(Quatorze
heures une minute)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à des auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières et
auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)
est remplacée par M. Lévesque (Chauveau) et Mme Melançon
(Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, cet après-midi, nous
entendrons Je protège mon école publique, la commission scolaire des
Laurentides, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, la commission
scolaire des Grandes-Seigneuries et le Comité de parents de la commission
scolaire de Montréal.
Donc, sans plus
tarder, je vais... Oui? Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Bonjour, Mme la Présidente. J'aurais une question de directive, si vous me
permettez.
La Présidente
(Mme Thériault) : Une question directive. Allez-y.
Mme Rizqy :
Oui. Alors, ce mercredi, le 13 novembre, à 11 h 30, une plage
horaire s'est libérée, lors des consultations du projet de loi n° 40, suivant le désistement d'un groupe. À ce
jour, nous avons reçu 64 demandes de participation qui ont été effectuées auprès du Secrétariat des
commissions. Certains groupes ont été retenus et entendus, et malheureusement
d'autres non.
La commission
scolaire Marie-Victorin a exprimé son souhait à venir en commission
parlementaire dès le 24 octobre. Pour
combler la plage horaire disponible, nous avons suggéré à plusieurs reprises
que la commission scolaire Marie-Victorin
soit convoquée. Il y a désormais de la place dans notre horaire, et ce, dès
mercredi matin. Tous les groupes parlementaires ont accepté que celle-ci
soit convoquée, mais le gouvernement refuse.
Alors,
nous, on demande qu'il fasse preuve de collaboration, comme qu'on l'a fait la
semaine dernière, lorsqu'on a tous
consenti que la commission scolaire
des Laurentides soit convoquée puisqu'une page... une plage horaire, pardon,
elle s'est rendue disponible suivant, justement, un désistement. Nous avions
cependant indiqué qu'advenant un autre désistement
nous souhaitons une ouverture du gouvernement afin que la commission scolaire
Marie-Victorin soit convoquée. Donc, il y avait eu des échanges à cet
effet, donc une entente qui était arrivée.
Je
redemande donc le consentement de tous pour que la commission scolaire
Marie-Victorin soit convoquée ce mercredi matin.
La
Présidente (Mme Thériault) : Bon, concernant votre question de
directive, Mme la députée, je dois vous dire sincèrement que je n'ai pas le pouvoir comme présidente d'ajouter des
groupes ou d'en retirer. De manière générale, ce sont les leaders qui s'entendent entre eux, avec le leader du
gouvernement, évidemment, puisque l'agenda a déjà été donné par la Chambre. Si celle demain ne l'est pas, elle
le sera après les affaires courantes, évidemment. Mais moi, je n'ai pas le
pouvoir d'ajouter. Même si les gens m'envoient des lettres ou me posent la
question, je ne peux pas.
Donc, à partir du
moment où il y a eu des discussions, si les leaders n'ont pas voulu, la seule
option qu'il y a sur la table, c'est... avec
un consentement, vous savez qu'on peut tout faire, mais, s'il n'y a pas de consentement,
je ne peux pas rien faire, je n'ai
pas la latitude qu'il faut pour convoquer un groupe, même s'il y a une plage
horaire qui s'est libérée.
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, je comprends parfaitement, effectivement, votre rôle et
pouvoir. C'est pour ça que je
demandais un consentement de l'ensemble des partis. Je vois que Mme la députée
de Sherbrooke hoche de la tête et je
crois que la recherchiste de Parti québécois aussi aurait consentement pour
Marie-Victorin. Et là, maintenant, je me tourne vers le ministre de
l'Éducation. Est-ce qu'il est prêt à consentir, lui, à titre de ministre de
l'Éducation, qui voulait justement entrer
dans la bonne collaboration, est-ce qu'il est prêt à consentir, puisque nous
avons des plages horaires qui sont maintenant disponibles, à ce que
Marie-Victorin soit convoquée pour ce mercredi matin, s'il vous plaît?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge : Mme la Présidente,
je vais laisser les leaders conclure les discussions à ce moment-ci.
La Présidente
(Mme Thériault) : D'accord. Et je veux juste vous rappeler que
j'aime beaucoup la recherchiste, quand même, du Parti québécois, mais
les recherchistes n'ont pas voix dans les consentements. Il n'y a que les
députés qui ont voix. C'est un privilège qui nous est réservé.
Donc,
vous comprendrez, Mme la Présidente, que, puisqu'il n'y a pas de consentement...
le ministre a indiqué que c'est aux
leaders de se parler entre eux, il
n'est pas trop tard, il est de bonne heure encore aujourd'hui, il y aura
toujours la possibilité d'ajouter, mais ils doivent avoir des
discussions entre eux. Ce n'est pas du ressort de la présidence.
Donc,
je vais reprendre là où j'en étais rendue. On a perdu quelques minutes. Est-ce
que j'aurais consentement pour qu'on puisse reprendre les
quatre minutes qui manquent à la fin, si jamais on en avait...
Des voix :
...
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait, merci. Donc, ça, c'est un
consentement.
Auditions (suite)
Donc,
je vais souhaiter la bienvenue aux représentants de Je protège mon école
publique. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour nous exposer votre mémoire. Après quoi, nous allons
procéder à la période d'échange avec les
membres de la commission. Donc, je vous invite à vous présenter, nous présenter
la personne qui vous accompagne, et la parole est à vous.
Je protège mon école publique (JPMEP)
Mme Poirier (Natalie) : Très bien. Alors, Mme la Présidente de la
commission, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de la commission, au nom du
comité organisateur du mouvement de parents Je protège mon école publique,
je tiens à vous remercier de nous avoir
invitées. Mon nom est Natalie Poirier. Je suis maman de quatre filles qui
fréquentent des écoles primaires et
secondaires de la commission scolaire des Trois-Lacs et je suis accompagnée de
Patricia Clermont, une maman aussi de deux filles au primaire, à la
commission scolaire de Montréal.
Nous
faisons toutes deux partie du mouvement Je protège mon école publique depuis
quatre ans. Il nous fait donc plaisir,
au nom du regroupement, de vous présenter nos réflexions et nos recommandations
à l'égard du projet de loi n° 40 en déposant notre mémoire à ce sujet.
Je
protège mon école publique est un mouvement citoyen indépendant et non partisan
qui a mobilisé des dizaines de
milliers de parents partout à travers le Québec depuis sa création, en 2015. Il
a pour mission de dénoncer, à travers différentes actions, le sous-financement de l'école publique
et ses conséquences désastreuses sur le parcours scolaire et sur la qualité
de vie des élèves. À noter que nous ne
pouvons tout couvrir aujourd'hui, ce qui ne veut pas dire que nous adhérons à
tout ce dont nous ne discutons pas dans ce document.
Mme Clermont
(Patricia) : La volonté du gouvernement de procéder à une
transformation si rapide en disant vouloir
réaliser des économies, cela ne résonne pas pour nombre de parents, d'autant
plus que ces économies ne sont ni chiffrées ni partie prenante d'un plan
concret. De plus, elles sont somme toute minimes au regard des choix
budgétaires généraux que nous croyons nécessaires.
Ce qui importe
vraiment pour les parents et leurs enfants, ce sont les solutions que nous
devons trouver pour améliorer les services
aux élèves, améliorer leurs conditions d'apprentissage à plein de niveaux,
diminuer l'épuisement de leurs professeurs et faire mieux connaître
comment le système de l'éducation fonctionne. Nous ne voyons pas dans ce projet de loi ce qui répond rapidement et
concrètement à ces préoccupations fondamentales pour les parents. Surtout, nous
ne voyons pas de plan ni d'ouverture à faire
contribuer tous les acteurs qui doivent en être partie prenante, d'où notre première
recommandation.
Considérant
tout le rattrapage qu'il reste à faire et considérant la cohorte d'élèves qui
subissent encore aujourd'hui les contrecoups des années de compressions
budgétaires qui ont forcé la création du mouvement Je protège mon école publique, il vaudrait mieux concentrer les efforts
de nos milieux scolaires sur des mesures qui apportent des contributions
concrètes à la bonification des services éducatifs dispensés pour les élèves.
• (14 h 10) •
Mme Poirier (Natalie) : Les écoles qui sont administrativement réunies
ont souvent développé des mécanismes d'échange
et même d'entraide, notamment avec le milieu sociocommunautaire. En ville comme
en région plus éloignée, en grand
centre comme en plus petit, les filets sociaux communautaires et économiques
seront détricotés avec cette logique. Permettre un libre choix total aux
parents contribuera aussi, à notre avis, à fragiliser les écoles de quartier,
car de si grands territoires, avec une
liberté de choix totale qui enlève toute attache au quartier de résidence, cela
nous semble aussi consolider la transformation des parents en clients
qui, dès lors, seront encore plus découragés ou réduits à magasiner leur école, car désormais mises en compétition les
unes avec les autres, accentuant les comparaisons boiteuses qu'engendrent
déjà les palmarès des écoles, celles-ci
seront encouragées à se développer comme des projets entrepreneuriaux qui
doivent maximiser leur nombre de clients élèves, et non pas s'articuler
avec les organismes ressources de leur milieu afin de répondre aux besoins,
protéger et favoriser l'épanouissement des élèves les plus vulnérables.
L'école
régulière doit redevenir un haut lieu de qualité, de motivation et
d'épanouissement tangible pour les élèves en général. Il faut cesser de faire en sorte que des familles cherchent
à sauver leur enfant de l'école régulière, la présumant inintéressante. Au contraire, il faut que les
parents sentent que la priorité à l'éducation vise une haute qualité pour
toutes les écoles, que toutes les écoles publiques sont vouées à offrir des
projets qui conviennent aux élèves qui les fréquentent.
Recommandation 2 :
s'assurer que la mise en commun des services et des ressources ne concerne que
les écoles publiques en attendant une
réflexion collective et gouvernementale au sujet du financement des écoles au Québec, publiques et
privées.
Recommandation 3 : prioriser avant tout les écoles de quartier, au niveau
primaire et secondaire, afin de réduire leur mise en concurrence et
d'éviter l'appauvrissement de certaines écoles plus socioéconomiquement
défavorisées.
Mme Clermont (Patricia) : Encore trop de parents au sein de conseils d'établissement sont désemparés, méconnaissants et finalement démotivés quant à la teneur de cette
fonction importante. Heureusement, de plus en plus de parents manifestent un intérêt
à mieux connaître ces fonctions et leur utilité et ils manifestent de
l'ouverture à être mieux outillés. C'est
pourquoi cette voie est essentielle, et elle ne doit pas être réduite à une
fonction de promotion qui la vide de son sens. Elle doit être, au
contraire, valorisée, et son rôle consultatif doit être fort et primordial.
Recommandation 4 :
préserver pour les comités de parents et les comités consultatifs des services
aux élèves handicapés et en difficulté
d'apprentissage et d'adaptation ou à besoins particuliers leur rôle consultatif
auprès des instances organisationnelles supérieures, actuellement les commissions
scolaires.
Recommandation 5 : ne pas retirer au comité de parents sa fonction de donner
son avis sur tout sujet propre à assurer le meilleur fonctionnement de
la commission scolaire ou, le cas échéant, du centre de services scolaires.
Recommandation 6 : attribuer deux sièges au sein d'un éventuel conseil d'administration du centre de services pour un représentant
des parents d'élèves HDAA du niveau primaire et un autre du niveau secondaire.
Recommandation 7 : maintenir des liens réels entre les comités de parents et
les éventuels conseils
d'administration des centres de services.
Mme Poirier (Natalie) : Trop souvent, au fil des décennies, d'autant plus
avec l'austérité budgétaire de la dernière décennie, les parents et
les professeurs se sont retrouvés en potentielle opposition. Les chaînes
humaines ont permis à chacune de ces parties
de se rappeler leur voeu commun de favoriser une école publique de qualité au
bénéfice de nos élèves, nos enfants.
Recommandation 8 : réserver la moitié des sièges du conseil d'établissement pour les parents, quelle qu'en soit la
taille.
Recommandation 9 : attribuer au moins quatre sièges des conseils d'établissement, quelle qu'en soit la taille, au personnel
enseignant.
Recommandation 10 :
maintenir une composition flexible du conseil d'établissement quant au nombre
de ses membres, selon les besoins et les caractéristiques de chaque milieu, 12 à 20 pour le primaire et de 16 à 20 pour le
secondaire.
Recommandation 11 : maintenir les deux sièges pour les élèves du deuxième
cycle dans le conseil d'établissement
d'une école secondaire.
Mme Clermont
(Patricia) : Nous sommes convaincus que la mauvaise presse, la
méconnaissance et le fait d'avoir trop tardé à revisiter le fonctionnement des
élections et des commissions scolaires ont découragé les parents à y prendre davantage
part, car, pour un engagement authentique, il faut trouver du sens, de
l'utilité, mais, puisque les commissions
scolaires sont devenues des boucs
émissaires continuels des gouvernements successifs, cela a aussi contribué à en faire diminuer la valeur et les potentiels
aux yeux des parents, car ne dit-on pas d'un chien qu'on veut tuer qu'il a la
rage?
Par
leur rôle d'accompagnement et leur indépendance face à l'administration et au ministère, les commissaires se révèlent
souvent des alliés importants pour les parents, car une structure telle qu'une
commission scolaire, c'est aussi un lieu d'arbitrage face à
l'appareil administratif.
À
la lecture de ce projet de loi, nous sommes loin d'être certains que les
conseils d'administration qu'il faut prévoir joueront pleinement ce
rôle. Ils apparaissent plutôt comme des courroies de transmission par
lesquelles le ministère de l'Éducation et le
ministre relaieraient des directives sans que cette instance puisse exercer une
sorte de sain contrepouvoir en
questionnant ou en faisant valoir des points de vue qui auraient pu être
méconnus ou négligés par l'indépendance et la liberté de parole de sa
présidence, notamment.
Qu'on
nous comprenne bien, le fonctionnement actuel des structures des commissions
scolaires doit impérativement et
rapidement être revisité, voire refondé. Nous croyons véritablement que des
commissaires indépendants, dans un mode réinventé de collégialité sans
aucune apparence de quelconque partisanerie, seraient des plus porteuses.
Mme Poirier
(Natalie) : Il nous apparaît dangereux et inéquitable de retirer des
droits démocratiques à une partie de la
population francophone tout en les laissant à l'autre partie, anglophone, en
grande partie à cause de garanties historiques. Les parents sont, à
notre avis, les acteurs trop souvent manquants dans l'équation d'une saine
gouvernance.
Dans
la situation qui prévaut jusqu'à maintenant, l'interprétation de la
participation des parents francophones aux élections scolaires est faussée, car il n'est que trop rarement expliqué
que cette participation au vote est en fait diluée. En effet, puisque tout non-inscrit sur les listes des
élections scolaires anglophones est relégué sur les listes des élections
scolaires francophones, le nombre de
francophones qui votent diminue forcément dans ce total qui grossit par défaut.
Ajoutons que nulle part n'est abordé
le positionnement des allophones, des nouveaux arrivants, dans une perspective
qui prévaut actuellement.
Or,
même si les taux de participation apparaissent minimes, notamment à cause des
effets pervers du fonctionnement des
listes électives dont nous venons de parler, il s'agit néanmoins de milliers de
citoyens francophones qui votent, et ils méritent d'être autant pris en
compte que les citoyens anglophones. D'ailleurs, nous constatons que des
démarches juridiques risquent fort d'être entamées à cet égard.
Recommandation 12 :
reporter le projet de loi n° 40 afin de prendre en compte l'analyse
du Directeur général des élections
du Québec qui sera déposée en juin 2020, tel que stipule la
motion adoptée à l'Assemblée
nationale le 14 juin 2018
qui l'a mandaté pour proposer une analyse sur le mode de votation à distance.
Mme Clermont (Patricia) : En
terminant, le gouvernement et tous les citoyens québécois ont avantage à ce que des états généraux sur l'éducation se tiennent dans le présent mandat. La politique ne doit pas ne
consister qu'à tenir des promesses électorales, elle doit surtout
générer les bases de débats sociaux qui informent les changements législatifs utiles et véritablement pérennes. L'éducation constitue maintenant un sujet d'intérêt prioritaire, mais il
reste beaucoup pour qu'elle
soit véritablement une priorité nationale. Nous invitons le gouvernement à prendre le temps nécessaire pour faire le mieux possible la nécessaire transformation de la gouvernance scolaire. Ce pas de recul que nous demandons, c'est pour mieux
continuer d'avancer, tout simplement. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci beaucoup pour votre exposé. Sans plus tarder, M. le ministre, pour vos 16 minutes.
M. Roberge : Merci
bien, Mme la Présidente. Merci, Mme Clermont, Mme Poirier. Un plaisir
de vous revoir. Je souligne la force et la puissance de votre
implication sociale. Je protège est un organisme dont on a vu la naissance ces dernières années, pendant le dernier mandat du
gouvernement libéral, où, je me souviens, on faisait des chaînes humaines
pour protéger les écoles contre les
gouvernements, les coupures, le fait de jouer au yoyo avec le budget de
l'éducation en fonction de l'échéance
électorale. Je me souviens moi-même d'avoir participé à quelques-unes de ces
marches ou de ces chaînes humaines.
Ceci
dit, j'ai quelques commentaires et des questions par rapport à votre
intervention aujourd'hui. Vous parlez... Vous faites référence... À la fin, vous avez parlé de ce qui s'est passé
au Nouveau-Brunswick, qui avait aboli complètement les commissions scolaires pour les rétablir par la
suite. Bien, je pense qu'il faut faire attention, parce qu'on ne s'en va pas
vers une abolition du palier régional pure
et simple. On va éliminer les élections scolaires telles qu'on les connaît,
mais les instances régionales, les
commissions scolaires, seront plutôt transformées en centres de services
scolaires. Donc, je pense qu'on peut difficilement se comparer,
peut-être, à l'erreur qu'a faite le Nouveau-Brunswick.
D'ailleurs,
j'ai rencontré le ministre de l'Éducation, M. Cardy, à quelques reprises, puis
on a parlé de ce qui s'est passé au
Nouveau-Brunswick, ce qu'ils ont fait avant ce recul, puis il était très
curieux de savoir où est-ce qu'on s'en allait puis, discutant de ça, bien, il était assez rassuré. Il avait des
inquiétudes pour la communauté anglophone, je ne vous le cache pas, parce qu'au Nouveau-Brunswick ils ont
une sensibilité particulière pour la communauté francophone, puis il s'inquiétait un peu des conséquences que pourrait
avoir le projet de loi n° 40 sur la communauté anglophone jusqu'à ce
qu'on lui dise finalement où est-ce qu'on s'en allait, puis après quoi, bien,
il n'avait plus d'inquiétude.
Vous avez dit quelque
chose qui m'a laissé un peu songeur. Vous avez dit : Il y a des... Les
économies qui découleraient de ce qu'on apporte sont non chiffrées, mais elles
sont minimes. Alors, si on porte un jugement pour dire qu'elles sont minimes, ça veut dire qu'on voit le chiffre puis
qu'on ne le trouve peut-être pas assez grand, mais elles sont chiffrées. On s'est dit que, dans les quatre
premières années, on allait économiser au minimum 45 millions de dollars.
Je ne sais pas si, peut-être, cette
information-là ne s'était pas rendue à vous, mais 45 millions de dollars,
pour moi, ce n'est pas minime. Bien
sûr, on peut toujours le comparer au budget total de l'éducation ou au budget
du gouvernement du Québec au complet
pour dire que, ah! 45, ce n'est pas tant que ça, mais, quand on pense aux
besoins qu'il y a dans les écoles, puis je pense que vous en êtes, vous savez bien ce qui se passe puis tous les
efforts que doivent faire les parents pour obtenir des services,
45 millions de dollars, je pense que ça serait bienvenu dans notre réseau
public. Mais vous nous dites que la première
chose à faire, c'est de bonifier les services, donc pas nécessairement revoir
les structures ou la gouvernance. Est-ce qu'on ne pourrait pas faire les deux? Est-ce qu'on ne pourrait pas
réinvestir en éducation, exactement comme ce qu'on a fait, là, cette
année?
Encore
là, au moment où on se parle, il y a des gens qui se font embaucher parce qu'au
budget de mars dernier on a débloqué
des sommes pour embaucher des centaines et des centaines de personnes, si bien
qu'en septembre on n'a même pas été
capables de tous les embaucher. Il y avait tellement de postes ouverts qu'on
manquait d'humains pour les combler. Mais
donc, encore là, de semaine en semaine, on embauche des gens, on réinvestit, on
rénove. De semaine en semaine, il y a des projets de rénovation d'école
qui se font.
Mais est-ce que vous
ne pensez pas qu'on peut faire les deux, améliorer la gouvernance et améliorer
les services directs aux élèves en embauchant des personnes? Pourquoi il
faudrait opposer ces deux idées-là?
• (14 h 20) •
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Clermont? Mme Poirier? Clermont?
Poirier.
Mme Poirier (Natalie) : Bien, en fait, si vous nous proposez de faire les
deux, moi, je pense qu'on serait fous de dire non. Je pense
que ça peut être intéressant de le faire ainsi. Simplement que les sommes
réinvesties, vous parlez de 45 millions, ça nous paraît peu quand on commence à les diviser par commission scolaire. Si on pense à les diviser ensuite par le nombre d'écoles, pour moi, c'est... je trouve
que ça devient... ça s'effrite rapidement. Donc, c'est peut-être ça, dans le
sens du minime de la chose.
Mais,
je pense, de revoir les structures, c'est... Comme on dit,
on ne pense pas que le statu quo est possible. Nous aussi, on croit qu'il faut
revoir la façon de faire les choses, mais on aurait aimé prendre le temps, peut-être, d'être consultés davantage puis de faire partie d'une grande table de
réflexion. Puis tous les acteurs pourraient aussi être assis à cette table-là
pour repenser peut-être un peu plus en profondeur sur cette nouvelle façon qu'on pourrait faire les choses.
En fait, c'est un peu ça.
M. Roberge :
Donc, d'après ce que je vois, puis je ne veux pas vous mettre des mots dans la
bouche, vous me corrigerez si je me trompe,
le projet de loi n° 40 a peut-être le mérite de proposer une alternative, mais ce
n'est pas celle-là que vous auriez
mise sur la table. Donc, si on vous consulte aujourd'hui et maintenant,
vous dites : Le statu quo, ce n'est pas une bonne chose. Le projet
de loi n° 40, bon, vous avez
peut-être de la difficulté avec la
transformation des postes de commissaires
en conseils d'administration. Donc, vous suggéreriez quoi? Qu'est-ce qui serait
à faire pour améliorer notre gouvernance,
pour donner les meilleurs services qui soient, pour que chaque dollar qu'on met
dans le réseau serve mieux les intérêts, les besoins, surtout, je dirais,
des élèves et des familles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Clermont.
Mme Clermont
(Patricia) : Je crois qu'il
n'y a aucun dollar qui est superflu, c'est certain. Mais c'est simplement
que, même dans nos conversations avec plein
de parents, 45 millions, ce n'est pas un chiffre qui frappe l'imagination.
Quand on...
Nous, on
regarde les revendications qu'on porte depuis quatre ans : en 10 ans,
bien, c'est 1 milliard de dollars qui a été coupé au fil de la
dernière décennie. Ça fait que c'est comme ça que l'ordre de grandeur apparaît.
Mais c'est
sûr que, si on ajoute... Mais il nous semble aussi qu'en fait le travail que le
Directeur général des élections effectue sur le vote à distance, mais
aussi quand on se rend compte, justement, de ce qui pervertit, en fait, les
élections scolaires au niveau francophone,
leur dévaluation, l'attention médiatique souvent sur les problèmes... et puis
il y a certainement beaucoup de
choses à améliorer, on en est nous-mêmes. Alors, c'est pour ça que de prendre
le temps de consulter les gens, ne serait-ce que...
Nous, on
remarque aussi que les consultations qui ont été faites dans différentes
instances, bien, des fois, ça a été simplement
sur ce qui s'en vient, mais en n'ayant pas le temps, par exemple, d'envisager
les impacts, qu'est-ce que ça fait.
Puis par
ailleurs, aussi, c'est que, dans un changement de structures, bien, il y a
forcément... je ne sais pas, moi, la
commission scolaire de Montréal, après ça, le logo, quand il va changer, ce
genre de frais administratifs, en fait, des fois, ça peut... puis au nombre de commissions
scolaires, puisqu'il y en a 70, bien, finalement, qu'est-ce qui va rester aussi
du 45 millions, ce n'est pas très limpide dans notre esprit.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
Mme Poirier (Natalie) : ...
M. Roberge : Allez-y.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, Mme Poirier, allez-y.
Mme Poirier (Natalie) : Vous
nous demandiez un peu qu'est-ce qu'on propose. En fait, nos recommandations
vont en ce sens-là. Ce qui est important pour nous, c'est de, premièrement,
maintenir le lien. On ne voit pas de lien entre
le C.A. et les comités de parents, pourtant les comités de parents sont
importants, ce n'est pas pour rien qu'il y a eu quatre
commissaires-parents qui ont été élus, et même maintenant un droit de vote sur
les conseils généraux. Ils nous permettaient, les parents, d'avoir une voix
plus forte au moment où on prenait les décisions.
On se questionne
aussi par rapport aux différents secteurs. On est un peu inquiets que les
parents des villes prennent tous les sièges sur les C.A. puis qu'on
oublie, finalement, ceux qui sont un peu plus en ruralité.
Donc, c'est des... Je pense que c'est des points
importants à considérer dans les changements que vous abordez.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : ...c'est la
question de la représentation, disons, géographique. Et, sachant que la
représentation géographique peut vouloir
parler aussi des réalités différentes pour les familles, distance à faire pour
se rendre à l'école, milieu rural, milieu urbain, milieu favorisé,
milieu défavorisé, je comprends cette préoccupation-là.
Votre
recommandation 5 aussi, je regardais attentivement, on peut voir si c'est
quelque chose d'intéressant, je vous dirais,
de prime abord, là. En commission, comme ça, on ne dit pas nécessairement quel
amendement on reprendra, mais je peux
vous dire que la façon dont vous l'avez amené, ça porte à réflexion,
certainement. On va voir si on peut intégrer ce genre de recommandation
là.
Je reviens
encore sur les chiffres parce que... ce n'est pas juste un débat de chiffres,
mais je trouve ça important de le
dire, parce que souvent, quand on
pose un geste isolément, ça peut déranger quelqu'un souvent, hein? Un geste, c'est un changement, c'est une politique, c'est une initiative, puis il va y
avoir 2 %, 3 %, 10 %, 15 %, 20 % des gens qui vont
dire : Ah! ce geste-là me dérange, puis
en plus ça ne viendra pas tout régler. Mais aucun geste ne vient tout régler.
Mais, si on additionne tout ça, qu'on regarde depuis un an ce qui a été
fait puis ce qu'on veut faire dans les prochaines années, on se rend compte qu'il y a tout un ensemble de
mesures qui viennent ajouter des ressources et viennent changer la façon
de les utiliser. Puis c'est là qu'on voit
cette fameuse vision, cette cohérence, puis qu'on voit qu'il y a plusieurs
choses qui, ensemble, ne vont peut-être pas tout régler, mais vont
vraiment faire avancer puis vont protéger l'école publique.
On dit, bon,
45 millions, c'est certainement bien. C'est plusieurs centaines de
professionnelles qu'on peut embaucher, puis
donner le service, là, à des vrais enfants, puis c'est des familles qui ne sont
pas obligées d'aller au privé. Mais, si on additionne ça à 2,3 milliards pour rénover nos écoles, pour
s'assurer qu'il n'y ait plus de plomb dans l'eau, qu'il n'y ait plus de
champignons dans les airs, que les murs soient repeints, que les fenêtres
soient changées, que les toits soient étanches, que les
bureaux soient adaptés à la nouvelle pédagogie, que des murs soient abattus
pour faire des espaces collaboratifs, bien, 2,3 milliards, on peut en
faire, du chemin.
Si on
additionne ça à 1,7 milliard, toujours dans le budget actuel, là, pas sur
10 ans, là, en une année, pour agrandir des écoles, pour offrir des nouveaux services, pour construire des locaux
pour les professionnels — parce que les professionnels dans les écoles souvent, ce
sont des itinérants, ils n'ont pas de place pour travailler, ils sont obligés
de travailler à la cafétéria ou dans la
salle des profs — donc
agrandir des écoles, dans le 1,7 milliard qu'on a mis cette année, il y a aussi de la place pour des professionnels,
pour les ramener dans notre réseau public, ceux qui sont allés au privé, pour
leur donner le goût du service public, puis
on dit : On vous respecte suffisamment pour vous donner un cadre de
travail qui va vous permette de vous accomplir.
Si on
additionne ça aux 45 millions pour embaucher 600 professionnels qui
vont rester dans le temps, pas 600 cette année puis on les met à la porte l'an prochain, là, des gens qui vont
avoir leur permanence, qui vont pouvoir faire leur carrière dans le réseau public, bien, c'est là qu'on voit
que le 45 millions tout seul... bien, il ne faut pas le prendre seul, il
faut le voir avec les ajouts
d'espace, les rénovations, les professionnels qui arrivent, 5 millions
pour du tutorat, parce que nos nouveaux enseignants sont, excusez-moi, garrochés dans la profession, leur donner
un tuteur, un mentor qui va les accompagner, puis tout ça avec une
revalorisation des équipes-écoles.
Et là arrive
le projet de loi n° 40 en disant : Vous savez quoi? Le plus souvent
possible, on va prendre la décision le plus près possible de l'élève. On va
respecter le principe de subsidiarité. On va le redéfinir dans la loi pour
qu'il veuille dire quelque chose. Et
donc ceux et celles qui font l'école tous les jours vont prendre le plus
souvent possible les décisions sur ce qui va se passer dans l'école.
Puis, quand
on met tout ça ensemble, bien, on se dit que chaque geste, chaque pas, là, qui
font le marathon, c'est juste un pas,
mais, à moment donné, on a fait nos kilomètres. Et c'est cette vision-là que
j'ai envie de vous partager. Je sais, ce n'est pas une question, mais
c'est un échange. Parce que vous nous avez répondu généreusement à ma question
ouverte : Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer le système?, je réponds
à votre préoccupation.
Il me reste quelques minutes puis je vais les
offrir, si vous le permettez, à mon collègue de Richelieu, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il reste à peu près 3 min 45 s, M. le député de Richelieu.
M. Émond :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais faire rapidement, moi aussi, parce
que j'ai le collègue de Sainte-Rose...
La
Présidente (Mme Thériault) : Et j'ai... Oui. Je m'excuse, M. le
député de Richelieu. Il y avait Mme Clermont qui a signifié
peut-être un commentaire pour le ministre.
• (14 h 30) •
Mme Clermont
(Patricia) : Bien, juste
poursuivre l'échange, en fait, puis... En fait, ce qui nous inquiète, nous,
c'est que, d'une part, il y a une réflexion
du Directeur général des élections qui est en cours, puis, on se dit, avec le
peu de temps dont on constate que les
parents ont eu, vraiment, pour se saisir des enjeux qui sous-tendent ce
projet-là, qui est imposant, qui est
compliqué puis dont il faut convaincre les parents de se pencher sur ça parce
qu'il y a la rentrée scolaire et tout
le rythme quotidien, bien, nous, ça fait depuis quatre ans aussi qu'on essaie
d'intéresser les gens, à les inviter, en fait, à se présenter aux
assemblées générales, à se présenter dans les C.E., puis au fil du temps, après
en avoir aidé, des mobilisations aussi, on
se rend compte que la formation au sein des C.E. est très inégale aussi. Alors,
dans ce temps-là, on se dit : Il y a un travail aussi de
revalorisation de ce palier-là.
