(Dix heures cinq minutes)
La
Présidente (Mme de Santis) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 144, Loi modifiant la Loi sur l'instruction
publique et d'autres dispositions législatives concernant principalement la
gratuité des services éducatifs et l'obligation de fréquentation scolaire.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente, il n'y a aucun remplacement.
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Nous en sommes toujours au deuxième sujet, soit enseignement à la maison. Aussi, lors de la dernière séance, la
commission en était à l'étude d'un amendement du ministre qui propose
d'ajouter l'article 459.5.3 à l'article 12 du projet de loi. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cet amendement? Oui, M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente. Je souhaite une bonne
journée à toutes et à tous, de tous côtés, également les gens qui m'accompagnent. Je pense que nous
avions quitté, corrigez-moi, mais je pense que nous avons quitté sur le fait que je devais revenir avec un amendement qui
traiterait du principe de gratuité des services éducatifs, amendement
qui a été préparé et qui serait prêt à être circulé, si vous le souhaitez.
La Présidente (Mme de Santis) :
Parfait. Donc, l'amendement qui est sous étude, vous allez le retirer.
M. Proulx : Tout à fait, pour
pouvoir en déposer un nouveau.
La
Présidente (Mme de Santis) : O.K. Est-ce que tout le monde est
d'accord qu'on retire l'amendement? Donc, il y aura un autre amendement
qui sera sous étude. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Proulx : Oui, Mme la
Présidente. Alors, je vais, pendant que sont circulées les copies, lire la
nouvelle proposition d'amendement qui fait
référence à ce dont nous avions discuté. Je pourrai peut-être, là... dans le
fond, il y a trois endroits où il y a deux mots qui changent.
Alors, ajouter, après l'article 459.5.2 de la
Loi sur l'instruction publique, proposé par l'article 12 du projet de loi,
l'article suivant :
«459.5.3. Le ministre peut élaborer et mettre en
oeuvre un projet-pilote visant à expérimenter ou à innover en matière de
formation à distance ou à étudier, améliorer ou définir des normes applicables
en cette matière.
«Dans le cadre d'un tel projet, il peut :
«1° offrir
des services de formation à distance, autoriser à offrir de tels services une
commission scolaire ou un établissement d'enseignement régi par la Loi
sur l'enseignement privé, ou autoriser une personne à les recevoir, selon des
normes différentes de celles prévues par la présente loi ou par la Loi sur
l'enseignement privé, le tout en s'assurant du respect du droit à la gratuité
des services éducatifs;
«2° établir, par directive, les normes et [...]
règles applicables.
«Il peut également, en tout temps, modifier le
projet ou y mettre fin après [...] avoir avisé tout intéressé.
«Un projet-pilote a durée maximale de cinq ans.»
J'attire votre attention, Mme la Présidente, sur
les ajouts. Alors, à 459.5.3, première phrase, le ministre peut élaborer, on a ajouté «mettre en oeuvre un projet
pilote», parce que ça va de soi que ce serait fait par le ministère.
Nous avons ajouté, dernière phrase du paragraphe numéroté 1°, «le tout en
s'assurant du respect du droit à la gratuité des services éducatifs» et, à 2°, «établir, par directive, les normes et
[...] règles applicables». Voilà. Merci, Mme la Présidente, pour moi.
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Chambly.
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Donc, on salue tous les collègues, en passant.
Donc,
je pense que c'est assez fidèle aux discussions qu'on a eues la semaine
dernière. Bon, la dernière phrase du paragraphe
1° dit «en s'assurant du respect [...] gratuité des services éducatifs», mais
préalablement on dit qu'on peut autoriser
«une commission scolaire ou un établissement d'enseignement régi par la Loi sur
l'enseignement privé». Si on veut
s'assurer du respect du droit à la gratuité des services, le ministre ne
pourrait pas autoriser seulement un établissement d'enseignement privé.
Supposons que, dans le cadre de son projet
pilote... le projet pilote, il y aurait une entente seulement avec un établissement privé sans avoir aussi un projet
pilote avec une commission scolaire, à ce moment-là, il me semble qu'on
ne respectera pas... parce qu'il y a des parents qui feraient l'enseignement à distance, le projet pilote étant seulement
avec un établissement privé, ils ne pourraient pas le faire de manière
gratuite. Est-ce que je comprends bien?
• (10 h 10) •
M. Proulx : Juste peut-être
pour expliquer, pour moi aussi bien comprendre ce que souhaite le collègue, Mme la Présidente, la référence au respect du droit à la gratuité des services éducatifs est en lien avec l'école
publique. C'est le souhait qui avait été
fait. Dans la mesure où il y a une entente avec un établissement d'enseignement
privé, la Loi sur l'instruction publique ni même la Loi sur
l'enseignement privé ne garantit pas des services gratuits aux parents.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci. Non, je comprends bien que les établissements privés ont le droit de
charger des frais. C'est correct,
mais si, dans le cadre d'un projet pilote, puis on est au début de quelque
chose, on expérimente quelque chose, il y a seulement une entente avec une école privée, mais qu'il n'y ait pas
de projet pilote avec les commissions scolaires, à ce moment-là, un
parent, dans cette situation-là, au début, pendant, supposons, la première
année, on va dire, bien, il ne pourrait pas participer au projet pilote sans
faire affaire avec l'établissement privé.
Ce que je suis en train de dire, c'est qu'il
faudrait, au départ, il me semble, dans le projet pilote, s'assurer qu'une commission scolaire fasse partie du projet
pilote au départ pour s'assurer qu'il y ait une liberté de choix. Puis
je ne suis pas en train d'exiger la gratuité
au privé, là. Je suis en train juste de demander à ce qu'obligatoirement une
commission scolaire fasse partie du projet
pilote ou que le ministère... parce qu'on dit : Le ministère lui-même peut
offrir des services de formation à distance. Je ne sais pas si vous comprenez
mon inquiétude, là.
M. Proulx : Oui, je comprends. Dans le fond, le paragraphe
numéroté 1°, Mme la Présidente, vient, dans le fond, encadrer en partie comment les projets pilotes
peuvent survenir. Ce que je peux dire au collègue, c'est que ce que j'ai
en tête et ce qui nous a emmenés à aller là
est notamment la commission scolaire de Beauce, qui a un projet très avancé,
avec lequel on pourrait assez rapidement,
Mme la Présidente, mettre de l'avant, je pense, un projet... sans annoncer que
ce serait le cas, parce qu'il y
aurait des modalités, mais, dans l'esprit de ce que nous voulons faire, on
pourrait très rapidement travailler avec
eux, dans la mesure où ils sont plus avancés. Et je ne dis pas que les autres
ne le sont pas, mais eux, je le sais pour avoir discuté avec eux. Alors,
dans ce contexte-là, on peut très facilement penser que ce serait même très
plausible d'aller très rapidement dans le réseau public également.
Dans le fond,
les modalités qui sont là sont là pour garantir certains... dans le fond, pour
inscrire certaines règles, et c'est
clair que, dans la mesure où on avait à faire des projets pilotes, ce que
souhaitaient les collègues, je pense, et avec raison, puis c'est de ça qu'on a discuté, c'est que, si on est en lien
avec l'école publique, ce ne soit pas des services tarifés. On voulait
conserver cet esprit de gratuité en tout temps, alors ce qui ne nous
empêcherait pas de faire plusieurs projets,
un projet avec un collège en particulier et un projet avec une commission scolaire
en particulier. Mais la rédaction, à mon
avis, ne disqualifie pas le projet avec un collège en particulier, qui lui
aurait une tarification. Et, en passant, on pourrait très bien convenir,
dans les modalités, de certaines règles à cet égard-là.
Mais j'entends
très bien la préoccupation puis je dis au collègue que, pour moi, c'est
extrêmement important d'offrir aussi
cette pluralité-là. Et sincèrement, j'ai un exemple de commission scolaire,
dont on pourrait discuter ensemble, qui est très ouverte à ce type de
projet.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
J'ai fait un peu la même lecture que mon collègue de la deuxième opposition.
Sur la formulation, là, je ne suis
pas sûr qu'on a... En tout cas, au niveau de la rédaction de l'amendement, là,
je ne suis pas sûr que c'est superclair, sincèrement. Il me semble qu'on
aurait pu préciser davantage.
Ceci étant
dit, je me questionne sur le délai de cinq ans, Mme la Présidente, pour le
projet pilote. Il me semble que c'est
long, cinq ans, pour un projet pilote. Pourquoi ce n'est pas trois ans ou deux
ans? Il me semble qu'un projet pilote de cinq ans, si on regarde les cinq dernières années, au ministère de
l'Éducation, il me semble qu'il s'est passé beaucoup de choses. Trois ans, il me semble que ce serait plus
raisonnable. Je ne sais pas. Avez-vous une réflexion sur le délai que
vous vous êtes donné?
M. Proulx : Bien, je n'ai pas
une réflexion particulière, si ce n'est que dire qu'on les a inscrits pour une durée maximale. Je pourrais peut-être voir ce qui
en est des autres projets qu'on a faits dans le passé. Je veux dire, je
n'ai pas de données maximales. Il n'en
demeure pas moins que, dans le cas où on... Il faut penser qu'à chaque fois
qu'on rentre en relation avec des
parents, un établissement ou des élèves, bien, c'est au moins pour une année,
là, tu sais. Dans le contexte... Ce
n'est pas des services à la carte, de quelques jours, de quelques semaines, là.
Alors, dans ce contexte-là, on est souvent en enjeu de calendrier
scolaire qui lui, souvent, pourrait se retrouver, là, même sur deux années de calendrier.
Moi,
très honnêtement, j'entends la préoccupation du collègue à ce que c'est long.
Je dis que dans la loi, ça a une durée maximale de cinq ans. Ça ne veut pas
dire que ce serait le cas, mais je peux très bien concevoir que ça pourrait être plus court puisqu'on voudra faire
des projets plus courts. Est-ce que ce sera sur une année ou sur deux années? Ça
m'apparaîtrait peut-être trop court. Mais encore là, les projets, on ne les a
pas devant nous, mais j'entends la sensibilité du collègue à cet égard-là.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
C'est juste qu'habituellement un projet pilote, par définition, c'est un projet
pilote. Ça veut dire que c'est un
test, c'est un apprentissage. Après une année ou deux, il y a une évaluation,
il y a un diagnostic qui est posé, puis ensuite on se questionne à
savoir si ça va devenir permanent ou non. Mais, veux veux pas, cinq ans,
sincèrement, ça donne un peu l'apparence
d'un projet pilote qui, d'emblée, est un peu permanent. Il y a un caractère
permanent par la durée du projet. Je comprends que c'est une durée
maximale mais...
Moi, je dirais, si on
veut vraiment conclure au bien-fondé de cette nouvelle façon de faire, il
vaudrait mieux s'assurer, à mon point de vue, par exemple, qu'il y ait, comme
me le soufflait mon collègue, peut-être une évaluation annuelle, ou sur 15 mois, ou peu importe. On pourra en discuter. Puis
ensuite, un délai maximal de trois ans, plus serré et qui éventuellement pourrait être repris si le
ministre le juge nécessaire. Mais sincèrement, cinq ans, je trouve ça long.
Ça donne un caractère permanent. Je suis un
peu mal à l'aise avec ça. Plus long qu'un mandat que nous recevons comme
député à l'Assemblée nationale pour un projet pilote.
Une voix :
...
M. Cloutier :
Oui, c'est ça. Mon collègue me dit à la blague qu'être député ce n'est pas un
projet pilote, mais je pense que vous comprenez la préoccupation.
La Présidente (Mme
de Santis) : Est-ce que le député de Lac-Saint-Jean propose un
sous-amendement?
M. Cloutier :
Bien, pour le moment, j'ouvre la discussion puis je verrai, Mme la Présidente,
si je dépose un sous-amendement. Peut-être,
là, donner l'occasion au ministre d'approfondir, mais effectivement, si
nécessaire, on va déposer un amendement puis aussi clarifier
l'évaluation, là, du projet pilote.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Bien, écoutez, si les collègues sont pour en discuter, peut-être que je
pourrais entendre leur point de vue, et on pourrait clore ça par la
suite.
La
Présidente (Mme de Santis) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Oui, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Alors, je vais déposer un amendement, dans ce cas-là, Mme la Présidente.
Donnez-nous quelques secondes pour la rédaction de l'amendement.
La Présidente (Mme
de Santis) : On va suspendre pour quelques moments.
(Suspension de la séance à
10 h 18)
(Reprise à 10 h 26)
La Présidente (Mme
de Santis) : ...de Lac-Saint-Jean. On attend qu'il reçoive copie du
sous-amendement.
Alors, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Oui, je vous remercie, Mme la Présidente. En fait, nous avons simplement
maintenant formulé... Je vais vous lire l'amendement.
L'amendement
à l'article 12 du projet de loi est modifié par le remplacement des mots «cinq
ans» par les mots suivants : «trois ans. Une évaluation annuelle du
projet-pilote doit être rendue publique.»
Bon,
l'objectif de ça, c'est d'abord qu'on sache ce qui se passe. Donc,
l'évaluation, on la rend disponible puis ensuite, comme je vous le disais, c'est de rapprocher le délai du projet
pilote à une durée de trois ans, qui nous apparaît être nettement suffisant pour tester ou mettre en
branle un projet pilote. Puis évidemment, si c'est un projet pilote, bien,
par définition, il doit rencontrer les critères d'un projet pilote. C'est donc
dire une durée déterminée, une évaluation puis ensuite un diagnostic qui est
posé par le ministère. Voilà.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci. M. le ministre.
M. Proulx : Rapidement, sur la durée, les discussions que j'ai... je prends
l'exemple de la commission scolaire de Beauce, là, pour prendre cet
exemple-là. Je ne veux pas leur mettre des mots dans la bouche, mais les
possibilités de travailler
avec eux sont grandes, et je me questionne à l'effet que, par exemple, suivre
un élève ou une élève qui voudrait, par
exemple, avoir accès à certaines formations dans le cadre de l'école à la
maison, pour prendre cet exemple-là, voudrait le faire à un niveau qui s'apparente à ce qui se fait en secondaire I,
en secondaire III, en secondaire V, bien, elle en a besoin sur une plus
longue période de temps.
Alors,
le projet pilote en soi, je comprends, c'est ouvrir la possibilité de faire des
formations à distance pendant un certain
nombre de temps avant de convenir si oui ou non on a besoin d'aller, là, dans
la loi pour le formaliser. En même temps, la question que je me pose,
c'est que, si on veut s'assurer que ça fonctionne, ce n'est pas pour en avoir
une utilisation, une fois, d'un élève puis
on coche : ça a fonctionné, ça a bien été. Peut-être que, pour pouvoir
apprécier un projet pilote, on a
peut-être besoin de suivre un ou des élèves qui pourraient participer à cette
démarche-là un peu plus longtemps.
Alors,
le trois ans comme tel, est-ce que c'est trop court, assez long? Peut-être que
je nous donnerais l'opportunité d'être
capables de le poursuivre. Peut-être qu'on pourrait envisager, comme il se fait
dans d'autres projets pilotes, d'avoir, par exemple, trois ans avec une possibilité de le prolonger de deux ans
comme ça se fait dans d'autres lois lorsqu'il y a des projets pilotes.
Je pose la question. Est-ce que ça pourrait être ça?
L'évaluation
annuelle et publique du projet pilote, peut-être qu'annuelle c'est un peu...
c'est beaucoup dans la mesure où, je
veux dire, dès la première... et ce
n'est pas le cas dans les autres projets pilotes, en passant, que j'ai
vérifiés même dans des sujets très... dans
les autres lois que j'ai vérifiées. Je ne dis pas qu'il ne faut pas rendre
public ce qui se passe, pas du tout.
Je suis un artisan et un partisan de la transparence. Ceci étant dit, j'essaie
juste de voir de quelle forme... Je veux juste convenir que ce serait pour rendre l'information disponible sur ce
qui s'est fait comme on peut le faire, par exemple, à l'étude des
crédits, comme on peut le faire dans d'autres circonstances.
Alors,
je ne veux juste pas que le ministère se retrouve dans la situation, s'il travaille
avec un tiers, de... Je réfléchis juste
à la mécanique, là. Moi, c'est là-dedans que j'en suis. Ce n'est surtout pas
pour que les gens ne sachent pas ce qui se passe, pas du tout. C'est clair que la première année est celle
habituellement où les choses se mettent en place. Ça se passe dans le
cadre d'un calendrier scolaire. Alors, encore une fois, certains pourraient
bénéficier du service en septembre, d'autres
en juin. Peut-être que je pourrais après... Peut-être qu'on pourrait convenir
que se laisser le début, de démarrer, si on est pour faire trois ans, le faire à sa terminaison ou le faire à
deux ans, puis à ce moment-là, si on permet de prolonger sur cinq ans, avoir un rapport qui serait, dans le
fond, à l'année terminale du projet
pilote et après deux ans pour pouvoir au moins se laisser démarrer. Ça va commencer, mais ça va commencer petit,
soyons francs, là. Je veux dire, on parle de certaines circonstances très précises qu'on va encadrer beaucoup. Je veux dire, ce n'est pas une nouvelle route six voies qu'on met
en place pour y faire passer un flux d'élèves très impressionnant, là. Alors,
c'est là qu'est ma réflexion, Mme la Présidente, pour l'instant.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Bien, bonjour à tout le monde. Mme la Présidente, bienvenue. Je reviens à
l'amendement, donc, que nous proposons. Premièrement, de le faire sur
trois ans avec une remise en question annuelle, ça m'apparaît très pédagogique. Puis on demande aux enseignants de le
faire dans leurs classes, l'évaluation de tous les élèves de manière annuelle. Je transpose ça avec, évidemment, la
formation à distance. C'est raisonnable de penser que la remise en
question annuelle qu'on propose en assurera
peut-être une meilleure application qui aurait plus de suivi. Alors, plus de
suivi, c'est mieux que pas assez. En
tout cas, c'est un principe que j'ai toujours eu en enseignement, d'autant plus
que tous les élèves, possiblement,
qui font partie de ce projet pilote là n'auront peut-être pas le même rythme
d'apprentissage, qu'il y aura peut-être
des choses particulières à noter pour le bien du projet, bien évidemment. On ne
parle pas de mettre des embûches, là,
on parle de mettre un meilleur regard sur ces projets pilotes là. À ce
moment-là, il y aura un échange d'information, comme disait M. le
ministre tantôt, pouvant améliorer le processus.
Alors, moi, je tiens
encore à notre amendement, bien sûr. Ce serait intéressant au niveau de la
fréquence d'évaluation annuelle. Et en plus
j'ai une sous-question, peut-être, M. le
ministre, c'est : Qui pourrait
faire ce suivi-là? Si jamais il acceptait, pour notre plus grand
bonheur, l'évaluation annuelle des projets pilotes, qui pourrait effectuer
cette évaluation-là?
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci. M. le ministre.
M. Proulx : Bien, dans la mesure, Mme la
Présidente, si je comprends bien la
question, où les projets pilotes sont sous
la responsabilité du ministère, parce qu'il édicte les
caractéristiques et les conditions pour lesquelles ils auront lieu, c'est le ministère
de l'Éducation qui peut le faire,
puis il y a un moment pour faire ça. À l'étude des crédits, notamment,
on discute de ces choses-là. Je ne vois pas comment ça pourrait être fait
autrement.
Si
on avait, dans une relation, pour prendre un exemple simple, avec un collège
qui est une entité, un établissement dans
lequel il y aurait un projet, je veux dire, on pourrait, de toute façon, comme
on souhaiterait le faire, à la fin avoir une évaluation ou une communication
sur l'état des lieux puis le projet. Ça se ferait d'un commun accord avec
l'établissement et le ministère, mais c'est le ministère qui répondrait des
modalités du projet pilote, c'est le ministre qui édicte les conditions et les
caractéristiques du projet pilote. Et, dans ce contexte-là, des occasions de
communication, il y en a plusieurs, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions
additionnelles? M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Oui. Les explications du ministre, tout à l'heure, nous ont laissé entendre,
là, qu'on pourrait trouver peut-être un
minimum d'encadrement supplémentaire. On apprécierait si effectivement c'était
le cas. Le ministre parlait d'un
délai de trois ans renouvelable avec une évaluation au bout de deux ans. Je
pense que c'est le strict minimum, Mme la Présidente. Alors, je ne sais
pas si le ministre avait l'intention de donner suite aux intentions exprimées
au micro. Si c'est le cas, je retirerais mon amendement et je donnerais
l'occasion au ministre d'en déposer un nouveau.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci. M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Si vous me donnez un petit instant, je veux juste convenir avec
mon équipe de ce que ça pourrait être, mais j'accepte le retrait pour
pouvoir convenir de quelque chose qui pourrait soutenir le propos.
La Présidente (Mme
de Santis) : Alors, on va suspendre les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à
10 h 34)
(Reprise à 10 h 44)
La
Présidente (Mme de Santis) : On va reprendre la session. M.
le député de Lac-Saint-Jean, est-ce que vous retirez le sous-amendement à l'amendement à l'article 12? Oui? Est-ce que j'ai l'accord des membres de la commission que le sous-amendement
à l'amendement à l'article 12 soit retiré?
M. Cloutier :
Si vous me permettez, Mme la Présidente, juste prendre connaissance de
l'amendement qui a été en distribution.
La Présidente
(Mme de Santis) : Parfait. Alors, je vous donne quelques
instants.
Des
voix : ...
La
Présidente (Mme de Santis) : Ça va? Alors, le
député de Lac-Saint-Jean retire son amendement. Est-ce qu'on a l'accord des membres de la
commission? Oui? Est-ce que le ministre retire son amendement à l'article 12
du projet de loi?
M. Proulx :
Oui, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce que j'ai l'accord de la commission que l'amendement à l'article 12 soit retiré? Est-ce que je peux
vous entendre?
Des voix :
Oui.
La Présidente (Mme
de Santis) : Oui? O.K., merci. M. le ministre.
M. Proulx :
Vous voulez que je le relise?
La Présidente (Mme
de Santis) : Maintenant, vous allez présenter un autre amendement à l'article 12
du projet de loi.
M. Proulx : Tout à fait. Alors, je vais relire, Mme la Présidente, l'entièreté, mais c'est le dernier paragraphe qui est modifié : Ajouter, après l'article 459.5.2
de la Loi sur l'instruction publique proposé par l'article 12 du projet de loi, l'article suivant :
«459.5.3. Le ministre
peut élaborer et mettre en oeuvre un projet-pilote visant à expérimenter ou à
innover en matière de formation à distance ou à étudier, améliorer ou définir
des normes applicables en cette matière.
«Dans le cadre d'un
tel projet, il peut :
«1°
offrir des services de formation à distance, autoriser à offrir de tels services
une commission scolaire ou un établissement d'enseignement régi par la Loi sur l'enseignement privé, ou autoriser une personne à les recevoir, selon des normes différentes de celles prévues par la
présente loi ou par la Loi sur l'enseignement privé, le tout en s'assurant du respect du
droit à la gratuité des services éducatifs;
«2° établir, par
directive, les normes et les règles applicables.
«Il peut également,
en tout temps, modifier le projet ou y mettre fin après en avoir avisé tout
intéressé.
«Un projet-pilote a une
durée maximale de trois ans que le ministre peut, s'il le juge nécessaire,
prolonger d'au plus deux ans. Le ministre
effectue et rend publilques — il y a une faute ici — une évaluation du projet-pilote à
tous les deux ans ainsi qu'une évaluation à la fin de celui-ci.» Ce n'est pas
très grave parce qu'il y aura rédaction du projet. Voilà, Mme la Présidente.
Une voix : ...
M. Proulx :
Oui, vous l'aviez vue, hein? Il y a un enseignant dans la salle.
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce que vous avez des commentaires supplémentaires?
M. Proulx : Bien, très peu, si ce n'est que se dire que je pense
que ça répond à la préoccupation, et sincèrement c'est le genre de chose que moi, j'aurais mis en place dans les projets pilotes, de toute façon, pour m'assurer qu'on soit capables de
faire cette évaluation-là dans un certain délai et surtout de se donner de la marge
de manoeuvre pour être capables de les
prolonger. Parce que, si l'expérience est concluante, Mme la Présidente, puis qu'il faut modifier la Loi sur l'instruction publique, l'Assemblée
nationale le fera. Mais, si dans
cette période-là, même, on pouvait poursuivre certains projets qui fonctionnent pour ne pas se retrouver dans une espèce de vacance, bien,
on pourrait, à ce moment-là, prolonger les projets. Je pense que c'est
une excellente opportunité.
La Présidente (Mme de Santis) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a aucune intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Qui est en faveur de l'amendement à l'article 12 du projet de loi?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
O.K. Maintenant que nous avons étudié tous les articles proposés
à l'article 12 ainsi que l'amendement, est-ce que l'article 12,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Nous allons procéder maintenant au troisième thème, Communication de renseignements
et démarches auprès des parents.
M. Proulx : Juste avant, Mme la Présidente, on a, et dans le cadre de la commission, dès le début, annoncé qu'il y aurait
trois amendements à l'article... C'est un article 4, on en avait discuté,
c'était pour finaliser le lien avec la commission
scolaire compétente. On en avait
parlé pour 205 à 207, ce sont les articles 4.1, 4.2 et 4.3. Je pourrai
expliquer, Mme la Présidente, mais c'était pour s'assurer que le lien de
filiation avec la commission scolaire compétente linguistique s'applique également à l'enseignement à la maison. Il manque un petit bout, là, pour finaliser ce que nous
avons fait ensemble.
La Présidente (Mme de Santis) : Est-ce
que vous avez les amendements?
M. Proulx : Oui, on a tout ça.
La Présidente (Mme de Santis) : Est-ce
qu'on peut...
M. Proulx : Oui.
Des voix : ...
M. Proulx : Bien sûr, bien sûr.
Mme la Présidente, on va vous proposer une distribution. Il y aura les trois amendements, et on a un document qui est une
espèce de plan de travail qui explique pourquoi il faut faire ces
amendements-là en lien avec 205 à 207. Je pense que ça va permettre aux
collègues de bien comprendre ce qui nous manque.
Mme la Présidente, vous avez une intervention
proposée.
La Présidente (Mme de Santis) : Oui,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Bien, je veux
juste être... Parce qu'on avait prévu, après l'article 12, de discuter,
c'est ça, de l'article 11. Là, je comprends qu'on va plutôt discuter de
l'article 4.
M. Proulx : Je n'ai pas
d'indication à l'effet qu'il fallait travailler avec l'article 11.
Une voix : ...
