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Etude des crédits du ministère
des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
(Onze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour étudier les crédits du
ministère pour l'année financière 1980-1981.
Les membres de la commission sont: M. Gagnon (Champlain), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Goulet (Bellechasse), M. Joron (Mille-Iles), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Lavigne (Beauharnois), M. Michaud (Laprairie), M. Paquet-te
(Rosemont), M. Mathieu (Beauce-Sud) remplace M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
La-londe (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Martel (Richelieu).
A la dernière séance, nous avions terminé le
programme 2, et nous en étions au programme 3. J'appelle
immédiatement le programme 3. M. le ministre.
M. Joron: M. le Président, si vous me permettez, juste
avant que nous abordions l'étude du programme 3, je voudrais apporter
deux réponses à des questions posées avant-hier par des
membres de la commission. Le député de Beauce-Sud, d'une part,
s'interrogeait sur la possibilité d'enregistrement de biens mobiliers,
maisons mobiles entre autres, et choses semblables. Vérification faite
auprès du ministère de la Justice, on m'a dit que c'était
prévu dans la refonte du Code civil. On aurait quelque chose qui
ressemble à ce qui s'appelle le "chattel mortgage" en Ontario. Donc,
dans la refonte du Code civil, on prévoira un enregistrement des biens
mobiliers.
La deuxième question était celle du député
de Bellechasse sur la publicité de l'Office de la protection du
consommateur et des honoraires payés à M. Yvon Deschamps pour la
réalisation de cinq messages. Je voudrais dire à ce sujet que
cette publicité de l'Office de la protection du consommateur
s'avère une des publicités les plus fabuleuses, dans un sens, si
on la compare à des campagnes de publicité privées, dans
le sens que son taux de notoriété a atteint l'année
dernière 95% le taux de notoriété, c'est celui de
connaissance, ce dont le public est au courant apparemment, cela se voit
très rarement dans les annales de la publicité...
M. Michaud: ...
M. Joron: II est méchant, lui!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Laprairie.
M. Joron: Le député de Laprairie fait encore son
haïssable.
M. Goulet: Avec 38%, tu n'es pas organisé pour aller loin!
Excusez, ce n'est pas cela que je voulais dire.
M. Joron:... et que le taux de satisfaction sur le porte-parole,
M. Deschamps, était de 91%. C'est la raison, évidemment, pour
laquelle on retient ses services; c'est que, d'une part, ses messages sont
extrêmement populaires. Une grande partie de la popularité des
messages est attribuée au comédien. Enfin, quant à son
cachet, l'enregistrement de chaque message est au tarif minimum de l'Union des
artistes. Évidemment, le comédien ne peut pas charger moins de
$1100 par message. C'est le tarif minimum. De $1100 cela peut aller
jusqu'à n'importe quoi, cela peut aller à $10 000, à $25
000, à tout ce que vous voulez.
Dans le cas de M. Deschamps, qui ne fait aucune publicité
commerciale je pense que c'est peut-être un des seuls
comédiens dans ce cas, mais je pense qu'il est important de le dire
à ce niveau-ci M. Deschamps ne fait aucune publicité
commerciale. Il n'a fait de la publicité que pour des bonnes causes,
comme l'Office de la protection du consommateur, OXFAM et la campagne du oui,
pendant le référendum.
M. Goulet: II n'a pas eu 91% ce coup-là!
M. Joron: II a donc reçu, pour les cinq messages, le
minimum prévu par l'Union des artistes et il n'a même pas
chargé un cent de plus, c'est-à-dire $5500.
Une Voix: C'est du bénévolat! M. Joron:
C'est presque cela. M. Goulet: C'est un pauvre diable!
Contrôle, surveillance et développement
des institutions financières
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, au programme 3,
à l'élément 1. Y a-t-il des questions? M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Joron: J'écoute mes collègues.
M. Giasson: M. le Président, j'aimerais que le ministre
puisse faire le point sur la situation qui prévaut à la Caisse
d'établissement de Vaudreuil-Soulanges, c'est-à-dire les
difficultés qui se sont produites en cours de route, les gens qui
étaient en danger de perdre de l'argent et qui ont été
traités de façon parfois cavalière, pour ne pas dire
davantage. La situation de la caisse est-elle rétablie ou si elle
continue à cumuler des déficits, mois après mois?
M. Joron: Je vais demander à M. Bouchard, le
sous-ministre, de faire le point sur cette situation qui évolue presque
de semaine en semaine. Il y a encore des développements nouveaux, tout
récents. Je peux seulement vous dire, en guise de conclusion globale,
que l'on voit le bout du tunnel apparaître. Mais... (12 heures)
M. Giasson: Vous avez découvert tout l'iceberg, toute la
partie cachée.
M. Joron: Bien, je pense que cette situation va se
rétablir. Elle a été très compliquée.
Peut-être que M. Bouchard, qui l'a vécue du commencement à
la fin, pourrait vous en faire un bref historique. Je vais lui demander de
prendre la parole.
Comme vous le savez, la caisse Vaudreuil-Soulanges est sous
administration provisoire depuis près d'un an maintenant. Le motif
invoqué était la solvabilité ou les difficultés
financières assez graves.
Après analyse du ministère, nous établissons
maintenant le déficit de la caisse de Vaudreuil-Soulanges à
environ $650 000, qui s'expliquait par des mauvais prêts, ou des
provisions insuffisantes sur des prêts, bref, l'administration
était un peu responsable de la situation à
Vaudreuil-Soulanges.
Le ministère a donc étudié, au point de vue
technique, toutes les possibilités de relance de Vaudreuil-Soulanges, en
collaboration avec la Fédération des caisses
d'établissement, qui était évidemment sa caisse.
Il a été convenu, avec la fédération, qu'un
projet de relance serait proposé pour le relèvement de
Vaudreuil-Soulanges. Projet qui a été préparé par
la fédération elle-même et qui a, ensuite,
été étudié par le ministère.
Ce projet nécessitait, évidemment, une mise de fonds de
l'ordre de $650 000 du ministère pour permettre de renflouer les
déficits et surtout voulait établir si vraiment dans le secteur,
le milieu voulait avoir encore une caisse d'établissement, parce qu'il
n'appartient pas au ministère de se substituer aux gens du milieu pour
décider de l'orientation ou de l'avenir ou de la vocation d'un
mouvement.
Il y avait eu des difficultés internes très graves au sein
de la caisse de Vaudreuil-Soulanges, parce que peu de temps avant que le
ministère n'entre dans le dossier, il y a eu une assemblée
générale spéciale des membres qui avait été
convoquée. Au cours de cette assemblée, il y a eu un vote
à savoir s'il y aurait désaffiliation de la caisse
d'établissement à la caisse d'entraide économique. Cette
résolution a été transmise, évidemment, à la
fédération et cela nécessite l'autorisation de la
fédération pour pouvoir accepter l'affiliation.
Le mouvement des caisses d'entraide a refusé l'affiliation,
à la suite du vote qui avait été pris au cours de
l'assemblée.
M. Giasson: Sans condition?
M. Joron: Sans condition. Du moins, les informations qui ont
été fournies au ministère permettaient de conclure qu'ils
n'acceptaient pas de prendre dans leur giron la caisse
d'établissement.
Alors, le ministère, fort de cette situation, a toujours dit aux
gens de la fédération: Bien, il y a au moins un malaise. Il y a
certains de vos membres qui, en assemblée, ont décidé une
désaffiliation. Les gens de la fédération disaient: Non,
au ministère, nous ne sommes pas tout à fait certains. Ce vote
aurait pu être contesté. Nous ne sommes pas sûrs... Bon.
Comme le rôle du ministère est d'être absolument objectif
vis-à-vis d'une affiliation comme celle-là, la meilleure
façon, avons-nous dit, on va s'assurer vraiment, parmi les gens du
milieu, de ce que sera l'avenir de cette caisse-là.
Le plan de relance impliquait d'abord, au point de départ,
justement de connaître le pouls véritable de la population
concernant l'avenir de la caisse.
Deuxièmement, cela nécessitait, de la part de la
régie, une subvention de l'ordre de $600 000 à $650 000,
c'est-à-dire le déficit pour permettre à la caisse de
continuer de s'administrer. C'est ce qui a été fait.
Il y a eu une assemblée générale spéciale
d'information qui a été convoquée au tout début du
mois, où là, les 4000 membres ont été
convoqués par lettre, sous la direction du ministère, pour bien
s'assurer que tous les gens étaient réellement convoqués,
sans aucune discrimination.
Le but de cette assemblée, qui était une séance
d'information, était de soumettre à la population, aux gens
intéressés dans la caisse, le projet de relance. Ce projet de
relance comportait une mise de fonds de $650 000, mais suivant le plan qui
avait été proposé, $350 000 ou $300 000 seraient fournis
par les gens du milieu, ou la fédération, une partie fournie par
la fédération et l'autre par les souscripteurs proprement dits,
pour bien s'assurer que les gens du milieu étaient prêts à
faire la mise de fonds nécessaire pour la relance, et la balance serait
fournie par la régie, soit par un prêt. Un prêt sans
intérêt, pour la période nécessaire afin de
permettre de retrouver leur cours.
Cette rencontre a eu lieu. Elle a été
présidée par le sous-ministre adjoint aux associations
coopératives du ministère. Il y a eu, dans la salle, sur 4000
membres, environ 125 personnes.
M. Giasson: Qui ont répondu à la convocation?
M. Joron: Qui sont venues à cette assemblée. Et le
vote majoritaire, à quelques voix près, 5 ou 6, 7 ou 8, a
été le rejet du projet de relance. Cela veut dire qu'à
cette assemblée les gens ont décidé qu'ils ne voulaient
plus d'une caisse d'établissement, ce qui implique qu'il faut maintenant
décider de ce qu'il adviendra de cette caisse. Les pos-
sibilités sont que cette caisse se réaffilie à un
autre fédération ou qu'il y ait liquidation. On en est là
et on a prévu une assemblée spéciale pour le 26 juin, je
pense, où là, encore une fois, une assemblée
générale spéciale, mais décisionnelle cette
fois-ci, les gens décideraient véritablement d'une affiliation
à une autre fédération ou voteraient leur liquidation.
M. Giasson: Quels sont les espoirs d'une meilleure participation
des sociétaires puisque, sur 4000 sociétaires, environ 125 ou 130
avaient répondu de leur présence? Est-ce que vous le percevez
comme un désintéressement total de la part de ces 4000
sociétaires?
M. Joron: Je vous avoue que d'après les rapports que nous
avions au ministère depuis un an, c'est ce que nous croyons et c'est ce
que nous disions aux gens de la fédération: Écoutez, soyez
réalistes, les rapports que nous avons, c'est qu'il y a une
désaffection ou les gens ne sont vraiment plus intéressés
à la caisse d'établissement comme telle. C'est toujours
malheureux de faire admettre une chose semblable à une
fédération parce que c'est un peu son bébé, sa
caisse, mais c'était vraiment le cas. Cela a été un test
majeur que nous avons fait en disant: On va aller dans le champ, on va vraiment
vérifier et là, objectivement, on verra si le milieu la veut, sa
caisse. Puis je vous avoue que sur 4000, 125 personnes qui assistent à
une assemblée, c'est pas mal décevant.
M. Giasson: Est-ce qu'avec votre avis de convocation vous aviez
joint un document informant les gens du contenu du projet de relance?
M. Joron: Dans l'avis même... A cette assemblée, on
a expliqué toute la situation financière. L'administrateur
provisoire y était et a indiqué la situation financière en
noir sur blanc, en précisant vraiment ce que ça impliquait pour
eux comme mise de fonds et surtout comme conséquence financière
pour l'affaire, à cette assemblée-là.
M. Giasson: A l'assemblée, mais votre avis de convocation
ne donnait pas d'ordre du jour, ou d'information sur le plan de relance.
M. Joron: L'avis de convocation a été fait dans le
sens d'inviter les gens à une soirée d'information où il
n'était strictement question que d'un projet de relance pour la caisse
de Vaudreuil-Soulanges. C'était le seul élément à
l'ordre du jour et c'était clairement mentionné dans l'avis de
convocation. On allait même jusqu'à dire que c'était
primordial que les gens assistent parce que c'était en vue d'assurer
l'avenir de leur caisse. Mais une telle assemblée, évidemment,
légalement, n'a pas de pouvoir décisionnel. Cela ne reste qu'une
assemblée d'information. Sauf que dans la convocation de
l'assemblée du 26, on m'a dit qu'on va résumer dans une lettre
tout le déroulement du dossier depuis le début. J'espère
qu'à ce moment-là les sociétaires vont comprendre
l'importance d'aller exercer leur droit de vote à cette
assemblée. En fait, tous les faits vont être contenus dans l'avis
de convocation ou dans une lettre l'accompagnant.
NI. Giasson: Je comprends que l'assemblée que vous avez
tenue au départ, c'était d'abord une assemblée
d'information et que vous ne vouliez pas présenter par des documents,
avec cet avis de convocation, tout ce que vous aviez de projets de relance ou
de propositions que vous aviez à soumettre aux sociétaires.
M. Joron: Non, mais ils reconnaissaient quand même que
c'était pour relancer la caisse d'établissement. Ils savaient que
c'était le but de l'assemblée. Oui, ils le savaient parce que la
fédération elle-même, de son côté, a fait son
travail d'information parce que le projet est arrêté depuis
quelque temps au ministère. Donc, la fédération a fait son
travail auprès de ses membres et les gens le savaient très
bien.
Pour revenir à votre question, à la prochaine
assemblée que nous allons faire, comme M. le ministre dit, non seulement
nous allons expliquer, nous allons dire que si l'affiliation à une autre
fédération ne se décide pas à cette
assemblée, il n'y a d'autre solution que la liquidation. Alors,
ça va être très clair. Les gens vont vraiment
réaliser que c'est sérieux, qu'on est rendu à la limite.
Cela fait un an qu'on est sous administration provisoire, on ne peut pas
éternellement rester là. Evidemment, vous le savez très
bien, une caisse sous administration provisoire, elle ne fait pas de profits.
Alors, la situation financière se détériore et on veut y
mettre fin au plus tôt pour arrêter l'hémorragie.
M. Giasson: Mais l'assemblée qui avait voté une
résolution de désaffiliation comptait combien de
sociétaires à ce moment-là?
M. Joron: Je ne me rappelle pas exactement. Environ 400
membres.
M. Giasson: 400 membres qui avaient pris cette
décision.
M. Joron: Cela avait été pris à la
majorité à ce moment-là. Et la fédération
d'entraide, dans le temps, avait été divisée, avait
décidé de ne pas s'impliquer et avait refusé
l'affiliation.
M. Giasson: La fédération des caisses d'entraide.
Mais, comment expliquer ce choix ou cette décision majoritaire des
sociétaires présents de se désaffilier de leur
fédération des caisses d'établissement?
M. Joron: Dans le temps?
M. Giasson: Oui.
M. Joron: Parce qu'il y a eu un changement.
M. Giasson: Sauf erreur, Vaudreuil-Soulanges est une des
premières caisses d'établissement qui s'est fondée au
Québec.
