(Onze heures)
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, bon matin à tous.
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'audition des dirigeants d'établissements d'enseignement de niveau universitaire.
Auditions (suite)
Alors,
bienvenue aux dirigeants de l'Université
du Québec à Trois-Rivières. Je vous rappelle que vous disposez de 20 minutes pour votre exposé, et, par la suite, nous procédons à
une période d'échange entre les parlementaires. Alors, je vous invite à vous présenter, ainsi que les gens qui vous accompagnent,
et vous pouvez commencer votre exposé par la suite. La parole est à
vous.
Université du Québec à
Trois-Rivières (UQTR)
M. Roy
(André G.) : Merci. Alors,
je me présente, André G. Roy. Je suis recteur par intérim depuis juin dernier
à l'Université
du Québec à Trois-Rivières. M'accompagnent Mme Johanne Giguère, vice-rectrice, Administration et finances, M. Sylvain
Delisle, vice-recteur aux études et à la formation. À ma gauche, M. Olivier
Malo, vice-recteur aux ressources
humaines, ainsi que M. Robert W. Mantha, vice-recteur à la recherche et au développement. Et, derrière, une équipe de collaborateurs. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, vous pouvez commencer votre exposé, oui.
M. Roy (André G.) : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je tiens à vous remercier, ainsi que vos collègues parlementaires, de nous recevoir aujourd'hui. Il s'agit d'un grand privilège, et c'est avec
plaisir que je partage le bilan des résultats de l'Université du Québec
à Trois-Rivières, ainsi qu'un regard sur nos perspectives de développement.
Le plan de ma
présentation est le suivant. D'abord, je présenterai les grandes lignes de la situation
de l'UQTR au cours de l'exercice
2013-2014 que la commission désire examiner tout en apportant certaines
précisions et mises à jour au regard
des nouvelles données pour l'année 2014-2015. Je commenterai ensuite les principales données
relatives à nos performances au plan
académique et de la recherche. Suivront les enjeux financiers actuels et les
priorités institutionnelles. Enfin,
je présenterai notre vision de l'avenir telle que définie dans le projet de
plan stratégique 2015-2020 qui doit
être adopté au cours de l'automne par notre conseil d'administration.
Acteur essentiel de la société du savoir en
Mauricie—Centre-du-Québec,
composante importante du réseau universitaire
québécois jouissant d'une solide réputation à l'étranger, l'Université du
Québec à Trois-Rivières s'est taillé une
niche unique. Il s'agit d'une université de taille moyenne possédant un bassin
d'étudiants diversifié et qui a su innover, notamment par son offre de
programmes, dont plusieurs qui sont exclusifs au Québec.
La
compilation des statistiques d'inscription pour l'automne 2013 permet d'établir
à 14 084 le nombre d'étudiants inscrits
chez nous, dont 83 % au premier cycle. À l'automne 2014, ce chiffre était
porté à 14 510, soit une hausse de 3,02 %. Environ le tiers de
nos étudiants sont inscrits dans les diverses disciplines de la santé, y
compris psychologique, et un autre tiers
dans les disciplines de la gestion. Au 30 avril 2014, tel que
l'indique le tableau 1, l'UQTR comptait 1 731 employés, dont 418 professeurs, 703 chargés de cours et 610
autres employés. Un an plus tard, l'UQTR compte 1 743 employés.
Nos activités
se déploient sur notre campus de Trois-Rivières, mais aussi sur neuf centres
universitaires situés à Drummondville, Joliette, La Tuque, Québec,
Saint-Hyacinthe, Sorel-Tracy, Longueuil, Victoriaville et Valleyfield. L'UQTR compte maintenant 25 départements de même
qu'une École d'ingénierie. Je brosserai plus loin un portrait plus
détaillé de l'ensemble des étudiants.
Les études et la formation ne pourraient exister
sans les activités de recherche qui les nourrissent. L'UQTR comprenait 54 unités de recherche en 2013-2014. Ce
nombre est passé à 55 en 2014-2015, soit deux instituts de recherche, un sur
l'hydrogène et l'autre sur les petites et moyennes entreprises, quatre centres
de recherche, sur l'enfant et la famille, les études québécoises, les écosystèmes aquatiques et les matériaux
lignocellulosés, 11 chaires de recherche du Canada, huit chaires de recherche UQTR et huit chaires de
recherche en partenariat, sept groupes de recherche et 15 laboratoires. De plus, notons que, pendant l'exercice 2013-2014,
l'UQTR avait obtenu trois nouvelles chaires de recherche du Canada, sur les technologies et
radiofréquences pour la détection du gaz, l'histoire du droit civil au Québec à
l'époque contemporaine et l'intégrité écologique.
À la fin de
l'exercice 2013-2014, l'UQTR avait décerné un total de plus de 85 000
diplômes depuis sa fondation en 1969. Ce nombre était de 88 000 à
la fin de l'exercice suivant.
Enfin, le
budget global de l'exercice 2013-2014 s'est établi à 159,1 millions, et le
budget de recherche, à 21,4 millions. Quant au budget de l'exercice 2014-2015, il atteint 158,4 millions.
Les données préliminaires pour 2014-2015 pointent vers un budget de
recherche d'un peu plus de 20 millions. J'y reviendrai.
Une étude
récente réalisée par le siège social de l'Université du Québec permet d'établir
à 641 millions l'impact économique
de l'UQTR dans l'économie québécoise en 2012. Ainsi, tel que l'indique le
tableau 2, pour chaque dollar investi
dans l'UQTR, près de 7 $ sont générés dans l'économie québécoise. Ces
impacts sont de deux ordres. On distingue l'impact statique et l'impact dynamique. Le premier est constitué de
dépenses directes de l'université, des dépenses de subsistance des étudiants à temps plein et des
dépenses encourues par les visiteurs. Le second représente la plus-value liée,
d'une part, à l'amélioration des
compétences, c'est-à-dire le différentiel salarial des diplômés et, d'autre
part, aux retombées de la recherche
pour notre région par la création et le transfert de nouvelles connaissances et
procédés technologiques.
Enfin, notons que la fondation de l'UQTR est
très active dans son milieu. Rappelons que, lors de la dernière campagne majeure, qui s'étendait de 2009 à 2014,
la campagne a rapporté quelque 27 millions. Une nouvelle campagne
démarrera prochainement.
Voyons
maintenant, si vous le voulez bien, le volet académique. Lors de la session
d'automne 2013, tel qu'il est indiqué
au tableau 3, 274 programmes d'études étaient ouverts à
l'admission — il y en
avait un de plus cette année — soit 134 programmes de premier
cycle, 119 programmes de deuxième cycle et 22 programmes de troisième
cycle.
L'UQTR a été
la première université à offrir certains programmes et est toujours
la seule à offrir les doctorats de premier cycle en chiropratique et en
podiatrie, le baccalauréat en pratique sages-femmes de même que le profil criminalistique du baccalauréat en chimie. L'UQTR
est également maître d'oeuvre de la formation
des enquêteurs dans le cadre du baccalauréat en sécurité publique en collaboration avec l'École nationale de police du Québec
et 10 autres universités.
Enfin, l'UQTR
possède aussi une école internationale de français extrêmement dynamique et très bien réseautée au plan international, notamment en Chine. Des stages sont présents dans 80 % des programmes de premier cycle. Par
ailleurs, depuis 2003, l'UQTR s'est engagée
dans le déploiement de la formation à distance, de plus en plus populaire.
Le nombre d'inscriptions a augmenté de 8,8 % en 2014-2015 par rapport à
l'année précédente.
De plus, deux
projets pilotes ont été conçus pour explorer le potentiel de développement des
MOOC, les cours en ligne ouverts à tous. Le premier d'entre eux, qui
portait sur la fiscalité personnelle, a connu un franc succès à l'hiver 2015
avec plus de 6 500 inscriptions.
Pour sa part,
l'Université du troisième âge, l'UTA, est présente sur le campus, mais
également dans certaines villes.
Enfin,
l'École internationale de français, qui offre des programmes d'immersion à des
gens de tous âges, bénéficie d'une
renommée internationale. En 2014-2015, le nombre d'étudiants était estimé à
4 256. À ce jour, plus de 40 000 personnes se sont familiarisées avec la langue et la
culture francophones grâce à l'EIF. Notre slogan, Savoir surprendre, est
à l'image de ce qui nous anime.
Depuis notre fondation, c'est le maître mot des projets de développement
académique, se distinguer, user d'audace, mais aussi mettre de l'avant
la pertinence sociale.
Comme
l'indique le tableau 4, nos étudiants se retrouvent majoritairement au
premier cycle, dans une proportion de 83 %. Aux cycles supérieurs, les
proportions sont de 13 % à la maîtrise et de 4 % au doctorat. Afin de
caractériser nos étudiants, notons que l'UQTR accueille 66 %
d'étudiantes et 34 % d'étudiants. Par grands domaines de formation, l'administration regroupe 32 % des étudiants;
les sciences humaines, 19 %; le paramédical, 17 %; les lettres, les
sciences appliquées, les sciences pures et les arts accueillent le reste
du contingent.
Par ailleurs, tel que l'indique le tableau 5, les données
sur la provenance géographique des étudiants montrent que la Mauricie fournit plus du quart des inscrits — ce
qui est environ deux fois supérieur au nombre d'étudiants provenant de
la Montérégie ou de Lanaudière — suivie de près par le Centre-du-Québec.
Pour ce qui
est de nos étudiants étrangers, à l'automne 2014 l'UQTR en accueillait 788
en provenance de plus de 50 pays,
comme le montre le tableau 6. Ce nombre exclut les résidents permanents.
43 % étaient originaires de
France. Venaient ensuite, mais loin
derrière, le Maroc et la Tunisie. De plus, à l'UQTR, 40 % des étudiants
internationaux sont inscrits aux cycles supérieurs. En raison de la
forte présence d'étudiants français chez nous et à l'instar de plusieurs établissements, l'UQTR est préoccupée par la
modification à l'entente France-Québec qui fera en sorte de hausser les frais
de scolarité de ces derniers.
• (11 h 10) •
Ces étudiants
internationaux sont une richesse indéniable pour notre université, notamment
au plan de la diversité culturelle, qui profite à toute la communauté
universitaire. Pour nos régions, ils constituent aussi une main-d'oeuvre qualifiée et une solution au défi démographique.
Il importe donc de mettre en place des leviers pour continuer à les attirer
au Québec et à assurer leur intégration, et ce, dans toutes les régions du
Québec.
L'expérience
académique que nous offrons est marquée par la grande proximité entre le corps
enseignant et les étudiants par des
mesures de soutien à la réussite et à l'apprentissage, mais également par un
grand nombre d'étudiants qui ont un rapport non traditionnel aux études,
parents-étudiants à temps partiel. Ainsi, tel que l'indique le tableau 7, l'UQTR compte 30 % d'étudiants avec des
responsabilités parentales et/ou familiales en première année de baccalauréat,
41 % d'étudiants à temps partiel, et
66 % sont qualifiés de première génération universitaire, alors que la
moyenne du réseau à ce chapitre — du réseau de l'Université du
Québec — est
de 61 %, celle des universités francophones hors réseau, de 46 %, et
celle des universités anglophones, de 31 %. Nous affichons un taux de
diplomation de 71,3 % au baccalauréat — cohorte
de 2007 — après
six ans, de 63,4 % à la maîtrise — cohorte de 2007 — après six ans et de 35,8 % au
doctorat — cohorte
de 2005 — après
huit ans.
Autre couleur
distinctive dans notre université, les cliniques universitaires en podiatrie, chiropratique,
kinésiologie, soins psychologiques,
de même que la clinique multidisciplinaire réunissant orthophonie, ergothérapie
et soins de santé courants. Ces
cliniques remplissent une mission académique de premier ordre en tant que lieux
de stages tout en assurant l'accessibilité à des services de qualité à
la population régionale. Elles sont réunies dans le Collectif des cliniques universitaires en santé, le caucus de l'UQTR, une
tribune d'échange et de développement où l'on réfléchit notamment à l'utilisation
des données cliniques pour la recherche.
Une
initiative digne de mention est la collaboration régulière avec l'Accueil
Bonneau. Les étudiants de la Clinique universitaire de chiropratique se
joindront bientôt à leurs collègues de podiatrie dans cette pratique
communautaire.
Avec les
projets d'intervention dans la communauté, les PICOM, l'UQTR a, encore une
fois, innové. Depuis 2006, plus de 400 projets ont été réalisés par plus
de 2 000 étudiants. Le PICOM est une activité pédagogique créditée et multidisciplinaire qui implique une intervention
relative à une problématique identifiée par un milieu partenaire ou parfois
grâce à l'initiative des étudiants ainsi qu'une réflexion sur cette
intervention.
L'UQTR se
préoccupe depuis fort longtemps du soutien et de l'accompagnement des
étudiants. Tous les services et les
unités sont concernés par cette tâche qui découle directement de sa mission.
Comme vous pouvez le constater, de nombreuses mesures sont adaptées aux
diverses catégories d'étudiants : étudiants de premier cycle, cycle
supérieur, internationaux. De plus, les
ateliers de stratégies d'études et le Centre d'aide en français sont
accessibles à tous. Enfin, le Centre de soutien à la formation des maîtres aide
les étudiants des programmes en enseignement afin qu'ils puissent
développer leurs compétences professionnelles, notamment en ce qui concerne le
français oral et le français écrit.
Mentionnons
que ces mesures rejoignent près de 2 000 étudiants annuellement. De plus,
en 2014-2015, au chapitre du soutien
financier aux étudiants, plus de 9 millions furent consacrés au soutien
des étudiants, dont 5 millions en bourses et 4 millions en
salaires. À noter que 1 million de ce 9 millions provient de notre
budget de fonctionnement.
La Politique
institutionnelle de soutien aux étudiants en situation de handicap, dotée d'une
enveloppe de 350 000 $, repose
sur trois énoncés de principe : le droit pour ces étudiants d'accéder à
l'ensemble des ressources de l'université, le droit à des mesures adaptatives répondant
aux besoins de chacun et la responsabilité partagée par tous les membres
de la communauté. Un comité de suivi,
composé de membres de tous les corps d'emploi, conseille le vice-recteur aux
études et à la formation dans l'application de cette politique.
Les
interventions originales et significatives de l'UQTR sur le plan de la
recherche, de la création et de l'innovation concernent notamment de grands thèmes multidisciplinaires constituant
des enjeux importants pour la société : l'énergie, les matériaux
innovants et le développement durable, l'environnement et les services rendus
par les écosystèmes, le développement socioéconomique, la santé, les
communautés inclusives et sur les langues, la culture et la société.
Incidemment, nous collaborons activement avec le gouvernement à la conception de
sa politique énergétique en ce qui concerne plus précisément les transports de
façon à proposer des solutions durables au problème de l'émission des
gaz à effet de serre.
En 2013-2014,
les fonds de recherche totalisent près de 21,4 millions de dollars. Les
organismes subventionnaires du
gouvernement fédéral sont nos plus importants partenaires. De nombreux projets
de recherche sont réalisés en étroite collaboration
avec notre communauté, ce qui constitue un important moteur de développement
économique et social. En effet, les
retombées de la recherche universitaire ne sont pas proportionnelles à la
taille des établissements, et, de fait, dans une université de taille
moyenne comme la nôtre, le décloisonnement des départements favorise la
réalisation de la recherche sur des thèmes qui sont multidisciplinaires.
L'UQTR est également très active à l'étranger.
En 2013-2014, 107 accords de coopération scientifique et de mobilité ont été mis en oeuvre en collaboration
avec 95 institutions partenaires situées dans 35 pays. De plus, 56 accords
internationaux étaient en voie de développement.
Nos activités
de recherche sont confrontées à plusieurs défis, notamment celui de la
réduction des frais indirects de
recherche en provenance des ministères. Malheureusement, le manque à gagner à
ce chapitre, évalué grosso modo à 1 million de dollars, doit être
compensé en puisant à l'intérieur de notre budget de fonctionnement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Je voudrais juste vous dire, M. Roy, je sais que vous avez plusieurs autres
acétates à passer, mais il vous reste à peu près 4 min 30 s pour
votre exposé. Alors...
M. Roy (André G.) : ...conclure...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui? Parfait. Est-ce qu'il y a
consentement que je prenne le temps sur le côté... Oui. Alors,
continuez. Désolée. Allez-y.
M. Roy
(André G.) : Parfait, je
vous remercie. Le campus de l'UQTR compte 13 pavillons où des cours sont
offerts, où l'on retrouve des laboratoires
dédiés à l'enseignement et la recherche. En septembre 2013, nous avons inauguré
un nouveau pavillon consacré à la vie
étudiante. L'implantation d'un campus à Drummondville est, sans contredit,
l'une des grandes réalisations des
dernières années. Elle témoigne de notre engagement à poursuivre dans la région
centricoise notre mission
d'accessibilité à l'enseignement supérieur. Cinq programmes de grade y sont
offerts dès janvier 2016, mais il est important de rappeler que nous
sommes présents à Drummondville depuis notre fondation, soit en 1969.
Maintenant
que nous avons une vue d'ensemble de notre université, je voudrais, très
brièvement, mesdames et messieurs,
vous entretenir des enjeux budgétaires qui nous préoccupent. En ce qui concerne
l'évolution des finances, le tableau 13 montre qu'elles sont passées de
123 millions à 160 millions pour la période 2010-2011 à 2013-2014 aux
états financiers et ralentissent au
niveau du budget pour la période 2014-2015 à aujourd'hui. Ce tableau présente
la ventilation du budget pour
l'exercice 2015-2016. Nous observons que 68 % du budget global est
consacré à l'enseignement, alors que 10 % seulement est attribué à
l'administration. Comme vous pouvez le constater à la lecture du tableau 15,
notre établissement a subi près de
12 millions de compressions depuis 2013-2014, ce qui représente 7,4 %
de notre budget global, ce qui s'est avéré un défi colossal.
En
conclusion, j'aimerais dire quelques mots sur le plan stratégique 2015-2020, un
chantier en cours depuis plus de deux
ans. Ce plan sera adopté par le conseil d'administration au cours de l'automne
prochain, il guidera l'université pour
son développement futur. L'UQTR doit poursuivre son développement en misant
notamment sur sa personnalité forte,
humaine et distinctive et, surtout, sur l'excellence de la formation qu'elle y
offre. Nous envisageons la recherche comme
moteur de création d'excellence, et ceci, par le développement de créneaux de
recherche et de création audacieux et distinctifs et par une
valorisation des travaux et des retombées de la recherche en lien avec les
enjeux sociaux.
En
outre, la bonne santé d'une organisation passe notamment par une bonne gestion
et une bonne gouvernance, deux concepts qui méritent une attention
particulière.
Enfin,
la mobilisation de la communauté universitaire est essentielle à l'atteinte de
nos objectifs. L'UQTR peut, d'emblée, compter sur un personnel investi
dans son travail et sur une communauté universitaire motivée, toutes deux
prêtes à s'engager pour la cause de l'éducation.
Je m'arrête ici en
vous remerciant bien sincèrement pour cette occasion privilégiée de promouvoir
et de communiquer nos priorités. J'espère
que certains éléments de ma présentation ont su susciter votre intérêt pour la
période qui suivra. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Bon, bien, merci beaucoup,
M. Roy. Finalement, vous avez rentré dans le temps, alors c'est
parfait.
M. Roy (André
G.) : J'ai coupé...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. J'espère que vous n'avez pas trop coupé, mais...
M. Roy (André
G.) : Non...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Non? Parfait. Alors, on va passer,
effectivement, à la période d'échange et on va passer du côté du
gouvernement pour un bloc de 16 min 30 s. Alors, je cède la
parole au député de Sherbrooke.
• (11 h 20) •
M.
Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Madame,
messieurs, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Merci beaucoup pour votre présentation, qui était très claire, très explicite.
Évidemment, il y a un élément que vous avez abordé dans votre
présentation qui m'a interpellé, c'est l'ouverture prochaine du campus de
l'UQTR à Drummondville. Vous avez parlé du
principe de l'accessibilité, de la mission d'accessibilité, et je crois,
effectivement, que l'ensemble des Québécois
doivent avoir accès aux études universitaires dans des lieux géographiques sur l'ensemble du territoire du Québec.
Et ce qui a beaucoup milité en faveur de
ce projet-là, qui avait été autorisé
par le gouvernement précédent et dont l'autorisation
du bail est venue de notre ancien collègue Yves Bolduc, donc sous notre
gouvernement, c'est que le taux de diplomation universitaire, dans la
région du Centre-du-Québec, était inférieur à la moyenne québécoise. Alors, je comprends que, là, présentement, bien, les locaux
sont en voie d'être aménagés, vous espérez que ça soit ouvert pour la session d'hiver 2016. Tantôt, vous avez parlé de
cinq programmes qui pourraient y être offerts. Si mes notes sont exactes, c'est
enseignement scolaire, éducation préscolaire, sciences infirmières,
informatique, sciences de la gestion et sciences comptables. C'est exact?
M.
Roy (André G.) : Exact.
M. Fortin (Sherbrooke) :
C'est exact. Alors, je voudrais, tout
simplement, savoir, comme première question, qu'est-ce qui a motivé le
choix de ces programmes offerts à Drummondville.
M. Roy (André.
G.) : ...
M. Fortin
(Sherbrooke) : ...cinq programmes qui seront offerts dans cet
établissement-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Roy.
M. Roy (André G.) : Je vais commencer la réponse et je vais demander à mon collègue
de poursuivre. Comme je l'ai dit dans ma présentation, l'Université du
Québec à Trois-Rivières est présente à Drummondville depuis 1969. La présence de l'université dans nos campus
est en référence directe avec les besoins qui sont exprimés à l'intérieur de ces régions. Je ne
reviendrai pas sur le fait qu'au
niveau de la diplomation aux études
supérieures la région centricoise est la région où le taux de diplomation est le plus faible au Québec,
d'où l'importance à accorder à cette région et d'où l'intérêt également manifesté par la région et les partenaires à ce
que l'Université du Québec s'implante de façon plus importante par la
construction d'un campus à Drummondville.
Maintenant,
les cinq programmes que vous avez mentionnés, c'est tout à fait exact. Et, pour le reste, je
pense, je vais passer la
parole à mon collègue, qui pourra davantage expliciter sur le pourquoi.
M. Delisle (Sylvain) : Alors, le
choix des programmes... Peut-être une petite précision. On parle du taux de scolarisation, effectivement, là, de l'ordre de 12 % pour la région comparativement
à une moyenne québécoise
de 29 %. Donc, ça donne
un ordre de grandeur de l'importance de cette différence.
Maintenant,
pour le choix des programmes pour ce développement à Drummondville, il faut
comprendre que ce sont des travaux
qui se sont échelonnés dans le temps et qui ont été menés avec les acteurs de
la région, et je fais référence en
particulier à une démarche qui a été menée par la CRE, hein, et une étude qui a
été publiée en particulier en 2010 qui identifiait,
donc, les besoins socioéconomiques de la région. Alors, le choix des programmes
que l'UQTR a choisi d'offrir à
Drummondville et offrira dans le futur est directement orienté sur ces choix
qui ont été documentés, justifiés à partir des données gouvernementales, d'ailleurs, pour répondre aux besoins de
la région et faire en sorte que les jeunes qui s'en vont pour poursuivre leurs études soit dans la
région de Québec, la région de Sherbrooke, la région montréalaise puissent
demeurer autant que possible, du moins dans
ces secteurs, dans ces domaines, dans la région en faisant leurs études sur
place et en ayant l'opportunité d'occuper
des emplois sur place dans la région, et ainsi contribuer au développement de
la région.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. Roy... M. le député de Sherbrooke?
M. Fortin (Sherbrooke) : Bien,
moi...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Alors...
M. Fortin (Sherbrooke) : Avez-vous
quelque chose à ajouter?
M. Roy (André G.) : Moi,
j'ajouterais peut-être en complément d'information que, quand on regarde les données sur la population étudiante au
Centre-du-Québec, 13,4 % des étudiants qui terminent un baccalauréat se
trouvent un emploi dans la région du
Centre-du-Québec, et, en provenance, nos étudiants — si vous vous souvenez du tableau — du Centre-du-Québec,
c'est 12 %. Donc, déjà, on voit l'effet de l'enseignement, de la formation
qui est donnée par l'Université du Québec à Trois-Rivières au
Centre-du-Québec. On y accueille présentement 12 % de notre population, et
13,4 % s'y établit.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parfait. Merci, M. Roy. M. le député de Sherbrooke? Avez-vous d'autres
questions?
M. Fortin (Sherbrooke) : Oui. Bien,
j'aurais une question supplémentaire.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui? Allez-y.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Évidemment, ça répond à des besoins qui sont propres,
spécifiques à la région. Vous avez
dit tantôt qu'effectivement on ouvre ce campus-là dans un but d'accessibilité
aux études pour les gens de la région du
Centre-du-Québec, mais le monde universitaire étant ce qu'il est, moi, je
voudrais savoir si vous allez faire la promotion de vos programmes seulement
dans la région du Centre-du-Québec ou vous allez faire la promotion de vos
programmes ailleurs au Québec.
M. Roy
(André G.) : Pour ce qui est du recrutement, toutes les universités attirent des étudiants en fonction de leurs programmes, et de la qualité de leurs programmes, et de
l'excellence de leurs enseignants à travers l'ensemble du Québec. Naturellement, le campus de Drummondville ne sera pas confiné uniquement
aux étudiants qui proviennent du Centre-du-Québec, et je crois que c'est très normal. On parle d'accessibilité, mais on parle d'accessibilité non
seulement régionale, mais à
l'ensemble du Québec. Les universités en région sont des universités
en région, non pas des universités régionales.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Allez-y, M. le député.
M. Fortin (Sherbrooke) : Oui. Je
vous suis bien, puis, évidemment, on est dans une société où est-ce que les gens ont un libre choix, et les Québécois
peuvent aller étudier dans l'université qui les attire ou qui correspond davantage
à leurs besoins sur l'ensemble du territoire
québécois. Mais, ma question, je vais la poser de manière
plus précise, c'est : Évidemment, vous risquez d'avoir dans votre établissement
de Drummondville des gens qui vont venir de partout au Québec, mais où vous,
vous allez faire la promotion de vos programmes?
Comme, par exemple, nous, à Sherbrooke, évidemment,
on a deux universités. On forme, l'Estrie, 4 % de la population québécoise, deux universités, une
université francophone et une université anglophone. Et je voyais encore
récemment sur la rue King, qui est la rue
principale à Sherbrooke, l'Université Laval qui avait acheté des
panneaux-réclames pour inciter les
gens de la région à aller à l'Université Laval. Alors, je voulais savoir si
vous, par exemple, en Estrie — parce qu'on est quand même deux
régions limitrophes — vous
allez faire la promotion de vos programmes en Estrie.
M. Roy (André G.) : Je vais répondre brièvement, puis je vais passer
la parole à mon collègue. On n'a pas encore acheté, cependant, de grands
placards pour installer sur la rue King, à Sherbrooke. Alors, M. Mantha.
M. Mantha (Robert
W.) : Oui. Alors, non, nous n'allons pas mettre des affiches à Sherbrooke.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Mantha (Robert W.) : On utilise les réseaux sociaux, et puis
non, on ne prévoit pas... Comme disait M. Roy, on annonce nos programmes pour l'ensemble des Québécois,
mais on n'a pas un objectif de faire une publicité agressive à Sherbrooke
ou ainsi de suite. Vous savez, les gens de cette région-là du Québec, ça couvre
la Montérégie, ça couvre, évidemment, le Centre-du-Québec, Drummondville, et
puis il y a assez de jeunes dans ce coin-là qui ont besoin de formation universitaire
pour répondre aux besoins. Alors, c'est ça, notre position en ce moment, on est
très occupés à offrir les services dans cette région-là.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ça va, M. le député, oui?
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, il vous reste
huit minutes.
M.
Birnbaum : Huit minutes. Merci, Mme la Présidente. Je vous souhaite la
bienvenue, M. Roy, Mme Giguère, M.
Delisle, MM. Malo et Mantha. Merci pour votre exposé. On voit par les
indicateurs qu'on parle d'une université qui a sa place très importante dans sa région et au rayonnement du Québec. Je
note quelque 55 programmes qui vous appartiennent, qui ne sont pas
disponibles ailleurs, des indicateurs du succès et de réussite auprès des
élèves et toutes sortes de choses promettantes, il me semble qu'on a de quoi à
discuter là-dessus.
Il y a une chose qui
touche à votre capacité de rendre honneur à votre mandat et à aider les gens à
choisir ce campus, et je parle, évidemment, d'une année qui n'était pas facile. Alors, moi, j'aimerais mieux — il
me semble que c'est de mise pour nous comme législateurs aussi — d'en
parler avec vous pour qu'on peut semer le terrain pour une discussion sur votre mission essentielle et pour
parler de l'essentiel, ce que vous avez à offrir à vos élèves, et aux futurs
élèves, et à la recherche, et à votre
communauté, et au Québec. Alors, je me permets de poser la question bien
directe. On parle d'une année
difficile, on est en période de transition, je vous invite de nous parler un petit peu de la gouvernance, de vos
stratégies en période de transition pour regagner la confiance des parlementaires et du public, les parents, les profs, c'est quoi, le plan, et si vous pouvez nous parler de comment on va
vivre les prochains mois ensemble pour nous assurer qu'on peut continuer
nos discussions sur la chose qui compte, les services que vous avez à offrir.
• (11 h 30) •
M. Roy (André G.) : Tout d'abord, pour
ce qui est de la confiance qui est
accordée à l'Université du Québec à
Trois-Rivières, je vous dirais qu'en raison de l'excellence de nos enseignants, de nos
professeurs, nos chargés de cours on
s'aperçoit, fort heureusement, que cette confiance-là n'est pas ébranlée, la
réputation solide de l'UQTR se poursuit. À preuve, les inscriptions, à ce jour, nous amènent à penser que le taux
d'augmentation de fréquentation à l'UQTR pour l'an prochain sera
augmenté d'environ 6 %. Je vous rappelle que, l'an dernier, c'était de
3 %. Donc, si la tendance se maintient,
comme on dit, je vous dirai que la réputation de l'UQTR fait en sorte que la
confiance, je crois, des étudiants et de la population en général n'est
pas atteinte.
Maintenant,
vous me parlez de gouvernance, et je suis très heureux que vous m'en parliez.
J'ai insisté dans ma présentation, si
vous l'avez remarqué, sur le fait qu'une organisation devait avoir une saine
gouvernance. Vous n'êtes pas sans
savoir que la Vérificatrice générale du Québec a déposé un rapport à la fin mai
dernier concernant l'Université du
Québec à Trois-Rivières. On considère, nous, que ce rapport est une opportunité
pour revoir la gouvernance à l'université et s'assurer que la poursuite se fasse selon les règles de l'art. Donc,
depuis mon arrivée en poste — je suis arrivé, comme vous le savez,
tout de suite après le dépôt du rapport, début juin, à la tête de
l'université — j'ai
examiné de façon très attentive les
recommandations qui sont contenues au rapport, et on a travaillé cet été avec
les collaborateurs à élaborer un plan
d'action pour répondre à toutes et chacune des recommandations du VGQ. On prend
cela excessivement au sérieux. Je
vous dirai également que le conseil d'administration prend ça excessivement au
sérieux, de telle sorte qu'au cours des prochaines semaines, très prochainement, il y aura une séance spéciale
du conseil d'administration au cours de laquelle on va présenter le plan
d'action pour répondre au rapport de la Vérificatrice générale.
Comment
on a travaillé ça? On a travaillé ça en regardant les recommandations, ce qui
s'était fait, mais également on a
examiné les meilleures pratiques qui se font au niveau du gouvernement, au
niveau des organismes pour voir de quelle manière on pouvait s'outiller pour s'assurer qu'à l'avenir la
gouvernance soit transparente, que l'ensemble des dossiers puissent être menés selon les règles législatives,
les règles réglementaires, mais également dans le respect de notre conseil
d'administration.
Donc,
au cours des prochaines semaines, le plan va être complété, sera présenté, et
naturellement... Vous savez comment
est-ce que ça fonctionne, lorsqu'il y a un rapport de la Vérificatrice
générale, l'organisation présente des réponses aux organisations, le plan d'action, mais, par la suite, bien, il y a un
échange. On ira jusqu'au bout pour s'assurer qu'on répond de façon adéquate — adéquate, je vous dis — aux recommandations exprimées au rapport. Ça
a été un travail très important que nous avons mené cet été à ce
chapitre.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Roy. M. le député,
il vous reste trois minutes. Avez-vous une autre question?
M. Birnbaum : ...je vais céder la
parole à un de mes collègues. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui. Alors, je souhaite la
bienvenue au député de Maskinongé, qui est parmi nous. Je crois qu'il voudrait vous poser une question, mais ça prendrait
le consentement des membres de la commission pour qu'il puisse prendre la
parole. Oui? Merci. Alors, vous avez le consentement, M. le député de
Maskinongé. Allez-y, la parole est à vous pour à peu près
2 min 30 s.
M. Plante : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Merci, chers collègues, de m'autoriser à venir faire un tour dans
votre commission. Donc, c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai écouté votre
témoignage ici, en commission, aujourd'hui.
Vous savez qu'à titre de député de Maskinongé la région de la Mauricie me tient
beaucoup à coeur. Et on s'est
souvent, dans les deux dernières années, parlé par journaux interposés, et là
ce que vous venez de dire, M. Roy, et ce que vous avez témoigné ici est comme de la musique à mon oreille
parce qu'on sait l'importance de l'UQTR au niveau du développement régional,
au niveau de la cohésion et au niveau... C'est un levier économique important
pour toute la Mauricie et même le
Centre-du-Québec, c'est aussi une façon extraordinaire... Et l'université est
une pépinière. Moi, j'appelle ça une
pépinière à cerveaux dans mon... mais est une pépinière pour notre
main-d'oeuvre qualifiée, compétente qu'on veut garder en région. On veut
que ça soit des gens qui travaillent chez nous et leur faire le plus de place.
Et, quand
vous avez parlé de l'élaboration du plan, de un, pour répondre au rapport de la
Vérificatrice générale et aussi de la
vision stratégique 2015-2020 — je crois, je ne veux pas me tromper — ce sont des choses qui, en tant que député de la région de la Mauricie, me touchent
particulièrement, et ce que j'espère... Et ce que j'ai toujours dit, c'est que
l'université a toujours eu une bonne
réputation, hein, est une maison d'enseignement de qualité où les étudiants
sont fiers et où les étudiants ont une éducation essentielle pour bâtir
leur coffre à outils pour l'avenir.
Alors,
j'aimerais, M. Roy, que vous me reveniez un petit peu et que vous me
fassiez... rassuriez ou me confirmiez un
petit peu... que vous élaboriez sur le plan de développement stratégique
2015-2020, qu'est-ce que l'Université du Québec à Trois-Rivières va nous amener et comment, tous ensemble dans la
région, on va être fiers de notre université rendu en 2020 et on va tous
être derrière vous pour appuyer ces événements-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. C'est toute
une question. Vous avez à peu près une minute et quelques pour répondre,
M. Roy.
M. Roy (André G.) : Une minute et
quelques? O.K.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Malheureusement, oui.
M. Roy
(André G.) : Je vais essayer
d'aller rapidement. Tout d'abord, vous dire que, ce matin, je vous ai annoncé
le plan stratégique 2015-2020. Or, il n'a
pas encore été adopté par nos instances. Maintenant, à l'intérieur de ce plan,
tel que je vous ai dit, il y a des
éléments fort importants qui sont mentionnés. On y parle notamment du
développement de la recherche, mais
du développement de la recherche de manière multidisciplinaire. Je vous ramène
à la planche qui vous présentait les
orientations vers lesquelles l'université voulait travailler. Donc, vous voyez
que c'est vraiment multidisciplinaire. L'université compte 25
départements. Ce sont de petits départements avec peu de professeurs.
Par ailleurs, on considère que l'importance de
mettre ensemble l'ensemble des ressources, l'ensemble des cerveaux qui
travaillent dans ces diverses sphères d'activité peut être des plus
prometteurs. Comme vous voyez, les domaines
de recherche qui ont été identifiés sont vraiment au coeur de l'actualité et de
l'avenir non seulement des régions du Québec, mais de l'avenir du
Québec.
On veut
également se situer... On est déjà bien situés au niveau international, mais on
veut également se situer davantage au
niveau international. Naturellement, il y a l'examen également des programmes.
Écoutez, en une minute, c'est très rapide.
Et, en
terminant, je vous rappelle un élément fort important, c'est la saine
gouvernance, qui fait partie d'un enjeu spécifique du plan qui sera
présenté à notre conseil d'administration très prochainement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci beaucoup, M. Roy.
Alors, on va passer du côté de l'opposition officielle pour un bloc de
14 minutes et quelques secondes. Alors, Mme la députée de Joliette, la
parole est à vous.
Mme
Hivon :
Bonjour. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation, M. le recteur par intérim. Merci à tous ceux et celles qui
vous accompagnent.
L'Université
du Québec à Trois-Rivières est aussi très précieuse pour la région dans
laquelle j'habite. Donc, à Joliette
et dans Lanaudière, on a beaucoup de partenariats et de collaborations. On a de
bons rapports avec l'UQTR, et, compte
tenu qu'on a des défis et une augmentation démographique très importante aussi,
c'est vraiment très précieux pour nous
de savoir et de s'assurer qu'effectivement l'Université du Québec à
Trois-Rivières est de retour sur les rails et que la crise, on l'espère,
est derrière nous.
Mais un petit
peu comme le député de D'Arcy-McGee, sans vouloir passer l'entièreté de mon
temps — ce n'est
vraiment pas mon objectif — sur le sujet, parce que je pense qu'il y a
déjà beaucoup de choses qui sont entreprises, je pense que c'est important aussi de ne pas
complètement éluder ce qui s'est passé dans les derniers mois. Puis moi, à cet
égard-là, j'aimerais peut-être, dans un
premier temps, justement pour rassurer un peu tout le monde... Je trouve que
c'est une bonne nouvelle d'entendre
que la population étudiante semble en croissance et même plus que la croissance
qu'on voyait dans les dernières
années. Donc, la confiance doit être en train de se rebâtir. Il faut dire aussi
que ce n'est pas tout le monde qui est collé sur les enjeux de
gouvernance.
J'aimerais savoir un
peu, donc, ce qui s'est passé, là, depuis le dépôt du rapport. Pas tant en
termes de plan d'action, je vais y revenir,
mais en termes de mouvement au sein du conseil... Là, n'y a personne, de ce que
je comprends, du conseil d'administration, mais, au sein du conseil
d'administration, au sein de leur direction, est-ce qu'il y a eu beaucoup de changements dans, je dirais, les
personnes qui composent la haute direction administrative dans le conseil
d'administration et dans les permanents?
M. Roy (André G.) : Vous n'êtes pas sans savoir qu'à la suite du dépôt du rapport de la
Vérificatrice générale la rectrice, Mme Nadia Ghazzali, a démissionné de
son poste, ce qui a fait en sorte qu'on m'a demandé d'assumer l'intérim. Ça a
été le changement qui est intervenu au niveau de la haute direction. Par
ailleurs, vous ne vouliez pas...
Mme
Hivon :
Sur le conseil d'administration.
• (11 h 40) •
M. Roy (André G.) : Sur le conseil d'administration, voilà, excusez-moi. Sur le conseil
d'administration, bon, le
gouvernement, oui, a nommé, au cours de l'été, six membres. Il s'agissait de
trois renouvellements et trois nouvelles personnes. Le président du conseil d'administration également avait
démissionné de ses fonctions. Vous vous souvenez des conclusions du rapport à ce sujet. Nous sommes présentement en... Il
reste trois sièges à combler. Il y en a un qui est vacant, il y en a deux qui sont présentement
occupés par des personnes dont le mandat se termine ou est terminé. Un dossier
est sur le bureau du ministre de l'Enseignement supérieur ou, en tout cas, il a
été envoyé au gouvernement, il est complété.
Donc, on attend la nomination du remplacement de Mme Laroche, l'ancienne
présidente du conseil d'administration, qui, elle, avait démissionné de
son poste, et donc le poste est vacant.
Pour
ce qui est des deux autres postes, nous sommes présentement en consultation,
tel que l'exigent la procédure et la
coutume, pour combler nos postes socioéconomiques. La consultation se termine
très prochainement, là, si ce n'est pas cette semaine, en tout cas, à la
fin août, et, par la suite, nos dossiers vont être acheminés au gouvernement
pour nomination. Donc, on espère, à
l'automne, avoir un conseil qui va être complet, renouvelé et qui va pouvoir
prendre en main l'ensemble des nouveaux défis, des défis et du développement
futur de l'université. Donc, au niveau du conseil d'administration, les choses se placent. Parce qu'effectivement, Mme
Hivon, vous avez raison, on a eu une période de flottement.
Mme
Hivon :
Parfait. Donc, je comprends qu'au total il y aurait neuf nouveaux ou
renouvellements dans le conseil, en fait six plus trois à venir.
M. Roy (André
G.) : Oui, c'est ça.
Mme
Hivon : Parfait. O.K. Mon collègue a aussi parlé... bon, les
prochaines étapes. C'est certain qu'après avoir eu un rapport de
l'ampleur... et avec de nombreuses critiques comme celui qu'on a vu de la
Vérificatrice générale, ça commande un plan
d'action. J'aimerais savoir, pour vous, quelles sont les priorités d'action à
très court terme par rapport à ce qui
était convenu dans le rapport du Vérificateur général. Je comprends que le plan
d'action comme tel n'est pas finalisé, qu'il
est en bonne voie, vous avez travaillé fort cet été. À quel moment il va être
finalisé? Mais surtout, pour vous, qu'est-ce qu'il est le plus urgent de
changer dans les pratiques qui concernent la haute direction de l'UQTR?
M. Roy (André
G.) : Ce qu'il est important de changer, ce qu'il est important
d'établir, c'est des cadres de référence qui sont, je dirais, obligatoires
quant à la marche des dossiers et que l'ensemble des services de l'université travaillent de concert pour s'assurer que le
respect de l'ensemble des règles qui s'appliquent à l'université soient
respectées, de telle sorte qu'à
l'intérieur du plan, sans aller dans le détail, on revoit la réglementation de
l'université, mais on va mettre des
cadres de référence, on va mettre certains outils obligatoires, automatisés qui
vont faire en sorte que, lorsqu'il y aura des projets immobiliers qui
vont être développés, les étapes devront être franchies, et ce, de façon fort
transparente.
Le conseil
d'administration également... Vous vous souvenez qu'il y avait des
recommandations qui visaient la transparence par rapport aux dossiers qui sont
montés au conseil d'administration. Par rapport également aux dates d'envoi, etc., on a revu puis on va présenter au
conseil des modifications pour s'assurer que l'ensemble des intervenants
dans ces dossiers soient encadrés. Des
tableaux de bord également pour assurer un suivi régulier de l'ensemble de nos
projets ont été montés, et on va commencer
dès maintenant à mettre en place ces tableaux de bord pour, justement, assurer
un suivi rigoureux auprès du conseil
d'administration, de telle sorte que ce qui est indiqué au rapport de la
Vérificatrice générale ne se reproduise plus dans l'avenir.
