(Treize heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Marsan): ...et non pas comme on fait au Parlement: «À l'ordre, s'il vous plaît!» Alors, ça nous fait plaisir d'être avec vous cet après-midi. C'est vraiment un privilège pour nous, les députés de l'Assemblée nationale, de pouvoir partager un dossier qui nous préoccupe tous et chacun.
Table ronde dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean
Présentation
Le président, M. Pierre Marsan
Comment ça se fait qu'on est rendus ici avec vous aujourd'hui? On aime, d'abord et avant tout, cette belle région qu'est le Saguenay--Lac-Saint-Jean, et on a pu même goûter à sa gastronomie grâce aux élèves de l'école Le Tournant ce midi. Et c'était dur pour le régime, en tout cas, je vous assure. C'était très, très bon. Et on peut remercier et féliciter ces élèves et leurs professeurs encore une fois.
Alors, nous, députés de l'Assemblée nationale, on s'est questionnés sur le décrochage scolaire. On a regardé comment ça se passait au Québec et on s'est aperçu... puis on ne voulait pas refaire ce que d'autres ont fait, c'est-à-dire de grandes études, avec des solutions que plusieurs ont apportées, tout ça. On s'est dit: On va aller rencontrer nos jeunes, puis on va leur poser les questions. Après avoir rencontré les jeunes, on va rencontrer leurs parents, leurs professeurs, les gens qui sont impliqués au niveau social, et on va essayer vraiment de saisir ce qui se passe. Alors, on a identifié votre région comme étant une région à succès, où il y a des choses importantes qui se passent, et nous voulions les connaître.
Alors on a, déjà cet avant-midi, pu prendre connaissance, à travers les étudiants, les élèves, de ce qui se fait de bon ici. Et l'exemple de cette école, l'école Le Tournant, est un exemple extraordinaire. Même dans notre atelier, on était deux députés avec six ou sept élèves, mais, nous, on s'est dit: On va essayer de les prendre un peu en défaut puis on va leur dire: Dites-nous donc qu'est-ce qu'il faut améliorer ici, à l'école Le Tournant. Parce qu'on recevait un concert d'éloges tout le temps. Alors, la seule chose qu'on a pu avoir, c'est: Si vous pouvez améliorer l'air climatisé!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marsan): Alors, on a bien compris que ça s'adressait au ministère de l'Éducation. Alors, je vous... je vous remercie encore une fois d'être avec nous.
Ce que nous allons faire, nous allons se présenter, tous et chacun. Et je vais immédiatement demander à mon collègue, le vice-président de la Commission de l'éducation et de la culture, de se présenter, et nous allons poursuivre. Tantôt, nous allons vous donner un micro portatif pour être sûr que tous vos noms vont être bien inclus dans les annales de l'Assemblée nationale. Alors, mon cher collègue.
M. Curzi: Alors, je m'appelle Pierre Curzi. Je suis le député de Borduas. Voilà. Je suis responsable du dossier de la langue puis du dossier de l'éducation primaire et secondaire pour le Parti québécois, comme critique. Je suis un ancien acteur. Je suis arrivé en politique depuis, je pense, ça fait près de trois ans maintenant.
M. Boudreault (André): André Boudreault, je suis présentement directeur de deux petites... non, deux grosses écoles primaires: Notre-Dame-des-Anges, à Mistassini, et Saint-Louis-de-Gonzague, à Saint-Eugène, et un peu directeur de l'école Le Tournant, pendant quelques années, 18 ans.
M. Robert: Gilles Robert, député de Prévost. Alors, Prévost, c'est situé dans la région des Laurentides. Et, dans une vie antérieure encore toute récente, j'enseignais au secondaire.
Mme Larouche (Sylvie): Sylvie Larouche. Moi, je suis la mère de François Bouchard, qui a étudié ici, au Tournant. Ça me fait plaisir.
Mme Champagne: Noëlla Champagne. Je suis députée de Champlain, dans la région de la Mauricie. Je suis, moi aussi, de formation enseignante. J'enseignais au niveau secondaire le français et l'histoire. Et, bien je suis heureuse également d'être ici, parce que je pense qu'on va rapporter avec nous beaucoup d'éléments pour nous aider à être meilleurs comme députés et comme décideurs.
Mme Desgagné (France): France Desgagné, parent de Yanick Guay, qui a terminé son... qui est venu à l'école ici, Le Tournant.
Mme Bussières (Cynthia): Cynthia Bussières, intervenante toxicomanie. J'ai travaillé quelques mois ici puis là, en ce moment, je suis à la polyvalente de Normandin. Bonjour.
Mme Comeau (Linda): Bonjour. Moi, c'est Linda Comeau. J'enseigne ici depuis 1997. J'enseigne en anglais langue seconde. Ça me fait plaisir.
M. Lévesque (Pascal): Pascal Lévesque, du Conseil régional de prévention d'abandon scolaire.
Mme Rousseau (Cloé): Cloé Rousseau, étudiante.
Mme Dumais-Parent (Sophie): Sophie Dumais-Parent, étudiante à l'école Le Tournant.
M. Simard (Alexandre): Alexandre Simard, étudiant.
Mme Cantin (Dora): Dora Cantin, enseignante.
M. Thibeault (Alex): Alex Thibeault, étudiant.
Mme Guay (Marie-Pier): Marie-Pier Guay, étudiante.
Mme Girard (Daisy): Daisy Girard, enseignante.
Mme Duchesne (Manon): Manon Duchesne, enseignante.
Mme Laprise (Hélène): Hélène Laprise, conseillère d'orientation.
Mme Pouliot (Joannie): Joannie Pouliot, enseignante.
Mme Lavoie (Caroline): Caroline Lavoie, éducatrice spécialisée
Mme Fortin (Lise): Lise Fortin, étudiante.
M. Imbeault (Steeven): Steeven Imbeault, étudiant.
Mme Poirier-Trottier (Syntia): Syntia Poirier-Trottier, étudiante.
M. Paquette (Keven): Keven Paquette, étudiant.
Mme Richards (Sarah): Sarah Richards, enseignante.
Le Président (M. Marsan): Vous pouvez poursuivre. M. le directeur.
Mme Painchaud (Mélanie): Mélanie Painchaud, intervenante ici depuis 10 ans.
M. Tremblay (Joël): Joël Tremblay, directeur adjoint à l'école Le Tournant.
M. Gagné (Stéphane): Stéphane Gagné, enseignant à l'école Le Tournant depuis 11 ans.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Émilien Pelletier. Moi, je suis député de Saint-Hyacinthe, en Montérégie; j'ai fait carrière à Hydro-Québec et au municipal, maintenant député.
Mme Larouche (Sonia): Sonia Larouche, enseignante ici, à l'école Le Tournant, en adaptation scolaire, comme la plupart de mes collègues.
M. Pigeon: Michel Pigeon. Je suis député de Charlesbourg et, dans une vie antérieure, j'ai fait carrière à l'université pendant 36 années.
Mme Boutin (Stéphanie): Stéphanie Boutin; je suis la secrétaire de la commission.
**(13 h 40)**Le Président (M. Marsan): Nous avons ici, à ma droite, c'est Mme Madeleine Lévesque, qui est également secrétaire de la commission, et M. Pierre Skilling, qui est le chercheur attitré à notre commission.
Et je suis Pierre Marsan; je suis député du comté, du beau comté... Des fois, je dis: C'est le plus beau comté de la province, mais mes collègues sont un peu jaloux, là. Mais c'est... ça recouvre, c'est l'Ouest de Montréal, les villes de Dollard-des-Ormeaux, Roxboro et Pierrefonds.
Alors, ça nous fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Et je vais laisser mon collègue le vice-président vous dire un petit peu qu'est-ce que nous avons l'intention de faire cet après-midi.
M. Pierre Curzi
M. Curzi: En fait, on a l'intention de repartir avec le plus de richesse possible. Ce qu'on cherchait... Toute la démarche, bien Pierre vous l'a dit, la démarche, c'était d'être avec les gens qui étudient, avec les parents qui s'occupent des élèves, avec les professeurs qui leur enseignent, donc c'est une démarche terrain, être en direct avec vous. Notre but, c'est de comprendre pourquoi des gens décrochent, puis on veut comprendre aussi pourquoi ils raccrochent, et ultimement quelle serait l'école idéale que tout le monde pourrait fréquenter, pour être sûrs de ne pas décrocher puis rester accrochés.
Aujourd'hui, on savait bien qu'en venant ici la CREPAS... Franchement, l'organisme la CREPAS a une réputation qui est partout au Québec. Dès que quelqu'un s'intéresse à l'éducation, l'exemple, c'est de dire: Il faut que tu ailles voir ce qui se passe au Lac-Saint-Jean. Puis, dans les discussions que Stéphanie puis que la commission a eues, votre école, l'école Le Tournant, a été identifiée comme l'exemple. Ça fait qu'on savait très bien qu'on s'en venait comprendre un peu mieux, un petit peu, comment vous étiez arrivés à faire un succès. Ce qu'on cherche à travers ça, c'est comment ce succès-là que vous connaissez, qui est un succès qui est fait de l'effort de tout le monde puis qui est fragile, puis qui, en même temps, qui est fort, c'est très fort, comment on peut essayer d'utiliser ce qui s'est passé ici pour essayer de voir comment on pourrait l'amener ailleurs? Tu sais, c'est comme, ce qui se passe de mieux, comment on pourrait transporter ça partout dans le Québec.
Ça fait que c'est un petit peu ça, notre idée, et on veut que ce soit une idée partagée par des gens, des gens qui sont en contact avec d'autres personnes, parce qu'on sait bien que la clé de la réussite, c'est dans une relation entre des individus qui réussissent à se comprendre, à se respecter puis à s'aider mutuellement. Alors, ce qu'on cherche encore cet après-midi donc, c'est une conversation assez ouverte. On va donner l'occasion à ceux qui n'étaient pas là ce matin de s'exprimer, puis ensuite on va ouvrir la discussion, parce qu'on veut engranger, si j'ose dire, le maximum de ce que vous aviez fait pousser ici. Voilà.
Discussion générale
Le Président (M. Marsan): Alors, nous sommes prêts à vous accueillir et à vous écouter surtout, si vous avez des interventions à nous faire. Il y avait les trois questions qu'on a posées à quelques... à nos élèves ce matin, puis on peut les reprendre rapidement.
M. Curzi: Je n'ai pas fait ça comme il faut, hein?
Analyse du phénomène
et solutions possibles
Le Président (M. Marsan): Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à prendre la décision de quitter l'école, à décrocher avant l'obtention du diplôme? Quel est l'élément déclencheur? Qu'est-ce qui peut amener quelqu'un à raccrocher, à retourner à l'école pour terminer ses études? Comment peut-on motiver le plus de décrocheurs possible à raccrocher? Et quelle serait l'école idéale? Et je pense qu'on a déjà des éléments susceptibles de nous aider. Que faudrait-il changer pour que l'école soit une expérience heureuse et enrichissante pour le plus grand nombre d'élèves possible?
Alors, les micros sont ouverts, nous vous écoutons. Une première intervention? C'est M. André Boudreault, c'est ça?
M. Boudreault (André): Oui, je m'appelle André Boudreault effectivement.
Le Président (M. Marsan): Et on nous a dit, M. Boudreault, que vous étiez à l'origine de cette histoire de l'école Le Tournant.
M. Boudreault (André): Effectivement.
Le Président (M. Marsan): Alors, vous allez nous en parler?
M. Boudreault (André): Yes. On a combien de temps?
Le Président (M. Marsan): On termine aux environs de... je pense que c'est 3 h 45, 4 heures, là.
M. Boudreault (André): Ah! je vais être parti.
Le Président (M. Marsan): Donc, vous avez trois minutes.
M. Boudreault (André): Ah non! il n'y a pas de problème, c'est...
Le Président (M. Marsan): Ah! nous avons le temps.
M. Boudreault (André): L'école Le Tournant, c'est effectivement la plus belle école au monde, et c'est possiblement ce que les enfants retiennent le plus. L'école Le Tournant, c'est une école de coeur. Et, quand on parle, si on veut avoir un impact, si on veut avoir un impact auprès des enfants, si on veut avoir un impact auprès du milieu ou si on veut parler de récupérer des enfants, qu'est-ce qui les ramène à l'école, et tout ça, moi, je pense qu'on ne peut pas passer autrement que par le coeur. C'est ce qui est le plus difficile à faire, c'est ce qui est le plus difficile à convaincre à faire, mais c'est ce qui est le plus efficace.
On fait souvent des liens, parce qu'un décrocheur, c'est souvent quelqu'un... Puis, même s'ils ne sont pas tous décrocheurs, parce qu'ici, à l'école Le Tournant, ce n'est pas tous des éléments décrocheurs, c'est des enfants qui avaient besoin d'un parcours différent, et on est chanceux de pouvoir l'offrir à -- en tout cas -- à la commission scolaire. Moi, ce que je dis là-dedans, c'est que si... un enfant qui a faim, tu le nourris, puis il va être capable d'apprendre, et ça, on est capables de le faire: on fait des petits-déjeuners, on fait des affaires comme ça. Les enfants qui viennent à l'école Le Tournant -- puis je dis «les enfants», mais ça a tout le temps été de même -- les enfants qui viennent à l'école Le Tournant, c'est des enfants blessés, blessés souvent soit par la vie, soit par le système scolaire -- parce qu'on est capables de le faire aussi -- et ces enfants-là, la première affaire qu'il faut faire, c'est de leur redonner confiance en l'adulte. C'est essayer, entre parenthèses, de les guérir. Tu ne peux pas apprendre si tu as mal. Ça ne se peut pas. Ça veut dire qu'il faut tout faire, il faut tout mettre en fonction pour que ces enfants-là soient le plus à l'aise possible et qu'ils se sentent le mieux possible, et ça, ça se fait. À partir du moment qu'on a tous et toutes la même conviction et le même désir de le faire, vous ne pouvez pas imaginer les résultats qu'on peut engendrer par ça.
Et oui, il y a des matières, oui, il y a du français, oui, il y a des maths, oui, il y a tout ça, et c'est correct. Ça fait partie, c'est normal. Mais il faut vraiment passer par un climat d'école, il faut vraiment passer pas un lien significatif. Ça ne peut pas être autrement. Pour moi, là, ça ne peut pas être autrement que ça. Et le mandat de quelqu'un à la direction d'une école comme la nôtre, c'est de vendre ça puis de dire aux gens: Embarquez avec moi là-dedans. Et, si on est capables de le faire en gang, c'est impressionnant; je vous le dis, c'est impressionnant, les résultats que ça peut engendrer.