M. Joron: C'est la caisse fondatrice. C'est pour cette raison que
ça leur fait très mal. On le comprend très bien. C'est la
principale, c'est la plus vieille caisse. C'est parce qu'il y a eu des
difficultés entre la caisse et la fédération. Il y a eu un
changement de conseil d'administration peu de temps avant ce vote pour
décider de la désaffi-liation. Le nouveau groupe qui a pris le
contrôle de la caisse d'établissement, c'est ce groupe qui
était au pouvoir lorsque cette assemblée spéciale a
été convoquée pour décider de la
désaffiliation. Comme vous le savez, dans le cas d'une administration
provisoire, ce n'est pas une déchéance des administrateurs;
ça ne fait que suspendre leurs pouvoirs pour permettre à
l'administrateur d'exercer les pouvoirs. Ils sont encore, si vous voulez,
l'administrateur potentiel, mais sans pouvoirs. Et, à la décision
de la désaffiliation, s'ils en décidaient ainsi à la fin
du mois, il faudrait justement, en accord avec le vote qui sera pris,
décider d'un nouveau conseil d'administration et donner suite à
la résolution qui serait prise.
M. Giasson: Dans les épargnes administrées par la
caisse d'entraide là-bas, par la caisse d'établissement, quel est
le montant de parts sociales qui se retrouvent ou de capital social?
M. Joron: II y a entre $125 000 et $130 000 de capital
social.
M. Giasson: Les autres sommes d'argent sont constituées de
quoi? Y a-t-il des dépôts à terme?
M. Joron: C'est constitué surtout de ça.
M. Giasson: Des dépôts à terme. Y a-t-il des
montants de ces dépôts à terme qui, au nom du même
sociétaire, pourraient dépasser $20 000?
M. Joron: Oui. Il y en a pour...
M. Giasson: Cela veut dire que ça dépasse le
montant maximum qui est couvert, qui est garanti par la Caisse de
dépôt et placement.
M. Joron: Exact. C'est pour cette raison qu'en cas de
liquidation, ces gens-là perdraient...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui. La moyenne des souscriptions... Vous dites qu'il
y avait 125 ou 150 personnes sur quelque 4000 sociétaires. C'est parce
que les autres', c'est très minime et ils savent justement que s'ils
sont couverts, ils ne perdront rien.
M. Joron: Ils sont couverts par la régie. M. Goulet:
Mais, les 125 qui étaient là, est-ce que c'étaient de
ces gens-là aussi ou est-ce que c'était surtout ceux qui... Vous
n'avez pas de...
M. Joron: C'est difficile à dire, parce que les gens
venaient avec leur lettre de convocation. Il aurait fallu vérifier la
caisse, le montant en dépôt de chacune de ces personnes. Cela n'a
pas été fait.
M. Goulet: Mais, dans ces 125 ou 150 personnes, vous n'avez pas
de statistiques disant que c'était l'ensemble des gens qui, justement,
ont de gros montants? Vous ne le savez pas?
M. Joron: Non.
M. Giasson: Mais, dans l'hypothèse d'une liquidation
parce que vous vous devez de l'examiner, étant donné qu'il
y a deux choix possibles qui seraient proposés aux sociétaires
à l'assemblée générale spéciale qui va se
tenir prochainement vous allez certainement mener une étude pour
examiner quelles seraient les conséquences directes que ça
poserait à chacun des sociétaires, quel serait l'ordre en
pourcentage de perte que subiraient certains sociétaires ou
détenteurs de capitaux.
M. Joron: En fait, s'il y avait liquidation, on sait au
départ qu'il y a environ $800 000 à $900 000 de
dépôts qui dépassent $20 000 et où il y aurait
effectivement perte pour les sociétaires pour le montant non couvert par
la régie. Évidemment, à ça, devraient s'ajouter
tous les frais reliés à la liquidation, le liquidateur et les
frais. C'est assez difficile à évaluer actuellement.
M. Giasson: Cela peut être tout près de l'ordre de
$1 000 000.
M. Joron: On pense que ça pourrait finalement atteindre $1
100 000 ou $1 200 000.
M. Giasson: Sur un actif total de combien? M. Joron:
Environ $7 000 000.
M. Giasson: Mais comment avez-vous découvert que la caisse
en soi arrivait à une telle situation? Quelles sont les raisons
principales à ça? Est-ce de la mauvaise administration? Y a-t-il
eu des détournements? Avez-vous des indications? Qu'est-ce qui s'est
produit en cours de route pour que cette caisse, qui est la première
dans le secteur de l'établissement, en arrive devant un fait que vous
avez...
M. Joron: C'est la plus ancienne, mais ce n'est pas la plus
importante en termes de chiffres.
Une Voix: Avez-vous les chiffres? (12 h 15)
M. Joron: Comme vous le savez, la naissance du mouvement des
caisses d'établissement, c'était de favoriser
l'établissement sur les terres des
cultivateurs; c'est un complément de l'UPA, si vous voulez, du
service d'aide pour permettre l'établissement. Ce qui veut dire que les
caisses d'établissement travaillaient pour l'établissement, mais
également le favorisaient par l'octroi d'hypothèques. A ce
service s'est greffé un service de courtage pour permettre l'achat de
terres, de maisons, etc. Elles ont rencontré des difficultés
majeures dans leur système de courtage. Cela a même fait l'objet
de procès très célèbres dans le coin. Des gens
avaient été recrutés un peu partout en France pour venir
s'établir au Québec et ensuite, ils venaient ici et on leur
octroyait des prêts pour des montants considérables sur des
valeurs... Ils ont surévalué les terrains, en tout cas. Ils
avaient des conflits terribles. Ces procès ne sont pas encore tous
réglés, d'une part. D'autre part, la situation financière
de la caisse a fait l'objet, de la part de la fédération, d'une
étude et les nouveaux administrateurs ont refusé une aide, un
prêt de $100 000 qui leur était proposé par la
fédération sous prétexte de la relever.
M. Giasson: C'était vers quelle époque? Le
savez-vous?
M. Joron: Peu de temps avant notre entrée comme tuteur.
Cela était fait par la nouvelle administration dont je vous ai fait part
tout à l'heure. Ils ont récolté une situation qui
n'était pas bonne sur le plan financier et surtout ils ont eu à
faire face à un discrédit dans la population du rôle
joué par la caisse d'établissement dans le voisinage à
cause de tout ce que je viens de vous raconter, le courtage et des
difficultés très grandes.
Cela a continué de cette façon. Il y a eu de très
mauvais prêts. Il a fallu prendre des provisions assez importantes sur
les prêts; ce qui a augmenté le déficit à $600 000
ou $650 000. Mais avec les provisions que nous avons prises et surtout le
travail d'épurement que nous avons fait, advenant des liquidations,
même si on frise une perte de l'ordre de $1 000 000, on peut dire que le
portefeuille qui existe actuellement est solide. Dans le cas des liquidations,
il ne faudrait pas trop liquider pour ne pas liquider à perte et
encourir une perte plus grande. Mais, au moins, le portefeuille du prêt
hypothécaire que nous avons est passé au crible et les provisions
qui ont été prises l'ont été de telle sorte que
nous sommes pas mal certains des $600 000 ou $650 000. Tout ce qui restera
subséquemment, ce seront la liquidation à cause du taux
d'intérêt, un cas de vente ou de portefeuille et surtout des frais
de liquidation proprement dits.
M. Giasson: Vous avez tout de même des citoyens qui, de
bonne foi, ont fait appel aux différents services de la caisse
d'établissement et qui se sont retrouvés, un de ces matins...
M. Joron: Oui.
M. Giasson: ... les mains totalement vides après avoir
confié leurs épargnes je dis bien de bonne foi
à la caisse d'établissement ou à des services que vous
aviez à la caisse d'établissement. Que va-t-il advenir de ces
gens qui subissent un préjudice très grave?
M. Joron: C'est la raison pour laquelle on croit que vraiment la
pire des choses qui pourrait arriver, ce serait la liquidation. Il ne faut pas
que ce soit la liquidation, d'abord à cause du très mauvais renom
que cela donnerait sur l'ensemble du monde coopératif, secteur
financier. Dans le secteur financier, vous avez les caisses, les caisses
d'entraide, les caisses d'établissement. Mais tout cela, dans l'esprit
du public, c'est le secteur coopératif. Deuxièmement, il y aurait
des gens qui perdraient beaucoup trop d'argent. Toutes les parts sociales ne
sont pas couvertes par la garantie de la régie et les
dépôts en excédent de $20 000 en capital et
intérêts. Ce serait vraiment la pire des situations. Par
l'affiliation qui pourrait être faite, par exemple, à une caisse
populaire ou à la caisse d'entraide, si la caisse d'entraide voulait
réétudier la question, la régie, en faisant l'avance qui
est nécessairement couverte par sa garantie, permettrait à tous
ces gens-là de recouvrer intégralement leur mise de fonds et
d'obtenir l'opération normale d'une caisse qui se transforme suivant les
besoins du milieu. Si, plus tard on ne sait jamais la situation
se modifie, que la mentalité est différente dans ce
secteur-là et qu'on veut vraiment une caisse d'établissement, on
verra. Mais, pour le moment, il n'y a pas d'autre solution que
l'affiliation.
M. Giasson: C'est ce que vous allez rechercher, que vous
conseillez largement aux sociétaires.
M. Joron: Voilà. Nous allons expliquer aux gens que, dans
cette nouvelle hypothèse où la relance est rejetée cela
impliquait une mise de fonds de la part des gens, la liquidation, ce sera
terrible, ce sera une catastrophe. C'est pour cette raison que, dans leur avis
de convocation, c'est tout indiqué, les conséquences, pour
vraiment inciter les gens à se prendre en main et à venir
à l'assemblée.
M. Goulet: S'il y avait liquidation, M. le Président,
combien de personnes vous avez certainement les chiffres
perdraient outre les montants, bien sûr, qui ne sont pas couverts par la
régie et la moyenne par...
M. Joron: C'est une étude qui est en cours actuellement
à la ligue, où on a demandé à l'administrateur
provisoire de nous fournir une liste de tous les sociétaires qui ont des
dépôts excédant $20 000 et le montant qui excède ces
$20 000. On devra obtenir ce document ces jours-ci.
M. Goulet: Les dépôts excédant $20 000. M.
Joron: C'est cela.
M. Goulet: Plus les parts sociales. Je ne veux pas un chiffre
à la virgule près, mais dire, par exemple, 3000 personnes qui
paieraient une moyenne de "X" dollars, vous n'avez pas cela?
M. Joron: Ah non. Ce n'est pas la majorité, c'est cela.
C'est une minorité parce qu'il reste quand même qu'avec le temps
la majorité des gens qui avaient certaines craintes de perdre de
l'argent ont retiré leurs dépôts depuis ce temps. Ceux en
fait qui ont laissé leur dépôt là, au-delà de
$20 000, les parts sociales, ces choses-là, ce sont des gens finalement
qui ont confiance en leur caisse et ont espoir de ne pas perdre d'argent.
M. Goulet: A ce moment, si la très grande majorité
ne perdra rien, ne pensez-vous pas que, lors d'une réunion
générale où on va prendre un vote, ils vont être
intéressés à en finir? Dans l'idée des gens, ce que
la régie devra débourser... Pour autant qu'eux vont
récupérer l'argent, ne pensez-vous pas qu'avec un vote, cela va
être majoritairement pour liquider? S'il y a un vote, d'accord, ceux qui
vont perdre vont peut-être voter contre la liquidation, mais ceux qui
sont pour, ceux qui ne perdront rien, ne pensez-vous pas qu'ils vont vouloir en
finir et récupérer leur argent le plus vite possible, non?
M. Joron: II y aurait quand même... Si les gens votaient
pour la liquidation, il y aurait quand même perte au niveau des parts
sociales. Nous, on demeure convaincus que même si peut-être les
gens ne souhaitent pas la survie d'une caisse d'établissement comme
telle, c'est que les gens ont quand même besoin de services dans leur
région et n'ont aucun intérêt finalement à soulever
une dissolution lorsque finalement ces gens ne sont pas impliqués comme
tels.
M. Giasson: Serait-il exact que le déficit de
fonctionnement courant des derniers mois soit de l'ordre d'environ $8000 par
mois?
M. Joron: De $7000 à $8000 par mois. J'aimerais aussi
corriger une réponse, c'est que le total des actifs de
Vaudreuil-Soulanges au 31 mars 1980 est de $8 557 089 et non pas $7 000
000.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Juste un mot. Quand on
fonde une caisse d'établissement comme tout service coopératif,
c'est pour se donner un meilleur service. Est-ce que vous trouvez que c'est une
bonne chose, est-ce que vous encourageriez une caisse d'établissement,
par exemple, à se doter d'un service de courtage immobilier, une chose
qui a plutôt tendance à se greffer à un organisme
capitaliste?
M. Joron: Oui, mais cela, remarquez que cela a été
à la demande de la fédération. C'est un amendement qui a
été apporté à la loi pour per- mettre au mouvement
des caisses d'établissement d'avoir le service de courtage. On a
adopté une loi spéciale pour eux.
M. Mathieu: Est-ce que cela se révèle une bonne
chose?
M. Joron: Tout le secteur de la Fédération des
caisses d'étabiissement, actuellement, s'étudie. Cela
s'avère une bonne chose. Cela dépend des régions. Vous
avez des régions où cela va bien, la région de la Beauce,
la caisse est très forte. Vous avez une bonne caisse
d'établissement dans le Bas-du-Fleuve et le Lac-Saint-Jean. Mais les
autres, ce n'est pas fort.
Une Voix: C'est Fabien qui l'a lancée.
M. Mathieu: Cela faisait quatre ans qu'elle était
lancée quand il est entré dedans. Je suis un des fondateurs, le
premier gérant. Ce n'est pas Fabien qui l'a lancée. Je suis
toujours un peu étonné et il me semble que c'est contre nature,
un service de courtage immobilier qui fait des entreprises purement
capitalistes dans un organisme coopératif et surtout, d'après ce
que vous avez dit tout à l'heure, que c'est un peu cela qui est
responsable, ce service, des problèmes dans Vaudreuil-Soulanges.
M. Joron: Si j'ai laissé entendre cela, il ne faudrait pas
croire que c'est uniquement le secteur du courtage à Vaudreuil qui est
responsable de la déconfiture. Comme je vous ai dit, vous avez eu une
situation financière désastreuse, dû au fait de très
mauvais prêts. Alors, il a fallu faire prendre des provisions
considérables, baisser les coûts. C'est tout un ensemble, mais le
courtage y a été pour beaucoup. Cela a donné lieu à
des procès considérables.
M. Giasson: Vous ne pensez pas qu'il y a eu une faiblesse en
cours de fonctionnement? Il y a des vérifications qui doivent se faire
au-delà des différents comités qui administrent la caisse.
Il doit tout de même y avoir du monde qui va voir la
réalité, le portrait, l'image précise; pourquoi ce n'est
pas fait en cours de route?
M. Joron: Le service d'inspection de la fédération
est là. Il appartient à la fédération de
vérifier ses caisses. Ensuite, le service d'inspection de la
fédération fait rapport au ministère. C'est à la
suite de tout ce qui s'est passé que le ministère a justement
été dans l'obligation d'intervenir, à partir de
renseignements que nous avions, pour dire: Ecoutez, ça ne va pas.