• (10 h 50) •
M. Proulx : Oui, 11 était dans
un autre bloc. Et je m'excuse, je viens de comprendre ce qu'a dit le collègue, je m'en excuse. Oui, effectivement que nous avions
un autre bloc qui s'appelle Communication. C'est que, pour terminer ce que nous avons fait à l'égard du lien de filiation
de la commission scolaire pour les articles 205 à 207, il faut
modifier l'article 4. Et vous allez recevoir dans quelques instants une
proposition d'amendement et un document explicatif d'une page expliquant pourquoi il faut faire cela avant de passer à
l'autre bloc. Je m'excuse, c'est moi qui n'avais pas saisi.
M. Cloutier :
Non, ça va, je comprends bien. Je veux juste être certain que... On va donc
discuter de l'amendement que vous souhaitez apporter à l'article 4,
sauf que je vous dis d'emblée qu'on va revenir ensuite à Communication de
renseignements.
M. Proulx :
On s'en va là ensuite, oui.
M. Cloutier : O.K. Puis ensuite
on va revenir à l'article 4 lui-même, Interdiction liée à l'obligation de
fréquentation scolaire, c'est bien ça? Parce que, si on discute de tout
l'article 4, on va avoir d'autres problèmes, M. le ministre, dans le sens
que l'article 4, c'est celui, entre autres, qu'on retrouve la présomption
de 20 jours quant à la non-fréquentation...
M. Proulx : Le 20 heures.
M. Cloutier : Exact, oui,
20 heures, tout à fait. Alors, je veux juste être certain, là, parce qu'évidemment
il va y avoir d'autres discussions qui
risquent de s'étaler dans le temps, donc je veux juste être certain, là,
considérant la façon de travailler qu'on s'était donnée au début.
M. Proulx : Oui, donnez-moi un
instant.
Des voix :
...
M. Proulx : Oui, Mme
la Présidente, merci, puis je voulais
juste m'assurer de ce que je savais. Alors là, nous les insérons comme 4.1, 4.2, 4.3, mais, lorsqu'il y
aura numérotation, ça va devenir les
articles 5, 6, 7. C'est pour ça qu'il faut les faire, ensuite l'article 4. Mais on revient à l'article 4
après puis on discutera de la présomption du 20 heures ensuite.
C'est-u clair? Je m'excuse, c'est moi qui ne l'ai pas été au début.
M. Cloutier : Non, c'est tout à
fait correct, c'est conforme à ce qu'on avait décidé initialement. Je voulais
juste m'en assurer.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cette procédure? Non? Alors, M. le ministre.
M. Proulx : Oui, peut-être que je vous propose de les prendre
un par un, là, sachant bien que les trois sont liés, hein? Je ne me
trompe pas si je dis que les trois liés dans les faits, si je l'ai deux fois.
Allez-y.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : On ne les a pas
encore, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme de Santis) : Vous
ne les avez pas?
M. Cloutier : Non. Peut-être
attendre quelques instants.
La Présidente (Mme de Santis) : O.K.
Merci. Alors, on va attendre quelques instants.
On va suspendre pour quelques moments.
(Suspension de la séance à 10 h 53)
(Reprise à 10 h 55)
La
Présidente (Mme de Santis) :
Nous allons reprendre la session. Tout
le monde a une copie des amendements?
M. le ministre.
M. Proulx : Merci,
Mme la Présidente. Alors donc, vous
avez reçu, il y a quelques instants, je pense que tous les collègues
l'ont sous la main, l'article... Ce sont des articles que je souhaite insérer
dans le projet de loi.
La Présidente (Mme de Santis) : On
va faire une à la fois, s'il vous plaît.
M. Proulx : Oui, je voulais juste expliquer le contexte.
Alors, il y en a trois, et ils visent, dans le fond, trois articles de la Loi sur l'instruction publique, 204, 205,
207.
Avant de les
prendre un à la fois, peut-être juste vous dire que, dans le fond, c'est pour
terminer le travail que nous avions
débuté pour s'assurer qu'en tout temps on puisse suivre la filiation avec la
commission scolaire compétente. Vous vous
rappelez que, lorsqu'on a eu ces discussions-là, on parlait des services
éducatifs en classe. Alors, ça nous permet de compléter le travail que
nous avions à faire. C'est pour ça que c'est de petits articles qui viennent
préciser les choses.
Alors, je peux commencer par 4.1. Si les
collègues ont des questions, il y a également un document qui a été transmis
pour expliquer le lien que nous faisons avant de passer au bloc suivant. Donc,
l'article 4.1 : Insérer, après l'article 4 — parce
que j'expliquais qu'il sera numéroté différemment dans la loi — du
projet de loi, le suivant :
4.1.
L'article 204 de cette loi est modifié par l'insertion, dans le premier
alinéa et après «l'article 1», de «ainsi que pour l'application de
la section II du chapitre I».
Donc, pour faire référence aux services
éducatifs.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas
d'intervention. On va procéder au vote. Qui est en faveur de
l'amendement, de l'ajout, l'insertion, après l'article 4, de
l'article 4.1?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Adopté. M. le ministre.
M. Proulx : Je souhaite insérer
l'article 4.2 dans le projet de loi : Insérer, après
l'article 4.1 du projet de loi, le suivant :
4.2.
L'article 205 de cette loi est modifié par l'insertion, à la fin, de «, y
compris aux fins d'être dispensées de l'obligation de fréquenter une
école».
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas d'intervention. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Article 4.3 du
projet de loi : Insérer, après l'article 4.2 du projet de loi, le
suivant :
4.3.
L'article 207 de cette loi est modifié par l'insertion, à la fin du
premier alinéa, de «ou, dans le cas d'un enfant qui reçoit un
enseignement à la maison, par l'avis prévu au sous-paragraphe a du
paragraphe 4° du premier alinéa de l'article 15».
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a aucune intervention. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) : Maintenant, nous procédons au thème
Communication de renseignements et démarches auprès des parents. Oui.
M. Cloutier : Oui, juste sur
l'article 207, là. On comprend bien 204 puis 205 sur la fin d'être
dispensées de l'obligation de fréquenter
l'école puis l'assujettissement du chapitre II. Par contre, le
sous-paragraphe a du paragraphe 4° du premier alinéa de
l'article 15, là, je veux juste être certain de saisir de quoi il s'agit
et qu'est-ce qui est visé par ça. 204, 205,
ça va bien, mais l'amendement à 4.3, à 207, je veux juste être certain de
comprendre de quoi il s'agit, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme de Santis) :
Monsieur...
M. Auger : Vous l'avez adopté,
mais...
La Présidente (Mme de Santis) : Je
sais qu'on vient de l'adopter. Je permettrais une courte explication, ici.
Est-ce que, M. le ministre... Merci.
Des voix :
...
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
• (11 heures) •
M. Proulx : Oui, merci, Mme la Présidente. J'essaie juste
bien comprendre la question du collègue, là, peut-être que je l'exprime mal. Je vais le faire ainsi. Alors,
dans le fond, vous aurez compris que 205, lorsqu'on a eu ces
discussions-là, était l'article clé avec lequel on s'assurait de l'affiliation.
Dans le fond, 207, vous savez, il y a des gens qui ont droit à l'enseignement
en anglais qui décident de demeurer dans des commissions scolaires anglophones,
alors ils doivent exprimer leur choix et
transmettre leur avis. Dans tous les
cas, ça explique la mécanique pour
pouvoir exercer ce choix. Ceux qui n'ont pas le choix, c'est ceux qui
doivent respecter 205 tel quel à l'effet qu'ils doivent se diriger vers une commission scolaire francophone, mais certains de
nos concitoyens ont le choix. Alors, c'est pour permettre la mécanique pour ceux qui désiraient rester là où est la
majorité, par exemple. Je ne sais pas si je l'exprime clairement. C'est ça,
l'objectif.
M. Cloutier :
Oui, c'est correct. Non, ça me convient tout à fait. C'est tout à fait exact,
mais je n'avais juste pas saisi. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci. Alors, nous procédons
maintenant finalement au thème communication de renseignements et
démarches auprès des parents. L'article 11 du projet de loi, M. le
ministre.
Une voix : ...
M. Proulx : Oui, tout à fait, merci. Juste un instant, Mme la
Présidente. J'ai le changement... J'ai la relève de la garde près de moi
en raison de la section. Alors, je voulais juste m'assurer de bien vous
informer. Bonjour. Vous allez bien?
Une voix : ...
M. Proulx : Alors, on sera rendus à l'article 11, Mme la
Présidente, mais je voulais juste m'assurer de pouvoir informer les collègues que j'ai une proposition
d'amendement puis, comme on l'a fait jusqu'à maintenant dans chaque
bloc, j'ai avisé où c'était. Je voudrais le dire. Alors, si vous me permettez
juste un instant, ça va faciliter nos travaux.
La Présidente (Mme de Santis) :
Alors, M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Alors, Mme la Présidente, peut-être informer
déjà les collègues, avant de débuter l'article 11, que moi, j'ai une proposition d'amendement à
l'article 5 tout à l'heure. Alors, on pourra le circuler, là, si vous le
souhaitez, comme on l'a dit, mais, pour les trois premiers articles, je n'avais
pas d'amendement particulier à proposer autre que le projet de loi.
La
Présidente (Mme de Santis) : O.K. On peut procéder à la distribution
de l'amendement, et, entre-temps, vous allez nous présenter
l'article 11 du projet de loi. Alors, allez-y.
M. Proulx : Oui. Alors, tout le monde est à l'aise? Donc,
l'article 11 du projet de loi : Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 459, du suivant :
«459.0.1. Le
ministre peut conclure une entente avec un ministre ou un organisme public pour
recueillir de ces derniers ou pour
leur communiquer un renseignement nécessaire à l'application des dispositions
de la présente loi liées à l'obligation de fréquentation scolaire d'un
enfant, notamment aux fins d'identifier, y compris par une comparaison de
fichiers, les enfants qui pourraient ne pas remplir cette obligation.
«Il peut également communiquer à une commission
scolaire des renseignements personnels qui concernent tout enfant relevant de
sa compétence ou ses parents et qui sont nécessaires à l'application des
dispositions visées au premier alinéa.»
Alors, dans
le fond, l'objectif, c'est de préciser les fins pour lesquelles le ministre
peut obtenir d'un autre ministre ou
d'un organisme public des renseignements personnels concernant un enfant. Je
l'ai dit, il fait état de la possibilité pour un ministre de communiquer
aux commissions scolaires des renseignements personnels nécessaires à la loi.
On vise, là, Mme la Présidente, une communication, par exemple, avec la Régie
de l'assurance maladie du Québec.
Je vous explique un peu la démarche et la
réflexion que nous avons faite et que j'ai faite, qui est la suivante. Vous savez, au Québec, pour qu'un enfant existe,
entre guillemets, au ministère de l'Éducation, il doit posséder un code
permanent, code permanent qui lui est donné au moment où il s'inscrit dans le
réseau scolaire. En dehors de cette inscription
à l'école par ses parents, il n'existe pas pour le ministère de l'Éducation.
Donc, c'est un enfant qui ne fréquente pas
un établissement scolaire. Impossible alors de faire respecter, par les
commissions scolaires notamment, l'obligation de fréquentation scolaire qui est dans la loi pour les âges qui sont prévus
par la loi. Impossible aussi pour les commissions scolaires et pour le
ministère de l'Éducation de connaître les enfants qui devraient être à l'école
ou autorisés par une exception d'être dans
un projet éducatif ou en situation personnelle qui ferait en sorte qu'on ne
peut pas être à l'école.
Alors, vous savez qu'au Québec il y a plusieurs
grands... il y a des bases de données qui nous permettent de faire certaines identifications, et une de
celles-ci est la Régie de l'assurance maladie du Québec, puisque
habituellement, dès le plus jeune âge, on est en contact avec le réseau de la
santé et on est identifié comme tel.
Alors, la proposition
que nous faisons, dans le fond, dans la loi, c'est de permettre au ministre de
l'Éducation de convenir d'un protocole avec un organisme, par exemple la
RAMQ, ou un ministre, par rapport et en lien avec son ministre titulaire, pour
convenir d'un échange d'informations. Par exemple, le ministère de l'Éducation
pourrait annuellement recevoir la liste nominative des enfants qui ont entre
six et 16 ans et qui doivent respecter leur obligation de fréquentation
scolaire.
Nous
pourrions par la suite, avec un article comme celui-là, convenir dans un
protocole avec la commission scolaire et
lui faire part des enfants qui ne sont pas dans le réseau et qui devraient y
être. Et dans ce contexte-là, tout en respectant les enjeux de
confidentialité, en respectant ce que la loi sur les renseignements personnels
édicte, nous pourrions, à ce moment-là, assurer une plus grande fréquentation
scolaire et surtout avoir un meilleur contrôle de ceux et celles qui devraient
être à l'école et qui n'y sont pas.
Ça,
ça se fait aussi en lien avec la Loi sur la protection de la jeunesse, parce
qu'il faut penser aussi qu'il ne faut pas voir nos lois une parmi les autres, mais étant, je dirais, un ensemble
législatif qui nous permet de soutenir les enfants et d'assurer de ne pas
en retrouver en situation de vulnérabilité. Bien, si on veut être capable
d'appliquer ces règles de fréquentation
scolaire, si on veut être capable, pour la Loi sur la protection de la jeunesse
et ceux qui en sont les artisans, de s'assurer
qu'il y ait ou pas... qu'il n'y ait pas, pardon, de compromission au
développement de l'enfant, bien, tout ça fait en sorte
que ça nous prend une certaine poignée pour connaître les enfants, et
actuellement, malheureusement, c'est extrêmement difficile. On n'a aucune information.
Alors, c'est dans
cette optique que cet article a été rédigé, dans le but avoué de travailler
avec la Régie de l'assurance maladie du
Québec pour pouvoir faire un échange d'information selon, bien sûr, des
paramètres très stricts et pour s'assurer
que ça se fasse en pleine confidentialité à l'égard des renseignements
nominatifs qui seraient échangés, parce que vous savez qu'il faut modifier, oui, la Loi sur l'instruction
publique, mais — je ne me
trompe pas? — mais il
faut également modifier la Loi sur la RAMQ, parce qu'elle ne permet pas ce type
d'échange.
Alors,
à un moment donné, il faut faire travailler le gouvernement avec le
gouvernement. Il faut travailler pour l'ensemble
des citoyens à l'avantage des enfants et de pouvoir identifier les enfants qui
sont en situation de non-fréquentation scolaire m'apparaît une avancée
importante pour assurer leur réussite. Voilà.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly. Après, M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Roberge :
Merci beaucoup. Donc, question de compréhension, est-ce qu'avec cet article...
Question
de règlement concernant l'application
de la règle de l'alternance
La Présidente (Mme
de Santis) : Juste un instant, s'il vous plaît. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Juste, traditionnellement, c'est l'opposition officielle, ensuite c'est la
deuxième opposition.
La Présidente (Mme
de Santis) : Alors, je m'excuse, je vais suivre le protocole
traditionnel.
M.
Cloutier : Bien, c'est aussi parce qu'on avait demandé la parole, cher
collègue. C'est parce qu'on laisse le ministre parler, ensuite on lève
la main pour dire notre intention. On indique notre intention.
M. Auger :
...l'intention que le... Bien, en tout cas...
M. Cloutier :
Mais c'est parce que...
M. Auger :
...le député de Chambly a démontré de l'intérêt avant. C'est juste ça.
La Présidente (Mme
de Santis) : C'est M. le député de Champlain qui est en train de
parler.
M. Cloutier :
Mais juste pour la gouverne de nos travaux, Mme la Présidente, j'essaie de...
on s'adapte mutuellement à nos façons de procéder. Habituellement, nous
attendions que le ministre ait terminé, ensuite nous indiquions notre volonté de parler. Je pense qu'on doit attendre que le
ministre ait terminé avant d'indiquer qu'on veut parler, parce que
sinon, par définition, ça va être la bataille de qui a levé la main le premier
pour qui va parler ensuite à l'opposition officielle.
Alors,
je pense que la bonne façon de procéder, c'est : une fois que le ministre
a terminé, vous vous tournez vers l'opposition officielle, nous
indiquons notre volonté de nous exprimer, puis ensuite on va...
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Là-dessus, je n'ai pas l'intention de faire une course puis de parler avant mes
collègues de l'Assemblée nationale, là. Je
veux bien respecter le protocole habituel puis d'attendre que le ministre ait
fini de parler. Il n'y avait pas
d'enjeu de scooper qui que ce soit, là. C'est simplement que, voilà, vous
m'avez donné la parole, je l'ai prise. Mais
je n'ai aucun problème à ce que mes collègues parlent avant moi, là. Il n'y a
pas de problème. On n'est pas dans cet enjeu-là du tout aujourd'hui.
La Présidente (Mme
de Santis) : Non. Parfait. On va suivre le protocole traditionnel.
M. Cloutier :
Avec respect, ce n'est pas juste une question de protocole, c'est aussi une
question de résultats électoraux, et il y a des règles qui gouvernent les bons
travaux de notre commission.
• (11 h 10) •
La
Présidente (Mme de Santis) : Je ne veux pas en faire une grande
histoire, je vais maintenant donner la parole au député de Saint-Jérôme.
S'il vous plaît, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Cloutier : Mais ce que je vous dis, Mme la Présidente, ce n'est pas
une question de caprice, c'est une question simplement d'appliquer les
règles. C'est tout ce que je vous dis.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le député de Lac-Saint-Jean. M. le député de Saint-Jérôme, s'il vous
plaît.
M. Bourcier : Bon, bien,
merci. Écoutez... Mais de toute façon, ce que je demande habituellement est
toujours assez particulier, puis j'ai un angle qui probablement ne sera pas
celui du député de Chambly.
Mais
je reviens justement à ce que j'appelle le grand dévoilement des jeunes qui ne
sont pas actuellement inscrits dans
aucune commission scolaire. Je considère que c'est important, je salue
l'intention de M. le ministre d'agir comme ça. Et j'ai rencontré des
personnes dernièrement qui sont venues à mon bureau de circonscription, des
gens de ma région qui, en tout cas,
manifestaient une fierté de ne pas être identifiés par la commission scolaire
de ma région, et des personnes d'autres commissions scolaires aussi et
qui désiraient éventuellement garder leur anonymat, ce qui ne sera pas le cas. Et, de l'autre côté de la rivière, de la
Rivière-du-Nord — hein,
justement, c'est une excellente rivière — mais de l'autre côté de la Rivière-du-Nord, on peut aussi entendre
des dirigeants de commission scolaire... puis je vous cite, ils n'ont
pas de poignée, donc ils ne savent pas où ces gens-là sont.
Bon,
ma première inquiétude... bien, qui n'en est pas une, mais... lors du grand
dévoilement, ces gens-là vont être rattachés
aux différentes commissions scolaires auxquelles ils seront supposés être
affiliés à travers le Québec. C'est là qu'on
s'en va. Donc, si je ne me trompe pas, quand ces jeunes-là vont être inscrits,
de six à 16 ans, via le régime d'assurance maladie, avec eux va se rattacher un certain budget aux commissions scolaires,
selon le nombre d'élèves qui leur est attribué.
Est-ce que je me
trompe, M. le ministre?
M. Proulx :
Bien, peut-être juste pour...
La Présidente (Mme
de Santis) : Une personne à la fois. Est-ce que vous avez terminé
votre intervention?
M. Bourcier :
Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le président...
M. Bourcier :
...c'est bien correct.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
J'avais senti qu'il y avait une question, alors c'est pour ça...
La Présidente (Mme
de Santis) : O.K. M. le ministre.
M. Bourcier :
J'avais un feeling...
M. Proulx :
Je me trouve assez docile, d'ailleurs. Je réponds habituellement quand il y a
une question. C'est pour ça que, là, il y en avait une, j'ai voulu
répondre pour aider le collègue dans la réflexion.
Dans
le fond, l'objectif, c'est le suivant... Le collègue a mis un préambule qui est
juste, là. Dans certains cas, on a des
gens qui ne s'inscrivent pas et qui le font sciemment, volontairement et par
choix. Et, je veux dire, certains le font très longtemps, et nous, ce qu'on dit c'est que, si on veut assurer la
réussite de tous, puis je pense qu'à l'Assemblée nationale c'est ce que nous souhaitons, si on considère
que l'éducation, d'abord, c'est un droit fondamental, et que ça doit être
valorisé dans notre société, et que c'est un
passage obligé pour bien des choses dans notre société, pour former des
citoyens tels qu'on les souhaite,
bien, je veux dire, il faut, à tout le moins, être en mesure d'identifier qui
sont ces enfants qui ne sont pas actuellement dans le réseau.
Alors,
la façon de fonctionner est la suivante, je prends l'exemple de la RAMQ parce
que c'est l'exemple que j'ai en tête
puis je l'ai déjà dit, d'ailleurs, qu'il fallait faire ça, à mon avis.
L'objectif est le suivant : une fois par année, selon un protocole très strict, là, la Régie de l'assurance
maladie du Québec transférerait des données au ministère de l'Éducation qui, lui, dans un protocole aussi très strict, se
retournerait vers les différentes commissions scolaires et dirait : Voici
ceux qui, selon nous, sont en fréquentation scolaire, ça va bien, mais ceux qui
ne le sont pas, bien, vous avez une obligation. L'obligation de faire respecter la fréquentation scolaire, au Québec,
elle appartient aux commissions scolaires. Alors, elles, inévitablement,
auraient la responsabilité d'entrer en contact avec ces gens.
Et là, bien, s'ensuivent
différentes possibilités. Ils intègrent une école... Oui, il y a un
budget, et là je réponds à la question
du collègue, parce qu'au Québec il n'y a pas de limitation à la fréquentation
scolaire, il y a une déclaration des effectifs
qui se fait dans nos écoles et, en fonction des effectifs, le ministère verse
les sommes nécessaires. Dans le cas de l'enseignement
à la maison... parce que certains parents diraient : Bien, moi, je n'étais
pas inscrit à la commission scolaire, mais,
puisque vous avez mis en place un cadre qui favorise les relations, qui
favorise la réussite et la collaboration, je vais vous envoyer les avis
pertinents, envoyer l'avis au ministère de l'Éducation.
Donc là, on commence
à recouper les gens pour les bonnes raisons. Et, si des gens décident de se
soustraire complètement de la Loi sur
l'instruction publique et décident de ne faire aucune expérience éducative qui
est permise soit par la loi, et par
son article général, et par les exceptions, bien là vous aurez compris qu'on
est allés renforcer la Loi sur la protection
de la jeunesse. Et là on a enlevé non pas le doute, mais l'ambiguïté ou la
possibilité d'en faire une évaluation subjective.
On a passé de «peut» à «doit», ce qui fait en sorte que la non-fréquentation
scolaire est un motif de compromission
du développement global de l'enfant. Alors là, je pense qu'on fait ce qui n'a
jamais été fait dans le passé. On va
plus loin qu'on n'a jamais été dans le passé. On se donne la capacité d'aller
trouver tous nos enfants au Québec qui devraient
se retrouver dans une expérience éducative et qui n'y sont pas, et ça, contre
la volonté de ceux qui veulent les soustraire complètement d'une
expérience éducative.
On
se donne les moyens d'agir en utilisant ce qui est le plus, je dirais... la
banque de données la plus apte, je dirais, à nous donner de l'information toujours dans un protocole très strict qui
est l'assurance maladie, Mme la Présidente, parce que, vous vous en doutez bien, c'est là que se
trouve la grande majorité des enfants et des adultes du Québec étant
donné qu'on a plus de gens avec des cartes d'assurance maladie que l'ensemble
des autres services déclarés. Et, si tu n'as jamais
fréquenté une seule fois dans ta vie un établissement public ou privé, tu
n'existes pas au ministère de l'Éducation. Alors, on navigue à vue dans
la noirceur. Voilà.
La Présidente (Mme de Santis) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Et je considère,
parce que j'aime ça souligner les bons coups, que c'est une bonne modification,
qui va par contre... Puis je vais encore vous faire part des commentaires des
parents qui sont venus me voir, et eux, leur inquiétude...
parce qu'il y en a qui le font très bien, l'école à la maison et il faut
le souligner, c'était que ce... qui ne sont pas inscrits, toujours. On s'entend, là. On parle de ceux qui ne le sont
pas et qui vont l'être en vertu du... ce que j'appelle le grand dévoilement. C'est un peu comme ça que je vois ça. Alors,
leur inquiétude, c'est que les sous qui seraient attribués à la commission
scolaire en vertu du fait que leur enfant ont une certaine somme d'argent lors, évidemment, de l'obligation de
fréquentation scolaire quand on faisait toujours notre décompte le
30 septembre, c'est que l'argent dédié au matériel pédagogique qui
peut-être pourrait leur être versé ne suivrait pas. Et ça, c'est une inquiétude
que ces parents-là m'ont manifestée.
Par contre,
le fait aussi d'identifier, par le grand dévoilement, tous ces enfants-là, ça
serait de trouver ceux qui ne font
pas bien cette éducation à la maison là, cet enseignement à la maison, donc
pour leur donner des paramètres corrects. Mais je reviens à l'inquiétude des parents. Est-ce que ces sous-là
dévolus au matériel pédagogique, qui reviendraient donc à la commission scolaire lors de l'inscription de
ces enfants qui étaient anonymes auparavant, pourraient être envoyés en
partie, selon certains critères, aux parents qui font l'école à la maison?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
• (11 h 20) •
M. Proulx : Les gens qui sont allés voir le collègue, à moins
qu'ils soient allés la semaine dernière, fonctionnaient dans un ancien modèle qui ne sera plus lorsque la
loi sera adoptée, si je peux non pas présumer, mais penser qu'un jour nous y arriverons. Et dans ce contexte-là, ces
gens-là qui ne s'inscrivaient pas le faisaient parce qu'ils étaient dans
cette relation d'adversité avec le réseau.
On a donné de la flexibilité, on a offert un encadrement qui est différent, on
offre même la possibilité que, dans
certains milieux, on puisse offrir des services. Le ministère prend à sa charge
l'appréciation du projet d'apprentissage. On en a discuté longuement, on
a adopté les articles qui y sont liés.
Alors, dans
ce contexte-là, nous ne sommes plus dans la même situation qu'on était. Le
régime juridique à leur égard change.
Alors, moi, je pense que, sans avoir besoin d'aller là où nous voulons aller
aujourd'hui, il y aura plus de gens enclins à participer avec l'État à
l'éducation de leurs enfants, soit à l'école ou à l'extérieur de, c'est-à-dire
en expérience d'enseignement à la maison.
Mais là il faut faire le pas de plus. Il y a des
enfants qui ne sont dans aucune expérience éducative, qui vont se retrouver avec aucune base nécessaire, qui
n'auront aucun accès. Et je vais même le dire ainsi, certains sont en
situation de vulnérabilité. Et, s'ils ne
vont pas voir une clinique pédiatrique, s'ils ne vont pas chez le médecin de
temps à autre, s'ils ne sont pas vus
par un CLSC, on n'est même pas capable d'évaluer si, pour leur propre
condition, il y a une compromission de leur développement.
