Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère
des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières est réunie pour étudier les
crédits du ministère pour l'année 1980-1981.
Les membres de la commission sont: M. Gagnon (Champlain), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Goulet (Bellechasse), M. Joron (Mille-Iles), M. Laberqe
(Jeanne-Mance), M. Lavigne (Beauharnois), M. Michaud (Laprairie), M. Marquis
(Matapédia) remplace M. Paquette (Rosemont), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Germain est
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud).
Les intervenants sont M. Baril (Arthabaska), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
La-londe (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Martel (Richelieu)...
Est-ce que M. Saint-Germain peut intervenir comme intervenant? D'accord.
Est-ce qu'il y a un rapporteur? M. le député de
Laprairie?
M. Michaud: Avec plaisir, M. le Président, si les autres
membres consentent.
Le Président (M. Boucher): Adopté à
l'unanimité.
M. le ministre, pour les commentaires préliminaires.
Remarques préliminaires M. Guy Joron
M. Joron: M. le Président, madame, messieurs les membres
de la commission, la commission permanente que nous formons s'est réunie
à quelques reprises au cours de l'automne dernier afin de
procéder à l'étude article par article de quelques projets
de loi, mais c'est la première fois cependant que je procéderai
à l'étude des crédits du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières depuis
que j'en fus nommé titulaire, il y a quelque huit mois maintenant.
Je compte donc, au cours de ces remarques préliminaires, mettre
l'accent sur les faits saillants qui ont marqué l'activité de mon
ministère durant les mois passés et faire part aux membres de la
commission des événements dont on peut raisonnablement
prévoir la réalisation pendant l'année qui vient.
Ainsi, à l'Office de la protection du consommateur, beaucoup
d'actions entreprises au cours de l'année ont résulté de
l'adoption, par l'Assemblée nationale, de la loi 72, Loi sur la
protection du consommateur.
La préparation de la réglementation afférente
à la loi et la consultation qui en a découlé ont
accaparé beaucoup des énergies de l'office au cours de
l'année. De même, la campagne d'information qui a
accompagné la mise en vigueur de la loi, le 30 avril dernier, a
été préparée de longue date et tout nous porte
à croire que cette campagne d'envergure atteindra les objectifs
visés. En effet, dès la première semaine de la campagne
d'information, les consommateurs se sont procuré 1 600 000 exemplaires
de la brochure d'information sur la loi qui avait été
placée à divers comptoirs d'information. Les responsables de
l'office ont également procédé, au cours des derniers
mois, à une consultation en vue d'établir le règlement de
la loi sur le recouvrement de certaines créances. Un projet de
règlement me sera d'ailleurs soumis dans les semaines qui viennent.
Enfin, les études et les consultations relatives à la
protection du consommateur en matière immobilière vont bon train
et se concrétiseront vraisemblablement pendant cette année.
J'aimerais également souligner la publication récente des
résultats d'une recherche intitulée la Société de
consommation au Québec, que l'office a menée depuis l'automne
1977 et qui a été publiée tout récemment.
L'étude, dans un premier temps, trace le profil des consommateurs
québécois à partir de leur situation personnelle et porte,
dans un second temps, sur les problèmes de consommation, en traitant,
notamment, de l'étendue et de la fréquence de ces
problèmes. Il s'agit là d'un document d'importance dans le
domaine de la consommation au Québec.
Du côté des coopératives, l'année a
été sans contredit marquée par la préparation et la
tenue, en février dernier, du sommet sur la coopération qui a
réuni, pour la première fois dans l'histoire du mouvement
coopératif québécois, les représentants de tous les
secteurs de la coopération autour d'une même table. Je voudrais
d'ailleurs souligner devant les membres de cette commission le dynamisme et le
sérieux dont il a été fait preuve autant au niveau de la
préparation que de la tenue du sommet, tant chez le partenaire
gouvernemental qu'au sein du milieu coopératif lui-même.
Les partenaires ont cherché, au moment du sommet, les moyens de
réaliser leurs objectifs communs à savoir favoriser l'utilisation
de la formule coopérative comme outil important du développement
économique. Plusieurs engagements furent pris de part et d'autre en vue
de consolider la présence coopérative là où elle
est bien implantée et d'intensifier la création d'entreprises
coopératives dans les secteurs économiques où leur
présence est moins significative. Depuis le sommet, les fonctionnaires
de mon ministère s'affairent à donner suite aux engagements
contractés. Dès avril, un comité de travail était
mandaté pour
étudier les modifications à être apportées
à la Loi sur les associations coopératives et à la Loi sur
les sociétés coopératives agricoles en vue de mieux
adapter ces lois à la réalité actuelle. Le groupe de
travail doit également concevoir un nouvel encadrement juridique pour
les entreprises communautaires d'inspiration coopérative. Un autre
comité, également en opération depuis le début
d'avril, a entrepris une révision des lois des caisses d'épargne
et de crédit et des caisses d'entraide économique et
étudie plus particulièrement les dispositions qui concernent les
pouvoirs de placement de ces institutions.
De façon générale, au terme du sommet, mon
ministère s'est vu confier un mandat de coordination des lois et
règlements administrés par divers ministères sectoriels,
mais qui concernent l'activité des coopératives. Ainsi,
dorénavant, tout projet de modification à ces lois et
règlements devra être soumis à mon ministère avant
d'être acheminé au Conseil des ministres. En raison de ce mandat
de coordination, les fonctionnaires de mon ministère sont donc
impliqués au sein de plusieurs groupes de travail qui ont
été mis sur pied dans différents ministères,
à la suite du sommet sur la coopération.
J'aimerais enfin rappeler aux membres de la commission l'entrée
en vigueur récente de quelques autres lois administrées par mon
ministère. Ainsi, la Loi modifiant la Loi sur les compagnies,
sanctionnée en juin dernier, est entrée en vigueur le 30 janvier
1980 ainsi que les règlements d'application. Cette loi visait à
assouplir les procédures d'incorporation au Québec. La Loi
modifiant la Loi sur les assurances, adoptée en juin 1979, a
été mise en vigueur, ainsi que le règlement d'application,
en décembre dernier. Les dispositions de la loi visaient essentiellement
à diversifier les sources de financement des assureurs à charte
québécoise et à assouplir les normes de placement qui leur
sont applicables.
Par ailleurs, le service des assurances travaille présentement en
étroite collaboration avec l'Association des courtiers d'assurance en
vue de dégager chez les membres de l'association un consensus sur les
grands principes qui orienteront la révision de la Loi sur les courtiers
d'assurance.
Enfin, les études relatives aux modifications à la Loi sur
les valeurs mobilières se sont poursuivies tout au long de
l'année et les responsables de la commission m'ont remis, il y a
quelques jours à peine, le résultat de leurs travaux.
J'espère être en mesure de déposer un projet de loi sur la
question dès cet automne. La loi actuelle date, pour l'essentiel, de
1955, alors que fut adoptée la première loi
québécoise consacrée aux valeurs mobilières. Cette
première loi s'inspirait de la loi ontarienne de l'époque et
n'est plus adaptée aujourd'hui à la réalité
québécoise, tant au niveau du marché des valeurs
mobilières qu'au niveau de la terminologie utilisée. Depuis 25
ans, on a apporté quelques modifications à la loi, principalement
en 1973, mais ces modifications visaient à remédier à des
problèmes particuliers, sans pour autant adapter la loi aux besoins
d'aujourd'hui.
D'autre part, la législation en matière de valeurs
mobilières connaît présentement une évolution
à la grandeur du Canada. En 1978, l'Ontario a procédé
à une révision en profondeur de sa loi. Le gouvernement
fédéral a publié, en 1979, l'année dernière,
un avant-projet de loi sur le marché des valeurs mobilières et
toutes les provinces travaillent actuellement à la révision de
leur loi. La nouvelle loi québécoise sera donc construite autour
de trois grands thèmes: l'information du public et des porteurs de
valeurs mobilières, l'encadrement de l'activité des
professionnels et la protection de l'épargne.
Enfin, l'objectif premier de la loi sera de favoriser l'efficience du
marché des valeurs mobilières. Voilà les faits saillants
des quelque douze derniers mois et les perspectives d'avenir pour
l'année qui vient.
En terminant, j'aimerais peut-être vous présenter... On
pourra peut-être le faire au fur et à mesure, je ne veux pas
prendre le temps de vous présenter tout le monde qu'il y a ici; au fur
et à mesure qu'on appellera les programmes, je pourrai vous
présenter les différents officiers membres du programme. Je
voudrais commencer par vous présenter le sous-ministre, M. Jean-Marie
Bouchard, qui est ici à la table; le sous-ministre adjoint, M. Victor
Guerci, qui est ici avec nous également, et le sous-ministre
associé aux coopératives, M. Adrien Rioux, qui est là
aussi; M. Mo-reau, vice-président de l'Office de la protection du
consommateur, qui est le premier élément à l'étude
de nos crédits, est assis à ma droite. Je vous présenterai
les autres membres au fur et à mesure. Voilà mes remarques.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Je n'ai pas préparé de notes
préliminaires, j'aurais tout simplement quelques questions à
poser au ministre. Selon nos règles de procédure, après un
premier tour de table, le ministre répond à des questions
soulevées lors d'une première intervention des
représentants de chaque parti politique.
Je lisais récemment dans une revue des propos que le ministre
avait tenus répondant lors d'une interview. Il signalait, entre autres,
la philosophie ou les projections qu'il voulait faire siennes. Il indiquait
que, en parallèle à l'aspect protectionniste qu'avait son
ministère il faisait sans doute référence à
la protection du consommateur il voulait faire de son ministère
un outil de développement économique. Le ministre n'est pas
obligé de me répondre immédiatement, mais qu'est-ce que
vous recherchez exactement lorsque vous voulez ajouter ou développer
surtout la dimension de développement économique à
l'intérieur de votre ministère?
Vous avez également fait part d'intentions ou de visions que vous
aviez vis-à-vis du comportement de l'épargne au Québec,
comment l'épargne
était contrôlée, de quelle façon elle
était dirigée et vous entendiez, selon les propos que vous aviez
tenus si vous avez été cité assez parfaitement
vraiment vous pencher à fond de ce
côté-là.
Là encore, il serait intéressant de connaître les
projections ou les perspectives que vous entendez développer et quel
rôle vous entendez y jouer.
Vous voulez également toucher à l'examen dans le domaine
du régime de rentes, des rentes supplémentaires, surtout au
Québec. Il s'agit encore d'une masse d'argent qui a une importance et
qui doit aller un peu dans les projections que vous avez vis-à-vis de
l'utilisation de l'épargne, la canalisation, le contrôle, ainsi de
suite.
Ce sont là les éléments sur lesquels j'aimerais que
le ministre nous fournisse plus de précisions. Vous aviez indiqué
qu'en ce qui a trait à la protection du consommateur vous jugiez qu'on
avait franchi suffisamment de chemin dans cette voie et que tous les outils
étaient là, qu'il s'agissait de les utiliser et que
peut-être on avait voulu, à une certaine époque, apporter
de la surprotection, tellement on avait poussé loin la
législation, la réglementation, les contrôles, à un
point où on se demandait et je partage votre opinion
là-dessus si on n'avait pas de la surprotection, si on ne voulait
pas conduire le consommateur par la main, peut-être ne pas lui laisser
assez de marge de manoeuvre personnelle pour faire ses choix et se comporter en
adulte devant notre monde de consommation.
M. le Président, j'arrête là mes propos; nous
pourrons revenir plus tard sur ces sujets.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Si le ministre veut répondre tout de suite
ou... Très brièvement, M. le Président, M. le ministre,
mesdames, messieurs, bien sûr, l'année qui s'est
écoulée s'est révélée plutôt
tranquille pour le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, surtout du côté
législatif, comparativement à ce qu'on avait connu en 1977 et
1978 où nous avions eu des années très intenses au niveau
de la législation dans ce ministère, le projet de loi no 72 et le
projet de loi no 67, je crois, sur l'assurance...
Par contre, on peut déceler trois faits importants qui auront
sûrement une certaine influence sur les politiques futures de ce
ministère. Ces trois éléments sont: d'abord, le sommet
coopératif, le sommet sur la coopération tenu fin janvier,
début février 1980, qui devrait donner certains résultats
au cours de l'année qu'on entame. On a cru comprendre que le
gouvernement avait fait certaines ouvertures sur la plupart des demandes du
secteur coopératif. Il ne reste plus au gouvernement qu'à agir
dans le sens qu'il laissait entendre et à ne pas décevoir le
secteur coopératif qui, semble-t-il, a été satisfait du
déroulement de ce sommet.
Comme le faisait remarquer le président du Conseil de la
coopération du Québec, cette rencontre marque le début
d'une véritable intercoopération entre certains secteurs du
mouvement coopératif. Depuis quinze ans, on parle
d'inter-coopérer; je pense qu'il serait l'heure maintenant de passer aux
actes. Le gouvernement devra faire sa grande part de ce
côté-là. (20 h 30)
Comme deuxième élément important qu'on a retenu
cette année, on verra les premiers effets de la mise en vigueur de la
nouvelle Loi sur la protection du consommateur. Même si cela fait
longtemps qu'on en a discuté, pour nous, c'est tout nouveau au niveau de
l'application. Il est encore trop tôt pour juger de l'efficacité
de cette loi et des coûts qu'elle pourra peut-être entraîner,
mais, quand même, on pourra voir cela au cours de cette année.
Chose certaine, il faut laisser les divers agents composer avec la nouvelle loi
et faire ensuite les ajustements qui s'imposeront, mais ces ajustements devront
se faire au cours de la présente année.
Le dernier élément, M. le Président, on l'attend
encore. C'est l'étude que le gouvernement nous a promise sur
l'épargne des Québécois. On se rappellera que, lors du
dépôt de l'énoncé de politique économique
"Bâtir le Québec", on nous avait promis que ce document serait
suivi d'une politique sur l'épargne, afin d'assurer aux
épargnants la maîtrise de leur environnement économique. Le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières a parlé ou parlait de quelque chose comme $100 000
000 000 d'actifs financiers au total, lors d'une allocution qu'il a
prononcée devant la Chambre de commerce du Québec ou la Chambre
de commerce de Montréal. En tout cas, cela se passait à
Montréal. On aimerait savoir de la part du ministre quand il sera
possible de prendre connaissance de ce document, un document qui devrait
présenter un tableau complet de ce qu'est l'épargne
québécoise, son importance, d'où elle vient, où
elle va et qui la contrôle.
Quant à moi, ce sont les trois éléments majeurs que
je retiens, M. le Président, au début de l'étude de ces
crédits. J'aurais d'autres commentaires touchant certains points plus
spécifiques, mais, afin d'accélérer les travaux de cette
commission, je les formulerai au fur et à mesure qu'on étudiera
chaque programme du ministère, comme l'assurance automobile, l'Office de
la protection du consommateur et la coopération.
Voilà les remarques préliminaires que je voulais livrer.
Quant à moi, j'aimerais mieux qu'on entame programme par programme et on
pourra poser des questions plus spécifiques concernant ces
programmes.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Bellechasse. M. le ministre.
M. Guy Joron
M. Joron: Je ne veux pas allonger inutilement mes propos avant
qu'on aborde l'étude des crédits programme par programme, mais,
brièvement, je
tenterai de répondre aux questions que les membres de la
commission viennent de soulever. Si j'en oublie, on pourrait y revenir ensuite
morceau par morceau, au fur et à mesure que cela se
présentera.
Le député de Montmagny-L'Islet soulignait que le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières avait, depuis son origine, eu une vocation qu'on pourrait
qualifier de protectionniste. C'est largement vrai. Je pense que la perception
que le public a eue de ce ministère à ce jour, c'est celle d'un
ministère de protection dans le sens qu'il était chargé de
voir à ce que l'épargne de la population que les institutions
financières reçoivent soit placée, utilisée et
gérée de façon sécuritaire, que l'épargnant
soit protégé. La même chose vaut pour la Commission des
valeurs mobilières, qui est chargée non seulement de voir
à ce qu'il existe un marché financier sain au Québec, mais
de voir surtout à ce que les détenteurs de titres soient
protégés, que l'épargnant soit protégé.
Quand, dans les années soixante-dix, s'est développée de
plus en plus la notion de protection du consommateur, on a greffé au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières cette responsabilité probablement parce que
c'était le ministère le plus axé dans la voie de la
protection, si vous voulez. C'est de cette façon qu'on a rattaché
toute la question du consommateur au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Pour répondre à la question que me posait le
député de Montmagny-L'Islet, à savoir ce que j'ai voulu
dire quand, lors d'une entrevue, je disais que le ministère devrait,
tout en conservant évidemment le rôle premier que la loi lui
donne, celui de protéger les épargnants, devenir davantage
axé dans l'optique du développement économique. Avec
justement les épargnes je rejoins une question que soulevait le
député de Bellechasse lorsqu'on considère la masse
d'argent qui a été confiée par les épargnants
québécois aux différentes institutions qui relèvent
de ce ministère, on s'aperçoit qu'il y a là une masse
considérable. En gros, on pourrait si quelques chiffres peuvent
être intéressants illustrer l'importance de cette masse
d'épargne.
A la fin de 1978, il y avait au Québec environ $33 000 000 000
confiés à des institutions de dépôt,
c'est-à-dire des banques à charte, qui ne relèvent pas de
nous, qui sont évidemment de juridiction fédérale, les
caisses d'épargne et de crédit qui, elles, relèvent de
nous, les sociétés de fiducie, qui relèvent de nous. Ces
trois titres, ces institutions détenaient $33 000 000 000; dans les
compagnies d'assurance-vie, on retrouvait à la fin de 1978 un actif
équivalent à un peu plus de $10 000 000 000 également, qui
sont des sommes mises de côté pour permettre aux assureurs-vie de
faire face à leurs obligations envers des assurés
québécois.
Nous voilà rendus à $43 000 000 000, ce à quoi on
peut ajouter, bien que ça ne relève pas directement de ce
ministère-ci, les $10 000 000 000 et plus d'épargne que canalise
le Régime des rentes vers la Caisse de dépôt; là,
vous en êtes rendus à $53 000 000 000 et ce n'est encore qu'une
partie de la masse totale. Il faudrait pouvoir ajouter tous les régimes
de rentes privés et supplémentaires qui peuvent exister et dont
on a des statistiques approximatives seulement. Finalement, il faudrait y
ajouter tout ce qui est des placements privés et qui ne sont pas
comptabilisés dans tout ce que je viens de dire. Si vous détenez
des obligations, des actions ou quelque autre placement que ce soit, ce n'est
pas comptabilisé dans le total que je viens de donner, si bien que, si
vous ajoutez en plus à ces valeurs mobilières les valeurs
immobilières que peuvent détenir les Québécois, on
s'aperçoit que l'épargne globale de la société
québécoise dépasse probablement très largement les
$100 000 000 000 au moment où on se parle.
La majeure partie de ça relève directement ou
indirectement d'institutions financières qui relèvent
elles-mêmes de notre ministère. Evidemment, le ministère,
s'il s'implique de façon non plus à exclusivement protéger
l'épargnant ce qu'il doit continuer de faire mais s'il a
comme préoccupation, en même temps, de dynamiser les institutions
financières, de voir à ce qu'elles emploient les sommes qui leur
sont confiées de la manière la plus rentable, la plus dynamique
possible pour le développement économique du Québec, on
voit la vocation possible du ministère se transférer en un
ministère relativement statique, un ministère qui devient
très dynamique et qui fait partie des ministères à
développement économique.
Comment peut-il faire pour dynamiser les institutions? C'est nous qui
faisons les règles du jeu qui encadrent ces institutions. En parlant
tout à l'heure, j'ai mentionné, au cours de mes remarques
préliminaires, quelque chose qui découle du sommet sur la
coopération, un engagement qui découle de ce sommet. J'ai dit que
nous voulons revoir la Loi des caisses d'épargne et de crédit de
façon à élargir leur pouvoir de placement. Je n'entrerai
pas dans les détails à ce moment-ci, on le fera quand la loi
arrivera; ce n'est pas encore pour demain matin, ça ne se fera
très certainement pas avant l'automne, mais on aura très
probablement l'occasion d'en discuter en cette année 1980. On a un
exemple par lequel le ministère peut influer sur le développement
économique.
Ensuite, il y a tout un rôle, qui n'est pas législatif du
tout, mais qui est plus du ressort, si vous voulez, des relations que le
gouvernement, que les hommes politiques, que les officiers du ministère
peuvent entretenir avec les gérants de ces institutions
financières. Cela ne dépend pas de la législation, cela
dépend des hommes et des femmes, cela dépend de la
mentalité. Il faut bien l'avouer, et je pense que le
député de Montmagny-L'Islet que je vois sourire et qui est dans
le domaine financier depuis assez longtemps sait très bien à quoi
je veux en venir, on a eu au Québec, essentiellement, une
mentalité en matière de placements, disons, contentons-nous pour
l'instant de
dire, conservatrice, pas très dynamique. Je ne suis pas du tout
un tenant du risque, mais, entre les placements folichons, les placements
risqués et les placements ultra-conservateurs, il y a toute une marge.
Il y a un secteur que les Québécois, comme individus autant que
comme institutions, ont délaissé, c'est le placement sous forme
d'actions. Les Québécois ont préféré
prêter leur argent sous forme d'obligations, sous forme de prêts
hypothécaires plutôt que de devenir propriétaires; ils ont
préféré prendre des prêts hypothécaires
plutôt que d'être le propriétaire de l'édifice, ou
bien ils ont préféré acheter des obligations plutôt
que d'acheter des actions d'une entreprise, par exemple.
Ceci a fait que, bien qu'on ait accumulé des masses
d'épargne considérables, l'ampleur de cette épargne ne
correspond pas du tout au contrôle efficace que l'on exerce sur
l'économie du Québec, parce que ce qui procure le contrôle
et le pouvoir de décision, ce n'est pas celui qui a prêté
l'argent, c'est celui qui détient les actions, celui qui détient
la propriété. C'est en train de changer, évidemment. Je
pense que cela pourrait être encouragé, pas tant par les lois que
par la parole ou enfin les relations que nous pouvons avoir quotidiennement
avec les gérants des différentes institutions financières,
les gérants des grands portefeuilles québécois.
L'étude sur l'épargne, enfin je terminerai
là-dessus à laquelle faisait allusion le
député de Bellechasse, cette étude qui, en fait, dans ce
sens, prend une espèce de photographie, si vous voulez, de la
réalité de l'épargne québécoise aujourd'hui:
d'où vient-elle, où est-elle placée, à quoi
sert-elle, ainsi de suite, cette vaste étude et les recommandations qui
l'accompagnent, je vous rappellerai que c'est un mandat qui a été
confié au ministre d'Etat au Développement économique. Le
comité de développement économique n'a pas pris de
décision finale à savoir quand ce rapport serait rendu public.
Moi, je ne peux pas, évidemment, engager le ministre d'Etat au
Développement économique, parce que c'est lui qui en avait le
mandat, c'est à lui que le Conseil des ministres avait donné le
mandat de réaliser cette étude qui a évidemment mis
à contribution notre ministère, mais l'étude comme telle,
c'est au ministre d'Etat au Développement économique de la rendre
publique au moment qu'il aura choisi.
Pour l'instant, je ne peux répondre à cette partie de la
question. Voilà, en gros, ce que je voulais ajouter à la suite
des questions que posaient mes collègues et, encore une fois, si j'en ai
oublié, je tâcherai d'y revenir au fur et à mesure que les
discussions se dérouleront.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Discussion générale
M. Giasson: Je remercie le ministre de nous avoir apporté
des précisions. C'est fort intéressant, le secteur de
l'épargne et les orientations qui pourraient être données
dans ce sens. Les nouvelles orientations en soi ne créent pas de
l'épargne additionnelle. On a mentionné que, dans le secteur
bancaire, les caisses d'épargne et de crédit et les fiducies, il
pouvait y avoir $33 000 000 000. De quelle manière l'action ou les
interventions de son ministère pourraient-elles modifier en profondeur
les politiques de placement et une nouvelle orientation dans le placement des
sommes qu'on retrouve dans les institutions que je viens de mentionner? (20 h
45)
M. Joron: On n'aura pas de révolution dans ce domaine. Ce
dont on parle, ce sont des changements à la marge. Evidemment, les $15
000 000 000, par exemple, qui sont confiés aux différentes caisse
d'épargne et de crédit existantes au Québec, c'est
déjà placé, c'est prêté sous
différentes formes, soit en prêts hypothécaires, en ci en
ça, en obligations, un peu en actions, etc., et cela ne revirera pas de
bord du jour au lendemain.
Mais, en permettant, par exemple, de placer un peu plus sur actions que
ce que la loi permet à l'heure actuelle...
M. Giasson: Si vous me permettez, pour les institutions qui ont
le contrôle de ces masses d'argent et non pas les individus qui ont des
épargnes à l'intérieur des entreprises, est-ce que cela
nécessite des changements aux lois?
