(Quatorze
heures deux minutes)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, bonjour tout le monde. À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'audition des
dirigeants des établissements d'enseignement de niveau universitaire.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplaçants?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M. Proulx (Jean-Talon);
M. Kotto (Bourget) est remplacé par
M. LeBel (Rimouski); et M. Turcotte (Saint-Jean) est remplacé par Mme
Maltais (Taschereau).
Auditions
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous entendrons cet
après-midi les dirigeants des universités suivantes : l'École
nationale d'administration publique et l'Université du Québec à Rimouski.
Comme
la séance a commencé à l'heure, à 14 heures, alors, je n'ai pas besoin de
vous demander le consentement. On va terminer à l'heure prévue.
Je
souhaite la bienvenue aux dirigeants de l'École nationale d'administration
publique : Bienvenue. Je vous rappelle que vous disposez de 20 minutes pour votre présentation, et puis on
va procéder à la période d'échange avec les membres de la commission par la suite. Je vous invite donc
à vous présenter et celui qui va présenter le mémoire, mais aussi les
gens qui vous accompagnent, et je vous invite de... Vous pouvez procéder tout
de suite à votre présentation.
École nationale d'administration publique (ENAP)
M.
Michaud (Nelson) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis Nelson
Michaud, directeur général de l'École nationale
d'administration publique. Je suis accompagné cet après-midi de la présidente
de notre conseil d'administration, Mme
Marie Girard, de même que des cadres supérieurs de l'école : M. André
Bourret, à ma gauche, directeur de l'enseignement
et de la recherche, à ma droite, M. Jean-Pierre Mailhot, directeur
d'administration, et, à l'extrême droite, Mme Johanne Archambault, qui
est directrice des services aux organisations.
Sont
également présents dans la salle, et pourraient répondre à des questions
extrêmement pointues dans leurs domaines,
deux autres membres du comité de direction de l'école, M. Simon Chabot,
directeur des affaires internationales, et Mme Manon Malenfant,
directrice des communications.
Nous
allons débuter notre présentation immédiatement en commençant par un portrait
de l'ENAP. Certains membres de la
commission nous connaissent déjà un peu, mais pour l'ensemble, et pour mémoire,
il faut rappeler que l'ENAP est issue de la volonté de doter le Québec
d'une institution de haut savoir en matière de gestion publique et d'analyse de politiques publiques. Je veux m'arrêter
30 secondes pour demander aux membres de la commission s'ils ont
des copies papier de la présentation, parce qu'elle n'est pas projetée. Oui,
vous l'avez?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, en effet, on a une copie.
M. Michaud
(Nelson) : Bon, parce qu'on en a des supplémentaires si des membres
n'en avaient pas.
Une voix :
...
M. Michaud
(Nelson) : Oui. Très bien, on va vous les distribuer.
Donc,
l'ENAP fait partie du réseau de l'Université du Québec, et sa spécialisation,
comme son nom l'indique, est en
administration publique. Notre siège est à Québec, nous avons un campus ici
aussi, de même qu'à Montréal et à Gatineau, avec des points de service
permanents à Saguenay et à Trois-Rivières.
Nos
principales activités se concentrent sur l'enseignement aux deuxième et
troisième cycles, maîtrise et doctorat, la recherche dans des domaines liés à la gestion et politiques
publiques — on y
reviendra dans quelques instants. Nous avons
aussi la possibilité d'offrir de la formation, du perfectionnement,
l'optimisation de performance organisationnelle, des services spécialisés, des conseils pour le développement des
compétences en gestion pour les organisations publiques et nous agissons également à l'international pour
la formation de gestionnaires et de formateurs en management public. En chiffres, ça veut dire plus de
10 000 diplômés depuis 1969, et, au cours de la dernière année, pour
vous donner une mesure plus
ponctuelle, à peu près 4 500 personnes,
4 500 personnes de l'administration publique,
ont suivi des formations offertes par la Direction des services aux
organisations, et près de 1 300 personnes à l'international ont été
formées.
Quand
on lit la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017 du Conseil du
trésor, on y souligne qu'il faut
«investir dans le potentiel des employés afin de maintenir et de renforcer le
savoir-faire et les compétences au sein de la fonction publique». Fin de la citation. Eh bien, l'ENAP contribue
très directement à l'atteinte de cet objectif qui a été fixé par le
gouvernement pour son administration publique.
C'est une
administration publique qui a plusieurs défis à relever à l'heure actuelle. On
en entend parler régulièrement, on
peut les résumer comme étant la conduite des changements organisationnels, qui
sont majeurs; l'innovation, autant dans la gestion que dans les façons de
faire; le maintien et le renforcement des connaissances, notamment à partir
des données probantes par l'évaluation; la
gestion de façon éthique, avec transparence, intégrité, de façon responsable,
en assurant la performance. La relève dans
l'administration publique est aussi un immense défi, avec les prises de
retraite qui sont en cours
présentement, et finalement assurer une vision d'avenir de la chose publique
dans le sens de res publica classique.
Pour répondre à ces défis de l'administration
publique, l'ENAP est un partenaire de choix. Nous sommes une institution reconnue au Québec et à l'étranger
pour la qualité de notre enseignement, de notre recherche, de nos formations
et nous sommes la seule institution universitaire qui possède une connaissance
très fine de la réalité des ministères, organismes, sociétés d'État,
municipalités, réseau de la santé, réseau de l'éducation. Nous allons voir
comment cette connaissance-là a pu s'affiner.
C'est d'abord
grâce à une équipe multidisciplinaire, une quarantaine de profs réguliers, des
professeurs de carrière, professeurs
universitaires de carrière, des chercheurs d'expertise dans nos centres de
recherche, des professeurs associés et invités qui viennent se greffer de
manière plus ponctuelle à ces groupes, des maîtres d'enseignement, c'est-à-dire
des personnes qui ne font que de
l'enseignement, leur charge de travail ne comporte pas des responsabilités de
recherche, ne font que de l'enseignement,
des chargés de cours, qui souvent vont apporter une dimension terrain à nos
enseignements, une dimension très,
très concrète, et des formateurs qui sont sélectionnés en raison de leur
expertise, de leur expérience de la
gestion publique. Toute cette équipe qui est vouée au développement de
l'administration publique amène une compréhension globale, actuelle et
future de l'administration publique.
L'ENAP
travaille sur différents axes, notamment dans le secteur de la recherche,
d'abord en management public, ça va
de soi, notamment en matière de leadership, innovation, performance,
transformation de la gestion publique. Un des grands succès que nous
avons à cet égard est le Cercle des jeunes leaders, qui est animé par la chaire
en leadership La Capitale, où, année
après année, la relève de l'administration publique vient être confrontée à
différents défis et est amenée à réfléchir sur sa carrière.
En termes
d'analyse, développement, évaluation des politiques, des programmes publics,
nous avons aussi une force qui est
reconnue au niveau canadien. Il y a deux ou trois ans, l'Université de Victoria
a fait une étude de l'adéquation entre
la formation offerte dans les universités partout au Canada et les attentes des
gouvernements en termes d'évaluation des
programmes et des politiques publiques, et l'ENAP s'est classée première avec
un taux de conformité de 97 %. La deuxième université la meilleure
au pays s'est classée avec un taux de conformité de 84 %, ce qui veut dire
que non seulement nous avons un leadership, mais un leadership avec une bonne
longueur d'avance sur la concurrence.
En termes de
management des réseaux de la santé, des politiques de la santé et des services
sociaux, nous avons deux chaires de
recherche dans le domaine. Une partie importante du corps professoral travaille
sur ces questions, et nous avons été
impliqués notamment par le ministère dans le cadre de la réforme Barrette, nous
avons eu à travailler avec le ministère
pour le choix des membres des conseils d'administration des nouveaux CISSS,
donc une dimension très, très pratique, très concrète.
• (14 h 10) •
En termes de
gouvernance publique, ses nouvelles formes, l'ENAP est le point d'appui d'un
réseau international de chercheurs.
Un de nos chercheurs, Luc Bernier,
fait partie de ces réseaux, de CIRIEC international notamment, et c'est à
l'ENAP que l'un des points d'ancrage de ce réseau est situé.
Finalement,
en gestion et politiques internationales, nous avons des chaires de recherche,
des groupes de recherche. Nous
travaillons de très près en appui avec le ministère des Relations internationales dans différentes dimensions, soit dans l'action internationale du Québec, soit dans la valorisation de l'administration publique québécoise dans différents États, ou encore dans la
formation donnée à des administrateurs publics à l'étranger.
J'ai référé à
nos chaires de recherche. Nous avons des groupes de recherche, dont trois
chaires de recherche du Canada. Pour
une université de la taille de l'ENAP, décrocher trois chaires de recherche du
Canada, ça donne une idée de la
vitalité de notre monde de la recherche. La première est en économie politique
internationale et comparée, l'autre est en évaluation des actions publiques à l'égard des jeunes et des populations
vulnérables, et la troisième porte sur la gouvernance et la
transformation des organisations et des systèmes de santé.
Vous avez sans doute déjà croisé les
publications de l'Observatoire de l'administration publique, qui fait des études comparatives, souvent à la demande de l'administration publique, sur des points très précis, mais aussi de manière plus générale, le CERGO sur la gouvernance, je
l'ai évoqué, de même que la Chaire La Capitale en leadership. Le Centre d'études et de recherches internationales du Canada
et du Québec vient se greffer à notre groupe
d'internationalistes, comme le fait
le Groupe d'études sur les relations internationales du Québec et le Groupe
d'étude, de recherche et de formation internationales.
En termes de recherche,
c'est à peu près 4 millions de dollars pour 40 professeurs,
38, 40 professeurs. Ça veut dire
à peu près 100 000 $, ce qui nous place dans le
top 10 des universités canadiennes sans faculté de médecine en termes
d'intensité de recherche. Quand on considère
qu'on est beaucoup plus bas, on est dans les rangs 70 quelque,
en termes de dimension du corps
professoral, vous imaginez ce que ça peut représenter. Notre recherche se fait
en recherche fondamentale, recherche
subventionnée, bien sûr, mais aussi en recherche contractuelle, une recherche
qui est très axée sur les besoins, sur le concret de l'administration publique et la
répartition entre l'une et l'autre forme de recherche, et, bon an, mal an,
45-55, 50-50. De sorte que, même dans le cadre de la recherche, qui est
davantage de la recherche subventionnée, de la recherche indépendante, qu'on pourrait dire, plusieurs de ces projets-là
sont ancrés dans le milieu. Ce sont des projets de recherche
partenariat, par exemple, qui se font avec le milieu, donc avec des retombées
vraiment concrètes.
C'est
intéressant de voir ce qui entre en recherche chez nous, mais c'est aussi
intéressant de voir qu'est-ce qu'on fait avec ça, qu'est-ce qui en
ressort. Au cours de l'année civile 2014, 78 % des 40 profs de l'école
ont au moins une publication savante à leur actif, c'est-à-dire un article dans
une revue avec comité, un chapitre de livre ou même un ouvrage. Et l'étalon qui est reconnu dans toutes les universités, c'est
souvent l'article dans une revue avec comité d'arbitrage. On est passés d'une moyenne annuelle, en 2008-2012, de 26... ce qu'on appelle des RAC,
hein, dans notre jargon, à 31,4 au cours du quinquennat 2010-2014.
J'évoquais
l'équilibre entre recherche fondamentale, recherche appliquée, 25 % de nos
profs, l'an dernier, ont publié des
articles dans des revues professionnelles. Donc, des articles qui répondent à
des inquiétudes, à des problèmes très,
très, très liés avec le concret des administrateurs publics. Quand on regarde
pourquoi on a cette position-là, c'est que l'ENAP est en quelque sorte un creuset de connaissances. Parce qu'il y a
nos profs et nos chercheurs, mais il y a aussi nos étudiants, il ne faut pas l'oublier, nos étudiants
sont une partie intégrante de la communauté, non seulement par leur rapport
en tant qu'étudiants, mais par leur expertise, leur grande expérience.
70 % à
75 % de nos gens sont en fonction dans l'administration publique. Donc,
c'est des gens qui arrivent avec des cas concrets, des problèmes qu'ils
côtoient au quotidien et qu'ils exposent en classe. Donc, c'est bon pour les profs, parce qu'ils doivent se creuser les
méninges pour trouver des réponses originales à des problèmes souvent qui n'ont
pas encore été résolus. Mais c'est bon aussi
pour les autres étudiants qui voient dans ce qu'apportent leurs collègues soit
des nouvelles pistes et des échanges qui sont assez dynamiques.
Nos
programmes de formation continue sont toujours des réponses... en fait de plus
en plus, ont toujours été, mais ils sont
de plus en plus des réponses aux besoins exprimés par le gouvernement. Je vais
prendre pour exemple le Programme gouvernemental
d'apprentissage pour les gestionnaires-leaders, comme les acronymes sont bien à
la mode, on l'appelle le PGAGL. C'est
un programme qui a été monté avec les administrateurs du Conseil du trésor pour
répondre aux besoins concrets des
futurs gestionnaires de l'administration publique. Donc, c'est un programme qui
est bâti et même, dans certains aspects, administré conjointement.
En termes de
services d'accompagnement, de coaching, c'est 52 ministères et
organisations publiques qui, au cours de la dernière année, ont cogné à
notre porte pour venir demander des appuis. Et c'est la même chose au niveau
des municipalités et des communautés
autochtones. Alors, question de diversité culturelle, je vais prendre deux
exemples pour ce qui est des
municipalités : l'ensemble des cadres de la ville de Montréal seront
formés chez nous, et nous avons un projet
qui est à la fois recherche-action, évaluation, coaching, évaluation de
compétences avec la ville de Laval, qui avait certains défis à relever à
la suite des dernières élections municipales.
En termes
d'implication internationale, nous avons des grands programmes qui sont
porteurs, que ce soit du côté de la
gestion axée sur les résultats, la budgétisation axée sur les résultats. Ce
sont des programmes qui sont très, très courus. Nous avons aussi un programme en évaluation, le Programme international
de formation en évaluation du développement, qui regroupe, bon an, mal an, près d'une centaine de participants d'une
trentaine de pays dans le monde. L'ENAP est la seule université francophone accréditée par la Banque mondiale pour
donner ce programme, qui est donné en anglais par l'Université Carleton
au Canada.
En termes
d'appui au gouvernement, à la gouvernance, nous sommes présents dans de très
nombreux pays. Je vais prendre
l'exemple d'Haïti. La francophonie en général est notre terrain de jeu de
prédilection, mais Haïti est un pays où nous avons été très présents.
Au-delà du tremblement de terre, au-delà des problèmes sociaux, au-delà des
retards causés par le climat politique,
notre programme s'est poursuivi. Nous sommes à une troisième... Il y a
différents volets, on pourra y
revenir, si vous le souhaitez, à ce programme-là, mais un des volets est la
formation de gestionnaires haïtiens. Nous
sommes à la troisième cohorte. Ça veut dire qu'il va y avoir à peu près 70,
75 hauts fonctionnaires haïtiens qui seront formés. Il n'est pas impossible qu'il y ait une quatrième cohorte. Si la
chose se concrétise, bien, on aura une centaine de hauts fonctionnaires
pour, quoi, 20, 25 ministères pour l'État d'Haïti, ça veut dire quatre,
cinq personnes qui vont réussir à gravir des
échelons. On peut parler de masse critique dans un ministère. Quand quatre,
cinq personnes ont suivi une
formation semblable et qu'ils sont tous au service du même ministère, bien, on
peut changer des choses comme ça. Alors,
c'est du long terme, au mieux du moyen terme, mais parfois du long terme, mais il
ne faut pas lâcher le morceau. On continue à travailler dans ce sens-là.
Nos défis
sont grands. Évidemment, je suis le premier que vous entendez dans cette série
de témoins que vous recevez, et vous
allez l'entendre souvent, la question financière est cruciale. Chez nous, la
question financière se traduit en trois
volets particuliers. Le fait que nous soyons une université de deuxième,
troisième cycle, ce qui veut dire des groupes plus petits, moins d'ETP, et tout ça, ça fait en sorte qu'on n'a pas des
bassins, entre guillemets, de premier cycle pour favoriser notre
financement. Il y a quelques institutions, au Québec, seulement qui se
qualifient dans cette catégorie : il y a l'INRS, il y a l'ISMER à
l'UQAR — vous
allez voir peut-être tout à l'heure — et il y a nous.
On a aussi un
très fort pourcentage d'étudiants à temps partiel. 75 %, à peu près, de
nos étudiants sont à temps partiel.
Comme le financement se fait en équivalent temps complet, bien, ça prend
10 personnes qui suivent un cours pour faire l'équivalent d'un étudiant à temps complet. Et j'ai l'habitude de
dire... l'exemple est un petit peu terre à terre, mais quelqu'un qui...
Quand on fait la ligne au bureau du registraire, que ce soit en personne, au
téléphone ou en ligne, quand j'ai
10 personnes qui font la ligne, ce n'est pas un ETP qui fait la ligne,
c'est 10 personnes. Donc, le volume de services n'est pas en équivalent temps complet mais en termes de
personnes qu'on doit servir. Donc, le fait qu'on ait un fort contingent
de gens à temps partiel est important dans nos équilibres budgétaires.
Et il y a aussi ce que j'aime appeler
notre grande université de petite taille. Il y a des effets de seuil
incontournables qui doivent être
rencontrés. Il y a des coûts inhérents. Je vais rester dans le monde du
registrariat. Prenons l'Université McGill
et prenons nous, nous avons chacun un registraire, et le poids du salaire du
registraire à McGill, sur le budget total de l'université, est une fraction de ce qu'il peut être chez nous.
Alors, vous voyez que... C'est ce que j'appelle les effets de seuil. Il y a des
coûts incompressibles que nous devons rencontrer pour donner un service. Et le
fait que nous soyons de plus petite taille, bien, si on augmente le
niveau de financement de base, c'est une des solutions.
Nous sommes
monodisciplinaires, c'est un facteur qui multiplie les trois premiers que j'ai
évoqués — ces
trois facteurs-là avaient déjà été traités
dans le rapport Tremblay-Roy — et nous avons une couverture territoriale
qui exige que nous soyons présents
sur l'ensemble du territoire. Ce n'est pas nous qui décidons d'aller ici ou là,
mais un administrateur public qui
travaille le jour à Montréal ne peut pas venir étudier le soir à Québec. Il
faut que nous soyons à Montréal. Il faut que nous soyons dans
l'Outaouais. Il faut que nous soyons au Saguenay ou à Trois-Rivières. Et nous
allons aussi sur demande, au besoin, pour des moments très ponctuels, pour une
cohorte précise, quand le besoin se fait sentir.
Le
but dans notre vie, c'est de répondre aux besoins émergents des administrations
publiques, c'est notre mission, c'est
notre mandat. Et notre vision est d'être en appui au développement et au
renouvellement des administrations publiques d'ici et d'ailleurs.
L'ENAP,
c'est une alliée pour le gouvernement du Québec, pour une administration
publique en constante évolution,
c'est un catalyseur pour le rayonnement international du Québec. Nous sommes la
seule université qui possède cette
connaissance très fine que j'évoquais, des administrations publiques, et nos
activités sont directement en lien avec les défis que doit relever l'administration publique au Québec. En fait,
je pense que, les gens qui qualifient l'ENAP comme étant un joyau que le gouvernement a donné au
Québec, je n'irai sûrement pas les contredire et j'espère qu'à la fin de cette
présentation vous en serez aussi convaincus que moi. Je vous remercie.
• (14 h 20) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Michaud. Alors,
nous allons débuter la période d'échange. On va passer du côté du
gouvernement. Alors, je passe la parole au député de Papineau.
M. Iracà :
Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup, M. Michaud, et toute
votre équipe, de cette belle
présentation. Je peux vous dire que l'ENAP a gagné d'année en année en
crédibilité, et c'est tout à votre honneur, tout à l'honneur des dirigeants de l'ENAP. Vous faites un travail
exceptionnel, et ça a des répercussions non seulement au Québec, mais, je pense, un peu partout dans le
monde. Et je peux vous dire, en tant qu'ancien dirigeant de commission scolaire : Nous, on en voyait — je pense qu'ils en voient encore
aujourd'hui — des
nouveaux directeurs d'école qui sont formés
chez vous, directeurs, directrices d'école qui, en bout de piste, font une
énorme différence sur le terrain. Parce que, souvent, c'est des personnes qui ont des... ils n'ont pas de
background, si vous me permettez l'expression, en gestion, et, en passant par chez-vous, bien, ils se
retrouvent avec une base très importante, très appréciable et non négligeable.
Alors, félicitations! Je vous lance des fleurs, prenez-les.
M. Michaud
(Nelson) : Et je les partagerai.
M. Iracà :
Alors, moi, j'ai une question — vous la dirigerez à qui vous voulez dans
votre équipe — en lien
avec la page 10 du document, où
il est inscrit dans les objectifs généraux de «valoriser, diffuser les
activités et les produits de la recherche».
Si j'ai bien compris, au niveau de la recherche... Puis je fais un lien aussi
avec les études doctorales, là, parce que
je sais qu'il y a différents profils selon les universités, type plus recherche
ou type plus cours classique, donc. Est-ce que, si vous l'avez mis dans
vos objectifs généraux, c'est parce que les étudiants que vous avez chez vous
en études doctorales ont plus un profil cours...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui. Excusez-moi, M. le député de
Papineau, je voulais juste m'assurer qu'il vous suit. Des gens de...
Est-ce que... Oui?
M. Iracà :
Est-ce que vous me suivez?
M. Michaud
(Nelson) : Oui, oui, oui.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui? Vous avez le document? Parfait. Allez-y.
M. Iracà :
Alors, en lien avec les étudiants en études doctorales, je voulais juste
m'assurer si c'est parce que vous avez
davantage un profil plus classique, où c'est des cours et un peu moins de
recherche et un peu moins de publications, mais j'ai compris que vous avez quand même beaucoup de publications. Si
vous l'avez mis dans vos objectifs, c'est parce que les attentes n'étaient pas... étaient plus basses auparavant ou les
objectifs n'étaient pas atteints? Je pose la question.
M.
Michaud (Nelson) : Non. Votre question a plusieurs volets, puis elle
est très riche en ce sens-là. Notre programme de doctorat est un programme classique de
recherche qui a été démarré il y a quelques années. Nous sommes présentement en révision du programme de
doctorat. Au cours des derniers mois, le programme de doctorat a été analysé, des experts externes sont venus. Et on
n'a pas attendu l'ensemble des résultats d'évaluation, on a fait la révision
du programme de manière concomitante, de
sorte que notre programme, à partir du mois de janvier, va être complètement
revampé et va mettre l'accent sur tout ce
qu'un administrateur public doit connaître de l'administration publique et en
même temps ce qu'un chercheur doit connaître du monde de l'administration
publique.
Ce
n'est pas un doctorat professionnel que nous avons, c'est véritablement un
doctorat de recherche. La raison pour
laquelle nous avons mis cet objectif-là dans nos attentes, c'est parce que
l'amélioration est toujours nécessaire. On ne peut pas s'asseoir sur nos succès. On a eu une vingtaine de docteurs
qui ont gradué chez nous, une vingtaine d'étudiants qui ont complété le parcours de doctorat, ils ont
tous des responsabilités extrêmement intéressantes, la plupart dans le monde
universitaire, ce qui est un petit peu à l'écart
de ce qu'on retrouve généralement, parce que, de plus en plus, les gens qui
font des doctorats vont travailler dans
l'administration publique, par exemple, vont travailler dans les think tanks,
des boîtes de recherche, etc. Mais nos doctorants ont réussi à se placer
dans le monde universitaire.
Donc, dans un
monde extrêmement compétitif, ils ont réussi à performer mieux que ce qu'on
voit ailleurs en termes de placement
dans le monde universitaire. Donc, il y a un bon travail qui est fait déjà à la
base. Maintenant, est-ce que ce bon travail-là, tel qu'il a été conçu il
y a déjà presque une vingtaine d'années, est encore actuel? Bien non. La
société évolue, les besoins évoluent, ce
qu'on s'attend des gens qui ont un doctorat aujourd'hui, ce n'est pas la même
chose tout à fait. Donc, c'est pour se mettre au diapason de ces
attentes contemporaines que nous avons retravaillé l'ensemble du programme et que nous allons être prêts à le
livrer, là, tout prochainement. Toutes les étapes ont été franchies, il reste à
le mettre en oeuvre maintenant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Papineau, oui.
M.
Iracà : Merci, ça
m'éclaircit. Donc, je comprends bien que c'est un nouveau programme revampé,
donc c'est pour ça que ça se retrouve dans les objectifs généraux.
M. Michaud (Nelson) : ...continue.
M. Iracà : Parfait, parfait. Alors,
ça va, merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait? Merci beaucoup, M. le
député de Papineau. Je passe la parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Chers collègues du côté
ministériel, collègues de l'opposition, deuxième opposition. Merci de
votre présentation très intéressante. Mes salutations à l'équipe de l'ENAP.
J'aurais deux
questions, une question qui aurait à faire avec le côté pratique. Vous avez
parlé d'un exemple, il me semble,
très pertinent, du genre de collaboration au service de l'État, avec les
ministères, les ministres, et vous avez parlé du projet de loi n° 10 et tout ce qui est autour de ça. J'imagine
qu'il y avait des travaux très intéressants d'appui de l'ENAP. J'aimerais vous inviter à élaborer sur ce genre de
collaboration. Parce que ça fait partie de votre mission, en quelque part.
En même temps, c'est assez unique comme
mission par rapport aux autres institutions postsecondaires. Je vous invite de
nous parler un petit peu plus de ça, ce genre de relations là.
M. Michaud
(Nelson) : Ce serait difficile de vous donner un exemple qui
recouvrirait l'ensemble de ce qu'on peut
faire, parce que les choses sont tellement dessinées aux besoins que les
exemples sont multiples. Ce que je vous dirais, c'est trois choses. La première, oui, c'est dans notre mission, c'est
notre vocation d'être en appui à l'administration publique. Nous l'avons fait tout au long de notre existence
et nous allons continuer de le faire. C'est une chose fondamentale pour nous, d'être à l'écoute des demandes des
gouvernements, du gouvernement du Québec d'abord et avant tout, parce que
c'est là qu'est notre principal champ
d'intérêt, mais de l'ensemble des gouvernements aussi. Parce qu'il y a des
choses qu'on apprend. Je parlais tout
à l'heure d'analyse comparée. Il y a des expériences qui arrivent d'ailleurs
qui peuvent être intéressantes, que
nos professeurs prennent en considération puis peuvent lancer dans le débat.
Alors, ça aussi, ça fait partie des éléments.
Deuxième
élément de réponse que je vous donnerais, c'est qu'on tente, autant que faire
se peut, de travailler en lien non seulement avec des besoins, mais avec des
interlocuteurs qui nous aident à définir ces besoins-là. C'est-à-dire qu'on a des choses générales qui sont offertes,
nos programmes accrédités ont une base générale. Il y a certains programmes
de la Direction des services aux
organisations qui ont aussi une base générale, ce qu'on appelle les programmes
publics, mais, de plus en plus, du
côté du crédité, ça s'est vu dans l'évaluation, parce qu'on a fait l'évaluation
de l'ensemble de nos programmes au
cours des derniers mois... l'impact du milieu. On avait toujours des gens du
milieu sur les panels d'experts externes
qui venaient évaluer comment est-ce qu'on répondait aux besoins, et ce
dialogue-là est extrêmement enrichissant. Je faisais état du programme
PGAGL, et, de plus en plus, à la DSO, c'est ce qu'on va faire en termes de
services aux organisations, être à l'écoute, être en dialogue avec les
personnes qui ont des besoins concrets dans l'administration publique, et c'est
pour répondre à ces besoins-là que nous travaillons.
• (14 h 30) •
Le troisième
élément vient des résultats de tout ça. C'est un peu cybernétique, c'est-à-dire
que c'est une boucle qui se referme
sur elle-même et s'autonourrit. C'est qu'une fois qu'on a fait les choses il y
a des apprentissages qui s'en dégagent,
il y a des éléments concrets sur lesquels on peut dire : Ah! ça, c'est un
point fort. Ça, c'est un besoin qu'il faudrait creuser davantage, les questions des participants nous incitent à aller
dans tel ou tel secteur. Je vais prendre un exemple du côté crédité, on
a un microprogramme en gouvernance numérique qui est lancé cet automne. Bien,
la gouvernance numérique, il y a 15 ans
on en parlait très peu. Mais aujourd'hui c'est quelque chose absolument
d'incontournable. Est-ce qu'on a besoin d'une maîtrise complète en
gouvernance numérique? Peut-être qu'un jour on l'aura. Mais il y a des problèmes concrets, immédiats, qui doivent trouver
réponse maintenant. Or, le microprogramme de trois cours sert à ça :
encapsuler rapidement
les éléments qui vont permettre d'apporter des réponses, et ça, c'est justement
dans cette boucle de rétroaction là qui nous permet d'aller chercher des
éléments.
Donc,
vous voyez, je vous donne un peu le gabarit à partir duquel nous travaillons,
et, à partir de ça, prenez n'importe quel
exemple des services que nous offrons, autant en études créditées qu'en appui
aux organisations, et c'est la même logique
qui s'applique au niveau international, un petit peu différent parce que, là,
il faut cibler davantage, mais la base est la même, et vous allez
pouvoir expliquer telle ou telle intervention de l'ENAP à partir de ces
paramètres-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Bon, je veux passer à un autre volet, mais une autre fois en tenant
compte de votre statut assez particulier.
C'est évident que nous avons tous à se préoccuper de l'état financier de l'État
et de notre partie de l'État, et c'est à
noter qu'on parle d'un déficit qui a trait au fonds de fonctionnement de
1,9 million cette année, 1,4
l'année précédente et qu'il s'agissait, en 2011-2012, d'un surplus de quelque
483 000 $. J'aimerais poser la
question dans l'optique de vos propres constats qui ont été cités dans La Presse :
«"C'est une vieille rengaine de dire que l'administration doit faire plus avec moins", lance Nelson
Michaud, en faisant allusion aux différentes coupes budgétaires rencontrées par l'administration
publique dans son ensemble — et je vous cite : "Il s'agit de
faire autrement, dans une nouvelle
optique. À un défi nouveau, on doit apporter des réponses nouvelles"[...].
L'administration publique doit sans cesse trouver de nouvelles manières
d'être efficace.»
Mais j'aimerais vous inviter de parler de votre
propre situation et vos stratégies pour faire du redressement, mais une autre fois, compte tenu de votre mission,
je vous invite en bonne foi peut-être de nous parler... Vous êtes en train
de former les gens des futures
administrations publiques de l'État comme de toutes sortes d'organismes. Ça me
frappe de voir, dans nos préparatifs...
de témoigner de la diversité, ça va de soi, mais la diversité omniprésente au
sein de nos universités partout au
Québec. De financer de façon cohérente, équitable et progressiste un tel
système est toute une tâche de taille,
et le gouvernement, le nôtre comme les autres, est devant une question, pour
moi, assez omniprésente : Est-ce qu'on trouve l'équilibre entre un genre de financement paramétrique, qui veut
dire des fois des compressions paramétriques, bien qu'on espère des augmentations paramétriques... ou est-ce qu'on
trouve des façons de cibler l'excellence, de cibler les besoins régionaux, et tout ça, et de voir à
une façon plus difficile, et des fois, si on veut s'assurer que c'est équitable,
plus difficile d'assurer l'équitabilité quand on parle d'un financement plus
flexible?
Alors, je
vous invite... Je couvre beaucoup de terrain, mais je trouve que c'est
important de vous inviter de nous adresser sur votre propre centre,
vis-à-vis votre état des finances, mais aussi de nous indiquer, compte tenu de
votre mission, de comment mieux faire, comme
gouvernement, comme État, en ce qui a trait aux règles de financement des
institutions postsecondaires.
La Présidente
(Mme Rotiroti) : Merci. Vous avez à peu près
3 min 40 s pour répondre à la question du député de
D'Arcy-McGee.
