(Neuf
heures)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bonjour à tous. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement
de niveau universitaire. Nous entendrons ce matin les dirigeants des universités
suivantes : l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue — je
vous souhaite la bienvenue — et
l'Université du Québec en Outaouais.
Y a-t-il consentement
pour permettre... Je pense qu'on n'a pas besoin de consentement. Tout le monde
est là. Y a-t-il des remplaçants, M. le secrétaire? Non plus.
Auditions
(suite)
Alors, bienvenue à
l'Université du Québec en Abitibi. Je vous rappelle que vous disposez de
20 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange entre les collègues. Je vous invite donc à
vous présenter puis à commencer votre exposé. Alors, la parole est à
vous.
Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)
Mme
Jean (Johanne) : Je vous présente les gens qui m'accompagnent. Ici, M.
Denis Martel, qui est vice-recteur, Enseignement, recherche et création;
Mme Martine Rioux, qui est secrétaire générale; et M. Luc Boisvert, qui est vice-recteur aux ressources. Moi-même, Johanne
Jean, je suis la rectrice à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
À
titre de rectrice, c'est vraiment un grand plaisir d'être ici ce matin — je vous remercie — pour, d'une part, ce qu'on va faire pendant mon petit 20 minutes — par la suite on pourra faire l'échange — je vais vous dresser un bilan de nos
activités puis prendre le temps aussi de vous présenter certains défis et
perspectives de développement pour notre université.
Vous
le savez très bien, je pense, que chaque université possède des
caractéristiques qui lui sont propres. Ce qui distingue l'UQAT, c'est sans contredit notre modèle de développement, un
modèle unique qui se base sur une approche de faire-ensemble. Nous sommes aussi une institution qui est profondément
ancrée dans son milieu. Vous allez le voir au cours de ma présentation,
ça se traduit de différentes façons.
Quand
je parle de notre modèle de développement, je fais référence à notre présence
physique et virtuelle sur tous nos territoires d'attache ainsi qu'à nos
partenariats de choix, des partenariats avec d'autres universités au Québec, ou
ailleurs au Canada, ou ailleurs dans le
monde, ainsi que des partenariats avec les deux autres niveaux d'éducation
que sont les commissions scolaires, l'enseignement primaire, secondaire ainsi
que les cégeps, mais des partenariats aussi que nous avons avec les
municipalités et les communautés des premiers peuples — on va
y revenir — et
plusieurs organismes du milieu.
Mes
propos de ce matin vont donc porter sur notre modèle de développement en
faisant un petit peu référence... vous
allez voir, je vais faire un petit bout d'histoire, parce que l'histoire, veux
veux pas, donne une idée de ce qu'on est ou de ce qu'on va devenir, et j'aborderai aussi les principaux défis
auxquels nous allons devoir faire face pour terminer avec nos
perspectives de développement.
Tout
d'abord, il faut savoir que l'UQAT s'est bâtie avec et pour ses milieux. En
effet, c'est grâce à la volonté et au travail de nombreuses personnes
ainsi que de nombreux organismes que l'université a vu le jour il y a
maintenant 32 ans ou il y a maintenant
seulement 32 ans. Première et longtemps seule université québécoise à
porter le nom de son territoire et
non pas de sa ville, l'UQAT a été créée à l'image des bâtisseurs de sa région.
Et là je vais me permettre de citer
l'ancien président du réseau de l'Université du Québec, M. Gilles Boulet, lors
de l'inauguration de l'UQAT, en 1983, et
je cite : «Votre pays, ce n'est pas dans les forêts, dans les mines ou
dans la terre qu'il se fera, mais [bien] dans l'esprit des gens d'ici.»
Je ne vous apprendrai
rien, encore une fois, si je vous dis que l'une des priorités de l'UQAT a
toujours été de favoriser l'accès aux études
universitaires, et ce, dans ses quatre dimensions, à savoir l'accessibilité
sociale, financière, géographique et académique. Pour assurer
l'accessibilité à la formation universitaire sur un territoire aussi vaste que l'Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec,
l'UQAT a choisi de miser sur ses partenariats, car c'était et c'est
encore aujourd'hui la formule la plus bénéfique et la moins onéreuse. Dans
toutes les décisions que l'on prend, on n'oublie jamais que l'on gère des fonds
publics.
En
effet, dès le départ, notre ancrage dans le milieu nous a permis un partage
optimal des ressources et des services avec
nos différents partenaires tels que le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, le
cégep de Mont-Laurier, les commissions scolaires ainsi que les municipalités. Par exemple,
nous partageons avec le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue les
installations sportives, la bibliothèque et la cafétéria dans trois de nos
campus. Ces alliances furent ainsi à la base de notre création et elles sont
encore présentes aujourd'hui, je dirais même plus importantes que jamais. Dans
chacun des territoires de la MRC où nous sommes présents,
il existe des corporations de développement de l'enseignement supérieur sur lesquelles siègent des bénévoles,
des représentants du milieu de toutes sortes : de l'éducation, du milieu
de travail. Et, de façon générale, nous, on
transige avec les corpos afin de pouvoir définir leurs besoins et examiner de
quelle façon on peut répondre à ces besoins-là ensemble.
Actuellement, pour répondre aux besoins des populations
que nous desservons, l'UQAT a des campus, et des centres, et des points de service en Abitibi-Témiscamingue, dans le
Nord-du-Québec, dans la MRC Antoine-Labelle et même à l'extérieur de
ceux-ci. Il est important de noter que cette présence dans de nombreux sites se
fait toujours en partenariat avec d'autres institutions ou d'autres organismes. On n'est jamais présents seuls dans un
des sites. On partage les espaces, les infrastructures, on partage aussi
de plus en plus aussi les ressources.
Au fil des années, avec l'immensité du
territoire, nous avons aussi su développer une expertise technique et technopédagogique
dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. À
titre d'exemple, là, je fais un petit peu
d'histoire, nous avons utilisé nos premiers tableaux interactifs en 1990 pour
assurer l'offre du bac en sciences
infirmières sur les cinq territoires de MRC. Ces tableaux interactifs, il y
avait le son qui passait, et le prof était dans un centre, écrivait au tableau, et ce qu'il écrivait au tableau
était — par
exemple, s'il était à Ville-Marie — présenté
à Rouyn-Noranda, à Amos ou La Sarre. Ce
n'était pas une technologie très performante, mais on l'a testée jusqu'à la
fin pour se dire : On ne peut pas trop,
trop travailler de cette façon-là, parce qu'il n'y avait pas d'élément vidéo.
Donc, nos premiers cours médiatisés ont été offerts en 1994, et, en
2000, toujours en partenariat avec les commissions scolaires, le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue et la défunte
conférence régionale des élus, nous nous dotions collectivement de huit
salles de vidéoconférence, réparties sur tout le territoire de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Aujourd'hui,
l'UQAT dispose d'un réseau de 25 salles de vidéoconférence, qui nous permet
d'assurer une présence et de rendre la formation accessible à la
grandeur de nos territoires. Je vous donne un seul exemple. L'an passé, pour permettre le démarrage du bac en enseignement
préscolaire-primaire sur le territoire de Mont-Laurier et celui de Val-d'Or,
pour lesquels, dans les deux territoires, on
avait un nombre d'étudiants insuffisant pour permettre l'offre du programme
et surtout permettre l'offre d'un point de
vue rentable, l'offre du programme, on a donc jumelé les deux cohortes, celle
de Mont-Laurier et celle de Val-d'Or. Il ne
faut pas oublier qu'il y a 300 kilomètres entre les deux villes. Donc, un seul
et même groupe, une grande partie de la
formation a été dispensée grâce à l'utilisation notamment des salles de
vidéoconférence.
L'UQAT fait
aussi partie des institutions qui a vu une augmentation de son nombre
d'étudiants. De 2002 à 2014, cela
représente une hausse de l'effectif de 45 %, qui s'explique notamment par
l'utilisation des technologies de l'information, bien entendu, par nos
programmes à distance en santé et en gestion, l'augmentation aussi du nombre d'étudiants d'origine étrangère ainsi que
l'augmentation du nombre d'étudiants aux deuxième, troisième cycles.
L'UQAT possède un profil d'étudiants unique et un peu particulier. Pensons
seulement au fait que notre université, avec un pourcentage de 71 %, est un des établissements universitaires qui
accueillent le plus haut taux d'étudiants de première génération au premier cycle. C'est-à-dire qu'ils
sont les premiers de leur famille à fréquenter un établissement
d'enseignement supérieur. De plus, trois étudiants sur quatre sont des femmes.
La moyenne d'âge est de 31 ans, et, quatre fois sur 10, ils ont un enfant à
charge. 60 % de nos étudiants évoluent à temps partiel au premier cycle. Il est
important de noter qu'au début des années
70, seulement 3,6 % de la population de l'Abitibi-Témiscamingue
détenait un diplôme universitaire.
Actuellement, c'est environ 14 %. Il y a beaucoup de chemin qui a été
parcouru. Malgré tout, si on se compare à la moyenne québécoise, qui est
près de 22 %, nous sommes à même de constater que le travail est loin
d'être terminé.
• (9 h 10) •
À ce jour,
notre université a formé plus de 18 000 personnes. Près de 75 % des
diplômés proviennent de l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec.
L'UQAT contribue également à la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée
directement en région. En effet, une étude récente nous a permis de constater
que plus de 70 % de la main-d'oeuvre universitaire en
Abitibi-Témiscamingue est formée par l'UQAT. Concrètement, ce que ça signifie,
c'est 84 % des enseignants au
préscolaire-primaire qui sont formés par l'UQAT. C'est 100 % des
infirmières bachelières qui travaillent sur le territoire qui sont formées par l'UQAT. 86 % des comptables
sont formés par l'UQAT. Ces pourcentages élevés s'expliquent par le fait que le patrimoine académique de notre
université a été développé pour répondre aux besoins réels du milieu,
sur l'ensemble du territoire, et ce, dans plusieurs secteurs :
psychoéducation, travail social, administration, sciences comptables, éducation, foresterie, génie, mines, nouveaux médias ainsi que sciences infirmières. Ainsi,
l'UQAT est réellement un fournisseur de main-d'oeuvre pour l'Abitibi-Témiscamingue,
et son rôle est essentiel.
Sur le plan
de l'enseignement toujours,
l'UQAT a aussi développé quelques programmes de formation inédits dans
certains domaines, c'est-à-dire dans lesquels on est les seuls à intervenir au
Québec, dont toute la question de l'art-thérapie,
la création de jeux vidéo, la formation des suppléants dans les écoles
primaires et secondaires, l'efficience cognitive et, le tout dernier, la
prévention de la violence en milieu scolaire.
Du côté de la recherche, l'université est
également devenue une force, particulièrement dans la gestion environnementale des ressources naturelles. Dès
1983, au moment de notre création, nous avons choisi d'investir ces
secteurs stratégiques pour le Québec, qui correspondent à notre identité et
dans lesquels nous excellons aujourd'hui, à savoir l'environnement minier et la
gestion intégrée des résidus miniers, l'aménagement forestier durable et le développement des petites collectivités, trois
dimensions qui sont vraiment omniprésentes en Abitibi-Témiscamingue. Bien entendu, depuis 1983, notre patrimoine de
recherche s'est élargi dans plusieurs domaines : pensons à
l'hydrogéologie, à la psychoéducation, l'éthique de la recherche avec les
communautés des premiers peuples, la douleur en santé, et bien d'autres.
Actuellement,
avec nos 10 chaires de recherche, deux instituts de recherche ainsi que 11
regroupements, le volume de recherche
de l'UQAT s'élève à plus de 10 millions annuellement. Vous allez me
dire : 10 millions? Compte tenu de notre taille, ça représente... quand on reprend le
volume de recherche par prof, c'est un des plus élevés parmi les
universités membres du réseau de l'Université du Québec, qui est à près de
87 000 $ par prof.
Un autre
élément important qui nous distingue, c'est le rôle qu'on joue auprès des
communautés des premiers peuples en
favorisant, bien entendu, la prise en charge et l'autonomie de ces communautés.
En effet, l'UQAT est parmi les rares universités à offrir un service
spécialisé de soutien aux étudiants autochtones. Actuellement, le patrimoine
académique propose 27 programmes d'études, et, depuis 2006, l'UQAT a formé près
de 700 étudiants provenant des premiers peuples et compte plus de 250 diplômés.
Il faut aussi savoir que, pour certains des programmes offerts aux communautés
des premiers peuples, on les offre en anglais, notamment quand on travaille
avec les Cris et les Inuits.
Nous sommes
aussi un établissement universitaire dans lequel la structure administrative
est minimale et où chaque membre du personnel fait une différence, qu'il
soit professeur, chargé de cours, professionnel, technicien ou autre.
Un autre
élément que nous souhaitons ce matin soumettre à votre attention, c'est notre
attachement au réseau de l'Université
du Québec qui, pour nous, est une réelle valeur ajoutée puisqu'il permet un
partage d'expertise et de ressources essentiel à notre développement,
expertise et ressources, il va sans dire, que nous serions incapables de nous
payer seuls. Ainsi, pour une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue, une université permet le développement d'une
société juste et équitable en étant non pas uniquement un fournisseur de
services, mais également un fournisseur de savoir, de compétences et d'innovation. Notre université est un facteur et un
acteur de développement, de changement et d'innovation, et ce, sur nos
territoires d'ancrage au Québec, ailleurs au Canada et à l'échelle
internationale.
Comme vous
pouvez le constater, l'UQAT est un établissement universitaire reconnu qui se
démarque sur plusieurs plans. En
centrant notre offre de formation sur les besoins du milieu pour former les
professionnels essentiels au développement de l'Abitibi-Témiscamingue et
du Québec, en choisissant d'investir dans des secteurs stratégiques et d'excellence en recherche, tels l'environnement
minier et l'aménagement forestier durable, et en développant, année
après année, des partenariats à l'échelle
régionale, nationale, internationale avec les établissements d'enseignement de
tous les niveaux, les organismes ainsi que les entreprises, l'UQAT a pu
développer afin de rayonner et d'être aujourd'hui une université humaine,
créative et surtout audacieuse.
Évidemment,
comme tous les établissements universitaires, l'UQAT fait face à de nombreux
défis. Je ne ferai pas le tour de tous les défis. Je vais vous en
présenter seulement quatre.
Tout d'abord,
un défi prioritaire pour nous est encore une fois d'assurer l'accessibilité à
la formation universitaire et à la
réussite. De par son profil d'étudiants, composé majoritairement d'étudiants de
première génération et à temps partiel, l'immensité du territoire à
desservir ainsi que l'importance d'une offre de formation de base qui répond
aux besoins de ces populations,
l'accessibilité à la formation universitaire et à la réussite est un enjeu
crucial pour notre université. En effet,
pour répondre aux besoins des étudiants, nous devons offrir un soutien adéquat
et adopter des mesures spécifiques pour
contribuer à leur réussite académique. De plus, pour favoriser notre
déploiement et notre accessibilité, nous misons particulièrement sur les
technologies de l'information et de la communication.
Le deuxième défi est le positionnement de l'UQAT
comme un leader en recherche, création, formation de personnel hautement
qualifié dans des secteurs vitaux pour le Québec, particulièrement dans le
contexte du Plan Nord. L'UQAT est au coeur d'un centre minier de
calibre international et au sein même de la forêt boréale du Québec.
Principalement grâce à une formule encore une fois unique de partenariat avec
différentes universités au Québec et ailleurs
et particulièrement avec l'appui d'un important réseau d'entreprises et
d'organismes, l'UQAT est une force active et reconnue en recherche en
environnement et gestion écosystémique de la forêt boréale. La récente création
de nos deux instituts de recherche dans ces secteurs cruciaux à l'avenir du Québec
vise à consolider cette position. C'est un réel défi pour nous, surtout que
nous ne pouvons pas compter sur des programmes de premier cycle dans ces mêmes
domaines pour les soutenir.
Le troisième
défi, c'est la mise en place des conditions d'encadrement qui favorisent la
réussite des étudiants issus des
communautés des premiers peuples. Depuis sa création, l'UQAT propose des
programmes respectueux des perspectives autochtones, forme une main-d'oeuvre et des professionnels issus des
premiers peuples et participe de ce fait à l'amélioration des conditions de vie des individus ainsi qu'à
l'épanouissement des familles et des communautés, un constat reconnu par
les leaders des premiers peuples de la
région et de l'ensemble du Québec. Cependant, les groupes d'étudiants sont de
petite taille, donc difficiles à
rentabiliser, tout comme le service de soutien étant donné la formule de
financement actuelle. Donc, dans le
contexte, pour continuer de former les meneurs de demain au sein des
communautés autochtones qui pourront participer activement au développement
et au rayonnement du Québec, un financement adéquat est essentiel pour la
poursuite des activités.
Le quatrième
défi est également lié au fait d'assurer la formation de base essentielle au
développement du plein potentiel des
territoires du Québec et de l'Abitibi-Témiscamingue. Certaines professions sont
essentielles au développement de la région. Le recrutement de ce type de
main-d'oeuvre à l'extérieur est souvent difficile. Pensons seulement aux enseignants, aux ingénieurs, aux comptables, aux
infirmières bachelières. De plus, pour une région à faible densité de
population, ces programmes accueillent souvent un petit nombre d'étudiants, ce
qui a un impact important sur le coût moyen de formation par étudiant. Malgré
tout, nous savons pertinemment que financier adéquatement ces formations essentielles est un investissement pour un Québec
soucieux de son développement ordonné et harmonieux. En effet, former des gens chez nous contribue à combler les besoins
de main-d'oeuvre de chacune des régions que l'UQAT dessert. Je vous donne un exemple. Lors des dernières
compressions, on s'est sérieusement posé la question : Est-ce qu'on
continue à offrir, par exemple, le bac en
enseignement des mathématiques au secondaire? Quand ça va bien, on a à peu près
une dizaine d'étudiants admis dans ces programmes-là. Donc, on s'est posé la
question, mais on ne s'est pas posé la question
très longtemps, parce que ça n'a pas été long que les commissions scolaires
sont venues nous voir puis nous ont dit :
Johanne, tu ne peux pas. Tu ne peux pas cesser d'offrir le bac en enseignement
des mathématiques au secondaire. Si tu cesses
d'offrir ce programme-là, on n'aura plus d'enseignants dûment formés à cet
effet qui vont enseigner à nos enfants et à
nos petits-enfants. Donc, on a choisi collectivement de continuer à offrir
cette formation-là. On imagine toutes sortes de façons, mais on va être
créatifs et audacieux et on va continuer à offrir cette formation-là.
Outre ces défis, je ne peux pas continuer de
passer sous silence les impacts de la rigueur des budgets actuels. En effet, les coupes budgétaires des trois
dernières années, qui représentent, en 2014‑2015, près de 3 millions sur
un budget d'opération total de 46 millions pour l'UQAT, ont amené
l'université à revoir en profondeur tous les aspects de sa mission. Je vous rappelle qu'on a été... Cette
année, on a présenté un budget 2015‑2016 avec un déséquilibre de près de
800 000 $, mais, toutes les autres
années, au cours des dernières années, on a toujours réussi à boucler nos
budgets en équilibre. Ainsi, l'UQAT
entend continuer à réaliser pleinement sa mission et à relever les défis
auxquels elle devra faire face au
cours des prochaines années, et ce, pour le bénéfice premier des populations
desservies. En effet, il est primordial d'assurer le maintien, voire le
renforcement de la capacité de l'UQAT à jouer pleinement son rôle d'institution
d'enseignement supérieur sur ces territoires d'ancrage, mais aussi au Québec,
au Canada et à l'échelle internationale.
• (9 h 20) •
En dernier
lieu, abordons les perspectives de développement de l'Université du Québec en
Abitibi-Témiscamingue. Comme vous
pouvez le constater, les 30 dernières années ont permis à l'UQAT de passer de
la légitimité à la notoriété. Pour
répondre aux défis des prochaines années de notre université, nous avons
entrepris une démarche de planification stratégique en 2014 qui nous a permis de faire le bilan des cinq
dernières années et de tracer le parcours qui permettra à l'UQAT de repousser encore davantage ses limites.
Ce septième plan dans l'histoire de l'UQAT est le fruit d'une réflexion de gens engagés qui ont à coeur le développement
de l'université. Dans le cadre de deux tournées de consultation, ce sont
plus de 1 000 personnes qui ont été consultées en Abitibi-Témiscamingue,
dans le Nord-du-Québec et dans la MRC Antoine-Labelle. L'UQAT a fait le choix
de six enjeux stratégiques pour 2015‑2020, qui lui permettront de réaliser pleinement sa mission, soit l'expérience
étudiante, une formation d'avant-garde, le positionnement en recherche et
en création, le renforcement du partenariat
avec les premiers peuples, les interrelations durables mutuellement
profitables avec des partenaires, un milieu
de travail stimulant et une gestion efficiente. Des chantiers prioritaires sont
identifiés pour répondre aux objectifs
que nous nous sommes fixés. Pour l'année présente, 2015‑2016,
les trois chantiers sur lesquels on a choisi de travailler sont le développement
de la recherche, l'intégration des technologies de l'information et des
communications dans la formation et l'expérience étudiante.
En conclusion, comme gouvernement, je pense que
vous pouvez être fiers de l'évolution de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, et ce, en
seulement 32 ans d'existence. Grâce à notre modèle de développement
unique misant sur des partenariats solides,
nous avons déployé notre offre de formation et nos activités de recherche sur
tous nos territoires d'attache.
Ainsi, comme université, nous avons su assurer l'accessibilité à la formation
universitaire et contribuer de façon
significative au développement de la société québécoise. Dès notre création,
nous avons fait le choix de nous concentrer
sur un patrimoine académique de base qui répond aux besoins du milieu ainsi que
sur certains axes d'excellence en recherche, des axes qui, aujourd'hui,
font notre renommée dans le monde entier.
L'UQAT est une université à part entière qui
évolue dans un contexte d'échange, de collaboration et de concurrence, et ce, à
l'échelle provinciale, nationale et internationale. Notre plan de développement
2015‑2020 nous permettra de relever les défis actuels et futurs. Ce plan
reflète notre volonté de dépassement et nous amène à voir le changement comme une opportunité à saisir. Encore
une fois, l'UQAT misera sur son humanité, sa créativité et son audace
pour contribuer de façon majeure et significative à l'avancement du Québec.
Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup pour votre exposé, Mme Jean. Nous allons maintenant débuter la période d'échange.
Alors, nous commençons avec le groupe formant le gouvernement, et je cède la
parole au député de Sherbrooke.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mesdames, messieurs, bienvenue à l'Assemblée
nationale. Merci beaucoup pour votre présentation, qui était très éloquente
et très enrichissante. D'ailleurs, dans votre présentation, il y a un
élément qui m'a frappé, c'est lorsque vous avez dit qu'il y avait 70 % de
la main-d'oeuvre universitaire dans votre
région qui était formée dans votre établissement. Mais je voulais savoir...
Parce que les universités en région,
évidemment, ont des vocations très importantes, une vocation d'enseignement, de
recherche, ce sont également des
leviers de développement économique, mais elles jouent un rôle très important
dans toute la notion d'occupation du territoire,
donc dans l'attraction et la rétention, notamment des jeunes. Alors, on a vu
hier que l'UQAR avait des très bonnes statistiques
à ce sujet-là. Je voulais voir un petit peu chez vous si c'était la même chose,
si vous avez une bonne proportion de
vos diplômés qui demeurent dans votre région et si vous réussissez à attirer
des jeunes des autres régions, et que, suite à leur formation chez
vous... demeurent dans votre région.
Mme Jean
(Johanne) : On sait que, quand on fait des relances puis qu'on cherche
à savoir où sont nos étudiants... Quand
on forme un étudiant en région, la probabilité qu'il demeure en région, elle
est très grande. Quand on forme un étudiant
d'origine étrangère ou qui vient de l'extérieur de la région en région, sa
probabilité qu'il reste en région, elle est très grande aussi. Tantôt, dans ma présentation, je vous disais : Quand
on fait le tour, on voit qu'on a formé... 75 % des gens qui détiennent un diplôme universitaire et qui
travaillent en Abitibi-Témiscamingue, ils sont passés à l'intérieur des murs
de l'UQAT. Donc, je veux dire, je pense
qu'on a une capacité d'attraction qui est assez intéressante. As-tu d'autre
chose à...
M. Martel (Denis) : Oui, puis
j'ajouterais qu'effectivement on accueille quand même un bon nombre... on a peut-être, dépendamment des programmes, mais, de
façon générale, 20 % à 25 % d'étudiants québécois qui ne
viennent pas de la
région qui viennent effectivement se former en Abitibi-Témiscamingue par la
qualité des programmes, mais par aussi les aspects un peu différenciés
que l'on a dans nos programmes, que ce soient même des programmes connus et reconnus un peu partout, comme le travail social.
L'approche travail social en Abitibi-Témiscamingue, par exemple, est un peu différente. Et la majorité, la très grande
majorité, je dirais de 70 % à 80 % de ces gens-là, qui viennent de
l'extérieur, finissent par — parce
qu'ils font des stages, c'est souvent en milieu pratique — rester
dans la région.
Pour ce qui
est des étudiants étrangers, comme il s'agit beaucoup du secteur génie et des
deuxième et troisième cycles, là
aussi, une forte majorité, effectivement, de ces... c'est plus de 60 % de
ces étudiants-là qui demeurent en région, parce qu'encore une fois ils font des activités pratiques et sont en
contact avec des organisations, des entreprises, donc ils demeurent dans la vaste région. J'inclus, dans
cette région-là, disons, jusqu'à Chibougamau et Matagami, parce qu'on déborde un peu l'Abitibi-Témiscamingue lorsqu'on
travaille, par exemple, avec des minières ou avec des forestières, parce
que c'est tout à fait normal. Donc, si on
englobe ça, effectivement, c'est une très forte proportion, effectivement, qui
demeure.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Sherbrooke, allez-y.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je voudrais revenir un
petit peu sur ce que vous venez de
dire, parce qu'effectivement pour que les jeunes demeurent en région, il doit y
avoir des emplois disponibles, il doit aussi
y avoir un arrimage entre la formation, entre votre établissement et le marché
du travail. Alors, vous avez parlé des stages,
vos relations avec certaines minières, certaines entreprises. J'aimerais ça que
vous en parliez un petit peu plus, de la
nature de vos relations, justement, avec les milieux de travail pour que les
jeunes, parce qu'on le sait lorsqu'ils font un stage dans une entreprise, ils ont davantage de chances de devenir des
employés permanents de cette entreprise-là... alors, l'importance que
vous accordez aux stages, notamment dans votre programme académique.
Mme Jean
(Johanne) : Bien, dans la majorité de nos programmes... Comme notre
patrimoine académique de base a été
bâti en fonction des besoins, c'est souvent des programmes de type
professionnel. Et, dans la grande majorité de nos programmes, que ce
soit en travail social, éducation, psychoéducation, génie, il y a une grande
partie de la formation qui se fait en milieu
de stage, c'est-à-dire dans des milieux de pratique, et, règle générale, les
gens réussissent à se trouver un emploi à proximité ou dans le même
milieu dans lequel ils ont été formés.
Je vous donne
un exemple. En génie, on a une approche projet, ce n'est pas un programme
coopératif, mais on a une approche
projet, les jeunes doivent faire des projets en entreprise, de réels projets en
réponse à des besoins d'industriels de
la région. Donc, on peut constater qu'après la réalisation de ces projets-là
souvent les jeunes font une partie de leur pratique ou... une partie ou
toute leur pratique professionnelle par la suite à l'intérieur de ces
entreprises-là.
Je vous donne un autre exemple. Vous savez, les
besoins de main-d'oeuvre chez nous, notamment, il y a quelques années, puis... Dans le secteur minier, il y avait une
problématique particulière de main-d'oeuvre pour pouvoir répondre. Quand je vous dis qu'on est un peu
créatifs, audacieux, on était très conscients des problèmes que les
minières avaient pour pouvoir recruter du personnel qualifié de niveau
universitaire, on s'entend, pour l'université, on a donc monté ce que nous, on a appelé une école d'été.
Une école d'été, on est allés chercher des gens qui étaient déjà
diplômés de d'autres universités ailleurs,
pas au Québec, mais en France, au Maroc, qui parlaient français, mais qui ne
connaissaient rien des mines, rien de la
géologie de l'Abitibi-Témiscamingue et du Québec. On leur a préparé un
programme de formation, ils sont venus pendant... on a fait ça pendant cinq,
six ans. Ils sont venus en Abitibi-Témiscamingue passer trois à quatre mois à l'intérieur d'un programme de
formation pour qu'ils apprennent c'est quoi, les mines, c'est quoi, la
géologie de l'Abitibi-Témiscamingue. Par la
suite, ces gens-là ont fait des stages à l'intérieur des entreprises minières,
et pour la... je dirais 75 % d'entre eux sont encore à l'emploi des
industriels miniers du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Sherbrooke.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui, avant de laisser la parole à mes collègues. Donc,
je comprends que vous avez une bonne
réceptivité de la part des entreprises de votre région, je pense. Des fois, si
je compare à Sherbrooke, évidemment, nous
aussi, on a 85 % des étudiants de l'université de Sherbrooke qui viennent
d'à l'extérieur de la région. Il y a parfois certains enjeux avec les entreprises pour accueillir les étudiants, là,
qui trouvent que c'est lourd, le processus d'encadrement; on parle de stages, et tout ça. Alors, je
comprends que vous n'avez pas ces enjeux-là chez vous ou, sinon, est-ce que
vous offrez un support aux entreprises qui accueillent vos étudiants pour
justement leur donner un coup de main dans l'encadrement qu'ils doivent donner
à leurs stagiaires?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Martel.
M. Martel
(Denis) : Si vous permettez, oui, effectivement, il y a un support, et
c'est variable par type de formation. Dans
le secteur des sciences humaines, évidemment, il y a tout un support qui est
fait dans les sciences de l'éducation, sciences sociales,
psychoéducation, sciences infirmières, il y a tout un support effectivement qui
est fait par l'équipe professorale de former
et d'accompagner les gens qui sont superviseurs de stage en milieu pratique.
Ça, c'est organisé depuis des années, c'est très, très, très tissé
serré, si vous me prêtez l'expression.
Dans les
secteurs plus industriels comme tels, les supports viennent effectivement de
l'attribution d'un certain nombre de bourses, en partie avec les
étudiants, que ce soit avec l'aide de la Fondation de l'UQAT, que ce soit avec l'aide de ce qu'on appelle les bourses en milieu
de pratique ou encore les bourses Mitacs, qui est un programme de
bourses particulier auquel on participe. Et c'est à travers, effectivement, ce
financement-là qu'ils sont aidés.
Mais il faut comprendre
aussi que, dans le cadre des organisations industrielles, beaucoup
d'entrepreneurs du milieu, de nos régions,
font partie aussi, de façon bénévole, de groupes de gestion qui viennent aider
effectivement au développement de nos programmes. Donc, ils participent
pour vrai; ils connaissent déjà les programmes, ils savent ce que l'on veut.
Vous savez, à
titre d'exemple, chez nous, on offre du génie, mais on n'offre pas toute la
panoplie, effectivement, de formation
en génie. On n'offre pas... Je ne sais pas, moi, génie chimique, on ne l'offre
pas chez nous. Ce n'est pas qu'il n'y en a pas, mais il n'y en a pas
assez pour qu'on puisse justifier, effectivement. Par contre, la demande du
milieu venait essentiellement du génie
électrique, du génie électromécanique, du génie mécanique, et là,
effectivement, voilà ce que l'on offre. Donc, c'est toujours en lien
avec le milieu, effectivement, la façon dont on travaille.
• (9 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va? Merci. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous. Il
vous reste à peu près huit minutes.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à Mme Jean, M. Martel, M. Boivin,
Mme Rioux.
J'aimerais
poursuivre un petit peu la ligne de questionnement de mon collègue le député de
Sherbrooke. On est devant une
situation pan-Québec d'une pénurie de main-d'oeuvre. Là, on est à croissance
zéro, et donc l'enjeu d'adéquation en
formation emploi s'impose et de façon très importante. C'est intéressant de
voir, vous avez l'air d'être au rendez-vous à ce sujet, et j'aimerais poser deux questions supplémentaires
là-dessus. Vous parlez d'offrir presque des projets d'adapter vos programmes aux besoins. Je me demande si vous
pouvez nous parler un petit peu de comment vous échangez avec les
entreprises du coin et avec les instances gouvernementales pour saisir et
établir ces besoins-là.
Mme Jean
(Johanne) : Je l'ai dit un petit peu dans la présentation : Une
des particularités, c'est ce qu'on observe, en Abitibi-Témiscamingue, sur les cinq territoires de MRC, puis,
maintenant aussi, dans la MRC d'Antoine-Labelle, on a des corporations de développement de
l'enseignement supérieur. Sur ces tables-là — c'est une table de bénévoles — se retrouvent,
oui, des représentants de l'université, du cégep, des commissions scolaires,
des centres de formation professionnelle,
des employeurs de la région, des chambres de commerce, des villes, des gens qui
ont à coeur le développement de
l'éducation, et, une grande partie des échanges, on les fait avec eux.
Par exemple,
quand on a fait les démarches de consultation pour le plan de développement 2015‑2020, on est allés s'asseoir avec les
corpos. On a demandé aux corpos : Invitez tous ceux que vous pensez qui
peuvent être une valeur ajoutée à tout ce
processus de consultation là. Donc, il y a ce premier élément là qui fait
vraiment partie de nos... fait partie de notre identité. Et on a la même
chose de façon particulière, un comité consultatif des premiers peuples, avec
les communautés des premiers peuples.
L'autre
élément, toute la structure de l'université fait en sorte qu'on a toujours, sur
nos conseils de modules, sur nos comités de programmes de deuxième,
troisième cycle, on a toujours des représentants des industriels qui siègent à ces instances-là, O.K.? Donc, là aussi il peut y
avoir un échange qui se fait de façon plus régulière, parce que les
conseils de modules ont des réunions de façon... pas une fois par année, de
façon régulière. Donc, là aussi il y a des échanges qui se font de façon
importante, là.
M. Birnbaum : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : J'ai la tâche, comme adjoint parlementaire auprès du
premier ministre, de travailler de près avec mes collègues ministres, surtout le ministre de l'Éducation, du Loisir
et du Sport, le ministre de l'Emploi et Solidarité, justement sur cette question de formation emploi.
Et un des enjeux, vous venez d'entamer la question un petit peu, mais c'est de veiller à une meilleure harmonisation des
partenaires : Emploi-Québec, les entreprises, les commissions
scolaires, les cégeps, les universités. De
s'assurer que la Commission des partenaires du marché du travail et ses
instances sectorielles et régionales sont au rendez-vous, et on ne parle
pas juste des réunions avec des documents empilés jusqu'au plafond... De votre
expérience, est-ce qu'on commence à voir un arrimage, un partenariat qui
s'annonce promettant?
Mme Jean
(Johanne) : Ah! bien sûr. Moi, personnellement, je siège au Conseil
des partenaires du marché du travail
de l'Abitibi-Témiscamingue avec mon collègue du cégep. Il y a un représentant
des centres de formation professionnelle autour de la table, l'ensemble
des employeurs; donc, on se connaît bien. On se rencontre sur plein d'autres comités. Donc, moi, je dirais que, oui,
on est vraiment dans une démarche où, moi, je pense, en tout cas, qu'on
va être capables d'avoir une bonne adéquation main-d'oeuvre-emploi-formation.
Je veux dire, ces dossiers-là, on les discute.
Je regarde, je prends juste l'exemple du secteur
minier. Au conseil des partenaires du marché du travail, la problématique de la main-d'oeuvre du secteur
minier, il y a quelques années, elle était très importante,
et on a vraiment travaillé,
collectivement ensemble, pour trouver comment on va réussir à répondre à
ces besoins-là. Former un ingénieur, ça prend minimum quatre ans, puis
les industriels miniers, ils ne pouvaient pas attendre quatre ans, donc on
s'est dit : Bien, on va aller voir
ailleurs; ailleurs, en France, au Maroc... Puis on n'a pas payé pour les
former, là. C'est les Français, les
Marocains, puis ils s'en viennent chez nous, on leur donne une formation,
puis après ils peuvent être... Si ça avait été ce qu'on avait... Puis, je vous le dis, quand je vous dis qu'on peut
être créatifs et audacieux, c'est des exemples semblables qui font que,
quand on se parle, on réussit vraiment à trouver des solutions qui sont
innovatrices.
Oui, Martine.
Mme
Rioux (Martine) : Si je peux me permettre, dans la même veine... Ça va,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, oui, allez-y.
Mme Rioux
(Martine) : Si je peux me permettre, dans la même veine, peut-être qu'il
y a un arrimage qui est toujours plus difficile à faire. On parle des partenaires
sur le territoire, commissions
scolaires, cégeps... En tout cas,
je ne connais pas tellement
les autres régions, mais je connais celle de l'Abitibi-Témiscamingue; des
fois, les arrimages ne sont pas toujours faciles à faire entre ministères.
Alors, on a le ministère de l'Éducation d'un côté qui tente de faire des arrimages avec son milieu puis on a le secteur de
l'emploi qui fait les arrimages avec son milieu. Tout le monde a des statistiques, tout le monde... mais c'est comme s'il n'y avait
pas de fenêtre entre les silos. Alors, il
y a des fois où... C'est
heureux qu'il y ait des préoccupations comme vous les nommez, mais je pense
que, des fois, les solutions ne sont pas si
loin que ça. Et déjà des enlignements ministériaux qui pourraient amener ou supporter les gens qui travaillent
dans le milieu puis qui souhaitent arriver avec des projets concrets, ça
serait aidant.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Il vous reste une minute, quelques secondes,
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Une minute?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
M. Birnbaum :
Bon, j'espère que peut-être on pourra poursuivre dans le prochain bloc.
L'autre
chose qui me frappe, quand on parle de vos efforts de taille, des fois, des
programmes au besoin, sur le plan pratique, pour avoir travaillé dans le
réseau des commissions scolaires, quand il s'agit de l'organisation de travail,
les relations avec les syndicats, la
disponibilité des gens, le recrutement du monde pour un programme qui rejoint
un besoin ponctuel, mais qui doit
commencer tout de suite, c'est quoi, votre expérience avec tous ces défis-là?
Ce n'est pas facile.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme Jean, vous avez une minute pour répondre.
Mme Rioux
(Martine) : On a une belle collaboration.
Mme
Jean (Johanne) : Oui, on a une belle collaboration avec, je dirais,
l'ensemble du personnel de l'UQAT. Sincèrement,
là, si on réussit... On réussit toujours à passer au travers, O.K., quels que
soient les défis. Et je le dis souvent : C'est beaucoup grâce à la
ténacité puis à l'expertise puis à l'ensemble du personnel, que ce soient les
professeurs, les chargés de cours, les
techniciens, les professionnels. On a aussi une approche très... comment je
vous dirais, très transparente, O.K.,
très humaine, très transparente. Quand on a des défis à relever, on n'essaie
pas de les relever juste dans le bureau
de direction, là, on les prend, on les amène là où on pense qu'on pourrait
avoir une solution, donc on les partage avec les gens puis on trouve les solutions avec les gens qui nous entourent.
Règle générale, c'est une approche qui est assez gagnante-gagnante, oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle, pour un bloc de 14 min 30 s. Alors, Mme la députée
de Joliette, la parole est à vous.
• (9 h 40) •
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour
de vous souhaiter la bienvenue et de vous témoigner mon appréciation que vous vous rendiez disponibles pour les
travaux de la commission. C'est très apprécié. Je pense que c'est difficile de ne pas évidemment y
faire référence, puis vous l'avez nommé parmi vos défis, c'est bien sûr
les compressions, je dirais, dont le réseau universitaire est l'objet cette
année, comme il l'a été l'année dernière aussi.
Vous
aviez déclaré, l'année dernière, qu'en fait, s'il y avait d'autres
compressions, vous vous demandiez comment vous alliez pouvoir survivre. Et j'imagine que c'est ce qui a fait en
sorte que, cette année, au printemps, au moment du budget, vous avez dit
que vous receviez les nouvelles compressions un peu comme une gifle. Je
voudrais juste qu'on ait les chiffres — parce que, nous, on n'a pas le détail de ça.
L'année dernière, vous avez fait état qu'en 2014‑2015 c'était 3 millions de compressions qui vous étaient
demandées. Et, en 2015‑2016, on parlait, au printemps, de près de
1 million. Mais le chiffre réel qui vous a été demandé comme effort, je ne
sais pas si c'est possible de me le préciser pour 2015‑2016. Vous avez parlé que vous pensiez que vous auriez, cette
année, un déséquilibre, un déficit autour
de 800 000 $, mais l'effort de compression qui vous est
demandé, pour la présente année 2015‑2016, il s'élève à combien?
Mme Jean
(Johanne) : 3 millions.
Mme
Hivon :
C'est 3 millions?
Mme Jean
(Johanne) : Oui.
Mme
Hivon :
O.K. Puis, en 2014-2015, c'était?
Mme Jean (Johanne) : C'était autour
de 2... un peu moins, 1,8 million.
Mme
Hivon : O.K. C'est beau. C'est pour ça... parce que
tantôt j'ai noté 2014‑2015, mais je me demandais si c'était 2015‑2016.
Parfait.
Est-ce que
vous pouvez nous dire... Parce que, visiblement,
vous avez réussi en partie à absorber l'effort supplémentaire. Est-ce que vous pouvez nous décrire un peu où vous avez
dû faire les efforts cette année, notamment en ce qui concerne l'offre de cours, les programmes, l'embauche de
professeurs ou de chargés de cours? Dans l'administration, comment ça
s'est répercuté un peu?
Mme
Jean (Johanne) : Bien, je l'ai mentionné un peu en survol dans ma
présentation, on a revu tous les éléments de notre mission. Je ferais peut-être une suite avec la dernière
intervention : la première chose qu'on a faite, je vous le dis,
c'est aller s'asseoir avec notre monde. Puis, quand je dis : Aller
s'asseoir avec notre monde, ce n'est pas juste avec la direction, là, c'est aller s'asseoir avec toute la communauté
universitaire pour faire état de la situation et du défi à relever. Et je dois vous dire qu'à partir de ce moment-là il y
a plein d'idées qui sont arrivées sur la table; certaines qu'on a
retenues; d'autres pas, O.K.? Donc, tout au
long de ce processus-là, l'an passé, cette année, ça a été vraiment : on
s'est assis avec les gens, on a décrit la situation telle qu'elle était
et les défis tels qu'ils étaient. Donc, on a revu tout.
Évidemment,
3 millions de compressions pour 2015‑2016, il était difficile... on ne
pouvait pas ne pas faire de changements, là,
il fallait apporter un certain nombre de changements. Mais il y a des choses
qu'on a protégées. Il y a des choses sur lesquelles on ne voulait pas
faire de concessions, O.K.? De pouvoir continuer à offrir une formation qui répond aux besoins de main-d'oeuvre puis une
formation de qualité, ça, on l'a protégé. De continuer à travailler avec
les communautés des premiers peuples, c'est un autre élément qu'on a protégé.
Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas fait de changement,
là, qu'on n'a pas modifié certaines pratiques, mais, au terme de tout le
processus d'analyse, on souhaitait protéger un certain nombre
d'éléments.
Donc,
la première chose qu'on a revue, c'est au niveau de l'administration,
comment... Puis déjà on n'est pas une administration à très... Tu sais,
si vous voyez les chiffres en pourcentage, là, on est nettement en bas de la
moyenne provinciale pour l'ensemble des
universités. Bien, vous allez me dire : Vous êtes une université de petite
taille. Oui, mais, souvent, l'effet de levier n'est pas toujours
évident. Mais on a quand même revu au niveau de l'administration, puis on est
allés juste un peu plus loin, au niveau des partenariats, O.K.?
Quand
je vous dis... Je vous donne des exemples bien concrets des décisions qu'on a
prises. Vous savez qu'on partage le campus de Val-d'Or avec le cégep de
l'Abitibi-Témiscamingue ainsi que celui d'Amos; c'est-à-dire qu'on partage les
mêmes espaces. On ne partage pas le patrimoine académique, là. Je ne vous parle
pas d'académique, mais vraiment on partage les espaces. On s'est dit :
Bien, peut-être qu'on pourrait aller un peu plus loin au niveau de l'administration. Donc là, on partage les
administrations : mais je parle du travail administratif, non pas
académique. Donc, en faisant ça, ça nous
a permis de réduire un peu les coûts au niveau de la... même si on trouve qu'on
n'est pas une grosse administration, on a quand même réussi à les
réduire.
On
s'est aussi posé la question sur l'offre de la formation. Quand je donnais
l'exemple de l'enseignement des maths au
secondaire, bien, on s'est dit : Non, on ne peut pas ne pas offrir ces
programmes-là. Donc, on va continuer à les offrir puis on va regarder pour établir des partenariats avec d'autres
universités qui font face à la même problématique que nous. Donc, on est en démarche pour réussir à
trouver des solutions pour nous permettre de continuer à offrir ces
formations-là.
Ce qu'on fait avec
les communautés des premiers peuples : là aussi, on a un service de
soutien important, pas beaucoup d'étudiants,
des petits groupes, donc on a un peu réduit l'offre de formation. On n'avait
pas le choix, là : compte tenu
des disponibilités budgétaires, on a réduit un peu l'offre de formation; on va
essayer d'être plus présents à l'intérieur des communautés. Puis on a réduit... on a réaménagé de façon différente
notre Service Premiers Peuples puis là on a établi, encore une fois, un
partenariat avec le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue.
Donc,
c'est quelques exemples. Vraiment, on a cherché à toucher l'ensemble des
sphères de notre organisation, et,
tout ce processus-là, on l'a partagé avec la communauté universitaire et avec
la communauté régionale. Parce que les corpos, sur l'ensemble des
territoires, étaient là : Qu'est-ce que tu vas faire, Johanne? Tu vas-tu
être encore à Amos? Tu vas-tu fermer ton bureau à Amos? Non, on va continuer à
être là, mais on va le faire de façon différente.
Je ne sais pas si mes
collègues ont quelque chose à ajouter.
M. Martel
(Denis) : Moi, peut-être?
Mme Jean
(Johanne) : Ah oui! Les profs.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. M. Martel?
M.
Martel (Denis) : C'est ça, c'est qu'on a sollicité la communauté et
toute la communauté a répondu, autant les employés de soutien, les professionnels, les professeurs. C'est clair
qu'effectivement les professeurs aussi ont répondu. On est une petite
communauté universitaire dans une petite communauté humaine qui est
l'Abitibi-Témiscamingue. Même si c'est sur
un vaste territoire, on se connaît tous et on travaille tous effectivement dans
le même objectif, ce qui fait que
c'est clair qu'il y a eu moins d'embauche de professeurs et il va y avoir moins
d'embauche de professeurs. Ce qui est difficile,
c'est qu'effectivement ça augmente la tâche des professeurs déjà en place. Et
ça nous expose : on peut faire ça pendant un certain temps, mais on
ne peut pas continuer ça pendant des années et des années.
Autre
élément : même les professeurs ont certains avantages qui sont associés
effectivement à leur convention collective.
Ils ont été prêts, effectivement, à s'en départir. Pas de demande de congé
sabbatique, pas de demande de congé de perfectionnement
ou des choses de ce type-là. Donc, toute la communauté a vraiment participé, et
ça, c'est extrêmement important pour nous.
Mme
Hivon : Quand vous dites que vous n'avez pas pu procéder,
par exemple, au même nombre d'embauches, vous avez réduit, est-ce que ça, ça se traduit par des postes vacants?
En fait, est-ce qu'il y a un chiffre... Avez-vous comme un chiffre de
nombre de postes vacants que vous avez en ce moment?
Puis l'autre
question, c'est : Est-ce que vous avez augmenté pour compenser le nombre
de chargés de cours ou en fait c'est plutôt la tâche des profs, comme
vous venez de le mentionner, qui s'est accrue en maintenant le nombre de
chargés de cours à peu près égal?
M. Martel
(Denis) : La dernière partie de la question, c'est majoritairement,
effectivement, l'augmentation de la tâche des professeurs,
effectivement, qui s'est faite.
À la première
partie, il y a une vingtaine de postes de professeurs, effectivement, qui sont
vacants, actuellement, sur un plan d'effectifs de 125 profs, ce qui est
donc très significatif, là, comme tel.
Mme Jean
(Johanne) : Mais il faut
être... Mais ce n'est pas la première année, là, O.K.? Si, au cours des 10
dernières années, si on a réussi à
boucler nos budgets, cette stratégie-là, ça fait longtemps qu'on l'utilise,
O.K.? C'est sûr que plus d'embauche
de chargés de cours... mais on a quand même... on a un bon réseau de chargés de
cours puis des chargés de cours qui
sont proches, proches des milieux de travail, proches des milieux de stages.
Donc, il y a comme... Je veux dire, ce n'est pas l'idéal, je le concède,
là, mais la qualité des chargés de cours, la proximité qu'ils ont avec
l'organisation, somme toute, ça, c'est une valeur ajoutée pour l'UQAT.
Mme
Hivon : Donc, en
fait, pour nous, c'est intéressant juste de voir comment l'impact... Puis c'est
vrai qu'il y a une accumulation, donc, de
compressions. Donc, à un moment donné, évidemment, on arrive à l'os, ce qui
fait que vous n'êtes pas, évidemment, comme
vous le savez, la seule entité qui, je dirais, réussissait toujours à être en
équilibre, même à avoir des surplus, mais,
cette année, ils n'arrivent pas... Même si c'est pour des petits montants...
bien, en tout cas, relativement, parce qu'on voit les efforts qui sont
déployés. Donc, je vous remercie des précisions.
Je ne sais pas si vous vouliez ajouter...
J'ai-tu vu une main se lever? Oui?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme Rioux.
Mme Rioux
(Martine) : Je ne veux pas prendre de votre temps, mais l'impact de ce
que vous dites est important, dans la mesure où, quand on regarde ça des
yeux de quelqu'un qui enseigne au secondaire, on pourrait dire : Bien, le professeur a déjà un programme. La différence,
quand les professeurs se transforment en chargés de cours, que ce sont
des chargés de cours, et Dieu sait qu'ils
sont précieux dans notre organisation, mais les chargés de cours ne contribuent
pas nécessairement au développement des programmes, à les actualiser. Alors,
cette tâche-là repose sur moins de monde, et c'est ça qui fait que la tâche est
très lourde. Et ça peut faire un temps, mais, à un moment donné, ça prend du
sang neuf dans les équipes.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste 4 min 30 s, Mme la députée.
Mme
Hivon : Parfait. Je vais aborder la question
de la recherche, parce que vous avez mentionné, tantôt, à peu près, que vous évaluez en moyenne peut-être
environ 85 000 $ par prof.
Donc, je pense que c'est tout à fait honorable, effectivement, pour une université comme la vôtre. Mais, en regardant
les documents, je voyais que vous aviez vraiment très bien performé, dans le passé, en matière de recherche, puis là, en
2013, selon nous, ce qu'on a, vous seriez passés du deuxième au 10e rang du classement du Research
Infosource en termes de ce que vous étiez capables d'engranger comme
fonds de recherche. Je me demandais à quoi c'était dû. Et est-ce que, depuis,
vous avez été capables d'augmenter à nouveau
les fonds de recherche que vous êtes capables d'aller chercher? Puis peut-être
aussi me faire la part entre les fonds subventionnaires versus les fonds
contractuels que vous êtes capables d'aller chercher.
Mme Jean
(Johanne) : M. Martel va répondre, mais juste une petite
précision : possiblement que, dans les chiffres que vous avez, dans
les indicateurs, les chiffres que vous avez pour 2013‑2014 sont des chiffres
prévisionnels.
• (9 h 50) •
Mme
Hivon : En fait,
moi, c'est en 2013. Donc, c'est pour ça que ça se peut que depuis ça se soit
amélioré. Donc, c'est pour ça que je vous demandais la question.
M. Martel (Denis) : En fait, ce
qu'il faut voir, c'est que, l'année précédente, il y a eu une levée de fonds extrêmement importante dans le secteur minier,
auprès des minières, pour nous permettre effectivement de créer entre autres un institut de recherche en environnement
minier. Donc, c'est sûr qu'il y a un débalancement dans les... en fait,
les deux, trois dernières années, parce
qu'une levée de fonds ça ne se fait pas entièrement en criant ciseau,
évidemment. Ce qui fait qu'on arrive
effectivement à un endroit où ça semble descendre, mais c'est que ces fonds-là
sont déjà entrés; donc, il n'y a pas eu une augmentation. On a été
chercher 7 millions de dollars en l'espace de deux ans, deux ans et demi
ou à peu près, dans le secteur minier, pour créer un institut en environnement
minier.
Et l'autre
élément, parce que les deux secteurs principaux sur lesquels, effectivement,
les levées de fonds ou en fait les
fonds de recherche sont les plus importants, c'est le secteur de
l'environnement minier et le secteur de l'environnement forestier. Et en parallèle, effectivement, il y a
eu le nouveau régime forestier qui est entré en vigueur et qui a
chambardé largement, effectivement, l'attribution des fonds de recherche en
forêt. Donc, cette baisse-là s'explique effectivement de façon très ponctuelle, là, par ces éléments-là.
Mais, dans l'ensemble, effectivement, on performe assez bien, même très bien. Je vous dirais que nos chercheurs, dans ces
deux secteurs-là particulièrement, effectivement font partie des
sommités canadiennes, voire internationales,
dans certains cas. Effectivement, le Pr Bergeron, c'est une sommité reconnue un
peu partout dans le monde et qui performe extrêmement bien.
C'est clair
aussi que le secteur plus des sciences des humanités, c'est-à-dire les secteurs
des sciences de l'éducation, sciences
de la gestion, travail social, psychoéducation, sont des secteurs plus
difficiles, effectivement, à lever du financement de recherche, mais,
dans l'ensemble, on performe bien.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Il vous reste encore 1 min 20 s, Mme la députée.
Mme
Hivon :
Donc, est-ce que vous êtes très tributaires, je dirais, des partenaires privés,
des minières, pour la recherche à votre université? Vous avez le
sentiment que, quand même, il y a un certain équilibre qui est atteint dans vos
sources, je dirais, de financement pour la recherche?
Mme Jean
(Johanne) : On l'est moins qu'on l'a déjà été dans le passé. Quand on
regarde l'histoire de l'UQAT sur les
30 dernières années, les premières années où on a cherché à se positionner
en recherche, on était vraiment... ce qu'on appelle les contrats étaient très importants. Maintenant, au cours des
10, 15 dernières années, ça s'est rééquilibré. Et je pense qu'on a
un taux de partenariat contractuel avec les différents industriels qui est,
somme toute, là, raisonnable, puis un volume de recherche avec les organismes
subventionnants qui est beaucoup plus important qu'il l'était. Et c'est ce
qu'on souhaitait. Ça faisait partie, au cours des dernières années, des cibles
qu'on souhaitait atteindre.
Et, comme M.
Martel le mentionne, quand il parle, entre autres, de sciences du développement
humain et social, le secteur des
humanités, ça fait partie des cibles des prochaines années, ça : de
pouvoir réussir à augmenter notre volume de recherche, de façon
importante, dans ces secteurs-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme Jean. Alors, on retourne
du côté du gouvernement, pour un bloc de 16 minutes. Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais poursuivre un petit peu nos discussions sur l'arrimage formation emploi. On attend les règles budgétaires
pour cette année, mais, de votre expérience, est-ce que le régime de financement des universités... On va mettre à
côté, si on peut, pour une seconde, le fait qu'on est dans une période,
qui n'est pas nouvelle cette année, mais une
période difficile, mais, en ce qui a trait aux structures du financement
par l'État des universités, de votre expérience, est-ce que ça facilite
votre approche à la fois nécessaire et très efficace ou est-ce que vous pouvez
imaginer des améliorations?
Mme Jean
(Johanne) : Quand vous parlez de régime de financement, vous parlez de
structure de financement?
M. Birnbaum : Oui, oui, oui, les
modalités.
Mme Jean
(Johanne) : Bien, actuellement, on est financés par étudiant et
étudiante équivalent temps complet, O.K.? Chez nous, pour faire un
étudiant à temps complet, ça en prend quatre, cinq, étudiants parce qu'on a
plus de 60 % de notre effectif étudiant
qui est à temps partiel. Donc, quand je reçois un financement, par exemple,
pour le bureau du registraire, pour
tout ce qui est registrariat, étudiant, étudiante équivalent à temps complet,
normalement, un étudiant qui est à
temps complet dépose un dossier d'admission, fait un dossier d'inscription,
puis c'est un dossier à suivre à l'intérieur de l'organisation. Avec un pourcentage d'étudiants à temps partiel aussi
important que le nôtre, bien, chez nous, pour un étudiant, c'est quatre personnes, quatre dossiers d'admission, quatre
dossiers d'inscription, quatre dossiers que je dois suivre dans l'organisation, que chacun, personnel, doit
suivre pour pouvoir faire en sorte qu'ils puissent atteindre les
objectifs, réussir le programme pour lequel... Donc, il y a un certain déficit,
si je peux dire, dans ce sens-là.
L'effet de
taille aussi, c'est un élément qui est important. On est un établissement de petite
taille, donc on n'a pas beaucoup d'effet de levier dans l'organisation, sinon très peu. Souvent, c'est une personne, tu sais, je veux dire, on
a une registraire. La registraire,
elle n'a pas d'adjoint, elle n'a pas de... les vice-recteurs, ils n'ont pas
d'adjoint; moi non plus, je n'en ai
pas. J'ai deux vice-recteurs, une secrétaire générale, ça fait que je suis très bien
servie. Donc, vous comprenez que ça aussi, ça... en tout cas, quand on
se met en lien avec la structure de financement, bien là on voit, il y a des
écarts.
L'autre élément : le fait qu'on est en Abitibi-Témiscamingue,
c'est sûr qu'on utilise beaucoup les moyens techniques,
les vidéoconférences, le téléphone; tout ce que vous voulez, on l'utilise.
Mais, à un moment donné, il faut se déplacer, là, O.K.? On n'a pas le choix, alors il faut se déplacer.
Et de venir rencontrer les gens... à chaque fois qu'on le fait, on se dit : Ah! on devrait le faire le
plus souvent. Mais on ne le fait pas parce
que la distance fait en sorte que
c'est quand même relativement onéreux puis qu'on cherche à équilibrer nos
finances le plus possible. Donc, c'est sûr qu'il y a, à notre point de vue, des
éléments qu'on doit revoir au niveau de la structure de financement des
universités.
Puis il tient
compte... Parce qu'il n'y a pas une université qui est semblable. Même si on se
dit : On est pareils, on est
dans le même secteur, on a tous des caractéristiques différentes qui nous
distinguent. Nous, comme Rimouski, comme Chicoutimi, comme Montréal, on a toutes des caractéristiques qui sont
différentes puis on n'a pas le choix de ne pas en tenir compte. Je pense
qu'on n'a pas le choix de ne pas en tenir compte.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va, M. le député?
M. Birnbaum :
J'avais une autre...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, continuez. Oui, allez-y.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Je vous invite, je ne sais pas si c'est une chose faite déjà...
mais il y avait des mesures, dans le dernier
budget, de quelque 120 millions de dollars pour veiller à l'adéquation
dans tous ces aspects et de voir s'il y a des partenariats à poursuivre
là-dedans.
Si je peux me
permettre une petite question sur un autre sujet, vous avez parlé un petit peu
de tous vos efforts de réconcilier
les distances avec les façons de faire. Je nous vois, en toute franchise, avec
notre paperasse jusqu'au plafond une autre fois. Est-ce qu'avec vos
réunions à distance, au plan administratif, on fait de notre mieux pour
utiliser la documentation électronique et éviter le papier?
Mme Jean
(Johanne) : Tout à fait. On essaie d'utiliser le moins de papier
possible au niveau de l'administration mais aussi au niveau de la
formation. O.K.? De plus en plus, tout l'ensemble des documents que les profs
utilisent en formation sont rendus
disponibles sur une plateforme. Donc, on tente de réduire au maximum l'utilisation
de papier et au maximum l'utilisation des technologies.
M. Birnbaum : ...la deuxième
miniquestion...
Mme Jean (Johanne) : Bien, ça baisse
les coûts.
M. Birnbaum : Ça va? Oui. Si j'ai
bien compris, vous avez des programmes de formation à distance aussi, et c'est un phénomène qui s'impose et est très
nécessaire. Ce qu'on entend moins, c'est une évaluation de l'efficacité
de ces programmes et les taux de réussite. De votre expérience, est-ce que
vous, vous avez examiné ça un petit peu?
M. Martel (Denis) : J'y vais?
Une voix : Oui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Martel.
M. Martel
(Denis) : Oui, on l'a examiné, effectivement. On est, d'ailleurs,
aussi dans un processus de réaffirmation de ce... On a une façon de
faire qui est absolument unique dans notre formation à distance, c'est que l'ensemble des formations, lorsque c'est
100 % du cours qui est formation à distance, c'est que le cours a été
filmé en classe avec des étudiants
qui posent de vraies questions, ce qui fait que la personne, effectivement, qui
reçoit et qui fait le suivi de la
formation à distance chez elle se sent participer à une classe, avec la
disponibilité du professeur soit par voie électronique soit par voie
téléphonique dans certains cas.
Donc, il y a une façon de faire, et je vous
avoue que tous les sondages que l'on peut avoir, les évaluations d'enseignement que l'on peut avoir, on est dans le
96 %, 97 % de taux de satisfaction, et, en général, le 3 %, ou
4 %, ou 5 % maximum de
moins de satisfaction sont liés à des petits problèmes techniques. Souvent, les
gens n'ont pas accès à Internet à
haute vitesse dans leur région, donc ça devient un petit peu plus compliqué, ou
des choses de ce type-là sont... ce genre
d'éléments là, ou il y a une panne de courant en Abitibi, et là, à ce
moment-là, c'est plus difficile d'aller chercher les documents sur...
Alors, c'est ce genre d'éléments là qui sont des problèmes techniques qui
peuvent se contrôler.
Mais c'est
vraiment un succès, et, comme le disait Mme Jean, on est parmi les premières
universités, effectivement, au
Québec, à avoir utilisé la formation à distance, pour juste cause : c'est
que la région, effectivement, elle
est vaste et peu peuplée, donc ça devenait une obligation.
• (10 heures) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Ça va, M. le député? Oui? Alors, le prochain intervenant, oui?
Alors, M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous.
M. Proulx : Oui, il me reste encore
un peu de temps?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Neuf minutes.
M.
Proulx : Oui, parfait.
Alors, à mon tour de vous remercier de votre présence et également
de la clarté de vos explications.
J'ai été intéressé par le développement et les défis pour l'Université du
Québec, que vous dirigez, notamment ce
qui touche le partenariat avec les premiers peuples. C'est une particularité
que vous avez, c'est quelque chose qu'on ne voit pas ou n'entend pas ailleurs. Les gens qui habitent loin de votre
région, je dirais, n'ont pas cette connaissance-là, ne savent pas les défis, les difficultés qui
persistent, notamment dans ces secteurs-là, et comment c'est difficile
d'amener ces gens-là à acquérir une formation universitaire, notamment, et de
cycles supérieurs.
Alors, vous
avez parlé du partenariat, et je lisais dans votre document, notamment,
et dans ce que j'ai pu obtenir depuis,
c'est qu'ils sont dans un contexte particulier, que vous tentez d'adapter les
programmes à leurs réalités. Qu'est-ce que ça veut dire, ça, pour les gens qui pourraient
nous écouter? Qu'est-ce que ça veut dire, ça, adapter des programmes
pour les premiers peuples? Parce que, bien entendu, ils ne veulent pas tous
devenir comptables, ingénieurs, biologistes, n'ont peut-être pas tous la même réalité. Certains vont vouloir
demeurer dans leur région, certains vont vouloir retourner auprès des
leurs. Alors, qu'est-ce qui fait que ce sont des étudiants — et je
le dis, là, vraiment de façon factuelle et positive — un
peu différents de la communauté universitaire, je dirais, traditionnelle, là,
qui vit à Amos ou à Rouyn?
Mme Jean
(Johanne) : Je vais faire un petit historique, un petit peu
d'histoire. Quand je parle du travail qu'on a à faire avec les communautés des premiers peuples, premièrement, là, il
faut prendre pour acquis que — on le dit toujours dans l'ensemble de
nos présentations, de nos présences sur le territoire de
l'Abitibi-Témiscamingue — on
partage un territoire, d'une part. D'autre
part, je fais souvent le parallèle quand j'exprime ce qu'on doit faire pour les
aider à leur prise en charge, et à une maîtrise, puis à... prise en
charge, là, de leurs organismes, des communautés, etc.
Vous savez,
au début des années 60, quand on a déployé le réseau de l'Université du
Québec à la grandeur de la province,
O.K., l'objectif qu'on poursuivait, c'était d'augmenter le niveau de scolarité
des francophones au Québec. C'était ça, l'objectif. Les anglophones
avaient un niveau de scolarité beaucoup plus élevé que les francophones, donc, collectivement, on a pris, comme société, la décision
de déployer le réseau d'universités puis on a installé le réseau à la grandeur de la province. Et là, effectivement,
quand on regarde les chiffres, nous, à 3,6 % en 1983, maintenant à
14 %, même si on est nettement en bas de la moyenne, il y a eu des efforts
qui ont été faits qui ont permis de hausser.
Il faut se
rappeler que, pour... Je regarde, prends l'exemple de l'Abitibi-Témiscamingue,
puis un peu partout au Québec aussi
on a commencé par former des administrateurs, des travailleurs sociaux, des enseignants.
Notre première... la raison d'être de
notre création, c'étaient des enseignants. Bien, c'est la même chose avec les
communautés des premiers peuples. Ils
ont fait le choix de l'éducation, O.K.? Mais il faut toujours garder à l'esprit
qu'ils n'ont pas de... il n'y a pas de culture
de l'éducation à l'intérieur des communautés, mais ils ont fait le choix de
l'éducation. Ça, c'est très clair. Et les besoins qu'ils ont, actuellement, ce n'est pas surprenant, ça prend des
maîtres, des maîtres dûment formés qui vont devenir des modèles pour des jeunes. Puis effectivement la
roue se met à tourner : des maîtres, des gestionnaires, des
comptables, des travailleurs sociaux, les demandes qu'ils nous adressent sont
là.
Quand on dit
«adapter des programmes», je ne dis pas «réduire les objectifs», là, ce n'est
pas du tout ça. Je dis souvent... Mais je tiens à... parce que souvent
les gens peuvent...
Une voix : Avoir cette
impression-là.
Mme Jean
(Johanne) : Oui, avoir cette impression-là. Je vous donne un
exemple : quand on arrive avec — puis c'est arrivé dans le passé — des groupes en enseignement, on prend un
programme d'enseignement préscolaire-primaire avec un groupe d'étudiantes, règle générale, c'est des étudiantes
autochtones, puis ils sont tous, règle générale, sauf une exception, en charge pas juste d'un enfant, de
plusieurs enfants, ils choisissent de revenir aux études. Ils sont souvent
seuls, en plus, donc ça demande un
accompagnement. On n'a pas le même étudiant qui a fait son primaire, son
secondaire, son cégep, qui arrive à l'université : Moi, je veux
être ingénieur, je veux être enseignant. On n'est pas là. Donc, il faut
l'accompagner puis tenir compte de l'environnement social dans lequel il évolue.
C'est ce qu'on fait... c'est ce qu'on cherche, je veux dire, à l'aider dans
cette perspective-là.
Quand
j'arrive avec une étudiante au bac en enseignement, par exemple, normalement,
faire un programme en enseignement,
c'est quatre ans; bien, on l'a vu, ça peut prendre jusqu'à sept à
huit ans, O.K., avec un groupe d'étudiants autochtones. Mais ce qu'il faut prendre pour acquis, là, c'est qu'on les
prend là où ils sont et on les emmène au même endroit que tous les autres diplômés, sauf que ça n'a pas pris quatre
ans, ça a pris huit ans. Ça fait qu'on pouvait imaginer l'effort, l'effort en ressources humaines, mais
l'effort aussi en ressources financières pour pouvoir y arriver. Mais
moi, je pense sincèrement qu'au Québec on doit faire ça si on veut... On n'a
pas le choix. Comme société, il faut absolument accompagner adéquatement
l'ensemble des communautés pour leur permettre d'atteindre ces objectifs-là.
