reçoivent 1 250 000 $
de fonds de recherche privés, et viennent ici pour éclairer les parlementaires
sans divulguer leurs conflits d'intérêts, sauf lorsque ça fait la une du Journal de Québec et que le
ministre de l'Enseignement supérieur ne se dit pas : Il y a peut-être ici
quelque chose à regarder. Il y a à peu près trois ans, le même problème est
survenu en Ontario, où on a vu des chaires de recherche créées par le privé, notamment Facebook, Microsoft.
Est-ce que c'est là qu'on s'en va au Québec? Est-ce que notre recherche va désormais
être financée par le privé? Est-ce que j'ai manqué le mémo? Parce que, dans
l'université, on disait toujours que nous, oui, on est des chercheurs, mais on
ne veut pas être à la remorque de l'industrie.
Hier, le
malaise était palpable pour tous les parlementaires, autant pour le
gouvernement de la CAQ que pour les partis d'opposition. Ici, là, il y a vraiment urgence de regarder la situation
puis de se poser de véritables questions en matière d'éthique de
recherche. Est-ce que vous allez regarder davantage cela et voir comment qu'on
peut mieux encadrer la recherche pour
s'assurer qu'il n'y a pas des conflits d'intérêts, clairement, et évidents,
lorsqu'on a des gens qui sont supposés faire de la recherche dans le
secteur public, dans nos universités?
Merci
beaucoup, M. le Président. Je remercie le ministre, ainsi que toute son équipe,
et évidemment les différents députés, et le député de Gouin.
Le
Président (M. Tardif) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Alors,
merci de votre travail, aux membres parlementaires.
Je lève la séance, et la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 02)