M. Giasson: Mais il y a certainement eu certaines plaintes qui
sont entrées au ministère, un jour ou l'autre, avant qu'on
découvre qu'il y avait de mauvais prêts, que cela avait
été mal évalué, surévalué. Il a
dû se trouver des gens qui ont senti qu'il y avait anguille sous roche ou
qui ont vécu des difficultés avec la caisse, qui ont dû
monter
jusqu'au niveau du ministère pour réclamer une
enquête ou...
M. Joron: Je ne le sais pas. Je n'étais pas au
ministère à ce moment-là. S'il y a eu des plaintes
formelles, je ne le sais pas. Je ne le pense pas.
A ma connaissance je n'étais pas à ce service, non
plus c'est que tout semblait, au départ, aller de la meilleure
façon au monde. C'est que la caisse montait des profits. Tout allait
bien. Évidemment, il y avait de nombreux prêts, de nombreux
dépôts, ce qui fait que, au départ, la situation semblait
bonne. C'est simplement, comme M. Bouchard l'a mentionné, à la
suite de certains rapports d'inspection de la caisse, qu'au ministère on
a commencé à découvrir certaines choses, ce qui a
amené le ministère à poser des gestes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau du principe, peut-être que M. Rioux,
même s'il n'est pas à la table centrale, pourrait me
répondre. Il y a eu le sommet sur la coopération. Est-ce que des
sujets comme ceux-là ont été discutés? Est-ce qu'il
y a d'autres mouvements? Nous parlions, l'autre soir, de certaines grosses
organisations qui ont réussi dans le domaine coopératif, surtout
au niveau des caisses populaires, des caisses d'entraide, etc. Est-ce qu'il
semble y avoir une volonté d'aider les caisses qui sont
déjà en opération? On s'était engagé
je parle des dirigeants de ces grandes coopératives à
promouvoir le développement coopératif. Est-ce qu'il a
été question d'aider, justement, les coopératives qui sont
en difficulté? Parce qu'il y a là un principe et, comme le
disaient, tout à l'heure, M. le ministre et M. le sous-ministre, s'il
arrivait une faille aussi énorme que celle-là et qu'on doive y
faire face et fermer cette caisse, de sorte que plusieurs sociétaires
perdraient de l'argent, je pense que ce serait un dur coup au mouvement
coopératif, surtout qu'on vient de fonder une Société de
développement coopératif. Est-ce que cela a été
discuté à ce niveau ou bien s'ils ne veulent rien savoir? Est-ce
qu'ils analysent cela comme l'entreprise privée pourrait l'analyser en
disant: C'est un concurrent? Je ne parle pas du concurrent, mais du principe
coopératif.
M. Joron: Entre les différentes fédérations,
s'il y a un esprit d'entraide?
M. Goulet: Ce sont des concurrents, mais, par contre, ces gens
veulent promouvoir le développement coopératif. Au sommet de la
coopération, ils s'étaient engagés formellement à
promouvoir et à aider les nouvelles coopératives à
démarrer, mais aussi à maintenir celles qui sont là.
M. Joron: Au niveau financier, l'intercoopéra-tion dont il
a été le plus question au sommet, ce n'était
peut-être pas tant entre les différentes composantes du mouvement
financier coopératif qu'entre le mouvement financier et, par exemple, le
mouvement agricole de production, etc., pour procurer du financement.
Évidemment, dans une très grosse fédération, une
confédération maintenant, comme Desjardins, plus le nombre de
caisses est grand, plus, à l'intérieur de leurs propres
ressources, elles peuvent avoir des réserves suffisantes pour
dépanner une caisse sur 1200, qui serait en difficulté, par
exemple. C'est un peu comme le principe de l'assurance. Plus c'est vaste, plus
c'est facile de supporter...
Le problème se pose aux plus petites fédérations,
comme celles dont on parle à l'heure actuelle. Par contre, c'est
délicat aussi, parce que vous savez que récemment, l'année
dernière, une plus petite fédération, la
Fédération des caisses d'économie, s'est jointe au
Mouvement Desjardins. Il y a toujours, évidemment, latentes,
derrière tout cela, des questions de fusion possible, éventuelle.
Évidemment, les plus petits tendent à vouloir préserver
leur autonomie. Alors, c'est un peu délicat pour nous d'intervenir ou
même de commenter. Si on respecte l'autonomie et la liberté des
coopérateurs, c'est à eux de décider avec qui ils veulent
s'affilier. Il est évident qu'une plus petite fédération,
qui a moins de ressources, est moins bien placée qu'une grosse
fédération à cet égard.
M. Goulet: Est-ce que vous avez une étude dans vos
dossiers, jusqu'ici? (12 h 30)
M. Joron: Non, elle n'est pas du tout impliquée dans le
secteur financier.
M. Giasson: A la suite des recherches que vous avez certainement
menées, est-ce que vous n'auriez pas découvert des formes
possibles de conflits d'intérêts?
M. Joron: Dans ce cas?
M. Giasson: Ceux des administrateurs qui, tout en étant
administrateurs, pouvaient être professionnels et aller chercher des
mandats, des choses comme cela.
M. Joron: Non, nous n'avons pas relevé de conflits
d'intérêts. En tout cas, cela ne nous a pas frappés. On
sait qu'il y a des professionnels au conseil d'administration de
Vaudreuil-Soulanges, on sait cela, mais on n'a pas vu qu'il y avait un
problème possible.
M. Giasson: Vous n'avez rien décelé de ce
côté-là?
M. Joron: On n'a pas dans nos dossiers de renseignements qui nous
permettraient de dire: II faut faire une enquête.
M. Giasson: Je ne m'explique pas, parce que je n'ai pas les
détails, les raisons pour lesquelles on continue d'accumuler des
déficits de l'ordre de $7000 et $8000 par mois. Comment comprendre
cela? D'abord, s'il n'y a plus de déposants qui viennent à
cause du contexte, donc, il n'y a pas d'entrée nouvelle d'argent.
Cependant, vous continuez d'administrer les sommes qui sont là. Les
administrateurs que vous avez délégués,
désignés perçoivent les entrées. Est-ce que vous
avez un bloc de personnes si important que cela génère de tels
déficits?
M. Joron: Qu'est-ce qui génère le déficit?
C'est là votre question?
Je pense que le point le plus important, cela a été la
montée des taux d'intérêts. Il y a beaucoup de prêts
sur hypothèque aux taux les plus bas qui sont de 9%, 10% et des
prêts qui ne peuvent être rappelés immédiatement.
D'un autre côté, on devait payer 14% ou 15% sur des
dépôts à terme. C'est un facteur important. Maintenant, il
faut quand même aussi dire que lorsdudernier mois, le mois d'avril, il y
a eu, au lieu d'un déficit, $15 000 de surplus au niveau des
opérations.
M. Giasson: Cela se corrige.
M. Joron: Cela se corrige, mais dans les taux
d'intérêt, il y a des fluctuations qui...
Il y a eu aussi, à cause du retrait de certaines sommes d'argent,
un manque d'argent dans la caisse. Évidemment, la caisse devait quand
même offrir un certain nombre de services à ses
sociétaires.
M. Goulet: Avec la confiance d'une nouvelle affiliation,
avez-vous des données disant qu'avec ces $600 000 on prévoit que
dans deux ans... Est-ce qu'il y a un plan de relance qui a été
analysé...
M. Joron: Analysé, oui.
M. Goulet: ... et dire aux sociétaires: Ecoutez, on pense
sincèrement que dans deux ans ou dans six mois, on va être
à tout le moins, sans faire de bénéfices, à
zéro?
M. Joron: La fédération, la première
intéressée, avait dressé un plan de relance qu'elle a
soumis au ministère et qu'on a étudié avec elle et,
à la suite d'échanges et de conversations, il a été
amélioré. Nous, nous étions convaincus également
que cette relance était possible. C'est la raison pour laquelle on
était prêt à épauler la moitié des sommes
nécessaires à cette relance. On était convaincu, oui, que
dans un délai à peu près comme celui que vous mentionnez,
deux ou trois ans, il y aurait eu moyen de...
M. Goulet: Si on se permet de mettre en tutelle, si on peut
employer cela, la loi ne vous permet pas d'obliger cette...
M. Joron: Non.
M. Goulet: Non.
M. Joron: Obliger quoi?
M. Goulet: Je veux dire, les sociétaires ont
voté... Même si les sociétaires décident de
s'affilier, vous ne le pouvez pas. Si vous pouvez mettre une tutelle, vous ne
pouvez pas dire: D'accord, on l'essaie pendant deux ans. Vous n'avez pas le
droit selon...
Je n'ai plus d'autres questions.
M. Giasson: II n'y avait pas un certain M. Wisenberg, quelque
chose de ce genre? Quelle était sa fonction, son titre à la
caisse?
M. Joron: II était gérant de la caisse.
M. Giasson: II était gérant de la caisse. Il a
été remercié de ses services? On l'a remercié parce
qu'on voulait diminuer les charges administratives?
M. Joron: Cela a été une des causes de
mésentente entre le nouveau conseil d'administration et ce monsieur.
Lui, il était en charge, il avait mis l'accent sur un certain aspect de
l'administration qui était de la perception, de la perception et de la
perception, et il semblerait que cela ait causé des difficultés
majeures, cette attitude. Elle n'était pas complétée par
d'autres éléments administratifs qui auraient dû être
faits, par exemple, un contrôle plus serré du service des
prêts hypothécaires, ne pas prêter à des valeurs plus
élevées que la valeur de l'hypothèque et la valeur
municipale, par exemple, des choses semblables, et exercer un contrôle
sur son service de courtage. C'est un peu ce qu'on lui a reproché
à ce moment.
M. Giasson: Et on lui a fait accepter de résilier son
poste contre compensation?
M. Joron: Je ne me rappelle pas à quelles conditions il a
quitté. Je ne me rappelle pas si on lui a versé une
rémunération. Je ne pourrais pas vous le dire. Je pourrais
m'informer.
M. Giasson: Je crois savoir qu'il y a eu
rémunération.
M. Goulet: On ne l'a pas gardé comme conseiller de M.
Cazavan, non?
M. Joron: Non, je suis certain qu'il n'est pas là. Il
n'avait pas été sous-ministre pendant dix ans, lui.
M. Giasson: On a dû lui demander de se retirer contre un
versement forfaitaire de $15 000, je pense.
M. Joron: C'est possible, je vais m'informer.
M. Giasson: Qu'est-ce qu'il va advenir de gens qui, comme je l'ai
dit tout à l'heure, de bonne foi ont négocié avec la
caisse, surtout dans le cas d'immigrants, comme vous l'avez signalé, qui
ont fait venir d'Europe toute les économies qu'ils avaient là-bas
à la suite de la vente de leurs biens,
qui ont confié cela à la caisse et qui, un matin,
découvrent que cet argent, ils le perdent totalement?
M. Joron: II y a deux raisons pour lesquelles ces gens risquent
de subir un préjudice financier. La première, c'est qu'on leur a
vendu des terres ou ils ont accepté d'acheter des terres à des
prix qui étaient surévalués; c'est la première
chose. C'est l'une des raisons pour lesquelles, d'ailleurs, il y a un
deuxième volet à la protection du consommateur qui porte sur
l'immobilier, qui est en préparation, qui devrait être connu au
cours des douze mois qui viennent.
M. Giasson: Tout de même, dans ce cas, M. le ministre,
c'est flagrant que c'était la caisse qui jouait ce jeu.
M. Joron: Oui.
M. Giasson: On disait à des immigrants: II y a une
entreprise agricole qui, selon nous, vaut $200 000...
M. Joron: On vous vend cela pour $400 000!
M. Giasson: Elle pouvait valoir faisons une
hypothèse $100 000 et on disait qu'elle valait $200 000. Vous
nous déposez ce que vous avez d'argent pour qu'on commence la
transaction et, après, on se porte garant que l'Office du crédit
agricole va vous prêter l'argent.
M. Joron: C'est exactement cela.
M. Giasson: Mais on savait bien, à ce moment-là,
que l'Office du crédit agricole n'irait pas jusqu'au prix qu'on donnait
à la ferme.
M. Joron: Parce que ça ne valait pas tant que ça.
C'est cela, exactement. Il y a eu de la fausse représentation.
M. Giasson: En termes de chez nous, on a fourré du
monde!
M. Joron: Oui, c'est clair! C'est ce qui s'est répandu
dans le milieu.
M. Goulet: Tout le monde a l'air de comprendre, pas juste le
député de Montmagny-L'Islet!
M. Giasson: C'était mené par les
établissements qui avaient des services de courtage et d'autres
services, d'accord, mais c'était la même équipe, encore une
fois.
M. Joron: Certaines personnes, d'accord.
M. Giasson: II y avait des gens qui rêvaient en couleur
là-dedans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le ministre, l'enquête a été
faite sur quelle période de temps? Vous avez remonté
jusqu'où, au niveau de l'enquête? Vous avez fait une
enquête, des vérifications sur le fonctionnement de la caisse et
tout cela.
M. Joron: Vous référez à l'enquête qui
a mené à la tutelle, là?
M. Lavigne: Le travail de vérification que vous avez fait
pour en arriver aux conclusions que vous connaissez maintenant. Lors de la
vérification des livres, etc., à la caisse, vous avez
remonté jusqu'où dans le temps? Cela s'est-il fait sur
l'année courante, sur les deux dernières années, sur les
cinq, dix, quinze ou vingt dernières années?
M. Joron: Non, non, on n'est pas allé si loin que
cela.
M. Lavigne: Elle existe quand même depuis fort longtemps,
cette caisse. J'ai demeuré dans la région dans les années
soixante et elle existait.
M. Joron: Si mon souvenir est exact, nous avons
enquêté sur la partie qui pouvait justifier la situation
financière. On n'a pas dû remonter à plus loin que deux ou
trois ans.
M. Lavigne: Bon. C'est un malaise que je connais parce que j'ai
été sociétaire de cette caisse dans les années
soixante.
M. Joron: Oui.
M. Lavigne: Je demeurais à Dorion à l'époque
et on sentait déjà, comme sociétaires, un malaise assez
profond.
M. Joron: Nous avions ces informations au ministère et
nous les donnions constamment à la fédération en disant:
Écoutez, ce n'est pas un problème récent. D'accord, le
problème vient d'éclater, mais les renseignements que nous avions
au ministère montraient que dans le milieu il y avait un malaise depuis
fort longtemps. L'opinion que nous avions de la région était que
cette caisse, même si techniquement parlant elle ne montrait pas une
situation qui pouvait justifier l'intervention du ministère, avait une
renommée ou une réputation qui était pour le moins
discutable, en tout cas, sans qualifier cette renommée. Les gens de la
fédération nous disaient que non. On disait: Écoutez,
l'écho qu'on a au ministère, ce n'est pas tout à fait
votre optimisme, mais on n'avait pas de raison pour justifier l'intervention
sauf quand cela a éclaté.
M. Lavigne: On peut arriver à toutes sortes de conclusions
ou hypothèses à partir du moment où vous me faites cette
réponse. Si la fédération soutenait que l'administration
était sans reproche, c'est peut-être qu'il y avait entre les
administrateurs de la caisse et les gens de la fédération des
liens intimes.
M. Joron: C'est difficile de répondre à cela. M.
Lavigne: Je vous remercie.
M. Giasson: J'ai bien l'impression que ce sera difficile pour les
gens de bonne foi, les immigrants qui sont venus, de récupérer
les sommes d'argent.
M. Joron: II y a des poursuites aussi, au civil, devant les
tribunaux, de la part de certaines personnes.
