(Onze heures quarante-deux minutes)
La
Présidente (Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Et la commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction
publique et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation
préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Chassin
(Saint-Jérôme) est remplacé par Mme Lecours (Les Plaines);
Mme Grondin (Argenteuil) est remplacée par M. Bussière (Gatineau);
Mme IsaBelle (Huntingdon) est remplacée par M. Girard (Lac-Saint-Jean); M. Poulin (Beauce-Sud) est
remplacé par Mme Lachance (Bellechasse) et Mme Melançon
(Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le secrétaire.
Étude détaillée (suite)
Donc, je vous
rappelle que la commission a convenu de procéder à cette étude détaillée par
sujets. Nous sommes actuellement revenus au quatrième sujet, intitulé Le régime pédagogique, et à l'article 5,
que nous avions suspendu. Lors de
l'ajournement de la dernière séance, nous en étions à l'étude d'un amendement
proposé par Mme la députée de Sherbrooke. Donc, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cet amendement?
Mme Rizqy : Certainement.
Bonjour.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bonjour, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Alors, rebienvenue, Mme la Présidente. Je suis très contente de voir que nous
avons une banquette, du côté gouvernemental, très pleine, et ça va nous
permettre d'avoir des échanges, j'imagine...
Une voix : ...très compétent.
Mme Rizqy : Avez-vous déjà été
commissaire à la...
La
Présidente (Mme Thériault) : Non, non, non. On ne commence pas la
commission comme ça. Désolée. Non, je
vais faire exactement comme ma collègue la députée de Mille-Îles hier,
lorsqu'on a ouvert la séance de la Commission de l'aménagement du territoire. Vous ne devez, sous aucun prétexte, vous
interpeler. On s'adresse à la présidence. Et, lorsque je donne la parole à un ou une député, il n'y a
que ce député, ou une députée, qui a la parole. Donc, si vous voulez ajouter
quelque chose, vous me regardez, vous me faites signe, et ça me fera plaisir de
vous donner la parole, évidemment.
Mme la députée de Saint-Laurent, vous pouvez
poursuivre, et n'interpelez pas vos collègues.
Mme Rizqy : En aucun temps, je
vous le promets, Mme la Présidente, sauf exception.
Alors, je
vois qu'on est une belle banquette, et, pour le bénéfice de ceux qui se
joignent à nous, nous avons suspendu l'article 5,
car nous sommes vraiment intéressés à discuter des ratios, car il est question
de la sécurité et de la qualité des services dispensés aux élèves les
plus jeunes, ceux qui commencent la grande école.
Mais ce débat... Pour ceux qui se joignent à
nous, hier nous sommes revenus sur un débat de 2013, qui portait sur quoi? La maternelle quatre ans temps plein en
milieu défavorisé. Et qui parlait de quoi? Bien, des ratios. Alors, quand
j'entends le ministre de l'Éducation nous dire : Bien, les ratios, on n'en
parlera pas, mais ses collègues
caquistes en ont parlé, pas n'importe où, dans un projet de loi sur les
maternelles quatre ans...
Et hier... Je ne bouderai pas mon plaisir de
continuer à raconter et de rapporter des propos tenus par le député de Vanier-Les
Rivières, qui est désormais...
toujours député, mais qui a changé de comté, et lui aussi
demandait haut et fort des ratios
d'un pour 10. Et je vais citer ce député : «Moi, le compromis qui est
apporté, 10, je suis à l'aise avec ça. Moi, je suis à l'aise. 10, là, ça,
c'est les ratios qu'on retrouve au sein des CPE. Mais plus les ratios sont bas,
plus on se permet, justement... on se donne des conditions gagnantes pour être
en mesure d'accompagner nos enfants. Ça, c'est
superimportant. Et le débat, moi, de conventions collectives, et tout ça, puis de l'argent,
là... Je sais que l'argent, c'est le nerf de la guerre, mais on ne parle pas nécessairement d'un montant extrêmement élevé, là. Il y a moyen de trouver. Puis
je n'ai pas le goût d'embarquer dans la partisanerie, là, puis d'attaquer : Vous auriez
pu faire ci, vous auriez pu faire ça, enlever tel contrat, enlever telle table,
enlever... Bon. O.K. Je vais laisser à d'autres pour le moment. Mais,
ce qui est important, je crois que ce sont
nos enfants, et le ratio, pour moi, puis l'école Saint-Zotique l'a souligné
dans son mémoire, c'est une condition gagnante, c'est une
condition importante pour permettre la réussite de ce projet-là.»
Et, Mme la Présidente, pour être assez fidèle aux propos du député caquiste...
Puis je suis allée voir, quand même,
le vidéo, hein, parce que
je ne voulais pas mettre des intonations là où il n'y en avait pas. Donc, je
me suis permis de regarder la vidéo pour essayer de reproduire le plus
fidèlement possible son émotion lorsqu'il se battait haut et fort pour des ratios
d'un pour 10.
Mais j'aimerais revenir sur un passage :
l'école Saint-Zotique. Rappelons-nous, tout le monde qui était ici, lorsqu'on a
dû avoir... eu des consultations, Mme Brodeur a livré un témoignage fort intéressant
et surtout touchant de l'école Saint-Zotique, puis elle nous a dit : Vous,
là, les députés, allez voir le vidéo, sur YouTube, qui parle de l'école Saint-Zotique. L'école Saint-Zotique est dans le
comté de Rosemont. L'école Saint-Zotique a une cote de
défavorisation de 10 sur 10. L'école
Saint-Zotique a été la première à intégrer les maternelles quatre ans.
C'était un projet pilote. Qu'est-ce
qu'ils ont choisi? Une école défavorisée. Ils ont dit : On va y aller graduellement
par un projet pilote.
Alors, moi, je trouve, là, que, des fois, il
faut aussi souligner les bons coups. Puis, le bon coup là-dedans, oui, c'est le Parti
québécois qui l'a fait. Ils ont
décidé de dire : La réussite éducative, oui, c'est important, mais pas
n'importe comment, on a un plan. Puis
ça s'intégrait, là, dans une grande vision. Mais, avant de commencer à mettre
la charrue devant les boeufs, ils ont
dit : On va faire d'abord un projet
pilote. Forts de ce projet pilote, après ça ils l'ont implanté graduellement en milieu défavorisé. Puis, par la suite, Mme la Présidente, bien oui, il y a eu un autre parti qui
est arrivé puis qui a continué un déploiement.
Aujourd'hui, il y a un nouveau parti, mais qui
veut maintenant le généraliser partout, du mur-à-mur. Par contre, il y a quand même, ici, un enjeu qui est important, parce que, si on y va pour
partout au Québec, des maternelles
quatre ans, il y a une affaire
qui est quand même importante qu'on discute : les ratios. Quand que le ministre
de l'Éducation parle qu'à certains endroits
ça va être une moyenne d'un pour 11, puis hier c'était rendu du un pour 14,
puis un maximum de 17, j'entends son
argument. Mais j'entends encore le
député de Vanier-Les Rivières, mais j'entends aussi la députée de Montarville, qui, elle, était
aussi, à l'époque, la députée caquiste porte-parole en
matière d'éducation, et elle s'époumonait pour les ratios d'un pour 10.
Tous les deux sont toujours au sein de votre caucus caquiste. Il me semble qu'à
moins qu'il y ait un petit peu de cacophonie un ratio d'un pour 10 serait à
propos. Puis honnêtement ça ferait, là... Oui, «caco, C-A-Q», hein?
Mais moi,
j'aimerais dire, Mme la Présidente, qu'il reprenne juste ce passage. Il
dit : Pas de partisanerie, puis il faut arrêter de s'attaquer, mais vraiment s'attaquer à ce qui est
vraiment important, nos enfants, «et le ratio, pour moi — étant le député caquiste — c'est une condition gagnante, c'est une condition importante pour
permettre la réussite de ce projet-là».
Est-ce que, oui ou non, le ministre de l'Éducation
est d'accord avec son collègue?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
• (11 h 50) •
M. Roberge : Oui, Mme la
Présidente. On a eu droit à cette prestation théâtrale hier. Il y avait un
petit peu moins d'intonations, mais ça... Ça
fait comme la deuxième fois qu'on va voir le même spectacle, on voit venir le
punch, comme on dit.
Donc, hier, oui, elle nous a servi des
interventions de 2012 ou 2013. C'est correct. Depuis ce temps-là, on s'est
présentés devant l'électorat, en 2018. Beau moment, d'ailleurs. Ça faisait un
an qu'on célébrait le choix des Québécois. Et on s'est bien engagés à déployer
l'offre de maternelle quatre ans à la grandeur du Québec, non universelle...
pardon, universelle mais non obligatoire. Il
n'était pas question de changer les ratios de ce qu'ils sont en ce moment. Les
Québécois savent pourquoi ils ont voté puis ils s'attendent à ce que ce
soit implanté.
Puis je rappelle un élément. Au moment où les
paroles que ma collègue vient de reprendre ont été dites, le ratio maximum
n'était pas de 17, mais de 18, le maximum moyen n'était pas de 14, mais de 15.
Donc, dans l'intervalle, les ratios ont
diminué, les services se sont améliorés, trois gouvernements se sont succédé,
dont... je ne dirai pas son gouvernement, mais le gouvernement de sa
formation politique, donc gouvernement du Parti québécois, gouvernement du
Parti libéral, maintenant gouvernement de la
CAQ, donc trois gouvernements différents, trois partis différents, aucun des
trois n'a jugé bon d'inclure les ratios dans la loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Moi, ma question, ce n'est pas de savoir si le Parti québécois est d'accord, si
le Parti libéral du Québec était
d'accord, c'est de savoir si, oui ou non, il est d'accord avec ses propres
collègues, qui, à l'époque, défendaient haut et fort des ratios d'un pour 10,
pas du un pour 14, pas du un pour 15, pas du un pour 17, mais du un pour 10,
les mêmes, et je cite, que «les CPE».
Pourquoi? Pour avoir des conditions gagnantes. Aujourd'hui, ces mêmes députés
sont toujours dans votre formation
politique. D'ailleurs, la députée de Montarville fait même partie du Conseil
des ministres. Est-ce que vous êtes d'accord avec votre collègue, par
exemple, la députée de Montarville, qui, elle, était porte-parole en matière d'éducation, donc elle était votre porte-voix et
celle qui parlait au nom de votre formation politique? Et c'est vrai que vous
avez promis beaucoup d'affaires en campagne
électorale, mais, étant donné que, les ratios, vous n'en avez pas parlé, on
peut présumer que c'était encore ce que défendait la députée de Montarville, du
un pour 10.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Écoutez, Mme la Présidente, c'est particulier de vouloir... que ma collègue
veuille qu'on applique aujourd'hui
nos positions de 2012‑2013 mais qu'elle ne veuille pas qu'on applique notre
programme électoral de 2018. Alors, je vais la laisser à ses
contradictions, je vais la laisser faire ses interventions.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, Mme la députée de Saint-Laurent. Il vous reste une minute.
Mme Rizqy : Au contraire,
j'essaie de vous aider à sortir du brouillard avec le projet de loi des maternelles quatre ans. Vous
n'avez pas de plan de déploiement. Et on veut bien que vous les implantiez, les
maternelles quatre ans, mais votre
programme, nulle part, j'ai regardé, ne parlait de ratio. Mais vous avez promis
une chose, M. le ministre : de la qualité
et de la sécurité pour les enfants. Puis ça, nous, on y croit, puis en ce
moment on essaie de vous donner, là, les outils pour le faire.
Puis
vous comprendrez que je suis un peu étonnée qu'aujourd'hui vous n'êtes pas
capable de dire que vous êtes en accord avec votre propre
caucus.
La Présidente
(Mme Thériault) : Interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui,
mais j'ai entendu le ministre manifester assez clairement qu'il n'aimait pas
tellement voir le même spectacle deux fois de suite. Je dois dire que moi, dans
la vie, je ne suis pas le genre à écouter le même film deux fois non plus, là. Je me demande pourquoi on est obligés d'avoir
encore le même débat qu'on a déjà eu il y a quelques années ici, à
l'Assemblée nationale, concernant le ratio en maternelle quatre ans, alors que
la démonstration était faite de manière
assez éloquente déjà, à l'époque, que, pour avoir un service de qualité, ça
prenait le même ratio qu'en CPE, un ratio
d'un pour 10. Donc, je trouve ça vraiment dommage et, à la limite, du
gaspillage de temps d'être obligés de recommencer ce même débat, de
refaire la même démonstration que, pour la qualité, ça prend un ratio d'un pour
10.
Moi,
ce que je comprends de tout ça, c'est que vraisemblablement il y a des
dissensions au sein du caucus de la CAQ par rapport à ça,
ça m'apparaît assez clair. Ça peut expliquer, probablement, la raison pour laquelle
on sent le gouvernement modifier la forme de son projet depuis le départ.
Depuis la campagne électorale, justement, peut-être qu'il y a des petits drapeaux qui se sont levés en caucus pour
dire : Ça va trop loin, on aimerait mieux que vous modériez le projet. Parce qu'on est passés, effectivement,
de 90 % des enfants qui
étaient visés par le projet à potentiellement 40 %, qu'on a entendu hier. On n'est plus à la même
place du tout, là, qu'on était au départ, là. Donc, moi, ça, ça me donne un
signal qu'au sein même du gouvernement il y a des gens qui réfléchissent
à cette question-là, il y a des gens qui ont peut-être écouté les auditions qu'on a entendues ici, il y a des gens qui se font
aborder par leurs citoyens, par des organismes de leurs circonscriptions, qui prennent connaissance des
préoccupations pour la qualité du service de maternelle quatre ans, des gens
qui sont sensibilisés au fait que le ratio a une incidence majeure sur la
qualité. Et je trouve ça intéressant de voir ça, de voir que la réflexion chemine au sein du caucus de la CAQ. Je trouve ça
très intéressant de voir ça parce que c'est ça, notre travail, ici,
comme députés, là.
Le ministre
n'est pas seul ici, il est accompagné de toute une série de collègues, pas
toujours les mêmes, donc il y a quand même beaucoup de gens au sein du caucus
qui ont pu être présents ici puis entendre des groupes qui sont venus
nous parler, qui ont pu prendre connaissance
des débats qui ont lieu en étude détaillée. Donc, ça fait quand même pas mal de
gens qui sont au fait des débats en
ce moment, et j'aime ça les voir cheminer là-dedans. Ce que j'aimerais, c'est
que le ministre chemine lui aussi à
la même vitesse que son caucus et puisse se poser des questions sur comment on
va faire pour l'atteindre, l'objectif de qualité.
Comme ça a été clairement mentionné par rapport
au projet pilote de Saint-Zotique, les conditions dans lesquelles sont faites
les maternelles quatre ans ont un impact majeur sur les résultats qu'on obtient
auprès des enfants. Puis je rappelle qu'ici
l'objectif, là, ce n'était pas juste d'ouvrir des classes de maternelle quatre
ans pour ouvrir des classes. L'objectif,
ce n'était pas juste d'offrir un lieu physique différent pour que les enfants
soient quelque part pendants que leurs parents
vont travailler. L'objectif, c'était de réduire les vulnérabilités de ces
enfants-là au moment où ils commencent la première année. Donc, si on veut vraiment réduire les vulnérabilités des
enfants, ça prend toute une série de mesures pour la qualité.
Ce n'est pas
une garderie qu'on ouvre ici, là, O.K.? Puis je dis «garderie» parce que je...
dans les services éducatifs, on offre ça aussi, là. Ce n'est pas un
stationnement d'enfants, là, O.K.? C'est un milieu de vie qu'on veut offrir à
des enfants pour les préparer adéquatement à
la scolarisation. Et donc on doit tout mettre en oeuvre pour que la qualité
soit au rendez-vous. Et le ratio,
c'est probablement l'élément le plus central de ce qu'on doit faire pour jouer
sur la qualité de ce qui est offert à
nos enfants. Puis ça, je sais qu'il y a beaucoup de membres du gouvernement qui
le comprennent déjà. Je suis
persuadée de ça. Ils nous ont entendus, ils ont entendu les groupes, ils ont
peut-être même lu les mémoires, ils sont au fait de ça. Ils ont rencontré
des spécialistes, je suis certaine qu'ils l'ont entendu.
Là, je ne
sais pas si c'est juste une raison économique, la raison pour laquelle le
ministre ne semble pas vouloir aller de l'avant pour instaurer un ratio
qui est plus bas que ce qui était prévu au départ. Ce serait vraiment très
dommage, honnêtement, que ce soit juste pour
des considérations financières, de dire : Ça se peut que ça coûte plus
cher si le ratio, c'est un pour 10
qu'un pour 17. Définitivement, ça va coûter plus cher. Mais ça a un coût, la
qualité, aussi. Puis ce qu'on nous
disait au départ, quand ce gouvernement-là a été élu, c'est qu'il était prêt à
investir en petite enfance, que c'était très important pour eux, l'éducation, que c'était leur priorité, qu'ils
n'allaient pas hésiter à investir en éducation. Bien là, tout ce qu'on demande ici, là, c'est qu'ils donnent
suite à ces propos-là puis qu'ils investissent en éducation pour donner les
ratios qu'il faut pour l'assurer, la qualité dans les services. C'est ce qu'on
demande en ce moment. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
On
n'est même pas sur un débat idéologique ici, là. Ce n'est pas un débat
idéologique, là. Tout le monde ici veut la qualité de ce service-là, tout le monde sait que c'est fondamental
pour préparer les enfants pour l'école, pour la suite. On est tous d'accord, ici, là-dessus, là, pour la
qualité. On n'est pas devant un débat d'idées, on est devant un débat de
ressources, moi, j'ai l'impression,
c'est vraiment juste ça, parce que personne ne va nier ici que c'est plus
intéressant pour un enfant d'être dans un ratio d'un pour 10 qu'un ratio
un pour 17. Puis je serais bien curieuse d'entendre les arguments.
Donc, après
ça, c'est : Est-ce qu'on va rendre les ressources disponibles pour mettre
ce ratio-là dans les classes de nos enfants? C'est vraiment juste ça, la
question. Si le ministre n'est pas prêt à mettre les ressources disponibles, je
trouve ça vraiment dommage par
rapport à l'engagement qu'il avait pris de tout faire pour bien préparer ces
enfants-là à l'école, de tout faire pour réduire les vulnérabilités. On
dirait qu'il n'est pas prêt à tout faire, finalement.
La Présidente (Mme Thériault) :
...commentaires? M. le ministre.
M. Roberge :
On fait beaucoup de choses pour avoir des services de qualité offerts à nos
jeunes dans le réseau public. Je
pense que je ne ferai pas la litanie de tout ce qu'on fait, mais juste dire que
ce n'est pas simplement une question de ratio. Les ratios font partie de l'équation, puis ça peut s'améliorer sans que
ça soit dans la loi, je l'ai bien expliqué tout à l'heure, ça s'est amélioré dernièrement sans que ça soit
dans la loi. Puis il y a aussi la présence de la personne dans la classe. Puis,
avec son amendement, ma collègue propose qu'il puisse y avoir des classes de
maternelle quatre ans sans enseignant, alors que, nous, ce qu'on met sur la
table, notre engagement, c'est d'avoir un enseignant, une enseignante et puis
une ressource spécialisée à demi-temps, une
complémentarité entre les deux formations, entre les deux formations, entre les
deux approches. Pour nous, c'est une recette gagnante.
Donc, il y a le ratio, oui, bien sûr, mais il y
a aussi la formation et la complémentarité de la formation de ces intervenants. Puis je vous parle des deux
personnes qui sont là de manière continue, là, mais il y a aussi tous les
professionnels qui gravitent autour des enfants et de l'équipe dans
l'équipe-école.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. Vous poursuivez votre intervention, Mme la
députée?
• (12 heures) •
Mme Labrie : Oui. Écoutez, s'il
faut formuler un amendement différent pour répondre aux préoccupations du ministre,
on va le faire, on va prendre le temps de faire ça, moi, ça va me faire
plaisir. Mon objectif, ce n'est pas du tout de retirer les enseignants
des classes, et je l'ai expliqué quand même assez longuement hier, mais il y a
des personnes qui étaient peut-être sur d'autres commissions hier, donc je le
redis : L'objectif, c'est de donner la souplesse au ministre pour que, dans la classe, chaque fois qu'il y a
une tranche de 10 enfants, il y
ait un adulte formé adéquatement,
idéalement un enseignant,
mais peut-être aussi une autre ressource spécialisée formée
adéquatement. Donc, moi, je pense que ça, ça donne la souplesse nécessaire.
Si le ministre préfère qu'on formule quelque chose qui dit qu'il y a
obligatoirement un enseignant pour 10 enfants, bien, c'est drôle, on l'a déjà
essayé, puis il ne voulait pas. Ça, c'est quelque chose qu'on a déjà essayé, puis il n'a pas été adopté,
cet amendement-là, ça n'a pas bien été reçu.
Moi, je vais
vous dire, le problème qu'on a en ce moment, c'est la ressource
à demi-temps. Si cette ressource était là à temps plein, là, on serait satisfaits
ici. Si la ressource additionnelle, elle était à temps plein, on
l'aurait, notre ratio intéressant pour la qualité. On serait probablement en train de chercher des garanties que ce soit inscrit quelque part de plus sécuritaire que seulement
dans les conditions et modalités, mais la question ne serait pas sur le
ratio, elle serait sur la garantie que ça va être respecté.
Si le ministre
veut aller vers plutôt modifier le fait que la ressource additionnelle passe
de temps partiel à temps plein, moi,
je pense que ça peut être une piste de solution aussi, mais, pour vrai, ça
coûterait plus cher au ministre de plutôt opter pour mettre la ressource
additionnelle à temps plein, peu importe le nombre d'enfants dans la classe,
que d'opter pour l'amendement que j'ai proposé hier, qui est plutôt d'un ratio
un pour 10. Parce qu'on le sait, il y a des classes de six, sept, huit enfants. S'il va vers imposer que la
ressource additionnelle soit à temps plein, ça veut dire qu'il va falloir
qu'elle soit à temps plein pour
toutes les classes, peu importe combien il y a d'enfants dedans. Moi, ce n'est
même pas jusque-là que je lui demande d'aller. Je ne lui demande même
pas cet effort financier là.
Donc, on peut
proposer d'autres options si ça, ici, ça l'inquiète trop, que peut-être qu'il
n'y a pas d'enseignant dans la
classe. On peut formuler un amendement qui est un petit peu plus complexe, qui
vient dire qu'il y a obligatoirement un enseignant et que, pour chaque enfant au-delà de 10, il y ait
obligatoirement une ressource à temps plein formée... On peut aller vers
là, si c'est ce qui rassure le ministre.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Merci, Mme la députée. J'ai maintenant Mme la députée de Mille-Îles
qui m'a fait signe. Après ça, j'irai à la députée de Joliette.
Mme
Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. C'est drôle qu'on se retrouve comme ça aujourd'hui,
hein? Hier, on était en place... je
présidais puis je vois que j'ai le privilège de siéger quand même avec des
collègues qui étaient là hier avec nous aussi, dans cette même salle. Ça
me fait plaisir.