Donc,
des procédures, des modifications réglementaires, des tableaux de bord, le tout
à la connaissance de l'ensemble des
membres de la communauté qui doivent intervenir à l'intérieur de ces projets et
pour assurer que le conseil d'administration a la pleine information
lorsque les décisions sont prises.
La même chose
au chapitre des autorisations, on travaille de la même façon, c'est-à-dire
qu'on a revu l'ensemble des
autorisations dans les dossiers et on va créer des tableaux de bord qui vont
permettre de suivre l'ensemble des autorisations,
de telle sorte que, notamment au niveau du secrétariat général, les gens vont
être en mesure de s'assurer de la conformité de nos pratiques avec ce
qui existe.
Au niveau financier, si vous me
permettez, également on va exercer des suivis financiers réguliers auprès du
conseil d'administration lors des
séances régulières tout au long de l'année, de telle sorte que... Puis on sait,
vous le savez, ce n'est pas une
cachette, on en a parlé, on vit des années financières qui sont un peu plus
difficiles, de telle sorte que c'est important pour le conseil d'administration de pouvoir bien comprendre l'évolution
de notre situation financière dans son ensemble.
Mme
Hivon :
C'est bien. Bien, justement, en fait, j'avais une question plus précise sur
toute la question de la transparence puis de
la collaboration avec le conseil d'administration. Parce qu'on comprend que
c'était quelque chose qui était
soulevé de manière, je dirais, assez importante dans le rapport du Vérificateur
général, là, à savoir que les documents étaient remis séance tenante, qu'il n'y avait pas beaucoup d'information
qui transitait facilement. Ça, c'est quelque chose qui peut se corriger quand même facilement. Donc,
j'étais curieuse de savoir si la pratique a déjà changé, si c'est déjà
transformé pour que le conseil d'administration puisse jouer pleinement son
rôle.
M. Roy (André
G.) : On a eu un conseil d'administration au lendemain du dépôt du
Vérificateur général. Le prochain conseil
d'administration est le 21 septembre, mais il est clair que, dorénavant,
les règles prévues aux règlements de
régie interne de l'université vont devoir être respectées. Donc, l'envoi se
fait sept jours avant, les documents seront inclus avec l'envoi, sauf,
naturellement, il peut arriver à l'intérieur... Puis, vous le savez, à
l'intérieur de conseils d'administration, des fois il y a des dossiers qui
surviennent plus à la dernière minute. Donc, il y a possibilité, lors de
l'adoption de l'ordre du jour, d'y ajouter des points.
Mais, pour ce qui est
des dossiers... Les dossiers dont on parle, là, ce sont des dossiers qui
n'arrivent pas à la dernière minute à un
conseil d'administration, je pense qu'on peut convenir de ça, de telle sorte
que dorénavant, oui, les délais vont être respectés pour s'assurer que
nos administrateurs puissent décider avec une information complète et
transparente sur l'ensemble de ces dossiers-là.
Mme
Hivon : Merci. J'ai une question plus précise. Puis
d'ailleurs, dans l'article de ce matin qui nous donne le scoop concernant notre collègue de la deuxième
opposition, bien, il y a certains enjeux qui sont renotés, puis il y en a un que j'avais noté, puis j'avais une question par
rapport à ça. Il avait été soulevé aussi dans le rapport de la Vérificatrice
générale que les responsabilités liées à
l'observation des règles contractuelles avaient changé de responsabilité, donc
étaient passées, de ce que je
comprends, du secrétariat général pour aller plus à l'adjointe du vice-recteur
ou de la vice-rectrice, là, je ne
sais pas c'est qui qui... en tout cas, le poste, par qui il est
occupé. Puis il y avait une question à savoir si cette personne-là avait l'indépendance nécessaire pour assumer ce
rôle-là. Est-ce que ça, c'est déjà quelque chose qui a été revu et remis
dans la situation antérieure ou modifié d'une autre manière?
M. Roy (André G.) : Ça va être modifié. À l'intérieur du plan
d'action qu'on va présenter au conseil d'administration, ça va être modifié. Les commentaires qui ont été
émis par la Vérificatrice générale à ce chapitre, à mon sens, sont très
pertinents, et on va s'assurer que la personne qui va être nommée comme RORC,
puisque...
Une voix :
Elle est indépendante.
M. Roy (André G.) : ...c'est son titre, elle est indépendante vis-à-vis le vice-rectorat,
administration, finances. Donc, il
est certain qu'il va y avoir un changement dès cet automne de responsabilité à
ce chapitre, et c'est une modification qui est facile à apporter.
Mme
Hivon : C'est pour ça que je vous demande ça, parce que
c'est des choses qui ne nécessitent pas nécessairement un travail de
longue haleine, donc de voir si les changements sont déjà en mouvement. Merci.
Votre
plan d'action global, donc, pour répondre à l'ensemble des recommandations, je
l'ai lu attentivement, donc j'ai vu
déjà les commentaires qui avaient été apportés, mais on peut comprendre que
c'était sous l'ancienne administration. Est-ce que ce plan-là va faire l'objet
d'un dépôt public?
M. Roy (André
G.) : Ce plan-là va être déposé à la Vérificatrice générale du Québec.
Il va être présenté, naturellement, aussi à
la communauté, qui a été très au fait, là, des problématiques particulières
qu'on a vécues. Le plan, effectivement, le plan qui a été présenté au
lendemain du dépôt est très... Celui qu'on va présenter est très différent, je
vous dirais, beaucoup plus précis, beaucoup plus englobant, beaucoup plus
transversal aussi que celui qui avait été présenté.
Je ne fais pas de critique du plan. Tout ce que je dis, c'est qu'on a revu
l'ensemble avec plusieurs intervenants parce
que vous comprenez que, dans ces dossiers-là, il n'y a pas uniquement un
secteur d'activité qui est touché, il y a les approvisionnements, il y a
l'équipement, il y a le secrétariat général, il y a... bon, il y a plusieurs...
Donc,
ça a été revu, ça a été bonifié, ça a été critiqué. On a eu je ne sais combien
de versions du plan d'action, et il
sera sûrement modifié par le conseil d'administration qui, compte tenu des
compétences qui sont autour de la table, va pouvoir nous apporter
également, je l'espère, des éclairages qui vont être intéressants pour ça. Mais
oui, ça va être rendu public. C'est un débat
qui a été public, c'est un dossier qui est public. Donc, c'est avec, je vous
dirais, beaucoup d'humilité,
mais avec beaucoup de plaisir qu'on va pouvoir présenter les solutions qu'on
désire apporter, solutions permanentes qu'on
désire apporter aux problématiques de gouvernance qui ont été mentionnées à l'intérieur du rapport.
• (11 h 50) •
Mme
Hivon :
Parce que vous êtes tenus de le soumettre, c'est ça, à la Vérificatrice
générale ou le ministre, j'imagine, ça va de
soi, mais, de manière plus large, vous entendez le rendre public pour, justement,
montrer l'évolution dans les
pratiques de l'UQTR.
M.
Roy (André G.) : Et je
reviens, si vous me permettez, à l'élément de confiance. Ce faisant, j'espère
qu'on mettra derrière nous ce
chapitre de non-confiance en face de l'administration et qu'on pourra dorénavant passer... et se
concentrer sur la mission de l'université, qui est une mission d'enseignement,
de recherche, de service à la collectivité. Je vous le rappelle, cette
mission-là, si on oublie gouvernance, administration, avec les problématiques
particulières auxquelles on va répondre, cette mission-là, on la remplit très
bien.
Mme
Hivon :
Ça, je n'en doute pas, puis on le voit à partir de différents indicateurs pour
lesquels... Là, je n'ai plus de temps, hein, c'est ça?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...
Mme
Hivon : O.K. Je vais pouvoir revenir, donc, dans mon deuxième
bloc. Puis je voulais juste, pour un peu fermer la boucle sur cet épisode-là... Est-ce que vous avez le
sentiment que le climat à l'université est un climat qui se rétablit tranquillement et que tout
le monde est engagé dans... Vous
allez me dire oui, c'est sûr, là, mais je compte sur votre transparence.
Parce que ça a l'air d'une question bonbon, mais, je veux dire, ce n'est pas
facile, ramener une organisation qui a vécu une telle crise à travailler nécessairement ensemble. Ça laisse des séquelles, c'est certain. Tout le
monde n'était pas dans la même
mouvance, nécessairement. Est-ce
que vous avez le sentiment que c'est
en train de se rétablir? Et, si vous
êtes complètement transparent puis vous me dites : Non, bien, il y a
encore certains écueils, est-ce que vous avez le sentiment que, dans une certaine
période de temps, vous avez l'objectif d'y parvenir ou vous ressentez encore les
contrecoups?
M. Roy
(André G.) : Oui, on espère
que l'ensemble du climat sur le campus va se rétablir. Je vous
dirai qu'en suivi à la question
que vous avez posée, naturellement, les gens s'attendent à voir les gestes, clairement
les gestes, là, que l'université entend poser pour répondre aux problématiques
qui ont été soulevées.
Par ailleurs, pour ce qui est du climat avant et
du climat après, le climat avant, je n'étais pas là, bien que je... Comme vous le savez, je proviens du réseau de l'Université du Québec, donc j'étais relativement très au fait du
dossier. Je vous dirai que ça semble,
oui, ça semble se rétablir. Vous aviez anticipé ma réponse, Mme Hivon, mais
oui, ça semble se rétablir. Je vous
dirais, les gens sont de bonne humeur. Comme on dit, les gens sur le campus
sourient, les contacts s'établissent très bien avec l'ensemble des personnels. On est
en période estivale, c'est sûr. Avec l'automne qui arrive, bien là
l'ensemble des personnels, des étudiants vont se réapproprier les lieux, donc
on va voir.
Par ailleurs,
en suivi à tout ça, on va déployer un sondage sur la mobilisation au cours de
l'automne justement pour s'assurer que nos personnels poursuivent de
façon positive, là, leur implication à l'intérieur de la mission de l'université. Donc, on veut aller sonder la mobilisation des personnels. À la suite
de ça, bien, on aura un plan d'action
avec mon collègue M. Malo, qui est vice-recteur aux ressources humaines notamment,
de concert avec l'ensemble de l'équipe de direction pour s'assurer que le passé
est bien derrière nous.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Roy. Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un bloc de 15 minutes. Alors, je cède la parole au député
de Jean-Talon.
M.
Proulx : Oui. Merci, Mme la Présidente. À mon tour de vous saluer et de vous remercier d'être ici. Et vous
remercier tous, mais également, M. Roy, d'être franc comme vous l'êtes, d'être
explicite comme vous l'êtes et d'adresser
les choses telles qu'elles sont. Je
pense que mes collègues
ont assez bien couvert cet aspect-là, et c'était important de le faire.
Bien entendu, j'ai grandi en Mauricie, à Trois-Rivières,
tout près de l'UQTR. Moi, c'était presque ma cour, l'UQTR, ça se faisait à pied pour aller sur vos terrains. Alors, j'ai
bien connu l'université, même si je ne l'ai pas fréquentée. J'ai également d'excellents souvenirs de son implication dans la
communauté. Il était difficile, à l'époque où moi, j'étais
là-bas, tant comme jeune garçon impliqué, là, dans ma vie de famille, qui
étaient, eux, impliqués dans les affaires en Mauricie
et à Trois-Rivières, mais également du temps où j'y ai travaillé comme avocat ou
comme député quand j'ai eu l'occasion
puis le bonheur de représenter les gens de Trois-Rivières à l'époque...
C'est un rôle extrêmement important que vous jouez. Et souvent les gens des grands centres ne le réalisent pas,
mais c'est au-delà de la mission d'éduquer, d'enseigner et de former, c'est au-delà de la mission d'être
un lieu de savoir qui tend à augmenter la diplomation et à améliorer, dans
le fond, les compétences de tous et chacun.
C'est également un employeur très important et c'est également un lieu, hein,
où des gens se rassemblent et discutent, et c'est presque un lieu de formation
continue quotidien.
Et ça, c'est
ce qui m'avait, je vais dire, sauté aux yeux, mais c'est ce que j'avais
remarqué à l'époque, et j'aimerais savoir,
d'une façon assez générale, comment ça se passe encore aujourd'hui, de cet aspect-là. Oui, il y
a des étudiants qui arrivent dans un parcours assez traditionnel,
de dire : On sort de l'enseignement collégial et on va à l'université.
Oui, vous avez des étudiants qui sont
des gens qui quittent le marché du travail ou qui le font à temps partiel de
plus en plus et qui vont compléter
une formation. Mais vous avez également un volet, c'est mon souvenir, un volet
de formation où des entreprises, des
institutions notamment, vont, de façon ponctuelle, obtenir des
formations chez vous, marketing, gestion des cadres et autres sujets. Quelle place ça occupe, ça, dans les
préoccupations de l'administration de l'UQTR, ce besoin-là ou cette
nécessité-là d'offrir, là, de la formation un peu continue en marge de la
formation traditionnelle?
M. Roy
(André G.) : Avant de céder
la parole à mon collègue Sylvain, je vous dirai que le service de formation
continue est très actif. On poursuit, en
fait, on poursuit notre mission via la formation continue en offrant sur le
campus, mais
également dans nos régions administratives qu'on dessert plusieurs activités,
que ce soient des activités créditées, mais même également des activités
non créditées. On a également des programmes courts.
Donc, oui,
l'Université du Québec à Trois-Rivières poursuit dans cette mission de formation tout au
long de la vie, si vous me permettez
l'expression. On s'aperçoit que, de plus en plus, les besoins de la société québécoise
font en sorte que les gens ont besoin
de perfectionnement, de telle sorte qu'il
y a des ententes, il y a
des partenariats qui sont faits avec les entreprises pour, effectivement, qu'on puisse améliorer le
perfectionnement, améliorer la formation des employeurs. Mais je vais
laisser M. Delisle préciser davantage.
M. Delisle
(Sylvain) : Oui. Bien, effectivement, la formation continue, là, chez nous c'est un élément extrêmement important. Comme le recteur l'a mentionné dans son intervention
d'ouverture, nous sommes dans plusieurs centres à travers le Québec, neuf centres dispersés, donc, sur le territoire
provincial, où nous offrons, entre
autres, de la formation continue.
Chez nous, lorsqu'on parle de formation
continue... Vous savez, lorsque j'ai mes réunions mensuelles avec le décanat des études, donc disons la gestion et le
développement des programmes, autour de la table la formation continue est présente. Donc, pour nous, l'information doit
bien circuler, qu'il s'agisse de programmes de grade, ou de programmes courts, ou même de formations non créditées. Parce
que, lorsqu'on parle de formation continue, oui, il y a des formations créditées, qu'il s'agisse de microprogrammes, de
programmes de certificat, qui sont des programmes plus courts que des programmes de grade. On offre aussi différentes
formations, donc, non créditées, qui sont, hein, comme l'expression le
dit bien, des formations sur mesure. Alors, ce sont souvent des entreprises,
des organisations qui expriment un besoin particulier
de formation, qui nous contactent pour offrir un certain nombre d'éléments de
formation, ce que nous discutons avec les entreprises ou organisations
pour s'assurer qu'on répond bien à ces besoins.
Donc, c'est
un élément, oui, très important chez nous, et le développement de la formation
en ligne est un autre volet, effectivement, un autre outil qui permet
aussi de répondre à certains besoins de ce côté.
• (12 heures) •
M.
Proulx : Mme la Présidente, si vous me permettez, et toujours dans le même esprit d'offrir de la formation
à des gens qui n'en ont pas, je me suis
intéressé, au fil des rencontres que nous avons eues depuis le début de la
semaine, aux étudiants de première
génération. C'est peut-être parce que ce n'était pas frais à ma mémoire, mais
j'ai été surpris, dans certaines
régions, pour certaines universités, de constater à quel point le pourcentage
de gens qui fréquentent l'université pour une première fois dans une
famille, donc étant étudiants ou étudiantes de première génération, était
important. Dans certains cas, j'ai vu jusqu'à 70 %, c'est beaucoup.
Encore une
fois, je ne suis pas certain que tout
le monde, lorsqu'ils prennent le
temps d'y penser, pensent qu'en 2015
encore on peut retrouver dans une université, dans tout l'effectif, là, global,
là, autant de gens qui, pour une première fois dans une famille, vont le
faire. À chaque fois, je répète la même chose — vous le savez encore mieux que moi — être étudiant de première génération, c'est un défi. Parfois, le combat le
plus important qu'on a à faire, ce n'est pas d'avoir les meilleures notes pour pouvoir entrer dans le programme,
c'est de convaincre les gens avec qui on vit qui sont plus vieux que
nous puis qui nous supportent — en tout cas, qu'on souhaite qu'ils nous
supportent — que
c'est important d'aller faire une formation
universitaire. Être étudiant de première génération, ça a donc ses défis, donc
ce qui veut dire qu'il faut les accompagner, j'imagine, dans cette
formation-là, et ça aura tôt ou tard un effet, j'imagine, sur le temps moyen d'obtenir son diplôme ou sur le fait, tout
simplement, d'obtenir ou de ne pas obtenir un diplôme. Alors, ça va faire
varier, de ce que je comprends, les statistiques que vous nous présenterez sur
la diplomation.
Malheureusement,
je n'ai pas identifié, là, dans ce que j'ai pu voir le chiffre exact, mais
qu'en est-il des étudiants de
première génération à l'UQTR si vous avez quantifié ça? Et quelles sont les
stratégies ou efforts qu'on fait alors qu'on est dans des régions, là, où on a besoin de diplômés? Vous avez parlé du
Centre-du-Québec tout à l'heure, c'est important. Alors, quelles sont
les stratégies particulières que vous accordez à cette situation-là?
M. Roy
(André G.) : Peut-être
rappeler quelques statistiques avant de parler de stratégies particulières. Effectivement, pour ce qui est de la population
étudiante — je vais appeler
ça comme ça — de nos
étudiants, 66 % sont de première génération. Donc, c'est quand même un
nombre important d'étudiants qui arrivent à l'université alors qu'ils sont les premiers de leur famille à fréquenter un
campus universitaire. Ce taux est plus élevé que la moyenne nationale et
même que la moyenne des autres universités du Québec.
Depuis le
début des années 2000, comme on a vu tout à l'heure, l'université s'intéresse
tout particulièrement à la réussite
étudiante, à faire en sorte que les étudiants qui entrent à l'université
puissent cheminer et obtenir leurs diplômes. Ce n'est pas toujours évident,
mais on a mis sur pied un bureau de la réussite avec des stratégies
particulières. Il y a des montants
d'argent — j'en
parlais tout à l'heure — qui ont été investis, qui sont investis annuellement là-dedans et
qui vont continuer de l'être malgré les difficultés. Et, comme il est
indiqué — on
a ramené, là, le tableau 9, là — il y a plusieurs mesures de soutien à la persévérance et
à la réussite qui sont prévues, on a des gens qui travaillent là-dessus.
Il y a des cours particuliers, un cours Réussir ses études qui est offert aux
étudiants à l'entrée. Donc, ça permet aux étudiants
de faire un saut plus harmonieux, je dirais, entre les études collégiales et
les études de niveau universitaire. La même chose est offerte au niveau
des cycles supérieurs avec certains ateliers pour leur permettre de bien
comprendre comment aborder les études aux cycles supérieurs.
Mais, pour ce
qui est des étudiants de première génération, je vais demander à mon collègue
de vous en parler plus précisément.
M. Delisle
(Sylvain) : Oui. Mais peut-être
en complément, là, je vois, M. Proulx,
que vous êtes bien renseigné sur la
question, donc on parle d'une soixantaine de pour cent, là, à l'UQTR
d'étudiants de première génération. Enfin, ce qu'il faut réaliser, c'est que ces étudiants
qui nous arrivent ont potentiellement une certaine fragilité quant à leur
parcours, hein? Ils arrivent d'un
milieu où il n'y avait pas, de leurs parents, là, une certaine préparation, une
certaine sensibilisation, de sorte
que ce qu'on souhaite mettre en place... Le recteur faisait allusion, là, à nos
mesures de soutien à la réussite, c'est de s'assurer que les gens qui
ont le potentiel vont trouver sur place des services qui vont être en mesure de
les aider à exploiter pleinement ce
potentiel-là. Vous savez, lorsqu'on parle de réussite ou lorsqu'on parle
d'accessibilité, certaines personnes sont tentées de conclure que c'est
qu'on abaisse nos critères de qualité, on laisse passer les gens et on leur donne des diplômes à rabais. Il n'en est
absolument rien, ces mesures de soutien à la réussite visent surtout à
s'assurer que le plein potentiel des
étudiants va servir à atteindre l'objectif ultime d'acquisition du diplôme, et
c'est pour ça qu'on a effectivement un certain nombre de mesures qu'on a
mises en place.
Et ça, vous
savez, les recherches scientifiques l'ont démontré très, très clairement, c'est
bien caractérisé aujourd'hui ce que
c'est, un étudiant de première génération, et le facteur le plus important,
c'est vraiment le fait que les parents sont diplômés ou non d'une université et aident à la préparation et à
accorder l'importance qu'il faut lorsqu'on entre à l'université. Autrement, un étudiant de première génération
arrive à l'université dans un monde inconnu pour lequel il ne connaît pas
les règles et il doit s'adapter très
rapidement, de sorte que notre Bureau de la réussite, qui fait partie de nos
services aux étudiants, s'assure de bien soutenir ces étudiants.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste quatre minutes, M. le député, voulez-vous...
M. Proulx : Avec plaisir, oui, à moins
que...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui? O.K.
M. Proulx : Vous avez parlé de réussite, puis on a parlé tout
à l'heure d'effectifs. Et c'est normal, les universités — et
c'est votre cas — cherchent,
bien, je vais dire, par tous les moyens, mais cherchent par les meilleurs
moyens d'attirer les jeunes dans des programmes
qui sont pertinents, populaires et qui font en sorte que vous allez être
capables d'augmenter les effectifs étudiants. J'ai souvenir, et je peux me
tromper, mais... D'ailleurs, je vous demande de me pardonner si je me trompe, mais j'ai souvenir, à l'époque, que le
Centre intégré de pâtes et papiers, qui était... Puis je n'en suis pas, là, sur les
éditoriaux, là, de problématiques
avec la municipalité, là. Je comprends qu'il y a un enjeu qui est bien loin de moi, là, mais je suis ça à
distance. Mais j'en suis sur, je vais dire, la popularité ou, en tout cas,
l'intérêt vis-à-vis du programme.
J'ai souvenir qu'en 2007-2008... en tout cas, au moment où le bâtiment était
passablement neuf, il n'y avait pas
beaucoup d'étudiants, et il me semble qu'il y en avait un, à un moment donné,
dans ces années-là... Où est-ce qu'on en est par rapport à...
D'abord, je
veux être certain de ne pas me tromper, il me semble que c'était dans ce
programme-là qu'il n'y avait pas beaucoup d'étudiants. Je pouvais
comprendre, à l'époque les perspectives d'avenir en matière de pâtes et papiers
n'étaient pas excellentes. Je suis un fils
d'une région de papier journal, je sais ce que ça veut dire, voir les parents
des amis perdre leur emploi. Alors,
où est-ce qu'on en est par rapport à ça? Ça demeure... Travailler la fibre, il
y a des perspectives d'emploi pour
l'industrie forestière dans bien des domaines, mais qu'en est-il du centre chez
vous ou, en tout cas, des façons de valoriser ça, si c'est toujours
d'actualité ou ça ne l'est plus parce que les choses ont été réglées?
M. Roy
(André G.) : Alors, oui, ça
l'est, d'actualité. Vous savez, l'université est là non seulement en vigie,
mais pour faire avancer la science.
Au niveau des pâtes et papiers, notre centre est devenu le Centre de recherche
en matériaux lignocellulosiques, de telle sorte que, oui, on a des
professeurs et, oui, on a des étudiants qui continuent à faire de la recherche
de pointe dans ce domaine-là.
Pour ce
qui est de ce bâtiment, on a accueilli également dans ses locaux notre nouveau
baccalauréat en criminalistique. C'est
autre chose qui est rattaché à la chimie. Donc, oui, on poursuit des recherches
très importantes avec des nouveaux axes de développement, et
M. Mantha va pouvoir...
M. Mantha (Robert W.) : Vous parlez
de l'importance, dans le fond, de l'université dans sa région, et la formation, évidemment, c'est essentiel. Mais,
quand on parle de la recherche puis le développement, c'est tous les projets
qu'on peut faire avec nos entreprises. Et,
dans le secteur de la biomasse, de la lignocellulosique, la transformation,
dans le fond, de la fibre, les
nouvelles molécules qu'on peut, dans le fond, produire à partir de ce
matériel-là, des biocarburants, on
est en plein dans ça. Donc, dans le cadre aussi du développement durable, la
chimie verte, donc ce n'est pas mort, ça se transforme, et cette
transformation se fait en partenariat avec nos entreprises. On participe avec
Victoriaville jusqu'à La Tuque. Donc, on
couvre tout ce grand territoire où la fibre... où le bois est important. Donc,
on envoie un espoir. Il y a, en bon
français, des «spin-offs», des entreprises qui se sont transformées pour faire
autre chose avec cette fibre-là. Le papier
n'est pas mort. On parle, entre autres, de la nanocellulose, donc des
renforcements, dans le fond, là... Pour ceux qui sont... c'est donc le renforcement de papier avec des fibres
intéressantes. Donc, j'ai vu aussi des engrenages faits avec du matériel issu de la biomasse fort intéressants
pour remplacer les produits faits à base de pétrole. Donc, la recherche
se poursuit.
Mais surtout,
quand on parle de recherche, c'est des jeunes qu'on forme par la recherche,
hein? Ce n'est pas juste de l'argent
qu'on met dans un trou, là, tu sais, c'est, dans le fond, des activités, des
laboratoires, des équipes, et on forme forcément
du personnel hautement qualifié, et donc du personnel qui peut, après ça, aider
les entreprises à, dans le fond, se démarquer,
innover et se démarquer des autres. Alors, c'est ça aussi, les impacts. Donc,
pour ce qui est des pâtes et papiers, ça se transforme.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Il ne reste plus de temps,
M. le député, hein? Au prochain bloc.
M. Proulx :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ah! M. Roy, vous avez un commentaire?
M. Roy (André
G.) : Et j'ajouterais qu'on fonctionne, à l'intérieur de ce bâtiment à
pleine capacité. Donc...
M. Proulx : Et
il y a toujours une machine à papier?
M. Roy (André
G.) : Et il y a toujours une machine à papier.
M. Proulx :
Oui, oui, mais j'ai souvenir, oui.
M. Roy (André
G.) : Il y a toujours la machine à papier.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté
du deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de
19 min 30 s. Alors, M. le député de Chambly, la parole est à
vous.
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Alors, je salue, évidemment, mes
collègues, M. Roy et toute l'équipe d'administration à l'Université du Québec à Trois-Rivières qui nous font
le plaisir de venir participer à cette séance de reddition de comptes puis de bien répondre à nos questions. J'en aurai
quelques-unes assez rapides au début, je pense, puis, après ça, on
pourra peut-être aller dans d'autres sujets.
Mais,
bon, on est, au moment où on est, dans l'après-crise, et j'aimerais éclaircir
certaines données. Je me souviens avoir
interrogé le ministre ce printemps concernant le départ de la rectrice — maintenant, l'ex-rectrice — Mme Ghazzali. Le ministre m'avait dit qu'elle n'avait droit à aucune prime de départ. Est-ce que
ça s'est avéré, finalement, et que l'ex-rectrice est partie sans prime
de départ?
• (12 h 10) •
M. Roy (André G.) : La ministre... la ministre... Pardon, excusez-moi, la rectrice n'avait droit
à aucune prime de séparation et elle
n'a eu aucune prime de séparation. C'est tout à fait exact, l'information que vous avez eue est exacte.
M.
Roberge : Et complémentaire
à cette question-là, parce
que je sais que c'est une coutume,
des fois, dans le milieu universitaire, dans d'autres universités où la
personne qui quitte le rectorat, sans avoir une prime de départ, mais garde des conditions de recteur, c'est-à-dire le
salaire du recteur ou des avantages de recteur alors que la personne retourne
pratiquer le métier de professeur, donc
est-ce qu'elle garde en ce moment des avantages soit monétaires ou autres liés
au rectorat?
M. Roy (André G.) : Mme Ghazzali, à la suite, là, de sa démission, a intégré le corps
professoral. Elle détient un poste de
professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières, au département de
mathématiques et informatique. Vous savez
qu'elle a une formation solide en statistiques, donc elle va pouvoir apporter
une contribution intéressante. Maintenant, elle a été intégrée à... Vous savez également qu'à l'UQTR nous avons un
syndicat de professeurs. Nous avons donc une convention collective qui régit les conditions de travail du corps
enseignant, de telle sorte que Mme Ghazzali a été intégrée à l'intérieur du corps professoral en respect des
dispositions de la convention collective comme tout autre professeur qui est
embauché à l'université. Elle ne conserve aucun avantage, en tout cas, lié aux
charges de rectrice.
M. Roberge :
Merci. Le 12 juin 2015, un article dans Le Nouvelliste nous
apprenait qu'à compter du mois de mars il y
avait une certaine gestion des affaires publiques qui venait mettre une espèce
de filtre entre les professeurs et la communauté,
les journalistes ou tout autre intervenant qui... Souvent, comme c'est sa
mission, là... Souvent, les professeurs interviennent dans le domaine
public, et, dans un article, on disait qu'il y avait une espèce de filtre, là,
c'était plus compliqué, il fallait passer
par le département des communications, qui, là, aiguillait vers le professeur
et décidait si le professeur pouvait parler ou pas, alors que
normalement, là, dans une communauté universitaire, les professeurs sont libres d'intervenir sur la place publique, et les
journalistes sont libres de les interpeler. Est-ce que cette espèce de filtre
a été levé?
M. Roy (André G.) : Vous faites référence à la politique de communication — je ne sais pas si c'est le titre exact, là — qui
avait été adoptée par l'Université du Québec à Trois-Rivières et
sur laquelle, avec raison, le syndicat des professeurs avait réagi. Je ne crois pas que la politique
allait aussi loin que vous le mentionnez, mais toutefois, dès qu'on a été sensibilisés à la question,
il était clair pour nous qu'il n'était absolument pas question de faire en sorte que les professeurs ne puissent plus s'exprimer sur la place publique.
Écoutez, on est une université, on veut diffuser le savoir, on respecte la liberté d'expression et la liberté académique
de nos professeurs, de telle sorte que, dès qu'on a été mis au fait de ça,
j'ai communiqué, moi, avec le président du
syndicat des professeurs, qui avait alerté les gens — avec
raison, comme je vous dis — sur
le sujet, et on va modifier cette politique après en avoir discuté avec le syndicat des
professeurs, avec le Secrétariat
général aux ressources humaines.
Donc, oui, des modifications vont être apportées. Elles n'ont pas été apportées
parce qu'il n'y a pas eu encore de conseil d'administration.
Mais oui, des modifications vont être apportées à cette politique pour
respecter les principes de base, là, qui devraient gouverner toute université.
Mais oui, ça va être apporté.
M. Roberge : Donc, ça va
être apporté, mais ce n'est pas effectif en ce moment, il faut que ça passe par
le conseil d'administration, là, de... Ce que je comprends, c'est qu'en
ce moment ce n'est pas réglé, cette situation-là.
M. Roy (André G.) : Non, ce n'est pas réglé. Non, ce n'est pas réglé. Et comprenez que
c'est arrivé... Moi, je suis arrivé
en juin, j'ai été mis au fait de cette situation-là en juin, n'est-ce pas? Et
on va consulter pour s'assurer que la prochaine
mouture de cette politique qui va être présentée au conseil d'administration
puisse refléter, je vous dirais, la culture
universitaire. De telle sorte qu'on est en discussion avec le syndicat des
professeurs, mais on va consulter l'ensemble également de nos partenaires, l'ensemble des syndicats à l'université
pour s'assurer que cette deuxième mouture soit tout à fait correcte et
en accord avec notre culture.
M.
Roberge : Et donc ce retour à la normale, là, ce n'est pas pour tout
de suite parce que, là, vous prévoyez un C.A., puis une consultation, puis, j'imagine, un autre conseil d'administration.
Quand est-ce qu'on pense que la situation va redevenir à la normale?
M. Roy (André G.) : Ah! ça devrait se faire relativement rapidement. Mais comprenez que la
période estivale, dans les
universités, n'est pas la période
privilégiée pour faire des consultations, nos activités se déroulant de septembre... mi-août, je dirais, parce que les étudiants
arrivent au... et il faut être en marche pour les accueillir jusqu'à
la fin juin. Sur le campus, je vais
vous avouer qu'au mois de juin... fin juin, juillet, début août, c'est relativement tranquille. Si vous venez voir nos stationnements, c'est assez
libre, nos stationnements.
Maintenant, on
prévoit... M. Malo...
Une voix :
...
M. Roy (André
G.) : Pardon?
Une voix :
...
M.
Mantha (Robert W.) : Ah!
mais il y a l'École internationale de français,
puis on offre des cours d'été, c'est certain, là, on n'arrête pas toutes
nos activités, là, mais c'est moins occupé, je dirais.
M. Roy (André G.) :
M. Malo.
M.
Malo (Olivier) : Oui. La politique a été soumise à tous les syndicats
pour consultation au mois de juin, et on attend un retour de leur part
fin août, début septembre parce que, comme les autres membres de la communauté,
ils étaient en vacances pendant la période
estivale. Et, dès que nous aurons leurs commentaires sur la politique, on
pourra apporter les ajustements nécessaires et la resoumettre au conseil
d'administration pour nouvelle adoption.
M. Roberge :
Merci. Retour encore en arrière sur quelque chose qui avait été fait. Puis je
comprends que l'administration actuelle... en tout cas, une part de
l'administration actuelle n'avait pas pris part à cette décision-là, mais c'est
quand même particulier, je parle d'un contrat qui avait été accordé à la firme
Sodexho. Alors qu'il semble qu'il y avait
une politique disant qu'il n'y avait pas de contrats qui peuvent durer plus de
cinq ans, il semble qu'il y ait eu une entente de huit ans avec Sodexho,
avec, à la clé, une espèce de réduction de 29 000 $ par année. Ça,
c'est des informations, là, que j'ai
trouvées dans les médias. Est-ce que ce que je viens de dire, c'est juste,
c'est-à-dire que c'était supposé être
cinq ans comme maximum, il y a quand même eu un contrat sur huit ans avec une
réduction de 29 000 $ par année.
M. Roy (André G.) : Pour la réduction, je vais demander à Mme Giguère. Mais, pour ce
qui est du contrat, c'est un contrat de redevances, d'abord, avec
Sodexho qui avait été conclu. Il s'agissait d'un contrat initial de cinq ans à l'intérieur duquel étaient prévues des périodes de renouvellement, comme on voit
dans d'autres contrats. Donc, le contrat initial était de cinq ans, et les parties auraient pu y mettre fin à
cette époque-là. Je pense, c'est une précision, quand même, qui est importante.
Pour
ce qui est de l'aspect du 29 000 $ dont vous venez de faire mention,
je suis désolé, je vais devoir m'en référer à Mme Giguère.
Mme
Giguère (Johanne) : Alors,
on avait deux volets à ce contrat-là. Un premier volet qui est encadré, en effet, par rapport à l'aspect de
redevances. Le deuxième volet, c'était de la location d'espaces. Donc, ce à
quoi vous faites référence, c'est les
espaces qui sont occupés par Sodexho, qui avait un bail, dans la première
version du contrat, de 50 000 $, et nous avons reçu un avis de Sodexho qui ne souhaitait pas renouveler
son contrat en mars 2013 parce que les coûts de loyer étaient trop élevés pour eux. Donc, l'UQTR a négocié avec cette
firme-là, puisque la LCOP, la Loi sur les contrats des organismes publics, nous permet, dans le
cas d'un contrat de redevances — donc, on reçoit de l'argent — d'être en mesure de fixer les règles sur ces aspects-là. Alors, on a convenu avec
la firme de réduire le loyer en conséquence de leur demande.
M.
Roberge : Je comprends qu'il y a donc eu une négociation avec cette
firme-là, mais est-ce qu'il y a eu un appel d'offres, donc essayer
d'aller chercher un autre fournisseur qui n'aurait pas exigé cette
réduction-là?
Mme Giguère (Johanne) :
Alors, le contrat de redevances est de 1 million de dollars, et l'appel
d'offres d'il y a cinq ans permettait
de réaliser... Il y avait eu des firmes qui avaient appliqué, et le deuxième
plus bas soumissionnaire était à
300 000 $. Donc, de loin, Sodexho était la plus intéressante en
termes de retour d'argent pour l'UQTR. 1 million de dollars, c'est beaucoup d'argent. Donc, dans le
cadre de la LCOP, nous sommes en mesure de faire des conclusions de contrats gré à gré lorsque l'organisation reçoit
des sommes d'argent. Ce n'est pas une dépense. La LCOP, elle encadre la dépense. Donc, ce à quoi vous faites référence,
le cinq ans, les appels d'offres de gré à gré au public sont encadrés par
la LCOP. C'est pour tout ce qui concerne les dépenses de biens et services.
• (12 h 20) •
M.
Roy (André G.) : Mais le contrat initial avec Sodexho avait fait
l'objet d'un appel d'offres, et il est évident qu'il y aura d'autres
appels d'offres qui vont être faits pour de tels contrats.
M. Roberge :
En 2021.
M. Roy (André
G.) : La fin du contrat.
Mme Giguère
(Johanne) : En 2021, en effet.
M.
Roberge : En fait, non, si
je suis cinq ans, ça va être en 2018 parce qu'à partir de 2018 vous n'êtes pas tenus de renouveler.
Donc, j'ose espérer qu'à partir de 2018 vous allez essayer peut-être d'obtenir
le mieux.
Mme Giguère
(Johanne) : En fait, le contrat a des possibilités de renouvellement,
mais oui, en effet, on va procéder à des
appels d'offres autant pour la redevance dans ce cas-ci. Même si la loi n'encadre pas cet aspect-là, c'est
bien sûr qu'on va tenter d'aller chercher les meilleures offres possible pour
l'UQTR.
M.
Roberge : C'est ça, des fois la loi nous oblige à faire
quelque chose, c'est le minimum, mais on peut faire mieux.
Maintenant,
j'aimerais vous entretenir de ce qui s'appelle le CERAS, donc le Centre
d'excellence régional académique et sportif,
qui est à l'ordre de projet, qui a fait beaucoup jaser. Est-ce que vous avez,
la nouvelle administration, M. Roy,
les vrais chiffres pour prendre une décision avisée? Parce qu'il y a des
chiffres, là, que j'ai vus dans les médias le 6 juillet — ça ne
fait pas très longtemps — 2015, là, qui disaient que, bon, ce serait payant même pour
l'université, il y aurait des
surplus, quelque chose comme de 380 000 $ par année. Bon, si c'était
aussi simple, j'imagine, la décision serait
prise précédemment. Est-ce que ces
chiffres sont valables? Un. Et, s'ils ne sont pas valables, avez-vous
l'intention d'obtenir les bons chiffres qui permettraient de prendre la
bonne décision?
M. Roy (André
G.) : Écoutez, dans ce dossier-là, vous informer... Tout d'abord,
répondre à votre question : Est-ce que ces chiffres-là sont valables ou non? Je ne peux absolument
pas vous répondre. Dans ce dossier-là particulier qui a été soumis aux instances, les gens ont
discuté, qui a été très médiatisé à l'époque, je vous rappelle qu'en
février 2014 le conseil d'administration avait décidé de mettre ce dossier-là sur la
glace. Le dossier est toujours sur la glace, je n'ai pas, depuis mon arrivée, examiné des hypothèses
relativement à la possibilité ou non d'aller de l'avant avec ce dossier-là.
Ça
n'a pas fait partie de mes priorités, j'avais d'autres dossiers qui me
semblaient davantage importants à regarder. Donc, je ne peux pas répondre à votre question : Est-ce que
les chiffres sont bons ou non? Est-ce
que ce dossier reviendra? On
verra. Aujourd'hui, je n'en ai aucune espèce d'idée.
M.
Roberge : O.K. Là,
j'ai une question un peu particulière, puis je vais sortir une citation de Mme
Charbonneau, la juge de la commission
Charbonneau, qui a conclu à la clôture de sa commission d'enquête par la déclaration suivante, et je la cite : «La dénonciation ne doit [pas]
être perçue comme un acte de trahison, mais être fortement encouragée comme un
geste de grande loyauté envers l'organisation, la fonction publique et toute la
société en général.» Donc, Mme Charbonneau qui déclarait ça.
Or,
on sait que ça a brassé pas mal à l'UQTR, et, pour que la vérité sorte, des
fois ça prend des sonneurs d'alarme. Or,
d'après ce que j'en comprends, il y a des fonds de l'université qui sont utilisés
en ce moment pour défendre des gens qui ont été pointés par le rapport de la Vérificatrice générale contre des sonneurs d'alarme. Dans quelle mesure est-ce que vous êtes à l'aise avec l'idée
d'utiliser des fonds publics, là, de cette manière-là?
M. Roy (André
G.) : Écoutez, je ne sais pas si je souscris entièrement à l'analyse
que vous venez de faire concernant le
dossier dont vous parlez, là. Je ne crois pas que ça soit aussi simple que ça.
Dans toute organisation, mais particulièrement dans les organisations
publiques, compte tenu qu'on gère des fonds publics, les argents qui nous proviennent
des impôts de tous les contribuables du Québec, il est très important d'avoir
une saine gestion puis une gouvernance qui
est ouverte. Maintenant, la façon dont vous présentez ça, je vous dirai
que je ne suis pas certain que c'est une
opération de muselage, il y a beaucoup d'autres éléments qui sont en jeu dans ce
dossier-là. Vous savez que ce dossier-là est présentement devant les
tribunaux, et on va laisser les tribunaux poursuivre le travail qu'ils ont
accompli.
Maintenant, selon les preuves qui seront présentées et
retenues, l'université verra à se conformer. Mais ce n'est pas
question de museler, il y a d'autres éléments qui seront discutés devant les
instances appropriées.
M.
Roberge : Je vous remercie. Je veux juste préciser que je n'ai pas utilisé le terme «muselage»,
là. Il a été prononcé deux fois, mais ce n'était pas par moi. Donc, il
n'y a pas de changement à venir au niveau de la politique à ce sujet-là.
Et je vais laisser la parole à ma collègue pour
conclure, il reste quand même...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, il reste trois minutes et
quelques secondes. Alors, Mme la députée d'Iberville, la parole est à
vous.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs, madame. Dans la
documentation qu'on nous a proposée,
on a remarqué qu'au cours des 10 prochaines années il y a à peu près 40 %
de la main-d'oeuvre de l'UQTR qui va aller à la retraite. C'est beaucoup
de monde, ça, et ça ne frappe pas nécessairement dans un seul département,
j'imagine, ou dans une seule fonction. Est-ce que ce 40 % de départs à la
retraite prévus à l'UQTR va affaiblir plus particulièrement
un secteur de l'université, soit le corps professoral? Et, si tel est le cas,
quelle stratégie allez-vous mettre en place pour remplacer presque un
employé sur deux dans les 10 prochaines années?