Ça fait 18 ans qu'on existe, 19... ça fait 18 ans que je suis là, ça fait 19 ans que ça existe, c'est beau. Les résultats sont tellement beaux, et les enfants qu'on revoit, qui sont des adultes, c'est tellement nourrissant et c'est tellement beau qu'on ne peut pas juste... en tout cas, j'ai la chair de poule encore quand j'en parle. Ça fait que... Mais, voyez-vous, la base de cette école-là, c'est ça. Ça ne peut pas être autrement que ça, et ça, c'est exportable. Ça ne coûte rien. C'est facile à faire, il suffit juste de se convaincre et de convaincre notre entourage que c'est la solution. C'était mon préambule.
Le Président (M. Marsan): M. Boudreault, juste une question. Ça fait 18 ans que vous avez mis ça sur pied. Vous avez été un de ceux qui ont vraiment fondé cette école-là. Ça ne s'est pas fait facilement comme ça, tu sais? Tu ne te lèves pas le matin, tu dis: Je vais faire une école puis je vais aller chercher les gens qui sont le plus susceptibles de raccrocher. Alors, vous avez sûrement rencontré beaucoup d'obstacles, et, lorsque vous parlez vous-même, de dire qu'on peut peut-être exporter ce modèle-là dans d'autres régions, c'est quelque chose que... qui sonne, là, des cloches pour nous. C'est vraiment important. Alors, est-ce que vous pourriez nous dire un peu à travers quoi vous êtes passé en termes de difficultés?
M. Boudreault (André): Ça a été très, très, très difficile au début, et les adversaires les plus coriaces étaient nos pairs, parce qu'on était une école différente, et la différence, ça dérange. Donc, à quelque part, il fallait convaincre, il fallait se battre pour dire: Oui, on est bons, oui, on est corrects. Parce qu'on a des règles. Pour pouvoir accueillir des enfants différents, il faut absolument que tu aies des règles différentes. Il faut que tu crées un milieu de vie autrement, et ça, effectivement, c'est très dérangeant.
Le politique devient un élément excessivement important. C'est qu'une personne comme André Boudreault ne peut pas arriver puis dire: Je pars une école alternative. Il faut absolument qu'il y ait un fond politique fort qui va appuyer. Quand je parle politique, je parle de politique de l'ensemble de l'oeuvre. Ça peut être la commission scolaire, ça peut être... mais tu ne te lances pas dans une aventure de même si tu n'es pas sûr d'être «backé», sinon ça ne marchera pas.
Par contre, il faut se battre fort, il faut parler fort, et c'est... et l'élément qui est le plus important dans cette histoire-là c'est de réussir à avoir une crédibilité. Il faut que les gens disent: Ah! tiens. Ah! Ça marche. Ah! ils ne sont pas si laids que ça. Dans les premières années, nos jeunes avaient presque tous des mohawks, puis on n'était pas loin du centre-ville, c'était assez impressionnant, ce qu'on entendait. Ça, c'était assez impressionnant, merci. J'en ai encore mal au ventre! Et ça, il faut se battre. Le seul moyen de récupérer tous ces gens-là, c'est en se servant de la communauté, en se servant du milieu, en montrant nos enfants, en leur faisant faire des projets. On a raclé des terrains de personnes âgées pendant x années. On allait partout. On allait aider des gens dans les épiceries bénévolement. On faisait plein de choses pour montrer nos jeunes puis leur dire: Regarde, ils sont capables.
On a monté des projets, exemple, Vélo Vert, qui est un projet qui a été reconnu au niveau provincial. Et c'est tous nos enfants qui faisaient ça. Par contre, la population a adhéré. Ah! tiens, regarde, ce n'est pas si pire. Ah bon! bien, ils ne sont pas si épeurants que ça. Oui, mais ils sont bons. Aïe, sont fins! Et là, après x années, bien là, on est assis sur du solide. Comme là, l'école Le Tournant, là, c'est solide, solide. Le fait que vous soyez ici aujourd'hui, moi, ça me rend excessivement fier. Ça veut dire: Tiens, ça se pourrait-u qu'on sorte un petit peu du lac, parce que, même au Saguenay, un moment donné, ils disaient: C'est quoi, ça, l'école Le Tournant? Par contre, on est une tabarouette de belle école.
**(13 h 50)**Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup. Est-ce que d'autres voudraient suivre le témoignage de M. Boudreault?
Mme Larouche (Sylvie): Bien, en tant que parent, moi...
Le Président (M. Marsan): C'est madame?
Mme Larouche (Sylvie): Oui, Sylvie Larouche.
Le Président (M. Marsan): Oui, je vais vous demander, à tous et chacun, de vous identifier; c'est pour les fins de nos transcriptions. Alors, Mme Sylvie Larouche, et vous êtes une parente, je pense, c'est ça, d'un enfant?
Mme Larouche (Sylvie): Oui, la parente de François Bouchard, qui a étudié ici encore cette année. Moi, mon fils a eu un parcours scolaire extrêmement difficile, il souffre de dyslexie. Au primaire, on va dire que ça allait quand même assez bien parce qu'il y a une bonne collaboration puis il y a une bonne compréhension aussi du problème. Il a été diagnostiqué jeune, à l'extérieur, parce qu'ici, dans la région, on n'a pas de ressources pour faire ce genre de chose, le diagnostic. On a investi beaucoup de temps, beaucoup d'argent, et la zone grise, ça a été l'école polyvalente. Ça a été extrêmement difficile d'avoir de la collaboration, de la compréhension, des services.
Moi, je me suis investie beaucoup parce que je croyais aux capacités de mon fils. Il démontrait... En tout cas, dans sa vie personnelle, c'était un fonceur, c'était un garçon qui allait de l'avant. Il avait des grandes capacités, il réussissait ailleurs qu'à l'école. Mais, moi, j'arrivais avec ma... On va dire qu'il y avait des recommandations qui étaient faites par des spécialistes, parce qu'il fallait aller à Québec. On est allés à plusieurs reprises, on a consulté beaucoup de spécialistes -- puis, quand je dis «beaucoup», là, c'est énorme -- mais on n'avait pas l'écoute, on n'avait pas l'ouverture pour recevoir les services auxquels il aurait eu besoin.
En dernière cause, c'était ma dernière option, l'école Le Tournant, parce que, moi, de mon côté, je n'avais pas eu de bons commentaires, surtout des directions des autres écoles. Moi, on ne me conseillait pas du tout. Mais à la longue on perd confiance en la direction parce qu'on est mal orienté. Mon fils, il a perdu certainement deux années scolaires à se promener dans une école, à passer le balai, à faire tout sauf des matières académiques proprement dites. Il a fait même du bricolage. Il était rendu à l'âge de 16 ans. Ce n'était pas facile.
Il a persisté. Puis, lorsqu'on a rencontré M. Boudreault, en l'espace, je vous dirais, là, de... parce que, lui, il ne voulait pas venir, pas du tout. J'ai réussi à l'amener, parce que je lui laissais quand même la liberté de choisir, puis ça a pris même pas deux minutes, là, qu'il s'est senti immédiatement à l'aise. Le déclic s'est fait. Il est entré ici l'an dernier. Il était classé présecondaire en anglais. Il n'avait pas son secondaire II ni en français ni en maths. Puis il a terminé, cette année, son secondaire IV dans les trois matières. Alors, c'est formidable. Puis, il ne lui pas donné.
Par contre, ils ont trouvé de quelle façon qu'ils pouvaient l'instruire. Puis il a été motivé pendant ses deux années. Puis je trouve ça le fun que vous pouviez rencontrer ces jeunes-là, ce sont de beaux jeunes. Mais l'émerveillement, c'est qu'ils réalisent à un moment donné qu'ils ont une ouverture. Ils veulent, ces jeunes-là, ils veulent travailler, ils veulent avoir un métier. Ils ne veulent pas être professeur, ils ne veulent pas être avocat nécessairement, ils veulent un métier. Moi, mon fils est inscrit au D.E.P. Il n'a jamais lâché. Il est rendu à 18 ans. Puis chapeau! Tu sais, il avait une bonne volonté puis un courage exceptionnel, puis, ici, il a trouvé exactement ce qu'il fallait pour le motiver puis l'encourager à continuer puis à persister.
Puis, eux autres, la différence aussi, la dernière chose, c'est avec, mettons... je vais comparer avec l'école polyvalente, je suis obligée. C'est qu'ils lui ont découvert des... des qualités. Lorsque, moi, je venais au bulletin, là, on ne me disait que des qualités. Moi, j'aurais passé des grands après-midi ici à les écouter parler, parce qu'à la polyvalente c'étaient toujours les mêmes commentaires: Il ne fait pas d'effort, il va trop vite, il ne pose pas de questions. Tu sais, à un moment donné, il ne peut pas être si différent dans la vie, parce qu'il a réussi dans sa vie personnelle à date, là, beaucoup. Dans les cadets, il s'est rendu jusqu'à caporal-chef; en patinage de vitesse, il a été sur un circuit provincial. Il a réussi, mais, à l'école, c'étaient toujours des échecs par-dessus échecs, puis il était déclassé, on baissait le niveau, puis pourtant il était diagnostiqué puis il y avait des subventions pour lui, mais on l'a mis dans une classe au sous-sol, dans un coin, à bricoler. Ça, ça a été très difficile pour lui.
Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup. Oui, Mme la députée de Champlain, Noëlla.
Mme Champagne: Merci. Écoutez, j'aurais une question pour vous. Votre fils est en D.E.P. maintenant ou s'il le fait...
Mme Larouche (Sylvie): Non. Il va commencer...
Mme Champagne: Ah! Il va commencer à l'automne.
Mme Larouche (Sylvie): À l'automne, oui.
Mme Champagne: O.K. Donc, il ne l'a pas fait en même temps que ses études, là.
Mme Larouche (Sylvie): Non, non. Il fallait qu'il termine quand même son secondaire IV. Puis il fallait qu'il... le laisser concentré sur ses trois matières, parce qu'à la longue c'est certain qu'il y a des acquis qu'il a... je dirais-tu perdus ou qu'il fallait... il fallait qu'il ait de la rééducation. Alors, il fallait qu'il fasse cette étape avant...
Mme Champagne: Il fallait lui donner le temps. Puis il s'en va en D.E.P. en quoi?
Mme Larouche (Sylvie): En soudage-montage.
Mme Champagne: En soudage-montage.
Mme Larouche (Sylvie): C'est dans ça qu'il s'est inscrit...
Mme Champagne: Mais ça se fait ici, là, dans...
Mme Larouche (Sylvie): À Dolbeau.
Mme Champagne: À Dolbeau.
Mme Larouche (Sylvie): Oui.
Mme Champagne: Merci.
Le Président (M. Marsan): Oui. Juste vous identifier d'abord.
M. Gagné (Stéphane): ...Gagné. Je suis enseignant ici, à l'école Le Tournant, en anglais. J'ai enseigné au fils de madame. Puis, tantôt, elle mentionnait, elle a dit: Ils ne lui ont pas donné, son quatrième secondaire, dans les matières de français, maths ou anglais. Puis ça, c'est vrai qu'on ne lui a pas donné; il a travaillé, il a bûché, là, comme... J'étais impressionné, moi, de voir... Bien, on le voit souvent aussi parmi nos élèves, là, des jeunes qui travaillent. Une fois qu'ils ont pris confiance, là, une fois que le petit déclic se fait, bien ils se mettent au travail. Puis, des réussites, on en a, là, des paquets de réussites comme ça, au Tournant, à chaque année, à chaque année. En tant qu'enseignant, en tout cas, c'est supervalorisant de prendre un élève comme ça, qui commence en présecondaire, secondaire I -- moi, c'est en anglais -- puis on l'amène comme ça, au fil des années, secondaire II, secondaire III, secondaire IV. Mais ça prend beaucoup, beaucoup de travail de la part de l'élève. Ça se développe avec la confiance. Le jeune doit... On passe par la relation humaine au départ. On entre en relation avec ces jeunes-là, on s'intéresse à lui, etc., puis ensuite, bien on fait le travail. Si on commence tout de suite à vouloir lui faire faire de l'académique, seulement que de l'académique, ça ne fonctionnera pas.
Donc, c'est vraiment un mélange, là, de relations humaines, le sentiment d'appartenance qu'il faut créer chez le jeune face à son école, l'implication, puis ensuite c'est le travail académique. Puis on a des très belles réussites comme ça, des petits miracles. Puis on en vit à chaque année, chaque année, au Tournant, depuis 18 ans.
Le Président (M. Marsan): Merci. Mon collègue de Saint-Hyacinthe, Émilien.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Émilien Pelletier, député de Saint-Hyacinthe. Moi, votre témoignage me frappe beaucoup. Puis c'est impressionnant comme témoignage. Mais je veux vous poser une question: Est-ce que les écoles secondaires, l'école secondaire que votre fils a fréquentée, est-ce que ces écoles secondaires là, selon vous, pourraient offrir le service qu'il a reçu ici avec plus d'attention, plus de... Mais est-ce que, selon vous, ce service-là serait possible d'être offert à votre fils ou à d'autres enfants du même type dans une école secondaire normale ou régulière, comme on dit, ou si c'est seulement... il faut axer absolument les besoins sur une école comme ici puis...
Mme Larouche (Sylvie): Moi, je pense sincèrement que c'est dans une...
Le Président (M. Marsan): ...
Mme Larouche (Sylvie): Oui. Sylvie Larouche. Je pense qu'une école où il y a 1 500 élèves c'est certainement difficile. Encore que les... ce qu'ils suggèrent comme adaptation, ce n'est pas très compliqué, mais il y a beaucoup de sortes de difficultés. Il y a des jeunes qui sont dyslexiques, il y en a d'autres qui ont une autre forme de difficulté. De trouver la bonne façon, dans une classe où il y a 30, 32 élèves, c'est difficile. Les sortir des classes régulières, les mettre dans des classes séparées, ils sont identifiés, c'est difficile pour le jeune de fonctionner dans une école où il y a tellement d'étudiants... La polyvalente où il est allé, c'est une école qui va... l'élite, c'est toujours l'élite, parce que c'est une école internationale. Ça fait que les jeunes qui sont en difficulté qui sont mis dans une classe avec un professeur, ils sont, encore là, mettons... même s'ils sont 20 élèves, il y a 20 sortes différentes de problèmes. S'il a un problème de comportement, un autre a un problème... on ne le sait pas.