M. Joron: Oui, cela nécessite des changements aux lois.
Les caisses d'épargne et de crédit nous demandent depuis
longtemps d'élargir leurs pouvoirs de placement, pour leur donner plus
de flexibilité. Dans le passé, les lois ont été
très conservatrices, très prudentes, peut-être un peu
ultra-prudentes à cet égard et la marge de manoeuvre en termes de
placement de ces institutions est plus limitée que celle d'autres
institutions financières dans d'autres provinces, dans d'autres Etats
américains, par exemple. On veut élargir le cadre, pas
énormément, mais de façon que, progressivement, des fonds
puissent être orientés vers des secteurs. On pense surtout au
développement des entreprises, au développement industriel par
opposition à des placements plus du type bas de laine comme prêts
hypothécaires et ainsi de suite. C'est ce genre de modifications
législatives qui sont loin d'être révolutionnaires, encore
une fois, et qui constituaient la marge, mais qui, avec le temps, peuvent
graduellement changer la situation, d'autant plus que la masse de
l'épargne elle-même, surtout dans des années d'inflation
comme celle que l'on vit depuis cinq ans, augmente d'année en
année et relativement rapidement. Cela ne prend pas beaucoup de temps
finalement pour qu'au bout d'un certain nombre d'années le portrait, si
vous voulez, des placements de nos institutions financières, si je me
reporte dans cinq ans d'ici, puisse être sensiblement différent de
ce qu'il est maintenant.
M. Giasson: Mais, effectivement, s'il y avait des changements
dans les politiques de place-
ment de manière que nos entreprises qu'on vient de citer se
dirigent plus ou davantage vers le capital de risque, le capital-actions,
est-ce qu'on peut en déduire que, pour ces organismes ou ces
entreprises, il y aurait une meilleure rentabilité sur le placement
d'argent ou s'ils devraient céder peut-être sur la
rentabilité, étant donné l'élément de risque
qu'on retrouve à l'intérieur de cette forme de placement?
M. Joron: Encore une fois, il faudrait s'entendre quand on parle
de risque. On parle toujours de risque mesuré, de risque dans le sens
où les banquiers parlent de risque; ce n'est pas dans le même sens
que les spéculateurs boursiers parlent de risque. C'est toujours un
risque très qualifié.
Je pense que cela pourrait avoir tendance à élever le
rendement sur les fonds placés par ces institutions financières.
Cela devrait normalement leur procurer un meilleur rendement sur leurs
placements. Je le crois. Je parle d'élargir les pouvoirs de placement.
On a aussi parlé de modifier la loi dans le sens de permettre aux
caisses d'épargne d'être beaucoup plus dynamiques sur le
marché des prêts commerciaux, des prêts industriels, leur
permettre d'agir en somme comme les banques à charte le font à
titre de banques d'affaires, de banques commerciales, ce que les caisses
d'épargne, jusqu'à ce jour, ont à peine touché
quand elles l'ont fait indirectement. En effet, la loi à cet
égard n'est pas aussi permissive pour elles que la loi
fédérale ne l'est pour les banques, par exemple, mais on veut les
mettre sur un pied de concurrence qui leur permette d'être aussi
dynamiques et aussi concurrentielles que les banques peuvent l'être aux
niveaux commercial et industriel.
M. Mathieu: Dans le même ordre d'idées, M. le
ministre, vous touchez là un point très sensible. Ma pratique
notariale m'indique qu'on part d'une petite entreprise de peine et de
misère, la caisse populaire prête sur nantissement commercial en
prenant beaucoup de risque parce qu'elle a confiance dans la garantie morale
des fondateurs, des promoteurs et, au bout de sept ou huit ans, on se ramasse
avec quelque chose d'intéressant, une assiette intéressante, la
compagnie a bien progressé et là, on s'aperçoit que nos
lois obligent l'institution, l'industrie à s'orienter vers les banques,
parce que les garanties ne sont plus suffisantes. Les caisses populaires n'ont
pas l'équivalent de l'article 88 de la Loi des banques et il y a manque
de dynamisme. On s'aperçoit qu'on prépare l'assiette au beurre
et, quand elle est belle, on l'envoie aux banques. Je crois que c'est assez
urgent d'agir dans ce domaine. Je l'ai souvent constaté dans ma pratique
de notaire.
M. Joron: Je suis très heureux du témoignage que
vous apportez. Vous avez fort bien illustré l'une des raisons pour
lesquelles je pense qu'il devient maintenant urgent de modifier la Loi des
caisses d'épargne et de crédit. C'est ce qu'elles nous ont
d'ailleurs fait valoir toutes sans exception à l'occasion
du sommet sur la coopération.
M. Giasson: Pour ce qui est des blocs d'épargnes qui sont
entre les mains des compagnies d'assurances que ce soient des compagnies
d'assurance-vie ou encore des compagnies d'assurance générale qui
font également du placement est-ce que vous jugez qu'à
l'intérieur des lois qui régissent les entreprises d'assurances,
on devrait apporter également des changements de manière à
donner plus de possibilité ou de marge, parce que les lois sont assez
limitatives dans le pourcentage des épargnes ou des actifs qui peuvent
être investis en capital-actions?
M. Joron: Dans le cas des assurances, dans le cas des compagnies
d'assurance-vie, la loi leur permet d'aller jusqu'à 30% de leur
portefeuille, mais je vous avoue qu'au moment où on se parle, je pense
avoir fait un calcul à partir des états financiers de la fin de
l'année 1978 qui démontrait que, pour les compagnies
d'assurance-vie disons québécoises, dont le centre de
décision est au Québec, le pourcentage de leurs fonds
placés sous direction, si ma mémoire est fidèle,
était voisin de 5% ou 6% alors que déjà la loi leur permet
d'aller à 30%. Là, ce n'est pas la loi qui les en empêche,
c'est plus une mentalité, c'est une question de changement de
mentalité, probablement. C'est très inégal. Il y en a qui
sont beaucoup plus modernes que d'autres, si vous voulez, à cet
égard.
Il faut dire aussi que cela peut être très variable d'une
année à l'autre. Évidemment, il y a des cycles à la
Bourse et il y a des gérants de portefeuille qui, à certains
moments, choisissent, presque d'évaluer complètement le champ des
placements sous forme de titres, sous forme d'actions, quitte à
réinvestir massivement quand les perspectives boursières semblent
meilleures. Tout cela fait que les statistiques peuvent être
interprétées avec une certaine souplesse. Malgré tout,
c'est un fait que les compagnies québécoises d'assurance-vie,
à cet égard, si on les compare aux autres compagnies canadiennes
d'assurance-vie, ont été beaucoup plus timides. Mais ce n'est pas
la loi qui les en empêche, ce sont des traditions.
M. Giasson: Est-ce que le ministre juge que les politiques en
vigueur à la Caisse de dépôt et placement, qui gère
encore des masse de capitaux importantes, sont assez dynamiques? Est-ce que,
pour lui, la direction de la Caisse de dépôt et de placement est
ouverte à des placements en capital-actions?
M. Joron: C'est une prolongation de la période des
questions de ce matin?
M. Giasson: Non, j'aimerais avoir votre avis de ce
côté-là!
M. Joron: J'ai un avis personnel, qui n'est pas
nécessairement celui du ministre tuteur ou responsable de la Caisse de
dépôt ou celui du gouvernement, je l'ai exprimé, j'ai
déjà dit que la Caisse de dépôt aurait pu être
plus "agressive " à cet égard qu'elle ne l'a été
dans le passé, malgré
que les fonds... Je pense que cela a varié autour de 15% à
peu près, les fonds que la caisse a consacrés aux placements sous
forme d'actions alors que la loi permet d'aller jusqu'à 30%. Là
encore, il faut tenir compte des cycles boursiers. Les actions ne sont pas tout
le temps aussi attrayantes qu'à d'autres moments.
Si vous me demandez une opinion personnelle, je n'hésite pas
à vous dire que la caisse a été plus conservatrice,
à mon avis je peux me tromper, tout cela est relatif
qu'autrement jusqu'à ce jour. Mais, progressivement, depuis quelques
années... Ces choses ne changent jamais du jour au lendemain,
très rapidement, mais je pense que, depuis quelques années, la
caisse a fait preuve d'évolution à cet égard dans le sens,
d'une part, de la participation. Elle a pris une participation importante
à un certain nombre d'entreprises; elle a même commencé
à déléguer de ses représentants à certains
conseils d'administration. Je pense que la caisse s'oriente dans la bonne voie
mais, encore une fois, c'est mon appréciation personnelle tout
simplement.
M. Giasson: Lorsque vous faites référence à
l'épargne des Québécois à l'intérieur de
régimes supplémentaires de rentes, quel est l'ordre de grandeur
approximatif? J'ai l'impression qu'on retrouve une partie de ces
épargnes à l'intérieur des blocs d'argent que nous avons
dans les compagnies d'assurances et dans les fiducies. Tous ces régimes
supplémentaires ne sont pas nécessairement à
l'extérieur de ces groupes auxquels on a fait allusion.
M. Joron: Oui, d'accord, ce que vous dites là, c'est vrai
pour une partie. Dans le cas des fiducies, par exemple, quand je citais des
chiffres tout à l'heure, je disais qu'il y avait, à la fin de
1978, pour $33 000 000 000 d'épargne québécoise
déposée auprès des banques à charte, des caisses
d'épargne et de crédit et des sociétés de fiducie.
Mais c'est seulement à titre de dépôt.
Si des successions, par exemple, sont administrés par des
compagnies de fiducie, si des régimes de rentes privés sont
administrés par des compagnies de fiducie, ils ne figureraient pas dans
le total que je vous ai donné. Alors, à combien les estimer? Ce
n'est pas facile. Je vous avoue qu'immédiatement je n'ai pas le chiffre
en tête. Mais, globalement, je pense qu'il y a à peu près
autant dans les régimes de rentes privés supplémentaires,
sinon même davantage, que dans le régime public qui est autour de
$10 000 000 000 au moment où on se parle. Il y a probablement encore
quelque chose comme $10 000 000 000 qui flotte quelque part, dont on n'a pas
tenu compte ici, qui est administré soit par des compagnies de fiducie
ou par des compagnies d'assurance-vie mais dans un portefeuille
séparé de celui dont je faisais mention tout à l'heure,
qui ne correspond qu'aux actifs correspondant aux obligations envers les
assurés québécois.
Ces chiffres, la raison pour laquelle, au cours de l'entrevue que vous
mentionniez un peu plus tôt, je mentionnais cela, c'est une partie
considérable de l'épargne générée... La
plupart de ces systèmes de fonds de retraite privés fonctionnent
sous forme de contribution moitié par l'employé, moitié
par l'employeur, et ainsi de suite. La plupart du temps, ils sont
gérés par l'employeur. C'est l'employeur, dans la plupart des
cas, qui décide de les administrer lui-même. Cela arrive encore
dans un très grand nombre d'entreprises, c'est le cas dans les plus
grosses, comme Bell Canada, le Canadien national, ainsi de suite, qui
gèrent leur propre fonds de retraite de leurs employés; ce
portefeuille représente, dans le cas du CN, je pense, $2 000 000 000,
quelque chose comme cela. C'est gigantesque, c'est considérable. Dans le
cas du Canadien pacifique, cela doit être énorme aussi; dans le
cas de Bell Canada, vous pouvez vous imaginer également que ce doit
être une masse considérable d'épargne. Alors, il y a
beaucoup d'entreprises qui gèrent elles-mêmes le fonds de retraite
en question ou, dans d'autres cas, qui le confient à une compagnie de
fiducie ou à une compagnie d'assurances.
Ce que je disais, c'est que, comme pour la moitié, il s'agit
d'une épargne prélevée sur le salaire des employés,
quand les syndicats négocient des conventions collectives, ils devraient
avoir le souci de participer, pour une partie tout au moins, à
l'administration des fonds auxquels les syndiqués contribuent et voir
où est placé cet argent, auprès de quelle institution,
ainsi de suite. Dans ce sens, c'est moins une action législative de la
part du gouvernement, si vous voulez, qu'une action des syndicats; dans la
négociation de leurs conventions collectives, ils devraient, à
mon avis, s'intéresser davantage à cette question de la gestion
des fonds de rentes supplémentaires. Ce sont des masses d'argent assez
considérables.
M. Giasson: En définitive, vous ne prévoyez aucune
mesure particulière de façon à canaliser
différemment l'épargne québécoise? (21 heures)
M. Joron: II faut dire que, globalement, il y a des mesures. On
parlait un peu plus tôt de moderniser notre loi sur les caisses
d'épargne et de crédit pour élargir les pouvoirs de
placement. Il y a des choses comme ça. Peut-être que j'en oublie
au moment où on se parle, mais, globalement, je ne pense pas que la
canalisation de l'épargne soit quelque chose qui se
légifère. C'est ma pensée personnelle. Je ne pense pas que
ce soit la législation ou la coercition législative de quelque
forme que ce soit qui en est l'instrument. D'ailleurs, on est à un
certain niveau de développement ici. On a une multitude d'institutions
financières différentes dont plusieurs sont
contrôlées par des Québécois. On a largement
dépassé le stade où notre seul recours pour canaliser
l'épargne des Québécois serait de légiférer.
Je pense que la société québécoise est beaucoup
plus développée et beaucoup plus complexe que cela. Vous savez
que vous le savez sûrement parce que vous êtes dans le
domaine de l'assurance on ne légifère pas si facilement
que cela
non plus sur une matière aussi volatile que l'épargne ou
que l'argent. Il suffit de légiférer pour penser l'orienter dans
tel sens pour qu'avant que la loi soit imprimée, elle soit partie dans
l'autre sens. Je ne pense pas que ce soit la façon de faire.
M. Giasson: M. le Président, je laisse faire mes
collègues.
Le Président (M. Boucher): On peut passer,
j'espère, au programme 1, Protection du public. Les membres sont-ils
d'accord pour qu'on en étudie tous les éléments et qu'on
adopte le programme au complet?
Protection du public
M. Mathieu: J'ai certaines remarques préliminaires
relativement à l'Office de la protection du consommateur. Je peux les
faire tout de suite ou tout à l'heure, à n'importe quel moment.
Je peux y aller tout de suite?
Une Voix: D'accord.
M. Mathieu: Evidemment, je suis tout à fait d'accord avec
les buts et objectifs poursuivis par cette Loi de la protection du
consommateur. Je pense que cela s'imposait et cela s'impose encore.
Pour la loi qui est entrée en vigueur le 30 avril, je crois qu'il
y a certains problèmes de rodage qui vont exiger certaines
modifications, à mon sens, parce que en réalité, on peut
obtenir un but contraire à celui recherché. J'aimerais apporter
ici certains exemples concrets pour tâcher de démontrer le
bien-fondé de mes remarques. J'ai reçu évidemment, comme
sans doute beaucoup d'autres d'entre vous et peut-être le cabinet
du ministre également après le 30 avril, lorsque cette loi
est entrée en vigueur, beaucoup de représentations de la part de
la Fédération des garagistes. Il y a certains articles... Par
exemple, l'article 151 de cette loi dit que le commerçant ou le
manufacturier assume les frais raisonnables de remorquage ou de
dépannage de l'automobile. Evidemment, j'imagine que la jurisprudence
nous dira ce que sont des frais raisonnables mais c'est le pauvre citoyen
justiciable qui va être obligé de faire les frais de cette
jurisprudence qui va payer pour les autres. Peut-être y aurait-il lieu de
le préciser davantage.
Également, lorsqu'on oblige les garagistes à faire une
évaluation, je crois que c'est justifié dans certains cas,
probablement en ville et moins à la campagne, parce que la notion
d'"usager" et de "garagiste" est infime. Vous comprenez, à la campagne,
tout le monde se connaît. Il y a une chose qui me surprend un peu. C'est
sûr que l'on peut renoncer à cette évaluation, mais par un
écrit de la main du consommateur, si je ne me trompe. On lui fait faire
une espèce de testament olographe. Même si ce n'était pas
un écrit de sa main, voyez-vous le pauvre consommateur il y en a
qui écrivent avec beaucoup de difficulté commencer
à dresser un écrit de sa main à lui? Je crois que cela
mériterait un amendement pour que l'écrit soit fait de n'importe
quelle manière, parce que ce n'est pas un acte tellement
considérable de la nature d'un testament, par exemple, qui, lui est un
acte très important pour un individu. Il serait bon d'avoir vos
commentaires tout à l'heure, mais je crois que cela mériterait
une modification pour que l'écrit dont il est question soit
rédigé pas nécessairement de la main de celui qui veut
renoncer à l'évaluation. C'est l'article 168.
Pour ce qui est des fameuses garanties, dans la notion de protection du
consommateur, si on avait affaire seulement à des voitures neuves, il
n'y aurait pas de problème pour obtenir une garantie de trois mois ou 10
000 kilomètres. Mais lorsqu'on a affaire, par exemple, à un
particulier qui achète une voiture d'occasion vous savez qu'il y
avait un marché fort répandu de justiciables qui achètent
une seconde voiture pour voyager à leur cabane à sucre, à
leur garage; un achat de S400 ou $500, pour passer l'hiver avec cette
loi qui oblige le garagiste à fournir une garantie de trois mois, 5000
milles ou selon le cas A, B ou C, vous comprenez que le marché de cette
sorte de voitures vient de s'éteindre, parce que, si le garagiste est
obligé de garantir la voiture pour trois mois ou 5000 kilomètres,
il ne la vendra pas $500 ou $1000; il va la vendre $2000. C'est la
conséquence pratique. Donc, c'est notre justiciable au bout de la course
qui fait les frais de cette protection qui devient du superflu.
Je crois qu'il y aurait lieu, comme on l'a prévu pour
l'évaluation, de prévoir que le citoyen, le consommateur puisse
renoncer à la garantie dans ces cas, s'il le désire. Je crois que
c'est surprotéger le consommateur que de l'astreindre de l'obliger
à accepter la garantie.
Également, dans le cas de pièces usagées, l'article
176 le dit. Dans mon comté, il y a tout un réseau de garagistes
qui vendent des pièces usagées. Il m'est arrivé d'avoir
une voiture qui ne servait pas tellement. La transmission faisait
défaut, ou n'importe quelle pièce. J'arrive au garage et le
garagiste me dit: Voici, je vais t'installer une transmission pour $75, aucune
garantie. Si elle va, c'est correct; si elle ne va pas, tu l'endureras. Je
voudrais avoir la faculté de renoncer à la garantie. Je crois que
cela m'avantagerait plus que d'être obligé de la subir parce que,
pour une voiture qui vaut $300 ou $400, si je fais installer une transmission
de $400 ou $500, je ferais mieux de remiser ma voiture ou de l'envoyer au rebut
tout simplement.
Il y a un autre point très important, c'est qu'on accroche la
garantie à la voiture et non au propriétaire dans certains cas.
L'article 152 prévoit cela. Par exemple, vous avez certains garagistes
spécialisés dans le domaine du système
d'échappement. Ils vous garantissent le système
d'échappement à vie, s'ils le posent, tant que vous êtes
propriétaire. Alors, la garantie est attachée au
propriétaire. Là, la loi transporte la garantie à
l'automobile elle-même. On voit cela régulièrement dans le
domaine du système d'échappement et des amortisseurs. Vous
comprenez que si c'est pour la vie de la
voiture, quand la personne a une voiture vieille de sept ou huit ans, ou
de trois ans, et fait poser un système d'échappement garanti
à vie, cela devient exorbitant pour le garagiste, pour le
commerçant, parce que, si la voiture dure dix ans ou quinze ans, il faut
qu'il renouvelle le système d'échappement ou les amortisseurs. La
conséquence pratique, c'est que, dans mon bout, en tout cas ce
doit être la même chose ailleurs la garantie à vie
vient de s'éteindre. Il y a beaucoup de consommateurs j'en suis
un qui avaient sur la voiture certaines pièces garanties à
vie et cela ne sera plus possible à l'avenir.
Dans une saine philosophie de véritable protection du
consommateur, en tout cas au nom de la Fédération des garagistes
et de beaucoup de consommateurs de mon comté et d'ailleurs dans la
province, je n'en doute pas, je crois qu'il y aurait lieu je
répète mes lignes de chapitre d'abord d'accrocher la
garantie au propriétaire de la voiture et non à la voiture, comme
c'était avant et, ensuite, de pouvoir renoncer à la garantie. Si
je suis tout à fait consentant et que cela me paie, dans un cas
donné, à renoncer à cette garantie, je ne vois pas en quoi
je serais pénalisé d'y renoncer. C'est à moi à
évaluer la situation et non pas au législateur à le faire
pour moi, parce que la conséquence pratique, c'est que cela me
pénalise.
Donc, ce sont des choses qui sont extrêmement importantes.
Également, vous comprenez que, pour nos garagistes artisans, à la
campagne je ne parle pas pour la ville, je ne connais pas la situation
ce ne sont pas des notaires qui ont le crayon prêt à la
main et qui sont capables d'arriver et de remplir toute cette paperasse. On
leur impose d'énormes tracasseries administratives, il me semble que les
demandes que je formule en ce moment devraient être
étudiées avec beaucoup de soin et ceci, je le
répète non pas, dans le but d'apporter un amendement qui viserait
à diminuer la protection du consommateur; je crois que vous me comprenez
bien.
Il y a eu des réunions générales de garagistes
à quelques endroits de la province, j'ai reçu des
représentations de la Fédération provinciale des
garagistes et c'était surtout la teneur de leurs revendications.
J'aimerais que l'on puisse échanger davantage dans ce domaine et
j'espère qu'il pourra être fait droit à ces suggestions ou
ces recommandations.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Joron: M. le Président, les remarques que le
député de Beauce-Sud vient de faire ont plus trait à
l'étude du projet de loi no 72 lui-même qu'à l'étude
des crédits du ministère, mais je veux bien quand même
engager la discussion avec lui sur les sujets qu'il vient de soulever. Ceci
nous conduirait à des amendements à apporter
éventuellement à la loi 72, mais je suis de ceux qui croient que
toutes les lois peuvent être améliorées, sont
perfectibles.
Quant aux raisons qui ont amené le législateur à
écrire la loi telle qu'elle l'est, j'aimerais deman- der à M.
Moreau, le vice-président de l'office, de vous faire part du point de
vue qui a prévalu ou des raisons qui ont amené le
législateur, à l'époque, à écrire la loi
telle qu'elle l'est, ce qui ne voudra pas dire nécessairement que
ça répondra en tout point aux interrogations que vous soulevez.
Je tiens à vous dire dès le départ, de toute façon,
que les propos que vous tenez ou les suggestions que vous faites restent
consignés et pourront certainement servir un jour à
l'amélioration des lois, si la réponse ne vous satisfait pas.
Le Président (M. Boucher): M. Moreau.
M. Mathieu: Juste un mot. Je suis d'accord, M. le ministre, nous
ne sommes pas ici à l'étude de la loi 72, mais je crois que c'est
le forum approprié dans le moment pour apporter ma suggestion,
autrement, il faudrait aller devant l'Assemblée nationale, pendant une
des périodes de questions, et je trouverais ça abusif.
M. Joron: Non, c'est exact, c'est le forum approprié.
M. Mathieu: D'autant plus que nous avons ici les ressources
appropriées.
M. Joron: Avec plaisir!
Le Président (M. Boucher): M. Moreau.
M. Joron: De façon générale, je dirais que
le domaine de l'automobile fait l'objet, auprès de nos bureaux
régionaux, de plaintes très nombreuses. C'est par dizaines de
milliers que nous recevons, finalement, chaque année, dans les bureaux,
des plaintes qui concernent l'automobile et particulièrement les
garanties, ce qui dénote que les consommateurs vivent un réel
problème. C'est la raison pour laquelle le législateur a cru bon
d'apporter des articles dans le domaine de l'automobile et des motocyclettes,
principalement sur les sujets que vous avez tantôt mentionnés.
Si je reprends les articles un à un, je m'arrêterai d'abord
à l'article 151 et je crois que la question que vous avez posée,
vous y avez également apporté la réponse lorsque vous avez
mentionné que, quand on parle de frais raisonnables, ce sont
évidemment les tribunaux qui vont apprécier, au cas où un
litige civil surviendrait.
Il est bien évident que si un consommateur veut réclamer
à peu près le double du tarif habituel pour le remorquage, il est
loin d'être certain que les tribunaux vont lui donner raison. La loi ne
pouvait évidemment pas fixer un tarif et indiquer quel était le
coût horaire ou encore le coût d'un dépannage, le tout
dépendant du millage effectué par le garagiste. Il était,
je crois, normal que le législateur prévoie que ce soit un
montant raisonnable qui puisse être réclamé. Je pense que
le consommateur pourrait certainement causer un problème s'il voulait
ambitionner, parce qu'il n'est pas certain que le commerçant accepterait
de payer un montant qui est exorbitant. (21 h 15)
Passons maintenant à l'article sur les garanties,
c'est-à-dire les catégories A, B, C et D que vous avez
mentionnées, auxquelles vous avez fait allusion tantôt. Votre
exemple portait sur de vieilles autos qui, parfois, servent pour aller à
son chalet d'été ou encore aller à la pêche; ce sont
des autos qui, selon vos dires, peuvent valoir entre $500 et $1000. Je pense
qu'au prix actuel des automobiles, il est assez clair que lorsqu'une auto se
vend $500 ou $1000, elle tombe presque toujours dans la catégorie D,
c'est-à-dire la catégorie qui prévoit qu'il n'y a
finalement aucune garantie. Si l'on parle d'une auto de $500, disons, je pense
qu'il serait assez surprenant qu'elle tombe dans la catégorie A,
c'est-à-dire la catégorie des autos qui ont moins de deux ans
d'existence, ni la catégorie B, où l'existence de l'auto se situe
entre deux et trois ans. Quant à la C, c'est entre cinq ans et trois
ans. Je pense qu'entre cinq ans et trois ans, il est assez rare qu'on retrouve
un véhicule d'une valeur de $500.