M. Michaud (Nelson) : Oh! Bon, on va
faire preuve d'esprit de synthèse.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, puis on prendra du temps sur le côté gouvernemental si vous voulez dépasser un petit peu, de quelques
minutes, la réponse.
M. Michaud
(Nelson) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, écoutez, je vous dirais d'abord que l'ENAP, pendant 14 ans, n'a pas fait de déficit,
aller jusqu'aux chiffres que vous venez de citer, et là-dessus
je dis à qui veut l'entendre que
l'ENAP a un devoir d'exemplarité. Nous formons des administrateurs publics,
nous les voulons responsables, donc nous devons donner l'exemple de la responsabilité
nous-mêmes, ça va de soi.
Les
déficits qui ont été constatés au cours des dernières années — on
va être en déficit pour une petite période — sont
essentiellement dus à ce que j'ai appelé une
«tempête parfaite». Les économistes connaissent bien l'expression. Il y a eu
d'abord des coupures au niveau du
financement des universités, qui, évidemment... Quand on est l'université qui
est la moins financée au Québec, toute coupure fait singulièrement mal.
Donc, il y a eu cet élément-là.
L'autre
élément, parce qu'il faut... Dans le contexte, ce qu'il faut comprendre, c'est
que le financement de l'ENAP, c'est à
peu près 15 millions de dollars sur un budget de 30 millions. On est
autofinancés à hauteur de 50 %, ce qui est un niveau d'autofinancement qui est assez élevé. Dans
l'autre partie, dans l'autre 15 millions, 14, 15 millions, bien, il
fallait aussi regarder comment on
pouvait faire du renouvellement. Nos équipements informatiques ont dû être mis
à jour. Vous savez à quelle vitesse
ces choses-là peuvent aller, ne serait-ce que nos bornes de sans-fil étaient
complètement désuètes. On est arrivés à un moment clé où des
investissements devaient être faits.
Donc, baisse au niveau des revenus à cause des
coupures, augmentation des dépenses et à cela, dans la partie autofinancée qui rapporte normalement... Parce que
la Direction des services aux organisations, la Direction des affaires internationales et certains centres de recherche,
comme l'observatoire et le centre d'expertise en évaluation de programme,
sont là pour rapporter des sous à l'école.
Ils ont un devoir de financement, d'autofinancement pour eux-mêmes et ensuite
pour l'ensemble de l'école, et c'est une...
On calcule à part, pour s'assurer que les objectifs sont rencontrés. Donc,
baisse des contrats de recherche,
baisse de la demande de formation, parce que les ministères avaient moins de
budgets pour faire appel à nos
services. Alors, c'est pour ça que j'appelais ça une tempête parfaite :
diminution du fonds... des sous qui
nous sont alloués normalement, diminution de la demande dans la partie
autofinancement et augmentation des besoins qui étaient criants, qu'on
devait rencontrer.
Ceci étant dit, on a fait un plan de
retour à l'équilibre, qui a été accepté par le ministère de l'Enseignement
supérieur, sur lequel nous
travaillons présentement. Nous sommes en retour à l'équilibre. Ce plan prévoit
un retour à l'équilibre en 2017-2018. Là,
cette année, on a des coupures majeures. Pour vous donner une idée, entre le
1er mai 2014 et le 1er mai 2015, sur 218 employés à l'école, il y a
32 postes qui ne sont plus occupés. Alors, c'est un sur sept, c'est
énorme.
Donc,
on a fait des efforts aussi à l'intérieur de ça, des efforts de rationalisation
au niveau de l'administration. Nous
sommes l'université qui avait le poids administratif le moins lourd au Québec.
Dans tout le réseau de l'Université du
Québec, vous regardez dans le rapport annuel de l'UQ, le poids de notre
administration est le moins important. Mais, même à ça, et malgré la reddition de comptes qui est extrêmement lourde,
on a dû faire des efforts de compression aussi de ce côté-là, et ils ont été faits. Cette année, nous travaillons...
nous allons avoir un palier, parce que nous travaillons sur les processus, les processus, on sait que ça
ne rapporte pas immédiatement. C'est plus dans le moyen terme, et notre
moyen terme est à très court terme, c'est l'année suivante où, là, on va
pouvoir effacer le déficit.
Alors,
on travaille vraiment sur l'ensemble des secteurs. On s'est donné la base pour
nous permettre de continuer d'aller
plus loin. On a coupé dans des endroits qui étaient essentiels pour nous, mais
qu'on a priorisés autrement. On a reporté
toutes les dépenses qui pouvaient être reportées et on va suivre, de manière
mensuelle, l'évolution budgétaire, et les indications que nous avons à
date, c'est qu'on est sur la cible.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci beaucoup. On va passer
du côté de l'opposition officielle. Alors, je cède la parole à Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Mme la
présidente, M. le directeur et toute votre équipe, bienvenue. Merci beaucoup de prendre le temps.
C'est, pour nous, très important. Ça fait partie, pour cette commission,
de nos mandats statutaires, conférés, donc,
par la loi. Donc, c'est une mine de renseignements et c'est très précieux de
pouvoir échanger avec vous.
Je
vais poursuivre dans la même veine que mon collègue, sur la situation
financière. Quand on fait une petite revue de presse, on voit, oui, qu'il y a quelques années l'ENAP était très
fière de dire qu'elle rejetait la possibilité de faire un déficit, et là on se rend compte que, depuis deux
ans, le déficit doit être au rendez-vous. Moi, j'aimerais savoir — parce qu'on n'est pas en mesure, là, d'avoir le détail juste à la lumière des
informations qui nous sont transmises — l'ampleur de la compression. Quand on lisait un article dans Le Soleil, au
mois de mars, on parlait d'une compression pour l'ENAP de 3,6 millions qui était demandée, donc,
d'effort budgétaire, mais on était en mars. Je voulais savoir si c'est l'ordre
de grandeur de la compression qui est
la vôtre pour l'année en cours ainsi que l'effort budgétaire qui vous était
demandé l'année dernière.
• (14 h 40) •
M.
Michaud (Nelson) : Là-dessus, je vous dirais que ça, c'était le
déficit anticipé pour l'année en cours, 3,6 millions. On a eu des relativement bonnes nouvelles. Parce que,
dès qu'on a vu que les choses s'alignaient vers ça, on a fermé... tous les robinets qu'on pouvait fermer,
on les a fermés. On a mieux fait de 500 000 $.
Donc, ça fait partie des efforts
concrets qui ont rapporté, et c'est ce montant-là qu'on va résorber jusqu'en
2017-2018. En 2017-2018, on va retrouver l'équilibre budgétaire avec un
léger surplus.
Mme
Hivon : Ça, c'est votre déficit, donc c'était ce qui était
anticipé comme déficit. Finalement, vous me dites, c'est
500 000 $ de mieux. Donc, on est à trois virgule...
M. Michaud
(Nelson) : 3,1.
Mme
Hivon :
Pardon?
M. Michaud
(Nelson) : 3,1.
Mme
Hivon :
3,1, c'est ça. Puis l'effort budgétaire qui vous était demandé cette année, de
compression?
M. Michaud
(Nelson) : Notre effort de compression, il est aux alentours des
3 millions cette année.
Mme
Hivon :
3 millions? O.K. Puis l'année dernière?
M.
Michaud (Nelson) : Bien, l'année dernière, on a été... on a essayé
de... Comme je disais tout à l'heure, c'étaient des années où il fallait consolider des choses, parce qu'il y a une base
minimale sur laquelle on devait travailler. Et tout ça s'est fait avec le conseil d'administration. On a
eu l'aval du conseil là-dessus, on a eu l'approbation du ministère, parce
qu'on a reçu nos subventions
conditionnelles. Comme vous savez, la subvention conditionnelle est conditionnelle
soit à l'équilibre budgétaire soit à un plan de redressement qui est
accepté par le ministère.
Et
le fait qu'il y ait eu plusieurs coupures — certaines coupures ont été annoncées en
cours d'année — demande
toujours de se retourner à la dernière minute.
Il y a une année, je me souviens, on avait une coupure extrêmement importante
à apporter, qui était à peu près
l'équivalent de... parce que c'était sur l'année. Annoncé comme ça, ça paraît
bien, mais, quand on nous l'annonce
au mois de janvier puis que l'année se termine le 30 avril, bien, c'était
l'équivalent de couper 15 % du
budget sur les mois qui restaient. Quand on considère qu'on a entre 84 %
et 87 % du budget en masse salariale, couper 15 % sur ce qu'il reste, c'est-à-dire qu'on ferme les lumières,
on ne chauffe plus puis on coupe l'eau. Ça, on ne peut pas faire ça.
Alors, ce sont ces
éléments-là, là, qui ont grevé des déficits dans nos budgets, et, comme on
s'apercevait... La première année, on
dit : C'est conjoncturel, on va reprendre le pas. La deuxième, on
dit : Oh! il faut arrêter des choses, et c'est ce qu'on a fait. La troisième, on dit : Oh! là, il faut
véritablement ramener, et c'est pour ça qu'on a coupé des postes. Comme je vous dis, un poste sur sept, ça fait
mal. C'est des compressions majeures. Il y a des choses qu'on ne peut
plus faire.
Ce qu'on
garde à l'esprit, c'est la qualité de l'enseignement, c'est la qualité des
services que nous donnons. Et là-dessus
on va demeurer intraitables, parce que la réputation de l'ENAP est justement
due à sa qualité, non seulement la
qualité de sa propre gestion, mais la qualité des services que nous pouvons
rendre à l'administration publique, la qualité des formations que nous offrons. Donc, là-dessus, il faut absolument se
garder les outils pour poursuivre en ce sens-là.
Mme
Hivon :
Donc, dans votre plan de redressement, là je comprends qu'évidemment il y a une
mesure très, très à court terme qui a
été de couper un poste sur sept, en gros, donc de ne pas, j'imagine, pourvoir
des postes qui étaient vacants et en
plus d'en couper... ou essentiellement, avec les postes vacants, vous avez été
capables de répondre à votre commande?
M. Michaud
(Nelson) : Non, il a dû y avoir des mises à pied. Ce qu'on a fait...
Évidemment, il y a des postes vacants.
Lorsqu'ils n'étaient pas absolument essentiels, ceux-là n'ont pas été
remplacés. Si c'était essentiel, bien, il fallait remplacer. Puis un bon exemple, c'est notre
directeur de l'administration. Ça prend quelqu'un pour faire le travail, là, d'autant plus qu'il occupe aussi le poste de
secrétaire général. Alors, il y a deux chapeaux pour la même personne. On ne pouvait pas laisser le poste vacant. Par
contre, certains postes vacants sont demeurés vacants. Des postes contractuels, s'ils étaient absolument essentiels,
ont été dotés avec des gens qui étaient déjà à l'interne, dans des postes
réguliers. Les gens ont gardé leurs postes,
mais les responsabilités ont changé. Et, les postes contractuels qui pouvaient
être abandonnés, coupés, mis à pied, bien, on l'a fait aussi.
Donc, ce
n'est pas une seule mesure qui a été appliquée. On a véritablement été, là,
dans le fin détail. Je donnais l'exemple
que, si on avait travaillé au scalpel, on aurait été beaucoup trop brutaux. On
a travaillé au laser pour faire la chirurgie.
C'est véritablement découpé, là, très finement pour s'assurer... Quand on a une
petite équipe, on n'a pas le choix, il faut
que les équilibres demeurent, il faut que notre mission soit remplie parce que...
L'objectif était double : remplir la mission de l'ENAP, assurer la pérennité de l'institution. Ça, c'étaient
les deux éléments sur lesquels nous avons ancré toute notre action de
redressement.
Mme
Hivon :
Donc, au total, ça représente combien de postes de coupés puis combien qui font
partie du corps, je dirais,
professoral ou qui étaient de la nature de l'enseignement, que ce soient des
professeurs ou des chargés de cours, la réduction de poste?
M. Michaud
(Nelson) : Oui, les chargés de cours... On n'a pas de chargé de cours,
entre guillemets, permanent chez
nous, Ils sont à contrat session par session, et ça va selon la demande. Et
là-dessus le directeur de l'enseignement et de la recherche a fait un travail colossal de rationalisation de
l'offre de cours : s'assurer que les étudiants puissent faire leur cheminement dans nos programmes, que les
cours nécessaires au cheminement soient offerts, mais s'assurer aussi
d'une optimisation de l'offre, de sorte que, du coup, on a eu besoin de moins
de chargés de cours.
Pour ce qui
est du corps professoral... Et vous ouvrez une porte intéressante ici, parce
que c'est vrai que, pendant 14 ans,
on n'a pas fait de déficit financier, mais on a fait un déficit au niveau du
corps professoral et on a fait un déficit en termes de ressources administratives. Si on était l'université qui
avait le poids administratif le moins lourd, ce n'est pas pour rien,
c'est parce qu'on réussissait à répondre aux exigences, mais rien de plus.
Alors, pour
ce qui est du corps professoral, on a engagé un prof au cours des deux, trois
dernières années, seulement. Toutes
les prises de retraite n'ont pas été remplacées, loin de là, de sorte qu'il y a
une attrition qui se fait au niveau du corps
professoral. On est six ou sept profs en deçà de ce qu'on devrait être
normalement, de sorte qu'on n'a pas eu de coupure à faire dans le corps professoral, parce que déjà l'effort que
les professeurs ont donné était très grand. Et la première chose qu'il faudra faire en termes de prochain
réinvestissement à l'école, c'est d'investir dans le corps professoral, qui
doit être renouvellé, qui doit être enrichi.
Mme
Hivon :
O.K. Donc, six, sept professeurs de moins, mais c'étaient des postes vacants,
des gens qui partaient à la retraite.
Il n'y a pas eu comme telle d'abolition de gens qui étaient déjà en poste.
Donc, essentiellement, quand vous parlez d'un poste sur sept, c'est
beaucoup au niveau administratif que ces coupes de poste là ont lieu.
M. Michaud
(Nelson) : Bien, les prises de retraite non remplacées rentrent
là-dedans, il y a des postes administratifs,
il y a des postes dans les pôles de recherche, qui ont diminué. On a fusionné
administrativement l'Observatoire d'administration
publique et le centre de recherche et d'expertise en évaluation de programme
pour pouvoir diminuer la charge
administrative, justement. Comme je disais tout à l'heure, il n'y a aucune pierre
qui est restée en place, on a retourné chacune
d'entre elles. On a été voir dans tous les secteurs ce qu'il était possible
d'aller chercher. On a eu une contribution remarquable de l'ensemble de la communauté. Je pense qu'il est important
de souligner que la communauté de l'ENAP — et j'interpelle
mes collègues, qui pourront en témoigner — l'ensemble de la communauté de l'ENAP a
senti l'urgence d'agir. Tout le monde
a mis l'épaule à la roue, tout le monde a contribué et tout le monde est
convaincu que c'est une institution qui a un bel avenir.
Ce que je dis
souvent aux gens, c'est que, le jour où cette tempête-là sera passée, il faudra
être prêts à rebondir. Il faudra être
prêts à continuer notre croissance, il faudra être prêts à reprendre la voie de
l'excellence dans la diversification. Là, on maintient la voie de l'excellence dans ce
que nous faisons de mieux, mais il faudra aussi être innovants et, à partir
de là, il faudra avoir ce que j'appelle les
pieds dans les blocs de départ. Il ne faudra pas attendre sur le banc que le
signal soit donné, il faudra être prêts, et c'est à ça qu'on se prépare
présentement.
Mme
Hivon : On sent
votre dynamisme intact. Donc...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Quatre minutes, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Quatre minutes, parfait. Vous faisiez référence — c'est quelque chose que je voulais demander
d'ailleurs à votre collègue, donc,
concernant le directeur, là, la direction de l'enseignement — qu'il y avait eu une belle contribution, parce qu'il y avait eu une certaine
rationalisation ou une révision, j'imagine, de l'offre de cours. C'est sûr
qu'avec le type, la nature du travail qui
est celui de l'ENAP puis les gens qui vont étudier chez vous, ça prend quand
même une diversité d'offres de cours,
même si souvent ce sont de petits groupes, parce que, bon, c'est des gens qui
ont divers horizons, qui ont
différents besoins. Comment vous avez procédé puis comment vous pouvez
continuer à assurer la qualité de
l'enseignement malgré le fait que, de ce que j'en comprends, l'offre de cours a
dû être diminuée, je ne sais pas jusqu'à quelle ampleur, là, peut-être
nous l'indiquer aussi?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...vous identifiez, monsieur...
• (14 h 50) •
M. Bourret
(André) : O.K. — bon, voilà, ça s'allume. Bien, premièrement, information très,
très factuelle, c'est à peu près
8 %, les groupes-cours que nous avons dû couper. Donc, ce n'est pas un travail sauvage. Et le cas le plus typique,
c'est certains cours de base qui sont
répétés quatre, cinq, six fois, bien, on offrait un groupe-cours de moins, là, surtout sur le campus de Montréal. Il ne faut pas se le cacher, le campus de Montréal, là, l'ENAP, c'est la moitié des étudiants de
l'ENAP, alors il y a un peu plus de facilité à
faire cette gestion, alors c'est ce que nous avons fait.
On
parlait des coupures, tantôt, de poste, par exemple, de chargé de cours, bien,
ce ne sont pas des postes, hein, ce sont des contrats. Mais la situation
typique, il y a très, très peu de chargés de cours qui ont cessé de donner des cours à l'ENAP. Il y en
avait peut-être qui en donnaient deux, trois. Bien là, ça a été réduit à un ou
deux contrats de charge de cours. Donc, ça n'a pas été trop souffrant
non plus.
Et
tout ça s'accompagne... Nelson Michaud en a parlé un peu, il faut dire que,
l'ENAP, toute la programmation créditée de l'ENAP est en renouvellement. Alors, il y a eu évaluation de notre maîtrise en
administration publique pour gestionnaires,
là, qui était le programme le plus professionnel. Il y a une nouvelle version,
cet automne, qui a été mise sur pied,
qui est plus simple comme programmation, on a moins de cours à offrir. Il y a
une plus forte concentration de cours obligatoires.
Alors, ce n'était pas dans un dessein de rationalisation, c'était dans le
dessein d'offrir une meilleure formation, plus cohérente, mais ça a
l'effet secondaire positif d'avoir moins de cours à offrir.
Donc,
ça a été fait dans un contexte comme ça aussi, pas juste de coupures pour les
coupures, mais de révision de la programmation.
Et on est en train de revoir la maîtrise dite pour analystes, qui s'adresse
plus à des gens qui sont personnel d'appui, professionnels, et sans
doute qu'on va avoir la même approche aussi, là, de concentrer un peu ce programme-là, là, le rendre meilleur et du coup
aussi offrir moins de cours. Et, dans le cadre du doctorat qui est en révision,
bien là, il n'y a aucune rationalisation de
cours à envisager, bien au contraire. C'est un programme qui se porte bien, qui
fait le plein d'étudiants, qui a déjà une
bonne réputation, des diplômés qui ont beaucoup de succès. Mais c'est quand
même une réforme audacieuse qui est
en place pour offrir des cours plus pertinents, un peu plus adaptés à la
réalité diverse du marché de
l'emploi. Ces gens-là ne seront pas nécessairement
universitaires, même s'ils ont un doctorat. Alors, on essaie de renouveler un peu l'orientation du programme de
ce point de vue là. Donc, ça n'a pas été fait comme ça, là, de manière
strictement financière, cette rationalisation de cours.
Mme
Hivon :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va
passer au deuxième groupe de l'opposition.
Alors, je passe la parole au député de Chambly. Oh!
Une voix
:
C'est correct?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oh! Excusez-moi. C'est moi qui a commis un impair. On
passe au côté du gouvernement, puis on
revient à vous par la suite. Désolée. Alors, on va passer au côté du
gouvernement pour une période de 16 minutes. Alors, je cède la
parole au député de Jean-Talon.
M.
Proulx : Merci. Mme la présidente, M.
Michaud, toute votre équipe, bonjour. Je salue également les collègues, puisque c'est, vous comprendrez, ma première présence à la commission parlementaire depuis l'élection du 8 juin dernier. C'est pour moi un retour, et je suis très heureux
d'avoir l'occasion de le faire aujourd'hui dans cette commission,
mais également avec vous, parce que
j'ai de l'estime et du respect pour ce que vous faites.
Vous comprendrez que
je n'étais pas présent en 1969, lorsqu'on a créé l'ENAP. Par contre, j'aurais aimé être témoin de la réflexion que les gens avaient à l'époque de vouloir
outiller et mieux former notre administration publique. Moi, je suis
toujours intéressé, impressionné par ces gens-là, comme vous, qui réfléchissent
à comment on peut faire mieux, comment on peut s'instruire tout au long
de notre travail pour rendre cette administration
publique là encore plus performante,
et dont on doit être fier, parce qu'on en est fier, mais la rendre mieux
outillée pour les défis de demain. Elle est aujourd'hui manifestement
mieux outillée, hein? La mission que vous aviez en 1969, vous et les autres, a
été, je pense, accomplie, mais il reste encore à faire, et vous avez
encore toute cette pertinence.
La question que je me pose, c'est la
suivante. Vous l'avez dit tout à l'heure dans votre présentation, M. Michaud, c'est qu'on est à une époque ou dans un contexte où il y aura vraisemblablement des
prises à la retraite. Il y a un changement de garde qui s'opère.
C'est vrai dans la politique, c'est vrai dans les affaires, c'est vrai dans les
services, mais c'est aussi vrai dans
l'administration publique, parce qu'il y aura de nouveaux gestionnaires qui
seront promus au cours des prochaines années.
Quelles sont les stratégies, ou quelle est votre vision, ou quels sont les
projets que vous caressez ou que vous avez pour faire en sorte de continuer à intéresser les jeunes dans
l'administration publique d'aller acquérir une formation chez vous et peut-être, par le fait même, faire en
sorte de voir vos effectifs augmenter? Parce que je pense que c'est une des
pistes de solution également pour vous, bien
sûr de toujours se renouveler, mais également de voir la densité de gens qui
fréquentent notre institution augmenter au fil du temps. Alors, qu'est-ce qui
fait qu'aujourd'hui on va, et de manière différente,
intéresser un jeune dans l'administration publique, ou une jeune personne, ou
une personne dans l'administration publique,
à se rendre chez vous et pour des raisons qui sont bien évidemment différentes
de ce qui se faisait lorsque ça a été créé?
M.
Michaud (Nelson) : Elles sont différentes jusqu'à un certain
point, parce que le contexte a changé, mais fondamentalement l'administration publique du Québec est héritière d'une
magnifique histoire. C'est une volonté collective qui a bâti l'administration publique québécoise.
C'est une volonté de doter l'État du Québec d'une équipe performante, efficace, et au coeur de ces débats-là a surgi
l'idée d'avoir une institution spécialisée pour appuyer cet exercice. Ça a été
notre quotidien depuis la première journée que l'école a ouvert.
En
2015, comment traduire cette volonté d'attirer des gens? Je pense
que c'est en grande partie en augmentant la... je n'ose pas dire la crédibilité, parce qu'on a une administration publique qui est crédible, mais, dans l'oeil du public, il y a plusieurs
milieux qui sont extrêmement sévères vis-à-vis de nos administrateurs publics. Comme on
dit : Qui aime bien châtie
bien. Dans certains cas, il y a des gens qui sont follement amoureux de l'administration publique, parce qu'ils châtient
beaucoup, et des politiciens, d'ailleurs,
mais ce n'est pas toujours aussi fondé qu'on peut le voir. Et ça, si on
travaille sur la valorisation de l'administration publique... Et c'est
la responsabilité d'une institution comme la nôtre, c'est la responsabilité que vous avez. Parce que vous êtes des administrateurs publics, vous êtes
des administrateurs publics élus et
non pas mandatés, mais vous travaillez dans
le domaine public, vous autres aussi, et, vous l'avez évoqué, vous avez
un peu le ressac de tout ça.
Je
pense qu'il y a un gros effort de valorisation de l'administration publique qui
doit être fait. L'ENAP travaille de près avec des organismes qui sont
voués à ça, notamment l'Institut d'administration publique du Québec,
l'Institut d'administration publique du
Canada. Nous travaillons pour que l'image de l'administration publique soit
perçue pas avec des lunettes peintes
rose bonbon, mais pour ce qu'elle vaut véritablement. Nous avons des gens
compétents. Nous avons des gens qui
sont dédiés. Nous avons des gens... C'est vrai qu'ils ont des conditions de
travail différentes du secteur privé, mais
il y a l'ancien secrétaire général du gouvernement qui disait que travailler
dans le secteur privé, c'est difficile. Il avait vécu les deux et il disait que, si on rate notre coup dans le secteur
privé, c'est la mort, donc c'est difficile. Quelqu'un qui rate son coup dans l'administration publique,
c'est rare que c'est la mort qui l'attend, il va avoir sa job le lendemain
matin quand même. Mais c'est
drôlement plus complexe de travailler dans le secteur public que dans le
secteur privé. Le secteur privé,
c'est voué à faire des profits, à faire en sorte que le produit occupe sa niche
de marché, qu'on soit en mesure de bien se défendre avec les règles du marché. Dans le secteur public, c'est
beaucoup plus complexe comme milieu, il y a tellement d'autres choses
qui doivent être prises en considération. Essayer de dire que l'administration
publique, ça s'explique facilement, c'est
faire erreur en partant, parce que c'est un milieu complexe. Et c'est notre
travail... Nos professeurs, là-dessus, ils font un travail admirable.
Quand vous voyez des profs de l'ENAP intervenir dans les débats, dans les
médias pour expliquer des choses, ça fait
aussi partie de ce que nous savons faire, amener auprès des gens une
compréhension meilleure de leur administration publique. Alors, il n'y a
pas une seule réponse, c'est un grand ensemble.
On
essaie de travailler aussi avec nos collègues des autres universités. On entend
souvent parler de la compétition entre
les universités. Dans notre cas, on travaille beaucoup en collaboration. On
travaille en collaboration notamment avec l'Université de Sherbrooke, où un de
nos profs travaille sur un... aux visées d'un centre de recherche de la Faculté
de médecine de l'Université de Sherbrooke,
notre titulaire de chaire du Canada en gestion des services de santé. On
travaille de près aussi... On est en
train de mettre sur pied un programme pour les Premières Nations. Je sais que,
certains d'entre vous, c'est un sujet
qui vous intéresse particulièrement, les Premières Nations. Bien, on est en
train de travailler là-dessus avec
l'appui des communautés des Premières Nations, mais on sait très bien que
l'UQAC à Rouyn, l'UQAC à Chicoutimi, Saguenay
sont déjà en lien. Est-ce qu'on va tout réinventer? On va travailler dans le
domaine de l'administration publique, qui
est notre domaine de spécialité, mais ces collègues-là de ces universités-là
ont déjà des atomes crochus avec certaines communautés, des ponts, des choses qui se font, bien, on va travailler
avec ces collègues-là pour aller de l'avant. Donc, on travaille sur plusieurs secteurs, dans plusieurs
volets, pour essayer de faire avancer, selon le public auquel on s'adresse, une
plus grande crédibilité de l'administration
publique, une volonté de comprendre comment fonctionne l'administration
publique.
Je
terminerai en vous donnant un exemple. Si vous allez dans un musée
d'aéronautique, vous allez sans doute
voir une aile d'avion, puis ils vont vous
expliquer comment ça se fait qu'un avion peut voler. C'est la base. Vous allez
sortir de là en comprenant qu'est-ce qui se passe, mais vous n'aurez pas un
brevet de pilote, vous ne pourrez pas piloter un avion demain matin. Si vous voulez avoir un brevet de pilote pour
l'administration publique, vous venez à l'ENAP. Si vous voulez comprendre comment ça se passe, il y a
plusieurs forums qui peuvent vous l'expliquer, mais chez nous, on forme des gens pour apprendre à piloter dans
l'administration publique, pour être en mesure de naviguer dans ce monde
complexe qui leur présente des défis absolument stimulants mais pour lesquels
il faut qu'ils soient bien outillés.
• (15 heures) •
M. Proulx : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Ça va, M. le député?
M. Proulx : Oui, ça va.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui?
M. Proulx : ...sur un autre sujet.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Alors, M. le député de
Sherbrooke, la parole est à vous. Il vous reste
7 min 40 s.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de
vous souhaiter, mesdames et messieurs, la bienvenue à l'Assemblée
nationale.
Écoutez, je
vais faire un petit peu de pouce sur le sujet qui a été abordé par mon collègue
nouvellement élu dans Jean-Talon, à
qui on souhaite la bienvenue aussi à l'Assemblée, toute la question des
effectifs étudiants, vous en avez parlé aussi tantôt, de la compétition
qui existe entre les universités pour attirer les meilleurs professeurs, les
meilleurs chercheurs, mais évidemment une compétition, on va se le dire, entre
les établissements universitaires pour attirer les étudiants, et ça a une conséquence sur le rayonnement de votre
institution, évidemment sur le financement, également, de votre
institution.
Tantôt, le
collègue de Jean-Talon disait que vous étiez à la recherche de moyens
d'augmenter vos effectifs étudiants, et,
lorsqu'on regarde, on regarde les chiffres, on remarque la croissance, il y
avait une croissance en termes d'effectifs étudiants, à l'ENAP, jusqu'au début des années 2000, mais que même,
au cours des derniers exercices, il y a eu un léger déclin. Alors, je
voulais voir un petit peu quelle était votre lecture de ce phénomène-là,
comment vous expliquez ça, notamment
lorsqu'on regarde au niveau des étudiants étrangers. En comparaison, depuis
2008-2009, ça a presque triplé. Alors, qu'est-ce qui explique qu'il y a
moins d'inscriptions dans les programmes offerts par l'ENAP au cours des dernières années et qu'il y avait autrefois une
croissance dans votre nombre d'effectifs, et aujourd'hui ce n'est pas le cas?
M. Michaud (Nelson) : Merci
beaucoup. Je demanderai peut-être à André Bourret de compléter ma réponse s'il y a des éléments à ajouter, mais je vous
dirais deux ou trois choses d'entrée de jeu. La première, les effectifs ont été
en croissance jusqu'en 2011-2012, à peu
près, et par la suite, effectivement, on a vu une baisse. Qu'est-ce qui s'est
passé? Différentes choses, certaines
que j'ai évoquées tout à l'heure. Pour bien comprendre cette diminution-là, il
faut comprendre qu'elle est mesurée
en équivalents temps complet, c'est ce que je disais tout à l'heure, une
personne qui suit 10 cours dans l'année.
Ce qu'on a remarqué, première des choses, c'est que les gens qui suivaient deux
cours par session, donc à peu près
quatre, parfois cinq cours par année, parce qu'ils en prenaient un à la session
d'été, en suivent de plus en plus un par session puis pas du tout à l'été. Alors, on passe de quatre, cinq cours
à deux. Alors, ce n'est pas tant le nombre de personnes qui nous fréquentent, il y a une petite baisse,
mais pas si marquée que ça et pas aussi marquée en nombre de personnes qu'en équivalents temps complet, c'est que les
gens étudient beaucoup plus à temps partiel qu'ils ne le... à temps plus
partiel, je devrais dire, qu'ils ne le faisaient auparavant. Ça, c'est le
premier constat.
Le deuxième
constat, qui, lui, est plus encourageant, c'est qu'au niveau de notre maîtrise
pour gestionnaires on est, en fait, à
l'heure actuelle, en légère hausse, on a repris la hausse pour cette
maîtrise-là. En corollaire, ça nous apprend que c'est la maîtrise pour analystes, donc des gens qui n'ont pas
d'expérience ou qui ont moins d'expérience dans l'administration publique, qui est en baisse. À cet égard, deux facteurs
particuliers : le premier, l'attractivité. Le député de Jean-Talon l'évoquait tout à l'heure, qu'est-ce
qu'on fait pour dire à un jeune qui sort du bac : L'administration
publique, c'est ton avenir? Je côtoie
des administrateurs publics qui ont de la misère à convaincre leurs propres
enfants, parce que, justement, le
buzz, le mot du jour, c'est de dire : Bon, bien, on coupe un poste sur
deux qui part à la retraite. Il faut avoir des budgets équilibrés. Donc, il y aura moins d'investissement. En
réalité, puis vous avez vu les crédits, le budget du Québec continue d'augmenter, on n'investit pas moins dans
le gouvernement du Québec, mais on investit moins rapidement. Ça, ce n'est pas le message que la plupart des gens
entendent, de sorte qu'il y a cette partie plus pédagogique, je dirais, qu'il
faut aussi faire.