Puis, à micro
ouvert, avec la caméra, je dirais : Je suis fière de faire partie du
club-école, parce que de savoir de quoi je parle, c'est déjà plus que de faire de l'improvisation. Mme la
Présidente, il faut avoir eu des enfants pour savoir que la répétition,
c'est quelque chose d'extraordinaire. Ça fait que moi, j'ai vu des films à
plusieurs reprises, j'ai vu des Passe-Partout
à plusieurs reprises, et ça a fait en sorte que j'ai pu avoir des discussions
avec mes enfants sur certaines valeurs qui, au départ, ne déclenchaient rien puis qui, par la suite, faisaient en
sorte que... à voir Pruneau puis Cannelle répéter les mêmes jeux, puis à voir Doualé, puis à voir les films,
on pouvait parler puis faire un peu d'éducation sur ce qu'on entendait à
répétition. D'ailleurs,
je ferais un clin d'oeil au ministre en disant : Quand le Parti libéral
était au pouvoir, la répétition, elle ne venait pas de notre bord, elle venait
de l'autre bord. Puis, quand le ministre actuellement se levait en Chambre pour
répéter quelque chose, bien, il était
conscient qu'il répétait, mais assuré qu'à la répétition il y avait de
l'éducation puis de la pédagogie. Donc, moi, je n'ai aucun talent pour le
théâtre, je ne suis pas capable d'imiter non plus personne, mais une chose est
sûre, c'est que, la répétition, j'ai compris que ça fonctionnait.
Quand on
s'est laissés la dernière fois, j'étais sur un sujet très précis, qui était le
niveau de pauvreté de nos enfants puis
la volonté d'avoir un service équitable entre les services de garde et l'école.
Je reste avec cette structure-là, mais je garde simplement... parce qu'on va sûrement
avoir le privilège d'en parler plus tard, sur le principe de l'aspect monétaire
d'aller à l'école ou aller en service
de garde. Mais, si j'étais assise
dans une commission parlementaire avec le ministre
de la Famille et que
je décidais de changer ses ratios pour les augmenter, pour les rendre un peu
comme à l'école maternelle quatre ans, mes collègues en face de moi déchireraient leur
chemise pour dire que les ratios que j'exige sont inacceptables, pour
dire que les ratios que je veux changer dans
les services de garde sont inacceptables. Et tout ce qu'on cherche à
faire aujourd'hui puis, j'ai compris, les jours précédents, c'est
d'amener le même service, le même regard que je porte sur
le service de garde par
rapport à l'école.
Puis, vous
savez, Mme la Présidente, l'aspect qui est vraiment parlant, c'est qu'habituellement en service de garde, quand
je vais être à l'école puis je vais avoir un service de garde à l'école,
l'école va prendre le modèle du ministre pour calquer ça dans son service
de garde, pour dire : Bien, si on a des enfants de quatre ans avant la
prise en charge de l'éducateur puis après que l'éducateur ait fini sa journée,
je vais calquer un peu le modèle pour avoir un ratio... je vais appeler ça
surveillante scolaire, avec les élèves quatre ans, pour être capable de garder
un peu l'harmonie dans ce principe-là,
malgré que, rendu en sixième année, je n'ai plus un ratio 1-20 pour la
surveillance après l'école, parce que les groupes font du sport puis
autre chose, mais, pour le quatre ans, on va vouloir garder la même chose.
Donc, quand mes collègues parlent d'un ratio
équitable, un ratio similaire, un ratio qui se ressemble, on ne part pas d'un
exemple où... on n'a pas la berlue, on part vraiment du principe des CPE
et des services de garde.
Le ministre a été tellement rassurant auprès des
parents qui ont écouté les messages du ministre qu'ils quittent même les CPE en ce moment, puis, à Laval, c'est ça
qui se passe, là, ils quittent les CPE, pour aller à l'école quatre ans.
L'objectif, ce n'était pas ça au départ.
L'objectif, c'était d'offrir des services à des enfants qui n'avaient aucun
service dans un ou l'autre. Mais, au départ, c'est ça, c'est la volonté
de dire : Bien, à l'école, c'est intéressant, surtout dans un milieu où il y a une nouvelle école, là les parents se
sont dit : Bien, tiens, je vais laisser mon CPE puis je vais aller à
l'école. Ça ne donne pas plus de
places aux gens qui n'ont pas utilisé le service, qui ne l'utilisent pas ni
d'un côté ni de l'autre. Peut-être que
l'objectif n'est pas atteint, ce ne sera pas le premier qui ne sera pas atteint
avec les services quatre ans à l'école, mais, ceci dit, c'est ce qui se
passe.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Mille-Îles, pardonnez-moi de vous interrompre, on me demande si
c'est possible de faire une suspension, le ministre a quelque chose d'urgent à
faire, s'il vous plaît. O.K.?
Mme
Charbonneau : Il
n'y a pas de souci.
La Présidente (Mme Thériault) : Vous
reprendrez votre...
Mme
Charbonneau : Non,
non, pas de souci. Les urgences sont urgentes.
La Présidente (Mme Thériault) : D'accord.
Donc, on va
suspendre quelques instants, et, au retour, la députée de Mille-Îles
va reprendre son intervention. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 08)
(Reprise à 12 h 15)
La
Présidente (Mme Thériault) : Nous reprenons donc nos travaux. Mme la députée des Mille-Îles,
désolée encore une fois de
vous avoir interrompue. Donc, la parole est à vous. Il vous reste encore une
quinzaine de minutes.
Mme Charbonneau : Vous savez, Mme la Présidente, les
interruptions comme celle-là, ça ne me dérange pas parce qu'il faut toujours prendre soin un peu de notre vie puis de notre
entourage quand on fait de la politique, aussi. Des fois, ce n'est pas toujours
simple, donc ça fonctionne des fois de façon différente.
Mais, mais,
ceci dit, ma fougue revient vite quand je parle d'éducation. J'ai appris ça, même si
ça... Hier, j'ai fortement réagi au
mot «club-école» puis, après ça, je me suis demandé pourquoi.
Je me suis demandé pourquoi, puis finalement je me
suis répondu, puis éventuellement, d'ici la fin de la journée, vu que j'aurai le
privilège de parler une couple de fois, je vous expliquerai pourquoi
ça m'a beaucoup interpelée.
Je veux
revenir à nos ratios, parce que la volonté du ministre, depuis le départ,
c'est d'amener les jeunes à leur réussite, de leur offrir une chance égale à la réussite, de faire en sorte qu'on puisse avoir un service auprès des enfants de quatre ans, quel
que soit le choix du parent, qui leur donne cette chance égale. Donc, si je
suis un parent, je reviens souvent à mon exemple,
si je suis un parent, je peux le garder à la maison, l'envoyer en service de garde, CPE, service de garderie, je vais rajouter services à la maison,
parce qu'il y a des services de garde à la maison qui sont fort intéressants,
ou à l'école.
Puis
le ministre, quand il a ouvert la valve puis qu'il a dit : Pour nous, il
n'y aura pas de limites, il avait un allié extraordinaire, d'ailleurs c'est lui qui a fait la passe sur la puck
pour pouvoir lui dire : Voici où on va aller, puis c'était le premier ministre. Puis, le premier ministre, ce
qu'il a dit, c'est : Dans cette volonté d'améliorer la qualité de vie des
enfants de quatre ans, nous — puis vous comprenez, Mme la
ministre, quand je dis «nous», c'était le gouvernement qui était... l'ensemble des gens qui étaient avec le premier
ministre — on ne
limitera pas les choses, on va mettre tout en place pour assurer une
rentrée scolaire quatre ans à tous ceux qui le veulent. Et je reviens à ça
parce que «tous ceux qui le veulent», ce
n'est pas tous les enfants du Québec. Mais, en même temps, le ministre, il nous
a dit, puis le ministre de la Famille nous a dit la même chose :
Nous allons offrir le même service à un et à l'autre dans les services
gouvernementaux. Et, en ce moment, bien, ce
que ma collègue de Sherbrooke demande ressemble sensiblement à ce qui a déjà
été annoncé. Ça ne devrait pas faire partie d'un amendement. Ça devrait
faire partie de la philosophe de l'application de ce que le ministre veut.
Par contre,
j'ai aussi entendu... Puis je vous l'ai dit, hein, j'ai eu des enfants, ça fait
que moi, la répétition, je suis capable de l'absorber. J'ai aussi entendu le
ministre dire : Oui, mais à temps partiel je vais avoir une équipe de feu.
De ce fait, quelques fois, du moins la
moitié de la journée, il y aura peut-être un ratio 1-6 dans la classe. Je
dis «peut-être» parce que, des fois, ça va peut-être être moins,
dépendamment du ratio de départ, parce qu'à certains endroits du Québec, il n'y aura pas de classes pleines ou il n'y aura pas
que des classes pleines, puisque peut-être qu'à certains endroits ça va être
deux classes, mais ils vont séparer les groupes pour avoir un ratio équitable
dans une et dans l'autre des classes.
Maintenant,
la volonté de dire : Bien, peut-être que, la moitié de la journée, je vais
avoir un ratio acceptable, puis, l'autre
moitié de journée, bien, on verra bien ce que ça va faire, ça m'inquiète un
peu. Ça m'inquiète parce qu'il y a eu bien
des écrits depuis un an puis, dans ces écrits-là... Bien, dans La Presse,
il y a une enseignante non légalement qualifiée qui a fait une confession,
elle a fait un témoignage. Puis qu'est-ce qu'elle a dit? Elle commençait sa
lettre en disant : Confessions d'une enseignante non légalement
qualifiée. Puis ce qu'elle disait... Puis je vous dis pourquoi, Mme la Présidente — j'ai tellement compris pourquoi il fallait
s'adresser à vous, depuis quelques jours, là, parce que j'ai compris que
ça se passait comme ça. J'ai pris des leçons en en donnant. C'est vraiment
intéressant.
Ceci dit, je
reprends la lettre de cette enseignante non légalement qualifiée, parce qu'on
se rappellera que les groupes ouverts
n'auront pas nécessairement dès le départ des enseignants légalement qualifiés.
Ils auront par contre des qualifications pour être là, parce que le ministre a déterminé certaines
qualifications, mais certains ne seront pas des enseignants légalement
qualifiés. Je ne vous lirai pas la lettre, parce que ce n'est pas mon
intention, mais il y a un bout que j'ai souligné, parce qu'il y a un bout où elle dit : «Toutefois, ces dernières années,
c'est l'épuisement chronique des acteurs de premier plan que sont les enseignants qui saute aux yeux. Cela
s'exprime par [d']innombrables burn-out, la multiplication des retraites
hâtives, l'exode des nouveaux enseignant et, plus récemment, l'arrivée de
suppléants à répétition, l'absence criante de stabilité.»
• (12 h 20) •
Il est clair qu'elle l'a écrit pour tout le
monde. Elle l'a écrit pour tous les niveaux de classes. Mais je m'inquiète
particulièrement pour les quatre ans. Parce que, si je suis en CPE, si je suis
en garderie, bien, ma stabilité, elle est pratiquement
assurée. Mon personnel est quand même
assez stable, à moins qu'on m'en fasse la preuve du contraire, et ma relation parent-éducatrice, elle est tout aussi
stable. D'ailleurs, Mme la
Présidente, la communication entre
l'éducatrice et le parent est extraordinaire. Ce que je ne peux pas garantir nécessairement quand j'arrive
en service scolaire, par rapport au service
de garde scolaire, parce que mes ratios sont différents, puis mes éducatrices
ou les gens qui font les services en garde après l'école et avant
l'école n'ont pas, peut-être, la même possibilité d'être interpelés puis de
parler aux parents.
Donc, quand
on parle du ratio en classe, je me ramène à la stabilité que j'ai en CPE, à la
stabilité que je veux avoir en maternelle
quatre ans, que je ne peux pas avoir
parce que je ne peux pas garantir non seulement la personne qui sera devant mon jeune, mais non plus la relation qu'il
va être capable de développer, vu qu'il va avoir certaines particularités dans son horaire de la
journée.
Je pense que la garantie de réussite d'un jeune
passe aussi par le nombre de gens qu'il y a alentour de lui, les services qu'il doit recevoir, mais aussi la
stabilité émotive qu'il se doit d'avoir. Donc, si j'ai une enseignante qui a
une relation stable, un groupe
raisonnable qui, entre faire le choix entre devenir une éducatrice en service
de garde, CPE ou garderie ou enseignante,
le choix est à peu près la même chose... Puis là-dessus on pourra débattre
encore plus longtemps, parce qu'une enseignante,
pour moi, ce n'est pas la même chose. Mais le ministre m'a rassurée en me
disant : Non, non, on va chercher à...
on va faire en sorte que la personne va aller chercher la qualification. Puis,
je le dis depuis le début, j'ose le croire, j'ose le croire parce que je
pense qu'on part d'une très bonne intention.
Mais la volonté de mettre un milieu de vie où
l'enfant peut vivre quelque chose d'extraordinaire puis l'amener à sa réussite,
bien, c'est tant mieux. Puis, si l'objectif du ministre, c'est qu'il y ait plus
de parents qui choisissent le quatre ans,
bien, c'est un objectif sur lequel je ne peux pas trop chialer, c'est un
objectif qui lui appartient. Mais offrons aux parents, dans leur choix, à qualité égale, le même ratio, ce n'est pas
très difficile à comprendre. Puis j'entends, là... Je le sais, que le ministre va nous dire : Oui, mais, la
moitié de la journée, soit le matin ou soit l'après-midi... Parce qu'il va
falloir offrir des temps pleins à ces
gens-là. Puis, pour faire un temps plein, bien, il faut que tu fasses ta moitié
de ta journée dans une classe puis ton autre moitié de journée dans l'autre
classe. La moitié de la journée, il va y avoir un ratio intéressant.
Dans le fond, ce que je comprends de ma collègue
de Sherbrooke, c'est qu'elle veut un ratio intéressant toute la journée, parce
que les enfants de quatre ans méritent l'accessibilité puis un temps complet de
service, pas un temps partiel. Un temps
partiel, ça se fait autrement, ça se fait... Puis j'ai compris, parce que j'ai
eu une très belle discussion avec ma collègue de Westmount—Saint-Louis...
Vous avez compris, en venant du même club-école, on échange beaucoup ensemble
sur nos perspectives, puis notre ancienne vie, puis notre nouvelle vie, mais on
a eu une belle discussion sur l'ouverture du
ministre par rapport à l'aspect partiel, l'aspect pas temps complet pour les
élèves qui ont un handicap ou qui sont reconnus comme handicapés, et
c'était fort intéressant. Maintenant, ce qu'on cherche à faire, c'est de faire valoir le fait qu'un
élève dit régulier... Parce que moi, je pense que personne n'est ordinaire,
personne, d'un côté ou de l'autre côté
de la table, tout le monde est extraordinaire à sa façon puis tout le monde
amène, avec ses défis puis ses forces, quelque chose d'extraordinaire. De ce fait, les élèves dits réguliers devraient
avoir droit à cette même équité qu'un élève en CPE quatre ans, c'est-à-dire une stabilité toute la
journée, avec un ratio toute la journée puis une relation stable toute la
journée.
Parce que
c'est ça qu'on cherche à faire, offrir un service, dans un ou dans l'autre, qui
se ressemble, mais dans une institution différente. Puis le plus grand souhait,
puis là j'adhère au souhait du ministre, c'est qu'un enfant qui n'a pas
de service ait l'opportunité d'aller en chercher dans une ou dans l'autre des
institutions. Ça veut dire que, si mon parent veut
le CPE ou garderie, bien, il y a une place qui lui est offerte où qu'il habite.
Puis, si je veux aller à la maternelle quatre ans, parce que je pense
que l'école, c'est plus intéressant qu'un CPE, bien, il y a une place, aussi,
qui lui est offerte. Mais, toujours dans la même perspective, si mon parent va
dans une ou l'autre puis il se dit : Bien, tiens, je vais faire les deux puis je vais aller voir lequel m'offre le
meilleur service, bien, il ne sera pas capable de dire c'est qui qui a le meilleur service.
Malgré que le premier ministre, il a dit que
l'école, c'était meilleur puis qu'il y a plus de services dans l'école, puis qu'il s'est un peu, à la limite, positionné
pour dire que les CPE, c'était moins bon que les écoles, moi, je vous dirais
qu'il faut que le parent soit capable de regarder les deux options en se
disant : C'est celle-là ou c'est celle-là. Je vais le choisir de par la distance, de par le coût, parce qu'il va y avoir un coût différent entre un et l'autre des services, ou parce que les heures d'entrée et de sortie m'adonnent
mieux, parce que j'ai le goût ou pas le goût de faire un lunch, parce que,
quand je vais à l'école, j'ai besoin d'un
lunch, mais, quand je vais en CPE, je n'en ai pas de besoin, c'est fourni avec
le CPE, parce que j'ai déjà un grand à l'école, puis mon jeune va le
suivre, parce que ça peut être ça aussi, ça peut être le principe de la fratrie : j'ai le goût qu'il
soit déjà dans l'autobus, qu'il prenne... qu'il fasse le chemin avec son grand
frère ou sa grande soeur puis qu'il rentre à l'école. Puis peut-être que
le jeune de quatre ans est déjà dans la perspective qu'il veut aller à l'école plutôt que d'aller au CPE.
Puis, honnêtement, Mme la
Présidente, dans l'horaire d'une
journée, pour un parent, surtout un
parent monoparental, d'être capable de rentrer dans l'horaire de l'école, du
CPE puis peut-être d'un autre service qu'il va chercher, c'est
un petit peu plus difficile. Donc, il va choisir l'école parce que tout d'un
coup ça simplifie sa vie, puis il a un — chez nous, on dit un «pit stop» — stop à faire pour aller chercher sa gang,
puis c'est plus facile, puis, dans
l'auto, bien, il a un siège d'auto, ça fait que mon enfant de quatre ans est
plus en sécurité là que dans un autobus.
Mais le choix parental, il ne se fait pas sur
c'est-u les mêmes ratios, j'ai-tu une équité de services, j'ai-tu plus
d'orthophonie là ou d'orthophonie là? Parce que ça, ça ne devrait pas être un
choix, il devrait y avoir autant de services dans
un que dans l'autre. Mais, puisqu'une partie du pitch de vente du premier
ministre, c'était : Vous êtes mieux à l'école que dans le CPE, bien, on verra ce que ça va
faire. Moi, je pense qu'il y a bien des gens qui vont choisir l'école qui sont
déjà dans les CPE. Mais le ministre de la
Famille a dit : Ce n'est pas grave, ça va faire plus de places en CPE. Ça
fait que, tu sais, on n'est plus en chances égales, on est plus dans, bien,
choisir un meilleur service, aux yeux de qui? Mais je crois qu'il faut absolument revenir sur le principe de,
si j'ai à choisir, mes ratios sont les mêmes, puis je me dois d'avoir le même
regard sur un et l'autre des services, parce que, sinon, je passe à côté de
l'opportunité que le ministre vient de m'offrir. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui. Je ne
sais pas si le ministre voulait répondre.
Mme
Charbonneau :
Bien, il n'y avait pas de question, c'était un éditorial. Il ne répond pas...
Mme
Hivon : Oui, mais
des fois il y a des éléments d'intérêt...
Mme
Charbonneau : Ah
oui! O.K. Ah oui!
Mme
Hivon : ...puis ça
peut commander une réponse.
Mme
Charbonneau :
Merci. Vous êtes bonne pour moi, Mme la députée de Joliette.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Mille-Îles, je vais vous rappeler à l'ordre, vous aussi.
Mme
Charbonneau : Oui,
avec plaisir, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, Mme la députée de Joliette, c'est à vous.
Mme
Hivon : Oui. Hier, on a eu une discussion intéressante à
la suite des questions que j'ai posées au ministre sur ses cibles, sur le maximum d'élèves par classe
versus la moyenne par classe, versus ce qu'il espérait, puis je pense que c'est
une conversation qui est très pertinente, pas juste parce qu'elle ne correspond
plus à la cible qu'il s'est fixée, puis moi, je
suis une tenante de la rigueur et de la transparence, puis je pense qu'on
devrait savoir vers quoi on s'en va, mais aussi parce que, si le ministre
veut revoir le nombre d'enfants par classe, comme il l'a fait hier... Du moins, de manière généralisée, du côté de l'opposition, on n'était pas au courant
que la moyenne devrait être au maximum 14. C'est mieux que 17. Chaque fois qu'on va réduire le ratio, je pense que tout
le monde va trouver que c'est un pas dans la bonne direction. Oui, ça a des
conséquences ensuite sur le nombre de
classes, sur les coûts. Ça, c'est un débat important. Pas parce que nous, on ne
voudrait pas
que le gouvernement revoie sa cible, c'est juste parce qu'on veut savoir c'est
quoi, ses cibles, c'est quoi, les informations puis sur quelles bases on
débat. C'est ça, l'objectif quand je pose ces questions-là.
• (12 h 30) •
Et là je veux
juste savoir... Peut-être qu'on a tout ce débat-là pour rien, parce que le
ministre, il nous dit qu'en ce moment la moyenne, c'est environ
11 enfants par classe. À l'heure actuelle, là, c'est un chiffre qu'il nous
a dit, parce qu'il y a des endroits où il y
a juste six ou sept enfants, il y a des endroits où il y en a plus. Donc, si la
moyenne actuelle, elle est autour de
11, que le ministre, hier, il nous a dit : Bien, finalement, mon objectif,
ce n'est pas 17 par classe, c'est 14, parce que c'est ça qui est prescrit, que la moyenne doit être 14, peut-être
qu'aujourd'hui il est prêt à nous dire qu'il vivrait avec une moyenne de 11 par classe et que ça serait ça,
son nouvel objectif. Puis là je pense qu'on se rapprocherait beaucoup des
demandes des collègues et, puisque ça fait un bon moment qu'on discute, je
pense que ce serait intéressant de le savoir, si
le ministre, lui, il trouve que le 11 actuel, qui est la moyenne dans les
classes qui sont développées, est le bon chiffre et qu'il serait prêt à dire : Oui, ça va être
ça, le chiffre, désormais, qu'on va se donner comme cible. Je pense que ce
n'est pas de l'ordre de la lubie ou
quelque chose d'impossible puisqu'hier il nous a annoncé d'autres chiffres, ou
du moins que nous, on ne connaissait
pas, ce qui commande un certain réajustement. Mais, moi, ça ne me dérange pas
si le ministre revoit ses cibles, je
veux évidemment les connaître, mais est-ce qu'il a cette ouverture-là à
dire : Bien, je pense que la moyenne actuelle est la bonne, donc on va
tourner autour de 11, donc 10, 11? On pourrait avoir un débat qui serait plus
circonscrit.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, ce n'est pas hier... Il n'y a aucun chiffre nouveau... qui
sont apparus de notre côté hier. Il y en a qui ont fait toutes sortes de
calculs. Mais la moyenne, par classe, de 11... On dit 11, là, mais je pense que
c'est entre 11,2 et 11,3, quelque chose comme ça, on validera, là,
ultérieurement, mais on est autour de ça, ça, c'est la moyenne actuelle, ce n'est pas nouveau. Le maximum permis
et autorisé dans une classe, c'est 17. Ce n'est pas plus nouveau aujourd'hui
qu'hier. Ça fait un certain temps. Le
maximum moyen de 14 avait déjà été dit au salon bleu. On peut fouiller, là, ça
avait déjà été dit, ce n'est pas nouveau. Alors, il n'y a pas eu de nouveauté
hier. On peut bien en parler, c'est correct, on en parle, de ces
chiffres, mais ils ne sont pas nouveaux.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Hivon : O.K.