Martine?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Oui, Mme Rioux, vous voulez...
Mme Rioux (Martine) : Je voulais
juste donner un autre exemple. On a, à Val-d'Or, construit, avec les
communautés, le gouvernement québécois et fédéral, un pavillon et qui porte
même le nom du Pavillon des premiers peuples. On a des résidences qui sont là.
Notre ambition, c'était que les gens arrivent du Nord, viennent s'installer, viennent étudier à Val-d'Or à temps plein. On
amenait notre modèle assez traditionnel. Force est de constater que,
quand les gens arrivent, ils arrivent en famille. Ils n'arrivent pas à un tout
seul, ils arrivent en groupe : des fois, ils sont sept, huit. Alors,
problématique de logement, problématique de déracinement. Ce sont des gens qui
sont très familiaux, ils s'ennuient, c'est
difficile. Alors, ce qu'on se rend compte, c'est qu'on a développé au fil des
années l'approche dont parle Mme Jean,
mais où on se dit : Comment on est capables maintenant, avec l'expérience
qu'on a, de ramener un enseignement sur communauté, donc beaucoup moins
exigeant pour eux, où, à la limite, ils restent dans leur milieu, ils peuvent
même continuer à donner des coups de pouce à la gestion de la communauté, mais
où nous, on continue à faire cet accompagnement-là à distance?
Alors, c'est
là qu'on est rendus, mais c'est énormément d'énergie pour une petite organisation
comme nous. On a un peu d'aide du
gouvernement du Québec, mais on a été... avec les coupures, ça fait partie des
choix, parce que c'est tout le restant de la communauté universitaire
qui porte ça et c'est vraiment exigeant. Mais on a développé un beau modèle
vraiment intéressant et là on est rendus à regarder sur communauté comment on
peut faire, mais en... parce que les communications
aussi se sont développées dans les communautés, alors ça va être beaucoup plus
facile. Alors, c'est là, dans
l'histoire, où on est rendus. Mais nos résidences, elles servent à autre chose
qu'à ce qu'on pensait qu'elles serviraient. C'est ça, l'adaptation.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Oui, il vous reste
1 min 30 s, M. le député de Jean-Talon.
M.
Proulx : Bien, écoutez,
je vais plutôt faire un commentaire et je reprendrai dans le bloc suivant. Mais je vous remercie d'avoir fait la distinction,
parce que j'avais bien compris puis... et c'est important de le dire, à
l'obtention du diplôme, les gens ont réussi
les mêmes objectifs, mêmes standards que tout le monde, et c'est tant mieux, mais c'est également vrai que parfois il
faut les prendre là où ils sont rendus. Et je ne suis pas surpris de l'exemple
que vous nous donnez. C'est une anecdote qui est savoureuse, là, ici,
mais effectivement je ne suis pas surpris qu'un lit simple dans une chambre, ce n'était pas suffisant lorsqu'ils
arrivent, bien évidemment, comme on l'a à peu près tous — ou
en tout cas certains d'entre nous — connu.
Mais c'est très intéressant, ce que vous faites par rapport à ça. Et je vous rejoins tout
à fait, Mme Jean, c'est une responsabilité que nous avons dans notre société si on veut
l'occuper, ce territoire-là, si on veut le partager et l'occuper en
partenariat, bien entendu. Mais on doit également offrir à tous ceux qui y
habitent les mêmes chances que nous avons et que nous avons eues par rapport à
ça. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Jean-Talon. Alors, on va passer du côté du deuxième
groupe de l'opposition pour un bloc de 19 min 30 s. Alors, M. le
député de Chambly, la parole est à vous.
• (10 h 10) •
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Alors, je salue tous les collègues
et je vous remercie de votre présentation.
Puis ça fait déjà presque une heure, là, qu'on vous entend répondre
aux questions, puis c'est assez formidable, ce que fait l'Université du Québec en Abitibi, là. Jean-Pierre Ferland dirait :
Une chance qu'on vous a, une chance qu'on vous a. Et là le dernier échange m'a amené une réflexion, parce qu'on
voit que vous faites un travail d'éducation, mais presque aussi du travail social, puis on voit
qu'il y avait... vous avez fait un peu, des fois, des rappels historiques,
puis c'est éclairant. On voyait qu'il y a un écart très, très grand entre les
francophones et les anglophones, on a en partie comblé cet écart-là. Là, on voit qu'il y a un écart entre les nations
qui cohabitent au Québec, et là vous travaillez à rattraper cet écart-là
pour les Premières Nations.
Et là je vois
que votre étudiante type est une femme, et là ce n'est pas à 52 %, c'est
trois quarts de vos étudiants qui sont
des étudiantes. Et là j'ai l'impression qu'on n'est plus dans le rattrapage,
là, pour qu'il y ait autant de femmes que d'hommes qui soient diplômés universitaires. À un moment donné, le
balancier est rendu de l'autre bord. Et est-ce que vous faites quelque chose non pas pour décourager
les femmes d'étudier... bien, j'espère que non, il faut qu'elles restent
là, puis qu'elles s'émancipent, puis
qu'elles prennent leur place, mais pour susciter davantage de vocations chez
les jeunes hommes pour que les hommes
aussi en Abitibi se rendent aux études supérieures? Donc, est-ce que vous avez
un plan d'action, une façon, là, d'augmenter l'effectif étudiant
masculin?
Mme Rioux
(Martine) : Bien, je pense que la rectrice vous a dit tantôt qu'elle
participait à la table des partenaires du marché du travail. Il y avait aussi... et j'espère que ça va continuer,
mais la Table interordres qui avait dans son plan cette préoccupation-là. C'est une préoccupation qui est
régionale, je ne pense pas qu'elle est propre à la région. Je pense
qu'on a entendu... On était ici hier pour la
présentation des gens de Rimouski et on s'aperçoit que l'université est devenue
quelque chose de peut-être difficile à acquérir pour... la formation
universitaire pour les garçons. Il faudrait fouiller, et il y a sûrement des chercheurs qui s'intéressent à cette
question-là, il faudrait peut-être se documenter davantage. Mais c'est
clair que, dans une région comme la nôtre particulièrement, le défi est grand
parce que le secteur minier et le secteur forestier, ce sont des secteurs
industriels où les salaires pour les hommes sont vraiment bons et à beaucoup
moins d'années de formation. Alors, on a
quand même des formations qui ont été exigées. Il y a 30 ans, tu n'étais
même pas obligé d'avoir un
secondaire V. L'industrie là-dessus s'est responsabilisée, et... parce
que, comme c'est une industrie cyclique, quand ils sont obligés de
mettre les gens dehors, au moins les gens ont un papier. Mais il reste que
c'est attractif et en beaucoup moins de
temps. Alors, ça, c'est un défi, un double défi pour nous en
Abitibi-Témiscamingue, mais, comme société québécoise, je pense que
c'est une préoccupation qu'on doit avoir, effectivement.
Mme Jean
(Johanne) : Un autre élément, si vous regardez dans le patrimoine
académique, une grande partie de ce patrimoine-là
est plus... quand on parle d'enseignants, quand on parle d'infirmières, de
travail social est traditionnellement plus fréquenté par les femmes que
par les hommes. Ça aussi, ça fait en sorte que le décalage est un peu plus
grand chez nous.
M. Roberge : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Alors, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Mesdames, messieurs, bonjour.
Quelques petites questions rapides. D'abord,
Mme Jean, dans votre présentation, vous avez indiqué l'importance pour
l'université de faire partie du réseau de l'Université du Québec à cause
de ressources dont vous ne disposeriez pas nécessairement autrement.
Pouvez-vous me donner des exemples?
Mme Jean
(Johanne) : Mon Dieu! Actuellement, avec le réseau, vous savez, on a,
par exemple, la Direction de la
recherche institutionnelle au siège social que chacune des constituantes
utilise. Moi, je serais incapable de... on n'a pas la taille, je n'ai pas les moyens financiers, je
n'ai pas l'expertise pour qu'on puisse avoir accès à une direction de
recherche institutionnelle, c'est-à-dire des données qu'on va chercher qui nous
permettent de se comparer, qui nous permettent de s'évaluer, qui nous permettent... Je vous donne
d'autres exemples : que ce soit au niveau financier, il y a, là aussi,
une équipe qui, lorsqu'on a besoin d'aide,
nous conseille, nous dirige, nous donne d'autres stratégies. Je regarde au
niveau juridique, O.K., je veux dire, on n'a
pas de service juridique, je veux dire, mais on utilise celui du siège social,
par exemple. Donc, il y a plein d'éléments dans ces... Tout ce qu'on
fait au niveau de la recherche, enseignement, je vais laisser M. Martel...
M. Martel
(Denis) : Oui. Au niveau de la recherche puis l'enseignement, on
partage beaucoup, effectivement, des
meilleures façons de faire, les meilleurs procédés, effectivement, dans le
développement de nos programmes, dans la recherche. Avec ce partenariat-là, on s'est dotés, effectivement, d'un
petit fonds de démarrage de projets de recherche qui permet à nos
chercheurs de travailler plusieurs institutions ensemble et d'aller chercher
des subventions auprès des subventionnaires plus importants.
Mais je pense que le meilleur exemple que je
pourrais vous donner, c'est le réseau de bibliothèques. L'Université du Québec
s'est dotée d'une table de bibliothécaires qui va faire en sorte qu'on échange
les meilleures pratiques, la meilleure façon
de faire. Effectivement, ça coûte très cher, les bibliothèques, et ça coûte de
plus en plus cher, malheureusement,
et il faudra peut-être se pencher, effectivement... avoir une commission
d'enquête, effectivement, sur la collusion de certains organismes qui
dispensent de l'information dans les bibliothèques. Mais ça fait en sorte qu'on
réduit les coûts. Et non seulement on réduit
les coûts puis on se donne des meilleures pratiques, c'est que maintenant
les autres universités en dehors du réseau
de l'Université du Québec se sont associées, effectivement, à ce réseau-là.
Alors, je pense que c'est le meilleur
exemple de dire : Il y a beaucoup de collaborations qui se font de façon
plus ou moins formelle parfois, mais
on échange beaucoup dans les meilleures pratiques, et ça, c'est énorme, puis
une petite université comme la nôtre, bien, c'est fondamental.
Mme Samson : ...mais vous ne
pourriez pas vous payer ces services-là pour...
M. Martel (Denis) : Tout à fait, tout
à fait.
M.
Boisvert (Luc) : Effectivement. C'est aussi dans nos projets d'immobilisation... Dans les dernières
années, on a eu plusieurs projets d'immobilisation. On a eu un sérieux coup de
main, un solide coup de main de la part du siège social pour nous aider à faire la gestion de ces projets-là, pour
s'assurer que ces projets-là soient amenés à terme dans les délais et
dans les budgets.
Mme
Samson : Je comprends. Je vous remercie. Une autre petite question, puis c'est vraiment
un éclaircissement, là... Dans un des
3 692 millions de tableaux qu'on a reçus, je vois qu'il y en a un, en ce qui vous concerne, qui parle des revenus, et on parle des ventes externes, et on voit que ce qu'on
qualifie de ventes externes a quand
même connu une baisse
importante au cours des dernières années. Qu'est-ce que c'est que les ventes
externes?
M. Boisvert (Luc) : Ventes externes,
pour nous, c'est au niveau de la... on va au niveau de la formation continue. On peut le voir au niveau de la vente de
certains documents. Quand, particulièrement en formation à distance, on vend des
documents, on va avoir ces éléments-là.
M. Martel (Denis) : Et, comme ils
sont informatisés maintenant, bien...
Mme Samson : Les ventes sont... O.K.
M. Boisvert (Luc) : ...c'est des
revenus de moins, mais c'est des dépenses de moins aussi, c'est...
Mme
Samson : C'est des dépenses
de moins aussi, mais c'est des revenus de moins. O.K. Merci. Mais c'est parce
que ça faisait... ça avait l'air fou un peu, mais... Bien là, ça n'a plus l'air
fou, là, on comprend.
Dans les statistiques qu'on a regardées, vos
ratios étudiants par professeur sont relativement bas si on les compare à ceux de d'autres universités. Est-ce que
c'est essentiellement dû à la spécificité de votre clientèle, à la
réalité géographique de votre environnement, ou s'il y a un autre objectif de
la direction dans ça, ou si c'est essentiellement l'effet de la spécificité de
votre clientèle?
Mme Jean
(Johanne) : Ce n'est pas l'effet de la spécificité de la clientèle.
Vous savez, l'Abitibi-Témiscamingue, c'est
149 000 habitants, O.K.? En 1983, quand on a décidé de créer l'Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue, on ne répondait pas aux bonnes
normes, là, je dois vous le dire, c'est clair, là. Si on avait utilisé une
norme, on ne nous aurait pas créés, parce que faire vivre une université avec
150 000 habitants... Normalement, c'est un minimum... au minimum, on dit, dans les chiffres, 300 000.
Donc, on est la moitié de ça. Évidemment, on a quand même... on déploie
une offre de formation qui répond aux
besoins de la population, qui permet de former une main-d'oeuvre que... dont on
a besoin en région et ailleurs. On n'a jamais de très gros groupes, là.
Je veux dire, moi, j'aimerais ça, sincèrement, là, en avoir juste un, un cours avec 300 étudiants dans
l'amphithéâtre. Je n'ai pas d'amphithéâtre pour les recevoir, par exemple,
il faudrait que je le construise, mais j'aimerais vraiment ça, mais...
Une voix : On a des
résidences. Elles sont pleines, elles sont pleines.
Une voix :
Elles sont occupées.
Mme Jean (Johanne) : Donc, on n'a jamais
des gros groupes. Le maximum qu'on peut avoir, c'est, dans certains cours, 50,
une cinquantaine d'étudiants, 60 étudiants. Donc, évidemment, je veux dire...
Mais ce n'est pas... je pense, c'est compte tenu de la taille. Nous, on
s'assure toujours d'avoir quand même une moyenne groupes-cours qui nous permet,
là, de boucler nos budgets, de répondre aux besoins.
Mme Samson : C'est beau. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va, Mme la députée, oui? Alors, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Donc, l'établissement est petit, mais ce n'est pas nécessairement un défaut. Vous avez
votre spécificité, votre couleur, vos
créneaux d'excellence puis, d'après ce que j'ai compris, vous réussissez à
attirer des étudiants de l'extérieur
de votre territoire, et donc ça, ça enrichit la région. Est-ce que
vous réussissez, avec vos créneaux d'excellence,
à faire du recrutement d'étudiants étrangers? Si oui, comment? Est-ce rentable
en regard des investissements que
vous devez faire pour aller recruter ces étudiants-là? Et je pose une... Bien,
ma troisième sous-question, c'est : Est-ce qu'une mise en commun
des énergies, des ressources au Québec pour aller faire du démarchage des
étudiants, c'est quelque chose que vous verriez d'un bon oeil, là, de s'unir,
pas juste le réseau UQ, mais les universités du territoire pourraient aller
recruter à l'étranger? Donc, voilà.
Mme Jean
(Johanne) : Je vais laisser
Martine y répondre, mais, juste avant, il faut prendre pour acquis que
les étudiants d'origine étrangère, chez nous, viennent dans certains programmes,
O.K.? Ce n'est pas «at large», là, on ne retrouve pas ça dans... on retrouve beaucoup
d'étudiants étrangers dans le secteur minier, dans le secteur forestier ainsi
que création nouveaux médias et génie, O.K., on retrouve nos étudiants dans ces
secteurs-là. Je vais laisser Martine y répondre pour... de quelle façon on les
recrute.
• (10 h 20) •
Mme Rioux
(Martine) : Alors, en deuxième, troisième cycles... puis c'est intéressant, moi, ça ne fait pas très
longtemps que je suis à l'université, puis je rencontrais des étudiants qui venaient de partout, puis mon
plaisir, c'était de dire :
Comment ça se fait que tu te retrouves ici? Et ce n'est pas parce que
nous, on s'est déplacés, puis on est allés dans une foire pour se présenter, puis ça... ce qui coûte une fortune, et qui
est un peu comme aller à la pêche puis ne pas prendre de poisson, là, tu sais. C'est vraiment
la... C'est tout à fait simple, parce
qu'en deuxième, troisième cycles l'étudiant qui est prêt à quitter son pays pour approfondir sa recherche, il veut avoir
le meilleur. Il veut avoir un professeur qui a obtenu des fonds, pas qui est allé en... qui a obtenu des
contrats, mais qui a obtenu des fonds, parce que, pour obtenir des
fonds, il faut qu'il soit vraiment bon.
Alors, c'est pour ça, l'intérêt qu'on disait
tantôt, on est passés de commandites à des fonds. C'est parce que, pour avoir
des fonds, un professeur doit se faire connaître par ses parutions, par ses
découvertes, parce qu'il a poussé la
connaissance dans son secteur. Et ce n'est pas compliqué, c'est Google.
Les étudiants, ce qu'ils font, c'est qu'ils cherchent c'est qui, le
meilleur prof qui travaille en caractérisation du bois. Bien, chez nous, il
s'appelle Ahmed Kooba, il est à La Sarre. Le
jeune, là, qui était au Maroc, là, zéro idée c'est où, La Sarre — je ne sais pas si vous autres, vous le
savez, mais c'est en Abitibi-Témiscamingue,
c'est à La Sarre — et ça a fait qu'il s'est retrouvé à La Sarre pas parce qu'il
choisissait le campus de
l'Abitibi-Témiscamingue, mais parce que c'était le professeur de haut niveau.
Et c'est pour ça qu'il faut vraiment être préoccupé d'abord à bien
supporter nos professeurs qui font de la recherche.
Mais aussi notre stratégie, elle n'est pas si
coûteuse que ça, parce que c'est beaucoup une stratégie pour les mettre en valeur. On fait du démarchage, mais par
le biais des profs. C'est les profs qui attirent la qualité, la
compétence puis l'étudiant, ce n'est pas mon
équipe de recrutement. Mon équipe de recrutement est là pour supporter les
professeurs qui ont la capacité d'attirer des étudiants de deuxième et
troisième cycles.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député, il vous reste six minutes.
M. Roberge :
Donc, ce que je comprends, essentiellement, c'est que, pour recruter des
étudiants, il faut recruter des profs,
essentiellement, et des profs... et bien les supporter. Or, je vois que... vous
avez dit tout à l'heure, les conséquences des coupures des dernières années, c'est que vous avez 20 postes de
prof vacants sur les 125. Donc là, non seulement on se prive de poisson,
mais on se prive de pêcheurs. C'est ça que je comprends, là. Donc, ça, c'est un
appauvrissement pour le Québec, mais pour l'UQAT, pour l'Abitibi, parce que,
là, on n'est pas capables de recruter ni des profs ni des étudiants étrangers.
Comment
faites-vous, malgré tout, pour... Là, on comprend, on espère que c'est
passager, là, puis qu'on va arrêter de
désinvestir dans notre avenir, puis qu'on va se remettre à avoir un peu de
vision. Mais comment faites-vous malgré tout pour recruter des profs et
les conserver?
M. Martel (Denis) : Effectivement,
c'est une situation problématique et on espère nous aussi que, dans le temps,
il y aura d'autres investissements qui permettront, effectivement, de relancer
notre processus.
Il faut voir
que ce qui est conservé, effectivement, c'est une équipe professorale très
dévouée, et très, très, très efficace,
et très fonctionnelle. Et l'autre élément, c'est que, pour attirer des profs,
des professeurs chez nous, on a développé, effectivement, un certain nombre de stratégies. D'une part, on les
accueille dans des environnements qui leur permettent, effectivement, de se développer notamment en recherche et
sur l'ensemble du volet des tâches, parce que la tâche professorale, c'est l'enseignement, c'est la recherche et c'est aussi
les services à la collectivité. C'est la même chose que pour une
université, c'est eux, effectivement, qui remplissent cette mission-là.
Alors, on a
créé des instituts de recherche en forêt, en environnement forestier, en
environnement minier. On a des
groupes de recherche très dynamiques, on utilise des technologies,
effectivement, très développées, qui permettent aux professeurs... parce que c'est toujours le stress,
hein, venir faire une carrière en Abitibi-Témiscamingue. Je sais, moi,
j'en ai fait une à Chicoutimi, et je me suis déplacé souvent sur
Québec-Montréal à l'époque, parce qu'on avait moins ces technologies-là. Là, ce que l'on tente, c'est de l'éviter le plus
possible, leur permettre quand même d'avoir, donc, un réseau national et
international de contacts. Donc, tous ces investissements-là dans lesquels on
travaille nous permettent une forte rétention.
Là, pour l'instant,
c'est le recrutement. On continue à recruter lorsque... par exemple, on a un
départ à la retraite, on va faire un
remplacement. C'est d'aller chercher ces nouveaux-là pour augmenter le
développement, où là on est en phase un
peu plus latente pendant un certain temps. Mais je pense que ça... pour nous,
on est certains, effectivement, que ça va se développer. Puis avec les étudiants, on le voit, effectivement, au
niveau des cycles supérieurs, comme le disait Mme Rioux, mais, au niveau des premiers cycles comme tels, c'est la notoriété de notre
formation de programmes. On est les seuls à avoir une création nouveaux
médias, c'est-à-dire à approcher les médias par la dimension création et non
pas par la dimension programmation. Alors,
on a associé les arts et l'utilisation des multimédias, et ça, ça attire des
étudiants, parce que c'est unique. Même chose pour l'art-thérapie, c'est
unique comme tel. Donc, la stratégie est sur les profs, mais aussi sur
l'unicité de certains programmes.
Mme Rioux
(Martine) : Et, dans le
dernier cas qui vous est apporté, c'est les professeurs qui ont fait des
alliances avec entre autres des universités
françaises et où on a un bon contingent d'étudiants français qui viennent
parfaire leur formation. Parce
qu'encore là on a des profs extrêmement dévoués et qui travaillent pour leur propre
développement, alors c'est beaucoup
par ces relations-là... Et on a des ententes avec plusieurs universités, notamment
les universités françaises.
M. Roberge : Il ne reste pas beaucoup
de temps?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Deux minutes.
M.
Roberge : Donc, je vais être
bref. Justement, je suis content que vous me parliez des
universités françaises parce que,
bon, là, il y a eu une modification des frais chargés aux étudiants français.
Je sais que ça ne touche pas les étudiants des cycles supérieurs, ça touche les étudiants du premier cycle. Est-ce que
vous croyez que ça va passer comme une lettre à la poste ou si vous
anticipez des conséquences négatives de ça? Bref, ça va être quoi, l'impact
réel, à l'UQAT, de cette modification-là?
La Présidente (Mme Rotiroti) : ...en
1 min 25 s.
Mme Jean (Johanne) : Ce ne sera pas
très long. C'est sûr que ça va avoir de l'impact, là. Parce que, comme Martine le mentionne, c'est des ententes qu'on a
prises avec des universités, puis, au moment où on a pris ces
ententes-là, on était dans un régime
différent de celui qu'on a là, donc c'est sûr qu'à partir du moment où tu
modifies certains éléments de
l'entente, bien, ça a de l'impact. Donc il est difficile, à ce moment-ci, de
dire : Est-ce que ça a un impact catastrophique? Je dirais que non, là. Je veux dire, somme toute,
les chiffres qu'on a... ce que les directeurs du UER nous ont mentionné
jusqu'à maintenant, il y a quand même beaucoup d'étudiants d'origine française
qui vont être au rendez-vous cet automne et l'hiver prochain chez nous.
M. Martel (Denis) : Vous permettez,
10 secondes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Allez-y, M. Martel.
M. Martel
(Denis) : 10 secondes. Il ne
faut pas oublier qu'il y a aussi beaucoup d'impact qui vient du gouvernement fédéral et de nouvelles dispositions
liées à l'immigration. Et ça, ça affecte beaucoup toutes les
universités, effectivement. C'est peut-être plus là qu'on a plus de
difficultés.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, 30 secondes.
M. Roberge : ...préciser, non?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y.
M.
Roberge : O.K., mais... si
vous voulez préciser de quoi vous voulez parler précisément quand vous nous
parlez de ces modifications-là...
M. Martel
(Denis) : Les demandes de
visas, l'augmentation des problématiques liées aux demandes de visas
pour les étudiants étrangers, l'impossibilité, effectivement, de travailler, même
à temps partiel, pour aider dans les études, ce qui est une façon de travailler, les délais
énormes, effectivement, qui sont occasionnés et le fait qu'on ne peut
plus, dans les universités, accompagner ces étudiants-là dans ces demandes-là,
les accompagner auprès des fonctionnaires fédéraux
à moins d'avoir un officier attitré qui a été formé à Ottawa pendant six mois,
qu'on a payé sa formation, et ainsi de suite. Alors, ça, ça nous pose
des problèmes, et pas juste chez nous, partout.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, le temps est écoulé. Alors, on passe du côté du
gouvernement pour un bloc de 15 minutes, et je cède la parole au député
d'Ungava.
• (10 h 30) •
M.
Boucher : Alors, bienvenue,
mesdames, bienvenue, messieurs. Ça me fait plaisir de vous voir aujourd'hui
à l'Assemblée nationale. On parlait tantôt, là... mon collègue de Jean-Talon
vous parlait des étudiants autochtones puis des
programmes offerts pour ces gens-là. Vous savez que, moi, bon, à titre
d'adjoint parlementaire du ministre responsable du Secrétariat aux affaires autochtones puis à titre de député d'Ungava, où les deux tiers de ma population sont Cris ou Inuits, c'est quelque chose qui me touche particulièrement. Et puis vous
parliez tout à l'heure... Vous donniez un exemple... Quelqu'un qui voudrait faire un bac en
enseignement préscolaire-primaire dans le cheminement standard, entre
guillemets, on parle d'un contrat d'à peu près
quatre ans à l'université, là, si les choses vont bien. Vous parliez que, du
côté, bon, des Premières Nations,
vous les preniez là où ils sont pour les amener au même point que celui qui
aura pris le cheminement standard sera au moment de sa sortie.
Puis là j'aimerais qu'on revienne un petit peu
là-dessus parce que, vous savez, bon, souvent, du côté des Premières Nations, autant niveau primaire que
secondaire, l'école n'est pas toujours une valeur très mise en évidence, hein?
Souvent, bien : Mon grand-père n'est jamais allé à l'école de sa vie et il
a très bien vécu. Mon père est allé à l'école
de façon minimale puis il a très bien réussi dans la vie.
Alors, pourquoi moi, je me taperais jusqu'au secondaire V quand je peux
travailler facilement? Il y a de l'ouvrage dans les communautés cries, dans les
communautés inuites, et puis, à 12, 13, 14 ans, c'est très facile de se trouver
un boulot assez payant.
Vous disiez
tantôt, bon... tu sais, il arrive à l'université, tu as une petite chambre avec
un lit simple puis un petit lavabo
dans le coin, ça ne marche pas. Ils arrivent en gang. Vous savez que, bon, chez
les jeunes femmes autochtones, être
mère à 16, 17 ans, non seulement ce n'est pas rare, mais c'est une valeur qui
est promue, qui est mise en évidence, contrairement
à nous. Si ma fille de 16 ans était mère, c'est sûr que je l'accepterais, mais,
en même temps, je me ferais du souci
puis des nuits de, hein, de turlupinage, comme on peut dire, de qu'est-ce
qu'elle va devenir, qu'est-ce qu'on va faire. Je serais très inquiet
pour elle, quand, du côté autochtone, c'est totalement différent.
Alors, je
voudrais... Bon, moi, peut-être que je suis simpliste, là, mais souvent les
gens quittent l'école secondaire II, secondaire III, ils vont
travailler, des expériences à gauche puis à droite. Puis à l'âge de 24, 25 ans,
par exemple, ils font de la suppléance à
l'école parce que le professeur est malade pour un mois, puis, dans les
communautés, on n'appelle pas sur la
liste de remplaçants, là, on prend... ou la classe est fermée ou on prend qui
qu'on peut. Puis là, bien, la personne dit :
Ah! bien, regarde donc ça, l'enseignement, ce n'est pas pire, puis j'aimerais
ça puis je me trouve une vocation. Donc, moi, avec un secondaire III,
j'aimerais devenir un enseignant diplômé et puis faire une carrière en
enseignement. Mettez-moi, pratico-pratique, là, qu'est-ce que vous faites avec
quelqu'un comme ça.
Mme Jean
(Johanne) : C'est sûr que, quand on a un étudiant d'origine autochtone
qui arrive puis qui n'est pas passé,
par exemple, par le réseau collégial, tu sais... Vous savez que, normalement,
pour fréquenter l'université, on doit avoir passé par le réseau collégial. À l'UQ, il nous arrive d'admettre des
étudiants sur la base de l'expérience, compte tenu de leur âge et de ce qu'ils ont fait. Comme vous...
prenez l'exemple d'un étudiant ou d'une étudiante qui, par la force des choses, a fini par faire de la suppléance parce
qu'ils avaient besoin de quelqu'un pour s'occuper du groupe et
contribuer à la formation de ce groupe-là. Puis, s'il le fait pendant quelques
années, ça demeure somme toute une expérience, O.K., qu'on va analyser, qu'on va regarder qu'est-ce qu'on peut faire. Mais il
n'a pas fait son collégial. Il maîtrise possiblement... si c'est un étudiant cri, il ne maîtrisera pas,
possiblement, le français, il va maîtriser l'anglais. Donc, on va vérifier
c'est quoi, sa qualité.
Donc, on va lui donner une formation qui va le
préparer à l'université, O.K.? Une formation, vous allez me dire : Bien
là, Mme Jean, ce n'est pas une formation de niveau universitaire, ça va être de
formation secondaire ou collégiale. Oui,
possiblement, mais on travaille, on travaille notamment avec le cégep de
l'Abitibi-Témiscamingue, qui est un
des partenaires avec nous pour monter des programmes de formation, les
dispenser au besoin des étudiants pour pouvoir augmenter son niveau pour faire en sorte qu'il soit en mesure de
poursuivre des études universitaires. Et après, bien, je veux dire, veux veux pas, on a toujours le même
étudiant qui est en soutien de famille et qui a besoin d'avoir un
encadrement particulier, tu sais. Tu sais,
l'étudiant ou l'étudiante ne peut pas être disponible 12 heures par jour, là,
pour... Il faut avoir des plages bien
précises. Nous, on s'assure notamment... ce qu'on fait, on va s'assurer
d'avoir, oui, des plages d'enseignement, mais on va mettre à l'horaire
avec les étudiants autochtones des plages d'encadrement sur lesquelles il y a
des profs, il y a des tuteurs qui
accompagnent les étudiants pour leur permettre de faire les travaux, de prendre
le temps de faire les travaux sans être repris dans leur quotidien.
Donc, c'est comme ça qu'on fait puis qu'on
réussit à les amener au même endroit. Mais ce qui est important, c'est qu'il faut en former, des maîtres, pour que,
dans la classe dont vous me parliez, le jeune en secondaire III qui n'a
pas... arrive en prise en charge de la classe, il faut avoir des gens qui sont
formés à cet effet et qui vont effectivement prendre en charge les classes.
Peut-être qu'il va y avoir des aides.
Donc,
il faut casser ça, pas casser dans le sens péjoratif, là, mais il faut vraiment
s'attarder à faire en sorte qu'on va effectivement avoir des maîtres qui
vont retourner dans leurs communautés. Les autochtones, quand ils viennent à
Val-d'Or, ils veulent... ils retournent presque tous dans leurs communautés,
O.K.? Ils s'en viennent... ils ne restent pas à Val-d'Or, ils ne descendent pas dans le Sud,
sauf si ça les tente, mais, règle
générale, ils retournent, ils ont hâte de retourner à l'intérieur de
leur communauté.
C'est
la raison pour laquelle, quand Martine, tantôt, vous exprimait qu'on est en
train de regarder pour modifier nos stratégies
puis être beaucoup plus présents à l'intérieur des communautés... parce que,
de toute façon, elle le disait, quand ils arrivent avec tout l'ensemble de la famille,
on n'est pas capables de les loger. Donc, ça fait qu'on a là une
problématique importante, mais c'est comme ça qu'on le fait.
M. Boisvert
(Luc) : Pour rajouter, justement, pour amener ces gens-là plus loin,
notre service des premiers peuples est formé
de gens des premiers peuples qui comprennent leur... Ça ne vient pas de nous,
là, ce n'est pas juste nous qui... C'est ces gens-là qui viennent des
premiers peuples qui nous appuient pour mieux comprendre ces réalités-là et vraiment
adapter les formations aux besoins de ces gens-là.
M.
Martel (Denis) : Et des
exemples en communauté, on en a. On en a effectivement dans votre comté
d'ailleurs, à Povungnituk puis à Iqaluit. On se déplace. C'est le professeur
qui se déplace pour aller former, effectivement, des enseignantes sur place, et
ça, depuis quoi, 15 ans, 15, 20 ans?
Une voix :
30 ans.
M.
Martel (Denis) : 30 ans?
Bon, c'est ça. Ça fait longtemps qu'on le fait dans ces communautés-là de
façon très significative.
Mme
Rioux (Martine) : Puis
au-delà de l'enseignement, quand on parle du service des premiers peuples,
vite, on s'est rendu compte qu'ils avaient
besoin d'un accompagnement dans toutes leurs hautes sphères, c'est-à-dire que, quand... vous décrivez très bien la personne qui arrive
avec... qui a déjà à jongler avec quatre, cinq enfants, bien, il y a une
travailleuse sociale qui aussi la supporte dans son équilibre et son
épanouissement.
Alors, c'est vraiment
une approche holistique — c'est
un mot que vous connaissez bien, là — dans le monde autochtone, mais c'est vraiment...
et c'est le fait de cette présence-là de gens formés par l'UQAT qui maintenant travaillent à l'UQAT et nous ont
aidés à développer ce que les gens des communautés avaient besoin. Alors là,
c'est ça qui est vraiment toute la différence, mais qu'on supporte parce que — il y a quelqu'un qui l'a exprimé
tantôt — depuis
toujours, les gens qui ont été à la
direction de l'UQAT ont reconnu, ont valorisé le fait qu'on avait une
responsabilité sociale parce qu'on partageait le même territoire.
M. Boucher :
Ça, là-dessus, je suis content d'entendre ça parce que, vous savez, encore une
fois, c'est un clash, là, entre les
non-autochtones et les autochtones. Souvent, un jeune qui vient d'un village
éloigné de l'Abitibi puis qui se
ramasse à Rouyn ou à Amos, c'est sûr, sur le coup, il va avoir un petit dépaysement, mais assez vite
il va s'y plaire. Puis peut-être
qu'à l'occasion il va s'ennuyer de la sauce à spaghetti de maman,
là, mais, si elle lui fait des petits plats congelés, ça va faire la job. Ils sont libérés de la tutelle familiale,
de la tutelle du clan, mais, chez les autochtones, c'est exactement
le contraire. C'est tissé hyper serré, puis l'esprit communautaire, puis le
fait que la cousine, que le mononcle n'est plus là, d'être tout seul, à
part, c'est vraiment un déracinement, puis c'est vraiment difficile pour eux.
Puis je suis content
qu'ils soient supportés à ce niveau-là parce que, si je prends l'exemple des
Inuits qui se ramassent souvent, bon, soit au collège Marie-Victorin ou à
John-Abbott du côté secondaire, presque la moitié ne termineront jamais leur formation, pas parce
qu'ils ne sont pas à la hauteur, pas parce qu'ils ne sont pas assez intelligents, pas capables, mal préparés,
c'est à cause du déracinement. Ils ne sont pas capables de souffrir
l'éloignement pendant deux ans, trois ans du
village, de la communauté, des siens, de la nourriture traditionnelle, puis ça,
c'est des talents qui sont gaspillés malheureusement. Puis comme vous
dites, ces gens-là ne rêvent pas d'avoir un bureau en haut de la Place Ville-Marie. Bien au contraire, ils rêvent,
en vaste majorité, de retourner dans leur communauté, de donner aux
leurs et puis de faire évoluer les leurs là-dessus.
Je
ne veux pas prendre le bloc de temps, là, je veux laisser un petit peu de place à mes collègues, mais j'aimerais... j'ai lu, dans le document que vous nous avez remis
tantôt, quelque chose qui a piqué ma curiosité. Attendez un petit peu, là, je vais essayer de... c'est toujours quand on veut aller vite qu'on ne trouve pas. À
la page 9 de votre document, vous parlez des formations uniques traitant
des questions autochtones, dont Piwaseha. Qu'est-ce que Piwaseha?
• (10 h 40) •
Mme
Jean (Johanne) : C'est une formation
sur la culture autochtone. C'est une de nos collègues, Janet Mark, que vous connaissez peut-être, qui a conçu ce programme-là,
qui porte vraiment sur toute la question de la culture
autochtone, l'approche holistique. Donc,
c'est une formation qui est actuellement... qui a été offerte partout au Québec,
à de nombreuses organisations, entreprises, pas seulement les entreprises de l'Abitibi. C'est vraiment... la
demande est très forte, les gens veulent comprendre, connaître. Et
Janet, avec son équipe, parce que là, elle est en train de former d'autres
personnes pour pouvoir dispenser cette formation-là... Donc, c'est vraiment une
formation qui porte sur la culture autochtone.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme Rioux.
Mme
Rioux (Martine) : Bien, tant qu'on est là-dedans, on a fait un... je
ne suis pas capable de le prononcer, mais une adaptation de cette formation-là, mais pour le monde de la santé,
parce que Piwaseha, c'est un cours qui est offert, qui est beaucoup
suivi par les fonctionnaires, réseau de la faune, notamment, tu sais, des gens
qui ont à transiger, mais qui fallait qu'ils comprennent... la Sûreté du
Québec, beaucoup la fonction publique.
Alors, c'est une formation à grandeur du
Québec, mais il y avait une demande particulière pour les gens du
secteur de la santé, comprendre la réalité
ou la vision de la santé pour les autochtones. Alors, c'est un cours qui a été
développé, encore là, par la même formatrice
et qui est offert au réseau de la santé en ce moment. Ça fait fureur, c'est
vraiment... on l'offre par le biais de la
formation continue, et ça répond à un besoin, et tout ça toujours dans notre
mission ou dans notre volonté de partager et de cohabiter. On est
toujours dans les mêmes valeurs.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça va, M. le député? Alors,
il reste deux minutes. M. le député de Papineau, allez-y.
M. Iracà :
Ça va être plus peut-être un commentaire qu'une question, vous n'aurez
peut-être pas le temps de répondre. D'abord,
laissez-moi vous dire que je trouve ça beau de vous voir ici aujourd'hui. Je
sais que vous travaillez très fort.
L'Université du Québec en Abitibi a surmonté plein d'obstacles et s'est
développée de manière exceptionnelle. Je peux vous en parler, moi, je suis un enfant de l'exode. Je suis né à Val-d'Or
et, dans mon temps, quand j'ai fini le secondaire, il n'y avait pas de cégep, alors j'ai dû quitter la
région — maintenant
je demeure à Gatineau depuis plusieurs années — et l'université, là, débutait à
Val-d'Or, là, tranquillement. Je vous dis que c'est parti de loin.
Mme Jean
(Johanne) : ...une longue bataille.
M. Iracà :
Oui, une longue bataille. Alors, vous avez fait un travail exceptionnel avec
les années, et ça, c'est tout en votre
honneur, l'honneur des dirigeants qui avaient une vision. Puis vous couvrez un
grand territoire également, donc ça ajoute au fait que c'est
exceptionnel.
Et j'avais une
question sur l'exode, mais vous n'aurez pas le temps d'y répondre. C'était pour
voir si... parce que, quand j'étais là, il y
avait beaucoup d'enfants d'exode qui se sont en allés ailleurs. C'était pour
savoir si vous le viviez encore, cet
exode-là, mais peut-être à un autre niveau, peut-être par les choix de
programme. Est-ce que, dans les choix de programme, si vous pouviez rêver, est-ce qu'il y a un programme qui
ferait en sorte qu'il y aurait encore plus de rétention, moins d'exode?
Est-ce qu'il y a des programmes que vous vous dites, avec les années, parce que
là, ça fait quelques années que c'est là... qui sont devenus moins pertinents?
Est-ce que vous voulez jouer dans l'offre de programmes ou vous pensez
peut-être plus à de la stabilité? Mais là, écoutez...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En quelques secondes, on va lui laisser un petit
peu le temps de répondre.
Mme
Jean (Johanne) : Je vous dirais qu'il n'y a pas de programmes qui sont
devenus désuets. Notre patrimoine académique de base était très ancré
avec les besoins du milieu, puis, je pense, les choix ont bien été faits, parce
qu'ils s'actualisent, et on est encore dans
les mêmes sphères. C'est sûr que, si on se permettait de rêver, il y a plein de
choses qu'on pourrait ajouter, mais il faut avoir le moyen de les faire. Là,
pour le moment, on va continuer à consolider nos bases puis continuer à se
développer dans les secteurs dans lesquels on est, je pense, déjà très
performants.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci beaucoup. Alors, on
passe au dernier bloc, à l'opposition officielle pour une période de 15
minutes. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
vous amener sur la question des frais indirects de recherche. Hier, l'Université du Québec à Rimouski nous a dit que les
modifications aux règles concernant les frais indirects de recherche lui avaient occasionné des pertes de
1,8 million. Mais évidemment, la situation n'est pas la même pour chaque université. J'aimerais savoir, chez
vous, quel impact ça a eu, si vous êtes capable de m'éclairer là-dessus.
M.
Martel (Denis) : Essentiellement le même type d'impact. Effectivement,
les pertes, chez nous, se chiffrent, effectivement,
par plusieurs centaines de milliers de dollars. C'est effectivement une
difficulté. Il faut bien comprendre que, dans la recherche... on ne se finance pas, les universités, par la
recherche. Un dollar qui entre en recherche sort en recherche. Ce qui vient jouer, c'est tous les coûts indirects
qui sont associés à la recherche. Et des coûts indirects, effectivement,
ça va de l'entretien des laboratoires, de l'achat d'éprouvettes dans les
laboratoires, du service des finances qui accompagne les professeurs, et ainsi de suite, la bibliothèque, en partie... Tout
ça, ces coûts-là sont réels, sont extrêmement importants. Et la baisse, passant... effectivement que le
gouvernement provincial, notamment, est passé d'environ 40 % de frais
indirects, qui étaient attribués de façon
automatique, quasi automatique, soit par... lorsqu'on obtenait une subvention
par les Fonds de recherche du Québec
ou encore à l'intérieur d'un ministère... on est passés de 40 % à
27 %. Et maintenant, avec l'attribution dans les ministères,
certains ministères hésitent et font plus qu'hésiter. Et on les comprend, là,
parce qu'ils sont en concurrence et en compétition, et eux aussi ont eu...
Donc,
je ne lance pas le blâme à tous les ministères, je veux juste dire qu'on
comprend la situation. Mais, pour nous, l'impact que ça a, c'est qu'on a moins d'argent pour couvrir les coûts
indirects de la recherche par ces frais indirects de recherche là, et là
ça devient difficile. Donc, augmenter la recherche, c'est extrêmement
intéressant, extrêmement pertinent. C'est
avoir effectivement de meilleurs pêcheurs pour pouvoir aller à la pêche, pour
faire un peu de pouce sur ce que l'on
disait tout à l'heure. C'est augmenter la notoriété, ça permet effectivement
d'aller chercher plus d'étudiants. Donc, en quelque part, c'est très
positif, mais ça a un coût de plus en plus élevé, et là on doit jouer avec cet
équilibre-là. C'est de plus en plus complexe.
Mme
Hivon :
Est-ce que ça pourrait vraiment freiner, pour vous, des projets de recherche?
Est-ce que ça fait en sorte que vous devez réfléchir plus en profondeur
avant de dire oui ou non à certains projets?
M.
Martel (Denis) : Dans certains projets, effectivement, on doit
réfléchir plus en profondeur. Jusqu'ici, je vous avoue qu'on n'a pas mis
fin à un projet de recherche ou encore refusé un projet de recherche, mais on a
modifié des projets de recherche, par
exemple, des propositions de recherche pour pouvoir les adapter avec le budget
que l'on avait, parce qu'on ne peut
pas réaliser un projet de 100 000 $ si on nous donne juste
100 000 $, parce qu'on sait que ça va nous coûter
140 000 $, 150 000 $.
Mme
Hivon : Tantôt, on en parlait puis on en a parlé aussi avec
d'autres universités hier, tout le fait que vous avez une grande
clientèle qui est à temps partiel et que, bien sûr, c'est beaucoup de personnes
réelles, physiques, qui nécessitent des
services administratifs, donc un volume de personnes qui se déplacent, qui ont
besoin d'être en relation avec les
gens de l'université. Est-ce que vous avez le sentiment que cette réalité-là,
elle est assez prise en compte dans la formule de financement des
universités?
Puis
je vous amène sur le terrain aussi du rapport qui a découlé, là, du Sommet sur
l'enseignement supérieur, donc le
rapport Tremblay-Roy, qui vient proposer certains changements. Quels seraient,
selon vous, les meilleurs changements à apporter à la formule de financement pour être mieux adaptés à une
réalité comme la vôtre d'université de petite taille avec beaucoup
d'étudiants à temps partiel? Parce que, vous-même, vous nous dites quel est le
profil type, et puis on voit que c'est très, très fréquent, là.
M.
Martel (Denis) : C'est clair que, pour le financement de tout ce qui
est le soutien à l'enseignement, de ne pas tenir compte du nombre
d'étudiants, mais plutôt d'un équivalent d'étudiants, c'est clair que c'est
défavorable dans notre cas, particulièrement
dans notre cas, compte tenu de la masse d'étudiants à temps partiel. Ça, c'est
essentiel, à ce niveau-là, de tenir
compte... puis, pour le moment, c'est un élément qui n'est pas tenu en compte
dans le financement qu'on reçoit. Donc, les prochaines modifications qui
viennent, c'est essentiel, pour une université comme la nôtre, qu'on considère
ces éléments-là comme...
Mme
Jean (Johanne) : Les autres éléments dont il faut tenir compte...
C'est sûr que, par exemple, dans ce qu'on fait... des éléments, en particulier, de notre mission, nos enjeux... ce
qu'on fait avec les communautés des premiers peuples, en termes de... On ne peut pas travailler avec un
étudiant équivalent à temps complet puis on donne un financement. On n'a
pas le choix, compte tenu de la tâche, compte tenu de l'encadrement, compte
tenu des distances qu'on va devoir parcourir
en allant plus souvent à l'intérieur des communautés, il faut avoir un
financement particulier qui nous permette vraiment de répondre aux
besoins puis d'offrir des programmes de formation de qualité.
Donc,
il y a beaucoup d'éléments qui nous distinguent, et je pense que chacune des
institutions universitaires a ses particularités dont, idéalement, il
faudrait tenir compte dans une éventuelle formule de financement.
M.
Boisvert (Luc) : Souvent, ces étudiants-là qui sont à temps partiel,
c'est des étudiants qui sont en retour ou qui sont dans des situations
de famille, qui ont besoin d'un plus grand support, souvent, un étudiant de
première génération qui a besoin de plus de support. Donc, ça aussi, ces
éléments-là viennent s'ajouter en plus du traitement administratif. Mais il y a un support à ces étudiants-là... si on veut
s'assurer qu'ils se rendent jusqu'à la diplomation... d'avoir un support supplémentaire, donc
nécessairement des efforts supplémentaires de l'université, qui requièrent
un financement supplémentaire.
• (10 h 50) •
Mme
Hivon : O.K.
J'aimerais que vous me parliez de... vous avez mis en commun, vous y avez fait
référence tantôt mais... des services avec le cégep. Je comprends que vous avez
évalué différents degrés d'intégration. C'est un modèle qui est unique, ce que vous faites avec le cégep en Abitibi-Témiscamingue. Donc, comment ça fonctionne, cette mise en commun de services, puis comment vous vous
assurez de maintenir, en quelque sorte, l'indépendance ou... Je comprends
que vous n'avez pas intégré, vous l'avez bien dit tout à l'heure, les programmes académiques plus en termes de gestion, de ce que je comprends, avec des postes
de cadres, mais est-ce que vous pouvez expliquer un peu le modèle que
vous avez mis de l'avant?
Mme Jean (Johanne) :
Au niveau académique, les programmes qu'on... pas qu'on intègre, mais qu'on partage, c'est souvent les programmes
de D.E.C.-bac. On a de nombreux programmes de D.E.C.-bac qu'on offre, mais avec des
parcours collégiaux et universitaires.
Le
premier élément de partenariat, ce qui nous a facilité la tâche pour aller un peu plus loin avec notre partenariat avec le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, c'est
notamment le fait qu'on a toujours partagé les espaces, O.K.? Quand je dis «partager les espaces», ça ne veut pas dire
qu'on est à la même place, mais, par exemple, quand on a construit, en
1995, l'agrandissement, notre pavillon
actuel à Rouyn-Noranda, on ne s'est pas... je veux dire, c'était comme évident
qu'on allait aller s'installer à côté du
cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Donc, on a construit notre pavillon à côté du
cégep, ce qui nous permettait de partager
des services et non pas de dupliquer des services. On a fait la même chose à
Val-d'Or. Le Pavillon des premiers peuples est construit sur le même
terrain que le cégep de l'Abitibi-Témiscamingue. Il y a des espaces, je veux
dire... puis je pense que c'est important, les étudiants nous l'ont dit,
lorsqu'on les questionne, c'est important
qu'ils se sentent à l'université ou qu'ils se sentent au cégep, puis qu'ils
sentent bien qu'ils viennent de franchir une étape en arrivant à
l'université. Donc, avec les communications, on s'attarde pour réussir à bien,
bien identifier cela. Mais on s'est
installés au même endroit, O.K., donc tout de suite, là, on a un ensemble de
ressources qu'on partage.
Quand
je vous dis, par exemple, au niveau du Service Premiers Peuples, le cégep avait
un service premiers peuples, nous, on avait un service premiers peuples,
on est au même endroit, on fait face tous les deux à des compressions budgétaires importantes, parce que le cégep est
dans la même situation que nous. Bien, on s'est dit : O.K., on va
travailler ensemble. Donc, le Service
Premiers Peuples, c'est le travail qu'on est en train de faire, on est en train
de regarder pour répondre à des besoins particuliers pour le cégep, qui
sont différents de l'université, mais quand même une équipe d'expertise qu'on
peut mettre au service des deux organisations.
Le cégep avait une direction, une direction du
campus du cégep à Val-d'Or. Nous, on avait une direction de l'université à Val-d'Or. À partir du mois de juin
dernier, c'est la même personne qui exerce la direction. Il faut être
très conscient que cette personne-là, on ne
vient pas de lui ajouter 12 heures dans sa journée, là. Donc, il y a des
choses qu'il ne fait plus. Ça fait
que, collectivement, on s'est dit... moi, je me suis assise avec mon homologue,
puis on a dit : Bien, ça, moi, je ne le ferai plus; ça, toi, tu ne
le feras plus. Donc, il y a des éléments...
Puis après ça on est allés s'asseoir avec la
communauté, valdorienne notamment, parce qu'on a eu la même chose à Val-d'Or, puis on a regardé avec la
communauté puis on a dit : Là, ne comptez plus sur nous pour tel type
d'activité parce qu'on ne peut pas, on n'aura
pas le temps de le faire. Donc là, on a une gestion administrative qui est
assumée par une personne, à la fois pour le cégep et pour nous. C'est un
salaire de moins, hein? Au total, là, c'est...
Puis on a
choisi de travailler sur un projet pilote trois ans. On s'était dit : Un
an, ils vont tout faire pour ne pas que ça marche, deux ans... trois
ans, on ne leur donne pas le choix, c'est un projet pilote trois ans. Moi, je
suis convaincue qu'on va y arriver.
Mais au niveau académique, on a quand même...
nous, on a nos programmes universitaires, le cégep a ses programmes. On a choisi, par exemple, pour
répondre... on a choisi aussi de partager. Partager... bon, en fait,
partager le gardiennage, partager un certain nombre d'éléments des ressources
matérielles, l'entretien des bâtiments, la santé et sécurité. C'est ça qu'on a
choisi de faire, ce qui nous a permis, pour les deux institutions, de tendre
vers l'équilibre.
Mme
Hivon :
O.K. Autre sujet. La dernière fois que l'exercice a été mené avec les universités,
il y a eu un certain nombre de recommandations de la commission. La
recommandation n° 5, c'était que les établissements, donc, universitaires
s'assurent d'avoir un plan de gestion des ressources humaines en provision des
postes de professeurs à pourvoir au cours
des prochaines années. Évidemment, il y a beaucoup d'universités, mais ça varie
d'un endroit à l'autre.
Donc, je ne sais pas quelle est la situation
chez vous, où il y a des professeurs qui vont partir à la retraite de manière
assez importante. Vous nous avez dit tout à l'heure que, compte tenu des
compressions, en ce moment, il y a 20 postes
qui sont vacants. Donc, ce n'est pas rien sur un effectif de 120 quelques
postes. Est-ce que vous avez un
plan clair de recrutement, de transition? Vous
y avez fait référence tantôt, rapidement, là, mais est-ce qu'il y a un plan
formel qui est mis de l'avant, chez vous, pour prévoir ce que vous allez
pouvoir faire les prochaines années?
Mme Jean
(Johanne) : Tout à fait. Ça fait déjà quelques années, on sait les profs qui partent à la
retraite, à quel moment on pense
qu'ils vont partir, et, avec les directions d'UER, les assemblées
départementales, on revoit ce plan-là à chaque année pour s'assurer, là, qu'on est en mesure de répondre aux besoins de nos programmes de formation puis ainsi qu'aux besoins de la recherche.
Mais c'est revu à chaque année dans le courant de l'automne, là.
Mme
Hivon : Compte
tenu qu'en ce moment il y a
un nombre plus important de postes non pourvus en plus de ce qui s'en vient comme défis en lien avec les
retraites, est-ce que vous anticipez des difficultés particulières de
recrutement ou, selon vous, il n'y aura
pas de problème au moment de... À un moment donné, vous allez
rouvrir les valves puis vous allez être capables de recruter malgré les
défis, des fois, d'être en territoire plus éloigné?
Mme Jean (Johanne) : Il y a certains
secteurs où, d'ores et déjà, le recrutement est plus difficile. Je pense notamment
en psychoéducation, ça fait déjà quelques années qu'on essaie de recruter, on a de la difficulté.
Donc, il y a certains secteurs, mais on n'est pas les seuls. L'ensemble
des universités ont de la difficulté à recruter, en
psychoéducation notamment. Donc, il
y a certains secteurs pour lesquels
on a de la difficulté. On a des plans de contingence à ce moment-là.
Mais quand vous me... je vais juste faire un petit
retour. Quand on regarde, on a à peu près
une vingtaine de postes non comblés.
Ça fait déjà quelques années, hein, qu'on a entre 15 et une vingtaine
de postes non comblés à l'université, parce
que ça a été la façon de travailler,
la façon de faire pour réussir à équilibrer nos budgets. Donc,
c'est une situation avec laquelle ça
fait déjà quelques années qu'on travaille. C'est sûr qu'à chaque
année, quand on revoit notre plan d'effectifs... Quand on revoit le plan
d'effectifs, on se pose des questions. On rencontre les gens, on dit :
Bon, bien, est-ce que, cette année, on est
capables de faire un bout, là? Oui? On y va quand on voit bien... Je pense notamment
en santé, où on a des hausses d'effectifs étudiants importantes. À un
moment donné, on n'a pas le choix, ça fait qu'on décide, on... Ça fait qu'on
fait cette analyse-là avec les directions départementales de façon annuelle,
donc, puis on essaie de faire en sorte de répondre le mieux possible aux
besoins.
M. Martel (Denis) : Très, très rapidement.
Dans plusieurs cas, effectivement, on a identifié des relèves en prévoyant des mises à la retraite et on a identifié
des relèves que l'on envoie se faire former pour éventuellement, effectivement,
le réintégrer dans l'effectif. Donc, oui, on a un plan qui est organisé.
Mme
Hivon : Parfait.
Je sais qu'il me reste peu de temps.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Une minute.
Mme
Hivon : Une
minute. Projets d'immobilisation, j'ai vu que vous aviez annoncé, juste avant
l'été, que vous aviez un projet de
centre sportif, encore une fois, avec le cégep. Est-ce que vous pouvez nous
dire un peu ce qu'il en est et est-ce que vous avez d'autres projets en immobilisation
ou d'autres besoins en immobilisation à court terme?
Mme Jean (Johanne) : M. Boisvert.
M. Boisvert (Luc) : Le projet de
centre sportif, c'est un projet dans lequel... c'est un partenariat qui
s'inscrit pour les besoins au niveau de la ville de Rouyn-Noranda. Mais ce n'est pas un projet de l'UQAT, c'est un
projet de la ville de Rouyn-Noranda, dans lequel on s'inscrit comme partenaires dans la recherche de subventions. Mais c'est clair que ce n'est pas un projet dans lequel l'UQAT
veut s'inscrire, veut mettre des fonds. On est plutôt là en appui à ce
projet-là, démontrer qu'on a un intérêt, dans lequel on peut bénéficier, parce
qu'effectivement ça peut être un facteur d'attraction autant pour les
professeurs, pour le personnel professionnel, soutien et pour des étudiants
aussi. Mais ce n'est pas un projet de l'UQAT.
Mme
Hivon : Vous
n'êtes pas le maître d'oeuvre.
M. Boisvert (Luc) : Non. Du tout.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à la commission.
Je vais suspendre quelques minutes afin de
permettre l'Université du Québec en Outaouais de s'installer. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 59)
(Reprise à 11 h 3)
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! On reprend les travaux.
Bienvenue aux dirigeants de l'Université du
Québec en Outaouais. Je vous rappelle que vous disposez de 20 minutes pour votre exposé, puis on va
passer à la période d'échange avec les parlementaires. Alors, je vous invite donc à vous
présenter, et vous pouvez commencer avec votre présentation.
Université du Québec en
Outaouais (UQO)
M. Harrisson
(Denis) : Bien, merci. Moi,
je suis Denis Harrisson. Je suis le recteur de l'Université du Québec en Outaouais
depuis février 2015. Auparavant, j'étais vice-recteur à l'enseignement et à la
recherche. Et je suis accompagné de M. André...
Une voix : ...
M. Harrisson (Denis) : Vas-y, parce
que je me suis trompé de nom, de toute façon, en partant.
M. Dupont (Yves) : Yves Dupont. Je
suis vice-recteur à l'administration et aux ressources.
M. Manseau (André) : André Manseau,
vice-recteur, enseignement, recherche.
M.
Harrisson (Denis) : Alors,
je vous remercie de votre invitation pour pouvoir présenter l'Université du Québec en Outaouais. Vous
avez reçu, là, des notes... PowerPoint d'une cinquantaine de diapositives, mais
ne vous inquiétez pas, je vais passer à
travers ça en 20 minutes. Comme je suis un ancien prof, je suis capable de
prendre des raccourcis.
Alors, ce sur
quoi je veux surtout insister, c'est d'abord un rappel historique et également
vous parler de notre planification
stratégique, celle qui vient de se terminer et celle qui va commencer bientôt,
pour enfin aborder la question des enjeux et défis pour notre
université, traiter également de la cause de l'enseignement supérieur, et aussi
traiter des grands dossiers importants pour nous.
Alors, ça ne fonctionne pas.
Une voix : ...
M. Harrisson (Denis) : C'est
l'autre. O.K., parfait.
Alors, un
rappel historique. Notre université va fêter son 35e anniversaire l'an
prochain. Bon, c'est encore une jeune université
qui a été créée après les autres constituantes de l'UQ. Il y a
eu quand même un certain nombre de difficultés, dans la
région, pour fonder l'Université du Québec en Outaouais. À l'époque, on
l'appelait l'Université du Québec à Hull. Il
n'y avait pas beaucoup d'appuis. C'est grâce à l'entêtement de quelques
personnes qui y croyaient que l'Université du Québec a commencé, dans les années 70, avec quelques cours qui ont été
offerts; plus tard, la création d'un centre universitaire; et enfin la
création de l'Université du Québec à Hull en 1981.
Et cette date-là, elle est
importante : parce que toutes les universités du Québec qui ont été créées
à partir de 1968 ont bénéficié d'un programme financier pour développer des
nouveaux programmes pour les universités, et l'Université du Québec en
Outaouais n'a pas pu en bénéficier. Et donc, pour nous, c'est quand même assez
important parce que — je vais le redire plus tard — nous sommes une université qui est en
déficit de programmes. On pourrait avoir beaucoup plus de programmes dans d'autres disciplines pour pouvoir se
développer. Mais, pour cela, ça nécessiterait du financement particulier
afin de se développer vers des programmes dans des disciplines qu'on n'offre
pas à l'UQO jusqu'à présent.
Donc, on devient l'UQO en 2002 et, en 2010, nous
créons un pavillon à Saint-Jérôme, donc on a un campus à Saint-Jérôme qui accueille 2 300 étudiants. Donc, c'est
nouveau, mais on était quand même dans les Laurentides depuis 2005
environ. Et, depuis 2014, on a une présence aussi à Ripon, grâce à l'ISFORT,
l'institut de recherche sur la forêt tempérée,
et, depuis peu maintenant, aussi à Sainte-Thérèse, avec un pôle universitaire
qui offre des formations continues pour les gens qui sont sur le marché
du travail. J'y reviendrai un peu plus tard.
La planification stratégique qui vient de se
terminer, on avait quand même des grandes orientations. Donc : accroître l'effectif étudiant — c'est ce qu'on a réussi à faire — en privilégiant une culture de l'excellence;
accroître l'offre de formation à tous
les cycles et intensifier la recherche — c'est également ce qu'on a réussi à faire
dans cette période-là; intensifier le
rayonnement de l'UQO et faire de l'UQO une organisation au processus de gestion
performant, dans le milieu de
travail, et stimulant, et enrichissant. Évidemment, c'est réussi, mais c'est
aussi un objectif qui est permanent. On ne doit jamais s'asseoir sur ses
lauriers, on doit constamment penser au développement de l'université.
Et nous
avions un certain nombre d'objectifs quantifiés dans un tableau de bord qui a
été rendu public, et on a fait l'évaluation
de ce tableau de bord là, en 2014, pour se rendre compte que, de nos
25 objectifs, il y en a environ 11 qui ont été réalisés à 100 %, et qu'il y en a à peu
près six qui ont été réalisés partiellement, et il y en a six autres qui n'ont
pas été réalisés. Il y a toutes sortes de facteurs qui expliquent ça.
Et donc on a
effectué le bilan et là on est prêts à se lancer dans un nouvel exercice de
planification stratégique et qui,
cette fois-ci, sera orienté vers trois grands axes. D'abord, le projet
étudiant : il faut recentrer l'étudiant au coeur de nos
préoccupations. À chaque fois qu'on fait quelque chose, il faut se demander
qu'est-ce que ça peut apporter pour l'étudiant ou pour son projet, pour son
cheminement.
Il faut
également insister sur la continuité du développement de l'UQO. Il nous faut
des nouveaux programmes dans le
domaine de la santé et des sciences, notamment. Nous sommes surtout présents,
dans le secteur des sciences sociales et
sciences humaines, à 70 %. On a très peu de sciences appliquées et de
sciences de la santé. Donc, il faut poursuivre notre développement dans
d'autres disciplines.
Et il faut également poursuivre notre
rayonnement dans le milieu. On est maintenant dans deux régions, les
Laurentides et l'Outaouais. Il faut être davantage présent dans les débats sur
les grands enjeux du développement économique, social et culturel, dans ces
milieux-là.
Brièvement,
une présentation de notre université. Donc, on est à 7 133 étudiants,
donc environ 5 000 à Gatineau et environ 2 200 à
Saint-Jérôme. Et, par cycle, bien, évidemment, c'est surtout les premiers
cycles, à 83 %; les cycles supérieurs,
en augmentation quand même, mais qui est à environ 17 %. On a
249 étudiants étrangers; c'est très peu, compte tenu de la taille de notre université. Ça, c'est
également un de nos objectifs, de pouvoir augmenter le nombre
d'étudiants étrangers et d'améliorer aussi la mobilité de nos étudiants, inciter
et inviter nos étudiants à faire des stages dans d'autres pays.
Et j'y reviendrai un peu plus tard dans les
questions sans doute : on a surtout une majorité de femmes. C'est également la même chose pour notre personnel
enseignant, c'est une majorité de femmes qu'on a dans notre université.
Et on a, jusqu'à présent, décerné 40 000
diplômes...
Une voix : On n'est pas
représentatifs.
• (11 h 10) •
M.
Harrisson (Denis) : Non. Voilà. On est 500 employés réguliers, dont 231 professeurs, donc en augmentation depuis
quelques années.
La proportion
de cours donnés par les professeurs est de 40 %, environ 39 %, comme
vous voyez; par les chargés de cours, c'est 61 %. C'est une
proportion qui pourrait se renverser par l'ajout de nouveaux professeurs
notamment, également par l'ajout de nouveaux programmes avec des professeurs.
Et, quand on regarde aussi l'évolution des programmes
qu'on offre à partir de notre plan stratégique, surtout 2009‑2014, on constate
une augmentation légère de nombres de
baccalauréats, mais c'est surtout à la maîtrise qu'on a augmenté les
programmes. D'ailleurs, ça fait partie de nos objectifs, offrir aussi
plus de programmes de cycles supérieurs, deuxième et troisième cycle notamment.
Et là je ne
vous ferai pas la description de chacun des nouveaux programmes qu'on a adoptés
depuis 2010, mais vous voyez, dans
les diapositives suivantes, en 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, le nombre de
nouveaux programmes qu'on a créés à
l'UQO. Donc, à peu près toutes les disciplines y ont contribué pour les
extensions de programmes ou encore des programmes de premier, deuxième
et troisième cycles.
En ce qui concerne la recherche, il y a
également des améliorations, de ce côté-là, depuis quelques années. On a reçu
5,3 millions, en 2014‑2015, en excluant le financement des
infrastructures. Si on inclut le financement des infrastructures, c'est environ
8 millions de dollars. Quand on compare aux autres universités, et
particulièrement les universités qui sont de taille similaire à la nôtre,
particulièrement l'Université du Québec à Chicoutimi, à Rimouski, même l'Abitibi-Témiscamingue, c'est beaucoup plus,
mais, comme je disais tantôt, nous sommes surtout présents dans les sciences sociales et sciences humaines. Les
subventions sont plus petites, et ça explique ce financement qui
n'apparaît pas très gros en regard des
autres. Mais, néanmoins, on peut vous affirmer qu'il y a une très forte
proportion, plus de 50 % de nos professeurs, 60 %, je pense, qui sont
financés, qui reçoivent du financement, particulièrement du financement
de l'externe, des organismes
subventionnaires. On réussit bien aux concours des organismes subventionnaires
tant au fédéral qu'au Québec, et, pour nous, c'est un facteur de succès,
mais il faut poursuivre davantage à établir des liens avec les organismes subventionnaires, établir des liens
également avec des partenaires du milieu pour améliorer notre
financement en recherche.
Les domaines
d'expertise qui sont reconnus à l'UQO : les chaires de recherche du
Canada, en cyberpsychologie, en organisation
communautaire, également en sciences, en photonique, santé psychosociale, on
est quand même assez forts, de ce
côté-là, à l'UQO. La gouvernance autochtone... Enfin, bref, je ne vous fais pas
une description de l'ensemble de ces chaires
de recherche là, mais, depuis quelques années, ce sont des recherches qui sont
effectuées par des professeurs de premier plan qui atteignent des
niveaux de réputation mondiale, internationale, dont les recherches sont
reconnues et publiées un peu partout dans le monde.
Également, notre programme d'appui à la réussite
étudiante : on offre évidemment du soutien pédagogique. Notre clientèle
étudiante... enfin, les effectifs étudiants à 50 % sont composés
d'étudiants qui ont des responsabilités familiales.
