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Etude du projet de loi no 72
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame et
messieurs!
Mme Leblanc-Bantey: Mesdames!
Le Président (M. Dussault): Mesdames et messieurs. Je
m'excuse auprès de ces dames.
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
élue permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières aux fins de faire l'audition des mémoires,
après la deuxième lecture, sur le projet de loi no 72, Loi sur la
protection du consommateur.
Sont membres de cette commission: M. Beau-séjour (Iberville), Mme
Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), en remplacement de M. Bisaillon
(Sainte-Marie); M. Goulet (Bellechasse), M. Laber-ge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Clair (Drummond), en
remplacement de M. Paquette (Rosemont); Mme Payette (Dorion), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Pourraient aussi intervenir: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gagnon
(Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), M. Martel (Richelieu), en remplacement, comme intervenant,
de Mme Leblanc-Bantey; M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
Je vais faire l'appel des groupes intéressés à se
faire entendre à cette commission et je leur demanderais de signifier
leur présence.
Le groupe des publicitaires, présent; la Coopérative des
consommateurs de Montréal.
Mme Payette: Ces gens nous ont confirmé qu'ils seraient
là, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): On me dit qu'on nous a
confirmé leur présence.
En troisième lieu, l'Ordre des pharmaciens du Québec,
présent; la Confédération des syndicats nationaux,
présent; Trans-Canada Photo Inc., absent; Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec, présent;
SONDEC, Société nationale de diffusion éducative et
culturelle?
Mme Payette: M. le Président, ce groupe SONDEC est absent
et ne désire pas être entendu, mais il demande que son
mémoire soit porté au journal des Débats.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre, ce sera fait.
Cela paraîtra intégralement au journal des Débats. (Voir
annexe A)
J'appelle immédiatement le Groupe de publicitaires.
M. Goulet: M. le Président?
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: C'est que...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! Vous pouvez prendre place en attendant, messieurs.
M. Goulet: Si vous permettez au groupe SONDEC de faire
paraître son mémoire au journal des Débats... Hier, il y a
eu les représentants des étudiants de l'Université de
Montréal, le Groupe de recherche en consommation; étant
donné qu'ils n'ont pas eu grand temps pour s'exprimer, ils ont
demandé également la permission de faire paraître leur
mémoire intégralement au journal des Débats. Etant
donné que lorsqu'ils l'ont demandé, les travaux étaient
terminés, est-ce que ce serait possible?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse, j'ai fait vérifier, ce matin, s'il était possible de
faire paraître intégralement un mémoire après que la
demande eut été faite après la fin de la séance.
Dès que j'aurai une réponse claire là-dessus, je vais vous
signifier l'intention de la présidence.
M. Goulet: Merci.
Le Président (M. Dussault): Messieurs du groupe de
publicitaires, je demanderais au porte-parole de se présenter et de nous
présenter ses collègues.
Présentation de mémoires Groupe des
publicitaires
M. Lefebvre (Jean-Marc): Bien sûr. Bonjour, je m'appelle
Jean-Marc Lefebvre. M. le Président, Mme le ministre, mesdames et
messieurs, je suis président du Publicité Club de
Montréal. Au nom des membres de notre délégation, je veux
vous remercier...
Mme Payette: Je m'excuse, M. le Président, est-ce qu'on
pourrait demander aux personnes de s'identifier tout d'abord, s'il vous
plaît.
M. Lefebvre: Mon intention était de vous les
présenter avec une petite introduction, si vous le permettez.
Le Président (M. Dussault): Allez.
M. Lefebvre: Au nom des membres de la délégation,
je vous remercie d'avoir acquiescé à notre demande d'être
entendus à votre commission. Etant donné l'ampleur de notre
représentati-
vité, nous osons croire que nos propos serviront de catalyseur
à tous les commentaires faits, jusqu'à présent, sur les
indications du projet de loi 72 sur la protection des consommateurs et
l'industrie en ce qui a trait à la publicité.
Dix associations regroupant la majorité des intérêts
dans le domaine de la publicité ont entrepris de joindre leurs efforts
pour présenter à cette commission parlementaire une vue
cohérente, mesurée et réaliste sur le projet de loi 72.
Depuis le dépôt de l'avant-projet de loi, ce regroupement
interprofessionnel qu'il est convenu d'appeler le groupe des dix a mis en
commun les commentaires et analyses des membres de chacune de ces associations.
Cette représentativité est sans équivoque. Ces
associations parlent au nom des annonceurs nationaux des stations de radio et
de télévision privées du Québec et du reste du
Canada, des agences de publicité, des représentants en
radiodiffusion, de la majorité des professionnels de la publicité
au Québec.
Permettez-moi de vous les présenter individuellement. Le
Publicité Club de Montréal est représenté par
Jean-Marie Allard, directeur général, ainsi que par moi. Le
Publicité Club de Montréal représente quelque 700
publicitaires québécois. Fondé en 1959, le club veille
à assurer le plein épanouissement de la publicité
française au Québec.
Egalement représentée par M. Bernard Paquet, l'Association
de communication publicitaire de Québec, anciennement le Club de
Publicité de Québec, regroupe quelque 100 professionnels de la
publicité oeuvrant dans la capitale provinciale depuis mai 1978. Il y a
également le Conseil des agences de publicité; son
représentant, M. Charet-te, n'est pas ici, mais son association fait
partie de notre groupe. Cette association a été fondée en
1971; le conseil regroupe, quant à lui, 40 agences de publicité
ayant un bureau d'affaires au Québec.
Egalement représentée, l'Association des dirigeants
d'agences de publicité francophones du Québec, par M. Claude
Lessard. Depuis 1976, cette association réunit une vingtaine d'agences
de publicité québécoises dont au moins 66 2/3% des actions
sont détenues par des Canadiens français. Egalement
représentée, l'Association canadienne des annonceurs par M.
Jacques Lefebvre. Fondée en 1914, l'ACA compte 250 membres qui, à
eux seuls, dépensent 90% des budgets nationaux de publicité, soit
$2 500 000 000 annuellement. Egalement représentée, l'Association
canadienne des radiodiffuseurs par M. Robert Cole. Fondée en 1922, l'ACR
regroupe la presque totalité des stations de radio et de
télévision privées au Canada. Egalement
représentée, l'Association canadienne de la radio et de la
télévision de langue française par M. Richard Genin. Cette
association regroupe la presque totalité des diffuseurs de langue
française du pays. L'ACRTF a été fondée en
1944.
Egalement représentée, l'Association canadienne des
représentants en radiodiffusion par M. Jean Brosseau. Cette association
regroupe l'ensemble des maisons de représentation nationale en
radiodiffusion au pays. Egalement représenté, l'Institut canadien
de la publicité par M. André Allard. C'est une association
d'agences de publicité, la plus ancienne et la plus importante au
Canada. Fondée en 1905, les membres créent et placent près
de 90% de toute la publicité nationale faite au Canada. Le Bureau
consultatif de la publicité est également
représenté à nouveau par M. Richard Genin. C'est un
organisme d'autodiscipline de la profession publicitaire. Fondé en 1957,
il groupe les annonceurs, tous les media ainsi que les agences de
publicité. Le bureau veille en outre à l'application des trois
codes d'éthique suivants, soit le Code canadien des normes de
publicité, le Code de la publicité
radio-télévisée destinée aux enfants, le Code de la
publicité aux consommateurs des médicaments dispensés sans
ordonnance médicale.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de la
présentation. Je devrai vous priver de résumer votre
mémoire parce que dans les quinze minutes tout au plus que l'on peut
vous donner, il ne sera pas possible, évidemment, d'en faire la
lecture.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je pense que vous avez tous copie de
notre mémoire. Je vous indiquerai par page les points qu'on veut mettre
en évidence. Il y a l'introduction, bien sûr, qu'on désire
vous présenter. Il y a une quinzaine ou une vingtaine d'articles sur
lesquels on passe des remarques. Bien sûr, dans certains cas c'est
important, c'est majeur. On voudrait vous en faire part publiquement. Dans
d'autres cas, je m'arrêterai à vous les souligner sans en faire la
lecture, si cela vous convient.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Lefebvre (Jean-Marc): A la page 1, l'introduction, nous sommes
déjà loin de la date où le gouvernement a
décidé de légiférer en matière de protection
du consommateur. Cela aura permis à un plus grand nombre de personnes
d'influencer positivement le contenu de ce projet de loi, en plus de permettre
plusieurs rencontres entre les parties impliquées dans le domaine de la
consommation. Si, à ce stade, un consensus n'était pas fait sur
tous les points, et c'est notre plus cher désir que celui-ci se
réalise, ces rencontres auront permis d'améliorer certains
aspects de la loi avant sa présentation.
Notre participation à cette commission parlementaire n'a d'autre
but que celui d'aider le gouvernement en lui fournissant le point de vue de
l'industrie de la publicité. Les notes de l'avant-propos
démontrent bien la représentativité de notre groupe. Nous
tenons à souligner à cette commission qu'il y a eu plusieurs
centaines d'heures de réflexion et de consultations nombreuses entre les
membres du groupe avant de se présenter ici. Le présent
mémoire n'a pas pour but d'analyser en détail les règles
et mécanismes visant à la protection du consommateur que propose
le nouveau projet.
Nous désirons plutôt manifester l'accord de notre groupe
sur l'ensemble des mesures prévues pour la protection du consommateur.
Là-dessus, je voudrais souligner que c'est dans une proportion plus
forte que 70%, je pense que 100% des publicitaires veulent travailler à
des règlements pour protéger le consommateur. Les buts poursuivis
par la loi sont d'ailleurs ceux de tout bon publicitaire, soit de voir à
ce que le public soit honnêtement et adéquatement renseigné
sur les biens et services mis à sa disposition.
De fait, l'utilité de la publicité comme véhicule
d'information est bien comprise par l'Etat, qui consacre des budgets importants
à la publicité de ses services. Il serait superflu, à ce
stade-ci, de s'étendre sur l'importance économique de la
publicité, non seulement comme industrie, mais également comme
l'un des rouages essentiels de l'activité commerciale. Il s'agit d'un
fait connu, que nous croyons suffisant de rappeler pour bien mettre en
lumière le rôle de la publicité comme l'un des moteurs de
l'économie, et aussi, pour souligner l'importance d'une activité
commerciale vigoureuse.
Nous pourrions, à l'aide de statistiques, tenter d'établir
le lien étroit qui existe entre l'activité commerciale et la
publicité pour faire ressortir l'importance tant économique que
sociale de celle-ci, mais ce mémoire n'a pas pour but de vanter les
mérites de notre industrie. Son but premier est de rappeler les
objectifs fondamentaux que doit chercher à atteindre la loi sur la
protection du consommateur et d'indiquer certains aspects du projet qui nous
semblent s'écarter du but. L'objet avoué de cette loi, plus
particulièrement au titre II, est de prohiber des pratiques auxquelles
peuvent se livrer certains commerçants, manufacturiers ou publicitaires
dans le but d'induire les consommateurs en erreur. La loi ne doit cependant pas
avoir pour effet de réprimer l'activité commerciale
légitime, celle qui n'a pas pour but d'induire les consommateurs en
erreur.
C'est ici que nous touchons le noeud du problème car la loi
proposée vise à la protection du consommateur par la
réglementation du commerce et ainsi, le danger le plus évident
est d'entraver l'activité économique normale. Un tel
résultat constituerait la négation des efforts de l'Etat dans ce
même domaine.
Nous avons mentionné le rôle important de la
publicité dans le commerce. Nous soulignons que ce rôle n'est pas
à sens unique et qu'il ne consiste pas seulement à stimuler la
vente de services. Il consiste tout autant à renseigner le consommateur,
de la façon la plus complète possible, pour lui permettre de
prendre des décisions éclairées et d'exercer des choix
réfléchis dans ses achats.
Dans ce contexte, la protection du consommateur doit s'accomplir par le
contrôle et la répression des pratiques commerciales abusives et
non pas en privant l'intéressé d'une source d'informations
essentielle.
C'est à la lumière de ces principes que nous avons
analysé le projet de loi 72 sous étude, et plus
particulièrement le livre II de ce même projet.
Nous sommes tout à fait d'accord sur l'esprit de ces
dispositions, dans la mesure où elles visent à interdire un
certain nombre de pratiques malhonnêtes.
Cependant, nous nous opposons fortement à certaines des
règles proposées, en raison de leur caractère purement
négatif et répressif. Nous soutenons que la publicité,
comme rouage économique aussi bien que comme industrie, joue un
rôle positif dans notre société, en tant que catalyseur
d'échanges commerciaux profitables aux individus comme à la
collectivité.
Certaines règles proposées entravent sérieusement
cette activité tandis que d'autres nient carrément à la
publicité toute possibilité de jouer son rôle. C'est le cas
notamment des règles prévues à l'égard de la
publicité destinée aux enfants.
Nous désirons également que cette loi soit circonspecte et
précise afin d'écarter notre crainte sérieuse de voir
notre sort réglé par des règlements dont nous ne
connaissons pas encore la nature et par cette notion d'esprit du
législateur qui, le plus souvent, sert d'argument aux fonctionnaires
chargés de l'interprétation de la loi.
Nous passons maintenant aux articles précis que vous nous avez
demandé de commenter. J'en élimine un certain nombre, ce qui
permettra quand même aux membres de la commission de nous questionner,
s'ils le désirent.
A la page 4, article 1. Définition de "bien". Cela se passe de
commentaires.
A la page 5, la définition du mot "publicitaire". Je me priverai
de lire l'article. Vous le connaissez sans doute aussi bien que moi. Je me
prononce directement, en ayant mentionné le numéro de l'article,
sur les commentaires.
L'article 1m, "publicitaire". Nos commentaires sont les suivants. Tout
le monde s'entend sur le fait que cette définition du publicitaire est
trop vaste et trop générale. Elle englobe des personnes qui ne
sont pas des publicitaires. Il y a des risques que les véritables
publicitaires subissent un préjudice lorsque certains prétendus
publicitaires seront poursuivis en justice et reconnus coupables.
Il y aurait donc lieu de définir le terme "publicitaire " d'une
façon plus précise et nous sommes bien conscients que la
définition n'est pas facile à faire.
A la page 6, l'article 40, nos commentaires sont les suivants:
L'interprétation littérale de cet article nous amènerait
à ne plus pouvoir dire grand-chose en publicité. Par exemple,
petit quart d'heure, petite facture. Etant donné que ce message
publicitaire fait partie intégrante du contrat, si cela prend 18 minutes
à installer le silencieux, est-ce que l'interprétation
restrictive de cet article pourrait permettre à un consommateur de
demander l'annulation du contrat?
Un autre exemple: II fait beau dans le métro. Le service fourni
doit être conforme au message. Les exemples peuvent sembler un peu
exagérés, mais ils sont là simplement pour illustrer nos
craintes.
Mme Payette: A peine.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Si on s'entend finalement sur un texte
de loi qui éliminerait nos craintes, je pense qu'on aura atteint le but
qu'on recherche.
A la page 7, l'article 41, je le saute.
A la page 9, sur l'article 201 où on parle de
représentation, nos commentaires sont les suivants: Cet article peut
être courant en langage juridique. Il n'en est pas moins difficile
à comprendre et surtout difficile à interpréter. Il ne
s'agit sans doute pas de n'importe quelle omission, mais bien d'une omission
tendant à tromper, d'une importance telle que, si le consommateur avait
su, il n'aurait pas acheté. Pourquoi alors ne pas le
spécifier?
On n'est pas en désaccord avec le fait que de laisser le
consommateur croire telle chose, alors que son vendeur sait bien que c'est
l'inverse, constituerait une omission grave et reprochable, mais le fait que
toute omission constitue une représentation alors que les
représentations font partie du contrat nous semble trop vaste. Le nombre
d'omissions possibles peut-être inimaginable.
Il y a un enchaînement direct avec l'article 213, ce qui me permet
de sauter les articles 203, 205, 207 et de parler immédiatement de
l'article 213 à la page 14. Notre commentaire est le suivant: Cet
article nous semble très difficile d'application. Qu'est-ce qui est
important? Ce qui ne l'est pas pour l'un peut l'être pour un autre.
Devons-nous dire, dans chaque message, qu'une voiture a ou n'a pas de freins
à disques? De plus, comment peut-on s'attendre qu'un publicitaire puisse
s'organiser pour vérifier si chaque message ne vient pas en violation
avec l'article 213? La somme de travail et les moyens mis en oeuvre que cela
implique risqueraient d'être plus onéreux que le revenu
retiré de cette publicité. (10 h 30)
Peut-être que l'article 213 devrait mentionner "passer sous
silence un fait important" et ajouter "dans le but de tromper le consommateur".
Encore là, notre exemple est peut-être énorme, mais il a
encore pour but de souligner le fait que, selon le texte de loi, l'application
risque d'être difficile. . Je passe à la page 16, article 218,
où on parle de l'énoncé nécessaire des
règles d'un concours. Notre commentaire est le suivant: II est
impossible pour certains media, comme la radio, la télévision,
les cartes d'autobus, les affiches extérieures et plusieurs autres
media, de se soumettre à cet article qui suggère qu'on
énumère l'ensemble des règles lorsqu'il y a un concours.
Nous suggérons d'ajouter après le mot "rabais": Sans rendre
disponibles, d'une façon ou d'une autre, toutes les conditions et
modalités d'obtention. L'objectif est de permettre qu'une campagne
publicitaire basée sur un concours qui n'utiliserait comme medium que la
radio ou encore que la télévision ou qu'un panneau
réclame... Il nous semble impossible de tenir compte de cet objectif qui
serait de donner l'ensemble des règles du concours. Notre sugges- tion,
c'est que ces règles du concours soient, d'une manière ou d'une
autre, disponibles pour le consommateur.
A la page 17, l'article 227, où on parle d'identité des
commerçants, notre commentaire est le suivant: Cet article a une
portée plus grande que celle qu'on semble vouloir lui donner. Il exclut
l'utilisation de la publicité dite "titillatrice" ou en anglais,
"teaser". Il empêcherait, en plus, par exemple, Eaton de faire une
publicité sans y mentionner son statut de commerçant. Nous
suggérons d'ajouter... Dans le but de tromper. Encore là, notre
objectif est bel et bien d'assurer que, finalement, le consommateur soit
protégé sans forcer la maison Eaton ou d'autres maisons à
s'annoncer chaque fois comme étant Eaton commerçant.
A la page 19, l'article 230, où on parle du crédit, notre
commentaire est le suivant: II nous semble que, dans plusieurs circonstances,
il y a un avantage à faire savoir aux consommateurs que le crédit
peut être utile. Plusieurs consommateurs profitent du crédit
hypothécaire pour combattre l'inflation. Il en va ainsi pour plusieurs
articles. Y a-t-il avantage à ne pas faire savoir aux consommateurs que
le crédit est disponible pour le développement agricole, pour
isoler sa maison, pour compléter des études? De plus, si le
consommateur est mal informé sur le crédit licite, il y a une
chance que le crédit illicite en profite.
Encore là, nous comprenons fort bien l'objectif du
législateur. Nous pensons qu'il peut y avoir quelque part un moyen terme
qui permettrait quand même au crédit d'être annoncé,
puisqu'il a des effets et des avantages bien marqués.
A la page 22, l'article 233 où on dit: "Nul ne peut faire de la
publicité à but commercial destinée à des personnes
de moins de treize ans."
Nos commentaires. Je voudrais souligner en partant, pour être
certain que votre interprétation de nos commentaires s'applique au bon
sujet, que dès le départ, nous faisons une distinction parmi les
enfants. D'ailleurs, on la retrouve dans notre conclusion. Nous faisons une
distinction entre les enfants d'âge scolaire et les enfants d'âge
préscolaire.
Cet article est bien près d'être le plus court dans la loi
72. C'est pourtant celui qui, depuis des années, a suscité les
plus longues discussions et la question n'est pas encore vidée.
Dès le début, nous avons suggéré que ce
sujet chargé d'émotivité méritait, à cause
de son importance, qu'on y apporte toutes les réflexions possibles avant
de prendre une décision. Nous croyons encore qu'il serait souhaitable
qu'une recherche sérieuse soit entreprise dans le marché
québécois afin de déterminer les effets de la
publicité destinée aux enfants.
Certaines personnes, bien intentionnées, croient que ces effets
sont néfastes; d'autres, également bien intentionnées,
croient le contraire. Nous aurions tous avantage à pouvoir nous fier
à une recherche québécoise sérieuse.
Nous nous permettons cependant de vous soumettre en annexe quelques
résultats et analy-
ses d'une recherche effectuée en Australie et qui tente de
démontrer que notre position est valable.
Voici cependant quelles sont les principales conclusions de MM. Newell
et Kennedy. C'est une traduction en langue française. Le texte original
en anglais apparaît à la fin.
Pour terminer, quelques mots sur la publicité à la
télévision, que certains considèrent comme l'aspect le
plus dangereux de ce media. Il convient ici aussi de situer la question dans
une juste perspective.
Le message commercial fait partie intégrante de notre
économie. Dans une société de libre entreprise, où
les règles du jeu veulent que les biens de consommation soient
proposés au public par le biais de publicité dans les media, il
est inévitable que l'enfant se voie, tôt ou tard, exposé
à ce type de publicité. Il doit donc apprendre à s'en
accommoder.
Il est reconnu que les enfants passent une grande partie de leur temps
devant la télévision. Il est même probable que la plupart
des enfants consacrent plus de temps à la télévision
qu'à tous les autres media réunis.
En supprimant la publicité de toutes les émissions pour
enfants, on risque de créer, pour le jeune téléspectateur,
un monde irréel. S'il en était ainsi, les enfants qui, à
l'heure actuelle, jouissent d'une autoprotection contre la publicité
dès l'âge de huit ans, n'auraient guère l'occasion
d'acquérir cette immunité et ce discernement que beaucoup plus
tard. La surprotection serait donc une arme à double tranchant.
Il est généralement admis que la publicité
télévisée joue un rôle important dans
l'apprentissage des attitudes de consommation. Elle contribue, en quelque
sorte, à l'insertion de l'enfant dans la société en lui
présentant son futur rôle de consommateur, important agent de
notre système économique et social. De plus, il semble certain
que les enfants sont, dès leur plus jeune âge, en mesure de
reconnaître les messages publicitaires et qu'arrivés à
l'âge de sept ou huit ans, ils en comprennent le but. Ils sont, sans
aucun doute, beaucoup plus crédules et beaucoup plus critiques que
l'opinion publique ne le croit généralement.
Une Voix: Moins crédules.
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'ai dit "moins"?
Une Voix: Tu as dit "plus".
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'ai dit "plus". On m'accusera sans
cloute d'avoir fait un lapsus.
Mme Payette: Très intéressant.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Sapré Freud!
Mme Payette: Chassez le naturel, il revient au galop!
M. Lefebvre (Jean-Marc): Sapré Freud!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que monsieur peut
terminer dans les trois prochaines minutes?
M. Lefebvre (Jean-Marc): En allant vite, je crois que oui.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Lefebvre (Jean-Marc): Si, par contre, les enfants risquent
d'être abusés par une publicité malhonnête, ce sont
les poursuites judiciaires intentées contre les publicitaires en cause
qui, plus que l'abolition pure et simple de toute publicité
diffusée dans le cadre des émissions pour enfants, offriront aux
jeunes téléspectateurs une protection réaliste et
efficace.
Pour résumer globalement, en une phrase, ce sujet fort complexe,
citons simplement l'excellente conclusion à laquelle le professeur
Schram de l'université de Stanford est arrivé dans son rapport
intitulé: "La télévision et la vie de nos enfants". Pour
la plupart des enfants, dans la plupart des conditions, la plupart des images
télévisées ne sont sans doute ni particulièrement
dangereuses, ni particulièrement bénéfiques.
Je vous invite à passer à la page 26. Notre objectif,
toutefois, n'est pas d'opposer une défense inconditionnelle et
entêtée, mais plutôt de tenter de faire valoir un point de
vue modéré face à un problème complexe. Nous
voulons démontrer que la véritable protection de l'enfant contre
les prétendus méfaits de la publicité se trouve dans le
contrôle et la réglementation, tous deux réalisables et
d'efficacité prouvée, plutôt que dans l'interdiction totale
et irréalisable dans l'effet, en vue de nuire sans raison à
l'industrie.
La nécessité de certains contrôles. Les pratiques
abusives de la part de certains annonceurs ont, dans le passé,
donné raison, à l'époque, aux détracteurs de la
publicité de tous nos enfants. Des plaintes de consommateurs ont alors
été reçues et un mouvement de protestation s'est
formé. Cette réaction était, nous le
répétons, justifiable à l'époque. Le reste des
arguments tend à démontrer qu'il y a eu une amélioration
sensible.
Je vous invite à passer à la page 27. La prohibition
totale est irréalisable. Nonobstant le fait que nous croyons qu'elle ne
soit pas nécessaire, la prohibition offre deux lacunes fondamentales:
Elle ne répondra pas au but principal visé par le
législateur, qui est de protéger l'enfant. Les enfants sont en
effet exposés à la publicité, qu'elle leur soit
destinée ou non. De plus, la publicité d'un jouet ou d'une
friandise ostensiblement adressée aux adultes sera également
perçue par les enfants et le contenu de cette publicité sera
beaucoup moins contrôlé qu'il ne l'est maintenant.
De manière non équivoque, selon les sondages BBM, en
prenant les marchés de Montréal, Québec et
Rivière-du-Loup comme exemples, les enfants du Québec consacrent
un plus grand nombre d'heures à regarder les émissions pour la
famille et les adultes qu'à celles qui leur sont destinées. La
définition de ce qui constitue une
publicité à but commercial peut être litigieuse et
difficile à préciser. Une station de télévision
pour-ra-t-elle annoncer ses émissions destinées aux enfants? Une
revue, un journal, un livre destinés à des enfants pourront-ils
s'annoncer à quelque endroit? Les exemples sont nombreux. Cette
définition sous-entend également que seule la publicité
commerciale est mauvaise et laisse la porte ouverte, par exemple, à la
publicité idéologique, religieuse, gouvernementale et même
politique. Je sauterai, avec votre permission, la page 29...
Le Président (M. Laplante): Cela fait déjà
plus de 20 minutes; c'est déjà exceptionnel à 20 minutes.
Je serai obligé de...
Mme Payette: Je crois, M. le Président, qu'il y a eu un
gros effort pour résumer le document. Si on peut nous assurer que ce ne
sera plus très long maintenant...
M. Goulet: Ces gens sont venus la semaine dernière et
n'ont pas été entendus. Ils sont revenus de Montréal
aujourd'hui, je pense qu'on pourrait leur accorder...
Le Président (M. Laplante): Pour autant qu'il y a
unanimité des membres de la commission, je n'ai pas d'objection.
M. Goulet: Nous avons accordé hier plus de 20 minutes
à un groupe qui représentait une ou deux personnes, il me semble
qu'on pourrait donner quelques minutes de plus.
Le Président (M. Laplante): Cinq minutes de plus,
d'accord? M. le député de Jacques-Cartier, vous êtes
d'accord pour cinq minutes de plus?
M. Saint-Germain: Sûrement, c'est une représentation
très importante; alors, allons-y. On a écouté des
personnes pratiquement seules, ici, pendant 20 minutes.
Le Président (M. Laplante): On a donné notre
accord, allez-y, monsieur.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je vais aller vite, quitte à
créer d'autres lapsus.
A la page 30, facteurs culturels. Une étude
préparée par John Twomey, directeur de la section de
radio-télévision de l'Institut Ryerson, suggère qu'il y a
un grand besoin d'émissions de meilleure qualité pour enfants. Il
faut les sommes d'argent nécessaires pour atteindre cet objectif que
partagent les radiodiffuseurs. Il est apparent que, si les stations de
télévision ne peuvent plus bénéficier de la
publicité destinée aux enfants, elles seront
empêchées, faute de ressources de continuer leur effort dans le
but d'améliorer la qualité des émissions destinées
aux enfants.
Il est aussi à craindre que le nombre de ces émissions
régresse. Etant privés de leur droit aux émissions faites
pour eux, les enfants choisiront d'écouter plus d'émissions pour
adultes ou encore, la pénétration du câble étant
forte, ils regarderont des émissions pour enfants venant des canaux
américains. Cette érosion culturelle vers les canaux
américains, alors que les enfants regarderont et des émissions et
des messages commerciaux, nous semble fatale et ne correspond sûrement
pas aux objectifs de la loi, ni aux recommandations du livre blanc sur la
politique québécoise du développement culturel.
Facteurs psycho-sociaux. La loi ne fait pas de distinction entre les
enfants de 2 ans et les enfants de 13 ans. Pourtant, la différence est
grande. On ne peut pas les considérer tous comme étant
semblables. Leur développement intellectuel les distingue selon les
âges. Nous devons donc distinguer deux groupes, soit les enfants
d'âge préscolaire, de 0 à 6 ans et les enfants d'âge
scolaire, 7 ans à 13 ans. Les recherches actuelles semblant
démontrer que le sens critique des enfants est déjà
considérablement développé dès I'âge de 7
ans, nous croyons sensé de faire les recommandations suivantes: 1)
Interdiction de toute publicité destinée aux enfants d'âge
préscolaire, de 0 à 6 ans. 2) Refonte du règlement
déjà en vigueur à la lumière de l'expérience
acquise depuis sa mise en place pour toute la publicité destinée
aux enfants d'âge scolaire. 3) Nous recommandons également que le
gouvernement, de concert avec l'industrie, poursuive la recherche
d'éléments sur l'impact des communications de masse auprès
des enfants et plus particulièrement le phénomène de la
publicité.
Notre conclusion sur l'ensemble des recommandations à la page 32.
Nous vous soumettons ces remarques dans un esprit de sincérité et
de bonne foi, espérant qu'elles pourront aider à
l'élaboration d'une loi et de règlements conformes aux objectifs
recherchés. Nous espérons également que cette intervention
saura mettre en lumière le rôle et l'utilité
véritable de la publicité à l'égard des
consommateurs. Nos recommandations ont été étudiées
avec soin et représentent un point de vue sensé et
réaliste. Nous espérons fortement que la commission parlementaire
les recevra dans cet esprit, afin que nous puissions atteindre le consensus
recherché entre le gouvernement, l'industrie de la publicité et
le consommateur sur le contenu de cette importante loi sur la protection du
consommateur. Je vous signale en même temps que nous espérons
qu'à la fin de cette commission parlementaire ce ne soit pas la fin de
nos relations. Des règlements seront publiés et nous voulons bien
sûr, comme nous l'avons fait dans le passé, travailler en
collaboration avec le ministère, si cela peut vous être pratique
et utile. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, monsieur.
Mme le ministre.
Mme Payette: M. Lefebvre, je vous remercie de cette offre de
collaboration et je le répète, peut-être n'êtes-vous
pas informé à ce sujet, nous avons l'intention de déposer,
dès la semaine
prochaine, à cette commission, un avant-projet de
réglementation. Ce n'est qu'un avant-projet et nous attendrons vos
commentaires sur cet avant-projet de réglementation. (10 h 45)
Vous avez mentionné tout à l'heure que peut-être
alliez-vous de nouveau créer un lapsus, je sais que vous êtes des
créateurs et que vous pouvez créer n'importe quoi, mais on ne
peut pas créer un lapsus, c'est le propre même d'un lapsus de ne
pas être créé, mais d'être spontané.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Peut-être qu'il n'y avait pas de
lapsus.
Mme Payette: Une chose est sûre, c'est que le journal Le
Devoir, sous la signature de Mme Lise Bissonnette, vous accuse plutôt de
créer des sophismes, aujourd'hui. Je ne sais pas si vous en avez pris
connaissance.
Il y a une erreur, en tout cas, dans les propos que vous avez tenus
aujourd'hui qui est tellement énorme, qui correspond presque à
l'énormité des exemples que vous avez donnés, au sujet de
l'article 230, concernant le crédit, où il est dit qu'il ne faut
pas inciter le consommateur au crédit, mais l'informer sur le
crédit disponible et les conditions de ce crédit. Ce qui veut
dire que les propos que vous avez tenus au sujet de l'impossibilité
d'informer quant au crédit disponible sur le plan agricole ou sur le
plan de l'habitation deviendraient complètement inutiles puisque,
effectivement, on peut informer sur la disponibilité du crédit en
faisant état des conditions de ce crédit. Je pense que le sujet
qui nous préoccupe le plus, en dehors des autres articles que vous avez
soulignés, est ce qui concerne la publicité destinée aux
enfants de moins de 13 ans. M. le Président, j'aimerais, à ce
moment-ci, demander à la commission de distribuer aux membres qui sont
présents un communiqué qui a été émis par
l'American Academy of Pediatrics dont nous avons fait la traduction. Je pense
que les propos de ces pédiatres seront importants à ce moment-ci
de nos travaux.
Je crois que vous avez, par l'action que vous avez entreprise depuis
quelques jours, déjà connu la réaction de la population
québécoise au sujet de vos prétentions. Il semble bien que
les parents, les familles québécoises soient disposées
à accepter, de la part du gouvernement, les mesures que nous proposons
et que la publicité qui s'adresse aux enfants de moins de 13 ans sera
bannie au Québec.
Vous avez prétendu qu'il était difficile d'atteindre le
but que nous souhaitons atteindre, vous avez même prétendu que la
publicité servait à l'éducation des enfants. J'aimerais
vous poser probablement qu'une ou deux questions; est-ce que vous ne pensez pas
que la publicité sert bien davantage à préparer non pas un
consommateur averti, mais un consommateur de plus en plus docile devant vos
messages, quand ces messages s'adressent aux enfants?
M. Lefebvre (Jean-Marc): II y a toutes sortes de réactions
possibles face à cette question. C'est pour ça que, dès le
début, nous avons demandé au ministère de tenter
d'établir, par voie de recherches complètes et sérieuses
sur la situation québécoise, les véritables effets de la
publicité. Quand on parle de processus d'apprentissage pour les enfants,
nous croyons que c'est un processus, comme tant d'autres, difficile, mais
qu'avec l'aide des parents, ça peut être utile.
La réaction de la population est très variée et la
réaction des publicitaires, en passant, est également,
très variée. Il y a des publicitaires qui nous disent: Non,
j'aimerais mieux qu'il n'y ait pas de publicité pour personne,
finalement. Le problème est complexe et global. Mais on sait
aussi...
Mme Payette: Est-ce qu'on peut demander les noms de
ceux-là.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je ne les ai pas avec moi. Je voudrais
vous informer qu'il y a des gens qui réagissent différemment et,
dans la population, il y avait même hier une émission de ligne
ouverte à la radio là-dessus. Il y a plusieurs personnes qui
appelaient pour dire que, finalement, ça ne leur nuisait pas, qu'ils
désiraient que la publicité destinée aux enfants
d'âge scolaire puisse encore demeurer, que c'était pour eux utile
au niveau de l'information. Il y a même des gens qui suggéraient
que cette publicité à la télévision était
utile parce que les enfants retournaient dans la cave et, au moins, ils avaient
des modèles pour fabriquer avec leurs mains et leur imagination, des
jouets un peu dans le même style.
La réaction de la population est très variée...
Mme Payette: Je n'ose pas vous demander s'il y en avait parmi
vous qui faisaient ces appels par téléphone.
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'en douterais. Nous étions
occupés à faire autre chose. Il y a même des enfants qui
ont appelé.
M. Goulet: Ils connaissent cela, piéger les lignes.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Ils connaissent cela, oui? Je ne le sais
pas.
Mme Leblanc-Bantey: On en a appris de vous autres.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je peux passer le commentaire. Une chose
est certaine, c'est que les commentaires qui nous viennent de gens qui nous
entourent sont très partagés. Je ne pense pas qu'il y ait
quelqu'un qui puisse finalement dire: Oui, la publicité aux enfants de
moins de treize ans, c'est néfaste pour telle et telle raison.
C'est pour cela qu'on a présenté certains rapports de
recherche faite à différents endroits, dans le but de rendre bien
évident le fait que, à
notre sens, la question n'est pas vidée et qu'on
désirerait approfondir toute cette question des effets de la
publicité destinée aux enfants.
Je ne peux pas accepter le fait que la population, unanimement, dise: La
publicité destinée aux enfants, c'est un mal. Il y a des
témoignages qui disent le contraire. Je ne crois pas non plus que
l'objectif réel de la publicité soit de manipuler, soit de former
les jeunes Québécois à devenir de meilleurs ou de pires
consommateurs plus tard. Elle a un but, informer les enfants, sur ce qui leur
est offert comme articles de consommation, et, en passant, on ne parle pas que
de jouets. On parle de toutes sortes de choses. Cela peut être des livres
éducatifs, des disques ou n'importe quoi.
C'est cela le but de la publicité. C'est d'informer les enfants.
On parle d'enfants d'âge scolaire. Je pense que ces enfants peuvent, avec
l'aide de leurs parents et les parents demeurent encore avec un fort
niveau de responsabilité faire la part des choses et
réellement s'en servir pour se guider dans leur évolution et
également, comme processus d'éducation et d'information.
Mme Payette: Quand vous affirmez que les publicitaires sont
d'accord pour abolir la publicité pour les enfants d'âge
préscolaire, est-ce que je dois comprendre que vous êtes d'accord
pour abolir toute publicité les samedis matin, les dimanches matin et
pour la période de quatre à sept heures, sur semaine?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Cela va même plus loin que cela.
On parle de toute publicité. Dans notre proposition, c est plus vaste
que cela. Cela parle également des autres media. Cela ne comprend pas
uniquement la télévision. On sait que le sens de la loi parle de
l'ensemble des media.
Oui, notre proposition a comme objectif précis de créer
une situation où la publicité, toute publicité
destinée aux enfants d'âge préscolaire, ne serait pas
présentée. Si cela implique le matin à la
télévision, si cela implique également le samedi matin,
par le biais d'émissions destinées directement à des
enfants d'âge préscolaire, oui, c'est le sens de notre
proposition.
Mme Payette: Je vous remercie, M. Lefebvre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
terminé, Mme le ministre?
Mme Payette: Pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Lapiante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, il n'y a pas d'étude. Vous ne
connaissez pas d'étude de spécialistes pour enfants, au Canada et
au Québec en particulier, qui pourrait nous aider à prendre une
décision logique là-dessus?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Le problème n'est peut-être
pas qu'on ne connaît pas d'étude. Des études, il y en a
à profusion. Plusieurs pays en ont fait, tout le monde en a fait.
Malheureusement, elles sont, pour la plupart, contradictoires, bien souvent
contradictoires.
Ceci nous amène à dire ceci: II y a peut-être lieu
que, pour le problème québécois, on fasse une étude
approfondie. D'ailleurs, nos associations l'ont déjà
proposé. On s'était engagé, si les résultats
étaient que la publicité destinée aux enfants de treize
ans et moins était néfaste, les publicitaires ont dit: Si les
conclusions disent que c'est néfaste, on accepte d'abord, de ce fait, de
se retirer de ce domaine d'activité. Notre offre n'a pas
été acceptée.
Tout cela pour dire: Non, il n'y a pas d'étude, à notre
sens, concluante. On voudrait pousser plus loin cette recherche.
M. Saint-Germain: Mais vous représentez des associations
puissantes. Il se fait pour des millions de dollars de publicité par
année, au Canada et au Québec en particulier. Est-ce que,
à titre de représentants de la libre entreprise, vous n'aviez pas
les moyens financiers de faire une étude là-dessus?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Le danger serait que les gens nous
disent: C'est une étude piégée. C'est l'industrie qui l'a
faite. Nécessairement, les résultats seront biaisés. Notre
proposition est plus générale, plus globale. On offrait au
gouvernement notre collaboration pour faire une recherche en équipe.