On s'est donné les moyens au Québec cette année
de faire en sorte que, dans la Loi sur la protection de la jeunesse, on puisse faire en sorte de passer de
«peut» à «doit», de façon à ce qu'une non-fréquentation scolaire est un
motif de compromission. On en a ajouté pour s'assurer de trouver les
vulnérables puis de faire en sorte qu'il y en ait moins et beaucoup moins.
Alors, c'est dans cette optique-là que se fait cette communication.
Là où je ne
dis pas... Puis j'entends l'expression qu'utilise le collègue. Ce n'est pas une
occasion d'annoncer dans le journal
qui fait quoi, c'est une occasion pour le ministère de l'Éducation de
savoir en réalité combien il y en a, des enfants au Québec qui devraient être en situation
d'apprentissage et de fréquentation scolaire et combien ne respectent pas la
loi actuellement. On va travailler avec eux
dans plusieurs facettes. Il y a des établissements avec lesquels il faut faire
des liens et il faut travailler mieux. On a commencé à le faire. Il y a
l'enseignement à la maison qu'il fallait encadrer pour offrir une expérience
positive, on y travaille.
Mais il va demeurer, Mme la Présidente, des
enfants, là, qui malheureusement ne sont pas sous la lumière et, dans ce contexte-là, on a besoin de les
identifier, et la commission scolaire va exercer son rôle qui est celui de
s'assurer de la fréquentation scolaire des gens sur son territoire. C'est son
rôle. À toutes les fois qu'il apparaît des enfants, là, dans le milieu, là, c'est son rôle. Et donc on va
poursuivre ce rôle-là et on va l'aider, on va l'aider en lui donnant les
moyens que toutes les commissions scolaires
dénoncent, c'est-à-dire : on sait qu'il habite, à telle place, un tel ou
une telle dans un petit milieu, on
sait que les enfants n'ont jamais fréquenté l'école ou ne font pas l'école à la
maison, on ne peut rien faire. Voilà.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a... M. le député de Saint-Jérôme?
M. Bourcier :
Oui, oui. Et je comprends tout à fait l'intention du ministre, que je salue à
nouveau, mais pour connaître ces enfants-là — et je reviendrai plus tard,
toujours, à ce que les parents voient un peu de tout ça, parce qu'il y en a de
tous horizons là-dedans — ça
va prendre des ressources pour les commissions scolaires pour des fins d'identification de ces gens-là. Actuellement,
avec les ressources qu'on a, on... pas autant... pas du côté des
commissions scolaires,
mais autant du côté des parents, on
disait que les commissions scolaires avaient de la misère à assumer ou assurer un suivi auprès des jeunes qui sont dûment
inscrits comme étant des enfants qui font l'école à la maison. Alors, est-ce que des ressources vont être attribuées ultérieurement aux commissions scolaires pour, entre guillemets, découvrir ces
jeunes-là qui sont encore inconnus? Est-ce que ça va suivre, ça, ces
ressources-là?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
Oui. Le ministère de l'Éducation convient avec les commissions scolaires par ses
règles budgétaires des ressources
nécessaires pour faire son travail. La commission
scolaire qui a le plus d'enfants
inscrits à l'école à la maison, là,
c'est 50. Alors, tu sais, il n'y a personne qui est dépassé par les événements.
Là, je parle dans le réseau francophone, par exemple, là. C'est 50,
puis il n'y a personne qui est dépassé par les événements
puis qui ne peut pas faire son travail. C'est que plusieurs ne veulent
pas le faire.
Alors,
dans ce contexte-là actuel, là, c'est la raison pour laquelle on a changé les choses.
Mais c'est certain que, dans la mesure où on travaille avec les commissions
scolaires année après année à négocier et à discuter des règles budgétaires,
qu'on va s'assurer que les suivis soient là pour pouvoir faire ce travail d'identification qui, en passant, est de la responsabilité des commissions
scolaires.
Alors,
on ne leur demande pas, une fois qu'on est entrés en relation avec un enfant et
ses parents, bien entendu, de les
forcer à venir à l'école. Ce n'est pas eux qui vont faire ce travail-là de
faire appliquer la Loi sur la protection de la jeunesse tout à l'heure. Ce n'est pas eux qui vont, en lieu et place du
parent, faire l'enseignement à la maison, c'est ce qu'il choisit. Ce n'est pas eux qui vont faire l'appréciation du projet d'apprentissage,
c'est le ministère. Alors, ils ont un rôle à jouer, ils seront soutenus pour le faire, mais les responsabilités
autres, là, autour de l'enfant et des parents appartiennent à des tiers, sauf s'il fréquente l'école, pour
lesquels, après une déclaration d'effectifs, comme ça se fait... et dans le cas
des classes d'accueil, à tout moment dans l'année, comme ça se fait maintenant,
ils sont soutenus financièrement à chaque fois qu'un élève est là.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Vous avez
avancé un chiffre pour le réseau francophone, puis on avait déjà discuté des
chiffres actuels concernant ceux qui faisaient l'école à la maison, et, si je
me souviens bien, M. le ministre, vous aviez mentionné...
Là, vous avez parlé de 50 tantôt, mais c'était seulement pour une commission scolaire ou pour tout le réseau?
M. Proulx :
Bien, je fais référence à la commission scolaire de Montréal, qui est venue
ici, disant en avoir, de mémoire — je peux me tromper, là — de
mémoire, 54 ou 55. La commission scolaire qui a le plus d'enfants en éducation
à la maison est le Montréal-English School Board, pour les raisons que vous
connaissez. Au ministère de l'Éducation, on a — je n'ai pas le chiffre exact — un peu moins de 2 000 enfants inscrits
à l'école à la maison pour tout le Québec.
Alors, on a
1,3 million d'élèves, 1 million d'élèves ou plus puis on a 2 000
enfants d'inscrits actuellement en enseignement
à la maison auprès des commissions scolaires. Il en manque combien? Moi, je ne
le sais pas. Vous non plus, j'en suis convaincu, à moins d'avoir fait
des décomptes, des formules mathématiques...
M. Bourcier :
Je ne suis pas allé me promener...
M. Proulx :
Non, moi non plus. Et dans ce contexte-là, alors, c'est avec... Cet article-là,
c'est pour travailler avec eux, c'est pour travailler avec leurs parents, c'est
pour s'assurer qu'on n'ait pas des enfants vulnérables qui, actuellement, ne respectent ni la fréquentation
scolaire, mais plus encore, sont en compromission de leur développement.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Juste question de clarifier, donc on parlait de
2 000 élèves pour l'ensemble du Québec, si on parle du réseau francophone et anglophone compris.
Comparativement, je voulais juste savoir les chiffres pour le réseau
francophone et anglophone. Quelle est la différence entre les deux, à
l'intérieur du 2 000 que vous avez mentionné? Vous avez les chiffres
exacts?
M. Proulx :
Bien, écoutez, moi, je n'ai pas les chiffres exacts. Je pourrais les fournir.
Chaque commission scolaire serait en mesure de vous les donner. Ils sont
venus nous le dire, mais on a davantage d'élèves qui se sont retrouvés
concentrés à la commission scolaire anglaise de Montréal parce qu'il y a eu une
démarche, notamment une démarche judiciaire,
qui nous a amenés à avoir beaucoup plus d'enfants concentrés en enseignement à
la maison, démarche qui, en passant, fonctionne extrêmement bien.
Et là voilà une
expérience positive de gens qui n'étaient pas, au sens de la Loi sur
l'instruction publique, en fréquentation scolaire, qui aujourd'hui, sans être à
l'école comme d'autres enfants, sont dans une expérience d'enseignement à la maison qui est concluante. Il
y a entente, la commission scolaire et eux travaillent ensemble, les
parents cherchent à améliorer les choses, les enfants sont dans une expérience
éducative. Alors, on a fait des pas de géant.
Alors,
c'est la raison pour laquelle j'ai qualifié les deux, mais j'ai répondu au
nombre en disant... vous dites : les commissions scolaires, ils nous
disent, ils n'ont pas le temps puis les ressources pour s'en occuper. Moi,
j'ajouterais, ça prend aussi de la volonté.
M.
Bourcier : Pour les bienfaits de la commission, M. le ministre,
pourriez-vous détailler au nombre d'élèves francophones qui font l'école à la maison et comparativement à ceux de
la commission scolaire anglophone qui le font? Est-ce que c'est possible
d'avoir ces chiffres-là précisément? Je sais que vous avez mentionné la CSDM,
où on est environ dans la cinquantaine d'élèves, là. Juste pour savoir de quoi
on parle...
M. Proulx : Moi, Mme la Présidente,
je peux bien fournir des tableaux au collègue. Je ne sais juste pas en quoi
c'est...
M. Bourcier : Une approximation, là.
M.
Proulx : ...c'est pertinent
d'avoir, par commission scolaire, le nombre, que moi, je fasse ce travail-là,
alors qu'ils sont venus en consultation nous
le dire, mais, je veux dire, si je peux partager des chiffres, parce qu'il y en
a, ça me fera plaisir de partager.
Mais le plus haut qu'on est allés dans les dernières années, c'est un peu en
bas de 2 000, et là je pense qu'on
est à peu près, à 100 peut-être élèves près, entre 1 800 et 2 000.
Alors, c'est là qu'on est depuis le début, et voilà, ça n'a pas varié
beaucoup.
Ce qu'on cherche, c'est à amener plus de gens à
l'école ou plus de gens encadrés par la Loi sur l'instruction publique ou la Loi sur l'enseignement privé, et
c'est dans ce contexte-là qu'on travaille. C'est dans cette optique-là
d'avoir plus de gens dans une expérience éducative
pour favoriser la réussite, parce qu'on ne peut pas parler de réussite puis
laisser des enfants de côté. À mon avis, ça ne fonctionne pas. Et c'est
l'objectif d'un article comme celui-là, c'est de dire : donnons-nous les
moyens de les identifier, donnons à ceux qui ont l'obligation d'assurer la
fréquentation scolaire de faire le réel
travail d'une tentative d'une communication avec eux pour les insérer dans un
processus éducatif et, si ça ne fonctionne
pas, utilisons les moyens qu'on a mis de l'avant pour s'assurer que les
enfants, leur développement ne soit pas compromis. C'est ça, l'objectif
qu'on vise.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Alors, bravo. Bien, je salue toujours cette intention-là,
que je trouve très correcte. Mais, question de nous donner les moyens de
les identifier... supposons, on fait une extrapolation, qu'il y en a, je ne
sais pas, on dit qu'il y en a 2 000
d'inscrits, il y en a 10 fois plus qu'on pensait, mettons qu'il y en aurait
20 000. Est-ce que les gens qui sont
habilités à en découvrir... bien là, qui supervisent les 2 000, seraient
habilités à en trouver, ou en débusquer, ou aller en voir, selon les
données croisées de la Régie de l'assurance maladie, d'aller en voir 10 fois
plus?
Moi, mon
inquiétude, c'est que ça prenne beaucoup de temps et que les ressources
affectées normalement, dans une situation ordinaire, nous permettent de
trouver pas assez d'étudiants. Donc, je voudrais que des ressources... donc,
comme vous dites, que les ressources suivent pour les identifier correctement.
Est-ce qu'à
ce moment-là on peut s'engager auprès des commissions scolaires pour les aider,
s'ils font bien leur travail? Parce que vous avez mentionné de la bonne
volonté tantôt, mais avec toute la bonne volonté que certaines commissions
scolaires pourraient avoir, la possibilité qu'ils manquent de ressources pour
les identifier, ces jeunes-là, pourrait survenir, là. Il pourrait y avoir des
situations...
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
• (11 h 30) •
M.
Proulx : Oui. J'ai annoncé,
Mme la Présidente, l'intention de travailler avec le réseau scolaire. J'ai
annoncé notre intention, puis je pense
parler au nom de l'Assemblée nationale, peut-être, peut-être pas, mais je pense
parler au nom de l'Assemblée
nationale quand je dis qu'il faut identifier ces jeunes. Alors, on ne va pas
faire en sorte de ne pas se donner les
moyens de réussir. C'est pour moi certain. On va convenir de ce que c'est, de
ce que sont ces moyens-là. Mais, là, on n'est pas dans le service direct
aux élèves. On va travailler à même les règles budgétaires, parce que c'est
comme ça qu'on fonctionne pour convenir de
cela en temps et lieu. Mais il faut le mettre en place, ce protocole-là, par
exemple avec la RAMQ. C'est un
exemple, la RAMQ, mais il faut se donner dans la loi la possibilité, mais il
faut surtout modifier la Loi sur la
RAMQ pour qu'elle aussi ait la possibilité de travailler de concert avec nous
tout en respectant les protocoles à l'égard du transfert des renseignements personnels et privés, et surtout de
respecter la loi, parce qu'on a une loi au Québec qui édicte à quelle condition on peut le faire. Alors, tout ça
est à mettre en place, mais j'entends la sensibilité du collègue à
l'égard de : Vont-ils être capables de le faire? J'exprime qu'il faut que
ça se fasse, donc, dans ce contexte-là nous ferons ce qu'il faut pour que ça
arrive.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre.
M. Bourcier : Merci, M. le
ministre.
Décision de la présidence
sur la question de règlement
concernant l'application de la règle de l'alternance
La Présidente (Mme de Santis) : On
va procéder maintenant avec le député de Chambly, mais, avant qu'on procède,
j'aimerais rappeler à la commission que l'article 33 du règlement dit que
«le député qui désire faire une intervention doit se lever et demander la
parole au président». Il y a une décision de M. Robert Thérien, en 1986,
qui dit que «le choix
d'accorder la parole à tel ou tel député relève de l'entière discrétion du
président, qui devra néanmoins distribuer les droits de parole en toute
équité».
Alors, c'est cela, mon obligation, mais je vais
respecter la décision qu'on a prise tout à l'heure et un certain protocole. Je
crois que le député de Lac-Saint-Jean aimerait prendre la parole. Allez-y.
M. Cloutier : Oui, je vous
remercie.
La Présidente (Mme de Santis) : Je
ne veux pas en faire tout un grand débat là-dessus.
M. Cloutier :
Non, mais, inévitablement, puisque vous soulevez l'enjeu, vous indiquez que les
parlementaires doivent se lever. Vous avez lu... c'est bien ce que j'ai
entendu?
La Présidente (Mme de Santis) : Ça,
c'est ce que le règlement dit, sauf que nous ne sommes pas dans l'Assemblée
nationale. Nous sommes ici, en commission, et...
M. Cloutier :
J'ai l'habitude, Mme la Présidente, d'indiquer par un petit geste, comme ceci;
je vais essayer d'être plus visible
pour la suite des choses. Mais soyez assurée, Mme la Présidente, de mon entière
collaboration. Mais je trouve important
quand même que nous puissions nous exprimer comme opposition officielle, et
nous avons des façons de faire qui m'apparaissent être importantes
d'être suivies. Voilà.
La
Présidente (Mme de Santis) : Je ne vais jamais empêcher qui que ce
soit d'avoir le droit de parole. Alors, M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci bien. Donc, M. le ministre, j'aimerais juste comprendre le mécanisme
d'application ici, parce que c'est quand même très, très important.
Quand on dit : «Le ministre peut conclure une entente avec un ministre ou
[une organisation publique] pour recueillir de ces derniers ou pour leur
communiquer un renseignement nécessaire à l'application
des dispositions de la présente loi liées à l'obligation de fréquentation
scolaire d'un enfant», donc on parle d'un
enfant, c'est un générique, de tous les enfants, je me demande ici : Est-ce que
cet article-là, ça veut dire qu'on
parle d'un enfant... c'est sur dénonciation ou sur quelqu'un qui appelle pour
dire : Je suspecte que... ou bien si, par défaut, il y aura un croisement de données, et on saura que tous les petits
Québécois de six ans... où sont-ils? Donc, est-ce que le ministre peut
m'éclairer là-dessus?
M. Proulx : Oui, Mme la
Présidente, si vous me permettez de répondre à la question du collègue.
La Présidente (Mme de Santis) : Oui,
M. le ministre.
M. Proulx : La réponse se
trouve dans la deuxième explication du collègue dans la mesure où c'est une démarche effectivement très globale. L'idée
derrière ça, c'est de nous donner la capacité de faire un croisement. Et
pourquoi un ministre ou une entité? Bien,
c'est parce que, là, il faut référer à ceux qui sont fondés de pouvoir pour
pouvoir le faire. La RAMQ est un bon exemple. On dit à l'égard d'un
enfant parce que l'obligation de fréquentation scolaire est propre à l'enfant. C'est lui qui a cette obligation-là,
mais celui qui a ou celle qui a la capacité de le faire respecter, c'est
l'entité, c'est la commission scolaire.
Alors, c'est dans ce contexte-là qu'il faut d'abord se donner un pouvoir,
c'est-à-dire permettre le croisement,
le ministère de l'Éducation étant la personne la mieux placée pour
recevoir — et non
pas des renseignements nominatifs,
parce qu'on n'a plus le droit de dire ça, mais des renseignements personnels,
alors j'apprends vite, alors — les renseignements personnels, et en
toute sécurité, et ensuite établir un protocole avec le milieu scolaire pour
leur dire : Bien voilà les élèves qui, actuellement, n'ont pas de code
permanent.
Et là ça me permet, pour répondre au collègue
davantage, c'est assez fascinant, Mme la Présidente, mais j'ai rapidement constaté que le code permanent, ce
n'est pas quelque chose qui s'ajoute à un enfant qu'on connaît au
ministère de l'Éducation. C'est : Tu
existes ou tu n'existes pas. Et tu auras fréquenté une fois un établissement
public ou privé, tu existes. Mais tu n'auras jamais été d'aucune façon
dans le réseau scolaire, au sens du ministère de l'Éducation, tu n'existes pas. Et y a-t-il d'autres possibilités
de faire appliquer une loi fondamentale comme la Loi sur l'instruction
publique et la fréquentation scolaire? Non. Alors, il fallait se donner des
moyens. Puis c'est ça qu'on fait.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Donc, ça répond bien à la question côté croisement des données. Ce n'est pas
sur dénonciation, et c'est tant
mieux. Donc, juste pour comprendre la mécanique... Peut-être que vous me direz
que c'est vraiment plus loin, dans un
autre article, là, ça, mais donc le ministère croise des données avec la RAMQ,
constate qu'un jeune de six ans n'a pas de code permanent, donc, pour
reprendre les mots du ministre, n'existe pas dans le réseau scolaire, constate
que sa commission scolaire compétente, supposons sur un territoire x, est francophone,
on va dire que c'est la Commission scolaire
du Petit Bonheur, peu importe, et là on avise la commission scolaire :
Vous avez le petit Thomas qui, en ce moment, n'a pas de code permanent.
Qu'est-ce
qui arrive à partir de ce moment-là? La commission scolaire fait quoi? Ils
appellent? Ils envoient un travailleur
social? Est-ce qu'il y a des travailleurs sociaux qui vont là et vont cogner à
la porte? Quel est le mécanisme qui s'enclenche, là, concrètement, là? Je ne parle pas
d'envoyer la police puis des menottes puis un huissier, là, je ne suis
pas en train de demander ça, du tout, du tout. Je veux comprendre ce qui se
passe.
M. Proulx : L'obligation étant aux commissions scolaires, ils devront convenir du
moyen d'entrer en contact, tenter
d'entrer en contact, avec la famille. Comme ils le font, en passant, dans
plusieurs circonstances actuelles, lorsque, par les services sociaux, ils apprennent qu'un ou une enfant n'est pas à
l'école et devrait y être. Ça arrive régulièrement, et moi, ce qu'on me dit, dans ce cas-là, ils ont
souvent des ententes ou des partenariats avec les services sociaux,
parfois avec les services de garde ou avec
d'autres organisations communautaires, de dire : Bien, écoute, il faudrait
rencontrer telle famille et lui expliquer qu'au Québec ou
actuellement... ne respecte pas cette obligation de fréquentation. Et là, à ce moment-là, va tenter, par les moyens qu'ils
mettront en place et par, je dirais, la sensibilité que ça prend pour être
capable d'entrer dans une démarche qui se voudra positive, on le souhaite, et
là, à ce moment-là, s'ils peuvent régulariser la situation, elle va se
régulariser.
Si
elle ne se régularise pas, là, à ce moment-là, bien, je dirais, il y a
plusieurs possibilités : il y a de travailler en lien avec la
compromission du développement global, s'il fallait aller jusque-là. Puis, en
passant, la Direction de la protection de la
jeunesse, qui actuellement, intervient, je dirais, parfois trop tôt, parfois
trop tard, parfois n'intervient pas... Vous aurez compris que, dans le
cadre du projet de loi n° 99, il y a, oui, cette clarification ou cet
engagement comme société, de dire que, si on
ne fréquente pas l'école, ce peut être... ce n'est pas «peut», mais «doit» être
un motif qui sera analysé dans la
compromission globale d'un enfant. Là, à ce moment-là, les choses se clarifient
pour quelle raison on peut faire un
signalement et autre. Mais l'objectif, c'est de travailler directement avec les
parents, dans le milieu, pour, un, une prise de conscience de la situation...
est irrégulière, puis comment on fait pour la régler.
Le problème, c'est
qu'actuellement plusieurs le savent que la situation est irrégulière pour
certains enfants. Il n'y avait pas possibilité d'agir parce qu'en plus tout le
processus, après, n'était pas clair. Mais dans bien des cas, actuellement, il n'y avait même pas la capacité
pour l'État de dire à quelqu'un : Tu es en situation irrégulière, parce
qu'on ne les connaissait pas. Et eux se faisaient... pouvaient faire un peu ce
qu'ils voulaient. Et c'est dans ce contexte-là.
Alors,
cette relation-là, difficile de la définir plus que ce que je viens de dire, en
disant : Ils sont beaucoup mieux placés
que nous, ici, pour convenir de comment les rejoindre. Maintenant, s'ils ne les
rejoignent pas, s'ils sont incapables de travailler avec eux, s'il y a un refus complet et total de s'inscrire
dans notre démarche, dans la flexibilité que nous offrons, bien, il existe des moyens pour faire en sorte que
services sociaux, Protection de la jeunesse interviennent pour assurer
le développement global de l'enfant.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Chambly, ça va?
M. Roberge :
Ça répond à ma question, merci.
La Présidente (Mme
de Santis) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Lac-Saint-Jean.
• (11 h 40) •
M. Cloutier :
Oui, Mme la Présidente. Durant les travaux de la commission, on a soulevé la
problématique liée au suivi des
sommes qui sont prévues pour l'enseignement à la maison. Mon collègue me
faisait remarquer, à propos, que nécessairement
on risque de découvrir d'autres enfants qui ne sont pas inscrits. Est-ce qu'on
a prévu, dans les dispositions
du projet
de loi actuel... est-ce qu'on pouvait s'assurer du suivi des sommes prévues pour l'enseignement à la maison? Comment on va répartir? Visiblement, c'est à
géométrie variable. Puisque maintenant les suivis vont se faire par le ministère de l'Éducation, est-ce qu'on retrouve
dans le projet de loi actuel ou dans les amendements que vous allez nous
déposer le suivi financier ou les sommes qui
pourraient éventuellement être octroyées aux parents pour
l'apprentissage?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
Oui. Bien, tout ce qui est en lien avec les commissions scolaires, Mme la
Présidente, c'est par les règles budgétaires
que ça se fait, et ça se retrouvera là. Et la situation juridique actuelle va
se refléter dans les règles budgétaires.
À l'égard du ministère, lorsqu'on a discuté de la formule du suivi du
ministère, Mme Barcelo était avec moi, et on a convenu qu'à même les ressources du ministère on était pour
constituer une équipe. On sait très bien qu'il y aura des coûts associés à ça qui sont au sein du
ministère de l'Éducation. Et, très honnêtement, on aura l'occasion de faire
état de ça et de rendre des comptes lorsque ce sera le cas.
Et,
dans la perspective de voir des enfants intégrer l'école, parce qu'un jour,
lorsque quelqu'un cogne à ta porte, pour
faire une image, et de dire : Tu devrais être à l'école puis tu n'y es
pas, maintenant, on sait que tu habites ici, puis que tu es à telle place, puis que ça fait deux ans que
tu n'es pas allé, bien, certains vont peut-être décider d'intégrer
l'école. Ce n'est pas tout le monde qui va
dire : Ah! bien, maintenant, je veux faire l'enseignement à la maison.
Alors, ceux-là, par la déclaration d'effectifs, vont être couverts. Je
veux dire, on a aujourd'hui 1 million d'élèves, on en aurait
1,1 million, le financement est en
fonction. On a, l'an prochain, 989 000. Le financement est en fonction.
Alors, là-dessus, il n'y a pas de nécessité d'inscrire quoi que ce soit
à l'égard du financement dans la mesure où nos règles budgétaires sont le lieu
pour travailler avec les commissions scolaires. Le ministère, à même ses
budgets, va faire l'encadrement, et ceux qui fréquenteront
l'école sont à chaque 30 septembre déclarés, comme on vient de le faire il
y a quelques semaines, Mme la Présidente, et là, bien, à ce moment-là,
on est en mesure de savoir combien on a d'élèves par école, par commission
scolaire, dans l'ensemble du Québec.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
J'étais pour me lever. Non? C'est correct?
La Présidente (Mme
de Santis) : Mais peut-être c'est bien pour la santé de se lever de
temps en temps.
M. Bourcier :
Oui, absolument. Ça m'aurait fait sûrement fait faire un excellent exercice.
D'ailleurs que plusieurs enseignants font dans leur classe aux élèves à
ce moment-ci de la journée.
Concernant
le suivi du ministre par rapport aux règles budgétaires, est-ce qu'on peut être
assurés que ça va être fait ultérieurement?
De quelle manière le ministre peut nous rassurer pour les parents qui font de
l'école à la maison et qui m'ont manifesté justement la problématique
que les commissions scolaires où ils étaient inscrits ne les aidaient pas avec
du matériel pédagogique? Alors, de quelle
manière les règles budgétaires pourraient être suivies pour ces nouveaux
élèves-là qui vont peut-être être 10 fois plus? Ça va quand même demander
beaucoup d'argent.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Mme la Présidente, on a inscrit dans la loi que le suivi
d'apprentissage était fait par le ministère. Avant, ceux inscrits se plaignaient qu'il n'y avait pas de suivi. On a
inscrit dans la loi qu'il y aurait des services qui vont être offerts et qu'on pourra convaincre et
contraindre des commissions scolaires à offrir certains services qui
actuellement ne sont pas... exemple, l'accès
à la bibliothèque, par exemple. C'est un exemple. Alors, on a convenu de ça.
