(Huit
heures trente-trois minutes)
Le
Président (M. Kotto) : ...le
quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. Et je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 48, Loi modernisant
la gouvernance du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Alors, M. le
secrétaire, y a-t-il des remplaçants?
Le Secrétaire :
Oui. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne)
est remplacée par M. Plante (Maskinongé).
Le
Président (M. Kotto) : O.K. Nous débuterons cet après-midi par
des remarques préliminaires puis entendrons les organismes
suivants : le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec, le
Syndicat des professeurs de l'État du Québec, l'Orchestre symphonique de
Montréal, l'Orchestre métropolitain.
Remarques préliminaires
Nous
débutons donc avec les remarques préliminaires de Mme la ministre, que je
salue. Mme la ministre, vous disposez de six minutes.
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : Alors,
bonjour, tout le monde. L'année reprend en très, très, très bonne compagnie : M. le
Président, Mmes — mesdames — députées
de l'opposition, porte-parole en matière de culture entre autres, mes chers collègues députés.
Mardi matin,
lendemain de la fête du Travail, on commence et... cher conservatoire
représenté grandement et qualitativement, très intéressant comme
représentation. On aura l'occasion d'échanger tout à l'heure.
Donc,
M. le Président, c'est avec grand plaisir que je participe à ces consultations à l'égard du projet de loi visant
à moderniser la gouvernance du Conservatoire
de musique et d'art dramatique du Québec. Nous avons jugé important que soient invitées à nous faire part de leurs
observations différentes organisations et associations les plus directement
intéressées, conscients que leur éclairage
ne peut que nous aider tous à mieux prendre le pouls des besoins et de la
réalité du conservatoire face à la réforme que nous proposons.
Pour
ma part, je m'engage personnellement, M.
le Président, à prendre en
considération, avec sérieux et application, les propositions et représentations qui nous seront faites aujourd'hui. Nous, membres de la commission,
poursuivons dans cette démarche un
même objectif : obtenir la meilleure pièce législative qu'il sera possible
de faire adopter par l'Assemblée nationale.
Et, d'entrée de jeu, j'en profite, M. le Président, pour inviter mes collègues
de l'opposition à un briefing technique — breffage, devrait-on
dire — qui
sera organisé incessamment.
Je
veux donc souhaiter la bienvenue aux partenaires issus des milieux culturels
qui sont concernés par les modifications législatives proposées à la loi
actuelle. Ces modifications visent principalement à revoir le cadre de
gouvernance du Conservatoire de musique et
d'art dramatique du Québec. C'est là un réaménagement important, car il s'agit
de donner à cette grande institution
québécoise les leviers essentiels à son développement, à l'exercice plein et
entier de son expertise et à sa
capacité de prendre les bonnes décisions quant à son avenir en tant qu'école de
formation professionnelle artistique au service de la jeunesse, des
artistes et de la culture québécoise.
Je
ne peux que me réjouir de la présence parmi nous de nombreuses personnes
éminemment compétentes et je suis
impatiente d'entendre leurs commentaires. Je compte en effet beaucoup sur la
collaboration de tous pour la suite des choses, en l'occurrence l'adoption, souhaitable et dans les meilleurs
délais, d'un projet de loi qui contribuera à assurer la pérennité du conservatoire, une institution
considérée unanimement comme un outil essentiel de développement culturel
pour toutes les régions du Québec. Je prends
le soin de rappeler que la mission fondamentale du Conservatoire de musique
et d'art dramatique du Québec et de ses établissements régionaux est préservée
et même bonifiée.
En
un mot, le conservatoire doit évoluer en phase avec son époque et développer
son plein potentiel. Le nouveau cadre
de gouvernance doit lui donner la marge de manoeuvre nécessaire à l'excellence
de son cursus scolaire de même qu'à
l'administration optimale de ses ressources humaines et matérielles. De fait,
je le précise, le nouveau cadre proposé doit être à l'avantage des élèves, des milieux de la culture, des
régions du Québec de même que des citoyennes et des citoyens du Québec.
Cette approche de révision de la gouvernance a d'ailleurs été mise en place
dans plusieurs sociétés d'État gouvernementales,
et, parmi celles-ci, des organisations oeuvrant en culture et en communication.
En effet, M. le Président, cette
gouvernance moderne d'un conseil d'administration équilibré, imputable et
représentatif a été adoptée avec succès pour la Société de la Place des Arts de Montréal, de la Société du Grand
Théâtre de Québec, de la Société de télédiffusion du Québec, de la Société de développement des
entreprises culturelles, et du Conseil des arts et des lettres du Québec de
même, récemment, que pour Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Mentionnons
que, pour cette dernière année, j'ai été chargée de mener à bien le projet de
loi modifiant sa loi constitutive et que
j'ai pu compter sur une excellente collaboration des deux oppositions. Étant
donné la taille et l'importance de
BANQ, je suis particulièrement contente de la réussite de ce projet, et on peut
dire que ce fut une expérience des plus formatrices dans mes fonctions de ministre chargée des responsabilités
gouvernementales en culture et en communications.
De plus, comme il est
question, ici encore, de donner à une grande société d'État un cadre de
gouvernance du XXIe siècle, la réussite du
projet de loi sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec met, pour ainsi
dire, la table pour l'initiative
législative que nous soumettons à la population ainsi qu'à nos collègues parlementaires.
Il s'agit d'un projet de loi qui
promeut une modernisation respectueuse des principes de bonne gestion dans une
organisation gouvernementale très
appréciée du monde de la culture au Québec, une institution envers laquelle nos
concitoyennes et nos concitoyens, en
particulier ceux des régions, ont démontré un profond attachement. À ce sujet,
je crois que ces derniers ont tout lieu de se réjouir, puisque notre
projet de loi fait une place importante aux régions dans la composition
projetée du conseil d'administration.
M.
le Président, je suis convaincue que, pendant la consultation que nous abordons
aujourd'hui, nous travaillerons pour l'avancement de notre culture.
• (8 h 40) •
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme la ministre. Je profite de
l'occasion pour saluer les collègues qui vous accompagnent ainsi que le
personnel du ministère.
Je
donne maintenant la parole à la députée de Joliette, qui est la figure de
l'opposition officielle. Vous avez
3 min 30 s.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer la ministre,
toute son équipe, mes collègues ministériels, ma collègue du deuxième
groupe d'opposition, fidèle critique
à mes côtés, mon autre collègue de l'opposition, qui était jadis aussi à mes côtés pour d'autres
dossiers qui m'occupaient, et bien
sûr aux représentants du conservatoire, et aux autres invités que nous aurons la
chance d'entendre.
On
est face à un projet de loi qui est relativement technique mais qui a des impacts importants pour
la gouvernance et l'avenir, donc, du
Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec. Ce n'est pas banal. On
l'a vu quand on a étudié, au
printemps, la refonte de la gouvernance de Bibliothèque et Archives nationales
du Québec, il y a quand
même des enjeux de gouvernance qui
sont importants. L'idée, c'est de faire entrer le conservatoire, bien entendu,
dans la gouvernance et les règles de
gouvernance du XXIe siècle. Donc, en soi, je pense que c'est un exercice
qui est très valable.
Il
faut s'assurer, bien sûr, que l'avenir du conservatoire va pouvoir être le
plus florissant possible. Il y a un an, nous
étions dans un tout autre état d'esprit, avec beaucoup de turbulences autour
de l'avenir des conservatoires,
notamment en région, il y avait
énormément d'incertitudes. Et je pense qu'il peut toujours
y avoir du bon qui sort de ce type de crise ou de turbulences, et on a
pu constater à quel point le milieu de la culture était attaché au
conservatoire, était attaché, bien sûr, aux conservatoires en région, et, plus que le
milieu, que les artistes, que les musiciens, on a vu comment les gens y étaient attachés aussi. Et je suis confiante que
cet attachement-là va avoir des répercussions positives et donc va assurer
la pérennité du conservatoire, non pas dans
sa structure uniquement, mais avec ses antennes régionales. Parce qu'on a pu
voir à quel point c'était important
pour le déploiement de la culture en région, pour la formation aussi, bien
entendu, en région, mais pour toute la vie culturelle, globalement, et
pour la qualité de vie en région, tout autant.
Donc,
aujourd'hui, je vais être très heureuse et... très attentive
aux commentaires qui vont nous être faits, parce que l'objectif, bien entendu, c'est d'améliorer un projet de loi. On le voit avec chaque projet
de loi, il n'y a pas un projet de
loi, malgré tout le talent des
légistes et des équipes, qui peut arriver en une forme absolument
parfaite. Donc, on est là pour
améliorer tous ensemble le projet de
loi. Donc, c'est avec beaucoup
d'intérêt qu'on va écouter les commentaires des groupes. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Kotto) :
Je remercie et salue la porte-parole de l'opposition officielle ainsi que la conseillère qui
l'accompagne.
Je
passe maintenant la parole à la députée d'Iberville, porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
à faire ses remarques préliminaires pour un maximum de
2 min 30 s.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Alors, je salue d'abord la ministre et son équipe. Je salue mes collègues du
parti ministériel et ma collègue de l'opposition officielle, le Conservatoire
de musique, mesdames et monsieur des conservatoires.
Alors,
on le sait, le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec, c'est 73 ans
d'histoire. Depuis 1942, le
conservatoire accueille et forme des élèves aux plus hauts standards en musique
et en art dramatique. L'an dernier, on a eu certainement des craintes importantes quant à l'avenir de certains
conservatoires en région. Heureusement, le dénouement, malgré tout, a été positif, et nous en sommes très
contents, très heureux. Vous jouez un rôle prépondérant dans le développement
de la culture en région, et c'est avec grand intérêt qu'on est ici aujourd'hui.
D'emblée, nous sommes
plutôt favorables à la modernisation de la gouvernance du conservatoire, qui
passe notamment par une meilleure reddition de comptes, la création de comités
relatifs à la gouvernance et l'éthique, les ressources
humaines et la vérification. Nous avons toutefois l'intention de demander à la
ministre quelques éclaircissements et faire valoir quelques petits
changements. Nous espérons que la ministre sera ouverte à nos demandes. En tout
cas, jusqu'à maintenant, on a eu la bonne habitude de bien discuter. Alors, je
vous remercie et bonne journée.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme la députée. Je vous salue également
ainsi que le collègue qui vous accompagne et la conseillère à vos côtés.
Auditions
Alors,
nous allons maintenant débuter les auditions. Je souhaite la bienvenue
aux représentants du Conservatoire
de musique et d'art dramatique du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Alors, je vous invite à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec
Mme
Maheu (Marie-France) :
Bonjour, tout le monde. Bon matin. Mon nom est Marie-France Maheu. Je
suis présidente du conseil
d'administration des conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec depuis la fin octobre 2014.
M.
Kotto, vice-président de la Commission de la culture et de l'éducation, Mme
David, ministre de la Culture et des Communications, Mme Hivon, porte-parole de
l'opposition officielle en matière de culture et de communications, Mme Samson,
porte-parole du deuxième groupe d'opposition
en matière de culture et de communications, Mmes et MM. les membres de la commission, distingués invités, j'ai le
plaisir de m'adresser à vous en compagnie de quelques membres de l'équipe
du conservatoire, que je désire vous présenter. Vous avez, à ma gauche, M.
Vincent Tanguay, membre du conseil d'administration
et du comité de gouvernance et d'éthique du conservatoire; à ma droite, Mme
Danielle Dubé, directrice générale
par intérim du conservatoire; M. Régis Fortin, directeur des études; et M.
Benoît Dagenais... Fortin... excusez-moi, M. Régis Rousseau, directeur des études; M. Benoît Dagenais, directeur
du Conservatoire d'art dramatique de Montréal.
Au
nom du conservatoire, je tiens à vous exprimer notre reconnaissance d'avoir été
invités à donner un avis à l'égard du
projet de loi n° 48, projet dont l'objectif est de moderniser la
gouvernance de cette institution unique en Amérique du Nord, dans le cadre des travaux de la Commission
de la culture et de l'éducation. Cette intervention vous exposera les
éléments qui nous amènent à croire que les propositions de ce projet de loi
favoriseront la poursuite de la mission du conservatoire.
Étant donné les récents événements dont il a été le théâtre, nous pensons
qu'une mise en oeuvre rapide des dispositions
prévues dans ce projet de loi contribuera à assurer un avenir solide à une
école qui forme, depuis sa fondation en 1942, des artistes qui rayonnent
ici et de par le monde.
Mais, tout d'abord, laissez-moi vous rappeler que
le conservatoire est né de la volonté de deux hommes, deux visionnaires, le chef d'orchestre Wilfrid
Pelletier et le compositeur Claude Champagne, qui voulaient à la fois donner aux jeunes du Québec la chance de
développer leurs talents artistiques et doter notre société d'une vie d'artiste
digne de ce nom. D'abord établi à Montréal,
un réseau d'écoles artistiques se tissera au fil des ans pour en compter, à
terme, un total de neuf, dont deux en
art dramatique et sept en musique, réparties sur l'ensemble du territoire.
Notre organisation comprend des
établissements à Saguenay, à Trois-Rivières, à Val-d'Or, à Gatineau, à Rimouski
et bien sûr à Québec et à Montréal.
La formation en musique y est, depuis les années 70, offerte à tous les
niveaux, du programme préparatoire jusqu'au deuxième cycle
universitaire, formation qui se caractérise par une approche très
personnalisée, adaptée au potentiel et au
cheminement de chaque personne, chaque jeune. En art dramatique, la formation
est de niveau universitaire et
s'organise autour de cohortes qui bénéficient d'un entraînement intensif et
d'une expérience proche du milieu théâtral.
Il
est important de préciser que le conservatoire est un modèle à part dans le
paysage de la formation. D'une part, il
offre une formation professionnelle reconnue tant en art dramatique qu'en
musique, comme le font d'autres institutions supérieures au Québec, comme les cégeps ou les universités. D'autre
part, contrairement à ces écoles, le conservatoire est rattaché au ministère de la Culture et des
Communications. Une autre différence majeure concerne notre mode de financement. Les cégeps et les universités
reçoivent un financement proportionnel au nombre d'étudiants inscrits à leurs
programmes. Au conservatoire, nous disposons
d'une enveloppe de financement fermée, ce qui pose des défis majeurs pour assurer son développement. Cette situation
nous mène à limiter le nombre d'élèves admis dans nos établissements
depuis plusieurs années.
Depuis
sa fondation, le conservatoire cultive le goût de l'excellence chez les jeunes
talentueux qui expriment un intérêt
pour la musique et l'art dramatique. L'apprentissage de ces disciplines
artistiques exige d'eux, des professeurs et de leurs parents un
engagement total. Les résultats de nos méthodes, éprouvées ici comme ailleurs,
ne se sont jamais démentis. Bien sûr, il
nous appartient de veiller à renouveler nos pratiques dans le respect de cette
grande tradition, mais les fondements de ces formations professionnelles
demeurent essentiellement inchangés depuis des décennies.
• (8 h 50) •
Bon
an, mal an, le conservatoire rejoint plus de 800 jeunes dans sept régions
du Québec, et sa présence dans ces différentes
communautés a pour effet de créer de l'émulation, de la diversité, de l'effervescence, de la créativité et de la collaboration. Les partenariats entre les établissements et les organisations
artistiques et éducatives locales sont nombreux. Je pense, entre autres, aux liens étroits qui existent entre les
orchestres régionaux et les conservatoires, que ce soit à Saguenay, Trois-Rivières
ou ailleurs. Je pense aussi à l'entente qui lie le cégep de Rimouski et le
conservatoire de cette région pour former
des musiciens dans la discipline pop-jazz, ou encore le baccalauréat en enseignement de la musique avec la collaboration du
conservatoire de Gatineau. La vitalité des régions s'en trouve aussi soutenue
par des moyens en résonance avec les
réalités de chacune d'entre elles, ce qui modèle une écologie culturelle et
artistique propre à chacune d'elles.
En effet, ce qu'on veut dire, c'est que les partenariats et les ententes, tout
dépendant des régions, elles prennent la couleur de cette région-là et
la couleur des institutions qui sont présentes.
L'année 2007
a marqué un tournant dans l'histoire du conservatoire, qui, d'une direction
générale du ministère de la Culture et des Communications, acquérait alors le statut de société d'État. Ce statut, qui lui conférait plus d'autonomie, se révélera très tôt
comporter certaines embûches, la gouvernance et la situation
financière étant au coeur de ces enjeux. Devenues l'objet de préoccupations constantes, les diverses mesures adoptées au cours des années n'ont jamais permis
d'atteindre l'équilibre budgétaire.
La dernière année a
été particulièrement difficile, marquée par l'adoption au début de l'automne
d'un plan de redressement où il était
question de modifier en profondeur la présence du conservatoire en région, plan
que n'a pas retenu Mme la ministre.
Au contraire, elle a plutôt choisi de tendre l'oreille... d'une tournée des
établissements, d'aller à la rencontre des
milieux, des maisons d'enseignement, des élus et des partenaires de notre institution
afin d'écouter les inquiétudes, les
malaises tout autant que leurs constats, leurs souhaits, leurs projets, leurs
coups de coeur et leurs fiertés. Elle a bien reçu l'importance de chaque communauté et... accorde au conservatoire,
et à sa mission, et à sa vitalité qu'il contribue à insuffler dans les
collectivités.
Les travaux des
derniers mois ont peu à peu calmé la tourmente qui faisait rage, mais la
situation financière précaire avec laquelle
le conservatoire est aux prises depuis sa constitution en société d'État
demeurait tout de même. Déjà en
cours, les travaux visant à moderniser la gouvernance du conservatoire se sont
poursuivis, et nous avons mis en oeuvre diverses mesures afin de commencer la résorption du déficit accumulé. Il
va sans dire que cette situation exigera de notre part une vigilance de
tous les instants durant les années à venir.
La
proposition de projet de loi qui nous est faite contribue à moderniser la
gouvernance du conservatoire. Nous sommes
persuadés que les pistes qu'il dégage participeront à garantir la pérennité de
cette grande école. Pour cette raison, nous
croyons qu'il est primordial d'en solidifier les bases pour permettre au
conservatoire de concentrer ses forces vives à l'essentiel de sa mission, qui est, bien sûr, de mettre au monde des
interprètes et des créateurs qui animeront notre vie culturelle et
enrichiront notre patrimoine.
Nous
avons un urgent besoin d'une gouvernance qui contribuera à ramener la stabilité
essentielle à la réflexion et surtout à continuer de relever les défis
que pose un monde en évolution constante. La mission de cette institution
demeure essentiellement inchangée dans le projet de loi n° 48,
c'est-à-dire former des artistes professionnels prêts à affronter le milieu du travail. Nous devrons sans cesse explorer de
nouvelles façons d'envisager l'offre de services et le rôle que jouera
le conservatoire dans la formation musicale et théâtrale au Québec au cours des
prochaines années. Je suis persuadée que
nous réussirons à trouver des solutions durables, grâce à cette occasion qui
nous est offerte de mettre à jour nos façons de mieux présider à notre
destinée.
Plusieurs nouveaux
éléments proposés par le projet de loi me semblent répondre à notre volonté de
modifier certains aspects de notre gouvernance.
En
effet, depuis le début de mon mandat à titre de présidente du conseil
d'administration, je constate la pertinence de former les comités requis
par la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.
À
l'égard de la composition du conseil d'administration, le nouvel équilibre
entre le nombre de membres externes et
internes ainsi que la représentation régionale nous permettront d'instaurer une
dynamique productive pour nos travaux futurs.
De
plus, la fusion des commissions des études en art dramatique et en musique
comporte des avantages indéniables, dont
le repositionnement et la revalorisation de la fonction pédagogique dans nos
instances. Nous anticipons avec enthousiasme le développement d'une
vision globale du projet au coeur de notre mission qui résultera de cette
instance bonifiée.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Maheu.
Mme Maheu
(Marie-France) : Oui?
Le Président (M.
Kotto) : À ce moment-ci, votre temps est épuisé, mais le groupe
formant le gouvernement accepte de vous accorder quelques minutes sur son
temps.
Mme Maheu
(Marie-France) : Quelques minutes, sans plus.
Le Président (M.
Kotto) : Voilà. Poursuivez, s'il vous plaît.
Mme Maheu
(Marie-France) : Donc, je vais continuer. L'article 51.11 stipule
que nous aurons dorénavant l'obligation de
produire un plan stratégique et de le soumettre à l'approbation du
gouvernement. Depuis 2008, le conservatoire avait pris l'initiative de
se doter déjà d'un plan stratégique à cet égard.
L'année 2015
aura été marquée par le dépôt de ce projet de loi huit ans après notre
constitution en société d'État. Le projet de
loi permettra de moderniser la gouvernance de cette école gardienne d'une
tradition de transmission des
connaissances et du savoir-faire des artistes de renommée dans le but d'assurer
une relève artistique de qualité. Grâce à ce projet de loi, le conservatoire sera dorénavant soutenu par des
fondements juridiques en adéquation avec les réalités actuelles, ce qui lui donnera des assises
nécessaires pour se projeter dans l'avenir et adapter ses façons de faire aux
changements qui transforment les pratiques artistiques.
Je tiens à remercier
Mme la ministre pour sa disponibilité lors de la tournée des établissements du
réseau, signe d'un appui réel. Une autre manifestation tangible de son appui a
été ce financement de 1,8 million octroyé cette année au conservatoire, à une époque où les moyens financiers du
gouvernement sont limités. Je tiens aussi à exprimer ma reconnaissance à l'équipe du ministère de la
Culture et des Communications qui nous a accompagnés au cours des derniers mois, simplement pour vous dire que nous
avons eu depuis le mois d'octobre 10 conseils d'administration qui...
Normalement, c'est quatre conseils
d'administration. Donc, il y a beaucoup de choses qui ont changé à l'interne au
niveau de... Leur collaboration a été très précieuse, au ministère.
Pour terminer, je remercie l'ensemble
du personnel du conservatoire, la directrice générale par intérim, Mme Danielle Dubé, tous les professeurs et le
personnel administratif, qui travaillent toujours avec autant de passion,
et engagement, et dévouement, je vous
dirais, malgré le contexte difficile des dernières années. Et donc je veux
aussi exprimer mon appréciation aux
membres du conseil d'administration et des divers comités ainsi que les
partenariats et les élus qui sont
appelés à contribuer à cette modernisation du conservatoire. Je vous remercie
pour votre sincère ouverture d'esprit, annonciatrice
du changement favorable et garante de l'avenir du Conservatoire de musique et
d'art dramatique. Merci.
Le
Président (M. Kotto) : Je vous remercie, Mme Dubé. Alors,
j'invite maintenant nos collègues à débuter les échanges, en commençant
par Mme la ministre pour une durée de 21 minutes, à peu près.
Mme David
(Outremont) : 21 minutes. Exactement. Écoutez, ça semble long et
court en même temps après l'année... Je vous
ai salués tout à l'heure. Je vous resalue. Sentez-vous vraiment les bienvenus à
l'Assemblée nationale pour une autre
étape très importante, donc, pour l'histoire du Conservatoire de musique et
d'art dramatique, une étape vraiment,
vraiment très importante. Et je tiens à redire à tous ceux qui nous écoutent et
à mes collègues de l'opposition à quel point, pour moi, ce projet de loi
est important, non seulement parce que c'est de la gouvernance... Ça a l'air technique, de la gouvernance, mais la gouvernance,
c'est tout sauf technique quand on y regarde de près, quand on vous écoute, quand on aura l'occasion de discuter avec
différents groupes qui vont venir nous parler. C'est comment ancrer dans une gestion performante tous les groupes
d'intérêt internes, externes. Il y a toute une réflexion sur la gouvernance
de nos sociétés d'État. Vous êtes une
institution unique, unique de toutes sortes de façons. Unique parce que vous
n'êtes pas rattachée à un ministère de l'Éducation ou de l'Enseignement
supérieur. Très important à préciser.
• (9 heures) •
Je
sais qu'il y a toutes sortes de velléités, qu'il y en a eu toutes sortes au
cours des années. C'est très tentant... Je vous dirai un jour, si vous voulez, pourquoi je ne suis pas d'accord à
ce qu'il y ait un... que ça soit... Je pense qu'il est préférable que ça soit une école tout à fait
indépendante, qui relève du ministère de la Culture, qui a une formation tout à
fait particulière, services personnalisés,
services individuels, mais aussi ancrée dans sa société. Ça a été voulu comme
ça dès les années 40, modèle européen, modèle français, conservatoire de
Paris, de Lyon.
Cette
année m'a permis de non seulement... Vous savez, les moments de crises sont des
moments qui peuvent être tout à fait
stériles et ça peut être tout à fait fertile. Et, dans ce cas-ci, il est clair
que ce que nous avons vécu depuis un
an, on peut dire, à peu près, a donné des résultats qui vont tout à fait dans
le sens d'une fertilité de la réflexion autour du conservatoire, ce qui
m'a amenée à vraiment plonger... au risque même, M. le Président, qui
connaissez bien la situation de ce
ministère, de peut-être me faire accuser d'être un peu trop dans la
microgestion, de m'intéresser un peu trop
à ce dossier. Mais je ne regretterai jamais une minute des kilomètres que j'ai
avalés pour aller à la rencontre de tous les conservatoires en région, et j'inclus Montréal et Québec, de faire
des rencontres exceptionnelles de tous les groupes — tous les groupes voulant dire à la fois l'interne et l'externe — et de rencontrer, dans le fond, une
institution qui, depuis plus de
60 ans, a traversé différentes époques de sa maturation, sa maturité, a
formé d'immenses musiciens, d'immenses comédiens, a fait vivre le monde de la musique et du théâtre
d'une façon tellement pertinente et, j'oserais dire, exceptionnelle qu'on
peut dire que le Québec n'a vraiment rien à
envier à plein d'autres scènes musicales et d'art dramatique ailleurs dans le
monde.
Et
j'ai non seulement été un peu obsédée par le conservatoire depuis un an, mais,
à chaque fois que j'ai voyagé, en
Europe particulièrement, je voulais aller rencontrer les conservatoires pour
voir, justement, nos origines, vos origines, nos origines extrêmement européennes, je dirais, de cette façon de voir l'enseignement,
qui est tout à l'honneur du Québec. Parce
que, dans les années 40, où ça a été créé, il est clair que, déjà, d'aller
en France regarder comment se faisait les choses depuis très longtemps, ça a donné une inspiration, ça a insufflé,
vraiment, un vent de modernisation à l'époque pour la musique en
particulier, l'art dramatique. Et les régions sont venues un petit peu après.
C'est
des énormes questions qui nous ont été posées en septembre dernier, qui ont
réveillé, je dirais... et c'était très
bien que ça réveille autant les régions, autant Montréal, Québec, mais autant,
aussi, les grands diplômés du conservatoire, et je les en remercie. J'ai, encore récemment, dit à... J'étais à un
événement culturel, que j'ai adoré, et j'ai dit à un grand, grand diplômé de chez vous que le temps des
lettres ouvertes était peut-être terminé, mais le temps de l'implication ne
faisait que commencer, ce à quoi il m'a
répondu : Oui, et je suis même dans un projet avec le conservatoire de
Montréal, et nous avons toutes sortes
d'idées. Et j'ai dit : Ce que vous faites là, c'est votre engagement,
j'aimerais que tous les diplômés du
conservatoire, qui y tiennent beaucoup, à ce conservatoire, donnent un petit
peu de leur rayonnement, de leur notoriété pour aider à avoir tout plein
d'idées pour ce rayonnement extraordinaire.
Alors,
oui, on a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de chemin depuis un an. En
parallèle se développait, donc, ce
projet de loi qui va nous faire travailler. Je dis bien «travailler». Moi, je
me sens, dans ce projet de loi, je le répète à mes collègues de l'opposition, vraiment au travail
avec eux, avec elles, pour regarder les meilleures façons, comme a dit la
députée de Joliette, pour améliorer ce
projet de loi qui, je dois le dire, va poser un certain nombre de questions
très, très importantes pour la suite
des choses et, je veux dire, la commission des études, la question... et
c'était un de mes souhaits les plus
importants, oui, la gouvernance, oui,
les comités, extrême importance, éthique, gouvernance, vérification, présence d'un comptable,
tout ce qui, dans le fond, se met au diapason de la Loi sur la gouvernance
des sociétés d'État, mais aussi dans
le champ particulier du conservatoire, qui n'est pas un cégep, qui n'est pas
une université, qui n'est pas une école primaire ni une école secondaire, qui est unique
en soi. Donc, on a des questions qui vont se poser, qui sont uniques en elles-mêmes, et je compte sur tout le monde pour qu'on arrive à un équilibre qui, je le dis d'avance, mais ça ne
surprendra personne, puisse faire en
sorte que tout ce qui est le volet Études académiques, vie académique soit très bien
réfléchi au sein de l'ensemble de la gouvernance.
Et, quand je
dis «ensemble de la gouvernance», on ne parle pas que du conseil d'administration. On parle de la commission des études, des deux sous-commissions
qui sont très importantes. Je viens du milieu universitaire, j'ai présidé
toutes ces commissions
des études de l'université, sous-commissions d'études de premier cycle, études supérieures. Ce
sont des lieux d'une grande importance, je
dirais, que l'on doit plus créer ou recréer au conservatoire que poursuivre. Et
c'est là, le grand défi, un des grands défis
de ce projet de loi, où je poserai des questions, c'est clair, à tout le monde qui va venir témoigner.
Maintenant,
pour montrer la différence, et ça sera peut-être ma première intervention où... Parce que,
je vous l'ai dit, 21 minutes
pour un bilan d'une année si intense dans ce dossier-là, ce n'est pas beaucoup,
mais en même temps je veux profiter de votre présence. Un des aspects
que vous signalez, à la page 4, et dont on a déjà parlé, qu'il va falloir reprendre, mais... Vous voyez, c'est... je suis
même embêtée. Déjà, ça montre à quel point un projet de loi, ce n'est pas
seulement la gouvernance. Vous parlez du financement, mais, parlant du financement, vous faites
référence au financement des collèges et universités, et vous dites :
On a des bacs, on a des maîtrises. Je le sais, j'étais moi-même sous-ministre à l'Enseignement supérieur quand la ministre a autorisé les
maîtrises partout en région, et ce n'est pas rien d'autoriser ça, c'est une démarche d'une grande, grande
complexité. Et ce que ça veut dire, c'est que vous pouvez décerner des mémoires...
des diplômes de maîtrise et de baccalauréat, ce que vous faites, d'ailleurs. La grande différence, c'est qu'effectivement il n'y a pas la même sorte de
financement du tout. Le conservatoire étant une école dite gouvernementale
relevant du ministère de la Culture est sur un modèle totalement différent des
réseaux collégial et universitaire, où c'est le financement par étudiant. Plus
il y a d'étudiants, plus il y a de financement. Le conservatoire, c'est : il y a
une enveloppe, et donc on met les
étudiants qu'on peut mettre dans l'enveloppe. Je pense que c'est à ça que
vous faites référence. Ça n'a pas rapport directement avec la gouvernance d'un conseil d'administration, mais vous y faites quand
même référence dès la page 4 de
votre mémoire. Je voudrais donc, peut-être, un petit peu vous entendre là-dessus.
Je vais tout de suite dire les deux autres interventions. Le partenariat avec les collectivités, là, on est dans un élément
que j'ai entendu, évidemment, partout, pas
seulement dans les régions dites plus éloignées, mais aussi à Montréal et à
Québec. Le conservatoire doit s'incarner,
s'ancrer dans sa collectivité que... On l'a vu beaucoup, beaucoup à l'occasion,
évidemment, des inquiétudes de l'année
dernière, mais ce n'est pas parce qu'il y a eu une inquiétude et que
l'inquiétude est un peu levée que les
gens doivent retourner dans leur tanière, au contraire. Et je devrai
probablement poser la question à tous
ceux qui viendront, on le sait, l'enseignement de la musique est un enseignement
qui a beaucoup, beaucoup changé depuis
plusieurs années dans les écoles, primaires, secondaires, dans l'approche
culturelle, je dirais. Et, M. le Président, vous êtes certainement au courant des inquiétudes du milieu par rapport
à l'enseignement de la musique, en particulier dans les régions, et le partenariat avec les collectivités devient
fondamental. Le conseil d'administration peut aider avec, évidemment, en son sein, des membres qui viennent
des collectivités. Et on a demandé qu'il y ait une grande proportion...
huit personnes qui viennent des régions, ça me paraît absolument essentiel.
Mais je
voudrais vous entendre sur votre
optimisme ou non-optimisme par
rapport... et vos moyens sur le
partenariat avec les collectivités,
collectivités voulant dire le milieu scolaire, tous les milieux scolaires,
toute la chaîne de l'éducation,
on pourrait dire, mais aussi autre chose.
J'ai été en Abitibi en fin de semaine, je rencontrais une école de musique à Rouyn,
les gens me parlaient encore de... merci
d'avoir sauvegardé les conservatoires. Mais je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup à faire avec la formation dite préparatoire, et donc je voudrais vous
entendre là-dessus, et puis j'aurai sûrement d'autres choses, quand vous
aurez eu le temps de répondre à ces questions.
• (9 h 10) •
Le Président (M. Kotto) :
Merci, Mme la ministre. Mme Maheu ou Mme Dubé.
Mme Maheu
(Marie-France) : Oui.
D'abord, je vais... vous dites qu'à la page 4 on parle de la différenciation
du financement des conservatoires versus le
monde de l'éducation. Ce pourquoi on l'a mis là, la raison principale,
c'était pour que les gens comprennent quand on nous dit : Vous avez
combien d'étudiants au conservatoire?
Simplement
pour vous dire que, quand on est une université
et qu'on regarde, je veux dire, le résultat du nombre d'admissions ou le nombre qui s'inscrivent à
l'intérieur des programmes, c'est facile de le compter, c'est facile de savoir
qu'on augmente notre nombre de clientèle, et
on est très content, parce que ça veut dire qu'il y a une plus grande
accessibilité et ça veut aussi dire qu'on va avoir plus de budget, quand
on est une université.
Mais, quand
on est au conservatoire, c'est le nombre de professeurs, presque, qui vient
dire le nombre d'étudiants qu'il va y
avoir, surtout en musique. Et, dans la formule qu'on a au niveau... en art
dramatique, qui est une formule très extraordinaire,
je veux dire, le nombre d'étudiants est une enveloppe fermée, c'est-à-dire que
c'est fermé parce que c'est le style
de pédagogie utilisée dans nos conservatoires qui crée ça. Ce qui fait que,
quand les gens posent des questions sur c'est quoi, l'évolution, comment
ça se fait que vous n'avez pas plus d'étudiants, admettons, bien, on n'a pas
plus d'étudiants dans la limite des budgets qu'on a. Parce que c'est vraiment
le un à un qui vient changer le fait qu'on augmente
le nombre d'étudiants. Donc, un professeur qui a sa tâche complète ne peut pas
donner plus d'enseignement à un
étudiant supplémentaire. Ça fait que c'était dans cette logique-là de
comprendre, quand on parle du conservatoire... Parce que souvent ça nous est demandé : Comment ça se fait que vous
n'avez pas plus d'étudiants? Comment ça se fait que c'est réparti? C'est de comprendre la logique qui existe en arrière
même de la façon dont c'est financé et donc que c'est planifié au niveau
de l'enseignement. Donc, par rapport à ça, je pense que, oui...
En ce qui a
trait aux partenariats, je vais en dire un petit peu, puis ensuite je vais
donner la parole à Danielle, parce que
Danielle... Mme Dubé a fait quand même le tour aussi de l'ensemble des régions
et a vu les partenariats. Je crois que les partenariats, de la même
façon que pour les diplômés, les partenariats, ils sont présents. Les gens en
région ont beaucoup réagi à l'automne
dernier, mais il reste encore beaucoup à faire en termes de partenariats,
c'est-à-dire que je pense que ça a peut-être réveillé les gens au niveau
du conservatoire, mais ça a aussi réveillé les gens des régions sur l'importance... ça a fait réagir aussi les gens
sur l'importance des conservatoires en région. Et donc, dans ce sens-là, ça
devient, à notre avis, primordial. Il y a
plein de choses qui peuvent être faites avec les écoles de formation en
musique, avec
la formation continue en région. Il y a plein de choses, c'est-à-dire que tout
ça pourrait nous amener à développer beaucoup
de choses sur le terrain et sur l'ensemble des régions, qui ne sont pas
nécessairement présents actuellement.
Je vais te laisser continuer en ce qui a trait
aux partenariats.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Dubé.
Mme
Dubé (Danielle) : Oui, bonjour. Bonjour, monsieur. Effectivement, on a
pu avoir un panorama complet de ce
réseau-là et de son ancrage dans le milieu l'automne dernier, lors de la
tournée de Mme la ministre. Les gens sur le terrain, la grande équipe du conservatoire, les gestionnaires
d'établissement en région, les professeurs qui oeuvrent sur le terrain, les parents des élèves, très souvent qui
s'impliquent, par exemple, dans les conseils d'orientation, sont des vecteurs
qui nous ont permis au cours des dernières
années qu'on parle beaucoup de ces partenariats-là, de la perspective positive
que ça apporte pour l'avenir. Mais ça fait
partie de l'histoire du conservatoire depuis des dizaines d'années de
travailler avec le milieu.
Mme
Maheu a cité dans son allocution le partenariat avec les orchestres régionaux.
Il y a plusieurs endroits au Québec
où le conservatoire fait partie de l'ADN de l'orchestre régional et il n'y
aurait pas d'orchestre, probablement, à Rimouski s'il n'y avait pas eu le conservatoire, même chose à Saguenay.
On a une entente de partenariat extraordinaire avec l'Orchestre
symphonique de Trois-Rivières, son chef Jacques Lacombe, qui accueille des
étudiants stagiaires du conservatoire. Mme David, vous avez mentionné le défi
d'offrir de la formation supérieure en région, de former au niveau de
la maîtrise dans de très, très petites cohortes. L'orchestre de Trois-Rivières nous aide à faire ça à Trois-Rivières. On a à Gatineau
un partenariat avec la constitution de l'Université du Québec, l'UQO, qui
permet de former des musiciens-éducateurs
dans la région. Il y a une grande pénurie de gens qualifiés pour enseigner dans
les réseaux primaire et secondaire dans la région de l'Outaouais qui est
en forte croissance démographique. Eh bien, le conservatoire et l'Université du
Québec en Outaouais ont travaillé ensemble pour arriver à répondre à ça.
En
art dramatique, on n'en parle pas beaucoup, ce sont de petites écoles. À Québec,
le milieu théâtral est alimenté... L'oxygène
du milieu théâtral de Québec vient des finissants du conservatoire d'art
dramatique de Québec, qui ont formé au fil du temps la plupart des
compagnies de théâtre qui existent dans la région.
À
Montréal, il y a une étroite collaboration. Vous avez une
préoccupation pour le milieu scolaire, et c'est d'une grande, grande
importance. À Montréal, nous avons des projets avec l'école secondaire
Robert-Gravel, qui a une orientation de spécialité d'art dramatique, et
c'est une école dont les locaux ne sont pas très loin de nos installations de
Montréal. Donc, il y a des liens très, très forts qui se tissent là-bas aussi.
Donc,
vous voyez que tout ça est multiforme. On peut développer des centaines de
partenariats dans les régions. Il faut par ailleurs être très vigilant,
et je pense que la question de renouvellement de gouvernance sera importante si
on travaille dans cette direction-là. On a eu tendance au cours des dernières
années à faire financer ces partenariats-là à même l'enveloppe fermée du
conservatoire. Donc, aujourd'hui, on est placés dans une situation de précarité
qui nous appelle à considérer autrement ces
partenariats-là. Les gens qui nous ont dit partout au Québec : On vous
aime, bien là, probablement qu'on ira
les voir avec une dynamique un petit peu différente. Ce ne sera plus le
conservatoire pourvoyeur dans les régions, mais le conservatoire
réellement partenaire.
Mme David (Outremont) : Écoutez, il me reste deux minutes. Je voulais
juste porter à votre... On reviendra sur la deuxième question. J'ai eu accès à un tableau qui donne tellement la
différence... le positionnement des conservatoires du Québec, dans sa composition de conseil
d'administration, par rapport à des grandes écoles américaines et à des grandes
écoles françaises, et ça dit à quel point on
est traversés par les deux civilisations, j'oserais dire. Mais ce qui est
formidable, mais ce qui est presque impensable au Québec, c'est de dire
l'influence aussi, peut-être, qu'on a...
Juilliard
School, qui n'est quand même pas la dernière née en termes d'école de musique,
le C.A. est composé de 28 membres externes et un membre interne. Et c'est
comme ça pour Curtis Institute, il y a zéro membre interne. Le Guildhall School of Music & Drama à Londres, 17 membres
externes versus quatre membres internes. Et, dès qu'on arrive à Paris, qui est une autre... qui est, je le disais
tout à l'heure, l'inspiration du conservatoire du Québec, le Conservatoire
national supérieur d'art dramatique, c'est six internes, sept externes,
et le... musique et de danse Paris et Lyon, six internes, neuf internes.
Alors,
on voit que nous ressemblons plus à l'organisation et à la pensée, à la réflexion qui est plus
d'influence française qu'américaine, mais ça dit quelque chose, probablement
chez des Américains, du mode de financement aussi,
c'est-à-dire que la philanthropie est immensément importante.
Quand je suis allée dans l'Est américain... et à quel point
ils me disaient que, bon, ils devaient absolument tenir à la philanthropie, c'est ça qui les garde
en vie. Alors, ils n'ont que des membres externes ou à peu près, alors que l'État intervient beaucoup du côté du Québec
et de la France aussi.
Alors,
je voulais simplement faire remarquer que nous sommes vraiment
au confluent des deux immenses influences. Mais je n'aurai pas le temps,
je le sais, je vais me faire couper sur la question...
Le Président (M.
Kotto) : C'est le cas.
Mme
David (Outremont) : ...sur
la question de la philanthropie qui, quand même,
doit être une considération importante.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme la ministre. La parole est maintenant à
l'opposition officielle pour 14 min 30 s.
• (9 h 20) •
Mme
Hivon : Merci, M. le Président. Alors, merci beaucoup pour
votre présentation qui est très éclairante. J'aimerais
revenir, moi aussi, sur la remarque que vous avez faite concernant l'enveloppe
fermée. Donc, vous avez dit essentiellement...
Ce qu'on pouvait décoder, c'est que, vu que, bon, cette enveloppe est fermée,
qu'elle n'évolue pas beaucoup, qu'on est dans une situation financière
difficile, c'est plus... c'est-à-dire qu'on a un nombre plus restreint
d'étudiants.
Je
veux juste bien comprendre. Je comprends que, pour l'aspect art dramatique,
conservatoires d'art dramatique, il y
a une constance parce que
c'est plus stable, donc j'imagine que, les groupes, c'est toujours
le même nombre. Vous pourriez peut-être me dire c'est combien par année
dans chacun des conservatoires.
Une voix :
...
Mme
Hivon :
C'est 12? Donc, ça, c'est stable depuis nombre d'années.
Pour
le conservatoire de musique, est-ce
qu'en fait vous êtes en train de nous dire : Ça a toujours... Évidemment,
ce n'est pas tout le monde qui veut y
rentrer qui peut y rentrer, ça a quand même toujours été contingenté, mais
est-ce que vous êtes en train de nous
dire que c'est de plus en plus difficile, compte tenu de la situation
financière, ou ça fluctue? Moi, je
veux juste bien comprendre ce que vous dites quand vous dites... C'est sûr que
c'est une enveloppe fermée, c'est une
enveloppe qui ne bouge pas beaucoup. Là, vous êtes venus amener les nuances en
disant : On ne peut pas faire comme pour une université, puis évidemment, nous, ça dépend des professeurs,
puis, bon, tout ça. Mais est-ce que vous diriez que c'est plus difficile
d'entrer en musique au conservatoire?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Maheu.
Mme
Maheu (Marie-France) : Pas nécessairement, non, pas nécessairement.
D'abord, tout dépendant des régions, tout
dépendant des disciplines aussi, de quel instrument, c'est... Je veux dire, il
n'y a pas une réponse globale, mais, sur le global, ce qu'on peut dire,
c'est qu'il y avait, il y a à peu près une dizaine d'années, à peu près
800 étudiants, puis actuellement on est
autour de 800 aussi. Donc, ce que je veux dire, c'est qu'il y a eu d'abord une
rationalisation qui a été faite. L'année dernière, il y a eu toutes
sortes d'éléments qui ont fait que le nombre d'étudiants est resté quand même semblable. Mais ce n'est pas plus difficile,
nécessairement, de rentrer au conservatoire. Ça fait juste simplement dire que
le nombre ne change pas beaucoup dans le temps, là.
En
art dramatique, la demande est toujours très forte. On a au moins
300 candidatures pour 10, 12, 20 places, là, maximum. Puis, en musique, la demande a fluctué
selon les établissements, c'est ce que je vous disais, là, par rapport aux
régions, tout dépendant des instruments. Il
y a aussi, tout dépendant de la mode, je vous dirais, les tendances. Je veux
dire, il y a des époques où il n'y a
personne qui voulait étudier la guitare. À un moment donné, il y a eu comme un
boum, je veux dire, il y avait tout
le monde... je veux dire, en région, les gens voulaient étudier la guitare. Ça
fait qu'il y a aussi tout ça qui
vient comme un peu jouer, là. Mais on n'a pas connu de baisses significatives
dans les établissements, parce qu'effectivement
nos professeurs sont là, la demande est là, puis on a des hausses de
fréquentation, là, surtout à Saguenay, à Gatineau puis à Rimouski principalement
cette année, là.
Mme
Hivon :
D'où l'importance des conservatoires en région, j'imagine, parce que ce n'est
pas en baisse, l'intérêt, au contraire. O.K.
Compte
tenu de la situation financière qui n'est vraiment pas évidente, et je pense que
c'est peut-être un euphémisme, est-ce
que vous voyez dans le projet de loi des éléments positifs ou qui, selon vous,
pourraient aider à bref, moyen, long terme
à stabiliser la situation financière, ou, selon vous, vous estimez que ce sont
deux choses distinctes, qu'il n'y a pas vraiment d'éléments dans le projet de loi qui peuvent avoir un effet
bénéfique, peut-être, pour vous donner des outils ou une manière de procéder pour arriver à un
assainissement des finances? Ou vous diriez : Bon, c'est ça, c'est un
effet neutre, c'est deux choses indépendantes? Ou vous y voyez des
éléments qui pourraient être salutaires?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Maheu.
Mme
Maheu (Marie-France) : Je vais vous répondre en partie, puis après ça
je vais donner la parole à Mme Dubé. Mais ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas totalement fermé, parce
que, quand on parle de la planification stratégique, quand on parle d'une seule commission des études
avec deux sous-commissions, le rôle que ces commissions des études là vont
jouer sur la planification stratégique... et donc les éléments de planification
stratégique, eux, peuvent avoir une influence
sur les budgets, c'est-à-dire que... Comment on va donner... Est-ce qu'on va
toujours offrir la formation comme on
l'offre présentement? Est-ce que, la formation continue, il n'y a pas des
chemins où on pourrait trouver où que ça pourrait avoir un impact sur les budgets du conservatoire?
Donc, c'est fermé, mais ce n'est pas fermé. Je vous dirais que ça va
permettre de mettre en lumière beaucoup plus tous les aspects artistiques qui
sont pertinents dans la décision puis dans
les orientations qui peuvent avoir des influences sur le budget. Donc, c'est
peut-être un peu étiré, mais, à mon avis, ça a une influence.
Aussi,
au niveau de la décision, Mme la ministre mentionnait que, dans la majorité des
écoles, les membres externes sont
beaucoup plus importants. Moi, pour avoir été sur le conseil d'administration
du conservatoire avant cette année, mais
au tout début, c'est plus difficile quand on veut apporter des changements
quand le regard des gens de l'interne est majoritaire, parce que c'est difficile d'apporter des éléments de
l'externe, des gens qui viennent nous dire : Bien, peut-être que vous pourriez faire ça comme ça. Les gens au
niveau de la philanthropie peuvent nous aider aussi. Donc, il
y a toutes sortes de choses
qui peuvent être aidantes dans ce changement de gouvernance là, versus les budgets,
à mon avis, qui peuvent être... en fin de compte, se croiser, là.
Le Président (M. Kotto) :
Mme Dubé.
Mme
Dubé (Danielle) : Oui. Bien,
écoutez, j'irais dans le même sens. Je pense que l'équilibre qui est visé au
sein du conseil d'administration pourrait en effet apporter... en
tout cas habiliter le conseil dans
son rôle de vigilance à l'égard de la
situation financière et du maintien, donc, de l'équilibre budgétaire,
de la qualité des services qu'on a à rendre. Et l'aspect, donc, du développement des revenus autonomes et de la philanthropie sera
tributaire, je pense, d'un équilibre renouvelé
au sein du conseil, donc avec une meilleure présence du milieu, une présence du
milieu des affaires, une présence aussi
de profils de compétence particuliers. Bon, évidemment, le projet cite un
comptable, mais on aura donc un exercice à faire pour déterminer ces
profils de compétence là pour les membres du conseil d'administration, et ça,
ce sera un exercice qui pourra être très, très
intéressant, là, pour donner de meilleures assises au
conservatoire dans l'évolution de sa situation financière, peut-être dans la discussion
d'une modification de son mode de financement aussi. Il y aura
peut-être des propositions qui
seront mises sur la table par ce nouveau leadership au sein du conseil.
Mme
Hivon : Dans votre
optique, justement, quand vous allez regarder les profils de
compétence pour la composition du
conseil d'administration, est-ce que l'aspect, justement, de la
philanthropie, des gens qui sont capables d'aller chercher des fonds importants qui viennent du secteur privé, est-ce que pour
vous c'est quelque chose qui doit être fondamental dans la
composition du nouveau conseil?
Mme
Maheu (Marie-France) : Absolument à regarder, absolument, absolument. Sur les propositions, on peut, je pense, à mon avis... Sur les profils des gens qui seraient sur le
conseil d'administration, nous, d'ailleurs, on en a déjà discuté que ça pourrait être ce genre
de profil là, effectivement.
Mme
Hivon : Puis vous
voyez ça comme une minorité, avoir quelques personnes comme ça, ou vous pensez que ça
doit être vraiment une orientation importante du conseil d'administration?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Dubé.
Mme Maheu
(Marie-France) : Vous savez...
Le Président (M.
Kotto) : Mme Maheu, pardon.