Un autre élément qui est... Parce que vous
comprendrez qu'on a fait une analyse assez pointue de la situation. L'autre élément qui a été porté à notre attention,
c'est qu'on avait... Vous avez évoqué les étudiants étrangers. La principale augmentation de nos étudiants étrangers vient du programme canadien des
boursiers de la Francophonie. L'ENAP est une des universités qui est accréditée pour recevoir ces étudiants-là.
Et on a, au cours des dernières années, fait le plein de plus en plus de
ces étudiants.
Outre ces
étudiants-là, les étudiants qui arrivent par eux-mêmes, je dirais, sont souvent
des étudiants qui viennent de pays
francophones où la norme est davantage celle imposée par l'ENA de France. Comme
vous savez peut-être, l'École nationale
d'administration en France, c'est un concours pour y entrer, et, si vous
réussissez le concours, vous devenez fonctionnaire
immédiatement. Alors, quelqu'un qui arrive au Québec, qui pense qu'en venant
à l'ENAP il devient fonctionnaire immédiatement,
se retrouve avec une petite déception, parce que ce n'est pas le cas, il y a
d'autres concours à passer par après.
Alors, quand l'administration publique est fermée et qu'on dit à ces
gens-là : Non, vous n'aurez pas une job immédiatement en sortant, bien, ces gens-là vont se retirer. Et c'est ce
qu'on a trouvé dans nos chiffres, qu'il y a un retrait de ces
personnes-là.
L'autre élément qu'on a découvert,
c'est que le secteur de la santé nous a désertés assez massivement au cours
des deux dernières sessions,
essentiellement, pour des raisons que vous comprendrez. Les gestionnaires dans
le secteur de la santé qui ont été
interpellés pour dire : On remet les pendules à l'heure, la balance à zéro
et on recommence avec une feuille
vierge, bien là, ils ne savent pas trop qu'est-ce qui se passe. Avant d'aller
se former, ils vont attendre de voir quelle projection ils peuvent
donner à leur carrière. Et on a vu une baisse des gens qui proviennent du
secteur de la santé.
Alors,
en gros, c'est un peu le portrait. C'est extrêmement circonstanciel.
Comme vous voyez, il n'y a rien de lié à la compétence de notre corps
enseignant, à la pertinence de nos enseignements. Le taux de satisfaction de
nos étudiants demeure très élevé, aux
alentours de 90 %, des cotes positives, c'est-à-dire les étudiants
sont satisfaits ou très satisfaits des
divers éléments qu'ils évaluent dans le cours, à la hauteur de 90 %, ce
qui est excellent. Donc, ce n'est pas là où on doit travailler
fondamentalement. C'est dans les autres secteurs, qui sont en très grande
partie en dehors de notre contrôle. Qu'est-ce
qu'on peut faire? Être plus attractifs, plus en lien avec les besoins de l'administration publique contemporaine,
et c'est ce qu'André Bourret évoquait tout à l'heure. On est en train de revoir
nos programmes pour répondre encore davantage aux besoins de l'administration
publique, et ça, ça va nous attirer du monde, au-delà des circonstances.
Il
y a eu le gouvernement fédéral, puis je termine avec cette petite parenthèse,
pour notre campus de Gatineau, vous
savez, les coupures qui ont été faites au gouvernement fédéral de manière très,
très forte. Alors, évidemment, les gens
dans l'Outaouais, les Québécois qui travaillent au gouvernement fédéral ont moins
fréquenté l'ENAP. Mais là, depuis la
dernière session, la session d'hiver, on a vu une reprise et de l'embauche dans
l'administration publique et de nouveaux étudiants qui nous fréquentent. Lorsque M. Coiteux a annoncé au mois de mars que l'administration
publique du Québec allait
recommencer à embaucher, pour nous, ça a été une excellente nouvelle. Parce que
le message positif que les gens attendaient
pour venir chez nous a été lancé. Et, en ce sens-là, on s'attend... on va voir,
on n'a pas encore les chiffres pour l'automne — vous
comprendrez, la session commence la semaine prochaine — mais
on s'attend à ce que les choses commencent à bouger aussi en ce sens-là. M.
Bourret, je ne sais pas si vous avez des éléments de complément un peu?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En quelques secondes.
M. Bourret
(André) : Quelques secondes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
M. Bourret
(André) : Je vais répéter ça. Extrêmement important : Notre
programme dit pour gestionnaires, le programme le plus ancien, c'est 85 %
des inscriptions, mais massivement à temps partiel. Le programme dit pour
professionnels analystes, c'est 15 % des inscriptions massivement à temps
complet. Si on retirait le programme pour analystes
des données — et
vous n'avez pas ce niveau de détail là dans les données qu'on vous fournit — on
serait en croissance actuellement. Alors, il faut absolument travailler pour aller chercher les jeunes et
promouvoir l'administration
publique, promouvoir la recherche en administration publique, c'est ça, notre
défi actuellement.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Bourret. Alors là, c'est vrai, on passe à un deuxième groupe
de l'opposition pour une
période de 19 min 30 s. Alors, je cède la parole au député de Chambly.
• (15 h 10) •
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Je salue les collègues. Et je
vous remercie de votre présentation très claire jusqu'à présent. Je vais
poursuivre sur ce que mes collègues ont déjà posé comme questions.
Déjà,
on voit qu'il y a une petite période de recul, de décroissance. Vous avez parlé
de tempête parfaite. Bref, on a hâte de s'en sortir, d'après ce que je
comprends. Moi, j'ai retenu des choses importantes : six à sept profs en
deçà du nécessaire, révision de l'offre de
cours — ça, en
français, c'est une coupure de l'offre de cours — de l'ordre de 8 %, et vous avez dit qu'en 2015-2016 vous devez vivre
avec une compression d'environ 3 millions, et ça, c'est une compression sur
une compression. C'est une coupure par rapport aux années passées. Le budget...
Combien vous manque-t-il cette année pour...
Combien vous manquerait-il pour vous développer, là, comme vous voudriez le
faire, en éliminant cette révision d'offre
de cours, en embauchant vos six à sept profs nécessaires? Quel est le chiffre
magique, là? Vous manquez combien de dollars pour l'année 2015-2016?
M.
Michaud (Nelson) : Écoutez,
je ne suis pas un très bon magicien, je suis plus dans le concret. Donc, vous
me permettrez d'aller avec des
éléments de réponse qui vont davantage expliquer les grandes orientations que nous souhaitons donner.
L'engagement des professeurs, je l'ai évoqué, est quelque chose de fondamental
sur lequel nous devons travailler dès
qu'on aura la mesure de le faire. Puis, dans n'importe quelle université au Québec, un prof qui commence, avec
les avantages sociaux et tout, et
tout, on parle d'à peu près 100 000 $ de budget
qu'on doit prévoir par personne. Donc, on parle de trois quarts de
million en partant, là. Donc, ça, c'est quelque chose qui est structuré déjà
d'avance.
Pour ce qui
est du reste, je vous dirais qu'on saisit l'opportunité qui nous est présentée
aussi, parce que, oui, on est en train de refaire des choses, mais
est-ce que nos cours qui ont été... L'offre de cours qui a été retravaillée, on
s'est aperçus que peut-être qu'au fil des ans il y a eu une dispersion. Ça
arrive dans toutes les universités. Il y a un prof hyperspécialiste de tel secteur qui arrive, qui donne tel cours, et
puis, lorsqu'il prend sa retraite, le cours reste au catalogue, puis on trouve du monde pour le donner, mais en
réalité l'expertise de base n'est pas la même. Et est-ce que c'est toujours
nécessaire? Est-ce que
c'est un cours qui est toujours d'actualité dans le cheminement des étudiants?
Tout ça en fait partie. La coupure
nous a permis de faire un exercice d'évaluation de notre offre. On l'a fait,
oui, pour des raisons budgétaires en grande partie, mais il y a tout
l'aspect rationalisation de l'offre qui a aussi été faite. Ça a été une étude extrêmement
approfondie de la pertinence, et on l'a
faite en parallèle de l'évaluation des programmes, de sorte — et c'est
à la demande même des professeurs — d'éviter cette dispersion-là.
Oui?
M.
Roberge : Donc, question
claire, là : Il vous manquerait, vous m'avez dit, 750 000 $ cette année, et l'ENAP serait bien financée. C'est de ça dont... Parce
que je vous ai posé une question en chiffres, puis vous me répondez en mots,
là, mais là c'est...
M. Michaud (Nelson) : Oui, oui. Bien, c'est justement, la raison pour
laquelle il est difficile de mettre... D'abord, il faut couvrir...
M. Roberge :
...savoir de combien vous êtes sous-financés.
M. Michaud
(Nelson) : Il faut couvrir le déficit qu'on a. Ça, c'est sûr et
certain.
M. Roberge :
3 millions?
M.
Michaud (Nelson) :
3 millions. Il y a du côté du corps professoral où est-ce que
c'est nécessaire aussi d'aller chercher
des éléments de renouveau. Nos centres de recherche, de quoi ont-ils besoin?
Mais, à l'heure actuelle, il faut aussi
faire preuve d'une réalité qui existe, c'est que les ressources ne sont pas
infinies. Il faut savoir travailler avec les éléments qui sont là, comme je disais tout à l'heure, en vue de se
positionner pour lorsque les jours meilleurs arriveront. De sorte que je pourrais vous dire que, par
rapport au financement auquel on
pourrait s'attendre, le chiffre qu'on a évalué est à peu près de
7 millions, à peu près.
Mais,
ceci étant dit, est-ce que c'est un chiffre réaliste dans le contexte
actuel? Est-ce que c'est un chiffre sur lequel on peut tabler? Est-ce que c'est un chiffre
avec lequel tous les intervenants avec qui on va le discuter vont être à
l'aise? Quand je parle d'un test de réalité, là, c'est à ce niveau-là. Est-ce qu'on va aller le chercher, ce montant-là? Mon espoir
est de faire en sorte qu'au-delà des
chiffres, et c'est ce que j'évoquais
tout à l'heure, tout l'effort de rationalisation... Je parlais
de rationalisation des processus qu'on est en train de faire. Là, l'année qui
s'en vient va porter essentiellement
là-dessus, et Jean-Pierre Mailhot a une expertise particulière dans le domaine,
il va nous être d'un grand secours. Ça
va nous permettre justement de dire : Telle ou telle chose qu'on fait, est-ce qu'on la fait au mieux? Est-ce
qu'on en a vraiment pour notre argent?
Je
vous dirais que... De manière
générale, est-ce que le gouvernement du Québec en a pour son argent avec
l'ENAP? À 15 millions, là, avoir
une université qui a une réputation internationale, ce n'est pas si cher que ça. On ne peut pas se payer P.K. Subban et
Carey Price à ce prix-là, et là vous avez une université de réputation
internationale. Alors, je sais que l'exemple est peut-être très terre à terre,
mais ça donne une idée de la mesure avec laquelle nous travaillons. L'autre 15 millions, c'est de l'autofinancement.
Donc, on travaille sur un élément de cette ampleur-là. Le propre de l'ENAP,
c'est à peu près 1 million qu'on reçoit, en propre. Le reste,
nos étudiants, s'ils étaient dans d'autres universités, il faudrait qu'il
soit déboursé quand même. La subvention de base de l'ENAP, là, c'est à peu près
ça.
Alors, vous voyez, selon
la manière dont on regarde les chiffres... C'est pour ça que c'est toujours
très délicat d'entrer dans les chiffres, puis plaquer un chiffre directement,
puis dire : Voici le chiffre absolu. Moi, ce que je vous dis, c'est qu'on a besoin de renouveler un
corps professoral, on a des défis en matière de reddition de comptes qu'il faut absolument rencontrer, et là-dessus nos systèmes
informatiques, dans lesquels on a investi, vont nous donner un bon coup de pouce. On doit aussi s'assurer de livrer
des cours, des prestations de qualité. On a un plan de redressement qui va
nous permettre d'atteindre nos objectifs,
avec des unités d'autofinancement qui contribuent au financement de l'école,
de manière générale, et, avec tous ces
éléments-là conjugués, on devrait être en mesure d'aller vers et le développement
et un développement qui se fait dans l'équilibre budgétaire.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Oui. Quelques petites questions, mais rapides. D'abord,
bienvenue. Merci d'être là. J'imagine, vous aviez bien d'autres choses à
faire une semaine avant le début de la session.
M. Michaud
(Nelson) : Ça me fait plaisir d'être avec vous.
Mme
Samson : Bonjour à mes
collègues. Question, par curiosité : Est-ce que, dans vos programmes... Parce qu'on n'a pas le détail des programmes que vous offrez. Est-ce que vous offrez
une formation légale à certains fonctionnaires? Avez-vous un programme
spécifique pour le législatif?
M.
Michaud (Nelson) : On n'a pas de programme spécifique pour le législatif
parce que... On pourrait toujours essayer
de demander au Barreau de nous donner une faculté de droit, là, mais ce n'est
pas évident, évident qu'on l'aurait demain matin.
Par contre,
on a des cours en droit administratif, en droit de la santé, en droit international,
en droit municipal. De sorte que
quelqu'un qui vient chez nous a un bagage juridique suffisant pour comprendre
les fondements et le fonctionnement de l'administration publique dans le cadre d'un état de
droit. Il y a aussi un cours de base, là, le cours de base de principes et enjeux de l'administration
publique, qui voit l'ensemble de ces choses-là, non pas d'un point de
vue juridique, mais d'un point de vue institutionnel, de sorte que, oui, ces
connaissances-là sont couvertes.
Mme Samson : O.K., je vous remercie...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée, oui.
Mme
Samson : Une autre petite question. Je vois dans vos chiffres qu'il y
a eu une croissance assez extraordinaire des étudiants étrangers à l'ENAP, au-delà de 100 %, sinon
200 % d'augmentation. J'imagine que ces étudiants-là sont des
étudiants à temps plein.
M. Michaud
(Nelson) : Deux choses là-dessus. La première, c'est qu'on est parti
d'un petit nombre, donc un petit nombre fois...
Mme Samson : ...des plus gros, là,
oui, c'est ça.
M. Michaud (Nelson) : Un petit
nombre fois deux, il reste petit, mais le pourcentage est grand. Donc, on a
effectivement des étudiants à temps complet, les étudiants du programme
canadien des boursiers de la Francophonie que j'évoquais tout à l'heure, qui, eux, étudient à
temps complet. En fait, on a surtout des néo-Canadiens, des néo-Québécois, et ça, ça ne rentre pas dans
les statistiques des étudiants étrangers comme telles, mais quelqu'un qui arrive au Québec, qui fait son bac en
trois, quatre ans, peut appliquer pour avoir la résidence permanente. Et il
arrive chez nous comme résident permanent, et à ce moment-là on ne peut plus le
considérer comme un étudiant étranger. Donc,
les étudiants néo-québécois, au total, sont plus nombreux que ce que reflète
notre nombre d'étudiants étrangers,
parce que justement nous sommes le deuxième, troisième cycle, il y a plusieurs
personnes, comme je vous dis, qui
arrivent pour faire un bac et continuent chez nous, à la maîtrise. Et ça
contribue à l'enrichissement que j'évoquais tout à l'heure, en termes d'expérience que les étudiants
apportent en classe. Quand un étudiant arrive de l'étranger puis dit :
Dans mon pays, la structure
administrative est telle pour telle et telle raison, bien, ça interpelle et ses
collègues et le prof, et ça fait une dynamique d'apprentissage
extrêmement intéressante.
Mme Samson : ...pourcentage de
croissance soit gigantesque, c'est quand même encore assez marginal, là.
M. Michaud (Nelson) : C'est à peu
près 5 %...
Mme Samson : 5 % de votre...
M. Michaud (Nelson) : ...de nos
étudiants qui sont des étudiants étrangers.
Mme
Samson : O.K. Puis j'aurais peut-être une question pour votre
collègue, je pense que c'est madame qui est responsable de la direction des services aux organismes. Pouvez-vous
nous donner un exemple de ce que ça fait, la direction des services aux
organismes?
• (15 h 20) •
Mme
Archambault (Johanne) : Absolument. Je vais faire ça rapidement. On
accompagne au niveau stratégique, par
exemple, un ministère qui veut revoir sa planification stratégique, un
ministère qui vit des fusions, donc comment s'y prendre, des enjeux de gouvernance. Il y a un volet aussi où on
accompagne dans des processus de dotation complexes. Avoir des outils qui permettent d'évaluer en
fonction des profils de compétence, qui ont été développés dans les ministères,
ça, c'est un autre volet complètement. Des
programmes de formation conçus en partenariat avec des ministères, qui sont
centrés sur les profils de compétence de ces
organisations-là. Ça fait que, donc, vous voyez un peu, ça prend toutes sortes
de formes : accompagnement conseil,
dotation, aide à l'évaluation aussi du potentiel en gestion, transition de
carrière, et programmes de formation adaptés.
Mme
Samson : O.K. Merci. M. Michaud, vous avez dit, dans votre
présentation, puis je pense que vous faisiez allusion à vos expériences en Haïti, que l'objectif, c'est d'avoir
quatre ou cinq hauts fonctionnaires par ministère qui sont bien formés.
M. Michaud (Nelson) : Bien, en fait,
c'est...
Mme Samson : Pour donner les
résultats...
M. Michaud
(Nelson) : Oui, c'est ça. Ce n'est pas un objectif à proprement
parler, c'est que je disais que, si on forme une centaine de personnes
sur quatre cohortes puis qu'on a 25 ministères, bien, ça en fait à peu
près quatre par ministère qui vont réussir à
grimper les échelons et avoir une influence sur la manière dont
l'administration publique se fait.
Je vais vous
donner un exemple, puis là je ne veux pas tirer la couverte du côté de l'ENAP plus
qu'il ne le faut, mais vous avez sans
doute vu au cours des dernières semaines, puis cette publicité-là a eu lieu il
y a quelques années déjà, le gouvernement camerounais qui dit : Venez investir chez nous.
Qu'est-ce que ça prend pour un investisseur pour aller dans un pays? Ça prend, d'abord et avant tout, une
capacité de prédictibilité d'où va aller son argent, comment il va être géré. Ça prend une administration publique fiable,
forte, compétente. Bien, il s'adonne qu'un des premiers pays avec lequel
l'ENAP a fait affaire, c'est le Cameroun.
L'ENAP a été à l'origine de la fondation de l'institut de management public
de Yaoundé, il y a 30 ans de ça.
Alors,
quand je vous disais que, quand on travaille à l'international, on travaille
dans du moyen puis du long terme, si
aujourd'hui on peut inviter des gens à venir investir au Cameroun, c'est parce
que c'est probablement un des pays, sur le continent africain, où l'État
est stable, où il y a une prévisibilité. Je ne dis pas que c'est nous qui avons
fait ça, là. Comme je vous dis, je ne veux
pas tirer la couverte de notre côté, mais, chose certaine, on a été partie
prenante des efforts du pays à amener
l'administration publique compétente, qui donne un climat, et ça, c'est bon
pour nos investisseurs chez nous,
c'est bon en termes de commerce international, c'est bon en termes de stabilité
des pays, c'est bon en termes de plusieurs secteurs.
L'administration
publique est tellement au coeur de tout, et c'est probablement, pour répondre
au député de Jean-Talon, la meilleure
réponse qu'on peut donner en termes de comment valoriser l'administration
publique. C'est que l'administration
publique est au coeur de tout. On a véritablement un outil de développement
majeur avec notre secteur public.
Est-ce que le secteur privé a un rôle à faire dans le développement? Bien sûr,
mais, sans une administration forte, compétente dans le secteur public,
on ne peut pas le réaliser. Et on contribue à ça, on est très fiers de le
faire.
Mme Samson :
Je vous remercie. Je vais repasser la parole à mon collègue, si vous me le
permettez.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. M. le député de Chambly, la parole est à vous.
M.
Roberge : Moi, je pense que ce que vous voulez dire, c'est qu'il n'y a
pas de meilleur développement durable que le développement dans le
capital humain. Enfin, je trouvais ça très intéressant, cette portion-là.
Vous
avez dit précédemment que c'était, grosso modo, un peu plus de
100 000 $ pour un salaire, embaucher un professeur à l'ENAP ou, j'imagine, dans le réseau
UQ, à peu près. À plus de 100 000 $, on s'attend à ce que les
travailleurs... les profs travaillent
à temps plein et pour leur institution, et là vous me voyez venir, je pense. Il
y a à peu près un peu moins d'un an,
dans La Presse, on parlait d'un professeur à l'ENAP,
Gil Rémillard, qui devait travailler, j'imagine, à temps plein comme professeur. Or, dans l'article, on disait
aussi que M. Rémillard travaillait pour un cabinet d'avocats. Est-ce que
vous pouvez nous dire si cette situation-là,
qui nous semble pour le moins irrégulière, a été justement régularisée et que
M. Rémillard ne travaille que pour l'ENAP ou
alors ne travaille plus à l'ENAP? Enfin, pouvez-vous nous expliquer, là, ce
qui se passe avec ça?
M.
Michaud (Nelson) : Bien, écoutez, je n'entrerai pas dans les détails
d'un dossier de relations de travail, vous comprendrez pourquoi. Mais je vous dirais que des professeurs gardent
une main dans la pratique, notamment dans le secteur du droit, et, dans n'importe quelle faculté de droit de n'importe
quelle université, vous allez voir la même chose. Mais je n'en dirai pas
davantage parce que c'est un dossier de relations de travail.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Oui. Je m'interroge tout de même, il me semble que c'est plus le propre de
chargés de cours, justement, qui travaillent
au privé et qui amènent justement leur expertise en travaillant à temps partiel
comme chargés de cours. Il me semble
que c'est plus la pratique, de ce que j'en connais du réseau universitaire, que
d'embaucher des chargés de cours,
parce que, justement, ils ont les deux mains dans la pratique, par rapport à un
poste de professeur où on donne un
salaire et on s'attend, il me semble, à ce que le professeur ait une fonction
différente et soit dédié à l'institution, sans parler d'un cas particulier. Est-ce que je me trompe, là, quand je fais
cette distinction-là entre chargé de cours et professeur?
M.
Michaud (Nelson) : Bien, c'est-à-dire que, les chargés de cours, il y
en a de toutes sortes. Il y a des chargés de cours qui ne prennent que des charges de cours, puis ils font leur vie
avec ça, puis ils enseignent dans
trois ou quatre universités. Il y a des chargés de cours qui ont un poste à temps
complet ailleurs et vont prendre des charges de cours dans leurs
secteurs d'expertise. Les universités
trouvent ça extrêmement pertinent. Nous, en particulier, qui sommes
tournés vers l'action, avoir des gens qui sont très connectés avec le
concret, c'est ce qu'on recherche.
Pour ce qui est des
professeurs, puis je vous invite à poser la même question à l'ensemble de mes collègues
recteurs, vous allez voir que c'est dans
toutes les universités où vous avez des professeurs qui ont gardé une dimension
de pratique : les facultés de médecine,
les écoles de génie, les écoles de droit. Souvent, les centres de formation
avec une dimension très pratique,
très appliquée vont avoir... Parce
que c'est de l'oxygène qui est amené.
On a plusieurs personnes qui ont passé par le quotidien
de l'administration publique dans notre corps professoral. D'autres sont des
chercheurs patentés qui ont fait bac,
maîtrise, doctorat, postdoc et carrière professorale. Alors, c'est ce panaché
de compétences qu'on a chez nous qui
fait en sorte qu'on est capables d'offrir à nos étudiants véritablement ce que l'administration publique représente.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Chambly, il vous reste deux
minutes.
M.
Roberge : Merci. Autre chose
qui était sortie dans les médias, on parlait d'un rapport à l'interne, à
l'ENAP, qui critiquait peut-être l'encadrement des étudiants à la
maîtrise — c'était
sorti en décembre 2014 — et on parlait de notation généreuse. Même, on
disait que des étudiants trouvaient qu'ils l'avaient un peu facile. Ils
parlaient d'une culture du A à l'ENAP, c'est-à-dire : quand on y
allait, les résultats étaient presque attendus.
Quelles
ont été les suites à ce rapport-là pour s'assurer qu'il n'y ait pas aucun nivellement par le bas et
pas de note facile à l'ENAP?
M. Michaud
(Nelson) : Bon, première des choses, je peux vous dire...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...1 min 30 s pour répondre à la
question.
M. Michaud
(Nelson) : Combien, 2 min 30 s?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : 1 min 30 s.
M.
Michaud (Nelson) : 1 min 30 s? Très bien. Deux choses.
La première, on a immédiatement regardé qu'est-ce qu'il en était. Ce rapport-là était un rapport
critique de ce qui se faisait à l'école dans le cadre d'évaluation des
programmes. Donc, c'est une première étape, puis les autres étapes ont
démontré qu'une partie du rapport devait être nuancée.
La
deuxième chose, c'est : malgré cela... On a fait ressortir toutes les
données et on s'est aperçus de deux choses. On a comparé avec ce qui se fait ailleurs dans le réseau universitaire,
et ce n'est pas vrai que c'est beaucoup plus facile à l'école qu'ailleurs dans le réseau universitaire
d'avoir des bonnes notes. La courbe de répartition chez nous se compare facilement avec ce qu'il y a ailleurs. Et, malgré
cela, il y a peut-être un ou deux cas qui sont ressortis comme des cas plus
problématiques. Bien, ils ont été rencontrés, et la situation a été réglée.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. Michaud.
Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un bloc de
15 minutes. Je cède la parole au député de D'Arcy-McGee.
• (15 h 30) •
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Je me permets de revenir au
deuxième volet de ma question, parce qu'en
quelque part je trouve qu'on aura... qu'on ne va pas avoir la même opportunité
avec les autres intervenants du réseau universitaire, parce qu'à la fois
vous avez à gérer un établissement et à la fois vous avez votre mission qui
contribue à l'évolution de l'administration
publique. Et c'est pourquoi j'aimerais vous entendre sur la question à la fois
complexe et, j'admets, générale du
financement des universités. Et j'ai en tête, comme j'ai dit, la diversité des
missions, la complexité de financer
de façon équitable... — malgré les autres sources de financement, c'est l'État qui est
très impliqué dans le financement des universités — la
diversité des mandats qui s'exprime de façon très légitime mais qui est
difficile de réconcilier, j'imagine... — j'imagine, on le voit, quand il arrive de
développer des façons de financer des universités — et évidemment
des programmes à part, mais il y a le financement de base, et tout ça, mais,
quand on parle de votre établissement, qui
a une mission très spéciale, un campus de l'Université du Québec en région, qui
est tout à fait différent qu'un campus d'Université
du Québec ailleurs au Québec, le mandat très spécifique de l'Université du
Québec par rapport aux autres universités
qui ont une charte et des façons de faire tout à fait différentes, des
différences linguistiques, des endroits où une croissance d'étudiants de l'international serait de la bonne nouvelle,
d'autres où ça serait peut-être une mauvaise nouvelle, parce que ça
signifierait une baisse de demandes des gens du Québec, toutes ces complexités.
Et
un gouvernement... et pas juste le nôtre, chaque gouvernement est devant la possibilité... Et il y
a des équités en soi, en le faisant, de faire ces mesures, en
général paramétriques et des fois paramétriques pour la plupart du financement. Il y a
aussi des demandes souvent et aussi légitimes de s'assurer une flexibilité et
un financement axé sur une reddition
de comptes très spécifique et ponctuelle mais qui reflète les différences dans les
mandats et les missions des établissements. Je
vous invite de parler de votre expérience là-dessus et comment vous
voyez cette évolution, sur ce «spectrum» là, du financement paramétrique par rapport au financement plus flexible et ciblé aux objectifs
spécifiques d'un programme à l'autre.
M.
Michaud (Nelson) : Oui.
C'est une question extrêmement complexe, parce que, quand on travaille
en enveloppe fermée, ce que vous
donnez à un vous l'enlevez à l'autre, et celui qui perd n'est jamais
heureux, pour des raisons évidentes. Donc,
il faut revoir la manière — vous avez entièrement raison — il faut revoir la manière d'aborder
l'ensemble de la question.
À
l'heure actuelle, le financement en équivalents temps complet, essentiellement,
donne un portrait où tout le monde va
s'arracher le moindre étudiant parce que ça va me rapporter 10 000 $
de plus ou pas. C'est une image qui est projetée. C'est une image qui est quand même, jusqu'à un
certain point, près de la réalité, mais qui ne couvre pas l'ensemble de la
réalité. Chaque université, ou à peu près, a accès à un financement spécifique,
mais, même à ça, les financements spécifiques
ont été élaborés au fil des ans à la suite de demandes qui étaient faites, qui
ont été agréées ou non. Et ce ne sont pas toutes les universités qui se
qualifient pour un financement spécifique, pourtant très bien défini.
Les
éléments qu'on retrouve dans le rapport Tremblay-Roy, que j'ai évoqué tout à
l'heure, notamment en termes de
reconnaissance des universités de deuxième, troisième cycle, notamment en
termes de facteurs de pondération pour les étudiants à temps partiel, conscients que ce sont des personnes qui ont
des demandes et non pas des équivalents statistiques, et l'augmentation du financement de base pour
s'assurer que les effets de seuil sont contrés, ces trois éléments-là, pour
nous, étaient d'excellentes nouvelles dans
le rapport Tremblay-Roy, parce que... Et ça répond en partie à la question que
votre collègue de Chambly posait tout à
l'heure : Comment faire pour mieux financer l'ENAP? Comme je lui disais, ce
n'est pas seulement en question de nombre,
c'est aussi de la manière dont on considère les choses. Alors, ces trois
facteurs-là, pour nous, sont extrêmement importants parce qu'ils
reflètent notre réalité.
Nous sommes
deuxième et troisième cycle. Comme j'ai évoqué tout à l'heure, là... je vais
caricaturer, l'ensemble de mes
collègues recteurs vont m'en vouloir à vie si je pousse trop loin la
caricature, mais vous mettez 300 étudiants de premier cycle avec un chargé de cours junior
devant, parce que c'est un cours de première année, vous faites le plein, là.
Nous, on n'a pas de premier cycle et on a à
peu près 20 étudiants dans nos salles de classe, en moyenne, à Montréal
puis une quinzaine à Québec et à Gatineau. C'est incomparable. Donc, la
réalité deuxième, troisième cycle nous rattrape.
Et à 20 étudiants, à peu près, on n'est pas
si hors normes que ça. Si vous regardez les écoles d'administration pour les grands, grands cours, peut-être qu'on
l'est tant que ça, oui, c'est vrai. Mais, nous, en administration publique,
ce n'est pas que de l'administration, il y a
aussi une forte portion, on l'a évoqué, de droit, une forte portion de sciences
sociales. Allez dans n'importe quelle
université au Québec, dans un séminaire de deuxième cycle en sciences sociales,
vous n'aurez pas 40 étudiants,
vous allez peut-être en avoir 10, 12, 15 maximum. De sorte qu'on se trouve un peu
entre les deux, nous, en termes de type d'enseignement, de type de
pédagogie.
Alors, ces
éléments-là, pour nous, deviennent la clé d'un financement plus pérenne. Ce
n'est pas tant le montant total brut
qui nous intéresse que la manière dont on l'assure, la manière dont on le
définit. Et, en ce sens-là, je crois que la réflexion qui est en cours,
qui n'est pas achevée, qui se poursuit, cette réflexion-là doit se faire avec
l'éclairage des réalités concrètes des universités et non pas seulement des
grandes universités, qui ont souvent le haut du pavé, c'est normal, c'est elles qui représentent la majorité
des budgets de l'État dans le monde universitaire, mais des réalités très,
très, très concrètes d'instituts comme
l'ISMER, comme l'INRS ou comme nous qui avons des réalités totalement
différentes et pour lesquelles il
faut trouver des réponses. Parce que, si on ne trouve pas de réponse, on va
continuer à gratter, on va continuer
à creuser, et il va arriver un moment où on devra prendre des décisions qui vont
véritablement faire mal. Là, à l'heure
actuelle, comme je vous disais tantôt, c'est de la chirurgie au laser qu'on a
faite. On a vraiment été chercher les tout
petits derniers morceaux qu'il nous restait, parce qu'à l'oeil ils n'étaient
pas évidents à trouver. Ça a véritablement été un effort colossal qu'on a fait pour rencontrer les exigences qui
nous sont posées en termes d'équilibre budgétaire.