Donc, ce sont des étudiants qui travaillent et qui sont à temps partiel, et
donc qui doivent concilier le travail avec la famille et les études. C'est une caractéristique nouvelle dans les
universités et particulièrement dans notre université, et on doit
réfléchir sur les façons de faire avec ces étudiants-là pour s'assurer de la
réussite universitaire. Alors, on offre donc des ateliers à ces étudiants-là.
On offre
également des ateliers pour le français écrit. On offre évidemment de l'aide
financière, des bourses à travers
notre fondation bien sûr, mais par également d'autres organismes qui ont des
bourses et qui remettent des bourses aux étudiants dans tous les cycles.
On a des
salons de l'emploi pour aider; services d'orientation, du soutien
psychologique; et, peut-être aussi, insister sur le soutien aux
étudiants handicapés. De plus en plus, on reçoit des étudiants en situation de
handicap, donc il faut développer des
services spécialisés, comme vous le savez, auprès de ces étudiants-là. C'est
une préoccupation qu'on a parce qu'il
faut s'assurer de bien financer ces services-là. Il faut également s'assurer
que tous les enseignants, professeurs et chargés de cours qui reçoivent ce type d'étudiants là dans leurs classes
puissent bénéficier du soutien pour s'assurer de la réussite de ces étudiants-là sans aucune
discrimination. Et donc c'est un enjeu, dans notre université, de s'assurer
qu'on puisse offrir tous ces services-là sans difficulté.
Et enfin un
appui à la réussite étudiante, ça passe aussi par la vie étudiante, et nous
avons embauché un directeur des
services aux étudiants seulement que depuis l'an dernier. Il faut développer
davantage d'activités sportives,
d'activités culturelles, d'activités
parascolaires, faire de l'université un milieu de vie reconnu, agréable et
dynamique, et on travaille donc sur ça.
Des grandes réussites en formation : bon,
11 nouveaux programmes à l'UQO, depuis 2010; en tout, trois bacs, sept
maîtrises, un doctorat. On a créé le Département des sciences naturelles :
pour nous, c'est extrêmement important, si on veut diversifier notre offre de
programmation, d'avoir des sciences naturelles. Donc, ce département-là
est en train de créer des programmes en biologie, surtout en écologie dans les
sciences de l'environnement.
Des partenariats,
aussi. Comme je le disais au départ, c'est important. Donc, des
partenariats au développement régional. Donc, il faut être présent dans
les deux régions. On bénéficie du Centre de recherche sur les technologies langagières, qui est voué, donc, à la recherche et
à l'entrepreneuriat novateur. Et on travaille avec la Ville de Gatineau,
le MDEIE — enfin,
ça, c'est l'ancien acronyme du ministère, qui a changé pour le Ministère du développement...
Une voix : Économie et
Exportations.
M. Harrisson (Denis) : ...Économie
et Exportations, c'est ça — ainsi
que le gouvernement du Canada. On a des
collaborations avec les CISSS, on a des collaborations avec des organismes dans
le secteur de la santé, avec le Musée des sciences et de la technologie,
des collaborations avec le Musée canadien de l'histoire.
On a évidemment beaucoup de programmes avec des
stages, des stages en milieu de travail. Donc, c'est extrêmement important pour nous de développer des liens avec le milieu
économique, le milieu institutionnel aussi, pour offrir des stages à nos étudiants en sciences infirmières, en éducation,
forcément, également, en sciences administratives, en relations
industrielles. Enfin, dans à peu près tous nos programmes, il y a des stages,
parfois facultatifs, parfois obligatoires, mais donc il est extrêmement
important de consacrer du temps pour élaborer des liens solides avec nos
différents partenaires.
Et enfin,
dans le développement régional, nous sommes associés au Pôle universitaire
Paul-Gérin-Lajoie, qui est un OBNL
qui est un démarcheur pour offrir de la formation universitaire dans la région
des Basses-Laurentides. Puisqu'il n'y avait pas d'université dans les
Basses-Laurentides... Il y a quand même une population en croissance, également
un développement économique assez important. Et des décideurs locaux, les
municipalités, les institutions ont décidé de créer cet OBNL là afin de faire
le lien entre les offreurs de formation, comme l'Université Laval, l'Université
de Sherbrooke, l'ENAP, et nous qui nous sommes
ajoutés à ce consortium-là depuis deux ans, et également des étudiants
qui sont dans des cohortes naturelles pour
suivre des cours. Et on va tenter d'intégrer le Pôle universitaire Paul-Gérin-Lajoie
à l'UQO au cours de la prochaine année. Et...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je ne voudrais pas vous interrompre, M. Harrisson, mais je vois qu'il
vous reste beaucoup encore dans votre présentation puis il vous reste
cinq minutes, alors...
M. Harrisson (Denis) : ...les enjeux
et les défis, pour nous...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
M. Harrisson (Denis) : Il me reste
cinq minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
À peu près.
M. Harrisson (Denis) : C'est bon.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Je vais vous laisser quelque petit temps, on va le prendre sur du...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Si j'ai du consentement, là, des membres, je vais le prendre sur le côté du gouvernement.
• (11 h 20) •
M.
Harrisson (Denis) : Je peux
terminer avec la conclusion, c'est-à-dire où on en est rendus puis qu'est-ce qu'il nous reste à faire au cours
des prochaines années. On constate que Gatineau, c'est quand même la quatrième
plus grande ville au Québec, et pourtant on n'a pas une offre de programmation
qui est à la hauteur de la taille de la ville.
On est également situés dans une zone
frontalière; ça, c'est quand même assez important. Vous savez qu'à Gatineau, en fait, c'est tout près d'Ottawa et
qu'il y a une université, l'Université d'Ottawa, qui est une université
bilingue, et, année après année, il y a
environ 2 600 étudiants qui traversent la frontière... qui traversent
la rivière en fait, je devrais dire,
pour aller étudier à l'Université d'Ottawa, à La Cité collégiale. Et, pour
nous, c'est extrêmement important, cette caractéristique de la région, de région frontalière, pour le
développement de l'université. C'est extrêmement important aussi de
reconnaître le caractère particulier de l'Outaouais compte tenu de sa situation
géographique.
Et, pour accroître le bassin des étudiants qui
viennent à l'UQO, il faut reconnaître aussi le statut particulier qu'on nous a
attribué lors de la dernière campagne électorale au Québec, et qui a été
confirmé par le premier ministre Philippe
Couillard, qui a été confirmé par tous les ministres de l'Éducation supérieure
qui se sont succédé. On reconnaît qu'en
Ontario... pardon, en Ontario, quel lapsus! en Outaouais, il y a une situation
particulière et on doit évidemment en tenir compte dans le développement
de nos programmes. Et, pour cela, bien, évidemment, il faut reconnaître le
statut particulier, puis reconnaître aussi notre besoin en développement de
programmes, et reprendre ce qu'on a toujours dit depuis un certain nombre
d'années, reprendre le retard historique, c'est-à-dire accélérer le développement
de nos programmes au cours des prochaines années.
On a également un enjeu à Saint-Jérôme, on
manque d'espace. Notre campus accueille 2 300 étudiants. Il a atteint sa
pleine capacité, et pourtant on refuse des gens et on inscrit beaucoup moins
d'étudiants que ce qu'on serait capables de faire. On pourrait davantage
accueillir plus d'étudiants. Notre mission, après tout, c'est
l'accessibilité : l'accessibilité intellectuelle, l'accessibilité
culturelle, l'accessibilité géographique également. Et le manque d'espace, à
Saint-Jérôme, freine gravement l'accès à l'université pour les 500 quelques
milles étudiants des Laurentides.
Bon,
brièvement, l'évolution des inscriptions à Saint-Jérôme. Et on parle évidemment
du sous-financement de l'UQO et on a
le même diagnostic, en ce qui concerne le sous-financement de l'UQO, qu'on
avait en 2010, c'est-à-dire que
11 % de la population, qui couvre les deux régions, Laurentides et
l'Outaouais, qui couvre 2 % de l'activité universitaire... et c'est
des comparaisons avec les autres régions. Et évidemment, pour ça, on a créé, il
y a une dizaine d'années, l'Alliance pour la
cause de l'enseignement supérieur en Outaouais, avec les cégeps, avec les
députés de l'Outaouais, avec la
ministre responsable de la région, le maire de Gatineau, les institutions
également, pour obtenir des appuis à cette situation-là de façon à ce
qu'on puisse nous développer. Je parle brièvement, ici, de ces appuis-là et
l'historique de ces...
Bon, pour
terminer, nos priorités de développement. Depuis déjà un certain nombre
d'années, on attend toujours la réponse
pour pouvoir construire notre pavillon des arts. C'est avec l'École
multidisciplinaire de l'image et le Conservatoire de musique de Gatineau. C'est un partenariat avec
le conservatoire, qui relève du ministère de la Culture, et ce projet-là
est en attente. C'est quand même assez
important pour nous, pour notre projet de consolidation de notre campus à
Gatineau.
Également, notre priorité, c'est le
développement des programmes en santé. Avec la venue prochaine de la Faculté de médecine de l'Université McGill, nous,
on va offrir des formations complémentaires à l'offre de formation en médecine. Et donc on a un certain nombre de programmes
que l'on veut développer, au cours des prochains mois, des prochaines années. Avec ça, évidemment, viendra un
pavillon des sciences de la vie qui sera extrêmement important. On va manquer d'espace, ce ne sera pas très long, à
Gatineau. Et évidemment la capacité d'accueil au campus de Saint-Jérôme,
qui ne nous permet pas de s'assurer de la croissance des effectifs étudiants
dans les Laurentides...
Alors, voilà,
en gros, ce que j'avais à vous présenter, en ce qui concerne l'Université du
Québec en Outaouais. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Harrisson. Vous
avez rentré parfaitement dans le temps, alors merci beaucoup. On va passer du côté du gouvernement pour le
premier bloc de 16 minutes. Alors, M. le député de Papineau, la
parole est à vous.
M.
Iracà : Alors, merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Harrisson, André, Yves, merci. Merci beaucoup
de votre présence et de votre présentation.
Félicitations encore, M. Harrisson, pour votre poste nouvellement... bien,
février 2015. On dit qu'un nouveau poste, il y a à
peu près six mois, un an de lune de miel, alors je vous souhaite une belle lune
de miel encore.
Écoutez, c'est un sujet qui me touche
particulièrement. Juste avant vous, il y avait l'Université du Québec en Abitibi, qui, eux, ont souffert beaucoup d'exode,
hein? Je suis né à Val-d'Or, je sais ce qui s'est passé là-bas, et c'est
peut-être plus difficile pour amener de
nouveaux étudiants en Abitibi qu'à Gatineau. C'est quasiment l'inverse, ce qui
se passe à Gatineau, en sachant que
cette ville-là, d'année en année, a gagné des prix pour... où il s'est
développé le plus de nouvelles constructions résidentielles à Gatineau.
Encore aujourd'hui, on est une ville qui se développe, une des plus au Canada,
pas juste au Québec.
Et les gens
ont souvent l'impression que l'université ne s'est pas... il n'y a pas eu un
accroissement aussi important que la
ville... Et le lien se fait souvent. Et, en étude de crédits, j'avais fait rire
mes collègues, en disant... Parce que mon premier bac, je l'ai fait à l'Université du Québec à Hull, maintenant
qui s'appelle en Outaouais, et, quand je suis arrivé là, c'est une vieille bâtisse brune, avec des vieilles
briques brunes, puis la porte était brune. Puis j'avais dit que même les
enseignants s'habillaient en brun dans ce temps-là, et tout le monde avait bien
ri. Mais c'est pour, un peu aussi, démontrer
qu'avec les années il y a quand même eu un sapré bout de chemin qui a été fait,
à l'Université du Québec en Outaouais,
tant au niveau des infrastructures que des programmes. Alors, il faut être
capable de se donner une tape dans le dos aussi, puis je vous la donne,
en même temps, aux dirigeants de l'université, vous avez fait un travail
exceptionnel au niveau du développement des programmes et des infrastructures.
Ce n'est plus du tout, mais pas du tout, la même université qu'il y a quelques
années, là, il y a eu un cheminement incroyable.
Alors, les
gens ont une perception en lien avec le développement de la ville, parce qu'effectivement,
à la ville de Gatineau, il se
construit beaucoup de maisons, il y a beaucoup d'emplois, les gens viennent...
Il y a beaucoup de gens de l'Abitibi
qui viennent en Outaouais, plusieurs Ontariens également déménagent en
Outaouais, et c'est peut-être un peu injuste
de comparer ce qui s'est passé au niveau de la ville versus l'université, là.
Peut-être le rythme n'a peut-être pas été tout à fait au même niveau,
mais, quand même, il s'est passé de belles choses.
Et tantôt vous
parliez des étudiants étrangers, puis ça m'amène à vous poser une question en
lien avec le développement : parce que, là, vous avez mentionné
qu'il y a 7 133 étudiants d'inscrits, à peu près 5 000 à Gatineau. Moi, je pense qu'on peut faire beaucoup plus que
ça, sans aucun doute, là. On n'est pas dans une vision à la baisse, mais
dans une vision, en théorie, qui devrait être à la hausse.
Au niveau des étudiants étrangers, par rapport à
l'Ontario, par rapport à d'autres pays, avez-vous un plan de match précis? Parce qu'effectivement le chiffre
est très, très bas, de ce que vous avez mentionné. Est-ce que, par
exemple, le fait d'ouvrir des programmes à un niveau supérieur — maîtrise,
doctoral — va
créer une atmosphère qui va favoriser l'augmentation d'étudiants étrangers?
M.
Harrisson (Denis) : Bien,
c'est surtout ça qu'on veut, c'est-à-dire accueillir davantage d'étudiants
étrangers aux cycles supérieurs, avec des professeurs qui font de la recherche,
qui obtiennent des subventions de recherche et qui peuvent attirer des étudiants pour les faire travailler sur les projets
de recherche et, par la même occasion, leur faire faire un mémoire de
maîtrise ou une thèse de doctorat.
Par contre, au bac, ce qu'on recherche surtout,
ce n'est pas tant que des étudiants étrangers viennent faire le bac ici, c'est surtout la mobilité étudiante, c'est-à-dire accueillir des étudiants étrangers pendant une session, pendant
un an, et, en échange, nous, on envoie de nos étudiants faire un stage à
l'étranger dans les mêmes universités.
Pour ça, il
faut accroître le nombre de partenariats bilatéraux. On en fait quand même
un certain nombre avec la France,
avec la Belgique, avec certains pays africains, avec certains pays d'Amérique
latine, aussi. Et, malgré qu'on reçoit peu
d'étudiants étrangers, on est quand
même en déficit, c'est-à-dire qu'on accueille plus d'étudiants étrangers qu'on envoie de nos étudiants à l'étranger, et, pour nous, ça
cause un certain nombre de problèmes avec nos partenaires, qui veulent évidemment
accueillir nos étudiants, pas juste nous envoyer des étudiants.
Et ce que je disais tantôt sur la
caractéristique de nos étudiants depuis un certain nombre d'années : un
bon 50 % à 55 % qui sont à temps partiel, qui ont des
responsabilités familiales, qui travaillent, ça, ça restreint
passablement la mobilité. Il faut trouver
des moyens — je n'ai
pas de réponse toute faite à ça, ici, ce matin — pour essayer de s'assurer de la
mobilité de nos étudiants malgré les contraintes qui sont les leurs, parce que
je suis persuadé qu'une expérience à l'étranger,
de nos jours, c'est extrêmement formateur. D'aller s'exposer à d'autres façons
de penser, à d'autres façons de travailler,
de pouvoir les comparer avec nos façons de travailler à nous, d'aller vivre à
l'étranger, de connaître un autre mode de
vie, je pense que c'est extrêmement enrichissant pour quiconque peut être en
mesure de le faire. Et plusieurs universités le font, et je pense que
nous, on doit augmenter. Moi, mon objectif, c'est de passer à 400 d'ici cinq
ans. Et je pense que c'est un objectif qui
est réalisable, c'est-à-dire, là on est à 200 quelques, on pourrait recevoir
400 étudiants, puis, nous aussi, on
serait peut-être en mesure de le faire, d'envoyer 400 étudiants. Ça se prête
aussi peut-être plus dans certaines disciplines que d'autres : je
pense, entre autres, en sciences administratives, je pense à sciences
infirmières, je pense en éducation. Il y a des ententes bilatérales qui sont
quand même assez bien animées par les universités puis par les professeurs aussi. Je pense que les professeurs
doivent y croire. Quand un professeur mentionne à ses étudiants la
possibilité de faire un stage étranger, quand un professeur pointe
particulièrement un étudiant qui devrait y aller de par ses caractéristiques,
je pense que ça peut... Et on doit insister là-dessus. Je pense qu'au cours des
dernières années on a peut-être, à l'UQO,
délaissé un peu les étudiants étrangers. Nous en avons déjà accueilli beaucoup
plus que ça il y a environ une dizaine d'années. Donc, il n'y a pas de
raison de voir une diminution; au contraire, ça devrait augmenter.
• (11 h 30) •
Je veux juste revenir
sur votre premier commentaire sur la croissance de l'université. Ce que je
ressens en Outaouais, c'est l'appui de la population
au développement de l'université. Quand je vous disais tantôt, au début,
dans les années 70, les gens ne croyaient pas à la
fondation d'une université du Québec en Outaouais, ce n'est plus le cas aujourd'hui : je pense que, l'université, on reconnaît qu'elle a sa place, qu'elle doit
continuer à se développer et que les jeunes
qui fréquentent les cégeps de l'Outaouais devraient également
fréquenter l'UQO, du moins dans les programmes qu'on offre.
Parce
qu'il y a évidemment une offre limitée. Quelqu'un qui veut faire de
l'architecture, quelqu'un qui veut faire de la médecine, quelqu'un qui veut aller en droit ne peut pas le faire à
l'UQO, il doit aller dans une autre université. Donc, nous,
on doit évidemment tenter d'avoir le plus d'offres de formation
possible dans tous les domaines, évidemment
avec une croissance mesurée de nos programmes au cours des prochaines années.
M. Iracà :
Oui?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Allez-y, M. le député.
M. Iracà :
Alors, oui. Merci beaucoup. Et je parlais aussi, également, au niveau de l'augmentation
des étudiants : oui, de l'étranger,
mais de l'Ontario. Ça fait drôle à dire, mais ce qui se passe souvent, c'est
que les... en tout cas, ce qui se passait, là, mais ce qui se passe
encore aujourd'hui, il y a plusieurs étudiants qui vont directement à l'université ou dans des universités ontariennes, à
Ottawa. Et, à l'inverse, il y a plusieurs Ontariens qui viennent résider au Québec
pour toutes sortes de raisons : les maisons sont moins chères, parce que,
je ne sais pas, ils trouvent ça plus beau, plus sympathique, je n'ai aucune idée, mais il y a beaucoup
de gens d'Ontario qui viennent résider au Québec. Est-ce qu'en lien avec ça... je ne sais pas si vous avez des
données statistiques qui démontrent que, bien, il y a quand même quelques inscriptions de gens qui proviennent de l'Ontario en Outaouais. Est-ce
que c'est vrai, cette statistique-là, ou c'est seulement dans un sens?
M. Harrisson
(Denis) : Bien, c'est vrai. On connaît la provenance des
étudiants : il y a des étudiants de l'Ontario,
du Nouveau-Brunswick également qui viennent étudier à l'UQO. Mais il y a
une asymétrie, c'est-à-dire, il
y a beaucoup plus d'étudiants québécois qui vont étudier en Ontario que
d'étudiants ontariens francophones qui viennent étudier à l'UQO. On en reçoit quand
même un certain nombre, là. Je n'ai pas les chiffres devant moi, là, mais c'est
asymétrique. On est davantage perdants que gagnants. Et, moi, s'il y avait un
équilibre, ça ne me dérangerait pas que les étudiants québécois aillent en
Ontario, en autant qu'on puisse accueillir, nous aussi, des étudiants ontariens
dans nos programmes.
Bon,
vous l'avez mentionné, les étudiants québécois, après le secondaire, ils peuvent déjà
s'inscrire à l'université, en
Ontario, sans passer par le cégep. Il
y a une année supplémentaire de
préuniversitaire qu'ils ont à faire puis, tout de suite après, ils...
Donc, ils sauvent un an. Quand on reçoit les étudiants ontariens avec la
formation ontarienne, il y a une lacune dans leur formation, ils doivent aller suivre des cours d'appoint au
cégep, et ça, encore une fois, ce n'est pas... c'est une contrainte pour
l'université parce qu'ils vont... enfin, ils vont considérer avoir perdu une
année.
M. Iracà :
Alors, tout simplement terminer par un commentaire, que je partage effectivement vos préoccupations à l'effet
d'ajouter des programmes, hein, notamment santé, il
y a eu plusieurs rencontres
là-dessus, il va y en avoir d'autres. Je peux vous dire que les députés
de l'Outaouais vont être au rendez-vous et on va faire en sorte que ça avance,
que ça bouge. C'est un dossier qui n'est pas
facile, vous le savez, mais certainement que les gens qui sont formés en santé, en médecine, alors, s'ils peuvent être formés dans
leur région, il y a beaucoup plus de chances — et il y
a un grand besoin en Outaouais, là — qu'ils puissent y demeurer. Donc, là-dessus, on va
être là et on va être là aussi pour ce que vous avez mentionné au niveau
du statut particulier. Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau. Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous. Vous avez cinq minutes.
M.
Birnbaum : Cinq minutes.
Merci, Mme la Présidente. Bonjour et merci pour votre présentation, M. Harrisson, MM. Dupont et Manseau. Il semble de mise de
poursuivre notre discussion sur une situation assez spéciale, une
pénurie de programmes, de parler, comme,
vous, vous le faites, de 19 programmes de baccalauréat dans un coin où la
population est en pleine croissance. Alors, j'aimerais explorer davantage tout
ça.
Dans un premier temps,
je me permets de le demander, on parle d'une université qui est en place depuis
les années 80. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer comment ça se fait que les autres universités, en circonstances
difficiles aussi pour d'autres raisons, ont
affiché une... on ajouté d'autres programmes? Et il me semble qu'on parle d'une
situation qui est statique depuis plusieurs années. Comment ça s'explique que
vous êtes aujourd'hui dans cette situation-là?
M. Manseau
(André) : Je peux aborder le point. En fait, c'est une situation à
l'origine même de la création de l'UQAH en
1981. Au moment de sa création, on a été... une des dernières a été... du
réseau a été créée, puis, à l'époque, le gouvernement investissait
beaucoup dans les universités pour leur développement. Le réseau des
Universités du Québec a commencé dans les
années 70, et, nous, on était parmi les... Et, au début, la structure de
financement n'était pas par étudiant,
mais c'était une structure de financement pour aider au développement de
programmes. Nous, on est arrivés dans
la fin de ça. On a pu, peut-être une année ou deux... de se développer. Après,
on nous a dit : Bien, arrangez-vous avec un financement qui est
structuré sur votre nombre d'étudiants.
Il faut comprendre
que de développer des nouveaux programmes, on n'a pas les étudiants, on n'a pas
les ressources. Donc, c'est ça qui nous a
beaucoup pénalisés au cours des années. Et ce qu'on a pu permettre de
développer, on s'en
est tenus un peu à des programmes non coûteux ou des programmes qui étaient
proches de nos ressources qu'on avait
à l'époque. À l'époque, on a été surtout sciences de l'éducation, sciences
sociales, sciences infirmières et finalement on a construit autour du noyau existant, parce que, d'aller dans un tout
nouveau domaine, c'est un peu l'oeuf et la poule.
Je
donne l'exemple. On a développé... notre dernière réussite, là, c'est le domaine
des sciences naturelles — on a parlé des
sciences de la forêt tempérée — on a pu le faire grâce à une subvention
spéciale. Le gouvernement nous a accordé une
subvention de démarrage, et on les remercie, et c'est ça qui nous a permis de
développer nos programmes en sciences
naturelles. On ne pouvait pas, avant, parce qu'on n'avait pas de professeur
dans ces domaines-là. Pour présenter un programme, pour développer un programme, on n'a pas d'étudiant au début.
Ça nous prend des profs, pas d'étudiants. Vous comprenez, quelques
étudiants. Donc, il y a tout un investissement, là, qu'on n'avait pas. Et ça a
été grâce à un soutien, là, qui se poursuit
encore pour quelques années, qu'on a pu développer les programmes en sciences
naturelles. Et c'est... Bon, enfin, voilà,
c'est la situation. Malheureusement, c'est que la structure de financement des
universités est sur le nombre d'étudiants actuels, alors que, quand on
développe, on ne peut pas le faire, là, à moins d'avoir des étudiants déjà sur
place.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
M. Birnbaum :
Je note que vous avez parlé un petit peu de... de l'enseignement supérieur en
Outaouais. Un geste pour que vous adressiez ce problème-là...
J'aimerais que vous
parliez davantage de vos initiatives pour assurer que la situation s'améliore.
Est-ce qu'il y a une espèce d'«outreach» qui active puis qui va se manifester
par un partenariat plus accru avec les entreprises du coin, avec les instances de l'État, avec Emploi-Québec? Y a-t-il des
mesures pour recruter des gens d'expression anglaise des deux côtés de la frontière? En étant Québécois
d'expression anglaise, je sais qu'il y en a un grand pourcentage de la
population qui décide de faire ses études postsecondaires en français, il y a
un grand pourcentage de la population de l'Université d'Ottawa qui est
anglophone. Alors, voilà une piste, une possibilité.
Mais, c'est ça, je
vois un enjeu qui touche à votre pérennité, à votre financement, à votre
capacité d'attirer de la recherche, des profs. Le tout, il me semble, fait
partie des éléments du problème d'une pénurie de programmes. Pouvez-vous nous parler davantage? Et peut-être on
peut poursuivre après si nécessaire de vos efforts, votre stratégie pour
qu'on attaque à ce problème-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Harrisson, je vous arrête. Parce qu'il ne reste
plus de temps, alors vous garderez votre
question, vous pouvez la reposer dans le prochain bloc. Alors, on va aller du
côté de l'opposition officielle pour un bloc de
14 min 30 s. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à
vous.
• (11 h 40) •
Mme
Hivon :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, M. le recteur, M. Dupont et M.
Manseau, bienvenue. Je suis très heureuse
d'avoir l'opportunité, au nom de l'opposition officielle, d'échanger avec vous
ce matin.
J'ai
fait une petite revue de presse, donc j'ai vu que vous vous étiez exprimés par
rapport à vos craintes reliées à la situation
budgétaire et aux compressions qui étaient exigées, vos craintes d'avoir
atteint le fond du baril, pour reprendre en quelque sorte l'expression du printemps, et de devoir vraiment nuire à
la mission première : des services aux étudiants et de
l'enseignement.
Est-ce
que vous pouvez me dire, parce que,
quand on regarde votre historique, vous avez toujours un historique d'équilibre budgétaire, voire de surplus
budgétaire, si, cette année, vous allez être capable, encore une fois,
d'atteindre l'équilibre budgétaire, et, si oui, en faisant quelles prouesses
extraordinaires que vos collègues visiblement n'ont pas réussi à faire, ou parce que vous aviez une marge de manoeuvre plus
grande? Si vous pouvez nous expliquer où vous en êtes dans votre
situation.
M. Harrisson
(Denis) : Bien, cette année, en 2015‑2016, on a annoncé un budget
déficitaire de 1,9 million, donc près de 2 millions de dollars. C'est la
première fois qu'on annonce un budget déficitaire d'une telle ampleur. M. Dupont apportera un complément d'information
sur notre budget 2015‑2016, mais évidemment on vise l'équilibre budgétaire. C'est-à-dire,
quand on annonce un déficit comme ça, après, ce qu'on fait, c'est essayer de
récupérer ce 2 millions là durant
l'année avec des dépenses qui sont prévues, mais qui ne sont pas réalisées, comme,
par exemple, des postes non comblés,
des projets qu'on veut mettre en place et qui sont retardés. Et donc, à la fin
de l'année, on pense être en mesure,
avec l'adoption de mesures comme celle-là... être capable d'assurer notre
équilibre budgétaire, et c'est ce qu'on veut faire. On ne veut pas faire de déficit, parce que, vous savez,
quand on fait un déficit, c'est extrêmement difficile, après, de rattraper... non pas qu'on est sous tutelle, mais,
du moins, on est dans une situation de surveillance étroite de la part
du ministère et il faut obtenir des autorisations, on retient la subvention. Enfin,
bref, ce n'est pas une situation agréable, donc...
Par contre, ce que
j'avais mentionné, c'est la difficulté de poursuivre notre développement avec
une situation budgétaire qui est quand même
assez limite dans l'atteinte des compressions. Ce n'est pas la première
compression. Ça fait quelques années
qu'on vit des compressions. Plusieurs universités sont dans la même situation
que nous autres, et, en plus, comme
on veut assurer un développement dans d'autres disciplines, bien, ça freine
encore nos développements, ça réduit
notre capacité à offrir des nouveaux programmes. Et donc, pour les prochaines
années, nous, ce qu'on souhaite, c'est évidemment un refinancement, revenir à une situation
habituelle. Je sais qu'au ministère on est en train de réfléchir à la question. On a créé des comités ministériels sur
le financement des universités. On y participe, on aura les rapports
d'ici la fin de l'année, on verra comment on peut le faire.
On s'attend également à un soutien des
universités en région. Nous, notre sous-financement aussi, ce n'est pas juste ce que M. Manseau a mentionné, puis
c'est également qu'on est surtout dans les secteurs des sciences
sociales, des sciences humaines, des secteurs dont le
financement est moindre que dans d'autres disciplines, notamment les
disciplines des sciences, et c'est ça qu'on veut faire au cours des prochaines
années. Ça nous cause toutes sortes de difficultés,
ça, les compressions budgétaires, parce qu'évidemment il faut embaucher
des professeurs, il faut embaucher du personnel
de soutien, des professionnels. Et, si l'embauche des professeurs se continue
parce qu'il y a une clause dans la convention
collective des syndicats des professeurs qui nous incite... enfin, qui nous
oblige à embaucher des professeurs, année après année, en suivant la
courbe de croissance des effectifs étudiants, on n'a pas cette courbe-là pour
les professionnels et pour le soutien puis
ça crée un déséquilibre aussi entre les groupes professionnels dans notre
université.
Et peut-être que M. Dupont peut ajouter un
complément d'information sur le déficit, là.
M. Dupont
(Yves) : En fait, moi,
j'aime bien votre question, parce que ça me permet d'amener un certain
nombre d'arguments. Mais, pour aller droit au but, ce qui nous a permis, nous,
de maintenir l'équilibre budgétaire, c'est la croissance des effectifs
étudiants. Et, cette croissance-là, on la vit autant dans la région de
l'Outaouais, Gatineau et environnant... parce qu'on couvre un énorme
territoire. On la connaît aussi, cette croissance-là, dans la région des Laurentides, à Saint-Jérôme notamment,
parce qu'on a inauguré notre bâtiment, en 2010, avec un devis de 1 000
étudiants équivalents temps plein. On est rendus à peu près à 1 600 actuellement.
Et la
déclaration du recteur vient du fait qu'on pense qu'on va se retrouver devant
une impasse parce qu'on n'a plus la place pour ajouter de la formation à
Saint-Jérôme, on n'a pas le moyen de se construire un pavillon. Donc, on va
probablement être obligés de refuser, de contraindre l'admission à Saint-Jérôme.
On l'a déjà signalé plusieurs fois au ministère.
Et, à Gatineau, on vit encore
une croissance, heureusement, et c'est ce qui nous apporte les revenus
suffisants pour être capables d'équilibrer nos budgets.
En 2015‑2016,
le recteur l'a dit tantôt, on a un budget déficitaire de 1,9 million, et
là c'est moins évident comment on va
faire pour équilibrer à la fin de l'année. On vise l'équilibre budgétaire. Vous
savez qu'on travaille avec un
conseil d'administration, comme toutes les
universités, et, avec le conseil d'administration, on leur demande de nous
permettre d'appliquer un certain nombre de mesures — on en a au moins une
quarantaine actuellement, puis c'est de tout ordre,
là — tout en
essayant de ne pas toucher aux services à l'étudiant. Et, comme on a une
contrainte, par la convention collective,
qui nous force, d'une certaine façon, à embaucher ou à maintenir certains
planchers d'emploi au niveau du nombre
de professeurs, bien, les solutions, ils vont dans les services de support.
Puis les services de support, particulièrement les services
administratifs, on est obligés d'appliquer des pressions assez importantes.
On applique aussi une pression sur tous nos
achats. Ça peut passer par la collection de livres, ça passe par l'équipement informatique. Il y a vraiment des...
On n'a pas le choix, là. On est arrivés à un point où on ne pourra plus...
Parce qu'il faut fonctionner, on ne pourra
plus contraindre ces dépenses-là, et c'est la raison pour laquelle vous avez
vu cette déclaration-là du recteur, qu'on a fait connaître au conseil
d'administration. Ils sont très au courant de ce qu'on essaie de faire
actuellement, là. Alors, voilà.
Mme
Hivon :
O.K. L'effort budgétaire pour cette année, il se chiffrait à combien de
compressions qui vous étaient demandées en 2015‑2016, pour cette année?
M. Dupont
(Yves) : Bien là, ça varie, mais, de notre point de vue... Parce qu'il
y a différents... Notre subvention... il
y a énormément d'éléments dans la subvention puis il y a toutes sortes
d'éléments qui sont touchés. C'est au-delà du million, actuellement. Depuis 2012‑2013, c'est près de 7 millions,
les contraintes que l'on vit. C'est beaucoup d'argent.
Mme
Hivon :
J'aimerais que vos me disiez... Parce qu'un de vos principaux objectifs, puis
vous l'avez dit d'entrée de jeu,
c'est vraiment d'ajouter de nouveaux programmes, puis, dans le contexte actuel,
vous venez de le dire aussi, c'est un tour
de force d'essayer d'y arriver. Est-ce que vous êtes capable d'envisager à
court terme, malgré le contexte budgétaire, d'ajouter des nouveaux
programmes?
Est-ce que, minimalement, vous vous assurez de
maintenir toute l'offre de cours, de programmes, la même disponibilité? Est-ce que ça, c'est assuré? Puis
comment vous voyez la possibilité de développer des nouveaux programmes
puisque vous en faites votre priorité?
M. Harrisson
(Denis) : À date, on n'a pas fait l'exercice d'évaluation de nos
programmes pour voir quels étaient les
programmes de plus faible contingentement puis voir à les suspendre ou à les
fermer éventuellement. On l'a fait de façon ad hoc, mais on n'a pas vraiment
fait cet exercice-là, puis on ne prévoit pas le faire non plus. On regarde les
chiffres des admissions puis des inscriptions, et ça va assez bien dans
l'ensemble des programmes.
Puis aussi, à
l'université, on doit également soutenir des programmes avec de plus faibles
contingentements. Je pense entre autres aux arts. On a l'EMI, l'école
multidisciplinaire des arts : ce n'est pas là où il y a foule, mais c'est
extrêmement important, pour notre université, d'avoir des arts. C'est
extrêmement important, pour notre université, aussi d'avoir des programmes dans
des disciplines à faible popularité. Puis évidemment on a un équilibre aussi
parce qu'il y a quand même près de 25 %
des étudiants qui fréquentent des programmes en sciences administratives, donc
il y a quand même des programmes qui fonctionnent très, très, très bien, puis
ça nous permet de faire des ajustements pour les petits programmes.
Pour ce qui
est de notre capacité à aller du côté d'autres disciplines et à s'assurer de
notre développement, on a eu, l'an
dernier, durant deux ans, l'aide de notre fondation. Il y avait un fonds dédié
à la fondation pour le développement de programmes en santé. On s'est servi de ça pour commencer à faire les
analyses sur le développement de nos programmes en santé.
On
travaille également — puis ça
va peut-être répondre à la question de monsieur, tantôt, dont il n'a pas eu
la réponse — à l'effet de faire du développement de
programmes en santé en partenariat avec les institutions dans la région
en fait. Quand on se lance dans de la programmation en santé, il est
extrêmement important d'avoir l'appui du CSSS, de l'agence de la santé dans le
temps, maintenant le CISSS, puis de travailler également avec les partenaires
que sont la chambre de commerce, l'hôtel de
ville, la mairie de Gatineau, les députés de l'Outaouais. Et c'est ce qu'on a
fait pour avoir une validation, une légitimité du développement de ces
programmes-là.
• (11 h 50) •
Et c'est en
lien également avec la venue prochaine de la Faculté de médecine avec
l'Université McGill, avec qui on a
travaillé, avec qui on a présenté les programmes qui pourraient être développés
éventuellement, en Outaouais, dans le domaine de la santé. Et tout le
monde est d'accord avec ça, tout le monde est d'accord avec cette programmation-là.
Donc, nous,
c'est sûr qu'on voudrait un financement particulier, comme ça a été le cas à
l'ISFORT, parce que, quand on demande un financement particulier,
habituellement, quand on développe un programme, on part d'une discipline
existante. Par exemple, on veut développer le doctorat en psychologie, on a
déjà un bac en psychologie, il y a des profs
de psychologie qui vont développer le programme en psychologie, puis c'est une
continuité. Là, quand on veut développer, par exemple, un programme en
nutrition ou en kinésiologie, nous n'avons pas de nutritionniste à notre
université, nous n'avons pas non plus de kinésiologue — en
fait il y en a un, mais il est à Saint-Jérôme, puis c'est compliqué, il n'est pas vraiment dans ces
programmes-là — nous, on
doit embaucher des profs dans ces disciplines-là pour développer le
programme. Ça prend quelques années, puis ces professeurs-là sont embauchés
sans être assurés d'enseigner là-dedans
parce qu'on n'a pas de cours. Alors, c'est là qu'est la difficulté, c'est qu'on
part à zéro pour enseigner dans des disciplines, comme on le fait avec
l'ISFORT.
L'ISFORT, on a eu une subvention spéciale. On
est rendus maintenant à huit professeurs qui développent des programmes de maîtrise, de doctorat et de bac dans
le domaine de l'écologie et de l'environnement, et certains profs sont
là depuis quatre ans et ils n'ont pas donné de cours encore. Par contre, le
financement spécial permet de supporter ce développement-là
et il y aura une offre de bac, de maîtrise, de doctorat dans ces disciplines-là
d'ici deux, trois ans, et après ça,
bien, ce sera ce qu'on appelle l'autofinancement du programme, c'est-à-dire on
va accueillir des étudiants dans ces programmes-là de façon à s'assurer
que les revenus soient au rendez-vous pour pouvoir payer les professeurs qu'on
a embauchés depuis déjà quelques années.
Alors, il faut faire ça également pour les
autres disciplines, dans le secteur de la santé, et, si on n'a pas cet appui-là, c'est extrêmement difficile. On le fait
avec la fondation, mais ce n'est pas des moyens... c'est des moyens
limités quand même, là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste 1 min 50 s, Mme la députée.
Mme
Hivon : Une
minute? O.K. Est-ce que je peux reporter sur nos blocs?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vous voulez le reporter? Oui, certainement.
Mme
Hivon : O.K. Ça va
être plus...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, on va revenir du côté du gouvernement
pour un bloc de 16 minutes. Alors, je ne sais pas, M. le député de
D'Arcy-McGee, voulez-vous... Oui?
M. Birnbaum : Si je peux.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, avec plaisir. Oui, allez-y.
M. Birnbaum : Oui? Merci, Mme la
Présidente. Bon, je ne vais pas passer trop de temps en reposant ma question, je trouve que c'est une mauvaise
habitude qu'on a, des fois, à la période des questions de l'Assemblée
nationale de reposer nos questions et nos réponses, bon.
Alors, c'est
ça, j'aimerais poursuivre notre discussion sur vos stratégies, vos efforts pour
redresser ce problème central de pénurie de programmes.
M. Manseau (André) : Le recteur
vient de mentionner dans le domaine de la santé. Les efforts sont... depuis plusieurs années, qu'on a entrepris à l'intérieur
de ce qu'on a appelé l'ACESO, là, qui est en fait un consortium. Je ne
me souviens pas de l'acronyme pour l'avancement des...
Une voix : L'Alliance pour la
cause supérieure...
M. Manseau (André) : L'Alliance pour
la cause de l'enseignement supérieur.
Une voix : ...pour la cause
de l'enseignement supérieur en Outaouais.
M.
Manseau (André) : O.K. On est pris dans nos acronymes, mais c'est un
partenariat, là, depuis cinq, six ans, qu'on
développe avec l'ensemble de la région, que ce soit la députation, les maires,
les autres instances de l'éducation, le milieu de la santé, des discussions, des comités
où on a établi vraiment les besoins en matière de développement dans les
programmes puis le rôle que peut prendre chacun aussi. Il y a l'enseignement
collégial qui a aussi développé des programmes pour répondre aux besoins, et,
nous, maintenant, on a mis sur pied, là, un petit comité de travail. On a identifié un certain nombre de programmes que le
recteur a mentionnés dans sa présentation. Tout ça, ça a été validé par
ces partenaires régionaux dans le domaine de la santé et qui inclus le secteur
privé aussi, j'ai oublié de le mentionner, mais je pense que le recteur l'a
mentionné, la chambre de commerce.
On a des besoins
criants dans le domaine de la santé, dans la région de l'Outaouais, là, puis en
termes de recrutement et aussi de rétention
du personnel hautement qualifié dans le domaine de la santé. Les services sont
difficiles dans le domaine de la santé dans
la région de... Là, ce n'est pas à moi nécessairement d'en parler, peut-être
que des gens même du secteur de la
santé pourront vous en parler, et c'est essentiel de pouvoir soutenir le
développement de personnel qualifié, et que ces personnes qualifiées là,
en étant formées sur place, soient non seulement disponibles, mais aussi
garantes de la rétention dans le milieu, ça a été démontré par plusieurs
études, et c'est pourquoi notamment on a pu convaincre
l'Université McGill de venir faire la formation en médecine sur place, parce
que toutes les études démontrent que
les étudiants qui viennent de l'extérieur, ils ne connaissent pas beaucoup la
région, ils ne sont pas tellement attirés à venir dans la région. Alors, c'est la formation locale qui vraiment est
la source, là, de la rétention du personnel hautement qualifié, et aussi son développement, parce qu'un
personnel hautement qualifié doit mettre à jour ses connaissances, doit garder du perfectionnement. Donc, il y a une
formation tout au long de la carrière qui doit être maintenue. La
proximité des lieux d'enseignement est tout
à fait essentielle à ce moment-là. Alors, dans le domaine de la santé, je pense
qu'on a fait nos devoirs au niveau du partenariat avec tous les
partenaires de notre région, là, impliqués.
Vous aviez évoqué la
question, je pense, au niveau de la formation des anglophones. Là, c'est
peut-être plus délicat. Nous, on a déjà offert des programmes de deuxième cycle
en anglais, l'université. Il y a eu des discussions, à l'époque. Et l'échange... en fait, le conseil d'administration,
l'orientation, c'est de... il y a eu une politique linguistique, et l'Université du Québec en Outaouais, la décision
du C.A., c'était que c'était une université francophone. Ça fait que les
programmes étaient bien sûr en français, tout en pouvant développer...
M. Birnbaum :
...juste me permettre une précision sur ma question. Parce que ça, c'est très
intéressant, et je trouve... à poursuivre
peut-être, au moins peut-être l'option d'écrire... rédiger des examens
peut-être ou un mémoire dans la
langue anglaise. Ça se fait à l'envers, évidemment, dans les universités
anglophones. Mais même de mettre ça à côté... Ma question est sur l'idée d'essayer de recruter des jeunes d'expression
anglaise pour étudier en français, ce qui se fait à travers le Québec
et, comme je dis, à l'Université d'Ottawa aussi.
M.
Manseau (André) : Oui, tout à fait. Oui, ça, je pense que... on
poursuit de ce côté-là. Donc, j'étais pour venir. Effectivement, les anglophones de la région, par
exemple, que ce soit d'Ottawa ou de la région de l'Outaouais, sont tout
à fait invités à venir poursuivre leurs
études en français à l'Université du Québec en Outaouais. Mais on doit
maintenant, d'une certaine façon, leur
dire : Vous devez quand même avoir une certaine compétence en français à
votre arrivée. On a envisagé d'offrir
éventuellement des cours d'appoint, mais il faudrait que ça se finance, parce
qu'on n'a pas de financement pour ça.
Alors, on est ouverts à certains projets. À un moment donné, il y a eu des
discussions pour aider justement à offrir des cours d'appoint pour enrichir la qualité du français des étudiants.
Mais, faute de financement spécifique pour ça, on n'a pas été en mesure
de poursuivre.
Alors,
les anglophones qui viennent — il y en a toujours qui viennent — c'est des anglophones qui sont, en
fait, très bilingues, qui se débrouillent très bien, qui ont une très bonne
qualité du français. Et on en a un certain nombre toujours, oui, effectivement, particulièrement aux cycles supérieurs,
parce que c'est plus facile pour eux de réaliser leurs travaux dans la
langue de leur choix. Il n'y a pas de restriction au niveau des publications
scientifiques, des ouvrages scientifiques.
Nous, notre politique de la langue, c'est pour la formation. Donc, les
étudiants qui sont en formation à la recherche, le volet recherche, il
peut se faire en anglais.
M. Birnbaum :
Dernière petite question.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. le député.
M.
Birnbaum : Si on est en mode de croissance — et vous l'êtes, et vous espérez en être même
plus — il
faut avoir les assises évidemment pour aider
les gens à évaluer l'offre de programme et tout ça. Pouvez-vous expliquer,
dans ce sens, comment ça se fait qu'il n'y a
pas de donnée sur le taux de diplomation après six ans, suite à l'année 2007?
Si j'ai bien regardé les données, on n'a pas de statistique sur le taux
de réussite aux études de baccalauréat de 2009 jusqu'à aujourd'hui.
M. Harrisson
(Denis) : ...référence à quelle...
Une voix :
C'est un document qui a été... À la page?
M.
Birnbaum : À la page... Mon Dieu! Il n'y a pas de numéro de page, mais
on a une série de documents où vous parlez
de vos indicateurs... les indicateurs que vous nous avez donnés. Et là-dessus
il n'y a pas de donnée sur le taux de réussite
au baccalauréat des années... les cinq dernières années finalement. Et, comme
je dis, bon, évidemment c'est le genre de
chose qui aide les gens à faire leur choix et à évaluer les programmes et tout
ça. Est-ce que ça s'explique pour une raison ou une autre?
M.
Manseau (André) : En fait, c'est qu'on parle de la cohorte de 2007.
C'est parce que, pour voir le taux de diplomation, là, on prend ceux qui sont
entrés en 2007, mais l'étude date de 2014. C'est le suivi...
M. Birnbaum :
Je comprends. C'est des gens qui sont à l'exercice actuellement.
M. Manseau
(André) : C'est ça. Là on dit, après cinq ans, après six ans :
Quel est votre taux, là?
M. Birnbaum :
Merci. Merci, Mme la Présidente.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Alors, merci pour votre intervention. Je
cède la parole au député de Jean-Talon. Il vous reste... minutes.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, à
mon tour de vous saluer et de vous remercier de votre présence.
Au fil des auditions
que nous avons eues, on a quelquefois effleuré ou discuté de la perspective des
étudiants de première génération. C'est quelque chose qui, moi, m'intéresse et m'interpelle. Les gens pourraient penser qu'en
2015 il y en a beaucoup moins que ce qu'on retrouve dans les différentes statistiques, là, que vous nous présentez, autant vous que vos collègues recteurs des autres universités.
Et ces pourcentages-là sont très importants. J'imagine que ça amène un défi supplémentaire
en matière de persévérance, de réussite, d'effort pour s'assurer qu'ils
puissent compléter la formation, parce que,
bon, j'imagine, ce n'était pas mon cas, mais j'imagine que, lorsqu'on
est le premier d'une famille à aller
jusqu'à l'université, alors, on a dû passer par certains préjugés pour
s'y rendre. Parfois, on a fait cette démarche-là seul. Tant mieux si on
l'a fait accompagné, mais, pour en connaître quelques-uns, parfois c'est... la
première bataille, on la livre à la maison.
Alors,
comment vous voyez ce travail-là? Comment vous intervenez? Quelles sont les stratégies
que vous mettez en place pour augmenter
ce nombre-là? Je comprends qu'il est déjà important, mais manifestement il y a
encore plusieurs familles au Québec où on pourrait avoir un étudiant ou
une étudiante de première génération. Mais quel est le souci particulier que
vous devez avoir pour accompagner ces jeunes-là dans leur formation?
M.
Harrisson (Denis) : Bien,
merci de la question parce
qu'effectivement, d'abord, le réseau de l'Université du Québec accueille majoritairement des... enfin,
beaucoup d'étudiants de première génération. À l'UQO en particulier je
pense qu'on est à plus de 50 % d'étudiants de première génération. Puis
c'est extrêmement important parce que ces étudiants-là,
évidemment, n'ont pas toujours l'encouragement de la part de leur famille
immédiate, enfin, c'est beaucoup plus
difficile quand il n'y a personne qui vous a précédé à l'université de
continuer... et c'est des gens aussi qui peuvent se décourager plus facilement, abandonner plus
facilement et qui font un bac ou une maîtrise avec une durée beaucoup
plus longue que dans certaines autres
universités. Pour nous, c'est préoccupant, et, pour ça, pour tenir compte de
cette réalité-là, ça passe
essentiellement par du soutien pédagogique. Je donne l'exemple des sciences
comptables, notre Département des sciences
comptables accueille beaucoup des étudiants de première génération et les amène
aux concours de l'ordre des CPA avec
un taux de réussite qui est très, très, très élevé. Et ça, c'est un souci
pédagogique des professeurs de la première année, du premier cours jusqu'à l'examen du CPA. Je pense qu'on a un
certain nombre d'enseignants, de professeurs et de chargés de cours qui ont ce souci-là, qui savent à
qui ils enseignent et qui savent aussi qu'on doit apporter plus de
soutien pédagogique auprès de ces étudiants-là
quand ils en ont besoin, évidemment, parce que les étudiants de première
génération, comme de raison, il y en a qui réussissent très, très, très bien
sans aucune espèce de soutien quelconque. Et nous, à l'université, évidemment, on a du soutien pédagogique, on a une
orientation pédagogique. On essaie aussi non seulement de soutenir les étudiants, mais également les
enseignants, de tenir compte de cette particularité-là d'avoir des
étudiants de ce type-là dans leurs classes et que c'est extrêmement important
d'en tenir compte.
On
a maintenant de plus en plus, je l'ai dit, des étudiants atypiques,
c'est-à-dire que ça, la première génération, c'est une caractéristique, mais il y a également des
étudiants qui travaillent... la plupart des étudiants travaillent à temps
partiel ou à temps plein, suivent des études
à temps partiel, ont des responsabilités familiales, on accueille des étudiants
avec des situations de handicap aussi. Donc,
l'étudiant typique, c'est-à-dire celui qui fait son cégep en deux ans, qui
s'inscrit tout de suite à l'université et qui fait un bac en trois ans,
qui s'en va sur le marché du travail, qui ne reviendra plus jamais à l'université, ça, c'est derrière nous. Ce n'est
plus ça, maintenant, faire des études universitaires, c'est souvent un
parcours plus... un cheminement plus
sinueux. Et évidemment on doit ajuster notre pédagogie, nos cheminements
pédagogiques, tenir compte de ça aussi dans
nos programmes et tenir compte, donc, de cette ou de ces particularités-là,
puis c'est une réflexion qu'on doit continuer à avoir.
Nous,
on a mis sur pied l'an dernier un comité sur la qualité de l'enseignement et on
en a fait un comité permanent. C'est-à-dire que, quand bien même que nos
étudiants seraient à 95 % satisfaits de leurs cours après le cheminement,
il reste que la pédagogie
universitaire, c'est à évolution rapide déjà depuis quelques années, notamment
avec l'utilisation des outils
technologiques, les cours en ligne, les cours à distance, les cours plus
traditionnels. En fait, la pédagogie, depuis cinq ou six ans, évolue à vitesse rapide. Et on s'aperçoit aussi que les
étudiants de première génération, c'est des étudiants aussi qu'on doit
suivre de plus près, c'est parfois eux qui ont plus de difficultés à s'adapter
à cette évolution rapide de la pédagogie, avoir aussi des cours en présentiel,
avoir du support.
Et l'Université du
Québec en Outaouais fait son marketing... En fait, sa caractéristique, c'est
d'être une université à dimension humaine. On a de petites classes, 25,
30; les grandes classes, chez nous, c'est 55 étudiants. On n'a pas d'auditorium. Enfin, on a un auditorium, mais...
Donc, la configuration physique des lieux fait en sorte qu'on a des
petits groupes. C'est beaucoup plus facile pour les professeurs aussi de suivre
les étudiants qui ont des difficultés et de les envoyer vers de l'orientation pédagogique
au besoin.
Mais
ce que je vous dis aussi, c'est qu'au cours des prochaines années il va falloir
être particulièrement attentifs à ce
cheminement-là des étudiants de première génération pour s'assurer de leur
réussite scolaire. Déjà, on a un taux de diplomation qui est fort intéressant, mais qui est fort intéressant sur
quatre, cinq ans. Un bac, c'est trois ans. Nous, les étudiants prennent
un petit peu plus de temps, bon, ça, c'est... à la maîtrise, c'est pareil puis
au doctorat, c'est pareil, on a toujours un décalage par rapport à ce que... Il
faut tenir compte aussi de ça.
On
s'intéresse aux raisons qui expliquent pourquoi les étudiants prennent plus de
temps. Ils vont abandonner une session,
ils vont revenir. Ils vont vivre une situation personnelle, ils vont demander
un report d'inscription, on leur accorde. Enfin, il y a plusieurs accommodements comme ça aussi qu'on peut faire
auprès des étudiants de première génération.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y. Il vous reste 1 min 40 s.
M.
Proulx : Est-ce que vous
avez été en mesure de compiler la statistique suivante? Est-ce qu'il y a plus
d'étudiants de première génération en Outaouais, par exemple, que dans la
région des Laurentides, ou c'est marqué de façon similaire? J'essaie juste de voir, là. À Saint-Jérôme, je comprends que
vous couvrez une grande région quand même des Laurentides, parce qu'on peut partir de loin et de haut pour pouvoir
descendre jusqu'à Saint-Jérôme, mais on est quand même dans un milieu
plus densément peuplé. Alors, à certains égards, comment vous voyez la
distinction entre les deux sur le territoire?
M.
Harrisson (Denis) : De mémoire, je ne pense pas qu'il y ait une grande
différence, mais je pense qu'on a plus d'étudiants
de première génération en Outaouais, de mémoire, de ce que... les chiffres que
j'ai vus, là, il y a quelque temps.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté
du deuxième groupe de l'opposition pour une période de 19 minutes.
Alors, Mme la députée d'Iberville, la parole est à vous.
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs. Première
question, messieurs. On remarque que la plus grande évolution dans votre
effectif étudiant se situe chez les étudiants du premier cycle à temps plein et
on voit particulièrement en 2013‑2014 une
forte croissance. Est-ce que vous pouvez me dire si cette croissance-là se
maintient en 2015‑2016 ou si c'est juste une petite balloune qui a «poppé» dans
l'historique de l'université?
M. Harrisson (Denis) : Selon les
chiffres qu'on a, pour 2015‑2016, ça se maintient.
Mme Samson : Ça se maintient?
M. Harrisson (Denis) : Oui.
Mme Samson : Ça, ce n'est pas sans
poser plus d'exigences sur l'administration de l'université, j'imagine.
M.
Harrisson (Denis) : Au contraire. Les étudiants à temps plein, c'est
moins exigeant. En fait, c'est un cheminement plus simple à suivre que
des étudiants à temps partiel.
Mme Samson : ...à suivre, O.K. Donc,
la tendance se maintient.
M. Harrisson (Denis) : Cette année,
oui.
Mme
Samson : O.K. Si je reste un peu dans les statistiques, l'UQO compte
2,5 fois plus de chargés de cours que de professeurs, et plus de 60 % des cours qui sont donnés sont donnés
par des chargés de cours. J'observe ça depuis hier, là, je ne sais pas si c'est une maladie chronique dans le
système, je ne sais pas si cette stratégie-là, c'est une stratégie de
survie administrative pour réduire les coûts, mais c'est à peu près généralisé
dans l'ensemble des universités. Et est-ce que ça a un impact sur la qualité de l'enseignement? Je sais que ça en a un
sur la recherche, là, mais est-ce que ça en a un sur la qualité de
l'enseignement? Et particulièrement pour l'UQO, là, un des enjeux qui avaient
été identifiés dans votre document Horizon
2014 concernait la relève professorale. Est-ce que la situation actuelle de
votre ratio chargés de cours-professeurs...
Il est correct ou s'il n'est pas bon? Puis qu'est-ce que ça veut dire pour le
développement de la profession et de la qualité?
M. Harrisson (Denis) : Bien, il
n'est pas correct, en fait, le ratio devrait être...
Mme Samson : Inversé.
• (12 h 10) •
M.
Harrisson (Denis) : ...inversé, c'est-à-dire qu'il devrait y avoir
plus de cours enseignés par des professeurs que par des chargés de
cours.
Maintenant, ce qu'on
fait pour renverser la situation, c'est qu'on embauche des profs. Comme je le
disais à l'instant, il y a une clause dans la convention collective des
professeurs qui nous oblige à embaucher des professeurs quand on est dans une courbe de croissance des effectifs étudiants — il y a une formule mathématique qui est
prévue, là, selon le nombre d'étudiants en
plus — puis
après il y a une espèce de discussion sur les programmes où on va
embaucher des professeurs, dans lesquels on va embaucher
des professeurs. Donc, cette année, on embauche neuf nouveaux professeurs. L'an dernier, on a embauché 11
nouveaux professeurs. L'année précédente, c'était neuf nouveaux
professeurs. Donc, on poursuit l'embauche de professeurs, et de fil en aiguille
cette tendance-là va se renverser.
Maintenant,
votre autre partie de question, c'était sur la qualité de l'enseignement,
est-ce que d'avoir des... Les chargés de cours, quand même, qu'on
embauche, ce sont des gens expérimentés, il y a tout un processus d'embauche pour avoir de l'expérience pertinente et d'avoir
les diplômes aussi nécessaires, la diplomation nécessaire pour
enseigner, on a des chargés de cours qui ont des doctorats ou des chargés de
cours qui ont des maîtrises, mais avec une expérience pertinente dans le
domaine de l'enseignement.
Il
y a des professeurs encadreurs aussi, c'est-à-dire que les chargés de cours
sont quand même liés à un programme, à un contenu de cours, il y a des
rencontres, des discussions entre les professeurs et les chargés de cours pour
s'assurer du contenu, pour s'assurer qu'il y ait une certaine dynamique aussi
dans les classes pour que les étudiants puissent
apprendre ce qu'ils ont à apprendre dans chacun des cours et que le... Et on
essaie d'éviter aussi de faire en sorte qu'un étudiant puisse faire un
bac sans jamais avoir rencontré un professeur parce qu'il n'aura vu que des
chargés de cours dans son cursus.
Il
y a aussi des programmes de deuxième et de troisième cycle. Donc, les profs qui
font de la recherche, vous le savez, préfèrent toujours enseigner au
deuxième et au troisième cycle, puis ça réduit les cours disponibles pour les professeurs au premier cycle. Donc, il faut
poursuivre la croissance du corps professoral au cours des prochaines
années.
Mme Samson :
O.K. Donc, on se comprend bien là-dessus.
Vous
soulignez quelque part dans un de vos documents que «malgré [le] contexte [des
restrictions budgétaires], l'UQO a connu une légère croissance [de son]
financement externe de la recherche pour le fonctionnement». Les subventions de
recherche et le nombre de professeurs ayant reçu un financement pour effectuer
une recherche sont également en hausse.
Quels secteurs de discipline ont le plus bénéficié de cette croissance? Et
est-ce que tous les secteurs en ont bénéficié?
M. Manseau
(André) : Je vais vous répondre à cette question. Déjà, notre
université étant surtout sciences humaines
et sociales, c'est surtout ce secteur-là qui a connu une croissance ces
dernières années. Et, si on a bien performé, c'est, encore une fois... je pense que le recteur l'a mentionné, c'est
auprès des organismes subventionneurs, que ce soient québécois ou
canadiens. On a fait beaucoup d'efforts pour aider nos professeurs à se
préparer, à faire des demandes de subvention
de qualité aux organismes reconnus, et, je pense, c'est le fruit de cela, c'est
qu'ils réussissent bien. La plupart sont...
Notre taux de succès est un petit peu au-dessus de la moyenne nationale dans la
plupart des concours. Il faut dire que c'est
exceptionnel, mais on se classe très, très bien. Et c'est particulièrement dans
les sciences sociales et humaines, malgré que nos gens en sciences
naturelles performent très, très bien aussi, là. Mais, étant donné le nombre,
ils sont moins nombreux, ça paraît peut-être un peu moins sur le volume, mais
ils performent tout aussi bien, là.
Mme
Samson : Mais diriez-vous que les croissances et les développements
qui sont arrivés dans ce secteur-là correspondent à ce que vous aviez
inscrit dans votre plan d'orientation, dans votre plan stratégique 2009‑2014?
M.
Manseau (André) : L'objectif au niveau du financement a été
partiellement atteint. On avait visé un petit peu plus haut en 2010,
mais, notre plan stratégique, on a eu une croissance, et c'est parti d'un
objectif qu'on dit partiellement atteint. Et
ce qui a fait que l'augmentation n'a pas été, je dirais, aussi haute que prévu,
c'est qu'en 2009, quand on a mis
l'objectif, on ne savait pas la situation budgétaire qu'on était pour connaître
en 2010, 2011, 2012, qui a quand même
affecté... Tout ce que je peux dire, c'est qu'on a réussi quand même à croître
en financement de la recherche, malgré
les compressions budgétaires qui ont été connues, là, que ce soit au provincial
ou au fédéral, mais la croissance a été plus modérée, disons.
Mme
Samson : J'ai une autre petite question de chiffres, là. Dans votre rapport
de produits et charges, là, si je regarde, bon, d'abord, on a vu des
fonds avec restriction, à un moment donné c'est passé de, 2013,
26 000 $ à, 2014, 793 000 $ pour l'enseignement et la
recherche libre. À quoi peut-on attribuer une telle charge?
M. Manseau (André) : Les fonds avec restriction, c'est la recherche,
habituellement, oui, mais là je ne peux pas... je ne sais pas quels
chiffres, là, j'ai de la misère à vous situer exactement.
Mme Samson :
Dans les charges d'enseignement et de recherche libre.
M. Manseau
(André) : Dans les charges d'enseignement.
Mme
Samson : Charges d'enseignement et recherche libre, c'est passé de
26 000 $ à 793 000 $ de 2013 à 2014.
M.
Manseau (André) : Je ne sais pas... Pouvez-vous peut-être préciser le
tableau? Parce que, là, j'essaie de...
Mme Samson :
C'est les notes... C'est dans vos états financiers de Raymond Chabot Grant
Thornton, états financiers et rapport des vérificateurs au
30 avril 2014.
Une voix : Ce serait à quelle page?
Mme Samson :
4.
M. Manseau (André) : ...c'est en
millions?
(Consultation)
M. Manseau
(André) : ...un exercice
plutôt comptable, là, malheureusement je ne pourrai pas vous répondre.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée, est-ce que vous voulez...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, c'est ça, puis l'envoyer... Vous pouvez vérifier puis...
Mme
Samson : Peut-être
que vos administrateurs ou vos gestionnaires pourraient juste nous envoyer
l'information à la commission.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
À la commission. Puis nous, on va s'assurer que tous les membres reçoivent l'information,
alors...
M. Harrisson (Denis) : Oui, d'accord.
Très bien.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Comme ça, on ne perdra pas trop de temps du côté de...
Mme
Samson : À la différence de plusieurs
universités qu'on a vues et qui se comparent un peu à vous, là, comme l'UQAR, ou l'UQAC, ou... bon, vous, vous avez
connu une légère baisse du nombre d'inscriptions des étudiants étrangers
entre 2008 et 2013‑2014 — c'est une légère réduction, là, il n'y a
pas de quoi virer fou mais quand
même — alors que d'autres
universités ont connu des croissances importantes. Est-ce que
vous croyez que les efforts sont bien dépensés et mis à la bonne place? Et
est-ce qu'il n'y aurait pas une façon, pour les universités du Québec, pour l'ensemble
des universités du Québec, de mieux faire la prospection pour aller chercher
des étudiants étrangers?
M.
Harrisson (Denis) : ...travailler
en équipe, l'ensemble des universités du Québec? Ce n'est pas comme
ça qu'on travaille actuellement pour les étudiants étrangers, là, c'est pas mal...
chacun développe sa propre stratégie, prend ses propres initiatives et développe ses propres partenariats avec les
universités à l'extérieur, parce
que ça repose beaucoup sur l'expertise qu'on a à notre université, donc on
développe une entente bilatérale avec une
université qui ressemble à la
nôtre ou du moins dans un programme
qui ressemble au nôtre aussi. Et, à
cet égard-là, on fait chacun nos
efforts de notre côté.
Comme je le disais un peu plus tôt, et je pense
que c'est important pour nous, on veut accroître le nombre d'étudiants en situation de mobilité, parce que ce n'est pas tellement qu'on
veut accueillir des étudiants qui vont faire des bacs chez nous, c'est surtout... ce qui nous intéresse, c'est surtout
des étudiants aux cycles supérieurs, des étudiants étrangers qui viennent faire une maîtrise ou un doctorat.
Ça, c'est extrêmement intéressant pour nous. Mais, au bac, c'est surtout
de s'assurer de la mobilité de nos étudiants
et de recevoir aussi des étudiants étrangers. Et ça, c'est la responsabilité de
notre doyen des partenariats et de la
formation continue et avec une personne, c'est une petite équipe, ils sont
deux, une personne qui est là depuis maintenant un an et demi, là. Les
partenariats se multiplient, on a des rencontres, et des universités en Amérique latine, en Europe, en Afrique sont
intéressées à travailler avec nous, sont intéressées à s'assurer qu'il y
ait un bon échange d'étudiants puis
également de professeurs pour la recherche. Et ça, on espère que... ces
chiffres-là devraient augmenter au
cours des prochaines... Pas on espère, on travaille pour qu'ils augmentent au
cours des prochaines années.
• (12 h 20) •
Mme
Samson : Il me reste un petit peu de temps, et j'aimerais ça... Vous
avez parlé quand même pas mal de la nécessité pour l'UQO de développer
des nouveaux programmes pour attirer la clientèle, qu'elle soit attirée, et
mieux desservir la région, que ce soit l'Outaouais ou Saint-Jérôme, et tout ça.
Puis là on comprend qu'il y a des affaires d'infrastructures.
On sait combien de temps ça prend, là, c'est éternel, ces affaires-là. Mais, à
votre avis, là, cette capacité de développer
l'UQO là, là, puis de la faire grandir, c'est quelle partie de sa pérennité? À quel point c'est important
pour l'UQO de se développer?
M. Harrisson (Denis) : Bien, c'est extrêmement
important. Nous, on est une université à vocation générale, et je pense que
c'est important, pour une université à vocation générale, d'avoir une offre de
programmes qui tienne compte de l'ensemble
de la formation universitaire qu'on peut offrir. Nous, on a la mission de
développer l'enseignement supérieur
dans deux régions, les Laurentides et l'Outaouais. Et puis quelqu'un qui veut
faire des études en biologie ou en chimie...
quoiqu'en chimie on n'a pas de projet à court terme, mais, dans ces
disciplines-là, il ne peut pas le faire chez nous, il peut le faire uniquement en allant dans une autre région ou
dans une autre province, et, pour nous, c'est extrêmement important de s'assurer
que notre université puisse offrir une gamme de programmes, là, sur un spectre
qui est beaucoup plus large. Ça va des arts jusqu'aux sciences
naturelles, puis je pense que c'est un développement à long terme. Et c'est important aussi d'offrir cette diversité-là dans
les deux régions, il va... Je ne pense pas que notre université, elle est
menacée de disparaître, je pense qu'elle est
très solide dans les deux régions, mais je pense qu'on doit continuer ce
développement-là.