Vous avez également parlé de la renonciation du
consommateur à l'estimation de réparations. Il est vrai que la
loi prévoit que le consommateur doit renoncer de sa main à
l'estimation; la raison, c'est que beaucoup de consommateurs se sont plaints
dans les bureaux régionaux que des estimations n'étaient pas
faites. Or l'expérience enseigne, je pense, que le consommateur qui n'a
pas à renoncer de sa main va facilement signer des formules qu'il ne
prendra parfois pas la peine de lire pour une foule de raisons et c'est
beaucoup plus clair, je pense, entre les parties lorsque le consommateur
renonce par écrit, qu'il sait vraiment à quoi il s'est
engagé; il est clair également que les parties se sont bel et
bien entendues pour que la réparation se fasse sans une estimation.
C'est certainement l'avantage de la renonciation de la main du consommateur.
S'il y avait un amendement prévoyant d'éliminer cette
renonciation écrite de la main du consommateur, on pourrait se retrouver
dans des situations où le consommateur prétend ne pas avoir eu
connaissance qu'on lui demandait de renoncer à cette estimation.
Finalement, il faudrait voir, je pense, à l'usage. Cela fait un
mois que la loi est en vigueur. Est-ce que, dans six mois ou dans un an, on va
réaliser que beaucoup de consommateurs trouvent qu'il est difficile ou
astreignant de devoir renoncer ou non. Je pense que c'est l'expérience
qui peut nous l'enseigner et il n'est pas certain que finalement le
consommateur n'aime pas cette formule qui est prévue présentement
dans la loi.
Vous avez parlé également de l'article 176, les
pièces usagées. Il est vrai que les pièces usagées
sont garanties au même titre que les pièces neuves. Le
législateur a certainement voulu à ce moment que le consommateur
puisse en avoir pour son argent. Lorsque l'on fait poser une pièce
usagée sur un véhicule, il est sans doute normal que cette
pièce puisse avoir une durabilité d'au moins trois mois. Prenons
le cas d'un radiateur: si la durabilité risque de n'être que d'un
mois parce qu'elle est usagée, quand on connaît le coût non
seulement des pièces, mais de la main-d'oeuvre, le consommateur aurait
certainement préféré savoir à l'avance que la
pièce risquait de ne pas durer trois mois et éviter
peut-être de faire réparer la pièce de nouveau lorsque
très souvent la main-d'oeuvre est beaucoup plus dispendieuse que la
pièce à remplacer. S'il n'est pas certain que la pièce a
une durabilité d'au moins trois mois, je pense que le consommateur, de
façon générale, va préférer payer un peu
plus cher la pièce neuve et éviter peut-être de retourner
dans un mois et payer des frais considérables de main-d'oeuvre.
Vous avez également parlé de l'article 152, qui mentionne
que la garantie s'attache davantage à la voiture plutôt qu'au
propriétaire. C'est un fait aussi que la garantie est là pour
couvrir le bien de consommation quel que soit le propriétaire qui
possède ce bien de consommation. Si l'on mentionne qu'un tuyau
d'échappement, par exemple, est garantie à vie, il faudrait
savoir à vie de qui, est-ce que c'est à vie de la pièce ou
à vie du propriétaire du véhicule? Je pense que personne,
finalement, ne sait vraiment quelle est la durée de la garantie
lorsqu'on mentionne que la pièce est garantie à vie,
c'est-à-dire tant que le propriétaire conserve son
véhicule. Je pense que ce ne sont pas les garanties les plus claires que
peuvent espérer les consommateurs. Les garanties les plus claires sont
celles qui indiquent exactement pour combien de temps une pièce est
garantie, quel qu'en soit le propriétaire.
Vous avez également mentionné que ces demandes devraient
être étudiées avec soin, étant donné qu'il y
va de l'intérêt du consommateur. Il faudrait qu'elles soient
étudiées avec soin, mais toujours en étudiant avec soin
également, en contrepartie, quels sont les désavantages que
l'ancien système présentait pour le consommateur et quels sont
les plaintes et les problèmes qu'affrontaient les consommateurs. C'est
en mesurant aussi des inconvénients qu'on en arrive finalement à
établir qu'il est peut-être préférable qu'il y ait
de petites contraintes comme celles-là, mais qui feront drôlement
profiter le consommateur de l'argent, par exemple, qu'il investit pour acheter
un bien de consommation.
M. Mathieu: Je demeure persuadé, M. le Président,
que, dans l'ensemble c'est mon opinion et c'est sûrement
contestable, je vous donne le droit de conserver votre point de vue ces
articles ne bénéficieront pas au consommateur. Je le dis
d'après mon expérience dans la pratique de ma profession.
M. Joron: Cela fait, encore une fois, un mois que la loi est en
vigueur; je pense que, pour être en mesure d'en arriver à une
conclusion comme celle-là, il faut certainement vivre avec elle. Il y a
une chose qui est peut-être remarquable, c'est que les commerçants
qui doivent maintenant respecter cette loi n'ont pas toujours eu l'occasion de
bien comprendre le mécanisme de cette loi et de s'y ajuster. C'est la
raison pour laquelle, depuis un mois, des employés de l'office,
principalement au
service des enquêtes, ont rencontré
énormément de garagistes. Cette opération va se terminer
bientôt et ils auront rencontré au-delà de 1500 garagistes,
afin de leur distribuer le guide d'application de la loi dans ce domaine, de
discuter avec eux du contenu de la loi, de la façon de l'appliquer. Je
pense que, lorsque les garagistes vont bien en comprendre le mécanisme,
beaucoup de difficultés prévues, comme celles-là, vont
s'aplanir d'elles-mêmes. Mais c'est certainement l'expérience qui
va pouvoir nous enseigner quelle est la conclusion à apporter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: A la suite des commentaires que nous a fournis M.
Moreau tout à l'heure, si j'ai bien compris, vous nous avez dit que,
dans les bureaux régionaux, ce sont des plaintes par dizaines de
milliers...
M. Joron: En effet.
M. Giasson: ... qui ont été portées,
uniquement dans le secteur de l'automobile.
M. Joron: Non, dans le secteur de l'automobile et des garanties.
Évidemment, c'est difficile pour nous de savoir quel est le nombre
précis de plaintes portées dans le domaine des garanties qui
touchaient spécifiquement l'automobile. Nous n'avons pas le
détail, la statistique des plaintes sur les garanties. C'est ce qui,
cependant, nous permet de conclure que la question des garanties
préoccupe au premier plan les consommateurs, et ceux-ci affrontent des
problèmes considérables, puisque c'est l'un des sujets majeurs de
plaintes des consommateurs, cette question des garanties, que ce soit dans le
domaine de l'automobile, de l'électroménager ou dans d'autres
domaines.
M. Giasson: Mais quand vous citez des cas par dizaines de
milliers, c'est dans quelle période de temps?
M. Joron: Dans une période d'un an. Chaque année,
les bureaux régionaux reçoivent quelques centaines de milliers de
plaintes. L'an passé, ils ont reçu 223 000 plaintes et demandes
d'information.
M. Giasson: Pas d'information, mais des plaintes.
M. Joron: C'est cela, de plaintes et de demandes d'information.
Cette année, depuis un mois, il y a eu une augmentation assez
considérable par rapport au mois de mai de l'année
dernière, une augmentation d'environ 35% de plaintes des
consommateurs.
M. Giasson: Et, en général, est-ce qu'elles se
révèlent fondées, toutes ces plaintes?
M. Joron: Non, pas nécessairement. Evidemment, il y a
beaucoup de demandes qui ne sont pas nécessairement fondées;
beaucoup d'entre elles le sont.
M. Giasson: Dans quelle proportion?
M. Joron: Maintenant, quel est le pourcentage? C'est difficile
à dire, parce qu'il y a toujours la première étape dans un
bureau régional; c'est d'abord l'étape médiation.
Lorsqu'un consommateur se plaint, il reçoit toute l'information dont il
a besoin et il est invité à rencontrer le commerçant et
à essayer de s'entendre avec lui sur le problème en litige. S'il
ne peut pas s'entendre, les employés du bureau régional peuvent
l'aider dans cette médiation. Donc, beaucoup de plaintes, une
quantité considérable, se règlent à ce niveau de la
médiation. Une fois cette médiation terminée, cela passe
évidemment à d'autres étapes comme, par exemple, les
tribunaux ou encore le traitement des plaintes dans les contentieux de
l'office. Il est difficile de dire quel est le pourcentage de plaintes
réellement fondées puisque très souvent les consommateurs
et les commerçants en arrivent à une entente pour le
règlement du cas en litige.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président. Au niveau de la
protection du public, au niveau de l'information comme telle, surtout par
différents communiqués, soit par le biais de la
télévision ou encore de certaines revues, je demande au ministre
s'il ne croit pas qu'il y aurait possibilité d'amélioration au
niveau de l'information scolaire, au niveau des jeunes. Des conférences
il y en a eu par région quelque chose comme de 2 à 20 au maximum.
Si je prends la grande région de Québec, au niveau de
l'information scolaire et des séances d'information, je pense qu'il y
aurait lieu d'aller encore plus de l'avant de ce côté quant
à la protection du consommateur, au niveau de l'information comme telle,
de la sensibilisation des jeunes.
On voit des annonces à la télévision ou encore la
revue "Protégez-vous". D'accord, cela s'adresse aux gens de 16, 18 ans
et plus, mais je parle des jeunes de la fin du niveau primaire, dès le
début du secondaire. Est-ce qu'il y a quelque chose qui se fait? Je
pense que c'est là qu'on doit casser la population, si vous voulez, et
l'habituer à des pratiques qui satisferaient ou qui donneraient des
résultats plus tard. Ne croyez-vous pas qu'au niveau scolaire, au niveau
des jeunes, il y aurait possibilité d'amélioration?
M. Joron: Absolument, je suis tout à fait de l'avis du
député de Bellechasse. D'ailleurs, l'office, il faut bien le
dire, n'est pas tellement vieux. On est en train de brûler les
étapes à certains égards, on fait des pas de
géant.
Pour répondre à votre question, peut-être que M.
Moreau pourrait nous tracer le portrait de ce
qui se fait à cet égard et de ce qui est prévu pour
l'année prochaine ou les années à venir.
L'année dernière, dans le domaine de l'éducation
à la consommation au niveau primaire, il y a eu d'abord une série
d'émissions qui ont été produites par l'Office de la
protection du consommateur, des émissions dont le titre était:
Kébékio au pays de convoitises. Ces treize émissions qui
sont passées à Radio-Canada et à Radio-Québec
enseignaient aux enfants un comportement rationnel dans le domaine de la
consommation. A la suite de cette expérience, l'office a
préparé un document pédagogique annexé à ces
émissions Kébékio qui ont été
diffusées dans toutes les commissions scolaires du Québec et dans
toutes les écoles de sorte que les professeurs, au niveau primaire, ont
eu l'occasion, à partir du vidéo et du document
pédagogique, de continuer l'éducation à la consommation
qui avait été amorcée par ces émissions de
télévision.
Partant de là, l'Office de la protection du consommateur est
présentement en train de refaire un cahier de français qui
existait déjà dans le domaine de la consommation et qui a servi
dans les écoles au cours des dernières années, mais il le
refait présentement en fonction de la nouvelle loi. Ce cahier de
français fera d'ailleurs l'objet de cours aux étudiants non pas
en septembre 1980 mais en septembre 1981 dans le cadre du cours des sciences
humaines des étudiants de secondaire I, si je ne m'abuse. L'office est
également en train de préparer des documents pédagogiques
qui vont s'adresser à des étudiants de secondaire V entre autres,
dans le domaine du crédit, et ces documents devraient être
prêts pour septembre 1980. L'office a donc finalement amorcé son
éducation à la consommation l'an passé auprès des
enfants et il l'amplifie pour l'année qui s'en vient, pour les deux
prochaines années.
M. Goulet: Cela va être intégré au programme
pédagogique.
M. Joron: Absolument, à l'intérieur du cours de
sciences humaines. (21 h 30)
M. Goulet: Je ne sais pas s'il y a d'autres questions. Au sujet
de la revue Protégez-vous, vous avez fait un test et à peu
près tout le monde quasiment 100% des gens semble
satisfait de cette revue. Je ne sais pas trop, 95% ou 98% des gens sont
satisfaits; disons que la grande totalité ou la quasi-totalité
des Québécois sont satisfaits de cette revue.
Lorsqu'on parle de tout près de trois quarts de million de
dollars pour cette revue, est-ce que les tests pour comparer certains produits
sont compris à l'intérieur de ce montant, le coût des
tests?
M. Joron: Absolument. Le programme de tests de l'an passé
était, si je ne m'abuse, de $75 000.
M. Goulet: Je vous pose la question: Ne trouvez-vous pas que
trois quarts de million pour cette revue, c'est de l'argent?
M. Joron: Oui.
M. Goulet: Je m'excuse, M. le ministre. Le ministre des Finances,
M. Parizeau, a déjà dit, à un moment donné
je ne me souviens pas sur quelle tribune qu'il faudrait arrêter,
dans chaque ministère, d'imprimer des revues, que cela sortait à
coups de millions. Quand on voit cette revue Protégez-vous, je ne sais
pas. J'ai été surpris d'ailleurs de voir que les
Québécois étaient satisfaits à 98%, non pas que je
conteste cette revue, car s'il y a une revue que je regarde à chaque
mois... Je ne sais pas, il y a certains tests, quant à
l'objectivité desquels j'aurais aimé savoir comment ils avaient
été faits et par qui. Je vous le dis, j'avais certaines
réticences concernant différents tests. Mais quand je vois trois
quarts de million pour cette revue, surtout que les gens cela, je ne
l'ai pas compris l'an passé, on n'a pas pu avoir la réponse,
c'est vrai que ce n'était pas vous, M. le ministre qui
distribuent les produits ou qui fabriquent les produits qui sont jugés
de première qualité ne peuvent pas s'en servir dans leur
publicité...
Si, par exemple, au niveau du ministère de l'Agriculture, on
attribue le comment appelle-ton cela lys d'or pour le meilleur
producteur de fromage, on lui permet de dire, sur son étiquette: L'an
passé, ou en 1979, c'est telle coopérative ou telle fromagerie
qui a gagné. Il y a des experts, des connaisseurs, des gens
crédibles qui ont évalué différents produits et ont
dit: Bon, voici le meilleur fromage au Québec d'après nous, dans
le cheddar; et on lui permet de faire sa publicité. Le premier "scoreur"
de la Ligue nationale a le droit d'avoir le trophée chez lui. Pourquoi,
dans la revue Protégez-vous, si vraiment ces tests sont objectifs
je n'en doute pas, d'après ce qu'on nous a dit l'an passé, sauf
peut-être un ou deux dont on pourra discuter de nouveau ne
pourrait-on pas le permettre? Ce serait vraiment protéger le
consommateur. Vous autres, cela vous coûte $700 000 pour faire
connaître aux gens quels sont, d'après vous, les bons produits et
vous êtes désintéressés parce que vous ne vendez pas
ces produits. Si vous nous dites que c'est ce stylo qui offre la meilleure
qualité, d'après vous, vous êtes vraiment
désintéressés et c'est censé être vrai.
Alors, le fabricant de ce stylo, pourquoi ne pourrait-il pas amplifier
sa publicité et dire: C'est vrai, le meilleur stylo, ce n'est pas moi
qui le dis, ce sont des gens objectifs. Ils vous aideraient à faire
votre publicité et à protéger le consommateur et, au lieu
de dépenser $700 000, vous pourriez peut-être en dépenser
$500 000 et faire moins de publicité. C'est ce que je n'ai jamais
compris.
M. Joron: M. le Président, je serais peut-être
tenté de répondre à une partie de la question du
député de Bellechasse, quitte à ce que M. Moreau
complète ma réponse, sur les raisons qui font que cette
publicité n'est pas permise. Il y en a peut-être une qui
m'apparaît, à première vue... Le test fait aujourd'hui
conclut, par exemple, que ce stylo est très bien. Si, à partir de
cela, il était permis au
manufacturier de ce stylo d'en faire la publicité, il n'y a rien
qui garantit l'office qui a fait le test que le produit, dans trois mois ou
dans six mois, est toujours le même et correspond toujours aux
mêmes normes qu'au moment où le test a été fait.
M. Goulet: Vous me permettrez peut-être tout de suite une
petite question là-dessus. C'est justement là que je voulais en
venir; si vous ne permettez pas, pour cette raison...
M. Joron: J'en aurais peut-être d'autres aussi.
M. Goulet: Je m'excuse de vous interrompre. Sur ce point
précis, au niveau de l'objectivité, ne pensez-vous pas que vous
pouvez causer préjudice à une autre compagnie de stylos qui, au
moment où le test a été fait, s'est peut-être
classée la quatorzième compagnie et, deux mois après,
pourrait être la première s'il y avait un autre test de fait?
C'est justement là que j'ai un peu peur que votre revue, au niveau de
l'objectivité, crée des préjudices à certains
manufacturiers de produits.
M. Joron: D'accord, mais je demanderai à M. Moreau de
répondre sur cette question des tests tout à l'heure. Sur la
question du financement du coût de la revue, par exemple, je pourrais
vous dire qu'effectivement, au moment où l'on se parle, le Conseil du
trésor est à la toute veille, s'il ne l'a pas déjà
fait, d'émettre un avis, une recommandation à savoir si la revue
ne devrait pas, à compter peut-être, par exemple, de
l'année 1981, l'année prochaine, être vendue de
façon à viser l'autofinancement. Je pense, pour en avoir
discuté de façon préalable je ne peux pas vous
livrer l'avis officiel du Conseil du trésor, il ne l'a pas fait encore
que c'est dans cette direction qu'on s'en va et il est peut-être
possible qu'à la même date l'année prochaine, si on se
retrouve à l'étude des crédits de ce ministère, il
n'y ait plus ce poste et que la revue soit...
M. Goulet: Vous avez commandé une étude
là-dessus à savoir, si elle était vendue, si les gens
l'achèteraient. Vous avez commandé une étude au
ministère là-dessus? Cela a-t-il été concluant?
M. Joron: Oui. En même temps, M. Moreau répondra
à cette partie. C'est ce que je voulais dire. C'est probablement dans
cette direction qu'on se dirige quant au financement de la revue.
Peut-être que M. Moreau... Voulez-vous compléter sur cette
question?
Concernant la question des tests, pour quelle raison les
commerçants ne peuvent pas récupérer finalement le
résultat des tests et s'en servir dans leur publicité, une des
principales raisons est le fait que le test se fait à un moment
donné et donne un résultat donné. Ce résultat n'est
pas nécessairement vrai l'année suivante lorsque la compagnie
modifie sa façon de fabriquer son produit. également, si la
compagnie pouvait se servir du résultat paru dans Protégez-vous
pour mousser son pro- duit, il pourrait arriver certaines situations. On sait
qu'une campagne de publicité prend un certain temps avant de se
préparer. Il pourrait arriver que la diffusion de sa campagne de
publicité se fasse quelques mois après la parution d'un test et
il pourrait arriver que le consommateur pense que ce produit est le meilleur
alors qu'avec le temps il s'est fait surpasser par des concurrents qui, depuis
ce temps-là, ont amélioré leur technique ou, encore, ont
corrigé certaines choses dans leurs produits à la lumière,
justement, des résultats du test. C'est certainement dangereux, d'autant
plus qu'il est toujours dangereux qu'un organisme comme l'office serve de
caution, finalement, à un produit et que les consommateurs puissent
l'acheter, compte tenu de ce que je vous ai dit tantôt, les yeux
fermés en se disant que l'office a cautionné ce test. En Europe,
il y a beaucoup d'organismes gouvernementaux et privés qui font
également des tests; ces organismes, à notre connaissance, ne
permettent pas que les entreprises puissent se servir du résultat et
mentionner qu'elles sont arrivées premières à un test. Je
comprends que ce n'est pas une preuve d'autorité, mais c'est pour
montrer qu'il y a une certaine constante auprès des organismes qui font
des tests et qu'ils ont là-dessus à peu près la même
politique. Les tests à l'office, cela fait deux ans que cela existe
à peu près. C'est l'opinion que nous avons à l'office. On
voit des dangers considérables à ce que les compagnies puissent
récupérer finalement la caution de l'office pour promouvoir leurs
produits. Nous ne sommes pas convaincus que cela ne comporte pas des dangers
importants.
Concernant Protégez-vous, effectivement, il y a eu une
étude qui a été faite sur la faisabilité de la
vente à la demande du Conseil du trésor et, à la suite de
cette étude, l'office a remis au Conseil du trésor les
conclusions de celle-ci mais aucune décision n'a encore
été prise pour le moment. Le Conseil du trésor devrait se
prononcer dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois sur la vente
ou la non-vente de Protégez-vous.
Quant à l'opinion de l'office sur la vente, si jamais le Conseil
du trésor le décidait comme tel, certainement que l'office
mettrait en marche tous les mécanismes nécessaires pour
procéder à cette vente.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aurais une autre question. Je ne sais pas si mes
collègues... Je ne veux pas...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Ce n'est pas dans mes habitudes de... Au niveau des
bureaux, je représente la circonscription de Bellechasse. Il y a des
municipalités qui sont à 70 milles, 100, 110 kilomètres de
Québec. On fait partie de la région de Québec. La Beauce
fait partie de la région de Québec, sauf erreur. Il y a des
bureaux régionaux qui reçoivent
environ 200, 300 ou 400 plaintes. Comparativement, à
Québec, vous en recevez peut-être 2500 et à
Montréal, peut-être de 3000 à 4000. On a, dans nos
régions, des CLSC ou d'autres organismes semblables. Je ne parle pas
d'avoir un bureau sophistiqué avec tout ce qu'il faut. Ne pensez-vous
pas qu'on pourrait décentraliser un peu pour en arriver avec
peut-être une personne, à l'intérieur d'un CLSC,
c'est-à-dire une personne qui serait rattachée directement
à l'Office de la protection du consommateur de façon que, quand
les gens de nos comtés ont affaire à l'office, ils ne soient pas
obligés de payer un appel interurbain de $2, $3 ou $4. On pourrait
prendre l'information au niveau régional, appeler à Québec
ou à Montréal et transmettre l'information par la suite; ce
serait un service parce que, nous aussi, dans nos régions, on paie des
taxes et des impôts. On paie au même taux que les gens de
Québec et de Montréal. Quand on veut avoir ces informations,
c'est la même chose au niveau de tous les ministères, dans mon
comté je donne cela comme exemple, M. le Président
au niveau du service juridique, au niveau d'à peu près tous les
services, il n'y en a pas. On n'a aucun bureau de commission scolaire
régionale dans notre circonscription; on fait affaire avec les autres
comtés et dans à peu près tous les domaines, comme au
niveau de l'accès à la justice, sauf une cour de petites
créances qu'on va fermer temporairement, on est obligé d'aller
dans d'autres comtés. Pourquoi serions-nous toujours obligés de
payer plus que les autres pour avoir accès aux services? Je ne dis pas
d'avoir un bureau de 50 employés, mais surtout qu'on ait des locaux.
Dans ma région, je pense au CLSC de Lac-Etchemin; on pourrait avoir une
ligne directe avec l'Office de la protection du consommateur qui pourrait
transmettre...
M. Joron: II y a une chose que l'office a commencé
à faire depuis un an, peut-être même un peu plus. C'est ce
qu'il appelle des bureaux satellites, c'est-à-dire que ce ne sont pas
des bureaux permanents, mais c'est un employé de l'office qui se rend,
par exemple, une fois par semaine dans un local qui peut être un coin mis
à la disposition de l'office par une institution locale. Ce peut
être une caisse populaire ou alors un autre bureau du gouvernement. Ce
peut être un CLSC, justement, comme vous dites; c'est un bon exemple.
Nous avons commencé cela dans un certain nombre de municipalités.
On l'a fait à Matane, Rivière-du-Loup, Dolbeau, Alma, La-Baie, La
Tuque, Grand-Mère, Drummondville, Granby, Thetford-Mines, Maniwaki,
Chandler, Grande-Vallée, aux Îles-de-la-Madeleine. Il n'y en a pas
dans le comté de Bellechasse sur cette liste-là, malheureusement.
Cette expérience, on a l'intention de l'élargir progressivement.
C'est une chose qu'on envisage.
Une autre chose qu'on est en train d'étudier à l'office
à l'heure actuelle, ce sont les coûts des appels interurbains.
Pour les consommateurs qui veulent communiquer avec un bureau régional,
ce sera sans frais. On est en train d'étudier ce que cela
représenterait. On ne va pas s'engager sur-le- champ, mais on est en
train de l'évaluer parce que, effectivement, la question que vous posez
est plus que pertinente; on se la pose à l'office depuis longtemps. Il
n'y a pas de raison que les consommateurs des régions moins proches des
grands centres soient moins bien protégés. C'est sûr, ils
n'ont pas à payer plus. Alors on essaie de trouver le moyen d'offrir le
même service. Ce peut être soit par le biais de ces bureaux
satellites qui sont ambulants, plus ou moins, ou par le biais des frais de
communication qui seraient assumés par l'office. M. Moreau.
C'est-à-dire que présentement nous sommes en train
d'étudier la question. Encore la semaine passée, on envisageait
la possibilité que l'on puisse assumer les frais virés à
partir de l'automne prochain.