Mme
Maheu (Marie-France) :
Excusez. La présidente de la fondation présentement, qui est extrêmement, je vous
dirais, active, je veux dire, actuellement elle vient nous voir au conseil d'administration pour venir nous dire ce qui se
passe. On l'invite régulièrement. La directrice générale est sur le conseil d'administration de la fondation. Est-ce qu'il faut
absolument que ce soit nommément à l'intérieur d'une loi? Je
pense que les fonctions peuvent tout à fait se faire sans nécessairement
ça, mais c'est sûr que, dans nos propositions, on pensait sincèrement que, sur certains
profils... que les profils de la fondation pourraient être intéressants
à l'intérieur du C.A. du conservatoire, effectivement.
Mme
Hivon : O.K. Maintenant,
si je vous amène sur la question,
bon, de l'avenir des conservatoires en région, je vous pose un peu le même genre de questions. Est-ce que vous pensez
que la nouvelle mouture de la loi va être garante de l'avenir des conservatoires en région, je vous
dirais un petit peu... ça vous fait sourire, vous vous êtes peut-être déjà
posé la question, mais de pérenniser un peu
l'organisation actuelle avec les antennes en région, ou vous estimez, encore
une fois, que ça a un effet neutre ou, au
contraire, qu'il pourrait y avoir une marge de manoeuvre plus grande, qui
pourrait, à terme, faire en sorte qu'on revoie la manière de fonctionner
des conservatoires en région?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Maheu.
Mme
Maheu (Marie-France) : C'est une question qui est vaste. Vous savez,
les conservatoires, historiquement, en
région ont presque toujours été questionnés. Ce n'est pas nouveau que le
questionnement des conservatoires existe en région. Je veux dire, moi, je viens de Rimouski et je me souviens qu'il
y a 10 ans on disait : Oh! peut-être, les conservatoires, tout ça... Ça a toujours été comme une question
importante, qui est ressortie cet automne, mais, vous savez, c'est une école,
il n'y a pas nécessairement beaucoup
d'étudiants. Ça a toujours été des questions qui ont toujours été mises sur la
table depuis, je vous dirais...
Donc,
est-ce que c'est la meilleure façon... Actuellement, moi, je crois qu'avec le
projet de loi le conseil d'administration
va être plus en mesure d'assurer la mission des conservatoires, qui n'a pas
changé. Puis la mission des conservatoires,
c'est aussi les conservatoires en région. Donc, par rapport à ça, quand on
regarde le nombre de membres externes venant des régions, moi, à mon
avis, ça peut être un très bon gardien des conservatoires en région.
• (9 h 30) •
Mme
Hivon : Il me reste très peu de temps, puis j'aurais plein
de questions pour vous. C'est sûr que
j'imagine que vous avez été associés
très étroitement à l'élaboration du projet
de loi, là, donc vous avez une
expertise, et tout ça. Vous ne nous
avez fait part d'aucune demande de modification, ou de changement, ou de quelque chose peut-être dans le
projet de loi où on pourrait atteindre un meilleur équilibre.
Donc, est-ce que, pour vous, le projet de loi est absolument parfait dans sa forme actuelle?
Puis j'ai une
autre question, vous y avez fait référence, là, la fusion des commissions
des études. Vous, vous semblez voir
ça positivement. Déjà, on a reçu des mémoires qui vont dans le sens
inverse. Donc, pourquoi, pour vous, c'est si positif alors
qu'il va quand même y avoir deux sous-commissions? Évidemment,
vous l'avez dit vous-même, ce sont deux missions quand même
très différentes, musique, art dramatique, avec... Donc, j'aimerais vous entendre
là-dessus et sur toutes autres demandes... ou si ce projet
de loi là est parfait aux yeux de la direction du conseil.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Maheu, il reste trois minutes à l'opposition officielle.
Mme Maheu
(Marie-France) : Vous savez,
«parfait», c'est quand même un bien grand mot, mais une chose qui est sûre, c'est que moi, comme présidente du
conseil, je trouve, compte tenu de tous les considérants auxquels on peut penser, que ça soit la gestion... D'abord,
le conseil d'administration, c'est que ça gère, donc ça s'occupe de la
gestion de l'organisme.
Vous savez,
on a regardé toutes les formes de conseil
d'administration, qu'ils soient à
l'étranger, au Québec, qu'ils soient au niveau
primaire, au niveau des commissions
scolaires, le cégep, les universités.
On a vraiment fait un... On a réfléchi à tout ça, puis, à
mon avis, actuellement, je trouve que c'est le modèle qui correspond à ce qui va le plus près
de ce que c'est que... je pense,
qu'on peut le mieux fonctionner. Ça fait
que je vous l'exprimerais comme... le
mieux fonctionner au sein du conseil d'administration. Ça prend en compte des étudiants, ça prend en
compte les directeurs, ça prend en compte les profs, ça prend en compte le milieu, ça prend en compte la gestion,
ça prend en compte... bon, toutes sortes d'éléments sur lesquels on a réfléchi, et, à mon avis,
je pense qu'on peut faire des choses superintéressantes de la façon dont
le conseil est là. Mme Dubé.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Dubé.
Mme Dubé (Danielle) : Oui. À l'égard de la commission
des études fusionnée, je vous apporterais un élément peut-être
de précision, là. Évidemment, on a été associés de près aux travaux des gens du
ministère, et ça a été un réel plaisir d'avoir des
discussions de fond avec eux sur bien des aspects de notre fonctionnement. Sur
la question de la commission
des études, on a déjà dit à
plusieurs reprises qu'il y avait très, très peu d'étudiants, d'élèves en art dramatique.
Ce sont deux très petites écoles, hein? Vous
avez affaire à deux écoles où il y a entre 30 et 45 étudiants au total. Et historiquement, au cours des dernières années, la
Commission des études, qui existe dans notre loi actuelle, en art dramatique n'a pas fonctionné.
L'institution étant très petite, et chacune des deux écoles
ayant une grande, grande autonomie à
l'égard de son programme
pédagogique, il n'y a, à
toutes fins pratiques, pas eu de
discussion dans les instances du conservatoire à propos de l'art dramatique.
Alors, ce qu'on souhaite faire, c'est remettre le sujet à l'ordre du jour.
Évidemment,
notre partie musique étant plus importante en termes de nombre au sein de notre organisation, on veut profiter, donc, de ce dynamisme-là, de ce bouillonnement, de
ces discussions d'ordre pédagogique sur la musique pour intégrer l'art dramatique plutôt que de
laisser ça un petit peu en état de latence comme ça a été lors de
l'histoire récente.
Donc, on
pense qu'une commission unifiée va contribuer à mettre de l'avant
certaines discussions mais aussi à solidifier
le travail de réseau que nous avons à faire. Il faut tirer le maximum
de cette force-là des deux disciplines au sein du même réseau, et on
aura là une instance de discussion qui n'existe pas actuellement.
Le
Président (M. Kotto) :
Merci, Mme Dubé. Alors, le temps de l'opposition
officielle est écoulé. La parole
revient maintenant au deuxième groupe d'opposition.
Mme
Samson : Merci, M. le
Président. Dans un premier temps, vous me voyez soufflée de réaliser le peu... le
nombre d'étudiants en art dramatique versus
en musique. Je n'avais aucune idée que c'était dans ces proportions-là. Et
donc ça a scrapé un peu ma première question.
Mais, quand
vous dites que... Je reviens à une petite question sur votre financement à
enveloppe fermée. Vous dites dans
votre présentation, Mme Maheu, que cette situation vous amène à limiter le
nombre d'élèves admis dans vos établissements.
Est-ce qu'il y a... Puis là il y a une stabilité dans le nombre d'étudiants à
chaque année depuis 10 ans. La demande,
elle est en croissance du côté de la
musique plus que du côté de l'art dramatique? Vous avez plus d'inscriptions
en musique qu'en art dramatique?
Mme Dubé
(Danielle) : Bien, sur le
total, oui, on a plus d'inscriptions, mais, dans la balance, dans l'équilibre,
évidemment, par rapport à nos cohortes en art dramatique, qui sont très
petites, la demande est plus grande en art dramatique. On reçoit 300 demandes pour moins de
30 places, alors qu'en musique, évidemment, avec sept établissements répartis
sur le territoire, bien là, évidemment, ça commande un intérêt beaucoup plus
grand.
Mme
Samson : Mais, compte tenu de cette importance, de l'importance
qu'occupe la musique et les étudiants en
musique au conservatoire, est-ce que le modèle qui nous est présenté là comme
gouvernance reflète cette importance-là de la musique pour le conservatoire, au niveau de la représentation des
professeurs, des gens du milieu, compte tenu de la réalité de...
Le Président (M. Kotto) : Mme
Maheu.
Mme Maheu
(Marie-France) : Oui. Dans le moment, c'est-à-dire que les étudiants
et les professeurs pourraient être en
alternance. C'est-à-dire que ça pourrait être un étudiant en art dramatique,
ensuite de ça un étudiant en musique, etc. Je veux dire, ce qu'on
retrouve dans beaucoup d'institutions, c'est une représentation en alternance
sur les conseils d'administration.
Par contre, au niveau de la pédagogie et des sujets qui les intéressent
vraiment, là, la commission des études
et les sous-commissions deviendraient vraiment le lieu de discussion des
étudiants, qui serait, je vous dirais, plus en profondeur. Donc, dans ce
sens-là, ça nous semble... oui.
Mme
Samson : Ça vous semble correct. Maintenant, une question pratico-pratique.
Le projet de loi, tel qu'on l'a lu,
spécifie et stipule, bon, la composition du conseil d'administration, et, quand
on parle des comités de gouvernance et d'éthique, les comités de ressources
humaines sont formés par des indépendants, le comité de vérification
n'est composé que de membres indépendants,
et il est spécifié que la direction générale n'est pas membre de ces
comités-là.
Alors, quand ils se
réunissent, ces comités-là, qui répond aux questions opérationnelles du
conservatoire, si la direction générale
n'est pas... Juste une question pratico-pratique, là. Pour avoir été P.D.G.
dans ma vie avant, là, il n'y a pas
un comité du conseil d'administration où je n'étais pas, parce que les membres
du conseil d'administration ne sont pas dans les opérations.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Dubé.
Mme
Dubé (Danielle) : Oui. Dans les faits, le directeur général est
présent lors des discussions de ces comités-là mais n'a pas le droit de
vote. C'est tout.
Mme Samson :
Mais il y assiste.
Mme Dubé
(Danielle) : Oui, oui, oui.
Mme
Samson : O.K. C'est
drôlement écrit. Enfin, j'aurai des questions plus spécifiques,
mais qu'on abordera probablement au
briefing technique, là, parce que je n'ai pas trouvé dans le projet de loi le
terme pour le mandat du directeur général ou de la directrice générale.
Je ne l'ai pas vu ou j'ai mal lu.
Une voix :
...
Mme Samson :
Ah bon! Bien, j'ai mal lu. Je m'excuse. Jean-François, t'avais-tu des
questions, toi?
M. Roberge :
J'en ai une.
Mme Samson :
Oui, vas-y, Jean-François.
Le Président (M.
Kotto) : Oui, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Tout à l'heure dans votre présentation, vous
avez parlé d'un partenariat avec l'école Robert-Gravel. Est-ce que vous pourriez nous en parler un petit
peu plus, s'il vous plaît, et élaborer là-dessus? C'est un sujet qui
m'intéresse beaucoup.
Mme
Dubé (Danielle) : Oui. Bien, avec votre permission, je demanderais
peut-être à mon collègue Benoît Dagenais, directeur du Conservatoire d'art dramatique, de vous décrire un petit
peu dans les faits comment s'incarne cette activité-là.
M. Dagenais
(Benoît) : Est-ce qu'il faut que je parle dans un micro?
Le Président (M.
Kotto) : Oui.
Mme Dubé
(Danielle) : Oui, viens donc.
Le Président (M.
Kotto) : Merci de vous présenter.
M. Dagenais
(Benoît) : Ça me fait plaisir. Alors, depuis plusieurs années...
Mme Dubé
(Danielle) : ...ton nom.
• (9 h 40) •
M. Dagenais
(Benoît) : Benoît Dagenais, directeur du Conservatoire d'art
dramatique de Montréal.
Depuis
plusieurs années maintenant, c'était l'école Saint-Louis, maintenant
l'école Robert-Gravel. Nous avons des
liens avec eux pour que leurs étudiants viennent voir d'abord nos pièces de
théâtre, viennent discuter avec nos élèves finissants une petite demi-heure,
trois quarts d'heure après la présentation, assister à des répétitions
générales, s'ils veulent venir les
voir, voir nos installations, improviser avec nos élèves de deuxième année
quelques fois durant l'année pour les sensibiliser
à ce que nous sommes. Alors, ça se fait
de façon ponctuelle, et les élèves du secondaire sont très heureux de venir voir ce qu'on fait, et c'est une école qui a
une vocation théâtrale et... Bien, c'est très heureux pour nous et pour eux
qu'on puisse avoir des gains comme ça.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Chambly.
M. Roberge : ...temps
pour échanger là-dessus?
Le Président (M. Kotto) :
Pardon? Il vous reste trois minutes.
M.
Roberge : Il y a d'autres écoles secondaires au Québec qui ont une
vocation artistique ou théâtrale. Est-ce que vous avez des partenariats ou des espèces d'entente de ce type-là avec
d'autres écoles? Parce que vous en avez mentionné une tout à l'heure.
M.
Dagenais (Benoît) : Nous
avons une entente aussi avec La Rencontre théâtre-ados, qui... c'est surtout
dans la ville de Laval, avec des
écoles qui sont du secondaire, qui sont plutôt démunies. Et nous faisons à peu
près la même chose avec ces écoles-là. Et je suis allé les visiter la
deuxième année de mon mandat, et ils viennent, eux aussi, au conservatoire, ils assistent aux représentations,
ils ont des échanges avec les élèves, ils viennent improviser, ils viennent...
Et tout ça pour leur montrer que c'est
possible, que c'est possible d'étudier en théâtre et qu'on peut en faire sa
vie. Et, pour eux, c'est une façon...
pour les professeurs de ces écoles secondaires là, c'est une façon d'ancrer ces
élèves-là dans l'école, parce que ce
sont des écoles qui sont défavorisées, et les élèves ont tendance à ne pas
finir leurs cours secondaires, et
c'est une très bonne façon de les ancrer dans leurs cours. Ils forment une
troupe de théâtre, ils font des représentations à la fin de l'année. Alors,
c'est une entente qui est valable, à mon sens.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Dubé.
Mme Dubé (Danielle) : Moi, j'allais
ajouter qu'il y a de nombreux partenariats du même type dans le milieu musical
également et que nous avons, dans toutes les régions du Québec, y compris
Montréal et Québec, des ententes formelles
avec des commissions scolaires, des écoles secondaires pour des programmes
qu'on appelle arts-études, des programmes de temps partagé. Donc, par exemple,
ici, à Québec, l'école Cardinal-Roy, les jeunes vont à l'école le matin et viennent au conservatoire l'après-midi,
ce qui leur permet de s'investir dans l'enseignement intensif du conservatoire,
chaque jour, un très grand nombre d'heures.
Alors, c'est un peu comme le sport d'élite, hein, il faut s'entraîner chaque
jour. Et donc ces ententes-là font que nous
pouvons former des jeunes très jeunes, donc de niveaux primaire et secondaire,
à un très haut niveau très, très vite dans
le démarrage de leur carrière. Donc, on fait ça en partenariat avec le milieu
scolaire.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Chambly, c'est bon?
M. Roberge : Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Kotto) :
Bon, il reste une minute. S'il y a consentement, la députée de Joliette
souhaiterait l'utiliser. Oui?
Mme
Hivon : Je
prendrais la minute, si c'est possible de me la donner.
Le Président (M. Kotto) : Y
a-t-il consentement?
Une voix : Je vous la donne.
Le Président (M. Kotto) :
Oui, O.K., consentement.
Mme
Hivon :
Merci. J'avais une dernière petite question, c'était sur le pouvoir de
directive de la ministre, qui est prévu dans la loi. Est-ce que c'est
quelque chose qui, à l'heure actuelle, existe, a déjà été utilisé? Comment vous
réagissez par rapport à ce pouvoir de directive là?
Le Président (M. Kotto) : En
30 secondes, Mme Dubé.
Mme Dubé (Danielle) : Oui. Bien,
écoutez, nous, nous recevons, comme société d'État, à chaque année, les
orientations du ou de la ministre, donc on ne voit pas là-dedans une grande
révolution, là.
Mme
Hivon : O.K. Donc,
pour vous, orientations, directives, on est dans les mêmes eaux, là.
Mme Dubé
(Danielle) : On verra comment ça va se traduire dans les faits, mais
c'est clair qu'on est dans un lien hiérarchique avec la ministre de la
Culture.
Mme
Hivon : Merci.
Le
Président (M. Kotto) : Bien, alors, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission, que je suspends quelques
instants afin d'accueillir le Syndicat des professeurs de l'État du Québec.
(Suspension de la séance à 9 h 44)
(Reprise à 9 h 50)
Le
Président (M. Kotto) :
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants du syndicat des professeurs du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez d'une
dizaine de minutes pour votre exposé, puis par la suite nous allons procéder
à la période d'échange avec les membres de
la commission. Alors, je vous invite donc à vous présenter puis
à commencer votre exposé.
Syndicat des
professeurs de l'État du Québec (SPEQ)
M. Tanguay (Claude) : Claude
Tanguay, président du Syndicat des professeurs de l'État du Québec.
M. le Président, Mme la ministre, Mme la
députée de Joliette, Mme la députée d'Iberville, MM. les députés, je tiens à vous remercier d'être ici pour nous
entendre et nous écouter. Un remerciement particulier à Mme la ministre pour son implication dans la destinée des conservatoires.
Nous
sommes... Notre position est en accord avec, je dirais... favorablement
de moderniser la loi des conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec et la rendre conforme à
la Loi de la gouvernance des sociétés
d'État. Notre préoccupation première a été démontrée, dans un passé
récent, à l'effet de préserver le joyau de la culture québécoise unique en
Amérique du Nord, et notre préoccupation actuelle : maintenir et assurer
une saine gestion académique.
J'en profite
pour vous présenter Jean Vallières, qui est le représentant réseau des
conservatoires au sein de notre syndicat,
et, afin de respecter les délais impartis, dans le but de transmettre
l'essentiel, je lui cède directement la parole.
M.
Vallières (Jean) : Merci beaucoup de votre écoute. Alors, on vous
présente un mémoire. Ce mémoire est le fruit d'une consultation auprès
des représentants des neuf établissements du réseau des conservatoires.
Actuellement, il y a environ 210 professeurs qui enseignent et qui ont
enseigné dans les neuf conservatoires. Parmi les diplômés du conservatoire : Yannick Nézet-Séguin, Marc
Hervieux, Jacques Lacombe, Angèle Dubeau et Marie-Nicole Lemieux pour la musique, Luc Picard, Guylaine Tremblay, Anne
Dorval et Robert Lepage pour l'art dramatique. Sans eux, notre vie culturelle ne serait pas la même. Au-delà de ces
têtes d'affiche, puis il y en aurait d'autres, il y a quand même une bonne
proportion des musiciens de nos orchestres
et des artistes de nos théâtres et de nos écrans qui sont issus du
conservatoire.
Maintenant,
depuis déjà un an et demi, les professeurs du conservatoire étaient conscients
qu'il y avait un danger qui guettait
les cinq conservatoires de région qui étaient menacés de fermeture. On a été
les premiers à alerter, avec les étudiants
encore, toutes les instances politiques et médiatiques. Il y a eu un débat de
société qui a démontré que la population tenait à son conservatoire. On
veut remercier la participation active dans ce débat de tous les amis et les
anciens du conservatoire, des organismes
culturels régionaux, des médias, des personnalités politiques de toutes les
allégeances, sans oublier les 35 000 signataires de la
pétition demandant la survie des conservatoires de région.
On veut aussi souligner l'implication
déterminante de Mme Hélène David qui a su, au moment où elle l'a pu, préserver
l'intégrité... l'intégralité du réseau, et puis elle s'est attaquée également à
la question du déficit accumulé. L'injection,
au dernier budget, de sommes supplémentaires destinées au conservatoire ainsi
que sa visite, extrêmement appréciée,
de tous les établissements du réseau illustrent bien la clarté de sa vision à
long terme pour le conservatoire.
Quant au
projet de loi n° 48, on est tout à fait d'accord sur la question de la
gouvernance au niveau du conseil d'administration,
qu'il y ait plus de gens de l'externe par rapport à ceux de l'interne. Par
contre, dans nos recommandations, il y a certains points, je veux juste
insister sur un, c'est la question de la commission des études. Présentement,
il y a deux commissions des études dans la
loi actuelle : une commission des études en musique, composée de
13 membres, dont sept
professeurs, sept professeurs qui représentent chacun des établissements. Quand
on parlait, tantôt... Depuis ce matin,
on parle des régions, mais chaque région était représentée sur la Commission
des études en musique. Et ça, c'est important,
parce que, dans chaque établissement, il y a une commission pédagogique, et ce
sont les professeurs qui élisaient un
représentant pour que les recommandations de la commission pédagogique puissent
se retrouver à la commission des études.
Commission des études... Il y avait une
commission des études aussi en art dramatique. Parce que former un Robert Lepage puis former un Yannick Nézet-Séguin,
ce n'est pas la même chose. Ce sont deux mondes complètement différents. On souhaiterait qu'ils pourraient
collaborer ensemble, mais ça, c'est une autre question. Mais la formation est
différente, le cursus pédagogique est
complètement différent. Maintenant, il y avait quatre professeurs, deux
représentants de chacun des conservatoires d'art dramatique, là-dessus.
Ce que nous propose le projet de loi n° 48,
c'est une seule commission des études de neuf membres, avec deux professeurs, seulement deux professeurs
représentant toute l'équipe pédagogique des neuf conservatoires. Pour nous,
c'est une sorte de mise à l'écart du rôle
des professeurs dans les questions académiques, et ça, pour nous, c'est tout à
fait inacceptable, et on ne comprend
pas du tout pourquoi. Ça ne va pas dans le sens de l'histoire, ça ne va pas dans le sens de la participation des gens sur le terrain aux
décisions et à l'élaboration des programmes. Parce que tout ça est en constante évolution. Le monde artistique, que ce soit en
musique ou que ce soit en art dramatique, doit toujours se mettre à jour.
Et comment faire ça en diminuant ainsi la participation des professeurs? On ne
comprend vraiment pas. On fait appel à
Mme Hélène David, qui elle-même a été professeur et a été sur les
instances de gouvernance des universités, pour redresser le tir et faire en sorte que la représentation des professeurs soit ce
qu'elle doit être dans les organismes qui vont gérer les questions
pédagogiques du conservatoire. Pour nous, c'est extrêmement important.
Alors, il y a
d'autres recommandations aussi. Évidemment, il y a la durée des mandats. Par exemple, au conseil d'administration, il y a deux professeurs. Avant ça, c'étaient des mandats
de deux ans renouvelables deux fois, ce qui faisait un total de six ans. Maintenant,
ce sont des mandats de quatre ans renouvelables deux fois, ça veut dire
12 ans. Il y a un professeur
qui vient des conservatoires de musique et un professeur qui vient des
conservatoires d'art dramatique. Si on veut un minimum d'alternance entre les régions,
est-ce qu'on va attendre 12 ans avant de changer? Je veux dire, on ne
comprend pas ça, là, on ne comprend pas la
raison pour laquelle ces mandats-là sont rallongés, honnêtement. Je pense que, s'il y a sept
conservatoires de musique, pourquoi, à ce moment-là, un conservatoire... S'il y
avait une alternance entre tous les
conservatoires, ça prendrait 100 ans avant que le conservatoire de
Val-d'Or ou de Montréal puisse avoir son tour. On ne comprend pas
ça, là.
Alors, ensuite, il y
a une chose qu'on veut saluer, par contre, dans...
Le Président (M.
Kotto) : ...
M. Vallières
(Jean) : Ah! peut-être, j'excède mon temps.
Le Président (M.
Kotto) : Trois minutes, il vous reste trois minutes.
M.
Vallières (Jean) : Alors,
une chose qu'on veut saluer dans le projet
de loi n° 48, c'est l'accessibilité. Il y a un nouveau paragraphe qui garantit l'accessibilité.
Parce que ce qui est important... Il y a toujours des tendances et des menaces
qui font en sorte que, par exemple, le
niveau préparatoire, il faudrait que les parents déboursent. Mais ce n'est pas
bon que les parents déboursent au
niveau préparatoire. Ils ont déjà... Il faut qu'ils paient les instruments des
enfants, il faut qu'ils les envoient
dans des camps musicaux, c'est très lourd. Il faut absolument maintenir la
gratuité, c'est dans la tradition du
conservatoire depuis 1942, de maintenir la gratuité, il faut que ça soit
maintenu. Et on salue le projet de loi n° 48, qui a un paragraphe
sur l'accessibilité. Merci de votre écoute.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, M. Vallières, merci, M. Tanguay. Mme
la ministre, la parole est à vous.
Mme David
(Outremont) : Alors, je vous...
Le Président (M.
Kotto) : Pour une durée de 23 min 30 s.
• (10 heures) •
Mme
David (Outremont) : 23 min 30 s. Parce que moi, je
parle puis je m'en... ça va trop vite dans ma tête. Et vous m'avez particulièrement impressionnée, je
dirais, par la qualité de votre mémoire, il est bien fait. Je vous salue, je
salue votre travail et je salue aussi les
questions que vous posez, parce que, s'il y a deux soucis qui m'ont habitée...
bon, plusieurs soucis, mais, pour le
projet de loi en particulier, une fois qu'on dit : Les régions sont
sauvées, c'est là pour rester... Je
l'ai dit, et redit, et redit, j'ai de l'ambition pour les conservatoires, comme
vous en avez. Je ne veux pas que ça soit un point d'arrêt, je veux que
ça soit un nouveau début tourné vers l'avenir, mais pas juste des mots, là, des
paroles.
Et
vous avez de grands défis, c'est clair. En musique, en art dramatique, on a de
grands défis. Les écoles se sont multipliées.
Et vous avez un créneau tout à fait particulier mais qui doit être ancré dans l'environnement.
Parce qu'encore faut-il les
découvrir, ces talents-là, il faut que ça commence quelque part. Et vous êtes
le seul modèle où l'enfant peut arriver
à cinq ans et puis sortir à 18 ans, puis il s'appelle Yannick
Nézet-Séguin, par exemple, ou Robert Lepage. Et donc il a fallu qu'il
commence quelque part. Et vous accompagnez... Et ça, pour ceux qui connaissent
moins le milieu de l'éducation, c'est tout à
fait particulier, parce que c'est une progression par matière, ce n'est pas une
progression par niveau. Tu n'es pas
en première année, deuxième année. Le premier prix du conservatoire, tu peux
l'avoir à 16 ans ou à 15 ans si... et l'autre peut l'avoir à 20 ans, et l'autre... Alors, c'est au rythme
du talent et c'est comme — et quelqu'un a fait la référence tout à l'heure — une école de tennis mondiale ou une école de sport, ce n'est pas à
30 ans que tu commences une carrière internationale. La compétition
est tellement forte que les grands musiciens, d'abord, sont soumis à une
concurrence féroce, art dramatique aussi, on
le sait, et donc vous devez avoir un modèle vraiment d'élite pour ça. Mais par
ailleurs l'élite, bien, ça se
développe et ça se découvre bien en amont de ça. Et là on pourra avoir des
discussions très intéressantes sur les liens école-éducation-culture.
Maintenant,
les vraies questions que vous posez... Et je vais vous les poser parce qu'il y
a un petit bout que vous n'avez pas
dit et qui m'a particulièrement inquiétée. S'il y en a une qui voulait deux
choses dans ce projet de loi là... Je voulais
une meilleure présence du secteur des études et des programmes dans l'ensemble
de l'organigramme et je voulais... je
sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas au niveau du rôle du
directeur des études, ou du rôle des professeurs, ou... Et c'est évidemment par région, par
discipline, et il y a un seul conseil d'administration. Alors, c'est compliqué,
là, tout ça. On va avoir beaucoup de
plaisir, et je vais compter sur la présence de mes amis pour pouvoir faire un
montage qui se tient, mais qui
respecte le principe, oui, d'une réelle — et là j'insiste sur le mot «réelle», parce
que vous me voyez venir dans ma
question, peut-être — d'une
réelle présence et action des enseignants et des commissions des études au sein
de l'institution qui s'appelle le conservatoire.
J'entends
très bien... Et je pense que, là, il y a un malentendu. Parce qu'on a
exactement les mêmes objectifs, vous et moi — en tout cas, moi, je
parle pour moi, là — c'est
que les professeurs puissent réellement parler pédagogie quelque part dans
l'organigramme. Ce quelque part là, ça ne veut pas dire que c'est le conseil
d'administration. La présidente l'a bien
dit, un conseil d'administration, ça gère puis, pour avoir été beaucoup dans le
milieu universitaire, ce n'est pas là
qu'on parlait de la qualité des programmes, on s'entend? C'était à la
commission des études, mais qui elle-même était le fruit... Et c'est là peut-être qu'on n'a peut-être pas été
assez clairs, on n'a peut-être pas... Les sous-commissions, dans ma tête à moi, là, études musique et art
dramatique sont absolument essentielles pour discuter, par discipline, avec
une... où vous décidez vous-mêmes du nombre
de profs, d'étudiants, mais c'est clair, là, qu'on parle vraiment pédagogie,
on parle programmes, on parle développement
par discipline et que ça culmine en une décision plus large et plus réseau
au niveau de la commission des études.
Moi,
quand j'entends et je lis... mais je ne l'ai pas entendu, vous ne l'avez pas
dit, mais vous l'avez écrit que, oui, il
y a des beaux principes, oui, on veut être très présents, mais que les
commissions ne se sont pas réunies en art dramatique depuis des années. Écoutez, là, j'en ai perdu mes
jambes, mes bras, mes yeux, tout, je n'en revenais pas. Il y a vraiment un
problème de fonctionnement, à ce moment-là,
ou de présence de la pédagogie dans les instances. Parce que vous dites :
On veut les garder, on veut les garder, mais
elles ne se réunissent pas. À quoi ça sert, si elles ne se réunissent pas?
Attendez, je vais finir, vous allez avoir le temps de répondre. Donc,
elles ne se réunissent pas.
Et je salue
votre proposition d'un minimum de rencontres, c'est clair. Moi, je présidais la
sous-commission des études de premier
cycle, et, je vous répète, il y avait au moins 400 programmes différents.
Donc, c'est sûr qu'en médecine ce
n'est pas la même chose qu'en philosophie, mais ces gens-là, bon, se parlent. À
la commission des études et même en sous-commission, ce qui les rejoint,
c'est premier cycle, ou deuxième cycle, ou troisième cycle.
On peut
regarder de la meilleure façon... Il faut qu'il y ait un lieu actif où les gens
parlent de programmes et de pédagogie
et où les professeurs sont présents. Alors, il y a eu deux réunions en 2013
pour la musique, ou une réunion, puis
deux en 2014, mais même deux au moment où c'était le plus angoissé pour les
dernières années sur l'avenir des régions, et tout. Comment se fait-il
qu'il n'y ait pas plus de réunions? Donc, ça, il y a un diagnostic à faire.
Et, même si
on vous disait : Il y a une commission des études puis que, sur la forme,
là, on s'entend que... soit les
sous-commissions, c'est plus clair, ce qu'on veut, puis le rôle de la
commission des études, mais moi, je n'arriverai pas du tout à mes objectifs si je relis, dans un an, qu'il y a eu
peut-être, oui, trois réunions comme vous demandez, mais ce n'est pas
trois réunions, c'est six au moins par année, sept, un lieu actif de réflexion.
Alors, je me
suis fortement inquiétée de cette partie de votre mémoire et donc peut-être de
l'absence de clarté, dans notre propre projet de loi, sur le rôle, et vous le
dites, des sous-commissions, parce que, pour moi, elles sont aussi importantes que la commission des études. Sans
sous-commission, il n'y a pas de commission des études, parce qu'elle
reçoit l'ensemble des recommandations des sous-commissions.
M. Vallières (Jean) : Oui, mais vous
admettrez avec moi que, dans le...
Le Président (M. Kotto) : M.
Vallières, oui.
M.
Vallières (Jean) : Dans le projet de loi, à l'article 39.11, qui
parle de ce que vous appelez les sous-commissions :
«Le règlement doit prévoir la constitution
d'au moins deux comités, l'un portant sur les questions liées à la formation
dans le domaine de la musique et
l'autre, dans le domaine de l'art dramatique. Ces comités doivent être
majoritairement formés de membres
internes du conservatoire», moi, ça m'apparaît extrêmement vague. Quel est le
rôle de ces comités? Quelle est la
composition de ces comités? Il n'y a rien qui est dit avec précision. Qui va choisir
les professeurs qui sont sur ces comités-là? Aucune idée. Ce n'est absolument
pas prévu d'aucune manière dans le projet de loi.
Nous, on aime
beaucoup mieux le projet
de loi qui est actuel... la loi qui
est actuelle, qui a été pensée par des gens sensés aussi. Je veux dire, Mme Liza Frulla, c'est quelqu'un
qui est reconnu. Et puis cette loi-là prévoit que les professeurs élisent des représentants. C'est quand même...
On est quand même des adultes, on est capables d'élire qui on veut
comme représentants, les professeurs, on connaît la matière, on sait qui
peut nous représenter.
La loi actuelle... Pourquoi les commissions pédagogiques... Pourquoi
les commissions des études ne se sont pas réunies plus souvent? Ce n'est pas de notre faute, nous, les
professeurs. Souvent, les professeurs envoyaient des courriels à la direction des études : Quand est-ce qu'est la prochaine réunion? Ce n'est pas
normal, ça. C'est la direction des études, c'est la direction générale qui doit s'occuper de respecter l'esprit de
la loi et de faire les réunions telles qu'elles doivent être. Les professeurs sur le terrain étaient
parfaitement déçus que ces instances-là ne fonctionnent pas comme elles
auraient dû fonctionner, selon
l'esprit de la loi. De là aussi arrive une perception, il faut le dire, sur le
terrain, d'une espèce de tour d'ivoire
de la direction générale où les décisions pédagogiques se prennent à
l'intérieur d'un bureau où on n'aime pas trop, justement, convoquer ces commissions des études là, on aime mieux
prendre des décisions soi-même, tout
seul. Ce n'est pas comme ça que ça doit fonctionner.
Alors, nous,
on ne demande pas le statu quo, on ne demande pas qu'il y ait...
on demande que la loi actuelle soit appliquée
comme elle devrait l'être mais qu'il
y ait une participation des professeurs. Les sous-comités, comme vous dites, là, qui sont là-dedans, là, ce n'est vraiment
pas clair. Mais ce qu'on sait, par
exemple, c'est qu'il y aura
seulement deux professeurs dans la véritable commission des
études. Parce que les sous-comités dont il est question, ils vont
faire rapport à qui? Ils vont faire
rapport à la commission des études, où il
y a seulement deux profs, et c'est
cette commission des études là qui va
s'adresser au conseil
d'administration puis qui va
s'adresser au conseil... au directeur général. On aime beaucoup mieux faire partie d'une commission des études en
musique puis d'une commission des études en art dramatique avec des représentants élus, et nous, nous ferons des recommandations au conseil d'administration et puis à la direction générale. Ça contourne effectivement une perception
de tour d'ivoire de la direction générale et de la direction des études, et on est convaincus que c'est ça
qu'il faut pour avoir une véritable participation. La manière dont c'est rédigé dans le projet
de loi n° 48, les sous-comités,
c'est très vague, ce n'est pas clair, et puis je ne pense pas que ça correspond
vraiment aux besoins des gens du terrain. Je m'excuse de le dire, mais c'est ça.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre.
Mme
David (Outremont) : O.K.
Alors, on va continuer cette conversation fort importante. J'entends très, très
bien. Ce que vous dites, c'est que
vous voudriez garder le statu quo, c'est-à-dire des membres élus, tout ça. Ce que nous, on a...
ce à quoi on a réfléchi, c'est que les
sous-commissions, c'est de la régie interne pour justement dire : Là, il y aura
vraiment... Ils décideront ensemble qui ils veulent envoyer.
Ce que j'entends, c'est : vous avez peur, vous craignez — et là j'attends vos suggestions — vous craignez que la haute direction impose
une formation de sous-commissions qui ne vous représente pas assez. Mais,
quand on dit que c'est par régie interne, d'habitude c'est, au contraire, pour
donner plus de pouvoirs justement aux gens qui sont dans le milieu, et qu'ils ne
soient pas dictés par le gouvernement. C'est-à-dire que, si ce ne sont que des membres internes dans les sous-commissions, et des membres
internes, ça veut dire... ça peut
juste être des professeurs et des
étudiants, peut-être un membre professionnel technique ou... Mais ça, c'est à
vous, justement, à décider. Mais le
«vous», ce que j'entends de ce «vous», c'est que vous craignez de ne pas faire
partie du «vous». C'est vous qui décidez, vous craignez de ne pas faire
partie de ce «vous»-là.
Ce
qui m'amène à une question pas mal
plus fondamentale. C'est que, de
toute évidence, vous voulez garder un
statu quo qui n'a pas fonctionné. Et là...
M. Vallières
(Jean) : Qui pourrait fonctionner.
• (10 h 10) •
Mme
David (Outremont) : Non,
non. Mais qui pourrait... Voilà, c'est là-dessus que je veux vous entendre. Parce que vous dites : Tour d'ivoire, réunions qui
n'ont pas eu lieu. Qu'est-ce que vous feriez... Je vais la poser autrement :
Que feriez-vous si vous aviez huit
réunions par année? De quoi vous parleriez? Est-ce que c'est parce qu'il n'y avait pas de sujet à
discuter? Parce que, je veux dire, il n'y a pas des tonnes de programmes
à créer à chaque année, mais il doit y avoir toujours des sujets de préoccupation, de discussion. Est-ce que c'est une question de rapport entre les
professeurs et la direction, puis les
gens ne se parlent pas? Est-ce que c'est parce
qu'il n'y a pas de sujet? Parce que,
si on mettait «avec au moins six
rencontres par année...» Je suis encore plus ambitieuse que vous, là, je dis
«six». Vous dites «trois», moi, je dis «six». Tant
qu'à en faire une, commission, il faut que ça se réunisse. Le conseil d'administration s'est réuni 10 fois, bon, c'était quatre d'habitude, mais on voit qu'il y a
matière. Est-ce qu'il y aurait
matière et de quoi... Parlons vraiment pédagogie. De quoi aimeriez-vous parler, s'il y avait des
réunions, dans ces réunions-là? Et pourquoi est-ce important d'avoir une en art
dramatique... Il y aurait deux
sous-commissions, une en art dramatique et une en musique. Si elles se
réunissaient vraiment six, sept, huit
fois par année, de quoi il serait question? Qu'est-ce qui vous manque comme
lieu de rencontre puis quel serait l'ordre du jour?
Le Président (M.
Kotto) : M. Vallières.
M.
Vallières (Jean) : Je pense que trois réunions par année, ce serait
suffisant, incontestablement, mais il y a beaucoup d'enjeux. Il y a la question de la
visioconférence. De plus en plus, des cours se passent par visioconférence. Ça
peut être très bon, parce que ça peut
permettre, des fois, des élèves en maîtrise dans les régions, de pouvoir faire
leur programme en restant en région.
Mais, pour des gens des grands centres, c'est moins intéressant, la
visioconférence. Présentement, au
moment où on se parle, il y a des cours qui se donnent à Montréal devant toute
une cohorte de jeunes élèves qui arrivent au collégial, ils arrivent au conservatoire de Montréal, il y a à peu
près 20 à 25 élèves, sinon plus. Ils arrivent, et puis le cours de littérature et langage musical qu'ils ont
devant eux, c'est par visioconférence avec un professeur qui donne ce
cours-là à partir de Québec, un professeur qui donne ce cours-là à partir de
Québec et qui n'a personne devant lui.
Alors,
nous tous, là, on se souvient, on se dit : Ah! quand je suis arrivé au
cégep, quand je suis arrivé à l'université, je me souviens des cours de M. Untel ou de Mme Unetelle. Mais
maintenant, là, on ne peut pas arriver puis se dire : Je me souviens, j'ai été accueilli par une
télévision. Je ne dis pas que c'est mauvais en soi, mais ça, ce serait un sujet
qui devrait être abordé.
La question de
l'accompagnement, dans votre tournée on vous en a sûrement parlé, comment se
coordonne l'accompagnement pour les
chanteurs, l'accompagnement, le coaching pour les musiciens, c'est extrêmement
important pour l'audition pour les
orchestres, et tout ça. Et ça aussi, ce qui est intéressant dans la commission
des études telle qu'elle est
actuellement, dans la loi actuelle, c'est qu'il y a des représentants de chacun
des établissements, et ça, c'est fondamental, parce que la pédagogie, ça s'accorde différemment à Val-d'Or... Les
besoins sont différents dans chaque région, selon la nature de l'orchestre symphonique, selon la
nature de... Donc, il faut absolument que les décisions d'ordre pédagogique
puissent se passer en collégialité, en participation.
On
n'est pas contre, du tout, la direction générale. On veut travailler en
collaboration, on ne veut pas du tout être... aucun affrontement. On veut tout simplement pouvoir s'exprimer, pouvoir
participer à l'élaboration des décisions. Ce n'est pas nous qui allons prendre les décisions, la commission des
études, actuellement, ne prend pas de décision, ce sont simplement des recommandations, mais on veut que
le courant puisse passer, on veut que l'information puisse passer. On
veut qu'il y ait une approche participative par rapport aux professeurs.
Et
je regrette, mais les sous-commissions, telles qu'elles sont envisagées dans la
loi, ce n'est pas simplement une crainte.
Pour nous, ce n'est pas clair que ça va être gage d'une participation. Il n'y a
rien... Quand on dit... Sur le rôle des comités, sur la composition des sous-comités, ce n'est pas clair.
Combien il y aura de membres? Les professeurs vont être choisis par qui?
Par les professeurs eux-mêmes ou par les directeurs? Ce n'est pas clair du
tout.
La
formule actuelle, la formule de commissions des études en musique et en art
dramatique, cette formule-là peut très bien fonctionner. Elle n'a pas
fonctionné tel qu'elle aurait pu, on est d'accord, mais je pense que c'est au
conseil d'administration à être vigilant pour que ça puisse fonctionner.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Oui. Écoutez, à chaque réponse, ça génère de nouvelles
questions ou de nouvelles interrogations.
Tout dépend de la façon dont on va donner une sorte d'imputabilité soit à la
commission des études soit à la sous-commission
des études. Dans le milieu universitaire, par exemple, la commission des études
a une autorité qui fait qu'ils rendent compte au conseil d'administration, mais
c'est décisionnel à la commission des études, comprenez-vous? Et ce sont les
sous-commissions qui font des recommandations aux commissions des études.
Dans les
collèges, c'est un peu différent, mais ce qu'il faut comprendre, c'est que
l'objectif, c'est de donner plus de place au pédagogique, de donner plus
d'autonomie et d'imputabilité. L'imputabilité, ça a sa conséquence aussi. C'est-à-dire que, si on dit : Vous êtes
décisionnels sur les questions de visioconférence, puis ce n'est pas à un C.A.
où il y a des membres externes ou un
C.A. qui fait de la gestion de regarder le côté pédagogique — je ne dis pas le côté financier, évidemment, mais le côté pédagogique — bien, il faut que ça soit sérieux, ces
commissions-là. Si elles sont imputables et si elles rendent compte au conseil d'administration, mais qu'elles
ont vraiment un... elles sont vraiment très reconnues au sein de l'organigramme, un, il faut qu'elles se
réunissent et, deux, il faut vraiment qu'il y ait des réunions de façon très, très régulière. Je répète ma surprise de
voir la non-réunion, et même, j'oserais dire, la surprise que vous vous
contentiez de trois rencontres par année. Si c'était le cas... Vous
dites : Ça serait...
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : En tout cas, je pense qu'il y a moyen d'avoir une
réflexion un peu continue. Mais, admettons
qu'on trouverait un chiffre, là, qui est... Et je suis aussi surprise du fait
que vous disiez : On ne nous dit pas la composition des sous-commissions, mais, quelque part, est-ce que
c'est au gouvernement à s'ingérer jusqu'à ce niveau-là? Vous voulez vraiment que la ministre ou le projet
de loi décide de la composition d'une sous-commission alors que, par régie interne, on vous dit : Bien, faites-le
collégialement, faites-le, justement, en discussion avec la direction générale?
Là où je
crains qu'il y a peut-être un petit problème dans les dernières années, mais j'aimerais
que ça se règle, c'est le manque de communication. Quand vous parlez
d'une tour d'ivoire, j'entends des craintes, mais je veux vous entendre là-dessus, que vous ne soyez pas
consultés sur même la composition d'une sous-commission en art dramatique
ou d'une sous-commission en musique. Est-ce que c'est le cas?
Puis je veux rajouter aussi qu'il y a une autre
instance, à laquelle vous avez référé tout à l'heure, qui est la commission pédagogique par région, par pôle. Et
ça, ça veut dire qu'il y a comme une commission pédagogique qui parle de pédagogie par région, par conservatoire, et
après ça il y aurait la sous-commission, qui est plus générale, où, là, il peut
y avoir justement exactement ce que vous
décrivez, des représentants de chaque... et qui doit faire rapport
obligatoirement et qui a un rôle à
jouer vraiment dans l'organigramme, la sous-commission qui fait des
recommandations à la commission des études qui, à ce moment-là, est
encore à un niveau plus haut, qui regarde à la fois la musique et l'art
dramatique.
Dans ma
vision à moi, ce n'est pas du tout de diminuer le rôle des professeurs, c'est
de l'augmenter. Mais là ce que
j'entends, c'est : Bien, on n'est pas consultés, donc on risque de l'être
encore moins. Donc, vous voulez être sûrs que, dans les statuts, vous ayez... vous vous retrouviez là, sept enseignants
quelque part dans la sous-commission, alors que moi, je me serais attendue à ce que vous disiez : Bien, merci, on
va pouvoir s'arranger entre nous. Mais, l'«entre nous», j'ai l'impression
que vous craignez que ça soit unidirectionnel, je peux me tromper. Je veux vous
entendre là-dessus.
Le Président (M. Kotto) :
M. Vallières.
• (10 h 20) •
M.
Vallières (Jean) : Bien, on trouve que la loi actuelle, qui prévoit
une commission des études avec sept représentants des... commission des
études avec des représentants des professeurs de toutes les institutions, je...
On trouve que la loi actuelle correspond
vraiment à ce qu'on veut. Et on ne se plaint pas que les commissions... que les
sous-commissions ne sont pas précisées, on
dit juste que c'est un fait. On ne souhaite pas qu'elles soient précisées. Ce
qu'on demande, c'est la loi actuelle, le
maintien de la loi actuelle, mais bien appliquée, parce que c'est ça qui
assurerait réellement...
Aussi, représentants, là, ce sont les
professeurs en assemblée qui décident quels sont les représentants à la
commission pédagogique. Sur le terrain, moi, ce que je peux vous dire, c'est
que les commissions pédagogiques, souvent,
font des recommandations à la commission des études, depuis des années, ça fait
15, 20 ans qu'on fait ça. À partir du moment où la commission des études se réunit peu, c'est qu'on a
l'impression, sur le terrain, que ces recommandations-là tombent dans le beurre. Et puis on ne voit
absolument pas comment les sous-comités pourraient solutionner ce problème-là.
La seule façon de solutionner ce
problème-là, pour nous, c'est très clair, c'est que la commission des études,
où on élit nos représentants, chaque
conservatoire élit... Les élections, c'est quand même la démocratie. On
élit un représentant à la commission
des études, ce qui n'est pas le cas des sous-comités, là. Il n'est pas question
d'élections là-dedans, là. Alors, on
délègue. Alors, en déléguant, on fait confiance à cette personne-là pour que
les recommandations de chacune des commissions pédagogiques puissent passer à la commission des études. C'est le bon
système. Je regrette, mais c'est le bon système.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre, pour une minute.
Mme David
(Outremont) : Alors, le bon système, c'est ça qu'on cherche. Soyez
rassurés, là, on travaille tous pour
qu'il y ait le meilleur organigramme possible. Avec la préoccupation majeure
que j'ai... Je ne l'ai pas caché, je suis allée dans chaque
conservatoire et j'ai dit où est l'académique, quel est le rôle de
l'académique, comment renforcer l'académique.
Et soyez assurés que j'ai non seulement bien lu, je le sais par coeur, votre
mémoire, là... Puis je n'ai pas parlé
des mandats. Je trouve qu'il y a des suggestions fort intéressantes sur la
question de la longueur des mandats. On aura l'occasion d'en reparler. On va réfléchir très, très, très
sérieusement à cette montée en charge du rôle de l'académique dans l'ensemble et aussi à partir des régions
versus... sous-commissions versus commission, élu, pas élu. Mais, soyez assurés
d'une chose, la
présence des professeurs est prioritaire pour moi depuis fort longtemps. On va
trouver une façon. Mais je vous remercie beaucoup, beaucoup de vos
commentaires.
Le Président (M. Kotto) :
Merci, Mme la ministre. La parole est à l'opposition officielle.
Mme
Hivon :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, merci pour votre présentation.
Donc, c'est très important de vous
entendre, parce que je pense que vous êtes au coeur du dynamisme et de la
qualité de la vie au quotidien, aussi de l'enseignement, bien sûr, dans
nos conservatoires.
Donc, juste
pour poursuivre sur ce sujet-là qui est au coeur de vos demandes de
modification, donc, d'une part, tantôt,
on entendait qu'essentiellement ça ne marchait pas bien pour la commission en
matière d'art dramatique, mais mieux en
musique. Quand je lis... Dans votre mémoire, vous êtes aussi critiques pour
celle en musique, parce qu'elle ne se serait réunie qu'une fois ou deux fois par année au cours des dernières années,
c'est bien le cas, alors que, celle en art dramatique, ça fait des années qu'elle ne se serait pas
réunie. Donc, vous dites, en fait : Ça ne fonctionne pas en ce moment,
mais ce n'est pas de par ce qui est
prévu dans la loi, c'est juste qu'on ne respecte pas, en fait, ce qui est prévu
dans la loi. C'est bien ça?
