(Quatorze heures cinq minutes)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Et je demande aux gens dans la salle,
puisqu'ils sont nombreux, de bien vouloir fermer vos téléphones
cellulaires ou les mettre en mode vibration.
Donc, la commission
est réunie afin de procéder à des auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Chassin
(Saint-Jérôme) est remplacé par Mme Blais (Abitibi-Ouest); Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par
Mme Jeannotte (Labelle); Mme Guillemette (Roberval) est remplacée par M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata); M. Poulin (Beauce-Sud) est
remplacé par M. Provençal (Beauce-Nord); et Mme Melançon
(Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
Remarques préliminaires
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, cet après-midi, nous
allons débuter par les remarques préliminaires puis nous entendrons la Fédération
des commissions scolaires du Québec, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, la Centrale des syndicats
du Québec, la Confédération des syndicats nationaux et la Fédération
autonome de l'enseignement.
Et, puisque notre commission a débuté un petit
cinq minutes en retard, je vais vous demander tout de suite un consentement
pour pouvoir poursuivre au-delà de nos travaux. Consentement. Merci.
Donc, je vais céder, sans plus tarder, la parole
au ministre de l'Éducation pour ses remarques préliminaires. M. le ministre,
vous disposez de 5 min 34 s.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci
bien, Mme la Présidente. Il me fait
plaisir de commencer cette séance de consultations. Je veux saluer
d'abord M. le sous-ministre, tous les députés en face de moi, qu'on commence à
connaître. C'est maintenant... il y a déjà
quelques projets de loi qu'on a le plaisir de travailler ensemble, toute
l'équipe, aussi, de la députation, du côté du gouvernement, et toute l'équipe, des fois, en arrière, qu'on ne
regarde pas ou dont on ne voit pas tout le travail, là. Mais, évidemment,
chaque fois qu'il y a un projet
de loi qui est déposé à l'Assemblée nationale, c'est que ça a été précédé de beaucoup de
séances de travail.
Puis, évidemment,
l'équipe de fonctionnaires puis l'équipe du cabinet travaillent très, très
fort pour arriver avec le meilleur projet de loi possible, sachant qu'il va être amélioré, c'est certain — on
commence les consultations, mais on sait
bien que, dans ces consultations-là, il va y avoir des suggestions, il va y
avoir des points qui vont être soulevés, qui vont nous faire réfléchir,
de ce côté-ci ou de l'autre côté, qui vont les amener aussi à, des fois,
insister davantage, en référant à ce que
vous direz, vous qui venez en auditions particulières — donc, qui sera certainement amélioré au moment où il sera sanctionné. Puis c'est très bien comme
ça. J'ai participé à l'exercice en étant de l'autre côté, dans l'opposition,
puis de ce côté-ci maintenant.
Le projet de
loi n° 40 est attendu par plusieurs, plusieurs, plusieurs personnes,
plusieurs Québécois, plusieurs contribuables,
parents, mais aussi plusieurs personnes qui oeuvrent dans le réseau scolaire.
Le réseau scolaire, c'est mon réseau, hein, j'y ai passé ma vie : 17 ans à
enseigner à l'intérieur du réseau, dans le réseau public, siégé sur deux
conseils d'établissement de deux commissions scolaires différentes,
passé trois années au Conseil supérieur de l'éducation, commission de l'enseignement
primaire.
Je visite,
depuis que j'ai les fonctions de critique... Alors que j'étais dans
l'opposition, j'avais les fonctions liées à l'enseignement... à l'éducation et à l'enseignement supérieur, puis
maintenant j'ai ces fonctions ministérielles là, et j'ai visité des dizaines et des dizaines d'écoles.
Encore la semaine dernière, deux fois, j'arrive avec ma boîte à lunch puis je m'en vais dîner avec l'équipe-école, la direction
d'école, les employés de soutien, les professionnels, des fois, les gens du
service de garde — quoiqu'on
les croise avant ou après dîner parce qu'ils sont pas mal occupés pendant la
période du dîner — les
enseignants, et plusieurs, plusieurs personnes attendent une amélioration de la
gouvernance.
• (14 h 10) •
Plusieurs
enseignants, plusieurs cadres dans les commissions scolaires, que je rencontre
dans d'autres forums, attendent cette
amélioration de la gouvernance scolaire. Ils nous disent que c'est lourd,
bureaucratiquement, en ce moment. Ils
nous disent que c'est difficile, parfois, de prendre des initiatives en matière
pédagogique. Ils nous disent que c'est difficile de
mobiliser les gens sur les conseils d'établissement, parce qu'il n'y a pas
assez d'autonomie dans nos écoles. Ils nous disent :
Parfois, en enseignant dans les écoles, on se sent un peu comme des
techniciens, on ne se sent pas respecté, on ne sent pas la compétence des enseignants et de toute
l'équipe-école reconnue pour prendre les bonnes décisions pour les élèves. C'est
l'écho qu'on reçoit sur le terrain, en visitant des dizaines d'écoles dans des
milieux favorisés et défavorisés, en milieu rural, en milieu urbain.
C'est ce qui ressort.
Évidemment,
il n'y a pas d'unanimité. Évidemment, il y a
des gens qui souhaiteraient que ça ne change pas. Mais beaucoup
de personnes sur le terrain attendent cette décentralisation de la prise de
position, attendent qu'il y ait davantage
d'argent qui soit envoyé aux écoles. Pas
tout, pas tout l'argent, évidemment. Il faut garder une instance régionale, un centre
de services scolaire qui va être là pour, évidemment, s'occuper des
transports scolaires, des écoles, de la répartition des ressources. Mais, quand on prend ces décisions-là, eh
bien... et c'est ce qu'on va faire avec le projet de loi n° 40,
quand on prend ces décisions-là, il faut les prendre avec les parents et
avec ceux qui sont sur le terrain, de plus en plus.
Donc,
j'espère qu'on va pouvoir avoir des discussions qui seront sereines puis
j'espère qu'on regardera le projet de
loi pour ce qu'il est, qu'on n'essaiera pas de lui faire dire des choses
qu'il ne dit pas, pour qu'ensemble on améliore la gouvernance scolaire.
C'est quelque chose qui a été tenté à quelques reprises, ces dernières années,
de manière timide, avec le projet de loi n° 86 et le suivant, mais là, cette
fois-ci, je pense qu'on va pouvoir aller au bout de l'exercice une fois pour
toutes puis remettre les écoles entre les mains de la communauté. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. Donc, sans
plus tarder, je me tourne du côté de l'opposition officielle, vers la
députée de Saint-Laurent. Vous avez 3 min 43 s.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre, tous les députés.
Bonjour, mesdames de l'opposition. On se retrouve, et j'en profite. Je
vois que le sous-ministre est enfin avec nous. Je vous rappelle que j'ai posé une
question par rapport à vos frais, lorsque vous étiez, à l'époque, à l'ADJEQ, et
vos pièces justificatives sont toujours attendues, pour une somme de
20 000 $. Et ça tombe totalement à propos puisqu'aujourd'hui on parle
de gouvernance scolaire et de transparence. J'espère que le sous-ministre
pourra donner le ton à tout l'ensemble des Québécois.
Effectivement, vous
avez dit qu'on commençait à se connaître, M. le ministre, d'entrée de jeu.
C'est vrai qu'on commence à se connaître.
Parce qu'il y a eu le projet de loi n° 3, qui venait uniformiser la taxe
scolaire, puis ensuite il y a eu le
projet de loi n° 12, des frais chargés aux parents, le projet de loi
n° 5. Puis, nous, ce qu'on a appris, les partis d'opposition, c'est
le peu d'écoute et que, lorsque vous avez une idée en tête, c'est très
difficile de vous faire revenir en arrière, puis d'avoir cette sensibilité qui
est tellement importante lorsqu'on est ministre, puis d'entendre son réseau.
Alors, oui, on commence à vous connaître et on espère sincèrement que vous avez
entendu les différentes voix qui se lèvent.
Parce
que, moi, quand je regarde la salle, c'est rendu notre quatrième projet de loi
en éducation puis c'est la première fois
qu'on a une salle bondée de monde debout. Alors, effectivement, votre projet de
loi est attendu, mais pas pour les bonnes raisons. Parce qu'en plein milieu de l'année scolaire, ce que nous, on
entend sur le terrain, pour être allés un peu partout au Québec, c'est qu'on veut des services pour les
enfants, pas des jeux de structure. On veut s'assurer, là, qu'effectivement,
les enseignants, leur autonomie
professionnelle est préservée. On veut s'assurer que tous les services soient
décidés, oui, de façon locale, pas
ici, dans un complexe G, par des fonctionnaires, surtout lorsqu'on sait que,
des fois, il y a des décisions qui ne proviennent pas... qui ne rentrent
pas dans un fichier Excel.
Alors,
c'est pour ça que nous, aujourd'hui, on va faire ce qu'on a essayé de faire en
maternelle quatre ans, bonifier votre projet de loi. Mais, je vais vous le dire
très clairement, là, vous avez quand même fait un choix politique de déposer
votre projet de loi avec un agenda très
serré, et j'espère sincèrement que, lorsque vous avez fait le dépôt de votre
projet de loi, vous n'allez quand même pas nous bâillonner. Parce que
nous avons l'intention de faire un travail rigoureux.
Le
projet de loi des maternelles quatre ans, vous aviez seulement
18 articles, et on a fait un peu plus de 80 heures. Quand je regarde
l'agenda... Ça va peut-être vous faire sourire, mais on a quand même bonifié
votre projet de loi, pour vous rappeler à quel point les milieux
défavorisés, c'est important, puis les enfants handicapés aussi. Mais, ici,
quand je regarde votre projet de loi, nulle
part il n'est question de réussite éducative. Alors, oui, on va prendre notre
temps, et j'espère que vous aussi,
vous prendrez votre temps pour réaliser qu'en ce moment jouer dans les
structures, ça ne donne pas de services aux élèves. On espère aussi que
vous allez comprendre qu'en plein milieu d'année scolaire c'est important
d'avoir une certaine stabilité.
D'autre
part, je vois quand même beaucoup de femmes, énormément de femmes dans la
salle. Au même titre que le conseil municipal, une démocratie, lorsqu'on veut
la soutenir, il faut s'assurer de leur donner des moyens. Et, lorsque je
parle de femmes, je vous rappelle que, dans les commissaires scolaires élues,
elles sont majoritairement des femmes et
qu'il s'agit aussi de leur première porte d'entrée pour une démocratie dans la
politique. Et là, vous, votre réponse à ça, c'est de les abolir. Faites attention, c'est un terrain glissant. Parce
que je vous rappelle qu'au Québec il y a plusieurs maires et mairesses qui ont été élus par acclamation, et,
si on suit votre logique, il faudrait aussi les abolir parce qu'elles ne seront
pas nécessairement, comme vous dites si bien... la participation active n'est
pas au rendez-vous.
Alors, moi, je crois qu'au contraire on peut
moderniser. Si on a un problème de participation, donnons-nous des outils, que ça soit de jumeler
les élections avec le municipal, le vote électronique, et surtout donner les
outils pour avoir une démocratie qui fonctionne, et non pas tout
simplement abolir. Ça, c'est le chemin facile. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Merci, Mme la députée de Saint-Laurent.
Je regarde maintenant la députée de Sherbrooke, qui est porte-parole en éducation et en enseignement supérieur pour la
deuxième opposition. Vous avez 56 secondes, Mme la députée.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais ça
remercier les gens qui se sont déplacés vraiment nombreux avec
un très bref avis. Donc, je pense que c'est signe à quel point les gens sont
préoccupés par ce projet de loi là.
Je n'ai pas beaucoup
de temps. J'aimerais simplement dire au ministre que je trouve ça
important que les groupes qui vont
défiler devant nous soient vraiment bien entendus, en particulier quand ils vont
nous parler de ce que devraient être les
priorités en éducation, quand ils vont nous dire si, d'après eux, ce projet de loi là s'attaque aux priorités en éducation et quand ils vont nous dire ce que ce projet
de loi là fait ou ne fait pas pour la réussite éducative. Donc, j'aimerais que
le ministre y porte une attention très spéciale. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Donc, idem pour la députée de
Joliette, de la troisième
opposition, 56 secondes à vous aussi.
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon : Merci,
Mme la Présidente. Alors, à mon tour de saluer le ministre, toute sa valeureuse
équipe, mes collègues de l'opposition et
tous les groupes. Merci beaucoup de montrer autant d'intérêt pour ce projet de
loi, qui est vraiment très, très important, pas nécessairement pour les
bonnes raisons.
Et moi, je me
demande vraiment... Quand on dit que l'éducation doit être la priorité, encore
faut-il ensuite poser les bons gestes
prioritaires. Et je me demande vraiment comment de jouer dans les structures,
une mégaréforme brassage de structures,
est la chose à faire, quand ce qu'on devrait faire, c'est s'occuper de
persévérance scolaire, de réussite éducative, de valorisation de nos
enseignants, de soutien à nos tout-petits qui entrent à l'école, qui font la
transition au secondaire.
On devrait se battre pour une école qui est le
creuset de l'égalité des chances et se battre contre les deux, les trois, les quatre vitesses dans le système
d'éducation. Alors, je me demande vraiment comment on va arriver à ça et
j'espère que le ministre va être à l'écoute de tous les commentaires
qu'on va recevoir.
Auditions
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Donc, sans
plus tarder, je vais souhaiter la bienvenue aux représentants de la Fédération des commissions scolaires du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter ainsi
que les personnes qui vous accompagnent et à procéder à votre exposé. Vous avez
juste à me regarder, je vous ferai un cinq, un deux, un une, et, après
ça, je devrai mettre fin à votre exposé, même si ce n'est pas terminé, parce
que vous aurez compris que je suis la gardienne du temps. Donc, la parole est à
vous. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ)
M. Fortier (Alain) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM.
les députés, je suis Alain Fortier, le
président de la Fédération des
commissions scolaires du Québec. Je
suis accompagné de Mme Louise Lortie, la vice-présidente de la fédération, de Mme Hélène Roberge,
présidente de la commission scolaire des Patriotes, en Montérégie, de M. Gaétan
Gilbert, président de la commission scolaire de l'Or-et-des-Bois, en Abitibi-Témiscamingue, et de M. Éric Antoine, commission
scolaire au Coeur-des-Vallées, en Outaouais.
Nous allons
exprimer, aujourd'hui, nos vives préoccupations liées au projet de loi n° 40, une réforme centralisatrice et
discriminatoire envers les francophones. C'est d'ailleurs la première fois que
nous pouvons le faire. En tant que représentants de près de 700 élus scolaires de partout au Québec,
nous n'avons pas été consultés avant le dépôt du projet de loi sur la réflexion et les intentions du ministre.
Chaque jour, les médias rappellent les
différents enjeux auxquels est confronté le réseau public d'éducation : valorisation de notre personnel, pénurie de main-d'oeuvre, manque d'espace, francisation, services aux élèves à besoins
particuliers, adéquation formation-emploi, intégration du numérique, et, bien
sûr, j'en passe. Et que nous propose ce projet
de loi comme solution? Un brassage de
structures diviseur, inutile et certainement stérile. Il nous fera perdre du temps et
assurément beaucoup d'argent aux Québécois.
Rien dans le projet de loi n° 40 ne traite de ces réels enjeux de notre réseau
public d'éducation. Nous avons beau lire, relire, analyser le projet de loi en détail, nous n'arrivons pas à répondre aux questions
suivantes : À partir de quel diagnostic,
quelle analyse le ministre nous propose-t-il ce chambardement de structures?
À quels enjeux ou besoins répond-il? En quoi ces propositions
seront-elles bénéfiques pour la réussite de nos élèves?
• (14 h 20) •
Mme Lortie
(Louise) : Le ministre
parle de décentralisation, alors que, dans les faits, il s'agit, évidemment, de centralisation. Il ne transfère aucun pouvoir actuel du
conseil des commissaires vers les écoles. Quelle est la différence? Le ministre s'octroie plutôt de nouveaux pouvoirs et éteint
la voix locale des citoyens. Nous en avons déjà vu un exemple avec le projet
de loi n° 37, dans lequel le gouvernement impose des achats regroupés sans tenir compte des besoins locaux
et du développement économique des milieux.
Dans ce projet de loi ci, le ministre va jusqu'à se conférer, de façon exceptionnelle,
des pouvoirs sans limites de réglementer sur ses objectifs du projet de
loi, sans même retourner auprès des députés de l'Assemblée nationale pour modifier la Loi sur l'instruction publique. Pour faire court, le ministre
dira aux gens quoi dire, quoi faire, quoi apprendre, peu importe où
qu'ils soient, en Abitibi, à Québec, dans le Bas-du-Fleuve, en Outaouais, au
Saguenay ou encore même à Laval.
Dans le projet de loi
n° 40, le ministre s'octroie, par exemple, le pouvoir
d'exiger des regroupements de ressources et
de services avec d'autres partenaires, dont les établissements privés
d'éducation. Le ministre s'octroie aussi le pouvoir d'autoriser les travaux de construction ou de rénovation
majeurs des immeubles lorsque le coût total estimé du projet est supérieur aux montants qui seront
déterminés par lui. Et il s'octroie aussi la possibilité d'annuler toute
décision d'une commission scolaire
jusqu'au 1er mai 2020. Cette centralisation à outrance aura des impacts
néfastes sur notre réseau public d'éducation. Elle éloignera de la prise
de décision les besoins des élèves et de la communauté.
Mais
le plus préoccupant avec ce projet de loi, Mme la Présidente, c'est, bien sûr,
le recul démocratique important qu'il
fait subir à la société québécoise. Dans les faits, disons-le, le ministre de
l'Éducation souhaite se débarrasser d'un palier démocratique qu'il juge
dérangeant, un caillou dans son soulier, nous a-t-il dit. Que reproche-t-il au
modèle actuel? Pourtant, le taux de
diplomation et de qualification a progressé de 9 % au cours des huit
dernières années, et les élèves du Québec performent très bien dans les tests
internationaux. Grâce au travail de tous les acteurs, y compris des élus
scolaires, notre réseau fait des progrès, au bénéfice de toute la
société et de son développement socioéconomique et culturel.
L'ensemble
de la littérature existante affirme l'importance du maintien de la démocratie
représentative dans la gestion de notre réseau. Le ministre ne s'appuie
d'ailleurs sur aucune analyse claire faite sur la démocratie ou les modes de
gouvernance afin de proposer son nouveau modèle.
Mme Roberge
(Hélène) : L'éducation est un bien public. Elle appartient à
l'ensemble de la population. Le projet de loi remplace les élus scolaires au
suffrage universel par un conseil d'administration composé de parents membres
de conseils d'établissement, d'employés et d'une minorité de membres de la
communauté avec un profil de compétences prédéterminé.
Prédéterminé par qui? Par le ministre. Ces nouveaux administrateurs seront donc
choisis par quelques personnes. Ce
faisant, le ministre dépouille la collectivité de son influence sur le système
public d'éducation et enlève toute légitimité aux futurs centres de services scolaires, qui n'auront aucune
imputabilité face aux payeurs de taxes scolaires. Mentionnons également
la perte de liens entre les administrateurs et la communauté. Envers qui seront
redevables ces nouveaux administrateurs?
Nous
perdons aussi la vision de l'ensemble du territoire. La représentativité de
chaque quartier, de chaque milieu est,
à nos yeux, essentielle. La voix des écoles de village, par exemple, pourrait
ne pas être entendue, et cela représente un net recul pour l'équité entre les écoles du Québec. Nous avons de
nombreux exemples de petites écoles devant être fermées, si on regarde
seulement du niveau administratif, mais pour lesquelles les élus scolaires ont
pris la décision de les garder ouvertes
pour maintenir la vitalité du village. C'est cette même légitimité qui a permis
aux commissaires élus de prendre la décision de choisir l'intégration
des élèves en difficulté dans les classes régulières dans certains milieux,
notamment.
Le
modèle actuel peut-il s'améliorer? Assurément. Nous ne proposons pas le statu
quo. Notre démocratie mérite qu'on
s'y attarde pour l'améliorer, non pas pour la jeter aux poubelles. Le ministre
propose de remplacer le faible taux de participation
aux élections scolaires par un taux beaucoup plus faible, celui des assemblées
générales des établissements, défiant ainsi toutes les règles de bonne
gouvernance.
M. Fortier (Alain) : Nous dénonçons également l'aspect indéniablement
discriminatoire envers les francophones du Québec. Alors que le projet de loi permet aux anglophones d'élire la
majorité des membres de leurs futurs centres de services scolaires, ce droit est retiré aux francophones. Il retire du
même coup le droit des citoyens francophones désirant s'impliquer en
éducation de se présenter aux élections scolaires, qu'ils aient ou non des
enfants à l'école. Ce choix du ministre a
pour effet de discriminer les francophones, tant en vertu de la charte
québécoise que de la charte canadienne, et donc d'affaiblir les bases
juridiques du nouveau modèle proposé.
En résumé, Mme la
Présidente, ce projet de loi ne répond à aucun enjeu réel en éducation, mais
crée plutôt un brassage inutile de structures. Il centralise de nombreux
pouvoirs dans les mains du ministre sans octroyer de nouveaux pouvoirs aux
écoles. Il installe un climat de méfiance parmi les acteurs du réseau public
d'éducation et les dévalorise. Il retire
l'école de sa communauté et discrimine les francophones. Nous demandons donc
aux parlementaires de surseoir à son adoption.
Nous invitons le
gouvernement à voir plus loin que des préjugés, une idéologie, une promesse
électorale. Les partenaires du réseau de
l'éducation ont besoin d'être unis autour d'un même objectif, un même
objectif : la réussite et la persévérance scolaires.
Nous
recommandons, donc, de tenir une vaste consultation auprès de l'ensemble des
partenaires sur les principaux enjeux
en matière d'école, d'éducation et de gouvernance. Ceux et celles qui
travaillent fort tous les jours dans le milieu de l'éducation ont appelé, à de multiples reprises, à un exercice de
réflexion pour se doter d'une vision de notre système public
d'éducation.
Mme
la Présidente, pour une des rares fois au Québec, nous avons l'opportunité de
défendre une valeur fondatrice de notre société : la démocratie, et il n'y
a pas de petite démocratie. Alors que l'éducation à la citoyenneté représente
un des fondements de notre Programme de
formation de l'école québécoise, qu'est-ce qu'on propose plutôt, c'est un
projet qui va à l'encontre de ce
fondement-là. Et nous souhaitons sincèrement qu'il y aura énormément d'écoute
et que nous pourrons, ensemble,
travailler, tous les acteurs du réseau, à la réussite et à la persévérance de
nos jeunes et moins jeunes dans le milieu public d'éducation. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. Fortier. Donc, sans plus tarder,
nous allons débuter la période d'échange. M. le ministre, vous avez
16 minutes pour l'échange du côté du gouvernement. Allez-y.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Un petit salut spécial à Mme Roberge, qui
est la présidente de la commission scolaire
des Patriotes, qui touche mon comté. Aucun lien de parenté, mais on a quand
même travaillé des dossiers ensemble dans la région de Chambly,
Saint-Basile-le-Grand, etc.
Donc, je veux revenir
sur certains éléments que vous nous avez exposés et vous poser quelques questions.
Disons, dans la dernière année, est-ce que
vous pouvez nous nommer des gestes que le gouvernement a posés pour
faire du dépistage précoce? Est-ce que vous avez vu le gouvernement
poser des gestes pour agir tôt?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : Bien, en fait, ce que vous essayez de faire, là,
c'est d'installer les maternelles quatre ans dans
le réseau scolaire. Donc, en voulant un, si vous jugez que ça est une mesure
pour agir tôt... Ce qu'on a essayé de vous dire tout au long de ce projet
de loi là, c'est qu'agir tôt, ça
commence à zéro, et qu'on essaie d'avoir un parcours scolaire qui va
tout au long du parcours scolaire, en fait, là, en continuité, en travaillant
en collaboration avec les CPE, avec les réseaux scolaires, etc.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Oui, bien, exactement, il y a eu les maternelles quatre ans qu'on commence, là.
Il y a eu... on travaille avec le ministère de la Famille pour améliorer les collaborations
familles‑centres éducatifs à la petite enfance. Il y a le programme Agir tôt en
santé.
Ce que je voulais
illustrer avec vous, c'est que ce n'est pas parce qu'on améliore la gouvernance
scolaire qu'on s'empêche de faire de la prévention au décrochage en agissant
tôt, en faisant du dépistage, ou qu'on s'empêche de valoriser la formation professionnelle, ou qu'on s'empêche de lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre qui touche le réseau de l'éducation, hein?
• (14 h 30) •
On
a créé des parcours de formation, des passerelles, des bourses d'études. Ensuite,
on a rendu publiques de nouvelles façons d'obtenir des brevets, des tolérances d'enseignement. On a ajouté des ressources pour
les élèves EHDAA. Parce que je
partage ce constat-là, aussi : les enfants qui ont des besoins
particuliers doivent avoir davantage d'aide, là. Il y a des centaines de
professionnels de plus cette année que l'an dernier. On a rajouté des classes spécialisées.
Les commissions scolaires, je pense, en ont
ouvert. Ils étaient bien contents. En tout cas, quand je circule dans les
écoles, bien des gens sont bien contents de voir plusieurs des gestes
qui ont été posés.
Il
faut juste prendre garde d'éviter le raccourci suivant. Tantôt, quelqu'un a
dit : Pour faire court. Mais, des fois, pour faire court, on fait des
raccourcis. Et c'est un problème. Parce qu'on peut être en désaccord avec des
éléments d'un projet de loi, tout en
reconnaissant que le gouvernement a posé des gestes pour la formation de la
main-d'oeuvre, le dépistage précoce, les interventions auprès des
enfants handicapés.
Je ne pense pas que
ça soit honnête de dire qu'on ne peut pas améliorer la gouvernance parce qu'on
doit rénover des écoles. On a annoncé
2,3 milliards, et je pense que, dans toutes les commissions scolaires, ça
a été bien reçu. Et, en annonçant 2,3 milliards pour rénover nos
écoles, ça ne nous empêchait pas d'améliorer la gouvernance ou ça ne nous obligeait pas non plus à améliorer la gouvernance.
Mais ce n'est pas parce qu'on prend deux, trois, quatre décisions que
les unes s'opposent aux autres. Mais c'est un raccourci qu'on a entendu
souvent, je voulais revenir là-dessus.
Vous nous avez dit,
tout à l'heure, lors de la présentation, que la Fédération des commissions
scolaires était d'accord pour améliorer le système. Pourtant, moi, je vois la
présidente de la commission scolaire des Laurentides, Mme Johanne Hogue,
qui dit, et je la cite : «La fédération n'a pas démontré d'ouverture à
présenter un point de vue différent.»
Mme Hogue, la présidente, une commissaire de la commission scolaire des
Laurentides, nous dit : «Nous sommes d'avis qu'une nouvelle
gouvernance éducative non politique impliquant davantage des acteurs oeuvrant
directement auprès des élèves pourrait se
révéler très bénéfique.» Comment se fait-il qu'elle n'ait pas eu davantage
d'écoute au sein de la Fédération des
commissions scolaires, au point qu'elle se sente obligée de quitter la
fédération pour exprimer son désir d'améliorer le système?
M. Fortier
(Alain) : ...vous avez un long préambule. Je vais
essayer d'être un peu court. Si on veut parler de Mme Hogue, qui ne s'est pas présentée au conseil général au moment
où on essayait d'établir une position commune et donc qui a préféré rester de
côté... Et, lorsqu'elle a vu qu'elle n'a pas été invitée, elle nous a rappelés
en disant : J'aimerais bien être invitée. Et, nous, ce que nous lui
avons dit, c'est : En autant que vous adhérez à la position des
59 commissions scolaires qui sont chez nous.
Or, ce que
vous nous dites, M. le ministre, c'est que, s'il y a un groupe qui dit que
c'est une bonne idée, bien, il faudrait
peut-être faire attention, il y aura peut-être un groupe qui viendra ici pour
dire que c'est une mauvaise idée. Et là
est-ce que, des fois, un groupe, ça fait en sorte que c'est une mauvaise idée,
mais, des fois, un groupe, ça fait en sorte que c'est une bonne idée?
Là, il faut juste garder nos lignes.
Sur l'idée de la gouvernance, maintenant, où vous dites que
vous n'avez rien fait, moi, je pensais qu'on avait un projet de loi qui, à quelque part, cherchait à
améliorer la réussite et la persévérance scolaires. On ne revoit pas la
gouvernance pour revoir la
gouvernance. La gouvernance que vous proposez là ne s'appuie sur aucune étude
qui dit qu'un tel modèle de gouvernance est un modèle efficace de
gouvernance. Nous avons des recherches qui disent complètement l'inverse.
Donc,
dans ce sens-là, si on est en train de faire un brassage de structures, ce
qu'on appelle stérile et inutile, bien là,
vous avez raison d'aller de l'avant, mais, si vous croyez que vous avez, avec
votre projet de loi, aidé la réussite, la persévérance des élèves, bien,
travaillons ensemble puis travaillons à cet enjeu-là qui nous rejoint tous ici,
là.
La Présidente (Mme Thériault) : M. le
ministre.
M. Roberge :
Bien là, je trouve que ça va dans la direction de nos rencontres qu'on a déjà
eues précédemment. On s'est quand même déjà parlé, à quelques reprises, de
plusieurs sujets, évidemment, notamment de la gouvernance. Mais un des objectifs du projet de loi — il y en a plusieurs, là — c'est de dépolitiser un peu la prise de décision à l'échelle régionale. Des fois, c'est quelque chose qui nous a desservis, qui a
servi, des fois, en des batailles juridiques.
Est-ce que vous pourriez... est-ce que vous avez cette
information-là ou alors nous la fournir, dire... Vos membres, là, les commissions scolaires, dans
les cinq dernières années, est-ce qu'on sait combien ils ont engagé en frais
juridiques, outre la poursuite pour les frais chargés aux parents là?
Celle-là, là, je vais le mettre sur le compte des précédents gouvernements qui ont laissé pourrir la situation.
Mais, à part ça, est-ce que vous avez cette information-là ou est-ce que
vous pouvez la trouver? Combien d'argent a été dépensé par les commissions
scolaires en frais juridiques? Je sais qu'à English-Montréal, là, ça n'a pas
été long qu'on frôle les 400 000 $. Mais, de votre côté, est-ce que
vous le savez pour vos membres ?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier (Alain) : Peut-être de voir le lien entre les frais
qu'on engage pour des raisons juridiques... Parce que nous sommes des
organisations qui gérons à peu près 11 milliards de dollars, là. Si on
éliminait tous les frais juridiques qu'on a dans les
commissions scolaires, on serait dans le pétrin, là.
Mais il y a une chose qu'on a faite, par exemple, c'est de
la politique locale. C'est comme si vous disiez que faire de la politique, ce n'est pas bon, au Québec.