(21 h 45)
M. Goulet: Changement de sujet, M. le Président. L'an
dernier, j'avais posé à Mme la ministre, Mme Payette, une
question. Elle m'avait dit que ce n'était pas de juridiction provinciale
et je le sais. Actuellement, au Québec, chez ceux qui sont un peu dans
le commerce et même entre individus, on déplore une pratique que
je ne dirais pas courante, mais je vais qualifier ça
d'épidémie, les fameux chèques sans provisions. Je ne
parle pas d'un chèque fait à une compagnie. Vous allez dire: Oui,
mais ce sont les banques et les banques sont de juridiction
fédérale, mais j'aurais aimé que le gouvernement du
Québec, par la voix de son ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières et celle du
président de l'office, fasse des pressions auprès d'un autre
palier de gouvernement, de façon qu'on puisse enrayer cette
épidémie du chèque sans provisions.
Si vous allez à la Cour des petites créances... Cela se
passe entre individus, l'ami arrive, emprunte $20 ou arrive à
l'épicerie... C'est pour protéger ceux qui sont également
des consommateurs, de petits propriétaires, je pense à de petites
épiceries du coin, etc., aux petits garagistes; c'est vraiment une
épidémie.
On n'a rien ici. Pourquoi n'aurait-on pas quelque chose comme en Italie,
où des chèques sans provisions, il n'y en a pas, ou comme aux
Etats-Unis, ici, plus près. Ce n'est pas de votre juridiction, mais je
pense que c'est l'endroit pour en parler; moi, je peux écrire, comme
député, ou le petit marchand du coin, ou un individu peut
écrire, mais est-ce que l'Office de la protection du consommateur a fait
des pressions auprès d'Ottawa, ou auprès de je ne sais quel
ministère à Ottawa, de façon qu'on arrive à quelque
chose peut-être comme en Italie? Le ministre fait signe que oui, il sait
probablement comment ça fonctionne, il ne se fait pas de chèque
sans provisions. Aux États-Unis, c'est la même chose, un
chèque, c'est sacré, n'est-ce pas?
Il y a 10 ou 20 ans, on voyait beaucoup moins de chèques,
ça se faisait plutôt par échange d'argent; aujourd'hui
c'est par cartes de crédit et par chèques. Tout le monde,
même les adolescents ont un carnet de chèques dans leur poche
et,
quand ils n'ont pas d'argent, ils signent un chèque. Allez
à la Cour des petites créances et vous allez voir. Je ne sais pas
si vous avez des statistiques là-dessus, mais vous ne pensez pas qu'on
pourrait faire pression, tous ensemble, surtout l'office, afin qu'on trouve une
solution? Je ne l'ai pas, mais il y a d'autres pays qui ont la solution et il
ne se fait pas de chèque sans provisions. Ici, c'est devenu une
pratique. Si on voulait protéger le consommateur, on le protège
de qui? On le protège d'autres consommateurs ou d'autres individus.
De toute façon, je crois que c'est une véritable
épidémie, ces chèques sans provisions.
M. Joron: Je ne sais pas à quel point ça
relève de l'office particulièrement, du ministère en
général ou encore même du ministère de la Justice,
mais je vous avoue ne pas connaître la législation; vous
mentionnez l'Italie comme exemple. C'est vrai qu'en Europe, en
général, c'est quelque chose qu'on ne voit à peu
près jamais des chèques sans provisions; aux États-Unis,
je le sais moins, mais, en Europe, je savais qu'on voit ça très
rarement. Est-ce une question de tradition, de moeurs, de mentalité ou
si c'est la législation? Je ne le sais pas. Peut-être
connaissez-vous la raison. Est-ce qu'il y a une législation
spécifique en Italie, que vous mentionniez, ou ailleurs, qui rend celui
qui ferait des chèques sans provisions susceptible de peines tellement
exorbitantes que le risque est trop grand, alors que ça n'existe pas
ici?
C'est pourquoi je dis: Est-ce que ça relève de nous ici ou
du ministère de la Justice? Est-ce que ça fait partie
d'amendements qui pourraient être apportés à notre Code
civil, à notre Code criminel?
M. Goulet: Moi non plus, M. le Président, je ne sais pas
si ça relève du ministère de la Justice ou d'un autre
palier. Je sais que, pour les banques, c'est un autre palier de gouvernement,
mais je pense que l'Office de la protection du consommateur pourrait en
tout cas, ça fait deux ans que j'en parle s'y intéresser,
et si c'est le ministère de la Justice...
M. Joron: Voilà un sujet que l'on pourrait soumettre
à son service de recherche.
M. Goulet: C'est une suggestion que je fais, mais je crois que
c'est l'endroit. Je n'aurais pas osé soulever une question en Chambre,
mais je pense que c'est l'endroit approprié pour y
réfléchir.
M. Joron: C'est une bonne question et qui devrait être
transmise.
M. Goulet: Dans un autre ordre d'idées, je sais que le
ministre va prendre ça en considération. En ce qui concerne la
loi 72, mais sur la protection du consommateur comme tel, pour les vendeurs
itinérants et les vendeurs d'automobiles usagées, l'an
passé, on nous avait promis que quand le projet de loi serait officiel,
on aurait des contrats types, on insérerait dans le projet de loi des
contrats types; malheureusement, lorsque je l'ai reçu, je n'en ai pas
vu. On avait discuté longtemps ceux qui ont travaillé
à cette loi la raison de ça; on veut vraiment
protéger le public, tout le monde est de bonne foi, en tout cas la
très grande majorité, que ce soient les vendeurs d'automobiles
usagées, les vendeurs itinérants qui vont voir des bureaux
d'avocats, ça coûte très cher pour dresser un plan de
contrat. On épluche la loi, on dresse un plan de contrat qui semble
satisfaisant mais quand l'office met la main dessus, il te manque une virgule,
ou un texte est trop petit l'autre est trop gros, ainsi de suite. Pourquoi ne
fait-on pas un contrat? On nous l'avait promis, cela avait été
une promesse formelle du ministre. Je me souviens, je pense que c'est en
troisième lecture, j'avais dit: Si vous nous le promettez, je vais
être en faveur. C'était une des raisons en tout cas, il y en avait
plusieurs. Le ministre a dit: Oui, il n'y a pas de problème. La loi est
sortie et on ne l'a pas. Est-ce qu'on peut revenir là-dessus?
M. Joron: Je ne crois pas que c'était une promesse que
d'inclure des contrats types dans le projet de loi, c'est-à-dire que les
contrats deviennent obligatoires. Je pense que le ministre avait dit que
l'office pourrait préparer des contrats types, dont les
commerçants pourraient se servir facultativement. Effectivement,
l'office est en train de rédiger des contrats types. Il y en a beaucoup
d'entre eux dont l'ébauche primaire est faite et qui sont sur le point
d'aboutir. Etant donné qu'ils n'étaient pas prêts pour la
mise en vigueur de la loi, l'office s'est astreint à recevoir tous les
contrats soumis par les commerçants pour vérification afin de
s'assurer qu'ils soient conformes à la loi. Effectivement, c'est par
dizaines que le contentieux étudie, pas seulement depuis le 30 avril,
mais avant le 30 avril, des contrats types et des réponses rapides sont
données aux commerçants sur la légalité du contrat,
de sorte que lorsque c'est passé entre les mains du contentieux, les
commerçants peuvent s'en servir sans aucun problème et sans
aucune crainte.
Si un commerçant désire être assuré que le
contrat qu'il veut employer est conforme à la loi, il peut nous le
soumettre et nous allons le vérifier et lui donner notre opinion.
M. Goulet: Je m'excuse, M. le Président. C'est tout
à fait nouveau parce que justement on nous dit: On n'a pas d'opinion
à émettre là-dessus. Voici la loi, faites préparer
un contrat, allez voir un bureau juridique, organisez-vous pour que le contrat
soit conforme. C'est justement ce qu'on répond. Ecoutez, je ne mets pas
en doute la parole de monsieur, mais c'est le contraire qui se passe. On ne
veut pas étudier un plan de contrat et dire: D'accord, fais-le imprimer,
dépense $3000, $4000, $8000, $10 000 pour en faire imprimer des
quantités et il va être correct. Ce n'est pas cela, on dit: Quand
il sera imprimé, viens nous voir. C'est justement là, des fois,
qu'il est trop tard.
M. Joron: Ce qu'on dit c'est: Lorsque le projet de contrat sera
prêt, venez nous le soumettre avant de le faire imprimer. Nous allons
l'examiner et nous allons vous donner notre opinion par écrit, au
besoin, de sorte que vous pourrez ensuite faire imprimer votre contrat. Si vous
me dites le contraire, cela me surprendrait.
M. Goulet: Je suis heureux d'entendre cela parce que, justement,
on n'a pas voulu me donner d'opinion.
M. Joron: Je serais heureux qu'il soit soumis à nouveau
parce que la politique à l'office est présentement de recevoir
les contrats qu'on nous soumet, de les examiner et d'émettre notre
opinion.
M. Goulet: Toujours concernant ces types de vendeurs, M. le
Président, vous savez qu'au niveau des fameuses mises de
côté, on exige que ce soit remis en fiducie ou encore, par
exemple, qu'un vendeur itinérant n'ait pas droit de percevoir d'argent
tant que le bien n'est pas livré. Je n'ai malheureusement pas la lettre,
mais je pourrai l'apporter à une autre séance. Lorsque le
ministère du Revenu vient vérifier des livres, on a eu des
plaintes de l'association de ces vendeurs, j'ai écrit, cela fait un an,
j'ai récrit et j'ai eu dernièrement une réponse disant: On
va étudier cela. Le ministère du Revenu oblige le
commerçant à payer la taxe immédiatement quand le contrat
est signé, mais, par contre, l'Office de la protection du consommateur
défend de percevoir un sou, de percevoir même la taxe. Il y a
vraiment un dilemme. J'ai écrit, je ne me souviens pas à quel
monsieur au ministère et il m'a dit: Oui, on a oublié notre
réponse, je ne sais pas trop, on va étudier cela et je n'ai pas
encore eu la réponse.
M. Joron: Au ministère du Revenu? Je sais qu'on est en
discussion à l'heure actuelle...
M. Goulet: Je ne sais pas à quel ministère, je
pourrais le vérifier, mais le problème demeure quand même.
Il y a un dilemme. On n'a pas le droit de percevoir l'argent et les vendeurs
itinérants, les vendeurs d'autos usagées, tout ce monde dit: Qui
a raison, le ministère du Revenu ou l'office? Est-ce que cela va
être...
M. Joron: Ce que le ministère du Revenu demande dans ces
cas, c'est que les sommes perçues par les commerçants soient
remises au plus tard le 15 du mois suivant. Cela veut donc dire que si vous
signez un contrat avec un commerçant le 1er mai 1980, il y a un
délai de réflexion de dix jours si vous ne livrez pas tout de
suite la marchandise. Si vous recevez le paiement à la fin de ce
délai, c'est-à-dire le 10 mai, vous avez droit de le percevoir et
vous devez faire remise de la somme de la taxe au ministère du Revenu le
15 du mois suivant. Évidemment, il peut arriver des cas extrêmes,
relativement rares, où vous percevez. Vous, vous signez un contrat le 30
mai 1980, il y a le délai de réflexion de dix jours parce que
vous ne livrez pas la marchandise, cela vous mène au 10 juin. Au 10
juin, vous pouvez à ce moment percevoir une somme d'argent et vous avez
jusqu'au 15 juin pour la faire parvenir au ministère du Revenu. Mais
cela comporte quand même une difficulté technique et je vous
comprends bien. Nous sommes présentement, à l'office, en
discussion avec les fonctionnaires du ministère du Revenu pour essayer
d'aplanir cette difficulté et faire en sorte que tout cela soit
cohérent, qu'il n'y ait pas de problème pour les
commerçants. Nos discussions sont sur le point d'aboutir, parce que nous
avons eu plusieurs rondes de discussions avec eux, et on devrait être en
mesure de résoudre cela bientôt.
Mais, encore une fois, pour la majorité des cas, le
problème ne devrait pas se poser, puisqu'il faut faire la remise le 15
du mois suivant.
M. Goulet: Oui, je comprends, quand c'est pour dix jours pour un
vendeur itinérant, mais ce n'est pas seulement là-dessus. Vous
avez, peut-être pas à cette période-ci, mais en septembre,
octobre, novembre, beaucoup de ventes, et même les magasins à
rayons vont faire une facture pour un montant assez élevé, une
mise de côté, par exemple, pour livraison à Noël,
trois mois plus tard. Le client dit: D'accord, je suis de bonne foi, je donne
$10. Lorsque le vérificateur du ministère du Revenu passe et
exige la taxe de vente sur tout le contrat au lieu de l'exiger sur les $10
perçus, tel que vous venez de le dire, c'est là qu'est le
problème. Ce n'est pas seulement pour les dix jours et il y en a
beaucoup de mises de côté qui se font.
M. Joron: La discussion avec le ministère du Revenu porte
également sur ce problème.
M. Goulet: Parfait.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. J'en profite pour
faire part d'une préoccupation. J'avais déjà écrit
à la présidente de l'Office de la protection du consommateur, il
y a quatre ou cinq ans. Je n'ai pas ma copie de lettre ici, mais je l'ai
à mon bureau. Le problème est le suivant: lorsqu'un consommateur
achète une voiture ou une maison mobile d'un autre consommateur, on
n'est jamais certain si ce bien vendu est grevé d'un lien ou d'un
privilège quelconque. Lorsqu'on a affaire à un immeuble, on peut
connaître l'état des liens, des endettements, des
hypothèques, on va au bureau d'enregistrement où on a le
registre, on dit: Telle propriété est assujettie à telle
hypothèque, tel lien. Maintenant, prenons le cas d'un individu qui
achète d'un autre consommateur; deux consommateurs font affaires
ensemble. L'individu achète une voiture automobile et il paie $5000, il
paie comptant au vendeur et, au bout de deux ou trois mois, arrive le
créancier qui désire
se prévaloir de son lien, parce qu'il n'a pas été
payé. Il reprend l'automobile. Notre consommateur qui a acheté de
l'autre consommateur a donc payé un bien, on le lui enlève et il
n'a aucun recours, parce que, normalement, le vendeur est insolvable dans des
cas semblables. J'avais donc écrit à la présidente de
l'Office de la protection du consommateur, parce que j'avais eu en main
certains exemples américains. Aux États-Unis, lorsque vous
achetez une voiture, vous avez l'enregistrement de la voiture et cet
enregistrement doit suivre la voiture sa vie entière. Alors, vous avez
là-dedans le premier vendeur, le premier acheteur et il y a une colonne
qui marque l'état des liens. S'il y a un lien de $8000 sur la voiture,
au moment où le lien est payé, c'est indiqué sur
l'enregistrement, et le titre suit la voiture, lorsqu'il vous arrive un
individu qui vend sa voiture. On a le même problème nous, les
notaires, pour les maisons mobiles, les roulottes. Un individu nous arrive et
dit: Fais-moi un contrat, j'achète une roulotte, je paie $12 000. On dit
au vendeur: Garantis-nous qu'il n'y a pas de lien. C'est une banque n'importe
où qui peut avoir un lien là-dessus, mais on n'est pas capable de
le savoir. J'avais transmis cette information à l'Office de la
protection du consommateur et je pourrais facilement retrouver mon dossier. Il
me semble que ce serait tellement facile d'émettre un titre au
début pour ce bien, qui pourrait être une automobile ou une maison
mobile, et ce titre devrait suivre obligatoirement de manière
qu'à défaut de registre, comme on a le cas dans le domaine
immobilier, on ait le titre qui serait sanctionné par la loi et qui
ferait foi des liens qu'il y a contre ce bien. Il me semble que ce serait la
solution idéale, parce qu'il y a des milliers et des milliers de dollars
perdus par de petits épargnants dans des transactions semblables sans
qu'on puisse avoir de recours. Je ne sais pas s'il y à un projet
là-dessus.
M. Joron: Pas au niveau de l'office, puisque la Loi de la
protection du consommateur en fait a pour but de régir les relations
entre les consommateurs et les commerçants. Cela ne veut pas dire que le
problème que vous soulevez n'est pas pour autant réel, il l'est.
J'allais vous demander ce que la présidente, à l'époque, a
répondu. (22 heures)
M. Mathieu: Elle m'avait répondu qu'elle était
très intéressée à étudier ce
problème-là, qu'elle le prenait en sérieuse
considération. J'avais envoyé une photocopie de tous les
documents concernés qui émanaient d'un Etat des Etats-Unis;
finalement, j'ai communiqué deux ou trois fois et puis j'ai
arrêté de le faire.
M. Joron: C'est peut-être quelque chose qui
intéresserait au premier chef l'office de révision du Code civil
ou alors, indirectement, peut-être le Bureau des véhicules
automobiles, dans la mesure où il s'occupe de l'immatriculation des
véhicules. Quelque part entre les deux, la suggestion pourrait
être transmise. Moi, je la trouve très intéressante. Je
veux bien m'engager personnellement à la transmettre à mon
collègue de la Justice et à mon collègue des Transports.
Je ne pense pas que ce soit l'office qui règle ce cas; par contre, je ne
sais pas si vous, messieurs les juristes j'en vois deux devant moi et il
y en a un à ma droite avez d'autres suggestions pour
régler ce problème.
Ce serait peut-être intéressant de vérifier le
projet de l'office de révision du Code civil, je ne suis pas certain
qu'il n'y ait pas quelque chose de prévu là-dessus.
M. Mathieu: C'est possible. Je sais qu'on parle de
l'hypothèque mobilière dans le projet de révision, mais de
là à avoir un titre sur un bien mobilier semblable, je ne sais
pas de quelle manière le registre serait établi. C'est facile,
dans le domaine immobilier, on a le bureau d'enregistrement. Quand notre code
s'est fait, en 1866, évidemment, c'était le bien immeuble qui
était important, on disait: res mobilis res vilis; bien meuble, bien
vil.
Maintenant, à notre époque, c'est le contraire, le domaine
immobilier a perdu de son ampleur quant au domaine mobilier. Je crois que c'est
une préoccupation que nous devrions avoir ensemble.
M. Joron: Vous avez raison, je la partage.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau des associations subventionnées, on a
environ $500 000, je pense, ou un peu plus. C'est peut-être une question
d'opinion et, si le ministre aime mieux ne pas y répondre, je n'ai pas
d'objection. Est-ce que ça vaut le coup? C'est peut-être direct,
mais, en tout cas... Comme il peut voir, ce n'est pas la question d'un juriste,
certain!
M. Joron: Ce n'est peut-être pas au ministre qu'il faudrait
le demander, c'est aux associations qui en ont
bénéficié.
M. Goulet: II avait été question, l'an
passé, d'abolir cela; sauf erreur, il y a eu des pressions de faites, un
budget a été voté, les sommes d'argent ont tardé
à venir parce que, justement, le ministère ne semblait pas trop
croire... En tout cas, je ne veux pas généraliser, mais...
Je vous pose simplement la question: Est-ce que ces $500 000... C'est
censé être du travail bénévole au niveau de
l'information, des rencontres avec le public; justement, je me demande si
ça ne serait pas mieux... Je ne vous dis pas que c'est la vraie
solution, mais on pourrait prendre un bureau régional rattaché
directement à l'office, payé par l'office, et dire: C'est ce que
tu vas dire, tu vas faire ça, point. C'est ce que je veux dire.
M. Joron: C'est très variable d'une association à
l'autre. Dans certains cas, cela représente probablement la vie ou la
mort; dans d'autres cas, c'est peut-être très différent,
mais je vais demander à M. Moreau de vous expliquer la logique
derrière ces subventions.
Chaque année, nous recevons, du moins depuis deux ans, des
demandes de subvention qui totalisent quelques millions de dollars; je pense
que, l'an passé, c'était environ $2 000 000, $2 308 000, ce qui
démontre que les associations de consommateurs ne sont certainement pas
d'avis qu'elles ne devraient pas être subventionnées. Ce qu'il y a
d'intéressant, avec les associations de consommateurs, c'est qu'elles
complètent certainement le travail que fait l'office, mais elles peuvent
également oeuvrer dans des domaines où l'office est moins actif.
Je pense, par exemple, à une association qui s'occupe principalement des
problèmes d'automobiles. Il vient un temps que ces gens
acquièrent une expertise assez formidable, étant donné
qu'ils n'oeuvrent que dans ce domaine en particulier. Ces associations sont, je
pense, également de bons chiens de garde pour l'organisme gouvernemental
qui a des programmes et qui se fait très souvent aussi pousser dans le
dos par les associations privées de consommateurs qui lui demandent
d'intervenir sur tel problème ou encore qui lui démontrent qu'il
y a moyen d'intervenir sur tel problème parce qu'elles l'ont fait et que
l'office ne l'a pas fait. Je pense que c'est une saine émulation entre
un organisme gouvernemental comme l'office et des organismes privés qui
peuvent manifester un certain dynamisme sur un aspect précis de la
consommation sur lequel l'office n'insiste pas assez. Dans ce sens, je pense
qu'il y a place pour eux. L'an passé, le budget alloué
était de $557 000 pour les associations de consommateurs. Je ne suis pas
certain que ce n'était pas de l'argent bien placé.
M. Goulet: Dans votre propre publicité, celle que vous
payez c'est peut-être une mauvaise interprétation que j'en
fais ou que certaines personnes en font mais à un moment
donné, je me demande si vous n'incitez pas les gens à dire: Vous
êtes capable de voler de vos propres ailes, vous n'avez pas besoin de
faire partie d'une association de consommateurs. Je pense ici au message
véhiculé par Yvon Deschamps, ou bien je ne le comprends pas, mais
il a l'air de dire aux gens: Ecoutez, ils se sentent obligés de faire
partie d'une association de consommateurs; en voulant dire: Tu n'a pas besoin
d'être là-dedans. Et, vous me dites: Oui, on paie $500 000 pour
cela. D'un autre côté, vous faites de la publicité pour
dire: Ecoutez, vous n'avez pas besoin de cela. Ou je ne comprends pas votre
message! C'est fort possible parce qu'il y a plusieurs messages qui ont
été véhiculés par le gouvernement depuis quelque
temps qui sont difficiles à comprendre.
Une Voix: C'est un message humoristique.
M. Goulet: S'il est humoristique, cela coûte cher pour
faire de l'humour. Je veux dire, on va le faire ici et on ne se fera pas payer
pour cela.
M. Joron: Le sens du message est tout à fait
différent. Bien au contraire, on incite, comme vous le savez, les
consommateurs à se rassembler, à prendre leurs problèmes
en main, à devenir autonomes en faisant partie d'association de
consommateurs. Je ne pense pas que c'était tout à fait le sens du
message.
M. Goulet: C'est pour les inciter à faire partie. Ah
bon!
M. Joron: Justement.
M. Goulet: II est mal... en tout cas!
M. Lavigne: J'ai justement passé une réflexion
à ma femme la dernière fois que j'ai vu le message, j'ai dit: II
est trop subtil, tout le monde ne le comprendra pas. On vient de me le
confirmer.
M. Joron: Nous allons, comme chaque année, faire faire une
étude pour vérifier l'impact de ce message, on verra bien.
M. Goulet: C'est vrai que Deschamps est dur à comprendre,
surtout quand il travaille pour le oui mais, en tout cas, ce n'est pas
grave.
Une dernière question, M. le Président, au niveau de
l'élément 1 du programme 1. Au niveau des vendeurs
itinérants, vous avez des permis par catégorie et par
évaluation du bien vendu, plus de $100 ou moins de $100. Par
catégorie, si le vendeur agit seul ou agit avec dix autres
représentants, ou 50, ou 500. Au niveau de l'automobile, vous n'avez pas
cela. Cela fait quatre ou cinq fois que des gens viennent à mon bureau
et disent: Pourquoi un vendeur d'automobiles usagées, par exemple, ou un
vendeur d'automobiles qui gagne sa vie avec cela, qui est propriétaire
unique, qui est le seul vendeur, le seul administrateur de son commerce,
doit-il avoir un permis comme celui qui en vend 3000 par année ou 2000
par année, exactement le même permis? Vous exigez exactement les
mêmes garanties de cette personne. Pourquoi?
M. Joron: Dans le domaine de la vente d'automobiles, l'office
n'émet plus maintenant de permis. C'est le Bureau des véhicules
automobiles qui le fait.
M. Goulet: Bien, l'office n'émet plus de permis. Dans les
faits, il n'y a rien de changé, c'est la même garantie. Je veux
dire, c'est pour protéger. Pourquoi demandez-vous une garantie? C'est
pour protéger le consommateur, et que ce soit le Bureau des
véhicules automobiles par votre entremise, ou que vous lui ayez remis la
balle par la loi 72, c'est le même problème.
M. Joron: Ce n'est pas le même...
M. Goulet: Vous me dites: Va voir le Bureau des véhicules
automobiles. Mais, justement, vous avez administré ce programme
longtemps; pourquoi ne feriez-vous pas, vous autres, une suggestion au Bureau
des véhicules automobiles?
M. Joron: Ce n'est pas le même type de biens de
consommation lorsqu'on vend des biens de consommation dont le montant est
inférieur à $100 comme pour la vente itinérante. Les
obligations des commerçants ne sont pas les mêmes que lorsqu'on
vend des véhicules usagés qui, habituellement, ne veulent pas
tellement... cela peut varier. Je pense bien que l'écart entre le prix
d'une automobile usagée et le prix d'une autre auto n'est pas aussi
considérable que l'écart entre un bien que l'on peut vendre
parfois $50 et parfois 25 fois plus que ce montant de $50. Alors, c'est
peut-être normal que la technique d'émission des permis ne soit
pas la même. Mais je vous avoue là-dessus qu'on n'a jamais eu de
représentation négative à l'office sur le fait
à ma connaissance, en tout cas que le système
n'était pas le même pour ce type de permis.