M. Saint-Germain: Je vous dis surtout ceci parce que la loi
concernant la publicité faite aux enfants est draconienne. Je ne
comprends pas je ne parle pas simplement pour le gouvernement actuel,
mais même pour les gouvernements passés qu'on
dépense au-delà de $1 milliard par année pour
l'éducation des enfants de sept à treize ans au Québec. Je
ne comprends pas que le gouvernement n'ait pas fait faire l'étude
concernant un domaine aussi important que la télévision, quand on
sait qu'au Québec en particulier, les enfants, à mon avis,
regardent la télévision d'une façon tout à fait
abusive.
Aujourd'hui, on nous arrive avec un projet de loi draconien qui
défend la publicité, à la télévision, aux
enfants de treize ans et moins. Cela aura certainement des effets commerciaux.
Il y aura des emplois qui seront perdus, et on ne sait jamais si ce sera une
protection pour les enfants. On l'ignore. Je pense qu'il est tout à fait
évident, même pour un profane, qu'on ne peut pas laisser les
commerçants abuser des enfants comme ils l'ont fait, mais ne serait-il
pas mieux d'avoir des règlements sévères? Ce serait
peut-être même mieux pour les enfants, mais on n'a pas ces
études. C'est dommage. Je suis surpris qu'un gouvernement qui arrive
avec un article de loi aussi draconien n'ait pas soutenu sa décision par
le résultat d'études bien structurées par des
spécialistes. Je crois qu'on met là la charrue avant les boeufs,
sûrement.
M. Clair: M. le Président, pourrais-je rapidement poser
une question au député de Jacques-Cartier? C'est simplement pour
savoir si son gouvernement, lorsqu'il proposait, dans le projet de loi no 7,
exactement le même article, avait fait des études qui nous
auraient été cachées et dont on pourrait se servir?
M. Saint-Germain: Non, il n'en a pas fait, malheureusement. Que
voulez-vous que j'y fasse? Mais je ne suis pas...
M. Clair: II ne nous en a pas caché, comme cela?
M. Saint-Germain: Je ne suis pas l'esclave des gouvernements
passés, même des gouvernements libéraux. D'ailleurs, la
population a rendu son jugement là-dessus.
M. Clair: Vous ne l'êtes pas ou vous ne l'êtes
plus?
M. Saint-Germain: Je ne l'ai jamais été, pour votre
information. On nous présente ce matin une étude de
pédiatres américains. Vous savez, on fait tout avec les
Américains. On les accuse de tout et on s'en sert quand on en a besoin.
Je viens de lire cette étude, je ne l'ai pas approfondie, mais eux non
plus ne semblent pas... Elle n'est pas si draconienne que cela leur... Je lis
un paragraphe ici qui dit: "Dans une société libre, la solution
idéale à ce problème serait que les annonceurs et les
diffuseurs fassent preuve de modération". Ce n'est pas la défense
complète cela, loin de là. "Cependant, l'absence d'une telle
modération... L'Académie américaine de pédiatrie
recommande l'abolition de toute publicité commerciale pendant la
diffusion d'émissions dont l'auditoire est composé en
majorité d'enfants de moins de douze ans ". Au lieu de laisser les abus
se perpétuer, on dit: II vaudrait mieux y mettre une fin. Ici, est-ce
que ces abus existent? Ce serait commode de le savoir.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Notre réaction là-dessus
est finalement que ce n'est pas en fermant un oeil qu'on règle
nécessairement le problème. Vous savez, les publicitaires sont
des consommateurs comme les autres.
Mme Payette: ... les deux?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je ne suis pas certain.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois qu'on devrait
laisser nos invités donner leur opinion.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je ne suis pas certain, Mme le ministre,
qu'on puisse marcher bien loin les deux yeux fermés.
M. Saint-Germain: Sans jeu de mots, on n'est pas ici pour faire
des jeux de mots.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je ne suis pas certain, Mme le ministre,
qu'on puisse marcher bien loin les deux yeux fermés. Finalement, notre
position je vous disais que les publicitaires sont des consommateurs
comme les autres, ils ont des enfants comme les autres, ils les ont faits comme
les autres, ils sont intéressés et inquiets comme les autres de
toutes ces questions-là est qu'en permettant une communication
bien structurée, honnête, avec des règlements
sévères, on puisse assurer la véritable protection des
enfants. (11 heures)
Ce n'est pas en créant une espèce de prohibition totale
qu'on règle le problème. Tout genre d'action où il y a une
prohibition totale, quant à nous, n'apporte pas de résultat. On
préfère et on est convaincu que le véritable moyen de
permettre ce genre de communication normale avec les enfants, de sorte que ce
soit sain pour eux, c'est de le faire à l'intérieur de
critères sévères établis par les ministères
responsables. On propose même des critères plus
sévères que ceux qui existent actuellement. On prétend que
c'est par ce genre d'action qu'on peut réussir finalement à
protéger véritablement les enfants.
Des recherches, il y en a de toutes sortes; la plupart du temps, elles
sont contradictoires. On ne pense pas qu'on puisse se fier, à ce stade,
ni à cette recherche, ni à notre recherche, finalement. C'est
pour cette raison qu'on vous a fait part de notre recherche. On tente de rendre
évident le fait que les opinions sont partagées et multiples.
Notre désir, c'est qu'on puisse travailler à fond pour tenter de
connaître les véritables effets.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: On est venu nous entretenir ici de la vente, de
la distribution et de l'annonce des jouets à la
télévision. Parmi la population, j'imagine que le fait que
certaines industries vont être obligées de remercier des
employés à cause du manque de publicité n'attire pas de
sympathie. On peut aussi imaginer, cela se fait peut-être, que certaines
sociétés de distribution de produits alimentaires valables
puissent bien s'adresser aux enfants. Les études du gouvernement nous
montrent qu'il y a des enfants qui quittent la maison le matin sans manger. Si,
dans l'industrie privée, on a intérêt à mettre un
produit sur le marché, un produit dont la qualité a
été déterminée, et qu'on défend la
publicité, on n'atteindra pas les enfants, assurément.
Peut-être que cette publicité sera positive pour
l'éducation des enfants. C'est bien possible qu'elle le soit. Je parle
toujours en profane. Quelle serait votre opinion là-dessus?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je pense que oui. Je vais aller plus
loin et je vais même suggérer qu'une certaine publicité
pour des jouets je me
sens un peu agacé qu'on parle uniquement de jouets, il y a
d'autres choses est très utile aux enfants. On a parlé
souvent du cas Fisher, où la maison Fisher s'adresse aux parents
plutôt qu'aux enfants. On sait pertinemment que c'est une
stratégie d'une année et que, l'an prochain, si la loi le permet,
elle pourrait décider de prendre une autre stratégie. Fisher n'a
pas décidé que, pour la vie, elle ne reviendra pas à sa
formule d'autrefois, où elle annonçait ses jouets aux enfants. On
prétend qu'il y a des choses qui sont bonnes pour les enfants, qu'ils
ont droit d'y être exposés, que ce soient des jouets ou des
programmes comme ceux que vous mentionnez. Il faut que les media de
publicité puissent donner accès aux enfants à ces
messages.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de... Avez-vous fini?
M. Saint-Germain: Non, je n'ai pas fini.
Mme Leblanc-Bantey: Vous reprenez le temps perdu d'hier soir?
M. Saint-Germain: Non, je n'ai pas perdu de temps hier soir, j'en
ai même donné plus que le règlement en prévoit. On
me fait perdre mes idées, en plus, vous voyez.
Le gouvernement veut établir, par le ministère des
Affaires sociales, un programme qui devra augmenter la qualité de la
nutrition au Québec, surtout pour les enfants. Est-ce que, par cette
loi, le gouvernement se privera d'un outil de publicité valable pour
atteindre les enfants, en mettant en application ce programme et en le faisant
accepter par la population, surtout par les enfants, qu'on veut
nécessairement atteindre?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Si l'objectif de cette loi est
véritablement d'empêcher toute communication de type publicitaire
destinée aux enfants de moins de 13 ans, il nous semble évident
que le gouvernement se privera d'un outil utile. Il y a d'autres outils, ce
n'est pas le seul, mais on pense que c'est quand même un outil efficace
et que les enfants seraient sûrement avantagés de pouvoir
être exposés à ce type de message par les media de
publicité.
M. Saint-Germain: La loi dit aussi que la publicité faite
par un fabricant ou un commerçant sera incluse dans le contrat.
Personnellement, à première vue, je vois là un
élément valable. Je ne vois pas pour quelle raison on devrait
permettre à la population de subir de la fausse publicité. Vous
semblez, d'après la rédaction, avoir une quelconque
méfiance, du moins vis-à-vis de la forme.
Une Voix: Oui.
M. Saint-Germain: Mais est-ce que vous n'admettez pas qu'il
devrait y avoir un moyen, pour rendre plus honnête la publicité
en l'incluant dans le contrat, comme la loi le dit de
rédiger un article pour atteindre ce but? Etes-vous contre la forme de
l'article ou contre le but visé?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Pas du tout contre la forme, et je pense
que, si le ministère ne l'avait pas proposé, nous l'aurions
peut-être proposé.
Il nous semble tout à fait logique qu'un message publicitaire
fasse partie d'un contrat. D'ailleurs, nos remarques là-dessus sont sur
des questions importantes pas des questions de détails
mais pas sur le fond même. On parlait d'omission, par exemple, et on est
bien conscients que ce n'est pas l'intention du ministère de boucler
complètement les publicitaires de sorte qu'ils soient obligés,
lorsqu'ils font un message de 30 secondes, de faire part de toutes les
qualités d'un produit.
Ce qu'on a voulu souligner, c'est qu'il y a peut-être
nécessité de jeter un coup d'oeil en profondeur lorsque viendra
la rédaction finale de ces articles, de sorte que les publicitaires ne
se sentent pas inutilement encarcanés. Qu'ils soient utilement
encarcanés, parfait, mais on ne désire pas qu'ils se sentent
inutilement encarcanés.
L'exemple que je donnais tantôt, au niveau des omissions, bon!
est-ce que chaque fois qu'on annonce une voiture on devrait dire qu'il y a des
freins à disques ou ne pas le dire? Est-ce que c'est une omission que de
ne pas dire qu'il y a des freins à disques sur une voiture et 1000
autres choses?
Je ne pense pas que ce soit l'intention du législateur de forcer
chaque fois les publicitaires à donner toutes les qualités d'une
voiture, tous les avantages qu'offre un produit. Ce qu'on suggère, c'est
que dans l'interprétation littérale c'est ce qu'on dit
dans la loi il y a un danger que, finalement, celui qui,
quotidiennement, doit faire de la publicité, soit placé dans une
situation où il se sente fort embarrassé. Est-ce que je peux dire
ça? Est-ce que je ne peux pas dire ça?
Que le message fasse partie du contrat, bien sûr. C'est dans la
forme, aucune objection. On a, par contre, des craintes du type de celle que je
vous ai mentionnée tantôt.
M. Saint-Germain: La loi ne parle pas spécifiquement de
l'annonce de l'alcool, des cigarettes ou de certains produits qui ne sont pas
strictement nécessaires et où bien de nos citoyens font des
abus.
Croyez-vous que les annonces de ce genre devraient être
éliminées de la télévision ou de tout médium
de propagande?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Vous savez, les abus ne sont pas
toujours causés par la publicité. Il y a quand même des
grands succès de promotion de produits où la publicité n'a
eu aucune intervention. On parlait de "Star Wars" l'autre jour; je n'ai pas eu
le temps d'aller le voir encore, mais je vais y aller.
Il y a quand même certaines drogues qui ont acquis une
popularité immense sans qu'elles soient poussées par une forme de
publicité com-
merciale. Bon! Je ne fais pas de jugement là-dessus à
savoir si c'est bon ou si ce n'est pas bon. Je ne porte pas de jugement.
Il y a aussi un temps où un fort pourcentage de la population
québécoise avait et a encore recours à des moyens
contraceptifs qui n'ont pas été promus, à ce
moment-là, par de la publicité. Je pense que cela a
été quand même des succès commerciaux valables. Je
ne sais pas si les effets, à la toute fin, sont bons, mais cela a eu des
effets commerciaux valables.
Ce que je suggère, c'est que la publicité n'est pas
nécessairement elle peut l'être responsable d'abus
de différents types. La publicité peut jouer un rôle dans
ce sens-là. Elle peut également jouer un rôle contraire.
Une publicité bien adressée, bien faite, peut suggérer la
consommation de produits de meilleure qualité, peut également
suggérer une certaine modération.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'espère que cela répond
assez directement à votre question.
M. Saint-Germain: Très bien, merci!
M. Goulet: Merci, M. le Président, pour les fins du
journal des Débats, j'ai fait une petite allusion tout à l'heure
vous me permettrez, M. le Président, de corriger le mot
"piéger" par "monopoliser". Je pense que ça va satisfaire le
député de Drummond. Il avait peut-être raison.
M. Clair: C'était une accusation très grave.
M. Goulet: Dans mon idée, c'était "monopoliser", M.
le Président. Il y a un groupe...
Mme Payette: ... très grave aussi...
M. Goulet: Oui, j'ai fait la correction. Je m'en suis
aperçu immédiatement et je ne voulais pas interrompre une
deuxième fois...
M. Clair: J'en remercie le député de...
Le Président (M. Laplante): il faudrait revenir aux
questions.
M. Goulet: Nous avons devant nous un groupe vraiment
représentatif dans le domaine de la publicité et je souligne
également la bonne volonté qu'il a eue de revenir, étant
donné qu'il a pu se faire entendre la semaine dernière. On dit
que le message publicitaire doit présenter le plus fidèlement
possible le produit, les qualités du produit, les garanties du produit,
sans exagération. Est-ce que c'est pratique courante dans la
publicité, soit dans un message télévisé ou encore
dans les catalogues, ce qu'on appelle l'illusion d'optique? Est-ce que c'est
pratique courante dans la publicité, ces choses-là?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je pense que le règlement et le
Code du conseil des normes défend ce genre de pratique. Il y a des
organismes gouvernementaux et paragouvernementaux responsables d'appliquer ces
codes. Je suggère que, s'il y a des messages du même type qui sont
présentés, contrairement aux normes du règlement et aux
normes des codes, s'ils existent actuellement je ne crois pas que ce
soit de pratique courante il y a des gens qui n'ont pas fait leur
travail.
M. Goulet: Peut-être au niveau de la
télévision, mais au niveau des catalogues. Par exemple, dessiner
un produit au lieu de le photographier. On va prendre tout simplement ce qui se
fait: je me suis laissé dire que cela se faisait au niveau des
serviettes pour citer un cas où une serviette
pliée, photographiée, défavorise le produit et on sent le
besoin de la dessiner pour pouvoir lui donner à peu près ce
qu'elle va être en réalité. Est-ce que cela se fait au
niveau de la photographie?
M. Lefebvre (Jean-Marc): II y a peut-être quelqu'un de mon
comité qui est plus familier avec cet aspect de la production, mais,
comme commentaire premier, je dirais que si une photo ne rend pas justice au
produit, il me semble normal, puisque le rôle de la publicité est
de montrer le plus clairement possible ce qu'est le produit, qu'on le
présente en le dessinant, si cela réussit à le
présenter plus fidèlement à la nature du produit. Je ne
crois pas qu'il y ait d'abus ou que, au moyen de dessins ou de photos
truquées, on fasse des réclames commerciales ayant comme objectif
d'exagérer la démonstration du produit.
Est-ce que quelqu'un peut être plus explicite là-dessus? M.
Allard.
M. Allard: Je crois que la question de reproduction d'un dessin
plutôt que d'une photo demeure, pour le publicitaire, de rendre
responsa-blement un dessin. S'il y a exagération, évidemment, on
touche le sujet qui vous intéresse énormément, celui d'une
publicité qui serait trompeuse. Si le dessin reproduit mieux une
serviette que la photo, comme vous le dites, je crois qu'il est dans
l'intérêt du publicitaire et de l'annonceur de se servir d'un
genre d'illustration comme celle-là, mais dans un contexte responsable.
Je pense que le publicitaire responsable le fait de cette façon, parce
que l'annonceur lui-même et le commerçant en seraient les premiers
pénalisés, et ce n'est pas long à découvrir, pour
le consommateur, si la marchandise annoncée ne reflète pas ce qui
a été vraiment illustré, et il sera le premier à le
bouder et à ne pas l'acheter.
M. Goulet: Jusqu'où va le code d'éthique
là-dedans? Qui surveille cela, à un moment donné? il y a
quelqu'un qui...
M. Allard: Vous avez la Loi de protection du consommateur, qui
couvre beaucoup de ces as-
pects, aussi bien au fédéral qu'au provincial. La
publicité trompeuse régit ce genre de choses et, au
fédéral, il y a eu des amendes imposées à des
maisons considérées comme étant très responsables,
de grandes entreprises de commerce, qui ont payé des amendes pour des
erreurs qu'elles ont commises; ce n'était pas intentionnel, mais cela a
quand même été considéré comme une
publicité trompeuse. Les organismes fédéral et
provincial...
M. Goulet: J'en conclus que cela ne se fait pas, tout simplement,
et que c'est surveillé très étroitement.
M. Allard: Si on regarde le nombre de plaintes, dont on a fait
part, qui ont diminué depuis les années, elles étaient au
nombre de 92 au Conseil des normes et il n'en est resté que neuf, dont
deux étaient justifiées; je pense donc qu'on peut dire qu'il y en
a à peu près plus. (11 h 15)
M. Goulet: Si vous voulez, nous allons parler de l'article 233
qui dit vous le connaissez certainement par coeur Nul ne peut
faire de la publicité à but commercial destinée à
des personnes de moins de 13 ans. Est-ce que, pour vous, un message
publicitaire, même si on se sert d'enfants... J'y fais allusion parce que
j'ai vu justement hier soir c'est très rare que je suis devant le
petit écran, mais je l'ai vu, j'étais content, j'en avais entendu
parler le message de vous avez nommé la compagnie tout
à l'heure...
Une Voix: Fisher-Price.
M. Goulet: Fisher Price. Il est passé peut-être vers
onze heures et il n'y avait pas d'enfant devant l'écran, et j'imagine
qu'au niveau du Québec, les enfants en bas de 13 ans, devant le petit
écran à onze heures, doivent être très rares. S'ils
le sont, à ce moment-là, on devrait gronder plutôt les
parents que les publicitaires, mais est-ce que, pour vous, un message
publicitaire, dans le genre de celui que j'ai vu hier soir, Fisher-Price,
où on se sert d'enfants, mais c'est fait pour les parents, est-ce que,
pour vous, cela serait conforme à l'article 233?
M. Allard (Jean-Marie): L'utilisation des enfants dans la
publicité, est-ce que c'est cela...
M. Goulet: Le message dont nous avons parlé, ce sont des
jouets d'enfants. Naturellement, il y a des enfants sur les jouets, mais le
message passe le soir au moment ou 99,9% des enfants en bas de 13 ans sont
censés être couchés, mais on se sert quand même
d'enfants. Dans mon optique, ce message répondrait je vous
demande si c'est votre impression aux normes, il entrerait dans le cadre
de l'article 233.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Autrement dit, cela pourrait être
encore possible. C'est cela, votre question?
M. Goulet: Quant à moi, oui.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Selon vous. M. Genin.
M. Genin (Richard): Je pense que la réponse à votre
question se situe dans les trois critères d interprétation de ce
qui constitue de la publicité destinée aux enfants,
c'est-à-dire, premièrement, la destination finale du produit;
deuxièmement, le traitement commercial qu'on y fait, et enfin
l'emplacement, dans une publication ou à l'antenne d'une station de
télévision. Alors, si on pèse ces trois critères
dans le cas du produit dont vous parlez et d'un message
télédiffusé à l'heure que vous mentionnez, je pense
qu'il n'y a pas de doute que cela n'est pas de la publicité
destinée aux enfants.
M. Goulet: Si on permettait je dis bien "si" ce
genre de publicité... Il y a des gens qui nous ont dit: Même
là, il y aurait des pertes d'emplois et leur compagnie devrait quasiment
fermer leurs portes. Si on permettait ce genre de publicité, faisant
allusion toujours au message que j'ai vu, est-ce que vous croyez
sincèrement ce qu'on nous a dit ici, qu'on pourrait perdre 5% du
marché et ainsi de suite; est-ce que c'est justifié?
M. Lefebvre (Jean-Marc): C'est difficile de répondre.
M. Goulet: En pourcentage, si vous voulez.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Mais il est certain que, si tous les
fabricants de jouets prenaient ou les fabricants de produits
destinés aux enfants la même stratégie que celle de
Fisher Price, par exemple, il y aurait un certain engorgement au niveau des
possibilités de disponibilité à la
télévision et dans d'autres media.
M. Goulet: D'accord.
M. Lefebvre (Jean-Marc): II y aurait donc, conséquemment,
des situations où des annonceurs se verraient refuser le
privilège d'annoncer. Il y aurait donc une diminution sensible de
l'efficacité de la publicité. Je pense qu'on peut conclure que
cela aurait, bien sûr, des effets tels que ceux que vous mentionnez. Dans
quel pourcentage? Je ne peux pas vous le dire, mais cela aurait des effets, ne
serait-ce que pour cette seule raison.
M. Goulet: La semaine dernière, j'ai posé des
questions à un groupe. J'interprète l'article comme ceci: un
étalage, un "display" de jouets dans un centre commercial où il y
a une vitrine essentiellement de jouets. Est-ce que, pour vous, c'est
destiné aux enfants, oui ou non?
M. Lefebvre (Jean-Marc): La façon pour nous de lire le
projet de loi, et on n'est pas certain encore si c'est l'intention du
législateur, c'est que
toute cette activité "pourrait", et je me permets de le mettre
entre guillemets, être défendue. C'est bien sûr qu'une forme
de l'étalage, un étalage, c'est une offre de vente,
nécessairement, un peu comme le petit dépliant qu'on retrouve
à l'intérieur d'une boîte de jouets qui offre d'autres
jouets. Cela demeure encore une proposition. Il nous semble que tout cela,
c'est une forme de publicité, pas une publicité du type achat,
temps ou espace avec des media, mais c'est quand même une forme de
communication publicitaire, et on n'est pas certain encore si l'objectif de la
loi est de défendre ou de contrôler ce type d'activité.
M. Goulet: Pourriez-vous me dire, en quelques mots, comment vous
interprétez la publicité éducative?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je vous donne un exemple.
M. Goulet: Oui.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Fisher-Price, ou une autre compagnie,
fait un message publicitaire pour un jouet qui s'adresse à des enfants.
Je vais mettre toutes les conditions les moins favorables possible. Elle fait
une proposition qui va finalement servir à l'enfant pour son
développement. Il y a quand même des jouets au sujet desquels des
psychiatres nous disent: II faut absolument que l'enfant, à tel
âge, cogne sur des petits blocs avec un marteau. S'il ne cogne pas sur
des petits blocs avec marteau, il manque son coup. Si un fabricant de jouets
dit à des enfants ou à des parents: C'est souhaitable de jouer
avec des petits blocs et un marteau, c'est une forme de publicité
éducative, bien sûr.
Si un commerçant de céréales s'adresse à des
enfants ou à des parents, à toutes sortes de personnes, pour leur
dire: Vous avez tout avantage, pour telle et telle raison, à prendre des
repas composés de tels éléments de base et notre produit
offre ces éléments ou certains de ces éléments de
base, je pense que c'est là une forme de publicité
éducative. Il y a sûrement d'autres exemples, multiples de ce
genre.
M. Goulet: Vous avez employé le terme tout à
l'heure d'érosion culturelle, en parlant du câble et des canaux
américains. Il faut vraiment avoir des enfants pour s'apercevoir que,
sans qu'on ne l'ait voulu, ils syntonisent un poste américain. On se
demande comment il se fait que ça parle anglais au sous-sol; ce sont les
enfants, ils le savent. Je ne sais pas où ils prennent ça, les
amis en classe probablement; que préconisez-vous pour arrêter
ça? Il n'y a aucune solution actuellement.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Notre proposition est celle-ci, elle
n'est pas parfaite. Moins il y aura de revenus commerciaux dans le secteur
privé pour produire des émissions pour enfants, plus il y a de
chances que les efforts déjà entamés pour produire des
émissions de qualité qui ont comme effet direct
d'intéresser, d'une meilleure façon les enfants, seront perdus.
Autrement dit, moins il y aura d'efforts, moins il y aura d'émissions de
qualité produites au Québec pour les enfants, plus les enfants
regarderont autre chose. Les enfants n'arrêteront pas de regarder. C'est
pourquoi j'employais l'expression "fermer un oeil", tantôt. Ce n'est pas
en fermant un oeil qu'on règle le problème. Les enfants vont
aller regarder ailleurs. Alors, notre proposition est celle-ci. On devrait
travailler à intensifier les radiodiffuseurs le font la
qualité des émissions québécoises destinées
aux enfants, de telle sorte qu'ils aient un loisir qui corresponde mieux
à leur état, si on ne veut pas que conséquemment, les
enfants regardent quand même d'autres émissions, émissions
pour adultes, ou émissions pour enfants venant de canaux
américains. La pénétration du câble au Québec
est de plus de 50%. Les Américains ont quatre réseaux de
télévision. Au Québec, on en a neuf. Le choix est facile
à faire.
M. Goulet: D'accord. Hier, dans le journal Montréal-Matin,
il y a un député, membre de cette commission, même s'il
n'est pas ici aujourd'hui, qui vous a accusé sévèrement.
Vous avez certainement pris connaissance de l'article, parce qu'apparemment il
a fait parvenir un télégramme au Publicité Club de
Montréal. Je pourrais relire l'article; je pense que le
député, s'il a été rapporté
fidèlement, n'a pas mâché ses mots. Si j'étais un
juge ou un avocat, je pourrais dire, qu'est-ce que vous avez à dire pour
votre défense?
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'ai à dire pour notre
défense que ce sont des démonstrations où il y a beaucoup
d'émotivité qui entoure cette question. Notre désir serait
finalement d'écarter le plus possible l'aspect émotif qui entoure
cette question.
Mme Leblanc-Bantey: On est bien d'accord pour écarter
l'aspect politique.
Une Voix: Un autre lapsus.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Un autre lapsus? Ce ne sont pas des
lapsus, ce sont des moyens prévus pour passer les messages sans que
ça paraisse.
Mme Leblanc-Bantey: Cela ne manipule pas, la
publicité?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Plusieurs personnes profitent de
ça. Je connais beaucoup de journalistes et de politiciens...
Finalement, ce qu'on prétend, c'est que la réaction du
député, je la comprends, moi, il réagit
émotivement. On ne veut pas que ce soit une décision
émotive. On voudrait revenir à des choses beaucoup plus
factuelles et s'intéresser au problème fondamental.
Le Président (M. Laplante): Mme le député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais une dernière
question. Est-ce que j'ai écoulé mes vingt minutes? J'aurais une
dernière question, très courte.
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y.
M. Goulet: Disons que, personnellement, je définis la
publicité comme étant: Faire penser à quelqu'un de se
procurer un bien qu'il n'avait pas pensé se procurer. Des organismes de
protection du consommateur sont venus hier et ont défini la
publicité comme étant: Faire penser à quelqu'un d acheter
un bien dont il n'a pas besoin. Or, moi, je dis: Qu'il n'a pas pensé
s'acheter, dont il n'a pas besoin. Comment interprétez-vous la
publicité, en général? C'est quoi, la publicité, en
deux mots?
M. Lefebvre (Jean-Marc): La publicité, c'est une
proposition qui place le consommateur devant une responsabilité à
prendre. On dit au consommateur: II y a tel bien. On dit au consommateur: II y
a tel parti politique que vous devriez encourager. On dit au consommateur: II y
a tel genre d'activité que vous devriez prendre. Ce sont toutes des
propositions. En passant, les propositions ne viennent pas toutes de la
publicité. Elles viennent de toute part.
La publicité, c'est cela. C'est une proposition, à un
consommateur, d'agir, de faire quelque chose. Et son libre arbitre demeure.
M. Goulet: II y a un manufacturier de jouets qui nous a dit: Une
année, nous avons vendu environ 18 000 piscines et nous ne les avions
pas annoncées. L'année suivante, nous les avons annoncées
et en avons vendu 80 000. Je veux savoir, avec une différence de 60 000
piscines, environ, est-ce que, vraiment, c'est parce que les gens n'avaient pas
pensé en acheter, ou s'ils les ont achetées et qu'ils n'en
avaient pas besoin? Es-ce que vous avez des données pour nous dire: On a
réussi à en vendre 30 000 où 15% des gens n'avaient pas
pensé en acheter et, en plus, ils n'en avaient pas besoin?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Toute la stratégie de
communication, à tous les niveaux, est basée sur la
nécessité de satisfaire le consommateur, répondre à
certains besoins des consommateurs. Les fabricants de produits, que ce soient
des produits nutritifs, que ce soient des jouets, que ce soient des produits
d'un autre ordre, celui qui écrit une chanson, celui qui écrit un
livre, il tente de faire quelque chose pour combler un besoin d'un
consommateur.
C'est cela. C'est aussi simple que cela. La stratégie est
basée là-dessus: Tenter d'établir, de découvrir des
besoins. Et les besoins sont multiples. Cela place les consommateurs devant des
choix, devant leur nécessité de satisfaire certains besoins,
d'une façon ou d'une autre, ou de ne pas le satisfaire.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Vous avez, à un moment donné,
à une question de Mme Payette, je pense, refusé d'admettre...
Elle ne posait pas la question dans ce sens-là, mais vous avez dit que
ce n'était pas vrai que la publicité manipulait et c'est
vous-même qui avez utilisé le verbe ce n'est pas vrai que
la publicité peut manipuler le consommateur en lui suggérant un
mode de vie, des conditions de vie ou même des besoins qui sont plus ou
moins fidèles aux moyens dont il dispose.
D'autre part, vous dites qu'on doit continuer à donner de la
publicité aux enfants, au moins pour la deuxième catégorie
d'âge, parce qu'ils doivent apprendre à s'accommoder du mode de
vie dans lequel ils vivent. Entre nous, on pourrait bien appeler ce mode de vie
de la surconsommation, même si cela n'est pas dit dans votre
mémoire.
Vous dites qu'il ne faut pas créer un monde irréel pour le
jeune dans ce sens-là. Il faut l'habituer dès maintenant à
ce mode de vie, même si, pourtant, dans la publicité
destinée aux enfants cela fait très longtemps que je ne
l'ai pas vue je n'ai jamais vu de genre de publicité où le
père ou la mère disait à l'enfant en question: Ecoute, ce
jouet n'est pas bon pour toi parce qu'il est dangereux, parce que cela incite
à la violence ou, encore, il est trop dispendieux et on n'a pas les
moyens de te l'offrir, compte tenu de la réalité.
Est-ce que, dans ce contexte, vous continuez de prétendre, vous
continuez de dire que la publicité, finalement, ne fait que
suggérer au consommateur, qu'il soit adulte ou enfant, la
réalité dans laquelle il vit?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Je ne crois pas avoir employé
l'expression "manipuler"...
Mme Leblanc-Bantey: Oui, oui. Vous l'avez employée. Un
autre lapsus.
M. Lefebvre (Jean-Marc): J'ai employé l'expression
"manipuler". Cela ne me gêne pas alors. Et je n'ai surtout pas
refusé de répondre à cette question.
La publicité et on ne dit pas que la publicité
existe et qu'elle est faite pour éviter que l'enfant soit placé
devant un monde irréel, pas plus que la publicité est faite pour
aider l'enfant à s'accommoder à un mode de vie. Non. La
publicité est faite pour faire des propositions légitimes aux
adultes, aux enfants. Dans notre proposition, ce sont les enfants d'âge
scolaire. C'est cela, le but de la publicité. (11 h 30)
Ce qu'on prétend, pour les deux choses que vous avez
mentionnées, c'est une réaction qui dit: Malgré tout,
l'objectif principal est de vendre, de présenter, de faire des offres,
d'informer. Ce qu'on dit, c'est que cette situation est légitime et elle
ne crée pas de problème d'ordre majeur sur d'autres plans. On dit
que cette activité légitime, même si ce n'est pas le but
principal, permet quand même à l'enfant de s'insérer dans
un mode économique. On dit que ce n'est pas vrai que cela place l'enfant
dans un monde irréel. Si la publicité n'existait pas,
je ne suis pas convaincu que cela changerait beaucoup de choses
là-dedans.
Notre réaction à ce que vous avez mentionné est une
réaction en réponse à des arguments d'autres personnes.
Finalement, notre proposition est que la publicité est une proposition
légitime qui ne crée pas de malheurs, de problèmes
exagérés. Il y a quelqu'un, je crois, qui voudrait ajouter
quelque chose à cela.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, monsieur, mais
tout le monde sait que le temps est largement dépassé. Il
faudrait qu'on puisse entendre les autres organismes. Il ne faudrait pas
connaître la même situation que celle que vous avez connue la
semaine dernière. Avez-vous... Oui?
Une Voix: Si vous permettez, M. le Président...
M. Lefebvre (Jacques): J'aimerais compléter la
réponse à la question du député des
Iles-de-la-Madeleine. Quand un certain parti politique annonce actuellement que
le Québec, c'est faisable, je ne pense pas que ce soit
nécessairement de la manipulation. Cela peut être simplement une
sollicitation de bon aloi. C'est cela qu'est la publicité, finalement.
D'ailleurs, le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, actuellement, au Canada, sont les plus grands
annonceurs. Ils dépassent l'entreprise privée de plusieurs
millions. Où il est important de se situer, c'est que, pour 250 produits
qui naissent chaque année, il y en a à peine 10% qui demeurent,
les autres passent le jugement qui est le plus draconien possible, le choix du
consommateur. On aura beau faire la plus belle publicité au monde sur un
produit, si le produit ne répond pas aux exigences du consommateur ou
à ses critères de qualité et de fonctionnement, on va lui
en vendre une fois, on va rarement lui en vendre deux fois.
La publicité, c'est avant tout de l'information et c'est
peut-être de la sollicitation, mais ce n'est sûrement pas de la
manipulation, la publicité honnête, la publicité telle que
l'ensemble des publicitaires la perçoit et, encore une fois, que
l'ensemble des annonceurs la perçoit, parce que le premier à
payer, c'est toujours la personne qui manipule. On va manipuler une fois, mais
vu que la plupart des compagnies et des annonceurs sont là pour assez
longtemps, qu'ils essaient de créer la vie de la société
pour laquelle ils travaillent, ils n'ont pas l'intention de rouler le
consommateur une fois, parce que c'est un gain à très court
terme.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
Mme le député des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Votre allusion à "Québec, c'est
faisable" était très habile, mais, à ma connaissance, le
projet de loi n'abolit pas toute forme de publicité. Même si on
peut dire, dans les nuages, que la publicité, ce n'est pas manipuler,
cela peut quand même être créer un besoin; la
publicité sur cette question n'est pas destinée aux enfants de
moins de treize ans, ce que je sache, en tout cas à ma connaissance. Il
s'agit même de textes assez difficiles à lire. Il faut avoir au
moins un certain âge pour comprendre le but de la publicité
à laquelle vous faites allusion.
D'autre part, vous avez dit à Mme Payette que vous étiez
prêts à suggérer qu'on abolisse la publicité pour
les enfants d'âge préscolaire à des heures de pointe, le
samedi matin et à certaines heures de la journée qui sont
spécialement destinées aux enfants. Seriez-vous prêts
à suggérer qu'à ces mêmes heures de pointe, on
abolisse aussi la publicité jusqu'aux enfants de l'âge de treize
ans?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Aux heures de pointe.
Mme Leblanc-Bantey: Celles dont vous avez parlé tout
à l'heure, pour lesquelles vous étiez prêts à abolir
la publicité pour les enfants d'âge préscolaire? Est-ce que
vous êtes prêts à l'étendre aux enfants de treize
ans?
M. Lefebvre (Jean-Marc): Cela reviendrait à dire que toute
publicité destinée aux enfants de moins de treize ans serait
abolie. Ce n'est pas l'essentiel de notre proposition. L'essentiel de notre
proposition, c'est qu'on ne devrait pas s'adresser aux enfants d'âge
préscolaire dans des messages commerciaux, en tout temps, en tout
lieu.
Par contre, pour les enfants d'âge scolaire de sept à
treize ans, on pense qu'il est normal et légitime qu'on puisse
s'adresser à ces personnes-là.
Mme Leblanc-Bantey: Une toute petite question encore.
Le Président (M. Laplante): ... une seule question, toute
petite.
M. Lefebvre (Jean-Marc): En tout temps, en tout lieu.
Mme Leblanc-Bantey: Toute la fin de semaine, on a lu dans les
journaux, des grandes pages publicitaires que vous avez distribuées.
Dans ce sens, c'était carrément destiné aux parents. Vous
n'avez pas senti le besoin de les destiner aux enfants. Je pense que vous
êtes de bonne foi, que vous n'avez rien à cacher. Est-ce qu'on
peut vous demander qui payait cette publicité?
M. Lefebvre (Jean-Marc): L'ensemble des organismes ici...
M. Lefebvre (Jacques): L'ensemble des associations...
M. Lefebvre (Jean-Marc): ... ce n'est pas gratuit, c'est
payé et cela coûte cher.
Mme Leblanc-Bantey: Je n'ai pas parlé de gratuité,
j'ai parlé de qui payait.
M. Lefebvre (Jean-Marc): C'est nous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Drummond, une dernière question.
M. Clair: M. le Président, je serai assez rapide.
Tantôt, le député de Jacques-Cartier s'inquiétait du
rétrécissement du champ dans lequel pourraient oeuvrer les
publicistes, en vertu de l'article 233. Il considérait la mesure comme
draconienne. Il a tenté de rassurer nos invités pour autant qu'il
était concerné. Je voudrais simplement demander à nos
invités s'ils savent qu'au niveau de la deuxième lecture, le
député de Jacques-Cartier, sous la rubrique dans son discours sur
ce que le projet de loi fait de bien, mentionnait que, sur l'ensemble des
préoccupations des consommateurs, il faut dire qu'autant le projet de
loi 7 que le projet de loi 72 apporte des éléments de
réponse dont nous devons tous reconnaître les mérites, du
moins au niveau des intentions et des objectifs visés. Parmi
ceux-là, il y avait le domaine très général de la
publicité; d'autre part, d'ailleurs, dans son discours, le
député s'inquiétait et disait: Je demanderais au ministre
si son projet de loi interdit toute publicité sur un projet nocif et
dangereux, et toute publicité concernant les médicaments. On sait
que ce dernier sujet, celui des médicaments, est extrêmement
important pour la santé publique. Je ne demanderai pas à nos
invités de répondre à la question, mais ma question serait
celle-ci: Est-ce que les inquiétudes du député de
Jacques-Cartier les ont vraiment rassurés quant à la
sincérité de ses intentions?
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne suis pas ici pour
répondre aux questions, mais si ces messieurs voulaient bien
répondre, je serais bien à l'aise, quelle que soit leur opinion,
de les écouter.
M. Clair: J'ai bien indiqué que je n'insistais pas pour
que nos invités répondent.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Jacques-Cartier, une dernière question.
M. Saint-Germain: Enfin, est-ce que vous voulez répondre
à cette question?
M. Clair: Je n'insiste pas.
Le Président (M. Laplante): Je ne crois pas que, dans
le...