M. Vallières (Jean) : C'est ça.
Mme
Hivon : Vous demandez le statu quo intégral par rapport à
l'état actuel de la loi, c'est-à-dire deux commissions, donc vous
pourrez nous préciser, là? C'est ça, c'est une... avec un point
d'interrogation. Demandez-vous le statu quo intégral,
pas pour l'ensemble de la loi, là, mais pour vraiment... — non, non, non, inquiétez-vous pas — pour l'aspect des deux commissions, donc de maintenir vraiment deux commissions plutôt
que de les fusionner en une seule avec la création de comités? Donc, je veux comprendre si c'est
vraiment ça, votre demande, le statu quo autant pour les deux commissions
que pour la composition de chacune.
M. Vallières (Jean) : Oui.
Mme
Hivon :
O.K. Si la ministre maintient la volonté de fusionner... Là, on est dans le
plan B, admettons. Je vous demande
ça parce qu'on ne vous aura pas après, hein, pendant qu'on va faire l'étude
article par article. Donc, je comprends très bien votre position, là, puis ce n'est pas un jugement, là. Moi, je
mijote tout ça. S'il devait y en avoir une seule, avec deux comités, là, comme la nouveauté qui est
prévue dans le projet de loi, vous souhaiteriez que la composition des comités
soit prévue dans la loi et qu'elle laisse
une grande place aux professeurs? Est-ce que vous êtes capable de me répondre
à ça ou vous refusez, vous allez faire comme les politiciens qui refusent les
questions hypothétiques?
Le Président (M. Kotto) : M.
Tanguay.
M. Tanguay
(Claude) : Dans un premier
temps, le fait aussi de créer un comité conjoint, de fusionner, crée, sur
le plan d'une structure hiérarchique, un
étage de plus, ce qui n'était pas dans notre vision. Parce qu'on est dans un
contexte économique difficile, on ne veut pas créer d'autres organismes
dans le fonctionnement pour ne pas créer de frais supplémentaires. Et il est
évident que... Si Mme la ministre conserve le plan B, comme vous dites, de
créer une seule commission des études, il est clair que, dans les sous-comités
qui sont prévus, il faut qu'ils reflètent le besoin que les professeurs ont,
qui était reflété dans la loi actuelle, au niveau des deux commissions.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Pourquoi c'est important qu'il y ait un représentant de chaque conservatoire?
Parce que quelqu'un pourrait
dire : Bien, je veux bien, là, mais, quand même, ce sont tous des
professeurs de conservatoire, donc ça ne doit quand même pas être le
jour et la nuit entre le Saguenay, puis Rimouski, puis Québec. Donc, pourquoi
il faut...
Le Président (M. Kotto) : M.
Vallières.
M.
Vallières (Jean) : Il y a tellement de projets spéciaux dans chaque
conservatoire. Chaque conservatoire a sa couleur propre, et puis la détermination des programmes dépend de ça,
tout de même. On pense que c'est vraiment souhaitable.
Je reviens à
votre question du plan B, là, puis tout ça. Il n'en reste pas... Même si
les sous-comités comportent des
représentants de chaque conservatoire, il n'en reste pas moins que de membres
en titre à la commission des études... La
commission des études, ce n'est pas seulement des sous-comités, il y a la
commission des études. À l'intérieur de la commission des études, il n'en reste pas moins qu'il y a seulement deux
professeurs. Ce n'est même pas spécifié dans la loi qu'un des
professeurs doit être en musique et l'autre en art dramatique. Ça, vraiment,
là, ça va au-delà de notre compréhension.
Mais il n'en reste pas moins que... Quelle que soit la manière dont les
sous-comités sont faits, il n'en reste pas
moins qu'à la commission des études comme telle il y a seulement deux
professeurs. Est-ce qu'en soi ça, c'est normal? Est-ce qu'en soi ça,
c'est souhaitable? On ne le pense pas. On ne le pense pas et on ne pense pas
que c'est le meilleur système. On ne pense pas que ça va dans le sens... La
réduction du nombre de professeurs comme membres élus à la commission des
études n'est pas, selon nous, une modernisation.
Il faut bien
expliquer une chose aussi. Le ministère de l'Éducation a connu une révolution
tranquille au début des années 60. Les conservatoires... Si on
regarde l'histoire des conservatoires, nous, on était dans un autre ministère,
le ministère de la
Culture. Il n'y a pas eu la même Révolution tranquille, de telle sorte que,
pendant 40 ans, les décisions se prenaient au conservatoire par le
directeur général, les professeurs n'avaient pas un rôle important.
Aujourd'hui, le conservatoire attendait sa
révolution tranquille. Sa révolution tranquille est arrivée un petit peu au
moment de la création de la corporation avec... Le point de départ,
l'étincelle, ça a été Mme Liza Frulla, et puis, après ça, eux, ils ont... et
Mme Line Beauchamp, ils ont voulu moderniser le conservatoire, ils l'ont fait.
Et ce qu'on
ne comprend pas, nous, honnêtement, c'est que, dans le projet de loi
n° 48, tournez ça de toutes les manières
que vous voulez, ou plan B, ou plan C, ou n'importe quoi, il y a une
diminution du rôle des professeurs là-dedans par rapport à ce qui était
avant. C'est comme une sorte de dérévolution tranquille, puis on ne peut pas
être pour ça, incontestablement. Parce que, même si les sous-comités sont
améliorés, si j'ose dire, il n'en reste pas moins que, les membres en titre de
la commission des études, les personnes qui vont faire rapport au conseil
d'administration et à la direction générale,
eux, il y aura seulement deux professeurs là-dessus, et puis, pour nous, ce
n'est pas assez, ça ne reflète pas la
diversité. Puis, même dans le texte de loi, dans le texte du projet de loi, ce
n'est même pas spécifié qu'il y ait un professeur de musique puis un
professeur en art dramatique.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Oui. Si j'ai le temps, je vais revenir sur cet aspect-là, mais je veux vous
entendre sur... dans la foulée de ce
qu'on a vécu depuis an puis la grande tourmente de l'automne dernier, tout ce
qui planait de fermeture des conservatoires en région, est-ce que vous estimez que cette épée de Damoclès au-dessus
des conservatoires en région, elle est tombée? Donc, est-ce que vous êtes vraiment rassurés pour l'avenir? Et, cette
loi-là, qu'on travaille à partir d'aujourd'hui, est-ce que vous estimez qu'elle — c'est un peu la même question que je posais
tantôt — est de
nature à assurer davantage la pérennité
des conservatoires en région, la structure actuelle plutôt neutre, ou vous
voyez des risques, donc indépendamment de la loi et par rapport à la
loi?
Le Président (M. Kotto) : M.
Vallières.
• (10 h 30) •
M.
Vallières (Jean) : Tout à fait d'accord. On a eu parfaitement
confiance en notre ministre, qui a vraiment, on peut dire, sauvé les conservatoires, et on est convaincus qu'elle a
sauvé les conservatoires pour un bon bout de temps, et on est extrêmement confiants. Et tout ce qu'on
fait comme recommandations, ça se veut vraiment dans une optique positive,
dans une optique de développement de notre
institution, dans une optique de participation effective des professeurs à la
prise de décision sur le plan pédagogique. Et on veut simplement les rouages
les meilleurs possible.
On est
convaincus que les conservatoires ont besoin d'être mieux connus par la
population, et même les événements de
septembre dernier ont tout de même aidé à ça. On veut préserver ce qu'il y a de
bon dans les conservatoires, mais en même
temps il faut aller vers l'avenir, et on veut participer à cet avenir-là d'une manière constructive,
incontestablement, et on essaie
simplement de trouver les moyens, et on fait absolument confiance aux
législateurs pour faire les modifications qui s'imposent là-dedans pour assurer une
meilleure participation des professeurs à toutes les questions académiques.
Mme
Hivon : Puis est-ce
que ce serait possible que des gens
disent que les commissions n'ont pas bien fonctionné parce que,
justement, la composition était tellement
lourde, il y avait des gens de partout, donc on n'arrivait pas à
s'entendre, il n'y avait pas de
consensus? Donc, vous, vous dites... vous postulez que c'est plus une question,
peut-être, de manque de volonté de la
direction. Est-ce que d'autres vont venir... pourraient nous dire que, non,
c'est plutôt que c'était comme ingérable
comme commission, et tout ça, ça ne fonctionnait pas comme... Vous, vous
estimez que c'était la bonne composition, mais est-ce que certains
pourraient venir nous dire ça?
Le Président (M. Kotto) : M.
Vallières.
M. Vallières (Jean) : Écoutez, je
pense que deux commissions des études, c'était très bien structuré, ça ne fonctionnait tout de même pas si mal que ça. C'est
juste qu'il y avait des lacunes au niveau du nombre de réunions, et tout ça. Il ne faut pas qu'il y en ait trop, parce
que c'est quand même assez lourd, des commissions de 13 membres et des
commissions de neuf membres. C'est pour ça.
Réunir ça, je dirais, six ou sept fois par année, ça nous apparaît trop, pour
être franc, là. Il y a quand même une
lourdeur, il y a quand même des coûts associés à ça. Et puis il faut être
réaliste, il ne faut pas aller trop loin là-dedans.
De là, par
contre, à diminuer le rôle des professeurs, je pense que ça serait aller dans
une mauvaise direction puis ce serait aller aussi dans une direction qui
ferait en sorte que les décisions qui seraient prises par la direction générale
risqueraient moins de se retrouver bien appliquées. La participation des gens,
la concertation, c'est gage d'efficacité. Alors,
c'est sûr que convoquer des réunions de 12, 13 personnes trois fois par
année, c'est quand même un petit peu d'ouvrage, sauf que, d'une certaine façon, ça peut sauver de l'argent, parce qu'en
fait, en amenant les gens à s'impliquer et à participer, je pense que
c'est un bon investissement.
Mme
Hivon :
Puis, si quelqu'un vous disait : Bien, justement, 12, 13, c'est lourd,
donc là c'est neuf maintenant, donc
ça va être beaucoup plus facile, il n'y en aura pas deux, il va y en avoir
juste une puis il va y en avoir juste neuf, membres, qu'est-ce que vous
répondez à ça?
Le Président (M. Kotto) : M.
Vallières.
M. Vallières (Jean) :
Bien, dans la mesure où il y a seulement deux professeurs là-dedans, je ne
trouve pas que ça peut refléter
vraiment les besoins pédagogiques et académiques d'une institution comme la
nôtre. À ce moment-là, on sauve,
mais, dans la réalité, ça ne sera pas... je ne trouve pas que ça va... Ça va
donner un sentiment aux professeurs de
ne pas être écoutés encore, et ça, ce n'est pas une bonne solution. Ce n'est
pas comme ça qu'on fait une synergie de travail commun, une synergie de
participation.
Il
n'y a eu aucun affrontement. Nous, quand on a été dans ce qu'on peut appeler la
question des conservatoires, nous, les professeurs, on a été extrêmement
coopératifs. On a fait appel à la ministre, on a rencontré la ministre, on a
été positifs sur tout, et c'est ça qu'on veut continuer d'être. Les
recommandations qu'on fait, là, il ne faut pas prendre ça du tout comme étant quelque chose de négatif, ou
d'affrontement, ou quoi que ce soit. Au contraire, c'est simplement pour
que ça fonctionne mieux. Mais on est
convaincus aussi qu'on va être écoutés et on est convaincus que ça va donner
quelque chose de bon. On fait confiance.
Mme
Hivon : C'est bon de faire confiance. On écoute les gens qui
viennent nous voir. Sur le conseil d'administration du conservatoire comme tel, vous souhaitez... De
manière globale, avez-vous des demandes, outre la question des professeurs,
pour la composition...
M.
Vallières (Jean) : On est tout à fait d'accord avec la constitution du
conseil d'administration. On est tout à fait d'accord avec... Même si le rôle des professeurs est réduit, on est tout
à fait d'accord, parce que ça fait partie du rapport externe, interne qui va
avec la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État. On est tout à fait d'accord
avec ça. La seule réserve, c'était
pour la durée des mandats, dont on a fait part et puis qui semble avoir été...
être en train d'être tout à fait bien
écoutée. Mais, pour le conseil d'administration, on est positifs, on veut
fonctionner avec la loi, on veut fonctionner avec les directions et avec
le conseil d'administration dans la plus parfaite synergie.
Mme
Hivon :
Parfait.
Le Président (M.
Kotto) : Il vous reste une minute à peine.
Mme
Hivon : Très rapidement, l'impact de la situation financière
excessivement difficile sur l'enseignement, est-ce qu'il est quantifiable? Est-ce que vous seriez en mesure de nous
dire si ça a des impacts majeurs dans le quotidien?
Le Président (M.
Kotto) : M. Vallières.
M.
Vallières (Jean) : C'est sûr que ça a eu des impacts. Les coupures qui
ont lieu ont certains impacts. Je faisais allusion tantôt à la visioconférence, il y a aussi au niveau du temps
d'accompagnement, c'est-à-dire la durée des cours et le temps d'accompagnement,
le rapport maître-élève a été un petit peu affecté par ces coupures-là. On ne
peut pas dire que c'est agréable pour nous. On veut essayer de
limiter ça au maximum. Et c'est bon qu'on soit entendus, que les gens sachent qu'il
n'y a pas de... que les coupures ont quand même un effet sur le rendement
pédagogique, mais on essaie de faire notre maximum malgré tout.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, M. Vallières. La parole est maintenant au
deuxième groupe d'opposition.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. D'abord, j'ai été
très sensible à votre mémoire, parce que
je trouvais, dans le projet de loi, qu'effectivement, quand on regarde l'ancien
régime, il y avait des questions à se poser sur le rôle puis la place qu'occupe le corps professoral à l'intérieur
de l'organisme, et tout ça. Donc, j'ai été assez sensible à ça, mais vos propos me confirment une
chose : il est temps qu'il y ait quelque chose qui change, parce que, de
toute évidence, l'ancien système
n'était pas particulièrement performant, soit au chapitre des communications,
des échanges ou de l'implication de
chacun des groupes, et on peut espérer peut-être que, dans quelques années, on
entendra parler plus des étudiants quand on parlera du conservatoire.
Mais,
pour parler des... Moi, je n'ai aucun talent en musique, messieurs, ça fait que
je ne vous challengerai pas pantoute
sur le côté académique, là, mais je suis une bonne comptable, par exemple, et
ce matin j'ai appris qu'il y avait 800 étudiants
au conservatoire, et, quand je lis votre mémoire, vous parlez de
210 professeurs. Ne dites pas ça sur la place publique, ça fait un ratio
qui n'est pas populaire pantoute. Mais vous allez m'éduquer. Vous allez
m'expliquer comment ça marche,
210 professeurs. Vous n'avez pas 210 professeurs à temps plein. C'est
des gens qui viennent faire des cours, des ateliers? Comment vous faites
ce calcul-là de 210 professeurs?
Le Président (M.
Kotto) : M. Tanguay.
M. Tanguay (Claude) : Il faut comprendre que 210 professeurs, la majorité de nos professeurs
sont à temps partiel. Donc, c'est des
professeurs qui vont donner... Par exemple, un professeur de harpe ne peut pas
avoir du temps plein, là. Des
harpistes, il n'y en a pas dans tous les établissements de musique et il n'y en
a pas un nombre suffisant pour donner du
temps plein. Donc, il faut comprendre que 210, oui, ça semble donner un ratio
d'un sur quatre, mais ce n'est pas le cas. Puis il faut dire aussi que l'enseignement en musique, il y a beaucoup
de l'individuel, du un pour un. Les instrumentistes ne peuvent pas être tous en groupe. Donc, ça
explique aussi que ça donne l'impression d'un ratio assez impressionnant.
Mme Samson : Diriez-vous que la
majorité des professeurs sont des professeurs à temps partiel?
M.
Vallières (Jean) : Oui, mais on pense...
Le Président (M.
Kotto) : M. Vallières.
M.
Vallières (Jean) : Le conservatoire de Montréal vient d'engager
M. Jacques Lacombe, qui vient d'être nommé à Bonn comme chef d'orchestre. Alors, lui, il va
donner un certain nombre d'heures au conservatoire de Montréal. En art dramatique à Montréal, M. Gilbert Sicotte, qui
enseigne le jeu théâtral, évidemment il a beaucoup de contrats par ailleurs,
et c'est à temps partiel qu'il enseigne le
jeu. Souvent, les professeurs font carrière, par ailleurs. Ce sont des membres
des orchestres symphoniques, beaucoup
de membres de l'orchestre métropolitain, des membres des orchestres régionaux,
des membres de l'Orchestre symphonique de
Québec qui enseignent au conservatoire. Alors, souvent, c'est des professeurs
à temps partiel, mais qui s'impliquent, qui sont dévoués au conservatoire.
Mme Samson :
Et, le cheminement de vos étudiants, il y a beaucoup de travail qui se fait un
à un, hein?
M.
Vallières (Jean) : Oui. Le cours individuel est à la base. C'est le
principe de maître artisan, si j'ose dire, hein? Alors, un élève d'un tel... Par exemple, Jacques Lacombe, il va
enseigner la direction de l'orchestre, bien, il aura ses élèves à lui,
et puis il les rencontre individuellement un certain nombre d'heures, il les
coache, et puis c'est comme ça que ça fonctionne, comme dans les grands
conservatoires d'Europe.
Mme Samson :
Donc, c'est ce qui est privilégié encore aujourd'hui au conservatoire.
M.
Vallières (Jean) : Oui, pour la musique. Pour l'art dramatique, c'est
en groupes, ce sont des ateliers de théâtre. Il n'y a pas de cours
individuel en art dramatique, c'est seulement en musique.
Mme
Samson : D'accord. Bon, là, j'ai lu tout... Naturellement, là, vous
parlez beaucoup du conseil d'administration et des sous-commissions qui ont plus ou moins fonctionné au cours des
années, et on sent bien, dans votre présentation, que votre volonté,
c'est d'être impliqués et d'être...
M. Vallières
(Jean) : Partie prenante.
• (10 h 40) •
Mme
Samson : ...partie prenante et travailler en étroite collaboration
avec... Là où j'aimerais peut-être que vous me donniez un petit peu plus d'éclairage, pour vos membres, le fait
qu'il y ait une seule commission maintenant, sans distinction, qu'il
s'agisse d'art dramatique ou de musique, alors que, moi, à mon avis, c'est des
domaines tellement différents, là... C'est
déjà assez curieux que ça se retrouve dans la même institution, parce que, dans
le fond, que ce soient les
professeurs ou les étudiants, ils oeuvrent dans des environnements qui n'ont
aucun rapport un avec l'autre et ils vont évoluer, ultimement, dans un système qui va être complètement différent
de leurs collègues de la musique, par exemple.
M.
Vallières (Jean) : Ce qui les rapproche, c'est que c'est des arts de
la scène. C'est qu'en quelque part, qu'on soit un acteur ou qu'on soit musicien, on se retrouve sur une scène, et
c'est ça qui les unit. Il y a souvent, d'ailleurs, un certain nombre de collaborations qui se font entre
les deux types de conservatoires. Par exemple, il y a des professeurs du
conservatoire d'art dramatique qui viennent
enseigner, qui viennent faire des ateliers d'opéra, parce que, dans l'opéra,
il y a du jeu scénique aussi. Donc, il y a
des collaborations qui existent entre les deux types d'enseignement, mais, dans
les deux cas, c'est des arts de la scène. C'est ce qui les rapproche,
même si les méthodes sont complètement différentes.
Et c'est pour ça,
pour nous... Pour nous, c'était une richesse qui avait été pensée par la loi,
je m'excuse de le rappeler, de
Mme Frulla. C'était de séparer les deux commissions pour être sûrs que,
dans chacun des domaines, que ce soit
l'art dramatique... ils peuvent se mettre à jour, parce qu'il y a toujours des
nouvelles choses. De plus en plus, même maintenant, on voit... Par exemple, avec les créations de Robert Lepage,
il y a de plus en plus de nouveaux médias qui peuvent rentrer dans la création théâtrale. Et je pense qu'il faut... Ça
ne peut pas être mélangé avec la musique exactement de la même façon, il
me semble.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la députée.
Mme
Samson : On se comprend bien. Je ne sais pas si mon collègue a des
questions. Moi, ça fait le tour de mes questions. Ça fait le tour de mes
questions, M. le Président.
Le
Président (M. Kotto) : Il vous restait trois minutes. Je ne
sais pas si quelqu'un voudrait les exploiter. Non? Oui. Alors, Mme la
ministre, s'il y a consentement, on...
Mme David
(Outremont) : Bien, si vous consentez, effectivement, je vais...
Le Président (M.
Kotto) : Y a-t-il consentement?
Des voix :
...
Le Président (M. Kotto) :
Oui, O.K. Parfait.
Mme David (Outremont) : Je
veux profiter de votre présence. Comment, de façon générale... ne soyons pas
dans les commissions ou tout ça, mais
comment, de façon générale, vous pensez qu'on pourrait améliorer... On est ici
pour améliorer des choses qui vont
moins bien, et je pense que ce que vous, vous venez nous dire, c'est qu'il n'y
a peut-être pas eu suffisamment de
représentations ou de discussions entre directions et professeurs. Il y a les
régions aussi. Et il y a une phrase
qui m'a frappée, vous dites : Si on avait été un peu plus là, dans les
régions, ou avec des rôles à jouer, peut-être qu'on n'en serait pas arrivés à la crise qu'on a vécue l'an dernier.
Comment on pourrait, justement, améliorer, bonifier ce rôle que, de toute évidence, vous semblez
vouloir jouer au sein de l'organisation en général? Qu'est-ce qui va le moins
bien, selon vous, et qui pourrait être amélioré, indépendamment des instances?
Le Président (M.
Kotto) : M. Vallières.
M. Vallières
(Jean) : Je pense que c'est la mise à jour générale. Les
conservatoires doivent se transformer, doivent
s'adapter, parce que le milieu artistique est en constante évolution, et puis
la vie culturelle en général aussi est en constante évolution. Le conservatoire cherche des partenariats, et je
pense que c'est une excellente idée. Je pense qu'il faut développer ça sur tous les plans, avec ce qui
se fait ailleurs aussi comme enseignement musical, avec les écoles de
musique dans chaque région.
Et
c'est pour ça qu'on veut aussi que les conservatoires puissent s'impliquer dans
la formation initiale des régions, travailler
en collaboration. Déjà, dans le passé, il faut dire que, dans certaines
régions, il y a eu des problèmes entre les écoles de musique régionales et les conservatoires. Ça, je pense que
c'est important de résoudre ces petites difficultés qui existent par moment, ces petites concurrences
entre les écoles de musique régionales et les conservatoires dans chaque
région. Et je pense que c'est là, encore une
fois, dans la participation, dans la concertation que ça peut se faire, et
tout ce qui peut aller dans cette direction-là est le bienvenu.
Et,
la direction générale, de plus en plus, je pense que c'est en donnant la parole
aux établissements. La direction générale
doit avoir un rôle confédératif, si j'ose dire, un petit peu, et moins un rôle
centralisateur. Honnêtement, pour être franc,
c'est un peu dans cette direction-là que les professeurs de chaque
établissement voudraient que le conservatoire se dirige.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la ministre, en 30 secondes.
Mme
David (Outremont) : En 30 secondes? Il n'a pas été beaucoup
question de cette commission pédagogique, mais celle-là, elle est dans
chaque...
M. Vallières
(Jean) : Chaque institution.
Mme
David (Outremont) : ...chaque institution. Donc, n'est-ce pas là le
lieu où vous voulez, où vous devez... où vous êtes déjà bien
représentés, où vous jouez un rôle qui vous satisfait?
Le Président (M.
Kotto) : M. Vallières.
M.
Vallières (Jean) : Oui, oui, ça nous... Les commissions pédagogiques
nous satisfont. Maintenant, les recommandations
qu'on fait à la commission
des études, ça, c'est important qu'il
y ait justement des représentants des professeurs de chaque région de la commission des études
pour être sûr que ça passe, que le message passe.
Le Président (M.
Kotto) : Merci. Merci, M. Vallières.
M. Vallières
(Jean) : Merci.
Le
Président (M. Kotto) :
Merci, M. Tanguay. Merci pour votre contribution aux travaux de la commission,
que je suspends quelques instants pour pouvoir accueillir l'Orchestre
symphonique de Montréal.
(Suspension de la séance à
10 h 46)
(Reprise à 10 h 50)
Le
Président (M. Kotto) : Alors, je souhaite la bienvenue aux
représentantes de l'Orchestre symphonique de Montréal. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis par la suite il y
aura une période d'échange avec les groupes
parlementaires, en fait les membres de
la commission. Alors, je vous invite donc à vous présenter
en commençant, puis à faire votre exposé.
Orchestre symphonique de Montréal (OSM)
Mme
Careau (Madeleine) : D'accord.
Alors, bonjour. Je suis Madeleine Careau, la chef de la direction de l'OSM.
Mme Desrochers (Marie-Josée) : Et
Marie-Josée Desrochers, chef d'exploitation.
Mme
Careau (Madeleine) : Alors,
nous sommes ravies... D'abord, Mme la
ministre, merci et félicitations pour cette initiative. Mmes, MM. les députés, nous sommes ravies d'être ici aujourd'hui. Nous avons fait la route rapidement,
on s'excuse, on est arrivées juste à la dernière minute.
Et nous
sommes d'avis que l'institution des nouvelles mesures proposées en matière de gouvernance sera bénéfique et
servira les objectifs du conservatoire en maintenant sa mission. Il faut
se rappeler que le Conservatoire de musique et d'art dramatique a été fondé par Wilfrid Pelletier, qui est également
le directeur musical fondateur de l'OSM. Donc, l'OSM ne peut que saluer
l'ouverture dont témoigne une nouvelle répartition des membres du conseil
d'administration.
Assumant la
lourde responsabilité de défendre les intérêts de l'une des institutions culturelles les plus importantes du Québec
et d'y insuffler leur vision, nous sommes d'avis que la nomination
d'administrateurs externes au réseau de conservatoires devrait être faite en pleine considération des
spécificités propres à des domaines aussi différents que la musique et l'art dramatique. Il est primordial que
le choix de ces membres prenne en compte non seulement une connaissance
globale du milieu culturel, mais une
expertise en musique classique et en art dramatique. Ajoutons qu'une
représentativité distincte des deux
disciplines est souhaitable, tant au
niveau de la direction des études qu'au niveau de la commission des
études, afin de bien répondre aux exigences spécifiques de chaque discipline.
Le milieu
musical en particulier et culturel en général est en profonde transformation.
Ce sont toutes des institutions culturelles qui ont eu à se soumettre à
une réflexion profonde sur leur vision artistique et leurs façons de faire par l'élaboration de planifications stratégiques
répondant aux réalités nouvelles auxquelles elles sont confrontées. L'avènement
du multimédia, la dématérialisation liée à
l'ère numérique ainsi qu'une offre culturelle sans cesse renouvelée ont
bouleversé les habitudes de
consommation d'un public plus exigeant que jamais. Ce dernier, moins enclin,
par exemple, à favoriser l'abonnement
à une saison, exprime un désir de liberté en choisissant des concerts, des spectacles
au dernier moment, a obligé le milieu
à se remettre en question. Les institutions, tel l'OSM, ont affirmé leur
volonté de rester ancrées dans la communauté
et d'exceller afin d'assurer le rayonnement du Québec dans leur milieu et à
l'international. L'intégrité artistique et une programmation sans compromis sur la qualité ne devraient faire fi
d'une approche de mise en marché nouvelle.
Les
institutions d'enseignement supérieur du Québec, dont le Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec
est l'un des fleurons, sont intimement liées à ces mutations collectives. Les
jeunes musiciens diplômés font face à une
compétition plus forte que jamais, et l'assurance d'un poste au sein d'un
orchestre symphonique majeur ou d'une carrière
en tant que soliste demeure incertaine. Cette dernière considération s'ajoute
aux nouvelles habitudes de consommation
évoquées plus haut, et on ne peut pas exclure de ça les institutions
d'enseignement. Les nouvelles habitudes de... Pardonnez-moi, je suis revenue à mon texte précédent. Les
conservatoires ont dû emboîter le pas aux acteurs du milieu en
s'assurant de maximiser leurs ressources et ainsi de maintenir, voire de
dépasser les standards d'excellence.
Il est
indéniable que cette institution, qui a permis à des artistes d'ici de mener de
brillantes carrières au pays, mais aussi à l'international, doit
poursuivre ses efforts pour relever le lot de défis que comporte le contexte
actuel. Nous restons convaincus cependant
que le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec doit avoir les
moyens de ses ambitions. Ce n'est que
par un enseignement artistique se comparant à celui des plus grandes
institutions internationales que le Québec pourra jouir du fruit du
labeur de dizaines de jeunes artistes de la relève qui sortent chaque année des
établissements d'enseignement de la musique et de l'art dramatique du
conservatoire.
La mission du
conservatoire de musique est de donner accès à un enseignement de haut calibre
aux jeunes talents de toutes les
régions du Québec, et c'est vital, et c'est au coeur de la vie culturelle de
l'ensemble du Québec. En plus de former
des acteurs de la scène artistique de demain, le conservatoire joue un rôle de
transmission indispensable auprès des enfants qui, s'ils cheminent vers
un autre secteur d'activité lors de leur parcours professionnel, feront partie
sans contredit et en grand nombre du public
de demain de toutes les institutions culturelles d'ici, toutes disciplines
confondues. Les bénéfices qu'apporte
le conservatoire aux communautés ainsi que son impact essentiel sur la vitalité
d'organisations comme la nôtre sont essentiels.
Les différentes modifications en lien avec l'organisation
et le fonctionnement des différentes instances de la gouvernance du conservatoire proposées par le projet de loi n° 48 nous apparaissent, dans leur ensemble, comme
étant autant d'éléments soutenus et
renforcissant une mission d'excellence saluée par l'Orchestre symphonique de Montréal que les
deux institutions partagent depuis leur fondation respective par Wilfrid
Pelletier.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) :
Alors, quelques observations sur le projet
de loi plus en détail. D'abord,
nous saluons l'article 5 qui réitère la mission axée sur
l'excellence et le développement du public de demain, donc, tout en conservant
sa mission première d'administrer et d'exploiter dans diverses régions du Québec
des établissements d'enseignement de la musique et des établissements d'enseignement d'art dramatique destinés à la formation professionnelle
d'interprètes et de créateurs et leur perfectionnement. Le projet de loi
détaille, à l'article 5, des éléments essentiels et indissociables qui doivent être pris en considération par le conservatoire. La recherche
constante des plus hauts standards d'excellence
dans l'enseignement est vitale à l'atteinte des objectifs de l'institution et
seule garante du succès de ses élèves. Pour
ce faire, il est impératif que les établissements d'enseignement aient les
moyens de leurs ambitions et disposent des ressources humaines, physiques et financières nécessaires à une
formation digne des plus grandes écoles de musique et d'art dramatique
au monde.
Alors,
les talents fleurissent des quatre coins de la province, et il nous apparaît
essentiel que chacun des établissements qui forment le conservatoire poursuive ses efforts pour créer des
partenariats avec les organisations qui oeuvrent dans son milieu et
reste à l'affût des nouvelles tendances et des initiatives qui dynamisent son
environnement.
Les jeunes
artistes qui ont la chance de fréquenter le Conservatoire de musique et d'art
dramatique du Québec ont non seulement accès au meilleur enseignement
qui soit, mais vivent, au-delà de la performance, une véritable expérience qui changera leur vie à jamais. L'esprit
qui règne en ses murs, dû à sa taille à échelle humaine, à la proximité du corps professoral avec
les jeunes artistes, au modèle pédagogique qui permet à un même étudiant d'y
étudier sur une très longue période,
fait de l'institution un lieu unique en son genre. Le fait de réaffirmer, à
l'article 5, les éléments qui constituent
la mission du conservatoire est, à nos yeux, une façon de rappeler l'essence
même de la vision du fondateur.
Mme Careau
(Madeleine) : Alors, l'OSM salue la volonté de la ministre de la
Culture et des Communications d'une
structure plus efficiente au sein de l'organisation du conservatoire et plus
ancrée dans la gouvernance d'aujourd'hui. En privilégiant une ouverture de son conseil d'administration par le
fait de nommer des membres issus de l'externe, dont certains seront issus du milieu culturel, en
résultera un rapprochement avec celui-ci ainsi qu'avec le marché. L'emphase
mise sur la planification stratégique et une saine gestion est appréciable.
Nous ne pouvons qu'abonder dans ce sens. Cependant,
il nous apparaît important de souligner quelques éléments, que nous vous
commenterons, en ce qui concerne notamment
la représentation du milieu culturel au sein du conseil d'administration, la
place accordée à la musique classique au sein de ce même conseil ainsi
que la commission des études et sa direction.
Nous tenons à
signifier toutefois nos questionnements quant au choix de ces membres. Les
spécificités propres aux deux
disciplines sont singulières... aussi singulières que la musique classique et
l'art dramatique doivent orienter ce choix.
Il est, à notre sens, indispensable que l'un des deux membres soit directement
issu du milieu classique, de la musique classique, et l'autre de l'art dramatique. De plus, bien que différentes
réalités existent dans plusieurs disciplines artistiques, nous croyons
que chaque membre devra être judicieusement choisi en fonction de son expertise
précise en musique classique et en art
dramatique. Une précision serait intéressante en ce sens au point 3°b de
l'article 15, où c'est le terme «milieu culturel» qui figure
précisément.
À ce chapitre, en tant qu'acteur de premier plan
en musique classique et étant le plus important employeur du domaine au Québec ainsi que fier ambassadeur
culturel partout dans le monde depuis 81 ans, l'OSM se rend disponible pour contribuer à la gestion du Conservatoire
de musique et d'art dramatique en siégeant à son conseil d'administration
en tant que membre issu du milieu. Si telle est la recommandation de la ministre de la Culture et des Communications, nous
croyons que notre expertise et notre vision serviraient les intérêts de
l'ensemble des jeunes artistes qui fréquentent le conservatoire.
C'est évident
qu'en plus des modifications proposées par le projet de loi n° 48
et commentées précédemment nous avons
constaté un changement majeur quant à la répartition de ses membres. En effet,
on voit une diminution du nombre de
membres internes du conservatoire au profit de la nomination de plusieurs
membres issus de l'extérieur de l'organisation. La volonté d'apporter une expertise
nouvelle en matière de saine gestion et de planification stratégique, qui
pourrait provenir, par exemple, du milieu des affaires, est louable. Cependant,
nous nous sentons interpelés par le fait que, conséquemment,
le choix de diminuer la représentation
des membres de l'interne du conservatoire, qui sont réellement impliqués dans les affaires courantes de
l'institution, a donc dû être fait. Ainsi, on passe de deux directeurs
d'établissement de la musique à un seul, tout comme c'est le cas au
niveau de l'art dramatique.
• (11 heures) •
Le Président (M. Kotto) :
Merci beaucoup, Mme Careau, merci. Votre temps est écoulé.
Mme Careau (Madeleine) : Hein? Au
secours!
Le Président
(M. Kotto) : Vous allez pouvoir élaborer pendant les échanges
qui vont commencer. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Careau
(Madeleine) : On est désolées, on croyait qu'on avait 20 minutes,
alors je vous demande pardon.
Le Président (M. Kotto) :
Non, il n'y a pas de quoi.
Mme David
(Outremont) : Alors, merci beaucoup. On aura l'occasion,
effectivement, de revenir sur un certain nombre de choses. Alors, désolée, moi aussi, souvent je me fais, comme
ça, interpeller. Alors, on a beaucoup de choses à se dire. D'abord, merci d'avoir pris le temps de venir et de faire ce
mémoire, qui est très élaboré, qui comporte plusieurs propositions.
Alors, j'irai tout de suite vers, peut-être, un certain nombre de questions, de
préoccupations.
Vous parlez
beaucoup de la composition des membres du conseil d'administration en disant...
Là, vous étiez sur le point de
parler, effectivement : membres internes, membres externes. Et j'aimerais
pouvoir peut-être faire une sorte de parallèle avec le conseil
d'administration de l'OSM lui-même. Et vous dites : Il faut que les gens
aient une réelle expertise en musique, en
art dramatique, il faut qu'il y ait un étudiant de musique, un étudiant d'art
dramatique. Si je faisais le parallèle... Mais c'est toujours boiteux,
ces parallèles-là, mais je veux quand même vous entendre, parce que vous le
pratiquez, le conseil d'administration de l'OSM. À ce que je sache, le
président est loin d'être un musicien ou un comédien, quoiqu'en politique on a
toujours besoin d'être un peu en bonne représentation, mais il y a, il me
semble, plusieurs gens d'affaires, il y a
des gens qui sont... Et donc vous avez jugé, bon, que c'était extrêmement
important d'avoir une représentation
de l'externe pour, entre autres, parler de l'OSM, faire des représentations
auprès du gouvernement, auprès des bailleurs de fonds, mais des
philanthropes, etc.
Et, si on
allait au niveau des musiciens — qui serait peut-être mon parallèle très
boiteux avec le conservatoire — on dit : Un
en art dramatique, un en musique, est-ce qu'il faudrait un de chaque discipline
musicale au C.A. de l'OSM : un en piano,
un en violon, un en hautbois, l'organiste formidable, etc.? Comment vous
trouvez que, dans votre expérience d'une institution hautement reconnue musicalement, vous réussissez à faire,
justement, cet équilibre, pas toujours évident, entre la représentation
interne et la représentation externe?
Le
Président (M. Kotto) : Mme Careau.
Mme
Careau (Madeleine) : Bien, d'abord, l'OSM est un peu différent. C'est
une organisation privée, bien qu'à but
non lucratif, et le rôle du conseil d'administration... Le conseil
d'administration s'est d'abord doté comme politique de ne jamais intervenir dans le contenu musical de
l'orchestre, n'a absolument pas à intervenir dans la programmation. Le conseil d'administration a pris bonne note des
remarques parfois. Nos musiciens sont présents au conseil, sont représentés,
mais vraiment le conseil d'administration
gère les affaires de l'orchestre, c'est-à-dire se préoccupe des finances, se
préoccupe de la gouvernance, approuve
le plan stratégique, approuve les budgets, bien entendu, donc, et les affaires
musicales sont faites par la
direction générale et par la direction musicale, qui est maestro Nagano, une
façon de fonctionner qui existe depuis
des années. Moi-même, j'étais à l'Orchestre symphonique de Québec au tout début
de ma carrière il y a 40 ans, et puis ça fonctionnait comme ça.
Donc,
c'est pour ça que la composition de notre conseil d'administration ne reflète
pas vraiment une expertise. Le rôle
que le conseil s'est donné, c'est la bonne gouvernance, s'assurer des budgets,
s'assurer des équilibres, s'assurer des
représentations auprès des gouvernements, s'assurer également de nous aider à
trouver le financement pour nos projets, mais de ne pas intervenir du tout dans le contenu et dans la
programmation. Je pense que c'est sage. C'est la raison pour laquelle
nous avons un directeur musical, et je crois que c'est sage de la part du
conseil.
Donc,
ça se compare très difficilement. D'après ce que j'ai pu comprendre, dans le
projet de loi n° 48, le conseil d'administration aura un rôle déterminant
dans le développement des affaires d'enseignement des conservatoires. Autrement dit, il jouera un rôle carrément dans le
coeur de l'action des conservatoires. Alors là, si c'est le rôle qu'on donne
au conseil... C'est pour ça que, pour nous,
il est impératif qu'il y ait des gens qui aient des connaissances en la
matière. Si le conseil était comme
celui des Grands Ballets canadiens, ou le nôtre, ou ailleurs, un organisme qui
soutient financièrement et en termes
de gouvernance, ce serait autre chose. Mais nous, on a cru comprendre que le
conseil des conservatoires allait intervenir clairement dans le
déroulement des affaires du conservatoire, donc l'enseignement.
Le Président (M.
Kotto) : Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, merci beaucoup des précisions, parce que ça
éclaire ce que je crois être une sorte
de malentendu, parce que, dans ma... pas seulement la mienne, mais la vision en
général des conseils d'administration, même dans ce cas-ci, on essaie de
s'inspirer, oui, des réseaux universitaires, collégiaux, mais aussi de la Loi
sur la gouvernance des sociétés d'État avec
les trois comités : vérification, etc., gouvernance, éthique, et tout ça.
Et ça a été dit précédemment à
d'autres groupes qui sont venus nous voir que, j'oserais dire, même le C.A. du
conservatoire fait de la gestion, de
la philanthropie, s'assure que le conservatoire suit son plan stratégique.
Mais, peut-être, là où il y a le malentendu, c'est que moi... pas juste moi, mais le projet de loi qui est présenté
veut justement faire une grande place à la commission des études et à la filière pédagogique, qui serait
l'équivalent, pour vous, de la direction artistique. Il y a un directeur des
études, qui aura un rôle, oui, certes, au
C.A., mais qui aura... qui sera même un membre votant, ce qui n'était pas le
cas, mais là il va être un membre votant, membre à part entière, mais il
va avoir ses instances à lui, qui pourrait être votre équivalent de direction
artistique.
Et
c'est peut-être pour ça que je suis un peu entre les deux, entre la vision que
vous présentez et la vision plus de
l'OSM versus la vision plus académique du conseil d'administration du
conservatoire. Ce n'est pas qu'académique, même si, là, on aura
peut-être à discuter jusqu'à quel point ils s'investissent dans l'académique
comme tel ou que la commission des études
aurait une réelle imputabilité, il y a des choses dont on pourra discuter
là-dessus. Mais il y a vraiment la
fonction identique à celle du C.A. de l'OSM, qui est vraiment le lien avec les
bâilleurs de fonds aussi. Parce qu'on espère qu'ils ont une fondation,
alors on veut aussi qu'ils fassent du travail là-dessus.
Ce
qui m'amène à une question, peut-être, qui est évoquée. Vous présentez et vous
offrez gentiment votre entière collaboration,
y compris une place au sein du C.A., ce qui est intéressant. Effectivement,
l'OSM a été fondé en même temps par le... entre autres par Wilfrid
Pelletier, mais... par Wilfrid Pelletier, et donc il y aurait un lien — et
vous le dites beaucoup dans votre
mémoire — tout à
fait naturel entre le conservatoire et l'OSM. Il y a énormément de diplômés
du conservatoire qui sont recrutés tant à
l'Orchestre symphonique de Montréal qu'à l'Orchestre Métropolitain, entre
autres, et d'autres orchestres,
Québec, Trois-Rivières, etc., mais, selon vous, est-ce que le partenariat
conservatoire-OSM est optimal? Et, si je vous pose la question, c'est
que, d'après moi, il pourrait être développé encore plus, puisque ce sont deux créatures de la même... qui ont été
réfléchies en même temps, qui sont des joyaux, effectivement, de notre société,
qui l'étaient à l'époque et qui le sont encore.
Qu'est-ce
qu'on pourrait faire de plus entre les deux pour que ça marque vraiment... Et
pourquoi l'OSM sur le C.A.? Oui,
peut-être l'OSM, mais que l'OSM, ou d'autres institutions culturelles
importantes? Ça pose, dans le fond, la question.
Puis je vous remercie de votre disponibilité pour faire ce lien, peut-être, qui
pourrait être plus développé entre l'OSM et le conservatoire. Mais je
voudrais peut-être vous entendre là-dessus.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Careau.
• (11 h 10) •
Mme
Careau (Madeleine) : Bien, c'est-à-dire que... Pas que l'OSM, non,
bien sûr. L'OSM en tant qu'employeur... 35, je crois, de nos musiciens... 33 ont été formés dans les
conservatoires et plusieurs enseignent encore dans les conservatoires
régulièrement. Et puis, vous savez, quand on fait des auditions et qu'on
recrute, le principe de l'OSM, c'est de faire d'abord
des auditions nationales, espérant trouver, et, si on ne trouve pas, seulement,
on va à l'international. Mais un étudiant montréalais, québécois, de Sherbrooke, peu importe, pourrait également
se présenter à l'audition internationale s'il a raté l'audition
nationale. Donc, on essaie le plus possible de recruter des élèves d'ici.
Alors,
pourquoi être au conservatoire? Ce serait peut-être pour être un peu la voix du
futur employeur qui regarde la
formation et qui dit : Bien, si on forme dans ce sens-là, ces jeunes-là
vont pouvoir trouver du travail chez nous, ils vont être de niveau et de calibre pour les auditions.
Ce n'est pas du tout prétentieux. Mais même plusieurs de nos musiciens enseignent dans les conservatoires et, bien
entendu, ils forment leurs élèves
pour qu'ils puissent un jour être acceptés aux auditions de l'OSM et y
occuper un poste. Mais c'était plutôt dans cet esprit-là, un.
Deuxièmement, je pense que... M. Nagano, maestro Nagano a dirigé l'orchestre du
conservatoire l'année dernière. Ça a
été un grand succès. Je crois que les élèves ont apprécié. Ce qu'on a entendu
dans les couloirs de ce concert, c'est : Ça a valu un «crash
course» de trois mois d'enseignement de jeu d'orchestre, ces deux jours passés
avec M. Nagano.
Donc, pour
toutes ces raisons, pour que peut-être l'enseignement soit très branché sur la réalité future de ces
jeunes étudiants qui, je pense, la plupart d'entre eux... pas qui rêvent
de travailler à l'OSM, mais rêvent de gagner leur vie comme musiciens. Or, il y a un soliste par génération, donc on peut penser
que la majorité d'entre eux qui vont travailler dans le milieu musical
vont travailler dans un orchestre.
Le Président (M. Kotto) :
Mme Desrochers.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) :
Et, au-delà, si je peux me permettre, au-delà de ce que Madeleine Careau vient
de dire, nous essayons de faire profiter les
étudiants non seulement des conservatoires, mais des maisons d'établissement d'éducation, des artistes que
nous faisons venir de partout au monde. Nous croyons que ce contact avec les
solistes, qu'ils viennent des États-Unis,
d'Europe ou d'Asie, est très pertinent dans la formation d'un jeune étudiant.
Alors, nous faisons déjà des démarches, de très bonnes collaborations.
Ce que nous remarquons, c'est qu'effectivement ce maillage entre éducation et
acteurs du milieu des arts de la scène pourrait aller davantage... Et ça mérite
une étude...
Mme David
(Outremont) : Alors, merci beaucoup, parce que je vais exactement aller dans ce sens-là pour ma deuxième intervention. Allons à l'autre extrême, c'est-à-dire le début, les cours préparatoires, où vous parlez... Vous dites,
à la page 10 : «...un programme
d'apprentissage de niveau préparatoire plus élaboré, permettrait à l'enfant,
sans nécessairement devenir musicien, de devenir un citoyen mieux
accompli.»
Et, à l'autre
page — je
sais que vous ne voudrez peut-être pas élaborer puis je ne vous demanderai pas
d'élaborer, mais, comme vous y faites
référence, je peux me le permettre — vous
faites référence à des projets importants que vous avez par rapport à cette préoccupation de la petite enfance et des plus jeunes à être
sensibilisés à la musique. Et, dans ce sens-là,
il est clair qu'on a une institution nationale, qui s'appelle le Conservatoire de
musique et d'art dramatique, qui est une
école qui les prend... c'est comme une école élite, comme je le disais
précédemment, où les jeunes sont pris sans qu'on sache nécessairement que c'est la future élite. Mais il faut non seulement les repérer, les talents, les repérer très jeunes... Ce n'est pas à vous que je vais dire que c'est important.
Comme au tennis, Eugenie Bouchard ne peut pas avoir 45 ans, là, il
faut qu'elle soit très jeune et donc qu'elle ait commencé très jeune. Les Jeux
olympiques, c'est la même chose, le hockey, c'est la même chose, et la musique
et l'art dramatique, c'est la même chose. Il faut les repérer très jeunes, et
il faut les accompagner, et le conservatoire peut les prendre littéralement
très jeunes et les amener jusqu'à devenir Yannick
Nézet-Séguin, ou Robert Lepage, ou tous ceux qu'on a déjà nommés, mais, pour
ça, ça prend un modèle d'accompagnement
extrêmement sérieux. Le modèle, qui est un modèle très
européen, d'accompagnement dès le plus jeune
âge, ça n'existe pas ailleurs, ça. C'est : tu fais... tu peux avoir ton
professeur privé, puis après ça tu vas aller au cégep, à l'université.
Là, tu peux les prendre très jeunes et les accompagner jusqu'à ce qu'ils
sortent avec le premier prix du conservatoire.
Dans le
contexte de votre propre préoccupation quant à cet arrimage culture-éducation, j'oserais
dire, qui est une de mes grandes préoccupations, comment pourriez-vous
intéresser, intégrer, collaborer avec le conservatoire, qui, lui aussi — et
vous le dites là — a
besoin d'un programme d'apprentissage de niveau préparatoire qui serait
plus élaboré? Est-ce que vous voyez une convergence... certainement de préoccupation, mais une convergence réelle en termes... puisque
les conservatoires, c'est un réseau
national, en plus? Comment on pourrait arrimer mieux vos intérêts et ceux du
conservatoire?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Desrochers.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) :
Oui, d'accord. Alors, d'abord, le rôle des conservatoires est évidemment
un rôle artistique, mais, compte tenu de toute sa présence dans les
régions... Et, on le sait, la musique a un impact sur le développement des enfants, donc aussi un rôle social, je dirais. Dans les préoccupations de l'Orchestre symphonique de Montréal, nous avons cette préoccupation. Nous
accueillons 20 000 étudiants,
jeunes étudiants, chaque année et, dans ce contexte-là, nous les préparons dans les écoles. Nous avons une
équipe qui va dans les écoles et nous constatons qu'une... on fait un travail qui prend de l'ampleur d'année
en année en termes de formation, en termes de sensibilisation de la musique.
Et nous tentons même d'être, au-delà de la
musique, très près du cursus pédagogique. Alors, dans ce sens-là, on pense
qu'il y a une opportunité d'arrimer nos
forces et d'aller au-delà, je dirais, même de l'apprentissage de la musique,
mais de développer ce rôle social des
institutions culturelles et des institutions d'éducation qui sont partout
présentes au Québec, entre autres.
Mme David
(Outremont) : J'ai eu l'occasion de visiter le Conservatoire de Paris,
et qui est au parc de La Villette, à côté de la Philharmonie de Paris, que j'ai rencontrée aussi, j'ai
rencontré les gens de l'orchestre du projet DEMOS. J'ai vraiment été à fond dans cette question de comment
intégrer plus une grande philharmonie dans la cité... mais le conservatoire
aussi. Et ils ont l'avantage, dans ce
cas-là, d'être sur le même terrain. Ils sont vraiment sur le même campus, je
dirais. Bon, il
y a Bercy, mais ça, on oublie ça. Il y a d'autres... il y a La Géode. Mais
ils sont vraiment un à côté de l'autre, et ça favorise énormément de
collaboration.