Mais, une école comme ici, la différence, c'est que tout le personnel, de A à Z... là, je parle de... je ne nommerai pas de métiers nécessairement, mais tous les employés, 100 %, ont tous la même philosophie, d'encourager le jeune, de lui sourire... Le temps qu'ils prennent... Moi, je trouve que, dans une polyvalente, avec tout ce qu'on a essayé de mettre en place, c'est mission pratiquement impossible.
**(14 heures)**M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Merci.
Le Président (M. Marsan): Oui. Excusez. O.K. Allez-y. C'est Mme Comeau.
Mme Comeau (Linda): Je travaille ici. Je suis d'accord avec madame. Sophie? Sylvie. Parce que, moi, quand j'étais jeune, à Montréal, j'étais dans une école, une petite école de 300 élèves, pendant secondaire I, II, III, IV. À un moment donné, en secondaire V, j'ai tombé dans une polyvalente -- Aïe! J'étais fière d'aller là -- de 2 200 élèves. Et je veux dire que ce n'étais pas une école privée, où est-ce que j'allais, à 300 élèves, mais j'avais une très belle éducation. Puis j'étais très impliquée dans l'école, dans ma communauté. On avait l'opportunité de faire beaucoup de choses.
Arriver dans une école de 2 200 élèves, bien là, woups, là, on n'avait pas besoin de s'impliquer. Il n'y avait aucune relation personnelle avec nos professeurs. On pouvait, comme on dit, «loafer» puis ils ne le savaient même pas. Ils ne connaissaient pas nos noms quand on les rencontrait dans le corridor. Tandis qu'ici c'est complètement différent. Ici, moi, je pense que c'est mieux d'avoir une école à part comme ça, parce que nos jeunes, dans les grosses écoles, ils sont comme souvent oubliés. Ils n'ont pas besoin de s'impliquer. Parce qu'il y en a qui veulent s'impliquer, dans ces grosses écoles là. Alors, les projets, puis tout ça, c'est eux autres qui vont les faire dans la communauté.
Les récompenses, bien c'est rarement nos élèves... notre clientèle qui les ont, ces récompenses-là, parce qu'il y en a toujours des meilleurs qu'eux autres. Puis, les récompenses, souvent, puis les bourses, etc., ça va toujours aux autres. Alors, ils n'ont pas la même opportunité quand qu'ils ont leur école... Ce n'est pas pareil que quand ils ont leur école à eux autres. Ici, il n'y a personne d'autre qui peut s'impliquer. Quand c'est le temps de faire un projet, bien on n'ira pas chercher les meilleurs puis le conseil étudiant, là. Parce que souvent on n'en a même pas, de conseil étudiant. On essaie d'en avoir un, mais c'est les profs qui font beaucoup de choses avec eux autres pareil.
Alors, ici, ils n'ont pas le choix que de s'impliquer. On les connaît tous. Même si on les a dans nos classes, ou même si on ne les connaît... on ne les a pas dans nos classes, selon l'année, un de nos buts, un de nos objectifs, aux professeurs, c'est d'avoir eu une relation avec tous les élèves, qu'on les aie dans nos classes si c'est possible, parce qu'on n'a pas beaucoup d'élèves dans l'école.
Je trouve que, dans les polyvalentes, aussi, même s'ils ont une section à part, bien les autres élèves savent qu'ils sont différents. Puis, veux veux pas, bien peut-être qu'ils vont se faire tomber ou pousser dans le corridor en passant parce que c'est une gang à part. Ce n'est pas les plus, peut-être, cool de la grosse école polyvalente de 2 200 personnes. Tandis qu'ici on a un mot d'ordre, c'est le respect. Souvent, les élèves qui vont arriver de différentes polyvalentes, différents clans, du Lac-Saint-Jean, différents villages, qu'est-ce qu'on veut, là, bien ils vont avoir peut-être des préjugés, ils vont avoir... Puis ils vont avoir la liberté aussi de le faire savoir à ceux qu'ils n'aiment pas. Tandis qu'ici, ça, c'est notre première règle, puis c'est tolérance zéro.
On fait comprendre aux élèves qu'ici, là, s'ils sont ici, là, c'est parce que, quelque part dans leur cheminement, ils ont eu de la misère, puis ils sont arrivés ici. Puis l'autre à côté, il a eu un autre problème, puis l'autre à côté, il a eu un autre problème. Alors, ici, on se respecte tous et on ne s'écoeure pas. Alors, déjà là, le fait qu'on est à part, on ne s'écoeure pas, on n'a pas le droit d'écoeurer un autre élève. Si ça arrive, on a juste un corridor, d'ailleurs, là. On voit... Tous les profs, on est peut-être 12 ou 13 dans le staff, là, alors on est au courant de ce qui arrive dans nos classes.
Quand on a des petites classes... c'est sûr qu'on a des classes de 20 élèves à peu près, mais, avec les options -- probablement que vous connaissez le fonctionnement avec les options -- nos options de menuiserie, musique, etc., les élèves, ils partent de la classe... Alors, nous, les élèves, on reste toujours à... les profs, on reste toujours avec peut-être une dizaine d'élèves, une douzaine d'élèves. On a le temps de les connaître, on a le temps de les aider, on a le temps aussi de les féliciter pour les petites réussites qu'ils ont, dès le début. Moi, je pense que ça ne pourrait pas se faire... Ça se fait moins bien. Je ne dis pas que ça se fait pas -- je ne connais pas toutes les écoles du Québec, là -- mais je trouve que c'est dans un lieu à part, un petit milieu où est-ce qu'on peut se connaître, avoir des relations avec nos élèves... Nos élèves sont quasiment rendus adultes, d'ailleurs, on peut leur parler des vraies choses de la vie.
Je pense que c'est encore plus, leur donner plus d'avantages, d'opportunités. Puis, en plus de ça, bien, comme on dit, on les intègre dans la communauté. Alors, quand on décroche de l'école, souvent on décroche aussi de la communauté. Ici, bien, quand ils sont impliqués, avec tous nos projets communautaires qu'on peut avoir, puis tout, bien ils raccrochent non seulement à l'école, ils raccrochent aussi à la communauté. Alors, je trouve que c'est plus plausible de faire ça dans une école à part que dans une grosse école.
M. Curzi: Il y a un micro mobile. Si quelqu'un veut prendre la parole, vous êtes invités à le faire. Ce n'est pas parce qu'on s'est parlé ce matin qu'on ne peut pas continuer à se parler cet après-midi. Alors, si vous voulez prendre la parole. La seule chose, c'est qu'on avait demandé à quelques personnes de le prendre; il y a vous, madame, qui allez... Est-ce qu'on vous a invité à prendre la parole aussi?
Une voix: Oui.
M. Curzi: Oui, c'est ça, mais sinon la discussion est ouverte, hein? Alors, chacun est libre d'intervenir. Voilà.
Le Président (M. Marsan): Mme Champagne. Noëlla.
Mme Champagne: Noëlla Champagne. Un commentaire puis une question. Le commentaire, c'est que vous avez également la chance d'être dans une, oui, une petite école, une école éclairée. Moi, une école juste avec des murs de béton, pas de fenêtres, je ne vivrais pas, je mourrais. Donc, je le dis, un jour, je viendrais enseigner ici, s'il me reste encore de l'énergie. Bon. Parce que c'est trop tentant, vous êtes une tentation terrible. On a rencontré ce matin des étudiants, et je les vois, là, un franc-parler, mais beaucoup de respect, beaucoup de respect et un regard vers l'avenir assez remarquable. Et je ne pense pas qu'on va sortir d'ici nécessairement très, très différents; en tout cas, on va sortir d'ici avec un bagage.
Alors, ma question, c'est la suivante: Je suis porte-parole en matière de formation professionnelle. Est-ce qu'il y a des élèves qui commencent leur formation en même temps que leurs études, en fait, qui font de la concomitance? Est-ce que c'est courant? Rarement? En tout cas, je vous laisse la parole.
Le Président (M. Marsan): Quelqu'un voudrait répondre? M. Côté.
M. Côté (Pierre): Pierre Côté. Pas encore, mais on explore la chose de plus en plus avec nos collègues de la FP, qui sont quand même tout près... qui sont collés à l'école, à Jean-Dolbeau. On regarde ça même pour l'an prochain, ici même, l'an prochain, introduire une nouvelle matière à options, exploration de la formation professionnelle, qui ultimement pourrait nous amener justement à aller vers la concomitance. Ce n'est pas exclu, mais, pour l'instant, on ne le fait pas encore. Je peux continuer?
Une voix: ...
M. Côté (Pierre): Juste pour renchérir un peu sur les commentaires qu'on a eus tout à l'heure, l'expérience de madame à son école polyvalente. Et le drame -- puis on en parlait justement ce midi aussi -- le drame n'est pas nécessairement dans le problème des écoles secondaires en général au Québec, le drame, c'est de ne pas avoir de Tournant partout. Je l'identifie davantage pour sauver des François et tous les autres qui ont, comme Linda le disait tout à l'heure, qui ont eu: Toi, tu as ce problème-là, toi, tu as ça, toi, tu es arrivé ça. Le drame est là, davantage que... bon, on était en discussion ce matin, on parlait de la taille des écoles, bon, des écoles secondaires ou des problèmes des écoles secondaires en général.
Les écoles secondaires, en général, répondent quand même, bon an, mal an, au Québec, à plus de 70 % de notre clientèle jeune. C'est l'autre 30 %. Et c'est là qu'un Tournant... un Tournant devient important et prend... C'est comme je disais tantôt: le drame, c'est de ne pas en avoir, de Tournant.
Le Président (M. Marsan): Merci. Mme Larouche.
Mme Larouche (Sonia): Le Tournant, c'est plus qu'une école, c'est un milieu de vie, c'est ce qui fait qu'il est vraiment spécial. Tantôt, Linda l'expliquait, M. Côté aussi, c'est un milieu de vie, puis, ici, on touche à toutes les problématiques qu'on parle dans le monde de l'éducation, on touche à l'intégration, la différenciation, le lien d'attachement, on a tout ça. Il y avait des visionnaires par ici, il faut croire. Je pense qu'il y a des valeurs qui peuvent être transmises, qui peuvent aller dans une polyvalente, mais il ne faut pas oublier que c'est vraiment un milieu de vie. Tout est fait ici pour que... comme enseignant, c'est un cadeau de travailler ici, la discipline dans les classes, ce n'est pas un fardeau, c'est un milieu de vie agréable, respectueux.
Je trouve que c'est difficile à transposer dans une grosse école. C'est mon avis. Ici, on ne parle pas d'intégration, et il n'y a pas de classe spéciale. Tout le monde est comme il est et tout le monde a sa place. Il y a une différence aussi, je pense que les enseignants, chaque enseignant qui est ici a choisi d'être ici. Les enseignants n'ont pas à faire le deuil de travailler avec des élèves différents, on a choisi la différence. On n'a pas de deuil à faire en partant, c'est ce qui nous attirait, des élèves différents. Donc, ça ouvre... ça permet une grande ouverture d'esprit, un grand respect de ces enfants-là. C'est rendu que je dis «enfant» comme André, des flos.
**(14 h 10)** Donc, ça peut faire une grande différence au niveau de la relation avec les élèves, aussi. J'essaie de faire des liens sur ma feuille, il y a plein de choses qui ont été dites. Quand on parle de... quand André disait que ça passe par le coeur, je pense qu'il s'est battu longtemps, puis il va falloir se battre encore beaucoup aussi pour faire comprendre aux enseignants que ce n'est pas parce qu'on passe par le coeur qu'on oublie le français, les maths, et tout ça, là. C'est vrai que c'est par là qu'il faut passer, puis, de plus en plus, on voit qu'il y a des études, des choses de faites sur le lien d'attachement, Bien ça, ici, je pense qu'ils l'avaient compris il y a longtemps.
On parle beaucoup avec nos élèves en difficulté, on parle énormément de différenciation. Ça fait des années qu'on m'en parle, ça fait des dizaines d'années, c'est encore un concept à développer avec les enseignants. Bien, ici, enseigner au Tournant, c'est différencier. On ne se pose pas la question: Comment je vais faire pour tel élève qui a de la difficulté? Tous nos élèves ont en quelque part une difficulté, et tous nos élèves, au départ, en tout cas pour la plupart, n'aiment pas l'école, ils n'aiment pas le français, donc il faut en quelque part travailler beaucoup, beaucoup avec ce qu'on est comme personne pour les amener à faire des apprentissages, puis c'est ce qui a été dit de la part de pas mal tous les intervenants.
J'avais-tu d'autre chose à ajouter? Bon. C'est tout pour l'instant.
Le Président (M. Marsan): Merci, Mme Painchaud. M. Pigeon.
Approches pédagogiques
M. Pigeon: Oui. Moi, ma question s'adresserait aux trois personnes qui enseignent ici, là. Moi, j'ai été fasciné ce matin de voir qu'avec des élèves qui, quand même, là, avaient de la difficulté au départ... que, dans les classes, ça se passe beaucoup, là, de façon personnelle. Chacun travaille, a des cahiers, des choses à faire, et le professeur semble être plus un coach qu'un enseignant, là. Alors, moi, j'aimerais vous entendre parler des approches pédagogiques, là. Pourquoi ça fonctionne comme ça? Est-ce que, ça aussi, c'est applicable ailleurs, cette manière d'apprendre?
Mme Larouche (Sonia): Bien, moi, je peux y aller. Fonctionner en modulaire ou chacun à son rythme, on n'a pas vraiment le choix ici, parce qu'on a des élèves qui vont du degré préscolaire à secondaire V dans la même classe. Sortir de l'enseignement modulaire avec des élèves de plusieurs degrés dans une classe, ce n'est pas si facile. Par contre, il y a des choses qui se font. Il y a des choses qui s'essaient, d'avoir des projets qui touchent plus l'école, ça va aller dans ce sens-là, qui impliquent plus l'école, projet... Ça peut être des projets par rapport à une matière, mais on a... en tout cas, ce serait facile... difficile, excusez, de fonctionner autrement qu'en modulaire, parce qu'on a plusieurs, plusieurs degrés dans la même classe.