Faire de la politique locale, ça a fait que, chez Éric Antoine, de la
commission scolaire au
Coeur-des-Vallées, là, c'est lui qui a levé le drapeau en disant qu'en ce
moment, là, il y a des gens qui magasinent leurs taxes scolaires. C'est grâce à la politique scolaire d'Éric
Antoine qu'aujourd'hui vous avez pu faire, nous, ce que nous, on croyait être essentiel, un taux régional de
taxation et qui est devenu, là, par dérive de propos, là, à une taxe
uniformisée de taxation. C'est ça, faire de la politique locale.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Je vais laisser mon collègue de Richelieu prendre la relève.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député de Richelieu, la parole est à
vous. Il reste encore 8 min 25 s.
M. Émond :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M Fortier, Mme Lortie,
Mme Roberge. Heureux de vous retrouver sur cette tribune,
Mme Roberge. M. Antoine et M. Gilbert, merci beaucoup, bienvenue
parmi nous.
Je
suis heureux, comme mes collègues, de participer aux consultations
particulières de cet important projet de loi, parce que, bien entendu, Mme la Présidente, on va collaborer, on va
écouter, on va partager avec nos collègues d'en face, aussi, comme on le fait depuis le début de cette
législature-ci. On l'a fait dans d'autres projets de loi, entre autres, la
collègue l'a évoqué tantôt, le projet de loi n° 5,
sur lequel moi, j'ai senti un ministre qui a fait preuve de beaucoup d'écoute
et d'ouverture, ce qui nous a permis de bonifier le projet de loi après avoir
écouté et entendu beaucoup nos collègues.
Mais tout ça pour
vous dire que, pour avoir moi-même oeuvré... puis je suis content de participer
à cet important projet de loi là comme
adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation, mais, pour avoir oeuvré dans
le milieu de l'éducation durant quelques années, puis là ça ne me
rajeunit pas en disant ça, j'ai vécu, de l'intérieur, la fusion des commissions
scolaires de Sorel et de Tracy, en 1998, si je ne m'abuse, voilà, et qui a été
bien faite, mais qui a mené à toutes sortes de petits problèmes également. Mais
là n'est pas la nature de mon propos. Je voudrais plutôt parler de gouvernance,
Mme la Présidente. Et je ne vais pas me
diriger vers les élections scolaires ou les taux de participation faméliques,
là, mais plutôt de vous parler de...
J'aurais envie de dire : Vous savez, les centres de la petite enfance, les
CPE, on en parle beaucoup, et à raison, les cégeps, les universités, les
CIUSSS, plusieurs organisations au Québec, et ce, partout en région, sont gérées par des conseils d'administration. Et puis
j'ai l'impression, en lisant votre mémoire ou vous entendant... J'aimerais
que vous puissiez m'expliquer pour quelle
raison les commissions scolaires ne pourraient-elles pas être gouvernées, elles
aussi, par des C.A. représentés par des gens du milieu en éducation et dont
l'expertise est également reconnue.
M. Fortier
(Alain) : Je dirais bien simplement que, si on
pense que l'école publique doit être un bien commun et intéresser toute la population, ce n'est certainement pas en disant à
une partie de la population : Mêlez-vous de vos affaires si vous
n'avez pas d'enfant. D'accord?
L'autre chose que je vous dirais, c'est que le pendant d'un
cégep, qui est une bâtisse, c'est probablement une école secondaire ou une école primaire qui a aussi une
bâtisse et pour laquelle, dans ce projet de loi là, on réunit des parents, des
employés, un directeur puis un membre de la communauté comme dans les cégeps.
Une commission scolaire, ce n'est pas ça. Une commission
scolaire, c'est un regroupement d'écoles sur un territoire
pour s'assurer que toutes les personnes qui vivent sur le territoire soient
représentées et avoir son mot à dire.
Moi, je
disais, aujourd'hui, à Mario Dumont que, dans la commission scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup, il y a
Rivière-du-Loup puis 32 municipalités et puis que, dans le projet de loi,
ça se peut qu'il y ait huit personnes... en fait, 16 personnes qui
viennent de Rivière-du-Loup puis zéro d'aucune de toutes les communautés qui
l'entourent. Et la gouvernance actuelle, qui peut être améliorée par toutes
sortes de moyens, va garantir la représentativité des citoyens.
Et je
terminerais en vous disant que l'UNESCO, par ses grandes conventions
internationales, dit que le rôle des gouvernements, c'est de mobiliser la
communauté autour de l'école. Alors, moi, je m'excuse, là, mais un conseil
d'administration, ce n'est pas la même chose qu'une gouvernance de proximité.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui.
Je vais juste compléter puis rapidement, Mme la Présidente, si vous permettez,
parce que j'entends des choses
intéressantes, M. Forcier, et puis... Fortier, pardon. Et c'est vrai qu'il
doit y avoir une composition, dans des conseils d'administration, de
gens qui s'impliquent en éducation.
Puis
là j'ai le goût de vous citer — et en ouvrant les guillemets : «À l'heure
actuelle, la réalité, c'est que les parents ne s'impliquent pas beaucoup à l'intérieur de la
structure scolaire — et je referme les guillemets.» Là, moi, puis vous pourrez me corriger si je me trompe, je
vois ça un peu comme une remise en question de la capacité des parents à siéger
sur un conseil d'administration comme un manque de temps.
Tu
sais, moi et ma conjointe, avec trois enfants, j'ai siégé sur de nombreux
conseils d'administration tout en étant papa. Puis qu'est-ce que vous pourriez dire aux
parents qui siègent, actuellement, qui sont sur des conseils d'établissement, qui sont au comité de parents de leur commission scolaire, au conseil
des commissaires comme commissaire-parent, par exemple?
• (14 h 40) •
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : ...de dévaloriser
la capacité des individus à s'impliquer. Ce que les parents nous disent... Moi,
j'arrive de l'Abitibi, par exemple, là, où
les gens me disaient : Alain, il y a trois conseils d'établissement, puis
ils n'ont même pas assez de parents
pour compléter leur conseil d'établissement. Ça, c'est chez Gaétan Gilbert,
ici. Il y a des parents qui ont demandé de ne plus siéger à certains comités
parce qu'ils n'étaient pas capables de joindre les... d'être au conseil des
commissaires.
Donc, ce
qu'on vous dit, là, c'est que, si on remplace une représentativité qu'on dit de
5 % — et
nous le reconnaissons, travaillons à
l'améliorer — par
une représentativité beaucoup moins grande, en termes de proportion de gens qui
s'impliquent, c'est là que le bât blesse dans cette affaire-là.
Dernier
élément, c'est que, vous savez, si les parents veulent vraiment s'impliquer
dans la gouvernance scolaire, là, il y a une manière qui fait en sorte qu'ils
pourraient avoir les 15 sièges autour d'un conseil des commissaires :
ils ont juste à mettre leurs faces sur le poteau.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ça va? Mme la députée de...
Mme IsaBelle : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Pardon?
Mme IsaBelle : Huntingdon.
La Présidente (Mme Thériault) :
Huntingdon, oui absolument. Excusez-moi, je connais votre nom.
Mme IsaBelle : Bonjour, M. Fortier. Bonjour. Écoutez, moi,
je suis plus intéressée par la formation parce que, dans le projet de
loi, les membres du C.A. et du conseil d'établissement vont recevoir des
formations. Alors, j'ai comme deux petites
questions. Est-ce que vous savez, vous, en tant que fédération, s'il y avait
des commissions scolaires qui offraient des formations aux commissaires? Et, si oui ou non, bon, bien, me le
dire. Et puis comment vous voyez, dans notre projet de loi, cette
obligation-là de formation? Trouvez-vous que c'est bon, comme projet?
M. Fortier
(Alain) : En fait, vous
parlez à un gars, tu sais, qui a quand même un doctorat en éducation, donc qui
croit beaucoup, beaucoup, beaucoup à la formation initiale et continue. Toutes
les commissions scolaires, en tout cas, ont toujours eu l'avantage de s'assurer
que leurs élus scolaires soient formés le mieux possible. Donc à votre
question : Croyez-vous à la formation?, bien sûr. Je pense que vous
êtes...
Mme IsaBelle : Et il se fait de
la formation.
M. Fortier
(Alain) : Et il se fait de
la formation. La fédération offre énormément de formation aux élus scolaires.
Les commissions scolaires elles-mêmes font
de la formation. La question n'est pas là. La question est de savoir où est-ce
que chaque groupe est rendu. Et il faut quand même se poser la question :
En quoi une formation uniformisée va tenir compte
de l'expertise de chacun ou de la nouveauté des autres? Et pourquoi ne pas se
fier sur le pouvoir local, les gens dans l'action, comme les enseignants vous le disent, d'ailleurs, d'être
capable de dire : Nous, la formation dont on a besoin, en ce moment, c'est celle-ci, et de les laisser se
donner un temps de formation? Qu'on oblige la formation, il n'y a pas de
problème, on est en faveur de la formation. Qu'elle vienne de Québec,
c'est là, la question. C'est là, le problème...
Mme IsaBelle : Mais pourquoi
vous dites qu'elle serait... Je peux y aller?
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui, excusez.
Mme IsaBelle : Pourquoi vous dites qu'elle serait uniformisée?
Il va y avoir une base offerte par le ministère, mais, par la suite, la
commission... enfin, le centre de services pourra...
Des voix :
...
Mme
IsaBelle : ... — excusez,
hein? — pourra,
par la suite, l'adapter à son milieu. Pourquoi vous dites qu'elle serait
uniformisée?
M. Fortier (Alain) : Bien, simplement, quand on lit un projet de loi,
là, formation qui sera «élaborée par le ministre»... Moi, si vous me dites : Il y aura de la
formation et chacun des gouvernements locaux pourra se donner son projet de
formation et de développement professionnel, on achète, là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Il reste à peine 12 secondes... 15 secondes. Question rapide?
Non? O.K. Là, je vais juste vous rappeler les
règles, s'il vous plaît, parce qu'on a des gens qui vont écrire vos propos et
savoir qui a prononcé quelles paroles, évidemment. Donc, je vous demande
d'attendre que je vous reconnaisse. Et, quand il y a un échange, j'essaie de ne pas intervenir, sauf qu'il faut attendre au
moins que je vous reconnaisse. Donc, regardez-moi, je vous redonnerai la
parole une autre fois. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté de
l'opposition officielle, avec Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je vous regardais. Bonjour. Premièrement, merci
d'être présent. Ma première question, d'emblée : Est-ce que vous avez
trouvé, finalement, dans le projet de loi, qui est assez costaud, comment on
fait pour améliorer le sort des élèves, la réussite éducative? J'ai
cherché.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : Comme vous l'avez vu, là, entendu dans ma...
La Présidente
(Mme Thériault) : ...
M. Fortier (Alain) : Oui? On va se demander si on... Comme vous l'avez
entendu dans ma présentation, nous, on a beau le lire et le relire, là...
D'ailleurs, la réponse de M. le
ministre, c'est : On a fait plein de choses à l'extérieur. Mais, dans
ce projet de loi là, là, en tout cas, il ne semble pas y avoir grand-chose.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Vous avez sûrement lu, comme nous tous au Québec, que nos jeunes enfants
souffrent de plus en plus tôt de détresse
psychologique. En quoi le projet de loi n° 40 fait en sorte qu'on
peut aider, outiller non seulement
les élèves, les enseignants, mais tous ceux qui sont dans le réseau de
l'éducation?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : Bien, j'allais dire : Je pense que votre
question est synonyme de la première, là.
Mme Rizqy :
Donc, en rien?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Rizqy : Vous avez aussi remarqué qu'il y a d'autres
priorités. J'entends souvent des parents nous parler de l'obsession des
enfants pour leur écran tactile, que ça devient vraiment un gros problème.
Est-ce que ça, en priorité... Est-ce que
jouer dans les structures ou s'attaquer à ce fléau... pour vous, laquelle
serait la plus grande priorité des Québécois que vous entendez d'Abitibi
à Rimouski?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : ...indépendant, là, d'une firme — je ne
sais pas si je peux la nommer, bref, je ne connais pas la règle ici, mais bref — et
sur l'amélioration de la gouvernance, là, sur les 12 qui avaient été mises de
l'avant, venait, juste un petit peu avant : s'occuper des élèves
doués, mais était, je pense, si je me souviens bien, 11e sur les 12 ou 10e sur les 12 priorités, la première étant, bien sûr,
de s'occuper des élèves, des besoins, des... là, je n'ai pas l'ordre par coeur,
mais tout ce qu'en fait tous les journaux
relatent et rappellent, à quel point le réseau public de l'éducation a de très,
très grands défis, là. Jamais, en
tout cas, ce défi de gouvernance, là, n'était une priorité pour à la fois les
Québécois, mais aussi, là, le réseau public de l'éducation.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci. J'aimerais demander à Mme Roberge
quelle est sa relation avec le ministre de l'Éducation à titre d'élue? À titre d'élue, là, vous, quand il
y a une problématique, est-ce que c'est vous qui êtes imputable puis qui
appelez au bureau du député? Puis,
par la suite, lorsqu'il n'y aura plus de commission scolaire, bien, qui, qui va
prendre le téléphone pour appeler le député?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Roberge.
Mme Roberge (Hélène) : Merci.
Effectivement, nous avons eu quelques rencontres pour des dossiers qui
concernent la commission scolaire des Patriotes, notamment quand c'est des
demandes d'ajout d'espace, par exemple. On a également rencontré le ministre
pour lui parler de notre modèle, à la commission scolaire, de fonctionnement
très décentralisé et de quelle façon notre
gouvernance était une bonne gouvernance. Et, lors de cette rencontre-là,
c'était quelques jours après que M. le ministre avait mentionné, dans une entrevue, quelque chose par rapport à la
mauvaise gouvernance des commissions
scolaires, que c'était préférable de le changer, de le modifier. Et je lui
avais dit que j'avais trouvé — il
s'en rappellera sans doute — blessants
ses propos. Parce que nous avons une bonne gouvernance, comme la grande
majorité des commissions scolaires, ce qu'il avait reconnu, en
disant : Parfois, les mots dépassent notre pensée.
Oui, il y a
des exemples où on voit dans les médias qu'il y a des gouvernances de certaines
commissions scolaires qui seraient remises
en question. Je n'ai pas la teneur des rapports, etc. Mais, si on va dans ce
sens-là, on pourrait faire la même
chose pour le milieu municipal. Il y a eu la commission Charbonneau, il y a eu
des commissions... des municipalités avec
des difficultés, il y a des municipalités en tutelle, notamment, même sur le
territoire de la circonscription de M. Roberge, avec Chambly, et il n'y a personne qui pense que
ça serait une bonne idée de remettre en question la démocratie municipale,
de remettre en question les élus municipaux. Pourquoi on fait ce parallèle-là
en éducation? À mon sens, il n'y a aucune raison
de faire ça. La politique, c'est bon aussi pour l'éducation, c'est notre bien
public, comme je disais tout à l'heure, et ça appartient à tout le
monde.
Mme Rizqy : Parfait. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Le nombre de rencontres du conseil
d'administration avec les parents, est-ce que ça, c'est réaliste?
La Présidente (Mme Thériault) :
Madame...
M. Fortier
(Alain) : Peut-être que je
permettrais, si vous le permettez, Mme
la Présidente, de laisser la présidente de la commission scolaire de
Laval répondre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. Mme Lortie.
Mme Lortie
(Louise) : Oui. Juste pour
vous dire, là, par rapport au comité exécutif, comité qu'on abolit dans la loi,
dans le projet de loi, chez nous, à Laval, l'année dernière, on a eu
29 rencontres, c'est des rencontres où on donne des contrats de 100 000 $ et plus. On a eu
29 rencontres. Ça, on ne parle que de l'exécutif. Conseil des
commissaires, 31 rencontres. Cette
année, là, depuis le début de l'année scolaire, on a eu sept rencontres de
comité exécutif pour donner, là, près de 30 millions de contrats. Il faut les vérifier, ces
contrats-là, on a un pouvoir là-dessus, mais aussi une responsabilité — merci. Et on se dit que, s'il y a juste 10 rencontres, comme
le ministre le dit présentement, bien, il y aura sûrement moins de décisions
qui seront prises par le conseil
d'administration. Moins de décisions au conseil d'administration, ça veut dire
plus de pouvoir au directeur général
ou dans l'organisation, ce qui fait en sorte que ce qui sera décidé au conseil
d'administration va être obligé
d'être beaucoup moins de portée. Et, à ce moment-là, bien, on se questionne. Il
y a la centralisation, mais il y a aussi le pouvoir donné à
l'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
• (14 h 50) •
Mme Rizqy : Donc, tantôt,
lorsque le député de Richelieu parlait du temps consacré avec sa femme pour
aller à certaines rencontres, on était loin
de... Parce qu'en fait, dans la réalité, c'est quand même une trentaine de
rencontres au minimum, où est-ce
qu'il y a aussi des contrats à vérifier. Puis, quand même, vous, non seulement
votre tête... bien, votre face est sur le poteau, mais vous êtes aussi
la personne imputable, en fin de journée, non?
Mme Lortie (Louise) :
Bien, je suis imputable et je suis aussi...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lortie.
Mme Lortie (Louise) :
Pardon, Mme la Présidente. Je suis imputable, mais je suis aussi la
représentante des citoyens. Je suis la
représentante de chaque quartier de Laval où il y a des commissaires qui
représentent tous les quartiers défavorisés,
plus favorisés, allophones, plus francophones — quoiqu'à Laval il y en a de moins en moins. Mais ce que je vous dirais, c'est que ce
travail-là, qui est extrêmement important, qui s'ajoute, évidemment, aux
réunions... Mais, si on veut ramener
les besoins de nos quartiers, on a de besoin d'avoir quelqu'un qui fasse ça,
et, dans le projet de loi, cet article-là est enlevé sur... dans le fond,
d'informer le conseil d'administration des besoins, des attentes de la
population, c'est rayé de la carte.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Rizqy :
Mme Lortie, vous, ça fait combien d'années que vous êtes commissaire
puis présidente ?
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme Lortie.
Mme Lortie
(Louise) : Merci. Je suis commissaire depuis 2003, je suis présidente
depuis 10 ans.
Mme Rizqy :
Belle continuité!
Une
voix : ...
Mme Lortie
(Louise) : 11 ans.
Mme Rizqy : Donc, ici, c'est une question
de... une belle continuité. Et j'ai fait quand même le tour de plusieurs commissions scolaires, puis on voit
que, oui, il y a du renouvellement, mais il y a une certaine continuité puis un
passage de savoir entre les
différents commissaires qui vont se succéder. Mais, quand je regarde la
participation des parents dans les conseils d'établissement, je note, dans
différentes commissions scolaires, que le taux de participation est non
seulement très faible, mais que le
renouvellement d'un mandat est autour de 50 %. Est-ce que là, ici, on a
même un défi de continuité pour la prise de décision et de bonne
gestion, de gouvernance ?
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme Lortie, allez-y.
Mme Lortie
(Louise) : Oui. Effectivement, il y a une problématique à ce
niveau-là. Je vous dirais qu'il y a les conseils
d'établissement, le comité de parents, aussi, auquel on donne un pouvoir par
rapport aux frais chargés aux parents. 50 %
des membres chez nous — je ne peux pas parler pour
les autres — sont nouveaux cette année, donc connaissent à peine les pouvoirs du
comité de parents, dans le fond, les fonctions du comité de parents.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et j'ai Mme Roberge qui veut
ajouter.
Mme Roberge (Hélène) : ...participation aux
assemblées générales de parents, à la commission scolaire des Patriotes, pour les assemblées générales de
cette année, il y avait environ 3,4 % des parents
qui se sont présentés dans les assemblées générales. Et, si on rapporte ça en
termes d'électeurs, c'est moins de 1 %
des électeurs, à ce
moment-là. Si je regarde une école secondaire, à Chambly
par exemple, où il y a 693 élèves, il y avait 11 parents dans la
salle.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée, il vous reste un
petit peu plus que deux minutes.
Mme Rizqy :
Ah! Moi, j'ai trois minutes à mon cadran.
La
Présidente (Mme Thériault) : 2 min 20 s.
Mme Rizqy : D'accord. Tantôt,
Mme Lortie, vous avez parlé que, vous, votre rôle, puis c'est le rôle de
tous les commissaires
ici, c'est d'avoir un recul pour avoir cette vue d'ensemble de tout votre
réseau. J'ai fait différentes régions dans ma tournée pour rencontrer
différents commissaires — étant donné qu'on aura un
temps très raccourci pour pouvoir bien vous
entendre — et ils me disaient que... des parents qui vont être sur un conseil
d'établissement, s'ils vont à la réunion, qui va être autour du début du mois de septembre, pour
être nommés au conseil d'établissement. Par la suite, ceux-là vont aller
au conseil d'administration... Mais qui va s'assurer, là-dedans, de la représentativité
de toutes les régions et de tous les
milieux ? Parce que, là, si je comprends bien, on pourrait avoir tous les
parents de la même école qui vont être sur le conseil d'administration.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier (Alain) : Oui. J'allais dire : C'est un peu
l'exemple que je vous donnais tout à l'heure, là, dans le sens... de Rivière-du-Loup et... Kamouraska—Rivière-du-Loup, où il y a
32 municipalités, et Rivière-du-Loup où, tu sais, il y a une grosse école secondaire, trois
ou quatre écoles primaires. Donc, les parents pourraient... les parents, mais
même les employés, enfin bref, tout
le monde pourrait venir de Rivière-du-Loup, dans ce conseil-là, et les
32 municipalités n'auraient aucune représentation. Probablement que
M. Gilbert peut donner aussi l'exemple de la réalité de l'Abitibi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Certainement. M. Gilbert.
M. Gilbert
(Gaétan) : Merci. En
fait, Mme la Présidente, je ne sais pas à qui parlait M. Roberge quand il
disait que toutes les personnes qu'il a rencontrées
étaient en faveur d'enlever la démocratie scolaire, entre autres. Parce que,
chez nous, en Abitibi,
et là je ne parle pas juste de ma commission scolaire, je parle de toute
l'Abitibi, toutes les personnes que j'ai rencontrées, et j'en ai rencontré
plusieurs, à partir du moment où je leur ai expliqué ce qu'on faisait, il n'y a
pas personne qui m'a dit qu'on était
inutile, il n'y a pas personne qui a dit qu'on ne devrait plus avoir d'élection
scolaire. Au contraire, on a des
résolutions de chambres de commerce, des municipalités, des préfets, des
maires, des parents qui disent qu'on devrait garder le modèle actuel.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Il vous reste 20 secondes.
Mme Rizqy :
...rapidement. Qu'est-ce que vous pensez, dans le projet de loi, comme quoi les
nouveaux centres de services vont devoir donner des
services au privé?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Fortier, en
15 secondes.
M. Fortier
(Alain) : Bien, je
ne sais pas sous quelle forme ça peut prendre, là. Mais est-ce que c'est une
nouvelle manière de financer plus l'école privée? Je ne le sais pas, là, mais
ça reste à voir. Nous, on a été très, très étonnés. Puis ça démontre, encore une fois, l'idée
centralisatrice, c'est-à-dire que ça veut dire que le ministre peut forcer le
partenariat, sans vraiment savoir les
tenants et aboutissants, là, de
ça. Mais, en même temps, je vous dirais qu'il y a au-dessus de
1 500 partenariats, dans l'ensemble des commissions scolaires, qui
sont faits sur la base d'une bonne entente et d'une bonne collaboration.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange. Donc, Mme la députée de Sherbrooke,
la parole est à vous pour 2 min 40 s, en échange avec la
commission... la fédération, pardon.
Mme Labrie : Merci. Merci.
J'aimerais ça vous entendre. Il a été nommé, tout à l'heure, qu'il était
question d'éliminer des acteurs politiques,
hein, avec l'élimination de commissions scolaires. Le ministre voit ça comme
une bonne chose. Vous, d'après vous,
est-ce que c'est une bonne chose d'éliminer des acteurs politiques dans les
régions du Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien là, j'ai juste le goût de dire : Bien, si on élimine... si c'est une
bonne chose d'éliminer les acteurs
politiques, bien, on s'en va, tout le monde, chacun chez nous puis on écoute la
game de hockey ce soir, là. Je veux
dire, on est tous des politiciens. Il y a des politiciens dans toutes les
municipalités du Québec. La loi des municipalités dit que, du moment
qu'il y a une municipalité, il y a au moins sept élus. Qu'il y ait
122 personnes, ça prend sept élus. Donc,
à quelque part, au Québec, on valorise la voie politique. Et une société se
structure autour de ses politiques, ça ne se structure pas autour de celui qui crie le plus fort, hein? On peut avoir
des manifestations puis revendiquer un enjeu, mais il vient à un moment
donné où il faut s'arrêter puis établir les politiques pour structurer la
société. Moi, je pense qu'au contraire il
n'y a pas assez de politique, au Québec, et de la politique qui sert l'intérêt
de tout le monde et non pas de la politique de parti.
Mme Labrie : Qui pourra jouer le rôle de défendre un enjeu
politique, par exemple, pour une fermeture d'école ou quoi que ce soit,
un enjeu régional, par rapport à notre réseau d'éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, la question, elle est bonne, dépendamment si les gens qui sont autour du
conseil d'administration viendront d'écoles dans le pétrin. Mais moi, je
m'amuse, là, avec Kamouraska—Rivière-du-Loup,
et les 32 villages, là, et les petites
écoles où il y aura 32 élèves. Vous savez que Ginette Côté, de la
commission scolaire de l'Estuaire, a
décidé de maintenir une école de six élèves ouverte parce qu'elle a écouté sa
population? Pensez-vous que la population
de l'école de six élèves, là, aurait été au centre de l'administration puis
aurait dit : Oui, c'est vrai que ça coûte cher, mais, à quelque part, il y a la vitalité du village? On n'a aucune
idée de ça. Et c'est ça qu'on essaie de dire ici. La force du système actuel, c'est la représentativité
citoyenne équitable de tous les territoires du Québec au sein d'organismes
locaux décisionnels pour l'avenir du Québec.
Mme Labrie : Je vais y aller
avec une dernière question. Le ministre présente sa réforme comme une réduction
de la bureaucratie. Est-ce que vous pensez
que ça va être le cas ou c'est simplement un prétexte pour essayer de vendre sa
réforme?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 30 secondes, M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, politique égale bureaucratie. C'est quand même assez étonnant, là. Mais,
en même temps, puis je pense que le ministre
nous l'a dit tout à l'heure, là, ça fait déjà six mois ou je ne sais pas... où
toute l'équipe gouvernementale travaille à l'élaboration de ça. Bien,
déjà là, il y a une augmentation du travail bureaucratique, là. Et, avec les
pouvoirs qu'il se donne, bien, il va falloir faire tous ces suivis-là. Avec la
reddition de comptes qu'il augmente, passant de 25 000 $ à
10 000 $, puis avec le projet de loi n° 37, on va continuer à
augmenter la bureaucratie. Moi, je m'excuse, là, mais on n'est vraiment pas en train
de diminuer la bureaucratie, au contraire, on diminue la voix des citoyens,
la voix locale. C'est ça qu'on est en train de faire.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. Fortier. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté
de la députée de Joliette, pour 2 min 40 s, vous aussi,
en temps d'échange.
Mme Hivon : Merci,
Mme la Présidente. Donc, évidemment,
j'ai plusieurs questions pour vous. Mais je voulais juste faire un petit
commentaire.
On a tous dit, dans nos remarques introductives,
qu'on espérait que le ministre ait de l'ouverture, une ouverture au dialogue. Puis je dois vous dire que j'ai été
assez mal à l'aise par la teneur des échanges tout à l'heure. Je ne pense pas
que le but, aujourd'hui, c'est de prendre en défaut des gens que le ministre...
dont le ministre souhaite abolir les postes. Je pense qu'on devrait plutôt bénéficier de leur expertise. On peut
comprendre qu'il y a une certaine émotivité, un engagement, une passion quand ils font leurs représentations.
Mais moi, j'aimerais ça qu'on puisse bénéficier de leur expertise, parce
que c'est eux qui sont sur le terrain depuis des dizaines d'années. Donc,
voilà.
Ceci étant
dit, je voulais voir... tantôt, vous avez dit... Sur toute la question de la
centralisation et de la décentralisation, il y a beaucoup de discours, je dirais, divergents. Le ministre nous dit
que c'est un exercice extraordinaire de décentralisation. Ce qu'on
entend, notamment, dans les régions, c'est une très, très grande crainte de
centralisation : Abitibi, toutes les régions
sont concernées, mais, souvent, les régions éloignées encore plus. Donc, quand
vous avez dit tantôt que vous ne voyez aucun pouvoir qui était
réellement transféré des commissaires aux écoles, alors que le ministre nous
dit qu'il va y avoir beaucoup plus
d'autonomie pour les écoles, est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu
pourquoi vous estimez que ce discours-là ne colle pas à la réalité du
projet de loi?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez 1 min 15 s pour le faire, M. Fortier.
• (15 heures) •
M. Fortier
(Alain) : Je vais essayer
d'être court. D'abord, au point de
vue projet de loi, on a de la misère
à voir où est-ce que les écoles ont plus de pouvoir... ont plus de
responsabilités, par exemple. Les écoles vont devoir faire la promotion de l'école publique. Tout à coup, là,
une des responsabilités supplémentaires du conseil d'établissement, ça va
être de faire la promotion de l'école publique, là, hein? Mais, à part de ça,
en termes de pouvoirs, là, on n'en voit pas.
Mme Hivon : Quand le ministre dit, par exemple : Le
projet pédagogique, tout ça, c'est les écoles qui vont décider ça seules
maintenant, est-ce que c'est vrai? Et, deux, c'est quoi, les impacts de ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, ça, c'est assez comique, parce que, bien sûr, ce sont les conseils d'établissement
en ce moment qui adoptent, là, le projet éducatif, comme les règles sur
l'intimidation. Bref, hein, l'école elle-même adopte beaucoup d'affaires. Ce qu'on voit, dans le projet de loi, qui change,
là, c'est le approuve-adopte, c'est-à-dire qu'en ce moment l'administration, la
direction d'école, l'équipe-école présentent quelque chose au conseil
d'établissement, puis ils disent oui
ou non, bien, maintenant, ils vont pouvoir discuter sur place et dire oui.
C'est la seule différence qu'on a vue.
Mme Hivon : O.K.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il reste cinq secondes, rapidement.
Mme Hivon : Merci
beaucoup.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je suis désolée. Je suis la gardienne du temps, vous l'aurez compris.
Je vous remercie, les gens qui vous accompagnaient, M. Fortier.
Nous allons suspendre quelques instants pour
permettre le changement de groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 01)
(Reprise à 15 h 05)
1355
<R>La Présidente
(Mme Thériault) : Donc,
nous allons reprendre nos travaux et nous accueillons, cette fois, l'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec. Donc, je vais vous inviter à vous présenter, et, par la
suite, vous aurez un 10 minutes pour votre exposé. Merci.
Association des commissions
scolaires
anglophones du Québec (ACSAQ)
M. Lamoureux
(Dan) : Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, nous vous remercions de nous entendre sur le projet de loi
n° 40.
I am Dan
Lamoureux, president of Québec English School Boards Association and chairman
of the Riverside School Board. I am accompanied this afternoon by QESBA
vice-president, Noel Burke, Central Québec School Board chairperson, Stephen Burke — and
no relationship — our executive director, Russell
Copeman, and Kim Hamilton, director of communication
and special projects.