Et on doit aussi continuer
ce développement-là pour s'assurer des services à la collectivité, parce que,
quand quelqu'un se retourne, une entreprise,
par exemple, qui a besoin d'un service en ingénierie, elle ne
viendra pas chez nous, on n'a pas...
on a génie électrique seulement depuis un an, mais... Si quelqu'un a besoin
d'un service en génie civil, il ne viendra pas chez nous. Si quelqu'un a
besoin d'un service spécialisé en droit, il ne viendra pas chez nous parce
qu'on ne l'offre pas. Mais, je pense, pour
s'assurer aussi du développement des deux communautés qu'on a à desservir,
c'est extrêmement important aussi d'offrir cette diversité de
programmes là, non pas qu'on veuille sortir des sciences humaines,
sciences sociales, mais on veut rétablir une juste proportion des disciplines.
Mme Samson : C'est la niche de la
santé, hein, que vous souhaiteriez...
M.
Harrisson (Denis) : La niche
de la santé, oui, et des sciences naturelles aussi. C'est les deux sur
lesquelles on veut se développer au cours des prochaines années.
Mme Samson : Pourquoi les sciences
naturelles?
M. Harrisson (Denis) : Les sciences
naturelles, c'est parce qu'on s'aperçoit que... Bien, en discutant avec
l'Université McGill, nous, on serait prêts à offrir la formation prémed,
prémédicale, puis la formation prémédicale, essentiellement,
c'est des cours de science. Puis, quand on regarde l'ensemble de cours de
sciences qui sont offerts, il n'y en
a aucun qu'on peut offrir, puis éventuellement il faudrait que, les cours que McGill donne dans
ce créneau-là, ce soit nous qui
l'offrions, dans 10 ans par exemple, donc... Et c'est beaucoup
de cours de biologie, biologie moléculaire, enfin, ce genre de...
chimie, biochimie, physique, etc., mathématiques, même.
Puis on a très peu de cours qu'on peut offrir,
puis c'est extrêmement important pour nous qu'on s'ouvre aux sciences. Ce n'est pas juste une question de
financement, c'est aussi une question de développement de notre
université dans les régions. Et puis on veut
être une université... Chicoutimi, par
exemple, pour donner ces deux
exemples-là, parce que je vous
l'avais donné tantôt... Chicoutimi, Rimouski et même Abitibi-Témiscamingue ont plus de sciences offertes à leur population
que ce qu'on peut faire. Pour nous, c'est une question de développement essentielle.
Mme Samson : O.K., je comprends. Ça
fait le tour de mes questions, moi, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Il vous restait encore trois minutes, alors ce temps-là va
être... si vous ne le prenez pas, ça va être réparti entre les deux
groupes parlementaires. C'est beau? Parfait.
Alors, on va
retourner du côté du gouvernement pour un bloc d'environ 17 minutes.
Alors, je cède la parole au député de Jean... Jean-Talon. Allez-y.
M. Proulx : Oui? Ça va?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parce que les deux, vous me faites signe, ça fait que...
M. Proulx : Oui, bien quelques
instants...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
On va commencer avec vous.
M. Proulx : Merci, Mme la Présidente.
On a abordé rapidement tout à l'heure la question du campus, puis j'étais intéressé de... Vous avez dit : Notre
mission, c'est de développer deux régions, l'Outaouais et les Laurentides.
Est-ce que vous offrez... Vraiment, c'est moi qui n'en ai pas la connaissance, et je m'en excuse. Est-ce que vous
offrez les mêmes types de programme
dans les deux campus ou vous avez, par obligation, par choix ou tout simplement tout naturellement conservé
certaines spécificités qui ont été développées en Outaouais en Outaouais, mais
elles ne se retrouvent pas dans les Laurentides?
Comment se fait ce partage-là... ou
votre formation générale est offerte de façon équivalente dans les deux...
M.
Harrisson (Denis) : Bien, dans les Laurentides, il y a cinq programmes
qui sont offerts, donc ce n'est pas tous les programmes qui sont offerts en Outaouais. Ce qu'on fait, c'est de
l'extension de programme. Par exemple, sciences comptables n'est pas offert dans les Laurentides. Éventuellement, il
pourrait y avoir une extension de programme, donc le programme qu'on
offre en Outaouais pourrait être offert dans les Laurentides.
Mais également on s'aperçoit bien que c'est deux
régions différentes, ce n'est pas... et que les besoins et les demandes du
milieu pourraient être différents. Et moi, je n'exclus pas à moyen terme — peut-être
pas demain matin mais à moyen terme — que la région des Laurentides puisse
éventuellement développer ses propres programmes sans qu'ils ne soient offerts dans la région de
l'Outaouais. Ça, je pense que ce serait assez important. Puis on pourrait
même penser qu'un jour des programmes développés dans les Laurentides puissent
être extensionnés vers l'Outaouais au moment où le besoin se ferait sentir.
Nous, notre
développement, on le fait évidemment en faisant des études sur... Ce qu'on
veut, évidemment, c'est que les
étudiants fréquentent ces programmes-là, donc on fait des études de marché. Et
c'est une expression qu'on utilise rarement
à l'université, mais il se pourrait que le marché de l'Outaouais et que le
marché des Laurentides soient différents et qu'on puisse offrir des programmes différents. Mais il y a un coût à ça
aussi, évidemment, parce qu'on essaie évidemment d'avoir des économies d'échelle, et, quand on offre un programme à un
endroit et pas à l'autre, évidemment, pour nous, c'est beaucoup plus coûteux. Mais, en même temps,
notre mission, ce n'est pas de faire de l'argent, c'est de développer l'enseignement supérieur, mais on évalue les conséquences
budgétaires aussi pour le développement de nos programmes.
M.
Proulx : Mais ce qui est
intéressant de ce vous dites, c'est que, dans les faits, effectivement, et je
comprenais que ce n'était pas ça, et vous le
confirmez, le site ou le milieu universitaire, le milieu de vie du campus
Saint-Jérôme n'est pas l'extension de
celui de l'Outaouais; il va vivre et se développer par lui-même pour les
particularités qu'aura cette région-là et les demandes qu'il y aura.
Est-ce que,
dans les perspectives de développement... Encore une fois, ce n'est pas à ma
connaissance. Est-ce que, dans les
perspectives de développement, vous voyez un déséquilibre par rapport aux
perspectives, justement, d'augmentation des effectifs d'un site par rapport à l'autre? Est-ce que naturellement,
parce que le bassin de population se retrouve plus grand, par exemple... Et là je le voyais à
l'intérieur des chiffres d'occupation du territoire, donc les gens qui y
habitent. Est-ce que vous avez l'impression
que naturellement il pourrait y avoir un déséquilibre ou... Là, vous êtes, bon,
dans des taux similaires, là, mais
vous entrevoyez comment l'occupation, dans le fond, le partage des effectifs de
l'université dans ces deux campus-là,
qui sont effectivement dans des régions qui sont différentes, et distinctes, et
à une distance quand même importante entre les deux, là?
M.
Harrisson (Denis) : Bien, le déséquilibre, en termes d'effectif
étudiant, ce n'est pas... on n'a pas vraiment de réflexion là-dessus, je ne pense pas que ce soit très important pour
nous. L'important, c'est vraiment de s'assurer que les...
Bien, évidemment, Saint-Jérôme, c'est près de
Montréal, hein, c'est une considération, là, qui nous...
Une voix : ...
M. Harrisson (Denis) : Oui,
exactement, c'est une dynamique géographique différente. C'est l'Université d'Ottawa en Outaouais, mais, dans les Laurentides,
c'est l'Université de Montréal, l'UQAM, McGill, Concordia qui sont près,
il y a le train de banlieue aussi, puis, bon, pour les étudiants à temps plein
qui peuvent aller étudier à Montréal, c'est sûr qu'il faut tenir compte de ces
circonstances-là.
Par contre,
ce dont on s'aperçoit, c'est que de plus en plus les étudiants veulent des
cours universitaires à proximité. Et
la région, par exemple, des Basses-Laurentides, là, qui est considérée comme
étant la couronne nord de Montréal, c'est une région qui devient de plus en plus autonome, les gens vivent là,
travaillent là, vont au théâtre là puis font leurs achats là, ils sont de moins en moins dépendants de Montréal,
et ils ont de plus en plus besoin aussi, en tout cas ça nous est
véhiculé, de services universitaires. Ces gens-là ne veulent pas nécessairement
aller à Montréal pour suivre, par exemple, une formation d'appoint, un certificat ou un microprogramme, finir son
travail, se taper le trafic pour aller à Montréal, puis revenir en fin de soirée, et l'offre... et nous,
on pense à cette offre-là de cours en tenant compte de cette particularité-là
aussi pour les Laurentides.
Et donc notre
développement de programmes, nous, on pense qu'on pourrait aussi, dans les
Laurentides, avoir une offre beaucoup plus diversifiée à moyen terme de
programmes, mais en tenant compte, évidemment, des besoins du milieu. Et à long
terme ça pourrait sans doute s'équilibrer puisque les populations des deux
régions sont relativement similaires. En
fait, quand on regarde les chiffres, là, le taux de croissance économique
également, la diversité économique dans
les Laurentides, le taux de croissance démographique dans les deux régions, qui
sont parmi les meilleurs au Québec au cours des prochaines années...
Puis on essaie de faire des études de tendance sur les 10 prochaines
années, les 15 prochaines années en suivant les courbes de croissance des
cégeps, par exemple, et voir où les étudiants du cégep pourraient s'inscrire
éventuellement dans les universités, autant en Outaouais que dans les
Laurentides.
M.
Proulx : Est-ce que — puis ce sera, pour moi, ma dernière
question — c'est
sur ces mêmes considérations que vous êtes à développer ou en tout cas à
établir, là, un port d'attache à Sainte-Thérèse plus spécifiquement?
• (12 h 30) •
M.
Harrisson (Denis) : Sainte-Thérèse, ça couvre davantage la formation
continue. Sainte-Thérèse, c'était d'abord et avant tout pour offrir des formations courtes, des certificats, des
microprogrammes, des D.E.S.S. à des gens qui sont déjà sur le marché du
travail et qui sont... Ce n'est pas la même clientèle. Évidemment, on ne veut
pas faire... Puis le développement se fait de façon très prudente pour ne pas que la
population s'inscrive à des cours à Sainte-Thérèse,
mais qui normalement viendrait à Saint-Jérôme. Donc, on ne veut pas se cannibaliser et donc on essaie d'avoir une
offre de cours qui est complètement différente en termes de clientèle
étudiante. C'est vraiment des gens qui sont sur le marché du travail et puis
souvent, à Sainte-Thérèse, c'est des clientèles homogènes, c'est-à-dire, c'est
pour ça que le pôle existe.
Par exemple, on dit... dans les trois commissions
scolaires, on a besoin d'un D.E.S.S.
en administration scolaire, c'est très spécialisé. Il va y avoir les administrateurs dans les trois commissions
scolaires, on peut créer deux cohortes qui vont suivre la formation puis
après, bien, on va passer à autre chose. Ça ne veut pas dire qu'on va offrir ce
cours-là éternellement. Une fois qu'on a
fait le plein, on va passer à autre chose. C'est la même chose... Il y a des
entreprises, des administrateurs...
Par exemple, en ressources humaines, on va ratisser large pour essayer de
réunir le plus de gestionnaires des ressources humaines pour suivre une
formation spécifique. Alors, ce n'est pas nous qui attendons que les gens viennent s'inscrire. On va voir qui pourrait
également s'inscrire, et c'est une vision différente de l'offre de
formation, avec le pôle, que ce qu'on fait à Saint-Jérôme.
M. Proulx : ...je trouve cette vision-là intéressante parce
que, d'abord, c'est effectivement une perspective nouvelle et différente de ce qui se faisait il y
a plusieurs années pour un milieu universitaire. Et, en même temps, je disais
aux collègues tout à
l'heure : À vous écouter... et notamment
lorsqu'on a eu une discussion sur la première génération,
on a effectivement l'impression que l'université, et notamment
dans une université comme la vôtre... Moi, j'ai grandi dans
une région, en Mauricie, où il y avait
l'UQTR, donc j'ai connu et compris cette dynamique-là d'enracinement et de
déploiement dans le paysage local et dans le milieu des affaires, institutionnel,
et autres. Ça devient presque un milieu de vie et de formation continue, tu
sais.
Les universités, on
semble maintenant voir... puis c'est un constat que moi, je fais, et sûrement
que d'autres beaucoup plus habilités à le faire que moi l'ont cherché,
documenté, mais on semble se retrouver avec deux types, si vous voulez, de parcours, c'est-à-dire le traditionnel
qui veut faire la bataille pour gagner son diplôme et se retrouver sur
le marché du travail et les autres qui
investissent ponctuellement les universités pour obtenir cette formation continue là,
et vous y contribuez, et je comprends... puis c'est sûrement dans une plus
petite mesure, mais je comprends que c'est intéressant pour votre développement, c'est intéressant pour la pérennité et c'est surtout intéressant pour augmenter
la diplomation puis la compétence académique sur le territoire du Québec. C'est
très intéressant. Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Jean-Talon. Alors, je cède
la parole au député de D'Arcy-McGee. Il vous reste 8 min 30 s.
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. Vous avez répondu à une question de ma collègue la députée
d'Iberville quand on parlait de l'éducation
internationale et un manque de collaboration entre les universités. Pour
avoir oeuvré au secteur jeunes, j'ai vu ce même manque de collaboration auprès
des commissions scolaires qui cherchaient leur petit coin de la tarte au lieu
de travailler ensemble.
Un autre domaine où
une collaboration accrue va être de mise, c'est pour qu'on s'adresse ensemble à
notre adéquation formation-emploi. Vous le
savez comme moi qu'en termes de main-d'oeuvre on est, pour la première
fois de notre histoire, à croissance zéro
quand on parle du monde apte à travailler entre 18 et 55 ans. Et, en même
temps, même en période d'instabilité
économique, peut-être, on parle de quelque 750 000 postes qui vont
s'ouvrir d'ici 20 ans, grosso modo, tout
cela qui part de l'importance de s'assurer un arrimage assez efficace et
étanche entre le monde de la formation et le monde de l'emploi. Y a-t-il
là-dedans, peut-être, autant un défi qu'une opportunité?
Et
j'aimerais vous entendre là-dessus. On a parlé beaucoup de la formation en
termes... dans le secteur de santé, en tenant
compte des deux régions surtout que vous desservez et leur profil
démographique, leur profil en termes d'industries, de ressources naturelles et tout ça. Pouvez-vous
nous parler un petit peu de vos stratégies pour participer à une
meilleure adéquation, ce qui nous interpelle tous?
M. Manseau (André) : En fait, on a un exercice de planification
stratégique dont on a parlé, l'exercice 2010‑2014, qui a impliqué la communauté dans nos discussions.
Maintenant, on entreprend un nouvel exercice qui va aussi solliciter la participation de nos partenaires et de la
communauté régionale de nos deux régions pour justement identifier ou
essayer d'identifier ces besoins de
formations d'emploi ou de formation, là, qui pointent à l'avenir. Et tout ça, c'est quand même assez difficile à pointer.
Pour
nous, on tente aussi de développer des mécanismes flexibles, des mécanismes qui
peuvent s'ajuster assez rapidement à ces changements-là, à ces
perturbations. C'est un petit peu l'exemple de ce que l'on fait au pôle à
Sainte-Thérèse, au pôle Gérin-Lajoie, des formations
continues, des formations pointues, une formation flexible, des
microprogrammes qui permettent, là, de répondre rapidement parce que, quand...
si on a besoin de modifier un programme de doctorat ou un programme de maîtrise, ça
demande plusieurs années, hein, une modification ou une
création de programme. Ce n'est pas aussi rapide.
Mais, pour répondre
aux besoins du marché de l'emploi, du marché du travail, c'est souvent, dans un
premier temps, par une approche de formation continue, par une approche de
microprogrammes. On a investi notamment à Sainte-Thérère,
c'est ce qu'on a aussi développé un peu à Gatineau, au sein de nos programmes
en santé où, avant même d'aller vers
des programmes très structurants, on a organisé certains
séminaires, des formations, des ateliers sans que ce soit de la formation universitaire, mais d'être présents, de pouvoir offrir, sous
forme de services à la collectivité... à répondre à ces besoins-là de formation. Ce n'est pas encore
une formation structurée, diplômante, etc., mais c'est important d'avoir cette flexibilité-là, de pouvoir l'offrir sous forme de services à la
communauté et d'avoir, donc, les ressources professorales qui soient disponibles
aussi à cet effet.
M.
Birnbaum : Et, dans cet enjeu-là, comme je dis, il y a d'autres
partenaires qui doivent être au rendez-vous. De votre expérience, là où vous êtes en train de répondre à ces besoins,
des fois, ponctuels, si on peut parler de deux partenaires, bon, l'État,
le gouvernement, est-ce que les modes de financement, l'appui offert par le
ministère, est-ce que c'est au rendez-vous, ou est-ce que vous aurez quelques
suggestions? Ça serait un volet de la question.
Deuxième, évidemment,
si on est pour poursuivre et réussir cette tâche devant nous, la collaboration
entre Emploi-Québec et des instances de l'éducation est très importante aussi.
Auriez-vous quelques commentaires sur ces deux aspects de la question?
M. Manseau
(André) : Peut-être sur la collaboration avec Emploi-Québec, on
participe régulièrement à des comités qui
sont mis sur pied avec Emploi-Québec. Moi, j'ai participé personnellement à
certains échanges qui se font dans les
régions, et c'est comme ça notamment qu'on a pu identifier, particulièrement
dans l'Outaouais, les besoins dans le domaine des sciences de la santé,
les besoins de formation puis de... Il y a des enjeux, là, de recrutement, de
rétention puis de difficulté de formation dans ce secteur-là. C'est en
partenariat avec les gens d'Emploi-Québec, là, qui ont ces enjeux-là et les
autres partenaires.
Dans
la région des Laurentides, là, on se rend compte qu'il y a une dynamique
entrepreneuriale qui est tout à fait différente.
On a commencé à rencontrer les chambres de commerce, qui discutent aussi avec
Emploi-Québec. Les emplois qualifiés,
dans le domaine de l'ingénierie surtout, sont plus présents dans le domaine des
Laurentides, et actuellement ce sera un enjeu pour nous de pouvoir
probablement offrir notre nouveau programme de génie électrique, qui, à peine, débute à Gatineau. Il semble y avoir un besoin
déjà dans la région des Laurentides de pouvoir l'offrir assez rapidement
pour répondre aux besoins de la
main-d'oeuvre et de la formation là-bas étant donné le caractère un peu plus
industriel qui est dans la région des Laurentides.
Et s'ajoute à
ça peut-être, dans un premier temps, une approche de microprogrammes. Et là on
a discuté aussi, on n'est pas... Et,
de ce côté-là, on discute même avec des partenaires au sein du réseau. L'École
de technologies supérieures, ça fait
partie du réseau UQ. On a déjà eu des échanges avec eux, et, dans un premier
temps, eux ont offert un certain nombre de programmes à distance ou
programmes micros, et puis on était... à ce moment-là, on a dit : Oui,
allez-y parce que nous, on n'est pas, pour
le moment, en mesure d'offrir le programme immédiatement. Ils peuvent répondre
à un besoin avec des microprogrammes. On était en discussion avec eux
puis on leur a dit : Oui, oui, allez-y, commencez avec des
microprogrammes, puis, nous, quand on sera en mesure de venir avec les
programmes plus réguliers, on pourra, à ce moment-là, s'implanter au campus.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste une minute, M. le député de D'Arcy-McGee.
• (12 h 40) •
M.
Birnbaum : Merci. Dernière petite question. Un autre collaborateur qui
doit être au rendez-vous, c'est le corps professoral et les associations
syndicales qui les représentent. Vous parlez des microprogrammes et d'autres
programmes plus ambitieux ou... d'être au rendez-vous. Son temps ponctuel n'est pas toujours facile. J'imagine qu'une des choses qui rendrait ça plus facile, c'est d'avoir un
partenaire auprès de nos profs et leurs associations. Dans votre expérience,
jusqu'à date, y a-t-il une bonne collaboration de votre corps professoral sur
ce plan-là?
M. Manseau
(André) : Il y a une excellente collaboration. Il faut dire que,
quand... Bon, je suis dans le milieu universitaire
depuis une trentaine d'années, là. Je me rends compte que les discussions avec
les partenaires du milieu, eux veulent
parler à des gens qui s'y connaissent dans leur secteur. Alors, de parler de
généralités, de tous les programmes... On a essayé parfois d'avoir des comités. Moi, j'étais, il y a 12 ans, à
l'UQO, on avait un comité qui s'appelait Partenariats avec le milieu. On essayait d'avoir des gens de
différents milieux qui venaient... mais les gens ne se reconnaissaient pas
parce qu'on parlait de choses et d'autres. Quand on parlait d'un secteur,
l'autre n'était pas intéressé.
Avec le développement des sciences naturelles
puis le département des sciences... puis l'ISFORT, là on a des professeurs qui étaient des spécialistes en
aménagement forestier. Ils ont été rencontrer les entreprises forestières. Là,
là, comprenez-vous, le dialogue, il était là. Alors, ce qu'il faut, c'est le
sectoriel.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. Manseau. Alors, on passe au dernier bloc du côté de
l'opposition officielle pour une période de 16 min 30 s. Alors,
Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup. Je vais poursuivre un peu dans cette veine-là, en fait, en lien
avec la recherche, parce que je
voyais que ça va assez bien en termes de recherche. Les subventions de
recherche sont à la hausse. Par contre, en termes de recherche
contractuelle, ça semble être plutôt stable. Moi, les dernières données que
j'ai, c'est celles de l'année dernière. Je
ne sais pas si ça reste relativement stable ou si c'est en augmentation.
J'étais curieuse de savoir s'il y avait des... Évidemment, c'est
toujours bien de voir que les subventions de recherche sont à la hausse. Je
pense que c'est le coeur pour la recherche,
mais est-ce qu'il y a des efforts particuliers qui sont faits, justement, pour
voir si on est capables d'augmenter nos contrats en recherche avec des
partenaires du milieu notamment?
M. Manseau (André) : Historiquement,
la recherche contractuelle a toujours été à un niveau assez faible à l'UQO. On peut l'expliquer, d'une part, par les
domaines. En sciences sociales et humaines, il y a peu de contrats, à
toutes fins pratiques, là. C'est surtout
dans le domaine des subventions ou des études, des évaluations qui prennent la
forme plus de subventions que de contrats.
Les contrats
sont plus présents dans des facultés de génie notamment, pour ne pas nommer,
puis des facultés de génie, on n'en a
pas. On a un département de génie informatique qui a un peu de génie puis un
peu d'informatique. La nature des
contrats est plus limitée puis, je pense, en bonne partie à cause des
disciplines que l'on offre. Un autre domaine où souvent il y a des contrats, c'est dans le domaine de la santé, pour
ne pas nommer... Vous savez que les pharmaceutiques, c'est des gros donateurs de contrats de recherche,
mais nous, on n'a aucune compétence dans le domaine pharmaceutique ou
médical.
Alors, la
nature de nos activités fait qu'historiquement on a eu peu de contrats. Par
contre, ça n'enlève rien à la qualité
de nos travaux de recherche. C'est pourquoi on se débrouille très, très bien au
niveau des subventions de recherche.
Mme
Hivon :
Puis je voyais, je notais justement que l'Institut des sciences de la forêt
tempérée, ça représente un financement de 9,5 millions sur six ans,
puis, quand on voit que l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue veut aussi être très présente dans le domaine...
Puis tantôt on parlait de complémentarité versus compétition. Est-ce que
vous avez le sentiment qu'il vous arrive, par exemple dans un secteur comme la
forêt, même s'il y a des différences évidemment,
ou dans d'autres secteurs, d'être, même entre les composantes, évidemment, de
l'UQ, en compétition puis que vous
êtes un peu à la recherche de subventions qui pourraient aller plus d'un bord
ou de l'autre? Comment vous voyez ça pour l'avenir? Parce que souvent on a le
sentiment que chaque université essaie de tirer la couverte ou d'offrir le
plus de choses possible plutôt qu'être en complémentarité, puis ça me frappe un
peu sur cette question-là.
M. Manseau (André) : Bien, je pense
qu'on tente vraiment d'être en complémentarité. Et la création de l'ISFORT,
c'est une spécialisation dans le domaine de la forêt tempérée et c'est le seul
regroupement de recherche, institut qui est spécialisé dans le domaine de la
forêt tempérée. Nos collègues d'Abitibi et de Chicoutimi sont surtout spécialisés dans la forêt boréale, et, du côté de
la forêt tempérée, la forêt... donc les feuillus, il n'y avait pas de
regroupement, vraiment, qui se
spécialisait dans ce secteur-là. On est venus, je pense, combler un besoin et
on l'a défendu de cette façon-là, de façon complémentaire et d'autant
plus que la région de l'Outaouais est une région vraiment de forêt tempérée et d'exploitation forestière de ce type-là. Alors, on
avait la ressource, les gens qui étaient sur place au niveau de
l'exploitation de cette forêt-là des... Puis c'était une spécificité
importante, là, pour l'Outaouais.
Mme
Hivon : Donc, ce
n'est pas quelque chose, outre cette question-là plus spécifique, qui vous
inquiète par rapport aux autres composantes UQ ou des autres universités, cette
espèce de volonté d'être plus en... bien, pas cette volonté-là, mais cette réalité-là, en tout cas, du point de vue de
l'observateur, qui semble être souvent une compétition pour essayer
d'offrir le plus de programmes possible et d'être le plus attractif possible.
M. Manseau (André) : Il y a des
différences entre les programmes d'enseignement. Les programmes d'enseignement, on doit couvrir, je dirais, les
formations de base pour répondre, justement, à l'emploi. C'est une
dynamique pour répondre aux besoins du
développement des régions au niveau de l'emploi. Et, bon, on a besoin de
comptables partout au Québec, donc
une formation en comptabilité, c'est important partout et... de la même façon
qu'on peut avoir besoin de biologistes, d'infirmières ou d'éducateurs un
peu partout. Ça, c'est la formation de base.
Quand on
arrive à la dynamique recherche, je pense que, là, c'est important de
développer des spécificités, des expertises
qui sont complémentaires au Québec et même au Canada. C'est comme ça qu'on se
présente aux instituts de recherche,
aux organismes subventionnaires. C'est en montrant une niche, une expertise
particulière qui est complémentaire. La
même dynamique s'attribue pour les chaires de recherche, par exemple, du
Canada. Les chaires de recherche... Il y a des thèmes très spécialisés pour chaque chaire de recherche, et c'est comme
ça qu'on se distingue, là, au niveau pancanadien. Puis même on essaie d'en arriver à se démarquer au
plan international, et ça, c'est un enjeu pour toutes les universités.
Mme
Hivon :
Puis, pour conclure sur le volet recherche, on a abordé, avec d'autres
universités, l'impact de la révision des règles concernant les frais
indirects de recherche. Est-ce que vous avez mesuré l'impact, chez vous, de
comment ça représentait de changements, en termes financiers, les changements
qui ont été apportés?
M. Manseau (André) : Oui, tout à
fait. J'essaie de retrouver ma note. En fait, le gouvernement du Québec, là... la modification de la situation dont vous
avez parlé, chez nous, ça a eu un impact, pour l'année 2014‑2015,
d'environ 300 000 $. Donc, on a
reçu 300 000 $ de moins, là, en remboursement de frais indirects, là,
en 2014‑2015 par rapport à l'année précédente. C'est quand même un
montant non négligeable, disons.
Mme
Hivon : Parfait.
Oui, c'est ça, tout montant, dans le contexte actuel, j'imagine, est non
négligeable.
Je voudrais
en venir à la question de la formule de financement des universités. Donc, on
sait que, dans la foulée du Sommet
sur l'enseignement supérieur... C'est une question que j'ai abordée avec les
autres entités aussi, parce que j'essaie d'avoir vos commentaires, parce qu'on... justement, pour finir ma
phrase, dans la foulée du sommet, donc, il y avait eu cette étude qui avait été commandée, puis on a eu le
rapport, il y a quelque temps, qui fait certaines recommandations,
comment on pourrait améliorer la formule de
financement, parce que ce n'est pas aussi simple que ça peut paraître parfois.
Je ne pense pas que juste de financer par tête de pipe, ça puisse aider
des universités comme, par exemple, la vôtre.
Est-ce que
vous avez des recommandations particulières pour tenir en compte, de votre
réalité à vous, de comment cette
formule de financement... Plusieurs nous parlaient, bon, évidemment, de
l'importance comme... des étudiants à temps partiel, à quel point ça représente des coûts aussi pour une université.
Donc, est-ce que vous avez des recommandations par rapport à des
formules pour améliorer les mécanismes de financement de l'ensemble des
universités?
• (12 h 50) •
M. Dupont (Yves) : En fait, nous, on
a rencontré à deux reprises Mme Tremblay et M. Roy. On a fait part de certaines observations qui sont partagées aussi par d'autres constituantes du réseau. Et ce
qu'on soulève, essentiellement, c'est la particularité des universités
qui sont en région. Je suis certain que vous l'avez entendue, celle-là, mais je
la répète : nous, on doit maintenir un certain nombre de groupes. Ça nous coûte un peu plus cher, du moins on le
prétend, que ce que la formule nous donne actuellement parce que la formule est fondée sur les plus grandes universités
et sur les coûts observés dans les grandes universités.
Et le rapport
Tremblay-Roy nous ramène un peu à cette formule-là, mais bonifie un peu mieux
que la formule actuelle le financement aux universités en région. Et ça, on l'a bien reçu, c'est une
des recommandations de ce rapport-là. Il y a
aussi la clientèle à temps partiel, évidemment, où on prétend que, pour nous, il y a
des coûts. Même si l'étudiant ou l'étudiante ne suit pas ses études à temps plein, on aimerait que ça
soit un petit peu bonifié. C'est évident qu'au niveau de la recherche ou les frais indirects de recherche on a un problème
là, on voudrait qu'on tienne compte du support qu'on doit accorder à la recherche. Et ça, ça nous coûte
passablement d'argent, et on voudrait que ça soit bonifié dans la
formule.
Le fait qu'on maintienne des services en région
avec des compressions budgétaires nous amène à contraindre notre développement. J'en
parlais un peu tantôt, le recteur en a parlé abondamment. Alors, ça, on
voudrait que, dans la formule, on puisse reconnaître que les universités qui ont des plus
petits moyens, parce qu'on a moins d'effectifs, on puisse reconnaître le fait qu'on a besoin de sous pour
faire du développement, pour être capable de se développer puis offrir à
la clientèle des régions qu'on dessert la
formation nécessaire pour former la main-d'oeuvre, pour répondre aux besoins
de la région. Ça fait qu'essentiellement c'est à peu près ce qu'on a soulevé.
C'est un peu
plus technique, mais on a aussi parlé de ce qu'on appelle la subvention
conditionnelle. Je ne sais pas si on
vous a entretenu là-dessus. La subvention conditionnelle fait en sorte que, si
on n'atteint pas l'équilibre budgétaire, on nous soustrait une partie de la subvention pendant un certain temps et
on doit supporter ce manque-là. Et nous, on a fait valoir que les conditions avec lesquelles on nous
demande de travailler pour la subvention conditionnelle sont trop...
c'est une vision trop étroite. On voudrait
que ça soit observé sur plusieurs années, ce qui nous permettrait de s'amender
ou de se réchapper si jamais on avait une année plus difficile qu'une
autre.
Les
compressions vont peut-être nous amener... On ne l'est pas, en déficit, mais,
si on le devenait, on voudrait que,
dans la formule, ça nous permette... ça nous donne un certain nombre d'années
pour se rattraper, ce qui n'est pas le cas
actuellement. Et ça, le rapport
Tremblay-Roy en fait aussi mention, et ça nous agrée aussi. Seulement,
ce rapport-là n'est pas encore en application. Et le financement par équivalent temps plein doit demeurer avec
certains aménagements, puis ceux que
je viens de mentionner, mais ça doit demeurer là. Il faut
que ça suive ce qu'on appelle la clientèle, mais qui est, en fait,
l'effectif étudiant, là.
Mme
Hivon : O.K. Merci. Bien, c'est pour ça que je vous demande
ça, parce que le rapport est là, mais on ne sait pas les suites qui vont lui être apportées. Donc,
d'avoir l'éclairage de chacune des entités va aider pour, j'imagine,
faire les meilleurs choix pour la suite parce que
c'est assez complexe, merci, et les intérêts de chacun et chacune ne sont pas exactement
les mêmes dans le dossier, donc on peut présupposer des arbitrages assez
difficiles.
Tantôt, évidemment,
vous avez parlé que le campus de Saint-Jérôme était pratiquement à sa limite
fonctionnelle. Vous avez mentionné que vous
craigniez même de devoir peut-être refuser éventuellement des étudiants de plus, donc de freiner
un peu la croissance, alors que vous sentez que le besoin va en augmentant. Est-ce que
vous pouvez nous dire un peu la
projection que vous faites par
rapport à ça, c'est-à-dire que c'est quoi, le point de rupture? À quel moment on ne sera
plus capables de répondre à la demande si le projet d'immobilisation ne voit
pas le jour?
M. Dupont (Yves) : On a atteint le
point de rupture. On va refuser et on a refusé déjà cette année plusieurs centaines d'admissions, de demandes d'admission parce qu'on n'a tout simplement pas la place. On loue actuellement un certain nombre de locaux pour accommoder les professeurs,
ce qui nous permet de faire de l'aménagement à l'interne dans ce bâtiment-là, qui est relativement neuf, pour
créer de la place pour l'enseignement. Mais, vous savez, il y a une
règle budgétaire au ministère qui... et on travaille étroitement avec le
ministère, là... ce n'est pas une critique, mais, je vous le dis, il y a une règle budgétaire qui fait en
sorte qu'on additionne les mètres carrés à Gatineau avec les mètres
carrés à Saint-Jérôme, puis, si l'équation donne un surplus d'espace, on nous
refuse le financement tant pour la location que pour l'aménagement de nouveaux
espaces, et c'est le cas actuellement.
Alors, on
travaille très étroitement avec le gouvernement là-dessus actuellement avec le... on a rencontré le ministre dernièrement, on lui en a parlé. On travaille avec le sous-ministre et on voudrait régler cette question-là. C'est vraiment une situation cruciale, et il faut être capable de
donner le service qu'on doit donner dans le secteur des Laurentides, là, et
on atteint, là, actuellement le point de rupture.
Mme
Hivon : O.K. Donc, vous avez refusé et ce que vous voyez,
c'est que ces étudiants-là, j'imagine, fréquentent des universités de la
région montréalaise.
M. Dupont
(Yves) : Bien, probablement. Écoutez, les élus et les gens des MRC, le maire de Saint-Jérôme, ces gens-là sont activement
en contact avec nous pour qu'on puisse trouver une solution à ce problème-là.
Où est-ce que la clientèle se dirige? Je ne sais pas.
Mme
Hivon : Il reste juste deux minutes. Vous êtes les seuls...
Vous avez fait brièvement tantôt fait référence au fait que vous avez aussi un défi d'accueillir plus
d'étudiants à besoins particuliers, je dirais. C'est un phénomène qu'on voit, en
tout cas, beaucoup
au niveau des cégeps, qu'il y a maintenant des étudiants qui,
il y a 15, 20 ans, n'auraient pas été
acceptés, maintenant... les étudiants handicapés ou qui sont autistes,
mais qui peuvent être intégrés. Donc, est-ce que c'est une réalité que vous sentez vraiment prendre de l'ampleur
chez vous? Puis, si oui, comment vous répondez dans le contexte aussi
qu'on connaît où ça ne doit pas être évident, nécessairement, d'avoir de
nouvelles ressources pour les accompagner? Est-ce que vous avez le sentiment
que vous êtes capable de répondre à cette nouvelle réalité là?
M.
Harrisson (Denis) : Bien,
oui, on suit les chiffres. Ça va doubler d'ici deux ans, là. En fait, on suit
les chiffres des cégeps, et ce qu'ils ont actuellement au cégep, nous,
on va l'avoir dans un an ou deux. Donc, ça augmente très rapidement. Jusqu'à présent, on fait face
relativement bien à cette situation-là, c'est-à-dire avec l'offre de
services, les accommodements pour les examens... On a aménagé des salles
spécifiques, on a acheté de l'équipement spécialisé pour les examens. On donne de la formation également
à nos professeurs, à nos enseignants pour tenir compte de cette réalité-là. Il y a de moins en moins, je dirais,
d'opposition, parce qu'il y a des professeurs au début qui me disaient :
Je ne veux aucun de ces étudiants-là dans mon cours, ça ne devrait pas exister,
tout ça.
Mais, en même
temps, on essaie de leur expliquer que ce n'est pas par choix personnel... on
ne choisit pas ses étudiants dans sa
classe, mais qu'on doit enseigner malgré la présence d'étudiants qui sont
accompagnés, par exemple, de quelqu'un qui prend des
notes ou... et, de plus en plus, ça va. Je pense, du côté des enseignants, des
professeurs, les chargés de cours, ils acceptent cette situation-là.
Maintenant,
il faut également les former puis il faut également développer davantage
de services parce que ça se multiplie.
Et je dirais que la difficulté principale à laquelle on fait face, là, c'est la
déclaration de l'étudiant. Les étudiants, là, les nouveaux handicaps, là, surtout les handicaps non visibles, là,
les étudiants qui arrivent à la première session, par exemple,
là, qui dit : Moi, je ne déclare pas mon handicap, ils commencent le
cours, ça va bien. Tout à coup arrive un examen, ils s'aperçoivent qu'ils ne peuvent pas suivre l'examen dans une
situation normale en classe et là ils avisent le service aux étudiants. Puis, pour nous, c'est un problème de prévision.
Quand on sait au mois d'août combien d'étudiants dans cette situation-là on va avoir pour la session, on peut faire
davantage une meilleure planification de nos services et on réussit. Mais la déclaration doit se faire au
début, puis il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'étudiants qui ne le font
pas jusqu'à la dernière minute. Puis là ça
crée un stress, et c'est là qu'on peut avoir de la difficulté à ne pas être en
mesure d'offrir le service parce qu'on n'a pas réussi à le planifier.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Alors, il ne reste plus de temps. Alors, merci beaucoup, M.
Harrisson, M. Manseau, M. Dupont, pour votre présence ici ce matin en commission.
Alors, je suspends les travaux jusqu'à
14 h 30, et vous pouvez laisser vos documents ici, dans la salle. La
salle sera barrée.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 14 h 34)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bon après-midi. À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission poursuit son mandat d'audition des
dirigeants des établissements d'enseignement de niveau universitaire. Nous entendrons
cet après-midi les dirigeants des universités suivantes : l'Université
du Québec à Chicoutimi, bienvenue, et l'Université
de Sherbrooke.
Alors, sans plus tarder, je vous souhaite la
bienvenue, les dirigeants de l'Université du Québec à Chicoutimi. Je vous rappelle que vous disposez de 20 minutes
pour votre exposé, et, par la suite, nous passerons à la période
d'échange avec les parlementaires. Alors, la parole est à vous. Je vous demande
de vous présenter, et, par la suite, vous pouvez commencer votre exposé.
Université du Québec à
Chicoutimi (UQAC)
M.
Gauthier (Martin) : Merci, Mme la Présidente. Donc, je me présente,
Martin Gauthier, recteur de l'Université du Québec à Chicoutimi. Excusez si je parle un peu du nez, j'ai attrapé
un vilain rhume cet été. Bon, on commence l'été, en fait. Je voudrais vous présenter notre
vice-recteur, enseignement, recherche, M. Mustapha Fahmi; M. Dominique
Bouchard, à ma droite, vice-recteur aux
ressources; à ma gauche, M. Martin Côté, vice-recteur aux affaires étudiantes
et secrétaire général; et, à
l'extrême gauche, Mme Guylaine Boivin, conseillère au bureau du recteur; et,
juste derrière moi, Mme Marie-Karlynn
Laflamme, directrice des affaires publiques. Donc, merci aux membres de la commission
de vouloir nous entendre aujourd'hui.
Je vais essayer de vous exposer en 20 minutes, ça va être un peu difficile,
mais un portrait de l'Université du Québec à Chicoutimi.
Donc, l'UQAC a
un campus principal évidemment établi à Chicoutimi, mais on a aussi une école
d'arts numériques, donc le centre NAD à l'époque, qui est à Montréal. On
a un centre universitaire dans un tout nouveau pavillon qui a été offert par la
compagnie Alouette au coût de 10 millions, qui a été construit l'an dernier,
donc qu'on commence à occuper cette année,
et on a aussi trois autres centres à Saint-Félicien, Alma, Charlevoix, souvent
dans les collèges de Saint-Félicien et Alma, et un partenariat avec le
collège de Jonquière pour ce qui est de Charlevoix.
L'UQAC offre 200 programmes d'études différents.
Donc, malgré sa petite taille, on offre 200 programmes d'études différents, 134
au premier cycle, 66 aux cycles supérieurs, dont 10 programmes de doctorat, 28
programmes de maîtrise, 40 programmes de
baccalauréat. Donc, en 47 ans, on est partis de zéro programme et on a maintenant
10 programmes de doctorat.
Dans le
domaine de la recherche, évidemment, on a plusieurs secteurs de spécialité, dont les études de
population, entre autres, la génétique
humaine, l'imaginaire collectif, les études amérindiennes, la dignité humaine,
la recomposition des liens sociaux,
les rôles et impacts sociaux, roman moderne. Au niveau des ressources
minérales, on a l'hydrogéologie et les gîtes
métallières. On travaille aussi dans le secteur de l'aluminium; vous
comprendrez qu'on est à Chicoutimi. Donc, on parle de métaux légers, de solidification de métallurgie, d'amélioration
des systèmes de production avec le professeur Guy Simard. On a aussi des recherches qui se font dans le givrage
atmosphérique, donc avec le professeur Masoud Farzaneh et Jean Perron, entre autres, dans les matériaux
et aussi dans les réseaux hydroélectriques... électriques, je devrais dire, plutôt.
Dans le
domaine de la forêt, ressource renouvelable et biodiversité, donc, on a la
Chaire en éco-conseil, on a des recherches
qui se font dans les écosystèmes aquatiques avec le Dr Pascal Sirois, la
dynamique forestière, transformation du bois, produits naturels et
bioactifs.
Des
unités de recherche, donc, on a cinq centres de recherche, 19 chaires, 23
laboratoires, six groupes de recherche, 13 consortiums, une galerie
d'art et aussi une revue qui concerne l'organisation et le territoire.
Le financement de la recherche à l'Université du
Québec à Chicoutimi se porte très bien. Notre volume de recherche, en 2013‑2014, s'est élevé à 20 millions de dollars, c'est-à-dire 105 000 $ par
professeur subventionné. On est aussi
actifs à l'international. Plus d'une centaine d'ententes d'échange et de
collaboration, de mobilité de recherche sont signées avec différents
partenaires. Parmi ces ententes, 18 sont des ententes de délocalisation. Donc,
l'UQAC est très active à l'étranger. Elle offre, dans cinq pays différents, des
programmes majoritairement en sciences économiques et administratives, mais
aussi en arts et en informatique. Ça représente 2 300 étudiants inscrits,
en 2013‑2014, à l'extérieur du pays et plus de 3 500 diplômés depuis 2002.
• (14 h 40) •
Localement,
l'UQAC, c'est aussi 6 921 étudiants, dont 5 641 au premier cycle et 1 280
aux cycles supérieurs. Ça représente
4 900 étudiants équivalents temps plein. C'est donc dire qu'il faut
enseigner à plus de 7 000 avec le financement de 4 900. C'est ça, la différence entre le
temps plein et le temps partiel. Donc, c'est 30 % d'étudiants du premier
cycle qui sont à temps partiel. Le rapport hommes-femmes reste inchangé depuis
plusieurs années : 41 % d'hommes, 59 % de femmes. Il y a une
croissance importante de l'effectif des étudiants internationaux à l'UQAC, on a
maintenant une proportion de 11,1 % de
l'effectif total, ce qui fait un des plus hauts ratios dans les universités
francophones. Depuis 1969, donc près
de 50 ans bientôt, on a plus de 60 000 de nos fiers diplômés, dont je fais
partie, qui ont été diplômés depuis
1969. L'Université du Québec à Chicoutimi, c'est aussi 552 employés réguliers,
dont 234 professeurs, 297 employés de
soutien, 17 cadres et quatre cadres
supérieurs. Je m'amusais dernièrement à regarder des vieux albums de souvenirs
de l'université, et, à l'époque, il y
avait 26 cadres, cinq cadres supérieurs, avec un nombre assez similaire
d'étudiants. Donc, au niveau
administratif, l'université a fait beaucoup d'efforts dans les dernières
années. On compte aussi 468 chargés de cours, quelque 500 employés
recherche, pour un budget total de 100 millions.
Au niveau de nos réalisations, donc, on a des
partenariats interinstitutionnels, entre autres, le programme de médecine offert en collaboration avec l'Université
de Sherbrooke, la faculté de médecine de Sherbrooke sur le campus de
Chicoutimi et aussi une entente en santé avec l'Université McGill pour offrir
le programme de physiothérapie.
On a aussi
des partenariats interordres, dont plusieurs D.E.C.-bacs, une chaire commune
avec le cégep de Jonquière et
l'Université du Québec à Chicoutimi, la Chaire Visaj, qui est détenue par le Pr
Michel Perron. On a aussi le centre NAD, comme je vous disais, qui est
devenu l'école numérique NAD, qui était une création du collège de Jonquière,
qui est installée à Montréal, qui, maintenant,
est dans le giron de l'université. On a des partenariats interordres, bien sûr,
avec le CREPAS, dont on essaie de défendre
ou, en tout cas, de préserver l'existence auprès du ministère. Et évidemment on
a un partenariat important, interordres,
avec le cégep de Sept-Îles pour l'établissement de notre campus, qui est le
Pavillon Alouette, qui a été construit sur les terrains du cégep.
Évidemment,
comme je vous le disais tout à l'heure, on a des partenariats internationaux,
principalement la Chine, le Maroc, la France, le Sénégal, la Colombie.
On a aussi,
bien sûr... parce qu'on a une école qui est destinée aux autochtones, donc le
centre Nikanite, donc on a des partenariats avec les autochtones. Et
même, l'an passé, on a eu un premier colloque sur la persévérance scolaire
auprès de l'autochtonie.
On a créé
plusieurs nouveaux programmes récemment. Donc, on parle de médiatisation et
transmission culturelle en arts, on
parle de maîtrise professionnelle en ingénierie, qui ont été créés
dernièrement, le programme de physiothérapie, bien sûr, avec l'Université McGill, le baccalauréat en animation 3D,
cinéma, jeux vidéo, et on a bonifié des programmes de premier et
deuxième cycles au niveau du matériau bois. Donc, ceux qui ont vu un peu les
nouvelles d'hier ont vu la nouvelle norme de
RBQ, donc la Régie du bâtiment du Québec, pour les édifices de 12 étages et
plus, et là on se questionnait sur la
compétence des ingénieurs, des architectes pour voir s'ils étaient formés.
L'UQAC a été la première université à l'offrir
il y a trois ans, un programme en ingénierie dont cinq cours ont des
constituantes structure bois dans le programme.
On a suspendu
des admissions dans quatre programmes et certificats, question de gestion de
coûts; renforcement de l'accessibilité aux cycles supérieurs, donc on a
créé divers programmes de bourses pour faciliter l'accès aux études
supérieures.
Au niveau de
la qualité de l'enseignement, l'évaluation des enseignements se fait maintenant
électroniquement. Donc, on a un système
presque, je vous dirais, automatisé d'évaluation des cours, ce qui va nous
amener à une évaluation en continu des programmes. On a un encadrement
pédagogique, je dirais, unique, parce que le niveau d'encadrement des étudiants à l'université est un des plus
élevés au Québec. C'est-à-dire que, ceux qui se souviennent du sommet,
les gens parlaient d'un ratio de 24 étudiants par professeur. Durant le sommet,
les gens s'entendaient pour dire qu'un ratio idéal
était de 20, mais on visait plutôt le 22 avec le réinvestissement. À l'UQAC, on
atteint un ratio de 20 étudiants sur une base régulière depuis plusieurs années. Vous vous demanderez pourquoi.
Bien, c'est parce qu'on a une grande offre de programmes, donc ça prend plusieurs spécialistes. Et évidemment nos
ratios d'étudiants par cours sont plus bas, ce qui nous amène un ratio
plus intéressant avec une qualité d'enseignement supérieure, mais évidemment
avec des coûts légèrement supérieurs aussi.
On a un
programme d'encadrement qui s'appelle l'Opération Réussite. Donc, on investit
un montant considérable pour la
réussite des étudiants à travers chacun des départements. À l'époque, on avait
un service de réussite, donc les gens s'adressaient à des professionnels
pour se faire accompagner. On a maintenant ramené ça au niveau des professeurs,
maintenant, ils jouent le rôle... et qui doivent jouer ce rôle-là, de s'assurer
de la réussite de leurs étudiants.
Dans les cinq
dernières années, nous avons embauché 64 nouveaux professeurs. Donc, c'est du
remplacement de 61 départs à la retraite à peu près...
59 départs à la retraite, mais vous comprendrez qu'un jeune professeur coûte
beaucoup moins cher qu'un professeur qui est
au maximum des échelons, ce qui nous a permis de maintenir notre qualité
d'enseignement sans trop exercer de pression budgétaire. Mais on comprend que le problème va arriver dans
quelques années puisque ces jeunes
professeurs là, comme tous les autres, vont progresser dans les échelons. Ce
qui nous amène au ratio de 20,93 étudiants en 2014‑2015 par professeur,
et ça, on est très fiers de ça, parce qu'on est une université de proximité, et les étudiants apprécient cette
proximité avec les professeurs, l'ouverture des professeurs et leur disponibilité.
Évidemment, les compressions budgétaires ont
fait en sorte qu'on a quelques services qui ont été minimisés ou même...
disparaître. Par exemple, on avait un
service d'infirmerie, on l'a fermé, on avait du soutien au niveau de l'aide
psychosociale, donc des travailleurs sociaux, on en a diminué le nombre.
Évidemment, les compressions amènent souvent à éliminer certains services, mais
on essaie de préserver le plus possible la qualité d'enseignement et la qualité
de recherche.
On a aussi
réalisé une campagne de financement importante au cours de l'année 2008‑2013,
qui s'est terminée en 2014.
L'objectif était de 15 millions, on a recueilli la somme de
24 millions de dollars. Donc, ça, c'est les résultats au niveau du
fonds de dotation.
Quand je suis arrivé en poste, en avril 2012,
l'université affichait son premier déficit depuis les huit années précédentes, et, depuis ce temps-là, on a établi
un plan de redressement. Sont arrivées les premières compressions de
2012, et on a quand même réussi à atteindre
l'équilibre depuis ce temps-là. Évidemment, ce n'est pas pour vous dire qu'il y
avait des surplus à l'université, ce n'est pas ça du tout, c'est que des
services ont été enlevés, et les gens ont été appelés à contribution, et
évidemment certains employés travaillent beaucoup plus que leurs tâches
devraient l'exiger, ce qui amène aussi
l'épuisement professionnel, qui a une deuxième conséquence, c'est que les
autres sont obligés de faire le travail, ce qui amène d'autres épuisements professionnels. Donc, c'est ce qu'on
vit un peu au niveau du soutien. Je ne parle pas vraiment des
professeurs, mais je parle bien du soutien en enseignement.
Depuis mon
entrée en fonction, en avril 2012, l'ensemble des conventions collectives ont
été renouvelées avec des négociations
qui ont été correctes de part et d'autre. Donc, on est très fiers de pouvoir
dire que l'ensemble de nos conventions collectives
sont réglées pour les quatre ou cinq prochaines années. Évidemment, comme le
corps professoral a beaucoup changé,
évidemment, tous les gestionnaires de l'institution ont aussi pris leur
retraite... ou en voie de la prendre. Donc, on est tout des nouveaux
dirigeants ou à peu près depuis 2012.
Une voix : ...
M. Gauthier (Martin) : Sauf Martin,
qui est là depuis un peu plus longtemps. Et, pour ce qui est des cadres, il y a un renouvellement important qui est en
train de se produire. Donc, pour l'Université du Québec à Chicoutimi,
comme d'autres constituantes de l'UQ, j'imagine,
de notre âge, qui est à peu près 47 ans d'existence... fait en sorte qu'il y a
des changements importants qui se produisent dans nos organisations.
Je pourrais terminer mon petit 20 minutes, s'il
m'en reste quelques-unes.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vous avez six minutes encore, M. Gauthier.
• (14 h 50) •
M.
Gauthier (Martin) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je
pourrais vous parler de l'impact de l'UQAC dans son milieu, parce qu'évidemment on fait de la formation, on fait de
la recherche au bénéfice de notre communauté, mais l'université, c'est beaucoup plus que ça. Donc, on a un centre de
transfert et de développement de l'aluminium, donc des équipements ultraspécialisés pour des
transformateurs, qui est disponible à l'université. On a un centre de
transfert en technologie, donc nos jeunes
qui sont en informatique ont un incubateur d'entreprises, et les entreprises de
l'extérieur ont accès à ces incubateurs-là.
On a un centre d'entrepreneuriat, donc le CEE-UQAC, qu'on appelle. Évidemment,
on a un centre de formation continue,
le CESAM, qui offre du savoir au niveau... je vous donnais l'exemple tout à
l'heure des structures bois, donc on
fait de la formation en continu pour des architectes puis des ingénieurs. On
fait aussi de la sécurité civile,
donc on a des spécialistes dans ces secteurs-là. On offre plusieurs cliniques
universitaires, on est en train d'examiner un projet de création d'un
dispensaire urbain en milieu universitaire à Sept-Îles en collaboration
avec — ce
n'est pas le CIUSSS, c'est un CISSS,
celui-là, oui? — le CISSS
de la Côte-Nord. Évidemment, l'université offre un complexe sportif d'envergure sur son campus, un aréna, l'accès à la
bibliothèque, évidemment, à la communauté. Et évidemment on accueille
plusieurs événements d'envergure, dont les Jeux du Canada, les Jeux du Québec,
des expositions, des manifestations culturelles et sociales.
Plusieurs de
nos professeurs sont impliqués dans la communauté locale et régionale, la
représentation universitaire sur
différents comités et instances régionaux. D'ailleurs, lors du dernier sommet
économique régional qui a été présidé par le premier ministre, sur les 94 mémoires qui ont été déposés, 80 %
des mémoires mentionnaient ou sollicitaient l'UQAC au niveau de son
soutien. Donc, l'Université du Québec à Chicoutimi joue un rôle social et
économique très important au niveau de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Évidemment,
l'université est sollicitée par les parties prenantes de la région. Entre
autres, on accueille plusieurs OBNL
dans nos murs. Évidemment, souvent, ces OBNL là sont reliés à notre mission ou
près de notre mission. Et les publications de recherches... les
résultats de recherches en économie et en éco-conseil sont souvent... nos
ressources professorales dans ces domaines-là sont souvent sollicitées par les
médias locaux.
Au niveau des retombées régionales de
l'internationalisation, comme je vous disais tout à l'heure, on est impliqués
beaucoup à l'international et on a reçu le prix Hector-Fabre, qui est donné par
le ministère des Relations internationales. Donc, on a reçu ce prix-là en 2010
pour avoir permis le rayonnement de région à l'étranger.
Je vous
dirais que l'UQAC arrive, au niveau de la recherche... Pour donner un peu
l'ampleur, comme le faisait M. Michaudhier
ici, on parlait de la recherche canadienne, parce que l'information est assez
accessible avec l'Infosource, on
est dans le premier tiers des universités canadiennes au niveau de la
recherche. Par notre taille, on est dans le milieu du peloton, en 50e position. Donc, on se positionne
très bien au niveau de la recherche, et seulement... 80 % de nos
professeurs ont un doctorat, donc ça nous amène à des résultats assez
intéressants au niveau de la recherche. Et, si j'enlevais les universités avec facultés de médecine, on
arriverait évidemment dans les 16 premières places, la 16e place
exactement.
L'Université
du Québec a un défi aussi, un double défi, 50 % des étudiants diplômés
d'un collège de la région qui vont à
l'université font le choix de venir à l'Université du Québec à Chicoutimi. Il y
a un autre 50 % qui vont à l'université, ils vont le faire à l'extérieur de la région. Donc, le défi est de plus
en plus important parce que la pression est très forte pour la création de nouveaux programmes. Souvent,
les gens, oui, ils font le choix de quitter pour quitter, là, mais ils
font le choix aussi de quitter parce que
l'offre du programme n'est pas faite en région. Et, quand les gens quittent, la
très forte probabilité est qu'ils ne reviennent pas, et, s'ils ne
reviennent pas, c'est donc dire que ça a un impact économique important pour l'ensemble de la province. Donc, ça
a un coût social important. On comprend que former les gens en région, ça a un coût financier direct pour le ministère,
ça, je l'entends bien, mais, au niveau économique national, le coût est
encore plus important, parce que les régions
vont être désertées par les jeunes. C'est aussi simple que ça. Donc, il faut
regarder ça avec une plus grande envergure.
Moi, le
message que je voudrais que les gens de la commission retiennent et que les
parlementaires retiennent, le seul
message, c'est de convaincre la population que la priorité numéro un, ce n'est
pas l'économie, ce n'est pas la santé, c'est l'éducation; les autres en
découlent. Donc, là-dessus, Mme la Présidente, je conclurais. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parfait. Merci beaucoup, M. Gauthier. Alors, on est prêts à passer au bloc
d'échange. Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un bloc de
16 minutes, et je cède la parole au député de Papineau.
M. Iracà : Alors, merci beaucoup,
Mme la Présidente. M. Gauthier et toute votre équipe, bienvenue à votre maison, hein, la maison de tous les citoyens.
Félicitations d'abord pour votre présentation et surtout pour la fierté que
vous dégagez de représenter cette
université. Vous êtes convaincant dans ce que vous dites. Effectivement,
l'éducation, c'est excessivement
important. D'ailleurs, vous êtes gradué, si je comprends bien, de cette
université-là dont vous nous parlez. Alors,
je ne dis pas que vous étiez là il y a 47 ans, là, vous auriez plus de cheveux
blancs que ça, c'est sûr, mais vous avez au moins pu voir et constater l'évolution de cette université que vous nous
parlez depuis tantôt. Donc, si vous nous parlez de ça, c'est parce que vous savez de quoi vous
parlez, là, en étant gradué de là. Alors, c'est bon aussi de se rappeler tout
le cheminement quand on pense que des universités en région sont
parties de rien. Tantôt, on a la
chance, nous, de comparer puis de
voir tous les représentants des universités du Québec, et plusieurs sont
parties de rien, dont vous, et vous êtes rendus là aujourd'hui. C'est
quand même exceptionnel et c'est tout en votre honneur, là. Les dirigeants
d'université, vous faites du boulot exceptionnel.
Maintenant,
il y a un aspect où il faut maintenir les acquis puis il y a un aspect
développement aussi, vous en avez parlé,
de 47 ans d'histoire avec 200 programmes, c'est quand même très bien. J'ai
une première question en lien avec le nombre
de programmes. Parce que c'est quand même impressionnant, 200 programmes,
là, à l'université de Chicoutimi. Comment
vous faites pour gérer cette situation-là, qui pourrait être un beau problème
pour d'autres universités, mais le nombre
de programmes en lien avec le fait de s'assurer que la cohorte, lorsqu'on
l'ouvre dans un programme, elle est au maximum,
au moins, minimalement, elle est dans un chiffre acceptable pour partir la
cohorte dans un programme donné? Comment vous faites pour gérer le
nombre de programmes versus le nombre d'étudiants?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. Gauthier.
M. Gauthier (Martin) : Oui. D'abord,
merci pour votre introduction à la question. On est très fiers de notre
université. Moi, je l'appelle mon université pas parce que j'en suis le
recteur, parce que j'en suis diplômé. Donc, c'est mon université.
Et on a eu une chance particulière par rapport à
mes autres collègues du réseau UQ. Il y avait un groupe, qui s'appelle le
Groupe St-Thomas — je
raconte l'histoire parce que je suis très fier de ça — des
hommes d'affaires qui voulaient établir une
université à Chicoutimi, un peu sur le modèle de Sherbrooke. On ne parlait pas
de réseau à l'époque. Et les gens avaient déjà acheté le terrain,
ramassaient des fonds pour créer l'université. Puis un des membres de ce Groupe
Saint-Thomas là a vu son frère nommé comme le premier sous-ministre de
l'Éducation au Québec, Arthur Tremblay. Donc, son frère, Paul-Gaston, était le directeur
de l'École de commerce de Chicoutimi, et là ils ont dit : Attendez.
Et ils ont créé le réseau. On a été la première constituante de l'Université du Québec qui a été créée, donc le 19 mars 1969.
Je le dis parce que ce Groupe St-Thomas là, les sommes qu'ils avaient
ramassées, ils les ont transférées dans une fondation qui est devenue la Fondation de l'UQAC, qui a été une des
premières fondations du réseau... ça a été la première fondation du
réseau UQ.
Donc, je le soulève et je réponds immédiatement
à votre question par la suite sur les programmes. En fait, effectivement, on offre 200 programmes, mais il faut comprendre que c'est
10 programmes de doctorat, 28 de maîtrise et 40 de baccalauréat. Donc, là, on parle plutôt de
78, on s'entend, de grades. Et tous ces grades-là, souvent, sont
déclinés en plus petits programmes. Donc, c'est un peu ce qu'on appelle des
programmes gigognes.
On
s'est aperçu que ça améliorait l'accessibilité et la réussite. Par exemple, quelqu'un qui décide de faire un retour aux études,
qui occupe un poste de gestionnaire puis décide de s'inscrire au deuxième
cycle, souvent, il ne sera pas admis au programme
de maîtrise. Par contre, on peut l'inscrire dans un programme
court qui contient les mêmes cours que
celui de la maîtrise, et, quand l'étudiant réussit bien, il démontre sa
capacité à réussir puis l'énergie qu'il faut y mettre aussi, bien là on
va le faire progresser dans le cheminement de la maîtrise et on va pouvoir le
graduer par la suite. Et, si les gens, par manque de temps
ou découragement, ou... bien, ils vont obtenir un diplôme, un programme court
de deuxième cycle, par exemple, ou un D.E.S.S..
Donc, souvent, dans
ces 200 programmes là qu'on offre, bien, c'est peut-être une quarantaine
de domaines différents. Donc, c'est beaucoup
plus simple comme ça. Ça, c'est les programmes où on peut amener de l'effectif
régulier. Maintenant, quand vous dites : Des programmes qui sont...
vous me parliez de cohortes, ça, c'est les programmes les plus simples à gérer parce qu'on démarre quand on a
le nombre suffisant d'étudiants pour démarrer. Donc, on a des programmes
qui sont offerts... à démarrage par cohortes. C'est ce qu'on appelle, Martin?
M. Côté
(Martin) : Oui, tout à fait.
M.
Gauthier (Martin) : C'est ça,
démarrage par cohortes. Parce qu'il faut comprendre que, quand on reçoit une demande d'admission d'un étudiant puis qu'on l'a
acceptée, ça devient une obligation légale de lui offrir le programme. Par
contre, il faut insérer les conditions de démarrage par cohortes
dans le contenu des programmes pour que les étudiants soient au fait de
ça, pour qu'on évite tout problème juridique par la suite.
Donc, c'est comme ça
qu'on les gère, de façon... Il y a des programmes qui fonctionnent en continu,
qui sont imbriqués, puis il y a d'autres programmes qui sont par démarrage par
cohortes.
M. Iracà :
Et, si je comprends bien, dans une perspective où, donc, vous évaluez, à un
moment donné, les programmes que vous avez
et vous ciblez, j'imagine, ceux qui sont plus ou moins en demande selon les
besoins de la région pour le travail,
j'imagine — vous
avez parlé de la santé, de la physiothérapie — est-ce
que vous avez des perspectives
de programmes qui pourraient être intéressants, quitte à en laisser tomber quelques-uns,
ou êtes-vous dans une vision à court, moyen terme du besoin de la région?
• (15 heures) •
M.
Gauthier (Martin) : Oui. En
fait, ça, c'est la question qu'on se pose à chaque fois qu'on démarre un
nouveau programme, on appelle ça un peu le cannibalisme des autres programmes.
Par exemple, si on offre un nouveau programme en
physiothérapie, est-ce que c'est des nouveaux étudiants qui arrivent ou si
c'est des étudiants qui seraient venus par ailleurs,
mais dans un autre programme? Donc, quand on vérifie la capacité d'attraction
qu'on a, c'est-à-dire que les fameux 50 % des étudiants
diplômés des collèges qui décident d'aller à l'Université du Québec à
Chicoutimi, il y a un autre 50 % qui vont ailleurs. Donc, c'est sur
cette fraction-là qu'on mise.
Donc, des
physiothérapeutes, c'était une demande du ministre de l'époque parce qu'il y
avait un problème au niveau des services de
santé dans la région, ils manquaient de physiothérapeutes. Donc, le ministère
de l'Enseignement supérieur nous a
demandé de créer le programme, et on l'a démarré en pensant qu'on aurait des
cohortes de 24 à 25, ce que le
ministère pensait aussi puis ce que le bureau de l'emploi nous disait. Mais,
quand on a finalisé toutes nos affaires avec McGill pour démarrer le programme à Chicoutimi, on a eu 128 demandes, 64
acceptables. Donc, on a décidé de démarrer la cohorte à 32, mais là, la
contrainte, c'était les places de stages. Donc, il a fallu se limiter à un
moment donné.
Donc,
il y a un besoin au niveau du marché du travail, et les gens, évidemment, ont
un intérêt à ça aussi. Donc, non,
c'est assez bien analysé. Quand on offre un nouveau programme, on n'y va pas à
risque, pas ces temps-ci. Donc, il y a quelques années, l'université
pouvait se permettre de rendre service à la communauté en faisant quelques
frais, mais aujourd'hui on essaie d'autofinancer nos affaires le plus
correctement possible.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y.
M. Iracà :
Oui. Alors, si vous me permettez, Mme la Présidente, 11,1 % d'étudiants
étrangers, félicitations! C'est quand même un taux assez élevé. Vous
allez les chercher où et comment?
M. Gauthier
(Martin) : C'est une bonne question.
M. Iracà :
Où et comment? Ne dites pas tous vos trucs, là, mais les principaux, là.
M.
Gauthier (Martin) : Oui. Bien, en fait, j'étais le responsable de
l'international avant d'être recteur, donc je peux très bien répondre à votre question. On a eu beaucoup de Français,
beaucoup de Maghrébins et beaucoup de Chinois essentiellement. Aujourd'hui, la proportion des Français a pris de
l'ampleur parce qu'on a fait beaucoup de passerelles, un peu comme on l'a fait avec nos collèges. On a
fait des passerelles avec des instituts universitaires technologiques en
France parce que le réseau universitaire
français est assez complexe et diversifié. Ça, c'est au niveau du premier
cycle.
Au niveau du deuxième cycle, on a fait beaucoup
d'ententes avec des grandes écoles ou des écoles de commerce. Donc, on a beaucoup de systèmes de double diplomation
avec les Français. Ça, ça en règle, je dirais, le tiers de l'effectif
étudiant.
L'autre
population importante qu'on a, c'est évidemment des Chinois. Ça a été un peu
plus complexe au niveau de la langue.
On s'est aperçu que c'était un peu plus simple de commencer à les franciser
là-bas, en Chine. Donc, les
gens, souvent, vont être francisés dans des écoles de français dirigées par des
Chinois, mais on a ouvert... signé une entente dernièrement à Shenyang, où on va former en français non seulement des étudiants en ingénierie là-bas, mais aussi des employés d'un sous-traitant de Bombardier. Donc,
ça nous permet de franciser des Chinois pour qu'ils puissent venir à
l'UQAC plus facilement.
Donc, les stratégies, je vous les donne, elles
sont très simples. C'est qu'au lieu de faire des salons et se promener à l'international pour essayer de
recruter des étudiants un à un nous, on fait des ententes avec d'autres
institutions directement, ce qui fait que les gens
connaissent nos gens et les parents, quand ils ont des questions à poser, ont
un interlocuteur français là-bas. On a un
bureau à Paris pour ce contingent-là en particulier, on a des permanents en
Chine. Donc, on a notre propre système de
recrutement, et ça donne énormément confiance aux parents. Donc, ils nous
confient leurs enfants, puis vous
comprendrez qu'en Chine, quand vous avez un seul enfant, bien, vous voulez que
la personne qui l'accueille en prenne soin.