M. Roy
(André G.) : Alors,
effectivement, c'est sur les 10 prochaines années. Donc, selon les
courbes — puis,
tout à l'heure, M. Malo pourra
intervenir — d'âge
que nous avons et d'ancienneté que nous avons à l'université, ce ne sera
pas un boom de départs à la retraite qui devrait se produire.
Mme Samson : Il n'y aura pas une
baloune de départs.
M. Roy
(André G.) : Non. À titre
d'exemple, au cours de l'année 2015-2016, la présente année, on prévoit, sur
l'ensemble... On a vu tout à l'heure... Je ne me souviens pas du chiffre, là,
mais on prévoit 47 départs à la retraite : quatre professeurs, 41 employés de soutien, professionnels, autre
personnel, cadres, bon, etc. De ce nombre qui est prévisible selon ce qu'on croit, à ce jour il y en avait 27
qui avaient manifesté leur intention de quitter à la retraite. Donc, on suit le
dossier de façon régulière, et ce, depuis plusieurs années, pour,
effectivement, s'assurer...
Parce que ça semble important comme nombre
d'employés, mais il faut comprendre qu'à l'intérieur d'une université — et vous avez tout à fait raison de le
mentionner — on a
plusieurs postes qui sont uniques, de telle sorte que, lorsqu'une
personne quitte à la retraite... Une personne quitte du jour au lendemain, on
ne peut pas prévoir, mais, cependant, en
matière de prévision des effectifs, si on suit les courbes prévisibles de
retraite, ça, on est capables de prévoir, et c'est très important pour
nous, compte tenu qu'on a beaucoup de postes uniques, donc pas nécessairement
facilement remplaçables par des gens de l'interne ou par des gens à l'externe.
Mais je vais laisser mon collègue...
M. Malo (Olivier) :
Alors, effectivement, le chiffre de 40 % sur 10 ans peut paraître gros,
mais, quand on le répartit, c'est
4 % par année. L'université a connu une légère hausse de ses retraites au
tournant des années 2010. C'est passé, et là ce qu'on prévoit, c'est vraiment une stabilité des départs à la retraite
qui va se répartir à environ une quarantaine de départs par année, soit
un nombre auquel l'université est parfaitement en mesure de faire face.
Qui plus est,
la courbe des âges au sein de l'université ne suit pas une courbe normale,
hein? Quand on regarde une
organisation, normalement la courbe des âges est comme ça, et là on a un «peak»
qui se déplace, et les gens arrivent souvent
en même temps vers la retraite, ce qui fait le boom de retraites. Alors, nous,
on a une courbe avec deux sommets au
niveau de la pyramide des âges — vous ne l'avez pas avec vous — mais avec un nombre important de nos gens
qui ont entre 35 et 39 ans au niveau
de l'université qui s'explique par la croissance de l'université. Donc, dans
les dernières années, on a embauché
massivement, ce qui fait qu'on a une grande cohorte de gens qui ont entre 30 et
39 ans au niveau de l'université qui
sont avec nous pour les 20 prochaines années et peut-être plus pour certains
encore. Alors, on ne prévoit pas de grande vague.
Autre élément
important, c'est que le taux de rétention à l'université est de 94 %. Les
gens qui rentrent à l'université, pour
la grande majorité ils restent à l'université. Donc, outre le fait que les gens
quittent pour la retraite, on n'a pas de départs massifs de
l'université, ce qui se vit dans d'autres organisations où non seulement ils
doivent faire face aux départs à la
retraite, mais ils ont des taux de rétention de l'ordre de 70 %,
75 %, 80 %. C'est ce qui se vit parfois chez les infirmières. Alors, ça, c'est une double vague,
là, à laquelle on doit faire face au niveau du recrutement, ça ne se vit pas
à l'UQTR.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Malo. Il ne reste plus de
temps, Mme la députée, désolée. Alors, revenir du côté du gouvernement
pour un bloc de 15 minutes. Alors, M. le député de Jean-Talon.
• (12 h 30) •
M. Proulx
: Oui. Bien, si vous me
permettez, Mme la Présidente, peut-être que je pourrai continuer un peu dans
la même veine que ma collègue parce que
j'étais aussi intéressé par le recrutement. L'occasion que nous avons de vous
entendre est effectivement une occasion de faire une reddition de comptes, mais
aussi, parfois, de se poser certaines questions
qui touchent l'éducation parce que vous êtes mieux placés que nous pour y
répondre. Et vous êtes dans un contexte régional, dans un contexte extérieur aux grands centres. Vous comprenez
ce que je veux dire par là, ce n'est
pas en qualifier un par rapport à l'autre, c'est un fait. Vous aurez du travail quand même,
malgré ce que vous me dites. Je
comprends puis je le prends,
un 4 % par année, c'est moins important que 40 %, mais il n'en
demeure pas moins que vous ne pourrez peut-être
pas... puis peut-être que c'est le cas, mais peut-être pas combler ça que de
l'interne seulement. Quelles sont les stratégies ou comment on fait pour
recruter à l'extérieur?
Tu sais, je voyais certaines données, là, puis
je ne veux pas toutes les mêler, mais il y a des difficultés, là. Les revenus avec recherche, avec contrats de
recherche, avec subventions, il y a des statistiques, certaines universités,
c'est plus important que d'autres.
C'est une région magnifique, mais encore faut-il le savoir, il faut y être
intéressé, il faut avoir le goût
d'aller voir ce que vous offrez, il faut aller comprendre ça veut dire quoi,
vivre en région. Alors, qu'est-ce qu'on fait quand on est un employeur qui doit faire face
à la compétition, oui, pour recruter des étudiants, mais aussi à être en
compétition pour recruter des professeurs?
Alors, c'est quoi qui vous distingue? Ou quel est le plan de match pour faire
en sorte qu'on soit capable de recruter les meilleurs, même s'ils ne sont pas
actuellement dans le giron de l'UQTR?
M. Roy (André G.) : Je vous dirai,
avant de passer la parole à Olivier, que la bonne nouvelle dans tout ça, c'est que j'ai posé une question similaire par
rapport au recrutement, notamment du corps professoral. Or, il semble qu'on ait très peu de difficultés à recruter
d'excellents éléments au sein de l'université, ce qui aurait pu... Alors, je
vais laisser Olivier...
M. Malo
(Olivier) : Bien, on va distinguer deux groupes au niveau
université : les professeurs et tous les autres. Pour ce qui est de tous les autres types
d'emplois, nous, on n'a pas de difficulté, on fait des affichages comme toute
autre organisation et, dès qu'on fait
des affichages, on reçoit énormément de CV. Il n'est pas rare qu'on affiche un
poste et qu'on reçoit une centaine de
CV pour le poste qui est affiché. De façon générale, que ça soit un
professionnel, un technicien en administration ou un technicien de
laboratoire, on reçoit énormément de CV.
Pour ce qui
est des professeurs, ça passe beaucoup par les départements. Donc, chacun des
départements, c'est des chercheurs
qui sont là, ils supervisent des thèses de doctorat, des fois des
postdoctorats, ils ont des contacts à travers le Québec, mais parfois aussi à travers le monde, et c'est beaucoup par le
bouche à oreille, quand les postes sont affichés sur des réseaux spécialisés pour les professeurs dépendamment de leur
domaine de pointe, et, généralement, on arrive à recruter.
Évidemment, il y a certains secteurs où c'est
plus difficile. Exemple, trouver un professeur en finances, c'est quelque chose qui est plus complexe. Bien qu'on a
un département de finances important au niveau de l'université, il y a peu de gens qui étudient en finances qui vont
aller chercher un doctorat. Il y en a, mais il y en a peu. Les gens font le
choix de l'actuariat et ne viennent
pas... pas nécessairement celui de l'enseignement par la suite. La podiatrie
est un autre exemple, un secteur
qu'on a une niche assez unique au niveau de l'université dans le secteur plus
de la médecine. C'est un domaine de
pointe, il y a peu de podiatres au Québec. Donc, quand on cherche un podiatre
dans notre corps professoral, alors là ça demande plus de démarches
avant de réussir à attirer.
Il y a peu
d'universités qui embauchent des professeurs à l'heure actuelle au Québec,
hein, plusieurs ont arrêté. À
l'université, chez nous, on a continué à embaucher dans les dernières années.
Notre cohorte étudiante augmente, on a un plancher d'emploi à l'interne,
ce qui fait qu'au fur et à mesure que notre cohorte étudiante augmente notre
corps professoral augmente également. Et le
fait que les autres embauchent peu, bien, ça nous rend compétitifs. Et là je ne
vous parlerai pas de toute la beauté de la région, vous la connaissez.
Alors, les gens qui se présentent à Trois-Rivières, qui découvrent le milieu
ont le goût de s'y installer et d'y rester par la suite.
Peut-être que Sylvain, en complément sur les
stratégies, a des choses à ajouter, là.
Une voix : Vous avez tout...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Mantha, oui.
M. Mantha (Robert W.) : Oui. Je
pourrais rajouter aussi, il y a des études qui ont été faites sur les facteurs d'attraction et de rétention de professeurs, et le
milieu dans lequel ils vont travailler est fort important. Donc, les collègues,
les laboratoires, les centres de recherche,
et tout ça est un facteur d'attractivité, sans compter, évidemment, les
dimensions familiales et le milieu de
vie. De plus en plus, la plus jeune génération accorde plus d'importance au
milieu de vie, est-ce qu'ils sont dans des bouchons une heure le matin,
une heure le soir, ainsi de suite. Donc, tous ces facteurs-là jouent, mais l'endroit où ils vont travailler, faire leur
recherche, les étudiants qu'ils vont encadrer jouent pour beaucoup. Donc,
une université comme la nôtre, on essaie
d'être très accueillants par le milieu de travail, le milieu de vie
universitaire pour attirer nos professeurs.
Et, quand on parle à des plus seniors qui ont
maintenant 25, 30 ans, puis on pose la question : Pourquoi vous avez
choisi l'UQTR?, bien, dans ce temps-là, ils disaient la même chose : On
m'a donné la chance de me développer comme
professeur, puis ils sont maintenant à la tête de centres de recherche ou
d'instituts, ainsi de suite. C'est l'occasion qui a été accordée à ces gens-là de se développer, et c'est le gros
facteur. Évidemment, ça prend des ressources, ça prend un soutien, ça prend des fonds. Évidemment, on
revient encore au défi budgétaire auquel on fait face, mais c'est le nerf de la
guerre.
M.
Proulx : J'avais juste une
sous-question si mon collègue de D'Arcy-McGee me le permet. J'ai observé — c'est
un bien grand mot, mais pour avoir quelques
connaissances dans le milieu — il y a certaines universités qui vivent je
ne dirai pas une problématique, mais
une particularité, c'est que parfois, lorsqu'il faut faire du recrutement,
peut-être même dans des domaines
encore plus pointus comme certains programmes que vous avez à l'UQTR que les
autres n'ont pas, on recrute des
professeurs, oui, mais les gens, ils voyagent, hein? Ce que je veux dire, c'est
que c'est des gens de l'extérieur qui
viennent donner des cours et, parfois, retournent... viennent, bien entendu,
offrir les plages, là, nécessaires pour rencontrer des étudiants, mais... C'est presque le travail de
certains de mes collègues, c'est-à-dire venir à Québec quand c'est nécessaire,
mais, le plus souvent possible, être dans sa circonscription pour les raisons
que vous comprenez.
Est-ce que
c'est une réalité, ça, que vous vivez? Est-ce que les difficultés pourraient à
ce point être importantes qu'on
doive, à un moment donné, se retrouver en région avec des enseignants qui
viennent, là, tu sais — excusez mon mauvais français — «in and out», venir
enseigner et repartir? Ce qui n'en fait pas de moins bons professeurs, bien évidemment, mais, quand
on accorde de l'importance à la vie sur le campus, la disponibilité de
l'enseignant, les réalités que les
autres connaissent quand on va à peu près tous à la même épicerie ou au
Costco — parce
qu'il y en a un — est-ce
que c'est une réalité, ça, ou, tu sais, ce n'est ni un obstacle et ni une
préoccupation?
M. Roy (André G.) : J'inviterais, à
ce chapitre, M. Delisle, qui a une longue expérience à l'université, pour
répondre adéquatement à votre question.
M. Delisle
(Sylvain) : La question est très intéressante. Effectivement, ça fait
partie de la réalité des universités. On
a un certain nombre de professeurs, c'est vrai, qui ne demeurent pas sur place
à Trois-Rivières, par exemple, qui peuvent demeurer à Québec, ou autour
de Québec, ou dans une région montréalaise, c'est un fait. Cependant, il faut
faire la distinction, je dirais, entre les
professeurs et peut-être les chargés de cours, où on s'attend d'un chargé de
cours... Plus normalement, puisqu'il est sur le marché du travail, il a
normalement la responsabilité d'une charge de cours, il va assurer une présence, en général, beaucoup plus
réduite qui peut se limiter à sa présence physique pour le cours et, le reste
de la semaine, n'est peut-être pas
disponible physiquement, mais peut répondre par courriel à des questionnements
des étudiants. Au niveau des
professeurs, en général, surtout lorsqu'ils prennent des responsabilités de
direction pédagogique, des responsabilités de gestion de laboratoire, de
direction d'étudiants de cycles supérieurs, maîtrise et doctorat, il est certain qu'il y a quand même un besoin plus
important de présence physique, et, effectivement, on s'attend aussi à ce que
nos professeurs participent physiquement à la vie départementale, à la vie
active, là, au niveau des étudiants et des collègues
pour tout ce qui touche ce qu'on appelle la vie académique, hein, notamment les
activités d'enseignement et de recherche.
J'ajouterais
un dernier élément important. Ces dernières années, on a vu, avec l'évolution
des technologies de l'information,
s'offrir à nous des moyens extrêmement intéressants et faciles d'utilisation.
Je vous donnerai un exemple concret, et sans objectif de faire de la
publicité pour une firme plus qu'une autre, une application comme Skype, par exemple, permet à des professeurs d'assurer un
lien de communication intéressant avec des étudiants. On fait même à distance de la supervision de stages grâce à des
outils comme ceux-là pour limiter les dépenses de déplacement, par exemple.
Donc, il faut dire qu'avec les moyens de
communication, aujourd'hui, qui sont à notre disposition, oui, ce problème, ou cette question, ou cet enjeu de la
présence physique, bien qu'il soit important de la part du professeur de
participer à la vie universitaire, la vie départementale... les moyens de
communication nous permettent aujourd'hui d'ajouter, là, des possibilités très
intéressantes pour l'encadrement en particulier des étudiants.
M. Proulx : Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça va? Merci, M. le député de
Jean-Talon. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous
pour cinq minutes.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais revenir à votre offre
de programmes parce que ça m'intrigue et
ça m'intéresse beaucoup, vos 55 programmes exclusifs. Et je pose la
question, je vous invite de nous parler des enjeux, le recrutement, financement, perfectionnement,
comment tout ça se déroule, comment ça se situe dans votre mission. Ce n'est pas par coïncidence que vous avez
55 programmes exclusifs. Et la raison pourquoi la question m'intéresse
beaucoup, c'est dans le contexte des
universités, des établissements d'éducation postsecondaire, qui sont, il faut
le dire, souvent en compétition, ce
qui est légitime jusqu'à un certain point. Mais, dans le contexte économique
mondial et chez nous, il me semble que c'est la collaboration qui est de
mise souvent. Dans ce contexte, d'offrir des programmes exclusifs, c'est d'offrir un service à une clientèle et au monde du
travail avec des besoins particuliers et une réponse que moi, je prends comme collaborative. Alors, je vous invite de nous
parler des conditions qui vous permettent de faire ça et de rendre ça
rentable, et efficace, et bon pour le Québec.
• (12 h 40) •
M. Roy (André G.) : Bon, tout
d'abord, vous dire que les programmes d'enseignement et l'enseignement se nourrissent de la recherche et des avancements de
la recherche. L'Université du Québec à Trois-Rivières, aussi, est très à
l'écoute, est très à l'écoute de son milieu,
mais aussi en vigie par rapport aux besoins qui s'expriment dans la société, et
aux découvertes, et aux avancées
scientifiques qui ont cours à l'Université du Québec à Trois-Rivières,
notamment. Donc, la programmation se développe en fonction, notamment,
de ces deux éléments.
M. Delisle
pourra poursuivre de façon plus précise pour ce qui est du nombre important de
programmes qui sont exclusifs à l'université.
M. Delisle (Sylvain) : Votre
question est quelque chose d'intéressant dans, je dirais, la mise en contexte
des universités dites en région.
C'est-à-dire les gens sont souvent portés à penser que les universités dites en
région ne font que répéter ce qui se
fait dans les grands centres sans aucune différenciation. En fait, ce qu'on
peut constater, c'est que toutes les
universités ont leurs particularités, et l'UQTR en est un bon exemple. On a
développé chez nous, effectivement, un certain nombre de programmes qui
donnent une coloration particulière, bien sûr, aux spécialités qu'on a choisi
de développer, et, dans notre cas, à l'UQTR,
c'est le secteur de la santé qui est un bon exemple. Bien que nous n'ayons pas
de faculté de médecine, l'Université du
Québec à Trois-Rivières a développé au fil des années un ensemble de programmes
où on intervient de façon très importante
dans le péri et paramédical. On a donné comme exemples tout à l'heure, là, le
bac en pratique sage-femme, le
doctorat de premier cycle en médecine podiatrique, le doctorat de premier cycle
en chiropratique ainsi qu'un certain nombre d'autres programmes.
Le
recteur l'a mentionné dans son mot d'introduction, on a, dans ce secteur santé
chez nous, une proportion importante de nos
étudiants, grosso modo, là, 25 %, 26 %, 5 000 diplômés depuis
cinq ans dans l'ensemble de ces programmes-là,
40 programmes d'études aux trois cycles, hein, dans ce grand secteur santé.
J'inclus là-dedans la psychologie et la
psychoéducation — donc,
c'est un peu santé et services sociaux, là, si on pousse du côté de la psychoéducation — les cliniques
universitaires, le recteur l'a mentionné aussi, des chaires de recherche du
Canada ou de l'UQTR, des groupes de recherche, des labos de recherche,
tous dans le domaine de la santé.
Alors,
évidemment, quand vient le temps de faire du recrutement, c'est une occasion
pour nous de faire valoir ces spécialités, ces exclusivités où on a la
possibilité d'avoir ensemble, hein, ce groupe de programmes qui crée un milieu très, très particulier. Mais on ne fait pas
ça seuls, on fait ça en collaboration avec d'autres établissements aussi.
On a plusieurs de nos programmes dans le
secteur de la santé, justement, où on travaille en collaboration avec d'autres
universités, et pas nécessairement des
universités du réseau de l'UQ. Par exemple, le fait qu'on ait cette
concentration de programmes en santé
sans avoir une faculté de médecine nous a appelés à développer une
collaboration avec l'Université de Montréal, avec qui on était déjà en
collaboration pour la formation des médecins en Mauricie.
Notamment,
nous, on intervient surtout au niveau de la formation de la prémédecine, comme
on l'appelle. Et ce qu'on a développé
avec eux, on a importé, hein, on a extensionné, pour utiliser ce terme, leur
programme de maîtrise et de doctorat
en sciences biomédicales chez nous, à l'UQTR. Pourquoi? Bien, parce qu'on avait
tout cet ensemble de programmes en
sciences dans le secteur de la santé — j'ai parlé des sages-femmes, chiropratique,
podiatrie, etc. — où on
avait un besoin de poursuivre la
formation aux cycles supérieurs en n'ayant pas nécessairement, nous, chez nous,
un programme de maîtrise et de
doctorat, par exemple, en chiropratique,
pour ne donner que cet exemple. Donc, en travaillant avec l'UdeM, on a extensionné ce programme chez nous, ce qui
nous permet de former chez nous les futurs chercheurs dans ces domaines
et, qui sait, qui deviendront peut-être un jour professeurs dans ces domaines
chez nous, à l'UQTR.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Delisle. Et
il ne reste plus de temps à M. le député, alors on va passer du côté de l'opposition officielle pour le dernier bloc de
12 min 30 s. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole
est à vous.
Mme
Hivon : Merci. J'aimerais maintenant aborder la situation
financière de l'université et l'impact des compressions budgétaires. Je vous remercie parce que vous nous avez
fourni au tableau 15 beaucoup de données
que, souvent, je demande, donc, y
compris les frais indirects de recherche, donc la coupe qui s'élève à 800 000 $ dans votre cas si je suis bien le tableau. Je comprends que,
pour les exercices 2014-2015 et 2015-2016, on arrive à près de 12 millions
de demande d'effort budgétaire. Est-ce que je lis bien le tableau?
M. Roy (André G.) : En incluant 2015-2016, près de 2 millions,
1 979 000 $, qui est calculé selon les orientations budgétaires qui ont été présentées aux universités
au printemps dernier. Maintenant, on sait que les orientations budgétaires
ne sont pas encore finalisées, on les attend normalement fin août, nous a-t-on
dit. Mais le chiffre qui avait été calculé pour
l'UQTR de sa contribution, je dirais, aux coupures de 73 millions, là,
dans le secteur universitaire se chiffrait chez nous à près de
2 millions. Ça fait partie du budget actuel.
Mme
Hivon : Dans le 73 millions de 2015-2016, vous vous
attendez à avoir le 2 millions qui est là. C'est ça, c'est ce
que... Je vous suis?
M. Roy (André
G.) : Oui, c'est ça, si les orientations budgétaires, je le répète,
se...
Mme
Hivon :
...par ailleurs.
M. Roy (André
G.) : Exactement.
Mme
Hivon :
Parfait. Alors que, c'est ça, pour l'exercice précédent on était à près de
10 millions.
M. Roy (André
G.) : Oui.
Mme
Hivon :
Voilà. O.K. Donc, en fait, je voulais savoir... Il me semble que je ne l'ai pas
vu, là. Je voyais qu'on... avant l'été, on
n'avait pas encore l'information pour 2014-2015, c'est-à-dire si vous avez réussi à arriver avec un
budget équilibré.
M. Roy (André G.) : On est à travailler à mettre la main aux derniers calculs concernant
les états financiers, qui vont être adoptés
par notre conseil le 21 septembre prochain puis déposés au ministère
pour le 30 septembre prochain.
Mme
Hivon :
Pour 2014-2015?
M. Roy (André
G.) : Pour 2014‑2015.
Mme
Hivon :
Puis est-ce que vous pouvez nous dire ce à quoi vous vous attendez?
M.
Roy (André G.) : On espère
atteindre l'équilibre budgétaire pour 2014-2015. Maintenant, pour 2015-2016, compte
tenu de l'augmentation des coupures budgétaires, ça devient de plus en plus difficile. Il
faut dire qu'à l'intérieur des
compressions... D'entrée de jeu, je voudrais vous dire que — je
ne sais pas si je l'ai mentionné tout
à l'heure, là — on comprend
la situation budgétaire actuelle du gouvernement qui fait en sorte que
l'ensemble des ministères et organismes et des réseaux, des grands réseaux doivent également participer à cet
effort collectif afin d'obtenir un équilibre budgétaire.
Par ailleurs,
si on regarde de façon macro la situation à l'Université du Québec à
Trois-Rivières, vous pouvez voir que
ces compressions, qui sont récurrentes, sont importantes. Je vous parlais de
pourcentages tout à l'heure, 7,4 % par rapport à notre budget. On a réussi jusqu'à maintenant à compresser nos
budgets tout en faisant bien attention à ne pas affecter la réalisation de notre mission, qui est d'enseignement et de
recherche, et la qualité de la prestation que l'on donne. Maintenant, ça
a été quand même un exercice difficile.
Il y a eu plusieurs, je dirais, exercices qui
sont intervenus au cours de ces deux années pour voir de quelle manière on
pouvait atteindre les objectifs qui nous étaient fixés par le gouvernement pour
avoir un budget équilibré. À l'intérieur de
ça... Puis, l'an prochain, bien, on va reprendre les mêmes exercices. À
l'intérieur des coupures, si on prend le 10 millions, jusqu'à
maintenant je vous dirais que, grosso modo, 50 % de ces coupures sont des
coupures qui sont récurrentes — à l'intérieur de nos budgets, là, je parle — 50 % étaient des mesures non
récurrentes. Donc, l'exercice va toujours
être à refaire, mais on va tenter... Mais ça devient, je vous dirais... ça
devient difficile, ça devient difficile. Vous avez vu tout à l'heure l'évolution de nos budgets, les états financiers
puis les budgets, puisque, pour les deux dernières années, on ne les avait pas. Là, on l'a ici, là. À
l'écran, vous voyez que, malgré la hausse des effectifs étudiants qu'on a eue, nos
budgets n'ont pas suivi en conséquence. Donc...
• (12 h 50) •
Mme
Hivon :
O.K. Tantôt, vous disiez... Parce que c'est ça, vous m'avez... J'aimerais
comprendre comment... Là, je comprends que vous espérez atteindre
l'équilibre pour 2014-2015. Vous semblez dire que, pour 2015-2016, ça risque
d'être plus costaud. C'est quelque chose qu'on entend de beaucoup, beaucoup
d'universités. On l'entend aussi beaucoup
pour 2014-2015. Mais quelles mesures principales vous avez mises de l'avant?
Parce que, tantôt, je vous ai entendu dire — puis là vous me corrigerez — que, compte tenu de la convention
collective, je ne le sais pas, vous n'avez pas pu freiner l'embauche de professeurs ou, en tout cas,
vous avez continué l'embauche de professeurs, certaines universités ont
freiné ou n'ont pas comblé les postes vacants.
Donc, ça,
j'aimerais juste que vous me précisiez si c'est bien à cause de la convention
collective, qui prévoit que, quand il y a une augmentation, par exemple,
de l'effectif étudiant, il faut qu'il y ait tant de ratio de professeurs qui soient engagés, mais quels ont été les endroits
plus précisément qui ont été affectés administrativement, puis aussi est-ce
qu'il y a des programmes ou des cours qui
ont dû être revus dans l'offre de cours, dans l'offre de programmes, la fusion,
l'espacement dans le temps.
M. Roy
(André G.) : Écoutez, la
façon dont l'Université du Québec à Trois-Rivières a fait face à ces
compressions qui sont arrivées a deux volets, je vous dirais. Il y a le
volet administratif, à l'intérieur duquel nous avons revu les budgets... à l'intérieur des budgets de
fonctionnement, les sommes qui étaient allouées aux différents services, et il
y a eu des coupures. À l'intérieur de
ça, il y a des coupures qui sont récurrentes. Je peux peut-être vous donner un
exemple de coupure. Au service des
communications, qui relève du rectorat, on a coupé, à l'intérieur du budget de
ce secteur, 275 000 $, et
c'est une coupure qui est récurrente. Donc, il y a eu des efforts du côté...
Ça, c'est un exemple. Je ne veux pas vous défiler la liste complète des coupures qui ont lieu, mais c'est un
exemple de coupure — je vais
appeler ça des coupures administratives — qu'on a dû faire pour
atteindre l'équilibre budgétaire.
Maintenant,
il y a eu aussi des exercices d'optimisation qui ont été réalisés, notamment
par rapport à l'offre de cours. Mais,
avant de passer la parole à Sylvain, qui a travaillé très fort dans ce
dossier-là, donc l'optimisation de l'offre de cours pour, naturellement,
réduire nos dépenses, je voudrais revenir sur l'aspect corps professoral et
embauche. Effectivement, la convention
collective des professeurs à l'Université du Québec à Trois-Rivières prévoit un
plancher d'emploi avec une... je vais
appeler ça, si vous le voulez bien, une clause-ascenseur qui fait en sorte que,
lorsque l'effectif étudiant augmente,
le nombre de professeurs également augmente, et, si le nombre d'étudiants
diminue, le nombre de postes à
combler va également diminuer. Donc, c'est une obligation qui est prévue, qui a
été négociée entre les parties et qui est incluse à la convention
collective des professeurs, vos informations étaient tout à fait justes à cet
égard.
Donc, je vais
céder la parole, peut-être, à Sylvain, qui va pouvoir vous parler des mesures
d'optimisation qui ont été prises, notamment pour ce qui est de l'offre
de cours.
M. Delisle
(Sylvain) : Alors, effectivement, c'est une opération qu'on a menée...
en fait, qu'on mène chez nous depuis déjà quelques années, mais disons
que, dans le contexte des présentes compressions, qu'on a menée de façon particulièrement rigoureuse l'année dernière,
donc, ce qu'on a appelé l'optimisation de la commande de cours. Alors, les
départements commandent les activités, et ce
qu'on a été appelés à faire en collaboration avec les départements, donc avec
nos équipes professorales, on a regardé de
très près ces commandes de cours pour s'assurer qu'on minimisait dans des
limites raisonnables, sans effet négatif,
donc sans nuire au cheminement des étudiants... Alors, on a un certain nombre
de contraintes, là, évidemment, pour
s'assurer que les étudiants peuvent compléter leur programme, par exemple,
hein? On ne peut pas annuler des
cours qui empêcheraient toute une cohorte de compléter ses études. Il y a aussi
des contraintes au niveau des tâches professorales. Les professeurs qui
sont en sécurité d'emploi, bien, évidemment, on ne peut pas soudainement, du
jour au lendemain, couper toutes les activités.
On entend ça
à l'occasion, là, il faudrait fermer un programme. Fermer un programme, ça ne
nous permet pas d'agir instantanément
avec une économie instantanée. On a de nombreuses responsabilités qui font en
sorte... De même, du point de vue institutionnel, lorsqu'un étudiant s'inscrit chez nous, bien,
c'est un engagement, c'est un contrat qu'on a envers l'étudiant de lui
permettre d'arriver à terme de son programme.
Donc,
je reviens sur l'optimisation de la commande de cours. Alors, ce qu'on a regardé,
ce sont les petits groupes, les cours optionnels, par exemple, qui
étaient offerts peut-être à chaque année, alors qu'on pouvait, dans certains
cas, alterner, hein, peut-être, disons,
offrir ces cours-là à tous les deux ans, des cours répétés, qui étaient donnés
plus d'une fois dans l'année académique, ne les donner qu'une seule
fois.
Donc,
c'est le genre d'opération qu'on a menée en collaboration avec les
départements. Rien n'a été imposé, tout a été travaillé avec les départements.
De sorte que, l'an passé, pour vous donner un chiffre très précis, on a réussi,
de cette façon, à économiser une
soixantaine de cours, donc, équivalant à trois crédits, ce qui représente,
grosso modo, là, disons, de
500 000 $ à 600 000 $ d'économie dans une opération pour une
année académique. Ça va? Ça vous donne un exemple concret.
En
termes de pourcentage, ça représente combien par rapport au nombre de cours
qu'on offre dans une année? Bien,
c'est un pourcentage quand même relativement faible. Il y a un grand nombre
d'activités chez nous avec le nombre d'étudiants
et de programmes que nous avons. Ça représente peut-être un 2 %, 3 %,
disons, de compression de nombre d'activités,
je le répète, qui ne menaçaient pas le cheminement des étudiants pour compléter
leurs différents programmes.
Mme
Hivon : Je comprends bien. Je serais curieuse de savoir...
Parce que plusieurs universités nous ont dit que, là, elles avaient vraiment,
vraiment le sentiment d'avoir atteint la saturation, à peu près, dans ce
qu'elles pouvaient faire. Évidemment,
on pourrait toujours couper de 50 % les universités puis dire : Vous
offrirez ce que vous voudrez, mais après c'est tout le Québec qui va
s'en ressentir à savoir, bon, est-ce qu'on a vraiment une qualité d'offre
universitaire.
Est-ce
que vous avez le sentiment aussi qu'on est à la limite de ce qui peut être
demandé aux universités par rapport aux
efforts budgétaires pour... Est-ce que vous avez le sentiment que vous êtes
encore capables de bien vous acquitter de
votre mission? Parce que, quand on entend ça, c'est sûr qu'on peut toujours
réduire les cours, moins les offrir, mais est-ce qu'à un moment donné on
devient juste dans une catégorie autre, puis on a le sentiment qu'on ne
s'acquitte plus de notre mission autant d'enseignement que de recherche?
M. Roy (André G.) : Écoutez, effectivement, à
l'instar de mes autres collègues, on a répondu aux attentes du gouvernement, mais c'est de plus en plus difficile. Je vous parlais tout à l'heure de la façon dont on y était parvenu, avec des mesures
récurrentes et avec des mesures non récurrentes, de telle sorte qu'il faut
revoir, n'est-ce pas, pour l'an prochain
encore, trouver d'autres mesures non récurrentes pour qu'on puisse réussir à
atteindre l'équilibre budgétaire.
Je vous dirai qu'à l'université
ça devient un peu plus difficile, ça devient un peu plus, si vous me passez l'expression, essoufflant de tenter toujours
de trouver des argents pour pouvoir équilibrer le budget, alors que, vous le
voyez, les besoins sont là, les besoins de
la population sont là. On a eu des augmentations l'année dernière de l'effectif étudiant, on en prévoit une
autre parce que, compte tenu des inscriptions, je vous disais tout à l'heure
que c'était aux alentours de 6 %. Pour ce qui est de la qualité des services
qui sont offerts à l'université, écoutez, les services offerts auprès des étudiants par le corps professoral, par les
chargés de cours et par les personnels administratifs qui oeuvrent auprès
des étudiants, les gens sont toujours aussi motivés et volontaires pour faire
en sorte que l'Université du Québec à Trois-Rivières soit encore une très
grande université et offre de l'excellence. Mais, quand on voit la hauteur des compressions qui, rapidement, ont été demandées
aux universités — là, ici,
j'ai le tableau uniquement pour l'UQTR — oui, c'est difficile, oui, c'est difficile, et, l'an prochain, on va voir ce
qu'il en est, là, avec... quand on aura l'ensemble du portrait. On
espère que ça va se...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. Roy. Malheureusement, il ne reste
plus de temps.
Alors,
à mon tour de remercier tous les dirigeants qui sont ici de l'Université du
Québec à Trois-Rivières : M. Roy, Mme Giguère,
M. Delisle, M. Malo et M. Mantha. Merci pour votre contribution
à la commission.
Alors, je suspends
les travaux de la commission jusqu'à 14 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 14 h 30)
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi à
tous. Alors, je souhaite la bienvenue aux dirigeants de l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Je vous rappelle que vous...
Une voix :
Non, non, non...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mon Dieu! Bien oui, c'est ça. Excusez-moi. Eh là! Eh oui! Alors, effectivement, c'est... Je vous souhaite la
bienvenue. Ce sont les dirigeants de l'Université du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 20 minutes pour votre exposé,
et, par la suite, on passera à la période d'échange entre les parlementaires.
Je vous demanderai juste de vous identifier
et identifier les personnes qui vous accompagnent avant de débuter l'exposé. Et
je vous cède la parole, la parole est à vous.
Université
du Québec (UQ)
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Alors, à ma gauche, Mme Lyne Sauvageau, vice-présidente à l'enseignement et à la recherche; à ma droite, Mme Isabelle Boucher, vice-présidente à l'administration, ainsi que M. Denis Marchand, qui est le
directeur de la recherche institutionnelle.
Nous sommes
très heureux de pouvoir vous rendre compte des réalisations et de l'évolution
du réseau de l'Université du
Québec au cours des dernières années.
Notre présentation se fera en trois parties. Un
bref rappel de ce qu'est l'Université du Québec. Puis, à titre de mémoire aussi, je mentionne quels sont les
établissements qui font partie de l'Université du Québec : l'UQAM; l'UQTR,
que vous avez vue ce matin; l'UQAR, à
Rimouski, que vous avez vue hier, de mémoire; l'UQAC, qui est à Chicoutimi,
que vous avez aussi vue récemment; l'UQO
également, l'UQAT qui sont des établissements à vocation générale; et, dans le
réseau, quatre établissements spécialisés sont aussi regroupés, c'est-à-dire
l'École de technologie supérieure, l'ENAP, l'Institut national de recherche scientifique et la Télé-université.
Alors, c'est un réseau de 10 établissements avec un siège social,
une équipe réseau.
Alors, nous vous expliquerons, avec l'aide de
mes deux collègues, quelles sont les retombées pour la société québécoise de ce réseau d'universités, réseau qui
est unique au Canada. Et nous nous attarderons sur notre rôle spécifique
comme siège social et sur la façon dont nous
travaillons avec les établissements à la poursuite de leurs objectifs et à la
réalisation de leur mission telle qu'elle nous a été confiée par le
législateur.
En effet, en
1968, l'Assemblée législative de l'époque a confié à l'université et au réseau
d'établissements une mission universitaire complète dans le plein sens
du terme, enseignement, recherche et service aux collectivités, une mission
placée au service du développement du Québec en entier et de ses régions.
Les 10 établissements du réseau sont
pleinement autonomes et ont en commun trois valeurs qui président aux destinées
de notre ensemble, c'est-à-dire l'accessibilité, l'excellence et l'ancrage dans
leurs milieux respectifs.
Les
établissements du réseau jouent un rôle unique et fondamental pour le Québec.
Le mandat qui nous a été confié consiste à contribuer à la
démocratisation de l'éducation, à favoriser l'équité d'accès, à développer des
créneaux de formation et de recherche
originaux, à dynamiser les milieux scientifiques et professionnels. Bref, nous
avons comme mandat de contribuer au
développement social, économique et culturel de l'ensemble du Québec dans
toutes les régions.
Je vais demander à Mme Sauvageau, notre
vice-présidente à l'enseignement et à la recherche, d'expliquer comment les
établissements peuvent conjuguer excellence et accessibilité et de nous
présenter les retombées de la présence des universités du réseau sur tout le
territoire québécois.
Mme Sauvageau (Lyne) : Alors, les
établissements du réseau portent avec beaucoup de fierté leur mission d'accessibilité socioéconomique et géographique.
C'est en grande partie notre raison
d'être. C'est 100 000 personnes,
aujourd'hui, qui étudient dans un
établissement du réseau, et un diplômé sur trois au Québec est un diplômé d'un établissement du réseau. Je soulignerais que près
de la moitié des membres de la commission ont fréquenté un établissement
du réseau de l'Université du Québec.
Par le profil
des étudiants qu'ils reçoivent, les établissements, en fait, nous montrent que
leur mission est bien remplie.
Aujourd'hui, 60 % des étudiants qui fréquentent un établissement du réseau
ont des parents qui ne sont pas allés à l'université. Ça veut dire beaucoup de choses. Les étudiants qui
fréquentent les établissements du réseau sont, en moyenne, plus âgés, ont plus souvent eu un parcours non
linéaire de formation et combinent dans des plus fortes proportions le travail,
la famille et les études. En conséquence,
une bonne proportion d'entre eux cheminent à temps partiel. En fait, 46 %
des étudiants du réseau cheminent à temps partiel.
Les données
sur cette diapositive-là sont très, très éloquentes en matière de contribution
au développement et à la formation au
Québec. Dans plusieurs domaines, le réseau est le premier formateur de
main-d'oeuvre hautement qualifiée et de professionnels au Québec. Comme
vous le voyez, les établissements du réseau forment 40 % des psychologues québécois, 45 % de toutes les infirmières
bachelières du Québec, 55 % des travailleurs sociaux, tous les
chiropraticiens, les podiatres, tous les sexologues du Québec. La moitié
des enseignants au Québec et des comptables et plus du quart des ingénieurs
québécois ont étudié dans un établissement du réseau de l'Université du Québec.
La moitié d'entre vous — je
vous l'ai dit tout à l'heure — a fréquenté un établissement du réseau.
Pour arriver
à ces résultats, les établissements ont mis en commun et mettent encore en
commun l'expertise de leurs
professeurs dans le développement et dans l'offre de programmes. 75 % des
programmes offerts conjointement au Québec
impliquent un établissement du réseau, et 50 % de ces programmes-là sont
exclusifs aux établissements du réseau. C'est pour ça qu'on dit entre
nous, à l'interne, que la collaboration est inscrite dans nos gènes.
Permettez-moi
de vous entretenir un peu de notre avenir collectif. On a tendance à penser
qu'après le rattrapage des années 70
et 80 nous n'avons plus de défis en matière d'accessibilité au Québec.
Pourtant, les données suivantes nous montrent
que la partie n'est pas vraiment gagnée. Le Québec accuse toujours un retard
significatif par rapport au reste du
Canada en matière de taux de diplomation, et le Canada, lui, est en perte de
vitesse quand on le compare aux pays de l'OCDE. Le maintien de nos
efforts en matière d'accès aux études est toujours d'actualité, et ce, surtout
en région.
Il faut aussi poursuivre nos efforts en matière
d'équité d'accès aux études universitaires parce que le Québec — et vous
avez un rapport qui est sur votre clé USB — a besoin de tous ses talents. Je vous donne
un exemple. À résultats scolaires
égaux, les étudiants de première génération ont trois fois moins de chance
d'aller à l'université que leurs amis
dont les parents ont fréquenté l'université. C'est aussi le cas des étudiants
autochtones, c'est le cas aussi des étudiants
qui sont issus de familles à faibles revenus. Le graphique que vous voyez ici
se trouve dans le rapport, comme je vous ai dit, qui est sur votre clé
USB qu'on vous a remise, qui est devant vous.
Vous allez me dire : C'est beau,
l'accessibilité, mais est-ce qu'on sacrifie la qualité pour avoir ça? Eh bien,
non, certainement pas. Les commentaires qu'on entend ou qu'on lit
parfois sur la qualité des établissements du réseau reposent sur une méconnaissance des mécanismes d'assurance qualité qui
existent au Québec, au Canada, pour maintenir l'excellence de nos
formations. Tous les programmes de grade offerts au Québec passent et sont
assujettis par les mêmes processus et les
mêmes comités d'évaluation. Les organismes d'agrément exercent exactement la
même rigueur pour tous les programmes
qu'ils certifient, peu importe l'université qui l'offre, bien sûr. Les diplômés
passent par les mêmes examens, par les mêmes ordres professionnels.
• (14 h 40) •
En
matière de recherche aussi, le Québec peut être fier de la performance des
établissements du réseau. Toutes les demandes
de subvention faites aux organismes qui financent la recherche sont soumises
aux mêmes processus d'évaluation, peu importe l'université dans laquelle
le chercheur travaille. Et, si on regarde en termes de résultats en matière de
financement de la recherche, les données que nous vous présentons sont
éloquentes également. Sur les 90 universités canadiennes, l'Université du
Québec dans son ensemble se situe au
septième rang pour la recherche en sciences naturelles et en génie au Canada, au troisième rang pour
la recherche en sciences sociales, humaines, en arts et en lettres. Et, dans le
domaine de la santé, si on exclut les universités
avec faculté de médecine, le réseau de l'Université
du Québec se classe au deuxième
rang au Canada.