M. Pigeon: Est-ce que, par exemple, là, en mathématiques, disons, est-ce qu'il y a quand même un cours magistral, un peu d'enseignement? Ou, comment ça fonctionne, je dirais, dans le réel, là?
Mme Larouche (Sonia): Ça peut se faire au besoin, puis ça dépend beaucoup de l'enseignant et des besoins des élèves en mathématiques. Mais ça peut se faire. En français, il y a des choses qui... reste que c'est pour tout le monde, la grammaire... il peut y avoir des cours, des ateliers. Ça va prendre... Ça va être sous forme d'atelier ou par vraiment des groupes de besoins à l'occasion. Mais, pour faire fonctionner en général toute l'année, ça va rester en modulaire. Mais c'est des groupes avec des concepts ou dans un enseignement ciblé qui vont se faire avec un prof qui prend des élèves qui sont rendus là dans leur cheminement ou qui en ont plus de besoin.
M. Pigeon: Est-ce que les autres enseignants...
M. Gagné (Stéphane): La majorité de notre enseignement se fait d'une façon individualisée, respect du rythme de chaque élève. Il y en a chez qui ça va très lentement, bon, bien, on respecte ça puis on s'adapte au rythme de chacun de nos élèves. Mais, comme Sonia le dit, c'est vrai qu'il y a quand même parfois des activités qui peuvent se faire... certaines activités se font en groupe. Je pense à certains niveaux. En secondaire V, en français, cette année, bon, les élèves ont beaucoup travaillé en groupe dans la préparation des examens, des choses comme ça. Donc, c'est un peu un mélange de... On essaie des choses. On fait un mélange de différents types de pédagogie: individualisée, magistrale aussi mais majoritairement... puis je pense que c'est un des secrets de la réussite du Tournant, c'est le respect du rythme de chaque élève.
M. Pigeon: Est-ce qu'il y a, mettons, des... je ne sais pas, moi, de l'apprentissage par projet individuel? Si un étudiant arrive avec une idée d'un projet ou...
M. Gagné (Stéphane): On est ouverts. C'est quand même assez rare qu'on fait des projets comme ça, mais on est quand même ouverts, là. On garde l'oreille ouverte, si jamais les jeunes nous proposent des choses, nous font des suggestions, bien on va les écouter, on va essayer de voir ce qu'on peut faire pour faire ce qu'ils demandent, ce qu'ils aimeraient faire.
Mme Larouche (Sonia): ...deux petites choses -- Mélanie ne veut pas le dire -- à ce que Stéphane dit, parce qu'on est en train de... bien, «on», je dis «on», là, parce que Joël puis M. Côté, je pense, sont en train de regarder aussi pour intégrer, pour... au niveau du projet intégrateur, qui pourrait être offert au niveau du projet personnel en orientation, et c'est des avenues qui sont envisagées aussi pour justement y aller avec des projets d'élèves, ou tout ça. Puis, dans le concret, je voulais juste ajouter ce que Mélanie ne voulait pas dire, c'est que chaque élève a des objectifs de travail soit à la semaine ou soit par cycle, donc justement pour que chaque élève avance et qu'il ne soit pas ici à ne pas progresser dans ses apprentissages. Ils ont chacun... Ça se fait avec... l'enseignant de français va faire des objectifs en français pour la semaine ou pour le cycle. En anglais, c'est la même chose. En mathématiques, en sciences, dans toutes les matières qui vont être offertes, il y a des objectifs qui sont ciblés, et c'est important. C'est un volet important.
Le Président (M. Marsan): Oui, M. Boudreault.
M. Boudreault (André): Ça ne peut pas faire autrement... Excusez...
Le Président (M. Marsan): Je ne vous ai pas oubliée, Mme Desgagné.
M. Boudreault (André): Ça ne peut pas faire autrement, parce qu'il y a aussi une entrée variable. Ça veut dire qu'il y a des jeunes qui peuvent arriver au mois d'octobre, qui peuvent arriver au mois de décembre, il y a des jeunes qui sont en centre d'accueil qu'on reçoit, ça veut dire qu'il y a un mouvement tout le temps, tout le temps, tout le temps. Ça veut dire qu'on ne peut pas faire de l'enseignement magistral, sinon, bon, bien, lui qui va arriver, il va être déjà perdu. Donc, ça ne peut pas être autrement qu'individualisé.
Par contre, il y a une expertise au niveau des enseignants, depuis x années, qui sont ici; donc, ils ont été capables d'améliorer justement le système individualisé, là, le rendre plus apte, parce que l'individualisé est fait, techniquement, pour les adultes, pour les 16-18. Les adultes, officiellement, c'est de 16 ans, légalement, jusqu'à x. Nous autres, ici, il y a une petite différence. La commission scolaire, ici, c'est qu'on dit que les jeunes de 16 et 18 ne fréquentent pas l'éducation des adultes, ils restent secteur jeunes. C'est un choix de commission scolaire aussi, ça. Ça veut dire qu'un enfant qui a 16 ans, qui est tout croche, puis qu'on l'envoie à l'éducation des adultes où ils sont 30, 35 par groupe, ça se désorganise, puis le vrai adulte qui est là qui, lui, veut travailler, bien il va dire: Là, ça ne marche plus.
Donc, à quelque part, quand on disait qu'il fallait instaurer quelque chose ou créer... avoir un appui politique, ça fait partie, à mes yeux à moi, d'une des priorités, là. Tes 16-18, il faut que tu les récupères. Il ne faut pas que tu les envoies aux adultes, là. Financièrement aussi, à quelque part, ça fait bien, là.
Le Président (M. Marsan): Mme Desgagné.
Mme Desgagné (France): Bonjour. France Desgagné, parent. Moi, mon fils, au début de sa première année, ça a commencé à mal aller. Il a toujours détesté l'école, il n'a jamais aimé ça. De la première à la sixième année, il a toujours passé, il a eu de l'aide pédagogique. Tout le temps limite, mais il a toujours passé. Alors, rendu au secondaire I, on a fait faire une évaluation: ils ont dit qu'il était hyperactif. Il arrivait à 14 ans, mais il n'a jamais voulu prendre de médication. Donc, rendu en troisième secondaire, il a toffé, je l'ai poussé, puis poussé, puis j'ai travaillé avec. Il a réussi... bien il est allé jusqu'au troisième secondaire, avec des échecs. Mais là j'ai dit: Non. Là, là, même si tu poursuivais à la polyvalente, ça ne marche pas à l'école, là. Ça fait que, moi, je connaissais l'école Le Tournant, donc il s'est en venu à l'école Le Tournant. Il a réussi son quatrième secondaire, son cinquième secondaire. Là, il est parti à la formation professionnelle et il a réussi son cinquième secondaire.
Le Président (M. Marsan): Merci du témoignage...
Mme Desgagné (France): Et, sans l'école Le Tournant, il n'aurait jamais réussi. Ça aurait été sûrement un décrocheur. Sûrement.
Le Président (M. Marsan): Vas-y, Pierre.
M. Curzi: Mais, moi, j'ai une question, mais... Vous dites: C'est une question de politique, ça veut dire que vous avez été obligé de convaincre des gens, mais il y a aussi des coûts. Ma question, c'est... parce que, là, le ratio est très différent que dans d'autres écoles. Je vois qu'il y a un corps professoral, tu sais, dynamique, mais, quand même, vous êtes assez nombreux. Ça veut dire que c'est une décision politique et au sens économique aussi. Comment ça s'est... Parce que... Oui?
Le Président (M. Marsan): M. Côté.
**(14 h 20)**M. Côté (Pierre): Pour commencer, c'est sûr que le combat d'André, on va appeler comme ça, au début, c'est sûr qu'il a fallu convaincre des gens pour injecter des fonds pour arriver à une organisation... L'organisation ne pouvait pas se financer, au début, par les ratios standards qui nous arrivent du ministère. Maintenant, étant donné que c'est une école qui a sa bâtisse indépendante, qui a un historique avec des ratios d'élèves plus petits, Le Tournant, en lui-même, se finance presque. Presque. Ce que je veux dire par là, c'est que ce n'est pas un tour de force financier gigantesque que d'avoir un Tournant... pas la première année, évidemment. Sûr et certain que, la première année qu'on voudrait implanter une organisation, quand on parle au niveau financement par élève, la première année, c'est sûr et certain que ça prend des... il faut convaincre des gens, là, pour injecter de l'argent. Mais, avec le temps, avec un historique, avec un ratio plus petit, une bâtisse indépendante attachée aussi à une autre école qui est plus grosse, ça fait que Le Tournant se finance presque. Mais c'est sûr qu'au début il y a fallu y voir très, très, très sérieusement.
Le Président (M. Marsan): Oui.
M. Boudreault (André): On est aussi dans le champ un, on est en adaptation scolaire, donc ça nous permet d'avoir des ratios beaucoup plus bas. Ça veut dire qu'au lieu d'avoir 30, 32, 33 étudiants par classe bien on peut se permettre d'en avoir 18, 19, 20. Et ça, c'est essentiel aussi, là. Il faut... C'est une école qui peut être facilitante, mais il faut absolument avoir l'organisation pour améliorer tout ça, là.
Il y a aussi, là, moi, je disais tantôt, l'école Le Tournant est une école spécifique pour des enfants qui ont des besoins spécifiques. Et ça, il faut vraiment, là, l'avoir en tête. Les polyvalentes, c'est important, c'est vraiment important, là, mais, Le Tournant, si on veut contrer le décrochage, oui, ça marche numéro un. Ça, c'est parfait. Par contre, dans les polyvalentes, on peut s'améliorer aussi. Et, si on est capables de juste humaniser les polyvalentes, ça se fait aussi, ça.
Moi, je suis avec... j'ai un beau petit défi, là, j'en ai 500, petits, là, avec une soixantaine de personnes, là, et ça va marcher. Je vais être capable d'humaniser ça. À date, ça va numéro un. Je ne me suis jamais fait coller autant dans ma vie, les petits de maternelle, puis tout ça. Donc, c'est faisable, ça, si on a la volonté de vouloir le faire et si on a la volonté d'humaniser. Ça, c'est une bâtisse. L'intérieur de la bâtisse, elle nous appartient. C'est à nous autres à créer les climats, et il faut avoir la volonté de le faire, ça. Et ça se fait, ça ne coûte rien. Il faut croire à ça, par contre.
Le Président (M. Marsan): D'autres commentaires ou questions? On vous attend toujours, hein? Moi, je suis sûr, si vous n'êtes pas gêné...
M. Tremblay (Joël): Oui? Moi?
Le Président (M. Marsan): Oui. Est-ce que c'est Joël?
M. Tremblay (Joël): Oui.
Le Président (M. Marsan): Moi, j'ai un message pour vous, Joël. Nous, on est des politiciens, mais on est envieux de vous. On aimerait avoir votre popularité, parce que, quand on a rencontré les étudiants, tout le monde nous a parlé de Joël. La parole est à vous, Joël.
M. Tremblay (Joël): Je les avais probablement menacés un peu avant, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Joël): Non. Moi, un petit mot, oui. On parlait d'une école différente, bien c'est une école... c'est Sonia qui me parlait d'adaptation scolaire. L'école Le Tournant, c'est une école où il y a 10, 12 enseignants. Le personnel, bien on s'adapte au jeune, ce n'est pas le jeune qui s'adapte à nous. On va chercher le jeune. On le fait grandir, je pense. On le fait, toute la gang, avec une passion incroyable. C'est ce qui fait que ça peut fonctionner, l'école Le Tournant, c'est vraiment tout le monde. C'est une équipe, là. Ce n'est pas Joël, ce n'est pas André avant, c'est une équipe, puis vraiment une équipe.
Le Président (M. Marsan): Merci, Joël.
Mme Painchaud (Mélanie): Bien, pour faire du poids sur ce que Joël dit, bien je pense que c'est vraiment ça, c'est qu'on est des gens passionnés, on embarque les élèves avec nous autres. Les élèvent veulent embarquer, là. Ils arrivent ici avec une estime de soi très, très, très basse, puis ils repartent, tu sais, c'est... Nous, on croit en eux, on leur fait croire qu'ils peuvent croire en eux, et ça fonctionne.
Quand on dit qu'on les aime, on les aime, puis on les aime pour de vrai, puis ils le savent, qu'on les aime. C'est-u vrai? C'est vrai qu'on les aime, puis on a beaucoup de plaisir avec eux autres. Moi, je fais de l'individualisé, je le vois toute seule avec eux autres, puis, quand je vais dans les groupes puis qu'est-ce qu'ils me disent, c'est tout le temps, tout le temps très agréable.
Ils arrivent avec plein de problèmes, ils arrivent des fois avec des milieux familiaux très difficiles, bien ils arrivent ici le matin, ils sont bien. Ils sont bien avec nous, puis on est tout le temps contents de les voir, on est tout le temps accueillants. Je pense que ça, en tout cas, je pense que, ça, ils aiment ça. Moi aussi, j'avais pris des petites notes. En tout cas, en gros, c'est ça.
On les respecte, mais ils nous respectent. Moi, ça fait 11 ans aussi que je suis ici, puis jamais qu'un jeune m'a manqué de respect ou jamais... parce que... puis on n'est pas menaçants avec eux. On n'est pas... On les respecte comme ils sont, on les prend comme ils sont. C'est ça, on n'est pas menaçants, on est fins, hein?
Le Président (M. Marsan): Merci. Oui.
Mme Bussières (Cynthia): Je voulais rajouter aussi sur ce que Joël et Mélanie disaient.
Le Président (M. Marsan): Juste vous identifier, s'il vous plaît.
Mme Bussières (Cynthia): Oui, Cynthia Bussières. Tu sais, oui, bon, les enseignants, la direction, le personnel apportent beaucoup aux élèves, mais, je pense, ce qui fait que l'école, ici en tout cas, peut autant fonctionner, c'est ce que les jeunes nous apportent à nous, tu sais. Moi, mes gars... bon, il ne faut pas que je pleure, je suis enceinte, je suis émotive, là, mais... Non, mais c'est vrai, parce que, les jeunes, ils nous apportent énormément. Oui, on va leur donner du temps, mais c'est eux autres qui nous en renvoient encore plus que, nous autres, on peut leur en donner.