M. Giasson: Mais les poursuites se font contre la caisse ou
contre les individus qui géraient, qui administraient?
M. Joron: Conjointement. M. Giasson: Conjointement.
M. Lavigne: ... dans les poursuites qui vont être
effectuées ou qui sont peut-être déjà
effectuées au moment où on se parle, vous reculez jusqu'où
dans le temps pour impliquer les gens? Est-ce que vous impliquez les
dernières personnes qui étaient en place ou...
M. Joron: Ce n'est pas nous qui poursuivons, ce sont les gens
lésés qui ont logé des plaintes.
M. Lavigne: Les gens lésés, oui. A ce
moment-là, on peut peut-être découvrir des choses lors des
procès.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 3? On peut adopter le programme 3? Adopté.
Programme 4.
M. Giasson: II y a combien d'éléments
là-dedans?
Le Président (M. Boucher): Dans le programme 3, il y a
cinq éléments.
M. Giasson: Avant d'adopter là...
Le Président (M. Boucher): Avant d'adopter, M. le
député de Montmagny-L'Islet. On avait dit qu'on discutait de tous
les éléments ensemble et qu'on les adoptait globalement.
M. Giasson: Dans votre système de contrôle et de
surveillance des compagnies de fiducie et des compagnies de finance, est-ce que
vous avez la capacité de suivre d'assez près ces organismes
financiers pour qu'ils ne versent pas dans des abus en matière de taux,
de perception et de calcul de ces taux?
M. Joron: Oui. D'abord, leur nombre n'est pas très
élevé; je pense qu'il y a au total une trentaine de compagnies de
fiducie et de finance qui relèvent de ce service. M. Vaillancourt, le
directeur du service, peut peut-être profiter de l'occasion pour vous
expliquer le fonctionnement de notre système de contrôle et de
surveillance des sociétés de fiducie et de finance.
D'abord, il y a 40 compagnies dont 20 québécoises; les
autres sont réparties entre le fédéral et d'autres
provinces. A chaque année, une fois par année, on reçoit
les états financiers de chacune de ces compagnies, qui sont
analysés par des gens du service, des analystes. De plus, il y a une
inspection de faite par le service d'inspection du ministère sur chacune
de ces compagnies. On inspecte leurs opérations. Le rapport d'inspection
est transmis à notre service et ce rapport est analysé par nos
analystes. S'il y a des choses qui ne vont pas, on corrige avec les compagnies,
on leur demande de faire les corrections nécessaires.
De plus, au moins trois fois par année, on fait des analyses de
leurs liquidités. En matière d'inspection, c'est à peu
près cela.
M. Giasson: Ce sont là les contrôles que vous
avez?
M. Joron: Oui.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... la corporation Crédit hypothécaire,
est-ce que c'est une compagnie de fiducie?
M. Joron: Le Prêt hypothécaire.
M. Mathieu: Oui, le Prêt hypothécaire.
M. Joron: Le Prêt hypothécaire est une compagnie de
prêt.
M. Mathieu: Mais est-ce qu'elle est dans cette catégorie?
Est-ce qu'elle est classée dans cette catégorie que nous
étudions maintenant?
M. Joron: Non, mais la surveillance de ce genre de compagnie de
prêt est faite également par notre service.
M. Mathieu: Alors, elle relève...
M. Joron: Mais il n'y a pas de loi-cadre qui prévoit
des...
D'ailleurs, il y en a peu de ce type de compagnie. Il y en a trois, en
fait. (12 h 45)
M. Mathieu: Est-ce qu'elle est sous tutelle ou est à
l'étude pour être mise sous tutelle?
M. Joron: Elle est sous tutelle depuis le 15 avril. Il y a un
administrateur provisoire qui remplace le conseil d'administration et qui est
en train de regarder la situation financière. Il doit faire rapport
avant la fin du mois.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Giasson: Pas relativement à l'élément 2.
L'élément 3, contrôle et surveillance des compagnies
d'assurance. De quelle façon surveillez-vous la tarification des
compagnies d'assurance générale...
M. Joron: Voilà...
M. Giasson: ... dans le secteur de la responsabilité,
dommages matériels, dommages aux biens?
M. Joron: M. Jacques Roy, surintendant des assurances, se fera
sûrement un plaisir de parler de son domaine.
M. Giasson: Que prévoyez-vous, M. Roy? M. Joron:
Pour l'an prochain?
M. Giasson: Oui, dans le domaine de la tarification, dans le
monde de la tarification.
M. Joron: M. le Président, nous sommes responsables de
l'étude des tarifs des assureurs et nous devons faire rapport au
ministre chaque année. Le ministre dépose à
l'Assemblée nationale ce rapport qui vient d'être
déposé il y a quelques semaines. Dans la conclusion de ce rapport
et je pense que ça vaut la peine de le reprendre je vais
le citer comme ceci: "Dans le contexte inflationniste actuel, il serait vain
d'espérer que les primes restent à ce niveau en 1980, à
moins que la fréquence des sinistres diminue de façon
appréciable ". On n'a pas d'indication que la fréquence des
sinistres diminue réellement. Je pense qu'il faut effectivement
s'attendre en 1980 à des hausses de primes. Elles ont d'ailleurs
déjà commencé.
Il faut placer ça dans un contexte historique. C'est à la
suite de trois années d'intense compétition le
député de Montmagny-L'Islet qui est familier avec ce domaine le
sait mieux que quiconque autour de cette table qui ont amené dans
le domaine commercial des baisses dramatiques de primes.
M. Giasson: C'est le vieux cycle du monde de l'assurance
générale.
M. Joron: Exactement. Vous l'avez vécu depuis plusieurs
années. Vous le savez mieux que quiconque. Évidemment, ces cycles
ont une fin. On pense bien qu'on arrive à la fin d'un tel cycle, donc,
que les primes qui n'ont pas marché en parallèle avec le
coût des autres types de services ou de l'inflation en
général... Il serait illusoire de penser que ça peut
continuer indéfiniment.
M. Giasson: Je n'ai jamais compris pourquoi l'industrie
parce que c'est l'industrie au départ qui est la première
responsable forte de l'expérience qu'elle connaît, surtout
les entreprises qui sont dans le monde de l'assurance depuis longtemps, ne
résistent pas à cette tentation qu'à un moment
donné dans le temps pour aller chercher un volume, on fasse des coupures
draconiennes et on s'en aille vers des déficits de fonctionnement.
Après ça, chez les mêmes clients que ces assureurs
assurent, on arrive avec une tarification qui subit des bonds d'augmentation
incroyables. Le consommateur, l'utilisateur de l'assurance se demande, chaque
fois qu'il fait face à une nouvelle augmentation il oublie qu'il
y a eu des baisses s'il n'est pas en train de se faire voler royalement.
C'est une réaction tout à fait humaine. Le courtier ou l'agent
qui est l'intermédiaire entre le consommateur, le client et les
compagnies passe pour le voleur.
M. Joron: II y a...
M. Giasson: II passe pour le voleur. Egalement, quand vous
arrivez à des périodes de compétition intense ou des
coupures de tarification de taux qui sont énormes, il va voir un autre
courtier et il dit à son ancien courtier: Tu m'a donc bien volé!
Je suis capable d'avoir la même couverture et même des couvertures
additionnelles à des coûts réduits presque de 50%. Pourquoi
m'as-tu volé pendant tant d'années? Mais dans le monde de
l'industrie vous avez des relations constantes avec l'industrie
est-ce que ce sont là des choses que vous avez examinées et
discutées en vue de maintenir un équilibre plus normal?
M. Joron: Effectivement, on en discute assez
régulièrement et on a même essayé de mettre des
normes qui assurent une plus grande stabilité. L'an dernier,
l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi qui changeait les
normes de solvabilité des assureurs et la façon de mesurer la
solvabilité, de sorte que leurs résultats sortent de
façon, disons, un peu plus régulière et qu'il y a
constance pour amoindrir les cycles. Mais, malgré cela, il demeure que
c'est bien humain, comme vous l'avez si bien dit; lorsque les années
sont, disons, de vaches grasses, il est un peu normal que ceux qui sont
responsables d'établir les taux se sentent plus sécurisés
et voient l'avenir de façon peut-être un peu trop optimiste.
A l'inverse, lorsque les années sont des années de vaches
maigres, on voit les nuages noirs et immédiatement on a tendance
à augmenter les tarifs, parfois de façon
exagérée.
Heureusement, maintenant, nous avons le programme de surveillance des
tarifs qui peut apporter un certain frein à des hausses
inconsidérées. Mais il demeurera toujours, je crois, que
l'établissement du prix de l'assurance automobile ou toute autre forme
d'assurance, c'est de l'incertitude, c'est quant à l'avenir. Le
coût réel n'est pas connu, ne sera connu que dans l'avenir et,
dans ces circonstances, il y a toujours l'élément humain
d'optimisme ou de pessimisme qui peut s'introduire quant à l'avenir,
avec le résultat que, si on ajoute la concurrence, et la concurrence, on
l'a vue, on le sait, elle est forte au Québec...
Lorsqu'un assureur important ou plusieurs assureurs importants
finalement posent leur jugement quant à l'avenir, il y a des
répercussions. Vous l'avez dit pour les courtiers, il y en a pour le
public aussi. Peut-être qu'on pourrait noter que les choses
paraissent parfois pires qu'elles sont réellement; je vais vous donner
un exemple. Si la prime se situe à $200 je prends un exemple un
peu à la limite si on la diminue à $100 dans une
année, c'est une diminution de 50%. Si, l'année suivante, on la
rétablit au même niveau, à $200, on va dire: La prime a
augmenté de 100%, elle a doublé, alors qu'en
réalité, finalement, le véritable phénomène
n'est pas si important que cela. C'est cela, c'est le phénomène
cyclique qui repose sur l'élément humain, sur l'incertitude et
sur la concurrence. On fait l'impossible pour essayer de régulariser les
cycles, mais je ne crois pas qu'on puisse jamais avoir un succès
parfait, compte tenu des éléments en jeu.
M. Giasson: Ce qu'on a vécu récemment a
peut-être contribué davantage à accentuer le cycle. Ce qui
est arrivé, c'est que les assureurs privés ont perdu un bloc de
primes important, avec la création de la régie, pour les
blessures corporelles. Beaucoup d'entre eux ont pensé qu'ils devaient
récupérer, coûte que coûte, ce bloc de primes,
éliminer les dossiers, les affaires, en allant dans d'autres domaines,
soit les domaines commerciaux, et offrir des contrats avec une tarification
réduite, de façon à créer un autre terrain et
à tenter d'aller chercher, de remplacer ce volume de primes qu'on a
perdues pour ne pas trop déséquilibrer, dans l'espace d'une seule
année, l'ensemble de l'opération de l'industrie ou de la
compagnie. C'est arrivé une fois dans peu de temps. A moins que le
ministre ne nous dise qu'il veut faire une autre percée à
l'intérieur de l'assurance automobile, qu'il veut se diriger vers les
dommages matériels ou encore les dommages au véhicule
lui-même, on ne devrait pas connaître une répétition
de l'expérience qui a suivi l'année 1978, qui en a marqué
l'entrée.
M. Joron: D'abord, pour répondre à une partie de
votre question, le ministre n'a pas l'intention... ou bien non, vous ne lui
prêtiez pas cette intention, mais vous lui demandiez, d'une part. D'autre
part aussi, ce qu'il faut regarder, c'est que la même vague, le
même cycle est arrivé non seulement au Québec, mais dans
toute l'Amérique du Nord. La grande vague de compétition et de
concurrence entre les compagnies d'assurance... Elles sont nombreuses au
Québec. Il y en a autour de 600, je pense, qui oeuvrent, qui ont des
permis de vente d'assurance au Québec, c'est exact? C'est cela, dont 130
environ dans l'assurance automobile.
Parmi ces 600, on pourrait dire qu'il y a presque toutes les compagnies
du monde qui sont représentées. C'est un domaine hautement
concurrentiel en partant, et la grande vague de concurrence n'a pas
été amorcée au Québec; c'est un
phénomène que vous retrouvez aux États-Unis et dans tout
le Canada. Je pense que l'entrée en vigueur de l'assurance automobile au
Québec, finalement, quand on regarde ce qui s'est passé ailleurs,
on ne voit pas beaucoup plus d'effets en tant que facteurs attisant la
concurrence que ce qu'on a pu observer aux États-Unis ou ailleurs. La
flambée de la concurrence n'a pas trouvé son origine au
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je vois qu'on a avec nous le
surintendant des assurances. De par vos fonctions, vous avez un droit de regard
sur toutes les compagnies d'assurance faisant affaires au Québec. Est-ce
que vous avez un droit de regard sur la Régie de l'assurance automobile
du Québec, sur son administration, ses placements, son fonds de
réserve, comme surintendant des assurances? Par exemple, sur sa grille
de tarification, est-ce que vous, comme surintendant des assurances au
Québec, avez un droit de regard là-dessus?
M. Joron: Seulement sur les compagnies d'assurance
privées.
M. Goulet: Vous n'avez aucun pouvoir consultatif auprès du
Conseil des ministres non plus?
M. Joron: Rien de structurel.
M. Goulet: Rien de structurel. J'aimerais savoir pourquoi une
compagnie d'assurance aussi importante que la Régie de l'assurance
automobile du Québec, tout étatique soit-elle on s'entend
là-dessus a-t-elle un traitement de faveur par rapport, par
exemple, aux compagnies privées? La Régie de l'assurance
automobile du Québec, quant à moi, c'est une compagnie
d'assurance; c'est une compagnie d'État, mais une compagnie d'assurance.
Pourquoi un traitement de faveur? Pourquoi vous, surintendant des assurances,
avez-vous un droit de regard sur tout et que sur cela... Si vous êtes
expert et vraiment compétent pour avoir un droit de regard, pourquoi le
gouvernement ne vous demande-t-il pas ce qui se passe également, surtout
au niveau de la tarification?
M. Joron: Je peux vous donner mon opinion personnelle...
M. Goulet: M. le Président, si M. Roy me permet, lorsqu'il
dit "mon opinion personnelle" je compte bien avoir l'opinion du surintendant
des assurances du Québec.
M. Joron: Oui, absolument. M. Goulet: On s'entend?
M. Joron: Ceux qui décident du contrôle à
exercer sur les entreprises publiques sont l'Assemblée nationale et le
Conseil des ministres, et il peut y avoir toutes sortes de motifs à de
telles décisions. En ce qui concerne le surintendant des assurances, il
va de soi qu'il faut qu'il exerce un
contrôle sur toutes les institutions privées d'assurance;
quant aux institutions publiques d'assurance, il y en a plusieurs, il n'y a pas
que la Régie de l'assurance automobile, il y a la Régie de
l'assurance-maladie, la Régie des rentes, la Commission des accidents du
travail, il y a définitivement toujours un contrôle qui s'exerce
sur toutes ces institutions par le Vérificateur général
qui est absolument indépendant de l'administration publique quotidienne.
Le Vérificateur général répond à
l'Assemblée nationale.