Et
ça, bien sûr, ça repose sur des performances des établissements comme... je veux dire, individuellement. Si on regarde, huit établissements du réseau se
classent parmi les 50 premières universités
de recherche au Canada. Si on compte le
financement de la recherche subventionnée, si on regarde les montants de
recherche subventionnée, six établissements se classent parmi les 30 premières universités canadiennes quand on
parle d'intensité de recherche, dollar moyen par professeur. Ce sont des résultats qui sont très éloquents. Le Québec est
performant dans l'ensemble du Canada, c'est aussi parce que les
établissements du réseau y contribuent très fortement, à cette performance
d'ensemble.
C'est
donc un instrument puissant de transformation sociale que nous avons entre nos
mains, et la recherche qui est
développée, elle est souvent développée sur des créneaux qui sont ancrés et
pertinents aux besoins des milieux. Donc, on parle de gestion durable
des ressources naturelles, je pense l'eau, la forêt, l'aluminium, le
sous-sol québécois, les richesses naturelles, le développement des villes, des
régions et des communautés, le développement territorial. Les établissements développent des recherches de
pointe dans le domaine de la recherche-création, dans la pratique des arts
et dans le domaine de la santé, du génie et de la gestion, bien sûr en incluant
l'administration publique.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Merci. Je voudrais juste me rattraper sur le fait que la
clé USB que vous avez comprend notamment tous ces rapports-là et quelques
autres éléments de documentation que nous vous fournissons.
Donc, on voit comment
les établissements du réseau sont importants pour le Québec par les
réalisations en enseignement, en recherche
et création et en services à la collectivité. Mme Boucher va maintenant
s'attarder à la façon dont on travaille en réseau avec et pour les
établissements. Mme Boucher.
Mme Boucher (Isabelle) : Merci. Alors, l'approche réseau que nous avons
mise en place il y a déjà quelques années
repose sur une prémisse essentielle. Le siège social de l'Université du
Québec... ou plutôt l'équipe réseau, comme on aime l'appeler, est au service des établissements. C'est en appuyant
les établissements dans leurs projets, en les conseillant et en les soutenant tout au long de leurs réalisations que
nous apportons une plus-value au réseau. C'est dans cet esprit que nous avons pris trois engagements
envers les établissements : soutenir la collaboration et la concertation
entre eux, conjuguer les efforts ainsi que les moyens pour qu'ils se renforcent
et bénéficient d'économies d'échelle et déployer
une expertise de pointe et des ressources que chaque établissement pourrait
plus difficilement s'offrir sur une base individuelle.
Le
travail en réseau est d'abord alimenté par des tables de concertation, des
groupes de travail et d'intervention et
des communautés de pratique qui abordent des thématiques qui se situent autant
du côté des affaires administratives que
du côté de l'enseignement et de la recherche. Le réseau est aussi fondé sur les
travaux des instances auxquelles siègent tous les établissements ainsi
que des représentants de toutes les composantes des communautés universitaires
et des membres socioéconomiques, ce qui nous permet d'exercer nos obligations
légales en tant qu'université.
Cette
façon d'interagir en réseau offre des opportunités de partage et d'échange
d'information, de mise en commun des
savoirs et de développement des compétences. Les lieux et les occasions
d'échange à tous les niveaux constituent le coeur de ce qu'est le réseau de l'Université du Québec. Ils sont la
source d'où émerge la synergie favorisant les activités communes qui permettent d'importantes économies
d'échelle, comme c'est le cas pour les activités qui sont énumérées ici. Nous alimentons, en effet, une collaboration
étroite entre les établissements pour la gestion de leurs bibliothèques.
Nous effectuons des achats regroupés de
logiciels utilisés à des fins d'enseignement qui permettent des économies directes
importantes. Nous opérons pour tous les
établissements du réseau la gestion des emprunts relatifs aux dépenses
d'investissement subventionnées. Les
établissements peuvent également compter sur des services en matière de
technologies de l'information et des communications offerts par l'équipe
de notre centre de services communs.
Des économies
importantes pour les établissements ont pu être réinvesties dans
l'enseignement, la recherche et les services
aux collectivités grâce au développement collectif de systèmes de gestion
informatisés en fonction des besoins des
établissements, de leurs priorités et des ressources qu'ils souhaitent y
consacrer. Au cours des dernières années, des efforts importants ont été consacrés à la modernisation du système
collectif de déclaration des effectifs étudiants ainsi qu'au développement et à l'implantation d'un
système partagé de déclaration des financements de recherche et d'un système
intégré de gestion administrative.
En
se regroupant, les établissements constituent des masses critiques leur
permettant de mieux remplir leur mission. Par exemple, le Fonds de développement académique du réseau, qu'on appelle aussi le
FODAR, leur permet d'investir dans
des projets communs de plus grande envergure. Le regroupement permet également
aux établissements d'utiliser leurs ressources de façon
optimale pour la gestion des régimes collectifs d'avantages sociaux offerts à
leur personnel. Je parle ici du Régime de
retraite de l'Université du Québec, qui gère 3 milliards d'actif et est
capitalisé à 99 %. Je parle
aussi du régime de retraite des chargés de cours et d'un régime d'assurance
collective qui est offert à l'ensemble
des employés de tout le réseau de l'Université du Québec.
C'est
en soutenant la collaboration et en appuyant de tels projets communs que nous
avons pu développer une expertise de pointe que nous déployons auprès
des établissements. Nous offrons notamment un service de recherche institutionnelle, qui est piloté par
M. Marchand, qui produit ses
propres enquêtes sur les étudiants, les programmes d'études,
les conditions de réussite, les professeurs, la performance en recherche, le
personnel, les coûts de gestion, etc., et qui alimente
les établissements en information stratégique et utile à la prise de décision.
Ce service coordonne la participation des
établissements du réseau à des enquêtes nationales et internationales qui nous
permettent de nous comparer aux autres universités
québécoises, canadiennes et américaines. Nous accordons une très grande
importante aux analyses comparatives, qui permettent de positionner et
d'améliorer de façon continue notre action.
Nous
soutenons également la production d'études et d'avis collectifs sur des
thématiques relatives à la mission universitaire.
Donc, je vous réfère encore une fois à la clé USB qui vous a été remise et qui
comprend des exemples de ces productions.
S'ajoutent à ces études et avis des rapports issus de groupes de travail
réseau, par exemple, récemment, sur les étudiants en situation de
handicap et sur le libre accès.
Au
final, notre travail avec les établissements nous permet de leur offrir des conseils à valeur
ajoutée dans des domaines
indispensables à la réalisation de la mission universitaire comme, par exemple, le développement de programmes d'études ou l'évaluation des programmes d'études et aussi en appui aux
fonctions administratives, là où les exigences de reddition de comptes
sont de plus en plus nombreuses et lourdes, il convient de le souligner.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Alors, nous avons un modèle unique qui s'appuie sur
l'autonomie complète des établissements avec leurs propres instances, mais aussi sur les
bénéfices qu'ils peuvent tirer de la concertation et de la collaboration.
Au cours de ma
carrière, j'ai toujours trouvé très inspirantes les responsabilités confiées au
ministre par la loi constitutive de son ministère.
Il s'agit de favoriser l'accès aux formes les plus élevées du savoir et de la
culture, notamment par le développement des connaissances et des compétences, à toute
personne qui en a la volonté et l'aptitude. Il s'agit aussi de voir à l'élévation du niveau
scientifique, culturel et professionnel de la population québécoise.
Ces objectifs sont vraiment au coeur de notre action, ils sont au coeur de la
mission des établissements de l'Université
du Québec depuis près de
50 ans.
D'ailleurs,
il faut le rappeler, le financement de nos universités
ne représente pas une dépense, mais un investissement
pour l'avenir du Québec. Dans le cas de l'Université du Québec, pour chaque
dollar investi, ce sont des retombées
de 6 $ qui sont produites à Montréal et à Québec, bien sûr, c'est certain,
mais aussi dans toutes les régions.
Le réseau de
l'Université du Québec est un écosystème en constante évolution. L'expression
des besoins des établissements et la volonté
de travailler ensemble guident notre action. Peu importent les modalités, le
mandat d'accessibilité à
l'enseignement supérieur, le développement scientifique du Québec et le
développement des régions continueront de motiver notre action. Je vous
remercie de votre attention.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, merci beaucoup pour votre
exposé. On va passer à la période d'échange et on va passer du côté du gouvernement pour une période de
16 min 30 s. Alors, je cède la parole au député de Sherbrooke.
M.
Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, Mme la présidente. Mesdames
messieurs, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Merci beaucoup pour votre présentation. Moi, pour ma part, ça m'a permis d'en
apprendre plus sur le rôle du siège
social à l'égard des établissements de votre réseau. Mais, par contre, mes
questions vont avoir pour but d'approfondir ces connaissances-là, de... vraiment davantage des questions orientées
vers le siège social que sur l'ensemble du réseau.
Tout
d'abord, une petite question technique pour vous, j'aimerais que vous puissiez
me confirmer le budget de fonctionnement de l'Université du Québec, du
siège social uniquement.
• (14 h 50) •
Mme Boucher
(Isabelle) : Oui. Alors, en subventions gouvernementales pour l'année
qui s'est terminée au 30 avril 2014, il
s'agissait de 15,6 millions qui avaient été versés au siège social de
l'Université du Québec. Il y a eu d'autres revenus aussi, principalement des revenus de source immobilière. Mais il
faut dire que, sur ces revenus propres là, qui sont de l'ordre de 26 millions, l'Université du Québec
agit comme fiduciaire pour les établissements, donc il
y a une partie de cet argent-là qui
est réinvesti dans des programmes réseau, entre autres. Alors, en tant que tel,
pour le fonctionnement du
siège social, on parle de 13, 14 millions de dollars par année.
M.
Fortin (Sherbrooke) : O.K. Et,
de ce 13, 14 millions de dollars là par année, est-ce que vous êtes capable
de me dire quelle proportion va en frais d'administration pour le siège social?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Bien,
écoutez, il faut comprendre que le siège social est un organisme administratif, donc il n'y a pas
de professeur qui y oeuvre ou qui y enseigne, mais...
M.
Fortin (Sherbrooke) : Je comprends, oui, mais vous dites que, dans
votre mission, que vous avez un rôle de support, notamment au niveau académique, de vos établissements, mais
vous n'avez pas, donc, uniquement une vocation administrative. Mais je voudrais savoir, dans l'ensemble de votre
mission, quelle proportion va à vos frais d'administration.
Mme Beauchamp (Sylvie) : Bien,
écoutez, la vice-présidence à l'enseignement et à la recherche appuie essentiellement la mission académique. Il y a
aussi des responsabilités, je dirais, légales qui nous sont confiées par la loi
et des responsabilités qui sont au niveau
administratif. Mais est-ce que, Mme la vice-présidente, vous êtes en mesure de
caractériser les fonctions, je dirais, administratives?
Mme
Boucher (Isabelle) : On ne l'a
jamais fait sous cet angle-là, mais je peux vous dire qu'environ 80 % de
nos dépenses sont orientées vers des
services aux établissements. Alors, parfois, ça va être des services
administratifs, mais ce sont des services externes. Les services
internes doivent être de l'ordre d'à peu près 20 %.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien. Si jamais vous avez une confirmation ou une
infirmation, si vous pouvez les communiquer au secrétariat de la
commission, je pense que les membres apprécieraient beaucoup. Je...
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Juste un petit rappel pour vous dire que, pour
les frais administratifs de l'ensemble du
réseau, on est à peu près — pour l'ensemble du réseau incluant le siège social — à 14 %, ce qui est bien en deçà de la
moyenne, je dirais, des établissements en
général. Alors, c'est une partie de votre réponse. Je m'excuse de
l'interruption.
M. Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup. Vous parliez dans votre présentation des activités
communes. Vous avez donné l'exemple
de la gestion des bibliothèques, des achats regroupés de logiciels et vous
dites aussi précédemment dans votre
présentation qu'évidemment tous les établissements membres du réseau ont une
autonomie juridique, donc sont autonomes. Alors, en ce sens-là, est-ce
qu'il y a une obligation de faire partie de ces activités communes là, par exemple, les exemples que vous avez donnés,
gestion des bibliothèques, achats regroupés? Est-ce qu'il y a une obligation
légale des établissements de faire partie de ces activités communes là que vous
faites?
Mme Beauchamp (Sylvie) : Non. Non.
En fait, par exemple, notre système de gestion administrative, qui s'appelle SAFIRH, regroupe la majorité des
établissements, neuf établissements sur 10, donc il y en a un qui préfère avoir
un système autonome très voisin. Et il y a
aussi un établissement hors du réseau, l'École polytechnique, qui adhère à ce
système de gestion administrative. Alors, la
plupart du temps, ce n'est pas basé sur une obligation légale. Il existe des
obligations légales, mais le travail de mise
en commun des expertises n'est pas obligatoire, et ça varie beaucoup selon
les services. Mme Sauvageau.
Mme
Sauvageau (Lyne) : Je dirais
que, par exemple, dans la gestion intégrée des bibliothèques, c'est issu d'un
besoin de s'unir qui fait en sorte qu'on
dote les établissements de systèmes intégrés de gestion. Donc, on part, je
dirais, des besoins exprimés et de la
volonté des établissements de se doter en commun de systèmes, et là on part sur
cette base-là. Habituellement, sur les
systèmes dont on a parlé tout à l'heure, c'est une vaste majorité
d'établissements, sinon la totalité, et
se joignent même des établissements hors réseau qui veulent se doter de ces
systèmes-là parce qu'ils sont, justement, basés sur les besoins exprimés et développés en réponse à ces besoins.
Ils sont aussi pilotés collectivement, donc ce n'est pas le siège social décide, c'est-à-dire ces
systèmes-là sont pilotés sur une base collective et, je dirais, la plupart du
temps, consensuelle.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Alors, je comprends que la participation aux activités
communes se fait sur une base volontaire,
mais vous avez dit dans votre réponse qu'il y avait certaines obligations aussi
à l'égard du siège social. Alors, quelles sont les obligations des
établissements membres du réseau à votre égard?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Écoutez, le modèle de l'Université du Québec est
un modèle assez original — en fait, très original
et unique — parce
qu'il y a effectivement les conseils d'administration des établissements qui
président aux destinées et à la planification stratégique des objectifs
et des visions qui sont partagés. La Loi de l'Université du Québec crée un certain nombre d'instances qui
sont, je dirais, gérées centralement avec les chefs d'établissement, avec
des membres socioéconomiques — je parle de l'Assemblée de gouverneurs — un conseil des études, mais où on essaie de tourner l'activité vers les besoins des
établissements. Et il y a évidemment aussi, comme ma collègue l'a dit tantôt,
des tables d'échange, des commissions, qu'on appelle, et la Loi de l'Université
du Québec est comme déclinée dans une
réglementation qui a évolué au cours du temps et qui est consignée dans la Gazette
officielle du Québec. Alors, c'est un ensemble, donc, de responsabilités qui sont à la fois, je
dirais, académiques, administratives, financières et les ressources.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup. Merci de
votre réponse. Je voudrais maintenant aborder un autre aspect avec vous en regard du support que vous offrez aux établissements
qui sont membres de votre réseau. On a vécu deux situations qui ont été assez médiatisées récemment. On a parlé
beaucoup ce matin de la situation à l'UQTR, il y a eu la question de l'accessibilité aux salles de classe à
l'UQAM aussi ce printemps. Alors, je voulais savoir si vous, vous avez été amenés ou appelés par
l'UQAM ou l'UQTR à jouer un rôle dans les situations qu'elles ont vécues
récemment, quel type de support que vous leur avez offert.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Le support est, je dirais, à plusieurs
dimensions. Il y a évidemment des instances, et, à cet égard-là, les étapes, pour l'Université du Québec à
Trois-Rivières, entre autres, ont été franchies de façon tout à fait
correcte. Maintenant, on était aussi conscients des difficultés qui se
présentaient. On a pleinement collaboré, par exemple,
parce qu'on était une entité vérifiée par le Vérificateur général dans le
dossier de l'UQTR. Alors, on a pleinement collaboré en ouvrant tout ce qu'on pouvait donner comme information. Et,
à certains égards aussi, on a un rôle plus informel qui est de conseil,
de médiation, de conciliation aussi dans certains dossiers.
Par ailleurs,
les établissements ont leur pleine responsabilité juridique, administrative et
académique, mais, en ce qui concerne
les objectifs, par exemple, d'un campus à Drummondville, ce sont des objectifs
que nous partagions avec l'UQTR. On
considère que c'était un besoin auquel on se devait de répondre collectivement
et en appuyant l'UQTR parce que les
communautés impliquées étaient en très grande demande et avaient, entre autres,
contribué à doter la Fondation de
l'Université du Québec à Trois-Rivières d'un montant substantiel. Et, comme le
taux de diplômes dans la région était assez
faible, et même un des plus faibles au Québec, si ce n'est le plus faible, nous
pensions que c'était une excellente initiative.
Est-ce que tout s'est fait parfaitement? Visiblement, non, mais on a été à pied
d'oeuvre de plusieurs façons.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député, si vous voulez.
M. Fortin (Sherbrooke) : Il me
reste...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste six minutes.
• (15 heures) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien. J'aurais une question maintenant peut-être
plus sur l'ensemble du réseau cette
fois-ci. J'en ai parlé un petit peu avec l'UQTR ce matin, une espèce de sentiment de compétitivité
qui existe dans le réseau
universitaire au Québec, je
pense qu'on ne va pas se le cacher,
une compétition pour attirer les professeurs, une compétition pour attirer les étudiants. Mais,
entre les membres de votre réseau, est-ce
que vous sentez qu'il y a
plus une complémentarité dans l'offre
qui est offerte aux Québécois et aux étudiants étrangers ou certains établissements sont en compétition un avec les autres pour les mêmes programmes
donnés?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : C'est
une question de perception, je vais y aller avec la mienne, évidemment. Mais non, je ne sens pas de
concurrence entre les établissements du réseau de l'Université du Québec. Mais,
préalablement, la concurrence ou la
compétition qui est valorisée dans le milieu du secteur privé n'est pas nécessairement automatiquement mauvaise dans
le milieu universitaire, il y a de l'émulation aussi qui peut se faire. Mais,
dans le réseau de l'Université
du Québec, il faut comprendre que notre mission d'accessibilité sur le territoire
a fait que l'offre délocalisée s'est développée dans des régions qui étaient beaucoup moins desservies et pour lesquelles il n'y a pas beaucoup,
je dirais, de présence d'autres universités.
Et, quand ça s'est fait, ça s'est fait sur des programmes qui n'étaient pas
offerts autrement et ça s'est toujours fait en réponse à des demandes du
milieu.
Quand on
parle du campus à Lévis, il faut se rappeler que la demande était très forte même
pour une université complètement
autonome sur la Rive-Sud de Québec. Quand on parle du campus de Saint-Jérôme,
c'est une région démographique en croissance
très intense. Alors, cette présence sur le territoire fait que les établissements, en général, sont... Je ne sais pas, l'UQAT, par exemple, Abitibi-Témiscamingue,
va aller jusqu'à Mont-Laurier, mais, en bas de Mont-Laurier, ça va être l'UQO. Donc, il y a comme une espèce de, je
dirais, collaboration. Et Lyne Sauvageau en a parlé tantôt, mais la collaboration est vraiment
inscrite dans les gènes, dans le sens que les programmes conjoints ont été développés souvent en prenant un programme
qui appartient, disons, pour... Disons, un exemple concret, le programme de
service social de l'UQAT a été donné par l'UQAT à l'UQAR jusqu'à ce que l'UQAR
à Lévis ait suffisamment de masse critique
en termes de professeurs et d'étudiants pour autonomiser le programme.
Alors, on part souvent d'une, disons... une offre délocalisée dans une université membre, on va ensuite vers un programme
conjoint dans beaucoup de cas — donc,
les deux universités sont responsables du
programme — et
on va après vers une autonomisation, qu'on appelle, du programme
une fois que la maturité du programme,
de l'équipe de professeurs et des
étudiants est, je dirais, suffisante.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste deux minutes, M. le député de Sherbrooke.
M. Fortin
(Sherbrooke) : On va les
repousser au prochain bloc, madame. Merci
beaucoup pour vos réponses.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle pour un bloc de
14 minutes et quelques secondes. Alors, Mme la députée de Joliette,
la parole est à vous.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup. Alors, bienvenue à vous
quatre, Mme la présidente et toute votre équipe. Je suis très heureuse d'avoir cette occasion d'échanger
avec vous, surtout qu'on a entendu beaucoup, beaucoup des composantes, en fait, qui ont leur identité propre, leur entité propre, mais, au
cours des derniers jours, donc, c'est intéressant de mettre tous les morceaux ensemble.
J'aimerais peut-être
qu'on regarde la situation financière pour bien comprendre où vous en êtes
puis aussi, je vous dirais, les
sources de revenus, parce qu'on voit que certaines sources de revenus fluctuent
beaucoup, donc, quand on est moins familier avec les activités,
vraiment, du siège
social, pour bien comprendre ce qui
est de votre ressort versus des entités. Moi, la dernière donnée que j'ai,
c'est que la subvention du ministère pour 2013-2014 était de 15,5 millions. Est-ce que vous êtes en
mesure de nous donner les montants de la subvention pour 2014-2015 et 2015-2016?
Mme Boucher (Isabelle) : Je ne les sais pas par coeur et je n'ai pas les
chiffres avec moi, mais c'est certain qu'on peut vous les transmettre.
Mme
Hivon :
Ou bien l'ordre de la compression que vous avez...
Mme Boucher (Isabelle) :
Ah, mon Dieu! O.K. Il faut dire une chose, c'est que les compressions qui ont
été appliquées par le gouvernement l'étaient souvent par rapport au financement prévu grâce à la formule de financement, ce qui veut dire qu'il
pouvait y avoir des indexations de certaines subventions, alors qu'au global on
coupait certains autres éléments. Ce
qui fait, que ces dernières années, la subvention est restée pas mal au même
niveau, ce qui ne nous permettait pas
de faire face aux coûts fixes qui augmentent dans le temps. Et donc, pour la
dernière année, pour l'année 2015-2016, on est
encore un peu dans le flou parce que le gouvernement a annoncé une coupure d'un peu plus de 70 millions dans l'ensemble du réseau universitaire et n'a déposé qu'une proposition
pour consultation dans la façon d'appliquer ces coupures-là.
Alors,
nous, ce qu'on avait anticipé avec nos budgets, c'est qu'on allait avoir à peu près
350 000 $ de moins que
ce qu'on avait prévu en fonction de
l'application habituelle de la formule de financement, mais, dans ce qui a été
soumis à la consultation par le
gouvernement, le siège social perdrait 1 million. Alors, on ne sait pas encore
à quel endroit ça va se terminer,
puisqu'évidemment, quand c'est soumis à une consultation... On a eu l'occasion
de faire valoir le fait qu'une compression
de 1 million pour le siège social, c'est bien au-delà de son poids dans le
système universitaire québécois si on répartit, là, une compression de
70 millions, mais on ne sait toujours pas à quelle enseigne le ministère
va terminer.
Mme
Hivon : ...il y a d'autres entités qui nous ont donné le
chiffre. Donc, vous, le chiffre qui aurait été soumis, c'est 1 million...
Mme Boucher
(Isabelle) : 1 million.
Mme
Hivon : ...mais vous, vous vous seriez attendus, compte tenu
de votre poids relatif, autour de 350 000 $. Est-ce que j'ai
compris correctement?
Mme Boucher
(Isabelle) : Oui, tout à fait.
Mme
Hivon : O.K. Parfait. Parce qu'on voit que vous avez déjà
pris des mesures, je vous en félicite, sauf si vous m'annoncez que la
coupe de salaire de 5 % qu'on a apprise a été compensée par des
bonifications d'après-mandat...
Une voix :
Non.
Mme
Hivon : Non? C'est beau, on ne fera pas les manchettes avec
ça aujourd'hui. Donc, je comprends qu'il y a eu une décision vraiment à l'Université du Québec, au siège social, un
peu de prévoir... Parce qu'en fait vous l'avez fait de manière un peu
préventive, vous l'avez fait par rapport à ce qui s'est passé dans la dernière
année pour éviter des problèmes futurs ou en
prévision de ce que 2015-2016 vous annonce. Parce que j'ai vu que la haute
direction, c'est 5 % de coupes, les professionnels, 2 %, puis
les cadres, 3 %. C'est ça?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : C'est ça, puis il y a des employés de soutien sur
une base volontaire. La moitié, quand même, c'est bon. La moitié a
accepté une coupe...
Mme
Hivon :
...volontaire O.K.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : ... — oui — pour préserver des emplois. Mais toutes les
réponses que vous avez données sont
des bonnes réponses, c'est-à-dire qu'on l'a fait par rapport à la situation
antérieure, on l'a fait aussi par rapport à l'année en cours en se disant que ce sont des années difficiles. Et
peut-être que ce qu'il est intéressant de savoir pour le global, étant
donné que... c'est l'ampleur des compressions, Isabelle, pour l'ensemble des
universités.
Mme Boucher (Isabelle) : On est rendu à plus de 250 millions qu'il
manque à la formule de financement pour les universités cette année.
Donc, les coupures se sont accumulées, et il manque plus de 250 millions.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Par rapport à la première année où ça a été coupé.
Mme
Hivon : Oui. O.K. Puis est-ce que vous avez procédé à
d'autres mesures de compression des dépenses ou essentiellement c'est
par la baisse de la rémunération que vous y êtes allés?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : On a fait plusieurs itérations dans les
compressions de dépenses. Il y en a eu plusieurs, et, en fonction des
résultats pour les orientations et les règles budgétaires de l'année en cours,
on va devoir s'ajuster également.
Et je veux juste vous dire qu'en ce qui concerne les cadres supérieurs de
l'Université du Québec les conditions de travail, elles sont publiques. Il n'y a pas d'ententes confidentielles,
c'est tout connu, là, on ne peut pas avoir de surprise au-delà de ce que
vous savez déjà. Mais Isabelle peut peut-être compléter sur les mesures...
• (15 h 10) •
Mme Boucher (Isabelle) : Sur les
budgets et les compressions. Ça fait déjà quelques années, donc, que nos subventions n'évoluent pas au rythme prévu et au
rythme, donc, des coûts fixes qui augmentent. L'énergie continue à augmenter, même si les subventions ne suivent pas,
ce genre de choses là. Alors, on a déjà dû commencer, depuis 2012-2013,
à mettre en place des mesures. Les premières
qu'on a mises, c'est de l'attrition.
Alors, chaque fois que quelqu'un quitte, on se pose la question à savoir si on a les moyens de le remplacer, si
on doit remplacer la personne autrement, ce genre de choses là. Là,
cette année, on arrive un petit peu plus loin, on doit penser à reporter des
projets, à retarder certains investissements
qu'on fait avec notre fonds de fonctionnement, et c'est ça, on contrôle la
masse salariale, qui représente quand même à peu près 80 % de notre
budget. Alors, c'est là que ça se joue.
Mme
Hivon :
Parce que je notais que, dans... en tout cas, pour les cinq dernières années
pour lesquelles on a les données, il
y avait eu une augmentation du nombre d'effectifs employés au siège social d'à
peu près, je pense, 10 %. 10 %, je comprends qu'il y a eu une diminution dans les dernières années, mais
j'aimerais que vous me dressiez un peu ce qui peut avoir expliqué l'augmentation. La diminution, j'imagine qu'on peut
l'imaginer, c'est l'attrition, puis on ne remplace plus les postes vacants. Puis est-ce que ce
phénomène-là, parce que, là, on n'a pas les deux dernières années... est-ce que
la baisse des effectifs se confirme, la baisse du nombre d'employés?
Mme Boucher (Isabelle) : Pour la
dernière année, on vient de passer un plan d'effectifs, on a coupé encore quelques postes. Alors, oui, c'est en diminution.
Avant ça, les augmentations que vous avez pu observer étaient notamment dues... On a eu des financements externes qui nous
ont permis d'embaucher des ressources pour faire des projets spéciaux.
Quand ces financements-là sont terminés, on doit aussi mettre fin souvent aux
emplois qui sont reliés. Donc, ça peut influencer aussi la fluctuation des
effectifs.
Et il faut
dire aussi qu'on a des services autofinancés. Par exemple, je pense au Centre
de services communs chez nous, qui
est un centre de services de technologies de l'information et des
communications, il fonctionne majoritairement sur la base du financement qui provient des établissements du réseau,
donc, qui se paient ensemble des services, et, quand le financement des établissements du réseau
augmente, on peut offrir davantage de personnels qui sont là en soutien aux
établissements pour la réalisation de projets. On a eu des projets
informatiques majeurs, entre autres, justement, le système SAFIRH, qui a été livré il y a quelques
années. Alors, pendant les quelques années précédentes, il y a eu passablement
d'embauche de ce côté-là pour s'assurer de développer le système.
Mme
Hivon :
Puis ce qui pourrait expliquer aussi, c'est, par exemple, vous avez du
financement pour un projet spécifique sur comment favoriser la... Je ne
le sais pas, parce que je vais vouloir vous parler de ça tantôt, parce que je l'ai vu dans vos documents, mais la persévérance
scolaire des étudiants de première génération, exemple, vous pourriez avoir, mais ce n'est probablement pas le cas pour
ça spécifiquement, là... Mais ce que vous me dites, c'est que ce qui peut
avoir expliqué le boom — parce que ça peut apparaître
surprenant — c'est
que vous, évidemment, vous avez des projets spécifiques qui peuvent être autofinancés, qui font en sorte que vous
pouvez avoir une fluctuation dans les effectifs. C'est des contractuels,
donc ils sont là, ils repartent, tout ça. O.K. O.K. Parfait.
Bien, ça m'amène à regarder avec vous un peu, je
dirais, les différents éléments des revenus. Donc, on voit, évidemment, que vous êtes, bon, financés avec la
subvention du ministère, mais là, dans les autres revenus, ça parle de ventes externes et autres revenus. Puis la colonne
Autres revenus, si je regarde entre 2008-2009 puis 2013-2014, ça aurait fluctué entre 2,1 millions puis 4,7 millions.
Donc, je ne sais pas si vous êtes en mesure de nous expliquer — ça fluctue beaucoup, là, dans le
temps — le
type de variables qui font en sorte qu'on voit de tels changements.
Mme Boucher (Isabelle) : Bien, nos
autres revenus qui nous sont propres sont essentiellement des revenus
immobiliers.
Mme
Hivon : ...
Mme
Boucher (Isabelle) : Oui.
Par exemple, on est propriétaires, à Montréal, d'un édifice, l'édifice
Henri-Julien, où est installée
l'École nationale d'administration publique. C'est de là qu'elle offre ses
cours à Montréal. Alors, l'ENAP, mais
il y a aussi... les conservatoires de musique et d'art dramatique de Montréal
sont là. Ça génère des revenus de loyer, et donc ça fait partie... c'est
la grosse part de nos autres revenus.
À Québec, on est aussi propriétaires — vous
connaissez peut-être — du
stationnement et de l'édifice Odéon, l'édifice
Odéon qui n'est plus maintenant. Mais donc, pendant quelques années, l'édifice
Odéon nous générait des revenus jusqu'à
ce que le cinéma Odéon quitte et qu'on fasse la démolition de l'édifice, qui
était désuet. Alors, ça aussi, ça fait partie de ce qui explique, là, les changements au cours des dernières
années. On est passé d'un édifice qui amenait des revenus à un édifice
qui n'en génère plus du tout et qui génère même un certain minimum de dépenses.
Et c'est ça, le stationnement Odéon, qui est
tout à côté, même chose, les revenus fluctuent en fonction des locataires du
stationnement. Par exemple, on avait
un édifice voisin du stationnement qui logeait la compagnie ABB, qui change de
lieu. Donc, on perd un locataire
important. Donc, les revenus vont fluctuer. Et, au cours des dernières années,
c'est arrivé que des locataires arrivent, des locataires partent, et ça
fait une différence significative.
Mme
Hivon : Donc, c'est essentiellement des revenus
immobiliers. Donc là, ça va bien parce
que vous atteignez des records, vous êtes presque à 15... Bien, en
fait, c'est sûr, je n'ai pas les dernières données, là, mais, en
2013-2014, c'était un bon niveau de revenus à cet égard-là. O.K.
Donc, ça, j'imagine que ça vous aide à passer... Est-ce que ça vous aide
à passer à travers des moments plus difficiles ou vous diriez que ce n'est pas
des vases communicants?
Mme Boucher (Isabelle) : Bien, si vous allez un peu plus bas dans l'état des dépenses, les dépenses... en fait, on ne les voit
pas distinctement, mais ces revenus-là sont accotés de dépenses presque aussi
élevées. C'est-à-dire que, oui,
ça génère un léger surplus pour le siège social de l'Université du Québec, mais ce n'est pas par là qu'on va compenser
les compressions qu'on a.
Mme
Hivon :
Puis, les ventes externes, pouvez-vous m'expliquer la colonne Ventes externes?
Mme Boucher (Isabelle) : Je n'ai pas d'exemple précis à vous donner, mais
j'imagine que c'est des membres de
notre personnel qu'on sous-loue, qu'on sous-traite à d'autres entités qui ne
sont pas à l'intérieur du réseau. On n'a pas beaucoup d'autres
revenus que ceux immobiliers, là, en termes...
Mme
Hivon :
O.K. Parfait.
Une voix :
...
Mme
Hivon : Combien? Deux? O.K. Parce que je trouvais ça
intéressant tantôt quand mon collègue, en tout cas, parlait un peu de
l'autonomie, d'essayer de comprendre la dynamique, est-ce que vous diriez que,
depuis la création de l'Université du Québec, l'autonomie des entités s'est accrue ou est-ce que
vous avez le sentiment que c'est à
peu près, je dirais, la même
dynamique ou qu'au contraire ils ont gagné beaucoup en indépendance?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Bien,
en fait, il y a eu une grande évolution en près de 50 ans. Maintenant,
certainement, il faut voir un peu qu'au départ les établissements étaient, je dirais, encore moins équipés que maintenant. Et la formule de financement
aussi, qui, au départ, donnait le budget de l'Université du Québec au
siège social, où il y avait des règles de partage, là c'était très
différent. En 2000, avec les contrats de performance, le financement est allé...
la formule de financement calcule très précisément ce que chaque établissement doit recevoir. Alors, ça, ça a effectivement créé une dynamique, je pense,
qui est très positive pour les établissements parce
que c'est plus facile pour eux de
planifier leur développement financier et ce qu'ils en... évidemment,
dans la réalisation de leur mission aussi, ce qui fait que moi, à mon
arrivée — ça fait
six ans que je suis présidente de l'Université du Québec — à mon arrivée, j'ai vraiment tourné le siège
social vers le service aux établissements.
C'était, selon moi, la façon la plus efficace de répondre aux besoins et de
permettre aussi aux établissements
d'exprimer pleinement leur autonomie
pour leur développement, mais aussi de garder le plaisir de travailler ensemble. Et ça, je pense que, quand
on a une belle mission comme celle de l'Université
du Québec, on partage des
valeurs qui sont absolument, je dirais, porteuses pour l'avenir et pour le Québec.
Moi,
j'ai souvent dit : Je trouve qu'on a à peu près la plus belle
mission qu'on pourrait avoir dans le secteur public. Puis je suis certaine que vous participez à cet
élan parce qu'on planifie l'avenir, on prépare l'avenir du Québec.
Alors, c'est à partir de cet
enthousiasme que les chefs d'établissement se concertent. Alors, oui, le modèle a évolué
significativement, et je pense que c'est pour le mieux.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme Beauchamp. Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un bloc de 17 minutes, et je cède la parole au député de D'Arcy-McGee.
• (15 h 20) •
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Mme Beauchamp, mes salutations, et à toute
l'équipe, tous les membres de
l'équipe de l'Université du Québec, et merci pour votre exposé. Et, tel qu'il a été
mentionné à quelques reprises, nous avons
déjà rencontré cinq instances — cinq
universités, je dirais, parce que c'est ça
qu'on a vu — et
chacune avec des approches uniques,
des missions uniques. Mais des choses qu'en tout cas moi, j'ai vues qui
les rassemble, c'est un esprit d'innovation,
de détermination, de créativité, de travail en équipe malgré les circonstances à la fois
particulières, mais aussi difficiles
pour nous tous, dont une des cinq qui vient de compléter une année assez éprouvante, on va en convenir, et, quand même, on a vu des réalisations
formidables et des approches, de ma lecture, intéressantes et responsables à
chacun des enjeux devant eux.
Ce
qui m'amène à explorer la mission de base de l'Université du Québec, le siège
social et de vous inviter, en termes
concrets, de nous donner quelques exemples de la valeur ajoutée, qui est
évidente, mais de nous aider à comprendre le rôle spécifique du siège
social dans les économies d'échelle, s'il y a des exemples à nous apporter,
valeur ajoutée en termes de recherche dans chacun de ces domaines. Chacun des
cinq nous a parlé de ses expériences et n'a pas fait référence au siège social, mais je ne doute pas du tout qu'il y a des
choses très importantes à apporter à notre compréhension.
Troisième
chose — et ça s'est
discuté à plusieurs reprises avec les autres universités aussi — la dynamique qui s'impose dans un climat difficile actuel,
c'est-à-dire la collaboration. La compétition peut être saine, mais aussi ça
peut être un problème quand il s'agit
de dédoublement de programmes, une offre de services équitable en région et
partout. Alors, je trouverais ça très
intéressant de vous entendre sur le rôle clé de votre instance en appui à
chacune de ces dix instances, finalement.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Alors, sur les activités d'enseignement et de
recherche, Mme Sauvageau, est-ce que vous êtes...
Mme Sauvageau (Lyne) : Oui, je peux
commencer, puis ensuite...
Mme Beauchamp (Sylvie) : Oui, puis
les économies d'échelle administratives iront à Mme Boucher.
Mme Sauvageau
(Lyne) : Je dirais qu'en
termes de... Je ne pense pas que ce soit étonnant que les établissements...
En fait, pour moi, il est normal... On agit
de façon vraiment, je dirais, en appui, et les réalisations des établissements
sont pleinement leurs réalisations.
Là où, je dirais, où on joue peut-être un rôle conseil ou un rôle important,
c'est dans la mise en commun, je
dirais, des savoirs, des connaissances et dans, je dirais, une expertise
vraiment spécifique qu'on est capables de développer en partie grâce à
eux puis en partie parce qu'on se consacre à temps plein à répondre à leurs
besoins.
Et donc je
vais vous donner un exemple assez concret en matière de qu'est-ce que ça veut
dire. La grande majorité des
établissements du réseau partagent le fait d'avoir, en fait, du personnel qui
doit se dédier à... et qui se consacre à des tâches qui sont très morcelées avec... et ils ont des exigences. Comme,
par exemple, professionnels ou comme doyens, ils ont des exigences, les mêmes exigences que des personnes qui travaillent
dans des grands établissements avec mandat unique. La personne qui
travaille au soutien des chercheurs dans les petits établissements doit
connaître les règles de subvention de tous les programmes et souvent dans
l'ensemble des champs. Une grande université va spécialiser son soutien et les personnes qui développent ce
soutien-là dans un organisme subventionnaire et dans un champ particulier.
Donc, les niveaux d'expertise à développer
dans des petits établissements, pour des individus qui multiplient les tâches,
sont importants.
C'est là où on joue un rôle. On joue un rôle à
la fois pour fédérer ces gens-là, pour qu'ils puissent échanger, bénéficier des expertises qui se trouvent dans les
autres établissements et, en plus de ça, leur donner et développer des outils, des moyens de faire de la... Et, je
dirais, c'est dans l'intangible, hein, c'est dans la connaissance qu'on peut
leur apporter dans les façons de
faire, dans les lieux d'échange. On va animer, par exemple, des journées ou
plusieurs jours de formation. On va
développer des outils dont ils ont besoin pour faire le suivi dans autant de
domaines. On va décortiquer les
règles de financement, leur dire là où il faut faire attention, et on le fait
parce qu'on a le contact avec ces gens qui font ça dans tous les établissements.
Donc, on peut à la fois mobiliser leur savoir et leur redonner.
On le fait en développement de programmes, on
fait des analyses importantes. Donc, des équipes de profs ne développent habituellement pas... Je veux dire,
quand tu es un professeur d'université, la possibilité que tu as de développer
un programme, elle n'est pas forte, mais
souvent l'institution possède la personne pour les accompagner. Et les gens,
chez nous, dans les établissements,
qui font ça ont souvent plusieurs chapeaux, pas juste celui-là. Et donc, encore
une fois, on fait le même exercice,
comme celui qu'on fait en recherche, et c'est comme ça qu'on, je dirais, répond
aux besoins des... C'est presque
matriciel, hein, à la fois des professionnels, des cadres, des doyens qui vont
intervenir dans ce domaine-là. Et on
le fait parce qu'on a des lieux d'échange, on le fait parce que ces gens-là
sont réunis en communauté de pratique, et donc, c'est comme ça, je
dirais, qu'on agit.
Par ailleurs,
ils ont souvent des... ces lieux de concertation là, c'est aussi le moment pour
échanger à partir de réalités qui
leur sont propres. Ils partagent un certain nombre de réalités qui ne sont pas
toujours celles... Et on peut fédérer des positions, je dirais, développer des consensus, et, par exemple, dans la
dernière année, on est intervenus pour les établissements et avec eux pour... Par exemple, le CCPA, un organisme
canadien de protection des animaux, avait modifié de façon importante sa
formule de financement, et on a pu, sur la base de l'ensemble de leurs
réalités, intervenir pour représenter leurs
réalités et avoir des tarifs, je dirais, globalement plus intéressants pour les
établissements du réseau qui étaient de petite taille.
Je vous donne
un autre exemple, là, dans la dernière année, mais, en gros, vous avez comment
on agit au quotidien, qui nous permet
de développer ces expertises-là. Elles s'exercent dans tous les domaines où je
pense qu'une université doit déployer... Les exigences en termes de rigueur
sont les mêmes, hein, qu'on soit dans un établissement qui reçoit 6 000 ou 60 000 étudiants, là, donc. Et
ces exigences-là, c'est ça, elles sont fortes, et on aide de la façon dont je
vous ai parlé, là, à la recherche, et en développement de programmes, et
en formation. Et là on peut passer à la pédagogie universitaire. On fait de la veille en matière de réussite, les
conditions de réussite, qu'est-ce qu'un étudiant de première génération, comment on peut appuyer leur réussite,
et tout ça fait partie de l'expertise qu'on développe et sur la base de
leurs réalités et de leurs besoins.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Mme Boucher, peut-être sur d'autres exemples plus
administratifs. Notamment, le développement du programme SAFIRH par
l'ensemble des établissements, vous pouvez peut-être le souligner.
Mme
Boucher (Isabelle) : Oui. Il
y a deux exemples que je peux vous donner auxquels on peut affecter des dollars
parce qu'on les a calculés. Un, on vous l'a
présenté, c'est les achats regroupés de logiciels utilisés par les professeurs
à des fins d'enseignement. Alors, ça,
c'est des achats de faible volume. Il y a des professeurs, par exemple, en
génie qui veulent utiliser un
logiciel comme AutoCAD. Alors, si l'établissement l'achète pour cinq
professeurs, il n'a pas le même prix que si on fait un appel à tous dans le réseau et qu'on en achète une
centaine de licences. Alors, ça, pour l'année où on l'a calculé, on
avait fait des achats de 750 000 $ comme ça, et la valeur des achats
avant négociation, avant regroupement, c'était 1,5 million. Alors, ça,
c'est un exemple très précis.