Je pourrais
dire : À Montréal, vous n'êtes pas sur le même campus, mais vous êtes
quand même dans la même ville, qui
n'est pas si loin, etc. Vous n'avez peut-être pas toutes les antennes en région
que le conservatoire a, mais vous avez,
et je le répète, la même préoccupation, qui est une préoccupation qui concerne
toute la société et toute l'éducation aussi,
c'est-à-dire la formation ou la sensibilisation en très bas âge de la musique.
Mais je ne vous étonnerai pas en disant que la préoccupation commune... On aura plus tard la guilde des
enseignants... des musiciens enseignants, c'est partagé. La
faculté de musique où j'oeuvrais avant était très préoccupée, d'autres
universités aussi le sont, les cégeps aussi : le recrutement est de plus en plus difficile, les
étudiants sont de moins en moins nombreux à se présenter dans les formations,
et les cours au primaire, particulièrement,
et au secondaire sont quasi absents maintenant par rapport à ce qu'ils étaient.
Oui, il y a des programmes formation
musique, les doubles secondaires où on fait des programmes particuliers, mais
ça, ce n'est pas l'ensemble de la
population, c'est des programmes précis. Alors, ça, tout le monde s'inquiète de
ça, c'est clair.
Et quels rôles, donc, peuvent jouer à la fois
l'OSM et les conservatoires... Puis c'est presque du... C'est de la sensibilisation, mais ça vous aide à recruter
après. C'est toute la chaîne de formation musicale dont on doit se préoccuper.
Vous êtes à un bout, le bout le plus
extraordinaire, comme dans l'art circassien, on pourrait dire, Les
7 doigts de la main ou le Cirque
du Soleil. Mais, en amont de ça, ces jeunes-là doivent commencer à
cinq ans, à quatre ans, à six ans. Alors, je veux savoir comment vous vous voyez et comment
vous vous voyez en... je répète ma question, même... elle semble très
importante, avec la question de la difficulté de recrutement et de
sensibilisation.
Le Président (M. Kotto) :
Mme Careau.
Mme Careau
(Madeleine) : Bien, moi, je
n'ai pas fait d'études en musique, mais je suis d'une génération où on...
J'étais notée, quand j'avais cinq ans, en
première année, six ans, là, à la petite école, là, en solfège. On apprenait le
chant, on apprenait la musique, on n'avait pas le choix.
J'ai découvert la musique classique en allant aux matinées de Françoys Bernier, de
l'Orchestre symphonique de Québec. On n'écoutait pas de musique classique à la
maison, donc ce que vous dites là, c'est l'école qui me l'a appris.
Aujourd'hui,
les écoles ne font plus ça du tout. Et ça fait des années, hein, des années que
les institutions culturelles comme
l'OSM, le TNM, on a pris le relais du ministère de l'Éducation pour éveiller
les enfants à la musique. Comme Marie-Josée disait, on en accueille plus
de 20 000 par année. Nos musiciens vont bénévolement dans les écoles, nos bénévoles vont dans les écoles préparer les
enfants qui ont eu la chance d'avoir eu une école qui a acheté un programme
de matinées. On vend des billets, vous
savez, 6 $, 7 $, là, puis c'est le même Orchestre symphonique de
Montréal dans la même maison
symphonique où on vend les billets ce soir, là, peut-être 100 $. Donc, on
a pris le relais, mais c'est sûr qu'on
n'est pas le ministère de l'Éducation et qu'on n'a pas le... ce n'est pas notre
propos. Le propos de l'OSM, c'est de le jouer, le répertoire, de le jouer dans le monde entier, de l'enregistrer,
ce n'est pas uniquement de faire oeuvre d'éducation. On fait le maximum qu'on peut faire, mais c'est
évident qu'on ne remplacera jamais le système de ma petite enfance où on
avait, dans chaque école, des professeurs de musique.
Alors donc,
c'est sûr qu'il faut que le conservatoire et les institutions comme l'OSM
soient très vigilants pour éveiller
les enfants. Il y a des écoles formidables, comme l'école François-Perrault, l'école fait son... on a comme
une majeure en musique, comme il y a
des écoles sport-études, mais c'est clair que c'est une minorité maintenant,
qu'il y a des choses auxquelles on a renoncé dans les écoles, peut-être
pour faire autre chose d'aussi valable, qu'il y ait plus d'enseignement de sciences, qu'il y ait plus d'enseignement de technologies, ce qui est très bien aussi pour vivre
dans le monde d'aujourd'hui. Mais c'est vrai que nous et les conservatoires, on doit se préoccuper
de l'éveil des jeunes pour, d'abord, qu'ils viennent s'inscrire au conservatoire,
puis éventuellement, s'ils ne deviennent pas des musiciens, qu'ils
deviennent, éventuellement, du public, des mélomanes.
Donc, c'est
clair qu'on a un rôle d'ancrage dans la communauté. On essaie de le
faire du mieux qu'on peut. Nos musiciens
le font souvent bénévolement. On joue dans les parcs, on joue au Stade
olympique, on joue partout. On essaie de diffuser la musique classique
et d'éveiller le goût, mais on ne peut pas, si tant est... on n'est pas une organisation
d'enseignement.
• (11 h 20) •
Mme David (Outremont) : ...le faites de façon remarquable et
remarquée, et c'est formidable. Vous avez... Je reviens sur... Qu'est-ce que vous voulez dire par «programme
d'apprentissage de niveau préparatoire plus élaboré»? Est-ce que vous faites référence directement au conservatoire qui pourrait, je ne sais pas, changer son approche,
changer sa façon de faire? C'est vraiment une question, parce que je ne
sais pas exactement, là, moi aussi.
Le Président (M. Kotto) :
Mme Desrochers.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) :
Oui, parfait. En fait, vous disiez que nous étions à l'autre bout du spectre,
mais ce que nous constatons, c'est
que, de plus en plus, nous avons un rôle... je ne voudrais pas dire d'éducation, mais au sens d'accompagnement des élèves, et ce, à un très
jeune âge. Et l'élaboration n'est pas nécessairement dans le cursus pédagogique, mais nous sentons que nous devons
accompagner les jeunes de plus en
plus et non seulement les inviter aux concerts de
musique classique. Mais ce maillage-là entre l'apprentissage de la musique,
l'apprentissage d'un instrument et
une grande institution comme celle de l'OSM dans l'élaboration d'un programme, nous sentons que ça devrait être un axe de réflexion pour le futur, pour avoir des citoyens
qui vont encore fréquenter les salles de concert dans 20, 25 ans. Alors,
dans ce sens-là, l'élaboration d'un programme musical nous semble importante.
Donc,
l'échange entre une organisation artistique qui présente des concerts et qui a en
son sein des musiciens et des écoles
qui donnent des cours de musique ou moins, justement... Donc, il faut
avoir un meilleur échange entre les deux, non seulement au sein de l'organisation
de la pratique d'un instrument, mais de la communication entre les deux.
Mme David (Outremont) : Alors, écoutez, il y a peut-être eu un malentendu, parce que moi, je pensais que
vous parliez du conservatoire en disant qu'il devrait avoir un programme
plus élaboré. Le conservatoire forme les enfants, il les forme, il donne des
cours. Vous, vous ne donnerez jamais de cours, sauf si vous décidez de faire
une... de vous transformer en école, en
camps d'été, en trucs comme ça, mais vous ne prendrez pas l'enfant à
cinq ans, l'amener à 18 ans puis
de faire passer tous les examens, les cours de solfège, dictée, etc. Enfin,
moi, ce que je vois, c'est que le conservatoire a le mandat, la mission
de formation, et l'ensemble des institutions culturelles ont des missions de sensibilisation,
de communication. Mais c'est en ça que je vous vois, tous les deux dans ce
cas-ci, là, mais tous les orchestres, très complémentaires
les uns des autres. Et, comme le conservatoire doit recruter plus d'enfants au niveau préparatoire, mais ça, c'est à toutes les semaines, là, des cours,
là, tu sais, ton cours de piano, ton cours de... mais il y a de la solfège,
dictée, harmonie, il y a des petits
ensembles, il y a... Et c'est tout ça qu'offre le conservatoire, même aux plus
jeunes. C'est dans ce sens-là que je verrais la complémentarité, très,
très importante, entre les deux. Voilà.
Le Président (M. Kotto) :
Merci, Mme la ministre. La parole est à l'opposition. Mme la députée de
Joliette.
Mme
Hivon :
Bonjour. Merci beaucoup pour votre présentation, c'est très enrichissant. Je
vous remercie d'avoir accepté notre invitation et de venir partager
votre point de vue avec nous. Se dégage, de manière générale, de votre présentation, de votre mémoire, une volonté, je
dirais, de bien distinguer la mission art dramatique de la mission musique.
Le Syndicat des professeurs de l'État est
venu aussi, en ce qui concerne la question de la commission des études, nous
dire que le statu quo était préférable, donc
d'avoir deux commissions — une pour la musique, une pour l'art dramatique — plutôt que la structure qui est
suggérée dans le projet de loi n° 48.
Mais vous,
vous allez encore plus loin, vous poussez cette distinction-là. Par exemple,
par rapport à la loi actuelle, vous
dites qu'on devrait avoir deux
directeurs des études, un pour chaque domaine. J'aimerais comprendre, peut-être
pour les deux enjeux, là, direction
des études, commission des études, quoique ça peut se rejoindre, qu'est-ce qui vous motive à dire qu'il
faudrait vraiment consacrer les deux missions de manière très distincte?
Le Président (M. Kotto) :
Mme Desrochers ou Mme Careau? Mme Desrochers.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) : Merci. Alors, l'article 39 ne nous
semblait pas très clair dans la façon dont c'était libellé. Alors, notre souci, là où on a été interpellés, c'est
sur les objectifs. Que ce soit une commission, deux comités, deux commissions, on laisse le soin de ça à votre
réflexion, mais il nous apparaissait important, à tout le moins, que la commission des études représente les spécificités
des deux disciplines, deux disciplines qui sont très différentes par la composition, même géographique, et par les études,
la musique, qui commencent très en bas âge, et l'art dramatique, qui est au
niveau supérieur. De la façon dont c'était écrit, on parlait d'une commission,
on parlait de deux comités, et ensuite on
revenait à une commission avec neuf membres, et on en distinguait sept. Donc,
ça, ça ne nous apparaissait pas très clair,
et peut-être, là, même le processus interne... on n'est pas allés dans cette
direction-là, mais le processus interne entre la commission et le C.A.,
peut-être également moins. Donc, notre souci est vraiment de s'assurer, dans
cette loi, que, dans la commission
des études, qui est vraiment le coeur du propos aujourd'hui, les spécificités
des deux disciplines soient représentées, et ça ne nous semblait pas
être le cas de la façon dont c'était écrit en ce moment.
Mme
Hivon :
Donc, vous n'avez pas une demande formelle à deux commissions d'études comme
c'est le cas actuellement. Parce
qu'en ce moment il y en a deux, donc chacune est formée de ses membres, une
pour musique, une pour art
dramatique. Je veux juste bien vous suivre, parce qu'après, quand on le
travaille, on veut être sûrs d'avoir bien compris toutes les nuances,
c'est pour ça que vous êtes ici. Il y a ça, cette demande-là, qui était... Le
groupe qui vous a précédées avait vraiment
la demande de maintenir le statu quo de la loi actuelle, deux commissions.
Vous, est-ce que vous nous
dites : Oui, peut-être maintenir le statu quo, mais ce n'est peut-être pas
nécessaire, mais ce qu'on veut, s'il y a une seule commission, c'est que les deux spécificités soient bien
reconnues? Donc, vous nous laissez la marge de manoeuvre.
Mme Desrochers (Marie-Josée) : Donc,
c'est la deuxième option. C'est la deuxième option, oui.
Mme
Hivon :
O.K. Et ce qui vous amènerait, là — je veux bien comprendre aussi — à l'article 39.12, quand on parle de comment la commission est formée, on dit
le directeur des études, ensuite on dit deux directions d'établissement.
Donc là, vous souhaiteriez qu'il y en ait un
de chaque discipline — c'est ça? — deux enseignants, même chose, un de chaque discipline, que
ce soit vraiment consacré dans la loi, qu'il n'y ait pas la marge de manoeuvre
de décider?
Mme Desrochers (Marie-Josée) : Vous
faites référence aux neuf membres?
Mme
Hivon : Oui. Je
suis à...
Mme
Desrochers (Marie-Josée) : Oui, exactement. Et ce que nous, nous
n'avions pas compris, c'est que ces neuf membres-là... comment ils
s'intègrent dans les deux comités. C'est comme si, dans un paragraphe, on
parlait de deux
comités puis ensuite on ne faisait plus référence aux deux comités et on
parlait des neuf membres. Et on parle
de neuf membres et on en nomme sept.
Donc, ça nous semblait important de vous le porter à votre attention
aujourd'hui, compte tenu que c'est un point très important de cette loi.
• (11 h 30) •
Mme
Hivon : Vous avez
complètement raison. En fait, le coeur de la loi, c'est de revoir la
gouvernance, de moderniser la gouvernance.
Donc, c'est pour ça que ça peut avoir l'air très technique pour les milliers de
personnes qui nous écoutent, mais c'est quelque chose de très important,
d'insister sur ces aspects-là quand on entend les groupes.
Donc, en
fait, je vais vous expliquer ma compréhension. C'est ça qui est toujours
fascinant, comment on procède à
l'Assemblée nationale — des fois, on pourrait réfléchir à améliorer les choses — c'est qu'on entend les groupes mais
avant même d'avoir eu une discussion, je vous dirais, générale sur le projet de
loi pour vraiment mieux comprendre, peut-être,
l'intention de la ministre, et tout ça. Donc, c'est pour ça qu'on le découvre,
nous aussi, avec vous, puis on clarifie certaines choses. Mais, de ce que je comprends, c'est qu'il y a une
commission, mais il va y avoir... dans la proposition, il y aurait deux
comités. Et donc ces comités-là ont une vie plus informelle, c'est ce que le
groupe... le Syndicat des professeurs disait
avant. La composition des sous-comités n'est pas, elle, prévue, c'est comme le
règlement qui viendrait déterminer
ça, et elles alimentent, de ce que je comprends, en quelque sorte, la
commission, dont elle, la composition,
est vraiment très précisément prévue, mais pas tant que ça, puisque,
comme vous le dites, il y a deux postes qui ne sont pas identifiés. Ça, c'est pour donner une marge de manoeuvre dans la formation, de ce
que je comprends, puis effectivement on
ne partage pas les deux spécificités en termes de mission. Donc, vous, vous nous dites... Puis je ne
veux pas mettre des mots dans votre
bouche, mais, si je vous explique que c'est comme ça, un peu, l'idée, puis...
Enfin, j'imagine, là. La ministre ferait peut-être des gros yeux si ce n'était pas ça du tout, ou
elle voudrait le dire. Mais en fait c'est un peu ça, l'idée, la proposition. Est-ce que
je comprends donc que vous, vous dites : Bien, les comités, si c'était ça,
il faudrait aller plus loin, prévoir
leur composition si on ne maintient pas deux commissions séparées, un peu comme
le groupe avant vous?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Desrochers.
Mme
Desrochers (Marie-Josée) :
Merci. Ce qui est important, effectivement, pour nous, ici aujourd'hui, c'est de s'assurer que les objectifs vont être rencontrés.
Donc, on vient d'en discuter. Maintenant, il y aurait peut-être lieu effectivement
de documenter dans un autre document, comme vous le disiez, les processus afin
de s'assurer du bon fonctionnement et du succès de cette structure qui sera
mise en place.
Mme
Hivon : O.K. Pour ce
qui est du conseil d'administration, c'est
ça, c'est un autre élément important
de la révision de la gouvernance, c'est-à-dire d'augmenter les membres
externes par rapport aux membres internes, parce qu'il y a vraiment
une volonté... je ne sais pas si le terme est bon, là, mais de
«professionnaliser», en quelque
sorte, le rôle du conseil
d'administration, sa mission, il y a un
comptable, nommément, qui doit être sur le conseil d'administration, donc
en faire vraiment une entité de gouvernance propre. Donc, c'est ce qui explique
l'idée qu'il y a un rééquilibrage qui se fasse et donc plus de membres
externes.
Je comprends
que vous, vous avez une certaine inquiétude par rapport à ça, et je voulais
comprendre si, malgré ou à la lumière
des explications que la ministre a fournies, c'est-à-dire que, bien, il y a une
volonté un peu que la mission plus études, bon, vie pédagogique soit
alimentée en marge avec, bon, des comités, des sous-comités, puis le conseil d'administration peut-être va aller vers une
vocation plus de gouvernance... Est-ce que vous estimez quand même qu'il
devrait y avoir un meilleur équilibre avec des gens qui ont une connaissance
spécifique du milieu culturel, du milieu de la musique, dans la
composition, là, qui est actuellement prévue dans le projet de loi?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Careau.
Mme Careau
(Madeleine) : Oui. Bien, c'est-à-dire que, oui, effectivement, si la
musique et l'art dramatique sont bien
gardés, protégés et pris en compte par la commission, la commission d'études,
et les comités, le conseil d'administration peut avoir un rôle davantage, comme Mme la ministre l'expliquait,
philanthropique, gouvernance, et tout ça, et que les décisions pédagogiques, les décisions de contenu
soient davantage prises par des instances comme la commission des études et les comités... et sera quand même
apportée, j'imagine, à l'approbation du conseil d'administration. Tu sais,
c'est une chose aussi qu'on a plus ou
moins bien comprise : Quel était le rapport entre les comités du conseil
et le conseil? Nous, si on reprend
l'exemple de l'OSM, nos comités, nos présidents de comité sont tous membres du
conseil d'administration. Mieux, ils
forment le comité exécutif. Parce que, si on a des experts qui vont faire les
ressources humaines, des experts en planification
stratégique ou des experts en quoi que ce soit, en audit, c'est clair que c'est
eux qui font rapport au conseil et qui éclairent la réflexion et les
décisions du conseil.
Bon, ça,
c'est un autre sujet par rapport à celui que vous demandiez, Mme Hivon, mais
c'est sûr que, pour nous, l'important,
c'est que le contenu, le contenu soit vraiment mis de l'avant, que les
conservatoires, le Conservatoire de musique et d'art dramatique, ce sont, d'abord et avant tout, des institutions
d'enseignement dont la mission fondamentale est de prodiguer cet enseignement-là, et que, si les
décisions sont prises par un conseil d'administration, il faut que la
commission puisse avoir accès
facilement au conseil et puisse faire défendre et faire valoir ses projets.
Parce que plus le conseil va être composé,
comme à l'OSM, de gens externes qui viennent du milieu des finances, qui
viennent du milieu des affaires, qui viennent
des bureaux d'avocats... Ils sont moins bien placés pour évaluer les contenus.
Alors, il faut voir quel rôle on va donner
au conseil d'administration dans les décisions de contenu. S'il est pour avoir
un rôle majeur, bien, à ce moment-là, il
faut que les membres externes soient vraiment des gens qui connaissent la
musique et l'art dramatique. Sinon, si c'est un rôle philanthropique ou de gouvernance, c'est
moins préoccupant, effectivement. Ça peut être des gens spécialisés en
philanthropie et en gouvernance. Et nous, on en bénéficie beaucoup, à l'OSM, de
ce genre de personnes là.
Mme
Hivon :
O.K. Très bien, merci. Et tantôt vous avez rapidement parlé... À
l'article 15.3°b, on parle spécifiquement qu'il doit y avoir deux
personnes en provenance du milieu culturel, puis là ce qui est proposé comme libellé, c'est «ayant une expertise comme
interprète, créateur, producteur ou diffuseur d'oeuvres artistiques». Est-ce
que ça, c'est une formulation qui
vous convient, ou vous préféreriez qu'il y ait quelque chose de plus
spécifique — c'est ce
que je croyais comprendre, mais vous
n'avez pas élaboré beaucoup là-dessus, là — pour qu'il y ait vraiment des gens... quand
on parle du milieu culturel, que ça ne soit
pas milieu culturel, je dirais, tous horizons confondus, mais vraiment musique
et art dramatique encore, ou, si ça, vous
estimez que ça donne une latitude qui peut être souhaitable, ou, au contraire,
vous iriez plus dans le spécifique?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Careau.
Mme Careau
(Madeleine) : Non, moi, je dirais : Musique et art dramatique
spécifiquement. Ça va en lien avec ce qu'on disait, c'est-à-dire qu'on
veut que le conseil d'administration ait une expertise s'il est appelé à
prendre des décisions quant au contenu.
C'est clair que ça va prendre... Ça ne prend pas des gens du milieu de la danse
forcément, même si c'est des
disciplines connexes, ou ça ne prend pas des gens... Sous prétexte que
quelqu'un est membre du conseil d'administration
de l'OSM... Un avocat de grand talent, il n'est quand même pas quelqu'un du
milieu sous prétexte qu'il est membre
du conseil d'administration de l'OSM. Alors donc, c'est dans cet esprit-là,
nous, qu'on disait que ce soient des gens qui soient bien au fait de la
discipline sur laquelle ils auront à prendre des décisions d'orientation.
Mme
Hivon : O.K. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme la députée de Joliette. La
parole est maintenant à la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Ce que je retiens
beaucoup de votre présentation, en
tout cas ce qui semble vous tenir à coeur, c'est que la musique soit
représentée d'une façon directement proportionnelle à la population musicale des conservatoires, que
les compositions des conseils des commissions soient représentatives du
fait que la majorité des étudiants étudient la musique au conservatoire. Est-ce
que j'ai mal lu?
Mme
Desrochers (Marie-Josée) : Bien, la majorité... En fait, on revient
aux objectifs de ce dont on parle depuis un peu les dernières minutes, c'est-à-dire les spécificités. Parmi les
spécificités, il y a celle que vous venez de mentionner, entre autres.
Mme Careau
(Madeleine) : Il faut savoir aussi que la musique... les
conservatoires enseignent la musique à partir du très bas âge dans
toutes les régions. Le Conservatoire d'art dramatique, c'est des diplômes
d'études supérieures à Montréal et à Québec.
Alors, comme Mme la ministre faisait référence tout à l'heure au Conservatoire
de Paris, il ne faut pas oublier que
c'est un conservatoire supérieur, comme celui de Lyon, et qu'il y a, partout en
région, des conservatoires nationaux.
Donc, on n'a
pas ça, au niveau du Conservatoire de musique. On a un conservatoire de
musique... celui de Montréal peut-être,
qui dessert une plus grande population que celui de Sept-Îles, mais pas
forcément une différence, alors qu'en Europe
on va... Donc, oui, il y a plus de gens qui apprennent la musique, mais
peut-être parce que les conservatoires sont plus ancrés un peu partout
en région et prennent surtout les enfants beaucoup plus jeunes que le
Conservatoire d'art dramatique, oui.
Mme Samson : Question rapide, après
ça je vais laisser la parole à mon collègue. Quand vous parlez de vos recommandations, vous souhaitez vous impliquer...
ou possiblement que l'orchestre soit impliqué au conseil d'administration,
bien, je vais vous poser une question bête
et méchante, là. Vous avez des partenariats avec les conservatoires et, si vous
étiez membres du conseil d'administration, compte tenu de ces partenariats que
vous avez avec les conservatoires, si l'orchestre
siégeait au conseil d'administration, est-ce que vous croyez que vous pourriez
vous retrouver en conflit d'intérêts jamais, occasionnellement ou
fréquemment?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Careau.
Mme Careau
(Madeleine) : Je
dirais : Très peu. Parce
qu'honnêtement une bonne partie de nos musiciens sont issus des conservatoires et y enseignent. Ils sont
également issus des écoles de musique des universités et y enseignent. Ils sont également issus d'un peu partout. L'OSM,
c'est un peu comme une société des nations, là, de la musique. Nos gens viennent de partout, ils viennent du Québec,
ils viennent du Canada, ils viennent de l'étranger. On a une expertise de
diffusion, en musique classique, qui est
assez exceptionnelle. Nous, on connaît le marché, là, on fait des tournées, on
fait des enregistrements, on remplit des salles toutes les semaines.
Donc, je
pense que notre expertise irait bien au-delà du potentiel conflit d'intérêts.
Je pense que notre seul intérêt serait
que l'enseignement de la musique soit tout à fait adapté au marché
d'aujourd'hui, soit aux conservatoires... Mais on ne se positionne pas, là, on ne cherche pas du travail, on n'en
manque pas beaucoup, mais on pense qu'il faut qu'il y ait un diffuseur important
qui soit aux conservatoires, ne serait-ce que pour donner une connaissance
réelle du marché qui va être en fait l'aboutissement de la vie
d'étudiant de ces jeunes-là.
• (11 h 40) •
Mme Samson :
Je vous remercie, M. le...
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Tout à l'heure, dans votre présentation, vous avez déploré le fait que, d'après vous, il y avait
de moins en moins d'enseignement à la musique. Vous faites référence à quelle
époque, et dans le curriculum du primaire, du secondaire? Vous parlez en
nombre d'heures? J'aimerais ça que vous précisiez votre pensée à ce sujet-là.
Le Président (M.
Kotto) : Mme Careau.
Mme
Careau (Madeleine) : Non,
non, mais je disais moi, quand j'étais petite fille, là... Moi, j'ai 65 ans,
alors, quand j'étais petite fille à l'école, à cinq ans, tu sais, il y a
60 ans, j'apprenais la musique. Aujourd'hui, je sais qu'on n'enseigne plus la musique. Puis, depuis des
années, on n'enseigne plus le solfège, on n'enseigne plus le chant, on n'enseigne
plus la musique. Les écoles acceptent
d'acheter à l'occasion et d'amener leurs élèves aux matinées jeunesse ou aux
matinées théâtrales, donc c'est sûr
que la connaissance de la musique est moins inculquée au plus grand nombre
qu'elle l'était. Par contre, les
conservatoires qui sont bien un peu partout en région prennent des jeunes, très
jeunes, mais ils ne font pas le relais,
là. Quand on est une classe de 20 enfants ou 25 enfants en première
année ou en deuxième année au primaire, puis qu'on apprend le solfège, puis on a même un examen, ce n'est pas la même
chose que d'aller une fois par année aux matinées ou deux fois par année
aux matinées symphoniques.
Alors,
c'est des décisions qui se sont prises je ne sais pas où ni quand, là, mais
c'est un fait. Puis c'est un fait pour les
matinées théâtrales, la même chose, des compagnies de théâtre vous diraient
qu'il ne s'enseigne plus l'art dramatique dans les écoles, que c'est les compagnies maintenant qui font office de
diffuseur de la connaissance de l'art dramatique en amenant les enfants
aux matinées théâtrales, ce n'est plus le ministère de l'Éducation.
Le Président (M.
Kotto) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Je vais vous
corriger un petit peu : Mais, au primaire en ce moment, chaque enfant qui
passe à travers le primaire doit être
initié à deux formes d'art, et normalement il y a arts plastiques et une autre forme d'art choisie
par le conseil d'établissement. Alors, pratiquement tous les enfants font de l'art plastique, qu'on
appelle des fois bêtement le bricolage, mais ça va plus loin que ça.
Dans
certaines écoles, tout le long du primaire, ce n'est que de la musique. Dans
d'autres écoles, ils vont faire... souvent, ça va être... ils vont en faire
deux : musique et danse ou musique et art dramatique. Mais, de ce que je
sache, il n'y a pas moins d'art. Enfin, si
on recule d'au moins 30 ans, disons, à partir des années 70, il n'y a pas
moins d'art dans les écoles primaires
en 2015 qu'en 1975. Par contre, il est possible qu'il y ait
un peu moins de musique, parce que le choix des volets artistiques
enseignés au primaire a été laissé aux conseils d'établissement, et d'habitude
ils gardent arts plastiques. Quoique ça ne
serait pas obligatoire, ils pourraient faire art dramatique et danse ou art
dramatique et musique ou ne faire...
Même musique et danse pourraient très
bien être choisies dans le respect du
curriculum. Mais juste... Je me dis, à moins qu'il y ait quelque
chose que j'ai manqué, là, mais il n'y a pas moins d'heures qu'il y en avait.
Mme
Careau (Madeleine) : Mais
c'est sûr qu'il y a moins d'enseignement de la musique. Mais je vous crois qu'il y
a autant d'enseignement d'arts, ça, je vous crois.
M.
Roberge : Je pense que c'est
ça : la compétition a augmenté un peu parce qu'on a entré art dramatique.
Donc, peut-être que, si on changeait de gens ici, il y a peut-être des gens qui pourraient se
féliciter du fait qu'il y a plus d'art dramatique
en 2015 qu'en 1975, mais, bon, comme on n'a pas ajouté d'heure, bien, là où une
forme d'art est peut-être moins présente, une autre a pris la place.
Mais je voulais simplement préciser ça, merci.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, M. le député de Chambly. Alors, il restait
2 min 30 s, si quelqu'un veut en profiter pour élaborer
davantage, avec le consentement des membres?
Mme David
(Outremont) : Je ne laisserai pas passer deux minutes pour pouvoir
discuter d'arts, de musique, surtout à la suite de la dernière...
Le Président (M.
Kotto) : Y a-t-il consentement?
Mme David
(Outremont) : Ah! excusez.
Le Président (M.
Kotto) : Il y a consentement?
Des voix :
Oui.
Le Président (M. Kotto) :
Parfait. Il y a consentement, Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, surtout après la dernière intervention, où
vous avez tout à fait raison, effectivement,
c'est que la tarte culturelle s'est divisée et est devenue optionnelle entre
différentes... Et on verra plus tard les
enseignants en musique, effectivement, qui ont peut-être perdu une sorte de
monopole, disons-le comme ça, où il y avait, à une autre époque, l'enseignement obligatoire de la musique, et là
c'est devenu comme une option parmi d'autres. Alors, effectivement, les cégeps, entre autres, parce
que... Les cégeps, les conservatoires, les facultés de musique se plaignent
d'une diminution drastique et que les gens arrivent sans avoir la formation au
préalable, c'est-à-dire d'avoir, bien, les fondements.
Pour entrer dans un programme de baccalauréat en musique ou au conservatoire,
bien, ça prend des fondements théoriques,
des fondements pratiques. Ça prend un certain niveau de connaissances. Et tu ne
peux pas devenir musicien en grattant une guitare, comme ça,
spontanément. Ce n'est pas une génération spontanée, et ça, c'est un autre
débat complètement que mon collègue soulève, c'est-à-dire la place de la
musique dans le cursus scolaire.
Mais
admettons qu'on ne fera pas le débat ici, parce que c'est un débat sur l'éducation et sur l'ensemble des... plus,
moins, est-ce que c'est laissé à la discrétion, etc. Ce n'est pas notre lieu
pour faire ça, mais ça confirme, en
tout cas, dans la mesure où ça ne changera pas dans les
prochaines années, je crois, que les institutions comme le conservatoire
et toutes les institutions culturelles,
comme l'OSM et d'autres, doivent avoir... ont une plus grande responsabilité sociale de cette... vous
l'avez bien dit, de... Vous ne pouvez pas remplacer des cours de flûte en
première année primaire à tous les
élèves, mais vous pouvez les sensibiliser, mais c'est là que le conservatoire
entre en scène, parce que lui doit aller les chercher, et dans ces fameux cours préparatoires, mais qui sont quand même
d'ordre un peu plus optionnel. Il va falloir faire preuve de créativité beaucoup,
autant chez vous que dans les conservatoires ou d'autres, parce que
les parents veulent encore que leurs
enfants aient une sensibilisation, mais, entre ça et devenir un musicien formé
au complet au conservatoire, il y a toute une marge.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme la ministre. Alors, Mme Careau, Mme
Desrochers, merci pour votre contribution aux travaux de cette commission, que
je suspends quelques instants afin d'accueillir les représentants de
l'Orchestre Métropolitain.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
(Reprise à 11 h 53)
Le
Président (M. Kotto) :
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Orchestre Métropolitain.
Je vous rappelle, M. Chaput, que vous
avez 10 minutes pour votre exposé. Ensuite, on enchaînera avec les
échanges avec l'ensemble des membres de la commission. Alors, vous
pouvez vous présenter, bien que je l'aie fait, et puis enchaîner avec votre
présentation.
Orchestre Métropolitain
M.
Chaput (Luc) : Alors, merci beaucoup. Alors, effectivement, Luc Chaput, directeur, Développement des
affaires et opérations à l'Orchestre Métropolitain.
Alors,
l'Orchestre Métropolitain célèbre cette année sa 35e saison. Depuis sa
fondation, il engage des musiciens d'ici,
majoritairement formés au Québec.
L'Orchestre Métropolitain est sous la direction artistique de Yannick
Nézet-Séguin, un chef d'orchestre qui
jouit d'une réputation internationale des plus enviables, dirigeant les plus
grands orchestres à travers le monde et, faut-il le rappeler, lui-même
diplômé du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Lors
des rumeurs de fermeture de certains établissements du réseau des
conservatoires, Yannick Nézet-Séguin et les musiciens de l'Orchestre
Métropolitain ont cosigné une lettre ouverte adressée à la ministre de la
Culture et des Communications, Mme Hélène
David, pour rappeler l'immense qualité de la formation offerte au
conservatoire, qui donne au Québec un
rayonnement exceptionnel même au niveau international, et pour affirmer qu'il
faut non seulement préserver et
assurer la pérennité de cette grande institution, mais aussi lui permettre de
se développer, de s'épanouir et de permettre à ses artisans de se concentrer
sur l'essentiel : l'enseignement aux élèves.
Soulignons
que l'effectif régulier des musiciens de l'Orchestre Métropolitain est
constitué à 55 % de musiciens issus
du conservatoire, et, sur l'ensemble des contrats d'embauche des musiciens
surnuméraires, la proportion est de 50 %. Plusieurs de nos
musiciens font également partie du corps professoral du conservatoire.
L'attachement de
l'orchestre à l'endroit du conservatoire est fortement lié à nos missions
communes que sont l'éducation musicale, l'accessibilité
à la musique et le rayonnement des talents d'ici. Forts de ces données, nous
sommes heureux d'apporter notre modeste contribution aux travaux de
cette commission.
Alors,
sur l'ensemble des modifications proposées, nous soulignons le désir d'une
gestion efficace et ouverte sur la
communauté. L'orchestre appuie sans réserve l'ajout de l'article sur les
possibilités de partenariat et de collaboration sur les plans pédagogique, matériel ou artistique avec d'autres
institutions d'enseignement et de production artistique. Nous croyons fortement à ces collaborations entre
musiciens professionnels et musiciens en formation. Avec le succès et
retombées des expériences passées de collaboration entre nos deux institutions,
nous affirmons haut et fort que le conservatoire pourra toujours compter sur
l'Orchestre Métropolitain pour multiplier les initiatives conjointes.
Dans
le même ordre d'idées, nous saluons également la possibilité pour le
conservatoire de conclure des ententes de services, avec ou sans
contrepartie, avec toute personne ou tout organisme.
En
ce qui concerne la composition du conseil d'administration, nous proposons que
soit étudiée l'idée qu'un des membres
de ce conseil provienne d'un orchestre symphonique professionnel. En tant
qu'orchestre professionnel, nous croyons qu'il serait de notre devoir de répondre
positivement à l'invitation d'être à la table d'un tel conseil
d'administration, ou de tout autre
comité, pour partager notre connaissance de la pratique musicale actuelle dans
un milieu où de nombreux finissants
du conservatoire seront appelés à mettre en pratique la formation acquise au
cours de leurs études au conservatoire. Bien que la mention «en provenance du milieu culturel» inclue les
orchestres professionnels, elle demeure très large et n'assure pas la présence du milieu musical
professionnel. Et bien sûr cette idée pourrait être transposée du côté de nos
collègues du monde théâtral.
En conclusion,
l'Orchestre Métropolitain tient à rappeler l'importance qu'il accorde au développement
du Conservatoire de musique et d'art
dramatique du Québec, et il répondra toujours présent pour seconder la mission
pédagogique de cette magnifique institution mise sur pied à l'initiative
du regretté chef d'orchestre Wilfrid Pelletier en 1942.
Enfin,
l'orchestre remercie chaleureusement les membres de la Commission de la culture
et de l'éducation de lui avoir permis d'exprimer sa voix aujourd'hui.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, M. Chaput. Je vous remercie pour
votre contribution. Maintenant, nous allons enchaîner avec les échanges,
en commençant par Mme la ministre...
Mme David
(Outremont) : Bien, merci...
Le Président (M.
Kotto) : ...pour 20 min 30 s.
Mme David
(Outremont) : O.K. Merci beaucoup, beaucoup de vous être prêté à
l'exercice, au transport, à l'aller-retour,
malgré, j'imagine, bien d'autres activités. Je pense que l'Orchestre
Métropolitain a tout à fait sa place ici pour venir donner son opinion et probablement partager avec nous, avec
les membres de la commission, votre vision de la formation, peut-être votre état des lieux sur la question de la présence
de formation musicale au sens un peu plus large au Québec, parce que ça commence tout petit puis ça finit en s'appelant
Yannick Nézet-Séguin. Mais Yannick a été jeune un jour, et il y a eu un conservatoire sur son chemin, et on connaît la
suite, qui est, je le redis, tout à fait exceptionnelle. Donc, il y a eu un conservatoire présent du début
à la fin de la partie formation... peut-être pas à la fin, mais pour une
grande, grande partie, en tout cas, de la formation.
Et il y a maintenant
l'avenir du conservatoire qui est, j'oserais dire, assez intimement lié aussi à
l'avenir de l'Orchestre Métropolitain, parce
que, quand, vous dites, 50 % de votre orchestre est formé de musiciens du
conservatoire, c'est à la fois l'éloge de la formation du conservatoire...
C'est des auditions à l'aveugle, d'habitude, où il n'y a pas le C.V., puis il n'y pas la photo, puis il n'y a pas tout
ça. Donc, ça veut dire que la formation au conservatoire... On a des dignes
représentants, professeurs ici présents, et on salue le très haut niveau de
formation qui peut être donnée.
Donc,
vous suggérez de vraiment... et je retiens ça, l'Orchestre symphonique a
proposé un peu la même chose, de placer
vraiment, carrément... ou de réserver une place dans le profil de compétence à
un orchestre symphonique, peut-être parce que vous êtes les récipiendaires de
la qualité, dans le fond, des finissants du conservatoire. Vous pensez que
de faire partie, vous, disons, du C.A. de
l'Orchestre Métropolitain pourrait être une valeur ajoutée peut-être, et pour
vous et pour eux?
M.
Chaput (Luc) : Ce n'est pas tellement pour nous ou pour eux, c'est
toujours s'assurer de faire en sorte qu'au final les élèves puissent retirer le meilleur de toute discussion qu'il
pourrait y avoir autour d'une table. Alors, c'est sûr que le conseil
d'administration, tel que je le conçois au conservatoire, va surtout gérer les
situations administratives, bien sûr, mais
il y a toujours des échanges, et d'avoir la possibilité d'entendre... d'avoir
une voix, à tout le moins, qui vient du
milieu professionnel qui, en bonne partie, va employer des étudiants du
conservatoire, que ça soit au milieu théâtre ou musical, peut parfois, peut-être, guider certains choix ou, du moins,
confirmer certains de ces choix et faire en sorte qu'on aboutira à des
solutions tangibles pour le bien-être de nos jeunes en formation.
• (12 heures) •
Mme
David (Outremont) : Pour en avoir discuté avec vous, et
personnellement et avec votre maestro, je sais que vous avez une grande préoccupation pour le renouvellement des clientèles, pour le renouvellement des clientèles en même
temps... clientèles, j'entends musiciens mais aussi mélomanes, aussi ceux qui
peuvent venir à la rencontre des publics. Et on
parlait d'un concert sur le mont Royal où il avait fallu refuser des gens parce que,
bon... parce qu'il y avait trop de monde, finalement. Et c'est une bonne
nouvelle, mais ça veut dire qu'il y a vraiment un appétit pour la musique
classique ou pour une vision de la musique classique qui est bien portée, entre
autres, par l'Orchestre Métropolitain.
Mais
parlez-moi un peu de vos réflexions, vous qui êtes dedans à temps plein, de
cette question du renouvellement des
clientèles et à la fois côté formation musicale, et, formation musicale, je
n'entends pas seulement le conservatoire, mais même les... et renouvellement des clientèles dans l'auditoire, dans
les mélomanes. Comment vous voyez ça? Où on s'en va? Et les jeunes de 18 ans, de 19 ans, de 25 ans,
il ne faut pas les perdre. Il ne faut surtout pas perdre les adolescents.
Alors, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Le Président (M.
Kotto) : M. Chaput.
M.
Chaput (Luc) : Merci. Bien, c'est là qui est un peu... C'est un peu
paradoxal, parce que, oui, il est vrai qu'on ne voit plus beaucoup la musique... En fait, on ne l'entend plus,
pratiquement, sur les ondes de la radio, hein? Tout le monde est au courant, on n'a pratiquement plus de
concerts. Cet été, on ne pouvait pas entendre sur les ondes de Radio-Canada
aucun concert qui vient d'un des festivals
qui est donné ici, au Québec, notamment, et on n'en parle pas tellement. On
parle beaucoup de culture au sens large,
mais jamais des arts, jamais des beaux-arts, ou très rarement, ou de façon très
pointue. Et les orchestres se doivent, et le
font tous, mais se doivent d'ouvrir la porte à l'accès, à de venir voir des
concerts.
Vous
faisiez allusion au concert que l'Orchestre Métropolitain a fait au mont Royal,
il y avait énormément de jeunes qui y
étaient, à notre grande surprise, à notre grand bonheur également. Et on s'est
rendu compte aussi que ce n'était pas en
diluant le répertoire, mais, en faisant des pièces du vrai répertoire, dans des
versions complètes, avec des bons musiciens, des musiciens bien
préparés, avec un chef d'orchestre formidable, bien, on arrive à captiver
l'attention de tous.
Et on peut
s'apercevoir que, chez les jeunes, il en va de la même façon. L'Orchestre
Métropolitain va parrainer cette année, pour la deuxième fois, le
festival de l'Association des orchestres de jeunes du Québec qui regroupe des orchestres d'un peu partout, ça viendra de
Chicoutimi, de Rimouski, de Sherbrooke, de la région de Montréal, Joliette,
ainsi de suite. Et, depuis qu'on parraine ce
festival, la grande finale, qui regroupe, qui jumelle les orchestres deux par
deux avec des chefs invités, bien, la
finale se fait à la Maison symphonique, à Montréal. Alors, je peux vous dire
que l'intérêt des jeunes... Juste
quand ils font leur entrée sur la scène, ils sont bouche bée, ça nous prend à
peu près 15 minutes pour leur
fermer la bouche pour qu'ils puissent continuer à jouer tellement ils sont impressionnés
par le lieu, au lieu de jouer dans une salle qui n'a que de petites
proportions.
Or, pour
intéresser les jeunes à poursuivre cet intérêt pour la musique, il faut leur
offrir ces lieux de performance et de
venir non seulement écouter le concert, mais de participer. Alors, si les
ensembles professionnels peuvent faciliter la venue de jeunes collègues dans ces murs, eh bien, faisons-le. Et, si
les orchestres professionnels peuvent également inviter les jeunes à voir leurs concerts, mais à les faire participer
d'une certaine façon, soit en animant quelques prestations avant le concert — ce que nous faisons à chacun de nos
concerts, une demi-heure avant on a l'appel musical, on invite des jeunes de différents milieux à venir jouer pour
notre public dans le hall d'accueil, à la Maison symphonique — ou encore de faire jouer ces jeunes dans une chorale qui va être accompagnée par
l'orchestre professionnel, donc, les jeunes vivent la musique non pas seulement à l'écoute de leur petit
groupe, viennent à participer dans un cadre professionnel. Et il y a moyen d'aménager ces choses régulièrement. Et
naturellement des liens avec les différentes institutions d'enseignement,
que ce soit comme le conservatoire, qui les
forme jusqu'à former l'élite plus tard, ou même les écoles dans les commissions
scolaires, les écoles privées, on arrive à intéresser les jeunes qui adorent
cette musique.
Mme David
(Outremont) : Est-ce que la donne a changé? Je ne sais pas ça fait
combien de temps que vous évoluez dans
le milieu, mais est-ce que la donne a changé beaucoup en ce qui a trait
justement à la présence de la musique classique auprès des jeunes dans les écoles? Est-ce que le fait qu'on ait quand
même maintenant une nouvelle génération, depuis 10 ans, 15 ans, de chefs d'orchestre qui ne sont pas seulement
des chefs d'orchestre de par leurs compétences reconnues par tous, mais qui sont des animateurs
extraordinaires, des communicateurs extraordinaires, est-ce que ça compense, je
dirais, pour le changement — on en parlait tout à l'heure, avant que vous
soyez là — peut-être,
de ce rapport de l'école et de la musique classique, qui était comme presque
obligatoire avant? Maintenant, il y a une multiplication d'expositions à
différentes formes d'art et pas seulement que la musique. Est-ce que vous
pensez que la musique est en crise ou... j'exagère
peut-être, là, mais comment voyez-vous votre rôle? Est-ce qu'il a évolué au fil des années? Est-ce
que le rôle des chefs d'orchestre a évolué, le rôle du
conservatoire doit évoluer? Les musiciens que vous engagez, à 50 %, je le répète, finissants du conservatoire, sont-ils mieux
préparés, devraient-ils être mieux préparés? Est-ce qu'il y a des attentes plus
spécifiques que vous pourriez formuler? Ma question est large, mais c'est
vraiment au coeur de la mission et de votre orchestre et du conservatoire.
M. Chaput (Luc) : En fait, je pense...
Le Président (M. Kotto) : M. Chaput.
M. Chaput
(Luc) : Oui, pardon. Je pense
que le plus important, ce n'est pas tellement de savoir si c'est une crise, ça a changé... On aime toujours
mieux penser positif dans ces situations-là, et je
pense qu'il faut tout simplement s'adapter au marché qui est offert présentement. Il est facile — je
l'ai fait tout à l'heure, il y a quelques instants — de dire : Il n'y a
plus de musique à la radio, il n'y a plus ci, il
n'y a plus ça, ce n'est pas comme
c'était quand j'étais plus jeune. Le monde bouge, le monde change tout
le temps, il faut pouvoir s'adapter.
Naturellement, là où il y a la difficulté, la forme d'art qui est exercée en
musique — je vais parler pour ce que je connais bien, j'ai été formé au conservatoire
également, cela dit — c'est
un... on doit transmettre une information aux élèves qui va être la même d'une année à l'autre. On ne peut pas
changer... Oui, on peut mettre de l'électronique, on peut faire plein de choses, mais, quand on enseigne une
symphonie de Beethoven, une sonate de Mozart, c'est un don qui se transmet de bouche à oreille, continuellement.
Alors, mon professeur a étudié avec un qui a étudié avec un, puis, si on
remonte, bien, finalement quelqu'un a
peut-être pu rencontrer Beethoven ou Jean-Sébastien Bach, qui sait? Mais par
contre on vit aujourd'hui dans des
milieux de diffusion qui sont totalement différents de ce qui pouvait être
offert à l'époque où moi-même j'étais plus jeune et, en s'adaptant, en
allant chercher l'intérêt des jeunes...
Mais je
m'aperçois... on s'aperçoit d'une chose, quand on a voulu diluer beaucoup...
Bon, la musique symphonique, c'est
sérieux. Faire une symphonie de Mahler, c'est gros. On va faire des matinées
avec des histoires à côté pour intéresser les jeunes, eh bien, on
s'aperçoit, nous, à l'Orchestre Métropolitain, que ce n'est pas nécessairement
la façon la plus gagnante de sensibiliser
les jeunes à la musique, et la même chose vis-à-vis du public. Mais, comme je
le disais, en faisant des choses de
grande qualité avec honnêteté, dans une démarche très honnête, on ne fait
pas de la musique pour montrer qu'on
est capables de jouer vite, on la montre parce qu'il y a un message à faire
passer, alors, à ce moment-là, le public, il n'est pas dupe, il va
comprendre que c'est fait de façon... ils vont être beaucoup plus réceptifs.
Et, les
jeunes, ça va exactement de la même façon. J'ai des adolescents à la maison,
vous devriez entendre les grosses
symphonies qu'écoute mon garçon. Parfois, on doit lui dire de baisser le volume
un peu, et pourtant on aime bien cette musique. Ce n'est pas parce que nous, on en
fait, c'est avec des amis qu'il est allé voir des concerts de l'Orchestre
Métropolitain, de l'OSM et d'autres
orchestres. Et puis, en gang, ils s'invitent d'un à l'autre, ils vivent une
expérience qui est formidable. Et
plusieurs jeunes commencent à s'abonner, maintenant, à des concerts. Alors,
maintenant, c'est de faire l'arrimage
pour qu'on puisse intéresser ces jeunes qui ne gagneront pas leur vie
là-dedans, mais s'assurer que les jeunes
qui vont performer à l'avenir pour ce public puissent avoir les meilleurs
outils de formation pour garantir les grands succès, toujours dans le
respect de la passation de cette belle musique d'une génération à l'autre.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre.
• (12 h 10) •
Mme David
(Outremont) : Oui, justement, on parle de... Vous êtes passé par le
conservatoire vous-même, vous avez
été jeune, vous avez des jeunes, et c'est pour ça que je réfléchis avec vous,
là — vraiment,
ce sont des questions — sur la question
d'intéresser les jeunes à la musique, autant pour la formation personnelle... Vous
dites : J'aurais beau mettre n'importe
quel artifice, une sonate de Mozart, c'est une sonate, et il faut apprendre à
jouer et à pratiquer, et c'est... Mais on peut apprendre aussi à aimer,
à développer l'oreille là-dessus.
Avez-vous des
idées particulières sur, dans le fond, le grand défi qu'a le conservatoire
d'aller chercher ces jeunes qui ne savent peut-être pas qu'ils aiment la
musique, s'ils sont moins exposés qu'avant? Il n'y a pas de Spotify...
il y en a sûrement pour de la musique classique, mais je ne suis pas
sûre que, le jeune de 12 ans, c'est ce qu'il se met dans les oreilles. Et il faut même que ça soit mis avant
ça, à cinq, six, sept ans. Avez-vous vu l'évolution de tout ça? Et comment
vous pouvez travailler peut-être plus, mieux
avec, justement, les lieux de formation et de sensibilisation pour aller...