J'ai été ici sept mois, là je suis rendue dans une polyvalente, pas dans une école alternative, puis on peut... comme on disait, au lac, on peut sortir la fille du lac, mais on ne peut pas sortir le lac de la fille, mais, moi, je mettrais ça avec Le Tournant, tu sais. Tu peux sortir la fille du Tournant, mais tu ne peux pas sortir Le Tournant de la fille, tu sais, c'est un peu la même chose. Tu sais, il y a vraiment un lien autant entre les enseignants entre eux, avec la direction, c'est facile, qu'autant qu'avec les élèves. Les élèves, écoutez, je ne sais pas comment expliquer, mais ce n'est pas la même chose, les élèves d'ici puis les élèves d'une autre école. Des élèves attachants, dévoués, c'est...
En tout cas, pour ma part, c'est ça, je pense, qui fait la richesse de cette école-là, c'est vraiment les jeunes qui font que ça fonctionne, que ça marche, ils mettent ça à leur image, ils s'impliquent à leur façon, ils sont libres, ils se sentent à l'aise, puis c'est des jeunes exceptionnels, ça, c'est sûr. Moi aussi, je vous aime, on peut le dire.
Le Président (M. Marsan): Gilles.
M. Robert (Gilles): Oui. Gilles Robert. Bien, moi, je ne suis pas enceinte, là, mais, moi aussi, je me sens... je me sens ému d'être ici, d'être ici aujourd'hui. On a quitté à 5 h 30 ce matin, j'anticipais le voyage, mais je suis tellement fier d'être ici, c'est très nourrissant, ce que vous nous montrez. Le message s'adresserait aux enseignantes et aux enseignants d'ici. Écoutez, on a demandé aux élèves ce matin: Qu'est-ce que vous pourriez émettre comme suggestion au ministère de l'Éducation, à la ministre de l'Éducation pour améliorer l'école québécoise puis contrer le taux de décrochage scolaire, puis ce qu'ils nous ont dit, c'est: Bien, ça prendrait d'autres écoles comme Le Tournant. Ils nous ont dit, entre autres: On est privilégiés, nous, de venir dans cette école-là. Oui, madame, ils le ressentent très bien que vous les aimez, que vous vous occupez d'eux. Évidemment, mon collègue disait tantôt: le prénom de Joël est revenu à quelques reprises, et, tous les enseignants en fait, c'est clair que vous avez une relation privilégiée, une relation signifiante avec vos élèves, et je pense que ça repose sur beaucoup de respect de part et d'autre, c'est évident. Dès le moment où on rentre dans cette école-là, ça paraît.
M. André qui disait: La différence, ça dérange. Effectivement, moi, j'enseignais dans une école privée, donc à une clientèle plus forte académiquement, mais, même dans une école privée ou dans des écoles comme les polyvalentes, la relation signifiante n'est pas toujours là. Et effectivement je vous invite tous à continuer à déranger. Bravo!
Le Président (M. Marsan): Mme la députée de Trois-Rivières, Noëlla.
Enseignement individualisé
dans les polyvalentes
Mme Champagne: Députée de Champlain. Mais je suis à côté de Trois-Rivières; alors, si vous venez à Trois-Rivières, je suis juste à côté, à l'est du Saint-Maurice.
Je vais m'adresser à Cynthia, qui vit maintenant la polyvalente. Et on sait que l'école Le Tournant vise une clientèle qui a éprouvé des difficultés, ou certains même par choix... J'ai cru comprendre tantôt qu'il y en a qui se sont battus pour venir ici, à l'école, parce que leurs notes n'étaient pas tout à fait assez faibles, mais ils ont gagné, hein, c'est des batailleurs, c'est des batailleurs. Et j'aime ça, c'est un petit peu de la petite délinquance correcte, là, tu sais, là, c'est accepté.
Par contre, quand on vit dans une... on ne défera pas, demain matin, toutes les écoles, on en parlait ce midi avec la direction, c'est clair qu'on ne fera pas ça demain, puis ce n'est pas tous les élèves qui nécessairement ont ce besoin-là. Alors, il ne faut pas extrapoler non plus. Mais, dans une polyvalente, là où vous êtes, est-ce qu'il y a lieu, moyen, puis on en a parlé en s'en venant tantôt dans le corridor, d'appliquer d'une certaine façon la méthode Le Tournant, puisque ça va devenir comme ça maintenant, la méthode Le Tournant, le modèle Le Tournant, dans une polyvalente régulière, où tu as des étudiants qui n'ont peut-être pas nécessairement de grosses difficultés mais qui auraient besoin d'un encadrement meilleur, qui auraient besoin d'un suivi meilleur? Alors, est-ce que c'est applicable concrètement?
**(14 h 30)**Mme Bussières (Cynthia): Cynthia Bussières. Ça se fait, bien, sûrement pas juste à Normandin, ça doit se faire à Jean-Dolbeau aussi, vraiment le programme adapté, qu'ils appellent, là. C'est des élèves qui vont vraiment fonctionner par modules, comme ici, en classes... aller par niveau, il y en a qui sont en secondaire II, il y en a qui sont en secondaire III, mais souvent c'est des élèves qui vont terminer ici, là, dans cette école-ci. Mais sauf que la différence, c'est que les élèves ont à appliquer les mêmes règles que tous les autres dans l'école, là, tu sais, différemment à ici. Mais ils ont droit aussi au iPod, oui, ils ont droit aussi au iPod dans leurs cours. Mais, oui, ça se fait. Ça se fait, oui.
Mme Champagne: Mais c'est exceptionnel que ça s'applique ici?
Mme Bussières (Cynthia): Que ça s'applique ici?
Mme Champagne: ...dans votre école polyvalente?
Mme Bussières (Cynthia): À Normandin?
Mme Champagne: Oui.
Mme Bussières (Cynthia): Non. Ça se fait aussi à Jean-Dolbeau, ça se fait à d'autres endroits, là.
Mme Champagne: Est-ce que c'est exceptionnel dans la région?
M. Côté (Pierre): Non, je ne dirais pas que c'est exceptionnel dans la région. C'est une question, comment je vous dirais, une question de perception puis de valeurs qui vont être véhiculées dans ces écoles-là. Ce qui fait la différence, puis ce que Cynthia imageait tout à l'heure, en tout cas je pense, la force du sentiment d'appartenance qu'on retrouve ici, les élèves, au Tournant, est beaucoup, beaucoup tributaire de deux choses: le personnel et la petitesse de l'organisation. C'est tellement... c'est petit, donc, avec les mêmes valeurs, mêmes valeurs qu'on va véhiculer dans une organisation de 500... au lieu d'en avoir 100, on en a 500, je pense, juste ici, à côté, à Jean-Dolbeau, on ne pourra pas atteindre ce niveau d'appartenance qu'on retrouve ici, puis ce que ces élèves-là avaient énormément besoin.
Je pense que c'est peut-être beaucoup là, quand tu dis que tu es... bon, à Normandin, bien c'est une école secondaire tout à fait standard où ne verra pas, je veux dire... on tend vers ça. O.K. Pour répondre à votre question, c'est qu'on va tendre, dans une école secondaire, vers ça, mais est-ce qu'on sera en mesure d'atteindre ça aussi fort que ce qu'on a ici, au Tournant? Je ne pense pas. Je ne pense pas.
Le Président (M. Marsan): Oui, M. Boudreault.
M. Boudreault (André): O.K. Simplement pour en rajouter un petit peu. L'arrivée du Tournant dans notre secteur, à la commission scolaire, a permis... ou incité toutes les polyvalentes et toutes les autres écoles à s'améliorer, parce qu'au début c'était une perte de clientèle. Bon. On se rappelle qu'historiquement tu perds des jeunes, moins de financement, et tout ça, donc on était menaçants. Ça a obligé tout le monde à se réorganiser et à s'améliorer. Il faut toujours garder en tête que l'école Le Tournant est l'entonnoir et le bout, là. Ça veut dire que tous les jeunes qui sont ici, c'est parce qu'il y a eu plein, plein de choses qui ont été essayées dans les autres écoles, là. Les écoles n'ont pas tendance à dire: Bon, bien, toi, tu t'en vas au Tournant, là. Ce n'est pas ça. C'est qu'il y a plein de beau travail qui se fait dans les autres écoles, sauf qu'à un moment donné, bien, c'est ici.
Il faut toujours garder en tête aussi que les enfants qu'on a ici, quand je vous dis, c'est... à un moment donné, je caricaturais puis je disais: L'école Le Tournant, c'est l'hôpital du système scolaire, c'est des enfants blessés qu'on reçoit. Et il y en a partout. Un viol à Dolbeau, c'est la même affaire, ça fait aussi mal qu'à Montréal, là. L'ecstasy, ici, tu as de l'ecstasy, c'est aussi dommageable. Elle est peut-être meilleure à Montréal, là, mais, ici, on en a des restants, là, mais il reste que... Mais, voyez-vous, les enfants, il faut toujours garder en tête que les enfants qu'on a ici, c'est les enfants que leur place est vraiment ici, là, puis il se fait plein de beau travail ailleurs, là, et ça, il ne faut pas que Le Tournant prenne la place des autres, là, ce n'est pas ça, là.
Consommation de drogues
Le Président (M. Marsan): Si vous me permettez une question à vous, madame, c'est: On n'a pas parlé encore, mais, avec l'ecstasy, on pense aussi à tous les problèmes associés avec la drogue, la consommation, le taxage, la violence, tout ça, et je pense que c'est vous qui êtes l'intervenante sociale, c'est ça?
Mme Bussières (Cynthia): ...
Le Président (M. Marsan): Les deux, c'est ça? Mais est-ce que vous pouvez nous en parler? Est-ce qu'une école comme Le Tournant, de par sa nature, ça évite ce genre de problème-là ou si c'est parce que le choix des élèves, les critères que vous avez identifiés faisaient que, bien ça exclut ce genre de problème là? J'aimerais ça vous entendre.
Mme Bussières (Cynthia): C'est de la consommation dont vous parlez?
Le Président (M. Marsan): Oui.
Mme Bussières (Cynthia): Bien je pense que le problème est déjà là au départ, là, tu sais, tout dépendant du jeune. Si ce n'est pas... Si tu viens au Tournant, tu ne consommeras pas plus qu'un jeune qui va dans une autre école. Tu sais, s'il arrive à l'école, il consommait avant, bien, tu sais, peut-être que, bon, on va travailler ensemble pour l'amener, bon, à diminuer ou à arrêter complètement, mais l'école en tant que telle ne fera pas que, s'il y en a d'autres consommateurs autour, que nécessairement ils vont commencer, là; non, je ne pense pas. En tout cas, pour ma part, là, moi, je ne vois pas ça... Mélanie?
Mme Painchaud (Mélanie): Non, c'est ça, je pense qu'ils vont arriver avec leurs problématiques. Sauf que, comme on disait, c'est petit ici. C'est petit, c'est peut-être plus facile de vous faire poigner; c'est plate, mais c'est ça! On les voit, on les connaît, on les connaît beaucoup. Ça fait qu'ils arrivent ici un matin, s'ils sont peut-être pas en état, bien c'est peut-être plus facile pour nous autres. Probablement qu'ils ne passeront pas l'année scolaire dans cet état-là, parce qu'on va s'en rendre compte avant puis on va mettre des choses en place pour les aider, vu que, bon, c'est petit et qu'on les connaît beaucoup.
Puis il y a un sentiment de confiance aussi. Je pense qu'à un moment donné... en tout cas, moi, au travers des années, ils nous font confiance. Ça, c'est peut-être plus particulier aussi. Ils ont confiance en nous, ça ne leur tente pas tant que ça de nous «bullshitter», là. Ça veut dire... excusez l'expression, c'est peut-être dur à écrire en... Mais ça ne leur tente pas tant que ça, parce que, c'est ça, ils vont avoir un lien de confiance. Et puis, en tout cas, moi, je trouve que c'est plus facile de travailler avec eux autres parce qu'ils jouent la game vraie. Nous, on est vrais avec eux autres, puis je leur dis: Ça ne te donne pas grand chose. Tu sais, on est là pour les aider. Ça, ils le comprennent, je pense, en arrivant ici, qu'on est là pour les aider, alors ils nous font confiance puis c'est plus facile les embarquer, c'est plus facile de les aider dans leur cheminement.
Le Président (M. Marsan): Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres...
Mme Painchaud (Mélanie): Excusez. À 16, 17, 18 ans, c'est agréable aussi, c'est rendu que c'est des jeunes que, bon, ils ont parti avec moins de confiance, là on leur redonne confiance en eux, mais ils ont des projets. Ils commencent à voir que c'est peut-être possible: Câline! moi, ça me tenterait d'être mécanicien; bien, ici, ils voient que c'est peut-être possible de le devenir, mécanicien. Ça fait qu'à un moment donné ils sont, je ne sais pas, moi... on leur donne la passion par rapport aux options, par rapport, bien ils découvrent des passions qu'ils n'avaient peut-être pas avant, ils voient qu'il y a d'autres possibilités, d'autres possibilités que de se geler la face, ou peu importe, puis ils commencent à rêver, ils commencent à croire que c'est possible, puis, câline, ils arrivent, ils arrivent à leur but, à leur objectif, ils s'en vont en D.E.P., ils s'en vont travailler. Ça fait qu'à un moment donné c'est le fun de travailler à cet âge-là aussi, parce que, O.K., ils pensent qu'ils sont capables, ils y arrivent, alors la consommation, et tout ça, à un moment donné, prend moins de place, et c'est comme un cercle vicieux positif.
Le Président (M. Marsan): Oui, allez-y.
Mme Champagne: Est-ce qu'il y a un suivi de fait, depuis 18 ans? Il y a des élèves qui sont venus ici, qui ont quitté. Êtes-vous, sans faire de statistique, parce que je pense que ça devient lourd, là, mais est-ce qu'il y a eu un suivi de fait qui vous exprime... je pense que oui, dans ma question, hein?
Mme Painchaud (Mélanie): Non, je comprends, mais peut-être en...
Mme Champagne: Vous continueriez... vous n'auriez pas eu à continuer. Mais sûrement, donc: Avez-vous des résultats?
Mme Painchaud (Mélanie): Bien, vraiment, puis, nous, on les... bien peut-être qu'André pourrait plus répondre, mais on les revoit beaucoup, puis on a vraiment des beaux résultats, là, des jeunes...