Et l'autre,
justement, le système de gestion administrative qui a été développé par
l'Université du Québec avec les établissements, c'est un projet de
développement et d'implantation qui s'est étalé sur cinq ans et qui a coûté 25 millions de
dollars. Et il y a 10 établissements qui y ont pris part, donc c'est
25 millions pour 10 établissements. Si on réfère à ce qu'on a entendu dans les journaux ces dernières années, il y
a plusieurs universités seules qui se sont dotées de systèmes
administratifs qui valaient 50, 60, 80 millions de dollars et dans lequel
ils devaient investir encore de l'argent pour
le rendre pleinement fonctionnel. Alors, en termes de valeur monétaire de la
collaboration, ça, c'est deux exemples où on l'a bien établi.
Mais il y a
d'autres fois, par exemple, je pense... On a, au siège social de l'Université
du Québec, un gestionnaire de projets
immobiliers. Donc, c'est quelqu'un qui est spécialisé et qu'on prête aux
établissements. Les établissements le paient,
mais le paient en fonction de leurs besoins précis. Donc, on a un petit projet,
ça ne coûtera pas cher. On a un plus grand
projet, on va le mobiliser davantage, ça va coûter plus cher. Mais le tarif
qu'on leur fait, ça n'a rien à voir avec aller dans le privé chercher un gestionnaire de projets immobiliers. Et c'est
un gestionnaire de projets immobiliers qui connaît très bien les
universités, le développement d'immeubles qui comprennent des laboratoires de
recherche, ce genre de choses là. Donc, c'est quelqu'un qui est très précieux.
Même chose au
niveau du financement des dépenses d'investissement subventionnées, c'est
l'équipe du siège social qui s'occupe
de ça. On a de la difficulté à vous dire combien ça coûterait si on devait
répartir ça dans l'ensemble des
établissements du réseau, mais c'est difficile de croire qu'on ne devrait pas
ajouter une ou quelques ressources humaines dans chaque établissement
pour développer les outils, les réseaux de contacts et faire les suivis qui
s'imposent pour s'occuper de cet élément-là, qui est très spécialisé.
• (15 h 30) •
Mme Beauchamp (Sylvie) : La
recherche institutionnelle aussi, que dirige M. Marchand, est un exemple, je pense. Avec toutes les enquêtes auxquelles la
direction participe, je pense que c'est un autre exemple qui est très porteur.
M. Marchand, voulez-vous donner quelques...
M. Marchand
(Denis) : Oui. Nous, on supporte les établissements avec ce qu'on
appelle les métriques universitaires,
donc, que ça soit au niveau de la réussite étudiante ou du dénombrement des
inscriptions, que... Ça peut être aussi au niveau des sondages. On sait
qu'il y a deux activités au niveau nord-américain qui sont... que participent plusieurs centaines de milliers d'étudiants tant
au niveau américain que canadien, donc, qu'on appelle NSSE, le National
Student Survey in Engagement, et le Canadian GPSS, qui est Graduate and
Professionnal Student Survey. C'est des consortiums
d'universités qui sondent leurs étudiants à tous les trois ans pour établir des
«benchmarks» ou des indicateurs sur
la satisfaction, l'engagement des étudiants, et ces équipes analysent aussi ces
liens-là avec la réussite étudiante. Et nous, on participe pour le réseau, donc on interagit et on produit des
analyses statistiques pour le réseau individuelles, pour chacun des établissements. On fait ce genre de
travail là aussi au niveau du personnel, donc on a des banques centralisées
canadiennes avec des dénombrements.
On a également, au niveau de la recherche, tous
les inventaires de financement de recherche. On a aussi les publications parce
que l'extrant de la recherche, c'est vraiment, en premier lieu, les
publications scientifiques. Donc, on utilise les banques de données
internationales pour pouvoir produire des métriques qui aident les directions
des établissements à pouvoir positionner... On essaie de répondre à trois
questions principales, c'est-à-dire : Où est votre établissement aujourd'hui par rapport aux autres établissements? Et
est-ce que c'est une tendance qui est à la hausse, à la baisse dans les dernières années? Et quels sont
vos opportunités et les endroits où on voit des changements importants?
Donc, on essaie de faire ce support-là.
Et, au niveau
financier aussi, on regarde aussi tout ce qui est le portrait des dépenses et
on fait des métriques sur les indicateurs de coûts administratifs par
étudiant et les dépenses globales par étudiant, les dépenses de chargés de cours, etc. Donc, on essaie vraiment d'offrir un
service qui permet, d'une façon très, très statistique, dans un premier
temps... quel est le portrait de
l'établissement. Et, ensuite de ça, on est en mode support, c'est-à-dire
d'aller approfondir certains des éléments qui, vraiment, les accrochent
en termes d'information.
M. Birnbaum : Merci beaucoup. Merci,
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, vous avez trois minutes, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Trois minutes? Ah! j'aurais eu d'autres questions... Je vais aller avec une
question sur quelques-uns des défis
que vous avez identifiés qui touchent l'ensemble du réseau de l'Université du
Québec ainsi que nous tous. Et, compte
tenu de l'ampleur et de la portée des instances, votre recherche là-dedans est
très importante, alors j'aimerais vous inviter à élaborer sur deux
questions que vous avez mentionnées et me permettre d'ajouter une troisième.
On a parlé du taux de diplomation à travers le
réseau comme défi par rapport aux autres instances à travers le Canada. J'aimerais vous entendre parler un petit
peu plus de ça, et c'est quoi, la stratégie de votre approche de recherche
pour creuser dans la question, et où est-ce qu'on est rendu avec ça.
Deuxième
question, qui a toute son ampleur : Comment on va aider les universités à
jouer leur juste titre — et on n'est pas rendus
là — pour
assurer une offre équitable aux premiers peuples et les aider à s'intégrer et à
faire leur part?
Troisième
question que vous... on a touché un petit peu à ça, mais ça me touche
particulièrement comme adjoint parlementaire
au premier ministre, c'est-à-dire le grand défi devant nous en ce qui a trait à
l'adéquation formation-emploi. Les
universités sont là pour offrir une formation humaine, générale, je conviens,
mais ce n'est pas en contradiction avec l'enjeu devant nous qui est de...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député, je vous ferai remarquer...
M. Birnbaum :
Ça, c'est mes trois minutes? Mon Dieu!
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, c'est, en trois minutes...
Pour répondre à toutes ces questions-là, je vous dis que ça prend un
petit peu plus de temps.
M.
Birnbaum : Vous avez bien retenu mon grand discours? Et on va voir si
on a le temps pour une réponse dans l'autre bloc.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je vais vous permettre de
commencer la réponse, puis je vais... Vous restez bref parce que je dois
passer au deuxième groupe de l'opposition. Alors, allez-y, Mme Sauvageau.
Mme
Sauvageau (Lyne) : Oui. En
fait, pour ce qui est des taux de diplomation, dans ma présentation je faisais
référence à nos défis communs en matière de
taux de diplomation pour l'ensemble du Québec. Je pense que vous, vous
faites peut-être référence au taux de diplomation à l'intérieur des
établissements du réseau? Peut-être pour préciser...
M. Birnbaum : ...si je peux... votre
recherche va porter à tout le monde, votre réseau ainsi que l'ensemble du
Québec, j'imagine.
Mme
Sauvageau (Lyne) : D'accord.
Ce qu'on... J'avais noté... Puis vous avez sur votre clé... En fait, je vous
réfère aux pages 17 à 22 — si vous avez envie d'avoir un peu plus
d'information sur ça — du rapport ou de l'avis qu'on a intitulé Parce que le Québec a besoin de tous ses talents. Ce
qu'on remarque c'est qu'en fait le Canada est au quatrième rang de l'OCDE pour ce qui est de la proportion de la
population de 55 à 64 ans qui détient un diplôme universitaire. Donc,
pour ce qui est des gens, hein, entre nous,
les gens qui ont entre 55 et 64 ans, quand on se compare au Canada par
rapport aux pays de l'OCDE, on est au quatrième rang, donc assez élevés
dans les pays de l'OCDE.
Aujourd'hui, si on regarde la proportion de 25 à
34 ans, le Canada se situe au 12e rang. Puis, si on regarde la proportion de 22 à 25 ans, tout d'un coup, le
Canada, on est au 19e rang des pays de l'OCDE. Ce qui fait que, oui, on
avait une belle avance quand nous étions jeunes que nous perdons
progressivement au sein de l'OCDE. Les autres pays de l'OCDE et à l'extérieur de l'OCDE ont eu et ont des taux de diplomation
chez leurs jeunes qui sont beaucoup plus élevés qu'au Canada, et ça,
c'est un peu inquiétant. Et c'est plus inquiétant encore quand on regarde notre
défi, par ailleurs, démographique, qui est
que nous avons une part de plus en plus petite de jeunes qui devront supporter
une part de plus en plus... Nous
vieillissons tous, mais nous n'avons pas eu beaucoup d'enfants. Et donc, si on
ajoute à ça les tendances ou les
données démographiques, il faut s'inquiéter fortement de nos taux de
participation aux études, et donc on devrait avoir une action très forte
en termes de rehaussement de la participation aux études universitaires.
Ce qu'on sait
puis peut-être ce qui a été effleuré, mais pas très élaboré dans la
présentation, c'est que ceux d'entre nous
qui avons bénéficié du premier rattrapage, nous ne sommes plus des étudiants de
première génération. Et nous avons bénéficié
de ce rattrapage qui a été fait dans les années 70 et 80, mais, les gains
pour les générations qui suivent, on stagne. En fait, c'est-à-dire qu'on n'a pas poursuivi nos efforts en matière de
participation aux études universitaires. Et, quand on regarde l'ensemble des données, habituellement
on confond, hein... on prend les données de l'enseignement supérieur,
qui incluent les données du collégial, qui nous favorisent. Et donc, quand on
regarde les taux pour la diplomation universitaire, en fait, malheureusement,
on décline très fortement.
Ce qui fait
qu'il y aurait matière à se pencher sur comment rehausser... et, en
particulier, comme vous le disiez, auprès des étudiants des premiers peuples et
auprès des étudiants de première génération universitaire. Je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion de demander à l'UQAT
et à l'UQAC, qui ont des services spécialisés, en fait, ce qu'ils font en
matière de... Et je pense que vous avez là
des illustrations de ce qui pourrait probablement faire l'objet, je dirais,
d'un peu plus d'essaimage là où,
effectivement, on a des étudiants de première génération, ou des étudiants
autochtones, ou des étudiants des premiers peuples.
Je dirais
qu'en termes de taux de diplomation pour les établissements du réseau — puis là, Denis, c'est des choses qu'il m'a répétées souvent — c'est que, quand on compare les
établissements du réseau aux établissements comparables au niveau américain qui ont des missions, en
termes d'accessibilité, particulières, ces universités-là, nous avons des taux de
diplomation dans les établissements du réseau qui sont supérieurs aux
universités américaines avec une mission similaire, et nettement supérieurs. Et
donc ça, je pense qu'on peut s'en réjouir.
M. Marchand (Denis) : Notre taux est
à peu près de 71 % de taux de diplomation, puis, pour les étudiants
américains dans les établissements comparables, ça se situe à un niveau de
61 %. Donc, on fait un très bon travail à diplômer les étudiants.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Marchand. Alors, on
va passer au deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de
19 min 30 s. Alors, M. le député de Chambly, la parole est à
vous.
• (15 h 40) •
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. C'est un plaisir de discuter avec vous. Et c'est
intéressant, ce que vous venez de dire,
parce que c'est une statistique qui est triste, là, mais c'est exactement là où
je voulais aller. J'étais à votre
diapositive 9 dans votre présentation, où on voyait que le Québec accuse
toujours un retard de diplomation universitaire
chez les 25-64 ans par rapport au Canada. Et puis on voyait que, bon, le
Canada s'est amélioré, le Québec s'est
amélioré, mais on ne réussissait pas à combler le retard. Mais là ce que je comprends, c'est que le Canada,
lui, creuse son
écart avec le reste de l'OCDE. Alors, non
seulement on n'arrive pas à combler
notre retard avec le reste du Canada, mais
en plus on se compare avec des gens qui sous-performent, puis on sous-performe par rapport à des gens qui sont en train
de perdre la course. C'est assez dramatique de voir qu'à ce moment-là
précisément où on était en train de prendre notre élan, tu sais, on
était en train... on se fait faire une jambette puis qu'on...
Mme
Beauchamp (Sylvie) : La
démographie nous rattrape aussi parce
qu'entre autres à partir de 2014-2015 les cohortes d'étudiants qui
arriveraient au niveau universitaire, ces cohortes-là diminuent aussi. Alors,
vous avez raison.
Mme Sauvageau
(Lyne) : Ça me donne l'occasion de vous inviter à lire notre avis, où
on a des exemples de pays qui ont fait le
choix d'investir pour les clientèles qu'on dit sous-représentées aux études
universitaires. Je pense aux États-Unis, mais à l'Australie, à
l'Angleterre, la Chine. Les pays en développement font aussi des
investissements importants pour rehausser la
participation de leurs jeunes aux études universitaires en sachant que c'est,
bien sûr, par là que repose notre insertion future, là, dans ce qu'on
appelle la société du savoir ou l'économie du savoir.
Et
on est très loin... Le Conseil supérieur de l'éducation avait doté le Québec de
cibles ou suggéré des cibles en termes
de diplomation, et ces moments-là arrivent, là, on est dans les années qui
précèdent les cibles qui avaient été données, et on n'est pas du tout en train d'atteindre ces cibles-là, qui
n'étaient pas des cibles révolutionnaires, là, hein, qui étaient des cibles tout à fait, je pense, adéquates et
atteignables. Mais on n'investit pas de ce côté-là, c'est-à-dire du côté à la
fois de l'accès, mais plutôt du rehaussement de la participation aux
études universitaires, oui.
M.
Roberge : Parce que, si, démographiquement, on a de moins en moins de
jeunes... enfin, si la courbe, là, va dans
le mauvais sens, chaque jeune est d'autant plus important, chaque jeune est un
joyau à tailler, là, puis à sculpter, puis à mettre en valeur, donc, autant au primaire, au secondaire, au
collégial, pour l'avenir. Il faut cesser de désinvestir dans nos universités, mais on s'entend qu'il faut
investir en amont. Puis la dernière chose à faire, c'est de couper dans les
services directs puis l'aide à la réussite au secondaire.
Mme Sauvageau (Lyne) : C'est un défi interordres, vous l'avez souligné.
C'est un défi interordres important, on a, avec trois établissements du
réseau et leurs cégeps, un projet interordres important qui se déroule,
justement, en Abitibi-Témiscamingue, à
Chicoutimi et à Rimouski avec leurs collèges, et ils sont à développer, et à
mettre au point, et à expérimenter des façons, justement, d'encourager
les étudiants... Là, c'était centré sur les étudiants de première génération universitaire, quelles sont les
interventions qu'on peut mettre en place et qui font en sorte que ces
étudiants-là, je dirais, aient des parcours d'études qui les amènent à
développer leur plein potentiel, et notamment à aller jusqu'à l'université. Et
on est en pleine démonstration en ce moment, on va avoir les résultats de ça.
Mais ce qu'on sait d'un étudiant de première
génération universitaire, c'est que c'est un étudiant qui, habituellement, en
fait, a des ambitions qui diminuent tout au long de son parcours
scolaire. Il n'a pas de modèle, il a moins de soutien pour à la fois définir
son projet d'études, puis il a moins de
soutien dans la réalisation de celui-ci de la part de ses parents, mais aussi
de la part de son entourage. Et donc
il a moins d'ambition, et, en fait, il faut se rappeler ça, à résultats scolaires
égaux, il va trois fois moins à
l'université que son compagnon de classe, et donc c'est assez troublant
d'avoir... Aujourd'hui, c'est des résultats québécois, là, cette situation-là. Donc, il y a vraiment un... Je pense
qu'on a à repenser à qu'est-ce qu'on veut en termes d'équité d'accès
pour l'ensemble des jeunes Québécois.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Puis vous me permettrez aussi de revenir sur
votre idée de, je dirais, tailler le joyau en vous rappelant peut-être que l'Université du Québec a dans sa loi
constitutive notamment la formation des maîtres, alors d'où, je dirais, l'importance... Quand on dit qu'on participe à la
démocratisation de l'enseignement, ce qu'on veut dire aussi, c'est à
tous les niveaux. La démocratisation de l'éducation, c'est aussi par la formation
des maîtres, par ce qu'on appelle maintenant
les facultés d'éducation, dont vous êtes, je pense, un digne représentant. Et ça, c'est comme un élément
du continuum, mais il ne faut pas oublier aussi tout ce qui est formation
tout au long de la vie. Et c'est des enjeux qui nous interpellent aussi
collectivement, puisque le lien entre formation, emploi, le lien entre, je
dirais, les exigences du marché du travail
et la capacité de s'ajuster, ces exigences-là sont tout à fait présentes aussi, d'où l'importance de la mission universitaire.
M. Roberge :
Merci. Je vais céder la parole à ma collègue.
Le Président (M.
Fortin, Sherbrooke) : Mme la députée d'Iberville, il vous reste
13 minutes.
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Merci. Bonjour, mesdames. Bonjour, monsieur. Petite question.
De par l'autonomie de chacun des établissements, là — puis
je le comprends très bien — lorsqu'un
des établissements utilise un
de vos services communs, est-ce qu'il
paie pour ces services-là ou ce sont des services qui sont gratuits à qui veut
les utiliser?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Bien, la réponse est multiple. Quand on parle de
télécommunications, par exemple, là,
c'est comme l'équivalent d'une mise en commun de ressources. Donc, ça, on se le
donne collectivement, y compris le
siège social. Puis tout ce qui est, je dirais, là, relié aux vices-présidences
et au secrétariat général, c'est dans notre mission, c'est financé par
notre subvention, on existe pour ça.
Mme Samson : Ça ne doit
pas toujours être évident d'arbitrer les intérêts possiblement divergents des
différents établissements quand vient
le temps de faire votre plan stratégique pour trois ans en fonction des besoins
de chacun, et tout ça.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : C'est beaucoup plus, je dirais, convivial que ce
que vous pouvez imaginer, dans le sens
que c'est un groupe de personnes qui travaillent de façon très naturelle
ensemble. Vous savez, ils sont quand même dispersés sur l'ensemble du territoire. C'est une occasion pour eux de
partager des expertises, de développer une connaissance réciproque, et, sincèrement, là, ce sont des gens
excessivement stimulants et très ancrés dans leur milieu, qui nous donnent
aussi une vitalité qui profite à l'ensemble du Québec.
Mme
Samson : Mais, compte tenu aussi de leur autonomie, chaque
établissement a ses standards de gestion des ressources humaines, ses négociations de conventions collectives, etc.
Est-ce que vous avez un certain... Comme vous n'avez pas de rôle
d'autorité sur le déroulement de ces activités-là, est-ce que vous leur offrez
quand même un rôle d'observatoire de
l'évolution des relations de travail dans les différents établissements? Parce
qu'on en a parlé, mon collègue en a
parlé un peu tantôt, il y a de la compétition entre les universités tant pour
recruter les étudiants que pour recruter les professeurs, et, dans ce
monde-là, là...
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Bien, on a des ressources pour ça. Mme Boucher.
Mme Boucher
(Isabelle) : Je vous dirais que, sur une base régulière, plusieurs
fois par année, on va faire le point avec les établissements sur l'état des
négociations collectives dans le réseau. Alors, on va voir où en sont les négociations, qu'est-ce qui doit être négocié et
quel est le résultat des négociations. Donc, les gens sont au courant de ce
qui se passe pendant que ça se passe et du
résultat une fois que c'est complété. Alors, il y a des gens dans l'équipe
réseau qui s'attardent à ça, et qui
maintiennent l'information à jour et la transmettent aux collègues, et qui vont
accompagner les établissements qui le souhaitent dans leurs négociations
aussi.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : On peut fournir le porte-parole patronal dans certains cas.
Mme Samson :
Vous pouvez quoi?
Mme Beauchamp
(Sylvie) : On peut offrir les services d'un...
Mme Samson :
Des services de négociation.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Oui, dans certains cas.
Mme
Samson : O.K. Je suis convaincue que c'est un des services auquel on
fait le plus souvent appel, probablement assez régulièrement.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Bien, c'est une expertise, hein, ça aussi. Alors...
Mme Samson :
C'est une expertise, oui, tout à fait.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : ...oui, les relations de travail, ça fait partie des
échanges qui ont lieu avec les directeurs de personnel.
• (15 h 50) •
Mme
Samson : Là, je ne le sais pas si vous avez ces données-là, mais on a
été témoins, il y a à peu près sept ou huit ans, de l'apparition des
mutuelles de formation, qui ont été créées pour permettre la formation continue
pour les entreprises suite à la création de la loi du 1 %, là. Et, là-dessus,
il y a des comités de partenaires du marché du travail, les CPMT, et tout ça, là. Je ne sais pas si vous êtes
très familiers avec ça, mais je pense que c'est le CPMT, je ne le sais pas. Dans votre domaine, là, je dois dire que vous
faites un usage ultimum de l'alphabet, là, c'est évident, mais il y a quand même... Je le sais parce que, dans mon ancienne vie,
j'ai parti une des mutuelles de formation, la première mutuelle de
formation qui est née suite à la loi du 1 %, et tout ça, pour l'industrie
du cinéma et de la télévision. Et je le sais que l'Université du Québec à
Montréal a travaillé à préparer des formations spécifiques pour l'industrie du
cinéma, de la télévision, pour les employés,
la main-d'oeuvre, et je me suis toujours demandé, et je me demande, là, surtout qu'on a
rencontré beaucoup des composantes de
votre réseau, si les universités du Québec ont réussi à tirer leur épingle du jeu de cette nouvelle source, possiblement, de financement, de formation et d'offre de services que sont les mutuelles de
formation. Vous n'avez pas de données là-dessus?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Je n'ai
pas de données précises là-dessus. Ce que je sais, l'Université du Québec à Rimouski a développé un projet pilote avec la commission scolaire, notamment, puis une entreprise qui voulait, justement...
Donc, c'est peut-être des modèles qui
pourraient essaimer aussi, mais je n'ai pas de données précises sur le nombre
d'expériences.
Mme
Samson : J'ai une autre
petite question. Dans la revue de presse, on apprenait que l'Université du Québec paie une rente de retraite bonifiée à 107 cadres
supérieurs. Le programme de retraite supplémentaire, PRS — encore
un peu d'alphabet — a été adopté en 2006. Est-ce que ce
programme-là est toujours en vigueur? Et comment ça marche?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Oui, le programme est toujours en vigueur. En
fait, c'est un programme miroir, qu'on appelle,
avec la fonction publique du Québec. C'est une question de rémunération
globale, et ce programme-là existait pour
les hauts fonctionnaires. Alors, on a fait l'équivalent en 2006, il est
toujours en vigueur. Ce que je soulignerais à cet égard-là, c'est, comme je vous le disais, une question de
rémunération globale. Si vous regardez l'ensemble des avantages sociaux des cadres supérieurs de l'Université du
Québec, ils sont globalement à peu près 60 % inférieurs à la moyenne
du réseau universitaire québécois. Alors, c'est...
Mme Samson : O.K. Je vais recéder la
parole à mon collègue.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : C'est fin. C'est fin. Moi, je vais appeler la partie
ministérielle à être bien attentive parce qu'on a devant nous le siège social du réseau UQ, qui est
essentiellement un centre de services
qui offre de la gestion administrative, des services-conseils, du soutien administratif, puis il y a aussi une mise en commun et certains services
que vous offrez parce que les constituantes
autonomes que sont les universités choisissent de vous confier certaines
missions comme les centres de
services aux écoles, que la Coalition avenir Québec veut mettre à la place des
commissions scolaires. Ça existe. Juste pour vous dire, ça existe au
Québec, pas besoin de chercher plus loin.
D'ailleurs, votre façon de fonctionner est
tellement dynamique que, si on regarde depuis votre création, vous n'offrez pas exactement les mêmes services.
J'aimerais ça que vous nous parliez de qu'est-ce que vous faisiez que vous ne
faites plus parce qu'au fil du temps c'est
peut-être devenu obsolète et qu'est-ce que vous ne faisiez pas que vous faites
maintenant. Voilà.
Mme Beauchamp (Sylvie) : Écoutez,
j'ai beaucoup d'expérience puis j'ai un grand âge, mais je n'ai pas commencé il y a 50 ans, quand même. Mais je
vais quand même vous donner un grand aperçu parce que j'ai vu ça quand même évoluer. Les exemples sont venus autour de la
table, notamment le partage de l'enveloppe budgétaire. Auparavant, comme je vous disais, c'était versé au siège
social, qui décidait avec les instances de comment l'enveloppe serait répartie,
jusqu'à ce qu'à un moment donné on préserve
l'enveloppe pour l'UQAM, qui est toujours une constituante qui est majeure, et jusqu'à ce que les contrats de performance arrivent, qui avaient d'ailleurs
été introduits par M. Legault. Donc, il y a cet aspect-là.
Les conventions collectives, auparavant, il y
avait des mandats réseau, qu'ils
appelaient. C'est-à-dire que, là, les chefs d'établissement se réunissaient puis ils disaient : Bien,
collectivement, on va donner ci ou ça. Sauf que les réalités dans les établissements varient beaucoup,
et, avec, je dirais, les années,
cette expertise-là est passée du contrôle à, je dirais, l'information,
l'expertise, etc. Auparavant, aussi, je pense qu'il y avait plus d'autorité administrative
qui s'exerçait à partir du siège social.
Maintenant, nous, on pense que c'est beaucoup plus rentable ou c'est beaucoup
plus intéressant de prendre
l'expertise et de la partager, c'est-à-dire d'aller la chercher dans les
établissements, de la mettre en commun et de développer une intelligence
collective pour le bénéfice de l'ensemble du réseau.
Mme
Sauvageau (Lyne) : Peut-être
du côté des études, la réglementation en lien avec les études de premier cycle,
les cycles supérieurs était vraiment commune
au départ et a progressivement évolué vers une réglementation qui donne les grandes balises. C'est-à-dire on se reconnaît
sur le plan de la réglementation, mais précisément ce que veut dire telle
chose, c'est chaque établissement qui va
aller déterminer, lui, sa réglementation en lien avec les études, les
conséquences, etc., liées à des manquements,
et tout ça. Ce qui fait qu'il y avait un cadre beaucoup plus rigide en termes
de réglementation en lien avec les études qui était partagé, et
maintenant, je dirais, ce qui est partagé, ce sont les grandes balises en lien avec ça. Ce qui fait que chaque établissement se
dote de son propre règlement des études, mais il est, je dirais, à la fois
inspiré et balisé par ce que tout le monde a
voulu, je dirais, garder en commun. Et ça, ça facilite aussi la collaboration,
c'est-à-dire qu'on a plus de facilité à
collaborer, à développer des programmes en commun quand on partage un minimum
de réglementation commune, par exemple pour
les règles d'encadrement, là. Et donc c'était vraiment... c'est sur la base
de ce qu'on veut partager ensemble et ce qui
nous permet de mieux collaborer, et c'est sur cette base-là que la nouvelle
réglementation des études... Là, ça fait
quand même un petit moment, là, mais, quand on parle d'évolution, voici un
autre exemple du côté des études, là, sur le plan réglementaire.
Mme Beauchamp (Sylvie) : Ce qu'il
est intéressant de constater par rapport à un réseau comme celui de l'Université du Québec, ce qui se faisait avant, à
la création du réseau, c'était adapté, mais c'est le propre de toutes les
organisations que de s'adapter aux
conditions qui évoluent. Alors, je pense que c'est comme ça qu'on décrit aussi
l'Université du Québec, comme un écosystème qui est vivant, qui évolue
et qui s'adapte.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme Beauchamp.
Alors, je vais passer au côté du gouvernement pour un bloc de
13 min 30 s. Alors, M. le député de Jean-Talon, la parole est à
vous.
M.
Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Et merci des éclairages que vous apportez
aujourd'hui parce que... Puis je
pense qu'on... nous étions plusieurs... Bien que la moitié d'entre nous ayons
fréquenté les établissements de vos
composantes, je pense que peu d'entre nous savaient vraiment quel était le rôle
que vous avez à jouer parce que... Puis
moi, j'ai l'habitude de faire des images pour vulgariser les choses. Moi, j'ai
fréquenté l'UQAM, pour avoir fait le programme
de sciences juridiques avant d'aller à l'École du Barreau, et j'ai fréquenté
l'université sans savoir quels étaient les services que les gens qui m'enseignaient ou
les gens qui me dirigeaient à l'époque dans le service aux étudiants allaient
chercher chez vous plutôt que de les faire
localement. Tu sais, je n'étais pas en mesure de savoir quel était l'avantage
pour mon département, parce qu'on l'appelait
comme ça, le département... quels étaient les avantages d'appartenir ou pas à
un réseau. Alors, c'est très intéressant de pouvoir l'entendre.
Et je poursuis un peu
sur ce que disait mon collègue précédemment, vous êtes effectivement — je
vais dire ça — un centre de services et de conseil, mais
vous l'assumez pleinement. Vous n'avez pas tenté de nous dire... ou, en tout cas, on n'a pas cherché, là, nous, à trouver
comment vous faisiez vous-mêmes de l'enseignement ou vous-mêmes de la recherche. Ce n'est pas la mission, ce n'est pas la vocation, mais
vous assumez pleinement que le rôle que vous avez à jouer est important.
Et ça, c'est pour moi un éclairage qui est intéressant.
Vous
avez parlé, Mme Beauchamp, de planifier l'avenir tout à l'heure. On a parlé plus longuement aujourd'hui
qu'avec d'autres des étudiants de première
génération, puis moi, je trouve cela très intéressant. Est-ce qu'actuellement... Et
je n'étais pas là, moi non plus, il y
a 50 ans, et je n'étais que peut-être
qu'une petite pensée à l'époque, je ne le sais même pas...
• (16 heures) •
Mme Beauchamp
(Sylvie) : ...j'étais née, là.
M. Proulx :
Pas moi. Alors, à cette époque-là, donc... Mais je disais aux gens de l'ENAP, lorsqu'ils
sont venus ici, la chose
suivante : J'aurais aimé, moi, être là juste pour vivre le moment où on
s'est dit : Créons une institution qui va améliorer ou doter notre fonction publique, tu sais, des outils
nécessaires pour se développer. On a fait vraisemblablement la même chose en se disant : Faisons en sorte
d'être capables de diplômer notamment les francophones là où ils le sont, en dehors des grands centres. On est aujourd'hui plusieurs années plus tard, on est avec plusieurs
composantes dans les différentes régions,
dans presque toutes les régions. On parlait de ça ce matin avec notre collègue
de Joliette, effectivement,
Lanaudière, de Montréal à Berthierville, on n'est pas présents de la même façon
qu'on l'est dans d'autres régions, peut-être pour toutes sortes de raisons et avec les défauts
que cela comporte. Et là, en plus, on est aujourd'hui dans une situation
où on a, oui, des établissements régionaux ou de grands centres, comme je pense
à l'ETS ou à l'UQAM, mais en plus on
est rendus avec des réseaux, régions avec des satellites ou des pavillons un
peu partout dispersés sur le territoire.
Ma
question n'est pas compliquée, mais, en même temps, je pense qu'elle est importante pour voir où est-ce qu'on s'en va avec tout ça. Est-ce
qu'aujourd'hui vous avez l'impression qu'il y a suffisamment d'occupation du
territoire ou bien... Donc, ma
question, dans le fond, est la suivante : Est-ce que l'atteinte de
l'objectif d'augmenter la diplomation, parce
que ça fait également partie de votre mission, passe par le développement des
sites actuels ou passe encore par le développement de nouveaux sites
satellites, ou de pavillons, ou de campus dans des milieux pour le rendre plus accessible? Alors, je comprends toute la
dynamique — je
termine là-dessus — qu'il
faut faire puis j'en suis partie prenante, mais je me pose la question suivante : Aujourd'hui, est-ce que
c'est une question d'accessibilité qui va faire qu'on va aller en chercher plus ou c'est une question de
valorisation puis d'augmentation des services puis de sa qualité? C'est dans
votre vision, là, de planification, puis c'est aussi notre rôle de réfléchir à
ça.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Bien, c'est que vous avez toutes les réponses,
toutes vos réponses sont bonnes. Insister sur une chose, dans la
probabilité de fréquenter un établissement universitaire, la distance, je
dirais, qui favorise la fréquentation, elle
est de 80 kilomètres. Alors, ça, c'est une donnée qu'on a. Et ce que vous
dites, toutes les possibilités que
vous avez évoquées sont, effectivement, pertinentes, c'est-à-dire que oui, il
faut valoriser plus l'éducation. Je pense qu'on a un problème collectif
sur le fait qu'on ne valorise pas suffisamment l'éducation, un problème
collectif pour l'ensemble du Québec, cette
culture, je dirais, qu'il faut développer sur l'idée qu'il faut bien former nos
jeunes, il faut bien former la relève, il faut accompagner les
travailleurs tout au long de la vie dans leur formation également, et, à cet
égard-là...
Puis,
si je donne mon exemple personnel — puis là j'enlève mon chapeau de
présidente — j'ai été
élevée à Montréal, mes parents n'ont jamais fréquenté l'université.
Mais, à cette époque-là, si je n'avais pas été à Montréal, je n'aurais pas eu les moyens d'aller à l'université.
Et, si je prends l'exemple de collègues, par exemple, qui ont fréquenté l'Université du Québec à Chicoutimi parce qu'elle
était là, bien, il y en a quelques-uns qui sont devenus recteurs. C'est
un capital intellectuel qu'on n'aurait pas eu autrement. Et on a encore du
chemin à faire sur les étudiants de première génération.
Écoutez, en dehors des grands centres, cette réalité-là est encore très, très,
très présente, il y a des établissements
qui sont seulement à... dont le taux d'étudiants de première génération est
près des deux tiers. Alors, c'est encore important. Mme Sauvageau, vous
pouvez peut-être compléter.
Mme Sauvageau
(Lyne) : Moi, j'avais... En fait, je pense au perfectionnement
professionnel, c'est-à-dire les individus
qui, dans la journée, travaillent et qui ne peuvent pas, par
exemple, partir de Gaspé
puis s'en aller à Rimouski pour aller — je
donne un exemple — suivre
un cours d'infirmière praticienne spécialisée. Est-ce qu'on veut ne pas offrir ça
à Gaspé? Puis, s'il y en a juste trois, est-ce qu'on veut ne pas leur permettre
de le faire? Et c'est ça, les questions qu'il faut se poser, ce n'est pas la question de la multiplication des
pavillons. Ça, le pavillon, c'est une résultante d'une offre qui est importante, puis qui est pérenne, puis qui
est souvent en formation initiale. Mais je pense qu'on a — en
quelque part, on
pense qu'on est une société développée — accédé... Et perfectionner nos gens tout au
long de la vie, malheureusement on ne
peut pas tous les amener à Québec et à Montréal. Pour pouvoir le faire, on a un
devoir de rendre accessible pour ces
gens-là là où ils travaillent des modalités puis du perfectionnement
professionnel. J'imagine qu'à l'UQAT on vous a bien expliqué ce que ça voulait dire, et il n'y a pas beaucoup de monde
qui se précipite pour aller faire ces formations-là.
M.
Proulx : Ce que vous dites — si vous me permettez, Mme la
Présidente — est
tout à fait à propos dans la mesure où,
effectivement, lorsque certaines de vos composantes sont venues ici, on a eu
cette discussion-là, puis moi, ce que
j'apprécie et ce qui me rassure à certains égards, c'est de voir qu'il y a de
la flexibilité aussi. J'entendais, justement, les gens de Rimouski, l'UQAR — pardon, je m'excuse, bon, j'étais dans les...
je cherchais les acronymes — et les gens de la composante de Rimouski nous dire : Effectivement, lorsqu'on
ouvre une classe à Matane en sciences infirmières, on n'exige pas de devoir y mettre un drapeau, un
pavillon, des stationnements, un centre sportif, on fait ce qu'il faut pour
aller offrir une formation dédiée là où il y
a un besoin. Et ça, c'est tant mieux, puis c'est, j'imagine, ce qui a beaucoup
changé par rapport aux missions, je vais
dire, traditionnelles, quasi ancestrales des universités que de former des gens
dans un délai donné pour leur offrir la
capacité d'aller sur le marché du travail demain. Ces gens-là, ils y sont déjà,
et c'est tout un bassin de population
qui est tout à fait distinct de celui du parcours traditionnel soit de première
génération ou non, qui sont des jeunes qui vont fréquenter l'université
en vue d'aller acquérir soit un métier, une profession ou une occupation
quelconque.
J'avais une question
par rapport à la façon dont s'organise ou, en tout cas, se fait l'arbitrage
parfois, et c'est vraiment ma méconnaissance de la façon dont les choses se
tranchent que je vous pose la question. J'ai grandi en Mauricie, moi, alors j'ai suivi un peu le parcours de l'UQTR au fil du
temps, et ils ont, par exemple, des programmes qui leur sont propres, des programmes qui sont tout à
fait... Je pense à la chiropratique, au programme de sages-femmes, on ne
les trouve pas ailleurs, les programmes
francophones comme ceux-là. Il n'y a pas eu, j'imagine, de gros arbitrage à
faire. Il y a eu une volonté, ils ont
eu la capacité, vous avez travaillé, ça s'est installé. Mais, dans certains
cas, j'imagine que certaines universités du Québec — donc,
je parle des composantes — ont
le goût, l'envie, ont le besoin, sur place, de vouloir mettre en place une formation qui peut être offerte par une
autre d'une composante ou se retrouver, là, dans un milieu où il faut
faire un arbitrage. Dans les universités dites autonomes, je ne pense pas qu'on
s'arbitre de la même façon, hein? Si on a la
capacité d'avoir des étudiants sur place, bien là on met un pavillon, un drapeau,
puis on s'installe. Comment ça fonctionne pour l'Université du Québec
pour ne pas se cannibaliser...
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Bien. Très bien. Ça fonctionne très bien.
M. Proulx :
J'imagine.
Mme Beauchamp
(Sylvie) : Mais Mme Sauvageau va vous répondre.
M. Proulx :
Mais la décision se prend comment? Juste pour qu'on comprenne la distinction
entre, vraiment, l'autonomie, là, le choix
autonome, mais, en même temps, l'idée qu'il faut garder un esprit de collaboration
parce qu'on est dans un réseau.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme Sauvageau.
Mme Sauvageau (Lyne) : ...le développement surtout des programmes de
formation dans le réseau. Puis on doit saluer
l'action de tous les établissements, mais celle de l'UQAM, peut-être, au
départ, qui a été, je dirais, très généreuse dans ce qu'on appelle les programmes offerts en extension. C'est-à-dire
que l'UQAM conserve une pleine responsabilité académique de son programme et permet une extension ou offre en extension
avec l'établissement, je dirais, d'où on offre le programme le programme
lui-même. Donc, je donne un exemple hypothétique, là, le travail social. L'UQAM
a un programme en travail social. Un
établissement du réseau souhaite l'offrir, l'offre, offre les cours, son
personnel, et donc il est placé...
Son personnel, il est, bien sûr, dans l'établissement où on fait l'offre, et ce
personnel-là répond aux mêmes exigences et aux exigences de l'UQAM, et
il développe son expertise.
Et
le programme, une fois qu'il est offert, il peut être... une fois que
l'établissement d'accueil a développé
toute l'expertise et a un volume intéressant d'étudiants, bref, peut l'offrir de façon autonome, on autonomise ce programme du
premier. Et ça s'est fait beaucoup, je dirais, par essaimage, hein, presque de
programmes à l'intérieur du Québec. Là, on
est rendus à une étape différente.
Les établissements ont souvent, je veux dire, leur capacité d'offrir, et ils
s'offrent parfois de région en région...
• (16 h 10) •
M. Proulx :
Ils font eux-mêmes l'extension, si vous me permettez l'expression, entre eux.
Mme Sauvageau (Lyne) : Bien, oui. Donc, il y a des spécialités et, par
ailleurs, il y a aussi ce qu'on appelle... il y a 14 programmes qui sont offerts conjointement par les
établissements du réseau parce qu'ils partagent l'expertise de leurs
professeurs et ils offrent vraiment — je veux dire localement — le
même programme aux étudiants qui cheminent.
Mais les professeurs, eux, souvent, voyagent, et tout ça, ce qui fait qu'il y a
14 programmes aux cycles supérieurs qui
sont offerts grâce à l'expertise partagée. Souvent, c'est aux cycles
supérieurs. Les professeurs interviennent aussi dans des programmes dans ces disciplines-là, par
exemple, au premier cycle ou alors... Et donc ça se fait beaucoup de cette
façon-là. Le choix, il n'est pas arbitré par
nous, le choix vient de par la volonté des établissements entre eux. La
réglementation commune et le fait que
nous ayons quelque chose qui s'appelle l'Assemblée des gouverneurs permettent
d'autoriser, de faire l'autorisation
de cette offre-là. Les programmes sont ultimement des programmes de
l'Université du Québec, ce qui a beaucoup
facilité leur offre dans chacun des établissements et leur offre conjointe, en
commun, en extension, etc. Voilà.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Il ne reste plus de
temps, M. le député, désolée. On va passer du côté de l'opposition officielle pour le dernier bloc de 14 minutes.
Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Merci beaucoup. Alors, j'ai comme deux ordres de
questions, des plus techniques puis vraiment des plus philosophiques. Dans les plus techniques, pour tout ce qui
concerne la question de la rémunération, je pense aux dirigeants, je pense aux régimes de retraite, je
pense aux conditions d'après mandat, mais je pense aussi de manière générale,
quel est l'apport de la direction qui est
donné par le siège social, c'est-à-dire pour l'uniformité versus les
différences d'une université à l'autre?
Je ne sais pas s'il y a une partie des choses qui est déjà encadrée, là, mais
jusqu'où les universités sont autonomes pour venir déterminer les
questions de rémunération, retraite?
Mme Beauchamp (Sylvie) : La première
réponse, c'est qu'en ce qui concerne la rémunération aucune des universités n'est autonome, puisque la
rémunération est fixée par le gouvernement au moment de la nomination. Cette
prérogative gouvernementale là fait que les
chefs d'établissement, donc, ont un revenu qui est fixé par décret et qui,
encore une fois, est déterminé par le
gouvernement. Par la suite, normalement, selon les établissements, les cadres
supérieurs vont aller jusqu'à un
certain pourcentage du chef d'établissement, les cadres vont aller jusqu'à un
certain pourcentage du cadre
supérieur, et, en ce qui concerne les employés syndiqués, bien là ce sont les
conventions collectives qui le déterminent.