M. Iracà : Donc, si je
comprends bien, vous êtes tout à fait autonomes dans le système que vous avez monté pour les étudiants étrangers. Ça ne vient pas du siège
social ou d'ailleurs, c'est vraiment de votre propre chef. À titre
d'université, vous faites des démarches et
vous dites, en bout de ligne : Bien, l'argent puis le temps qu'on
investit, ça paye. On le voit avec le
11,1 %. Donc, je comprends que
vous assurez une pérennité, là, par rapport aux étudiants étrangers pour les
années à venir. Vous pouvez le prévoir, le nombre, j'imagine.
M. Gauthier (Martin) : Bien, en
2005, on avait 54 étudiants étrangers, et je pouvais même vous dire quel
professeur les avait recrutés, parce que c'est assez facile à voir, là. Quand
tu as un professeur égyptien puis tu as deux
étudiants égyptiens, tu fais le lien assez vite, là. C'est une toute petite
université. Aujourd'hui... Bien, dans le dernier résultat, on était
rendus à 700 quelques, mais je peux vous dire qu'on atteint 900 étudiants à la
rentrée cette année.
Et là c'est notre défi. Ce n'est pas compliqué,
le défi qu'on a là-dedans maintenant, c'est de diversifier les programmes
fréquentés pour éviter qu'il y ait une trop forte concentration dans des programmes.
Donc, il y a certains programmes
de maîtrise qui sont... je vous dirais, en informatique, par exemple, où j'ai 97 % des étudiants qui sont
des étudiants français, puis il y a deux Québécois au travers ou quelque chose
comme ça... Donc, le défi, c'est d'un peu diversifier
la fréquentation des programmes pour nous aider à continuer à offrir le
programme aux gens de notre région. Vous
comprenez? Ce n'est pas un outil financier d'avoir des étudiants
internationaux, c'est vraiment un outil pour que nos étudiants qui fréquentent notre université, qui
viennent de notre région, puissent, je dirais, fréquenter des cultures
diverses. On est à Chicoutimi, donc c'est
une façon de voyager en commençant. Et la deuxième prémisse, c'est de
dire : Bien, on ne pourrait
jamais offrir ce programme-là aux étudiants du Saguenay—Lac-Saint-Jean si je n'avais pas des membres ou
des étudiants qui viennent de l'étranger pour m'aider à financer le programme.
Donc, il y a
cet arbitrage-là qu'on fait, puis, quand les proportions deviennent trop
grandes, comme, vous voyez, quand je vous donnais en informatique, bien
là, il y a un autre danger qui fait en sorte que les étudiants québécois se sentent un petit peu exclus du groupe. Ça fait
qu'il y a tout cet arbitrage-là à faire. Ce n'est pas simple. Ce n'est pas
simple.
M. Iracà : Mme la Présidente, je ne
sais pas combien de temps qu'il me...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. Il reste trois minutes.
M.
Iracà : Trois minutes.
Alors, peut-être, je vais terminer le bloc avec ma période de questions. Donc,
j'imagine que vous avez toutes sortes de
statistiques, là. Je serais curieux de savoir si vous avez la statistique — peut-être que vous ne l'avez pas non plus, là, ce n'est pas grave,
là — d'étudiants
étrangers qui viennent étudier chez vous et qui décident de rester dans la région ou c'est strictement des échanges
«in and out», puis, si vous me permettez l'expression, je viens étudier,
je repars, ou vous en accrochez un de temps en temps qui décide de rester chez
vous, là.
M.
Gauthier (Martin) : Si vous me posez la question pour l'ensemble du
Québec... parce qu'ils peuvent venir effectivement
étudier à Chicoutimi, d'autres vont aller continuer leur programme à Montréal,
en maîtrise ou au doctorat. Donc, qui
reste au Québec? Une statistique, je n'oserais pas m'avancer, mais c'est autour
de... entre 25 % et 33 %, mais on l'a calculé pour l'ensemble du réseau universitaire québécois, pour les
étudiants internationaux qui restent au Québec. C'est plus facile à
obtenir.
Maintenant,
pour ce qui est de ma propre région, je peux vous dire qu'avant 2005, là, il
n'y avait pas de Chinois à Chicoutimi
et il y en a plusieurs maintenant. Puis j'en connais même qui ont trois
enfants, puis que les grands-parents viennent
régulièrement. Donc, il y a des gens qui s'établissent en région, mais moi, je
vous dirais que toute l'immigration qui
se fait au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
50 %, et là je vous dis ça de façon très conservatrice, là, la cause,
c'est l'université. La plus grande
concentration de personnes qui viennent... puis j'ai un bon exemple à côté de
moi, mon ami Mustapha, qui vient du
Maroc, est établi au Saguenay. Ses enfants ont été à l'école avec les miens,
c'est des Saguenéens, ses enfants. Donc,
il y en a. Donc, l'université en a amené par ses professeurs, mais aussi par
ses étudiants. Et d'ailleurs quelqu'un du milieu médiatique essayait de
faire un peu de «spin-off» à la télé pour notre bureau à Paris. Il a interviewé
le président de notre association étudiante.
Il dit : Qu'est-ce vous pensez de ça, que l'Université du Québec à
Chicoutimi ait un bureau à Paris? Ah!
il dit : Moi, avec mon accent français, je viens de Paris... C'est le directeur
du bureau de Paris qui m'a amené ici, à Chicoutimi.
Voyez-vous, là, même les journalistes ont été
mal pris avec cette histoire-là parce que le président lui-même est un Français
d'origine. C'est le président de l'association des étudiants de l'université.
Donc, vous voyez un peu l'impact que ça a, le 11 %.
M. Iracà : O.K. Alors, je
reviendrai, Mme la Présidente, dans un prochain bloc. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Papineau. On va passer du côté de l'opposition officielle pour un bloc
de 14 min 30 s. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est
à vous.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, M. le
recteur, MM. les vice-recteurs, Mme la secrétaire, bienvenue. Je suis très heureuse d'avoir la chance
d'échanger avec vous aujourd'hui. Je continuerais sur le même thème
parce que je pense qu'effectivement c'est une statistique frappante. J'ai lu
cet article où on parle du bureau à Paris, et puis
vous parlez que ça émane d'une stratégie que l'UQAC aurait mise de l'avant en
2006. Pourquoi, à ce moment-là... est-ce
que vraiment la stratégie de recrutement d'étudiants étrangers était un moyen
de pallier, vous aviez une crainte que vos
effectifs étudiants provenant du Québec allaient stagner ou il y avait des
indicateurs négatifs? Parce que, quand je regarde, il n'y a quand même pas de facteur négatif. Il semble continuer
à y avoir une certaine progression dans vos effectifs étudiants de
manière générale.
Donc, j'étais juste curieuse de comprendre
pourquoi, en 2006, vous avez décidé d'investir vraiment sur la scène
internationale.
• (15 h 10) •
M. Gauthier (Martin) : O.K. Donc,
merci pour la question, ça me donne l'opportunité d'élaborer un peu plus
là-dessus.
Dans les
années 2000, début des années 2000, les professeurs à l'Université du Québec à
Chicoutimi croyaient fermement qu'on ne pouvait pas recruter des
étudiants internationaux. Donc, ils ont décidé de dire : Bien, on va aller
enseigner à l'étranger. Donc, on a eu des programmes
comme ça, un peu comme on a fait avec la Chine puis le Maroc, mais, au préalable, ce n'était pas autofinancé,
ça, c'était financé par l'ACDI. Donc, les gens avaient cette prémisse-là
qu'on ne pouvait pas attirer des étudiants internationaux à Chicoutimi.
Et moi, quand j'ai pris le relais au niveau du
bureau de l'international, je me suis aperçu que les gens qui fréquentaient nos programmes à l'étranger,
c'étaient des programmes de maîtrise, et eux-mêmes avaient des enfants.
Donc, ils nous envoyaient leurs enfants parce qu'ils nous connaissaient ou connaissaient
les professeurs qu'ils avaient fréquentés dans leurs programmes à
l'étranger.
Ça a été un
peu comme ça, et l'idée que les gens avaient à l'époque dans le recrutement,
c'est qu'ils participaient à des missions de groupe dans les salons
internationaux, souvent des salons organisés par l'ambassade canadienne ou organisés par des tiers indépendants là-bas, des
contracteurs qui font des expositions comme ça pour les enfants. C'est
assez régulier dans le monde universitaire. Mais, pour moi, ça, c'était un
effort qui coûtait énormément cher et qui était non récurrent. Il fallait recommencer à chaque année et puis il n'y
avait pas de lien qui se faisait. On va là, on présente dans un salon,
on recrute un étudiant potentiel, puis le suivi, il se fait comment?
Donc, nous,
ce qu'on a dit : Non, il faut trouver un autre système, puis c'est là
qu'on a établi notre système de collaboration.
Et, quand on a vu que ça, ça a fonctionné — c'était en 2006, les premiers qu'on a
signés, alors vous avez bien compris, puis la date est bien arrêtée — l'ancien
recteur a dit : L'objectif, c'est 1 000.
Maintenant,
pourquoi le 1 000? C'est parce qu'effectivement le ministère prévoyait une
décroissance de l'effectif étudiant
importante à l'Université du Québec à Chicoutimi, basée sur les statistiques collégiales.
La réalité maintenant, c'est qu'effectivement
on a recruté beaucoup d'étudiants internationaux, et ça nous aide beaucoup,
mais, en même temps, on a augmenté la
participation des étudiants aux études universitaires, ce qui a empêché le choc
démographique, là, de nous frapper aussi fortement.
Puis, si vous
me permettez juste une... En 1990, au Québec, il y avait 38 % de la
population entre 25 et 64 ans qui n'avait aucun diplôme, O.K., et 15 % détenait un diplôme
universitaire. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, à la même date, en 1990, 41 % de la population, par rapport à 38 %, n'avait pas
de diplôme, 9,6 % avait un diplôme universitaire. Là, on parle d'un taux de diplomation universitaire en bas de
10 %, là, comme sur la Côte-Nord en ce moment. En 2014, ce taux-là était à 17 %. Au Québec, en général, on est à
30 %. On a encore un retard dans notre région. Donc, on peut accroître
cette participation-là à la formation universitaire.
Évidemment,
ce n'est pas avec les jeunes, c'est plus les gens qui sont sur le marché du
travail qui doivent participer aux
études. Puis on le voit avec la création des programmes de deuxième cycle qu'on
fait, on amène beaucoup de nouveaux venus
dans le milieu universitaire, donc qui obtiennent des diplomations
universitaires, souvent de deuxième cycle parce qu'ils ont de
l'expérience importante au niveau professionnel. Donc, c'est l'intérêt.
Donc,
l'international, comme je vous disais, pour résumer, là, ma réponse, oui, il y
aurait eu un déclin, on s'est protégés
contre le déclin. Le déclin n'a pas été aussi fort qu'on l'avait anticipé, puis
c'est grâce à plus de participation aux études.
Mme
Hivon :
C'est une très bonne nouvelle, en fait, parce qu'au niveau du cégep les
inquiétudes sont très grandes dans la
région, avec raison, là. Donc, c'est intéressant de voir que, par différentes
stratégies... j'imagine qu'à l'université ça va bien.
Pour rester
sur le dossier français, dans l'article, ça dit que vous estimez que les
investissements que vous avez faits pour
avoir un bureau là-bas ont généré, en fait, des profits de 12 millions.
Donc, je ne sais pas si c'est le bon chiffre qui apparaît là, ça
m'apparaît quand même quelque chose d'assez costaud, 12 millions. Donc,
j'aimerais ça comprendre pourquoi, comment
on en arrive à un chiffre où cette stratégie-là du bureau en France aurait
engrangé des profits aussi importants. Premier volet de ma question.
Deuxième
volet, c'est la part, donc, de vos étudiants étrangers qui provient de France
dans l'ensemble de votre effectif d'étudiants
étrangers. Et, vous me voyez venir, compte tenu du changement de tarification,
donc, pour les frais de scolarité des
étudiants français, est-ce que déjà vous voyez un impact pour la fréquentation
d'étudiants étrangers français?
M.
Gauthier (Martin) : D'abord, pour la première partie de la question,
pour ce qui est du Bureau de l'international,
il y a un 12 millions. Il y a eu confusion de deux choses, mais, je vous l'explique, par exemple, ce que... C'est important, puis on est fiers de ça. Tous nos programmes qu'on
offre à l'étranger sont comptabilisés distinctement... évidemment, dans
les états financiers de l'université, mais c'est comptabilité séparément pour
assurer tout le monde qu'il n'y a aucun fonds public qui s'en va là-dessus.
Donc,
les formations qu'on donne à l'étranger, on recueille les fonds qui proviennent
de l'étranger, on assume la totalité des coûts avec le surplus qui reste, parce qu'en
principe, c'est ça... pour les autofinancer, mais, comme on en a beaucoup,
on réussit à faire des surplus. L'ensemble de nos autres activités
internationales, c'est-à-dire toutes nos activités pour recruter, pour
ramener à Chicoutimi, le bureau de Paris, sont assumées à même ces revenus-là.
Mme
Hivon :
...revenus autonomes, en fait, du développement...
M. Gauthier
(Martin) : Oui et, en plus, une partie de ces revenus-là servent même
à donner de l'argent, des bourses, à des étudiants québécois pour aller étudier
à l'étranger. Et on a eu, du gouvernement chinois, trois bourses annuelles, études
complètes en Chine, pour des étudiants québécois, et on assure à ces
étudiants-là un suivi pendant les quatre,
cinq, six années qu'ils sont en Chine pour étudier là-bas.
Donc, tout ça, c'est autofinancé, et les surplus, depuis 2006, c'est
12 millions. C'est ça. Et le bureau de Paris, c'est payé à même ce
12 millions là.
Mme
Hivon :
Je comprends.
M.
Gauthier (Martin) : Maintenant,
quand vous me dites... la proportion d'étudiants français que vous
m'aviez demandée, c'est ça? C'est à peu près 250 étudiants sur les 900 en
question, quand on parle du... pas loin du tiers.
L'impact
sur la hausse des frais de scolarité, bien, je vais vous dire... Je ne sais pas
si je devrais vous la dire, cette réponse-là, mais je suis transparent
et honnête, je vais vous la donner. C'est que ça a eu deux phénomènes. Premier cycle, on est à risque parce que c'est eux qui ont
un impact important sur la hausse des frais de scolarité, donc on risque
d'en recevoir un peu moins qu'on pense, mais, pour le moment, les signaux ne
sont pas si mauvais. Par contre, ce que ça a créé...
c'est là que j'hésite un peu de vous donner ça, comme info, mais ce que ça a
créé, ce que je pense... en tout
cas, ce qui se vérifiait à l'UQAC puis ce
que les partenaires nous ont dit, mais probablement ce que tous les autres vont mesurer cette
année, là, c'est que ça a augmenté la valeur des programmes de deuxième et
troisième cycle.
Mais
mettez-vous dans l'esprit d'un étudiant français qui dit : Si je vais au
premier cycle, je paie 5 000 $ CAN ou à peu près puis,
quand je vais au cycle supérieur, on me laisse quand même un rabais, donc j'ai
1 800 $ à payer, mais pour quelque
chose qui en vaut plus que ça. Ils ont comme conscientisé la valeur du
programme par l'effet du prix, comme si
aller à Harvard, parce que ça coûte 30 000 $, que c'est mieux. Ce
n'est pas à cause du 30 000 $, mais ça a un effet sur les
jeunes. Et là ce qu'on a vu, c'est un accroissement important, au niveau du
deuxième et troisième cycle, au niveau des demandes d'admission. Donc, on va
voir, au niveau de l'arrivée, là...
Mme
Hivon :
Cette année, vous avez vu ça, là?
M. Gauthier
(Martin) : Oui, oui, oui. Il y a comme une perception positive.
Maintenant, si on remonte ça à 5 000 $, la personne va disparaître
automatiquement, là. C'est pour ça, je vous...
Mme
Hivon :
O.K. Puis votre proportion d'étudiants étrangers, cycles supérieurs versus
premier cycle?
M. Gauthier
(Martin) : Bien, je vous dirais qu'il y a trois ans c'était 100 %
aux cycles supérieurs.
Mme
Hivon :
Oui. Puis là?
M.
Gauthier (Martin) : Maintenant, on... Bien, en fait, au premier cycle,
je vous dirais que c'est à peu près... ce n'est même pas 20 % de ce
nombre-là.
Mme
Hivon :
C'est ça. Puis les Français... Ça doit être beaucoup des Français?
M. Gauthier
(Martin) : Exactement. C'est ça.
Mme
Hivon : Oui, c'est ça. O.K. Bon, merci beaucoup. Situation
financière, donc je voyais qu'au printemps vous anticipiez un déficit de 2,8. Donc, où en êtes-vous maintenant? Parce
que tantôt je vous entendais dire que
vous aviez espoir d'équilibrer, mais je ne sais pas si vous parliez de 2014‑2015
ou de 2015‑2016.
M.
Gauthier (Martin) : Bon, 2014‑2015...
Le conseil d'administration n'a pas encore pris connaissance des états financiers, mais on peut vous dire que oui, effectivement, on va réussir à atteindre l'équilibre pour 2014‑2015.
Pour ce qui est de 2015‑2016,
il faut dire qu'il y a un gros impact dans notre budget, c'est la convention
collective des professeurs qui a été
signée à la toute fin de l'année financière, et on a changé les conditions de
départ à la retraite. Donc, on a enlevé une partie des primes de départ des professeurs lorsqu'ils partent à la
retraite, l'année de salaire, un grand groupe d'individus, avec un
moratoire de trois mois. Donc, on pensait que beaucoup de professeurs allaient
exercer cette option-là, mais la réalité, c'est que non.
Donc
là, on récupère un million à peu près dans notre budget et on a, durant le tout début
de l'année financière, mai, juin...
divers évènements sont arrivés, ce qui fait qu'on pense aller chercher encore
quelques centaines de milliers de dollars. Hier matin, quand le vice-recteur aux
ressources nous a fait le portrait de la situation, on était davantage
autour de 1 million de dollars de déficit
pour l'année 2015‑2016. Mais évidemment il y a encore du travail à faire, sauf que ça
a une limite, tout ça.
Mais,
quand on me demande de produire quelque
chose avec moins de choses, avec
moins de fonds, bien, j'ai deux
choix : c'est de diminuer la qualité de tout ou d'arrêter quelque chose puis continuer à faire de la qualité dans le reste. Bien, c'est probablement les choix qu'on
va être obligés de faire, là. À un
moment donné, on peut... Mustapha, M.
Fahmi, a un projet de repenser un peu l'université, revoir comment on pourrait structurer l'université au niveau académique pour diminuer nos
coûts, etc. Donc, c'est un exercice qui va se faire durant la prochaine année,
qui pourrait amener une solution pérenne, mais
qui n'aura pas d'impact à court terme. Mais, non, on pense s'en sortir, mais,
comme je vous disais tout à l'heure, notre corps professoral est
rajeuni, ce qui fait que je vais avoir une pression à la hausse sur les coûts
très significative dans le futur.
• (15 h 20) •
Mme
Hivon :
Parce que vous disiez en terminant votre présentation que l'éducation, que
c'est un message qu'on devait tous entendre,
devait être la priorité. Je dois vous dire que je partage ce message-là à
300 %, et c'est pourquoi je vous
dirais que les dernières compressions qui s'ajoutent à celles des années
précédentes m'apparaissent si inquiétantes, parce qu'à un moment donné
il va y avoir un fond, on ne pourra plus essayer de continuer à gratter sans
toucher la qualité de l'éducation qu'on offre.
Puis
c'est ça que je voulais comprendre. Je ne sais pas c'était quoi, cette année,
vous, votre effort budgétaire. Si
vous avez le montant, ça m'intéresserait, mais savoir comment vous avez réussi
à absorber ça dans le contexte déjà assez difficile qui pouvait être le vôtre. Puis, quand vous avez parlé que
vous avez arrêté les admissions — dans quatre programmes, vous freinez — je voulais savoir si ça avait un lien, s'il
y a eu un certain impact sur vos programmes ou l'offre de cours, ou vous
avez essentiellement réussi avec des mesures administratives. Parce que, par
comparaison, on entendait d'autres universités depuis hier, plusieurs nous ont
dit qu'ils avaient dû laisser des postes de professeur vacants. Certains ont un
petit peu modifié l'offre de cours en passant aux deux ans plutôt que, bon...
Donc, de votre côté, j'étais curieuse de savoir à quoi ça ressemblait, ces
mesures-là.
M. Gauthier
(Martin) : Bien, pour ce qui est du nombre de professeurs, comme je
disais d'entrée de jeu, on a 32 postes
vacants, sauf que, dans la réalité, le nombre de professeurs a été assez stable
dans les quatre dernières années, le nombre de postes occupés.
Mme
Hivon :
Donc, vous en avez toujours des vacants.
M. Gauthier
(Martin) : Oui, et ça fait un bout de temps. Mais il faut aussi
comprendre qu'on a augmenté l'offre de
programmes, donc le programme en physiothérapie, par exemple, puis en animation
3D, ce qui représente à peu près 15
professeurs. Donc, il y en a 15 autres ailleurs qui n'ont pas été remplacés.
Donc, le nombre paraît similaire, mais on a plus de champs de
spécialité, ce qui fait qu'ailleurs il y a des pertes au niveau du corps
professoral. Ça, c'est un enjeu important.
Quand
vous me parliez du montant des compressions, ce que je peux vous dire par
coeur, c'est... quand moi, je suis arrivé
en fonction, j'avais un déficit, réel, là, pas anticipé, réel, de 3,3 millions,
et on a eu des compressions budgétaires, depuis ce temps-là, de 13 millions. Donc, c'est 16 millions qu'il a
fallu aller chercher dans les budgets. C'est ce que moi, j'ai fait avec
Mustapha et Dominique depuis mon entrée en fonction. J'avais beaucoup d'amis
quand je suis devenu recteur, j'en ai un peu moins aujourd'hui. C'est comme ça.
Donc,
évidemment, ça a eu des conséquences à la fois sur le corps professoral, au
niveau des expertises; à la fois sur le personnel, au niveau de la
pression, au niveau du travail; et à la fois sur les étudiants pour les
services. Donc, ce n'est pas simple.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Gauthier. Alors,
on va retourner du côté du gouvernement pour un bloc de 16 minutes.
Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le recteur, et je
salue toute l'équipe de l'université pour votre exposé à la fois intéressant et promettant. Le portrait que vous
dressez est intéressant sur le plan des effectifs, de la recherche en
général, la réussite et les finances, et qui m'emmène à quelques questions
spécifiques. Bien intéressant que, sur le taux d'effectifs, c'est assez stable,
on voit une croissance même intéressante, en même temps que votre bassin — je le sais pour avoir travaillé dans le secteur
jeunes des commissions scolaires — est à la baisse, les commissions
scolaires, leur population dans la région ainsi que les cégeps. Comment vous
expliquez ce phénomène intéressant? Et est-ce que c'est volatil, ou vous êtes
optimistes pour les années qui s'en viennent?
M.
Gauthier (Martin) : Non, mais on est très confiants. Vous savez, il y
a toutes sortes de phénomènes qui se passent
dans la société puis, en même temps, il y a des phénomènes économiques qui sont
parallèles. Et je vous dirais que les
gens de la région prennent conscience de l'importance des études supérieures.
Et, quand je parle des études supérieures, je ne veux pas parler seulement que de l'université, je parle aussi des
collèges parce qu'on travaille énormément avec nos collègues collégiaux. Ça, c'est un phénomène
important, puis, de plus en plus, de toute façon, on va utiliser nos
collègues du niveau collégial pour nous aider au niveau du recrutement.
Il y a un autre
phénomène, un phénomène économique. C'est qu'évidemment, comme l'économie est
un petit peu plus au ralenti, les gens
profitent de cette opportunité pour améliorer leurs connaissances et souvent
vont se retrouver à l'université. Donc, il y a des facteurs circonstanciels, comme vous
dites, qui nous amènent des effectifs supplémentaires. Est-ce que c'est volatil? Non, parce qu'il y a
toujours des événements qui se produisent, qui font en sorte qu'on
maintient notre effectif. J'étais un peu
comme vous, porté à croire que ça serait momentané puis... Et non, on réussit
depuis 10 ans cet exploit-là... parce
que la prévision de baisse démographique des effectifs étudiants de
l'université, quand les ministères nous alimentent en information, c'est
prévu depuis 10 ans, puis ça ne s'est jamais réalisé, bien au contraire. On a
une croissance beaucoup plus forte que ce qu'on avait anticipé. C'est un peu ce
que vous avez vu dans le rapport.
Mais
évidemment cette croissance-là, même si elle est appréciable pour l'UQAC, elle
n'est pas aussi élevée que l'ensemble
du réseau universitaire. Donc, il faut comprendre que la plupart des
universités connaissent des croissances plus importantes que la nôtre.
Si j'exclus celles de l'Abitibi et de l'Outaouais, les autres ont des
croissances assez fortes : Montérégie, Montréal, Québec. Donc, on essaie
de tirer notre épingle du jeu, mais ce n'est pas si simple.
M.
Birnbaum : D'accord. Sur le plan de la réussite, une autre fois, c'est
stable, mais on voit quelques-unes de vos données qui risquent d'être un
petit peu préoccupantes quand on parle du premier cycle.
Pouvez-vous nous
parler des mesures pour rattraper ces problèmes-là? Parce qu'on voit un taux de
réussite en décroissance dans la plupart des programmes du premier cycle.
Qu'est-ce qu'on entend faire pour améliorer cette situation-là?
M. Gauthier
(Martin) : Oui. Il y a eu un projet qui a été déposé en 2006... 2007,
programme Réussite?
Une voix :
Oui.
M.
Gauthier (Martin) : À peu près. Oui, les gens ont créé un... bien, en
fait, les gens ont pris conscience de ça, puis les chiffres étaient moins éloquents que ceux-là, là. Vous
comprendrez que c'est assez récent, puis ça date de six ans parce que le taux de diplomation est quand même
toujours quelques années en retard. Donc, c'est très difficile, quand on
prend une mesure, d'avoir l'impact. On mesure ça six ans plus tard. Donc, on a
créé un programme qui s'appelait le programme
Réussite, un programme qui coûtait assez cher à l'université, où on avait
délégué la responsabilité de la réussite aux étudiants à des professionnels, en apparence qui avaient une
spécialisation, mais aussi qui pouvaient paraître moins coûteux que si
c'étaient les professeurs.
Bien,
moi, mon optique là-dessus, c'est que six ans plus tard, quand on mesurait ça
puis qu'on voyait la baisse... donc, comment se fait-il qu'on a mis tous
les moyens en place, avec un système très coûteux, et qu'on n'a pas réussi à
améliorer le taux de réussite?
Donc,
on a fait la stratégie inverse. C'est qu'on a dit : On ne peut pas
déresponsabiliser les professeurs, ce serait trop simple. Ils sont responsables de leurs programmes, ils sont
responsables de leurs étudiants, et là on relègue ça à des
professionnels. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a renversé le système. On a
pris les fonds qui étaient utilisés pour Opération
Réussite, on a enlevé cette organisation-là, on a retourné les fonds dans
chacun des départements, qui redistribuent ça dans les programmes, et ça, c'est les moyens financiers qu'ils ont
pour accompagner les étudiants dans leur réussite.
Et
c'est là qu'on a hâte de voir au niveau de la mesure de l'impact. J'attends les
chiffres aussi impatiemment que vous,
puis c'est un... D'ailleurs, j'ai eu une enquête qu'on fait en parallèle aux
indicateurs que la commission demande, qu'on
fait faire par une firme américaine spécialisée dans ce secteur-là, et j'ai
reçu des chiffres dernièrement puis, je vous dirais, honnêtement, il y a des indicateurs... cette fois-là, ce n'est
plus au premier cycle, là, c'est au deuxième cycle. Donc, non, c'est une
préoccupation qu'on a à l'université.
L'idée
générale, c'est que les étudiants qu'on reçoit, la cote R est... 67 % de
nos étudiants ont une cote R moins élevée
que 28. Donc, déjà, c'est très difficile, au niveau où on les prend, de les
faire réussir à 97 %. Mais par contre, quand on compare ça à
d'autres universités où leur taux de réussite est un peu plus élevé que le
nôtre, donc qui ont quelques pourcentages,
au niveau de la réussite, de plus, reçoivent des étudiants qui ont des cotes R
supérieures à 30, donc ce que j'appelle,
moi, la valeur ajoutée... Donc, quand je prends un étudiant qui a une cote R un
peu plus faible et que je l'amène à une diplomation universitaire, ma
création de valeur comme université, là, est plus grande que celui qui a pris
des cotes R 30 puis qui en a diplômé 80 %. Ça, on appelle ça détruire
de la valeur.
• (15 h 30) •
M.
Birnbaum : Vraiment très intéressant. Des fois, on a des exemples, des
indicateurs à peut-être repenser, parce que voilà une tâche tout à fait
à l'honneur de n'importe quelle université, de faire progresser du monde, et
des fois c'est difficile à quantifier dans nos évaluations.
Un autre sujet qui
est, bon, des fois difficile à identifier et évaluer dans les indicateurs, qui
sont assez bien ventilés ici, c'est le rôle
des universités de plus en plus crucial dans l'adéquation formation-emploi. On
en a discuté, je me suis permis de
poser la question à plusieurs de nos... les groupes devant nous. Vous savez
qu'on est dans une situation unique,
au Québec, qui touche votre région comme les autres, où il y a zéro croissance
chez le monde apte à travailler de l'âge
de 22 à 55 en même temps qu'on est devant une situation où on va trouver
quelque 750 000 postes qui vont s'ouvrir dans les prochaines
années, ce qui nous interpelle tous, l'État, les universités, le monde de
l'emploi, les entreprises, à collaborer pour faire en sorte que chaque personne
apte à travailler et avec un potentiel à combler soit appuyée et accompagnée
dans sa recherche d'un emploi qui matche les besoins du marché actuellement.
Pouvez-vous me parler un petit peu — je ne sais pas si le temps va suffire dans
ce bloc-ci — de vos
efforts, votre collaboration avec les autres établissements d'éducation,
l'entreprise, Emploi-Québec ainsi que le ministère de l'Éducation pour assurer
la pleine participation de l'UQAC dans l'adéquation formation-emploi?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il reste encore sept minutes, pour
votre information, M. le député de D'Arcy-McGee. Allez-y, M. Gauthier.
M.
Gauthier (Martin) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour la
question. Ça m'interpelle parce qu'hier soir j'ai justement regardé
l'adéquation formation-emploi pour une toute autre raison, parce que la
Commission des partenaires du marché du
travail a changé... bien, en fait, leur mission a été changée ou modifiée, et
l'adéquation formation-emploi est de
plus en plus visée. Et surtout le milieu universitaire, qui n'a pratiquement
jamais été interpellé par rapport à ça, on fait beaucoup plus affaire
avec des ordres professionnels qu'avec le marché du travail; vous comprendrez
que la fonction première d'une université, c'est
de développer l'esprit critique des étudiants, donc, quand on parle d'un
point de vue un peu plus philosophique... mais on comprend que la réalité
économique fait en sorte qu'aussi on forme des travailleurs. Donc, ça, c'est le défi des universités. On est une
université toute jeune, donc on est peut-être plus souples à cet égard, mais des universités plus
conservatrices, bien, évidemment, ça va un peu contre le sens universitaire.
Mais ça n'empêche pas qu'on accorde une importance très grande à ce phénomène-là.
Et
moi, je vous dirais qu'hier soir, justement, quand je pensais à ça par rapport
au mandat de la commission, je me disais : Il y a des programmes
coopératifs qui fonctionnent très bien, l'Université de Sherbrooke en a
plusieurs. Évidemment, le ministère a fait un blocage à cet effet-là à cause
des coûts, O.K.? Donc, on parle d'un programme qui est un peu plus long, donc
un financement qui est plus long, puis évidemment ça génère des coûts. Ce genre
de programme là est tellement en demande de
la part des étudiants! Et, quand on fait ça correctement... Je ne parle pas
d'un stage de trois crédits, d'une courte durée dans une entreprise, là, ce
n'est pas suffisant, mais, dans une planification formation-stage en continu,
vous réglez une grande partie de ce problème-là.
Donc,
l'adéquation formation-emploi, au niveau universitaire, quand on parle de
stages, parce qu'on ne parle pas de jeunes, là, on parle des gens
matures, quand même, là, ça va se faire automatiquement. Donc, la vraie
solution, au niveau universitaire, c'est de faire de plus en plus des
programmes de ce type-là qui feraient de la collaboration.
En passant, en ingénierie, ils le font avec l'ETS,
on le fait chez nous. Si on l'extensionnait à la gestion, par exemple...
Donc, comment réussir
ça, maintenant? Pourquoi les entreprises ne veulent pas accueillir nos
étudiants? On parlait tout à l'heure qu'on
avait un problème au niveau des sciences infirmières, physiothérapie. Les
pressions financières sont tellement
fortes sur les centres hospitaliers, ils ne veulent plus recevoir nos
stagiaires parce que ça a un coût pour eux. Une physiothérapeute qui
reçoit une jeune physiothérapeute en stage, sa tâche, elle, est diminuée de
50 % pour accompagner la stagiaire. Donc, je me mets à la place du centre
hospitalier, je n'accueillerais pas 20 stagiaires cette année, ça va être 10. Donc, si on ne trouve pas
une solution pour le marché du travail, donc les employeurs publics,
mais aussi les employeurs privés, pour
mettre un incitatif à accueillir des stagiaires, les universités vont faire
face à un grave problème. Moi, j'ai
déjà demandé aux gens des sciences infirmières de tout de suite préparer une
stratégie pour construire un nouveau
programme qui nécessiterait moins de stages parce que les hôpitaux ne veulent
plus accueillir de stagiaires, n'ont pas de moyens financiers, mais en
même temps on ne peut pas diplômer d'infirmières sans qu'elles n'aient fait de stage. À court terme, on va avoir un gros
problème. Donc, je pense que c'est justement au ministère de l'Emploi à
trouver une solution pour trouver un incitatif pour que les employeurs puissent
accueillir davantage de stagiaires.
M.
Birnbaum : ...débat philosophique sur le rôle des universités aussi,
parce que, je trouve, c'est important qu'on commence à s'entendre sur le fait qu'il n'y a aucune contradiction entre
le rôle traditionnel d'une université et les besoins du marché du
travail, surtout avec un monde qui change, où l'exigence de l'industrie est des
gens généralistes avec des capacités
transversales, des êtres humains, quoi, très préparés dans tous les domaines de
la vie. Alors, il me semble qu'il faut qu'on
se débarrasse de cette idée qu'il y a une dichotomie là, il me semble qu'il y a
une collaboration très intéressante.
Si je peux passer à
l'autre sujet... Il me reste...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il reste trois minutes, M. le député de D'Arcy,
alors...
M. Birnbaum :
Trois minutes. Bon, peut-être une... bien une question qui me touche
particulièrement. J'ai eu le privilège de
travailler de très près avec Michel Perron, j'ai été membre du groupe sur la
persévérance et la réussite scolaires pour 10 ans en étant
directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones du
Québec, et M. Perron fait un travail
colossal et inspirant au sein de votre région mais, comme vous le savez, pour
le Québec dans son entier. J'ai cru comprendre qu'il y avait des
échanges avec notre gouvernement et que la situation, en ce qui a trait au
CREPAS, a l'air beaucoup plus prometteuse. Pouvez-vous nous en parler un petit
peu?
M. Gauthier
(Martin) : Oui, bien j'étais à la rencontre avec M. Perron quand
on a rencontré le ministre. L'université
supporte financièrement le CREPAS, là, ainsi que les commissions scolaires puis
les collèges. Donc, on est sur le
respirateur, l'ancienne CRE, donc, qui s'est transformée, a réservé une somme
importante pour permettre de survivre au CREPAS. Maintenant, tout ce que
ça prend, c'est l'accord du gouvernement à l'effet qu'on continue à supporter
le CREPAS, puis automatiquement les sommes vont être débloquées, mais il y a un
enjeu parce qu'on demande un financement à
long terme et non pas à court terme. Donc, je pense que les gens travaillent au
ministère pour trouver une solution à
ce problème, mais en même temps tout le monde est d'accord sur le fait que le
CREPAS a été un outil à la fois pour
notre région... on est passés de la pire région au niveau de la fréquentation
scolaire puis le décrochage scolaire à une des meilleures, et ce
modèle-là a été répliqué... Bien, en fait, Michel Perron a tout simplement
découvert les facteurs socioéconomiques qui influencent la réussite, donc...
Bien, je dis «simplement»... je ne voudrais pas minimiser son travail, loin de là. Au contraire, c'est assez
extraordinaire, ce qu'il a fait. Mais on sait que tout le monde est d'accord
avec le principe, mais on attend les réponses positives au niveau financier.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci, M. Gauthier.
Ça va, M. le député? Il reste une minute.
M.
Birnbaum : Est-ce qu'on peut l'ajouter à un prochain bloc? Parce que,
oui, ce serait trop compliqué. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, pas de problème. Alors, on va
passer au deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de 18 min 30 s.
Alors, M. le député de Chambly, la parole est à vous.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Je salue les collègues. Je remercie toute l'équipe de
l'Université du Québec à Chicoutimi qui vient répondre avec diligence à nos
questions.
Une
première question concerne la variable subventions de recherche, contrats de
recherche. J'ai vu une donnée qui disait
que depuis trois ans on observe une espèce de revirement de situation : il
y a une baisse des subventions de recherche de l'ordre d'à peu près 35 %, et on a une hausse de 135 % des
contrats de recherche. Alors, est-ce qu'il y a une conjoncture particulière ou c'est un changement de cap de la
part de l'université? Je ne pose pas nécessairement ça comme un problème
mais vraiment comme quelque chose qui
change, qui semble être un changement de cap, et j'aimerais savoir
pourquoi.
• (15 h 40) •
M.
Gauthier (Martin) : Non, c'est parce que... Et je comprends la
statistique que vous voyez. Quand vous voyez les contrats de recherche, il y a une fluctuation importante d'année en
année, ça, je peux vous l'expliquer assez bien. Pour ce qui est des
subventions de recherche, bien vous connaissez le problème autant que moi, il y
a eu des compressions importantes au niveau des subventions, mais il n'y a pas de
lien direct entre les deux. C'est qu'on a deux professeurs spécifiquement qui obtiennent des contrats, des
vrais... des contrats de recherche d'entreprises, et ça, c'est plus cyclique, là, c'est... donc, ça aurait pu être dans des années
où il y avait des bonnes subventions de recherche. Et le
fait même que vous observez, qu'il y a
une baisse importante au niveau de... les deux dernières années au
niveau des subventions, ça, c'est un fait,
quoiqu'on fait beaucoup de rattrapage ces temps-ci avec le financement
fédéral. Donc, on a eu des acceptations de nouveaux projets de
recherche, ça devrait être intéressant au cours de l'année 2015‑2016.
Pour ce qui est des
contrats, c'est... on a un centre de recherche sur le dégivrage, qui est la
seule organisation attitrée au niveau
mondial, là, pour la certification de produits de dégivrage au niveau de
l'avionique. Donc, quand vos avions
sont dégivrés, là, nécessairement ça a été approuvé chez nous. Donc, ça, c'est
des contrats de recherche, c'est un chercheur
qui fait ça, et ça, c'est très cyclique, dépendant des produits qu'ils veulent
introduire sur le marché, des nouveaux produits qu'ils veulent
introduire sur le marché. Donc, il y a des tests qui se valident là, c'est — comment
ça s'appelle? — le
LIMA , le centre de recherche LIMA.
M.
Roberge : O.K.
Donc, il n'y a pas une espèce de politique de l'université à favoriser plus les subventions, dire : Il faut changer,
ou plus les contrats. C'est cyclique, tout simplement.
M.
Gauthier (Martin) : Non,
non. Si on avait réussi à augmenter les subventions, on aurait été très
contents, mais, les contraintes budgétaires étant ce qu'elles sont pour tout
le monde, il y a eu une diminution.
M. Roberge :
Parlant de contraintes, ma collègue, tout à l'heure, a parlé... en fait,
plusieurs de mes collègues ont parlé des étudiants étrangers, parce que c'est
une caractéristique importante. Ce matin, votre collègue la rectrice de l'Université
du Québec en Abitibi a soulevé une problématique intéressante. Enfin, ce n'est
pas intéressant, c'est une problématique, mais c'est les changements des
règles au niveau du gouvernement fédéral par rapport aux étudiants étrangers. Est-ce que vous redoutez ça aussi? En
fait, ce que j'ai compris, c'est que c'était plus difficile pour eux
d'avoir des visas et donc de travailler à
temps partiel. Donc, moi, je vois venir, là. La conséquence de ça, ça va être...
on devient moins attractif de cette
façon-là, puis il y a peut-être des étudiants qui après un an, deux ans se
disent : Bien là, si je ne peux pas travailler pour payer mes études... En tout cas, moi, j'anticipe des
problèmes. Puis, je ne sais pas, de votre côté, là, vous qui êtes les
deux mains dedans, comment vous voyez cette question-là?
M.
Gauthier (Martin) : Oui. Le visa de travail est un petit peu plus
complexe à obtenir, là, évidemment. Pour le travail sur campus, ce n'est
pas si... mais c'est le travail hors campus qui devient un peu plus complexe.
Mais
vous m'amenez sur le... je saisis l'opportunité, parce que le visa de travail,
ce n'est pas seulement que les étudiants,
c'est aussi les stagiaires, mais c'est pire que ça, c'est aussi des
professeurs, et ça, il y a un enjeu. Exemple, on aurait pu recruter un
des meilleurs professeurs au niveau de la structure bois. Puis là je le dis
sans égard à celui qui a été recruté, là, ce
n'est pas... ses compétences vont être reconnues, parce que de toute façon les
débats sont publics, mais on avait une candidature de l'étranger, de
l'Australie, qui était de très, très haut niveau, et les nouvelles règles ont
fait en sorte qu'on a engagé le Canadien qui
répondait aux critères d'embauche parce qu'il ne pouvait pas avoir de visa de
travail, donc, pour venir ici, au Québec.
Donc, les universités... Et puis je suis certain que notre collègue de McGill
va le mentionner à la commission,
parce que c'est un problème aussi pour eux. Et puis nous, on veut... Quand on a
la possibilité de recruter le meilleur professeur au monde dans un
secteur, pourquoi ne pas prendre le meilleur?
Donc,
ces règles-là d'immigration... ou de visa de travail, plutôt, ont rendu la
chose un peu plus complexe, mais en même temps, si on avait... si avant
on aurait pu changer le modèle d'offre d'emploi pour... Mais on ne sait jamais a priori qu'est-ce
qui peut arriver comme candidats. Donc, ça a une lacune à la fois pour les
étudiants, et j'ai pris la balle au bond pour dire que ça a un impact
aussi sur le recrutement du corps professoral.
M. Roberge : Je vous remercie de
l'avoir spécifié parce que je n'y avais pas pensé, mais la réponse est encore
plus intéressante que la question, puis c'est très bien comme ça.
On a parlé tout à l'heure des
compressions et des conséquences, puis là j'ai pris des notes parce que c'est
une liste assez grave. Vous avez dit
que vous aviez été forcés de couper dans le soutien psychosocial, ça a amené
des épuisements professionnels. Ça a augmenté la tâche des gens, ce qui
a amené d'autres épuisements professionnels. Vous avez dit qu'il y a moins d'admissions dans au moins quatre
programmes, il y a des postes de prof vacants — il y en avait déjà, mais là je comprends qu'il y en a davantage parce
que, bon, il y a des nouveaux programmes qui se créent — une perte d'expertise, une perte
d'amis même, vous avez dit que vous aviez perdu des amis, je sympathise avec
vous.
Est-ce
que je comprends qu'on a atteint un point de bascule puis que l'université ne
pourra pas endurer ce supplice-là
encore plusieurs années? Parce que, là, je comprends que vous sauvez les
meubles, là, mais, s'il fallait qu'on reste à ce niveau pendant encore
deux, trois ans, à un moment donné, j'imagine que ça va devenir insoutenable,
là, quand on parle d'épuisement professionnel qui engendre d'autre épuisement
professionnel.
M.
Gauthier (Martin) : Oui, effectivement. Bien, il faut se rappeler
aussi qu'en 2012 les universités ont signalé qu'elles avaient un besoin de financement supplémentaire entre 600 et
800 millions, là, on ne fera pas le débat à quelques centaines de millions près, mais ce qui est
arrivé, c'est l'inverse, c'est à peu près 600 ou 800 millions qu'on a
enlevés, amputés dans le réseau universitaire. Donc, ce qu'on n'avait déjà pas,
bien on en a encore moins.
Là,
les gens vont dire : Oui, mais les universités existent encore. Bien sûr,
bien sûr qu'on va exister encore, les universités seraient pauvres et
elles existeraient encore. Dans la Rome antique, il y avait des universités,
mais on ne veut pas reculer là, hein, ce
n'est pas ça qu'on attend de nos universités, donc il faut donner les moyens aux
universités qu'elles puissent réaliser leur
mission. Et, leur mission, on peut bien dire : Ça se limite à des
étudiants; non, ça se limite au futur.
Nos étudiants, c'est le futur. Ça se limite à la recherche, vous me diriez? La
recherche, c'est notre développement technologique.
Donc, ces deux facteurs-là font en sorte que, comme je vous disais d'entrée de
jeu dans la présentation, la priorité numéro un pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises, ça devrait être l'éducation.
Et puis, quand on
voit qu'aujourd'hui c'est en cinquième place... Je ne veux pas empirer ma
situation, mais cinquième... Et, quand on parle de ça, on parle d'éducation.
Là, si je parlais de l'éducation primaire, secondaire puis j'enlevais ça de là,
donc, l'enseignement supérieur, on serait quoi, 17e, 18e priorité, hein?
Parce que c'est toujours un peu plus émotif
quand on parle d'éducation des jeunes, des enfants. Donc, quand on met ça
ensemble, l'enseignement supérieur et l'enseignement primaire et
secondaire, et que ça ne devient pas la première priorité des Québécois et des Québécoises, on a un problème. Il n'y a pas
beaucoup de sociétés dans le monde qui mettent ça autrement que la
priorité numéro un.
Donc, je pense que
ça, c'est l'essence de mon message, là, quand vous m'abordez sur ce sujet-là.
M.
Roberge : Très bien. Il y a une phrase que je n'ai pas inventée, là,
je le dis bien, mais il y a quelqu'un qui dit : Si l'éducation
coûte cher, essayez l'ignorance. Ça, ça coûte pas mal plus cher, l'ignorance.
Parlant
de formation de la relève et même de formation des maîtres, parce que, là, on
est vraiment dans le long terme, j'ai
vu que vous avez fait un partenariat avec les commissions scolaires concernant
la formation des maîtres, vous avez recruté... vous avez fait un prêt de
service de profs, qui sont devenus superviseurs. Est-ce que vous pouvez me
parler un peu de ce projet-là, qui me semble assez intéressant?
M.
Gauthier (Martin) : Oui. Veux-tu... Donc, on a une entente avec le...
en fait, on a deux types d'entente, parce que je veux répondre à votre question, mais en même temps je vais vous
donner un complément d'information sur notre consortium de recherche régional en éducation. On travaille très bien
avec nos partenaires de l'éducation dans la région, notre conseil interordres était très soudé et
efficace. De toute façon, on veut le maintenir de façon informelle, c'est ce
qu'on a décidé comme dirigeants au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Puis je pense que je
vais répondre à votre question en introduisant mon point sur le consortium de
recherche régional en éducation. On a un
groupe de chercheurs au niveau des sciences de l'éducation qui ont plus de
difficultés que d'autres professeurs
à avoir des fonds de recherche, et ils ont réussi à développer un partenariat
avec les commissions scolaires. Les
commissions scolaires versent 1 $ par enfant qui étudie dans les écoles,
versent cette somme à un consortium de
recherche, les mandats de recherche s'en viennent à nos professeurs, et, en
contrepartie... bien, en contrepartie... en plus, ce que les commissions scolaires offrent, c'est un milieu de
recherche pour nos professeurs. Donc, les jeunes, 1 $ par jeune qui
s'en va dans le fonds de recherche, et chacun de ces jeunes-là devient un lieu
de recherche pour nos profs, et simultanément, à mesure que la recherche se
développe, quand on constate des résultats, on fait le transfert.
Donc,
quand les gens disent : Oui, mais, les universités, ça donne quoi comme
transferts au niveau de la recherche?, il y a des transferts comme ça, dans
le secteur des sciences humaines, où il est instantané. Et là on avait
l'exemple de Michel Perron, où les résultats de recherche ont été appliqués
dans le milieu instantanément grâce au consortium de recherche régional en éducation, ce qui nous a donné accès, évidemment,
à une... accès à une relation particulière avec nos commissions scolaires, qui fait en sorte que nos
propres étudiants qui sont en enseignement primaire, secondaire vont
dans le milieu pour faire leurs stages, et,
plutôt que nos professeurs supervisent ces jeunes-là, c'est les enseignants du
milieu. C'est pour ça qu'on fait des prêts
de service, des contrats de prêt de service qui assurent la tâche
d'encadrement. Donc, nos professeurs universitaires ne s'ingèrent pas
dans la gestion de classe, mais c'est bien le professeur qui est là qui reçoit une rémunération de l'université sur
entente avec la commission scolaire, pour ne pas qu'il y ait de double
rémunération, puis c'est en faisant des
prêts de service de ce type-là. Donc, notre proximité avec nos commissions
scolaires est très, très élevée, et ça a des conséquences aussi sur
notre réussite au niveau primaire et secondaire.
• (15 h 50) •
M. Roberge : C'est un bel exemple de
partenariat. Souvent, on pense que la recherche, c'est... on pense recherche scientifique et on imagine les sciences
pures, le génie, mais là vous avez une belle démonstration de recherche en sciences sociales qui devient de la recherche appliquée,
là, appliquée directement sur le terrain. Puis ça, c'est une démystification qui ne se fait pas nécessairement
dans le grand public, mais ça se peut, de la recherche en sciences
sociales autrement que des mémoires qui finissent sur des tablettes, là, puis
c'est souhaitable que ça le soit.
Autre chose
sur laquelle j'aimerais avoir des explications, des éclaircissements, c'est
votre formation en écoconseil, qui semble assez innovante aussi et sur
laquelle j'aimerais avoir juste davantage d'information.
M.
Gauthier (Martin) : Oui. La formation en écoconseil, c'est une
formation de deuxième cycle, d'abord. Ça a été créé par le
Pr Claude Villeneuve, qui est un professeur atypique, qui n'est pas un
professeur universitaire standard et qui
croit fermement à son programme. Ça a commencé tout petit il y a quelques... je
dirais presque 15 ans, peut-être un peu plus même, et le programme
qu'il a développé, de façon très cohérente... C'est un biologiste à la base,
là, mais qui a toujours cru qu'il fallait qu'on soit multidisciplinaire, donc,
pour lui, là, protéger l'environnement, ce n'est pas seulement qu'une question
de biologie, c'est une question économique, puis il y a un équilibre là-dedans.
Et je me rappellerai toujours d'un exemple. Il m'a vu boire une bouteille d'eau
en plastique, il me faisait le reproche, il me dit : Martin, tu pourrais laisser ton robinet couler toute la
journée, ce ne serait pas grave, c'est moins dommageable pour
l'environnement que la bouteille d'eau qui a été transportée là. Donc,
voyez-vous un peu le genre de philosophie?
Donc,
effectivement, son programme est très bien construit, a offert différents
volets, entre autres dans le calcul du carbone.
Ce programme-là est offert maintenant en ligne. Il a créé une grille
d'évaluation qui a été acceptée l'an dernier par l'institut francophone du développement durable et qui a été acceptée
cette année par l'ONU, donc sa grille d'évaluation va servir à évaluer les projets au niveau du
développement durable. On délocalise un programme, ce programme-là va
être maintenant offert en Afrique pour
l'Institut africain du développement durable, et l'ONU nous a demandé de
traduire le programme pour l'offrir à
différents membres de l'ONU, dans les pays qui en ont le désir. Donc, c'est un
succès important. C'est presque, je dirais, la moitié de l'effectif du
département qui est dans ce programme-là. Donc, vous voyez l'impact, là, c'est...
Et on a une
relève qui est un défi pour l'UQAC. Dans différents secteurs de recherche, il y
a des défis très grands à relever
pour maintenir notre recherche dans certains secteurs, mais, dans ce
secteur-là, ce professeur-là a construit une relève fort intéressante
autour de lui. Donc, ce n'est pas un secteur qui est en danger à l'université,
au contraire, c'est un secteur qui est en
très forte croissance. Et il a même développé un nouveau programme en éducation
de l'écoconseil dans le Département des sciences de l'éducation, c'est
le genre d'ouverture qu'il a avec ses collègues envers l'université. Donc, on essaie d'extrapoler ce programme-là dans
différents secteurs pour que le développement durable soit intégré un
peu partout dans les programmes de formation.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il vous reste trois minutes, M. le député de Chambly.
M. Roberge : Est-ce que ce
programme-là a des impacts qui touchent les étudiants de premier cycle ou c'est
strictement au deuxième cycle?
M.
Gauthier (Martin) : Bon,
pour le moment, c'est strictement le deuxième cycle, donc c'est des
microprogrammes de D.E.S.S. puis de maîtrise. Évidemment, le défi serait
d'intégrer des cours de premier cycle en écoconseil.
Et là je fais
un peu de pouce là-dessus si vous me permettez. C'est que les ordres
professionnels sont impliqués dans
nos programmes, donc ce qui fait en sorte que c'est plus difficile des fois de
modifier des programmes au premier cycle qui sont normés et puis d'introduire des concepts de développement durable
comme ça. Je parle des programmes de génie, par exemple, où on pourrait intégrer des programmes comme ça, mais il faut
faire accréditer par le bureau canadien, donc c'est un peu plus difficile. Mais ce n'est pas la
volonté qui manque, puis je vous dirais que les collègues en écoconseil
nous... je dirais même tentent de nous... nous harcèlent pour qu'on l'introduise
au niveau du premier cycle.
M.
Roberge : Et une petite
dernière pour la route. Dans votre plan administratif 2011‑2012, 2012‑2013, vous parlez d'une culture d'imputabilité, de
responsabilisation des gestionnaires, une culture d'évaluation des employés. Je
pense que vous en avez parlé au début, vous
avez dit qu'il y a une évaluation en ligne pour les profs, vous avez mentionné
ça, même récurrente, mais j'aimerais
ça entendre parler de votre culture d'imputabilité puis de responsabilisation
des gestionnaires. Il me semble que ça manque au Québec, ça.
M.
Gauthier (Martin) : Oui. Ça, c'est dans notre plan stratégique. Pour
moi, c'était plus qu'important. Quand tu es responsable, tu es
imputable. Et les gens, souvent, d'un point de vue administratif, là, souvent
on...
Je vais vous
donner un exemple très clair. Au niveau financier, par exemple, les gens
réclamaient, faisaient un bordereau
pour réclamer aux finances, le gestionnaire signait, puis c'est le personnel
des finances qui avait la responsabilité, finalement, de dire si c'était
correct ou pas, donc c'était toujours le département des finances qui était
imputable et responsable. Ça ne se peut pas.
C'est toi, le gestionnaire, donc c'est à toi... tu ne peux pas signer n'importe
quoi. Mais, à l'inverse, quand le gestionnaire avait signé, souvent les
finances refusaient : Non, ça ne fonctionne pas. Et donc c'est à partir de
ces exemples-là qu'on a dit : Non, il faut changer cette façon de faire
là, il faut rendre les gestionnaires responsables et imputables.
Et
je vous dirais que j'étais... j'y croyais, là, mais pas avec une très grande
conviction, et je m'aperçois, avec la venue de M. Bouchard, qui
vient du secteur privé, qui est une intrigue dans l'université... mais qu'il
amène avec lui cette culture-là. Et je pense
que les gens sont moins rébarbatifs qu'on pourrait le penser, beaucoup moins.
Bien, en tout cas, disons qu'il y en a une, catégorie, qui sont très
ouverts à ça puis qui vont le faire, il y en a d'autres que c'est un petit peu plus difficile, mais
je pense qu'on va réussir effectivement. Et puis, si ça, ça avait... si c'était
contagieux, je pense que l'université peut changer.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Gauthier. Alors, on
va passer du côté du gouvernement pour un bloc de 16 minutes, et je
cède la parole au député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Je crois que nos établissements,
que ce soit universitaires, commissions scolaires, santé, toutes les instances publiques, on va en convenir
qu'on n'est pas toujours au rendez-vous quand il s'agit de nos Premières Nations, les peuples inuit et
cri, dans notre offre de services, dans notre participation, en assurant
leur accès à nos services et à un
épanouissement équitable. Dans ce contexte, je note avec intérêt deux
initiatives de l'UQAC et je vous invite de nous en parler un petit peu
plus, du Centre des Premières Nations Nikanite et le Consortium de recherches amérindiennes. Il me semble que voilà
deux gestes qui s'adressent aux problématiques que je viens d'indiquer.
Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu?
M.
Gauthier (Martin) : Oui, ça va nous faire plaisir de vous parler de ça
parce qu'on est aussi... Avant, on avait une école qui s'appelait... maintenant, il s'appelle le centre Nikanite.
Donc, le centre Nikanite, à son origine, c'était l'école... J'ai un
blanc de mémoire, Martin. Avant que ça s'appelle le centre Nikanite...
M. Côté
(Martin) : Mme Bouchard était directrice.
M. Gauthier
(Martin) : C'était Mme Bouchard la directrice, oui. L'école
amérindienne.
M. Côté
(Martin) : Études amérindiennes.
• (16 heures) •
M. Gauthier
(Martin) : Études amérindiennes. Et ça, c'était depuis l'existence de
l'université. Et, dans le début des années 2000, on a recruté un nouveau
directeur qui est un autochtone, qui a fait des études supérieures, puis on a réussi à recruter quelques individus
comme ça qui ont fait des études universitaires et qui se sont intéressés
à déployer ça auprès de leur communauté.
Donc, le centre Nikanite a cette particularité d'être proche de la
communauté autochtone, donc ça nous a donné
un avantage, un peu comme l'Abitibi l'a fait pour sa propre communauté. Donc,
on est appelés aux défis à plusieurs
niveaux. On parlait de persévérance scolaire tout à l'heure. On a parlé de
microprogrammes en centre d'éducation pour l'étude du français, parce qu'il
faut aussi enseigner le français à ces jeunes-là. Donc, il y a divers aspects
au niveau de l'école Nikanite.
Et, pour ce qui est
du consortium de recherche et La Boîte Rouge vif, c'est Mme Élisabeth
Kaine qui a fait beaucoup de recherches sur l'art autochtone, et c'est elle
qui d'ailleurs a été libérée par l'université pour faire
l'exposition permanente au Musée de la civilisation ici, à Québec.
Donc,
on est impliqués beaucoup là-dedans, et ce qui est intéressant au niveau de l'autochtonie, c'est qu'on a des professeurs en sciences de l'éducation qui se sont aussi intéressés au phénomène, en collaboration avec le
centre Nikanite et avec d'autres chercheurs, et en même temps au niveau
de la communication des arts. Donc, il y a même un mélange intéressant qui s'est fait là, et je vous dirais
qu'on connaît un succès important. D'ailleurs, dès le début septembre, on
va avoir un nouveau pavillon qui va être inauguré, qui va concerner la culture
autochtone à l'UQAC. Donc, c'est un don d'une
firme, donc je leur laisse le soin de faire l'annonce publique, mais il y a
quelque chose qui se prépare à l'université à ce niveau-là, qui va
donner encore plus d'envergure, une présence physique de cette communauté sur
notre campus.
M.
Birnbaum : Et un modèle à suivre. Peut-être un autre modèle,
peut-être, à suivre, j'aimerais vous entendre là-dessus. Très intéressant de savoir que vous avez des ententes avec
les commissions scolaires du coin pour superviser, accompagner vos gens,
les futurs maîtres.
Pouvez-vous
me parler de l'évolution de ce programme et si ça porte fruit, et... Est-ce
qu'on a un exemple, là, pour d'autres instances au Québec?
M.
Gauthier (Martin) : Oui, bien, c'est un problème qui dure depuis
longtemps, je dirais. C'est toi, Martin, qui avait fait les premiers
contrats, ça veut dire, dans les années 2000...
M. Côté
(Martin) : Oui, c'est nos professeurs invités en fin de service, là,
qu'on a...
M. Gauthier
(Martin) : Oui, donc, oui, ça date depuis au moins une quinzaine
d'années. Il faut comprendre qu'à l'origine
de ça il y a aussi un problème de convention collective. Donc, on a une convention collective des
chargés de cours, donc, puis on voulait quand même
que ce soient les gens du milieu de stage. Donc, plutôt que faire déplacer
nos professeurs, c'étaient les gens qui
étaient dans le milieu qui accueillaient nos étudiants avec des formations. Et
évidemment les gens avaient proposé ça, on
l'a fait de façon correcte, mais il y
a des syndicats qui ont plus ou moins
aimé ça, qui ont levé des griefs. Mais on a résolu le problème en créant
une catégorie de professeurs invités en fin de service, ce qui nous amène à la solution. Donc, c'était correct
d'utiliser ce moyen-là. Et ça dure depuis longtemps, puis la collaboration est très, très
bonne dans le milieu. Puis la pression pour les stages dans ce secteur-là est
moins forte. Donc, quand on accueille un stagiaire dans le milieu
primaire et secondaire, je dirais, la responsabilité n'est pas la même qu'au
niveau médical.
Par contre, quand vous me
demandez un autre exemple qu'on fait comme ça, on l'a fait en santé dernièrement,
donc, pour, justement, des problèmes
de supervision au niveau des stages en... c'est en physiothérapie, si je ne me
trompe pas, on a fait des prêts de service
avec des centres hospitaliers, avec leurs employés pour permettre l'accueil
d'étudiants.
On
est une petite université, on communique facilement ensemble.
Vous voyez, on se tutoie régulièrement, nos portes sont toujours
ouvertes. Donc, quand les gens arrivent avec des solutions, nous, on est là
pour les aider à les réaliser. Donc, on n'essaie pas de trouver les problèmes,
on essaie de trouver des solutions avec eux.
M. Birnbaum :
Dernière question, si je peux.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y, M. le député.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Nous avons parlé tantôt de... le rôle des
universités dans l'adéquation formation
emploi et le fait qu'on parle de plusieurs partenaires, Emploi-Québec... Il y a un
autre, et j'aimerais avoir de votre
lecture si on parle, en toute franchise, d'un partenaire ou des fois est-ce que
c'est un obstacle. Quand on parle des ordres professionnels, et leurs
exigences, et leurs façons de communiquer avec les universités sur ces
exigences et d'échanger avec les instances du monde de l'éducation à cet égard,
est-ce que vous me parlerez des intermédiaires constructifs? Y a-t-il des
améliorations à apporter? Est-ce que ça va bien sur ce plan-là?
M.
Gauthier (Martin) : Si vous
permettez, Mme la Présidente, je vais laisser la parole à M. Fahmi, parce que les vice-recteurs se penchent justement
sur cette relation-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. Fahmi.
M. Fahmi
(Mustapha) : Oui, ça dépend avec quel ordre. Alors, il y a des
relations très, très cordiales, et intéressantes, et très ouvertes avec
quelques autres, et il y a d'autres qui sont plus difficiles avec d'autres.
En ce qui nous
concerne, c'est l'insistance des ordres sur la spécialisation. Tout à l'heure,
on a parlé de leurs exigences. Qu'est-ce que ça fait? C'est que ça diminue chez nous la culture générale des
étudiants. On croit, par
exemple, que les étudiants doivent prendre des cours de culture générale parce
que, surtout chez nous, à l'UQAC, on fait cette distinction qui est très importante, qui est la formation et
l'éducation. C'est deux choses, mais qui doivent aller ensemble. Alors, la formation, elle nous permet de développer des habiletés qui nous permettent de bien fonctionner
dans un système social. L'éducation va au-delà de ça. L'éducation, elle
nous aide à mieux vivre. Pour nous, c'est très important. Les exigences des autres ne nous permettent pas d'ajouter le côté éducation,
juste le côté formation. Alors, on forme des gens qui peuvent bien
fonctionner dans la société, mais est-ce que c'est des bons citoyens? Ce n'est
pas toujours le cas. Ça, c'est notre problème un peu avec quelques ordres. Je
ne sais pas si ça répond à votre question.
M. Birnbaum :
Oui, tout à fait. Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, y a-t-il d'autres... Oui, M.
le député de Papineau, il vous reste 7 min 50 s.
M. Iracà :
Oui. C'est une question qui est souvent prise pour acquise ou un sujet qui peut
être pris pour acquis, mais je pense que, pour moi, c'est un sujet extrêmement important,
j'aimerais ça que vous nous parliez de la vie étudiante...
Une voix :
...
M. Iracà :
... — oui,
prenez votre temps — alors
la vie étudiante dans le sens où on parlait de rétention d'élèves dans les régions. Puis, le meilleur
vendeur d'une université, je
pense que ce sont les étudiants eux-mêmes,
les étudiants qui passent le mot à leurs
amis, à leurs frères, leurs soeurs. Vous disiez qu'il y en a 50 % qui
restent, il y en a 50 % qui vont magasiner ailleurs.
Quel rôle joue cet aspect-là de la vie étudiante dans votre université?
Est-ce que c'est un rôle qui est plus mineur, majeur? Et peut-être un lien aussi avec la prise en charge
de la communauté de l'université peut-être
plus au niveau de la fondation, du financement... Mais quel genre de vie
étudiante universitaire et communautaire vous avez?
M.
Gauthier (Martin) : Il y en a deux, je vous répondrais comme ça :
il y a des étudiants qui sont... il ne faut pas prendre ça négativement, là, mais qui sont de passage, c'est-à-dire
qu'ils viennent à leurs cours, font leurs travaux, mais qui exercent un emploi, qui ont une copine, qui
ont souvent une vie en parallèle de l'université. Donc, ce type
d'étudiants là, il y en a à temps partiel,
évidemment, qui font ça, mais il y en a aussi dans les étudiants à temps plein.
Donc, les gens, ils font des études à temps plein, mais occupent un
emploi ailleurs ou à temps partiel, etc., ça, c'est une bonne partie de
l'effectif étudiant.
L'autre partie de
l'effectif étudiant, on inclut les étudiants internationaux et les étudiants du
Saguenay—Lac-Saint-Jean qui ne sont pas nécessairement à
Chicoutimi, puis je ne veux pas faire de discrimination par rapport au
lieu, là, parce qu'il y a la proximité, mais
il faut comprendre que les gens qui viennent s'installer sur le campus ou à
proximité du campus et les étudiants internationaux et qui n'ont pas d'emploi
souvent — donc
les étudiants à temps plein ou les étudiants
étrangers — ont une
vie universitaire, je dirais, qui ressemble à la mienne. Et je ne voudrais pas
la qualifier de plus riche parce que ce que l'autre aussi a des aspects intéressants,
mais c'est deux vies complètement différentes.
Donc,
on a deux groupes, là, d'étudiants qui ont des vies universitaires totalement
différentes, puis il faut composer avec ça à
la fois comme dirigeants de l'université, mais aussi comme professeurs parce
que, ce que mon président de
syndicat, hier, me disait, justement, juste au départ de l'université, les groupes
sont devenus de plus en plus hétérogènes. Donc, avant, on avait des groupes très homogènes d'étudiants similaires,
et aujourd'hui c'est très hétérogène : il y en a des plus âgés, des plus jeunes, d'autres qui
travaillent, d'autres qui ne travaillent pas. Donc, c'est assez difficile à
concilier, c'est complexe, mais on y arrive
en créant... Il y a beaucoup d'activités qui se passent sur le campus, ça, je
vous avouerais, là. Les étudiants savent très bien s'organiser, ils ont
les moyens de le faire, ils ont les fonds financiers pour le faire, et les
associations étudiantes ou les associations modulaires ne sont pas à plaindre
au niveau financier, et ils s'organisent très bien, je vous dirais.