Ils ont plus de possibilités
aujourd'hui, les parents, qu'ils en avaient. Ceux qui ne sont pas inscrits
nulle part, ils font tout à leurs frais. Ceux qui sont inscrits actuellement à la commission scolaire, il y a une
somme qui est dévolue pour le suivi, puis il n'était pas toujours fait.
Alors, dans ce contexte-là, on va, nous, protéger cette somme-là dans les
règles budgétaires, comme on doit le faire,
puis on va soutenir, au sein du ministère de l'Éducation, l'appréciation de
l'apprentissage. Alors, je n'ai pas besoin d'inscrire autre chose,
j'offre déjà dans la loi plus de possibilités, j'offre des services qui
actuellement ne sont pas offerts — quand je dis je, c'est nous, là — et, en plus, dans les règles budgétaires, on
protège les situations, on va protéger
des sommes à l'égard du suivi fait par les commissions scolaires, et de cette
relation avec l'avis et autres, tel qu'on l'a dit, et nous, au ministère
de l'Éducation, allons affecter des budgets administratifs à l'appréciation du
projet d'apprentissage et du suivi.
Alors,
personnellement, ce matin, ils en ont plus que la semaine passée puis ils en
ont plus que le mois passé, et ils
sont mieux soutenus. Puis quand on va l'adopter, ils vont être vraiment
soutenus par rapport à ce qu'ils ont aujourd'hui. Alors j'entends la préoccupation du collègue, mais
il faut se rappeler que quand, moi aussi, j'ai rencontré des parents qui
font l'école à la maison, bien, ils viennent
me dire : Bien, moi, je n'en ai pas de services, puis je n'en ai pas de
soutien, puis, mon portfolio, ils ne le
regardent pas ou ils le regardent puis ils me disent qu'il n'est pas bon. Mais
je viens de référer à toutes les situations qu'on a modifiées dans la
loi pour lesquelles il y a soit un service, soit des dollars, soit un nouvel
accompagnateur.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, premièrement, je salue encore cette intention-là. Je ne vais pas être
contre ça, là. Et puis, moi,
la question que je me pose, et encore une fois, c'est : Quel est le
montant, les sommes protégées à cet effet dont vous mentionniez tantôt l'existence? Est-ce
qu'on a une idée de l'ampleur de ce
montant-là que le ministère... M.
le ministre réfère?
M. Proulx :
C'est dit ici, madame...
La Présidente (Mme
de Santis) : Une personne à la fois. Est-ce que vous...
M. Bourcier :
Oui, oui, j'ai terminé. Je vais me rasseoir, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
de Santis) : O.K., parfait, excellent. M. le ministre.
M. Proulx : Je suis content que vous ne m'ayez pas dit que je suis debout en ce moment, étant donné que parfois c'est
arrivé à un de mes collègues de me faire des farces plates, mais ça
arrive, et je vise le député de Champlain
volontairement.
Mais,
actuellement, la somme qui est dévolue pour un enfant en suivi... Alors,
actuellement, 100 % du suivi est fait
par la commission scolaire, en théorie. C'est 1 000 $ qui est versé
par personne. Alors, on a, quand tu es à l'école, une subvention x; on a, quand tu es en accompagnement
par la commission scolaire, 1 000 $. Alors, actuellement, il n'est
pas question, puis je l'ai dit au réseau
scolaire, de modifier cette allocation-là, il n'est pas question de la faire
disparaître dans le modèle actuel,
et, vraisemblablement, s'il y a plus d'élèves en enseignement à la maison pour
lesquels les commissions scolaires
ont une responsabilité, bien, je veux dire, ça va faire augmenter les coûts.
L'État est conscient que la réalité va nous amener à avoir plus d'élèves
dans notre réseau, soit à l'école ou en périphérie, en enseignement à la maison,
et c'est tant mieux.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Bien, je
vous remercie. Écoutez, je suis le porte-parole autant des commissions
scolaires que des enfants et
des parents, surtout, aussi qui nous écoutent. Alors, merci d'avoir répondu à
mes interrogations.
La Présidente (Mme de
Santis) : Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Est-ce
qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a aucune autre intervention, nous allons procéder
au vote. Qui est en faveur d'adopter l'article... Pardon? Oui, c'est ça, on va procéder
au vote. Est-ce que l'article 11 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
de Santis) : Maintenant, nous allons à l'article 18 du projet de
loi. M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. Alors, c'est un article de concordance avec la
discussion que nous venons d'avoir, parce qu'on a souhaité modifier la Loi sur l'assurance
maladie. Alors :
L'article 67 de la Loi sur l'assurance maladie est modifié par
l'insertion, après le 13e alinéa, du suivant :
«Il n'interdit pas
non plus de révéler au ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport les
renseignements nécessaires à l'application des dispositions liées à
l'obligation de fréquentation scolaire d'un enfant prévues par la Loi sur
l'instruction publique.»
Alors,
vous avez compris que c'était en lien avec la discussion qu'on vient d'avoir.
La rédaction est bien sûr en partenariat avec les gens de la Santé et ceux qui
ont à appliquer cette loi, mais ça me semble assez clair, et c'est une
avancée que je vais qualifier d'assez extraordinaire, Mme la Présidente, dans
la mesure où on ne pouvait pas les
identifier, ces jeunes-là, aujourd'hui.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des interventions? Aucune
intervention. Nous allons procéder au vote. Est-ce que l'article 18 du projet
de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci. Nous procédons maintenant à l'étude de l'article 3
du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx :
Oui. Alors : 3. Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 17, du suivant :
«17.1.
La commission scolaire doit, à la demande du ministre et en utilisant les
renseignements qu'il lui fournit concernant
un enfant qui [ne pourrait] pas remplir son obligation de fréquentation
scolaire ou ses parents, effectuer auprès de ces derniers les démarches qu'il lui indique afin de connaître et, le
cas échéant, de régulariser la situation de cet enfant.
«À
cette occasion, elle doit en outre informer les parents des obligations
découlant des articles 14 à 17 ainsi que des services éducatifs auxquels l'enfant a droit en vertu de la présente
loi. Les parents doivent fournir à la commission scolaire, dans un délai
raisonnable, tout renseignement qu'elle requiert relativement à la situation de
leur enfant.
«Lorsque les
démarches n'ont pas permis de connaître la situation de l'enfant ou de la
régulariser, la commission scolaire [...]
signale au directeur de la protection de la jeunesse après en avoir avisé les parents
de l'enfant.»
Alors,
tout à l'heure, on avait cette discussion avec le collègue de Chambly
sur les modalités. Bien, voilà, la loi vient
inscrire le principe et, dans le
fond, obliger nos commissions scolaires à faire ces démarches. C'est certain qu'il
fallait aussi s'assurer de donner l'obligation aux parents de répondre à la demande parce que, si on souhaite
informer — et
on doit informer — la
direction de la protection de la jeunesse, il aura fallu donner un délai
raisonnable aux parents pour pouvoir
s'y conformer, à ces demandes. Alors, voilà l'article général qui
permettra, j'espère, à chacune des commissions scolaires d'établir un
mécanisme qui sera porteur dans leurs régions, qui sera en lien avec leurs façons de faire, parce qu'il faut juste
se rappeler, avant de passer la parole au collègue de Lac-Saint-Jean, qui a
levé la main, la réalité, c'est la suivante :
c'est que, dans chacun des milieux, on a des opportunités comme celle-là de
travailler avec les services sociaux et les parents. Voilà.
• (11 h 50) •
La Présidente
(Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Cloutier :
Oui.
La Présidente
(Mme de Santis) : M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Il y a plusieurs choses, Mme la Présidente, là. En commission parlementaire on
nous a expliqué les problématiques de
ressources à la DPJ. On n'a pas assisté, évidemment, aux travaux du projet de
loi n° 99. On y a souvent fait
référence par contre. J'imagine que l'enjeu des ressources a été discuté. Et
juste qu'on clarifie et juste nous assurer, dans le fond, que les
amendements qu'on est en train d'adopter, et les pouvoirs supplémentaires qui
sont donnés à la DPJ... Puis le ministre
peut me référer sans doute aux travaux de l'autre commission, mais
puisqu'inévitablement le travail de cette
commission chevauche le travail de l'autre commission, on n'a pas... je ne
pense pas avoir reçu l'assurance que les délais qui avaient été évoqués,
les craintes quant au manque de ressources, est-ce que ces enjeux-là ont été
discutés. Et, si oui, est-ce qu'on va s'assurer justement qu'on va être capable
de mettre en oeuvre les dispositions actuelles?
La Présidente
(Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui, bien, je peux parler des discussions que
j'ai moi-même eues avec ma collègue à cet égard-là lorsqu'on a fait cette rédaction et cette
réflexion à l'égard de comment s'assurer de ne pas compromettre le
développement global
des enfants et d'inscrire la fréquentation scolaire comme un des motifs à
mettre de l'avant. Ce n'est pas tant de donner des nouveaux pouvoirs actuellement à la Direction de la
protection de la jeunesse que d'encadrer, je dirais, son action par... donnant plus de clarté aux différents
éléments qu'elle a à apprécier, la direction, ou le directeur, pardon,
qu'il a à apprécier. Et, dans le fond,
c'est... Le directeur de la protection de la jeunesse avait souvent l'occasion
de dire : Il n'y a pas de
compromission du développement en lien avec la fréquentation scolaire parce que
d'abord j'ai un «peut», alors je peux apprécier que ce n'est pas le cas,
et souvent l'expérience, pour avoir discuté longuement avec des gens qui sont
intervenus dans le passé... Il est debout, il a de l'air à bien s'alimenter, il
est bien habillé, tout est correct, il parle correctement,
il n'a pas de problématique apparente, bien, à ce moment-là, pas d'enjeu, et
personne pour faire respecter l'obligation de fréquentation scolaire non
plus.
Alors, bien
sûr que ma collègue a la même conscience que moi, que, si on oblige des gens à
faire des choses, il faut être
capable de les soutenir, et là-dessus je compte également sur elle puis elle
compte sur nous pour être capable de terminer cet équilibre entre les pouvoirs qu'on met de l'avant, mais c'est
certain que tous les collègues pourront également lui poser ces questions-là, et elle répondra qu'elle a
l'intention elle aussi de convenir du cadre de travail avec la protection de
la jeunesse pour que les choses se fassent
correctement, là. Ce n'est pas... ça m'apparaît évident pour moi. Bien
entendu, je comprends que le collègue nous dit — puis, dans le fond, on
l'exprime à haute voix, Mme la Présidente : Bien sûr, il faut avoir la
capacité de soutenir nos organisations. Ça, je l'entends.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Oui. C'est un
vrai enjeu, Mme la Présidente, parce que, lorsqu'on a demandé au ministre si le
ministère de l'Éducation était apte à
accompagner les élèves pour nous assurer de l'apprentissage à la maison, le
ministre nous a dit : Oui, au
ministère, nous avons les ressources appropriées pour le faire. C'est une
nouvelle responsabilité du ministère, mais du côté du ministre de
l'Éducation.
Par contre,
au niveau du directeur de la protection de la jeunesse, le manque de ressources
est documenté, a été décrié, s'est
exprimé lors des travaux de notre commission par les commissions scolaires,
entre autres. Et il y a eu des situations
complètement incroyables qui ne sont pas nécessairement liées à la
fréquentation scolaire. Mais je vous ferai grâce du rapport qui a été rendu public récemment sur la situation au
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
où clairement il y a un manque de
ressources incroyable. Ceci étant dit, je comprends que le ministre a eu des
discussions avec sa collègue, mais ça
nous apparaît être fondamental que la protection de la jeunesse ait les moyens
qu'il lui faut pour pouvoir travailler en collaboration avec le
ministère de l'Éducation.
Puis l'autre
élément que je veux soulever avec vous, c'est le délai qu'on donne aux parents.
Je comprends qu'on a décidé de donner un délai raisonnable. Mais, dans
l'interprétation du délai raisonnable, est-ce qu'il n'aurait pas été souhaitable que nous soyons plus précis dans la
définition pour donner moins de discrétion à ce qu'on juge être
raisonnable ou non dans les circonstances et
justement éviter qu'on soit trop à géométrie variable dans l'interprétation
qu'on donnerait à un délai raisonnable?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Oui, mais deux
choses, peut-être, pour répondre à la première partie et terminer avec le
délai, Mme la Présidente. Je ne l'ai pas
noté, puis je remercie l'équipe de me l'avoir rappelé. Lorsqu'ils ont fait le
travail en commission parlementaire à l'égard du projet de loi
n° 99, ils ont adopté, dans la Loi sur la protection de la jeunesse, un
article, dans le fond, les obligeant de convenir avec l'Éducation d'une entente
dans chacune des régions avec les commissions
scolaires. Et ils ont également amendé la Loi sur l'instruction publique en
faisant une disposition miroir, faisant en sorte qu'on va convenir
d'ententes, là — je
vais utiliser ententes administratives — entre l'éducation et la protection de la jeunesse, sur la façon de
travailler. Et, dans certaines régions, il y a des sensibilités, et peut-être
mieux qu'elles apparaissent un petit peu
plus tard ou interviennent un peu plus tard si on peut tenter de travailler avec
les parents. Et, dans ce contexte-là, ça nous oblige à mettre nos
ressources en commun. Donc, la préoccupation qu'a le collègue à l'égard des ressources, bien, ce n'est pas juste
nous qui sommes en attente. Si on veut convenir d'une entente
administrative dans une région, ça va nous obliger à travailler ensemble puis à
avoir les ressources pour le faire.
Au niveau du
délai, très honnêtement, je ne pense pas que c'est... Je ne pense pas qu'il y a
là un flou. Je pense que c'est la
flexibilité nécessaire, Mme la Présidente, pour établir les choses. Je
comprends que ce pourrait être différent, en tout cas, à prime abord, là, le délai raisonnable
pourrait, à première vue, apparaître différent d'un milieu à l'autre. La
réalité, par contre, c'est que, le collègue
le sait très bien, c'est un enjeu d'interprétation, ça. Et éventuellement, s'il
y avait un recours ou judiciarisation
d'un dossier à l'égard d'un enfant, quelqu'un aurait à apprécier si le délai
est raisonnable ou non. Et, dans ce
contexte-là, moi, je ne considère pas qu'il faut aujourd'hui inscrire que c'est
30 jours, sachant très bien que, dans certains cas, ça peut être
45, puis les gens auraient pu obtenir les documents nécessaires. Et,
sincèrement, on est ici pour établir les principes, on fait beaucoup en matière
d'encadrement. Moi, je ne suis pas tenté par nous obliger par un délai
particulier à ce moment-ci.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Merci, Mme la Présidente. Le ministre a fait référence à 45 jours. Je suis
surpris. J'imagine que...
Une voix : ...
M. Cloutier : Oui,
mais ce n'est pas un exemple applicable, dois-je le comprendre, parce que les
parents doivent fournir à la commission scolaire tout renseignement
qu'elle requiert relativement à la situation de leur enfant. Il me semble, j'imagine, qu'on a quelques jours en tête.
C'est un peu l'idée de ne pas spéculer. C'est là un peu que je veux en venir. C'est dans l'expression «délai raisonnable»,
il y a à boire et à manger. Et à mon point de vue, 45 jours, hein,
pour un parent... Je comprends que le
ministre a juste nommé 45 jours comme exemple pour d'autres situations que
celle applicable, j'imagine, mais,
dans un cas où effectivement on prendrait 45 jours pour répondre, ça
m'apparaît plus que déraisonnable, considérant
le fait que ce jeune-là doit être inscrit à l'école. Un délai de cinq jours, il
me semble que, pour rassembler l'information...
C'est juste qu'il y a des programmes pédagogiques à suivre, il y a des classes
à faire, il y a un univers, au ministère de l'Éducation, où les gens
doivent... J'essaie de comprendre pourquoi on ne veut pas donner une date ou un délai, puis si, je ne sais pas, moi, on
pourrait inscrire «dans un délai de cinq jours», sauf pour motifs, je ne sais
pas, moi, jugés suffisants ou, tu sais,
qu'on inscrive un délai, puis qu'ensuite on permette une exception m'apparaît,
bon, une façon de procéder. Au moins,
on évite la discrétion puis on permet par contre une forme de discrétion si le
délai n'était pas respecté pour des raisons humanitaires ou toutes
sortes de raisons qui ne me viennent pas nécessairement à l'esprit, mais on
peut imaginer, j'imagine, des scénarios où ce serait nécessaire d'avoir un
délai plus long que cinq jours ou sept jours. Mais je pense qu'il y a un
minimum qui doit être inscrit dans...
La
Présidente (Mme de Santis) : Comme tenu de l'heure, je suspends... la
commission, maintenant, suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 19 h 30)
La
Présidente (Mme de Santis) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 144, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et
d'autres dispositions législatives
concernant principalement la gratuité des services éducatifs et l'obligation de
fréquentation scolaire.
Lors
de la suspension de nos travaux, nous étions rendus à l'étude de
l'article 3. Est-ce qu'on a des
intervenants? M. le ministre?
M. Proulx : Pour l'instant, non, mais laissez-moi vérifier parce que je ne m'en
souviens plus, de l'article 3, moi, je ne suis pas rendu là. Je
pense que je n'avais pas d'intervention supplémentaire.
La
Présidente (Mme de Santis) : Parce que, quand on s'est laissés, le
député de Lac-Saint-Jean avait fait une intervention.
M. Proulx :
Sûrement pertinente, mais c'est non. Non, non, je ne sais pas. Sérieusement, je
ne sais pas où on était rendus.
La Présidente (Mme
de Santis) : Parfait. Est-ce qu'il y a des intervenants, quelqu'un qui
veut faire une intervention? Alors, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui, Mme la Présidente. Ce matin, donc, nous étions en train de, justement,
regarder l'article 3. Et, dans
le dernier paragraphe de l'article — et, moi, ça m'a interpelé — on parlait : «Lorsque les démarches
n'ont pas permis de connaître la
situation de l'enfant ou de la régulariser, la commission scolaire le signale
au directeur de la protection de la jeunesse
après en avoir avisé par écrit les parents de l'enfant.» Là, pour l'instant,
moi, c'est le bout qui m'inquiète. Vous savez, on a été interpelés, et j'imagine que, dans plusieurs régions,
c'est le cas, mais nous avons été interpelés par les gens de la direction de la protection de la jeunesse
des Laurentides, où on nous mentionnait être en manque d'effectifs,
justement, dans notre région, donc ce qui
concerne les commissions scolaires de notre région, et qu'il y avait même
habituellement ce qu'on considérait comme une alerte majeure au niveau des
dossiers en attente étant de 100 dossiers en attente. Eh bien, dans les Laurentides, il y avait
200 cas en attente, des dossiers qui étaient à l'étude, donc qui
méritaient un suivi mais qui n'en avaient pas.
Maintenant,
on sous-entend, donc... on sous-entend, on le signale au directeur de la
protection de la jeunesse dans l'article 3
que ces gens-là vont devoir intervenir lorsque les démarches n'auront pas
permis de connaître la situation de l'enfant
ou de la régulariser. Ça va prendre du monde et ça va prendre des ressources
supplémentaires à la direction de la protection de la jeunesse. Alors,
qu'est-ce que M. le ministre a à nous suggérer ou à nous donner comme
explication par rapport à la situation, qui, j'imagine, est une situation vécue
dans plusieurs régions du Québec au niveau de la direction de la protection de
la jeunesse?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Très rapidement,
Mme la Présidente, parce qu'on en a parlé tout à l'heure, j'ai dit que,
lorsqu'il y a eu adoption du projet de loi n° 99, il y avait eu un
amendement de fait à la Loi sur l'instruction publique et un autre fait à la Loi sur la protection de la
jeunesse qui venait sceller le sort des deux organisations dans la mesure où
ils ont à travailler ensemble et convenir
d'ententes. Donc, on va mettre les ressources à la disposition de l'un et
l'autre. Peut-être rappeler au
collègue également que j'ai dit, et je pense que ma collègue Lucie
Charlebois... pardon, ministre déléguée et responsable des Services
sociaux et de la Protection de la jeunesse a également dit que nous étions pour
soutenir nos organisations dans les tâches qui sont les leurs. Et peut-être
dire, Mme la Présidente, que ma collègue a également annoncé, en mars dernier, une augmentation du financement de
12 millions auprès de la DPJ, dont 5 millions pour pouvoir
faire ce rattrapage nécessaire des différents dossiers.
Donc, les
choses sont en voie, je dirais, de s'améliorer et de se normaliser, selon les
informations que j'en ai, dans la mesure où il y a des ressources
supplémentaires. Mais rappeler également que ce n'est pas parce que notre
projet, actuellement, je dirais, clarifie
et/ou améliore la perception et le moment pour l'intervention des différents
acteurs que ça va nécessiter des dizaines, et des dizaines, et des
dizaines d'interventions supplémentaires. La DPJ va continuer à intervenir pour
faire appliquer la Loi sur la protection de la jeunesse et pour faire l'évaluation
des dossiers pour voir s'il y a ou non compromission du développement. Mais, tant et aussi longtemps que nous serons en relation avec les
enfants, leurs parents dans notre modèle, bien, je veux dire, la situation va
demeurer celle qu'elle est actuellement.
Alors, moi,
je n'ai pas d'autre chose à dire à ce sujet-là, si ce n'est que l'article 3
vient nous permettre et surtout nous
donner l'occasion de donner — excusez la répétition — aux commissions scolaires la capacité de
mettre en place les démarches nécessaires pour entrer en contact avec
les enfants et les parents.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, on nous dit qu'on va porter attention via, justement, votre collègue,
mais est-ce qu'on est capables de
chiffrer la quantité de ressources nécessaires à cette opération-là que... moi,
j'appelle ça le grand dévoilement, là,
mais évidemment on parle d'une partie de ces gens-là qui, donc, auraient des difficultés
à régulariser leur situation?
M. Proulx : Mme la Présidente, en ce qui a trait à la
protection de la jeunesse, je n'ai pas d'information particulière à
transmettre au collègue. Ce n'est pas sous ma juridiction.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Alors, je vais
passer à un autre aspect qui m'a été mentionné par nombreux parents. Je lis les
courriels qu'on m'envoie, et justement par
rapport à ce grand dévoilement là, les règles de transition pour les parents
qui n'étaient pas inscrits dans les différentes commissions scolaires, donc qui
vont devoir le faire, par conséquent, par le croisement
des informations de par le régime d'assurance maladie, est-ce qu'on a une idée
du genre de règles de transition qu'on va appliquer pour cette
opération-là, M. le ministre?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Oui. Dans les faits, Mme la Présidente, rappeler
que, d'abord, il faut adopter la loi. La loi va nous permettre de convenir avec une organisation comme
la RAMQ de la possibilité de convenir d'un cadre de transfert des
données, et ensuite il y aura une entente entre la RAMQ et le ministère de
l'Éducation, et le ministère de l'Éducation va
convenir des modalités dans lesquelles il pourra transmettre ces informations
aux différentes commissions scolaires. Or, je ne dis pas que ça va prendre du temps. Ce que je dis, c'est qu'il
faut quand même convenir de ça. Alors, il n'est pas question d'une
période de transition dans la mesure où, un jour ou l'autre, ça va entrer en
vigueur, et à ce moment-là le modèle juridique dans lequel nous serons sera le
modèle applicable. Les gens qui seront inscrits aux commissions scolaires auront à suivre la démarche. Les gens
qui n'y seront pas et qui seront identifiés par leur commission scolaire
auront à suivre la démarche. Et, à mon avis, Mme la Présidente, lorsque ce sera
connu de part et d'autre, que cette démarche-là sera mise de l'avant, que ce
nouveau cadre juridique existe, il y aura, je pense, un certain engouement de certains parents à ne pas attendre de recevoir
un téléphone et qui voudront peut-être convenir d'un cadre différent
pour accompagner l'apprentissage à la maison parce qu'actuellement le cadre
actuel ne répond pas à leurs attentes. Et on pense que, dans le contexte où on
a fait des changements, les choses vont s'améliorer.
Donc, notre
objectif est toujours le même, la loi rentre en vigueur le plus rapidement
possible qu'on soit capables de mettre de l'avant ce qu'on souhaite
faire et surtout ce transfert des informations d'une organisation à l'autre
pour s'assurer que tous les enfants soient à
l'école et/ou autorisés de ne pas être à l'école en fonction de la Loi sur
l'instruction publique.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Alors, à ce
moment-là, lors de cette transition qui semble vouloir s'organiser, moi, une de
mes inquiétudes, c'est que ça se passe dans le respect autant des parents que
des enfants. Il faut comprendre que ces gens-là,
depuis très longtemps ou depuis un certain nombre d'années tout dépendant de
l'âge des enfants, bien évidemment, là, assument l'enseignement à leurs enfants. Alors, c'est sûr qu'on parle de
mécanique, actuellement, au niveau des règles de transition, mais il y a des
parents qui font probablement de l'enseignement à la maison de très grande
qualité. Est-ce qu'on va tenir compte aussi du respect et tenir compte
de tout ce qui a été accompli par ces gens-là jusqu'à date, qui sont des
cas d'espèce, chacun de ces parents-là, là?
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Bien, Mme la Présidente, on a convenu d'un nouveau mode d'encadrement
pour mettre fin au mode actuel.
Alors, dans le contexte où nous le ferons, on va permettre l'entrée en vigueur
de ce mode-là en temps et lieu. Le transfert
des informations va être en mesure de
se faire le jour où on aura adopté le projet de loi et qu'on aura
convenu avec l'organisation, par exemple la
RAMQ, de cet échange. On n'a pas à vivre une période de transition pour faire
en sorte que les gens continuent à
faire ce qu'ils font maintenant. On va mettre fin à ce qu'ils font maintenant
pour qu'ils le fassent dans un
nouveau régime. Alors, ce n'est pas de les ostraciser, ce n'est pas de les
amener à faire, pour la grande majorité d'entre eux, des choses bien différentes de ce qu'ils font. Certains ne
sont pas inscrits aux commissions scolaires mais font l'enseignement à
la maison malgré tout.
Là
où on va travailler beaucoup et de manière très différente, c'est avec ceux qui
ne font aucun enseignement à la maison
et qui ne sont dans aucune expérience éducative, et là ils sont clairement
vulnérables, et où leur développement global
est compromis au sens de la Loi sur la protection de la jeunesse. Ceux-là, la
vie va changer, et c'est tant mieux.
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Et je suis entièrement d'accord
avec vous, M. le ministre, pour les cas que vous venez de mentionner
où il ne se passe rien, où il devrait se
passer quelque chose et où une éducation, une instruction
doit être dispensée à ces enfants-là,
autant par leurs parents que les gens qui en sont responsables. Ce que je veux,
par contre, vous faire remarquer, puis je parle au nom, justement,
de ces parents-là, là, qui ne sont pas inscrits actuellement puis qui nous
écoutent, qui nous regardent, alors, évidemment, que l'évaluation de ce
qu'ils font soit faite dans le respect, et il y en a qui le méritent
grandement, puisqu'il y en a qui le font très bien.