Mais, comme
je vous disais, en ce qui concerne la rémunération globale, le régime de
retraite, il est commun, il est géré par
un comité de retraite paritaire. Il est partagé aussi... il est financé à 50-50
par l'employeur et les employés. Donc, ça
fait déjà depuis plusieurs années que ça fonctionne de cette façon-là. Les
assurances collectives sont fixées pour tout le monde. Et, en ce qui concerne les syndiqués, on a notre table de
représentants des syndicats aussi, la table CIRRAC sur... — encore nos acronymes, là — qui détermine les conditions des régimes de
retraite et des assurances collectives. Alors, c'est discuté avec les employés aussi, mais ce sont les mêmes
assurances collectives, les mêmes régimes de retraite pour tous les employés, auxquels s'ajoute ce que
vous avez mentionné tantôt autour de la table, là, qui était le programme
supplémentaire de retraite, qui est un programme miroir avec la haute fonction
publique.
Mme
Hivon :
Puis, quand vous dites qu'évidemment, bon, le gouvernement fixe, lui, quand il nomme, donc, le recteur ou la rectrice, mais là vous me
dites : Par exemple, le reste va découler de, là, pour la haute
direction, exemple, 80 % de... ça, est-ce que c'est standard? Me
suivez-vous? C'est 80 % partout, même si le salaire, lui, est différent,
la rémunération est différente? Est-ce que ce barème-là, il est le même partout
ou c'est à chaque université de venir...
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Il est pas mal le même partout. Il y a une
décision de ce qu'on appelait les présidents, recteurs, directeurs généraux, à l'époque, qui avaient fixé les
pourcentages. Maintenant, les pourcentages peuvent varier légèrement,
mais ils se situent à peu près... la pratique est très largement suivie, oui.
Mme
Hivon : Est-ce
que, d'après vous, il y a plus de choses qui pourraient être mises en commun,
c'est-à-dire que vous pourriez jouer un rôle accru par rapport à, je
dirais, l'ensemble des universités?
Mme Beauchamp (Sylvie) : Bien,
écoutez, la réponse ne peut pas être négative. C'est-à-dire que, si on est interpelés sur une responsabilité qui correspond à
notre mission, on va certainement l'examiner puis on va certainement examiner aussi la possibilité de réaliser cette
activité-là. Est-ce qu'on peut être utiles dans d'autres secteurs? Bien, je
pense que, si on est sollicités, on va certainement l'examiner aussi.
Mme Boucher.
Mme
Boucher (Isabelle) : ...par
exemple... des projets sur la table pour lesquels il y a de la demande, mais,
bon, on n'est pas en mesure de les réaliser actuellement. Ça fait déjà
quelques années qu'on sait qu'on serait capables de développer un système de projection des inscriptions à la Direction de
la recherche institutionnelle, il nous faudrait des ressources additionnelles
pour le faire. On sait qu'il y a un besoin, il y a une demande, mais on n'est
pas rendus là.
On a d'autres projets comme, par exemple, le
système d'inventaire du financement de la recherche. C'est un système collectif. Il y a de la demande qui vient
des établissements pour rehausser les fonctionnalités de ce système-là et d'en faire quelque chose qui permet davantage
de faire de la gestion stratégique de la recherche. Et, encore une fois,
je veux dire, on sait que ça existe, la
demande, on travaille à voir comment on pourrait le réaliser, mais la situation
actuelle rend les choses plus difficiles encore.
Mme
Hivon :
Traditionnellement, il y a une certaine vision que l'Université du Québec, le
réseau de l'Université du Québec,
c'est différent des universités à charte. Donc, le traitement est parfois
différent. On l'a vu avec le projet de loi
n° 15, donc, par exemple, il y avait une volonté gouvernementale de vous
assujettir à des contrôles supplémentaires, ce qui n'était pas le cas pour les autres universités. Je pense qu'à bon
droit ça a été changé. Est-ce que, pour vous, ces différences-là ont
tendance à s'atténuer au fil du temps ou vous diriez que le réseau de
l'Université du Québec est quelque chose qui demeure très différent des autres
universités?
Une voix : ...
Mme
Hivon : ...les
différences de base, là, je veux dire, dans le quotidien, je dirais.
Mme Beauchamp (Sylvie) : Bon, on va
faire une distinction sémantique. Des universités à charte, il y en a seulement deux, parce que ça a été donné par un
roi ou une reine, il y a McGill puis il y a Bishop's. Les autres existent
en fonction de lois, comme nous. Alors, il
n'y a pas de distinction, je dirais, de nature juridique sur la responsabilité
ou sur la mission des universités. Ça, c'est une chose.
La Loi de l'Université du
Québec fixe la façon de nommer les membres des conseils d'administration et de l'Assemblée des gouverneurs. Et, dans une
décision, je pense, qui est regrettable, qui s'explique par des normes, je
dirais, comptables, et dans un avis
et dans une décision gouvernementale, l'Université du Québec a été intégrée au
périmètre comptable du gouvernement.
Ça n'a aucune valeur ajoutée pour le gouvernement, et c'est une reddition de
comptes plus substantielle pour
l'Université du Québec. On a à faire, entre autres, maintenant des rapports
trimestriels au gouvernement pour
qu'il puisse intégrer nos états financiers dans les siens, mais on est financés
exactement de la même façon, on a les mêmes
obligations en termes de qualité de programmation. Donc, les différences qui
existent, ce sont des différences qui sont liées à des éléments qui sont
extérieurs à notre mission.
• (16 h 20) •
Mme
Hivon :
Vous êtes assujettis de manière globale à la même formule de financement, les
mêmes efforts, bon, tout ça.
Justement, pour ce qui est de la formule de financement, j'en ai parlé avec les
autres qui sont venus, on sait que, dans
la foulée du Sommet, bon, sur l'enseignement supérieur, puis tout ça, il y a eu
un rapport sur la révision, le rapport Roy-Tremblay,
sur la révision de cette formule-là, il y a des travaux qui sont toujours en
cours. Est-ce que, pour l'Université du
Québec, il y a des enjeux vraiment importants dont vous voudriez nous faire
part, compte tenu que cette formule-là risque d'être revue?
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Bon, je pense que la première considération qu'il
faut avoir, c'est que, d'une part, une
formule de financement, c'est éminemment complexe et ça a toutes sortes
d'effets. Ce qui est certain, c'est que, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas un réinvestissement, ce n'est pas
réaliste de vouloir changer la formule de financement sans déshabiller
Paul pour habiller Pierre, ou Paulette, ou Pierrette. Mais c'est certain que
cette formule-là n'est pas parfaite, qu'elle
ne tient pas compte de certaines réalités qui sont communes aux établissements
de l'Université du Québec, ne
serait-ce que l'idée de faire des équivalences aux temps-pleins pour le nombre
d'étudiants alors qu'on sait qu'une très forte proportion des étudiants des établissements sont à temps partiel,
et ce temps partiel, il est aussi valable que le temps plein, sauf que les contraintes sur le régime des
études sont plus grandes. Donc, il y a des éléments de cette nature-là sur la
formule de financement. Il y a des éléments
aussi dont il faut tenir compte sur les responsabilités qui sont assumées par
les différents établissements, par leur vocation particulière. Mme Sauvageau,
voulez-vous ajouter des...
Mme Sauvageau (Lyne) : Je trouve que
ça va très, très bien.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Mais moi, je pense qu'il est très important
d'insister sur le fait que, sans réinvestissement, c'est tout simplement découper la tarte autrement
et c'est faire plusieurs malheureux peut-être pour des résultats qui ne sont
pas nécessairement plus évidents.
Mme
Hivon : En fait,
parce que la transition serait difficile à vivre s'il n'y avait pas un
réinvestissement?
Mme Beauchamp (Sylvie) : Bien oui,
parce qu'il faut au moins garantir le financement actuel. Et, si vous voulez
changer de formule de financement, bien, c'est ce qui s'est passé en 2007, je
pense, sur... 2006 sur la grille disciplinaire...
Il faut garantir que ça ne baisse pas. Et, si on veut changer la formule, bien
là il faut modifier les paramètres en fonction de ça.
Mme
Hivon :
...questions qui sont des questions plus larges, peut-être. Vous avez mis
l'accent beaucoup sur... vous voulez
mettre en place, puis je pense que vous êtes en train de finaliser
l'élaboration d'un modèle d'intervention pour favoriser la réussite des étudiants de première génération. Ça fait
que je voulais juste savoir jusqu'où ça, ça allait puis où vous en étiez
là-dedans.
Puis mon
autre question qui... j'aimerais juste, très rapidement, que vous nous disiez,
selon vous, c'est quoi, le plus grand
défi. Parce que vous faites part de plein de défis, mais, s'il y en avait un à
cibler pour l'Université du Québec, qui est potentiellement le même que pour
les universités au Québec, bien, c'est quoi à l'heure actuelle, le plus grand
défi?
Mme
Sauvageau (Lyne) : ...pour
les étudiants de première génération, en fait on va avoir les résultats, je
dirais, des expérimentations qui ont
lieu dans trois régions dans l'année qui vient. On va faire l'analyse de tout
ça, et donc on pourra livrer, dans le
fond, quelles sont, selon nous, les réponses les plus adaptées aux défis que
vivent ces étudiants-là dans un
proche avenir, puisqu'on expérimente aussi avec les collèges des régions en
question, et ça nous fera plaisir de vous tenir informés de ces
résultats-là et des interventions qui en découleront.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mme Sauvageau, si vous pouvez le
faire parvenir à la commission, nous, on va s'assurer que tous les
membres de la commission reçoivent le document.
Mme Sauvageau (Lyne) : Très bien. Ça
nous fera très plaisir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci.
Mme
Beauchamp (Sylvie) : Puis, en ce qui concerne, je dirais, le plus grand défi pour les universités québécoises,
c'est d'arriver à maintenir le rythme par rapport au développement des universités à travers le monde. Je dirais
ce retard relatif qu'on peut voir sur le taux de diplomation, il est notamment
attribuable au fait qu'il y a beaucoup de pays qui investissent de l'énergie, de l'intérêt, des
priorités, évidemment du financement pour faire en sorte de se démarquer sur la scène internationale. Et, à cet égard-là, je pense
qu'on a vraiment des efforts particuliers à déployer pour faire en
sorte que le Québec soit parmi les sociétés avancées sur le plan du
savoir et de la culture.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci beaucoup. Alors, à mon tour de vous dire merci,
Mme Beauchamp, Mme Sauvageau, Mme Boucher et M. Marchand,
pour votre contribution à la commission.
Alors,
je vais suspendre quelques minutes pour permettre aux dirigeants de l'École
polytechnique de Montréal de prendre place.
(Suspension de la séance à
16 h 26)
(Reprise à 16 h 30)
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la
bienvenue aux dirigeants de l'École
polytechnique de Montréal. Bienvenue.
Je vous rappelle que vous avez 20 minutes pour faire votre exposé, et,
par la suite, on va passer à la période
d'échange entre les parlementaires. Je voudrais, avant que vous commenciez... de
vous identifier et de présenter les membres
qui vous accompagnent. Et, par la suite, vous pouvez commencer tout de suite à faire votre exposé.
École polytechnique de
Montréal (EPM)
M. Guy (Christophe) :
Très bien. Bonjour, Mme la Présidente, Mmes et MM. les députés. Mon nom est Christophe Guy, je suis le directeur général de
l'École polytechnique. Nous sommes heureux d'avoir à nouveau l'occasion de discuter avec vous du cheminement de notre établissement
depuis les cinq dernières années. En effet, notre dernière comparution
remonte au 19 août 2010 soit jour pour jour, il y a exactement cinq
ans.
J'aimerais
vous présenter, donc, les membres de la délégation de Polytechnique qui sont
avec moi aujourd'hui. À partir de ma
gauche, complètement au bout, Mme Michèle Thibodeau-DeGuire, présidente du
conseil d'administration de
Polytechnique; M. Gilles Savard, directeur de la recherche, de l'innovation et
des affaires internationales; M. Steven Chamberland, directeur des
affaires académiques et de la vie étudiante; M. Richard Hurteau, directeur de
l'administration; juste derrière nous, Mme Chantal Cantin, directrice du
service des communications et des relations publiques;
M. Jean Choquette, directeur à la planification stratégique et aux relations
gouvernementales; M. Philippe Duby, directeur des ressources
informationnelles.
Plusieurs
observateurs nous accompagnent. Parmi eux, on retrouve les deux représentants
des deux associations étudiantes de
Poly, M. Gabriel Brassard, président de l'Association des étudiants de
Polytechnique, l'AEP, M. Bruno Belzile, président de l'Association des étudiants aux cycles supérieurs de
Polytechnique, l'AECSP. J'en profite pour souligner que Bruno a reçu, il n'y a pas très longtemps, la
Médaille du lieutenant-gouverneur pour la jeunesse visant à reconnaître l'engagement, la détermination et le dépassement
de soi de Québécois qui ont eu une influence positive dans leur communauté.
Je
veux également souligner la présence dans la salle d'autres membres de la
direction, dont Mme Louise Millette, directrice
du Département des génies civil, géologique et des mines, qui est membre du
Conseil supérieur de l'éducation et présidente de la Commission de
l'enseignement et de la recherche universitaire.
Je
vais, tout d'abord, vous présenter Polytechnique en bref, puis nos orientations
et notre vision. Par la suite, je ferai
le point sur notre cheminement depuis la dernière audition, et présenterai les
perspectives pour les prochaines années, et mettrai en lumière un certain nombre de nos préoccupations
immédiates. Les éléments de cette présentation sont en complément au
mémoire que nous avons déposé en décembre 2014 et dont vous avez pris
connaissance.
Polytechnique a été
fondée en 1873. Elle est la deuxième plus vieille université à Montréal après
l'Université McGill. Polytechnique a ainsi
été le premier établissement au Québec qui a permis aux francophones d'étudier
le génie en français. Polytechnique
est établie sur le flanc du mont Royal depuis 1958 avec son pavillon principal.
Les pavillons Pierre-Lassonde et Claudette-Mackay-Lassonde ont été
inaugurés en 2005. Le Pavillon J.-Armand-Bombardier, en copropriété avec l'Université de Montréal, a, quant à lui, été inauguré
en 2004. Ce bâtiment est entièrement dédié à la recherche, au transfert technologique et au soutien à l'entrepreneuriat.
Pour vous donner une idée de l'ampleur de notre déficit d'espace tel que reconnu aujourd'hui par le ministère, soit
25 000 mètres carrés, il équivaut à presque la surface totale de nos deux pavillons Lassonde.
Polytechnique sert
bien la société québécoise avec ses 44 000 diplômés qui ont été les
bâtisseurs du Québec moderne. Nos diplômés
sont aujourd'hui les contributeurs à l'émergence d'un Québec innovant,
entreprenant et technologique. Notre
profil institutionnel est unique et performant. Nous sommes une université très
active en recherche, un établissement de
formation monofacultaire en génie dont la population étudiante est très
internationale. Nous sommes une université innovante qui valorise les découvertes et l'innovation et qui soutient
l'entrepreneuriat. Notre rôle de leader au Québec requiert de demeurer parmi les meilleures
institutions universitaires de formation et de recherche en génie, et ce, au
Canada.
Nous
offrons des programmes de formation dans une quinzaine de domaines du génie à
tous les cycles, en plus des
mathématiques appliquées aux cycles supérieurs. Nous sommes fiers de vous
confirmer le renouvellement de l'agrément de nos 12 programmes de baccalauréat en juin dernier par Ingénieurs
Canada. Ceci confirme la qualité de la formation de nos diplômés
ingénieurs et la pertinence de nos programmes pour l'industrie et la société.
Avec ses 8 000 étudiants, Polytechnique
demeure l'établissement de formation en génie le plus important au Québec. Il est l'un des plus fréquentés par les
femmes en Amérique du Nord avec près de 25 % de sa population étudiante.
De plus, 23,6 %
de nos étudiants sont des étudiants internationaux avec visas qui viennent de
118 pays. Nos étudiants sont
activement impliqués dans une quinzaine de sociétés techniques et un large
éventail de comités éducatifs, sportifs, culturels ou internationaux. La
vie étudiante à Polytechnique est, en effet, trépidante et diversifiée.
J'aimerais
d'ailleurs souligner que Gabriel Brassard, le président de l'Association des
étudiants de Poly que je vous ai
présenté il y a quelques minutes, est aussi membre de l'équipe de notre voiture
solaire Esteban, que vous voyez sur
vos écrans, qui vient de remporter la deuxième place d'une course
internationale de voitures solaires qui se tenait sur la piste de
formule 1 du Circuit des Amériques à Austin, au Texas, en juillet dernier.
Polytechnique,
c'est 3 200 personnes, équivalant à 1 450 employés à temps complet,
qui travaillent à l'école. 800 sont des employés réguliers. On compte
260 professeurs, 290 chargés de cours et de laboratoire, 230 personnels de
recherche et 680 personnels de soutien.
Nos
4 750 ingénieurs inscrits dans nos 12 programmes de baccalauréat ont
bénéficié de 1 455 stages rémunérés en 2014-2015. Nous avons plus de 2 000 étudiants aux cycles
supérieurs. À l'international, notre réputation est soutenue par 19 ententes de
double diplôme, des conventions d'échange avec 250 établissements dans 52 pays
et 730 étudiants en mobilité
internationale. Ce sont plus de 20 millions qui sont versés en bourses et
aide directe aux étudiants au baccalauréat et aux études supérieures, dont
16 millions en aide financière à nos étudiants gradués en recherche à
partir des fonds de recherche de nos professeurs.
En recherche,
Polytechnique est reconnue pour la qualité et l'ampleur des travaux qui y sont
menés et pour ses partenariats avec
l'industrie. Avec un budget annuel autour des 80 millions de dollars et
des investissements en équipements de
recherche totalisant près de 300 millions depuis 15 ans, Polytechnique
contribue activement à l'avancement des connaissances, à l'innovation,
au développement technologique de la société québécoise.
Polytechnique
compte 25 chaires de recherche du Canada, 17 chaires industrielles, dont 13
financées par le CRSNG. Polytechnique
est devenue ce printemps la quatrième université du Québec à détenir une chaire
d'excellence en recherche du Canada. La chaire du Pr Andrea Lodi, sur la
science des données pour la prise de décision en temps réel, a été inaugurée le 22 mai dernier. Elle disposera d'un
budget totalisant 51 millions de dollars pour les sept prochaines années.
Enfin, Polytechnique met à la disposition de sa
communauté une société de valorisation de ses inventions, Univalor, et un centre d'entrepreneuriat dont la
mission est de développer une culture entrepreneuriale et d'innovation à
Polytechnique et de soutenir de façon
concrète nos entrepreneurs, qu'ils soient étudiants ou non, et la création
d'entreprises technologiques.
Au Canada, il y a 43 universités qui offrent 271
programmes de baccalauréat agréés en génie. De ce nombre, 12 universités offrent 72 programmes au Québec. En
2013, Polytechnique a formé 780 nouveaux ingénieurs, soit 5,1 % de tous les diplômés ingénieurs au Canada et
6,6 % des diplômés au doctorat en génie au Canada. Ce dernier chiffre est
à l'image de notre performance en
recherche. D'ailleurs, au cours de la dernière année, ce sont 114 diplômes de
doctorat que nous avons décernés.
• (16 h 40) •
Voici le positionnement de Polytechnique parmi
les 20 plus grandes écoles ou facultés de génie au Canada. Polytechnique, sur les graphiques, est en bleu
pâle; les autres universités québécoises, en bleu foncé; en rouge, les
universités hors Québec. Nous sommes
au deuxième rang au Canada et au premier rang au Québec pour l'envergure de
notre corps professoral, au quatrième
rang au Canada et au premier au Québec pour les montants obtenus en subventions
de recherche en génie du CRSNG, au deuxième rang canadien après
l'université d'Alberta et au premier rang au Québec quant au nombre de chaires de recherche industrielle du CRSNG.
Enfin, pour les chaires de recherche du Canada, nous sommes au premier
rang, ex aequo avec l'Université de Toronto,
avec chacune 21 chaires de recherche du Canada qui étaient comblées à
l'année 2013-2014.
Research Money publie chaque année le classement
de la performance ou de l'intensité en recherche des universités canadiennes. Voici le classement de 2014, le financement moyen de la recherche exprimé en dollars de recherche par professeur. Nous avons extrait les données de
Polytechnique, qui sont normalement incluses avec celles de l'Université de Montréal et de HEC Montréal.
Polytechnique est au troisième rang de ce classement derrière l'Université de Toronto, qui a une faculté de
médecine, et, au Québec, l'INRS, qui n'offre que des études aux gradués.
J'ai débuté
le 1er juin dernier un troisième mandat à la direction de Polytechnique. Alors
que mes deux premiers mandats étaient
sous le signe du redressement, de la consolidation et du développement, ce
troisième mandat se voudra une
période où nous miserons sur nos acquis et où nous nous donnerons les moyens de
nos ambitions pour améliorer la formation,
la recherche et le rayonnement de Polytechnique dans la société.
Je veux également améliorer la notoriété de Polytechnique à
l'international.
Voici l'évolution du corps professoral de
Polytechnique depuis 1999. On peut reconnaître les différentes périodes relatives à notre financement. Période de déficit jusqu'en 2006, durant laquelle le nombre de
professeurs a augmenté. Retour à
l'équilibre budgétaire en 2008, période durant laquelle nous avons vécu une
décroissance du nombre de professeurs, les postes n'étaient pas
renouvelés. Ensuite, croissance de la population étudiante et retour à des
budgets équilibrés.
L'arrivée des
chantiers I et II à la fin 2007 a permis de corriger la tendance. Ces deux
enveloppes spéciales ont été introduites
par le ministère pour corriger le problème de sous-financement de longue date du génie et de l'administration au Québec.
Nous avons donc pu embaucher des professeurs à cette époque. Ce graphique — et
mes collègues recteurs l'ont sans doute déjà mentionné — est
clair. C'est clair qu'au Québec une université est soit en déficit de ressources humaines, soit en déficit
budgétaire.
Le nombre
d'étudiants inscrits au baccalauréat en génie au deuxième et troisième cycles
au cours des sept dernières années
montre de nettes augmentations, entre 40 % et 50 %. Vous aurez
compris que nous avons été capables de compenser partiellement les coupures dans notre subvention de fonctionnement de Québec
par la croissance de la clientèle. Cette population
étudiante de Polytechnique se stabilise maintenant et ne devrait plus beaucoup
varier au cours des prochaines années. Nous sommes à saturation, mais
aussi nous manquons beaucoup d'espace.
Pendant la
même période, on observe une croissance significative du financement à la recherche, 40 % sur sept ans. Ceci est en lien avec le développement de nos programmes de recherche
aux cycles supérieurs et de la performance de nos professeurs pour
obtenir du financement en recherche.
Pour les
prochaines années, nous voulons demeurer dans le peloton de tête des
institutions en génie au Canada
tant pour la qualité de notre enseignement
que la pertinence et l'intensité de la recherche que nous réalisons. Nous
voulons être reconnus dans le monde
pour la qualité de la formation, la réputation de nos diplômés à tous les
cycles et l'intensité de nos partenariats de recherche. De plus, alors
que nos programmes sont bien reconnus en Amérique du Nord, il est important de
les arrimer avec les structures de programmes en Europe et en Asie. Nous
désirons donc, au cours des prochaines
années, faire un arrimage avec le processus en cours d'implantation en Europe,
le fameux processus de Bologne, et obtenir des agréments internationaux.
Nos
perspectives sont toutefois limitées et ralenties, notamment
à cause des nombreuses coupures récentes dans notre subvention de fonctionnement de Québec. Rappelons que ces coupures totalisent près de
260 millions de dollars en quatre
ans pour le réseau universitaire québécois. À Polytechnique, pendant la même période, notre
subvention de fonctionnement a été amputée de 8,4 millions, soit
presque 10 %. Donc, un chantier sur le financement des universités autour
des recommandations du rapport Tremblay-Roy est en cours, ce qui complique la
prédictibilité du financement dès 2016. Ceci
est inquiétant, j'y reviendrai dans quelques instants. Enfin, les réponses du ministère
concernant le financement de
certains de nos projets de développement importants comme notre système
informatique de gestion académique et la construction d'un pavillon de génie
sur le site Outremont de l'Université de Montréal se font attendre.
Du point de
vue financier, pour la première fois, les revenus de Polytechnique seront à la
baisse en 2015-2016 par rapport à
l'année précédente, du jamais-vu, et ce, malgré une légère augmentation de
notre niveau d'activité que l'on devra
assumer. Si l'on présente les dépenses en regard des revenus pour l'année
2015-2016, on constate que, malgré nos efforts,
l'équilibre est compromis. La majorité des dépenses sont des salaires
difficilement compressibles. Heureusement, pour 2015-2016, nous avons été en mesure de réduire les coûts du régime
de retraite de 50 %, soit presque 4 millions, notamment grâce à une entente conclue avec nos
employés. De plus, nous utiliserons quelques réserves financières, ce
qui nous permettra de respecter l'équilibre budgétaire. Mais qu'arrivera-t-il
pour les années suivantes?
Polytechnique
est un bon élève parmi les universités québécoises. Nous maintenons l'équilibre
budgétaire depuis des années et nous
avons pratiquement éliminé notre déficit accumulé de fonctionnement. Malgré
cela, nous ne bénéficions pas d'une
reconnaissance de la part du ministère pour nos efforts. Le génie et
Polytechnique sont toujours mal financés au Québec et par rapport au reste du Canada. Rappelons que nos
programmes doivent satisfaire des critères d'agrément qui sont pancanadiens. La concurrence avec les
établissements hors Québec, et particulièrement en Ontario, est très réelle.
Depuis une quinzaine d'années, le génie souffre
d'un sous-financement chronique induit par une formule de financement
inadéquate. Le ministère l'a reconnu il y a longtemps, mais ce ne sont que des
programmes ponctuels et temporaires qui ont
visé à corriger le niveau de financement du génie : une patch — c'était le nom utilisé au début des années 2000 — les chantiers I et II, depuis 2007, qui
sont, en fait, une enveloppe spéciale pour l'administration et le génie.
Ce sont des correctifs qui ne reposent pas
sur des indicateurs pertinents, mesurables et durables. Polytechnique a un
profil spécial au Québec. Nous sommes
un établissement très international, monofacultaire et dont les activités de
recherche sont intensives. Il faut qu'une nouvelle formule de
financement tienne compte de ces spécificités.
Nous sommes
très inquiets, très inquiets parce que plusieurs effets cachés, conséquences
d'un sous-financement prolongé, sont
très réels à Polytechnique. Le nombre moyen d'étudiants par classe augmente et
le nombre de très grandes classes a
explosé. Le nombre de classes de 80 étudiants et plus a triplé, celui de
100 étudiants et plus a doublé en sept ans. Ce problème est aussi lié au manque de locaux. Nous sommes en déficit
d'espace. Le ministère nous reconnaît des besoins pour
25 000 mètres carrés supplémentaires que nous aimerions trouver à
court terme.
Malheureusement,
tous ces éléments viennent perturber l'expérience étudiante, surtout au
baccalauréat, et nous aimerions pouvoir améliorer la situation au cours
des prochaines années. Il faut continuer de développer notre corps professoral. Les charges d'enseignement ont
augmenté au cours des dernières années, et le manque de ressources humaines,
conséquence d'une réduction des embauches, nous empêche de fournir tous les
services de soutien nécessaires aux professeurs
pour les soulager des nombreuses tâches, notamment administratives, qu'ils
doivent assumer au quotidien. Nous voudrions également mieux les
soutenir dans leurs activités de recherche.
Depuis le
printemps, le ministère s'est lancé dans de grands travaux pour mettre en place
une nouvelle politique de financement
des universités. Ces travaux reposent en grande partie sur les nombreuses
recommandations du rapport Tremblay-Roy.
La mise en place d'une nouvelle base de financement à partir des coûts moyens
observés ces dernières années est
très préoccupante. À cause des coupures budgétaires, nous disposons aujourd'hui
de moins d'argent par étudiant qu'auparavant.
Les coûts par étudiant ont donc diminué. Ainsi, il est indispensable pour le
génie de comparer les coûts observés avec ceux dans le reste du Canada.
Les propositions du rapport Tremblay-Roy concernant
le financement des étudiants étrangers aux études supérieures pourraient aussi être très pénalisantes pour Polytechnique
et pour toutes les universités actives en recherche. Nous ne pourrions plus maintenir le nombre
d'étudiants gradués au niveau actuel par perte de financement. Ces étudiants,
même étrangers, contribuent directement à la
recherche et à l'innovation au Québec par la création de nouvelles
connaissances et la création d'inventions.
En
conclusion, je vous ai décrit Polytechnique pour ce qu'elle est, un
établissement universitaire agile et dynamique, monofacultaire en génie,
très actif en recherche, dont le corps professoral est reconnu pour ses
compétences et ses contributions
scientifiques, qui encourage l'innovation, l'entrepreneuriat et qui est en
bonne santé financière et très bien géré.
Vous conviendrez avec moi
que Polytechnique a prouvé par le passé qu'elle a joué et qu'elle joue encore aujourd'hui
un rôle important dans le développement du Québec.
Polytechnique pourra poursuivre sa mission avec conviction et succès si
on lui en donne les moyens. Merci beaucoup. Ceci termine ma présentation.
• (16 h 50) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Guy. Alors, on
va passer à la période d'échange entre les parlementaires. On va passer du côté du gouvernement pour une période de
16 min 30 s. Alors, je cède la parole au député de
D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. M. Guy, directeur général, Mme
Thibodeau-DeGuire, présidente du conseil
d'administration, que j'ai le plaisir de connaître pour avoir été membre du
conseil d'administration de Centraide de
Montréal sous sa direction inspirée et inspirante, membres de l'équipe, on vous
souhaite la bienvenue. Et on sait qu'on a devant nous les représentants d'un fleuron du Québec. Vous avez parlé
de plusieurs indicateurs, et on va discuter de tout ça, évidemment.
Je me permets
de souligner un aspect de votre rôle, comme n'importe quel établissement
important au Québec, de faire
rayonner toutes les valeurs du Québec et toute notre humanité. Et je me permets
de souligner comment, d'une tragédie terrible dont on est tous au
courant, la grâce et la détermination de Polytechnique pour faire en sorte que
cet événement terriblement inoubliable fait
un catalysateur pour la représentation des femmes au sein du génie dans tous
ses domaines et de nous
reconscientiser à la problématique qui est devant nous tous et qui est
collectivement notre responsabilité.
Ça
m'intrigue, un aspect de votre rayonnement partout est évidemment de voir le
pourcentage de vos effectifs qui
vient de, vous avez dit, je crois, 110 pays, et c'est à votre honneur, à
notre honneur aussi. Et, même si ces gens, la plupart, j'imagine, étudient ici et, de leur expérience, font bénéficier
des pays partout au monde, évidemment, quand même, c'est intéressant de savoir s'il y a un taux de
rétention, si plusieurs de ces gens décident d'utiliser l'expertise que vous
les aurez aidés à acquérir pour faire
avancer le Québec. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de ça et
aussi si vous avez quelques précisions sur la provenance, les pays
d'origine de ces gens-là?
M. Guy
(Christophe) : Alors, nos étudiants proviennent, au baccalauréat,
principalement de pays francophones, puisque
notre enseignement est en français, par contre, aux études supérieures, en
recherche, d'un peu partout dans le monde, avec une forte proportion de Chinois, une forte proportion d'Iraniens,
d'étudiants qui viennent de partout. Il est sûr que nos étudiants, quand ils arrivent ici, ils réalisent
que le Québec est une société accueillante, et beaucoup d'entre eux, même
au cours de leurs études, demandent le statut de résident permanent pour
pouvoir rester par la suite au Québec.
On estime
que, pendant, par exemple, un doctorat qui dure quatre, cinq ans, à peu près au
moins un quart obtient son statut de
résident permanent tout en continuant à être étudiant. C'est sûr qu'après
certains autres restent. Beaucoup continuent,
mais il faut comprendre qu'à la fois la profession d'ingénieur et quand on est
chercheur dans un domaine de haute
technologie, les emplois, ils sont partout dans le monde, les entreprises et
nos entreprises québécoises travaillent partout dans le monde, et il est clair que certaines entreprises
québécoises sont intéressées à avoir des nationaux de pays dans lesquels ils font leurs affaires, et donc
tous ne restent pas forcément au Québec. Mais il y en a qui restent. Moi-même,
j'ai fait mes études supérieures ici, au
Québec. Vous entendez sans doute encore mon accent malgré 34 ans passés
ici. Mais il y en a qui restent,
effectivement, au Québec. Gilles, peux-tu dire quelques mots supplémentaires
sur nos étudiants-chercheurs?
M. Savard
(Gilles) : Bien, nos étudiants-chercheurs, ils contribuent déjà, dans
leurs quatre, cinq ans d'études, cinq
ans, six ans, des fois, au doctorat... Comme 50 % de nos activités de
recherche se font en lien avec l'industrie, bien souvent, dans l'industrie, ils contribuent déjà dans leur passage. Ne
serait-ce que 50 % des étudiants impliqués dans nos divulgations d'inventions, donc dans nos brevets,
sont des étudiants étrangers. Donc, même parmi... Personnellement, tous les étudiants étrangers que j'ai encadrés
depuis le début de ma carrière à Polytechnique, et c'est plus de 50... il y en
a 40 qui sont restés au Québec. Mais
ce n'est statistiquement peut-être pas valable, mais il y en a plusieurs qui
restent. On se posait la question,
justement, et on veut avoir des métriques pour mieux suivre ces étudiants-là
pour la suite, mais l'impact se fait également durant leurs études.
M.
Birnbaum : Merci. Il y a une dynamique très importante devant nous
tous comme défi, et on n'a pas de choix que d'être au rendez-vous, et je parle d'une évolution de notre
main-d'oeuvre et du monde du travail. Pour la première fois dans l'histoire, on se trouve avec zéro
croissance en termes de main-d'oeuvre de disponible entre les âges de 22 à
55 ans. En même temps, on parle
de quelque trois quarts de million de postes qui vont s'ouvrir dans les prochains
20 ans. Ça touche à chacune des
universités, mais peut-être davantage aux vôtres en quelque part, et je me
demande si vous pouvez nous parler un
petit peu de vos efforts en contribuant à une meilleure adéquation
formation-emploi, vos liens avec les instances qui ont à contribuer à ça avec vous, les autres paliers de
l'enseignement, Emploi-Québec, le monde des entreprises, les instances parapubliques comme la Commission des
partenaires du marché du travail. On a devant nous tout un enjeu, et vous
êtes bien placés pour en contribuer. Alors, je vous... de nous parler de tout
ça.
M. Guy
(Christophe) : ...nous sommes, effectivement, très impliqués. Et, si
je cible tout d'abord sur la profession d'ingénieur, il est clair qu'au Québec et au Canada nous allons être en
déficit d'ingénieurs, et il faut les recruter. Ingénieurs Canada a même écrit que l'immigration ne sera pas
suffisante pour combler les besoins d'ingénieurs au Canada, et la seule façon — parce que nous sommes encore une profession
très masculine — c'est
pour que les jeunes femmes choisissent de
devenir des ingénieures. C'est la seule porte de sortie pour le Québec, pour le
Canada. Alors, nous nous impliquons à ce niveau-là. Nous nous impliquons dès les
écoles primaires et secondaires. Nous avons un camp d'été scientifique qui s'appelle Folie technique, 28 ans
d'existence, le plus vieux camp scientifique de jour au Canada, dans lequel,
bien sûr, nous accueillons des jeunes
garçons, des jeunes filles fin du primaire, début du secondaire, mais pour
lequel nous avons aussi des semaines
entièrement dédiées aux jeunes filles pour que, justement, elles soient plus à
l'aise de découvrir les sciences et technologies sans avoir la
compétition avec les garçons.
Nous sommes très impliqués dans le soutien à tout
un tas de compétitions scientifiques et techniques dans les écoles. Je pense à la compétition de robotique
FIRST Robotics où nous embauchons des étudiants gradués de Polytechnique
qui vont encadrer les jeunes des premières
classes du secondaire dans les écoles défavorisées de Montréal pendant
plusieurs mois pour qu'ils puissent
participer à la compétition. Nous donnons du soutien en mathématiques,
notamment, par exemple, avec la
commission scolaire de Montréal, où un de nos professeurs est très impliqué
dans le développement d'outils ludiques pour apprendre les
mathématiques.
Donc, nous
essayons — nous
sommes quand même une petite université en termes de nombre — d'être présents à l'endroit où ça compte. Et je dois dire que la
communauté est excessivement volontaire à s'impliquer, et particulièrement
dans les milieux plus défavorisés de
Montréal où, malgré tout, les populations immigrantes voient la profession
d'ingénieur comme... Surtout,
souvent, dans les pays d'où ils viennent, c'est quelque chose qui est aussi
très valorisé et donc qui leur permet
d'envisager de venir étudier chez nous ou dans les autres écoles de génie qu'il
y a au Québec. Je ne sais pas si...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il vous reste encore du temps,
hein, M. le député. Il reste sept minutes, alors...
M. Guy (Christophe) : Steven.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
• (17 heures)
M.
Chamberland (Steven) : Je
voulais vous donner peut-être un exemple aussi. Il y a un projet qui a été fait
au département de génie informatique et logiciel, un projet avec
Éducation Montréal pour justement, en 2013, faire une activité que... Ça s'appelle J'ai le tic pour les TIC, le nom
n'est pas génial, mais, bref, avec Éducation Montréal, donc, c'est de prendre des bus puis emmener à
Polytechnique des étudiants qui viennent d'écoles défavorisées pour montrer c'est quoi, le métier d'ingénieur.
Donc, on est très impliqués dans ce domaine-là. On travaille aussi beaucoup
avec TechnoCompétences, donc, qui est le
Comité sectoriel de main-d'oeuvre en TIC. Donc, avec les instances paragouvernementales
aussi, on est très impliqués.
M. Guy (Christophe) : Nous avons
aussi beaucoup travaillé avec, bien sûr, l'Ordre des ingénieurs du Québec et le
ministère de l'Immigration pour, justement, développer des outils, pour que ces
personnes... Quand ils décident d'immigrer au Québec, ils se font dire par
l'Ambassade canadienne que, oui, ils sont reconnus. Mais, quand ils arrivent,
ils se rendent compte que l'Ordre des ingénieurs ne les accepte pas, donc pour
leur donner la formation nécessaire pour qu'ils puissent exercer leurs
compétences. Donc, ça a été une activité qui a vraiment été intéressante où Emploi-Québec
étaient impliqués parce qu'ils subventionnaient ces personnes-là aussi. On a
fait ça pendant plusieurs années, et il y a eu un «spin-off» de ça pour ceux
qui voulaient développer des entreprises, et notre centre d'entrepreneuriat a
été impliqué dans le coaching de ces personnes qui étaient des ingénieurs
diplômés de l'étranger, et qui arrivaient au Québec, et qui avaient du mal à
démarrer leur carrière.
M. Birnbaum : Je vous remercie. Il
me reste un tout petit peu de temps?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, allez-y, il vous reste cinq minutes, M. le député.
M.
Birnbaum : Ah! bon, merci. Bon, voilà, c'est des exemples pertinents
et très intéressants. Et vous avez touché à un autre partenaire que nous avons identifié — c'est d'une évidence, peut-être — en ce qui a trait à cette adéquation qui s'impose comme priorité sur nous. Et vous avez
juste touché à ça, qu'il y a deux aspects, je parle des ordres professionnels et la reconnaissance des acquis, et
ainsi que l'accréditation, toutes les étapes qui sont exigées par chacun
des ordres qui prend une... qui exige une
collaboration, une cohérence entre ces ordres et les ordres d'enseignement
supérieur. Pouvez-vous nous parler de
votre expérience? Y a-t-il des choses promettantes à nous signaler, des obstacles
où on devrait essayer de travailler ensemble?
M. Guy
(Christophe) : Écoutez, nos programmes sont reconnus, donc, à travers
le Bureau canadien d'agrément des
programmes de génie, qui dépend d'Ingénieurs Canada. Et, une fois, pour un
nouveau programme, que la reconnaissance est faite, après il y a un décret du gouvernement qui reconnaît que l'on
peut donner un diplôme qui donne accès à l'Ordre des ingénieurs du Québec. Donc, ça, je pense que ça marche bien. C'est
sûr qu'on est relativement insatisfaits d'un certain caractère, qui peut
sembler corporatiste, de ces sociétés ou de ces ordres professionnels, surtout
dans des domaines où il y a plusieurs
professions qui peuvent exercer. Néanmoins, c'est une garantie de qualité pour
les programmes que l'on forme.
Alors, pour
quelqu'un qui vient de l'étranger, c'est vraiment pas mal plus compliqué. Le
Canada est sans doute un des pays qui
est le plus difficile pour obtenir un droit de pratique comme ingénieur. C'est
même plus facile aux États-Unis qu'au
Canada. Peut-être que l'Australie est un peu comme nous, mais donc... Et ça, ça
pose un obstacle. Ça pose un obstacle pour
nous aussi. Quand nous engageons des professeurs, beaucoup viennent de
l'étranger. Ces professeurs-là, ils ont besoin de faire reconnaître leurs qualifications
professionnelles, et ça peut prendre beaucoup de temps et beaucoup d'efforts
qui ne sont pas utilisés pour faire
autre chose. Mais sinon, on est conscients que les sociétés, les ordres
professionnels ont un rôle très important à jouer et qu'il est important
de le conserver.
On compte sur
les ententes de libre mobilité des professions qui ont été convenues déjà entre
le Québec et la France puis, on
l'espère, entre le Canada et l'Union européenne pour, justement, qu'il y ait
une fluidité dans, justement, l'exercice d'une profession qui est véritablement internationale. Donc, ça, c'est
assez important. Et on joue notre rôle, j'ai longtemps travaillé avec
l'OIQ pour la loi, pour les examens. Donc, on est tous impliqués à plusieurs
niveaux de cette façon-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Il vous reste deux minutes, M. le député.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Vous parlez du fait que peut-être
le Canada ainsi que l'Australie se trouvent
avec des exigences peut-être un petit peu plus difficiles qu'ailleurs. Est-ce
que ça s'explique de façon légitime ou y a-t-il un... où on peut
peut-être faire mieux, là?
M. Guy
(Christophe) : Écoutez, oui, il y a des raisons historiques,
inévitablement, mais je pense qu'il y a moyen de faire en sorte, dans
un monde de plus en plus mondialisé... Des universités comme la nôtre,
mais aussi mes collègues du Québec
et du reste du Canada, oui, on forme pour le Québec,
mais on forme aussi pour le monde, les gens deviennent des citoyens du monde. C'est important qu'on leur inculque
cette envie de voir ailleurs, d'être mobiles. Donc, la mobilité, et surtout pour notre profession, qui est
internationale... Écoutez, nos
entreprises, elles font des contrats partout dans le monde, et il faut
que les gens soient habitués à pouvoir suivre, à pouvoir travailler de cette
façon-là.
Donc, on a
une emphase, d'ailleurs, sur le profil international à l'École polytechnique.