M. Lefebvre (Jean-Marc): Voulez-vous que chacun réponde
à son tour?
M. Lefebvre (Jacques): Non, à moins que vous n'ayez mal
cité, je ne pense pas que le paragraphe que vous venez de citer, n'ait
spécifié la publicité destinée aux enfants.
M. Clair: Non, il mentionnait le vaste secteur au complet de la
publicité. Je peux relire. Le député mentionnait
simplement: "Sous la rubrique, ce que le projet de loi fait de bien sur l'en-
semble des préoccupations des consommateurs que je viens d'invoquer, il
faut dire qu'autant le projet de loi no 7 de Mme Bacon et le projet de loi 72
de l'actuel ministre apportent des éléments de réponse
dont nous devons tous reconnaître le mérite." Il mentionnait,
parmi ces articles, le vaste chapitre de la publicité.
M. Lefebvre (Jacques): Et non destinée aux enfants
particulièrement.
M. Clair: J'imagine que la publicité destinée aux
enfants fait partie du vaste champ de la publicité.
M. Lefebvre (Jacques): Du vaste chapitre.
Le Président (M. Laplante): Hypothétique, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On voit comme c est difficile
d'interpréter les déclarations d'un autre. De toute façon,
c'est ma dernière question, puisqu'on semble s'en aller vers le fait que
la publicité sera défendue aux enfants en bas de treize ans,
croyez-vous que cette loi sera facilement applicable ou quelle apportera des
difficultés d'application en ce sens? Quand une publicité
sera-t-elle réellement destinée aux adultes ou destinée,
par exemple, dans son application, aux enfants en bas de treize ans? Ou quand
sera-t-elle destinée aux enfants de seize ans et aux enfants de onze ans
si vous voulez?
M. Lefebvre (Jean-Marc): II y a toujours moyen d'appliquer une
loi. On ne nie pas que cela puisse être applicable. Notre proposition dit
que même si la loi est appliquée telle quelle, les objectifs
recherchés finalement ne seront pas nécessairement atteints.
Notre crainte n'est pas sur le fait qu'on puisse ou ne puisse pas appliquer la
loi. Il y a toujours moyen d'appliquer une loi. S'il le faut, on engagera une
armée, je ne sais pas. Ce n'est sûrement l'intention. Ce qu'on
prétend, c'est que même si la loi est appliquée, ce sont
les effets recherchés qui ne seront pas atteints.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Mme le ministre, le
mot de la fin, s'il vous plaît!
Mme Payette: M. Lefebvre, messieurs, je voudrais vous remercier
de votre participation et vous laisser un seul message: Allez et ne
prêchez plus!
Le Président (M. Laplante): Messieurs les membres de cette
commission, on vous remercie de votre participation.
M. Lefebvre (Jean-Marc): On vous remercie de nous avoir permis de
nous exprimer ici. On espère avoir encore l'occasion de prêcher
ensemble!
Le Président (M. Laplante): Merci. J'appelle maintenant le
groupe Coopérative des consommateurs de Montréal.
Coopérative des consommateurs de
Montréal
M. Goude: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Bon! Merci monsieur. Si vous
voulez vous identifier et identifier votre organisme, ainsi que les membres qui
vous accompagnent. Je remarque que votre mémoire est assez long aussi.
Je vous demanderais d'y aller le plus rapidement possible, parce qu'on a
l'intention de vous entendre avant l'heure du lunch. Je vous demanderais de
synthétiser le plus possible les passages, s'il vous plaît.
M. Goude: M. le Président, je vous remercie.
Mme Payette, je voudrais d'abord, avant de commencer notre
mémoire, vous donner officiellement les résultats d'un
référendum que nous avons exécuté auprès de
nos membres au printemps dernier sur le projet de loi relatif aux
consommateurs, votre projet de loi.
A l'époque, la Coopérative des consommateurs de
Montréal comptait 11 000 membres et on pouvait compter, par semaine,
environ 8000 usagers. 5564 de nos membres se sont prévalus du droit de
vote, c'est-à-dire encore plus que dans nos élections
municipales, et ces 5564 membres ont voté pour votre projet de loi
à 98%.
Mme le ministre...
Le Président (M. Laplante): Monsieur...
M. Goude: ... un de nos administrateurs va vous apporter le
panier avec les résultats de ce référendum.
Le Président (M. Laplante): II aurait peut-être
fallu que vous nous avertissiez plus tôt, à ce sujet, parce qu'on
ne peut faire un tel dépôt ici, en commission parlementaire. Je
vous suggère une chose, par exemple...
M. Goude: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... si Mme le ministre peut le
prendre à l'extérieur de la commission, parce qu'on ne peut pas
accepter ici de documents.
M. Goude: Nous dirons, M. le Président, que vous ne
l'acceptez pas et nous le donnons au ministre. Cela va?
Le Président (M. Laplante): D'accord. Cela va.
M. Goude: D'accord.
M. Clair: M. le Président...
M. Goulet: Est-ce qu'on peut poser une question sur le
sondage?
Le Président (M. Laplante): Non. Je ne l'accepte pas. Ce
que nous allons faire, vous allez présenter votre mémoire,
identifier vos membres vous l'avez fait et s'il y a des questions
à poser sur votre mémoire, les membres seront libres de les
poser.
M. Goude: Les représentants de la Coop des consommateurs
sont: Mme Blanche Gélinas, qui remplace Me Robert Seney, un de nos
administrateurs qui n'a malheureusement pu arriver; à ma droite, un des
représentants de la Fédération des magasins Coop, notre
Fédération de coopératives qui se joint à nous, M.
Gaston Dubé; à ma gauche, un autre représentant de notre
Fédération des coopératives de consommateurs qui s'est
joint à notre mémoire, M. Camille Gagné, administrateur
à la fédération.
Donc, je vais essayer de résumer. Ce mémoire est
présenté et appuyé par les 25 000 consommateurs de la Coop
des consommateurs de Montréal, ainsi que par les 290 000 consommateurs
membres des Coopératives de consommation de la province de
Québec, qui se sont joints à nous pour vous présenter ce
mémoire.
Notre appui est un appui inconditionnel à l'esprit de ce projet
qui, pour reprendre les mots de l'honorable ministre Payette, rétablira
enfin l'équilibre entre les petits et les gros de notre
société.
Nous croyons fermement qu'un tel objectif pourra être atteint,
mais il est évident qu'un énorme travail d'éducation et de
sensibilisation des consommateurs face à leur nouvelle situation devra
être entrepris par tous les moyens possibles.
Nous comptons intensifier grandement, quant à nous, nos efforts
en ce sens, puisque seul un consommateur bien informé peut assumer
pleinement sa responsabilité première, celle de se
protéger lui-même. (11 h 45)
Notre appui inconditionnel à l'esprit du projet de loi no 72 nous
oblige cependant à formuler ici une série de remarques sur la
lettre de ce projet. Nos remarques ne visent qu'un seul but, celui de rendre la
lettre du projet le plus conforme possible à son esprit. Sans entrer
dans des subtilités juridiques, nous proposons des changements qui
donneraient au consommateur une protection plus efficace.
Au niveau de l'article 6, nous comprenons qu'un projet de loi sur
l'immeuble est en préparation mais, à moins qu'il ne couvre de
façon très spécifique non seulement la vente et la
construction d'un immeuble, mais aussi sa réparation, son entretien, son
amélioration, son augmentation aussi bien que les biens qui s'y
incorporent, les exclusions b) et d) du présent article ne sont, pour
nous, pas très acceptables. Les enjeux de ces opérations sont
trop importants et les abus dans des domaines comme la rénovation
et l'isolation sont bien connus pour laisser la porte encore grande
ouverte à de telles pratiques.
Au niveau de l'article 8, en éliminant la dernière
proposition qui se lit il y a une erreur de frappe dans le
mémoire, "ou" à la place de "du" "ou que l'obligation du
consommateur est excessive ", nous pensons que cet article y gagne-
rait en clarté puisqu'il est possible que l'obligation du
consommateur soit excessive sans pour autant qu'il y ait exploitation. Nous
pensons qu'en éliminant cette partie de phrase, cela rendrait cet
article plus clair.
A l'article 36, qu'un bien puisse servir à l'usage auquel il est
normalement destiné est une chose, mais qu'il remplisse une fonction
spécifique expressément requise pour le consommateur en est une
autre. En ajoutant, à la fin de l'article 36: "Et il doit remplir les
fonctions pour lesquelles il a été expressément requis par
le consommateur", les commerçants auraient avantage à
vérifier s'ils peuvent effectivement répondre aux besoins du
consommateur avant de conclure tout contrat. Cela éviterait qu'on vous
vende des voitures en vous promettant que vous pourrez y faire monter les plus
belles blondes et quand vous sortez avec votre voiture, cela ne fonctionne pas.
On pense que cela serait important.
A l'article 46, dans le cas où un commerçant aurait
enfreint cet article, sa condamnation par l'office n'entraînerait pas une
réparation des torts causés au consommateur. Par contre, si le
commerçant a été légalement tenu de faire respecter
la garantie à ses propres frais, nous pensons que le consommateur
bénéficierait d'une protection plus adéquate.
A l'article 69 de l'avant-projet de loi, l'énumération des
avantages que pouvait tirer un commerçant en considération de la
cession d'une créance, résultat d'un contrat assorti de
crédit, était plus exhaustive que dans le présent article.
Nous aimerions voir ajouter à "ristourne et commission" les notions de
"boni et de tout avantage quelconque". Ainsi, le consommateur pourrait
connaître exactement toutes les composantes qui affectent les frais de
crédit.
A l'article 176, nous comprenons mal pourquoi les congélateurs et
les lave-vaisselle n'ont pas été inclus dans les appareils
électriques visés dans la section V de ce projet de loi. Pourquoi
un consommateur qui aurait la malchance d'avoir à faire réparer
ces deux appareils ne serait-il pas aussi bien protégé que les
autres consommateurs?
A l'article 182, l'exclusion des professionnels membres d'une
corporation professionnelle régie par le Code des professions pose en
soi un problème pour nous. Rien n'empêche un tel professionnel
d'exploiter un commerce tel que décrit dans l'article 183. Les
corporations ont, bien sûr, leurs propres mesures de contrôle, mais
dans le contexte de louage de service à prestations successives, elles
ne disposent pas de pouvoirs comparables au projet de loi 72. Pour une
protection efficace du consommateur, le paragraphe i) de l'article 182 devrait
être supprimé et nous ne voyons pas pourquoi une corporation
professionnelle, quelle qu'elle soit, s'opposerait à cette mesure. Elle
aurait d'ailleurs tout avantage à l'appuyer sans réserve
puisqu'elle est là pour protéger le consommateur entre
autres.
A l'article 208, l'obligation pour un commerçant d'indiquer le
prix de vente sur chaque article pose un problème de taille pour la
majorité des coopératives de consommation. En effet, si cette
mesure est adoptée et si le gouvernement ne se prévaut pas de son
droit de réglementer en vertu des paragraphes k) et z) de l'article 333
afin d'exempter les coopératives de consommation de ces pratiques, nous
serons forcés d'abandonner deux pratiques qui avaient justement
été mises au point pour favoriser le consommateur dans nos
coopératives. De plus, ces pratiques sont appliquées depuis
longtemps en milieu coopératif et jamais elles n'ont suscité
d'opposition ou de contrainte. Je vous cite ces pratiques, pour résumer:
D'après toutes les enquêtes faites par les scientifiques du
marketing, c'est-à-dire de ceux qui se spécialisent dans la
façon de vendre le plus possible pour les commerçants, il
s'était révélé que, dans l'attitude d'un
consommateur à l'intérieur d'un supermarché, contrairement
à ce qu'on pensait, c'est-à-dire que comme il faisait une
activité importante dans ses activités hebdomadaires, faire ses
achats, on pensait qu'il était pleinement réveillé.
Or, vous savez que l'attention d'un consommateur peut se mesurer au
moyen de ce qu'on appelle une "fish eye camera" c'est-à-dire que c'est
une caméra qui mesure le nombre de ces clignements d'yeux qui sont
exactement proportionnels au niveau de son attention. Or, on s'est rendu compte
que le consommateur, dans un supermarché, avait un nombre de clignements
d'yeux d'environ 30, qui était comparable à une détente
totale, proche de la somnolence.
Si vous voulez une comparaison, par exemple, le député de
Saint-Jacques, en ce moment, doit sûrement avoir au moins 70 clignements
d'yeux à la minute, ce qui est l'équivalent d'une superattention.
On pensait que le fait d'obliger le consommateur, comme dans notre
coopérative, à marquer les prix lui-même sur ses
boîtes et sur ses produits, obligeait ce consommateur à se
réveiller, parce qu'il était obligé de faire des gestes et
des actes et donc à être doublement conscient et du prix qui
était marqué sur la tablette du magasin et du prix qu'on
l'obligeait à retranscrire sur le produit qu'il acquérait.
Si cela peut vous donner de bonnes idées, dans nos
coopératives, nous avons, à la fin du marché, des
espèces de grands paniers au-dessus desquels est marqué: Si vous
avez à regretter un achat, déposez-le ici avant de passer
à la caisse. Nous sommes obligés de vider ces paniers au moins
toutes les trois heures dans n'importe quelle de nos succursales. Donc, cela
veut dire que vraiment c'était une technique qui permettait au
consommateur de se reprendre et d'avoir des achats plus avertis.
L'obligation de votre projet de loi pour le commerçant de marquer
tous les prix sur les produits nous obligerait à abandonner cette
technique d'éveil du consommateur et ce serait un petit peu regrettable.
Mais, Mme le ministre, nous nous y plierons avec bonheur, si vous nous y
obligez.
Enfin, à l'article et ce n'est pas marqué, c'est
une page qui a été sautée 217 sur les primes, nous
aurions préféré y voir les articles qui
étaient contenus dans l'avant-projet de loi
peut-être que cela vient de la fameuse théorie que le premier jet
est toujours le bon, donc, qu'il faut l'écarter nous aurions
préféré, M. le Président, que vous gardiez la
réglementation que vous aviez prévue dans votre avant-projet de
loi sur les primes parce que, pour nous, les primes constituent un argument
publicitaire dans un marché où les produits se valent les uns les
autres. Elles se présentent sous toutes sortes de formes, les rabais sur
un futur achat, le remboursement d'un certain montant d'argent sur demande, la
serviette de bain dans le savon à vaisselle, chez les détaillants
d'essence, etc., des verres.
L'expérience a montré que ces biens obtenus comme primes
étaient payés plus cher par le consommateur, d'une part, et que,
d'autre part, seuls les rabais sur achat futur profitaient aux consommateurs,
mais seulement à ceux qui s'en prévalaient.
Les articles 173 et 175 de votre avant-projet interdisent toute prime
autre qu'un rabais sur un futur achat, une plus grande quantité de biens
ou de services offerts ou un service, bien que ces articles ne limitent pas la
quantité de primes qui peuvent être offertes, ils diminueront les
abus les plus criants.
Dans le nouveau projet, évidemment, ce n'est pas cela, cela va,
à notre avis, bien moins loin et c'est pour nous moins satisfaisant et
je pense que cela protégera moins le consommateur.
Au niveau de l'article 238, selon cet article, si un manufacturier, un
commerçant ou un publicitaire se livrait à certaines des
pratiques commerciales interdites, il y a présomption que si le
consommateur avait eu connaissance de cette pratique, il n'aurait pas
contracté, ce qui lui donne le droit de demander la nullité du
contrat ou la réduction de ses obligations. A notre avis, plusieurs
autres pratiques commerciales interdites pourraient justifier cette
présomption.
Il n'est pas question ici de vouloir alourdir ce projet de loi
déjà rédigé dans des termes si simples et si
clairs, mais plutôt de réduire le nombre des pratiques excluses
dans l'article 238 afin de donner un pouvoir de dissuasion plus grand. Pour
chaque article et chaque paragraphe que nous souhaiterions voir
apparaître à l'article 238, il est facile d'imaginer des cas. En
réalité, ces cas seraient rares, mais, en matière de
pratiques commerciales, l'expérience prouve qu'il vaut mieux
prévenir que guérir.
Donc, les articles et paragraphes suivants devraient être inclus
à l'article 238, soit les articles 204, 205c, 206f et g), 207a, b), c)
et g), 210, 211, 212 et 214.
Enfin, au niveau de l'article 239, la création de l'office, nous
pensons que les pouvoirs que l'avant-projet de loi conféraient à
l'Office de la protection du consommateur nous avions beaucoup
aimé l'avant-projet de loi, Mme le ministre notamment le pouvoir
de réglementer, ne se retrouvent plus dans le projet de loi 72. Ce
pouvoir est maintenant aux mains du gouvernement, article 333; nous croyons
qu'il serait dans l'intérêt des consommateurs que les pouvoirs de
réglementation soient confiés à l'Office de la protection
du consommateur, parce qu'en matière de protection du consommateur,
là où il faut trancher entre l'intérêt des uns et
des autres, la position la plus objective doit être recherchée et
un organisme relativement indépendant du pouvoir politique serait,
à notre avis, mieux placé pour jouer efficacement son
rôle.
En fin de compte, si les dispositions contenues dans l'avant-projet de
loi sont maintenus, le gouvernement aura toujours le dernier mot en
matière de réglementation, mais les consommateurs auront
sûrement eu vent des premiers mots. C'est là toute la
différence.
Notons enfin qu'il serait préférable que les articles 278
et 281 donnent plus de précisions sur la composition minimale et le
quorum du conseil d'administration de l'office, ainsi que sur les
détails donnés au gouvernement pour remplacer les membres qui ne
peuvent compléter leur mandat.
En conclusion, la Coopérative des consommateurs de
Montréal et la Fédération des magasins Coop donnent leur
appui total au projet de loi 72; les remarques, commentaires et avis que nous
exprimons aujourd'hui visent à améliorer encore la portée
de ce projet de loi. Nous parlons au nom de nos membres qui, parce qu'ils ont
été sensibilisés à l'avant-projet de loi, attendent
avec impatience que leur situation cahotique change enfin et leur permette
d'assumer librement leurs responsabilités de consommateurs.
Quelle que soit l'attitude que le gouvernement adoptera vis-à-vis
de nos positions et ce, malgré l'enjeu important que représentent
pour nous certains articles de ce projet, nous tenons à assurer le
gouvernement de notre entière collaboration pour faciliter l'application
de cette future loi. Notre programme d'information à la consommation
s'étend maintenant à la majorité des consommateurs
coopérateurs québécois.
Merci, M. le Président; merci, madame.
Le Président (M. Laplante): Merci. Mme le ministre.
Mme Payette: Nous avons entendu hier à cette commission,
si mes souvenirs sont justes, un groupe qui a pour nom le conseil des
commerçants du Québec, peut-être que je fais erreur, mais
ça groupe l'ensemble des commerçants dans le domaine de
l'alimentation. On nous a fait valoir qu'une expérience pilote de
Steinberg qui se mène à Dorval, semble-t-il, et qui a cours
depuis plusieurs mois, je pense même qu'on peut commencer à dire
quelques années, ne permettait pas de savoir, encore maintenant, si
l'objectif qui avait été visé par l'introduction de la
lecture optique dans ce magasin, comme pilote, donnait le résultat
escompté, c'est-à-dire une baisse de prix pour le
consommateur.
C'est évidemment un Steinberg dans lequel les articles ne sont
pas étiquetés un par un, mais on trouve le prix sur les
tablettes. Vous avez
également instauré, je crois, cette méthode de
lecture optique... Pas encore?
M. Goude: Non, Mme le ministre, nous n'avons pas encore
instauré cette méthode de lecture optique. Nous fonctionnons
depuis 1969 avec des prix marqués sur les tablettes et nous demandons
à nos membres, ce que nous ne demandons qu'à nos membres qui sont
des consommateurs associés, de marquer le prix eux-mêmes, de
transcrire le prix marqué sur la tablette sur leurs produits.
Mme Payette: Est-ce que ça veut dire que chaque
consommateur doit se munir...
M. Goude: D'un crayon.
Mme Payette:... d'un crayon au moment où il entreprend de
faire ses achats.
M. Goude: Absolument, Mme le ministre, et cela a permis aux
consommateurs de se rendre compte du prix qu'ils payaient. Il est
évident que, dans le cadre de votre intervention concernant la fonction
du lecteur optique, cela facilite ce que vous disiez, à savoir, je
pense, un endormissement du consommateur, étant donné que
celui-ci n'a plus aucun effort à fournir. Il prend le produit qui est
sur la tablette, le prix est marqué dessus, il le met automatiquement
dans son panier et il arrive à la caisse, le lecteur optique fait le
travail.
Donc, il a de moins en moins, par cette technique, d'après nos
études à nous, connaissance du prix qu'il paie. Dans ce
sens-là, nous sommes d'accord avec votre projet de loi, mais ce que nous
demandons, ce n'est pas cela, ce n'est pas d'abandonner ce terme du projet de
loi, c'est de permettre, par réglementation, d'y ajouter ou de permettre
que le consommateur marque son prix lui-même sur le produit. (12
heures)
En fait, cela ne diminue pas le prix du produit, cela nous permettrait
dans un magasin qui fait environ $250 000 par semaine... cela nous
coûterait, pour faire marquer les prix sur les produits, aux environs de
40 heures/homme à $4.70 minimum, quand il débute. Vous voyez ce
que cela donne comme économie pour le consommateur.
Mme Payette: Avez-vous l'impression que le fait que le
consommateur soit obligé de faire cette démarche,
c'est-à-dire de se munir d'un crayon, de faire la vérification du
prix, de l'inscrire sur le produit, sert le consommateur, en termes
d'éducation?
M. Goude: Bien sûr, Mme le ministre. Il sert le
consommateur en termes d'éducation. Cela lui apprend, par exemple,
à être plus sensible au niveau des prix. Cela lui apprend à
voir qu'un jus, par exemple, n'a pas le même prix qu'un substitut de jus.
Et pourtant, se rendre compte également, dans le même souffle, que
la différence de prix entre les deux, par rapport à la
qualité, ne vaut quelquefois presque plus la peine. C'est important.
C'est un geste, Mme le ministre, où le consommateur ne prend plus
l'objet, mais marque dessus $0.99. On a même vu des consommateurs revenir
chez nous et nous dire: Quand allez-vous arrêter de marquer $0.99? Ne
pourriez-vous pas marquer $1 ? Je pense que ce sont des réactions qui
prouvent que cette technique par laquelle on oblige le consommateur à
marquer, à transcrire lui-même ses prix, est bonne pour le
consommateur.
Mme Payette: Est-ce que vous êtes en mesure de faire
l'évaluation, en pourcentage, des produits qui sont abandonnés
avant de passer à la caisse?
M. Goude: Cela me serait difficile de vous le dire. Je peux vous
donner le volume, si vous voulez. A peu près toutes les deux heures et
demie, nous retirons environ trois paniers comme celui-ci de produits qui ont
été abandonnés à l'avant des caisses dans les
réceptacles à cet effet.
Mme Payette: Est-ce que je peux aussi vous demander quels sont
ces produits? Est-ce qu'il y a des produits qui reviennent plus souvent que
d'autres?
M. Goude: Chez nous, c'est assez spécifique. Notre mise en
marché, en tant que coopérative, vise à décourager
le consommateur à acheter certains types de produits,
c'est-à-dire par exemple, qu'à la fin des allées
d'épicerie, nous avons les chips, les frites, les bonbons, les eaux
gazeuses. Et nous remarquons beaucoup de gâteaux secs et de bonbons dans
ces choses-là, ainsi que certains petits formats.
Je ne pourrais pas aller plus loin dans le détail. Ce serait
m'avancer sans chiffres.
Mme Payette: Est-ce que vous avez constaté que le
consommateur a tendance à tricher sur les prix qu'il inscrit sur son
produit?
M. Goude: Chez nous, nos chiffres ce que, dans tout
magasin, on appelle vol, les tricheries pourraient être assimilées
à ce type de vol ne dépassent pas la moyenne des autres
magasins du Québec.
Mme Payette: Est-ce qu'une caissière qui a fait l'addition
du contenu d'un panier d'épicerie est tenue par le prix indiqué
par le consommateur sur son produit?
M. Goude: Automatiquement, sauf si elle a une assurance que le
prix est faux. A ce moment-là, elle peut demander aux membres de revoir,
sur la tablette, si c'était bien le prix marqué.
Mme Payette: Je vous remercie, M. Goude.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Relativement à cette obligation
d'étiqueter, vous ne demandez pas d'être exempté de la loi,
tout simplement, si j'ai bien
compris. Vous demandez que tous les commerçants soient
exemptés de cette obligation d'étiqueter leurs prix, du moins,
dans l'alimentation.
M. Goude: Nous demandons, M. le député de
Jacques-Cartier, que tout commerçant qui emploierait la technique
suivante, à savoir d'obliger ses consommateurs qui viennent chez lui,
à marquer le prix de ses produits sur les produits eux-mêmes,
à l'aide d'un crayon ou de toute autre manière, puisse être
exempté de la proposition de la loi 72 concernant ce sujet.
M. Saint-Germain: Et tout commerçant, comme Steinberg par
exemple, qui n'oblige pas ses clients à marquer le prix ne devrait pas
être exempté d'étiquetage?
M. Goude: C'est exact, M. le député. C'est bien
cela. Ce qui compte entre les deux techniques, c'est bien différent.
C'est que si vous obligez le consommateur à inscrire son prix
lui-même, nous avons remarqué que cela le sensibilisait au prix et
que cela le rendait donc plus conscient du coût des biens, alors que nous
savons que si l'étiquette est déjà sur le produit ou qu'on
emploie la technique du lecteur optique, à ce moment-là, le
consommateur, au fur et à mesure qu'il marche dans les allées des
magasins, s'endort de plus en plus et est de moins en moins conscient et, donc,
peut être manipulé avec la plus grande facilité.
M. Saint-Germain: Je comprends bien, mais il peut y avoir
d'autres moyens d'éveiller le consommateur.
M. Goude: En avez-vous?
M. Saint-Germain: Je n'en ai pas, je suis un profane dans le
métier, mais ce qui me surprend, c'est que vous me semblez avoir
trouvé un moyen efficace d'éduquer le consommateur, de lui
remémorer le prix, d'attacher une importance au prix. Peut-être
que, plus tard, vous allez ainsi avoir un moyen de sensibiliser le consommateur
sur la qualité du produit, etc., mais les moyens ne sont jamais
exclusifs. Si vous en avez trouvé un, d'autres peuvent en trouver
d'autres peut-être aussi efficaces ou même plus efficaces.
Peut-être aurez-vous d'autres moyens dans l'avenir aussi encore plus
efficaces que celui que vous avez trouvé. Pourquoi, si vous avez une
politique, voulez-vous la garder exclusive ou obliger les autres à
accepter votre façon de procéder? Enfin, c'est ce que vous
dites.
M. Goude: Eh bien!
M. Saint-Germain: Vous voulez une exclusion, à la
condition qu'on fasse comme vous.
M. Goude: Nous désirerions une exclusion, à
condition que toute méthode similaire visant à aider le
consommateur à se sensibiliser aux prix puisse être
étudiée par l'Office de protection du consommateur et faire
également l'objet d'exceptions.
M. Saint-Germain: C'est assez difficile pour un
législateur d'exempter une personne et d'en obliger une autre.
M. Goude: Nous en avons bien conscience, M. le
député, c'est pour cela que nous avons dit, à la fin de
notre mémoire, que nous nous rangerions à vos avis
respectables.
M. Saint-Germain: Vous avez établi des prix, un coût
pour cet étiquetage.
M. Goude: Je n'ai pas entendu, excusez-moi.
M. Saint-Germain: J'ai dit que vous avez étudié la
situation de façon à être capable d'établir un prix.
Vous avez dit que cela prendrait un employé de plus...
M. Goude: Par magasin.
M. Saint-Germain: ... par magasin.
M. Goude: C'est-à-dire aux environs de $200 sur un volume
d'affaires de $250 000 par semaine ce qui, au niveau des coûts,
étant donné que nos coûts de salaires représentent
6% de nos coûts d'exploitation, c'est à peu près, au niveau
des prix 0,000%, c'est minime, quoi.
M. Saint-Germain: Vous avez parlé des appareils
ménagers, qu'on devrait étendre le nombre d'appareils
ménagers soumis à cette réglementation.
M. Goude: Oui.
M. Saint-Germain: Avez-vous fait la même étude
relativement aux coûts qui seraient imposés aux distributeurs par
cette réglementation?
M. Goude: Nous n'avons pas fait d'étude pour
évaluer le coût de cette extension de garantie, mais nous ne
voyons pas pourquoi, puisque nous trouvons logique de l'accorder à
certains types d'appareils, nous ne l'accorderions pas à d'autres types
d'appareils qui se rapprochent étrangement à cela. Nous ne
trouverions pas cela cohérent.
M. Saint-Germain: Ce que je voulais dire tout simplement, c'est
que personne, croyez-moi, ne peut être contre la protection du
consommateur, nous sommes tous consommateurs d'ailleurs, mais s'il arrivait que
l'imposition de certains règlements fasse que le coût de cette
assurance du consommateur devienne prohibitif, il faudrait se poser des
questions.
M. Goude: Je suis d'accord avec vous, M. le député.
C'est pour cela que je vous citerai un exemple qui m'a frappé il y a
quelques jours. Je cherche en ce moment à me procurer une voiture
et je rentre dans les halls de présentation de la maison Datsun
qui n'a pas augmenté les coûts de ses produits par rapport
à l'année dernière, sauf une inflation d'environ 6% ou 7%,
et qui offre au consommateur une garantie de six ans sur toute trace de
rouille.
Je pense que, quand on s'en va vers une amélioration de la
qualité des produits, on s'en va, au contraire, vers une économie
pour l'ensemble des consommateurs et des producteurs.
M. Saint-Germain: On ne peut renier ce jugement que vous faites,
mais je veux être plus spécifique que cela. A mon avis, on aura de
la difficulté dans l'application de cette loi, dans les faits de tous
les jours, à appliquer les méthodes, parce que les coûts
seront trop élevés. J'ai bien l'impression que la loi ne sera pas
mise en vigueur, en fait, je crois. Elle restera une loi, mais, en pratique,
elle aura peu d'effets, parce qu'elle ne sera pas mise en pratique ni par le
consommateur, ni par le technicien qui va réparer ces appareils
ménagers. Je ne suis pas contre le principe de protéger le
consommateur qui achète ou qui fait réparer ses appareils
ménagers, loin de là, mais je voudrais trouver une méthode
qui serait plus efficace et moins coûteuse surtout que celle que nous
avons dans cette loi. Je crois que si vous voulez trouver cette méthode,
il faut nécessairement analyser le coût des méthodes que
vous allez mettre en application, parce que, à partir d'un bon principe,
vous pouvez même agir ou légiférer contre
l'intérêt même du consommateur. Il ne s'agit pas qu'une loi
existe. Je trouve curieux vous y avez bien droit, on vit dans une
démocratie que vous vouliez avoir plus d'appareils qui
tomberaient sous cette loi. Vous le dites sans même avoir analysé
le coût d'application de la loi. Il semble que votre raisonnement n'est
plus basé sur une question de principe, cela protège le
consommateur et on l'accepte, et ceci, sans difficulté, parce qu'on sait
qu'on a eu des difficultés avec un commerçant ou un technicien
qui a réparé nos appareils ménagers. Si on trouve que la
loi telle quelle est difficilement applicable ou trop coûteuse, n'allons
pas dire qu'on devrait allonger la liste de ces appareils qui vont tomber sous
la protection de cette loi.
M. Goude: Si je suis votre raisonnement, M. le
député de Jacques-Cartier, cela voudrait dire qu'à partir
du moment où on trouve quelque chose de bon pour quelque chose, on
pourrait ne pas le trouver bon pour toute chose.
M. Saint-Germain: Cela veut dire, que si j'aimais m'acheter une
meilleure voiture que celle que j'ai dans le moment, mais je n'ai pas les
moyens de me la payer, j'en achète une plus commune qui va durer moins
longtemps, qui va me donner moins de rendement, mais qui satisfait à mes
besoins. Je peux bien me payer une assurance, si vous voulez, contre toute
négligence d'un technicien qui va réparer tout ce que j'ai
à faire réparer, mais je vais demander nécessaire- ment
quelle est la prime que je devrais payer pour me protéger contre tel
risque, et j'analyserai si la prime est en relation avec les risques que je
veux essayer de couvrir. Si je trouve que la prime est trop dispendieuse, je
prendrai le risque directement, sans une compagnie d'assurances.
M. Goude: Je pense que ces nouvelles obligations qui vont
incomber aux manufacturiers vont améliorer très nettement la
qualité des biens, et, en améliorant la qualité des biens,
vont permettre d'avoir sur le marché des biens plus durables et donc
diminuer le coût aux consommateurs. J'en suis infiniment persuadé.
Cela me semble évident et de bon sens. Voyez-vous, et vous avez
sûrement dû en faire l'expérience dans beaucoup de magasins,
si, par exemple, vous êtes un bricoleur, M. le député, vous
avez le choix, par exemple, en allant chez Pascal ou Canadian Tire, de vous
acheter un marteau et une faucille pour votre jardin, qui sont dans des
étalages à $0.99. Vous allez vous rendre compte que votre
faucille, le dimanche en fin de soirée, quand vous l'aurez
utilisée, n'est plus bonne à rien et que votre marteau, si vous
ne l'avez pas déjà cassé sur une pointe résistante,
a du jeu dans le manche. Nous avons calculé que ce type d'outils
coûtait à peu près au consommateur deux fois plus cher
parce qu'il n'était pas de bonne qualité.
La qualité et l'assurance pour le fabricant qu'il fabrique un
objet de bonne qualité ne coûtent pas plus cher. Je vous donnerais
un autre exemple. La maison Marks & Spencer...
M. Saint-Germain: Oui, mais là, je vous arrête. Cela
ne répond pas tout de même à ma question. Dans ce que vous
dites, je ne peux pas dire autre chose, vous avez raison, hormis le fait que
j'aurais besoin d'un marteau et d'une faucille pour une fois ou deux heures...
(12 h 15)
M. Goude: Oui. Bon!
M. Saint-Germain: ... à $0.99, je vais dire que c'est une
aubaine.
M. Goude: Oui.
M. Saint-Germain: Mais si la meilleure coûte $10, je vais
dire: Pour deux heures, je n'achète pas celle de $10.
M. Goude: Pour deux heures, M. le député, il aurait
été sage de l'emprunter.
M. Saint-Germain: Pour deux mois, j'aurais acheté la moins
coûteuse; ça satisfait mes besoins. Ce n'est pas sur ce
plan-là. Je parle sur le plan des coûts d'une réparation
d'appareils ménagers. C'est là-dessus que je parle.
Si vous n'avez pas fait l'étude des coûts, comment
pourriez-vous soutenir logiquement qu'on devrait continuer la liste des
appareils ménagers soumise à la loi, si le coût de la
protection pour le consommateur va être trop élevé pour
la protection qu'il peut obtenir? C'est ma question.
M. Goude: Ecoutez! Comme vous, M. le député de
Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: II faut en venir aux faits dans la vie, vous
savez.
M. Goude: D'accord, je vais essayer de vous répondre par
un exemple, parce qu'il n'y a pas d'études je ne pense pas que
vous en ayez fait non plus dans le cas contraire là-dessus. Ce
sont donc des suppositions de votre part autant que de la mienne.
M. Saint-Germain: Non, je ne suppose rien. Moi, je suis un
profane. Je suis député. Alors, j'écoute...
M. Goude: Moi, je suis consommateur.
M. Saint-Germain:... et je suis un consommateur, mais il arrive
que c'est moi qui ai l'obligation de légiférer et de dire, sur un
article de loi, oui ou non. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, vous
êtes ici, pour m'éclairer, et je vous dis...
M. Goude: Alors, puis-je vous éclairer par un exemple
concret?
M. Saint-Germain: II devra être concret.
M. Goude: Alors, je vais vous éclairer par un exemple
concret.
La maison Marks & Spencer, que vous devez connaître, qui vend
des chaussettes, des chemises, etc..
M. Saint-Germain: Non, les appareils ménagers. Je parle
sur un point bien spécifique.
M. Goude: ... et qui vend également des appareils
ménagers...
M. Saint-Germain: Bon! Alors, allons! J'écoute.
M. Goude: ... offre à ses consommateurs, quels qu'ils
soient, une garantie totale sur ces biens-là, qui dépasse
d'environ 40% ou 50% les garanties sur le marché. Si vous allez chez
Marks & Spencer, non seulement ces gens ne vont pas vous vendre n'importe
quoi, mais ils vont vous vendre des biens qu'ils garantissent pendant cinq,
six, sept ans, pièces et main-d'oeuvre. Or, les biens que vous trouvez
chez Marks & Spencer non seulement ne sont pas plus élevés
que ceux que vous pouvez trouver sous d'autres marques dans le marché
conventionnel, mais ils sont même moins chers, et ça, n'importe
qui peut en faire l'expérience. C'est à la firme Marks &
Spencer que... En tant qu'association de consommateurs, d'ailleurs, nous avons
une certaine admiration pour cette firme.
C'est le seul exemple que je peux vous fournir. Sans ça, la seule
chose qui peut me guider, c'est le bon sens.
M. Saint-Germain: Ecoutez! Il n'y a pas de mal, c'est la
concurrence. Vous dites que Marks & Spencer sont des fabricants
responsables. Tant mieux pour tout le monde!
M. Goude: Qui donnent ce genre de garantie.
M. Saint-Germain: Tout le monde n'ira pas dans un marché
compétitif; il y a, malgré vos considérations, des gens
qui vont vouloir acheter ailleurs. Ce n'est pas à cela que je voulais en
venir. Si j'ai un appareil ménager défectueux, je fais venir un
technicien pour le réparer. Ce technicien part de chez lui vous
savez ce que cela coûte, vous êtes employeur avec un camion,
vient chez moi et, lorsqu'il arrive chez moi, je lui dis: M. le technicien,
faites-moi une estimation des réparations de ma machine. Si je demande
une estimation, c'est parce que je veux avoir un prix bas. Il est donc logique
que j'en fasse venir un autre pour lui demander: Monsieur, faites-moi une
estimation du coût des réparations de ma machine. Quelqu'un va
avoir à payer le coût de cette estimation. Un appareil
ménager, ce n'est pas une voiture, ce ne sont pas des coûts de
$400 ou $500, mais il faut faire une estimation. Qui va payer cette estimation
et combien va-t-elle coûter? Je crois que c'est une question très
importante.
M. Goude: Qui va payer cette estimation? Nous le savons, vous
comme moi, c'est le consommateur.
M. Saint-Germain: Bon! Nous y voilà.
M. Goude: Cela a toujours été le consommateur, on
est d'accord là-dessus.
M. Saint-Germain: Pour une fois, on s'entend.
M. Goude: Est-ce que vous pouvez me dire que cela va lui
coûter plus cher? Non?