The Québec English School
Boards Association has always been guided by the imperative that all
legislation concerning education in Québec
must first and foremost contribute to student success and, secondly, be
effective and efficient in setting
out the framework by which our education system ensures that it succeeds. QESBA
analysis of Bill 40 considers the
additional imperative for the English language minority in Québec that the positive
obligations imposed on the Government of
Québec by section 23 of the Canadian Charter of Rights and Freedoms, as
interpreted by various judgments of the Supreme Court of Canada, be
respected.
M.
Burke (Noel) : Bill 40 represents the most significant school
governance change since the creation of linguistic school boards 20 years ago. It will necessarily
impose disruptive structural changes on the Québec public school system that
is currently the envy of many OECD countries. This legislation needs to be very
deliberately studied, and its impacts carefully evaluated from the perspective
of student success.
The conclusions listed in this
brief are based on a detailed analysis of the bill, viewed through the
all-important lens of student success, and
on our community's right to control and manage our educational institutions.
The burden is on the Government of
Québec to demonstrate through evidence-based public policy analysis how Bill 40
will contribute to student success or
increase it. In our estimation, it has not adequately done so, and there in
fact exists research contrary to this theory.
Tout en reconnaissant que le gouvernement du
Québec a fait un effort pour répondre à la situation particulière de la communauté anglophone du Québec, le projet de
loi n° 40, dans sa forme actuelle, limite des droits constitutionnels de
notre communauté de gérer et de contrôler notre système scolaire.
M. Copeman
(Russell) : Le projet de loi n° 40 confère également au ministre
de l'Éducation le pouvoir d'intervenir et
d'exercer un degré de contrôle important sur les centres de services scolaires.
Nous estimons que les modifications prévues au projet de loi portent
atteinte à l'indépendance et à l'autonomie des futurs centres de services.
Le projet de
loi crée, pour les centres de services anglophones, une structure de
gouvernance et un processus électoral complexes, déroutants, compliqués
et difficiles à mettre en oeuvre.
Compte tenu
de la portée des changements que le projet de loi n° 40 entraîne dans le
système d'éducation public au Québec, il est très inquiétant que le nouveau
modèle structurel et organisationnel proposé dans le projet de loi n'a
pas été précédé par des consultations et des
discussions publiques exhaustives à l'échelle du Québec. De notre avis, un
dialogue constructif entre le gouvernement et toutes les parties
intéressées de la société civile, tel qu'un processus d'états généraux ou un processus de livre vert, aurait eu
une meilleure chance de produire le consensus public très large, consensus
nécessaire pour modifier des institutions
vouées à l'éducation de la ressource la plus précieuse dont notre société
dispose : la jeunesse du Québec.
Notre
association déplore que le gouvernement propose de supprimer un niveau de
démocratie locale en éliminant les élections au suffrage universel pour
les commissions scolaires francophones du Québec. Les élections au suffrage universel représentent le processus démocratique
le plus légitime qui soit. Elles assurent l'apport des citoyens et l'obligation
de rendre des comptes en ce qui concerne la gestion des deniers publics. Elles
garantissent l'inclusion, l'identité et la réactivité au niveau communautaire. Elles renforcent aussi le lien
critique entre notre système d'éducation et les communautés locales.
• (15 h 10) •
Par ailleurs, tout comme nos collègues de la
Fédération des commissions scolaires du Québec, nous n'avons vu aucune analyse comparative fondée sur des
données probantes démontrant que le modèle de gouvernance proposé dans
le projet de loi n° 40 améliorera la réussite scolaire. À l'ère de la
politique publique basée sur la rigueur, cette absence d'étude et d'analyse probante est une importante lacune dans la réforme
du gouvernement, une lacune qui remet en cause la justification sous-jacente
du projet de loi.
En ce qui
concerne la situation particulière de la communauté anglophone,
l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés exige que les commissions scolaires anglophones
soient contrôlées et gérées par la minorité anglophone du Québec
qu'elles desservent. Dans des décisions successives de la Cour suprême du
Canada, les francophones hors Québec ont
fait valoir avec succès leurs droits prévus à l'article 23 d'avoir des
écoles et des commissions scolaires uniques et autonomes au service de
la langue et de la culture française, la langue de la minorité à l'extérieur du
Québec. Ces décisions s'appliquent aux
écoles publiques anglophones du Québec et à leurs parents, élèves et
communautés avec autant de vigueur. La décision historique de la Cour suprême
Mahe contre Alberta, en 1990, et des décisions subséquentes de la cour précisent ceci de façon instructive. Vous
avez certains détails de la décision Mahe dans notre mémoire, que vous avez
soit en main ou soit sous les yeux.
Étant donné que ni la nécessité de changements
en profondeur de la gouvernance scolaire ni les améliorations à la réussite
scolaire qui découleront du modèle proposé n'ont été démontrées de manière
convaincante, le projet de loi n° 40
devrait être retiré dans l'attente d'un processus d'états généraux de notre
système d'éducation, y compris la réforme de sa gouvernance.
Advenant que
le gouvernement décide d'aller de l'avant avec le projet de loi et compte tenu
du fait que, dans sa forme actuelle, il impose des limites aux droits
constitutionnels de la communauté anglophone de contrôler et gérer notre système
scolaire, nous demandons que les commissions scolaires anglophones soient
accordées la même exemption générale des dispositions de la loi que celle accordée à la commission
scolaire crie et à la commission scolaire Kativik au Nunavik. Cette
exemption représente également l'approche qu'ont adoptée les provinces de la
Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard
et le territoire du Yukon pour les conseils et les commissions scolaires
francophones et acadiennes de la minorité linguistique, lorsqu'ils ont
entrepris une réforme de la gouvernance.
Si le gouvernement et l'Assemblée nationale
rejettent l'exemption des commissions scolaires anglophones du projet de loi n° 40, les modifications
énumérées dans notre mémoire s'imposent afin de réduire le préjudice causé par
le modèle de gouvernance proposé dans le projet de loi et afin que
celui-ci puisse minimalement fonctionner.
L'Association
des commissions scolaires anglophones du Québec est convaincue que le
gouvernement du Québec fait fausse
route avec le projet de loi n° 40. Nous n'avons vu aucune preuve
convaincante que le projet de loi améliorera la réussite scolaire. Il n'a pas fait l'objet d'un large soutien de la part
des partenaires éducatifs. Selon un récent sondage, les Québécois ne considèrent pas la réforme
structurelle comme une priorité en matière d'éducation. Ce projet de loi
plongera le système scolaire du
Québec dans les années de modifications structurelles, nous détournant ainsi de
notre mission première d'éduquer nos élèves.
Deux récents
sondages effectués par la firme Léger ont confirmé que les Québécois
anglophones sont fortement attachés à leurs commissions scolaires et
qu'ils leur font confiance pour défendre les intérêts de notre communauté. Nous vous rappelons également que le taux de
réussite scolaire des commissions scolaires anglophones dépasse ceux de
la moyenne québécoise. Comme le dit le vieil
adage, qui se dit mieux peut-être en anglais : «If it isn't broke, don't
fix it.»
Nous estimons
que, tel qu'élaboré, et en dépit des efforts du gouvernement d'écouter nos
préoccupations, le projet de loi
n° 40 représente une limitation des droits constitutionnels de contrôle et
de gestion de notre communauté. Le projet de loi devrait être retiré, et
le gouvernement devrait revenir à la case zéro.
M. Lamoureux
(Dan) : In conclusion, judged by student
results, English school boards are... success story. (Interruption)
M. Burke
(Noel) : ...a success story — his
voice is going... We should be focussing on how to make school boards better,
not on what replacement models should be imposed on our community. The
Government should work together with school boards, and other stakeholders, and the
community at large to strengthen the current system for the benefit of our
students. We are willing to be part of this process and we hope the Government
will be as well. «Merci.» Thank you.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, nous avons reconnu un
ancien collègue à l'Assemblée
nationale, qui a siégé ici de 1994 à 2008. Donc, M. Copeman, ancien
député de Notre-Dame-de-Grâce, bienvenue à l'Assemblée nationale. Sans plus tarder, je vais céder la parole au ministre pour son bloc d'échange de, toujours,
16 minutes. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Merci de votre présentation posée, mesurée. On a eu
l'occasion, dans les derniers mois, soit face à face ou avec des membres de
cabinet, d'échanger ensemble sur les principes de ce projet de loi, sur ce qu'on voulait faire. On s'est parfois
colletaillé un petit peu sur les principes, mais je pense qu'on a quand même
montré, du côté du gouvernement, qu'il y avait définitivement une ouverture
pour tenir compte du droit constitutionnel, mais,
plus que ça, je pense, pour montrer le respect qu'on a pour l'importance
qu'accorde la communauté anglophone à la gestion et au contrôle.
Ensuite, on peut rester, à la fin, avec des
désaccords sur le détail, mais je pense quand même que, en tout cas, de notre côté, on a apprécié le ton, à chaque
fois, de ces rencontres. Je pense qu'on a démontré aussi notre bonne foi puis
notre désir de respecter les droits
constitutionnels, mais, plus que ça, de respecter la volonté, parce qu'on est
convaincus, en fait, on est
convaincus que peut-être que ça aurait été testé devant les tribunaux, mais
qu'à terme on aurait respecté le droit des parents de gérer et contrôler leur
réseau scolaire, parce que notre interprétation de l'article 23 de la
Constitution, c'est bien que ce sont les parents qui ont le contrôle,
qui doivent avoir le contrôle et la gestion de leur réseau scolaire.
Maintenant, en maintenant le suffrage universel
pour élire les parents et les membres de la communauté, donc tout le monde peut
choisir ces gens-là, des parents et des non-parents peuvent voter pour des
parents et des non-parents. Il me semble que
ça montre bien qu'on a tenu compte... même si, comme je dis, à la fin, à la
toute fin, peut-être qu'on ne s'entend
pas dans le fin détail, mais je pense que, sur le principe, on a toujours été
courtois et de bonne foi des deux côtés, je veux le souligner, c'est
important de le dire.
Un des
éléments qui revient souvent, quand on regarde la littérature, c'est
l'importance du lien entre l'élève et l'adulte. Et je fais... je change de
sujet, parce que je reviens aux fondements derrière le projet de loi, puis des
gens disent : Ah! pourquoi ça améliorerait la réussite des élèves de
revoir la gouvernance? Je pense que de reconnaître ce que disent beaucoup les sciences de l'éducation, c'est de
voir que le lien élève... pas seulement les tout-petits, là, les élèves, autant
les tout-petits, les adolescents, les
adultes en centre de formation professionnelle, le lien élève-adulte est
primordial, et donc les adultes qui ont ce lien-là doivent, il me
semble, être impliqués dans la prise de décision.
En ce moment,
sur les conseils des commissaires, il y a bien souvent des parents, mais
évidemment il n'y a pas de membre du personnel qui siège au conseil des
commissaires à ce moment-ci. Est-ce que vous ne pensez pas que ça serait
un écho à ce que dit la littérature, d'abord, d'avoir des gens qui ont ces
liens-là avec les élèves, qui les amènent à
réussir, sur le C.A., ça aiderait à prendre des décisions qui sont plus
éclairées de manière pédagogique, mais aussi que ça serait une formidable valorisation du rôle de la direction d'école,
des enseignants, du personnel de soutien, du personnel professionnel, les impliquer maintenant au conseil
d'administration, ça ne serait pas de reconnaître, justement, l'importance
qu'ils ont? Est-ce que c'est une ouverture que vous avez d'avoir des membres
sur le C.A. qui, tous les jours, ont ce lien avec les élèves?
M. Lamoureux
(Dan) : Pour moi... je vais commencer, mais, pour moi, c'est vraiment
dur, parce qu'on trouve, dans nos
communautés... c'est vraiment les gens qui aident les écoles. Ils sont dans les
écoles, ils travaillent avec les enfants, ils travaillent pour les enseignants.
Le problème, ce qu'il se passe... aussitôt que tu rencontres dans un C.A.,
comme tu as mentionné, une personne
qui est un enseignant, ou un directeur, c'est tout le temps... pour moi, il va
y avoir beaucoup de conflits, «conflict of interest», dans le rôle du
C.A. avec le directeur général... «I don't know»...
• (15 h 20) •
M. Copeman (Russell) : Oui. M.
le ministre, nous craignons effectivement que vous allez créer un régime un peu corporatiste au niveau d'un conseil
d'administration, que la possibilité de conflit réel existe. Et alors, oui,
l'importance de... le lien entre les
adultes et les élèves qui sont dans le système existe, mais de là à suggérer
que ça prend des membres du personnel sur le conseil d'administration,
je ne pense pas que ce lien-là est démontré. Si l'objectif, un de vos objectifs, c'est de dépolitiser les décisions, je
ne suis pas sûr que vous allez
atteindre ça avec quatre membres du personnel, payés, qui sont... le jour, rapportent, entre
autres, au directeur général pour certains, et, le soir, en conseil
d'administration, deviennent le patron du D.G. On ne pense pas que ça va
fonctionner, ce système-là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais juste vous signifier... vous levez votre
main, je vais vous identifier, parce que, surtout qu'il y a une difficulté,
deux personnes portent le même nom de famille, donc on va juste s'assurer qu'on a la bonne personne qui soit enregistrée pour le Journal des
débats. M. le ministre.
M. Roberge :
Oui, bien, à cet égard, je pense qu'on ne joue pas au cobaye avec notre réseau
scolaire. Dans les cégeps, on a ce que vous dénoncez, des gens qui sont membres
du personnel, qui, siègent au conseil d'administration. On a ça aussi dans nos universités. Il y a des membres
qui sont membres du personnel et qui siègent sur le conseil d'administration
des universités. Ça fonctionne. Maintenant,
partout où il y a des humains, il peut y avoir des conflits, bien sûr. Mais je
pense que le système actuel a ses propres conflits, on le voit bien, là, hein,
il suffit de regarder le journal de temps en temps, on le voit bien que, dans les conseils des commissaires
aussi, parfois, il y a des chicanes, il y a du corporatisme, il peut y avoir
tout ça.
Mais,
sincèrement, un système à l'abri de conflits entre personnes, ça n'existe pas.
Donc, on n'atteindra pas l'idéal. On peut viser mieux, cependant, on peut viser
à l'améliorer. Et je pense, d'avoir une représentativité, c'est peut-être
quelque chose qui pourrait améliorer les choses.
Et là j'ai
une petite question pour vous : En ce moment, dans les neuf conseils des
commissaires, les neuf commissions scolaires
anglophones, est-ce que vous avez la répartition? Est-ce que vous savez combien
sont actuellement parents d'enfants dans le réseau? Je veux dire, on peut être
parent d'enfants, là, qui sont rendus maintenant au cégep, à l'université
ou sur le marché du travail, mais est-ce que
vous savez combien de vos commissaires ou quel pourcentage sont, en ce moment,
parents?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Noel Burke.
M. Burke
(Noel) : Oui, dans notre
commission scolaire, là, on a quatre sur 12 qui sont les parents que... les
commissaires parentaux puis aussi on a trois autres qui sont des parents
maintenant. Mais, au sujet de représentation, il faut qu'on comprenne, comme
société, que l'investissement dans l'éducation, c'est pour... c'est un
investissement de chaque et tous les
citoyens du Québec, pas seulement ou en majorité les parents. Dans notre
commission scolaire, avec 20 000 élèves,
on a plus de 300 parents qui sont impliqués direct dans la gouvernance des
écoles locales, l'intention de votre projet de loi. Est-ce qu'on a besoin de
huit autres parents? Ce n'est pas de dire : Il n'y a pas de place
pour parents ou une place plus représentante
que maintenant. Mais on laisse à côté tous les intérêts de la communauté
générale et tous les citoyens. Notre rôle, comme éducateurs, n'est pas la
production des bons fils et des filles, c'est la production des citoyens
productifs et, encore, c'est un investissement de chacun et tous les citoyens
du Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Cette fois, c'est M. Stephen Burke.
M. Burke
(Stephen) : Mme la Présidente, je vais me faire le défenseur
de personnes de mon âge et d'un peu moins, qui ont toujours la passion
de s'assurer que les enfants du Québec reçoivent le meilleur enseignement
possible. Et je trouve ça malheureux qu'on
décide tout bonnement que, si tu n'es pas parent, ce n'est pas de tes affaires.
Je trouve ça très triste. C'est ce qu'il arrive, vous savez, au niveau
collégial et au niveau universitaire, il n'y a pas beaucoup de gens qui se préoccupent de comment les étudiants
fonctionnent à l'université et même au cégep. Je ne vois pas l'intérêt. Je n'ai
jamais de... Il n'y a pas de voisins qui ne m'ont jamais parlé de ça.
Mais il y en
a qui m'ont parlé, puis, si vous avez lu les journaux, je sais ce que vous avez
lu ce matin, mais, si vous aviez lu, samedi matin, Le Journal de Québec, il
y avait un de nos autobus, nous, qui n'a pas pu traverser... en fait, deux qui n'ont pas pu traverser le pont. Bon,
est-ce que je blâme le ministre des Transports parce qu'il n'a pas été capable
de tasser le camion qui a bloqué le pont Pierre-Laporte? Bien non, ça ne serait pas
correct de dire ça, ce n'est pas de sa faute.
Mais nous, on nous blâme. À cause d'un projet de loi qui est maintenant à
l'étude, tous les maux qui se passent en enseignement au Québec, c'est
la faute des commissaires d'école.
Bien, c'est
ça, je vous le dis, là, c'est ça que j'entends. Il y a des gens qui ne savent
même pas ce qu'on fait et qui se
disent, là... il y avait un petit topo, là, tu pouvais répondre, là :
Aïe! Si on peut se débarrasser d'eux autres. Comme si c'est les commissaires d'école qui vont régler le
problème de sécurité routière, vendredi, pendant qu'il y a eu une tempête
extraordinaire qui a mis 1,2 million de ménages québécois dans la
noirceur, y inclus certaines commissions scolaires.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le député de Sainte-Rose, il vous reste à
peu près six minutes au bloc d'échange.
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je me permets
de vous saluer. Il est vrai que le
réseau anglophone est très performant. Je vous remercie pour tout ce que
vous faites dans le réseau, messieurs et madame.
Vous avez mentionné,
sur la page 3 de votre mémoire, que, sous sa forme actuelle, le projet de
loi n° 40 limite excessivement les
droits constitutionnels de la communauté. Vous allez, par la suite, pour citer
Mahe comme source, disant que ça va
trop loin. Puisque l'arrêt Mahe parle d'une certaine mesure de gestion et de
contrôle, considérant que le projet
de loi du ministre continue à vous permettre le contrôle et l'accès de la
communauté, en plus de vous permettre le suffrage universel, en quoi le projet
de loi limite excessivement les droits?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : Bien, on peut
vous donner beaucoup d'exemples. Par ailleurs, je ne peux pas laisser passer
le commentaire du ministre, c'est un différend que nous avons avec le ministre
sur l'interprétation de l'article 23. Le ministre
nous a dit et répète aujourd'hui que c'est le droit des parents de gérer et
contrôler le réseau scolaire. Nous rejetons cette interprétation, que nous
jugeons trop étroite, que des décisions successives de la Cour suprême parlent
beaucoup plus du droit à la
communauté de contrôler et gérer, et non pas des parents. Ça, c'est une
question qui, malheureusement, pourrait se régler en cour. Ce n'est pas
l'objet. On souhaite une solution politique. M. Skeete, quelles limites
dans...
La Présidente
(Mme Thériault) : ...de Sainte-Rose. Vous ne devez pas l'appeler
par son nom de famille.
M. Copeman
(Russell) : Oui, mais...
La Présidente
(Mme Thériault) : C'est le député de Sainte-Rose.
M. Copeman
(Russell) : M. le député de Sainte-Rose.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui, merci.
M. Copeman
(Russell) : Je ne savais pas, Mme la Présidente, que vous êtes aussi
exigeante avec des invités que vous l'êtes avec des collègues, mais je
vais le faire. Alors, M. le député de Sainte-Rose...
Des voix :
Ha, ha, ha!
La Présidente
(Mme Thériault) : Surtout un ancien collègue.
M. Copeman
(Russell) : Mme la Présidente, si vous pouvez diriger les commentaires
envers M. le député de Sainte-Rose, je dirai ceci : Les parents sur le
conseil d'administration doivent être, dans le projet de loi, doivent être membres d'un conseil d'établissement au moment de
leur élection. Ça élimine la possibilité, pour la vaste majorité, de se porter candidat pour le conseil d'administration. La présence possible des
membres du personnel qui n'ont pas le droit de... ne sont pas lésés en droit, limite excessivement
le droit, l'obligation pour les quatre membres de la communauté de se faire
élire sur l'étendue du territoire.
M.
le président Burke est président d'une commission scolaire dont le territoire
est à peu près le même que l'Espagne. Et
là vous demandez à quatre individus de la communauté, qui doivent avoir, par
ailleurs, des profils spécifiques, de se présenter sur l'ensemble du territoire. Tous ces éléments-là, nous
sommes convaincus, limitent le droit de gérer et contrôler garanti dans
la Constitution canadienne.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Je crois que le député de
Sainte-Rose a une autre intervention, allez-y.
M. Skeete :
Je vais poursuivre. En fait, je partage l'interprétation de mon collègue le
ministre de l'Éducation sur le fond, mais ce qui me manque, c'est que... avec
l'interprétation que vous apportez, c'est comme si le ministre de l'Éducation, quand il s'agit de... le réseau
scolaire d'une minorité linguistique, peu importe dans le pays, si on pousse
l'exemple à son maximum, il n'aurait
même pas le droit d'exiger des normes pour les professeurs, ou les normes de
notes, ou imposer un curriculum. C'est comme si le ministre de l'Éducation a
zéro droit par rapport à ce qui est attendu d'un résultat scolaire. Où est-ce que, selon vous, le pouvoir du ministre
se termine dans sa capacité d'exercer le rôle de ministre de l'Éducation
partout sur le territoire québécois?
La Présidente
(Mme Thériault) : J'ai M. Burke. Oui, M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : Je vais débuter, M. le député de Sainte-Rose. Certainement
pas, on ne prétend pas que le
ministre n'a aucun pouvoir, c'est absolument faux. Il s'agit d'une balance entre
les décisions de la Cour suprême et les pouvoirs accordés au ministre en
vertu des lois québécoises.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Stephen Burke.
• (15 h 30) •
M. Burke (Stephen) : La précision que je veux faire, c'est que,
malheureusement, dans l'opinion publique, on pense que les anglophones maintiennent le suffrage — moi, j'appelle ça «universal
suffering» — le
suffrage universel. On ne l'a pas
préservé parce que, quand on limite les candidats puis qu'on dit que c'est...
ce n'est pas universel, ça ne peut pas. Vous n'aimeriez pas ça, vous, que les seules personnes qui votent à une
élection provinciale soient identifiées comme étant de telle catégorie
ou de telle profession, hein? Bon. C'est ça que vous avez fait. Alors, je suis
content, à la commission parlementaire, de
dire à tous les Québécois et Québécoises que le suffrage universel nous a été
enlevé. Alors, ça, ça va être clair,
là, ça va être dans les médias demain, ce n'est pas ça qu'on va avoir. On a une
façon de voter qui est très différente, et qui est très limitative pour plusieurs personnes, et qui fait en
sorte qu'un retraité comme moi, qui, depuis 10 ans, se consacre à cette passion-là de m'assurer que nos écoles
donnent les meilleurs services possibles, ont un taux de diplomation et de
graduation de 90 % — M. le ministre, vous devriez être content
autant que moi — bien,
c'est ça que je veux dire, là, si ça peut être clair, on n'a pas gardé
le suffrage universel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, M. Noel Burke.
M. Burke
(Noel) : Et, au sujet du rôle d'un conseil d'administration d'un
centre de services scolaire et que c'est l'interprétation des exigences
du ministère, même que le curriculum et les régulations, etc., pour savoir
est-ce que c'est répondre à la réalité de la
communauté anglophone minoritaire, ce
n'est pas pour substituer ces règles-là, mais c'est l'interprétation et
l'application propre dans un milieu qui est spécifique.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et il ne reste plus de temps du côté
ministériel, donc je me tourne vers l'opposition officielle, avec la
députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Je vais quand même ouvrir une parenthèse, Mme la Présidente,
pour faire suite aux propos du ministre et des propos de la députée de Joliette. D'entrée de jeu, on a dit qu'on
voulait avoir des débats sereins. Ici, on n'est pas à la salle Pauline-Marois,
donc il y a une certaine proximité. Et nous entendons les commentaires du
ministre lorsqu'il s'esclaffe, mais surtout lorsqu'il dit, deux fois plutôt
qu'une : C'est effrayant, mentir de même.
Bien, Mme la
Présidente, je vais reprendre l'expression d'un ancien premier ministre :
Ici, on n'est pas à la cour du roi Pétaud. Alors, je demande au ministre
de l'Éducation de s'excuser et de retirer ses propos.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Roberge : Je ne sais pas à
quoi elle fait référence.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Thériault) : O.K. Non, on... Non. S'il vous
plaît, s'il vous plaît, on a des invités qui sont ici, qui veulent nous faire part de leurs points
de vue. J'ai entendu votre point, Mme la députée de Saint-Laurent, je pense
que M. le ministre aussi a entendu, donc je vais vous demander d'aller à vos
échanges. Il reste 9 min 45 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup de
votre présence. Pouvez-vous nous expliquer, vous, est-ce qu'il y a une affaire là-dedans, dans le projet de loi n° 40, parmi
les centaines d'articles, qui améliore la réussite éducative chez les jeunes?
Déjà que vous, vous avez un excellent taux. Félicitations.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : On n'en a pas trouvé beaucoup. Même, on a fait des
demandes d'accès à l'information au
ministère de l'Éducation concernant des études comparatives, des analyses,
etc., avant le dépôt de projet de loi. Cette demande-là a été refusée en
prétextant que la décision était en cours. On a répété la même demande d'accès
à l'information après le dépôt du
projet de loi et nous sommes toujours dans la période d'attente, les
30 jours. Mais visiblement, dans le public, on n'en a vu aucun à
date.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lamoureux.
M. Lamoureux
(Dan) : Mais on a des rapports qui viennent de l'extérieur, du Canada,
dans le Canada, du Canadian School
Board Association. On a beaucoup de rapports que c'est... ils ont prouvé qu'une
bonne gouvernance, c'est important pour le succès de nos enfants. «So»,
il y a partout d'autres études qu'on peut vous donner.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Tantôt, le ministre disait comme quoi qu'il aurait pu aller de l'avant avec son
projet de loi sans faire aucune
concession pour la minorité linguistique anglophone puis ça aurait passé le
test des tribunaux. C'est drôle, moi, je suis aussi avocate, puis j'ai lu les différentes décisions de la Cour
suprême puis des tribunaux aussi de cours d'appel de différentes
provinces, et on parle non seulement des parents, mais, à ma lecture, on parle
de minorités linguistiques. Est-ce que je me trompe?
La
Présidente (Mme Thériault) : Alors, M. Lamoureux? Non?
M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : Non, vous ne vous trompez pas. Encore une fois, je dis
très, très respectueusement, c'est un
différend entre les avocats du ministère de l'Éducation, qui sont là depuis un
certain temps, n'est-ce pas, qui ont plaidé à peu près la même chose il y a un
certain temps, pas si longtemps que ça. Je soupçonne que ce sont les mêmes
avocats. Mais il ne faut pas arrêter
à Mahe, il faut aller à Arsenault-Cameron, il faut aller à la Colombie-Britannique, il faut aller à d'autres. Je
ne suis pas avocat, Mme la députée, mais on ne veut pas que cette question-là
soit réglée en cour. On veut qu'on
trouve une solution politique à cette question-là. Mais c'est sûr que la
communauté anglophone ne renoncera jamais à l'exercice de nos droits
constitutionnels.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme Rizqy :
C'est drôle, parce que le ministre de l'Éducation plaide pour dépolitiser. Mais
alors je me tourne vers vous,
M. Copeman, puisque vous avez déjà été député, ce projet de loi
n° 40, tel qu'il a été déposé, avec la date, et on sait qu'il y a quand même des avis légaux qui
doivent être envoyés si on veut annuler les prochaines élections auprès
des commissions scolaires... Vous, à titre d'ancien élu, vous trouvez ça
comment, l'exercice actuel?
M. Copeman
(Russell) : Je suis trop sage pour tomber dans ce piège, Mme la
députée. J'ai trop d'expérience parlementaire
pour commenter le processus. Je ne fais qu'observer que les consultations
particulières continuent jusqu'au 13 novembre. Après ça, il restera
12 jours de séances pour l'Assemblée nationale, 12 jours de séances pour
adopter le principe du projet de loi, et un projet de loi qui contient 312 articles et qui modifie
84 autres lois québécoises, incluant, par ailleurs, la Loi sur les arrangements préalables du service funéraire et
de la sépulture. On comprend que c'est un exemple de concordance, mais
on se demande ce sont les funérailles de qui.
Des voix :
Ha, ha, ha!
La
Présidente (Mme Thériault) : La question est vraiment pertinente.
La question est très pertinente, mais je ne pense pas qu'on va avoir la
réponse cet après-midi. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup pour votre réponse, mais vous
comprendrez qu'on n'aura peut-être pas l'occasion, en étude article par article, d'avoir la réponse à
la question que vous venez de soulever, hein, compte tenu de l'échéancier.
Dites-moi,
si on reste au niveau constitutionnel, quand vous regardez le projet de loi n° 40 tel que rédigé, avez-vous, oui ou non,
l'impression que vos droits constitutionnels pour la minorité linguistique
anglophone sont respectés totalement?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Stephen Burke.
M. Burke (Stephen) : Je pense que non. Non, je vous le dis, là, on ne
garde pas... Le suffrage universel, tel qu'il est dans le moment, c'est ça, du suffrage universel. Ça permet à une
personne âgée comme moi, qui n'a pas d'enfant dans le système mais une petite-fille qui est en
première année, de garder sa passion. Et je sais que, pour plusieurs, ils vont
dire : Mais tu n'as pas d'affaire là-dedans. Oui, j'ai de l'affaire
là-dedans. C'est important.
Et nos jeunes à nous,
dans le réseau anglophone, sont parfaitement bilingues. Ce sont des citoyens du
Québec qui peuvent aller partout. Mon fils,
actuellement, c'est un gradué de l'Université
Laval, il est à Hambourg, en
Allemagne. D'où vous pensez qu'il dit
qu'il vient? Il vient de Québec. Il vient de Québec, du Québec. Il est fier
d'être Québécois et Canadien.
Alors, quand vous me
dites, là : Est-ce que c'est conforme à la Constitution?, tout mon être,
là, me dit non, non, non. Et je comprends
que ce n'est pas fait de mauvaise foi.