Puis, d'autre part, moi, je vais... en tout cas,
moi, mais je pense que mes collègues aussi, on va toujours être mal à l'aise de voir des droits démocratiques qui
sont retirés, de ne pas voir les citoyens du Québec tous également avoir
le droit de voter et de se présenter. Puis,
en tout cas, si ce train-là doit aller dans cette direction-là, il me semble
que ça nécessite de prendre plus de temps pour explorer cette voie-là puis avec l'avis éclairé des autorités
compétentes comme le DGE.
Alors, c'est
là où est-ce que... nous, c'est la précipitation en fait. Après ça, les sommes,
on constate qu'il y a de l'argent qui est remis. Mais, tu sais, c'est
long faire un plan qui va revaloriser, après tout, l'effritement qu'il y a
eu au travers des décennies, dans l'éducation. Donc, nous, on pense vraiment
que ça vaut la peine de prendre un pas de recul, comme on vous a dit en conclusion, non pas pour reculer, mais pour mieux
avancer en prenant le temps, et les outils, et les réflexions qui sont
en cours pour bien la faire ensemble. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député de Richelieu, un peu plus de 1 min 30 s.
M. Émond : Un peu plus d'une minute? D'accord. Merci.
Mme Clermont, Mme Poirier, merci pour votre mémoire. Vous avez parlé de temps. Mon
temps est très court, donc je vais aller rapidement à ma question.
Il y a
des groupes, précédemment, qui ont invoqué les inquiétudes quant à la
participation des parents ou la volonté de ceux-ci de s'impliquer au sein des conseils d'administration, la mobilisation, la
fréquence des rencontres, entre autres. Vous qui êtes impliquées dans votre mouvement citoyen depuis quelque
temps, déjà, et vous le faites en étant maman, de ce que j'ai compris,
de vos enfants, est-ce que vous sentez chez vos membres un appétit à
s'impliquer au sein des conseils d'administration,
à en faire davantage? Et est-ce que vous pensez que les parents du Québec,
incluant vos membres, ont la capacité de siéger au sein de ces C.A.?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 45 secondes pour y répondre, Mme Poirier.
Mme Poirier
(Natalie) : En fait, tout est dans une question de promotion et de
mettre les bonnes personnes aux bonnes
places, des personnes passionnées, qui en mangent et qui ont envie de
convaincre d'autres parents d'aller dans la même direction qu'eux.
Je suis
moi-même présidente du comité de parents de la commission scolaire et je vous
dirais que, depuis deux ans, les
changements de représentants a vraiment ralenti. Donc, je pense que, quand on
rassemble les gens, qu'on donne une direction,
puis qu'on est passionné, puis qu'on s'assure qu'il y a une promotion faite,
dans les écoles respectives, il y a moyen de mobiliser les gens. Quand ils
sentent qu'ils ont une voix, une véritable voix puis qu'on veut vraiment qu'ils
soient assis à la table pour
travailler ensemble et qu'on fasse véritablement partie de l'équation, je pense
que c'est vraiment la clé.
Mme Clermont
(Patricia) : Et j'ajouterais
simplement que, quand, les gens, on leur dit qu'il y a des outils puis qu'ils
vont être utiles, ça les intéresse d'autant plus. Je pense que l'opacité, la
distance, c'est ça qui a desservi et puis toutes sortes de sagas. Mais, les gens, à mesure qu'ils s'engagent,
bien, l'appétit vient en mangeant, puis c'est ce qu'on voit.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Ceci met fin aux échanges
avec la portion ministérielle. Donc sans plus tarder, nous allons du
côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Bienvenue parmi nous. Merci aussi pour votre mémoire très bien
rédigé, c'est très clair. Et,
Mme Clermont, vous avez émis tantôt le... vous avez dit la chose
suivante : Avoir le droit de vote et le droit de se présenter. Parce que vous distinguez bien ici
qu'une élection, ce n'est pas juste d'élire quelqu'un, c'est aussi d'avoir le
droit, permettez-moi l'expression, de mettre
sa face sur le poteau et de participer à cette vie démocratique. Et pour vous, ça,
c'est quelque chose qui est important.
Et présentement, avec le projet de loi
n° 40, c'est vraiment ça, dont il est question, c'est qu'on enlève
vraiment un pan de démocratie aux Québécois.
Et, d'autre part, c'est qu'on crée aussi deux classes de citoyens, en quelque
part, et, pour vous, ça serait un
terrain glissant. Puis pensez-vous, à titre de parents, mais aussi pour les
élèves... comment on peut expliquer ça maintenant à nos élèves, ce qu'on
est en train de faire, le projet de loi n° 40?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Poirier.
Mme Rizqy : Mme Clermont
ou Mme Poirier. Je vois Mme Poirier qui hoche de la tête.
Mme Clermont (Patricia) :
...pour les élèves, je pense que ça m'a déconcertée.
Mme Rizqy :
...parce que tantôt, Mme Poirier, vous nous avez fait... vous venez de
faire avec beaucoup de passion, dire :
Nous, on a réduit le taux de roulement, si vous me permettez l'expression. Vous
avez dit : On a mobilisé, on a donné une direction, puis là les parents ont embarqué, ils sont restés plus
longtemps avec nous. Puis moi, je trouve que c'est ça, faire la promotion d'une démocratie, ce n'est pas
enlever un palier de gouvernance. Mais nos élèves aussi, on leur apprend,
à ces jeunes élèves, c'est quoi, la
démocratie. Et comment on peut leur expliquer qu'aujourd'hui, au lieu de
promouvoir la démocratie, on fait juste l'abolir, cette démocratie?
Mme Poirier
(Natalie) : ...de nommer
cette chose-là. Même, on discute de la politique ici... chez moi, à la maison,
si je prends mon cas. Ça fait partie aussi
de nos recommandations de dire : Il faudrait qu'il y ait deux sièges pour,
d'abord, les élèves du secondaire.
C'est beaucoup moins intimidant. C'est quand même un gros appareil dans lequel
on met les pieds dedans. Je me
rappelle, même moi, quand j'étais au secondaire, on était deux assises à la
table des comités — je ne
sais trop comment on appelait, à
cette époque-là — et c'est
intimidant de poser des questions, on ne comprend pas tout. Donc, je
réitère notre recommandation à cet effet.
Mais c'est
sûr que c'est triste, c'est triste de parler de ça. Puis je vous dirais que,
moi-même, la politique m'intéresse de plus en plus depuis que je suis
impliquée. Alors, je trouve ça dommage de dire : On a un accès un peu
moins intimidant, par la démocratie scolaire.
Et je suis
pour la promotion des femmes en politique, je suis en train de terminer un documentaire sur ce sujet-là, en ce moment, et je trouve ça triste parce que plusieurs auront passé, d'abord, je
suis certaine... Il y a plein de femmes ici, à la table, je suis certaine qu'on est nombreuses à avoir d'abord commencé
par la démocratie scolaire. Je fais déjà de la politique malgré moi, de
toute façon. Et d'enlever ça, c'est... En fait, je trouve qu'on recule en
faisant ça comme ça.
Je trouve ça dommage qu'on n'ait pas regardé une
autre façon de faire les choses, avant de tout abolir, de dire : Pourquoi qu'on n'essaie pas de le faire avec les
élections municipales? Pourquoi tout arrêter tout de suite quand on aurait pu
juste s'asseoir pour en parler? C'est ça un peu, notre déception à travers tout
ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Clermont, voulez-vous...
Mme Clermont
(Patricia) : Bien, il me
semble aussi qu'il y a un danger de recul historique. Parce que,
tu sais, par rapport aux anglophones, leur côté communautaire et
social va rester très fort, alors que c'est comme si on disait aux francophones : Bien, ça ne vous intéresse pas
assez. Alors, ça va à l'envers d'une valorisation de l'école publique, puis
c'est ce qui nous apparaît incompréhensible.
Puis, quant
aux jeunes, bien, ce qu'on constate... moi, ce que je constate depuis un an,
c'est qu'il y a des comités verts, des conseils d'élèves, il y a
des élèves... les cours de citoyenneté, aussi, à l'école. Avec les enjeux
sociaux, bien, ça leur montre aussi qu'ils peuvent participer à contribuer à changer leur
école. Mais une école, des fois, ça ne se change pas juste dans l'école, ça se change à un niveau plus
territorial, large. Puis, à ce moment-là, ça veut dire qu'il faut se décoller
des choses qui nous préoccupent
quotidiennement pour les envisager d'une manière plus globale puis en lien avec
d'autres communautés, aussi, qui ne sont pas pareilles aux nôtres.
Alors,
c'est pour ça qu'on trouve ça dangereux d'aller si vite dans une direction qui
divise les citoyens, sans compter que les allophones qui arrivent... Bien, je pense que ça doit être
déconcertant de se dire : Les élections scolaires anglophones
continuent, mais pas du côté francophone, puis ça apparaît plus administratif.
Alors, voilà. Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Dans vos interventions, vous avez dit quand même à quelques reprises : La
précipitation, ça va trop vite, prendre un
temps de recul. Vous nous semblez des gens qui suivent, quand même, nos travaux ici, à la commission
de l'éducation et de la culture. Vous avez
sûrement vu le projet de loi n° 12, où est-ce que c'était sur les frais facturés
aux parents. On nous avait donné, à
ce moment, l'excuse de dire : Il faut aller vite, c'est pressant, allons
vite, au lieu de prendre un pas de
recul pour réfléchir aux frais facturés aux parents. Et, si vous avez suivi nos
travaux, le ministère de l'Éducation n'avait
même pas le portrait d'ensemble de la situation au Québec, ne savait pas que,
par exemple, il y avait des écoles qui, effectivement, avaient des projets pédagogiques à 10 000 $. Et
ça, évidemment, nous, ça nous a perturbés de ne pas avoir l'information
au sein du ministère de l'Éducation.
Il
y a aussi le projet de loi maternelle quatre ans, qu'on nous a servi encore une
fois la même recette : Il faut aller vite, il faut aller vite,
puis, bien, advienne que pourra pour les milieux défavorisés, on va se battre
quand même, puis finalement on l'obtient,
puis que, finalement, ouf! un amendement de dernière minute, puis on apprend
qu'on... les agréments pour l'école
privée, bien, parfait, même s'il y avait un moratoire qui n'était pas dit et
maintenant de retour sur la tablette. La semaine passée, c'est le Programme de l'expérience québécoise de
l'enseignement supérieur, mais qui touche quand même le volet, au niveau
secondaire, de la formation générale vite, vite, vite.
Puis
là, aujourd'hui, j'ai encore l'impression qu'on est vite, vite, vite, et que le
pas de recul est nécessaire pour avoir cette
réflexion, puis que peut-être qu'on est en train de prendre un mauvais
tournant, ici, à vouloir aller trop vite, trop fort, et que peut-être que c'est le temps de s'arrêter
rapidement, de s'arrêter puis se dire qu'effectivement on a besoin de cette
réflexion parce qu'il est question de la démocratie non seulement scolaire,
mais de la démocratie, point.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Poirier.
Mme Poirier
(Natalie) : Bien, je...
Mme Clermont (Patricia) : ...simplement, aussi, on le voit, là, nous-mêmes,
tu sais? On a fini ce mémoire-là hier soir,
tard, on suit ces dossiers-là, on est essoufflées, on est des bénévoles, on travaille,
on a des enfants. À un moment donné, ça,
c'est aussi une autre source de désintérêt des parents, que ça aille si vite, parce que,
quand ils viennent nous voir, ils se disent :
Ah! c'est compliqué. Puis, bien, oui, ça prend du temps. Alors, il faut leur
donner le goût de manger en leur donnant l'appétit, mais, en même temps, il faut leur donner le temps de digérer
l'information, c'est le cas de le dire. Puis surtout la politique
scolaire, bien oui, c'est de la politique aussi.
Alors,
c'est pour ça que nous aussi, on espérait pouvoir aussi travailler dans un
mouvement social de concertation, plutôt
que, toujours, de tiraillements puis de confrontation. Et je
pense que, pour ça, ça prend du temps, surtout après des années difficiles de compressions budgétaires dans
lesquelles tout le monde s'est disputé la pointe de tarte qui restait,
dans le fond. Il y a quelque chose à rebâtir.
Mme Rizqy : ...parce
que c'est vrai que, dans le réseau
scolaire, la démocratie scolaire, c'est majoritairement féminin et que, moi, mes collègues qui m'entourent, bien,
elles ont fait leurs premiers pas politiques grâce aux commissions scolaires.
Alors, je cède, évidemment,
la parole à mes collègues.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais céder la parole en reconnaissant la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (14 h 40) •
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Fière de faire partie du club-école. Alors, j'ai
plusieurs questions. Je ne sais pas
combien de temps qu'il nous reste, mais je vais commencer avec... J'aimerais
vous faire entendre par rapport à
votre opinion sur le partage des écoles publiques avec le réseau privé. C'est
très bien écrit dans l'article 102, surtout vous... qui protège
votre école publique. Alors, si vous pouvez nous élaborer un peu là-dessus.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Clermont.
Mme Clermont (Patricia) : Bien, comme je l'ai dit, c'est un projet très
touffu. Je ne peux pas me prononcer en détail,
mais c'est sûr que c'est un des articles qui nous inquiètent parce que les...
Je pense que, de toute façon, le questionnement revient souvent sur la nécessaire remise en question, en fait, du
financement de l'éducation tant pour les écoles privées que publiques. Alors, quand on sait que souvent,
justement, les écoles privées ont accès et se paient des installations, très
bien, puis c'est tant mieux pour
elles, bien, quand on se dit que... Qu'est-ce que ça veut dire, cet article-là,
ça ne nous apparaît pas clair. Puis
ça, c'est une des choses qui nous inquiètent. Est-ce que ça veut dire que les
équipements qui vont venir, dans les
années prochaines, du côté public, elles vont pouvoir en profiter aussi, alors
que l'inverse n'est pas vrai jusqu'à maintenant? Puis il n'est pas dit
que ça va être un partage entre les écoles privées et publiques.
Alors,
c'est certain que ça nous inquiète parce que, je veux dire, on est confrontés à
des enjeux de surpopulation, puis
souvent on nous dit, à nous, hein : Bien, c'est très bien, on agrandit une
école, on met une roulotte. Mais le gymnase, ce n'est pas agrandi, la cafétéria, ce n'est pas agrandi. Il y a tous
des enjeux logistiques qui vont avec la construction de nouvelles écoles. Alors, quand on nous dit... Puis
il pourrait peut-être y avoir une clientèle d'écoles privées qui vont venir
par-dessus, là. Je trouve que c'est un
problème de surpopulation, encore, de nos points de vue. Puis il y a un
problème d'accès aux écoles publiques par les élèves qui fréquentent les
réseaux publics.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il reste 1 min 15 s, Mme la députée, question, réponse.
Mme Maccarone :
Très rapidement. Premièrement j'aimerais mentionner que je trouve ça
particulier qu'aujourd'hui, le jour
du Souvenir, où on s'en souvient, des gens qui ont perdu leur vie pour protéger
la démocratie, on parle de l'abolition d'un palier de démocratie. Je
pense que ça mérite de le mentionner.
Rapidement,
le ministre a mentionné le principe de subsidiarité. Il dit que c'est cher,
pour lui, que c'est important. Sauf
qu'à ma lecture, puis j'en passe, 114, 132, 133, 134, 136, 137, 308, 310 en
particulier, le ministre, lui, il donne tout le pouvoir d'agir pour le réseau de l'éducation, d'enlever les décisions
qui sont locales. Pensez-vous que vous aurez plus de pouvoir? Puis
est-ce que ça, c'est vraiment le principe de subsidiarité?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 30 secondes.
Mme Poirier
(Natalie) : Bien, ça nous
inquiète. C'est pour ça qu'on est ici. C'est certain qu'on avait bon espoir
parce qu'on avait cru comprendre qu'enfin les parents auraient leur place à la
table. Et en fait, à la lecture et à notre compréhension de ce projet de loi
là, notre pouvoir, on le sent diminué, en fait, si on avait à terminer sur un
point.
La
Présidente (Mme Thériault) : Ça va? Merci. Nous allons aller du
côté de la deuxième opposition... deuxième opposition, pardon. Donc, Mme
la députée de Sherbrooke, la parole est à vous pour 2 min 30 s.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Je vais continuer sur le même sujet. Vous avez
mentionné que vous vous étiez impliquées comme parents déjà dans le
réseau de l'éducation. J'aimerais savoir si vous sentez qu'on vous donne
vraiment une meilleure voix avec ce projet de loi là en tant que parents. Et
est-ce qu'on valorise de la bonne manière l'implication et l'engagement des
parents avec le projet de loi n° 40?
Mme Poirier (Natalie) : Bien, ce qui m'inquiète le plus, moi, quand j'ai
pris connaissance de ce projet de loi là, et c'est assez généralisé dans les parents avec qui on a eu la chance
d'échanger, c'est le lien entre le comité de parents et les nouveaux C.A. En fait, il n'y en a pas. Alors, on
ne comprend pas. Ça nous inquiète. On ne comprend pas pourquoi ce lien-là
a été brisé.
Je
sais, pour avoir écouté quelques personnes venir déposer, qu'il y a eu des
suggestions, et même M. le ministre a consenti, peut-être, à faire quelques
amendements dans ce sens-là, à l'égard d'amener, finalement, peut-être des gens
issus du primaire, du secondaire et des
parents EHDAA. Il ne faut pas les oublier, eux autres aussi ont été grandement
oubliés dans ce projet de loi là. Très bien. Mais c'est dommage qu'on
n'y ait pas pensé avant.
Pourquoi,
quand on fait miroiter aux parents qu'ils sont importants, et qu'ils ne sont
pas déjà à la table, et qu'il faut répéter
qu'on existe... Puis ça, j'ai trouvé ça, en fait, un peu dommage par rapport à
ça. Donc, on espère que ce sera entendu et puis que les choses pourront
changer à cet effet-là.
Mme Labrie :
Puis par rapport aux parents qui seront eux-mêmes sur le conseil
d'administration, la question des jetons
de participation, est-ce que vous pensez que c'est de... est-ce que c'est une
bonne manière de compenser l'engagement des parents et de valoriser leur
engagement?
Mme Poirier (Natalie) : Bien, ça reste à voir comment c'est déployé. Moi, je pense que c'est peu, parce qu'on oublie tout le travail qui
doit être fait avant ça. Pour, moi-même, avoir considéré être commissaire parent...
Je ne le suis pas. Je sais, par
contre, par connaissance de cause, parce que... Avant de s'impliquer il faut
vérifier si on a bien le temps. Et tout le travail des comités de travail, les lectures pour arriver à être...
vraiment faire partie de la décision, ça demande un certain boulot
derrière.
Alors, c'est
quand même très peu, là, des jetons de 100 $, je pense qu'on pourrait en
consentir, là. Tout ce travail-là est
fait bénévolement. De donner aussi la direction et les grandes décisions à prendre
par les parents, je suis certaine qu'on a les compétences, ce n'est pas ça,
mais il faut aussi prendre en compte le temps qui sera mis là-dedans. Pour
pouvoir bien prendre les décisions, il faut aussi qu'il y ait un minimum
de récompense.
Mme Clermont
(Patricia) : J'allais
ajouter, en fait, que, justement, de ne compter que sur le travail bénévole, ça
met beaucoup de pression sur les épaules de ces parents-là,
des parents qui veulent, comme nous... hein, je pense, ils veulent être crédibles, pertinents, compétents. Mais,
quand ça s'ajoute, à un moment donné, qu'est-ce
qui se passe, aussi, c'est...
Moi, j'ai
peur à un taux de roulement, parce que, même nous, c'est un défi. Là, ça fait
quatre ans que le mouvement existe,
mais je vous avoue qu'on est souvent fatigués, épuisés, on a des
questionnements sur comment on continue, puisqu'il le faut, on considère
qu'il le faut. Alors, en plus, un changement de structures où est-ce qu'il va
falloir, justement, voir qu'est-ce qui change par rapport à quoi qu'on ne
connaissait même pas... Moi, je trouve que ça vaut la peine.
Puis aussi parce que, justement, en
tant que femmes, puis de plus en plus de pères, aussi, qui sont très engagés
dans leur vie familiale, bien, c'est
comme se rajouter un autre boulot par-dessus celui qu'on doit occuper pour
gagner notre vie assez confortablement. Voilà. Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Et, sans plus tarder, je me tourne du
côté de la troisième opposition. Mme la députée de Joliette,
2 min 40 s, vous aussi.
Mme Hivon :
Merci. Merci beaucoup d'être là. Contente de vous entendre. Vous amenez un
point qui nous préoccupe aussi
beaucoup, de ce côté-ci de la Chambre, c'est la mise en compétition accrue des
écoles, donc la concurrence, vraiment, entre les écoles avec cette fin
de la notion des territoires, un peu, d'appartenance, des écoles de quartier,
puis tout ça.
Du
côté du gouvernement, on ne semble vraiment pas s'en faire avec ça, en disant
que, voyons, ça va juste être bon. On
a demandé aux directions d'école, ils nous disent : Oui, mais, vous savez,
chacun va vouloir avoir une école vivante, des programmes intéressants, tout ça. Est-ce que vous pouvez expliciter un
peu pourquoi, pour vous, c'est clair qu'on augmente de beaucoup les
chances que les écoles deviennent plus en concurrence avec le projet de loi?
Puis,
le deuxième élément, parce que je n'ai pas beaucoup de temps, j'aimerais que
vous regardiez l'article 310, qui donne
des pouvoirs réglementaires au ministre, extrêmement larges, et où il peut
prendre tout règlement qui pourrait aider à la réalisation de l'objet du projet
de loi, et savoir si vous avez des commentaires par rapport à ça.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et vous avez
1 min 30 s pour répondre aux deux questions de la députée de
Joliette.
Mme Poirier
(Natalie) : Je peux peut-être répondre à la première question. En
fait, on le vit dans mon secteur, il y a
une école qui a une vocation particulièrement intéressante et qui, avec le temps, crée une
espèce d'engouement. Alors, il y a une liste d'attente qui est provoquée
par ça. Et ça, c'est juste une école dans une commission scolaire.
Alors,
on peut être inquiet, si on va dans
ce sens-là, on peut se poser des
questions, en fait, à savoir, si tout
le monde a sa propre couleur, si ça
ne va pas, justement, défaire les secteurs, déconstruire, détricoter,
pour réutiliser le terme, des milieux
de vie. Parce que c'est quand
même agréable de sortir dehors, à l'extérieur puis voir nos enfants du quartier jouer ensemble parce que, bon,
ils se sont croisés, ils sont dans la même classe, et tout ça.
Mais
là ce n'est plus ça. Les enfants vont être partagés dans des lieux qui ne sont
pas nécessairement près de leur demeure. Et puis aussi, de construire des... — le temps file — de construire des programmes qui vont faire
en sorte qu'entre les écoles il y ait
de la compétition... Je ne vois pas les enfants comme étant clients. Il me
semble que ce n'est pas... ça ne devrait pas être comme ça, en fait.
La Présidente (Mme Thériault) :
Pour la deuxième portion de la question de la députée, il reste
30 secondes.
Mme Hivon :
...je ne sais pas si vous vous êtes penchées là-dessus, parce que je comprends
que vous avez eu un temps limité, là.
Mme Clermont (Patricia) : ...effectivement dans le changement de structures, parce qu'encore une fois c'est un projet de
loi imposant. On a l'impression que, c'est ça, on a moins de pouvoir, qu'il y a
plus de pouvoir qui vient du ministère et
puis que les parents n'ont pas nécessairement de prise pour questionner, ni,
même, que les C.A... En tout cas, moi,
ce n'était pas clair que les C.A. ont tant une indépendance pour ne pas,
finalement, se ramasser comme des exécutants. Et puis là, à ce moment-là, je me dis : Bien, ça, ça va encore
dévaloriser encore plus, pour les parents, n'importe quelle structure
qui est au-dessus de leur école.
• (14 h 50) •
Puis,
juste pour compléter sur la première question, une école défavorisée, en ce
moment, qui doit se donner une couleur
et un projet, elle a un gros défi. Alors, elle profite de pouvoir être en
maillage avec d'autres écoles qui sont plus favorisées. Et puis on le voit. Par exemple, j'habite dans
Hochelaga-Maisonneuve, il y a des secteurs du quartier qui se gentrifient plus, mais qui, des fois, peuvent se
mailler avec d'autres. Et puis, donc, il faut donner un sentiment de pouvoir,
même aux parents moins favorisés
économiquement, puis ça, c'est tout un défi ne serait-ce que pour les rejoindre
parce que souvent ils n'ont pas une
bonne expérience de l'école. Alors, c'est pour ça qu'à ce moment-là cette
désolidarisation-là, qu'il y ait une
espèce de marchandisation, une clientélisation de fait, ça nous inquiète
grandement, en plus de la centralisation. Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc, merci
beaucoup.
Nous
allons suspendre quelques instants pour pouvoir permettre à la commission
scolaire des Laurentides de prendre place.
(Suspension de la séance à
14 h 51)
(Reprise à 14 h 53)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons poursuivre nos travaux. Et nous recevons la commission scolaire des Laurentides.
Mme Hogue, bienvenue. Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire et nous présenter les gens qui vous
accompagnent. Par la suite, il y aura des échanges avec les
parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Commission scolaire des Laurentides (CSL)
Mme Hogue
(Johanne) : Merci. Alors,
bonjour. Je suis Johanne Hogue, présidente de la commission scolaire des
Laurentides. Je suis accompagnée de
M. Bernard Dufourd, directeur
général de la commission scolaire des
Laurentides, et de M. Martin Chrétien, président du comité de
parents de la commission scolaire des Laurentides.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, membres de la commission,
bonjour. Nous tenons d'abord à vous remercier de nous avoir invités à
cette commission parlementaire et nous sommes honorés de vous présenter aujourd'hui les grandes lignes de notre mémoire. Nous espérons ainsi contribuer à
la bonification de ce projet de loi et avoir un impact positif sur la réussite
des élèves et sur cette nouvelle gouvernance.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que le
mémoire a été élaboré conjointement avec la direction générale ainsi qu'avec le comité de parents de notre commission scolaire. C'était très important, pour nous, de consulter nos partenaires naturels afin de proposer des améliorations au projet
de loi qui sont concrètent et
reflètent bien la réalité de nos enjeux et de nos milieux.
Bien sûr,
vous aurez compris, en prenant connaissance de notre mémoire, que nous sommes
en accord avec l'abolition des
élections scolaires. Nous reconnaissons d'emblée l'importance
de moderniser la Loi sur
l'instruction publique et souhaitons
privilégier une nouvelle gouvernance éducative et non politique qui impliquera davantage les vrais acteurs
locaux de l'éducation, soit ceux oeuvrant directement auprès des élèves. Nous sommes donc tout à fait confortables avec
le principe de subsidiarité véhiculé dans ce projet de loi.
La commission scolaire des Laurentides dispense l'enseignement à quelque 8 500 élèves. Elle couvre 33 municipalités, compte 3 200 kilomètres
carrés et représente 4 385 kilomètres linéaires. Notre territoire est loin d'être homogène.
Nous avons des plus petits milieux, où l'école de quartier est l'une des
sources de vitalisation du village, des écoles où l'indice de défavorisation
est plus élevé et des milieux plus éloignés des grands centres urbains.
Vous
comprendrez donc que les particularités régionales qui caractérisent notre
commission scolaire et plusieurs autres
au Québec sont importantes et que nous avons une réelle préoccupation pour une
représentation sectorielle équitable des futurs centres de services
scolaires. Nous souhaitons ainsi qu'une école située dans un petit village soit
aussi bien représentée qu'une école située dans une grande ville.
M. Dufourd (Bernard) : Alors,
bonjour. Alors, pour ce faire, nous avons deux suggestions. Nous proposons notamment de modifier le mode de représentativité
des membres parents aux conseils d'administration et d'y introduire la notion de district. Ainsi, chaque centre de
services scolaire serait composé d'un nombre défini de districts. Chaque
district devrait inclure au moins une école secondaire, avec son bassin
d'écoles primaires, pour représenter les différentes communautés du centre de
services scolaire. Cet ajout permettrait de considérer que ce sont les mêmes
parents et les mêmes élèves d'un district
pour qui on assurerait une meilleure représentation sectorielle aux centres de
services scolaires. Les petites comme les grandes écoles auraient donc
une voix au conseil d'administration.
Nous
suggérons également de modifier quelque peu la composition du conseil
d'administration. Effectivement, nous proposons
que trois parents, au lieu de quatre, soient issus du niveau primaire, trois de
niveau secondaire et un du secteur de l'adaptation scolaire, à la place
du parent du secteur de la formation professionnelle, et qu'un parent
représente la particularité d'un territoire. Cette particularité est
représentée, par exemple, par des petits milieux, par les indices de
défavorisation ou encore par les milieux issus de l'immigration.
Concernant
les représentants de la communauté, nous sommes d'avis qu'il serait préférable que
ces représentants détiennent
des compétences, et non une expertise, dans les domaines ciblés dans le projet de loi. Cette façon de faire serait moins
restrictive et faciliterait davantage le recrutement. Nous sommes également
d'avis qu'un élève actif ou ancien élève en formation professionnelle ou
en formation générale des adultes prenne le siège du représentant âgé entre 18 et 35 ans.
Quant à la participation du palier administratif
au conseil d'administration, nous sommes d'avis que la direction générale
serait mieux servie en étant accompagnée par un employé-cadre de son choix,
selon les dossiers traités.
• (15 heures) •
M. Chrétien
(Martin) : Concernant le comité de parents, nous sommes généralement
en accord avec les fonctions qui lui sont dédiées. Nous proposons toutefois de
confier au comité de parents l'élection des parents membres du conseil d'administration, dans le respect de la représentativité
des districts définie un peu plus tôt. Ainsi, puisque tous les conseils d'établissement éliront un membre du comité de
parents, comme c'est le cas actuellement, ce dernier sera représenté par
des parents de tous les districts. Il lui reviendra par la suite de nommer des
parents issus du primaire et du secondaire représentant les différents
districts du centre de services scolaire.
Puis, nous
faisons également consensus sur le retrait de deux items contenus dans le
projet de loi. En premier lieu, compte
tenu de l'ampleur du travail, nous estimons plus réaliste de laisser au conseil
d'administration du centre de services scolaire l'élaboration de la
politique relative aux contributions financières. Le comité de parents devrait
par contre être consulté par la suite sur cette politique.
En deuxième
lieu, il n'est pas vraiment justifiable, selon nous, d'inclure dans la loi un
article à l'effet que le comité de
parents doive donner son avis au centre de services scolaire sur les projets
pédagogiques particuliers ou envisagés dans les écoles, puisque ces projets sous-tendent les projets éducatifs qui
relèvent des conseils d'établissement. Concernant les conseils d'établissement, nous estimons qu'il serait avantageux et
facilitant que les membres des conseils d'établissement dont le mandat est non échu puissent poursuivre
leur mandat.