Je crois qu'il s'agit là d'un système de contrôle
qui peut, dans une certaine mesure, être peut-être plus efficace
que si on confiait le contrôle des institutions publiques à un
fonctionnaire qui relève d'un des ministres du gouvernement et du
Conseil des ministres ultimement, plutôt que de l'Assemblée
nationale. J'ajouterais, dans le cas de la Régie de l'assurance
automobile, sans qu'il y ait un contrôle direct du surintendant des
assurances, il y a le contrôle du Vérificateur
général, mais il y a aussi, en plus des normes contenues dans la
Loi sur l'assurance automobile, des normes de solvabilité et des normes
quant à l'établissement de la tarification; il y a une expertise
actuarielle obligatoire qui est prévue dans la loi, avant que le Conseil
des ministres, finalement, accepte ou refuse les recommandations du conseil
d'administration de la régie quant à la tarification. (13
heures)
M. Goulet: M. le Président, hier, la présidente de
la Régie de l'assurance automobile nous a parlé d'une
éventuelle tarification qui irait possiblement au double. On lui a
demandé: Est-ce que ce sera $85 ou plus? Elle a dit: Les données
actuarielles ne nous permettent pas d'avancer des chiffres, mais, selon les
propos qu'on a pu entendre ou selon les propos qu'elle a pu tenir, il semble
que ça va être assez énorme. J'aimerais savoir du
surintendant, si une compagnie privée, au cours de la même
année, au cours d'une seule fois doublait ses tarifs, est-ce qu'il
interviendrait ou s'il dirait: Bien, on y va.
M. Joron: Ecoutez, là-dessus, M. le Président, il
est clair que le surintendant non seulement pourrait intervenir, mais
interviendrait si la situation ne commandait pas de doubler les tarifs. Dans le
cas d'une entreprise privée, elle doit déposer ses tarifs au
bureau du surintendant des assurances qui a, lui, l'obligation d'en faire
l'analyse et s'il constate que l'augmentation prévue par l'assureur en
question dépasse ce à quoi normalement on devrait s'attendre, le
surintendant peut lui demander de justifier ces augmentations.
Effectivement, nous avons demandé à quelques assureurs de
justifier leurs augmentations. Enfin, le surintendant n'aurait pas le pouvoir
d'empêcher l'assureur d'appliquer l'augmentation, mais pourrait lui
demander de la justifier. Si la justification n'est pas satisfaisante, il en
ferait rapport au ministre.
M. Goulet: Une dernière question en ce qui me concerne.
Oui, un consentement de deux secondes. Le coût de fonctionnement du
service des assurances, c'est payé par qui?
M. Joron: Par les compagnies d'assurance. M. Goulet:
Privées? M. Joron: Privées.
M. Goulet: Pourquoi la Régie de l'assurance automobile du
Québec ne contribue-t-elle pas à ça, justement? Je pense
que c'est le seul service gouvernemental qui est payé, qui est
défrayé entièrement par le secteur privé et il
n'est pas le seul, un des rares je vois M. le sous-ministre qui fait
signe que non services, au niveau gouvernemental, qui est payé
entièrement par l'entreprise privée. Pourquoi la Régie de
l'assurance automobile ne viendrait-elle pas contribuer aussi parce qu'elle en
bénéficie?
Vous n'en bénéficiez pas du tout?
M. Joron: De fait, ce sont les compagnies qui font l'objet d'un
contrôle qui paient pour ce contrôle. Or, la régie n'est pas
contrôlée par le service des assurances.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais une autre question,
mais je pense bien qu'on est mieux de suspendre.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous allons suspendre
jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 14 h 12
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 13 heures, nous en étions encore au programme
3. M. le député de Montmagny-L'Islet avait demandé la
parole.
M. Giasson: M. le ministre, il y a environ deux ans, deux ans et
demi, je n'ai pas cela précisément à la mémoire,
j'avais eu l'occasion de poser certaines questions à l'Assemblée
nationale à votre prédécesseur, Mme Payette, relativement
au dossier d'un courtier d'assurances qui, d'après les données
que nous avions à l'époque, aurait décidé de
créer sa propre compagnie d'assurance, mais sans en parler à
personne, c'est-à-dire émettre des polices en y inscrivant des
noms de compagnies, des polices collectives, souscriptions. Comme l'affaire
était devant les tribunaux, le ministre, votre
prédécesseur, s'était opposé invoquant le subjudice, mais il m'apparaît que ce dossier doit être
examiné depuis le temps. Qu'en est-il advenu?
M. Joron: C'est dans votre coin que cela se passait,
Rivière-du-Loup.
M. Giasson: Qu'est-il arrivé après que les
enquêtes ont été menées vis-à-vis de tous ces
assurés qui, du jour au lendemain, ont découvert qu'il y avait
des polices d'assurance qui n'existaient effectivement pas? Est-ce que ces gens
ont pu récupérer les primes qui avaient été
engagées dans ces polices fictives, au fond, parce que tout ce monde a
été obligé de payer de nouveau une prime aux vrais
assureurs qui étaient dans le monde des affaires?
M. Joron: M. Mailloux, du service des assurances, va vous
répondre.
De mémoire, un jugement a été rendu dans ce cas.
Malheureusement, les données exactes du jugement ne me reviennent pas
à ce moment-ci. Je pense que le mieux, ce serait de consulter le dossier
avant de vous répondre de façon spécifique.
Si le député le permet, on pourrait, au cours de la
semaine prochaine, lui faire parvenir, ainsi qu'aux autres membres de la
commission, si la chose les intéresse, en résumé, par
écrit, la situation de ce cas. Je vous avoue que je ne le sais pas.
M. Giasson: Peut-être que le directeur du service pourrait
me dire de quelle façon on a découvert l'existence de... Votre
prédécesseur...
M. Joron: Oui, à mon prédécesseur et je
pense que j'aimerais mieux laisser M. Mailloux expliquer.
De mémoire, c'est que M. Côté se serait
présenté chez nous pour demander certaines informations
relativement à la formation d'une compagnie d'assurance. Toutes choses
étant égales nous avons, comme on le fait habituellement,
porté une attention à la requête qui nous était
faite et l'évolution des événements a voulu qu'en fin de
compte ces faits viennent à notre connaissance. A ce moment, cela a
été confié toujours de mémoire aux
autorités compétentes pour s'occuper de ce qui se passait, ce
qu'on pouvait réunir comme éléments, ce qui fait que le
dossier a abouti devant les tribunaux. C'est à peu près cela le
tour de la situation. (14 h 15)
M. Giasson: Mais de mémoire, vous souvenez-vous si vous
aviez trouvé, une fois que vous avez pris en main toute l'affaire, le
bureau de M. Côté, s'il y avait assez d'éléments
d'actifs pour être capable de compenser les assurés?
M. Joron: C'est qu'à ce moment, au moment où a
été saisi le document ou quelque chose du genre, c'est l'escouade
des crimes économiques qui, effectivement, menait le dossier, ce n'est
pas le service des assurances. Alors, cela s'est fait justement sous la
direction de l'escouade des crimes économiques, en autant que je me
souvienne.
M. Giasson: C'est cette escouade qui est le meneur de jeu dans
cette opération?
M. Joron: A notre connaissance.
M. Giasson: Puis la protection du consommateur dans tout cela,
parce qu'il y avait là préjudice à l'endroit d'un bon
nombre de consommateurs. L'Office de la protection n'a pas été
mêlé à cela, à votre connaissance?
M. Joron: Si les dirigeants de l'escouade ont estimé qu'il
y avait là matière à procès, justement, ce sont
eux, à ce moment, qui prennent la direction du dossier. Ce n'est pas
nous. Alors, nous, on agit simplement comme personnes-ressources pour des
aspects techniques touchant au domaine des assurances.
M. Giasson: Au service des assurances, vous avez sans doute
reçu copie des états financiers de la plupart des compagnies
d'assurance. Est-ce que la situation que démontrent ces états
financiers diffère beaucoup de celle de l'année
précédente, soit l'année 1979? L'expérience
vécue au cours de 1979 par rapport à 1978 dans les faits, dans
les chiffres, qu'est-ce que c'est?
M. Joron: II faut être bien prudents, parce que, comme je
vous l'ai mentionné tout à l'heure, les normes de
solvabilité et les normes comptables applicables aux compagnies
d'assurance ont changé en 1979, à la suite de l'adoption des
amendements à la Loi sur les assurances et à son
règlement. Si on tient compte quand même de ces amendements, on a
constaté à la réception des états financiers
donnant le portrait des compagnies du Québec à la fin de 1979,
que la situation était en très bonne santé
financière. La solvabilité des compagnies n'était
absolument pas mise en question et pour leur rentabilité, on pourrait
peut-être les diviser en deux. Dans le cas des compagnies d'assurance-vie
c'est relativement comparable à l'année précédente,
alors que dans le cas des compagnies d'assurance générale, si ma
mémoire est fidèle, on a une rentabilité un peu moins
bonne que l'année précédente. C'est bien cela?
M. Giasson: Est-ce que tous ces états montrent ce qu'on
appelle des profits techniques ou si les profits générés
le sont par les placements des entreprises d'assurance
générale?
M. Joron: II y avait des profits techniques, mais pas très
substantiels. Depuis plusieurs années ce n'est pas simplement au
Québec, mais un peu partout en Amérique ce sont surtout
les profits financiers qui font la rentabilité des compagnies
d'assurance générale.
M. Giasson: En 1978, nous avions quelques assureurs
canadiens-français...
M. Joron: Oui.
M. Giasson: ... qui avaient fait de très bons profits
techniques.
M. Joron: ... qui avaient des profits techniques. Oui.
M. Giasson: Revenant à la question de la tarification
qu'on a abordée au départ, vos prévisions en
matière d'augmentation des taux d'assurance automobile, d'abord au
chapitre de la responsabilité pour dommages corporels, cela pourrait
être de quel ordre? De 15%, 20%, 25% ou 30%?
M. Joron: Écoutez, je n'ai pas de chiffre absolument
précis, parce que ce n'est pas nous quand même qui sommes
responsables de l'établir, nous regardons...
M. Giasson: Non, non, mais vous recevez les projections.
M. Joron: Oui. Bien, on les reçoit après le
dépôt des manuels de tarifs des compagnies. Alors, pour le moment,
les compagnies n'ont pas encore déposé, pour la majorité,
les amendements à leurs tarifs. Mais d'après les indications
qu'on peut avoir sur l'expérience statistique des compagnies, je pense
qu'on pourrait s'attendre, pour vous donner très grossièrement
des chiffres, qu'ils excèdent 10% probablement et qu'ils soient en
deçà en moyenne, de 35%.
Je donne un éventail assez large, mais ça devrait
être dans cette fourchette-là peut-être, de 10% à
35%, de façon purement technique. Ce qui est extrêmement difficile
à évaluer, c'est quel pourrait être l'effet de la
concurrence. Même s'il y a une augmentation je crois que vous
l'avez dit plus tôt technique de 15% qui devrait être
appliquée compte tenu des fréquences, compte tenu des coûts
par sinistre, si la concurrence est très forte, il se peut que
l'augmentation se limite à 5% ou à 10%; ça, c'est
seulement après coup que véritablement on peut le déceler.
Mais il y a nettement une augmentation qui est indiquée d'au-delà
de 10%. J'aimerais me limiter à cette indication.
M. Giasson: Devant la concurrence et l'évolution du monde
de l'assurance, avez-vous l'impression que le nombre d'assureurs je
parle des compagnies d'assurance générale, d'abord va
continuer de diminuer? C'est-à-dire qu'il y aura fusion, rachat?
M. Joron: On a été témoin, depuis quelques
années, d'une certaine diminution, même si elle n'est pas
très importante, du nombre d'assureurs. Je ne croirais pas que le nombre
d'assureurs au Québec soit appelé à augmenter
substantiellement, même pas marginalement dans les années qui
viennent, au contraire. S'il y a un phénomène, c'est un
phénomène de concentration des assureurs et de plus grandes
unités, une plus grande unité d'exposition et une plus grande
unité pour faire face aux coûts de plus en plus importants. On a
d'ailleurs un excellent exemple, on l'a encouragé au service des
assurances, au ministère, c'est celui du regroupement des
sociétés mutuelles dans les comtés, les paroisses, les
municipalités.
Nous avons encouragé ces fusions. L'an dernier, il y a eu
au-delà de 100 petites mutuelles qui ont fusionné en 16 mutuelles
plus importantes au niveau du comté; déjà là, on
voit qu'il y a eu une diminution de près de 90 petits assureurs pour une
concentration d'unités un peu plus importantes. En ce qui concerne les
plus grandes assurances, dans les compagnies d'assurance automobile, il y en a
eu aussi un peu moins; il y a eu une diminution d'une dizaine d'assureurs qui
ont le permis pour agir en assurance automobile. Dans les assurances-vie, je
dirais que c'est plutôt stationnaire, le nombre d'assureurs au
Québec, mais il n'y a pas tendance à augmentation du tout.
M. Giasson: Vous venez de faire référence à
la fusion ou au regroupement de plusieurs petites mutuelles de paroisse. A la
suite de ces fusions, il va certainement y avoir une expansion des secteurs ou
des champs d'assurances que les nouvelles mutuelles regroupées vont
explorer. On sait que traditionnellement la mutuelle de paroisse se limitait
presque exclusivement à de l'assurance contre l'incendie; ces
dernières années, elle a un peu touché à la
responsabilité sur les risques de ferme, mais on parle d'aller dans le
champ de l'automobile et même de prendre de l'expansion peut-être
en dehors du secteur agricole qui est un secteur assez réservé
aux mutuelles de paroisse.
Quels sont les moyens de contrôle de la qualification des agents
ou des courtiers? Ce sont plutôt des agents. Quels sont les moyens de
contrôle que le service a à l'endroit de la qualification de ces
gens?
M. Joron: II y a un article, dans la Loi sur les assurances,
autour du no 326, si ma mémoire est fidèle, qui prévoit
une exemption particulière justement pour les dirigeants et les membres
de ces sociétés mutuelles. C'est donc dire que le
législateur a jugé à propos d'exempter ces personnes de la
nécessité de détenir un certificat. Par ailleurs, nous
comprenons, au Service des assurances, que les organismes qui sont en place
pour prendre soin des besoins de formation de ces gens-là oeuvrent de
façon intensive.
Jusqu'à maintenant les réactions qu'on a pu avoir
strictement sur une base d'échanges nous laissent croire que ce qui se
fait est valable, est intéressant et devrait contribuer de façon
positive à la formation des gens qui oeuvrent dans le secteur des
mutuelles au niveau rural.
M. Giasson: Je comprends qu'on pouvait être très
ouverts à l'endroit des gens qui étaient les vendeurs de ces
mutuelles, quand c'étaient de petites entreprises qui se limitaient
à la petite police-incendie traditionnelle. Mais avec les champs
nouveaux que veulent exploiter les mutuelles renouvelées, je crois
maintenant que pour la sécurité du public il y aurait lieu de
revoir cet article de la Loi sur les assurances et de demander aux gens qui
vont oeuvrer, qui vont tenter de donner le service d'avoir des normes minimales
de qualification et de connaissances puisqu'ils vont aller dans plusieurs
nouveaux champs d'assurance par rapport à ce qu'ils faisaient
autrefois.
M. Joron: Cela me semble une suggestion pertinente.
M. Giasson: Cela ne paraît pas une exigence trop
sévère, trop grande; il s'agit de la protection du public.