Vous donnez déjà des pistes, vous
dites : Il n'y a pas de compromis à faire sur la qualité puis il ne faut
pas se transformer en maman Fonfon
puis en je ne sais pas quoi, porter des vêtements ridicules pour intéresser des
enfants. C'est vraiment par la qualité
de ce qu'on fait. Mais encore faut-il aller les chercher, ces jeunes-là. Est-ce
que vous avez des idées là-dessus?
Le Président (M. Kotto) : M.
Chaput.
M. Chaput
(Luc) : Il faut que les
jeunes puissent être amenés rapidement, naturellement, comme vous le dites, dans le bain de la musique, des formes d'art
différentes, que ce soit la musique ou une autre forme d'art, peu importe,
mais on doit les mettre... Et, dans le cas
de la pratique instrumentale, on sait tous que les bénéfices au niveau... comme complément aux études académiques font en sorte que la moyenne des notes
va être plus élevée en général quand on fait la pratique de la musique. Naturellement, on ne parle pas de la musique
nécessairement plus spécifique au conservatoire, qui pousse vraiment jusqu'à former des professionnels, mais, dès la
petite enfance, on peut mêler les gens à la musique, les intéresser de
quelconque façon. On va y arriver comme ça.
La difficulté
qu'on voit, parce que je connais plusieurs professeurs au conservatoire, dans
les études, quand on veut pousser...
On les prend très jeunes avec les préconservatoires, c'est extraordinaire,
cette école, et, de les amener après ça
aux cycles supérieurs, il y a beaucoup... ça demande beaucoup de discipline
comme... On a notre pratique instrumentale, on doit faire un certain nombre d'heures de pratique par jour, mais on
doit également apprendre l'histoire de la musique, le solfège, la dictée. Les noms, les termes ont
changé, mais il faut former l'oreille des musiciens encore plus, la rendre
très, très aiguisée. Et, pour plusieurs, ça
devient un peu trop gros, et c'est là où, dans la société, la musique n'est
plus aussi valorisée qu'elle pouvait l'être à l'époque.
Aujourd'hui, on va parler du monde du sport, on
en parle en quantité industrielle, mais les sportifs de haut niveau, les gens... nos jeunes athlètes qui vont
aller aux Olympiques vont faire des entraînements énormes et, parallèlement
à cet entraînement-là, vont étudier la
performance d'autres personnes, vont avoir des physiothérapeutes, vont avoir
plein de choses, une connaissance de
leur corps pour... bon, donc vont se donner les outils pour performer. Mais
c'est bien vu parce qu'on sait que c'est... On le voit partout, ça
demande beaucoup de temps. Mais, pour former un musicien, c'est exactement la même chose. Alors, c'est un
investissement de temps pour la personne, et plusieurs parents n'ont plus le goût de vouloir nécessairement aller une deuxième
fois au conservatoire pour aller mener l'enfant prendre des cours. L'élève
aussi, bien, dit : Moi, je fais juste de l'instrument dans mon harmonie
scolaire, pourquoi j'irais faire d'autres...
Alors,
comment faire en sorte de pouvoir faire... tu sais, que les jeunes aient le
souci de bien performer? Alors, si les
jeunes peuvent être déjà mis au fait avec... c'est-à-dire en collaboration avec
les ensembles professionnels, où à ce moment-là
on s'aperçoit que ce n'était pas mal puis ça n'a pas fait mal à personne de
travailler avec une belle discipline, mais qu'on arrive à des beaux
résultats et que c'est intéressant et agréable surtout, eh bien, on pourra en
intéresser plusieurs comme ça. Et moi, je
l'ai vu avec des élèves dans un orchestre de jeunes que j'ai dirigé, puis je
les envoyais au conservatoire, mais,
le peu qu'on a pu faire avec des beaux défis, mais en faisant bien toujours les
grandes pièces du répertoire, bien,
ces jeunes-là, à un moment donné, ont eu la petite piqûre puis ont dit :
O.K., donc, si je travaille plus, si j'étudie
plus tel cours, je vais être encore meilleur pour performer encore mieux dans
mon orchestre, et ça va aider à tout le
groupe. Mais il faut commencer jeune à faire ce travail-là, et c'est pour ça
que le préconservatoire, dès le départ, et tous les ensembles professionnels et ceux qui touchent les jeunes doivent
être supportés, et tout ça doit être travaillé dans une seule et même
communauté.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre.
Mme David
(Outremont) : Vous faites
référence... et ma collègue d'Iberville parlait tout
à l'heure du ratio, bon, professeur-étudiants au conservatoire. Mais, quand
vous faites l'image du sportif pour les Jeux olympiques, parce que c'est
à ce niveau-là qu'on amène un certain nombre de finissants, pas
tous, ils ne sont pas... mais ça fait penser un peu à la motivation politique
qu'a eue à un moment donné le gouvernement... je
pense que c'est fédéral, avec Tennis Canada.
Mais Tennis Canada a
décidé justement de former, d'accompagner. Ça prend les
nutritionnistes, les physiothérapeutes, ça prend tout un encadrement autour de ce talent brut qu'on va évidemment,
avec énormément de travail, faire accéder à des niveaux supérieurs. Les Olympiques, c'est la même chose.
Le hockey, c'est la même chose. Le conservatoire est à la musique ce que peut-être Tennis Canada est au tennis ou... Et, en ce sens-là, est-ce que, dans l'évolution que vous avez vue du conservatoire... Vous engagez leurs finissants,
donc vous êtes tout... Et vous avez été vous-même là, vous êtes tout à fait à même, je pense,
de répondre à la question, même si, peut-être, elle est un peu délicate. Est-ce que
la formation des élèves maintenant est tout
à fait au diapason de ce que vous
recherchez, est aussi bonne, et devrait être encore plus poussée que ce
que vous avez vécu il y a, je ne sais pas, 20 ans, 25 ans?
Le Président (M. Kotto) : M.
Chaput.
M. Chaput
(Luc) : C'est assurément
aussi bon que ça pouvait l'être. Je pourrais juste faire une belle analogie
là-dessus. Dernièrement, nous avions un poste de percussionniste, de timbalier
d'ouvert à l'Orchestre Métropolitain, et celui qui l'a remporté est un jeune du conservatoire qui n'a même pas
encore terminé ses études. Alors, il est bien guidé par son professeur. Et,
même si ça se fait derrière un rideau, la finale se fait sans le rideau. Alors,
les gens ont pu voir que c'était un
jeune. Ils auraient pu avoir peur. Non, il a un beau profil, on le prend avec
nous. Naturellement, il devra passer toutes les prochaines étapes de probation, et ainsi de suite, mais c'est quand même un jeune qui a eu une formation au conservatoire qui vient. Alors, je pense que le
niveau d'exigence des professeurs n'a pas changé, on est toujours
insistants. Oui, les jeunes ont beaucoup
de choses à faire, mais j'ai l'impression que ma génération, on avait d'autre
chose qui nous plaisait, puis...
C'est facile, hein, de dire : Bien, comparons avec ce qui est avant, mais,
même si on compare avec ce qui est avant, ça a changé déjà depuis et ça
sera différent dans 15, 20 ans, de toute façon.
Mais présentement qu'est-ce qui est important, et je pense que cette mission... Et c'est
pour ça que, dans notre petit mot
qu'on vous a laissé et qui vient de la lettre ouverte de Yannick Nézet-Séguin,
tu sais, de permettre à l'institution
de se développer, de permettre à ses
artisans, donc à ses professeurs, de se concentrer sur l'essentiel, l'enseignement aux élèves... Et, quand on laisse aller les professeurs à
travailler très fort dans tout cet encadrement-là, eh bien, il arrive... il y a
une très, très grande synergie qui se développe. Et nos élèves, en tout cas ceux qui viennent du conservatoire, sont extrêmement bien préparés. Et
ce n'est pas une fin en soi, hein? En musique, on étudie toujours. Même après nos études, il faut
être ouvert constamment. Regardons Yannick Nézet-Séguin, il a terminé depuis
longtemps, mais, à chaque fois qu'il
aborde une nouvelle oeuvre, c'est une nouvelle étude et c'est toujours
les mêmes questionnements à chaque fois, mais très bien préparé, puis il
peut faire face, et il le fait de façon magnifique, naturellement.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre, en trois minutes.
Mme David
(Outremont) : Trois minutes.
Justement, on était d'ailleurs... j'étais avec la députée
de Joliette à un concert du Festival de Lanaudière où
on parle du chef d'orchestre qui, effectivement, fait un travail très, très,
très rigoureux, très exigeant. Malheureusement, j'ai oublié le nom de la pièce, la première pièce, qui était très
exigeante, que Yannick Nézet-Séguin
nous avait présentée en disant : Je vous avertis... Et ça, c'est la
pédagogie de la chose, c'est de parler à son public avant d'entrer en
scène. Et il nous avertissait que c'était une pièce très exigeante. Je ne me
souviens plus qu'est-ce que c'était...
Mme
Hivon : Je
cherche.
Mme David
(Outremont) : Elle cherche,
bon. Et il y avait beaucoup,
beaucoup de monde à cette soirée-là,
c'était vraiment magique. Et les gens n'allaient pas par pur
divertissement, il y avait une exigence d'écoute tout à fait évidente,
et je pense que c'est à ce concert-là qu'il a dit : Mais là ça n'a pas de
bon sens, je ne me suis pas entendu diriger, je dois arrêter l'air climatisé. Excusez-moi, vous allez avoir chaud, mais c'est
pour la bonne cause. Est-ce que c'est là? Non, c'est à Saint-Sauveur. Mais pour dire l'exigence. Vous
allez avoir chaud ou vous allez avoir une pièce exigeante, mais ce n'est
pas grave, qu'à cela ne tienne, moi, je ne
fais pas de compromis. Mais il fait en même temps, je dirais, l'oeuvre d'un
passeur de connaissances en parlant à
son public. Et je ne dis pas ça juste pour faire son éloge de communicateur extraordinaire qu'il est, je fais ça aussi pour dire : Peut-être
qu'il faut se renouveler dans toutes ces formes-là aussi, de communication, autant pour aller intéresser les enfants, pour aller les
convaincre que la vie, ce n'est pas quelque chose d'aussi facile, puis ça prend, pour être bon... c'est exigeant,
quel que soit le domaine. Parlez à des jeunes joueurs de hockey, parlez à des
«hockey moms» qui passent leur vie dans des
arénas, ce sont des heures, et des heures, et des heures. Mais je pense que le
conservatoire doit être aidé par des gens comme des chefs d'orchestre comme ça,
qui disent : Écoutez, vous allez peut-être trouver que c'est exigeant,
mais le résultat est tellement extraordinaire.
Alors, moi,
je vous encourage beaucoup, beaucoup à continuer à être présents sur la scène publique, hors concert
ou dans les concerts, mais continuez aussi à être beaucoup avec le
conservatoire, parce que vous êtes extrêmement complémentaires l'un de l'autre. Et j'entends bien, on verra ce qu'on en
fait, mais cette idée d'avoir un orchestre, entre autres, symphonique ou une présence d'un orchestre
important dans le conseil d'administration.
M. Chaput (Luc) : Merci.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Kotto) : Merci,
Mme la ministre. La parole est à la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup de votre présentation, merci de votre intérêt,
d'avoir voulu venir nous faire part de votre point de vue sur un projet de loi,
je le répète, qui est quand même assez technique,
mais qui, aussi, comporte des enjeux, je dirais, pour l'avenir des
conservatoires, une certaine vision aussi de ce qu'on veut insuffler à ces conservatoires. Et vous êtes bien placé pour
nous donner votre point de vue, je dirais, du particulier au plus large. La ministre y a fait référence,
vous y avez fait référence, vous avez un ambassadeur extraordinaire avec Yannick Nézet-Séguin,
que j'ai eu la chance de rencontrer au Festival de Lanaudière, d'ailleurs, cet été pour la première
fois.
Et vous avez fait référence à cette lettre ouverte l'automne dernier dans la
foulée, justement, de toute la turbulence et la crise autour des conservatoires, et moi, je
veux vous remercier du geste que vous avez posé et que M. Nézet-Séguin
a posé, parce que je pense
que, la ministre le disait, il faut aussi, ensuite, que ça
dure. Je ne suis pas trop inquiète. Votre présence aujourd'hui montre que vous avez vraiment
à coeur l'avenir des conservatoires. Mais ce sont des gestes forts qui peuvent avoir une influence, et je pense que,
oui, elle a eu une influence. Et ça peut aussi avoir changé la suite des
choses pour le dossier des conservatoires. Et on n'en est certainement pas au
même point, un an plus tard, qu'on était il y a un an. Donc, je voulais
remercier l'orchestre et, bien sûr, M. Nézet-Séguin par rapport à ça.
Vous avez entendu...
Je vais finir avec le plus particulier, mais vous avez entendu les groupes
avant vous qui parlaient de spécifier peut-être
davantage la double mission art dramatique versus musique dans le projet de loi. Donc, vous, vous ne parlez
pas de ça spécifiquement dans votre mémoire ou dans votre présentation. Mais j'aurais aimé
savoir si vous aviez un point de vue, autant les professeurs que
l'orchestre symphonique. On dit que, bien, il faudrait peut-être voir à avoir des représentants distincts pour les deux
missions, des commissions d'étude distinctes pour chaque mission. Je
suis juste curieuse de savoir si vous avez réfléchi à cette question-là puis si
vous avez un point de vue sur ça.
M. Chaput
(Luc) : Ça serait un point de vue très personnel à ce moment-là, et
puis, comme je représente l'Orchestre
Métropolitain, je vais laisser faire. Mais, sinon, ça va quand même dans la...
Je reviens à un des points que j'ai dits au tout début, où le plus
important va demeurer... la décision qui devra être prise devra être vraiment
pour l'intérêt des étudiants qui fréquentent
l'institution. Si on prend... Je n'aime pas les choses quand c'est barricadé,
là, bon, il y a tant de
représentations, il y a tant de si, on fait de telle façon. Je pense que tout
doit être assez malléable pour être capable
d'une année à l'autre de pouvoir juste adapter les formules pour aller chercher
ce qui sera le meilleur des intérêts.
Naturellement, on est
une institution ici, qu'est le conservatoire d'art dramatique et de musique,
deux volets complètement différents mais
très complémentaires aussi l'un avec l'autre. Et il n'est sûrement pas mauvais
qu'il puisse y avoir des échanges entre ces deux volets-là sur une base régulière,
annuellement, pour au moins s'entendre sur une vision commune pour
l'institution qu'est le conservatoire.
Mme
Hivon : Je vous suis dans l'aspect malléable, la
flexibilité. En même temps, on ne change pas cette loi-là à chaque année, du moins ce n'est pas le projet
pour l'instant, bien que ça va très bien, on travaille très bien ici, on a
plein de choses à faire. Donc, dans
cette optique-là, est-ce que vous pensez qu'on devrait garder ça plus général
ou si, au contraire, vous pensez
qu'on devrait marquer la distinction entre les deux missions dans la loi? Il
n'y a pas de piège, puis, si vous ne voulez pas répondre, vous me dites
que vous ne voulez pas répondre, là.
M.
Chaput (Luc) : ...pas répondre, mais j'aurais aimé pouvoir y réfléchir
davantage. Mais ce n'est pas... En regardant le projet de loi, naturellement on a plus regardé l'aspect musical et on
s'est concentré sur ce domaine-là. C'est dans ce sens.
Mme
Hivon : O.K. Très bien, parfait. Ensuite, vous avez parlé...
Bon, vous avez deux points particuliers dans votre présentation, dont le point concernant les partenariats, et, bon,
vous voyez d'un très bon oeil que ce soit reconnu spécifiquement dans la loi. Est-ce que vous êtes
d'avis que ça va vraiment changer dans le quotidien des choses, dans le concret des choses, les possibilités pour vous
d'entrer en partenariat ou que, bon, le conservatoire, de manière générale,
puisse favoriser davantage les partenariats,
ou si déjà, même si ce n'était pas libellé comme tel dans la loi actuelle,
c'était quelque chose qui suivait son
cours? En quoi vous voyez que ça, cette reconnaissance spécifique dans la loi,
va avoir un effet vraiment structurant par rapport à la situation
actuelle?
M.
Chaput (Luc) : Je pense que ça irait surtout au niveau... comme les
gens changent, les administrations peuvent changer, les directions
peuvent changer, les professeurs. Ça n'a jamais empêché, jusqu'à maintenant,
d'avoir des collaborations entre nos deux
institutions. Mais, si, dans l'esprit de la loi, c'est vraiment clairement
identifié, c'est clair qu'on doit se
sentir dans l'obligation de faire quelque chose. Puis je n'aime pas le mot
«obligation», mais l'intérêt est là. Donc,
on veut que le conservatoire, par cette loi, collabore, fasse des
collaborations avec différents organismes. Dans le cas de notre orchestre, c'est simplement... nous, on
ouvre la porte, elle est complètement ouverte. On en a déjà fait un peu,
on en fait quelque peu. Maintenant, bien, ça nous donne l'ouverture pour
dire : Faisons-en davantage encore pour permettre aux jeunes d'avoir des
petits éléments.
Et
ce qu'on a fait dans le passé, bon, il y a eu quelques répétitions de
l'orchestre, au conservatoire de Montréal, faites par Yannick Nézet-Séguin. Donc, lui se déplace, il fait une
classe, ça a été une expérience que les jeunes vont se souvenir toute leur vie. On a déjà accueilli,
comme je l'ai dit, des jeunes du préconservatoire à venir jouer en ouverture
de nos concerts. On a déjà fait faire des
notes de programme par des élèves en histoire
de la musique. Alors, ce sont des petites
choses, mais il n'y a rien qui ne dit pas qu'on ne pourrait pas faire
un concert où l'orchestre du conservatoire vient jouer avec nous, où il y
aurait un volet spécial. Excusez l'expression anglaise, mais «sky is the
limit» à ce moment-là, et c'est pour
ça qu'on était contents de voir, dans l'esprit de la loi, que cette ouverture-là n'est pas juste le fruit
du hasard, parce qu'on a des bonnes ententes entre personnes de bonne
volonté, mais c'est inscrit officiellement, et on doit les faire, ces ententes-là, tout
simplement.
Mme
Hivon : Très bien.
Puis finalement, bon, vous revendiquez, un petit peu comme l'Orchestre symphonique, qui
vous a précédé, d'être nommément, en quelque
sorte, reconnu comme potentiel membre du conseil d'administration, compte tenu des liens qui existent, du fait que
vous recrutez énormément de gens. Est-ce que, selon vous, ça devrait être
écrit spécifiquement dans la loi qu'un des
membres du conseil d'administration doit provenir d'un orchestre — je ne sais pas comment on le libellerait, là — ou bien si vous estimez qu'avec le libellé
actuel, qui dit qu'il doit y avoir deux membres qui proviennent du milieu culturel, c'est suffisant? En fait, ma
question, c'est : Est-ce que c'est un voeu que vous transmettez à la ministre par rapport à la composition
éventuelle ou si c'est un voeu pour l'ensemble des législateurs de dire :
Bien, je voudrais que ce soit un amendement dans la loi?
M. Chaput
(Luc) : On voulait que ça soit étudié. On voulait juste apporter le
point auquel on trouve... Nous, on trouverait important de pouvoir le
faire si ça se présente, naturellement, si le besoin se fait sentir. Nous, on pense
que oui. C'est juste pour renchérir
justement sur des décisions administratives qui pourraient peut-être
éventuellement... juste en ayant
quelqu'un au conseil d'administration, pouvoir... de mettre juste la main
levée, dire : Est-ce qu'on a pensé à toutes les incidences que ça peut faire? Donc, est-ce que ça sera... ça va
vraiment servir le monde musical quand il y a des décisions des fois plus difficiles à prendre ou des choses
comme ça? On croit que ça pourrait aider dans cet assainissement des règles
de fonctionnement au conservatoire, tout
simplement, et c'est pour ça qu'on dit qu'on est volontaires si on doit... On
se sent investis, en tout cas. Comme
orchestre professionnel, on ne pourrait pas refuser l'invitation du
conservatoire à participer, que ce soit au conseil d'administration ou
dans les commissions, les différentes commissions.
Mme
Hivon :
Parfait. Vous ne la refuseriez pas, mais vous ne tenez pas absolument à la
recevoir. Me suivez-vous?
M. Chaput (Luc) : Oui, oui, oui, je
vous suis très bien.
Mme
Hivon : Vous
aimeriez ça beaucoup?
M. Chaput (Luc) : On aimerait, oui.
Mettons-la, voilà. Voilà.
Mme
Hivon :
Parfait. Écoutez, en terminant, bien, la ministre est allée un peu en ce
sens-là, mais, puisqu'on n'a pas la
chance de vous entendre à tous les jours et qu'on n'ouvre pas non plus la loi
concernant les conservatoires à tous les jours, est-ce qu'il y a des remarques, je dirais, plus générales — vous avez eu un très bon échange avec la
ministre — mais
en lien avec la mission des conservatoires,
l'avenir des conservatoires, le fonctionnement des conservatoires dont vous
aimeriez nous faire part, à savoir qu'il y
aurait place pour l'amélioration à certains égards, il y a des irritants, il y
a des choses qui sont peut-être plus
difficiles, et, compte tenu de votre rôle privilégié en lien avec le
conservatoire, que vous aimeriez nous communiquer?
M. Chaput
(Luc) : Ce n'est pas tellement dans le fonctionnement comme le mettre
au goût du jour au sein de la population.
Parce que je pense qu'on parle du mot : J'étudie au conservatoire, pour
bien des gens, ça ne dira pas grand-chose, comme plusieurs ne connaissent pas les orchestres symphoniques et
n'auront pas eu la chance d'en faire. Et je pense que le conservatoire est une institution formidable
qui a fait ses preuves, qui a passé... Quand même, depuis 1942, là, il y a eu
beaucoup de réformes qui ont été faites dans
notre société depuis, mais le conservatoire a toujours formé des élèves. Et on
parle des musiciens d'ici, puis on n'en a
pas nommé des tonnes qui sont présentement dans des postes privilégiés dans
des orchestres tout autour de la planète, et on n'en parle jamais, ce n'est pas
valorisé.
Comme je le
disais, la musique est plus ou moins valorisée dans nos médias en général. On a
beaucoup de choses de grande écoute,
mais ce n'est pas la musique classique qui passe en premier. On n'a pas de Maestro
Académie, et des choses comme ça, là, qui sont autour, mais il ne
faudrait pas se gêner pour parler des talents qu'on a ici et de cette
institution qui est formidable. Je pense qu'on a mille fois plus parlé de
l'école de l'humour qu'on a pu parler du conservatoire depuis que ça existe.
Sans faire de jugement de valeur, ce n'est pas ça, mais on devrait pouvoir...
il faudrait que cette école soit valorisée. Il y a des concerts formidables qui
sont offerts gratuitement par les élèves du conservatoire
partout dans la province, et on n'en entend presque pas parler. Et ça, je pense
qu'il y a une mission à se donner à
ce niveau-là. Et, à ce moment-là, bien, plus on en entend parler, plus les gens
vont peut-être s'investir pour y aller. On ne peut pas mettre de côté...
Maintenant, ce n'est plus automatique : Ah! je m'en vais en musique. Ah!
parfait, va au conservatoire, tout est réglé. Il faut que tu en entendes parler
avant et puis il faut le rendre disponible comme ça.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup.
M. Chaput (Luc) : Merci.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme la députée de Joliette.
Merci, M. Chaput. La parole est maintenant à la députée
d'Iberville.
• (12 h 30) •
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Chaput. Merci pour
votre présentation. Je pense que vous nous avez bien transmis la passion
qui vous anime pour votre domaine d'expertise et dans lequel vous oeuvrez. Sincèrement, de votre présentation, je vois que
vous êtes assez d'accord avec l'ensemble des recommandations, des choses
qui sont inscrites dans le projet de loi,
mais j'aimerais revenir un peu sur cet appui sans réserve que vous avez énoncé
par rapport aux
possibilités de partenariat et de collaboration, que ce soit sur le plan
pédagogique, matériel ou artistique, avec d'autres institutions
d'enseignement. Vous avez parlé tantôt : «The sky is the limit», là,
donnez-moi un exemple «the sky is the limit», d'un partenariat que vous
pourriez avoir avec le conservatoire, une expérience.
M.
Chaput (Luc) : On ne parle
pas d'argent, là, O.K., parce
que c'est proche du «sky» souvent,
ça, mais, lorsque j'étais étudiant au conservatoire, j'ai eu l'occasion
de vivre des expériences formidables avec ce qu'on appelait l'orchestre réseau, donc c'était le réseau des
conservatoires, c'était commandité par Bell, qui a investi un bon montant,
et, pendant presque un mois, on partait en
tournée, donc on avait une formation. Alors, une audition était faite au printemps
parmi tous les étudiants du réseau des
conservatoires, et on se réunissait à la fin juin, et on était en formation,
il y avait des répétitions en section, il y avait
ensuite les répétitions en tutti avec des grands chefs d'orchestre. Il y a
eu Raffi Armenian, il
y a eu Franz-Paul Decker, j'en garde des souvenirs extraordinaires, Jacques
Lacombe en a fait également. Et c'est une formation.
Donc là, pour le jeune musicien, c'est qu'il voit des collègues des autres
conservatoires, donc ça prépare au monde de vie d'orchestre, tout
simplement, et on part en tournée.
Et,
le niveau qu'on allait chercher à ce
moment-là, on n'en revenait pas. Nous-mêmes,
les étudiants, on s'est dit : Mon
Dieu! Moi, je suis dans mon conservatoire, on fait telle chose. De se mettre tout le monde ensemble, qui ont un seul et même but, arriver à faire une
performance digne de mention, et puis on y arrivait fortement... Et je l'ai
fait pendant trois ans, quand j'étais
étudiant, et je l'ai fait quatre ans par la suite comme moniteur, donc pour
compléter des sections. Et ce sont des souvenirs qui sont encore tout à
fait tangibles quand j'en parle à des gens, comme ça.
Alors,
pour répondre à votre question, s'il pouvait nous être donné... Malheureusement, les orchestres professionnels, on
a autant de ressources financières que... mais on n'en parle pas ce
matin. Mais ce serait de pouvoir faire quelque
chose sous l'égide d'un orchestre professionnel, de pouvoir dire :
Bien, prenons... Par exemple, on réunit les finissants du conservatoire. On crée l'orchestre, ils partent en
tournée avec Yannick Nézet-Séguin ou un autre chef — je
vais défendre ma paroisse, bien sûr — mais ce serait quelque chose
d'extraordinaire pour eux. Maintenant, il faudrait aussi faire le pendant pour
les jeunes chanteurs, pour les pianistes du conservatoire, toutes les facettes
de tout ce qui s'enseigne au conservatoire.
Et on avait même incorporé à l'époque un étudiant en art dramatique qui
présentait les concerts. Puis il y a plein d'idées qui peuvent se faire comme
ça. Ça, c'est bien sûr un gros projet, mais il pourrait en avoir plein en ville
comme ça. Comme je vous dis, de faire jouer
les jeunes du conservatoire, on peut peut-être avoir un concours du
conservatoire, puis la personne pourrait venir jouer en soliste avec
l'orchestre.
Et,
tout ça pour dire, dans le fond, c'est que, oui, nous, l'Orchestre
Métropolitain, on a été très inquiets de la situation de l'automne dernier face aux rumeurs qu'il y a
eu, et naturellement on s'est engagés à vouloir défendre la survie. Mais,
maintenant que la survie est assurée, bien,
on répond : Oui, on va aider. Si on peut apporter une contribution
quelconque en faisant... peu importe ce qui sera fait, mais une
collaboration avec le conservatoire pour permettre une meilleure visibilité, un
bon encadrement, un surplus donné... un coup de souffle donné à nos collègues
professeurs, on est là.
Mme
Samson : Pour mon éducation, quelles sont les contraintes économiques
les plus importantes pour envisager un projet comme celui dont... À part
les déplacements, puis tout ça, c'est quoi, les grosses contraintes
économiques? C'est-u les conventions collectives?
M.
Chaput (Luc) : Pas pour...
oui, c'est vrai qu'on inclut les orchestres professionnels, mais c'est un
détail. Il faut comprendre, hein, que, quand on fait affaire avec
un orchestre professionnel, les musiciens ne sont pas payés des lustres.
C'est gros, mais il y a
au moins 50 à 60, 70, 80 personnes qui jouent, alors forcément qu'on
multiplie tout ça. Mais il suffit juste
de... Bon, je vais travailler sur ce projet-là dès demain, mais... Non, mais ça
donne des idées. Mais c'est surtout d'aller... Il y a les dépenses, les
réservations de salle, le transport, comme vous dites, le transport des
instruments de musique, il y a
les assurances. À l'époque, ce qui coûtait
cher aussi, c'est que c'était vu, pour le conservatoire, comme étant une formation,
une espèce de stage rémunéré. Donc, les
jeunes recevaient un montant de 1 000 $,
parce qu'ils étaient quand même coupés une
certaine partie de l'été pour travailler, pour payer leurs études, alors...
Mais ça a été extraordinaire comme formation. Ce serait un projet à
implanter éventuellement.
Mme
Samson : Moi, ce qui me préoccupe un peu, puis vous l'avez soulevé,
puis ce n'est pas dans le projet de loi nécessairement, mais c'est la
pérennité de vos institutions et la capacité de développer le goût de
l'auditoire pour, passez-moi l'expression,
consommer le produit musical classique. Et moi, je suis comme bien du monde
dans la population, là : la
musique classique, c'est comme le vin, on ne connaît pas ça, mais on aime ça,
tu sais? Mais on n'est pas des experts. Mais on peut l'apprécier, mais on ne connaît pas ça, on n'est pas des
experts. Et c'est vrai que la musique classique ou l'opéra ont peu de visibilité ou de vitrine où ils
pourraient... où, en tout cas, on peut la consommer. On pourrait peut-être
suggérer à la ministre de parler à
Télé-Québec, qui pourrait faire un petit bout de ce côté-là. Mais il n'y a pas
beaucoup d'efforts qui sont mis là-dessus.
Puis
naturellement, bien, les orchestres, c'est difficile pour vous autres de
faire... de créer l'intérêt tout seuls, là, mais je pense que c'est une
préoccupation que vous avez très bien établie, et il faudra certainement que
quelqu'un s'y penche. L'auditoire de demain,
le consommateur de demain, on le sait, on a une population vieillissante,
peut-être que fréquenter les
orchestres, ça ferait changement du poche baseball, tu sais, ou du poche...
Comment ça s'appelle? Le poche... poche baseball, oui, je ne sais pas
trop quoi, là. Mais c'est important. Et l'orchestre, vous faites beaucoup de promotion, vous essayez d'être très visibles. Vous
avez un chef, un directeur musical qui est assez disponible et assez
visible. Ça joue pour beaucoup pour vous autres, ça, ou pas beaucoup?
M.
Chaput (Luc) : Énormément, énormément. Il faut comprendre, pour les
musiciens qui ont la chance de jouer avec des chefs de cette qualité-là,
c'est une source d'inspiration extraordinaire, et tout s'est développé ainsi.
Mais, si je
peux me permettre, on dit : Le public... bon, on ne diffuse plus, ce n'est
plus la même chose. On retrouve maintenant d'énormes quantités de
magnifiques concerts de par le monde qu'on peut trouver sur l'Internet et pour pratiquement rien, même parfois... souvent
gratuitement. Si j'avais eu ça à l'époque où j'étais étudiant, j'aurais trouvé
ça extraordinaire.
Mais, il n'en
demeure pas moins, même si on voit des grands orchestres avec des grands chefs,
des grands opéras, ainsi de suite, de
le vivre l'instant présent dans la salle, c'est tout autre chose, et c'est un
fait qui est unique. Ça se passe au
moment présent. On ferait le même concert le lendemain, puis ça ne sonnera pas
exactement pareil, parce que le chef ne
file pas de la même façon, il y a un musicien que son petit a été malade la
nuit. Bon, c'est fou, toute cette connexion qu'il y a là. Et le public s'en rend compte. Et, quand les gens peuvent
venir en salle, ça fait... Et surtout c'est d'inviter des gens à oublier leurs soucis quotidiens en venant à
la salle de concert et de se laisser aller en vacances. Pendant deux heures,
vous ne parlez pas. Il n'y a pas grand place
où vous allez... Allez voir un match de hockey, applaudissez seulement à la fin
de la période, ça va être difficile.
Mme Samson : Sauf si vous êtes assis
à côté de Claude Gingras.
M. Chaput
(Luc) : C'est ça, peut-être. Mais tout ça pour dire que, je reviens à
ce que je disais au début, l'important pour
le public, qui est parfois un peu rébarbatif à la musique, c'est que la
présentation, la qualité de la musique qui doit être donnée doit être à son meilleur, et c'est là qu'on a besoin d'un
conservatoire qui a les meilleurs outils pour former les meilleurs musiciens dans les meilleures conditions
possible, qui, eux, vont être engagés dans des orchestres qui vont être meilleurs aussi à ce moment-là. Avec un bon chef,
bien, ça fait le catalyseur qui va ouvrir tout. Et, comme l'a dit Yannick,
oui, il a son talent, mais il y a les
musiciens qui jouent. Si les musiciens ne sont pas bien préparés, il ne pourra
pas faire des miracles ou le miracle
ne pourra pas se tenir longtemps. Alors, c'est cette importance de l'éducation
musicale, mais surtout de la formation de nos musiciens par le
conservatoire qu'on vient appuyer aujourd'hui.
Mme Samson : Merci, M. Chaput. M. le
Président, je vous remercie.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, Mme la députée d'Iberville. M.
Chaput, je vous réitère mes remerciements pour votre contribution...
M. Chaput (Luc) : Merci.
Le
Président (M. Kotto) : ...aux travaux de cette commission, que
je vais ajourner jusqu'à 14 heures. Les membres peuvent laisser
leurs affaires ici, la salle sera verrouillée. 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 39)
(Reprise à 14 h 2)
Le
Président (M. Kotto) :
S'il vous plaît! La Commission
de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Alors, nous
allons poursuivre les consultations
particulières, avec Mmes et MM. les
membres de la commission, sur le projet
de loi n° 48, Loi modernisant la gouvernance du Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec.
Alors, nous
entendrons cet après-midi les organismes
suivants : le Conseil québécois du théâtre, la Fédération des associations d'élèves du Conservatoire de
musique et d'art dramatique du Québec, la Fédération des associations de
musiciens éducateurs du Québec.
Alors, je
veux souhaiter la bienvenue au Conseil québécois du théâtre. Madame, monsieur,
je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes maximum pour votre exposé, puis par la suite nous procéderons à
une période d'échange avec les
membres de la commission. Alors, je vous invite dès maintenant à vous présenter
puis à commencer votre exposé.
Conseil québécois du
théâtre (CQT)
M. Rondeau (Jean-Léon) : Je vous
présente Mme Hélène Nadeau, qui est la directrice générale du Conseil québécois du théâtre, qu'on appelle communément le
CQT dans notre milieu. Et je m'appelle Jean-Léon Rondeau, je suis le
président du conseil, donc du CQT.
Et je vais
vous faire la lecture du document qu'on vous a distribué. Alors, Mémoire
présenté à la Commission de la
culture et de l'éducation, gouvernement du Québec.Le Conseil québécois du théâtre — CQT — est un regroupement national dont la
mission est de fédérer, défendre et promouvoir le théâtre professionnel
québécois. Il est un levier de développement
au service des intérêts supérieurs de l'art théâtral au Québec. Engagé auprès
de ses membres et mobilisé par la vitalité de son milieu, le CQT se
positionne à l'avant-scène des besoins de sa communauté.
En son nom,
nous déposons ce mémoire afin d'y partager les résultats de nos travaux, qui
reposent sur l'écoute de la voix des
artistes et des travailleurs culturels en théâtre. D'entrée de jeu, nous
aimerions préciser que, de par la nature de notre organisme, notre expertise et nos propos
concernent plus spécifiquement les Conservatoires d'art dramatique de
Montréal et de Québec.
Avant
de développer notre opinion, nous souhaitons saluer la volonté du gouvernement du Québec, particulièrement
de la ministre Hélène David qui, lors de la divulgation des
difficultés de ces institutions au printemps dernier, a affirmé sans ambiguïté le désir et la nécessité d'opérer
les changements requis pour un avenir à son plein potentiel. Le dépôt de ce
projet de loi et l'invitation lancée aux représentants du milieu professionnel que
nous sommes témoignent d'un grand intérêt
envers la pratique théâtrale professionnelle, autant lors de la formation que
lors du passage vers une carrière.
Nous
sommes d'avis qu'une analyse de l'offre en formation professionnelle doit
reposer sur la prise en compte de l'ensemble
des institutions d'enseignement qui s'y consacrent ainsi que des potentielles
avenues professionnelles qui s'ouvriront
aux finissants. En plus d'y commenter les modifications proposées à la
gouvernance, nous profitons de cette tribune
pour partager certaines voies pour l'amélioration de la formation, tant au
conservatoire que dans les autres écoles. Telle est l'approche qui sous-tend notre mémoire. Nous portons ici le point de vue du milieu théâtral professionnel récolté, entre autres, lors des récentes consultations menées par le CQT sur ce sujet au cours
des dernières années. Nous espérons que
ces réflexions permettront d'éclairer les parlementaires sur le présent projet de loi et d'y apporter des modifications qui l'enrichiront.
I. L'importance des
arts et de la culture. On ne saurait suffisamment rappeler les rôles multiples
que joue la culture au Québec. Elle agit
d'abord comme un vecteur identitaire d'une société francophone minoritaire dans
une vaste Amérique du Nord porteuse
d'une culture anglo-saxonne. Les arts sont des pôles rassembleurs pour les
citoyens de tous âges et de toutes origines. En animant le quotidien de
villes et villages de toutes tailles à la grandeur du territoire, ils nourrissent ce sentiment d'appartenance nécessaire
aux collectivités. Sur le plan économique, il n'est plus à démontrer que les arts et la culture représentent une
importante source de croissance et un formidable moteur de création d'emplois.
Des artistes talentueux et des oeuvres exceptionnelles font la fierté des
représentants politiques québécois ici comme à
l'étranger. Miroir d'un Québec créatif, les ambassadeurs artistiques sur la
scène internationale agissent comme autant de cartes de visite exceptionnelles. Si ces artistes professionnels
forment le coeur créatif de cette culture, les écoles de formation
représentent certainement l'une des artères principales.
II.
Les modifications apportées au projet de loi. Le CQT salue plusieurs des
modifications contenues dans le projet de
loi n° 48. Nous y voyons un sincère désir de pérenniser le conservatoire
et d'en assurer son développement optimal. À la lumière des événements
survenus au cours de la dernière année au sein de cette institution, nous
comprenons les précisions apportées pour
mettre en place une reddition de comptes efficace ainsi qu'une nouvelle
composition du conseil d'administration. Ces deux ajouts favoriseront
une gouvernance optimale.
Nous comprenons aussi
l'intérêt et la volonté des parlementaires d'introduire davantage
d'administrateurs issus des milieux autres
qu'artistiques. Nous sommes d'avis qu'un juste équilibre des administrateurs
servira les intérêts supérieurs de
l'institution. Il nous apparaît néanmoins important que ces administrateurs
provenant de l'externe soient particulièrement
sensibilisés à la culture et possèdent une bonne connaissance des enjeux
actuels du secteur artistique. Le texte du projet de loi gagnerait donc
à ce que soit précisé le profil de ces administrateurs.
III.
Les actions du CQT au sujet de la formation professionnelle. Depuis de
nombreuses années, le milieu théâtral et
ses instances éducatives s'interrogent sur les modes d'apprentissage et
d'insertion professionnelle des jeunes Québécois désirant évoluer vers une carrière artistique par le biais de l'art
théâtral. Le Conseil québécois du théâtre, le CQT, s'est penché sur le dossier des écoles de théâtre dès sa
création, en 1982, en formant un comité pour étudier la question. Les
principales questions soulevées par le milieu incitèrent le CQT à organiser les
États généraux sur la formation en art dramatique en 1989.
• (14 h 10) •
Les préoccupations
reliées à la formation professionnelle furent de nouveau exprimées lors des
Seconds États généraux du théâtre
professionnel en 2007. Le milieu s'inquiétait alors de la cohésion et de la
complémentarité dans la formation
théâtrale. Le CQT a mis en place un comité de réflexion sur cet enjeu en 2012,
qui a mené à une vaste consultation du
milieu. Il fut souhaité que tous les intéressés, autant ceux issus du milieu
professionnel que ceux du milieu de l'enseignement, aient l'opportunité d'exprimer leurs points de
vue. C'est ainsi que le CQT a rassemblé des praticiens et des enseignants
des écoles professionnelles de théâtre pour
entendre la diversité des opinions et évaluer les avenues susceptibles
d'améliorer la formation et l'adéquation avec les possibilités du milieu
professionnel.
IV. La formation
professionnelle selon le milieu professionnel.
A.
La diversité des écoles de formation. La formation professionnelle en art
dramatique offerte au Québec est riche de
ses neuf écoles qui offrent chacune des formations de qualité, autant en
français qu'en anglais. Ces institutions proposent des programmes pour
la formation de base et spécialisée pour l'ensemble des métiers
artistiques liés à l'art théâtral, soit l'écriture, la mise en scène, l'interprétation, la scénographie et la
production. Les consultations menées par le CQT ont permis de constater que le milieu théâtral québécois
reconnaît autant la richesse du réseau actuel que le potentiel d'unicité de chacune
des écoles. Ces dernières offrent un large éventail de possibilités aux jeunes
désirant devenir des artistes professionnels.
Cependant,
malgré leur dynamisme respectif, une certaine ressemblance est constatée entre
les programmes des différentes écoles. Cette standardisation de
l'enseignement affaiblit le caractère distinctif des institutions ainsi que la diversité des démarches artistiques des
finissants. C'est pourquoi il a été
proposé que les écoles puissent se distinguer entre elles par une vocation d'enseignement spécifique, évitant ainsi
une trop grande uniformité et une surcharge de leurs programmes en effectuant des choix spécialisés. Le
milieu théâtral est profondément convaincu qu'une pluralité d'approches de
formation favorisera une diversité des pratiques artistiques explorées par les
étudiants. Cette diversité se reflétera ensuite à travers les créations
de leur pratique professionnelle ultérieure.
B. Une force
reconnue : la qualité de la formation. Les consultations du CQT ont fait
ressortir un consensus au sein du milieu théâtral sur l'excellente
qualité de la formation offerte, une excellence à laquelle les conservatoires contribuent de manière
significative. La mesure qualitative de cette formation professionnelle en
théâtre s'analyse notamment au travers de l'évolution professionnelle
des artistes...
Le Président (M. Kotto) : M.
Rondeau?
M. Rondeau (Jean-Léon) : Oui?
Le
Président (M. Kotto) : Votre temps est écoulé. Mais cependant
je consulte les membres de la commission pour voir si vous pouvez aller plus de l'avant en prenant sur le temps
du groupe formant le gouvernement. O.K. Le groupe formant le
gouvernement vous accorde...
M. Rondeau (Jean-Léon) : De
continuer?
Le Président (M. Kotto) :
...un bout de leur temps. Voilà.
M. Rondeau
(Jean-Léon) : Merci. De toutes les écoles de formation, les deux... Je
vais accélérer un peu, à ce moment-là.
De toutes les écoles de formation, les deux conservatoires d'art dramatique
sont très prisés par les étudiants qui
aspirent à suivre une formation professionnelle. Ils sont particulièrement
reconnus dans le milieu théâtral comme étant des institutions signifiantes pour la qualité de leur formation. Cette
qualité se reflète notamment par la présence nombreuse de leurs diplômés dans le milieu artistique
professionnel, et ce, depuis plusieurs décennies. Ces deux institutions sont
aussi profondément implantées dans
leur milieu, notamment à travers l'offre d'une formation attentive aux besoins
du milieu professionnel, et ce, autant au bénéfice de finissants qui disposent
des capacités professionnelles diverses qu'à celui du milieu professionnel qui y trouve les expertises
dont il a besoin. Les professeurs consultés disent y trouver une grande
liberté d'enseignement, élément nécessaire pour leur permettre de donner une
couleur unique à leur enseignement.
C. La quête de l'excellence. Toutes les écoles
de théâtre sont, par définition, des écoles d'art qui favorisent la rencontre
des étudiants avec des maîtres artistes qui y transmettent un apprentissage
contemporain sur les multiples avenues de l'expression artistique. Les univers,
les sensibilités, les parcours artistiques variés ainsi que le spectre
générationnel des artistes enseignants colorent l'identité de ces écoles.
Aussi, la présence constante au sein du corps professoral
de praticiens actifs ainsi que celle d'enseignants permanents contribuent
ensemble à dynamiser les programmes d'enseignement
et à les questionner sur leur adéquation avec la réalité professionnelle. Ces
écoles de théâtre oeuvrent continuellement
dans une philosophie d'excellence, sensibles aux nouvelles mouvances
artistiques, et demeurent ouvertes aux
pratiques contemporaines. Cette exigence confronte leurs enseignants à la
nécessité de s'adapter aux nouvelles formes scéniques et
multidisciplinaires afin d'inclure ces approches novatrices dans leurs cours.
D. Le besoin
d'une formation évolutive. Sans égard à la qualité de la formation offerte, il
est souvent ressorti des consultations
qu'il serait opportun de favoriser un parcours de formation évolutif qui inclut
tous les niveaux d'enseignement en
théâtre, soit l'école secondaire, le cégep, l'université, le conservatoire et
l'École nationale de théâtre. Un tel exercice de définition ouvrirait une avenue vers une progression et une
spécialisation des apprentissages, cette dernière étant identifiée comme étant
insuffisante. Ceci permettrait aux étudiants d'être bien préparés à une
formation supérieure en théâtre et favoriserait ainsi l'éclosion de vocations
artistiques assumées et talentueuses. De plus, une telle gradation de
l'enseignement théâtral permettrait à un étudiant de programmer une trajectoire
dans sa formation qui pourrait se compléter
niveau par niveau. Ce trajet vers la spécialisation et le perfectionnement de
son parcours académique soutiendrait l'étudiant dans la quête et
l'expression de sa propre identité artistique.
E. Le besoin
d'une concertation des écoles et des ministères. Les consultations du CQT ont
permis d'identifier le souhait d'une
plus grande concertation entre les institutions d'enseignement. Les
représentants des écoles de théâtre présents
aux tables de consultation du CQT ont convenu de manière unanime de
l'importance d'entretenir entre eux un dialogue
sur leurs pratiques d'enseignement et les possibles manières de faire évoluer
leurs programmes et de s'assurer de
la complémentarité des services offerts. Il a notamment été évoqué l'intérêt de
créer une instance de discussion permettant d'identifier des collaborations entre écoles, que ce soit sur des
partages de cours, de classes de maîtres ou d'oeuvrer ensemble sur des
projets pilotes.
Toutefois,
cette seule concertation entre les écoles ne saurait être suffisante en
elle-même, elle doit également se dérouler
au niveau des différentes instances auxquelles répondent ces institutions
d'enseignement. Rappelons ici que les cégeps
relèvent du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et Recherche,
MEESR, les deux conservatoires sont rattachés au ministère de la Culture
et des Communications, et l'École nationale de théâtre du Canada est une institution privée, principalement subventionnée
par Patrimoine canadien. Dès lors, une concertation plus large réunissant les
deux ministères et Patrimoine canadien
gagnerait à être mise en place, cette dernière permettra que se développe la
vision commune que requièrent la diversification et l'enrichissement de
la formation professionnelle en théâtre.
IV.
Conclusion. Donc, j'achève. Le CQT salue le projet de loi proposé. Nous
nous réjouissons que l'Assemblée
nationale soit saisie de ces questions de première importance pour l'avenir de la formation
théâtrale professionnelle au Québec. Nous souhaitons nourrir l'élan de changement
donné par cette première mouture législative
et espérons que vous reconnaîtrez la pertinence de mettre en place une
instance de concertation entre les écoles ainsi qu'entre les instances gouvernementales concernées. Nous savons que vous
avez à coeur le développement de la culture au Québec et que vous verrez à offrir le meilleur environnement
pédagogique possible aux jeunes citoyens qui aspirent à faire une carrière
artistique professionnelle. Ils sont la culture de demain. Nos sincères
remerciements pour l'attention portée à nos réflexions.
• (14 h 20) •
Le
Président (M. Kotto) : Bien. Merci, M. Rondeau. Nous allons
passer aux échanges. Cependant, je souhaiterais spécifier que le temps qui va être soustrait à la partie... au groupe
formant le gouvernement sera de 3 min 15 s,
3 min 15 s parce que
l'opposition officielle accepte de
prendre l'autre moitié du temps. Donc, 3 min 15 s soustraites de
chaque côté. Voilà. Maintenant, je laisse la parole à Mme
la ministre de la Culture. Vous avez 20 min 15 s.
Mme David
(Outremont) : Bien, merci beaucoup à l'opposition officielle.
Probablement que nous serons, de toute
façon... C'est une... Merci beaucoup pour ce partage. On ira probablement vers
le même genre de questions, parce que je pense que le thème principal
est celui de la formation, du continuum de formation, montée en charge de la formation. Et je vous remercie d'abord d'avoir
pris le temps de réfléchir à ces questions et de venir partager avec nous
non seulement, je dirais, la formation
donnée au conservatoire, mais la place aussi des différentes écoles de
formation dans le paysage de formation en art dramatique. Pour moi,
c'est très important.
Vous dites
qu'il y a eu... Et effectivement je suis en train de lire des rapports, par
exemple, sur... un rapport de Robert
Spickler, avec... je pense que c'est Marie Lavigne, sur le théâtre et le financement. Vous le savez, j'ai visité plusieurs
théâtres dans les derniers jours, les
dernières semaines. C'est une vraie préoccupation pour moi et d'une grande importance de comprendre le fonctionnement non seulement des lieux de diffusion,
mais des troupes théâtrales, de comment les choses fonctionnent, où on
en est et quels sont les enjeux, quels sont les défis.
Et évidemment
que la question de formation arrive à peu près dans toutes les rencontres.
Parce que c'est beau avoir une troupe, avoir des gens qui sont metteurs en scène
en résidence ou des scénaristes en résidence, d'avoir des troupes de théâtre en résidence aussi, mais ça montre la
diversité incroyable du milieu théâtral au Québec. Je suis vraiment
très, très, très impressionnée, et ça,
je pense que, depuis 25 ou 30 ans, on a fait d'énormes progrès tant dans le
nombre d'installations culturelles... J'ai été en fin de semaine à Amos
inaugurer le Théâtre des Eskers, dans le comté de mon collègue
François Gendron, et vraiment c'est extraordinaire comme lieu de
diffusion. On n'a pas idée, là, de ce qui se passe à la fois en région et dans les grands centres. Alors, je pense
que le théâtre, en termes de création, d'innovation et de lieu de diffusion, se porte bien. On a énormément
de talents au Québec, mais, ces talents-là, je pense qu'on va se contenter,
pour le temps qu'on a ensemble, de parler de la formation de ces talents-là.