Mais j'ai quand même une question...
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
allez-y.
Mme
Hivon :
...sur l'aspect qu'il n'y a rien de nouveau. S'il n'y a rien de nouveau puis
que ça fait des lunes que le ministre
sait que la moyenne, ça va être 14 enfants par classe, j'aimerais juste ça
qu'il m'explique pourquoi il est arrivé à un chiffre de 2 600 classes avec un objectif de fréquentation
de 50 %, parce que ça ne marche pas. Pour arriver avec ça, il faut
que ça soit 17 enfants par classe. Si on est à 14, ou bien on réduit
l'objectif de fréquentation à 40 % ou bien on augmente le nombre de classes à 3 200. Donc, peut-être qu'il n'y a
rien de nouveau, mais, s'il n'y a rien de nouveau, là, je pense que le ministre aurait dû être transparent
puis donner d'autres chiffres que le 2 600 et le 50 % d'objectif de
fréquentation. Ça, c'est un enjeu. Ce
matin, je n'ai pas réussi à avoir de réponse, à savoir si ça réajustait le
nombre de classes à la hausse ou si c'est plutôt qu'on allait diminuer
l'objectif de fréquentation. Donc, si le ministre veut me répondre, ça serait
bien.
Mais ma question, c'était sur le 11, qui
effectivement n'est pas un nouveau chiffre, c'est un chiffre qu'il nous dit depuis plusieurs semaines, qu'en ce moment,
dans les classes de maternelle quatre ans, il y a en moyenne 11 enfants
par classe. Alors là, je me
dis : Le 11 actuel, il n'est pas loin du 10 qui fait débat ici depuis un
moment. Donc, est-ce que le ministre est prêt à dire : Je revois
les choses, et 11 m'apparaît la moyenne, actuelle, qui devrait être maintenue
comme moyenne pour l'ensemble des classes?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Non, je ne suis
pas prêt à faire ce pas.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
D'accord. Et, pour l'autre question, je sais que le ministre dit qu'il n'aime
pas parler de chiffres, je veux juste rappeler que ce n'est pas nous, en
campagne électorale, qui avons mis des cibles, ce n'est pas nous qui avons
commencé à aborder ce débat-là sous l'angle de nombre de classes et d'objectifs
de fréquentation, c'est le parti du gouvernement.
Donc, en
campagne électorale, ils nous ont dit : Objectif de fréquentation de
90 % de tous les enfants de quatre ans. Il y en a 90 000, donc
ça donnait un nombre très élevé d'enfants. Et ils nous ont dit : Autour de
5 000... 5 200 classes. Il y
a quelques mois, la cible a été revue. On est passés à un objectif de
fréquentation de 50 % des 90 000 enfants de quatre ans
pour un nombre de classes, évidemment, réduit, de 2 600 classes.
Hier, moi, ce que j'ai trouvé nouveau, c'est que
le ministre nous dise : La moyenne va devoir être 14. Il l'a peut-être déjà dit en Chambre. Moi, j'avais
compris qu'il l'avait dit pour les milieux défavorisés, mais je n'avais pas
compris que c'était 14 pour
l'ensemble du territoire québécois qui devait être la moyenne. C'est pour ça
que, de mon côté, j'ai été surprise. Mais je suis heureuse de connaître le nouveau chiffre. La
seule chose, c'est qu'il y a des conséquences. Et je veux savoir, parce que le gouvernement fixe sa réforme
avec des objectifs, si ce chiffre de 14 fait en sorte que l'objectif... revoit
son objectif de fréquentation à 40 %
des enfants ou si plutôt il dit : On va construire plus de classes. Je
pense que c'est une question légitime
parce que, quand on veut regarder tout le portrait d'ensemble, puis là il y a
quelques... Hier ou avant-hier, le
ministre nous a dit : Il faut regarder chaque portrait d'ensemble dans
chaque ministère, ministère de la Famille, ministère Santé et Services sociaux, ministère de
l'Éducation, puis après il faut regarder tout ça. Nous, on plaide pour ça, vous
le savez, on demande un plan par rapport à la complémentarité de tous
ces services-là.
Bien, ce
n'est pas sans incidence si, là, on vient décider qu'on baisse de 50 % à
40 % l'objectif de fréquentation. Moi, je ne m'en plaindrai pas parce que je pense qu'on doit investir
massivement dans les centres de la petite enfance, où il y a à peine
25 % des enfants qui y sont, et je pense que c'est un objectif qu'on
augmente significativement le nombre des enfants
qui s'y trouvent. Et c'est un investissement qui est très judicieux parce que,
pour 1,2 million, on construit un CPE de 80 places au complet, alors que, pour le même coût à Montréal,
on construit une classe de maternelle quatre ans et, en moyenne, on nous
dit que c'est 800 000 $ pour une classe.
Donc, tout ça pour dire que je pense que, quand
on discute de ratio, ce serait intéressant de savoir, compte tenu de la moyenne du 14, est-ce que le ministre revoit
sa cible de fréquentation à la baisse. Ce n'est pas un drame du tout, nous,
on va être satisfaits de ça. C'est juste que, quand on débat d'enjeux aussi
importants qui ont des impacts sur les autres réseaux
puis sur les autres éléments de la politique globale à la petite enfance puis
aux services éducatifs, je pense juste qu'il faut savoir ce dont on
parle.
La Présidente (Mme Thériault) :
Questions, commentaires? M. le ministre.
M.
Roberge : Brièvement.
On estime, et c'est une estimation, on est à l'aise avec ça, on introduit... Ce
n'est pas un nouveau service à 100 %, parce que c'était déjà offert de manière
très partielle en milieu défavorisé, mais, en le déployant, là, à la grandeur du Québec puis à l'extérieur du
milieu défavorisé, ça se trouve à être une nouvelle offre de service. Ça
fait qu'on est obligés d'y aller avec une
estimation, puis ce n'est pas un problème. On estime que le taux d'adhésion des
parents sera autour de 50 %, puis c'est encore notre estimation. Les
commissions scolaires, avec cette estimation-là, l'an dernier, sont
arrivées avec ce chiffre, ils nous ont dit : Ça nous prendrait à peu près
2 600 classes. Ma collègue n'est pas
d'accord avec ça, elle dit : Bon, ce serait peut-être plus 40 %.
L'essentiel, l'objectif... on fait attention aux mots, «cible», «objectif», mais l'objectif ultime, il est dans
l'article 1. Ce n'est pas une cible de 50 % de taux d'adhésion de
parents, ce n'est pas une cible de 2 600 classes, l'objectif,
puis c'est ce qu'on va atteindre, c'est l'accès universel, non obligatoire. Et ça, on va se diriger en déployant l'offre de
service graduellement jusqu'à ce que 100 % des besoins soient répondus,
pour ceux qui le veulent, je répète
que ce n'est pas obligatoire. Quand 100 % des parents qui veulent avoir
une place l'auront, on aura atteint l'objectif. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Mais je l'ai soulevé
hier, puis je le soulève à nouveau aujourd'hui, moi, je ne comprends pas
l'argument du ministre, du gouvernement sur l'universalité versus une cible de
fréquentation de 50 % ou de 40 %. Petit aparté, je ne comprends pas
non plus comment le ministre peut maintenir sa cible de 50 % avec les
nouveaux ratios de 17 à 14, là. Mais,
je veux dire, on peut bien mettre des chiffres comme ça qui ne marchent pas
puis qui ne s'additionnent pas correctement, mais, à un moment donné, je
pense qu'il faut un peu de rigueur aussi, là. Je continue à ne pas comprendre comment le ministre peut dire : Ça va être un
accès universel, mais on s'attend et on vise à peu près 50 % de
fréquentation. Comment on peut faire
des plans correctement, prévoir budgétairement les dépenses quand on parle
d'universalité, de droit universel à
la fréquentation en disant en même temps : Ça va être 50 % des enfants
qui vont fréquenter? Ça ne fonctionne pas.
• (12 h 40) •
Si on veut
orienter les choses pour que ce soit environ 50 %, ça voudrait dire qu'on
va s'assurer, en complémentarité, de
développer des places en CPE, en service de garde éducatif en nombre suffisant,
qu'on va inciter les 20 000 parents dont les enfants ne fréquentent aucun service de garde
éducatif à fréquenter la maternelle quatre ans ou peut-être à les diriger en
CPE. On ne le sait pas tout ça parce qu'on ne l'a pas, le plan. On pose des questions
puis on n'a pas de réponse à ces questions-là.
Mais ce n'est pas anodin, ce n'est pas banal d'essayer de comprendre où s'en va
le gouvernement par rapport à ça.
De
dire : Accès universel, mais 50 % de fréquentation, moi, je n'ai
jamais entendu ça, là. Un accès universel, c'est un accès pour tout le
monde. Ce n'est pas un accès pour un enfant sur deux. Si l'objectif, c'est de
l'offrir à un enfant sur deux, bien, que le
gouvernement nous explique : on va en diriger à peu près la moitié vers les maternelles quatre ans, puis
voici comment on va déployer l'offre complémentaire, puis voici comment tout ça
va s'harmoniser. Je pense que c'est
important de savoir ça quand on débat du projet de loi qui est au coeur de la
réforme en matière d'éducation de la petite enfance
au Québec. Si par ailleurs il dit : Il faut que ça soit universel puis il
faut que ça soit pour tout le monde qui le veut, bien, il ne peut pas
dire : Ça va être 50 %. Il faut qu'il prenne les moyens pour
dire : On va développer ça, là, peut-être jusqu'à 4 000 classes, 5 000 classes, il y a un
engouement. Mais, nous, il faut le savoir, parce que c'est le réseau des
services de garde éducatifs qui va en payer le prix.
Parce qu'on
le répète souvent, mais j'imagine que l'objectif du gouvernement, ce n'est pas
de déployer complètement deux réseaux
parallèles qui offrent exactement la même chose pour les enfants de quatre ans,
en disant : Choisissez votre place, il va y avoir autant de places en
maternelle quatre ans, autant de places en CPE pour les enfants de quatre ans,
puis la moitié resteront vides, si, par exemple, il y en a 50 % qui vont
en maternelle quatre ans. Ils ont beau avoir beaucoup d'argent, j'imagine
qu'ils ne sont pas rendus à dire : Au Québec, là, on est tellement dans
les surplus qu'on va avoir deux réseaux parallèles qui vont offrir exactement la même chose pour
100 % des enfants de quatre ans. Ça fait que j'imagine qu'il
prévoit un peu ça. On ne le sait pas parce qu'on n'a pas le plan.
Mais comment le
ministre peut réconcilier son discours de l'accès universel avec la
fréquentation visée de 50 % ou
40 %? S'il nous disait : L'objectif, c'est l'accès universel à un
service de garde éducatif ou la maternelle quatre ans, bien, déjà, ça ne serait pas le même discours.
Mais là son discours, c'est : l'accès universel à la maternelle quatre ans
pour les enfants de quatre ans, tout
en nous disant qu'il y a un objectif de fréquentation de 50 %. Je
m'excuse, là, mais je ne comprends pas comment le ministre peut tenir un
tel discours.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Oui, mais rapidement, mais on ne pourra pas se comprendre si on confond les
termes. C'est une estimation de
fréquentation, mais ce n'est pas un objectif. Déjà, en partant, «cible» et
«estimation», ce n'est pas pareil. On estime,
à ce moment-ci, qu'aux environs de — la notion d'estimation est approximative,
là, ça va ensemble — 50 %
des parents pourraient choisir ce
réseau-là. Ce n'est pas une cible. Et, si c'était 42 % des parents qui
faisaient ce choix-là, ça ne serait pas un échec, en disant : Nous avons
raté la cible. Et, si 70 % des enfants faisaient ce choix-là, ça ne serait
pas un échec, parce qu'on aurait raté la cible. Ça n'est pas une cible,
c'est une estimation.
Notre
cible, notre objectif, on peut... — là, «cible», «objectif», ça on peut
s'entendre que ça se ressemble — c'est l'accès universel. Vous n'êtes pas
d'accord? C'est correct. À tout le moins, si on se comprend et qu'on est
en désaccord, au moins on avance, on se comprend.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. J'ai le député de Sainte-Rose qui a signifié son
intérêt. M. le député.
M.
Skeete : Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon sens, puis je veux faire du pouce sur le ministre,
je fais énormément la différence entre l'universalité et l'accès.
Moi, je comprends très bien qu'on peut décider de construire un parc
dans un quartier, l'accès est universel, mais ça ne veut pas dire que tout le
monde va y aller. Je fais très bien cette différence-là. On peut se permettre
de déployer une maternelle quatre ans puis on peut dire, à la fois, aux
citoyens : Écoutez, on vous donne une nouvelle offre, un nouveau
service, un nouveau choix, et il y a des pondérables, il y a des choses qui sont à considérer, en tant que parents, avant
de prendre cette décision-là, mais le gouvernement du Québec vous offre ce choix-là, et, si vous avez le goût de vous
balader dans le parc, bien, allez-y, ou, sinon, on vous laisse le choix de ne
pas y aller, puis ça me semble clair dans la façon d'y aller.
Puis ce n'est pas
différent non plus des... Je pense à des concessionnaires ou des fabriqueurs
d'autos. Bien, on le sait, qu'il y a
des gens qui vont en avoir... qui vont vouloir, bien, des rouges puis on sait
qu'il va y avoir des gens qui vont vouloir
des voitures bleues. Mais on peut estimer aussi qu'on pense qu'il va y en avoir
50 000 qui vont choisir des
bleues puis on peut penser aussi que 40 000 vont choisir des jaunes. Mais
ça n'a pas du tout rapport avec le fait qu'on rend accessibles des
voitures bleues et jaunes.
Alors,
moi, je fais très facilement la différence. Je reviens un petit peu au point du ministre. On peut dire qu'on n'est pas d'accord, mais je
pense qu'il faut vraiment faire la différence entre un accès universel, qui
est disponible à tous, versus le
choix que les parents maintiennent, puis je pense que c'est un bon choix en
tant que parent. Moi, je me dis... Je ne dis jamais non à plus de choix, plus de portes, plus d'opportunités, et plus le gouvernement me donne des choix... Moi, j'aime l'idée de pouvoir choisir la meilleure option.
Puis je pense à moi, aussi, ma fille, elle, je ne pense pas que je l'aurais
mise dans une maternelle quatre ans, mais mon garçon, lui, il en aurait eu besoin. Alors,
c'est un choix. Je n'ai pas de la misère à comprendre. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Vos propos font réagir les
collègues. Mme la députée de Sherbrooke, vous étiez la première, mais
vous avez 10 secondes.
Mme
Labrie : Juste pour que ce soit clair pour le député de Sainte-Rose,
l'objectif du projet de loi, c'est de créer le droit à la maternelle quatre ans. Le jour où 90 000 enfants
de quatre ans vont vouloir accéder au réseau, le gouvernement va avoir
la responsabilité de leur offrir une place, sinon il s'expose à des recours
collectifs. C'est très important de le comprendre.
Ce n'est pas juste une offre qu'on lance comme ça, comme les offres en service
de garde, c'est un droit qu'on est en train de créer en ce moment. Ce
n'est pas une question d'offre de voitures bleues puis rouges, là, c'est un
droit à obtenir quelque chose. C'est majeur, il faut comprendre ça.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Je dois mettre fin
à votre temps, il ne vous en reste plus. Le ministre a signifié son
intention, après ça j'irai à la députée de Joliette.
M.
Roberge : Je pense que ma collègue a bien compris, et c'est une bonne
chose. Ça semble l'inquiéter de créer ce
droit. Est-ce qu'elle s'inquiète... Est-ce qu'elle s'empêche de dormir la nuit
parce qu'on a le droit à la maternelle cinq ans? Mon Dieu, on a créé ce
droit à la maternelle cinq ans!
Une voix : ...
M.
Roberge : Il n'y en a pas, de problème. On a créé le droit à la maternelle
cinq ans, et il n'y a pas eu de manifestations dans les rues ou de graves problèmes pour ça. Alors, on veut avoir la
même chose pour les quatre ans que pour les cinq ans. Ce
sera non obligatoire. La nuance, bien sûr, est importante, c'est que, pour les
quatre ans, en ce moment il y a d'autres services
qui sont offerts. Il y a d'autres services qui sont offerts, on en est bien
conscients. On n'aura probablement pas un
taux d'adhésion de 98 %, 99 % ou 100 %. C'est pour ça qu'on
estime que ce sera autour de 50 %, en ce moment. Mais ce n'est pas un problème de créer un droit pour
des services publics. En tout cas, je m'étonne qu'une formation politique
qui, je pense, fait beaucoup la promotion
des services publics de qualité s'inquiète de la création d'un nouveau droit à
un service public de qualité.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. La députée de Sherbrooke n'a plus de temps, donc elle peut difficilement
passer un commentaire ou répondre au ministre, mais il y a la
députée de Joliette qui, elle, lui reste encore beaucoup de
temps. Allez-y.
Mme
Hivon : Merci.
Mais là le ministre vient, à la toute fin, d'apporter une nuance, et qui est fondamentale,
quand on compare le droit à la maternelle
cinq ans versus quatre ans, c'est qu'il n'y a pas d'autre offre de services
éducatifs pour les cinq ans. Il y a
une voie pour les enfants qui veulent... les parents qui veulent que leurs
enfants fréquentent un... aient accès à un projet éducatif à cinq ans, c'est la
maternelle cinq ans, et, oui, aujourd'hui, presque l'entièreté des
enfants du Québec fréquente la maternelle cinq ans. Pourquoi on a tout ce
débat-là pour la maternelle quatre ans? C'est parce qu'il existe déjà tout un réseau, puis on ne recommencera pas à
l'expliquer, là, je crois, moi aussi, aux vertus de la répétition, mais là je
pense qu'on a quand même atteint un sommet, là.
Donc, on a un
autre réseau parallèle. C'est ça qui fait que ce n'est pas la même chose puis
qu'on doit avoir un plan puis savoir où on s'en va. Ce n'est pas qu'on est
contre un nouveau service, c'est qu'on sait que, même si la CAQ est au pouvoir
puis que c'est formidable avec les licornes et les arcs-en-ciel, les ressources
de l'État demeurent limitées, du moins aux
dernières nouvelles, là. Je ne sais pas si l'eau va se changer en vin bientôt,
mais, aux dernières nouvelles, ce n'est pas supposé d'être le lot des
gouvernements de faire des miracles.
Donc, les ressources budgétaires sont limitées.
Ça fait que c'est pour ça qu'on essaie de comprendre où on s'en va, parce qu'à partir du moment où tu crées le
droit à la maternelle quatre ans puis que tu as un estimé de 50 %, qui est
juste un estimé, ce n'est pas une cible. Ça fait qu'eux autres, ils peuvent
trouver ça super, c'est juste un estimé. Mais ça
veut dire que, si c'est 60 %, si c'est 70 %, si c'est 80 %, on
va répondre, parce qu'on crée un droit. Mais, vu qu'on crée ce droit-là et qu'on va devoir y répondre, sous
peine de recours devant les tribunaux, tous les fonds vont devoir aller là
pour répondre à ce droit-là.
• (12 h 50) •
Mais, pendant
ce temps-là, les fonds qu'on aimerait voir investis pour les services de garde
éducatifs pour les CPE, pour les
enfants de quatre ans dont les parents veulent qu'ils fréquentent un CPE, mais
les enfants, les poupons, les un an, les
deux ans, les trois ans, on n'a aucune garantie que ça va être là. Et les
inquiétudes augmentent parce qu'on crée un droit, donc une garantie que chaque personne, qu'importe
où elle est au Québec, va pouvoir
avoir accès à une place en maternelle quatre
ans, qu'importent les coûts. Donc, si ça se met à ne pas coûter 2 milliards mais 2,5 milliards, 3 milliards, 4 milliards,
pour plein de raisons, parce qu'il y a plus de monde qui le demande, parce que finalement
les classes, en moyenne, il y a
juste sept enfants, huit enfants... on va être contents, les ratios vont être
petits, mais ça va coûter pas mal plus cher.
Ce n'est pas
un enjeu en soi, mais on veut juste savoir c'est quoi, les objectifs,
parce que, si ça coûte le double, bien, pensez-vous
qu'il va y avoir de l'argent beaucoup à investir dans les services de garde
éducatifs? C'est ça, le noeud du débat. Puis
pourquoi on tourne en rond puis qu'on revient toujours
avec ça, c'est parce qu'on ne les a pas, les réponses. On ne l'a pas, le plan de match, de l'autre côté,
puis on ne l'a pas, comment la complémentarité va s'exercer. Ça fait
que, quand, hier, on passe de 17 à 14
en moyenne puis que, si on faisait l'extrapolation, ça voudrait dire
600 classes de plus ou baisser
la fréquentation à 40 %, oui,
c'est important, parce que nous, on a en tête que, parallèlement à ça, ça va
avoir des impacts pour le financement, la présence de places dans les
services de garde éducatifs. Donc, c'est ça.
Puis là il
nous parle tout le temps de la liberté de choix. Elle n'est pas là, la liberté
de choix. Les gens, en ce moment, qui rêvent d'une place en CPE pour leurs
enfants de deux ans, ou trois ans, ou quatre ans, ils ne l'ont pas, la liberté
de choix s'ils ne l'ont pas, la place en CPE. Il n'y a personne, au
gouvernement, qui a dit : Ça va être la parfaite liberté de choix, chaque
parent va pouvoir avoir sa place en CPE s'il le souhaite. Donc, elle n'existe
pas, la liberté de choix.
La liberté existe de dire : Ou bien
j'essaie de me trouver une place en service de garde éducatif avec ce que je souhaite comme qualité éducative, et donc j'espère
pouvoir avoir le service qui correspond à ce que je veux, ou bien le
gouvernement me garantit une place en maternelle quatre ans. Donc, ce n'est pas
un choix, c'est de dire : On oriente les gens vers la maternelle quatre
ans, parce qu'en même temps où on crée ce droit-là universel le ministre de la
Famille nous dit : Je vais en créer à peu près entre 10 000 et
13 000, places en CPE, sur la durée du mandat, dont les 4/5 étaient des
places qui existaient déjà mais qui n'avaient pas été réalisées. Donc, elles
avaient été créées, non réalisées. Puis lui-même
l'a dit, il y a 42 000 parents qui attendent une place tout court en
ce moment. Est-ce qu'on est dans la liberté de choix? Est-ce qu'on est
dans l'accès universel pour les services de garde éducatifs? Pas du tout.
Donc, quand
le ministre nous parle de ça, je veux bien qu'il ait juste des estimés, moi,
j'aimerais ça qu'il ait des cibles puis moi, j'aimerais ça qu'il ait un
plan cohérent, parce que je trouve que le casse-tête, il va devenir pas mal intense, parce qu'en plus le ministre de la Famille,
puis c'est une bonne chose, commence à dire : On va essayer de s'occuper aussi des 20 000 enfants qui sont en
milieu complètement non régi. On va les amener où, ces 20 000 enfants
là qu'on va sortir des milieux non régis?