M. Joron: On est en discussion avec les mutuelles, justement,
pour voir quelles normes, quels critères elles pourraient s'imposer
à elles-mêmes, une espèce de on ne peut pas appeler
cela un code d'éthique, ce n'est pas le mot exact formation
minimale qui atteindrait le but très louable que vous recherchez. Vous
avez raison, plus elles étendent leur champ d'activités... il
faut être assuré, il faut que le public soit assuré que la
compétence des gens qui y oeuvrent est égale à celle des
autres.
M. Giasson: Mais on vend le même produit. M. Joron:
C'est cela.
M. Giasson: Dans un autre secteur du monde de l'assurance, on a
vécu ces dernières années la mise en place de nouveaux
centres d'évaluation qui devaient contribuer à diminuer les
coûts de réparation des dommages matériels faits aux
véhicules. Est-ce que vous avez des données aujourd'hui qui vous
permettent d'apprécier ou de savoir si la création de ces centres
d'évaluation a contribué vraiment à diminuer les
coûts de réparation?
M. Joron: Pour le moment, les données ne sont pas encore
disponibles. Le groupement des assureurs d'automobiles qui est responsable de
l'agrément des centres d'estimation vient à peine de terminer la
première phase d'implantation de ces centres en milieu, disons, un peu
plus urbain: Montréal, Québec et les plus grandes villes de la
province, et s'est donné un temps d'arrêt avant de passer à
une deuxième phase pour véritablement mesurer l'impact tant sur
le plan du coût des estimations que sur le plan du coût même
des épargnes possibles, mais pas absolument nécessaires, qui
pourraient être réalisées par l'opération de ces
centres, tant la qualité du service, la rapidité du
règlement et la facilité que pourrait avoir le public pour faire
évaluer ses dommages.
Ces données, de même que le résultat de cet examen
après la première phase, ne sont pas encore disponibles. Elles
devraient l'être en cours d'année.
M. Giasson: Mais un jour vous allez être en mesure...
M. Joron: Nous suivons cela de près, certainement. De par
la Loi sur l'assurance automobile, le surintendant des assurances doit
participer, assister du moins aux séances du conseil d'administration du
groupement des assureurs d'automobile et il est toujours au courant de ce qui
se passe dans ce groupement. Je peux vous assurer que nous suivons très
attentivement l'évolution de tout ce que fait le groupement,
évidemment, dans l'intérêt du public concerné.
L'assurance automobile
M. Giasson: J'aurais une autre question, M. le Président,
mais cette fois-ci je l'adresse directement au ministre puisqu'il s'agit du
régime public. J'ai posé une question à la période
des questions, à l'Assemblée, mais vous n'étiez pas encore
entré, c'est le premier ministre qui a répondu à mes
questions.
Déjà, l'automne dernier, au début d'octobre, vous
aviez déposé une déclaration ministérielle qui nous
indiquait une première augmentation de la prime rattachée au
permis de conduire et vous annonciez également qu'il faudrait revoir la
tarification pour la prime payée au moment de l'achat des plaques. De
quel ordre serait l'augmentation que les recherches de vos actuaires vous ont
indiquée de ce côté? (14 h 30)
M. Joron: On ne l'a pas encore. On va l'avoir dans les mois qui
viennent, en fait, avant l'automne probablement ou au tout début de
l'automne, j'imagine, vers septembre ou octobre. Il y a une chose qu'il est
utile de rappeler cela a peut-être été fait ce
matin; je l'avais rappelée au moment où, au mois d'octobre, on
faisait cette déclaration ministérielle que vous avez
évoquée c'est que la loi oblige la régie à
s'autofinancer. La régie n'a pas le droit de faire des déficits
en d'autres mots. Il faut qu'elle puisse prévoir ce que sera le
coût dans l'exercice qui vient des indemnisations qu'elle aura à
payer. Si on a pu éviter, malgré trois années d'inflation,
en gros d'à peu près 10% par année, des hausses, ce fut
d'une part, parce qu'il y a eu des surplus accumulés dans la
première année, une deuxième année qui est
arrivée égal et à la troisième, c'est le surplus de
la première qui permet de l'éponger. Il est certain
qu'après trois ans, à moins qu'il n'y ait une diminution
dramatique du nombre d'accidents, évidemment... On va faire porter
pas seulement la régie, mais tous les ministères
impliqués le gros de nos efforts sur la sécurité
routière. La seule façon, finalement, d'empêcher les primes
d'augmenter à l'avenir, c'est de baisser le nombre d'accidents. Tout
l'effort va devoir porter là. Mais il serait illusoire de penser que
ça va avoir un effet dans les trois, quatre ou cinq mois qui viennent,
si bien que ça m'apparaît inévitable qu'il va y avoir une
hausse l'année prochaine. On le disait déjà, comme vous le
disiez, l'automne dernier.
L'ampleur de cette hausse, au moment où on parle,
honnêtement, ce seraient des chiffres en l'air. Votre devinette est aussi
bonne que la mienne. C'est dans quelques mois qu'on le saura.
M. Giasson: Même si l'expérience est assez courte de
l'administration et de l'opération du régime, pensez-vous que
vous devrez revoir le principe qui avait été accepté au
départ d'avoir une prime égale ou uniforme pour tous les
propriétaires de véhicules de promenade?
M. Joron: Cela peut être revu. Cela peut être revu en
fonction de la qualité du conducteur. C'est ce que vous voulez dire?
M. Giasson: Oui.
M. Joron: Cela a été évoqué en
Chambre ce matin avec raison. Cela implique, évidemment, une
étroite collaboration entre le ministère de la Justice et le
Bureau des véhicules automobiles et la régie. Il faut marier les
trois pour arriver à avoir un système qui va être
opérationnel et qui va permettre de traduire ça dans les primes.
Je pense que c'est souhaitable d'aller vers ça. Cela fait bien des gens
à coordonner, par contre, mais c'est ce vers quoi on s'en va.
Probablement que le comité interministériel de la
sécurité routière, qui, dans un premier temps,
amène ces gens à travailler ensemble, va très rapidement
déboucher là-dessus. Je peux vous dire sans cachette que c'est ce
que recherchent toutes les parties concernées dans ce dossier.
M. Giasson: Parce que vous êtes conscients que de tous les
groupes d'automobilistes, définitivement, le groupe qui en a vraiment
profité en matière de coûts, ce sont les jeunes. Quand vous
arrivez chez les propriétaires ou les conducteurs qui avaient
déjà de bons dossiers sans accident, le régime pour eux ne
s'est pas traduit par une diminution du coût financier.
M. Joron: Plus ou moins, cela dépend, selon les cas. Dans
mon cas et je me considère comme un bon conducteur je
pense que j'ai eu une petite baisse.
M. Giasson: Quand vous avez tout calculé?
M. Joron: Oui. Ce n'est pas énorme. On souhaiterait
toujours qu'elle soit plus grande.
M. Giasson: Mais la révision, justement, du principe de
l'égalité de la prime pour tous peut-elle aller jusqu'à
revoir si l'expérience au plan des accidents produits chez les jeunes
conducteurs ne mériterait pas, sans les ramener à des taux de
prime désordonnés, qu'on les amène à une
participation équivalente à l'expérience qu'ils donnent
à l'intérieur du régime?
M. Joron: C'est une possibilité. Il y a cela. Les points
de démérite devraient-ils avoir une conséquence sur le
coût?
M. Giasson: La fréquence.
M. Joron: La fréquence, toutes ces choses-là. Cela
fait un bon système à monter, mais ça vaut la peine.
L'année prochaine, c'est peut-être optimiste, mais certainement
l'autre après, probablement qu'on pourrait être en mesure
d'apporter des amendements intéressants dans le sens que vous
indiquez.
M. Giasson: Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Boucher): Le programme 3 est
adopté. Programme 4?
Commerce des valeurs mobilières
M. Giasson: Au programme 4, commerce des valeurs
mobilières. Qu'est-ce qu'on va demander à notre Commission des
valeurs mobilières pour intéresser davantage...
Le Président (M. Boucher): C'est l'élément 4
du programme 3.
M. Joron: Oui, d'accord.
M. Giasson: L'élément 4, oui.
M. Joron: D'abord, je voudrais dire que...
M. Giasson: ... remettre des lettres de créances à
des groupes qui voudraient s'inscrire à la Bourse de Montréal et
qui doivent le faire en passant par des Bourses à l'extérieur du
Québec.
M. Joron: Je voudrais commencer par dire que le président
de la Commission des valeurs mobilières, Me Lacoste, s'excuse de ne pas
être avec nous cet après-midi. Il était ici hier, on
pensait, au départ, siéger hier soir; comme il avait un
engagement dont il ne pouvait se soustraire ce midi, il n'est pas avec nous. Si
vous avez des questions particulières, je suis sûr que le
sous-ministre, M. Bouchard, se fera un plaisir de répondre.
Ce qu'il y a en marche de plus important, pour aller à
l'essentiel, c'est le projet de révision, de refonte c'est plus
qu'une révision, c'est vraiment une refonte une modernisation
d'envergure de notre Loi des valeurs mobilières qui n'a pas
été, à toutes fins pratiques, touchée
substantiellement depuis qu'elle existe, soit depuis déjà 25 ans;
cette loi date de 1955. Depuis, l'Ontario, il y a deux ans à peine, se
donnait une loi toute nouvelle. Dans les autres provinces, on est en train de
le faire si on ne l'a pas déjà fait. Aux États-Unis, il y
a eu depuis dix ans beaucoup de changements dans les lois des valeurs
mobilières. Il était temps que l'on fasse de même. Donc,
cela a peut-être été le travail le plus important de la
commission; en dehors évidemment de ses fonctions normales de
surveillance et d'enquête à l'occasion, etc., cela a
été ce qui a occupé le gros de ses activités. Elle
vient tout juste de me soumettre, la semaine dernière j'en
discutais même hier avec le sous-ministre et le président de la
Commission des valeurs mobilières un avant-projet de loi qui
pourra probablement donner lieu au dépôt d'un projet de loi
dès cet automne. Ce que j'espère faire avant la fin de la
session, ce mois-ci, c'est de déposer à l'Assemblée
nationale copie de cet avant-projet de loi, de façon que non seulement
l'Opposition bien sûr, elle va être
intéressée, même si c'est seulement dans plusieurs mois
qu'on aura l'occasion d'en discuter entre parlementaires mais
également toutes les parties intéressées dans le grand
public puissent en pren-
dre connaissance et nous faire part de leurs réactions. La
commission elle-même a l'intention de tenir des audiences publiques, elle
tiendrait des audiences publiques. La commission, se déplaçant de
localité en localité je ne sais pas leur plan d'audiences
exact pourrait recevoir des représentations non seulement du
public en général, mais surtout des associations
intéressées. Je pense évidemment à la Bourse,
à l'Association des courtiers, etc. Cela devrait nous donner, à
l'automne, un dépôt d'une toute nouvelle loi des valeurs
mobilières. Je pense que c'est la chose la plus intéressante. On
va intéresser les parlementaires dans un avenir pas trop lointain.
M. Giasson: Mais on accuse, tout au moins pour les
dernières années, la Commission des valeurs mobilières de
manquer de dynamisme, c'est-à-dire de ne pas être assez
audacieuse. Est-ce que cette accusation, selon vous, est fondée?
M. Joron: Non. Je ne serais pas porté à dire cela.
La vocation première de la Commission des valeurs mobilières,
évidemment, c'est la protection du public, d'une part, en s'assurant que
l'information, toute l'information, est disponible aux investisseurs et,
d'autre part, sa vocation est également le maintien d'un marché
financier sain et efficace, efficient, au Québec. Dans cette
dimension-là, la commission, dans les dernières années, a
bien rempli son rôle. Cela remonte déjà à plusieurs
années. Je me souviens, antérieurement à mon
arrivée au ministère et c'est même antérieur
à l'arrivée du gouvernement actuel, disons depuis le début
des années soixante-dix, on peut dire que nous avons
littéralement purgé le Québec des éléments
indésirables qui pouvaient graviter autour du monde financier. Je pense
aux spéculateurs ou enfin à toute espèce de mafia de
spéculateurs et de promoteurs de toutes sortes d'affaires. Il y a eu des
causes importantes. La commission a agi, à l'époque, je pense
qu'elle était sous la direction de M. Demers, le
prédécesseur de M. Lacoste.
Je pense que la commission a fait un bon ménage au Québec.
On peut dire sans ambages aujourd'hui que le Québec est une place saine,
que le marché financier y est sain. Comment lui insuffler un dynamisme
plus grand, nouveau? Ce n'est pas seulement le rôle de la commission. Il
y a la modernisation de notre loi qui devrait accélérer toutes
sortes de procédures. La nouvelle Loi de la commission des valeurs
mobilières vise cela aussi. Mais il y a toutes sortes de choses,
évidemment, qui ne dépendent pas du législateur du tout,
qui dépendent du dynamisme des différents agents
économiques et des différents agents financiers.
Je pense que, globalement, depuis dix ans, on assiste au Québec
à un déploiement de vigueur sans cesse croissant des agents
financiers autochtones. Montréal a cessé il y a
déjà très longtemps d'être la métropole
financière du Canada. Je rappelle que, pour le volume des transactions,
la Bourse de Toronto a dépassé Montréal en 1931, si ma
mémoire est fidèle. On va en fêter, si c'est une
fête, le cinquantième anniversaire l'année prochaine. Cela
fait 50 ans que Toronto est devenue une place financière plus importante
que Montréal.
Montréal, évidemment, depuis ce temps a eu tendance
à se régionaliser et, en pourcentage de toutes les affaires qui
se brassent au Canada, a occupé un pourcentage moindre des affaires.
Cela, c'est bien différent, remarquez, de ce qui s'est passé aux
États-Unis aussi. Enfin, je pense que, très certainement, si on
peut dire qu'il y a eu un creux de vague là-dedans, je pense qu'on l'a
dépassé. Il y a une chose qui est claire, par contre, c'est que
le dynamisme de Montréal, comme place financière, et
l'augmentation des activités financières à Montréal
vont être d'abord et avant tout liés à la circulation de
l'épargne québécoise, d'une part, et au dynamisme des
agents québécois.
Plus le temps passe, plus on constate que, dans toutes sortes de
domaines, on pourrait résumer et dire, dans l'économie en
général, les Québécois occupent une place de plus
en plus importante, de plus en plus grande. Je signale d'ailleurs, en passant,
cela n'a rien à voir précisément avec notre débat
mais on voyait cela dans les journaux ce matin que 35% des emplois en
Ontario sont des emplois dans des entreprises manufacturières ou d'autre
nature contrôlées par des intérêts étrangers,
alors que ce n'est que 24% au Québec. Il y a beaucoup de mythologie dans
tout cela. Le Québec, société dominée par le
capital étranger, c'est de moins en moins vrai, plus le temps passe, et
c'est déjà beaucoup moins vrai que dans l'Ontario. Les ressources
sont là. Le Québec, par rapport à sa population, par
rapport à son produit national brut, est une société qui
génère beaucoup d'épargne, plus même globalement que
les États-Unis dans leur ensemble et on a maintenant, je pense, les
canaux, c'est-à-dire les institutions financières et les
mécanismes financiers qui peuvent permettre la circulation rapide de
cette épargne pour arriver à un développement
économique soutenu. C'est d'abord et avant tout cela qui est en train de
donner un visage nouveau à Montréal comme place
financière.