Et vous
parlez de consultations qui ont été faites en 2000... on remonte à 1982, 1989,
2007, et je sais que vous avez
beaucoup consulté vos membres. Et vous avez parlé d'écoles où, à la
page 3, «une certaine ressemblance est constatée entre les programmes des différentes écoles» et
que la «standardisation de l'enseignement affaiblit le caractère distinctif
des institutions». Et donc, quand vous dites tous ces constats-là, une des
questions que je me pose, c'est...
Vous
dites : «Le milieu théâtral — le milieu théâtral, est-ce que vous voulez
dire les écoles ou le milieu une fois qu'ils
sont sortis des écoles? — est profondément convaincu qu'une pluralité d'approches de
formation favorisera une diversité
des pratiques...» Alors, en théorie, on peut être tout à fait d'accord. La note
que je me suis mise, c'est : «Quelle sorte de suivi peut être fait à ces recommandations?» Parce qu'en même
temps vous identifiez très bien un certain nombre d'écueils, et en nous demandant presque de nous en
mêler, c'est-à-dire : il y a des écoles qui relèvent du gouvernement
du Québec, d'autres, du gouvernement du Canada, et d'autres, des cégeps et
d'autres, des universités, hein? On est vraiment
à la fois dans l'Enseignement supérieur, on est dans Patrimoine Canada, et on
est dans ministère de la Culture.
Alors, nous, on ne veut pas trop dicter, et je
pense que tout le monde sera d'accord avec ça qu'on ne veut pas nécessairement
dicter le contenu de la formation du cégep, je ne sais pas, moi, de
Lionel-Groulx, par exemple, ou de l'Université
du Québec à Montréal, ou du conservatoire, ou de l'École nationale. Mais
vous-mêmes, dans le milieu, vous dites :
Ça serait bien qu'ils aient chacun une petite... peut-être un créneau, une
saveur spécifique, et ça, c'est évidemment une question très compliquée dans le milieu de l'éducation, parce qu'on
peut le souhaiter, mais de là à dire qu'on l'impose, c'est une autre question. Et ça demande un
consensus des écoles entre elles pour se dire : Moi, je vais faire ça,
moi, je vais faire ça, moi, je vais faire ça. Même chose...
Et ce n'est
pas fou, c'est très intéressant, ce que vous dites, un «continuum de
formation». Alors là, vous allez un
peu rire, mais j'ai mis comme note : «Exactement comme les infirmières, le
continuum de formation qui peut commencer par les préposés en secondaire V, infirmières techniciennes avec un
cégep professionnel, infirmières cliniciennes avec un baccalauréat, et puis infirmières praticiennes
spécialisées avec l'équivalent d'une maîtrise plus un D.E.S.S.» Alors là, on
se retrouve dans un continuum où chaque
niveau a sa reconnaissance, bien que — bien que — les infirmières diraient : Non,
on n'est pas reconnus tous à notre juste valeur, etc.
Donc, vous,
vous proposez un peu ce continuum, cégep, même avant ça, bon, puis cégep et
conservatoire, École nationale,
université, et vous dites : Il pourrait y avoir pratiquement... il
faudrait que je retrouve, là, l'expression que vous employez, là, qu'il y ait une sorte de continuum
de formation, et, à chaque fois, ça pourrait se compléter, comme vous
dites, niveau par niveau.
Alors, je
trouve ça très intéressant sur papier. Je voudrais savoir, un, à la fois pour
votre consultation... et de dire chacun
pourrait avoir sa saveur locale ou son créneau, très intéressant aussi, et il
pourrait y avoir un continuum avec une espèce
de reconnaissance niveau par niveau. Et, là aussi, ça comporte un certain
nombre de défis, parce qu'il n'y a pas d'ordre
professionnel dans tout ça. Alors, je voudrais vous entendre sur la réception
de tout ça dans le milieu, dans le milieu de formation et comment les
écoles peuvent envisager de répondre à vos souhaits, dans le fond.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Nadeau ou M. Rondeau? Qui c'est qui répond? Mme Nadeau.
Mme Nadeau
(Hélène) : Oui, merci. Merci de votre attention. Sur la question de la
saveur, ce que j'appellerai simplement
la saveur locale d'une école, je vous dirais qu'il est souhaité, et je ne crois
pas que nous ayons la solution précise, bien entendu, mais il est
souhaité que les écoles, à l'image même des démarches artistiques, aient la
possibilité de personnaliser
non pas des programmes, parce que nous comprenons bien la nécessité des
programmes, mais qu'ils aient la
personnalité d'exploiter les talents naturels de leurs enseignants, par
exemple, ou certaines spécificités de leur histoire ou de leur relation
avec le milieu.
La pratique
artistique théâtrale, vous l'avez souligné, est d'une très grande qualité, au
Québec, et d'une très grande diversité. Nous sommes cependant, et je
crois que vous le serez aussi, très conscients de la nécessité de nourrir cette
diversité de manière à ce que la richesse actuelle de cette pratique perdure.
Et, dans cette optique, nous croyons profondément... — et «nous» étant le milieu, bien entendu — le milieu exprime clairement le besoin d'une
diversité d'approches de formation afin de faire naître une diversité de
pratiques.
Je vous
dirais que les enseignants et les situations spécifiques de chacune des écoles
donnent des orientations sur les
avenues qui pourraient être envisagées. Et ce sont, pour plusieurs, les
enseignants eux-mêmes qui sont venus nous le dire dans les consultations. Parce que chacune des écoles du Québec a
délégué des représentants, et eux-mêmes nous ont dit aspirer, d'une certaine
manière, à doter leurs programmes d'un caractère très spécifique.
Sur la
question du continuum de formation, je vous dirais que nous en avons une
signification qui est légèrement différente
de celle que vous... Vous avez pris les infirmières comme mode de comparaison,
et peut-être qu'afin de s'assurer de
notre mutuelle compréhension je me permettrai de vous dire que, ce que nous
appelons une formation évolutive, je le qualifierais plutôt
«d'approfondissement» et de «spécialisation».
Il y a, au Québec,
beaucoup de talents et il y a beaucoup d'aspirants à la carrière artistique,
vous le savez, j'en suis certaine. De
notre point de vue, il est fondamental que des aspirants aient l'opportunité
d'appréhender de manière réaliste ce qu'il y a dans une carrière
artistique et d'approfondir leur expertise de manière à atteindre l'excellence.
Alors, dans
ce que le milieu nous dit, c'est qu'on parle plus d'un parcours de formation
où on parle d'une culture générale solide pour tranquillement se
spécialiser, et ce, afin, entre autres, de permettre à des gens qui aspirent à
une pratique artistique d'avoir
l'opportunité de vérifier si c'est
vraiment ce dans quoi ils souhaitent réaliser leur vie. Vous le savez, ce sont des carrières exigeantes, alors on
souhaite que les gens qui s'y consacrent le fassent en toute connaissance
de cause.
• (14 h 30) •
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre.
Mme David
(Outremont) : Oui. On n'est pas très loin de dire à peu près la même
chose, on n'est pas très loin. Parce
que, c'est ça, d'approfondir ou spécialiser, ça... On pourrait faire un débat
sémantique, mais je pense qu'on veut dire la même chose,
fondamentalement.
Maintenant,
moi, je salue votre idée. J'aimerais beaucoup qu'effectivement Enseignement
supérieur, Patrimoine Canada,
ministère de la Culture, on mette ensemble nos bonnes têtes, nos réflexions,
nos deniers publics même, enfin tout
ça pour dire : Est-ce qu'on a la meilleure façon de se séparer l'ensemble
du portrait, du paysage de la formation? Ça pourrait être vrai pour la musique aussi. On parle des deux volets,
évidemment, avec le conservatoire. Ça pourrait tout à fait être
intéressant.
Maintenant,
il y a plusieurs maîtres à bord, je dirais. Il y a les programmes... Ce n'est
pas à vous que je vais dire qu'il y a de l'autonomie dans la formation
des collèges, il y a ce qu'on appelle la liberté académique, il y a la liberté académique que nous consacrons dans ce projet de
loi, et j'y tenais, pour le conservatoire, c'est-à-dire que, quand tu es
enseignant au niveau des études supérieures,
ce concept-là est un concept absolument sacré, sinon on est dans des pays où
on dit quoi enseigner, et ce n'est pas
nécessairement un grand garant de la démocratie. Donc, c'est à la fois
important que les enseignants et les directions de ces écoles-là, bon,
aient leurs programmes qu'ils ajustent eux-mêmes.
Et vous le
dites très bien pour le conservatoire, les programmes, ça, vous avez un endroit
où vous dites : Bien, c'est...
vraiment, ils ont une réflexion comme un peu en continu. Vous dites : «Une
formation attentive aux besoins du milieu professionnel». Donc, on les
sent en réflexion constamment pour être sûr que ça répond aux besoins.
Mais donc
mettre les trois pôles ensemble, les trois instances de gouvernement ensemble,
je ne suis pas contre, mais est-ce
que vraiment vous pensez que, d'après vos consultations, ce que vous avez
entendu... Vous faites presque un
appel à l'aide, dans le fond, des grandes instances, des ministères, pour
pouvoir avoir la même réflexion que vous avez eue au niveau de votre milieu. Est-ce que c'est parce que vous pensez
que ça ne peut pas venir du milieu entre eux, entre écoles, de dire : Bien, on va essayer de
proposer à nos directions respectives, par exemple, de se séparer un peu la tarte?
Est-ce que vous vous attendez à ce que nous,
on sépare ces approfondissements-là nous-mêmes? Je voudrais encore vous
entendre un peu plus là-dessus.
M. Rondeau
(Jean-Léon) : Bien, disons, tout ce qu'on a écrit provient soit des
consultations ou soit de... bon, des dernières
consultations ou de précédentes. Alors là, on s'est basés surtout sur les trois
tables de concertation, d'ailleurs qui réunissaient
50 % de représentants des écoles et 50 % de représentants, disons, du
milieu théâtral, de personnes... Bon, les écoles, c'est des praticiens
de théâtre aussi, mais on voulait avoir vraiment, quand même, comme deux points
de vue. Autrement dit, on avait des
directions de compagnie de théâtre et on avait des directions d'école, on avait
des professeurs des écoles et on
avait, bon, des metteurs en scène ou des gens qui avaient toute une carrière de
l'autre côté. Et, en discutant, les
trois tables... Et d'ailleurs les trois tables ont mentionné... sont arrivées
aux mêmes conclusions, des conclusions disant : Oui, nous devons
recommencer à discuter ensemble. Parce qu'il y a déjà eu des tables, là,
réunissant l'ensemble des représentants des
écoles. Actuellement, il n'y en a plus. Et, les trois tables, dont une s'est
tenue ici, à Québec, les conclusions ont été : Oui, nous devons
nous rencontrer à nouveau. Bon, voilà.
Et le CQT
s'est engagé à poursuivre ce travail-là, à dire : Bon, on va vous réunir,
mais la formation, lorsqu'on rentre dans les détails, bien là, ça relève
de vous. Ça, c'est pour ça que ça se retrouve à l'intérieur de notre document.
Ensuite,
ce sont des représentants, et là ce n'est peut-être pas les trois
tables, c'est peut-être une ou deux tables sur les trois, mais, en
tout cas, on va valider l'idée, mais on dit : Nous, on a beau se
concerter, mais il faut aussi que les différents
ministères se concertent. Et ce serait bien qu'il y ait, comme ça, une...
puis ensuite, bien, concertation avec le milieu de l'enseignement des écoles de théâtre et les différents
ministères. Et on a mis aussi le Patrimoine canadien, on sait très bien, bon, que ce n'est pas le même gouvernement du tout, mais, bon, là, on était dans la problématique des écoles
de théâtre, on s'est dit : On va aller au-delà du gouvernement et même
au-delà des conservatoires. Alors, c'est ça.
Par contre,
moi, j'aimerais juste vous dire : Quand on parle de spécificités d'une
personnalité au niveau de chaque école,
soyez assurée que chacun des deux conservatoires en art dramatique a sa propre
personnalité. Le conservatoire de Québec et le conservatoire de Montréal
sont très différents. Et ça, c'est par
rapport... Si on n'avait traité que
les conservatoires... Bon, ils ont
leur propre personnalité, et ça, vous devez être en mesure de le savoir, vous
l'avez certainement vérifié à votre arrivée, donc ils sont très
différents, et c'est très bien, c'est deux très, très bonnes écoles.
Alors, nous, c'est pour ça qu'on
approuve ce que vous faites, mais, bon, on s'est dit : Tant qu'à venir
vous rencontrer, bien, on va vous faire part des résultats de nos
propres consultations. Voilà.
Le Président (M. Kotto) :
Merci, M. Rondeau. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez,
soyez assuré que moi, j'entends bien ça. Je ne peux pas parler au nom de mon collègue à l'Enseignement supérieur ni au nom de
Patrimoine Canada, ça, c'est sûr. Mais moi, dès que ça parle de concertation, je lève la main puis je suis
prête à être au rendez-vous, parce
que je pense que, quand on est
dans une discipline, il faut que les gens se parlent.
Dans mon
ancienne vie, il y avait des tables comme ça, de concertation par
discipline. J'ai parlé des infirmières, mais des médecins, des
formations en plein, plein de choses, là. Les gens se parlaient pour être sûrs
que, d'abord, les meilleures pratiques
étaient partagées. Et là, bien, des fois, il peut y avoir de la compétition peut-être,
je ne le sais pas, mais c'est clair
qu'au conservatoire, on l'a dit à plusieurs reprises, et ça sera peut-être
ma dernière intervention, je ne sais pas combien de temps il me reste...
Le Président (M. Kotto) : Il
vous reste trois minutes, Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Combien?
Le Président (M. Kotto) :
Trois minutes.
Mme David
(Outremont) : Bon, alors...
J'ai perdu mon idée. Oui, la question qui sera peut-être posée, mais je donne, au cas où, une question comme ça, c'est dit, et c'est redit, et c'est un
grand débat : Est-ce qu'on forme trop de comédiens, d'acteurs ou on
n'en forme pas assez?
Et l'autre question
qui est peut-être complémentaire : Au conservatoire, on l'a
bien dit, différent de la musique, il y a
12 nouveaux étudiants par année à Québec, 12 à Montréal, sur 300 et quelques demandes. C'est sûr, donc,
que c'est presque aussi difficile que
d'être admis en médecine. On voit d'ailleurs... Il y
avait des documentaires à Télé-Québec
sur ces grandes écoles qui sont extrêmement importantes, bon, et très,
très contingentées, comme on dit dans
le milieu. Alors, ça, peut-être
que moi, je n'aurai pas le temps, mais j'aurais aimé vous entendre sur... pour
expliquer aux gens pourquoi des si petits groupes, si concentrés et avec un
parcours commun, tous ensemble, tout
le temps, dans le... C'est complètement différent de ce qu'on voit dans d'autres formations, à peu près
dans toutes les autres formations. Et, en
tout cas, je vous remercie beaucoup
de votre présence et de l'occasion qu'on a de discuter formation ensemble.
Le Président (M. Kotto) : Merci,
Mme la ministre. La parole est à la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci,
M. le Président. Alors, bonjour à
vous deux, bienvenue, merci de votre présentation. C'est très intéressant. Tout n'est pas directement en lien avec le projet de loi, mais c'est une belle occasion, que vous avez
saisie à juste titre aussi, de nous
faire part de vos préoccupations puis des enjeux qui vous concernent. Donc, ça
permet aussi de mijoter ça de manière plus générale quand on aborde ces
dossiers.
Vous dites
que, bon, vous êtes préoccupés que chaque école puisse vraiment
conserver sa personnalité propre, ses
programmes propres, son individualité, en quelque sorte. J'aimerais comprendre.
Vous semblez laisser entendre, donc, qu'il
y aurait une plus grande
homogénéisation entre les écoles, au fil du temps, qui se serait produite. Est-ce que
c'est ce que vous voulez dire? Est-ce qu'il y a des risques qu'on tende vers ça? Si oui, pourquoi?
Donc, j'aimerais ça comprendre un petit peu mieux cet enjeu-là.
• (14 h 40) •
Mme Nadeau
(Hélène) : O.K. Je
vous dirais que le seul risque que je pourrais vous nommer est le risque du
déclin de la capacité créative du Québec,
et c'est la raison pour laquelle on insiste, on insiste beaucoup
sur cet aspect. Je ne peux pas vous
dire historiquement si elles ont déjà été plus différentes,
mais nous savons tous que nous vivons dans un monde, je dirais, qui se complexifie. Et, d'une certaine
manière, il y a une tendance, je dirais, à bénéficier des succès
et des résultats que l'on voit ailleurs.
Mais ce besoin de personnalité pour chacune des écoles, il n'est pas nécessairement, je vous dirais, avec les programmes, mais c'est beaucoup plus dans
la capacité de reconnaître et de développer ce qui constitue, d'une certaine manière, les forces naturelles, que ça
soit des enseignants, que ça soit une ouverture. Je vais vous donner l'exemple
du conservatoire qui, un des premiers, a inscrit des cours de doublage pour la
caméra...
Une voix :
Le conservatoire de Montréal.
Mme Nadeau
(Hélène) : ...de Montréal, merci. Donc, ils ont ouvert une niche qui
fait... qui colore aujourd'hui leur
enseignement. Alors, ce que le milieu théâtral souhaite, c'est que différentes
niches soient ouvertes plutôt que d'entretenir des pistes qui sont
semblables.
Mme
Hivon :
C'est un souhait un peu préventif, ce n'est pas parce que vous voyez une
tendance accrue à cette uniformisation-là, ou que vous sentez qu'au
ministère il y a une volonté de reconnaître des choses qui sont vraiment similaires dans les formations, ou qu'on vous
pousse vers ça. C'est ça que je veux comprendre. Est-ce qu'il y a... Il n'y a
pas d'inquiétude particulière par rapport à
la situation actuelle. C'est juste que vous dites : Il ne faudrait pas
aller vers là.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Nadeau.
Mme Nadeau
(Hélène) : Ayant trois instances décisionnelles, vous comprenez qu'il
y a... la difficulté... Et la crainte,
elle n'est pas liée aux instances, elle est beaucoup plus liée à l'arrivée des
finissants et au fait que certains disent que, d'une école à l'autre, la
formation se ressemble. Alors, si la formation se ressemble d'une école à l'autre,
il est prévisible que les avenues, les
avenues artistiques qui seront explorées, se ressembleront aussi, d'une
certaine manière. Alors, c'est
vraiment d'une manière préventive et, peut-être un terme intéressant, c'est
vraiment pour développer, en fait, pour mettre les meilleures
conditions, je dirais, pour maintenir le potentiel créatif et diversifier.
Mme
Hivon :
O.K. Votre organisme, là, que vous souhaitez, parce que tout le monde vient
nous faire part aussi de l'univers
parfait qu'on pourrait imaginer — il faut toujours, en politique, avoir une
part de rêve, d'idéal — donc, vous le voyez
formel? Votre instance de concertation, vous la voyez formelle, prévue
formellement dans une loi, tout ça, ou vous
voyez plus un mécanisme informel où, je ne sais pas, un ministère pourrait
jouer un rôle de catalyseur ou tout ça, ou vous voyez plus juste une intention de mettre quelque chose en place
mais qui ne serait pas nécessairement formalisé dans une loi, un
règlement ou...
Le Président (M. Kotto) : M. Rondeau.
M. Rondeau
(Jean-Léon) : C'est vraiment au niveau de l'intention, hein, parce que
l'idée a été lancée et puis, bon...
Et là, par rapport au milieu, dans un premier temps, c'est plutôt que les
écoles se concertent entre elles, hein? Et, même là, tout le monde abondait dans ce sens-là, mais il n'y a personne
qui a proposé une forme particulière. Il y a tout simplement une
prochaine rencontre qui va être organisée, et puis, après ça, bon, les gens
verront quelle structure ils veulent se
donner. Et puis, au niveau des instances gouvernementales, c'est strictement de
lancer l'idée. Et aujourd'hui, bien, ça nous permet de lancer cette
idée-là au nom de l'ensemble du milieu théâtral.
Mme
Hivon :
Parlant des écoles, donc, si vous manifestez ce besoin-là, est-ce à dire qu'en
ce moment il n'y a pas énormément de
discussions et de concertation entre les écoles des différents niveaux? Les
relations entre les écoles sont comment?
M. Rondeau
(Jean-Léon) : Les relations
sont informelles, là, selon les individus. Parce qu'il y a des individus
qui enseignent dans plus d'une école. D'ailleurs,
c'est une des raisons qui fait dire à des finissants, qui fait dire à des gens
de théâtre qui sont à l'extérieur que les écoles, tranquillement, se ressemblent, parce que, bon, un commence, bon... Hélène disait, bon : Le conservatoire de Montréal a
commencé au niveau des cours de doublage. Mais il y en a d'autres qui se
sont dit : Bien là, il nous faut des
cours de doublage. Ça fait que c'est rendu que les étudiants... C'est très
exigeant dans les écoles de théâtre,
parce que, par rapport à il y a 40 ans, le nombre de cours, de différents
cours, différentes disciplines a augmenté, et finalement il y a toujours
24 heures dans une journée.
Là, je le dis
différemment, mais c'est ça aussi qui fait qu'à un moment donné, dans des
écoles d'art... Comme on a la chance
d'avoir plusieurs écoles d'art pour une si petite population, bien, on devrait
en profiter pour les spécialiser. Si
on prend... Exemple, tout le monde fait de la danse, hein, tout le monde fait
du mouvement, mais personne n'en fait assez
pour être capable de faire du théâtre-danse. Les gens qui sortent après, il
faut qu'ils travaillent avec des chorégraphes, il faut qu'ils aillent chercher un perfectionnement,
puis là ça peut arriver. Puis moi, j'en parlais à une chorégraphe, et puis
elle me disait : Oups! Les plus
talentueux, elle dit, si je les fais travailler pendant un an intensivement à
tous les jours, ils vont pouvoir être
dans le spectacle, et j'en veux, parce qu'en même temps ce sont des bons
interprètes. Mais, si on avait, exemple,
je dis juste ça, là, au niveau d'une école de théâtre que, oups! ils
développent au niveau du mouvement de la danse... Bon, bien, on le sait que les arts commencent à être multidisciplinaires.
Il y a une tendance vers ça. Donc, au lieu de tout faire tout le monde,
bien, on est mieux d'avoir une base, mais après une spécialité.
Prenons le
cégep Lionel-Groulx, ils ont commencé le théâtre musical. Bon, ils se sont fait
une niche là-dedans. Mais les
critiques disent : Ce n'est pas assez, il faudrait qu'ils laissent tomber
d'autres cours pour se concentrer là-dessus. Donc, c'est tout ça, là. Je
veux dire, c'est sûr, quand on rentre dans le détail et puis... Voilà.
Puis aussi je
peux vous dire : Quand on rentre dans le détail — là, je vous donne comme ça un peu mon
opinion puis j'essaie d'être
représentatif — quand on
rentre dans le détail, ce n'est pas vrai que tout le monde est d'accord. Ce
qu'on vous a écrit, tout le monde est
d'accord. Puis on a même... on fait attention comment on écrit aussi, là, parce
qu'on ne veut pas, nous autres, après
ça dire : Comment ça, vous avez écrit ça? Comment ça, vous avez dit ça? On
représente l'ensemble du milieu, puis, on le sait, comme
dans tout milieu... et particulièrement en théâtre, vous l'avez mentionné,
hein, c'est un milieu très riche, très
diversifié, qui a beaucoup d'opinions différentes aussi. Et, nous, il faut
essayer de trouver des consensus, hein, les convergences et non pas les
divergences, il faut les laisser de côté. Voilà.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Oui. Bien, c'est un vaste débat assurément, parce que, vu que c'est un milieu
tellement difficile aussi pour se
tailler une place, donc, il y a la pression de chacun qui veut avoir un peu
toutes les cordes à son arc, donc pouvoir
aussi se présenter sous les auditions d'un peu tout, parce que, s'il est trop
spécialisé... Donc, je pense que ce n'est pas simple à résoudre, mais
j'entends bien votre point de vue.
En terminant,
pour revenir plus concrètement au projet de loi, vous amenez aussi cet
enjeu-là, que les gens qui vont siéger sur le conseil d'administration
soient des gens qui aient une bonne connaissance du milieu. Vous semblez aussi militer... Bon, vous dites : Il
faudrait préciser le profil des administrateurs, une bonne connaissance, donc,
des enjeux actuels. Par exemple, si
on prend l'article 15 du projet de loi, qui fait état, là, de la
composition du conseil d'administration, est-ce que, pour vous, ça
passerait par, par exemple, avoir plus de deux personnes? Là, il est prévu
qu'il doit y avoir deux personnes qui
proviennent du milieu culturel, à l'article 3b. Est-ce que, pour vous, ça
veut dire de prévoir plus de personnes
qui proviennent du milieu culturel? Est-ce que ça veut dire spécifier davantage
leurs caractéristiques dans le milieu culturel? J'aimerais juste vous
comprendre là-dessus un peu.
Le Président (M. Kotto) : Mme
Nadeau.
Mme Nadeau
(Hélène) : Merci. Non, je pense que ce sont plus les six personnes
désignées en c dont il est question ici.
Si je peux me permettre, une école d'art est une institution qui nécessite une
bonne compréhension. Mme la ministre évoquait
tout à l'heure le besoin des petits groupes, par exemple, et ce sont des
éléments fondamentaux à la formation des
élèves. Alors, afin de soutenir le travail difficile d'une école d'art, nous
croyons que des administrateurs doivent avoir une bonne compréhension, mais on comprend aussi le besoin d'équilibre
entre la provenance du milieu culturel et d'autres milieux, mais que les personnes qui viennent
d'autres milieux aient une vision adaptée, je dirais, à la spécificité d'une
école d'art.
Le Président (M. Kotto) :
Merci. Merci beaucoup. La parole est à la députée d'Iberville.
• (14 h 50) •
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Bonjour, monsieur. Bonjour, madame.
J'ai été surprise ce matin d'apprendre le
petit nombre d'étudiants au
Conservatoire d'art dramatique par
rapport aux étudiants qui ont choisi
la musique. Dans le projet de loi, avec la formation du conseil
d'administration, est-ce que vous avez vraiment l'impression que tout le
secteur de l'art dramatique va être... peut être bien représenté dans un tel
conseil d'administration?
Le Président (M. Kotto) : M.
Rondeau.
M. Rondeau
(Jean-Léon) : Je dirais oui,
si c'est oui ou non. Entre oui et non, je dirais oui, mais moi, j'avoue,
quand, bon, on a regardé la gouvernance avant, la gouvernance, ce qui est proposé au niveau du projet de loi, moi, je me suis dit : Bon, les gens qui ont préparé ça puis les gens qui sont
aussi dans les conservatoires... Et puis les conservatoires sont quand
même bien représentés, que ce soit au niveau
des professeurs, de la direction, des étudiants. Bon, moi, je veux dire, j'ai... Bon, je suis dans le milieu théâtral,
mais l'autre milieu où j'ai oeuvré beaucoup, puis les deux sont complémentaires, c'est le milieu coopératif. Alors, dans les
coopératives, c'est normal que les administrateurs
proviennent du milieu. Alors, c'est une vision complètement différente,
là, des sociétés où c'est le capital-actions, où c'est les investisseurs ou des spécialistes qui priment.
Alors, moi, quand j'ai regardé ça, j'ai dit : Bon, oui, comme ça, O.K. Si
on diminue là, O.K., comme ça, on... bon, comme... Bon, voilà.
Notre
préoccupation était ce qu'on a mentionné au niveau de... que les gens, que tout
le monde soit... connaisse qu'est-ce
que c'est, une école d'art. Parce que, bon, vous mentionnez le nombre, là, je
veux juste vous dire ça — moi-même, j'ai fait le
conservatoire, je suis quand même placé pour en parler, en plus j'ai fait un
peu à Montréal, un peu à Québec : Le
fait d'être seulement une dizaine dans une classe, ça fait que la qualité, elle
est énorme. Puis on travaille du matin au soir, là. Donc, trois ans
passés dans une école... Ce n'est pas pour rien que d'autres écoles où ils sont
beaucoup plus nombreux dans chacune des
classes, ils sont obligés de mettre quatre ans, parce que, bon, on n'arrive pas
au même niveau, au même résultat.
Mme
Samson : Vous avez parlé un peu plus tôt de l'initiative du
conservatoire de Montréal d'offrir des cours de doublage. Est-ce que ça s'inscrit dans une demande... Est-ce que ça
s'est fait, cette ouverture-là ou ce développement-là, en fonction d'une demande de l'industrie? Entre
autres, ce n'est pas une demande, ça, du regroupement... du RFAVQ? Il me
semble, dans mes vieux souvenirs de vieille madame de cette industrie-là, là,
ça vient de là. Ça se peut-u?
Mme Nadeau
(Hélène) : C'est bien possible. Je n'ai pas ces souvenirs-là. Je vous
dirai cependant que c'est surtout en
lien avec la réalité du milieu professionnel auquel les acteurs, les actrices
sont confrontés. Bon, vous savez que les... en tout cas, je vais vous le dire si vous ne le savez pas, un acteur vit
difficilement d'une pratique théâtrale, les salaires versés dans le milieu du théâtre n'assurent pas la
richesse. Pour la plupart d'entre eux, ils vont chercher un complément de
revenus important,
quelquefois beaucoup plus important, en faisant de la télévision, en faisant du
cinéma ou du doublage. Alors, je pense que c'est beaucoup dans cette
notion de vouloir donner les outils qui leur permettront de gagner leur vie.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, Mme Nadeau.
M. Rondeau
(Jean-Léon) : Si vous me permettez, c'est aussi...
Le Président (M.
Kotto) : M. Rondeau.
M.
Rondeau (Jean-Léon) : Les
professeurs, comme dans le cas du doublage... Bon, c'est Hubert Fielden, qui
est professeur, qui était, là... je crois qu'il est à la retraite, Hubert,
mais, en tout cas, qui était là à mon époque, et lui travaillait beaucoup au
niveau du doublage, il faisait beaucoup de télévision. Et c'était le cas aussi
de d'autres professeurs. Alors, comme les professeurs, en même temps,
sont des praticiens, donc ils observent très bien, parce que ce sont des acteurs, donc, dans le milieu, là, dans tous les
sens du terme. Alors donc, ils veulent que leur école soit à l'avant-garde.
Puis,
ils disent : Bon, écoutez, là, nous sommes sur le marché de Montréal. À
Québec, c'est complètement autre chose,
là, ils ont été dans autre chose, dans la création, et tout. Si on regarde
même... pas juste à travers le Québec, mais à travers le Canada, le conservatoire de Québec recevait des gens d'un peu
partout, et après ça a été les directeurs artistiques un peu partout. Bon. Puis il y en a des grands
aussi qui sont venus à Québec, là, comme Robert Lepage, mais, je veux dire, ça s'est spécialisé dans le théâtre de
création, la création collective, au niveau de la création... au niveau plus...
au niveau de l'écriture, tandis qu'au
niveau de Montréal ça a été le marché de la télévision, le marché du cinéma, le
doublage, tout ce qui est... les
disciplines qui sont reliées autour de ça. Mais ça vient aussi de l'école, ça
vient aussi des professeurs qui sont là. Les professeurs sont très
importants dans une école d'art.
Mme
Samson : Mais on s'entend pour dire que, même si le conservatoire de
Québec offrait des cours de doublage, il ne s'en fait pas beaucoup à
Québec, du doublage.
Mme Nadeau
(Hélène) : Exactement.
Mme
Samson : O.K. Je vais faire du pouce un peu sur la question que la
ministre nous a si généreusement offerte. Est-ce qu'on en forme suffisamment, d'acteurs, de comédiens? Il y a une
école de pensée qui va vous dire : Non, on n'en forme pas suffisamment, puis il y en a d'autres
qui vont vous dire : On en forme... pourquoi on en formerait? De toute
façon, ce sont toujours les mêmes qu'on voit. Est-ce qu'on en forme
suffisamment, ou pas assez, ou trop?
Le Président (M.
Kotto) : Mme Nadeau? Monsieur...
Mme
Nadeau (Hélène) : C'est une
magnifique question. Pour travailler sur ce sujet depuis plus de deux
ans, je dois reconnaître la difficulté
d'y répondre, parce qu'en effet les
gens sont convaincus que nous formons trop d'acteurs, alors que d'autres gens croient fermement que nous
devons nourrir une richesse collective. À partir de cette richesse collective, des grands noms et des grands créateurs
émergeront. Je me permettrai simplement de dire que cette question n'est pas
nécessairement reliée au fait que nous voyons souvent les mêmes acteurs. La
surutilisation de certains acteurs est plutôt
liée au star-système québécois. Tant mieux pour eux, mais ce n'est pas
nécessairement quelque chose qui a rapport avec la formation.
Mais
cette notion du nombre, c'est une question difficile. Je vous dirais que la
position de ralliement qui se dégage de
toutes les consultations qu'on a faites, c'est que le nombre est le seul moyen
d'arriver à mettre au monde des créateurs exceptionnels comme M. Lepage, par exemple. Alors, pour avoir les
meilleurs, il doit nécessairement y avoir un bassin signifiant duquel
émergeront nos plus grands créateurs.
Mme
Samson : Est-ce que le préjugé qu'on en forme trop découle des
statistiques, malheureusement, qu'on diffuse régulièrement à l'effet que peu trouvent à gagner leur vie en pratiquant
leur art uniquement? Est-ce que c'est ce qui fait qu'on a une perception qu'il y en a trop? Il faut
reconnaître que le Québec, c'est quand même un marché assez petit, là. On
n'est pas...
Le Président (M.
Kotto) : M. Rondeau.
M.
Rondeau (Jean-Léon) : Oui, mais c'est surtout parce qu'on en parle
peut-être plus que dans d'autres domaines. Parce que disons que... Est-ce que les gens travaillent vraiment dans le
domaine dans lequel ils ont étudié? Et, surtout de nos jours avec les emplois... Bon, une carrière de
25, 30, 40 ans dans le même domaine, ça ne se fait plus. Le pourcentage
a certainement diminué, si on avait des
statistiques, là, sur les 40 dernières années. Ça, c'est sans parler des
emplois plus précaires, temporaires
ou à mi-temps, là, mais c'est... Juste en théâtre, bien, on en parle plus.
Quand on est dans le milieu artistique, ça va plus souvent dans les
journaux, tout ça, bon, mais...
Puis aussi,
bien, il reste qu'il y a un côté... Il y a tellement de monde, puis on le voit,
par rapport... C'est attirant, les
écoles de théâtre, hein? Vous l'avez mentionné, là, bon, il y a
300 personnes qui vont vouloir participer aux stages au conservatoire, bon, pour 12 élèves,
12 étudiants qui seront choisis. Alors, c'est attirant aussi. Ça, c'est un
phénomène. Bon, comme on dit, il y en
a un qui a chanté : Je voulais être un artiste, hein? Bon... voudrais être
un artiste. Donc, c'est évident, ça, c'est attirant.
Et puis c'est la même chose par rapport... Les nouvelles écoles comme
l'école de l'humour, c'est plus récent, mais c'est pareil, il y en a
beaucoup qui veulent... Alors, c'est attirant, les écoles pour aller... pour
devenir artiste et...
Le Président (M. Kotto) :
Merci. Merci. Monsieur...
M. Rondeau (Jean-Léon) : Mais on a
la chance d'avoir plusieurs écoles.
Le Président (M. Kotto) :
Merci...
M. Rondeau (Jean-Léon) : Et surtout
ce qu'on dit... Bien, la tendance qui dit qu'il n'y en a pas trop...
Le Président (M. Kotto) : Merci.
Merci...
• (15 heures) •
M. Rondeau
(Jean-Léon) : ...c'est qu'en même temps ça fait des gens formés pour
aller dans d'autres milieux,
même être politiciens.
Le Président (M. Kotto) :
Merci, M. Rondeau. Vous me pointez, là.
M. Rondeau (Jean-Léon) : N'est-ce
pas?
Le Président (M. Kotto) : Absolument.
Merci.
M. Rondeau (Jean-Léon) : C'est pour
ça, je voulais conclure sur vous.
Le
Président (M. Kotto) :
Vous avez bien fait. Je suis un bel exemple. Merci pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Et je vais
suspendre quelques instants afin que le prochain organisme, la Fédération
des associations d'élèves du Conservatoire de musique et d'art
dramatique du Québec, prenne place.
M. Rondeau (Jean-Léon) : Merci de
nous avoir reçus.
(Suspension de la séance à 15 h 1)
(Reprise à 15 h 3)
Le
Président (M. Kotto) :
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fédération des associations d'élèves du Conservatoire
de musique et d'art dramatique du Québec. Messieurs, je vous rappelle que vous
avez une dizaine de minutes maximum pour
votre exposé, puis nous allons par la suite procéder à la période d'échange
avec les membres de la commission. Alors, je vous invite, dans un premier
temps, à vous présenter puis à enchaîner avec votre exposé.
Fédération des
associations d'élèves du Conservatoire de musique
et d'art dramatique du Québec (FAECMADQ)
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Parfait. Je me nomme Ludovik Lesage-Hinse. Je suis président à la fédération
des élèves du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
J'ai à ma gauche M. Étienne Chénard, qui est le trésorier et le délégué du Conservatoire de musique de Québec à
la fédération; puis j'ai à ma droite Vincent Massé-Gagné,
qui est vice-président...
M. Massé-Gagné (Vincent) :
Vice-président à l'association du Conservatoire d'art dramatique de Québec.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Et
le nouveau délégué du Conservatoire d'art dramatique de Québec à
la fédération.
Je vais
débuter mon exposé. M. le Président d'abord, Mme la
ministre et autres collègues présents
aujourd'hui, bonjour. Nous vous remercions de cette invitation
qui traduit votre intention de transparence et votre saine collaboration à la poursuite des activités
des conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec.
Tout d'abord,
nous aimerions vous rappeler notre rôle au sein de notre établissement ou vous en informer pour ceux qui ne connaissent pas notre fédération
très bien.
La Fédération des associations des élèves du Conservatoire
de musique et d'art dramatique du Québec, avec l'acronyme FAECMADQ, a été mise
sur pied en 2007 et s'inscrivait dans la vague de changements inhérents à la transformation du conservatoire en une corporation
gouvernementale autonome indépendante du ministère de la Culture et des Communications. Son mandat est de défendre les droits des élèves
et de représenter la perspective étudiante auprès de la direction générale du conservatoire. De
plus, la FAECMADQ procède chaque année à l'élection de délégués qui représenteront les élèves dans les diverses
instances du conservatoire, soit le conseil
d'administration, la commission
des études en
musique et la commission des études en art dramatique. Notre fédération
est composée de neuf délégués provenant de chacun des établissements du
conservatoire.
Depuis sa
création, la fédération a eu le privilège de collaborer avec la direction générale à l'avancement de plusieurs dossiers,
notamment la modernisation des bibliothèques, l'appui des
projets de baccalauréat et de maîtrise, la composition des jurys d'examens terminaux en musique, l'appui
de l'orchestre du réseau, la politique sur l'appréciation et la valorisation des enseignements du conservatoire, le soutien psychologique aux
élèves, l'accès à un répertoire de bourses, les changements au programme
d'examen des spécialités en musique et l'implantation d'un régime d'assurance
collective.
Nous voulons
souligner l'implication du présent gouvernement et de la ministre de la Culture qui souhaitent rétablir l'équilibre de notre établissement en plus de le réformer en débutant par adapter la loi du conservatoire
aux réalités actuelles. Nous
comprenons donc la raison du projet
de loi n° 48 et nous acquiesçons généralement à son contenu, malgré que
nous avions toujours quelques commentaires et interrogations.
Dans
l'optique de la poursuite d'une saine collaboration entre votre travail et le
nôtre, la fédération soutient que sa présence
auprès des instances décisionnelles est essentielle. Le développement des
conservatoires se mesure directement par
l'expérience de ses élèves, et la représentativité de ceux-ci doit être telle
que tous soient entendus selon leurs besoins, relativement aux régions
et aux disciplines artistiques.
Bien que nous
comprenions l'effort de conformité à la Loi sur la gouvernance des sociétés
d'État, nous déplorons la perte d'une
voix au conseil d'administration. Comprenons bien ici que notre institution
regroupe deux disciplines bien distinctes
et que ses besoins en sont directement touchés. Nous ne pouvons nous résoudre à
croire qu'un élève en musique puisse
représenter ses pairs en art dramatique et vice versa. Nous remarquons
également que la durée du mandat de ses membres étudiants, mentionnée dans l'ancienne loi, ne se retrouve pas
dans le projet de loi n° 48 et devrait y être stipulée clairement. De plus, la FAECMADQ se questionne
quant à la nomination de la majorité du conseil d'administration par un membre du gouvernement. Nous craignons que la
gestion soit influencée par une couleur politique et nous souhaitons que
celle-ci soit la plus neutre possible.
Nous avons
une autre interrogation en ce qui a trait à la commission des études. En effet,
l'article 39.12.4° réfère à deux
élèves représentant leurs pairs. Il va de soi, dans la logique de ce que nous
avons mentionné plus haut, que ces élèves soient déterminés clairement comme faisant partie de disciplines
différentes, soit un en art dramatique et un en musique. De plus, nous croyons que tous les membres
internes devraient être élus par leurs pairs, à l'exception du directeur des
études, dans cette commission.
Nous
constatons que la structure des conservatoires, telle qu'elle en est, a sa
raison d'être, et c'est pourquoi nous sommes
persuadés qu'une gestion saine de l'établissement passerait par une
consultation fréquente de tous les conseils énumérés dans cette loi.
Enfin, nous voudrions vous remercier de nous
avoir invités à prendre parole aujourd'hui. Cela démontre l'importance que vous accordez à la voix des
élèves pour qui, comme vous, nous travaillons quotidiennement. L'avenir
culturel du Québec est tissé par ses artistes en formation chez nous, et c'est
avec fierté que nous portons avec vous la mission de leur accorder les conditions
nécessaires à leur épanouissement. Merci.
Le
Président (M. Kotto) : Alors, merci pour votre exposé. Nous
allons maintenant continuer avec les échanges avec les membres de la commission, en commençant par le groupe formant
le gouvernement, et la parole est à la ministre de la Culture.
• (15 h 10) •
Mme David (Outremont) : Alors, merci
beaucoup, chers étudiants. Je crois énormément, énormément à la participation étudiante dans les institutions
d'enseignement. Je pense que j'ai toujours eu d'excellents, d'excellents liens
avec les associations étudiantes. J'étais
même jalouse à l'époque parce que la FAECUM, entre autres, avait des moyens
que je n'avais pas à la direction pour faire
des mémoires extraordinaires sur toutes sortes de choses. Et j'étais très
admirative de leurs 18 ou
19 personnels temps plein pour presque m'assister dans mes fonctions.
Alors, c'est dire comment... Et j'ai le
plus grand respect aussi pour le temps que vous pouvez mettre aux questions
pédagogiques, aux questions de... toutes sortes de questions.
Vous avez
énuméré ce sur quoi vous travaillez, et j'espère... et je vais évidemment vous
poser la question comme ça, tout simplement : Comment ça se passe, dans
votre institution, les liens entre vous? Et vous avez donné un petit indice
tout à l'heure, mais je vais vouloir vous
entendre certainement plus en détail et probablement chacun d'entre vous. Vous
avez comme trois lieux différents et des
disciplines différentes, alors comment trouvez-vous qu'est utilisée votre
volonté d'engagement et d'être
impliqués au-delà des nombreuses heures dans votre discipline, hein, dans votre
formation? C'est des heures, habituellement, de bénévolat, et je
voudrais vous entendre là-dessus.
Honnêtement,
je ne connaissais pas, mais c'est mon erreur probablement, je ne connaissais
pas l'existence dans chaque pôle, dans chaque conservatoire, dans chaque
site, d'une commission pédagogique. Alors, il y a à la fois une commission
pédagogique dans chaque site... Et il y a peut-être même deux commissions
pédagogiques à Québec et Montréal — je ne le sais pas, c'est une question — parce qu'il y a art dramatique et musique.
Et il y a la commission des études.
Il y a deux commissions des études, qui ne se réunissent pas, ou à peu
près — et c'est
une autre question — et il
y a un conseil d'administration.
Donc, je vais
vouloir vous entendre vraiment sur votre vécu — je n'aime pas beaucoup ce mot-là, comme
ancienne psychologue — mais sur la façon dont les choses se passent
et comment vous voudriez que ça se passe, même si on sort un peu du côté très technique. On va y revenir, au
côté technique, de toute façon, parce que tout ce que vous allez dire a des conséquences sur notre réflexion après sur le
meilleur organigramme possible pour que les choses se passent de la meilleure façon possible dans la volonté que nous
avons à la fois de valoriser le rôle pédagogique au sein du conservatoire,
pédagogique autant art
dramatique que musique, et le rôle de bon gestionnaire, qui est aussi un rôle
très important, et le rôle philanthropique, qui est aussi très
important, et d'implication dans le milieu, enfin tout ce que la mission dit.
Alors,
j'aimerais ça vous entendre sur... Parce qu'il y a quand même eu depuis
plusieurs années, mais récemment, quelques tensions, quelques
inquiétudes, au-delà de ce qui, bon, s'est passé récemment. Mais, d'une façon
générale, comment vous trouvez que ça se
passe et comment vous voudriez que ça se passe en termes de réflexion autour du
rôle des étudiants, de la pédagogie, des nouveaux programmes, des bourses, de
toutes sortes de choses, de votre rôle dans le milieu autour, dans
lequel vous vivez, de votre présence au sein de la société en général?
Le Président (M. Kotto) :
Alors, M. Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui. Je vais débuter justement par dire
qu'avec la direction générale par intérim que nous avons présentement la communication se fait très bien. À toutes
les fois que la fédération a communiqué quelque chose, a travaillé de
pair avec la direction générale, le travail se fait très bien.
La seule déception, en ce moment, que nous
avons, c'est au niveau des conseils d'orientation surtout et des commissions des études. Les commissions des
études, celle de musique se réunit une ou deux fois par année maximum. Puis, pour avoir siégé sur la commission des
études, c'est là... les discussions en sortent vraiment enrichissantes, puis
les idées qui sortent là, ce n'est
pas croyable à quel point il y a des idées qui sont très bonnes, qu'on pourrait
sortir puis utiliser davantage.
Puis, au
niveau des conseils d'orientation, nous savons qu'à Trois-Rivières le conseil
d'orientation existe et il se réunit, mais nous savons que, dans
d'autres conservatoires, ce n'est pas le cas. Puis, pour la fédération, les
conseils d'orientation, c'est la meilleure
façon de communiquer directement avec les acteurs du milieu culturel de chaque
région. Je vais laisser la parole à Étienne.
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
M. Chénard(Étienne) : Oui. En fait, les conseils d'orientation... Moi, par
exemple, je suis, à Québec, sur le conseil d'orientation depuis deux ans, et on n'a pas eu de réunion. Donc, c'est
à se demander qu'est-ce qu'on fait. Donc, c'est sûr que c'est un organisme... c'est un conseil qui a une grande
importance, comme Ludovik vient juste de le dire. Donc, c'est notre ouverture sur le milieu, vraiment
directe, de chacune de nos régions aussi, parce que le conservatoire est quand
même différent dans chacune de ces régions.
Il y a une spécificité différente, et c'est vraiment à cet endroit-là qu'on
peut faire une différence.
Pour ce qui
est de la commission des études, je vais dans le même sens aussi que Ludovik.
Donc, c'est vraiment cette commission
qui s'occupe de tout ce qui est d'attrait pédagogique, tout ce qui est en lien
direct entre les élèves, et les professeurs,
et notre enseignement, finalement. Et il y a eu, entre autres, quelques
coupures dans les dernières années.
Mais donc
c'est vraiment... Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'idées qui se dessinent,
qui se parlent, et on n'en voit pas
toujours, comment dire, le projet mené à terme, si on veut. Donc, c'est
vraiment d'une très grande importance, toutes ces commissions-là, ainsi
que le conseil d'administration, évidemment, pour tout ce qui est le côté
gestion du conservatoire, qui est très important, qu'on peut se poser des
questions là-dessus aussi. Donc, c'est ça.
Donc, c'est
sûr que la fédération aussi, des associations d'élèves, regroupe un délégué de
chacun des conservatoires aussi, et
la relation, dans les dernières années, entre la fédération et la direction
générale est, en général, très bonne aussi. Donc, c'est quelque chose qu'on veut continuer, et on veut que la voix
étudiante continue à parvenir de toutes les instances décisionnelles de
cet établissement, je crois.
Le Président (M. Kotto) :
Oui, M. Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Pour ajouter... pour répondre davantage à
votre question, la place des élèves au niveau
de la vie pédagogique, même pour la... Vous avez parlé de philanthropie. Pour
avoir eu l'expérience, je crois que les
élèves sont prêts à travailler davantage en ce moment. Je sais qu'avec la fondation... Avec la fondation du conservatoire,
la fédération n'a pas un contact direct,
puis, avec toutes les commissions pédagogiques de chaque établissement, aucun élève ne siège sur ces
commissions-là, puis je crois que des élèves pourraient
siéger... Pour les commissions pédagogiques de chaque conservatoire, il
pourrait y avoir des élèves des associations locales. Voilà.
Mme David
(Outremont) : Je vais vous
faire... Je vais continuer à vous faire parler de ça, parce que,
là, je vais un peu de surprise en surprise, là. C'est parce que, là, il
y a deux termes employés. Il y a «conseil d'orientation» puis ce matin il
y avait «commission
pédagogique». Je ne sais pas si c'est la même chose. Ce n'est pas la même
chose. Et, dans les deux cas,
j'entends... Je n'ai pas rêvé, monsieur, vous avez dit : Elle ne s'est pas
réunie du tout, mais je suis membre. Vous n'avez pas été bien...
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : ...pour
les conseils d'orientation, c'est le cas, oui.
Mme David
(Outremont) : Le conseil d'orientation qui ne se réunit pas de l'année, ou de six mois, ou dans le
dernier mois, ou...