Et
entre autres une personne, dans un courriel, me mentionnait
qu'elle s'était fait dénoncer à la direction de la protection de la jeunesse parce
qu'au moment où la personne qui l'a dénoncée a regardé dans sa cour c'était la
récréation, on pourrait dire, elle avait
donné une pause à ses enfants pour s'amuser dans la cour, alors elle avait été
dénoncée en disant qu'elle ne faisait
rien. Alors, on peut comprendre leur crainte, là, lorsqu'on va arriver, qu'ils
ne soient pas considérés comme des numéros et que tout ça se fasse dans
le respect, évidemment, de ces gens-là, qui le méritent, d'ailleurs, selon moi.
M. Proulx : Bien entendu, Mme la Présidente, sur l'importance du respect,
l'importance aussi de mettre en place ce nouveau cadre là dans l'optique
où nous savons que nous sommes en droit nouveau. En même temps, je rappelle au collègue... puis souvent il a des exemples, et
c'est vrai, j'ai à peu près les mêmes ou des exemples similaires où les
gens rapportent une situation qui est dans
le régime actuel, régime actuel qui va changer. Alors, si tu as envoyé ton avis
à la commission scolaire, si tu es en
démarche d'appréciation de ton plan d'apprentissage avec le ministère, à mon
avis, le moment où tu fais ta
récréation à la maison ne devient plus un enjeu parce qu'il n'y a pas personne
qui court après toi pour savoir
pourquoi ton enfant n'est pas à l'école. Ce sera vu, connu, entériné, ce sera
apprécié par le ministère, et on ne sera
pas dans une situation où on aura une chasse aux parents et à l'enfant, on sera
à le soutenir par l'encadrement qu'on a mis de l'avant, dans un choix
qui est différent que celui que moi, j'ai fait pour mes enfants.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci. Donc, dans ce troisième paragraphe de l'article 3, on espère ne pas
y arriver, mais, quand ça dit :
«Lorsque les démarches n'ont pas permis de connaître la situation de l'enfant
ou de la régulariser, la commission scolaire
le signale au directeur de la protection de la jeunesse», c'est un élément
important de ce projet de loi là. Puis, dans ma formation politique, on est évidemment en accord avec cet
élément-là puisqu'on l'avait demandé en novembre 2016. Je me souviens
d'avoir fait une sortie publique avec mon collègue le député de Drummond—Bois-Francs
où on disait : Il faut lier la Loi sur
l'instruction publique avec la Loi sur la protection de la jeunesse. C'est un
des éléments... Il faut lier aussi
avec la RAMQ pour avoir des informations. Chacun ses compétences, là : à
la RAMQ pour avoir des informations sur
les enfants qui sont sur notre territoire, le réseau de l'éducation pour être
capables d'évaluer les projets d'apprentissage, et quand ça ne va pas, et quand c'est très, très dur de tendre la main,
et quand on n'y arrive pas, bien, la protection de la jeunesse, qui vient un peu s'assurer qu'on
régularise des situations. Je l'avais même déposé, je me souviens, le
1er juin, dans le projet de loi
n° 897, où on disait ça : Là, ça urge, là, il faut lier la Loi sur la
protection de la jeunesse avec la Loi sur l'instruction publique. Donc,
cet article-là vient le faire.
Je
veux saluer l'apport de mon député de Saint-Jérôme, qui a, à juste titre,
dit : Bien, il faut rajouter des ressources, par exemple, à la protection de la jeunesse. Parce
qu'on souhaite qu'il n'y ait pas beaucoup d'interventions de ce côté-là,
là, ce n'est pas ce qu'on souhaite du tout,
on souhaite que ça se régularise plus facilement, mais il va y avoir des cas où
la DPJ aura à intervenir.
À
mon sens, il y a deux endroits où il y a un risque d'échapper des jeunes. Parce
que l'objectif, là, c'est de garantir le
droit à une éducation
de qualité à tous, puis il y a deux endroits... Tu sais, on dit souvent qu'une
chaîne est aussi forte que son
maillon le plus faible. Bien, ça peut être ça, ça peut être le département de
la protection de la jeunesse qui n'a pas assez de ressources. Déjà, en
ce moment, avant même que tout ça soit mis en oeuvre, on sait qu'à la DPJ on
manque de ressources. On sait qu'ils
priorisent les cas graves et les cas très graves, puis ils disent : On va
faire les très graves, puis les
graves, bien, on va attendre un peu trop, puis on le voit des fois aux
nouvelles. Il y a des problèmes à la DPJ. Donc, je comprends que ce n'est pas dans la cour du ministre,
là, mais c'est dans la cour du gouvernement. C'est important
d'ajouter des ressources à la DPJ.
Puis
l'autre maillon faible — mais
ça, malheureusement, j'ai moins d'espoir qu'on le solidifie — c'est
dans le cas où on se rend compte
qu'un jeune, en croisant les données avec la RAMQ, il n'a pas de code
permanent. Woups! on vérifie. Ensuite,
bien, supposons qu'on tend la main vers cette famille-là, il y a
des approches graduelles, on essaie de les inciter à présenter leur
projet d'apprentissage, ça ne va pas, on est obligés, malheureusement,
d'impliquer le département de la protection
de la jeunesse. Admettons qu'ils ont toutes les ressources puis qu'ils jugent
ça urgent tout de suite, comme ça devrait l'être, pas urgent d'aller passer des menottes à qui que ce
soit, mais urgent de s'en occuper, ils y vont, et là, à
la DPJ, ils ne sont peut-être
pas outillés, là, pédagogiquement, ils vont demander au ministère — d'après
ce que j'ai compris, maintenant c'est au ministère — d'évaluer le projet d'apprentissage, et là
on tombe peut-être dans le deuxième maillon le plus faible parce qu'à l'article 2 du projet de loi on s'est dit
qu'un projet d'apprentissage pouvait être satisfaisant s'il visait à instruire, socialiser, qualifier, s'il faisait de
la littératie, de la numératie, pas de sciences, pas d'histoire, pas de
programme, pas d'examen. Là, on vient de trouver un maillon faible, par
exemple.
Dans le fond,
ça, c'est... Et là je me dis : Tout ça pour ça? Tout ça pour ça, croiser
des données pour trouver des jeunes, pour essayer de tendre la main,
pour envoyer quelqu'un, un travailleur social, pour finalement accepter qu'il y ait une scolarisation qui ne mène pas à un
diplôme, qu'il y ait une scolarisation qui ne permette pas de réintégrer le
jeune rapidement, qu'il
n'y ait aucune notion d'histoire, de
géo, de sciences, puis on dit : C'est bien correct, finalement,
tu peux retourner dans ta famille, il n'y en a plus, de problème.
Donc, je fais
juste faire la démonstration qu'il y
avait deux maillons faibles. Il y en a
un sur la protection de la jeunesse. Je pense que mon collègue a souligné quelque
chose d'important, j'espère que c'est entendu du côté du ministère. Puis l'autre, bien, écoutez, si ça n'a pas été
fait dans la loi du tout, on peut espérer que ce sera fait dans les
règlements, puis je le souhaite, je le
souhaite vraiment. J'aurais préféré que ce soit dans la loi, comme ça on était
sûrs que ça ne bouge pas. Mais j'espère vraiment, j'appelle de tous mes
voeux le ministre à resserrer les critères quand, après la table de concertation, les règles seront établies, bien,
qu'on ne soit pas trop laxistes pour que, finalement, on se dise : Tout ça
pour ça? Nos objectifs étaient nobles, les
moyens étaient nobles, le projet de loi était inspirant au départ, puis
finalement, bien, on est passés à côté. Voilà.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Oui. Bien, pour
répondre au collègue, parce que j'entends très bien sa préoccupation double, la
première, sur la DPJ, je l'entends extrêmement bien. Peut-être dire au collègue
également qu'un des avantages, je pense,
dans la Loi sur la protection de la jeunesse, d'avoir fait passer le «peut» à
«doit», c'est que ça ne permet pas à l'entité de choisir si c'est important ou pas important. Dans la mesure où c'est un des critères de compromission, bien, je veux dire, il faudra le traiter comme tel dans l'analyse.
Ça ne veut pas dire qu'ils vont arriver à la conclusion que... mais,
je veux dire, il faudra le traiter comme tel. Ça, c'est la première chose. Au
niveau des ressources, je l'entends.
Sur le
deuxième, peut-être rappeler, Mme la Présidente, que la Loi
sur l'instruction publique est ainsi faite. Je veux dire, c'est la fréquentation scolaire qui est
obligatoire. Une des exceptions, à 15.4°, c'est l'enseignement à la maison. Et, si dans l'éventualité qu'on arrivait à la conclusion,
par la DPJ, par exemple, ou par une décision du Tribunal de la
jeunesse, que les parents ne sont pas en mesure de s'occuper adéquatement de
leur enfant, qu'ils sont dans une situation de compromission possible, c'est la fréquentation scolaire qui prime, c'est
l'école qui est la règle générale. Alors, dans ce contexte-là, on a une garantie supplémentaire dans la mesure où, si on est incapables de faire la démonstration
que nous avons un plan
d'apprentissage adéquat, qu'on respecte les critères de l'enseignement à la maison, bien, je veux dire, c'est la fréquentation scolaire
qui demeure, obligation pour le jeune, constatée par sa commission scolaire qui
doit lui donner l'enseignement, et une décision pourrait être prise en ce sens
par le tribunal.
Alors, peut-être juste rappeler que le cadre
général, c'est celui-là. Il y a un choix qui s'exerce par les parents. Il y a
des limites à ce choix que nous avons données, mais il y a
aussi une limite éventuellement à ne pas être en mesure de faire cet enseignement-là. Et ce n'est pas de laisser aller l'enfant,
c'est de ramener au principe général qui est la fréquentation. Alors,
c'est une garantie supplémentaire dans ce que moi, j'appelle non pas les
extrêmes, mais les impossibilités de réussir ce qu'on met en place aujourd'hui.
Voilà.
• (19 h 50) •
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Comme il n'y a... Oh! oui, M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Bien, je vais me relever, là. Écoutez,
je ne sais pas si ma question est à propos, M. le ministre. On parle beaucoup des six à 16 ans, justement,
par rapport à, justement, cette inscription-là. En tout cas, je parle toujours du grand dévoilement. Mais j'ai aussi des parents qui
m'ont interpelé sur le fait que, lorsque les jeunes veulent entrer au cégep, il n'y a
aucune ouverture. Est-ce qu'on a
abordé ce sujet-là? À ma connaissance, on n'a aucune voie actuelle pour
inscrire les élèves qui font l'école à la
maison au cégep. Est-ce que c'est apparenté à nos discussions? Est-ce que vous
pouvez me dire quelque chose là-dessus?
M. Proulx : Ce sera très court.
Un, ce n'est pas sous ma responsabilité, Mme la Présidente, alors vous me
permettrez de ne pas avoir toutes les réponses. Au niveau des cégeps, je n'ai
pas les réponses, et les cégeps qui le font, s'ils le font.
Je peux dire,
par exemple, au collègue qu'à l'université c'est possible, notamment à
l'Université McGill, pour connaître ce cas en particulier. Il arrive que
certains élèves dits sans la qualification préalable puissent s'inscrire dans plusieurs programmes. Il arrive même dans certains
cas que, des programmes contingentés, on réserve une place pour des élèves qui auront à
passer soit un examen, ou autre, là. Je ne connais pas les critères parce que
ces établissements ont de l'autonomie,
mais les parents pourraient vous dire qu'ils arrivent, de temps à autre et de
façon assez régulière, s'ils n'ont pas le
diplôme d'études secondaires, d'être capables de le faire. Puis je ne dis pas
que c'est vrai pour tous les établissements.
Ce que je
veux juste ajouter, Mme la Présidente, c'est que ça aussi, ça fait partie du
choix. Tu sais, quand les parents font
ce choix, puis qu'ils vont travailler avec le ministère à l'appréciation du
plan d'apprentissage, puis qu'ils vont envoyer leur avis, puis qu'ils vont s'inscrire dans un cadre, là, maintenant
beaucoup plus clair, bien, ça va aussi donner toutes ces limites et perspectives. Ça va aussi expliquer
qu'est-ce que ça veut dire dans ce contexte-là, et ensuite les choix s'exprimeront. Mais est-ce que certains
établissements collégiaux le font? Je serais tenté de dire oui, mais je ne le
sais pas parce que je n'ai pas de données
précises, donc je ne peux pas l'affirmer. Est-ce que des entités universitaires
le font? La réponse est oui.
La Présidente (Mme de Santis) : Oui,
M. le député.
M. Bourcier :
Oui. Pour les entités universitaires, je suis d'accord avec vous. Même j'ai
l'Université Concordia aussi qui en accepte, on appelle ça des «homeschooled
applicants», et puis on facilite l'accession universitaire à ces jeunes-là, et
on a un programme adapté pour les inscriptions. C'est quand même étonnant de
constater qu'il n'y a aucune université francophone du Québec qui a un tel
programme, à ma connaissance, toujours.
Mais je
reviens, évidemment, à nos cégeps. Est-ce qu'il y aurait des discussions avec
votre collègue qui s'occupe des
études supérieures de faciliter l'ouverture de nos établissements collégiaux
par rapport à ça, de vérifier s'il y en a qui le dispenseraient? C'est quand même une inquiétude légitime des parents
puis des gens qui nous écoutent et qui voient, là, l'année prochaine, probablement, leurs jeunes être
d'âge collégial. Alors, est-ce qu'il y aurait des discussions à
entreprendre avec votre collègue à ce moment-là?
M. Proulx : Je pense, Mme la Présidente, que la question peut
être posée, puis on fera le nécessaire, nous, pour la poser. Peut-être que je pourrais informer le
collègue de manière non officielle, là, en répondant à sa question. Lui
dire également qu'il y a tout un processus
de reconnaissance des acquis, là, qui existe dans les différents niveaux
d'enseignement et, dans ce
contexte-là, ce n'est pas impossible que ça se fasse ainsi. Je ne dis pas que
tous les élèves, tous les enfants qui ont fait l'école à la maison sans jamais obtenir de diplôme d'études
secondaires ont accès aux enseignements supérieurs, ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis, c'est
qu'il existe des possibilités, à mon avis, oui. Sinon, on le saurait, si
c'était impossible.
En même
temps, il faut savoir que, dans le cadre de l'enseignement à la maison, Mme la
Présidente, dans bien des cas, ils le
font plus jeunes, intègrent l'école plus tard, arrivent soit au secondaire ou
vers la fin du secondaire pour pouvoir passer
les examens à sanction. Alors, c'est souvent dans cette situation-là que les
choses arrivent. Mais, si c'est pour la curiosité du collègue, Mme la Présidente, peut-être que notre collègue
pourra, soit à l'Assemblée nationale ou dans un corridor, lui expliquer
tout ça avec plaisir.
La
Présidente (Mme de Santis) : J'aimerais rappeler qu'on est à l'étude
de l'article 3 du projet de loi. Alors, M. le député de Saint-Jérôme,
est-ce que vous avez une autre intervention?
M. Bourcier : Non. Merci, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci. Alors, aucune autre intervention?
Nous procédons au vote. Est-ce que l'article 3 du projet de loi est
adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Nous allons maintenant à l'article 5 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme
la Présidente. J'ai un amendement à
vous déposer pour faire écho à ce que nous avons adopté dans les articles précédents, notamment sur le rôle des commissions scolaires, si ma mémoire est bonne.
Alors, je ne pense pas qu'il a été circulé. Peut-être?
Une voix : Je pense que oui.
M. Proulx : Il a été circulé?
Excellente nouvelle.
La
Présidente (Mme de Santis) : Vous avez, ce matin... Est-ce que
c'est... O.K. Ce matin on l'a reçu, le projet.
M. Proulx : Oui, alors peut-être vous l'avez, et moi, je ne
l'ai pas, mais je vais le trouver. Je l'ai trouvé. Alors, ça me ferait
plaisir de le lire maintenant. Merci.
La
Présidente (Mme de Santis) : Alors, M. le ministre, vous proposez un
amendement à l'article 5 du projet de loi?
M. Proulx : Alors : Remplacer
l'article 5 du projet de loi par le suivant :
5. Cette loi est modifiée
par l'insertion, après l'article 207.1, du suivant :
«207.2. La commission scolaire contribue, dans
la mesure prévue par la présente loi, à ce que les enfants remplissent leur
obligation de fréquentation scolaire.»
Alors, c'est un amendement qui propose une
concordance avec l'amendement proposé à l'article 2, Mme la Présidente,
qui dit que la responsabilité d'effectuer le suivi, dans le fond, sera confiée
à la personne ou à l'organisation choisie
par les parents, mais c'est le ministre, dans le fond... c'est le ministère,
pardon, qui est la personne... parce que je ne dois pas lire les mêmes
commentaires parce que ça ne s'applique pas, alors par le ministère, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme de Santis) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Bourcier : ...pour comparer
l'ancien et le nouveau.
(Consultation)
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Alors, Mme
la Présidente, maintenant
qu'on sait que c'est une entité du ministère qui assure le suivi, je vous pose la question et je pose la question au ministre, est-ce que l'article du projet
de loi est encore utile? Et,
si oui, pourquoi?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Merci,
Mme la Présidente. Je disais ce matin
que c'est la commission scolaire qui
a la responsabilité d'assurer la fréquentation scolaire, fréquentation
scolaire qui incombe à l'enfant. Mais la personne ou l'entité qui a
l'obligation d'assurer cette fréquentation, c'est la commission scolaire.
Alors, c'est
une des raisons, d'ailleurs, pour laquelle on disait, au tout début, quand on a
mis en place l'avis, qu'il fallait
suivre la commission scolaire compétente, mais parce qu'il était de sa
responsabilité dans le cadre de l'organisation scolaire. Éventuellement, la personne qui fera un signalement, par
exemple à la DPJ, après ne pas s'être entendue, si ça arrivait, avec un parent, c'est la commission
scolaire. La loi prévoit déjà que c'est le directeur d'école qui constate
qu'un enfant n'est pas à l'école. Alors,
l'entité responsable de l'application de la fréquentation scolaire, c'est la
commission scolaire. C'est dans cette
optique-là qu'on le conserve. On a restreint son application dans la mesure
prévue par la loi parce que
maintenant, effectivement, c'est le ministère qui va prendre à sa charge
l'appréciation du plan d'apprentissage puis le suivi. Alors, voilà
pourquoi il faut maintenir cette obligation de la commission scolaire.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
• (20 heures) •
M. Bourcier :
Si je comprends bien, pour le bon suivi, ce sera le ministère, mais, en cas de
problématique, ce serait la commission scolaire via la direction de la
protection de la jeunesse? Éclairez-moi là-dessus, là.
M. Proulx : Non, mais ce n'est pas la même chose, là. Le
suivi du plan d'apprentissage, comme on l'a dit, dans le cadre de l'enseignement à la maison, c'est un
pouvoir qui va être dévolu au ministère. Mais, toute la vie durant d'un
enfant dans le réseau scolaire, la
responsabilité d'assurer la fréquentation scolaire, c'est la commission
scolaire qui le détient, qu'il soit à
l'école, en enseignement à la maison ou une autre des exceptions de
l'article 15. Alors, dans ce contexte-là, on ne peut pas enlever à la commission scolaire ce
pouvoir parce que c'est sa responsabilité. On fait juste le restreindre
parce que, là, il y a maintenant une
nouvelle occasion où ce n'est pas elle qui aura à travailler avec le parent
parce qu'on transfère, si vous
voulez, certaines responsabilités au ministère. Mais on a besoin de maintenir
ce lien avec la commission scolaire et
l'obligation de fréquentation scolaire, c'est lié dans la loi. Et il y a
d'autres éléments puis il y a d'autres moments que l'enseignement à la maison, et il faut maintenir
ça dans la loi. C'est ce lien-là qu'il faut maintenir. Puis c'est pour ça
qu'on l'inscrit après l'article 207,
dans le fond, 207.1, on va le mettre à 207.2 parce que ce sont les articles
dans la loi qui créent cette
filiation avec la commission scolaire, francophone dans un, possibilité d'aller
à l'anglophone dans l'autre, à certaines circonstances. Alors, c'est dans cette section de la loi que se trouve
cet ancrage entre la commission scolaire et l'enfant. Je ne sais pas si
je m'exprime clairement en ce début de soirée, mais ça m'apparaissait très
simple, oui. C'est mon explication.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : C'est correct.
C'est bon.
La
Présidente (Mme de Santis) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a aucune autre intervention, on va maintenant voter sur
l'amendement à l'article 5 du projet de loi. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce que l'article 5 est adopté tel qu'amendé?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Maintenant, nous allons...
M. Proulx : Est-ce
que je peux vous faire une représentation à l'égard du prochain article, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme de Santis) :
Exactement. Je veux simplement dire que maintenant le thème, c'est :
Interdiction liée à l'obligation de fréquentation scolaire, alors voilà, et
c'est l'article 4.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. On a convenu tout à
l'heure — j'ai
fait ça avec les collègues après la période de questions — à la
demande du député de Lac-Saint-Jean, j'en ai parlé avec le député de
Saint-Jérôme, j'en ai parlé avec le député
de Chambly et avec le député de Gouin... il a été convenu entre nous de
suspendre l'étude de l'article 4 pour le faire, bien,
vraisemblablement, demain, dans la mesure où le député de Lac-Saint-Jean et le
député de Gouin, qui n'est pas présent non
plus... je m'excuse, je m'excuse, je ne l'ai pas signalé, j'avais oublié de le
dire, mais, sincèrement, pour des raisons
très claires, pourront être avec nous demain pour le faire. Alors, moi, je suis
très heureux d'être capable de leur dire qu'on va le travailler demain avec les collègues, avec l'ensemble des
collègues parce que c'est un article important. Alors, je proposerais que nous passions directement à
l'article 14, après avoir fait un petit accroc au règlement, je m'en
excuse.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce que tout le monde est d'accord que l'étude de l'article 4 soit
suspendue? Oui?
Des voix : Oui.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci. Alors, ce thème est aussi sur les
pouvoirs de vérification, infractions et amendes. Nous procédons
maintenant à l'étude de l'article 14 du projet de loi.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente. Alors, voilà un bloc où
je n'ai pas de proposition d'amendement à faire. Donc, à chaque bloc, j'avise les collègues lorsque nous en avons, et,
dans celui-ci, à mon... peut-être une exception. J'ai parlé trop vite,
j'ai regardé ma feuille. Ça fait que...
Une voix : C'est
l'article 4.
M. Proulx :
Ah! bien, comme c'est l'article 4, nous allons en parler demain. Alors,
voilà pourquoi je disais que ce soir il n'y en avait pas, question de me
racheter un peu. Mais effectivement qu'il y en a un à l'article 4 dont on
en discutera demain.
Alors, article 14 : L'article 478
de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le
paragraphe 1° du deuxième alinéa, de «avoir accès» par «pénétrer»;
2° par l'insertion, après le paragraphe 2°
du deuxième alinéa, des paragraphes suivants :
«2.1° pénétrer, à toute heure raisonnable, dans
tout lieu où elle a raison de croire que des enfants assujettis à l'obligation de fréquentation scolaire reçoivent
une formation ou un enseignement qui n'est pas visé par la présente loi
ou par la Loi sur l'enseignement privé et exiger des personnes qui s'y trouvent
qu'elles lui fournissent leurs nom et coordonnées ainsi que ceux des enfants et
de leurs parents;
«2.2° prendre des photographies ou effectuer des
enregistrements;»;
3° par l'ajout, à la fin, des alinéas
suivants :
«Malgré le
paragraphe 2.1° du deuxième alinéa, pour pénétrer dans une maison
d'habitation, une personne désignée doit
obtenir l'autorisation de l'occupant ou, à défaut, un mandat de perquisition
conformément au Code de procédure pénale.
«Le propriétaire ou le responsable d'un lieu
vérifié ainsi que toute autre personne qui s'y trouve sont tenus de prêter
assistance à une personne désignée dans l'exercice de ses fonctions.»
Alors, voilà,
Mme la Présidente, aussi des articles, puis il y en aura quelques-uns, qui nous permettent d'obtenir des pouvoirs nouveaux, alors celui de pénétrer dans un
lieu fréquenté par des enfants assujettis, exiger des personnes qui se trouvent dans un lieu qu'elles fournissent des
coordonnées, prendre des photographies ou effectuer un enregistrement.
Et, bien
entendu, dans le cas d'une maison d'habitation, on respecte le Code de procédure pénale, et il faut obtenir un mandat de perquisition, et une disposition établissant l'obligation
de prêter assistance à la personne désignée. Voilà.
La Présidente (Mme de Santis) : Est-ce
qu'il y a des interventions? Alors, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : J'aimerais savoir... On a le texte actuel sur le projet de loi, c'est écrit : «La personne désignée peut». Est-ce qu'elle
a été remplacée? Où se trouve la phrase «la personne désignée» que j'ai dans
mon texte?
M. Proulx : Alors, texte du projet de loi, article 14,
dernier paragraphe, avant-dernière
ligne, «prêter assistance à une personne désignée dans l'exercice de ses
fonctions».
M. Bourcier : O.K. Qui est
cette personne? C'est un inspecteur?
M. Proulx : Un vérificateur du
ministère, oui.
M. Bourcier :
Vérificateur.
M. Proulx :
Oui, du ministère, quelqu'un qui est mandaté par le ministère pour faire ces
vérifications. La situation actuelle est la
suivante : il se présente ou elle se présente à la porte, cogne à la
porte, on ouvre pour savoir c'est qui puis
on referme. Habituellement, c'est un peu comme ça que ça se passe. Et, dans le
contexte actuel, lorsqu'on dit qu'il faut
prêter assistance, ça veut dire qu'il faut collaborer avec lui en lien avec la
loi. Donc, les obligations qui s'y trouvent sont des obligations
auxquelles cette personne qui entre en relation avec lui doit respecter. C'est
ça.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Mon Dieu! J'ai l'impression de me retrouver dans le temps de mon père avec les
inspecteurs d'école, mais dans un autre
style. Est-ce que ces gens-là existent actuellement? Est-ce qu'il en y a? Ils sont combien? Je ne sais pas, qu'est-ce qu'ils font?
Qu'est-ce qu'ils vérifient? Ils vérifient...
M. Proulx :
Bien, écoutez, ils tentent de...
La Présidente (Mme
de Santis) : Un instant! Un à la fois.
M. Bourcier :
Oui, c'est vrai, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
de Santis) : O.K. Est-ce que vous avez terminé?