M. Iracà :
Et, par hasard, je pose la question — je pense qu'il y a d'autres universités qui
le font, mais ce n'est pas toutes les
universités qui le font, puis ça dépend aussi, là, des moyens qu'on a, que l'on
dispose : Est-ce que vous tenez ou avez-vous déjà tenu un bilan d'un parcours universitaire sous forme de
sondages où les étudiants pouvaient remplir des sondages à l'effet : Bon, bien, mon cheminement s'est passé comme
ça; mes cours, je les coterais... d'entre un et 10, je mettrais neuf, la
vie étudiante, tel aspect, la résidence, un paquet de critères pour aller
chercher du feed-back de vos étudiants. Avez-vous ce genre ou déjà fait ce
genre de processus là ou de...
• (16 h 10) •
M. Gauthier
(Martin) : On le fait tous les ans. En fait, on le fait aux étudiants
à la première année, on le fait aux étudiants
à la troisième année, donc ce qui nous permet même de vérifier si les
indicateurs changent, parce que, là, on parle de perception. Quand on arrive en première année, on pose des
questions, et, quand l'étudiant vous répond, il est en première année
d'université, donc on parle de perception. Mais, quand on questionne le même
étudiant trois ans plus tard à la fin de son
programme, on peut même mesurer si sa perception était plutôt négative ou
positive à la base, donc s'il y a eu une amélioration dans ce sens-là,
et c'est là l'indication qui fait la référence.
Donc,
quelqu'un où l'indicateur aurait augmenté énormément, donc on sait que, lui, ça
va être un bon référant. On pose des
questions, et ça, ça se fait sur six niveaux, tant au niveau de la qualité de l'enseignement,
du milieu... En fait, la plus grande
faiblesse qui existe à l'UQAC, au niveau de cette analyse-là... Parce qu'on
performe assez bien. Je vous dirais
qu'on est souvent supérieurs à la moyenne québécoise. C'est parce qu'on compare
avec les autres universités, c'est ça qui est la beauté de ce
programme... de ce sondage-là, mais le seul aspect négatif qu'on a, ça concerne
la diversité culturelle. Et là on comprend
qu'on n'est pas à Montréal, à Chicoutimi. Donc, ça, c'est notre faiblesse par
rapport aux autres universités canadiennes. Mais, pour ce qui est des
autres paramètres, on performe très, très bien. Puis c'est un indicateur...
c'est une étude qui nous coûte assez cher, j'avoue, mais elle est fort
pertinente pour nous.
D'ailleurs,
on a eu une nouvelle version tout dernièrement, et il y a un indicateur qui a
diminué qui nous déplaît un peu plus au niveau des études. Donc, je vais
transmettre ça à mon collègue dans les prochains jours pour qu'il puisse amener des correctifs nécessaires, là. Parce que
souvent c'est des détails, mais, pour l'étudiant, ça compte. Et puis,
quand c'est transmis... Vous savez, une
référence positive, ça a un impact; une influence négative, ça en a
10 fois plus. Donc, il faut corriger ça à ce moment-là.
M. Iracà :
Ah! je suis certain. Il y a des choses sur lesquelles, j'en suis sûr,
l'université peut travailler pour améliorer
les choses, puis il y a des choses que vous n'avez pas de contrôle, là. Si les
étudiants étrangers répondent : Les hivers rigoureux, bien là, à ce
moment-là, je pense que vous ne pouvez pas rien faire. Trouvez du soleil!
Une voix :
...
M. Iracà :
Oui, c'est ça! Mais je comprends que vous tentez... au-delà du constat que vous
faites en lisant les résultats, c'est que
j'imagine que vous cherchez à améliorer, quand vous pouvez le faire, ou
bonifier l'offre de services, là, pour les étudiants, là. C'est ce que
j'entends de vos commentaires.
M. Gauthier
(Martin) : Oui, exactement.
M. Iracà :
Parfait. Et, étant donné que vous avez des clientèles différentes : les
autochtones, les étudiants étrangers, les
Québécois pure laine, des Chicoutimiens — je ne sais pas si c'est de même que vous les
appelez — j'imagine qu'il
doit y avoir un défi aussi de tout, quand même, mettre ce monde-là ensemble à
l'université. Il peut y avoir aussi des chocs de culture à un moment
donné qui peuvent arriver. Avez-vous des défis par rapport à ça ou ça se passe
bien?
M. Gauthier
(Martin) : Non, de façon générale ça se passe très bien. La
participation des étudiants est très intéressante, surtout à la rentrée, par
exemple, il y a une activité où... on appelle ça... la soirée du recteur?
Une voix :
Le 4 à 7...
M.
Gauthier (Martin) : Le 4 à 6 du recteur? Donc, vous imaginez, c'est
moi qui sers les hot-dogs aux étudiants, à l'ensemble des étudiants. Donc, il n'y a pas beaucoup d'étudiants à
l'UQAC qui peuvent dire : On n'a jamais rencontré le recteur, ils l'ont rencontré au moins une fois à
la rentrée. Donc, chaque nouvelle cohorte... et les anciens étudiants
sont invités aussi, puis c'est l'activité de rassemblement.
On figure que
7 000 ou 10 000 étudiants, si je compte les étudiants à
l'étranger, que c'est énorme. Mais non, ce n'est pas si énorme que ça,
c'est encore une toute petite université de proximité qui est proche de ses
gens. Et je vous dirais
que c'est probablement le facteur le plus déterminant quand les étudiants
quittent l'université. Je pense que c'est le message qui est laissé aux
jeunes, en disant : Oui, à l'UQAC, les professeurs sont proches. S'il y a
des problèmes, la direction est proche. On
s'occupe énormément de nos jeunes. On les aime, là. C'est comme ça. Puis on
fait ce métier-là parce qu'on aime ça. Donc, on s'en préoccupe beaucoup.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Il ne reste plus de temps, M. le député de Papineau, désolée. Alors, on
va passer du côté de l'opposition officielle pour le dernier bloc de
14 minutes. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Merci. Alors, j'ai plusieurs petites questions. Tantôt, vous m'avez dit :
Depuis que vous êtes entré en poste, environ 13 millions de
compressions. Mais, pour cette année-ci, est-ce que vous êtes capable de
chiffrer à... pour nous donner un horizon?
M. Bouchard (Dominique) : En
maintenant le même financement, c'est 1,5 million additionnel par rapport
à l'année passée.
Mme
Hivon : O.K., de
compressions. Tantôt, M. le recteur, vous faisiez allusion, hein — je
trouvais ça intéressant — au fait qu'il y a quelque temps on entendait
beaucoup, beaucoup les recteurs parler de sous-financement, qui est évalué à 600, 800 millions. Vous parlez
de l'importance, vraiment, de redonner toutes ses lettres de noblesse et
toute sa priorité à l'éducation. C'est, de manière peut-être un peu
surprenante, un discours qu'on n'entend plus, le discours du sous-financement.
D'ailleurs,
hier, mon collègue de la CAQ a demandé à une des universités qui étaient
présentes à combien elle évaluait son
sous-financement, puis ce n'est pas venu spontanément, alors que je pense qu'il
y a peut-être deux, trois ans, ce
serait venu spontanément. À quoi vous attribuez le fait que c'est un discours
qu'on n'entend plus? Est-ce que c'est parce que chaque université essaie juste de garder la tête en dehors de l'eau?
Est-ce que c'est parce que c'est un dossier qui est devenu moins
important? Est-ce que c'est parce que la CREPUQ n'étant plus là — et
elle portait beaucoup ce discours-là — peut-être qu'il n'y a pas une entité qui est
là pour un peu représenter l'ensemble des universités? Comment vous
expliquez ça, que c'est un discours qui n'est plus présent dans la sphère
publique?
M.
Gauthier (Martin) : Moi, je pense que vous avez donné un peu la réponse
dans votre question, au sens où les universités
cherchent un peu à sortir la tête de l'eau, c'est vrai, les directions en
particulier. Mais, en même temps, je ne peux pas dire que... Je ne veux pas parler au nom de tous mes collègues, là,
mais, en même temps, les gens comprennent... Moi, depuis 2012, j'ai eu cinq ministres différents,
six sous-ministres différents. On parle de quatre années, là. Donc,
quand j'ai un problème puis que je veux exposer à quelqu'un que je suis
sous-financé... Bien, les personnes ont changé de façon régulière. Donc, quand
ce n'est pas le ministère qui changeait, c'était le sous-ministre, donc vous
comprendrez que le message lui-même, il est connu au ministère, mais les
interlocuteurs changent. Mais, en même temps, le problème du sous-financement,
je pense que le choix des collègues et de moi-même, en tout cas, c'est au
niveau public.
Une voix : Au niveau public?
M.
Gauthier (Martin) : Bien sûr. La conséquence de 2012, c'est que
l'image des universités a été ternie. On s'est servi des recteurs, on a tiré sur les recteurs. Les gens des médias
tiraient sur les recteurs, les gens n'ont pas empêché ça. Donc, quand moi, je sors sur la place publique
pour me plaindre d'un sous-financement, pensez-vous sérieusement que je m'attire des sympathies? Non. C'est pour ça que je
vous disais que la priorité numéro un devrait être l'éducation.
Donc, moi, comme interlocuteur, mon
interlocuteur pour me plaindre de mon sous-financement, c'est le ministre puis
le sous-ministre en poste. Le public
ne m'appuiera pas, il y a des compressions partout. L'image des universités
n'est pas aussi belle qu'elle l'était
avant 2012. On a tiré sur les universités, on a tiré sur les recteurs et on a
laissé faire ça, ce qui fait qu'aujourd'hui on a la conséquence : baisse de fréquentation, problèmes
financiers. Comment voulez-vous encourager un jeune à venir étudier en
gestion à l'université quand on a dit pendant au moins une année que les
recteurs ne savaient pas gérer? Mettez-vous
à la place d'un jeune : Je vais apprendre la gestion à l'université. Donc,
c'est l'image des universités qui a été entachée, et c'est un peu plus délicat de parler au niveau public pour
dire qu'on a un besoin de financement, que c'est là qu'on devrait...
Donc, moi, je
pense qu'il faut aborder le problème d'une façon différente. Plutôt que de
parler du sous-financement, je pense
qu'il faudrait dire que ça devrait être la priorité numéro un. Pourquoi?
Après, on mettra le financement, et là les gens vont comprendre. Mais en
ce moment je ne pense pas qu'il n'y a personne qui serait prêt à mettre sa
carrière politique en jeu en disant :
On va investir 1 milliard dans les universités. Parce que c'est à peu près
le chiffre que ça prendrait maintenant, là. On parlait de 650 à
800 millions en 2012, puis on a eu des compressions pour 300 ou
400 millions. Donc, c'est très
difficile pour un politicien de faire ça. Mais tout ce qu'il faut faire, c'est,
ensemble, tout le monde, s'aider pour que la population, l'ensemble de
la communauté croie fermement que ça, c'est la priorité numéro un. Après, on parlera de financement.
• (16 h 20) •
Mme
Hivon :
C'est très intéressant. C'est une discussion plus à bâtons rompus, mais je
trouve que c'est des occasions comme
celles-ci qui nous le permettent aussi, parce que je pense que vous avez un
rôle. Ce n'est pas parce qu'il peut y avoir eu des difficultés de
différents ordres... puis je pense qu'il y a bien du monde qui ont été
écorchés, puis je pense qu'il y a des politiciens, des
étudiants, des recteurs, beaucoup de monde qui diraient qu'ils ont été écorchés
dans la foulée de ça, mais je pense que
c'est aussi le rôle des universités de parler haut et fort pour l'éducation
aussi, parce qu'il y a un débat dans
la sphère publique, et on le voit quand il y a des ressources limitées. Il y en
a qui parlent plus fort aussi, et
donc je pense que c'est important de ne pas abdiquer non plus par rapport à ça.
Puis je vous demandais si, selon vous,
il y avait un rôle du fait que chaque université maintenant est laissée, bien,
à elle-même, puis vous avez beaucoup de chats à fouetter.
Donc, il y a tout une
question de positionnement, aussi, public, je peux le comprendre, mais est-ce
que vous pensez que d'avoir une organisation plus supra pouvait aider à
certains égards? C'est une question que je me posais. Il y a la question du Conseil, aussi, des universités qui est sur la
table. Il y a une réflexion dans la suite du sommet par rapport à ça.
J'étais curieuse aussi peut-être d'entendre un peu votre position par rapport à
ça.
M. Gauthier
(Martin) : Pour ce qui est du Conseil national des universités, je
pense que ça fait l'unanimité pour tout le monde, là. C'était une solution.
Maintenant, on comprend que ça a pu être mis sur la voie de côté. Vous savez, un conseil national des universités, quand
ils l'ont aboli, je ne me souviens pas c'était quoi, le budget, mais
c'était plusieurs millions. Puis, si je
prends la commission d'évaluation des programmes collégiaux — puis des programmes collégiaux, il n'y en a pas plusieurs, là, c'est
les mêmes dans chacun des collèges — ça coûte quand même... c'est quoi, 7
ou 8 millions? Donc, une commission
nationale des universités coûterait plusieurs millions aussi. Donc, ça, le
ministère est conscient de ça, puis
les universités... les directions d'universités aussi, donc... Maintenant, ça,
c'est le point de vue du BCI.
Pour
ce qui est du porte-parole des universités, la CREPUQ comme telle n'existe
plus, mais le BCI, le Bureau de coopération interuniversitaire, existe.
Il y a des assemblées générales extraordinaires qui ont lieu de façon
régulière, des conseils d'administration mensuels. Moi, je suis
secrétaire-trésorier du BCI, M. Breton en est le président. Il y a beaucoup de concertation qui se fait là, et
souvent, quand il arrive des problématiques puis que l'ensemble des
directions sont unanimes, on signe les
lettres communes à 19, comme on le faisait avec la CREPUQ, mais sur des sujets
spécifiques.
Maintenant,
pour ce qui est de la question du changement au CREPUQ-BCI, la CREPUQ, c'était...
C'est le volet représentation de
l'ensemble des universités qui a été soutiré à la CREPUQ, donc la CREPUQ ne
peut pas parler au nom de l'ensemble des universités. Aujourd'hui, ce
qu'on fait, quand on veut le faire, on le fait les 19 ensemble, puis ce qui est différent un petit peu, vous me direz... parce
que chacun peut contrôler son message... Tout ça, c'est arrivé avec le
conflit étudiant, mais... bien, en fait, ce
n'est pas le conflit étudiant qui a été le problème, pas du tout, c'est la
manière dont on voulait financer les
universités pour combler leurs besoins financiers, et tout le monde ne
s'entendait pas sur les modalités. Puis,
à un moment donné, quand il y a eu le conflit étudiant, c'est là qu'il y a eu
une conséquence, c'est que les gens ont réalisé qu'ils n'avaient pas tous le même point de vue là-dessus. Et
c'est un peu là-dessus que ça a accroché, mais, quand on parle de d'autres sujets que ce sujet-là, je vous
dirais que, la plupart du temps, les collègues s'entendent très bien
ensemble.
Mme
Hivon :
C'est une question que j'ai... On a chacun nos dadas, là, nos sujets
récurrents — on
va bien se connaître entre collègues à la
fin des travaux. Une question, moi, qui me préoccupe, c'est toute la formule de
financement des universités pour qu'elles
soient le plus équitable, dans la foulée, justement, du sommet et du rapport
Tremblay-Roy. On a beaucoup de vos collègues qui nous ont dit que la
question des étudiants à temps partiel était quelque chose, notamment, qui devait être mieux pris en compte,
les universités en région de petite taille, bon, tout ça. Est-ce que
vous, vous avez des recommandations, des
commentaires particuliers à nous faire par rapport aux recommandations du
rapport, par rapport à la révision de la formule de financement si ça devait
avoir lieu?
M. Gauthier
(Martin) : Bien, en fait, vous avez dit que la formule de financement
était équitable...
Mme
Hivon :
Comme j'ai dit, tout le monde souhaite qu'elle soit équitable, oui.
M. Gauthier
(Martin) : ...oui, O.K., parce qu'en ce moment elle est égale.
Mme
Hivon :
Elle est égale, exactement.
M. Gauthier
(Martin) : Oui, en ce moment, elle est égale.
Mme
Hivon :
Puis on souhaite qu'elle soit équitable.
M.
Gauthier (Martin) : Équitable, exactement. Et puis là, là-dedans, il y
a plusieurs paramètres, entre autres les rôles des missions Régions, et puis ça, tous les collègues ne
s'entendront pas là-dessus. Il y a le rôle des étudiants à temps
partiel. Donc, dans mon introduction, je vous ai parlé de 1 500 étudiants
de plus que le nombre d'étudiants qu'on est financés.
Donc, on parlait de 7 000 étudiants pour un financement pour 5 000.
Donc, on voit l'impact que ça a, donc ça fait plus de dossiers à gérer, plus de têtes à gérer, plus de gens, plus de
locaux. Malgré le fait qu'ils soient à temps partiel, ils sont financés à temps plein. Mais, dans le rapport
Roy-Tremblay, de façon générale, je pense que ça a fait le consensus. Il
y a des aspects de financement qui sont sur les quatre ans avec des fluctuations
de 4 %, etc. Je ne suis pas
certain que ça soit une solution idéale.
Moi, ce que je peux
vous dire sur le... le message que je veux passer au niveau du financement est
le suivant, c'est que moi, je vois le
problème avec les yeux de l'autre, l'autre étant le Conseil du trésor et le
ministère. Eux, ce qu'ils veulent, c'est une prévisibilité de nos
besoins budgétaires. Donc, la formule actuelle, quand il y a un accroissement
important ou plus ou moins important de l'effectif étudiant, il y a une
pression sur l'enveloppe globale, donc on a beaucoup de
difficultés, comme université, de faire notre planification financière parce
que, ces temps-ci, on a des compressions de
façon spontanée, comme ça, qui nous arrivent à la dernière minute en cours de
route, et ce qui ne nous permet pas
d'avoir une prévisibilité au niveau de nos revenus. Et le ministère, lui, c'est
la même chose auprès du Conseil du trésor, hein, il n'a pas de
prévisibilité.
Donc,
moi, ce que je souhaite, dans la formule de financement, c'est qu'on puisse
avoir une prévisibilité sur le long
terme. La formule actuelle pourrait convenir pour la prévisibilité en autant
que les gens mettent les budgets conséquents
puis qu'ils ne les enlèvent pas en cours de route. Et puis la formule que le
rapport Roy-Tremblay proposait, c'est un étalement sur quatre ans de la
croissance de l'effectif. Je comprends ce qu'eux voulaient faire puis ce que le
ministère voulait faire, c'est d'avoir une
prévisibilité, donc une stabilité au niveau de leurs besoins pour transmettre
aux universités, mais ce n'est pas
nécessairement une formule qui plaît aux universités du fait que, si on
accueille un plus grand nombre
d'étudiants de façon spontanée, bien, on n'a pas le financement avant la
quatrième année. Donc, il y a un arbitrage à faire là. Mais je comprends l'intention, je vois le problème avec les
yeux de l'autre, mais il faut le voir aussi de notre côté, en ce sens
qu'on a aussi la prévisibilité. Ça fait qu'il y a peut-être des concessions
qu'on est prêts à faire pour que chacun ait sa prévisibilité.
Donc,
s'il y a un message à passer, moi, j'aime mieux travailler en sachant ce qu'il
va se passer dans quatre ans. Mais on ne parle pas de compressions à ce
moment-là, là, il faut s'entendre.
Mme
Hivon :
C'est beau.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il reste une minute, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : O.K. Quand vous avez transmis les documents, je
pense que vous avez mentionné qu'il y avait un défi particulier lié à l'augmentation de la fréquentation par des
étudiants à besoins spéciaux, des étudiants, des cohortes qu'on ne voyait pas avant... bien, c'est-à-dire
des types de clientèles qu'on voyait moins avant, mais qui sont de plus
en plus intégrées au cégep et qui, évidemment, continuent à cheminer.
Compte tenu de la
panoplie de répercussions aux compressions budgétaires dont vous nous parliez
tantôt, je suis un peu inquiète à savoir si vous avez le sentiment que vous
avez les moyens d'absorber ces nouvelles clientèles à besoins spéciaux.
M. Gauthier
(Martin) : Bien, je vous dirais que... je n'irais pas jusqu'à vous
dire que ça va très bien, là, mais ça ne va
pas si mal. Le ministère a quand même bonifié cette enveloppe-là, et il l'a
mise dans un fonds particulier, ce qui fait en sorte qu'il y a une bonne
gestion à ce niveau-là. Le problème de la formule, c'est plus la répartition, puisqu'on le fait souvent en proportion avec le
nombre d'étudiants en proportion que chacune des universités ont plutôt qu'avec le nombre d'étudiants réellement que vous
avez. Ce qui fait qu'il peut arriver qu'une université — j'exagère,
là — qui n'aurait aucun étudiant dans cette
situation, mais aurait quand même un budget, puis une autre université
qui les aurait tous pour l'ensemble de la province n'aurait pas suffisamment.
Mme
Hivon :
Ça tient compte de la théorie, pas de la réalité, mais...
M.
Gauthier (Martin) : ...une proportion qui est basée sur l'effectif
déclaré. Le problème de ce financement-là, c'est que, maintenant, il est spécifique. Les besoins, eux... Il y a les
étudiants qui sont déclarés, puis il y a les non déclarés, ceux qui se
déclarent en cours de route. Il y a une complexité là-dedans, là, puis ce n'est
pas nos... nos services aux étudiants sont à
défi. Les professeurs demandent beaucoup qu'on intervienne pour leur donner des
outils, des moyens; c'est ce qu'on
tente de faire chez nous. Donc, on utilise nos profs en réadaptation, souvent,
pour transmettre des connaissances à nos profs universitaires qui ne
sont pas habitués à ce genre de situation là, donc il y a un défi à relever,
là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Gauthier,
M. Fahmi, M. Bouchard, M. Côté, Mme Boivin, pour
votre contribution à la commission.
Alors,
je suspends quelques instants afin de permettre aux dirigeants de l'Université
de Sherbrooke de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 30)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, rebonjour. Je souhaite la bienvenue aux
dirigeants de l'Université de Sherbrooke.
Merci d'être avec nous cet après-midi. Je vous rappelle que vous disposez de
30 minutes pour votre exposé, et, par
la suite, on passera à la période d'échange avec les parlementaires. Je vous
demanderai de vous identifier ainsi que les gens qui vous accompagnent,
et vous pouvez commencer tout de suite votre exposé.
Université
de Sherbrooke (UdeS)
Mme
Samoisette (Luce) : Alors, merci. Je suis Luce Samoisette, rectrice de
l'Université de Sherbrooke. Je suis accompagnée
de Martin Buteau, recteur adjoint et
vice-recteur aux ressources humaines et financières; Lucie Laflamme, qui est vice-rectrice aux études; et Alain Webster, qui est
vice-recteur au développement durable, aux relations gouvernementales et
vice-recteur responsable du campus de Longueuil. Et je veux remercier la
présidente et les membres de la commission de nous recevoir aujourd'hui, et
c'est avec grand plaisir que nous allons vous parler de l'Université de
Sherbrooke. Et on m'a demandé de vous préciser d'entrée de jeu qu'à l'Université
de Sherbrooke l'équipe de direction est paritaire, donc un même nombre de
femmes et d'hommes qui dirigent l'université. Voilà.
Alors, vous avez devant les yeux, rapidement, le
plan de la présentation. Ce sur quoi on veut vous entretenir aujourd'hui, c'est bien sûr de la gestion financière de l'université,
qu'est-ce qu'on priorise en enseignement, la
recherche qui joue également
un grand, grand rôle à notre université; la gouvernance, où on en est à l'Université de Sherbrooke; le développement durable, où on en est également; l'internationalisation, qu'est-ce qu'on a décidé de faire avec ce volet-là très important
de notre université; qu'est-ce
qu'on fait aussi avec nos relations
avec la collectivité; et terminer avec quelques réflexions sur l'avenir
de l'Université de Sherbrooke et de l'université en général.
Alors, comme vous le savez, les universités sont
un des principaux leviers que les sociétés comme le Québec peuvent utiliser
pour relever les défis qui les confrontent. À l'Université de Sherbrooke, bien,
voilà comment nous, on s'y prend pour arriver à cela.
D'abord, des
faits, rapidement. L'Université de Sherbrooke, c'est la seule université au
Québec à offrir, à l'extérieur de la métropole et de la capitale, une
formation complète, allant de la médecine au droit en passant par le génie et l'éducation. Son effectif étudiant provient de
toutes les régions administratives du Québec sans exception, avec
évidemment une forte prépondérance
d'étudiantes et d'étudiants provenant des régions de l'Estrie et de la
Montérégie. Nous sommes la seule
université francophone qui, sans être membre du réseau de l'Université du
Québec, oeuvre principalement en région,
et, pour nous, c'est un défi, un très, très grand défi. C'est une université de
calibre international avec une forte assise
régionale. Nous sommes le modèle québécois pour la formation en alternance
études-travail, bien sûr, notamment avec
nos stages coopératifs, et nous sommes la référence québécoise pour le
développement de l'entrepreneuriat, puis on pourra revenir sur certains
de ces points-là un petit peu plus tard.
• (16 h 40) •
Au niveau des
données, pour l'année 2014‑2015, bien, l'Université de Sherbrooke, on avait
plus de 40 000 étudiantes et
étudiants, incluant 10 000 personnes inscrites à l'université du troisième
âge. En équivalents temps complet, cela représente 19 256 étudiants
à temps complet, dont 9 % au campus de Longueuil et plus de 31 % qui
sont inscrits aux cycles supérieurs. Nous
offrons une formation par nos neuf facultés et un centre universitaire, qui est
le centre universitaire en
environnement. Nous offrons 4 000 stages coopératifs par année. C'est donc
l'alternance études-travail rémunéré sur les 12 mois de l'année, et ça aussi, c'est un défi de taille parce qu'il
faut encadrer ces stagiaires-là et les maîtres de stage également. Nous
décernons 4 400 diplômes par année dans les programmes à grades, donc bacs,
maîtrises, doctorats. Nous avons près de
7 000 employés, dont 10 % du corps professoral au Québec. Nous avons
l'impact de la recherche, qui est
reconnu par plusieurs classements internationaux. Pour 2014‑2015, c'est un
budget de fonctionnement de 383 millions, et nous détenons l'une des 19 chaires de recherche d'excellence au
Canada et l'un des cinq projets retenus par le Fonds d'excellence en
recherche Apogée du Canada. On va y revenir aussi un petit peu tantôt, là, sur
ce point.
Si le bilan
de l'Université de Sherbrooke reste très favorable, les perspectives de
développement sont plus difficiles dans
le contexte actuel, comme vous pouvez vous y attendre. Juste pour clore sur les
données, bien, vous avez à l'écran l'effectif
étudiant. L'illustration, c'est la représentation, chez nous, à l'Université de
Sherbrooke, comment les étudiants sont répartis.
Alors, la plus grande proportion d'étudiants sont à la Faculté de médecine et
des sciences de la santé, 21 %, qui est... bien sûr, c'est la formation en médecine, mais c'est aussi
la formation de sciences infirmières, ergo, physio et tous les cycles supérieurs; suivie par éducation,
administration, lettres et sciences humaines, génie, sciences et, dans une
moindre proportion, droit, sciences de l'activité physique, environnement et
les sciences religieuses.
Je cède maintenant la parole au Pr Buteau pour
la suite au niveau de la gestion financière.
M. Buteau
(Martin) : Normalement, on aime parler de l'Université de Sherbrooke
pour sa mission, c'est-à-dire l'enseignement
et la recherche. Mais, comme on sait, la situation budgétaire des universités a
été très présente dans les discussions
dans la dernière année, donc on a décidé de traiter ce point tout de suite pour
ensuite enchaîner sur les autres éléments importants de la mission de
l'université.
On qualifie
la gestion de l'université comme étant saine. Nous considérons que l'Université
de Sherbrooke est bien gérée, et on
ne s'attribue pas ce mérite-là à nous comme comité de direction. Ce mérite-là, on
l'attribue à l'ensemble de nos
gestionnaires qui, dans la dernière année, ont eu à relever un défi colossal
face, évidemment, à la situation que vous connaissez, là. Je pense que vous avez d'autres intervenants qui ont pu
insister là-dessus. Donc, il y a trois petits mots qui viennent résumer une grande fierté : un équilibre
budgétaire atteint pour l'année 2014‑2015.
Donc, au niveau du conseil d'administration du mois de septembre, on
déposera les états financiers où nous sommes en équilibre budgétaire. Ces trois petits mots là occultent l'effort colossal
qui a été fait, comme je le disais, non
seulement par nos gestionnaires,
mais par toute notre communauté, qui a
compris l'urgence de la situation lorsque l'on a appris, je vous dirais, le
changement assez drastique d'orientation au niveau budgétaire dans la dernière année. Et je mentionne également
la collaboration de nos syndicats, qui... Évidemment, vous le savez, le
milieu universitaire est extrêmement conventionné, et, si on n'avait pas eu l'ouverture de nos syndicats à nous aider à faire face au défi, on ne serait pas
arrivés à cet objectif dont on est très fiers.
On veut aussi mentionner la santé de notre
régime de retraite parce que, ça aussi, on a beaucoup parlé de l'état de santé des régimes de retraite, bien sûr
dans les municipalités, mais aussi dans les universités.
Donc, le nôtre est en très bonne santé financière. Ce n'est pas le fruit
du hasard. Comme on le mentionne ici, ça a été géré de façon serrée. Il faut
préciser que, dans notre cas, notre régime de retraite, c'est le même pour tout
le monde, tout employé de l'université. Donc, il
n'y a pas différents régimes de
retraite à l'université, et ce n'est pas enchâssé dans des conventions
collectives. Donc, on
a un comité de retraite, et, autour de la table, tous les groupes d'employés
sont représentés et, bien entendu, la direction de l'université.
Et ces
gens-là, je le dis souvent en souriant, sont en mission. Ils sont en mission
pour assurer la santé du régime de
retraite, donc ils sont capables de prendre les décisions qui s'imposent
lorsque c'est nécessaire, parce qu'on est dans un partage aussi de coûts du régime de retraite, donc
les employés savent très bien qu'il faut être capable de faire face à nos responsabilités pour s'assurer que le régime reste en santé, parce que
sinon on va tous payer pour. Donc, on est très contents de le dire.
Je lisais une
manchette, c'est en fin de semaine qu'il y
avait la compétition des Ironman.
J'ai l'impression que nous, on va parler de la «Irongang», là, parce que
les gens ont fait un gros bout de chemin pour faire face au défi de 2014‑2015,
mais 2015‑2016, évidemment, on n'est pas rendus au fil d'arrivée. Et donc c'est
un peu ça qui est le grand défi qui est
devant nous. C'est qu'on vient comme de finir le marathon, là. Maintenant,
il faut faire le vélo, puis on sait qu'il y a la natation qui s'en vient
aussi, là. Et il faut que notre monde reste motivé parce que finalement il y a...
personne ne pensait s'engager dans une compétition comme ça l'année passée,
donc...
Mais, je dirais, on a fait le pari, à l'Université
de Sherbrooke, de miser sur la communication. Donc, on a énormément communiqué
avec notre communauté, on a rencontré les syndicats, on a été invités dans des
assemblées syndicales, bref, ce qui a fait
que jusqu'à maintenant notre communauté nous accompagne, mais je ne vous cacherai
pas que les gens sont un peu essoufflés.
Et nous, on
demeure préoccupés, évidemment, là... on parle de 2015‑2016, mais 2016‑2017,
etc., bon, je pense que nos prédécesseurs ont dû aussi vous mentionner
notre préoccupation. Et, tout à l'heure, j'entendais aussi toute la question
sur la formule de financement qui est revue. Bien, c'est sûr que Sherbrooke, on
vous l'a dit, a ses spécificités, puis
on ne voudrait pas que cette formule de financement là vienne nuire à
l'Université de Sherbrooke dans sa nouvelle forme.
Bon, bien,
écoutez, je ne voudrais pas insister davantage, je pense que tout le monde sait que, depuis
2012‑2013, on fait face à des compressions. Certaines devaient être non
récurrentes, sont devenues récurrentes, mais non seulement sont devenues récurrentes, mais, en plus, les
règles du jeu ont changé, les déficits qui étaient autorisés ne le sont plus.
Bref, ça a été un changement de règles du
jeu extrêmement majeur en très, très,
très peu de temps, ce qui a été
extrêmement difficile, bien entendu, à avaler, mais, vous voyez, on en a fait,
un bout de chemin. Mais ça a des répercussions, c'est ce qu'on veut dire. C'est clair que le développement du corps
professoral a grandement ralenti. Bon, on ne voulait pas vous noyer de chiffres aujourd'hui par rapport à ça,
mais nous, on a un processus, à Sherbrooke, de planification des postes
de profs où, personnellement, je rencontre
tous les départements pour voir quels sont les besoins en effectifs
professoraux, et, après ça, on convient
ensemble... et je vous dirais qu'entre ce que les départements nous avaient
annoncé comme souhaitant comme
nouveaux postes, plus les postes vacants qu'on souhaitait combler, versus le
résultat, bien, il y a un différentiel de 82 postes de profs, là. Donc,
c'est pour vous dire qu'à Sherbrooke ça a eu quand même un impact important.
Bien entendu,
il a fallu réduire l'offre de cours. Nous, on estime minimalement 167 charges
de cours, chargés de cours. Il a fallu, bien, évidemment, entreprendre,
parce que dans toute crise, il y a des occasions à saisir... Bon, bien, on s'est dit : Il y a peut-être des
restructurations administratives à faire ou académiques. Donc, on a travaillé
là-dessus et on en est venus à la conclusion qu'on devait procéder à la
fermeture d'une faculté, la Faculté de théologie et d'études religieuses, ce
qui, vous comprendrez, n'est pas banal dans l'histoire d'une université, fermer
une faculté. Donc, on a travaillé là-dessus avec notre communauté, donc ce sera
officialisé, là, dans les prochains mois.
Puis, bien
entendu, bien, comme on le sait tous, l'essentiel d'un budget dans une
université, aux trois quarts, la plupart
du temps, ce sont des masses salariales. Donc, pour faire face à des commandes
comme on a reçues, bien, c'est très clair qu'il a fallu diminuer nos
masses salariales et donc fermer ou abolir plusieurs postes, là. On parlait
tantôt de professeurs qu'on n'a pas comblés,
mais il y a des postes d'employés professionnels, de cadres, de soutien
évidemment qu'on a dû fermer à cause de cette situation-là.
Finalement, si on enchaîne pour, je dirais... on
voulait quand même illustrer...
Une voix :...
M. Buteau
(Martin) : Oui. On voulait peut-être juste illustrer à l'aide d'un
graphique puis, encore une fois, on ne veut pas vous noyer dans un océan
de chiffres, là, mais on voulait quand même juste illustrer. Des fois, on
dit : Un graphique ou une image vaut
mille mots. La ligne du bas, la ligne bleue, montre un peu la fluctuation de la
subvention dans les universités, là. Donc, on prend le total. On ne parle pas
de l'Université de Sherbrooke, on prend le total dans les universités et on a
représenté, avec la ligne rouge, celle qui est le haut, quelle aurait été,
finalement, la subvention de fonctionnement
des universités si on n'avait qu'indexé à la PSG la subvention en partant de
2011‑2012 jusqu'à aujourd'hui. Simplement à la PSG, là, maintenir la
subvention en l'indexant à la PSG et en regardant le réel, qu'est-ce qui s'est
vraiment passé par rapport aux budgets de fonctionnement des universités, puis
vous voyez qu'en 2015‑2016 la subvention de
fonctionnement des universités est inférieure de 0,6 % par rapport à 2011‑2012,
alors que la PSG a augmenté de
4,8 %. Donc, ça vous montre l'écart que les universités ont eu à absorber
sur une simple non-indexation par rapport à la PSG.
Bref, comme je vous le disais, ça a été une
année... un grand défi. On en a une partie de relevé, mais on est inquiets. C'est clair qu'on est inquiets pour la
suite des choses, mais la rectrice reviendra là-dessus lors de sa
conclusion.
Donc,
maintenant, je vais passer la parole à ce que je disais tantôt, les volets
prioritaires, la mission de l'université, donc ma collègue à
l'enseignement et, par la suite, la recherche.
• (16 h 50) •
Mme
Laflamme (Lucie) : Alors, moi, je suis ici pour vous parler
d'enseignement, donc ce qu'on réussit à faire quand même. Alors,
l'université a placé la réussite de ses étudiants au centre de ses
préoccupations et en a fait un élément central de son
plan stratégique 2010‑2015, dont les priorités ont été reconfirmées par un
forum universitaire en vue d'assurer la suite du plan pour 2015‑2017.
Alors, les
approches pour atteindre cet objectif
de réussite étudiante sont nombreuses et diversifiées. Je vais vous en nommer quelques-unes seulement,
alors : un recours plus grand
aux technologies de l'information, la reconnaissance des acquis, l'évaluation périodique et aussi ponctuelle de nos programmes,
la mise en place d'une démarche globale
centrée sur la réussite étudiante inspirée de l'approche «Strategic Enrollment
Management», la reconnaissance de l'engagement étudiant et le recours à des
méthodes pédagogiques innovantes.
L'Université
de Sherbrooke se démarque également par la diversité, la pertinence et la
qualité des programmes qu'elle offre. Elle est à l'écoute des besoins,
elle anticipe les changements et s'adapte rapidement, une approche qui
distingue l'Université de Sherbrooke et qu'il faut préserver.
L'adaptation
des programmes de formation aux besoins réels de la société est un enjeu
majeur. Ainsi, au cours des cinq
dernières années, 150 programmes ont fait l'objet de modifications majeures.
L'université a également développé 12 nouveaux programmes de grades,
dont 10 aux études supérieures. De même, 37 programmes ou cheminements ne
répondant plus aux besoins ont été fermés.
Comme la
rectrice le précisait tout à l'heure, l'alternance études-travail constitue
aussi l'une des caractéristiques fondamentales de la formation initiale
de l'Université de Sherbrooke, et nous croyons beaucoup à cette formule. D'abord, elle facilite l'intégration des
connaissances acquises en milieu de travail et vice versa et elle permet un
meilleur ancrage de l'université dans la
collectivité. Nos stages coopératifs ont fait notre renommée. 50 % de nos
baccalauréats sont offerts sous régime
coopératif. Cela représente 4 000 stages, comme on vous l'a mentionné tout
à l'heure, mais aussi, puis ce n'est
pas négligeable, cela représente 35 millions en masse salariale pour nos
étudiants stagiaires. Si on prend en compte les stages non
rémunérés — parce
que les stages coop, c'est rémunéré — on dit que plus de 80 %
de nos étudiants vont graduer au premier cycle avec une formation incorporant
l'alternance études-travail.
À
l'Université de Sherbrooke, nous constatons également un développement
important aux cycles supérieurs. Sur cinq
ans, nous observons une croissance des inscriptions de 13 % à la maîtrise
et de 25 % au doctorat. Enfin, prioriser la réussite, c'est aussi
favoriser la formation continue, l'apprentissage tout au long de la vie et la
formation à distance, deux secteurs de l'université qui se développent aussi de
façon remarquable.
Alors, Mme la rectrice, sur ce, je vous
passe la parole.
Mme
Samoisette (Luce) : Alors, la progression des activités de recherche,
c'est un objectif majeur de notre plan stratégique. L'université, c'est
de l'enseignement et de la recherche, c'est indissociable. Alors, pour nous,
c'est un volet aussi très important.
Il faut
savoir que l'Université de Sherbrooke est au coeur de l'un des trois pôles de
recherche universitaire avec Montréal et Québec. Donc, les trois régions
où se développe prioritairement la recherche, ce sont ces trois régions-là. Nous avons réussi ce positionnement-là même si
nous sommes en région. Ce n'est pas peu dire. Et comment on a fait ça?
Bien, on a mis des stratégies de l'avant. Par exemple, on a recruté des
chercheurs et des chercheuses de haut calibre. On a surtout aussi identifié des créneaux de recherche précis. On a
choisi dans quoi on était les meilleurs et dans quoi on voulait devenir les meilleurs, si on ne l'était
pas encore, et c'est là-dedans qu'on a mis nos oeufs. Je vais vous en
reparler un peu plus tard avec le projet Apogée.
On a aussi
travaillé sur l'interdisciplinaire. Vous savez, dans les universités, c'est
très par créneau et c'est très... par silo,
pardon. C'est très par silo, et les professeurs et les chercheurs ont de la
difficulté à travailler... C'est moins difficile en recherche, plus difficile en enseignement, mais
ça, il faut y travailler très fort pour que les gens des diverses
disciplines se mettent ensemble pour mieux former nos étudiants et nos
étudiantes.
On a aussi
nos plateformes technologiques de haut niveau, je vais y revenir. On a le
développement de partenariats avec le
milieu et les entreprises. L'Université de Sherbrooke est renommée aussi pour
ça. On a des exemples qui sont le Centre de technologies avancées
BRP-UdeS, l'Institut interdisciplinaire d'innovation technologique et le Centre
de collaboration MiQro Innovation... sont uniques au Québec. On va en reparler
un petit peu plus tard sur les impacts avec les régions.
Le
développement de la recherche s'effectue également de plus en plus dans un
contexte d'internationalisation. C'est
le cas, par exemple, de l'Unité mixte internationale, qui est aussi une belle
réussite à l'Université de Sherbrooke. En 2012, le Centre national de
recherche scientifique français mettait en place, en collaboration avec notre
université, bien sûr, l'Unité mixte
internationale — Laboratoire
Nanotechnologies & Nanosystèmes. Avec cette unité mixte, le Centre national de recherche scientifique français
délègue à Sherbrooke des chercheurs ou des enseignants-chercheurs
français et il y investit un budget très important année après année.
L'Unité mixte internationale de Sherbrooke a permis
d'accueillir, en 2013‑2014, des sommités dans leur domaine, une démarche
suffisamment porteuse pour nous mener, en novembre 2014, à la signature d'une
nouvelle entente de structure miroir lors du passage au Québec du président de la
France. Structure miroir, ce que ça va nous permettre de faire, c'est d'envoyer
nos propres chercheurs et nos propres étudiants faire la recherche avec les
chercheurs en France et donc de développer encore plus de partenariats
avec Sherbrooke. Concrètement, l'Unité mixte se traduit par 14 colloques
internationaux, 22 lancements de thèse en cotutelle, donc ce sont nos étudiants
qui demeurent au Québec, et 687 mois d'échange.
Un autre
exemple qui est tout récent, c'est le concours Apogée. Alors, l'université a
concrétisé, il y a quelques semaines, un projet ambitieux qui la
positionne comme leader mondial des grands partenariats de recherche. Ça
s'intitule De la science quantique aux technologies quantiques. Au
terme du premier concours inaugural du Fonds d'excellence en recherche Apogée
Canada, le gouvernement fédéral vient d'octroyer à l'Université de Sherbrooke
un investissement remarquable de 33,5 millions de dollars sur sept ans.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...je veux juste vous avertir, votre temps est écoulé. Par contre, on va vous
laisser finir, je sais que vous avez quelques acétates encore.
Mme Samoisette
(Luce) : Trois minutes.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : On va prendre le temps sur le côté
du gouvernement, si j'ai le consentement, pour que je puisse vous
laisser finir votre présentation. Est-ce que vous êtes d'accord? Oui. Alors,
allez-y. Merci.
Mme
Samoisette (Luce) : Parfait. Alors, l'Université de Sherbrooke fait
ici partie des cinq universités canadiennes sélectionnées dans le cadre du plus important fonds de recherche de
l'histoire du Canada, démontrant ici toute l'excellence et la qualité de ses recherches de classe mondiale
et qui confirme la qualité de nos équipes de recherche. Comme je vous disais tantôt, faire des choix, on les a faits, et
ça porte fruit aujourd'hui. Nous avons apporté avec nous le communiqué
de presse, si vous voulez mieux comprendre
la technologie quantique, parce que ce sont des physiciens qui expliquent
ça, alors il serait peut-être mieux de l'avoir par écrit.
Rapidement,
au niveau de la gouvernance, l'Université de Sherbrooke, on s'y était attaqué
il y a déjà très longtemps. Il y a
six ans, ça a été mis en application, et nos pratiques correspondent aux meilleures
pratiques aujourd'hui. On a poursuivi
nos travaux aussi depuis quelques années sur des stratégies d'amélioration pour
la démarche d'excellence en budgétisation.
On a une copie de notre budget, si vous voulez voir qu'est-ce que c'est au
niveau de l'explication des budgets des universités, comment on fait le
suivi de tout ça. C'est vraiment très, très intéressant, bien, pour ceux qui
aiment les chiffres.
Ce
qui, par contre, reste un enjeu, c'est la révision de la reddition de comptes.
Les universités ont beaucoup de reddition
de comptes à faire. On en est là, il faut en faire, de la reddition de comptes,
mais elle devrait être plus stratégique. Donc, il faudrait que le ministère... le ministère est d'accord avec ça
aussi, s'asseoir avec eux pour déterminer quelle est la reddition de comptes la plus stratégique qui doit
être faite, donc qui donne quelque chose, parce que, pour l'instant, je
vous dirais qu'on fait énormément de
reddition de comptes, mais on n'a aucun retour sur cette reddition de comptes,
nulle part. Donc, pour nous, on la voudrait un petit peu plus
stratégique.
Et Alain... Il faut y
aller rapidement, et là ça va être dur pour lui.
• (17 heures) •
M. Webster
(Alain) : Donc, développement durable, difficile de ne pas vous en
parler, une volonté d'abord exprimée par
l'ensemble des étudiants et étudiantes de l'université, volonté qui maintenant
est répartie dans l'ensemble du campus.
C'est clairement une stratégie maintenant qui a été assez bien achetée, si vous
me permettez l'expression, par l'ensemble des membres de cette
communauté universitaire. La façon la plus classique d'illustrer ce qu'on fait
en développement durable, c'est notre
programme de libre accès au transport en commun, qu'on a lancé il y a 10 ans,
avant qu'on parle beaucoup plus de
changements climatiques, des enjeux extrêmement importants qui permettent
évidemment de réduire ces émissions de gaz à effet de serre en faisant passer
le nombre d'étudiants qui se déplacent en transport en commun d'à peu près 25 % à plus de 65 % aujourd'hui. On a
littéralement contribué à réduire ces émissions, mais, en même temps, on
a changé la dynamique dans cette ville. Les étudiants qui voulaient habiter
très proche du campus peuvent maintenant
habiter n'importe où à l'université, donc ça facilite... à la ville, ça
facilite donc cette intégration université-ville. C'est ça aussi, favoriser ces déploiements dans les
réseaux universitaires. Ça a permis, par exemple, de créer une
coopérative étudiante en plein centre-ville, ce qu'on appelle une approche de
développement orienté par le transport, et ça facilite donc le redéploiement de
ce vieux centre-ville de Sherbrooke. C'est une bonne approche.
Évidemment,
on a mis en place une politique de développement durable pour intégrer le tout.
Ça fait 10 ans qu'on a mis en place cette stratégie, c'était la première
au Québec. On couvre tous les domaines d'intervention, des matières résiduelles, bien sûr, à l'énergie. Lorsqu'on
parle de matières résiduelles, par exemple, on a choisi, il y a quelque
temps, d'abolir tout ce qui est
l'utilisation de vaisselle en plastique à la cafétéria, encore une fois à la demande des étudiants dans le
cadre de leur cours de formation, et on a passé maintenant dans tout ce qui est
vaisselle bioplastique en lien avec des chercheurs
en génie qui développent ces produits pour se dire : Maintenant,
tout ce qui est en porcelaine sera bien
sûr utilisé, mais tout ce qui est
vaisselle à usage unique sera composté sur le site de l'université, et le compost, plus de 70 tonnes par année, va être réutilisé pour, bien
sûr, gérer l'ensemble des campus et
du bâtiment vers des espaces verts de ce campus universitaire. Essentiellement, ça permet non seulement de montrer que ça fonctionne, ces approches
environnementales, mais que ça contribue à
développer de nouveaux secteurs économiques. C'est vrai sur les matières
résiduelles, ça doit être vrai sur
l'énergie, ça doit être vrai sur le transport électrique. Donc, le pari est relativement simple : intégrer à la fois la mission enseignement, la mission de recherche, mais aussi la gestion universitaire pour transformer ces campus universitaires en de véritables laboratoires
de développement durable, des milieux où on peut démontrer que cette nouvelle
économie verte fonctionne et qu'il y a effectivement des opportunités à saisir
pour que le Québec reste une société
développée et invente ces nouvelles technologies et ces nouveaux produits,
sinon on se contentera de les importer de l'étranger, notamment de la Chine, et on deviendra un pays en développement.
Donc, une stratégie assez complète qui nous permet, je pense, de couvrir
l'ensemble de ces domaines d'intervention, mais qui ne me permet pas d'élaborer
trop longuement sur le sujet.
Ce
qui nous amène au point suivant : l'internationalisation stratégique. Le
choix est assez simple, on veut travailler sur tout, on veut couvrir
l'ensemble de la planète, on veut intégrer l'ensemble de cette démarche, mais
on ne peut pas faire ça. Ce qu'on s'est
rendu compte, c'est qu'il fallait bien sûr développer, dans une université
comme la nôtre, mais dans toute université, cette vision internationale.
Pour ces étudiants et étudiantes, la planète est toute petite. Donc, il vaut
mieux les préparer à la mondialisation, à la diversité culturelle, favoriser
ces étudiants, ça nous semble évident, tout le monde sait ça.
Il faut aussi accroître le recrutement
d'étudiantes et d'étudiants internationaux. C'est intéressant pour nous,
mais c'est fondamental pour l'avenir du
Québec, et c'est encore plus vrai dans une région comme la nôtre, francophone,
où attirer quelqu'un qui vient de l'étranger
n'est pas évident. Spontanément, lorsqu'on pense au Québec ou au Canada,
bien, ce n'est pas évident que Sherbrooke
est tout à coup le nom qui te vient en tête lorsque tu habites à Manille ou
lorsque tu viens du Maghreb. Donc,
ces stratégies de développement en région sont cruciales, évidemment, et le
rôle des universités dans ce domaine reste un élément, bien sûr, qui est
important.
Donc,
l'université développe des stratégies et des partenariats. On a fait des choix
stratégiques. On s'est dit : On ne
peut pas être partout en même temps, on ne peut pas dilapider le peu de
ressources que nous avons. Il faut donc faire des choix prioritaires. Dans ce domaine, bien sûr, la francophonie joue
un rôle prépondérant dans cette stratégie, et l'Université de Sherbrooke peut et doit, bien sûr, accroître
encore son attractivité auprès de ces étudiants et étudiantes
internationaux.
Dans
ce contexte, évidemment, les discussions entourant les modifications ou des
frais majorés pour les étudiants et
étudiantes — vous
avez parlé, Mme Hivon, tantôt, des politiques de financement — dans ce domaine, bien sûr, ces
stratégies en matière de droits de scolarité sont fondamentales. Il faut
maintenir cette attractivité tout en maintenant, bien sûr, un équilibre dans le réseau universitaire, notamment entre les
volets francophone et anglophone, qui sera aussi un défi de gestion
extraordinaire pour les parlementaires.
Évidemment,
on l'a dit tantôt, l'université s'inscrit dans une ville où on essaie de
maximiser l'ensemble de ces relations.
On pense qu'on a réalisé des succès exceptionnels. On en a parlé tantôt rapidement,
le Centre de technologies avancées
BRP-Université de Sherbrooke est situé à l'université et a permis de faire des
avancées extraordinaires dans le domaine,
bien sûr, du transport. Le centre de collaboration microélectronique à Bromont,
ce qu'on appelle le C2MI, a permis de
créer et de maintenir des milliers d'emplois à Bromont. Ça a été fondamental.
Le choix pour nos partenaires industriels
était simple : ce sera bien sûr l'État de New York ou ce sera le Québec,
et le choix qu'on a fait avec eux ou qu'on a favorisé par notre
intervention, c'est bien sûr de développer ce créneau microélectronique dans la
région de Bromont. C'est fondamental.
On
a créé, très récemment, à Granby, le centre d'innovation en technologies
écologiques. Je ne sais pas si vous avez vu, récemment, à Radio-Canada,
les petits reportages sur l'asclépiade, mais comment on utilise ces fibres
naturelles pour inventer de nouveaux
textiles, de nouveaux isolants, donc comment on travaille avec nos partenaires
dans l'ensemble du milieu,
principalement en Montérégie et en Estrie, et nos collègues de l'UQAT ont dû
vous parler aussi de la collaboration extraordinaire que nous avons en
médecine, à Chicoutimi de façon spécifique, pour la formation des étudiants et
étudiantes en médecine.
Alors,
comment on travaille avec nos partenaires pour favoriser ce développement à
l'échelle régionale, ça reste bien sûr un élément qui est moteur. C'est
vrai pour le volet industriel, c'est vrai dans le domaine du sport aussi. En
termes de collaboration, on a tenu, il n'y a pas longtemps, les Jeux du Canada,
et Sherbrooke a soumis sa demande, soutenue
par le gouvernement du Québec, bien sûr, pour être l'hôte des Jeux de la
Francophonie en 2021. Donc, là
aussi, ça ne se fait que parce qu'il y a une très forte collaboration dans l'ensemble
des acteurs.
Lorsqu'on
parle de collaboration, ne serait-ce que c'est la commission,
ici, éducation et culture, on ne peut pas faire autrement que de mentionner le rôle
prépondérant de l'université dans le domaine de la culture, un élément
qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Le hasard a fait qu'on a créé un centre
culturel, il y a 50 ans, qui est l'un des quatre ou cinq plus importants lieux de diffusion au Québec en termes culturels et, bien sûr, de loin le
principal lieu de diffusion en Estrie.
Ça reste un élément qui est moteur, important, majeur pour le dynamisme d'une
région comme la nôtre. Et ça nous a
permis aussi, l'année passée, d'amener au conseil d'administration et de faire
adopter la première politique des arts et de la culture en milieu universitaire à l'échelle du Québec et du Canada,
un peu comme on a fait il y a 10 ans en développement durable, sans trop savoir exactement où ça nous
amène, mais en se disant : Ça reste fondamental, il faut tenter
d'intégrer mieux cette dimension culturelle dans l'ensemble du parcours de
formation des étudiants. Et on fait l'hypothèse que dans 10 ans, lorsque
nos successeurs viendront vous parler, ils vous diront, eux aussi : Nous
avons mis en place des politiques culturelles, et on espère que ça deviendra
une nouvelle approche.
Les
liens avec la collectivité, bien sûr, s'inscrivent dans la formation. On a fait
des choix stratégiques en termes de développement pédagogique pour
favoriser l'implication des étudiants dans la communauté. Au lieu que de faire
de la théorie, il faut les amener à
s'intéresser à des problèmes très concrets, donc faciliter le fait que les
étudiants s'inscrivent en lien avec
des problématiques réelles dans l'ensemble de nos partenaires, de petites ONG
comme de petites entreprises, pour tenter de les aider à solutionner
leurs problématiques. Ça nous semble important.
Ce
qu'on comprend aussi, c'est qu'à l'université on doit mieux faire comprendre et
mieux connaître ce qu'on fait comme approche en matière de collectivité,
parce qu'on s'est rendu compte qu'une grande partie de la population ne sait
pas très bien ce qu'on fait dans les universités. Ce qui clôt le deux minutes
que j'avais et ce qui me permet de passer à la rectrice en guise de conclusion.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...vous avez... Oui, on a été
généreux dans le temps, on vous a laissé un petit peu plus que deux
minutes. Alors, en conclusion, Mme Samoisette, s'il vous plaît.
Mme
Samoisette (Luce) : Laissez-moi deux petites minutes, puis j'y arrive.
Je demeure profondément convaincue que
notre université a développé un modèle unique contribuant largement au
développement de la société québécoise. Je crois cependant que les vagues de compressions budgétaires dictées par
les gouvernements du Québec vont mettre en péril ces avancées majeures réalisées par la société québécoise si nous ne
réussissons pas rapidement à relancer financièrement nos établissements
universitaires.
Les universités doivent évidemment contribuer à
l'assainissement des finances publiques. Dans ce contexte, nous revoyons tous
nos budgets, demandons un effort supplémentaire, comme on vous l'a mentionné.
Les étudiantes et
étudiants que nous accueillons sur nos campus ont cependant l'ambition
d'accéder à davantage qu'un niveau de vie moyen. Nous partageons cette
ambition pour l'ensemble de la société québécoise.
L'éducation
est un investissement, la plus grande richesse du Québec, les femmes et les
hommes qui façonneront son avenir. Toutes les sociétés développées misent
sur l'enseignement supérieur et la recherche pour assurer leur développement social, culturel et économique. Le
Québec n'a pas les moyens de faire autrement. Depuis plusieurs années, le secteur de l'éducation, à tous les niveaux, est
soumis à des compressions budgétaires majeures sans réelle vision
d'avenir. Les établissements universitaires
perdent actuellement leurs capacités d'assumer leurs mandats. Il importe donc
de faire des choix stratégiques. On
ne peut plus sabrer les budgets des universités sans compromettre la qualité de
l'enseignement, de la recherche ainsi que
l'accessibilité aux études universitaires. C'est dans ce contexte que
l'université a affirmé à maintes reprises que le Québec ne doit pas se
contenter de viser la moyenne canadienne ou la moyenne de l'OCDE en termes d'objectifs de diplomation, mais bien se donner
les objectifs les plus ambitieux en faisant de l'enseignement, notamment
universitaire, l'une des grandes priorités nationales.
Les
universités sont des partenaires du gouvernement pour plusieurs volets de sa
mission auprès de la population, en
éducation bien sûr, mais aussi en santé, en environnement, en culture, en
entrepreneuriat, notamment. Pour moi, il est donc urgent que l'Assemblée nationale réitère son appui à l'éducation
supérieure et présente une vision de l'enseignement et de la recherche
universitaire au Québec.
Je demande au
gouvernement, au-delà du clivage politique traditionnel, de prendre dès
maintenant des engagements fermes de
réinvestissements commençant en 2016‑2017 pour nous permettre de planifier
adéquatement notre contribution à la
société québécoise. C'est essentiel pour bien faire notre travail, donner la
pleine mesure de tout le talent de nos étudiantes et étudiants et
surtout contribuer pleinement à l'essor de la société québécoise. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
à la période d'échange. On va passer du côté du gouvernement pour un
bloc d'environ 15 minutes. Alors, je cède la parole au député de Papineau.
M.
Iracà : Alors, merci
beaucoup, Mme la présidente. Merci beaucoup, Mme la rectrice, avec toute votre
équipe. J'ai bien aimé comment vous vous
êtes divisé ça. Alors, vous travaillez en équipe, c'est fantastique, vous
travaillez ensemble.
Mme Samoisette (Luce) : ...
• (17 h 10) •
M.
Iracà : Excellent, c'est
bon. Alors, il semble avoir beaucoup de cohésion. Alors, vous formez une belle
équipe et une belle université. De
l'extérieur, en tout cas, l'image que l'on a, c'est que l'Université de
Sherbrooke, c'est une belle université qui offre de beaux programmes.
40 000 étudiants, que vous avez mentionné, donc c'était quand même
très important non seulement pour la région,
mais pour le Québec. Et j'ai souvent demandé la même question à ceux qui
sont venus nous voir : Faites-vous des évaluations de vos programmes dans
ce que vous avez?
Une voix : Continuellement.
M. Iracà : Il y en a qui me
répondaient que c'est un peu plus flou, et là, vous, ça semblait être assez
direct comme réponse...
Une voix : Bien sûr.
M. Iracà : ...et j'ai quand même
bien aimé ça.
Il faut être courageux aussi, à un moment donné,
pour dire... vous avez parlé de la Faculté de théologie — ou ça aurait pu être n'importe quelle autre
faculté — de
dire : Bien, écoutez... Puis ça fait plusieurs années, hein, qu'au
niveau budgétaire, là, ce n'est pas facile.
J'ai entendu vos inquiétudes. Vous, vous aviez la partie plus difficile, là, de
l'exposé. Madame, les programmes, vous étiez très positive, c'est plaisant,
environnement, mais je comprends qu'au niveau budgétaire,
là, ce n'est pas facile depuis plusieurs années... vous avez mentionné depuis
2012. Et il faut gérer avec rigueur, et, sur ça, je vous en félicite, je
pense que vous faites le travail de faire une gestion rigoureuse des deniers
publics. Et effectivement l'éducation doit
être une priorité, vous avez raison, à l'intérieur, évidemment, de la capacité
de payer des Québécois. Et là,
là-dessus, c'est un défi de tous les instants et de tous les jours, et je pense
que vous êtes capable de gérer la situation tout en développant des
nouveaux programmes.
Et je me
demandais, parce que je pense qu'il est important d'évaluer ce qu'on a avant
d'aller chercher d'autre chose : Dans les programmes que vous avez,
est-ce que vous vous donnez le défi de dire : Bien, soit à chaque année, à chaque deux ans, chaque cinq ans, on fait une
évaluation complète de nos programmes? Si on s'aperçoit que... S'il y a
des programmes qui attirent moins ou c'est moins de nécessité, que ce soit pour
l'emploi, pour la région, bien, il faut être capable
de les remettre en question, soit pour les enlever, soit pour en partir
d'autres ou soit pour dire : Bien, écoutez, financièrement, ça ne
tient pas la route, la cohorte est trop petite, on ne peut pas la partir, etc.
Donc, parlez-moi donc de comment vous évaluez
vos programmes chez vous, à l'université.
Mme
Samoisette (Luce) : Bien, il y a plusieurs volets dans votre question.
Le premier volet, c'est... bien sûr, il y a un cycle d'évaluation aux sept ans pour tous nos programmes, mais à ça
s'ajoutent aussi tous les programmes qui sont sous agrément, alors qui sont évalués par des
organismes externes, ne serait-ce que médecine, génie. Tous les
programmes qui sont sous agrément, donc, pour eux autres, l'évaluation, elle
est aux cinq ans...
Une voix :
C'est ça.
Mme
Samoisette (Luce) : ...aux cinq ans, de mémoire, et donc ils doivent
répondre à toutes ces questions-là. Et pour les autres programmes, c'est
un cycle de sept ans.
Et, quand on
fait l'évaluation des programmes, bien, c'est sûr qu'on va aller poser des
questions à nos diplômés, ceux qui sont sortis de ce programme-là, à nos
étudiants actuels puis aux étudiants qui veulent venir aussi pour dire : Qu'est-ce que vous voulez de ce programme-là? Et
les ajustements sont faits. Je ne vous cacherai pas que c'est plutôt
rare qu'on ferme des programmes dans les universités, mais ça arrive. On vous a
mentionné qu'on en a fermé 37, soit des programmes
ou des cheminements, parce qu'ils ne répondent plus. Il y en a certains,
programmes, qui sont aussi ouverts de
façon temporaire parce qu'on sait qu'on a une formation qui va être temporaire,
c'est pour répondre à un besoin d'un ordre professionnel, par exemple,
et on va le faire sur une période de deux, trois ans, et on sait qu'après ça ça
va être terminé. Mais ça sera toujours un défi de faire cette évaluation-là,
mais je vous confirme qu'elle est faite, et que les questions sont posées, et
qu'on remet les choses en question.
Maintenant, quand vous parliez du nombre
d'étudiants par groupe classe, mais ça aussi, c'est revu aussi dans chacune de nos facultés. À Sherbrooke, on a une
façon de gérer aussi où c'est nos neuf facultés, maintenant bientôt nos
huit facultés, qui... c'est eux autres qui sont près de l'enseignement et de la
recherche et ce sont elles, ces facultés-là aussi,
avec les gens qui les gèrent, bien sûr, qui sont capables de prendre les bonnes
décisions pour les programmes. Nous, on
va poser des questions, on va s'attendre à avoir les réponses qui vont nous
satisfaire, sinon on va continuer à poser des questions puis on va retourner dans nos instances. Mais, pour nous,
cette gestion-là fait que les ajustements se font au fur et à mesure.
C'est pour ça qu'on vous mentionnait aussi qu'il y a eu des modifications dans
150 programmes.
M. Iracà : Je trouve ça intéressant,
ce que vous dites. Vous parlez de programmes temporaires, j'ai rarement entendu ça dans le sens où vous avez cette
souplesse-là de dire : Nous, pour une demande spécifique, que ce soit
d'un employeur ou d'un ordre professionnel,
on est prêts à s'embarquer là-dedans et ouvrir un programme qui est
temporaire, mais qui va répondre à un besoin. C'est ça que je comprends?
Mme
Samoisette (Luce) : Oui. On va y aller souvent par la formation
continue, à ce moment-là, qui pourrait être soit créditée ou non
créditée, mais on va le faire de cette façon-là.
M.
Iracà : O.K. Et est-ce que
vous avez, pour ce genre de demande là, plus de demandes qu'auparavant ou,
sur une échelle des 10 dernières années, ça se ressemble?
Mme
Samoisette (Luce) : Il y avait, oui, une augmentation marquée au cours
des dernières années, mais je vous dirais
que, dans les deux dernières années, avec les compressions partout au Québec,
il y a moins de demandes de cette nature-là. Mais c'est comme un cycle,
ça va revenir. Les besoins de formation et les besoins de formation continue...
Écoutez, regardez le nombre de personnes qui ont été formées au collégial, par
la suite à l'université, au collégial technique, ces gens-là ont besoin de formation continue par la suite, et... bien,
il faut s'investir dans cette formation continue là parce qu'ils veulent
avoir la même qualité de formation qu'ils ont eue auparavant.
M.
Iracà : O.K. Donc, c'est un
système qui, pour vous, même si, demain matin, il y aurait une demande
exponentielle de programmes temporaires, mais bien spécifiques, vous seriez
prêts à répondre à ce genre...
Mme Samoisette (Luce) : Mais on
qualifierait l'exponentiel, là, mais, dans une certaine mesure, oui.
M.
Iracà : O.K., mais, par
rapport à des programmes, est-ce qu'il y a des programmes qui se prêtent
davantage à ce genre de...
Mme Samoisette (Luce) : Mais plus ce
qui est au niveau professionnel, hein? Faculté d'administration, par exemple,
Faculté de droit...
Une voix : Génie.
Mme Samoisette (Luce) : ...génie.
Certains besoins en médecine aussi, ne serait-ce que la santé-sécurité au
travail, dans certains domaines de la médecine, ils vont faire des programmes
temporaires.
M. Iracà : O.K. O.K. Parce qu'il y a
plusieurs...
Mme Samoisette (Luce) : Mais ça ne
veut pas dire qu'ils vont fermer le programme par la suite. Ils vont le garder
ouvert au cas où ils en aient besoin plus tard.
Mme Laflamme (Lucie) : Je peux-tu
ajouter qu'on ne sera pas capables de développer en quelques mois ou quelques
semaines 500 programmes, là, hein? Parce que c'est quand même des programmes
qui sont assujettis à des contrôles de
qualité et dans les départements... il y a le conseil des études aussi qui doit
s'y pencher puis il y a le conseil universitaire également. Donc, ce
n'est pas n'importe comment qu'on travaille, là.
M.
Iracà : Et j'imagine que ce
genre de programme là, et puisqu'il est à la demande d'un tiers, il y a des
stages qui sont, j'imagine, facilement accessibles. Il faut tout, j'imagine,
monter un système de stages qui vient avec ça ou...
Mme
Laflamme (Lucie) : Bien, si
on parle de formation continue comme telle, les stages, il n'y en a pas.
C'est souvent juste de la formation, de la
mise à jour de compétences ou de connaissances. Quand on parle de développement de programmes en formation initiale, et là j'ai le
cas en tête de sciences infirmières où, là, on a un programme où il y a
de la formation clinique, puis on va également
ajouter des stages coopératifs pour les futures infirmières, ça demande beaucoup
de travail, effectivement. Et on s'y prend au moins un an, un an et demi à
l'avance pour être capable de développer notre réseau de stages.