M. Saint-Germain: Je vous le demande.
M. Goude: Je vous dis que non. D'après l'expérience
de tous ceux qui fournissent sur le marché des garanties et des biens de
bonne qualité, cela leur coûte moins cher. C'est le bon sens qui
vous le dit.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Etant donné que
vous vouliez parler pour ou contre le projet de loi vous êtes ici
pour cela vous nous avez dit, au début, que plus de 98% des gens
qui ont été consultés dans votre organisme connaissent et
appuient l'avant-projet de loi. L'avant-projet de loi est une chose, le projet
de loi en est une autre. Je
voudrais savoir... d'autres groupes représentant des
consommateurs, l'un entre autres qui s'appelle ACEF, les Associations
coopératives d'économie familiale, nous disent qu'ils sont
déçus du projet de loi. Je fais allusion à un article du
Montréal-Matin du 21 novembre: "Le projet de loi 72 déçoit
énormément les ACEF. Un autre article du Devoir cela doit
être bon, même si le directeur a été remplacé
cite les représentants des ACEF: "Nous sommes déçus
du peu de changements réels apportés tant à l'esprit
qu'à la lettre de la loi, ont déclaré, hier, au cours
d'une conférence de presse, les porte-parole des ACEF. " Ce que je veux
savoir, c'est si les consommateurs que vous représentez sont les
mêmes que ces associations ou s'il y a une différence entre ces
consommateurs. Parce qu'en deux jours, deux représentants de groupes de
consommateurs venant de la métropole nous disent deux choses contraires.
Est-ce qu'il y a une différence entre vos consommateurs et ceux des
ACEF?
M. Goude: Je pense que la différence essentielle entre les
deux attitudes de ces deux mouvements consiste en ce que nous avons comme point
d'éthique, pour représenter nos membres, nous les consultons.
Premièrement, nous avons des membres, deuxièmement, avant de nous
présenter devant vous, nous leur avons dit: Voilà ce dont il
s'agit. Nous avons fait un résumé de l'avant-projet de loi
à l'époque. Nous avons fait des sessions d'information. Nous
avons eu environ une trentaine de personnes qui, pendant une période de
cinq semaines, ont travaillé dans nos succursales et ont demandé
aux consommateurs ce qu'ils pensaient de l'avant-projet de loi 72. Et la
réponse de l'ensemble de nos membres vous l'avez vu, cela s'est
traduit, même si nous ne pouvons pas le déposer ici, par un
référendum a été qu'ils étaient
extrêmement satisfaits, selon ce référendum. Alors, nous,
en tant qu'association, même si nous employons des spécialistes,
des juristes, à certains niveaux, nous nous sommes sentis obligés
évidemment de retranscrire, dans notre mémoire, la satisfaction
de nos membres. Comprenez-vous? Alors que, peut-être qu'au niveau des
ACEF, il n'y a pas eu le même processus de consultation des membres des
ACEF, mais cela, il faudrait leur demander, M. le député.
M. Goulet: Nous sommes ici pour discuter, non pas de l'avant
projet de loi, mais du projet de loi. Les ACEF nous ont dit également
que leurs consommateurs étaient satisfaits de lavant-projet de loi, mais
déçus du projet de loi actuel.
Mme Payette: Ils n'ont pas dit cela.
M. Clair: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement, M. le député de Drummond.
M. Clair: II me semble non pas que l'affirmation du
député est complètement fausse, mais qu'elle est
très largement inexacte et il me semble que cela risque d'induire en
erreur les membres de cette commission. Je ne pense pas qu'il ait
été question de cela lorsque les ACEF nous ont
visités.
M. Goulet: M. le Président, je vous invite à
relire, sur la question de règlement...
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement. Je vais me dire éclairé tout de suite
là-dessus. Sur l'aparté du député de Bellechasse,
si les propos de l'ACEF sont déjà reproduits au journal des
Débats, on pourra y faire référence. Ce n'est pas à
moi à juger...
M. Goulet: M. le Président, j'invoque le règlement,
en vertu de l'article 96. Suite aux propos du député de Drummond,
ce n'est pas moi qui ai écrit ces articles. J'ai mentionné
exactement les mêmes articles aux ACEF et je crois que c est tout
à fait pertinent au projet de loi. Nous sommes ici pour savoir si les
gens sont satisfaits ou non du projet de loi. Je ne vois pas où ma
question...
M. Goude: M. le député, non seulement nous avons
fait ce référendum dont nous avons parlé tout à
l'heure, mais lors de la réunion des coopératives de consommation
du Québec qui s'est passée il y a quinze jours je vais
passer la parole à M. Dubé il a été question
de ce projet de loi. Cela va vous expliquer notre position.
M. Goulet: Ce que je veux savoir...
M. Clair: M. le Président, sur la question de
règlement. Le député fait allusion à des propos
qu'auraient tenu les représentants de l'ACEF au nom de leurs membres.
C'est sur le fait d'une consultation de leurs membres ou de parler au nom de
leurs membres qu était mon point. Je crois savoir que les ACEF n'ont pas
de membres, M. le Président. Ce sont des gens qui offrent un service, il
y a une différence.
Le Président (M. Laplante): Votre mise au point est faite,
M. le député de Drummond.
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, sur ma question
de règlement. M. Jean Panet-Raymond, qui est venu ici, était
président des ACEF. C'est quoi, président, lui-même,
président d'un groupe? Ecoutez, il ne faut toujours pas charrier. Les
gens qui viennent ici parlent au nom de leurs membres ou des gens qu'ils
représentent, non pas à titre personnel.
Mme Payette: M. le Président, je pense que je peux
apporter une explication: les ACEF sont un organisme où il y a
effectivement un président et un vice-président et des personnes
qui travaillent auprès des consommateurs, mais ils n'ont pas de membres
consommateurs.
M. Goulet: Des gens qui travaillent auprès des membres des
ACEF, si vous voulez, ceux qui travaillent pour les ACEF, vous appeliez
ça comment? Quelqu'un qui est dans le Parti québécois
n'est pas un membre du Parti québécois?
M. Clair: Dans ce sens-là...
Le Président (M. Laplante): Une minute, écoutez un
peu, je tiendrais à vous signaler qu'il reste trois minutes pour des
questions.
M. Goulet: M. le Président, on reviendra cet
après-midi, s'il le faut, je pense que j'ai droit à mes vingt
minutes, j'aimerais les prendre. Il ne faut pas s'enfarger ce matin dans les
fleurs du tapis. Ecoutez, un ministre du gouvernement est un membre du Parti
québécois, écoutez, on se comprend.
Ce que je veux savoir des gens...
Mme Payette: Justement, M. le Président, on ne se
comprenait pas, le Parti québécois a des membres, les ACEF n'ont
pas de membres.
M. Goulet: Les gens qui sont venus témoigner ici, c'est ce
que je voulais dire, vous aviez compris, fort bien.
Ce que je veux savoir de ces messieurs, c'est s'ils voient une
très grande différence entre l'avant-projet de loi et le projet
de loi ou encore... parce que vous avez dit que 98% appuyaient le projet de loi
et vous avez pris vingt minutes pour dire qu'il y avait beaucoup de lacunes. Je
veux savoir si, d'après vous, il y a une très grande
différence entre l'avant-projet de loi et le projet de loi ou encore si
vous voyez une différence entre l'esprit et la lettre du projet de loi?
C'est ce que je veux savoir, que vous parliez en votre nom personnel ou au nom
de vos membres, je m'adresse à vous.
M. Goude: Nous parlons toujours au nom de nos membres. En mon nom
personnel, je... Au nom de nos membres, nous avons trouvé que certains
articles de l'avant-projet de loi allaient plus loin dans la protection des
consommateurs et nous l'avons signalé dans ce mémoire. Nous
pensons que les articles que nous avons signalés ne vont pas
complètement dans l'esprit de l'avant-projet de loi, puisqu'ils sont
moins complets. D'accord? Mais nous avons cité combien d'articles, M. le
député, peut-être dix, douze sur à peu près
200? Nous pensons que ce serait quand même un peu exagéré,
à partir du moment où on trouve une dizaine d'articles qui ne
nous satisfont pas complètement, de dire que l'ensemble du projet et
erroné ou que ça ne nous plaît pas, à nous.
M. Goulet: M. le Président, ce que je voulais dire, c'est
que j'aurais préféré que vous nous apportiez les
résultats d'un sondage sur le projet de loi plutôt que sur
l'avant-projet de loi. Ce que je vous demande, c'est si, d'après vous,
le résultat aurait été le même?
M. Goude: Je pense que le résultat aurait
été exactement le même.
M. Goulet: Parfait. C'est ce que je voulais savoir.
M. Goude: Là-dessus, les 35 agents d'information qui ont
travaillé, qui nous ont rassemblé de la documentation sur les
opinions de nos membres consultés, nous ont assez clairement
indiqué que nos membres auraient été extrêmement
satisfaits de ce projet de loi.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'ils l'ont dit?
M. Goude: Quand il y a 35 personnes qui ont rencontré 7000
autres personnes, au cours de cinq semaines, où on a à peu
près décortiqué ce projet de loi auprès des 7000
personnes, comme jamais une association, que ce soit un parti politique ou
autre, ne l'a fait, on a rapporté quand même quelques idées
de ce que pensaient nos membres là-dessus.
M. Saint-Germain: J'ai été président de
caisse populaire pendant six ans, j'ai travaillé dans les
coopératives...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que vous avez d'autres questions. M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Oui, M. le Président.
M. Saint-Germain: Je sais ce que cela veut dire, consulter les
membres, et ce que cela peut vouloir dire, croyez-moi.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Goude: M. le député de Jacques-Cartier...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, je vous
demande de ne pas répondre. Avez-vous d'autres questions?
M. Goulet: M. le Président, j'invoque le règlement.
Si monsieur a terminé sa réponse, j'aurais une autre
question.
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse. Question de
règlement. On vient de porter une accusation, une attaque à nos
invités, par une allusion, semble-t-il, à un manque de
démocratie dans une caisse populaire, et je pense que c'est
peut-être exagéré en ce qui concerne l'association qui est
devant nous.
M. Saint-Germain: Je m'oppose à cela, M. le
Président. Je m'y oppose certainement. Ce n'est pas ce que j'ai voulu
dire.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre...
M. Saint-Germain: Je veux bien m'expliquer, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas
d'explication.
M. Saint-Germain: Je ne peux pas recevoir des accusations sans au
moins me défendre. Je n'admettrai jamais cela.
Mme Leblanc-Bantey: C'est vous qui les avez portées, les
accusations.
Le Président (M. Laplante): C'était
antiréglementaire et je vous l'ai dit à peu près à
cinq reprises, tout en parlant.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur quoi votre point de
règlement, monsieur?
M. Saint-Germain: Le point va porter sur l'interprétation
de ma déclaration.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, je ne
jouerai pas aux enfants ici. Séance ajournée sine die.
M. Goude: Bien, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez revenir
après la période des questions, votre tour sera encore là.
Il reste du temps pour d'autres s'ils veulent...
M. Goulet: M. le Président, est-ce que vous permettez,
avant d'ajourner les travaux? Hier, on a demandé à tout le monde
de la bonne volonté. Cela ne me fait rien, moi. Mais on a dû, la
semaine dernière, faire revenir des groupes de Montréal une
deuxième fois.
M. Goude: Nous sommes de ceux-là.
Le Président (M. Laplante): Je suis bien prêt
à continuer si vous voulez vous discipliner vous-mêmes.
M. Goulet: Dans quatre ou cinq minutes, il me semble qu'on
pourrait terminer avec ce groupe. Ce que le député de
Jacques-Cartier voulait et c'est son plein droit, M. le Président
c'était invoquer l'article 96. Je ne vois pas pourquoi vous ne
lui donnez pas ce droit. Si cela prend du temps, c'est parce que, je vous le
dis bien humblement, vous ne voulez pas écouter la question de
règlement et je pense qu'en tant que président, c'est votre
devoir de le faire.
Le Président (M. Laplante): J'ai prononcé
l'ajournement sine die.
Suspension de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 15 h 38
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
permanente élue des consommateurs, coopératives et institutions
financières aux fins d'entendre des mémoires, après la
deuxième lecture, sur le projet de loi 72, Loi sur la protection du
consommateur.
Sont membres de cette commission, M. Beau-séjour (Boucherville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par Mme Leblanc-Bantey
(Iles-de-la-Madeleine); M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont)
remplacé par M. Clair (Drummond); Mme Payette (Dorion), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Pourraient aussi intervenir à cette commission, M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Gagnon (Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Martel (Richelieu) en
remplacement de Mme Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine) comme intervenant; M.
Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux pour le lunch,
nous avions devant nous la Coopérative des consommateurs de
Montréal. Or, le groupe a préféré quitter pour des
raisons personnelles plutôt que de revenir pour quelques minutes cet
après-midi. Nous pouvons donc, maintenant, accueillir le groupe suivant.
J'invite à se présenter devant la commission l'Ordre des
pharmaciens du Québec.
Avant de vous demander de vous présenter, est-ce que vous avez
remis un mémoire au secrétariat de la commission?
M. Desgroseillers: Nous avons remis un mémoire, ce
matin.
Le Président (M. Oussault): Si vous permettez, nous allons
attendre quelques minutes, parce que les membres de la commission ne l'ont pas
reçu. Je suspends pour quelques minutes.
Suspension de la séance à 15 h 40
Reprise de la séance à 15 h 41
Le Président (M. Dussault): A I ordre, s il vous
plaît? Alors, nous reprenons les travaux de cette commission et je
demande au porte-parole du groupe de se présenter et de nous
présenter ses collègues.
Ordre des pharmaciens du Québec
M. Desgroseillers (Roger): M. le Président, Mme le
ministre, Mme le député, MM. les députés. Mon nom
est Roger Desgroseillers. Je suis le vice-président de l'Ordre des
pharmaciens, corporation professionnelle qui groupe 3000 membres et dont le
mandat premier est la protection du public. Je suis accompagné, cet
après-midi, de M. Pierre Robert, administrateur de l'ordre, professeur
à l'Université de Montréal et ex-secrétaire de
l'Ordre des pharmaciens. Je suis aussi accompagné de Me Christine
Truesdell, conseiller juridique de l'ordre.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M.
Desgroseillers, étant donné que vous touchez, d'une façon
partielle, le projet de loi, je me vois forcé de vous demander de
résumer le mieux possible votre mémoire, s'il vous
plaît.
M. Desgroseillers: M. le Président, c'est un
mémoire que nous avons voulu le plus concis possible, qui touche
partiellement le projet de loi mais, en tant que corporation professionnelle
défendant le bien public, nous trouvons que nous ne pouvons qu'applaudir
un projet de loi visant à protéger le consommateur. Nous y
trouvons une omission d'importance, étant donné que c'est la
personne avant toute chose, vis-à-vis de la publicité sur les
médicaments. Donc, nous voulons intervenir strictement vis-à-vis
de la publicité qui se fait sur les médicaments et je vais passer
la parole à M. Robert qui fera la lecture du mémoire. Merci.
M. Robert (Pierre): M. le Président, Mme le ministre, Mme
et MM. les députés. Je peux vous assurer que le mémoire va
être très concis, quitte, si vous le désirez par la suite,
à poser les questions que vous voudrez. Avant de commencer, j'aimerais
vous remercier et remercier tous les membres de cette commission de nous donner
l'occasion, dans des délais aussi courts, d'exposer nos vues sur ce
projet de loi et vous souligner que, après entente avec le
secrétariat des commissions parlementaires, nous n'avons pas
écrit de résumé de mémoire mais nous sommes
très conscients que, compte tenu des règles de pratique des
commissions parlementaires, nous allons devoir résumer le mémoire
dans les limites de ces règles.
Nous avons pris connaissance de ce projet de loi 72 et, comme l'a dit M.
Desgroseillers, dans l'ensemble, nous pensons que c'est un apport. Cependant,
nous pensons aussi qu'il y a une omission dans ce projet de loi et même
si tout ce qu'il y a dans le projet de loi est, à mon avis, et à
l'avis de l'Ordre des pharmaciens, très important, il nous
apparaît beaucoup plus important d'assurer la protection du consommateur
sur des biens et des services qui peuvent avoir des effets sur le portefeuille
du consommateur, mais aussi sur sa santé.
Dans le cadre de ce mémoire, avant de passer au vif du sujet,
nous allons définir en quelques mots ce qu'on entend par
médicaments et publicité pour qu'il n'y ait pas de débat
inutile. Le mot "médicament" est défini dans deux lois
différentes. La Loi des aliments et drogues le définit comme
drogue et non comme médicament; il y a une loi sur la pharmacie du
Québec qui définit aussi le mot "médicament". Ces deux
définitions sont sensiblement les mêmes, mais, pour les fins du
mémoire, nous allons utiliser la définition de la loi de la
pharmacie du Québec. (15 h 45)
Evidemment, on peut diviser les médicaments en deux
catégories pour les fins de ce mémoire, les médicaments
qui exigent une ordonnance et les autres, c'est-à-dire les
médicaments que nous appelons de vente libre ou n'exigeant pas
d'ordonnance. Donc, il sera uniquement question dans ce mémoire de
médicaments de vente libre, donc des médicaments très
connus, des analgésiques, des laxatifs, des antiacides, des
médicaments de la grippe, des vitamines et le reste.
En ce qui concerne la publicité, M. le Président,
après avoir consulté différents volumes, nous nous sommes
aperçus qu'il y avait de nombreuses définitions très
différentes sur la publicité. Nous avons fait appel tout
simplement au dictionnaire Robert, qui définit la publicité comme
le fait ou l'art d'exercer une action psychologique là, je
m'excuse, il y a une erreur, parce que le mémoire a été
fait à la toute dernière minute, c'est écrit
phychologique, c'est psychologique sur le public, et ceci, à des
fins commerciales. Donc, deux choses importantes pour nous, action
psychologique et fins commerciales.
Comme dans le projet de loi no 72, on fait appel au terme de message,
pour nous, pour adapter la publicité au message, dans le projet de loi
72, nous avons défini trois sortes de messages. Le message publicitaire,
vraiment, c'est un message destiné à des fins commerciales et
c'est ce qu'on appelle de la publicité; il y a aussi le message
informatif, qui est destiné à de strictes fins d'information et,
la plupart du temps, il est publié par des organismes à but non
lucratif, comme l'Association du diabète ou l'Ordre des chirurgiens
dentistes. Vous avez vu ces annonces à la télévision.
Il y a aussi le message contrepublicitaire. Celui-ci avertit le
consommateur des dangers que peuvent représenter certains biens et
certains services. Ces messages contrepublicitaires, jusqu'à maintenant,
sont diffusés, la plupart du temps, par les différents
gouvernements. On pense à la cigarette par exemple.
Mais j'ajoute immédiatement que les gouvernements devraient, par
ailleurs, obliger certains fabricants de médicaments, qui ont
émis pendant des années des prétentions publicitaires sur
des médicaments, prétentions publicitaires frauduleuses...
L'exemple classique, c'est le cas des petites pilules Carter pour le foie,
qu'à peu près tout le monde ici connaît, qui n'ont jamais
été pour le foie et qui sont tout simplement des laxatifs. La
Direction générale de la protection de la santé du
gouvernement fédéral vient à peine de demander à
la
compagnie Carter de remplacer "pour le foie" par le mot "laxatif". Cela
faisait quand même 20 ou 30 ans qu'on utilisait ces produits que le
consommateur considérait comme des produits pour le foie, quand cela
n'en était pas.
Je pense personnellement que cela devrait être l'objet d'une
contrepublicité non payée par le gouvernement, mais bien
payée par la compagnie en question.
Il y a des lois qui régissent la publicité sur les
médicaments. Si on ne veut pas s'attarder trop longtemps, disons
immédiatement que vous êtes encore tous conscients qu'il y a de la
publicité sur les médicaments qui est faite par les pharmaciens.
Cette publicité est régie par une loi qui s'appelle la Loi sur la
pharmacie. C'est une loi provinciale. Mais pourquoi, allez-vous me dire, y
a-t-il encore de la publicité sur les médicaments qui est faite
par les pharmaciens?
Je le résume en deux mots. En 1974, on a eu un règlement
sur la publicité. Il a été contesté. Cela est
passé par toutes les cours. Finalement, la Cour suprême, tout
dernièrement, le 28 février, a donné raison à
l'Ordre des pharmaciens pour la publicité sur les médicaments. Le
problème de la publicité des médicaments de vente libre,
de la part des pharmaciens, est à toutes fins pratiques
réglé.
Mais il y a une chose qui est très importante. Si on a
réussi, après maints efforts, à autodiscipli-ner nos
membres sur le plan de la publicité, les efforts sont annulés en
grande partie par la publicité des fabricants ou des distributeurs.
Appelez-les comme vous voulez, mais je parle de ceux qui font de la
publicité, surtout dans les media électroniques.
Chez les fabricants, il existe aussi des lois qui sont censées,
je dis bien censées régir la publicité relative aux
médicaments. Il existe même un conseil de publicité
pharmaceutique qui a publié un code d'acceptation de la
publicité, mais il y a toujours eu cela fait longtemps que je
suis en pharmacie des articles relatifs à la publicité
dans la Loi des aliments et drogues et cela n'a jamais empêché les
fabricants de faire des affirmations fausses dans leur publicité et cela
n'a jamais empêché le directorat des aliments et drogues
fédéral de laisser commercialiser un grand nombre de
médicaments inefficaces.
On affirmait, en mars 1975 et en juin 1976 les
références sont à la fin du mémoire que sur
2000 médicaments brevetés une trentaine seulement étaient
efficaces. Vous allez peut-être me dire: Qu'est-ce que cela vient faire
ici à cette commission? Je vais d'abord vous parler deux ou trois
minutes d'un code d'éthique sur les médicaments. Une étude
a été faite à New York, en 1973-1974. On a institué
un code d'éthique sur la publicité des médicaments, mais
avant de l'instituer, il y a un organisme tout à fait neutre je
pense que c'était l'Eglise méthodiste unie et l'Association des
consommateurs, de toute façon, les références sont
à la fin qui s'est dit: On va évaluer la consommation des
médicaments, avant la mise en application du code d'éthique et
après l'appli- cation du code d'éthique. Il l'a fait. Tout est
inscrit dans le mémoire, mais je veux vous le résumer. Cela n'a
pratiquement rien changé.
A titre de conclusion, les auteurs de l'étude mentionnent, entre
autres, que les résultats obtenus suggèrent que la
publicité télévisée des médicaments tend
à encourager une attitude favorable vis-à-vis de l'usage du
médicament par des prétentions publicitaires
exagérées et en n'indiquant pas au consommateur certaines
précautions à prendre vis-à-vis de l'utilisation du
médicament. Il y a beaucoup d'autres études on en
mentionne une, en référence 4 qui ont
démontré une relation directe entre la publicité sur les
médicaments et une tendance à abuser des médicaments.
En 1972, l'Ordre des pharmaciens a fait une enquête publique et a
dénoncé certains médicaments encore une fois, il y
a des références à cet égard dans le
mémoire, mais on ne veut pas prolonger le débat
très connus et très publicisés. Je pourrais vous citer
Rolaids, Dristan, le sirop Lambert, Anacin, Ex-Lax, les petites pilules Carter
pour le foie dans ce temps-là elles étaient censées
être pour le foie et aujourd'hui elles sont un laxatif qui
contenaient et contiennent toujours les mêmes ingrédients, le
Bromo Seltzer, la Préparation H qui se retrouvaient dans cette liste de
dénonciation.
Evidemment, je pourrais vous en parler très longtemps de cette
étude qu'on a faite à l'Ordre des pharmaciens, parce que j'ai
coordonné moi-même cette étude. Il y a une chose qu'on peut
affirmer de façon définitive, c'est qu'il y a une ingestion
intempestive de certains médicaments de vente libre selon
l'enquête précitée et de nombreuses autres études
qui sont, encore une fois, annexées.
Si vous remarquez, dans le mémoire, on a cité un certain
nombre de références scientifiques. Ce n'est vraiment pas pour
vous jeter de la poudre aux yeux, mais c'est tout simplement parce qu'on est
convaincu et on nous a dit dans le passé, à
différentes commissions parlementaires, qu'on ne donnait pas assez de
statistiques qu'il faut absolument interdire la publicité. On
vous donne pour cela un certain nombre de références.
Il y a une enquête américaine aussi qu'il faut absolument
signaler, qui a démontré que 16 fabricants de médicaments
contre la grippe consacrent $50 millions à mousser la vente de leurs
produits dont le chiffre d'affaires atteint $400 millions. Ils paient $50
millions de publicité pour vendre $400 millions de produits. Si l'on
considère que la direction générale de la protection de la
santé, par la voie de son représentant, a admis clairement
et j'y étais; vous avez encore une fois la référence
à un symposium à Ottawa, que son ministère je
parle du ministère de la Santé et du Bien-Etre social, c'est
fédéral n'avait pas commencé à
évaluer l'efficacité des médicaments de vente libre au
grand public, si vous voulez, et que, d'autre part, une enquête
américaine affirme que trois médicaments brevetés sur
quatre sont plus ou moins efficaces, si non inefficaces, on peut
considérer comme vraiment un abus de confiance que
la publicité de ces médicaments, qui pousse
littéralement à la surconsommation, soit encore permise.
Alors, la prise de position de l'Ordre des pharmaciens, devant tous les
faits précités, et tenant compte de toute notre expérience
passée, c'est très simple, c'est qu'on veut que toute
publicité, au terme de la définition de publicité qu'on a
donnée au début du mémoire, sur les médicaments
faite auprès du grand public soit abolie.
Ajoutons immédiatement, même si ceci dépasse
peut-être l'objet de ce mémoire mais vous vous posez
peut-être des questions, quand on a parlé de médicaments
inefficaces que l'Ordre des pharmaciens recommande aussi que les
médicaments qui n'ont pas été jugés efficaces
je parle toujours de médicaments de vente libre, pas de
médicaments de prescription fassent l'objet d'une
évaluation scientifique quant à leur valeur thérapeutique
et, en d'autres termes, s'ils étaient jugés inefficaces, qu'on
les retire du marché.
Est-ce qu'on a été seuls, faisant suite à notre
campagne et faisant suite à tout ceci, à dire que ceci
était vrai et qu'il faudrait abolir la publicité? Non. Il y a eu
un certain nombre d'organismes non gouvernementaux une cinquantaine; on
en cite une dizaine ici des organismes de consommateurs et aussi des
organismes scientifiques... Je n'ai pas voulu, dans le mémoire, citer
tout ce qui s'était dit lors de commissions parlementaires en 1972 et
1973, parce qu'on est très conscient que, à citer hors contexte,
ça comporte des dangers, mais on vous réfère à la
deuxième lecture du projet de loi sur la pharmacie, à la
référence 42, et notre seul but, en vous référant
là, c'est de vous dire que le ministre et les députés
à l'époque, qui étaient M. Castonguay, M. Cloutier et M.
Camille Laurin surtout il y en avait d'autres, mais surtout ces
trois-là se sont prononcés à peu près
unanimement sur les dangers que constituait la publicité sur les
médicaments pour le consommateur.
Plus récemment, M. Denis Lazure, qui est le ministre des Affaires
sociales, s'est prononcé vraiment assez catégoriquement,
même plusieurs fois on le cite au moins une fois dans le
mémoire à la page 9 et il a dit que son ministère
était en faveur de restrictions importantes, sinon l'interdiction totale
de la publicité des médicaments au grand public.
Il y a aussi M. Maurice Martel, qui est l'adjoint parlementaire aux
Affaires sociales, qui s'est prononcé dans le même sens. Le
mémoire est devant vous, je ne citerai pas ce qu'il a dit, mais, en fin
de compte, c'est à peu près dans le même sens. Il a dit que
la publicité outrancière la publicité
outrancière, ça veut dire la publicité, selon nous
c'est de la folie pure.
Je voudrais encore prendre quelques minutes de votre temps pour vous
citer des statistiques sur les médicaments de vente libre qui
proviennent du ministère de la Santé nationale et du Bien-Etre
social, dans un rapport qui a été publié en 1975 sur une
catégorie de médicaments que vous avez ici à la page 10 et
qui sont des médicaments de vente libre, encore une fois, très
connus, pour les troubles digestifs, les laxatifs, les analgésiques et
ainsi de suite, les somnifères, les médicaments contre le rhume
et la toux.
Parmi les dénominations commerciales mentionnées dans ce
rapport, on trouve des noms comme Rolaids, Turns, Eno, Bromo Seltzer, Agarol,
Ex-Lax, aspirine Bayer, Sinutab, Dristan (vaporisateur nasal), Bénylin,
Vicks (formule 44), Somi-nex, One-a-Day, Géritol, Néo-Citran et
beaucoup d'autres.
L'une des conclusions de cette étude précise le
pourcentage de consommation par foyer pour les classes de médicaments
citées plus haut. Si vraiment vous l'avez devant vous, je ne voudrais
pas le répéter, mais vous voyez qu'il y a un grand nombre de
foyers qui consomment des médicaments de vente libre.
Le Président (M. Dussault): M. Robert, je vais vous
demander de conclure; je ne peux pas vous donner beaucoup plus que quelques
secondes encore. (16 heures)
M. Robert: Cela ne prendra pas plus que quelques secondes. Il y a
quand même des choses importantes à signaler parce qu'on veut
faire introduire cela dans le projet de loi, on trouve cela absolument
nécessaire. On peut peut-être passer par-dessus certaines choses,
mais on peut vous donner l'exemple des comprimés vitaminés
One-a-Day et Géritol qui sont parmi les plus consommées des
vitamines. Il y a quatre personnes sur cinq qui consomment des vitamines sur
une base quotidienne au Québec et là, vous me pressez, mais je
pourrais vous sortir des textes scientifiques qui ont été
publiés par ce même gouvernement disant que ce n'est pas
nécessaire de prendre des vitamines, sauf dans des cas bien
précis.
De plus, les vitamines One-a-Day et Géritol, s'ils sont les plus
consommées et les plus vendues, il nous apparaît très clair
que c'est par la publicité parce que vous êtes sûrement au
courant que Géritol et One-a-Day, Néo-Citran et toutes ces
choses-là, sont très annoncés et sont donc très
vendus.
On va passer aux considérations générales, M. le
Président, c'est presque terminé. On a des attendus, c'est un peu
long, cela va prendre deux minutes, on dit que la publicité, c'est l'art
d'exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales
on l'a dit au début on dit que la publicité sur les
médicaments de vente libre incite fortement à la consommation de
médicaments; que la publicité laisse croire au consommateur que
le médicament de vente libre est une marchandise commerciale; que les
médicaments de vente libre ne peuvent être
considérés... pour nous, ce ne sont pas des biens commerciaux; au
contraire, les médicaments de vente libre sont des médicaments
comme les autres et peuvent être des poisons en substance.
Etant aussi considéré qu'il existe des médicaments
de vente libre dont l'efficacité n'a pas été
démontrée; qu'il existe des médicaments de vente
libre dont les prétentions publicitaires sont fausses ou
biaisées; que de nombreux organismes de type communautaire ou
scientifique se sont déjà prononcés contre cette
publicité des médicaments de vente libre; que le Conseil
consultatif de pharmacologie, qui est un conseil consultatif formé
d'experts par ce gouvernement et qui publie une liste de médicaments que
vous devez connaître, exclut les médicaments de vente libre
faisant l'objet de publicité dans sa liste des médicaments;
étant donné que certains membres de cette assemblée se
sont prononcés totalement ou partiellement pour l'interdiction de la
publicité; étant donné surtout qu'on juge qu'un code
d'éthique fédéral ne joue vraiment pas son rôle et
ne règle rien à la consommation et, en tout dernier lieu, que la
publicité sur les médicaments de vente libre est dangereuse pour
le consommateur, l'Ordre des pharmaciens recommande aux membres de cette
commission, pour la protection du consommateur, que l'on inscrive dans la Loi
sur la protection du consommateur des dispositions nécessaires afin
d'abolir la publicité sur les médicaments de vente libre, au
niveau de tous les media d'information. En terminant, M. le Président,
cela a peut-être été un peu long, je vous remercie beaucoup
de votre attention. Si jamais il y avait lieu, de la part des membres de cette
commission ou des fonctionnaires, de nous consulter sur d'autres questions de
ce genre, on est à votre entière disposition. Je vous demanderais
aussi, en dernier lieu, étant donné qu'on n'a pas lu le
mémoire, on est loin de l'avoir lu, si c'est possible, de
l'insérer au journal des Débats.
Le Président (M. Dussault): Puisque vous me le demandez,
ce sera fait, M. Desgroseillers. (Voir annexe B).
M. Robert: Robert.
Le Président (M. Dussault): Cela dit, Mme le ministre.
Mme Payette: Messieurs, madame, je pense que le projet de loi 72
répond à un certain nombre de vos préoccupations et je
vous renverrai pour cela aux articles 204, 272 et 302. Ces articles font
état du fait que la publicité devra strictement dire la
vérité et que si cette publicité devant les tribunaux
était jugée fausse, le juge peut condamner celui qui est
responsable de cette publicité à faire de la
contre-publicité, c'est-à-dire pour la période de temps
que le juge décidera pour l'investissement correspondant à ce qui
a été véhiculé comme fausseté, le juge
pourra condamner, s'il le juge à propos, le responsable de cette
publicité à informer la population des faussetés qu'il y
avait dans le premier message. Ce qui veut dire que le cas que vous avez
proposé des petites pilules Carter serait réglé, à
notre avis, par ces articles. Une publicité comme celle-là ne
serait plus possible après l'adoption de la loi 72.
Je dois cependant vous dire que j'ai l'impression que vous n'êtes
pas devant la bonne commission et que vos propos s'adressent...
M. Robert: J'attendais cette affirmation.
Mme Payette: ... au ministre des Affaires sociales. A mon avis,
c'est la Loi sur la pharmacie qui devrait être amendée dans le
sens que vous le proposez. L'engagement que je peux prendre, c'est de vous
appuyer, comme ministre des Consommateurs, auprès de mon collègue
qui a déjà fait connaître ses positions dans ce sens et,
s'il désire la collaboration de l'Office de la protection du
consommateur, nous sommes pleinement disposés à mettre nos
experts et notre expertise à sa disposition. Comme la Loi sur la
pharmacie interdit déjà la publicité aux pharmaciens, il
n'y a pas de raison que cette loi ne puisse pas être amendée dans
le sens qui vous préoccupe, me semble-t-il.
M. Desgroseillers: Comme c'est une question légale, si
vous le permettez, je vais laisser le choix, à notre conseiller
juridique, de voir une échappatoire...
M. Martel: M. le Président, une petite mise au point.
Evidemment, la loi de la pharmacie ne relève pas du ministère des
Affaires sociales, mais bien de l'Office des professions qui relève du
ministre de l'Education.
Au ministère des Affaires sociales, nous avons formé un
comité consultatif sur la pharmacie qui doit faire rapport ces jours-ci,
il est terminé. Il se prononce clairement contre toute publicité
sur les médicaments. On sait fort bien que les médicaments sur
ordonnance médicale n'ont pas le droit d'être annoncés par
les pharmaciens, mais que les médicaments grand public,
c'est-à-dire ceux qui sont autorisés en vertu de la Loi des
aliments et drogues, qui relèvent du ministère de la Santé
et du Bien-être d'Ottawa, sont permis, même si, comme l'a
démontré tout à l'heure M. Robert, une série, sur
les 2000 médicaments actuellement sur le marché au Québec,
a la bénédiction d'Ottawa sans pour cela qu'ils soient
nécessairement efficaces au point de vue thérapeutique.
Il y en a, je pense, à peine une vingtaine, qui sont
brevetés et actuellement reconnus médicaments grand public par
les aliments et drogues d'Ottawa, qui font l'objet présentement de
publicité frauduleuse de la part des compagnies. A ce moment-là,
non seulement ça trompe le consommateur en lui vendant des choses dont
il ne peut espérer obtenir les résultats qu'on lui vante dans la
publicité, mais également c'est une fraude vis-à-vis de ce
même consommateur qui défraie souvent des prix énormes pour
se procurer des produits miracles qui ne le sont pas.
Actuellement, il y a des lacunes dans la Loi des aliments et drogues
concernant ces médicaments grand public et peut-être que, dans
cette loi 72, il y aura possibilité d'abolir toute publicité sur
les médicaments. Tout le monde le souhaite, parce qu'il y a de la fraude
aux deux niveaux que je vous ai mentionnés tout à l'heure.
Mme Payette: M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre mon collègue, mais je voudrais bien reprendre mon droit de
parole. Si vous permettez...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, il y a
aussi Mme Truesdell, je pense, qui voulait répondre à une de vos
questions.
M. Robert: Est-ce que je peux répondre à votre
question?
Mme Payette: Oui, mais il faut quand même qu'on me donne la
possibilité d'expliquer que je crois que ce sujet, au moment où
nous en discutons, n'est pas pertinent à nos débats. Nous serions
mal venus... Je tente de vous expliquer que ce n'est pas qu'on n'est pas
sympathiques à ce que vous nous proposez, je pense que nous n'avons pas
les moyens, à ce moment-ci des débats sur ce projet de loi,
d'introduire des éléments nouveaux. Il m'apparaîtrait tout
à fait bienvenu de la part de l'Opposition, dans les circonstances, de
nous dire que nous travaillons à la dernière minute, ce qui n'a
pas été le cas dans ce projet de loi.
Effectivement, pour ma part, je devrais dire que je n'ai fait aucune
consultation dans ce sens avec qui que ce soit avant votre venue à cette
commission. Il m'apparaît qu'il n'est pas logique de prétendre,
là où je me trouve, introduire un élément aussi
important à ce moment-ci, sauf que je reconnais la valeur de vos propos,
je reconnais l'ampleur du désastre que vous nous soulignez et je vous
assure de mon entière collaboration pour trouver la possibilité
d'alerter mes collègues responsables de la Loi des pharmacies et
également de la Loi de la santé publique qui relèvent du
ministre des Affaires sociales. On m'assure, sur le plan juridique, qu'il y a
pour le ministre, à l'intérieur de la Loi de la santé
publique, un pouvoir d'intervention sur la publicité.
M. Robert: Est-ce que je peux répondre quelques secondes,
Mme Payette? Je pense, sauf erreur je ne suis pas juriste que,
même en modifiant la Loi des pharmacies, on n'arriverait à rien,
parce que c'est le fédéral qui a juridiction sur la
publicité des médicaments.
Le Président (M. Dussault): M. Desgroseillers, si vous
permettez, c'est parce que nous prenons un temps, vous savez, nous n'avons pas
beaucoup de temps cet après-midi, nous prenons un temps
précieux.
Mme le ministre vient de vous dire, d'une autre façon, que
l'Assemblée nationale a voté, en deuxième lecture, le
projet de loi 72 et qu'il n'est donc pas possible d'ajouter un principe nouveau
au projet de loi. Forcément, on ne pourrait pas vous écouter, cet
après-midi, sur cet élément à savoir qu'on devrait
ajouter un principe nouveau au projet de loi.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président. Je me demande pourquoi la présidence devrait se casser
la tête pour essayer d'empêcher ces gens de venir parler. Cela fait
20 minutes qu'ils nous entretiennent. Si on suit votre raisonnement, ils sont
complètement à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, si vous le permettez.
M. Saint-Germain: J'ai la parole. S'il vous plaît! Le
député de Richelieu a parlé. Il n'a pas posé une
question. On l'a écouté religieusement d'ailleurs. Il nous a fait
une déclaration excessivement positive. Mme le ministre lui a bien
répondu. Je n'accepte pas ce que Mme le ministre a dit, mais, tout de
même, elle a répondu. On écoute et vous déclarez que
c'est fini. Je n'ai pas pris la parole encore, mais j'aimerais bien parler sur
ce qui a été dit précédemment. On a posé une
question au conseiller juridique de l'Ordre des pharmaciens et elle doit
répondre. Pourquoi ne pas l'écouter, comme on a
écouté tous ces gens précédemment?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je ne veux empêcher d'aucune façon nos
invités de parler. Je pense que c'est le contraire de mon rôle. Je
le veux bien. Cependant, nous pourrions passer toute la séance à
parler de questions qui ne relèvent pas de cette séance. Je pense
que je l'ai exprimé très clairement hier matin. J'aurais pu
l'exprimer aussi clairement encore en commerçant les travaux ce matin.