Une voix : De l'année.
Mme David
(Outremont) : De l'année.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : De
l'année, oui. Même, Étienne, pour le conseil d'orientation à Québec,
je crois que ça fait deux ans, puis il n'y a eu aucune réunion en deux
ans. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans le passé.
Mme David
(Outremont) : C'est comme ça
dans vos autres lieux ou vous... Et, de
toute façon, vous ne le savez
pas, là. Vous ne le savez pas nécessairement et vous n'en faites pas partie?
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Bien, les conseils d'orientation, il y a un élève... C'est
dans l'ancienne loi, il y a un élève qui siège d'office dans chaque
conseil d'orientation. Mais, à chaque année, il y a des élèves qui sont élus,
et les réunions ne se font pas.
Mme David (Outremont) :
Mais donc vous êtes d'office, dans la loi, prévu au conseil d'orientation, qui
ne se réunit pas nécessairement.
Autrement dit, ce n'est pas prévu dans la loi ou dans... et donc c'est
aléatoire, selon le site, selon le lieu, si je comprends bien, ou, en
tout cas...
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
Puis même...
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage, oui.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui. C'est écrit qu'il y a un élève qui siège
au conseil d'orientation de chaque... qui
étudie à chaque conservatoire, alors il y a neuf conseils d'orientation. Par
contre, les modalités d'élection de cet élève-là sont différentes pour
chaque établissement puis...
Mme David
(Outremont) : Mais vous ne... Excusez-moi. Mais vous ne siégez pas à
la commission pédagogique.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Non.
Mme David (Outremont) : Ça aussi,
c'est prévu ou pas... C'est parce que ce n'est pas écrit dans...
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Ça, ce
n'est pas prévu.
Mme David (Outremont) : Ce n'est pas
prévu.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : C'est
dans les règlements locaux, je crois.
Mme David
(Outremont) : C'est ça. Donc, c'est une invention... une création
interne mais dans laquelle vous ne siégez pas, mais on ne sait pas si ça
se réunit, la commission pédagogique.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Les commissions pédagogiques, je crois que
c'est le terme utilisé pour les réunions de professeurs, plus.
Mme David (Outremont) : O.K. Ça se
pourrait.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Mais je crois qu'ils se réunissent, mais il
n'y a pas nécessairement d'élèves qui siègent là.
Mme David (Outremont) : O.K. Et, les
conseils d'orientation, vous élisez à chaque année un étudiant, mais l'étudiant
n'est pas appelé de l'année.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Non.
Mme David (Outremont) : O.K. Pas
partout nécessairement.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Pas
partout, oui. À Trois-Rivières, ça a lieu.
Mme David (Outremont) : Mais c'est
votre expérience.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Ça,
c'est mon conservatoire, mais je sais que...
Mme David
(Outremont) : O.K. Mais est-ce que vous avez une idée à nous proposer?
Parce que je sais que c'est par règlement interne, donc on n'a pas voulu
aller aussi pointu que ça dans notre implication au niveau des conseils d'orientation, bien qu'on a donné un certain
nombre de missions, mais, à mon souvenir, je ne me souviens pas qu'on ait
statutairement dit : Il faut quatre réunions par année ou trois... Je suis
sûre qu'on ne l'a pas dit.
Qu'est-ce
que vous en pensez, du conseil d'orientation ou de ce que le législateur
pourrait faire pour intervenir par rapport à ça?
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui. Je vais... Bien, même là, on parle du
conseil d'orientation, mais je crois que, pour tous les conseils... Je ne sais pas si ça serait possible de
l'écrire directement dans la loi, un nombre minimal de réunions par année que chaque conseil serait obligé de
suivre. Je crois que ça pourrait être une bonne idée mais que le reste reste
à regarder si la loi est respectée.
Mme David
(Outremont) : Donc, vous faites qu'on... Disons que je pense qu'on
saisit mieux ce qui se passe au
conseil d'orientation, bien qu'on n'a pas le tableau complet, là. On a une
expérience d'un étudiant qui dit : Moi, j'ai été élu, mais je n'ai pas été... je n'ai pas eu à
siéger, parce qu'il n'y en a pas eu. Mais qu'en est-il... Parce qu'on a eu,
entre autres, le Syndicat des
professeurs, qui dit : Nous, on veut absolument garder deux commissions
des études, une en art dramatique,
une en musique. Mais elle ne s'est pas réunie, en art dramatique, depuis deux
ans, puis en musique, bien, une fois en 2013, je pense, puis deux fois
en 2014.
Là aussi,
je veux vous entendre, parce que, là aussi, vous êtes élu, vous êtes membre ou
vous êtes... vous faites partie.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
Pour les commissions des études...
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui. Pour les commissions des études, c'est
deux élèves qui siègent à la fédération des élèves. Ça fait que c'est deux des neuf délégués qui sont élus par
les neuf délégués pour aller à la commission des études en musique. Pour
la commission des études en art dramatique, c'est des élèves qui sont... c'est
un élève par conservatoire, qui ne sont pas nécessairement les délégués de la
fédération, pour que ça soit plus démocratique, vu qu'il y a seulement un
délégué de chaque école pour l'art dramatique.
Puis moi,
pour... Je vais parler un peu de mon expérience personnelle. C'est parce que
j'ai siégé en 2013 et en 2014 sur la
commission des études en musique,
puis je crois que c'est une commission... De mon
expérience, c'est une commission qui devrait avoir plus de pouvoirs sur
ce qui...
• (15 h 20) •
Une voix : ...
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
...oui, plus de pouvoirs sur ce qui porte à la pédagogie, car, en ce moment, il y a plusieurs
bonnes idées qui sont lancées, malgré qu'il y a très peu de réunions, puis ces
idées-là ne peuvent pas nécessairement être appliquées, car la commission
demeure consultative.
Mme David
(Outremont) : La commission des études est consultative pour le conseil d'administration.
C'est ça?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : D'administration,
c'est ça.
Mme
David (Outremont) : Elle n'a
pas elle-même sa propre imputabilité qu'on peut retrouver dans d'autres
instances d'enseignement supérieur.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : C'est
ça.
Mme David
(Outremont) : Je ne veux pas
exagérer non plus, mais le même étudiant pourrait être nommé pour être au conseil d'orientation, disons, de monsieur
et sur celui de Québec, puis il pourrait aussi être délégué à la commission des
études au central, disons ça comme ça. Mais, dans les deux cas, il n'y aurait pas eu beaucoup de réunions. C'est ça que je comprends.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : C'est
ça.
Mme David
(Outremont) : Mais, quand il y a
des réunions — c'est un euphémisme, là, que je dis — et quand il y a une réunion, par contre, elle est très productive, il y a toutes
sortes d'idées. Et donc vous êtes en train de nous dire : Il y a des choses intéressantes qui se passent là,
donc il devrait y avoir plus de rencontres. Puis non seulement ça, mais il devrait y avoir peut-être plus d'imputabilité
de cette commission des études où il y a des idées si riches qui peuvent sortir.
Est-ce que je vous comprends bien?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui,
très bien.
Mme David
(Outremont) : Bon, O.K., on continue. Vous êtes des étudiants, donc
vous êtes vraiment au coeur même de
la formation. Je vais aller, pour entendre notre étudiant en art dramatique...
Je pense qu'on vient de parler avec le
Conseil québécois du théâtre, et je ne vous entrerai pas dans est-ce qu'on en
forme trop, pas assez. Vous devez être très, très bons, parce que vous êtes parmi les très peu
nombreux heureux élus, donc 12 par année par cohorte. C'est vraiment extrêmement contingenté. Et je n'ai pas de doute
que c'est une formation qui est assez exceptionnelle. Mais je voudrais quand même vous entendre, puisqu'on est ici pour
parler d'un projet de loi qui peut quand même un peu organiser les études, la formation, sur le rôle des étudiants
dans votre formation, sur la pertinence de la formation actuelle. Est-ce
qu'elle est bien arrimée aux besoins
2015, 2020, 2025 d'une formation en théâtre? Est-ce que vous pouvez nous dire
des choses sur la qualité ou non de ce que vous recevez comme formation
et des suggestions, peut-être, à apporter?
Le Président (M.
Kotto) : M. Massé.
M.
Massé-Gagné (Vincent) : Oui, définitivement. Je peux vous parler, en
fait, du cas du conservatoire de Québec, puisque je ne suis pas étudiant
à Montréal, puis, comme on l'a dit dernièrement, avant notre présence, c'est
vraiment deux formations qui sont assez différentes. C'est deux écoles qui ont
une réputation différente également.
À
Québec, on forme des acteurs-créateurs, particulièrement. On descend
directement du mouvement de Jacques Lecoq, qui est un théâtre français, un théâtre physique. À Québec, il y a une
importance dans le mouvement, dans le corps. C'est assez ciblé, et puis on utilise aussi beaucoup de
rapport avec l'écriture. Donc, on a vu beaucoup de gens sortir de Québec
puis devenir créateurs, directeurs de compagnie, bon, puis qui vont créer des
oeuvres par la suite, là. Je pense que la formation est très, très bien faite à
Québec.
Comme
on le disait avant notre apparition aussi, l'importance des professeurs, elle
est marquée. Notre formation est
directement reliée à leur enseignement, à leur capacité à nous amener à un
endroit où on n'irait pas sans eux. C'est tous des professionnels qui
sont chevronnés dans certains milieux de niche. Je pense à Michel Nadeau, chez
nous, au conservatoire, qui est directeur
par intérim en ce moment, qui justement a étudié à l'école Jacques Lecoq, qui
nous apprend... qui a eu les enseignements directs de Jacques Lecoq, qui
nous apprend ses... C'est une chance incroyable. Je pense à Marie-Josée
Bastien, je pense à Patrick Ouellet. En fait, bon, je pense que c'est très bien
fait.
Maintenant,
est-ce qu'il y a place à de l'avancement, à de nouveaux cours? On voit
l'apparition, pour les premières années...
Cette année, en jeu, il y a une session complète où on a des cours de jeux
circassiens par le metteur en scène du
spectacle Crépuscule, pour ceux qui l'ont vu à Québec. Je trouve que
c'est très intéressant. Ça ouvre un nouveau marché. On parlait tantôt de
doublage à Montréal, c'est la même chose, ça ouvre un nouveau marché. C'est
clair que, dans le contexte où on est, nous, lorsqu'on est diplômés, on a
besoin de se trouver du travail rapidement puis on a besoin de diversifier nos champs de compétence. Et puis le
jeu circassien à Québec, le doublage à Montréal, c'est clairement des choses qui peuvent être intéressantes pour nous,
parce que ça nous permet justement de diversifier ça, ce portfolio-là, ces
compétences-là, puis de pouvoir avoir plus
de travail, puis se faire des horaires qui ont plus d'allure, finalement
pouvoir nous permettre d'être artistes à temps plein puis d'être
rémunérés, de pouvoir vivre de ça, ne pas se ramasser à devoir avoir un travail sur le côté, là, travailler dans un restaurant
ou quelque chose comme ça. Ça arrive souvent quand on sort d'une école, ça prend plusieurs années avant
qu'on puisse, justement, vivre de notre métier. Bien, un avancement comme
ça, comme du jeu circassien, comme des enseignements de niche, je pense que
c'est nécessaire.
Mme
David (Outremont) : Alors, ça va m'emmener juste à une deuxième
question pour vous. J'en profite, de votre
présence. Justement, quand on a eu les négociations pour bonifier le projet de
Théâtre Diamant qui va se faire, qui a été
annoncé avec M. Lepage, on a beaucoup parlé de rapprochement qu'il souhaitait
et qu'il va faire avec le Conservatoire d'art dramatique du Québec : classe de maître, participation à des
répétitions, etc., même des bourses, processus de création. En tout cas,
vous allez être très, très favorisés, je dirais, dans les... si tous ces
projets-là se réalisent.
Et
je me suis beaucoup, beaucoup penchée sur la question aussi de l'art
circassien. Parce qu'on a créé au Québec une spécialité exceptionnelle en art circassien. On a commencé par le
bout de la chaîne, qui est celui de la diffusion des grandes compagnies, le Cirque du Soleil, mais
maintenant plusieurs autres. Et après ça, bon, se joignent évidemment en
amont les écoles de cirque, qui sont évidemment extrêmement importantes, pas
suffisantes probablement, parce qu'il faut qu'en amont on ait... un peu comme
pour vous la musique, il faut qu'il y ait du préparatoire, hein? Et j'étais aux
Îles-de-la-Madeleine, puis il y a une école avec 650 élèves, vous
rendez-vous compte, en art circassien, une école aux Îles à 650. Il y a l'École de cirque de Québec, il y a Laval. Mais
on a toute une réflexion à se faire sur la chaîne de formation en art
circassien.
Mais
vous... Les deux exemples montrent la collaboration, l'importance qu'un futur
finissant en art dramatique puisse à
la fois travailler avec de l'art circassien, mais vice versa aussi, que l'art
circassien comporte des cours en théâtre. Et donc les frontières sont de
plus en plus ténues entre les différentes disciplines culturelles.
Alors,
dans ce contexte-là, est-ce que le conservatoire, j'oserais dire, fait face à
cette musique-là, c'est-à-dire... puis
je pourrais ajouter que... Est-ce qu'il y a suffisamment de liens aussi entre
la musique et l'art dramatique dans les conservatoires? Parce que chacun tient énormément à ses silos, vraiment,
mais il me semble que, moi, quand je vais au théâtre, il y a souvent de la musique puis, quand je vais à la musique,
il y a beaucoup, beaucoup de mise en scène. Et votre fédération témoigne de ce lien. Vous êtes la
fédération des associations d'étudiants en art dramatique et en musique. Donc,
vous vous parlez, vous êtes ici ensemble.
Est-ce que vous êtes suffisamment ensemble dans la formation? Est-ce qu'il
y a moyen de créer des modèles visionnaires
pour cette complémentarité? Alors, c'est un peu la complémentarité qui est la
thématique de ma question.
Le Président (M.
Kotto) : M. Massé.
M. Massé-Gagné
(Vincent) : Est-ce qu'on l'est assez? Je crois que oui. Est-ce qu'on
pourrait l'être plus? Je crois que
oui aussi. Je sais que, présentement, nous, les deuxièmes années, on travaille sur un projet de récital
poétique qui va se donner en novembre et puis on travaille, comme l'an dernier, avec des
gens du Conservatoire de musique de Québec. On a une musique originale qui va être composée
par quelqu'un en composition. Il va y avoir un quatuor à cordes et puis une
flûte qui va nous accompagner.
Ça, je vous
avouerais que, d'emblée, à la première lecture, quand on s'est fait dire ça par
notre metteur en scène, tout le monde a sauté de joie. C'est sûr que ça rajoute quelque
chose, non seulement savoir que la musique, la collaboration est faite par quelqu'un de notre âge, qui est dans
le même contexte que nous, dans des études... On sait que c'est aussi un domaine qui est assez contingenté, on sait que
ce sont des professionnels qui jouent dans le même milieu que nous, qui ont, en général, les mêmes goûts que nous
aussi, hein? Ça peut paraître niaiseux, mais nos professeurs n'ont pas le
même... n'ont pas eu le même parcours puis
ils n'ont pas nécessairement les mêmes goûts que nous. Alors, de collaborer
avec des collègues de d'autres écoles,
qui ont notre âge, qui sont dans la même réalité que nous, c'est génial pour
nous.
Au-delà de la collaboration avec la musique,
c'est sûr que, pour les autres arts... on parlait d'art circassien, on pourrait parler de danse, c'est sûr que ça
pourrait être très, très intéressant. C'est bien de s'ouvrir à ça, quoique,
parlant rapidement d'art circassien, là, la formation en jeu reste
une formation en jeu circassien. Et puis je ne pense pas qu'on devrait
mêler ça à une formation de cirque et donc d'artiste de cirque... de
circassien. Nous, on est des comédiens qui pouvons
apprendre, bon, à faire... à pallier, en quelque part, à aller chercher une
zone entre les deux, là, faire du clown de cirque ou, bon, travailler avec ça. Je pense qu'eux peuvent se
nourrir de nous aussi, mais, bon, on ne peut pas directement dire : Le
service peut être donné par l'École de cirque ou, pour l'École de cirque, peut
être donné par le conservatoire. Je ne pense pas que ce serait...
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre, il vous reste deux minutes.
Mme David
(Outremont) : Deux minutes?
Je voulais parler à mes amis de musique aussi, mais je suis sûre que mes collègues auront des questions. Vous êtes en musique
tous les deux. Les trois ensemble, c'est sûr, vous êtes probablement au niveau du baccalauréat,
collégial, maîtrise...
M. Lesage-Hinse (Ludovik) :
Maîtrise.
Mme David (Outremont) : Maîtrise.
Donc là, vous êtes rendus vraiment très loin dans votre programme. Est-ce que
la formation, pour vous, est adéquate? Il y aurait des choses qu'on pourrait
améliorer?
• (15 h 30) •
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
Bien, tous les deux, nous en sommes à la dernière année. Puis, moi, le plus
gros regret que j'ai sur ma formation, c'est de... Je trouve que je n'ai pas
eu assez d'expérience d'auditions
d'orchestre dans ma formation,
voulant être... D'abord, la nature du conservatoire, c'est de former des
musiciens d'orchestre, puis vous
souhaitez rentrer, comme musicien, dans un orchestre. Je sais qu'avant il y avait
l'Orchestre réseau, que la fédération
a chapeauté dans les premières années, puis
cet orchestre-là permettait à tous les étudiants qui désiraient le faire, de
tous les conservatoires, de faire une
audition d'orchestre. Puis je crois justement... Puis je me souviens que j'étais allé au concert, puis ça m'avait marqué beaucoup : il y avait
eu un partenariat avec les élèves en art dramatique qui faisaient... ils
récitaient des poèmes, je crois, puis
il y avait la musique. Ça avait fait travailler les compositeurs, puis c'était
l'orchestre qui jouait la musique.
C'était vraiment un projet collectif puis ça permettait de vivre une simulation
d'audition professionnelle, ce qu'on
ne vit pas nécessairement assez dans notre formation, quoique ça n'empêche pas
qu'on forme de très bons musiciens au conservatoire.
M. Chénard (Étienne) : Oui. Juste,
moi aussi, pour ajouter...
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard. En 15 secondes.
M. Chénard (Étienne) : En
15 secondes! Donc, si notre formation est assez... est adéquate... Moi, je
suis au conservatoire depuis 2002 — et j'ai été au conservatoire de Rimouski et
au conservatoire de Québec, donc je suis assez au fait de la formation
du conservatoire, je crois — et
j'ai vécu les deux époques du conservatoire, l'époque d'avant corporation et époque d'après corporation. J'ai
aussi vécu les coupures qu'on a eues dans les dernières années, et, pour
vous donner juste rapidement une idée, ça se
fait sentir dans nos durées d'examens terminaux, qui ont diminué, c'est très
difficile de choisir du répertoire, puisqu'on est limités dans nos pièces.
Donc, ça, c'est déjà une grosse chose.
L'autre chose
qui est très importante, c'est : on a perdu une demi-heure de cours à
partir des cycles supérieurs. On
avait une heure et demie de cours par semaine, nous sommes tombés à une heure
de cours par semaine. C'est sûr que ça a un effet sur notre formation.
La dernière chose aussi qui a un effet sur notre formation...
Notre
formation est bonne. Ce n'est pas que notre formation n'est pas bonne, mais la
question, c'est : Est-ce qu'elle peut être meilleure? Oui, elle
peut être meilleure. On a perdu le tiers de notre temps d'accompagnement avec
nos accompagnateurs, donc ça devient très
difficile, beaucoup aussi pour les professeurs, que leurs tâches sont plus
grandes, et d'autant plus pour les
accompagnateurs qui doivent accompagner plus de monde en moins de temps. Donc,
c'est ce qui est physiquement très difficile.
Donc, oui,
notre formation est bonne. Est-ce qu'elle peut être meilleure? Oui. Est-ce
qu'il peut y avoir plus de collaboration
entre les deux établissements? C'est sûr et certain qu'il peut y en avoir.
C'est sûr qu'à Québec, si on était tous dans le même établissement plutôt que dans
quatre établissements séparés, ça aiderait les choses. Il y en a, il pourrait
y en avoir plus.
Le
Président (M. Kotto) : Merci, M. Chénard. Alors, la députée de
Joliette vous a accordé 1 min 15 s de son temps. Je lui
soustrais de ses 14 minutes d'échange avec vous maintenant. Mme la
députée.
Mme
Hivon : Merci,
M. le Président. Vous avez remarqué
qu'ici le temps est une denrée rare, comme dans vos vies respectives,
j'imagine, et dans celles de vos professeurs. Donc, on se bat pour le temps.
Mais c'est un bon signe : c'est parce que
vous êtes très intéressants. Puis je vous remercie d'être venus vraiment
nous partager votre point de vue. Vous
êtes au coeur de la vie des conservatoires, bien sûr, vous êtes ceux pour
qui on veut que ce soit vraiment des lieux d'excellence et qui soient le mieux dirigés possible, avec la meilleure
offre possible. Donc, vous êtes au coeur un peu de ce qu'on fait aujourd'hui
avec cette loi-là, bien qu'elle puisse apparaître très technique.
Je veux
juste... Là, vous m'avez... Vous avez suscité ma curiosité. Vous dites... Bon.
Là, je comprends, de l'effet des coupes d'une heure et demie à une heure, donc, de cours par semaine,
il y a eu une réduction, donc. Ça, c'est à votre niveau, j'imagine?
M. Chénard (Étienne) : C'est les
niveaux supérieurs.
Mme
Hivon :
Supérieurs.
M. Chénard (Étienne) : À partir de baccalauréat.
Mme
Hivon : O.K. Quand vous dites : Compte tenu que, les examens, on a moins de temps, donc il y a
moins de temps consacré aux évaluations,
aux examens — là, je ne sais pas ce que vous avez dit — on
doit... on est comme limités dans nos
pièces, parce que, si on a une pièce trop longue — c'est
ça, la logique — on
ne pourrait pas la faire au complet puis être évalués au complet, parce
qu'on nous restreint dans le temps. C'est ça?
M. Chénard (Étienne) : C'est un
exemple, oui.
Mme
Hivon : Non, mais
je veux comprendre. C'est ça?
M. Chénard
(Étienne) : Oui. Bien, en fait... Comme par exemple, je pense qu'en
violon les examens terminaux, avant
les coupures... de concours du conservatoire, dont un examen de fin maîtrise,
je crois que c'était 75 minutes, et c'est tombé à 60 minutes ou 50. C'est de mémoire, je
n'ai pas le régime pédagogique. De toute façon, le régime pédagogique,
il est...
Une voix : À refaire.
M. Chénard
(Étienne) : ...à refaire. Mais ça, c'est un autre point. Donc, c'est
sûr que la durée est un peu plus courte,
maintenant, des examens. Et avant on avait des pièces qui étaient imposées,
donc toutes les personnes du même niveau
jouaient la même pièce. Maintenant, ça, c'est coupé. Donc, c'est sûr qu'il y a
certaines exigences qui ont changé au
niveau des examens terminaux, et ça, c'est parce qu'on a moins de temps aussi
avec nos professeurs et parce qu'on a moins de temps avec les
accompagnateurs.
Mme
Hivon : Est-ce que
vous diriez que la qualité de la formation s'en ressent vraiment?
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
M. Chénard
(Étienne) : En perdant une demi-heure par semaine, je veux dire, sur
une heure et demie, c'est le tiers de notre enseignement. Donc, je pense
que poser la question, c'est y répondre.
Mme
Hivon :
Parfait. Vous avez dit aussi il y a quelques minutes : Moi, j'ai vécu les
deux régimes, avant que ce soit une société d'État — j'imagine — et
après. Et vous compareriez ça comment?
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
Mme
Hivon : Dans
l'impact sur, mettons, vous, votre vie d'étudiant, d'apprentissage.
M. Chénard
(Étienne) : Sur ma vie... C'est sûr que, quand ce n'était pas une
société d'État, je veux dire, j'étais jeune,
j'étais plus jeune, donc je n'étais pas dans des cycles supérieurs. Donc, j'ai
plus connu, disons, la période de changements. Et je pourrais résumer mon parcours au conservatoire en étant une
période de changements, finalement. Ce que j'ai ressenti beaucoup, entre autres, c'est ces coupures de
temps en examens, ces coupures de temps d'accompagnement, les changements de programme. Presque à toutes les années, il y a
des changements, finalement, dans ma formation. Donc, c'est difficile de savoir qu'est-ce que la formation du... C'est
très instable au niveau de... Je ne peux pas dire que... Je ne sais pas si ça
peut affecter, je ne sais pas si ça serait mieux, je ne sais pas si ce serait
pire, mais disons qu'il y a eu beaucoup de chamboulements au niveau des régimes. Chaque
année, c'est différent. Même nos professeurs, des fois, ils ne savent plus
trop où s'en tenir, quel répertoire nous donner, parce que, l'examen, la durée
change ou...
Mme
Hivon : C'est dû à
quoi, ça, ces changements-là?
M. Chénard
(Étienne) : Je crois que c'est dû en grande partie à une adaptation
pour passer d'une corporation à vraiment
l'école, qui était dans le ministère de la Culture avant, donc il y a une
grande adaptation qui a dû être faite. Et, bien évidemment, il y a des restrictions budgétaires. Quand on parle des
coupes de temps d'accompagnement ou autres, c'est toutes des coupes
budgétaires qui sont reliées, entre autres, à la corporation, je crois, donc
dans cette enveloppe fermée qu'on a depuis.
Et tout ce déficit que... la crise financière, finalement, qu'on a vécue puis
pourquoi, entre autres, on est ici, ça se ressent chez les élèves, c'est
sûr et certain que ça se ressent chez les élèves.
Mme
Hivon :
Puis tantôt vous avez dit... Vous aviez l'air, les trois, d'avoir une
compréhension commune... ou les deux
en fait, parce que peut-être que c'est plus en musique, mais vous disiez :
On ne parle même pas de la réévaluation du programme pédagogique, ça change tout le temps, ou ça, c'est en
cours, il y a du flou. Qu'est-ce qui se passe avec... Il n'y a pas de
constance ou de stabilité dans le programme pédagogique?
M. Chénard
(Étienne) : Bien, c'est que le régime pédagogique, je crois, il date
de 2012 ou quelque chose comme ça.
Mais je pense que c'est beaucoup en lien à ce qu'on parlait au début de la
rencontre, les commissions pédagogiques qui ne se rencontrent pas
souvent, aussi. Donc, c'est beaucoup des changements par-dessus changements,
par-dessus changements, par-dessus
changements. Et, comme la commission pédagogique ne se réunit pas aussi souvent
qu'elle le devrait peut-être, c'est
difficile de pondre un document qui dit : C'est ça, et on n'en déroge
plus. Donc, je pense que c'est plus en lien avec ça.
Mme
Hivon :
Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de rencontre qu'il n'y a pas de
changement. Ce que vous êtes en train
de me dire, c'est : Au contraire, il y a plein de changements qui nous
sont comme — je veux
comprendre, là — imposés d'en haut, mais la commission
pédagogique, elle, ne se réunit pas, comme tel, pour s'en saisir, formaliser
le tout : Voilà, c'est ça. C'est comme
si, au fur et à mesure, il y a des changements qui sont comme imposés sans que
la commission pédagogique ne se penche là-dessus?
M.
Chénard (Étienne) : Plutôt que ça va petit peu par petit peu, et,
comme on ne se réunit pas... comme la commission pédagogique ne se réunit pas aussi souvent, chaque truc qui devrait
changer, peut-être, dans ce régime-là n'est pas à jour. Parce que ça prend du temps, changer tout ça, et
c'est normal que la commission doit être consultée pour chacun de ces
changements-là. Si elle n'est pas consultée assez souvent, c'est difficile
d'avoir un document... le document complet.
On parle d'un
régime qui est assez complexe. On a des élèves en préparatoire qui sont au
primaire jusqu'à des élèves qui sont
en maîtrise et même en cinquième cycle, donc, et des concours en musique de
chambre. Il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup de choses, et je parle seulement en musique en ce moment, donc changer
ce régime-là, ça prend... c'est sûr
que ça prend beaucoup de rencontres et ça prend beaucoup de consultations. Si
on n'a pas assez de rencontres ou de
consultations, c'est difficile d'avoir un document qui est vraiment à jour. Je
crois que c'est plus par rapport à ça.
• (15 h 40) •
Mme
Hivon :
Merci, c'est très éclairant. On va venir à la question de la spécificité art
dramatique versus musique. Vous semblez tenir à cette distinction-là,
plusieurs des groupes qu'on a entendus aujourd'hui aussi. Certains groupes,
notamment les professeurs, eux, font vraiment la demande formelle qu'on
maintienne deux commissions des études distinctes, comme c'est le cas actuel...
dans la loi actuelle avec... donc une pour chaque discipline.
Est-ce que
versus ce qui est proposé dans le projet
de loi n° 48, qui est une seule
commission fusionnée avec des sous-comités,
mais dont, effectivement, le détail de la composition n'est pas connu...
Donc, j'aimerais vous entendre sur ce qui
est, selon vous, le meilleur scénario. Est-ce
que c'est le statu quo? Est-ce que
c'est ce qui est proposé? Ou c'est un hybride entre les deux?
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) : O.K. Moi,
je crois que... Comme c'est là, je crois que ça laisse place à trop d'interprétation, à notre avis. Tantôt, on
discutait du régime pédagogique, il existe vraiment un régime distinct en
musique puis un régime en art
dramatique, puis le rôle de chaque commission des études, c'est de pondre ce
régime-là. Ça fait que je crois qu'en
combinant les... nous croyons qu'en combinant les deux commissions des études,
ça serait comme dire, si on veut...
combiner les deux régimes dans un régime. Puis, comme c'est deux domaines
d'études différents, je crois que ça prendrait
vraiment deux commissions des études distinctes ou, comme
vous dites, un hybride entre les deux qui serait clair sur le mandat des
sous-comités.
Mme
Hivon : O.K. Donc,
votre plan A — je
fonctionne comme ça — c'est
le statu quo. Vous trouvez que la composition, mettons, de chacune des
commissions d'études est bon... la composition est bonne.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui,
oui. Oui, il faudrait juste que ces commissions-là soient plus consultées.
C'est ça.
Mme
Hivon : Donc, ça,
c'est assez important. Parce que l'idée, ce n'est pas de les créer pour qu'elles
ne soient pas consultées, c'est un a priori assez important. Donc, ça,
ce serait votre plan A.
Plan B, vous dites : Si jamais on doit
vivre avec une seule commission des études, bien là, il faudrait avoir deux
comités bien distincts, mais où les représentations soient bien déterminées
d'avance. Vous voudriez que ça soit déterminé dans la loi notamment pour que
les étudiants puissent avoir une représentation puis que ça soit clair.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : ...
Mme
Hivon : O.K.
Le Président (M. Kotto) :
Quand vous hochez la tête, vous dites oui, hein?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
Mme
Hivon : Ah oui! Il
faut dire oui pour que ça soit écrit.
Le Président (M. Kotto) :
Parce qu'on a besoin du son. Merci.
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : O.K. Désolé.
Mme
Hivon : Oui,
voilà, quand on relit les débats, c'est bien utile
Et puis, en
ce qui... O.K. Donc, ça, ce serait votre manière de fonctionner.
Puis, pour le conseil d'administration, si on revient à la grande structure, là vous avez... effectivement, il y avait deux représentants des étudiants, là il n'y en aurait qu'un. Vous, est-ce que... Parce que,
tantôt, on nous disait : Bon, pour les étudiants, ça pourrait être bien
qu'il y en ait un de chaque
discipline, même chose pour les professeurs, le spécifier. Est-ce que
vous, vous êtes d'avis que, sur le conseil
d'administration, il faudrait que la même logique des deux disciplines prévale également
ou on pourrait mettre, par exemple, deux... vous rajouter un poste d'étudiant, un
représentant étudiant, mais sans spécifier, comme tel, qu'un doit venir
d'un endroit puis l'autre, de l'autre discipline?
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Non, nous croyons que ça devrait vraiment être spécifié que chaque... Comme j'ai vu, dans le projet de loi, que c'était
spécifié pour la... doit tendre vers la parité hommes-femmes, je crois que ça
devrait être la même chose :
doit tendre vers la parité musique-art dramatique, pour avoir les... pour
pouvoir avoir des discussions éclairées,
comme quand on parle de musique, qu'il y ait assez de personnes qui comprennent
la musique autour de la table, puis
même chose pour l'art dramatique. Ça fait que je crois que, même au niveau des
élèves, ça devrait être bien d'avoir un élève en art dramatique puis un
élève en musique.
Mme
Hivon : Parce que,
selon vous, ce sont quand même des réalités très différentes.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Oui. Oui, oui. Bien, moi, si je n'étais pas à la fédération, je dois avouer
que, l'art dramatique, je ne connais pas l'école du tout. C'est vraiment...
C'est deux écoles avec le même nom.
Mme
Hivon : Voilà. O.K.
Oui?
M. Massé-Gagné (Vincent) : Si vous
me permettez...
Le Président (M. Kotto) : M.
Massé, oui.
M.
Massé-Gagné (Vincent) : Je
pense que la différence même entre les écoles, même à l'intérieur de la même
discipline est déjà
assez marquée. Il y a des besoins spécifiques par rapport à chacune des
régions, par rapport à chacune des écoles. Il y a, comme je le disais tantôt, une nette différence
entre la formation entre le Conservatoire d'art dramatique de Québec et de Montréal.
C'est déjà une sacrée job pour le
représentant, qu'il soit de Québec ou de Montréal, de s'entendre sur les besoins des deux milieux puis des deux écoles, je ne pense pas
qu'on puisse demander à une personne de représenter ces deux milieux-là, ces deux disciplines-là qui
ne sont pas du tout les mêmes, qui n'ont pas du tout les mêmes besoins,
puis dont les milieux... en sortant sur le marché, le milieu professionnel
n'est pas le même du tout non plus.
Mme
Hivon : Merci beaucoup,
c'est très clair et très éclairant.
M. Massé-Gagné (Vincent) : Merci.
Le Président (M. Kotto) :
Alors, merci, Mme la députée de Joliette. La parole est à la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Merci pour vos témoignages, votre information. C'est important que vous soyez là aujourd'hui. Après tout, le
conservatoire, c'est pour vous autres... c'est pour vous que ça existe fondamentalement. Et, bien que vous évoluez dans une des rares sociétés qui ne
souffre pas de réunionite aiguë, on va se le dire... mais des fois pas assez, c'est comme
trop, hein? Si on veut que les messages passent puis que les idées remontent,
encore faut-il avoir accès aux décideurs et
encore faut-il pouvoir débattre de temps en temps du bien-fondé de chacune
des initiatives.
Je comprends
bien votre principale revendication quant à la représentation des étudiants des
deux disciplines dans le processus de
cheminement, de réflexion stratégique et de contribution pour le programme
pédagogique. Donc, je les comprends
assez bien. J'y suis assez sensible, parce qu'effectivement, quand vous
allez terminer vos études, les gens qui sont en musique et les gens qui sont en art dramatique, là, vont évoluer
dans des environnements bien différents, tant au plan du marché du travail que de la création, et
le reste de votre cheminement professionnel va être bien, bien différent.
On a parlé un peu plus tôt de la formation, du
volume d'étudiants en art dramatique, est-ce qu'il y en a trop, est-ce qu'il n'y en a pas assez?, ce
serait difficile de vous poser cette question-là parce que... Je pense que ça serait injuste
de vous la poser, hein? Si vous avez une
idée, vous pouvez me la donner, mais moi, je n'ai pas une tonne... Jean-François, tu avais peut-être une
question... Mon collègue de Chambly va formuler une question, M. le Président.
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Je vais tâcher de formuler une question. D'abord,
bienvenue, très content de vous rencontrer et de vous entendre. Comme ex-membre du mouvement étudiant, je suis très
content de voir que vous prenez votre place puis de façon très bien, à
part ça.
Je comprends que les instances sur lesquelles
vous siégez ne se réunissent peut-être pas assez souvent. Bon, ça a été... Je pense que tous les parlementaires
sont sensibilisés, puis je m'attends à ce que ça soit corrigé, hein? Bon! Outre
ça, est-ce que vous avez des forums qui vous
permettent de vous exprimer? Est-ce que vous avez accès, tout simplement,
aux bureaux de la direction pour jouer votre rôle de porte-parole puis
finalement être entendus?
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Oui. Avec la direction générale, moi... On communique toujours
par courriels, puis les courriels
s'échangent très bien. Ça fait que c'est un donnant, donnant des deux côtés. La
communication interne avec les
élèves... Je ne sais pas si c'était ça, votre question, aussi?
M.
Roberge : C'était plus... Est-ce que, pour jouer votre rôle,
justement, de porte-parole... Si l'instance ou le conseil ne se réunit pas, mais si la porte des directions...
sont ouvertes puis qu'on y a accès, comme ça, ce n'est pas trop grave. Alors, je me demandais si vous êtes capables de
pallier au fait que le comité ne se rencontre pas ou que la commission ne se rencontre pas en réussissant à avoir accès
aux membres de la direction puis à les influencer. Parce qu'être écouté, c'est
une chose, ils peuvent bien vous écouter poliment, mais est-ce que vraiment ils
vous entendent puis ils tiennent compte de
ce que vous dites? La question, elle s'adresse aux trois, parce que je pense
que vous êtes dans des institutions différentes, ça fait que ça pourrait
être blanc d'un côté puis noir de l'autre.
M. Chénard (Étienne) : Je pense
que...
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
M. Chénard (Étienne) : Je pense que,
juste la situation géographique du conservatoire... je veux dire, on a neuf établissements, de Val-d'Or à Rimouski, en
passant par Québec et Montréal. La direction générale est à Québec, donc c'est peut-être difficile de juste rentrer
dans le bureau du directeur général puis aller lui parler, je veux dire, juste
physiquement, là, de se parler. Il y a une
communication... La communication se fait beaucoup par la fédération, qui est
l'organe, si on veut, qui a été mis en place
pour créer un lien entre la direction générale et les élèves, donc c'est
vraiment par là. Donc, c'est peut-être un système qui est un peu lourd.
Je pense
qu'on est... On est écoutés. Dans mon souvenir, ça fait quand même quelques
années que je suis sur le conseil de
la fédération et ce n'est pas arrivé souvent que la direction générale n'a pas
voulu nous écouter et n'a pas voulu même nous parler. Je pense qu'il y a
une communication avec les différentes directions générales qu'il y a eu.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Oui. Pour répondre à votre question : Oui, on est écoutés quand on doit être écoutés.
Cependant, quand nous... pour dire... Quand on n'a pas l'information, bien, on ne peut pas être écoutés, parce qu'on ne sait pas c'est quoi qui se passe s'il n'y a pas les
consultations avec les diverses instances, parce que la fédération
n'a pas de communication directe avec la direction générale, à part sur
ces comités-là.
Le Président (M. Kotto) :
Oui?
M.
Massé-Gagné (Vincent) : Oui. Je ne peux pas vous donner mes
impressions par rapport à la fédération, puisque je suis tout nouveau membre, mais, par rapport à l'école, en tout cas, à
l'interne, au Conservatoire d'art dramatique de Québec, définitivement qu'on est écoutés par les professeurs puis par
les gestionnaires, les employés de l'école, ça, oui. Par contre,
j'appuie les propos de mon collègue Ludovik par rapport au lien avec la
gestion.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Kotto) : M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Petite question technique. Peut-être que vous l'avez
mentionné tantôt, je ne l'ai pas retenu, mais combien vous avez de
membres dans votre fédération d'associations étudiantes?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Nous
sommes neuf, un par conservatoire.
M. Roberge : Oui, mais combien de
membres?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : De
membres en tout?
M. Roberge : Vous n'êtes pas neuf
étudiants, là.
M. Chénard
(Étienne) : Cette année, je
ne sais pas exactement, parce que l'année vient juste de commencer puis
le nouveau conseil de la fédération ne s'est pas encore réuni, mais on parle
d'environ... c'est 800?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui,
j'aurais dit 600, à peu près.
M. Chénard (Étienne) : Oui, c'est
600...
M. Roberge : ...quelque chose comme
ça?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
M. Chénard
(Étienne) : C'est tous des
élèves qui ont au moins un cours de collégial ou plus au conservatoire. Donc, les jeunes du préparatoire, on ne les
représente pas dans la fédération, mais, les gens qui ont un cours de collégial
et en montant, on les représente.
M.
Roberge : Donc, c'est
collégial... Une dernière, O.K.? Donc, c'est collégial et universitaire. Est-ce
que vous avez déjà été approchés par d'autres fédérations étudiantes,
que ce soit la Fédération étudiante collégiale ou d'autres associations, soit
collégiales ou universitaires? Est-ce que vous avez déjà fait partie de ces
regroupements-là ou bien y songez-vous, tout
simplement? Là, je ne suis pas en train de plaider pour un côté ou de l'autre,
c'est juste pour savoir si vous avez une espèce de parenté avec le reste
du mouvement étudiant.
Le Président (M. Kotto) : M.
Lesage-Hinse.
M.
Lesage-Hinse (Ludovik) :
Nous n'avons aucune parenté. Je veux dire, je crois que c'est seulement
dû au fait que nous, nous sommes avec le ministère de la Culture puis
les autres sont avec le ministère de l'Éducation. Notre fédération ne s'est jamais
fait approcher par tout le mouvement étudiant autre.
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
M. Chénard
(Étienne) : La fédération en
tant que telle, des conservatoires, n'a pas été approchée. Pour ce qui est des associations locales de chaque conservatoire, là je ne peux
pas parler vraiment. Il y a peut-être des associations qui
ont été approchées, il y a peut-être des associations, dans le passé, qui ont fait partie d'une
certaine coalition. Mais je veux...
il n'y a personne, en ce moment, des autres associations locales. Je ne
peux pas parler pour les associations locales, moi, je suis en tant que... Et nous, on est là en tant que la
fédération. La fédération n'a pas été approchée par une autre fédération, une
autre coalition quelconque, jusqu'à maintenant.
M. Roberge : Merci.
Mme Samson : Une petite dernière question.
Deux minutes?
Le Président (M. Kotto) :
Deux minutes, oui.
Mme
Samson : Bon. Quand vous
allez avoir terminé vos études, vous allez entrer le marché du travail dans des
secteurs d'activité qui ne sont pas faciles.
C'est des domaines qui sont difficiles, il y a beaucoup
d'appelés et peu d'élus. C'est un milieu toffe, c'est difficile d'y
gagner sa vie décemment, puis c'est difficile. Dans votre formation, avec les rencontres que vous avez avec vos professeurs ou
des gens du milieu, est-ce qu'on vous prépare à cette réalité-là? Est-ce
que vous savez, quand vous terminez vos études, comment ça marche, l'industrie?
Le Président (M. Kotto) : M.
Chénard.
M. Chénard
(Étienne) : On sait un peu
comment ça marche, mais, disons, pas nécessairement par l'école. Je pense que, si... Je ne peux pas vous en parler, je n'ai
pas fini l'école, je n'ai pas encore commencé sur le marché du travail. Je
peux revenir dans un an pour vous en parler, mais en ce moment je ne peux pas
vous en parler, mais disons qu'il y a certaines collaborations. Comme par exemple, ici, à Québec, le conservatoire de Québec est
très proche de l'Orchestre symphonique
de Québec, il y a souvent des élèves du conservatoire qui vont
jouer à l'Orchestre symphonique de Québec. Donc, c'est sûr que ça, c'est du très
concret. Même chose pour les chanteurs qui sont à l'Opéra de Québec.
Je ne peux
pas parler pour tous les conservatoires. Je sais que moi, j'ai été à Rimouski
aussi, puis le conservatoire, comme
vous le savez sûrement à force d'en entendre parler ici aujourd'hui et dans la dernière année, c'est un peu comme une espèce de poumon. On a parlé de phare pour les
régions, de ce qu'est... Donc, c'est sûr que ça alimente les milieux culturels, ça alimente... Si les organismes
culturels ont besoin de musiciens, par
exemple, en région, ils vont aller
voir les gens du conservatoire, parce
que c'est une formation qui est de très haut niveau. Ce n'est pas la même
formation que partout, et on doit
auditionner pour faire partie de cette école-là. Et donc je crois qu'on a
certains outils, mais je ne sais pas
à quel point... C'est sûr qu'on pourrait avoir plus d'outils, mais c'est sûr
que, comme dans n'importe quel métier, on va apprendre, comme on dit,
sur le tas, je crois.
Mme Samson : Je vous remercie.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Kotto) :
Bien. Merci, Mme la députée. Alors, M. Massé, M. Lesage-Hinse — est-ce
que je prononce bien votre nom?
M. Lesage-Hinse (Ludovik) : Oui.
Le
Président (M. Kotto) :
C'est Hinse, hein? O.K. — et
M. Chénard, merci pour la contribution à cette commission, aux travaux
de la commission.
Et je vais
suspendre quelques instants afin de permettre à la Fédération des associations
de musiciens éducateurs du Québec à prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 55)
(Reprise à 16 heures)
Le
Président (M. Kotto) :
Alors, à l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! Je veux souhaiter la
bienvenue aux représentants de la Fédération
des associations de musiciens éducateurs du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez d'un maximum de 10 minutes pour votre exposé, et par la suite nous engagerons
des échanges avec les membres de la commission. Alors, dans un premier temps, je vous
prierais de vous présenter et puis d'enchaîner par la suite avec l'exposé.
Fédération des
associations de musiciens
éducateurs du Québec (FAMEQ)
M.
St-Laurent (Gaétan) : Gaétan
St-Laurent, président de la Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec.
Mme Forand
(Maryse) : Maryse Forand, directrice générale, Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec, pour
les intimes : FAMEQ.
M. St-Laurent
(Gaétan) : Donc, la Fédération
des associations de musiciens éducateurs du Québec, FAMEQ, est heureuse de l'occasion qui lui est offerte de participer à l'étude
du projet de loi n° 48 et d'apporter une contribution qu'elle souhaite utile. Mais, avant de soumettre
nos commentaires et suggestions, il convient de rappeler le rôle de notre
organisation brièvement.
Donc,
quelques mots sur la FAMEQ. Créée en 1967, la Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec regroupe et soutient les associations
représentant les musiciens éducateurs de toutes les régions du Québec. Sa
mission fondamentale est de promouvoir et de
soutenir l'éducation musicale sous toutes ses formes comme un élément
essentiel de culture et d'enrichissement individuel et collectif dans notre
société.
De manière plus précise, la FAMEQ s'est donné
les mandats suivants : promouvoir et contribuer à enrichir l'enseignement de la musique dans notre système
d'éducation, représenter les musiciens éducateurs auprès des instances
gouvernementales concernées et défendre les intérêts auprès des organismes
professionnels et syndicaux, soutenir le travail
des associations régionales membres, développer des partenariats, organiser des
activités de perfectionnement pour ses membres, notamment par la tenue
d'un congrès annuel et par la publication de la revue Musique et Pédagogie.
Une
appréciation globale du projet de loi. La FAMEQ appuie sans réserve les
objectifs poursuivis par le projet de
loi ainsi que la plupart des moyens mis en oeuvre pour les atteindre. Outre
l'allègement des structures, la plus grande indépendance des instances décisionnelles et la mise en place de
nouveaux mécanismes de gouvernance et de reddition de comptes, la FAMEQ
applaudit les balises que fixe le projet de loi à la mission du conservatoire.
Ainsi, le
deuxième alinéa de l'article 4 rappelle l'obligation de tenir compte de la
spécificité de chaque établissement
dans la poursuite des objectifs généraux. Une telle mesure offre une protection
souhaitée et nécessaire aux établissements
contre l'éventualité d'une application uniforme et aveugle de solutions
globales inadaptées à leurs situations particulières.
L'article 5,
quant à lui, identifie un certain nombre d'orientations dans la réalisation de
sa mission dont le conservatoire ne saurait faire l'économie. Ainsi en est-il
notamment des obligations suivantes : excellence dans la transmission du savoir, accessibilité sans égard à
la situation géographique et au statut économique des étudiants, prise en considération des retombées positives
qu'apportent les divers établissements dans leurs milieux respectifs, recherche
et établissement de collaboration avec
d'autres institutions du milieu, liberté académique dans l'enseignement,
adaptation à l'innovation, au développement technologique et à
l'évolution des marchés. Ce sont là, de l'avis de la FAMEQ, des exigences incontournables pour l'avenir de
l'enseignement de la musique et le développement optimal du talent musical
des étudiants. Il ne peut que se réjouir...
Excusez. Elle ne peut que se réjouir de leur inclusion explicite dans le projet
de loi.
Nous
sommes aussi en accord avec la garantie d'une représentation régionale offerte
dans le deuxième alinéa de l'article 17.
Une telle mesure nous semble essentielle afin d'assurer que les besoins des
régions soient adéquatement pris en compte.
Enfin,
le rôle donné au conseil d'orientation d'un établissement par le troisième
alinéa de l'article 40.1 nous paraît très prometteur. Je
cite : «Le conseil peut également, de sa propre initiative, donner son
avis au conservatoire. Ses recommandations peuvent notamment porter sur :
«1° les objectifs à
atteindre en matière de formation initiale dans le domaine de la musique;
«2°
l'adéquation de la formation offerte compte tenu des perspectives d'intégration
des diplômés au marché du travail,
des besoins régionaux dans le domaine de la musique et de l'art dramatique,
ainsi que la présence et la vitalité d'organismes essentiels au monde de
la musique et de l'art dramatique;
«3° les mesures
permettant d'améliorer les services dispensés par l'établissement;
«4°
les moyens d'encourager et de mieux détecter, en collaboration avec les milieux
scolaires, les élèves dotés de talents remarquables;
«5°
les mesures visant à favoriser les actions philanthropiques au bénéfice de
l'établissement, des élèves qui le fréquentent et de ceux qui en sont
récemment diplômés.»
La
possibilité donnée à un conseil d'orientation d'intervenir sur ces questions
est en effet susceptible de favoriser des
collaborations nouvelles avec les milieux de l'enseignement primaire,
secondaire, collégial et universitaire, qui sont ardemment souhaitées par notre milieu.
Une
inquiétude quant à la représentation du milieu de l'enseignement. La principale inquiétude de la FAMEQ à l'égard du projet de loi
n° 48 concerne l'absence d'une garantie suffisante concernant la
représentation du milieu de l'enseignement de la musique au primaire,
secondaire sur le conseil d'administration du conservatoire.