M. Goulet: Ce n'était pas au niveau de l'écart du
prix, bien sûr; c'était surtout au niveau de l'écart, de la
quantité d'objets vendus. Un garage qui transige 200 véhicules ou
2000 véhicules par année avait le même permis dans votre
temps, et encore aujourd'hui, que celui qui en commerce 25. C'est ce que je
voulais dire.
M. Joron: Je prends votre suggestion en note et nous allons
certainement examiner cette question.
M. Goulet: Alors, M. le Président, pour le programme 1,
l'élément 1, quant à moi. Je ne sais pas si...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Giasson: Pas globalement. Une Voix: Globalement...
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous continuer sur le
programme 1?
M. Goulet: Seulement l'élément 2. Au niveau des
vendeurs pas les vendeurs, ils n'aiment pas se faire appeler vendeurs
des courtiers en immeubles ou des représentants en immeubles, il
y a tout un "turn-over". Est-ce normal que, dans une année, on
émette 2000 permis? Est-ce normal?
M. Joron: Oui, cela a toujours été comme cela. On
assiste cette année à une augmentation des demandes de permis qui
est probablement un signe de regain d'activité dans le domaine
immobilier un peu partout dans le Québec, ce qui n'est pas un mauvais
indice, en soi. M. Martel, surintendant du service du courtage immobilier,
pourrait peut-être vous dire l'expérience des années
passées, si ce "turn-over" a toujours été aussi
considérable qu'il l'a été l'année dernière
et pourquoi.
Oui, le "turn-over." a été effectivement aussi important
d'une année à l'autre. C'est un sujet de préoccupation
pour nous puisque cela peut dénoter, de la part de certains courtiers
qui embauchent de nouveaux vendeurs, un manque de sérieux, un manque de
sélection réelle, de sorte que plusieurs personnes, près
de 2500 à 3000 personnes, sont invitées chaque année
à faire partie des diverses agences immobilières. Il va de soi
que, lorsqu'on discute de ce problème avec les associations ou les
chambres d'immeuble, on nous répond toujours que ce
phénomène est identique dans le domaine de l'assurance et dans
tous les autres secteurs du domaine de la vente. C'est-à-dire que
même si les entreprises consacrent plus de temps, de ressources à
la sélection de leurs futurs agents, il demeure qu'ils sont jugés
aux actes. Dans le domaine de l'immeuble, notre étude de 1976 nous a
démontré que les employeurs, les courtiers employeurs portent un
jugement dans les neuf premiers mois après l'obtention du permis de
vendeur par leur employé. Si l'agent n'a pas fait de ventes
jugées satisfaisantes, rentables pour l'entreprise, ces personnes sont
remerciées et les entreprises procèdent immédiatement au
recrutement d'autres personnes.
Seulement à titre d'information, on a remarqué qu'à
la fin de l'automne et au début de l'hiver, principalement au cours du
mois de mars, lorsque les taux d'intérêt se sont mis à
galoper vers le haut, quand on aurait espéré que le taux de
recrutement des nouveaux agents puisse se stabiliser et même
réduire, on s'est aperçu que malgré qu'il y ait eu 1500
personnes qui aient abandonné l'immeuble au cours des mois de novembre,
décembre et janvier, les entreprises de courtage en ont recruté
autant.
M. Giasson: ... les taux d'intérêt.
M. Joron: Par contre, ce qu'il est peut-être
intéressant de signaler, c'est que, l'année dernière, le
taux de succès aux examens a été de 62%, alors que,
l'année précédente, il avait été de 51%.
Cela tend à démontrer, d'une part et les examens ne
deviennent pas nécessairement plus faciles d'une année à
l'autre, c'est probablement le contraire qui se passe je pense, que
progressivement, la qualité et le niveau de scolarisation aussi
augmentent. Le niveau de préparation augmente. La qualité des
vendeurs, des agents immobiliers s'améliore d'année en
année. Je pense que c'est reflété un peu par ces
statistiques qui sont maintenant voisines, nous dit-on, des statistiques
américaines. (22 h 15)
Oui, cela suit la courbe de scolarisation. Nous avons de plus en plus de
diplômés universitaires qui se lancent dans le domaine de
l'immobilier. Nos examens, comme on vient de le mentionner, touchent de plus en
plus des domaines nouveaux comme, en matière de mathématiques, la
nouvelle loi sur le zonage agricole. D'ici quelques mois, l'évaluation
immobilière fera partie des examens de qualification de sorte qu'on
espère, par ce moyen c'est-à-dire que c'est la seule arme
que nous possédons au niveau de la qualification
faire en sorte que les courtiers soient plus prudents dans leur
sélection, c'est-à-dire qu'ils tentent de maximiser leurs chances
dans le choix de leurs candidats pour que ces candidats puissent réussir
leurs examens.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
La contrepublicité
M. Goulet: Une petite question au niveau de
l'élément 3, la contrepublicité. Est-ce que vous avez
dû aller chercher d'autres sommes d'argent que ce que vous aviez
à...
Une Voix: Sur le même sujet.
M. Laberge: J'aurais eu une question sur le courtage immobilier
justement.
M. Goulet: Oui, allez-y.
M. Laberge: Des gens sont venus me voir à mon bureau
dernièrement concernant des plaintes à cet effet et je me
demandais si ce genre de plainte avait été porté à
la connaissance du surintendant, M. Martel. Les compagnies qui font du courtage
immobilier ont beaucoup tendance à engager beaucoup de candidats qui,
pendant leur entraînement, pendant leur formation comme on dit, se
montent une banque de clients possibles. Quand ils ne réussissent pas
leurs examens, évidemment, la banque de clients possibles appartient au
bureau de courtage. Comme il n'y a pas de commission de payée à
l'agent qui ne réussit pas son examen, il y a quelqu'un qui en
bénéficie. C'est peut-être pour cela qu'il y a un
énorme "turn-over", comme on dit.
Je ne sais pas. Je me pose la question à savoir s'il y a une
solution possible à ce genre de problème.
M. Joron: Je n'en vois pas beaucoup, c'est-à-dire qu'on a
vu le même phénomène dans le domaine des assurances
où des candidats voulaient se lancer dans ce domaine et
préparaient leur futurs clients et même profitaient de ce
potentiel de mandat éventuel pour obtenir un emploi chez un courtier en
immeubles. Il demeure que si, en vertu de la Loi sur le courtage immobilier il
y a refus d'émettre le permis parce que le candidat ne satisfait pas aux
exigences ou n'établit pas à la satisfaction du surintendant ses
qualités, légalement les individus qui ont des
propriétés à offrir en vente sont libres de rentrer en
contrat de mandat avec un autre courtier. Je ne vois pas de solution qui
relève de notre juridiction pour régler ce problème.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aurais une courte question. C'est une
préoccupation que j'ai depuis quelque temps. Lorsqu'un individu donne
à un courtier un mandat de vendre son immeuble, il est toujours
prévu que si, à la fin du mandat, le particulier vend son
immeuble à une autre personne avec qui le courtier est entré en
contact, la commission est payable. Le problème est le suivant. Souvent,
le courtier dit: La vente s'est faite après la fin du mandat, mais
j'étais entré en contact avec cet individu. J'ai toujours
pensé qu'il serait possible, à la fin du mandat j'en
profite pour vous apporter cette suggestion que le courtier donne au
vendeur une liste des personnes avec qui il est entré en contact: Si tu
vends à telle ou telle personne, la commission est payable, afin que le
consommateur ne soit pas pris avec une action en recours de $8000 ou $10 000
parce que le courtier dit: Je suis entré en communication. L'autre
personne dit: Je n'en ai pas eu connaissance, tu ne me l'as pas dit.
Ne feriez-vous pas de la réglementation, un amendement à
cet effet? Dans ma pratique notariale, il m'arrive un courtier qui dit: "Le
mandat est fini, ils vont vendre." J'aimerais avoir la certitude que l'acheteur
n'est pas entré en contact avec le courtier, parfois, par un coup de
téléphone ou n'importe quoi qui ne soit pas
considéré comme la transaction résultant de ce
fait-là. Il me semble que ce serait facile d'obliger le courtier
à nous dire: A la fin du mandat, fournis-nous une liste de clients
à qui la commission serait payable, s'il vend dans les trois mois
suivants.
M. Joron: L'observation est très pertinente et c'est
l'objet de plusieurs conflits et de plaintes que nous recevons
présentement au service du courtage immobilier. Les courtiers ont la
prudence, dans leurs contrats, leurs formulaires de mandats, d'introduire cette
fameuse clause qui tend à les protéger, mais, personnellement, je
trouve ça abusif qu'en contrepartie, le courtier ne divulgue pas
à la fin les transactions qui ont été amorcées.
Probablement, s'il y avait des litiges devant les tribunaux, qu'il reviendrait
aux tribunaux d'apprécier le degré de négociation
réel. Est-ce que le fait qu'un simple individu ait
téléphoné ou se soit présenté à un
cabinet immobilier pour feuilleter un catalogue suffirait à un courtier
pour réclamer sa commission, après deux ou trois mois,
après la fin d'un mandat? Non seulement ça serait
désirable et souhaitable qu'il y ait divulgation de la part du courtier
à son client mendant de la liste des personnes qui sont entrées
en contact avec sa firme, mais aussi de la nature des interventions faites.
Dans le cadre de la loi actuelle je ne peux pas répondre
pour l'avenir du moins en vertu de mes pouvoirs et de la présence
que je dois avoir dans le milieu, c'est une question que je discute souvent
avec les courtiers pour les inciter à divulguer le plus possible
l'existence des négociations amorcées avant la fin des mandats.
Jusqu'à quel point est-ce que je réussis? Je ne peux pas
évaluer la question.
M. Mathieu: Vous ne pourriez pas amender la législation,
M. le ministre?
M. Joron: On en prend bonne note.
M. Mathieu: Quand l'occasion se présente je dis au
courtier: Viens me faire une déclaration que tu n'es pas entré en
contact avec un tel, mais il ne veut pas, il refuse. Il me semble que ce serait
dans l'optique d'une saine protection, ça éviterait
peut-être de nombreux litiges.
M. Joron: Excellente suggestion, on va avoir un programme
législatif chargé, on n'est pas près de faire des
élections avec tout ce que vous demandez là.
M. Giasson: Vous admettrez que c'est encore très
protectionniste.
M. Mathieu: Si vous passez vous-même les lois, c'est aussi
bien de ne pas en faire.
M. Joron: On va être là encore au moins pour un an
à faire des lois!
M. Giasson: Cela demeure protectionniste quand même!
M. Goulet: Si vous voulez parrainer vous-même les lois,
vous êtes aussi bien de ne pas en faire tout de suite.
M. le Président, une très courte question j'avais
commencé à la formuler tout à l'heure en ce qui
concerne la contre-publicité. Est-ce qu'on a
récupéré entièrement les 2% qui venaient des
compagnies, en a-t-on eu besoin de plus ou s'ils n'ont pas tous
été dépensés?
M. Joron: Je vais demander à M. Thomas-Louis Simard, le
directeur des communications au ministère, de répondre à
cette question, si vous le voulez bien.
Les budgets de contre-publicité, comme vous le savez sans doute,
proviennent d'une taxe spéciale sur la publicité faite par le
truchement des media électroniques; le montant qui nous est
dévolu au titre de la contre-publicité dépend de la taxe
qui est perçue et nous est retournée par le ministère du
Revenu. Cela fluctue d'une année à l'autre. Règle
générale, ça suit une courbe qui a tendance à
augmenter parce que la publicité suit la même courbe et,
l'inflation étant ce qu'elle est, les budgets augmentent.
M. Goulet: C'est-à-dire que, l'an passé, vous avez
eu tout près de $3 000 000?
M. Joron: C'est ça.
M. Goulet: Ce sont les 2% qu'on a
récupérés?
M. Joron: C'est ça.
M. Goulet: Vous êtes une année en
arrière?
M. Joron: Non, c'est que, depuis que la taxe est perçue,
on la perçoit l'année suivante, l'enveloppe nous est
donnée l'année suivante.
M. Goulet: D'accord. On dit que cette publicité ne doit
pas servir pour faire la publicité du gouvernement ou de certains
projets de loi, etc. Mais les annonces qu'on voit à la
télévision, qui décide de leur contenu, des gens qui vont
les faire et comment c'est distribué? Je vais en prendre une au hasard;
l'Office de la protection du consommateur, campagne de contre-publicité
"Vous êtes donc chanceux". C'est justement notre ami Deschamps; $220 000,
qu'est-ce que c'est cette somme de $220 000? On ne prendra pas toute la page,
les $2 000 000, mais on va en prendre une de $220 000. Pourrait-on nous dire
où sont allés ces $220 000? Ce que par exemple, celui qui fait
l'émission, le personnage a eu, qui l'a choisi et qui a choisi le
thème: "Au Québec il faut se tenir en santé", ou des
choses comme ça? Vous savez, le fameux thème qu'on a
dénoncé l'an passé parce que, justement, nous disions que
c'était... Je n'aime pas employer le mot "subliminal", parce que,
justement, ce n'est pas de la publicité subliminale, mais il y a eu
énormément de questions en Chambre, il y a eu un document qui a
été produit, et par notre formation politique et par le Parti
libéral, au sujet des termes qu'on emploie, des personnages qu'on
emploie? Qui décide ça et où va cet argent?
M. Joron: Si vous permettez, je vais vous expliquer rapidement le
processus de l'attribution des budgets des comptes de publicité.
Autrefois, c'était le CMPDS, le Comité ministériel
permanent au développement social qui attribuait les budgets. Depuis
l'an dernier, le CMPDS a formé un comité de cinq sous-ministres
qui doit se pencher sur les projets présentés par le
ministère et faire un choix; il détermine les projets qui
correspondent aux critères qui sont retenus pour la
contre-publicité. Une fois les projets retenus, au niveau des contenus,
la réalisation des projets relève de chacun des ministères
dont le projet est retenu. Pour ce qui regarde le thème de la campagne
aussi bien que les comédiens qui sont utilisés, c'est l'agence de
publicité qui est retenue selon la procédure du fichier central
des fournisseurs, il y a un mécanisme prévu pour retenir les
services d'une agence et c'est l'agence qui propose, de concert avec le
directeur des communications des différents ministères
sectoriels, un thème et un personnage qui va véhiculer le
thème.
De façon générale, je dirais, à peu
près 100% maintenant, pour les campagnes qui se poursuivent pendant de
longues périodes, comme celles de l'Office de la protection du
consommateur et des Affaires sociales, à la campagne de publicité
est raccroché un budget de postrecherche qui permet d'évaluer
l'impact de la campagne dans le public. Une recherche a été faite
dans le cas de la campagne de Deschamps à la protection du consommateur,
l'an dernier. La recherche se fait à tous les ans après chaque
étape de la campagne. Les Affaires sociales et l'Office de la protection
du consommateur le font.
Le sondage, lui, est fait par des firmes spécialisées qui
font l'échantillonnage de la clientèle soit
par des entrevues, ou par des appels téléphoniques. Les
sondages scientifiques sont faits par des firmes
spécialisées.
M. Goulet: Vous avez des résultats qui doivent être
assez drôles. Vous en avez fait faire deux ou trois par IQOP,
j'espère que vous ne vous fiez pas aux résultats parce que cela
doit être... Non, mais écoutez...
M. Joron: Je ne veux pas me prononcer là-dessus. Ce sont
d'anciens permanents de l'Union Nationale. Ne le saviez-vous pas? Je parle du
président, M. Nadeau.
M. Goulet: Justement, c'est comme vos textes dans la revue
Protégez-vous; à un moment donné, il y a dix ans que le
produit est écoulé; si le produit est changé au bout d'un
mois, imaginez-vous au bout de dix ans. Ce n'est pas là-dessus, M. le
Président, que j'en ai.
M. Joron: Ecoutez, dans votre cas, le produit a changé
souvent. Il n'a pas fini...
M. Goulet: Le monsieur qui parle au nom du ministre ses
propos sont inscrits au nom du ministre a touché un point
important. Il a dit: Le choix des thèmes et des personnages est fait de
concert avec cinq sous-ministres.
M. Joron: Excusez.
M. Goulet: Vous n'avez pas dit cela?
M. Joron: Le contenu comme le thème et le comédien
qui est retenu pour véhiculer le thème sont choisis par chacun
des ministères sectoriels qui ont la responsabilité de faire la
campagne. Le comité choisit les projets, la réalisation des
projets est sous la responsabilité de chacun des ministères
sectoriels.
M. Goulet: Qui décide pour les ministères?
M. Joron: Le directeur des communications, avec le sous-ministre
et le ministre.
M. Goulet: Le choix est fait par... M. Joron: Pour le
choix de l'agence.
M. Goulet: Le choix du personnage et des thèmes est fait
de concert avec un directeur des communications du ministère
concerné.
M. Joron: C'est cela.
M. Goulet: C'est cela que vous avez dit.
M. Joron: C'est sa responsabilité...
M. Goulet: Cela fait un an qu'on voulait savoir qui faisait cela.
Je vous remercie d'avoir répondu. Comment cela se fait-il que ce sont
toujours les mêmes personnages qui reviennent comme Deschamps, Lussier et
ces gars-là?
M. Giasson: Parce qu'ils sont bons.
M. Joron: Dans le cas de l'Office de la protection du
consommateur, la recherche a démontré que le message
véhiculé par Deschamps était bon.
M. Goulet: Ah bon!
M. Joron: Je ne veux pas m'engager au nom de l'office, mais que
je sache, l'office envisageait même éventuellement de changer de
personnage. La recherche a démontré...
M. Goulet: Une dernière question. J'ai pris un exemple ici
parce que tout le monde le connaît. Dans $220 000, justement, le fameux
message: Vous êtes donc chanceux... est-ce qu'on pourrait savoir combien
le personnage a reçu? Je ne veux pas le savoir ce soir, mais demain. Y
a-t-il quelqu'un qui peut savoir cela d'ici à demain avant qu'on adopte
cela au total?
M. Joron: On peut trouver ce renseignement. M. Goulet:
Non, simplement à titre d'exemple.
M. Joron: On pourrait relever le contrat qui a été
donné à la firme de publicité et on pourrait avoir une
idée des tarifs payés. Il est certain que l'on doit tenir compte
des tarifs de l'Union des artistes dans tous les cas des comédiens qui
sont membres de l'union. Donc, les tarifs versés sont les tarifs
officiels. (22 h 30)
M. Goulet: Je voudrais en avoir un. Je ne voudrais pas être
désagréable envers les membres de la commission. D'ici à
demain ou si le ministre s'engage à déposer... Pour prendre
l'exemple du message on va en prendre un et les autres on les laissera
tomber "Vous êtes donc chanceux ", sur les $220 000, combien est-il
allé à M. Deschamps, par exemple? On reviendra à d'autres
ministères pour d'autres personnes. C'est parce qu'on est en train de
faire une petite étude et cela nous sauverait du travail si on avait
cela. On aimerait bien le savoir. Vous n'avez pas d'objection?
M. Joron: On va retourner à l'agence et au contrat pour le
savoir, et plus vite on l'aura...
M. Goulet: Pour compléter, quant au programme 1, je n'ai
pas d'autre question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Effectivement, Yvon Deschamps dit au monde, au
peuple: "Vous êtes donc chanceux". Mais il y a des gens du peuple qui
trouvent que lui aussi est chanceux, parce que c'est toujours lui qui a la
chance. C'est une chance qui va dans les deux sens.
M. Joron: Les recherches tentent à démontrer que
les messages de l'Office de la protection du consommateur sont parmi ceux qui
passent le mieux au niveau de la compréhension par le public. Ceux de
l'Office de la protection du consommateur et ceux du ministère des
Affaires sociales, comme "II faut se tenir en santé". Ce sont les deux
messages qui ont la plus haute cote de notoriété.
Une Voix: ... les plus compliqués, les plus subtils...
M. Giasson: Les moins compris.
M. Joron: De notoriété, cela veut dire que les
messages ont une certaine retention au niveau du contenu.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 2.
Contrôle et surveillance du développement
des entreprises
M. Joron: Avant d'aborder le programme 2, M. le Président,
si mes collègues le permettent, je voudrais leur présenter M.
Michel Tanguay, qui est le directeur adjoint du Bureau du fichier central des
entreprises, qui constitue l'élément 1 de ce programme 2; M.
Hubert Gaudry, qui est le directeur du service des compagnies, qui constitue
l'élément 2, et M. Marc Jean, qui est le directeur du service des
associations coopératives, qui constitue l'élément 3. Bien
entendu, il y a le sous-ministre associé aux coopératives, que je
vous ai présenté tout à l'heure, M. Rioux.
On peut peut-être passer les éléments les uns
à la suite des autres. Autrement on va être un peu encombré
à la table.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, pas de question? M. le député de Bellechasse?
L'élément 1 est adopté? Elément 2.
M. Goulet: Pas trop vite, M. le Président.
M. Giasson: Le fichier central des entreprises, est-ce qu'il y a
une évolution là-dedans ou si c'est une opération
plutôt routinière?
M. Joron: Ce serait peut-être intéressant de
demander à M. Tanguay de décrire aux membres de la commission, en
gros, en quoi consiste ce service et, pour répondre plus
spécifiquement à votre question, de demander si cela a
évolué, si cela change ces années-ci.
En fait, le fichier central des entreprises a pour mandat de maintenir
sur support magnétique l'ensemble des entreprises qui sont en affaires
au Québec. Cela inclut, bien entendu, les corporations
fédérales et provinciales ainsi que toutes les
déclarations qui nous proviennent des bureaux des protonotaires au
niveau des raisons sociales. On a aussi comme mandat de mettre à la
disposition des ministères et organismes gouvernementaux les
renseignements qui sont contenus dans ce fichier. Ces renseignements, soit dit
en passant, sont des renseignements sur l'identité de l'entreprise.
M. Giasson: Ce n'est ni plus ni moins que l'inscription d'une
entreprise, d'une société, d'une corporation. L'information se
limite à cela?
M. Joron: C'est cela, son nom, son adresse, sa formation
juridique, ses activités principales et les administrateurs.
M. Giasson: Quand les sociétés sont dissoutes, on
vous avise?
M. Joron: On est avisé puis on ferme le dossier.
M. Giasson: Par les mêmes voies que l'information que vous
recevez lors de la création?
M. Joron: C'est cela, au niveau des corporations, par le service
des compagnies et, au niveau des raisons sociales, par les bureaux de
protonotaire à travers la province.
M. Giasson: Cela veut dire que vous avez un contrôle quasi
parfait sur l'existence des corporations, des sociétés en
activité.
M. Joron: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, rapidement. Est-ce que la
manière d'en être informé ce sont les rapports initiaux
lorsqu'on incorpore une compagnie et le rapport annuel par la suite?
M. Joron: Au niveau des compagnies, c'est l'émission des
lettres patentes, au moment de l'émission des lettres patentes aux
corporations par le service des companies. Par la suite, on est tenu à
jour par le rapport annuel des compagnies.
M. Mathieu: Si on incorpore une compagnie en vertu de la loi
fédérale et que la compagnie ne vous donne pas un rapport
initial, un rapport annuel, comment allez-vous le savoir?
M. Joron: On a une entente avec le ministère
fédéral de la Consommation et des Corporations qui nous transmet
la liste de toutes les corporations constituées par les lois
fédérales.
M. Mathieu: Si une compagnie à charte
fédérale ne vous soumet pas son rapport annuel, on
sait que c'est une charte provinciale et on ne reçoit pas le
rapport au bout de trois ans, la sanction, c'est que les lettres patentes sont
annulées. Si c'est une charte fédérale, quelle sera la
sanction?
M. Joron: Cela relève du service des compagnies de voir
à ce que le rapport annuel soit produit.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement. Vous ne cumulez aucune donnée, par
exemple, au niveau des administrateurs. Vous savez ce que la compagnie fait,
transige, son champ d'activité, mais vous ne cumulez aucune
donnée au niveau des chiffres d'affaires, par exemple.
M. Joron: Non.
M. Goulet: Non, absolument rien?
M. Joron: Aucune donnée au niveau du capital-actions,
aucune donnée pécuniaire. En fait, cela se résume
à...
M. Goulet: Au niveau des dossiers juridiques d'un administrateur,
vous n'avez rien de cela?
M. Joron: Non.
M. Goulet: Vous avez le nom de l'administrateur?
M. Joron: On a le nom simplement.
M. Goulet: Alors, si on appelle chez vous pour connaître la
solvabilité d'une compagnie, vous n'avez pas affaire à cela du
tout?
M. Joron: On n'a aucune information là-dessus.
M. Goulet: Vous n'avez aucune information et vous n'en cumulez
pas non plus?
M. Joron: Non, absolument pas.
M. Goulet: D'accord. Concernant les compagnies qui ne produisent
pas leur rapport à temps, à un moment donné je
n'accuse personne, je ne sais pas quand ça s'est fait sauf
erreur, il y avait eu un certain relâchement. L'année
passée, vous aviez commencé à faire le ménage, je
pense; comment a été votre affaire?
M. Joron: Je pense que le service des compagnies pourrait vous
répondre à ce sujet.
M. Goulet: Bon, vous autres, c'est le fichier. Je voulais savoir
si on en a fermé beaucoup. Il pourra nous le dire tout à
l'heure.
M. Joron: II pourra vous donner les statistiques. Il peut
répondre à cette question.