Donc, je
pense que la complexité du travail, elle est quand même bien présente. Et ce
n'est pas de vouloir mettre des bâtons dans les roues de soulever des
questions qui ne sont pas pertinentes, de faire ces débats-là en commission
parlementaire. Sincèrement, si, dès le dépôt du projet de loi, à l'hiver passé,
on avait eu un plan de match puis que le gouvernement avait fait ses devoirs, ça serait pas
mal plus efficace en commission parlementaire aujourd'hui. Donc, je pense
que, s'il y a quelqu'un à blâmer là-dedans, ce n'est certainement pas les
députés de l'opposition, je pense que c'est le gouvernement, qui a décidé de foncer tête baissée, de déposer un projet
de loi, de ne pas déposer de plan, puis là de dire : On va essayer de passer ça à toute vapeur, alors
qu'il n'y a aucune urgence, là. Le ministre l'a dit lui-même, tout ce que ça
fait, c'est habiliter qu'on puisse créer des
places en dehors des milieux défavorisés. Bien là, on est au mois de septembre.
Il n'y en a pas, d'urgence. On peut
effectivement faire pause, dire : Je vais vous revenir dans deux, trois
mois avec le plan de match, les
cibles, les estimés, la complémentarité, qu'est-ce qu'on va faire pour les
autres enfants dont les parents veulent fréquenter un service de garde
éducatif. C'est juste ça.
Ça fait que
moi, je ne comprends pas quand le gouvernement nous parle de liberté de choix.
Il n'y en a pas, de liberté de choix, quand tu crées un accès dit universel à
un service puis que tu ne crées pas le pendant pour les autres services.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. La députée de Mille-Îles m'a fait
signe qu'elle voulait parler. Mme la députée.
Mme
Charbonneau :
Bien, Mme la Présidente, je voulais réagir, parce que, si je suis un parent
dans un nouveau comté ou même dans un ancien
comté puis que je veux aller au parc, je vais regarder dans ma cour, je vais
regarder ce que j'ai dans ma cour, puis, si dans ma cour j'ai des
balançoires, j'ai un bac de sable, j'ai des jeux, peut-être que je vais avoir le goût de rester chez nous. Mais, si,
en achetant ma maison, on m'a fait miroiter
un parc avec des services, une piscine, des jeux d'eau puis plein de choses
pour aller au parc, bien, vous avez compris que ça va influencer ma décision
entre aller au parc ou rester à la maison.
Je reprends
cet exemple-là parce que mon collègue de Sainte-Rose disait : C'est comme un parc. Je crois que
l'offre, et le service, peut influencer mon parent. Puis ce que j'ai compris de
l'accès universel, ce n'était pas d'influencer mon parent d'un service
contre un autre service, c'était un service équitable qui, dépendamment de mes
valeurs, va faire que je vais utiliser le
service. Donc, si je reprends l'exemple, que je trouvais bon parce que
je me disais : C'est vrai que,
si j'ai une offre de services dans mon milieu, bien... Alors, si, dans ma cour,
j'ai la même chose qu'au parc, peut-être
que je vais choisir ma cour ou peut-être
que je vais choisir le parc pour faire changement puis changer un peu mon
milieu de vie. Si on veut offrir aux Québécois
la vraie perspective... je n'ose pas dire «la vérité», parce que
je pense que le ministre est sincère dans ses approches, si je veux offrir la même chose, il faut que ça
soit équitable puis il faut que, dans l'équité, on puisse y voir de
tout, pas juste ce qu'on a le goût de dire puis ce qu'on n'a pas le goût de
dire.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée des Mille-Îles. Mme la députée de Saint-Laurent,
vous aviez le goût de réagir. Il vous reste une trentaine de secondes.
Mme Rizqy : Merci. Je vais faire
ça... Mme la Présidente, sincèrement, là, je pense que c'est important que les députés de la partie gouvernementale qui se
présentent ici prennent le temps de lire les dispositions du projet de loi,
parce qu'il apparaît évident que le député
de Sainte-Rose n'a pas lu l'article 1 du projet de loi. Un droit
universel, il faut l'accorder. Alors,
si le gouvernement, aujourd'hui, veut renoncer à sa promesse, de passer de
90 % à 50 %, puis maintenant peut-être
40 %, bien, qu'il le dise clairement. Parce qu'ici on va revenir en
arrière puis on va rouvrir l'article 1 pour s'assurer que les
Québécois ne seront pas face, un jour, à un recours collectif puis que ça va
venir, l'argent, de leurs poches pour payer vos erreurs.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Mme la
députée de Joliette, il vous reste un petit peu plus que deux minutes.
Mme Hivon : Oui.
Bien, je ne sais pas, moi... C'est sûr que j'aime mieux les dialogues que les
monologues. Je trouve que ça nous fait
avancer. Ça devrait. Donc, je ne sais pas si, à la lumière des propos, le
ministre peut nous dire s'il est prêt à nous éclairer et à éclairer les gens
qui suivent nos travaux, il y en a quand même plusieurs, sur ses intentions
par rapport aux objectifs de fréquentation, ses intentions par rapport aux
ratios, donc comment il va composer avec ça si,
finalement, il y a juste huit ou neuf enfants par classe — on va s'en réjouir. Mais qui va, donc, payer
le prix si ça coûte plus cher pour
avoir plus de classes avec moins d'enfants? Est-ce que ça veut dire qu'il va y
avoir moins d'investissement ailleurs?
Je veux juste rappeler qu'il présente une
réforme complète de la gouvernance du réseau scolaire au nom de
10 millions d'économies par année, 10 millions. Là, on parle d'environ
800 000 $ à 1,3 million par classe. Puis là on dirait que 600 classes de plus ou de moins,
ça n'a pas d'importance. Le nombre d'enfants par classe, les ratios, ce n'est
pas si grave. On va y aller, on va évaluer tout ça. Je pense que c'est
assez important de savoir où on s'en va. Le ministre lui-même devrait s'en préoccuper grandement parce que, là, ça fait deux
jours qu'il plaide que revoir tout le système des commissions scolaires,
c'est justifié pour 10 millions d'économies. Ça fait qu'au lieu de mettre
2 milliards dans les maternelles quatre ans, il aurait pu mettre
1 990 000 000 $, par exemple, puis il serait arrivé au même
objectif.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, Mme la députée. C'est tout pour votre temps.
Donc, compte
tenu de l'heure, je vais suspendre les travaux. Nous reprendrons cet
après-midi. Si le ministre veut s'exprimer, c'est beau. Sinon, on
passera probablement au vote sur l'amendement.
Je suspends les travaux. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise
à 15 h 04)
La
Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la Commission
de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je demande évidemment
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire
destinés aux élèves âgés de 4 ans.
Lors de la suspension des travaux, plus tôt aujourd'hui,
nous en étions à l'étude d'un amendement qui a été proposé par Mme la députée
de Sherbrooke, et je dois vous aviser qu'il n'y a plus de temps du côté de
l'opposition, et, s'il n'y a pas d'autres
interventions, ce que j'ai cru comprendre, nous allons maintenant soumettre
l'amendement au vote.
Est-ce que l'amendement déposé par la députée de Sherbrooke
est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme Thériault) : Rejeté. Donc,
nous reprenons... Oui, Mme la députée de... Pardon?
Mme Labrie : Sur division.
La Présidente (Mme
Thériault) : Sur division. Oui, absolument, c'est rejeté sur division.
Donc, sans plus tarder, nous reprenons l'étude de l'article n° 5. Est-ce
que j'ai des interventions? Oui? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, nous avons un amendement à soumettre, alors on aura
besoin...
Une voix :
...
Mme Rizqy :
Pardon?
La Présidente (Mme
Thériault) : Non, non, non, là, ne vous interpelez pas, s'il vous
plaît. J'ai fait un rappel à l'ordre ce
matin. Merci beaucoup. Soyez patients. Oui, Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous. Vous me disiez que vous
aviez un amendement à déposer.
Mme
Rizqy : ...un amendement
à vous soumettre, on va vous demander une courte suspension, le temps de vous
le soumettre et de faire des copies pour l'ensemble de nos collègues.
La Présidente (Mme
Thériault) : Très courte suspension. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 06)
(Reprise à 15 h 11)
La
Présidente (Mme Thériault) :
Donc, nous reprenons nos travaux. Mme
la députée de Saint-Laurent, est-ce que vous pouvez nous
lire votre amendement, qui, je le rappelle, a déjà été
distribué à tous les membres de la
commission?
Mme
Rizqy : Certainement, Mme la Présidente. Alors, l'article 5 est modifié — du
projet de loi — par
l'ajout de l'alinéa suivant :
L'article 447 de
cette loi est modifié par l'ajout, à la fin de l'article, du paragraphe
suivant :
«11°
Déterminer que les services d'éducation préscolaire destinés pour les élèves âgés de
4 ans doivent être composés obligatoirement de deux ressources
éducatives qualifiées à temps plein par classe.»
Mme
la Présidente, maintenant, j'aimerais expliquer un peu la substance de cet
article... de cet amendement, pardon. Alors,
le ministre ne veut pas réduire le ratio, mais, à tout le moins, faisons passer
la ressource additionnelle, qui est en ce moment à temps partiel, à temps complet. Alors, au moins, on est
certains d'avoir en tout temps dans la classe deux ressources qualifiées
pour s'occuper des enfants de quatre ans.
La Présidente (Mme
Thériault) : M. le député de... Richelieu.
M. Émond :
...
La Présidente (Mme
Thériault) : Eh! je suis bonne, hein? Richelieu.
M. Émond :
Merci, Mme la Présidente. Oui, vous êtes pas mal bonne.
Question de règlement sur la
recevabilité d'un amendement
J'aimerais soulever à votre attention, s'il
vous plaît... j'aimerais que vous puissiez évaluer, à l'article 197, la recevabilité de l'amendement déposé par la
collègue avec le principe d'introduction d'un nouveau principe, parce que, dans
le libellé de l'article, on retrouve les
mots «obligatoirement», «deux ressources», «temps plein». Alors, je vous
demanderais peut-être, en délibéré,
de vérifier que l'amendement proposé par la collègue n'introduit pas un nouveau
principe dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
...est-ce qu'il y a d'autres représentations à faire, puisque vous soulevez la recevabilité de l'amendement qui est déposé par la
députée de Saint-Laurent? Moi, à chaque fois que j'ai un collègue qui
soulève la recevabilité, vous comprendrez que je vais suspendre les travaux et
je vais rendre une décision écrite sur la recevabilité. Ça vous va? Oui, Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Juste pour un point de précision. Est-ce qu'il pourrait juste
nous préciser le fondement de sa demande de rejet? Je n'ai pas bien
compris l'article qui... C'était quoi, en fait?
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le député de... Richelieu, pardon.
M.
Émond : Oui, je vais le faire avec plaisir, même si les règles
parlementaires ne nous autorisent pas à plaider la raison pour laquelle on soulève l'article, là, je
l'ai fait quand même un peu tantôt. C'est la notion d'ajout, d'introduction
d'un nouveau principe, entre autres,
puis je me répète, les mots «obligatoirement», «deux ressources», «temps
plein», tandis que, dans l'article prévu au projet de loi, on ne
retrouve pas ces notions-là. Donc, à mon sens, on amène un nouveau principe
dans le projet de loi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Je pense que la députée de Saint-Laurent
a bien compris l'objet qui fait en sorte que vous me demandez de rendre
une décision sur la recevabilité de l'amendement qu'elle dépose. Mme la députée
de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Oui. Alors, moi, évidemment, je suis un peu surprise qu'à
chaque fois qu'on parle de sécurité et du bien-être des enfants on fasse
un petit peu beaucoup de procédurite, mais...
La
Présidente (Mme Thériault) : Non. Mme la députée, regardez,
écoutez-moi bien, là, vous voulez que je rende une décision sur la recevabilité de votre motion. Je permets que vous me
donniez un argumentaire en lien directement avec l'amendement que vous
me déposez et non pas sur le reste de la procédure, s'il vous plaît.
Mme Rizqy :
Alors, la bonne nouvelle, Mme la Présidente, c'est que le mot «obligatoire»
figure déjà dans la Loi sur l'instruction publique. D'autre part, je me
réfère même à la députée de Montarville qui, en 2013, disait que c'est bien
normal qu'il y ait des normes dans la Loi sur l'instruction publique. On le
répète à plusieurs endroits : des normes. Alors, ici, on a introduit
certaines normes, tel que la Loi sur l'instruction publique le mentionne déjà.
Et, en troisième argument, c'est que, si on
est... La règle veut aussi qu'on essaie de favoriser les débats. Donc, en cas
de doute, on favorise les débats et la recevabilité de l'amendement.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur la recevabilité? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Sincèrement, je pense qu'on a déjà reçu des amendements qui allaient dans
un sens similaire, sans être
identiques, dans les derniers jours, pour lesquels on a questionné... bien, quelqu'un
avait questionné la recevabilité, et ça avait été jugé recevable. Donc, je tiens seulement à rappeler ça à votre
attention, que, potentiellement, on a déjà pris une décision sur ce
type d'amendements, à savoir s'ils sont recevables ou pas.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
M. le député de Richelieu.
M.
Émond : Oui, la collègue de Sherbrooke
a raison, on a déjà soulevé à quelques reprises des points de règlement.
Par contre, je ferais une précision, c'était
dans un contexte différent. Le dernier article... le dernier règlement
qui avait été soulevé, c'était plus
en lien avec l'ajout de principe financier supplémentaire. Là, on n'est pas du
tout dans le même article du règlement, là.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Bien, je veux juste dire que ça m'apparaît totalement
recevable comme amendement. Les deux autres amendements qu'on a eus
parlaient de ratio, donc, avec un chiffre qui voulait modifier le ratio. Ma
collègue de Sherbrooke, pour sa
part, avait parlé de la qualification de la personne qui devait être en classe,
soit enseignante ou éducatrice, technicienne, etc., alors que, là, on en est vraiment
sur le fait qu'il doit y avoir deux ressources. Donc, c'est un amendement qui, selon moi, à sa face même,
est différent et donc recevable.
La Présidente (Mme
Thériault) : D'accord. Donc,
s'il n'y a rien à ajouter, je vais suspendre les travaux et je vous
reviendrai d'ici... le plus rapidement possible avec une décision écrite.
Je suspends les
travaux.
(Suspension de la séance à
15 h 17)
(Reprise à 16 h 07)
La Présidente
(Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Décision de la présidence
Donc,
je vais maintenant rendre ma décision sur la question de règlement
soulevée par M. le député de Richelieu
concernant la recevabilité d'un amendement présenté par Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme la députée de Saint-Laurent a présenté un amendement à l'article 5
du projet de loi introduisant un nouveau paragraphe
à l'article 447 de la Loi sur l'instruction publique.
Ce paragraphe ferait en sorte que le régime pédagogique prévoie deux ressources éducatives qualifiées à
temps plein par classe pour les services d'éducation préscolaire destinés
aux élèves âgés de quatre ans.
M. le député de Richelieu soulève que l'amendement introduit un
nouveau principe dans le projet de
loi, étant donné le mot
«obligatoirement» et le concept de ressource éducative qualifiée à temps plein
par classe.
Mme la députée de Saint-Laurent soulève le caractère obligatoire... soulève que
le caractère obligatoire est déjà
dans la loi.
Mmes
les députées de Sherbrooke et de Joliette ont indiqué que des amendements
similaires avaient déjà été jugés recevables, ce à quoi M. le député de Richelieu a répondu que d'autres éléments avaient été alors
mis en cause.
Lors
de l'analyse de la recevabilité d'un amendement, la présidence doit vérifier si l'amendement respecte les règles générales
de recevabilité, qui se retrouvent aux articles 197 et 244 du règlement.
Ainsi, un amendement doit se rapporter à l'objet du projet de loi et être conforme
à son esprit et à la fin qu'il vise. De plus, parmi les critères de
recevabilité établis par la
jurisprudence parlementaire, un amendement ne doit pas contredire ni élargir le principe du projet de loi d'une manière telle qu'il va au-delà de l'objet de celui-ci.
Dans
le cas qui nous concerne, le projet
de loi n° 5
vise à étendre les services éducatifs préscolaires destinés aux élèves de quatre ans sans égard au milieu
économique et de rendre l'offre de ces services obligatoire. Ainsi, la
présidence considère que l'usage du
mot «obligatoirement» n'introduit pas un nouveau principe, d'autant plus que
c'est l'essence même des textes législatifs que de créer des
permissions, des obligations ou des exemptions.
Quant à déterminer si
les deux ressources éducatives qualifiées à temps plein par classe constituent
un nouveau principe, puisque cette disposition concernerait uniquement les
services éducatifs préscolaires destinés aux élèves de quatre ans, la
présidence considère qu'il s'agit plutôt de l'ajout d'une modalité.
La
décision 197/34 constitue un précédent qui va dans le même sens, et, pour
ce motif, la présidence juge l'amendement
recevable.
Donc, nous allons
reprendre là où nous en étions, Mme la députée de Saint-Laurent, sur votre amendement.
• (16 h 10) •
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, maintenant qu'on peut enfin parler davantage
de l'amendement, concentrons-nous à trouver des solutions pour avoir plus de
services pour nos enfants.
Alors, Mme la
Présidente, j'aimerais bien connaître les intentions du ministre de
l'Éducation, car la très grande majorité des
experts que nous avons entendus nous ont parlé des ratios, que ça soit du un
pour 10 ou, par exemple, un ratio qui
permettrait à chaque fois d'avoir des ressources à temps complet. Donc, le
ministre n'est pas prêt à mettre un pour 10, est-ce qu'il est prêt à
peut-être écouter son nouveau sous-ministre qui — M. Blackburn — lorsqu'il
était président de l'ADIGECS, l'Association
des directions générales des commissions scolaires, a témoigné, mais a aussi
déposé un rapport fort pertinent qui parlait des ratios?
Alors,
permettez-moi de citer un passage : «L'ADIGECS estime que la différence
des ratios intervenant-enfants entre l'éducation préscolaire quatre ans
gratuite et les services de garde éducatifs, pour lesquels des contributions
financières sont exigées, peut devenir un enjeu important [pour] le
choix des parents.»
Alors,
ici, le nouveau sous-ministre admet noir sur blanc que, lorsqu'il est question
de choix, bien, les ratios, c'est important, mais, aussi, les contributions
financières, c'est important. Le deuxième volet, qui est contribution
financière, ne vous inquiétez pas, on
aura un amendement pour ça, mais pas maintenant, plus tard, puis peut-être pas
aujourd'hui, parce qu'on va d'abord régler la question des ratios.
Alors, on
continue : «Il importe donc que ces institutions ne soient pas en
compétition, mais davantage [en complémentaire]
dans leur mission respective. Une diminution de l'écart entre les ratios est
également à prendre en considération étant donné que nous visons les
mêmes enfants.»
Donc
là, ici, je me permets une parenthèse. Le sous-ministre est d'accord avec les
partis d'opposition que le projet des maternelles quatre ans vise les mêmes
enfants. Il est aussi d'accord avec nous que ça prend des ratios qui assurent
une bonne qualité des services.
Dans la
page 11 de son mémoire, il y a un résumé des recommandations, et c'est
ainsi... je cite : «Que l'écart entre les ratios intervenant-enfants de quatre ans et celui des services de
garde éducatifs soit harmonisé afin d'assurer un service approprié aux
enfants visés par cette mesure.»
Alors,
ici, est-ce que nous pouvons enfin trouver un terrain d'entente et faire
augmenter le temps partiel au temps complet,
pour dire qu'en tout temps les enfants auront deux intervenants qualifiés, une
enseignante qualifiée ainsi qu'une éducatrice spécialisée à l'enfance
qualifiée à temps plein pour les enfants?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Mme la Présidente, ce n'était pas clair si ma collègue citait M. Blackburn
ou si elle se citait elle-même citant M. Blackburn, parce que je
pense que ça fait deux fois qu'elle nous cite le même extrait. De toute façon,
c'est quelque chose que... C'est un article
différent qui est jugé recevable par la présidence, donc je ne contesterai
certainement pas votre décision, mais je ne referai pas le débat non
plus.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Je lisais le mémoire du sous-ministre. C'est sûr que, s'il était présent, il
pourrait nous éclairer, mais j'imagine qu'il est en train de
comptabiliser ses factures.
Alors, ici, puisqu'il
est question des ratios... Bonjour, Mme la Présidente, il y a eu un changement
de garde?
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...vous pouvez y aller.
Mme Rizqy :
Alors, ce matin, ma collègue vous parlait de répétition. Je vous le dis, M. le
ministre, c'est quelque chose qui,
pour nous, est fondamental, les ratios. C'est l'essence même de votre projet de
loi, agir tôt. Et, pour agir tôt, on ne veut pas que les enseignantes soient débordées. Vous venez généraliser
une offre de service pour l'ensemble des Québécois, alors vous devez vous assurer que cette nouvelle
offre de service, telle que promise par vous, votre gouvernement, bien,
soit adéquate. Et l'ensemble des intervenants qui sont venus ici nous ont parlé
des ratios. Certains ont évoqué du un pour
10, d'autres ont parlé d'un ratio similaire à ce qu'on retrouve dans les
services de petite enfance ou dans les services de garde régis. Or, maintenant, il vous appartient de donner suite aux
nombreuses recommandations puis aussi d'écouter votre nouveau
sous-ministre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Vous pouvez continuer, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, que c'est dommage. Moi, là, j'ai vraiment envie d'échanger
avec le ministre. On va trouver des solutions, parce qu'on est devant une
impasse. Puis moi, je suis une personne patiente, hein?
La Présidente
(Mme Guillemette) : Quelqu'un d'autre a une intervention? Mme la
députée de Sherbrooke?
Mme Labrie :
Oui, merci. C'est arrivé à plusieurs reprises qu'on discute des objectifs de
déploiement de la maternelle quatre ans depuis le début, depuis le mois d'août,
en fait, et, à quelques occasions, on a surpris le ministre à énoncer des objectifs différents. Puis là je
l'ai entendu tout à l'heure renommer encore que l'objectif, c'est l'accès
universel. Il a dit ça.
Au
départ, là, là, je vais le rappeler encore... puis ce n'est vraiment pas la
première fois que je fais cette intervention-là, mais, au départ, l'objectif, c'était de réduire les vulnérabilités des
enfants, réduire les vulnérabilités des enfants qui entrent à l'école. Donc, on était sur un projet qui devait
servir à ça au départ, réduire les vulnérabilités. On est rendus à un projet
qui sert maintenant juste à donner un accès universel à un service, quasiment
sans égard à est-ce que ce service-là va permettre
de réduire les vulnérabilités, oui ou non. Ce n'est même plus de ça dont on
parle. Il l'a répété, le ministre, à plusieurs occasions, tout à
l'heure, en répondant à mes collègues, il a dit à plusieurs reprises :
L'objectif, c'est l'accès universel.
Donc,
ça explique un peu pourquoi le ministre a si peu d'ouverture à discuter des
ratios, parce que, finalement, il n'est plus tellement question d'offrir un
service d'une qualité suffisante pour réduire les vulnérabilités, on est
devant, encore, l'idée de mettre un
crochet à côté d'une promesse, un nombre de classes, on a dit qu'on ouvrirait
ce nombre de classes là peu importe qu'est-ce qui est déployé comme service
pour cette classe-là. Dans le fond, on veut ouvrir le nombre de classes,
2 600, c'est ça qu'on a dit.