Nous
nous accordons avec le fait que ce projet
de loi fixe à 12 le nombre de membres
des conseils d'établissement. Nous estimons toutefois plus approprié que
la composition du conseil d'établissement tienne compte de l'élection de six parents au primaire, tel que prévu, mais de
cinq au secondaire. Nous proposons en échange l'ajout d'un deuxième élève
du deuxième cycle du secondaire. Cet ajout facilitera, selon nous, la transition
des élèves sur le conseil d'établissement chaque année et assurera une
meilleure représentativité de l'école secondaire.
Au primaire, considérant que les employés de
soutien sont déjà représentés et qu'il s'agit bien souvent de représentants du service
de garde, nous remplacerions le poste de représentant des services de garde
pour un troisième poste de représentant des
enseignants. Puis, compte tenu de la nature des services, de la clientèle et de
la proximité avec le marché du
travail, le conseil d'établissement d'un centre de formation professionnelle
pourrait intégrer deux représentants des
entreprises en lien avec les programmes de formation dispensés avec le centre
pour occuper les deux sièges proposés aux
parents. Cette suggestion permettrait ainsi d'assurer des collaborations
avantageuses avec les entreprises de la région, d'arrimer les besoins du marché
du travail avec les programmes de formation.
Mme Hogue (Johanne) : En ce qui
concerne le comité d'engagement pour la réussite scolaire, il nous semble être une instance tout à fait appropriée. Par
contre, nous sommes d'avis que le nombre de membres de ce comité, soit 18,
est trop élevé et alourdit quelque peu son
fonctionnement. Nous recommandons toutefois que les deux postes de représentant de la formation professionnelle
et de l'éducation des adultes soient laissés à deux directions d'établissement
à convenir. Nous suggérons également
que les deux postes d'enseignant d'école soient occupés par un enseignant du
primaire et un enseignant du secondaire. Le poste d'employé de soutien
pourrait être assorti de la condition qu'il soit occupé par un employé en relation d'aide particulière auprès des
élèves. Nous jugeons aussi souhaitable qu'au moins un membre du comité
d'engagement pour la réussite des élèves détienne une expérience en adaptation
scolaire.
Dans un autre
ordre d'idées, nous sommes généralement en accord avec les fonctions et pouvoirs confiés
au ministre dans le cadre du projet
de loi. Toutefois, concernant la possibilité confiée au ministre de pouvoir
modifier le territoire des centres de services scolaires, nous proposons
qu'elle soit assortie d'une condition. En effet, nous estimons que le ministre
devrait prendre en compte la culture des
milieux, l'identité régionale des territoires dans tout processus de
modification du territoire d'un centre de services scolaire.
Finalement, à
la lecture du projet de loi, on constate... des améliorations pourraient être
apportées au chapitre de la taxation
scolaire. L'occasion serait d'ailleurs appropriée pour transformer... excusez-moi, pour transférer aux villes et municipalités la
perception de la taxe scolaire, qui pourrait se faire en même temps que la
perception de la taxe foncière municipale.
En terminant, nous tenons à vous remercier encore
une fois de votre ouverture face à nos propos. Nous croyons aux changements favorables que peut engendrer ce projet de loi et avons confiance envers les acteurs clés du réseau de l'éducation.
Ensemble, dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun, bâtissons
une nouvelle gouvernance éducative, tout en
préservant la représentativité territoriale de chacun des centres de services
scolaires, et travaillons main dans la main en ayant un seul but en
tête, la réussite des élèves. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Hogue. Donc, sans plus tarder, je me tourne vers le ministre. M.
le ministre, pour vos 16 minutes.
M. Roberge : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. C'est assez particulier d'avoir direction générale, présidente élue, commissaire
scolaire et président du comité de parents. Donc, je vous félicite pour ce
travail de concertation, qui a sans doute
donné lieu à des discussions fort intéressantes. Vous avez des postures différentes, mais, en
même temps, on voit bien que vous
êtes tous là, évidemment, pour le bien-être de l'élève, pour amener tout le monde, toutes les équipes-écoles, tout l'ensemble
de l'organigramme de la commission scolaire à remplir sa mission, là, d'amener un maximum d'élèves à développer son
plein potentiel pour la réussite scolaire et éducative. Mais, quand même,
c'est un tour de force de venir présenter comme ça.
Je souligne
aussi votre courage, Mme Hogue, quand
même, à titre de commissaire élue au
suffrage universel, d'avoir ce regard de l'interne puis de dire :
Bien, écoutez, voici ce qu'on peut faire pour améliorer la démocratie scolaire
de l'interne. Il y a déjà un commissaire à
la commission scolaire Coeur-des-Vallées qui a fait une déclaration semblable
la semaine dernière, commission scolaire des Navigateurs, aussi qui ont
fait une démarche semblable à la vôtre. Il y en a peut-être d'autres, dans les prochaines semaines, qui feront un pas en
avant pour faire une démarche comme la vôtre. Mais, quand même, c'est
spécial, c'est audacieux.
Vous dites au
début, là, à la page 3, premier paragraphe : «Ce renouveau de la
gouvernance permettra aux parents et
aux intervenants du milieu d'être associés à un mode de gestion par
subsidiarité en rapprochant la décision le plus près possible de l'élève.» Certaines personnes pensent
qu'en faisant ça ça peut causer un problème d'équité parce que le rôle de la commission scolaire et le rôle du centre de
services, ça sera quand même de répartir des ressources aussi avec le comité
de répartition des ressources, qu'on
n'abolit pas, évidemment. Mais le rôle de l'instance régionale, c'est de
s'assurer d'une équité quand même
dans toutes les écoles du réseau. Puis, vous l'avez bien dit, vous avez un
territoire qui vous permet de bien
connaître, là, les écarts entre les petites et les grandes, les plus riches et
les plus pauvres, mais pourtant vous croyez en la subsidiarité. Comment faites-vous pour rattacher ça ensemble?
Certaines personnes sont venues nous le dire, que ça ne se peut pas, là, la subsidiarité, ce n'est pas
très bon. On serait mieux de laisser les pouvoirs actuels à la commission
scolaire parce que c'est elle qui, du
haut de son siège social, sait ce qui est bon pour les élèves. Mais vous, vous
arrivez avec une perspective
différente. Comme faites-vous pour réconcilier subsidiarité et répartition des
ressources pour assurer une équité puis une égalité des chances?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Dufourd ou Mme Hogue?
Mme Hogue
(Johanne) : Oui. Je vais commencer et je vais laisser la parole à
M. Dufourd.
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait.
Mme Hogue
(Johanne) : Écoutez, quand vous dites que les décisions se prennent
par les élus, quand les élus prennent des décisions, actuellement, tous les
projets arrivent à la table, ils sont prêts, ils ont été travaillés, ils
viennent des milieux, ils viennent des petites écoles, ils viennent des écoles
secondaires, ils ont été travaillés avec des conseillers pédagogiques. Quand ils arrivent à la table des
commissaires, ils ne font qu'approuver ou... rarement on va être à l'encontre
de ces projets-là. Alors, pour moi, que les projets partent de la base... Ils
partent déjà de la base. En tout cas, dans notre commission scolaire, c'est
déjà ça. Et je vous donnerai des exemples en cours de route, mais je vais
laisser M. Dufourd poursuivre un peu cette réflexion-là.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Dufourd.
M. Dufourd (Bernard) : Alors, merci. Alors, écoutez,
c'est sûr qu'on parle ici d'une gouvernance
éducative. Alors, on a introduit ce terme-là parce qu'évidemment on pense que
les acteurs principaux qui agissent pour la réussite des élèves, bien, ce sont les membres de ce futur conseil
d'administration des centres de services. La recherche de l'équité, elle est
permanente. Que ce soit au sein d'un conseil des commissaires ou un conseil
d'administration, c'est un objectif, puis on ne l'atteindra jamais à
100 %, soit dit en passant. Alors, cette recherche-là, elle est continue.
Vous
savez que, de plus en plus, les commissions scolaires du Québec, maintenant,
puis mes collègues, directions générales,
directions d'établissements, ont travaillé beaucoup sur l'amélioration de la
réussite. Puis on sait très bien qu'au niveau
de la recherche c'est l'effet enseignant qui a un effet en premier sur la
réussite des élèves, l'effet direction d'établissement et l'effet de
l'établissement, puis après ça, bien évidemment, c'est les parents. Alors, pour
moi, cette composition-là du conseil
d'administration, évidemment, vient faire en sorte que... pas du conseil
d'établissement, mais du conseil
d'administration, fait en sorte que la recherche de l'équité, elle est
peut-être plus directe, je vous dirai, parce que c'est un objectif qu'on poursuit tout le temps de toute façon. Et je
pense que les parents, à cet égard-là, peuvent jouer l'effet miroir
d'une manière très, très intéressante s'ils sont bien représentés au sein d'une
instance de gouvernance.
Alors,
l'équité, pour moi, c'est un but qui est continu, et je ne pense pas qu'en
changeant le modèle de gouvernance on
nuit à l'équité. Je pense même qu'à la limite c'est un projet qui est audacieux
puis qu'on pourrait peut-être l'améliorer davantage.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
• (15 h 10) •
M. Roberge :
Merci bien. Je pense que ça vient clarifier les choses.
Et là je voudrais
clarifier peut-être un petit imbroglio. À la page 5 de votre mémoire, il y
a un petit sous-titre : Échéancier. Bon, donc, d'abord, vous dites : «Nous
sommes en accord avec l'échéancier établi dans les dispositions transitoires et finales du projet de loi n° 40...» Très
bien. Il y en a qui trouvent qu'on
va trop vite puis que ce n'était pas mûrement
réfléchi, mais, bon, je ne pense pas qu'il y
a personne qui soit surpris que
ma formation politique, avec un projet
de loi qui arrive avec la modernisation de la gouvernance... Puis il
y a eu, en janvier 2018, un document
de réflexion qui a suscité des
débats. Donc, je pense que le fruit est mûr, comme on dit. Puis vous
dites que vous n'avez pas problème avec l'échéancier.
Par contre,
vous dites : «...sauf pour ce qui a trait à la fin du mandat des membres
des conseils d'établissement. Nous estimons qu'il serait avantageux et
facilitant que les membres des conseils d'établissement dont le mandat est non
échu puissent poursuivre leur mandat.» Je pense
qu'il y a un petit quiproquo, parce qu'il n'est pas prévu, dans le projet
de loi, que les gens qui sont sur le
conseil d'établissement ne cessent leurs fonctions de membre de conseil
d'établissement avec la
sanction de la loi ou s'ils devaient être élus au conseil d'administration. Il n'y
a personne qui se fait abroger
son mandat. Et, s'il y a
quelque chose qu'on a mal rédigé, bien, il faudra le corriger,
mais je ne pense pas que ce soit le cas. Est-ce que c'est peut-être un simple
malentendu?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Chrétien.
M. Chrétien
(Martin) : On a peut-être
mal compris. Excusez-moi, c'est peut-être nous qui a mal compris, d'ailleurs, parce que, quand on... le projet de loi, ça indiquait que, le 30 juin, les conseils d'établissement étaient effacés ou abrogés, puis
on recommençait à zéro après pour faire les nouveaux conseils d'établissement avec la nouvelle loi, là, en assemblée de parents en septembre.
C'est ce qu'on a compris. C'est pour ça qu'on l'a ajouté.
Une voix :
...
M. Roberge :
Oui, c'est ça. On parle, du côté francophone, du conseil des commissaires.
Donc, on pense avoir, quelque part cet hiver, la fin de mandat officiel du conseil
des commissaires. Dans l'intervalle,
ensuite, les commissaires, avec leur
expérience puis leur bagage, quand même, seraient là comme comités-conseils,
comités aviseurs pour le nouveau conseil
d'administration. Dans la phase transitoire au 1er juillet, on terminerait
le mandat, mais du conseil des commissaires et non pas du conseil d'établissement. C'était un simple
éclaircissement. Je me demandais si on avait compris la même chose.
Je vais permettre, si vous permettez,
Mme la Présidente, au collègue de Chauveau de poursuivre les discussions avec
nos invités.
La
Présidente (Mme Thériault) : Certainement. M. le député de
Chauveau, vous avez huit minutes à votre disposition.
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, Mme Hogue.
Merci beaucoup, M. Dufourd, M. Chrétien.
Très intéressant. Puis, effectivement, je souligne également le courage de
votre commission scolaire, dans le contexte, de venir un peu à
contrecourant de certains autres groupes, et vous l'exprimez très bien. Et vous
apportez plusieurs éléments qui m'ont — je ne suis pas un expert, comme le ministre,
en éducation — très
intéressé par la question, mais j'aurais besoin de clarifications sur
certains éléments.
Un des éléments que
vous avez parlé, vous amenez une notion de district dans votre
représentativité. Et vous parliez, tout à
l'heure, je vous ai écouté attentivement, vous parliez d'avoir une école
secondaire avec leurs écoles de bassin primaires qui étaient présentes.
En quoi voyez-vous que c'est un avantage? Pouvez-vous m'expliquer davantage
votre perception de ce fameux district là, quelle serait son implication?
J'aimerais mieux le comprendre, creuser un peu cet élément-là.
M. Dufourd (Bernard) : Alors, écoutez, dans un territoire comme la
commission scolaire des Laurentides, où j'ai... mais même, j'ai eu la chance de travailler dans plusieurs commissions
scolaires au Québec, il y a comme un geste naturel, c'est qu'il y a
toujours une école secondaire avec ses écoles primaires bassins. Puis on sait
que 90 % des enfants qui fréquentent
une école primaire ont le désir de poursuivre dans leur école secondaire de
secteur. Alors, je vous dirai qu'on a introduit
la notion «district» parce qu'on pense que les enfants et les parents
développent davantage d'appartenance à un secteur et que, quand il y a des enfants au niveau secondaire qui
choisissent d'aller dans une autre école, bien, pour nous autres, c'est
la minorité, c'est vraiment la minorité. Alors, c'est négligeable, je vous
dirai, à la limite.
Alors,
cette notion de district pourrait faire en sorte de mobiliser davantage les
parents, puis surtout les parents qui vont
participer à la gouvernance, parce qu'ils vont savoir que ce sont toujours les
mêmes enfants et les mêmes parents qui sont
dans un secteur donné. Et on pense que la représentativité serait meilleure. Et
on pense qu'on pourrait aussi susciter davantage
de mobilisation, parce qu'évidemment un parent qui décide de s'impliquer au
début du parcours primaire d'un enfant,
bien, pourrait continuer son implication pendant tout le parcours secondaire,
ce qui est un geste naturel pour beaucoup d'élèves.
Comme
je vous dis, peut-être 85 %, 90 % des enfants sont dans ce modèle-là
d'appartenance à un... On appelle ça un
district, là, mais ça pourrait porter un autre nom. Mais on pense que cette
représentativité parentale là devrait respecter la nature même d'une
communauté éducative, qui sont les écoles primaires et leur école secondaire.
Mme Hogue (Johanne) : Si je peux... Et, si je pouvais juste compléter,
le but de ça, une des particularités qu'on trouvait avantageuses, c'est
d'éviter l'isolement.
J'entendais
tantôt... J'étais dans la salle, puis on parlait d'isolement des petits milieux. Alors, en les regroupant en districts... Parce que c'est vraiment...
Chez nous, il y a le nord, il
y a le centre et il y a
le sud, et donc ce sont des districts naturels.
On a trois écoles secondaires dans... une au nord, une au centre et une au sud,
et le fait de les regrouper et de savoir qu'ensemble elles peuvent
réfléchir des projets éducatifs en continuité et ensemble, aussi s'aider
versus... On a campus primaire de
800 élèves au nord, mais on a trois petites écoles secondaires, dont une qui a 80 élèves, une autre de 100 élèves.
Alors, ensemble, ils pourraient réfléchir,
parce que tous ces enfants-là vont se rejoindre au secondaire éventuellement.
Mais on pensait que, pour établir la
nouvelle gouvernance éducative, on avait quelque chose là, peut-être quelque
chose de gagnant. Voilà.
M. Lévesque (Chauveau) : Est-ce que je dois en comprendre...
Pardonnez-moi, Mme la Présidente, pardonnez-moi. Est-ce que je dois en comprendre que l'objectif est de susciter l'engagement
à long terme du parent qui est dans un processus, dans le fond, du primaire... Il décide de
s'impliquer, bien sûr, pour le bien de son enfant, pour l'ensemble des autres
enfants autour de lui, mais, puisque
son enfant est dans un district, va poursuivre au secondaire éventuellement
dans le même district, bien, c'est un peu l'objectif qui est visé par
votre proposition?
M. Chrétien
(Martin) : On pourrait dire que c'est un levier de plus, justement,
pour la participation parentale, justement.
D'ailleurs, quand on dit qu'on parle par districts, on parle par écoles, donc
on le fait déjà, actuellement, par rapport aux parents qui viennent du...
qui sont représentants du comité de parents, qui sont élus à l'assemblée
générale par des parents de leur secteur, de
leur école. Donc, ils sont connus. Donc, quand on parlait tantôt de mettre son
visage, là, devant tout le monde et
de se présenter devant parents, donc, eux autres, ils vont pouvoir se faire
élire, et ensuite aller au comité de
parents, puis ensuite aller au centre... représenter les gens au centre
administratif, donc, vraiment pour avoir une équité pour tous, là,
qu'ils soient bien représentés dans ce sens-là.
M. Dufourd
(Bernard) : Je vais juste compléter. Vous savez que nous, on
représente une commission scolaire d'autour
de 8 000 élèves, mais même les commissions scolaires comme la
commission scolaire de Montréal ou la commission scolaire Pointe-de-l'Île ont déjà des regroupements administratifs à
l'intérieur de leurs structures. Alors, c'est pour vous dire que même les commissions scolaires où il y a
plus d'élèves, pas mal plus d'élèves, 30 000, 35 000, 40 000,
bien, ils ont déjà une structure administrative qui va... qui est déjà
sectorielle. Alors, ça fait juste reconnaître la culture du secteur à
l'intérieur même du territoire parce que l'appartenance est déjà là de toute
façon.
M. Lévesque
(Chauveau) : Merci beaucoup. Je me permets une dernière question sur
le district. Avez-vous l'impression que ça
pourrait permettre de réduire le roulement? Parce qu'on le sait, hein, quand on
a des administrateurs, il y a une formation. À un moment donné, on
s'habitue, on devient meilleur en meilleur. Plus qu'on siège, plus on devient efficace, et plus on est performant, et plus on
comprend la structure, et on peut encore plus aider l'organisation, pour quoi
on sert. Est-ce que vous avez l'impression
que cette façon de faire par district encouragera un maintien à long terme et
évitera un certain roulement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Hogue.
Mme Hogue
(Johanne) : Oui, merci, Mme
la Présidente. Le fait de faire partie d'un regroupement crée un lien d'appartenance. Et ça, ça fait qu'un bon soir j'ai
peut-être envie de sortir de chez moi parce que je sais qu'à 10,
15 kilomètres de là j'ai un ami,
lui aussi, qui va sortir puis qui va aller au conseil d'administration, puis
peut-être qu'on va en rejaser ensemble la semaine prochaine.
Vous avez
effectivement raison, on pense que ça... Le roulement, je trouve ça un petit
peu... J'aimerais mieux parler peut-être
de motivation, peut-être d'engagement, peut-être d'être stimulés, d'avoir envie
d'être là. Vous savez, là, on sera dans
l'an 1 peut-être l'an prochain, mais il y aura l'an 2 et il y aura
l'an 3, et l'idée, c'est de mettre en place des mécanismes pour stimuler.
Et moi, je pense... Moi, j'ai confiance. C'est déjà comme ça pas mal chez nous,
là, je vous dirais. Les petits milieux,
je vous dirais qu'à chaque fois que la commission scolaire a reculé sur
certains projets ou certaines décisions, c'est parce que les parents se sont mobilisés, et des parents de très petits
milieux, je vous dirais. Et on a reculé sur des décisions de modification de bassins de desserte, on a
reculé sur des décisions de transfert d'enfants, de... Écoutez, on a reculé, on
a... Les commissaires ont refait leurs
devoirs parce que les décisions qui avaient été prises de façon administrative
ne correspondaient pas au milieu.
Alors, moi,
je crois effectivement que le fait de travailler en district, ça donne une
réalité. Le nord, chez nous, ce n'est pas le centre. Et c'est totalement
différent du sud, le sud étant un milieu beaucoup plus... On parle de
Saint-Sauveur, Sainte-Adèle. On parle
d'un milieu beaucoup plus riche, des gens peut-être plus en moyen. Alors, on
n'a pas du tout, du tout la même clientèle, pas les mêmes besoins au
nord. Au centre, on est défavorisés par moments.
Alors, moi,
je pense que de les regrouper, c'est de leur donner une motivation
supplémentaire de faire partie du
changement.
• (15 h 20) •
M. Lévesque (Chauveau) : Me
reste-t-il encore quelques minutes, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
20 secondes, question, réponse. Pas des minutes.
M. Lévesque
(Chauveau) : Mon Dieu!
J'aurais aimé vous parler, justement, de la notion des compétences par rapport à l'expertise, mais je vois qu'il me manquera de
temps, malheureusement. J'ai trop creusé le district. Merci beaucoup
de votre participation.
Mme Hogue (Johanne) : Merci à
vous.
La
Présidente (Mme Thériault) : Bien, merci. Puisque, bien, malheureusement, il ne reste plus de temps, donc je dois
aller de l'autre côté. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous
pour 10 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. On a beaucoup parlé de réussite éducative dans les derniers
mois. Dans le projet de loi n° 40, est-ce vous avez trouvé des dispositions qui ajoutent des outils
pour vraiment assurer la réussite éducative de façon
concrète?
M. Dufourd (Bernard) : Bien, en
fait, tantôt dans mon introduction, on vous parlait beaucoup comment les commissions
scolaires se sont mobilisées. D'ailleurs, les résultats sont au rendez-vous, on
a augmenté notre taux de diplomation et de
qualification de façon importante au Québec. Et je vous dirai que ces augmentations-là sont dues à des changements de pratique, que les directions
générales, les directions d'établissement, les enseignants, même... on s'est impliqués depuis quelques années. Alors, c'est
clair que, pour nous, ce projet-là, puisqu'on est favorables, bien, on pense
qu'un des acteurs importants de la réussite,
ce sont les parents, et, qu'ils soient interpelés directement dans la
gouvernance, on croit que c'est une condition qui peut être gagnante.
Maintenant,
vous comprendrez que, là, on n'a pas de vécu encore parce qu'on est dans la
nouveauté, mais je crois que ça peut être une valeur ajoutée.
Mme Rizqy : Mais, sans le
projet de loi, vous avez quand même été en mesure de parler de réussite
éducative, d'augmenter vos taux de diplomation, et de taux de réussite...
M. Dufourd (Bernard) : Oui,
exact.
Mme Rizqy : ...et de taux de
rétention, et même de raccrochage scolaire, et ce, sans même le projet de loi.
Tantôt vous
avez parlé des parents. Vous avez sûrement entendu les deux témoins qui étaient
là avant vous pour l'école publique, Mme Clermont ainsi que
Mme Poirier, qui ont dit : Il faut faire attention, il faut mobiliser
les parents, effectivement,
mais il ne faut pas non plus qu'ils deviennent des gens qui entérinent les
décisions, parce que, là, on pourrait se sentir dévalorisés.
Et, dans le
projet de loi, je vous ramène au projet de loi n° 40,
avez-vous vu les différentes dispositions où est-ce qu'il y a quand même beaucoup de pouvoirs que le
ministre se garde par décret? Donc, ici, à Québec, par le complexe G, on pourrait prendre des décisions qui auraient un
impact assez important dans les milieux de vie locaux ou régionaux et que
les parents ne seraient pas nécessairement consultés.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Dufourd.
M. Dufourd
(Bernard) : Bien, en fait,
je vous dirai que j'ose croire que le ministre, même l'État québécois... la réussite des élèves nous tient à coeur, là. Alors,
je pense que ce qui est centralisé, entre guillemets, c'est davantage
des éléments administratifs. Je pense
que ce qui transpire beaucoup dans ce projet
de loi là, c'est que les moyens, les
moyens qui favorisent la réussite en fonction des contextes, à la limite, de
chaque secteur et de chaque école, je pense que c'est très clair. Puis
la recherche vient l'appuyer en plus. Bien,
à partir du moment où les moyens sont laissés aux acteurs du milieu, moi, je
pense que c'est n'est pas un obstacle à la réussite des enfants.
Mme Rizqy : À ce
stade-ci, si vous faites référence à
la recherche. Ils disent que, justement, plus de démocratie, c'était assez essentiel. Et je vois
M. Chrétien qui porte aujourd'hui le coquelicot en ce jour du Souvenir. Je vous
rappelle que plusieurs sont allés au combat pour défendre, justement, la
démocratie.
Mais je me
tourne maintenant vers la présidente, Mme Hogue. Par exemple, si je reviens encore sur le projet
de loi, je fais ici des liens avec le
témoignage que nous avons reçu tout à
l'heure par rapport à ce qui pourrait
être... a trait... des gens qui
devraient juste entériner des décisions, vous avez sûrement déjà eu à prendre des
décisions, à agrandir la cour de
récréation ou aménager une cour de récréation parce qu'il y en a peut-être
qui voulaient avoir un terrain de basketball, un terrain de tennis ou, peu importe, là, un projet qui était porté par
des élèves, des parents, des enseignants. Est-ce que vous avez déjà eu à
prendre ce type de décision?
Mme Hogue (Johanne) : Bien,
écoutez, ça fait partie des décisions. On est bien contents quand on est
capables de rénover, ou aider, ou accepter, qu'il y ait une demande, dans le
fond, qui soit faite au ministre pour avoir le budget d'amélioration des cours
d'école. Mais l'essence de votre question, c'est... Vous nous demandez...
Mme Rizqy : ...la question, vraiment :
Est-ce que vous déjà appris à prendre ce genre de décision là dans votre
quotidien? Est-ce que ça rentre dans vos fonctions, oui ou non?
Mme Hogue (Johanne) : De
commissaire?
Mme Rizqy : Oui, oui, à titre
de présidente, oui.
Mme Hogue
(Johanne) : Bien, écoutez,
on entérine, oui, mais est-ce que c'est nous qui prenons la décision où vont aller les écoles, où vont être... lesquelles
écoles vont être choisies? Nous, là, les agrandissements ou les
rénovations de cours d'école, ils
vont là où le besoin est. Nous, quand ça arrive à la table des commissaires,
madame, avec tout mon respect, les projets sont montés, sont réfléchis, et
nous, nous ne faisons que dire : Bien, on ne peut pas... On ne prend
pas de décision à savoir si, oui ou non, on
est en accord ou pas. Écoutez, à moins qu'il arrive quelque chose d'aberrant,
ce qui est assez rare chez nous, on... les décisions sont prises à la base,
je vous dirais.
Mme Rizqy :
Ah! bien, c'est ça que je dis. Vous prenez des décisions, vous faites le tour
de votre cour, disons-le ainsi. Et, par exemple, si vous avez à rénover ou à
faire un projet d'agrandissement parce que c'est souhaité par la base,
vous allez faire les demandes puis obtenir les autorisations puis le
financement nécessaire. Mais, si vous...
Mme Hogue
(Johanne) : En fait, c'est
l'administration qui fait les demandes, ce n'est pas les commissaires. Nous,
nous signons. Moi, je signe parce que je
suis la porte-parole des décisions du conseil, mais les personnes qui prennent
les décisions vont être encore là
quand on ne sera plus là, là. L'administration, là, à la commission scolaire,
là, c'est eux qui font ce travail-là.
Nous, là, tout ce qu'on fait, c'est qu'on signe parce qu'on est imputables. Et,
moi, tout ce que je fais, c'est que je m'exprime parce que je suis la
porte-parole de cette organisation-là.
Mme Rizqy : D'accord. Parfait.
Mme Hogue (Johanne) : Peut-être
que je ne comprends pas bien, madame...
Mme Rizqy :
Bien, c'est sûr si vous ne laissez pas terminer, c'est un peu plus difficile de
comprendre. Mais je vais céder la parole à ma collègue des Mille-Îles.
Mme Hogue (Johanne) : D'accord.
Bien, je m'excuse madame.
Mme Rizqy : C'est correct.
Mme Hogue (Johanne) : Je m'excuse. Je m'excuse vraiment. Je ne voulais
pas vous interrompre. Je suis désolée.
Mme Rizqy :
C'est correct, il n'y a pas de souci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Non, il n'y aura pas de problème. Je
crois comprendre que la députée de Mille-Îles veut intervenir. Mme la
députée, la parole est à vous. Vous avez...
Mme Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Mme la présidente, M. le président, M. le directeur
général. J'ose vous nommer dans ce que je
considère l'importance que vous avez à cette table. Je salue effectivement le
fait que vous êtres les trois là,
mais, à mes yeux, dans le respect que je vous dois, je vous dirai, Mme la
présidente, tout le long de la présentation, pour moi, Mme Hogue,
vous avez un rôle très important.
Mais,
juste pour clarifier les choses, parce que, souvent, les gens se posent la
question, est-ce que vous avez été élue par suffrage universel,
Mme Hogue?
Mme Hogue
(Johanne) : Oui, madame. J'ai été élu comme commissaire...
Mme Charbonneau :
Oui, mais pas par suffrage universel, dans un...
Mme Hogue
(Johanne) : Non, non, non, je n'ai pas été élue... J'ai été élue comme
commissaire, et nous avons eu un défi de
gouvernance durant la dernière année, je vous dirais, où on a eu à prendre les
décisions de gouvernance, et j'ai été nommée directement par le conseil
des commissaires à l'unanimité, madame. Voilà.
Mme Charbonneau :
Alors, à ce moment-ci, je dirais que vous êtes élue par vos pairs. Vous n'avez
pas été élue comme le premier président, c'est-à-dire par suffrage
universel. Je fais juste le dire. C'est sans souci sur le rôle que vous occupez parce que je pense que, si vos pairs
vous ont voté, là, c'est parce que vous avez une importance à leurs yeux.
Et je vous dirai, en petit clin d'oeil, que
j'ai eu le plaisir d'être présidente de commission scolaire et j'ai été élue
par mes pairs parce qu'à ce moment-là
ça n'existait pas — ça donne
un peu mon âge — le
suffrage universel. On était élus par nos pairs. Donc, j'en conviens, le
rôle que vous avez...
J'ai
lu votre mémoire. Je dois vous avouer que vous suscitez chez moi une inquiétude
impressionnante. De plusieurs mémoires que j'ai lus, je vous dirais que le
regard que vous portez sur la démocratie scolaire et le rôle qu'elle joue
m'inquiète, m'interpelle, puis je vous dirais qu'à quelque part ça me
bouleverse. Mais je vous explique.
À
différents endroits, vous réduisez le nombre de participants. À d'autres
endroits, vous prenez le pouvoir qui est délégué au conseil d'administration, parce que c'est comme ça que je vais
l'appeler, qui était avant au conseil des commissaires, et vous le reléguez directement à la direction générale.
Et vous savez que je vous entends quand vous dites que la documentation est préparée par la direction
générale. Vous savez quoi, Mme la Présidente? C'est son rôle puisque vous êtes
l'employeur de cette personne, et lui, bien, c'est l'employeur de toutes les
autres personnes. Ça fait qu'on s'est toujours
entendus pour dire : Le conseil des commissaires n'a qu'un seul employé.
Celui-ci par contre, et puis vous l'avez bien signifié, a tous les
autres à son mandat, c'est-à-dire toutes les autres directions d'école,
directeurs, administrateurs.