M. Bourcier :
Oui, oui. J'avais plusieurs questions, mais je vais commencer par : Est-ce
qu'ils existent? Et combien sont-ils?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Ils existent, Mme la Présidente, parce que ça arrive que des
dénonciations nous amènent à visiter des lieux. J'ai eu l'occasion puis
le privilège d'être à la fois ministre de la Famille et de l'Éducation, et,
dans le cadre des dispositions de la Loi sur
les services de garde, les pouvoirs sont beaucoup plus importants, et on s'est
inspirés de cette loi pour écrire les modifications.
Ces
personnes qui sont mandatées pour faire ces vérifications ont, dans certains
cas, des pouvoirs, exemple, au ministère
de la Famille, et très peu, actuellement, à l'Éducation. Combien ils sont, Mme
la Présidente? Je n'ai pas le nombre exact,
mais ils sont là et ils font ce travail-là. Et, sincèrement, leur nombre, je
vous soumets respectueusement que ce n'est pas très pertinent de savoir
combien ils sont. Mais ils existent, ils existent, j'en ai déjà rencontré. Ce
sont de vraies personnes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Mais là je suis content de savoir que, donc, il y a un genre d'escouade pour le
grand dévoilement. Tantôt, on ne
savait pas combien il y en avait pour le DPJ puis combien on devait en avoir.
Mais là il y en a, là, ils existent. Est-ce
qu'ils sont nombreux? Est-ce que ces gens-là sont affectés dans différentes
commissions scolaires? Pour les gens qui nous écoutent-là, où sont ces
gens? Et où sont ces vérificateurs du ministère et non pas de la DPJ, là? Il
faut bien comprendre, c'est deux entités très différentes, là.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
Oui, Mme la Présidente. Le ministère de l'Éducation est doté d'un département
d'enquête, et ce département-là fait différentes enquêtes dans le milieu
scolaire. Certains ont la tâche de faire ces vérifications. Si on constate, ou si on apprend, ou si on reçoit une
dénonciation à l'effet qu'il y a un établissement dit illégal, ils se
rendent sur place constater. Et
malheureusement, actuellement, ils ont très peu de pouvoirs, ce qui fait en
sorte qu'ils voudraient bien constater,
mais sont incapables de le faire, sont incapables de poser des gestes, sont
incapables de monter un dossier de preuve
pour être capables de faire la démonstration qu'on est dans une situation dite
illégale. Alors, ils sont quelques-uns, bien entendu, Mme la Présidente. C'est un service des enquêtes qui
existe au ministère, et c'est la responsabilité de la sous-ministre et du directeur ou du sous-ministre
adjoint en titre de ce département-là de s'assurer qu'il soit bien
pourvu et de s'assurer que, lorsqu'il y a
une dénonciation, il y a quelqu'un qui se rende sur les lieux faire le travail
pour lequel on lui demande de faire.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le ministre de Saint-Jérôme.
• (20 h 10) •
M. Bourcier :
Bien, c'est très intéressant, Mme la Présidente, parce que, là, on a une
escouade, on a une équipe qui va se
promener et va aller voir les gens, puis que, là, on sait qu'ils n'ont pas
beaucoup de pouvoirs, et qu'ils vont en avoir quand même beaucoup, là. On entend pénétrer, à toute heure raisonnable,
dans un lieu, prendre des photos. Et,
moi, ce que j'aimerais savoir, c'est
combien ils sont. Et c'est quand même une équipe formidable, mais on ne sait pas, ils
sont fantomatiques ou ils sont remplaçables,
interchangeables? Ils sont où? Qu'est-ce
qu'ils font? Mais le nombre m'intéresse.
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui. C'est des gens, Mme la Présidente, qui appartiennent à la
Direction de l'enseignement privé, alors
je vais être capable, peut-être plus tard, de dire aux collègues combien de
personnes oeuvrent dans cette direction.
Lorsque j'aurai ce nombre-là, je pourrai lui dire.
Une voix :
...
M. Proulx :
Ils sont 11, qu'on me dit, Mme la Présidente, à la Direction de l'enseignement
privé.
M. Bourcier :
Combien font des... Excusez, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme de Santis) : Oui, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui, oui, oui, je vais respecter le protocole, Mme la Présidente. Alors,
combien d'entre eux font des enquêtes,
actuellement? Est-ce qu'ils en font tous ou, je ne sais pas, moi, ils sont
répartis selon différentes tâches? Combien font des enquêtes? Est-ce que
les 11 membres de cette fameuse escouade font tous des enquêtes,
actuellement, là?
M. Proulx : Mais, Mme la Présidente, je ne peux pas dire si tous font des enquêtes.
Le collègue m'a demandé combien de personnes
il y avait dans cette direction. Il y a 11 personnes dans cette direction.
Certaines d'entre elles sont des vérificateurs
ou des vérificatrices, actuellement, et notamment travaillent avec la loi telle
que nous l'avons aujourd'hui. Si on
peut avancer dans le projet de loi, on va être capables de les doter de
pouvoirs supplémentaires. Si on en a besoin de plus, bien, on va prendre plus. Puis, si on est capables de leur faire
faire un meilleur travail, Mme la Présidente, vous savez quoi? On va
leur permettre de faire un meilleur travail.
La Présidente
(Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui, Mme la Présidente. Donc, dans le département du grand dévoilement, donc,
les gens qui vont aller voir, ils
sont 11. Là, il y a probablement des directeurs, des sous-directeurs, des
adjoints. Mais ce n'est pas tous des Indiens,
là, on s'entend, entre guillemets, ce n'est pas tous des exécutants, donc il
doit y avoir des personnes qui dirigent. Alors, combien y en a-t-il qui
font vraiment des vérifications aux portes?
La Présidente
(Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. Je voudrais juste aider mon collègue un peu,
là, puis ne pas mêler les affaires. D'abord,
l'exercice d'identification, ce n'est pas la Direction de l'enseignement privé
qui fait ça, là. L'exercice d'identification dont on a discuté, là, sera une entente administrative, une fois que
nous aurons adopté le projet de loi, par exemple entre la RAMQ et le ministère de l'Éducation. Alors, ces
informations-là vont permettre au ministère de confier à la commission scolaire des informations pour des gens qui n'ont
pas de code permanent. Alors, les commissions scolaires vont faire leur travail. Ils vont continuer à faire ce qu'ils
font, en passant, puis ils vont faire plus, c'est-à-dire ils vont être en
mesure de reconnaître des enfants qu'ils ne connaissent pas
actuellement. Ils vont entrer en relation avec ces familles-là et ils vont tenter de les amener à intégrer le système
scolaire ou à utiliser une des exceptions, par exemple, à l'article 15.
Si ça fonctionne, on n'en parle plus. Si ça ne fonctionne pas, il y a des
moyens. Et on va doter la loi, on vient d'en parler notamment avec la
protection de la jeunesse, dans le cas où il y a des dénonciations pour des
établissements illégaux, parce que ça, c'est
l'autre pan du projet de loi, bien, il y a un service d'enquête et de
vérification au ministère, et là, si on leur donne des pouvoirs
supplémentaires, ils vont pouvoir aller au bout de l'enquête et des
vérifications.
Alors,
je comprends que le collègue, il veut savoir combien ils sont aujourd'hui,
leurs noms puis leurs affectations, mais
moi, je n'ai pas leurs noms et leurs affectations. Je suis capable de dire aux
Québécois, Mme la Présidente, qu'il y a des gens dans cette direction-là. Et, bien entendu, si on donne des
pouvoirs supplémentaires, ces gens-là vont être mieux outillés pour faire leur travail dans l'avenir.
Alors, mon collègue, je pense, préfère savoir qu'ils vont être bien
outillés plutôt que de savoir s'ils s'appellent Jean-Maurice, Serge ou Normand.
Moi, je préfère travailler avec des pouvoirs que de travailler à leurs noms. Je
ne les choisis pas en fonction de leurs prénoms, on les choisit en fonction des
tâches qu'ils auront à faire et des talents qu'ils possèdent.
Alors,
dans le contexte actuel, sincèrement, je le dis respectueusement, je suis moins
intéressé par leurs noms que par les
tâches qu'on va leur confier. Et l'article 14 et suivants, c'est ça, c'est
les pouvoirs supplémentaires qu'on va confier à ces personnes qui se
retrouvent dans la Direction sur l'enseignement privé, qui, elle, dans cette
direction, Mme la Présidente, contient
11 personnes, tous des gens compétents, polyvalents qui sont prêts à
travailler puis qui vont accepter avec grand plaisir les pouvoirs
supplémentaires qu'on va leur confier.
La Présidente
(Mme de Santis) : Merci, M. le président. M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Je veux m'excuser, tantôt, pour mon propos, «Indiens». Évidemment, je
visais le mot «exécutants». C'est une expression, et loin de moi de rire de ces
gens-là.
Mais je crois
que le nombre est très différent, même, écoutez, je crois qu'il n'y en a pas puis qu'il va y en avoir. Mais actuellement je suis un peu perplexe par
rapport à ces gens-là qui feraient et qui feront sûrement des
vérifications. Je ne
sais pas combien il y en a, mais on est un petit peu toujours dans le néant par
rapport à ça. Écoutez, je suis encore dans le néant à savoir qui
fait partie de l'escouade, qui n'en fait pas partie. C'est un peu comme quelque
chose de très secret. Alors, écoutez, je n'ai pas d'autre chose à rajouter là-dessus,
Mme la Présidente.
M. Proulx : Il n'y a pas de
secret, Mme la Présidente. Je veux dire, il y a des gens qui font des
vérifications et actuellement ne sont pas outillés pour les faire. Alors, il y
aura des gens pour faire des vérifications et ils seront outillés dans l'avenir
pour les faire.
La Présidente
(Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a aucune autre intervention, nous allons
procéder au vote. Est-ce que l'article 14 du projet de loi est adopté?
M. Bourcier : Adopté, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci. Maintenant, nous allons procéder
avec l'étude de l'article 15 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente. 15. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 478, des suivants :
«478.0.1. Une personne désignée en vertu de
l'article 478 peut, par une demande qu'elle transmet par poste recommandée ou par signification à personne,
exiger de toute personne, dans le délai raisonnable qu'elle fixe, qu'elle
lui communique par poste recommandée ou par signification à personne tout
renseignement ou document relatif à l'application de la présente loi.
«478.0.2. Le ministre peut désigner généralement
ou spécialement une personne afin d'enquêter sur toute matière relative à
l'application de la présente loi.»
Alors, dans le fond, c'est d'octroyer, Mme la
Présidente, aux personnes désignées
par le ministre pour faire vérifier ou
pour vérifier le respect de la Loi sur l'instruction publique et le pouvoir
d'exiger des renseignements et des documents pertinents à leur
fonction sans se rendre sur le lieu visé.
Alors, dans le fond, je peux peut-être donner l'exemple dans le cas de... et je ne veux
pas me tromper en le disant, mais ça
pourrait être le cas pour obtenir leur autorisation d'enseigner ou dans
d'autres circonstances où ils ont un bail, par exemple, à l'égard de
l'endroit où ils se trouvent. Voilà quelques exemples, là. Il y en a peut-être
d'autres qui ne me viennent pas en tête, actuellement.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Nous allons procéder par l'étude de l'alinéa introductif de l'article 15,
ensuite nous allons procéder avec l'étude de 478.0.1 et ensuite 478.0.2. Donc, l'alinéa
introductif de l'article 12, je présume qu'il n'y a pas
d'intervention. Il n'y a pas d'intervention. O.K. Alors, à 478.0.1, est-ce
qu'il y a des interventions? M. le député de Saint-Jérôme, oui.
M. Bourcier : Mme la
Présidente, oui, on m'a désigné.
Alors, on a toujours affaire encore à cette fameuse personne désignée qui fait partie de la fameuse escouade et
qui aurait le pouvoir d'exiger certains renseignements. Pouvez-vous
m'expliquer le...
M. Proulx : Oui, bien, écoutez...
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme
la Présidente, je m'excuse. Pour
répondre peut-être au collègue, si c'est bien sa question, 478.0.1, dans
le fond, c'est pour permettre des vérifications à distance. C'est un moyen moins intrusif que de se rendre sur
les lieux. Ça pourrait arriver dans certaines circonstances. Encore une fois,
puisqu'on est dans un pouvoir qu'on doit déléguer,
bien, on l'inscrit dans la loi pour pouvoir ce faire. Alors, on peut exiger, de
la même façon qu'on le ferait sur place, des renseignements, obtenir
différents renseignements, mais en le faisant à distance plutôt que de se
rendre sur les lieux pour toutes sortes de raisons qui peuvent... qui sont...
Moi, je n'ai
pas d'exemple précis en tête, mais, dans certaines circonstances, on pourrait
choisir de ne pas faire une autre
visite sur les lieux dite intrusive qui, dans certaines circonstances, peut
créer un certain stress dans le milieu, mais à ce moment-là on pourrait
le faire à distance et demander d'obtenir ces renseignements. Mais, si on fait
juste les demander à distance sans y aller parce qu'on a juste des pouvoirs au moment où on
est sur place, bien, on fait la moitié de la job. Si on est capables, à distance, de faire également cette demande
et d'avoir également des pouvoirs contraignants, là, à ce moment-là, on
a l'entièreté des pouvoirs à notre disposition, à distance, à son bureau, une
fois retourné, ou bien sur les lieux lorsqu'on a obtenu les autorisations
nécessaires ou on a utilisé les pouvoirs qui sont dans la loi.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Autant pour moi
que les gens qui nous écoutent, un renseignement ou un document relatif à l'application de la loi, pouvez-vous me donner
quelques exemples de tels renseignements ou de documents qui seraient
relatifs à l'application de la loi?
• (20 h 20) •
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Bien, on pourrait demander la liste des enfants, par exemple, qui s'y trouvent et des informations à l'égard
de leur scolarité s'ils prétendent qu'il
y a des services éducatifs. On
pourrait obtenir des évaluations, si on prétend qu'il y en a, ou des bulletins
maison s'il y en avait, là, je cherche des exemples pour en donner. J'ai parlé
des brevets d'enseignement ou des
autorisations d'enseigner dans certaines circonstances parce que certains
feraient la représentation qu'ils ont
une autorisation pour ce faire. Voilà quelques circonstances où certains
voudront nous représenter que c'est une école, et nous, nous
dirons : Bien non, ce n'est pas une école. Alors, c'est une appréciation
de la preuve et c'est des documents à obtenir pour être capables, éventuellement
ou plus tard, de faire valoir les dispositions de la Loi sur l'instruction
publique pour pouvoir mettre fin à cette activité dite illégale.
J'ai
parlé de bulletins, de contrats, du matériel, par exemple, l'horaire, ça
pourrait être l'horaire, également, des cours. Demain, on aura un article où il sera question de présomption.
Bien, certains vont dire qu'ils ont un calendrier, qu'ils ont un certain
nombre d'heures qui sont des activités scolaires, une autre, des activités
autres. Alors, voilà certains documents, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Très clair pour moi. Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme
de Santis) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 478.0.1 qui est proposé à l'article 15 du projet de loi?
D'autres interventions? Non?
Est-ce
qu'il y a des interventions à l'article 478.0.2 qui est proposé à
l'article 15 du projet de loi? S'il n'y a aucune intervention,
parce que nous avons étudié les articles proposés, nous allons maintenant
demander si l'article 15 du projet de loi est adopté.
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) : Nous procédons à l'examen, à l'étude de
l'article 16 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Mme la Présidente, je discute avec Gabrielle, qui est à mes côtés, et
cet article peut être considéré en lien
avec l'article 4, puisqu'il est question des amendes et de la présomption
à l'article 4. Alors, peut-être que je pourrais proposer de faire
en sorte de les lier dans l'étude demain. Je pense que ça pourrait être
pratique pour les collègues, là.
La Présidente (Mme
de Santis) : Est-ce que vous êtes d'accord que l'étude de
l'article 16 soit suspendue?
Des voix :
Oui.
La
Présidente (Mme de Santis) : Parfait. Nous procédons maintenant à
l'étude de l'article 17. M. le ministre.
M. Proulx :
Oui. Alors, l'article 17 : L'article 491 de cette loi est
modifié par le remplacement de «à une disposition
du présent chapitre» par «visée au présent chapitre, sauf pour une infraction
visée aux articles 488.1 ou 488.2».
Alors, je vais vous
parler des...
Une voix :
...
M. Proulx :
Pardon?
Une voix :
...
M. Proulx : Oui, pardon. Alors, je vais lire le commentaire, Mme la Présidente.
Donc, c'est une modification qui est
proposée qui vise à ce que les infractions visées par les articles que j'ai
nommés, 488.1 et 488.2 introduits par l'article 16 du projet de loi, ne fassent pas l'objet d'une
poursuite intentée par une commission scolaire ou par le comité de
gestion de taxe de l'île de Montréal.
Alors,
j'essaie juste de me donner des informations supplémentaires pour soutenir la
présentation aux collègues.
Une
voix : ...
La
Présidente (Mme de Santis) :
Si nous avons suspendu l'étude de l'article 16... Je vois qu'à
l'article 17 on fait référence aux articles 488.1 et 488.2...
M. Proulx : Je pourrais proposer la même chose dans la même logique, Mme la Présidente, puisque c'est en lien avec les amendes.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Alors, est-ce qu'on accepte de suspendre l'étude de l'article 17?
Suspendu. Tout le monde est d'accord. Nous allons procéder maintenant à l'étude
de l'article 24 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : 24, attendez, Mme
la Présidente. Oui, alors, c'est, dans le fond, Mme la Présidente, des articles
similaires à ce que nous avons adopté à l'égard
de la LIP que, là, nous proposons à
l'égard de la Loi sur l'enseignement privé. Alors :
24. L'article 115 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement du paragraphe 1° par
le suivant :
«1° pénétrer,
à toute heure raisonnable, dans tout lieu où elle a raison de croire que des
services éducatifs pour lesquels un
permis est exigé en vertu de la présente loi sont dispensés, de même que dans
les installations de tout établissement d'enseignement privé;»;
2° par l'insertion, après le paragraphe 2°, du
suivant :
«2.1° prendre des photographies ou effectuer des
enregistrements;»;
3° par l'ajout, à la fin, des alinéas
suivants :
«Malgré le
paragraphe 1° du premier alinéa, pour pénétrer dans une maison d'habitation, une personne désignée doit obtenir l'autorisation de l'occupant ou, à
défaut, un mandat de perquisition conformément au Code de procédure
pénale.
«Le propriétaire ou le responsable d'un lieu
vérifié ainsi que toute autre personne qui s'y trouve sont tenus de prêter
assistance à une personne désignée dans l'exercice de ses fonctions.»
Alors, dans
le fond, Mme la Présidente, il y a une reformulation du pouvoir de pénétrer
dans les lieux pour clarifier la
portée. On ajoute, bien sûr, le pouvoir de prendre des photographies ou
d'effectuer des enregistrements, bien sûr énoncer le mandat de
perquisition dans le cas d'un occupant, puisque c'est le cas au Code de
procédure pénale, et, encore une fois,
l'obligation de prêter assistance à la personne désignée dans l'exercice de ses
fonctions, qui sont les équipes dont on a discuté tout à l'heure
abondamment.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Bien, je vais être bref, Mme la Présidente. Si je comprends bien, c'est comme
l'article miroir pour le public vers le privé?
M. Proulx : Tout à fait.
M. Bourcier : C'est encore la
fameuse escouade des 11 qui va s'occuper de... l'escouade secrète?
M. Proulx : 11 plus, 11 plus.
M. Bourcier : Plus, oui, c'est
ça, avec une bonification du personnel, éventuellement. O.K. Merci. Merci, Mme
la Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a aucune autre intervention, nous allons procéder au vote.
Est-ce que l'article 24 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) : Nous allons maintenant poursuivre avec
l'étude de l'article 25 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Encore une fois : 25. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 115, des suivants :
«115.1. Une personne désignée en vertu de
l'article 115 peut, par une demande qu'elle transmet par poste recommandée ou par signification à personne, exiger
de toute personne, dans le délai raisonnable qu'elle fixe, qu'elle lui communique par poste recommandée ou par
signification à personne tout renseignement ou document relatif à
l'application de la présente loi.
«115.2. Le ministre peut désigner généralement
ou spécialement une personne afin d'enquêter sur toute matière relative à
l'application de la présente loi.»
Encore une fois, miroir de la loi sur la LIP
dans la LEP.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a des interventions?
S'il n'y a aucune intervention, nous allons procéder au vote. Est-ce que
l'article 25 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Adopté. Nous procédons maintenant avec l'étude de l'article 28 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme
la Présidente. 28. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 129, du suivant :
«129.1. Quiconque entrave l'exercice
des fonctions d'une personne désignée en vertu des articles 115 ou
115.2 ou la trompe par de fausses
déclarations est passible d'une amende de 500 $ à 5 000 $ dans
le cas d'une personne physique ou, dans le cas d'une personne morale,
d'une amende de 1 000 $ à 10 000 $.
«Il en est de même
pour quiconque refuse de fournir à une personne désignée en vertu de
l'article 115 un renseignement ou un document qu'elle a le pouvoir
d'exiger en vertu de la présente loi.»
Alors,
dans le fond, Mme la
Présidente, on vient établir là la
sanction applicable aux différentes
infractions relatives à l'entrée en fonction d'une personne désignée par
le ministre ou qui agit de manière similaire.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Encore une fois, Mme la Présidente, j'aimerais avoir un exemple de fausse
déclaration, pour les gens qui nous
écoutent, encore parce qu'on fait de la pédagogie un peu, là. Quelle situation
est passible d'une amende qui peut varier, quand même, de 500 $ à
5 000 $? Et on parle même de jusqu'à 10 000 $. Alors,
pouvez-vous me donner des exemples?
M. Proulx : Mme la Présidente, je vais reprendre les exemples que j'ai donnés tout
à l'heure. Tous les exemples et tous
les documents qui peuvent êtres demandés par les vérificateurs ou la personne
désignée pour ce faire et qui sont à la connaissance ou à la portée de
la personne à qui on les demande et qui refuse de le faire ou fabrique des
faux, on se retrouve dans la situation, Mme la Présidente, où, dans ces
cas-là... parce que je voyais aussi «trompe par de fausses déclarations»,
alors, dans ces cas-là, Mme la Présidente, c'est passible d'une amende.
Il
faut savoir qu'en matière d'amendes, certains pourraient se dire : Bien,
pourquoi c'est ces montants-là? Il faut savoir qu'il y a une certaine
cohérence, là, dans les différentes lois pour les dispositions pénales puisque
c'est avec le ministère de la Justice du
Québec. Ils ont une direction des orientations et politiques au sein de ce
ministère, et c'est avec eux que
s'établissent ces différentes amendes. Donc, en fonction de la nature, de la
gravité, ce n'est pas la même chose pour une personne physique que pour
une personne morale. Alors, c'est la raison pour laquelle ces montants-là sont
là.
Mais,
pour répondre spécifiquement à la question du collègue, je reprends les mêmes
exemples que je prenais tout à
l'heure, que ce soient des bulletins, que ce soient des horaires, que ce soient
des listes d'enfants où il apparaîtrait les noms, les âges réels ou pas,
bien, vous aurez compris que, si on nous transmet des fausses listes, on nous
transmet les mauvais documents,
si on refuse de transmettre les informations demandées et que la loi l'exige, bien, à ce moment-là, les dispositions pénales de
la loi trouveraient application.
• (20 h 30) •
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Alors, si... dans
le cas d'une erreur de bonne foi, qui pourrait juger, à ce moment-là, de... ça arrive à tout le
monde de se tromper... si c'est fait quand même
en toute bonne foi par le parent de l'élève ou la personne qui est évidemment
son tuteur légal, là, alors est-ce qu'il y a moyen quand même de prévenir ces
amendes-là? Est-ce que c'est automatique? Il y a-tu un avertissement avant?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
Mme la Présidente, juste pour bien situer nos propos et le débat, on est actuellement
dans une section du projet de loi où on vise notamment à mettre fin à des établissements dits illégaux.
Donc, on n'est pas dans le cas d'un
parent qui fait l'enseignement à la maison, qui, pour toutes sortes de raisons,
veut bien m'aider, mais n'est pas capable de constituer son dossier. On n'est pas non plus dans la situation
d'un sans-papiers qui essaie de trouver la documentation nécessaire
puis qui de bonne foi ne nous transmet pas les bons documents.
On est dans la situation où on vise à mettre fin à des établissements
qui se disent des écoles et qui n'en sont pas.
Deuxièmement, les dispositions
pénales ne sont pas là pour ceux qui font des erreurs de bonne foi. Les dispositions
pénales sont là pour sanctionner ceux qui font des erreurs de plein gré, c'est-à-dire
qu'ils le font non pas par erreur, parce que ce n'est pas des erreurs, mais
qui, de leur plein gré, choisissent de ne pas respecter la loi en ne transmettant pas les informations demandées ou en transmettant des informations qui sont fausses. Et dans
ce contexte-là, l'appréciation est
assez simple à faire, là. On n'est pas dans le cas de quelqu'un qui tente de
documenter son dossier, on est en
présence de gens qui essaient de se soustraire de la loi, et c'est dans ces
cas-là que les dispositions pénales s'appliquent.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Je comprends que là, maintenant... J'ai compris tantôt qu'il y avait une
cohérence des montants avec le ministère de la Justice, justement, pour les amendes, mais je suis quand même
inquiet pour les gens qui feraient quand même des erreurs de bonne foi.
Donc, j'espère qu'on va agir avec tact et respect dans les situations où peut-être
ces erreurs de bonne foi là pourraient survenir. Alors, c'est pour ça que je
vous manifeste mon inquiétude, parce qu'on va avoir une panoplie de situations
où ces circonstances-là pourraient survenir.
En
terminant, je considère moi aussi que c'est important que les gens disent vraiment
toutes les bonnes informations, mais encore une fois, là, je termine en disant que je suis quand même inquiet pour les
gens qui pourraient être victimes d'une erreur. Ce n'est pas ça qu'on
veut, là. Je pense que ce n'est pas dans cette zone-là, je pense, que M. le
ministre voulait aller non plus. Alors, c'est ça, j'ai terminé, moi.
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx :
Mme la Présidente, habituellement, les amendes sont données et exigées lorsque
la situation le requiert. Vous savez, les
gens exercent leur jugement. Il y a des situations qui donneraient
ouverture à l'application et
on ne le fait pas. L'objectif,
ce n'est pas de collecter de l'argent, là, c'est une sanction. C'est une disposition pénale au sens de la loi et
ce n'est pas automatique dans le contexte où on a un travail à faire, mais il
va arriver malheureusement des moments où on devra sanctionner, parce que certains voudront maintenir des établissements qui ne sont pas des écoles, et nous, on voudra y mettre fin.