Ça, je le rajoute, je ne
mets aucune mauvaise foi dans ce projet
de loi là. Mais je dis, comme nos collègues francophones ont dit et comme on a
dit dans notre mémoire : Pourquoi ne
pas faire des états généraux? Pourquoi laisser tomber... Pourquoi ne pas
essayer de se parler? Peut-être pas dans une ambiance... Puis j'espère
qu'on n'est pas en confrontation. Nous, on fait juste défendre nos idées. On y
croit beaucoup. Et, moi, c'est mon dernier
tour de piste, là, il y a des gens qui sont capables de me remplacer. Tout le
monde est remplaçable. Mais je pense
qu'il faudrait qu'ils me remplacent dans un système qui est comme celui qu'on a
en ce moment, et sans aller à la Cour suprême, de grâce.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
...aussi la porte par rapport aux autres provinces, le reste du Canada. Vous,
vous êtes la minorité linguistique ici, au
Québec, mais on a des minorités linguistiques francophones. Ici, au Québec, on
va dire, d'une part, que les
anglophones pourront, dans une certaine mesure, et je le mets entre guillemets,
avoir un droit de vote, mais les francophones, vous n'aurez pas de droit de vote. Est-ce que ça, ça peut nuire à la
défense des droits linguistiques des minorités francophones dans les autres
provinces, lorsque la plus grande... où est-ce que le plus gros bassin de
francophones n'ont pas le droit de vote, ici, au Québec?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Lamoureux.
M. Lamoureux (Dan) :
Oui. La semaine passée, on a été à Winnipeg pour la fédération nationale des
commissions scolaires. Et là on a parlé avec les 28 commissions
scolaires en dehors de Québec, et eux autres sont...
Une voix :
Francophones.
M. Lamoureux
(Dan) : ...francophones, oui, et eux autres ont peur qu'est-ce qu'il
va se passer ici parce qu'ils peuvent...
parce que ça se peut qu'ils vont perdre leurs droits, pas directement demain,
mais en temps. Parce que, vous savez, d'autres
provinces nous regardent pour savoir s'ils peuvent faire la même affaire pour
leur identité. «So», ça, c'est important, dans ma tête.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Copeman.
• (15 h 40) •
M. Copeman
(Russell) : Mme la Présidente, cette question-là est suivie à travers
le pays. On dirait, en anglais : «It's
a national question.» Il ne faut pas l'utiliser dans le terme francophone parce
que ça veut dire autre chose, pancanadienne. Les minorités francophones à l'extérieur du Québec suivent de très près
ce débat-là et sont très préoccupées par toute limite imposée sur les droits constitutionnels. Et
limites il y en a dans le projet de loi.
Nous reconnaissons un effort du gouvernement
du Québec de retenir une forme de
suffrage universel, nous le reconnaissons. Ce qu'on dit dans le mémoire, très
clairement, c'est qu'il y a des limites
imposées dans la structure proposée qui, quant à nous, enfreignent nos droits
constitutionnels. Et on apporte certaines suggestions pour diminuer ces
préjudices-là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent,
1 min 20 s.
Mme Rizqy : Merci pour votre réponse. Je rappelle que le
Québec a aussi le devoir et la responsabilité de promouvoir la langue
française non seulement ici, au Québec, mais aussi à l'extérieur du Québec. Et
j'entends ces inquiétudes qui, moi aussi, m'ont été faites part par des gens
qui étaient à Winnipeg. Et je vois, en arrière de vous,
M. Michael Murray, qui est le
président de la commission scolaire de Eastern Townships, qui nous parle
de petites écoles, de petites écoles. Mais de 11 élèves, quand on a commencé,
ces 11 élèves là sont maintenant rendus 36 parce que des gens comme
M. Murray, avec des enseignants,
puis la communauté... pas juste les
parents, des grands-parents qui n'ont plus d'enfant dans le réseau, mais qui se battent pour garder et préserver
l'institution qui est non seulement l'école, mais le village au complet, qui
vit de cette école.
Alors,
là-dessus, je sais que vous avez sûrement d'autres petits cas concrets, mais
est-ce que vous pensez sincèrement que, dans un fichier Excel qui va être fait
ici, au complexe G, ces petites écoles de 11 élèves vont être
maintenues?
La Présidente
(Mme Thériault) : Et vous avez 25 secondes pour répondre à
la question, M. Lamoureux.
M. Lamoureux
(Dan) : Dans ma tête, j'aimerais croire que les décisions qui sont
prévues...«they'll keep them», mais, en réalité, je ne sais pas.
Malheureusement, «you know»...
Mme Rizqy :
Demain, on reçoit Élections Québec. Pensez-vous que c'est le temps qu'on
modernise la liste pour, justement, favoriser les élections au niveau de la
communauté anglophone? On en parle toujours, puis personne n'a agi
là-dessus.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui ou non?
M. Copeman
(Russell) : Il y a une série de mesures proposées dans le mémoire, il
y a une série de mesures qui ont été proposées dans le rapport Jennings pour
améliorer le taux de participation. Facile, peu coûteux et plus accessible.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci beaucoup. Cela met fin au bloc
d'échange. Donc, on va aller du côté de la deuxième opposition. Mme la
députée de Sherbrooke, 2 min 40 s à votre disposition.
Mme Labrie :
Merci. Je trouve ça intéressant. Dans votre mémoire, vous mentionnez, dans la
première recommandation que vous
faites... c'est celle de tenir des états généraux. C'est aussi quelque chose
qui a été abordé par la Fédération des commissions scolaires juste avant vous,
et ce processus-là de réflexion nationale qui impliquerait tous les
partenaires de l'éducation, c'est aussi quelque chose que j'ai proposé au
printemps dernier, sur des états généraux, ou
même une commission d'enquête comme celle qui avait mené au rapport Parent, et,
malheureusement, à l'époque, ça avait été balayé de la main par le
ministre de l'Éducation.
Mais j'aimerais ça,
savoir qu'est-ce que... Pourquoi pensez-vous qu'on devrait entamer un tel
processus de cette ampleur, impliquer tous
les partenaires de l'éducation au Québec? Et qu'est-ce que ça devrait inclure
comme réflexion? Parce vous dites : Y compris la réforme sur la
gouvernance. Sur quoi d'autre on devrait se pencher, collectivement, en
éducation?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Noel Burke.
M. Burke (Noel) : Oui. Je pense
que ce n'est pas clair que les parents veulent avoir ce type d'influence dans
la gouvernance d'un système scolaire. Ce n'est pas clair. Ce n'est pas clair.
Même que les citoyens de Québec, aimer ce même type d'organisation scolaire, c'est très
fort et très complexe. Il faut qu'on ait un débat public sur ça. C'est quoi
que les citoyens veulent comme un système scolaire qui est géré propre...
Au sujet, par
exemple, une école de 11 élèves, par exemple, c'est la commission scolaire
ou les centres de services qui ont la
responsabilité de distribuer les ressources à toutes les écoles et garder ces
types d'école, même si c'est dans un petit coin de province, dans une ville
particulière. On a des exemples des écoles communautaires, Community Learning
Centres, qui... par exemple, dans les Magdalen, le journal local est publié
dans l'école. L'éducation des adultes existe dans
l'école. C'est une... très vibrante, au lieu d'avoir une perspective
particulière par les parents qui existe encore dans les conseils d'établissement, mais au niveau de...
comment on dit, le vieil hélicoptère, il faut qu'on garde le «big picture», le
grand portrait du système. Il faut qu'on ait, comme un gouvernement puis comme
un représentant... je ne suis, comme commissaire,
pas un représentant des élèves ni les parents, mais, en même temps, je suis un
parent, mais notre responsabilité, ma responsabilité, comme commissaire,
est d'avoir un représentant de société dans le milieu, dans le secteur
éducatif.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Et je n'ai plus de temps,
malheureusement. Je dois passer à la troisième opposition. Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon :
Oui, merci beaucoup de votre présentation. J'aimerais vous amener sur une
question qui vous est chère, c'est celle de la communauté qui est représentée
dans les instances, pas seulement les parents. Et puis, évidemment, on voit, là, dans la proposition qui est faite,
que le rôle des parents va être très, très important. Je pense que de... Quand
on regarde ça, on trouve tous que c'est une bonne idée que les parents
puissent avoir un grand rôle dans la prise de décision, donc sur les conseils d'administration, mais j'aimerais vous entendre,
que vous élaboriez un petit peu sur, pour vous, pourquoi il faut garder un souci important d'autres
représentants de la communauté et pas juste des gens qui ont des enfants, en ce
moment, à l'école.
M. Copeman (Russell) : Très
brièvement...
La Présidente (Mme Thériault) : Et
vous avez deux minutes pour faire ça, M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : Très brièvement, nous pensons qu'il devrait y avoir un
meilleur équilibre sur le conseil d'administration entre parents et
représentants de la communauté.
Deuxièmement, un des facteurs, puis je suis en
poste depuis un an, un des facteurs clés que j'ai découvert, très honnêtement, très franchement, qui contribue au
succès des élèves est la forte participation de la communauté dans nos écoles tout partout, que ce soit en Gaspésie, en Abitibi,
dans les Cantons-de-l'Est, tout partout. Ce n'est pas simplement... L'école
n'est pas simplement l'affaire des parents, des enseignants, des membres du
personnel, qui sont des acteurs clés, mais il y a des Community Learning
Centres, comme M. Burke a parlé, il y a des activités communautaires. Ça
amène des bénévoles. Ils aident les enfants
à faire des... ils font de l'aide aux devoirs après. Il y a des activités dans
la... Et moi, je suis personnellement convaincu que ça fait partie du
taux de succès élevé des commissions scolaires anglophones, l'engagement
communautaire.
Mme Hivon :
Il y a tout un débat... Je comprends qu'on n'a pas eu le temps d'en parler
beaucoup, là, mais est-ce que c'est vraiment de la décentralisation ou, au
contraire, c'est plus de la centralisation? Dans les secondes qu'il me reste,
on ne pourra pas aller en détail là-dessus,
mais il y a un article qui est soulevé par plusieurs groupes, puis c'est
l'article 310, sur le pouvoir réglementaire du ministre, qui dit
que le gouvernement va pouvoir, par règlement, prendre toute mesure utile à l'application de la loi ou à la
réalisation efficace de son objet. Est-ce que vous avez des commentaires par
rapport à ce pouvoir règlementaire là? Qu'est-ce que vous voyez qui
pourrait être fait par ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 20 secondes, M. Copeman.
M. Copeman
(Russell) : Entre autres, c'est un des articles qui nous fait... qu'on
arrive à la conclusion que ça ne respecte pas le droit de gérer et contrôler,
qu'il y a une centralisation. Que ce soit l'article 308,
l'article 60... 312, 310, on peut
en énumérer d'autres, vous les avez dans le mémoire, mais nous, nous sommes
convaincus qu'il y a une forte centralisation du pouvoir vers Québec, vers le ministère, et ça aussi enfreint
possiblement à nos droits constitutionnels de gérer et contrôler notre
système scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) : Et
je vais devoir mettre fin aux échanges. Donc, Mme Hamilton, M. Burke,
M. Lamoureux, M. Copeman et M. Burke, merci de votre
présentation.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente
(Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais vous
demander un peu de silence et de reprendre votre place puisque les
travaux se poursuivent.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais demander aux gens, dans le fond de la salle... s'il vous plaît! Merci. Merci beaucoup.
Donc, nous accueillons la Centrale des syndicats
du Québec. Donc, Mme Éthier, vous avez une dizaine de minutes pour nous
présenter votre mémoire ainsi que nous présenter les gens qui vous
accompagnent. La parole est à vous.
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Mme Éthier
(Sonia) : Alors, bonjour. Je vous remercie de nous avoir conviés à
participer à ces auditions sur le projet de loi n° 40.
Nous sommes ici pour porter la voix des 125 000 membres que nous
représentons en éducation.
Je vous présente d'abord les personnes qui
m'accompagnent, avec qui je vais partager la présentation :
M. Jacques Landry, qui est président de la Fédération des professionnelles
et professionnels de l'éducation, à ma droite, M. Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de
soutien scolaire, et Mme Nathalie Chabot, qui est conseillère à la
CSQ. Et je veux mentionner que la Fédération des syndicats de l'enseignement
n'est pas avec nous aujourd'hui puisqu'elle
viendra présenter son mémoire jeudi. Ce mémoire est complémentaire à celui de
la CSQ et va traiter des aspects relatifs à la profession enseignante.
D'abord, je pense que vous vous doutez bien que je
veux commencer par exprimer mon mécontentement quant au processus. Le projet de
loi que nous avons devant nous est non seulement volumineux, hein, mais il
propose des changements majeurs à la
Loi sur l'instruction publique, et de tels changements demandent à être
réfléchis collectivement. Malheureusement, on n'a pas jugé bon de faire cet exercice de réflexion. Aussi, bien, on
nous laisse bien peu de temps pour analyser le projet, consulter les
instances, présenter notre position. Pour nous, là, ce n'est ni plus ni moins
qu'une insulte.
Alors, je
vais présenter les principales idées de notre mémoire, avec, comme point de
départ, le titre que nous lui avons donné : Danger d'inégalités.
Je vais donner deux illustrations d'inégalités contenues dans le projet de loi.
La première, c'est qu'il compromet encore plus
l'égalité des chances. En effet, il contient des dispositions qui vont stimuler davantage la compétition entre les
établissements publics qui vont renforcer l'école à la carte. Et on sait que les élèves moins bien nantis socialement sont
encore aujourd'hui les perdants de cette loi du plus fort puisqu'ils n'ont pas
les ressources pour jouer le jeu de la compétition.
Comment le
projet de loi va-t-il renforcer cette compétition? Bien, principalement, de
trois manières : premièrement, en
rendant plus facile, pour les parents, le choix d'une école qui est située en
dehors du territoire de leur centre de service scolaire; et, deuxièmement, en donnant aux parents un contrôle plus
grand sur l'offre de projets particuliers, puisqu'on leur accorde un
poids plus grand au conseil d'établissement où sont prises les décisions à ce
sujet, on donne aussi au comité de parents
la possibilité de donner son avis sur les projets offerts ou envisagés par les
écoles, un avis qu'il donnerait au conseil
d'administration composé majoritairement aussi de parents; troisièmement, en
confiant au comité de parents et au
conseil d'établissement la responsabilité de promouvoir et de valoriser l'école
publique — présentement,
ce sont les commissions scolaires qui le font, mais dans une perspective
plus large.
Il faut éviter, absolument, d'aviver la
dynamique de concurrence au sein du réseau public, une dynamique qui est défavorable aux élèves moins bien nantis.
Alors, au mémoire, on a une recommandation, la recommandation 1, qui est
présentée aux pages 5 et 6. Et on veut être bien clairs : nous sommes
pour la participation des parents dans le réseau scolaire, c'est une collaboration qui est plus que
nécessaire, et c'est pour cela qu'on doit y avoir un équilibre entre la place
qu'on accorde aux parents et celle qu'on accorde aux acteurs du milieu
scolaire. Ça prend un partenariat équilibré.
Ce qui m'amène à ma seconde illustration
d'égalité contenue dans le projet de loi, c'est relatif aux dispositions qui limitent l'apport du personnel dans la prise
de décision. C'est le cas des conseils d'établissement, où le projet de loi
vient miner l'équilibre du partenariat entre le groupe de parents et le groupe
des membres du personnel. C'est, pour nous, inacceptable, notamment
parce que c'est une non-reconnaissance de la contribution du personnel.
Ce
déséquilibre, il est aussi manifeste dans la composition du conseil
d'administration, où le personnel n'aurait que quatre sièges. Pour nous,
la parité doit être conservée au conseil d'établissement et aussi au conseil
d'administration. Nous avons des
recommandations sur la composition du conseil d'administration en page 12
du mémoire et les recommandations importantes concernant la composition
et les fonctions du conseil d'établissement, pages 21 à 24.
Alors, avant de donner la parole à M. Pronovost,
je veux vous dire un mot sur ce que l'on veut pour les conseils d'administration, et ça, c'est très important pour
nous. Peu importe si les conseils des commissaires demeurent ou si ce sont des conseils d'administration, il faut que
les personnes qui seront là aient un rôle de représentation. On souhaite une
amélioration de la démocratie participative. On attend du conseil
d'administration qu'il soit une instance ouverte qui agit en toute transparence, qui favorise la
participation citoyenne. On ne veut pas d'une instance... ou on ne veut plus
d'une instance hermétique. Et on a une recommandation à la page 15 de
notre mémoire. Évidemment, on a peu de temps, donc on présente
l'essentiel.
M. Pronovost (Éric) : Donc,
bonjour à tous. Je m'adresse à vous aujourd'hui au nom des
30 000 membres du personnel de
soutien scolaire de la Fédération du
personnel de soutien scolaire pour vous dire que les fusions de services
projetées par le ministre nous inquiètent
sérieusement. Je vais vous citer des articles de Loi de l'instruction publique qui
pourraient être modifiés par ce projet de loi n° 40.
Un aspect
important de nos inquiétudes se trouve à l'article 215.2 de la LIP. En
ouvrant la porte aux partages de ressources, que ce soit pour la perception de
la taxe ou d'autres ressources, il y a un risque important de perte d'expertise
du personnel déjà en place et de l'ouverture à la sous-traitance. Nous voyons
également un danger à ce que le ministre puisse demander
à un centre de services scolaire de produire une analyse visant à évaluer les
possibilités de partage de ressources et de services avec un autre centre de
services scolaire.
Par exemple, la
délocalisation des techniciens, techniciennes en informatique d'un centre de
services à l'autre réduirait le temps
d'intervention pour régler des problèmes urgents. On y voit un grand danger de
sous-traitance. Voir la recommandation 7 à la page 15 du mémoire
CSQ.
À
la section I.1, concernant la modification du territoire des centres
scolaires, plus précisément l'article 116 de la LIP, nous voulons
que la décision revienne au milieu, que ce soit le ministre qui tranche par
décret au lieu.
À
l'article 193.6 de la LIP, concernant le comité d'engagement pour la réussite
des élèves, nous désirons que le personnel
de soutien scolaire puisse bénéficier de deux sièges afin d'assurer une
meilleure représentation. Nous participons activement aussi à la
réussite des élèves.
À
l'article 51.2 de la LIP, il y a deux éléments qui nous interpellent. Tout
d'abord, l'appellation de responsable en service de garde, selon le plan de
classification, il s'agit d'une technicienne en service de garde. Le terme est
important, car il peut porter à confusion entre la direction d'école et la
technicienne. Le deuxième élément concerne la transparence. Si la technicienne en service de garde ne peut se
présenter au conseil d'établissement, nous désirons que la personne substitue
soit élue par ses pairs, tel que c'est le cas actuellement.
J'invite
le ministre à modifier son projet de loi pour trouver des solutions à
l'ensemble de ces problématiques que nous anticipons et ainsi, surtout,
favoriser la stabilité du personnel de soutien scolaire. Merci.
• (16 heures) •
M. Landry (Jacques) : Bonjour. Je représente les professionnelles
et professionnels des commissions scolaires. J'aimerais d'abord attirer
votre attention sur le fait que le projet de loi retire les trois mentions au
Service d'animation spirituelle et
d'engagement communautaire, le SASEC, de la Loi de l'instruction publique. Même si ce service universel peut
faire toute la différence dans le parcours des élèves qui sont en recherche
d'identité, il s'effrite par manque de ressources
déjà depuis plusieurs années, et nous le déplorons. La situation du SASEC
prouve que les services professionnels ne
sont pas protégés. Même si la loi et
les régimes pédagogiques prévoient que les élèves ont droit à l'ensemble des
services éducatifs complémentaires,
dont l'orthophonie, la psychologie, l'orientation scolaire ou la
psychoéducation, dans les faits, ces ressources-là sont la marge de
manoeuvre budgétaire des commissions scolaires. Les années d'austérité l'ont
d'ailleurs bien prouvé.
Comment
peut-on justifier que les élèves d'une région aient accès à deux professionnels
par 1 000 élèves alors que la
région voisine a un ratio de six professionnels pour 1 000 élèves?
Non seulement cela nuit à l'égalité des chances, mais c'est
discriminatoire.
Ce que nous
recommandons, à la page 8 du mémoire, c'est la mise en place d'un seuil de
services éducatifs complémentaires pour les élèves. Ce seuil minimal devrait
tenir compte des réalités régionales et des indicateurs de vulnérabilité. Enchâsser ce principe dans la Loi
de l'instruction publique enverrait un message fort quant à la volonté
d'assurer aux élèves l'accès aux ressources dont ils ont besoin.
Il faut aussi
protéger nos services publics. Nous n'avons aucun contrôle sur la
sous-traitance dans le réseau scolaire, et
ça nous coûte très cher. Une évaluation professionnelle au privé n'aura jamais
le même impact qu'une équipe de
professionnels sur le terrain qui observe en classe, intervient de façon
cohérence, et suit, participe au plan d'intervention, et fait des liens
avec l'équipe-école et le personnel enseignant et les parents. Il est
incontournable d'encadrer le recours à la sous-traitance dans la Loi de
l'instruction publique. Nous avons une recommandation à cet effet à la
page 15 de notre mémoire.
Nous dénonçons
d'ailleurs que le projet de loi même donne même au ministre le droit d'exiger
le partage de ressources et de services,
entre autres, avec des établissements privés ou divers organismes. L'économie
budgétaire ne doit pas être la seule
motivation. Il faut surtout protéger et analyser les impacts sur les services
aux élèves de manière à protéger l'expertise publique. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Ceci met fin au temps que j'avais, malheureusement, pour vous.
Donc, sans plus tarder, on va aller avec les échanges avec M. le
ministre, pour votre 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Alors,
merci d'être présents et présentes. Je veux saluer aussi la présence de
Mme Scalabrini et Mme Bilodeau, qu'on entendra plus tard cette
semaine.
Je voudrais revenir
sur un élément que vous avez utilisé. Vous avez utilisé le mot «danger
d'inégalité», parce qu'il y a des articles
dans le projet de loi qui répondent à une problématique réelle qu'on a
vécue à plusieurs endroits au Québec.
Je me souviens, en 2017, notamment, CSDM puis commission scolaire
Marguerite-Bourgeoys, ça s'était appelé les frontaliers. Il y avait une
école sur le territoire de Marguerite-Bourgeoys, l'école Monseigneur-Richard,
une école secondaire. Il y avait de la
place, une école publique à Verdun qui avait de la place, beaucoup de places
disponibles, sauf qui était à la limite du territoire de la commission
scolaire. L'autre côté de la rue, c'était l'autre commission scolaire. Des parents voulaient fréquenter l'école de la
commission scolaire voisine, qui, au fond, était accessible à pied, mais la
commission scolaire, la CSDM, refusait : Non, non, non, vous allez aller
20, 30, 40 minutes plus loin dans une autre école. Pour moi, c'est une aberration. Quand on dit, là...
dans les discours, on entend souvent dire ça : Il faut mettre l'élève au
centre des préoccupations. Ce serait le temps de le faire puis tenir compte de
ce que les parents veulent. Et de permettre à des parents d'envoyer leur enfant
sur le territoire d'un centre de services voisin, dans la mesure où il y a de
la place, évidemment, dans la mesure où les
parents veulent transporter leur... ils peuvent y aller à pied, ou si les
parents acceptent de transporter, pour moi, ce n'est pas une source
d'inégalité. J'aimerais comprendre votre raisonnement là-dedans.
Mme Éthier
(Sonia) : Dans un premier
temps, je pense qu'on s'entend sur le fait que la Loi sur l'instruction
publique prévoit déjà, de façon exceptionnelle, à une commission
scolaire d'accueillir des enfants en provenance d'une autre commission scolaire, c'est déjà dans la loi.
Alors, nous, ce qu'on voit dans cet article-là, c'est le fait qu'on puisse,
dans le fond, permettre à des parents, peu importe... ça, c'est une situation
qui est légitime. Il n'y a pas de place dans une commission scolaire, il y a de la place à côté, dans une
autre commission scolaire, je pense que ça entre dans les mesures
exceptionnelles. Mais, pour nous, le
fait de l'enchâsser dans la loi, ça veut dire que les parents pourront regarder
dans l'autre commission scolaire...
Puis là je ne le dis pas négativement, là, je ne le dis pas négativement. On le
place dans le projet de loi, là. Les
parents pourront regarder l'école à la carte, des projets particuliers dans la
commission scolaire à côté, puis peut-être qu'en même temps ça va permettre aux parents... tu sais, c'est sur la
route du travail, et le projet est intéressant, donc c'est l'école à la
carte. Et donc, pour nous, c'est non pertinent et c'est très
dangereux.
Quand on dit : Danger d'inégalités,on sait très
bien que les enfants, les parents qui sont de familles défavorisées n'auront pas les mêmes moyens que les parents qui sont plus favorisés
puis qui pourront se permettre d'aller ailleurs. Et le danger, là, je le dis
vraiment, c'est l'école à la carte. Puis, pour nous, ça ne devrait pas apparaître
dans le projet de loi. Mais je comprends
très bien la situation, M. le
ministre, que vous nous indiquez. C'est tout à fait inacceptable, mais la loi est déjà claire là-dessus. Il y a une
possibilité, c'est exceptionnel, mais je pense qu'on devrait garder l'article
qui est dans la loi tel qu'il est. Je pense qu'on n'a pas besoin de ça
au Québec, là.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le
ministre.
M. Roberge : Mais c'est tellement clair
dans la loi que ces parents se sont fait refuser parce que c'est la commission scolaire, en ce moment... Quand on dit que ce sont des
minigouvernements, c'est presque : tu as besoin de ton passeport si tu veux traverser la limite de la commission
scolaire, là, c'est la petite république. Et là c'est comme si l'enfant, pour
la commission scolaire, représente une subvention. Et, si le parent voit
une place pour son enfant l'autre côté de la rue, l'autre côté de la limite territoriale, qu'il est prêt à le transporter,
il y a une place pour lui, la commission scolaire, en ce moment, peut dire: Non, je garde cet enfant, j'ai
besoin de cette subvention. C'est là où on ne s'entendra peut-être jamais.
Moi, quand je dis : Remettre l'école au service de la
communauté, ça veut dire ça. Et la loi actuelle, si on ne la change pas, bien, rien ne changera,
et ce qu'il s'est passé en 2017 continuera de se passer. Puis ça se passe un
peu partout. On demande la permission
à la commission scolaire : S'il vous plaît, pouvez-vous me rendre mon
enfant pour que je puisse l'envoyer
et le conduire moi-même dans une école publique juste à côté? Et là vous dites,
si c'est sur le trajet des parents et ça plaît aux enfants : Quelle
dérive! Faudrait l'empêcher d'y aller. Moi, je pense que, si c'est sur le
trajet des parents, puis que ça plaît aux enfants, et qu'il y a une
place, pour moi, ce n'est pas une dérive, pour moi, ce n'est pas une inégalité.
Et c'est comme si on pouvait magasiner, si je prends vos
termes, l'école, mais, sur notre territoire de notre commission scolaire, il n'y a pas de problème. Mais, si on passe la limite
territoriale, maintenant, du centre de services, c'est un problème. Je ne comprends pas. Parce que vous
permettez, vous ne nous demandez pas, à ce que je sache, d'empêcher les
enfants d'aller à une école autre que leur école de quartier. Est-ce que vous
voulez nous empêcher de faire ça?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) : Je pense qu'à
l'intérieur d'une même commission scolaire il y a les écoles de quartier, je
pense que, quand on disait, d'entrée de jeu, là, qu'il aurait fallu réfléchir
en amont de ce projet de loi, bien, on aurait pu clarifier
ces questions-là. La question, là, principale, dans... Toute la question, c'est
vraiment la question des projets particuliers.
Vous le savez, là, dans le projet de loi, les projets particuliers apparaissent
un petit peu partout, là, puis on voit, dans ce projet de loi, l'école à
la carte.
Mais je
pense que l'école de quartier où les enfants sont à proximité, bien, je pense
qu'on peut encore penser que... et, d'ailleurs, on en a déjà discuté, de
ça, quand on a participé à la commission parlementaire sur les frais de
scolarité, là,
attribués aux parents et on a déjà discuté de ça, je pense que l'école de quartier a tout ce qu'il
faut pour accueillir tous les enfants, pour donner les services éducatifs dont
ils ont besoin et de recevoir l'éducation dont ils ont besoin. Et nous
voyons, dans ce projet de loi, probablement...
vous le dites bien, M. le ministre, qu'on ne s'entendra probablement pas
là-dessus, puis je vous l'accorde, parce que nous, on voit plus loin que ça. On
voit plus loin que la question du territoire, où vous donnez un exemple précis qu'une commission
scolaire empêche des enfants de fréquenter la... c'est un problème, là, mais
je ne pense pas qu'il faille modifier le projet de loi pour aller dans ce sens.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Roberge :
Bien, moi, je pense que, quand on voit des problèmes qui sont législatifs et
qu'on améliore la Loi sur l'instruction
publique, c'est pas mal notre devoir de régler ces problèmes-là. Parmi les
interventions que vous avez faites dans les médias dernièrement, vous
avez dit : On vient nous dire qu'on va nous dicter sur quoi on doit se
former et, si on n'accepte pas de se former
là, on nous dit d'aller se former. Il pourrait même y avoir des sanctions.
C'est vrai qu'il y a des articles, il y a un article, là, qui parle de la
formation des enseignants dans le projet de loi. Mais où vous avez vu
que le projet de loi disait sur quoi on doit
se former ou qu'on prescrivait
l'objet de la formation? Pouvez-vous me dire ça, là?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Je voudrais juste vous dire, M. le ministre, que la FSE va être ici jeudi sur
les enjeux particuliers au personnel enseignant, puis je préférerais leur
laisser présenter leur mémoire puis vous répondre de façon approfondie sur cette question-là. Mais je sais
de... vous parlez de l'article 133, là, mais, si vous ne voyez pas
d'inconvénient, je pense que la FSE va être capable de vous indiquer
clairement leur point de vue là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je comprends. On ramènera cette question-là. Mais
c'est quand même... ce n'est pas la présidente
de la FSE qui l'a dit, c'est la présidente de la CSQ. C'est vous qui avez dit
ça, que, là, dans la loi, on allait dire où devaient aller se former les enseignants. Bon, alors, peut-être qu'il
y aura un erratum. Ce n'est pas le cas. On ne prescrit pas dans la loi où les gens doivent se former sans
quoi il y aurait des sanctions. Il faut faire attention quand même. On peut
être en désaccord avec la loi sur certains
points, mais il faut quand même la décrire telle qu'elle est, parce que
peut-être, finalement, qu'on est plus d'accord qu'on le pense.
Par
rapport... peut-être une question pour M. Pronovost, mais, bon, c'est à
vous de voir. Il me semble avoir vu...
en fait, oui, je suis convaincu de ça, vous disiez, lors des projets de loi n° 86 et n° 105 des précédents gouvernements, que vous
souhaiteriez que les membres du personnel soient sur l'instance du conseil
d'administration. Donc, est-ce que vous êtes
en accord avec le fait qu'il y ait quatre postes qui soient réservés,
justement, pour les membres du personnel, alors qu'en ce moment sur le
conseil des commissaires, c'est zéro?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Pronovost.
M. Pronovost (Éric) : Bien,
écoutez... Oui, excusez. Qu'il y ait déjà un poste, oui, effectivement... Nous,
ce qu'on dit, c'est qu'on pense très
clairement qu'il faut que l'école reste à l'école. Donc, s'il y avait plus de
gens du milieu de l'école qui étaient sur ces conseils-là pour pouvoir
davantage amener des situations ou régler des cas problèmes, parce que ces
gens-là vivent l'école au quotidien, vous comprendrez qu'on ait une personne...
un membre du personnel de soutien sur cette table-là, bien, oui, effectivement.