Mais,
dans votre volonté... Puis j'entends votre souci puis je comprends mieux votre
souci maintenant que vous me dites que vous avez vécu un dérapage au
sein de votre conseil des commissaires...
Mme Hogue
(Johanne) : Je n'ai pas du tout, du tout parlé de dérapage. J'ai
dit... madame...
Mme Charbonneau :
C'est vrai, ce n'est pas de dérapage que vous avez parlé, un défi de
gouvernance. C'est vrai.
Mme Hogue
(Johanne) : Merci, merci. Je vous remercie.
Mme Charbonneau : Le mot «dérapage» a accroché dans ma mâchoire
parce que je l'ai lu dans votre document. Puis, votre souci, vous le dites dans fonction et pouvoirs du conseil
d'établissement, vous dites : «Dans le but d'éviter tout dérapage, nous recommandons fortement — le mot est quand même fort — la suppression de l'article à l'effet que
sur un vote [aux] deux tiers du
conseil d'établissement, ce dernier puisse donner son avis à la direction sur
toute question propre à faciliter la bonne marche de l'école, la
direction devant donner les motifs s'il n'y donne pas suite.»
Donc,
je comprends votre inquiétude, que, si le conseil d'établissement, donc pas le
comité de parents, pas le conseil d'administration, mais le conseil
d'établissement, à même chaque établissement... s'il y a un vote aux deux tiers
sur toute décision proposée par la direction de l'école, vous sentez là une
fragilité par rapport à la gouvernance de l'école même?
• (15 h 30) •
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez une minute pour répondre à la
question. M. Chrétien?
M. Chrétien
(Martin) : O.K., je peux répondre. Bien, dans le fond, qu'est-ce qu'on
disait par rapport à ça, c'est la crainte que ça pourrait justement partir en
vrille, dans le sens que ça pourrait peut-être... On pourrait tomber sur un
conseil d'établissement un peu plus... avec
plus de défis, mettons, donc qui pourrait... venir en sorte que tout qu'est-ce
qui est décision de la direction soit contesté un peu trop souvent. Donc, on
voulait éviter ce genre de truc là, c'est tout, là, c'est dans ce
sens-là, mais on ne veut pas empêcher que l'école fonctionne, justement.
C'était juste ça, dans ce sens-là.
Mme Charbonneau :
Si vous me permettez, juste 30 secondes pour saluer de façon particulière,
à la caméra et au micro, M. Dufourd, que je connais très bien,
puisque...
Une voix : ...
Mme Charbonneau :
...oui, et depuis longtemps, puisque, quand j'ai eu le plaisir d'arriver à la
commission scolaire de Laval, M. Dufourd était là.
M. Dufourd (Bernard) : D'ailleurs,
si vous me permettez, vous avez fait partie de mon éducation.
Mme Charbonneau :
Ça m'inquiète.
M. Dufourd (Bernard) : Je suis
encore là, quand même.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et c'est sur ces paroles que nous allons mettre fin à l'échange. Et
nous mettons fin à cet échange sur
vos paroles, M. Dufourd. Donc, sans plus tarder, la députée de Sherbrooke, pour votre bloc de 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. Vous avez dit tout à l'heure qu'il y a 90 % des élèves qui vont à leur école
secondaire de quartier. Ça m'intrigue beaucoup. Est-ce qu'il y a des
écoles privées sur votre territoire de commission scolaire?
M. Dufourd (Bernard) : En fait,
ce que j'ai voulu dire, c'est que, naturellement, tous les enfants d'une école primaire d'un secteur donné font en sorte qu'ils
vont à leur école secondaire de quartier, naturellement. Alors, j'ai
estimé, chez nous, dans notre commission scolaire... Ça devrait être la même chose, quand même, que ce soit à
Laval ou sur l'île de
Montréal. Oui, il y a des écoles privées à Saint-Jérôme.
Mme Labrie : O.K., parce que...
M. Dufourd
(Bernard) : Oui, mais il y
en a peut-être moins dans notre secteur, je vous dirais, là. Mais, quand on
réussit à garder nos enfants à l'école
publique, leur école secondaire de secteur, c'est leur école secondaire. C'est
ce qu'on voulait dire.
Mme Labrie : Ah! O.K., parce
que ce n'est quand même pas la même chose.
M. Dufourd (Bernard) : C'est ce
que j'ai voulu dire.
Mme Labrie :
Juste à titre indicatif, chez nous, c'est un enfant sur trois qui va au privé
au secondaire, là. Il y a certaines régions où ça ressemble à ça. Et puis ce
n'est pas parce que nos écoles publiques sont de mauvaise qualité, c'est
juste parce qu'il y a une compétition forte. Puis je sens, dans votre mémoire,
qu'il n'y a pas tellement d'inquiétudes à l'égard
d'un système d'éducation à deux et même trois vitesses, qui pourraient être
augmentées avec ce projet de loi là. Donc,
je comprends que la situation est peut-être particulière chez vous et que c'est
peut-être pour ça que ça ne vous inquiète pas trop, mais sachez que...
M. Dufourd
(Bernard) : Mais, peut-être,
si vous permettez, il n'y a pas de lien non plus entre l'école privée puis
la nouvelle gouvernance qui est proposée, là. C'est pour ça qu'on n'en a pas
parlé.
Mme Labrie : Bien, c'est-à-dire
que...
M. Dufourd (Bernard) : Bien,
nous, on n'en a pas vu, là.
Mme Labrie : Vous n'en avez pas
vu? Bon.
M. Dufourd (Bernard) : Il n'y
en a pas, à mon sens.
Mme Labrie :
Bien, je peux vous confirmer qu'il y a une compétition entre les écoles qui
existe là où il y a des écoles
privées. Ça multiplie les programmes particuliers, par exemple, parce qu'ils
sont en compétition. Je vois des indices dans votre mémoire, parce que vous dites... D'ailleurs, vous ne voyez
pas du tout de problème avec l'obligation, pour les centres de services, de partager leurs ressources
avec des organismes publics. Vous ne mentionnez pas les organismes privés,
alors que, dans la loi, c'est écrit noir sur
blanc que cette obligation-là pourrait aussi être de partager les services avec
des établissements d'enseignement privés. Donc, ça, ça ne vous préoccupe
pas?
M. Dufourd (Bernard) : Non.
Mme Labrie :
O.K. Bien, en tout cas, disons que moi, je suis ravie d'entendre que, dans
votre région, vous réussissez à vous
démarquer suffisamment pour qu'il n'y ait pas de dynamique de compétition avec
les écoles, entre elles, d'ailleurs, dans le réseau public, premièrement, mais avec le
réseau privé aussi, là. Vous semblez trouver que tout va bien chez vous.
Moi, ça ne correspond pas à ce que j'entends
de la situation ailleurs au Québec. Mais c'est vrai que les régions où il y a
moins d'écoles privées, comme le
Témiscamingue ou les Îles-de-la-Madeleine, par exemple, vivent une dynamique
vraiment particulière, que j'aimerais qu'on puisse voir ailleurs. Donc, ça peut
expliquer probablement pourquoi il y a un décalage, je dirais, avec
l'analyse de d'autres commissions scolaires.
La
Présidente (Mme Thériault) : Malheureusement, il n'y a plus de
temps, Mme la députée de Sherbrooke. Je suis désolée, il ne reste plus
de temps. Mme la députée de Joliette, la parole est à vous,
2 min 40 s.
Mme Hivon : Oui,
merci beaucoup. Merci d'être ici. Vous amenez cette notion intéressante, les
premiers qui nous parlent de ça, donc, cette
idée de district. Donc, j'ai été tout ouïe pour entendre un peu les détails de
ça. Qu'est-ce que ça apporterait ou
comment ça contrerait les risques que vous voyez? Quels risques que vous voyez,
dans l'état actuel du projet de loi
qui est proposé, si on n'allait pas vers cette idée de district, donc
d'attachement? Moi, j'ai certaines inquiétudes, je dois vous dire, avec
l'abolition, un peu, de la notion de territoire, puis tout ça. Mais, vous,
c'est quoi, les risques, concrètement, que vous voyez si on n'allait pas vers
une notion un peu comme vous proposez?
M. Dufourd (Bernard) : En fait,
on a proposé la notion de district parce qu'on voulait éviter qu'il y ait des groupes de parents qui sont davantage
dans des secteurs du territoire qui monopolisent le conseil d'administration. Alors, tantôt,
on parlait d'équité, là. Alors, moi, je pense que la meilleure équité, c'est de
donner des balises dans la représentativité
des parents. Et on a pensé que ce fameux concept-là de district pouvait
garantir une meilleure représentativité.
D'ailleurs,
je veux en profiter, parce que tantôt j'avais un commentaire à faire par
rapport aux commissions scolaires anglophones. Vous savez que moi, j'ai
travaillé longtemps dans l'Outaouais, et la commission scolaire Western Québec
a à peu près le territoire de la Belgique, et peut-être qu'il y aurait pu y
avoir aussi cette notion-là de représentativité de district même au sein des commissions scolaires
anglophones, parce qu'évidemment le niveau d'appartenance n'est pas tout à fait
le même, là. Alors, la notion de district était davantage pour garantir ça.
Mme Hivon :
Parfait, et non pas pour faire en sorte... parce que vous disiez... Je trouvais
ça intéressant, vous disiez : C'est
important que les élèves soient rattachés, aient un sentiment d'appartenance,
puis tout ça. Ça dépend assurément des régions,
là. Il y a des endroits où, évidemment, les parents n'ont pas la même liberté
de dire : Tiens, je vais faire 150 kilomètres pour envoyer mon enfant à une autre école. On se
comprend, il y a des endroits où cette logique-là va être beaucoup plus présente, de dire : Bien, je vais m'éloigner
de mon district, de mon territoire pour peut-être aller à une autre école qui a
l'air mieux, qui est dans mon lieu de
travail, et tout ça. Ça, je comprends que ce n'est pas ce que vous visez à
encadrer avec votre notion de district. Vous, c'est vraiment uniquement
la représentativité sur les instances.
O.K., vous avez dit une autre chose qui m'a
intriguée tantôt, parce que vous avez dit : On veut s'éloigner du politique. Moi, j'essaie beaucoup de réhabiliter
le politique. Le politique, ce n'est pas toujours mauvais, ce n'est pas
toujours l'ultrapartisanerie non
plus, c'est le fait de s'engager pour pouvoir mener des combats. Puis vous avez
dit que ça ne vous inquiète pas de savoir qui va se battre pour les écoles
parce que ce sont les parents qui font changer les choses. Donc, si je
mets des mots dans votre bouche, vous me corrigerez, là, peut-être que je
simplifie.
Mme Hogue (Johanne) : C'est
bon, c'est bon.
Mme Hivon :
Parfait. Je voulais juste comprendre si, selon vous, c'est ça, c'est vraiment
les parents qui portent les réformes, qui se battent, plutôt que les
commissaires ou les membres.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 10 secondes.
Mme Hogue (Johanne) : Tantôt,
j'ai parlé... Ce sont les parents qui ont fait qu'on a changé d'avis sur
certaines décisions. Et peut-être qu'à ce moment-là j'ai oublié de dire que,
derrière eux, il y a toujours l'équipe-école qui était partie prenante aussi de ces décisions-là. Donc, ça partait du conseil
d'établissement, mais ça soulevait l'ensemble des parents pour venir
nous dire...
La
Présidente (Mme Thériault) : Et merci, Mme Hogue,
M. Chrétien, M. Dufourd. Merci pour votre passage en
commission parlementaire.
Nous allons
suspendre quelques instants pour permettre à la commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 40)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc,
nous allons reprendre nos travaux. Nous recevrons les gens de la commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys. Donc, j'imagine que c'est Mme Diane Lamarche-Venne
qui va nous faire la présentation. Vous avez à peu près une dizaine de minutes,
madame, pour nous présenter votre mémoire, nous présenter les gens qui vous accompagnent. Je vois
que vous avez aussi deux élèves avec vous. Donc, je vais vous céder la
parole pour à peu près dix minutes. Allez-y. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB)
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Merci. Alors,
merci, Mme la Présidente, les membres de la commission parlementaire.
Alors, merci de nous avoir invités.
Alors, je
m'appelle Diane Lamarche-Venne. Je suis la présidente de la commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys. Alors, je suis
accompagnée de plusieurs membres de notre organisation. Alors, d'abord, je vous
présente les deux élèves, alors Laura
Rodriguez et Julian Menga; Patrice Brisebois, directeur de l'école secondaire
Saint-Laurent et président du comité
de répartition des ressources; Marie-Josée Villeneuve, secrétaire générale;
Dominic Bertrand, directeur général; et, derrière moi, les membres du personnel qui ont participé à la rédaction
du mémoire. Alors, on parle de techniciens en éducation spécialisée,
psychologues, conseillères pédagogiques et commissaires scolaires.
Alors, la CSMB s'est toujours positionnée comme
un partenaire du ministère pour contribuer à l'évolution du système scolaire, faut-il le rappeler, qui est un
bien public, et que nous représentons tous ici aujourd'hui. Alors, si un
nouveau chapitre de l'histoire du
système scolaire doit s'écrire, il ne peut faire fi de tout un pan de sa genèse
qui a su former des milliers de jeunes Québécois et Québécoises, comme
Julian et Laura.
À la CSMB, on
ne peut s'opposer à améliorer le service aux élèves en rapprochant les lieux de
décisions près d'eux car c'est déjà
ce que nous faisons. On ne s'oppose pas non plus à l'évolution du mode de
gouvernance car nous nous employons nous-mêmes
à l'améliorer. Nous nous sommes d'ailleurs associés à de nombreux experts,
avons revu notre modèle de gestion et réorganisé notre offre de service.
En clair, il y a longtemps que nous avons eu le courage d'inverser la pyramide,
c'est-à-dire de mettre les élèves au sommet et à la base tous ceux et celles
qui doivent être à leur service.
Le résultat est éloquent, notre taux de
diplomation, 87,8 %. Force est de constater que notre modèle fonctionne. Il n'a toutefois pas été forgé en quelques mois. Il
s'est actualisé et raffiné pendant plusieurs années, et continue de l'être
au regard de multiples réflexions visant à toujours remettre en question la
pertinence de nos approches.
Nous
profitons donc de cette tribune pour faire valoir notre vision de la
gouvernance collaborative, qui a permis de nous distinguer. On s'attarde
beaucoup, ces jours-ci, à la composition du conseil d'administration. Or, les
principes de gouvernance qui s'y rattachent
et les principes de délégation de pouvoirs sont beaucoup plus importants.
Pourtant, ils sont absents du projet
de loi, un projet de loi qui constitue, à nos yeux, un recul pour la
démocratie, évidemment, et affaiblit la gouvernance.
Ce que nous
proposons est un modèle hybride qui permet de préserver la démocratie et une
plus grande participation des
acteurs, tant des parents, du personnel, des élèves que des citoyens,
c'est-à-dire une représentativité essentielle de la population,
reflétant les particularités et les vulnérabilités propres à chaque milieu.
Je considère
faire partie d'une gouvernance de proximité, une gouvernance de confiance. Je
suis impliquée à la CSMB depuis 25 ans — ça ne me rajeunit pas
moi non plus — d'abord
comme parent, puis comme commissaire, et maintenant,
évidemment, présidente. Nous avons depuis longtemps rapproché le pouvoir
décisionnel de ceux qui connaissent les
élèves par leur nom et même par leur prénom. J'ai vu notre modèle de
gouvernance évoluer. J'ai pris part à sa transformation car, de toute évidence, elle sert la réussite des
élèves. Et, tous ces changements, la loi actuelle nous a permis de les faire.
Notre
mémoire, vous l'avez vu, présente 20 recommandations. Elles sont issues
d'une consultation auprès de notre personnel
qui oeuvre sur le terrain. Il a été préparé avec en tête le seul intérêt de nos
75 000 élèves et 11 500 membres du personnel. Aujourd'hui, je suis ravie de partager
le micro pour livrer notre message. C'est dans nos pratiques de faire les
choses ensemble, et c'est un privilège pour moi de faire équipe au quotidien
avec des experts en éducation.
Alors, je cède la parole au directeur général,
M. Bertrand.
M. Bertrand
(Dominic) : En éducation, trop de gens prétendent être des
experts. Depuis trop longtemps, au Québec, on écoute tout le monde comme si le
poids des opinions s'équivalait.
Chaque jour, depuis 25 ans, je mets les
pieds dans une école, d'abord comme enseignant, comme professionnel, comme direction d'école, en milieu favorisé,
défavorisé, multiethnique, et maintenant à la direction générale depuis
plusieurs années. Je peux vous dire
qu'on a vécu énormément de
changements au cours des dernières années, souvent des changements appuyés sur des mythes ou sur des croyances
populaires souvent colportés par des gens déconnectés du milieu, et surtout
sans fondement scientifique. Je pense que l'éducation publique mérite beaucoup
mieux.
Je veux
profiter de l'occasion pour venir citer un collaborateur de longue date chez
nous, M. Steve Bissonnette, un chercheur reconnu dans le milieu, où il
mentionne, avec raison, qu'on devrait être aussi sérieux en éducation qu'on l'est en médecine. À Marguerite-Bourgeoys, l'éducation, ce n'est pas une question d'instinct ou d'intuition, où les décisions
se prennent au gré des modes passagères.
On vous a déposé un mémoire sur lequel est appuyé nos
20 recommandations, à la fois sur notre expérience, mais également
sur les résultats de recherche. Notre taux de diplomation a explosé au cours
des cinq dernières années, une augmentation de 10 %. C'est deux fois plus rapidement
que l'ensemble du réseau, mais c'est également huit points supérieurs à la cible qui est fixée par le ministère.
Et j'aimerais mentionner que nous n'avons seulement qu'un écart de
cinq points avec le réseau des écoles privées.
On parle beaucoup d'égalité des chances, et avec raison. D'ailleurs,
ça fait partie, c'est le coeur de la politique de réussite
du ministère 2017‑2022,
où on tente de réduire les écarts entre les jeunes. Eh bien, chez nous, on
réussit. Nos élèves qui sont issus de milieux défavorisés réussissent
maintenant aussi bien que nos écoles en milieu favorisé aux épreuves
ministérielles. Nos garçons... Le taux de diplomation chez nos gars est de
84 %. C'est 10 points de plus que le réseau.
Et, finalement, comme on a beaucoup
d'élèves issus de l'immigration de première génération, bien, au niveau de la
diplomation, nos jeunes réussissent aussi bien, voire même mieux à
certains égards, au niveau de la diplomation. Tout ça a été rendu possible parce qu'actuellement on dispose de tous les
leviers nécessaires pour être en mesure de mettre des pratiques exemplaires en matière de gestion et
puis de gouvernance. Comme la littérature scientifique en fait mention, on
peut parler des Leithwood, des Fullan, des Marzano, alors on a tous les leviers
pour être en mesure de le faire.
Cependant, des résultats comme les nôtres, bien,
évidemment, on a besoin du personnel, et on a atteint ces résultats-là, qui sont très satisfaisants, grâce à l'expertise
et au dévouement du personnel, mais ce n'est pas suffisant. La commission
scolaire doit exercer un leadership pédagogique très fort, s'assurer d'une
cohérence dans toute l'organisation. On doit également
avoir un rôle de vigie, de régulation. Et, malheureusement, dans le projet de
loi n° 40, bien, ce rôle, ce lien-là, ces interactions-là ne sont pas présentes, et ça va à
l'encontre de l'ensemble des principes de gestion, de ce lien de subordination.
Puis
d'ailleurs l'imputabilité va toujours revenir au centre de services puisqu'elle
est la seule entité juridique. Alors, c'est
ce qui nous a permis, nous, d'augmenter notre taux de diplomation, cette
cohérence et ces liens de subordination entre la commission scolaire et
puis ses écoles. On souhaite vraiment le maintenir.
Quant aux principes, avec les principes de délégation de
pouvoirs et puis nos principes de gouvernance actuellement en place, on a la certitude que tous les pouvoirs
se prennent au bon niveau puisqu'on applique à chaque décision le principe
de subsidiarité. On peut demander à nos
102 directions d'établissement est-ce qu'elles souhaitent un pouvoir
supplémentaire. Elles vont dire non à
l'unanimité, parce que les directions, chez nous, disposent de tous les leviers
nécessaires pour être en mesure de faire bouger l'aiguille de la
réussite.
En
terminant, nous souhaitons que les modifications apportées au projet de loi
nous permettent de continuer à mettre en
oeuvre nos pratiques qui sont basées sur les résultats de la recherche, de
continuer à faire réussir nos élèves. Et je souhaite vraiment qu'on soit
aussi sérieux en éducation qu'on l'est en médecine.
Je vais
céder la parole à mon collègue Patrice.
La
Présidente (Mme Thériault) : ...compléter votre intervention.
M. Brisebois (Patrice) : Parfait. À titre de direction d'école, je peux
témoigner de l'importance des services reçus de la part du centre administratif. Cette organisation des services me
permet d'exercer mon rôle de leader pédagogique. En collaboration avec les ressources éducatives et la
direction générale adjointe, nous établissons un plan d'action qui assure
que les élèves puissent effectuer les
apprentissages, et ainsi garantir la réussite du plus grand nombre. Le rôle de
conseil et de soutien joué par les
autres services administratifs permet
de nous concentrer sur la pédagogie afin d'éviter les distractions. Ils
nous outillent à faire les meilleurs choix dans des domaines où nous ne sommes
pas les experts.
En
tant que président du comité de répartition des ressources, j'ai pu participer
à la répartition des ressources attribuées
aux écoles via la commission scolaire tant au niveau des principes que des
critères de répartition. Cela amène les collègues à réfléchir au bien de l'ensemble de nos écoles et non
seulement la leur. À plusieurs reprises, nous avons influencé l'organisation, ce qui a permis aux personnes les
plus près des élèves de proposer les meilleures avenues dans l'intérêt de
leur réussite.
Je
vais céder la parole à Julian et Laura.
• (15 h
50) •
Mme Rodriguez
(Laura) : Bonjour à tous. Donc, à travers mes cinq années au
secondaire, je me suis d'abord impliquée
dans le conseil des élèves de mon école et dans le conseil d'établissement.
J'ai également siégé à la table unifiée des conseils étudiants, grâce à laquelle j'ai participé à la rédaction
au Plan d'engagement vers la réussite. Pour un seul élève, représenter un aussi
grand groupe sur une instance démocratique importante telle qu'un conseil d'établissement
pourrait être très intimidant. Alors
qu'on voudrait idéalement encourager les élèves à s'impliquer dans leur communauté,
ce qui peut énormément bonifier leur parcours et leur éducation, il me semble que de leur retirer une voix serait d'envoyer un message
contraire.
M. Menga (Julian) : Pour ma
part, j'ai toujours été intéressé par la politique. Cet intérêt m'a amené dans
le conseil d'élèves, la TUCE et
le C.A. de mon école. Éventuellement, je me suis retrouvé impliqué dans la
politique en milieu municipal,
provincial et fédéral. À tous ces paliers, j'ai constaté que les jeunes du
secondaire souffrent d'un manque de représentation crucial. C'est
pourquoi le fait que le projet de loi n° 40 retire une des deux seules
voix accordées aux élèves dans les conseils d'établissement des écoles
m'apparaît non seulement contre-intuitif, mais bien aussi insensé.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : En conclusion,
nous estimons que l'éducation devra toujours se situer au-dessus de la mêlée. Nous avons soulevé nos inquiétudes
face aux bouleversements majeurs annoncés dans le projet de loi n° 40. Cependant,
nous formulons humblement, mais avec fierté, 20 recommandations, en souhaitant
qu'elles trouvent écho au lendemain de cette commission. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci beaucoup pour votre témoignage, vos témoignages, en fait. M. le ministre, la parole est à vous pour environ 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. C'est intéressant d'avoir autant
d'interlocuteurs qui amènent une voix différente. Salut aux élèves aussi, très
intéressant. Marguerite-Bourgeoys a cette habitude
d'amener des élèves en commission
parlementaire, et ça amène une voix
qui est différente, très intéressante, puis c'est sûr qu'on prend
toujours en note les recommandations.
Justement,
là, j'ai la liste de vos 20 recommandations pour qu'on en discute plus
avant. Votre recommandation 8, vous
dites donc : «La commission
scolaire Marguerite-Bourgeoys
recommande la mise en place d'un élément de concertation entre le
nouveau comité d'engagement pour la réussite des élèves et le comité de
répartition des ressources...»
Juste avant
de vous demander pourquoi ce lien, qu'est-ce que vous pensez d'abord de la
création de ce comité-là, le comité,
donc, d'engagement vers la réussite? Peut-être avez-vous déjà quelque chose de semblable
avant même que la loi ne soit adoptée, mais comment vous voyez cette
proposition dans le projet de loi n° 40?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : J'irai puis,
ensuite, je passerai la parole au directeur général.
Alors, vous
avez deviné, à Marguerite-Bourgeoys, on a quelque chose de semblable
parce qu'évidemment c'est le coeur de
notre mission. Alors, on voit d'un bon oeil cet ajout. Mais, comme on vous dit,
on pense que le comité de répartition des
ressources est quand même là où se passe le gros du travail, c'est-à-dire les ressources financières qui viennent avec. Alors, on pense
que ça devrait être un lien évident entre les deux.
Alors, M. Bertrand?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Bertrand.
M. Bertrand
(Dominic) : C'est sûr que j'aurais envie de passer la parole au
président du comité de répartition des
ressources, qui est juste à ma droite, parce que nous, on a délégué la
présidence aux directeurs d'écoles. Mais j'aimerais vous dire que ce lien-là va nous permettre
justement de dégager des sommes pour être en mesure de déployer toutes les
mesures qu'on met à l'intérieur de notre
plan d'engagement vers la réussite. Alors, on y voyait une cohérence de budgets
et de moyens.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Brisebois.
M. Brisebois
(Patrice) : En fait, on le
sait, le nerf de la guerre, c'est souvent l'argent. Donc, quand on est en
mesure d'appuyer ce qu'on souhaite faire par un comité qui promouvoit la
réussite, de pouvoir s'assurer qu'on fera les répartitions nécessaires,
c'est toujours gagnant.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Et de quelle
nature serait ce lien-là? Est-ce qu'il y aurait quelqu'un qui, d'office,
siégerait à un comité et à l'autre? Est-ce
que ça serait quelqu'un... Est-ce que c'est le D.G. ou la personne qui
préside le comité de répartition des
ressources qui siégerait, d'office, sur le comité d'engagement vers la
réussite? Disons, comment on ferait pour, organiquement, là, s'assurer
qu'il y ait un lien comme vous le souhaitez?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Bertrand.
M. Bertrand
(Dominic) : ...il faut
absolument qu'il y ait une personne qui siège sur les deux comités. Ça
pourrait très bien être le président du comité de répartition des
ressources.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci beaucoup.
Très bien. Votre recommandation 12 : «La commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys recommande que le
conseil d'administration soit formé de six parents, dont un parent représentant
les élèves HDAA — vous
n'êtes pas les premiers à nous souligner cette idée-là — cinq
membres du personnel [de soutien].» Donc,
vous mentionnez le personnel de soutien, professionnel, enseignant,
direction d'école, cadres de services et six membres de la communauté. Juste avant, à la
recommandation 11, vous disiez, dans
le fond, qu'il faudrait peut-être
avoir plus de gens de la communauté.
Une des
particularités du projet de loi, c'est qu'il arrive sur le C.A. des gens qui
arrivent des écoles, des gens qui viennent de l'interne, des gens qui, tous les
jours, sont en contact avec les élèves ou les équipes-écoles. Dans le projet de loi actuel, il y en a quatre. Vous proposez de monter ça à cinq, mais, en
même temps, vous dites... Bon, vous faites cette recommandation-là en
disant : Oui, mais, dans le fond, on aimerait mieux garder les élections
scolaires.
Maintenant,
si on garde les élections scolaires, si on garde le statu quo, on ne pourra pas
faire une place au conseil des commissaires, au conseil d'administration,
aux gens qui font l'école. Alors, qu'est-ce qu'on fait? J'ai de la misère à
réconcilier vos deux recommandations, là : Ne touchons pas aux élections
et allons encore plus loin que le projet de loi n° 40 pour faire une place aux gens qui sont dans les
écoles. Donc, quelle est votre réflexion là-dessus? Comment on
réconcilie ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Écoutez,
ce qui nous apparaît important de mentionner ici, c'est qu'on n'est pas
contre qu'il y ait des membres du personnel autour de la table, qu'il y ait
plus de parents. À Marguerite-Bourgeoys, on en a déjà quatre. Par ailleurs, je vous ferai remarquer que
la composition du conseil... En ce moment, le conseil élu à
Marguerite-Bourgeoys, il y a des enseignants qui sont élus, il y a des parents
qui sont élus.
Alors, ce
qu'on veut vous dire, dans le fond, dans tout ça, c'est qu'il faut se retirer un peu
pour être capable de poser un second
regard. Alors, l'important, c'est qu'il y ait une cohorte de personnes
élues, pas avec le suffrage universel, pas nécessairement. On vous a fait
une proposition, quand
même, là, qui dit que ça pourrait
être un forum électif, ça pourrait être
des gens intéressés. Je pense que ça s'organise en 2020. Mais l'important,
c'est de garder une cohorte de personnes qui ne sont pas nécessairement directement
impliquées dans le système.
Alors, les
parents ont des enfants, ont des intérêts, et puis, on le voit souvent, les membres du
personnel auront aussi des intérêts
à défendre. Alors, de façon à ce qu'on équilibre les choses, puis comme dans un
conseil d'administration, de
toute façon, il y a toujours à peu
près un tiers des membres qui sont
externes et puis qui sont aptes à siéger sur les comités, que ce soit le comité de vérif, le comité de ressources humaines. Quand on est en Santé, quand on est au cégep, ce n'est jamais des membres impliqués directement,
qui reçoivent les services, qui sont en autorité, si on peut dire.
Alors, c'est
un peu ça, notre modèle, c'est d'essayer de maintenir un équilibre,
mais de s'assurer que toute notre population soit représentée. Alors, la façon de pouvoir
représenter la population... Donc, les parents qui n'ont pas encore
d'enfant à l'école, des nouveaux arrivants... Par exemple, c'est, évidemment,
notre réalité, alors des nouveaux arrivants qui
sont plus occupés à gagner le pain et le beurre de la famille, mais qui ne sont
pas nécessairement prêts à s'impliquer dans des
structures. Bien, le fait qu'on ait des gens qui sont élus, quand même, rayonne
plus large dans la représentativité.
Me Villeneuve, peut-être?
Mme Villeneuve
(Marie-Josée) : Oui, peut-être juste pour préciser par rapport
au mode d'élection qu'on vous propose, pour
ce qui est des membres du personnel, on est en accord, là, avec le fait que ce
soit une élection par les pairs, là,
qui est proposée par le projet de loi, parce qu'effectivement, avec une élection
plus large, là, ce serait plus difficile. C'est pour les membres de la
communauté et pour les membres parents qu'on pense qu'il faudrait avoir un
collège électoral peut-être plus vaste que
celui qui est proposé dans le projet de loi. Puis le souci, c'est vraiment pour
que les représentants au conseil
d'administration aient une meilleure représentativité, qu'ils représentent
davantage, là, les gens qui bénéficient des services de la commission scolaire ou du centre de services
scolaire, mais également de la population, là, du secteur desservi.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Une question juste de clarification avant de poursuivre. Vous dites que vous
avez un enseignant ou une enseignante
sur votre conseil des commissaires, mais pas de votre commission scolaire à
vous, c'est ça, parce qu'en ce moment... Mon interprétation de la loi,
c'est qu'il serait inéligible en ce moment.