Alors, dans ce
contexte-là, il y aura autre chose qu'une amende à mettre sur la table. Il y
aura des enfants à protéger dans ce
contexte-là. Donc, c'est bien certain qu'on se retrouve dans un contexte extrêmement restreint par rapport
aux vérifications de départ, lorsqu'on va cogner à la porte, obtenir des renseignements.
Dans bien des cas, ça va bien fonctionner.
Dans bien des cas, ils vont transmettre l'information. Dans bien des
cas, on va collaborer avec eux pour rendre conforme une situation qui ne l'est pas. Mais lorsqu'il faudra agir,
parce qu'on était dans la clandestinité, parce qu'on était dans le refus de fonctionner à l'intérieur du
cadre de la Loi sur l'enseignement
privé ou la Loi sur l'instruction publique, bien là, à
ce moment-là, vous aurez compris que c'est la manière forte, mais on n'avait
pas ces dents dans nos lois. Maintenant, nous les avons.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Oui, et vous allez les avoir évidemment
avec votre escouade des 11 plus. Je ne sais pas demain qu'est-ce qu'ils vont se dire au ministère,
là, mais je les salue. Et puis ils vont probablement augmenter en
nombre, mais juste avant de terminer,
à ce sujet-là, au niveau des amendes, est-ce qu'il va y avoir des avis ou des
avertissements? Ça peut être laissé au
bon jugement des gens, justement, de la fameuse escouade. Est-ce qu'il va y
avoir des avis ou des avertissements qui vont être délivrés à ces
gens-là avant? Est-ce qu'il y a une tolérance? Parce qu'on sait qu'il y a des parents qui sont plus sévères, il y en a
d'autres qui le sont moins. Alors
est-ce qu'il y a des membres de l'escouade qui vont être moins
tolérants, et d'autres plus, plus tolérants?
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Alors, Mme la Présidente, j'ai fait une vérification auprès d'une
personne compétente et, oui, il y a toujours des avis.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Mais je parle d'avertissements, des avertissements de mauvais... je ne sais
pas, de faux renseignements ou de mauvais comportements.
M. Proulx :
J'ai assimilé avertissements et avis.
M. Bourcier :
Parfait.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a aucune autre intervention, est-ce que
l'article 28 du projet de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) : Adopté. Maintenant, nous avons accepté de
suspendre l'étude des articles 4, 16 et 17 du sujet en cours. Et donc on
procède au prochain sujet, qui est l'antécédent judiciaire des dirigeants d'un
établissement d'enseignement privé. On commence avec l'étude de
l'article 19. M. le ministre.
M. Proulx : Mme la Présidente, je vous proposerais peut-être de débuter par 20
avant 19, parce que, dans l'ordre des
choses, ce serait préférable de discuter des antécédents judiciaires à 20 pour
ensuite revenir à 19. Je pense que ce serait plus simple pour la
compréhension.
La
Présidente (Mme de Santis) : Est-ce que tout le monde est d'accord de
commencer avec... de procéder avec...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme de Santis) : O.K. Parfait. Alors, nous procédons avec
l'étude de l'article 20. M. le ministre.
M. Proulx : Mme la Présidente, je le fais ainsi parce que, dans l'ordre de la loi
actuelle, 19 est numéroté avant. C'est la raison pour laquelle c'est
ainsi. Alors, je vais utiliser le texte du projet de loi.
20. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 12, des suivants :
«12.1.
Le ministre peut refuser de délivrer un permis lorsque le demandeur, un de ses
administrateurs, un de ses actionnaires
ou l'un des dirigeants de l'établissement a des antécédents judiciaires ayant
un lien avec les aptitudes requises et la conduite nécessaire pour la
tenue d'un établissement d'enseignement.
«Il peut constituer un comité d'experts chargé
de le conseiller aux fins de l'appréciation du lien entre ces antécédents judiciaires et les aptitudes requises
et la conduite nécessaire pour la tenue d'un établissement
d'enseignement. Ce comité est composé de personnes nommées par le ministre et
ayant un intérêt, une expertise ou de l'expérience en la matière.
«Pour l'application du présent article, on
entend[...] :
«1°
"actionnaire" : la personne physique qui, directement ou
indirectement, détient des actions conférant des droits de vote d'une
personne morale qui n'est pas inscrite à une bourse;
«2° "antécédents judiciaires" :
«a) une
déclaration de culpabilité pour une infraction criminelle ou pénale commise au
Canada ou à l'étranger, sauf si un pardon a été obtenu pour cette
infraction;
«b) une
accusation encore pendante pour une infraction criminelle ou pénale commise au
Canada ou à l'étranger;
«c) une ordonnance judiciaire qui subsiste
contre une personne au Canada ou à l'étranger.
«12.2. Tout
corps de police du Québec est tenu de fournir les renseignements et documents
exigés par règlement et nécessaires pour établir l'existence ou
l'absence d'antécédents judiciaires visés aux articles 12.1, 18.1 ou 119.1.»
Alors, dans
le fond, Mme la Présidente, on vise à élargir la portée des antécédents
judiciaires qui permettent au ministre
de refuser de délivrer un permis pour la tenue d'un établissement. On énonce le
pouvoir de constituer le comité, je l'ai
dit. La définition d'antécédents judiciaires reprend la définition prévue par
l'article, déjà, 54.1 de la loi, et on établit le devoir des corps de police concernés de fournir
certains renseignements et documents liés à la vérification
d'antécédents, ce qui n'était pas prévu. Je dirais, Mme la Présidente, que pour
le reste, ça me semble assez clair, là. Je pourrai répondre aux questions.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. Nous allons
d'abord étudier l'article 12.1 qui est proposé à l'article 20 du projet de loi, et ensuite, l'article 12.2 qui est
proposé à l'article 20 du projet de loi. Alors, commençons avec
l'article 12.1. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Dans le premier paragraphe, il est inscrit : «Le ministre peut
refuser de délivrer un permis lorsque...»
Bon, on a toute la série de conditions, mais «peut refuser» laisse
sous-entendre aussi que le ministre pourrait accepter de délivrer, s'il
y avait ces conditions-là. Pourquoi on n'a tout simplement pas mis «refusera»?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
• (20 h 40) •
M. Proulx : D'abord, Mme la Présidente, il faut savoir
comment ça fonctionne. Je réponds, si je me trompe, les collègues vont me le dire, mais c'est une
commission qui est chargée d'étudier les dossiers, qui fait des
recommandations au ministre. Alors, c'est la
commission sur l'enseignement privé qui fait ce travail d'analyse des dossiers
pour qu'on puisse donner ces autorisations. Un. Alors, ce pouvoir-là, il
existe. Cette analyse-là, elle se fait.
Deuxièmement, Mme la Présidente, je ne peux pas
statuer maintenant s'il y a un lien entre l'antécédent judiciaire puis les aptitudes requises pour la conduite nécessaire
pour la tenue d'un établissement d'enseignement. Je ne peux
pas faire ce lien-là maintenant. Ce serait arbitraire et contraire aux chartes et
à nos lois, dans la mesure où quelqu'un
qui a fait — je
vais donner un exemple qui peut-être est le bon — a fait un petit vol à
l'étalage ou un vol à l'étalage, parce qu'il n'y a pas de petit larcin, avant l'âge de 18 ans
ou à 18 ans et qui aujourd'hui se trouve dans la situation d'être un
actionnaire d'une école, ce n'est peut-être pas l'antécédent nécessaire pour
l'empêcher d'être actionnaire. Par contre, quelqu'un qui se retrouve dans la situation
d'avoir compromis la santé ou la sécurité d'un enfant m'apparaît être un
lien qui serait jugé contraire aux aptitudes requises pour la conduite nécessaire
d'un établissement. Alors, il faut se garder un espace d'appréciation là-dedans.
C'est du droit élémentaire.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : ...expliquer un peu mieux, M. le ministre, aptitudes requises et conduite nécessaire en lien avec, justement, «peut refuser»?
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Bien, rapidement, Mme la
Présidente, on a dit tout à l'heure qu'on élargissait la portée de la question des antécédents judiciaires pour permettre au ministre
de pouvoir prendre une décision qui est défavorable à l'obtention d'un permis. Vous savez qu'actuellement toute demande de permis répond à certains principes. Il faut
que tu remplisses des conditions et,
si tu remplis les conditions, Mme la
Présidente, bien, tu obtiens ton
permis. Il n'y a pas beaucoup
d'espace pour la discrétion. C'est comme ça en matière de permis.
Dans
le cas des établissements d'enseignement privé, on veut élargir la portée, si vous voulez, de l'appréciation pour les
antécédents judiciaires. Pourquoi? Parce
qu'à un moment donné il y a un lien avec ce qui s'y fait. Vous seriez surpris de voir le nombre de fois où viennent, sur
mon bureau, des pochettes pour juger de l'aptitude ou pas de poursuivre
le travail d'un enseignant pour conserver ou
non son autorisation d'enseigner. Bien, il vient un moment où on se pose
la question :
Est-ce que c'est en lien avec le travail qu'il fait? Et on ne peut pas
disqualifier quelqu'un pour une compétence ou pour une fonction pour l'ensemble... parce qu'il possède un
antécédent judiciaire. Il faut le faire à la lumière de l'emploi. Ça,
c'est la jurisprudence qui le dit.
Alors,
il y a des choses qu'on peut faire puis être assis ici quand même, à
l'Assemblée nationale, mais il y a des choses,
Mme la Présidente, qu'on ne peut pas faire et conserver son poste à l'Assemblée
nationale. C'est la même chose dans
les circonstances. Il y a un espace d'appréciation puis il y a une discrétion.
Alors, on l'élargit pour faire en sorte qu'on fasse un lien avec la
capacité d'intervenir puis des aptitudes requises pour la conduite nécessaire
d'un établissement.
Mais
je ne peux pas donner aux collègues une décision, je dirais... je ne peux pas
lui donner tous les exemples que ça
englobe et la totalité de ce que ça veut dire, dans la mesure où c'est un
pouvoir discrétionnaire, à un moment donné, qui vient, puis moi, bien, je vais considérer, comme ministre, à la
lumière des informations que je possède, qu'il y a un antécédent qui ne permet pas d'avoir les aptitudes
requises ou que je ne pourrais pas reconnaître la validité du permis ou donner un permis dans la mesure où ces gens-là
sont associés à l'école. Et là, bien entendu, c'est un enjeu de
discrétion, puis les gens peuvent en appeler
de cette situation comme c'est le cas partout. Mais, comme je le disais tout à
l'heure, on ne peut pas faire en
sorte que, parce que tu as un antécédent judiciaire, te disqualifier de tout.
Ça ne fonctionne pas comme ça, notamment dans la question des demandes
de permis.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, si je comprends bien, la commission fait la préanalyse de la demande de
permis et elle fait une recommandation au ministre qui ensuite, si je
comprends toujours bien, le ministre fait la vérification finale et il peut refuser, à son avis, en regardant tout ce qui a
été fait par la préanalyse, mais c'est... Le refus n'est pas par la
commission, c'est vraiment par vous, M. le ministre.
M. Proulx : C'est un pouvoir qui appartient au ministre, Mme la Présidente, de
refuser d'octroyer ou de retirer un permis
à un établissement privé. Bien entendu, il y a un processus. Il y a d'ailleurs,
dans le projet de loi et dans l'article, Mme la Présidente, la possibilité de mettre en place un comité
d'experts. Dans certaines circonstances, ce pourrait être le cas. La commission sur l'enseignement privé joue
déjà un rôle d'appréciation, a une connaissance intime de ces pratiques
des établissements parce que souvent c'est les gens qui renouvellent les
permis.
Vous savez,
actuellement, là, il y a des permis qui sont renouvelés pour une année, il y a
des permis qui sont renouvelés pour trois
ans. Le maximum, c'est cinq ans. Il n'y a pas un permis toute la vie durant,
sans aucune occasion de venir en renouvellement. Il faut présenter une
deuxième demande pour avoir un renouvellement. Il faut déposer des documents. Dans certains cas, des suivis à faire
sur les autorisations d'enseigner des enseignants. Est-ce que le
programme correspond ou répond au régime
pédagogique? Est-ce que le calendrier est en lien avec le calendrier scolaire?
Est-ce que la capacité financière de l'établissement est reconnue pour
leur permettre de fonctionner durant la validité du permis? C'est des exemples
de ce qu'on fait actuellement.
Là où on n'avait pas
une poignée suffisante, c'est au niveau des antécédents judiciaires, notamment
dans l'actionnariat ou chez les dirigeants,
et là, bien, on veut se donner ce pouvoir supplémentaire. Pourquoi? Pour
protéger les enfants.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Concernant les renouvellements, donc, vous laissiez sous-entendre qu'il y
avait différentes durées de temps
quant aux renouvellements. Pouvez-vous nous donner des exemples de
renouvellement qui sont annuels ou aux deux ans, aux trois ans, et les
raisons pour ces renouvellements-là qui sont de différentes durées de temps?
M. Proulx :
Bien, Mme la Présidente, sans faire de démonstration nominative, mais on a, par
exemple... Mme Barcelo nous montrait,
et c'est presque... pas une blague, mais c'est une obligation, mais à chaque
fois qu'on a à renouveler un permis,
il y a une vérification à faire avec le service d'incendie. Bien, c'est une
règle de sécurité élémentaire, mais souvent, cette vérification-là, elle
n'est pas faite au moment où on reçoit la documentation, donc elle n'est pas complète. Alors, il faut s'assurer, avant de
renouveler un permis, que... Un des éléments, c'est : Le système
d'incendie est-il ou non conforme? Répond-il aux exigences?
Alors,
on a des écoles, par exemple, avec lesquelles il faut s'assurer que l'ensemble
des enseignants soient titulaires d'un
permis d'enseigner. Bien, si ça fait, dans le cadre d'un renouvellement, une
fois ou deux fois qu'on a eu des petits enjeux à cet égard-là, qu'ils
ont neuf enseignants puis il y en a six qui l'ont, trois qui ne l'ont pas, puis
on essaie de l'obtenir, bien, on ne va pas leur donner cinq ans. On va, sur une
base d'appréciation, leur dire : On ne va pas vous renouveler pour la
période la plus longue parce que vous avez certains enjeux de clarification
avec nous ou... pour compléter, si vous voulez, la validité.
Mais
ça, ça existe avec plusieurs écoles et sincèrement... Et là il ne faut pas voir
là que des écoles qui peuvent sembler
ésotériques ou vraiment très exotiques, là. Je veux dire, ça existe avec nos
collèges, ça existe avec nos écoles. C'est des enjeux qui sont
quotidiens. Parfois, c'est la situation financière. Parfois, c'est la
réglementation. Parfois, c'est le calendrier scolaire. Bon, voilà, ce sont des
exemples, Mme la Présidente, qu'il faut soupeser.
La Présidente (Mme
de Santis) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, je me pose une question, là, et j'aimerais ça que vous me répondiez, M.
le ministre. Je me pose la
question : Est-ce qu'avant ces vérifications-là étaient faites, avant,
justement, la concoction de ce projet de loi là, ou elles ne l'étaient
pas? Est-ce que c'était fait quand même avant ou de quelle manière c'était
fait, là, parce que...
M. Proulx : Mme la Présidente, chaque établissement privé au
Québec qui détient un permis doit passer par un processus. Ce processus-là, Mme la Présidente, est très clair. Il y a
des conditions à remplir et, si on remplit les conditions, on peut avoir
un permis. Si on ne les remplit pas, il peut y avoir un permis... Pour
certaines conditions, pardon, il peut y
avoir un permis pour une plus courte durée, et, si on ne les remplit pas, on
n'a pas de permis. Alors, ça arrive qu'on suspende les autorisations. Ça
peut arriver qu'on les suspende. Ça va arriver qu'on ne les renouvelle pas. Ça
va arriver qu'on va les renouveler pour une
période moins longue. Ça va arriver qu'on va les renouveler pour la totalité
de la période permise parce que les choses vont bien. Tout ça, ça se fait. Tout
ça va continuer à se faire.
Ce qu'on dit
actuellement, c'est qu'on est en train de se donner des moyens pour faire face
à des situations qui sont problématiques, pour lesquelles actuellement
on n'avait pas de moyens suffisants. Et les antécédents judiciaires, ce n'était pas suffisant. On n'avait pas cette
capacité de lier l'antécédent judiciaire puis la capacité d'avoir un
établissement privé, et là on se donne cette
capacité d'agir, et ça, c'est une excellente nouvelle. On va poursuivre notre
processus, comme on l'a fait,
d'évaluation, mais on va se donner la capacité d'être plus exigeants encore ou
de refuser, si on voit que les antécédents font en sorte, pour certains
dirigeants ou actionnaires, par exemple, que là on... il n'y a personne ici
dans la salle qui serait capable de concevoir que cette personne-là est liée
dans le poste de direction d'une école.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Donc, en terminant, ça se faisait, donc, avant pour la vérification des
antécédents judiciaires, là. On s'entend là-dessus.
• (20 h 50) •
M. Proulx : C'est-à-dire que là on élargit la portée pour
être capable de lier à la capacité. Actuellement, on n'avait pas cette capacité-là. On voyait des gens avec des
antécédents puis on n'était pas capables de dire : En raison de ça,
je pourrais changer une décision à l'égard d'un permis à venir ou d'un permis
actuel.
Dans le fond, l'objectif, c'est de se donner un pouvoir supplémentaire ou d'élargir notre pouvoir pour pouvoir agir. Pourquoi je ne suis pas capable de le fixer comme souhaitait le collègue
au début? C'est en lien avec ce que je disais tout à l'heure, ce n'est
pas toutes les infractions, ce n'est pas tous les antécédents qui disqualifient
quelqu'un.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Non, non, c'est
très clair comme réponse. Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci bien, Mme la Présidente. Donc, à cet article-là, on dit : «Le
ministre peut refuser de délivrer un permis...» Ce type de permis là,
est-ce que c'est un permis indéfini, d'une durée définie ou indéfinie,
actuellement?
M. Proulx : Les permis sont d'une période définie, le maximum
étant cinq ans et, dans certains cas, peuvent être moindres. Vous aurez compris que ce n'est pas
moins d'un an parce qu'on est dans une période scolaire. Mais la
réalité, c'est la suivante :
habituellement, c'est du 1er juillet au 30 juin, et on les émet une première
fois pour une période d'entre un an et cinq ans et on les renouvelle, en
fonction de l'appréciation qu'on fait des critères, entre un an et cinq ans.
Et pour
compléter à l'égard des antécédents, actuellement, c'est les antécédents qui se
retrouvent pour les gens en exercice
dans leurs fonctions. C'est pour ça que là on veut l'ouvrir à l'égard, exemple,
des actionnaires, parce que, dans certains
cas, c'est le cas pour certaines écoles, dans le fond, l'ouvrir plus largement
puis être capable de faire l'appréciation que j'ai dit, un an à cinq ans
maximum.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Chambly.
M. Roberge : C'est important parce
que je me demandais qu'est-ce qui arrive dans l'intervalle de cinq ans
si, tout à coup, pendant l'intervalle, là,
il y a des administrateurs, tout à coup, qui commettent des crimes et donc qui,
tout à coup, obtiennent des antécédents
judiciaires. Un coup que tu l'as, le lendemain, tu as des antécédents
judiciaires. Et là je me demandais si
on ne pouvait pas ajouter, peut-être... Mon amendement n'est pas écrit, on
va... discutons-en. Peut-être ça pourrait être : Le ministre peut
refuser de délivrer un permis ou peut révoquer, puis je laisserais le reste
comme ça. Peut-être que ce serait pertinent
pour être capable de réagir si on se rend compte... On donne le permis, mais en
même temps ce n'est pas un chèque en blanc pour cinq ans, quoi qu'il arrive,
quoi qu'il advienne. Je ne sais pas si ça a déjà été prévu ailleurs ou...
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. La question est très
pertinente. Je sais qu'il y a, à l'article 26 ou peut-être ailleurs, on va le voir plus tard, mais il y a la
possibilité de révoquer lorsque nous apprenons ces informations. Peut-être
pour votre
information, Mme la Présidente, que nous avons maintenant convenu... c'est une
pratique au sein du ministère, là, de
visites au sein des différents établissements privés, ce qui n'était pas le cas
à l'intérieur tout le temps de la période.
Alors, un,
maintenant, on est capables d'apprécier les critères parce qu'on fait des
visites des lieux, ce qu'on ne faisait
pas toujours avant. On les faisait en lien avec la possibilité de renouveler.
Alors, vous aurez compris que, si on avait quatre ans, bien, c'était long avant qu'on y aille. Là, on y va sur une
base plus régulière. Mais plus tard dans le projet de loi, il y aura la
capacité de poser les mêmes gestes, mais dans le cadre de l'autorisation.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Chambly.
M. Roberge : Ça répond à ma
question. Merci.
La
Présidente (Mme de Santis) : Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'étude de l'article 12.1 proposé à l'article 20 du projet de loi? Non. Donc, nous allons
maintenant à l'étude de l'article 12.2 proposé à l'article 20 du projet
de loi. M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Proulx : Sur l'article que
je viens de lire et d'expliquer longuement?
La Présidente (Mme de Santis) :
12.2, oui, de l'article.
M. Proulx : Ah non! Écoutez, 12.2, Mme la Présidente, c'est
pour pouvoir travailler avec les corps de police et, pour travailler
avec les corps de police, c'est s'assurer qu'on obtienne les documents, et il
faut leur demander, il faut obtenir ce pouvoir-là par la loi.
Alors, les
policiers répondent à ces demandes-là, et là ça les oblige à le faire, et ils
vont le faire parce qu'on a une disposition dans notre loi qui exige
d'eux qu'ils nous transmettent ces informations-là, parce que nous, c'est nous
qui aurons à apprécier ces différents
renseignements. On aura besoin de ce que les corps de police sont en mesure de
nous transmettre.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a aucune intervention, nous allons procéder au
vote. Est-ce que l'article 20 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Adopté. Nous allons maintenant à l'étude de l'article 19 du projet de loi.
M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la
Présidente. C'est un article de concordance.
L'article 12 de la Loi sur l'enseignement privé
est modifié, dans le paragraphe 3° du premier alinéa :
1° par le remplacement de «présente loi,» par
«présente loi ou»;
2° par la
suppression, à la fin, de «, ou d'un acte criminel commis à l'occasion de
l'exercice des activités d'un établissement d'enseignement».
Alors, c'est
de la concordance à l'article 12 de la Loi sur l'enseignement privé,
compte tenu des modifications proposées à cette loi en matière
d'antécédents judiciaires, ce qu'on vient de faire à l'article 20. Voilà.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Encore une fois,
M. le ministre, c'est l'article miroir du 20. C'est bien ça?
M. Proulx : C'est-à-dire que c'est une concordance pour s'assurer d'avoir les mêmes terminologies. Je
ne sais pas si je peux prétendre
qu'il est miroir, parce que, dans le
fond, c'est une explication de
l'effet, mais effectivement
qu'il est en lien, là.
M. Bourcier : Oui, O.K. Non, ça
va, Mme la Présidente. Merci.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a
aucune autre intervention, nous allons procéder au vote. Est-ce que l'article
19 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Nous procédons maintenant à l'étude de l'article 21 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Oui. Mme
la Présidente, je vais faire circuler
aux collègues un amendement pour l'article 21, s'il vous plaît. On a changé de bloc,
puis je n'ai pas eu l'occasion de dire que j'avais un amendement. Je m'en
excuse.
La Présidente (Mme de
Santis) : Parfait. M. le ministre, je crois que vous pouvez commencer
à nous lire l'article 21.
M. Proulx : Ça me ferait grand plaisir, Mme la Présidente. Ajouter, après l'article 18.2 de la
Loi sur l'enseignement privé proposé par l'article 21 du projet de loi,
l'article suivant :
«18.3. Le ministre peut refuser de délivrer ou
de renouveler un permis...»
La
Présidente (Mme de Santis) : Non, non. Je m'excuse. Vous n'avez pas
encore commencé à... Vous n'avez pas présenté l'article 21 du projet de
loi. Est-ce que vous pouvez le faire? Et ensuite, il y a...
M. Proulx : Vous voulez que je présente celui qui n'est pas
amendé, voilà? Vous m'avez coupé dans mon élan, là, alors j'ai tout
cessé.
Des voix : ...
La Présidente
(Mme de Santis) : Un instant. Nous sommes à l'étude de l'article 21,
O.K. Donc, il faut que vous
lisiez l'article 21 et ensuite vous allez faire une proposition d'amendement
à...
M. Proulx : J'ai fait ça court.
Je m'en excuse.
La Présidente (Mme de Santis) : O.K.
Alors, vous êtes allé trop vite.
M. Proulx : Oui, oui, et je
m'en excuse.
La Présidente (Mme de Santis) : O.K.
Alors, piano, piano.
M. Proulx : Alors, oui, effectivement,
oui, je serai ainsi.
Alors : 21. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 18, des suivants :
«18.1. Le
ministre peut refuser de renouveler un permis lorsque son titulaire, un de ses
administrateurs, un de ses actionnaires ou l'un des dirigeants de
l'établissement a des antécédents judiciaires ayant un lien avec les aptitudes
requises et la conduite nécessaire pour la tenue d'un établissement
d'enseignement.
«Les deuxième et troisième alinéas de l'article
12.1 s'appliquent au présent article.
«18.2. Le
ministre peut, au lieu de refuser de renouveler le permis d'un titulaire pour
un motif prévu à l'article 18.1, lui ordonner d'apporter les correctifs
qu'il indique dans le délai qu'il fixe.
«Si le titulaire ne respecte pas l'ordonnance,
le ministre peut alors refuser de renouveler son permis.».
Et là, Mme la Présidente, j'aimerais ajouter un
18.3, si maintenant vous me le permettez.
La Présidente (Mme de Santis) : O.K.
Alors, vous présentez un amendement à l'article 21. Parfait.
M. Proulx : Alors, c'est :
Ajouter, Mme la Présidente, après l'article 18.2 de la Loi sur l'enseignement
privé proposé par l'article 21 du projet de loi, l'article suivant :
«18.3. Le ministre peut refuser de délivrer ou
de renouveler un permis s'il juge que l'intérêt public le justifie. L'article
22.2 ne s'applique pas à une telle décision.»
La
Présidente (Mme de Santis) :
On va commencer avec l'étude de l'article 18.1 qui est proposé à l'article 21, et ensuite nous allons à l'article 18.2 qui est proposé à l'article
21, et après nous allons étudier l'amendement que vous avez proposé. Ça va? Vous pouvez
présenter le tout, mais les interventions, on va les prendre de cette façon-là.
• (21 heures) •
M. Proulx : Bien, moi, je n'ai
pas de problème, Mme la Présidente.
Je pense que,
dans le cas de 18.1, les gens comprennent, on est en lien avec ce que nous
avons discuté tout à l'heure.