M. Boudreault (André): ...qu'on réussit à peu près à 80 % de récupération d'enfants. Ca veut dire que nos jeunes, à 80 %, soit qu'ils se trouvent un travail, soit qu'ils continuent leurs études ou soit que c'est nous autres qui leur a trouvé un travail. Parce que ça fait partie de notre mandat aussi. Depuis 18 ans, on les revoit là, et là on est en mesure de voir l'impact qu'on peut avoir. Parce qu'il y a de nos étudiants, il y en a une qui est en doctorat, il y en a une autre qui travaille dans l'école où je suis rendu. Il y en a plein, plein, plein.
Ça ne me coûte vraiment pas cher de plomberie, moi, chez nous, vraiment pas, il y a plein de plombiers, il y a plein de... et les jeunes sont tous reconnaissants: André, je vais aller t'arranger ça. Ah, bien, c'est agréable! Pas de problème, non, non, il a acheté la compagnie. Non, non. Voyez-vous, mais on est en mesure de voir, et statistiquement on sait. Il y a déjà eu des études, à un moment donné, il y a x années, mais on sait que c'est très, très, très gagnant, pis que nos enfants ou les enfants qu'ils ont eus qui sont rendus qu'ils ont des enfants, puis on est rendu directeur de leur enfant, ils sont beaux à voir encore.
Le Président (M. Marsan): Émilien.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Émilien Pelletier. Comme Gilles disait tantôt, moi aussi, je suis très, très impressionné par ce que j'entends aujourd'hui, mais je veux juste aller un petit peu plus loin. Vous savez, on a une culture du négativisme au Québec, un peu partout, et, ici, je me rends compte qu'on met plus l'accent sur le positivisme, ou ce que le jeune a, et non pas ce que nous on veut qu'il ait. Et ça, je pense, le message que, moi, je retiens le plus aujourd'hui, ici, de l'école, je pense que c'est ça.
Et puis, tout à l'heure, cet avant-midi, on a rencontré des jeunes, des jeunes qui ont leur couleur, leur identité, leur identité propre, puis on parlait de consommation tantôt, puis on nous disait, on a dit: Quand on est ici, on n'a pas le goût de consommer. Quand on est ici, on a le goût d'avancer, on a le goût de travailler, on a le goût de faire ce qu'on veut faire, ce qu'on veut devenir, et ça, je pense que c'est déjà une grande réussite en soi.
Mais, moi, je veux juste essayer de comprendre comment vous faites, au niveau de l'organisation de l'école, pour faire en sorte que la culture du positivisme soit toujours au dessus et qu'on ne se laisse jamais embarquer par... il doit y avoir quand même quelque chose d'intéressant à ce niveau-là.
M. Boudreault (André): On travaille fort, fort, fort. On croit énormément en leur potentiel puis en ce qu'ils sont. On les respecte énormément, et ça, et on les responsabilise aussi beaucoup. Ça ne peut pas être autrement que ça. Et, les enfants, ce qu'on peut leur offrir de plus beau à quelque part, c'est... on a des enfants des fois tout croches, c'est un milieu qui est sécurisant, et ils s'y retrouvent, là-dedans. Quand on parle qu'ils consomment moins, quand ça va bien, quand tu te ramasses au moins que tu sais que, de 8 heures à 4 heures, tu vas être bien, puis qu'il va y avoir un adulte qui va te dire salut, qui va t'accompagner puis qui ne t'écoeurera pas, tu te sens bien, tu n'as pas envie de faire autre chose. Et là, c'est un ensemble de l'oeuvre qui permet à ces enfants-là de se sentir bien puis de grandir, et ça, c'est facile à faire, facile, facile.
**(14 h 40)**M. Marsan: Mme Larouche, et ensuite M. Côté.
Mme Larouche (Sonia): Je voulais juste revenir avec mon fait, bien, quand... quand on vient ici, je veux dire, on ne vient pas ici négatifs, on le sait qu'on va travailler avec des élèves différents. C'est ce qu'on veut, ça fait que notre culture du... c'est dans nous, là, le... ça fait que, tu sais, des fois on fait la comparaison. Ailleurs, si on en a 30 puis on en a 28 qui vont bien mais deux que... deux que ça va mal, bien on est peut-être plus démunis que si, au départ, on le sait que nos élèves sont tous différents. On accepte ça, on reconnaît ça, puis on accepte, comme personne, de les prendre différemment, bien on ne peut pas être négatifs. Des fois, oui, on est découragés parce que... mais ça revient vite, là. Tu sais, je reviens avec mon mot...
M. Boudreault (André): C'est facile à surmonter.
Mme Larouche (Sonia): Bien, oui. Puis je reviens avec mon mot «faire le deuil» qu'ils vont être comme Ti-Jos, que ça va bien puis c'est un élève parfait, ce n'est pas ça, puis il n'y en a pas un... Puis, tant mieux, ce n'est pas ça qu'on veut non plus quand on enseigne ici, là. Puis là, je vous regarde tous, puis là, là... mais ça revient à ça, là. Le négatif, tu ne viens pas ici en te disant: Je vais avoir une classe où tout le monde va avancer, va comprendre facilement, ce n'est pas ça.
M. Marsan: Puis Je vais prendre trois interventions, puis après ça on va faire une courte pause. M. Côté, Mme Painchaud, puis ensuite je vais...
M. Côté (Pierre): Mais, c'est très court, la réponse à ce que vous disiez. Je pense que votre... la réponse à votre question, vous l'entendez, là, tout simplement par, moi, ce que j'appelle le principe de l'investissement. Puis, moi, écoutez, moi, je suis le directeur des deux écoles, mais je ne suis pas ici physiquement, ça fait que, moi, j'ai un regard de l'extérieur puis je les vois aller, là, Joël, Linda, Sonia et compagnie, puis tout ce jasage-là que vous entendez... Il y a un investissement... vous voyez qu'il y a un investissement qui est très, très, très important de la part des gens, ils s'investissent émotivement, affectivement beaucoup. Mais, le retour, l'avez-vous vu, le retour? Ce que les élèves vous ont dit ce matin, puis la satisfaction des gens que vous entendez parler de travailler ici et d'investir, puis ils investissent beaucoup, là, mais il y a une grosse paie qui vient avec. Le retour au négativisme, que ça demeure, comme vous disiez, vous, tout à l'heure, que ça demeure positif, c'est le retour sur l'investissement. On va appeler ça de même. C'est tout simplement le retour sur l'investissement que les gens mettent d'eux-mêmes. Puis, juste pour compléter, vous voyez que la recette est quand même assez simple. C'est quelque chose qui s'exporte assez facilement, ça.
Le Président (M. Marsan): Mme Painchaud.
Mme Painchaud (Mélanie): Bien, je pense aussi qu'on part à zéro avec le jeune. Tu sais, on... c'est un petit milieu, des fois on a entendu plein d'affaires, ça serait facile de dire: O.K., lui, il est comme ça, il est comme ça. Puis, nous autres, on leur dit souvent: On part de ce que tu vas nous montrer, de ce que, toi, ce que tu vas nous montrer, mais ça va être ça, on va apprendre à te connaître avec ça. Tu sais, on part bien positif avec eux autres. Puis, même dans leur cheminement, toi, qu'est-ce que tu veux? Qu'est-ce que tu veux dans ta consommation? Moi, je vais te dire, idéalement, tu ne consommerais pas, ou idéalement... Bon. Ce n'est pas des jeunes qui vont tous aller au cégep, mais, lui, ce qu'il veut, O.K., on va partir de ça et on va travailler ensemble, avec ce que le jeune veut puis ce que le jeune est finalement.
Le Président (M. Marsan): Et le Joël.
M. Tremblay (Joël): Oui. Bien, moi, c'est dans le même sens. Regarde, quand un jeune a une petite victoire, bien c'est important pour chacun des enseignants, tu sais, on le dit, on se le dit entre nous autres, on va féliciter le jeune, on lui donne la tape sur l'épaule, même si la personne ne lui a pas enseigné. Ça, le jeune, après ça, bien regarde, c'est que chaque petit pas, chaque petite victoire est importante pour ce jeune-là. Puis, oui, des fois on a la langue à terre, ce n'est pas toujours évident d'être positif tout le temps, parce qu'on travaille des fois dans des gros problèmes, des problèmes qui sont assez rock and roll, mais, oui, on garde espoir, parce qu'on regarde ces flos-là, on les regarde dans les yeux, on regarde la lumière, puis c'est... ça vaut une paie.
Le Président (M. Marsan): Juste un petit commentaire avant de passer à la pause. Je voudrais vous présenter les gens qui travaillent comme techniciens du son. Ce sont des gens qui travaillent au Parlement avec nous évidemment qui sont ici aujourd'hui. Alors, nous aussi, on a notre Joël, c'est Joël Guy; celui qui est debout est Christian Croft. Et on nous dit que ces gens-là seraient disponibles si, les jeunes, vous voulez leur parler du métier qu'ils font ou de la haute technologie avec laquelle ils travaillent, ça leur ferait plaisir. Et, à côté, ici, à ma droite, on a notre agent responsable de la sécurité, c'est M. Éric Bédard, et lui aussi travaille avec nous au Parlement, et, s'il y a d'autres jeunes qui voudraient poser des questions sur le métier, ça lui fait plaisir de répondre. Alors, au Parlement, avant d'aller à une pause, ça nous prend toujours le consentement. Alors, est-ce que j'ai consentement pour qu'on prenne une très belle pause? Je comprends qu'on a consentement. On va suspendre pour une dizaine de minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 15 h 1)
Le Président (M. Marsan): Alors, avant de commencer, est-ce qu'on peut donner une bonne main d'applaudissement à nos gens qui nous ont donné cette bonne collation? Alors, merci. Et nous voilà de retour. Alors, je pense qu'il y en a qui ont même fait provision de collation! C'était une très bonne idée; c'était tellement délicieux et très, très apprécié, encore une fois.
Exportation du modèle
de l'école Le Tournant
Alors, si vous voulez qu'on poursuive, est-ce qu'il y aurait d'autres commentaires ou des gens qui voudraient nous faire valoir des éléments qu'on n'a peut-être pas bien retenus? Moi, il y en avait un tantôt que je posais à notre ami André, mais je peux aussi la reposer à M. Côté, à l'effet que, si c'est vraiment bon, et on pense que c'est vraiment bon, ce que vous faites ici, pourquoi est-ce qu'on n'est pas capables de multiplier comme les pains et l'envoyer dans l'ensemble des régions du Québec? Est-ce que c'est quelque chose qui serait pensable? M. Côté.
M. Côté (Pierre): Comme je disais tout à l'heure, puis on en discutait justement pendant la pause, c'est un modèle qui est tout à fait exportable, facilement exportable, mais il faut vouloir le faire. Il faut tout simplement vouloir le faire. Puis, les besoins, je pense qu'à peu près partout au Québec on aurait des besoins pour un genre d'organisation comme ça, mais ça prend des fous un peu sur place pour pousser puis brasser tout ça.
Le Président (M. Marsan): Vous dites: Ça prend des fous, je ne suis pas sûr, mais...
M. Côté (Pierre): Pour brasser ou décider, un peu comme celui-là qui était assis là tantôt, là.
Une voix: ...l'autre.
M. Côté (Pierre): Puis Joël puis toute la gang.
Le Président (M. Marsan): Je pense, à l'origine de votre projet, il y a eu cette décision de votre région, de plusieurs intervenants de la région qui disent: Nous autres, le décrochage scolaire, là, on va l'attaquer puis on va le régler, ce problème-là. Ça, là, il y a quelque chose qui a été fait il y a 18 ans ou 20 ans maintenant. Et je pense qu'à partir de cette décision-là qui est prise par l'ensemble des gens qui gèrent la région du Saguenay--Lac-Saint-Jean, bien, après ça tout a découlé puis ça a bien été. Vous aviez les bonnes personnes aussi. Allez-y, M. Joël.
M. Tremblay (Joël): Oui, bien c'est ça, ça prend quelques personnes qui se lèvent debout puis qui disent: Bien là, on veut que ça change. On veut que... On veut faire quelque chose pour... C'est ça qu'on discutait tout à l'heure à la pause. Puis c'est vrai que c'est ça.
Le Président (M. Marsan): Avant de laisser la parole, une dernière intervention. Mais le milieu des affaires est intervenu, je pense, avec vous. C'est ce que je comprends?
M. Côté (Pierre): Bien, on parlait tantôt... bien ce que vous disiez tout à l'heure, bon, il y a eu la fondation du Tournant il y a 18 ans, mais en même temps, quand on parlait du milieu des affaires qui s'est impliqué, qui s'est organisé, bien on parlait de CREPAS justement ce midi, à partir de 1996, ça, il y a eu une espèce de prise de conscience collective au niveau régional.
Mais, si on parle Tournant, ici, sur place, au départ, je... en tout cas, André pourra me préciser, mais, au départ, le milieu des affaires n'était pas là-dedans, là. Il y a vraiment... il a fallu les convaincre, convaincre les officiers de commission scolaire pour partir ce programme-là, et c'est ensuite que les gens ont adhéré, pour justement cimenter puis donner tout son poids, là, son existence puis sa solidité au Tournant, là.
Le Président (M. Marsan): Noëlla, et ensuite madame.
Mme Champagne: Oui, bien c'est -- Noëlla Champagne -- une forme de suggestion que j'ai déjà vue à la Fédération des commissions scolaires, qui se réunissent régulièrement, et vous êtes une commission scolaire qui est sûrement fière de vous, et, lors de ces grandes assises, je pense, une fois par année au moins, j'ai déjà vu des présentations se faire de modèles de réussite. Alors, comment se fait-il qu'après 18 ans vous n'ayez jamais été invités par votre commission scolaire, peut-être ça s'est fait, vous me corrigerez, à présenter ce modèle-là, avec tout ce qu'on entend aujourd'hui, et faire que ce soit comme pris en charge? Et je pense que, dans ces assises-là, il y a souvent des gens du ministère qui y sont présents, à moins que je ne me trompe, qui sont de toute façon au courant et qui vous connaissent. Je suis certaine que même la ministre de l'Éducation présentement sait très bien que vous existez et que vous avez cette qualité-là de travail. Si ce n'est pas fait, ça va se faire.
Alors, je me pose cette question-là... Lors des assises, c'est un moment rêvé pour, quand la commission scolaire... que ce soit les succès de Trois-Rivières, à la commission scolaire du Chemin-du-Roy, avec son comité de compères, qu'on appelle, qui est un comité mis en place pour la persévérance scolaire, et toutes les régions sont en train de se mettre en marche. Mais, vous autres, vous avez un vécu de 18 ans avec des approches différentes qui seraient fort intéressantes. Puis, moi, j'ai bien, bien le goût d'en parler à ma commission scolaire, entre autres. Mais pourquoi ça ne se fait pas dans ce genre d'assises là?