Alors, une
redéfinition de la formule de financement pourrait inclure des éléments tels
ceux-là, et, du coup, si on considère
ces autres éléments là, les deux autres facteurs que j'évoquais, notre
monodisciplinarité... Parce que ça aussi, c'est connu, l'année où ça va mal en génie, ça va peut-être très bien
aller en dentisterie, et l'université qui a le bonheur d'avoir les deux facultés, bien, va réussir à
équilibrer son budget d'une manière ou d'une autre. Mais nous, comme on a
une seule discipline, quand cette discipline
n'arrive... C'est pour ça que j'appelais ça la tempête parfaite tantôt, la
tempête a frappé une discipline, et
c'était la nôtre, alors nécessairement on était dans le tourbillon. Alors, on
n'avait pas d'autres vecteurs sur
lesquels on pouvait se porter, mais n'eût été des éléments que j'ai nommés, les
trois éléments que j'ai nommés, la
monodisciplinarité aurait été un facteur moins lourd à porter de même que la
répartition territoriale, et, dans notre cas, c'est une dimension purement fonctionnelle, comme je disais tout à
l'heure. Nous devons être là, et c'est le mandat que le gouvernement
nous donne, d'être là où les administrateurs publics ont des besoins.
Je vais vous
donner un exemple. Je parlais de nos trois campus principaux, Québec, Montréal
Gatineau, nos points de service
permanents à Saguenay et à Trois-Rivières. On est présentement dans Lanaudière.
Le centre jeunesse de Lanaudière nous
a contactés, ils ont dit : On a un besoin de relève criant. Pouvez-vous
nous aider? C'est un de nos diplômés qui était en charge, qui est venu nous trouver, et on a dit : Oui, on peut
vous aider, mais voici les conditions. Et là on s'est entendus avec les gens du centre jeunesse, il y a un
partage de responsabilités. Et on va être là le temps qu'il faut pour former
ces gens-là. Le jour où la formation de ces gens-là est terminée, on se
retire. On n'a pas d'installation permanente, on n'a absolument aucun
investissement de moyen ou de long terme dans ce cas-là, on répond à une
demande, à un besoin.
On a été à
Sherbrooke de la même manière. On y avait déjà été pour des agents du
gouvernement fédéral. Quand leur
formation s'est terminée, on s'est retirés. Là, récemment, on y est retournés
pour des gens de la commission scolaire qui avaient des besoins qu'ils nous ont exprimés. Ils ont formé une
cohorte. Parce que ça, c'est une des conditions que l'on met, il faut qu'il y ait un nombre suffisant
d'étudiants qui permette la rentabilité du programme. On n'ira pas là pour
quatre ou cinq personnes. Il faut qu'il y
ait un nombre conséquent d'étudiants et, ce faisant, bien, à ce moment-là, que
ces étudiants-là étudient chez nous
ou qu'ils étudient... chez nous à Québec, chez nous à Montréal, ou dans leurs
bureaux à Joliette ou à Sherbrooke, pour le gouvernement, ça ne coûte
pas grand-chose de plus, là. Ça va coûter probablement l'essence du prof qui va aller de Montréal à Joliette pour enseigner. On
s'entend que ce n'est pas une fortune, là, on peut rentrer ça dans notre fonds de fonctionnement très
facilement. Mais, le jour où c'est terminé, on ferme le dossier et on va
répondre à une autre demande ailleurs. On
travaille par cohortes aussi, comme ça, et c'est une manière très efficace de
répondre à la demande des administrateurs publics sur le terrain.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Michaud. Alors, il vous
reste quatre minutes du côté gouvernemental. Oui? Alors, le député de
Jean-Talon, la parole est à vous.
• (15 h 40) •
M. Proulx
: Merci, Mme la Présidente. M.
Michaud, j'étais intéressé, à la lecture du document, d'entendre parler des programmes de formation à l'international. On
a parlé de développement tout à l'heure, ensemble, et de la capacité, là,
de l'ENAP de se renouveller et d'être plus
attractive auprès des jeunes, c'est intéressant. J'imagine qu'également,
lorsqu'on fait ce type d'entente là,
lorsqu'on développe ce type de programme là, c'est également très intéressant
pour la crédibilité, le prestige et toute la renommée de l'ENAP.
Mais la
question que je souhaitais vous poser rapidement est la suivante, vous
excuserez mon ignorance, mais est-ce
que c'est également pour vous des sources de revenus supplémentaires ou c'est
des choses... Est-ce que vous allez, avec
ces programmes-là, pouvoir augmenter de façon importante vos revenus autonomes?
Est-ce que c'est pour vous des programmes
dans lesquels vous investissez actuellement des sommes dans le but de trouver
ou de développer des nouveaux marchés
et des revenus ou bien c'est, à chaque fois que vous développez un programme,
quelque chose de nouveau qui rapporte
à l'ENAP plus que ce que ça coûte, là, dans la mesure où vous le mettez en place?
C'est juste pour comprendre la dynamique, là, du développement par
rapport à ça.
M. Michaud
(Nelson) : On a travaillé très fort. Puis je vais essayer d'encapsuler
rapidement ma réponse. La réponse précise à
votre question, c'est : Oui, ça rapporte; l'an dernier, à peu près
10 % de rendement,
4 millions de chiffre d'affaires,
400 000 $ dans les coffres de l'école. Et ça, ça comprend les fonds
de développement. Parce que le développement se fait à même ces ressources financières qui arrivent. Ce n'est pas de
l'argent du gouvernement qu'on prend pour développer l'international, c'est véritablement... Et on a travaillé
notre international de manière matricielle. On a d'abord défini des secteurs, je les évoquais tantôt :
budgétisation axée sur les résultats, gestion axée sur les résultats,
responsabilité sociale des
organisations, évaluation du développement, et des zones géographiques :
essentiellement, la francophonie, un
petit peu l'Europe, un petit peu l'Amérique latine, très peu l'Asie, le Vietnam
surtout. Et, avec ces deux dimensions-là, il faut que la demande réponde...
Donc, on a
des programmes. On a concentré notre offre, on n'est pas éparpillés. On a une
expertise de pointe, on est en mesure
d'intervenir, on est en mesure d'aller en appui. Et, si un gouvernement
étranger — ça a été
le cas du gouvernement de
Djibouti — a une
palette de services à nous demander, bien là, on définit le quantum. On
dit : Bon, vous voulez avoir ça?
Ça va coûter tant au gouvernement. Si vous avez le financement, venez nous
trouver, on signe, puis on y va. Et
toujours il faut que ces éléments-là rapportent un peu de sous à l'école. Comme
je disais tout à l'heure, c'est à peu près la moitié du budget de l'école qui est en autofinancement, et, sur ces
sommes-là, bien, on trouve le moyen d'aller chercher, là, des démarches.
Est-ce qu'on
travaille concrètement avec les gouvernements? Oui. En termes de réputation,
c'est excellent. Je vais vous raconter une petite anecdote. Au début de
juin, j'ai été signer à Paris une entente avec le gouvernement de Guinée-Conakry. Dieu sait que c'est un pays où
l'administration publique a des besoins, et on est là pour y répondre. On a
travaillé avec nos amis de l'ENA de France,
et, lors de la signature, j'ai eu le plaisir d'entendre la directrice de l'ENA
de France dire qu'elle était heureuse
de se joindre à l'ENAP pour travailler sur ce dossier-là. Alors, quand des
institutions du calibre de l'ENA de
France disent : Je me joins à l'ENAP pour faire quelque chose, c'est dire
que la qualité de... nos interventions au niveau international sont très
hautement et très largement reconnues.
Et je pense
que c'est un fleuron pour l'ensemble du Québec, parce que ces interventions se
font essentiellement avec des
administrateurs publics québécois, avec l'expertise québécoise. On est un peu
des exportateurs de l'expertise québécoise
dans ce sens-là, et c'est un grand coup de chapeau, justement, à ce qu'on
évoquait tantôt : la qualité de notre administration publique.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. Michaud. Le temps du côté du gouvernement est fini, alors on va passer au prochain et au dernier bloc
du côté de l'opposition officielle, pour un bloc de 16 minutes. Mme la
députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, pour revenir sur la question de la
fréquentation, donc, du nombre
d'étudiants, où on voit, contrairement à la majorité des autres institutions,
qu'il y a une certaine stagnation ou
une baisse, là, pour ceux qui sont à temps plein... évidemment, on comprend
toutes les nuances qui doivent s'appliquer, mais qu'il y a une certaine stagnation, quand on regarde, là, au cours
des dernières années, ou une diminution, et que vous nous disiez,
d'entrée de jeu, qu'évidemment, compte tenu de votre rôle qui est très précis
et de votre mission qui est particulière, du
fait du contexte budgétaire particulier que l'on connaît, il y a évidemment
moins de gens qui sont dans la
fonction publique qui ont le soutien ou qui peuvent aller, donc, étudier...
Certains évoquaient aussi — je pense que c'est dans
un article que je voyais ça — que, compte tenu de l'importance des
gestionnaires du réseau de la santé — puis vous le mentionniez rapidement — qui sont au coeur de la clientèle de l'ENAP,
mais que, là, avec le projet de loi n° 10, il y a eu une abolition
de plus de 1 000 postes, évidemment ça peut se répercuter.
J'essaie de
voir votre optimisme à revenir à, d'ici deux, trois ans, l'équilibre budgétaire
quand on sait à quel point les
revenus, à 50 %, donc, pour vous, proviennent de vos sources de
financement, donc, autonomes, donc des étudiants et de recherche. Et, quand on regarde la recherche, on voit aussi qu'il
y a eu une certaine diminution, là. À la lumière de ce que je regardais, on semble voir qu'il y aurait
une diminution des subventions de recherche, puis vous aviez eu une bonne
augmentation pour ce qui était des montants liés aux contrats de recherche,
mais que, là encore, il semble y avoir une stagnation
qui peut s'expliquer aussi par le fait que les ministères, les organismes
gouvernementaux ont moins de fonds pour
aller en contrats de recherche avec vous. Donc, par où va passer le salut pour
vraiment revenir à l'équilibre budgétaire quand on semble voir des défis importants poindre, compte tenu du
contexte budgétaire, autant pour la fréquentation que pour l'obtention
de contrats de recherche?
M. Michaud
(Nelson) : J'aime votre expression «le salut budgétaire». On va
travailler évidemment, d'abord... D'abord
et avant tout, avant de regarder ce qui se passe à l'extérieur, il faut
regarder ce qui se passe chez nous. Je parlais du devoir d'exemplarité de l'école, c'est pour ça qu'on a fait des
efforts pour rationaliser tout ce qui était possible, pour travailler
sur nos processus pour faire en sorte qu'on ait des outils les plus performants
possible pour qu'on puisse travailler avec efficience, avec efficacité, qu'on
soit en mesure de rendre les meilleurs services possible à la société québécoise. Ça, c'est la première chose qu'il faut
faire, et on s'y attaque, et on ne lâchera pas le morceau tant qu'on n'aura
pas les résultats qu'on souhaite avoir. Pour
ce qui est du contexte extérieur, comme je l'évoquais tout à l'heure, lorsque
le ministre Coiteux dit, au mois de
mars : On rouvre les embauches, c'est un signal qui a été entendu et qu'on
commence à sentir.
Au niveau des
contrats, l'Observatoire de l'administration publique avait, dans le premier
mois, premier mois et demi de son
année financière, un carnet de commandes qui lui permettait de rencontrer ses
objectifs, ce qu'on n'avait pas vu
les deux dernières années. Donc, le contexte, lui aussi, change. On s'aperçoit
que l'assainissement des finances publiques a amené les ministères, eux aussi, à
retravailler plusieurs paramètres et faire en sorte qu'ils ont pu se dégager
probablement des marges de manoeuvre qu'on
voit se concrétiser. Même chose au niveau de notre campus de l'Outaouais
avec le gouvernement fédéral, qui est un
joueur majeur dans la région, vous en conviendrez. Donc, tous ces éléments-là
donnent des signaux relativement positifs.
On a fait nos
devoirs, le contexte nous envoie des signaux encourageants, mais il y a une
autre partie de devoirs qu'il faut
faire, c'est l'adéquation constante qu'on doit rechercher entre ce que nous
offrons et la demande, et là-dessus, autant
du côté de la DER que de la DSO. La révision des programmes, toute la
réorganisation, je n'ai pas eu l'occasion de l'évoquer, mais Johanne Archambault, qui est en poste depuis maintenant
16 mois chez nous, s'est attaquée immédiatement à une réorganisation complète du service pour
faire en sorte que non seulement le service est mieux rendu, mais est rendu
avec un plus haut niveau de pertinence que jamais. On a toujours été excellents,
mais on veut l'être encore plus.
De sorte que
tous ces éléments-là, ces trois grands piliers là sont ceux sur lesquels repose
ce que vous avez appelé notre salut
budgétaire. Nous allons avoir les outils qu'il faut pour aller de l'avant dans
l'avenir. Est-ce que ça va demander des
efforts? L'année qui s'en vient va être très difficile, tout le monde, à
l'école, le sait, tout le monde est prêt à mettre l'épaule à la roue. Je l'ai évoqué, on a un appui
formidable de nos équipes. On a des gens extrêmement dédiés à l'école, des gens qui ont véritablement l'ENAP à coeur et
qui veulent la faire progresser, et c'est à partir de tous ces éléments-là
qu'on va être en mesure de continuer d'avancer.
Mme
Hivon :
O.K. Et l'importance que vous accordez, on l'a évoquée rapidement tout à
l'heure, au recrutement étranger, je
comprends que, là, en ce moment, ça représente à peu près 5 % de ce que
vous disiez, de votre fréquentation, est-ce
que c'est quelque chose sur quoi vous misez? Et j'aimerais savoir, je ne sais
pas si vous avez la donnée, le pourcentage qui sont des étudiants qui
proviennent de France parmi vos étudiants étrangers.
M. Michaud (Nelson) : Je n'ai pas...
On n'a pas le pourcentage exact, hein?
Mme
Hivon : Non?
M. Bourret (André) : C'est assez
important, mais...
Mme
Hivon : C'est
assez important?
M. Bourret (André) : Assez, oui,
mais...
M. Michaud (Nelson) : Le Maghreb
arrive en premier, je dirais, l'Afrique et la France.
M. Bourret (André) : C'est ça.
M. Michaud (Nelson) : Oui, vas-y,
André.
• (15 h 50) •
M. Bourret
(André) : Oui. Bien, c'est ça, nous, il y a un circuit, Nelson Michaud
en a parlé tantôt. Vous savez, il
existe un programme canadien des boursiers de la Francophonie qui vise
essentiellement des étudiants d'Afrique de l'Ouest. Alors, c'est par ce circuit-là que s'explique l'augmentation
des dernières années, là. C'est une sorte de cohorte particulière qui
vient faire des études au Québec. Alors, voilà la cause principale de
l'augmentation.
On ne vise
pas... Écoutez, je vais le dire comme je le pense : On ne vise pas à
développer une industrie des étudiants étrangers
pour remplacer les étudiants québécois, pas du tout. On aimerait diversifier
notre recrutement. On a déjà bien positionné
sur l'Afrique de l'Ouest, le Maghreb. La France, là, je n'ai pas le chiffre,
mais, comme ailleurs, il y a beaucoup d'étudiants
français qui réussissent très bien. Mais on aimerait bien avoir un peu plus d'étudiants de l'Amérique latine et de l'Asie. Et il y en a de temps à autre, et il y a des efforts qui vont être faits en ce sens
avec mon collègue de la Direction des affaires
internationales, mais ce n'est pas une compensation absolue, là, pour amener
une croissance. Voilà.
Mme
Hivon : Vous
n'avez pas une stratégie vraiment, une offensive pour augmenter...
M.
Bourret (André) : Oui, oui,
d'être plus... Parce que, vous savez, les gens de la Direction des affaires
internationales font des missions régulières et ils vont profiter de ces
missions pour pouvoir faire la promotion de nos programmes à l'étranger. Mais ce n'est pas la seule source. Ce
qu'on veut faire, c'est ramener un peu plus d'étudiants plus jeunes, sortant
de bacs ou avec peu d'expérience de travail,
les ramener, les intéresser à l'administration publique et particulièrement
à la formation à la recherche. C'est là que
se situe une de nos planches de salut actuellement, surtout au niveau de la
maîtrise.
Le nombre
d'inscrits n'est pas à la hauteur du dynamisme de la recherche à l'ENAP. Là,
les chiffres que vous citez — je vais vous contredire un peu — les trois dernières années, pour ce qui est
des subventions de recherche, non pas les
contrats de recherche, il y a eu plutôt augmentation à l'ENAP, et on met
beaucoup de pression là-dessus. Alors, c'est un milieu de recherche
intéressant, mais c'est méconnu, là.
Je pense que
notre défi, c'est de mieux faire connaître ces possibilités-là à des gens de
l'extérieur. Et on ne vise pas non
plus à revenir à ce qu'on était il y a quatre ans, là, en l'espace de quelques
mois, voire quelques années. C'est un
retour progressif, là, c'est des objectifs de recrutement réalistes qui ont été
fixés. On ne va pas retourner à 830 ETP l'année prochaine, là, on
le sait bien.
M. Michaud (Nelson) : Un
élément, peut-être, si vous permettez, Mme la députée, en complément par
rapport au fonds de recherche, là où
on a été extrêmement pénalisés, c'est sur les frais indirects de recherche. Les
frais indirects de recherche, c'est
tout ce qui entoure l'infrastructure de recherche : les secrétariats, le
service des finances, puis tout ça. Auparavant,
c'est les ministères de l'Éducation ou de l'Enseignement supérieur qui nous
versaient à hauteur de 40 % les frais indirects de recherche. Cette pratique-là a été abandonnée, et on
a demandé à chacun des ministères de défrayer le coût des frais indirects de recherche, ce que les ministères soit
refusent soit hésitent longuement à faire. De sorte que, là, on a eu une
baisse significative des revenus d'appui à la recherche, et ça, il faut
l'absorber à même nos propres fonds de fonctionnement, et c'est vrai que ça, ça
fait mal.
Mme
Hivon : Parfait. Je comprends. Je comprends donc que,
vraiment, ce sur quoi vous misez, puis vous le disiez un peu tantôt, c'est d'augmenter votre nombre
d'étudiants à temps plein qui se dédient vraiment à l'administration publique
comme vraiment carrière ou vraiment lieu de
recherche. C'est vraiment ça, votre objectif, votre plan d'action est centré
autour de ça.
O.K.,
un tout autre sujet : projets d'immobilisations. Est-ce que l'ENAP a des
projets particuliers en immobilisations? Vous faisiez référence tout à l'heure comment ça peut être bien d'avoir
de la flexibilité. J'ai d'ailleurs rencontré les étudiants de la cohorte de Joliette. Oui, oui, on a échangé.
J'ai fait une présentation pour eux, donc, effectivement, c'est intéressant
de voir ça. Mais est-ce qu'il y a des
besoins en immobilisations particuliers à l'ENAP, dans les campus actuels, ou
en termes de développement?
M.
Michaud (Nelson) : Pas pour l'instant. Comme vous savez, notre campus
principal à Québec est, en termes d'édifice,
pratiquement neuf. Il a une quinzaine d'années. On a été un des moteurs de la
relance du quartier Saint-Roch. Partout
ailleurs, nous travaillons en collaboration avec d'autres universités. À
Trois-Rivières, on loue des salles de classe à l'UQTR. À l'UQO, l'entente est plus complexe, parce que nous avons plus
d'étudiants, mais nos étudiants, à l'UQO, ont les services de la bibliothèque de l'UQO, du gymnase,
de la piscine, tout ça, de sorte qu'ils ont une vie étudiante plus près de
ce qu'on retrouve dans l'ensemble des autres
universités. À Montréal, nous sommes en location auprès du siège social
de l'Université du Québec, et, à Saguenay, c'est auprès de la Fondation de
l'UQAC. Donc, on travaille beaucoup en partenariat
avec d'autres universités, je l'évoquais tout à l'heure, c'est une de nos
forces, et, pour l'instant, il n'y a rien de prévu en termes de
construction ou d'immobilisation, sinon le maintien de nos actifs, là, là où
nous sommes.
Mme
Hivon : Parfait. Est-ce qu'il y a un objectif pour augmenter
la diplomation? Parce qu'effectivement vous faites affaire avec beaucoup
de gens qui sont chez vous à temps partiel, et on semble noter quand même qu'il
y a beaucoup de gens qui ne se rendent pas à
la diplomation, ce qui peut être compréhensible, mais j'imagine que, comme
toute institution, vous souhaitez avoir la
plus grande persévérance et le plus haut taux de diplomation. Est-ce qu'il y a
des mesures ciblées pour augmenter le taux de diplomation de vos
étudiants?
M. Michaud
(Nelson) : André Bourret pourra compléter ma réponse, mais je vous
dirais qu'à ce niveau-là... Deux choses, essentiellement. La première, vous l'avez évoquée, beaucoup de gens à temps
partiel. Et ça, ça nous réjouit,
souvent nos étudiants vont avoir des promotions dans leurs carrières,
complexification de la tâche, donc ils arrivent au début de la maîtrise
prêts à faire ça en quatre, cinq ans, et plus la charge de travail augmente,
plus ils étirent le temps d'études. Donc,
chez nous, il faut aussi respecter ça. Si on est victimes de nos
succès en ce sens-là, parce que nos
étudiants réussissent bien, bien, on devrait s'en réjouir plutôt. Donc, la
mesure n'est pas tout à fait toujours aussi facile à appliquer.
L'autre
élément qu'il faut souligner aussi, c'est que certains étudiants viennent
entreprendre des choses chez nous et,
une fois qu'ils ont obtenu ce qu'ils souhaitent comme outils de travail, ne
voient peut-être pas la nécessité de compléter, de sorte... Ce n'est pas comme au bac, où est-ce que
ça prend le bac pour qu'il y ait quelque
chose de significatif au bout.
Quelqu'un qui est venu prendre ses cours de base puis l'ensemble
de ses cours de concentration, pour dire un exemple au hasard, en évaluation
de programmes, puis il travaille en évaluation, bien, les cours plus
complémentaires sont peut-être moins d'attrait pour cette personne-là, et ce
n'est pas nécessairement l'obtention de la maîtrise qui est son
objectif. Il est venu chercher ce qu'il voulait, et on lui a donné ce
dont il avait besoin.
Ceci étant dit, le
fait que nos programmes soient gigognes, c'est-à-dire que... Puis ça va être le
cas avec nos microprogrammes, mais notre programme
court, notre diplôme d'études supérieures spécialisées et notre maîtrise sont
des programmes qui s'emboîtent. Quelqu'un qui fait son D.E.S.S., par exemple,
peut poursuivre à la maîtrise, et, inversement,
quelqu'un qui s'inscrit à la maîtrise mais qui, dans le cas que j'évoquais tout
à l'heure, après tant de cours,
considère qu'il a son bagage peut faire le cours de synthèse du D.E.S.S. et
terminer avec un D.E.S.S. Donc, cette souplesse-là
permet aussi d'augmenter... Alors, si quelqu'un s'inscrit à la maîtrise et ne
la termine pas, mais il termine avec
un D.E.S.S., ça aussi, ça peut biaiser un peu les données. Parce qu'on veut
faire preuve de souplesse. On sait qu'on fait affaire avec des personnes qui ont des besoins extrêmement
diversifiés et on est en mesure de répondre à ces besoins-là au mieux
possible.
Mme
Hivon :
On me dit qu'il me reste une minute. J'aurais juste...
Une voix :
...
Mme
Hivon :
Oui? Vous vouliez ajouter?
M. Bourret
(André) : Bien, oui, petit complément. Effectivement, je confirme, il
y a eu un déplacement de l'inscription vers
les programmes courts, les D.E.S.S., et, comme on ne fournit pas de données à
la commission, bien, vous ne le voyez pas.
Mais, plus
spécifiquement, vous faites référence au projet de Lanaudière, ce programme de
maîtrise a été conçu pour pouvoir
être réussi en trois ans à temps partiel, et toute notre réforme de programmes
de la maîtrise pour gestionnaires est
conçue de la sorte. C'est possible, réaliste pour les gens de faire un
programme complet à temps partiel en trois ans de maîtrise. Vous irez voir les données de réussite
moyennes des maîtrises, y compris des maîtrises traditionnelles, on est
presque à trois ans. Alors, oui, il y a des efforts pour stimuler la réussite
et la diplomation.
Mme
Hivon : Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
52 secondes.
Mme
Hivon : O.K. Non,
je veux juste savoir...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Rapidement.
Mme
Hivon :
...si c'est une mauvaise impression que j'ai, mais j'ai l'impression qu'alors
qu'au début l'ENAP avait vraiment un
peu le monopole sur la formation en gestion publique, là, il y a un peu une
concurrence accrue de toutes sortes
de facultés qui développent des programmes, qui veulent diversifier leurs
offres, dans d'autres universités. Est-ce qu'effectivement la compétition pour former des gestionnaires dans la
sphère publique ou dans le milieu de la santé, de l'éducation est plus
forte depuis quelques années?
M. Michaud
(Nelson) : La compétition
existe, c'est vrai. Je vous dirais cependant qu'en termes de formation spécifique à l'administration publique on est
véritablement en position de tête et très loin en position de tête. C'est sûr
et certain que quelqu'un
qui fait un M.B.A. peut être un gestionnaire dans le secteur public, mais il va
avoir appris à faire des profits. Est-ce que nos ministères veulent
faire des profits? Je ne suis pas sûr. Le bien commun, les politiques publiques... Toutes les dimensions de politiques
publiques qui ne sont pas abordées ailleurs, chez nous, on l'aborde. On fait le pont entre l'administration, les politiques
publiques, alors que le département de sciences po qui fait de l'administration publique va être axé essentiellement sur les politiques publiques et les grands éléments de gestion. Une
faculté d'administration, si elle traite de l'administration publique, va en traiter très marginalement
comparativement à ce qu'on peut
faire. Nous, on réussit à aller chercher... On a, dans notre corps professoral,
on l'évoquait tantôt, des avocats, des gens en sciences sociales...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En terminant, M. Michaud.
M. Michaud (Nelson) : ...en sciences
sociales, en administration.
Mme
Hivon : Ça ne vous
inquiète pas?
M. Michaud (Nelson) : Non. Mais il
faut être vigilants.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, merci beaucoup pour votre contribution cet après-midi
aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux dirigeants de l'Université
du Québec à Rimouski de prendre place.
(Suspension à 16 heures)
(Reprise à 16 h 3)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...s'il vous plaît! Alors, merci. Je souhaite la bienvenue aux
dirigeants de l'Université du Québec
à Rimouski. Je vous rappelle que vous
disposez de 20 minutes pour votre exposé. Puis nous... aller à la période d'échange avec les membres de
la commission. Alors, je vous invite donc à vous présenter, et
vous pouvez commencer votre exposé.
Université du Québec à
Rimouski (UQAR)
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Merci, Mme la Présidente. Mesdames messieurs, membres
de la commission, c'est un véritable
plaisir pour nous d'être ici avec vous aujourd'hui. Je profite de l'occasion
pour souligner l'importance de cette
commission, évidemment, et, par ricochet, l'importance de vos travaux. Il est
essentiel de rendre compte à la société québécoise de l'utilisation des
fonds publics, d'autant plus que les universités jouent un rôle de premier plan
dans le développement du Québec.
Permettez-moi
de vous présenter les personnes qui m'accompagnent : donc, à ma droite,
Marjolaine Viel, vice-rectrice aux ressources humaines et à
l'administration, à ma gauche, François Deschênes, vice-recteur à la formation
et à la recherche.
Dans les
prochaines minutes, je vais vous présenter l'Université du Québec à Rimouski,
qui conjugue accessibilité et
excellence. Il s'agit d'une université bien ancrée dans son milieu, le plus
possible, nous le voulons, en symbiose avec celui-ci, tout en ayant un rayonnement à l'international. L'UQAR est une
université à vocation générale sise en région. Elle a fêté récemment, en 2014, ses 45 ans. Malgré son jeune âge,
l'université a atteint une maturité certaine, tant sur le plan de la
formation que sur le plan de la recherche.
L'UQAR
cherche constamment à se situer à l'avant-garde du développement et du partage
des connaissances. Elle permet
l'accès au savoir universitaire et collabore avec son milieu à l'essor des
collectivités. Elle forme des personnes en stimulant leur sens critique et les prépare à participer activement au développement pérenne de la société dans les régions où elle est implantée et
de par le monde.
L'UQAR contribue au développement du milieu par
la mise en oeuvre des trois éléments fondamentaux de la mission universitaire,
soit la formation, la recherche et bien sûr le service aux collectivités.
Le plan
d'orientation stratégique de l'UQAR,
donc le plan actuel, 2011-2016, comprend quatre grandes orientations : d'abord, viser l'excellence en
formation, intensifier le leadership de l'UQAR en recherche, accroître
l'accessibilité aux études et l'attractivité de l'institution, et
favoriser un environnement sain, motivant et efficient.
Permettez-moi d'abord de vous présenter le volet
formation de notre mission. Depuis sa création, l'UQAR a décerné 43 000 diplômes. En 2013-2014,
elle a atteint un sommet avec 7 300 étudiantes et étudiants, dont 450
en provenance de l'étranger. L'université a connu une croissance de son
effectif de près de 30 % depuis 2009.
L'UQAR
travaille à relever les défis de l'accessibilité et de la réussite. Ces défis
sont accentués par l'étendue du territoire
à desservir et par les caractéristiques de son effectif étudiant. Le profil des
personnes qui s'inscrivent à l'UQAR diffère
de celui, en général, qu'on voit dans les autres universités. En effet, elles
sont en général plus âgées, il y a davantage de personnes avec des responsabilités parentales, elles sont plus
nombreuses à travailler durant leurs études pour pallier aux difficultés
financières. Il y a également plus d'étudiants et étudiantes dits de première
génération. Nous avons probablement le plus
haut pourcentage d'étudiants de première génération au Canada, avec près de
70 %. Il faut mener à terme ces personnes-là, puisque ce sont des
personnes qui deviendront à leur tour des modèles à suivre.
L'université offre des services sur un vaste
territoire qui compte quatre régions administratives : Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent, La Haute-Côte-Nord,
donc la Côte-Nord, et la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine. Cette vaste étendue géographique, de près de 110 000 kilomètres
carrés, est aussi caractérisée par une faible densité de population. Pour répondre à ce défi, l'UQAR est devenue au fil
du temps une université à deux campus complémentaires et indissociables,
l'un à Rimouski et l'autre à Lévis. Nous
avons également des bureaux régionaux à Rivière-du-Loup et à Gaspé. Outre
ces quatre endroits, des cours sont
dispensés dans plusieurs autres lieux, dont Saint-Georges-de-Beauce, Thetford
Mines, Baie-Comeau, Forestville, Les Escoumins, La Pocatière, Sainte-Anne-des-Monts,
New Richmond, Carleton et les Îles-de-la-Madeleine,
pour n'en nommer que quelques-uns. Nous offrons aussi des services dans le
cadre de partenariats forts avec la corporation des services
universitaires des Appalaches en Beauce et avec la Corporation des services
universitaires du secteur Ouest de la Côte-Nord, de façon à renforcer notre
présence dans ces deux milieux.