Je
trouve ça tellement dommage, là parce que ça, ce n'est pas quelque chose sur
quoi on peut s'entendre, alors qu'au départ
je pense qu'on pouvait s'entendre, tous les partis ensemble, pour dire qu'on
voulait réduire les vulnérabilités des enfants
qui rentrent à l'école. Ça, c'est quelque chose qui était pratiquement
incontestable sur le principe, là, mes collègues en parleront elles-mêmes avec leurs propres mots, mais je pense qu'il y
avait quand même un consensus sur cet objectif-là de réduire les vulnérabilités. On voulait discuter
avec le ministre des moyens, mais on était d'accord avec cet objectif-là.
Puis ce n'est même plus ça, l'objectif, ça fait que c'est vraiment regrettable.
Je
trouve qu'on s'éloigne beaucoup de ce qui était prévu au départ puis de ce
qu'on a annoncé aux Québécois. Parce que les Québécois aussi, ils
étaient inquiets de ça, de voir que les vulnérabilités avaient augmenté dans
les dernières années chez les enfants qui
entrent à l'école. C'est quelque chose de très, très préoccupant, quelle que
soit notre position dans la société. Qu'on
ait des enfants ou pas, c'est inquiétant de voir que les vulnérabilités
augmentent. Je pense qu'on veut tous collectivement travailler à réduire ces
vulnérabilités-là. Mais là ce n'est même plus ça qu'on est en train de faire.
Parce que, si c'est ce qu'on voulait
vraiment, on s'assurerait que le duo de feu qui permet de réduire les
vulnérabilités, il est là à temps plein pour les enfants. C'est ce qu'on
ferait si on voulait vraiment assurer un service de qualité.
Donc, je dois
le dire, là, je suis assez déçue de ce changement d'orientation là de la part
du ministre, qui, finalement, est parti de quelqu'un qui voulait vraiment
s'occuper de la réussite des enfants pour quelqu'un qui veut accomplir
un accomplissement qui
se compte en quantitatif, là, d'un nombre de classes, là. On n'est plus dans la
qualité, on n'est plus dans réduire les inégalités sociales. Ce n'est
pas ça qu'on est en train de faire en ce moment, puis je trouve ça dommage.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : S'il
vous plaît, je pense qu'on est en train de me prêter des
intentions, là. Je pense que, là, on est en train de... je ne sais pas trop... transformer le sens de mes mots, à
dessein, ce que... S'il vous plaît, j'inviterais ma collègue à s'élever
davantage.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander de me laisser faire mon travail, M. le ministre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
De me laisser faire mon travail, s'il vous plaît.
M. Roberge : Oui, bien sûr.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, à ce moment-là, je vais simplement rappeler à nos collègues ici d'être
prudents dans les propos, qu'il n'est pas nécessaire d'en ajouter, et surtout
pas de prêter des intentions.
Mme Labrie : Tout à fait.
La
Présidente (Mme Thériault) : Donc, je pense qu'on peut favoriser
le débat. On peut avoir des échanges qui sont courtois aussi. Donc, je
vous demanderais de poursuivre votre intervention, Mme la députée de
Sherbrooke.
• (16 h 20) •
Mme Labrie :
Tout à fait. Mais, comment dire, ça a été nommé clairement par le ministre
lui-même que le ratio entrait en
ligne de compte dans la qualité. Ça a été nommé. Tu sais, on était tous
d'accord, ici, qu'un des critères pour la qualité, c'est le ratio. C'est ça qui guide un peu ça va être quoi, la
qualité des interventions de l'adulte qui est dans la classe auprès des enfants. C'est sûr qu'un adulte qui a
la responsabilité de six, 10, 15 ou 17 enfants ne peut pas avoir la même
qualité d'interaction avec les enfants qui sont dans la classe. Donc, ça
je pense que personne ici ne va contester ça.
Le ministre
l'a dit lui-même, oui, ça entre en ligne de compte, le ratio. Il est même très
fier de nous dire qu'en ce moment le
ratio c'est d'un pour 11, à peu près. Puis, c'est un bon ratio, un pour 11.
C'est vrai que c'est une bonne... Moi,
j'ai trouvé ça... J'étais contente, quand on
a vu les chiffres commencer à sortir, pendant l'été puis à la rentrée, de voir
que finalement il y avait moins d'enfants que prévu dans les classes.
C'est dommage que j'aie eu à me réjouir de ça, mais, honnêtement, ça m'a rassurée, puis je me suis dit : Bien, tant
mieux pour ces enfants-là qui sont dans des classes avec un ratio d'un pour 11. Puis tant mieux quand la
ressource additionnelle est là la moitié du temps. Vraiment, je pense que,
quand cette personne-là est là, c'est un plus pour les enfants. J'y
crois.
Mais on revient toujours au même problème :
Pourquoi il faut que cette qualité-là dont on est si fiers de le dire, c'est un pour 11, c'est bon... puis certains ici
en ont même visité, des classes de maternelle quatre ans, ils nous en ont parlé,
ils l'ont vu, mais pourquoi il faut que ça
soit à temps partiel? C'est ça, là, on en revient à ça. Pourquoi se contenter de
l'offrir à temps partiel, cette qualité-là? C'est là où je décroche
complètement. Vraiment, là, si on a identifié, au ministère de l'Éducation, que, pour offrir de la qualité, ça
prenait deux personnes dans la classe, pourquoi on a identifié que ça le prenait
juste la moitié du temps? Je n'arrive pas à m'expliquer ça.
Je comprends
quand le ministre nous dit que les enseignants, les enseignantes vont organiser
leur temps pour faire des activités,
en particulier, qui demandent un peu plus d'énergie quand elles sont deux dans
la classe, je comprends ça. Mais
l'autre moitié du temps, il y a quand même des enseignantes qui vont se
retrouver avec 17 enfants en même temps, de quatre ans. Pouvez-vous juste vous imaginer qu'est-ce que ça représente?
Aussi compétente soit cette personne, c'est quand même un bon défi
d'être... plusieurs heures de suite, avoir la responsabilité de 17 enfants
de quatre ans.
Puis il me
répondra que c'est une minorité des situations, des classes où il y a
17 enfants. Bien, tant mieux, parce qu'on ne voudrait pas que ça soit la majorité puis on ne voudrait
surtout pas que ça soit la totalité des classes. Puis moi, je suis quand même assez inquiète que ça devienne
la totalité des classes parce que, là, on a planifié un nombre de classes
qui permet de rejoindre à peu près 40 %
des enfants. Puis je comprends que ce n'est pas une cible, que c'est une
estimation d'à quel point on va
rejoindre les familles avec ça. Mais la réalité, c'est que, si on crée des
classes physiques pour accueillir 40 %
des enfants, la demande, là, c'est vrai qu'on n'a pas de contrôle là-dessus,
puis je comprends le ministre de nous dire qu'il ne sait pas ça va être
quoi, la demande, mais elle pourrait être du double. Donc, assurément, on peut
prévoir que, quand on crée un service public
puis qu'on crée un droit, bien, les gens aiment se prévaloir de leurs droits,
en général, donc c'est très probable
que la demande fasse en sorte que les classes, bien, ils tombent à un pour 17
beaucoup plus souvent que ce ne l'est en ce moment, beaucoup plus
souvent.
Et ça, c'est une situation que je ne voudrais
pas voir arriver, Mme la Présidente. Parce que, quand les études ont été faites pour démontrer les effets des
maternelles quatre ans, les ratios, ce n'était pas d'un pour 17. Donc, les
effets positifs qui ont été constatés jusqu'à maintenant dans ces
classes-là, ils ont été constatés avec des plus petits ratios. Et est-ce que les effets vont être aussi positifs
avec des ratios d'un pour 17? Ça, c'est quelque chose qu'on ne sait pas. Puis
je trouve ça assez particulier de potentiellement induire les parents en erreur
en leur montrant les résultats des maternelles quatre ans en leur disant : Voici à quel point c'est un bon milieu
pour vos enfants, alors que c'est études-là ont été faites dans des contextes où le
ratio était beaucoup plus bas, mais que, maintenant, la réalité, c'est qu'on
offre des classes avec 15, 16, 17 enfants. Ce n'est pas la même
chose du tout. Moi, comme parent, bien, j'aimerais ça le savoir, c'est quoi.
Est-ce qu'on va l'évaluer, la qualité d'un milieu avec 15, 16, 17 enfants
dans la classe pour pouvoir transmettre cette information-là aux parents?
J'aimerais qu'on me garantisse qu'on va le faire.
Je vois ma collègue
qui a quelque chose à dire, je...
Une voix :
Oui, oui, oui...
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui. Bon. Bien, maintenant, la
parole est à la députée de Saint-Laurent ou des Mille-Îles?
Saint-Laurent?
Mme Charbonneau :
C'est vous qui décidez, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Thériault) : Bien, c'est parce que je vois le
micro de la députée de Saint-Laurent déjà ouvert.
Mme Rizqy :
Ah! bien, moi, je suis toujours prête, Mme la Présidente, hein?
La Présidente
(Mme Thériault) : D'accord.
Mme Rizqy :
Alors, j'en profite, puisque nous avons aussi, aujourd'hui, l'occasion d'avoir
la députée de Bellechasse qui est avec nous, qui est aussi la ministre
adjointe à la Famille.
Une voix :
...
Mme Rizqy :
Adjointe parlementaire à la Famille.
La Présidente (Mme Thériault) : ...pour la confusion, elle n'est pas ministre de
la Famille, elle est adjointe parlementaire du ministre de la Famille.
Oui.
Mme Rizqy :
... adjointe au ministre de la Famille. Oui. Je viens de vous faire juste...
La Présidente
(Mme Thériault) : Un remaniement ministériel.
Une voix :
Une promotion.
Mme Rizqy :
... une promotion. Voyez comment que je crois aux femmes en... les femmes en
démocratie, au cercle des pouvoirs? J'ai confiance en vous. Peut-être
qu'au mois de décembre il va y avoir un remaniement ministériel.
Mais, maintenant que
j'ai toute votre attention, alors, ce matin, lors de la période des questions,
votre collègue...
M. Bussière :
...est-ce qu'on peut s'adresser à la présidence?
Mme Rizqy :
Oui. Ce matin, lors de la période des questions — j'aime ça comment que les gens sont rapides
sur les questions de règlement — lorsque le ministre répondait, il parlait
que les places en maternelle quatre ans vont permettre de libérer des
places en CPE. Là, moi, je me suis dit : O.K... Puis je mets deux éléments
en tête. Le ministre nous a dit deux
affaires cette semaine : un, qu'il a reçu beaucoup, beaucoup,
beaucoup de plaintes pour avoir des places en maternelle
quatre ans, puis, d'autre part, que ça va
permettre de libérer des places en CPE. Alors, je me suis dit : Il doit
avoir des chiffres là-dedans.
Alors, maintenant, ma
question pour la députée de Bellechasse.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non, non. Vous n'avez pas d'affaire à poser une
question à la députée de Bellechasse, vous vous adressez à moi.
Mme Rizqy :
À la présidence.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui.
Mme Rizqy : Par ricochet, hein, effet miroir. Est-ce que
la députée de Bellechasse, elle a eu des discussions avec le ministre
de la Famille pour savoir la
répartition des demandes? Vous savez, il
y a 42 000 enfants inscrits dans la liste d'attente pour une place en CPE. Moi, j'aimerais
savoir c'est quoi, la forte demande, dans cette liste de 42 000, que c'est
pour les quatre ans, le groupe de quatre ans?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance :
Merci, Mme la Présidente. Je remercie la collègue. Ça ressemble beaucoup à une
question que j'ai déjà entendue, d'ailleurs, hein, ou pratiquement la
même...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Thériault) :
S'il vous plaît!
Mme Lachance :
...et à laquelle j'ai répondu, Mme la Présidente, qu'effectivement les chiffres
seront très intéressants à avoir, et ils sont encore en train de se compiler.
Donc, d'ici quelques mois, on sera en mesure d'avoir l'heure juste et
d'avoir une vue d'ensemble du mouvement qui
a été fait chez nos jeunes enfants entre le CPE, les services de garde et la
maternelle quatre ans.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Bellechasse. Mme la députée de Saint-Laurent, je vais vous demander de vous adresser à moi et de
ne pas interpeler votre collègue, sinon je vais vous rappeler à l'ordre.
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, ça, c'est drôle, hein, parce que c'est rare que je pose une
question que je n'ai pas la réponse,
hein? Alors, pour le bénéfice de la députée de Bellechasse, sur les
42 000 enfants qui sont inscrits au guichet unique pour avoir
une place en CPE, bien, là-dedans, là, c'est 2 544 que c'est pour les
maternelles quatre ans.
Alors,
l'argument du ministre qui dit : Bien, les enfants de quatre ans qui vont
être en maternelle quatre ans vont libérer des places en CPE, il faut
comprendre une chose, puis c'est hyperimportant, c'est que, dans les CPE, il y
a une catégorie d'enfants poupons, un an,
deux ans, trois ans, quatre ans, et ce n'est pas les mêmes ratios pour les
poupons versus les quatre ans. Donc,
au nombre de places que le ministre va dégager pour les maternelles quatre ans,
bien, ça répond à peu près à 6 % des demandes en ce moment. Puis
ça, ce n'est pas mes chiffres, ce sont les chiffres du guichet unique, du ministère de la Famille. Ce n'est pas moi qui
les invente. Par contre, là où est-ce qu'il y a urgence d'agir, c'est le zéro,
c'est le un an, parce que, là, à ce
moment-ci, pour le zéro à un an, c'est 17 671 places qui sont à la
recherche en ce moment, un an, 11 000 places. Ça, Mme la Présidente,
là, on parle des poupons puis des touts petits. Donc, quand que le ministre
nous répond à la période de questions, de
dire : Grâce aux maternelles quatre ans, il va y avoir des nouvelles
places en CPE, il faut faire
attention parce que, dans les CPE, de façon qu'ils sont déjà aménagés, les
espaces, il y a des pouponnières... et pas parce qu'on libère des places
de maternelle quatre ans qu'on a plus de places en pouponnière.
Alors, ça,
c'est une chose que j'amène parce que, depuis le début qu'on est ici, qu'à
chaque fois qu'on pose des questions
sur les chiffres, bien, ma parole, Mme la Présidente, on dirait qu'au ministère
tant de la Famille qu'au ministère de
l'Éducation les chiffres s'évaporent, ça n'existe plus. Moi, je pense
qu'aujourd'hui... Ça va faire maintenant depuis le 20 août que nous avons commencé l'étude article
par article ici puis ça fait depuis le 20 août que j'ai vraiment l'impression
de perdre mon temps. Puis j'ai regardé dans
les règles de... le recueil de décisions, je l'ai parcouru, parce que je me
suis posé la question : Est-ce
qu'il y a une règle qui dit que le ministre doit arriver ici préparé, avec un
plan de match, avec quelque chose
pour nous mettre sous la dent, pour nous dire exactement où est-ce qu'on s'en
va avec nos skis, avec son projet de loi? Puis là je me suis dit : Peut-être qu'il y a une règle là-dedans.
Puis là j'ai cherché, je l'ai tout lu. Bien non, il n'y a rien qui oblige un ministre à être préparé pour venir ici.
Par contre, je me suis rappelée du film A few good men. A few good
men, à un moment donné, ils ont
sorti le livre des décisions, puis il a dit : Bien non, crime! on n'a pas
besoin de dire à quelqu'un, dans un
recueil de décisions, qu'il faut qu'il aille aux toilettes. Bien, c'est comme
ça, ici, que je me sens. Je le sais, là, que j'ai l'air impatiente en ce moment, mais, sincèrement, c'est ce qu'on a
vraiment l'impression, de se faire niaiser, nous tous.
La
Présidente (Mme Thériault) : ...Mme la députée de Saint-Laurent,
je vais vous demander d'être respectueuse du décorum, de faire attention
à vos termes, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : Oui.
• (16 h 30) •
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. Si vous voulez une pause,
vous avez juste à me le demander. Peut-être que
ça va vous faire du bien. Mais je vous enjoins, je vous enjoins vraiment
à faire attention à vos propos. Et on a un décorum, on est à l'Assemblée
nationale du Québec.
Vous avez été élue par vos pairs, soyez-en fière. Portez la fonction, s'il vous plaît.
Mme
Rizqy : Oui. Puis je pense
que mes pairs qui nous regardent se demandent sincèrement c'est quoi, le
plan, puis se demandent sincèrement, là, à quoi ça rime tout ça, puis se demandent aussi, là, comment
ça se fait qu'à chaque fois qu'on pose des questions sur le plan de
déploiement des maternelles quatre ans, sur le fait qu'on pose des questions de
base... Puis on n'a rien réinventé, là,
c'est les mêmes questions depuis le mois de février, Mme la Présidente. Alors, oui, on se demande vraiment
qu'est-ce qu'on fait ici si on n'a pas de plan de déploiement des
maternelles quatre ans puis qu'une affaire qu'on a dite, là, d'entrée
de jeu, là, ce n'est pas là... Je ne pense pas qu'il y a qui que ce soit, ici, qui est surpris qu'on
parle des ratios. Il n'y a
personne, ici, qui est surpris de nos
questions. Alors, nous, on s'attend à un minimum de travail de la partie gouvernementale, parce que, sinon,
effectivement, ici, il y a le temps qui roule. Mais on n'est pas venus faire du
temps. On a aussi du travail à faire dans
nos comtés. Puis on veut faire avancer ce projet de loi, mais encore faut-il
avoir des chiffres.
On a posé une autre question au ministre,
20 août. Le 20 août, on a posé la question. Vous avez dit qu'il y
avait urgence d'agir dans le dossier des maternelles quatre ans parce qu'il faut
offrir aux 20 000 enfants qui n'ont pas de service dans aucun réseau
la maternelle quatre ans. Or, d'entrée de jeu, on lui a posé la question
suivante : Ah! il y a eu des nouvelles
inscriptions en maternelle quatre ans, d'où proviennent-ils? Il ne le savait pas.
Savez-vous ce qu'il a fait, Mme la Présidente, le 30 août?
Mme Lepage a envoyé un sondage auprès des différentes commissions
scolaires, date limite : 13 septembre. Bien, Mme la Présidente, on est rendus
le 3 octobre, on n'a toujours pas les résultats de ce sondage.
Alors,
samedi dernier, on a eu un autre sondage, celui de La Presse,
l'article de Tommy Chouinard : 70 % des enfants
proviennent des services de garde, milieux de garde, CPE. Ce sondage-là, le
ministre ne l'aimait pas tant que ça, parce qu'il
disait que c'était à moitié. Mais à moitié quand même des commissions
scolaires! Puis à défaut d'avoir des chiffres qui émanent du ministère.
Mais savez-vous quoi? Moi, je suis un peu étonnée, si on envoie un sondage le
30 août...
Une voix : ...
Mme
Rizqy : Oui, bien, le sujet, c'est la pertinence d'être ici
aujourd'hui avec vous, étant donné que vivement vous n'avez pas envie de
discuter. Depuis tantôt, on fait des monologues...
Une voix : ...s'adresser à la
présidence.
Mme Rizqy : Oui. Mais, puisque le ministre
m'a interpelée, je me permets. Bien, vous avez dit : C'est quoi, le sujet?
Alors, vous
comprendrez, Mme la Présidente, qu'aujourd'hui, là, on peut en déposer, des amendements,
ou on peut s'entendre sur les ratios. C'est le nerf de la guerre ici. On a une
impasse. Les ratios, on l'a dit d'entrée
de jeu. Il y a les ratios qu'on doit
régler, puis le transport des enfants qu'on doit régler. Pourquoi?
Parce qu'il s'agit de la sécurité des enfants. Et ça, il
va falloir que le ministre trouve une solution. Puis, pour ça, là, il faut
qu'on arrête de faire des monologues, qu'il commence
à y avoir des dialogues, puis qu'il y ait des offres sur la table. Puis, en ce moment, on n'a rien entendu du ministre.
Puis, à tout le moins, il devrait commencer à connaître le réseau puis vraiment
parler des vrais chiffres.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, j'aimerais recentrer les choses un
petit peu, au profit de la députée de Saint-Laurent.
En fait, dans
sa question puis la question qui m'a été posée il y a quelque temps, à l'effet
de savoir combien de places... Parce
que la question entourait le nombre d'enfants... le nombre de places qui
seraient libérées dans les CPE. Donc, dans
les faits, la donnée, qui m'a été offerte si gracieusement, de
2 540 places, ce sont le nombre de places au guichet. Par
contre, il faut aussi comprendre qu'il y a des enfants, actuellement, qui sont
sans service. On parle de 18 000 enfants, actuellement, de quatre ans qui seraient... qui pourraient être un
utilisateur de place. Mais, au-delà de ça, il y a aussi des enfants qui se retrouvent dans le groupe des trois
ans et qui pourraient éventuellement faire le passage vers les maternelles
quatre ans. Donc, ce que j'ai dit, Mme la Présidente, à la collègue, en fait ce
qu'il est important de savoir, c'est aussi qu'il
va y avoir un nombre de places qui vont se libérer. C'est cette donnée-là qu'on
n'a pas encore. C'est ce que je disais précédemment.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée de
Bellechasse. J'ai M. le député de Gatineau qui m'a demandé la parole.
M. Bussière : De simplement
rappeler à ma collègue de s'adresser à la présidence.
La
Présidente (Mme Thériault) : Bien, j'entends bien. Moi, je pense
que votre collègue me regardait, on a... Je pense que c'était correct
aussi. Et j'ai M. le ministre qui a une intervention à faire, n'est-ce pas?
M. Roberge : Oui.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Thériault) : Non. Non, non, je ne vous donne pas
la parole, Mme la députée de Saint-Laurent. Je la donne au ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Je veux remercier ma collègue d'avoir eu la grandeur d'âme de répondre à la question, mais j'aimerais juste
ramener le débat, ici, sur la question... sur l'amendement, en fait. On est
bien, bien, bien loin de l'amendement
depuis les derniers monologues entendus. Ici, la question est de savoir si on
est d'accord, oui ou non, pour
inscrire dans le cadre du projet de
loi le fait qu'il y ait
obligatoirement deux ressources dans les maternelles quatre ans. Et le nombre de ressources par classe, c'est une
question qui est importante, à laquelle on a... C'est une question sur laquelle
on s'était penchés longuement, mais je pense qu'il faudrait discuter de ça
plutôt que de se mettre à parler du nombre
de classes, puis du plan, puis de je ne sais quel autre sujet. Si on dépose des
amendements, je suppose que c'est parce qu'on veut parler de
ces amendements-là. Alors, si ma collègue veut discourir sur le
fait qu'il y a deux adultes en classe,
qu'elle y aille, mais je ne vois pas le lien de parler des listes d'attente
puis de toute la grandeur de tout ça. Qu'elle se recentre sur le sujet
de son propre amendement.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre, je dois tout simplement mentionner à ce stade-ci que la députée de Bellechasse a accepté de
répondre à la députée de Saint-Laurent, donc, évidemment, elle a elle-même débordé. Je lui ai redonné la parole pour qu'elle puisse
clarifier les chiffres qui étaient l'objet de la discussion. Mais j'entends
bien que vous dites que ça serait peut-être intéressant de revenir sur
l'amendement. Donc, vous comprenez que j'essaie de favoriser le débat de manière la plus correcte
possible aussi. Donc, évidemment, puisqu'il y avait eu une interpellation, je
vais le dire comme ça, parce que la question
s'adressait à la députée de Bellechasse, qu'elle a accepté d'y répondre, j'ai
permis qu'autant d'un côté que de l'autre on puisse régler cette question-là.