La question, elle est posée, quitte à un moment donné à ce que Pierre Curzi, de par ses contacts privilégiés, vous amène à quelque part plus loin et qu'à quelque part à la télé, un jour, on entende parler de vous. Voyez-vous, regardez, je mets tout le monde dans l'eau bouillante. Alors, ce n'est pas grave, ça va faire du bien. Et, ce soir, je m'en vais avec eux autres, je ne suis pas sûre de survivre. Alors, répondez-moi à ça, si c'est déjà venu dans l'esprit de quelqu'un de vous faire connaître.
M. Côté (Pierre): Pierre Côté. Pour la Fédération des commissions scolaires, en tout cas, André, à moins que je me trompe, on n'a jamais été invités à aller au colloque de la Fédération des commissions scolaires. Il y a eu des invitations, comme on disait ce midi, là, à quelques occasions. Pascal nous parlait aussi qu'au CREPAS de temps en temps, souvent... pas de temps en temps, mais souvent. Mais, nous, comme tel... Puis pourquoi on n'a jamais été invités au congrès de la Fédération des commissions scolaires? Je n'en ai absolument aucune idée.
Mme Champagne: On va tout vous organiser ça, hein, Pierre?
M. Curzi: Oui.
Mme Champagne: La suggestion est retenue, aux deux demandes.
Le Président (M. Marsan): D'autres commentaires? Oui. C'est Mme Boudreault, je pense.
Mme Comeau (Linda): Oui. Alors, au début, c'est sûr qu'on avait, comme André disait, moins le support de la commission scolaire; maintenant, on l'a, aujourd'hui. Mais, au début, ça prenait des gens qui étaient vraiment passionnés puis impliqués dans la communauté aussi, parce que ça prend une clientèle pour faire une école, quand même, là. Puis, la clientèle, ce n'étaient pas les autres écoles qui allaient nous la donner, cette clientèle-là, il fallait qu'on aille la chercher, la clientèle. Où on est allés la chercher dans ce temps-là? C'était dans les brasseries à huit heures du matin, les jeunes qui traînaient dans la rue que tu savais qu'ils avaient entre 16 et 18 ans puis qu'ils étaient supposés d'être à l'école, mais ils n'étaient pas dans aucune école. Alors, on n'est pas allés chercher... Tu sais, notre clientèle du début, il fallait aller la chercher, puis elle était dans la rue, elle était déjà décrochée. Maintenant, on ne peut pas dire que c'est une école pour décrocheurs, parce qu'avec le support de la commission scolaire puis les autres directeurs d'école on les reçoit, ces élèves-là, automatiquement. Mais, au début, ce n'était pas ça. Alors, dans les autres régions, il faut commencer par la trouver, la clientèle qui est dans la rue, l'intéresser à revenir à l'école, aussi.
Je veux dire: Tu ne penses pas que tu aimerais mieux faire d'autre chose que boire une bière à 8 heures du matin dans une brasserie? Tu n'as pas de but dans la vie, toi? Tu n'aimerais pas ça être menuisier ou soudeur? Oui, j'aimerais ça, mais il n'y a pas une école qui veut de moi. Bien là, moi, j'en ai une, école qui veut de toi. Tu viendrais-tu à mon école s'il y avait des règles différentes, etc.? Oui, peut-être. Bien, viens faire un tour, viens voir comment ça peut marcher à l'école.
Alors, il faut aller la chercher, cette clientèle-là qui est... qui est dans la rue, là, qui est déjà décrochée.
M. Curzi: Travaillez-vous avez les travailleurs de rue, les groupes communautaires?
Mme Comeau (Linda): Oui, les travailleurs de rue, ils passent quand même dans l'école, là.
M. Curzi: Oui.
Mme Comeau (Linda): Oui. On a des contacts avec plusieurs. Moi, je ne suis pas au courant. C'est peut-être plus Mélanie, là, qui est au courant de ça, là.
M. Boudreault (André): Les travailleurs de rue sont partie de l'école Le Tournant aussi. Ça veut dire que l'école Le Tournant a créé un mouvement où on a fait... On se rappelle, on a fait un colloque à un moment donné pour les problèmes de toxicomanie, et les travailleurs de rue sont venus de là. Donc, l'école Le Tournant a été un leader au niveau d'un ensemble de projets au niveau des jeunes en difficulté, dans notre milieu.
Le Président (M. Marsan): D'autres commentaires ou... Oui?
Mme Champagne: Un commentaire. J'ai entendu quelque chose tantôt, puis je ne le laisserai jamais passer. Je pense que c'est Cynthia, Cynthia, non, oui? Mélanie. Cynthia...
Une voix: C'est ça.
**(15 h 10)**Mme Champagne: ...O.K., qui me disait -- si ce n'est pas toi, tu me corrigeras -- qu'après avoir proposé peut-être à un étudiant: Ça ne te tenterais pas, un métier? elle s'est fait dire par un parent -- c'est plutôt Mélanie -- elle s'est fait dire... -- en tout cas, peu importe, c'est quelqu'un qui me l'a dit, là -- elle s'est fait dire par un parent: Bien là, suggère-lui pas ça, tu sais, je ne veux pas qu'il fasse juste ça! La valorisation de la formation professionnelle et des métiers, est-ce que vous vous en préoccupez, à l'école le point tournant? Parce qu'on sait qu'on va avoir des besoins. Je ne dis pas ça dans les airs, je le dis pour les jeunes qui m'ont entendue ce matin. Puis il y en a qui ne sont pas... pas nécessairement seulement manuels, ils sont plus manuels, ils ont des talents. On va en avoir besoin. Avec des salaires... Vous allez être tellement rares, vous allez être tellement recherchés qu'on va vous payer, hein? Vous n'allez pas tout faire ça gratuitement, là, chez M. André, là. Un instant, là! Bon.
Alors, ceci étant dit, sérieusement, la remarque du parent dont on me parlait tantôt qui a dit: Bien, voyons donc, propose-lui pas ça, je veux qu'il aille au cégep, à l'université, il faut corriger ça, le tir là-dessus. Dans ma région, on fait des efforts terribles présentement pour en arriver à valoriser, Puis, tous les jours ou à peu près, si j'étais devant la télé, peut-être, d'autres me disent qu'on perd l'organisme comme tel, qui est parti, qui s'est mis en place, pour la persévérance scolaire, fait valoir l'importance des métiers. Viens te joindre à nous, il y a un avenir pour toi, et le mettre dans la tête du parent, qui a un grand rôle à jouer. Et, quand il dit à son jeune ou qu'il dit à sa voisine, qui lui demande: Qu'est-ce que ton fils ou ta fille fait dans la vie?, ah bien, là, il va aller faire un D.E.P., il n'est pas bien, bien bon à l'école. Aïe! Tu viens de le tuer, là, hein? Alors, c'est ça qu'il faut éviter. Alors, là, j'ai cru comprendre par les... opiner de la tête que vous faisiez un travail là-dessus, alors j'en suis très heureuse.
M. Tremblay (Joël): Oui, c'est certain que, nous, on valorise ça, parce que c'est 80... plus que 95 % de nos jeunes qui vont s'en aller vers un D.E.P., puis c'est quelque chose de beau, c'est des victoires. Ça fait que, nous, à chaque jour, quand on sait l'objectif du jeune, bien on lui rappelle puis on lui dit que c'est beau puis que c'est important de le faire, puis de se rendre jusqu'à cet objectif-là. Ça fait que, non, jamais on laisserait dévaloriser la formation professionnelle, parce que c'est ça qui est...
Mme Bussières (Cynthia): ...puis en même temps, oui, on valorise le D.E.P. mais, tu sais, moi, ça m'est déjà arrivé, je me rappelle une fois, avec une jeune dans mon bureau, puis elle me disait: Ah! J'aimerais ça aller au cégep, mais, tu sais, je ne peux pas aller au cégep, je viens au Tournant, tu sais, je ne veux pas aller... Voyons donc! Bien oui, tu peux aller au cégep, pas parce que tu viens au Tournant que tu ne peux pas aller au cégep, là. Oui, il y en a des manuels, mais il y en a qui sont très intelligents, ils n'ont juste pas été chanceux dans leur cheminement, dans leur parcours scolaire. Tantôt, vous avez posé la question au niveau du pourcentage; moi, je ne le connais pas, mais j'ai une amie qui est venue ici, moi, au Tournant, Julie Gagnon, -- André, tu dois bien t'en rappeler, elle a fait un témoignage une fois justement pour toi, une année, je m'en rappelle -- puis, cette jeune fille là, ce n'était pas une fille qui avait tant de misère que ça à l'école, puis c'était juste, on dirait, son parcours avec les enseignants, ça n'avait pas bien été; tu sais, elle avait peut-être une face malcommode, ça fait qu'on dirait qu'elle était tout le temps... elle se faisait tout le temps chicaner, puis ça ne fonctionnait jamais. Ça n'était pas une fille difficile, du tout, du tout, là. Puis, écoute, avec les années, bien elle se disait: je ne suis pas bonne à l'école, je ne réussirai jamais, tu sais, puis, nous autres, toutes ses amies, plusieurs sont allées à l'université, on était toutes allées au cégep, puis, tu sais, elle, elle se dévalorisait.
Mais, le fait de venir au Tournant, elle a changé complètement sa vision d'elle-même. Elle est allée au cégep. Maintenant, elle est rendue responsable du service de garde ici, à la commission scolaire du Pays-des-Bleuets. Tu sais, elle a vraiment évolué, mais c'est vraiment l'école ici qui lui a redonné confiance en elle, en son potentiel. Elle a vu qu'elle était capable, tu sais. Puis elle pétait des scores au cégep! Mais, tu sais, ça été vraiment son parcours scolaire qui a été difficile. Je ne dis pas que les profs n'étaient pas bons, ou peu importe, mais, tu sais, ce qu'elle a vécu avec tous ses petits moments de vie, bien, tu sais, ça l'a ramenée là puis ça l'a dévalorisée puis elle se considérait moins bonne que les autres mais elle est venue ici, puis, regarde, elle allait au cégep puis elle a réussi très bien, puis... Ça fait que, oui, tu peux aller au Tournant puis faire un D.E.P., puis c'est bien correct, les D.E.P., écoute, il n'y a pas de sot métier, puis ça prend de tous les métiers. Mais tu peux être au Tournant puis aller au cégep, puis tu peux même aller à l'université aussi. Si tu veux, bien tu peux, tu sais? C'est ça.
Le Président (M. Marsan): Oui. M. Côté
M. Coté (Pierre): Peut-être pour... On parlait... bien, je pense qu'un des mandats, une des raisons pour lesquelles vous êtes venus nous voir aussi, c'était, bon, ce matin, rencontrer... puis, au départ, je me souviens que, Mme Boutin, c'était de rencontrer des décrocheurs qui ont raccroché. Puis, comme on disait, on n'en n'a pas beaucoup, d'élèves qui ont complètement arrêté, entre guillemets, décroché, pour reprendre, de sorte que des fois je pense qu'il faut aussi prendre la chose par le bon bout, à savoir, l'idée, ce n'est pas d'investir exclusivement dans le retour des décrocheurs, c'est peut-être de s'organiser pour qu'ils ne décrochent pas.
Le Président (M. Marsan): ...prévention.
M. Côté (Pierre): O.K., c'est peut-être de s'organiser le plus tôt possible pour ne pas qu'ils décrochent. Parce que, vous voyez, ici, la structure fait en sorte... vous auriez pu poser la question, on accueille les enfants de 16-18 ans ici. 14-15 ans, ils sont où? Ils font quoi, vos 14-15 ans? Bien, nous autres, dans l'école chez nous, on a une organisation pour des élèves qui sont plus jeunes, avant de les rentrer au Tournant. On ne veut pas les rentrer au Tournant trop jeune. Un jeune de 14 ans, au Tournant, peut-être ne se retrouvait pas, là. Un manque de maturité, manque d'un peu toutes sortes de choses. Mais on les suit, on sait qu'éventuellement ça pourrait les amener vers ça, puis on tient quelque chose. Donc, c'est d'éviter, d'éviter, puis souvent... J'en parle parce que ça m'agace souvent d'entendre dans les médias, on lit les articles des journaux: Comment qu'on fait pour raccrocher les décrocheurs? Comment qu'on ferait pour ne pas qu'ils décrochent? Comment qu'on s'organise pour ne pas qu'ils décrochent? Parce que vous n'en avez pas vu beaucoup aujourd'hui. Ils y ont pensé, pour plusieurs, ils ont passé proche, pour plusieurs, mais on a organisé des choses dans ce genre-là.
C'est pour ça que...en tout cas, je vous le donne en mille, puis je voudrais quand même que vous repartiez avec cette idée-là, cette idée-là de prendre ça par le bon bout, c'est-à-dire s'arranger pour leur donner les services, les identifier, les suivre, pour ne pas qu'ils décrochent.
Le Président (M. Marsan): Dans nos ateliers, on a demandé un peu aux gens: Est-ce que vous avez déjà décroché? Et la réponse était: Non, on n'a pas décroché. Par contre, on a eu l'école Le Tournant, et, si on n'avait pas eu ça, on aurait décroché. C'est un peu dans le sens que vous nous dites, parce que les jeunes que nous avions, en tout cas, on en avait six ou sept, eh bien, eux autres, c'était vraiment clair pour eux autres que, s'ils continuaient, c'était à cause du Tournant, et ils avaient tous l'intention de finir leur diplôme et de... même, il y avait beaucoup de... on leur demande toujours: Où est-ce que vous allez être dans cinq ans? Et là, on avait des beaux choix de carrière, là, très, très différents. Personne n'a mentionné qu'il voulait être politicien, mais en tout cas, ça, c'est un autre dossier! M. Côté.