Mais est-ce qu'on en aurait voulu deux, puis trois, puis un peu plus? Je pense
que oui, parce qu'on touche toutes les sphères. On touche autant le service
administratif que le service direct à l'élève, que le service d'entretien puis
de manuels. Donc, vous comprendrez qu'il y aurait, je pense, de la place pour
davantage avoir plus de personnes du
personnel de soutien scolaire sur ces conseils-là pour être capable, comme je
l'ai dit puis je le répète, de s'asseoir avec ces gens-là et de
s'assurer que les décisions qui vont être prises vont être prises par des gens qui oeuvrent aussi dans l'école. Et c'est
ce qui fait peur un petit peu, hein? Il y a beaucoup de gens autour qui vont
arriver puis qui vont se greffer. C'est quoi, le niveau de connaissances de
l'école? C'est inquiétant pour les gens. Donc, à partir de ce moment-là, moi,
ce que... je ne serai jamais ouvert à ce qu'on en ait plus, de personnel de
soutien scolaire, c'est sûr, sur la table du conseil d'administration, bien
entendu. C'est sûr.
M. Roberge : Bien, je suis
heureux...
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : ...d'entendre ça
parce que ce que vous venez de faire comme plaidoyer, comme témoignage, ça démontre l'importance d'avoir des gens de
l'équipe-école à l'instance régionale sur le conseil d'administration. Puis
vous dites : Ça va amener un
éclairage important là où des décisions peuvent être prises par rapport à la
situation actuelle. Sans dire que
tout n'est pas correct dans la situation actuelle, on vise à l'améliorer, la
situation actuelle. Puis vous nous démontrez bien qu'il y aura un
avantage.
Ceci dit, on ne peut pas dire ça et dire
qu'améliorer la gouvernance, ce n'est donc qu'un brassage de structures et donc que ça ne sert à rien. Parce qu'à ce
moment-là ce que vous nous dites, c'est qu'il faut améliorer la gouvernance,
mais, si on améliore la gouvernance,
on s'attaque aux structures, puis ça, faire les structures, ça ne sert à rien.
Donc, il faudrait juste choisir, soit c'est une bonne idée d'avoir des gens du
personnel sur le C.A., puis on est prêts à revoir la gouvernance pour ça, soit c'est une mauvaise idée, puis toutes
modifications législatives, même si c'est pour améliorer la gouvernance, ce
n'est pas bon, parce qu'il y a d'autres priorités. Alors, est-ce que vous êtes
d'accord, comme centrale, oui ou non, qu'on peut s'intéresser à la
gouvernance tout en faisant d'autres choses pour améliorer la réussite? On
peut-u faire les deux?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, est-ce qu'on peut faire les deux? Dans un premier temps, là, je pense
qu'il y a un constat alarmant qu'on peut faire, c'est que les gouvernements qui
se sont succédé ont tué à petit feu la démocratie scolaire. Il y a un danger réel en enlevant la structure politique. Le
danger, c'est de retirer le
contre-pouvoir. Parce qu'une des questions qu'on se pose
aussi, c'est que les conseils d'administration, est-ce qu'ils auront un droit
de parole public? Alors, pour nous, ça,
c'est un élément qui est questionnant. Et, comme je le disais tout à l'heure,
quand j'ai présenté les quelques
propositions, si le gouvernement va de l'avant avec le conseil
d'administration, pour nous, il est important d'avoir la parité, parce
que, comme mon collègue l'a dit, on pense que le... Est-ce que ça va?
Une voix : ...
Mme Éthier
(Sonia) : On pense que,
justement, la parité, c'est important, ça fait un équilibre, et puis, en même
temps, le personnel connaît ce qu'il faut pour l'école, connaît les
solutions, les besoins. Il pourrait y avoir un apport important.
Pour
la centrale, ce qui... pour nous, là, la structure intermédiaire, elle doit
demeurer. Ça, c'est un incontournable, une
structure intermédiaire. Puis, ce qui nous... un élément qu'on trouve positif
dans le projet de loi, c'est que, minimalement, la structure intermédiaire va garder la responsabilité du partage des
ressources entre les écoles. Pour nous, c'est important, parce que les écoles n'ont pas toutes les mêmes
moyens. Donc, cette structure intermédiaire, pour nous, il faut qu'elle garde
la vision globale de la commission scolaire pour être capable de garder un
équilibre entre les établissements. Alors, ça, c'est primordial.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Richelieu, 1 min 15 s au temps ministériel.
M. Émond :
1 min 15 s, merci de me reconnaître, Mme la Présidente. Messieurs,
mesdames, Mme Éthier que je salue particulièrement. Je disais tantôt avoir
oeuvré dans les années 90, vous étiez alors localement ma présidente, à l'époque. Et puis je suis très heureux de vous
revoir aujourd'hui, parce qu'à chacun de nos échanges, parfois, on a des
points de convergence, des points de
divergence, mais toujours dans le respect. Puis je vais aller rapidement sur un
point de convergence, mais pour
lequel j'aimerais avoir plus de précisions, même si, M. Pronovost, vous en
avez parlé quand même un petit peu.
Il y a des groupes avant vous qui ont indiqué
que ce n'était pas une super idée de mettre des membres du personnel au sein des conseils d'administration.
De votre côté, vous trouvez que c'est une bonne idée, même, vous en voudriez
plus. Tu sais, dans mon cas, en éducation, il y a un triangle qui est très
important, pour moi, pour la réussite éducative : le triangle
élève, enseignant et parent, la collaboration ou l'implication des trois. Puis
donc, dans notre volonté de vouloir qu'il y
ait davantage de parents qui s'impliquent à la réussite éducative, je veux
juste comprendre bien, si vous voulez avoir plus de membres du personnel au
sein du C.A., vous voulez qu'il y ait moins de parents qui y soient présents
également, c'est bien ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Il vous reste cinq secondes.
Mme Éthier
(Sonia) : Ce qu'on a
demandé, là, ce qu'on vous dit... au C.A., il y a 16 personnes, je ne me
trompe pas, huit membres du
personnel, huit membres du... des parents, de la communauté. Alors, on veut la
parité, si le ministre va dans ce sens-là, parce que c'est important,
comme je vous le dis, c'est...
La
Présidente (Mme Thériault) : Je dois vous interrompre, désolée.
Merci. Donc, je regarde du côté de l'opposition officielle. Mme la
députée de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Le
ministre a donné comme exemple la commission scolaire de Montréal, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, puis il
disait comme si on interdisait le partage de services. Juste pour rectifier
certains faits : 405 élèves de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys
vont à la commission scolaire de Montréal, 593 de la commission scolaire de
Montréal vont à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Et j'étais en
train de m'entretenir avec certains
présidents quand ils ont entendu les propos du ministre. Lorsqu'il y a un
refus, ce n'est pas de gaieté de
coeur, c'est parce que l'école est pleine. Et, présentement, à l'école
Marguerite-Bourgeoys, on parle de plusieurs écoles secondaires, une capacité de 120 %. Et je me tourne vers
vous parce que, nous, ça fait quand même quelques fois qu'on se voit, p.l. n° 3,
p.l. n° 5, p.l. n° 12 et maintenant p.l. n° 40.
Lorsque nous avons invoqué, je dis le «nous» là, tous les partis d'opposition, le manque de locaux, le
manque d'enseignants, que c'était vraiment ça, la priorité, pensez-vous que
c'est encore ça, la priorité, dans la
réussite éducative, de s'assurer qu'on est capable de valoriser les
enseignants, de trouver des espaces davantage où est-ce qu'il en manque puis
d'avoir assez de monde pour s'occuper de nos enfants présentement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
• (16 h 20) •
Mme Éthier
(Sonia) : C'est certain que,
si on pose la question aux gens du milieu, bien, je ne pense pas. Ce que les
gens souhaitent, ce que nous souhaitons, évidemment, c'est de l'ajout de
ressources, c'est de l'argent supplémentaire, c'est de l'air neuf, c'est l'autonomie professionnelle pour l'ensemble
des personnels. C'est vraiment, on le sait, là, on est en situation... on s'en va en situation de pénurie, problème d'attraction,
puis c'est partout, dans toutes les professions de l'éducation. Alors, évidemment qu'on met ça en
haut, hein, des priorités pour le bien des enfants. Parce que c'est ça, là,
qu'il faut regarder, là. Il faut donner ce
qu'il faut au personnel pour réaliser leur travail pour permettre aux élèves de
réussir. Ça, là, c'est notre... on est là pour ça, là.
Donc...
mais, maintenant, on a un projet de loi devant nous et on doit y répondre. Puis
je pense que, pour nous, c'est important, on a 14 recommandations et on tend la main au ministre
de l'Éducation. C'est ce qu'on veut faire pour corriger le tir, pour
faire en sorte qu'il n'y ait pas davantage d'inégalités au niveau de
l'éducation publique. Et, quand je dis «davantage»,
il faudrait finir par les aplanir, les inégalités. Et ce n'est pas en
mentionnant, tout partout dans le projet de loi, les projets particuliers,
les projets particuliers, qu'on va y arriver. Alors, là-dessus, je suis
d'accord avec vous.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Lorsque
vous êtes venue lors du projet de loi n° 12, qui portait sur les frais
facturés aux parents, vous avez vraiment mis le doigt sur le bobo. Vous avez
dit : Là, là, attention, là, l'inégalité des chances, c'est une école à deux vitesses qui s'en vient. Aujourd'hui, vous
nous parlez de clientélisme. Le ministre trouve que ça peut être de bon augure qu'un parent
puisse prendre son auto, aller déposer son enfant plus proche du travail.
Prenons des cas concrets : une famille
qui est moins fortunée dans Hochelaga, est-ce qu'eux vont pouvoir prendre leur
auto puis aller travailler, déposer leur enfant dans une autre école,
disons, par exemple, dans le comté de Westmount?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier
(Sonia) : Poser la question, c'est y répondre. Je pense... je ne crois
pas, puis c'est dans ce sens-là que, tout à l'heure, j'essayais d'exprimer clairement
le danger de cette disposition qui nous amène l'école à la carte davantage.
On a déjà, dans notre réseau, on le sait, on
le mentionne... le réseau public a déjà ses projets particuliers. Certains
établissements ont des projets
particuliers, ça crée de l'iniquité. Il y a des frais scolaires qui sont
beaucoup... qui sont chers et qui empêchent certains parents de... que leur enfant
y participe. Mais, à un moment donné, il va falloir se poser la question, puis
c'est ce qu'on aurait dû faire avant
le dépôt du projet de loi : Qu'est-ce qu'on veut, au Québec, comme
éducation? Comme système public d'éducation, qu'est-ce qu'on veut? On aurait dû
déblayer le terrain d'abord, avant le dépôt d'un projet de loi, qui nous
amène à des endroits, qui nous... qu'on voit davantage d'iniquités.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. J'aimerais vous amener dans un article plus précis du
projet de loi : 34, paragraphe 2°. In fine, je vais me permettre de le lire, c'est
question des notes : «Elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement
au directeur de l'école, après consultation
de l'enseignant, de majorer le résultat d'un élève s'il existe des motifs
raisonnables liés à son cheminement scolaire.» Ici, il y a le terme
«majorer», que j'ai mis de l'emphase, puis «après consultation». Puis, juste avant que vous me répondiez, j'ai,
devant moi, une décision, une sentence arbitrale, qui a été rendue ici, à
Québec, sous la présidence de Jean-Guy Roy. Et, ici, c'était où est-ce
qu'un enseignant sa note a été changée. C'est non seulement l'enseignant que sa
note est changée qui est affecté, mais, lorsqu'on prend le temps de lire la
décision, les enseignants autour
recevaient, par la suite, de la pression des élèves. Ils disaient :
Attention, vous pouvez avoir le même sort que l'autre enseignant. Et c'est plusieurs témoignages de plusieurs
collègues enseignants. Pensez-vous que cet article-là, précisément le
passage que je viens de vous citer, devrait être complètement biffé?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) : Absolument.
Moi, je pense que c'est un scandale, c'est inapproprié. Puis là je sais que
Mme Scalabrini va être ici jeudi pour répondre à la question, mais c'est
inconcevable qu'un enseignant qui utilise son jugement
professionnel, qui a lui-même enseigné à cet élève, qui a passé une évaluation
et qui se fait... puis que la direction de l'école le consulte pour majorer cette note-là, là, moi, je trouve
que c'est inconcevable, et ça ne devrait pas apparaître nulle part. Ça
mine l'autonomie professionnelle du personnel enseignant et c'est inconcevable,
je le répète.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je me tourne, là, pour parler maintenant des
personnels de soutien. Plusieurs ont décrié avoir des plages à temps
partiel puis que, des fois, il manque un quart, là, je parle de
15 minutes, pour ne pas avoir une charge complète. Maintenant que ça va être les directions d'école qui vont pouvoir
choisir davantage, apparemment, est-ce que, là, on peut avoir un risque assez
important de mettre encore plus en péril ceux et celles qui occupent le poste à
temps partiel et de les mettre dans une situation de précarité d'emploi
encore plus grave que ce l'est actuellement?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Pronovost.
M. Pronovost
(Éric) : Oui. C'est clair
que ça n'aidera pas. Ça, c'est sûr. Si l'école redevient un endroit où une
seule personne de la direction d'école s'occupe de prendre les décisions,
d'évaluer les besoins, de s'occuper de vérifier le nombre de personnes qui
fréquentent, exemple, le service de garde, avoir le bon ratio, hein, donc vous
comprendrez qu'effectivement... nous, ce
qu'on dit depuis le début, pour contrer cette fameuse précarité-là, cette
problématique d'horaire, nous pouvons
participer davantage dans la vie de l'école, à tous les jours, aider nos
collègues enseignants, travailler de concert avec les professionnels. On
le répète depuis longtemps.
Donc, on
pense qu'on a une solution, mais, encore une fois, il faut se faire écouter,
hein? Il faut être capable d'échanger, puis j'en ai discuté déjà avec M. le
ministre. Sauf qu'on attend des gestes concrets sur le terrain, qu'on ne voit
pas présentement, et ça, bien, ça nous cause
une problématique. Et ça a un lien direct avec la rétention puis l'attraction
d'emploi. Donc, les gens quittent, s'en vont dans un grand magasin, peu
importe, vont travailler ailleurs pour 40 heures au lieu d'avoir... Parce que, vous savez, il y a des gens,
là, qui, chez nous, là, arrivent à 7 heures, le matin, quittent à
6 heures, le soir, et en travaillent 3 h 15 min dans
une journée au complet. Donc, la plage est immense.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, 2 min 30 s, à peu près.
Mme Rizqy : Je me permets ici de faire certains parallèles
pour avoir le recul puisqu'on a quand même siégé sur différents projets de loi. Mais un qu'on n'a pas
siégé, parce qu'on est ici au p.l. n° 40, c'est le p.l. n° 37 et le
p.l. n° 5, qu'on vient de
terminer, où est-ce qu'on a terminé sur une note qui nous a tous laissé un goût
très amer dans la bouche, sur la question des agréments pour les écoles privées,
p.l. n° 37 où est-ce qu'on voit qu'il y a une grande
centralisation à Québec pour la décision, pour le pouvoir d'achat
notamment.
Et là, ici,
dans le projet de loi, il est question encore de l'école privée, du
service. Le ministre parle toujours du conseil d'administration des cégeps et
des universités. Or, j'ai été professeure à l'université avant de faire le saut
en politique. Moi, quand je regarde
ça, oui, le conseil d'administration universitaire, c'est pas mal des étudiants
adultes, mais, quand je regarde ça, ça ressemble pas mal plus à un
conseil d'administration d'une école privée. Ici, est-ce qu'on a un danger de non seulement centraliser les pouvoirs,
mais peut-être même démanteler l'état public en matière d'éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier, en une minute, à peu près.
Mme Éthier
(Sonia) : Je pense que, sur
la question dans le projet de loi, c'est sur le partage des ressources, là,
précisément, qu'on parle, évidemment, il y a un danger là. Le partage des
ressources, jusqu'où on va aller, on ne sait pas trop. Premièrement, je pense qu'il
y a un certain danger pour le personnel,
là, pour la perte d'expertise, hein, parce que les gens, dans les commissions scolaires, ont l'expertise pour... et les gens du milieu
savent ce dont on a besoin en termes de matériel, là. Donc, ça, c'est un
enjeu qui est important, puis jusqu'où ira, justement, ce partage de services.
Ça, c'est une
question qu'on se pose : Est-ce qu'on ira... Parce que le ministre, il a
beaucoup de pouvoirs, là, et notamment de demander à un centre de services de
produire une analyse visant à évaluer les possibilités de partage des ressources et de services avec un autre centre de
services scolaire, faire des recommandations ou exiger des mesures favorisant
le partage des ressources ou de services soient mises en oeuvre entre deux
centres de services scolaires. Ça, ça va loin, là.
Et ça, c'est
inquiétant, parce les régions comme la mienne, Sorel-Tracy, où nous avons une
commission scolaire où il y a une vitalité régionale, où la commission scolaire
est située au centre-ville, puis que les gens, bien, ils ont leur
emploi, ils font cette tâche-là, là, les
achats, toute la question administrative et qui font rayonner l'économie dans
la région, bien, moi, pour moi, je
suis très inquiète sur cet article-là, où le ministre détient le pouvoir.
Jusqu'où ça ira? Je vous le dis, on est inquiets.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Éthier. Donc, nous allons passer à la deuxième opposition.
2 min 40 s, Mme la députée de Sherbrooke.
• (16 h 30) •
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Écoutez, vous êtes le
troisième groupe qu'on entend, vous êtes aussi le troisième groupe à nous dire
qu'avant d'aller de l'avant avec un projet de loi qui réforme la gouvernance ça aurait pris une réflexion
collective pour savoir où est-ce qu'on veut s'en aller en éducation, et
j'espère que le ministre l'entend pour la troisième fois. J'aimerais ça,
vous entendre... vous avez déploré le potentiel d'entretenir l'inégalité des chances et même de dérives par
rapport à ça avec le projet de loi. Qu'est-ce qu'on devrait poser comme geste
pour assurer l'égalité des chances dans nos écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Je pense qu'il faut, il faut vraiment... Pour assurer l'égalité des chances, il
y a un élément qu'on a parlé souvent, c'est
la mixité scolaire, hein? Et les chercheurs le disent, la majorité des
chercheurs le disent, que la mixité scolaire, c'est un élément
favorisant la réussite pour tout le monde. Alors, ça, c'est un élément.
Maintenant,
bien, les ressources. Il faut que les ressources soient au rendez-vous. Ça fait
quand même... Le premier ministre
nous a dit, dans son discours inaugural, que l'éducation, c'était la priorité.
Bien, malheureusement, on attend encore. On sait, là, il y a des projets
de loi qui se défilent devant nous un après l'autre. Mais il y a absence de
vision globale du système d'éducation au
Québec, et c'est ça que ça nous aurait pris. À moment donné, il faut prendre le
temps de réfléchir pour être capable
de poser les bons gestes et de prendre les bonnes décisions pour favoriser
davantage l'égalité des chances, en partie par la mixité scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Labrie : Oui, vous avez
parlé, tout à l'heure, de seuil minimal de services professionnels. Pourtant,
le ministre, il y a quelques mois, semblait
avoir annoncé qu'il y aurait un seuil minimal de services. Donc, visiblement, ça
ne répondait pas à ce qu'il fallait. J'aimerais ça, que vous nous exposiez
pourquoi.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Landry, en 30 secondes.
M. Landry
(Jacques) : En fait, nous,
on pense que le seuil de services, c'est comme une façon d'offrir des chances vraiment
égales à tout le monde. Parce que ce qu'on s'est aperçu, c'est... La dernière
fois, l'austérité, il y a eu, une année, 350 postes de coupés. Puis ce
qu'on s'aperçoit, c'est qu'il y a des commissions scolaires où tu as... tu
prends deux professionnels pour
1000 élèves, d'autres, cinq pour 1000 élèves. Donc, nous, ce qu'on
dit, c'est : Si on veut vraiment l'égalité
des chances, bien, il faut qu'on soit en mesure d'offrir des services aux
élèves, peu importe leur région, peu importe leur école. Et puis on a... en fait, c'est, je pense, une des bonnes
façons qu'on a de protéger l'école publique, en s'assurant d'avoir des
services de qualité.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. Landry. Donc, je vais passer
maintenant la parole à la députée de Joliette pour son bloc. Mme la
députée.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. J'ai un 2 min 40 s. J'aurais plein de
questions. Je veux juste dire, je pense que, oui, la mixité sociale, c'est fondamental, puis on a
bien compris que, même si ça a l'air bien simple de dire : Bien, dans le
fond, tous les parents vont choisir où ils veulent que leur enfant
aille, puis, si c'est sur le chemin du travail, bien, ça va être formidable, il
y a peut-être des enfants qui n'ont pas ces possibilités-là, parce que les
parents vont aller à l'école de quartier, et
ça va faire, au bout du compte, qu'on va dévitaliser des milieux, qu'il n'y
aura plus de mixité sociale et que, justement, les enfants qui auraient
le plus besoin de la mixité sociale en auront peut-être moins le bénéfice.
Puis je veux
vous emmener, par rapport à ça, là, à un élément plus précis. Les projets
particuliers, là, vous en parlez beaucoup. Vision globale, on en est, nous
autres aussi. On aurait aimé ça, qu'il y ait une vision globale avant d'aller
pièce par pièce, parce que, les projets particuliers, on a vu, dans un autre
projet de loi, que, maintenant, ils peuvent exister, puis il n'y a pas de plafond sur les frais qui peuvent
être chargés. On n'a pas la cartographie, on ne sait pas comment il y en a.
Est-ce que vous êtes d'avis que, là, comme
certains le disent, il va avoir une compétition plus grande encore entre les
écoles puisqu'il va y avoir ce décloisonnement-là?
En termes de projets particuliers, qu'est-ce que ça peut avoir comme impact?
Puis, si j'ai
du temps, l'autre question, ça serait sur la prise de parole publique. Vous
avez dit ça : Qui va prendre la parole publiquement au nom des C.A., ou tout
ça? Le ministre a déjà dit que ce seraient les directeurs généraux qui parleraient publiquement pour les nouveaux centres
de services. Est-ce que vous pensez que ce devrait être les D.G. ou le
président du conseil? Qui devrait prendre la parole?
La
Présidente (Mme Thériault) : Et vous allez avoir
1 min 15 s pour répondre aux deux questions de la députée
de Joliette.
Mme Éthier (Sonia) : Bien,
d'abord, sur...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) : Oui,
sur la première question, sur le fait que ce n'est pas tous les enfants qui
vont pouvoir, justement, aller où bon... où
les parents pourraient les amener, parce qu'il y a un frein, il y a un frein au
niveau des possibilités parfois dans
les... pour les parents qui sont dans les milieux défavorisés. Et évidemment
que ça nous inquiète, comme vous le disiez, sur l'espèce de compétition,
hein, qui va probablement s'accentuer par rapport à ce qui existe actuellement. Il y en a déjà. On le sait, que les
projets particuliers se sont multipliés dans les écoles publiques pour mettre
un frein au départ des enfants vers le privé, mais, en même temps, ça fait que
ça a accentué l'inégalité, donc, là-dessus.
Et
puis sur... un élément qui nous
inquiète aussi, qui parlera? Parce qu'il n'y aura pas de contre-pouvoir. Alors,
qui aura le droit de parole au niveau
des conseils d'administration et comment on va être capable de délibérer
publiquement, en toute transparence, que la population va pouvoir
retrouver ce goût et cet intérêt pour l'éducation? Alors, ça, là, c'est un élément qui est vraiment primordial dans le projet de loi, comment la démocratie va se... comment ça va se passer pour qu'on ait vraiment, je dirais, la possibilité de
savoir exactement puis de voir les débats, là, au C.A., publiquement, là. C'est
important, ça. Moi, je vous dis...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois malheureusement... Je vous ai donné 40 secondes de plus,
Mme Éthier. Désolée. Je voulais votre réponse. Donc, merci beaucoup à
M. Pronovost, Mme Éthier, Mme Chabot et M. Landry.
Nous allons
suspendre quelques instants pour que la Confédération des syndicats nationaux puisse s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 39)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Donc, nous
accueillons M. Létourneau, avec la Confédération des syndicats nationaux.
Merci de nous présenter les gens qui vous accompagnent, M. Létourneau. Et
vous avez 10 minutes pour nous présenter votre mémoire.
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
M. Létourneau
(Jacques) : Oui. Mme la Présidente, M. le ministre, députés.
Alors, je suis accompagné de Mireille
Bénard, qui est adjointe au comité exécutif de la CSN, qui est responsable du
dossier de l'éducation, Alexandra Mathieu, qui est du service de
recherche et qui travaille sur les questions d'éducation, Nathalie Arguin, qui
est présidente de la Fédération des employés
de services publics, et Annie Charland, qui est présidente du secteur du
soutien scolaire à la CSN.
• (16 h 40) •
Alors, très
rapidement, la CSN, c'est une organisation syndicale de
300 000 travailleuses, travailleurs dans tous les secteurs
d'activité, dans toutes les catégories d'emploi. À la fédération, on représente
30 000 employés qui sont dans le secteur scolaire. On représente notamment du personnel administratif,
on représente le soutien direct aux élèves, les services de garde et,
bien sûr, le soutien manuel.
Alors,
peut-être dire, d'entrée de jeu, que, quand le gouvernement de la CAQ a été
élu, la première discussion qu'on a
eue avec M. Legault puis, par la suite, avec M. Roberge, on avait
salué, comme organisation syndicale, cette volonté-là de
faire de l'éducation, au Québec, une priorité. Je pense qu'on peut se dire sans
trop hésiter qu'il y a une crise de l'éducation publique, notamment au niveau primaire, secondaire, qui est liée,
évidemment, à des périodes qu'on a traversées au Québec. Les mesures
d'austérité, les compressions budgétaires, ça, je pense que tout le monde fait
consensus là-dessus pour dire que, sans être
dans une dynamique de rupture, il y a quand même des signaux fort inquiétants
qui viennent remettre en question toute la qualité. Ça n'a rien à voir avec la qualité des services
qui sont donnés par le personnel enseignant ou non, mais, quand on
regarde l'état actuel de l'éducation publique au Québec, on a, justement,
intérêt à s'en occuper.
D'ailleurs,
on avait, justement, salué le gouvernement en disant : C'est une bonne
chose qu'on s'occupe de l'éducation. D'ailleurs,
quand le ministre des Finances a annoncé des crédits supplémentaires pour
embaucher de la main-d'oeuvre, quand on a annoncé qu'on allait lancer un
chantier de rénovation de nos écoles, dont certaines sont dans un état
carrément lamentable, on a effectivement salué les gestes posés par le
gouvernement.
Évidemment, dans le
contexte actuel, nous, on considère qu'il y a encore beaucoup de pain sur la
planche et, honnêtement, on a été étonnés, à la lecture du projet de loi
n° 40, de constater qu'on était dans quelque chose de très administratif et que la remise en question des
élections scolaires ou des commissions scolaires dans leur forme actuelle,
c'était un peu comme viser un objectif sans toucher la bonne cible.
Est-ce
que c'est l'existence des commissions scolaires au Québec qui explique, par
exemple, qu'il nous manque d'enseignants puis d'enseignantes, qu'il manque de
personnel spécialisé, qu'il nous manque de personnel de soutien? À notre avis, même si on reconnaît qu'effectivement,
sur le plan de la démocratie, il y a peut-être là un déficit quand tu regardes
les taux de participation, comme
organisation syndicale, on a toujours dit : Donnons-nous les moyens pour
renforcer cette instance politique là — parce que c'est vrai que c'est politique, et
ce n'est pas un mal de faire de la politique quand on s'adresse à des enjeux de société comme ceux de
l'avenir de l'éducation — donnons-nous les moyens de renforcer, justement, cette dimension-là de notre vie démocratique en
société pour être capable, justement, de maintenir les équilibres sur les
territoires puis d'être capable de répondre de façon efficace aux enjeux qui
traversent le monde de l'éducation.
Alors,
évidemment, quand on met sur la table la fin des élections scolaires, d'abord,
on veut rappeler au gouvernement qu'il
s'agit d'une des plus vieilles institutions dans une conjoncture, honnêtement,
où s'attaquer aux droits fondamentaux de pouvoir voter, de pouvoir se
prononcer sur qui va assurer la gouvernance d'une institution aussi importante
que les commissions scolaires, et d'être
remplacée de façon administrative par des instances qui vont être composées de
parents, de personnel, alors qu'on a
déjà une expérience difficile dans les conseils d'établissement... Nous, quand
on parle avec notre monde, on nous
dit : C'est une réalité, ça, sur le terrain, que ce n'est pas facile de
recruter. Alors là, on comprend, en plus, qu'on va demander au monde de faire du bénévolat, on voit mal comment
cette nouvelle forme de gouvernance là va être capable de régler les
problèmes sur lesquels on est actuellement confrontés.
L'autre
chose qu'on nous avait dite, puis moi, je l'avais dit à M. le ministre, je
l'avais dit à M. Legault : J'espère que vous ne nous ferez pas de
réforme Barrette en éducation puis que vous ne vous mettrez pas à jouer dans
les structures. Bon, loin de nous l'idée de comparer le projet de loi
n° 40 à la réforme Barrette en santé, mais disons que, quand on regarde un certain nombre d'articles du projet de
loi qui portent vers une forme de centralisation entre les mains du ministre,
une dépolitisation, pas de façon... au
sens péjoratif, là, mais d'une dépolitisation réelle des enjeux d'éducation
dans le palier régional, bien, on s'inquiète, parce qu'on se dit : Demain
matin, là, c'est qui qui va donner le contrepoids, justement, des politiques mises de l'avant par un gouvernement,
par un État, dans des enjeux aussi fondamentaux que ceux auxquels on est
confrontés actuellement dans l'enseignement, dans le réseau de l'éducation, de
l'éducation publique?
Donc,
il y a des dimensions qui nous inquiètent au niveau de la centralisation, de la
concentration, toute la question des regroupements de services, la question,
même... On ne parle pas de fusion, jusqu'à maintenant, de ces centres de services scolaires, mais, en même temps, la
porte est ouverte par un certain nombre d'articles qui pourraient éventuellement nous replonger dans ce qu'on a connu en 1998, quand il y a eu des
fusions des commissions scolaires,
puis mes collègues pourront vous en
parler, de l'effet des fusions de commissions scolaires sur l'éloignement, surtout sur des grands
territoires, entre des écoles qui sont moins représentées ou moins
considérées quand il s'agit d'avoir un plan de développement dans une région pour assurer une équité dans la
distribution du financement puis dans l'organisation des services sur le
territoire. Donc, il y a des dimensions, là,
qui sont mises de l'avant dans le projet de loi qui nous inquiètent à ce compte-là.