Pour
illustrer notre présence et notre volonté de répondre aux besoins sur le
territoire, soulignons que nous offrons actuellement à temps complet le
baccalauréat en sciences infirmières sur nos deux campus mais également à
Matane, Rivière-du-Loup, La Pocatière,
Gaspé, New Carlisle et Baie-Comeau. Cette offre de service répond à un besoin
pressant d'un haussement des compétences
dans ces régions. Puisque les personnes qui s'inscrivent sont en général en
situation d'emploi, donc captives de
leur environnement, nous avons développé des approches pour être présents sur
le territoire, d'abord négocier les
ententes avec le milieu de la santé pour favoriser que ces personnes-là
puissent être libérées à certains moments
privilégiés de la semaine pour suivre leur formation. De plus, de façon à
atteindre les effectifs adéquats, nous avons
jumelé des villes deux à deux de manière à offrir les formations au plus grand
nombre possible. Bien sûr, pour nous, ça
représente des coûts particuliers, cette présence sur le territoire là, mais
nous jugeons qu'il s'agit d'un élément essentiel et important de notre
mission universitaire.
Également, plusieurs autres centaines de
personnes, près de 600, vont suivre des formations à distance à la prochaine session. Pour nous, c'est important
d'offrir des formations innovantes sur le plan de la formation à distance.
On offre, par exemple, actuellement, le
premier baccalauréat en enseignement accrédité par le gouvernement du Québec,
soit le baccalauréat en enseignement professionnel, offert en totalité à
distance.
• (16 h 10) •
Le
développement de divers types de formation à distance apparaît comme un moyen
incontournable pour tout établissement
d'enseignement des régions caractérisées par un vaste territoire faiblement
peuplé comme le Bas-Saint-Laurent, par
exemple, et la Gaspésie. Puisqu'il était de l'intérêt de tous les acteurs
éducatifs du milieu de joindre nos efforts, notre capacité, nous avons
lancé récemment un projet innovant, le projet FADIO, qui a pour but d'aider les
établissements d'enseignement à maximiser
l'utilisation de leurs ressources humaines, matérielles et techniques dans le
déploiement de la formation à
distance, aussi bien... de façon à bien positionner, pardon, la région au
niveau de la formation à distance. Donc, c'est un projet interordres qui
implique les commissions scolaires, les cégeps et l'UQAR. Donc, cet objectif-là
est évidemment de rehausser notre capacité de bien intervenir et d'offrir des
services éducatifs au plus grand nombre des personnes
des régions pour lesquelles on a une
mission particulière de bien les desservir. Cette synergie est caractéristique des régions comme la nôtre où les différents partenaires réalisent
constamment des alliances, qui sont favorisées par la proximité, bien sûr, mais également
par le désir de mettre nos forces en commun dans le meilleur intérêt
de tous et de concrétiser des avancées qui ne pourraient se faire
autrement.
Par ailleurs, il est intéressant de constater qu'en dépit de cette situation particulière dans
laquelle nous évoluons le taux de
diplomation et le niveau de satisfaction des étudiantes et des étudiants à l'égard
de l'UQAR sont plus que satisfaisants. En
effet, le taux de diplomation est de
79 % pour les personnes
inscrites à temps complet dans un baccalauréat et de 94 % pour les
personnes inscrites dans un programme dit... supérieures spécialisées, les
D.E.S.S.
De plus,
l'UQAR se positionne très bien dans les grandes enquêtes nord-américaines, et
ce, au niveau de plusieurs indicateurs de performance en matière de
qualité de la formation. À ce titre, mentionnons que récemment la revue Maclean's a publié, en 2015, des résultats de l'enquête NSSE — c'est l'une de ces enquêtes-là
nord-américaines — et, à
la question synthèse qui était la
suivante : Si c'était à refaire, est-ce que vous choisisseriez à nouveau
de faire vos études dans la même
université?, l'UQAR se classe troisième au Canada, première au Québec chez les
répondants ayant complété une année
de formation. Sans prétendre, bien sûr, que cela constitue une évaluation
formelle de la qualité de la formation, cela traduit à tout le moins un niveau de satisfaction élevé de la part
des personnes qui fréquentent notre institution. De plus, l'analyse des évaluations d'enseignement à
l'interne montre que le niveau de satisfaction global se situe année après
année au-delà de 85 %.
Comment on peut expliquer cette performance-là?
Je pense que la réponse est complexe puis je pense qu'elle repose sur un ensemble de facteurs. Explorons ici,
si vous voulez bien, un certain nombre de ces facteurs-là qui expliquent
le niveau de satisfaction et le fort taux de diplomation.
D'abord, on
favorise une participation active des personnes dans leur formation, que ce
soit à travers la réalisation de
travaux longs, de projets d'équipe, la rédaction, les présentations orales
également. Nos programmes conjuguent à la fois formation théorique et pratique, donc on vise des expériences
concrètes sur le terrain, et elles sont nombreuses, ces expériences-là. On favorise donc la proximité avec
le milieu pour pouvoir en faire bénéficier nos étudiants et étudiantes. De plus, chez nous, évidemment, le terrain, c'est
souvent le milieu naturel lui-même, qui, bien sûr, est diversifié et facile
d'accès.
Nous avons
également mis en place diverses mesures d'appui, par exemple un plan d'action
qui vise à enrichir l'expérience
étudiante, soutenir le corps enseignant et favoriser l'innovation dans les
programmes. Nous avons aussi le soutien
d'un centre d'aide à la réussite qui est particulièrement engagé, la tenue d'un
colloque annuel pour le personnel de
l'UQAR au niveau de la pédagogie universitaire, l'implantation graduelle de
l'approche-programme, l'utilisation d'outils, l'outil PROSPERE, par exemple, baccalauréat et PROSPERE maîtrise, qui
ont été développés par le réseau de l'UQ, qui visent l'étudiant à développer son propre... faire un propre diagnostic
de sa situation et au besoin demander l'aide nécessaire pour le soutenir
dans sa réussite, et finalement la création d'une boîte à outils technopédagogiques
favorisant le développement des compétences informationnelles.
Ces approches
et outils sont adaptés à notre réalité et font ainsi en sorte que notre
université s'est engagée à forger un
caractère distinctif qui repose sur une véritable culture d'accueil et
d'accompagnement. Qu'il s'agisse des professeurs ou du personnel administratif, nous pouvons affirmer que les membres du
personnel de l'UQAR se font un point d'honneur de soutenir nos étudiantes et étudiants dans leur cheminement et leur
offrir les échanges interpersonnels chaleureux et empathiques. Cette
recette dite UQAR favorise l'intégration harmonieuse et l'intérêt dans les
études.
Il importe
aussi de souligner que l'UQAR remplit un rôle primordial d'attraction et de
rétention des personnes dans les
régions qu'elle dessert, contribuant ainsi à renforcer l'occupation du
territoire québécois. Ainsi, 85 % des étudiants formés à l'UQAR qui
sont issus des régions dans lesquelles nous sommes implantés, soit
Chaudière-Appalaches, Haute-Côte-Nord, Bas-Saint-Laurent
et Gaspésie, demeurent, après leurs études, dans la région. De plus, 34 %
des personnes qui sont issues des
autres régions du Québec ou de l'étranger vont demeurer aussi dans la région
après leurs études. Donc, ce sont des
personnes, des entrepreneurs, des professionnels, des intervenants de la santé
que la région a besoin aujourd'hui mais
aussi également demain, connaissant la pénurie annoncée au niveau de la
main-d'oeuvre. Elles consolident le tissu social et culturel qui permet
au milieu de se développer.
L'université
elle-même constitue un pôle, évidemment, d'attraction avec ses 500 employés
réguliers. Il y en a pratiquement autant sous forme contractuelle. Donc,
évidemment, c'est un atout supplémentaire pour la région. Ces personnes contribuent
évidemment au potentiel économique, social de nos communautés.
L'UQAR attire
aussi des étudiantes et des étudiants provenant de 35 nationalités dans le
monde, et nous savons que plusieurs
s'installent en région à la suite de leur passage chez nous. Non seulement
l'UQAR attire un effectif étranger, mais
elle accompagne ses propres étudiantes et étudiants qui souhaitent le faire de
se doter d'une expérience à l'international à travers des possibilités
de poursuivre leur formation dans des programmes à l'étranger.
J'aborderais
maintenant, si vous voulez bien, le volet recherche de notre mission. L'UQAR se
classe parmi les meilleures
universités au pays, selon la firme indépendante Research Infosource. En effet,
l'UQAR a été désignée université de l'année
en recherche au Canada dans sa catégorie en 2011 et en 2013, et elle a obtenu
une troisième place en 2012 et une deuxième
place en 2014. Pour effectuer ce classement, l'entreprise, la firme Research
Infosource, se base sur cinq critères, soit le
financement de la recherche, le nombre de publications et l'impact de ces
publications-là, donc la qualité dans les revues dans lesquelles les chercheurs
de l'UQAR publient. L'UQAR se distingue par sa maturité en recherche et par sa
capacité à mener des programmes de recherche
de calibre international. La qualité et le rayonnement de ses chercheurs
contribuent à la réputation de l'UQAR.
L'UQAR a
choisi de développer ses axes d'excellence en adéquation avec les régions
qu'elle dessert : les sciences de
la mer, le développement régional et la nordicité. Ces axes contribuent au
développement du savoir, à la formation de la relève scientifique et
favorisent la prise de la décision dans les divers champs respectifs.
Les chercheurs en sciences de la mer proviennent
de diverses disciplines et contribuent à l'avancement des connaissances fondamentales et appliquées des
milieux marins et côtiers. Ils évaluent les impacts de l'activité humaine
sur nos ressources en développant des outils
indispensables à la bonne gestion de notre patrimoine maritime. Pour soutenir
cet axe de recherche, l'UQAR possède des infrastructures de pointe, notamment un navire de recherche de 50 mètres, le Coriolis II, parfaitement adapté à la
recherche dans le milieu... le Saint-Laurent et le golfe. Les chercheurs ont également accès
à une station aquicole alimentée en eau salée qui permet de faire des
expérimentations plus poussées au niveau de la recherche dans le
secteur.
L'axe de développement régional favorise une approche multidisciplinaire, également, qui permet de répondre au défi de l'évolution économique et
démographique des communautés rurales et régionales et de s'ajuster aux
nouvelles perspectives durables.
L'axe
nordicité permet de mieux comprendre le fonctionnement des milieux continentaux
froids, de manière à répondre aux
enjeux majeurs dans le domaine de la conservation et la gestion durable. De
manière interreliée, les axes de
recherche de l'UQAR s'inscrivent également dans les enjeux actuels du gouvernement du Québec, notamment en lien avec la stratégie maritime et le Plan
Nord.
Par ailleurs, il importe de souligner que l'UQAR réalise des travaux de recherche
dans plusieurs autres domaines d'intervention,
dont le génie, les sciences de l'éducation,
les sciences de la gestion, l'éthique, la littérature, pour n'en nommer
que quelques-uns. L'UQAR est particulièrement fière de son positionnement en
recherche.
L'université est très impliquée — nous
aimons dire «enracinée» — dans
son milieu à travers les actions en recherche,
en formation, mais aussi l'implication de sa communauté. Nous aurions pu
dresser une longue liste d'actions concrètes
pour démontrer cette implication, mais, l'UQAR, sachez qu'elle évolue en
symbiose avec son milieu et constitue un partenaire essentiel dans les régions
qu'elle dessert.
Maintenant,
si vous permettez, l'épineuse question de la santé financière de l'UQAR. Alors,
comme vous le savez, le contexte
financier actuel des universités a été passablement perturbé au cours des
dernières années. Malgré cela, nos efforts
ont toujours été orientés vers l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Au cours
des 10 dernières années, un seul exercice financier s'est soldé par un léger déficit, de moins de
400 000 $. Le déficit cumulé de l'UQAR, à son fonds de fonctionnement, au 30 avril 2014 se
situe à 17,9 millions, dont 14,2 millions découlent des avantages
sociaux futurs. Donc, c'est une
situation financière, si on regarde, qui est quand même très avantageuse par
rapport à plusieurs universités. Par contre, les défis demeurent
nombreux, vous allez le constater.
Cependant,
cette année, en 2015-2016, nous n'avons pas été en mesure d'adopter un budget
équilibré, malgré des efforts de
rationalisation importants depuis 2012-2013. Des travaux sont en cours pour
tenter de relever ce défi qui fragilise notre institution. Il importe ici de signaler que plus de 84 % de
notre budget est consacré à la masse salariale. Cependant, il est difficile de réduire, puisque, dans bien
des cas, l'expertise est unique. Prenons l'exemple, là, d'une personne qui
travaille avec les entreprises. Bien, on a
une personne, un professionnel, chez nous, à l'UQAR, qui est dédiée à ce
lien-là privilégié à maintenir avec
les entreprises. Si on coupe ce poste-là, bien, c'est se couper des liens qu'on
a avec les entreprises du milieu.
Donc, quand on est d'une taille qui est relativement modeste, bien, couper des
postes, ça devient de plus en plus difficile lorsque ces postes-là ont
des fonctions qui leur sont propres.
• (16 h 20) •
Le système
universitaire québécois représente une force pour le Québec, un ensemble
d'institutions diversifiées et complémentaires
permettant une offre de services, somme toute, de grande qualité sur une vaste étendue territoriale.
Il faut s'en réjouir et s'assurer
d'en maintenir la cohésion. Il faut offrir à tous les Québécois,
à toutes les Québécoises un système universitaire de qualité, puisque l'avenir du Québec
en dépend largement, tout particulièrement dans le contexte mondial actuel. Nous croyons avoir démontré le caractère
distinctif et complémentaire de l'UQAR, et par conséquent son importance
dans l'échiquier universitaire québécois.
Malgré la situation financière difficile, nous
sommes fiers des réalisations de l'université. La communauté de l'UQAR a manifesté son engagement
à soutenir son université en participant massivement à la présente campagne
majeure de financement. Pour
l'illustrer, le taux de participation du personnel de l'UQAR à la campagne est
de 67 %, ce qui est tout à fait exceptionnel. Et la somme recueillie jusqu'à
présent est de 3 millions, auprès du personnel de l'UQAR, ce qui est
quand même énorme sur un horizon de cinq ans.
En
mai 2015, l'UQAR a accueilli le 85e congrès annuel de l'ACFAS, et ça
a été un succès qui a été reconnu par l'ensemble
des participants et participantes. Si nous avons été en mesure d'accueillir ce
congrès et d'offrir une prestation de qualité, c'est grâce à
l'implication, la mobilisation de la communauté. Plusieurs l'ont fait de façon
bénévole.
Comme je l'ai
mentionné, les défis demeurent nombreux, mais ces exemples montrent cependant
que nous pouvons compter sur le
dynamisme de notre communauté pour y faire face, mais également,
il faut le rappeler, la communauté de
l'UQAR et les milieux qu'elle dessert comptent aussi sur l'appui du
gouvernement du Québec pour poursuivre sa mission. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange. Nous
commençons avec le groupe parlementaire formant le gouvernement. Alors, je cède
la parole au député de Papineau.
M. Iracà : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je salue M. Ouellet et toute son équipe de dirigeants, l'université. Merci beaucoup pour votre
présentation. Ça a amené beaucoup d'éclairage par rapport à ce qui se passe
chez vous et beaucoup d'informations pertinentes.
Je vous dis
d'entrée de jeu : Bravo d'avoir budgété serré dans les dernières années!
Ce n'est pas toujours facile, mais
c'est tout en votre honneur. Je vous invite à continuer à le faire. Je suis
certain que vous allez trouver les meilleures solutions possible pour cette année. En travaillant en équipe, une
équipe de gestionnaires, j'imagine que vous allez trouver les bonnes
solutions pour passer au travers de cette année.
Moi,
j'aimerais revenir sur un point. Vous avez mentionné le profil des étudiants de
votre université et vous avez fait
mention que vous avez un profil où les étudiants sont les plus âgés. J'imagine,
puis c'est une question... Peut-être en même
temps que ça reflète un peu l'âge moyen de la population avoisinante, là, de
l'université, dans les régions que vous desservez. Et je me demandais si vous travaillez sur le profil des étudiants
ou c'est simplement un constat que vous faisiez en disant : Bien, on a les étudiants les plus
âgés. Puis je n'ai rien contre ça, là, c'est bien correct d'avoir des étudiants
plus âgés. Moi, j'ai 44 ans,
donc, je ne sais pas, probablement que je serais considéré comme plus âgé si je fais
un retour aux études...
Une voix : ...
M.
Iracà : Très âgé, hein?
Mais, en fait, j'ai 45, j'ai eu 45 cet été, mais j'ai arrêté de compter à 44,
je me dis : C'est fini cette année.
Alors, je
reviens sur le profil étudiant, est-ce
que c'est un constat tout simplement
que vous faites ou vous avez quand
même des intentions, des objectifs
quant à peut-être diversifier un peu le profil de vos étudiants
avec des objectifs à court,
moyen, long terme? Je sais que vous avez parlé un peu des étudiants étrangers,
tout ça, j'aimerais vous entendre là-dessus, sur le profil étudiant.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Je ne dirais
pas que nous avons les plus âgés, mais je dirais qu'en général, si on se
compare par rapport à l'ensemble du
réseau universitaire québécois, l'âge moyen est plus élevé. Je pense
que c'est dû au fait aussi qu'il y a beaucoup
de personnes qui font des retours aux études. Donc, dans notre cas, nous en
avons beaucoup.
C'est peut-être lié aussi au fait que nous avons
des conditions d'encadrement qui sont assez serrées, je l'ai mentionné, je pense qu'on est fiers de
l'encadrement qu'on offre, et ça, ça fait en sorte que ça favorise la réussite,
mais aussi ça favorise la réintégration aux études. On a une
réintégration qui est réussie.
Donc, le
constat, c'est qu'effectivement on a des étudiants qui sont plus âgés, mais on
a également aussi un fort pourcentage d'étudiants qui
terminent leur cégep qui s'inscrivent chez nous dans la continuité de leur
profil, de leurs études. Donc, je pense
que c'est un amalgame d'étudiants à temps plein, mais aussi le fait qu'il y a beaucoup
d'étudiants à temps partiel, donc ces étudiants-là qui favorisent un
retour ou qui poursuivent leurs études tout en travaillant. Donc, à ce
moment-là, le constat est qu'on a des étudiants qui sont plus âgés que la
majorité dans le système universitaire québécois.
M. Iracà : Alors... une sous-question,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député.
M.
Iracà : Alors, vous êtes
toujours dans le constat. Maintenant, pour la deuxième partie de ma question,
est-ce que vous avez des objectifs
pour diversifier les étudiants que
vous avez à court, moyen terme? Est-ce
que vous visez à aller
chercher une certaine clientèle? Est-ce que vous avez du développement par
rapport à ça?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : C'est sûr
qu'on a un défi particulier, compte
tenu de la taille de l'université, notamment,
si je regarde du côté du
campus de Rimouski, on a un défi d'accentuer notre recrutement, s'assurer que
l'université soit toujours attirante. Il faut qu'elle soit attractive. Pourquoi
c'est essentiel d'attirer des étudiants? Ce n'est pas qu'un per quantile, c'est
que ce sont des personnes qui font en sorte que ça nous permet de maintenir des
programmes à flot, de faire survivre des
programmes. Si on n'est pas agressifs sur le plan de notre capacité à attirer
des étudiants chez nous, à ce
moment-là c'est la survie de certains programmes qui serait en péril, puis, à
ce moment-là, si c'est des programmes en
moins, c'est l'accessibilité, c'est l'offre de services pour les régions qu'on
dessert qui serait affaiblie. Donc, on a, à quelque part, une pression à
faire en sorte de s'assurer qu'on soit attractifs puis qu'on réussisse à bien
attirer des étudiants.
Il faut
être conscient que, du côté du campus de Rimouski... c'est différent du côté de
Lévis, mais, du côté de notre campus
de Rimouski, évidemment, la baisse démographique, évidemment,
nous affecte. C'est une population, vous l'avez mentionné, qui est vieillissante, on anticipe un creux. Il y a
un creux actuellement au
niveau de la population,
là, des jeunes qui étudient au niveau du secondaire mais également au
niveau collégial, puis évidemment ça se répercute chez nous. Mais je pense qu'on a réussi, toujours, à
pallier ces éléments-là à travers notre attractivité, on a réussi à attirer des
étudiants de partout au Québec
et de l'étranger dans nos divers programmes. Mais c'est sûr que le défi
démographique dans les régions dans
lesquelles on est implantés, en particulier du côté de l'est, fait en sorte
que c'est plus difficile pour nous de
maintenir un recrutement efficace. Puis évidemment c'est un défi de
maintenir, dans ce contexte-là, des programmes viables.
M. Iracà : Peut-être une dernière
sous-question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député de Papineau, oui, oui.
M. Iracà : Est-ce que je comprends
qu'en... Aujourd'hui, là, en 2015, est-ce que vous êtes en mesure de me mentionner ou de me dire s'il y a
des programmes qui sont en péril à votre université dû au manque
d'étudiants? Et est-ce qu'il y a
des programmes qui ne le seront jamais, où vous avez des cohortes complètement pleines avec des listes d'attente par rapport à un programme
bien spécifique? Est-ce que vous êtes capables de voir, là, avec l'historique
puis avec ce qui s'en vient,
où mettre l'énergie et peut-être où moins mettre l'énergie pour peut-être
pousser d'autres domaines?
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Effectivement, il y a tous les cas de figure.
Vous l'avez mentionné, il y a des programmes
qui sont contingentés puis pour lesquels on fait facilement le plein. Il y a
d'autres programmes où c'est plus difficile
mais qu'on juge essentiel tout de
même de maintenir, puisque
c'est un service qu'on offre à la population. Donc, c'est
un défi qu'on doit relever, donc, de maintenir notre niveau d'attractivité de façon
à être capables de faire en sorte que ces programmes-là puissent
survivre.
Mais
c'est important pour nous de les maintenir, puis on va tout faire pour
maintenir ces programmes-là, puisque,
je l'ai mentionné d'entrée de jeu, ça fait partie aussi de notre mission. Et on fait des efforts
particuliers pour maintenir un
éventail de programmes de façon à offrir un service adéquat à la population.
Je pense qu'on est une université à vocation
générale, et il faut s'assurer d'offrir une panoplie de programmes.
Par ailleurs, vous l'avez mentionné à juste titre, on explore aussi la possibilité de développement de nouveaux programmes, notamment dans le domaine de la santé, où on pense qu'on
peut poursuivre nos avancées, puisqu'il existe des besoins particuliers en région. On est
capables d'offrir un service qui est de qualité puis qui est adapté aux besoins
particuliers des régions qu'on dessert.
Donc, il est certain qu'on est toujours à l'affût de possibilités de développement de nouveaux programmes dans plusieurs champs disciplinaires, mais évidemment
il faut s'assurer que ces programmes-là puissent faire en sorte d'être suffisamment
attractifs pour qu'on puisse les offrir de façon adéquate.
M. Iracà :
Tout simplement, Mme la Présidente, un commentaire en terminant.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y.
M. Iracà :
Alors, je vous incite à maintenir votre excellent travail. Et surtout quelque chose de très important que vous
avez mentionné, c'est la capacité de rétention des étudiants qui fréquentent
vos universités et de demeurer en région. Dieu sait qu'on a besoin de gens en région qui y demeurent. Donc, je pense
que vous avez un rôle très, très, très important
à jouer là-dessus, alors je vous invite à
continuer de jouer ce rôle-là extrêmement important pour les régions du Québec.
Bravo!
Une voix :
Merci...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau. Alors, je cède la parole au député de D'Arcy-McGee.
• (16 h 30) •
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Je vais vous souhaiter la
bienvenue, à M. Ouellet, Mme Viel, M.
Deschênes. Merci pour votre exposé à la fois intéressant et inspirant, en
quelque part. Je peux imaginer les défis en région, qui s'ajoutent aux défis qui confrontent tout le monde dans ce
secteur actuellement. Et votre portrait nous donne raison à croire que
vous êtes en train de combler votre mission avec panache et avec réussite.
Il
y a pour moi aussi quelques particularités qui m'intriguent sur le plan de vos
effectifs. Alors, j'aimerais vous poser
une question ou deux là-dessus et aussi sur la réussite des études, et, si je
peux, le temps me permettant, parler des finances un petit peu aussi.
Trois
phénomènes qui m'intriguent, et peut-être que vous pouvez en élaborer. Vous
avez fait signer un... signalé ces
choses-là, mais peut-être nous... nous offre quelques détails. C'est quelque
chose, en région — on parle
de dépeuplement des régions — de voir une augmentation de près de
30 % auprès de vos effectifs dans les derniers six ans. Vous parlez
d'un creux qui s'en vient, mais j'aimerais
connaître un petit peu plus là-dessus. Je trouve ça peut-être troublant, je ne
sais pas, vous allez m'éclairer
là-dessus, de voir qu'il y a 70 % de l'effectif total de femmes. Ça, ce
n'est pas troublant en soi, mais je
me demande : Est-ce qu'il y a un phénomène qui s'exprime en quelque part
quand on parle de 30 % d'hommes? Et une autre fois vous avez touché là-dessus, mais une augmentation très
intéressante en ce qui a trait à votre... le nombre d'élèves de
l'étranger. Ça, c'est trois aspects, sur les effectifs, en termes
démographiques, si je peux.
En même temps, je
note peut-être une histoire de bonne nouvelle, nouvelle mitigeante quand on
parle des résultats un petit peu, un taux de diplomation de premier cycle assez
intéressant, et surtout dans un secteur qui nous préoccupe tous, là, secteur de
santé, un taux de diplomation très intéressant, en même temps, et je crois que
c'est un phénomène qu'on voit ailleurs, mais
peut-être qu'il est plus problématique chez vous, un taux de diplomation chez
les étudiants inscrits à temps
partiel qui est très mitigé. Est-ce que je peux vous inviter de nous parler de
ces quatre, cinq phénomènes un petit peu?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. Alors, M. Ouellet.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Très bien. Au niveau de l'augmentation de
l'effectif, je pense, c'est plusieurs éléments. D'abord, l'augmentation de notre présence au niveau du campus de Lévis.
Évidemment, le campus de Lévis a connu une croissance importante au cours des dernières années. Il y a aussi la
formation à distance qui a pris son essor. Comme je l'ai mentionné, il y a à peu près
600 personnes qui vont être inscrites à l'automne dans nos programmes à
distance. Puis, il y a également notre présence accrue sur le territoire. Je
l'ai mentionné, hein, sciences infirmières, on est présents à temps plein dans plein de localités. Bien, ça,
évidemment, ça joue aussi en notre faveur. Donc, c'est l'ensemble de ces
éléments-là, je dirais, qui ont
contribué à l'augmentation de l'effectif étudiant. Puis évidemment je pense que
nos créneaux d'excellence font en
sorte qu'on attire beaucoup d'étudiants au niveau des cycles supérieurs, des
étudiants de partout dans le monde qui veulent profiter de l'expertise
particulière qu'on a dans ces créneaux-là.
En ce qui a
trait à la présence des femmes, vous avez raison, 70 %, environ, là, de
notre effectif étudiant qui est composé
de femmes. C'est lié d'une part à la nature de nos programmes, il faut quand
même l'admettre, mais aussi, on le voit de plus en plus, les femmes sont davantage
omniprésentes, les hommes, un peu plus effacés au niveau universitaire. Je pense que, maintenant, il ne reste que très peu
de programmes où ce sont les hommes qui y sont davantage prépondérants. Donc, un coup de chapeau pour les femmes au niveau
de leur présence. Évidemment, c'est une réflexion qui est importante, je pense, à faire pour l'avenir de la société.
Comment on doit s'y prendre? Je pense que c'est peut-être... la réflexion doit
commencer un peu plus tôt qu'à l'université.
Je pense que ça commence au primaire, au secondaire. Donc, c'est un défi,
je dirais, sociétal qu'il faudra éventuellement, peut-être, adresser.
En
ce qui a trait aux étudiants étrangers, évidemment on a eu une croissance
importante au cours des dernières années.
On était à 450 récemment. Pour nous, c'est fondamental, la présence d'étudiants
étrangers. On est dans un milieu qui
est assez homogène, donc la présence d'étudiants étrangers vient enrichir notre
caractère multiculturel de notre institution. Donc, c'est un apport qui
est très, très important à cet égard-là.
Autre élément, c'est
des personnes, comme je l'ai mentionné, qui viennent se greffer à nos groupes,
donc qui permettent à des programmes de
survivre grâce à leur présence, donc les jeunes des régions qu'on dessert
peuvent ensuite en bénéficier. C'est aussi des gens qui sont souvent,
dans notre cas particulier, inscrits dans des programmes de cycle supérieur, donc des programmes où il y a une
composante recherche qui est très forte. Donc, ces gens-là ne sont pas que
des acteurs passifs, ils vont contribuer concrètement au développement du
Québec et au développement de la société en
général à travers leur contribution à la recherche. Donc, ils vont contribuer à
développer de nouvelles connaissances,
de nouveaux modes de gestion qui vont par la suite être utiles pour le Québec.
Donc, c'est des contributeurs actifs.
Donc,
pour nous, c'est essentiel de pouvoir maintenir notre capacité d'attraction au
niveau des étudiants étrangers. Et je
dirais qu'on devrait collectivement se lancer un défi. Ça devrait être le
gouvernement du Québec qui travaille avec l'ensemble des universités québécoises pour développer une véritable
stratégie concertée d'accueil d'étudiants étrangers. On n'a pas fait le plein. Ce plein-là, on peut le
faire davantage, mais les pays qui ont réussi, ce sont les pays qui ont axé
sur la vente d'une destination.
Actuellement,
on travaille tous de façon isolée, on vend une institution. On vend l'UQAR, on
vend l'UQAM, on vend McGill, on vend Montréal. Mais, si on travaillait
ensemble, on commencerait par d'abord vendre le Québec aux étrangers, et ensuite vendre la qualité de notre
système universitaire, puis par la suite vendre chacune des institutions, et ça
ferait en sorte qu'on serait beaucoup plus
compétitifs. Et il ne faut pas penser que, parce qu'on adopterait une stratégie
comme celle-là, on se nuirait les uns les
autres, c'est plutôt le contraire. Le bassin à l'étranger est tellement
important qu'il faut être capables d'unir nos forces pour être capables
de profiter de ce bassin-là.
Une
distinction importante, et, nous, c'est un élément qui nous touche, le marché
des étudiants et... la mobilité étudiante,
c'est surtout un marché anglophone. Donc, le marché francophone est moins
développé. Donc, pour nous, c'est plus difficile d'attirer des étudiants
étrangers que les institutions anglophones. Et c'est encore plus difficile pour
une université qui est plus petite, parce
qu'on n'a pas le même rayonnement, hein? Un étranger qui regarde le Québec, il
va regarder la carte, il va voir
Montréal, il va voir la capitale, Québec. S'il est curieux un peu, il va
regarder les villes. À un moment
donné, il va peut-être arriver sur Rimouski, mais vous voyez, sur la carte, on
n'a pas un gros point, là, donc il faut
pratiquement être chanceux qu'il nous déniche, puis par la suite qu'il voie nos
forces, puis qu'il décide de venir chez nous. Puis malheureusement on n'a pas la capacité financière d'avoir une
stratégie qui est très développée à l'international. On investit très peu, et c'est à travers les
contacts qu'on a, quelques missions, mais vraiment c'est très modeste comme
capacité qu'on a d'attirer les étudiants étrangers, mais on pourrait faire
beaucoup mieux collectivement.
En
ce qui a trait au taux de diplomation, je l'ai mentionné, je pense qu'on fait
bien notre travail pour les étudiants à temps complet, certains programmes,
mais vous avez raison de mentionner que, les étudiants à temps partiel, c'est plus difficile. Mais il faut comprendre que ces
gens-là ne visent pas nécessairement... Puis je pense que M. Michaud, quand
je suis arrivé, il terminait son intervention,
une de ses interventions là-dessus, il disait : Parfois, l'étudiant à
temps partiel, il ne veut pas
nécessairement le diplôme, mais il veut aller chercher les compétences qui vont
lui permettre d'avancer, d'aller
chercher le premier emploi ou de mieux se positionner dans son marché du
travail, puis souvent il n'a pas besoin de s'inscrire dans un baccalauréat, mais il va aller chercher à la pièce
ce qu'il a besoin pour aller plus loin. Et, si la personne obtient ce qu'elle veut, soit l'avancement dans son
travail ou l'emploi qu'elle souhaite, bien, elle est susceptible d'abandonner, là. Parce que c'est une contrainte
qui est particulière, d'étudier tout en travaillant, et souvent nos étudiants
à temps partiel font les deux. Donc, à ce moment-là, c'est à nous de vraiment
réussir à mettre les conditions gagnantes. Mais
c'est un défi, puis il faut s'attendre à ce que ce taux-là soit toujours
inférieur aux étudiants à temps complet, mais ce n'est pas négatif en soi, il faut voir les bénéfices que ces
personnes-là reçoivent même si elles ne complètent pas leurs diplômes,
le bénéfice d'une formation universitaire qui vient ajouter des atouts à leur
curriculum vitae.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, madame...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Ah! il ne vous reste plus de temps, désolée.