M. Goulet: Vous avez fait bien des croix dans votre fichier?
M. Joron: Pas mal!
M. Goulet: Je ne sais pas si...
M. Joron: Est-ce que je peux répondre maintenant? Oui,
bon. Effectivement, j'allais dire que la perception du rapport annuel ce
n'est pas le terme exact, je m'en excuse la réception du rapport
annuel se fait chez nous. C'est nous qui sommes responsables de l'application
de la loi concernant les renseignements sur les compagnies en vertu de laquelle
le rapport annuel est exigé. Périodiquement, on fait ça
à peu près une fois tous les deux ou trois ans, selon le besoin
et l'encombrement de nos dossiers. On se rend compte qu'il y a un certain
nombre de compagnies qui ne produisent plus leur rapport depuis un certain
temps. On appelle alors au fichier central, parce que ce système est en
bonne partie mécanisé, pour arriver à dresser une liste
des compagnies qui ont fait défaut de produire leur rapport. On a des
consultations avec le ministère du Revenu, évidemment, parce
qu'on ne veut quand même pas dissoudre n'importe qui.
Une fois que ces consultations ont été faites, on fait
paraître des avis dans la Gazette officielle. En même temps qu'on
fait paraître l'avis dans la Gazette officielle, on expédie par la
poste, pas par la poste recommandée, mais par la poste
régulière, un avis aux derniers administrateurs qui sont
indiqués dans notre dossier. On les prévient que, dans un certain
délai, s'ils n'ont pas produit des rapports, la compagnie sera dissoute.
Après cela, on attend. On octroie un certain délai; le
délai, officiellement, a été fixé à 30 jours
par le ministre.
A l'expiration des 30 jours, là on revoit le dossier pour voir si
les rapports ont été produits. Si les rapports n'ont pas
été produits, à ce moment-là, on procède
à la publication d'un deuxième avis et c'est ce deuxième
avis qui dissout la compagnie.
L'an dernier, pas l'année qui vient de s'écouler mais
l'année précédente, nous avions fait une grande campagne
de dissolution, on appelle cela de l'annulation massive, et nous avions dissout
plus de 35 000 corporations. Évidemment, il s'agit uniquement de
corporations constituées en vertu de lois québécoises,
parce que nous ne pouvons pas dissoudre des corporations constituées en
vertu d'autres lois que les lois québécoises; on n'a pas la
juridiction pour leur donner naissance et on n'a pas la juridiction, non plus,
pour les faire mourir.
Cette année, étant donné qu'il y avait eu une
épuration assez importante l'année précédente, il
n'y a pas eu énormément d'annulations. Par contre, on a
l'intention à l'avenir, non pas de faire de grandes campagnes de
dissolution comme celle-là, mais plutôt d'y aller d'une
façon plus
régulière. C'est la façon dont on va
procéder et cela nous sert en même temps pour épurer nos
dossiers, c'est bien commode.
M. Goulet: M. le Président, quel pourcentage approximatif
de compagnies ont été dissoutes après un deuxième
avis, mais qui sont revenus à la charge? Est-ce qu'il y en a ou si,
vraiment, après le deuxième avis, celles que vous avez dissoutes
sont...
M. Joron: Non, il y en a quand même un certain nombre.
Malheureusement, je n'ai pas la statistique officielle là-dessus. Il
reste qu'on constate qu'il y a quand même quelques compagnies qui nous
envoient les rapports que nous demandons. Evidemment, celles-là on les
attend. C'est bien sûr qu'on ne va pas faire exprès pour faire
tomber le couperet tout de suite à la fin du délai. Ce qu'on
veut, au fond, c'est que les gens nous donnent signe de vie.
D'ailleurs, cette année, on a expédié aussi des
mises en demeure à plusieurs compagnies parce que nous savons, nous
sommes informés par le fichier central que ces compagnies sont actives
il y a beaucoup de compagnies fédérales, en particulier,
qui sont actives et qui ne produisent pas le rapport annuel. Alors, ces
compagnies, parce que, comme gourdin on n'a pas seulement la dissolution, on
peut aussi en poursuivre les administrateurs, on leur a dit que si elles ne
fournissaient pas le rapport d'ailleurs, c'étaient des compagnies
qui étaient en retard de plusieurs années on aurait la
désagréable obligation de les y contraindre en les poursuivant
devant les tribunaux. Et cela rentre, c'est admirable de voir cela. Alors,
celles qui ne nous donnent pas de nouvelles, généralement, c'est
parce qu'elles ne sont pas tellement actives. On n'a pas encore pris de
poursuite, de toute façon, à ce sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Quand on regarde à l'élément 1
du programme 2, $985 000 pour l'année, pour le fichier central, combien
cela représente-t-il de compagnies fichées? Vous avez un total de
combien?
M. Joron: A l'heure actuelle, au total, il y a 175 450
corporations, soit fédérales ou provinciales.
M. Lavigne: Fichées? M. Joron: Fichées,
actives. M. Lavigne: Actives. M. Joron: Au Québec.
M. Lavigne: Est-ce que, d'une année à l'autre, pour
la plupart, ce sont les mêmes corporations qui sont fichées?
M. Joron: Elles sont continuellement au fichier et on suit
l'évolution de la corporation à partir de sa naissance
jusqu'à ce qu'elle soit dissoute...
M. Lavigne: Oui.
M. Joron: ... soit en faillite, ou en concordat ou...
M. Lavigne: Et sur les quelques 175 000 que vous avez
fichées, l'an passé, il y a eu une épuration de 35
000?
M. Joron: C'est cela, 35 000 corporations. Mais là,
l'épuration qu'il y a eue, c'est au niveau des corporations
québécoises.
M. Lavigne: Québécoises seulement.
M. Joron: Oui, qui sont créées en vertu des lois
administrées par... Maintenant, je vous donnais le chiffre de 175 000;
ce sont les corporations seulement. On a, en plus de cela, les
sociétés, qui représentent 56 230 au 1er mars 1980, et
puis 214 715 particuliers en affaires sous leur nom propre ou sous une raison
sociale.
M. Lavigne: Cela représente combien d'employés dans
le service du fichier comme tel?
M. Joron: Pour l'année qui vient de débuter,
55.
M. Lavigne: 55. C'est ce qui justifie, en fait, la grosse partie
de la somme qui s'en va en salaires.
M. Joron: Effectivement. M. Lavigne: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Revenons au service des compagnies encore. On sait
qu'il existe une procédure, à la Loi des compagnies, d'extinction
des compagnies. Maintenant, c'est une procédure longue, qui est plus
longue et plus dispendieuse que la constitution d'une compagnie, normalement.
Plusieurs disent: Au lieu de prendre la procédure d'expulsion, on va
cesser de produire le rapport annuel et on va la faire tomber. Si une compagnie
choisit ce moyen, est-ce qu'il y a des sanctions qui peuvent, à un
moment donné, résulter ou si vous l'éteignez sans autre
sanction? (22 h 45)
M. Joron: Je crois que vous êtes un peu au courant de la
façon de procéder. Oui, effectivement, c'est un petit
problème qu'on a. Je dois dire qu'on ne considère pas que ce soit
un problème absolument urgent. Mais il y a quand même un petit
inconvénient à cela; c'est que, lorsqu'on procède par la
voie de l'abandon de charte, effectivement, il y a des coûts à
cela parce que généra-
lement il faut mettre en ordre les affaires de la compagnie et
peut-être engager un avocat ou un notaire. Il y a des honoraires et tout
cela. Je comprends évidemment que cela coûte quand même un
peu plus cher que de laisser tout simplement le gouvernement entrer une
épée et dire: C'est fini; c'est bien certain. Il y a beaucoup de
compagnies qui vont précisément laisser tout simplement la
corporation mourir toute seule au bout de quelques années.
En fait, non, il n'y a pas de sanction autre que celle de la
dissolution, c'est-à-dire que ce qui va se produire, c'est qu'on va tout
simplement faire publier les avis selon la procédure que j'ai
indiquée tout à l'heure. Lorsqu'il s'agit d'une corporation dont
le fichier central nous affirme qu'elle n'est plus active, on n'ira quand
même pas faire exprès pour persécuter des gens, c'est bien
sûr, sauf que, si on regarde cela sous l'angle de la loi, il reste quand
même que le gouvernement ne peut pas avoir les mêmes certitudes. Je
ne veux pas dire que les choses se passent nécessairement d'une
façon malhonnête parce que j'imagine que, si c'était le
cas, on aurait certainement des plaintes. Il reste que, dans le cas de
l'abandon de charte, par exemple, les gens sont censés nous produire une
requête dans laquelle ils vont nous affirmer sous la foi du serment que
les dettes ont toutes été payées, que l'actif de la
compagnie a été distribué ou qu'on a pris les
précautions pour que les dettes soient acquittées vu que les
créanciers ont renoncé et ainsi de suite.
Évidemment, dans le cas de la procédure d'annulation,
comme la compagnie cesse purement et simplement de nous donner des signes de
vie, on ne peut pas avoir ces garanties. Mais, au fond, on ne s'en fait pas
trop parce qu'on se dit: Finalement, l'important, ce n'est pas que nous ayons
la garantie. L'important, c'est que les créanciers aient
été payés. Or, dans le cas où une compagnie sera
éventuellement dissoute, il reste que, tant qu'elle n'est pas dissoute,
les créanciers auraient des recours. S'il y a des gens qui avaient
fraudé la compagnie, qui avaient distrait des sommes qui, normalement,
reviendraient aux créanciers, je pense qu'en droit civil les
créanciers auraient certainement des recours et probablement même
au criminel contre les personnes qui se seraient enfuies avec ces sommes. J'ai
bien l'impression que les autres mécanismes de notre droit et
probablement des mécanismes de droit commun font en sorte qu'il n'y a
quand même pas énormément de fraudes de ce
côté. On n'est pas encore intervenu parce qu'on n'a pas eu
vraiment de plaintes de ce côté. Dans certains cas, on en a eu et,
à ce moment-là, on peut faire revivre la compagnie, même
lorsque la compagnie a été dissoute par voie d'annulation,
j'entends.
M. Mathieu: Je vois dans un autre domaine, selon le tableau
soumis, dans les demandes d'incorporation, que le nombre d'incorporations en
vertu de la première partie a diminué énormément
depuis que le gouvernement fédéral accorde des lettres patentes
avec sa nouvelle loi d'une person- ne seulement. Je trouve tout à fait
heureux que le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières se soit mis à la page dans ce domaine
parce que c'était réellement un besoin. Je crois que les chiffres
démontrent par eux-mêmes que ça répond à un
besoin et que c'était attendu depuis passablement de temps.
M. Joron: Certainement. Effectivement, il y avait
déjà un certain temps qu'on s'était rendu compte des
besoins dans ce domaine et c'est la raison pour laquelle le projet de loi no 34
a été adopté en juin dernier. Évidemment, il faut
un peu de temps. Le gouvernement fédéral avait quand même
pris une certaine longueur d'avance et, en matière de
législation, il faut y mettre le temps. On ne pouvait pas copier
purement et simplement la loi fédérale pour toutes sortes de
raisons dont certaines tiennent, par exemple, à la présence du
droit civil dans notre province. Par conséquent, il faut faire quelques
adaptations. Il y a aussi le style de rédaction qui n'est pas le
même. Tout cela demande un peu de temps, mais, finalement, on est
arrivé à sortir ce projet de loi no 34 et à le mettre en
vigueur. Je dois dire que la réception a quand même
été bonne. Evidemment, ce n'est pas encore la loi
complète, c'est bien sûr. On ne peut pas s'attendre à avoir
les mêmes résultats que si nous avions une législation
entièrement nouvelle, mais, par contre, on a constaté un certain
progrès.
M. Mathieu: En tout cas, je veux féliciter qui de droit.
On n'est pas ici pour cela nécessairement, mais prenez-le quand cela
passe.
M. Goulet: Le législateur.
M. Joron: On va laisser cela impersonnel.
M. Mathieu: Je crois que c'est très heureux et c'est un
progrès remarquable.
M. Lavigne: Un bon gouvernement.
M. Goulet: Quand cela va bien, c'est le ministre.
M. Joron: Chez l'Opposition.
M. Goulet: Quand cela va bien, ce sont les fonctionnaires; quand
cela ne va pas bien, c'est le ministre.
M. Mathieu: Je l'ai dit: Prenez-le quand cela passe. Je n'ai pas
dit que c'était un bon gouvernement. J'ai dit que vous aviez de bons
fonctionnaires.
M. Lavigne: Cela ne nuit pas.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
Une Voix: Oui.
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Une information au sujet d'une compagnie qui est
dissoute de par la volonté du service des compagnies pour des raisons
justes et valables. Si la compagnie dissoute possède des actifs sans
avoir nécessairement de passif, qu'advient-il des actifs de cette
compagnie?
M. Joron: Vous parlez d'une annulation en vertu de la loi sur les
renseignements?
M. Giasson: Pour refus de produire le rapport. Vous demandez la
production du rapport et les actionnaires, le gérant ou le directeur
négligent de le faire.
M. Joron: Dans un cas comme celui-là, la loi...
M. Giasson: Vous passez à l'opération de la
fermeture de la compagnie dissoute.
M. Joron: Oui, d'accord. Evidemment, ce serait un cas où
les administrateurs auraient oublié de distribuer l'actif parmi les
actionnaires. Je voudrais tout de suite vous dire que votre cas n'est pas
absolument impossible, mais j'ai l'impression que c'est quelque chose qui ne se
présentera peut-être pas tellement souvent, parce que, si les
administrateurs ont choisi de laisser la corporation aller à la
dérive, je crois que la chose à laquelle ils auront probablement
naturellement pensé, cela aurait été de se servir. J'ai
l'impression que, de ce côté-là, les risques sont
peut-être moins grands. Ce qui peut se produire, par contre, c'est que
des créanciers n'aient pas été payés. Il est
arrivé...
M. Giasson: Je suppose un cas où il n'y a pas de
créanciers.
M. Joron: Alors, ce sont plutôt les actifs qui vous...
M. Giasson: La corporation possède des actifs, des
terrains, des bâtiments.
M. Joron: Et vous voulez savoir si cela va aller à la
couronne.
M. Giasson: Oui, c'est cela.
M. Joron: La Loi sur la Curatelle publique peut jouer. Seulement,
si ma mémoire est fidèle, je pense que la Loi sur la Curatelle
publique prévoit que le curateur public, pour être saisi, doit
l'être en suivant une certaine procédure. En
réalité, je suis d'avis qu'il y a dans la Loi sur la Curatelle
publique une certaine contradiction. Je ne voudrais pas empiéter sur des
domaines qui ne me regardent pas, mais c'est une opinion personnelle. Il y a
une ambiguïté, en tout cas. On laisse en- tendre que cela se fait
automatiquement et, par ailleurs, vous avez une réglementation qui
implique qu'on doit adresser une demande particulière au curateur public
pour qu'il agisse comme administrateur provisoire des biens. Maintenant, il n'y
a pas propriété automatique. C'est une administration provisoire.
D'ailleurs, je ne sais pas si, dans la refonte des lois de 1977, c'est encore
l'article 12, mais il me semble que c'était l'article 12, paragraphe g),
de la Loi sur la Curatelle publique qui précise cela. Il y a un autre
article qui prévoit que le curateur public est d'office curateur aux
successions vacantes. Je sais que le curateur peut se servir de l'une ou
l'autre des deux dispositions. Mais je pense qu'il serait plus prudent
d'interroger le curateur à ce sujet.
De toute manière, ce qu'il advient des biens dans un cas comme
celui-là, si une personne veut faire une demande auprès du
curateur public, elle peut le faire. A ce moment-là, le curateur public
administrera les biens provisoirement jusqu'à ce qu'un tribunal se
prononce sur la propriété des biens et, éventuellement,
sur la liquidation. Maintenant, si entre-temps il intervient une demande pour
faire revivre la compagnie, à ce moment-là, j'ai bien
l'impression que le curateur public serait dessaisi de son administration
provisoire et que la compagnie reprendrait sa propriété sur les
biens. On pourrait, à ce moment-là, procéder à la
liquidation, tout simplement.
M. Giasson: Donc, si la Curatelle publique fait l'administration,
la gérance des biens et que les biens n'apportent aucun profit, c'est
elle qui paie les taxes scolaires et municipales et ces choses-là.
M. Joron: En tant qu'administrateur, mais sur la masse.
M. Giasson: Et elle vend une partie des biens pour avoir l'argent
pour faire face aux obligations.
M. Joron: Oui, sur la masse. M. Giasson: D'accord.
M. Joron: Je présume que c'est de cette façon
qu'ils agissent. Écoutez, je ne peux quand même pas parler au nom
du curateur public. Je pense que ce serait probablement à lui qu'il
serait mieux de poser la question, mais mon opinion n'engage que moi ici,
évidemment.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
Associations coopératives
M. Lavigne: M. le ministre, je ne sais pas si vous pourriez me
donner des explications, ou votre soutien, à l'élément 3.
On voit une augmentation de presque le double. L'année passée, en
1979-1980, $1 700 000; on passe, en 1980-1981, à $2 400 000.
M. Joron: L'élément 3 du service des associations
coopératives. Je peux peut-être demander, à ce moment-ci...
A l'élément 3, vous dites?
M. Lavigne: Non, au programme 2, élément 3:
Contrôle, surveillance...
M. Joron: Si je comprends bien, on en a terminé avec les
éléments 1 et 2. Je vais demander à M. Rioux,
sous-ministre associé aux coopératives, de se joindre à
nous.
L'augmentation est causée par ce qui a été consenti
à la SDC, la Société de développement
coopératif.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aimerais faire un commentaire introductif, si vous
me le permettez, M. le Président. Je profite du fait que M. le directeur
est avec nous pour avoir des renseignements; on n'a pas l'occasion d'avoir tous
les jours ces personnes ressources à notre disposition.
J'ai oeuvré dans de nombreuses coopératives; je dois
être membre d'environ dix dans le moment. J'ai été
administrateur de plusieurs, j'ai été membre fondateur et premier
gérant de la Caisse d'établissement de la Chaudière, je
suis membre de la Coopérative de sucre d'érable du Québec
et j'ai voulu fonder, à un moment donné, une association
coopérative pour établir une clinique médicale dans mon
village. C'était une entreprise d'environ $200 000 qui était
payée à même des fonds privés et, finalement,
ça c'est fait, c'est en marche, mais par un autre moyen.
Le problème de la fondation d'une coopérative, c'est qu'il
faut passer par le Conseil de la coopération du Québec, qui nous
assure l'authenticité coopérative. C'est bien ça?
Finalement, nous avions environ 300 personnes dans le village qui voulaient
bâtir une clinique médicale. Si on veut donner de l'emphase et de
l'importance au monde de la coopération, il faut habituer nos gens
à travailler avec ce véhicule. Je crois que c'est important. Dans
nos petites paroisses, on a des coopératives agricoles, des chantiers
coopératifs, des coopératives funéraires... Je ne les
énumérerai pas toutes, mais j'ai été pas mal
déçu parce qu'on m'a refusé en disant: La notion de membre
usager dans le modèle que vous voulez lancer n'existe pas. On m'a dit:
L'usager de votre clinique médicale, c'est le médecin, alors
qu'on prétendait que l'usager serait toute personne qui se
prévaudrait des services dispensés par la clinique
médicale. Finalement, j'ai tâché de faire passer... Les
gens de mon petit village ne comprenaient pas pourquoi j'essayais ça,
parce que, eux, pour autant qu'ils aient une clinique médicale, que ce
soit par n'importe quelle voie, ça ne leur fait rien, mais moi, je
trouvais que c'était important d'habituer le monde à travailler
au moyen de la coopérative.
Cette fameuse relation de membre usager me semble une notion pas mal
dépassée dans le moment. Je ne veux pas critiquer les personnes
qui sont prises pour appliquer ces programmes, mais je trouve ça
très dépassé. Je me suis dit: On a eu des
télévisions coopératives; le gars qui regardait la
télévision devait-il avoir une carte? On lance ça sur les
ondes et n'importe qui peut le capter; pour le journal, c'est la même
chose. Pourquoi, lorsqu'on veut établir une clinique médicale,
est-on restreint? On ne peut pas fonctionner par ce véhicule? On m'a
dit: Allez-y avec la troisième partie de la Loi des compagnies. J'ai
dit: Je le savais, je n'ai pas besoin d'aller me le faire dire par d'autres. Je
me disais, moi qui voulais établir une coopérative: C'est comme
si j'allais à une caisse populaire et demandais: Avez-vous tel service?
Non. mais va à telle banque, elle l'a. Au lieu de me faire dire
ça, je préférerais dire: On va tâcher d'adapter nos
structures, nos normes pour qu'elles soient conformes aux besoins de
l'époque actuelle. Alors, j'ai été pas mal
déçu de ce refus. (23 heures)
Finalement, après avoir perdu plusieurs mois, j'ai
procédé par la troisième partie de la Loi des compagnies
et ça fonctionne bien. Mais, dans la mise en marche, ce n'est pas tout
à fait pareil parce qu'en vertu de la présente partie il faut que
le type paie sa cotisation régulièrement, annuellement. S'il
arrête de payer, comme cela se passe normalement, et qu'il n'y en a pas
un qui paie sa cotisation, la corporation peut s'éteindre par un vice de
procédure. Or, une coopérative, je mets $5 en capital social et
mon capital demeure légitime, légalise la situation même
s'il n'y a pas de cotisation annuelle par la suite.
Je ne sais pas si c'est toujours en vigueur, ces notions de membre
usager, on m'avait dit finalement que je ne connaissais rien de la
coopérative. Je me dis: Peut-être que je ne connais rien, mais, en
tout cas, je suis membre de dix et j'ai participé à plusieurs
autres et il me semble qu'il y a un ajustement, une adaptation à faire
dans ce domaine. Je revois également des mouvements très
importants qui sont largement subventionnés dans le moment par les fonds
publics. Je veux parler des regroupements forestiers.
Là, vous allez me dire: Cela n'a pas d'affaire avec nos
crédits, mais je crois qu'indirectement c'est très important ce
que je vais vous dire là. Je suis moi-même membre d'un
regroupement forestier. Lorsque les personnes qui veulent mettre en marche ces
regroupements forestiers vont dans les bureaux d'avocats, on leur dit: Bien,
vous allez former une compagnie, selon la première partie de la Loi des
compagnies, etc. Là, on tâche de faire des règlements pour
que la compagnie fonctionne comme une coopérative alors que ce qu'on
veut faire, c'est l'esprit d'une coopérative et l'État y consacre
des millions et des millions. Moi, je prends un exemple. Je disais, à un
moment donné, aux gens de mon regroupement forestier: Si. dans 20 ans,
30 ans, 40 ans, nous avons des actifs de $10 000 000 ou $5 000 000 et que nous
décidons que c'est important d'éteindre notre compagnie,
qu'est-ce qui va arriver? On va partager l'actif. C'est facile pour quelques
personnes de prendre
le contrôle de la compagnie, mais on dit: Non, on établit
des règlements pour interdire cela, mais des règlements, cela se
change, par une assemblée annuelle, générale ou
spéciale convoquée à cette fin. Cela se change, des
règlements.
Si nous avons affaire à une coopérative, je prends le cas
de celle des Producteurs de sucre d'érable dont je suis membre qui a des
actifs de $8 000 000 ou $10 000 000 peut-être, je n'ai pas
d'intérêt à provoquer la dissolution de cette institution,
parce que ce que je retire, c'est mon capital social de $60. Je ne partage pas
l'actif. Tandis que, dans le regroupement forestier dans lequel l'Etat,
à juste titre je ne veux pas faire une critique négative
investit des millions chaque année, mettons que dans 20, 30 ou 40
ans, quelqu'un dit: On s'approprie cette institution, c'est facile de changer
les règlements et que trois, quatre ou cinq personnes qui la
contrôlent dissolvent la compagnie et se partagent le pot aux roses. Je
trouve cela tout à fait inadéquat comme formule et, encore une
fois, je n'ai aucun doute à l'endroit des dirigeants de ces mouvements,
à l'endroit de l'État qui investit des fonds là-dedans,
parce qu'on veut que cela fonctionne comme une coopérative.
A mon regroupement à moi, je suis allé, j'ai dit: Pourquoi
n'avez-vous pas pris une charte de coopérative en partant? Ils m'ont
dit: C'est parce qu'on nous a dit que si on formait une coopérative et
que cela n'allait pas bien, on était responsable personnellement et on
ne veut pas être responsable personnellement, mais la coopérative
a une entité juridique comme une compagnie. J'ai trouvé qu'ils
avaient été mal renseignés. Moi, je crois, en conclusion
de mes notes préliminaires que je veux voir interprétées
d'une manière constructive, ce n'est pas une critique que je vous fais
là, au contraire, c'est un secteur qui m'est cher et je veux profiter de
ces quelques expériences pour faire une adaptation, si possible. Je
voudrais donc que l'on facilite la mise sur pied d'une association
coopérative, que cela ne prenne pas dix mois, un an d'études et
qu'on arrive au bout de l'année en disant: II te manque une notion de
membre usager ou une autre affaire et cela ne marchera pas ton affaire,
premièrement.
Deuxièmement, lorsqu'il y a une demande faite de lettres patentes
pour un regroupement forestier, on veut que ce soit l'esprit coopératif
et on prend le véhicule compagnie. Vous voyez qu'il y a quelque chose
qui ne marche pas là-dedans. Il faudrait qu'il y ait une
éducation faite auprès des ministères concernés,
Energie et Ressources ou autres. J'irais même plus loin, je crois que
cela nous prendrait une loi spéciale pour changer le statut de nos
regroupements forestiers en associations coopératives, pour la
protection des intérêts du patrimoine, de ces regroupements qui
appartiennent à la collectivité, à mon sens, et pour qu'on
n'arrive pas dans 25, 30 ou 40 ans, et que quelques-uns prennent le
contrôle et se partagent l'assiette.