Il
y a eu évidemment la loi n° 37, on y a fait référence tantôt, j'écoutais les
autres présentations. Il y a le projet
de loi n° 40, il y a la loi n° 37. Quand
on pose les questions d'équité, ou d'iniquité plutôt, il y a la fameuse loi n° 12, qui, à notre
avis, introduit davantage de concurrence, parce que, là, on remet en
question la gratuité puis on ne plafonne pas les frais qui seront
éventuellement chargés aux parents, alors que le ministre, quand il était dans
l'opposition... puis qu'on s'est aperçu que
ça coûtait bien cher pour des parents, notamment, d'envoyer leurs enfants à
l'école publique, alors que ça
devrait être normalement gratuit, bien, on s'aperçoit que, là, on est en train
de mettre en place des conditions qui vont peut-être entraîner de
l'iniquité.
On l'a dit, là, au
Québec, c'est le régime à deux vitesses, le privé financé, le public. Mais ça
fait une couple d'années qu'on est dans presque du trois vitesses, parce que,
dans l'école publique, il existe — moi, mes enfants sont au secondaire — le programme international puis il existe le
programme régulier. Et qui va à l'international? Qui va au régulier? On la
connaît, la réponse. Moi, en tout cas, je pourrais vous en jaser longuement, mais ce
n'est pas l'objectif aujourd'hui, dans la mesure où je suis ici comme
président de la CSN, pas comme parent.
Mais
toujours est-il que l'absence de mixité sociale dans l'école et dans les
processus d'apprentissage fait en sorte, justement, qu'on n'est pas en train de régler les problèmes d'iniquité,
bien au contraire. Alors, nous, on pense, honnêtement, il y a
un coup de barre à donner au Québec
actuellement, il y a même un cri du coeur qu'on doit lancer au gouvernement
pour, justement, s'assurer que l'enseignement primaire, secondaire... c'est les
tout-petits, c'est les jeunes qui vont former le Québec de demain, aient des chances égales et que, quelque part, on
mette en place un véritable processus de consultation.
Moi, je vais
vous dire, là, je ne suis pas assez vieux pour avoir connu l'époque du rapport
Parent, mais le Québec s'est bâti sur
son système d'éducation public, sur l'accès à l'éducation. On avait un
rattrapage, à l'époque, à réaliser au Québec. Il me semble qu'on devrait se donner toutes
les chances et, justement, consulter la population, consulter les intervenants,
consulter les travailleuses, les travailleurs, mais pas juste les travailleuses
et les travailleurs, consulter l'ensemble de
la population pour savoir qu'est-ce qu'on veut demain, au Québec, comme système
d'éducation pour maintenir les grands
principes d'équité qui nous habitent, mais de moins en moins parce qu'ils sont
en train de s'altérer complètement avec les inégalités qui s'observent
aujourd'hui dans le monde de l'éducation. Alors, voilà, je m'arrête là-dessus.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. Létourneau. Donc,
sans plus tarder, je vais passer la parole à M. le ministre.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Je vais essayer
de clarifier quelques éléments pour
voir... être certain qu'on comprenne bien, parce que j'ai l'impression que, si
on comprend mal ce qu'il y a dans le
projet de loi puis qu'on le répète, on extrapole puis on en vient à faire peur
aux gens avec des choses, des articles qui n'existent pas.
Comme
là, vous avez dit... en fait, Mme la Présidente, monsieur nous a dit que, parce
qu'il y avait une possibilité qu'il y
ait des fusions de services, qui existait déjà dans la loi actuelle, en
passant, c'était déjà là, il pourrait y avoir des fusions de centres de
services au complet. Ce n'est pas dans le projet de loi. Il faudrait avoir un
autre projet de loi pour fusionner des territoires.
Ce
que fait le projet de loi actuel, il transforme 69 commissions scolaires,
francophones et anglophones, neuf
anglophones, 60 francophones, en 69 centres de services scolaires. Il
n'est pas question de fusionner des territoires. Je ne comprends pas pourquoi
vous dites, bien, ça pourrait mener à des fusions de territoires, parce que,
pour fusionner des territoires, ce
qui n'est pas notre intention, il faudrait revenir, déposer un autre projet de
loi puis lancer une autre ronde de consultations.
Alors, pourquoi
lancer ça, alors que ça fait peur aux gens et que ce n'est pas dans le projet
de loi?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Létourneau. Mme Arguin.
• (16 h 50) •
Mme Arguin (Nathalie) : Oui, bonjour. Bien, nous, ce qu'on a vu et ce qui
a vraiment inquiété nos membres, c'est... on y voit la possibilité très claire
de la fusion de territoires. La notion de territoires limitrophes et de
consentement ou de demande des milieux pour fusionner les territoires
disparaît. C'est ce qu'on a vu dans le projet de loi. Alors, les gens qu'on représente, ils ont vu tout de suite la
possibilité de le faire, la possibilité, aussi, que ce soit vraiment à la
demande du ministre ou du ministère de pouvoir faire ces fusions-là.
Donc,
nos gens, après avoir... nos membres, après avoir vécu toutes ces années de
fusion en 1998, la vague de fusions
qui a pris des années à se mettre en place, et ensuite les mesures d'austérité
qu'on connaît, sont vraiment hyperinquiets de voir une porte s'ouvrir. On ne dit pas que c'est écrit
nommément, mais de voir la porte s'ouvrir sur une ixième réforme ou refonte
des territoires au Québec, ça a inquiété énormément nos gens.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Mais c'est un peu là où j'en suis. Vous dites : Il y en a déjà eu, des
fusions, et là, comme on veut changer la gouvernance, peut-être qu'il y
en aura plus tard. C'est un peu coupable par association. Ce n'est pas parce qu'il y en a déjà eu et que, là, on revoit la
gouvernance qu'il va y en avoir. C'est un peu la même gymnastique. Tout à
l'heure, vous avez mentionné :
Loin de nous l'idée de comparer le p.l. n° 40 à la réforme
Barrette. Il y en a plusieurs avant vous qui ne se sont pas privés.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je vais juste vous demander de ne pas faire indirectement ce que vous
n'avez pas le droit de faire, d'appeler un ancien ministre ou un député
par son nom.
M. Roberge : D'accord, d'accord, c'est bon. Loin de nous
l'idée de comparer le p.l. n° 40 à la présente réforme en santé faite par
l'actuel député de La Pinière.
La Présidente
(Mme Thériault) : C'est mieux.
M. Roberge :
En fait, ce n'est pas ça qu'on fait du tout. Mais, comme la dernière fois
que quelqu'un a revu la gouvernance d'un
réseau important, qui est en santé, ça a eu des conséquences néfastes, à ce moment-là, le précédent... le ministre de
la Santé qui est actuel député de La Pinière s'est arrogé de nouveaux pouvoirs,
a fusionné des territoires — là, il
y en a eu, des fusions de territoires, des vraies, ce n'étaient pas des
craintes, il y en a eu — et s'est donné le pouvoir de nommer les membres d'un C.A., on dit : Bien, maintenant qu'on veut
améliorer la gouvernance, il va probablement arriver ce qu'il est arrivé
la dernière fois.
Mais, quand on
regarde le projet de loi pour ce qu'il est, il n'y en a pas, de fusion de
territoires. Il n'y en a pas, de ministre qui nomme des gens sur les conseils
d'administration. Ce n'est pas vrai. Et le ministre, avec ce projet de loi là, le gouvernement actuel, moi ou le prochain
qui occupera mon siège, ne pourra pas nommer les gens sur les C.A. et ne
pourra pas nommer les directions générales. Or, dans la précédente réforme de
la santé, il nommait les gens sur les C.A., il nommait les D.G.
Alors,
je comprends qu'il y a des souvenirs douloureux de la précédente réforme en
santé, mais est-ce que ça veut dire qu'il
faut s'améliorer, d'améliorer la gouvernance, supposons, en éducation ou en
transport, en disant : Au cas que, au cas que ça soit aussi pire
que la dernière fois?
La Présidente
(Mme Thériault) : Excusez-moi, M. le ministre.
M. Roberge :
Ça voudrait dire qu'on serait condamnés à ne plus jamais améliorer nos
gouvernances?
La Présidente
(Mme Thériault) : Excusez-moi, M. le ministre. J'ai une question
de règlement, la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Oui, j'aurais une question de règlement. Écoutez, je ne sais pas en vertu
de quel article, mais le ministre a dit
textuellement qu'il aurait besoin d'une nouvelle loi pour fusionner des
territoires, alors que c'est faux. À l'article 46
du projet de loi qu'on est en train d'étudier en ce moment, ça dit que «le
gouvernement peut, par décret, [...]de sa propre initiative, [appliquer] toute modification au territoire des
centres de services». Donc là, je pense qu'il donne une information
inexacte aux gens ici en disant que ça prendrait un nouveau projet de loi pour
procéder.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci pour votre question de règlement. M. le
ministre, j'imagine que vous allez référer à l'article de la députée.
M. Roberge :
Je vous remercie. On y reviendra à ce moment-là pour démontrer que ce n'est
nullement l'intention et que ce n'est
pas une modification qu'on vient de faire en donnant de nouveaux pouvoirs. Ce
n'est pas le projet de loi ici, là,
qui vient donner de nouveaux pouvoirs en faisant des fusions. Donc, je veux
juste qu'on prenne garde à se faire peur en faisant dire au projet de
loi des choses qu'il ne dit pas.
Et,
puisque vous représentez des gens qui travaillent dans les instances, ma
question serait : Est-ce qu'il y a une ouverture parmi vos membres à avoir
des postes réservés sur le conseil d'administration? Est-ce que certains de vos
membres voient ça d'un bon oeil, comparé à la situation actuelle, où ce sont
des commissaires, d'avoir plutôt un conseil d'administration avec des employés,
des gens qui travaillent au quotidien dans les écoles?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Mathieu.
Mme Mathieu
(Alexandra) : En fait, je voudrais juste revenir à la question
précédente du ministre et son étonnement sur
nos craintes. En fait, considérant que M. le ministre a déjà mentionné publiquement, devant journalistes,
qu'il considérait éventuellement la
possibilité de fusion, je vois mal en quoi le ministre est surpris,
aujourd'hui, par notre crainte, de un.
De deux... Est-ce que
j'ai le droit de poser des questions?
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui.
Mme Mathieu
(Alexandra) : Considérant que le ministre a pris la peine de retirer
de la LIP les notions de consentement et de
territoires limitrophes, il comprendra que nous sommes extrêmement inquiets. Et
on comprend mal, ici, son étonnement devant notre inquiétude.
Et, encore une fois,
la ministre Labrie a... pardon, la députée Labrie, désolée, mon erreur,
désolée...
M. Létourneau
(Jacques) : La députée de Sherbrooke.
Mme Mathieu
(Alexandra) : ...voilà,
merci, députée de Sherbrooke mentionnait qu'en effet tout ça peut se faire
par règlement. Donc, voilà.
La Présidente
(Mme Thériault) : Voilà. Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Je peux répondre brièvement avant de laisser la
parole à mon collègue. La question des territoires, j'en ai parlé avec les intervenants précédents,
c'est pour permettre à des parents dont il y aurait des enfants dans une école
qui voudraient inscrire leurs enfants sur le
territoire du centre de services voisin de pouvoir inscrire. C'est ça,
l'intention. Je vais laisser la parole, maintenant, à mon collègue de Beauce-Nord.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui. M. le député de Beauce-Nord.
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. J'ai regardé attentivement votre mémoire puis
même le site de votre organisation.
J'aurais trois questions. La première, c'est que le projet de loi, là, prévoit une place accrue aux employés de soutien — puis
vous nous mentionnez que vous avez plus de 30 000 employés au niveau
du service soutien — alors,
dans tous les conseils
d'administration, mais également au sein des comités d'engagement pour la
réussite des élèves. Comment vous percevez cette implication-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin
(Nathalie) : Oui. Juste
revenir sur... Je vais répondre à votre question, mais je veux vraiment revenir
sur l'inquiétude qu'on a, parce que c'est ça
qui a suscité le plus... Nos gens nous on dit, là : On est heureux de
voir arriver un ministre de l'Éducation qui connaît le milieu, on est heureux de voir que
c'est une priorité pour le gouvernement de réinvestir, et on s'en allait dans des
bonnes grâces de nos membres, qui étaient vraiment contents. Et ils ont été
sonnés après tout ce qu'ils ont vécu. Ça, il ne faut pas le minimiser. Le personnel de
soutien, là, oui, on va être heureux de voir qu'il y a une représentation puis que ça n'a pas été oublié,
éventuellement, malgré les positions qu'on peut avoir sur la démocratie scolaire et le fait d'abolir la
démocratie scolaire et régionale. Mais les gens, là... C'est à
l'article 116, là, de la LIP. La
manière que c'est écrit, ce n'est pas nous qui avons fait peur aux gens, M. le
ministre... Mme la Présidente, là. Donc,
ce n'est pas nous qui avons fait peur aux gens. Les gens ont été épeurés
eux-mêmes en lisant, en lisant cet... Il y a un grand ajout, là, à
cet article-là, qui rouvre des grandes portes. Et vraiment, les fusions, là,
c'est le personnel de soutien scolaire, qui
est au coeur de la machine, là, qui est au coeur, c'est le personnel
administratif, c'est le personnel d'entretien, c'est le personnel... puis c'est les services aux élèves qui sont
directement impactés quand on s'empêtre dans des fusions interminables.
Ça a pris presque 10 ans pour compléter le dernier processus.
Alors, moi,
je pense qu'il ne faut pas s'étonner que nos membres, ils sont vraiment
inquiets et ils ont été vraiment déçus de voir qu'on risquait, là — je
vais le dire, mais le risque est... en rajoutant quatre, cinq paragraphes dans
cet article-là, le risque est bien
réel — de
s'embarquer dans un autre processus interminable, et, surtout, qui allait les
impacter d'une certaine façon, mais en ne sachant pas laquelle. Donc,
c'est énormément de portes ouvertes.
Donc, sur le fait d'avoir gardé une
représentation dans les articles du projet de loi, on en est. On a toujours... Puis, comme personnel de soutien, on n'est pas les
premiers qui ont la voix au chapitre de façon naturelle. Ce n'est pas les personnes qu'on vient voir de premier chef
dans le réseau de l'éducation, mais c'est les personnes qui sont au coeur de
la machine, c'est les personnes qui font rouler notre système d'éducation, qui
travaillent au niveau administratif, qui réparent
nos écoles et qui peuvent faire la prévention, quand on a assez de personnel
sur le terrain pour pouvoir faire de la prévention, et ne pas juste éteindre des feux ou colmater des brèches,
et puis s'apercevoir, après des années, que tout ça, ça n'a pas
fonctionné. Mais c'est là-dessus que je voudrais vraiment insister.
Et, si c'est comme la discussion que M. le président
de la CSN avait déjà eue avec M. le ministre, que ce n'est nullement l'intention de fusionner des
territoires, bien, moi, j'inviterais à revoir cet article-là pour que ce soit
vraiment clair pour tout le monde, parce que ce n'est vraiment pas l'impression
que ça donne.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. M. le député de Beauce-Nord,
vous avez encore à peu près cinq minutes.
M. Provençal : Merci, Mme la Présidente. Oui, je comprends qu'à
la première question que j'ai posée vous êtes quand même en accord avec une implication du personnel de soutien, à la
première question que je vous ai posée, pour une place accrue aux
employés de soutien dans les conseils d'administration.
• (17 heures) •
Mme Arguin (Nathalie) : Mais
nous, on ne sera pas...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin
(Nathalie) : Oui, désolée. Nous, bien, exactement, là... Mais, comme
je vous ai dit, quand on peut... on revoit des structures et qu'on fait
une place au personnel de soutien, on va être en accord.
Mais là je ne
serais pas d'accord avec... Là, ce qu'on a placé en début, c'est que nous, on
pense, là, en début de discussion
aujourd'hui... ce qu'on pense, c'est qu'on n'en était pas rendus, sans
consultation, à revoir la structure démocratique dans laquelle on est présentement. Et cette consultation-là aurait été
très, très instructive, d'y impliquer... ça aurait été très instructif d'y impliquer le personnel de soutien
et administratif qui en fait partie et qui connaît plus que moi, même, le coeur
du fonctionnement des commissions scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député.
M. Provençal : J'aimerais revenir, là, sur vos craintes, si M. le ministre me le permet, là. Vous craignez des fusions imposées de centres de services, des regroupements
de services, des pertes possibles d'emploi, mais il n'est pas du tout question d'imposer ce genre de décisions ni de
couper des postes depuis le début de l'annonce du projet de loi. Le projet de loi
permet ces actions si elles sont avantageuses pour tous. On parle de
possibilité, puis j'insiste sur le mot «possibilité», sur le plan
juridique et non d'obligation tous azimuts, là. Est-ce que vous considérez que
des regroupements de services peuvent être
avantageux? Et, si oui, dans quelles conditions? Parce que vous avez quand
même, probablement, réfléchi à cet élément-là avec un cadre de
référence.
La Présidente (Mme Thériault) :
...Mme Charland, je pense, hein? Oui. Mme Charland, allez-y, c'est
beau.
Mme Charland (Annie) : Oui, nos
membres ont excessivement peur des regroupements de services. Excusez, j'ai une grippe. Si, mettons, en plus, en n'étant
plus limitrophe... mettons que le service de la paie peut se faire sans être
limitrophe, on va prendre la paie de mes Îles-de-la-Madeleine, qui vont aller se faire à
Montréal, il arrive quoi avec mes
filles qui font la paie aux Îles-de-la-Madeleine? Il arrive quoi avec les travailleuses et les travailleurs qui ont un
problème avec la paie? Qu'est-ce
qu'il arrive avec eux pour aller rencontrer la personne parce qu'elle n'est pas
capable de l'expliquer par téléphone?
Parce que souvent ils vont se rendre au centre administratif. Le
regroupement... Puis, en plus, le regroupement n'est pas nécessairement juste avec des commissions scolaires. Dans le projet de loi, il
est ouvert où ce qu'ils peuvent se faire avec les villes. Il est très,
très, très large.
Alors,
oui, c'est très, très, très... Le monde n'est pas bien là-dedans. C'est
vraiment... C'est sûr qu'on n'est jamais bien avec l'inconnu, mais je vais vous dire que votre projet de loi
donne beaucoup trop d'ouverture à aller un peu partout en fusion, en regroupement. Et puis, en
regroupement, on ne se racontera pas de menteries, là, j'ai déjà un syndicat
qui m'a avertie que son D.G., il parle déjà de regroupement de services, c'est
déjà dans l'air. Alors, ne venez pas me dire que c'est juste des possibilités. On le sait, que c'est déjà
dans l'air, ça se parle déjà. Alors, c'est sûr que nos membres ont peur, puis
ça va toujours rester une crainte.
La Présidente
(Mme Thériault) : J'ai M. le ministre qui voudrait intervenir.
1 min 30 s.
M. Roberge :
Il reste peu de temps. Je veux clarifier quelque chose sur l'article 46 de
la LIP, puisqu'on est là-dedans puis on parle pas mal de fusion, de
regroupement. La notion de fusion de services est définitivement dans le projet
de loi n° 40. C'est une possibilité qui
pourrait arriver ultérieurement pour... L'idée, c'est de maximiser, c'est de
faire des économies puis c'est de
réinvestir l'argent pour embaucher des gens qui donnent des services directs
aux élèves. Je pense qu'on n'est pas loin de la mission de l'État.
Ceci
dit, la LIP actuelle, à l'article 116 et 117, permet déjà au gouvernement
de fusionner, carrément, des commissions scolaires, là. 117, là, on parle : «En cas de division [ou] pour la
formation d'un nouveau territoire, une nouvelle commission scolaire [a été] instituée [...] dans [le
cadre d'un] décret.» Puis le gouvernement peut, de sa propre initiative... ça,
c'est en ce moment, là, sans
consultation, là, le gouvernement peut, en ce moment, fusionner des commissions
scolaires. Avec la loi qu'on fait, on oblige une consultation.
Donc, ce n'est pas
comme si on venait donner un nouveau pouvoir au ministre de fusionner des
commissions scolaires. Les précédents
gouvernements, péquistes comme libéraux, l'avaient, puis ça ne les dérangeait
pas. Nous, on ajoute la notion qu'il faut consulter, et là, tout à coup,
ça serait une centralisation? Je ne vois pas les choses du même oeil.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez cinq secondes pour répondre.
Mme Mathieu
(Alexandra) : Je répondrai que... parce qu'en fait vous avez pris la
peine de retirer la notion de consentement,
donc de discussion au préalable, et de territoires limitrophes. Donc, en fait,
ce n'est pas ce qu'il est marqué dans le p.l. n° 40.
Donc, si vous pouvez me lire l'extrait exact que vous semblez mettre de
l'avant, j'apprécierais, merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je n'ai plus de temps,
malheureusement. Mais je vais aller avec la députée de Saint-Laurent,
qui, je pense, va prendre la balle au bond.
Mme Rizqy :
Mme Mathieu, inquiétez-vous pas. J'étais convaincue qu'il allait nous
parler de l'article 117, ça fait que
je l'avais déjà sorti. C'est croire que je commence à le connaître, hein?
L'article 117, le deuxième paragraphe, mentionne que, toutefois, il
faut recréer une autre commission scolaire, alors que...
Vous avez vu juste lorsque vous avez fait
référence à l'article 46 du projet
de loi n° 40. Avant qu'on rentre
ici, en consultation, le ministre de
l'Éducation faisait un point de presse pour dire que ceux qui vont venir ici
vont faire peur puis que nous autres
aussi, les oppositions, on risque de faire peur. Et là, quand que j'entends le
ministre de l'Éducation dire : Bien
là, en quoi qu'aujourd'hui... quand que vous dites qu'on va fusionner des
territoires, réduire le nombre de centres de services, où vous voyez ça
dans le projet de loi n° 40? Ça prend un nouveau projet de loi. Ayoye!
Moi,
il y a deux semaines, je disais qu'il n'avait clairement pas écrit son projet
de loi puis je pensais qu'il ne l'avait pas lu. Maintenant, j'en suis convaincue, qu'il ne l'a pas lu, parce que
l'article 46 du projet de loi est assez édifiant : «Le gouvernement peut, par décret, à la demande d'un
centre de services — je vais
sauter certains passages — [...]ou de sa propre initiative après consultation des
centres de services [...] intéressés, apporter toute modification [du]
territoire des centres de services
scolaires.» Donc, oui, il peut fusionner. Le deuxième paragraphe dit qu'à ce
moment-là il décide quel centre de
services va exister. Le dernier paragraphe, il dit que, par décret, il met fin
à l'existence de ce centre de services.
Mais ne prenez pas ma
parole du projet de loi n° 40, vous avez aussi le plan de gouvernance qui
a été écrit par M. Roberge en janvier 2018.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...
Mme Rizqy :
C'est plutôt : «Moins coûteux et éventuellement moins nombreux, les
centres de services [sont à l'école] seront intégrés au ministère de
l'Éducation.» Si ce n'est pas de la centralisation, je ne sais pas c'est quoi.
Mais
on a eu la chance déjà de discuter... puis je vais revenir au personnel de
soutien. Vous avez parlé, justement, des
Îles-de-la-Madeleine. Présentement, dans votre réseau là, c'est majoritairement
femmes, temps partiel. Présentement, là,
dans votre réseau, l'inquiétude que ça soit encore davantage les femmes qui
subissent les contrecoups de ce projet de loi, est-ce qu'elle est
largement partagée, cette inquiétude, par vos membres?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Charland.
Mme Charland
(Annie) : Énormément, parce que, quand même, on a plus de la moitié de
nos membres qui sont déjà précaires. La
majorité sont des femmes. Alors, quand on parle de coupures, qui on vise? C'est
encore les femmes et c'est souvent des monoparentales. Alors, oui, la
crainte, elle est excessivement là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Arguin, vous voulez ajouter?
Mme Arguin
(Nathalie) : Si je peux me
permettre, en complément, quelques chiffres, là, pour imager, bien, on a 85 % de femmes qui travaillent dans le
réseau, et il y en a plus de 50 % qui sont à statut précaire, donc temps
partiel — et, plus
de 50 %, c'est des chiffres conservateurs — et, qui
plus est, ce sont des femmes qui travaillent au soutien direct à l'élève : des travailleuses en éducation...
des techniciennes en éducation spécialisée, des préposées aux élèves handicapés,
nos personnels dans les services de garde.
Donc, c'est les plus impactées. La plus grande précarité se trouve au soutien
direct aux élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Vous me permettrez de faire des ponts avec qu'est-ce qu'il se passe
présentement au Québec dans d'autres
projets de loi, n° 37, projet de loi, aussi, n° 40 sur la nouvelle
façon de gérer nos infrastructures informatiques. On veut centraliser.
Puis, tantôt, vous avez parlé de la paie. En ce moment, on vit la pire crise en
matière de vol de données puis vol
d'identité. Quand on centralise, pour avoir parlé avec plusieurs experts
ingénieurs en informatique, il y a un risque assez important, lorsqu'il
y a des attaques, des cyberattaques, d'être encore plus exposés.
Tantôt, le
ministre a dit : Oui, mais vous n'avez rien contre — non pardon, c'était le député de Beauce-Nord — de faire
des économies d'échelle. Si je prends l'exemple fédéral, trouvez-vous qu'il y a
vraiment eu des économies d'échelle pour centraliser les paies avec
Phénix?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin
(Nathalie) : Oui. Encore là,
on pose la question et on y répond beaucoup, surtout en nommant Phénix. Mais, je pense, ce qu'il est important d'analyser
là-dedans... les regroupements de services pour sauver de l'argent puis
réinvestir l'argent dans les services, on y est, là, mais, dans un système
d'éducation public, ce n'est pas qu'une question financière. Regrouper, par exemple, comme disait ma collègue, un service
de la paie, si on dévitalise un ensemble de régions, qu'on vide les centres administratifs puis qu'on
vient précariser une partie du personnel qui l'est un peu moins, bien, on
ne sera pas gagnants au bout de la ligne,
parce que ça a un coût social, toutes ces mesures-là aussi, qu'il ne faut pas
négliger. Il n'y a pas juste le coût
de payer du papier moins cher. Il faut quand même évaluer toute la
dévitalisation qu'on va voir dans les
régions, qui pourrait arriver avec... bon, c'est avec une centralisation, puis
une autre, puis une autre, parce qu'encore là c'est une grande porte
ouverte que nos membres voient dans ce projet de loi là.
Mme Rizqy : Puis avec,
justement, les prêts de services, vous parlez de précarité. Là, on ne sait pas
trop à qui qu'on va prêter, là, parce que ce n'est pas clair, c'est nébuleux.
Est-ce la ville, le privé? On ne sait pas trop.
Dites-moi,
non seulement il y a la paie qui peut être en danger, mais aussi le lieu où est-ce
que l'employé doit faire sa
prestation de services. Est-ce que ça peut être inquiétant de ne pas savoir où
est-ce que je commence ma journée puis où est-ce que je la finis?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Charland.
• (17 h 10) •
Mme Charland (Annie) : C'est
sûr que, si on fait des prêts de service, qu'elle commence à l'école, qu'elle s'en va à la ville, qu'elle s'en va à l'école privée après, je pense que le
kilométrage, si on s'en va comme dans Estuaire, qui a plus de 300 kilomètres d'un bout à l'autre
du territoire, je pense que ça pourrait devenir très compliqué pour une
personne. Ce n'est pas pour rien
qu'on perd nos membres, qu'ils s'en vont travailler dans des Tim Hortons
ou dans des magasins, parce qu'ils ont un 40 heures fixe à la même
place, là. On a déjà ce problème-là qu'on vit quotidiennement. Ils s'en vont
travailler à la santé, ils s'en vont travailler, même, des fois, pour d'autres commissions
scolaires qui sont près du même territoire,
parce qu'ils offrent plus d'heures. Alors, si on commence à faire des prêts de
service d'un bord puis de l'autre, oui, on pourrait vraiment... ça
pourrait être très inquiétant pour le personnel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin, vous voulez ajouter?
Mme Arguin
(Nathalie) : Oui,
j'ajouterais, à ce niveau-là également, que, dans les prêts de service, si on
se met à avoir des employés qui
proviennent de différentes organisations autres que l'école... Il ne faut pas
négliger le sentiment d'appartenance.
Puis, je ne vous le cacherai pas, là, en ce qui concerne le personnel de
soutien, il faut le rappeler souvent, ça,
parce qu'on voit souvent que c'est des services périphériques, ce n'est pas des
services... Oui, on a une catégorie directe aux élèves puis un lien plus évident, mais, quand on parle de personnel
administratif, du personnel d'entretien, bien là, il y a comme un lien
qui se fait moins naturellement.
Puis de dire : Bien, ça, ce n'est pas
grave, ces gens-là, si ça vient de la ville puis ça vient d'un peu n'importe où, puis que, là, nos écoles deviennent un peu...
C'est des portes battantes avec des visages qui changent à chaque jour. Ça,
on en a tous eu, je pense, ou beaucoup de gens autour de la table, nos
enfants à l'école. Et puis, bien, M. Claude qui vient nous aider quand il y a un dégât, là, c'est
vraiment très important, en tout cas, pour mes enfants, moi, ça l'était. Comme
je dis, on ne va pas parler de nos
expériences personnelles, mais l'école, ça nous rejoint tous et toutes. Alors,
un concierge qu'on connaît et qu'on
reconnaît jour après jour, ça a aussi son importance, et c'est également à
prendre en compte quand on parle de regrouper ou de fusionner certains
services.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Ah, bien, ma collègue la députée de Mille-Îles aimerait aussi poser des
questions.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Je trépigne un petit peu parce que vous avez utilisé
un mot qu'on n'a pas utilisé jusqu'ici, et Dieu sait qu'on n'a pas
beaucoup parlé de la réussite éducative, mais vous avez parlé de la clientèle des élèves handicapés. On parle de
mixité, on parle de vouloir donner des services, mais on parle aussi de regard
sur le choix parental de l'école où il peut
y avoir des services. Est-ce que vos membres vous ont, en quelque sorte, parlé
de cette clientèle, quelquefois d'exception, quelquefois qu'il ne l'est moins
qu'on pourrait le penser, mais quelquefois d'exception, qui pourrait être un
peu dans le... Je vais utiliser un mot, puis ce n'est pas pour faire peur,
c'est vraiment pour faire une image, là,
mais dans le principe de ballottement, c'est-à-dire un parent qui peut choisir
son école, mais qui, tout d'un coup,
ne peut plus la choisir parce qu'il n'y a pas de place ou parce qu'on ne peut
pas lui offrir les services, puis qu'il
a un enfant à besoins particuliers. Est-ce que, dans votre personnel, il y a
une question qui s'est posée par rapport à la clientèle d'exception?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Charland.
Mme Charland
(Annie) : Bien, écoutez, on a quand même nos classes en particulier en
majorité. C'est sûr qu'on peut en avoir qui
vont être dans des classes. On aime beaucoup que nos élèves en besoins
particuliers soient intégrés, dans la
mesure du possible, en travers des autres, parce que, justement, on veut
chercher la mixité. On veut que... Tous les autres du régulier sont habitués de voir un élève avec une canne, avec
un problème d'élocution, ils n'en font plus de cas. Et, comme ça, bien, on prépare l'avenir de demain,
à ne pas juger les autres aux côtés. Et puis nos élèves à besoins particuliers
vont beaucoup plus augmenter parce qu'ils se
sentent valorisés, ils se sentent intégrés, et ça, c'est quelque chose que,
oui, on veut vraiment qu'ils restent en travers de nos écoles.