C'est fait sur le temps de la députée de Saint-Laurent, qui a quand
même une vingtaine de minutes. Là,
j'imagine qu'elle va revenir directement sur l'amendement et sur l'article 5 sans aucun problème. Mme la
députée de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mme Rizqy : Merci. C'est clair qu'on
est...
La Présidente (Mme Thériault) : Je
vous demanderais de vous adresser à moi.
Mme
Rizqy : Oui, oui. On est
clairement dans l'amendement. Le ratio, là, ça ne tombe pas de notre
imagination. Les ratios, là, c'est
tous les gens qui sont venus nous raconter ici pourquoi que ça prenait un
ratio d'un pour 10. Qu'est-ce qu'ils regardaient? Bien, les ratios qui
existent déjà en CPE ou en garderies subventionnées. Alors, ces ratios-là nous
intéressent.
Et, lorsque
le ministre nous donne des réponses, il dit :
Inquiétez-vous pas, ça ne sera pas du un pour 10 comme en CPE, ça va être du un
pour 17. Bien, nous, on dit : Bien, voyons! Vous voulez libérer des places
des CPE pour les envoyer, les
enfants, en maternelle quatre ans mais pas avec la même qualité de service? Vous
allez me donner une bonne raison de le faire. De là l'amendement,
on veut avoir des ratios de qualité. Parce que, si on change des enfants de
place pour les mettre dans une autre
structure, pour nous, il ne faut pas diminuer la qualité, il faut qu'à tout le
moins ce soit la même qualité ou, comme a si bien dit le premier
ministre au mois de février dernier, de meilleure qualité.
Et là, pour
répondre à ma collègue, qui essaie de m'éclairer, je pense que c'est plutôt moi
qui devrais l'éclairer, alors, ici, c'était ma question, je l'ai écrite pour
être sûre qu'elle ne sera pas mal interprétée : Sur les
42 000 enfants inscrits, là,
sur le guichet unique, il y en a combien qui sont en attente d'une place en
maternelle... d'une place de quatre ans? Elle ne connaissait pas la réponse. Bien, c'est correct, les chiffres émanent
de son ministère, il y a environ 2 000 qui sont en attente. Et là on a un
chiffre de 18 000 qui sort de quelque part, mais je ne sais pas d'où...
qu'elle peut nous déposer le document d'où vient le nouveau chiffre de
18 000, parce que son collègue parle de 20 000 enfants qui ne
sont dans aucun réseau, alors qu'en étude de
crédits, pas plus tard qu'au mois d'avril dernier — nous, on pose des questions puis on fait des
tableaux avec ça : au ministère de la Famille, dans les enfants de quatre
ans, quand qu'on comptabilise CPE, garderies subventionnées, garderies non subventionnées, milieu familial
reconnu, 65 619 enfants qui sont inscrits là-dedans, puis là-dedans,
il y en a 2 000 de quatre ans,
là. Alors, d'où vient le 18 000 et d'où vient le 20 000 du ministre?
Ça, c'est supersimple comme question, là.
Mme Lachance : Je n'ai pas d'autre
commentaire, Mme la Présidente, merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Parfait. Il n'y a pas de problème, vous
avez le droit. C'est bon. Vous n'êtes pas obligée.
Mme Lachance : Je pense qu'on
devrait se centrer sur l'amendement puis le ratio, effectivement.
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait. Est-ce que j'ai quelqu'un d'autre qui est
prêt pour... Oui, Mme la députée de Mille-Îles, vous voulez faire une
intervention.
• (16 h 40) •
Mme
Charbonneau :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, comme vous, j'ai quelques années
d'expérience à l'Assemblée nationale. Je le dis parce que je vais vous faire
une petite lecture vite, vite, là, puis je ne veux pas... mais c'est par rapport aux ratios. Parce qu'à chaque fois
qu'on a parlé des quatre ans, à chaque fois, dans les différentes législatures,
qu'on a parlé des quatre ans, de part et
d'autre, parce que j'ai eu le privilège d'être assise d'un côté comme de
l'autre de la salle, on a parlé des
ratios. C'était quelque chose qui nous interpelait beaucoup. Et, en 2013, le
30 mai 2013, ça me fait un peu sourire parce que, je me souviens,
on était au salon rouge, nous étions en discussion avec le parti au pouvoir, qui, à
ce moment-là, était le Parti québécois, donc je siégeais avec Mme Malavoy, je peux l'appeler comme ça maintenant, avec Mme Malavoy qui ouvrait cette parenthèse fort intéressante sur
la maternelle quatre ans pour pouvoir accueillir des jeunes et
aller un peu plus loin.
Et à ce moment-là j'avais un collègue qui était, du moment, de Vanier-Des Rivières mais qui, en ce moment, est le collègue de Chauveau. À chaque élection, vous le savez comme moi, Mme la Présidente, on change un peu les circonscriptions, ça
touche un peu, puis des fois on change de circonscription, puis ce collègue
avait le privilège d'être dans Vanier-Des
Rivières. Et aujourd'hui, à cette Assemblée nationale, quelques années plus tard, il est maintenant
le député de Chauveau,
donc une personne d'expérience qui siège
avec nous, mais surtout avec vous, parce
que vous êtes... il fait partie des
gens qui sont au gouvernement.
Et j'avais déposé un amendement. Je vous lis l'amendement
pour le plaisir, Mme la Présidente. J'avais déposé l'amendement suivant :
«Les conditions et modalités établies par la ministre doivent confirmer que
les groupes formés par les commissions
scolaires auront obligatoirement deux ressources éducatives allouées.» Vous pourrez dire que je
suis... Je n'ose pas... Je dis tout
le temps qu'une qualité, c'est un défaut. Donc, je suis persévérante ou je suis
têtue. Ça dépend si vous voulez voir
la qualité ou le défaut. Mais j'ai rarement changé d'idée, à moins d'avoir des
arguments à la hauteur des chevilles, un argument qu'on a déjà entendu ailleurs.
Donc, on
avait déposé cet amendement-là, puis on était en discussion, puis mon collègue
qui est maintenant le député
de
Chauveau trouvait intéressant... Puis je vais vous lire
juste un petit bout qui dit : «...je vous dirais que, sur le principe, là,
moi, je trouve ça intéressant que l'on puisse travailler
avec le principe de deux adultes dans [une classe] pour assurer la réussite des
élèves.» Je ne vous ferai pas tout le... J'ai eu le plaisir de recevoir le
verbatim au complet de son interpellation, mais
je ne vous le ferai pas. Je ne vous le ferai pas parce que je pense qu'on a
tout à gagner. Mais, à partir de là, je me suis dit : Mon Dieu! Je suis vraiment persévérante, hein? Je vais aller un petit peu plus loin dans ma persévérance puis je vais aller regarder un peu
plus proche de chez nous.
Alors, j'ai
fait un appel, un appel qui est facile à faire pour moi parce que
c'est un milieu que je connais bien, puis les chiffres sont publics maintenant, puis le ministère les a, mais j'ai appelé à la commission scolaire de Laval pour avoir ça avait
l'air de quoi, les inscriptions 2019‑2020. Parce
que c'est la meilleure perspective,
hein, quand on est dans notre milieu, de savoir c'est quoi, nos
chiffres, chez nous. Parce que, de faire le tour des commissions scolaires,
72 coups de téléphone, j'avais le goût
d'aller dîner. Donc, j'en ai fait... J'ai fait le plus proche de chez moi. J'ai
compris qu'on avait eu 81 inscriptions
pour les maternelles quatre ans à Laval, dans la commission scolaire francophone. Parce qu'on se souviendra qu'il y a
une francophone, une anglophone. Et au francophone il y a eu
81 inscriptions. J'ai poussé mon audace à demander : Ça ressemble à quoi, ça veut dire quoi chez nous,
81 inscriptions? Puis est-ce que je peux... Est-ce que vous êtes capables
de les situer? Ils m'ont dit : Oui,
Mme Charbonneau, il n'y a pas de souci, on va vous le dire, on a fait
les... Ah oui! C'est vrai, je ne peux pas m'autociter non plus,
hein?
La Présidente (Mme Thériault) :
Non.
Mme Charbonneau :
Vous voyez comme les règles, quelquefois, peuvent être ardues. Alors, ils m'ont
dit : Bien voyons, Mme la députée de Mille-Îles...
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est mieux.
Mme Charbonneau :
...il n'y a pas de souci, on peut vous donner ça puisqu'on l'a déjà donné... on
l'a déjà écrit et transcrit pour le
ministère. Alors, de ces 81 inscriptions, 13 viennent des CPE, 21 des
garderies subventionnées, 12 des garderies non subventionnées et 19 du
milieu familial. Le milieu familial, c'est des services de garde, ce n'est pas quelqu'un qui avait son enfant qu'il gardait chez
lui. Ce qui veut dire que, sur 81, 65 enfants venaient d'un milieu déjà
desservi, avaient déjà des services.
Maintenant,
je continue, parce que c'est important de le comprendre : Sept enfants
étaient à la maison, un allait quelquefois à la halte-garderie, et huit, je
pense que c'est là, la cible la plus intéressante, huit venaient d'on ne sait
pas où. Donc, j'imagine que ces huit, puis c'est mon espoir, viennent d'un
milieu qui n'avait pas de service du tout puis que le parent n'était pas capable de cibler le huit,
c'était où. Alors, à leur questionnaire, ils ont répondu : Huit viennent
d'on ne sait pas.
Alors, j'ai fait un calcul. Puis je vous taquine
un peu en vous disant : Je ne suis pas une fille de chiffres. Je suis une fille de grand jugement, mais je ne suis pas
une fille de chiffres. Mais ça fait à peu près 80 % de la clientèle qui
vient des services déjà desservis, des gens...
Puis je n'irai pas sur le fait que ce n'était
pas l'objectif qu'on avait, je vais rester sur le fait qu'on a donné 81 places à des enfants ou à des familles qui
ont demandé une place en maternelle quatre ans, puis je pense que c'est la
partie importante. Mais c'est quand même des enfants qui sortent de ratios plus
petits, d'un encadrement différent et qui
fait en sorte que, quand j'arrive à l'école, je devrais avoir droit à un
encadrement aussi intéressant que j'avais en CPE, en garderie subventionnée, en
garderie non subventionnée ou en milieu familial. Je crois sincèrement que,
dans la volonté de donner une chance
égale, de faire en sorte que la réussite de l'élève, elle est perçue et elle
est accueillie et accompagnée, bien,
il faut garder, dans cette perspective-là, que ça veut dire que peut-être que
mes ratios pourraient me jouer un tour, puis, en faisant en sorte qu'on
se dit : Bien, deux adultes pour les services quatre ans, maternelle, je
suis assuré d'un service à la clientèle.
Puis c'est bête, dit de même, mais c'est exactement ça, c'est un service à la
clientèle, c'est-à-dire que mon enfant
de quatre ans, c'est un élève, mais, bêtement, je vous dirais, c'est aussi
quelqu'un qui veut un service. Donc, le service, pour les ratios, fait
en sorte que j'ai deux adultes. Est-ce que ça veut dire que mon ratio de 14, il
vient de jouer un peu sur la donne, parce
que j'ai deux adultes pour six enfants, puisque je dois diviser mon groupe en
deux? Peut-être, peut-être. Mais
j'aime mieux faire en sorte que mon calcul fait que mon ratio n'est peut-être
pas tout à fait juste si j'ai deux adultes puis ils se ramassent à huit, ou à six, ou, dans le meilleur des temps,
peut-être à 20. Mais, à 10 par intervenante, je me retrouve à un ratio
qui ressemble aux CPE.
Et moi, Mme
la Présidente, j'ai eu un coup de barre quand on a fait l'article 6, un
coup de barre parce que le ministre m'a surprise, agréablement surprise,
puisqu'on a travaillé fort, je me souviens, là, mes collègues et nous, sur le
principe de la complémentarité, sur la
complicité entre les CPE et les écoles, et le ministre nous a dit : J'y
crois suffisamment, je vous ai
entendus. Nous allons faire un article qui ressemble à ce que vous aimeriez
entendre, mais qui répond un peu de façon législative à ce qu'on est
capable d'écrire, sur la complémentarité des services. Et, en ce moment, ce
qu'on fait, ce n'est qu'ajuster la
complémentarité des services. Quand on dit : On veut des ratios justes et
équitables dans un service, encore
une fois on veut que le parent soit capable de voir les deux systèmes se parler
et être complémentaires. Oui, on a fait 65 places en CPE en acceptant 65 jeunes à quatre ans à
l'école, oui. Ça veut dire qu'à Laval il y a minimalement 65 places
de plus dans certains... divisées à
certains... dans tout le milieu, là. Je dis tout le temps : Laval, c'est
35 par 45 kilomètres, là. Donc,
dans ce milieu-là, il y a minimalement 65... même pas... oui, 65 places de
plus qu'il s'est créé parce que les enfants ont été accueillis à
l'école.
• (16 h 50) •
Et,
à quelque part, je n'irai même pas sur le débat d'il ne fallait pas que ça
vienne de là, parce que ce n'était pas ça, l'objectif. Je vais plus
aller sur le principe qui veut que, si je choisis un service par rapport à un
autre, il faut que ça soit
pareil, pareil dans la limite du pareil qu'on est capable de faire, parce que
ce n'est pas la même structure, ce n'est pas les mêmes enseignants, ce n'est pas la même cour, elle n'est même pas
pareille. Je veux dire, une cour d'école, Mme la Présidente, comparée à une cour de CPE... Il y a une couple de cours de
CPE qui rentrent dans une cour d'école, là. Certains ont des endroits extraordinaires. À Laval, entre
autres, là... puis je vais cibler le comté de mon collègue de Sainte-Rose,
parce que c'est où est-ce que mes enfants
sont allés à l'école, donc je le connais bien, mais, que ce soit l'école du
Parc, l'école Villemaire,
Latour-Latourelle, ce sont des écoles qui ont des aménagements, et les parents
ont travaillé fort là. Il y a eu des belles
complicités qui ont été faites qui ne se comparent même pas à certains CPE,
même nouveaux, parce que c'est des écoles
différentes, puis ils ont un aménagement différent, certains sont adjacents à
des parcs, c'est... Je vous le dis, vous qui êtes d'Anjou—Louis-Riel,
vous seriez surprise des aménagements possibles, malgré que je croie que, dans
votre comté, vous pourriez faire la même... vous pourriez être aussi
orgueilleuse que je peux l'être, puis en plus je ne parle même pas de mon comté, je parle du comté de quelqu'un d'autre. Je pourrais vous
parler de Mille-Îles, mais, bon, je vais me limiter un peu.
Ceci dit, il ne faut
pas que le ministre le voie comme de mauvaise foi, le fait qu'on veut vraiment
des ratios qui ressemblent à l'autre partie
de ce qu'on essaie de faire, c'est-à-dire CPE et milieu scolaire. Ce n'est pas de mauvaise
foi, c'est, dans le fond, de continuer sur la même volonté puis le même vouloir de mettre en
place une comparaison plus facile pour
le parent, pour juger s'il va à un endroit ou à l'autre. Puis je vous le disais
ce matin, si je vais à l'école, ça se peut que je l'embarque dans ma voiture, comme si je vais au CPE. Mais il faut absolument
que je sois capable de faire en sorte que la réflexion de mon parent, elle ne soit pas juste parce que
j'ai un système plus facile ou j'ai plus de services à un endroit
plutôt qu'à un autre. Il faut absolument
qu'on soit capables de faire mieux mais de faire autant dans un système
comme dans l'autre.
Puis
je le sais, que, là, c'est des monologues, là, qu'on fait, là, parce que
le ministre en a plein son pompon, puis je comprends. Mais vous avez compris qu'on va
continuer à insister parce qu'on y
croit sincèrement, Mme la Présidente. Puis je m'arrête là.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci, Mme la députée des Mille-Îles. M. le ministre.
M.
Roberge : Oui, je veux juste répéter. Je ne doute absolument pas de la
bonne foi de ma collègue du comté de Mille-Îles.
Ceci dit, comme je le répétais à quelques reprises, nous pensons que les
ratios, de la manière dont on les détermine en ce moment, via la convention collective, c'est quelque chose qui sert
bien les enfants. La preuve, c'est que, dans les dernières années, les
ratios ont baissé, et il y a eu trois gouvernements, dans les dernières années,
qui ont continué de laisser cette façon de faire dans les conventions
collectives et même dans la... Il y a, quoi, 13 mois, ça se passait encore
de cette façon-là, puis ma collègue non
seulement était partante... participante à ce gouvernement-là, elle était même
au Conseil des ministres, puis ça n'a
pas changé. Ça devait être parce que le feu n'était pas pris, comme on dit, là.
Il n'y avait pas péril en la demeure.
Et, les ratios actuels, bien sûr qu'on peut les améliorer, comme on peut les améliorer
au primaire, comme on peut les améliorer au secondaire, comme on peut
les améliorer dans bien des niveaux, mais ce n'est pas une problématique actuelle. La qualité de service est
au rendez-vous. On pourra toujours l'améliorer, mais pas dans le forum
ici. Voilà.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de
Saint-Laurent, vous avez une intervention?
Mme
Rizqy : Le ministre, maintenant, invoque les conventions collectives
pour ne pas donner suite à nos demandes sur les ratios. Il invoque aussi le
fait que ma collègue a déjà été ministre. O.K., mais ma collègue n'a jamais
déposé un projet de loi pour rendre
universelles les maternelles quatre ans mur à mur au Québec. Alors, ça, il faut
vraiment que ça arrête.
Par
contre, sa formation politique, il y avait deux députés qui ont siégé dans des
consultations et l'étude détaillée des maternelles quatre ans, deux
députés caquistes. Alors, le député de Vanier-Les Rivières, à l'argument...
Parce que l'argument, là, des conventions collectives, il a déjà existé.
Savez-vous qu'est-ce qu'il a répondu? «Moi, je pense que l'Assemblée nationale, les parlementaires, on est
en droit de regarder, d'écrire la loi de la manière dont on l'entend,
évidemment en collaboration, et ça,
je pense que c'est une valeur qui est importante ici. Alors, ce n'est pas les
conventions collectives qui doivent dicter, surtout qu'on ne parle pas
du ratio d'élèves par classe [dans la convention collective], mais on parle vraiment, encore une fois, je le répète, du nombre
d'adultes qui sont présents dans les classes pour offrir [des] services aux
enfants.» Député caquiste.
Et là la députée de
Montarville, qui est rendue au Conseil des ministres aujourd'hui : «...la
Loi sur l'instruction publique, que vous
connaissez beaucoup plus que moi, c'est 700 quelques articles qui sont remplis
de normes. Alors, je trouve que l'argument de dire qu'on ne peut pas
mettre une norme dans la Loi sur l'instruction publique, il est boiteux et [...] ne tient pas la route légalement.» Je
fais entièrement miens les propos de la députée de Montarville, et ça, Mme la
Présidente, ça n'arrivera pas souvent.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent.
Est-ce qu'il y a un autre député qui veut prendre la parole? Il n'y a
pas... Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Bien, j'aimerais ça réitérer que je trouve ça quand même
assez dommage qu'on se fie sur les conventions
collectives pour assurer la qualité des services en éducation. Puis, sans rien
enlever aux enseignants ou enseignantes puis
à leur syndicat, c'est tout à fait normal, les syndicats, quand ils négocient
des conventions collectives, ils visent
des bonnes conditions de travail pour les enseignants, les enseignantes. C'est
leur mandat, c'est normal, je ne critique pas ça du tout. Mais il pourrait arriver que ça n'aille pas dans le même
intérêt, l'intérêt des enseignants et des enseignantes et celui des élèves.
Donc,
on ne peut pas, à mon sens, se fier sur les conventions collectives pour
déterminer quelles vont être les conditions
du milieu de vie de nos enfants dans nos écoles, c'est confier ça à quelqu'un
qui s'occupe de défendre les intérêts de
quelqu'un d'autre que les enfants. Ce n'est pas le mandat
des syndicats d'assurer un bon milieu de vie aux enfants dans nos
écoles, ils défendent les enseignants et les enseignantes. C'est très sain
qu'ils le fassent, là, je ne veux pas critiquer leur travail du tout, ils font bien leur travail pour représenter les enseignants
et les enseignantes, mais ils n'ont pas le mandat d'assurer des bonnes conditions pour les enfants.
Ça, c'est notre mandat à nous, comme législateurs, c'est nous qui sommes ici pour ça. On ne
peut compter que sur nous-mêmes pour être certains qu'on définit des bonnes
conditions de milieu de vie, dans nos écoles, pour nos enfants.
Donc, j'invite le ministre
à considérer ça, que c'est sa responsabilité en tant que ministre. C'est lui
qui a la responsabilité de s'assurer que le milieu qu'on offre à nos
enfants dans nos écoles, il dépasse les meilleurs standards de qualité puis qu'il répond aux besoins de ces
enfants-là. Il ne peut pas demander à d'autres instances qui défendent d'autres
personnes de le faire à sa place. Donc, c'est ça.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, M. le ministre.
M. Roberge :
Oui. Mme la Présidente, je me demande si ma collègue de Sherbrooke... Juste
pour comprendre, est-ce qu'elle a
l'intention de voter en faveur de cet amendement-ci? Parce qu'à quelques reprises elle a dit qu'il
fallait se demander si c'était une
bonne idée d'avoir une ressource à temps plein quand, parfois dans les milieux
ruraux, il y a moins d'enfants par classe.
Moi, j'avais cru comprendre qu'elle trouvait qu'à certains égards c'était une
mauvaise utilisation des fonds
publics d'avoir une ressource à demi-temps quand il y avait six, sept enfants.
Là, on vient ici, sans aucune nuance, avec un amendement, dire qu'il faut
qu'il y ait deux adultes en tout temps. Si je me fie à ce qu'elle a déjà dit,
elle voterait contre cet amendement-là.
Je veux donc... Au-delà de débattre de la pertinence de mettre des ratios,
c'est une chose, mais je me demande quelle est sa position sur l'amendement
dont on parle en ce moment.
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Effectivement, c'est un amendement qui, à mon sens, est beaucoup
plus contraignant pour le ministre
que celui que j'avais déposé tout à l'heure. Parce que, oui, on dit : «Obligatoirement deux ressources
éducatives à temps plein par classe».
Il n'est pas question de ratio ici, c'est : peu importe combien il y a d'enfants,
deux ressources. Moi, pour moi, ça va dans le sens d'assurer un service
de qualité aux enfants.
Donc,
c'est clair que je vais voter en faveur, même si je pense que ça impose une
rigidité qui est très contraignante pour
le ministre. Après ça, c'est à lui de voir comment lui, il
reçoit ça, là. Je pense qu'il y a des positions qui pourraient être plus
souples pour atteindre le même objectif de qualité, mais c'est un amendement
qui, à mon sens, vise à atteindre un ratio de qualité pour les enfants, et,
dans ce sens-là, c'est clair pour moi que je vais voter en faveur, là, il n'y a
pas de...
La Présidente (Mme
Thériault) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui, par
rapport à cet élément-là, je me questionnais simplement si le ministre
a fait une réflexion, il l'a dit tout à l'heure... bien, il n'a pas dit
qu'il faisait une réflexion, mais il a mentionné la réalité d'endroits où, effectivement, il peut y avoir juste six, sept, huit, neuf enfants dans une classe.