M. Birnbaum :
Oh! mon Dieu!
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je viens de voir l'écran, ça fait
qu'il ne reste plus de temps. On va revenir au prochain bloc, merci.
Alors, on va passer de l'opposition officielle, et je cède la parole au député
de Rimouski.
M. LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Saluer les gens de l'université, M. Ouellet, Mme Viel, M.
Deschênes. J'en profite aussi pour
saluer le nouveau député de Jean-Talon. C'est la première fois qu'on travaille
ensemble, bienvenue, bon retour.
L'Université
du Québec à Rimouski, c'est beaucoup même Rimouski. Pour dire, vous êtes
présents partout, vous êtes impliqués
dans le développement de la région, puis pas que de Rimouski, de tout l'Est du
Québec. C'est une université régionale.
Quand on pense... Puis moi, c'est peut-être un témoignage, là, j'ai été longtemps
dans des cabinets, dans le temps où
il y avait un ministère des régions, et, à ce moment-là, quand on développait
des politiques de développement régional, on ne pouvait pas faire autrement que communiquer avec l'Université du
Québec à Rimouski, avec les chercheurs là-bas, qui pouvaient faire des analyses, qui pouvaient nous donner... Toute la
Politique nationale de la ruralité, ce ne serait pas ce que c'est aujourd'hui puis ça n'aurait pas
l'impact que c'est sans l'Université du Québec à Rimouski puis les chercheurs
qui étaient là puis qui nous ont transmis
beaucoup, beaucoup de documents, d'analyses et d'informations. C'est la même
chose pour tout ce qui... C'est assez
impressionnant de voir l'impact de ce milieu-là par rapport au développement
régional, que l'université a eu au
Québec. C'est la même chose par rapport au maritime, au développement maritime,
à la recherche, à l'environnement
marin, et tout ça. L'Université du Québec à Rimouski, c'est majeur, pas que
pour la région, mais pour l'ensemble du Québec.
Il y a aussi
l'implication de l'université dans nos organisations régionales. Pour avoir
participé à la défunte CRE longtemps, M.
Ouellet était toujours là, autour de la table à la CRE pour nous impliquer dans le milieu, impliquer dans des initiatives de développement du milieu, et ça, c'est du temps,
c'est de l'énergie. Ça fait que c'est important de le dire.
Et,
quand je lis, dans le journal chez nous, dans... En avril, je lisais que, L'UQAR dans le rouge,le
recteur était... disait que «l'UQAR
vit [une] des pires situations financières de son histoire des 20 dernières années». On parle
d'un déficit... Là, on dit : Un
déficit, pour la prochaine année financière, qui pourrait atteindre
3 millions, sur un budget de fonctionnement de 80. On disait que
«la conjoncture pourrait aller jusqu'à menacer la mission de l'établissement et
la qualité de ses services». Pour nous
autres, c'est majeur quand on entend ça dans Rimouski, c'est majeur. Et ce que
j'aimerais entendre de vous... de
nous expliquer un peu c'est quoi, cette situation-là que vous dites qui est la
pire situation financière depuis 20 ans,
et c'est quoi, les impacts que ça peut donner dans une région comme la nôtre,
ces compressions auprès de l'UQAR.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Rimouski.
M. LeBel :
Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Ouellet.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : J'en profite également pour inviter mes collègues
à m'épauler dans les réponses, donc à ne pas hésiter à participer.
Bien,
écoutez, c'est sûr qu'au cours des dernières années il y a eu quand même des
compressions importantes et qui se
répercutent dans le temps. Ces compressions-là, on l'a évalué chez nous, c'est
de l'ampleur d'un peu plus de 5 millions de dollars, donc,
évidemment, ça tient compte des compressions budgétaires et aussi de la
modification au niveau de la PNRI, donc la
Politique nationale sur la recherche, innovation. Il y a eu des modifications
au niveau des frais indirects de la
recherche, ça a été souligné tout à l'heure, et pour nous ça a eu un impact
important, puisqu'on attire... on réussit à aller chercher, par exemple,
4 % du financement de la recherche québécoise, mais avec très peu d'espace
de recherche. Donc là, on a accentué le
financement des espaces de recherche au détriment des frais indirects, donc le
montant qu'on reçoit en fonction des subventions. Donc, pour nous, cette
modification-là a été majeure.
Si
on l'additionne aux compressions, je l'ai mentionné, c'est à peu près
5 millions d'impact. Ce 5 millions là, on a réussi à absorber, pour l'instant, à peu près
4 millions, dont 2 millions au niveau de la masse salariale. Mais ça
veut dire quoi, ça? 2 millions
de la masse salariale, ça veut dire que, pour l'instant, on a 20 postes de
professeur qui est non comblé sur
220. C'est quand même important. Donc, c'est des professeurs en moins pour
faire de la recherche, pour donner les cours,
pour s'impliquer dans le milieu. Donc, quand on a des équipes qui sont
réduites, quand on pense à des programmes, on a quand même une diversité de
programmes qu'on offre, puis, si à ce moment-là il manque un joueur ou deux
dans cette équipe-là, bien, c'est la qualité
de cette équipe-là qui est remise en question puis sa capacité de bien oeuvrer
ensemble.
On
a également coupé dans du personnel surnuméraire. On a fait des coupures aussi
dans nos budgets de fonctionnement, qui sont très, très réduits. On l'a
mentionné d'entrée de jeu, 84 % de notre budget, c'est au niveau de la
masse salariale. Donc, les autres éléments
de nos dépenses, on les a comprimés à peu près au maximum. Le chauffage,
c'est difficile de le couper. Donc, le
déneigement, c'est difficile, les frais de déplacement liés, par exemple, aux
chargés de cours qui vont aller dispenser
le fameux programme en enseignement en sciences infirmières à Gaspé. Donc, vous
voyez, il y a des éléments comme ça qui sont difficilement
compressibles. Ce qui fait qu'évidemment ça se traduit par une situation qui est plus délicate, moins de professeurs,
donc moins de dynamisme dans nos programmes, moins de capacité justement à réfléchir à l'évolution de nos
programmes, à favoriser l'encadrement réussi de l'ensemble des personnes qui
s'inscrivent à l'UQAR.
Je
ne veux pas avoir un discours défaitiste, parce qu'en même temps je pense qu'on
offre de bons services, mais c'est
clair que cette situation-là représente un très fort défi pour nous, parce
qu'on veut maintenir des standards de qualité. Puis, pour nous, c'est tellement fondamental, notre présence sur le
territoire puis notre diversité de programmes, qu'on ne veut pas toucher à ces éléments-là. Donc, on
coupe en périphérie, avec des conséquences qui ne sont pas toujours les
bonnes dans le contexte actuel.
Donc,
évidemment, c'est difficile. Je l'ai dit, il y a un dynamisme. Je pense que la
communauté universitaire est derrière nous dans cet effort-là. On va
essayer de trouver les avenues, mais j'anticipe que ça va être très, très
difficile pour la
prochaine année. Je pense que la modification combinée de quelques éléments
budgétaux et des compressions budgétaires,
pour nous, ça arrive comme en même temps, et l'impact est comme plus fort chez
nous à cause de certaines mesures, puis, compte tenu qu'on était déjà
très, très à l'étroit, c'est très difficile.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Rimouski.
M. LeBel :
L'impact, concrètement, là, si on parle au niveau de la recherche, au niveau de
la recherche ou de l'implication... Parce
que vous avez parlé, tantôt, beaucoup que les étudiants, ils font beaucoup de
terrain. Les étudiants sont beaucoup sur le terrain, ils apprennent
concrètement, ce n'est pas juste de la théorie. Est-ce qu'on peut penser que l'impact de ces compressions-là, par rapport aux
profs, par rapport... va faire en sorte que l'université aura des choix
difficiles à faire par rapport à son implication dans le milieu ou de la
recherche sur les outils de développement nouveaux qu'on pourrait avoir
dans notre milieu, par rapport, entre autres, au développement régional en
général?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : On ne souhaiterait pas modifier notre caractère
identitaire. Je pense qu'on s'est développés,
au fil du temps, une identité d'une université
qui est accueillante, qui encadre bien ses personnes, qui est proche de son milieu et qui offre une diversité de
programmes. On souhaite garder ces acquis-là. Ce qu'on a fait pour l'instant,
c'est qu'on a coupé beaucoup dans les
ressources humaines, mais en espérant toujours avoir l'espoir qu'on sera en
mesure de recombler ces déficits-là.
Puis c'est sûr qu'en parallèle on revoit nos processus, on revoit nos façons de
faire, on apporte des modifications,
mais la commande actuellement est trop rapide par rapport à la capacité
d'ajustement qu'on a. Puis il y a
peut-être un contexte particulier. Souvent, l'attrition peut être une avenue,
mais ça adonne qu'actuellement ce n'est pas une avenue sur laquelle on peut vraiment s'appuyer, parce qu'il n'y
a pas beaucoup de départs à la retraite d'annoncés dans les prochaines années. Puis parfois, dans des
équipes réduites, si c'est un départ d'une personne qui est à un poste clé,
stratégique, on est parfois dans l'obligation aussi de le remplacer. Donc, ça
nous met dans une position délicate.
Je
ne sais pas si François, plus particulièrement pour l'enseignement, la
recherche, pourrait ajouter des éléments.
M.
Deschênes (François) : Bien,
peut-être spécifiquement sur la question, tout à
l'heure, des exemples terrain qui a été mentionnée, oui, on a déjà été
obligés de réduire. Il y a des activités terrain qui n'ont pas eu les budgets qu'ils
avaient besoin pour qu'ils se réalisent.
Pour la prochaine année, donc, il y a déjà des impacts concrets, mais on essaie de
les minimiser puis de les répartir. C'est un petit peu la stratégie qui a été
faite.
On
a aussi essayé d'optimiser quand on a des programmes où il n'y a pas beaucoup
d'étudiants, mais comme on est
capables d'optimiser l'offre de ces programmes-là... Parce
qu'on tient à ne pas les mettre en
péril, ces programmes-là. On
n'a peut-être pas beaucoup d'étudiants, mais on sait qu'à 85 % ils restent dans la région après. Ça veut
dire qu'on pourrait se passer de
cette main-d'oeuvre-là en région, puis on ne peut pas s'en passer. Il y a des
entreprises qui vont avoir de la difficulté
à recruter, à attirer, alors que, là, on sait qu'ils restent. Donc, vous voyez
un petit peu, on a à jongler avec tout ça en même temps.
M.
LeBel : C'est majeur pour une région comme la nôtre puis comme
l'ensemble des régions périphériques. Garder le plus possible les gens dans la région, c'est l'avenir. Puis ce que
vous faites, commencer à... En tout cas, je trouve ça très inquiétant de dire qu'on commence à jouer
là-dedans, parce que c'est... Il faut trouver toutes les solutions pour garder
nos jeunes en région puis les former en
région pour qu'ils restent en région puis qu'ils amènent des idées nouvelles
puis des nouvelles initiatives de développement en région.
Mais
j'aimerais ça savoir aussi... Parce que je ne suis pas un spécialiste, là, du
financement des universités, mais est-ce
que, pour une université en région comme Rimouski puis dans les autres régions,
dans votre structure de financement,
est-ce que l'aspect recherche... est-ce que vous trouvez que vous êtes... il y
a une équité? Est-ce que vous trouvez
que l'aspect recherche, dans la base de financement des universités en région,
c'est vraiment pris en compte et vous
allez chercher le maximum dans la structure de financement actuelle, pour des
universités comme la nôtre? Parce que,
la recherche, là, ce que vous faites à Rimouski, entre autres dans le maritime,
qui est pourtant cher au gouvernement, il faut continuer. Puis les
instituts de recherche à Rimouski me le disent, il y a eu des coupures dans la
recherche. Est-ce qu'au niveau de votre
structure de financement vous avez... Est-ce que vous pensez que le domaine de
la recherche est vraiment pris en compte pour une université en région?
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Bien, d'abord, c'est important de spécifier que,
le gouvernement, il y a des enveloppes particulières
pour les universités en région. Donc, nous, on reçoit une enveloppe mission,
hein, qui est liée au développement régional
puis le fait qu'on soit une institution de plus petite taille. Évidemment,
l'effort a été fait pour essayer de faire un équilibrage par rapport aux autres universités, mais le gouvernement n'a
jamais été capable de financer à la hauteur du rattrapage qu'il aurait
dû normalement faire par rapport aux universités de grande taille. Donc, ça, c'est
un élément.
En
ce qui a trait à la recherche, avec la modification de la Politique nationale
sur la recherche et l'innovation et le calcul des frais indirects, j'ai
mentionné un peu plus tôt qu'il y avait... la méthode de calcul avait changé,
et, pour favoriser le réinvestissement — pour certaines universités
qui en profitent, nous, au contraire, on est perdant dans l'aventure — le gouvernement a fait le choix d'éliminer
une enveloppe qui était une enveloppe de développement des universités
en région, une enveloppe particulière pour qu'elle développe sa recherche.
Donc, pour nous, l'UQAR, ça représentait
800 000 $ par année. Mais cette enveloppe-là a été coupée dans le
remodelage des frais indirects de la recherche, puis évidemment on n'a
pas eu la compensation, là, avec le remodelage, là, de cette somme-là.
C'est
sûr que, pour nous, c'est un atout essentiel, là, qu'on se servait pour
développer notre recherche, puis je pense qu'on l'a fait de façon adéquate. Je pense qu'on a démontré, hein... Je
pense que notre positionnement, à l'échelle canadienne, d'université de
l'année dans notre catégorie, c'est quand même exceptionnel, compte tenu des
finances publiques actuelles. Puis, si on
regarde le niveau de financement des universités dans les autres provinces, qui
est parfois beaucoup plus élevé, donc
le fait qu'on a été capables de se classer de cette manière-là, ça démontre
tout le dynamisme que notre communauté a été en mesure de démontrer.
Est-ce qu'on
va être capables de maintenir ça dans l'avenir? Avec la situation budgétaire
actuelle, je suis obligé de dire que
j'ai des doutes. Puis je suis obligé de dire qu'avec la modification au niveau
des frais indirects, comme il y a eu
une enveloppe particulière qui nous a été enlevée, bien, je suis obligé de dire
que notre capacité de soutenir le développement
de la recherche est remise en question, surtout dans le contexte financier actuel. Et notre positionnement,
il sera difficile à maintenir. François.
• (16 h 50) •
M.
Deschênes (François) : Peut-être
si vous me permettez, en lien avec cet effet-là... Il y a l'effet direct, la
pénurie, puis on voit aussi qu'il y a
eu les coupures des frais indirects dans la pénurie, mais, en lien avec ça, la
nouvelle mouture des frais indirects
fait en sorte que c'est moins attrayant aussi pour les ministères de faire
affaire avec les universités. Ils n'ont
pas nécessairement plus de budget. Ils doivent trouver une portion pour
les frais indirects. Ça fait que, globalement, l'argent mis pour la recherche directe
s'en trouve aussi diminué. Donc, ça aussi, ça a un effet.
Puis, ensuite
de ça, il y a aussi tout le volet de la valorisation des résultats de la
recherche. Quand nos chercheurs font de la recherche, ce n'est pas leur
business à eux, après, de partir une entreprise. Il faut trouver un mécanisme pour
transférer ces résultats-là, favoriser que ça puisse se rendre puis être
utilisé à d'autres sauces. Et, dans ce contexte-là
par le passé, il y avait des moyens qui ont été mis en place. Mais là on a eu
une coupure indirecte, à travers une pénurie, où c'est
100 000 $ de moins pour nous permettre d'adhérer à une société de
valorisation qui a pour but justement d'utiliser les résultats de nos
chercheurs et d'essayer de trouver à les valoriser dans la société, d'essayer
de démarrer des entreprises ou trouver des
entreprises intéressées à faire ça. Donc, vous voyez, il y a tout plein de
directs et il y a beaucoup
d'indirects, sans parler des frais indirects, là, mais qui nous affectent et
qu'on trouve dommage pour une université de notre taille.
M.
LeBel : ...un impact sur les
publications, sur les publications que vous allez faire, un impact sur...
Tantôt, j'ai entendu... Vous dites : Il y avait une ressource qui
est en lien avec les entreprises. Si vous faites de la recherche, c'est pour intéresser les entreprises aussi, ça fait que vous
ne pouvez pas vraiment couper dans ces liens-là avec les entreprises.
Puis vous y avez pensé, je pense, vous avez été...
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Oui, bien évidemment,
on met tout sur la table, hein? On n'a pas le choix, dans un exercice comme ça, on met tout sur la table. On a
fait une rationalisation importante, je l'ai mentionnée, au niveau des
postes de professeur, mais on l'a fait aussi chez le personnel de soutien, on
l'a fait chez les cadres. Il y a trois cadres actuellement. On a aboli un poste, il y en a deux qui ne sont
pas comblés. Donc, évidemment, on fait les efforts, le maximum dans le contexte actuel, mais en essayant de
préserver le plus possible nos atouts, c'est-à-dire la qualité de l'enseignement, notre capacité de recherche. Donc, on essaie de
concilier ces éléments-là, puis ce n'est pas toujours facile. Il faut jongler
aux meilleures décisions qu'on peut prendre
dans les circonstances. Puis c'est pourquoi le défi, pour la prochaine année,
est particulièrement relevé, compte tenu du contexte actuel.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il vous reste 30 secondes, M. le député de Rimouski.
Non, ça va? Alors, on va passer du
côté du gouvernement pour une période d'un bloc de 15 min 30 s.
Alors, je cède la parole au député de D'Arcy-McGee. La parole est à vous.
M.
Birnbaum : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je veux poursuivre une question sur le
financement. Dans un premier temps,
la recherche, c'est préoccupant, ça, il n'y a aucun doute qu'on est dans un
contexte très difficile. Je trouve que
c'est très important de souligner qu'à l'échelle canadienne on réussit, jusqu'à
date, comme gouvernement, de freiner la
croissance le moins qu'on peut, et, à
l'échelle canadienne, on réussit, mais les défis sont là, c'est évident, dont
les défis financiers qui nous touchent tous.
Je suis député recrue. Avant d'être député, j'ai
dû assister aux 10 huis clos successifs antérieurs au dépôt des budgets, en étant directeur général de
l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, avec mes
collègues et amis du secteur
universitaire. On a eu à réconcilier avec des taux de croissance assez modestes
presque tout au long de ces
10 ans. Et je peux constater que, dans ce contexte-là, cet horizon où
malheureusement on se trouve toujours... mais ce n'est pas d'hier nos
difficultés actuelles, et nos réponses peut-être sont un petit peu plus axées
vers une sécurité de l'avenir, mais on est
dans un continuum. Et ça me frappe que votre fiche est à votre honneur, si on
regarde votre parcours sur le plan
financier, des surplus modestes mais réels de quelque 482 000 $ en
2008, successivement des surplus, et surplus dans vos budgets de fonctionnement de 1,9 million en 2013. Là, vous
nous dites... pour des circonstances qui sont réelles. Je ne veux pas minimiser les réalités et les défis
devant nous tous, mais, de tout ce que j'ai entendu, tout ce que je lis, vous
avez trouvé des stratégies, j'imagine, très
courageuses et créatives pour protéger, ça a l'air, de tout ce que j'entends,
une offre de services formidable à
votre population et en région qui vous entoure. Et là on parle d'une situation
pas facile, j'en conviens, mais de
crise... J'aimerais vous inviter de parler un petit peu plus des détails,
comment vous vous êtes rendus jusqu'à
cette année avec une situation financière, à votre honneur, assez correcte,
assez satisfaisante. Et là on prévoit... le bout de falaise se lève
soudainement. J'exagère. Mais je vous invite d'élaborer là-dessus.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. Ouellet.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Oui. Mais je
pense que vous avez raison de dire que, là, on est comme à un point de rupture. Pour nous, en tout cas, on le voit un peu
comme ça, dans le sens qu'on a réussi à maintenir notre budget à l'équilibre
ou avec des légers surplus, comme vous me
l'aviez mentionné, mais, disons, en équilibre, mais c'est des efforts qu'on
a faits au fil du temps avec des effets cumulés. Mais là, comme je l'ai
mentionné, la demande est comme rapide, les compressions se succèdent. Et les mesures aussi,
de financement, donc les crédits budgétaires qui sont à la marge — on pense
à des frais indirects, etc. — ont aussi pénalisé l'UQAR. Donc, ces
éléments-là combinés, avec une situation contextuelle où on a peu de départs à la retraite anticipés, une
croissance de l'effectif étudiant qui a été positive, donc qui emmenait toujours des revenus supplémentaires...
Parce que, souvent, une partie de nos revenus sont liés à l'effectif étudiant. Mais, l'année dernière, on a connu une
stabilité, voire une légère décroissance et, cette année, on n'anticipe pas
de croissance. Donc, c'est l'ensemble de ces éléments-là...
C'est un
contexte particulier qui nous touche qui fait en sorte que c'est
particulièrement difficile. On va continuer à travailler pour trouver les avenues, mais je pense qu'on va impliquer
activement notre communauté à réfléchir à des solutions, notamment à des solutions innovantes au niveau du
recrutement. Mais c'est cette conjecture-là... Et les éléments, les astres sont réunis pour que ça soit
particulièrement difficile au cours de la prochaine année. Et ce n'est pas par
manque d'effort ou de volonté, mais il est
possible que ça soit une année... ça va être une année extrêmement difficile
pour nous, particulièrement difficile.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Complémentaire, si je peux. Est-ce
que l'annonce de notre gouvernement d'un
financement de l'agrandissement de l'UQAR à Rimouski risque de mitiger à vos
difficultés? Est-ce que ça va améliorer vos possibilités d'offrir
d'autres programmes? Est-ce que ça risque... J'imagine que c'est un
développement positif. Comment ça risque d'avoir un impact sur les finances
globales?
Et je vous
invite de revenir... Quand on parle des enveloppes qui sont là qui
reconnaissent votre qualité régionale, y
a-t-il des améliorations à chercher dans ces budgets-là, ou des stratégies, des
modalités que vous auriez à proposer à notre gouvernement là-dessus?
M. Ouellet (Jean-Pierre) : C'est sûr
que, bon, on sait qu'il y a eu le mouvement étudiant, ensuite il y a eu un certain nombre de chantiers qui ont été lancés.
Il y en a un qui est, actuellement, toujours sur la table, c'est celui de la
révision de la politique de financement des universités. Nous, on a déposé un
mémoire... deux mémoires en fait, dans ce
contexte-là. Il est sûr qu'on souhaite que certains acquis soient maintenus,
notamment l'enveloppe spécifique qui est dédiée aux universités en
région, je pense que c'est un incontournable. Si on était financés sur la même
base que les autres universités, on est aussi bien de dire qu'on met le cadenas
sur la porte, parce qu'on ne serait pas capables de maintenir une université... Parce que les tailles de groupe,
forcément, sont plus faibles, donc, à ce moment-là, ça coûte plus cher, offrir
les services. Mais je pense qu'on le fait de façon rationnelle, mais il faut
absolument qu'il y ait un financement qui est lié aux universités de petite
taille et à la mission régionale.
Élément
particulier, donc, il faut tenir compte, je pense, dans cette révision de la
politique de financement là, des réalités propres de chacune des
institutions. C'est pourquoi on ne peut pas avoir une formule de financement
qui est simple, hein? Dans un monde idéal,
on voudrait avoir une variable, puis cette variable-là nous dirait le montant à
la fin, en bout de ligne. Mais, admettons
qu'on dit : On va prendre l'effectif étudiant, bien, il y a des
universités qui vont être aux as,
gagnantes, mais il y a plein d'universités qui vont fermer leurs portes. Si on
arrivait avec une stratégie, on disait : O.K., l'admission s'équivaut, on va donner un montant égal à chacune des
universités, alors, moi, je serais content, mais je vois certaines grandes universités qui ne le
seraient pas. Vous voyez? Puis, si après ça il y a des... On regarde l'INRS qui
a une mission particulière, l'ENAP qui
a une mission particulière, TELUQ qui a une mission particulière, l'ETS,
Polytechnique, l'UQAR, l'UQAC. Bon. Donc, il faut que la structure de
financement tienne compte de ces réalités-là.
Pour nous,
c'est une mission en région, c'est une petite institution qui a des
particularités, notamment la présence de
l'Institut des sciences de la mer, qui a fait notre renommée, qui positionne le
Québec de façon avantageuse au niveau de
sa capacité d'intervenir au niveau des sciences de la mer. Et c'est essentiel
dans le contexte de la stratégie maritime. Mais ça le serait même s'il n'y avait pas la stratégie maritime, parce
qu'on a, par exemple, un cours d'eau qui est exceptionnel, qui s'appelle
le fleuve Saint-Laurent. Dans le fond, notre identité comme Québécois est
souvent liée à ce fleuve-là. C'est un apport d'eau douce, donc d'eau potable
pour une très forte proportion de la population. C'est aussi des ressources naturelles que ça amène en termes de poissons,
fruits de mer, etc. Donc, on a cette capacité-là d'agir au niveau de la
recherche dans le domaine des sciences de la mer.
Et là j'ai
perdu un peu le fil, parce que je pense que je me suis dirigé dans une mauvaise
direction, là. Donc, là, votre question, juste pour me ramener sur la...
• (17 heures) •
M.
Birnbaum : Non, c'est pertinent comme aspect de réponse. Mais, deux
éléments, je parlais de notre projet conjoint
d'agrandissement, est-ce que ça risque d'assouplir vos soucis? Est-ce que ça
risque d'aider le financement global de l'université?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Bien, c'est
sûr que, si le projet se concrétise, on en serait très heureux, puisque c'est
clair que le gouvernement reconnaît que nous
avons un déficit d'espace au niveau de la recherche. On a été performants
en recherche, je pense
que nos données le démontrent. Et les analyses montrent qu'on a moins d'espace
pour notre capacité de recherche.
Donc, je pense qu'il y a un besoin à combler de ce côté-là, il reste à bien
travailler avec le gouvernement pour
faire en sorte qu'on concrétise ces avancées-là de manière à tenir compte, dans
le fond, de l'importance de la recherche qu'on a réussi à développer à
l'UQAR.
Bien
sûr, si on a cet élément-là, ça va nous aider à soutenir notre recherche, à
mieux se positionner comme acteur en recherche,
puis évidemment à tisser des collaborations ici et ailleurs à l'étranger, puis
amener davantage de financement. Donc, évidemment, tout ça, c'est des
éléments positifs, là, pour l'UQAR.
M. Birnbaum :
Juste un commentaire. Je retiens...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, allez-y, M. le député.
M.
Birnbaum : ...de votre intervention, l'importance capitale d'un
financement à géométrie variable, et je crois qu'il faut être très sensible à ça. On veut respecter et appuyer les missions
des universités dans leurs missions uniques, et je comprends que c'est
un incontournable.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : François, je pense que tu voulais ajouter quelque
chose.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, M. Deschênes.
M.
Deschênes (François) : Oui, effectivement, la diversité, c'est une
richesse, puis cette géométrie variable là permet de préserver la richesse. Mais je voulais juste dire quelque
chose : La durée aussi, avant qu'on soit capables d'être en selle avec un financement, c'est crucial. Plus
cette durée-là est longue, plus les professeurs qui... les postes de professeur
qui sont sur la glace le sont longtemps, ça
veut dire : c'est des individus de moins qui font de la recherche, c'est
des individus de moins qui
contribuent à la qualité des programmes, qui contribuent au développement des
programmes. Et on a déjà des salaires
qui ne sont pas les plus élevés, là. Donc, au niveau attractif, si on n'est pas
capables non plus, dans le temps, de
les augmenter, au moins de suivre le marché, ça veut dire qu'on va devenir
moins attractifs. Il y a un danger là aussi. Donc, il y a aussi, je pense, cette rapidité-là. Nous, on a été
innovateurs, oui, puis on a fait des choses autrement, mais là je pense que
le caractère novateur, il a sa limite.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, il reste encore cinq
minutes du côté du gouvernement. M. le député d'Ungava, la parole est à
vous.
M.
Boucher : Oui. Alors, bonjour, madame. Bonjour, messieurs. Bienvenue
ici aujourd'hui. Il paraît qu'il fait très
chaud dehors, donc on est peut-être mieux à l'intérieur, quoiqu'on serait
sûrement bien au bord de la mer à Rimouski, je n'en ai même pas de
doute.
Écoutez,
moi, je voudrais vous parler un petit peu de recherche. On parlait tout à
l'heure que, bon, souvent une recherche
se fait sur un sujet x, et puis, une fois que la recherche, bon, en est
arrivée à ses fins, ça peut être un défi de trouver l'entreprise qui va avoir besoin de cette
technologie-là ou de carrément créer une entreprise qui va dire : Bien,
regardez, moi, cette façon de faire
là, je vais la commercialiser et puis je vais faire en sorte, là, de la
développer et puis de créer une entreprise, bon, dans le coin de
Rimouski autant que possible, pour faire en sorte, là, de créer de l'emploi.
Dans
vos fonds de recherche, bon, on sait qu'au Canada, malgré les conditions
difficiles puis malgré vents et marées, sans vouloir faire de vilains jeux de mots... Au Québec, bon, le niveau
de l'investissement de la recherche a été maintenu. C'est sûr que, bon, il n'y a pas eu
d'augmentation, mais au moins il n'y a pas eu de diminution comme dans bien des
endroits au Canada.
Côté
recherche, quels sont les... sans avoir de secret d'État, bien entendu, là,
mais quelles sont les relations que vous
avez avec les entreprises? Souvent, une entreprise, bon, a besoin de R&D
puis a besoin de développer quelque chose, mais n'a pas les moyens techniques ou les moyens stratégiques. Vous,
vous avez les moyens, mais quel est le maillage qui se fait côté
recherche entre les entreprises et puis l'université chez vous?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Je pourrai laisser François répondre, mais peut-être, d'entrée
de jeu, comme préambule, le développement de
la recherche qui s'est fait à l'UQAR, c'est un développement de la recherche
qui a été intimement associé à la
réalité de nos régions. Donc, on a développé, du côté du développement
régional, les sciences de la mer et
la nordicité. On a l'université la plus nordique au Québec, même si ça ne
paraît pas toujours sur les cartes, là. Donc, c'est notre caractère.
L'élément
aussi qui est le corollaire de ça, c'est qu'il y a peu d'entreprises dans les
milieux dans lesquels on évolue. Donc,
de façon naturelle, on n'a pas développé nécessairement des liens très forts
avec les entreprises. Puis on le voit de par la nature des programmes de recherche qu'on mène, c'est sur les
milieux naturels, c'est au niveau des relations au niveau du développement régional de façon à
développer des outils d'aide à la prise de décision, des outils qui vont aider
à la gestion de ces milieux-là. Donc, si on
se compare avec d'autres universités, nos liens avec les entreprises sont moins
développés, puis c'est lié à notre
positionnement géographique, à notre réalité, notre tissu économique. Donc, ça,
c'est un élément, je pense,
contextuel qui est important. Puis, pour ce qui est de la suite de la question,
je pense que François est mieux placé que moi pour y répondre.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. M. Deschênes, vous avez deux minutes.
M.
Deschênes (François) : Deux minutes? Donc, oui, en termes de nombre,
on a moins de liens. La distance ne nous
aide pas, d'où des fois les liens à travers une société de valorisation qui
nous permet d'établir des rapprochements avec des entreprises dans d'autres régions. Mais on en a quand même, il
ne faut pas dire qu'on n'en a pas, on en a quand même, et qui impliquent des étudiants aussi de tous les cycles. Au premier
cycle, on a une chaire, par exemple, en génie de la conception qui
permet de réaliser des plus petits projets dans le cadre de projets d'études
qui sont transférés à l'entreprise ensuite.