Afin
de rendre intelligibles les motifs de cette inquiétude, nous rappelons ici
certaines des conclusions d'une table ronde
réalisée au congrès 2014 de la FAMEQ et présentées dans la revue Musique
& Pédagogie du printemps 2015. Le thème de cette table ronde était le suivant : S'arrimer par la musique! — Regards croisés sur la formation musicale au
Québec. Ont participé à ce panel
M. André Picard, directeur général de l'Association des doyens des études
supérieures au Québec,
Mme Nathalie Fernando, vice-doyenne aux études théoriques et à la
recherche à l'Université de Montréal, M. Thierry
Champs, directeur des programmes de premier cycle et professeur au Département
de musique de l'Université du Québec à Montréal, Mme Valerie
Peters, professeure à l'Université Laval, M. Martin Le Sage,
coordonnateur au cégep de Sainte-Foy,
M. Raymond St-Georges, enseignant de musique au secondaire à la commission
scolaire des Samares, et Mme Hélène Lévesque, conseillère
pédagogique à la commission scolaire de Montréal, et Mme Sophie Lapierre,
directrice de l'École des jeunes de la Faculté de musique de l'Université de
Montréal.
Il
ressort de cet exercice que la formation musicale au Québec traverse une
période assez sombre de son histoire. Perte de clientèle dans les
programmes avancés de musique, niveau de formation déficient des étudiants qui
arrivent aux niveaux supérieurs,
effondrement des programmes de formation musicale au niveau secondaire, grande
précarité de ces programmes au niveau
primaire, saupoudrage et temps d'enseignement insuffisant de même que
disparités importantes entre les régions et grands centres font partie
de ces constats attristants.
Il
n'y a pas, bien sûr, de remède miracle et instantané de cette situation, et on
ne saurait confier à un projet de loi concernant
le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec la responsabilité de
la corriger. Il demeure que les plus grandes collaboration, coordination
et mobilisation possible entre toutes les institutions oeuvrant dans le domaine de la formation musicale, que la promotion
de tous les instants de la richesse qu'apporte à une société la culture musicale et qu'un soutien prioritaire à
l'enseignement de la musique aux niveaux primaire et secondaire seront
absolument nécessaires.
Pour ces raisons,
nous sommes d'avis que l'article 15 du projet de loi devrait prévoir que
siégeront au conseil d'administration au
moins deux représentants du milieu de l'éducation, dont un provenant du niveau
primaire, secondaire. Nous
souhaiterions aussi — bien
que cela n'ait pas à être inscrit dans le projet de loi, cela
va de soi — que
la ministre n'oublie pas de considérer la FAMEQ comme représentative et
de la consulter.
En
conclusion, nous tenons à redire que les orientations contenues dans le projet
de loi et que les moyens qu'il met en oeuvre nous paraissent, dans
l'ensemble, justifiés et prometteurs. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Kotto) :
Bien, merci, M. St-Laurent. Nous allons maintenant enchaîner avec la
période d'échange en commençant par le groupe formant le gouvernement. Mme
la ministre, à vous la parole.
• (16 h 10) •
Mme
David (Outremont) : Alors, merci beaucoup pour votre présence. Je pense que ça témoigne de quelque chose qui nous est très cher, c'est-à-dire la collaboration et la présence des enseignants en musique, particulièrement pour votre association, au niveau primaire, secondaire et même... Bon, c'est les
musiciens éducateurs, donc ça monte même plus haut, mais vous demandez directement, disons, dans vos recommandations, une présence
de deux personnes, au conseil
d'administration, qui représenteraient le niveau primaire, le niveau
secondaire.
Je
vais peut-être vous, j'oserais dire... — je cherche un mot plus doux, là — de vous suggérer une contradiction dans votre texte, parce que vous avez fait, et
c'est peut-être simplement... Vous allez m'expliquer les circonstances, parce
que vous parlez énormément de collaboration entre tous les niveaux, mais, dans
cette table ronde, S'arrimer pour la musique, où il y a vraiment des gens, effectivement, très
pertinents, il n'y a personne du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec dans ce panel. Et vous dites
tout de suite après : Il faudrait avoir beaucoup plus de collaboration.
Alors, disons que j'étais assez étonnée qu'il y ait des cégeps, universités,
primaire, secondaire, mais personne du Conservatoire
de musique, qui est quand même un des lieux les plus pertinents de formation.
Ils ont aussi le préparatoire et le
primaire... préparatoire pour des jeunes, particulièrement primaire,
secondaire, mais ils offrent le cégep, l'université, la maîtrise. Alors,
j'étais un petit peu étonnée de ça, puisque tout le reste disait qu'il fallait
plus de collaboration, coordination, mobilisation. Alors, c'est une question de
curiosité.
Mme Forand (Maryse) : Si vous me
permettez... Maryse Forand.
Le Président (M. Kotto) :
Oui, Mme Forand, je vous en prie.
Mme Forand
(Maryse) : Je pourrais répondre avec plaisir à votre question. C'est
qu'à l'époque où la table ronde a été
préparée, c'est-à-dire tout le montage, le montage des documents, et tout ça,
M. André Picard n'était pas tout à fait sorti du conservatoire, il était à la veille de prendre sa retraite,
donc M. André Picard avait quand même une connaissance assez approfondie. On n'avait pas non plus de
représentant, bêtement, pour une question, là, de circonstances. Mais, depuis
quelques années, la fédération a quand même
modifié la structure de son conseil d'administration — ça s'est fait l'année dernière également — de façon à s'assurer que l'on ait toujours
avec nous des représentants des universités, des représentants des
cégeps et un représentant du conservatoire.
Donc, sur le conseil d'administration de la
fédération, le conservatoire est à nos côtés, et on travaille très étroitement ensemble. Pour dynamiser toutes nos
régions, on collabore également avec le conservatoire. On travaille très
fort en ce moment pour la région du Saguenay
et la région de l'Outaouais, et les gens sur place, au niveau des
conservatoires, et les enseignants également travaillent avec nous.
Mme
David (Outremont) : Alors, ça va peut-être m'amener à ma deuxième
question. Vous dites : Des représentants cégeps, universités, un représentant conservatoire. Il y a neuf sites,
donc c'est très délocalisé. Comme les cégeps, il y a des formations en musique à certains endroits mais pas
partout, université, la même chose. Donc, je ne pense pas qu'il y a neuf
facultés de musique qui offrent des bacs en musique au Québec. Donc, je
voudrais savoir quelle est, pour vous, l'importance et le rôle du conservatoire
et de ses différents pôles dans la formation, autant...
Je voudrais vous entendre sur deux volets, dans
le fond : le volet préparatoire, qui est le volet où on oeuvre
particulièrement au primaire, secondaire, pour les conservatoires, et,
peut-être de façon plus spécialisée, le rôle du conservatoire et de leurs enseignants, dans le fond, au niveau cégep et
université, qui est complètement à un autre niveau, parce que, là, ils
ont atteint un niveau vraiment où ils essaient d'en faire presque tous un
métier.
Le Président (M. Kotto) :
M. St-Laurent.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Je vais essayer de répondre. Je suis de la
région de l'Est du Québec, donc Rimouski, d'accord? J'enseigne au primaire. Donc, les enfants qui ont... il faut
l'admettre, là, que leurs parents acceptent que ces enfants-là puissent se dégager un petit peu de
l'école et aller suivre leur formation au conservatoire ou au préconservatoire,
ce qui permet au conservatoire d'avoir un bassin d'élèves qui, avec les années,
va augmenter, d'accord?
Déjà là, il y a un lien entre le conservatoire
et le milieu de l'éducation, qui est à l'extérieur. Il faut bien faire attention, là, parce que... J'ai déjà étudié au
conservatoire, et à l'époque... il y a longtemps, là, mais les conservatoires
étaient comme enclavés. C'était comme l'institution, et qu'on ne regardait pas
à gauche ni à droite, mais que c'était ça. Et depuis, les conservatoires qui ont compris qu'il fallait regarder à
gauche et à droite... je crois que ces conservatoires-là ont fait des
choses. D'ailleurs, à Rimouski, le conservatoire s'est doté d'un partenariat
avec le cégep, avec le milieu secondaire — d'ailleurs, vous êtes venue, je crois, à
Rimouski puis vous avez vu — et l'université, l'Orchestre
symphonique de l'Estuaire. Donc, il y a des liens qui sont là.
Donc, les
enfants gravitent autour de ce milieu-là, ce qui fait... c'en fait un milieu
qui est plus sain, donc plus vivant. Mais je pense qu'on en est rendus
là, il faut le faire.
Mme David
(Outremont) : Bien, je suis très contente de vous entendre, parce que
c'est mon souhait le plus cher qu'effectivement
il y a un ancrage beaucoup plus important, qu'on ouvre les fenêtres, les
portes, là, des conservatoires dans les régions et que l'air circule de
part et d'autre.
Vous êtes
enseignant, musicien... musicien, enseignant, éducateur, je ne sais pas dans
quel ordre le mettre, les trois sont importants, là.
M. St-Laurent (Gaétan) : Ça dépend
des journées de la semaine.
Mme David
(Outremont) : C'est ça. Et j'étais justement en Abitibi en fin de
semaine et je rencontrais une école qui
a quand même 428 élèves en musique, une école privée complètement... bien,
qu'on subventionne. On en subventionne beaucoup,
des écoles, mais ce n'est pas ça qui fait vivre l'école, c'est aussi... c'est
les parents qui envoient leurs élèves... leurs
enfants, excusez. Et j'essayais de voir, justement, ce lien, parce que, quand
il y a 428 enfants dans une école de musique
privée... J'ai dit : Quel est le lien avec le conservatoire? J'étais en
Abitibi — évidemment,
c'est Val-d'Or, mais la ville où j'étais n'était pas Val-d'Or — et
j'essayais de voir si c'était plus en complémentarité ou en concurrence. Parce
qu'il faut prendre acte quand même qu'il y a une saine concurrence entre
différents milieux qui veulent avoir des enfants dans leurs écoles de musique.
Et on parle aussi de l'arrimage avec l'école primaire, l'école secondaire. Et
je voudrais vous entendre sur toute cette
complémentarité, d'autant que vous êtes de Rimouski, et il y a sûrement,
là aussi... je ne le sais pas par coeur, mais il y a des écoles privées
où tu peux suivre des cours de piano...
M. St-Laurent (Gaétan) : Oui, il y a
l'école de musique...
Mme
David (Outremont) : Et
comment tout ça s'articule ou pourrait mieux s'articuler, vous qui êtes des
spécialistes, justement, de l'enseignement? Est-ce qu'on fait correctement les choses au Québec
ou on pourrait améliorer? Puis comment le conservatoire devrait
s'insérer dans tout ça?
M.
St-Laurent (Gaétan) :
Personnellement, là, par rapport aux conservatoires de musique en périphérie, je
crois, personnellement, Mme la ministre, qu'il faut effectivement qu'il y ait un partenariat. Il faut que les
enseignants sortent des conservatoires, que les élèves sortent des
conservatoires et qu'ils aillent voir. Tout à l'heure, j'écoutais les élèves
qui sont là, qui parlaient. Oui, il y a un
sérieux problème, parce qu'il y a une réalité qui est là, là.
Puis, je veux dire, quelque part, là,
quand on enseigne 1-1, un élève, un prof, c'est une chose. La réalité, ce n'est
pas 1-1, c'est 1-24, 1-23, 1-28. Donc, déjà là, il y a vraiment un
phénomène qui arrive.
Quand on
prend des élèves qui arrivent du conservatoire et qui sortent, qui s'en vont
dans les écoles primaires ou
secondaires, qui vont donner des ateliers, qui... Encore là, c'est excessivement important que les jeunes de nos écoles primaires, secondaires soient en lien avec des
futurs professionnels. C'est l'exemple, puis on a besoin de ça dans les écoles.
Mais il faut que la direction du conservatoire accepte que les gens d'une école
primaire ou secondaire aillent voir la direction
du conservatoire et lui dise : Mes attentes comme enseignant avec mes
jeunes, moi là, là, c'est quoi? C'est quoi que je voudrais voir arriver, là? Celui qui va... qui n'explique rien,
qui ne fait que jouer? Ce n'est pas de ça qu'on a besoin. Il faut vraiment que le lien se fasse sur les besoins d'une école
primaire ou secondaire. Puis après ça, bien, c'est sûr et certain que, de là, il va y avoir une affinité
entre les deux milieux puis une collaboration qui va être certaine, à mon avis
à moi.
Mme David
(Outremont) : Là, je ne suis
pas sûre de vous avoir bien compris, alors je vais vous demander de préciser un
petit peu. Vous dites : On passe
d'un à un à 24 pour un. Ce que ça veut dire, c'est que, quand les élèves qui
étaient là... Les étudiants sont en maîtrise, c'est sûr qu'on est rendu à un
niveau très élevé, mais peut-être qu'ils vont faire carrière en enseignement, par
exemple, et peut-être qu'ils vont se retrouver à l'école primaire ou
secondaire, ou qu'ils vont faire une maîtrise qualifiante en enseignement de la musique, ou ils vont faire un certificat, ou
il y en a qui recommencent des bacs en enseignement. Comme, à Trois-Rivières, il y a ce lien-là, ou à l'UQO, je ne sais plus lequel. En tout cas,
il y a un lien entre les deux. Moi, j'y crois beaucoup qu'une des options, ça peut être de faire une
maîtrise qualifiante. Quand on a déjà un bac, c'est le fun de toujours
monter de nouveau. Et, bon, ils pourraient se retrouver à l'école primaire. Mais est-ce que ce que vous
dites, c'est : On ne forme pas assez bien les élèves au conservatoire...
les étudiants — ce n'est plus des élèves, c'est des étudiants — à devenir professeurs, ou ce que vous dites,
c'est : Quand ils vont dans les écoles, ils ne sont pas préparés,
mais ils y vont juste pour faire une sensibilisation?
M. St-Laurent (Gaétan) : Oui, je dirais... Madame, je dirais juste ça... Effectivement, vous avez raison. C'est que,
lorsque ces... Quand on est au conservatoire, il y a comme... c'est comme un
silo. On est dedans, puis c'est comme une
bulle de verre, il y a une réalité qui nous échappe. Quand un enseignant
d'un niveau primaire ou secondaire va demander au directeur du conservatoire : J'aimerais beaucoup
que le quatuor à cordes puisse venir à l'école parler avec les enfants, d'expliquer les instruments, d'expliquer la
relation avec la musique, c'est quoi, la musique baroque, c'est quoi, la
musique classique, comment on peut
faire, de mettre les enfants en lien, mais ce n'est pas un enregistrement, là,
ce qu'on va voir, ce sont des humains
qui vont jouer et ce sont peut-être le petit voisin qui reste au coin de la rue, là,
mais ce sont des êtres vivants qu'on
va voir. Et ce qui est intéressant, c'est que ces jeunes-là puissent être en contact
avec la réalité et pas seulement
qu'en formation de concert, de façon pédagogique.
Mme David
(Outremont) : Je profite de
votre... Je pense que tous les deux, vous êtes au primaire. Madame,
vous êtes au secondaire, ou est-ce que je me trompe?
• (16 h 20) •
Mme Forand (Maryse) : J'ai fait tous
les niveaux d'enseignement, du préscolaire, formation des maîtres, universitaire, et, il y a quelques années, par un
concours de circonstances, j'ai
quitté l'enseignement et je suis maintenant davantage au niveau de la
structure administrative, collecte de fonds, redressement financier, enfin,
permettre aux organisations de survivre.
Mme David
(Outremont) : Donc, vous avez fait le tour du... C'est parce qu'on
s'intéresse, ici, beaucoup... puis on
a des collègues qui ont même fait carrière en enseignement, et tout ça, donc on
parlait de la situation de l'enseignement de la musique au Québec, au primaire, secondaire, et on l'a beaucoup
entendu quand j'ai fait ma tournée des conservatoires, mais même dans mon ancienne vie, on disait :
Le recrutement est vraiment à la baisse dans les collèges, dans les
universités, puis en plus les enfants
ou les étudiants qui arrivent pensent que, la musique, tu n'as pas besoin de
préparation, tu rentres et puis tu te fais un collégial et un bac en piano, et que tu n'as
jamais eu à apprendre le piano avant. Et donc il y a une carence au
primaire et secondaire, et vous dites un peu la même chose dans ça.
Il faudrait... Il y a un concours de circonstances,
et on sait que... tout simplement parce qu'il y a des... C'est optionnel,
maintenant, de faire de la musique, alors
que c'était un peu plus obligatoire avant. Ça a le bon côté que ça peut exposer
l'enfant à d'autres disciplines artistiques que la musique. Mais comment vous
voyez pérenniser ou consacrer un peu plus
d'enseignement de la musique au primaire, secondaire en lien avec les
conservatoires? Peut-être que ça ne serait pas en lien avec les conservatoires. Peut-être, vous avez des revendications
vraiment... Parce que, comme vous demandez d'être au C.A. du conservatoire, un représentant primaire, un
représentant secondaire, c'est que... j'imagine que vous voyez vraiment une valeur ajoutée à une plus grande
collaboration. Est-ce que ça donnerait juste des visites de temps en temps
dans une classe ou vous voyez quelque chose de plus structurant?
Le Président (M.
Kotto) : M. St-Laurent.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Moi, je dirais que je vois des choses beaucoup
plus structurées, comme enseignant, mais
c'est vraiment... Je vous dirais : Il faut que les gens se parlent, il
faut que les gens puissent se parler pour être capables de collaborer. Si le Conservatoire de musique, le
conseil du conservatoire ne fait pas demande auprès des enseignants primaire, secondaire pour... il y a une baisse...
À un bon moment donné, il y a eu une baisse par rapport aux étudiants du
secondaire qui terminaient et qui étaient
excellents en musique, mais qui ne voulaient pas continuer. Et le directeur du
conservatoire a pris sur lui d'aller poser
des questions : Pourquoi? Mais, si on avait vu venir avant, la question ne
serait peut-être pas posée, puis on aurait peut-être été capables de
trouver le pourquoi avant qu'on arrive devant un mur.
Mme
David (Outremont) : Mais, admettons qu'on nous pose le pourquoi...
Parce que, là, le conservatoire fait beaucoup d'écoles préparatoires ou de
préconservatoire, et ça, ça se fait avec des enfants... des élèves du primaire
et du secondaire.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Oui, mais il faut que l'école accepte de libérer
ces enfants-là. Il faut faire attention, là, parce qu'il n'en demeure pas moins que, dans la grille horaire, un élève
a ses cours de musique, alors donc c'est un surplus qu'il faut que l'école accepte. Mais, à partir du
point de départ, il peut y avoir une demi-journée, mais il faut qu'il y ait
une entente entre les deux, O.K., ce n'est
pas automatique, ça, absolument pas. Si l'enfant est en difficulté ou en échec
dans les matières scolaires, il ne pourra
pas le faire, c'est certain. Mais effectivement qu'il y a des ententes qui
existent entre le conservatoire et
les écoles. Mais j'irais plus loin que ça : il faut que les gens puissent
se parler pour se comprendre. Et, si
on attend d'arriver devant le fait accompli, puis de voir une baisse d'élèves
au conservatoire, et que le niveau primaire, secondaire n'a pas été en mesure de répondre pour dire : Bien, les
attentes du conservatoire sont peut-être trop élevées ou encore notre préparation au niveau secondaire
n'est peut-être pas assez élevée pour les arrimer... Mais il faut que les
gens puissent en parler.
Mme David
(Outremont) : ...
Le Président (M. Kotto) : Mme la ministre, excusez-moi,
Mme Forand avait levé le doigt, je pense qu'elle avait un
complément de réponse.
Mme David
(Outremont) : Ah! excusez-moi.
Mme
Forand (Maryse) : Un autre élément, également, je pense, où la musique
a vraiment besoin... la musique au
niveau primaire et secondaire a cruellement besoin, je pense, de la présence du
conservatoire, c'est qu'avec la nouvelle réforme pédagogique on a amené la notion des quatre arts d'une dimension
égale. Or, nous croyons que les besoins en musique sont différents. On a besoin de continuité, on ne peut pas
s'improviser dans un cours de piano, ça ne s'apprend pas de la même façon. Ça pose un problème inouï,
et on n'a personne pour nous aider à faire valoir ce point de vue là... ou appuyer, parce qu'on essaie de le faire valoir
au niveau du ministère de l'Éducation, mais personne n'appuie. Et, à notre
avis, sans... C'est toujours délicat, parce
qu'il ne s'agit pas de minimiser les autres disciplines artistiques, mais la
musique a vraiment des besoins très
particuliers, très spécifiques de continuité, de permanence dans
l'enseignement. On le voit même à
notre niveau. On parle des difficultés de recrutement aux niveaux collégial et
universitaire, mais l'effondrement des
classes de musique au secondaire vient justement de cette absence de continuité
au niveau du primaire, ce qui fait que,
dès le tout, tout, tout début, là, ça s'effondre, ça tombe, c'est une
hécatombe. Et les disciplines... Beaucoup des projets spéciaux en
musique d'écoles qui avaient des 300, 400, 500, 600, 700 élèves en
musique, c'est fermé.
L'autre élément du
grand problème aussi : on a besoin de quelqu'un qui va parler pour nous...
pas pour nous, mais pour la musique et pour
le rayonnement et la promotion de l'éducation musicale. C'est tout le volet
représentation. Les conseils
d'orientation, à un moment donné, peuvent décider tout simplement de la tâche
des enseignants. C'est une réalité que l'on vit, donc c'est là. Donc, à
un moment donné, la musique, on le sait, ça coûte plus cher. Ça coûte cher, des
départements de musique avec les instruments, et tout ça, donc, à un moment
donné, il y a un changement, et ça disparaît,
ça ferme complètement. Donc, à ce niveau-là, je pense que les conservatoires...
on a mutuellement besoin d'aide. Nous,
on peut appuyer les conservatoires,
mais les conservatoires peuvent aussi faire valoir l'importance d'une continuité en enseignement de la musique.
Le Président (M. Kotto) : Mme
la ministre.
Mme David (Outremont) : Là, peut-être que je parle sans connaissance de cause vraiment... Parce qu'effectivement
les écoles de musique parascolaires en privé
vont quand même assez loin. Il y a
certaines écoles, il y a des orchestres, ils ont des cours de
théorie, de solfège, de dictée, et tout ça. Et, celle que je visitais en fin de
semaine, il y a des salles vraiment de cours
théoriques, ils ont des petits
orchestres, des moyens orchestres, ils ont des cours privés, etc. Est-ce que ce n'est pas ces écoles-là qui ont un peu pris le relais? On pourrait
dire que c'est du préparatoire, dans
le fond, d'une certaine façon. Le conservatoire fait du préparatoire
aussi. Là, je vais être nostalgique : Dans mon temps, mais dans notre
temps, à certains d'entre nous,
c'était à l'école mais en parascolaire. Ce n'étaient pas tous les élèves qui
allaient le midi faire le piano, là, puis avoir les cours le matin, le
midi. La pratique, là, ce n'était pas intégré dans le programme. Peut-être qu'il y a
quelque chose qui m'a manqué, mais ce que vous décrivez, par exemple une continuité en piano, il y
a ça dans les programmes
musique-études. Et, comme on a sport-études, on a arts-études, il y en a qui
incluent les instruments comme le piano.
Mais est-ce que
vous êtes en train de dire qu'il faudrait que les écoles aient toutes un suivi,
par exemple un élève choisirait
piano, et ça irait de première année primaire jusqu'en 11e année, s'il
le veut? Ou peut-être que je n'ai pas très bien compris votre...
Le Président (M. Kotto) :
Mme Forand.
Mme Forand (Maryse) : Non, pas nécessairement
en piano, non. La formation de groupe, l'instrument Orff, l'approche Dalcroze, puisqu'on parle, par exemple, primaire, l'éveil, le groupe, de travailler tout ça, d'apprendre le
chant, le chant chorale, là, tu sais,
ce n'est pas nécessairement l'apprentissage instrumental, là, mais c'est
d'avoir les cours de musique. Et ça,
c'est très, très, très varié, mais ce n'est pas nécessairement...
Parce que, là, si on parle d'enseigner le piano à chaque individu, à chaque élève, ça devient
quasiment impossible. Mais c'est là qu'on va aussi détecter les talents, c'est
là qu'on va détecter les intérêts.
Ça va permettre de sensibiliser les parents. Et ça nourrit. Il faut
qu'il y ait une présence, dans le réseau scolaire, forte. Ce n'est pas
un au détriment de l'autre.
Mme
David (Outremont) : Alors, est-ce que
je comprends que vous souhaiteriez que les conservatoires, par exemple, par sites, par régions,
soient... Et on a référé au conseil d'orientation tout à l'heure, qui aurait ça dans son mandat, puis on verra en termes de... trop de réunions, c'est comme pas assez, ou pas
assez, c'est comme trop, mais là on va regarder cet aspect-là. Admettons que c'est un conseil d'orientation qui se
réunit bien et qui a des projets, vous pensez qu'on pourrait faire beaucoup mieux et beaucoup plus en
termes de pénétration et de collaboration dans le milieu primaire et
secondaire? Est-ce que c'est ça que je comprends, que, là, il y a
vraiment de la place à de l'optimisation?
• (16 h 30) •
M.
St-Laurent (Gaétan) : Si on
prend un conseil d'établissement scolaire, une école primaire XYZ, dans cette
école-là il y a des représentants de la communauté,
des enseignants et puis le personnel de soutien, les gens de la communauté.
Tout ce beau monde là réuni ensemble ont un même objectif, c'est de faire que l'école soit encore plus
agréable pour les enfants, d'aider,
bon, puis j'en passe. Si les conservatoires avaient cette richesse-là, d'aller
chercher des éléments qui pourraient les aider à avancer, à regarder de
l'avant et non d'être en vase clos, ça serait peut-être intéressant.
Mme
David (Outremont) : C'est ça,
on m'a dit qu'effectivement c'est ce qu'est supposé être le conseil d'orientation tel qu'il existe actuellement dans les conservatoires. Vous êtes à Rimouski.
S'il y a un conseil d'orientation, par exemple, vous pourriez en être membre.
M. St-Laurent (Gaétan) : Oui, mais
pour ça...
Mme David (Outremont) : Parce que c'est
ça, la mission, c'est d'aller vers l'extérieur.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Je
suis d'accord, mais, si c'est le cas, il faudrait le savoir. Moi, je n'ai jamais...
Écoutez, je suis à Rimouski depuis
que j'ai commencé à enseigner et puis je n'ai jamais... Et, je vous dirais, au
moins une fois par semaine, je mets les pieds au conservatoire et je
n'ai jamais entendu parler de ça.
Mme David (Outremont) : Qu'est-ce
qu'on dit dans ce temps-là? Je n'ai pas d'autre question, maître?
Le Président (M. Kotto) : Il
vous reste une minute.
Mme David (Outremont) : Ça va. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Kotto) :
O.K., merci. Alors, la parole est à la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, merci beaucoup de votre présence. Je
sais que vous avez fait de la route,
donc on l'apprécie beaucoup. Peut-être juste, d'entrée de jeu, quelques
questions, là, pour bien comprendre quelques
éléments. Vos membres sont tous des enseignants, je dirais, dans les écoles.
Est-ce qu'il y en a qui sont en partie, partiellement, présents dans les
conservatoires aussi ou c'est mutuellement exclusif?
Mme Forand (Maryse) : On a des
membres...
Le
Président (M. Kotto) : Mme Forand.
Mme
Forand (Maryse) : On a des membres qui sont... qui proviennent des
conservatoires, oui. On a également des...
Mme
Hivon :
Qui proviennent, vous voulez dire...
Mme Forand
(Maryse) : Bien, je veux dire, qui enseignent dans les conservatoires,
excusez-moi.
Mme
Hivon :
Qui enseignent, oui, parfait.
Mme
Forand (Maryse) : On a également des professeurs qui enseignent dans
des écoles privées, qui enseignent... des
professeurs de piano, bon, l'image qu'on a toujours, classique, là, le
professeur de piano et le professeur de violon, on en a. Et on travaille très fort à élargir pour regrouper justement
tout ce monde-là, nous réunir et travailler ensemble.
Mme
Hivon : Parfait. C'est ça que je voulais comprendre. Vous
n'êtes pas exclusivement des professeurs dans les écoles de musique. Donc, il y a différents horizons. Il y en a,
parmi vos membres, qui sont dans les conservatoires aussi, donc qui cumulent, qui... Est-ce qu'il en a qui...
Il n'y en a pas qui sont uniquement dans les conservatoires? Parce que, là,
j'imagine que...
Mme Forand
(Maryse) : ...
Mme
Hivon : Oui? O.K., parfait. Parfait. Quand vous dites — vous avez un paragraphe, là, vous en avez
discuté avec la ministre, mais je veux comprendre encore, là — qu'on
traverse une période assez sombre dans l'histoire de la formation musicale au
Québec, vous parlez de manière générale de la place qui est faite dès le plus
jeune âge à l'enseignement de la musique. On
en parlait tout à l'heure, là, avec d'autres groupes, il y avait notamment mon
collègue de Chambly, qui est
enseignant de formation, qui posait des questions. On faisait ressortir, par
exemple, qu'alors qu'avant peut-être
que c'était la musique uniquement maintenant il y a une diversité, comme par
exemple, au primaire, il faut choisir deux disciplines dans les arts
parmi l'ensemble des disciplines...
Une voix :
...
Mme
Hivon : Oui, c'est ça. Donc, des écoles pourraient choisir
qu'il n'y a pas du tout de musique, par exemple. Quand vous faites
référence à cette période sombre, vous faites référence à quoi
particulièrement, je dirais, dans l'enseignement
plus général? Parce qu'il y a tout le volet aussi de l'enseignement spécialisé.
Ça, vous en avez discuté largement.
Bon, peut-être qu'il y a moins de programmes spécialisés, il y a moins,
peut-être, de parascolaire aussi qui est
offert dans les écoles, tout ça. Mais est-ce que vous faites aussi référence au
fait qu'il y a eu des changements dans le cursus qui fait en sorte que la musique est beaucoup moins présente, je
dirais, de manière générale pour que les enfants aient un contact pas
spécialisé, genre : Je prends des cours de musique, et ils sont à mon
école, ou je suis dans un programme spécialisé musique, là? Donc, c'est
là-dessus que je voulais vous entendre un peu.
Le Président (M.
Kotto) : M. St-Laurent.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Oui. Dans une école primaire, là, il peut très
bien y avoir de la musique mur à mur. Ça
dépend. Si la commission scolaire a choisi que la musique serait une des deux
formes d'art préconisées, là, ça et l'art plastique, ça va aller. Dans une autre commission scolaire, on peut
laisser ça... une liberté. Ce qui fait qu'à un moment donné on va enseigner la musique au premier cycle,
au deuxième cycle on va faire de l'art dramatique puis, au troisième cycle,
on va donner sur les arts plastiques, O.K.?
Ce qui fait qu'à un moment donné c'est la non-continuité. Ce qui fait que,
quand l'élève arrive en première
secondaire, déjà là, il n'a pas les notions. Si on parle de musique, bien, les
notions qu'un élève aurait apprises
sur une période de six ans, sur les trois cycles du primaire, c'est dilué. Il
arrive en première secondaire, donc...
Écoutez, j'ai des collègues qui se retrouvent avec 28, 30 enseignants. Il
y en a qui sont capables de faire des accords puis de jouer quelque chose d'intéressant à la guitare, d'autres ne sont
même pas capables d'accorder. Mais il faut qu'avec tout ce beau monde
là... il faut que tu fasses de la musique. Donc, c'est aléatoire.
Donc,
quand ces élèves-là viennent par sortir du secondaire, un bon moment donné,
bien, ils ne sont pas de niveau à
arriver pour aller au conservatoire. S'ils ont une formation qui est avant...
qu'ils peuvent... par des professeurs privés, ils vont pouvoir se rendre là. Mais, encore, il ne faut pas que... Quand
on est rendu au secondaire, là, je pense qu'il est déjà trop tard. Il
faut qu'il y ait eu un départ qui était bien avant ça.
Mme
Hivon : Mais là on se comprend que c'est pour ceux qui,
vraiment, prennent des cours en musique, O.K.? Donc là, vous nous dites : Déjà là, il y a un problème, c'est très
inégal d'un endroit à l'autre, la qualité en souffre, ils n'arrivent pas
du tout au même niveau, donc c'est très difficile de suivre. Moi, je vous
demande général, il y a eu un...
M.
St-Laurent (Gaétan) : Général, avec la réforme, là, il ne faut pas se
le cacher, là, il y a eu des choses qui se sont passées là. Au primaire,
on a eu des contrecoups, mais, au niveau secondaire, ça a été désastreux,
désastreux, parce que
c'est un petit peu, là, l'amalgame de toutes sortes de choses : l'art ci,
l'art ça, le sport ci, sport ça. Bien, à un bon moment donné, là...
Mme
Hivon : Il manque
de temps puis il manque de place pour la musique.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Oui. Ce qui fait un peu... Comme Mme Forand l'a
expliqué, ce sont les coûts aussi pour la musique. Les instruments,
c'est très onéreux, puis on arrive à...
Mme Forand
(Maryse) : Il y a aussi un problème très, très, très simple quand on
parle de temps. Le temps consacré à l'enseignement de la musique n'est
pas un temps prescrit... en tout cas, là, on rentre dans le jargon des
ministères, mais ce qui fait que le ministre
a seulement un pouvoir de recommandation, mais ce n'est pas nécessairement
suivi. Donc, on peut se ramasser dans
une situation où, peut-être, dans tout son primaire, le jeune aurait eu
peut-être, je ne sais pas, moi,
10 heures d'enseignement de musique. Qu'est-ce qu'on fait avec
10 heures? Tu sais, ça puis rien, ça se ressemble beaucoup.
Mme
Hivon : O.K. Merci. Pour
revenir vraiment à des éléments... Parce que c'est très intéressant de parler
aussi... de situer tout ça dans un
contexte plus global, là, mais, pour revenir plus au projet de loi comme tel,
bon, je comprends que vous avez une
demande formelle, qui est de dire : À l'article 15, pour la
composition du conseil d'administration, on voudrait qu'il y ait deux personnes qui proviennent du milieu de
l'éducation pour bien marquer l'importance de faire ces liens-là entre le milieu général de
l'éducation et les conservatoires. Je comprends que vous voulez
dire éducation de la musique, ou on pourrait penser éducation tout
court?
M.
St-Laurent (Gaétan) : Bien, je dirais éducation de la musique, là. Je
vais me donner une chance, je vais dire éducation de la musique.
Mme
Hivon : Vous allez
plaider pour votre paroisse.
M. St-Laurent (Gaétan) : Tout à
fait, oui.
Mme
Hivon : Parce
qu'on pourrait imaginer que ce ne serait pas mauvais qu'il y ait quelqu'un du
milieu de l'éducation aussi pour qu'il ait
justement cette sensibilité-là que la musique soit intégrée dans le milieu de
l'éducation aussi, là. Il pourrait y avoir une perspective un peu plus
large, mettons. Mais votre demande...
M. St-Laurent (Gaétan) : Mais,
premier choix, je prendrais...
Mme
Hivon : C'est
parfait, c'est votre plan A. On marche comme ça. C'est beau.
On a eu
beaucoup de groupes qui sont venus nous dire qu'il fallait aussi conserver,
dans l'esprit de la formation du
conseil d'administration puis quand on vient à la commission des études, les
deux réalités distinctes du conservatoire, donc art dramatique d'une
part et musique de l'autre.
Maintenant, il
y a un changement qui est apporté, c'est-à-dire qu'on fusionnerait les deux
commissions d'études en une seule
avec deux sous-comités pour lesquels la position n'est pas encore connue.
Est-ce que vous êtes du même avis que
certains qui sont venus nous voir, qu'il faudrait maintenir les deux
commissions d'études distinctes pour chacune des disciplines, ou vous ne
vous êtes pas penchés spécifiquement là-dessus, ou ce n'est pas là qu'est votre
combat?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Forand.
• (16 h 40) •
Mme Forand (Maryse) : Nous l'avons
regardé, on avait 10 minutes, donc on ne s'y est pas attardés, mais on pencherait davantage sur deux structures
distinctes. Pour le vivre en ce moment dans la réalité primaire, secondaire,
quand on parle juste de la formation
globale, l'enseignement des
disciplines... Quelqu'un qui parle au nom de la musique, si c'est de l'art dramatique, il ne sera peut-être
pas apte à aussi bien faire valoir tous les besoins spécifiques à
l'apprentissage de cette discipline, tout comme je pense qu'un musicien ne
serait peut-être pas la meilleure personne pour parler au nom de
l'art dramatique.
Maintenant,
que ce soient vraiment deux commissions distinctes ou une commission avec deux sous-commissions,
appelons-les comme ça, ça pourrait aussi être ça, là. On ne s'est pas
assez penchés là-dessus, mais je pense qu'il faut vraiment avoir des entités
qui prennent... qui défendent les intérêts de chacune des deux disciplines.
Mme
Hivon : O.K. Est-ce que, par ailleurs, pour la
composition générale du conseil
d'administration ou des autres
comités qui sont formés, autres commissions,
vous avez des suggestions, recommandations, commentaires à nous faire,
outre votre demande qu'on passe d'un à deux?
O.K. Puis,
si on vous disait que, par exemple, ça va demeurer un professeur seulement
du... un représentant du milieu
de l'éducation mais qu'on va augmenter le nombre de personnes
qui viennent du milieu culturel, ou on pourrait plaider, par exemple, qu'un enseignant en musique vient du milieu
culturel, parce que, dépendamment de votre chapeau... Est-ce
que, pour vous, ça, ça pourrait aller, ou vous dites : Non, il faut vraiment
augmenter la présence de membres clairement du milieu de l'éducation?
Le
Président (M. Kotto) : Mme Forand.
Mme
Forand (Maryse) : Ah oui! Il
faut clairement quelqu'un du milieu de l'éducation, je pense. Quand on regarde nos
besoins dans les écoles, et tout ça, qu'on serait... Donc, la FAMEQ, on est
aussi dans le protocole culture-éducation, mais
on est noyés, parce que c'est très vaste, hein, le milieu culturel, à un moment donné. Et la spécificité, particulièrement
chez les tout-petits, quand il s'agit de
partir, de faire ces premiers pas là, il faut vraiment quelqu'un qui est à ce niveau-là.
Mme
Hivon : Là, je
n'ai pas la loi actuelle devant moi, mais j'imagine que, dans la formation du
conseil en ce moment, il y a un représentant... il y en avait deux. Est-ce qu'il y en avait deux ou il y en avait un
du milieu de l'éducation? Ou il
n'y en avait pas?
Mme Forand
(Maryse) : Il faudrait que je retourne, là, parce que je ne veux pas
dire de sottises...
Mme
Hivon : Il y en a
deux. C'est ça. Donc, en ce moment, il y en a deux, donc vous demandez le
maintien du statu quo, en fait, pour ce qui est des représentants du
milieu de l'éducation. Là, je vois que...
Mme
Forand (Maryse) : Mais de
s'assurer que ça soit vraiment primaire-secondaire, collégial-universitaire, pour que cet arrimage-là
puisse se faire.
Mme
Hivon :
Donc, il y a des représentants des deux niveaux. C'est comme ça que vous le
voyez, vous.
M. St-Laurent
(Gaétan) : Oui.
Mme
Hivon : Parfait. Et puis, donc, pas de demande particulière
par rapport à la formation, à d'autres égards, du conseil ou des commissions? Par ailleurs, puisque,
cette loi-là, on ne l'ouvre pas souvent, est-ce qu'il y a d'autres éléments,
peut-être, qui ne vont pas nécessairement
dans la loi, ou peut-être qu'ils pourraient aller dans la loi, ou... des
éléments que vous pensez sur lesquels
on devrait se pencher, sur le fonctionnement, de manière globale, du
conservatoire? Vous êtes des
observateurs privilégiés un peu de l'évolution des conservatoires. Est-ce que
vous avez des commentaires plus généraux à nous faire pour la bonne marche,
le bon fonctionnement... évidemment, pas dans le menu détail, mais en termes de gouvernance ou termes de... Comme vous
nous dites : Je n'ai jamais entendu parler du conseil d'orientation,
les étudiants nous ont dit que les comités
ne se réunissaient à peu près jamais, donc on se rend compte qu'il y a des
petits dysfonctionnements, mais est-ce qu'il y a des éléments qui
seraient pertinents de porter à notre attention?
Le Président (M.
Kotto) : M. St-Laurent.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Oui et non, mais je pense que je l'ai dit
d'emblée tout à l'heure, là, il faut vraiment que le conservatoire ouvre
ses portes et vraiment, là, qu'on donne accès à cette masse d'information là,
de par les enseignants, de par les élèves qui y sont, mais en même temps qu'on
sorte aussi des conservatoires.
Mme
Hivon :
Qu'il y ait un meilleur échange avec les communautés.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Ah! tout à fait. Écoutez, j'ai étudié là, moi,
puis j'ai souffert de ce vase clos, parce que j'ai étudié au
conservatoire et après ça à l'université. J'ai vu les deux, c'était deux
mondes. Il est important, là, qu'on décloisonne puis qu'on aille voir ailleurs.
Ce
qu'il se passe dans les cours à l'heure actuelle, si je prends un peu Rimouski,
je sais qu'il se fait beaucoup de choses
par rapport au numérique. Il y a une ouverture qui est là, là, que je pense qui
est très intéressante pour les jeunes. Mais il y a une réalité qui est
là aussi, je pense que c'est... Il faut leur donner de l'information, mais de l'information
pertinente, parce qu'après on fait quoi, là, lorsqu'on a un premier prix de
conservatoire? Qu'est-ce qu'on fait avec ça, là? On va où?
Mme
Hivon : C'est comme si — juste pour bien comprendre — tout était dirigé vers, bon, une carrière
dans un orchestre symphonique selon
le moule un peu prédéterminé, mais évidemment ce n'est pas le lot de tout le
monde. Donc, vous dites : Il faut avoir plus de liens aussi avec le...
M.
St-Laurent (Gaétan) : Parce qu'on s'entend bien que, dans un orchestre
symphonique, il y a un timbalier. Si
on en forme huit, là, il y en a sept qui vont faire d'autre chose. Ça fait que,
quelque part, il y a une réalité qui est là, là, puis il faut en tenir
compte, là, de cette réalité-là, là. C'est que, les jeunes qui sortent des
conservatoires, bien, il faut qu'ils soient
prêts à faire autre chose aussi, puis l'enseignement, c'est une porte de sortie
intéressante, je crois, mais, pour certains, décevante, mais, pour
d'autres, intéressante.
Le Président (M.
Kotto) : Merci, M. St-Laurent. La parole est à la députée
d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Madame monsieur, bonjour. Mon Dieu
que vous nous faites nous ennuyer de
l'ancien temps, au siècle dernier, quand, en début d'année, soeur
Marie-Médiatrice nous disait : Toi, cette année, tu es sur le
xylophone, toi, tu es sur la guitare, toi, tu es sur le piano. Puis ce n'était
pas compliqué, puis on le faisait.
Une voix :
Pas sûr que j'aurais aimé ça, moi.
Mme
Samson : Non. Bien, moi, je peux vous dire que j'ai été très longtemps...
On m'avait donné la responsabilité du triangle. Ça prend du bon timing,
mais ça ne calme pas une enfant hyperactive. On n'intervient pas beaucoup.
Là, je veux comprendre le conseil d'administration.
Le projet de loi, à l'heure actuelle, prévoit qu'il y ait une personne en provenance du milieu de l'éducation.
Votre revendication, est-ce que c'est que cette personne-là provienne du primaire, secondaire ou si vous voulez qu'on
rajoute deux personnes en plus de celle-là, dont une du primaire et du
secondaire?
Mme Forand
(Maryse) : En fait, c'est : on rajoute une personne. Il y a une
personne du milieu de l'éducation qui serait primaire, secondaire et une
autre collégiale, universitaire. Ce sont deux réalités tout à fait différentes.
Mme Samson : On rajoute une
personne.
Mme Forand (Maryse) : Oui. Ce serait
l'ajout d'une personne.
Mme
Samson : Dans l'espoir que la personne qui représente le milieu
primaire, secondaire sensibilise davantage le conseil d'administration à l'importance d'une intervention plus tôt
que tard dans la vie des jeunes. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Forand
(Maryse) : L'arrimage, comme disait la table ronde, l'arrimage, c'est
très, très, très important, et ça, ça rayonne.
Mme Samson : Donc, je comprends ce
bout-là. C'est parce que, dans votre document, vous dites : «Dont un provenant du niveau primaire, secondaire». Donc,
on en déduit que le deuxième, qui est déjà dans le projet de loi, il est
du secondaire, collégial.
Mme Forand (Maryse) : Oui,
collégial, universitaire.
Mme
Samson : Collégial, universitaire. Puis on n'enlève pas un
représentant du corps professoral du conservatoire, là. O.K.
Ça fait bien des professeurs, ça, là. Il faudrait refaire mon calcul, là. Bien,
je comprends que c'est un conservatoire, mais ça fait bien du monde, là. Parce que,
dans un monde idéal, vous, vous souhaiteriez que tout ça soit mieux intégré dès
le primaire.
M.
St-Laurent (Gaétan) : Pour
que les gens se parlent. C'est ça qui est important, que les gens discutent entre eux puis que
les gens puissent arriver à une synergie intéressante, mais dans le but que le
conservatoire et les écoles primaires, secondaires, collégiales puissent faire
un ensemble pour arriver à...
Mme
Samson : Oui, mais j'essaie
de comprendre ça, là. Là, je
comprends votre ambition, mais en même temps vous reconnaissez que ça varie d'une commission scolaire à l'autre,
donc ça va varier d'un conservatoire à l'autre. Et les
enfants, ils ont des choix de quatre
disciplines à l'école. Et est-ce que vous pensez que le fait que les gens se parlent,
là... Si ce n'est pas sanctionné par
le ministère de l'Éducation, est-ce
que ça peut marcher ou si, rendu là,
là... Puis, si je me fie à la
description que vous faites, là, de l'effondrement des programmes
au niveau secondaire puis la
précarité au niveau primaire, est-ce que,
le fait que les gens se parlent, vous puissiez... en tout cas, que votre
objectif, qui est bien louable, puisse être atteint ou si ça va être
plus que ça que ça va prendre?
Le Président (M. Kotto) : Mme
Forand.
• (16 h 50) •
Mme Forand
(Maryse) : Si les gens se parlent, s'il y a un rayonnement, un
enracinement dans la communauté, ça
va contribuer à l'essor de la musique. Il ne faut jamais perdre de vue que le
premier... appelons-le client, que le
premier intéressé, ça demeure, encore aujourd'hui, le parent. Si la
musique rayonne... Et on pourrait faire le parallèle avec les disciplines sportives, tu sais? C'est beaucoup
moins présent. Si notre institution... Et ce sont des phares. Les musiciens
du conservatoire peuvent créer le rêve, faire voir ce qui peut se faire de
beau, et tout ça. Et, s'il y a un enracinement communautaire dans la communauté, c'est certain que ça touche des
parents, ça va influencer tout le cours de musique. Ça commence là. Ça va influencer les parents qui
sont au conseil d'orientation des écoles primaires, secondaires, ça va influencer des directions d'école. Ça influence
tout le monde, ça va influencer même des collègues enseignants qui vont
voir que, oui, il se fait des belles choses.
Puis la
musique ne peut pas juste être un élément de distraction, tu sais? On n'a pas
de misère, dans les écoles, là, quand
il s'agit d'avoir le groupe de musique qui va accompagner les jeux de fin
d'année puis qui va faire... mais on n'est
pas prêts à donner des outils. Donc, je pense qu'on a besoin justement d'une
institution comme les conservatoires pour faire valoir tout ce qui se
fait en musique.
Mme
Samson : O.K., je vous remercie. Une question sur votre organisation.
Vous avez... vous organisez un colloque annuel et vous avez publié quelque chose. Si je vais sur votre site
Internet, est-ce que je vais le trouver, ce document-là?
M. St-Laurent
(Gaétan) : Non, madame, vous n'êtes pas membre.
Mme Forand
(Maryse) : Je vais vous le faire parvenir. Mais je vais le faire parvenir,
si vous voulez, à l'attention... parce
que c'est vraiment... C'est un document qui fait tout le lien avec les grands
sommets de la musique qui ont eu lieu dans les années 88, et on
repart de là pour constater un petit peu le gâchis. Mais il y a quand même...
Le
Président (M. Kotto) : Si vous voulez nous faire parvenir le
document, vous l'enverrez au secrétariat, qui le transmettra aux membres
de la commission. Merci.
Mme Forand (Maryse) : Parfait, c'est
noté.
Mme Samson : Toujours votre organisation,
vous représentez les musiciens éducateurs auprès des instances gouvernementales concernées... et défendre leurs
intérêts auprès des organismes professionnels et syndicaux. Donnez-moi
un exemple d'activité liée à ça.
Mme Forand (Maryse) : Ça varie entre
quatre et cinq reprises par année. On a une réunion au ministère de l'Éducation, la Direction de la jeunesse,
formation générale de la jeunesse. Donc, on travaille et on a collaboré très
étroitement quand il s'est agi d'implanter la nouvelle réforme, la
réforme de 2005. Donc, il y a ça.
Mme
Samson : ...à titre d'exemple où vous tentez d'influencer les
décideurs pour que la musique occupe cette place-là dès la plus tendre
enfance, le début de l'éducation.
Mme Forand
(Maryse) : Oui, faire valoir l'importance de la continuité dans
l'enseignement, faire valoir les besoins spécifiques. Il y a eu beaucoup de changements de ministre de
l'Éducation, donc on a recommencé souvent, mais on n'a pas eu de
résultat.
Mme Samson : Pas de résultat encore.
Mme Forand (Maryse) : Non.
Mme Samson : Ça fait le tour de mes
questions pour moi, M. le Président.
Le
Président (M. Kotto) : Bien. Alors, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission, Mme Forand et M. St-Laurent.
Mémoire déposé
Mais, avant
de conclure ces auditions, je procède au dépôt du mémoire d'un organisme qui
n'a pas été entendu lors des auditions publiques. Il s'agit du mémoire
de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec.
Alors, je vous remercie, je réitère mes
remerciements...
Une voix : ...
Le Président (M. Kotto) :
Absolument! Absolument! Alors, je considère que la commission a accompli son mandat et, ce faisant, j'ajourne les travaux au
lundi 21 septembre 2015, à 13 heures, où cette commission
poursuivra un autre mandat. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 55)