On ne devrait pas, ici, à cette commission parlementaire, après
la deuxième lecture, parler de questions qui relèvent de
principes nouveaux qui, n'étant pas dans le projet de loi, ne pourront
pas être ajoutés au projet de loi.
M. Saint-Germain: Mais vous venez de découvrir cela il y a
une seconde, parce que, Mme le ministre vient de le dire, cela fait une
demi-heure qu'on parle sur ce sujet, laissez-nous terminer le débat.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, j'aurais fort bien pu dire, en laissant la parole à nos
invités au début: Vous savez, votre mémoire parle de
questions qu'on ne peut pas discuter ici. J'ai eu l'amabilité de les
laisser exprimer leur point de vue. J'ai même dit que le point de vue
qu'ils défendaient était partiel par rapport au projet de loi.
J'ai essayé, autant que possible, de faire comprendre qu'il fallait se
limiter. Je me rends compte que nous prenons énormément de temps
sur une question qu'on ne devrait pas normalement débattre ici.
A cause de cela, je vais demander à nos invités
d'être le plus brefs possible, en tenant compte de ce que j'ai
avancé. D'accord?
M. Saint-Germain: M. le Président, je veux discuter sur le
gros bons sens, tout simplement. Si on veut aller au fond des choses, ils sont
complètement dans l'ordre. Ils viennent de dire que, dans l'application,
ils acceptent le principe qu'on a besoin d'une Loi sur la protection du
consommateur. Ils l'ont dit au tout début. Mais ils disent que, dans son
application, il manque tout un champ d'activités excessivement
important, les médicaments. C'est cela qu'ils viennent nous dire.
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Bellechasse, il y avait d'abord M. le
député de Drummond, sur une question de règlement.
M. Goulet: Non, j'avais demandé la parole avant le
député de Jacques-Cartier, mais...
M. Clair: Sur une question de règlement? M. Goulet:
Sur une question de règlement?
M. Clair: Si c'est sur une question de règlement de la
part de mon collègue, M. le Président, je ne veux pas...
M. Goulet: Cela va être très bref, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Allez!
M. Goulet: Durant trois jours, nous avons discuté de la
protection du consommateur. Ces gens sont venus nous dire qu'il y a certains
médicaments qui sont annoncés, qui ne répondent pas, qui
ne sont pas aussi efficaces qu'on le laisse croire, dans les annonces. Que ce
soit un médicament ou un jouet, s'il n'est pas aussi efficace qu'on le
laisse croire dans l'annonce, c'est donc qu'on veut tromper le consommateur. Je
pense que c'est tout à fait pertinent et que c'est dans l'esprit du
projet de loi que nous avons voté en deuxième lecture.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse, je pense que vous allez comprendre que mon rôle est de faire
respecter les règles.
M. Goulet: Oui. (16 h 15)
Le Président (M. Dussault): Et il y a ce principe qui
n'apparaît pas dans le projet de loi, à savoir qu'on
empêcherait la publicité sur les médicaments. Cela n'existe
pas dans le projet de loi. Je m'excuse, il va bien falloir en arriver à
cette évidence.
M. Saint-Germain: M. le Président, le ministre vient de
déclarer qu'il y a certains articles dans le projet de loi qui
pourraient concerner la réglementation sur les médicaments. Il
vient de nous le dire. Il admet donc qu'on est en plein dans la discussion.
M. Clair: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Un instant! M. le
député de Drummond. Si, effectivement, il y avait quelque chose
dans le projet de loi qui était de cet ordre, je ne verrais aucune
objection à ce que nos invités en discutent. Je ne veux pas
empêcher cela du tout. M. le député de Drummond.
M. Clair: Je serai très bref, M. le Président,
c'est simplement pour vous dire qu'il me semble, en tout cas, que je suis assez
intelligent comme membre de la commission pour avoir compris la décision
que vous avez rendue et qu'on n'a pas d'affaire à la remettre...
M. Goulet: M. le Président, y a-t-il eu une
décision? Je vous donne un exemple. Ce matin et hier, il y a des gens
qui ont parlé d'appareils ménagers. Ecoutez, la décision
n'est pas rendue. On a parlé de grille-pain, de toutes sortes de choses,
d'appareils ménagers qui ne sont pas mentionnés dans le projet de
loi. Mme le ministre l'a dit en deuxième lecture. On les a
laissés parler pendant des heures. Je ne vois pas la différence
avec les médicaments. Tous les groupes de consommateurs ont
déploré le fait qu'on ne trouvait pas, dans le projet de loi,
telle et telle chose. A ce moment-là, le président aurait
dû intervenir et dire: C'est bien malheureux, ce n'est pas dans le projet
de loi. C'est la même chose.
Mme Payette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: Je ne voudrais pas qu'on interprète mal la
position que j'ai prise. Je n'ai aucune objection à ce qu'on continue de
discuter avec les invités qui sont devant nous. Je m'inquiète
cependant du fait que je crois déceler là un principe nouveau.
C'est seulement sur ce point-là que j'en ai. Si on est en mesure de
m'affirmer qu'il ne s'agit pas d'un principe nouveau, je n'ai strictement
aucune objection à continuer la discussion, parce que je trouve le sujet
extrêmement important pour les consommateurs. L'engagement que j'ai pris
devrait témoigner de cela, de ma préoccupation dans ce domaine et
du fait que je suis prête à intervenir auprès de mes
collègues pour qu'on essaie de voir où cela peut se situer, mais
j'ai effectivement l'impression, et ce n'est que mon impression, qu'il
s'agirait là d'un principe nouveau.
M. Robert: Est-ce que...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, pour
terminer sur cette question, le président apprécie toujours que
les membres d'une commission lui fassent voir, lui donnent un éclairage
qui lui permette de prendre une décision. C'est ce qui s est
passé dans le cas de Mme le ministre. Ceci dit...
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, toujours
sur la question de règlement, j'ai donné trois numéros
d'articles qui me paraissent répondre aux travaux de la commission et
qui touchent la véracité d'un message publicitaire. J'ai donc dit
à nos invités que ces articles sont conformes à des
demandes qu'ils nous formulent par rapport au projet de loi qui est devant
nous,
mais, sur l'introduction d'un nouveau chapitre concernant les
médicaments brevetés, j'ai l'impression qu'il s'agirait là
d'un principe. C'est ma position.
Le Président (M. Dussault): C'est dans ce petit corridor
que vient d'identifier Mme le ministre, je pense, que doivent porter les
discussions sur le mémoire.
M. Saint-Germain: Est-ce Mme le ministre ou vous qui êtes
président?
Le Président (M. Dussault): C'est moi, M. le
député de Jacques-Cartier, qui suis président et j'ai le
droit de faire les interprétations qui vont permettre à la
commission de fonctionner le mieux possible. Ceci dit, revenons sur le fond de
la question; M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: The boss is not always right but he is always
the boss.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, à l'ordre, s'il vous plaît! M.
Des-groseillers.
M. Robert: Est-ce que je peux... C'est Robert.
Le Président (M. Dussault): M. Robert, je m'excuse.
M. Robert: Est-ce que je peux simplement... Je comprends les
problèmes de Mme Payette en deuxième lecture. C'est
peut-être même nous autres qui sommes en retard. Je comprends tout
cela, mais je veux seulement vous souligner que le fait de protéger le
consommateur sur le plan de la santé me semble beaucoup plus important
et cela nous semble la seule voie par ce projet de loi.
En terminant, j'ajouterai uniquement une chose. M. Martel l'a dit tout
à l'heure, il existe un comité consultatif sur la pharmacie. Ce
comité est chargé de conseiller le ministre des Affaires sociales
sur les questions de pharmacie, de consommation, de publicité, etc. Je
fais partie, je suis membre de ce comité. M. Martel l'a dit tout
à l'heure, le rapport va être remis demain ou il est
peut-être remis au ministre des Affaires sociales aujourd'hui. Le rapport
est confidentiel. Je ne peux pas vous dire ce qu'il y a dedans, même si
je le sais, mais, au moins, je recommande à la commission d'en prendre
connaissance parce que je pense que vous me comprenez.
Le Président (M. Dussault): Avez-vous terminé votre
intervention, Mme le ministre?
Mme Payette: M. le Président, pour ce qui me concerne,
j'ai terminé. Je tiens seulement à répéter
qu'effectivement, je prendrai connaissance du rapport, que je demanderai
également aux gens de l'Office de la protection d'en prendre
connaissance et, si nous pouvons faire des interventions auprès des
responsables, en l'occurrence le minis- tre des Affaires sociales en
particulier, il me fera plaisir de donner tout mon appui à l'organisme
qui est devant nous.
M. Robert: De toute façon, nous remercions tous les
membres de la commission de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Dussault): M. Robert, ce n'est pas
terminé. M. le député de Jacques-Cartier et d'autres ont
des questions à vous poser.
M. Robert: Je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est rien. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je suis moi-même
un peu surpris qu'on n'ait pas développé plus qu'on ne le fait en
ce moment, dans le projet de loi, toute cette question des médicaments,
qui est à l'ordre du jour depuis des décennies. Il y aurait
certainement, pour la protection des consommateurs, d'autres champs
d'activité aussi où des fraudeurs s'étaient
immiscés et où plus d'un consommateur a eu à en subir les
conséquences. Il y avait les vendeurs itinérants, la loi est
sévère à cet égard, la publicité aux enfants
qui est à l'ordre du jour, sur laquelle la loi comporte de forts
règlements, de forts articles en ce qui concerne la protection des
enfants, certains trouvent que c'est aller à l'extrême. En fin de
compte, il y a eu une étude là-dessus; sur l'automobile aussi.
Même l'immobilier, qui est très important, n'est pas dans la loi.
La publicité pour les médicaments ne l'est pas non plus, c'est
regrettable. Il y a quelques articles, comme Mme le ministre vous l'a
mentionné, mais vous auriez probablement aimé voir une loi
beaucoup plus explicite à ce sujet.
Enfin, on vous fait des promesses, on vous a promis bien des choses,
bien de la bonne volonté, mais il faut tout de même faire
ressortir que lors de la rédaction de ce projet de loi, on aurait
dû consulter ceux qui étaient sensibilisés à toute
cette question de la vente des médicaments. On a bien vu, grâce
à l'intervention du député de Richelieu, que les hautes
autorités n'étaient pas tout à fait au courant de leurs
responsabilités dans ce sens.
Quant à moi, je n'ai rien d'autre à ajouter. Je n'ai pas
de questions à poser, parce qu'il me semble que je ne peux mieux faire
que vous ne l'avez fait pour éclairer tout ce domaine complexe de la
publicité des médicaments.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je serai très
bref également. Je vous remercie d'être venus, devant cette
commission, déplorer le fait, comme l'ont fait d'autres groupes, qu'on
ne parlait pas dans ce projet de loi d'assurance, de réparation de
maisons, d'immobilier. Vous êtes venus nous dire que vous
déploriez le fait qu'on ne parlait pas de médicaments.
Je vais me permettre quand même deux courtes questions. Dans votre
mémoire, à la page 13, vous dites qu'il existe des
médicaments de vente libre dont l'efficacité n'a pas
été démontrée, et même, vous ajoutez qu'il
existe des médicaments de vente libre dont les prétentions
publicitaires sont fausses ou biaisées. A la page 11, il y a une liste
de médicaments, tels Rolaids, Turns, Eno, Bromo Seltzer, Agarol,
Aspirine, Sinutab. Est-ce que dans cette liste de médicaments, il y en a
qui répondent aux critères que je viens d'énoncer,
c'est-à-dire qu'il existe des médicaments de vente libre dont
l'efficacité n'a pas été démontrée et qu'il
existe des médicaments de vente libre dont les prétentions
publicitaires sont fausses ou biaisées. Y en a-t-il dans cette
série?
M. Robert: Certainement.
M. Goulet: Bon. Vous me corrigerez, mais si...
M. Robert: Si vous voulez, je vais vous donner des exemples.
M. Goulet: Oui.
M. Robert: Prenons le cas du Néo-Citran sur deux points de
vue, celui de l'efficacité et celui du prix, du coût. Vous voyez
à la télévision un joyeux bonhomme couché dans la
neige, qui est tout gelé, avec son gros chien saint-bernard et son petit
tonneau. Tout à coup, il s'en va à la maison, il prend son
Néo-Citran, il se couche à côté de son
saint-bernard, toujours avec son petit tonneau de XXX, et là il est
très heureux. C'est de la fausse représentation, parce qu'on nous
laisse croire que l'on peut guérir un rhume ou une grippe par du
Néo-Citran. Or, c'est tout à fait faux. Parce que dans le
Néo-Citran, il existe, pour ne pas prendre de termes scientifiques, un
analgésique, un dérivé de l'aspirine. C'est beaucoup plus
l'eau chaude et le repos qui font que le type va peut-être guérir
son rhume. Parce qu'un rhume ne se guérit pas, c'est un virus, cela
prend le temps, soit sept ou dix jours. Ce sont dix jours qui nous paraissent
longs, mais uniquement les symptômes du rhume sont
guérissables.
D'autre part, sur le plan du coût, cela aurait coûté
beaucoup moins cher d'acheter un petit peu d'aspirine et de prendre un peu
d'eau chaude et ce serait revenu absolument au même. Cela, c'est un
exemple.
M. Goulet: Tous les produits que j'ai
énumé-rés là, sauf erreur, pourquoi les
retrouve-t-on dans les pharmacies? Les pharmacies au Québec
encore là, vous me corrigerez si je fais erreur ils font partie
de votre ordre et, lorsqu'on a, dans les pharmacies, surtout dans la
région de Québec, avec l'implantation de certaines chaînes
de pharmacies j'appelle ça une chaîne de pharmacies
c'est à grand renfort de publicité à la
télévision qu'on nous invite dans ces pharmacies. Une fois rendu
dans ces pharmacies, on s'accroche la tête sur toutes sortes de pancartes
publicitaires et ainsi de suite et tous ces produits sont vendus là.
Pourquoi vous autres, l'Ordre des pharmaciens, permettez-vous que vos membres
vendent...
M. Robert: Parce qu'on n'a pas juridiction sur la qualité
des médicaments et sur la commercialisation des médicaments.
C'est de juridiction fédérale.
M. Goulet: Non, mais à l'intérieur de votre ordre,
d'abord commençons par là vous avez nommez
tantôt du Néo-Citran, c'est ça? Vous en vendez dans les
pharmacies? Il s'en vend? Mais si l'étiquette sur la boîte ne
répond pas à l'efficacité, pourquoi, comme pharmaciens, ne
la bannissez-vous pas d'abord de vos établissements?
M. Robert: Ecoutez! Là, vous touchez à un autre
problème et je pense qu'on pourrait en parler longtemps et, en partie,
vous avez raison, mais je vais vous dire que si on bannissait la
publicité sur le Néo-Citran, il n'y aurait plus de
Néo-Citran qui se vendrait, parce qu'il y a beaucoup mieux que
Néo-Citran. Je parle de Néo-Citran, mais il y a tous les autres
aussi, et c'est très difficile. Même si je suis professeur
d'université, je travaille encore dans les pharmacies et c'est
très difficile de convaincre le consommateur qui arrive avec son enfant
qui prend des petites vitamines Flintstones ou du Géritol ou du
Néo-Citran qu'il y a mieux que ça. Pourquoi? Parce que,
justement, c'est le point qu'on a apporté aussi, c'est que la
publicité l'a tellement matraqué qu'il est convaincu que c'est
bon.
M. Goulet: Oui, mais, une dernière...
M. Desgroseillers: Me permettez-vous d'ajouter quelque chose?
M. Robert: M. Desgroseillers... M. Goulet: Oui,
d'accord.
M. Desgroseillers: Dans un cas de médicaments comme
ceux-là, plus ou moins efficaces, je suis d'accord avec Mme le ministre
qu'il pourrait y avoir quelques articles de la loi qui pourraient faire
ça, mais il y a plus que ça aussi. Il y a les médicaments
de vente libre qui contiennent des ingrédients efficaces et dangereux et
qui, en prenant, par exemple, une Michèle Morgan
québécoise avec des beaux grands yeux verts et une
génération de 50 ans qui l'a vue pendant des années, la
voit à tous les soirs, deux ou trois soirs par semaine, dire que quand
on a une très grosse migraine, elle n'a pas de maux de tête
souvent, mais, dans son cas, elle, elle en prend un ou deux et ce produit, par
exemple, contient de l'acide acétylsalicylique à une fois et
demie de plus que la dose normale. Là, est-ce qu'on va pouvoir
défen-
dre cette publicité, parce que ce n'est pas couvert par les
articles du projet de loi actuel? Mais c'est encore là que le
consommateur en a besoin.
Quant à moi, je suis un pharmacien pratiquant et c'est rendu que
mon épouse, parfois, me demande de lui apporter tel ou tel produit parce
qu'elle l'a vu à la télévision. Comment voulez-vous que le
pharmacien puisse arriver et dire...
M. Goulet: Mais c'est là...
Mme Payette: Et elle a plus que treize ans.
M. Desgroseillers: Et ça se vend partout. Et elle a plus
que treize ans.
M. Goulet: C'est là, M. le Président...
M. Desgroseillers: C'est pour ça qu'on ne pensait pas se
tromper d'adresse en considérant que, justement, on avait, aux articles
233 et 234, une restriction de la publicité pour les enfants. On s'est
dit que les médicaments, c'était encore plus dangereux que les
jouets et qu'il pouvait tout de même y avoir quelque chose, un
amendement, qui toucherait à cette question.
Il y a deux points. Il y a les médicaments qui se vendent un peu
partout, qui sont de vente libre, comme cela a été
expliqué tout à l'heure, et qui sont largement annoncés. A
50 ans, on commence à faire un peu de "beigne" et, à un moment
donné, on s'aperçoit que, foi de Français! cette
pilule-là, ce serait bon. On se pose des questions. Le médicament
est considéré comme un bien de consommation courante et ce n'est
pas le cas. Les gens devraient le prendre à bon escient.
C'est pour ça qu'on pensait s'adresser à la bonne enseigne
en arrivant ici et en disant: D'accord, c'est de la fausse publicité. Il
y a peut-être des articles qui vont y toucher. Mais il y a la protection
du consommateur, l'habitude de prendre des médicaments et,
malheureusement, la Loi de pharmacie traite des pharmaciens et, pour le
consommateur en général, c'est de la publicité et il faut
trouver quelque chose. (16 h 30)
A force de chercher cela fait dix ans qu'on essaie de
régler le problème on dit: Voilà, il y a une Loi
sur la protection du consommateur qui s'en vient, c'est le temps d'y mettre des
dents pour ceci. Il y a toujours moyen d'amender un projet de loi...
Mme Payette: M. le Président, si l'Opposition veut
m'assurer de son appui, nous allons, au cours des jours qui viennent,
étudier la question.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, M. le Président,
messieurs et madame de l'Ordre des pharmaciens...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président, je voulais
ajouter que vous pouvez être assuré, dans un champ
d'activité aussi important, que vous aurez ma pleine et entière
coopération. Il me semble que c'est évident.
M. Goulet: M. le Président, ce que je voulais dire...
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Bellechasse. A moins que ce soit une question de
règlement...
M. Martel: Non, c'est pour donner suite à ce que Mme le
ministre vient de dire.
Le Président (M. Dussault): Si M. le député
de Bellechasse le permet.
M. Goulet: Je ne sais pas, si...
M. Martel: Ce ne sera pas long. Je suis très heureux de
l'ouverture que Mme le ministre vient de faire; on pourrait se baser sur une
jurisprudence qui a été créée dans le cas de
Kelloggs', qui a été jugé par la Cour suprême,
laquelle donne aux provinces le droit de légiférer en
matière de publicité, et je pense que c'est cette jurisprudence
que nous devons chercher à appliquer dans cette législation, s'il
y a lieu.
M. Goulet: Ce que je voulais dire à l'Ordre des
pharmaciens, c'est qu'on demande au gouvernement de prendre ses
responsabilités quant à la publicité. Si, ce soir, en
écoutant un message publicitaire, on me vend l'idée que Rolaids
ou Bromo Seltzer c'est bon pour moi, je m'en vais à la pharmacie, il y a
plusieurs pharmacies, parce qu'il y a des gens qui pensent qu'un Bromo Seltzer
acheté à la pharmacie va être meilleur que s'il est
acheté à l'épicerie du coin. Ils vont vous voir et ils en
trouvent sur vos tablettes. Ce serait votre devoir, à ce
moment-là, d'éduquer la population; c'est pour cela qu'on a des
lois, parce que personne ne fait son devoir, que moins de personnes font leur
devoir. Éduquez le type qui se rend chez vous en lui disant: Mon cher
ami, des Rolaids, ici ou tous ceux qui sont là, de l'aspirine
Bayers on n'en a pas. Qu'est-ce que tu as? Un mal de tète? Voici
ce qu'il faut pour toi, va-t-en chez toi, couche-toi avec un bon verre
d'eau.
Vous lui vendez ce qu'il demande. Il se dit: C'est un pharmacien
professionnel qui m'a vendu cela. Heureux comme un roi, il s'en va chez lui,
numéro un.
M. Desgroseillers: Je regrette, je pense que le pharmacien ne
fait pas le poids, malgré toute la responsabilité que j'ai, quand
c'est, par exemple, un type bien connu, une vedette du sport, une vedette des
arts et spectacles, qui a connu 2000 ou 3000 apparitions en public. Le produit
est déjà vendu et les gens nous regardent de travers en voulant
dire: Qu'est-ce que tu viens faire, toi à contredire notre
Michèle Morgan québécoise ou encore notre vedette du
sport. D'autant plus que l'autre facteur, ce que vous dites peut être
vrai, le pharmacien peut faire des efforts et il le fait.
On a parlé de contestation tout à l'heure, cela s'est
réglé, il ne faut pas mettre tous les pharmaciens dans le
même bateau. Il y a eu des contes-
tataires, mais c'est réglé; au moins, il n'y a plus de
publicité sur les médicaments. Il y a un règlement de
tenue de pharmacie qui est contesté, mais cela est en dehors du
problème.
Les médicaments dont je vous ai parlé, le public se les
procure ailleurs qu'en pharmacie aussi. Votre intervention disant que le
pharmacien devrait jouer son rôle, il ne le peut pas, parce que le
médicament est vendu par les media de publicité. Vous avez assez
entendu parler de publicité depuis le début de cette commission
parlementaire pour que, malgré tous les sophismes qu'on a entendus ce
matin, on sache fort bien que la publicité est faite pour vendre un
produit. Quand c'est un médicament, nous, à l'Ordre des
pharmaciens, avons défendu l'idée depuis des années que le
médicament n'est pas un bien de consommation comme les autres et qu'il
ne doit pas être traité comme tel .
En permettant la publicité du médicament, qu'il soit
efficace ou inefficace, on met dans l'idée des gens que c'est un produit
de consommation courante et on en prend.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, M. le Président, et ce
sera ma dernière intervention, c'est que vous donnez de la
crédibilité à ces produits parce que vous les avez chez
vous et que vous êtes des professionnels de la santé. Si, demain
matin, dans toutes les pharmacies du Québec, il n'y avait plus de
Géritol, de Néo-Citran, vous ne pensez pas qu'au bout de six
mois, cela aurait beaucoup changé? Mais et aussi longtemps que vous, les
professionnels, les connaisseurs en la matière, allez continuer à
en avoir sur vos tablettes, les gens disent: C'est bon, ils l'annoncent et
c'est tellement bon que le pharmacien en a Le pharmacien qui connaît cela
donne de l'ampleur à l'annonce, il en a sur ses tablettes. Si j'arrivais
dans une pharmacie et qu'il n'y avait pas de ces produits, je dis au
pharmacien: Comment se fait-il que tu n'as pas de Néo-Citran ici? Mon
cher ami, le Néo-Citran ne vaut rien pour telle et telle raison; cela ne
répond pas à l'annonce.
Vous ne pensez pas que si les quelques milliers de pharmaciens au
Québec, demain matin, prenaient cette décision, ce serait toute
une éducation que vous donneriez à la population du
Québec?
M. Robert: ... Ce serait...
M. Goulet: D'information, en tout cas.
Mme Truesdell: Si vous permettez, je pense qu'à votre
dernière suggestion, j'aimerais répondre ceci. Je pense que, si
on écoutait votre suggestion, j'ai l'impression que l'effet obtenu
serait exactement l'effet contraire de ce que vous pensez et voici pourquoi.
Avec la publicité que nous avons eue et que nous avons encore sur ces
substances que sont les médicaments, qui sont des substances
essentiellement dangereuses, même si la publicité laisse croire,
même si la publicité permet aux gens de croire que ce sont des
objets de consommation courante, en fait, les gens apprennent par la
publicité à considérer les médicaments comme des
bonbons et cela, dès leur plus jeune âge. Alors, on traite les
médicaments comme des biens de consommation ordinaires et, dès le
moment où cette publicité, psychologiquement, touche le
consommateur, les gens prennent sur les tablettes, peu importe que ce soit les
tablettes du supermarché, du dépanneur, du magasin d'escompte ou
de la pharmacie, les gens prennent cela sur les tablettes comme s'il s'agissait
vraiment de bonbons.
C'est cette mentalité des gens qui doit être
changée. Cela va prendre des années, bien sûr, et des
années à partir du moment où toute la publicité sur
ces substances dangereuses sera abolie. Mais je pense que, dès le moment
où la publicité est en marche et est très importante, les
gens ont le réflexe de prendre cela comme des aliments, finalement. Ils
le prennent chez Steinberg, au Dominion, chez leur dépanneur, etc., et
peu importe que le pharmacien ne l'ait pas, l'effet sera le suivant. C'est que
le pharmacien sera alors considéré comme étant un bonhomme
qui a, dans sa pharmacie, seulement des médicaments qui
requièrent une ordonnance pour être vendus.
Autrement dit, les gens vont avoir le réflexe suivant.
Malheureusement, déjà, chez la population, on peut voir ce
réflexe-là. Les gens se disent: On va chez le pharmacien pour
avoir des médicaments qui requièrent une ordonnance pour
être vendus. Là, ils n'ont pas le choix, ils ont une ordonnance et
ils doivent aller chez le pharmacien. Mais dans le cas de tous les autres
médicaments qui sont considérés comme étant
pratiquement des bonbons ou comme des aliments, ceux-là, on les prend
n'importe où. Cela va simplement restreindre le rôle du
pharmacien, dans l'esprit des gens, aux médicaments qui
requièrent une ordonnance pour être vendus. Le pharmacien,
même s'il le voulait, ne pourrait plus jouer son rôle de conseiller
sur tous les médicaments, pas seulement les médicaments qui
requièrent une ordonnance ou qui requièrent des conseils, mais
sur tous les médicaments.
Si vous le permettez, pendant que j'ai la parole, je voudrais simplement
préciser une chose à la suite d'une intervention de Mme le
ministre tantôt. Elle a mentionné la Loi sur la pharmacie ou la
loi que doit faire appliquer M. le ministre Lazure. Je voulais attirer
l'attention de la commission sur le fait suivant. La Loi sur la pharmacie est
une loi qui s'adresse uniquement aux professionnels qui sont les pharmaciens.
La Loi sur la pharmacie n'a de juridiction que sur les pharmaciens. Alors, on
ne peut pas, par le biais de la Loi sur la pharmacie, prétendre
réglementer la publicité qui est faite par des grossistes, des
fabricants, des distributeurs ou par n'importe qui, finalement, Dominion,
Steinberg, etc. Parce que cette loi ne s'adresse qu'au professionnel qu'est le
pharmacien. Quant à la loi des établissements de santé,
elle ne s'adresse qu'aux hôpitaux, aux centres d'accueil et enfin
à toute cette catégorie d'établissements. De telle sorte
qu'il y a une espèce de vide en ce qui concerne ces médicaments
en vente libre parce que les fabricants les annoncent.
Alors, dans le cas des médicaments qui sont exclusifs aux
pharmaciens, que vous ne pouvez pas trouver chez Steinberg ou au Dominion, par
exemple... Prenons un des exemples qui est mentionné ici, sauf erreur,
parce que je ne suis pas pharmacien, le sirop Bénylin. C'est un
médicament, c'est un sirop qui est exclusif aux pharmaciens, mais qui ne
requiert pas d'ordonnance pour être vendu. A ce moment-là, on doit
aller chez le pharmacien. Par contre, il n'y a rien qui empêche le
fabricant de faire de la publicité de ce sirop, même si le
pharmacien n'a pas le droit d'en faire. Alors, il y a une espèce de vide
qui est créé entre la Loi sur la pharmacie et sa
réglementation, qui s'adresse strictement aux pharmaciens, et la loi des
établissements, etc., qui s'adresse strictement aux
établissements, aux centres d'accueil, etc., et il n'y a rien, au point
de vue provincial du moins, qui s'adresse au fabricant.
Comme le disaient mes collègues tantôt, il y a bien des
réglementations fédérales qui s'adressent aux gens en
général, aux fabricants, aux grossistes, aux distributeurs, mais
ces réglementations ou bien sont insuffisantes ou bien ne sont pas
appliquées ou bien sont mal appliquées, de telle sorte qu'on ne
peut pas actuellement, depuis des années d'ailleurs, prétendre
que la réglementation fédérale empêche cette
publicité sur ces médicaments de vente libre, qu'ils soient
exclusifs aux pharmaciens ou qu'ils soient vendus également dans
d'autres magasins que des pharmacies.
M. Goulet: Ce que je voulais vous dire, c'est que vous demandez
au gouvernement d'informer la population, vous demandez au gouvernement
d'adopter une loi. Le monsieur qui est au centre a donné comme exemple
le fait qu'un rhume, ça ne se guérit pas avec des
médicaments, ça prend de l'eau et du repos. Je pense que c'est ce
qu'il a dit.
M. Robert: Un rhume ne se guérit pas, mais les
symptômes du rhume qui sont très... c'est ça qui est
difficile, quand le nez coule, tout ça, ça se guérit ou
ça se soulage, en tout cas. Mais la grippe dure ses dix jours quand
même.
M. Goulet: Merci.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, Mme le
député des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Je voudrais seulement poser une petite
question. Je voudrais d'abord souligner que je trouve l'intervention de l'Ordre
des pharmaciens exceptionnelle, en deux sens, premièrement, sur le fond
de la question et, deuxièmement, il est très rare qu'on ait vu,
devant cette commission, des invités qui soient en même temps des
professionnels et qui représentent aussi des commerçants, parce
qu'il y a beaucoup de pharmaciens qui sont aussi des commerçants, agir
d'une façon aussi désintéressée, venir nous
demander d'abolir la publicité sur les médicaments. Cela peut,
conséquemment, diminuer leur chiffre d'affaires. Je pense que ça
vaut la peine de le souligner.
Mme le ministre a mentionné qu'au cours des prochains jours, elle
allait étudier véritablement la question, j'en suis très
heureuse. Cependant, si on n'arrive pas à apporter un amendement, ou
à répondre à vos désirs, je me demandais si en
vertu de l'article 204, vous en tant qu'organisme êtes
habilités à poursuivre des fabricants de médicaments qui
pourraient faire de la publicité frauduleuse, etc.
Mme Truesdell: Non, pas du tout, parce que nous n'avons pas
juridiction sur les fabricants, comme je l'ai mentionné tantôt.
L'Ordre des pharmaciens est une corporation professionnelle qui n'a de
juridiction que sur ses membres. Le seul moment où elle peut intervenir
sur des gens qui ne sont pas des pharmaciens, c'est dans le cas de ceux qui
exercent illégalement la pharmacie; comme le Barreau peut poursuivre des
gens qui exercent illégalement le droit. Le cas échéant,
on peut les poursuivre. Autrement, non.
Mme Payette: Sur une plainte de l'Ordre des pharmaciens, l'Office
de la protection du consommateur pourrait le faire.
Mme Truesdell: Si la publicité va à l'encontre des
articles que vous avez mentionnés tantôt, 204, 272, 302.
Mme Payette: Si ces messages publicitaires contenaient des choses
fausses, l'office qui est chargé de l'application de la loi pourrait
faire en sorte que ces messages soient retirés et corrigés.
Mme Truesdell: Oui. Vous comprenez que l'intervention de l'Ordre
des pharmaciens se situe à un niveau beaucoup plus global que
celui-là. C'est une intervention qui dit essentiellement que ce n'est
pas seulement la publicité qu'on peut viser comme étant trompeuse
directement, dont on peut faire la preuve devant un tribunal qu'elle est
trompeuse. C'est toute la publicité sur cette catégorie de
médicaments que nous voudrions voir abolie, parce qu'essentiellement,
c'est une publicité qui est néfaste pour le consommateur, tant au
point de vue de sa santé que de son porte-monnaie. Quoique du
côté du porte-monnaie, nous sommes beaucoup moins
préoccupés; c'est une préoccupation, mais c'est surtout de
la santé que se préoccupe l'Ordre des pharmaciens.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé, Mme
le député des Iles-de-la-Madeleine? Il n'y a pas d'autres
intervenants. Mme le ministre.
Mme Payette: Je voudrais vous remercier d'avoir attiré
notre attention sur ce sujet. Je suis heureuse que vous ayez porté de
nouveau votre cas devant l'opinion publique. Il me reste à souhaiter que
ce soit peut-être une des dernières fois. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je remercie l'Ordre des pharmaciens. Je
réitère à Mme le ministre ma pleine coopération si
elle veut modifier le projet de loi dans le sens que vous le voulez.
M. Desgroseillers: C'est la période des remerciements.
Nous vous remercions de nous avoir entendus, même si on semblait loin du
sujet, à un moment donné. Je crois que la question est vraiment
importante, vous nous excuserez d'avoir insisté.
Le Président (M. Dussault): Ne vous excusez pas, la
question est un peu délicate; forcément, le président est
un peu en conflit avec le contenu de votre mémoire. Cela le
forçait à parler un langage qu'il n'aime pas employer. Je vous
remercie également.
J'appelle la Confédération des syndicats nationaux
à se présenter devant la commission. (16 h 45)
Je prie le porte-parole du groupe de se présenter et de nous
présenter ses collègues.
Confédération des syndicats
nationaux
Mme Cartier (Gisèle): M. le Président, Mme le
ministre, MM. les députés, je suis Gisèle Cartier, la
première vice-présidente de la CSN. A ma gauche, Leopold
Beaulieu, trésorier de la CSN. A ma droite, Ginette Galarneau,
conseillère syndicale au service d'action politique, consommation de la
CSN. Et plus loin, à ma gauche, M. Pierre Lamar-che, conseiller à
l'exécutif de la CSN.
Le Président (M. Dussault): Mme Cartier, je vous prierais,
s'il vous plaît, de nous présenter votre mémoire de la
façon la plus brève possible.
Mme Cartier: La Confédération des syndicats
nationaux tient à formuler quelques remarques à propos de la Loi
de la protection du consommateur, puisqu'il s'agit d'une loi régissant
les activités quotidiennes des travailleurs.
C'est à partir de cette réalité, de ce vécu
des travailleurs, que le mouvement syndical formule ses revendications dont les
effets sont bénéfiques pour l'ensemble de la population.
Nous ne mentionnerons ici que quelques-unes des campagnes menées
par la CSN pour l'obtention d'un régime d'assurance-hospitalisation,
d'assurance-maladie, du régime des rentes du Québec, de la caisse
de dépôt, du régime d'aide juridique, du régime
d'assurance-automobile.
Ainsi, depuis au-delà d'un demi-siècle, la CSN s'est
grandement préoccupée des conditions de vie des travailleurs
ainsi que des règles qui les créent.
Plusieurs connaissent, plus particulièrement depuis 1962, les
efforts et l'attention apportés par la CSN pour la protection des
consommateurs, non seulement par ses revendications mais aussi par ses actions
dans le domaine du budget familial et son rôle dans la formation des
ACEF. Plusieurs membres de notre mouvement ont apporté une contribution
au développement des caisses populaires, des caisses d'économie,
des comptoirs alimentaires, des cooprix et autres organisations collectives
ayant pour raison d'être de servir leur collectivité plutôt
que l'enrichissement et le profit.
A notre avis, cette loi propose, au régime légal de
contrat et de commerce que les travailleurs subissent, des modifications
significatives que la CSN appuie fortement; cette loi accuse, à notre
avis, certaines faiblesses que nous voulons souligner en sachant que des
modifications ont déjà été proposées par des
groupements plus spécifiquement voués à certains aspects
de la défense des intérêts des consommateurs. Cette loi,
enfin, comprend des omissions que nous tenons à énoncer.
Les modifications significatives. Le préjugé favorable au
consommateur avoué au présent texte de loi se dégage avec
plus de clarté que certains autres préjugés accusés
par le gouvernement.
Lorsque le projet de loi reconnaît que l'égalité
présumée des parties ne sert qu'à permettre l'exploitation
d'une des parties, le consommateur en l'occurence, par l'autre partie,
économiquement plus forte, cette reconnaissance marque une modification
substantielle au régime libre-échangiste que la CSN condamne. La
CSN se fonde notamment sur les modifications apportées aux règles
de conclusion de contrat, aux facultés de résolutions,
annulations et résiliations des contrats permises aux consommateurs,
à l'appréciation de la situation économique du
consommateur, aux règles de preuve et procédure, enfin, aux
délais et garanties pour porter ce jugement.
La CSN s'appuie sur une résolution de son congrès
confédéral de 1970 pour apporter son soutien sans réserve
à l'abolition de la publicité destinée aux enfants. Nous
faisons confiance à nos enfants. C'est aux publicitaires et autres
exploiteurs que nous ne faisons pas confiance.
Enfin, la CSN souhaite que certaines autres dispositions prévues
au projet de loi 72 soient maintenues parce qu'elles apportent une solution
réelle à certaines difficultés constatées,
notamment: Le lieu de conclusion d'un contrat à distance; Le
maintien de l'obligation du commerçant ou du manufacturier malgré
la garantie exécutée par un tiers; Le fait que les frais de
crédit ne portent que sur les sommes effectivement reçues;
Le fait de pouvoir substituer une police d'assurance à celle
offerte par le commerçant; Les protections accordées en cas
de perte de carte de crédit; Le fait que les frais de
crédit (autres que pour les avances d'argent) ne soient exigibles avant
réception de l'état de compte; Le fait de ne pouvoir
assimiler un contrat de crédit variable à un contrat de vente
à tempérament.
Je vais sauter la partie sur les faiblesses de la loi, que vous pourrez
revoir à loisir, quand vous en
aurez le temps, pour passer directement à la page 10, aux
omissions.
Les contrats types. Pour s'assurer que tous leurs droits sont
respectés et qu'il n'y a aucune obligation dérogatoire à
un contrat, les consommateurs doivent pouvoir s'en remettre à des
contrats types, comme dans le cas du bail type.
Ces contrats types devraient notamment comprendre: Les
délais de résolution; Un avis de résolution en
annexe; Les garanties rattachées aux biens et services; Les
recours des commerçants et consommateurs; La description des biens
vendus ou loués; Les conditions de paiement.
Nous assimilons également à une omission du projet de loi
le fait de ne pas avoir interdit purement et simplement la publicité sur
le crédit.