M. Côté (Pierre): Peut-être pour renchérir. Pierre Côté. Pour renchérir un peu avec ce que Linda disait tout à l'heure, puis ça, c'est vraiment très important. Quand on parlait d'exporter la chose, la chose de Le Tournant, vers ailleurs, bon, ici, on a un vécu de 18 ans où on les garde, nos jeunes, on les maintient pour... le passage, le décrochage ne se fait pas, ou si peu. Mais, ici, à tous les ans, Joël peut en parler puis André aussi, même dans les dernières années, il y a toujours une petite liste, ce qu'on appelle la petite liste, sous le coude, là, quand on arrive au mois de septembre, là, puis, eux autres, on sait, là, qu'ils se sont échappés en quelque part. Trois, quatre, cinq jeunes, le village-ci, là, là, on les appelle, André, Joël, on les appelle directement: Je le sais que tu n'es pas à l'école... bon, on fait du rabattage.
Mais, quand on va aller, mettons, si on exporte à l'extérieur, comme Linda disait tout à l'heure, bien, le début, là, ça va prendre beaucoup de rabattage, beaucoup, beaucoup, beaucoup, puis exactement, puis c'est très, très, très important. Quand on parle d'une implantation d'un service comme Le Tournant, ce n'est pas vrai que le service comme Le Tournant peut s'implanter à quelque part exactement comme il est là ailleurs. Il y a un cheminement à faire pour en arriver à ce qu'on a aujourd'hui; c'est sûr et certain qu'il y a un cheminement à faire. Ce serait se leurrer de penser qu'on prend ça, paf! c'est la même affaire. Il y a un cheminement de quelques années, là, pour en arriver à ça, comme Linda dit.
M. Curzi: Oui, en fait, il n'y a pas de... Pierre Curzi. Il n'y a pas de recette magique, c'est ça que vous dites, et c'est sûr que ce n'est pas par un coup de dés. Puis, au fil des 18 années, j'imagine, vous avez développé toute une façon de faire. C'est une des questions, d'ailleurs, que je me demandais tantôt, parce que, bon, on voit bien qu'il y a un esprit qui règne, mais j'imagine que concrètement elles étaient assez nombreuses, les professeurs ici, nombreux. Comment vous organisez ça? Qu'est-ce que vous faites? Est-ce que vous faites des réunions toutes les semaines? Est-ce que vous faites des... comment vous managez -- c'est le terme -- comment vous organisez votre travail entre vous pour maintenir l'esprit de cohésion puis être sûrs qu'on n'échappe personne puis que c'est coordonné? Comment vous faites ça concrètement?
M. Tremblay (Joël): Joël Tremblay. Concrètement, c'est qu'on se parle, on n'a pas peur de le dire tout de suite quand il y a quelque chose. On a juste un exemple, ce matin, avec un élève, il est arrivé quelque chose, puis elle était supposée de venir avec vous pour la discussion, elle est arrivée en retard. Linda l'a reprise dans sa classe, elle est revenue me revoir: Joël, Unetelle, ça ne file pas, telle ou telle affaire. Ca fait que, moi, j'ai pu, après, partir avec la jeune, puis... Mais, si on n'avait pas discuté, si on n'avait pas eu une relation comme ça où est-ce qu'on se dit, bien, regarde, quand on voit que quelqu'un ne file pas, on va chercher tout de suite. Des fois, moi, j'arrive: oup! Mélanie, Untel, peux-tu regarder? Peux tu...
C'est la communication, vraiment, là, qui est hyperimportante. Pas besoin de faire de réunion systématique à tous les vendredis, c'est quand ça arrive, le problème est là, on doit agir puis on doit... on doit se le dire, puis c'est ça qu'on fait.
n(15 h 20)**Le Président (M. Marsan): Oui, allez-y, madame.
Mme Larouche (Sonia): Comme Joël dit, la communication, on est une école où on est chanceux, on a une direction présente, on l'a toujours eue avec André, il était là, ça se continue avec Joël aussi dans ce même esprit-là, que la direction est présente dans l'école. Donc, quand il y a quelque chose, on est supporté constamment, c'est récupéré. En tout cas, c'est un plus vraiment, vraiment.
Conseil régional de prévention
de l'abandon scolaire
Le Président (M. Marsan): Peut-être juste un commentaire. La CREPAS, c'est quoi, la CREPAS, et quel rôle elle a joué dans Le Tournant? Et c'est M. Lévesque, c'est bien lui.
M. Lévesque (Pascal): On parle beaucoup de...
Le Président (M. Marsan): Votre nom?
M. Lévesque (Pascal): Pascal Lévesque, du CREPAS.
Le Président (M. Marsan): C'est pour les enregistrements, merci.
M. Lévesque (Pascal): Oui. Il y a plein de belles choses qui se sont dites ici après-midi. Si j'avais le goût de résumer avant de passer mon commentaire, c'est une histoire de coeur. C'est probablement l'ingrédient magique qui fait que ça peut être transférable d'un milieu à l'autre, puis, pour l'ensemble des gens ici, ça adonne bien, ça ne coûte rien. C'est du jus de bras à convaincre les gens que c'est important, mais, moi, c'est ce que je retiens actuellement ici.
Le CREPAS, en fait, il est simplement l'illustration de ce que vous vivez ici aujourd'hui. À toutes les semaines, il y a des médias nationaux et internationaux et locaux qui nous appellent pour nous dire: C'est quoi, le miracle saguenéen? C'est quoi, le CREPAS, comment ça se fait que ça marche? Moi, je ne suis qu'une représentation de ce que vous avez vécu ici. Quand on fait une pizza, tout le monde, tout le monde connaît les ingrédients d'une bonne pizza. C'est comment on amalgame les ingrédients qui fait que ça marche, que la pâte lève ou qu'elle ne lève pas. Et, ici, bien je pense que c'est une illustration de ce que vous avez pu sentir aujourd'hui, c'est simplement une question de coeur, c'est une vision commune, c'est une région, c'est une école, c'est un milieu, c'est une communauté qui décide de faire de quoi. Ça prend une coupe de fous, comme on l'a dit, pour dire: Je vais commencer par défricher la forêt, après ça les autres vont me suivre.
Mais en fait le CREPAS, c'est un peu ce qu'il faut au niveau régional, c'est essayer de transposer des histoires de coeur comme celle-là puis de la transposer dans d'autres milieux. Donc, d'être le chien de garde d'une vision commune qu'on s'est donnée voilà à peu près une quinzaine d'années dans la région, c'est celle de la persévérance scolaire. Donc, on se l'est dit tantôt, sur l'heure du dîner, pour nous, c'est officiel que dans la région une des seules façons de sortir les gens du cercle de la pauvreté, c'est la formation. Et on a décidé à ce moment-là de choisir non pas la performance académique, mais la persévérance scolaire. Et ça, c'est un choix qui est important puis qui a des conséquences, entre autres, pour l'ensemble des enseignants puis des enseignantes dans les écoles. Parce que ceux qui durent dans le système, dans la région, ce ne sont pas ceux qui ont le plus de facilité, donc c'est un choix qui a des conséquences aussi. Ça fait qu'il faut être conséquents avec nos choix.
Puis qu'est-ce qui fait que ça marche? Bien, ce qui fait que ça marche ici, c'est une volonté, là, de quelques personnes puis une capacité de convaincre les autres, puis de transformer la roue, puis d'aller sur un mode positif. Je pense que c'est ce qui est en train de se produire ici, dans la région, de dire qu'on est capables de garder nos jeunes sur les bancs d'école puis de les faire diplômer. En gros.
Le Président (M. Marsan): Et CREPAS, ça veut dire... c'est l'acronyme de?
M. Lévesque (Pascal): C'est Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire. Donc, ce n'est pas du décrochage scolaire, c'est vraiment un choix positif.
Conclusions
Le Président (M. Marsan): Bien, merci beaucoup. Je ne sais pas s'il y a d'autres commentaires ou questions? Est-ce qu'il y aurait d'autres éléments que vous vouliez nous... attirer notre attention sur cette belle histoire à succès? Vas-y, Michel.
M. Pigeon: Peut-être de la même façon que ce matin, on a demandé, un peu vers la fin, aux gens, là, un message pour le ministère. Je ne sais pas, est-ce qu'il y a des messages pour le ministère de l'Éducation? Moi, je suis adjoint parlementaire de Mme Courchesne, si jamais vous avez un message.
Le Président (M. Marsan): Allez-y, M. Côté.
M. Côté (Pierre): Écoutez, si j'avais un message, c'est: latitude. Ça nous prend de la latitude dans nos organisations pour faire des affaires de fous comme Le Tournant. Ça prend de la latitude, la possibilité de ne pas avoir à fonctionner avec des choses qui sont cannées de haut en bas. Parce que le modèle Tournant, comme on le vit actuellement, va très bien dans le secteur Dolbeau-Mistassini, commission scolaire Pays-des-Bleuets, mais, si on décidait, au ministère, de le canner partout à la grandeur du Québec exactement comme il est là, je ne suis pas sûr que ça ferait. Ça fait que c'est pour ça que, moi, s'il y avait une chose: latitude. Ça nous prend de la latitude dans nos milieux pour organiser au mieux les services qu'on donne à nos gens.
Le Président (M. Marsan): Oui, allez-y, madame.
Mme Comeau (Linda): Je pense que le message que je... j'en ai discuté avec mes élèves plusieurs fois dans le dernier mois, puis je ne pense vraiment pas que c'est en rallongeant les journées d'école et en demandant aux élèves d'aller à l'école les fins de semaine qu'on va contrer le décrochage scolaire. Ça, c'est le message que j'aimerais envoyer.
Mais plutôt peut-être en mettant plus d'éducateurs, plus de rééducatrices dans les écoles primaires au début pour déceler les problèmes de dyslexie, aphasie, tous les problèmes, là, qui font que souvent nos jeunes sont mis de côté. Alors ça, je pense que ça commence quand ils sont jeunes, en première, deuxième année, puis il faut que les dossiers suivent puis que ça continue, pour que ces élèves-là aient de l'aide tout le long de leur... parce que ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas bons dans les livres qu'ils ne sont pas bons ailleurs. Alors, c'est ça que j'aimerais leur dire.
M. Pigeon: Vous dites: Déceler le plus tôt possible les enfants à risque, en fait.
Mme Comeau (Linda): Oui. Et les aider.
Le Président (M. Marsan): Est-ce que, parmi nos jeunes, il y en aurait qui voudraient peut-être réagir avant de terminer ces discussions? On aimerait ça connaître vos commentaires aussi. Je sais que nous en avons eu des bons aussi ce matin. Il faut...
Une voix: ...
Le Président (M. Marsan): Oui, c'est ça. Bah, c'est bien... c'est bien normal aussi.
Mme Champagne: ...on nous a même dit, Pierre, que ça prendrait également... on parlait tantôt d'éducateurs, sur la prévention, et tout, puis ça, on l'a entendu dernièrement également, mais au niveau orientation. Quand vient le temps, on nous disait qu'on ne peut plus en demander davantage aux profs qui sont déjà là, parce qu'ils en donne déjà beaucoup. J'ai trouvé ça très correct de la part des étudiants, mais qu'une dame comme madame ici, qui est orienteur, puisse être accompagnée de d'autres personnes, va avoir plus de temps pour bien le faire et avoir du temps à donner, parce que c'est difficile. Et c'est partout, ça, là, à travers le Québec, là.
Alors ça, on l'a entendu ce matin, puis on en avait pas parlé, alors je voulais le mentionner.
Le Président (M. Marsan): Merci. Oui, M. Boudreault.
M. Boudreault (André): Si il y a quelqu'un qui peut dire à Mme la ministre, parce qu'elle ne m'appellera pas, possiblement pas, moi, j'aimerais qu'ils nous donnent la possibilité d'être proches des enfants, proches des élèves, parce qu'on est rendus, en tout cas, je fais l'apprentissage de ça, mais on est rendus avec un volet administratif excessivement... puis je ne veux pas me lamenter, loin de là, là, mais excessivement lourd. On parle de conventions de partenariat, conventions de gestion, reddition de comptes, portraits de l'école, plans de réussite éducative, c'est plein, plein d'affaires qu'il faut s'asseoir puis prendre des journées puis des journées pour remplir de la paperasse.
J'aimerais, moi, que ça soit moins lourd, et ça, ça va nous permettre d'être proches des enfants puis d'être en mesure de régler des problèmes. Merci, Mme la ministre.
Une voix: ...
Le Président (M. Marsan): Ça va? Pierre, le mot de la fin?
M. Curzi: Je pense... Je ne veux pas... Est-ce que tout le monde s'est bien exprimé? Oui, hein, je pense qu'on...
Alors, je veux vous remercier. Moi, je viens d'un métier, en principe, qui est basé sur le coeur, et j'ai toujours su que le coeur, ce n'était pas réservé aux artistes, puis, aujourd'hui, je l'ai vu battre, ce coeur-là. Alors, je l'ai vu battre ce matin avec... avec les gens qu'on a rencontrés, les élèves qu'on a rencontrés, puis je le vois aussi battre très fièrement dans toute l'équipe qui enseigne ici. Alors, c'est un immense merci. On repart vraiment, je dirais, un peu gonflés, un peu gonflés à bloc. Vous nous avez redonné, je pense, un bon coup d'espoir et de détermination. Alors, merci infiniment.
Je voudrais remercier aussi la CREPAS, qui a été notre intermédiaire puis grâce auquel nous sommes venus ici, qui nous a permis de venir à Dolbeau, remercier évidemment tous les élèves, tous les professeurs, toutes les directions, les actuels et les anciens, tous ceux qui nous ont accueillis. Merci beaucoup. Vraiment, on repart beaucoup, beaucoup plus riches qu'en arrivant ce matin. Merci.
M. Robert: On part le coeur gros.
**(15 h 30)**Le Président (M. Marsan): Et, à mon tour... En terminant, à mon tour de remercier d'une façon particulière la polyvalente, là, Jean-Dolbeau, le pavillon Le Tournant, et M. Pierre Côté. M. Joël, «le» Joël, M. Joël Tremblay, M. Pascal Lévesque, vraiment pour toutes les dimensions que vous apportez, et le cook, M. Bruno Potvin -- c'est ça? C'est bien ça, alors -- et à chacun d'entre vous, également un gros merci.
Je vous rappelle les gens qui ont travaillé avec nous: notre Joël, Joël Guy, Christian Croft, l'agent Éric Bédard et l'agent junior Germain, et Me Stéphanie Boutin, Mme Lévesque, M. Skilling et tous ceux qui ont contribué à la réalisation, là, de cette commission parlementaire qui était des plus intéressantes. Un gros, gros merci à vous tous! Et nous allons rapporter avec nous les témoignages que vous avez faits, et nous allons en parler au Parlement. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 15 h 31)