Au niveau des cycles supérieurs, on a utilisé les programmes de bourses en
milieu de pratique qui ont été... qui sont financés par le FRQ,
notamment.
Donc, oui, on
est là, mais ce qu'on sait aussi, c'est qu'historiquement, si on regarde
comment ça se fait, le transfert des
technologies et le transfert de connaissances, parce que ce n'est pas juste des
technologies qu'il faut transférer, on contribue
beaucoup à des innovations qui sont sociales aussi, donc ce transfert-là, pour
qu'il fonctionne bien, souvent il faut
dès en amont établir un partenariat avec des entreprises ou avec des
organisations pour qu'ils soient partenaires aussi de l'évolution du
développement ou de la recherche puis qu'ils se l'approprient plus facilement.
Puis après ça ils sont capables, dans leur
milieu, de le transposer et de l'utiliser. Et ça, ça prend de l'énergie, ça
prend du temps, ça prend des ressources
pour le faire, l'amont, et c'est là, des fois, qu'on n'est pas beaucoup
équipés. Quand on vous disait qu'on a une personne qui fait ça, je vous
imagine comment il est écartelé à couvrir tout ce que je viens de décrire.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. Deschênes. Alors, on va
poursuivre du côté du deuxième groupe de l'opposition pour un bloc de
19 min 30 s. Alors, M. le député de Chambly, la parole est à
vous.
M. Roberge : Merci. Merci. Donc, salutations à toute l'équipe
de l'UQAR. Ça me fait plaisir de vous voir. On va parler d'argent, pour commencer, pour clarifier
les choses. Suite aux questions que mes collègues ont posées, aux réponses que vous nous avez données, il y a
certaines questions qui me sont venues. Vous avez parlé tout à l'heure, d'entrée de jeu, d'un déficit accumulé d'autour de 17,9 millions, et là-dessus il y
avait 14,2 millions attribuables aux avantages sociaux futurs. Pouvez-vous
m'expliquer précisément de quoi on parle quand on parle de ça?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Si vous
aviez posé la même question il y a quelques années, on aurait eu le 19,8 millions moins le 14 millions, puisque ça, c'est des avantages sociaux futurs qui ont
été ajoutés récemment dans les nouvelles règles comptables. Mais je laisse Mme Viel, qui est
spécialiste du domaine, de répondre de façon plus adéquate à votre question.
Mme Viel
(Marjolaine) : Bien, en fait,
à compter de l'année 2009-2010, le ministère a convenu avec les universités de faire une présentation conforme aux principes
comptables généralement reconnus, et donc ça impliquait qu'on devait
comptabiliser comme passifs les avantages
sociaux futurs, donc les bénéfices dont les employés continuent de bénéficier
même après leur retraite, comme les
assurances collectives, les allocations de retraite que les gens ont droit au
départ. Donc, il y a
un passif éventuel qui est estimé par un actuaire et qui est comptabilisé dans
les livres aux états financiers. Et donc c'est mentionné...
Aussi, quand
monsieur parlait d'un surplus de 1,9 million la dernière année, mais il faut
faire attention, parce que c'est un... c'est celui, selon les principes
comptables généralement reconnus, qui devient... pas comparable avec ce
qui était avant et pour lequel on
doit tenir compte d'un montant de 1,5 million de virement interfonds qui
doit être fait, compte tenu
des PCGR. Donc, c'est ce qui laisse un surplus environ de 400 000 $
pour cette année-là.
• (17 h 10) •
M.
Roberge : Pour poser la question plus clairement, est-ce à dire
que la qualité de l'éducation, de la formation et de l'encadrement des années futures à l'UQTR va être grevée par des
conditions de travail qui ont été attribuées
en 2005, 2007, 2008 et donc qu'il va
falloir, dans le fond... qu'il va falloir prendre du budget de fonctionnement, là, en 2015, 2016, 2017, 2018, 2020 pour payer les avantages
sociaux alloués avant?
Mme Viel
(Marjolaine) : Sur une base budgétaire,
nous, on fonctionne comme si on doit verser de façon... sans PCGR, je dirais. C'est un peu de la même façon...
On compare ça avec le gouvernement, par
exemple, quand il doit inscrire
la valeur du régime de retraite que ses
employés vont bénéficier quand ils vont être à la retraite. Donc, c'est un peu de la
même façon qu'on doit considérer ça.
Sur une base budgétaire, nous, on y va plus non PCGR, donc on n'inclut
pas... Ce qu'on inclut d'une année à
l'autre, sur une base budgétaire, c'est ce qu'on doit payer vraiment
aux employés, et donc c'est des déboursés
vraiment qui doivent être faits d'une année à l'autre
qu'on considère à ce moment-là sur une base budgétaire.
M.
Roberge : O.K.
Dans un tout autre ordre d'idées, mais en parlant encore d'argent,
tantôt j'ai eu une réponse qui m'a fait sourciller, vous avez parlé
d'une révision du mode de financement, vous avez parlé de la PNRI et dit qu'il y avait
un manque à gagner de 100 000 $
pour valoriser la recherche, et donc la réutiliser, la faire rayonner à
l'extérieur puis reprendre par les
universités, ou même reprendre par les entreprises, ou même créer des nouvelles
entreprises. Ce 100 000 $
là, là, manquant, c'est à compter de quelle année? Est-ce que c'est la première année qu'on a ce 100 000 $ là qui ne sera pas au
rendez-vous pour les entreprises ou ça fait plusieurs années?
M. Deschênes (François) : Depuis
juin 2014.
M. Roberge : O.K. Donc, ça, ça a
été... Donc, depuis la dernière élection, cette décision-là a été prise?
M. Deschênes (François) : Bien oui.
C'était en avril, les élections, donc...
M.
Roberge : O.K.
J'ai vu aussi dans les documents que le pourcentage de chargés de cours a
augmenté beaucoup. Est-ce
que c'est un choix pédagogique, on a
dit : Voilà ce qui est le mieux pour nos étudiants, ou c'est ce que vous
avez été forcés de faire à cause d'un manque de financement, vous avez
dit : Pour maintenir l'offre de
cours, vous avez été en quelque sorte forcés d'avoir moins de profs et plus de chargés de cours pour
économiser? Est-ce que c'est... C'est ce que je comprends.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : C'est la
deuxième option. Évidemment, c'est une réponse à la pression budgétaire. S'il y a moins de professeurs
dans nos murs, évidemment ça veut
dire qu'il y a plus de chargés de cours qui vont dispenser les cours à la place des professeurs, donc ça
augmente notre pourcentage de cours qui sont dispensés par les chargés de
cours. Donc, chez nous, je pense que c'est de l'ordre de 64 %. Ça veut
dire qu'un cours sur trois est dispensé par un professeur, deux cours sur trois
sont dispensés par un chargé de cours.
Ça ne veut
pas dire que ça remet en question nécessairement la qualité de l'enseignement.
Les chargés de cours sont des
personnes compétentes. Mais par ailleurs le professeur amène une composante
parfois qui est complémentaire, supplémentaire, parce que... À cause de
son implication en recherche, son implication dans le milieu, il amène cette dimension-là qui est particulière. Puis le professeur aussi anime les programmes, il
est présent aussi au quotidien dans l'université, donc il peut interagir avec les étudiants et les
étudiantes, ce qu'un chargé de cours ne fait pas nécessairement toujours,
quoiqu'ils le font, mais ils ne sont pas présents à temps plein dans l'université comme les professeurs le sont.
Donc, évidemment,
c'est en réponse à la situation. On l'a mentionné, qu'on a 20 postes de
professeur non comblés, puis, au fil
du temps, bien, il y a des postes de professeur qu'on aurait dû créer
pour maintenir nos acquis, parce
qu'on a, on l'a mentionné, une forte
croissance de l'effectif étudiant, 30 %, mais on n'a pas été capables de
suivre nécessairement au niveau de la
croissance de l'effectif professoral. Donc, tout ça fait en sorte que maintenant
on a un pourcentage de cours dispensés par les chargés de cours qui est
accru, puis évidemment on souhaiterait éviter d'augmenter davantage ce pourcentage-là,
bien entendu.
M.
Roberge : Donc, quelqu'un
qui viendrait dire que les compressions n'ont pas eu d'impact sur la qualité ou
l'encadrement de la formation ferait sans doute erreur.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Il faut
faire attention. Les personnes chargées de cours sont des professionnels, ils
vont faire le maximum avec les compétences
qu'ils ont, puis je pense qu'ils offrent un bon service. Mais globalement c'est sûr que ça se
traduit... ces petits éléments là s'additionnent, un peu moins de budget ici,
un peu moins de budget là, moins de professeurs dans l'université. C'est
sûr qu'en bout de ligne c'est... On ne peut pas dire : Oui, la qualité a baissé de 10 %, mais, à quelque part, ça se traduit. Puis ça, je ne dirais pas
que c'est propre à l'UQAR, là, c'est propre à l'ensemble des universités québécoises dans le contexte actuel. Mais,
chez nous, ça nous frappe aussi, également, de façon particulière.
M.
Deschênes (François) : Peut-être un détail à noter : l'administration
pédagogique, donc la gestion des programmes,
ça fait partie intégrante de la tâche des professeurs. Donc, c'est sûr que,
s'il y a moins de monde pour en faire, ça se traduit aussi, là, par les
conséquences qu'on peut imaginer.
M. Roberge :
Très bien. Mais, pour les profs en place, par contre j'ai observé quelque
chose. J'ai vu que le nombre moyen de
cours donnés par des professeurs serait passé de 4,3 en 2008-2009 à 2,84 en
2013-2014. Donc, de 4,3 à 2,84, là, en
l'espace de cinq ans, il me semble que c'est... Là, on ne parle pas du nombre
de profs, mais on parle du nombre de cours donnés pour chaque prof.
Comment on explique cette baisse, qui me semble très marquée?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Il y a
sûrement une erreur, là, dans... Mais effectivement je pense qu'il y a eu une
légère baisse, mais ce n'est certainement
pas de 4,3, parce que la tâche maximale, c'est quatre. Donc, en théorie, un
professeur, on lui demande de
dispenser quatre cours. Il peut en dispenser moins pour un certain nombre de
raisons. Par exemple, il peut faire
de l'administration pédagogique, gérer un programme. Donc, il va avoir, par
exemple, un cours ou deux en moins à
offrir. Ça peut être parce que c'est un nouveau professeur, puis, la première
année, parfois on va lui enlever un cours pour l'aider à s'intégrer, à
développer ses cours mais aussi à développer son programme de recherche.
Il y a des
titulaires de chaire aussi. On a 15 chaires, par exemple, qui sont
financées. Il y a des chaires du Canada. Donc, eux ont une obligation qui est moins élevée au niveau de
l'enseignement. C'est des postes qui sont en grande partie financés par le gouvernement fédéral à travers le
programme des chaires du Canada. Et l'objectif de ces personnes-là,
c'est de contribuer au développement de la recherche.
Donc, c'est
ces éléments-là qui font en sorte qu'on a peut-être baissé légèrement. Mais le
4,3, certainement, c'est une erreur, là, au niveau des données. Je ne
sais pas si on l'a ici?
Une voix : ...
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Ah! bien,
c'est les données dans le tableau qui sont erronées. Vous avez un bon point,
c'est notre tableau qui est erroné à cet égard-là, oui, oui. Donc, on devra
faire le correctif. Désolé de cette situation. Désolé de cette situation-là.
M. Roberge : Bon, faute avouée est à
moitié pardonnée, on va dire aux trois quarts.
J'ai regardé aussi dans
les tableaux, le taux de diplomation après six ans, que ce soit au baccalauréat
ou à la maîtrise, sans dire qu'il est mauvais, il a baissé. À quoi serait due
cette baisse du taux de diplomation? Au baccalauréat, là, on voit que
c'était... on était à 74,9 %, mais en baisse de 5 %. Je ne sais pas,
est-ce un problème... justement, un manque
d'encadrement, peut-être parce qu'il y a moins de profs pour assurer
l'encadrement? Ou c'est parce que les
étudiants sont peut-être moins bien préparés? Est-ce que les étudiants qui
arrivent du cégep sont moins bien préparés qu'il y a peut-être cinq,
six, sept ans? Bref, quelles sont les causes de ça.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Bien, je
dirais, les taux fluctuent mais demeurent toujours près du 80 %. Mais ils
fluctuent quand même un petit peu dans le temps, là, puis je pense que c'est dû
à la taille des échantillons, qui varie
aussi. Donc, il peut y avoir des éléments contextuels qui influencent les taux
de diplomation. C'est peut-être la proportion d'étudiants, aussi, à
temps partiel qui s'est accrue, donc ça, ça tire un petit peu vers le bas les pourcentages. Mais, chez nous, là, pour un
étudiant qui s'inscrit... Les finissants de collège, par exemple, c'est
80 %, et en général je pense que
c'est autour de 79 % pour les personnes inscrites à temps plein. Mais
c'est vrai qu'à temps partiel ces
taux-là vont baisser un peu, donc ça fait baisser la statistique générale. Si
notre nombre d'étudiants à temps partiel s'est accru dans les dernières
années, bien, ça a une influence.
Puis, il faut comprendre, c'est un taux aussi
après six ans, donc c'est une statistique qui date déjà d'au moins six ans, plus le temps qu'on la produise. Donc,
c'est des données historiques, en quelque sorte. Donc, c'est difficile pour
nous de réajuster ces éléments-là, parce
qu'il y a beaucoup de poids, dans la statistique, qui est lié au passé. Je ne
sais pas si vous comprenez. Parce que c'est après six ans, puis là...
bon.
Mais c'est
sûr qu'on a un souci pour favoriser l'encadrement, la réussite. On l'a
mentionné, je pense, dans ma présentation.
On a dit qu'on avait développé des stratégies particulières parce que, pour
nous, c'est important. Mais on comprend
que c'est un défi à relever. Mais en même temps, je l'ai mentionné, il faut
retenir que, pour un étudiant à temps partiel,
par exemple, qui ne complète pas son baccalauréat, ce n'est pas nécessairement
un constat d'échec. Il faut penser que
cette personne-là a peut-être progressé grâce aux acquis, puis peut-être
qu'elle avait besoin de ces acquis-là dans le contexte dans lequel elle se trouvait, puis le cheminement qu'elle a
fait lui permet de progresser suffisamment pour... a peut-être jugé qu'il n'est pas opportun de
compléter ses études. Donc, il ne faut pas nécessairement associer un constat
d'échec au fait que le taux de diplomation
n'est pas 100 %... bien, ou plus élevé, si vous voulez. Je comprends très
bien.
M. Roberge : ...pas ce que j'ai dit,
là, c'est...
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Non, non,
non, mais...
M.
Roberge : Juste pour clarifier : Donc là, d'après vous, c'est une
fluctuation, mais ce n'est pas une tendance à la baisse, d'après ce que
vous en comprenez?
• (17 h 20) •
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Je ne
croirais pas. Par contre, je pense qu'il est important de souligner qu'aux
cycles supérieurs les taux de diplomation
sont inférieurs. Je pense que c'est un constat partout au Québec : les
taux de diplomation sont inférieurs.
Je pense que c'est lié au fait que les gens viennent chercher des compétences
puis que le diplôme comme tel n'est
pas nécessairement toujours l'élément qui est valorisé. C'est d'aller chercher
les outils qui leur manquent. Donc, aux cycles supérieurs, il est vrai
que le taux est plus bas qu'au baccalauréat.
M.
Roberge : On est en ce moment dans un processus de reddition de comptes, et, quand on parle avec des
recteurs, en fait plusieurs administrations universitaires, souvent, de votre côté, c'est lourd, toute
cette reddition de comptes, soit ici
ou surtout, je dirais, d'après ce que j'entends, auprès du ministère,
c'est fréquent, il y a des demandes. Il y a des rapports, et,
la dernière fois qu'il y a eu un rapport des auditions, justement suite à une commission
comme aujourd'hui, la recommandation 4 disait, et je vais la lire : «Que la
Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec développe
des indicateurs axés sur une meilleure appréciation de la performance des établissements d'enseignement de niveau
universitaire et qu'elle transmette au ministère de l'Éducation», etc. Est-ce
que, d'après vous, la lourdeur de la
reddition de comptes s'est améliorée? Est-ce que
c'est de moins en moins lourd, de plus en plus lourd? Et quelle serait
la reddition de comptes idéale pour vous?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Je vous
dirais que ce n'est certainement pas moins lourd. Je dirais qu'au mieux c'est
peut-être à peu près équivalent, mais je dirais qu'elle a légèrement...
en tout cas je pense qu'elle a légèrement augmenté. Je pense que le gouvernement du Québec actuel
est conscient de cette difficulté-là. Je pense que c'est une question
de sédimentation, hein? Il y a
eu plusieurs lois, il y a plusieurs lois qui concernent les universités,
il y a plusieurs bureaux gouvernementaux aussi qui touchent aux universités.
Chacun y est allé avec son propre processus de reddition de comptes sans
tenir compte des processus qu'il y avait aussi, existants. Donc, ça s'est
ajouté, ça s'est empilé, au lieu d'avoir un processus de reddition de comptes
qui est optimisé, qui permettrait à l'ensemble des intervenants d'aller
chercher les bonnes informations qu'ils ont besoin à l'intérieur de ce
processus-là. Mais je pense qu'il y a une volonté actuelle du gouvernement de
revoir la reddition de comptes, de la simplifier.
Puis, il ne
faut pas se le cacher, là, on consacre quand
même un effort qui est considérable à
faire cette reddition de comptes là,
puis, pendant ce temps-là, ce n'est pas de l'effort qu'on déploie pour
améliorer la qualité de l'enseignement,
puis l'offre de services, puis de la
recherche, là, tu sais, c'est plus administratif. Je comprends que c'est
obligatoire qu'il y en ait aussi, parce qu'on utilise des fonds publics,
mais en même temps on peut rationaliser puis arriver avec un processus qui soit beaucoup plus performant. La
volonté y est, mais maintenant il reste à asseoir les acteurs autour d'une
table. C'est déjà amorcé, à travers un
comité, de façon à ce qu'on arrive avec une reddition de comptes qui est
simplifiée, qui est optimisée, je dirais.
M.
Roberge : C'est notre souhait enfin à ce qu'il y ait une très bonne
reddition de comptes. Parce qu'on le répète souvent, la Coalition avenir Québec, l'argent du réseau universitaire,
c'est beaucoup, beaucoup l'argent du peuple, l'argent des contribuables, donc on en veut pour notre
argent, j'ose le dire. Par contre, justement, tout ce temps que vous passez
à faire de la reddition de comptes, vous ne
remplissez pas votre mission. C'est un équilibre. Je pense qu'en ce moment
on n'est pas sur l'équilibre, là, je pense
que l'équilibre a été brisé puis que ça se fait mal. Il faudrait peut-être en
faire moins mais mieux. Enfin,
j'espère que c'est ce qui va arriver, là, dans les prochaines années, puis on
va certainement collaborer à ça.
Petite
question concernant un article que j'ai vu en novembre 2014 par rapport à
une entente avec la Chine. Et, au début de votre présentation, vous avez
parlé de peut-être l'intérêt d'affaires, avoir une meilleure concertation pour
le réseau universitaire québécois de parler
d'une seule et même voix, je pense que ce serait une bonne chose. Reddition
de comptes, oui, concertation aussi, que le
réseau travaille ensemble pour parler d'une seule voix à l'international, mais
on voit quand même qu'il y a des
initiatives en attendant qui doivent se prendre. Pouvez-vous nous parler de
cette entente avec la Chine? Combien ça implique d'étudiants? Est-ce que
ça coûte à l'UQAR ou ça rapporte à l'UQAR?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Bon.
Évidemment, lorsqu'on fait des ententes à l'international, l'objectif, c'est
que ça bénéficie à la société
québécoise, à l'UQAR puis à la société québécoise. Donc, évidemment, on
s'inscrit dans cet esprit-là. On n'a
pas déployé de stratégies qui sont coûteuses. Je pense que ce sont des
ententes... Nous, on choisit les ententes qui sont spécifiques vraiment, des ententes, je dirais, d'institution à institution,
pas des ententes-cadres très vastes, mais des ententes très ciblées. Souvent, dans ce cas-là, c'est pour favoriser la
mobilité étudiante, là, des étudiants chinois pour venir étudier ici,
chez nous, et des étudiants de l'UQAR pour aller participer à des programmes en
Chine.
Souvent, les
ententes à l'international, c'est... Ce qu'on vise, nous, c'est une série
d'ententes pour favoriser la mobilité étudiante entrante et sortante, donc que
nos étudiants puissent poursuivre leurs études à l'étranger, par exemple aller passer une session, la session
d'hiver de la deuxième année dans une autre institution qui va
l'accueillir, avec laquelle on a un
partenariat, et cette institution-là envoie aussi des étudiants chez nous. Ça,
on vise ce genre d'ententes là. C'est
une façon d'ouvrir nos étudiants à la réalité internationale. C'est essentiel,
dans le contexte de la mondialisation,
que les personnes qu'on forme dans nos universités aient cet esprit d'ouverture
là. Puis il n'y a rien de mieux que
d'être baigné dans cette réalité-là pour développer cette ouverture-là. Une
fois qu'on l'a fait, on est beaucoup plus
sensible à la réalité internationale puis on peut la transmettre dans
l'entreprise dans laquelle on va évoluer ou dans le milieu dans lequel
on va être. Donc, ça, c'est une dimension.
L'autre
dimension des ententes qu'on développe, c'est des ententes de recherche. Donc,
on a des forces. On sait qu'il y a
des forces aussi qui existent à l'étranger. En Chine, notamment, il y a une
université qui se développe beaucoup au niveau des sciences de la mer.
Donc, l'entente que vous parlez était spécifique avec eux. Donc, en recherche,
nos créneaux de force, on veut les associer
avec les meilleurs dans le monde pour maintenir nos acquis, développer ces partenariats-là,
qui sont riches, qui vont nous faire progresser comme institution puis faire
progresser nos équipes de recherche. Donc,
c'est les deux niveaux d'ententes, je dirais, principale dans lesquels on
s'investit puis qu'on souhaite poursuivre notre travail.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Il vous reste une minute, M. le député de Chambly.
M. Roberge : Une petite dernière.
Donc, très rapidement, qu'est-ce que vous attendez des impacts? Quels seront
les impacts des changements qui se sont produits dernièrement concernant les
frais de scolarité des étudiants français ou
de la Francophonie, sur l'UQAR? Qu'est-ce qui va arriver? Ça va être positif,
négatif? Comment recevez-vous ça?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : C'est une
excellente question. On a été préservés, dans le sens que, pour l'instant,
ce qu'on comprend, c'est qu'évidemment les
étudiants des cycles supérieurs ne sont pas affectés. Donc, ils vont payer
le même tarif que les Québécois. Pour nous,
c'était fondamental, parce qu'on a beaucoup d'étudiants français qui viennent
dans nos programmes de cycle supérieur. Puis
ce qu'on faisait valoir au gouvernement aussi, c'est la force de frappe de la
recherche du Québec qu'on aurait mise en
cause. Parce que souvent ils viennent pallier au manque d'étudiants dans nos
programmes pour être capables de réaliser des projets de recherche.
Au premier
cycle, si on avait été peut-être dans quelques semaines, j'aurais été en mesure
de le dire, parce que les
étudiants... l'inscription se confirme au moment de leur arrivée, pour les
étudiants étrangers. Ils peuvent être admis, mais l'inscription formelle se fait au moment de leur arrivée. Et c'est
sûr qu'au niveau des étudiants de premier cycle, les étudiants français, on anticipe malheureusement chez nous une
baisse. Est-ce que cette baisse-là va se limiter uniquement aux étudiants de premier cycle? On l'espère. Mais
il n'est pas impossible que ces étudiants-là, c'était aussi ceux qui par la
suite poursuivaient au niveau de la maîtrise
et du doctorat. Donc, il y a un effet en cascade, mais ça va se traduire dans
les prochaines années. Je ne sais pas si vous voyez.
Donc, évidemment,
on est sensibles à cette réalité-là, puis c'est pourquoi on devra peut-être
réfléchir à des stratégies pour pallier à cette difficulté particulière
là qui va nous affecter. Toute...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Merci, M. Ouellet. Il ne
reste plus de temps. Alors, on va passer du côté du gouvernement pour un
bloc de 16 min 30 s. Alors, je cède la parole au député
d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais continuer un
petit peu, là, dans la zone dans laquelle j'avais commencé à vous
entretenir avant que le temps soit écoulé.
Vous parliez,
bon, de la recherche et puis des entreprises. Je voudrais savoir : C'est
quoi, les principales chaires de recherche ou instituts de recherche chez vous,
là? Vous parliez d'un certain nombre, à un moment donné, là, mais il
doit y avoir des principales qui ressortent du lot, là.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Peut-être,
François, si tu veux répondre.
M.
Deschênes (François) : Bien,
c'est sûr qu'on a l'Institut des
sciences de la mer, l'ISMER, qui est très connu. On a aussi huit chaires de recherche du Canada. On en a deux en sciences
de la mer, on en a trois plus orientées autour de la nordicité, donc biologie, chimie, on en a deux en développement
régional. Évidemment, ça bouge. Il y a des gens qui ont quitté à la
retraite. On est en cours de recrutement.
On a aussi
une chaire UNESCO autour des sciences de la mer, donc, ce qui est très, très,
très important pour nous. C'est le
seul en Amérique du Nord sur ce thème-là. Ensuite de ça, on a aussi la chaire
en génie de la conception, dont j'ai parlé
tout à l'heure. Et on a aussi des chaires, qui ont été instaurées grâce à des
alliances stratégiques avec notamment des
ministères, sur des thèmes d'importance comme le transport maritime, comme
l'érosion côtière des berges. Donc, vous
voyez que c'est autour de nos secteurs-phares, là, que nos chaires sont
solidement installées. Et on en a une aussi du côté de... voyons,
l'histoire littéraire, qu'on a à l'UQAR, qui est une chaire de recherche du
Canada aussi.
M.
Boucher : On parlait, bon, un petit peu plus tôt, là, de la stratégie
maritime et puis du Plan Nord, bon, dans lesquels vous y voyez des opportunités. Le Réseau Québec maritime, qui
va être à créer à un moment donné, comment vous voyez ça? Puis, le maillage avec, bon, autant des entreprises
privées que d'autres universités, comment vous, vous...
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Comment
on se positionne, dans le fond, par rapport à ça?
M. Boucher : En plein ça! C'était le
mot difficile du jour, là.
• (17 h 30) •
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Oui.
Bien, je vais faire les premiers éléments de réponse, François — c'est
notre spécialiste — pourra
compléter.
C'est sûr
que, dès qu'il y a eu l'annonce ou même la réflexion entourant une stratégie maritime, on a levé la main pour
démontrer notre intérêt, compte tenu de notre réalité qui est très maritime à
l'UQAR.
Évidemment, on a travaillé de concert avec les
autres acteurs universitaires québécois, d'autres acteurs de la recherche dans d'autres environnements que les universités, mais aussi avec le gouvernement pour faire des propositions
concrètes de la manière dont on pourrait voir
les avancées puis comment on pourrait unir nos forces collectivement au Québec pour relever ce défi-là de la recherche
dans le secteur maritime. Donc, on a proposé, entre autres, de concert avec les
autres universités, et on a joué un rôle de premier plan dans cette
proposition-là, de créer justement le Réseau Québec maritime, qui
deviendrait comme une espèce de grand chapeau au-dessus de l'ensemble des
expertises qui oeuvrent actuellement dans le
domaine maritime, de façon à ce qu'il y ait une porte ou un endroit pour lequel
on s'assure de rejoindre l'ensemble
des expertises puis qu'on fasse travailler toutes ces expertises-là ensemble
pour le bénéfice du développement de la stratégie maritime.
On était
aussi ambitieux sur le plan de l'international. On l'a mentionné, hein, on peut
gagner aussi à collaborer avec des
partenaires à l'international, parce qu'eux ont de l'expertise, eux ont du
vécu. Ça fait qu'on avait un intérêt à développer
les partenariats à l'international. Puis il y a eu une proposition qui a été
faite, puis je pense qu'il faut le souligner, le premier ministre, M.
Couillard, était un joueur de première ligne qui faisait la proposition d'une
initiative de cette nature-là, c'est de
développer un institut France-Québec au niveau du secteur maritime de façon à
ce qu'on puisse allier les forces du
Québec et les forces de la France dans une vision commune au niveau du
déploiement du développement du secteur maritime.
Donc, je
pense que c'est... On est intimement associés à ces deux initiatives-là, mais
on le fait de façon très ouverte, parce
qu'on sait qu'il y a des expertises qui existent aussi dans d'autres
universités, dans d'autres réseaux, et on veut jumeler l'ensemble de ces forces vives là de façon à créer
une véritable force de frappe qui va faire en sorte que le Québec va se
positionner à l'avant-scène au niveau international, dans le secteur maritime.
François, peut-être, pour un petit peu plus de
détails, si tu veux ajouter.
M. Deschênes
(François) : Tu as quand même bien résumé, mais ce qu'il faut bien
comprendre, c'est qu'on est rendus à
l'ère où ces alliances-là se font ailleurs. Et le Québec n'a pas le choix, il
faut s'unir pour être fort et se positionner pour avoir une vision, rayonner à
l'international puis rayonner même au Canada pour aller chercher aussi notre
juste part du financement de la recherche sur la scène nationale, donc être
capable d'aller chercher au fédéral du financement accru. Donc, c'est une alliance qu'on voit d'un très bon
oeil. On est très contents de l'ouverture aux propositions qu'on a faites
et qui se sont concrétisées. Et là, bien,
c'est le début d'une aventure. Ce n'est pas la fin, la création d'un réseau
comme ça, il faut bien comprendre,
c'est un positionnement pour, après, encore mieux se positionner et rebondir.
Donc, on va être encore dans la suite des choses.
M.
Boucher : Personnellement, c'est un petit peu ce que je pensais puis
comment je voyais ça. C'est sûr que c'est un regroupement, puis, sans vouloir ne rien enlever aux autres
universités et aux autres partenaires dans ça, mais moi, je vous voyais dans ça, puis
je ne sais pas si vous partagez ça, mais un petit peu... pas loin du siège du
conducteur, en tout cas au moins aux premières rangées. Et puis une
opportunité vraiment fantastique pour le développement futur de votre université, de votre institution, de vos
recherches autant deuxième, troisième cycle que les gens du premier cycle. Vous
disposez déjà, bon, de l'institut sur la
mer, comme vous disiez, de facilités, d'infrastructures, comme le navire dont
vous parliez au tout début, là, qui
vous permet de mener des recherches dans ce domaine-là. Donc, moi, je vois ça
très positif pour chez vous. Puis
vraiment, là, votre éloignement des grands centres devient un atout et non pas
un handicap comme ça a pu être des fois dans certains dossiers. Je ne
sais pas si c'est une vision que vous partagez.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Oui, tout à fait, 100 %, je pense que c'est
pour nous une opportunité. On veut le faire, comme on l'a mentionné, et on insiste là-dessus, on veut le faire de
concert avec les autres acteurs, mais, pour nous, c'est certainement une
opportunité très, très intéressante qu'on souhaite tirer profit, évidemment.
M.
Boucher : Je vais revenir un petit peu du côté du Nord. Vous parliez
que, bon, vous meniez des recherches concernant
la nordicité, etc. Bon, moi, je suis le député d'Ungava. Kuujjuaq, c'est mon
chez-nous. Est-ce que vous avez des
recherches, bon, qui sont menées au Nunavik et puis sur le territoire? C'est
quoi, vos activités qui se passent là-bas, là?
M. Ouellet (Jean-Pierre) : On est très présents. Pour l'illustrer, il y a un
réseau canadien qui s'appelle le réseau ArcticNet. C'est un réseau important qui est piloté par l'Université
Laval. Le plus fort contingent de professeurs impliqués dans le réseau ArcticNet est de l'Université
Laval, puis le deuxième plus fort contingent au Canada, c'est l'UQAR. Donc,
on oeuvre à la fois dans les milieux
terrestres à travers notre axe sur la nordicité, mais on oeuvre aussi à
l'intérieur des milieux marins, maritimes ou aquatiques à travers notre
axe sur les milieux des sciences de la mer.