Mme Lamarche-Venne (Diane) :
Tout à fait.
M. Roberge :
O.K., ça, c'était juste pour comprendre ça. Ensuite, bien, j'ai juste le goût
de vous remercier de votre attitude constructive, d'arriver avec des
propositions, même si, à la base, peut-être, vous n'auriez pas déposé ce projet
de loi là, et je ne sens pas une attitude
d'obstruction, d'objection. Je sens qu'il y a des désaccords majeurs à certains
niveaux, je ne veux pas le nier,
mais, en même temps, une intention de saisir l'opportunité pour dire :
Bon, puisqu'on est là, comment on ferait pour améliorer... Puis d'ailleurs
votre recommandation 1, c'est : «La commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys recommande l'évolution du mode de gouvernance...»
Ça, c'est votre... C'est comme ça que vous lancez les choses.
Donc, j'ai
envie de vous questionner sur les intervenants précédents. Juste avant vous...
Vous étiez dans la salle, tout à
l'heure, quand la commission scolaire des Laurentides... viennent de
présenter... puis ils sont arrivés avec cette notion de district, ils ont dit : Bien, les parents
qui seraient élus éventuellement sur le conseil d'administration, donc qu'ils
soient huit, ou qu'ils soient six, ou
qu'ils soient cinq, pourraient avoir un facteur de représentativité régionale
ou territoriale. Comment recevez-vous cette proposition de ceux qui
viennent de passer juste avant vous?
• (16 heures) •
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Je vais répondre. Écoutez, c'est
sûr que c'est un souci qu'on a. Parce que
c'est certain que, si on dit qu'à Marguerite-Bourgeoys,
par exemple... s'il y
a 355 000 électeurs sur
notre territoire, à un moment donné, il faudrait qu'il y ait une
représentativité. Mais on est déjà structurés comme ça, on est déjà... nous, on
appelle ça des RETAC, alors c'est des réseaux territoriaux
d'appartenance, on est déjà structurés comme ça. Puis ce serait heureux, effectivement, qu'on puisse dire que des personnes
élues ou des parents représentent ces territoires. Peut-être, Me Villeneuve
pourrait...
Mme Villeneuve
(Marie-Josée) : Bien, en
fait, c'était dans la même lignée, là, que Mme Venne. Nous, on a déjà une
structure, là, comme Mme Venne le
disait. Donc, c'est sûr que, nous, notre souci, c'est vraiment la
représentativité, là. On ne l'a pas nécessairement mis dans le mémoire, mais,
que... Notre territoire est vaste, même si peut-être moins vaste qu'en région, puis je peux en parler, je viens d'une
région, aussi, bien que je vive à Montréal, mais il est grand, notre
territoire, et il est très, très diversifié. Donc, c'est sûr que, pour nous,
l'importance que chacune des populations, chacun des secteurs soit à la table
de discussion ou, à tout le moins, qu'il ait une voix à la table de discussion,
si ce n'est pas assis à la table du conseil
d'administration, qu'il puisse influencer la décision, nous, c'est un souci
qu'on a qui est important. Et, pour ça, c'est sûr que le fait
qu'actuellement, dans le projet de loi, il y ait les parents qui soient élus
par les membres des conseils d'établissement,
pour nous, cette représentativité-là peut peut-être être une difficulté
puisqu'ils n'auront pas nécessairement un large spectre, là, de vision
pour être capables de parler au nom de l'ensemble du territoire.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...ministre.
M. Roberge :
Je vous remercie beaucoup. Puis je vais laisser mon collègue de Saint-Jean
poursuivre, si vous permettez.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Saint-Jean, vous avez 5 min 30 s.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. D'abord, je veux à mon tour souligner l'envergure de votre délégation. Moi, ça me touche. C'est beaucoup
d'organisation. Vous allez retourner dans la tempête, je vous le dis tout de
suite. Mais ça a frappé tout le monde, et à
chaque fois ça frappe tout le monde, et c'est bien ainsi. Il y a la qualité du
mémoire, il y a la qualité de la présentation, mais c'est beau de vous
voir avec des élèves. Merci.
Je veux revenir sur la place des parents dans le
conseil d'administration, parce qu'ils sont issus du conseil d'établissement vis-à-vis de la communauté. Parce
que, pour moi, il me semble que c'est réducteur un peu, parce que, par défaut, un parent, il est de la communauté puis,
régionalement ou, en tout cas, géographiquement, il est un peu réparti. Et on
verra si la règle se poursuit, mais,
essentiellement, il y a moyen d'avoir des parents qui ont toutes sortes de
professions et de spécialités, bon, d'une part.
Mais, d'autre
part, quand je parle de résultats, c'est... Oui, un conseil d'établissement, le
parent défend son enfant, son école. En tout cas, quand j'y étais, moi, c'est
ce que je faisais. Mais, rendu au C.A., il semble que ça va être autre
chose. Il me semble qu'on va s'élever avec
la position et la responsabilité qui vient avec. Alors, quand vous dites que...
y compris celle des plus... Vous
mentionnez dans votre mémoire, donc, que «les membres du conseil des
commissaires tiennent compte de la
réalité des citoyens de la circonscription qu'ils représentent et des parents
de tout leur territoire, y compris celle des plus vulnérables». Sur quoi vous vous basez pour supposer que le C.A. ne
prendrait pas en compte, dans ses décisions, une partie de la
population, au final, une fois qu'il sera composé?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne (Diane) :
Comme je l'ai dit tout à l'heure, bon, la réalité de Marguerite-Bourgeoys, c'est qu'il
y a 63 % de nos élèves qui n'ont
pas le français comme langue maternelle. On a des territoires comme Mont-Royal, où vous pouvez comprendre que c'est plus aisé, mais d'autres
territoires, c'est Sainte-Geneviève Ouest, c'est Verdun, c'est Lachine,
où c'est moins aisé. On accueille... on a accueilli 4 500 nouveaux
élèves cette année, des nouveaux arrivants.
Alors, nous,
ce qu'on se dit, c'est : Le parent de ces jeunes qui constituent plus que
la moitié de notre clientèle... quand ils arrivent ici, ils ne sont pas
prêts à servir, si on peut dire, ils sont plus en survie. Alors, c'est un pan
important, pour nous, de la clientèle de notre
territoire qui, on le pense, on le voit, de toute façon, dans les structures
parentales, sont plus ou moins
impliqués. Et ça, ça nous touche beaucoup, puis on pense qu'il faut s'en
occuper, nous. C'est une responsabilité qui doit être au-dessus de la mêlée,
si on peut dire.
La Présidente (Mme Thériault) :
...
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. Je suis d'accord avec vous, mais, en même temps... Et
je sais que vous suggérez une
composition d'un C.A. différent que ce qu'il y a dans le p.l. n° 40. Mais, sauf erreur, dans le p.l. n° 40,
de toute façon, il va se retrouver...
Ceux qui sont près des élèves, ne serait-ce que parce qu'ils sont des
enseignants, ils sont des représentants du personnel, et leurs intérêts,
il me semble, en tout cas, vont quand même être tenus en compte.
Mais, cela
dit, moi, je ne suis pas très, très fort sur les questions pointues. Mon
dernier conseil d'établissement, c'était il y a 26 ans, ça fait qu'on peut
revenir plus tard. Mais, dans l'ensemble, là, en général, vous êtes les
premiers de classe. Quand on regarde
ce que vous nous donnez comme score, là, ce que vous avez, en termes de
réussite et puis en termes de
modernisation que vous avez réussi à continuer au fil du temps à l'intérieur de
la loi, moi, je me dis : Sans niveler par le bas, si vous êtes les premiers de classe, il faut quand même penser
au reste de la classe. Et je me disais que le p.l. n° 40 allait aider tout le monde à
remonter, justement, à tirer vers le haut, comme vous avez réussi à faire.
Est-ce qu'il
y a un peu de ça, dans le p.l. n° 40,
quand même, par rapport à ce que je viens de vous exprimer, de ce que j'en comprends puis de ce que
je voulais qu'on fasse avec : la formation des enseignants, la formation
des membres du C.A.? Il me semble qu'il y a beaucoup de choses, autour
de cette grande proposition, non?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez une minute pour répondre, Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Écoutez,
avec toute humilité, je vous dirais qu'il
y a beaucoup de choses qu'on
fait déjà. Nous voyons nos parents,
on les forme. Les membres du conseil, on se forme deux fois par année, minimum.
Alors, il y a des choses qu'on fait déjà.
Alors, peut-être on n'a pas nécessairement soulevé ces aspects-là, maintenant, je vous dirais
qu'autour de la table, je vous dis, la
composition du conseil est quand même assez relevée, mais il y a toute la
direction générale, il y a tous les
membres de direction qui nous assistent, aussi, et qui sont là, et qui sont eux
aussi, parce que notre modèle est comme ça, auprès des jeunes, sur le
terrain. Parce que, nos directions régionales adjointes, leur première
responsabilité, n'est-ce pas, Patrice, c'est
de superviser leur direction d'école. Ce n'est pas d'être à la commission scolaire
et puis de faire de la gestion au quotidien. C'est de la supervision.
Peut-être, Patrice...
M. Brisebois
(Patrice) : Bien, en fait, c'est de la supervision, c'est de
l'accompagnement, de l'encadrement qui nous permet de nous assurer qu'on
focalise sur les bons éléments liés à la réussite. Et ça, pour moi, c'est
quelque chose à ne pas
perdre, le fait qu'on met cet encadrement-là qui nous permet aussi, en
collégialité avec les différents services, d'agir et de s'assurer qu'on est en train de donner le
meilleur pour nos élèves. Donc, on le fait déjà, dans l'état actuel des choses,
pour répondre à votre question, là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Et ça met fin à l'échange
avec les députés ministériels. Je vais maintenant reconnaître la députée
de Saint-Laurent, pour l'opposition officielle.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Bienvenue. Bonjour, Julian. Bonjour, Laurent. C'est la deuxième
fois, Laurent, hein? On s'était vus dans le p.l. n° 12,
si ma mémoire est bonne, pour les frais... Pardon? Laurent?
Des voix :
Laura.
Mme Rizqy :
Flora? Flora.
Une voix :
Laura.
Mme Rizqy :
Laura. Eh! désolée...
La Présidente
(Mme Thériault) : Laura et Julian.
Mme Rizqy :
Julian. Alors, c'est vous, au projet de loi n° 12, si ma mémoire est
bonne, ou c'étaient...
Des voix :
...
Mme Rizqy :
...d'autres... Ah non! O.K. En vérité, je pensais qu'on s'était... que
c'était... Alors, désolée. Je porte à confusion avec un autre élève.
J'aimerais
savoir, en ce moment au conseil d'établissement, est-ce que vous avez remarqué
si les parents de vos camarades de classe qui sont... Parce qu'à
Marguerite-Bourgeoys il y a quand même beaucoup de nouveaux arrivants. Est-ce que les parents de vos camarades de classe...
est-ce qu'eux ils ont le temps de venir à ces conseils d'établissement
ou ils sont pris avec d'autres défis, comme
par exemple apprendre le français, trouver un emploi et, par conséquent, ne
sont pas autour de la table de discussion?
La Présidente
(Mme Thériault) : Julian.
M. Menga (Julian) : Personnellement, je dirais qu'on évolue dans un
milieu qui est très multiethnique. On voit souvent, pour reprendre sur les mots
qui ont été dits un peu plus tôt... c'est des parents, ça arrive souvent qu'ils
sont en situation de survie. Donc,
dans ce cas-là, l'implication ne vient pas passer, souvent, en premier lieu.
Donc, c'est clair que tout le monde essaie de faire son possible, mais, dans la
mesure de ce qui est possible, ce n'est pas toujours facile. C'est pourquoi, c'est clair qu'il y en a beaucoup qui
essaient de s'impliquer, puis on le voit dans les C.E. Vous savez, dans mon
école, il y a plusieurs... c'est très multiethnique. Donc, le C.E., on voit
vraiment qu'il y a des parents qui s'impliquent.
Cependant,
c'est vraiment quelque chose qui est, tu sais... Vous savez, je dis ça comme
ça, mais, dans mon école, dans ma
classe, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui viennent de
d'autres pays, par exemple, on va parler en Asie, on va parler en Afrique, en
Europe de l'Est. Donc, vraiment, c'est des personnes qui doivent même venir...
qui arrivent ici, qui doivent apprendre la
langue, ils doivent se trouver du travail. Donc, c'est vraiment quelque chose
qui vient passer, malheureusement, même s'ils voudraient bien, en second
lieu.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous voulez ajouter?
• (16 h 10) •
Mme Rodriguez
(Laura) : Oui. Je pense que,
malgré le fait qu'ils sont occupés par d'autres choses, d'un point de
vue très personnel, on voit vraiment
qu'ils veulent quand même être impliqués puis qu'ils veulent quand même
être présents dans tout ce fonctionnement-là, dans toutes ces organisations-là
telles que le C.E. Dans le C.E. de mon école, par exemple, cette année, il y en a plusieurs qui sont des
parents d'élèves qui viennent de d'autres pays, mais je pense qu'ils
prennent autant leurs places que les parents d'élèves qui viennent
d'ici.
Mme Rizqy :
Bien, moi, je suis députée de Saint-Laurent, alors la commission de
Marguerite-Bourgeoys est pas mal dans mon
comté, Laura. Et ce que tu viens de dire est très intéressant. Moi, j'ai
remarqué qu'il y a plusieurs parents, nouveaux
arrivants, que c'est leur porte d'entrée, la démocratie scolaire. Est-ce que
c'est quelque chose que toi aussi, tu as remarqué?
Mme Rodriguez
(Laura) : Bien, exactement. Dans le fond, non seulement ça leur permet
d'apprendre à connaître plein d'autres gens, mais de voir un peu comment ça
fonctionne. Puis c'est dans toute cette idée-là que ça fonctionne. Donc,
je pense que c'est tant mieux que non
seulement ils ont accès à plein d'autres points de vue, mais, en plus, ils ont
leurs voix dans l'éducation de leurs enfants.
Mme Rizqy :
Je vois en arrière M. Christian Desjardins, qui est commissaire pour
Saint-Laurent Est, et j'aimerais poser
une question. En ce moment, la Loi sur l'instruction publique prévoit que les
commissions scolaires ont aussi un rôle de développement économique régional. Je vois quand même plusieurs
activités, et l'an dernier il y avait un projet avec l'industrie aéronautique, mais aussi les
partenaires de différents milieux, pour donner aussi la chance surtout, par
exemple, aux jeunes filles. Je me rappelle encore ce que
M. Chartrand, du Syndicat des machinistes, avait dit : On veut que
les mathématiques, là, que tout le monde ait
le goût, puis de faire un projet plus local, à saveur locale, mais que c'est un
projet porté par les étudiants.
En ce moment,
lorsque les commissions scolaires ne sont plus vraiment là, c'est le type de
projet où est-ce qu'on doit faire
aussi du développement avec l'industrie, avec la Loi sur l'instruction publique
actuelle, qui nous permet aussi de
répondre, aussi, à différents besoins, tant scolaires, mais aussi dans
l'industrie. Parce qu'on se rappelait qu'il a donné une liste de métiers qu'on parle tellement rarement,
comme par exemple ébéniste en aéronautique. Ce n'est pas pour orienter les jeunes, mais c'est juste pour les ouvrir sur
des horizons. Et je me tourne vers le directeur d'école : Est-ce que ce
type de projet, est-ce que ça a été, un, apprécié par les élèves, les
parents? Puis qu'est-ce que vous en pensez?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Brisebois.
M. Brisebois (Patrice) : C'est
certain que ce type de projet là est non seulement apprécié par les parents,
mais les élèves parce que ça leur permet de concrétiser ce que sera leur futur.
L'école est un long corridor ou un long chemin. Des fois, d'avoir accès à ce qui peut se passer... Et d'autant plus que
l'aviation, chez nous... Le rôle qu'on joue avec les élèves, c'est de jouer de façon virtuelle, donc il
y a un double intérêt. Mais, pour répondre à votre question, c'est important,
ça permet aux gens de s'ancrer dans la
communauté aussi. On parle de nouveaux arrivants depuis tantôt, et c'est des
gens qui ne vont pas nécessairement savoir que Saint-Laurent est un pôle
important au niveau de l'aviation, et là ça permet notamment aux gens de
comprendre et de développer des intérêts pour ces métiers.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : J'ai vu Mme la
présidente qui a levé la main.
La Présidente (Mme Thériault) :
Absolument. Allez-y, Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : J'oserais ajouter
qu'une commission scolaire, c'est un facilitateur. Parce que, très
souvent, ces gens-là... on appelle ça Aviation Connection, là, ils ne sont pas
en contact directement avec les écoles. On
se rencontre dans les chambres de commerce, on se rencontre à travers des gens
qu'on connaît, et c'est comme ça qu'on peut
amener... Je pense que c'est comme ça que je vois mon rôle, en tout cas, c'est
de rayonner plus large, et puis de ramener ça chez nous, puis de
regarder où est-ce que ça fait du sens. Et c'est comme ça que ça atterrit dans
les écoles.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée.
Mme Rizqy : Juste avant de
céder la parole à ma collègue de Mille-Îles, j'aimerais juste dire merci pour
votre dévouement. Et c'est clair que vous travaillez avec une très grande
cohérence, et ça paraît dans la réussite éducative.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci pour votre commentaire. Mme la
députée de Mille-Îles, il vous reste un peu moins de
4 min 30 s.
Mme Charbonneau :
Je vais laisser... si vous me le permettez, Mme la Présidente, je vais vous
laisser laisser la parole à ma collègue de Westmount—Saint-Louis.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous savez qu'en tout temps, les députés, vous n'avez qu'à me regarder et lever votre main, je vais vous reconnaître, hein,
n'est-ce pas? Bon. Donc, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, la parole est à vous. Quatre
minutes.
Mme Maccarone : Merci. Bien,
deux questions très rapides parce que j'aimerais céder la parole encore à ma collègue. Bien, premièrement, félicitations. J'ai
souvent utilisé Marguerite-Bourgeoys comme exemple de comment on peut réussir malgré beaucoup de difficultés :
francisation, intégration des élèves ayant des difficultés, des immigrants,
etc. Parce que je crois que vous êtes deuxième, troisième... taux de
réussite?
Une voix : ...
Mme Maccarone :
Troisième. Bravo! C'est vraiment extraordinaire. J'aimerais entendre Laura et
Julien, surtout Julien. Tu as
mentionné que la politique t'intéresse beaucoup. Qu'est-ce que tu penses... et,
Laura, je t'invite aussi à répondre, qu'est-ce
que tu penses de l'abolition de ce palier de gouvernance?
C'est un legs qui serait vraiment un manque, dans mon estime, pour notre jeunesse. Mes enfants, ils
croient dans la démocratie locale. Mon fils, qui a 18 ans, il a hâte
d'aller voter. Qu'est-ce que tu
penses de cette abolition-là? Parce que, si le projet de loi est adopté, ça
veut dire que tu n'auras plus le droit de voter dans ce palier de
gouvernance.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et c'est Julian et non pas Julien.
Mme Maccarone : Ah!
La Présidente (Mme Thériault) :
Julian, la parole est à vous.
M. Menga
(Julian) : Alors, merci
beaucoup pour la question. Si je peux faire un peu de pouce sur ce que vous
dites... Vous savez, on dit
«commissaire scolaire», on associe ça directement à «commission scolaire». La
question qui vient nous chercher, en
tant qu'élève, c'est : Comment on voit la commission scolaire? Qu'est-ce
que c'est pour nous? Puis la réponse qu'on
est venu avec, tantôt, c'est que, pour moi en tout cas, ça représente une
multitude d'opportunités. Ça représente une opportunité de se faire entendre pour nous, en tant qu'élève, une
opportunité de participer et une opportunité de faire changer les
choses.
Donc, en
général, ces opportunités représentent un vecteur de changement positif, puis
ce niveau-là, c'est vraiment au
niveau politique. Parce que, vous savez, en politique, c'est par rapport à des
combats puis c'est par rapport à faire entendre son point pour améliorer, pour envoyer un changement positif. Puis je
pense que vous le savez si vous êtes tous autour de table. Alors, de mon point de vue, le fait
d'enlever ce palier de gouvernement là serait négatif dans un sens où ça affecterait
négativement la démocratie pour la population en général. Et, pour les jeunes,
ça vient nous toucher directement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il reste 1 min 40 s.
Mme Maccarone :
C'est superintéressant. Encore une fois, je vais le mentionner, c'est le jour
du Souvenir, on porte nos
coquelicots, on a une pensée pour les gens qui ont perdu leur vie pour protéger
notre démocratie. Mme la députée de Mille-Îles.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Mille-Îles, 1 min 30 s, questions, réponses.
Mme Charbonneau :
Vous allez voir, je vais faire ça rapide, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour à
tous les gens qui vous accompagnent
aussi. Merci d'être en si grand nombre pour défaire les mythes. Je vous pose
des questions rapides, Mme la
présidente, j'espère qu'on fait ça rapide toutes les deux. Quand vous vous êtes
impliquée, est-ce que c'était parce que vous étiez un membre de la
communauté ou vous étiez parent?
Mme Lamarche-Venne (Diane) :
Les deux. Je suis un payeur de taxes aussi.
Mme Charbonneau :
Merci de le préciser, vous êtes aussi un payeur de taxes. Quand ça va rapide,
c'est plus dur pour les techniciens parce
qu'il faut qu'ils ouvrent les micros à temps. Donc, je vais faire attention.
Alentour de votre table de conseil
des commissaires, vous avez toujours eu un regard très objectif. Est-ce que ce
sont des parents ou juste des membres de la communauté?
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : C'est difficile de
se désincarner quand on est parent, et puis je pense qu'on y va avec
nos expériences. Mais c'est certain qu'il y a des membres de la communauté qui
viennent enrichir les réflexions, aussi, et qui font en sorte qu'on peut
se décoller le nez de sur la vitre, si je peux dire.
Mme Charbonneau :
Merci. Puisqu'à chaque fois qu'on parle du conseil des commissaires, puis ça,
on fait ça depuis... En tout cas, on s'est connues puis on faisait déjà
ça. On semble penser que, quand on devient commissaire scolaire, on perd nos enfants, on n'est plus parent puis on n'est plus
un contribuable non plus. Donc, je suis heureuse de vous entendre dans l'expérience que vous avez et
les gens que vous avez alentour de la table. Dans la perception que vous
avez de cette démocratie à laquelle vous
participez, est-ce que vous vous sentez en compétition avec la direction
générale ou vous vous sentez comme collaborateurs? Je pense que l'image
veut tout dire, mais je veux vous l'entendre...
La Présidente (Mme Thériault) :
En 10 secondes.
Une voix : Est-ce qu'on peut
avoir un peu plus de temps?
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Je vais même vous
sortir ma petite expression à l'interne : on est un bonhomme à deux
têtes.
La
Présidente (Mme Thériault) : Un bonhomme à deux têtes. C'est bon.
Et ça met fin à l'échange. Donc, je me tourne maintenant du côté de la
députée de Sherbrooke. Mme la députée, 2 min 40 s.
Mme Labrie :
Merci. Je trouve ça vraiment intéressant, parce que la démonstration que vous
venez de nous faire, c'est qu'avec la
loi actuelle on peut déjà changer la forme de gouvernance. Puis d'ailleurs,
quand vous avez dit que vous avez
inversé la pyramide, vous avez dit que vous avez mis les élèves au sommet.
Quand on entend le brassage de structure que le ministre veut faire, on entend beaucoup la question des
directions d'école, les écoles. Mais il y a une absence des élèves dans ce projet de réforme de gouvernance
là. Puis moi, je trouve ça intéressant, ce que vous avez fait, de mettre les élèves au sommet de la
pyramide, ce qu'on ne voit pas dans le projet de loi n° 40. J'aimerais ça
vous entendre, Julian et Laura, sur la question de la table unifiée des
conseils d'élèves à laquelle vous participez.
Mme Rodriguez
(Laura) : Pour ma part, ça fait deux ans que je suis sur la table
unifiée des conseils étudiants. Je n'étais
pas là, l'année passée, mais il y a deux ans et cette année. La table unifiée,
c'est une façon d'échanger avec les élèves des autres écoles, de voir comment ils travaillent dans leur école, de
voir comment ça se fait chez eux puis de voir s'il y a quelque chose qu'on peut
appliquer dans notre école qui fonctionne dans la leur. C'est aussi une façon,
avec les animateurs qui prennent en
charge la journée, c'est une façon d'établir nos objectifs, de savoir où est-ce
qu'on s'en va pour cette année-là, pour
qu'on soit à peu près tous sur la même longueur d'onde. Donc, je dirais que
c'est vraiment très bénéfique pour nous tous.
La Présidente (Mme Thériault) :
Julian.
• (16 h 20) •
M. Menga
(Julian) : Par rapport à ce
point-là, moi, c'est plus sûr le
point des C.E. Vous savez, sur la composition du conseil d'établissement des écoles, les élèves du secondaire perdent
un vote, donc perdent une voix. Puis je
pense que ça vient affecter... Vous avez dit qu'on inverse la pyramide,
puis que, dans le projet de loi, on le voit moins, là, à ce niveau-là, puis que les élèves passent peut-être un peu moins au
sommet. Je dirais que le fait qu'on perde une voix au conseil d'établissement, un conseil, une institution... une instance,
plutôt, qui a tant de pouvoir, où est-ce
qu'on fait le projet éducatif
de l'école, je pense que c'est vraiment crucial, le fait qu'on devrait garder
les deux voix à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il y a Mme Lamarche-Venne qui veut ajouter.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Je veux
juste ajouter que c'est tellement important pour nous, la Table unifiée des conseils d'élèves, là, c'est quelque chose qui
a été institué il y a quand même plusieurs années. Les élèves, à travers la TUCE, sont consultés sur tous les enjeux importants
de la commission scolaire. Alors, je leur dis au début de l'année :
Maintenant que vous êtes impliqués, je vais vous utiliser. Et c'est plus que ça,
ils ont même un point statutaire au conseil des commissaires. Alors, à tous les conseils, ils peuvent venir se
présenter et nous parler de quelque
chose qui les intéresse.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci beaucoup. Ça met fin à votre échange, malheureusement. Mme la
députée de Joliette, 2 min 40 s pour vous aussi.
Mme Hivon :
Oui. Merci beaucoup. Merci de votre présence nombreuse et de votre
présentation. Vous dites quelque chose, à la page 14 de votre mémoire, que
je trouve très intéressant. Je comprends que vous, vous êtes des tenants de la
décentralisation, mais vous semblez douter que c'est vraiment ce qui est au
coeur du projet de loi, malgré les discours. Vous dites : «Il ne doit pas s'agir que d'une volonté qui s'exprime
en façade et qui se traduit par un contrôle plus grand du ministère de l'Éducation [...] qui s'exercerait de
manière réglementaire.» Puis là vous dites, à la fin, que ce serait illusoire
de penser que, si on continue à donner plus
de règles, des cibles, aux établissements sans permettre aux centres de
services d'accompagner les milieux et d'intervenir lorsque nécessaire,
ça va permettre d'améliorer la réussite.
Et je vous
amène sur le projet de loi, qui a un article qui a pas mal passé sous silence.
C'est l'article 310, qui donne d'énormes
pouvoirs réglementaires au ministre — vous l'avez vu, c'est certain, dans l'espace
public, un peu moins — qui dit, donc, que le
ministre pourrait prendre tout règlement pour la réalisation de l'objet du
projet de loi. Moi, je n'ai jamais vu ça, là. Je ne suis pas capable de vous
dire l'ampleur de tous les règlements qui pourraient être pris. Donc, quand
vous nous parlez de ça, qu'est-ce qui
vous inquiète? Pourquoi vous estimez qu'on n'est peut-être pas face à de la
décentralisation, mais plus à de la centralisation?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lamarche-Venne.
Mme Lamarche-Venne
(Diane) : Je commencerais
puis je passerais la parole à Me Villeneuve. Mais je vous dirais que, d'entrée de jeu, c'est ce que je vous ai dit
dans ma présentation d'introduction, c'est qu'on n'est pas contre... bien, en
fait, on a décentralisé, mais ça se prépare, de la décentralisation. Il faut
former notre monde, il faut avoir confiance en notre monde. Alors, dans
le projet de loi, pour nous, ça va un peu vite.
Puis il y a
tout l'aspect réglementaire qu'on ne connaît pas. Alors, un aspect
réglementaire... bien, on ne sait pas qu'est-ce que ça sera. Puis ça ne
reviendra pas, alors on n'aura pas notre mot à dire sur des éléments qui
pourraient être imposés de façon réglementaire. Alors, c'est là notre
mise en garde.
Mais je
reviens à dire qu'une décentralisation, ça se prépare. Les gens, ils doivent
être outillés, ils doivent avoir des principes
de gestion, des principes de décentralisation compris, connus, compris,
acceptés, pour que ça fonctionne pour vrai. Mais nous, on vous fait la
démonstration que ça fonctionne pour vrai, puis c'est possible. Me Villeneuve.
La Présidente (Mme Thériault) :
Me Villeneuve, vous avez 15 secondes.
Mme Villeneuve
(Marie-Josée) : Je veux
juste ajouter que la décentralisation, c'est une chose. La subsidiarité,
c'en est une autre. La subsidiarité, c'est
de vraiment de donner le pouvoir à la personne qui détient le pouvoir, ce n'est
pas de le dicter. Il faut que la
personne soit outillée, il faut que l'administration se sente en confiance de
lui donner ce pouvoir-là et qu'elle
ait toutes les coudées franches pour être capable d'exercer son pouvoir. S'il
est dicté, on n'est pas dans la subsidiarité, mais dans la
décentralisation.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange. Donc,
Julian, M. Patrice Brisebois, Mme Diane Lamarche-Venne, Dominic Bertrand, Me Marie-Josée Vaillancourt et Laura
Rodriguez, merci de votre passage en commission parlementaire.
Nous allons suspendre
quelques instants pour permettre à la commission scolaire des
Grandes-Seigneuries de prendre place.
(Suspension de la séance à
16 h 25)
(Reprise à 16 h 27)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Donc, nous reprenons nos travaux. Et nous avons avec nous la commission scolaire des
Grandes-Seigneuries. J'inviterais donc Mme Marie-Louise Kerneïs — je crois — à nous présenter votre mémoire, vous
avez à peu près 10 minutes, et nous présenter les gens qui vous
accompagnent.
Commission scolaire des
Grandes-Seigneuries (CSDGS)
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Alors, merci, Mme la Présidente. Mmes et MM.
parlementaires, je me présente, Marie-Louise
Kerneïs, présidente de la commission scolaire des Grandes-Seigneuries. Je suis
accompagnée de M. André Dugas, vice-président
du conseil des commissaires, Mme Michelle Morin, commissaire et parent
utilisateur, Mme Kathlyn Morel, directrice générale.
Alors,
la commission scolaire des Grandes-Seigneuries est en forte croissance. Nous
offrons des services à plus de
36 000 élèves, jeunes et adultes, sur la Rive-Sud de Montréal dans
55 établissements du primaire, secondaire, formation
professionnelle, éducation des adultes et par le biais du service aux
entreprises et d'un centre d'entrepreneuriat.