M. Iracà : O.K., O.K. Donc, il y a
un travail d'amont à faire avant, là, d'arriver aux résultats, là.
Mme Laflamme (Lucie) : Oui, oui,
oui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste six minutes, M. le député de Papineau.
M.
Iracà : Six minutes. Alors,
je vais aborder peut-être un autre sujet. Je vais avoir le temps de...
Concernant les étudiants étrangers, je
n'ai pas vu la donnée statistique. Je ne sais pas si vous l'avez avec vous. En
termes de pourcentage — je
ne l'ai pas entendu si vous l'avez mentionnée — sur vos étudiants... Vous l'avez mentionné, c'est
une notion extrêmement importante non
seulement pour Sherbrooke, mais pour tout le Québec, l'immigration est
excessivement importante. En termes de pourcentage d'étudiants étrangers,
est-ce que c'est un chiffre qui est à la hausse dans les dernières années ou
c'est assez stable?
M. Webster
(Alain) : 6,1 % en 2013‑2014, et on était à 4,6 % en 2007‑2008, donc une croissance, effectivement, une croissance en très grande partie provenant de
la francophonie, parce que non seulement, je vous le dis, les régions comme l'Estrie, ce n'est pas très connu à
l'étranger, mais amener un étudiant anglophone dans une université
francophone située dans une région francophone est un défi faramineux.
M. Iracà : Mais c'est faisable,
c'est faisable.
Mme Samoisette (Luce) : Et ces
étudiants-là sont plus aux cycles supérieurs. On recrute plus aux cycles supérieurs,
en maîtrise et au doctorat.
M. Iracà : Et j'avais posé à
d'autres universités, qui ont donné des trucs, alors je vous invite à écouter
la commission parlementaire ce soir, avant de vous coucher. On a eu des trucs pour
aller chercher des étudiants étrangers. Vous, votre système... avez-vous
un système d'établi?
Mme
Samoisette (Luce) : Les
étudiants étrangers, comme je vous disais, c'est plus aux cycles supérieurs,
donc c'est directement avec les
professeurs-chercheurs dans leurs programmes de recherche. Donc, les étudiants
sont recrutés parce qu'ils
connaissent la réputation du chercheur. Et c'est ça qui va les amener aux
deuxième, troisième cycles. Notre défi à nous, c'est de développer les
étudiants à l'étranger au premier cycle, et ça, c'est le défi qu'Alain vient de
vous mentionner, là, ce n'est pas simple à faire.
M. Iracà : Avez-vous développé un
plan de match par rapport à ça?
Mme Samoisette (Luce) : Oui, au
niveau international.
M. Iracà : Si vous pouvez me
l'expliquer en quelques lignes...
Mme Samoisette (Luce) : Je ne l'ai
pas avec moi, le plan à l'international, là.
M. Iracà : Dans vos mots.
Mme
Samoisette (Luce) : Bien,
choisir premièrement des régions. On ne peut pas aller partout. On a
identifié la francophonie en priorité. Et
maintenant, là, on fait comme toutes les universités font, ils ont des salons,
on participe à des salons, tout ça, dans ces régions-là puis on essaie
de ramener des étudiants à Sherbrooke.
• (17 h 20) •
M. Webster
(Alain) : Et on travaille,
dans ce cadre international, avec notamment des partenaires de la région
de Montréal, comme Montréal International, pour se dire comment on réseaute un
peu cette approche-là, comment on essaie de ne pas multiplier ce genre
d'intervention pour dilapider les fonds publics, ils sont trop rares, donc
tenter de travailler en concertation pour
faire la promotion de l'ensemble du Québec à l'étranger, mais, en même temps,
viser les créneaux très, très particuliers de l'Estrie.
On parlait
des pourcentages tantôt au niveau étudiants étrangers, au niveau international.
Pour ces étudiants de cycles
supérieurs, on va plutôt être autour de 15 % à 20 % selon plusieurs
programmes, donc plus facile. Les premiers cycles,
compliqué, stages coops, compliqué aussi pour faciliter l'intégration sur le
marché du travail. Ce n'est pas un avantage. Mais c'est clair que ça reste
difficile.
M.
Iracà : Et donc ça reste un
défi important. Mais je comprends, vous êtes passés de 4,6 % à 6 %.
Est-ce que vous vous êtes fixé un objectif précis à court ou moyen terme
par rapport au pourcentage d'étudiants étrangers?
Mme
Samoisette (Luce) : On a demandé à nos facultés, à nos neuf facultés
de déterminer des cibles pour chacune des facultés parce que la réalité
est vraiment différente. Qu'on soit en sciences humaines, qu'on soit en génie,
ou en médecine, ou en administration, il va
y avoir plus d'étudiants étrangers en administration qu'il va y en avoir en
éducation, par exemple, parce qu'éducation c'est plus des étudiants québécois.
Ça fait qu'on ne veut pas établir une cible institutionnelle
qui va s'appliquer à tout le monde de la même façon, parce qu'éducation ne sera
pas capable de l'atteindre de cette
façon-là, puis un autre va la dépasser. Donc, on veut que chacune des facultés
détermine elle-même, à tous les cycles, quelle est sa cible puis comment
elle va faire pour y arriver. C'est ce qu'on est en train de faire. Mais vous comprenez qu'au cours des derniers mois on a mis
un holà là-dessus parce que nos ressources ont travaillé sur autre
chose, qui étaient les dossiers de M. Buteau.
M. Webster
(Alain) : En termes pratiques, ça signifie, par exemple, que cette
agence des relations internationales était
dirigée par un directeur général qui consacrait l'ensemble de son temps à
développer cette stratégie. Il nous a quittés pour UBC, qui est un endroit, paraît-il, agréable à vivre, et ce poste
n'a pas été remplacé. On a fusionné cette fonction avec un autre directeur pour faire un gain financier à
court terme, mais ça limite la capacité d'intervention. Donc, ça veut
dire ça aussi, les compressions budgétaires : A-t-on les moyens de nos
ambitions? Dans ce domaine spécifique, on a profité de cette opportunité de
faire un petit gain à court terme, mais c'est clair qu'à moyen et long termes
ça ne peut pas perdurer dans ce domaine.
M. Iracà : D'accord. Je reviendrai,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...si vous voulez continuer.
M. Iracà : Alors, ce que je
comprends, c'est que vous vous êtes quand même fixé des objectifs. Je parle des
étudiants étrangers parce que je pense que
c'est important pour le Québec et pour vous, hein, en termes de clientèle.
Je pense que c'est... pour peupler le
Québec, là, il faut passer nécessairement par l'éducation et il faut attirer
les étudiants étrangers par toutes sortes de trucs, mais je pense qu'il
y a des choses qui se font à moindre coût. Je pense que vous allez être assez ingénieux pour trouver les bons
trucs pour ça. Donc, c'est pour ça que je trouvais ça intéressant de
vous entendre, d'entendre aussi le taux de
rétention — je ne
sais pas si vous avez ça — d'élèves étrangers qui font les études chez vous qui demeurent chez vous. Vous les avez
certainement déjà pour les étudiants de cégeps de chez vous qui s'en
vont à l'université, qui demeurent et
travaillent dans la région, avec les systèmes de coop pour le travail, mais étrangers...
pour les étudiants étrangers, je pense, c'est important d'avoir les
statistiques ou les données de gens de l'extérieur, parce que ça devient
rentable à long terme, là.
M. Webster
(Alain) : Mais plus facile, lorsqu'on est une université anglophone
située à Montréal, pour attirer des étudiants anglophones. Ça, c'est
assez évident, assez simple.
M. Iracà : Ah! ce n'est pas simple.
M. Webster (Alain) : Vous le savez
bien, vous aussi, dans votre comté.
M.
Iracà : Absolument. Mais,
juste pour vous donner un petit exemple, moi, mon père est arrivé au Canada,
il ne parlait pas un mot français, pas un
mot. Alors, moi, je suis ici, en face de vous, puis je vous parle. Alors, ce
que je peux vous dire, des fois, on pense qu'il y a une montagne, mais
elle est traversable, la montagne. Lâchez pas!
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Papineau. On va passer du côté de l'opposition officielle pour un bloc
de 22 minutes. Alors, Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à vous quatre pour une
présentation très dynamique, très complète. Je vous remercie.
Ma première
question est toujours en lien avec la situation financière, et vous êtes les
premiers à répondre d'emblée en
mettant vraiment les impacts qu'il y a pu avoir en donnant des données. Donc,
j'apprécie beaucoup, ça va simplifier l'exercice.
J'ai quand même quelques questions. De ce que je comprends, vous avez réussi à
rétablir l'équilibre budgétaire pour
2014‑2015. Je voyais, dans les documents, qu'il y avait eu des déficits en 2012‑2013
puis 2013‑2014. C'est bien le cas?
Donc, comment avez-vous réussi... là, je parle jusqu'à 2014‑2015, on va parler
après de 2015‑2016... mais comment avez-vous
réussi, donc, à rétablir l'équilibre budgétaire pour 2014‑2015 dans le contexte
pas évident de compressions supplémentaires
avec des déficits accumulés? Donc,
j'aimerais comprendre comment vous vous y êtes pris. Je sais que vous
avez fait état des mesures tout à l'heure, là, mais ça devait être particulièrement
difficile. Pourquoi en 2012‑2013, 2013‑2014, il y avait des déficits, puis vous
avez réussi en 2014‑2015?
Mme
Samoisette (Luce) : Première information, c'est qu'on était à
l'intérieur des déficits autorisés par le ministère. Donc, on est rentrés à
l'intérieur, on n'était pas en plan de redressement du tout, on était dans les
normes.
Mme
Hivon :
Vous n'étiez pas pénalisés.
Mme Samoisette
(Luce) : Non, c'est ça. Et Martin en a parlé tantôt, ce qui était
annoncé en 2012‑2013 et 2013‑2014, c'étaient des compressions qui ne devaient pas
être récurrentes. Donc, ce qu'on a commencé à faire, c'est dire : On va reporter des dépenses, il y a
des choses qu'on ne fera pas, mais ce n'était pas récurrent. Quand on a
appris que ces compressions-là étaient devenues récurrentes puis qu'il y en
avait d'autres qui se rajoutaient, bien là on a fait une grande démarche sur le
campus au complet. Alors, Martin a été l'artisan de tout ça. On y a travaillé
avec lui, bien évidemment.
M. Buteau
(Martin) : Pour moi, c'est un travail d'équipe, là, c'est clair.
Mme Samoisette
(Luce) : Alors, je te passe la parole pour dire tout ce qu'on a fait.
M.
Buteau (Martin) : Bien, essentiellement, on vous l'a mentionné
rapidement tout à l'heure, on a d'entrée de jeu dit : Il faut communiquer à notre communauté qu'il y a un défi
colossal devant nous et que, dans les changements qui ont eu lieu, notamment, la notion de déficit autorisé est
disparue et est disparue en claquant les doigts, là, hein? Nous, en
avril, on déposait un budget puis, en juin,
on apprenait que les règles du jeu avaient complètement changé, il fallait
refaire le budget. Donc, tout de suite, on a informé notre
communauté : Écoutez, là, il faut rebrasser les cartes, là, le défi est
majeur
Et
on a travaillé avec les gens et, dans nos unités, facultés, services, on a
donné des cibles et on a dit : Bon, bien, on a un objectif à atteindre, il faut être en
équilibre en 2014‑2015, il faut s'atteler. Et donc les gens, durant l'été, ont
pensé à différentes pistes, et c'est pour
ça, tout à l'heure, on a résumé, mais c'est clair qu'à partir du moment où les
trois quarts d'un budget dans
l'université, ce sont des salaires, bien, il a fallu regarder comment on
pouvait diminuer les dépenses salariales. Et c'est pour ça que, oui, on
a fait le ménage dans certaines choses, mais ça faisait déjà quelques années,
comme le mentionne la rectrice, qu'on était
à gérer des compressions qui devaient être non récurrentes, donc on reportait
des choses. À un moment donné, il a fallu poser des gestes plus
drastiques.
Mme
Samoisette (Luce) : J'ajouterais à ça, c'est que, quand on a déposé le
budget, on avait un investissement annoncé,
on avait donc pris des engagements d'engager de nouveaux professeurs. Cet
engagement-là était là, et ce que Martin
a fait avec les syndicats de professeurs notamment, on l'a fait avec tous nos
syndicats, toutes nos associations, mais avec le syndicat de professeurs...
parce que nous, dans nos règles, c'est que, quand le poste a été budgété, on
doit le combler. Alors là, c'était clair
qu'au mois d'avril on avait le budget avec un investissement, et, moins de deux
mois plus tard, on avait des
compressions, et là on avait l'obligation de combler. Alors, Martin a réussi,
avec les syndicats, à s'asseoir avec
eux pour dire : On va lever cette obligation-là, on ne comblera pas les
postes et on n'engagera pas les professeurs qu'on a dit qu'on engagerait
durant l'année, et nos syndicats ont accepté.
Alors, quand on vous
dit qu'on a travaillé avec la communauté, c'est la communauté qui l'a fait,
mais avec beaucoup, beaucoup d'information.
On a fait énormément de rencontres d'information avec les associations, les
syndicats, avec les cadres, les doyens,
doyennes, on en a fait énormément, on a mis ça sur un site, on a mis une boîte
à suggestions aussi puis on a dit : Toutes vos suggestions vont
être analysées, ce qui a été fait, et tout le monde a eu une réponse.
Mme
Hivon : Donc, quand vous disiez tout à l'heure
82 postes de professeurs de moins, est-ce que vous pouvez me dire... parce que vous avez dit : Ça, ça
jumelait les postes vacants et les postes de plus qu'on aurait besoin compte
tenu de... Êtes-vous capables de dire à peu près...
M. Buteau
(Martin) : En fait, dans ce portrait-là, j'ai exclu la Faculté de
médecine, qui a une réalité un peu particulière à cause de son lien avec le
réseau de la santé, le ministère de la Santé, les effectifs médicaux, bref,
donc, dans cette analyse-là, j'enlève la
Faculté de médecine. Et c'est simplement essentiellement ce que je disais,
c'est que nous, on fait un exercice
de planification des postes. Et, quand on regardait les besoins exprimés par
les départements, les facultés, on
aurait normalement dû attribuer 35 postes de plus et on était, à
l'époque — on parle
de janvier, février 2014 — dans un processus de réinvestissement universitaire, il
fallait expliquer au ministère comment on allait utiliser le réinvestissement.
Donc, on était en train de préparer du
développement. Et évidemment, bon an mal an, il y a des postes vacants.
Donc, on se disait : Bien, ces postes
vacants là, il y en avait une trentaine, on va aussi les combler parce qu'il y
a des besoins. Donc, il y avait des
nouveaux postes, il y avait des postes vacants, donc ça, ça faisait à peu près
65 postes. Mais, quand on regarde ce qui s'est passé, c'est qu'à
partir du moment où on s'est entendu avec nos syndicats de profs pour
dire : Écoutez, si un poste devient vacant, on ne peut pas s'engager à le
combler, bien, la projection que l'on fait pour 2015‑2016, c'est qu'il y aura
17 postes de prof de moins. O.K.? Donc, c'est le 65 plus le
17 qui fait l'écart de 82 postes.
• (17 h 30) •
Mme
Hivon :
Puis quel impact ça a eu, ça, en termes de... ou que ça va avoir en termes de
ratio de ce qui est enseigné par des professeurs versus des chargés de cours?
Est-ce que ça reste à peu près stable, compte tenu, de ce que je comprends, qu'il y a eu un bon nombre de
charges de cours d'abolies? Est-ce qu'on reste à peu près en équilibre?
M. Buteau
(Martin) : Bien, en fait, la réalité est très différente d'une faculté
à l'autre. On comprendra qu'effectivement il y a des facultés dans le domaine
des sciences humaines, de l'administration dont le ratio peut être assez élevé, là, facilement 70 % des cours peuvent être
donnés par des chargés de cours, alors que, quand on est dans le domaine des sciences, du génie, bien là on est
dans des ratios beaucoup moins importants, là, la réalité est
différente. Mais c'est vrai que ça... oui,
il y a moins de profs, ça peut demander à faire appel à plus de chargés de
cours, mais il a fallu aussi réduire l'offre de cours, donc ça a réduit
aussi le nombre de chargés de cours. Je n'ai pas...
Mme
Hivon :
...ça s'équilibre, vous diriez?
M. Buteau
(Martin) : Je ne pourrais pas conclure que ça s'est équilibré, mais
c'est clair que ça a bougé sur les deux volets.
Mme
Hivon :
O.K. Est-ce que c'est un objectif que vous avez, d'augmenter le ratio de cours
offerts par des professeurs versus des chargés de cours, ou vous estimez que
vous êtes à peu près au bon ratio?
M. Buteau
(Martin) : Je pense qu'on souhaiterait avoir un ratio moins élevé,
tout en reconnaissant la qualité exceptionnelle
de nos chargés de cours, là, on ne remet pas en question leur apport, au
contraire, ce sont des gens qui ont un
apport significatif dans la formation, sauf que, quand dans certains programmes
on peut atteindre un ratio de 90 % de chargés de cours, là, on se dit, là... Il faut quand même assurer une
certaine stabilité au niveau du corps professoral, parce qu'il y a
toujours des aléas au niveau des chargés de cours, leurs disponibilités, des
contraintes. Bref, donc, non, on souhaiterait augmenter, bien entendu, le
nombre de professeurs pour baisser ce ratio-là à bien des endroits.
Mme
Samoisette (Luce) : Et j'ajouterais que ce ne serait pas un ratio pour
l'université au complet, il va falloir y
aller programme par programme parce que la réalité est différente. Dans un
programme professionnel, on a besoin de plus de chargés de cours que de professeurs à temps plein parce qu'ils
ont besoin d'avoir les cas pratiques que les gens de la pratique vont
apporter. Donc, on ne peut pas avoir un taux pour l'université.
Mme
Hivon :
Ce n'est pas quelque chose qui s'analyse au global, ça s'analyse plus
spécifiquement.
Mme Samoisette
(Luce) : Non, exact.
M.
Webster (Alain) : Et ça a des impacts importants dans le développement
de la recherche également, en termes d'encadrement d'étudiants en
maîtrise, capacité de faire des liens avec le milieu beaucoup plus difficile.
Ce n'est pas la tâche d'un chargé de cours.
Mme
Hivon :
Pour aller recruter à l'international aussi, j'imagine que c'est...
M. Webster
(Alain) : C'est clair. On veut donc en faire...
Mme
Hivon :
...il y a un lien de cause à effet direct.
Mme Samoisette
(Luce) : Tout à fait.
M. Webster
(Alain) : On voulait en faire plus. Concrètement, on en fait moins.
Mme
Hivon : Oui, O.K. Donc là, on a parlé de 2014‑2015. Là, il y
a 2015‑2016, puis là il y a de nouvelles compressions. Donc, en ce
moment, est-ce que vous pouvez me dire à combien s'élève l'effort
supplémentaire pour 2015‑2016 qui vous a été demandé en termes d'effort
budgétaire? Est-ce que vous êtes capables de...
Mme Samoisette
(Luce) : ...mois de juin?
Mme
Hivon :
Oui.
Mme Samoisette
(Luce) : 4,1 millions.
Mme
Hivon :
4,1.
Mme Samoisette
(Luce) : Qui reste à confirmer par le ministère.
Mme
Hivon :
Oui, c'est ça, mais vous n'avez pas eu la confirmation finale.
Mme Samoisette
(Luce) : Non.
Mme
Hivon :
Puis vous vous enlignez comment pour cette année? Est-ce que vous anticipez un
déficit à ce moment-ci où on se parle? Vos autres collègues nous ont dit à peu
près comment ils s'enlignent tous pour un déficit, dont ceux qui étaient en équilibre, mais il y en a qui espèrent être
capables de peut-être le résorber d'ici la fin de l'année, bon, tout ça.
Je ne sais pas, vous, ce qu'il en est à l'heure où on se parle.
M.
Buteau (Martin) : Bien, en fait, on vous l'a mentionné lorsqu'on a
travaillé 2014‑2015, mais rapidement on a envoyé le signal à notre
communauté que 2015‑2016 demeurait un défi important parce que, pour passer à
travers 2014‑2015, il y avait un certain
nombre de mesures, mais certaines de ces mesures-là étaient non récurrentes,
donc il fallait, en 2015‑2016, trouver autre chose parce qu'en 2014‑2015
ça marchait, mais en 2015‑2016 ça ne marche plus.
Donc, on a
averti rapidement, à l'automne dernier, que 2015‑2016 allait être un grand défi
au niveau budgétaire, et, je dirais,
il y a un objectif qui a été lancé à chacun de nos groupes d'employés et
syndicats pour dire : Écoutez, il faut revoir le coût de nos conditions de travail dans le contexte actuel, et
donc on a entrepris des discussions avec tous nos groupes d'employés pour dire : Il faut avoir
des cibles de réduction des coûts des conditions de travail de nos
employés. Et ça a commencé à porter fruit,
il y a des groupes qui sont au rendez-vous, qui ont accepté de consentir des
diminutions dans leurs conditions de
travail. On poursuit les discussions cet automne. Notre objectif, c'est assez
rapidement, au cours de l'automne,
continuer à convaincre nos partenaires syndicaux que malheureusement la
réalité, elle est ce qu'elle est et qu'il faudra revoir le coût de nos
conditions de travail.
Donc, je vous
dirais, pour le moment, c'est la clé de voûte, c'est... on s'attend encore à
8,5 millions environ de concessions salariales ou conditions de
travail de nos groupes d'employés syndiqués, et c'est à travers les échanges qu'on aura avec eux qu'on va savoir si on va être
capables d'y arriver. Pour le moment, on demeure confiants parce que
jusqu'à maintenant ils ont été à l'écoute, ils comprennent. Ils ne sont pas
heureux, on se comprend tous, là, qu'ils ne sont
pas heureux de ce qui se passe en ce moment, mais en même temps ils
reconnaissent que ce n'est pas le fruit d'une mauvaise gestion de
l'université, ça nous tombe dessus maintenant, et il faut faire avec. Et tôt ou
tard, de toute façon, il va falloir faire
face à cette réalité-là. Donc, nous, on a toujours eu le discours de
dire : On aime mieux gérer notre misère nous-mêmes que de se la
faire gérer ailleurs, là, ça fait que donc... Et ça, les gens comprennent ça.
Mme
Hivon : Puis donc
vous espérez arriver en équilibre budgétaire pour éviter le plan de
redressement?
M. Buteau (Martin) : C'est encore
notre objectif. C'est encore notre objectif, oui.
Mme
Hivon :
O.K. Donc, ça, ça veut dire essentiellement un exercice vraiment encore plus en
profondeur avec vos partenaires syndicaux. Pour ce qui est des postes
d'enseignement, bien des postes de prof, ça veut dire des impacts
supplémentaires?
M. Buteau
(Martin) : Sans doute. Bien, c'est parce que, s'il y a des postes de
prof qu'on n'a pas été en mesure de combler en 2014‑2015, il est peu
probable qu'on soit capables de les combler en 2015‑2016.
Mme
Hivon : Oui, mais
est-ce que ça veut dire augmenter encore plus l'écart?
M. Buteau
(Martin) : C'est ça. Et il y a des départs à la retraite, puis les départs
à la retraite, bien, rentrent dans la même dynamique, c'est-à-dire qu'on
ne peut pas garantir qu'on va être capables de remplacer quelqu'un qui part à
la retraite. Et là, bien, c'est tout le
défi, justement, d'assurer la pérennité, de l'encadrement d'étudiants aux
cycles supérieurs notamment. Ça
commence à poser de gros défis au niveau du recrutement d'étudiants, là, parce
que, si tu veux venir étudier à
Sherbrooke, il faut que tu aies quelqu'un pour t'encadrer aux cycles
supérieurs, puis, si, les gens, il y en a moins, bien tu peux moins en
accueillir. Ça fait que c'est un cercle vicieux, finalement, là.
Mme
Hivon :
O.K. Vous avez l'air — c'est une question — vous avez l'air excessivement dynamique
comme équipe et... Est-ce que vous
réussissez à ce que tout le campus, le corps professoral, l'administration
aient un bon moral? Et comment est un peu le sentiment général en ce
moment? Ils sont essoufflés, là, ils sont dans l'étape ultime de leur Ironman... ou du moins ils espèrent qu'après la
natation il n'y aura pas la levée des haltères ou je ne sais quoi, mais
comment vous jugeriez du climat?
Mme Samoisette (Luce) : Il y a Alain
qui me dit : On t'écoute, Luce.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Samoisette (Luce) : On ne peut
pas juger...
Mme
Hivon :
C'est parce que tantôt on nous a parlé d'épuisement, donc de différentes
conséquences, là. Vous êtes quand même une université importante.
Mme
Samoisette (Luce) : Ce n'est pas pareil partout, c'est sûr. Si on y va...
on parle de l'équipe de direction, bien
vous avez vu que mon travail, avec les deux autres personnes qui ne sont pas
ici aujourd'hui, c'est la même façon de travailler, beaucoup d'information avec l'équipe directe et après ça des
doyens et doyennes, là, nos neuf doyens, doyennes, et de nos 14 ou 15 directeurs de service.
C'est la même chose, c'est beaucoup d'information qu'on leur donne et
beaucoup d'information qu'on nous donne, ça fait que ces gens-là, ils sont
capables d'informer leurs gens aussi.
Maintenant,
quand on descend dans les facultés, dans les départements puis dans les
services plus en profondeur, là, plus...
les gens, il y en a dans certains endroits qui sont épuisés. Ils ne sont pas
touchés tous de la même façon. Il y en a qui ne comprennent pas, il y en
a qui se demandent pourquoi on doit faire ça. On se faire dire aussi, comme
direction d'université :
Pourquoi vous n'êtes pas tout simplement en déficit? Ça serait plus simple, et
on passerait à autre chose. Donc,
c'est cette information-là qu'on doit continuer à donner, mais ce ne sera pas
égal partout, puis il y en a qui vont souffrir plus que d'autres. Mais vous dire que c'est au beau
fixe, non, ce n'est pas au beau fixe, ce n'est pas jojo sur les campus,
là.
Mme
Hivon : O.K.
Est-ce que j'ai du temps encore dans mon bloc?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, vous avez sept minutes, Mme la députée.
Mme
Hivon : Oui? O.K.,
parfait. Je vais laisser au vice-recteur, c'est ça, M. Buteau, des finances, un
peu une petite pause, là, donc je pense que ça va être votre tour. En fait, je
veux juste comprendre. Quand vous
dites : 150 programmes modifiés, 37 fermés, oui, on voit
du positif parce que visiblement il y a une évaluation constante et... pouvez-vous me donner des exemples de
programmes qui ont été fermés, juste pour comprendre? Il n'y avait plus
de besoin? Les cohortes étaient trop
petites? Vous estimez que c'était tombé en désuétude? Juste comprendre quel
type de programme ça peut être, là.
Mme
Laflamme (Lucie) : En fait, ça peut être de toute sorte. Puis il faut
savoir que ce n'est pas moi qui dis : Aujourd'hui, tu fermes ce programme-là. Les demandes nous viennent des
départements puis des facultés, qui eux-mêmes ont leurs propres analyses
puis qui eux-mêmes... La rectrice vous le disait tout à l'heure, les budgets
sont tellement décentralisés qu'ils sont capables, à un moment donné, avec
toutes les commandes qu'on fait puis qu'on leur parle aussi des enjeux budgétaires, ils sont capables de se rendre compte que,
finalement, ce programme-là, il faut le fermer ou encore il faut le
modifier. Donc, il y a beaucoup d'ajustements puis de fermetures qui sont comme
ça.
En plus des
fermetures qu'on vous a mentionnées tout à l'heure, on a quand même des
suspensions d'admission également, donc on n'admet pas des étudiants
pour ne pas avoir, justement, à les faire finir, parce que, quand on intervient au plan académique, les résultats ne se
font jamais sentir immédiatement, hein, c'est toujours plus tard parce
que, les étudiants, on doit les faire finir. Un programme qu'on commence...
Mme
Hivon : ...fermer
en cours de route.
• (17 h 40) •
Mme Laflamme (Lucie) : On ne le
ferme pas en cours de route... ou on le ferme, mais il faut faire finir nos étudiants. Donc, c'est dans ce sens-là. Donc, ils
n'en ont plus besoin, ce n'est plus adéquat, il n'y a pas assez
d'étudiants, c'est souvent le manque d'étudiants ou le manque d'attractivité,
ou encore des fois on change plutôt le programme puis on se dit : Bon, bien, je pense qu'on va s'en aller plutôt
dans ce créneau-là, et on va redessiner un programme, mais on va fermer
l'autre.
Mme
Hivon :
O.K. Puis, quand vous parlez de modifier des programmes plutôt que de fermer
des programmes, c'est, en fait, en termes d'offre, d'offre de cours, de...
Mme Laflamme (Lucie) : Oui.
Mme
Hivon : Oui, c'est
ça? O.K., parfait.
En termes de...
Si je regarde les données sur la réussite des études, là, je ne sais pas si je
lis mal les données, quand je regarde Diplomation par regroupement de
facultés au baccalauréat, je vois dans plusieurs facultés une diminution entre, mettons, 2002 et 2010 de la diplomation,
mais je ne sais pas si je lis mal, s'il y a une donnée qu'il me manque.
Par exemple, éducation à temps plein, ça
serait de 84 % à 67 %, génie, 89 % à 74 %, mais il doit y
avoir un effet de l'année de graduation là-dedans, là, parce que ce
n'est pas la donnée...
M. Webster (Alain) : ...ce n'est que
ça.
Mme
Hivon : O.K., ce
n'est que ça.
M. Webster
(Alain) : Ce n'est que l'analyse six ans plus tard. Mais, lorsqu'on
regarde en 2011, bien ce n'est qu'il y a trois ans, donc,
essentiellement, ils n'ont que peu ou pas terminé du tout.
Mme
Hivon : Oui, ça
tombe... Effectivement, ça fait qu'il n'y en a pas, c'est ça.
M. Webster
(Alain) : C'est pour ça que ça va dans certains cas à presque zéro,
puisque c'est les étudiants qui viennent d'arriver et qui, bien sûr,
n'ont à peu près pas de diplômés, sauf des cas d'exception où on reconnaît par
des crédits accordés pour l'expérience. Donc, il faut vraiment voir l'effet du
décalage temporel au niveau du bac, là, d'au moins six ans ou, à la maîtrise,
quatre ans.
Mme
Hivon :
C'est ça. C'est parce qu'en fait je cherche le... d'habitude on a le... sur le
six ans l'évolution, là.
M. Webster (Alain) : Diplomation
après six ans, si on prend éducation, par exemple, à temps plein, on est passé de 84 %, 78 %, 78 %,
79 %, 80 %, puis là 76 %, 75 %. Puis là vous voyez bien, en
2010, 67 %, mais c'est l'analyse qu'on vient
de faire en novembre. Le programme dure quatre ans, donc c'est normal que, là,
on n'est pas tout à fait arrivé à la fin.
Mme
Hivon :
Oui, mais il y aurait quand même une certaine, je dirais... une certaine
stagnation ou diminution.
M. Webster (Alain) : Bien, encore
une fois, ça dépend beaucoup des programmes. Lorsque vous regardez globalement...
Mme
Hivon : Oui, c'est
ça, je parle d'éducation, par exemple, là. O.K.
Est-ce qu'il y a une attention particulière qui
est portée à la réussite, à la persévérance? Par exemple, tantôt, l'Université du Québec à Chicoutimi nous parlait
de son programme, comme tel, puis ils estimaient que ça n'avait pas donné les résultats escomptés. Ils avaient investi
vraiment dans des spécialistes pour accompagner les étudiants qui
pouvaient avoir plus de difficultés puis ils
disaient que justement ils avaient revu pour peut-être accompagner davantage
les professeurs directement
impliqués. Est-ce qu'à l'Université de Sherbrooke il y a un programme, un plan
spécifique pour la persévérance?
Mme
Laflamme (Lucie) : Oui, oui, oui. Bien, c'est sûr qu'à l'Université de
Sherbrooke on a créé il y a plusieurs années
une activité qui s'appelle Réussir en, puis elles se sont propagées dans
plusieurs programmes, O.K.? Donc, ça, c'est comme une activité intégrative, on leur explique comment étudier, c'est
quoi, la procrastination, etc., la gestion de budget, puis tout ça, et ça sert aussi d'intégration aux
étudiants dans un programme en particulier. Comme Réussir en droit, donc
là les étudiants nous arrivent, là, ils vont
arriver... même ils sont arrivés, je leur ai serré la main ce matin, ils
passaient devant notre pavillon, et là ils font une visite du campus,
etc. Donc, ça, ça aide à la réussite, c'est le genre de... puis les étudiants
nous le disent, que c'est dans les mesures qui les aident. Il y a des mesures
de parrainage, il y a des mesures aussi de tutorat, également, entre étudiants,
il y a ça.
Tout à
l'heure, je vous entendais parler des étudiants en situation de handicap, donc
on a... c'est sûr que les services à
la vie étudiante accueillent les étudiants qui ont besoin de mesures
particulières et travaillent aussi en interface avec les facultés aussi pour aider. C'est sûr et certain
que les clientèles émergentes vont rester un défi parce qu'on commence à
les connaître, on commence à travailler avec
eux, mais ils nous arrivent très outillés à l'université. Et on a une
expérience un petit peu plus courte, mais ça ne veut pas dire que... on n'est
pas démunis vis-à-vis ces gens-là non plus, là.
Mme
Hivon : O.K.,
c'est beau. Parce que c'est ça, je voyais... Là, j'ai retrouvé ma donnée, là,
sur le taux de diplomation au baccalauréat
après six ans, c'est sûr que ce n'est pas spécifié faculté par faculté, mais
que ça aurait baissé évidemment entre
2002 et 2008, donc on n'est pas plus loin, mais mettons de 84 % à
77 %. Ce n'est pas la fin du monde, mais on pourrait penser qu'avec
le travail ou... il y a une augmentation. Mais on voit ça à différents
endroits, qu'il n'y a pas nécessairement une
augmentation de la diplomation. Donc, c'est pour ça que je vous posais la
question, il y a vraiment des mesures qui sont mises en place pour
essayer d'augmenter le taux de diplomation.
M. Webster
(Alain) : Mais, en même temps, ma collègue est trop modeste pour vous
dire que, lorsqu'on a parlé du plan stratégique et notamment de la
volonté... de l'approche SEM pour se dire : Il faut accompagner les
étudiants, les encadrer, développer dans le
cadre de cette réussite des approches innovantes, bien ça signifie concrètement
embaucher des professionnels, avoir plus de
soutien. Des éléments importants de ce plan d'action sont maintenant sur la
glace parce que tu ne peux pas avoir
ces ressources financières. C'est ça aussi, faire des choix en termes
d'équilibre budgétaire. C'est-à-dire que malheureusement on n'y arrivera
pas, mais il faut faire ça.
Mme
Hivon : ...je veux
comprendre.
M. Webster
(Alain) : Ça fait que, oui, on est capables une année, deux années,
trois années d'y arriver, mais ce n'est pas comme ça à long terme qu'on
développe une société, c'est trop fondamental.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, Mme la députée, il
ne reste plus de temps, on va revenir dans le prochain bloc. Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un bloc
de 16 minutes, et je cède la parole au député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour, Mme Samoisette, M. Buteau, Mme Laflamme,
M. Webster, je veux vous saluer pour
votre dynamisme, votre égard et votre esprit de collaboration. J'avais le goût
de vous inviter à respirer dans votre
présentation de début, mais c'était fascinant et inspirant. Et j'inscris et je note que ces mêmes qualités vont animer votre détermination dans les
circonstances difficiles de déposer un budget équilibré
pour l'année qui s'en vient. On est
tous dans un exercice collectif qui n'est pas le plus facile des exercices,
mais, on en convient, l'idée, c'est
d'assurer une pérennité des programmes qui nous sont chers et avec l'idée, on
espère et on compte là-dessus, d'être en mesure de réinvestir dans les
priorités qu'on se donne comme société, et vous êtes dans un des secteurs,
évidemment, les plus prioritaires.
Je me permets
de revenir à une de vos marques de commerce. Il me semble qu'il faut explorer
davantage, et surtout dans le contexte actuel, tout ce que vous faites
en termes de l'éducation coopérative, de parler des 400 stages...
Une voix : 4 000.
M. Birnbaum : ...4 000,
je m'excuse, 4 000 stages par année et toutes sortes de volets
coopératifs dans chacun de vos
programmes. Et je veux en parler dans le contexte actuel où... et c'est une des
questions que moi, je pose à chacun de nos intervenants, notre situation
actuelle collective où on se retrouve pour la première fois avec une
main-d'oeuvre qui est stagnante entre l'âge
de 22 et 55, on est à croissance zéro, en même temps qu'on est en période de
grande mutation, où il y aura quelque
trois quarts de million de postes qui vont s'ouvrir dans les prochains
20 ans... Alors, est-ce que ce n'est pas le temps de nous assurer
qu'une formation à la fois générale et humaniste se joigne aux besoins du
marché du travail? Et comment mieux faire ça par le genre de régime dont vous
êtes en quelque part des pionniers?
J'imagine,
et vous en avez parlé, ça ne se fait pas automatiquement, alors je vous invite
d'élaborer sur plusieurs plans. Il me
semble que, pour avoir en place un tel programme, il faut tisser des liens très
serrés avec les entreprises. Il faut former
des profs, on ne parle pas d'une approche traditionnelle. Il faut s'organiser
sur le plan financier, s'arrimer avec les règles budgétaires qui, peut-être vous allez nous dire, ne sont pas
toujours au rendez-vous et arrimées pour respecter ce genre d'offre de services. J'imagine qu'il faut
aussi ne pas perdre l'objectif d'offrir une formation globale et générale
en même temps et ne pas cibler un besoin
ponctuel sur le marché du travail. Et tout ça, comme je dis, ne se fait pas
automatiquement. Alors, je vous invite de nous
parler de tous ces aspects et d'autres parce que je crois que vous avez un
modèle très pertinent, et de plus en plus pertinent, et à répéter
peut-être dans les autres universités.
• (17 h 50) •
Mme
Samoisette (Luce) : Bien, d'entrée de jeu — je vais commencer, Lucie — c'est sûr que le lien avec les organisations, les entreprises est très important.
On réussit à placer 99 %, Lucie, à peu près de nos stagiaires à
chaque année? Donc, ça veut dire énormément de travail.
Ça
veut dire aussi qu'on a un service des stages qui est dédié à ces étudiants-là.
Alors, ce ne sont pas les professeurs qui vont placer les étudiants,
c'est des gens responsables pour les stages en génie, des stages en sciences,
des gens responsables, donc, de différents domaines qui vont s'en occuper.
Ce
que ça amène, c'est que bien sûr qu'il faut qu'on soit à l'écoute des entreprises
et des organisations, parce
que nos stages sont aussi au niveau
gouvernemental ou dans les organismes
à but non lucratif. Il faut qu'on
soit à l'écoute de leurs besoins, et
ce qui a fait en sorte aussi que plusieurs programmes ont été modifiés. Les
professeurs sont conscients des besoins des entreprises, des organisations
et ils ont modifié souvent l'ordre de présentation de leurs cours alors en se disant : Bien non, mais, quand il arrive à
son premier stage, il faudrait qu'il ait vu tel cours. Donc, les gens sont en
constante discussion avec les ajustements à
leurs cours, à leurs programmes justement pour faciliter les stages des
étudiants et donc aussi de garder notre taux de placement des étudiants,
c'est très, très important.
Je
ne vous cacherai pas aussi que les milieux de stage vont se saturer. Alors, si
tout le monde offre des stages, bien ce
ne sera pas tout le monde qui aura des stages au Québec. Donc, il faut faire
attention aussi, là, il faut regarder quel est le marché, et ce marché-là, bien, dans certains
domaines il est limité. Il faut y penser, ça, c'est vraiment très, très
important.
Quand
vous parliez de nos étudiants, est-ce qu'on a une formation aussi qui va être
générale, tout ça, ce qu'il faut... ce qui est très important pour nos
étudiants, c'est, bien sûr, d'avoir la formation dans leurs bacs qui va les
amener à leur pratique ou à ce qu'ils veulent faire plus tard aux études
supérieures, mais ce qui est aussi important aujourd'hui, c'est de leur apprendre à apprendre, et c'est ça
qui est important aussi à développer dans leurs milieux de stage,
comment ils vont se débrouiller. Et, si on
met tout ça ensemble, ce qui fait la force... Mais là on vous parle du système
coopératif, où on a... 50 % de
nos bacs sont en système coopératif, donc alternance études-travail rémunéré,
mais 80 % de nos bacs sont en alternance études-travail. En
éducation, c'est aussi l'alternance études-travail; pas de la même façon que
les stages coop, parce que ça, c'est quatre
mois de stage, quatre mois d'études, ce n'est pas la même chose. Ça va être des
plus petites périodes, trois
semaines, six semaines dans les écoles, des choses comme ça. Dans le milieu de
la santé, c'est la même chose. Alors, c'est d'autres réalités qu'on doit
s'adapter aussi, là.
Alain, Lucie, vous
vouliez rajouter quelque chose?
Mme
Laflamme (Lucie) : Oui. Bien, en fait, juste pour compléter, sur
l'arrimage formation-stage, notamment dans
les stages coopératifs, ce qu'il faut savoir aussi, c'est que les
professionnels qui travaillent au Service des stages et du placement se font un devoir de siéger sur les
comités de programme des étudiants qui se placent. Donc, effectivement,
là, il y a un va-et-vient, là, de contenu de programme qui... sur les contenus
qui se fait là.
En
même temps aussi, ce qu'il faut savoir sur la formation générale versus la
formation des stages et du placement, les
formations reçues en stage également, c'est qu'il y a certains bacs mais pas
tous où les étudiants ont le choix entre le cheminement régulier et le cheminement coopératif. Donc, des fois, les
programmes, ce sont les mêmes, mais l'alternance avec les stages est
différente également.
M. Webster
(Alain) : Je vais parler également du lien avec le milieu. J'ai le
bonheur d'être vice-recteur au campus de
Longueuil. Je ne peux pas m'empêcher de vous glisser un petit mot sur ce sujet,
puisque 80 % de ses étudiants sont
en formation continue à temps partiel, donc en milieu de travail, et une des
questions, c'est : Comment on répond adéquatement à ce besoin de formation? Ça fait maintenant 25 ans
qu'on fait ça, et on le fait de façon tellement exceptionnelle que
maintenant tout le monde se met à faire ça, y compris à Longueuil, mais il y a
des contraintes à faire ça parce qu'il faut pouvoir faire ce lien avec le
milieu, comprendre leurs besoins, être sûrs qu'on offre les bons programmes de
formation.
J'avais
un directeur général, lequel c'était une grande partie de sa tâche, et on l'a
remercié au mois de décembre 2014
pour lui dire : Tu fais partie de l'ensemble des compressions budgétaires.
Ça a été extraordinaire, ce que tu as fait pour nous, merci beaucoup,
malheureusement ton mandat se termine. Je fais ça à temps partiel.
Donc, encore faut-il avoir les moyens de ses
ambitions, dans ce domaine, et c'est clair que présentement, depuis déjà quatre ans, les universités ont de
moins en moins ces moyens. J'ai l'impression d'en faire une marotte, là,
mais c'est également vrai
avec le milieu, difficile de répondre à ces besoins s'il n'y a pas des
personnes pour lesquelles leur mandat sera de faire ce lien spécifique,
être à leur écoute. Parce que, là, présentement, on demande aux professeurs de faire ça, on leur dit : Vous devez
enseigner, vous devez les encadrer, vous devez être plus à l'écoute du milieu,
vous devez... Il y a une limite à cette
capacité d'intervention puisque l'une de leurs fonctions, en plus, c'est de
réinventer le futur, d'inventer un nouveau monde à travers leurs projets
de recherche, donc cet équilibre-là est un petit peu difficile. Je pense que le message de la rectrice était
clair : il va falloir un jour commencer à penser d'en faire une vraie
priorité nationale au-delà de toutes les questions partisanes, des
partis. Tout le monde a dit que c'était fondamental, l'éducation, au cours des
dernières années. Encore faudrait-il le concrétiser et passer à travers cette
période financière difficile.
Mme Samoisette (Luce) : J'ajouterais
là-dessus que, quand je parlais de mettre l'éducation comme étant une priorité, c'est à tous les niveaux, à mon avis.
Comme société — et c'est
un avis bien personnel, vous en ferez ce que vous voudrez — l'éducation, pour les gens au Québec, n'est pas une priorité, pour la société,
n'est plus une priorité. Si je me reporte
à quand moi, j'ai étudié, je suis une étudiante de première génération dans ma
famille à moi, bien ma mère, c'était : Vous allez avoir un diplôme, peu importe lequel, secondaire, collégial
ou universitaire, vous allez en avoir un. Aujourd'hui, on ne sent pas ça
dans la population. Ce n'est pas ça, la priorité.
Qu'est-ce que ça a comme conséquence, c'est
qu'on a de moins en moins d'étudiants québécois, d'origine québécoise
qui vont aller aux études supérieures, et donc on va s'appauvrir comme société.
Alors, il faut qu'on trouve un moyen, comme société, que l'éducation à tous les cycles... Puis je ne
parle pas juste en faveur de l'université, on a besoin de nos techniques au collégial, on a besoin de tout
ça, on a besoin de nos métiers, tout ça, mais il faut que nos jeunes
aient des diplômes, et ça, bien je n'ai pas
la recette magique pour dire comment on fait pour ramener ça au coeur des
priorités des familles. Ce ne l'est pas, mais ça devrait le redevenir, parce
qu'on s'appauvrit.
M.
Birnbaum : Je veux revenir à
un des éléments de votre réponse parce
que ça touche au financement. On parle beaucoup du contexte actuel, et c'est un
incontournable. Ça nous interpelle peut-être aussi à réexaminer nos façons de
financer les secteurs essentiels, et il y a toujours ce débat entre des façons
paramétriques et des façons de veiller à l'excellence
et à cibler les besoins de façon équitable de chacun des établissements. Et ce
qui m'amène à mettre ça sur la table,
c'est l'exemple que vous donnez des agents d'orientation, des conseillers, les
gens qui s'occupent de l'arrimage entre les stages et les programmes
académiques. Ce n'est pas les profs qui font ça. Comment est-ce que vous
réussissez à financer ces postes-là dans les modalités actuelles de financement
par le gouvernement de vos opérations?
Mme Samoisette (Luce) : C'est...
Vas-y.
M. Webster (Alain) : Oui. Ça fait
partie de l'ensemble du budget consolidé de l'université, avec des choix spécifiques. On alloue aux facultés, donc, une
partie significative du développement de l'effectif étudiant et on se dit :
On alloue également un budget à des
services spécifiques. Le choix qu'on a fait, c'est de créer un service
spécifique aux stages coopératifs, pour se dire : Nous faisons
cette allocation interne à partir de l'ensemble du budget consolidé, et ça sera
financé par l'ensemble des facultés. Donc,
si vous n'avez pas ce modèle coopératif, par exemple, vous allez quand même assumer une part de ce budget puisque c'est pris en amont. Donc, dans ce cas-là, c'est vraiment
un choix institutionnel, qui va fêter ses 50 ans cette année de
mise en place, donc c'est à peu près intégré dans l'ADN, là. Cette université a
60 ans, donc c'est clair que c'est
depuis le début presque de la création de l'université qu'on a fait ce choix
stratégique qui fait que l'Université de Sherbrooke
est, en termes de stages coopératifs, la deuxième à l'échelle canadienne
après Waterloo.
Et c'est un
modèle qu'on a beaucoup utilisé, et, dans ce modèle-là, il faut
revenir un petit peu à ce genre d'approche. On a souvent dit au gouvernement : Vous avez
tendance à saupoudrer. On prend le cas de Waterloo : des idées
géniales, c'est intéressant, vous travaillez bien, on va vous permettre d'aller
encore plus loin.
Je vous donne
un exemple. Dans le dernier budget... pas le dernier mais l'avant-dernier
budget, on présente la stratégie en termes d'entrepreneuriat. Le meilleur modèle au
Québec dans la formation de l'entrepreneuriat, selon le budget du
ministre des Finances de l'année passée, là, je vous dis ça de façon
complètement objective, c'est, paraît-il, ce qu'on
fait à l'Université de Sherbrooke, on est d'accord, c'est le programme ACET.
L'approche gouvernementale, c'est : On va mettre quelques centaines de milliers de dollars pour permettre à
tout le monde de faire un peu la même chose. Nous, on dit : C'est bien, mais donnez-nous les
moyens maintenant de faire une phase II pour aller encore plus loin. C'est
ça qu'on n'a pas et c'est ça qu'on vous redit. Indépendamment de la ligne de
parti, si on veut créer de la richesse au Québec, il va falloir investir en
éducation, parce que, là, on essaie de gagner, de faire des petites choses, de
travailler un peu, de maintenir ce bateau à flot, mais collectivement ce n'est
pas comme ça qu'on va créer l'avenir.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste encore deux minutes, M. le député de D'Arcy-McGee.
• (18 heures) •
M.
Birnbaum : ...un commentaire puis une question peut-être brève.
J'espère que, dans le budget le plus récent, les mesures que nous avons annoncées pour privilégier des stages et une
meilleure reconnaissance des acquis, toutes sortes de gestes pour
veiller à cette adéquation, vous allez les examiner pour voir s'ils vont être
plus efficaces et vont peut-être vous aider à nous aider tous.
Un autre... tout à fait un autre sujet, ça me
fascine de voir que 20 % de votre population, si j'ai bien compris, est
des étudiants du troisième âge, qui est fascinant aussi quand on voit le
portrait du Québec actuellement sur le plan démographique.
Comment ça se fait? Et quelles sont vos stratégies pour accueillir et inciter
tellement de monde, cette cohorte, de venir chez vous?
Mme
Laflamme (Lucie) : En fait, c'est une université à l'intérieur de
l'université. C'est l'Université du troisième âge et ça fait un bon bout de temps que ça existe. C'est chapeauté par
la Faculté d'éducation et ça repose sur des liens, justement, d'anciens diplômés ou des liens avec
les collectivités. Ils sont partout au Québec, à travers le Québec, et
ils sont gérés, ils ont des petites antennes
dans chacune des régions et ils arrivent avec une offre de cours pour les gens
qui sont au troisième âge et s'inscrivent à l'université. Ils sont
universitaires.
M. Webster
(Alain) : Et programme, bien sûr, complètement autofinancé puisque le
ministère ne finance pas cette approche d'intégration dans le milieu,
comment favoriser et partager cette connaissance avec l'ensemble du milieu sur
cette clientèle spécifique, troisième âge.
M.
Birnbaum : Et,
s'autofinancer, est-ce que ce n'est pas mieux? Est-ce que ça apporte des
revenus à l'université?
Mme Samoisette (Luce) : Ça
s'autofinance.
M. Webster (Alain) : Dans le
meilleur des cas.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
du côté... le deuxième groupe de l'opposition pour une période de
14 min 45 s. Alors, M. le député de Chambly, la parole est à
vous.
M. Roberge : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Tu vois, on tient le temps très... on est très précis dans le temps.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, oui, on...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Roberge : Non, non, on voit qu'on
est en période de restrictions temporaires, donc...
Une voix : Temporelles.
M. Roberge : Temporelles,
temporaires, tout ça. J'aimerais ça que ça soit temporaire.
Il y a
beaucoup de choses qui ont été dites jusqu'à présent, mais il y a une chose sur
laquelle je me questionne. Votre
campus de Longueuil compte quand même, je crois avoir compris, 9 % de
l'effectif étudiant, donc presque 10 %. J'ai eu un élément de réponse tout à l'heure. Vous avez
parlé qu'il y avait beaucoup d'étudiants qui font de la formation
continue à ce campus-là, mais j'aimerais ça
savoir exactement en quoi consiste ce campus-là, quel est son rôle, sa mission.
Est-ce qu'il y a des étudiants de premier
cycle à temps plein ou c'est strictement de la formation continue? Est-ce qu'il
y a des professeurs là ou c'est un repère de chargés de cours? Bref,
j'aimerais ça, avoir de l'information là-dessus.
Mme
Samoisette (Luce) : Bien, pour commencer, il faut savoir qu'on est
impliqués en Montérégie depuis plus de 50
ans, 25 ans à Longueuil, où est-ce qu'on est situés présentement, et donc on a
répondu aux besoins des régions comme ça.
Et, juste pour faire la petite histoire, c'est que... là, je ne me souviens
plus ça fait combien d'années, Alain, peut-être, va me le rappeler, mais le ministre de l'Éducation de
l'époque, M. Ryan, avait demandé aux universités de fournir l'offre de formation sur la Rive-Sud de Montréal,
universitaire, parce qu'il n'était pas question de partir une nouvelle
université. Alors, c'est l'Université de Sherbrooke qui a répondu présente à ce
moment-là puis qui a commencé à donner de la formation
qui était plus de la formation aux cycles supérieurs, de la formation continue,
donc à temps partiel. C'est ce qui a
été fait. Pendant des années, on a été en location sur la Rive-Sud, et là les
gens ont commencé à se rendre compte qu'on était sur la Rive-Sud quand
on a bâti notre campus, mais on était présents à l'édifice en face depuis des
années.
C'était plus
de la formation deuxième cycle, comme les M.B.A. pour cadres en exercice, plus
de l'administration qui était donnée à ce moment-là, qui était aussi
santé et sécurité au travail qui était donnée. Je vous rappelle que le centre hospitalier Charles-Le Moyne est affilié à
l'Université de Sherbrooke, à notre faculté de médecine aussi, donc le centre de recherche... il y a un volet du centre
de recherche qui est établi dans notre campus de Longueuil aussi. Donc,
nous, on dessert donc la Montérégie pour le centre hospitalier.
Quand on a
décidé de construire, bien, c'était une décision financière, bien sûr, donc en
analysant le coût de location versus
le coût de construire, et c'était bien évident que c'était plus avantageux de
construire. Et je vous rappelle que ça a été fait à l'intérieur des
délais et à l'intérieur des budgets également.
Et donc,
maintenant, ce qui se fait encore à l'université, au campus de Longueuil, c'est
plus de la formation de deuxième
cycle, un peu de troisième cycle, mais à temps partiel. C'est encore pour
répondre à un besoin de la population qui
est en emploi. Ce qui a été développé au cours des dernières années, c'est un
bac au premier cycle, là, un D.E.C., une entente D.E.C.-bac en sciences
infirmières, et ça, c'est une entente avec sept collèges de la région, de la
Montérégie, pour former les infirmières sur place. Je dis «infirmières» parce
qu'il y a très rarement d'infirmiers, là. Et ce qu'on a constaté, c'est que, si on les forme sur l'île de Montréal ou si on les
forme à Sherbrooke, ils vont rester là parce qu'ils font tous leur stage dans les
hôpitaux alentour. Donc, ce qu'on a voulu faire avec les cégeps, c'est donc une
entente D.E.C.-bac. En cinq ans, ils ont leur D.E.C. et leur bac et ils
vont travailler dans les hôpitaux de la région.
Alors, c'est
le seul bac à temps plein qui est donné à l'Université de Sherbrooke à
Longueuil. Mais maintenant il n'y a pas juste le...
Mme Laflamme (Lucie) : En
administration, on a autorisé...
Mme Samoisette (Luce) : Mais, au
niveau de sciences infirmières, là, il y a le D.E.C.-bac, mais il va y avoir le
bac...
M. Webster (Alain) : La formation
initiale.
Mme Samoisette (Luce) : ...la
formation initiale au complet qui va être donnée aussi à Longueuil. Et, oui, il
y a des professeurs qui sont installés là. Un grand volet, par exemple, de
notre maîtrise en fiscalité, il y a deux, trois professeurs qui sont installés
là.
M. Webster
(Alain) : Et, comme vous
êtes député d'une ville pas très loin de Longueuil, faites-moi signe, et
c'est avec plaisir que je vous ferai visiter cet édifice extraordinaire qui
contribue au développement de l'ensemble de la Montérégie, c'est assez évident.
L'essentiel
de la formation, pas l'essentiel, mais la partie la plus importante reste le
volet, bien sûr, médecine, ça reste
important. Et on parlait tantôt de la formation continue. Le premier programme
de M.B.A. pour cadres en exercice donné
à temps partiel en français au monde s'est fait à Longueuil pour Pratt &
Whitney en réponse à des besoins spécifiques de formation. On continue à faire ça 25 ans plus tard. O.K., le
succès est d'autant plus intéressant qu'on a choisi de partager ça en
accueillant l'UQAM, parce que, dès le départ, on s'était dit que ce modèle-là
serait ouvert. Donc, on a accueilli l'UQAM, qui possède un étage spécifique, on
a un cégep qui est installé au rez-de-chaussée et, bien sûr, au niveau de Charles-LeMoyne, dans les plans dès le départ,
c'était prévu, le centre de recherche de l'hôpital Charles-LeMoyne est
installé directement dans ce campus pour pouvoir répondre à ses besoins
particuliers.
M.
Roberge : Merci. Je dois dire que j'ai un petit lien avec l'Université
de Sherbrooke quand même. J'avais une formation en direction d'école.
Une voix : Ah oui! Gestion de
l'éducation.
M. Roberge :
C'est ça, de l'Université de Sherbrooke, et mon épouse vient de décrocher un
contrat, chargée de cours avec vous.
Des voix : ...
M. Roberge : Il y a un lien, là, il
y a un lien, là. Je suis en conflit d'intérêts. Dois-je sortir? Non? Correct?
Je ne suis pas...
Sur
l'effectif étudiant encore, parce que, bon, là, je vous ai parlé du rôle du
campus à Longueuil, mais j'ai vu que 85 %
de la population étudiante de l'Université de Sherbrooke provient de
l'extérieur de Sherbrooke, donc, quand on parle d'attractivité, là,
c'est assez puissant, mais est-ce qu'il y a des étudiants qui habitent vraiment
la région et qui vont étudier à l'extérieur?
Mme Samoisette (Luce) : Oui, ne
serait-ce que si le programme...
M. Roberge : Parce que votre offre
de programme est assez vaste, là.
Mme
Samoisette (Luce) : Mais, si on veut étudier vétérinaire, architecture
ou dentisterie, on n'en a pas. Donc, s'il y a des programmes
particuliers, ils vont aller à l'extérieur.
M. Roberge : Ils ont le droit, ils
peuvent.
Mme Samoisette (Luce) : Ils peuvent,
c'est ça.
M. Webster
(Alain) : Ils trouvent tellement extraordinaire ce qu'on fait que,
généralement, ils restent lorsqu'on donne l'information.
Mme Samoisette (Luce) : Ou si on ne
les accepte pas.
Mme
Laflamme (Lucie) : Je pourrais peut-être donner l'exemple des
infirmières où, là, vraiment, là, les autres universités, les autres
régions, les autres hôpitaux nous ont dit : Ça vous prendrait une
formation initiale en sciences infirmières à Sherbrooke, parce que les filles
qui voulaient se former, là, il y a quelques gars, là, mais c'est surtout des filles qui voulaient
se former pour devenir infirmières bachelières, devaient quitter complètement
parce qu'on n'avait qu'un D.E.C.-bac.
Donc, la formation initiale, maintenant en sciences infirmières, va se donner à
Sherbrooke pour qu'on puisse retenir des infirmières bachelières
davantage en Estrie.
M. Webster
(Alain) : Et à Longueuil. À partir de là, le programme qui sera offert
à partir de septembre sera le premier
programme de formation sciences infirmières en régime coopératif au Canada. Ça
n'existait pas, et le pari qu'on a fait,
c'est : on est capables de les former et, en même temps, de leur permettre
d'obtenir un revenu durant la formation par cette formule de stages coopératifs pour mieux intégrer la formation aux
besoins de la formation. On a de la difficulté à répondre à la demande,
le besoin est faramineux. Puis c'est vrai à Sherbrooke, c'est vrai à Longueuil.
Mme Laflamme (Lucie) : C'est vrai.
Mme
Samoisette (Luce) : Je voudrais juste vous ajouter que ça, ça... juste
vous donner l'exemple que, dans les milieux
hospitaliers, les stages coopératifs, c'est quatre mois; ça ne fonctionne pas
par quatre mois dans les hôpitaux, alors que, là, il faut essayer de
s'ajuster avec tous les syndicats, etc. Ce n'est pas évident, trouver les
solutions.
M.
Roberge : Tantôt, vous avez mentionné des infirmières, c'est surtout
des filles, des jeunes femmes, là, qui s'inscrivent pour être
infirmières. C'est drôle, vous avez commencé avec un commentaire tantôt disant
qu'il y avait la parité chez les
administrateurs. Je n'ai pas vu, il doit y avoir un tableau qui dit ça, mais
quelle est la proportion de jeunes hommes versus jeunes femmes dans
votre...
M. Webster (Alain) : Je ne me souviens
plus. 56 %, je crois, là.
Mme Samoisette (Luce) : On l'a dans
le...
Mme Laflamme (Lucie) : Moi, je l'ai
dans mon tableau de bord, si vous me laissez du temps, là.
Des voix : ...
Mme Samoisette (Luce) : 56 %.
M. Webster (Alain) : 56 %?
M.
Roberge : Vous êtes plus rapide que moi à lire les tableaux.
56 %, et j'imagine que c'est à la faveur... 56 % de jeunes
femmes, jeunes hommes. Donc, bon, ce n'est pas un écart... Il y a des
universités qui ont un écart beaucoup, beaucoup plus grand, là. J'ai constaté
ça. Donc, ce n'est pas...
Des voix : ...
Mme Samoisette (Luce) : En chimie,
il y a plus de gars.
M.
Roberge : Ah! c'est ça, l'affaire. Des fois, c'est une question
d'offre de programmes. Une chose. J'ai remarqué que... il me semble, si j'ai bien lu les tableaux, qu'à peu près
60 % des cours étaient offerts par des chargés de cours, 40 % par des profs. Pourtant, il me semble que vous
avez un bon effectif de professeurs. Est-ce à dire que le nombre de
cours donnés par des profs est peut-être un peu moins élevé que dans les autres
universités? Quel est le nombre... Non?
• (18 h 10) •
M. Webster
(Alain) : On va retrouver des pourcentages d'à peu près trois cours
par professeur, ce qui est vraiment dans
la moyenne élevée au Québec, mais, en même temps, c'est l'une des caractéristiques de cette université,
les groupes-cours sont petits, petits
pour deux bonnes raisons. Dans le cadre de la formation continue, notamment
à Longueuil, c'est des cours de
maîtrise, je n'ai pas le choix, je dois faire une formation
plus personnalisée au premier cycle, mais en même temps c'est une université en région. On a
parlé du volet financement, tu n'en ferais pas dans des programmes
spécifiques de premier cycle, en termes de formation
initiale, des programmes à trois... à 150 étudiants. Tu ne remplis pas
l'auditorium pour leur dire : Prenez des notes puis vous nous
parlerez dans trois mois, avant l'examen, s'il y a des questions. On a inventé un modèle de formation
qui est effectivement beaucoup plus personnalisé, plus en lien avec l'ensemble
du cadre professoral, et ça nous
amène effectivement à avoir des groupes-cours petits parce que
l'effectif étudiant, dans plusieurs de ces programmes en région, est
plus faible, c'est clair. Ce n'est pas le cas de médecine, mais...
Mme Samoisette (Luce) : On a ciblé
sur la proximité, et c'est rentable.
M. Webster
(Alain) : Et, dans certains
cas, on a ensuite choisi de faire des choix, faire des choix
pédagogiques, audacieux, difficiles au point de vue financier, mais
fondamentaux. La formation en médecine a été inventée en apprentissage par problème dans cet établissement universitaire et, maintenant, est devenue la norme au Québec.
C'est de dire : On ne peut pas enseigner la médecine en mode théorique à
200 étudiants en auditorium, il faut les amener en apprentissage par problème dans des cohortes de huit étudiants. C'est un
défi faramineux en termes de gestion financière. On a fait la même chose en génie, on va vous
amener à solutionner des enjeux spécifiques, faire de la formation
par projet dans des petits groupes, c'est l'une des caractéristiques, et
c'est pour ça que les étudiants trouvent cette approche-là passionnante, parce que non seulement c'est des enjeux très souvent concrets qu'on leur amène en termes de
formation, mais aussi des lieux de formation où il y a une très forte proximité
entre l'étudiant et le milieu professoral.
Mme Laflamme (Lucie) : On a
d'ailleurs gagné un prix, dans notre équipe, en génie informatique pour cette
méthode pédagogique là.
M. Webster
(Alain) : Bien, on ne dit
pas que ce qu'on fait ailleurs est mauvais, on fait juste dire que ce qu'on fait chez nous est extraordinaire.
M. Roberge : Vous avez parlé à de
nombreuses reprises de problèmes de financement et de tout ce que ça
occasionne. Donc, outre le fait qu'il y a peut-être... pas qu'il y a peut-être,
qu'il y a un sous-financement, est-ce qu'il y
a un malfinancement? Qu'est-ce que vous pensez de la formule actuelle de
financement, outre le fait que vous aimeriez que les fonds soient augmentés, là? Je sais que c'est extrêmement complexe, mais est-ce qu'il y a une, deux ou trois mesures,
dire : Ah! voici ce qu'il faudrait changer, là, voici ce qu'il faudrait
modifier dans la formule?
M. Webster
(Alain) : Mme la Présidente, 7 heures maximum, c'est ça? Juste pour encadrer un peu la
discussion.
Une voix : Là, c'est le temps
d'être rigoureuse, c'est le temps, là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...3 min 22 s, M. Webster.
M. Webster (Alain) : Plusieurs
personnes estiment qu'on est dans un modèle de course à la clientèle par la formule de financement, ce qu'on ne pense pas être
une réalité. On essaie de faire ça, en termes de santé, par exemple, comment associer le volet formation-soins avec les coûts réels de la formation. On a fait un choix, au Québec, il y a
déjà une quinzaine d'années, de mettre en
place un modèle où, effectivement, ce financement va être en lien avec
l'effectif étudiant, mais en même temps la commande gouvernementale
était très claire : Il faut accroître la formation universitaire. Et le message était clair : Si vous êtes capable
d'augmenter ce financement, cette offre de formation, le financement va
suivre avec. Donc, les universités n'ont pas
cherché à courir après des clients, elles se sont dit : Conformément à la
demande gouvernementale, si on souhaite que cette société québécoise progresse
au niveau international, on doit accroître la formation,
notamment aux cycles supérieurs, et c'est le choix qu'on a fait. Donc, le
modèle a permis de répondre adéquatement à cette volonté d'accroître
l'effectif universitaire au Québec, notamment dans les cycles supérieurs. Il faudra voir ce qu'on a comme vision, ce que vous
avez, à titre de responsables de l'État au niveau du gouvernement, comme
vision, à l'Assemblée nationale, de ce que
doit être cette formation universitaire ultérieurement, mais on pense que
ce modèle a répondu adéquatement à cette
volonté d'accroître l'offre de formation au Québec dans un modèle où on a
voulu augmenter ce financement.
On a des
problèmes importants parce que la formule de financement date maintenant de
plusieurs années en termes de coûts
moyens, des problèmes en termes de partage, de choix, en termes d'enseignement,
d'iniquité. Je vais vous donner un
exemple. Vous faites le pari, vous prenez votre voiture électrique ou hybride,
vous allez faire Montréal-Sherbrooke ou Québec et Sherbrooke, vous allez
vous rendre compte que cette distance va être supérieure au même trajet que
vous ferez pour vous rendre à Trois-Rivières
en partant de Montréal et Québec. J'ai découvert, en déménageant de notre
ville, qu'on est plus en région que
plusieurs régions comme Sherbrooke. La formule de financement partant de Québec
permet d'accorder du financement spécifique aux universités en région, et la
limite entre ce qui est une région, bien, c'est entre Sherbrooke et l'UQTR, donc un financement de plusieurs millions
par année accordé aux universités du réseau UQ qui n'est pas accordé à l'Université de Sherbrooke
puisque, paraît-il, nous ne sommes pas une université en région de petite
taille.