Donc,
évidemment, pour nous, on est très présents
dans ces environnements nordiques là, à tous les points de vue, comme je l'ai dit, mentionné, sur le plan de la recherche sur les
milieux terrestres mais aussi les milieux marins. Donc, on étudie la forêt, la forêt boréale, l'écologie
de cette forêt-là, l'écologie également
des animaux qui y vivent, l'effet des changements
climatiques sur ces environnements-là de façon à mieux comprendre, là, l'impact,
les appréhender et mieux gérer ces
éléments-là. On étudie aussi l'effet du réchauffement dans les milieux
nordiques, donc l'impact, par exemple,
de la déglaciation, tout ce que ça a sur les
milieux naturels. Donc, on est omniprésents aussi dans cet environnement-là.
Et
le contexte actuel du Plan Nord et de la stratégie maritime, du point de vue de nos axes de recherche, évidemment c'est très
intéressant. Donc, c'est une bouée dans le contexte actuel,
je dirais, très intéressante pour nous, sans jeu de mots, de la mer.
M. Boucher :
Merci beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça va? Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava. Alors, je cède la
parole au député de Jean-Talon pour huit minutes.
M. Proulx :
Merci, Mme la Présidente. Alors, merci de votre présence et sincèrement merci
du sérieux que vous y avez mis. C'est intéressant et plein de clarté pour nous.
Je
suis toujours très intéressé par les questions d'occupation du territoire. J'ai
moi-même grandi dans une région qui
est en périphérie de la métropole ou de la capitale et je comprends les enjeux
que vous avez de former des gens, de diplômer des gens, mais surtout de
faire en sorte que des gens demeurent dans les régions. Parce que ce n'est pas
vrai qu'elles doivent se vider et ce n'est
pas vrai qu'on ne doit qu'y avoir des gens qui y travaillent comme manoeuvres.
On doit également y avoir des gens
qui réfléchissent, des gens qui cherchent, des gens qui pensent et on doit y
avoir une économie diversifiée.
Alors, je le comprends, cet enjeu-là, et je lève mon chapeau à vos initiatives
et au fait qu'au-delà de la mission de
former des gens, au-delà de la mission d'instruire et, bien entendu, de
diplômer le plus de monde possible qui voudront bien se présenter à vos portes et à vos salles de cours, il y a une
préoccupation que ce soit également un actif pour votre région.
Deux
questions, une qui touchera un peu plus le campus de Lévis, mais une autre qui
touche votre principe de décentralisation
ou d'occupation du territoire, comme vous l'avez, dit parce que cela
m'intéressait. Il y a des régions qui sont
en périphérie où, pour la traverser, ça... en tout cas, pour ce qui représente
des grands centres, ça prend quelques minutes ou moins d'une heure de route. Dans votre cas à vous, lorsqu'on veut
partir de Rimouski, aller au bout de la Gaspésie, c'est une tout autre
affaire.
Vous
avez parlé de programmes, notamment de programme de sciences infirmières qui
était décentralisé. Donc, mes
questions sont les suivantes : Est-ce que ce sont des étudiants à temps
complet qui y sont? Est-ce que ce sont des gens qui sont en cours régulier, donc des gens qui y font une formation parce
que leur occupation, c'est d'être étudiant, ou ce sont, par exemple, des infirmières techniciennes qui
veulent devenir bachelières? Comment cela s'organise, et quel type de
clientèle vous y avez, dans ces pôles, je dirais, satellites?
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Oui. Sur le territoire en général, souvent c'est
des étudiants à temps partiel qui veulent aller se chercher un complément de formation. Mais, dans le cas
particulier des sciences infirmières, travail social, c'est la même chose, il y a un besoin important de
rehaussement des compétences. Le taux de personnes qui étaient... qui avaient
une formation baccalauréat en sciences
infirmières était l'un des plus bas, en Gaspésie, au Québec. Donc, il fallait
pallier à cette lacune-là.
Et ce sont,
comme vous le dites, des personnes qui ont, possèdent un D.E.C., une formation
collégiale, mais qui vont aller
chercher la formation universitaire. Donc, c'est des étudiants... des personnes
qui travaillent, sont en situation d'emploi, souvent même ils ont une famille, hein,
puis donc sont captifs de leur environnement. Ils ne peuvent pas partir de Gaspé, faire cinq heures de route pour venir
suivre un cours de trois heures à Rimouski. C'est un non-sens. Si on veut
rehausser les compétences, la seule façon,
c'est de se rapprocher de ces personnes-là. Donc, à ce moment-là, c'est
l'avenue qu'on a faite, donc se
concerter avec le milieu pour qu'il y ait des périodes, des plages où elles
sont libérées — je dis
«elles» parce que souvent c'est des
femmes — elles
sont libérées de leur travail pour être capables de suivre les cours, et nous,
on essaie de jumeler des approches
pédagogiques innovantes pour s'assurer de répondre à ce besoin-là. On fait la
même chose en travail social aussi.
Il y avait un besoin qui était important, de rehausser le niveau de formation.
Donc, c'est le genre de travaux qu'on
fait pour s'assurer que les gens qui ne peuvent pas se déplacer à cause des
contraintes... Il y a un besoin exprimé par le milieu, qui est incontournable,
donc, à ce moment-là, c'est le genre d'avenue qu'on envisage.
Évidemment, on
travaille en étroite collaboration avec, par exemple, le cégep de Gaspésie,
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine,
de façon à les soutenir dans leur formation. Parce qu'eux, ils avaient... Quand
on a commencé à offrir le
baccalauréat en sciences infirmières chez eux, ils ont vu tout de suite une
recrudescence au niveau des personnes inscrites
dans le D.E.C., parce qu'ils voyaient une avenue possible de poursuivre au
niveau universitaire sans nécessairement s'exiler, puis de le faire dans
un contexte aussi familial qui est, disons, plus soutenable, malgré que ça
demande déjà en soi un défi de le faire. Donc, c'est le genre d'effectif auquel
on fait face.
Peut-être, François, que j'ai oublié des
éléments.
• (17 h 40) •
M.
Deschênes (François) : Bien, peut-être plus pointu sur la question du
temps complet. Donc, comme Jean-Pierre le
soulignait, au niveau du baccalauréat en sciences infirmières, le modèle décrit
permet de l'offrir à temps plein pour les
deux premières années, et c'est après qu'on les bascule à temps partiel, pour
une raison, c'est que, si on leur donne trop de cours par année alors qu'ils sont en emploi, ils ont une
capacité limite, là, de gérer leur travail, gérer leurs familles, gérer leurs études. Et là ça faisait baisser les
taux de réussite. Donc, on a compensé en étirant un petit peu, mais quand
même à temps complet les deux premières années.
M. Proulx
: Est-ce que je me trompe si je
dis que ce modèle-là n'est pas répandu, là, de le faire comme vous le
faites, de façon décentralisée, là, notamment pour rehausser la formation...
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Ce modèle-là
en particulier, je pense qu'il est unique. Je pense que l'Ordre des infirmières l'avait mis d'ailleurs comme modèle
sur leur site Web. Mais j'imagine que d'autres régions maintenant doivent
emboîter le pas, compte tenu que les régions
excentriques ont des besoins particuliers de rehaussement des compétences, là.
M. Proulx
: Mon autre question touche
également le contexte dans lequel vous oeuvrez, c'est-à-dire ce territoire
si grand qui, si vous n'êtes pas là, ne sera
pas desservi par une université. Est-ce que d'autres universités font appel à
vous pour faire des partenariats pour desservir, par exemple, des
clientèles dans des programmes que vous n'avez pas? J'écoutais tout à l'heure votre prédécesseur, M. Michaud, expliquer
qu'il avait une entente, par exemple, avec une université du Québec pour occuper des espaces, notamment à
l'UQTR. Est-ce que certains vous sollicitent? Est-ce que d'autres voient
la possibilité de vous solliciter pour utiliser certains de vos locaux ou bien
être en complémentarité avec vous, ou,
malheureusement, le principe de la compétition fait en sorte qu'on aime mieux
aller chercher les jeunes puis les amener ailleurs que les desservir
chez vous?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : C'est une
bonne question. Ce qu'on essaie de faire, c'est plutôt l'inverse, c'est-à-dire
que nous, on travaille de façon proximale
avec les gens, on est près des milieux qu'on dessert. On essaie d'identifier
avec eux leurs besoins, puis ensuite on a développé des ententes où on est
souvent la première université. Donc, on discute avec eux, on regarde si on est en mesure d'offrir cette
formation-là et, si on n'est pas en mesure de l'offrir, on regarde la
possibilité que d'autres universités puissent l'offrir sur le
territoire.
Donc, on
essaie de travailler de cette manière-là. Puis je pense que ça maintient des
liens privilégiés entre le milieu et
nous, puis en même temps ce n'est pas une invasion qui est hostile, dans le
sens qu'on l'a planifiée puis on est à l'aise avec la venue d'une autre université plutôt qu'un cannibalisme, puis il
faudrait faire en sorte qu'on ne s'y retrouve plus, puis le milieu pourrait aussi essayer de jouer sur
cet environnement-là qui ne serait pas nécessairement propice pour les
institutions présentement.
M. Proulx : Vous avez bien compris le
sens de ma question.
M.
Deschênes (François) : Peut-être, si vous me permettez un petit
complément, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, quand on va à l'université, ce n'est pas juste suivre des
cours, c'est aussi l'expérience étudiante, et l'université de proximité prend tout son sens dans le support
connexe pour être capable de rendre cette expérience étudiante là agréable,
d'où l'importance d'avoir la proximité.
Puis, si on
fait une parenthèse avec le réseau de l'Université du Québec, si vous regardez
les cartes des programmes, il y a
beaucoup de programmes qui sont conjoints, qu'on offre conjointement, ce qui
nous permet de partager des ressources, de faire une offre et d'offrir à
des endroits où on ne serait pas capables, seuls, de le faire.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Il vous reste une minute, M. le député de Jean-Talon.
M. Proulx : Une minute?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, une minute.
M. Proulx
: Une courte question. Vous avez
des axes qui sont les sciences de la mer, la nordicité, des choses qui vous sont propres. Vous êtes dans un contexte
particulier, vous occupez un espace qui est particulier en soi par rapport
à l'ensemble. Vous avez un campus à Lévis,
et je voyais que l'augmentation, notamment, de vos étudiants, à moins que je
me trompe, est en partie reliée au succès de
ce campus-là. Est-ce que vous offrez à Lévis des formations dites plus
générales ou traditionnelles ou ces gens-là viennent également renforcir
vos axes de prédilection, qui sont, par exemple, les sciences de la mer? Donc, en d'autres termes, est-ce qu'on peut voir le
bassin de gens fréquenter vos lieux de Rimouski augmenter au détriment de? J'essayais juste de comprendre comment se fait
ce positionnement-là pour une opportunité pour vous.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En quelques secondes, M. Ouellet.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Ouf!
C'est une réponse qui est complexe.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Désolée.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Mais
peut-être remonter un petit peu l'historique. Ça fait 35 ans qu'on est présents
à Lévis. C'est une occupation, entre
guillemets, du territoire qui ne s'est pas improvisée du jour au lendemain.
C'est notre présence sur le territoire
naturel, comme vous dites, qui fait en sorte qu'on donnait des cours à
Montmagny, puis éventuellement, bien,
dans nos cours à Montmagny, ça a basculé, il y avait beaucoup de gens de Lévis.
Là, à un moment donné, sur
28 étudiants, il y en avait 23 de Lévis. Ça fait que, là, les gens de
Lévis disaient : Pourquoi vous ne venez pas à Lévis? Ça fait que, là, graduellement, on s'est
fait tirer la main pour aller à Lévis. Puis c'est comme ça que ça a commencé,
c'était de répondre aux besoins du milieu, puis on est restés dans cette
philosophie-là.
Puis, à
terme, le gouvernement a décidé de se poser réellement cette question-là sur la
présence de l'UQAR, et il y a eu un
rapport, hein, le gouvernement a investi M. Beaupré de faire une étude sur la
présence des universités dans la région
de Chaudière-Appalaches, puis il avait conclu qu'il était légitime que l'UQAR
et l'Université Laval offrent des services,
chacun à sa manière, puis que nous, on se concentre dans un certain nombre de
créneaux qui nous sont propres.
Et il y avait
quatre créneaux identifiés. On a fait nos développements à l'intérieur de trois
de ces créneaux-là, pour l'instant. Je pense
qu'on a respecté les règles du jeu, mais on s'est développés par la proximité,
par notre culture d'encadrement. Puis je pense que c'est un beau succès
qui fait en sorte qu'on a augmenté le taux de diplomation des personnes qu'on forme dans la région de Beauce—Chaudière-Appalaches. On répond à un besoin, on a
beaucoup d'étudiants de première
génération qui viennent chez nous. Il y a peut-être un complexe qui est moins
fort qu'aller dans une grande université.
Il y a aussi la flexibilité dans nos offres de formation qui fait que le temps
partiel s'y retrouve, parce que, parfois, c'est plus facile. Il y a la
distance aussi qui intervient. Puis là je vois que le temps est limité.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. Ouellet.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : On va passer du côté de
l'opposition officielle. Alors, je cède la parole au député de Rimouski.
M.
LeBel : Oui, avant la première question, peut-être un commentaire. Le
maritime, on en parle beaucoup de ce temps-ci,
puis l'Université du Québec à Rimouski a une expertise, c'est majeur dans ce
domaine-là, mais je pense qu'il faut
continuer à développer l'expertise en développement local et régional aussi. On
en parle moins, mais il y a actuellement, dans nos régions... c'est majeur
comme enjeu, la dévitalisation de nos communautés rurales se poursuit à la
vitesse grand V. Il faut trouver des solutions modernes pour arrêter
cette dévitalisation-là, et l'université et les chercheurs qui sont à l'université avec leur bagage peuvent jouer un
rôle important. Ma question n'était pas là-dessus, c'était juste un
commentaire.
Ma question.
On parle de stratégie maritime, on parle... À Rimouski, il y a un bateau
important, de recherche, qui est avec l'ISMER puis vous autres, le
Coriolis II, c'est un joyau, ça va partout dans le monde, fait des
recherches très importantes. Puis je pense
que ce bateau-là compte beaucoup sur les bonnes cotes que vous avez eues, là,
puis les publications, et tout ça.
Actuellement, il y a eu comme une nouvelle un peu spéciale, le quai à Rimouski,
qui appartient au fédéral, au Canada, il est comme inadéquat. Tellement
que le bateau ne peut pas accoster au quai. Notre bateau de recherche à
Rimouski, capitale du développement maritime, puis vu dans la stratégie
maritime comme quelque chose d'important, ce
bateau de recherche là ne peut pas accoster au quai de Rimouski parce que le
gouvernement fédéral a laissé aller ce quai-là d'une façon
catastrophique, et là, d'ailleurs, veut nous le redonner pour je ne sais pas
quoi, là, le quai. Qu'est-ce que ça vous a
donné comme inconvénients et comme coût financier de trouver une solution pour
aller accoster notre bateau de recherche ailleurs qu'à Rimouski?
• (17 h 50) •
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Oui, c'est
sûr, pour nous, ça a été une nouvelle qu'on a accueillie avec beaucoup de
désappointement, évidemment. On était très
déçus de cette situation-là. Il faut comprendre que la priorité, de la part du
gouvernement fédéral, est donnée aux bateaux qui ont un lien commercial, donc
des bateaux commerciaux. Nous, on a une
composante commerciale parce que le privé est en mesure aussi d'utiliser notre
bateau, mais la mission première de notre navire, c'est un navire de recherche et de formation.
Donc, dans ce contexte-là, on ne se classifie pas dans les bateaux dits
marchands, donc des bateaux à valeur commerciale ajoutée.
Donc, à ce
moment-là, on est toujours les derniers servis. Comme il y a un bras de... donc
la jetée ouest qui est condamnée, il
nous reste la jetée est, qui est utilisée en priorité par d'autres navires.
Donc, la possibilité qu'on a, c'est de
l'utiliser lorsque ces navires ne sont pas là, et, dès qu'il y a un navire qui
arrive, l'obligation qu'on a, c'est de déplacer notre navire. Puis là, déplacer un navire comme ça, c'est un équipage,
là, c'est huit personnes minimum tout le temps sur le navire, 24 heures
sur 24, pour être en mesure de se déplacer en continuité en fonction des allées
et venues des autres navires. Donc, c'est impensable.
On a regardé
tout le long de la côte, de Québec, partout, jusqu'en Gaspésie. Il n'y a pas
d'endroits qui sont prêts, qui ont la
capacité de nous accueillir à moins d'avoir la même contrainte. Là, pour
l'instant, on a un pied-à-terre à Québec, mais c'est temporaire. On va avoir encore de la difficulté cet automne
avec cette dimension-là. Pour nous, c'est un véritable défi de gérer ce navire-là. Il est essentiel pour
le Québec, il est essentiel pour l'UQAR, mais c'est un défi, un défi financier,
un défi logistique, qui a été amplifié
récemment justement par cette annonce-là, mais c'est un défi financier aussi,
parce que, si on veut favoriser
l'utilisation de ce navire-là, qui est une infrastructure exceptionnelle, qui
répond parfaitement aux besoins de la
recherche sur le Saint-Laurent, dans le golfe, on ne peut pas arriver avec un
tarif qui permet de l'autofinancer.
C'est impensable. Donc, il y a l'UQAR qui l'utilise, mais il y a McGill, il y a
Laval, il y a plein d'autres universités qui utilisent ce navire-là. Le
gouvernement l'utilise aussi, à travers des chercheurs, pour des missions
particulières qui sont propres au gouvernement du Québec.
Il faut
collectivement qu'on trouve une façon de faire en sorte que, ce navire-là, on
puisse le maintenir chez nous. Parce
que c'est un actif important pour nous mais pour le Québec, surtout dans le
contexte du développement de la stratégie maritime où on devra nécessairement intensifier notre présence en
recherche, parce que ça sera essentiel dans un contexte de développement. Parce qu'on veut s'assurer de
maintenir ce patrimoine-là, ce joyau-là qu'est le fleuve Saint-Laurent. Mais on y travaille. Il y a une volonté
ministérielle qu'on sent de nous appuyer là-dedans. Mais, en ce qui a trait à
la jetée, on est dans un écueil qui
est que c'est peut-être plus difficile. Évidemment, on va travailler pour
essayer de trouver des avenues. La
stratégie maritime, peut-être, c'est un levier qui pourrait nous aider à
trouver une réponse. Mais il nous apparaît difficile de concevoir que le
navire ne puisse pas être à quai chez nous. Ça, c'est particulier.
M.
LeBel : Mais ça peut prouver qu'une véritable stratégie maritime sans
avoir... être propriétaires de nos quais, c'est un peu particulier, mais ça, c'est un autre débat. Puis, je peux
comprendre que ça doit vous avoir coûté un peu d'argent, cette
situation-là qui s'est rajoutée sur la pile de vos autres défis.
Autre
question dans un autre domaine, plus au niveau des infrastructures. En campagne
électorale, ça sert à ça, on va voir
tout le monde, et là vous m'aviez expliqué, en campagne électorale, que vous
aviez des projets d'agrandissement, l'aile A
et B de l'université. À ça s'est rajouté, bon, l'annonce du gouvernement, là,
de l'institut ou... Québec-France qui aurait un pied-à-terre à l'UQAR.
Et il y a aussi l'idée de la participation de l'université avec la ville dans
un nouveau complexe sportif, qui, je pense,
est important pour vous au niveau de l'attraction des étudiants. Ces trois
projets, l'agrandissement, le nouvel
institut, du complexe, c'est des projets d'infrastructure importants. Comment
vous voyez la suite des choses dans ces... Êtes-vous optimistes pour ces
trois...
M.
Ouellet (Jean-Pierre) : On
voit que vous lisez bien les journaux, M. le député. Mais c'est sûr, pour nous,
c'est une...
M. LeBel : Je viens de la même place
que vous, M. le recteur.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : ...c'est une
priorité. Bon. On s'est doté d'une stratégie avec la ville : travailler conjointement en développement d'infrastructures
sportives. La ville est en déficit, l'UQAR l'est largement, en déficit,
au niveau d'infrastructures sportives, donc
on essaie de travailler ensemble avec le CISSS de façon à obtenir
éventuellement un financement adéquat
pour mettre en place des infrastructures qui seraient gérées par la ville, mais
sur les terrains de l'UQAR, dont les étudiants de l'UQAR pourraient en
bénéficier. Donc, c'est un partenariat qui est heureux, qui est
gagnant-gagnant, qui est très bon pour nous, évidemment si on est en mesure d'y
arriver.
Ce défi-là, on l'a à Lévis aussi. À Lévis, on
n'a pratiquement pas d'infrastructures sportives. On est rendus à 3 500 étudiants, étudiantes, mais il n'y
a pas d'infrastructure, donc. Mais il n'y a pas vraiment de programmes
spécifiques pour les universités pour
améliorer leurs infrastructures sportives, donc il faut trouver de
l'autofinancement en partie puis s'inscrire dans des programmes... dans
des concours qui sont ouverts à tous. Donc, ça, c'est un élément.
Au niveau de la recherche, je l'ai mentionné, le
gouvernement endosse le fait qu'on a un déficit d'espace de recherche. Par ailleurs, le gouvernement nous dit
aussi qu'on a un surplus d'espace de recherche en général pour l'UQAR.
Une voix : D'enseignement.
M. Ouellet
(Jean-Pierre) :
D'enseignement, mais c'est en... Bien, je veux dire, surplus général pour
l'université, mais c'est un surplus qui est lié à l'enseignement. La
difficulté qu'on a, c'est que le gouvernement a une règle, et, cette règle-la, elle l'applique de façon uniforme
pour l'ensemble des universités québécoises. Elle ne tient pas compte, par exemple, que, pour nous, offrir des
formations, c'est aussi offrir des formations à des petits groupes. Donc,
parfois, au lieu d'avoir
500 étudiants dans un amphithéâtre, bien, on a peut-être 20 groupes
de 25, donc ça nous prend 20 salles de classe au lieu d'avoir un amphithéâtre de 500. Vous voyez l'impact que
ça... mais les normes ne sont pas appliquées à cette réalité-là. Donc, la norme, actuellement, joue en notre défaveur
au niveau de notre capacité à combler notre déficit en recherche. On a des discussions avec le
gouvernement actuellement pour trouver des avenues. On avait proposé un agrandissement, c'est toujours sur la table, on
espère qu'un jour ça va se concrétiser, mais c'est sûr que, pour l'instant,
il n'y a pas d'acquis à ce niveau-là.
M.
LeBel : Puis, au niveau de l'institut Québec-France, est-ce que c'est
collé à un projet d'agrandissement ou pas, ou à un nouveau bâtiment, ou
à quelque chose? Est-ce que ça va être d'autre chose qu'un...
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Bien, on va voir. Peut-être que ce sera un
remodelage des espaces actuels, mais moi, je retiens que M. Couillard, lorsque... M. le premier ministre,
quand il est venu chez nous, il a dit qu'avec cet institut-là il tenait à ce qu'il y ait du béton qui soit coulé
pour que le drapeau soit planté solidement, de façon que ça soit plus qu'une
stratégie politique mais une stratégie de société qui perdure dans le temps,
puisque le Québec a bien besoin d'un développement
maritime qui est conséquent, puis il voyait l'UQAR comme étant un joueur pivot,
qu'on joue un rôle de fer de lance
dans ce déploiement-là. Donc, on va suivre le dossier, évidemment, de près, là,
puis on a des discussions avec le ministère dans tout ce contexte-là.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, je cède la parole pour une période de six
minutes à la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Bonjour. Alors, à mon tour de vous remercier de
votre présence. Rapidement, évidemment, quand vos prédécesseurs ont
parlé pour l'ENAP d'une espèce de tempête parfaite, à cause de différentes
circonstances qui faisaient en sorte que
l'impact des compressions était important, je comprends que, vous, ce n'est pas
le terme que vous avez utilisé mais que, vous aussi, il y a une certaine
rencontre de circonstances, dont le fait que votre population étudiante est vraiment en forte hausse et
que vous devez absorber des compressions très importantes. Vous nous avez parlé
tantôt de la réduction, bon, du nombre de
professeurs, de l'augmentation des charges de cours. Mais je voyais dans la
revue de presse qu'en janvier vous
aviez fait état aussi du fait que vous deviez augmenter les ratios dans les
classes puis aussi qu'il y aurait des
cours qui ne seraient donnés qu'une année sur deux. Donc, ce que j'aimerais
savoir, c'est un peu l'impact sur
l'offre de cours, la formation. Est-ce qu'il y a eu des diminutions de
programmes, des diminutions de cours qui ont dû être décidées?
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Effectivement, je pense que c'est important pour nous
de maintenir les acquis, mais on a été
obligés quand même de réduire l'offre de cours. Donc, c'est une
diversité d'options qui est en moins pour les étudiants, étudiantes. On le fait dans un souci, tout de même, d'essayer de maintenir la qualité d'enseignement, mais effectivement ça s'est traduit par une offre de cours qui est amoindrie. François est
mieux placé que moi, parce que c'est vraiment dans son domaine, pour répondre de façon plus
pointue. Mais on a agi sur l'offre de cours et on aura l'obligation de poursuivre, malheureusement, dans cette veine-là, même si parfois ça réduit
l'éventail de possibilités que les étudiants ont à faire face.
Et
ça, c'est un piège. Il faut faire attention, hein? On affiche des programmes de
qualité, on veut offrir vraiment
une diversité de formations, une formation qui est riche aux étudiants,
étudiantes. On annonce des cours à option, il faut faire en sorte, à quelque
part, de respecter cette réalité-là. Puis il ne faut pas être obligés d'en
arriver à ce que l'étudiant arrive, puis son
offre de cours est cannée pour les trois prochaines années. Tu t'inscris aux
30 cours suivants, parce qu'il n'y en a pas, d'options. On n'est
pas capables d'en offrir d'options.
Donc,
l'étudiant qui veut avoir sa coloration qui lui est spécifique, parce qu'il
aime mieux telle dimension du travail ou
telle autre dimension du travail, il faut être capables de préserver ça. Et
c'est sûr, dans le contexte actuel, c'est un défi. On essaie de
minimiser les impacts, mais tout de même il faut admettre qu'il y en a un.
François.
M.
Deschênes (François) : Oui. Puis effectivement on a déjà commencé.
Donc, on n'a pas fermé de programmes. Ça,
c'est clair, on l'a dit tantôt. On veut être capables d'offrir une grande
diversité, ça fait qu'on trouve des manières novatrices d'éviter ça,
pour le moment. Est-ce qu'on sera capables de maintenir? On verra. Un exemple,
donner un cours une année sur deux, bien,
c'est quelque chose qu'on a implanté puis qu'on va regarder dans d'autres
programmes aussi, dans plusieurs
programmes. Mais ce qu'il faut bien savoir, c'est que ça a des conséquences,
oui, sur les cours à option, mais
aussi quand on parlait tantôt de diplomation. Un étudiant qui, malheureusement,
échoue le cours qui se donne aux deux ans, c'est un peu démoralisant, ça
prend deux ans avant qu'il soit capable de le refaire.
Donc,
il y a aussi tout ça qu'on essaie... On est dans une logique d'essayer de
minimiser les impacts, ça fait qu'on a
trouvé des alternatives comme ça. Mais on vise à garder notre éventail de
programmes puis notre diversité, mais jusqu'à quel point? On ne sait pas
encore.
Mme
Hivon : J'ai deux questions, une plus courte, une... Les
frais indirects de recherche, le manque à gagner, tantôt je ne sais pas
si j'ai bien compris, quand vous parliez de 100 000 $, si c'étaient
vraiment les frais indirects de recherche ou
ça, c'était la valorisation de la recherche, où, là, il y avait une couple de
100 000 $. C'est ça? Donc, j'aimerais que vous me précisiez le
montant que vous devez absorber pour le changement pour les frais indirects de
recherche.
Puis,
pendant qu'on cherche l'information, l'autre question, c'est en lien avec...
Bon, on a parlé tantôt, le député de
D'Arcy-McGee, de toute la question de la formule de financement puis la
nécessité pour vous qu'il y ait justement quelque chose d'adapté pour
tenir compte de la réalité des plus petites universités en région. J'aimerais
savoir si les recommandations du rapport
Tremblay-Roy, qui touchent cette question-là, vous semblent opportunes ou ce
que vous retiendriez là-dedans pour la suite des choses.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. Ouellet, rapidement. Vous avez
1 min 30 s.
Mme
Hivon : Oh!
• (18 heures) •
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Oui! O.K.,
peut-être spécifier que nous, l'ensemble des modifications au niveau de la Politique nationale de la recherche,
innovation, les frais indirects, pour nous, on calcule qu'à partir de l'année
prochaine ça va se traduire par un
manque à gagner de 1,7 million par année. Quand on dit qu'on est en
période de compressions de
5 millions, puis on ajoute cette dimension-là, ça ne vient pas aider. Mais
c'est un contexte particulier qui est propre à l'UQAR. Il y a d'autres universités qui en sortent gagnantes là-dedans.
Mais j'aurais aimé que le gouvernement ait un souci particulier pour
faire en sorte qu'il n'y ait pas des joueurs qui soient aussi perdants que nous
le sommes dans le contexte actuel. Nous
sommes l'université la plus perdante, malgré qu'on est performants en
recherche. Donc, c'est assez paradoxal. Donc, ça, c'est le premier
élément de la réponse.
Au niveau de
la... comme vous dites, au niveau de la politique de financement des
universités, nous, on a déposé un
mémoire. Il y a un certain nombre d'éléments qu'on souhaite que le gouvernement
maintienne. Je pense qu'il y a des acquis.
Je pense qu'un droit universel pour les droits de scolarité, pour nous, c'est
important. C'est une question d'équité. C'est une question d'accessibilité. Puis je pense que c'est au
gouvernement à décider de la hauteur des droits de scolarité, mais je
pense qu'il faut que ce soient des droits universels. Pour nous, c'est un
élément important.
Il faut tenir
compte des missions particulières, des missions qui sont propres à chacune des
universités. Dans notre cas, c'est la
mission de l'université en région, une institution de petite taille, qui a un
volet particulier, notamment au niveau de ses axes de recherche, puis je
pense qu'il faut que ça soit reconnu dans la politique de financement.
Il y avait
aussi toute la question des étudiants à temps partiel. On l'a mentionné, nous,
on a quand même un fort pourcentage d'étudiants à temps partiel. Je donne
l'exemple extrême : un étudiant à temps plein est financé à peu près la même chose que 10 étudiants à temps partiel
qui suivent un cours. Quand on y pense bien, c'est 10 personnes dans l'institution au lieu d'une
qui va solliciter des services. Donc, il faut qu'il y ait un ajustement qui
soit plus fort qu'il est actuellement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En terminant.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Il y a
aussi, je pense, un incontournable...
La Présidente
(Mme Rotiroti) : En terminant, M. Ouellet, s'il vous plaît. En
terminant. Vous avez quelques secondes.
M. Ouellet (Jean-Pierre) : Ah! O.K.,
en terminant? Avec ce mot clé là, je suis correct, là.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Ouellet
(Jean-Pierre) : Je dirais
qu'il faut revoir aussi les coûts, le financement qu'on reçoit par discipline.
Ça n'a pas été remis à jour depuis
longtemps. Les montants qu'on reçoit sont propres à chacune des disciplines.
C'est plus complexe que ça, mais je
dirais que c'est très, très compartimenté, et je pense qu'il est essentiel de
remettre à jour ces calculs-là de façon à ce que ça soit plus équitable
au niveau des financements qu'on reçoit.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, merci
beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission. Je
remercie aussi, également, mes collègues et leur collaboration.
J'ajourne les
travaux de la commission à demain, le mardi 18 août, à 9 heures, afin
de poursuivre son mandat. Merci. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 h 2)