La
réflexion entreprise par le conseil des commissaires au regard du projet de loi
n° 40 repose d'abord sur la ferme conviction
que la force du réseau public de l'éducation réside sur la complémentarité des
rôles et des responsabilités qui placent l'élève au centre de nos
priorités. Dans notre réseau, l'enseignant est le premier déterminant pour
maximiser l'apprentissage des élèves.
L'équipe-école, les parents et la communauté éducative influencent les services
éducatifs à rendre. Le projet éducatif de chaque établissement doit être
mis de l'avant pour offrir des services de grande qualité.
Tous
les établissements de notre commission scolaire forment un réseau. C'est grâce
à ce réseau que nous pouvons offrir à chaque élève un parcours scolaire
qui lui permet de développer son plein potentiel. Nous pouvons affirmer que notre système est efficace pour de nombreux
éléments puisque, preuves à l'appui, il permet d'obtenir des résultats
concluants au regard de la réussite de nos élèves.
Les
chiffres parlent : près de 82 % des élèves obtiennent un diplôme ou
une certification, des élèves... Nous avons dépassé la cible ministérielle fixée, et ce, grâce à l'amélioration de
notre réseau. Fait à noter : que la performance du réseau privé est
due à la qualité du réseau public puisque la grande majorité des élèves du
secondaire proviennent des écoles primaires publiques.
• (16 h 30) •
Nous comprenons que
le projet de loi à l'étude propose des changements qui redéfiniront les rôles
et les responsabilités des divers acteurs impliqués dans la réussite éducative
des élèves. Avec le souci que les changements proposés
à la loi respectent les valeurs de la société québécoise libre et démocratique,
le mémoire du conseil des commissaires se
vise à analyser les changements proposés et à faire part aux parlementaires de
notre positionnement à l'égard de l'abolition
du droit démocratique, du manque de
cohérence entre les rôles et responsabilités de chaque acteur du système et de
l'illusion que nourrit le projet de loi à l'égard d'une plus grande
autonomie des établissements.
Tout d'abord, nous
considérons que notre réseau représente l'un des plus beaux modèles de
gouvernance et de démocratie dans toute la
fonction publique québécoise. Il ne faut pas oublier que le système actuel a
été réfléchi et créé dans la foulée du rapport Parent. Les décisions
prises par les élus scolaires ont toujours visé un seul but : soutenir la
réussite éducative.
Sur
le site du ministère de
l'Immigration, le gouvernement lui-même affirme que le système politique du Québec
repose sur la participation des citoyens à des
associations, à des partis politiques et à des instances administratives. Les citoyens peuvent se porter candidats lors d'une
élection et ont le droit d'y voter. Ils élisent leurs représentants à tous les
ordres de gouvernement. Lorsque l'État entend légiférer, les citoyens sont
généralement invités à prendre part à des consultations afin d'exprimer leur
point de vue sur des questions d'intérêt public.
L'abolition
d'un droit démocratique prévu par le projet de loi est d'intérêt public. Il
propose que les membres du C.A. soient élus par seulement un potentiel de
314 personnes dans le cas de notre commission scolaire, alors qu'aux
dernières élections plus de 136 000 électeurs pouvaient
participer à la gestion du bien public, notre réseau d'éducation. Lors des dernières élections scolaires, les
citoyens ont désigné 12 élus représentant différents milieux de notre
territoire. Parmi eux, six sont des parents utilisateurs. À ceux-là
s'ajoutent six commissaires élus par le comité de parents.
Le conseil des
commissaires est composé de personnes ayant une expertise notamment en matière
de finances, entrepreneuriat, vérification
interne, gestion des ressources humaines, gouvernance stratégique. Notre
passion pour l'éducation dépasse la
frontière d'être parent. Elle soulève la conviction que l'éducation est une
responsabilité sociale qui appartient à chaque citoyen. Cela permet de
faire un réel pont entre l'école et sa communauté.
Nous cautionnons les objectifs des changements
proposés qui s'inscrivent dans un processus élitiste, non représentatif
des milieux et de la clientèle desservie par notre réseau. Nous tenons à
rappeler que ce projet de loi va à l'encontre des valeurs québécoises, soit
celles d'une société libre et démocratique.
Nous recommandons fortement que la loi
puisse, un, permettre à l'ensemble des citoyens de se prévaloir de leur
droit démocratique, celui de se présenter et d'élire leurs représentants, faire
la promotion de notre réseau d'éducation publique
et de nos valeurs démocratiques afin que chaque citoyen se sente concerné par
l'éducation et que le gouvernement et
le ministre puissent trouver des solutions pour accroître la participation du
plus grand nombre, comme le propose le DGE. Nous recommandons une démarche similaire... Trois, excusez, nous recommandons
une démarche similaire à celle d'un livre vert afin de permettre la
tenue de consultations publiques nécessaires aux réflexions.
Il est important pour
l'ensemble de la collectivité que des données factuelles soient mises en
lumière pour faire émaner des consensus. Il
importe aussi de considérer les particularités de nos milieux. Ainsi, ces
travaux pourront permettre de dégager une vision, une culture éducative
et des orientations nationales en éducation qui redonneront aux citoyens
francophones la fierté de leur réseau public. Tout cela n'est pas prévu au
projet de loi actuel.
Ainsi,
de notre point de vue, le processus relatif au projet de loi est prématuré. Il omet
certains éléments importants au
regard de la réussite éducative des élèves. Pour nous, cela ne fait pas de sens d'aller aussi
rapidement quand on sait que le
réseau de l'éducation atteint les cibles du ministère, met de l'avant des
pratiques innovantes et que l'ensemble des acteurs concernés sont
considérés comme étant des parties prenantes de ce système. La loi actuelle
permet déjà au ministre d'intervenir dans le cas contraire.
En 2018, tenant
compte de la Politique de la réussite éducative du ministère, nous avons
élaboré notre plan d'engagement vers la
réussite dans une démarche collaborative permettant la participation de plus de
16 000 personnes. Des ateliers
de travail et de réflexion, formels et collectifs, ont permis de mettre de
l'avant les orientations et les objectifs qui guident nos actions, nos
décisions.
L'actualisation du
PEVR s'effectue principalement par l'élaboration et la mise en oeuvre de
projets éducatifs de nos établissements. C'est donc en tout respect du principe
de subsidiarité que notre équipe des Services éducatifs a accompagné nos 55 établissements afin que
chaque projet éducatif soit en cohérence avec le PEVR tout en ayant sa couleur
locale.
Selon
les bonnes pratiques de gouvernance, le conseil a mandaté un comité de suivi,
l'évaluation annuelle de la mise en oeuvre et l'atteinte des objectifs. Le
projet de loi propose d'enlever la responsabilité à la commission scolaire de
s'assurer de la cohérence entre le PEVR et
les projets éducatifs. Les modalités seront désormais prescrites par le
ministre.
Nous recommandons de maintenir les dispositifs
permettant à la direction générale de s'assurer du lien de cohérence entre le
PEVR et les projets éducatifs des établissements. Pour nous, le principe de subsidiarité représente une valeur
fondamentale. En travaillant avec les membres du comité de répartition des
ressources, le budget est alloué et réparti équitablement pour répondre aux
besoins des établissements et des services qui en sont en soutien. Les
décisions sont prises ensemble dans un
modèle participatif et collaboratif. Cette pratique était en place bien avant
le changement de la loi. Cela fait partie de notre culture.
Nous
recommandons, afin qu'il y ait une répartition juste et équitable des
ressources, que la notion d'équité soit maintenue au libellé de la mission de
la commission scolaire.
Nous ne pouvons
passer sous silence que, depuis le dépôt du projet de loi, les commentaires,
dont plusieurs ont été médiatisés, permettent
de croire que la visée première des changements proposés par le ministre
est de rendre plus autonomes les établissements scolaires. C'est illusoire d'y croire, car, en effet, les contrats de
travail nationaux, les règles budgétaires,
les encadrements pédagogiques nationaux et législatifs n'ont pas changé. Il
propose d'ailleurs une plus grande centralisation.
Nous
recommandons de rétablir le message afin de promouvoir la nécessité de la
complémentarité des rôles et des responsabilités de tous les paliers du système, de
l'interdépendance entre les établissements, assurer que les différents règlements
ministériels respectent le principe de subsidiarité et ainsi permettre aux commissions scolaires d'exercer leur rôle de gouvernance.
Finalement,
nous exerçons une gouvernance de proximité, c'est-à-dire que nous assurons
que les processus et toutes les
personnes impliquées dans la préparation et la consultation menant à la prise
de décision puissent participer à la gouvernance de notre organisation.
Afin
de maintenir la cohérence dans les mécanismes de participation inscrits dans la
loi, nous recommandons de maintenir la composition du comité de
ressources humaines sans la présence des employés, maintenir le rôle
consultatif du comité de parents pour
l'adoption d'une politique relative aux contributions financières, maintenir la
participation d'un parent
représentant... commission EHDAA au sein de l'instance de gouvernance,
introduire un mécanisme permettant d'éviter que les membres parents du C.E. se retrouvent à parité ou minoritaires
lorsque le nombre de parents requis ne peut être réuni.
En
conclusion, pour notre part, par ce qui précède, vous aurez déduit que nous
avons de nombreuses préoccupations et réserves. Nous remercions les membres de
la commission, qui sauront analyser avec objectivité et à leur juste valeur
tous les arguments exposés, et qu'au bout du
compte une décision éclairée soit prise pour le meilleur intérêt
de tous les élèves, jeunes et adultes, du Québec. Retrouvons la fierté
de l'éducation québécoise.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme Kerneïs. Donc, sans plus tarder, je me tourne vers le ministre
pour la portion d'échange ministérielle. M. le ministre, pour
16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Vous êtes
assez virulente, je vous dirais, dans cette analyse. Vous en avez bien
le droit. On vous demande de venir en commission, c'est bien sûr pour vous
entendre.
Maintenant,
j'aimerais savoir... Donc, vous êtes là, commission scolaire et membres de l'administration.
Est-ce que vous avez consulté
les directions d'école?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Je
m'excuse. Dans le cadre de?
M. Roberge : Bien, pour préparer votre mémoire, est-ce que
les directions d'école, donc, dans votre organisation ont été consultées
pour présenter ce mémoire?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Comme je
vous ai dit, c'était le mémoire du conseil des commissaires. Et nous avons eu 15 jours pour le faire, alors, effectivement que la consultation n'a pas été large. Mais nos pratiques que nous
avons en place, de collaboration, nous permettent d'avancer ce que nous
présentons aujourd'hui.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Oui, bien sûr, parce que,
quand on regarde ce qu'ont dit les associations et directions d'école qui sont venues nous voir, on voit, bon : «La
FQDE [appuie] la volonté gouvernementale de remettre l'école dans les mains de sa communauté», «la FQDE accueille positivement
les objectifs du projet
de loi n° 40
qui visent à favoriser la réussite du plus grand nombre d'élèves en
décentralisant les décisions et en maintenant une gestion collaborative.»
C'est juste
que c'est quand même surprenant de voir les commissaires arriver, nous
dire : Bien, il n'y en aura pas, là,
c'est illusoire. Vous avez dit : C'est illusoire de croire qu'il y aura
une décentralisation. Mais ceux qui souhaitent la décentralisation, ceux qui sont dans les écoles,
bien, premièrement, la souhaitent et disent qu'ils y croient. Donc, ils
regardent le projet de loi n° 40 avec espoir en disant : Bien, si vous
pouvez avancer, si vous pouvez l'adopter, il va y avoir une meilleure gestion collaborative. Puis nous, comme direction,
on ne demande qu'à collaborer. On a hâte à cette décentralisation. Vous
arrivez, regardez le même projet de loi puis vous dites : Bien, c'est sûr
que ce n'est pas de la décentralisation.
Donc, je me
demande si, plutôt, ça en est, mais vous n'en souhaitez pas ou ce n'en est pas, et alors deux personnes
lisent le même projet de loi et ont une interprétation complètement différente.
• (16 h 40) •
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Il
y a une chose qui est certaine. Premièrement, nous n'avons... eu très peu de temps, effectivement. Nos pratiques sont effectivement bien fondées sur la collaboration avec le personnel. Et, d'autre part, les messages que nous avons de la part de l'organisation, c'est que nous sommes essoufflés, nous en avons assez, nous en faisons largement. Et, dès qu'on
demande de collaborer, ils sont toujours présents, là. Je veux dire, je ne pense pas qu'on
soit en problème. On est dans un dépôt de
loi qui est très rapide et on n'a pas eu le temps de faire toute l'analyse
des impacts potentiels, O.K.?
Ça, on convient de ça, là. Et c'est même pour ça qu'on demande de prolonger la
discussion et la réflexion, parce qu'il y a des liens qu'on n'est pas
certains de pouvoir faire actuellement, là.
Nous, ça nous
donne l'impression, effectivement, qu'on fait... on pourrait croire, on laisse
croire ou on pourrait croire qu'il y
a plus de choses qui vont être disponibles dans les écoles. Ce que je disais
tout à l'heure dans mon texte, quand je vous disais que les encadrements
nationaux, les règlements, les obligations de reddition de comptes du ministère
vont toujours exister, ce n'est pas parce
qu'on dit : Vous allez avoir plus de pouvoirs qu'ils ne vont pas exister,
ces règlements... ces encadrements-là. Est-ce que vous aviez un
commentaire, Mme Morel?
Mme Morel
(Kathlyn) : Bien, à l'instar de nos collègues de Marguerite-Bourgeoys,
ce qu'on vient dire dans le mémoire,
c'est que la loi actuelle nous permet de mettre en place les principes de
subsidiarité et de décentralisation. Et, dans le mémoire, vous allez retrouver, par exemple, l'élaboration de
notre PEVR. L'élaboration de notre PEVR, ça s'est fait avec plus de
16 000 personnes, par sondage, par ateliers de travail, par comités,
par périodes de réflexion, et donc il y a eu
toute une démarche non pas seulement de consultation, mais d'élaboration.
C'est-à-dire qu'on a permis aux gens de tenir le crayon avec nous pour
qu'ils puissent, qu'on puisse ensemble écrire notre PEVR. Et donc le PEVR,
c'est la somme de nos 55 établissements. C'est un exemple de subsidiarité.
Quand on dit
que par la suite, cette année... l'année passée, on a fait l'élaboration des
projets éducatifs, c'est qu'on l'a
fait ensemble pour que chacun des projets éducatifs puisse mener
l'actualisation d'un PEVR. Vous savez, il n'y a pas d'actualisation de PEVR sans l'actualisation de
projets éducatifs. Et donc c'est dans ce sens que, pour maintenir la cohérence
entre les nombreux changements aux encadrements législatifs ou aux encadrements
nationaux, et les besoins locaux dans les
écoles, cette cohérence-là, ce maintien de la cohérence, il est essentiel
qu'elle soit maintenue par une instance régionale, par une commission scolaire qui assure un
leadership auprès des établissements et auprès du personnel, tout en ayant en
tête...
Et ça,
c'est... Moi, j'étais émue de voir les élèves qui étaient ici puis j'étais de
fière de nos élèves, d'être aussi bien articulés puis de venir se
présenter. Mais de faire cette cohérence-là puis de faire en sorte qu'on
détienne... qu'on mette toujours de
l'emphase sur le premier déterminant, qui est l'enseignant en salle de
classe... Et ce n'est pas pour rien que, sur toutes nos images de PEVR,
on dit que l'élève est au coeur de nos décisions. C'est un exemple de
subsidiarité, de décentralisation. Il y a
également tout le processus de comité de répartition des ressources qui nous
permet, dans le cadre d'une
planification annuelle, de décider ensemble — quand on dit «décider ensemble», c'est avec
les directions d'établissement qui
composent ce comité-là — de quelles sont les ressources qu'on veut revoir. Et, ensemble, on
fait la démarche d'aller consulter,
d'aller travailler avec les équipes, et, lorsqu'il y a des ressources qui sont
réparties qui ne conviennent plus aux besoins, bien, on se rassoit à la
table de travail, à la planche à dessin, et on revoit.
Et donc il
n'y a aucune recommandation, actuellement, qui a été amenée au conseil des
commissaires et qui ont fait l'objet d'un refus ou d'un retour auprès du comité
de répartition des ressources parce que le travail a été de façon conjointe.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Merci bien. Vous avez parlé du principe de subsidiarité. Vous dites :
Selon la loi actuelle, il n'y a rien qui empêche les commissions
scolaires d'aller vers une subsidiarité. Je pense qu'il n'y a rien qui ne
l'empêche, mais il n'y
a rien qui ne le prescrit. Parce que, quand je regarde la loi actuelle, le
207.1, on parle de la subsidiarité. Donc, le 207.1 de la LIP actuelle,
on dit : «...on entend par "principe de subsidiarité" le
principe selon lequel les pouvoirs et les responsabilités doivent être délégués au niveau approprié
d'autorité en recherchant une répartition adéquate des lieux de décision et en
ayant le souci de les rapprocher le plus possible des élèves, des autres
personnes ou des communautés concernés.»
Finalement, si je
prends la loi actuelle, je peux bien la rapprocher des élèves, mais je peux
aussi prendre la décision... le plus près
possible des autres personnes, supposons, le personnel cadre. Les communautés,
bien, je peux demander à à peu près
n'importe qui, ça va se qualifier comme la communauté. Donc, on a une
définition, ici, de la subsidiarité, dans la loi, qui permet de faire de la vraie subsidiarité ou pas, selon la commission scolaire ou selon le leadership d'un directeur
général, d'une directrice générale ou d'un président ou présidente de commission scolaire. Sans vous imputer des motifs, peut-être le faites-vous de la
meilleure façon, mais ce que je dis, c'est que ce n'est absolument pas la loi
actuelle qui l'amène, cette subsidiarité.
C'est pour ça qu'on a, d'une commission
scolaire à l'autre, des subsidiarités
interprétées à toutes les sauces, parce qu'en fait on la lit comme on la
veut bien, cette définition.
Dans
le projet de loi n° 40, on dit que, non, ça doit être le plus près
possible de l'élève. Vous comprenez pourquoi il y a des fédérations des comités de parents, des associations de
directions d'école, bien des cadres, mais on ne les entend pas parce que c'est un peu difficile, en ce
moment, de libérer leur parole, mais bien des cadres qui, d'une commission
scolaire à l'autre, disent :
Dans ta commission scolaire, peut-être qu'ils l'appliquent, la subsidiarité,
puis qu'on a une voix au chapitre, mais nous, on ne l'a pas. Certains
disent : Oui, nous, on est chanceux, on se considère privilégiés d'avoir
une gestion collaborative, mais vous, l'autre commission scolaire à côté, vous
ne l'avez pas. Et c'est cette...
Est-ce que vous
comprenez que cette intention du législateur parlant à plusieurs personnes, à
plusieurs groupes qui sont directement dans
les écoles, qui disent : On aimerait ça, nous aussi, avoir participé à la
prise de décision... Et je ne prétends
pas que vous ne le faites pas. Je prétends simplement que la loi actuelle ne le
permet pas et que ça prend une loi pour modifier ça, et c'est ce qu'on
est en train de faire ensemble.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Kerneïs.
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Moi, ce que je pourrais vous dire là-dessus,
c'est qu'effectivement je conviens avec
vous que nous ne représentons pas l'ensemble du Québec. Nous représentons notre
organisation. Nous sommes très fiers de notre organisation. Et j'aurais
besoin, pour aller plus loin et pour vous donner une opinion plus éclairée,
j'aurais besoin d'entendre ce que vous me
dites, les témoignages des autres qui ne le vivent pas, mais je n'ai pas... Je
ne peux pas vous donner une opinion
sur l'ensemble du Québec, je ne le sais pas. C'est pour ça qu'on vous demande
un livre... qu'on soit ensemble à en discuter, mais qu'on soit ensemble,
pas une personne et une personne.
Quand
on a fait notre PEVR, ça a été simple, on a rencontré tout le monde ensemble,
et tout le monde a entendu les mêmes choses en même temps. Et là les arguments,
à ce moment-là, on a pu les avoir et comprendre. C'est important de
faire saisir. Est-ce que vous voulez intervenir?
M. Dugas
(André) : Bien, c'est ce qui permet, entre autres, là... lorsqu'on a
travaillé sur le PEVR, qui est des éléments de planification stratégique, hein, d'orientation stratégique pour la
commission scolaire, alors, ça nous a permis, là, d'aller chercher
vraiment la position de toutes les instances dans notre organisation avant
qu'en bout de piste le conseil des commissaires entérine l'ensemble, là, du
travail collectif, là. Et c'est ça, de la gouvernance, là.
Tu
sais, il faut, à quelque part, qu'au niveau du conseil qu'on soit capables de
débattre et qu'on soit capables, là, de
questionner l'administration, à savoir : Est-ce qu'on a posé les bons
gestes tout au long, dans toutes les instances de notre organisation
pour s'assurer qu'en bout de piste l'élève reste au coeur de nos décisions et
que tout le monde puisse, incluant la communauté...
puisse donner son point de vue sur les grandes orientations locales qu'on veut
donner chez nous? Mais cette réflexion-là doit se faire à la grandeur du
Québec, tu sais? Est-ce que c'est... Ça va?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Oui. Merci. Je voulais juste vous dire aussi que...
On n'en a pas parlé plus qu'il faut, mais
l'autonomie de l'école, à mon avis, a des limites, a des limites parce que...
Et on insiste beaucoup sur le mot
«parcours scolaire», hein, d'un jeune, là, parce que le jeune qui nous est...
Pour la plupart des jeunes, nous les recevons à partir de quatre ou cinq
ans, suivant l'école, l'endroit où on les reçoit, et on les envoie jusqu'au
maximum pour leur qualification. Donc, c'est
un circuit que l'enfant fait, un parcours qu'il fait et qu'il faut qu'il y ait
complémentarité entre les écoles pour
qu'ils se comprennent, de savoir, si on a une école secondaire I, II,
III... Parce qu'on a cette particularité, nous autres, on a des écoles de demi-secondaire, là, je dirais...
Une voix :
Premier cycle.
• (16 h 50) •
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : ...de premier cycle, merci. Et donc, s'ils
partent un projet particulier dans une école, O.K., dans un... et un projet où les enfants, les élèves adhèrent et où
ça donne des résultats, mais, écoutez, si l'école qui les récupère en
secondaire IV et V ne fait pas de suivi de ça, là, ça veut dire quoi, là,
comme organisation? On est une organisation en continu, un réseau d'écoles pour
le besoin d'un parcours d'un élève. C'est un petit peu la limite.
Quand
vous parlez d'autonomie, j'ai un
petit peu peur qu'on fait de... On
fait un petit peu l'exemple de l'école privée qui reçoit ses élèves en
février. En février, elle organise son école. Au mois de juin, tout le monde est parti, parce que c'est facile,
vous n'aurez pas d'élèves qui vont arriver en chemin, etc. Et on est tout
seuls. Ça, ça va bien. Je ne suis pas sûre que ça va bien, mais, en tout cas, bref, ça donne cette impression-là. Tandis que, nous, nos élèves qui
nous sont confiés, dont les parents nous font confiance, eh bien, c'est
de quatre ans jusqu'à 21 ans, potentiellement, et même éducation aux
adultes après.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Il reste présentement trois minutes pour
la députée d'Huntingdon. Questions, réponses.
Mme IsaBelle : Bonjour. Merci, Mme la Présidente. D'abord,
bonjour, mesdames. Je vais... Comme j'ai peu de temps, je vais y aller rapidement. Je tiens vraiment à vous remercier
d'avoir pris le temps de déposer votre mémoire, qui est très documenté,
très instructif. Et vous avez 12 recommandations. Et je peux témoigner,
là, de votre travail de collaboration, je
pense que je le vois sur le terrain. Même avec nous, vous collaborez beaucoup,
vous répondez à nos demandes rapidement.
J'ai trois questions, je vais y aller
rapidement, en lien également avec deux de vos recommandations. Quand on parle du comité d'engagement vers la réussite
scolaire, vous parlez de votre plan, hein, d'engagement et vous dites, à la
recommandation 12, de maintenir des
dispositifs. Pouvez-vous m'en nommer un ou deux que vous dites qu'on doit
absolument maintenir?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Je
vais confier...
Mme IsaBelle : Parfait. À
Mme Morel?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Le
partage des tâches administratives appartient à Mme Morel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Morel, vous avez deux minutes.
Mme IsaBelle : ...
Mme Morel
(Kathlyn) : Oui. En fait, le
dispositif qu'on doit maintenir, c'est le lien de cohérence entre les projets
éducatifs et le PEVR. Donc, on doit s'assurer de cette cohérence-là pour qu'on
puisse atteindre des objectifs puis améliorer la réussite éducative.
Donc, c'est le lien de cohérence.
Mme IsaBelle : C'est vraiment le lien. Parfait. On parle... Et, vous, qu'est-ce que vous en dites, du comité d'engagement
envers la réussite scolaire lorsqu'on dit qu'on veut ajouter un nouveau
membre, cette fois-ci un membre de
la recherche?
Mme Morel (Kathlyn) : C'est une
excellente idée. Mme la Présidente, je peux...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Oui, oui, allez-y.
Mme Morel
(Kathlyn) : C'est une
excellente idée. Je pense qu'à partir du moment où on a un groupe de personnes
qui pilotent ou qui portent une mission, une
vision, c'est une bonne idée de s'adjoindre un expert, quelqu'un
de la recherche, hein? On tente de plus en plus de mettre en place des
pratiques exemplaires. C'est une excellente idée.
Mme IsaBelle : Parfait. Vous citez des auteurs qui parlent beaucoup
de la formation, hein, la formation qui est nécessaire pour favoriser la réussite scolaire. On ne citera pas les auteurs, mais, dans votre document,
vous ne faites aucune recommandation ou vous ne parlez pas de ce qui
est... du projet de loi qui parle de la formation pour tous les membres du C.A.
ou du C.E. Qu'est-ce que vous en dites, de ça?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Écoutez, les formations, c'est essentiel. On est dans un
milieu d'éducation, alors c'est
comme de rajouter... De toute façon, on en prend, on en fait, on en propose et on en
offre suivant les besoins et suivant ce qui est justement... toujours en fonction du PEVR, toujours des
plans éducatifs de chaque école. Les formations sont proposées au besoin,
suivant les évaluations que tout
le monde en fait. Au niveau
du conseil des commissaires, on en fait. Et Mme Morin pourrait peut-être
en parler un petit peu, de son expérience.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 30 secondes.
Mme Morin
(Michelle) : Bonjour. Moi,
je suis commissaire seulement depuis un peu moins de deux ans et, quand je suis rentrée en fonction, effectivement, j'ai eu besoin d'être accompagnée à l'intérieur de ces nouvelles
fonctions là. J'ai eu le soutien
grandiose de Mme la présidente et aussi de la direction, de tout ce qui est
volet administratif. J'ai eu accès
à des documents de formation. Puis c'était
un rôle complètement nouveau pour moi. Assurer un rôle politique, ce n'était
pas un rôle inné pour moi. Donc,
effectivement, il a fallu que je me fasse former pour être capable d'assumer ce
rôle-là.
Mme IsaBelle : ...
La
Présidente (Mme Thériault) : Et cela met fin à l'échange,
malheureusement, Mme la députée. Je n'ai plus de temps, on a déjà passé. Désolée. Donc, on va aller du côté de
l'opposition officielle, et je reconnais la collègue, la députée de
Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Mme la présidente... Vous allez bien,
Mme Kerneïs?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
...vous?
Mme Charbonneau :
Ça va très bien. Je suis heureuse de vous retrouver. Je le dis comme ça, tout
simplement.
Quand vous
avez... Bonjour, M. le directeur général, Mme la nouvelle commissaire depuis
peu de temps. Madame, quand vous avez regardé le projet de loi n° 40, est-ce que vous y avez vu là une amélioration pour
la réussite éducative des élèves?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Ça fait
partie de ce qu'on veut encore continuer à parler, effectivement. On a besoin
d'en avoir des preuves et de comprendre, de
comprendre les objectifs, quelles sont vraiment les finalités, et de convenir
de ces finalités. Parce qu'on l'a vu
dans tous les travaux qu'on fait depuis des années dans les commissions
scolaires. C'est que, si on ne
convient pas tous de l'objectif qu'on veut se donner, là, on n'y arrivera pas.
Tout le monde tire la couverte. On a l'impression un petit peu que c'est un
animal mort, là, puis tous les vautours sont au-dessus à dire : Je vais en
prendre un morceau, là. Non, non, ce n'est pas comme ça qu'il faut
fonctionner. Il faut vraiment aller tout le monde ensemble.
Mme Charbonneau : Merci. Puisque, Mme la présidente, dans la
perspective qu'on fait de la politique quand on est présidente de commission
scolaire, puis Mme Venne, juste avant vous, Mme Lamarche-Venne le disait,
elle fait aussi la promotion dans
différentes instances, je voudrais vous entendre sur deux aspects très particuliers dans le projet de loi n° 40.
Je vous dis «particuliers» parce que, moi,
c'est venu me chercher. Que pensez-vous du partage de responsabilités entre le privé
puis le public?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Partage des responsabilités entre le privé et le public?
Mme Charbonneau :
Bien, le partage qu'on voit possible dans les perspectives des ressources entre
le privé et le public qu'il y a dans le projet de loi n° 40.
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Écoutez, vous... Je vais récupérer votre question d'une autre façon...
Mme Charbonneau :
Allez-y.
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : ...de le
ramener. Vous avez parlé de politique. Puis c'est un mot qui est honni, hein,
quand on parle d'éducation. Il ne faut surtout pas dire ce mot-là.
Mme Charbonneau :
Et pourtant.
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Et
moi, je suis fière d'en avoir fait, de la politique scolaire, O.K.? Je suis
très fière de ça. Et je le porte, je le
porte dans toutes les instances où je peux y être parce que... Je vous ai dit
tout à l'heure : Il faut retrouver la confiance et la fierté de notre
système d'éducation, et ce, en étant présent dans toutes les instances et en
le démontrant. C'est le travail que je pense essayer... j'essaie de faire le
mieux possible.
D'autre part,
lorsqu'on parle avec les municipalités, O.K., actuellement, dans notre
commission scolaire, on est en pleine
croissance. Actuellement, je fais du porte-à-porte, rencontrer tous les maires
de toutes les municipalités, les MRC pour
les convaincre du bien-fondé de donner des terrains pour construire des écoles.
La semaine passée, j'ai rencontré un maire
et je lui ai demandé trois terrains pour des écoles, pas un, trois, O.K., avec
un minimum de 10 millions, à peu près, chaque terrain. Alors, vous comprenez que c'est un rôle, effectivement,
politique. Les maires l'ont... Les vis-à-vis, le principe des vis-à-vis doit s'appliquer en permanence, je
pense, là. C'est sain. C'est sain même au niveau de la direction générale,
parce que la direction générale, si elle s'en va rencontrer un maire, le
directeur général de sa ville, qu'est-ce qu'il va dire, lui? Tu sais, c'est... Moi, j'applique beaucoup le principe de
vis-à-vis, et c'est... la répartition des rôles est très simple : s'il y a des élus, c'est moi qui suis là, si c'est
administratif, c'est Mme Morel qui est là. C'est simple et c'est connu par
tous. Donc, c'est ça. Je voulais vous dire ça.