Alors,
quand on parle d'écoles à projets particuliers, où est-ce que, là, on va se ramasser
avec juste, juste des gros projets,
là, international, sports-études, et tout, eux autres, ils n'ont pas
d'intégration dedans, ils n'ont pas de mixité, ils n'ont pas le même
lien avec eux. C'est quand même... Oui, on y tient, qu'ils aient leur place.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
Oui, j'avais vu la dame juste à côté lever la main. Donc...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Arguin, allez-y.
Mme Arguin
(Nathalie) : Puis, en complément de ce que vient de détailler ma
collègue également, si on met bout à bout
toutes ces mesures qui semblent un peu... pas anodines, mais un peu
périphériques, là, sur, bon, légaliser... ça, ce n'est pas périphérique du tout, là, mais venir légaliser sans plafond
les frais pour les programmes particuliers, permettre aux parents
d'aller où bon leur semble puis de faire d'une mesure d'exception la règle,
c'est ça, le problème avec cette mesure-là.
L'augmentation des programmes sélectifs va y aller. On veut donner, même, la
valorisation de l'école publique aux écoles plutôt qu'aux centres de
services.
Donc,
comment une école qui, elle, a décidé de faire un choix puis de valoriser des
programmes plus sélectifs... fasse la
valorisation de l'école publique d'une mixité sociale? C'est sûr qu'il y a des
gens qui vont être oubliés sur le bas-côté de la route. Et les plus
vulnérables, bien, c'est souvent les premiers qui sont oubliés, qui sont moins
bien desservis. Alors, tout ça mis
ensemble, mis bout à bout, ça va, bien oui, favoriser la compétition entre les
écoles, favoriser les iniquités. Faire des
écoles où, oui, on va accueillir des gens plus en difficulté, des enfants plus
en difficulté, puis d'autres écoles où ce ne sera pas le choix qui aura
été fait, nous, c'est l'appréhension qu'on a.
La Présidente
(Mme Thériault) : En 15 secondes.
Mme Rizqy :
Est-ce que vous avez trouvé, finalement, quels sont les pouvoirs qui sont
retournés aux écoles?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) : Bien, on rit parce que c'est un peu notre... on
se questionne beaucoup là-dessus. On ne l'a pas trouvé, ce qui pourrait vraiment être ramené aux écoles. Et ça
nous inquiète quand même, parce que, sans encore faire peur à personne... mais on dit : Si on ne l'a pas trouvé,
est-ce qu'il est quelque part où on ne le voit pas encore? Parce que
c'est un projet quand même volumineux. On est rapidement assis ici devant vous
pour en débattre, et c'était très instructif
d'entendre tout le monde, mais on n'a pas entendu, non, on n'a pas entendu
quelqu'un le mentionner puis on n'a pas vu concrètement et clairement
quels seront les nouveaux pouvoirs directement aux écoles.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Donc, nous allons aller du côté de la députée de Sherbrooke
maintenant.
Mme Labrie : Merci. D'abord, j'aimerais souligner que vous
êtes le quatrième groupe de suite à nous mentionner que ça aurait pris une consultation très vaste de
la population avant d'apporter des changements dans le réseau de l'éducation.
Donc, j'espère que le ministre l'a entendu.
Vous avez
mentionné, tout à l'heure, que vous ne vouliez pas comparer avec la réforme
qu'il y a eu en santé, mais, moi, ce
que j'entends sur le terrain, en région, c'est qu'il y a des inquiétudes parce
que les fusions de territoire, ça porte atteinte aux conditions de travail du personnel, notamment le personnel
de soutien. Puis eux l'ont vécu de près dans le réseau de la santé. Est-ce que c'est quelque chose qui est
exprimé aussi par rapport à votre personnel, l'inquiétude de, par exemple,
devoir avoir des postes qui sont un peu...
vous avez parlé de portes battantes, tout à l'heure, là, les postes qui sont un
peu diffus sur le territoire, des gens qui sont appelés à aller beaucoup
plus loin que... de chez eux qu'auparavant?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Charbonneau. M. Létourneau, pardon.
M. Létourneau
(Jacques) : Tu pourras compléter, mais c'est clair que, dans la santé,
l'expérience des réformes a eu des impacts extrêmement négatifs sur la mobilisation du personnel
puis des travailleuses, des travailleurs. Qu'on soit un professionnel ou un non-professionnel, là, peu
importe la position qu'on occupe, c'est clair que, quand les réformes puis
les restructurations sont adoptées puis
imposées sans véritable participation puis consultation des employés, ça ne
donne pas nécessairement les
résultats escomptés parce que ça ne les mobilise pas. Si tu veux être capable
de changer le cours des choses,
mobilise le monde qui travaille avec toi, dans l'intérêt général, puis,
normalement, tu vas y retrouver des résultats positifs. Et ça, dans les grands réseaux, que ce soit le réseau de la
santé ou le secteur de l'éducation, on a toujours eu de la difficulté,
au Québec, à intégrer cette notion-là.
Donc, nous, quand on dit :
Consultons, oui, bien sûr, le monde qui font le travail, qui sont au premier
plan sur le terrain pour, justement,
apporter un éclairage à partir de leur réalité puis de leur pratique, consultons
aussi les parents puis les citoyens,
les citoyennes. Il me semble que c'est se donner une petite chance de réussir,
plus que, quand tu l'adoptes, tu l'imposes puis tu l'organises, un peu
comme est train de le faire... au niveau de l'éducation publique, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et Mme Arguin veut ajouter. Vous avez
30 secondes.
Mme Arguin
(Nathalie) : Bien, ça ne sera pas plus long,
parce qu'on parle beaucoup de précarité que ça peut amener, mais il ne faut pas oublier que, pour le personnel
administratif, qui sont au coeur, comme je disais, de la machine, quand il n'y a pas de consultation, ce qu'ils
font, c'est qu'ils subissent les changements. C'est tout ce qu'ils font. Alors
là, on parle de surcharge, on parle de surcharge pour ces personnes-là,
notamment les secrétaires d'école, où on n'a pas encore trouvé quels vont être les rôles accrus dans les écoles. Il y a
des secrétaires, présentement, qui font deux écoles, des directions
d'école aussi, mais nous, on représente les secrétaires d'école, là, mais il y
a des... Donc, il y a un paquet de choses
qu'on ne peut pas prévoir les impacts. Et, si on se retrouve avec des gens qui
ont plus de surcharge et d'autres de nos membres qui ont plus de
précarité, on ne voit pas comment on est en train d'améliorer la gouvernance.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme Arguin. Donc, nous
allons aller du côté de la députée de Joliette. Comme vous
voyez, 2 min 40 s, ça passe très rapidement.
Mme Hivon : Oui.
Merci beaucoup.Donc, dans votre mémoire, à la page 11, vous
rappelez que le ministre, lorsqu'il était dans l'opposition, il s'était insurgé
sur la question du non-plafonnement des frais des projets particuliers, en fait
sur toute la question de l'équité ou des multiples vitesses dans le réseau
public, dans le réseau de l'éducation québécois.
Puis là vous dites, vous continuez : «La CSN comprend mal, dans ce
contexte, pourquoi le ministre a retiré des devoirs et des
responsabilités des centres de services le fait de valoriser et promouvoir
l'éducation publique sur son territoire.»
Pourquoi vous jugez que c'est fondamental que les centres de services eux-mêmes
gardent cette mission-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu? M. Létourneau? Mme Mathieu.
• (17 h 20) •
Mme Mathieu
(Alexandra) : Considérant que c'est le palier régional qui doit voir à
l'équité sur l'ensemble du territoire,
je vois mal pourquoi le ministre a pris la peine, il a pris la peine de le
retirer de la Loi sur l'instruction publique et qu'il est allé le descendre
dans le p.l. n° 40 au niveau des écoles. En fait, je ne vois
pas... je ne comprends tout simplement pas,
en fait, comment ça ne peut... comment ça peut ne pas être un palier régional
et une logique, en fait, entre écoles. À moins qu'on me dise aujourd'hui que ça soit une volonté de concurrence
entre les écoles... Si tel est le cas, je vois la logique. Sinon...
Mme Hivon : Oui, justement, pour en venir à cette idée de
compétition, de concurrence entre les écoles, qu'est-ce qui, là-dedans, vous
inquiète de dire : Bien, dans le fond, le parent, il va avoir le choix, il
va simplement choisir l'école dans l'ensemble
du territoire de sa région où ce serait bien pour son enfant? Donc, qu'est-ce
qui vous inquiète là-dedans, de mettre plus de concurrence entre les
écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu.
Mme Mathieu
(Alexandra) : En fait, je
pense que le problème... ici, on est tous d'accord pour dire... surtout quand
le ministre prend des cas exceptionnels où,
oui, il y a clairement des problèmes, actuellement, je pense qu'on peut tous le
reconnaître, mais, en fait, je pense qu'on peut
aussi s'entendre pour dire que ces problématiques ont fait de l'exception la règle ici. Donc, on comprend la nécessité qu'il
y ait un certain assouplissement, en fait, dans le choix des parents. Ceci
dit, en théorie, c'est déjà le cas dans la Loi sur l'instruction publique
actuellement.
Là où on considère que le pas est vraiment
extrême, c'est de faire de cette exception-là la règle. Et ce que ça vient faire ici, c'est que ça vient enlever... un
des garde-fous qu'on a, justement, un de ceux que le ministre ôte, c'est un des garde-fous qu'on a actuellement pour justement
venir tenter de limiter et de maintenir une équité minimale, peu importe
où on se trouve sur le territoire du Québec, peu importe notre catégorie
socioéconomique.
Donc, en
fait, à notre sens... À moins que le ministre, encore une fois, considère que
ça soit des principes qui sont à
revoir. Si tel est le cas, on demande des consultations publiques élargies, si
le principe de réussite pour tous et l'accessibilité pour tous à un
système public... et on parle ici de scolarisation obligatoire, là...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange, malheureusement. Donc, M. Létourneau,
Mmes Bénard, Mathieu, Arguin et Charland, merci pour votre passage à la commission
parlementaire.
Nous allons
suspendre quelques instants pour permettre à la Fédération autonome de
l'enseignement de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 24)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc,
nous allons reprendre les travaux avec l'audition de la Fédération autonome de l'enseignement.
M. Mallette, vous avez 10 minutes pour nous faire votre présentation
et nous présenter les gens qui vous accompagnent également. Bienvenue à
l'Assemblée.
Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
M. Mallette
(Sylvain) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, mon nom est Sylvain
Mallette, je suis un enseignant en histoire au secondaire et président de la Fédération
autonome de l'enseignement. Participera à la présentation Mme Nathalie Morel, qui est une enseignante titulaire
au primaire et vice-présidente à la vie professionnelle. Nous accompagnent M. Yves Cloutier,
conseiller au Service de la vie professionnelle, ainsi que des profs qui
assistent aux travaux de la
commission. D'autres encore manifestent
devant l'Assemblée nationale pour dénoncer le projet de loi qui fait
l'objet des travaux de la commission.
La FAE
représente plus de 45 000 enseignantes et enseignants de tous les
secteurs d'enseignement. Elle est présente dans les régions de Montréal, de Laval, de la Capitale-Nationale, de l'Outaouais, dans lesquelles se trouvent les quatre plus
grands pôles urbains du Québec, ainsi que, dans les Laurentides, l'Estrie et la
Montérégie.
La FAE tient
à dénoncer les conditions mises en place pour la tenue des travaux de la
commission. Rien ne justifie l'empressement du gouvernement, si ce n'est
la volonté de faire vite pour ne pas dire faire à la va-vite. La densité du projet de loi et ses nombreux effets sur les
écoles publiques, les élèves jeunes et adultes qui les fréquentent ainsi que
sur les enseignantes et enseignants
qui y travaillent méritent mieux que des stratagèmes qui ne feront pas honneur
à ceux qui les orchestrent.
La réforme
portée par le ministre de l'Éducation ne vise pas à reconnaître l'expertise de
ses anciennes et anciens collègues. Cette réforme est signée de la main
de celles et ceux qui se méfient des profs, qui cherchent à les rendre
responsables de ce qui ne va pas et qui ambitionnent d'en faire de simples
exécutantes et exécutants.
La profession enseignante est en souffrance.
Elle souffre de la pénurie de personnel, elle souffre de la désertion professionnelle, elle souffre de la détresse
psychologique, elle souffre des départs précipités à la retraite, elle souffre
du mépris affiché par les
pédagocrates et autres experts patentés, qui, depuis trop longtemps,
considèrent les profs et leurs élèves comme de simples cobayes sur
lesquels ils expérimentent leurs théories fumeuses.
Au Québec,
dans le monde de l'éducation, toutes les réformes imposées d'en haut ont
échoué. Toutes. Celle portée par le ministre Roberge connaîtra le même
sort. Malheureusement...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander, je vais juste vous demander, M. Mallette, de ne pas
nommer le ministre par son nom, et plutôt ministre de l'Éducation.
M. Mallette
(Sylvain) : Celle portée par le ministre connaîtra le même
sort. Malheureusement, comme toutes ces
réformes qui encombrent les corridors du ministère de l'Éducation, les
premières victimes sont toujours les profs et leurs élèves,
particulièrement les plus vulnérables.
La réforme
imposée au début des années 2000, pompeusement rebaptisée renouveau
pédagogique par les apôtres du socioconstructivisme radical, est un parfait
exemple de dirigisme pédagogique et illustre bien jusqu'où peut aller la
logique technocratique en éducation. Or, à
cette pédagogie désincarnée et idéologique, il convient de répondre par
l'entremise de l'expérience
quotidienne de la pratique enseignante, certes, dans toute sa complexité et ses
contradictions, mais également exemple des a priori et des dogmes.
Comment notre système d'éducation s'est-il rendu
à son état actuel? Quel bilan faisons-nous des politiques ou réformes
implantées depuis 20 ans au Québec? Il est inconcevable d'amorcer des
travaux sans répondre à ces questions fondamentales.
Oui, M. le ministre, les enseignantes et enseignants sont des praticiennes et
praticiens compétents et sont les mieux à même de
déterminer les approches pédagogiques qui sont appropriées pour leurs élèves
qui leur sont confiés et d'évaluer
leurs apprentissages. Oui, les profs sont les premiers experts de la pédagogie.
Non, celles et ceux qui font le choix
de quitter la classe, parfois même de la fuir, celles et ceux qui n'y ont
jamais mis les pieds ne méritent pas que vous leur donniez plus de pouvoir. Non, les profs ne veulent pas gérer les
établissements, pas plus qu'ils ne veulent gérer les commissions
scolaires. Les profs veulent enseigner.
Non, le
projet de loi ne réduira pas la bureaucratie. Non, le projet de loi ne
dépolitisera pas les structures scolaires. Non, le projet de loi ne vise
pas à décentraliser les pouvoirs vers les établissements.
Oui, le
projet de loi permet au ministre de l'Éducation de s'arroger des pouvoirs
normalement dévolus à un ordre professionnel.
Oui, le projet de loi témoigne de la vision utilitariste et marchande du
gouvernement en matière d'éducation. Oui,
le projet de loi illustre le parti pris du ministre envers les directions
d'établissement et les gestionnaires. Oui, le projet de loi dévalorise
les profs et la profession enseignante. J'invite Mme Morel à poursuivre.
• (17 h 30) •
Mme Morel
(Nathalie) : Le contenu du
projet de loi n° 40 a profondément indigné et choqué les enseignantes et
enseignants. Ils ont été estomaqués par tout ce que le ministre et le
gouvernement tentaient d'y cacher. Loin de n'être qu'un projet de loi pour venir transformer les commissions scolaires en
centres de services et à l'instar d'un cheval de Troie, on y a dissimulé des ruses pour faire main basse
sur la profession enseignante et pour rendre l'école publique québécoise
encore plus inéquitable et vulnérable aux aléas du marché scolaire et du
clientélisme si chers aux politiques de l'actuel gouvernement. C'est ce que les chercheurs en santé mentale appellent les
méfaits de la gestion. En d'autres mots, encore plus de ce qui épuise, décourage, dévalorise et fâche les enseignantes et enseignants, les mène vers
l'épuisement et la désertion.
Plusieurs articles du projet de loi n° 40...
Est-ce que je vous dérange, M. le ministre?
La Présidente (Mme Thériault) :
Continuez, Mme Morel, s'il vous plaît.
Mme Morel (Nathalie) : Plusieurs articles du projet de loi n° 40
s'attaquent directement à l'autonomie professionnelle du personnel enseignant ou déconsidèrent son
expertise et son professionnalisme. Par exemple, l'article 34 qui
permettrait aux directions de majorer
les notes moyennant une simple consultation du prof. Cet ajout est à mille
lieues de ce que les enseignantes et enseignants demandaient pour
protéger leur autonomie professionnelle. Il ne faut pas rendre légal un geste qui, malgré qu'il soit malheureusement
encore posé par certaines directions ou commissions scolaires, ne
l'est tout simplement pas. C'est
comme si on permettait à certains élèves de tricher un peu, car plusieurs
trichent. Au contraire, on doit interdire formellement, et dans la LIP,
aux directions et aux commissions scolaires de tripoter les notes.
Évaluer les
apprentissages, c'est donner une note, une appréciation à un exercice, un
projet, une épreuve aux élèves à qui nous enseignons. Établir des normes et
modalités, c'est décider collectivement, par exemple, du nombre d'étapes,
la date de fin des étapes ou du nombre de compétences qui seront évaluées à
chacun des bulletins. Ce sont deux concepts juridiquement non compatibles, et
c'est intellectuellement malhonnête de les confondre. Il faudrait plutôt
inscrire officiellement dans la LIP, à
l'article 19, que la responsabilité d'évaluer les apprentissages des
élèves constitue un domaine exclusif et réservé au personnel enseignant,
tel que stipulé déjà par les tribunaux.
Les nouvelles obligations de formation continue
proposées à l'article 133, avec menace de sanctions à défaut de s'y conformer, laissent supposer que la qualité
de l'enseignement au Québec est si déficiente qu'il faille menacer les profs de perdre leur autorisation d'enseigner en
les contraignant à subir des formations souvent farfelues, quand les obstacles
actuels au perfectionnement sont pourtant
connus : c'est l'accès à des formations de qualité et des budgets
insuffisants pour répondre à nos
demandes. En contexte de pénurie de personnel, le ministre n'aurait pas pu
trouver une meilleure recette pour insulter ses ex-collègues et leur
démontrer qu'il allait leur imposer, probablement sous bâillon, son ordre
professionnel, même si eux n'en voulaient pas.
Le
Conseil supérieur de l'éducation écrivait pourtant, en 2014 :
«Aujourd'hui, plus que jamais, le conseil a la conviction que de confier plus explicitement la maîtrise
d'oeuvre de son projet de développement professionnel à chaque prof est un
levier essentiel de reconnaissance et de
valorisation de la profession.» Pourquoi? D'une part, parce que le
développement professionnel d'une personne ne peut être décrété par
autrui, on ne peut développer l'expertise de quelqu'un contre son gré, et, d'autre part, parce que l'efficacité
même des activités de développement professionnel s'appuie sur la capacité
de celles-ci à répondre aux besoins de l'individu, tant personnels et
professionnels qu'organisationnels.
Troisièmement,
l'ajout d'un nouveau comité d'engagement vers la réussite des élèves, composé
minoritairement de profs, à
l'article 88, semble plutôt en être un de conformité pédagogique. Le
risque est grand que ce comité ne devienne un tribunal d'inquisition des pratiques enseignantes. Selon les
résultats des élèves, on déclarera que certaines enseignantes ou certains enseignants font bien ou mal leur
travail. Et permettez-nous de supposer qu'on dirigera les profs qui ne
rencontrent pas les cibles du plan
d'engagement vers la réussite vers de la formation continue. Cette ingérence
inédite dans la pratique enseignante
est inadmissible. La diversité de la recherche en éducation est le reflet de la
réalité des milieux : une diversité infinie dans des combinaisons
infinies de facteurs de réussite dont plusieurs extérieurs à l'école.
Finalement,
la nouvelle composition des conseils d'établissement, qui viendrait réduire le
nombre de sièges, donc de droits de vote, des personnels de l'école, est
un exemple éloquent du peu de considération que le ministre a à l'égard de ceux-ci. Et pourquoi faire nommer les membres
de la communauté seulement par les parents et leur donner un droit de
vote? Et, pourquoi instaurer la possibilité de donner un avis à la direction
sur toute question propre à faciliter la bonne marche de l'école? Ce ne sont, pour nous, que de nouvelles invitations
aux ingérences et au non-respect de notre expertise.
Bref, la
réforme du ministre, c'est non, pour la FAE. Et nous exigeons de lui... de
lui-même, pardon, et du gouvernement
qu'ils retirent le projet de loi n° 40 afin de dire haut et fort aux
enseignantes et aux enseignants qu'ils ont été entendus, mais surtout compris. Les solutions pour améliorer le
réseau public résident ailleurs. Il faut s'attaquer aux problèmes de fond, soit la composition de la classe, la
réduction des iniquités scolaires, en commençant par cesser le financement public des écoles privées. Ce qu'il
faut à l'école publique québécoise, rappelons-le, la plus injuste au Canada, à
ses élèves, jeunes et adultes, et à ses profs de tous les secteurs, ce sont des
classes plus équilibrées, moins nombreuses et plus de ressources
humaines et financières pour remplir ses missions. Je vous remercie de votre
attention.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et cela met fin à votre
présentation. Donc, je vais aller avec le bloc d'échange du côté
ministériel. M. le ministre, 16 minutes.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Merci bien. Vous dites que le projet de loi aurait
été écrit par ceux qui se méfient des
professeurs. Je vous rassure, là, je ne me méfie pas de mes collègues
enseignants. Puis il n'y a pas personne dans le cabinet... D'ailleurs,
j'ai deux enseignants à mon cabinet. C'est peut-être assez rare, là, qu'il y
ait un ministre de l'Éducation qui soit
enseignant encore, avec un poste réservé, puis deux enseignants qui sont dans
le cabinet aussi. Puis on a toute une
équipe en arrière qui, je pense, travaille pour améliorer les conditions
d'enseignement et de réussite des élèves. Mais qu'est-ce qui peut vous faire dire que le projet de loi aurait été
écrit par ceux qui se méfient? Quand on se méfie, ça veut dire qu'on
pense qu'ils sont malveillants, là. À quoi vous faites référence?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Mallette... Mme Morel.
Mme Morel
(Nathalie) : ...commencer. Bien, dans un
premier temps, M. Roberge, quand on dit ça...
La
Présidente (Mme Thériault) : Non, je vais vous demander juste de l'appeler... jamais par son nom. M. le ministre ou ministre de l'Éducation.
Mme Morel
(Nathalie) : Alors, dans un
premier temps, vous savez, quand on a vous rencontré, quelques jours avant
le lancement, là, du projet de loi, à
plusieurs égards, vous nous avez présenté des enjeux, à M. Mallette et à
moi, et nous avons dit : Ça, ça
ne passera pas, ça ne passe pas, ça attaque les profs directement, les
enseignantes et les enseignants n'ont
pas besoin de se faire dire encore comment enseigner, comment évaluer.
Et c'est pour
ça qu'on revient tout le temps en vous disant : On se méfie certainement
des profs, quand on pense qu'on va regarder les résultats des élèves, au
comité d'engagement vers la réussite, avec une minorité de profs, puis qu'on va aller promouvoir certaines pratiques
pédagogiques, hein, issues de la recherche, la fameuse recherche, dont celle
en évaluation. Vous allez loin.
Moi, là, je
vais vous dire franchement, là, j'ai de la misère à croire qu'il n'y a pas
quelqu'un, derrière ce projet de loi là, qui colporte encore que les profs, au
Québec, sont mal formés, qu'il faut absolument mettre les profs en formation
continue. Et c'est là qu'on vous dit :
Pour nous, ce n'est pas juste de la méfiance, c'est du mépris. C'est ça qu'on
dénote derrière ce projet-là, là, envers les enseignantes et les
enseignants.
M. Mallette
(Sylvain) : Et on a aussi l'ordre... c'est le 18 septembre
que vous nous avez rencontrés sur la question de la formation continue, qui est
un véritable ordre professionnel, qui ne dit pas son nom, mais c'est un ordre
professionnel. J'ai réagi très fortement, et vous avez clairement dit :
Donc, si je comprends bien, si je mets ça dans le projet de loi, c'est comme si j'ouvrais les hostilités. Puis qu'est-ce
qu'on voit, quand on prend connaissance du projet de loi? On retrouve
ça.
Quand, par exemple,
vous cherchez, quand le ministre cherche à légaliser ce que nous avons dénoncé,
en tripotage des notes, bien ça,
c'est envoyer le message parce qu'on est dans une logique de majorer les
résultats. C'est étonnant, hein? Les profs
ne mettraient jamais des notes trop hautes. C'est toujours des notes trop
basses, dans certains cas, jamais des notes trop hautes.
Quand vous
dites, dans votre projet de loi, quand que le gouvernement dit, dans son projet
de loi, qu'après consultation... Puis
on le sait, dans le réseau, ce que ça veut dire, «après consultation» :
Cause toujours, mais je déciderai bien de faire ce que je veux. Le message que ça
envoie, c'est que le prof n'aurait pas fait le travail correctement, que le
résultat que lui donne à l'élève, qu'il voit quotidiennement, ce n'est
peut-être pas le bon résultat.
Comment une
direction d'école qui ne connaît pas l'élève, qui ne l'a jamais rencontré, qui
ne l'a possiblement même jamais vu dans le corridor d'une école, qui ne lui a
pas enseigné, qui ne lui a pas fait le suivi... comment une direction d'école peut, elle, avoir le jugement de décider
de majorer le résultat, mais pas le prof? Ça, c'est remettre en question le
jugement professionnel des profs.
Puis on le répète, hein, il y a des décisions
arbitrales qui ont été rendues qui spécifient que l'évaluation relève du domaine exclusif des profs. Vous réécrivez la
jurisprudence avec votre projet de loi. Puis il ne faudrait pas que nous,
on se méfie de ce projet de loi là? C'est un
projet de loi qui a suscité la colère en nos rangs. C'est un projet de loi qui
attaque de plein fouet la profession enseignante.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Vous me permettez de ne pas être d'accord pour dire que le projet de loi
attaque les enseignants ou la profession enseignante. Pour moi, ce n'est pas
une mauvaise chose de prévoir de la formation continue. Et, en ce moment,
il y a des... Puis, depuis des années, c'est
arrivé qu'il y a eu des notes qui, semble-t-il, ont été changées. Puis je pense
que c'est l'exception, ça n'arrive
pas souvent, mais c'est arrivé. J'ai entendu ça, moi aussi, en parlant, puis en
circulant dans des écoles, puis en parlant à des amis.
J'ai plusieurs amis qui sont encore enseignants aux directions d'école, mais
ils sont enseignants, pour la
plupart, qui me disent qu'ils ont déjà mis une note, un jeudi ou un vendredi,
puis, oups! le lundi ou le mardi, elle avait été changée. Mais personne
ne l'avait consulté, cet enseignant-là.
En
précisant, dans la loi, que, si on veut questionner quelque chose,
obligatoirement, de l'écrire noir sur blanc dans la loi : on doit parler à l'enseignant, bien, vous prenez ça comme
une attaque. Moi, je prends ça pour une avancée par rapport à la situation actuelle, considérant aussi qu'au
Québec les directions d'école sont des enseignants. On ne peut pas devenir
une direction d'école si on n'est pas enseignants.
• (17 h 40) •
Je
vous accorde que les directions d'école, surtout dans les écoles secondaires,
ne connaissent pas tous les élèves par
leurs noms. Ceci dit, je pense qu'ils sont capables de faire ce genre de choses
de manière exceptionnelle, et surtout en le précisant, que, par rapport à en ce
moment, ça se fait sans consulter qui que ce soit. Donc, je ne pense pas, là, que ce soit une attaque.
Et
je visite des écoles, je ne dirais pas toutes les semaines, mais j'essaie, j'en
visite assez souvent. J'en ai visité, avant le dépôt du projet de loi, alors
que, bon, il y a des gens qui en écrivaient des bouts déjà dans les médias, là, puis,
après, et je n'ai pas entendu cette véhémence, ces critiques. Je
m'assois, je dîne avec les enseignants, il n'y a pas de caméra, il n'y a pas rien, je leur dis : Bien,
qu'est-ce qui vous inquiète? Qu'est-ce qui vous emballe? Qu'est-ce que vous
souhaitez pour la prochaine année?
Vous voulez parler de gouvernance? Vous voulez parler de n'importe quel sujet?
Et je n'entends pas cette virulence que j'entends aujourd'hui dans la
commission, quand je circule dans les écoles. Je m'en étonne.
Puis, de dire que le
projet de loi ferait des enseignants de simples exécutants, je ne pense pas. En
reconnaissant l'expertise professionnelle
dans la loi, pour la première fois, il me semble, il me semble que c'est tout
sauf une dévalorisation. En leur
donnant ce qu'ils n'ont pas, en ce moment, un poste à l'instance régionale, un
poste sur le C.A. du centre de services, il me semble qu'au contraire
c'est une valorisation.
Tout à l'heure, je le
sais bien, qu'il y a deux syndicats d'enseignants majeurs au Québec,
francophones... les anglophones aussi, bien
sûr, mais, tout à l'heure, il y a quand même une autre centrale syndicale qui
sont venus me dire qu'il n'y en avait
pas assez, d'enseignants sur le conseil d'administration, mais que, quand même,
d'avoir des membres du personnel sur
le C.A., c'était une valorisation, une reconnaissance importante, il en
faudrait plus. Comment on peut réconcilier ça avec le fait que ce serait
une attaque? Ce n'est pas ce que disent bien des gens sur le terrain.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Morel.
Mme Morel
(Nathalie) : Merci. Pour ce qui est de la formation continue, quand
vous dites : Ce n'est pas une mauvaise chose de prévoir de la formation
continue, ce n'est pas du tout ça que le projet de loi dit, hein? Le projet de loi dit qu'il y a de la formation continue... est
obligatoire, puis, à défaut de s'y conformer, il peut y avoir des sanctions.
Alors, ce n'est pas du tout de
prévoir de la formation continue. La formation continue, il y en a à tous les
jours, à toutes les semaines, à tous les mois, à toutes les années dans
toutes les écoles. Le problème : accessibilité à des formations de
qualité, deuxièmement, pas assez d'argent,
les budgets, pas de suppléants, pénurie de personnel. Alors, on est toujours
dans le cercle vicieux. On n'a pas
les conditions pour pouvoir vivre des activités de... de perfectionnement,
pardon, qui répondent à nos besoins.
Alors, ce n'est pas
une prévision de formation continue que vous mettez, c'est une obligation avec
des menaces de sanctions de perdre son
autorisation d'enseigner. Ce n'est pas rien, là, perdre son autorisation
d'enseigner. Et on rajoute : en
contexte de pénurie de personnel, des profs légalement qualifiés qui perdraient
leur autorisation d'enseigner... C'est quelque chose. Alors, quand vous dites : Je me promène dans les écoles, je
ne sais pas si vous dites aux enseignantes et aux enseignants qu'ils pourraient perdre leur autorisation
d'enseigner s'ils ne suivent pas les programmes de formation continue. Décrétés
par qui? On ne le sait pas non plus. On va le savoir plus tard dans le
règlement.