Et est-ce qu'il y a une réflexion en cours sur un minimum d'enfants pour avoir la ressource à demi-temps? C'est vraiment
une question d'information que je lui pose, aussi, c'est clair, parce qu'évidemment on ne veut pas... L'idée n'est pas de s'éloigner
de ça, là, c'est juste pour comprendre si
le ministre se dit : Effectivement, la ressource
supplémentaire à demi-temps, elle embarque à partir de tant d'enfants, ou,
du fait qu'on ne module pas, on va la mettre
qu'importe le nombre, si c'est le nombre minimal d'enfants de six, de huit de
10. Je me demandais juste, à la
lumière, là, du développement qui se fait, puis ça risque d'être le cas pendant
un petit moment avec les nouvelles classes qui vont s'ouvrir, s'il y a
une réflexion par rapport à ça.
M.
Roberge : Il n'a jamais été
question de notre côté de moduler la présence de cette ressource-là en fonction
du nombre d'enfants.
Mme
Hivon : Donc,
qu'importe le nombre d'enfants, il va toujours
y avoir une ressource et demie,
minimalement. Bien, minimalement... une ressource et demie en tout
temps.
M. Roberge :
Bien, c'est notre programme.
Mme
Hivon :
O.K.
La Présidente (Mme
Thériault) : Ça va, Mme la députée de Joliette?
Mme
Hivon :
Oui.
La Présidente (Mme
Thériault) : Parfait. Mme la députée de Mille-Îles.
• (17 heures) •
Mme
Charbonneau : Oui. Je vais utiliser le principe de la question,
peut-être que ça va m'éclairer encore plus. Pourquoi
je peux avoir dans ma règle de CPE un ratio mais que je ne peux pas avoir de
ratio, pour les quatre ans tout le temps, là, pas pour les autres années scolaires, parce qu'au scolaire j'ai... Au CPE, je n'ai pas
un enfant de 15 ans, là. Mais
pourquoi je ne peux pas avoir un ratio pour les quatre ans, puisque, là, ça va
être universel au scolaire, mais que je peux avoir un ratio au niveau de la loi dans les CPE puis les services
de garde pour les quatre ans? Je reste toujours sur le principe des
quatre ans.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
Je comprends que, dans un autre réseau, ils ont décidé de l'inscrire. Dans le
réseau de l'éducation, ça s'est fait
depuis longtemps puis ça a bien servi le réseau et les élèves sans que ça soit
dans la loi et les règlements. Alors, ce sont des réseaux différents
avec des règles différentes.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
À ce moment-ci je me demande si le fait qu'on pose un geste... Parce que mon
collègue me rappelait plus tôt que ça
fait un bout qu'on parle de quatre ans, puis c'est un jeu qu'on fait, là, on se
rappelle de qui était où puis qui
faisait quoi pour dire : Bien, on a déjà parlé des... Mais en même temps
c'est la première fois... puis, nous, ce n'est pas la première fois
qu'on le dit de ce côté-ci, mais c'est la première fois qu'on va poser un geste
aussi important, c'est-à-dire qu'on va
offrir de façon universelle, au Québec, le service quatre ans. De ce fait, n'y
a-t-il pas lieu de s'arrêter quelques instants puis se dire : Bien,
tant qu'à faire quelque chose?
Parce que,
vous savez, Mme la Présidente, vous et moi, on sait qu'on peut être assis
partout dans cette salle, il y a juste les années puis les moments de
vote qui font en sorte qu'on change de place. Puis j'aimerais ça, j'aimerais ça
sincèrement pouvoir le regarder puis lui
dire : C'est votre gouvernement qui avez décidé de mettre ce ratio-là
obligatoire. J'aimerais ça le dire,
mais, pour ça, il faut le décider avant. Puis, de ce fait, je crois sincèrement
aussi... puis là-dessus, je ne suis pas sûre que le ministre peut
vérifier, parce que je ne pense pas que c'est quelque chose qui se vérifie,
mais est-ce qu'il n'y a pas lieu de se
demander si les syndicats des enseignants ne seraient pas d'accord avec le
principe que, dans les quatre ans,
puisque c'est non obligatoire, universel, possible, de mettre un ratio ne
serait pas menaçant? Pour eux, ça ne serait
pas menaçant puisqu'on a une compilation de choses qui fait qu'on veut un
réseau parallèle à l'autre, qui offre un service aux parents. Ce n'est
pas n'importe quoi, là.
Il n'y a
qu'un seul endroit, au scolaire, où on peut parler d'une comparaison, puis on
la fait toujours boiteuse, puis permettez-moi de vous le dire, parce que
j'ai été longtemps une fervente défenseure de l'école publique : les
ratios, on les compare avec le privé puis le
public. On a une opportunité extraordinaire de dire que, là, les ratios, on va
les faire avec une volonté de
dire : C'est pareil. Inquiétez-vous pas, CPE, c'est les mêmes ratios au
scolaire. Puis inquiétez-vous pas, le scolaire, on ne vous impose pas
quelque chose d'ardu, c'est la même chose dans les CPE.
Dans le fond,
ce qu'on veut faire, c'est de faire en sorte qu'un ne jalouse pas l'autre et
qu'un... Un est syndiqué, l'autre ne l'est pas, mais les deux, c'est des
parents qui gèrent ça par conseil d'administration, ou comité d'école, ou
conseil d'établissement. Les deux, c'est des
gens qui veulent offrir des services puis les deux... Je ne peux pas dire «les
deux». C'est vrai que le CPE... puis
ma collègue de Joliette pourrait me le rappeler, c'est vrai que les CPE ont
encore des listes d'attente. Quel que soit l'âge de l'enfant, il y a des
listes d'attente. Tandis qu'à l'école, ce que j'entends du ministre, c'est
qu'il n'y en aura pas, de liste d'attente,
parce que ça va être ouvert puis universel. Puis je veux y croire. Mais je ne
veux pas qu'un choix vienne en compétition avec l'autre.
Je le dis
puis je vais le dire à chaque fois que le micro s'ouvre, je veux que mon parent
ait un choix véritable. Déjà que j'ai
deux, trois cartes qui jouent contre moi, là. Le premier ministre est sorti
puis il a dit : Bien non, tu sais, à l'école, dans le fond, quand
vous y pensez, l'école est bien meilleure. C'est meilleur. Il y a plus de
services, c'est plus facile. Puis je
comprends sa réflexion. Je la comprends, mais je sais que, depuis le début, le
discours du ministre, c'est : Je veux que mon parent ait un choix. Puis je veux tellement y croire, encore
plus depuis que l'article 6 dit qu'il y a une complémentarité de services, que je crois sincèrement que les
ratios devraient être enchâssés et devraient être comme. Puis ce n'est pas
toujours la bonne phrase à dire : «Je veux que ça soit comme», mais
j'aimerais que ça soit comme CPE et services à l'école. Parce que c'est l'objectif premier
pour lequel le ministre a donné des entrevues pour dire : On va
ouvrir de façon universelle parce qu'on veut que ça soit
comme. Et, de ce fait, bien, il faut que la parole et l'acte disent la même chose. En ce moment, ce n'est pas ça que ça dit.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Mille-Îles. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : C'est la Semaine de l'école publique cette
semaine au Québec, et on a parlé beaucoup des enseignantes
puis des enseignants. Et, vous savez, la
valorisation de la profession enseignante, ce n'est pas que le salaire, c'est
aussi les conditions de travail. On leur ajoute les maternelles quatre ans de façon
universelle. Le ministre a parlé de bouquets de mesures. Bien, dans les bouquets de mesures, est-ce qu'il y a quelqu'un qui a réfléchi au réseau d'éducation pour savoir comment que les enseignantes, lorsqu'ils vont
devoir... Parce que l'article 1, là, ça devient un droit, là. Les
maternelles quatre ans, c'est un droit.
Mais, les enseignants, eux, là, il y
a-tu quelqu'un qui réfléchit à eux?
Parce que, dans l'ensemble des bouquets de mesures, vous, M.
le ministre, là, vous pourriez
arriver puis dire : Bien, dans mon bouquet de mesures, je vous ai
ajouté une affaire de plus, mes ratios.
Puis,
savez-vous quoi, je sais que vous êtes syndiqués, bien, c'est drôle, parce que
les réseaux de CPE aussi sont syndiqués
puis, dans le réseau des CPE, eux autres, ils ont des ratios. Alors, savez-vous
quoi, je fais le pari suivant : je fais le pari que, si vous leur donnez un ratio plus bas
que celui qu'ils ont maintenant, là, il
n'y aura pas beaucoup de plaintes, au
contraire. Puis, savez-vous quoi, je pense que la juriste en arrière, elle ne
pourrait pas vraiment vous dire que vous ne pouvez pas donner quelque chose de supplémentaire en annexe avec
l'opinion favorable des syndicats, qui pourraient fort probablement accueillir ça de façon très, très
favorable, un ratio plus bas que celui actuel. En fait, le seul argument que
vous avez, c'est d'ordre monétaire, parce que vous n'êtes pas allé chercher les
autorisations nécessaires auprès du Conseil du trésor.
Alors,
quand vous promettez un bouquet de mesures, bien, dans votre bouquet de
mesures, pourquoi vous n'ajoutez pas les ratios, si vous voulez vraiment
valoriser la profession des enseignants? Pensez à l'ensemble du travail
qu'elles doivent accomplir, qu'ils doivent
accomplir et pensez aussi aux professionnels de soutien... au personnel de
soutien qui, à tous les jours,
s'occupe de nos enfants. 70 %, là, des enfants proviennent du réseau des
CPE, avec un ratio d'un pour 10. 70 %.
On les change de structure avec une moins bonne qualité? Est-ce que c'est
vraiment ça, votre legs, M. le ministre? Je me pose la question.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Oui. Bien, écoutez, je ne pense pas que le service offert en ce moment en
maternelle soit un service de moins bonne qualité, aucunement.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. D'autres
interventions? Non? Il vous reste 30 secondes, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Bien, oui, M. le ministre, si on a un ratio plus bas...
La Présidente
(Mme Thériault) : Non. «Oui, Mme la Présidente.»
Mme Rizqy :
Oui, Mme la Présidente. S'il y a un ratio plus bas en CPE puis que vous prenez
les enfants des CPE, vous les changez
de structure, puis qu'au mois de février dernier, en grande pompe, vous avez
fait une annonce, dans une école, où est-ce que vous avez même, de
façon, là, quand même, là, assez importante, vanté les mérites de la maternelle
quatre ans pour dire à quel point c'est une
très, très grande qualité... Et je me rappelle du geste qui a été fait par le
premier ministre. Si les parents ont
le choix entre une maternelle quatre ans avec une enseignante ou une place en
CPE avec une technicienne de garde,
là — il a
fait ça, là, c'est ça qu'il a fait, le premier ministre — alors, moi, je m'attends à ce que la
qualité soit égale ou supérieure. Donc, quand tous les intervenants sont venus
nous dire que le ratio était excessivement important
pour la sécurité et le bien-être des enfants, je m'attends à ce
qu'effectivement vous suiviez les recommandations non seulement des
partis d'opposition, mais surtout des experts et, qui plus est, de votre
sous-ministre.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Vous avez
écoulé tout votre temps. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Sinon,
je vais mettre... Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
J'essaie de trouver... Dans l'intervention de mon collègue en 2013, il y avait
un passage où on citait l'école... j'essaie de voir, ne bougez pas,
donnez-moi quelques...
Mme Rizqy :
Saint-Zotique, sûrement.
• (17 h 10) •
Mme Charbonneau :
Merci. Saint-Zotique, c'est exactement ça, où les gens étaient venus témoigner
pour nous dire qu'ils avaient fait
l'expérience du quatre ans, puis ma collègue Mme Malavoy avait insisté sur
différentes questions, et, dans
l'expérience qu'ils avaient faite à Saint-Zotique pour faire la démonstration
que les quatre ans en milieu défavorisé... parce qu'on était à ce moment-là, là, pour les enfants en milieu
défavorisé, on n'était pas pour l'universalité, mais ils avaient insisté sur le fait que l'expérience était faite toujours
avec deux éducatrices à l'intérieur
de la classe qu'ils avaient. À la limite, à une question très pointue de
ma collègue, il y avait eu réponse qu'il y avait une troisième personne, mais
cette troisième personne là, c'était juste
pour la recherche, puis faire des annotations, puis pouvoir bien suivre le
suivi auprès des élèves. Donc, dès
les premières expériences, la volonté, ça a toujours été d'avoir un encadrement
plus serré puis plus étroit auprès des jeunes parce qu'ils ont quatre
ans.
Donc,
on n'est pas dans un débat d'idéologies, on est vraiment dans un principe où on
veut voir écrit, enchâssé dans la loi
un ratio quatre ans parce qu'on y croit. Au pire, ne mettez pas le ratio. Au
pire, ne mettez pas le ratio, mettez juste que ça prend deux adultes en tout temps dans la classe. Et, le ratio, je
vous le dis, là, je suis vraiment en train de réfléchir à haute voix,
mais, à la limite, Mme la Présidente, que le ministre nous présente un
amendement qui dit : En tout temps, il
y aura deux personnes. C'est tout. Puis là, bien, le ratio va se définir par
lui-même. Mais ce qu'on nous dit en ce moment, c'est que le ratio ne
peut pas être enchâssé puis à mi-temps il va y avoir deux personnes.
Moi,
je vous parie, Mme la Présidente, que... Si le ministre nous dépose un
amendement qui dit : Deux personnes en tout temps, puis qu'il n'y a pas de ratio d'enchâssé, je suis sûre
que c'est quelque chose qu'on pourrait accepter avec facilité. Mais là,
en ce moment, le débat qu'on est en train de faire, c'est la volonté d'avoir
dans une classe deux adultes pour pouvoir
faire en sorte que les chances égales se font pour les enfants de quatre ans
dans la classe. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Est-ce que j'ai d'autres
interventions? Non. Avant de mettre aux voix, juste pour rectifier les choses,
Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez mentionné que l'école Saint-Zotique
était dans le quartier Rosemont. Je dois vous reprendre, l'école Saint-Zotique
est dans...
Une
voix : ...
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui. Vous avez dit : Dans le secteur de
Rosemont, un peu plus tôt. Et l'école Saint-Zotique
est dans Saint-Henri. Oui. Vous avec fait une petite erreur. Étant une petite
fille de Rosemont, je peux vous dire
qu'il n'y a pas d'école Saint-Zotique dans Rosemont, mais bien à Saint-Henri,
donc dans le comté de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Un
coup que le cours de géographie a été donné, puisque je n'ai plus
d'intervention, je vais mettre aux voix l'amendement de Mme la députée de Saint-Laurent. Est-ce que
l'amendement... Est-ce que l'amendement de la députée de Saint-Laurent
est adopté?
Des voix :
Rejeté.
Des voix :
Sur division.
La
Présidente (Mme Thériault) : Rejeté sur division. Donc,
l'amendement de la députée de Saint-Laurent est rejeté. Mme la députée
de Sherbrooke.
Mme Labrie :
J'ai un amendement, Mme la Présidente. Il vous est envoyé à l'instant même.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez un amendement. Parfait.
Nous
allons suspendre quelques instants, le temps que l'amendement se rende à nous
pour qu'on puisse en faire distribution à tous les collègues.
(Suspension de la séance à
17 h 13)
(Reprise à 17 h 18)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous sommes prêts à poursuivre nos travaux.
Mme
la députée de Sherbrooke, puisque votre amendement a été distribué à tous les
collègues, est-ce que vous voulez nous
en faire la lecture et nous donner une brève explication avant d'entamer les
échanges à propos de votre amendement?
Mme Labrie :
Oui. Donc, ça se lirait comme suit : L'article 447 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin de l'article, du paragraphe suivant :
«11°
Le gouvernement détermine que la ressource spécialisée dans le développement
des enfants d'âge préscolaire doit
être présente à mi-temps dans la classe, ou à temps plein lorsque la classe
compte plus de 11 élèves inscrits, en appui au personnel
enseignant.»
Je
pense que c'est une excellente position de compromis et je vais vous dire
pourquoi : parce que c'est pratiquement mot pour mot ce qui est écrit dans
les conditions et modalités. J'ai été rechercher la phrase des conditions et
modalités où on lit : «Une ressource spécialisée dans le
développement des enfants d'âge préscolaire doit être présente à mi-temps dans la classe[...], en appui au personnel
enseignant». L'ajout que je fais à cette condition et modalité là, c'est de
préciser que, lorsqu'il y a plus de
11 élèves inscrits dans la classe, cette ressource-là doit être à temps
plein au lieu d'être à temps partiel. J'ai choisi 11 parce que c'est la moyenne
actuelle. Je considère que c'est un compromis parce qu'on demande... Personnellement, je demandais 10, là, depuis quand
même un bon moment. La moyenne, c'est 11, donc ce que je demande ici, c'est : Quand on excède la moyenne,
finalement, quand on excède le nombre moyen d'enfants dans la classe, la
ressource, elle est à temps plein au lieu d'être à temps partiel.
Donc,
ça vient faire deux choses, cet amendement-là. Ça vient nous garantir à nous
que la ressource additionnelle prévue
dans les conditions et modalités, elle va perdurer dans le temps. Parce que,
là, ce qu'on sait, c'est que les conditions et modalités sont redéfinies à
chaque année. Donc, il y a quand même un risque. On nous demande de faire
confiance par rapport au retour de
cette condition-là, mais, moi, ce que j'aimerais, c'est qu'on en ait la
garantie, donc c'est pour ça que je propose de le faire inscrire dans la
loi.
Et
le petit ajout à cette condition, qui est déjà en place, c'est quelque chose
qui est déjà en place, le petit ajout, c'est que, quand il y a plus que
11 enfants dans la classe, bien, la ressource est là tout le temps. Donc,
ce n'est pas dans toutes les classes, c'est quand il y en a plus que 11.
Si ce n'est pas clair, ça me fera plaisir d'expliquer encore.
• (17 h 20) •
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci pour vos explications, Mme
la députée de Sherbrooke.
M. le ministre.
M. Roberge : Mme la
Présidente, je dois dire que c'est
une... Je dirais que c'est une politique qui pourrait être intéressante parce que
ça fluctue en fonction du nombre d'enfants par classe. C'est tout à fait
cohérent avec les interventions de ma
collègue, précédemment, sur ce qu'elle souhaite comme ratio ou comme niveau
d'intervention. Il y a une espèce de gradation.
Donc, c'est quelque
chose qu'on pourra étudier. Je ne peux pas vous dire qu'on va aller là, là, nécessairement,
parce qu'il faut vérifier les impacts, il
faut regarder la pénurie de main-d'oeuvre. Ça veut dire plus d'adultes pour le
nombre d'enfants. C'est quelque chose
qui peut être intéressant puis ça peut être quelque chose sur lequel on peut
réfléchir, bien sincèrement. Il n'y a rien de farfelu dans cette
proposition.
Cependant, la réflexion
n'est pas faite à 100 %. Et je répète que, pour nous, ce n'est pas une
bonne idée de l'inscrire dans la loi, ici.
Mais je ne veux pas, absolument pas dénigrer l'idée de ma collègue ou dire que
c'est farfelu ou incorrect. C'est
quelque chose sur lequel on pourra réfléchir. Je ne m'engage pas à ce qu'on
aille là, mais je voulais juste montrer
le sérieux que je reconnais à la démarche et à la réflexion de ma collègue.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : ...parce que
j'aimerais insister sur un point, qu'il n'est pas question de ratio, hein, dans
cet amendement-là. Il n'est nulle part
question de ratio. Donc, on vient un peu chercher ici la préoccupation du
ministre de ne pas inscrire de ratio dans la loi. Avec cet
amendement-là, on n'inscrit pas de ratio dans la loi. Donc, on ne vient pas en
potentielle contradiction avec les conventions collectives, ça ne vient pas
enfermer le ministre dans un ratio.
Je pense que
l'élément le plus intéressant du compromis de ça ici, c'est que ça répond à la
préoccupation... en tout cas pour ma
part, ça répond à la préoccupation pour la qualité du service en matière de
nombre d'adultes formés dans la classe
sans imposer de ratio. Donc, depuis le début, ce qu'on entend, c'est : Je
ne veux pas inscrire un ratio dans la loi, je ne veux pas inscrire un
ratio dans la loi. J'ai entendu ça. C'est pour ça que j'arrive avec cette
proposition-là qui n'est pas l'inscription d'un ratio dans la loi.
Donc,
j'entends l'ouverture du ministre à en discuter. J'apprécie qu'il considère que
ce n'est pas farfelu. Je ne trouve pas
que c'est farfelu non plus. Donc, ce que j'aimerais, c'est qu'il... oui, qu'il
y réfléchisse, il a dit qu'il comptait le faire, j'aimerais qu'il réfléchisse maintenant, pour qu'on puisse
éventuellement l'inscrire dans... pas après que la loi soit adoptée mais bien maintenant, parce qu'on est en train de
parler de ça. Donc, je l'invite à prendre le temps qu'il faut dès maintenant
pour considérer cet amendement-là.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci, Mme la députée de Sherbrooke.
Est-ce que j'ai quelqu'un d'autre qui est
disponible pour faire une intervention sur l'amendement qui a été déposé par la
députée de Sherbrooke? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Moi, je suis très surprise d'entendre le ministre dire qu'il trouve ça bien,
mais qu'il a besoin de temps pour
réfléchir, et que, maintenant, aujourd'hui, il invoque enfin la pénurie de
main-d'oeuvre. Parce que, lorsque nous, on parlait de pénurie de
main-d'oeuvre, nous tous, c'est que les partis d'opposition sortaient des
épouvantails. Alors là, est-ce que c'est lui qui sort un épouvantail?
Et,
sincèrement, c'est qu'il a même dit que ma collègue était en parfaite cohérence
avec les propos qu'elle a tenus précédemment.
Précédemment, c'était cette semaine, la semaine dernière, l'autre semaine...
bien, ma foi, depuis le mois de février.
M. Bussière : ...présidente.
Mme Rizqy : C'est ce que je
fais.
La Présidente (Mme Thériault) :
...Mme la députée de Saint-Laurent. Dorénavant, M. le député de Gatineau, lorsque vous voulez faire une intervention, vous
me regardez, vous me faites signe et vous la ferez dans le micro. Parce que
vous avez une voix qui porte, mais votre
intervention n'est pas enregistrée. Donc, ça déconcentre, et les gens qui
suivent nos travaux ne comprennent pas. Donc, s'il vous plaît, juste vous
signifier, ça va me faire plaisir de vous donner la parole, soyez sans
crainte. Merci, M. le député de Gatineau. Madame...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Gatineau, mes yeux croisent les yeux de tous vos collègues alentour de la table, ne soyez pas inquiet. Donc,
nous allons retourner à l'intervention de la députée de Saint-Laurent. Et soyez
sans crainte, non seulement j'écoute, mais je regarde aussi alentour de la
table. Mme la députée de Saint-Laurent, allez-y.
Mme Rizqy :
Désolée. C'est que, quand le député a parlé de nos yeux se sont croisés, j'ai
comme eu une trame sonore d'une émission bien connue au Québec.
Des voix : ...
Mme Rizqy : Alors, maintenant que le ministre a besoin de temps pour réfléchir, souhaite-t-il que nous
arrêtions nos travaux? Prenez la fin de semaine. On recommence mardi.