Donc une
iniquité, en termes de financement, donc on est dus pour revoir un peu ces paramètres de financement, des enjeux de mise
à jour en termes de normes puisque c'est... On finance comment ces disciplines?
On doit financer comment la médecine, on doit financer comment la formation
d'un étudiant au doctorat, en éducation par rapport à sciences politiques, ou par rapport à sciences, ou à génie, qu'importe
le secteur? Et c'est pour ça qu'on a relancé des travaux, là, sur cette formule de financement qui est assez
complexe, mais qui doit permettre d'élaborer un modèle consensuel. Il y
a un enjeu présentement de mettre à jour
cette formule de financement, mais l'enjeu principal, ce n'est pas la répartition,
c'est bien sûr l'ampleur de ce financement.
Martin vous
l'a démontré tantôt, nous avons aujourd'hui moins d'argent pour répondre à ce
besoin de formation qu'il y en avait
au ministère en 2011‑2012. Ce n'est même pas est-ce qu'on réussit à couvrir le
coût d'indexation. Et, en termes
absolus, une réduction de cette enveloppe budgétaire aujourd'hui, alors qu'il y
a plus d'étudiants, donc, ça signifie que les sommes disponibles pour
faire cette formation sont moindres. Ça ne peut être que temporaire.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Le temps est écoulé. Alors,
on va passer du côté du gouvernement pour une période de
16 minutes. Alors, je cède la parole au député de Papineau.
M.
Iracà : Oui, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Moi, ma conjointe ne travaille pas chez vous, mais je
suis certain qu'elle pourrait me dire des
bons mots de votre... Elle est psychologue. Si jamais vous avez besoin d'aide,
je peux vous laisser son numéro.
Une voix :
On en a.
M.
Iracà : Vous savez que les
rigueurs budgétaires, ça donne des maux de tête, là. Donc, ça vous serait peut-être
d'un soutien utile quelconque.
M. Webster
(Alain) : Mais elle sait probablement que, lorsqu'on a réfléchi à
l'offre de formation à Longueuil en réponse
à la demande des universités montréalaises, on a fait le choix de faire une
formation en psychologie au niveau du doctorat
à Longueuil, centrée sur les besoins spécifiques des adolescents et des
enfants, donc une formation doctorale consacrée
de façon spécifique à ce besoin, définie en concertation avec les universités
de Montréal. Mais ça votre conjointe le sait déjà, mais, si jamais vous
ne vouliez pas parler au souper, là... c'est ça.
M. Iracà : Bravo! Surtout que ça
prend un doctorat maintenant pour être psychologue. Donc, c'est important d'avoir des études supérieures et de les
développer, d'attirer des étudiants étrangers. Vous l'avez mentionné tout à
l'heure.
Moi, c'est
tout un autre aspect, puis je l'ai passé à une autre université, puis, des fois,
on le prend pour acquis, ce sujet-là,
mais je pense que c'est un sujet important. Dans nos souvenirs d'enfance, on a
le primaire, le secondaire, mais on a aussi,
ceux qui sont allés à l'université, la vie universitaire. À quoi ressemble la
vie universitaire chez vous? Je sais que vous avez parlé de
développement durable. Je trouve ça excessivement intéressant à titre d'ancien
directeur régional du ministère de
l'Environnement. Je pense qu'il y a beaucoup de projets qui peuvent se faire là
et qui peuvent accrocher les étudiants.
À quoi ça ressemble, votre vie universitaire? Je pense que ça a un impact
important sur le taux de rétention des élèves,
aussi sur le bouche à oreille, hein? Un étudiant qui a eu une belle vie
universitaire peut le dire à son frère, sa soeur, un ami et fait en sorte que le gros
pourcentage de gens en région vont aller dans leur université de région. Alors,
j'aimerais vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
M. Buteau
(Martin) : Bien, écoutez, jusqu'à pas très longtemps, avant d'assumer
les responsabilités de vice-recteur aux ressources financières, j'étais
vice-recteur à la vie étudiante. Donc, j'ai eu évidemment l'occasion beaucoup
d'échanger avec nos associations étudiantes, et on est tous d'accord,
associations étudiantes et directions d'université,
qu'il y a un moment important à vivre à l'université au niveau de la vie
étudiante. Et, pour nos étudiants, ils nous le disent, ils nous le
répètent souvent que c'est un facteur important de choix des étudiants. Quand
on dit, là, il y a 85 %, 80 % des
étudiants qui viennent de l'extérieur de Sherbrooke, il y a des raisons pour
lesquelles ils viennent. Ils viennent bien sûr pour le régime coop, mais
ils viennent aussi parce qu'ils savent qu'à l'Université de Sherbrooke il y a une vie de campus extrêmement riche,
extrêmement diversifiée. Il y a beaucoup de place à l'initiative étudiante,
on encourage beaucoup l'engagement étudiant. Et ça, c'est important pour ces
jeunes-là.
Et on entend beaucoup parler régulièrement à
travers le gala Forces Avenir, qui veut justement valoriser au niveau des universités québécoises, maintenant des
cégeps, l'engagement étudiant, mais le directeur général de l'organisme répète souvent que Sherbrooke a été un peu à
l'origine de tout ce grand mouvement de reconnaissance de l'engagement
étudiant. Parce qu'à Sherbrooke, depuis longtemps, on laisse beaucoup de place
à l'initiative étudiante.
C'est sûr
qu'en ce moment, évidemment, on ne peut pas passer sous silence le fait que ça
fait partie des choix des fois un peu
douloureux qu'on est en train de faire, c'est comment on va être capables de
préserver cet environnement-là alors
qu'il y a des pressions budgétaires extrêmement fortes. Donc, on travaille en
ce moment avec nos assos étudiantes pour voir comment est-ce qu'on peut
relever ce défi-là ensemble.
Mais je peux
vous dire, et c'est une caractéristique, je pense, en tout cas, importante de
souligner, la qualité du dialogue qu'il peut y avoir avec nos assos
étudiantes pour faire face au défi actuellement. Quand on parle qu'on a communiqué beaucoup, on a formé un groupe de
travail avec nos assos étudiantes et, au courant de l'hiver, on a
travaillé avec eux. On leur a expliqué ce qui s'en venait comme enjeux pour
nous et on leur a demandé, bien, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour essayer de relever le défi. Puis on a eu à
discuter sur toute la question des activités sociales avec alcool, bon, comment on peut un
petit peu baliser ça. Oui, c'est le
fun, les partys, là, mais il faut s'assurer que ça reste dans les limites de l'acceptable. Bref, on a eu beaucoup
de discussions ensemble, et, encore là, on a travaillé avec eux pour
trouver ces balises-là, et, vraiment, on tient à souligner cet apport de notre
communauté étudiante.
• (18 h 20) •
M. Webster
(Alain) : Bon, Martin vous
parle encore de financement. Je ne peux pas m'empêcher de vous faire le lien avec le volet vie étudiante et le volet
culturel puisqu'avec les assos
étudiantes on a lancé une approche, en termes de diffusion du volet culturel, qu'on a appelée Arrière cours pour se
dire : Vous pouvez aller au centre culturel, vous pouvez aller voir dans plusieurs lieux de diffusion, mais on va inventer un nouveau modèle, on va
amener directement cette musique souvent émergente où les
étudiants se retrouvent. On a fait ça avec des pièces de théâtre en pleine
cafétéria. C'était le capharnaüm, difficile
à comprendre, le bordel total, mais c'était quand même génial comme
approche, parce que ça a, dans certains cas, forcé les étudiants à être en lien avec ce genre de
scénarios. Vous connaissez RIDEAU, bien
sûr, hein, qui est l'ensemble de ce consortium en termes de diffusion... a décerné, donc, à cette approche-là, cette année, le prix
innovation pour se dire : Vous avez réussi à inventer un modèle de
diffusion culturelle qu'on ne retrouvait pas ailleurs et qu'en plus — pour faire plaisir à Martin — qu'on a financé en partie avec les assos
étudiantes. Donc, c'est ça aussi, créer un milieu le plus riche
possible.
Et puis, comme on parle de financement, bien,
des contraintes... on a parlé depuis tantôt de développement durable, le volet anecdotique, il y a 12 milliards d'exemples. On est en train de préparer une corvée de
plantation. Ça fait cinq ans, là,
qu'on fait ces corvées de plantation
avec les étudiants. On plante 200, 300 arbres, ça leur permet de faire
un impact en matière de réduction de gaz à effet de serre, mais aussi de
réinventer le milieu de vie dans lequel ils sont. Bien, la contrainte est très, très
simple : Est-ce que je réussis à pouvoir dégager un peu de temps dans
les techniciens aux immeubles pour
préparer le terrain, aller acheter les arbres? Oui, mais je n'ai pas les
ressources. Il faut, sinon on va arrêter de faire ce genre d'implication. C'est banal, c'est anecdotique, mais ça
contribue à créer un milieu passionnant, et en plus on est persuadés que dans 10 ans ou dans 15 ans,
quand ils vont passer en Estrie, ils vont faire : Ah! je vais aller voir
mon boisé, tu sais? Donc, c'est ça aussi, investir dans les universités, créer
des milieux d'apprentissage extraordinaires.
M. Iracà : Bon, bien, bravo! Des
belles initiatives. Ne lâchez pas. Est-ce que vous avez un lien aussi avec les
anciens étudiants pour le fonds universitaire, pour ramasser des sous? On
essaie de développer toutes sortes de trucs, toutes sortes de financements.
Est-ce qu'il y a un système bien établi avec les anciens étudiants et est-ce
qu'il y a des choses qui se font à ce niveau-là?
Mme
Samoisette (Luce) : Deux volets, on a le Service des relations avec
les diplômés, on a aussi La
Fondation de l'Université, qui est un
organisme à but non lucratif qui est indépendant de l'université, indépendant, la seule bénéficiaire étant l'université, là, mais c'est vraiment à part de l'université. Et, au niveau du Service des relations avec les diplômés, bien, c'est le travail qu'on fait avec les
facultés, chacune des facultés, parce
que, vous le savez très bien,
notre attachement est d'abord
à notre faculté, hein? Je suis diplômée de droit, je suis diplômée de
fiscalité, alors c'est de là que je viens. Et donc on travaille pour, justement, le sentiment d'appartenance, il y a
beaucoup d'activités qui sont faites en ce sens-là. Si on veut que les gens soient présents dans 10 ans,
il faut qu'on soit présents, il faut qu'ils reçoivent des choses de nous, il
faut qu'on les invite, il faut qu'ils soient
aussi appelés à venir faire du bénévolat avec nous, tout ça. Alors, ça, ça se
fait avec le Service des relations
avec les diplômés et avec les facultés. Et, de l'autre côté, on a la fondation
qui s'occupe de levées de fonds et on
est présentement dans une campagne de levée de fonds, on est dans la phase
silencieuse de la levée de fonds, et tout simplement pour vous dire que
la... presque terminée au niveau interne, et on a dépassé les objectifs fixés.
M. Webster
(Alain) : On a aussi mis en
place une corporation études-sports — à noter le choix des termes, et non pas sports-études — dirigée par un dénommé Serge Savard, consacrée de façon spécifique à la levée
de fonds pour les étudiants club du Vert et Or.
M. Iracà : C'est bon. C'est une
belle figure. Excellent! Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Oui, M. le...
M. Proulx : ...
La
Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, il reste encore sept minutes. M. le député de Jean-Talon, la parole est à
vous.
M.
Proulx : Oui. D'abord,
merci de votre présence ici. Je sais qu'il est coutume à l'Assemblée de ne pas souligner l'absence des collègues, mais je tiens à
excuser mon absence. Je ne pouvais pas être ici dès le début, j'avais des engagements,
dans ma circonscription, que je devais tenir. Alors, je m'excuse à
l'avance de ne pas avoir assisté à l'ensemble de votre présentation qui... et, ma foi, j'en suis déçu, les sujets sont
intéressants et la façon dont vous y répondez également.
Moi, j'ai une
question qui touche les étudiants de première génération. Je ne sais pas si
vous l'avez couvert. Si vous l'avez
couvert, vous me le dites, et, très sincèrement, là, je passerai mon tour et j'irai lire les
verbatims, je ne veux surtout pas vous faire répéter, mais c'est quelque
chose que je trouve intéressant. On en a parlé avec les autres universités, et, bon, rapidement, je n'ai pas retracé si vous aviez une statistique particulière, mais j'avais quelques questions. D'abord, ce
n'est pas tout le monde qui sait qu'encore aujourd'hui certaines universités,
et c'est peut-être votre cas, ont une proportion
très importante d'étudiants de première génération. Vous l'avez, Mme la
rectrice, évoqué vous-même, c'est tout un
défi pour quelqu'un qui... Et encore aujourd'hui, parfois, les défis les plus
importants, c'est de pouvoir convaincre les gens autour de nous qu'on devrait, et qu'on peut, et qu'on doit aller à
l'université pour parfaire et pour obtenir une formation qui va nous
amener ailleurs dans la vie et nous proposer ou, en tout cas, nous amener à un
cheminement particulier.
Les questions sont dans l'ordre suivant.
D'abord, quelle est la proportion, chez vous, de gens qui sont des étudiants de première génération? Deuxièmement,
est-ce que vous avez un soutien, un souci, une stratégie pour vous
assurer qu'ils soient persévérants? Parce
que, parfois, c'est plus difficile pour ces gens-là soit de s'acclimater ou de
demeurer aux études avec les défis que ça
représente, surtout quand tu n'as pas tout l'encouragement ou le support qui
vient des gens autour de toi, pour qui ce n'est pas important. Et je me
posais la question, parce que vous allez me répondre, la sous-question est la suivante : Est-ce qu'il y a
un impact de votre modèle coopératif là-dedans? Parce que ce qui peut être
difficile pour un étudiant de première
génération qui, vraiment, là, a pris tout son courage et a annoncé aux gens
chez lui ou chez elle qu'il quittait
pour l'université, qu'il faisait le choix de l'université plutôt que du marché
du travail, de se retrouver dans des classes magistrales avec la
conception traditionnelle que... Moi, je l'ai fait dans des études de droit.
D'ailleurs, en passant, ma première année de
droit, je l'ai faite à l'Université de Sherbrooke. C'est ma vie familiale,
malheureusement, qui m'a amené à aller ailleurs ou heureusement, on ne le saura
jamais, mais j'ai compris cette vie étudiante là durant une année. Est-ce que le modèle coopératif, là-dessus,
est un atout pour permettre ou, en tout cas, soutenir, là, dans les
débuts, là, ou dans la première année, ou
dans l'année, ou dans les années de formation, la persévérance chez les gens de
première génération?
Mme Samoisette (Luce) : On n'a pas
le pourcentage de...
M. Proulx : ...peut-être
parce que ce n'est pas aussi significatif.
Mme Samoisette (Luce) : Mais on a
une forte... on l'a déjà eu, là, mais je ne l'ai pas en mémoire.
M. Webster
(Alain) : Mais, en même temps, les façons de répondre à ces besoins,
c'est notamment, vous l'avez mentionné
tantôt, en termes de stages, permettre de générer des revenus avec cette
formation, parce que, souvent, c'est en lien avec cette approche, on a l'impression que c'est très, très
coûteux. L'Université de Sherbrooke est également l'une des universités qui a de ce qu'on appelle les
frais institutionnels les plus faibles dans l'ensemble du réseau, parce
qu'il y a des contraintes en termes, bien sûr, de financement, mais qui ont des
avantages pour les étudiants. Le choix de mettre en place des modèles de
transport... votre collègue de D'Arcy-McGee pourra comparer ça avec ce qui peut
se passer dans sa région... On offre aux étudiants, donc, un libre accès au
transport en commun qui leur coûte la somme faramineuse maintenant de 31 $
par trimestre, puisqu'on se partage à peu près moitié-moitié le financement de
ce programme. Donc, mettre en place des
programmes qui permettent de réduire ces coûts associés à cette formation
pour la rendre plus acceptable, mais en même
temps répondre à ces besoins de formation et d'hébergement, par exemple, par
des modèles coopératifs, donc faciliter le maillage entre les étudiants et
étudiantes qui viennent de l'extérieur et qui se retrouvent — vous
l'avez déjà vécu une année — sur
un campus et ils vont rester près de ce campus qui a une vie dynamique, intéressante. Donc, ils se créent
presque une seconde famille, du moins, on espère, ça fait que ça facilite
ce lien-là. C'est pour ça qu'ils viennent de
plusieurs régions au Québec en se disant : Je ne vais pas dans la
métropole, je ne vais pas
nécessairement dans la capitale, je veux aller dans une université, donc, qui
offre cette approche complète, mais qui
est peut-être une ville de plus petite taille et qui répond à l'ensemble de mes
préoccupations. Mais, en même temps, si cet enjeu est particulier, le pari qu'on fait, c'est de se dire que,
dans ce besoin de formation, qu'il soit de première ou de deuxième génération, il faut juste s'assurer que
la formation qu'on leur donne est de la meilleure qualité possible et de
les soutenir de différentes façons pour
faciliter leur arrimage à l'université. Mais l'essentiel, ce sera la qualité de
la formation.
• (18 h 30) •
M. Buteau
(Martin) : Peut-être juste en complément, évidemment, on a des
journées portes ouvertes où on reçoit les
futurs candidats à l'université, qui sont très souvent accompagnés de leurs
parents. Et, en fait, oui, le régime coopératif est un facteur
important, mais je pense que ce qui frappe beaucoup les parents — parce
que c'est un peu de ça dont vous
parlez — c'est la
qualité plus de l'encadrement général, de l'accueil des étudiants à
l'Université de Sherbrooke. Et ce qu'ils viennent voir, c'est, oui,
effectivement, quand c'est le premier qui quitte pour aller à l'université, il
s'en va où? Quand il arrive à l'Université
de Sherbrooke et que les parents constatent qu'on a des structures d'accueil,
qu'on a des structures d'aide — on parlait de réussite, persévérance,
etc. — qu'on
est capables de leur dire : Écoutez,
si votre enfant a des difficultés au premier trimestre, soyez sans
crainte, on a les services pour l'aider à s'ajuster, etc. Et évidemment il y a
toute la question de la sécurité de façon générale. Évidemment,
Sherbrooke est une ville beaucoup plus sécuritaire que d'autres endroits au Québec,
le campus de l'université est aussi reconnu comme étant un endroit
sécuritaire. Donc, c'est tout ça qui fait que les parents se sentent
rassurés et vont inciter et encourager leurs enfants à venir étudier à
Sherbrooke.
Mme
Laflamme (Lucie) : Et est-ce
que je peux juste faire une parenthèse sur ce que c'est, Sherbrooke, là?
La rentrée scolaire nous arrive bientôt, et
la ville s'anime, là. Quand on parle du campus Sherbrooke, là, la ville s'anime
parce qu'il y a le cégep qui arrive, il y a l'Université Bishop's qui arrive, il
y a nos propres étudiants. Même la ville prend ses couleurs. L'année dernière, on
avait un titre : Bienvenue, chers étudiants! dans La Tribune.
Donc, il y a quelque chose, c'est une ville universitaire,
c'est une ville pour les étudiants, et je pense que les gens le sentent.
Une voix : Et Lucie n'est pas
originaire de Sherbrooke.
Mme Laflamme (Lucie) : Oh oui! C'est
vrai.
Une voix : Mais on ne l'est
pas, personne.
Mme Laflamme (Lucie) : Je suis un
produit d'importation, là, mais...
M. Proulx : ...effectivement, bien,
ça commence à dater, bien entendu, mais j'ai souvenir qu'effectivement... puis
c'est ce qui frappait à l'époque puis c'est ce qu'on nous disait. Moi, j'ai eu
un appartement, c'était presque Chambres
en ville, hein, de la façon dont
c'était fait, parce que ça, c'est de ma génération... sur la rue Léonard, 1482
Léonard.
Une voix : Oui. Très près du
campus.
M. Proulx : Voilà. J'étais près du...
on traversait le boulevard puis on arrivait à la faculté de droit.
Une voix : ...vous pouviez
retourner en marchant, c'était sécuritaire.
M.
Proulx : Et voilà. Oui,
c'est ça, effectivement. Effectivement. Je suis content que mes parents n'aient pas
vu comment se passait l'initiation à la faculté de droit à cette époque-là,
mais, en tout cas, ça, c'est une autre affaire.
Mais
tout ça pour dire que vous avez raison qu'effectivement la ville se
trouve densifiée au moment de la saison scolaire. C'est presque l'inverse de ce que vivent les stations de...
les villes, je vais dire, balnéaires, mais les endroits où c'est dans la saison des
vacances qu'on trouve plus de gens qu'il n'y en a à l'habitude. Effectivement que Sherbrooke a cette particularité-là de voir sa population
augmenter du temps des études.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Jean-Talon. Alors, on va passer du côté de l'opposition
officielle pour un bloc de 22 minutes. Alors, Mme la députée de Joliette, la
parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui.
Merci. Quand on a terminé tout à l'heure, on parlait justement
du fait qu'on pouvait voir, à certains
égards, de petites baisses quant au taux de diplomation ou à la persévérance
scolaire. Donc, je vous demandais si vous
aviez des mesures. Donc, vous me disiez : Bien sûr, nous avons des
mesures, et là votre collègue me disait : Oui, mais c'est certain que les compressions budgétaires
ont aussi des impacts, donc... et vous étiez en train de lancer un peu
un cri du coeur sur l'ensemble des impacts que ces compressions peuvent avoir.
Est-ce
que vous diriez que vous craignez, donc, pour la réussite scolaire? Est-ce que
vous avez une inquiétude par rapport à la capacité pour l'université de
bien accompagner les élèves qui pourraient avoir plus de difficultés à
maintenir leurs performances dans leurs programmes?
Mme
Samoisette (Luce) : Pour
l'instant, on continue. Ce qu'on faisait, on continue à le faire. Ce qu'on
voulait faire dans notre planification stratégique, c'était accentuer tout
ça avec... de prioriser la réussite étudiante. C'est toujours dans la
planification stratégique. Et prioriser, c'est par l'approche simple qu'on
prend l'étudiant à la rentrée, puis on va l'amener jusqu'à la diplomation, puis
on va l'accompagner. Donc, on voulait avoir une affaire beaucoup plus...
Une voix :
Intégrée.
Mme
Samoisette (Luce) : ...intégrée pour l'étudiant que ce qu'on fait
présentement, donc aller beaucoup plus loin avec eux puis là... ce qu'on
ne peut pas faire présentement. Donc, ça, c'est reporté dans le temps, on ne
sait pas jusqu'à quand.
Mme
Hivon :
Pour ce qui est des élèves, vous y avez fait référence — c'est
un de mes sujets de prédilection, compte
tenu de mes fonctions passées — mais les élèves, donc, qui vous arrivent,
qui ont des difficultés particulières, soit d'apprentissage, ou des handicaps, ou un trouble du spectre de l'autisme
léger, ou... on les voit beaucoup plus présents, comme je le disais tout à l'heure, dans les cégeps, donc on les voit
plus présents aussi à l'université. J'ai des informations
contradictoires à savoir... dans la foulée du sommet, il y avait eu des sommes
qui avaient été dédiées, justement, pour l'intégration
des élèves qui pouvaient présenter des problèmes particuliers, pour pouvoir les
accompagner, et je voulais comprendre
si ces sommes-là sont maintenues intactes, ou si elles sont aussi à risque dans
l'exercice de compressions, ou si vous
avez le sentiment que vous êtes capables de faire votre travail avec ces
nouvelles exigences liées à cette nouvelle clientèle.
Mme
Laflamme (Lucie) : En fait, la définition a changé, un moment donné,
avec les... là, on va parler que des nouvelles clientèles, parce que la
façon de les financer... anciennement, il y avait une enveloppe pour les
étudiants handicapés au sens traditionnel du
terme, puis il y avait les autres, les nouvelles clientèles, où elles faisaient
affaire avec le système de prêts et bourses du Québec. Donc, ils
allaient chercher les montants qui étaient nécessaires à leurs études comme ça.
Là, ce qu'on
comprend, c'est que le gouvernement a décentralisé les sommes, c'est-à-dire que
c'était géré centralement, c'est
décentralisé à l'intérieur des universités. Donc, on a une enveloppe fermée,
O.K., dédiée également, c'est-à-dire qu'elle est étiquetée clientèle en situation
d'émergence ou clientèle en situation de handicap. Donc, elle est là. La
crainte que les universités ont manifestée
avec l'opération qui s'est faite, c'est que, comme ce qui se vit dans les
cégeps et également au niveau secondaire et primaire, c'est que les montants ne
seront pas indexés puis ne varieront pas. Donc, l'enveloppe, qui a été décentralisée, là, puis qui vient d'être faite,
là, va rester un peu fermée en sachant que nos étudiants sont encore en
nombre fluctuant, là, parce que les diagnostics nous arrivent, là, hein? Les
premiers, ils nous arrivent à l'université, c'est encore récent. Donc, on ne
sait pas trop, trop à combien de personnes on a affaire, quel genre
d'accompagnement on a besoin. Puis l'accompagnement qui a été offert dans tout
leur parcours académique jusqu'à maintenant peut aussi différer à l'université. Un étudiant
qui a besoin d'un chien-guide dans un laboratoire de chimie, parce qu'on
a eu ça comme demande, ce n'est pas facile à gérer, là. C'est tout ce bout-là.
On n'est comme pas habitués, nous, les universités, à les recevoir.
Mme
Samoisette (Luce) : Bref,
avec une enveloppe fermée puis des besoins qui vont être de plus en plus
grands, les services à la vie étudiante nous disent qu'on n'y arrivera pas.
Mme
Hivon :
Qu'est-ce que vous prévoyez comme conséquences? Vous allez donc réduire les
services?
Mme
Samoisette (Luce) : Ça veut
dire qu'on doit rendre, on doit prendre l'argent ailleurs, puis, si on le
prend ailleurs, on le prend où? C'est ça qu'on jongle à chaque fois qu'on fait
un budget.
Mme
Hivon :
O.K. Puis est-ce que vous pensez que ça pourrait avoir un impact sur
l'intégration même de ces étudiants-là ou
vous avez le sentiment que les universités... Là, je parle à vous, l'Université
de Sherbrooke, mais toutes les universités ont le même problème,
j'imagine. Donc, vous avez le sentiment que les services d'accompagnement, on
va faire des pieds et des mains pour les donner ou que ça va peut-être être pas
tout à fait à la hauteur de...
Mme
Samoisette (Luce) : On va
faire des pieds et des mains pour donner des services, c'est clair, mais on a
des craintes avec le nombre...
l'augmentation importante... Ça, on ne sait pas comment. Tu sais, il faut le
voir venir. Donc, ce qu'on a dit au ministère,
c'est : Là, on a de grandes craintes. Vous nous donnez une enveloppe
fermée, et cette enveloppe-là va
demeurer fermée, on est à peu près sûrs. Donc, ça, ça ne pourra pas fonctionner.
Puis, si, en bout de ligne, ils disent : Bien, l'enveloppe, on ne la ferme pas, mais qu'ils le prennent ailleurs,
dans la même enveloppe totale, ça ne change rien, là.
Mme
Hivon : O.K., mais je comprends que... Parce que les
cégeps m'ont beaucoup parlé de ça, là, le fait que, eux, ils le
vivent, là, l'espèce de tsunami. Vous, je comprends que le phénomène commence
dans les universités. Donc, vous n'avez pas atteint, je dirais, le plein...
M. Buteau (Martin) : On anticipe, en
fait, l'arrivée du tsunami. On n'y est pas encore, mais on est inquiets.
Mme
Laflamme (Lucie) : Mais on a
parlé aux cégeps, alors on est un peu au courant de ce qui se passe.
Oui.
Mme
Hivon : Oui, de ce
qui s'en vient, O.K., ce qui est une bonne nouvelle, dans le sens que...
Une voix : ...
Mme
Hivon : Non, mais c'est une bonne nouvelle de voir qu'il
y a plus d'étudiants qui ont des défis particuliers ou des handicaps qui sont capables d'être intégrés,
donc, au cégep et à l'université, mais ça implique évidemment...
Sauf qu'il faudrait avoir, je pense, la réflexion collective quand vous parlez
de ramener l'éducation comme première priorité, ce avec quoi je suis tout à fait d'accord. C'est aussi de penser que ces jeunes
étudiants nouveaux là sont aussi une richesse extraordinaire pour la société
plutôt que d'être en marge parce que pas capable de se trouver un emploi... ou
d'être marginalisée, donc... Bon, O.K. Bien, c'est quelque chose que je vais
suivre de près.
Une voix : Nous aussi.
Mme
Hivon : Oui, très
bien. Je voudrais parler un peu de recherche. Vous avez une superbonne
nouvelle, on va y revenir. Juste avant de...
il y a certaines universités qui nous ont parlé des impacts des modifications
pour les frais indirects de
recherche. Est-ce qu'à l'Université de Sherbrooke ça a eu un gros impact, la modification du
fonctionnement pour le financement, donc, des frais indirects de recherche, le
fait que le ministère n'assume plus...
• (18 h 40) •
M. Webster (Alain) : Bien, le financement
se faisait en proportion de l'ensemble des subventions obtenues. On passe dans un modèle où on se dit : une
partie de ce financement est en lien direct maintenant avec vos espaces
en termes de pieds carrés. On est en lien avec, bien sûr, la Politique
nationale de la recherche et de l'innovation lancée il y a... réfléchie il y a quelque temps. Ça amène comme question,
probablement plus à moyen qu'à court terme, parce que l'année 2015‑2016 n'est pas encore catastrophique
dans ce domaine : Comment financer adéquatement ces infrastructures
en termes de recherche? Et, dans ce domaine, on l'a mentionné tantôt,
l'Université de Sherbrooke a fait des choix stratégiques
en termes de développement d'infrastructures. C'est l'un des éléments de cette
réussite importante, mais
encore faut-il assumer adéquatement le fonctionnement de ces édifices et leurs
équipements.
Donc, il faudra voir si, à moyen terme, les
ressources financières sont au rendez-vous pour s'assurer que ces infrastructures financées à partir de fonds
publics, destinées à répondre à des besoins de la société de plus en plus ouverts sur la collectivité en termes de lieu de
recherche, vont pouvoir être maintenus adéquatement. Ça fait partie des
préoccupations que je qualifierais de moyen terme.
À 2015‑2016, on est corrects, là, il n'y a pas
trop d'impacts en termes de financement. Encore faudra-t-il voir comment ce
modèle va s'implanter graduellement.
Mme
Hivon : Parce
qu'il y a des... Je ne sais pas si vous, vous êtes en mesure de le chiffrer... puis je sais
que, quand même, ça peut être assez différent d'un endroit à l'autre compte
tenu de la provenance des subventions, mais il
y a une université, par exemple, qui nous disait que c'était 1,8 million d'impact; une autre, 300 000 $. Je ne sais
pas si, à Sherbrooke, vous avez pu mettre un montant ou non sur vraiment
l'impact du changement du fonctionnement. Non?
M. Webster
(Alain) : On est corrects,
mais ce scénario-là est assez simple. Les études qui ont été faites par
le gouvernement il y a quelques années, et j'ai travaillé un peu dans ce
domaine à l'époque, sont assez simples, hein? Le financement de... ce qu'on
appelle une subvention de ces frais indirects, donc, lorsqu'on
accorde une subvention, quels sont les
coûts associés à la fois à la gestion de la subvention, au développement de ses créneaux spécifiques, à l'encadrement, au volet terrains, bâtiments, à son chauffage? Donc,
les besoins indirects associés à cette recherche sont estimés, en
sciences humaines, à peu près autour de 50 %, et, en sciences pures,
génie, avec des laboratoires plus gros, autour de 65 %.
Donc
là, on est en train de réduire ce que le Québec a mis en place pendant des
années. On change l'approche en termes
de financement pour financer davantage en fonction des pieds carrés. Il faudra
voir ce que ça donne comme stratégie. C'est
faisable, c'est possible, mais encore faut-il que le budget soit au
rendez-vous. Et, à côté de ça, bien, on a, au niveau fédéral, un
financement de ces frais indirects qui est de moins de 20 %. Donc, le
Québec a joué ce rôle-là en matière de frais
indirects pendant des décennies, et c'est vraiment des décennies. Là, il faudra
voir si c'est maintenu. C'est essentiel au développement de la recherche, qui a un poids considérable au Québec
dans les universités, plus que partout ailleurs. Et c'est le choix qu'on a voulu faire et un choix
qu'on considère encore exceptionnel à Sherbrooke, en lien avec les
besoins directs de ce milieu industriel.
Donc,
essentiel de maintenir ce financement à Québec, puis, au niveau du fédéral, une
inquiétude importante, mais, bien
sûr, ce n'est pas le lieu pour en débattre, là, mais là il y a un problème de
sous-financement majeur. Il ne faudrait surtout pas que Québec s'inspire
de ce type de financement parce qu'à moyen terme ça va signifier un déclin
rapide de l'ensemble de la capacité de
répondre adéquatement à ces besoins de recherche dans des infrastructures de
qualité. C'est ça, l'idée. Lorsqu'on veut
innover, il faut être dans les milieux les plus performants. Ce n'est pas qu'on
veut avoir l'équipement le plus
extraordinaire, c'est qu'il faut que l'étudiant possède effectivement ce qui
est de plus pointu comme expertise, et comme équipements, et comme
infrastructures s'il veut aller au-delà de ce qui existe, s'il veut innover.
C'est simple.
Mme
Hivon : O.K. Tantôt, vous y avez fait référence... Je passe
plein de sujets, là, parce que j'essaie de rentrer dans mon temps. Formule de financement, donc le
rapport — je me
mêle toujours entre Roy-Tremblay ou Tremblay-Roy, là, je pense, c'est Roy-Tremblay, mais en tout
cas — qui
vient suggérer un certain nombre de modifications, ça ne sera pas simple, mais je pense qu'effectivement il y a
certainement nécessité de revoir la formule de financement. Beaucoup de
vos collègues du réseau de l'UQ nous ont
parlé de la question des étudiants à temps partiel, parce que, pour plusieurs,
ça les touche beaucoup. J'ai compris
tout à l'heure votre message de dire que, oui, il y a des universités en région,
mais vous aussi, Sherbrooke, vous n'êtes pas à Montréal ou dans la
capitale.
Quels
sont, pour vous, je dirais, les changements qui seraient les plus opportuns ou
urgents à apporter à la formule de financement pour en arriver à un
financement équitable?
M. Webster
(Alain) : Mis à part la taille de l'enveloppe, hein, qui est la
préoccupation principale, tu sais...
Mme
Hivon :
Oui, ça, j'ai bien compris. Vous avez dit que c'était très joli de parler de la
formule, mais qu'il y avait la taille, oui.
M.
Webster (Alain) : Je ne sais pas si on vous l'avait déjà dit, là, mais...
J'ai le bonheur de siéger sur le comité directeur et le comité technique de cette formule de financement au
niveau de sa mise à jour. Ce qu'on va tenter de faire dans les prochains mois, c'est de mettre à jour le
financement moyen par discipline à partir des coûts observés. Donc, le scénario est simple : On dépense combien
présentement pour former un étudiant en administration au premier cycle
et on dépense combien pour former un
étudiant en physique au niveau du doctorat? Et on va mettre à jour ce qu'on
appelle le poids moyen de ces... le
poids disciplinaire et par secteur. Donc, à peu près 11... bien, pas à peu
près, mais 11 familles et trois
niveaux d'études : premier, deuxième et troisième cycle. Donc, une
possibilité présentement de 33 financements différents par étudiant. Il y en a qui sont les mêmes poids, ça fait que
ça ne fait pas 33 chiffres différents, mais 11 familles réparties
sur trois niveaux de financement.
Donc, l'idée est
simple, on a fait ça il y a plusieurs années, il faut remettre à jour ce
financement. C'est assez compliqué au niveau
technique, mais on va y arriver. Il y a une bonne collaboration dans ça avec
l'ensemble de l'établissement. On y
était tout l'après-midi, donc ce dossier-là reprend un petit peu de vie. Mais,
en même temps, ce qu'on dit comme
approche est assez simple, il faut aussi comparer avec ce qui se passe
ailleurs. Ça ne veut pas dire que le modèle de l'Ontario est le meilleur modèle. Ça ne veut pas dire que ce qu'on
fait en Colombie-Britannique est le modèle exceptionnel. Mais il faut en même temps pouvoir se dire : Bien,
voici le financement qu'on a en administration au premier cycle, voici ce qu'on obtient ailleurs comme
financement. Et, si on sait que le financement est 20 % de moins dans
ce secteur, bien, au moins, on aura fait un
choix social. On va moins financer cette discipline que ce qu'on observe
ailleurs. On n'est pas dans un débat pour
dire : Il faut mettre 700, 600, 800 millions. C'est l'écart de... on
l'a fait pendant des mois, et des mois, et des mois, cette
discussion-là.
Donc,
présentement, c'est de pouvoir se dire : Assurons-nous que la pondération
des coûts observés est la plus à jour,
mais, en même temps, comparons ce financement par secteurs, pour chacun de ces
secteurs, avec ce qu'on observe ailleurs,
à l'échelle canadienne ou même à l'échelle internationale, pour se dire :
Sommes-nous conscients que, dans des secteurs en particulier, on va
financer moins ici qu'on fait ailleurs?
Mme
Samoisette (Luce) : Et quel est l'impact de ça, parce que, par
exemple, si on donne 20 % de moins pour former les ingénieurs au
Québec, mais qu'en Ontario et dans le reste du Canada on donne plus, mais c'est
les mêmes ingénieurs qui sont accrédités à travers le Canada... Alors,
qu'est-ce que ça a comme impact sur la formation des ingénieurs au Québec? Même chose pour les médecins qui ont
l'accréditation à travers le Canada et aux États-Unis. Donc, il faut
absolument regarder, se comparer avec les autres. On prendra la décision, le
gouvernement prendra la décision après, mais il faut se comparer pour savoir
est-ce qu'on est vraiment dans le marché avec les autres.
M. Webster
(Alain) : On a aussi tendance...
Mme
Hivon : Donc, ça, ce que je comprends, c'est un comité qui
découle du chantier sur la révision de la formule, donc pour aller plus
loin que le rapport, donc pour discuter plus en détail.
M. Webster
(Alain) : ...comment on met ça en place.
Mme
Hivon : C'est ça,
comment on l'applique puis qu'on fait...
Mme Samoisette
(Luce) : Qu'est-ce qu'on garde dans le rapport? Qu'est-ce qu'on ne
garde pas? Puis moi, j'ajouterais qu'une
nouvelle formule de financement doit venir obligatoirement avec du nouvel
argent. Si on met en place une nouvelle formule de financement, on...
Mme
Hivon : Pour la
transition, ça serait...
Mme
Samoisette (Luce) : On ne fait que se partager la pauvreté autrement,
et là ça ne fonctionnera pas, là. On va avoir une levée de boucliers
dans toutes les universités.
M. Webster (Alain) : C'est que
personne n'est trop financé, c'est clair.
Mme
Hivon :
O.K. Tantôt, c'était intéressant, mon collègue de la deuxième opposition en a
parlé hier — moi, j'en
ai parlé tantôt — que tout
le discours sur le sous-financement... c'était votre collègue de
l'Université du Québec à Chicoutimi
qui rapportait ça, qu'il y a deux ou trois ans, on parlait beaucoup... Bien,
oui, il y a trois ans, à peu près, on entendait beaucoup parler du
sous-financement du réseau universitaire, qu'on évaluait entre 600 et
800 millions le sous-financement.
Et je lui
demandais pourquoi c'est un discours qu'on n'entend plus. Est-ce parce
qu'évidemment chaque université se
débat à garder la tête en dehors de l'eau avec les compressions qui lui sont
demandées et qui sont difficiles à livrer? Est-ce que le fait que la
CREPUQ n'existe plus dans son rôle de porte-parole public pouvait aussi avoir
un enjeu? Lui émettait l'hypothèse que, dans
la foulée des événements de 2012, les recteurs avaient été pointés du doigt et
que donc ils avaient décidé de moins
prendre la parole publiquement. C'est une question un peu large, mais je serais
curieuse de savoir pourquoi c'est un discours qu'on entend moins. Est-ce
que c'est parce que les évaluations sont revues? Est-ce qu'au contraire on
estime que c'est toujours à ce niveau-là qu'on estime être le manque à gagner?
Donc, peut-être juste m'éclairer un peu là-dessus.
Mme
Samoisette (Luce) : On était entrés dans la salle quand vous avez posé
la question. Alors, moi, je reviendrais à ce que tantôt je vous ai dit : L'éducation, ça ne fait pas partie
de la priorité de la population du Québec. Alors, même si on crie sur les toits qu'on a besoin de ce financement-là,
je suis tout à fait d'accord avec mon collègue Martin, ça ne fonctionne
pas. Ce n'est pas ça qui fonctionne.
Il faut
d'abord que, comme société, on se dise où on met notre priorité puis comment on
fait pour que la population embarque
avec cette priorité-là, qu'est-ce que ça donne. Et on en a des moyens, on le
sait ce que ça donne d'avoir cette formation-là
au collégial, universitaire, qu'est-ce que ça donne à une société. Alors, ça
prend de l'information, ça prend de la formation,
et c'est ce discours-là qu'il faut qu'on commence à entendre, puis ça ne se
fera pas en un mois, la population ne changera pas d'avis en dedans d'un
mois. Il faut le faire sur plusieurs mois, plusieurs semaines, plusieurs mois,
et il faut taper sur le clou, à mon avis.
Si, demain
matin — la même
chose que Martin vous a dit tantôt — je sors à Sherbrooke puis je dis qu'on a
besoin d'argent... Le centre hospitalier a
été coupé, le CSSS-IUGS a été coupé, tout le monde a été coupé. Alors,
pourquoi, nous, c'est pire
qu'ailleurs? Puis on est tous dans la même situation présentement, et il faut
maintenant revoir nos priorités et se dire qu'est-ce qu'on veut pour
l'avenir.
• (18 h 50) •
Mme
Hivon : C'était
indépendamment des compressions, dans le sens que le réseau universitaire estimait
qu'il y avait un gros problème de
sous-financement, comme le milieu de la santé, il pouvait dire qu'il y avait un
problème de sous-financement, mais... Donc, je suis très bien votre logique.
Ma question
est un peu à deux volets. Est-ce que vous estimez que le problème de
sous-financement demeure pour pouvoir avoir un réseau universitaire
performant qui répond aux exigences d'une société avancée comme celle que le
Québec est ou souhaite être aussi en se projetant dans l'avenir? Puis,
deuxièmement, est-ce que vous estimez être des partenaires importants pour revaloriser, dans la société... si on met de
côté la question du sous-financement comme tel et du financement, mais pour revaloriser, justement, la
place de l'éducation et de l'enseignement supérieur dans la société?
Est-ce que vous vous donnez un rôle, comme
direction d'université et avec vos collègues des autres universités, pour faire
en sorte que ce discours-là soit de nouveau important dans la société puis
qu'il fasse son chemin?
Mme Samoisette (Luce) : On a un rôle
très important à jouer. On a un rôle très important à jouer entre nous. On a ce rôle-là à jouer dans chacune de nos
collectivités avec, d'abord, les organisations avec lesquelles on travaille
puis avec les villes dans lesquelles on
travaille. Je pourrais vous dire que, lors des dernières compressions, à
Sherbrooke, le maire est sorti en
disant : C'est catastrophique pour notre région. Mais je pense que c'est
le seul maire à travers le Québec qui a fait ça. Les autres personnes ont
parlé de ces compressions-là sur l'impact des universités puis des collèges.
Alors, on a ce rôle-là à faire, mais on ne peut
pas le faire seul. Il faut qu'on le fasse avec les gens du milieu puis il faut qu'on le fasse avec le gouvernement
aussi. Si le gouvernement ne nous dit pas que c'est une priorité ou il
ne l'affirme pas puis il ne le démontre pas, ça ne marchera pas.
Mme
Hivon : O.K.
Petite question beaucoup plus technique. Vos projets d'immobilisation, est-ce
qu'il y a des problèmes d'espace plus
importants en ce moment pour l'Université de Sherbrooke, soit à Sherbrooke ou
au campus de Longueuil? Est-ce qu'il y a des projets d'immobilisation
qui sont sur la table ou vous êtes à peu près corrects en termes d'espace?
Mme Samoisette (Luce) : On
est en besoin d'espace dans certaines facultés. On travaille sur des dossiers
avec le ministère. On va d'ailleurs les
rencontrer vendredi pour parler de trois ou quatre dossiers qui nous tiennent à
coeur puis on va voir la décision du ministère à ce moment-là.
Mme
Hivon :
O.K. Parfait. Donc, pour l'instant, il n'y a rien qui est dans le PQI ou en
étude...
Mme Samoisette
(Luce) : Oui, il y en a dans le PQI.
Mme
Hivon :
Vous êtes dans le PQI.
Mme Samoisette
(Luce) : Oui, oui.
Mme
Hivon : O.K., mais vous n'êtes pas à l'étape... vous êtes
dans l'étape 1 du... vous n'êtes pas dans l'étape de la réalisation,
c'est ça?
Mme Samoisette
(Luce) : Non.
Des voix :
...
Mme
Hivon :
Pardon?
Mme Samoisette
(Luce) : Pas en ajout d'espace.
Mme
Hivon :
Pas en ajout d'espace, O.K. Il me reste quoi? Une minute? O.K. Donc, bien,
écoutez, c'était la question bonbon, c'est
sur la supersubvention de 33 millions en recherche que vous avez réussi à
obtenir. Qu'est-ce que ça va
représenter comme développement? J'imagine que c'est extraordinaire. C'est la
plus grosse subvention que vous avez eue pour l'université.
Mme Samoisette
(Luce) : Oui, c'est en physique quantique, comme on vous disait. C'est
une équipe de professeurs qui, année après
année, à chaque fois qu'il y avait un recrutement, se disaient, ils l'ont dit
en conférence de presse :
Écoutez, nous, quand on recrute, on recrute meilleurs que nous. Donc, des
professeurs qui disaient : À chaque fois qu'on engage, on engage
des meilleurs que nous... Et ce qui va faire en sorte qu'on va engager des
professeurs, on va avoir plus d'étudiants aux cycles supérieurs, on va avoir
aussi beaucoup plus de techniciens qui vont se spécialiser en physique quantique, tout ça, et qui vont
travailler avec l'industrie. Alors, on a plusieurs industries qui sont, par
exemple, dans les communications. On a
Google, on a IBM, Microsoft, donc... puis on en a plusieurs entreprises comme
ça qui vont venir travailler en recherche et développement avec nos
physiciens.
Alors,
nos physiciens passent de la théorie à la pratique, donc de la physique
quantique à la physique quantique appliquée et pour arriver à avoir des
brevets, arriver à avoir des inventions qu'on va transférer aux entreprises,
puis qui vont justement générer des emplois au Québec et ailleurs, puis qui
vont nous ramener aussi de la recherche à l'université. Donc, multiplier,
multiplier cette recherche-là pour avoir de plus en plus de gens qui vont se
spécialiser là-dedans puis qui vont rester à Sherbrooke et au Québec, bien
évidemment.
Mme
Hivon :
O.K. Je n'ai plus rien?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Tu as même dépassé le temps.
Mme
Hivon :
C'est bon. Il me restait une autre qui m'est revenue, mais, c'est beau, je la
poserai après. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, on va passer
du côté du deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de 15 minutes.
Alors, M. le député de Chambly, la parole est à vous.
M.
Roberge : Merci. Je veux revenir sur le sujet un peu déprimant du
malfinancement, du sous-financement, on vient d'en parler. Puis j'écoutais l'échange, j'ai le goût de
dire : Battez-vous, vous allez trouver des alliés. Parce qu'on ne peut pas entrer en espèce de phase de résignation
tranquille en disant : Mais là il n'y a
rien à faire, les gens ne veulent pas entendre parler d'éducation. Je
comprends très, très bien, mais on ne peut pas entrer en compétition avec un
centre hospitalier puis des enfants malades
en disant : Non, non, ne financez pas les enfants malades, financez les
titulaires de maîtrise, là. Je comprends que, sur la place publique,
c'est indéfendable comme position, mais, en même temps, si on veut regarder
vers l'avant, on n'a pas le choix de mieux financer notre éducation à tous les
paliers.
Mme Samoisette
(Luce) : Juste là-dessus...
M. Roberge :
Oui, allez-y.
Mme
Samoisette (Luce) : ...j'ajouterais
qu'il y a une différence entre dire : On a baissé les
bras... On n'a pas baissé les bras.
On travaille avec le ministère, on travaille avec les gens du milieu. On ne
travaille pas sur la place publique, c'est différent, mais on continue à
travailler ensemble. Il faut le faire. C'est ça.
M.
Roberge : Je ne vous accuse
de rien, mais, enfin, j'ai l'impression que votre interlocuteur, lui, il
dit : Bon, bien, ce n'est pas
grave, ça va durer trois, quatre ans, là, prenez votre
souffle, puis, après ça, on réinvestira. Sauf qu'il y a des étudiants qui aujourd'hui font leur bac là, tout de
suite, et, dans trois, quatre ans, si la lumière au bout du tunnel est rallumée
par quelqu'un, bien, ça va être passé.
M. Buteau (Martin) : ...qu'on a
changé beaucoup d'interlocuteurs au cours des dernières années pour parler de
ces enjeux-là. Les ministres...
Mme Samoisette (Luce) : Je suis
directrice depuis six ans, j'ai eu six ministres de l'Enseignement supérieur
différents et six sous-ministres différents.
M. Buteau (Martin) : Donc, quand
vous voulez faire avancer un dossier puis qu'aux six mois vous changez
d'interlocuteur, ça n'aide pas non plus.
Mme
Samoisette (Luce) : Puis,
quand vous parlez de trois, quatre ans, je suis d'accord avec vous que ça ne
peut pas être dans trois, quatre ans. Nous,
ce qu'on demande, c'est des cibles pour 2016‑2017. Qu'est-ce qu'on veut comme société? Est-ce qu'on veut vraiment être dans les...
Notre taux de diplomation, on le veut, au niveau collégial puis universitaire, dans les meilleurs? On veut se
contenter de la moyenne? Puis après ça, ça, ça va vouloir nous... ça va nous dire combien on veut avoir, justement,
de diplômés au Québec. Et ça, les universités, une fois qu'on établit ces
cibles-là...
Alain en a
parlé, la politique qu'on avait au début des années 2000, on nous
disait : Vous devez augmenter aux études
supérieures, puis on était tout à
fait d'accord avec ça, et c'est ce
qu'on a fait. Mais là, comme société, on a besoin d'avoir ces cibles-là rapidement,
qu'est-ce qu'on veut. Si on dit : On veut baisser de 10 %, ce qui est, à mon avis, totalement
inacceptable, ce n'est pas ça, on a besoin
d'en avoir plus, mais dire pourquoi on en veut plus. C'est ça qu'il faut
qu'on fasse, et le faire rapidement, puis annoncer, pour 2016‑2017, ce qui s'en
vient, et là on pourra, nous, dire : On peut planifier puis voir venir les
choses.
M. Webster
(Alain) : Et on a trop de respect pour le rôle gouvernemental et le
rôle de député pour ne pas vous dire : C'est à vous aussi de faire
ce choix-là, en termes d'Assemblée nationale, et de se dire quelles sont les
visions importantes. Le Parti libéral, il y
a quelques années, s'est dit : C'est une priorité, on va réinvestir
1,5 milliard sur cinq ans. Le
Parti québécois s'est dit ensuite, quelques années plus tard : C'est une
priorité, on va remettre à peu près 1,5 milliard sur cinq ans, sur des modes de financement
complètement différents : l'un sur les étudiants, l'autre sur le fonds
consolidé. C'est la décision gouvernementale
de faire ces modes de financement, mais, en bout de ligne, la conclusion de ces
deux mêmes gouvernements,
c'était : C'est important, il faut réinvestir. Là, le message qu'on se
fait dire, c'est : C'est difficile, c'est temporaire, il faut retourner à l'équilibre, mais un jour meilleur
arrivera. Le message, c'est : Le jour meilleur doit arriver vite
parce que ça commence à être pénible.
Mme Samoisette (Luce) : Annoncez-le.
M. Webster
(Alain) : Donc, vous avez un rôle de député aussi fondamental pour
pouvoir dire : C'est une priorité, on doit revenir là-dessus. Parce que vous regardez dans les médias en
général, vous ne voyez plus le milieu des affaires intervenir sur ça, vous ne voyez plus les groupes
communautaires, vous ne voyez plus un ensemble d'intervenants pour dire que c'est une priorité parce que, dans certains
cas, ils sont... on a trop entendu parler des universités, trop de débats
sur la place publique sur : vous êtes
trop financés, ou pas assez, ou de... donc une espèce de ras-le-bol de ces
enjeux. Mais le besoin de cette
formation universitaire est encore plus criant parce que, si ça ne se passe pas
ici, ça va se passer en Inde, en Chine, et cette société ne se
développera pas.
Mais c'est
vous, les députés, ce n'est pas nous. Nous, on est des gestionnaires. On prend
l'enveloppe budgétaire puis on se
dit : On va faire le mieux qu'on peut, mais c'est vous, les dirigeants de
cet État qui doit fixer les enjeux, les approches. On a bien hâte de
voir votre vision.
Mme Samoisette (Luce) : Il s'en va
en politique.
M. Webster (Alain) : Non, je laisse
ça à mon garçon.
• (19 heures) •
M.
Roberge : Ce ne serait pas une mauvaise chose. Quand vous parlez des
coupures qu'il y a eu... tantôt, quelqu'un a dit, je pense que c'est vous : Il a fallu poser des gestes
drastiques parce que, là, il arrive des cohortes d'étudiants qui avaient des difficultés, mais qu'on a aidés, qu'on
a épaulés pour qu'ils surmontent ces difficultés-là. Moi, je suis un peu
coupable de ça, là. J'ai enseigné au primaire, puis on les a aidés à réussir
malgré tout. Même au primaire, c'est extrêmement difficile. Les moyens qui étaient là n'y sont plus, mais, bon, les
étudiants ont cheminé. Au cégep, ils n'étaient pas prêts; là, ils commencent à se préparer un peu mieux. Et là
ils arrivent à l'université, et là vous nous dites que l'enveloppe n'est
pas indexée pour aider ces étudiants-là, et pourtant c'est très, très clair que
le nombre d'étudiants ayant des besoins va augmenter. Moi, j'ai une crainte, c'est la crainte du nivellement par le bas, la
crainte que l'on fasse... Je ne veux pas baisser le nombre de diplômés, mais je ne veux pas non plus baisser la qualité
de nos diplômes. Est-ce que vous ne pensez pas que vous allez être placés dans ce dilemme-là, là, d'ici deux, trois
ans, de dire : Bon, bien, écoutez, on n'a pas les moyens de les faire
réussir, puis, comme société, on n'a pas les moyens d'avoir moins de diplômés.
C'est «lose-lose», là.
M.
Buteau (Martin) : Moi, je
voudrais rajouter une préoccupation — qui
est peut-être plus de Sherbrooke — à que ce que vous dites : moi, ce qui
m'inquiète, c'est l'épuisement de nos gens à vouloir quand même
les aider au maximum de ce qu'ils
peuvent faire, sachant qu'il y en a
de plus en plus qui arrivent. On les connaît, nos gens, là, qui
s'occupent de ces personnes-là, ils sont
totalement dédiés, et c'est sûr que nous, on a cette préoccupation-là. Nos gens
vont continuer à vouloir les aider,
mais, à un moment donné, effectivement, est-ce que le nombre sera à ce point
élevé qu'on n'y arrivera plus? Je ne le sais pas, là.
M.
Roberge : Je change de registre. Une question peut-être un petit peu
plus corsée, parce que je fais du pouce sur une chose que vous avez dite
tout à l'heure...
M. Buteau
(Martin) : ...dans la dernière année, on est habitués à des questions
comme ça. Amenez-en!
M.
Roberge : Oui? Bien, c'est
correct, c'est correct. Mais c'est que tout
à l'heure vous avez dit que, pour
atteindre l'équilibre cette année, malgré un
effort supplémentaire, j'ai noté, de 4,1 millions de dollars,
vous avez dit : Écoutez, on rencontre
nos employés, on leur demande, là, de réduire leurs conditions de travail, puis
c'est un dialogue. Est-ce que,
dans l'administration, vous allez réduire vous-mêmes vos conditions de travail?
M. Buteau
(Martin) : C'est fait.
M. Roberge :
Ça a été fait. Excusez-moi de ne pas avoir...
M.
Buteau (Martin) : On a été
les premiers, évidemment, puis ça allait de soi. C'est dire : Tu
demandes à tout le monde de contribuer, les premiers à poser le geste,
c'est ceux qui demandent l'effort. Donc, on a effectivement posé ces
gestes-là, notamment en renonçant à des augmentations de salaire.
M.
Webster (Alain) : ...le
comité, ils étaient huit, on est passés à sept, on est rendus six. Les
étudiants nous disent : Vous êtes moins nombreux pour gérer l'université
que nous sommes pour gérer l'asso étudiante.
Mme Samoisette
(Luce) : C'est ça.
M.
Roberge : Je me permets de
poser la question parce
que, dans une université,
des fois, il y a des surprises. Vous n'avez pas eu de
compensation ailleurs, c'est-à-dire qu'en baissant vous ne vous êtes pas...
Bon, ça s'est vu ailleurs.
M.
Buteau (Martin) : ...salariale
du 1 % dans la PSG en se
disant : Il n'y en aura pas, nous ne la prendrons pas.
M.
Roberge : O.K. Bien, je pense, c'est une initiative qui mérite d'être
soulignée et saluée. Aujourd'hui, je vous remercie. Enfin, j'aurais aimé mieux ne pas avoir à vous féliciter de
ça, mais, quand même, je pense que c'est un geste fort que vous avez
posé en faisant cela.
Aujourd'hui, c'est un
moment de reddition de comptes. Il y en a plusieurs pour vous. Pour nous, c'est
une opportunité extraordinaire, pour les
députés, c'est très pédagogique, on apprend énormément, même si on fait nos
devoirs puis on lit. On apprend beaucoup, c'est bon à savoir. Des crédits, aïe!
C'est...
Mais,
pour vous, je sais que c'est lourd parce que c'est une reddition de comptes
par-dessus beaucoup d'autres. Est-ce
que vous ne pensez pas qu'il y aurait un élagage à faire parmi toutes ces
redditions de comptes? Et, si je vois ça comme un arbre, là, quelles branches il faudrait couper? Parce que c'est
très important, avec la reddition de comptes, parce que c'est l'argent
du peuple, mais en même temps trop, c'est comme pas assez. Alors, qu'est-ce
qu'il faudrait faire pour mieux...
Mme
Samoisette (Luce) : Le ministère est d'accord aussi, en disant qu'il
faut revoir ça. Puis on avait fait une liste à la CREPUQ, qui est
maintenant le BCI, là, du nombre de rapports qu'on doit faire et sur lesquels
j'ai mentionné tantôt que nous n'avons aucun
retour. Donc, on fait des rapports, mais il n'y a jamais personne qui nous en
parle, O.K.? Donc, le ministère est
d'accord et tout à fait conscient qu'il faut revoir ça puis il faut revoir
aussi les autres ministères qui nous demandent — la
recherche, par exemple — des
rapports.
Il faudrait
consolider tout ça puis choisir les indicateurs qui sont stratégiques.
Qu'est-ce qui est stratégique? Qu'est-ce qu'on a besoin absolument de savoir?
Bien, et le reste, on le laisse tomber. Écoutez, c'est ce qu'on fait à l'université, là, on a dit : Dans les
compressions, écoutez, il y a des choix qu'on devra faire, il y a des choses
qu'on ne fera plus, il y a des choses qu'on va laisser tomber. Et c'est
la même chose pour ça, là.
On
nous dit : Il y a trop d'administratif dans les universités, mais on
n'arrête pas de nous rajouter de la reddition de comptes, de la reddition de comptes, de nous rajouter des étudiants en
situation de handicap, donc ça prend des gens pour les gérer, etc., mais à un moment donné il faut
choisir. On ne peut pas continuer à tout faire, autant dans les
programmes que dans l'administratif.
Alors là, avec le ministère,
il est d'accord pour dire : On va mettre un comité sur pied. Il
l'est, sur pied, je crois. Je ne sais pas s'il a travaillé beaucoup, par
exemple.
M.
Webster (Alain) : Pas
encore, mais, au cours des cinq dernières années, on a démarré trois ou quatre
tentatives de réflexion sur la reddition de
comptes, y compris celle qu'on fait à l'Assemblée
nationale, là, où on fait : Ah!
c'est un peu compliqué. Oubliez le volet administratif et politique, on
doit la faire ensemble, cette réflexion-là...
Mme
Samoisette (Luce) : Des indicateurs qui sont déposés ici devraient
faire l'objet aussi de... Est-ce que ce sont les bons indicateurs que vous avez? S'ils sont bons pour vous
autres ici, bien, ils sont bons pour le ministère aussi, donc on n'en
fera pas huit autres.
M. Webster
(Alain) : Mais ce n'est pas les meilleurs, c'est clair, c'est sûr,
c'est évident.
M. Roberge :
C'est tellement disparate, les cahiers qu'on reçoit, qu'on est obligés de
confier au Service de recherche de
l'Assemblée nationale le travail de remâcher tout ça pour qu'on ait des
comparables, alors qu'on est
obligés d'engager quelqu'un
d'autre pour faire la reddition de comptes, alors que vous trouvez déjà qu'il y en a trop, alors qu'ici c'est
assez évident. Et, dans le fond, il devrait y avoir une espèce de format :
vous devez nous fournir des tableaux sur tel, tel, tel indicateur, et là on ne serait pas obligés d'avoir ici, à
l'interne, des gens à la recherche qui essaient de comparer des choses
qui ne sont pas comparables, on s'entend.
M. Webster
(Alain) : Un commentaire qu'on a fait au gouvernement à quelques
reprises, c'est : Ne nous dites pas ces
nouveaux indicateurs, assoyons-nous ensemble pour les élaborer, pour se
dire : Voici comment ça devrait être; faites-nous part de vos
besoins, on va tenter de regarder quelles sont les meilleures approches...
Mme Samoisette
(Luce) : Puis on va vous donner nos contraintes aussi.
M. Webster
(Alain) : ...et ça va faire partie, je pense, du volet sur
l'importance de remettre l'éducation à l'avant-scène,
parce que la population québécoise va avoir une opinion
plus favorable de ce qu'on fait comme gestion de cette enveloppe qui est
quand même près de 3 milliards, dans le fond, c'est donc fondamental.
Mme
Samoisette (Luce) : Vous savez, le message, là, le premier message est
tellement simple : On forme tous les médecins, les infirmières, les
éducateurs, les gens...
M. Webster
(Alain) : ...les comptables, les droits...
Mme
Samoisette (Luce) : On forme tout ça pour la société québécoise. C'est
déjà un très bel apport à la société.
M. Roberge :
On n'en doute pas. Ce que je voulais dire, c'est que...
M.
Webster (Alain) : Probablement que l'éducation est trop importante
pour en faire un clivage de parti et que ça doit être vraiment une
position globale de l'Assemblée. C'était bien dit, c'était beau, oui.
M. Roberge :
C'est beau, merci! Je vais vous engager comme «speech writer».
Une voix :
Vous allez perdre le contrôle.
M. Roberge :
Je ne tiens pas à avoir le contrôle. Des fois, c'est mieux d'être efficace. Là,
vous nous dites : Il y en a un, comité,
ça fait cinq ans qu'on se réunit. Ça, c'est tellement décourageant, ce que
j'entends, là. Est-ce que c'est parce que ça a changé de ministre autant
de fois? Donc, avez-vous espoir que ce comité-là va finir par accoucher de
quelque chose?
M.
Webster (Alain) : Si on ne serait pas optimistes, on ne travaillerait
plus dans les universités, c'est clair. Ça, c'est évident. Il y a eu plusieurs tentatives au cours
des dernières années, puisqu'on a eu plusieurs ministres, plusieurs gouvernements, donc des approches un peu
différentes. Là, on se dit : Maintenant, on est dus, là, pour y arriver.
C'est fondamental, parce qu'on pense que ce
n'est pas la meilleure façon d'utiliser ces ressources, de faire travailler des
gens sur des données qui sont peu ou pas
utilisées, puis on les utiliserait à des fins beaucoup plus utiles. Donc, ça
reste essentiel.
Mme
Samoisette (Luce) : Et la volonté est là, la volonté du ministère est
là, mais ils ont aussi eu des compressions.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste deux minutes...
M. Webster
(Alain) : Peut-être qu'il y a un message aussi de la part de la
commission. Parce qu'au niveau administratif,
c'est : Vous devez aussi dire : Il faut revoir ce qu'on a comme
indicateurs. Parce que, du côté administratif, c'est : Oui, mais il y a l'enjeu politique, là, on touche... Oui,
il faut regarder ça aussi, quels sont vos besoins. Donc, ça fait partie
de vos recommandations. J'ai hâte de...
M. Roberge :
Aussitôt qu'il y a un petit peu plus de... Il y avait la CREPUQ, il y a la
commission de l'enseignement supérieur du
Conseil supérieur de l'éducation. C'est différent, mais ça reste des
organismes, là, supra, qui sont au-dessus. Là, il y a moins la CREPUQ,
il y a le BCI, on parle du CNU. Est-ce vraiment nécessaire d'avoir un CNU,
avoir un BCI? S'il y avait le Conseil national des universités, faudrait-il
quand même garder le BCI vraiment?
• (19 h 10) •
Mme
Samoisette (Luce) : Le BCI, c'est la concertation entre les
universités. C'est, par exemple, les registraires qui se réunissent parce qu'ils ont des problèmes
au niveau de l'admission ou les cotes R, qu'il faut les déterminer,
tout ça. C'est les vices-recteurs à la
recherche qui se réunissent aussi pour dire : Qu'est-ce qu'on fait? Faire
des commentaires sur la politique,
sur la recherche. Les vices-recteurs aux études ont beaucoup, beaucoup de...
notamment, de ce temps-ci, c'est beaucoup de travail avec les ordres
versus les ordres professionnels. Ce n'est pas neutre. Donc, il y a beaucoup de
travail qui doit être fait en concertation.
C'est au niveau politique que c'est plus compliqué d'arriver avec des
consensus politiques. Ça, c'est plus
compliqué. Mais, au niveau de concertation, là, il y a plein de besoins. Il y a
des choses aussi en commun qui se sont développées, des politiques
d'achat en commun, tout ça. Ça fait que ça, ça va rester très clair.
Le Conseil
national des universités, c'est... Il ne faudrait pas ajouter un conseil
national des universités et garder en
plus toute l'évaluation de programme qu'on a présentement, qui est à
l'extérieur des universités, parce que, là, on va juste encore rajouter
des couches. Le Conseil national des universités... parce que les gens
considéraient — puis
là j'y vais rapidement — que l'évaluation de programme, même si elle
était faite à l'extérieur des universités, que, vu que la CREPUQ était impliquée là-dedans, les gens
pouvaient voir un conflit d'intérêts potentiel. Et vous le savez que le
potentiel, même s'il n'existait pas, fait
souvent plus de trouble qu'un vrai conflit d'intérêts. Donc, il fallait
adresser — excusez-moi pour l'anglicisme — il fallait s'occuper de cette problématique-là. Et le Conseil
national des universités pourrait dire : Bien, ce serait plus à
distance, O.K — j'avais
le terme anglais — que
si c'était encore... Mais il faudrait reprendre ce qu'il y avait comme évaluation de programme,
l'améliorer, mais il faut que le Conseil national des universités demeure un
conseil consultatif, donc donne des avis au ministre. Il ne peut pas prendre
des décisions parce que, là, si un conseil national des universités prend des
décisions sur des programmes, ça ne fonctionnera pas. Chaque université est
responsable de ses programmes.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup. Merci, Mme Samoisette, M. Webster, M. Buteau et
Mme Laflamme, pour votre contribution à la commission. Je remercie aussi
mes collègues pour leur collaboration.
Je lève la
séance de la commission et j'ajourne les travaux à demain, le mercredi 19 août,
à 9 h 30, où on va se réunir pour la séance de travail. Merci.
Bonne soirée à tous et bon retour.
(Fin de la séance à 19 h 11)