On veut que, pendant les quatre
ans — chez
nous, un bac, c'est quatre ans, hein, c'est un an de plus que partout
ailleurs — ils
aient l'occasion de découvrir autre
chose. Pas simplement en termes de culture, de langue, mais aussi en termes de
façons de voir la société, de voir la
technologie. Et je pense que c'est très enrichissant, ça a beaucoup de succès.
On aimerait amplifier cela, et ça, c'est notre intention de continuer
dans ce sens-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Guy. Alors,
on va passer au prochain bloc, à l'opposition officielle pour 14 min 30 s.
Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, M. Guy, toute votre équipe, Mme
la présidente, bienvenue. Très
heureuse de pouvoir échanger avec vous. Je suis très heureuse que votre
présidente soit une présidente et je suis très heureuse aussi parce que
le reste de la représentation est masculine. Mais on peut comprendre que,
traditionnellement, le défi était de taille, et je note, bien sûr, qu'il y a
une directrice aussi parmi l'équipe.
Et j'ai été
heureuse que vous ameniez des étudiants. Vous êtes les seuls à avoir fait ce
geste, je vous le souligne, puis je
trouve que c'est quelque chose de très intéressant de montrer qu'ils prennent
part à un exercice comme celui-là qui
n'a pas cours à toutes les semaines non plus, puis de les initier aussi à la
vie démocratique et à la reddition de comptes parce que c'est quelque chose aussi, comme élus, qui nous tient à coeur,
autant l'exercice qu'on fait sur la reddition de comptes et la vie universitaire, mais aussi de familiariser les jeunes
universitaires bien formés, mais, dans le milieu du génie, qui, peut-être, sont moins en contact avec
la politique. Donc, je trouve que c'est une belle initiative, je voulais le
souligner.
D'entrée de
jeu, juste parce que vous-même, vous l'avez soulignée, l'importance de recruter
davantage de filles en génie, vous
avez quand même une performance honorable, je le dirais, quand on vous compare
avec 25 % de jeunes femmes chez
vous. Est-ce qu'il y a un effort particulier — parce qu'on sait que les modèles, là, sont
importants — pour
aller recruter dans le corps professoral... ce n'est pas une donnée qu'on a,
là, mais des femmes, des professeures, des directeurs, directrices de
département? Comment ça va de ce côté-là à Polytechnique?
M. Guy (Christophe) : Gilles, es-tu
en mesure...
Mme
Hivon : Est-ce
qu'on a une idée...
M. Savard
(Gilles) : Oui. Bien, je pense qu'évidemment le recrutement à
Polytechnique est toujours basé sur l'excellence.
Mais ce qu'on remarque, c'est qu'il y a de plus en plus de femmes qui
obtiennent un doctorat. Donc, c'est une
roue qui tourne, hein? Plus il y aura de femmes qui étudieront en génie au
niveau doctorat, plus on aura un bassin plus large. Récemment... et, dans les trois chaires qu'on va
déposer — chaires
de recherche du Canada — il y en a deux qui sont
des femmes ici, et donc on vient de dépasser 20 % de nos chaires de
recherche du Canada qui sont données à des femmes alors que notre corps
professoral est plus près de 15 %. Donc, déjà, nos femmes sont déjà
meilleures que la moyenne des hommes actuellement, nos plus jeunes.
Disons que
c'est une tendance, ça se fait à très long terme. Quand on engage un professeur,
une professeure, c'est pour 35 ans, 30 ans. On ne peut pas
changer du jour au lendemain et on base toujours sur l'excellence. Et ce qu'on
remarque, c'est qu'il y a de plus en plus d'excellentes professeures. Donc,
c'est...
Mme
Hivon :
C'est bien. J'ai moi-même une soeur qui a un doctorat en génie, donc je suis
très sensible à la cause. Alors, je
l'ai vue travailler très fort pour obtenir son doctorat à une époque où il y
avait encore beaucoup moins de femmes, donc... O.K. Donc, bien, je vous
remercie quand même d'avoir soulevé l'enjeu...
M. Guy (Christophe) : Si
je peux me permettre, nous avons aussi une présidente qui est ingénieure, qui a
été... je ne voudrais pas te
vieillir, Michèle, mais la troisième fille diplômée de l'École polytechnique et
qui a construit des ponts après, et qui a pris d'autres responsabilités
par la suite.
Mme
Hivon :
Au propre et au figuré.
M. Guy
(Christophe) : Et au figuré.
Une voix :
Et qui tiennent.
M. Guy
(Christophe) : Et qui tiennent.
• (17 h 10) •
Mme
Hivon : Bon, bien, c'est sûr que ça doit donner une
impulsion aussi. Mais je pense que les modèles, c'est aussi quelque
chose de très important, on le voit à différents égards. Donc, merci beaucoup.
Je
voulais continuer sur la question du corps professoral. Je note dans les
indicateurs, les données que vous nous avez
fournies, donc, une augmentation... En fait, quand on assistait à votre
présentation, c'était vraiment inspirant de voir à quel point vous vous démarquez à plusieurs égards, à quel point il y a
une augmentation des effectifs étudiants, à quel point vous êtes
compétitifs, vous vous classez bien au niveau canadien, tout ça.
Évidemment,
les derniers acétates sont un petit
peu plus, je dirais, problématiques,
on va y revenir. Mais je regardais à
quel point les ratios... Bon, vous avez dû augmenter votre recrutement, évidemment,
autant de chargés de cours que de professeurs,
mais le niveau d'augmentation des chargés de cours est plus important que de
professeurs légèrement si je me
fie à ça. Je ne sais pas si ça a changé.
J'avais
comme une double question. Est-ce que vous avez le sentiment que ce ratio-là
commence à être problématique, en
termes de ratio chargés de cours-professeurs? Et aussi le ratio dans les cours,
vous y avez fait référence, là, il y
a une augmentation significative. Moi, les derniers chiffres que j'en ai, c'est
qu'on est passé de 18 en 2006-2007 à 24,7
en 2014. Donc, je ne sais pas si vous pouvez me parler un peu de ces deux
éléments-là, puis est-ce que ça suscite des inquiétudes chez vous, vous
avez un plan pour...
M.
Guy (Christophe) : Oui, absolument, ça suscite des inquiétudes. Tout
d'abord, sur le ratio professeurs-chargés de cours, bon, les croissances, c'est un peu plus compliqué à
interpréter parce que les chargés de cours ne sont pas à temps plein, alors que les professeurs sont à temps
plein. Aujourd'hui, si on prend le nombre de crédits contact de nos étudiants,
51 % des crédits qu'ils suivent sont en
contact avec un professeur en classe et 49 % avec des chargés de cours.
Pour les chargés de cours, nous avons
trois types de chargés de cours. Nous avons les chargés de cours que
j'appellerais professionnels, réguliers, qui enseignent et qui
participent notamment à l'enseignement de certaines matières de base, des
étudiants gradués au doctorat, qui, pour
eux, c'est aussi une partie de la formation de participer à l'enseignement de
plus jeunes étudiants et des personnes qui sont ingénieurs dans
l'industrie.
En
génie aérospatial, on est très contents que, par exemple, l'entreprise
Bombardier nous permette d'avoir accès à certains de ses ingénieurs pour enseigner des cours très pointus en
aérodynamique des avions, par exemple. Ce qui est plus inquiétant pour nous, c'est effectivement ce
taux d'encadrement qui augmente. On a toujours visé un taux de 18 étudiants équivalents temps plein par
prof. Si on se comparait avec ceux avec qui on veut se comparer, on prendrait
Caltech, c'est peut-être deux, trois
étudiants par professeur. Donc, vous comprenez qu'on est loin. Mais nous, notre
ambition, c'est de jouer dans la cour des grands. Notre ambition, c'est,
à cause de notre recherche et de notre formation, d'être comparables à ce qui se fait de mieux en Amérique
du Nord et dans le monde. Et, pour ça, cette augmentation est détrimentale
à notre capacité d'être vraiment très
performants. Pourquoi? Parce que, dans les faits, les profs, ils vont passer
beaucoup plus de temps pour tout un tas de tâches qui ne sont pas juste
de l'enseignement. Et, quand ils enseignent, bien, il y a beaucoup de monde en classe. Donc, c'est un peu
plus difficile d'avoir un enseignement plus adapté ou plus proche des
besoins de chacun des étudiants.
Donc, ça, c'est
préoccupant, et on a toujours essayé de continuer à engager des profs pour être
en mesure de diminuer ce ratio. Mais engager
des profs sans avoir du personnel de soutien, que ce soit le soutien à la
recherche, le soutien aux tâches
administratives, bien, c'est les handicaper aussi, surtout quand ils sont
jeunes et qu'ils doivent démarrer leur carrière.
Parce que laissez-moi vous dire, au Canada, pour un jeune prof qui débute, les
organismes subventionnaires ne font pas de cadeaux. Si vous n'êtes pas
dans les meilleurs, c'est difficile de décoller en recherche au Canada.
Mme
Hivon : Puis je vous remercie d'avoir fourni le chiffre, là,
vous avez fourni le chiffre de 8,4 millions d'efforts de compression qui vous ont été demandés en deux
ans. Est-ce que, compte tenu de ça, vous avez dû laisser, par exemple, des postes de professeur vacants, ou vous avez fait
le choix de tout combler, ou s'il y a un impact direct dans les deux
dernières années?
M.
Guy (Christophe) : Tout à fait. Ça a un impact direct sur le nombre de
professeurs. Nous, on aurait 30 professeurs de plus aujourd'hui à l'école
s'il n'y avait pas eu ces coupures. Ça a un impact...
Mme
Hivon : À cause de la hausse étudiante ou du seul fait que
vous avez des postes vacants? Est-ce qu'il y a des postes vacants...
M. Guy (Christophe) : On n'a pas le
concept de poste, donc on...
Mme
Hivon : Non, vous n'avez pas ça. O.K. Parfait. Vous répondez...
M.
Guy (Christophe) : Mais donc nous, on a une ambition de développement
qui demande de développer notre corps professoral dans un
certain nombre de secteurs dans lesquels nous voulons aller, et c'est sûr que
la situation budgétaire a fait en sorte que nous n'avons pas pu donner
l'ouverture de ces postes-là.
Mme
Hivon :
Est-ce que vous avez le sentiment que c'est plus difficile de recruter? Est-ce
que vous avez le sentiment que vous êtes moins compétitifs ou vous continuez à
avoir quand même une bonne facilité à recruter des nouveaux professeurs, ou que
ça commence à jouer, ou que ça pourrait jouer?
M.
Guy (Christophe) : Je ne
dirais pas que ça joue pour les quelques postes qu'on ouvre. Bon, c'est sûr
qu'on recrute dans un bassin plus
restreint que nos compétiteurs, il faut qu'ils parlent français. O.K.?
S'ils ne le parlent pas, il faut qu'au bout d'un an ils parlent français. Mais,
à part ça, je pense qu'on essaie de leur offrir une qualité de travail. Par contre, pour qu'ils démarrent en recherche, bien, on est
loin de notre compétition. Gilles, tu pourras donner quelques chiffres.
M.
Savard (Gilles) : Oui. Je
pense qu'on est encore très attractifs, à Polytechnique, mais, à long terme, ça pourrait être dangereux. Pourquoi on est encore attractifs?
C'est qu'on a de très bons étudiants à Polytechnique, des cotes R moyennes au-delà de 30, ce qui est très bon, comme
entrée à Polytechnique, et le quart de milliard de dollars qu'on a eus en
infrastructures de recherche place Polytechnique comme un endroit encore
privilégié.
Où
est l'enjeu, c'est de maintenir ça, et c'est clair qu'actuellement la pression qui nous vient de UBC, Université de Toronto, Alberta, Waterloo, où ils offrent des
packages de démarrage pour les nouveaux professeurs, on n'a plus les
moyens de les suivre à ce niveau-là. Donc...
Mme
Hivon :
En termes d'ampleur de rémunération, vous voulez dire?
M.
Savard (Gilles) : Non. Rémunération, ce n'est pas si mal, mais c'est pour tous les budgets de recherche de
démarrage, qui dépassent aujourd'hui les 100 000 $ dans
d'autres universités. On ne peut pas donner ça à tous nos profs qui démarrent, alors c'est... Mais l'environnement
de recherche demeure bon à Polytechnique. Mais c'est sûr qu'à 20 %,
30 % de moins de financement que nos
compétiteurs avec qui on veut se comparer, avec les meilleurs au Canada, ça va
finir par jouer. Ça, c'est définitif.
Mme
Hivon : O.K. Puis, dites-moi, pendant qu'on parle de
recherche, on a abordé la question des frais indirects de recherche avec
d'autres universités, l'impact qu'il a pu y avoir, compte tenu du changement
des règles pour le financement des frais
indirects de recherche. C'était beaucoup dans des endroits plus, peut-être,
sciences sociales. Chez vous, est-ce que ça a eu un impact important?
M.
Savard (Gilles) : Ça aura un impact aussi. Actuellement, je pense que
les principes derrière la refonte des frais indirects n'étaient pas
mauvais. Je pense que l'idée de refinancer de nouveau les espaces de recherche,
c'est une bonne chose, et financer les frais
indirects liés à l'administration de ces contrats de recherche, d'autre part,
était une bonne chose.
Ce
qui est arrivé, c'est que cette refonte est arrivée en même temps que les
difficultés financières des deux gouvernements précédents, et qui fait en sorte que tous les ministères n'ont pas
réussi à suivre pour compenser la partie définancement. Donc, les frais indirects de recherche, ce sont
tous les frais associés à l'activité de recherche qui n'est pas financée à même
les budgets réguliers du gouvernement ou par
les étudiants, et le Québec était très bon là-dedans en finançant à 50 %
les sciences un peu plus molles et
65 % les sciences dures. Le fédéral n'était pas à la hauteur, et nous, on
se fait un devoir de charger à toutes nos industries leurs justes frais
indirects. Donc, tout le monde payait des parts, sauf le fédéral. Le Québec, avec la refonte, c'est dans la bonne
direction. Malheureusement, les coupures rendent incertaine, un petit peu,
quelle sera l'issue de cette refonte.
Pour
dire qu'il y a eu un impact... Comme c'est la première année qu'on le voit, il
n'y a pas encore d'impact. Mais le maintien des infrastructures de
recherche est capital. Dans les grandes universités de recherche, c'est... On
est en technologie. En technologie, si on
n'a pas d'infrastructures de recherche, on n'existe pas. Donc, le maintien de
ces infrastructures passe beaucoup par les frais indirects de recherche.
Et ça, c'est un enjeu, c'est clair.
• (17 h 20) •
M.
Guy (Christophe) : J'aimerais rajouter, si vous permettez, j'aimerais
rajouter que le gouvernement du Québec doit
aussi montrer l'exemple. Si, au niveau du ministère de l'Enseignement et du
ministère de l'Économie, ça va bien, les autres ministères plus sectoriels, eux... Par exemple, le ministère des
Transports, avec lequel nous travaillons très, très souvent, ils ne veulent pas payer de frais indirects.
Ça, c'est un handicap pour les universités parce qu'au bout d'un moment
on ne pourra plus faire face aux demandes de soutien que ce type de ministère
nous fait.
Mme
Hivon :
O.K. Merci. Je n'ai plus de temps.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté
du gouvernement pour un bloc de 16 minutes. Alors, M. le député de
D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. J'ai une petite question
complémentaire à notre discussion sur l'accréditation
et reconnaissance des acquis, puis une autre petite question parce que je veux
laisser tout le temps que je peux à mes collègues, qui ont sûrement
plusieurs questions à poser aussi.
Lors
de notre discussion, on a parlé du comment assurer un arrimage avec les
exigences d'accréditation pour les élèves
qui étudient chez nous. Parmi ces élèves, comme on a convenu, il y en a
plusieurs qui retournent dans leur pays. Et une des choses qui touchent à la qualité de leur expérience ici et à
la réputation de la Polytechnique, c'est leur sort quand ils retournent chez eux. Est-ce que vous avez des
indications que ça, c'est, en général, une réussite ou y a-t-il, des fois,
des problèmes à faire valoir leurs études ici, chez vous et chez nous?
M.
Guy (Christophe) : C'est généralement une réussite, et donc nos
étudiants sont très fiers. Nous avons, de notre association des diplômés
de Poly, des sections locales dans divers pays dans le monde, et ils sont fiers
d'être des diplômés de Polytechnique. Il est
sûr qu'il y a un arrimage particulier à faire parce que la séquence de
formation au Québec en génie... Dans
le reste de l'Amérique du Nord, en génie, c'est un an de moins, et, en Europe,
c'est à peu près comme nous, en Asie,
à peu près la même chose. Donc, on a plus de difficultés à expliquer ça, mais,
globalement, ça va très bien parce
que, quand ils travaillent ici, ils sont bien formés, donc leurs compétences
sont vraiment reconnues. C'est clair qu'en Europe aussi ils aiment bien des gens qui ont une expertise d'origine
nord-américaine, et le Québécois, l'ingénieur québécois se place très
bien de ce point de vue là.
M.
Birnbaum : Merci. Une autre petite question. Les indicateurs qu'on
parle, la réussite, la rétention, l'applicabilité de tout ce qu'on apprend, chez vous les
indicateurs sont assez intéressants, avec une exception, en tout cas, qui me
frappe, c'est de voir que vous avez
actuellement le plus bas taux de diplomation au baccalauréat après six ans. Et
je note aussi, et je me demande s'il
y a un lien, mais je vous invite à nous expliquer ça, y a-t-il peut-être un
lien dans votre volonté de réduction du ratio élèves-prof? Est-ce que ça
se peut que c'est une des causes? Qu'est-ce qui explique ça?
M.
Guy (Christophe) : ...pas du tout. Laissez-moi vous confirmer qu'un
étudiant, quand il rentre à Poly, on veut qu'il sorte avec son diplôme en poche et on va faire tout notre possible
pour le soutenir. Ça veut dire qu'en première année, oui, c'est difficile, la première année à Poly,
mais les étudiants qui sont déjà passés par là ou qui sont aux cycles supérieurs
donnent des ateliers de complément de
mathématiques, soutiennent leurs plus jeunes collègues dans leur cheminement
durant les études. Mais c'est sûr aussi que
ça demande des ressources pour faire ça, puis, quand il y a moins de
ressources, peut-être, on aimerait en faire plus.
Bon, quand on prend
la diplomation, il faut dire les choses comme elles sont, nous sommes
monofacultaires. Quand l'étudiant en génie à
l'Université de Sherbrooke décide de quitter le génie pour aller dans la
faculté d'à côté et qu'il diplôme, il
va toujours diplômer de l'Université de Sherbrooke, mais il ne diplômera pas en
génie. Et, par le passé, le
gouvernement avait toujours considéré qu'on avait droit à un 10 % qui
reflète les étudiants qui quittent le génie, mais qui vont finir ailleurs. Donc, ils vont aller aux
HEC, ils vont aller à l'UdeM, ils vont aller ailleurs, dans une autre
université québécoise. Donc, si on tient compte de ça, oui, notre
chiffre, tel qu'il est, il est moins bon que les autres, mais parce
qu'effectivement on est monofacultaire. C'est la principale raison.
M.
Birnbaum : Bien, compte tenu, voilà, des explications qui sont tout à
fait explicables et justifiables, on aimerait voir une amélioration.
Est-ce que vous avez une stratégie pour veiller à cette problématique et voir
une amélioration?
M.
Guy (Christophe) : Alors, notre stratégie, oui, on en a une. Il faut
dire qu'on a réformé toute notre structure de programmes en 2005, et où on a un accent plus important pas
simplement sur le savoir, mais aussi sur le développement du savoir-faire et du savoir-être, ce qui est plus
intéressant pour nos étudiants. On a aussi fait en sorte que les cours de
sciences fondamentales ne soient pas tous en
première année, qui pouvaient faire en sorte que certains étudiants... Bien,
ça leur donnait l'impression que c'était une troisième année de cégep
scientifique qui continuait avec encore de la physique
et de la chimie. Ça s'est fait, il y a des stages obligatoires. Ils ont
l'occasion de faire des projets intégrateurs à chaque année. Ça a eu un
impact significatif sur notre taux de diplomation, il faut qu'on continue dans
ce sens-là.
Un outil, ça serait effectivement d'avoir un enseignement
qui est un peu plus proche de l'étudiant, et, pour ça, ça demande de diminuer notre ratio d'étudiants dans
les classes, dans les laboratoires aussi. Écoutez, en génie mécanique, le directeur est avec nous du département, mais
ils ont tellement de monde que c'est presque même la nuit qu'ils doivent
faire des travaux pratiques parce qu'on n'a
pas assez de place pour pouvoir accueillir les étudiants que nous avons. Et ça,
forcément, nos professeurs ont un peu moins de temps à consacrer aux étudiants,
et ça a un impact.
Steven, veux-tu
rajouter quelque chose à cet égard?
M. Chamberland (Steven) : Il y a beaucoup d'efforts aussi qui sont mis pour
les services aux étudiants. Donc, ça,
c'est quelque chose qui nous tient à coeur et qu'on va aussi accentuer dans le
futur, surtout pour les étudiants en situation de handicap, en croissance à Polytechnique, et on veut mettre tous les
efforts pour qu'ils diplôment, eux aussi. Donc, à titre indicatif, là, on a actuellement, en 2014-2015,
130 étudiants diagnostiqués en situation de handicap, alors qu'auparavant,
en 2011-2012, on en avait 49. Et ça, ça
représente, l'année passée, 1 891 examens spécifiques, donc qui doivent
être faits dans des locaux à part des
examens en grand groupe parce que l'étudiant a besoin de plus de temps, parce
qu'il a besoin d'appareils pour agrandir, parce qu'il a des difficultés
visuelles. Donc, ça, on veut investir aussi beaucoup dans ces équipements-là et
dans ces services-là.
M.
Guy (Christophe) : Et il est clair que ce volet de soutien aux
étudiants, nos services aux étudiants, la réalité aussi d'une augmentation de détresse psychologique
chez nos étudiants, je ne peux pas dire qu'on a toutes les ressources pour faire face à la nouvelle réalité de notre
corps étudiant, et ça, on aimerait être en mesure de mettre plus de ressources
pour soutenir ça. Et nos deux présidents
d'associations pourraient vous confirmer que, pour eux aussi, ça fait partie
des priorités des études de leurs collègues à l'École polytechnique.
M. Chamberland (Steven) : Mais ce
qui est une bonne nouvelle aussi, c'est qu'ils se rendent maintenant à Polytechnique, les étudiants en situation de
handicap. Avant, ils ne terminaient pas le secondaire, ils ne terminaient pas
le cégep. Maintenant, on les voit à Polytechnique, puis on a l'ambition
de les diplômer aussi.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Ça va? Alors, M. le
député de Sherbrooke, la parole est à vous.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de
vous souhaiter la bienvenue à
l'Assemblée nationale, M. Guy ainsi que votre imposante et impressionnante
délégation. Écoutez, je voudrais revenir sur le sujet qui a été abordé par ma collègue la députée de Joliette, le
ratio enseignant-étudiants. Et je voulais juste poser une question technique d'entrée de jeu pour
concilier ce que vous avez dit tantôt versus les informations qui étaient à
notre disposition, qui étaient à la
disposition du secrétariat, du Service de recherche de l'Assemblée pour
préparer votre audition, vous avez dit qu'il n'y avait pas de poste de
professeur vacant présentement?
M. Guy
(Christophe) : Non, nous sommes en recrutement de postes de
professeurs en ce moment, mais on n'a pas
le concept de poste vacant. C'est-à-dire que, quand le prof quitte ou prend sa
retraite, il n'y a pas un poste qui existe qu'il faut absolument remplir. On regarde c'est quoi, les besoins,
est-ce qu'il faut le reconfigurer vers
autre chose, et donc c'est dans ce contexte-là.
M. Fortin (Sherbrooke) :
O.K. Parce que l'information qu'on avait, c'est qu'évidemment, suite aux chantiers I et II qui avaient
été lancés par le gouvernement en 2007, ça avait permis depuis 2008, chez vous,
d'ouvrir 86 postes, dont 64 postes de professeurs-chercheurs et 22 postes de chargés
d'enseignement. Et on dit que, parmi eux, il y en a 74 qui ont été
comblés, et 12 postes de professeur-chercheur sont encore à pourvoir. Est-ce
que ça, c'est exact aujourd'hui?
M. Guy
(Christophe) : Oui, à peu près, là, parce qu'on fait passer des
entrevues même en ce moment. Mais le total
n'augmente pas à ce que l'on voudrait. Nous souhaitons avoir 30 professeurs de
plus au total. Compte tenu des départs, ça veut peut-être dire en
engager 55. Vous comprenez? C'est ça.
• (17 h 30) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Et, tantôt, je comprenais que vous parliez des packages
que les autres universités peuvent offrir
et que vous jugez que vous êtes moins en mesure d'offrir à des enseignants potentiels, mais est-ce que c'est là
la seule raison ou il y a aussi un
bassin de recrutement qui est assez limité, qui rend votre recherche de
nouveaux professeurs plus difficile?
M. Guy
(Christophe) : Vous avez
raison. Il faut qu'ils parlent français ou qu'ils aient envie de l'apprendre
pour venir à Poly. Par contre,
en contrepartie, nous sommes parmi les meilleurs en génie au Canada.
Donc, c'est attirant aussi. Un prof,
quand il vient dans notre domaine technologique, oui, il veut enseigner, il
veut former des futurs ingénieurs, des futurs chercheurs, mais il veut
avoir accès à de l'équipement, à un laboratoire qui est bien fourni et pour
lequel il va démarrer. S'il n'arrive pas à
avoir accès à de bonnes installations durant ses deux premières années, bien,
il ne va sans doute pas pouvoir décoller.
Les
universités en Ontario sont capables d'offrir : Tu viens chez nous,
oui, tu as ton salaire. Voilà ta charge de cours, tu dois démarrer ta recherche. Avant ta permanence, il faut que
tu aies tel niveau de financement. Mais nous, on t'aide. On va te donner 100 000 $ que tu dépenses comme tu
veux, nouvel équipement, personnel, un postdoc ou quelqu'un qui va aider à démarrer la recherche. Nous, on
n'est plus dans cette ligue-là. On est dans une ligue où, oui, on offre des
conditions de départ qui sont intéressantes,
mais quelqu'un qui a la prétention vraiment de faire sa marque en recherche et en
formation, c'est sûr qu'il va regarder ailleurs.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Et est-ce que
cet état de situation là fait en sorte que vous avez des professeurs... Comme
vous disiez, il y en a peut-être qui peuvent quitter après deux ans parce
qu'ils n'ont peut-être pas l'équipement qu'ils souhaitent. Malgré la réputation enviable de votre institution, est-ce
que c'est quelque chose qui est monnaie courante que des professeurs quittent pour aller dans d'autres institutions ou
refusent votre offre d'emploi pour aller dans une autre université au Canada?
M. Guy
(Christophe) : Moi, je vous
dirais non. Une fois qu'ils sont là, ils ne quittent pas. Par contre,
c'est notre bassin... On voit, quand
on affiche un poste... Si je me compare avec McGill, ils ont peut-être
10, 15 fois plus de candidats que
nous pour un poste qui serait similaire pour diverses raisons. La langue est un
facteur important, mais aussi la capacité de soutenir le démarrage. Et ils vont à Ottawa, même des francophones.
On a beaucoup de nos diplômés québécois qui sont profs partout ailleurs au Canada,
donc, parce que les conditions sont intéressantes. On a la chance d'être à Montréal,
qui est une grande ville
universitaire, qui attire quand même et qui fait en sorte que, quand on est jeune,
qu'on veut élever une famille, ça
aide beaucoup. Donc, on vend ces arguments-là supplémentaires.
Donc, il y a d'autres volets qu'on utilise pour vendre, mais c'est beaucoup plus difficile. On
l'a vu, on a obtenu la Chaire d'excellence de recherche du Canada, c'est... Peut-être que tu peux dire
quelques mots sur la difficulté de trouver un candidat.
M. Savard
(Gilles) : Bien, d'abord, les contraintes de ce programme, qui
exigeait que ce ne soit pas un Canadien et que ce soit un chercheur classé dans le premier pour cent du monde.
Donc, ça met déjà des contraintes assez élevées. Et, en sachant qu'une personne entre 45 et 55 ans, professeur ou
professeure, a une famille, donc le défi de déménager une famille, c'est...
Une voix : ...pourquoi pas un
Canadien?
M.
Savard (Gilles) : C'étaient les règles du programme, qui voulait
développer des axes de recherche, des nouveaux axes de recherche ou renforcer des axes de recherche existants, mais pas
en cannibalisant les autres universités canadiennes. Donc, il fallait trouver un candidat non canadien,
et qui parle français, et qui soit dans le 1 % meilleur. Alors, on a
trouvé un candidat extraordinaire,
Andrea Lodi, qui est un Italien qui parle très bien anglais, très bien italien
et très bien français. Donc, voilà. Mais ça a été assez long.
M. Guy
(Christophe) : Mais je ne vous cache pas que ça a été très, très long.
Puis on l'a attiré aussi parce qu'avec nos
partenaires on a été en mesure de mettre des montants d'argent significatifs.
Donc, sa chaire est dans le big data, mais, pour l'aide à la décision,
donc, ça a permis de l'attirer. Donc, oui, on fait des bons coups, mais...
M. Fortin
(Sherbrooke) : C'est un peu
comme le film La grande séduction, tout ce que vous devez faire pour
attirer les professeurs...
M. Guy (Christophe) : Absolument.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Et, quand vous dites que c'est un processus qui est
assez long, c'est un processus qui vous a pris combien de temps pour
trouver le titulaire de la chaire?
M. Savard
(Gilles) : Pour trouver le candidat, deux ans. Deux ans. On en a passé
15 dans la «short list». De ceux-là, il y en a huit qui sont venus
passer une semaine à Montréal. Quand on parle de La grande séduction,
quelques repas, rencontres avec les collègues, avec les industries, avec le
milieu et...
M. Guy
(Christophe) : Et bien sûr
avec un chasseur de têtes parce qu'il fallait démontrer qu'on essayait d'aller
chercher ce qui se faisait de meilleur dans le monde.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Rapidement,
parce qu'il me reste une minute, vous dites que vous avez mis
l'industrie à contribution dans la recherche, justement, de
cette personne-là, avec quel type de soutien? J'imagine, il y a un
soutien financier, peut-être en ressources matérielles, mais quel type
de soutien les entreprises peuvent vous offrir dans une démarche comme celle-là?
M. Savard
(Gilles) : Là, il y a
deux entreprises... Associées à la chaire, il y a neuf entreprises qui contribuent, donc des partenaires industriels qui contribuent à
l'activité de recherche de la chaire. Donc, ça, c'est une activité. L'autre,
c'est une firme de chasseur de têtes. Donc,
c'était plus un appui administratif. Non pas pour le milieu académique, qu'on
connaît bien. Par contre, le milieu de la
recherche industrielle, en dehors du Canada on connaît un peu moins. Les
équipes de chercheurs de Fujitsu au
Japon, on n'a pas d'entrées. Alors, avec le réseau de cette firme de chasseur
de têtes, ça nous a permis d'entrer là. Mais on est restés quand même
dans le domaine académique, finalement. Le choix final a été un professeur de
l'Université de Bologne en Italie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
du côté du deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de
19 minutes. Alors, M. le député de Chambly, la parole est à vous.
M.
Roberge : Merci. Salut. Ça fait longtemps que je vous écoute. C'était
très intéressant, vous avez répondu à beaucoup de questions très
pertinentes que je ne vous reposerai pas.
Beaucoup de vos collègues, là, d'autres
universités qui sont passés avant vous nous ont alertés sur le fait que le sous-financement de leurs institutions mettait
en péril, des fois, leur mission, et leur mission était différente de ce que
vous avez dit. Beaucoup y allaient sur
l'accès aux études universitaires, souvent des étudiants de première
génération, là, qui accèdent au
réseau universitaire, et là vous nous amenez ailleurs, c'est tout aussi
pertinent, c'est la recherche de l'excellence, c'est de mettre le Québec
en avant puis de se positionner dans une position de tête pour ce qui est de l'entrepreneurship et puis de la création de
richesse, puis on en a vraiment besoin. Mais je vais quand même vous poser
une question que j'ai posée aux autres. Je
ne sais pas si vous avez la statistique, à Polytechnique, quel est le
pourcentage de vos étudiants, justement, qui sont des étudiants de
première génération qui accèdent au réseau universitaire.
M. Guy
(Christophe) : On n'a pas de statistiques détaillées là-dessus, on ne
le demande pas lors des formulaires d'inscription. On sait, par contre...
Puis l'Ordre des ingénieurs a fait pendant de nombreuses années des études pour
essayer de comprendre
qu'est-ce qui pouvait attirer un étudiant vers la profession d'ingénieur, et,
généralement, il y a besoin d'avoir
un modèle relativement proche de la famille. Si ce ne sont pas les parents,
c'est l'oncle, c'est la tante, c'est... Et donc, au niveau du baccalauréat, ce
sont des personnes qui connaissent un tout petit peu c'est quoi, un ingénieur.
Par contre,
je pense que, quand on regarde nos étudiants étrangers, ceux qui arrivent,
notamment au niveau des cycles
supérieurs... Parce qu'on a quand même un nombre d'étudiants en recherche très
important à Polytechnique par rapport
à toutes les autres institutions, à part sans doute l'INRS en termes de
pourcentage, donc qui est très important et qui fait que ces étudiants-là, ils viennent de tout un tas de milieux
différents, et nos étrangers, ils viennent souvent de milieux où il n'y
a pas de tradition d'ingénierie ou de recherche. Tu veux rajouter quelque chose?
M. Chamberland (Steven) : Non.
M. Guy (Christophe) : Non, mais sur
le...
M.
Chamberland (Steven) : Il
n'y en a pas, mais moi, j'en suis un. Donc, on ne fait pas de statistiques sur
les étudiants de première génération,
mais on en a beaucoup à Polytechnique. On en a aussi à la direction de l'école,
donc, mais ce n'est pas quelque chose dont on tient des statistiques.
M. Roberge : O.K. J'ai parlé de
création de richesse, d'entrepreneurship, je vois que vous avez un centre interdisciplinaire de recherche sur
l'opérationnalisation du développement durable qui s'appelle le CIRODD. Ma
collègue disait que, dans le milieu
universitaire, on est très bon avec les Alpha-Bits. Vous avez fait ça en
partenariat avec beaucoup d'institutions,
notamment les CCTT, là, encore, les centres collégiaux de transfert
technologique. Pouvez-vous me parler un peu de cet institut-là, le
CIRODD?
• (17 h 40) •
M. Savard
(Gilles) : Oui, tout à fait. Le CIRODD est un des 38 ou 40 regroupements stratégiques
financés par les Fonds Recherche
Québec. Le CIRODD est une version, je dirais, améliorée, peut-être,
du CIRAIGV, qui est l'ancien regroupement
stratégique. Et ça regroupe, là... je n'ai pas les chiffres, mais une douzaine
d'universités, de professeurs d'université,
et c'est vraiment un centre de recherche qui voit à développer des
méthodologies pour bien opérationnaliser le développement durable. On
parle beaucoup de développement durable, mais, dans la pratique, pour une
entreprise, qu'est-ce que ça veut dire, développement durable.
Donc, c'est un
centre qui regroupe à peu près 80 professeurs. Le directeur du centre est un
professeur de Polytechnique, Réjean
Samson. On a peut-être une quinzaine de ces professeurs qui viennent de
Polytechnique, et les 65 autres viennent des 10, 11, 12 autres
universités membres, dont l'Université Laval, l'UQAM.
Peut-être une
particularité de ce centre — et on en est très fiers — c'est ce que ce n'est pas uniquement un
centre de recherche technologique.
Les aspects sociaux sont très importants dans le développement durable, et
c'est l'apport de l'UQAM et de certaines composantes de l'Université
Laval dans ce regroupement stratégique. Donc, c'est un de nos
13 regroupements stratégiques où nous sommes associés, et nous en
pilotons, à Polytechnique, cinq de ces 40.
M. Guy (Christophe) : Et, si je peux
compléter, très branché sur la réalité du Québec. À titre d'exemple, les professeurs et les équipes au sein du CIRODD ont
réalisé l'analyse du cycle de vie de la production d'électricité au Québec
pour la documenter, pour que nos entreprises, quand elles exportent, puissent
mettre de l'avant le caractère vert de l'énergie
qui est utilisée au Québec pour améliorer, donc, les exportations québécoises.
Donc, on est aussi, parce qu'on est
aussi des ingénieurs, sur le terrain pour être en mesure de répondre à des
demandes ou à des soucis bien réels. Et ça, on en est d'autant plus très fiers qu'on est sans doute, CIRAIG, CIRODD, un
des deux ou trois plus gros centres de recherche dans ce secteur-là dans
le monde.
M. Roberge : Merci.
M. Savard
(Gilles) : D'ailleurs, la Pre Louise Millette, qui est ici justement,
est membre de ce centre de recherche.
M. Roberge : Je vais céder la parole
à ma collègue.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Je suis bien heureuse de vous entendre. D'abord, je ne connais pas très bien
Polytechnique. Depuis que je suis députée, il y a un citoyen qui est venu me
parler de vous dans mon bureau de
comté, puis c'est parce qu'il voulait qu'on vous ferme parce que,
malheureusement, son fils n'avait pas
pu participer à une activité de Folie Technique. Alors, il était déçu. Alors,
il fallait qu'on change ça, et tout ça, mais je dois dire honnêtement
que j'ai appelé à vos bureaux, et il y a une jeune dame qui m'a expliqué en
quoi consistait Folie Technique, et, finalement, j'ai réussi à convaincre le
monsieur en question qu'il y aurait d'autres activités,
puis que celle-là, ça ne marcherait pas. Bon, on a bien fait ça. Mais je ne me
rappelle pas du nom de la jeune dame,
mais je la remercie si elle nous entend. Et je pense que c'était un papa qui
était déterminé à ce que son fils devienne ingénieur. Je ne le sais pas
si le petit gars, s'il était intéressé, mais le papa l'était.
Je vais vous poser une question. Dans votre
document Bilan et perspectives 2013-2014, vous affirmez que le volume de travail lié à l'administration des
programmes de bourses augmente, la gestion des programmes de bourses, les coûts sont en croissance et que cela crée une pression
importante sur la structure de vos services aux étudiants qui semble vous inquiéter à cause du niveau inquiétant...
dû au manque de ressources. Qu'est-ce qui crée cette pression ou cette
croissance du travail lié à l'administration des bourses?
M. Chamberland (Steven) : Bien, il y a beaucoup de... à cause de la
diversité. Puis il y a beaucoup de règles aussi par programme de bourses, ce qui fait en sorte qu'il y a beaucoup de
diversité, il y a beaucoup de règles, donc ça prend des ressources pour
gérer ces différents programmes là. Donc, c'est essentiellement ça.
M. Guy (Christophe) : Alors, il y a le programme des bourses du
gouvernement du Québec. Ça, c'est une chose. Peut-être...
Une voix :
...
M.
Guy (Christophe) : Mais je pense que ça fonctionne assez bien, ça va
assez bien. Puis il y a toute une panoplie de programmes de bourses de recherche qui sont tout un tas d'organismes
québécois et surtout canadiens sur lesquels c'est de plus en plus compliqué pour soutenir les
demandes, surtout les demandes à l'excellence. Donc, nous, on essaie d'accompagner nos étudiants, on demande à nos
profs de relire leurs demandes de bourses pour, par exemple, faire une maîtrise ou un doctorat parce que ça peut leur
donner un avantage, parce qu'on est en compétition avec les autres étudiants du
Canada. Donc, ça, c'est plus lourd. Il y a une pléthore, maintenant, de
programmes, notamment avec la création de Mitacs, là, qui commence à...
M.
Savard (Gilles) : Mitacs, BPMP. C'est cette multiplication de nouveaux
programmes de bourses qui complique un peu la tâche de nos personnels
pour accompagner nos professeurs.
Mme
Samson : Dans un sens, on pourrait applaudir la multiplication des
programmes de bourses. Par contre, la complexité et le fait que chaque
programme a ses obligations...
M. Savard
(Gilles) : Et il n'y a pas de frais indirects associés aux bourses...
Mme Samson :
À ce travail-là.
M.
Savard (Gilles) : ...et donc les budgets réguliers permettent
difficilement de financer cette augmentation d'activité.
M.
Guy (Christophe) : Il y a eu surtout un déplacement, notamment au
niveau fédéral, des bourses traditionnelles des fonds subventionnaires vers des nouveaux fonds, des nouveaux
organismes beaucoup plus branchés sur l'industrie et qui demandent beaucoup plus d'éléments,
notamment Mitacs, qui est maintenant un pourvoyeur de bourses très important
au Canada.
M. Savard
(Gilles) : Très important.
Mme Samson :
Donc, cette situation-là va perdurer, là, c'est...
M. Guy
(Christophe) : Ah oui! On ne s'en va pas vers une diminution.
Mme
Samson : Ça ne s'en va pas vers de l'amélioration, là. Donc, ça
pourrait avoir des conséquences ultimement sur la capacité de vos
étudiants d'obtenir tout l'appui qu'ils pourraient mériter.
M. Guy
(Christophe) : Absolument.
M. Chamberland (Steven) : Et plus le niveau d'excellence des bourses est
élevé, plus ça demande des efforts, avec
souvent une probabilité de résultat plus faible. Mais, comme on vise
l'excellence au niveau des bourses aussi, donc on y met l'effort pour
que nos étudiants soient boursiers.
Mme Samson :
Je comprends. Je vous remercie. Je recède la parole à mon collègue, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Pas de problème. Alors, M. le député de Chambly,
allez-y.
M.
Roberge : Merci. Vous avez, tout à l'heure, déploré le fait qu'il y a
eu une augmentation de la taille des classes qui rend peut-être moins
intéressante l'expérience étudiante. À part l'augmentation de la taille des
groupes, est-ce qu'il y a d'autres choses,
depuis les compressions des dernières années, que vous avez dû sacrifier, ou
mettre de côté, ou diminuer qui
viennent aussi, malheureusement, là, diminuer cette expérience étudiante, puis
peut-être même s'attaquer à votre
excellent taux de diplomation au baccalauréat? Bien, ça va peut-être être dur
de le maintenir si vous êtes obligés de sabrer dans tout ce qui entoure
les cours.
M.
Guy (Christophe) : Oui. C'est sûr que le soutien que l'on donne à nos
étudiants, même si on essaie de faire le
mieux possible pour les sociétés techniques, pour les clubs étudiants, on n'est
pas capables de soutenir toutes les demandes que l'on reçoit.
En même temps, ça a eu un impact aussi sur la
formation aux cycles supérieurs parce que nos professeurs se retrouvent donc dans une situation où ils
consacrent de plus en plus de temps à ne pas juste faire la recherche et
l'enseignement, mais à faire beaucoup
de paperasse et d'administration, donc, au détriment du temps qu'ils peuvent
passer en contact avec les étudiants,
soit en consultation dans les cours qu'ils donnent au baccalauréat, soit avec
leurs propres étudiants aux cycles supérieurs. Tu veux dire...