Et, d'autre
part, bien, écoutez, les décisions gouvernementales, entre parenthèses, hein,
on... je suis à la recherche, actuellement,
de beaucoup de terrains. On a fait pour à peu près 500 millions de
demandes de budget pour des constructions d'école. Eh bien, compte tenu de la décision qui a été prise sur les
maternelles quatre ans, bien, il faut que je retourne à ma tournée, là,
parce que j'ai besoin de 10 terrains de plus pour les quatre prochaines
années.
Alors, j'aimerais ça, qu'on puisse en reparler,
de cette problématique-là, et non pas dans le sens des maternelles quatre ans, parce qu'on appuie... Ce n'est pas un
problème au niveau du concept, O.K.? C'est au niveau des réalités terrain
et du rôle politique qu'il y a à jouer
là-dedans. Il faut le démontrer. Et quelquefois on use ses genoux parce que ce
n'est pas toujours facile à... ce
n'est pas automatiquement que les municipalités vont céder facilement des
terrains. Mais, nous, ça va quand même relativement bien.
Mme Charbonneau :
Merci. La semaine passée, à la... un des derniers intervenants que nous avons
reçus en commission, ici, c'étaient des
représentants des maires de certaines villes, et leur proposition à eux, par
rapport au projet de loi n° 40,
c'est d'avoir un élu municipal qui pouvait siéger au sein du conseil
d'administration des différents endroits au Québec. Je suis portée de dire des différentes commissions scolaires,
mais ça a l'air qu'il va falloir que j'apprenne à dire autrement.
J'ai encore de la difficulté à enlever le mot «commission scolaire» de ma
bouche. Mais, ceci dit, quant vous allez rencontrer, et vous le dites bien, de façon vis-à-vis les gens du
politique municipal, est-ce que vous sentez qu'il y a le même respect envers votre statut de présidente de
commission scolaire quand vous leur parlez, puisque vous faites bien de nous rappeler que vous parlez de politique à politique,
et non de politique à administration, puisque l'administration, c'est une
partie, puis le politique, c'en est une autre?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Je n'ai pas de... Je ne peux pas vous dire autre
chose que ce que je viens de vous dire, que je suis très à l'aise
là-dedans et que l'acceptabilité est très forte au niveau des élus municipaux.
Quant
à leur demande d'être autour de la table, eh bien, ça démontre que l'éducation
est un bien public, hein, et puis que, justement, il faut interpeler et
intéresser tout le monde.
Entre
parenthèses, à notre conseil des commissaires actuellement, on a aussi un
conseiller municipal, parce que, ça
aussi, la démocratie peut amener des élus municipaux à être aussi des élus
scolaires. Donc, ce n'est pas en contradiction, c'est en collaboration,
là, encore une fois.
• (17 heures) •
Mme Charbonneau :
Oui, bien, je suis d'accord avec vous, sauf que vous avez compris qu'à partir
du moment où on parle d'avoir une
politique municipale... au centre de
services il n'y a plus d'élus scolaires. Donc, il n'y a plus... Est-ce
que c'est facile, pour votre directeur général, de rencontrer les directeurs
généraux des différentes villes?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Oui, il a l'occasion, effectivement.
Mme Morel
(Kathlyn) : Oui, on a vraiment
des pourparlers, on a des collaborations. Les administrations se parlent,
travaillent des dossiers ensemble. Il n'y a pas de problème là-dedans.
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Nous avons d'excellentes ententes
scolaires-municipales, justement, pour l'utilisation des locaux, etc. Il y a de la reconnaissance, et
ce n'est pas toujours parfait, parce que c'est des êtres humains, mais,
malgré tout, dans l'ensemble, on est quand même...
Mme IsaBelle pourrait témoigner du dernier dossier que nous avons eu à
traiter avec une municipalité... et
puis une belle réflexion qui a abouti à des choses qui vont être... qui font beaucoup
de promesses de belles choses.
Mme Charbonneau :
Je suis heureuse de voir que Mme IsaBelle sait le travail que vous faites.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non, «Mme la députée de Huntingdon».
Mme Charbonneau : Oh! c'est vrai. Bien, moi, je dis
«Mme IsaBelle», mais je suis heureuse de savoir que la députée
de Huntingdon voit le travail que vous faites sur le terrain.
Je pense que c'est la partie importante, bien défaire les mythes sur le
rôle des commissions scolaires et de ses commissaires scolaires. Mme la
Présidente, ma collègue de...
La Présidente
(Mme Thériault) : 3 min 30 s pour la collègue...
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Merci de votre
présence ici. Il faut que je vous dise d'avance que j'ai l'intention de recycler ce que vous avez
utilisé au début, parce que je ne veux pas dire voler, mais... que, si le
réseau privé fonctionne si bien, puis
ils ont tellement un taux de réussite, c'est parce que ces élèves-là
proviennent du réseau public. Je
trouve ça vraiment beau. Alors, bravo, j'ai l'intention de
réutiliser cette phrase-là parce que je trouve que c'est très bien.
Je
trouve aussi superintéressant le tableau que vous avez partagé avec nous ici, l'analyse
comparative du processus électoral, parce qu'on voit vraiment... Oui, on
sait que le taux de participation, au niveau de la démocratie locale, il est très faible. Moi aussi, je lis, à l'intérieur de
votre mémoire, qu'il faut favoriser les élections puis la réussite pour que,
les gens, ils sortent pour voter puis comprennent c'est quoi, le rôle de
l'élu scolaire local.
Qu'est-ce
que vous voyez... Si, mettons, le projet
de loi serait adopté, puis là on parle
vraiment d'un taux de participation d'à
peine 1 % de la population, ce
serait quoi, le résultat? Parce que vous avez déjà parlé, vraiment, c'était
très éloquent, de qu'est-ce que vous faites
comme commissaire, comme présidente. Ce serait quoi, le résultat si, mettons,
seulement 1 % de la population serait représenté autour de la table?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) : Je pense qu'on ne partira pas de... Moi, je ne
pense pas que c'est une chicane de chiffres, c'est un fait. C'est un fait,
autant que la démocratie intéresse... Je suis une ancienne commissaire. La
première fois que j'ai été élue, j'ai
été élue avec 16 % des votants. J'étais très fière de ça, là. 16 %,
c'était quand même quelque chose. Et,
au fur et à mesure des élections, on voit se rétrécir tout ça, mais c'est la
même chose dans tous les paliers gouvernementaux actuellement, et on a
une grosse réflexion à faire au niveau de la démocratie et de l'intérêt de la
population.
Puis une des
façons... Entre parenthèses, souvent... Les ministres de l'Éducation, j'en ai
eu 17, j'en ai rencontré 17 à date. Alors,
les ministres de l'Éducation que j'ai pu rencontrer m'ont toujours posé la
question : Comment ça se fait qu'au
niveau anglophone ça ne marche pas pareil, pourquoi? Et la réponse est toujours
la même, c'est l'engagement de la communauté, la fierté de
l'appartenance à une communauté.
Moi,
j'ai une école secondaire dans mon... sur le territoire anglophone, là, puis,
le jour où il y a de la graduation ou des
fins d'année, là, les parents ont une petite étiquette sur leur voiture pour
dire : «Fiers parents d'enfants finissants dans notre école publique». Écoutez, quand on verra ça
dans les écoles publiques francophones, là... Je m'excuse, je reviens en
arrière, là...
Des voix :
...
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Non, non, non, là, je suis en train...
Une voix : ...
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Ah! ça
traduit l'âge? Merci, Mme la directrice générale, c'est correct, c'est correct.
Alors donc,
non, je pense qu'on vient là justement pour vous amener une question et vous
demander de continuer une réflexion
au niveau de la population. Ce n'est pas simple, les commissions scolaires...
Et j'ai eu l'occasion de rencontrer des commissions scolaires francophones en
dehors du Québec, et... que le premier souci qu'ils ont eu pour ramener
les élèves dans leurs écoles, et la
réussite, ça a été de redonner la fierté... de leur organisation, et comment on
le fait? On le fait par un travail où
tout le monde est ensemble autour de la table pour en discuter et pour convenir
qu'on a un beau système d'éducation.
Écoutez, à
travers le Canada, à travers le monde, on parle de notre système. Alors,
j'étais dernièrement... vous entendez ma
voix, là, je suis un petit peu... Je ne suis pas toujours ici, quelquefois, je
peux être dans un autre pays, et j'entendais... Oui?
La
Présidente (Mme Thériault) : Nous devons mettre fin à l'échange,
malheureusement, désolée. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté
de la députée de Sherbrooke pour votre 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. Vous venez de faire la démonstration,
comme la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, qu'avec la loi actuelle vous êtes capables de
faire de la décentralisation, de respecter le principe de subsidiarité. Dans
votre mémoire, à la page 13, vous faites une liste assez longue d'articles
et d'éléments qui vont être centralisés au ministre de l'Éducation. Est-ce
que vous pensez que le projet de loi met en péril carrément la décentralisation que vous êtes en mesure
de faire en ce moment?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Écoutez, de mettre en péril, je pense, oui, d'une
certaine façon. Mais, encore une fois,
je vous ai dit, on n'a pas eu le temps de vraiment tout analyser les impacts et
on veut continuer la réflexion, O.K.? C'est certain que, quand on parle de subsidiarité, on en est. On en est de
prendre la décision la plus proche possible des élèves. Ça, c'est hors
de tout doute.
Et, à chaque fois qu'on a un règlement qui nous
arrive, là, de Québec, là, on va passer combien de temps à le comprendre et à l'expliquer pour que ça se mette
en place, O.K.? C'est bien mieux quand ça vient de la base, quand ça
vient de la communauté autour d'une école, quand c'est... C'est toujours plus
porteur. Les démonstrations sont faites là-dessus très clairement que la
réussite éducative de tous nos élèves passe par une meilleure décision la plus
locale possible, mais, comme je vous ai dit
tout à l'heure, il y a des limites à ça. On est dans un parcours scolaire et on
est en étroite collaboration entre les écoles, entre la communauté. On
a...
M. Dugas (André) : ...
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Et, d'autre part, effectivement, comme vous disiez, allez-y...
M. Dugas
(André) : Il y a aussi des lois, des règlements, et qui dit
décentralisation dit obligation de rendre compte, hein? Alors, quand les gens disent qu'ils vont
avoir plus d'autonomie puis qu'ils veulent... ils trouvent que notre système
est trop lourd du point de vue
administratif, bien, c'est les lois, les règlements, la législation qui
obligent le contrôle et la reddition de comptes, là. Il y a ça aussi,
là.
Mme Labrie :
Donc, si je comprends bien, en ce moment, il y a des choses que vous étiez en
mesure de décentraliser, mais pour
lesquelles il n'y avait pas nécessairement de reddition de comptes à faire avec
le ministère, parce que c'est une décision
interne que vous aviez prise. Mais là, si c'était imposé par le ministère, ça
va vous demander plus de redditions de comptes de faire les choses que
vous faites déjà?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Automatiquement, et puis le problème avec les redditions de comptes qu'on envoie au ministère, c'est qu'on n'a pas toujours
de retour pour savoir finalement c'était-u correct, ce qu'on a fait, ou pas,
quel est le jugement que vous portez. On n'a pas de retour, mais, de la
reddition, on en envoie, par exemple.
Mme Labrie : Donc, des fois,
vous avez l'impression de la faire pour rien?
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Oui, effectivement.
Mme Labrie : Je vous remercie.
Mme Kerneïs (Marie-Louise) :
Bienvenue.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, nous allons aller du
côté de la troisième opposition, la députée de Joliette, pour
2 min 40 s.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. Merci beaucoup de votre présentation et du mémoire très étoffé,
qui est très utile, notamment cette
page 13 là, que j'ai sortie pour la garder aussi, parce que je trouve ça
intéressant d'avoir cette recension-là.
Vous
parlez que vous ne voyez pas vraiment comment les écoles vont avoir plus de
pouvoir et de latitude. Je dois vous
dire que moi, j'ai posé la question aux deux associations qui sont venues, qui
représentaient les directions d'école, et j'ai été plutôt surprise, parce que je leur ai demandé quels sont les
nouveaux pouvoirs que vous acquérez, et elles ont été incapables de me
donner un de vos pouvoirs qu'elles acquièrent. Or, on entend parler de
décentralisation.
Vous abordez un
élément, aussi, dans votre mémoire, dont je parle un peu aujourd'hui, parce que
c'est quelque chose qui me frappe, c'est la
question de la réglementation supplémentaire, et donc qui peut venir avec plus
de centralisation. Puis vous avez
sans doute vu qu'à l'article 310 le ministre se donne d'énormes pouvoirs
réglementaires de prendre tout règlement nécessaire à l'application de
la loi ou à la réalisation efficace de son objet. Avez-vous une idée du type de
règlement qu'il entend prendre avec cette disposition-là?
Mme Kerneïs
(Marie-Louise) : Je ne peux pas vous répondre. Je ne peux pas être
dans l'idée des personnes. Ce que je dis,
c'est que le ministre a une responsabilité, et nous sommes en complémentarité
avec le ministère. Ça, on n'a pas le
choix. On est une institution publique du Québec. On reçoit du financement de
Québec et on doit travailler ensemble. Quand
on nous annonce que le ministère va avoir des règlements supplémentaires, bien,
c'est sûr qu'on voudrait en connaître le sens, savoir d'avance...
Et Mme Morin me
fait signe, là, elle voudrait...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Morin, allez-y.
• (17 h 10) •
Mme Morin (Michelle) : En fait, j'aimerais ajouter et j'aimerais quand
même dire qu'apporter des modifications législatives dans un objectif de
réussite éducative, une plus grande réussite éducative au Québec, je crois que
c'est nécessaire. Mais par contre il faut réfléchir à comment on va porter ce
message-là, comment on va le traduire à l'intérieur d'un projet de loi.
Et puis c'est n'est pas en laissant des blancs, par exemple, en mentionnant
que, si jamais il y a trou à quelque part, on va le réguler par un règlement, que ça peut sécuriser finalement
tout le réseau scolaire puis être sûrs qu'on va atteindre l'objectif d'une meilleure réussite éducative au Québec. En
fait, c'est qu'on ne sait pas comment ça, ça va être atteint.
Puis,
nous, ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir contribuer, finalement,
à développer cette loi-là qui va permettre la meilleure réussite éducative. Mon
expérience comme élève dans le secteur... parce que
ça fait, bon, peut-être une vingtaine d'années, là, et plus que je suis
sortie du réseau primaire et secondaire, mais je n'étais pas une élève qui
cadrait dans le réseau scolaire, pas
du tout. J'étais catégorisée comme une élève qui ne réussirait pas dans la vie.
Pourtant, je suis allée au cégep, à l'université, et j'étais première de
classe.
Donc,
le réseau avait besoin de changer, besoin de s'améliorer. Aujourd'hui, j'ai deux enfants qui vont à l'école. J'ai choisi une école alternative. Pourquoi? Parce que
je pense qu'on peut avoir une panoplie de choix qui nous
permettent de, finalement, se centrer sur des valeurs qu'on a. Maintenant, aujourd'hui, on est rendus où dans la société? On est rendus à un point tournant où est-ce
qu'il faut apporter des changements, certes, mais il faut les réfléchir.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange sur ces paroles. Donc,
Mme Morel, Mme Kerneïs, M. Dugas, Mme Morin, merci
pour votre passage en commission parlementaire.
Nous
allons suspendre quelques instants pour permettre au Comité de parents de la commission scolaire de Montréal de prendre place.
(Suspension de la séance à
17 h 12)
(Reprise à 17 h 14)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc,
nous reprenons nos travaux et nous recevons le Comité de parents de la
commission scolaire de Montréal. Donc, j'imagine que c'est M. Marc-Étienne
Deslauriers qui va faire la
présentation. En tout cas, vous avez 10 minutes pour nous présenter votre
exposé et, peut-être, la personne qui va
prendre la parole, nous présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît,
et, après ça, ce sera suivi avec les échanges. Donc, bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Comité de parents de la
commission scolaire de Montréal
M. Deslauriers
(Marc-Étienne) : Très bien. Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
M. le ministre, MM. et Mmes les parlementaires, je suis bien heureux d'accompagner aujourd'hui une équipe solide de membres du
comité de parents. Je m'appelle Marc-Étienne Deslauriers. Je suis le nouveau
président du Comité de parents de la
commission scolaire de Montréal. Je suis accompagné de Mme Mélisandre
Shanks, de M. Sylvain Caron, de Mme Linda Cazale et de
Mme Julie Wagner.
Je
vais laisser la parole à notre ancien président, notre président sortant,
M. Caron, qui connaît très bien ses dossiers, il a fait ses
devoirs.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Caron.
M. Caron (Sylvain P.) :
Bonjour à tous. Je vais d'abord vous remercier d'avoir voulu entendre le comité
de parents de la CSDM en commission parlementaire. Ça témoigne d'un respect et
d'une préoccupation particulière pour les réalités de notre commission
scolaire.
Rappelons
que notre comité représente l'équivalent de 10 % des parents du Québec,
dans un environnement unique où se
côtoient diversité culturelle, densité populationnelle, diversité de l'offre de
formation et de service et, finalement, des besoins exceptionnellement
variés, complexes et nombreux, auxquels on doit répondre quotidiennement.
Nos
commentaires tiendront compte des derniers jours. Oui, nous avons tenté
d'écouter le plus grand nombre possible d'interventions. Et ça nous permet de faire deux choses aujourd'hui,
premièrement, éviter de reprendre ce qui nous semble déjà faire l'objet de
considérations qui seront traitées à une prochaine étape. À titre d'exemple,
vous avez bien entendu et retenu que
les comités de parents désirent maintenir un lien direct avec des futures
instances décisionnelles. Nous éviterons donc les redites. Deuxièmement, nous prendrons le risque calculé de
parler d'enjeux qui semblent plus difficiles à se faire entendre ou qui
semblent passer sous le radar.
Plongeons dès
maintenant sur les trois éléments qui nous semblent essentiels, soit les
élections scolaires, la décentralisation annoncée — nous voyons plutôt une
centralisation et une uniformisation — et les responsabilités accrues pour les parents. Ces deux derniers
éléments apparaissent clairement, à nos yeux, comme un mirage. Luc Langevin
serait fier.
Les élections
scolaires. Les parents ont repris les positions adoptées il y a trois ans à
l'occasion du projet de loi n° 86. À
cette époque, nous avions émis la recommandation de maintenir la démocratie
scolaire par la voie des élections au
suffrage universel. Bien entendu, nous sommes lucides. Nous connaissons les
taux faméliques de participation depuis de nombreuses années. Nous ne
sommes pas les seuls à reconnaître la faiblesse des taux de participation.
Toutefois, en aucun
temps, aucun gouvernement n'a tenté de pallier cette faiblesse, en aucun temps,
aucun gouvernement n'a tenté, par de réels moyens, de donner une véritable
chance à cet exercice démocratique. L'expression «par élection au suffrage universel» demeure un pilier des sociétés
démocratiques. On ne peut accepter une abolition de ce pilier sans avoir
mis les efforts réels pour aider, bonifier et le faire vivre de façon
meilleure.
Enfin,
des organismes neutres, tels que le Conseil supérieur de l'éducation ou le
Directeur général des élections, ont
aussi demandé de maintenir les élections. Nous réitérons aujourd'hui notre position historique et demandons le
maintien des élections puisque rien n'a été fait pour redresser la situation.
Deuxièmement, aucune étude sérieuse n'a fait de lien entre le mode de gouvernance et
la réussite des jeunes, et la déstabilisation des organisations par un changement des structures n'apporte rien à la réussite des
élèves, en grevant celles-ci de leurs ressources destinées à actualiser
un changement de structure.
Notre
seconde intervention sera illustrée par les schémas suivants. Une image vaut
mille mots, et donc il est beaucoup
plus facile d'expliquer la situation en regardant les graphiques qui sont dans
le mémoire que vous avez tous reçu.
M. Deslauriers
(Marc-Étienne) : ...
M. Caron
(Sylvain P.) : Il vient d'être... Merci, M. Deslauriers, de me
rectifier.
On
aime bien les graphiques. Ça permet de visualiser les choses un peu mieux. Ce
qui est important de regarder, ce
sont les différences entre les deux graphiques, notamment la disparition des
liens qui existent entre le comité de parents et les instances décisionnelles. Vous savez, le comité de parents est
présent dans de très nombreux comités au sein d'une commission scolaire. On aime à croire que c'est le
coeur et l'âme de la commission scolaire. Nous sommes un peu partout, et
c'est important de l'être.
Si
vous regardez le graphique, on voit plusieurs choses. Difficile de ne pas voir
aussi le poids du ministre, qui est beaucoup
plus grand. On voit que le comité de parents, dans la nouvelle structure, est
un peu un électron libre, est un peu... des parents qui veulent faire des choses, mais sans pouvoir, sans
représentation réelle. On aime beaucoup les OPP. On les aime tous, dans
nos écoles. Mais, avec la nouvelle structure, le comité de parents devient un
peu l'OPP du C.A.
Ça
veut dire quoi, «un commissaire»? On parle de ces concepts-là, la disparition
des commissaires. Les commissaires sont
les gens qui sont consultés dès qu'un parent a un problème. Vous savez, ces
commissaires, ainsi, via le comité de parents, sont là pour défendre les besoins. Quand une situation est soumise à la
base, remonte vers le comité de parents, le comité de parents peut faire
une différence.
• (17 h 20) •
Ça veut dire quoi? Je
vous donne un exemple. Il y a un parent, un jour, qui est arrivé, qui nous a
dit que le programme PELO... On a des gens en éducation, le Programme
d'enseignement des langues d'origine. Il a expliqué au comité de parents ce que c'était et le drame de sa disparition. Via
son intervention, on s'est éduqués
entre nous. Avec le comité de parents, avec les commissaires
représentant le comité de parents, avec les commissaires élus au suffrage universel, on a pu revaloriser ce comité, et même prendre
ce parent et le faire siéger sur un comité, et, aujourd'hui, il le fait toujours.
Qu'est-ce
que ça fait, un parent, dans la structure? Vous savez, quand un enfant ou un
parent d'enfant se fait dire : Tu ne peux pas prendre l'autobus,
parce qu'il est de l'autre bord de Pie-IX, même s'il y a une place vide dans
l'autobus, parce qu'il y a une règle administrative, le comité de parents, les
commissaires représentant le comité de parents, les commissaires élus au suffrage universel sont là pour modifier cette
situation. Des exemples, on en a, et c'est important d'en parler, parce
que c'est trop vague, ce que c'est, un commissaire.
Aujourd'hui,
j'aurais bien aimé avoir 150 parents, derrière nous, qui ont eu besoin
d'un commissaire et de savoir comment
ce commissaire-là a pu les aider. Vous savez, le bon sexe sur une carte
étudiante, parce qu'on a un enfant trans, c'est important. Vous savez, quand la commission scolaire, oups! se
trompe, on est là pour s'occuper de ces choses-là. On se demande
qu'est-ce que des parents ont fait pour mériter d'être traités de la sorte.
M. le ministre, vous parlez d'une pyramide inversée, d'un nouveau paradigme. On ne le
voit pas. C'est un mirage. Si les
parents ont véritablement votre écoute, on vous demande une pause, un «time
out». On aimerait pouvoir, ensemble, réfléchir
à ces enjeux, ensemble, discuter. Plein de gens ont des opinions, plein de gens
ont des bonnes idées. Il faut trouver le
temps de travailler ensemble, M. le
ministre, une pause, s'il vous plaît,
un «time out». De cette façon-là, vous allez pouvoir réécrire l'histoire
en ayant un projet de loi qui va pouvoir régler les problèmes actuels.
Ce n'est pas
la... Tout n'est pas parfait avec le projet
de loi... pas le projet de loi, avec la loi actuelle. On en est très conscients à l'interne. Par contre, vous connaissez l'expression, «jeter
le bébé avec l'eau du bain» s'applique tellement dans le cas ici. Il est
possible de corriger le tir, d'arranger ce qui ne fonctionne pas avec la
structure actuelle, avec les parents, qui sont véritablement présents
partout dans la structure, et c'est ça qui est important. Les parents ont
besoin d'être écoutés.
Puis je ne
vous ai même pas encore parlé des parents qui ont des besoins particuliers de
par leurs enfants. Vous savez, un
parent qui décide de s'impliquer dans la structure parentale, qui a un enfant
avec des défis, le temps fantastique que ça représente et l'aide que ces parents-là ont besoin. Il y a des guides
qui ont été écrits par des parents pour expliquer comment se retrouver
dans le dédale des commissions scolaires. Ça prend des guides papier, ça prend
des guides humains, des représentants, des commissaires représentant le comité
de parents, des commissaires élus au suffrage universel.
Toutes les
lignes qui sont ici, dans les graphiques... Et, vous voyez, les comités qui
sont là ne sont que les comités qui sont prévus à la loi. Chez nous, des
comités, il y en a beaucoup d'autres, et il y a des parents qui siègent
partout. Vous savez l'intelligence collective qui est bonifiée par le nombre de
gens autour d'une table. Quand, à la commission scolaire de Montréal, on parle de faire des modifications qui pourraient
changer l'horaire d'une centaine d'écoles, autour de la table, qui est
là pour s'assurer que les parents vont être consultés de façon adéquate? Qui
sont les parents qui doivent revoir les questionnaires qui sont envoyés aux
parents?
Par chance, les parents autour de la table sont
aussi des gens qui ont un autre travail. On a, par ma collègue, Mme Cazale, une spécialiste des sondages. Qui
s'occupe de revoir le sondage, la commission scolaire? Un parent. Si les
parents ne sont pas là, il y a des oublis,
toujours. Est-ce que quelqu'un pense sérieusement que la commission scolaire de Montréal dépasserait son
budget, qui provient d'une enveloppe fermée, de transport, à chaque année, pour
être certaine que les enfants à
besoins particuliers soient transportés? Les budgets sont complètement dépassés
à chaque année, parce que des enfants
souffrant du trouble du spectre de l'autisme ne peuvent pas être dans un
autobus jaune avec 40 personnes. Ça prend des parents partout.
La
Présidente (Mme Thériault) : En conclusion, merci, M. Caron. Donc, sans plus tarder, je regarde
le ministre pour débuter le bloc d'échange de 16 minutes. M. le
ministre.
M. Roberge : Merci bien pour
cet exposé très bien senti des comités de parents de la CSDM. C'est
particulier, cependant, de vous entendre énoncer des opinions comme si
c'étaient des faits.
En tout cas,
vraisemblablement, il y a divergence d'opinions, parce que vous prétendez que
la décentralisation serait un mirage.
Vous dénoncez ça comme un fait, mais plusieurs personnes sont venues avant vous
dire autre chose, probablement une question de perspective, et certains
qui sont des parents aussi, parce qu'on peut penser, des fois, que, selon notre
perspective de direction générale, ou de
commissaire, ou de direction d'école, ou d'enseignant, on ne voit pas le même
objet de la même perspective, puis
donc on ne voit pas la même chose. Mais, quand même, il y a eu la Fédération
québécoise des directions
d'établissement qui a dit : «La FQDE appuie la volonté gouvernementale de
remettre l'école [dans] les mains de sa communauté.»
Il y a
l'association des parents anglophones, mais pas d'une commission scolaire, de
toutes les commissions scolaires anglophones, donc la fédération, qui sont
venus nous dire : «À propos de l'intention de donner plus d'autonomie
aux écoles et inclure davantage la communauté
dans la prise de décision, nous apprécions la volonté du ministre d'augmenter
l'implication des parents...» Donc, eux, ils
ne voyaient pas des lignes brisées, puis des cassures, puis des comités fermés,
ils voyaient que... Ils appréciaient cette idée-là d'avoir plus d'implication
des parents. Vous avez...
Mme Rizqy : ...si vous
permettez?
M. Roberge : Bien là...
Mme Rizqy : C'est juste une
question de directive.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, je ne vois pas pourquoi vous demandez une question de directive.
Mme Rizqy : Bien, parce que, si
on veut citer des passages et poser une question à nos invités, à tout le
moins...
La
Présidente (Mme Thériault) : Non, désolée. Non, Mme la députée de
Saint-Laurent, le temps appartient au ministre.
Le ministre peut faire son exposé de la manière dont il le juge et il va
certainement poser des questions. Il y aura un échange avec le parent.
On va le laisser aller. M. le ministre.
M. Roberge :
Merci. Il ne s'agit nullement d'une attaque. Il s'agit de voir pourquoi on ne
comprend pas le projet de loi de la même façon. Puis évidemment il va y
avoir une question après, puis on poursuivra.
Vous avez,
tout à l'heure, dit que vous avez suivi les auditions depuis un certain temps.
Vous avez parlé du Conseil supérieur
de l'éducation, mais Mme Lassonde a dit : «Il y a des choses qui
favorisent la réussite éducative dans ce projet de loi.
[Quand on] parle, par exemple, au niveau de la décentralisation, [...]souvent,
la décentralisation était accompagnée par un sentiment de plus grande
autonomie chez les enseignants et les enseignantes.»
Et finalement l'Institut du Nouveau Monde est
venu nous dire... Mme Flon est venue nous dire, puis je la cite à chaque fois, là : «Le projet de loi
n° 40 donne plus de pouvoir et d'autonomie aux conseils d'établissement
des écoles. C'est une bonne chose
pour encourager la participation à cette instance et pour assurer que chaque
établissement ait la marge de manoeuvre pour répondre aux besoins de ses
élèves.»
Donc, je ne
comprends pas qu'il y ait... Je comprends qu'il n'y ait pas que des articles de
décentralisation, du premier au dernier,
il y a une répartition. On réorganise, on revoit carrément la philosophie.
Cependant, je m'explique mal, quand même, que vous soyez si certain en
disant : Regardez, il n'y a aucune décentralisation dans ce projet de loi
là, sauf pour un élément que je vous accorde, et vous avez été l'écho de d'autres
avant vous, puis je pense qu'on va travailler ça.
D'ailleurs,
la Fédération des comités de parents, de laquelle vous êtes membres, l'ont dit,
ils ont déploré, là, le manque d'une des lignes, là, et je le reconnais, le
lien entre le conseil d'administration et le comité de parents n'est pas dans
le projet de loi. Et puis je vous dis qu'on est en train de travailler sur un
amendement, certainement, puisque vous êtes plusieurs à avoir souligné,
peut-être, cette faille, cet oubli, cette erreur, prenons-le comme on veut,
qu'il n'y ait pas de lien formel, dans la
loi, entre le conseil d'administration et le comité de parents. Donc, si, par
la suite, vous pouvez nous aider, parce que, bon, notre temps est
limité, à formuler cet amendement-là pour le bonifier, je vous le dis tout de
suite, il y a définitivement une ouverture de notre côté pour arriver à ça.
Maintenant,
outre la décentralisation, centralisation, vous dites : Il ne faut pas
toucher au conseil des commissaires, la démocratie scolaire. Mais, avec le
statu quo, le conseil des commissaires, tel qu'il existe, il y a un élément... Il
y a déjà des parents qui sont là, il y a des
commissaires parents, tout ça. Mais il y a quelque chose dont on se prive, là,
assurément, c'est la voix de ceux et
celles qui vont à l'école tous les jours : direction d'école, employés de
soutien, enseignants. Est-ce que vous
ne voyez pas d'un bon oeil d'avoir sur l'instance régionale l'expertise de ceux
et celles qui s'occupent de vos enfants à tous les jours?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Caron.