Dans la situation économique très difficile que vivent les
travailleurs avec la baisse du pouvoir d'achat, les fermetures d'usines et le
chômage, les compagnies de prêt d'argent ou les institutions
financières s'emploient à donner l'impression que le
crédit est facile d'accès et procure le pouvoir d'achat essentiel
à l'acquisition des biens et services convoités. Ainsi, durant
les années soixante, la dette à la consommation a subi une
augmentation de l'ordre de 145%.
Cette augmentation a été occasionnée, comme le fait
remarquer l'étude du groupe de recherche en consommation, surtout par
l'accroissement de la dette moyenne des débiteurs, peu par
l'augmentation du nombre de débiteurs. Pour les débiteurs dont le
revenu se situait, en 1969, entre $3000 et $7000, la dette aux compagnies de
finance représentait entre 16% et 35% de leur revenu annuel. Quand on
connaît les conditions et le niveau du coût de crédit
généralement plus élevé de ces compagnies, on n'est
pas surpris des conséquences et des effets subis par les travailleurs
dans leur quotidien: trouver une autre source de revenu, travail du conjoint,
second emploi, arrêt des études des enfants.
Certaines études ont démontré que le
phénomène de l'endettement atteint au-delà de 50% de la
population et que l'endettement progressif semble irréversible pour une
proportion importante de ces 50% de la population.
L'endettement des Québécois s'est accru de $601 millions
entre 1976 et 1977, soit une augmentation de 11,1%. Les salaires, au Canada,
pour cette période, n'ont augmenté que de 6,7%, tandis que le
coût de la vie (IPC) s'est accru de 8%.
De plus, si l'on considère que les dépenses personnelles
n'ont augmenté en dollars constants que de 2,8% durant cette
période, il apparaît manifeste qu'une partie plus grande de notre
population s'appauvrit par rapport à l'autre.
Ce phénomène de l'appauvrissement s'accentue du fait qu'en
1977-1978, les Québécois devront payer $100 millions en
intérêts seulement dont la preuve est loin d'être faite
qu'ils sont réinvestis au Québec et pour le mieux-être des
Québécois.
Encore une fois, ce sont ceux qui ont moins qui doivent payer plus. Il
faut remédier à cette situation dramatique d'endettement qui
continue de s'aggraver, touchant plus durement les familles à faible et
à moyen revenus. A cet effet, les articles 229 et 232 manquent de
rigueur et laissent la porte ouverte à diverses pratiques dont la
publicité dite de prestige, du genre Household Finance Company, vantant
ses "bonnes actions" à Cap-aux-Meules, qui peuvent se
répéter à l'infini, perpétuant une bonne image de
ces compagnies de finance dont, incidemment, l'abolition est encore au
programme du Parti québécois.
Dans le cas où la publicité sur le crédit n'est pas
abolie, il faut au moins que la loi limite toute forme de publicité sur
le crédit par une institution financière, un commerçant ou
un manufacturier: au taux de crédit; au nombre de mensualités et
le paiement de celles-ci; aux frais d'administration et d'assurances et au
coût total de remboursement.
Ainsi, le crédit sera moins paradisiaque, mais plus conforme
à la réalité.
L'incitation à la vente au comptant: La pratique démontre
que la vente à tempérament ainsi que les autres formes de
crédit qui ne sont pas assimilables au crédit bancaire provoquent
plus facilement l'endettement des consommateurs à faible et moyen
revenus.
Nous estimons qu'un véritable code du consommateur devrait tenter
d'éliminer la vente à tempérament et favoriser la vente au
comptant et le crédit bancaire. Ce code devrait, à tout le moins,
fixer un taux de crédit maximal.
Les avantages du crédit bancaire sont principalement
résumés dans les facteurs suivants: La marge de crédit est
connue du consommateur; elle est généralement fonction de sa
capacité de payer et les coûts de crédit à la banque
ou à une caisse populaire sont moins onéreux que les coûts
des autres formes de crédit.
A titre d'incitation à la vente au comptant, nous demandons que
chaque commerçant qui accepte les cartes de crédit soit
obligé, par la loi, d'accorder une diminution équivalant à
5% du coût d'achat à tout consommateur payant comptant, ceci en
considération du fait que le commerçant retire dans le paiement
par carte de crédit aux environs de 95% de son prix de vente, la
différence étant accaparée par les corporations de
crédit qui émettent des cartes.
Je vous ferai grâce de la conclusion. C'était la position
de la Confédération des syndicats nationaux vis-à-vis du
projet de loi no 72.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie beaucoup de
votre collaboration. Je laisse la parole à Mme le ministre.
Mme Payette: Mesdames, messieurs de la CSN, je voudrais vous
remercier d'avoir pris la peine de venir devant cette commission et vous
remercier du mémoire que vous déposez aujourd'hui. Je retiens,
comme je l'ai fait pour d'autres groupes d'ailleurs, vos demandes au sujet de
contrats types. Nous allons voir si cette possibilité peut être
réalisée dans les jours qui viennent.
Au sujet du crédit, je comprends aussi vos préoccupations.
Il est vrai que l'endettement au Québec est une chose inquiétante
et, placée où je suis, je pense que je suis à un poste qui
me permet d'en prendre conscience. Nous avons pensé, cependant, que le
fait d'obliger les maisons de crédit à faire connaître dans
leurs messages publicitaires l'état de la situation, c'est-à-dire
la disponibilité du crédit et les taux de ce crédit, nous
fait faire, en tout cas, un premier pas dans le sens de l'éducation du
consommateur de crédit.
En ce qui concerne votre dernier point sur les cartes de crédit
par rapport aux achats au comptant, nous avons beaucoup travaillé depuis
plusieurs mois sur un article qui serait allé dans ce sens. Il est
possible que nous n'ayons pas dit notre dernier mot à ce sujet, mais
nous avons rencontré de multiples difficultés d'application. Je
tenais tout simplement à vous faire part du fait que nous avions, tout
au moins, fait l'effort de travailler dans ce sens. Il est possible que nous
puissions, d'ici l'adoption du projet de loi, réintroduire un article
dans ce sens. Je ne peux pas en prendre l'engagement présentement
à cause des difficultés auxquelles nous avons fait face. Je n'ai
pas de question à vous poser, parce que je pense que votre
mémoire a été assez clair. Je comprends les points que
vous avez soulevés.
Mme Galarneau (Ginette): Si on fait une remarque au sujet des
articles 229 à 232, c'est précisément parce qu'on pense
qu'il y aura une trop grande place laissée à la publicité
dite de prestige, permettant à ces compagnies de passer
complètement à côté du taux de crédit,
c'est-à-dire ventant les beautés du Québec et finissant
par dire: C'était un message commandité par telle compagnie.
Alors, on n'aura pas abordé du tout le fait qu'on vend, qu'on
prête à crédit et à quel taux on le fait.
Mme Payette: Je prends bonne note de vos remarques dans ce
sens.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On se rend bien compte que le crédit,
surtout au Québec, est beaucoup trop populaire et qu'il coûte des
sommes extravagantes. Celui qui en paie le plus, c'est toujours le plus
démuni, habituellement. Vous avez mentionné qu'on devrait mettre
fin à la vente à tempérament. Vous êtes le
deuxième groupe à faire cette demande. Je me demande si vous ne
pourriez pas vous expliquer un peu là-dessus et me dire,
premièrement: Le client qui veut acheter une marchandise à
tempérament, de quelle façon pourrait-il l'acheter s'il n'y a pas
de vente à tempérament? Deuxièmement, est-ce qu'il pourra
toujours trouver crédit, s'il a besoin de crédit, à des
taux aussi raisonnables que ceux obtenus par une vente à
tempérament?
M. Beaulieu (Léopold): D'abord, on recommande, pour ce qui
est des taux de crédit, une imposition dans la loi d'un maximum de taux
de crédit. Les compagnies prêteuses viendront expliquer pourquoi
c'est nécessaire d'amender et d'augmenter cette limite maximale,
premièrement. Deuxièmement, par rapport aux ventes à
tempérament, ce qu'on veut exprimer, c'est le lien qui est pris sur le
bien plutôt que le prêt consenti sur la base de la capacité
de rembourser. De toute façon, normalement, l'intention dans la vente,
ce n'est pas la reprise. Il existe, je sais, dans d'autres pays, des
corporations spécialisées dans cela, mais l'intention qui est
derrière, c'est de payer comptant et de se procurer le crédit
nécessaire à payer comptant lorsqu'on ne l'a pas sur la base de
notre capacité de rembourser. Il y a effectivement, par rapport aux
ventes à tempérament, un pas de fait, parce que, lorsqu'une
partie est effectivement remboursée, il n'y a plus l'exercice de ce
lien. Quant à nous, on souhaiterait carrément que ce soit aboli,
non pas qu'on souhaite et qu'on croit que tous les travailleurs soient en
mesure de payer comptant tous leurs achats sans emprunter, mais que les
emprunts nécessaires soient effectués sur la base de leur
capacité de rembourser plutôt que sur la valeur du bien qu'ils se
procurent.
M. Saint-Germain: Pour la majorité de ces gens qui
achètent à tempérament, est-ce que leur capacité de
payer leur permet d'emprunter à un aussi bon taux que celui qu'ils
obtiennent lorsqu'ils achètent à tempérament? (17
heures)
M. Beaulieu: La vente à tempérament, à
l'expérience que nous avons à la CSN, au service du budget
familial, ensuite, les ACEF et d'autres organisations de protection des
consommateurs pourront témoigner de ça, c'est un des types de
contrats qui a précipité le plus d'endettement, parce que ce
qu'on fait, c'est du refinancement et du rerefinancement. Alors que, lorsqu'on
emprunte sur notre capacité de payer... et les intérêts qui
sont payés aux corporations prêteuses sont, de toute façon,
perdus en termes de pouvoir de rachat. Si quelqu'un n'a pas les moyens, par
exemple, de rembourser sa voiture et que vous lui vendez quand même, vous
allez la reprendre, la voiture. Vous n'aurez pas servi, il me semble, ce
consommateur.
M. Saint-Germain: Vous avouerez tout de même que ce n'est
pas toujours facile. Je sais bien que vous... Mais vous qui êtes en
contact avec les gens responsables des budgets familiaux, par exemple, comment
se fait-il... Vous avez les "credit union" que les unions et les syndicats ont
établis. Quel est le pourcentage de vos membres qui, au lieu d'aller
acheter à tempérament ou d'aller emprunter ailleurs, font appel
à votre "credit union" pour avoir des fonds? Il me semble que vous avez
là un outil...
M. Beaulieu: C'est un outil, c'est vrai, mais il prête
généralement... Les institutions prêteuses sont
là-dessus plus ouvertes que d'autres institutions financières,
peut-être, sur la capacité de rembourser. Elles ont la
régularité habituellement
de la déduction sur paie, ce qui facilite des choses. Cependant,
je ne peux pas vous dire combien de nos membres en font partie, mais nos
membres sont sûrement majoritairement sociétaires de caisses
d'épargne et de crédit, quelles soient populaires ou
d'économie. Effectivement, il y a eu, de ce côté-là,
au fil des années, une ouverture, c'est-à-dire que les caisses
populaires qui, par le passé, il y a quelques années, faisaient
surtout du prêt hypothécaire, font maintenant du prêt
personnel et ce sont les institutions financières prêteuses qui
servent, semble-t-il, les consommateurs. Mais quand vous demandez pourquoi ils
ne s'en servent pas davantage, ils sont dans une situation financière
qui ne leur permet pas toujours d'emprunter sur la base de leur capacité
de rembourser.
Vous savez, la moyenne de revenu des membres affiliés à la
CSN, c'est peut-être $1500 ou $2000 au plus au-dessus de l'indexation
qu'on pourrait faire du seuil de la pauvreté des $100 par semaine qui
remonte à 1971. Alors, ça peut peut-être expliquer pourquoi
il y a encore des ventes à tempérament même chez les
travailleurs qui sont syndiqués et il y a tout l'effort, toute
l'existence de la publicité qui fait ses ravages chez les travailleurs,
qu'ils soient syndiqués ou non.
Mme Payette: Est-ce que le député me permettrait
une question...
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: ... dans le même sens que ce qu'il est en
train de demander.
Où on a évidemment consulté beaucoup sur cette
question. Un danger a été porté à notre attention
en cours de route. Même si on interdisait la vente à
tempérament, il n'est pas sûr que les consommateurs
intéressés puissent tous trouver du crédit auprès
d'une institution financière. Est-ce qu'on ne renvoie pas c'est
une partie de notre inquiétude un certain nombre de citoyens
à une source de crédit qui est encore pire que la vente à
tempérament? Oui, le "shylocking", ça existe encore,
hélas!
M. Beaulieu: Justement, il existe et les ventes à
tempérament existent. Je veux dire que ça ne relève
probablement pas du projet de loi 72.
Mme Payette: Vous dites que cela existe et que la vente à
tempérament existe, mais ce n'est peut-être pas nécessaire
d'augmenter leur chiffre d'affaires.
M. Beaulieu: Je suis bien d'accord avec vous. Ce que j'essayais
de vous répondre, c'est que ce n'est sûrement pas dans le cadre de
votre projet de loi 72 que vous allez pouvoir régler les "shylocks"; il
y a d'autres ministères responsables de ce type d'activités.
Mme Payette: Je ne tiens pas à augmenter leur chiffre
d'affaires et c'est là ma préoccupation.
M. Beaulieu: On est bien d'accord là-dessus, il ne faut
pas augmenter leur chiffre d'affaires.
Mme Payette: II se pourrait que ce qu'il y a dans la loi 72,
actuellement, permette à certains citoyens un meilleur accès
à un crédit disponible dans les caisses populaires ou dans les
caisses d'économie; il y en a quelques-uns qu'on va laisser dans la zone
grise, dans la vente à tempérament, mais est-ce que ce n'est pas
pour les empêcher de tomber dans l'autre catégorie? C'est la
question qu'on s'est posée.
M. Beaulieu: Je comprends que vous vous soyez posé cette
question, mais il me semble que ce n'est peut-être pas par le maintien
des ventes à tempérament qu'il faudrait ralentir le chiffre
d'affaires du "shylocking", mais en confiant cela à d'autres
ministères.
Pour ce qui est des biens essentiels que les gens peuvent se procurer
par la vente à tempérament, il y a peut-être d'autres
ajustements auprès d'autres ministères pour s'assurer
qu'effectivement, on reconnaisse dans notre société dite riche,
dite d'opulence, qu'on puisse fournir à chacun ce qui est essentiel ici.
Il me semble qu'on amincirait considérablement la zone grise qui est
inquiétante.
Pour ce qui est de la difficulté je ne sais pas si je suis
dans l'ordre, vous m'avertirez; c'est votre rôle des 5%,
c'est-à-dire la diminution lorsque le marchand ou le commerçant
accepte les cartes de crédit et qu'on sait qu'il retire, en moyenne, 95%
de son prix marqué, de son prix de vente, il y a peut-être une
façon de le prendre à l'envers, je ne sais pas. Vous disiez que
vous aviez beaucoup réfléchi là-dessus; avez-vous
pensé à faire en sorte que les frais d'administration, qui sont
chargés au commerçant, au marchand, prennent une forme
différente de celle d'une réduction du prix de vente, en termes
de remboursement aux compagnies de finance?
Mme Payette: Vous permettez, M. le député, que je
réponde à cela? C'est une solution que nous avons
envisagée. La difficulté principale que nous avons eue c'est que
les compagnies émettri-ces de cartes de crédit annulent le
contrat de crédit avec ce marchand s'il accorde une réduction sur
les ventes au comptant.
M. Beaulieu: C'est la raison pour laquelle on souhaitait que ce
soit dans votre loi, de telle sorte qu'elles ne se retirent pas
complètement du marché. Quelque chose nous dit qu'elles ont un
certain intérêt, elles en retirent, en tout cas.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas toujours facile, j'en conviens.
Vous avez mentionné tout en parlant, comme exemple, cette annonce de
Cap-aux-Meules qui a une maison de finance; vous avez raison, cela nous reste,
on est un peu surpris
lorsqu'on voit une telle annonce, on est désagréablement
surpris de trouver combien elle est agréable à regarder; c'est
cela, en fait. J'en suis qu'il faudrait bien que la loi soit assez
sévère pour empêcher ce genre d'annonce comme cette annonce
qu'on voit parfois à la télévision: Empruntez pour acheter
un "high fi" ou quelque chose de semblable. Cela me semble dépasser les
bornes. Est-ce que vous pensez qu'on devrait nécessairement enlever
toute annonce de crédit? C'est très complexe. Si vous allez
à l'extrême, vous allez avoir des réactions extrêmes
de certaines personnes qui vont vouloir du crédit à tout prix et
vous allez créer des prêteurs nouveaux, si vous voulez. Combien de
personnes, des employés d'usine, sont reconnues pour prêter $5
à leurs confrères travailleurs le lundi matin parce que le jeune
homme est cassé, n'a plus d'argent; il emprunpte $5 pour remettre $6
à sa paie. Cela se fait très communément. Ce n'est pas du
"shylock " parce qu'il n'y a pas de menace au bout, c'est fait à un
niveau très personnel, mais il reste que les intérêts
là-dessus sont extrêmement dispendieux.
M. Beaulieu: Evidemment, quand il s'agit de $5, ce n'est pas trop
mal, pour le reste, j'imagine qu'il sait où sont les institutions
financières, mais ce que je voudrais dire, c'est qu'on comprend bien que
cela puisse créer des perturbations, c'est quelque chose d'important
dans le coût, dans le prix de vente que la part de la publicité,
et on n'a pas ici la valeur relative pour les types de produits. On sait que
cela fluctue, mais c'est important, parce qu'on le paie, d'une part. D'autre
part, s'il y a maintien de publicité concernant le crédit, ce
qu'on soumet, ce qu'on souhaiterait est à la page 15 du mémoire.
On dit: On souhaite qu'au moins s'il y a de le publicité sur le
crédit par une institution prêteuse ou un marchand qui veut vendre
à crédit ou un manufacturier, il y aille carrément,
plutôt que de se taper sur la bedaine au sujet de Cap-aux-Meules, il
faudrait s'informer auprès des gens de Cap-aux-Meules si c'est bien
cela, de nous annoncer son taux de crédit. Ce n'est pas sur la
beauté de ces images que la concurrence, si elle existe dans cette
société, devrait jouer, quant à nous, mais sur le taux du
crédit, le nombre de mensualités qu'il peut offrir pour certains
taux de crédit, les frais d'administration, s'il y en a derrière
cela, ou d'assurance, et le coût total des remboursements.
M. Saint-Germain: Je crois que ce serait bien
préférable à une défense complète
d'annoncer. Je crois qu'on aurait une annonce véridique, qui ne serait
peut-être pas prisée, si vous voulez, de celui qui annoncerait de
cette façon-là, mais, d'un autre côté, qui pourrait
rendre service à bien du monde, Je vous le concède.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que je pourrais
donner une information?
Le Président (M. Dussault): Si M. le député
le permet.
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: A l'article 219, vous avez la réponse
à la possibilité pour une maison de crédit d'annuler ses
cartes. C'est prévu à l'article 219, ce n'est pas possible. Ce
qui nous a empêchés d'aller plus loin en termes de la
réduction des prix, c'est que, n'ayant pas de contrôle sur les
prix, nous ne sommes pas assurés que les commerçants ne seraient
pas tentés d'augmenter tous leurs prix de 5% si nous demandions qu'ils
fassent un rabais de 5% à l'achat au comptant.
M. Beaulieu: Je sais que les prix n'ont jamais été
contrôlés effectivement. A cause de cela, cette possibilité
demeure, mais, en termes de pratique qui s'installe et s'il y a, encore une
fois, une certaine concurrence, il me semble que, s'il y en a une...
Mme Payette: Le problème, c'est que, quand on fait une
loi, il faut qu'on s'assure de pouvoir la faire appliquer et il ne paraît
pas possible d'ordonner aux commerçants de donner un rabais de 5% sans
pouvoir s'assurer qu'ils n'augmentent pas le prix de 5%.
M. Beaulieu: Mais je reviens sur l'autre
éventualité que vous êtes en train d'examiner, disiez-vous,
est-ce que ce ne serait pas plutôt une imposition auprès des
compagnies émettrices de cartes de crédit, quant aux conditions
de contrat avec... Effectivement, vous y touchez, mais en allant un peu plus
loin que l'article 219.
Mme Payette: Pour l'instant, à l'article 219, nous pensons
qu'il y a là, et tout cas, un premier pas dans ce sens.
M. Beaulieu: II y a une foule de pas importants dans ce projet de
loi, je pense qu'on l'a dit, celui-là en est un premier, cependant,
comme vous dites, plus petit peut-être.
Mme Payette: En ce qui concerne Cap-aux-Meules, il resterait
à démontrer que le développement de Cap-aux-Meules a
été fait grâce à la présence de Household
Finance. Il m'apparaît très facile de démontrer que c'est
un message faux.
Mme Leblanc-Bantey: Je peux vous dire tout de suite, si vous le
permettez, que c'est une publicité absolument démagogique pour ne
pas dire tout simplement frauduleuse et carrément trompeuse.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, avez-vous terminé?
M. Saint-Germain: II faut admettre que cela nous a fait
connaître Cap-aux-Meules.
M. Goulet: Pour le tourisme...
M. Saint-Germain: Voyez-vous? Je ne veux pas trop m'attarder,
mais il reste que cette ques-
tion de crédit est très complexe et ce n'est pas facile
à résoudre. Vous avez parlé d'un contrat type. Il me
semble que c'est une façon efficace de protéger les consommateurs
et simple d'application. Ce serait un contrat que toute la population,
commerçants, manufacturiers, distributeurs, apprendraient vite à
connaître, à manipuler, et je me demande pour quelle raison on ne
l'a pas établi. Est-ce que vous vous êtes aperçu, par
exemple, que le contrat type au sujet des loyers ait créé
certaines difficultés au niveau de certains de vos
protégés à titre de conseillers familiaux? (17 h 15)
M. Beaulieu: II est certain, d'après l'expérience
qu'on a de l'existence du bail type, que cela a énormément servi
et a permis des conditions comparables de traitement et de relations entre
propriétaires et locataires. A la CSN, avant que soit mise en place
cette politique, nous avions publié une brochure et nous avions fait
campagne autour d'un bail type que nous suggérions aux locataires de
négocier auprès de leur propriétaire et cela a eu,
espérons-le, cela a contribué, je pense, à faire la
démonstration que c'était possible. Ensuite, cela a
été adopté.
M. Saint-Germain: II faut avouer que ce serait peut-être
plus difficile vis-à-vis des consommateurs en général,
c'est moins spécialisé.
M. Beaulieu: J'ai personnellement l'expérience du
fonctionnement d'une caisse d'épargne et de crédit. J'ai eu
l'occasion de consentir des prêts à des travailleurs et je vous
dirai que, dans les différentes fédérations ou unions
régionales, dans les caisses, les gens travaillent avec des formules
types. Si l'organisation, pour elle-même, peut se donner des formules
types, pourquoi n'y aurait-il pas possibilité d'élargir la
formule type à tout le monde?
Il semble bien que, dans chacune des institutions, il y a une formule
type. Je n'ai jamais vu un prêteur, de quelque corporation que ce soit...
Même chez HFC, on doit avoir des formules types bien faites.
M. Saint-Germain: Avec un contrat type, on ne pourrait rien
retrancher, on pourrait tout de même ajouter ou s'adapter à la
marchandise qu'on vend ou au service qu'on rend. J'ai terminé; merci, M.
le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Vous parlez des efforts
et de l'attention portée par la CSN à la protection des
consommateurs, non seulement par ses revendications, mais par ses actions dans
le domaine du budget familial et de son rôle dans la formation des ACEF.
Les ACEF sont-elles bien représentatives au niveau des
consommateurs?
M. Beaulieu: Je n'ai pas compris votre question, ce n'est plus
quoi?
M. Goulet: Est-ce bien représentatif au niveau...
M. Beaulieu: Si c'est bien représentatif?
M. Goulet: Les ACEF, oui, au niveau des consommateurs,
étant donné que vous travaillez à la création des
ACEF.
M. Beaulieu: Je ne connais pas leur "membership" pour l'instant,
ce sont des organisations autonomes qui fonctionnent en vertu d'incorporations
émises par le ministère des Institutions financières. Si
elles ont l'occasion de passer auprès de vous, vous pourriez
peut-être leur poser des questions sur cette
représentativité. Quant à nous, je ne peux vous parler que
de la CSN.
M. Goulet: Je posais la question parce qu'effectivement, elles
sont passées, d'autres personnes sont passées, étant
donné que vous travaillez à leur création, je voulais
avoir un renseignement.
M. Beaulieu: La CSN a effectivement aidé à la
formation de ces associations coopératives d'économie familiale,
parce que ces services de budget familial avaient pris des proportions telles
qu'il était pertinent qu'une organisation prenne en charge ces questions
sur une base autonome.
M. Goulet: Vous avez parlé tout à l'heure de
beauté des images. Dernièrement, à la
télévision, j'ai eu l'occasion, à quelques reprises ou
même pendant trois semaines ou un mois, assez souvent, on nous a offert
quasiment le paradis. C'était de la publicité pour
allégeance syndicale. Vous pensez quoi, là-dessus?
M. Beaulieu: Qu'est-ce que je pense de ça?
M. Goulet: Je pense à certaines annonces, peut-être
pas à la vôtre, mais à celle d'un concurrent. Je trouve
que, dans les critères que vous avez énoncés tout à
l'heure, il n'était pas tout à fait là-dedans, parce qu'on
nous montrait quasiment le paradis; assez, je vous l'avoue franchement, que
j'ai eu envie de laisser mon poste de député pour m'en aller
travailler, me syndiquer.
M. Beaulieu: Est-ce que je peux vous demander à quelle
centrale vous auriez adhéré? Qui vous a à ce point
attiré?
M. Goulet: La publicité que vous semblez...
M. Beaulieu: Je vais répondre sérieusement à
votre question sérieuse.
M. Goulet: C'est parce que la publicité, vous semblez
dire... Vous avez parlé de la beauté des images dans le cas de
HFC ou d'autres. Les annonces que j'ai vues, qui venaient des trois plus
grandes centrales syndicales au Québec, en toute humilité, je
vous dis ça, m'ont laissé la même impression que celle que
vous avez décrite tout à l'heure, ou à peu
près.
M. Beaulieu: D'abord, les règles...
M. Goulet: C'est peut-être véridique, remarquez
bien, mais elles m'ont laissé la même impression.
M. Beaulieu: Les règles qui régissent la
période de changement d'allégeance, c'est une loi qui ordonne
ça. Je voudrais vous dire que ça survient... D'abord, cette
période publicitaire revient peut-être à tous les trois
ans, en moyenne, si je ne m'abuse. C'est peut-être cela aussi qui est
prévisible pour l'avenir.
Ce n'est pas non plus un objet de consommation. Les choses qui ont
été dites, il s'agirait de voir pour chacune, lesquelles
n'étaient pas exactes. Quant à celles que j'ai entendues et qui
parlaient de la CSN, je suis mieux placé pour vous dire qu'à mon
sens, elles étaient exactes.
M. Goulet: Remarquez bien, M. le Président, que je n'ai
pas dit qu'elles n'étaient pas exactes.
M. Beaulieu: Ah bon!
M. Goulet: Non. J'espère que mes propos n'ont pas
laissé croire cela. J'ai dit que cela nous montrait presque le
paradis.
Mme Leblanc-Bantey: C'est pour cela qu'avant qu'ils arrivent, le
paradis existait.
M. Beaulieu: C'est vous qui le dites, que c'est le paradis.
M. Goulet: En tout cas...
M. Beaulieu: On ne se trouve pas particulièrement au ciel,
nous autres.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
Je ferai part de deux principes. J'aimerais que vous me disiez si vous voyez
une différence entre ces deux principes que je vais énoncer.
Le premier est celui-ci et je cite: "Toute initiative dans l'achat de
biens doit être strictement réservée au consommateur."
Le deuxième principe dit: "Toute initiative au niveau
syndicalisation devrait être réservée au travailleur."
Est-ce que vous voyez une différence entre ces deux
principes?
M. Beaulieu: En voyez-vous une, vous? Vous pourriez m'aider et me
faire un clin d'oeil plutôt que de le faire au président.
M. Goulet: Non, je l'ai fait à vous.
M. Beaulieu: C'est parce que vous vous tourniez vers le
président. Je m'excuse de la coïncidence.
M. Goulet: Je l'ai sûrement fait à Mme le ministre
ou à Mme le député des Iles-de-la-Madeleine, certainement
pas au président.
Mais je voudrais que vous me répondiez oui ou non. Est-ce qu'il y
a une différence entre ces deux énoncés?
M. Beaulieu: La CSN s'est toujours battue pour la liberté
de l'adhésion syndicale et au moins, la campagne sur laquelle vous
questionniez tantôt, était justement une période de
changement d'allégeance syndicale.
M. Goulet: Ce n'est pas ce à quoi je faisais allusion.
Mme Payette: Question de règlement, M. le
Président. J'ai l'impression qu'on s'éloigne du sujet de cette
commission.
M. Goulet: Non, M. le Président. A la page 8 du
mémoire, on dit: Toute initiative dans l'achat de biens doit être
réservée strictement au consommateur. Plusieurs syndiqués
nous disent, à un moment donné, lorsqu'ils travaillent à
des endroits où, même s'ils ne veulent pas se syndiquer, ils sont
obligés de payer une cotisation. Je ne vois pas la différence. On
oblige quelqu'un et vous énoncez un principe comme cela. Je me demandais
s'il y avait une différence tout simplement, oui ou non.
M. Beaulieu: Je voudrais vous dire que sur la même base,
nous n'avons pas la liberté de payer ou de ne pas payer, si on est
d'accord ou pas d'accord avec la proportion de publicité qu'il y a dans
le prix de base du produit, d'une part.
Et d'autre patt, la liberté d'association, le droit de se former
en syndicat, c'est un droit qui est fondamental, reconnu depuis un grand nombre
d'années, peut-être pas connu par tous.
M. Saint-Germain: Depuis Duplessis.
Le Président (M. Dussault): Avez-vous terminé, M.
le député de Bellechasse?
M. Goulet: Certainement, M. le Président, même s'il
n'a pas répondu à la question.
Mme Leblanc-Bantey: ... tout de suite, avant qu'il soit aussi
démagogique qu'un...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier voudrait prendre la parole à nouveau.
M. Saint-Germain: Pour revenir aux ventes à
tempérament, est-ce que vous êtes au courant si, dans les autres
provinces, on a une telle loi ou si on n'en a pas, de même que dans
certains Etats américains? Est-ce qu'il y a des provinces où ce
genre de vente n'existe pas?
M. Beaulieu: C'est un argument qu'on essaie d'utiliser, la
plupart du temps, quand on essaie de faire, non pas avancer, mais de faire
rejoindre une législation avec ce qui existe ailleurs.
Cependant, il arrive comme cela, que dans
des endroits ou dans d'autres, certaines législations prennent de
l'avance sur l'ensemble de la législation et il nous semble qu'au
Québec, ce ne soit pas défendu.
Je ne le sais pas. Je ne sais pas si, quelque part au Canada, il y a,
dans une province ou dans une autre, abolition des ventes à
tempérament.
Mme Leblanc-Bantey: On n'est pas toujours à la remorque
des autres.
M. Beaulieu: Effectivement, par exemple, le recours collectif
contre ces corporations, du temps où le fameux article 1561 de
l'ancienne loi existait, si le recours collectif avait existé à
ce moment-là, on s'en serait donné à coeur joie.
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas tout de même je
ne parle pas nécessairement pour vous qu'on motive mes questions.
Je demandais tout simplement, afin de savoir si cela n'existait pas dans
d'autres provinces et ce qui arrivait, en fait. Vous ne le savez pas?
Entendu.
Si je ne m'abuse, cette loi a été étudiée
ici, à Québec, et votée, il y a déjà un
certain nombre d'années. Je m'en souviens d'ailleurs. Dans le temps,
elle avait été votée dans le but d'aider aux gens qui
avaient des moyens modestes, à se procurer ce qui était
considéré alors comme nécessaire.
Il est bien possible qu'avec l'évolution des choses, ce soit un
inconvénient aujourd'hui, mais il serait tout de même bon
d'étudier cette évolution et, si cette loi n'existe pas dans
d'autres provinces et si personne ne semble en souffrir, il ne s'agit pas
d'être à la remorque, d'être d'avant-garde ou
d'arrière-garde, il s'agit d'avoir des lois efficaces qui peuvent rendre
justice à tout le monde, c'est tout.
M. Beaulieu: Je pense qu'effectivement il y a beaucoup de
personnes, beaucoup de citoyens qui souffrent de ces dispositions, parce que ce
n'était pas la façon de se procurer des biens essentiels. S'il y
a incapacité de payer maintenant, il est fort possible qu'il y ait
incapacité de payer plus tard, surtout si on examine la courbe actuelle
de dévaluation, de perte du pouvoir d'achat qui est manifeste.
M. Saint-Germain: Si les gens abusent... Le crédit n'est
pas une vilaine chose, à mon avis, en soi...
M. Beaulieu: Non, ce n'est pas ce qui...
M. Saint-Germain: ... c'est l'abus, comme toute autre chose
d'ailleurs. J'imagine que, si une famille à revenu modeste voit son
réfrigérateur fini, inutilisable et si elle est obligée
d'en acheter un autre, c'est presque une obligation, surtout à certaines
périodes de l'année. On n'a presque pas le choix, il faut bien se
le procurer. Là, le crédit peut jouer un rôle
important.
M. Beaulieu: Quant à nous, la solution pour se procurer
des biens essentiels réside ailleurs que dans l'existence de contrats de
prêts, comme je disais tantôt. Je peux comprendre l'intention du
législateur de cette époque, comme les intentions des
législateurs de toutes les époques. On en a de plus
récentes où le législateur a une intention, écrit
un texte, mais où on en fait une application différente.
M. Saint-Germain: C'est vrai. Merci. Le Président (M.
Dussault): Mme...
M. Beaulieu: Je peux vous citer un exemple en dehors de ce projet
de loi, la Loi antiscabs, etc.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: Je voudrais simplement vous remercier à
nouveau, mesdames, messieurs, pour ne pas dire camarades. Merci beaucoup du
mémoire que vous nous avez présenté.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, au nom de la
commission parlementaire, pour votre participation.
Mme Cartier: Pourrais-je vous demander que notre mémoire
paraisse au journal des Débats.
Le Président (M. Dussault): Vous ne me l'avez pas
demandé au début? Ce sera fait, je vous accorde ce
privilège. (Voir annexe C)
Mme Cartier: Merci.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Drummond.
M. Clair: M. le Président, avant que vous n'appeliez
l'autre groupe, je pense que c'est cela que vous vous apprêtez à
faire...
Le Président (M. Dussault): C'est cela.
M. Clair: ... avant que vous n'appeliez le prochain intervenant,
j'aimerais simplement requérir le consentement de mes collègues
afin d'interverser l'ordre des deux derniers groupes ou individus qui
apparaissent à notre ordre du jour. On avait prévu Trans-Canada
Photo Inc. comme prochain intervenant. Si je comprends bien, il s'agit d'une
compagnie et je pense qu'il y a un ou deux individus tandis que l'autre groupe
s'appelle la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec. Sans nullement présumer qu'on pourrait
accorder moins de temps ou limiter qui que ce soit, je pense qu'il pourrait
être avantageux pour l'ensemble de la commission d'intervertir l'ordre de
ces deux groupes-là. Si j'avais le consentement...
M. Saint-Germain: Personnellement, je n'ai pas d'objection, mais
il ne faudrait tout de même
pas enlever des droits à un groupe ou les enlever à
certains individus.
M. Clair: Non, il n'est pas question d'enlever de droits à
personne.
M. Saint-Germain: Ceux qui sont cinquième, s'ils veulent
bien nous le permettre, je suis d'accord, mais je ne voudrais pas non plus
créer des injustices envers qui que ce soit.
M. Goulet: Etant donné qu'ils étaient absents ce
matin, je n'y vois pas d'objection.
Le Président (M. Dussault): J'aurais d'ailleurs
demandé au groupe Trans-Canada, compte tenu qu'au moment où nous
avons pris les présences ce matin, il n'était pas présent,
s'il accepterait de laisser passer la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec avant lui.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): J'aurais fait cette demande,
mais si j'ai le consentement de la commission, je ne la ferai pas, je vais
simplement...
M. Clair: La commission est maîtresse de ses travaux, je
pense que vous avez le consentement unanime.
Le Président (M. Dussault): C'est cela.
M. Saint-Germain: Non, je n'ai pas donné de consentement.
Je crois que M. le Président faisait les choses très
courtoisement et très poliment. Peut-être que monsieur va laisser
passer le groupe avant lui.
Le Président (M. Dussault): Le représentant de
Trans-Canada Photo, c'est vous, M. Cossette?
M. Cossette (Jean-Marie): C'est moi-même, oui.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous voyez un
empêchement à ce que le groupe, la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec, passe avant
vous?
M. Cossette: Cela nous remet à quelle heure?
Le Président (M. Dussault): Cela vous remettrait
sûrement après le souper, bien sûr, c'est-à-dire au
retour, probablement autour de 20 h 30.
M. Cossette: A ce moment-là, nous aurions...
Le Président (M. Dussault): Vous auriez le temps.
Voyez-vous, nous terminons à 22 heures. Vous auriez possiblement une
heure et demie.
M. Cossette: J'y consens volontiers.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas un encouragement
à la commission de prendre sept heures et demie, mais c'est quand
même le temps qu'il resterait.
M. Cossette: Volontiers.
Le Président (M. Dussault): Vous n'y voyez pas de
problème? (17 h 30)
M. Saint-Germain: Je suggère bien humblement, si cela
pouvait accommoder tous les gens, à la condition qu'on ne siège
pas ce soir, je veux bien passer 18 heures, si vous voulez, quitte à
finir 18 h 30.
Le Président (M. Dussault): Je remercie M. Cossette pour
son aimable consentement. J'appelle... Oui?
M. Goulet: Une seconde! Ce que vient de demander le
député de Jacques-Cartier, je n'y ai pas d'objection, mais il
faudrait peut-être aviser M. Cossette de ne pas s'en aller, c'est
possible qu'on lui permette d'intervenir avant 18 heures.
M. Saint-Germain: Ou après 18 heures.
M. Goulet: Ce qu'on vient de dire, M. Cossette...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Bellechasse, c'est dans l'optique où nous
travaillerions passé 18 heures. D'accord? Ceci dit, j'appelle la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec. Je prie le porte-parole du groupe de s'identifier et de nous
présenter ses collègues.
Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec
M. Richard (Julien): M. le Président, Mme le ministre, Mme
le député, MM. les députés, je suis Julien Richard,
président de la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec. Je voudrais vous présenter mes
collègues, en commerçant à ma gauche, par M. Bertrand
Clavet, de l'ACEF de Québec; Mlle Thérèse Saint-Marie, de
l'ACEF de Longueuil; M. Rodrigue McDonald, de l'ACEF de l'Estrie; à ma
droite, M. Robert Bilodeau, de l'ACEF de Québec, et M. Roland Pelletier,
de l'ACEF de Granby.
M. le Président, si vous nous permettez de faire une demande
à la commission, c'est que notre mémoire figure
intégralement au journal des Débats de l'Assemblée
nationale du Québec.
Le Président (M. Dussault): Cela, parce que vous consentez
à nous en faire un résumé?