M. Giasson: Vous avez signalé tout à l'heure que ce
n'est pas d'hier que la Bourse de Toronto a devancé celle de
Montréal tant pour le nombre des transactions que pour la valeur des
transactions effectuées. Mais êtes-vous conscient que, quant au
nombre de transactions et de changements de titres, les Bourses de Vancouver,
de Winnipeg et d'Alberta font un bout de chemin et sont en train de rattraper
la Bourse de Montréal? Évidemment, les volumes sont moins grands
parce que les grandes corporations, vous ne les retrouvez pas aux deux autres
Bourses.
M. Joron: Oui, c'est cela.
M. Giasson: Vous les avez à Montréal. Le volume de
titres qui bougent et changent de main est aussi grand là-bas sinon
parfois plus grand à certains jours.
M. Joron: Vancouver a essentiellement une Bourse
spéculative, c'est-à-dire une Bourse minière, de titres
miniers. Je ne sais pas. Disons qu'il se transige 800 000 actions par jour
à Vancouver, alors qu'il s'en transige 400 000 à Montréal.
Je vous donne un exemple à tout hasard. (14 h 45)
II faut dire que les 800 000 titres qui ont changé de main
à Vancouver, c'étaient souvent des titres de $0.20, $0.25 $0.30,
des titres miniers, alors que les titres dont on parle à
Montréal, ce sont des titres d'entreprises plus importantes et moins
d'entreprises minières. La valeur globale des transactions est quand
même infiniment supérieure à Montréal.
Il est vrai, par contre, que Montréal s'est fait ravir; on ne
peut pas dire nécessairement que c'est à Montréal que cela
a été enlevé ou à Toronto, c'est peut-être
davantage à Toronto. Le développement de Vancouver comme place
boursière minière, l'activité qui s'y est ajoutée
a-t-elle été soustraite à Montréal plutôt
qu'à Toronto? J'ai l'impression qu'elle a plutôt été
soustraite à Toronto. Montréal n'a jamais été,
depuis longtemps, l'a déjà été, il y a longtemps,
mais depuis dix ans et vingt ans même, Montréal avait cessé
d'être une place de transactions importantes sur les titres miniers. Il y
aurait plusieurs raisons à cela qui seraient peut-être trop
longues à énumérer, mais il est intéressant de
signaler que, récemment, la Bourse de Montréal et cela ne
relève pas tellement du législateur, c'est-à-dire que cela
ne relève pas de la Commission des valeurs mobilières, ce sont
des règles internes que la Bourse elle-même peut se donner
a décidé la semaine dernière, je pense de
créer une liste spéciale des titres miniers, ce qui
existait...
M. Giasson: La bourse de Montréal.
M. Joron: Ce qui a existé directement autrefois quand vous
aviez la Bourse de Montréal et que vous aviez les titres industriels qui
étaient inscrits et la Bourse dite canadienne où c'étaient
les titres miniers et des titres plus spéculatifs. Après cela,
les deux Bourses ont fusionné, mais là, même à
l'intérieur des inscriptions à la Bourse de Montréal, on
va avoir une section minière différente où les exigences
d'inscription pourront être différentes. Cela pourrait avoir
tendance à donner ce devrait normalement un regain de vie
à cette activité, en plus d'autres mesures qui ont
été prises par le gouvernement cela ne relève pas
de mon ministère et qui ont tendance à favoriser à
nouveau, parce que c'était déclinant depuis une dizaine
d'années, l'exploration minière au Québec. Ces deux
facteurs combinés pourraient donner naissance à une
activité bien supérieure, dans les années à venir,
à ce qu'on a connu depuis dix ans.
M. Giasson: Tout de même, vous avez remarqué que la
Bourse de Toronto a su conserver des titres miniers de faible valeur. Vous avez
beaucoup de titres inscrits, enregistrés à Toronto, qui sont des
titres miniers de faible valeur qu'on peut acheter à $0.20
l'unité, $0.40, $0.50, un peu comme on retrouve à la Bourse de
Vancouver ou encore à la Bourse de Winnipeg.
M. Joron: C'est cela. Il en reste très peu de
ceux-là à Montréal.
M. Giasson: A peu près tous, pas tous, mais
peut-être une proportion...
M. Joron: C'est cela. Les gestes que la Bourse de Montréal
pose tendent précisément à essayer de les faire revenir et
à régénérer une activité dans cette sorte de
titres à Montréal. J'ai l'impression qu'on a les
éléments qu'il faut maintenant pour y arriver. Parce qu'il y a
une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'avec tous les
dégrèvements fiscaux de toutes natures qui sont accordés
aux investisseurs, tant pour ceux qui investissent dans les films, dans les
fonds d'exploration miniers, dans les fonds d'exploration pétroliers
maintenant, il y a un public probablement beaucoup plus large qu'autrefois pour
ce genre de titres. Pourvu que la Commission des valeurs mobilières
remplisse bien son rôle, c'est-à-dire les obligations de
divulgation et toutes ces choses pour que les investisseurs qui se lancent
là-dedans ne risquent pas de se faire embarquer dans toutes sortes de
choses, c'est un marché qui a toutes les chances de se
développer, que l'on souhaite voir se développer.
M. Giasson: Je crois qu'il doit se développer. M.
Joron: Oui.
M. Giasson: Quand je vois des compagnies
québécoises qui sont obligées d'aller inscrire leurs
titres à des Bourses à l'extérieur du Québec, cela
me paraît anormal, même si c'est le domaine minier.
M. Joron: Aberrant. Absolument.
M. Giasson: Celui qui connaît un peu l'investissement finit
par découvrir les titres plus spéculatifs. Il évalue le
degré de risque qu'il joue quand il achète un titre par rapport
à un autre. S'il veut mettre 10% de son placement en actions de Bourse
dans des titres beaucoup plus spéculatifs, c'est son choix, c'est un
choix qu'il fait personnellement.
M. Joron: C'est cela. Tout ce dont le législateur doit
s'assurer, c'est que l'information, toute l'information est disponible et celui
qui veut prendre sa chance, c'est à lui de la prendre. C'est sa
décision.
M. Giasson: Pas d'autres questions.
Le Président (M. Boucher): Pas d'autres questions sur
l'élément 4. Elément 5.
M. Joron: A l'élément 5...
Le Président (M. Boucher): Alors, le programme 3 est
adopté.
M. Mathieu: J'aurai une question sur l'élément 5,
moi.
Le Président (M. Boucher): Sur l'élément
5?
M. Mathieu: Oui.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Joron: Le sous-ministre est président ex officio de la
Régie de l'assurance-dépôts; vous l'avez devant vous.
M. Mathieu: C'est bien banal: Qui paie
l'assurance-dépôts, les primes, le budget?
M. Joron: II n'y a pas de primes.
M. Mathieu: Mais du fait que le dépôt est
assuré jusqu'à $20 000?
M. Joron: C'est gratuit. C'est une
générosité de l'Etat.
M. Mathieu: S'il y a des risques, des pertes, c'est l'Etat qui
les subit?
M. Joron: C'est le fonds consolidé du revenu. M.
Goulet: La Régie de l'assurance-dépôts...
M. Giasson: Parlant de la générosité de
l'État, est-ce que ce sera la même générosité
qui va exister lorsque va entrer en vigueur une décision gouvernementale
invitant les commissions scolaires à ne plus assurer leurs biens?
M. Joron: Ah! Faites-moi donc le rapprochement plus
directement.
M. Giasson: J'ai oublié de poser la question tout à
l'heure, au moment où le directeur du service était avec
nous.
M. Joron: C'est d'une autre nature, la raison de cette
décision ou de cette recommandation. C'est un peu pour la même
raison que le gouvernement comme tel n'assure pas ses édifices contre
les incendies ou ses automobiles, etc. Il pratique de l'auto-assurance
étant donné la grandeur de l'assiette; on s'assure
nous-mêmes. Le même raisonnement a dû présider aux
décisions concernant les biens des...
M. Giasson: Les biens des commissions scolaires.
M. Joron: ... commissions scolaires. Je vous avoue que je ne suis
pas l'expert pour ne pas avoir été impliqué non plus dans
cette matière.
M. Giasson: Dans cette conjoncture, cela voudrait dire que si une
commission scolaire a la malchance de perdre un édifice par un incendie,
ce serait le ministère de l'Éducation ou un autre service
gouvernemental qui viendrait remplacer les biens détruits.
M. Joron: Sous toute réserve, je pense que c'est
effectivement le principe de base.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau de la Régie de
l'assurance-dépôts, le Vérificateur général
dans son rapport formulait deux choses. Il disait, par exemple, que quand vous
avez avancé des prêts sans intérêt, il n'était
pas tout à fait d'accord même si la loi vous le permettait.
Egalement au niveau des institutions déficitaires, il disait: Ces
différentes situations qui contribuent à augmenter les risques
assumés par la régie peuvent avoir comme conséquence de
nécessiter éventuellement des interventions coûteuses pour
la régie. Il serait donc opportun... Vous l'avez certainement lu,
j'aimerais tout simplement savoir ce que vous avez à
répondre.
M. Joron: C'est une question qui est souvent posée pour la
raison suivante. La régie, de par sa loi actuelle, n'a pas le droit de
faire de subvention, c'est une faiblesse de la loi; alors, nous devons faire
des prêts. Lorsque la régie intervient, c'est pour cause
d'insolvabilité. Il est évident que la régie ne peut pas
faire des prêts à des conditions du marché à des
institutions qui sont déjà dans des situations
d'insolvabilité avancée, de telle sorte que la régie, avec
l'approbation du ministre des Finances, fait des prêts sans
intérêt, payables sur une très longue période. De
temps en temps, on nous transfère des actifs en garantie lorsqu'il y en
a. Tous les ans, on propose d'amender la loi de la régie justement pour
permettre directement, dans la loi, de donner des subventions. Il
paraîtrait nettement que telle institution a été
subventionnée pour un montant précis qui est celui d'une perte
assumée par la régie pour le dépôt des $20 000, mais
le Vérificateur ne peut pas dire autre chose, lui.
C'est bien sûr que cela augmente chaque fois, parce que chaque
fois qu'il vérifie, il est obligé d'indiquer que le prêt
n'a pas été avancé, que ça coûte cher et que
cet argent ne rapporte pas d'intérêt, bien sûr. Mais la loi
est faite comme ça.
M. Goulet: Au niveau de la deuxième question, il dit:
"L'examen des états financiers des institutions inscrites ainsi que des
rapports du service d'inspection du ministère démontre que plus
de 35 institutions sont déficitaires, que des dépenses
inadmissibles en vertu de la Loi des caisses d'épargne et de
crédit ont été effectuées et que d'autres
dérogations à cette loi ont été commises."
Il ajoute: "Ces différentes situations, qui contribuent à
augmenter les risques assumés par la régie, peuvent avoir comme
conséquence de nécessiter éventuellement des interventions
coûteu-
ses pour la régie." Il serait préférable d'avoir un
contrôle encore plus serré.
M. Joron: C'est exact. C'est une bonne recommandation.
M. Goulet: Vous êtes d'accord avec le
Vérificateur?
M. Joron: Oui.
M. Goulet: Est-ce que cela va se faire et comment cela va-t-il se
faire?
M. Joron: Mensuellement, la régie se réunit en
assemblée et nous avons un rapport d'inspection de l'ensemble du secteur
coopératif financier et nous les suivons régulièrement. Il
y a un suivi pour chaque assemblée, il y a des caisses
déficitaires, on leur suggère des modifications, on leur fait des
propositions très concrètes et c'est suivi constamment.
M. Goulet: Les trente-cinq institutions déficitaires,
est-ce que cela se compare? Est-ce un gros pourcentage ou si c'est minime?
M. Joron: Cette année, c'est un gros pourcentage;
probablement que l'an prochain il va être encore plus élevé
à cause de la situation que vous connaissez, les taux
d'intérêt. Cela a été assez catastrophique cette
année, un peu partout; les taux d'intérêt sur les
dépôts versus leur portefeuille de prêts.
M. Goulet: Dans ces 35 institutions, est-ce qu'il y en a...
Comment dirais-je, sur les 35, est-ce que cela se répartit
uniformément au Québec ou s'il y en a dans un secteur...
M. Joron: Non, c'est surtout la région de
Montréal.
Quand on parle d'institution, chaque caisse est considérée
comme une institution. On parle d'un total de 2000.
M. Goulet: Je veux dire, sur les 35, est-ce qu'il y a, par
exemple, 60%...
M. Joron: A un endroit donné ou...
M. Goulet: Bien, pas à un endroit donné mais dans
une fédération donnée, par exemple.
M. Joron: Ah! non.
M. Goulet: Ou s'il y en a dans toutes...
M. Joron: II y en a dans...
M. Goulet: Pour être plus direct, est-ce 35 caisses
populaires ou 35...
M. Joron: Je dirais que la majorité c'est des caisses
populaires.
M. Goulet: La majorité? M. Joron: Oui.
M. Goulet: II doit y avoir au moins une caisse
d'établissement aussi?
M. Joron: Les caisses d'établissement, vous avez la
moitié de leurs douze membres...
M. Goulet: Qui sont déficitaires.
M. Joron: Elles sont douze. Ce sont des caisses qui sont
très faibles.
M. Goulet: Les autres sont des caisses populaires?
M. Joron: Pardon?
M. Goulet: Des caisses populaires?
M. Joron: Des caisses populaires; vous avez certaines caisses
d'entraide. Mais des caisses d'entraide déficitaires, il n'y en a pas
beaucoup. Ce sont des problèmes de liquidité qu'elles ont, mais
pour les fins de déficit, ce sont les caisses populaires et surtout dans
la région de Montréal. Vous avez ensuite quatre ou cinq caisses
d'établissement.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, programme 3,
adopté?
Une Voix: Adopté.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Boucher): Programme 4,
élément 1.
M. Giasson: Cela, c'est l'environnement du ministre. Une question
à l'élément 2, Soutien technique. Je constate une
augmentation qui, sans être phénoménale, se traduit par une
augmentation de 29% des crédits requis par rapport à l'an
dernier.
M. Joron: Excusez-moi, je vais me retrouver.
A l'élément 1?
M. Giasson: Elément 2.
M. Joron: Elément 2. Oui, effectivement. Au chapitre des
traitements surtout...
Une Voix: C'est l'augmentation...
M. Joron: M. Beaulieu, qui est directeur de la gestion pour
l'ensemble du ministère, pourrait répondre
spécifiquement.
Grosso modo, il y a évidemment l'indexation des traitements,
peut-être 15%, comme tous les
services. Les deux raisons majeures, c'est qu'il y a des postes
additionnels qui ont été ajoutés au service de la
recherche, quatre, et un poste au service des communications. De plus, il y a
une augmentation du budget des communications d'à peu près $75
000, pour ce qu'on appelle la publicité, l'information, la publication
de brochures. L'année dernière, c'était souvent
payé à l'intérieur du budget des services alors que, cette
année, cela va être plus centralisé au service des
communications.
M. Giasson: Le personnel, une augmentation de...
M. Joron: C'est moitié-moitié pour le personnel,
moitié pour l'augmentation du budget des communications en tant que
tel.
M. Giasson: Personnellement, je n'ai pas d'autres questions, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): Pas d'autres questions? M. le
député de Bellechasse, est-ce que vous avez des questions au
programme 4?
M. Goulet: Non, pas sur 4 mais...
M. Giasson: J'en aurais peut-être en dehors du programme 4,
avant de prendre l'étude...