• (17 h 30) •
M. Caron
(Sylvain P.) : Merci de votre question, M. le ministre. Je soulignerai le lien qui pourrait exister entre le comité de parents
et le conseil d'administration, malheureusement, un seul lien envers huit
personnes qui ne sont pas vraiment représentatives de par le fait qu'ils
sont élus par tellement peu de gens et peuvent provenir également... Les personnes qui vont vouloir siéger sur le conseil d'administration proviennent d'un tout
petit bassin, et on se prive tellement d'une grande partie de la
population.
Ce que ça
prend, c'est énormément de liens. Un seul lien sur notre dessin, le rétablir ne
change pas du tout la structure, ça reste un conseil d'administration,
conseil d'administration qui est composé d'un paquet de gens dont des
directions, des profs, des choses comme ça,
c'est déjà prévu dans ça. Mais les huit parents qui sont là, il faut comprendre
une chose...
Puis, je vous parle de la mobilisation
parentale. La façon que c'est écrit, la façon que c'est fait, c'est que les parents qui vont siéger sur le conseil
d'administration, c'est essentiellement du «rubber-stamping». Huit personnes
qui n'ont pas les ressources
nécessaires pour analyser tous les documents, contrairement aux autres gens qui
vont siéger sur le conseil d'administration,
huit personnes qui vont tenter de rester représentatives, huit personnes qui ne
sont plus redevables une fois élues. C'est loin d'être suffisant. Ce
n'est pas souhaitable pour aucune de ces personnes-là.
Ce que ça prend, c'est de permettre aux parents
d'être partout dans la commission scolaire, d'être un véritable interlocuteur, de faire partie de la solution. M.
le ministre, votre pyramide inversée, c'est plein de parents qui doivent être
là, pas huit, pas via un lien qu'on rétablit comme ça. Non. Le système actuel
n'est pas parfait, je le répète, mais pour un parent, lorsqu'il n'est pas d'accord, lorsqu'il ne comprend pas une
décision... Vous savez que le parent n'a pas toujours raison, mais on
l'écoute.
Vous savez,
le comité de parents... Mon téléphone, personnellement, à la fin de trois
années de bénévolat comme président du plus gros comité de parents au Québec,
mon téléphone, il a sonné pas mal. Il sonne encore. Je suis supposé être à la retraite, mais ça, c'est une autre
histoire. Vous savez, il y a des parents qui m'appellent, qui ont besoin
d'aide, des membres de conseil
d'établissement qui ont besoin d'aide. Mais, ça va plus loin que ça, M. le
ministre, il y a des profs qui m'appellent
puis qui appellent les commissaires-parents, il y a des directions d'écoles, il
y a des gens de l'administration qui nous appellent parce qu'ils savent
que, via nous, on est capable de faire changer les choses.
Vous avez été
dans l'opposition, M. le ministre, vous savez que le pouvoir d'influence est
très important. Le comité de parents, de par les liens qui ont été tissés au
cours des dernières années, par un travail acharné et bénévole, on a réussi
à aller chercher une crédibilité, et on nous
consulte en amont des décisions, pas une fois rendu quand le conseil des
commissaires vote, il est beaucoup trop tard à ce moment-là. Le vote du
commissaire-parent, si ça se rend là, il est trop tard. On a appris à travailler avec la structure, des gens qui ont mis
un temps considérable. C'est incroyable, l'abnégation parentale, des fois...
Excusez.
Ce que ça
veut dire, c'est que des fois les enfants sont à la maison et qu'est-ce que le
parent fait? Il est encore dans une rencontre. Parce que n'oublions pas
une chose, quand on regarde le petit dessin ici, là, le parent est là, là, le
parent est premièrement parent. On le sait,
le temps que ça prend. Même si nos enfants sont premiers de classe, ça prend
beaucoup de temps. Ensuite, ce parent-là doit siéger sur un conseil
d'établissement. Ce parent-là, de par qui il est, veut le meilleur pour son enfant. Vous savez, on est tous ici pour
la réussite éducative des enfants au Québec. Le parent est là sur le conseil
d'établissement. À son assemblée générale,
il est élu. Et là il découvre qu'il faut qu'il soit aussi sur le comité de
parents parce que, comme vous savez, il faut être sur le conseil
d'établissement pour, en plus, être sur le comité de parents. D'autres rencontres. Appelez ma conjointe, elle va vous en
parler, du nombre de rencontres que j'ai par année. Elle m'en parle, elle m'en parle. Sur le comité de parents, on est là, mais ce
n'est pas fini. Sur le comité de parents, des fois, on se dit : Je vais
faire plus, je vais siéger sur l'exécutif. D'autres rencontres.
Ensuite, tous les comités qui sont là, des
comités qui sont de jour, des comités de soir, des comités internes, pourquoi? Pour être représentatif de l'opinion des
parents. À la commission scolaire de Montréal, c'est très... la diversité
des individus qui sont là est
exceptionnelle. Il faut avoir la sensibilité de l'écoute de ces parents-là qui
viennent d'ailleurs, qui n'ont pas la même vision que nous. J'ai tellement
appris depuis les sept années où je suis sur le comité des parents,
c'est exceptionnel.
Mais ce que j'ai pu faire, aussi, c'est souvent
de convaincre des gens, suite aux nouvelles connaissances que j'ai eues, en siégeant sur le comité de transport,
en poussant fort pour créer le comité des outils financiers. À quoi ça sert,
ça? On n'est pas là-dessus, ce n'est pas
obligatoire, c'est un comité qui est là pour former les parents qui vont devoir
gérer les budgets des écoles. La
complexité de lire ces documents-là. Mieux, la commission scolaire a profité de
l'occasion pour former ses directions
d'école, aussi, parce que c'est lourd et c'est compliqué, et le respect du
budget, dans une école, c'est superimportant,
particulièrement avec les nouvelles mesures ministérielles. C'est très
complexe, ça prend un temps de fou.
Mais, à
partir du moment où les parents vont comprendre que leur temps ne sert à rien,
que leur temps n'est pas utile, ces gens-là vont soit le savoir dès le
début et ne jamais se présenter... Il est déjà difficile, de par la lourdeur de
la structure, d'aller chercher assez de
parents dans une assemblée. C'est difficile. Trouver des gens qui veulent se
présenter, c'est encore plus dur. Ce
qu'on ne dit pas dans le projet de loi, ici, ou dans la réalité, c'est qu'il y
a des écoles qui n'ont même pas de
conseil d'établissement. Il y en a plusieurs. Et le comité de parents se bat
avec les écoles, en collaboration, pour dire : Ça prend des gens qui vont pouvoir siéger, ça
prend des gens qui vont pouvoir être représentatifs de leurs communautés.
En ce moment,
on est obligés d'inventer ces parents-là, les consulter, même s'ils ne sont pas
véritablement là, pour être représentatifs. Le jour où les parents réalisent
qu'ils sont inutiles, ils vont disparaître, le sommet de votre pyramide
va disparaître, et ce sera géré par des
directeurs généraux d'anciennes commissions scolaires, et ce sera terminé, le
rôle parental. Et...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et le ministre veut intervenir. M. le ministre.
M. Roberge :
Brièvement. Bien, d'abord, je pense que vous avez illustré qu'il y a
définitivement des gens qui vont vouloir s'impliquer sur le conseil
d'administration. Vous avez dit : On a du temps, on s'implique, on est là,
on est là. Là où je ne vous rejoins pas, c'est
quand vous dites : Le jour où les parents vont réaliser qu'ils ne servent
à rien. Pour moi, c'est une vision
apocalyptique, là. Je ne pense pas que ça va arriver, ce jour-là, parce qu'au
contraire on les valorise. Je ne vois
pas arriver, pas plus que la décentralisation est un mirage, pas plus que le
jour où les parents verront qu'ils ne servent à rien. Je pense qu'ils sont très, très, très utiles et consultés. Et je
laisserais quelque temps, quand même... je voulais laisser du temps à ma
collègue de Roberval, s'il vous plaît.
La
Présidente (Mme Thériault) : Certainement, Mme la députée
Roberval, qui est la vice-présidente de la commission aussi, la parole
est à vous.
Mme Guillemette : Merci. Il
nous reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
3 min 30 s.
Mme Guillemette :
Merci. Premièrement, je prendrais quelques minutes pour vous remercier et vous
féliciter de votre implication dans la réussite scolaire des enfants
depuis quelques années déjà, je crois. Et c'est important, et on considère encore, le ministre considère et nous
aussi encore important et de plus en plus important l'implication des parents
au niveau de la réussite scolaire des enfants.
Dans vos
recommandations, ce que je vois présentement, dans l'ensemble, c'est que vous
nous suggérez le statu quo. D'après
vous, présentement, il n'y a pas... Qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus pour
améliorer ce qu'on a là, déjà? Parce que, selon ce que je vois, vous
nous proposez plus le statu quo. Donc, j'aimerais vous entendre à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Caron.
M. Caron
(Sylvain P.) : Je
commencerais par accepter vos remerciements et de les étendre à nos familles,
qui sont habituées de ne nous pas voir, hein, le soir, régulièrement.
Le statu quo,
c'est une pause, c'est un moment de réflexion. Vous savez, quand on décide trop
vite, on se trompe. Et ici on prend
la chance de se tromper avec la réussite éducative de nos enfants. On brasse
des structures. Ce n'est jamais facile,
brasser une structure, quand il faut le faire, quand il y a eu un consensus de
le faire. Ici, on est loin d'un consensus. C'est tout l'opposé. Il faut attendre, consulter véritablement, écouter et
ensuite arriver avec un beau projet de loi où tout le monde va vouloir
dire : J'ai participé à ce projet de loi là. Ça, c'est vrai. Les enfants
de l'école vont en bénéficier, ma fille va en bénéficier, les enfants du
Québec vont en bénéficier. C'est ce qu'on attend du ministre.
• (17 h 40) •
Mme Shanks
(Mélisandre) : On a beaucoup de réserves par rapport à ce qui est proposé, comme au niveau du conseil d'établissement. Ce qu'on voit, à la lecture du projet de loi, de un, si je parle uniquement du conseil
d'établissement qui est à la base,
là, on parle d'un changement au niveau du plan de lutte contre la violence et
l'intimidation, on passe d'une approbation
à une adoption. Bon, services de garde, les règles sur les
services de garde, on va pouvoir les adopter. Bien, mais il
y avait un élément essentiel qu'on
retrouve et sur le C.E. et aussi au niveau du C.P., qui était de donner son
avis sur toute décision qui peut toucher à la bonne marche. Et là, au
niveau du C.E., on vient modifier... avec une règle des deux tiers, on vient modifier la règle qui habituellement nous permet, par une simple majorité, de venir apporter des suggestions
dans notre propre milieu. Et ça, c'est juste l'exemple au niveau du conseil
d'établissement. Si on s'en va...
Et, quand on
dit qu'il n'y a pas de décentralisation, mais il y a
plutôt une centralisation, c'est qu'on voit, d'une part, une centralisation au niveau des pouvoirs au niveau de
l'administration. Et là ce qu'on trouve, pour nous, qui nous touche le plus, c'est que le coeur d'une commission
scolaire, le coeur et la colonne vertébrale, qui est le plan d'engagement pour
la réussite, s'en va dans un comité où il n'y aura aucun parent, et ce
comité-là préparera le plan qui sera soumis pour approbation au conseil d'administration. Nous, les parents, nous savons
la différence entre une approbation et une adoption. Et c'est pour ça que mon collègue vous a parlé de
«rubber-stamping», c'est exactement pour ça, parce que l'approbation ne
permet pas de véritablement être entendu et avoir un pouvoir d'influence. C'est
là où le bât blesse.
Non seulement
ça, en plus, on y va... au niveau du comité de répartition des ressources,
encore une fois, il n'y aura pas de
parents. Et là on parle d'un processus de concertation. Je suis juriste, dans
la vie, et je ne sais pas ce que ça veut dire, ce nouveau terme dans la loi, «concertation». Et normalement il y a un
principe d'interprétation des lois qui nous dit qu'on doit faire preuve de cohérence, et là, en lecture
avec les autres articles qui, normalement, parlent de consultation, je me
demande ce que c'est, maintenant, un processus de concertation.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange avec le côté ministériel. Donc, nous allons du côté de l'opposition, en fait, l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, pour vos
10 min 40 s.
Mme Rizqy : Bien, merci
beaucoup. Bienvenue. Puis je suis
contente que vous ayez mentionné que vous êtes juriste, parce que
vous connaissez aussi un autre principe de droit qu'on dit souvent, que, lorsqu'on
veut citer, habituellement, on cite au complet et pas juste le passage
pertinent pour notre cause et qu'on laisse en retrait ce qui pourrait nuire à
notre cause. Souvent, les juges n'apprécient pas trop ça devant les
salles d'audience.
Et j'aimerais juste revenir sur quelque chose
qui est assez important. Parce que tantôt le ministre de l'Éducation a quand
même cité des gens qui sont venus
ici, notamment l'Institut du Nouveau Monde, et tantôt on avait... — pardon,
juste pour bien citer les noms — Mme Clermont
et Mme Poirier et qui ont fait... dans les deux cas, on a parlé de la participation, de la valorisation à participer. Et, dans ces deux témoignages, c'était
très important que, lorsqu'on veut que les gens participent dans une démocratie, bien, il ne faut pas qu'ils
aient le sentiment qu'on les a juste utilisés pour entériner des décisions,
sinon, ils vont être dévalorisés et peut-être vont aussi risquer de quitter la table parce qu'à un moment donné on comprend qu'on
a un simple rôle de devoir juste dire : Parfait, on entérine, on entérine.
Vous, là,
vous siégez sur différents comités ensemble, en ce moment, vous avez le
sentiment qu'on peut faire avancer des dossiers, qu'on peut faire des
changements. Présentement, avec le projet de loi n° 40,
est-ce que ce pouvoir-là est quand même, dans une grande partie, évacué?
Mme Shanks
(Mélisandre) : Tout à fait, ce pouvoir-là est évacué. Moi personnellement,
j'ai la chance, en tant que commissaire-parent, de siéger aussi à l'exécutif de
la commission scolaire de Montréal, et ça m'arrive régulièrement de faire, par exemple, apporter des changements à des
contrats, par exemple, demander à ce que les travaux ne soient pas permis
durant la période d'examens. Ce n'est qu'un
exemple. Ce sont de petites choses que l'on fait au quotidien. On parle avec
des collègues, on a un pouvoir d'influence,
on crée des alliances avec l'administration, avec le politique qui est élu au
suffrage universel, pour unir nos forces et toujours dans l'optique
d'améliorer la réussite des élèves.
Et récemment,
pour la préparation de notre mémoire, nous avons regardé un rapport de
l'Association canadienne des commissions scolaires, qui parle justement
des impacts de venir... la tendance pancanadienne de vouloir abolir les
commissions scolaires. Et c'est une grande perte, je pense, pour le Québec,
c'est une grande perte pour la démocratie et
c'est un grand danger, je crois, pour notre éducation. Et il
faut vraiment chérir l'éducation, c'est la perle d'une société. Et, en ce sens-là, je trouve ça
désastreux, ce que le projet de loi propose, en tout respect.
M. Caron
(Sylvain P.) : Le
contrepoids qui est amené par le comité de parents, par les commissaires
représentant le comité de parents,
par les commissaires élus au suffrage universel... nous permettent d'être
actifs, de redonner confiance aux parents qui peuvent se sentir, parfois,
désabusés. Savoir qu'il y a un parent qui est sur l'exécutif, ça permet de
savoir que ce qu'on va discuter entre nous,
l'avis qui sortira du comité de parents peut avoir un impact. On se souvient
des gens qui faisaient du camping
devant des écoles pour avoir une place, une des craintes qu'on va avoir, aussi,
avec la décentralisation puis les
écoles qui vont se battre les unes contre les autres. Pourquoi
il n'y en a plus? Parce
que des parents ont dit : Ça va
faire. C'est de rire des parents, d'avoir
des gens qui dorment la nuit pour être certains que leurs enfants aient une
place dans une école.
Mme Rizqy : Je suis contente que vous m'ouvrez la porte à ce
sujet. Maintenant, avec le projet
de loi n° 40, on retombe pas mal dans une optique où est-ce que
les parents peuvent choisir quelle école, sortir même de leurs vies de quartier,
alors que le comité de parent, souvent,
bien, ce sont des gens qui se rencontrent soit le matin ou après l'école,
échangent et apportent la voix au
comité de parent. Avec, un peu, l'école à la carte, est-ce qu'on peut aussi venir ici dénaturer notre vie de quartier et peut-être
aussi faire mal à notre école de quartier?
Mme Shanks (Mélisandre) : Il
pourrait y avoir, effectivement, cet impact-là. Mais aussi ça soulève certaines
questions. Parce qu'il y a d'autres articles de la loi, qui touchent les inscriptions, qui ne
sont pas modifiés. Alors, je me pose la question : Comment le tout va s'articuler? Il y a
des choses... On n'a eu que très peu de temps pour analyser et pour regarder cet énorme projet de loi, et, dans les circonstances, c'est difficile d'avoir un bon jugement sur tous les effets
potentiels d'un projet de loi d'une telle envergure.
M. Caron
(Sylvain P.) : Je vais faire
du pouce sur ce que ma collègue vient de dire. Elle a nommé un élément essentiel
qui est le temps. Vous savez, on est des
bénévoles. On est ici aujourd'hui. Le temps exceptionnel qui a été pris pour
rédiger le mémoire, pour s'y préparer, aussi... La date de dépôt du projet de loi, le lendemain de la dernière journée des élections scolaires, quand les comités de parents viennent
d'être formés, c'est probablement un hasard, mais ça nous montre... Certaines
personnes vont nous dire que c'est parce que
le parent, moins il parle, mieux c'est. Il y a des directions d'écoles
qui sont fantastiques, des
professeurs fantastiques, aussi, mais des
fois le parent, il dérange. Mais ce
parent-là, c'est important qu'il ait une voix. Le projet de loi
n° 40 fait disparaître la voix des parents.
Mme Rizqy : Dernièrement, dans l'éducation,
il y a quand même eu trois projets de loi : les frais facturés aux
parents, maternelles quatre ans puis maintenant le projet de loi n° 40. On
est en train de virer bout pour bout le système d'éducation. Le projet de loi
n° 40, à partir du
29 février, c'est la fin du rôle des commissaires en plein milieu de
l'année scolaire. Les budgets sont
déposés au mois de mars, 31 mars, les conventions collectives tombent à
échéance, au Québec, pour
les enseignants et d'autres corps de métier. Trouvez-vous qu'en ce moment-là,
avec tout ça, on risque de laisser des... des laissés-pour-compte? Et ça va être les élèves qui vont avoir le plus
grand impact parce que, lorsqu'il y a un changement aussi majeur de structure, il est fort à parier qu'il risque d'y avoir
des zones de perturbation, dans le réseau de l'éducation, et que, malheureusement,
ceux qui ont véritablement payé les frais, au-dessus des parents, c'est surtout
les élèves.
M. Caron
(Sylvain P.) : C'est clair
que les élèves, les enfants vont payer. Vous savez, un changement de structure,
là, ça amène plein de désorganisation. Les
coupures qu'il y a eu en éducation, le milliard qui a été coupé dans les dernières
années, ce que ça a eu aussi comme impact, c'est que les commissions
scolaires — je
continue à les appeler comme ça — travaillent
avec des effectifs hyperréduits. Là, ces gens-là vont voir tout leur temps
passer à s'occuper de ce changement de
structure là. Qu'est-ce qui va rester
pour l'aide dans les milieux, les écoles qui ont besoin d'aide, les directions
d'écoles qui ont besoin d'aide, le comité de parents qui veut faire bouger des
choses? Il va y avoir... Le statu quo dont je parlais tout à l'heure, là, il n'est pas là. Il n'y a rien
qui va bouger, ça va être de la mélasse, on sera incapables d'avoir de
décisions, incapables d'avoir d'actions d'un acteur qu'on trouve
important. Les commissions scolaires, elles font un beau travail.
• (17 h 50) •
Mme Rizqy :
J'ai envie de poser une question à... Vous, quand vous retournez à la maison,
vous enseignez sûrement à vos enfants, parce que l'éducation, ça commence
d'abord et avant tout à la maison, le soin qu'on doit apporter à nos grands
dossiers, qu'est-ce qui est important doit être fait correctement et que les consultations,
c'est important, trouvez-vous qu'aujourd'hui, si le projet de loi n° 40 est adopté puis qu'on va de l'avant avec
l'abolition de la démocratie, d'un palier de démocratie, c'est une belle
leçon d'éducation à nos enfants?
Mme Shanks (Mélisandre) : Pas
du tout. Puis d'ailleurs c'est intéressant quand on lit, je crois, de mémoire, qu'il y a un article, dans la LIP, qui dit que, justement,
on devrait encourager la démocratie auprès de nos élèves. C'est un peu
paradoxal, je trouve, que de dire : Bien, pourquoi ne pas abolir la
démocratie scolaire, au Québec, alors qu'on a tant besoin d'une participation de la communauté pour avancer et
tendre aussi à des principes de développement durable.
Mme Rizqy : ...en 2014, lors
des élections de 2014, le député de L'Assomption, qui est maintenant le premier
ministre du Québec, avait pris comme ligne de partie d'inviter les gens à ne
pas aller voter aux élections scolaires. Pensez-vous
que, un, les élus devraient s'abstenir de dire des affaires aux... de ne pas
aller voter? Mais, deux, si on prend les exemples de d'autres provinces, parce
qu'on a jumelé les élections municipales avec le scolaire, où est-ce qu'on a eu
un taux de participation qui a monté à
45 %, mais aussi de vraiment donner mandat aux directions... pardon, au
directeur des élections du Québec de
s'assurer d'avoir le vote électronique de prêt, de mettre des sous pour
vraiment éduquer, sensibiliser les gens aux élections scolaires, est-ce que,
là, on se donnerait les outils pour vraiment y arriver, à notre démocratie?
M. Caron (Sylvain P.) : On le
disait à l'entrée, dès le début, il n'y a jamais eu d'effort pour maintenir ce
pilier de la démocratie. C'est important. Il
faut le faire puis il faut le respecter. Parce que, si on veut vraiment
réfléchir au complet, on peut...
Quand on parle, ici : Est-ce que le pourcentage de la population qui vote,
ça vaut la peine, vous savez que, même au
niveau municipal, il y a énormément de gens qui sont élus par acclamation. Qui
se présente vraiment? Qui sont nos élus? Si on ne donne pas de pouvoir à
ces gens-là, si on ne les considère pas, qui allons-nous chercher?
Je vous écoutais, plus tôt, en disant qu'il y a
plein de gens qui viennent parmi vous, des gens qui viennent du milieu scolaire. Mais, si on vous avait envoyé le
message que ce vous faisiez ne faisait rien, seriez-vous ici aujourd'hui? Pas
du tout. Êtes-vous ici, aujourd'hui, même si
vous êtes dans l'opposition, parce que votre travail ne sert à rien?
Aucunement. Pas du tout. Le comité de parents, les commissaires
représentant le comité de parents, les commissaires élus au suffrage universel font ça. Ils sont la voix des parents
partout. Il faut maintenir ça coûte que coûte. Travaillons ensemble pour
améliorer la situation. Mais ça ne donne rien de tout scraper pour
recommencer à...
Mme Shanks
(Mélisandre) : Le système
n'est peut-être pas parfait. Par contre, il est grand temps, au Québec,
de s'asseoir tout le monde ensemble
et de discuter de l'éducation et de ce que nous voulons comme éducation, au Québec,
pour préserver notre culture québécoise.
Mme Rizqy :
Trouvez-vous que — rapidement — au Québec,
d'avoir une différence de traitement entre les francophones et les anglophones,
c'est acceptable?
Mme Shanks
(Mélisandre) : C'est
inacceptable. Et je vais prendre... je vais citer, en fait, le Pr Daniel
Turp, ce matin, qui a sorti, et qui
est un constitutionnaliste, et qui vient nous dire qu'effectivement le fait d'avoir une dichotomie entre les francophones et les
anglophones, c'est contraire aux chartes, aux deux chartes qui s'appliquent au Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et, sur ce, je dois mettre fin à l'échange avec les collègues de l'opposition
officielle. On va du côté de la deuxième opposition. Mme la députée de
Sherbrooke, 2 min 40 s.
Mme Labrie :
Merci pour votre éloquente présentation et pour avoir fait cette représentation
visuelle de la réforme. Parce que, je
vais le dire humblement, là, moi non plus, je n'ai pas eu assez de temps pour
comprendre l'ampleur de tout ce qui arrive comme changements avec ce
projet de loi là.
D'ailleurs,
on n'a tellement pas eu de temps pour les auditions qu'on peine à lire les
mémoires en profondeur. On va se le dire, là, souvent, les groupes les
terminent la veille ou le jour même, on les reçoit à peine juste avant que les groupes arrivent. C'est pénible. Mais la
représentation que vous faites est vraiment éloquente, et j'espérais voir cette
image-là depuis le début, je pense, du changement concret que ça
apporterait. Donc, je trouve ça vraiment éclairant.
J'aimerais
ça... En fait, le ministre a vraiment parlé souvent de son projet de loi comme
une façon de valoriser la participation des parents. Moi, je trouve ça
intéressant que vous arriviez ici en nous disant : Ce n'est pas du tout ça
et c'est même le contraire, vous voulez
mettre des parents sur des C.A. vides de sens. Je trouve que ça contraste avec
ce que, par exemple, la Fédération
des comités de parents a dit. J'aimerais
ça vous entendre plus longuement sur cette perte de pouvoir d'influence
là des parents.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 1 min 30 s pour vous exprimer.
M. Caron
(Sylvain P.) : Je vais tout
de suite passer la parole, si vous le permettez, Mme la Présidente, à ma
collègue Linda Cazale. En réponse, justement, à la présentation de
la FCPQ, on a certaines...
M. Deslauriers (Marc-Étienne) :
...
M. Caron (Sylvain P.) :
...positions différentes. Merci, M. Deslauriers.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Cazale.
Mme Cazale (Linda) : Oui, on
n'a pas répondu... Pardon. Oups!
Une voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Non, c'est automatique.
Mme Cazale (Linda) : Ah!
Pardon, pardon. O.K. En plus d'être commissaire-parent, moi, je travaille à l'Institut de la statistique du Québec, depuis une
dizaine d'années, suite à mes études doctorales. Donc, quand on a reçu...
Dans le cadre de mon travail — pardon — moi,
je peux élaborer des questionnaires, je peux contribuer à en élaborer,
j'analyse des données qui sont recueillies, je peux aussi critiquer les
questionnaires. Quand on a reçu le questionnaire de notre fédération, on l'a analysé puis, pour des raisons
méthodologiques, on a décidé de ne pas y répondre. On n'y répond pas parce qu'il y a une des règles de base qui n'a pas
été respectée, c'est le fait que le choix des réponses aux questions... ne sont
pas mutuellement exclusifs et ne sont pas distincts, nécessairement, les uns
des autres, ce qui fait en sorte qu'on peut interpréter les réponses aux
questions, ça peut devenir hasardeux quelques fois.
C'est ainsi
que nous, on a élaboré un questionnaire, que vous avez dans le mémoire. On
s'est concentrés sur certains aspects
du projet de loi parce qu'on n'a pas eu le temps, nécessairement, de tout faire
le tour, mais on a élaboré ce questionnaire-là en fonction des positions historiques du comité de parents... qui avait
été élaboré, entre autres, par ma collègue ici présente, suite au dépôt
du projet de loi n° 86, en 2016. Donc, ce questionnaire-là, il était
élaboré, on a rencontré nos membres, 80 délégués
de conseils d'établissement... du comité de parents, qui y ont répondu. Vous
avez les réponses dans le mémoire.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et ceci mettra fin à l'échange avec
la députée de Sherbrooke. Donc, on va du côté de la troisième opposition
avec la députée de Joliette, 2 min 40 s également.
Mme Hivon :
Oui, merci beaucoup. Alors, très éloquent, merci, tout ça va nous accompagner
pour le reste de l'étude. Puis, oui,
aussi, voyez-vous, nous aussi, on se sent un petit peu pressurisés parce que,
lors du dépôt du projet de loi, le ministre a annoncé que le 29 février les commissaires scolaires n'auraient plus
de fonction d'élus de commissaires scolaires, donc on se dit : Qu'est-ce qui arrive? Combien de
temps on va avoir pour étudier 300 articles, des dizaines et des dizaines
de lois? Ça fait que c'est pour ça
que des fois je parle, par exemple, de l'article 310, parce que je me
dis : Je ne sais pas si on va se rendre
là et j'ai peur qu'on nous impose quelque chose pour légiférer. J'espère que ce
ne sera pas le cas. Donc, je vous remercie infiniment.
Je
veux juste savoir... Vous nous dites : On voudrait tellement avoir le
forum pour pouvoir discuter, échanger, bâtir des consensus puis faire en sorte que, déjà, une réforme de structure,
c'est tellement lourd, on puisse la faire en ayant des bases solides. Quelle serait, pour vous, là, si on
se disait qu'il faut améliorer des choses, la perspective des parents dans
le système d'éducation au Québec, en ce moment? Pas la structure
nécessairement, mais ça serait quoi, votre priorité? Qu'est-ce que vous auriez envie de nous dire... de dire : Bien, là,
vous faites fausse route parce que nous, là, de ce qu'on voit puis de ce
qu'on vit, ce n'est pas ça, l'urgence nationale en ce moment?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 1 min 30 s.
Mme Shanks
(Mélisandre) : Je pense qu'il faut remettre la réussite et l'enfant au
coeur de nos préoccupations. Je crois qu'il faudrait repenser, en tant
que société, à notre modèle d'évaluation. Je crois qu'il y aurait plein de
choses sur lesquelles on doit se questionner
pour voir comment on pourrait améliorer la réussite et je crois qu'il faut
encourager la participation de la
communauté des parents dans le processus éducatif. On dit souvent que ça prend
un village pour éduquer un enfant, bien, effectivement, je pense qu'il
faut... c'est ce vers quoi on doit tendre.
Mme Hivon :
Donc, quand on nous dit, par exemple... Je trouve ça vraiment intéressant,
parce que vous pourriez dire :
Ah! bien là, on a plus de sièges que la communauté comme telle sur les C.A.,
donc c'est une avancée pour les parents. Mais je comprends que vous, vous dites : Ce n'est pas les parents
qui sont gagnants là-dedans, parce que la communauté, globalement, est
perdante.
Mme Shanks
(Mélisandre) : Bien, en fait, par rapport à ça, c'est surtout qu'il y
a une perte d'influence. Ce qu'on voit, quand on analyse un petit peu plus les
pouvoirs des C.A., c'est que ça va être, en fait, un conseil d'administration
qui va un peu prendre des décisions qui vont
lui être soumises par l'administration ou le ministère. Donc, ça va venir d'un
côté ou de l'autre, mais il n'y aura
pas de véritable pouvoir qui est, finalement, entre les mains du C.A. C'est-ce
qu'on comprend du projet de loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et c'est comme ça que nos échanges doivent se terminer. Donc, merci, M. Deslauriers, Mme Shanks, M. Caron,
Mme Cazale, Mme Wagner, je vous remercie pour votre contribution à
nos travaux.
La commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, 10 heures, où elle poursuivra son
mandat. Merci, bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 heures)