M. Richard (Julien): C'est cela.
Le Président (M. Dussault): Vous aurez ce
privilège, M. le représentant du groupe. Je vous laisse la
parole.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, mais je crois qu'on nous a promis
ce mémoire. Merci.
Le Président (M. Dussault): C'est d'accord. Vous avez la
parole.
M. Richard (Julien): Tout d'abord, nous aimerions faire une
brève présentation de notre fédération.
Fondée le 3 juin 1978, la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec, la FNACQ, réunit
actuellement les ACEF de Québec, de l'Estrie, de Grandy et de la rive
sud, dans le sens de Longueuil. Les quatre associations faisant partie de la
FNACQ regroupent deux catégories de ventes. Là, je prierais la
commission de différencier notre groupe et l'autre groupe des ACEF. Nous
sommes des groupes ACEF, mais différents, regroupés dans des
fédérations différentes. Nos membres, deux
catégories de membres, comprennent soit des individus, soit des
organismes membres, comme les syndicats, comme des coopératives de
consommation, des coopératives, des caisses populaires, des caisses
d'économie, des clubs alimentaires, des coopératives
funéraires, des groupements de citoyens, enfin, tous ces groupements
populaires qu'on rencontre.
Notre fédération a pour objectif principal de promouvoir,
défendre et revendiquer les droits des consommateurs dans tous les
aspects de la consommation, et ce, autant par le biais de nos activités
régionales que nationales, comme la consultation budgétaire.
J'ouvre une parenthèse ici pour souligner à la commission que
nous avons parmi notre délégation, assises en arrière de
nous autres, des consultantes budgétaires qui sont des gens bien
ordinaires, des citoyennes qui ont vécu des situations et qui acceptent
de travailler à régler ou de tenter de régler des
situations avec les gens qui sont en difficulté financière. Ce
sont trois consultantes de l'Estrie. Je voudrais souligner en commission
parlementaire le travail qui se fait, non seulement chez nous, en Estrie, mais
aussi dans les diverses ACEF par des gens ordinaires, ce ne sont pas des
spécialistes les différentes actions menées, dans
les champs de lamentation, de l'habitation, du crédit, de la
publicité, etc., par le biais de représentations adéquates
auprès des gouvernements, des corps publiés et des divers agents
économiques.
Nous sommes d'avis, cependant, qu'une protection réelle du
consommateur signifie que ce dernier possède tous les pouvoirs et
instruments nécessaires pour évaluer et aménager sa
consommation selon ses véritables besoins et intérêts.
C'est pourquoi, lors de la détermination de nouvelles politiques
économiques, la FNACQ s'assure que les consommateurs fassent entendre
leurs propositions.
C'est ainsi que notre fédération a
délégué des représentants au sommet
économique agro-alimentaire et à celui du tourisme qui s'est tenu
récemment à Sherbrooke. De plus, nous sommes intervenus à
plusieurs reprises pour défendre les intérêts des
consommateurs aux auditions de la régie des marchés agricoles qui
devait notamment statuer sur les coûts du litre de lait à la
consommation.
Ceci nous amène directement à la raison essentielle de
notre présence ici en commission parlementaire. Par notre
expérience dans le domaine de la protection du consommateur, nous avons
toujours considéré que la loi actuelle comportait de nombreuses
lacunes qu'il fallait pallier depuis longtemps.
C'est donc avec satisfaction que nous accueillons aujourd'hui ce projet
de loi qui vise à transformer les termes et la portée de la loi
actuelle sur la protection du consommateur. C'est dans cette perspective que
nous tenons à exprimer notre appui inconditionnel, en particulier aux
articles 233 et 234 visant à abolir la publicité à toute
annonce commerciale destinée aux personnes de moins de treize ans. Nous
exprimons aussi un appui ferme à la section sur les pratiques de
commerce et à celle portant sur les garanties où nous avons
toutefois quelques recommandations à formuler.
Nous tenons à préciser que, bien qu'il soit une
amélioration tangible à la loi actuelle, le projet de loi no 72
nous apparaît, malheureusement, insuffisant pour assurer une
véritable protection des consommateurs, en plus de constituer un certain
recul par rapport à certaines dispositions de I'avant-projet de loi de
Mme le ministre.
C'est pourquoi quelques-unes de nos recommandations sont tirées
de cet avant-projet de loi qui contenait des dispositions essentielles à
la correction de pratiques inacceptables. En conséquence, c'est dans un
esprit de parti pris pour les consommateurs que nous avons rédigé
notre mémoire. Aussi, nous croyons qu'il est important que le
gouvernement tienne compte de nos recommandations afin que cette loi constitue
véritablement un outil pour les consommateurs plutôt qu'un
traité minimal de savoir-vivre destiné aux manufacturiers et aux
commerçants.
Nous croyons que les législateurs doivent se rappeler que les
méthodes modernes de vente utilisent des techniques psychologiques pour
inciter le consommateur à acheter. Le consommateur n'est pas un enfant
dans une telle situation, mais il n'est pas l'égal de la personne qui
emploie cette forme sophistiquée de manipulation par la pression.
D'une part, le consommateur est inexpérimenté face aux
pratiques commerciales et, d'autre part, il n'a pas, même s'il
connaît son besoin, une connaissance scientifique ou technique du bien
qu'il achète. Donc, les interventions législatives en de telles
circonstances ne sont pas dictées par du paternalisme; tout au
contraire, c'est par réalisme qu'une protection de base est
nécessaire afin de tenter d'équilibrer les rapports entre
commerçants et consommateurs.
Recommandations: Le projet de loi contient un élément
nouveau et très important. Dorénavant, la loi sanctionnera le
fait qu'un consommateur puisse être exploité dans une transaction
avec un commerçant. Toutefois, en ce qui concerne cette
disposition sur la lésion des majeurs et, sans pour cela, amorcer
un débat de juriste, il est clair que, pour le profane, l'article 9 du
projet de loi n'est pas aussi fort ou effectif que lavant-projet de loi de Mme
Payette. De fait, l'article 9 n'est pas suffisamment explicite. C'est pourquoi
nous ne pouvons accepter la formule diluée de l'article 9 du
présent projet et nous insistons fortement pour que réapparaisse
l'article 7 de lavant-projet de loi de Mme Payette.
C'est dans cet esprit et dans cette perspective que nous recommandons de
réintroduire l'article 7 de l'avant-projet lequel identifiait des
situations concrètes d'inégalité et d'exploitation entre
les co-contractants. Je cite: "Les différents motifs qui étaient
prévus dans cet article afin d'annuler un contrat pour cause de
lésion à savoir: Le consommateur a été soumis
à une pression indue pour l'amener à conclure un contrat, b) Le
commerçant ou son représentant a tiré avantage de
l'inaptitude ou de l'inhabileté du consommateur à veiller
convenablement à ses propres intérêts, c) Le
commerçant ou son représentant a tiré avantage de
l'inaptitude du consommateur à comprendre la nature, les termes et la
portée du contrat, d) Le commerçant ou son représentant
exige du consommateur un prix excédant largement le prix courant auquel
des biens ou services semblables sont offerts, e) Le commerçant ou son
représentant savait que le consommateur serait incapable de retirer un
avantage appréciable de l'objet du contrat, f) Lors de la formation du
contrat, il n'existait pas de probabilité raisonnable d'obtenir du
consommateur le plein paiement du prix exigé.
Deuxièmement, de reformuler l'article 46 qui porte sur la
garantie du manufacturier afin de s'assurer que tout consommateur qui
achète un bien puisse bénéficier de la garantie offerte
par le manufacturier qui doit rester le principal garant de la qualité
du bien qu'il a fabriqué.
Troisièmement, quant à l'article 52, nous recommandons de
reformuler le premier paragraphe de façon à fournir une
définition de vice de conception et/ou de fabrication tout en
précisant ce qui suppose un examen ordinaire.
Nous croyons, d'une part, que le premier paragraphe de cet article est
très ambigu, voire incompréhensible. D'autre part, s'il veut
procurer au consommateur un meilleur recours au cas de vice de conception ou de
fabrication du bien, il ne nous semble pas que cette disposition, telle que
formulée, améliore la loi ou la jurisprudence actuelle. Elle
n'est pas plus interprétative pour le consommateur quant à ses
recours en cas de vice caché ou de vice apparent.
Quatrièmement, nous recommandons de plus que l'article 58 sur le
délai de résolution soit reformulé afin que le
délai de dix jours se calcule à partir de la réception du
bien par le consommateur. Le consommateur doit être en mesure de
vérifier la qualité du bien: il ne peut réellement se fier
au représentant du commerçant itinérant. Le fait de
pouvoir annuler le contrat après la réception du bien va, nous
l'espérons, obliger le commerçant à donner des
informations plus véridi-ques sur son produit.
La pratique courante des commerçants itinérants est,
à l'heure actuelle, de ne livrer le bien qu'après le délai
de la résolution, ce qui prive le consommateur d'un
élément déterminant pour lui permettre d'exercer, en toute
connaissance, la faculté de résolution que lui accorde la loi et
de faire en sorte que cet article soit une mention obligatoire au contrat.
Cinquièmement, dans le domaine du crédit, nous attendons
une intervention énergique de la part du gouvernement. La croissance
foudroyante des dettes à la consommation des Québécois qui
était en 1970 de $3 milliards et qui sera de $10 milliards en 1980, doit
amener le législateur à envisager une série de mesures
susceptibles d'enrayer cette croissance qui provoque toutes sortes de
problèmes pour les consommateurs. (17 h 45)
Ces problèmes seront d'au;ant plus percutants que l'introduction
de l'informatique va modifier le domaine du crédit dans les
années quatre-vingt en nous faisant entrer nous nous excusons de
l'expression anglaise dans le "fast food" du crédit.
J'espère que c'est bien prononcé. Aussi, nous recommandons de
faire passer le délai de résolution prévu à
l'article 72 de deux à cinq jours à la discrétion du
consommateur. Nous sommes entièrement d'accord sur l'esprit de cet
article qui veut donner un délai de réflexion au consommateur.
Nous pensons toutefois que, dans la plupart des cas, cinq jours lui seront
nécessaires pour négocier auprès d'autres institutions
financières le prêt argent dont il a besoin. Dans le cas où
il s'adresserait à une caisse, il aura besoin de ce délai pour
attendre la réunion de la commission de crédit qui a lieu
habituellement une fois la semaine. Il en est de même pour le contrat
assorti d'un crédit. Ce délai de cinq jours lui permettra
d'évaluer le geste posé, de magasiner pour connaître les
possibilités que lui offrent d'autres commerçants. Nous ne
croyons pas que le fait de détenir le bien quelques jours de plus va
augmenter de beaucoup son usure normale.
Nous recommandons le maintien de l'article 230. En effet, pour les
commerçants, le spécifique est la raison d'être en affaires
et la vente de biens ou de services. Que leurs efforts publicitaires portent
donc uniquement sur les biens ou services dont ils font le commerce.
De leur côté, les institutions financières sont
devenues des vendeuses de biens, de voyages, de maisons, etc. Elles vendent au
consommateur de nouveaux besoins que ce dernier doit satisfaire au moyen du
crédit. La publicité associe directement le crédit
à des biens ou services à acquérir, comme si le
consommateur ne savait pas qu'il existe des institutions financières
à sa disposition pour l'aider à se procurer un bien ou un service
à crédit. Les commerçants de biens et les
commerçants d'argent se rejoignent sur un point, grâce à
leur technique publicitaire, ils sont tous deux des vendeurs d'endettement.
Septièmement, nous recommandons un nouvel article portant sur la
vente à tempérament. Cet article exigerait le versement par le
consommateur d'un montant comptant représentant 15% du prix
de vente, excluant la cessation d'autres biens et les droits exigibles.
De plus, le même article fixerait des termes maximaux de trois ans, 36
mois, pour les contrats de vente à tempérament. Notre souci de
mettre des barrières à l'endettement va puiser son inspiration
à la bonne source.
En effet, l'ancienne mode de la vente à tempérament,
1561-cc contenait des prescriptions de cet ordre. Malheureusement, elle a
été abolie avec la venue, en 1971, de la loi actuelle de la
protection du consommateur. C'est une des raisons qui avait fait dire à
Pierre Marois, à cette époque directeur général de
la Fédération des ACEF du Québec, que la loi 45 venait
d'abolir un des meilleurs instruments pour freiner l'endettement. Cette
idée de paiement comptant de 15% a d'ailleurs perduré dans le
programme du Parti québécois avec les années.
En effet, non seulement on retrouve un article à ce sujet dans
leur programme en 1970, mais aussi dans celui de mai 1977. Il est maintenant
pratique courante pour les commerçants de faire signer des contrats
assortis d'un crédit d'une durée supérieure à trois
ans. La réalité de l'endettement que nous voyons au contrat du
consommateur nous révèle que les contrats trop longs
entraînent régulièrement un refinancement. Cette situation
amène l'endettement chronique surtout pour les consommateurs à
bas revenu, qui sont notre clientèle principale et qui ne voient pas le
jour où ils s'en sortiront.
Le louage des services à exécution successive. Nous sommes
heureux de constater que le projet de loi établit un début de
législation dans un domaine où ces buts sont devenus alarmants.
Le nombre grandissant de studios de santé et d'écoles de toutes
sortes, et la nature des services offerts où il y va de la santé
du consommateur se devaient d'être l'objet d'une surveillance de l'Etat.
Pour apporter une protection plus efficace, nous recommandons l'ajout d'un
nouveau paragraphe à l'article 304, à savoir sur le
commerçant qui conclut les contrats de louage de services à
exécution successive. Nous croyons que l'émission d'un permis
permettrait à l'office de mieux surveiller le travail et les pratiques
de ces commerçants.
De plus, nous réclamons que, par réglementation, le
gouvernement établisse des critères pour l'attribution des
permis, ceux-ci devraient porter sur la qualité des services et la
qualification du personnel.
Neuvièmement, nous recommandons également d'introduire un
nouvel article pour fixer dans les cas de studios de santé la
durée maximale du contrat à trois mois. Il est invraisemblable
que certains clubs de santé fassent signer des contrats à vie
à des consommateurs. Ces clubs prétendent qu'un contrat à
long terme leur permet de mieux planifier leurs programmes et l'engagement de
leur personnel. Pourtant, plusieurs clubs très sérieux
fonctionnent avec des contrats de trois mois et certains même avec des
contrats au mois.
Dixièmement, nous sommes à l'ensemble du titre II sur les
pratiques du commerce. Toutefois, nous croyons aussi que la publicité la
plus utile au consommateur est celle qui donne des informations reliées
directement à un produit ou à un service. A cet effet, nous
pensons qu'il est nécessaire que le gouvernement intervienne en ce qui a
trait à l'étiquetage et aux pancartes descriptives sur les lieux
d'achat. Nous recommandons que l'on prévoie, par règlement, des
instructions sur le contenu et la présentation matérielle d'une
étiquette ou d'une pancarte relative à un bien en vente incluant
au minimum les points suivants: premièrement, une mention du contenu ou
les principales composantes du produit; deuxièmement, la date et le lieu
de la fabrication du produit.
En conclusion, nous tenons à réitérer notre appui
à ce projet de loi et nous osons croire que le gouvernement inclura nos
recommandations dans son projet de loi. Notre étude du projet a
porté sur les matières couvertes par ce dernier. Nous avons
délibérément choisi de passer sous silence sa couverture
limitée. Ce dernier ne constitue que la première étape de
l'établissement d'un véritable code de protection du
consommateur. Mme le ministre a d'ailleurs elle-même annoncé deux
autres projets de loi portant sur l'immeuble et sur les agences de
sollicitation et les agences de recouvrement de créance.
En plus de ces deux projets de loi, nous croyons que I'on devrait
également légiférer sur les salons funéraires, sur
les entreprises faisant affaires sous la juridiction de la Loi de la
Régie des services publics, en plus de mettre à jour certaines
lois existantes telles que la Loi de l'enseignement privé et celle du
dépôt volontaire.
Les consommateurs auraient alors en main un code de protection du
consommateur plus complet. La FNACQ est toute disposée à
collaborer avec le gouvernement à son établissement.
M. le Président, mes collègues seront sûrement
disposés à répondre aux questions d'éclaircissement
ou autres des membres de la commission.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. Richard.
Je vous ai suivi, du début jusqu'à la fin, et je dois vous dire
que vous nous avez donné très largement le texte de votre
mémoire. Je pense qu'il ne serait pas raisonnable de reproduire à
nouveau le texte de votre mémoire, tel quel, au journal des
Débats. Je fais allusion particulièrement au coût que cela
représente. Je pense que vous allez être d'accord avec moi.
M. Richard: M. le Président, nous sommes d'accord avec
votre décision.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, je laisse la parole
à Mme le ministre.
Mme Payette: Madame, messieurs, je suis contente que vous ayez
accepté que votre mémoire ne soit pas porté au journal des
Débats. Vous êtes conséquents avec les options que vous
avez choisies, en termes d'économie.
Je n'aurai pas de questions, parce que je crois qu'effectivement,
l'intervention que vous avez faite est assez claire. Vous vous êtes
référés, à plu-
sieurs reprises, à I'avant-projet de loi. Je dois vous dire
cependant que le législateur, à certains moments, se sent un peu
et j'imagine que c'est la même chose pour mes collègues
comme le pendule d'une horloge, entre la Chambre de commerce qui
voudrait qu'on limite notre intervention et un mouvement comme le vôtre
qui souhaiterait qu'on aille beaucoup plus vite, beaucoup plus loin, d'un seul
coup. Je crois qu'effectivement, le rôle du gouvernement est de faire des
choix, quant à ce qu'il paraît raisonnable et prudent d'introduire
dans un projet de loi.
Je vous remercie de votre mémoire. Je m'engage à le lire
entièrement et je prends bonne note des recommandations que vous nous
avez faites.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme le ministre. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je crois que votre mémoire était
bien clair, qu'il disait bien ce qu'il voulait dire. Je n'ai pas, moi non plus,
de question à poser.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je n'ai pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Il n'y a pas
d'autres intervenants. Je laisse à nouveau la parole à Mme le
ministre.
M. Richard: Comme nous avons probablement été de
bons pédagogues, en exprimant clairement notre point de vue face
à la protection du consommateur, nous espérons que dans tous les
débats qui se feront à l'Assemblée nationale tous les
partis politiques tiendront beaucoup plus compte d'un organisme qui a un
préjugé favorable au consommateur qu'à un autre qui a un
préjugé favorable plutôt à la vente de biens
à la consommation sous quelque forme que ce soit.
Mme Payette: Merci beaucoup, M. Richard.
Le Président (M. Dussault): En tant que président,
je vous remercie de votre participation aux travaux de cette commission. Il
n'est pas encore 18 heures. Je devrais donc normalement appeler le groupe
suivant, c'est-à-dire Trans-Cana-da Photo Inc.
Je suspends les travaux de la commission pour une couple de minutes.
Suspension de la séance à 17 h 57
Reprise de la séance à 17 h 58
Le Président (M. Dussault): A I ordre, messieurs! Nous
avons devant nous notre prochain invité, M. Jean-Marie Cossette, de
Trans-Canada Photo Inc. Vous êtes seul. Je vous laisse nous faire part de
vos propos. Je pense que vous n'avez pas déposé de mémoire
au secrétariat des commissions.
Trans-Canada Photo Inc.
M. Cossette (Jean-Marie): D'accord. M. le Président, Mme
le ministre, madame, messieurs les membres de la commission parlementaire, je
m'excuse de ne pas avoir présenté de mémoire. Le peu de
temps que j'avais à ma disposition ne me le permettait pas. Je vous
envie de participer à une pareille commission qui remet en cause les
principes fondamentaux de la société québécoise.
J'aurais aimé m'exprimer sur divers sujets concernant cette
société, mais le temps a joué contre moi. J'arrive de
l'étranger. Il y a des considérations que j'aurais aimé
exprimer à d'autres titres sur les vendeurs d'endettement au
Québec et, également, sur les symboles politiques qu'affichent un
grand nombre de fabricants qui transigent avec le consommateur
québécois et qui me choquent particulièrement. Pour une
fois, j'aurai donc à défendre des intérêts qui me
concernent personnellement sur le plan professionnel, que j'ai toujours remis
à plus tard et que, finalement, j'ai bien réalisé que je
devrais défendre moi-même. Il s'agit d'une profession que j'ai
bâtie de toutes pièces et qui, à mon avis, recoupe des
choses qui intéressent les Québécois dans leur ensemble,
d'une part par leur implication face aux valeurs, semble-t-il, nouvelles pour
un grand nombre de Québécois, à savoir le patrimoine,
également pour des valeurs au point de vue industriel et au point de vue
également de la réputation québécoise. (18
heures)
En effet, j'ai fondé, il y a trente ans, une entreprise de
photographie aérienne qui s'adresse aux propriétaires ruraux,
propriétaires agricoles. J'ai oeuvré depuis ce temps au
Québec, bien sûr, parce que j'y ai des attaches toutes
particulières, également à l'étranger,
c'est-à-dire en Ontario, dans les Maritimes, dans l'Ouest canadien et
aux États-Unis, où je travaille dans douze États.
Au début du lancement de la Loi de la protection du consommateur,
j'ai rencontré des fonctionnaires du gouvernement, à cette
époque, en 1974. J'ai exprimé un certain nombre d'idées
où je voyais des lacunes, toujours en me référant à
moi-même et à ma profession, et je n'ai pas trouvé de
moyens de les voir articulés dans une loi.
J ai, depuis ce temps-là, exprimé un certain nombre
d'idées envers un certain nombre de fonctionnaires qui, finalement, dans
l'ensemble, m'ont dit, pour ceux qui ont voulu m'entendre, de me faire entendre
dans une commission parlementaire, et c'est ce que je fais aujourd'hui.
Je demanderais à mon fils s'il veut bien distribuer un petit
dépliant je suis le seul d'ailleurs, parce que je n'ai jamais eu
recours à la publicité, parce que l'idée que j'ai mise de
l'avant il y a 30 ans s'explique par elle-même, elle n'a pas besoin de
publicité... Un jour, pour supporter un magazine, j'ai imprimé
une feuille publicitaire que je vais vous faire distribuer.
La lacune que je trouvais dans l'ancienne Loi de la protection du
consommateur n'est pas
comblée avec la nouvelle Loi sur la protection du consommateur,
puisqu'elle nous classe parmi les commerçants, alors que nous sommes des
professionnels et, depuis quelques années, il y a eu un plagiat, il y a
eu du brigandage, pour ne pas dire du gangstérisme dans ce domaine. Cela
implique quand même une activité qui représente
peut-être $1 million ou $2 millions par année au Québec. Je
trouve déplorable que ça se produise de cette façon.
N'importe qui actuellement peut se déclarer photographe
aérien et la Loi sur la protection du consommateur n'a aucune
espèce de critère pour reconnaître cette profession. Dans
le cas du plagiat auquel je fais allusion, il y a eu copie intégrale du
système de représentation, voire même copie
intégrale des textes de facturation, et ce que le client reçoit
ne correspond en rien à ce qu'il s'attend de recevoir. La loi sur la
protection du consommateur ne le protège pas.
Ces brigands de la profession, s'ils ont un texte qui est correct, ne
peuvent pas être poursuivis en vertu de la Loi sur la protection du
consommateur et s'ils sont accusés par un client sur mille on
sait que les gens de nos campagnes ne cherchent pas les problèmes
lorsqu'il s'agit de petits contrats entre $50 et $150, ils n'iront pas devant
les tribunaux pour faire reconnaître leurs droits. Peut-être un
client frustré sur mille se plaindra à l'Office de la protection
du consommateur. Et si les personnes remboursent ce client, on n'entendra pas
parler des 950 ou des 999 autres.
Je ne suis pas bien sûr d'être clair, puisqu'il s'agit
là d'un domaine peu commun. Je pense que je devrais me soumettre au
questionnaire immédiatement; je serai peut-être plus clair en
répondant à vos questions.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. Cossette.
Mme le ministre.
Mme Payette: Effectivement, j'ai un petit peu de
difficulté à comprendre votre intervention devant cette
commission, sauf que je m'interroge en vous écoutant, à savoir si
vous n'avez pas plus un problème d'ordre professionnel qu'un
problème avec le consommateur lui-même.
M. Cossette: Mme le ministre, l'Office de la protection du
consommateur, avant d'émettre un permis du consommateur, ne devrait-il
pas s'interroger sur l'aspect professionnel des gens qui en font la demande?
Est-ce qu'un médecin, s'il n'a pas un certificat de médecin, peut
obtenir un permis de pratiquer la médecine?
Mme Payette: Vous détenez présentement un permis de
l'office?
M. Cossette: Pardon. Dans certains pays d'Europe, par exemple,
pour exercer le métier de photographe aérien, vous devez
être un membre reconnu de la profession et de plus démontrer que
vous détenez également des permis en aéronauti- que.
L'addition des deux vous donne le droit d'exercer la profession.
Je crois que l'Office de la protection du consommateur n'exige que deux
conditions: Qu'une personne ne possède pas de dossier criminel et puisse
avoir une compagnie d'assurance qui l'assure pour $5000, je crois. A ce
moment-là, vous émettez un permis du consommateur à qui
que ce soit.
Mme Payette: Ce que vous venez demander devant cette commission
est que l'émission des permis soit plus sévère. Est-ce que
c'est bien cela?
M. Cossette: Oui, sûrement, et que les amendes soient
beaucoup plus sévères.
Mme Payette: Je sais que mon collègue de Drummond avait
manifesté l'intention de poser des questions à M. Cossette. Comme
il semble plus au courant que moi de cette situation, je vais peut-être
le laisser prendre mon temps de parole.
Le Président (M. Dussault): Si les autres
députés permettent que ça se passe ainsi, alors...
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: ... je pense que dans les circonstances, je remercie
beaucoup le ministre d'être aussi prévenant. Si, cependant, le
député de Jacques-Cartier et le député de
Bellechasse veulent y aller avant moi, il n'y a aucun problème.
M. Saint-Germain: Dans les circonstances, je suis bien prêt
à l'admettre. Je ne sais pas si vous pouvez...
M. Clair: Allez-y!
M. Saint-Germain: Non, mais enfin, s'il y a quelque chose de
spécial, je ne sais pas, moi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne suis pas toujours
d'accord avec Mme le ministre, mais cette fois-ci, je crois qu'on est un peu
d'accord là-dessus.
Si je comprends bien, vous voulez avoir un titre reconnu et exclusif qui
serait remis ou donné à ceux qui sont compétents dans la
photographie aérienne. C'est bien là le but de votre demande, de
votre présence ici ce soir?
M. Cossette: La reconnaissance professionnelle.
M. Saint-Germain: C'est à l'Office des professions. On
aurait dû, d'ailleurs... On ne vous a pas donné ce
renseignement.
M. Cossette: Je ne suis pas certain, M. le député
de Drummond...
M. Saint-Germain: Non, de Jacques-Cartier.
M. Cossette: ... si on a bien compris le sens
Jacques-Cartier de la profession que j'ai tenté de décrire
tout à l'heure.
Nous prenons de la photographie aérienne dans les territoires
ruraux...
M. Saint-Germain: Excusez-moi... M. Cossette: Oui?
M. Saint-Germain: ... j'ai compris, parce que j'ai un ami qui
exerce ce métier. Si vous voulez décrire votre profession, votre
activité, je comprends bien, parce que j'ai un ami dans ce domaine. Mais
si vous voulez avoir un titre reconnu ou être reconnu comme
professionnel, c'est bien votre droit et peut-être avez-vous raison,
seulement il faudrait étudier le dossier pour dire oui ou non. Je veux
simplement vous dire que c'est la responsabilité du ministère de
l'Education et de l'Office des professions; c est là que vous devriez,
lors d'une commission parlementaire, vous adresser ou leur écrire ou
faire part de vos intentions et surtout vous rallier à vos
collègues qui font de la photographie avec vous et, en groupe, demander
d'être reconnus professionnellement.
M. Cossette: Mme le ministre, je ne voudrais pas passer à
côté de l'objectif que je m'étais donné en venant
ici ce soir.
Depuis plusieurs années, on me refile d'un service à un
autre. Le consommateur est concerné. Je crois que vous êtes
également concerné en tant que ministre des consommateurs.
Est-ce qu'on me permet d'illustrer, par des exemples, ce que je veux
dire? Je vais demander qu'on m'amène ici...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Cossette: Oui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, sur une question de
règlement, j'ai l'impression que les exemples que notre invité
pourrait nous donner pourraient concerner des cas particuliers. Je me demande
dans quelle mesure c'est l'endroit, M. le Président.
Je veux simplement vous indiquer que s'il y avait des cas trop
particuliers qui allaient être discutés ici, personnellement, je
soulèverai une question de règlement pour dire que nous sommes
tout à fait à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Je pense que votre
question de règlement tient, M. le député de Drummond,
mais c'est à l'usage que nous pourrons vraiment en parler. Je voudrais
demander à M. Cossette de faire en sorte puisque l'intervention
se fait dans le cadre de l'étude d'un projet de loi après
deuxième lecture de faire l'effort de rattacher son intervention
le plus possible et le plus vite possible, dans le cadre de ce projet de loi.
M. Cossette.
M. Cossette: Est-ce que je peux vous montrer, en quinze secondes,
comment on peut servir un consommateur de deux façons? Est-ce que cela
entre dans le cadre de vos préoccupations? Très bien.
Je comprends votre surprise. Ce n'est pas une ligne commune. Il ne
s'agit pas ici de pilules ou de services de vaisselle. Il s'agit de commandes
prises par une compagnie qui se doit d'être responsable sur une
épreuve, à un produit à être fini, à partir
de l'épreuve, et mis en cause les sentiments des gens, les sentiments
d'appartenance à sa propriété, et la façon dont il
voit le travail qu'on va lui livrer. Vous voyez là la perspective et
vous voyez là également la possibilité de faire des
affaires. Il y a beaucoup de clients pour les choses sentimentales. Les
exploiteurs également ont vu cela.
Voilà la façon dont les professionnels servent le client,
c'est-à-dire quelque chose qui correspond à une preuve
démontrée. Et voilà la façon dont les gangsters
servent des clients.
Si l'Office de protection des consommateurs n'est pas concernée,
vous avez raison, je n'ai pas affaire ici. Si cela ne vous intéresse
pas, je n'ai pas d'affaire ici.
J'en ai vu comme cela, des douzaines celle-ci vient de la
Lousiane où des Québécois identifiés comme
tels ont été chassés et sont revenus sous d'autres raisons
sociales. Les mêmes personnes ont obtenu, sans difficulté, des
permis de l'Office de protection du consommateur, les ont perdus, les ont
obtenus à nouveau sous d'autres raisons sociales, en ont même
deux, dans le moment, sous d'autres noms. Si vous jugez que cela ne concerne
pas l'Office de protection du consommateur, je me retirerai sans plus de
délai. Mais, je dois vous aviser, cependant, que j'ai une petite
multinationale à Mascouche qui emploie entre 40 et 60 employés,
qui fait un pourcentage de ses affaires au Québec et qui devra fermer
son système de ventes au Québec. Ce n'est pas sous le sigle de la
menace, vous savez, je ne m'en vais pas; je ne suis pas de ceux qui s'en vont
mais je continuerai à manufacturer mon produit au Québec pour les
Américains, pour les autres étrangers de l'Ontario, des Maritimes
et de l'Ouest canadien mais je fermerai mon système de ventes au
Québec. Je ne veux pas être identifié à des gens qui
ont plagié ce système et qui sont, de toute évidence,
ignorés de toutes les lois.
Nous payons entre $4000 et $8000 de taxes par mois aux divers paliers de
gouvernement; on nous dit que ce n'est pas la préoccupation de ces
gens...
Mme Payette: En fait, comment procédez-vous avec le
consommateur? Est-ce que vous allez
voir un consommateur éventuel, prenez une commande de ce
consommateur et signez un contrat avec lui?
M. Cossette: Oui, madame. Depuis le début des
années cinquante, je photographie; j'ai 3 millions de négatifs
à mon actif; mon fils, ici, après trois ans d'assistance, en a
déjà 70 000; la relève est donc assurée. A chaque
sept ou huit ans, nous couvrons les territoires ruraux. Nous visitons les gens
après les avoir photographiés.
Mme Payette: Pas avant? (18 h 15)
M. Cossette: Après, bien sûr. Les gens sont
certainement libres d'acheter ou de ne pas acheter. Nous avons des
énoncés de principe d'imprimés, dont nous pourrons vous
produire copie, qui incitent nos représentants à faire preuve
d'éthique dans tous les sens du terme, c'est-à-dire que nous
évitons la vente à pression; nous offrons simplement une
marchandise qui a eu une extraordinaire bonne renommée. J'ai
commencé à ramasser les lettres de référence, Mme
le ministre, depuis quatre ans, depuis que cette plaie est arrivée dans
notre profession; j'en ai plus de 7000 venant d'Etats américains, venant
de provinces canadiennes et venant du Québec.
Mme Payette: Puis-je vous demander en quoi le projet de loi qui
est devant nous semble nuire à ce que vous faites?
M. Cossette: Voilà vous donnez des permis de l'Office de
la protection du consommateur à n'importe qui.
Mme Payette: Je pense qu'on déborde du projet de loi qui
est devant nous. Il s'agit là d'un problème administratif qui,
à première vue, ne touche, ni de près ni de loin, au
projet de loi qui se trouve présentement devant nous.
M. Clair: Personnellement, je trouve que c'est très
délicat de continuer ce qu'on est en train de faire; il me semble qu'on
risque, jusqu'à un certain point, de créer un
précédent. Je ne suis pas sur une question de règlement,
M. le député de Jacques-Cartier. Je pense que j'ai le droit de
parole.
M. Saint-Germain: Non, je voulais poser une question.
M. Clair: Ce n'est surtout pas pour limiter les quesions de mes
collègues ou quoi que ce soit, mais il me semble que venir parler de ses
concurrents et de ses problèmes personnels à une commission comme
celle-ci, cela pourrait être un précédent qui pourrait
nuire au développement des commissions parlementaires. Je m'interroge
simplement là-dessus.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez M. le
député de Jacques-Cartier, je pense que, tant et aussi longtemps
qu'on n'a pas nommé de concurrent et étant donné que les
travaux de cette commission ne servent pas à créer de
préjudice à des personnes ou à des groupes, je me sens
toujours à l'aise d'entendre notre invité; cependant, ma
préoccupation est bien qu'il est ici pour parler de choses qui sont
relatives à l'objet de l'étude de cette commission.
J'apprécie, dans ce sens, que Mme le ministre ait posé sa
dernière question à notre invité parce que je pense que
cela rejoignait parfaitement la préoccupation de la présidence.
C'est dans ce sens que j'espère toujours que M. Cossette nous donnera
des informations.
Je tiens quand même à dire que, depuis le début de
cette commission, cela a été assez difficile pour le
président de faire son travail, justement parce que ce problème
s'est posé depuis le début. Les mémoires qui nous ont
été présentés, très souvent,
débordaient de l'objet du travail de cette commission. Le
président a dû faire preuve de souplesse; cela a été
difficile, je l'avoue. Peut-être que les dernières minutes d'une
commission parlementaire sont plus propices à ce genre de propos de la
part d'un président. J'ai trouvé cela difficile et je pense que,
quand même, on est arrivé à passer à travers.
Étudier des mémoires après la deuxième lecture,
cela comporte certains problèmes et nous les avons connus.
Nous n'avons pas de texte de la part de M. Cossette, mais ses propos
tiennent lieu du texte qu'il aurait pu nous déposer. Dans cet esprit, je
me vois forcé de faire preuve auprès de lui de la même
tolérance que celle dont j'ai fait preuve, par la force des choses,
auprès des autres invités que nous avons reçus. Je pense
que...
Mme Payette: M. le Président, je vais être
obligée d'en faire une question de règlement à ce
moment-ci. Je ne crois pas mon expérience n'est pas très
longue, mais j'ai quand même participé à un certain nombre
de commissions que le but d'une commission soit de recevoir les plaintes
d'un citoyen qui a affaire à l'Office de la protection du consommateur,
ni de faire le procès des faits administratifs de l'office ni des
concurrents. Je me sens, au moment où l'on se parle, comme une sorte de
tribunal qui aurait à juger d'actes qui ont été
posés et je vous avoue que je me sens mal à l'aise dans ce
rôle, devant le projet de loi qu'on a devant nous, si bien que je ne
saurais pas quelle attitude avoir dans les circonstances.
M. Saint-Germain: Sur cette même question de
règlement, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... je comprends très bien Mme le
ministre, à ce point de vue-là, mais j'aurais aimé tout de
même, pour bien vérifier si nous sommes dans l'ordre, poser
quelques courtes questions à monsieur, pour savoir réellement...
Je n'ai pas trop compris jusqu'ici le but de cette intervention. Si vous le
permettez...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je vais vous permettre de prendre la parole, d'ailleurs,
à tous les membres de cette commission qui voudront aussi la prendre,
mais je demanderais à tous les membres de la commission de collaborer
dans le sens suivant, à savoir faire le plus grand effort possible pour
relier vos propos au projet de loi que nous avons devant nous.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président. Vous avez un
permis, me dites-vous, émis par l'Office de la protection du
consommateur...
M. Cossette: Oui, monsieur.
M. Saint-Germain:... ce permis vous est remis à quel
titre? Comme vendeur itinérant ou comme photographe?
M. Cossette: Comme vendeur itinérant, non pas comme
professionnel.
M. Saint-Germain: Alors, vous avez un permis comme vendeur
itinérant.
M. Cossette: Voilà!
M. Saint-Germain: Bon! Votre compétiteur a reçu un
permis comme vendeur itinérant. Les clients qui ont acheté ces
photos de votre compétiteur se sont plaints à l'office ou
vous-même, vous êtes-vous plaint à l'office?
M. Cossette: Ecoutez, je ne voulais pas aborder cette question de
compétition. Mais lorsqu'est arrivé...
M. Saint-Germain: Excusez-moi!
M. Cossette: ... un problème d'incompréhension qui
m'est apparu évident, j'ai tenté d'illustrer, pour rattacher
à la Loi de la protection du consommateur, la façon dont on
pouvait servir un consommateur. Mon intervention, M. le député de
Jacques-Cartier, a pour but d'atteindre le résultat suivant: De quelle
façon l'Office de la protection du consommateur émet-il des
permis sans se préoccuper de l'aspect professionnel des gens qui le
demandent? On en émet à n'importe qui.
M. Saint-Germain: Ecoutez, si vous voulez bien, je vais poser les
questions. Alors, vous avez un permis comme vendeur itinérant.
M. Cossette: Oui, monsieur.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez fait, à l'office,
une plainte, relativement au comportement de votre concurrent?
M. Cossette: Je puis vous affirmer qu'il y a eu des centaines de
plaintes dont je suis au courant.
M. Saint-Germain: Oui, oui, mais vous-même?
M. Cossette: Oui, nous en avons fait.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez reçu des
réponses?
M. Cossette: Non.
M. Saint-Germain: Vous les avez faites par écrit?
M. Cossette: Oui. Mais on nous a dit que les plaintes devaient
être faites par le consommateur et non pas par des personnes
impliquées dans le...
M. Saint-Germain: Le consommateur a fait des plaintes. Vous
connaissez des consommateurs...
M. Cossette: Des consommateurs, de nombreux consommateurs ont
fait des plaintes. La preuve, ces gens-là ont perdu leur permis du
consommateur, monsieur.
M. Saint-Germain: Comment, leur permis du consommateur? Il n'y a
pas de permis pour les consommateurs. Il y a des permis pour les vendeurs.