18.2, Mme la Présidente, je disais tout à
l'heure que, dans les façons de travailler actuelles avec la Loi sur l'enseignement privé et les différents établissements, il est possible qu'au lieu de refuser de
renouveler un permis, qu'on lui demande
d'apporter des correctifs, exemple, obtenir une autorisation d'enseigner à l'égard d'un des enseignants, qu'il
demeure, parce que celui-ci est suspendu ou n'est pas reconnu. Vous savez que
des gens peuvent faire des études à l'extérieur et débuter leur travail.
Ça peut être des enjeux très mineurs. Il peut
manquer une journée au régime... à leur calendrier puis il faut s'assurer de l'avoir. Parfois, c'est des enjeux, par exemple, de temps prescrit pour l'école. C'est différentes affaires qui
ne sont pas majeures ou fatales. Ça, c'est le cas de 18.2.
Si vous me permettez également de prendre un
instant pour parler de 18.3, c'est dans le cas où nous nous retrouverions dans la situation
où on est devant une situation où, avec les dispositions actuelles, on
n'est pas en mesure, parce que nos critères sont limitatifs, de refuser
d'émettre un permis et que, là, il y
a un enjeu d'intérêt public,
comme c'est le cas dans différentes lois.
Vous savez, une école, c'est un lieu
particulier, c'est un lieu où on fait l'éducation des jeunes. Il y a certaines situations
où... Là, j'essaie de trouver des exemples parce qu'il n'y en a pas des tonnes,
et ce serait très, très restreint. Mais prenez, par exemple, Mme la Présidente, une situation où on apprenait qu'une école au Québec
est financée en partie par de
l'argent qui émane de la criminalité ou on se retrouve dans la situation
où des gens sont liés à un groupe qui n'est pas avoué ou n'est pas
reconnu mais qui est en lien avec un groupe criminalisé, avec des situations où
des gens ont des intérêts étrangers qui ne sont pas compatibles avec la mission
éducative d'une école. Bon, voilà autant de possibilités pour justifier ce que
c'est, l'intérêt public.
Vous allez me
dire, Mme la Présidente, peut-être, ou les collègues me diront, je m'avance déjà en
disant : Mais c'est ça, ce n'est pas aussi clair que : Il ne
peut pas parce qu'il est après 9 heures le soir, puis on avait dit que
c'est avant 8 h 30. C'est certain, une notion d'intérêt public, ça ne
s'écrit pas aussi autrement que «peut refuser si la notion d'intérêt public le justifie». C'est, à ce moment-là, une bataille juridique possible à venir entre le ministère de l'Éducation et un groupe qui prétend le faire dans l'intérêt
public, et nous, a contrario, pensant qu'ils ne le font pas dans l'intérêt
public. C'est une disposition qui nous permettrait d'agir dans certaines
circonstances qui ne seraient pas prévues par la loi.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Donc, nous allons commencer avec l'étude de l'article 18.1 qui est
proposé à l'article 21 du projet de loi. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Ça va pour moi.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Chambly?
Nous allons maintenant à l'article 18.2
proposé à l'article 21. Est-ce qu'il y a des interventions? Aucune
intervention? O.K. M. le député de Chambly, aucune intervention?
M. Roberge : Non, ça va. Merci.
La Présidente (Mme de Santis) : Maintenant,
nous allons à l'amendement qui est proposé, l'article 18.3. Est-ce qu'il y
a des interventions?
M. Bourcier : Mais je veux
revenir sur la déclaration de M. le ministre tantôt, bon, on parlait d'intérêt
public et que ça pouvait ouvrir la porte à
certaines poursuites judiciaires. Donc, on s'expose déjà. Il
n'y aurait pas intérêt, sans jeu de
mots avec ce qui est écrit dans l'article, là, à spécifier le genre de situation
qui pourrait, justement, être d'intérêt public et qui pourrait justifier un refus de délivrer un permis, si on
veut s'éviter tout ça, de catégoriser ce genre de situation là d'intérêt
public de la part du ministre?
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente,
la nécessité d'une telle disposition, c'est pour continuer de donner des
pouvoirs supplémentaires à l'État pour mettre fin à des activités illégales ou
contraires à l'intérêt public liées à un enseignement
qui n'est pas celui que nous souhaitons. Et, dans ce contexte-là, Mme la Présidente, j'avais l'exemple, tout à
l'heure, d'une personne qui contrôle,
par exemple, un établissement mais qui n'est pas ni un actionnaire ni un
dirigeant reconnu ou identifié, bien, à ce moment-là, on se retrouvait dans la situation
où on pourrait prétendre que l'intérêt public justifie qu'on agisse.
Bien entendu, si on se met à définir les cas où l'intérêt public est en cause, ce
sont des cas tels qu'on les a prescrits dans la loi précédemment. C'est de donner des catégories
ou des balises supplémentaires en disant : On n'a pas le droit de, on n'a pas le droit de, on n'a pas le droit de...
C'est par exception ou, je dirais, par élimination, les motifs pour ne pas
de donner de permis. Ça, on l'a déjà
fait. On a élargi la portée des antécédents, on s'est donné la capacité d'aller
jusqu'aux actionnaires. Alors, les situations qu'on peut prévoir, elles sont
prévues.
Dans le cas
précis où, par exemple, un financement externe viendrait de la criminalité, qu'une
personne qui n'est pas identifiée
comme étant un dirigeant de l'école ou un actionnaire, pas de l'école, mais de l'établissement qui n'en est pas un si on ne veut pas lui donner de permis,
alors, dans toutes ces situations, on a besoin de cette notion-là.
Et, en
passant, il y a plusieurs lois au Québec qui font état de cette
notion d'intérêt public. Voyez-vous, j'en ai noté quelques-unes, là, ici, là : activités
cliniques, procréation assistée, agences de voyages, pêcheries commerciales,
récolte commerciale, Loi sur la protection
du consommateur — ça revient souvent — protection sanitaire des animaux,
qualité de l'environnement, services sociaux
pour autochtones, bon, il y en a plusieurs. Ce sont toutes des lois qui ont une
disposition qui dit : Voilà les raisons pour lesquelles on peut agir et si
l'intérêt public le justifie.
En matière d'éducation, je pense qu'il est
nécessaire d'avoir également une disposition comme celle-là, dans la mesure où
il peut y avoir des situations qui sont clairement incompatibles avec la
mission d'une école. Et, dans ce contexte-là, puisqu'on ne l'avait pas prévu,
on serait obligés de faire comme on le fait actuellement, c'est-à-dire de
constater puis de se désoler devant notre incapacité d'agir. Alors, s'il y
avait une de ces situations, bien, ça serait la responsabilité de l'État de documenter sa situation puis de dire :
Voilà un exemple qui est contraire à l'ordre public, et, dans ce
contexte-là, on va de l'avant avec les mécanismes qui se retrouvent dans la
loi.
Et, bien
entendu, quelqu'un pourrait dire : Moi, je ne suis pas d'accord avec vous,
mais ça, Mme la Présidente, moi, je
ne fais pas ni des lois ni des législations pour faire plaisir à ceux qui ne
sont pas d'accord avec nous. On fait des lois, des législations pour protéger les enfants et protéger l'obligation de
fréquentation scolaire. Alors, dans ce contexte-là, c'est ce qu'on fait. Et là je vous dirais qu'avec l'ensemble
de ces articles et celui-là on va pas mal avoir fait le tour des
possibilités pour un gouvernement d'agir lorsqu'il y aura des établissements
illégaux.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Vous savez, Mme la Présidente, je tombe souvent dans des images. Alors, je suis
bien satisfait des exemples que M. le
ministre nous a donnés, considérant les causes d'intérêt public. Je vous dirais
que c'est comme un superpouvoir, finalement, pour le ministre, qu'il se
donne pour, justement, justifier son action par rapport à certaines situations
où on n'aurait pas à renouveler le permis. Mais, après la fameuse escouade des
11, on a un superpouvoir, donc c'est correct.
M. Proulx : Mme la Présidente, ce n'est pas parce que j'aime
avoir raison, c'est parce que j'aime discuter avec le collègue de Saint-Jérôme, mais un superpouvoir, ça
serait inscrit : Je peux faire ce que je veux, et ça, ça n'existe pas.
Référer à la notion d'intérêt public, ça
peut paraître large, mais en même temps ça nécessite une préparation très
importante pour faire la
démonstration de ce qu'on avance. Et ce n'est pas le genre de présentation,
dans l'éventualité d'une contestation, qui passe aussi facilement que : tu avais ou pas un permis de conduire
pour conduire ta voiture. Vous aurez compris que ça nécessite un dossier
beaucoup plus étoffé. Alors, ce n'est pas dans toutes circonstances qu'on
pourrait utiliser cette disposition. Ceci
étant dit, vous pouvez compter sur moi, si l'occasion se présentait de protéger
les enfants, de l'utiliser à bon escient.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Et, pour
compléter, oui, je comprends bien l'intention du ministre, et c'est bien
correct. Merci.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. M. le député de Chambly, est-ce que vous avez une intervention?
M. Roberge : Non, ça me va.
La
Présidente (Mme de Santis) : S'il n'y a pas d'intervention
additionnelle, est-ce que l'amendement à l'article 21 du projet de
loi est adopté?
Une voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce que l'article 21, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Maintenant, nous procédons à l'étude de l'article 22 du projet de loi. M.
le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. 22. Cette loi est modifiée
par l'insertion, après l'article 22, des suivants :
«22.1. Le
ministre doit, avant de refuser de délivrer ou de renouveler un permis,
notifier par écrit au demandeur ou au
titulaire le préavis prescrit par l'article 5 de la Loi sur la justice
administrative et lui accorder un délai d'au moins 10 jours pour
présenter ses observations.
«Il doit
notifier par écrit sa décision motivée à la personne à laquelle il refuse de
délivrer ou de renouveler le permis.
«22.2. La décision du ministre peut, dans les 60 jours
de sa notification, être contestée devant le Tribunal administratif du Québec.»
Alors, Mme la
Présidente, je pense qu'il est question de confirmer la possibilité, pour une
personne à qui nous refusons un permis, de faire valoir ses droits. Je
pense, sans me tromper, que cette possibilité existait mais était quasi sous-entendue parce qu'il est question de justice
administrative. Et là, dans le fond, on vient confirmer, Mme la Présidente, que, si on refuse un permis, puisque
je vous ai expliqué tout à l'heure la logique des permis, bien, à ce
moment-là, il y aura une procédure à suivre, et les personnes pourront faire
valoir leur point de vue si point de vue différent ils ont. Je n'ai pas
d'amendement.
• (21 h 10) •
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. Nous allons
commencer avec l'étude de l'article 22.1 qui est proposé à l'article 22 du projet de loi, et ensuite on procède à l'étude de l'article 22.2 qui est proposé
à l'article 22 du projet de loi. Alors, est-ce qu'il y a des interventions quant à l'article 22.1 qui est proposé? Est-ce qu'il y a
des interventions quant à l'article 22.2 qui est proposé? S'il n'y
a aucune intervention, nous allons procéder au vote. Est-ce que
l'article 22 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Nous procédons maintenant à l'étude de l'article 23 du projet de loi. M. le ministre.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente, je faisais juste nous réconcilier, parce que je
vous ai dit qu'il n'y avait pas d'amendement, mais j'en aurai un tantôt.
C'est un ajout, alors je vais le faire à la fin, Mme la Présidente, juste pour respecter l'horaire que nous nous étions donné et
l'ordre que j'avais annoncé. Alors, vous me proposez de lire
l'article 23?
La Présidente (Mme
de Santis) : Exact.
M. Proulx :
Avec plaisir : 23. L'article 111 de cette loi est modifié :
1° par l'insertion, à
la fin du paragraphe 2°, de «, y compris ceux relatifs aux antécédents
judiciaires du demandeur ou titulaire de permis, de ses administrateurs et
actionnaires ainsi que des dirigeants de l'établissement»;
2° par l'ajout, à la
fin, des paragraphes suivants :
«10°
déterminer parmi les renseignements et documents fournis par le titulaire de
permis ceux qui doivent être actualisés et à quelle fréquence;
«11°
déterminer les renseignements et documents que le titulaire de permis doit
fournir lors du changement d'un de ses administrateurs ou actionnaires
ou d'un dirigeant de l'établissement;
«12°
déterminer les renseignements et documents nécessaires pour établir l'existence
ou l'absence d'antécédents judiciaires qu'un corps de police est tenu de
fournir au ministre ou à un demandeur ou un titulaire de permis.»
Alors,
dans le fond, c'est des pouvoirs réglementaires supplémentaires, Mme la
Présidente. Et, bien sûr,
comment on obtient ces nouveaux pouvoirs?
Bien, c'est par règlement qu'on peut déterminer les renseignements et documents que nous pourrions demander.
La Présidente (Mme
de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Bourcier :
Non, Mme la Présidente, pas pour nous.
La
Présidente (Mme de Santis) :
M. le député de Chambly? S'il n'y a aucune intervention, nous allons
procéder au vote. Est-ce que l'article 23 du projet de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
de Santis) : Nous allons maintenant procéder à l'étude de
l'article 26 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx :
26. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 119, du
suivant :
«119.1.
Le ministre peut modifier ou révoquer un permis lorsque son titulaire, un de
ses administrateurs, un de ses actionnaires ou l'un des dirigeants de
l'établissement a des antécédents judiciaires ayant un lien avec les aptitudes
requises et la conduite nécessaire pour la tenue d'un établissement
d'enseignement.
«Il peut également
modifier ou révoquer un permis lorsque son titulaire omet de lui fournir un
renseignement ou un document exigé par
règlement relativement à ses antécédents judiciaires, à ceux de l'un de ses
administrateurs ou actionnaires ou à ceux d'un dirigeant de
l'établissement.
«Les [deux] et
troisième alinéas de l'article 12.1 s'appliquent au présent article.»
Alors,
il y a d'abord une concordance, ensuite à permettre la modification ou la révocation d'un permis tel qu'on l'a dit et, bien
sûr, rendre applicables les dispositions relatives à ce que nous avions tout à l'heure, là,
actionnaires, antécédents judiciaires,
comités d'experts en lien avec... pendant la période du permis en vigueur,
Mme la Présidente. Ça répond, je pense, à la question du collègue
de Chambly tout à l'heure.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 26 du projet de loi? Non? M. le député de
Chambly? S'il n'y a aucune intervention, nous allons procéder au vote. Est-ce
que l'article 26 du projet de loi est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
de Santis) : Nous procédons maintenant à l'étude de l'article 27
du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : Oui, Mme la Présidente. 27. L'article 120 de cette loi est modifié
par l'insertion, après le premier alinéa, du suivant :
«Il peut faire de
même au lieu de modifier ou de révoquer le permis d'un titulaire pour un motif
prévu à l'article 119.1.»
Alors,
Mme la Présidente, c'est en lien avec ce qu'on disait tout à l'heure. Vous savez que, tout à
l'heure, pour un permis, on pouvait, au lieu de le renouveler,
demander que certains correctifs soient faits. C'est un peu la même
chose dans le cas où on est à l'intérieur
d'une période. Au lieu de le modifier ou le révoquer, on peut agir de la même
façon, là, en leur demandant de corriger la situation liée, par exemple,
aux antécédents judiciaires au lieu de procéder à la modification ou la
révocation. C'est en lien avec ce qu'on a fait tout à l'heure.
La Présidente (Mme de
Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : J'aimerais avoir un exemple de modification, peut-être pas de révocation de permis, mais, de la part du ministre, de donner un exemple de modification de permis qu'on pourrait demander d'apporter en cours de route.
M. Proulx : Bien, par modification, Mme la Présidente, ça pourrait être de modifier la durée. On pourrait avoir un permis qui, originellement, était pour une période
de cinq ans. Pour des raisons particulières, on voudrait ramener à une période plus courte pour lui permettre... ou, dans le fond, pour le sanctionner, si vous voulez, parce qu'il n'a pas
rempli toutes ses obligations. J'ai fait référence, tout à l'heure, aux obligations
de pourvoir l'école des capacités financières nécessaires
à la poursuite de ses activités, bien, c'est un bon exemple. Si on pense qu'une
école est en difficulté, on aurait pu vouloir réduire la période de son
permis.
Vous aurez compris que de réduire la période
d'un permis, par exemple, pourrait ajouter un petit peu, je dirais, d'insécurité au lieu. Alors, plutôt que
faire ça, on pourrait lui demander de donner des garanties
supplémentaires ou de s'assurer de stabiliser
sa situation financière sans modifier son permis et le rendre à échéance dans
une année, ce qui aurait pour conséquence directe d'apeurer, par
exemple, ceux qui l'utilisent. C'est un exemple.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Dans le même ordre d'idées, quelle pourrait être une raison de révocation de
permis? Il y a du monde qui nous écoute, alors on fait un peu de
pédagogie, de nous donner un exemple d'un permis révoqué.
M. Proulx : Bien, par exemple, Mme la Présidente, un
établissement d'enseignement privé qui s'est fait donner un permis pour
un nombre d'années x et qui utilise, à bon escient et respectueusement, le
régime pédagogique et, du jour au lendemain, ne le fait plus. Dans ce
contexte-là, si on a l'impression que les diplômes n'ont pas la valeur qu'ils devraient y avoir, que le régime
pédagogique n'est pas respecté... Et là je ne suis pas dans les marges,
c'est-à-dire une journée, une période de temps, une période de
prescription pour une matière, mais je suis dans «avant on le faisait, maintenant on ne le fait plus», on refuse
d'enseigner des matières, on se retrouve dans la situation, là, vraiment
inverse à celle pour laquelle nous avons octroyé un permis, bien, vous aurez
compris que ce n'est pas un correctif qu'on va lui demander d'apporter. On va
lui demander de respecter le régime pédagogique ou de voir son permis révoqué.
La
Présidente (Mme de Santis) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Alors, s'il n'y a aucune autre intervention,
nous allons procéder au vote. Est-ce que l'article 27 du projet de loi est
adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) : Adopté. Nous allons procéder maintenant à
l'étude de l'article 29 du projet de loi. M. le ministre.
M. Proulx : 29. L'article 3 de l'annexe I de la Loi
sur la justice administrative est modifié par le remplacement, dans le
paragraphe 2.3°, de «de l'article 121.1» par «des articles 22.2
ou 121.1».
Alors, Mme la Présidente, c'est pour modifier la Loi sur la justice administrative pour qu'elle
reflète les dispositions que nous avons mises dans la lettre portant sur
la compétence du Tribunal administratif d'entendre un recours en contestation
lorsqu'il y a refus de délivrer ou de renouveler un permis.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a aucune
intervention, nous allons procéder au vote. Oui, je vous...
M. Bourcier : ...prendre
connaissance de l'article. Donnez-moi deux minutes.
La Présidente (Mme de Santis) :
O.K., parfait. On va suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 19)
(Reprise à 21 h 21)
La Présidente (Mme de Santis) :
Parfait. Alors, on reprend, s'il vous plaît. Alors, est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 29 du projet de loi? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Mme la Présidente,
tout est clair pour moi.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Tout est clair. M. le député de Chambly, tout est clair pour vous aussi? Donc,
nous allons...
M. Roberge :
C'est magique.
La Présidente (Mme de Santis) :
Pardon?
M. Roberge : C'est magique.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Nous allons procéder au vote. Est-ce que l'article 29 du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme de Santis) :
Adopté. Maintenant, nous avons une proposition d'amendement au projet de loi.
Alors, M. le ministre.
M. Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Insérer, après l'article 22 du projet de loi, le
suivant :
22.1. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 59, du suivant :
«59.1. L'établissement ne peut solliciter ou recevoir un don, un legs, une subvention,
une contribution ou un autre avantage auquel sont
rattachées des conditions qui sont incompatibles avec les services éducatifs
qu'il dispense.»
Alors, Mme la Présidente, c'est en lien avec ce
que je disais tout à l'heure en ce qui a trait à l'ordre public, de s'assurer que le financement qui viendra dans
certains établissements privés émane, bien sûr, d'organisations ou de
gens ou qui sont faits en lien avec la mission d'une école. C'est pour être en
mesure, encore une fois, Mme la Présidente, d'avoir une poignée supplémentaire.
Si on est
dans la situation où, pour toutes sortes de raisons, on est capables de faire
la démonstration que nous sommes dans une situation qui est contraire à
la mission d'une école, bien, on pourra intervenir et on pourra, bien entendu, agir, avec le prochain article, mais
celui-là permet d'empêcher de solliciter ce type de don parce qu'encore
une fois, aujourd'hui, on serait placés
devant le fait accompli, on serait en mesure de faire la démonstration que ça
existe. Je n'ai pas d'exemple en
tête, Mme la Présidente, mais on est là pour se protéger et protéger nos
enfants, et on ne pourrait pas agir. Alors, encore une fois, c'est
l'occasion de le faire.
La Présidente (Mme de Santis) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 22.1?
M. Bourcier : Mme la Présidente,
je parle justement des contributions. J'aimerais me faire expliquer «sont
rattachées des conditions qui sont incompatibles». Est-ce qu'une contribution
peut avoir une condition? Je veux me faire expliquer ça, là.
M. Proulx : Bien, Mme
la Présidente, j'ai parlé tout à l'heure de la possibilité ou j'ai évoqué que, dans les exemples liés à l'ordre public, que, par exemple, un groupe criminalisé voudrait, pour une raison x, y, z, se faire
une école, club-école d'une organisation, vouloir former sa relève à l'intérieur même d'un établissement, bien, vous aurez compris, Mme la Présidente, que, d'abord, on veut interdire ce type de financement et, deuxièmement, si ça arrivait, bien, être capables d'intervenir par l'amendement suivant. Alors, bien sûr, mon exemple est
inusité parce que je ne suis pas là pour donner des exemples
réels, je ne les connais pas, mais, s'il y avait des situations où cela était
possible, on veut y mettre fin.
La Présidente (Mme de Santis) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Bien, pour avoir été dans certaines institutions où il y avait des dons, il y
avait certaines conditions. Ce n'est pas les groupes criminalisés qui
faisaient des dons avec leurs conditions, mais, exemple, un mécène pouvait
faire un don à une école conditionnellement
au fait que c'était destiné à des livres pour la bibliothèque de l'école.
Alors, à ce moment-là,
on parle d'incompatibilité, comment est-ce qu'on pourrait juger de tout ça, là?
Qui va juger de l'incompatibilité des dons?
M. Proulx : C'est le ministère
de l'Éducation, c'est le ministre qui
a la responsabilité d'évaluer si une
école voit son permis révoqué,
suspendu, renouvelé, émis ou avec ou sans correctif. C'est ma responsabilité,
comme ministre, de voir à ça parce
que ce n'est pas automatique, être un établissement privé reconnu. Alors, dans
ce contexte-là, on y insère des conditions pour rendre cet exercice-là
encore plus compliqué. Et actuellement, c'est vrai puis ça va toujours être
vrai, quelqu'un qui voudra soutenir l'éducation par un don pourra le faire. Là,
où ce ne sera plus possible de le faire si on adoptait
les deux articles qui sont proposés, celui-là et l'autre, dans un premier
temps, on ne pourrait pas solliciter, pour une raison incompatible avec les services éducatifs, des dons en se
disant : Je suis tellement en difficultés financières que je suis allé voir un prêteur usuraire qui, lui, se
retrouve dans la situation où c'est de l'argent qui émane de la
criminalité, et là, à ce moment-là, il nous
a fait un prêt pour finir l'année. Je fais une caricature, Mme la Présidente,
pour dire que, dans une situation comme celle-là, personne ici ne serait
d'avis qu'on est dans une situation qui est compatible avec la mission d'une
école. Alors, cet article-là interdit ceci. Le prochain que je souhaite
insérer, bien, il va nous permettre d'agir, Mme la Présidente, puis
d'intervenir, puis de faire ce que je disais tout à l'heure lorsqu'on parlait
de révocation et de suspension de permis.
La Présidente (Mme de Santis) :
M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, à ce moment-là, je retourne un petit peu la question : Quelles sont
les conditions qui, au contraire d'être
incompatibles, pourraient être acceptables pour un don — encore une fois, question d'être
pédagogique pour le monde qui nous
écoute — qui
voudrait donner aux établissements scolaires qui ont vécu une certaine
austérité, là? Je fais une petite parenthèse. Alors, quels sont les dons qui
seraient acceptables, un exemple?
M. Proulx : Oui, bien, Mme la Présidente, la loi est ainsi
faite. Alors, on peut offrir un don et un soutien financier à un
établissement. Ce qu'on dit, c'est que, dans la mesure où c'est incompatible
avec la mission de l'école, on veut l'empêcher.
Alors, le collègue sera satisfait de savoir que toutes les belles occasions et
bonnes intentions qu'il a, qu'il connaît
des gens près de lui ou qu'il ne connaît pas, seront permises, sauf celles qui
sont incompatibles avec la mission et les services éducatifs. Alors, ce n'est pas de dire : Voici ce qui est
permis, puis d'inventer une loi de 7 744 articles pour pouvoir
prévoir toutes les situations, c'est
dire : Il y a un principe général, mais il n'y avait pas d'exception. Là,
il y a un principe général auquel il y a maintenant des limites, et
c'est une excellente nouvelle, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme de Santis) :
M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Donc, si on comprend qu'une personne peut faire un don rattaché à une condition
à un établissement privé, donc certaines conditions pourraient au
préalable être acceptables, mais d'autres qui ne le seraient pas. Donc, il y
aurait toujours un jugement de la part du ministre pour ces dons-là.
M. Proulx : Non, Mme la Présidente. C'est-à-dire qu'on
n'empêchera pas les établissements de recevoir des dons puis on n'a pas
l'intention de regarder chacun des dons puis de les qualifier. Ce qu'on dit,
c'est que, si on apprenait, Mme la
Présidente, qu'un établissement privé a une source de financement qui est
incompatible avec les services éducatifs, on tentera d'y mettre fin. On ne voudra pas que ce soit possible parce
qu'on interdit, dans la loi, de solliciter ce type de dons. Mais tout à
l'heure, Mme la Présidente — je
ne suis pas certain qu'on puisse s'y rendre, mais admettons qu'on y
arrive — je
proposerai un amendement qui viendra ajouter la capacité pour le ministre de
révoquer un permis dans telles circonstances.
La Présidente (Mme de Santis) :
M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Ça va pour moi.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme de Santis) : M. le député de Chambly? Alors, s'il
n'y a aucune intervention additionnelle, on va procéder au vote. Est-ce que cet amendement qui, maintenant,
introduit l'article 22.1 au projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme de Santis) :
Merci. Alors, je vous remercie de votre collaboration.
Et, vu l'heure, nous allons suspendre sine die.
(Fin de la séance à 21 h 29)