Ce sont les commentaires préliminaires que j'avais à
faire.
M. Joron: Juste avant que M. Rioux réponde, j'ajoute mes
commentaires aux vôtres. Il y a une chose que je dois dire. Vous avez
mentionné qu'au ministère de l'Énergie et des Ressources
on devrait mieux diriger. Effectivement, il y a quelque chose
d'intéressant qui découle cela répond juste
à une petite partie de vos commentaires du dernier sommet. Le
gouvernement s'était engagé, au cours du dernier sommet sur la
coopération, dans tous les ministères qui ont à traiter
avec des coopératives il y en a plusieurs, sept, huit ou dix
à créer un bureau d'accueil ou à spécialiser
des gens après les avoir entraînés, formés au
coopératisme pour qu'ils puissent répondre spécifiquement
aux coopérateurs dans leur secteur, que ce soit aux ministères de
l'Énergie, des Ressources ou aux Terres et Forêts ou ailleurs,
à quelqu'autre ministère. C'est arrivé souvent dans le
passé, quand les coopérateurs approchaient l'appareil
gouvernemental, qu'ils avaient affaire à des gens, qui sans être
de mauvaise foi, ne connaissaient pas le système coopératif et ne
pouvaient pas les guider ou les conseiller.
Maintenant, on n'aura plus cette carence et chaque ministère qui
travaille dans un secteur où la présence coopérative
existe pourra mieux renseigner et diriger son monde à l'avenir. C'est
juste une petite partie de la réponse, mais je tenais à le dire,
parce que c'est quand même intéressant.
M. Rioux, je suis sûr, voudrait apporter de plus amples
réponses aux questions que vous avez soulevées.
Je crois qu'on peut apporter des réponses aux problèmes
soulevés. Si on se réfère à l'exemple que vous avez
donné tout à l'heure de la tentative de lancer dans votre milieu
un organisme qui a été refusé par le Conseil de la
coopération du Québec sous prétexte que ce n'était
pas une coopérative, parce que cela ne correspondait pas aux exigences
du membre usager qui est un principe coopératif, vous avez
soulevé une question qui est très importante. Parce que ce n'est
pas simplement chez vous que c'est arrivé, c'est arrivé à
de nombreux endroits dans la province de Québec. Cela démontre
qu'il y a, à l'heure actuelle, dans bien des milieux, des
développements de ce genre où la population veut se prendre en
main; à partir de ce moment, elle cherche une forme juridique qui lui
paraît être la formule coopérative.
A présent, c'est évident que c'est l'esprit
coopératif, cependant si on interprète et là c'est
le Conseil de la coopération du Québec qui le fait, parce qu'il
doit donner un avis strictement en regard des principes
coopératifs, c'est qu'il y a véritablement
l'élément que vous avez soulevé, celui qui,
également, est l'argument du Conseil de la coopération du
Québec, cela ne correspond pas au principe coopératif du membre
usager.
Là, je ne veux pas entreprendre un débat doctrinal, mais
par rapport à cette position du conseil, je dois dire que c'était
également la position du service des associations coopératives.
Dans l'exemple que vous avez donné par rapport à la
télévision, c'est exact qu'il y a eu un poste de
télévision, mais il avait été refusé
par le gouvernement du Québec, par notre ministère,
c'était une incorporation fédérale. Au
fédéral, évidemment, les gens n'ont pas les mêmes
réticences et cela a donné cette télévision qui a
fonctionné durant une période de deux ans. Il y a eu par la suite
de nombreuses demandes qui ont été faites au Québec mais
qui ont été refusées, simplement parce que la relation
membre usager n'existait pas.
La relation membre usager je ne veux pas entreprendre quelque
chose sur le plan doctrinal c'est quand même un principe qui doit
être respecté pour la bonne raison que la coopérative
étant la propriété de ses usagers, le jour où ce ne
sont pas des usagers qui sont dans la coopérative, il y a une distorsion
et il y a danger de problème; en tout cas, l'interprétation de la
coopérative authentique, il faut que ce soit avec ses usagers. Une
coopérative de consommation appartient aux consommateurs, c'est de
caractère universel, parce que tout le monde est consommateur. Une
coopérative de travailleurs, ce sont les travailleurs qui
possèdent l'entreprise, mais il n'y a pas d'autres personnes que les
travailleurs qui sont membres de la coopérative, parce que l'usager,
c'est le travailleur. On pourrait donner des exemples pour toutes les formes,
les catégories d'entreprises.
Cependant, vous avez soulevé un problème de taille: celui
qu'il existe quand même dans le Québec de nombreux citoyens qui
veulent se prendre en main. On n'avait pas véritablement de
véhicule juridique. On se servait des compagnies et on faussait
réellement toute la philosophie de la compagnie. On se sert de la
troisième partie de la Loi des compagnies et, à partir de ce
moment-là, cela ne correspond pas non plus aux objectifs et aux
idéaux des citoyens. C'est pourquoi M. le ministre le mentionnait
tout à l'heure dans la loi on a un mandat, celui de modifier les
lois des associations coopératives et des coopératives agricoles,
de créer une nouvelle loi qui sera pour les groupements communautaires,
d'esprit coopératif, une loi qui sera également très
souple. Cela pourra se transformer en coopérative, cela pourra
même être considéré comme une
précoopérative et cela permettra à ce moment-là aux
citoyens de se prendre en main et de former des entreprises du genre de celles
dont vous avez parlé dans la question que vous avez soulevée tout
à l'heure.
Pour ce qui est d'un autre point très important, celui des
regroupements forestiers, je peux vous dire que vous avez soulevé un
point évident. Il faut bien le constater, il y en a à l'heure
actuelle 34 au Québec et on se demande pourquoi ce ne sont pas des
coopératives. Pourquoi ce ne sont pas des coopératives? Il fut un
temps où le développement des entreprises, la
préoccupation de les former dans un encadrement juridique n'était
pas celle qui préside à l'heure actuelle. Je pense que ce sont
des choses qui ne se produiront pas ou plus dans l'avenir. Au ministère
des Terres et Forêts, avec la politique forestière pour le
regroupement des boisés privés, il y a eu un modèle de
défini par les chercheurs au ministère des Terres et Forêts
du temps. On remonte, à ce moment-là, à 1971 environ et
cela a donné lieu à la loi que tout le monde connaît, qui a
fait former 34 groupements forestiers.
A présent, j'espère que, pour l'avenir, quand il se
formera des groupements forestiers on utilisera la loi des associations
coopératives parce que c'est véritablement cette loi qui
correspond aux besoins de ces regroupements.
Je peux ajouter une chose, si vous me permettez de vous interrompre
à ce moment-ci, M. Rioux. C'est que M. Bérubé doit
soumettre justement la semaine prochaine au comité de
développement économique une proposition qui vise à
diriger vers la formule coopérative les gens qui solliciteraient la
formation de tels regroupements à l'avenir. Cela s'en vient dans cette
direction.
Donc, je pense que cela ne se produira plus dans l'avenir par rapport
à cela. Vous avez parlé également des renseignements qui
auraient pu être donnés à des groupements ou à des
personnes qui ont voulu avoirde l'information, dans le sens que des
fonctionnaires, je ne sais où, auraient dit, par exemple, que dans une
coopérative la responsabilité n'était pas limitée
et qu'à partir de ce moment on conseillait plutôt d'aller vers une
entreprise à responsabilité limitée. Evidemment, je ne
mets pas en doute que cela ait été dit, mais ce n'était
certainement pas au service des coopératives que ça l'a
été. On sait qu'une corporation est une entreprise à
responsabilité limitée; à ce moment-là, c'est
regrettable, mais je confirme avec vous que c'est entièrement faux, une
coopérative est à responsabilité limitée.
Concernant les lettres patentes nouvelles pour les groupements
forestiers, on en a parlé tout à l'heure. Vous avez
soulevé un point et on le retrouvera avec la loi des groupements
communautaires qui est en train de se former. Par rapport aux encadrements
juridiques actuels de toutes ces formes d'entreprises qui
bénéficient largement de subventions du gouvernement, cela
n'assure en aucune circonstance que ces subventions ne retomberont pas à
un moment donné dans les poches des individus. Je ne dirai pas pour
faire de nouveaux riches, ça ne serait peut-être pas suffisant,
mais, de toute façon, on aurait détourné à un
moment donné les fins pour lesquelles les subventions auraient
été données parce qu'on liquiderait l'entreprise et,
à partir de ce moment-là, on se la partagerait entre les
actionnaires, chose qu'on ne peut pas faire entre les coopératives. (23
h 15)
M. Mathieu: J'aurais juste un mot à ajouter au sujet de
l'expérience des cliniques médicales quand le Conseil de la
coopération nous dit que la relation d'usager n'est pas là. Eux
disaient: L'usager, c'est le médecin. Nous, on disait: L'usager, c'est
le patient. Il n'y a pas d'appel possible. Quand le Conseil de la
coopération nous dit: C'est final, c'est final! Même si on trouve
qu'on a peut-être autant raison qu'eux autres, il me semble qu'il devrait
y avoir un appel quelque part d'une décision semblable du Conseil de la
coopération.
Il y a une autre chose ensuite que je voulais... Cela devient un peu un
handicap au développement du monde de la coopération. Ensuite,
rela-
tivement à l'authenticité des coopératives, j'en
suis, mais je crois que le service ou le Conseil de la coopération
devrait également vérifier l'authenticité de la
coopérative en fonction présentement. J'en connais qui ont
été constituées il y a quelques années vous
devez certainement être au courant pour échapper au plan
conjoint, le plan conjoint en vertu de la loi de la Régie des
marchés agricoles, dans le domaine de l'agriculture. Les
coopératives sont soustraites à cela; alors, on formait des
coopératives de boutique, on leur donnait une charte et elles
échappaient au plan conjoint. Il me semble que ce serait important que
le Conseil de la coopération se soucie également de
vérifier l'actualité de l'authenticité de toutes les
coopératives au Québec.
M. Joron: Voici, vous soulevez des points qui sont bien exacts. A
présent, le rôle du conseil est dans la loi présentement;
qu'est-ce qui se produira dans l'avenir, je ne le sais pas. Cependant, les
points que vous soulevez sont des points qui, à l'heure actuelle, sont
discutés au comité de législation qui est formé et
qui étudie les lois. Alors, on sait qu'il y a des faiblesses dans nos
lois; on sait l'expérience l'a prouvé après
une quinzaine d'années d'expérience de cette loi, qu'il y a
beaucoup de points auxquels il va falloir remédier.
A présent, tout cela sera étudié, d'autant plus que
le comité a pour mandat de suggérer des modifications mais,
également, cela se fait sur la base de consultations. Alors, les divers
secteurs coopératifs sont consultés et on aura une loi qui va
correspondre aux besoins du milieu et on apportera toutes les modifications
nécessaires.
M. Mathieu: Alors, c'est une critique constructive; ce n'est pas
comme un théoricien que je vous parle, c'est comme un coopérateur
de la base, qui vit avec cela.
M. Joron: Je le comprends très bien et je
l'apprécie d'ailleurs. Vous comprenez aussi, j'en suis sûr, la
difficulté dans laquelle on se trouve, devant laquelle le
législateur se trouve de se substituer aux coopérateurs et de
définir les critères de la coopération. C'est là
l'étroite marge dans laquelle il faut marcher. Ce n'est pas large.
M. Mathieu: Si on n'en parle jamais, M. le ministre, il n'y aura
jamais de nouvel aiguillage. Il pourrait y en avoir, mais cela pourrait prendre
plus de temps.
M. Joron: Oui, oui.
M. Giasson: M. Rioux, quand vous avez fait allusion tout à
l'heure à l'ouverture du monde de la coopération à des
groupements communautaires, quel est le modèle que vous avez à
l'esprit ou les différents modèles de groupements
communautaires?
M. Joron: On parle du centre médical; lorsque le conseil
s'est référé à la notion du membre usager, à
ce moment-là je me souviens de ce cas en somme, lui s'y
référait dans le sens qu'il disait: II peut y avoir deux types de
coopératives là-dedans; la coopérative qui appartient aux
médecins qui, à partir de ce moment-là, sont
regroupés et qui offrent à la population, au centre
médical, des soins médicaux et les revenus constituent les
revenus du médecin. C'est un type de coopérative.
Il y a la coopérative qui appartient aux patients, à ceux
qui vont aller là éventuellement se servir du centre
médical pour avoir des soins médicaux. Mais,
généralement ce sont des types de coopératives, je
veux bien croire, ce serait du nouveau on ne rencontre pas les usagers
là-dedans, on rencontre l'ensemble de la population. C'est le milieu qui
veut se donner, à un moment donné, une entreprise qui lui
appartient. Le centre médical, cela m'apparaît un peu une
entreprise communautaire; je pense aussi, en ce moment, à de nombreuses
initiatives des milieux, surtout en milieux ruraux, qui disent tout à
coup: Nous voulons avoir un centre paroissial, on veut avoir un foyer
d'hébergement, on veut avoir tout un ensemble de services qu'on va se
donner sous un seul toit mais on va réussir cela collectivement. C'est
parce que cela va être les hommes, les femmes, les citoyens de la
paroisse de Saint-Esprit qui vont se réunir ensemble. Ils vont fournir
de l'argent et ils vont organiser une coopérative. On dit: Non, ce n'est
pas une coopérative. C'est une entreprise communautaire. Tout est de
savoir comment, à partir de ce moment-là, réussir à
harmoniser les rapports entre des groupes d'intérêts qui sont
différents là-dedans pour créer une entreprise
communautaire. Une entreprise communautaire pourrait un jour se transformer en
authentique coopérative lorsqu'elle retrouverait simplement des usagers.
A partir de là, il s'agit d'introduire des dispositions pour passer
d'une loi à une autre. D'ailleurs, c'est ce qu'on prévoit
faire.
Il y a aussi d'autres types d'entreprises communautaires qui existent
dans de nombreuses régions du Québec, notamment dans la
région du Bas-Saint-Laurent. Vous avez toutes les sociétés
intégrées d'exploitation des ressources, qui sont au nombre de
quatorze dans la région du Bas-Saint-Laurent et qui sont toutes des
entreprises communautaires. Ce sont des entreprises qui regroupent les
commerçants, les cultivateurs, les ouvriers de leurs villages et ainsi
de suite, et à partir de là, ces entreprises font toutes sortes
d'activités économiques, des activités forestières,
des activités d'agriculture, des activités industrielles. Elles
font tout cela sous un même toit et cela fonctionne. Cela donne d'assez
bons résultats; par contre, sous la forme coopérative, ce n'est
pas acceptable. C'est dans l'ordre des principes coopératifs, parce que
vous ne retrouvez pas l'usager membre, mais vous retrouvez la population
membre.
M. Giasson: Mais êtes-vous conscient, M. Rioux, que ce ne
sont pas des cas nombreux. Nous avons quelques coopératives qui vont
fournir des services en volume plus grand à des gens
qui ne sont pas sociétaires, qui demeurent des
coopératives annexées sociétaires, mais qui fournissent
des services ou qui vendent des choses, des biens à des gens qui ne sont
pas des sociétaires de la coopérative.
M. Joron: Oui, mais je ne sais pas où on va s'entendre sur
la définition de membre usager. Je ne sais pas à quel type de
coopérative vous faites allusion.
M. Giasson: Consommation. Certains magasins de consommation
vendent énormément de biens, de produits à des gens qui ne
sont pas sociétaires, mais qui veulent aller acheter à la
coopérative quand même.
M. Joron: D'accord. Sur ce cas bien précis, c'est vrai,
c'est exact qu'il y a des coopératives qui vendent à des
non-membres en quantité, qui ont un chiffre d'affaires important avec
des non-membres. On mesure au service des coopératives on
pourrait dire l'activité coopérative de la manière
suivante: une coopérative a des opérations en 1979. Elle a eu des
opérations à 100% avec ses membres. Elle est pure à 100%.
Si c'est à 80%, il y a 20% d'activités économiques
à caractère capitaliste il y en a 80% qui sont des
activités coopératives. Et là on suivra dans l'ordre, en
diminuant; si ça arrive à 50%-50%, c'est 50% capitaliste et 50%
coopératif. Quand vous suivez ce problème, c'est un
problème qui existe au Québec, la législation actuelle ne
nous permet pas d'intervenir dans ce cas, mais pour rendre nos
coopératives plus coopératives, la prochaine législation
aura certainement des dents et cela permettra de régulariser de telles
situations. Je vous donnerai simplement un exemple de la loi ontarienne qui,
elle, a un mécanisme pour prévoir des cas semblables où,
sur une période qui est pondérée sur trois ans, une
entreprise coopérative qui fait un chiffre d'affaires à moins de
50% avec ses membres est considérée tout simplement comme une
corporation publiée dans la Gazette officielle et elle perd le droit
d'être appelée une coopérative.
M. Giasson: Vous avez également le cas de
coopératives d'amélioration des terres elles ne sont pas
nombreuses au Québec qui se sont créées en vue de
permettre à des producteurs agricoles de se doter d'équipements
lourds pour faire des travaux sur des fermes, des travaux d'égouttement,
d'épierrement, etc. Mais la coopérative a pris de l'expansion, a
accru considérablement sa machinerie, est allée faire des
excavations pour la construction de résidences, a obtenu des contrats du
ministère des Transports, a fait des contrats de drainage pour l'office
du drainage du ministère de l'Agriculture, s'est lancée dans
l'entretien des chemins d'hiver et a développé un chiffre
d'affaires très marqué, en partant, qui n'était pas un
chiffre d'affaires destiné aux sociétaires, mais c'est une
coopérative, je ne dis pas que c'est mauvais en soi. La
coopérative s'est développée, a pris de l'expansion, est
allée dans des champs d'activité qui n'étaient pas le
propre des sociétaires. Cela répondait à des besoins du
milieu. Ce n'était peut-être par pur. Elle a peut-être une
partie impure et une partie pure, mais, peu importe, cela rend des services
quand même, pour vous prouver que l'impureté peut avoir ses bons
côtés.
Une Voix: Bravo!
M. Goulet: Y en a-t-il qui sont en désaccord avec
cela?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement. M. le ministre, M. Rioux, vous dites que
la Direction des associations coopératives a pour mission de voir au
développement des coopératives. Est-ce qu'on doit comprendre que
c'est de veiller au développement ou à la formation ou de
susciter le développement ou la formation? Quelle vocation y voyez-vous,
les deux ou s'il y en a une qui est privilégiée?
M. Joron: Je vois les deux. La Direction des associations
coopératives administre trois lois coopératives. A
présent, dans l'administration de ces lois, elle exige qu'elles soient
respectées et il y a tout un ensemble d'exigences à partir de ce
moment-là qui permettent de faire une analyse continuelle et de voir si
les coopératives respectent la loi et, également, pour la
protection de leurs membres. Mais il y a aussi tout le volet du
développement des coopératives. Alors, cette direction s'occupe
du développement et je crois qu'on peut dire d'une façon
concrète par l'apport de services techniques qu'elle fournit aux
coopératives. Les services techniques qu'elle donne, c'est de nature
assez générale, mais je soulignerai en passant que, depuis
environ trois ans, c'est surtout dans le domaine de l'aide aux
coopératives naissantes pour faire en sorte qu'une coopérative,
au moment où elle est formée, par l'aide qu'on va lui apporter,
puisse réussir et faire un succès économique dès sa
première année. Lorsqu'on réussit cela, on a plus de
chances que la coopérative, par la suite, puisse se développer
normalement. Pour l'aider de cette manière-là, on a
constaté, surtout dans certaines catégories de
coopératives, qu'il fallait l'aider sur le plan technique, notamment par
l'implantation d'un système de comptabilité, suivre
également la coopérative et la superviser durant sa
première année et voir à ce qu'en fin d'année il y
ait une bonne analyse faite par une bonne firme de vérification qui voie
à faire la vérification de cette coopérative. Ce sont des
travaux que l'on fait régulièrement. C'est un suivi qu'on apporte
à chaque coopérative qui se forme.
M. Goulet: J'aimerais savoir si mon jugement est objectif, si je
dis que j'ai l'impression que, dans certains secteurs, on semble vouloir
maintenir à tout prix ce n'est pas une affirmation, c'est une
impression les coopératives. Il y a eu des succès
dans le domaine des coopératives de crédit, dans le domaine des
coopératives agricoles, entre autres, dans nos régions, bien
qu'elles aient dû aller dans d'autres secteurs qui ne touchaient pas le
membre usager, tels les chemins d'hiver, comme le disait mon collègue de
Montmagny-L'Islet. Les usagers, dans ce temps-là, est-ce que ce sont
seulement les membres? Je ne le crois pas vu qu'il s'agit de contrats de
construction de routes. Je pense, en particulier, aux coopératives
d'habitation. Est-ce parce qu'on n'a pas trouvé la bonne formule? Est-ce
parce que les lois actuelles ne favorisent pas la réussite de ces
coopératives? Je pense surtout aux coopératives d'alimentation.
On en a connu et on en connaît encore qui sont en sérieuse
difficulté. Si elles étaient soumises aux mêmes normes que
l'en-preprise privée, elles ne pourraient pas survivre ou elles auraient
énormément de difficultés à survivre.
Je vous donne un exemple: au niveau des coopératives
d'alimentation, comment se fait-il qu'on n'est pas capable d'intéresser
la population et qu'on est toujours sur le bord de fermer ses portes, en tout
cas, dans certains cas? On est obligé de leur permettre, par exemple, la
vente de bière et de cidre qu'on ne permet pas aux supermarchés.
C'est pour cette raison que je vous dis qu'elles ne sont pas soumises aux
mêmes normes. Je pense à des coopératives agricoles
où on va transporter de la moulée ou des instruments aratoires,
où on va permettre de mettre un N sur un camion à dix roues ou
sur un camion-remorque. Par contre, l'entreprise privée est
obligée d'avoir un F qui coûte environ $1000 de plus. Je pense aux
plans conjoints de tout à l'heure.
Je pose la question: Est-ce votre impression ou si mon impression est
correcte de dire que, dans certains secteurs, la coopérative ou le
système coopératif est... Je n'aime pas dire le mot "malade"
parce qu'elle subit peut-être les contrecoups du fait que les lois ne
sont pas adéquates. Mais cela dépend de quoi, en tout cas, dans
le domaine de l'habitation et de l'alimentation, entre autres? Comment se
fait-il qu'on réussisse dans le domaine de l'épargne et du
crédit et que, dans les autres, on ait énormément de
difficultés? (23 h 30)
Est-ce que le sommet de la coopération vous a permis de trouver
cette solution, est-ce que, cette année, il y aura une loi qui fera en
sorte que la vie sera plus rose pour ces gens? Je dis qu'il y en a qu'on semble
vouloir maintenir à tout prix et, si elles étaient soumises aux
mêmes normes que l'entreprise privée ou les compagnies
comme vous dites: le système capitaliste elles auraient
énormément de difficulté à survivre. Comment cela
se fait-il?
M. Joron: Je vous l'ai dit: On se complète bien; j'aurais
beaucoup de choses à dire!
M. Goulet: Je dis bien que c'est une impression, je ne le
souhaite pas; je voudrais bien être compris, mais on le vit actuellement,
en tout cas dans deux domaines.
M. Joron: Pour parler d'habitation, c'est le premier secteur que
vous avez mentionné, il y a eu évidemment un arrêt du
développement du secteur de l'habitation à partir des
années 1971 jusqu'à il y a quatre ou cinq ans. Je ne voudrais pas
commencer à faire l'analyse de cette situation; en somme, cela a
été la coopérative d'habitation qui a réussi tant
et aussi longtemps que cela a été pour la construction de maisons
unifamiliales, mais c'étaient des coopératives qui, une fois
qu'elles avaient atteint leurs objectifs, fermaient leurs portes, parce que,
s'il y avait 50 terrains à construire, lorsque le cinquantième
était construit, on faisait la dissolution de la coopérative.
Cela a permis de construire 9000 maisons au Québec et cela a
réellement donné de bons services. Cette formule a
été abandonnée, je ne sais pourquoi ça ne reprend
pas; il faut croire qu'il y a peut-être moins d'intérêt; on
dit que l'on fait très peu de maisons unifamiliales aujourd'hui.
Il y a aussi eu l'habitation locative. La première
expérience d'habitation locative a été un désastre,
cela a traumatisé pas mal de gens et cela a fait fermer le dossier des
coopératives d'habitation. Mais je pense qu'à l'heure actuelle,
il faut regarder dans le secteur que j'appellerai l'habitation sociale, il y a
quand même une relance très intéressante avec le programme
de Logipop, qui est administré par la Société d'habitation
du Québec.
Il y a eu un démarrage qui a été assez lent, mais,
à l'heure actuelle, il est définitivement lancé; cette
année, il s'est formé 77 coopératives d'habitation. Ces
coopératives d'habitation sont très dynamiques et je pense que
ça correspond également à un besoin de la
société. Cela a un immense avantage, même si c'est dans un
secteur, dans le volet de l'habitation sociale, celui de transférer aux
occupants des coopératives d'habitation la responsabilité
d'administrer leur logis, d'aimer ce logis, de mieux l'administrer, de se
donner l'assurance que ça ne passera jamais à la
spéculation et qu'ils n'ont pas besoin de la Régie des loyers
pour se défendre parce que ça leur appartient. Ils exercent un
contrôle sur l'augmentation des loyers.