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce qu'on peut
adopter le programme 4 et, après cela, on passera à d'autres
questions?
M. Goulet: ... générale, si vous...
Le Président (M. Boucher): Alors, programme 4,
adopté. M. le député de Bellechasse.
Prestations de la Régie de l'assurance
automobile à la femme au foyer
M. Goulet: Juste au niveau d'un principe, M. le Président,
je demanderais au ministre si on peut avoir son appui là-dessus.
Concernant la Régie de l'assurance automobile bien sûr, on
n'est pas ici pour recommencer au complet ce débat au niveau de
la mère de famille, la femme au foyer, lorsqu'elle reçoit des
prestations de la Régie de l'assurance automobile, on la
considère toujours au minimum. Ce qui veut dire, sauf erreur, qu'une
demoiselle ou une dame qui, malheureusement, pourrait recevoir des prestations
de bien-être social, qui ne serait pas mariée, une demoiselle qui
vit seule, qui recevrait malheureusement parce qu'elle n'a pas
autre chose des prestations d'aide sociale ou encore des prestations de
chômage et une mère de famille qui demeure à la maison, qui
élève ses trois ou quatre enfants, lorsqu'elle subit un accident
d'automobile, et des blessures corporelles, la régie la considère
au minimum. (15 heures)
Est-ce que c'est toujours comme cela? Est-ce qu'il n'y a pas lieu,
à un moment donné, de... Je trouve cela tout à fait
aberrant qu'une mère de famille, qu'une femme au foyer surtout si
elle est mère de famille soit considérée au
minimum. Je ne dis pas qu'elle soit considérée au maximun, mais
il me semble qu'on devrait au moins faire une moyenne.
M. Joron: Vous n'êtes pas le premier à me faire part
de cela. J'ai eu des témoignages à cet effet. Tout
récemment, j'en avais dans mon courrier. Cela m'a toujours agacé
comme vous cette situation. C'est probablement une chose, si on revoyait cela,
qu'il faudrait amender. Quant aux raisons, vous me demandez: Est-ce que c'est
toujours comme cela? Je vous avoue honnêtement que je ne peux pas vous
répondre. Je regrette qu'il n'y ait pas est-ce qu'il n'y a pas
quel-qu un de la régie qui pourrait... Si vous me permettez, je vais
prendre avis de votre question et je. vous ferai tenir la réponse le
plus rapidement possible. Je regrette de ne pouvoir vous répondre
sur-le-champ.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aurais une observation générale pour
le même programme de la Régie de l'assurance automobile. Je prends
un individu dans mon cas. J'ai un bureau à faire marcher, deux ou trois
secrétaires, la location de machines, un associé. Si je subis un
accident d'automobile et que je suis cloué deux ou trois ans dans une
chaise roulante, le maximum, c'est $17 000 ou $18 000? Si le bureau me
coûte $1000 par semaine à faire marcher, cela ne marche plus et je
suis obligé de prendre de l'assurance-salaire en supplément. Vous
allez dire: Tu as juste à vendre ton bureau, mais quand l'individu n'est
pas là pour recevoir sa clientèle, un achalandage de bureau de
notaire ou d'avocat... Il me semble que, quitte à payer une surprime, je
préférerais avoir la possibilité de prendre une assurance
de $40 000 au lieu du maximum qui est $17 000 ou $18 000, si je paie, parce que
cela ne m'assure que les indemnités qui me sont payables en cas
d'accident d'automobile, tandis que là je suis obligé d'aller
chez une compagnie privée et de prendre une assurance-salaire en cas de
n'importe quelle maladie, ce qui est beaucoup plus dispendieux. Il me semble
qu'il devrait y avoir à la Régie de l'assurance automobile la
possibilité pour la personne qui le veut, de dire: Je veux prendre $15
000 ou $20 000 supplémentaires en assurance revenu parce que si je ne
suis pas là mon commerce ne marchera plus.
Une Voix: Si on enlève cela à l'entreprise
privée, c'est du socialisme.
M. Mathieu: Écoutez, c'est du socialisme qui nous a
été imposé. Ce serait simplement dans le but de
compléter la liste.
M. Michaud: De pousser plus loin.
M. Giasson: Moi, j'inviterais mon collègue à
téléphoner à son courtier et il va découvrir que
l'industrie privée peut lui vendre la protection qu'il recherche.
M. Mathieu: J'en ai cherché.
M. Joron: C'est ce que je pense, c'est ce que j'aurais tendance
à croire.
M. Giasson: L'industrie privée a ajouté des
protections additionnelles à son contrat d'automobile afin de pallier le
manque à gagner que peut représenter pour certains citoyens
à bas revenus la faiblesse de rémunération de la
régie par rapport au revenu gagné habituellement.
M. Joron: Je pourrais peut-être vous suggérer un bon
courtier?
Des Voix: Ah, ah, ah!
M. Michaud: II ira vous visiter en fin de semaine.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Joron: Un instant! J'aurais une réponse pour M. le
notaire. Les corporations professionnelles, au Québec, ont toutes
souscrit auprès d'assureurs des polices qui, justement, sont prises
collectivement, pour ne pas parler d'assurance-groupe parce que c'est une
expression américaine; ce sont des contrats d'assurance pour frais de
bureau. En cas d'invalidité, ça ne paie pas de salaire à
celui qui devient invalide, mais ça paie ses frais de bureau. C'est une
forme qui est très peu dispendieuse. Si je pratiquais encore activement,
je pourrais même vous l'offrir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pour renchérir sur ce que je disais tout
à l'heure, le ministre a dit qu'il allait vérifier et qu'il nous
fournirait des réponses éventuellement. Le Vérificateur
général lui-même disait: "La régie évalue le
revenu brut présumé de la victime en tenant compte de l'emploi
déterminé, des périodes pendant lesquelles la victime a
été sans emploi et n'a exercé qu'un emploi occasionnel ou
un emploi à temps partiel et, s'il y a lieu, du revenu d'un emploi
antérieur". Il dit aussi, surtout au niveau des femmes au foyer, parce
qu'il y en a tout de même un très haut pourcentage: "Au moment de
notre vérification, le barème utilisé par les agents
d'indemnisation pour déterminer le revenu brut présumé
d'une victime, en général, n'avait pas encore été
approuvé par la régie".
Qui a décidé, à un moment donné, justement
pour la femme au foyer, surtout la mère de famille, qu'on l'indemnisait
au minimum permis par la loi?
M. Joron: C'est le conseil d'administration.
M. Goulet: C'est le conseil d'administration. Alors, on peut
compter sur le ministre pour faire des pressions.
M. Joron: Oui, parce que le règlement de tarification
doit, par la suite, être approuvé par arrêté en
conseil.
M. Goulet: Je n'ai pas de chiffre à suggérer, de
pourcentage à suggérer, ce serait prétentieux de ma part,
mais de là à considérer qu'une femme au foyer, une
mère de famille doit recevoir le minimum, je pense que dans la
société on doit être plus juste que cela envers ces
femmes.
M. Joron: D'accord.
M. Goulet: Je le crois sincèrement. Toujours sur ce
point-là, j'ai discuté tout à l'heure avec un des adjoints
importants du ministre; ce n'est pas son sous-ministre...
M. Joron: Non, après-demain. Voyons, un peu de modestie,
cher ami!
M. Goulet: Son chef de cabinet, bon. C'est parce que ça
dépend de qui le nomme. Sans jeu de mots!
M. Joron: J'aime mieux quand c'est vous que le
député de Saint-Laurent.
M. Goulet: Au niveau de la Régie de l'assurance
automobile, M. le Président, j'avais un dossier assez important
bien oui, vous allez dire: fais ton travail on sait que les
crédits de la Régie de l'assurance automobile ne sont pas
votés, ne seront pas étudiés cet après-midi,
quoique le ministre en soit responsable, la Régie de l'assurance
automobile est comme sous la tutelle du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
La question que j'avais posée, au lieu de la débattre ou
de se faire dire que cela ne nous regarde pas ce qui serait probablement
le droit du ministre au lieu également, comme l'ont
suggéré certaines personnes, de poser nos questions au
feuilleton, ce qui serait du temps perdu, parce que la session sera
terminée dans une semaine, possiblement, et les questions vont tomber,
en toute bonne foi, j'ai demandé et je formule cela
officiellement au ministre si je fournis une série de questions,
est-ce que le ministre peut objectivement, d'ici un mois ou deux, nous donner
le plus de renseignements possible? Son chef de cabinet s'est engagé
à le faire, mais j'aimerais que le ministre dise: Oui, on va vous donner
le plus de renseignements possible; formulez-nous vos questions. Je ne veux pas
avoir cela demain matin.
Je pourrais même, à la suite de ces réponses,
demander qu'une copie de mes questions et une copie des réponses soient
données aux autres partis d'Opposition ou aux autres membres de
l'Assemblée nationale, comme si cela avait été fait au
feuilleton, des questions dans ce genre, pour nous aider justement à
concrétiser notre dossier. Parce que le dossier de l'assurance
automobile est un dossier extrêmement important; les partis d'Opposition
y ont attaché beaucoup d'importance et puis...
M. Joron: Avec raison.
M. Goulet: ... on pourrait en discuter jusqu'à minuit ce
soir et garder tout ce monde ici. Je suis prêt à fonctionner de
cette façon si le ministre...
M. Joron: Cela me ferait le plus grand plaisir de collaborer avec
les membres de la commission dans le sens qu'indique le député de
Bellechasse. On s'est toujours efforcé, en tout cas dans mon entourage,
autant chez mes fonctionnaires que chez les collaborateurs de mon cabinet,
à répondre le plus rapidement possible, que ce soit aux appels
téléphoniques, aux lettres ou à des questions qui
pourraient être formulées comme vous venez de l'indiquer.
Toutes les questions auxquelles on pourra répondre, je m'engage
à le faire dans les délais les plus brefs possible. Et cela me
fera aussi un grand plaisir.
M. Goulet: M. le Président, je remercie le ministre et ses
adjoints.
M. Joron: Et j'enverrai des copies aux membres de la
commission.
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: En ce qui concerne le salaire de la femme au foyer, je
me souviens de la discussion qu'on avait eue en commission parlementaire lors
de l'étude de la loi article par article. A ce moment-là, on
avait discuté beaucoup et le ministre répondait que
c'était, dans le cas de la femme au foyer, le salaire potentiel ou, au
minimum, le salaire minimum. C'est-à-dire qu'une femme qui est au foyer,
qui était dans l'enseignement et qui pourrait retourner dans
l'enseignement, pourrait retirer son salaire potentiel, si elle est encore dans
l'enseignement ou le salaire minimum. Je sais qu'il y a eu
énormément de discussion là-dessus et je voudrais
vérifier pour voir si c'était encore ça qui est
l'interprétation.
M. Goulet: C'est le salaire minimum.
M. Joron: II me semble que...
M. Goulet: Ce n'est pas le salaire minimum, c'est le minimum du
taux permis par la régie. C'est ce qu'on nous répond.
M. Joron: C'est comme ça la plupart du temps. C'est ce que
j'ai dit.
M. Gagnon: La discussion avait été autour de
ça, de toute façon.
M. Giasson: Oui, je me souviens. Les propos que vient
d'énoncer le député de Champlain ont fait l'objet du
débat lors de l'étude de la loi, mais, en pratique...
M. Gagnon: En pratique, c'est peut-être plus souvent
que...
M. Giasson:... je suis porté à croire que cela a
été de très bonnes intentions qu'on nous avait
exprimées, mais ce n'est pas ainsi qu'on fonctionne dans l'indemnisation
des victimes.
Maintenant, M. le ministre, avant de clore l'étude de nos
crédits, quels sont les projets de loi que vous entendez soumettre
à l'Assemblée nationale avant je ne dis pas l'ajournement
la prorogation de l'actuelle session?
M. Joron: L'actuelle session va peut-être, non pas
peut-être, mais risque de se terminer d'ici deux semaines.
M. Giasson: Ce n'est pas un ajournement?
M. Joron: Non, ce serait une nouvelle session à l'automne.
C'est ce que j'en ai compris. Pour l'automne prochain, dans l'année
civique 1980, il y a la loi dont on parlait tout à l'heure sur les
valeurs mobilières qui est probablement la pièce maîtresse,
loi sur... Là, je voudrais être sûr de son titre exact. Si
nous arrivons à un consensus à l'intérieur,
c'est-à-dire si les courtiers en assurance en arrivent entre eux
à un consensus pour lequel nous déployons des efforts
fantastiques et qui semblent devoir aboutir, cela pourrait aussi
déboucher cet automne, la loi sur les... comment s'appelle-t-elle? La
Loi sur les courtiers en assurance. Je veux être sûr de ne pas en
oublier. La Loi sur les valeurs mobilières, on l'a dit. La Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit, on en parlait avant-hier, pour
l'élargissement des pouvoirs de placement. La Loi sur les compagnies de
fiducie et la Loi sur les compagnies. Dans ces deux cas... La Loi sur les
compagnies de fiducie, c'est une refonte. Ce serait un bloc assez important.
Est-ce qu'il y a de bonnes chances qu'elle soit prête à l'automne,
celle-là? Et la Loi sur les compagnies, ce sont des amendements sur la
capitalisation. Est-ce que ça fait le tour?
M. Goulet: Dans le matériel, au niveau des assurances,
vous n'irez pas là? Vous ne mettrez pas du tout votre nez
là-dedans?
M. Joron: Non.
M. Giasson: Selon le ministre, est-ce qu'il s'agit de lois?
M. Joron: Le besoin ne semble pas s'en faire sentir.
M. Giasson: ... selon ses prévisions, qui vont être
étudiées à l'intérieur de l'actuel mandat ou lors
d'un prochain mandat?
M. Joron: C'est au premier ministre qu'il faudrait le
demander.
M. Giasson: M. le Président, je voudrais joindre ma voix
à celle du député de Bellechasse pour remercier le
ministre et tous les membres de l'équipe qui l'ont accompagné. Ce
fut agréable de procéder à l'étude des
crédits de votre ministère, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais remercier le
ministre de son esprit d'accueil et de collaboration. C'est la première
fois que j'ai l'occasion de participer à une étude des
crédits d'un ministère, du commencement à la fin,
étant donné que cela ne fait pas tellement longtemps que je suis
entré à cette Assemblée. Je trouve que la manière
dont le ministre s'acquitte de ses fonctions est une manière qui invite
à la collaboration.
Avec toute son équipe au complet, c'est vraiment commode pour
nous. Cela nous permet de nous familiariser. Nous avons des questions à
poser aux directeurs de service et aux sous-ministres, tout le monde est
là.
Je voudrais vous remercier, M. le ministre, ainsi que toute
l'équipe de votre ministère.
Une Voix: ...
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le ministre.
M. Joron: A mon tour, il me reste à remercier mes
collègues de la commission de leur collaboration et leur dire aussi
combien j'ai trouvé agréable de travailler avec eux, et remercier
tous les fonctionnaires et les membres du personnel qui nous ont
accompagnés.
Le Président (M. Boucher): Alors, les crédits du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières sont adoptés. Je demanderais au rapporteur de la
commission, en l'occurrence, le député de Laprairie, d'en faire
rapport à l'Assemblée nationale au nom des membres de la
commission. Merci.
Fin de la séance à 15 h 14