Revenez-nous avec une réponse. Parce que je crois qu'ici on a vraiment, là, un endroit, là, où est-ce qu'on
peut se rencontrer, on vous offre, là, la main tendue, on tient compte ici de
vos préoccupations en matière de ratio. Vous tenez compte en même temps, dans
cet amendement qui est présenté, de nos préoccupations mais aussi celles
de plusieurs experts ainsi que des comités de parents.
M. le
ministre, à moins que vous vouliez qu'on suspende maintenant pour que vous
puissiez... si, mettons, vous voulez
regarder avec votre légiste, votre équipe de travail, et on pourrait enfin, là,
adopter l'amendement, l'article et dire que nous avons réussi à régler
un des... En fait, on a déjà réglé, sur les trois litiges, là, qu'on avait, les
trois différends, devrais-je dire : milieu
défavorisé, c'est fait; avec enfants handicapés, c'est réglé; on a maintenant
le ratio, qu'on enlève le mot «ratio», mais
qu'on garde l'esprit encore de cela en matière de qualité. Il va nous rester
juste à discuter, après ça, d'une
façon de régler le problème de transport. Donc, je vous le dis tout de suite,
en fin de semaine vous pouvez réfléchir pour la solution pour le
transport, pour ne pas que, mardi, vous nous demandiez de réfléchir.
Alors, ça,
ici, je pense que, sincèrement, là, on peut adopter cet amendement-là. Ça ne
devrait pas susciter de grands débats.
C'est vraiment, là... Vous avez suffisamment de flexibilité dans cet
amendement-là, Mme la Présidente, par ricochet à M. le ministre.
J'espère qu'il voit ici toute la flexibilité.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. M. le ministre.
M. Roberge :
Alors, Mme la Présidente, pour moi, c'est une autre façon... Le mot «ratio»
n'est pas là, là, mais on module le nombre d'adultes en fonction du nombre
d'enfants, un ratio sans écrire «ratio». Donc, il y a deux choses qui
n'arriveront pas, là : le ratio dans la loi puis arrêter d'étudier la loi
pour se demander si on inclut le ratio dans la loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Mais là je me pose
une question. Lorsqu'il a répondu à notre collègue la députée de Sherbrooke qu'il allait prendre le temps de réfléchir, puis
qu'il ne voulait pas dénigrer son amendement, puis qu'il trouvait que c'était
bien, son amendement, puis là, bien, sa réponse vis-à-vis à moi, par rapport à
cet amendement-là... Il dénigre qui, là?
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent,
vous ne pouvez pas prétendre que le ministre dénigre quelqu'un. S'il vous
plaît, soyez respectueuse. Faites attention dans vos propos, s'il vous plaît.
Ça allait bien. Il nous reste à peu près une demi-heure de travaux, je
compte sur vous, Mme la députée de Saint-Laurent, s'il vous plaît.
Mme Rizqy : Oui. Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
Mme Rizqy : O.K. Alors, je vais
rephraser.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui.
Mme Rizqy :
Dans un premier temps, il a accueilli... il me semblait favorable à cet
amendement-là. Il a dit qu'il ne voulait pas le dénigrer et il a aussi dit
qu'il voulait y réfléchir. Et là il vient de fermer un petit peu, beaucoup la
porte en disant : Ça n'arrivera pas parce qu'au fond on parle
encore de ratio, alors qu'on a enlevé le terme «ratio» dans cet amendement, et en plus de ça on introduit de la
souplesse pour le ministre. Or, j'aimerais savoir : Est-ce qu'il est, comment
dire, sérieux dans sa réflexion quant à cet amendement? Et je vais m'arrêter
ici.
La
Présidente (Mme Thériault) : C'est bien. Merci. Est-ce que j'ai
d'autres commentaires? Mme la députée de Sherbrooke.
• (17 h 30) •
Mme Labrie :
Oui. Mais, sincèrement, je suis un
petit peu utopiste peut-être,
mais moi, je le vois, le compromis dans
cet amendement-là. Je le vois vraiment, là. Je ne suis pas
ici pour faire un spectacle, là, je
vois un compromis là-dedans. Il y a
la préoccupation du ministre qu'il y ait toujours un enseignant dans la classe.
On en tient compte. On tient compte du fait que le ministre nous dise que la moyenne, c'est 11 élèves dans la
classe. On tient compte du fait qu'il ne veut pas inscrire de ratio.
Je n'aime pas
être dans cette impasse depuis plusieurs semaines, pour vrai, là, je trouve que
c'est stérile. J'aimerais vraiment qu'on en sorte. Puis je pense qu'on aurait
quelque chose qui nous permet de sortir de ce cul-de-sac-là et de passer
à un autre sujet dans l'étude de ce projet
de loi là. J'aimerais ça, peut-être, entendre mes collègues du gouvernement,
voir si eux voient le même compromis que moi dans cet amendement-là. Eux
entendent nos débats depuis plusieurs heures, plusieurs
jours, plusieurs semaines, ils ont vu d'où on partait dans nos demandes, ils
ont entendu les préoccupations du ministre, ils voient où on est rendus
avec cet amendement-là. J'aimerais ça savoir comment eux et elles reçoivent cet
amendement-là, si eux et elles pensent qu'effectivement c'est un compromis, si on devrait aller vers là.
Parce que, sincèrement, je
pense que tout le monde ici sent le besoin de continuer d'avancer dans l'étude détaillée du projet de loi. Je ne pense pas me tromper en disant ça, là, qu'on veut tous et toutes avancer ici, ça
fait quand même un bon moment qu'on discute du même
sujet, là. J'ai de la misère à voir... j'ai de la misère à imaginer une possibilité d'aller plus loin dans le compromis que cet amendement-là. Donc, j'aimerais vraiment
les entendre, mes collègues qui sont ici en grand nombre, là, à nous écouter
depuis des heures.
La Présidente (Mme Thériault) : M.
le ministre. Il va se faire la voix de ses collègues, je pense.
M.
Roberge : Oui, juste rapidement.
Ici, l'amendement, là, ça dit : «Le gouvernement détermine que la ressource
spécialisée dans le développement des enfants d'âge préscolaire doit être présente à [demi-temps] dans la
classe, ou à temps plein lorsque la classe compte plus de 11 élèves
inscrits, en appui au personnel enseignant.»
Donc,
plus de 11, ça fait qu'à 12 il y aurait deux adultes à temps plein. Donc, ça,
c'est un ratio-là, c'est un ratio de deux
adultes pour 12 enfants, c'est un ratio d'un pour six. Avant, c'était un
pour 10 que vous vouliez. On va-tu se rendre à un pour quatre, un pour trois, puis après allez-vous aller voir Famille
pour dire : Bien là, c'est, en maternelle, maintenant... supposons, on a gagné le un pour six, ça fait que,
là, il faut aller clause remorque, Famille, il va falloir changer tous les
ratios. Je pense qu'on se retrouve avec le même ratio qu'en CPE pour les
poupons.
Alors, j'ai
de la misère à croire que vous-même pensez que c'est une bonne idée, ça, qu'on
a les ressources humaines et
financières pour avoir, de manière accessible et universelle, un ratio d'un
pour six en maternelle quatre ans, ce qu'on n'a pas, je pense, nulle part, à part peut-être pour les poupons, je ne veux
pas m'avancer, je ne suis pas le ministre de la Famille, je ne connais pas les ratios. Mais, vraiment, vous
pensez que c'est raisonnable, là, puis c'est une bonne politique publique.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme
Labrie : Ça va me faire
plaisir de répondre à ça. Je trouve ça curieux de me faire poser cette
question-là par un ministre qui trouve
ça raisonnable puis que c'est une bonne politique publique qu'il y ait,
dans une classe de six enfants, deux
adultes la moitié du temps. On est dans un ratio d'un pour trois la moitié du
temps, là. Moi, ce que je propose ici,
c'est... On me dit : La moyenne. Bon. La moyenne, ça ne veut pas dire que
la moitié des classes ont 11 élèves ou moins, là, on s'entend. Une moyenne, bon, ça ne veut pas
dire que c'est la moitié, mais je pense quand même, de ce que nous dit
le ministre pour décrire ce qui existe en ce moment, qu'une bonne
proportion des classes ont moins de 11 élèves. Ce que ça voudrait dire, c'est que, dans la majorité des classes, il y
aurait quand même un seul enseignant à temps plein avec, la moitié du temps, une ressource à temps partiel.
Et, pour le reste des classes, quand il
y a plus que 11 élèves... je
veux dire, dans tous les cas...
C'est de ça qu'on parle depuis le début, là.
Pourquoi, tout d'un coup, ça le préoccupe? Quand on proposait des amendements
pour qu'il y ait deux personnes en tout temps, c'était encore pire, là. C'est
pour ça qu'on est devant un compromis ici,
il ne peut pas y avoir de demi-enseignant ou de demi-ressource, là, s'il y a
14 ou 15 enfants, là. C'est sûr que, quand on parle de ratio, c'est ça qui
arrive, les ratios, c'est un nombre d'adultes minimum pour un nombre d'enfants.
Dans les autres types de service de
garde, la façon dont ça ce passe, là,
c'est que, dès qu'il y a un enfant de plus, on doit mettre une éducatrice de plus, contrairement à ce qui se passe en ce moment dans nos écoles, où, s'il y a
un ou deux enfants de plus que le ratio, on paie un peu plus
l'enseignant ou l'enseignante.
Ce n'est pas
du tout comme ça que ça se passe dans nos services de garde. S'il y a
11 enfants, il y en a une de
plus. Puis, oui, des fois, ça fait un
ratio qui devient plus efficace, je vais dire ça comme ça. Mais il n'y a pas de
façon de régler de cette impasse-là.
Dans tous les cas, il va y avoir, à certaines occasions, un ratio plus
intéressant qu'un pour 10, c'est sûr, c'est
déjà le cas dans ce qui est en place dans nos écoles en ce moment. Puis, dans
ce que le ministre prône lui-même, c'est déjà le cas, puis ça va même jusqu'à un pour trois la moitié du temps,
parce qu'il y a des classes de six enfants, le ministre nous l'a dit
lui-même. Donc, je ne comprends pas cette préoccupation soudaine là.
La Présidente (Mme Thériault) : Mme
la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau :
Mme la Présidente, au départ, la réponse du ministre pour ma collègue, ça a été
de dire qu'elle gardait sa cohérence, qu'elle avait écrit noir sur blanc
ce qu'elle disait depuis le début. Je pense qu'il faut faire le même exercice. Si on sort le verbatim depuis le début
du projet de loi, le ministre répète... je vous le dis, Mme la Présidente,
parce que je l'ai entendu, je l'ai
écrit, je barbouille tout le temps mes papiers parce que ça m'aide à continuer,
le ministre nous a répété à maintes
reprises que 1-6, c'était à peu près la moyenne partout. Donc, quand il
dit : C'est quoi, le prochain ratio, c'est 1-4?, Mme la Présidente,
le prochain ratio, c'est 1-réussite. C'est ça, l'objectif.
L'objectif de
la maternelle quatre ans temps plein universelle, c'est chances égales, c'est
réussite, c'est de voir les jeunes accomplir un parcours scolaire, puis qu'on
ait pu détecter tous les petits défis qu'ils ont pour pouvoir les accompagner
partout dans leur parcours puis les rendre, puis je le dis tout le temps de la
même façon, en troisième année, puis qu'en troisième
année on est capable de les identifier puis de dire : Cet élève-là ne
décrochera pas. C'est sûr que, sur son parcours, il peut arriver des embûches, qui fait qu'il peut changer d'idée, mais,
en troisième année, on est capable de détecter chez un jeune qu'il va réussir son
parcours scolaire jusqu'en secondaire V. En quatrième année, on commence à
savoir vers quoi il va orienter sa
carrière, s'il sera manuel ou s'il ne sera pas manuel. Pourquoi? Bien, parce
que certaines habiletés puis certaines études qui... font la
démonstration de ça.
Donc, quand
on dit : C'est quoi, le ratio?, bien, je pense que, dans toutes nos têtes,
il faut avoir ce ratio-ci : un enfant, une réussite. C'est le seul ratio qu'on a le droit d'avoir. C'est le
seul ratio qui est dans l'option qu'on a comme gouvernement pour accompagner nos jeunes. Le ratio qu'on a,
c'est un jeune et sa réussite. Ce n'est pas un ratio parfait. Puis le ministre
a raison de dire : Bien, vous savez
quoi, votre amendement, c'est en partie... ce qu'on ne fait pas officiellement
en écrivant «ratio», mais ce qu'on
fait de façon détournée. Tout ce qu'on fait, Mme la Présidente, c'est essayer
de trouver le meilleur compromis pour pouvoir mettre en place le
meilleur système universel.
Maintenant, je peux comprendre que le ministre
puisse voir là quelque chose d'agaçant. J'ai eu espoir quand il a dit : Ça me porte à réfléchir, puis je
vais continuer à y penser. Mais, vous savez, Mme la Présidente, la semaine
passée, on a parlé des enfants dans la pauvreté, puis je me suis fait
répondre : Merci, c'est gentil, on va y penser. Ça ne change pas les choses! C'est poli, c'est gentil,
j'apprécie, mais ça ne change rien. Ça ne change rien parce que ce n'est pas ça
qu'on veut. On veut un engagement, on
veut quelque chose d'écrit noir sur blanc qui fait en sorte qu'on va arriver à
l'objectif qu'on a, c'est-à-dire la réussite des jeunes qu'on fait rentrer plus
tôt pour être capable de les accompagner plus vite, parce que c'est ça
que j'ai compris de la maternelle quatre ans universelle.
Alors, dans le principe... puis je
vous fais un clin d'oeil, Mme la Présidente, parce qu'on a beaucoup de vécu,
mais, dans le principe d'un couple,
il y a le principe du compromis. Puis je pense que ma collègue... je ne
voudrais surtout pas vous changer de
couple, mais je dis juste que, dans le principe d'un couple, le principe du
compromis fait en sorte qu'elle a proposé un compromis qui vient faire
en sorte que le ministre ne s'engage pas à un ratio, mais s'engage à ce qu'il
dit depuis le départ, c'est-à-dire : À partir du moment où je vais avoir
une classe de quatre ans, quel que soit le nombre d'élèves dans cette classe,
j'aurai à mi-temps, soit l'après-midi ou soit le matin, une personne. Ma
collègue vient juste d'attacher ça en
disant : Bien, savez-vous quoi, si jamais on arrive à avoir plus que 11...
Elle n'a pas dit : Rendez-vous pas à 27, rendez-vous pas... Si on
arrive à 11, bien, on inscrit officiellement quelque chose dans le projet de
loi.
• (17 h 40) •
Si
ce n'est pas là, puis on l'a dit souvent, ça, Mme la Présidente, si ce n'est
pas là, dites-moi où? Si c'est dans un règlement,
je suis prête à l'entendre. Si c'est de façon différente, je suis prête à
l'entendre. Mais je ne peux pas attendre la convention collective. C'est maintenant. C'est maintenant puis, dans mes
services de garde, dans mes CPE, c'est déjà inscrit. Ça fait que je ne devrais pas avoir à attendre la
prochaine convention collective pour voir si... Parce que, je vous le disais
plus tôt, je suis prête à mettre ma main au
feu que l'ensemble des syndicats vont être d'accord avec le principe. Je ne
crois pas que le syndicat va venir
jouer sur les ratios pour les quatre ans. Je n'y crois pas, peut-être parce que
je les connais un peu, peut-être
parce que, la FAE, je l'ai déjà fréquentée un peu. Je l'ai vue apparaître, d'ailleurs, je l'ai vue naître
parce que c'est parti de gens très convaincus, de Laval,
qui étaient déçus de certains aspects puis qui ont parti leur propre volonté.
Mais,
ceci dit, je crois sincèrement que les enseignants vont aller dans la volonté et
ne feront pas de pied de nez ou de mauvaise foi au ministre parce qu'il
a inscrit quelque chose qui pourrait ressembler de loin à un ratio, parce qu'on
n'a pas marqué «20 maximum», on n'a pas marqué «six minimum», on a juste
dit : Rendu à 11 élèves inscrits, il y a un appui qui rentre
pour l'enseignant. La seule chose qui peut arriver, c'est que le syndicat
décrie le fait qu'il manque une personne. Mais,autrement je ne crois pas, sincèrement, que les gens vont porter un préjudice au ministre
par rapport à ça.
Alors,
Mme la Présidente, si ça prend une fin de semaine, si ça prend
une volonté de prendre un pas en arrière pour mieux regarder l'image puis se dire : Comment je peux l'enchâsser
dans la loi?, bien, moi, je n'ai pas de souci avec ça. Mais je vais vous lever un drapeau jaune pour vous
dire qu'à partir du moment où on dépose un amendement, si la seule
phrase qu'on entend, c'est : Il n'en
est pas question, puis je n'y penserai même pas, je trouve ça décevant. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, Mme la députée des Mille-Îles. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, j'aimerais introduire un sous-amendement.
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous avez un sous-amendement.
Mme Rizqy :
Oui. Nous allons vous le transmettre...
La
Présidente (Mme Thériault) : On va suspendre quelques instants,
le temps que vous le transfériez, et vous le lirez par la suite.
(Suspension de la séance à
17 h 42)
(Reprise à 17 h 49)
La
Présidente (Mme Thériault) :
Nous allons maintenant reprendre les travaux. La députée
de Saint-Laurent a distribué son amendement, donc, Mme la
députée de Saint-Laurent, je vais vous demander d'en faire lecture.
Mme Rizqy :
Alors, l'amendement est modifié par l'ajout, à la fin du paragraphe 11°,
de l'alinéa suivant :
«Le
paragraphe 11 de l'article 447 entre en vigueur un an après la
sanction de la loi.»
Alors,
tantôt le ministre a mentionné certaines préoccupations, telles que
le défi de trouver des ressources, alors, avec une année supplémentaire suite à la sanction de la loi, il aura
amplement le temps de trouver des ressources qualifiées ou de les
former.
Une voix :
M. le ministre.
La Présidente (Mme
Thériault) : Oui, excusez-moi. Oui. Merci pour votre argumentation. M.
le ministre.
• (17 h 50) •
M. Roberge :
Mme la Présidente, je ne crois pas que cet article est recevable, pour une question
de cohérence, parce que, là,
l'article 5 s'appliquerait au moment du décret, c'est ce que précise
l'article 18. Donc, l'article 5 ne s'applique pas tout de suite, s'applique seulement
au décret. Et là, au décret, supposons en 2023, l'article 5, tout à coup,
s'appliquerait, et là on arriverait à
un élément qui dit : Ah! le paragraphe 11° s'applique un an après la sanction de la loi.
Ça fait que, là, on serait en 2023,
puis là on appliquerait l'article 5, puis on dirait : Ah oui!
L'article 5 s'applique à partir de 2020. C'est temporellement
impossible.
La Présidente (Mme Thériault) : ...Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Bon. Mme la Présidente, premièrement, il n'y a aucun article qui est soulevé
pour rejeter mon sous-amendement en vertu du recueil de décisions. Par contre,
le ministre présume de l'adoption de l'article 18
de la loi... bien, du projet de loi, alors que nous avons fait le choix d'étudier par
blocs. Et, en ce moment, comme l'a si bien dit la députée de Joliette hier, nous sommes
sur le débat de fond et non pas sur des dispositions transitoires ou finales
Alors,
lorsque nous arriverons à l'article 18, évidemment, par souci de
cohérence, il y aura des dispositions qui pourront
trouver application lors de la sanction, d'autres, un an après la sanction, ou
deux ans, ou trois ans, et d'autres, lors du décret. Mais, en attendant, puisque nous sommes dans le débat de
fond, parce que nous avons choisi de le faire ainsi, je crois que mon sous-amendement
est parfaitement recevable.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
M. le ministre.
M.
Roberge : Mme la Présidente, je pense que c'est temporellement très peu probable. Mais, ceci dit,
je ne vous demande pas de suspendre
les travaux pour vous pencher sur la recevabilité, c'est probablement recevable, bien que plus ou moins
pertinent. Alors, que le sablier laisse passer les grains de sable, puisque ça
semble être l'intention.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...chose, là il nous
prête des intentions. Mme la Présidente, le ministre...
La Présidente (Mme Thériault) : Non,
madame... Sur l'argumentaire, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme
Rizqy : Oui. Mme la Présidente, il nous prête des intentions, parce qu'il n'y a personne
ici qui essaie d'avoir un sablier.
D'ailleurs, je n'en apporte pas. Remarquez, j'en ai un dans mon bureau, je
pourrais l'apporter pour la prochaine séance.
Question de règlement sur la recevabilité
d'un sous-amendement
Toutefois, étant donné que les règles de procédure permettent, à n'importe quel moment,
d'invoquer des règles de recevabilité, moi, je vais vous le demander, oui, effectivement, de rendre une décision, parce qu'ils ont quand même
soulevé à demi-mot la recevabilité de mon sous-amendement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Bon. Oui, M. le député de Richelieu.
M. Émond : Je m'adresse à vous et
votre grande expérience, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) : Oui,
certainement.
M.
Émond : Là, dans le livre de
règlements, que je ne connais pas par coeur, je vous
l'avoue, est-ce qu'une députée qui
dépose un sous-amendement peut elle-même demander la recevabilité de son propre amendement? Là, je pense que... Mon père utilisait des termes que je ne vais pas
invoquer ici, là, parce que je suis convaincu qu'ils sont non parlementaires...
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est bon.
M.
Émond : ...mais simplement
porter à votre attention et votre grande expérience si c'est une procédure
courante.
La
Présidente (Mme Thériault) :
Bien, c'est bon, vous allez développer une grande expérience, vous aussi, au
cours des trois prochaines années, M.
le député de Richelieu.
Je dois vous dire que, bizarrement, c'est la première fois qu'une telle situation
m'arrive. Donc, vous voyez, même après 17 ans et demi, on a toujours possibilité
d'apprendre.
Parce que je
vais vous dire que, sur le fond, le sous-amendement de la
députée, à mon avis,
est recevable. Par contre, la question que le ministre soulève, elle
est tout entière. Donc, évidemment, puisque c'est un vrai précédent et qu'à ma
connaissance ce n'est jamais arrivé, je vais suspendre les travaux pour pouvoir
étoffer, faire la recherche et vous revenir avec
l'état de droit. Et je pense que c'est la chose la plus sage à faire aussi
lorsqu'on regarde l'heure à laquelle on est rendus.
Et moi, je
vais juste vous dire aussi, O.K., puis je pense que c'est important
que vous le compreniez : Lorsqu'à titre de présidente je suspends les
travaux pour rendre une décision, je suis parfaitement consciente que la
décision qui est rendue, c'est un
travail qui est effectué avec le Secrétariat des commissions, et ça fait de la jurisprudence, O.K.?
Donc, c'est très important que les décisions soient bien étayées et qu'on
fasse la recherche nécessaire pour rendre la décision qui s'impose, qui
est la réponse qu'on doit avoir dans ce Parlement-ci.
Donc, compte tenu de l'heure, vous allez me permettre de vous remercier de votre collaboration pour l'excellente journée. Nous allons prendre en délibération
le sous-amendement de la collègue la députée de Saint-Laurent.
Et la commission va ajourner ses travaux
jusqu'au mardi 8 octobre, à 10 heures, où elle poursuivra son mandat.
Merci et bon retour dans vos comtés.
(Fin de la séance à 17 h 55)