A partir de ce moment, je considère que c'est un succès,
c'est même un très grand succès dans ce domaine.
Pour ce qui est de déboucher dans d'autres formes de
coopératives d'habitation, on verra; ça prenait des
mécanismes, je pense, pour contribuer à faire ce
développement. On verra, dans les prochaines années, comment
ça va pouvoir déboucher. J'ai confiance que l'action de la
Société de développement coopératif qui, à
l'heure actuelle, tente de promouvoir le développement des
coopératives d'habitation, connaîtra un succès, mais c'est
l'avenir qui nous répondra.
Mais je me répète, je trouve que c'est un succès
dans le domaine de l'habitation au point de vue de l'habitation sociale.
Pour ce qui est de la consommation, la consommation n'est pas un secteur
important si on le considère par rapport à l'ensemble de
l'économie de la distribution alimentaire parce qu'il représente
4%, mais là, c'est une bonne nouvelle, il y a eu quand même, pour
l'année 1979-80, selon les statistiques arrêtées au 31
mars, une augmentation de 1% de la part du marché, c'est passé
à 5%. Ce qui veut dire que prendre une part du marché de 1%,
c'est déjà important. A partir de ce moment, je crois que le
problème qu'il y avait dans ce secteur, c'était de
pénétrer dans les grandes villes; on a connu un
développement qui a tout de même été assez important
dans le secteur de la consommation, alors qu'on était à
l'époque d'un Québec rural. La dépopulation... Pour venir
à faire de l'urbanisation et les coopératives étant en
milieu rural, elles n'étaient pas en milieu urbain, il a fallu
pénétrer les marchés urbains. Il y a eu plusieurs formules
pour pénétrer les marchés urbains, mais sans
succès; mais il y a la formule dite des Cooprix, à l'heure
actuelle, et des magasins à grande surface; ça semble
connaître un succès assez intéressant.
Je pense donc que c'est quand même un secteur qui est
lancé, mais là où je ne partage pas votre opinion, c'est
que, lorsque vous parlez des normes et critères dont ces
coopératives pourraient bénéficier par rapport aux autres
entreprises, je n'en vois pas, je vais même aller plus loin. On vit dans
une société capitaliste. Toutes nos lois et nos
réglementations ont été pensées, ont
été faites, ont été conçues pour cette
économie ambiante, dominante qu'est l'entreprise capitaliste. Je ne dis
cela dans aucun sens péjoratif, mais pour qu'une coopérative vive
à travers cela, cela devient énormément difficile. Il
commence à y avoir des améliorations qui se font et je pense que
cela va continuer. Cela va faciliter le développement des
coopératives.
Vous avez mentionné, par exemple, les permis pour vendre de la
bière et du cidre dans les coopératives, ce n'est pas un
privilège. Pour l'ensemble des épiciers du Québec, que ce
soit Métro, Richelieu, en somme, je parle de nos chaînes de
volontaires, elles ont des permis de bière comme les
coopératives.
Les entreprises qui n'ont pas de permis pour vendre de la bière
et du cidre, c'est-à-dire la bière, pas le cidre, ce sont les
chaînes de magasins intégrées uniquement. Quand je parle
d'intégrées, ce sont nos grandes chaînes qu'on
connaît très bien et que je ne voudrais pas identifier ici.
Cependant, par rapport à ces chaînes, ils ont le permis de vendre
du cidre, ils n'ont pas le permis de vendre de la bière. C'est que, par
rapport aux coopératives, on pourrait les comparer avec les autres
entreprises de distribution, elles n'ont aucun privilège.
Par rapport au camionnage, vous soulignez un problème que je ne
connais pas. C'est possible, ce que vous me dites, mais j'aimerais
vérifier dans l'avenir. Je note bien et je me pose des questions,
à savoir si ce n'est pas plutôt une tolérance qui peut
arriver, je ne le sais pas.
M. Giasson: Une coopérative qui possède une ferme,
qui a une carte de producteur agricole, a le droit d'utiliser l'enregistrement
qu'utilise le producteur agricole. Je connais des propriétaires de
meuneries qui ont des fermes, qui ont des N également sur leur
véhicule. Ce n'est pas particulier aux coopératives
agricoles.
M. Joron: Alors, il n'y a pas de privilège donné
aux coopératives.
M. Goulet: Si je résume, cela veut dire que, quand je vous
demandais si les lois étaient mal faites pour aider le
développement coopératif, c'est cela que vous avez dit: Les lois
ont toutes été conçues pour le système vous,
vous appelez cela le système capitaliste de la libre entreprise.
Il faut faire attention. Il y a certains mots comme "socialiste",
"capitaliste", que souvent on est mieux de ne pas employer. Je comprends.
Vous êtes conscient que les lois n'étaient pas faites pour
favoriser... Si on a eu certaines difficultés, c'est parce que les lois
n'étaient d'abord et avant tout pas faites en fonction de cela. C'est ce
que vous nous avez dit.
M. Joron: Oui, c'est ce que j'ai dit. M. le ministre disait tout
à l'heure qu'il y a des dispositions qui sont prises. Ces dispositions
sont déjà enclenchées et fonctionnent très bien.
Chaque fois qu'il y a des modifications à une réglementation ou
à des lois, avant que ce soit adopté, cela arrive à notre
ministère et c'est vérifié. Il faut, avant que le
décret soit passé, qu'on ait eu l'approbation du ministère
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Une coopérative, normalement, naît d'un
besoin. C'est la seule arme des démunis. Ensuite, si on veut que cela
survive, il faut que la coopérative égale services. Quand c'est
un groupe de pauvres diables ensemble, cela marche; quand la coopérative
commence à faire des profits et qu'on se dispute à
l'assemblée générale pour se partager les ristournes au
lieu de les verser au fonds de réserve, on perd l'esprit. Je crois que
cela prendrait une éducation plus intensive, plus permanente pour garder
l'authenticité.
Il y a une chose que je voudrais vous demander. Tout à l'heure,
vous parliez des entreprises communautaires. Est-ce que ces entreprises
existent et si, oui, est-ce qu'elles ont la personnalité juridique?
M. Joron: J'ai parlé des entreprises communautaires, oui,
elles existent et elles ont la personnalité juridique qui est une
compagnie, qui a été aménagée pour correspondre
à leurs besoins.
M. Mathieu: Mais le fonctionnement, c'est encore selon le mode
d'une compagnie. On dit: On veut une coopérative, on met le
véhicule qui
n'est pas tout à fait le bon, on tâche de s'acclimater
comme le regroupement forestier. On veut une coopérative, mais on a le
véhicule de la compagnie.
M. Joron: C'est parce qu'on n'a pas le cadre juridique
approprié. C'est ce qu'on recherche.
M. Mathieu: Je pense qu'il faudrait l'inventer.
M. Joron: Bien oui, c'est ce qu'on espère trouver cette
année, justement.
M. Goulet: Une dernière question. Le sommet sur la
coopération va nous donner quoi de concret en 1980, M. le ministre?
M. Joron: M. Rioux était bien parti, j'aimerais avoir son
point de vue pour voir ce qui est possible. Politiquement, tout est possible.
Qu'est-ce que vous voulez, vous avez devant vous un gouvernement qui a, je ne
sais pas combien de fois, non seulement répété son
préjugé favorable au coopératisme, mais qui a posé
des gestes en cette direction. Entre autres, ce n'est pas le moindre, on
parlait de développement des coopératives, tout à l'heure,
quand vous avez fait allusion au rôle du ministère. En fait, ce
que vous demandiez, c'est si le ministère doit susciter la demande pour
des coopératives ou simplement répondre à la demande. M.
Rioux vous a dit comment on répondait aux demandes qui nous sont faites.
Est-ce que c'est le rôle du ministère d'aller dans c'est
une question politique... Oui, nous, on souhaite susciter du
développement coopératif, c'est la raison pour laquelle on met de
l'argent dans la Société de développement
coopératif qu'on a créée. Le député savait
tout cela. Le programme Logipop en est un exemple.
C'est clair que ce sont les domaines où l'on voit qu'il y a des
possibilités, après les succès qu'on a connus et qui sont
historiques maintenant, dans le domaine financier, dans le domaine
agro-alimentaire. On pense que, dans le domaine de l'habitation, il y a un
avenir pour le développement de la formule coopérative, et dans
le domaine de la consommation et des services aussi. C'est peut-être plus
au début là, mais on voit naître des coopératives
funéraires, par exemple, enfin dans différents domaines, dans
différents autres services.
Ce que le ministère a l'intention de faire, en plus des sommes
qui ont déjà été engagées dans la
Société de développement coopératif et ce que cette
société pourra faire, on ne pourra jamais se substituer aux
coopérateurs. Tout ce qu'on peut faire, c'est de procurer un cadre
juridique qui permette aux coopératives de croire qu'elles peuvent se
développer.
On a signalé tout à l'heure, en discutant avec le
député de Beauce-Sud, l'absence d'un cadre pour certains types de
coopératives qui sont à mi-chemin entre une compagnie et la
nécessité peut-être d'avoir un statut de
précoopérative. Le même problème, on l'a
retrouvé dans les coopératives de production, par exemple. On n'a
pas tout à fait le cadre approprié, on le cherche. Il y a ces
outils légaux qu'on cherche à mettre au point au cours de cette
année.
En plus d'actions qui ont été entreprises, j'en ai
signalé une toute à l'heure qui est au niveau de l'accueil dans
les différents ministères. Cela a l'air de rien, mais les
problèmes comme ceux qu'a évoqués le député
de Beauce-Sud, on espère qu'à l'avenir ils ne se
représenteront plus, parce que personne ne se fera répondre par
un fonctionnaire dans un ministère, par exemple, qu'une
coopérative n'a pas la responsabilité limitée comme une
corporation. Avec l'entraînement de ceux qui auront à
répondre au public, ces choses ne se produiront plus.
Enfin, ce sont les grandes lignes, mais j'inviterais peut-être le
député, je vois que la chose l'intéresse
particulièrement, peut-être, s'il veut prendre le temps d'aller...
on a publié tout récemment le compte rendu du sommet sur la
coopération. Vous allez y retrouver beaucoup plus de détails
qu'on a le temps d'en évoquer ici, avec tous les engagements qui ont
été pris par les différentes parties, non seulement par
les différentes parties, mais par les coopérateurs
eux-mêmes. Là, j'ai sans doute oublié des choses. Je ne
sais pas si M. Rioux voudrait ajouter quelque chose. (23 h 45)
J'ajouterais peut-être une chose qu'a soulevée tout
à l'heure M. le député de Beauce-Sud concernant le fait
qu'il y avait des coopératives qui n'étaient pas suffisamment
coopératives, où l'intérêt coopératif s'en
allait, ce qui pourrait être at-tribuable à un manque
d'éducation. A partir de ce moment-là, je pense que vous avez
touché quelque chose de très juste. Le sommet a porté sur
l'éducation coopérative, sur l'éducation
économique, sur l'administration de l'entreprise coopérative, et
on a cherché ensemble des formules pour tenter d'intéresser le
ministère de l'Éducation et également notre
ministère afin que le citoyen puisse être éduqué
à la formule, éduqué à l'administration des
entreprises, éduqué à l'économie d'une façon
générale.
A partir de ce moment-là, sur ce plan, le ministère de
l'Éducation a déjà commencé à
préparer des programmes. C'est entendu que c'est une grosse machine,
c'est lent, mais tranquillement on va introduire des cours dans les parties
économiques, des notions de la coopération pour assurer une
meilleure compréhension du phénomène coopératif
québécois. A présent, au niveau de notre ministère,
un engagement a été pris pour donner des cours de
coopération aux fonctionnaires. Quand on parle de cours de
coopération aux fonctionnaires, il ne s'agit pas de demander aux
fonctionnaires d'être membres d'une coopérative pour devenir
administrateur de caisse populaire ou de coopérative en
général, mais par rapport aux programmes qu'ils administrent dans
leurs fonctions respectives partout où ils ont affaires à une
clientèle dans l'administration de programmes de relance
économique, les programmes de OSE et un peu toutes sortes de choses
comme
cela il arrive que les fonctionnaires n'étant pas
suffisamment informés d'une formule qui existe et qui pourrait, à
partir de ce moment, être utilisée par les citoyens, et même
face au citoyen qui arrive aussi et qui veut s'incorporer en
coopérative, le manque de connaissances du fonctionnaire par rapport
à cette organisation juridique différente, il y a
réellement une carence à combler. Actuellement, c'est
déjà commencé; on est à mettre au point un cours
pour les fonctionnaires qui se donnera dans le cours de l'automne et cela va se
faire en collaboration avec l'ENAP.
A la direction des coopératives, on est à mettre au point,
toujours dans le domaine de l'éducation coopérative,
l'éducation coopérative qui va concerner le coopérateur en
général au moment de la formation de son entreprise et on va
aussi arriver à des choses énormément pratiques: le cours
d'administration à l'administrateur d'une coopérative, comment
s'administre une entreprise. En somme, il n'y a peut-être pas tellement
de différence avec un autre type d'entreprise, mais il y a quand
même aussi le fait d'administrer une entreprise qui a un caractère
coopératif. Quand je parle de choses très pratiques, par exemple,
c'est comment pouvoir établir un système de comptabilité
comme aux petites gestions, ce qu'ils doivent exiger de leurs fonctionnaires,
de leurs technocrates au point de vue de l'administration, comment analyser un
bilan et des choses comme cela.
Il y a un autre volet, celui de cours qui seront donnés pour le
personnel des coopératives, élément qui a peut-être
été négligé jusqu'à présent, le
technocrate des coopératives. Il y a aussi l'adaptation à la
spécificité des diverses entreprises coopératives.
Parfois, on parle de coopération, mais on en parle d'une façon
générale. Une coopérative d'habitation a un
caractère propre au point de vue de son administration. Pour une
coopérative de consommation, c'est la même chose. Pour une
coopérative agricole, c'est la même chose. Pour une
coopérative de travailleurs, parce qu'on s'en va de plus en plus vers
les coopératives de travailleurs, aussi. A partir de ce moment, on a un
programme, au point de vue de l'éducation, qui est très
détaillé et qui, à cause du sommet, a permis, je pense, de
réaliser ça, et cela me paraît quelque chose qui augure
bien pour l'avenir.
M. Giasson: A la suite du sommet, est-ce que vous avez senti que
l'intercoopération serait quelque chose qui se développerait
vraiment? Est-ce qu'on peut croire que des coopératives qui ont connu de
forts développements dans des secteurs donnés sont prêtes
à se mouiller vraiment pour apporter de l'aide, non pas uniquement au
plan de l'éducation mais de l'aide tangible à d'autres groupes
qui voudraient développer des coopératives dans des champs
d'activités différents de ceux de ces grandes entreprises qui ont
beaucoup de chemin de fait?
M. Joron: Nous n'avons pas encore d'indice sur des cas concrets
de réalisation d'intercoopé-ration vécue. Cependant, les
dirigeants des grands mouvements que vous venez de mentionner se sont
engagés d'une façon très ferme lors du sommet dans le sens
qu'ils allaient contribuer à aider le démarrage de petites
coopératives, de nouvelles coopératives et ceci également
dans de nouveaux secteurs d'activité économique. Je crois que la
SDC, la Direction des coopératives, et ces grands mouvements, en somme
tous ces intervenants-là, parce qu'on travaille étroitement
ensemble, ne pourront pas faire autrement que d'arriver à des
réalisations d'intercoopération, à un moment donné,
dans des secteurs donnés. C'est une opinion.
M. Giasson: II se produit souvent que la coopérative est
le moyen de relèvement de certains citoyens qui sont assez
démunis, qui sont des gagne-petit. Ils n'ont pas la capacité de
souscrire des parts sociales ou du capital de base qui est nécessaire
à une coopérative à volume très
élevé. On dit: On veut faciliter le développement du
mouvement coopératif en ayant une part sociale qui est minime au
départ. Mais, assez souvent, vous avez de ces entreprises
coopératives qui n'ont pas pu atteindre un état de
développement justement parce que la mise de fonds initiale
n'était pas suffisante pour aller dans le développement des
projets que ces gens-là avaient à l'esprit, tandis que s'il y
avait eu une ouverture plus grande de la part d'autres entreprises
coopératives qui seraient venues les soutenir par des prêts qui
auraient pu représenter un élément risque certain, au
moins on aurait pu dire qu'il y avait de l'intercoopération, non
seulement au niveau de l'intention et de la parole, mais dans des faits
concrets.
M. Joron: C'est exact, ce que vous dites. Cependant, la
réponse que j'apporterai, M. le ministre l'avait apportée tout
à l'heure. Je pense que c'est tout simplement pour corroborer ce qu'il a
dit. L'implication des secteurs coopératifs dans
l'intercoopération, j'ai l'impression qu'elle va se faire davantage
mais, pour pallier justement un problème comme celui que vous venez de
mentionner; la Société de développement coopératif
a été créée pour cela; elle a commencé
à agir dans ce sens-là. A l'heure actuelle, on ne peut pas dire
que si une nouvelle coopérative connaît des problèmes, ce
n'est pas dû au fait qu'elle va manquer de capital de risque parce que la
SDC étudie chaque cas, et lorsque le coopérateur n'est pas
capable d'apporter le capital nécessaire à la stabilisation
économique de cette entreprise, c'est elle qui fournit l'argent pour
faire le démarrage et la soutenir dans son développement.
M. Giasson: Effectivement, quelle est la somme totale
engagée par la Société de développement
coopératif derrière les projets d'aide ou de développement
de coopératives nouvelles?
M. Joron: Cela commence, en fait, mais l'engagement du
gouvernement, si ma mémoire est fidèle, est de $35 000 000 sur
les cinq prochaines années. Est-ce bien cela?
M. Giasson: Oui, cela va, mais normalement, c'est quoi,
l'engagement?
M. Joron: L'actif actuel de la SDC? On me dit qu'il y a à
peu près $4 000 000 à $5 000 000 d'engagés dans les
projets à l'heure actuelle.
Je peux répondre. Je me pose la question parce que,
évidemment, je suis administrateur à la SDC. Actuellement, la
SDC, pour l'année qui vient de s'écouler, a versé $2 700
000 pour du capital de risque dans les entreprises. Cependant, elle a à
l'heure actuelle des engagements de $5 000 000 également pour des
entreprises qui sont en voie de démarrage ou en voie de
développement par rapport à des programmes.
M. Giasson: Quand vous parlez de $5 000 000 engagés, c'est
sous quelle forme, cet engagement?
M. Joron: C'est un engagement parce que l'étude a
été faite, une analyse a été faite et l'argent est
prêt. On attend pour verser l'argent le moment où la mise en
marche de l'entreprise aura été terminée parce que cela se
fait progressivement et selon certaines conditions.
M. Giasson: Est-ce que ce serait un engagement sous forme de
prêt ou sous forme de parts sociales?
M. Joron: La SDC, après étude, a pris comme
méthode d'investissement la forme du prêt subordonné, mais
c'est un prêt subordonné qui est exactement de même nature
que le capital et ça, pour plusieurs raisons, mais c'est en fait du vrai
capital de risque. Au lieu d'acheter des parts sociales ou d'acheter des parts
privilégiées, elle établit la somme d'argent qu'elle va
investir dans l'entreprise et le titre, qui est émis à partir de
ce moment-là est sur base contractuelle. C'est un prêt
subordonné et ce prêt subordonné rend exactement au
même niveau que le capital social. En cas de faillite, cela voudrait dire
que cela va aller après que tout le monde aura été
payé au prorata. Je dirais que les taux d'intérêt
également sont bonifiés. Les taux d'intérêt sont
entre 8% et 11%. Plus la coopérative est en difficulté, plus le
taux est bas.
M. Giasson: Dans le cahier que nous a remis le ministre et pour
lequel on le remercie, on retrouve dans un des tableaux Service des
associations coopératives, liste des dépenses de transfert, SDC
projets spéciaux, $240 000 pour l'année financière
1978-1979. Qu'est-ce que vous entendez par projets spéciaux?
M. Joron: C'est la SDC qui a présenté au cours de
1979 une demande pour ne pas entamer... parce qu'elle n'avait pas suffisamment
de capital. En somme, elle a pour son administration un capital qui est de
l'ordre de $100 000 000. Il y a ensuite le capital qui sert pour les
prêts. A partir de ce moment-là, elle avait des études
à faire dans plusieurs domaines et elle a présenté une
demande ce $240 000 pour entreprendre l'ensemble de ces études.
M. Giasson: Ce sont des sommes...
M. Joron: C'est pourquoi c'est disparu l'année
suivante.
C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président, il est 23 h 55. Au
niveau sociologique, le gouvernement peut favoriser, en tout cas, des
préjugés favorables, comme le ministre l'a dit, au
développement coopératif. Est-ce qu'on a des chiffres
comparatifs? Quand la SDC aura investi $35 000 000 comparativement à la
SDI ou au MIC, dans le secteur privé ou dans l'autre système, on
pourrait avoir investi $35 000 000; c'est un exemple... Il y en a un pour qui
la notion de rentabilité est extrêmement importante, mais dans les
coopératives aussi, quoiqu'on ait la notion de service aux membres.
A l'heure où on se parle, est-ce qu'on va avoir des chiffres
prochainement par lesquels on pourrait comparer les bienfaits des sommes
consenties par le gouvernement, que ce soit, par exemple, la SDI d'une part, ou
la SDC de l'autre, à deux secteurs différents, au niveau des
emplois créés, au niveau de la rentabilité de l'entreprise
ou au niveau du service rendu à la société? Est-ce
possible de comptabiliser cela et de comparer cela par la suite en disant:
Voici, on a bien fait d'aller dans ce sens-là ou d'avoir un
préjugé favorable au développement coopératif,
plutôt que d'avoir pris ces $35 000 000 et de les avoir donnés?
Est-ce qu'on a déjà, à l'heure actuelle, des chiffres ou
si c'est...
M. Joron: Probablement pas en ce qui concerne la SDC puisqu'elle
n'existe que depuis un an et demi ou environ, même pas tout à fait
deux ans, je pense. La question est plus vaste. On en aura évidemment
dans quelques années, mais j'imagine que chaque rapport annuel de la SDC
contiendra ces informations. Plus généralement, qu'est-ce qu'on a
comme point de critère, de comparaison? C'est l'expérience de ce
qu'a donné la formule coopérative dans certains secteurs de
l'économie du Québec.
Dans le domaine financier, évidemment, c'est là où
c'est le plus important; on le voit très bien dans le domaine
agro-alimentaire, dans le domaine agricole, on le voit aussi. De plus, on
pourrait dire que tout n'est pas comptabilisable non plus, dans un sens,
à cet égard. Par exemple, dans le domaine financier, si les
caisses d'épargne et de crédit n'existaient pas au Québec,
est-ce que les Québécois je ne sais pas la réponse
contrôleraient aujourd'hui leur épargne et, partant de
là, l'orientation de l'économie du Québec, dans la mesure
où ils sont capables de le faire maintenant? Peut-être pas. Cela
n'apparaîtra vraiment dans aucun livre de comptabilité, mais cela
a
effectivement donné au milieu... Je pense que surtout les
députés qui sont devant moi et qui ne viennent pas des grands
centres urbains sont bien placés pour voir quel a pu être l'effet,
au point de vue du développement régional, de pouvoir garder et
contrôler l'épargne locale et de ne pas la voir partir pour les
grands sièges sociaux des centres urbains.
Une bonne partie de l'épargne de la Beauce, par exemple, et c'est
certainement vrai pour la région immédiatement à
côté, est restée en Beau-ce peut-être justement
grâce à l'existence de ces coopératives d'épargne et
de crédit. On ne pourra jamais mesurer tout ça. Des mesures, des
points de comparaison, il y en a qu'on peut aller chercher dans d'autres
domaines à l'extérieur, dans d'autres pays ou dans d'autres
provinces canadiennes, dans certains coins des États-Unis, en Europe, en
Suède, notamment, en Angleterre.
Mais pour répondre spécifiquement à la question sur
la SDC, c'est clair qu'il va falloir attendre quelques années avant de
pouvoir en mesurer l'impact économique en termes de statistiques.
M. Giasson: J'ai vu se développer le mouvement
coopératif dans un milieu comme le mien. Il y a une constante que j'ai
remarquée presque toujours; c'est que les premiers sociétaires
des coopératives qui se sont développées, au moment
où j'étais jeune, c'étaient presque toujours des
agriculteurs. Pourquoi ce phénomène? Même pour la caisse
populaire chez nous, les premiers sociétaires ont été un
groupe d'agriculteurs. (24 heures)
M. Joron: Oui, c'est parce que vous venez d'une région
agricole, est-ce que vous l'avez constaté?
M. Giasson: II n'y avait pas seulement des agriculteurs dans la
paroisse chez nous, il y avait de l'industrie et un peu d'autres
professions.
M. Joron: On se lancerait peut-être dans l'analyse
sociologique, je ne sais pas si on a le temps ou si on aurait jamais la
réponse à de telles questions.
M. Giasson: La coopérative de consommation, le magasin
coopératif, ce sont encore des agriculteurs qui l'ont lancé, ils
n'étaient pas les seuls consommateurs du milieu.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous adoptez le
programme 2, éléments 1, 2 et 3? Adopté.
M. Joron: M. le Président, si vous me permettez, juste
avant qu'on se quitte, comme il y a certains fonctionnaires qui ne seront plus
avec nous quand on continuera nos travaux demain, vous me permettrez sans doute
au nom des membres de la commission de les remercier de leur participation
à nos travaux.
M. Giasson: Mes remerciements.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 0 h 2