Changer les notes,
quand vous dites... Moi, ça me jette à terre de vous entendre, M. Roberge.
Vous étiez dans l'opposition...
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
Mme Morel
(Nathalie) : M. le ministre, pardon encore. Vous étiez dans
l'opposition, vous avez demandé une commission parlementaire sur le tripotage
de notes : C'est inacceptable, on ne doit pas tripoter les notes. On se
serait attendus à ce que vous disiez, dans
le projet de loi : C'est interdit; s'il y a des directions puis des
commissions scolaires qui font encore ça, ce n'est pas légal. Ce n'est
certainement pas de venir légaliser l'illégalité. Ça n'a aucun sens.
Les
directions ne sont pas habilitées à mettre des notes sur des travaux, des
épreuves, des examens. C'est nous, les profs, qui évaluons les apprentissages.
Les directions, les normes, les modalités, on vous le dit dans le mémoire,
c'est deux choses complètement
différentes. Pour nous, c'est intellectuellement très grave de confondre ces
deux concepts-là. Évaluer les
apprentissages, ce n'est pas aux directions. Quand ils étaient profs, dans
leurs classes, oui, c'était leur responsabilité. Maintenant, ils
dirigent l'école, ils ne sont pas capables d'évaluer les apprentissages.
C'est
effrayant, puis ça va être des pressions de parents, cogner à la porte de la
direction : On veut faire majorer la note pour que l'enfant soit
accepté dans le PPP, qu'il soit accepté à l'école privée, qu'il soit promu à
l'année suivante, même si cet enfant-là, peut-être, n'avait pas les acquis.
Pour nous, là, changer les notes, cette avancée-là, c'est un recul important. C'est pire, on vient légaliser des
actes illégaux. C'est très, très, très grave. Je vais laisser mon collègue
parler de la reconnaissance de l'expertise et des postes au C.A.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. M. Mallette.
M. Mallette (Sylvain) : Oui. On va être au clair, hein, la FAEest reconnue
pour être claire, comme je l'ai été quand on a participé aux consultations, là, qu'avaient décidées l'ancien
ministre de l'Éducation. La FAE n'aménagera pas la misère de ses
membres. On laisse ça à d'autres.
Il
n'y a pas de reconnaissance. D'abord, il faudrait clarifier qui élit qui et
est-ce que la personne, l'enseignante ou l'enseignant, serait redevable, hein? Parce que le ministre a dit :
Je ne ferai pas comme l'ancien ministre en Santé, je ne nommerai pas les
gens qui siégeront au conseil d'administration. Puis, quand on lui pose la
question : C'est donc les profs qui
seraient sur des C.E., des conseils d'établissement, qui choisiraient, entre eux, la personne qui siégerait au conseil
d'administration, donc cette personne-là serait redevable à ses pairs? Ah! non,
non, non, il n'est pas redevable. Bien, il
est donc nommé? Non, il n'est pas nommé, il est élu. Bien, s'il est élu, il y a
un principe. Puis il y a des règles... il y a des principes de base,
hein, en démocratie : si je procède à l'élection d'un individu, l'individu
en question m'est redevable, il doit me
rendre compte des gestes et des décisions auxquelles il a participé. Ça, ce
n'est pas clair dans le projet de loi.
Mais,
nous, je le répète, on n'aménagera pas notre misère. La FAE ne jouera pas dans
ce jeu-là. Moi, j'ai vécu la fusion
des commissions scolaires, en 1998, hein? On nous promettait... à l'époque, là,
l'argent était pour arriver par pleins camions
dans les écoles, on était pour ne plus savoir quoi faire avec cet argent-là. Il
y a eu zéro, zéro en ajout de services, puis la réforme... Parce que le ministre s'est amusé à nous dire :
Il y aura l'équivalent de 160 professionnels de plus sur quatre ans, dans le réseau, en abolissant les
élections scolaires. Nous autres aussi, on s'est amusés à calculer. C'est,
donc, sur quatre ans... on va y aller sur quatre ans, ça veut dire que,
l'an prochain, là, c'est l'ajout de 15 minutes de ressources professionnelles par établissement, par semaine.
C'est ça? C'est ça, améliorer le sort des élèves, particulièrement des plus
vulnérables? C'est ça, venir aider les
profs, qui n'en peuvent plus, qui en ont par-dessus la tête, qui lancent des
cris d'alarme?
Je ne sais pas où le
ministre se promène, mais nous, on se promène là où les profs en arrachent. Les
profs n'en peuvent plus. Les profs
disent : Comment ça se fait que je suis au front, puis on est toujours
après me dire : Bien, tu es mal formé, tu n'as pas bien compris,
est-ce que tu as fait ce qu'il fallait que tu fasses?
C'est
drôle, il y a une pénurie de personnel, puis tous ceux qui sont supposément
compétents, comment ça se fait qu'ils ne reviennent pas nous donner un coup de
main en venant sur le terrain avec nous autres? Ah! ça, ils ne le font pas.
Ils restent bien confortablement assis dans
leur bureau. Donc, c'est clair, pour nous, on n'aménagera pas notre misère. Il
n'en est pas question.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. J'ai le député de Saint-Jean
qui... en intervention. Il reste un peu moins de quatre minutes, M. le
député.
M. Lemieux :
Merci beaucoup. Vous m'avez dit : Un peu moins de quatre minutes?
La Présidente
(Mme Thériault) : Un peu moins de quatre minutes.
M. Lemieux :
Merci, Mme la Présidente. Le ministre vous a dit qu'il avait bien peur de ne
pas être d'accord; je vous écoute,
puis plus je vous écoute, moins je suis d'accord, moi aussi. Mais on a quand
même peut-être la capacité de comprendre davantage.
Par
exemple, en parlant de formation, vous dites, dans le mémoire, à la
page 9, qu'il revient aux enseignants de décider de leur formation, que le financement doit être au rendez-vous,
blabla. Bon. Et vous dites, à la page 8 de votre mémoire, toujours, que de nombreux enseignants suivent
plusieurs formations au cours d'une année. Vous représentez neuf syndicats,
45 000 enseignants. Avez-vous une idée de la formation de ces
45 000 enseignants là?
Mme Morel
(Nathalie) : Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Lemieux :
En formation continue, je veux dire, là, qui ont été faites.
Mme Morel
(Nathalie) : Toutes les directions de toutes les écoles de
toutes les commissions scolaires font à chaque
année, c'est déjà prévu dans la LIP, la consultation pour avoir l'ensemble des
formations qui sont souhaitées. Tous les
comités locaux de perfectionnement, comité paritaire de perfectionnement avec
les commissions scolaires ont toute cette information-là. C'est les
parties patronales qui ont cette information-là entre les mains...
M. Lemieux :
Je suis le député, moi...
Mme Morel
(Nathalie) : ...alors, vous avez juste à
leur demander.
M. Lemieux :
Non, je suis le député, puis on jase, là. J'ai juste besoin de comprendre.
Mme Morel (Nathalie) : Bien, on jase... Le perfectionnement, c'est un
enjeu de négociation. Le perfectionnement, c'est conventionné. Alors, toutes les parties patronales, commissions
scolaires, directions d'établissement, ont toutes ces réponses, ont toutes les réponses aux questions.
C'est déjà extrêmement encadré, balisé, tant au niveau des commissions scolaires qu'au niveau des services éducatifs des
commissions scolaires. Alors, toute cette information-là, ce n'est pas nous
qui la détenons parce que c'est une prérogative qui est locale dans les
milieux.
M. Lemieux :
Mais, comme, justement, le projet de loi dont vous venez de nous parler
aujourd'hui veut rehausser les
exigences relatives à la formation continue des enseignants, vous ne pensez pas
que ce serait une bonne nouvelle pour les nouveaux enseignants, puisqu'on va
rehausser... Parce que, là, vous m'avez expliqué exactement ce qu'on fait, même
si je n'ai pas de chiffre parce que je suis
juste député puis que je ne négocie pas, moi, là, mais cette formation continue
là dont on parle... Non, mais vous m'avez dit que c'est normé par les
négociations, mais...
Mme Morel
(Nathalie) : ...contrats de travail qui
appartiennent autant à l'employeur qu'aux travailleurs.
M. Lemieux : Oui, c'est ça,
voilà. Mais je voudrais quand même comprendre dans quelle mesure les nouveaux enseignants ne seraient pas, justement, gagnants
dans cette idée-là qu'on pourrait avoir... Parce que vous dites que vous avez
besoin de formation, aussi vous dites que vous voudriez décider de votre
formation. Pour les nouveaux enseignants qui arrivent, ce serait génial,
non, ce projet de loi là?
• (17 h 50) •
Mme Morel
(Nathalie) : C'est déjà
possible, on n'a pas besoin d'instaurer un programme de formation continue
obligatoire. Il y a déjà la possibilité,
dans toutes les écoles, avec les comités locaux de perfectionnement, que les
profs fassent des demandes à leurs
comités locaux de perfectionnement, et donc qu'on s'assure que ça réponde aux
besoins du personnel, comme le Conseil
supérieur de l'éducation le disait, en 2014, dans son avis sur le développement
professionnel des enseignantes, des
enseignants. C'est à nous de décider de quelle formation nous avons besoin,
qu'est-ce qui répond à nos besoins.
Parce que,
comme le dit le CSE, on ne peut pas contraindre des gens contre leur gré. On
peut bien les asseoir dans des
formations puis dire : Vous allez suivre la formation sur la réponse à l'intervention,
parce que c'est ça, la façon d'enseigner
maintenant, mais on va les obliger, on va
les contraindre. Bien, un prof peut bien aller s'asseoir, vous pouvez
l'obliger, comme direction. Ça ne veut pas dire que ça va n'avoir aucun
résultat.
Mais, si on
exprime des besoins puis qu'on dit : Moi, j'ai le goût parce que, je
trouve, en informatique, pour l'éthique, il y a quelque chose que je veux faire, là, ça part du prof lui-même.
C'est ça, le développement professionnel. Alors, faisons confiance aux enseignantes et aux enseignants.
N'allons pas leur dire : Ah! on va vous menacer de sanctions, on va vous
retirer votre autorisation d'enseigner si
vous ne suivez pas des formations continues. Puis on sait très bien ça va être
quels types de formations continues :
celles qui font en sorte qu'on n'investit pas plus de ressources humaines et
financières dans les milieux puis qu'on donne aux profs encore plus de
travail.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il reste à peine 10 secondes.
M. Lemieux : Neuf, huit, sept,
six...
La
Présidente (Mme Thériault) : Bon, d'accord. Donc, merci. Désolée,
ça passe très vite, le temps. Donc, on va aller du côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 40 s.
Mme Rizqy : Édifiant. Bonjour,
merci de votre présence. En quoi ce projet de loi aide la réussite éducative?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Mallette, peut-être?
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, moi, écoutez, clairement là... Parce que
c'est typique, hein, du ministère de l'Éducation :
Parce qu'on le dit, c'est vrai, puis c'est vrai parce qu'on le dit. Hein, c'est
comme ça, là, c'est la croyance, hein, on nous le dit, les gens qui
réfléchissent au ministère de l'Éducation. Puis ça se répercute aussi dans les
commissions scolaires, dans les
administrations scolaires. On nous dit : C'est une croyance. C'est quand
même fantastique, hein? C'est le ministère de l'Éducation, puis ils sont
incapables de faire preuve, soit par la recherche supposément probante, de ce qu'ils disent, mais c'est une croyance, c'est un
effet de mode. Puis là on nous dit : Bien, c'est un projet de loi pour
assurer la réussite éducative. Ah oui? Bien, c'est comme la dernière
réforme qu'on nous a passée dans la gorge. En quoi ça a amélioré la réussite éducative des élèves? Le Québec combat encore un
taux de décrochage élevé. On rencontre des difficultés énormes auprès de
certaines populations d'élèves.
Et puis j'en profite pour dire qu'il faudrait
peut-être qu'on arrête de parler de clientèle scolaire. Ce ne sont pas des clients, ce sont des êtres humains. On devrait
parler de population scolaire, particulièrement des populations les plus
vulnérables, qui vont faire les frais. Parce
ce que projet de loi là n'améliorera pas la réussite des élèves, ce n'est pas
vrai.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : J'aimerais revenir
sur l'ordre professionnel. Moi, je me rappelle d'avoir déjà été, un dimanche, à Laval, avec des enseignants qui étaient en
formation, puis c'était un dimanche, puis je me rappelle avoir parlé avec
certains, il me dit : Bien,
durant la semaine, Marwah, on est débordés. C'est une salle qui était comble,
mais vraiment comble. Puis eux ont choisi d'être là un dimanche, hein,
ils ont des enfants puis des familles.
Alors, est-ce
que je me trompe ou le problème, au niveau de l'enseignement de la formation,
ce n'est pas un manque de volonté des enseignants, mais c'est les plages
horaires? Parce qu'en ce moment, avec la pénurie d'enseignants, on a des enseignants qui sont à bout de souffle
puis que, dans l'horaire, la case où est-ce qu'ils sont supposés de, par
exemple, préparer leur matériel
pédagogique... sont : Non, on remplace un autre groupe encore. Ça fait en
sorte que, justement, les enseignants
font, oui, de la formation, mais, même la fin de semaine, ils doivent en faire...
puis que c'est faux, le mythe de penser que les enseignants refusent de
se former.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme Morel.
Mme Morel (Nathalie) : Je vous dirais aussi qu'il y a un des éléments,
actuellement, qui pose problème, c'est que le perfectionnement, la formation continue, ça devrait se faire dans la
semaine régulière de travail. Quand je me perfectionne, ça devrait être à l'intérieur de mon cadre de
travail. Mais là, étant donné qu'on vit des pénuries, particulièrement dans
certains territoires, chez nos
syndicats affiliés, des pénuries importantes de personnel enseignant, bien là,
il n'y a pas d'enseignant pour remplacer ceux qui iraient en formation.
Alors,
ce qu'on fait souvent, c'est que les commissions scolaires innovent en
disant : Bien, allez-y le soir, puis on va vous payer un montant d'argent, qui n'est pas le montant du salaire
horaire d'un prof, d'une enseignante, d'un enseignant. Les enseignants se sentent mal d'y aller parce
qu'ils savent qu'ils y vont à rabais, hein? En quelque part, c'est quasiment
du bénévolat. Mais, deuxièmement, toutes nos
enseignantes, particulièrement, et nos enseignants qui sont parents ne peuvent
pas nécessairement. Parce qu'à la fin de ma
journée de travail de prof, bien, j'ai ma journée de maman qui commence, puis
je dois aller chercher mes enfants, puis je dois aussi vivre ma vie de
citoyenne. Alors, c'est ça, aussi, quand on dit : L'accessibilité, le
problème d'accessibilité, il est réel.
Les
profs demandent... soit qu'on ne peut pas parce qu'on n'a pas assez d'argent,
les budgets de perfectionnement pourraient
être haussés énormément... et, deuxièmement, de leur donner du temps réel,
donc, durant la semaine régulière de travail, et le type de formation...
Ceux
et celles qui connaissent des profs peuvent vous dire : À 95 % — puis je n'ose pas dire 100 % — certaines années, c'est des formations complètement farfelues. Les profs se font
infantiliser, vont dans des formations puis disent : J'ai perdu ma
journée, ou dans des journées pédagogiques mur à mur, des formations. Ils n'ont
pas le choix d'aller dans la formation, ils
se font imposer. Ils s'assoient là puis disent : C'est du niaisage,
j'aurais pu faire 56 000 autres
affaires qui auraient été productives aujourd'hui.
Ça
fait que c'est ça, aussi,
qu'il faut aller regarder. Au lieu de faire ce bilan-là, c'est ça qu'on aurait
dû faire : aller voir qu'est-ce qu'il se donne actuellement, aller voir
qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas, c'est quoi, les besoins des enseignantes, des enseignants. Non. On décrète
d'en haut qu'on va leur en imposer puis, faute de sanction, s'ils ne se conforment pas : par règlement, autorisation
d'enseigner. C'est très, très grave. Et ça, c'est une gifle.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Puis on efface vraiment la pire
pénurie de main-d'oeuvre dans les enseignants. On a l'Ontario qui fait des
publicités sur Facebook pour venir chercher nos profs, et, année après année...
Le nombre de Québécois enseignants et enseignantes qui quittent pour l'Ontario augmente depuis les cinq
dernières années. La désertion dont vous faites référence, avec le projet de loi n° 40, est-ce qu'on est
capable de le contrer ou est-ce que ça va juste donner une autre raison,
davantage, de quitter la profession?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Mallette.
M. Mallette (Sylvain) : Bien, savez-vous ce qui est grave, Mme la
députée? C'est que, face à ce phénomène-là, qui est tragique... La désertion
professionnelle, ça veut dire qu'un individu fait le choix de quitter une
profession qu'il avait
choisie. Bien, il y a des gens, au ministère de l'Éducation, savez-vous ce
qu'ils nous disent quand on leur en parle? C'étaient des gens qui
n'étaient pas faits pour le métier, ça arrive. Ce mépris-là, le mépris qui est
porté par certains, au ministère de l'Éducation, à l'endroit de la profession,
est insupportable. Ça devrait être dramatique.
La profession enseignante au Québec connaît un des taux de
désertion les plus élevés. Ça devrait être jugé une priorité. Ça ne l'est pas.
Pourquoi? Parce que ceux qui nous disent ça sont ceux qui décident des
conditions dans lesquelles on va travailler. Quand on dit d'un prof qu'on va l'inscrire de force
dans une logique de formation continue, malgré les plans de perfectionnement qui sont négociés en
vertu de la loi sur la négociation dans le régime public, parapublic, qui sont
négociés, quel message on leur envoie? Bien, c'est que tu n'es pas bien formé,
tu n'as pas compris.
C'est ça qui est... C'est à ça que le ministre devrait
s'attaquer, pas à venir, dans son projet de loi, placer les fondations d'un ordre professionnel. Et j'avais même souligné puis salué la
décision du ministre, alors qu'il était porte-parole de l'opposition, de la deuxième opposition, si ma mémoire est bonne... de
l'opposition, en éducation, deuxième opposition en éducation, quand il avait dit : Écoutez, sur
la question de l'ordre professionnel, on ne l'imposera pas, on a compris que
les profs n'en voulaient pas. Je lis
le projet de loi, puis j'ai la prétention de savoir lire un projet de loi, je
suis capable de comparer la loi
actuelle avec ce qui est prévu dans le... 312 articles, je suis capable de
faire ça, puis je vois que l'ordre professionnel est là, mais il ne dit
pas son nom.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Puis quelque chose, aussi, qui
ne dit pas son nom, c'est l'article 34, paragraphe 2°, le gonflage de notes. On parle de majoration. Donc, majorer, c'est toujours à la
hausse. Après consultation, je vous invite à la décision arbitrale où est-ce qu'il y a eu, justement, un
directeur d'école qui a majoré à la hausse, suite à des pressions de parents
qui disaient à l'enseignant :
Oui, mais t'as été sévère, t'as été bien trop sévère. L'enseignant s'est remis
en question, est parti en congé de
maladie. Mais, rapidement, 80 enseignants sur 111 se sont concertés pour
dire : Une seconde, là, c'est notre autonomie professionnelle qui
est mise en cause.
Dans cette décision arbitrale,
c'est neuf jours d'auditions où est-ce que plusieurs autres enseignants sont
venus témoigner pour dire les choses
suivantes, puis je pense que c'est excessivement important de les mentionner,
alors je cite : «Certains craignaient, si les notes de leurs élèves étaient trop basses,
de subir le même sort que celui de M. Routhier. Le sentiment général était que — la chose suivante — l'on a gagné sur le prof.»
Ça, c'est les étudiants qui disaient ça aux professeurs,
aux enseignants. «Ceux-ci étaient fâchés et se sentaient désavoués par la façon
dont les choses s'étaient passées et avaient peur de ne pas avoir le
soutien de la direction si un même événement se produisait pour eux.»
Donc, il y avait aussi une crainte, là, qui était rendue à
l'ensemble de l'établissement. Les enseignants qui disent : O.K., là,
maintenant, quand on a des parents qui ne sont pas contents, ils vont frapper,
là, davantage plus fort sur la porte du directeur d'école, qui, lui, va venir consulter
puis dire... Parce que consulter, ça ne veut pas dire écouter, là, on sait,
là : p.l. n° 3,
p.l. n° 5 et p.l. n° 12. Alors, consulter, là, est-ce que,
pour vous... Là, je vais être claire ici, clairement, on vient légaliser une situation qui a été jugée illégale,
dans cette décision arbitrale, et on veut mettre fin à ce courant de
jurisprudence de façon intentionnelle.
Et, Mme la Présidente, pour être sûre que le ministre le
lise, je dépose copie. Et je me suis permise de surligner les passages pertinents, parce que je sais que c'est quand même
26 pages.
Document déposé
La
Présidente (Mme Thériault) : Il y a consentement pour le dépôt de document? Consentement. Merci.
Donc, vous avez un peu moins de deux minutes pour répondre à la question
de la députée de Saint-Laurent.
• (18 heures) •
Mme Morel (Nathalie) : Alors, pour nous, ce que le ministre propose sur
les pouvoirs des directions d'établissement, quant à la majoration des
notes, c'est exactement ce que vous venez de décrire, là. Je l'avais dit, tout
à l'heure, c'est de rendre légal quelque chose qui ne l'est pas. Ce qu'il faut
aussi savoir, c'est que le reste du texte, hein, de cet article 34 là
dit que la direction pourrait faire ça
«après consultation de l'enseignant [...] s'il existe des motifs raisonnables
liés à son cheminement scolaire». Et d'autres questions se sont
posées : C'est quoi... quelles... qui va juger de la raisonnabilité? Qu'est-ce qu'un motif raisonnable? Est-ce que ça
va être la direction qui va en juger elle-même? C'est un petit peu, je vous
dirais, une espèce de cercle vicieux.
L'exemple
qu'on a relaté, nous, en en parlant avec les enseignantes et les enseignants, qu'on
a souvent dénoncé au ministère de
l'Éducation, au ministre, à son
équipe, ce que font présentement les directions
d'établissement et les commissions scolaires
de l'article 222 de la LIP... Pour ceux qui ne connaissent pas
l'article 222, c'est celui qui permet, pour des raisons
humanitaires ou pour éviter un préjudice grave, d'exempter un élève de
l'application d'une disposition du régime pédagogique.
Présentement, c'est utilisé ad nauseam au deuxième cycle du secondaire, qui est
supposé être une promotion par
matière, pour dire : Ah! même si l'élève n'a pas réussi en français ou en
mathématiques, on le fait passer en évoquant l'article 222. Parce
que, là, on dit : Bien, là, s'il ne passe pas au niveau suivant, ça va
atteindre son estime de lui-même. C'est ça
qu'on dit comme motif pour permettre l'utilisation de l'article 222, et on
a consulté le ministère à plusieurs reprises, et c'est ce que les gens du ministère nous disent qu'il est acceptable
de faire. Alors, là aussi, ça n'a pas de sens. C'est quoi, ça, des motifs raisonnables liés à son cheminement
scolaire? Quand le prof a mis une note, on
ne fait pas ça sur le coin de la table, là, mettre une note, c'est un
processus. D'ailleurs, la politique d'évaluation des apprentissages du
ministère dit que le socle sur lequel
repose l'évaluation des apprentissages, c'est le jugement professionnel de
l'enseignante et de l'enseignant.
La
Présidente (Mme Thériault) : Cela met fin à l'échange avec la
députée de Saint-Laurent. Donc, je vais aller du côté de la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. On sent toute la colère que vous avez face au
processus et au contenu de ce projet de loi là. Vous avez dit que vous
vous sentez insultés, entre autres, parce que, bon, il y a des choses qui sont cachées dans ce projet de loi là, qui n'étaient
pas annoncées. Je dois dire que je vous comprends de vous méfier du concept
de consultation pour le changement de note,
dans la mesure où vous avez vu ce qu'il s'est passé après que le ministre vous
ait consultés en septembre, puis, finalement,
il est allé de l'avant quand même. Depuis plus d'un an, le ministre nous dit
que l'objectif de cette réforme-là, c'est de redonner du pouvoir aux gens qui
connaissent les élèves par leurs noms. Je pense qu'on peut s'entendre collectivement que les personnes qui
connaissent le plus les élèves par leurs noms, c'est les enseignants et
les enseignantes. Quel nouveau pouvoir vous avez, avec ce projet de loi
là, en avez-vous trouvé?
M. Mallette (Sylvain) : Bien, d'abord, pour vous dire, par rapport à la
colère, hein, nos profs qui sont tellement en colère qu'ils nous ont confié le mandat... puis c'est toujours par
transparence aussi qu'on le dit, par souci de transparence, les profs
sont tellement en colère que, si le projet de loi n° 40 n'est pas retiré,
on a le mandat d'envisager des moyens d'action
lourds. Ça veut tout dire, hein? Il y a une colère, là, qui gronde, et le
ministre a, je pense, l'intelligence pour l'entendre. Maintenant, nous
n'acquerrons aucun nouveau pouvoir. Nous en perdons, même. On en a fait la
démonstration sur la question de
l'évaluation, le peu de pouvoir qu'on a, on nous l'enlève pour le donner...
moi, j'ai utilisé cette image-là, hein, on nous livre pieds et poings liés aux directions d'école puis aux
gestionnaires de commissions scolaires. Donc, il est faux de prétendre,
comme le font certaines personnes, que nous obtenons plus de pouvoir, c'est
faux.
La Présidente
(Mme Thériault) : Il vous reste à peu près une minute, Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien, écoutez, je pense qu'on a entendu votre
besoin, vous avez nommé que vous avez besoin de classes plus équilibrées, de classes moins nombreuses, de plus de
ressources humaines. J'espère que le ministre a entendu ça, j'espère qu'il entend aussi votre appel à
reculer puis à discuter, je pense que vous avez fait la démonstration que c'est
assez grave, ce qu'il y a dans ce projet de loi là, puis je vous
remercie.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. Mallette, 30 secondes, mot de la
fin.
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, écoutez,
nous, on est disposés à discuter, puis, en plus, l'école publique, elle
appartient... puis, c'est quand même
extraordinaire, hein, on modifie de fond en comble le projet... la Loi sur
l'instruction publique, c'est fondateur
du Québec, l'école publique, c'est ce qui a permis au Québec de se sortir de
l'état de sous-scolarisation dans lequel il se trouvait, puis on fait ça
vite, on fait ça sur invitation, alors que l'école publique, elle appartient à
l'ensemble de la population, pas juste à des groupes qu'on invite ou des
groupes qui réussissent à se faire inviter parce qu'ils font des conférences de presse pour dénoncer le fait qu'ils
ont été exclus. On parle de l'école publique, qui a permis au Québec de se
développer puis d'occuper la place qu'il
occupe actuellement dans le monde. Il y a quelque chose là d'incompréhensible.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. Mallette. Et le
dernier bloc d'échange est avec la députée de Joliette, toujours pour un
2 min 40 s.
Mme Hivon :
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'aurais deux
questions, une grande parce qu'on sait que vous êtes de grands
défenseurs de l'école publique québécoise, donc on a entendu d'autres groupes s'inquiéter grandement du fait qu'on allait accroître les inégalités, diminuer la
mixité sociale. J'aimerais vous entendre plus spécifiquement là-dessus.
Puis,
deuxième question plus spécifique sur les notes, j'ai été très surprise, moi
aussi, quand j'ai vu ça, parce que, dans
l'opposition, le ministre s'était fait un grand adversaire du tripotage des
notes, comme il disait. J'ai toutes sortes de citations sous les yeux,
là : «La note de passage, c'est 60 %, ce n'est pas 58 %. On n'a
pas à changer ça.» Il a dit tout à l'heure qu'en ce moment c'était déjà permis
et possible pour les directions d'école de le faire. Alors, je voulais savoir quelle est votre réaction par rapport à ça. Est-ce
qu'effectivement, en ce moment, c'est tout à fait légal que quelqu'un
change la note donnée par un enseignant?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et, Mme Morel, je vous vois prendre des notes, vous avez
1 min 40 s.
Mme Morel
(Nathalie) : ...c'est faux. Écoutez, que quelqu'un nous
produise les textes où c'est permis qu'une direction
change les notes. Quand les directions... puis elles ont prétendu ça quand on
est sortis sur le tripotage de notes, les trois associations de direction sont
sorties avec le même discours : Oui, mais c'est nous qui approuvons les
normes et modalités. Encore une fois, malhonnête, ce n'est pas la même
chose. Des normes et modalités, c'est, collectivement, dans une école, certaines balises qu'on se donne. Évaluer les
apprentissages, c'est autre chose. Alors, non, ce n'est pas permis
présentement, c'est stipulé, d'ailleurs, par les tribunaux. Alors, ce n'est pas
permis, donc c'est grave si on prétend ça.
Deuxièmement, sur la question des inégalités, il
est vrai qu'on a mis beaucoup d'emphase sur les enjeux qui... on représente des
enseignantes et des enseignants, mais, pour nous, le premier article du projet
de loi n'est pas anodin. Quand on vient
biffer «la commission scolaire [auquel ils appartiennent]», là, je n'ai pas le
texte devant moi, quand on vient
biffer ça, donc on vient donner la possibilité, c'est de briser l'école
commune, c'est briser l'école de quartier. C'est dire aux parents :
Vous pouvez donc magasiner. Quand on parle de clientélisme, on est là-dedans.
On dit : Parmi les écoles «de la commission scolaire dont il relève», on vient enlever ça, donc, qu'est-ce qu'il va se
passer? Qu'est-ce qui se passe dans les PPP? Qu'est-ce qui se passe avec
l'école privée? Ça va être la même affaire.
Les parents
sont tous à la recherche de l'école qui, dans le palmarès, réussit le mieux
parce qu'on veut le meilleur pour nos enfants. Ça fait que le libre choix va
être encore le libre choix des mieux nantis, des parents qui parlent français,
des parents qui sont plus favorisés. La
représentation des parents dans les C.E., dans les C.A., qu'est-ce qu'il se
passe dans la vraie vie? C'est des
parents qui sont disponibles, qui sont un peu plus favorisés parce qu'ils n'ont
pas un autre boulot, qui ne vont pas travailler le soir, qui ne sont pas
monoparentaux. Alors, c'est tout ce contexte-là qu'on a vu dans le p.l. n° 12, qu'on revoit dans le
p.l. n° 40, où, encore une fois, c'est les mieux nantis qui ont voix
au chapitre, c'est les mieux nantis qui sont capables de comprendre tout ça et
qui vont probablement magasiner l'école où il y a le plus de meilleurs...
de bons élèves, où les taux de réussite, hein, le plan d'engagement vers la
réussite, les statistiques sont les plus belles.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin. Nous n'avons plus de temps. Donc, M. Mallette,
Mme Morel, M. Cloutier, merci d'avoir été avec nous. Je vous remercie
pour votre contribution aux travaux.
Et la commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, 10 heures, où elle poursuivra son
mandat. Merci, bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 08)