M. Hurteau
(Richard) : Moi, je rajouterais peut-être, un des problèmes qui
commence à être un peu ennuyeux, c'est
le manque d'espace. C'est-à-dire on a réussi à augmenter notre clientèle
étudiante, ce qui a eu un effet quand même, sur les budgets, intéressant, mais ça fait plus de monde dans le même
espace. Ça fait qu'il y a des nouvelles méthodes pédagogiques, des classes inversées, des projets étudiants, puis là on
commence à être en difficulté, on commence à louer des espaces à
l'extérieur.
Tout à
l'heure, on parlait du CIRAIG, du CIRODD. Là, on est en train de les sortir de
l'école pour les installer à l'extérieur
parce qu'on n'a plus de place. Alors, ça fait partie des ennuis qui... des
entraves, un petit peu, à notre développement harmonieux, si je puis
dire.
M.
Roberge : Et vous avez parlé tout à l'heure d'étudiants ayant un
handicap, ou une difficulté, ou, des fois, une différence, là, qui, heureusement, maintenant, se rendent jusqu'à
Polytechnique, donc réussissent à performer au secondaire, au cégep, mais ça, c'est avec aide, comme on dit
dans le jargon. Est-ce que vous avez les budgets nécessaires pour soutenir
ces étudiants-là puis, je vous dirais, aussi
les habiletés et les compétences nécessaires pour soutenir ces étudiants-là?
Parce que ça veut dire d'engager
d'autre monde que juste des professeurs. Donc, est-ce que vous avez les
ressources professionnelles qui vont vous permettre de faire réussir ces
jeunes-là puis leur permettre de réaliser leur rêve?
• (17 h 50) •
M.
Chamberland (Steven) :
Écoutez, il y a eu une croissance d'étudiants, et puis les ressources sont les
mêmes. Donc, c'est clair que les ressources,
par exemple, psychologiques, on a un psychologue à l'école, il y en a toujours
un encore aujourd'hui, c'est sûr
qu'il est débordé, il est obligé d'envoyer des étudiants à l'extérieur pour
avoir des services. Donc, souvent,
aussi à l'extérieur c'est des services qui sont payants, donc ce qui n'est pas
souhaitable pour les étudiants. Donc,
on préférerait offrir des services à Polytechnique avec des ressources
supplémentaires et que ça soit gratuit pour les étudiants. Les étudiants qui sont en détresse psychologique, on en a. Donc, qu'est-ce qu'on fait lorsqu'ils arrivent aux services aux étudiants? Il
faut les prendre en charge maintenant.
Est-ce qu'on a les ressources? Des fois, c'est difficile de les avoir à l'interne, donc ce n'est pas toujours
facile à gérer. Donc, oui, il y a une pression sur les services aux étudiants.
M. Guy
(Christophe) : Et, pour les
étudiants en situation de handicap,
outre le fait qu'il y a une augmentation, la réalité aussi, c'est qu'il y a un an ou deux, je pense, il y a eu un
transfert d'un montant financier de la responsabilité de la gestion de ces services aux universités,
alors qu'avant c'était l'étudiant qui avait accès à un soutien financier pour
ses propres besoins personnels. Et donc, par
exemple, besoin d'un traducteur de signes, donc c'est lui qui avait l'argent,
il pouvait le commander. Alors, nous, on
s'occupait de le trouver, de le faire venir. Maintenant, depuis qu'on s'en
occupe, bien, c'est sûr que les
budgets sont restés constants, mais la demande a augmenté. Donc, on se retrouve
à avoir moins de ressources qu'il n'y
en avait avant par étudiant, compte tenu des besoins. Sans compter la nécessité
qu'on a dû affecter nos personnes du service aux étudiants à cela, alors
qu'ils le faisaient moins, il y a ne serait-ce que deux, trois ans.
M. Roberge : C'est peut-être pour
cette raison-là qu'à la fin de votre présentation vous avez dit : L'École polytechnique joue un rôle important dans le
développement du Québec. Elle le poursuivra si on lui en donne les moyens.
Moi, je comprends qu'en ce moment vous commencez à douter que vous en avez les
moyens.
M. Guy
(Christophe) : Bien, écoutez, il est inévitable de constater qu'on a
moins de ressources. Vous avez vu les courbes
d'augmentation de nos revenus et de nos dépenses. On a eu la chance... et aussi
parce qu'on a travaillé, parce qu'on est petits, on est agiles, on est
«lean», on a été capables de faire face à la musique. Mais la réalité, c'est
qu'après plusieurs années c'est de plus en
plus difficile de relever ce défi. Et notre volonté qui est d'être parmi les
meilleurs au Canada, bon, nous, c'est
ça, notre ambition. On ne veut pas être dans la moyenne, la seconde moitié des
institutions en génie au Canada, mais d'être au top. Et je pense que le
Québec a besoin d'avoir des institutions qui sont au top.
Donc, si
c'est temporaire et que ça change, ça va. On aura fait l'effort, ça aura été
difficile. On était prêts, on l'a compris, on était prêts à le faire.
Mais là, à un moment donné, il va falloir qu'on voie la lumière au bout du
tunnel, premièrement, et, deuxièmement,
qu'on sache vers où on s'en va, qu'on puisse faire un peu de prévisionnel.
Aujourd'hui, on est dans
l'expectative, on ne sait même pas si la nouvelle formule de financement va
s'appliquer dès l'année prochaine. Je
comprends qu'il y a un besoin de consultation. Tout le monde, on est... nos
universités, 18, 19 universités du Québec, elles sont toutes très diverses, certaines avec des missions très
pointues comme nous, d'autres, des missions très, très larges. Donc, on comprend la complexité, mais il faut que
ça avance parce que tout le monde, et particulièrement Poly, on va en subir les conséquences. Donc, on attend
véritablement des propositions sur lesquelles on pourra réagir. Alors, on
participe à ces comités, donc on essaie de faire avancer, mais c'est
long.
M. Roberge : Les comités, c'est
intéressant, mais des fonds, ça va être plus intéressant.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il vous reste deux minutes, M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Rapidement, j'ai vu une information qui disait qu'il y
avait un déficit de 25 millions au régime de retraite au 30 juin 2014. Est-ce que c'est quelque chose
d'inquiétant, ou ça va se capitaliser tout seul, ou on approche d'une
falaise, là? Si vous voulez me parler de ça un petit peu.
M.
Hurteau (Richard) : Bon, notre régime de retraite est en difficulté,
comme beaucoup de régimes de retraite, pour
les mêmes raisons que tout le monde, là, la longévité puis les raisons que vous
connaissez. Donc, nous, on a réussi, parce
qu'on a quand même une excellente collaboration de nos employés, on a réussi à
faire une restructuration du régime de
retraite pour réduire les coûts, donc, au 1er janvier 2014. Il a
fallu que les employés acceptent une certaine réduction de leurs droits, hein, il n'y a pas de mystère
là-dedans, ça marche comme ça, et puis donc ça nous a permis de réduire les
coûts.
Maintenant,
il a fallu aussi mettre à jour les tables de mortalité, donc constater que les
gens allaient vivre plus vieux. Donc, c'est des opérations, hein, où tu
as des plus et des moins. On a eu deux bonnes années de rendements financiers,
là, même excellentes. Alors, notre régime de retraite, il s'est amélioré, il
est passé à peu près de 82 % de capitalisation...
On a fait une évaluation au 31 décembre 2014, on va être à 88 %.
On travaille avec le gouvernement. Il y a des consultations pour une loi sur les régimes de retraite universitaires.
Donc, possiblement que cette nouvelle loi là pourrait nous aider à
donner un autre coup de barre pour le remonter à un niveau acceptable, mais
c'est une de nos difficultés.
Cette
année, par exemple — puis
c'est écrit dans le rapport — pour balancer notre budget, bien, on utilise
le fait qu'après avoir injecté de
l'argent dans le régime de retraite, après avoir eu des bons rendements, bien
là on va pouvoir en mettre un peu moins dans les paiements du déficit de
capitalisation, on va en mettre juste la moitié. On va sauver 4 millions,
donc ça nous permet de balancer le budget cette année.
M. Guy
(Christophe) : Mais tout en respectant la Loi sur les régimes de
retraite, hein? Donc...
M.
Hurteau (Richard) : Tout en respectant la loi. Mais, un régime de
retraite, tu travailles ça à long terme, hein? Donc, il faut le rétablir le plus vite possible. Mais on ne peut pas
courir là-dedans, il faut marcher dans la bonne direction.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Hurteau. Alors,
on passe du côté du gouvernement pour un bloc de 16 minutes, et je cède
la parole au député de Jean-Talon.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, à mon tour de vous saluer, bien qu'on l'ait
fait au début, mais officiellement à
la commission. Vous remercier également de la clarté et de la façon dont vous
répondez aux questions. Parce que
bien des sujets ont été évoqués avec d'autres, mais vous avez... puis c'est
peut-être le propre de l'université, de
la faculté que vous représentez, vous êtes en mesure de donner des exemples
concrets, et ça permet à nous de s'instruire sur la façon dont les
choses se déroulent.
Je
vais poursuivre un peu dans la même veine en essayant de comprendre et surtout
de connaître mieux vos réalités parce que c'est un peu, aussi, notre
rôle, hein? Oui, on fait la reddition de comptes de l'université, on parle de
votre financement, on parle de vos défis, on
parle de votre développement, mais, en même temps, on cherche aussi à
comprendre là vers où l'éducation va,
l'enseignement supérieur, puis comment nous, on peut, dans l'avenir, tu sais,
mieux travailler les indicateurs, faire en sorte que l'exercice qu'on
fait aujourd'hui soit encore plus utile qu'il l'est actuellement.
Vous avez parlé de
manque d'espace. Vous l'avez fait dans la présentation, vous l'avez adressé...
excusez l'anglicisme, vous l'avez évoqué ici
tout à l'heure. On pallie comment actuellement? Vous comprenez très bien, vous
l'avez évoqué, on est dans un passage
difficile. Il n'y a pas, en dessous de l'Assemblée nationale, une cachette où
il y a des lingots pour faire en sorte
d'offrir à tous et chacun les argents pour payer ces nouvelles infrastructures
ou ces immobilisations-là. Alors,
quels sont les moyens, là, que vous avez actuellement pour ne pas faire en
sorte que la formation en souffre?
M.
Guy (Christophe) : Alors, écoutez, bon, nous avons donc, d'une part,
la reconnaissance par le ministère d'un besoin d'espace, et, à cause de ça, il nous autorise à faire des
locations, et on reçoit un peu de soutien pour les loyers que l'on doit payer. Mais notre volonté est de
construire un nouveau bâtiment qui réponde à nos besoins. Pourquoi construire?
Parce que notre population a augmenté de
façon quand même significative à travers les années, et notamment depuis la
dernière fois — 2005,
il y a déjà 10 ans — où
nous avions ouvert les tout derniers bâtiments. Construire, pour nous, il faut que ça ne s'inscrive pas simplement dans
un besoin de mètres carrés, mais dans un besoin aussi... Il faut qu'il y ait
une intention pédagogique et de recherche derrière un nouveau bâtiment.
Et,
vous le savez sans doute, l'Université de Montréal a décidé d'aller sur un site
qui s'appelle l'ancienne gare de
triage d'Outremont, a acheté le terrain, est en train de faire les plans et
devis pour deux pavillons qui seront installés là-bas. Naturellement, comme je dis, c'est notre petite soeur. Pas parce
qu'elle est plus petite que nous, mais elle est plus jeune que nous. Mais, avec notre petite soeur,
nous sommes prêts à continuer à collaborer dans certains secteurs où il y a
convergence, notamment entre les sciences
physiques et sciences chimiques de l'Université de Montréal et le génie
physique, génie chimique, génie des
matériaux que l'on a chez nous, à travers un projet notamment dans le domaine
des nouveaux matériaux. Quand on a
commencé à en parler... L'INRS est très intéressé — qui, à Varennes, est présent dans le domaine
des matériaux — à se joindre à nous. Donc, derrière ce
projet, il y a la volonté de mettre en place pour trois universités une réponse à leurs besoins de mètres carrés
d'enseignement et de recherche, mais aussi un projet scientifique qui est un
nouvel institut dans le domaine des nouveaux
matériaux, des nanomatériaux, qui ferait de Montréal la principale plaque
tournante dans ce secteur-là au Canada.
M.
Proulx : Et est-ce que je
comprends qu'à ce moment-là ça pourrait vous permettre, d'abord, de combler les
besoins que vous avez en espace tout en
développant un nouveau partenariat et de nouveaux horizons de recherche, par
exemple?
• (18 heures) •
M. Guy
(Christophe) : Absolument.
Et, dans ce contexte-là, on compte sur des sources de fonds. Bien sûr,
le gouvernement du Québec, puisqu'il nous reconnaît un déficit d'espace, généralement ça se traduit par un investissement
en temps et lieu. Le gouvernement fédéral, parce qu'il y a un programme,
et je ne vous cache pas que les universités
hors Québec utilisent beaucoup l'argent fédéral. Je souhaite, si ce
n'est déjà fait ou sur le point de se faire, que l'entente Québec-fédéral sur les infrastructures se signe
rapidement de façon à ce que nos projets deviennent éligibles. Et aussi des
partenaires, des partenaires à la fois dans
le domaine des nouveaux matériaux, donc des partenaires des industries, mais
aussi des partenaires philanthropiques.
Alors, nous avons derrière ce projet-là la volonté d'en financer une partie à
travers la philanthropie.
Vous savez
sans doute que, tous les 10 ans, l'Université de Montréal, Poly et HEC font
une grande campagne. Elle est très ambitieuse, celle des années 2010,
c'est 500 millions de dollars, la plus grande campagne dans le monde francophone au monde. Nous sommes à 330, mais il
faut continuer puis il faut surtout aller chercher la quote-part que l'on doit mettre pour construire ces pavillons-là.
Là où ça traîne un tout petit peu, c'est qu'on aimerait pouvoir continuer à
avancer avec le gouvernement du Québec pour
commencer à avoir les autorisations de faire les plans plus détaillés, le
montage plus détaillé parce qu'à chaque fois
qu'on veut pousser un peu plus loin on a quand même besoin d'une autorisation
du ministère, et donc ça, c'est un irritant, quand même.
M. Hurteau (Richard) : Oui, ça
n'avance pas très vite.
M. Guy (Christophe) : Ça n'avance
pas très vite, hein?
M.
Proulx : Je vais rapporter,
comme on dit. Et je veux profiter également de l'occasion que vous me donnez
pour tenter de mieux comprendre aussi une
autre dynamique. Vous avez parlé tout à l'heure d'une réalité qui est, je vais
dire, malheureuse, mais, effectivement, qui est la vôtre, hein, un nouveau
professeur, ailleurs, se retrouve avec un budget
de recherche dès le départ, de l'argent disponible pour travailler. Vous avez
évoqué 20 % à 30 % de plus dans ces conditions, je vais dire, globales. Pour que je comprenne bien, est-ce
que ces argents-là que vous... On fait le souhait... On prend un instant, là, puis on se retrouve
ailleurs, là, tout d'un coup, puis on pourrait faire la même chose. Est-ce que
ces argents-là viennent de la règle
budgétaire actuelle du financement? Est-ce que ça vient de subventions? Est-ce
que ça vient de partenariats ou de
contrats de recherche? Peut-être que vous comprenez bien ou pas ma question,
mais est-ce que c'est la règle
budgétaire actuelle qui fait en sorte qu'on ne peut pas faire ça? Est-ce que
c'est ce que certains ont dit, on n'est
pas financé correctement, ou c'est notre modèle de subventions, par exemple, au
travers de nos programmes, ou c'est les
contrats de subventions qui ne sont pas au rendez-vous parce qu'on n'a pas à la
même hauteur que les autres, je ne le sais pas, hein... Juste pour qu'on
comprenne quelle est cette dynamique-là de financement qui fait qu'on n'est pas
capable de faire ce que les autres font autour de nous.
M. Savard (Gilles) : Oui. Moi, je
répondrais que c'est essentiellement la somme globale, c'est-à-dire que les budgets qu'on reçoit du gouvernement du Québec ne
nous interdisent absolument pas d'aider au démarrage des entreprises,
mais...
M. Guy (Christophe) : Des
chercheurs.
M.
Savard (Gilles) : Des chercheurs. Mais ce que ça nous prend a priori,
c'est... Évidemment, notre mission première, c'est la formation, et le budget ne vise pas tellement le développement
de la recherche comme telle. Indirectement, oui, par les études aux
cycles supérieurs, maîtrise, doctorat, mais les programmes de recherche sont
financés par le Fonds recherche Québec, qui
ont des fonds corrects, mais limités quand même, et les fonds du CRSNG. Ce qui
nous permet, nous, d'en mettre un peu
plus que peut-être nos homologues ici, au Québec, c'est le haut niveau de
recherche qu'on fait avec
l'industrie. On est à peu près à 50 % de notre niveau de recherche qui se
fait avec l'industrie et, avec les frais indirects de recherche, on peut
dégager un peu de montants.
Ceci étant
dit, on n'arrive pas à donner autant que UBC ou l'Université de Toronto, qui
sont nos comparables. Nous nous
comparons à chaque année avec les facultés de génie de UBC et de Toronto, et le
Québec se doit d'avoir une grande
faculté de génie et une grande école de génie au Québec. Le génie, c'est à la
base de l'innovation technologique. L'innovation
technologique est à la base de la croissance de chacun des pays occidentaux
qu'on peut observer. Alors, c'est
simplement une question de moyens. Ça peut venir de différentes sources, mais
on ne peut pas en mettre plus que ce
qu'on a, évidemment, on ne peut pas aller en déficit. Mais ce qui nous permet
d'en mettre un peu plus que d'autres, mais moins que ceux avec qui on
veut se comparer, ce sont nos contrats industriels.
M.
Proulx : Mais je comprends
bien de ce que vous dites qu'il y a un ensemble
de facteurs qui favorisent les autres qui,
pour nous favoriser, nous, devraient être mis sur la table, là, il n'y a
pas que la révision, par exemple, de la règle. Juste pour que je comprenne
les choses...
M. Savard (Gilles) : Non, ce n'est
pas tellement les règles qui sont...
M.
Proulx : Oui, tout à fait. Non, c'était vraiment pour
des fins de compréhension. Vous dites qu'il y a 50 %, dans le fond, des argents qui viennent non pas en
subventions, mais en contrats de recherche. Vous avez donc un pourcentage
important. J'imagine que c'est quelque chose qui est plus récent. Et je ne
parle pas juste pour vous, j'imagine que les industries
investissent plus aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais fait dans la recherche,
non? Il y a 40 ans, on ne devait pas le faire autant, on devait
être plus porté à subventionner qu'à avoir des contrats.
M. Savard
(Gilles) : La réponse, c'est non et oui. Non, dans le sens que, pour
Polytechnique, ce n'est pas récent, ça
date d'à peu près une trentaine d'années. Donc, on a été un peu les précurseurs
au Québec et on a suivi le modèle, un peu,
de la côte Est et Ouest américaine, MIT, Stanford, Caltech, qui ont toujours
travaillé avec l'industrie. Travailler avec l'industrie pour une école de génie, c'est comme, dans une faculté de
médecine, travailler avec les hôpitaux. C'est une évidence pour nous,
c'est normal et c'est...
Par contre,
les industries, effectivement, ont imparti davantage de leur recherche vers de
la recherche universitaire ou dans
les centres de recherche. Ça leur permet une plus grande flexibilité. Quand les
années sont moins bonnes, ils n'ont pas
à soutenir une équipe complète de recherche, ils ont plus de flexibilité pour
impartir la recherche. Et, avec les consortiums de recherche, dont le CRIAQ, nous collaborons donc 50 %, à peu
près, de notre recherche, ce qui nous amène à presque 40 millions de dollars annuellement de
contrats de recherche avec l'industrie. Et ces contrats se font avec nos
étudiants, et c'est peut-être la beauté de...
M. Guy
(Christophe) : Mais, on s'entend, c'est des contrats qui sont quand
même intéressants, dans le sens qu'ils ne
sont pas avec des livrables comme si on était une compagnie, c'est pratiquement
des subventions. Donc, ceux qui veulent, nous, on leur garantit les moyens que l'on va mettre, mais pas les
résultats parce que c'est de la recherche qui est universitaire, très
compétitive...
M. Savard (Gilles) : Très
compétitive, avec beaucoup de multinationales.
M.
Proulx : Mais moi, vous
comprenez, je ne viens pas du tout de ce domaine-là. Mais je comprends que,
même par des contrats de recherche,
vous pouvez faire de la recherche, moi, je vais appeler ça dite fondamentale,
là, c'est-à-dire que, là, on part avec une hypothèse et puis on arrivera
là où notre capacité d'innover va nous amener.
M. Guy
(Christophe) : Non, mais, écoutez, quand on se retrouve confronté à un
problème bien réel, mettons, sur un
avion de Bombardier, sur un moteur de Pratt & Whitney, parfois ça
nous oblige à remonter à la recherche fondamentale pour trouver la solution. Donc, c'est vraiment un
cycle, la recherche, ce n'est pas une ligne droite où on fait du fondamental,
on va jusqu'à l'appliqué. C'est vraiment des boucles qui s'autoalimentent
elles-mêmes.
M.
Proulx : Est-ce que, donc,
du point de vue... Toujours pour mieux nous instruire sur le sujet, est-ce que
c'est plus complexe pour vous d'opérer à l'intérieur du 50 % de
contrats de recherche ou d'opérer à l'intérieur du contexte de subventions dites traditionnelles, que ce soit
par les fonds de recherche du Québec ou par les fonds canadiens? Parce que je vous entendais, tout à l'heure, dire :
Il y a de plus en plus de fonds je vais appeler ça dédiés, là, de fonds... Il y
a une panoplie, un bouquet de fonds
maintenant, plutôt que d'être... alors qu'on sait bien que ça vient tout de la
même poche, là. Mais, dans les faits,
est-ce qu'il y a une complexité particulière à avoir l'industrie comme acteur
partenaire plutôt que des fonds gouvernementaux?
M. Savard
(Gilles) : Oui. La réponse, c'est oui. Encore là, il faut faire
attention. C'est-à-dire qu'on travaille avec, par exemple, le ministère des Transports du Québec, pour nous c'est la
même complexité que de travailler avec un partenaire industriel. Lorsqu'on a des subventions libres,
qu'on appelle, c'est beaucoup plus simple parce qu'on n'a pas de contrat à
signer. C'est les mêmes subventions données aux chercheurs qui les ont
obtenues, il n'y a pas de contrat, et le chercheur, avec ses étudiants,
son personnel de recherche, livre la marchandise.
Où c'est plus
complexe avec l'industrie ou avec des partenariats avec des ministères ou
d'autres organismes, c'est, d'une
part, il faut négocier un contrat. Donc, ça, c'est toujours un... Quand on
parle de négocier, on parle d'avocats, donc c'est un peu plus long. Une fois que c'est fait et après, la complexité
supplémentaire qui s'ajoute, mais avec beaucoup de bénéfices, c'est le fait qu'il y a un autre partenaire de plus. Donc,
il y a le chercheur, il y a les étudiants, le personnel de recherche et
il y a le partenaire soit ministériel soit industriel. Mais c'est tellement stimulant
que...
• (18 h 10) •
M. Guy
(Christophe) : Et, pour les étudiants, c'est intéressant, et pour les
entreprises aussi parce que souvent... Nous,
la recherche, à Polytechnique, et de façon générale dans les universités
québécoises et canadiennes, elle se fait toujours avec des étudiants aux cycles supérieurs et même
des étudiants au bac. Ces étudiants-là qui vont passer six mois, un an ou
trois ans sur une thèse de doctorat dans un
laboratoire, sur un projet avec une entreprise, ce sont les meilleures
personnes pour assurer le transfert après de la technologie ou des
nouvelles façons de faire qui ont été développées vers le partenaire. Et parfois aussi ça donne lieu à des
inventions que le partenaire, parce que ce n'est pas dans sa ligne de produits,
ne souhaite pas développer, nous laisse
libres d'utiliser, l'API et il y a des «spin-off», il y a des «start-ups» qui
sont créés et qui vont porter ça vers
le public, vers la société, en fait. C'est une façon de retourner, en fait, cet
investissement vers la société parfois à travers une voie commerciale,
mais, dans les faits, les choses vont se retrouver accessibles.
M. Proulx : Est-ce qu'il me reste...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Bien, une minute, oui, M. le député.
M. Proulx : Une minute, rapidement.
J'aurais aimé avoir un exemple de ce que c'est, les frais indirects de recherche dans un cas précis, là. Parce que, tout
à l'heure, on l'a évoqué, on l'a évoqué à plusieurs occasions avec différentes
institutions, mais donnez-moi un exemple qui
fait en sorte que je vais pouvoir comprendre là où est la limitation
aujourd'hui.
M. Savard
(Gilles) : Un exemple, un contrat de recherche qui serait signé avec
Bombardier, éventuellement avec CAE
et Polytechnique, la recherche va se faire dans un laboratoire de recherche de
Polytechnique. Cet espace, selon les règles
précédentes du gouvernement, l'espace de recherche comme tel n'était pas
financé, il devait se financer par des frais indirects qu'on allait
chercher sur le montant total du contrat. Donc, ça, c'est une partie
infrastructures. La deuxième partie, la même
chose, la sécurité, le chauffage, l'électricité n'étaient pas financés par le
budget de base parce que le budget de
base du gouvernement ne finançait que les espaces d'enseignement. Donc, ça,
c'est une partie. L'autre, toute la
négociation de ces contrats-là, l'accompagnement, la reddition de comptes pour
facturer Bombardier, CAE ou... donc, c'est
cette partie de frais indirects, ce ne sont pas des coûts directs. Les coûts
directs, généralement, c'est le salaire des étudiants, des professionnels de recherche, des techniciens et
éventuellement de l'équipement nécessaire à la recherche. Alors, ça, c'est des coûts directs. Tout ce qui
est en dehors, l'administration de cette subvention-là, les espaces, le
chauffage, l'électricité, les subventions ne subventionnent pas ça.
M. Proulx : Mais ils sont
essentiels.
M. Savard (Gilles) : Mais ils sont
essentiels à l'activité de recherche.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Savard. Alors, on va
passer au dernier bloc du côté de l'opposition officielle pour
15 minutes. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Peut-être juste... Parce qu'on parle de recherche,
ça a été critiqué, le fait que la mission
recherche et la mission innovation, au gouvernement, soient séparées en deux
ministères. Est-ce que, pour vous,
recherche étant avec Enseignement supérieur, Recherche, innovation étant avec
Développement économique, est-ce que, pour vous, ça a un impact?
M. Savard
(Gilles) : Écoutez, dans un monde idéal, effectivement on devrait
parler innovation. La recherche est nécessaire
à l'innovation. Et, dans un monde idéal, avec un bon continuum, ça serait dans un
même ministère, comme ça l'a déjà
été. Bon, ceci étant dit, il y a probablement moyen de relier quand même deux
ministères avec la recherche au MERST
et l'innovation au MEIE, mais c'est vrai que, surtout pour une école
d'ingénierie comme nous qui faisons de l'innovation technologique via la
recherche, que ça soit dans un même ministère facilite les choses. Mais...
M. Guy
(Christophe) : Mais on a vu quand même un certain déplacement, et le
secteur industriel est plus présent dans les décisions de financement du
MEIE...
Mme
Hivon : Du côté
innovation.
M. Guy
(Christophe) : ...du côté innovation, alors que, quand toute la
recherche était dans le même ministère, même quand il s'appelait MEIE et MDEIE, les universités avaient un peu
plus droit au chapitre qu'elles n'en ont maintenant.
Mme
Hivon : Avaient
plus voix au chapitre?
M. Guy (Christophe) : Oui.
Mme
Hivon : O.K. Donc,
pour ça, ce n'est pas positif.
M. Guy (Christophe) : On était plus
présents.
Mme
Hivon : Oui, parce
que la recherche était plus vue comme liée aux universités, puis là c'est...
M. Guy
(Christophe) : Oui. Et, à la
défense des personnes du ministère, ce n'est pas leur faute non plus, c'est
les industriels qui disent : Écoutez,
vous, vous avez le vôtre, ministère, pour vous. Nous, c'est le nôtre, donc
allez demander l'argent ailleurs. Mais on s'entend que les budgets ne
sont pas les mêmes en recherche dans les deux côtés.
Mme
Hivon :
Non, bien, c'est ça. Moi, je pense qu'il y a des effets négatifs de ça. Puis il
y a eu un changement, ça a été vite
corrigé par le gouvernement quand on a regardé toute la question des... Bien,
c'est périphérique, là, mais les Petits
débrouillards, tout ce qui était
le financement des expos sciences, puis tout ça, il y en a qui ont dit :
Bien, justement, vu que maintenant
c'est séparé puis ce n'est plus dans l'aspect recherche, il y a peut-être moins
cette sensibilité-là à l'autre ministère.
Mais, bon, ils sont revenus en arrière, là, ça, ça a été corrigé. Mais, dans le
grand tableau, je me demandais si, pour vous, ça avait un impact. Merci.
Donc, peut-être rapidement, situation
financière, pour bien comprendre, je
vois qu'en 2012-2013 et 2013-2014
vous avez eu des exercices légèrement
déficitaires. Je voulais comprendre parce
que, dans les données qu'on a,
résultats d'exercices, c'est 6 millions et 4 millions...
M.
Hurteau (Richard) : Alors,
nos exercices sont... on est en équilibre budgétaire pour toutes ces
années-là selon les règles du ministère.
On a un déficit quand on applique les principes comptables généralement
reconnus. Quand on tient compte des avantages sociaux, du déficit du régime de
retraite, c'est là que les chiffres négatifs apparaissent.
Mme
Hivon : Du régime
de retraite, puis tout ça. O.K. Mais normalement, dans le fonctionnement, vous êtes en équilibre budgétaire?
M. Guy
(Christophe) : Nous sommes en équilibre.
Mme
Hivon :
O.K. Ça fait que je ne sais pas pourquoi...
M.
Guy (Christophe) : Bien, il y a
deux comptabilités pour les universités. Il y
a la comptabilité sur laquelle nous
obtenons notre budget, et après il y a
les états financiers PCGR, donc les principes comptables généralement reconnus,
et les deux sont différents.
Mme
Hivon : Oui, tout à fait. Puis vous, vous nous avez fourni les deux, alors que je pense
que d'autres universités ne nous ont pas fourni l'accumulé.
M. Guy
(Christophe) : C'est possible. C'est possible.
Mme
Hivon :
C'est ça. O.K. Et, pour 2014-2015, vous êtes en équilibre aussi?
M. Hurteau
(Richard) : Oui.
Mme
Hivon :
O.K. Puis pour 2015-2016?
M. Hurteau
(Richard) : Oui.
Mme
Hivon :
Oui? Vous n'êtes pas inquiets pour 2015-2016 non plus?
M. Guy
(Christophe) : Bien, on est inquiets, si, mais on...
Mme
Hivon :
Mais vous allez être en équilibre?
M. Guy
(Christophe) : Bien, écoutez, ne...
Mme
Hivon : Non, c'est parce qu'il
y a eu beaucoup d'universités qui sont venues nous dire : Ça va être
excessivement difficile pour 2015-2016, donc...
M. Guy
(Christophe) : C'est sûr que c'est plus difficile, mais...
Une voix :
Notre ministre des Finances est très dur.
Mme
Hivon :
O.K. C'est bon.
M. Hurteau
(Richard) : Il n'y a pas de facilité là-dedans, c'est parce qu'on... Écoutez,
on...
Mme
Hivon :
Mais vous prévoyez être en équilibre?
M.
Hurteau (Richard) : On va
être en équilibre parce que... Écoutez, à chaque année, il y a une explication. La
première année, on a retardé des
engagements, hein? On fait un petit
peu comme tout le monde, on retarde des engagements un
petit peu et puis on y arrive. La
deuxième année, en 2014-2015, on a eu une augmentation de clientèle,
donc ce qui a permis de compenser une
partie des compressions. On travaille toujours à réduire nos coûts, à maintenir nos coûts. Cette
année, bien, c'est finalement
l'embellie du régime de retraite qui va nous permettre de libérer de l'argent
pour balancer le budget. Alors, vous
voyez, on travaille un petit peu au jour le jour ou année par année. Ça n'a pas
une grande perspective, mais on y arrive.
Mme
Hivon :
O.K. J'aimerais aborder la question des étudiants étrangers, donc 25 % de
votre fréquentation étudiante. Dans ça, est-ce qu'on a les chiffres sur le
pourcentage au premier cycle versus aux cycles supérieurs?
Une voix : ...
Mme
Hivon :
Il y a quelqu'un qui dit oui en arrière, donc...
M. Guy (Christophe) : Oui, on
devrait l'avoir. Mais, de tête, c'est...
Mme
Hivon : À peu
près, je n'ai pas besoin de la virgule, là.
M. Guy
(Christophe) : ...je dirais presque 50 % aux cycles supérieurs et
beaucoup plus faible au premier cycle.
M. Savard (Gilles) : C'est ça, à peu
près 16 % au premier cycle et 50 % aux cycles supérieurs.
Mme
Hivon :
O.K. 16 % au premier cycle et de... Au premier cycle, est-ce que c'est
majoritairement des étudiants français?
M. Guy (Christophe) : Francophones.
Mme
Hivon :
Francophones. O.K. Je vous pose la question pour savoir si, le changement dans
les frais de scolarité pour les étudiants français au premier cycle,
vous anticipez un impact ou pas vraiment parce que c'est marginal.
M. Guy
(Christophe) : Là, bien, un impact... Bon, là, il semblerait que, les
chiffres, on suit... Bon, la rentrée n'a pas eu lieu, donc on va les voir quand les classes vont commencer, mais
il semblerait qu'on pourrait avoir un 10 % de moins d'étudiants
français au bac par rapport à l'année passée ou à ce qu'on attendait.
Mme
Hivon : O.K.
Est-ce que vous l'attribuez à ça...
M. Guy (Christophe) : Oui...
Mme
Hivon : ...ou ça
fluctue... Ça semble être le principal...
M. Guy
(Christophe) : Bien, ça fluctue, mais il faut comprendre aussi que,
nous, pour un étudiant qui ne vient pas
du cégep, il doit faire une année supplémentaire, hein? Il ne rentre pas en
première année directement à Polytechnique, donc son bac devient un bac de cinq ans. Donc, à un moment donné,
l'étudiant français, il fait la part des choses entre ce qu'il peut faire dans son pays et au Québec, sachant
qu'il a quand même cinq ans à faire chez nous pour avoir son diplôme
d'ingénieur à la sortie.
Mme
Hivon : O.K.
Tantôt, vous nous disiez, bon, que votre population étudiante a été vraiment en
grande croissance. Vous disiez : Là, on
pense que ça va se stabiliser, que... Ça, est-ce que c'est le fait de
l'évolution normale ou c'est aussi ce
que vous souhaitez parce que, là, vous manquez d'espace, donc vous ne faites
pas par exprès pour développer de la clientèle davantage, ou si vous
pensez que ça se stabilise, toutes choses étant égales?
• (18 h 20) •
M. Guy
(Christophe) : Nous, au niveau du baccalauréat, on a toujours décidé
de donner la chance au coureur, et
d'accepter tous les étudiants qui avaient la moyenne qu'on exigeait à l'entrée,
et de les prendre parce qu'on a pensé qu'effectivement ils allaient
pouvoir faire leurs preuves et passer à travers quatre années quand même
difficiles à Polytechnique. Donc, on ne
change pas ceci. Il y a une réalité, je pense qu'au Québec
la dénatalité commence à arriver, là, donc
on commence à avoir un certain fléchissement dans le nombre d'étudiants, une
certaine stabilisation, je dirais. Donc, ça, c'est un premier élément.
L'autre
élément, c'est qu'effectivement on a des problèmes d'espace, et, à un moment donné, nos capacités vont être
limitées. Mais on a été assez bien capables par le passé de prédire le futur,
donc on s'attend à ce qu'on pourrait être en mesure d'accueillir les étudiants québécois qui veulent rentrer
chez nous et qui ont les notes pour y rentrer sans problème cette année.
Mme
Hivon : Est-ce
que ça, ça fait en sorte que vous
allez, je dirais, peut-être moins faire d'efforts ou garder le même niveau d'efforts pour recruter des
étudiants étrangers, ou, au contraire, du fait de la stabilisation peut-être
des étudiants québécois,
vous allez accentuer vos efforts pour aller en recruter encore davantage, ou
vous vous attendez à une stabilisation aussi?
M. Guy (Christophe) : Écoutez, bien,
aux cycles supérieurs, ce sont nos étudiants qui travaillent dans les laboratoires. Donc, on en a quand même
besoin, on est très actifs en recherche. Le taux de placement de nos diplômés
de Poly, c'est 96 % quand ils sortent de chez nous. Donc, il n'y a pas de
problème. On a plus de problèmes pour les convaincre de rester aux cycles
supérieurs parce qu'ils trouvent des emplois.
Mme
Hivon : ...des
emplois, oui, c'est ça.
M. Guy
(Christophe) : Ils trouvent
des emplois. Et ça, c'est important pour l'innovation et la recherche
au Québec qu'on ait de la recherche en technologie dans les universités québécoises, donc là on recrute beaucoup
plus à l'étranger. Tout changement au modèle de financement peut avoir un impact vraiment
dramatique sur notre modèle d'affaires, si je peux m'exprimer ainsi, sur la façon dont nous allons fonctionner à
l'école. Si, tel que le prévoit, par
exemple, le rapport
Tremblay-Roy, les étudiants... Aujourd'hui, un étudiant en doctorat, il paie le
forfaitaire étranger, que l'on retourne à Québec, et on est financé à 100 %. Si, demain, on est juste financés à la
moitié, tel que le propose le...
Tremblay-Roy, bien là on va se
retrouver avec une difficulté de véritablement continuer cette formation doctorale et la
recherche que l'on fait à
Polytechnique. Nous, c'est une inquiétude majeure parce qu'en plus tous nos étudiants au doctorat,
ils sont boursiers en technologie.
Puis ce n'est pas juste le Québec.
Toronto, ils ont tous des bourses, les étudiants qui font un doctorat en
génie. À MIT, ils ont tous un «tuition
waiver» et une bourse de subsistance. C'est
ça, la réalité de la recherche en technologie dans le monde, donc il faut
qu'on soit compétitifs pour attirer aussi les bons. Et ça, ça nous fait vraiment
peur parce que ça peut complètement débalancer notre
réalité du jour au lendemain.
Nous pensons,
à l'instar des autres universités très actives en recherche, qu'il faut préserver
dans une réforme de financement...
Oui, les étrangers, sûrement, doivent peut-être payer plus que les Québécois, on est absolument
d'accord. Mais ceux qui sont ici pour être formés en
recherche, pour contribuer à la recherche pendant leurs études, qui font des
inventions, des retombées directes pour la société québécoise, eux, il faut les
considérer essentiellement comme des apprentis
chercheurs qui contribuent au développement de la science et de la technologie au Québec, et donc on souhaite qu'il y ait
une différence de considération entre les étudiants qui sont dans des
programmes de recherche et des étudiants qui sont dans des programmes de formation
professionnelle ou des programmes
traditionnels. Le gouvernement a déjà fait la distinction pour les
Français entre le premier cycle et les cycles supérieurs parce qu'aux cycles
supérieurs c'est généralement de la recherche.
Mme
Hivon :
Je vous entends, là, parler de la formule de financement, je voulais en parler.
Tantôt, vous en avez parlé aussi, on
en a parlé avec d'autres universités qui ont des missions complètement
différentes de la vôtre, et puis, bien sincèrement,
en vous entendant parler, déjà je me disais : Comment va-t-on y arriver, à
revoir la formule de financement, alors
que je pense que plusieurs souhaitent la révision pour des raisons complètement différentes? Vous
l'avez bien exposé tout à l'heure en ce
qui vous concerne. Pour d'autres,
c'est parce qu'ils ont des clientèles atypiques qui sont, justement, complètement à l'inverse de
votre clientèle, qui est très : On rentre, on fait nos quatre ans, on a un
emploi, on fait de la recherche. Et
vous, vous avez bien expliqué les défis
de financer plus spécifiquement la réalité du génie, est-ce que vous avez le sentiment qu'avoir une formule unique,
mais qui va venir tenir compte des spécificités un peu de chacun, c'est
quelque chose qu'il est réaliste de penser qu'on va y arriver à brève échéance?
M. Guy
(Christophe) : C'est sûr que, la façon dont les choses se discutent,
chacun va vouloir tirer un peu de son côté.
Cependant, écoutez, la richesse du système universitaire québécois, c'est sa
diversité et qu'on n'est pas tous identiques. Je pense qu'on contribue tous à notre façon au développement de la
société québécoise. Mais, au lieu de se regarder, juste nous, et de regarder comment on a fait, si on
change ça, bien, ça fait ça, c'est qui qui bénéficie, regardons aussi comment
ça se fait ailleurs, comment ça se fait
juste à côté de nous, où, quand même, nous sommes... Nos universités
canadiennes, elles fonctionnent un
peu de la même façon. C'est notre compétition, nous l'avons dit. C'est sûrement
la compétition de McGill, c'est
sûrement la compétition de l'Université Laval, donc regardons comment ça se
fait. Je ne veux pas dire qu'ils ont un meilleur modèle, mais on peut
apprendre de ça.
Nous, on
souhaite que l'on ait des montants comparables par étudiant que ceux que
reçoivent l'Ontario. Pourquoi? Parce
que notre profession a un agrément pancanadien, et ça serait le comble que,
dans quelques années, on dise : Bien, au Québec, là, vous ne mettez pas assez d'argent pour former des
ingénieurs, donc, finalement, ils seront peut-être accrédités au Québec, mais ils ne pourront pas aller
travailler dans les autres provinces. Ça, c'est un danger. Et c'est un danger
pour beaucoup de nos professions
aussi et des universités qui ont des programmes de formation professionnelle.
Mais regardons à côté.
M.
Chamberland (Steven) :
Peut-être un autre danger aussi, au Québec, c'est la seule province canadienne
où il y a deux universités classées dans le top cinq US. On glisse dans
les classements. La compétition, en termes de mondialisation,
de l'enseignement supérieur, c'est très, très compétitif. Donc, ça aussi, il
faut considérer ça, je pense, dans la formule de financement pour rester
compétitifs au niveau international, pour attirer les meilleurs professeurs,
les meilleurs étudiants parce qu'aussi la prochaine économie, ça va être une
économie du savoir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Alors, le temps est déjà fini. Alors, je remercie M. Guy, M. Savard, Mme Thibodeau-DeGuire,
M. Chamberland et M. Hurteau, ainsi que l'impressionnante délégation
qui vous accompagne ce soir. Je remercie également les membres de la
commission pour leur collaboration.
Je lève la
séance de la commission et j'ajourne les travaux à demain, le jeudi
20 août, à 9 heures, où elle poursuivra son mandat. Merci. Et
bon retour.
(Fin de la séance à 18 h 28)