M. Cossette: Ils ont perdu leur permis de l'Office de protection
du consommateur.
M. Saint-Germain: D'autres vendeurs, vous voulez dire?
M. Cossette: D'autres organismes.
M. Saint-Germain: Oui, mais les consommateurs, d'après
votre dire, se sont fait jouer par un concurrent.
M. Cossette: C'était dans votre bottin,
régulièrement.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces consommateurs, qui se sont fait
jouer, se sont plaints à (office?
M. Cossette: Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'ils ont eu une réponse?
M. Cossette: Sûrement. Ces gens-là ont perdu leur
permis "du consommateur". Ils en ont obtenu un autre, avec des noms de
personnes qu'ils ont mis de l'avant.
M. Saint-Germain: Bon, là je comprends mieux. C'est votre
concurrent qui a perdu son permis et qui en a obtenu un autre, sous un autre
nom. C'est cela que vous voulez dire?
M. Cossette: Oui, monsieur. M. Saint-Germain: Est-ce
que...
Mme Payette: Si vous me permettez. On vient de me signaler un
article dans le projet de loi. On va peut-être pouvoir se raccrocher au
projet de loi. On vient de me signaler un article qui, semble-t-il,
réglerait le problème de monsieur Cossette, c'est l'article 308,
me dit-on, où il est dit que: "Pour émettre ces permis, l'office
devra, dorénavant, tenir compte" ah! ce n'est peut-être pas
le mot à mot, mais de la compétence des gens qui font une
demande de permis. Si tel est le cas, je pense que le problème est
pratiquement réglé. C'est un des...
M. Cossette: Je m'excuse de déranger tout le monde, je
comprends qu'il est très tard et que...
Mme Payette: 308b: Un des critères pour l'émission
des permis...
M. Cossette: Oui. Savez-vous ce qu'on m'a déjà
répondu à l'Office de protection du consommateur? C'est que l'art
de la photographie était une question d'appréciation. On m'a
cité en exemple Picasso...
Le Président (M. Dussault): M. Cossette, je m'excuse,
parce que, là, Mme le ministre, avec les conseils sur lesquels elle peut
compter, a relié votre problème à l'article 308 du projet
de loi et, effectivement, j'ai pris note de cette remarque et, à 308b,
on dit, en reliant cela au début de l'article: "Le président peut
refuser de délivrer un permis dans les cas suivants": alors on
dit donc à l'article b) "Le demandeur ne peut établir,
à la satisfaction du président, son honnêteté et sa
compétence."
Je pense que cela, ça relie votre problème directement au
projet de loi. Maintenant, dans ce sens-là, est-ce que d'autres membres
de la commission ont des questions à poser à monsieur notre
invité? M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Une très courte question; c'est que,
d'après moi, le problème de M. Cossette serait
réglé par un article, parce qu'avant cela, votre
compétiteur pouvait aller chez un client, demander un dépôt
et ne livrait pas, autrement dit, ce que l'épreuve avait
démontré ou ce qu'il avait expliqué, à la suite de
l'épreuve. Il disait: "Je vais t'amener une belle photographie". Mais
là, il faut tout de même se fier au bon jugement du consommateur
également, parce que, lorsque votre compétiteur va aller montrer
une photo telle que celle que vous avez produite devant cette commission,
j'imagine que le consommateur, s'il ne reconnaît pas sa maison ou sa
ferme, il ne l'achètera pas; il n'a pas signé de contrat, il n'a
donné aucune... La loi lui permet, également, par une simple
lettre sous pli recommandé, d'annuler son achat, alors, même si la
photo qu'on lui livre n'est pas tout à fait la photo que l'on a prise,
le consommateur, même s'il l'a payée, a dix jours dans sa maison,
à un moment donné, pour apprécier sa photo. Si vous allez
la lui livrer, vous n'avez pas le droit de demander un dépôt
maintenant, c'est-à-dire que, quand la loi sera votée, si elle
est votée telle quelle, vous n'aurez pas le droit, ni vous, ni votre
compétiteur, de demander un dépôt sur ce que vous voulez
lui vendre. Alors, lorsque vous allez pour lui livrer le bien, si le
consommateur n'apprécie pas à sa juste valeur le bien, à
ce moment-là, je ne vois pourquoi il le prendrait. Comprenez-vous?
M. Cossette: Non, je ne comprends pas, monsieur; c'est parce que
vous ne comprenez pas le système de vente qui existe.
M. Goulet: Je vais vous dire une chose, si vous me permettez.
Là, vous êtes en train de nous dire que, pour être un bon
photographe aérien, il faut avoir un permis en aéronautique. Je
ne vois pas du tout la différence, parce que je peux me faire piloter
par un très bon pilote d'avion, si je suis photographe; il me semble que
c'est une chose possible. Je ne vois pas la cohésion que, pour
être un bon photographe aérien, il faut être un bon pilote
et avoir un permis en aéronautique. A ce moment-là, je ne vois
pas du tout... je peux louer un avion ici, au tapis rouge, à
Québec et me faire piloter, à ce moment-là, si je suis un
bon photographe.
Maintenant, lorsque vous parlez de professionnels, écoutez, un
professionnel, je peux avoir un plombier qui est un vrai professionnel, mais je
ne voudrais pas que vous veniez essayer de dire à la commission que le
seul vrai professionnel dans la photographie, c'est vous. On n'est pas ici pour
cela, on est ici pour les modalités d'application du projet de loi.
Alors, si on essaie de vendre des choses sous fausse représentation, ou
encore, l'office est là pour protéger le client et, raison de
plus, vous avez affirmé devant cette commission que l'office a
déjà enlevé des permis à ces gens. Il faut croire
que l'office, dans ce cas-là, a fait son boulot.
J'aimerais, si vous voulez, que vous nous parliez des modalités
d'application du projet de loi et non pas de ce que vous allez avoir dans votre
photo. C'est tout à fait antiréglementaire, quant à
moi.
M. Cossette:... du problème. Je savais d'avance que ce
serait difficile à comprendre, que ce serait difficile à
exprimer...
Le Président (M. Dussault): ...
M. Cossette: ... que ce serait reçu de façon
très discutée. C'est pourquoi j'ai hésité avant de
venir, et je l'ai fait de bonne foi.
M. Saint-Germain: Je crois que tout le monde...
M. Cossette: Si je n'ai pas été assez clair, je
m'en excuse et je regrette d'avoir retenu votre temps aussi longtemps.
M. Saint-Germain: C'est une façon très
élégante de terminer tout cela. Je crois que tout le monde ici
est de bonne foi. Vous avez fait valoir
votre point de vue d'une certaine façon, vous avez amené
directement à Mme le ministre vos critiques et je suis assuré
qu'elle en a pris bonne note. S'il y a quelque chose qui n'a pas
été assez clair, pourquoi ne pas lui écrire? Elle vous
répondra certainement et elle fera même enquête sur votre
cas; je crois qu'à titre de femme responsable, elle le fera. Si tout
cela n'est pas suffisant, vous pouvez envoyer une copie de cette lettre
à tous les membres de la commission et je suis assuré que vous
aurez une réponse.
M. Cossette: Je voudrais seulement vous faire remarquer...
M. Saint-Germain: Si cette réponse ne vous satisfait pas,
au moins, vous aurez des explications officielles. Je ne peux pas voir comment
on pourrait résoudre tout cela autrement.
M. Cossette: ... que les permis qui ont été
enlevés le furent à cause des manquements au texte, non pas
à cause de la qualité du produit livré.
Mme Payette: M. Cossette, je suis obligée de dire
qu'effectivement, il arrive à certains moments et je pense que le
député de Bellechasse avait raison dans ce sens qu'un
consommateur peut trouver que la photo est plus belle qu'il l'espérait.
Il peut aussi arriver je pense que c'est son jugement et c'est
très subjectif qu'il ne soit pas satisfait d'une photo que vous
trouvez excellente. (18 h 30)
Dans le domaine de la photographie, qui est un art, je crois, cela
laisse une large place à l'appréciation subjective du produit qui
est là. On n'est pas, dans le domaine de l'art, comme on est dans le
domaine, comme vous disiez, des casseroles. Encore faut-il qu'on puisse
établir un usage raisonnable, une durée normale. Il s'agit d'un
produit artistique qui va plaire à certains consommateurs et
déplaire à d'autres, forcément, et je ne vois pas comment
on peut légiférer pour obliger un consommateur à trouver
beau ce qui ne l'est pas ou à ne pas trouver beau ce qui l'est. Je ne
vois pas comment on peut intervenir là où vous nous demandez de
le faire.
M. Cossette: C'est parce qu'il y a une partie du système
que je n'ai pas su vous démontrer clairement. C'est que le client paye
à la livraison, par livraison postale. Le client achète
d'après la vision d'une épreuve et reçoit le produit fini
contre remboursement. Voilà! C'est le système. Là encore,
si vous reprenez la question d'une façon pratique, à ce
compte-là, il n'y a plus de problème, parce qu'il n'y a plus de
photographie aérienne qui se fait au Québec. Comment un fabricant
qui confectionne des habits sur mesure pourra-t-il le faire sans demander
d'acompte?
Mme Payette: Ah, est-ce qu'on arriverait là au coeur du
problème?
M. Cossette: Aussi. Il y a deux aspects, Mme le ministre, dans ma
question. Je ne voulais pas déblatérer d'après des
ressentiments que je pourrais avoir, puisque cela semble être
l'interprétation ici, contre des concurrents, que j'aie raison ou tort.
Je voulais simplement vous exposer deux points: La reconnaissance
professionnelle de personnes qui exercent une profession pour obtenir un permis
du consommateur; ce n'est rien que cela, cette reconnaissance.
Deuxièmement, la question des acomptes donnés, puisque dans mon
cas personnel, nous dépensons... Je travaille à bord d'un
hélicoptère et, pour une saison, je devrais donc fonctionner par
prêts bancaires d'ordre d'un tiers ou d'un demi-million que le
consommateur, finalement, devrait payer, s'il n'y a pas d'acomptes
permissibles.
Mme Payette: M. Cossette, les dispositions prévues dans le
projet de loi 72 au sujet des vendeurs itinérants s'appliquent à
tout vendeur itinérant aussi bien à vous, dans les circonstances,
qu'à tous vos concurrents. Effectivement, ce qui est prévu au
projet de loi y a été inscrit à la suite d'abus qui ont
été commis par certains vendeurs itinérants et qui nous
paraissent être des mesures protégeant le consommateur contre ces
abus. Alors, si vous voulez me faire part du fait que cela vous crée des
difficultés en termes d'administration, je comprends; mais, pour
l'instant, le projet de loi s'applique à tous les vendeurs y compris vos
concurrents.
M. Cossette: Bon, c'est parce qu'on fait...
Le Président (M. Dussault): M. Cossette, je vais vous
demander de conclure à partir de ce que vient de dire Mme le ministre.
Je vous donne quelques secondes. Je pense qu'on ne peut pas aller tellement
plus loin.
M. Cossette: Je crois, Mme le ministre et M. le Président,
que cela met un terme à mon intervention et que cela met un terme
également à mon entreprise au Québec. Je serai vigilant
pour savoir si vous allez également voir à ce que les
illégaux cessent, puisqu'ils travaillent en toute quiétude depuis
quelques années. Voilà ma conclusion.
J'ai eu recours à cette commission pour tenter d'expliquer
clairement la problématique d'une chose qui fonctionnait bien avant
cette commission puisque je suis là depuis 30 ans et que j'ai eu
des rapports cordiaux avec ma clientèle qui se chiffre à des
centaines de milliers et si cette commission doit mettre fin à
mon entreprise, on le sait maintenant, c'est clair, mais je vais être
vigilant pour que les opportunistes et les brigands qui oeuvrent en toute
quiétude depuis 1974 de façon précise il y en a
trois au Québec la commission soit informée qu'ils
continuent toujours.
Le Président (M. Dussault): M. ie député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je pense que M. Cossette
voulait essayer de démontrer à la commission, concernant
l'article 59 et vous me corrigerez si je fais erreur que le
commerçant itinérant ne peut percevoir aucun paiement partiel ou
total du consommateur avant l'expiration du délai de résolution
prévu à l'article 58, tant que le consommateur n'a pas
reçu le bien qui fait l'objet du contrat.
Or, M. le Président, en tant que député de
Bellechasse et si je pouvais me prononcer en tant qu'individu vous savez
pourquoi je dis cela je serais le premier à accepter cet
article-là et à le voter. S'il n'avait pas été
inclus, je l'aurais proposé.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Goulet: Si le produit est de qualité, il me semble que
ce n'est pas gênant d'aller le livrer tel qu'on l'a vendu, et on est
sûr que le consommateur va nous le payer.
M. Cossette: Ce que je n'ai pas encore réussi à
démontrer clairement, c'est que les livraisons ne sont pas possibles
à moins d'un délai de deux à trois mois et vous devez
payer le représentant qui fait la vente, vous devez payer pour le
fonctionnement de l'entreprise, les hélicoptères, etc.
M. Goulet: Oui, mais toutes les compagnies de ventes
itinérantes pas seulement dans la photographie sont comme
cela.
M. Cossette: Les compagnies, monsieur, vendent des produits
déjà fabriqués.
M. Goulet: Oui.
M. Cossette: Si je ne vous le vends pas à vous, je le
vends à un autre...
M. Goulet: Oui, mais vous l'enverrez par la poste. Le
consommateur ne le paiera pas tant qu'il ne l'aura pas. S'il est de
qualité vous savez comme moi, M. Cossette, que lorsqu'on offre un
produit de qualité et qu'on livre exactement ce que l'on a normalement
promis, c'est très très rare qu'il y a une annulation. Le
problème c'est quand on arrive avec un produit moins beau qu'on a
promis, le consommateur hésite à payer. C'est là que les
problèmes commencent. Le vendeur itinérant devrait être
payé seulement lorsque la vente est conclue, c'est-à-dire lorsque
le consommateur a reçu son bien.
M. Cossette: C'est là-dessus qu'on ne se comprend pas. La
vente se fait sur dépôt d'un acompte, n'est-ce-pas? La balance est
payable sur livraison postale (C.O.D). Si vous devez faire une enquête
sur chacun des clients, le client devra payer, bien sûr, les frais de
cette enquête. Allez-vous faire une enquête de crédit sur un
client, pour une vente de $50, de $65 ou de $80 lorsque vous avez environ 600
clients par semaine? Essayez d'imaginer le coût que va coûter
l'enquête de crédit sur 600 clients, ou 500, ou 700 ou 200. Il
s'agit de commandes postales payables sur livraison. Je vais m'exprimer en
termes clairs, sur acompte, non pas sur facture.
M. Goulet: Non, mais, malheureusement, des commandes payables sur
livraison cela, c'est mon impression, je ne parle pas au nom de tous les
membres de la commission mais une commande payable sur livraison, sur
acompte, justement, c'est ce que la loi veut éviter, le C.O.D., le "cash
on delivery". Cela veut dire: Livre-moi le produit, je vais te payer, mais je
ne te paie pas avant. C'est cela que cela veut dire.
M. Cossette: Ce que je veux vous dire, M. le député
de Jacques-Cartier...
M. Goulet: De Bellechasse, monsieur.
M. Cossette: De Bellechasse? Vingt-quatre ans avant que vous
soyez là, ou vingt-cinq ans, avant que vous soyez ià, on a
fonctionné comme cela, sans problème et je peux vous amener 7000
recommandations de clients qui démontrent qu'on n'a "fourré"
personne.
M. Goulet: Je n'ai pas dit cela, M. le Président.
M. Cossette: Bon, bien, écoutez, je m'en veux d'avoir pris
autant de votre temps et je vous remercie, Mme le ministre.
Mme Payette: Je ne pense pas que cela ait été
inutile, monsieur Cossette, et je ne voudrais pas vous voir regretter
d'être venu devant cette commission, pas plus que nous n'avons à
regretter de vous avoir entendu. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Dussault): Je remercie, monsieur
Cossette, de sa participation aux travaux de la commission. Je lui souhaite un
bon retour, je remercie les membres de la commission de leur collaboration.
J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 18 h 39
ANNEXE A
Mémoire présenté à la
commission parlementaire
des consommateurs, coopératives et institutions
financières
siégeant sur la Loi sur la protection du
consommateur
(Projet de loi no 72)
par
La Société Nationale de diffusion
éducative et culturelle inc.
(Sondée)
4935 est, rue Jarry
Montréal, Québec
H1R 1Y2
Montréal, le 21 novembre 1978.
La Société Nationale de Diffusion Educative et Culturelle
Inc., mieux connue sous son nom abrégé de Sondec, est une
entreprise établie au Québec depuis 14 ans, et qui se
spécialise dans l'édition et la vente à domicile
d'encyclopédies et autres ouvrages de référence. Cette
entreprise donne du travail à plus de 125 personnes, dont certaines sont
ses employés, et d'autres des représentants indépendants
qui vendent ses ouvrages moyennant une commission.
Sondec correspond à la notion de vendeur itinérant
mentionnée à l'actuelle Loi de la protection du consommateur
(L.Q. 1971, c. 74), et, pour poursuivre ses activités commerciales, elle
a obtenu le permis prévu à l'article 89 de la Loi actuelle,
iequel lui a été renouvelé de temps à autre
jusqu'à aujourd'hui. Elle espère bien qu'il lui sera loisible de
conserver ce permis sous le régime prévu par le projet de
loi.
En vertu des articles 90 à 92 de la loi actuelle, le directeur de
l'Office de la protection du consommateur délivre le permis de vendeur
itinérant si le requérant remplit les conditions prescrites par
règlement et verse les droits prescrits par règlement. Tout
permis expire un an après la date de sa délivrance; il peut
être renouvelé aux conditions prescrites par règlement. Le
directeur peut aussi annuler le permis de toute personne qui ne possède
plus les qualités requises par règlement ou qui ne remplit plus
les conditions prescrites par règlement. Il peut également
suspendre ou annuler le permis de toute personne qui refuse ou néglige
de se soumettre aux prescriptions de la Loi actuelle ou de ses
règlements après en avoir été requise, par
écrit, par le directeur ou un inspecteur.
L'article 7.03 du règlement général adopté
en vertu des dispositions qui précèdent par l'Arrêté
en conseil numéro 1408-72 du 24 mai 1972, et publié dans la
Gazette officielle du Québec du 10 juin 1972, exige entre autres
conditions préalables à l'obtention du permis de vendeur
itinérant que le requérant n'ait pas, au cours des trois
années précédant sa requête, été
déclaré coupable d'une infraction à la Loi de la
protection du consommateur ou au règlement général. Ce
même règlement ne prévoit pas de conditions additionnelles
pour le renouvellement du permis.
Lors d'une première demande de permis, surtout si elle survenait
peu après l'adoption de la Loi actuelle, il n'y avait guère
possibilité qu'un requérant puisse voir sa demande de permis
refusée pour infraction à la Loi ou au règlement
général. Les possibilités d'infractions sont beaucoup plus
grandes une fois qu'un détenteur se prévaut de son permis,
d'autant plus qu'en vertu de l'article 49 de la Loi actuelle, la sollicitation
faite par le préposé, l'agent ou le représentant d'un
vendeur itinérant est réputée faite par ce dernier. Toute
infraction donne au directeur ia faculté de suspendre ou d'annuler un
permis, mais, en plus du droit de se faire entendre prévu à
l'article 97, le détenteur possède deux garanties que son permis
ne lui sera pas enlevé sans motif sérieux. Premièrement,
s'il n'a pas été déclaré coupable de quelque
infraction, le directeur ne pourra pas suspendre ou annuler un permis sans
avoir donné au détenteur d'abord par écrit un avis de
s'amender. D'autre part, à une accusation pénale d'infraction
à la Loi ou au règlement, le détenteur peut offrir la
défense que l'erreur ou l'omission a été commise de bonne
foi. Le directeur n'a donc pas ni l'occasion, ni le pouvoir de suspendre ou
d'annuler un permis pour une raison purement technique.
Quelles sont les modifications à ce régime qu'apporte le
projet de loi 72? Il a le mérite de retirer en grande partie cette
matière du champ réglementaire et d'énoncer clairement les
conditions préalables à l'exercice par le président de
l'Office de la protection du consommateur (l'OPC) de sa faculté de
refuser de délivrer un permis, de le suspendre ou de l'annuler. Comme
sous la Loi actuelle, le président peut agir ainsi si le
requérant, au cours des trois années antérieures à
sa demande, a été déclaré coupable d'une infraction
à une Loi ou à un règlement dont l'Office doit surveiller
l'application, ou si le détenteur est déclaré coupable
d'une telle infraction alors qu'il possède son permis. Il peut faire de
même si le requérant ou le détenteur a été ou
est déclaré coupable d'un acte criminel punissable par voie de
mise en accusation seulement. Sur ce point, le projet de loi restreint
l'étendue du règlement actuel en ne visant que les actes
criminels punissables par voie de mise en accusation seulement, mais
l'étend par ailleurs en couvrant tous les actes criminels punissables de
cette façon.
Enfin, aux termes de l'article 312, le président peut suspendre
ou annuler le permis d'un détenteur qui cesse de satisfaire aux
exigences que la Loi ou les règlements prescrivent pour la
délivrance d'un permis. Ce texte reprend ia première phrase de
l'article 92 de la présente Loi. Il omet la deuxième phrase qui
permet actuellement au directeur de l'OPC de suspendre ou d'annuler le permis
de toute personne qui refuse ou néglige de se soumettre aux
prescriptions de la présente loi ou des règlements après
en avoir été requise, par écrit, par le directeur ou un
inspecteur. On peut apprécier là-propos de l'abolition de cette
disposition, qui a le tort de permettre au directeur de suspendre ou d'annuler
un permis pour une présumée infraction à la Loi ou aux
règlements sans que la personne visée n'ait été
jugée et déclarée coupable de l'offense reprochée.
Désormais, le détenteur du permis devra être
déclaré coupable d'abord. Cependant, Sondec craint que cette
abrogation ne mette fin à la pratique établie de l'OPC d'aviser
dans plusieurs cas le contrevenant à la Loi pour lui permettre de
s'amender avant que des procédures ne soient intentées. Cette
pratique s'avérait précieuse pour corriger à l'amiable
certaines infractions d'ordre technique.
Mais cette amélioration partielle est contrebalancée par
la disparition d'une disposition essentielle qui constitue le seul rempart
statutaire du justiciable contre l'exercice inapproprié des pouvoirs du
directeur dans le régime actuel. La défense de bonne foi que le
détenteur de permis peut invoquer en vertu de l'article 113 de la Loi
actuelle a disparu. L'article 271 du projet de loi, même s'il parle de
bonne foi, traite de toute autre chose et ne concerne que les poursuites
pénales contre un commerçant ou un publicitaire en vertu du titre
II.
Pourtant le projet de loi prévoit de nombreuses infractions de
droit strict et de caractère technique. Que l'on songe aux infractions
qui peuvent être commises aux articles 25 à 32, ou aux articles 57
à 62, pour ne citer que celles-là. Ainsi, la seule omission du
lieu sur le contrat conclu par un commerçant itinérant constitue
une infraction. De plus, par le jeu des articles 41, 54 et 307 du projet, le
détenteur d'un permis de commerçant itinérant pourra
être responsable non seulement de la conduite de ses
représentants, mais même de celle des commerçants
itinérants qui font le commerce de sa marchandise et en lieu et place
desquels il détiendra le permis. Néanmoins, à la moindre
infraction, le contrevenant, s'il s'agit d'une corporation, est passible d'une
amende minimale de $500, selon l'article 263, et de $1,000 selon l'article 262.
De plus, et c'est plus grave, le président de l'OPC possède
dès lors la faculté de suspendre ou d'annuler purement et
simplement le permis du contrevenant à son entière
discrétion et selon son seul bon jugement.
Les garanties qu'offrent le projet de loi à l'encontre d'un usage
abusif de ce pouvoir sont illusoires. Il est vrai qu'en vertu de l'article 316,
le président doit, avant de refuser de délivrer un permis
à une personne ou avant de suspendre ou d'annuler le permis qu'il lui a
délivré, donner à cette personne l'occasion d'être
entendue. Mais qu'est-ce que cette personne viendra dire en l'absence de tout
critère dans la loi sur la façon dont le président doit
exercer son pouvoir, et compte tenu que le président n'est nullement
tenu de tenir compte de ces représentations. Il est aussi vrai que
l'article 322 prévoit un appel à la Cour provinciale de la
décision du président qui refuse, suspend ou annule un permis.
Mais il s'agit d'un appel de nature judiciaire et il est fort à craindre
que le juge qui en sera saisi ne fera que juger de la légalité de
la décision, sans revoir l'opportunité de cette dernière
sur le plan administratif. En d'autres termes, le juge vérifiera si les
conditions préalables à l'exercice du pouvoir de suspension ou
d'annulation prévues aux articles 311, 312, 316 et 317 ont
été respectées, sans revoir l'opportunité de
l'exercice du pouvoir administratif et discrétionnaire
conféré au président. Pour le faire, il faudrait que le
projet prévoit des critères dont le président devrait
tenir compte avant de statuer: nous en proposons donc l'inclusion dans le
projet de loi.
Il est vrai que, dans le régime prévu par le projet de
loi, nul n'a un droit à exercer la confession de commerçant
itinérant s'il ne respecte pas en tout temps toutes les conditions qui y
sont prescrites. Mais une fois le permis accordé, le détenteur
devrait être assuré qu'on ne pourra le lui retirer sans un motif
grave, car de ce permis dépendent la poursuite de ses affaires, la
récupération des investissements qu'il y a faits et le gagne-pain
de tous ses employés et collaborateurs.
Suffit-il de répondre qu'il faut présumer de la bonne foi
et du bon jugement du président? Pas pius que de celles de tout autre
fonctionnaire ou de tout autre citoyen: autrement, à quoi serviraient
les lois et les tribunaux qui en surveillent l'application et en sanctionnent
la contravention? Le parrain du projet de loi, la Commission et
l'Assemblée Nationale devraient reconnaître qu'il est contraire
à une saine démocratie que d'abandonner les justiciables à
la discrétion et à la bonne volonté des fonctionnaires.
Dans le régime prévu par le projet de loi, rien ne protège
le citoyen contre la détermination du président, qu'elle soit
fondée ou non, de faire perdre son permis à l'un ou l'autre
détenteur. Etant donné la quantité et la précision
des dispositions à respecter, nul n'est à l'abri d'un
trébuchement accidentel. Le président n'a pas besoin de plus pour
fondre sur le commerçant et l'empêcher de faire des affaires
pendant trois ans.
En 1976, Sondec fut accusée, à l'instigation de l'OPC,
d'avoir négligé ou refusé de restituer la somme de
quatorze dollars à un consommateur, dans les sept jours suivant la
résolution d'un contrat, en contravention de l'article 56 de la Loi
actuelle. En fait, le consommateur avait été remboursé,
mais avec quelques jours de retard. Entre-temps, la prévenue
s'était enquise par lettre de la façon dont le $14 avait
été payé afin d'éviter de rembourser un
chèque dont le paiement aurait été contremandé. Le
consommateur répondit que le paiement avait été fait
comptant, et il fut de suite remboursé. Le juge, se
fondant sur la défense de bonne foi prévue à
l'article 113 de la Loi actuelle, considérant que le délai
dépassant sept jours était attribuable à l'information
demandée et aux délais de la poste, particulièrement dans
la période des fêtes où on se trouvait, acquitta la
prévenue. Que serait-il advenu sous le régime proposé par
le projet de loi? Sondec aurait été trouvée coupable
nonobstant sa bonne foi et se serait vue exposée à perdre son
permis. Et quelle certitude Sondec pourrait-elle avoir de ne jamais être
trouvée coupable, compte tenu du grand nombre de représentants
qui agissent pour elle et qui sont aussi susceptibles d'erreurs de bonne
foi.
Il ne faut pas croire que Sondec cherche ici à recevoir
l'absolution d'avance pour des péchés qu'elle n a pas encore
commis, mais qu'elle se proposerait de commettre. Elle croit pouvoir parler non
pas pour elle seule, mais pour tous les détenteurs de permis actuels et
à venir, qu'il s'agisse des commerçants itinérants, des
vendeurs d'automobiles d'occasion ou de commerçants qui concluent des
contrats de prêt d'argent régis par la présente loi. Nul ne
connaît l'avenir, et nul n'est prévenu contre la commission
occasionnelle d'une infraction involontaire et technique à l'une ou
l'autre des dispositions de la loi: tous ont intérêt à ce
que l'on mette des bornes législatives à l'exercice des pouvoirs
étendus que le projet de loi confère au président de
l'OPC.
C'est pour ces motifs que Sondec propose les modifications suivantes au
projet de loi 72: a) que l'article 271 soit modifié pour se lire comme
suit: "271. Une erreur ou une omission faite de bonne foi, ou une infraction
apparente au titre II commise alors que le prévenu avait des motifs
raisonnables de se fier à une information provenant, selon le cas, du
manufacturier ou du commerçant, ne constitue pas une infraction au sens
de la présente loi." b) que l'article suivant soit ajouté
immédiatement après l'article 312: "312A) Avant de décider
de refuser de délivrer un permis, ou avant de le suspendre ou de
l'annuler, le président tient compte notamment: a) de la gravité
de l'infraction et de son rapport avec l'activité commerciale
passée ou projetée du contrevenant; b)du nombre d'infractions, ou
de l'étendue du défaut de satisfaire aux exigences que la
présente loi ou les règlements prescrivent pour la
délivrance d'un permis; c)des avertissements que l'Office aura pu faire
parvenir par écrit au contrevenant de voir à amender sa conduite;
d)de l'identité de l'auteur immédiat de toute infraction ou de
toute contravention aux exigences de la présente loi et de ses
règlements d'application, et de l'étendue de l'autorité du
requérant ou du détenteur du permis sur cette personne; e) du
préjudice subi par le consommateur.
Sondec ne s'est pas vu accorder l'occasion de défendre ce
mémoire devant la Commission à cause de la procédure
particulière et de la publicité limitée qui ont
entouré l'invitation au public de se présenter devant elle.
Sondec ose espérer que les présentes attireront néanmoins
l'attention de la Commission, et demeure à son entière
disposition si elle devait exprimer le voeu de l'entendre, ou requérir
des éclaircissements par écrit.
Quel que soit le résultat de nos démarches, nous vous
assurons de notre collaboration constante.
SONDEC MONTREAL, ce 21 novembre 1978.
A N N E X E B
Mémoire de l'ordre des pharmaciens du
Québec
Présenté aux membres de la Commission
Parlementaire
Sur le projet de loi no 72 Loi sur la protection du
consommateur
Le 23 novembre 1978
INTRODUCTION
Avant de commencer, monsieur le Président, j'aimerais
préciser 3 choses: Vous remercier ainsi que les membres de cette
Commission de nous donner l'occasion, dans des délais aussi courts,
d'exposer nos vues sur le projet de Loi no. 72; vous souligner,
qu'après entente avec le secrétaire des Commissions
parlementaires, nous n'avons pas écrit de résumé du
mémoire; mais que compte tenu des règles de pratique des
Commissions parlementaires, nous allons résumer le mémoire dans
les limites de ces règles.
ADDITION AU PROJET DE LOI NO. 72
Nous avons pris connaissance du projet de Loi no. 72 et nous
souhaiterions que soit ajouté un chapitre traitant de la
publicité des médicaments.
Sans vouloir mettre en doute la bonne foi et la compétence des
personnes qui ont présidé à la rédaction de ce
projet de Loi et sans minimiser l'importance des contrats de crédits,
des contrats relatifs aux automobiles, de la vente à tempérament
et du louage à exécution successive, il nous apparaît
beaucoup plus important d'assurer la protection du consommateur sur des biens
et des services qui peuvent avoir des effets néfastes, non sur le
porte-feuille du consommateur, mais sur la santé.
Dans le cadre de ce mémoire, il nous apparaît important
d'apporter quelques précisions concernant l'utilisation des mots
"médicaments" et "publicité".
A MÉDICAMENTS
La loi fédérale concernant les aliments, drogues et
cosmétiques ne définit pas le mot médicament et fait appel
au mot drogue.
La loi sur la pharmacie du Québec définit le mot
médicament.
Les deux définitions sont sensiblement équivalentes mais
pour les fins du mémoire, nous utiliserons la définition du mot
médicament de la Loi sur la pharmacie du Québec (article 1h).
Mentionnons immédiatement qu'il ne sera toutefois pas question
des médicaments exigeant une ordonnance, la publicité de ces
substances étant régie par d'autres Lois et n'étant pas
dirigée vers le consommateur.
Il sera donc uniquement question des médicaments dits de "vente
libre" qu'ils soient brevetés ou Grand Public ou qu'ils soient de vente
exclusive chez le pharmacien. Il sera donc question: d'analgésiques de
laxatifs d'antacides de médicaments de la grippe de vitamines, etc.
En résumé, de médicaments bien connus et faisant
l'objet de publicité sur les différents média
d'information.
B- PUBLICITÉ
Après avoir consulté différents volumes, nous nous
sommes aperçus qu'il y avait de nombreuses définitions de la
publicité.
Nous avons alors fait appel au dictionnaire "Robert" qui définit
la publicité:
Comme le fait ou l'art d'exercer une action PSYCHOLOGIQUE sur le public
et ceci à des FINS
COMMERCIALES".
Comme le projet de Loi no. 72 fait appel au terme message, pour nous il
peut y avoir 3 sortes de messages:
- LE MESSAGE PUBLICITAIRE
Ce message est destiné à des fins commerciales. En fait,
c'est la publicité et c'est le type de message que l'on observe sur les
médicaments. - LE MESSAGE INFORMATIF
Le message est destiné à des strictes fins d'information.
La plupart du temps, il est publié par des organismes à but non
lucratif comme l'Association du Diabète, l'Ordre des Chirurgiens
Dentistes, etc.. - LE MESSAGE CONTRE PUBLICITAIRE
Le message avertit le consommateur des dangers que peuvent
représenter certains biens et services et est diffusé la plupart
du temps par les différents paliers de Gouvernement. Les Gouvernements
devraient par ailleurs obliger certains fabricants à corriger les
prétentions publicitaires frauduleuses émises pendant des
années sur certains médicaments. L'exemple classique est le cas
des petites pilules Carter's qui ont été annoncées pour le
foie pendant des années et qui en réalité sont des
médicaments laxatifs.
LOIS RÉGISSANT LA PUBLICITÉ SUR LES MÉDICAMENTS
II faut avant d'aborder cette question dissocier la publicité qui
était faite par les pharmaciens et qui est faite par les fabricants.
CHEZ LES PHARMACIENS: (La Cour Suprême donne raison à
l'Ordre)
Certains pharmaciens avaient contesté le règlement sur la
publicité de l'Ordre des pharmaciens. Après avoir
été traduits devant le Comité de discipline, ces
pharmaciens avaient bloqué l'action disciplinaire en demandant un bref
d'évocation, accordé le 1er octobre 1976 par le juge Rothman de
la Cour Supérieure.
Le 14 décembre 1977, la Cour d'Appel du Québec
reconnaissait la validité du règlement et cassait le bref
d'évocation en première instance.
Le 20 février 1978, les juges Pigeon, Beetz et Dickson de la Cour
Suprême du Canada ont entendu la requête en permission d'appeler et
l'ont immédiatement et unanimement rejetée sur le banc, estimant
qu'il n'y avait pas matière à reconsidérer le jugement de
la Cour d'Appel du Québec.
La Cour Suprême vient donc de confirmer la validité du
règlement sur la publicité de l'Ordre des pharmaciens et on sait
maintenant que cette réglementation est inattaquable et que l'Ordre a
désormais le pouvoir de la faire respecter par tous les pharmaciens du
Québec, sans exceptions.
CHEZ LES FABRICANTS
II existe dans la Loi des Aliments et Drogues des articles relatifs
à la publicité et il existe aussi un Conseil consultatif de
publicité pharmaceutique qui a publié un code d'acceptation de la
publicité.
Mais il y a toujours eu des articles relatifs à la
publicité dans la Loi des Aliments et Drogues, ce qui n'a gas
empêché certains fabricants de faire des affirmations fausses dans
leur publicité et ce qui n'a pas empêché le Directorat des
Aliments et Drogues de laisser recommercialiser un grand nombre de
médicaments inefficaces.
On affirmait en mars 1975 (1) et en juin 1976 (2) que sur 2,000
médicaments brevetés, une trentaine était efficace.
INFLUENCE DUN CODE D'ÉTHIQUE SUR LES MÉDICAMENTS
Dans le cadre d'une étude réalisée en 1973-74 (3)
sur l'influence de la publicité des médicaments "Grand public",
on a fait une analyse qui a porté sur une période de 7 jours
avant et après la mise en vigueur d'un code d'éthique
autorégulateur pour les fabricants de médicaments. Le Code a
été élaboré par la National Association of
Broadcasters et a été réalisé sur 3 stations de
télévision de New-York:CBS, NBC et ABC.
Concernant la promotion ou l'encouragement à la consommation de
médicaments, les résultats de l'étude démontrent
aucun changement significatif avant et après en vigueur du code
d'éthique.
A titre de conclusion, les auteurs de l'étude mentionnent entre
autres que les résultats obtenus suggèrent que la
publicité télévisée des médicaments tend
à encourager une attitude favorable vis-à-vis de I usage du
médicament par des prétentions publicitaires
exagérées et en n'indiquant pas au consommateur certaines
précautions à prendre vis-à-vis de l'utilisation du
médicament.
D'autres études (4) ont démontré une relation entre
la publicité sur les médicaments et une tendance à abuser
des médicaments.
ENQUETE DE L'ORDRE DES PHARMACIENS EN 1972
Depuis une vingtaine d'années, l'Ordre des pharmaciens a pris
position des dizaines de fois devant de nombreux organismes gouvernementaux et
non gouvernementaux sur la question des médicaments en vente libre, tant
sur les plans de leur innocuité, de leur efficacité et de leur
publicité dans les média d'information.
Au mois de novembre 1972, après de multiples démarches
(5), (6), (7), (8), (9), (10), auprès des Gouvernements
fédéral et provincial, l'Ordre décidait de passer à
(action et de dénoncer publiquement un certain nombre de
médicaments dans l'intérêt de la protection du
consommateur.
Cette campagne d'information s'effectua à la grandeur du
Québec et les résultats démontrèrent que certains
médicaments étaient inefficaces pour les fins proposées et
que pour d'autres les prétentions publicitaires étaient soit
carrément fausses ou très largement exagérées (11
).
Les critères de sélection des produits
dénoncés avaient été établis surtout sur la
publicité outrancière entourant ces produits.
C'est ainsi que des médicaments comme Rolaids, Dristan, Sirop
Lambert, Anacin, Ex-Lax, Petites pilules Carter's "pour le foie",
Bromo-Seltzer, Préparation H, se retrouvaient dans la liste.
On pourrait vous parler très longtemps de l'influence de la
publicité vis-à-vis de l'ingestion intempestive de certains
médicaments de vente libre, par rapport à l'enquête
pré-citée et de nombreuses autres études (12), (13), (14),
(15), (16), (17), (18), (19), (20), (21), (22), (23), (24).
En citant un certain nombre de références scientifiques
nous voulons prouver hors de tout doute qu'il faut interdire la
publicité "outrancière" entourant la vente des médicaments
de vente libre.
Une enquête américaine a démontré que 16
fabricants de médicaments contre la grippe et la toux consacrent $50
millions à mousser la vente de leurs produits dont le chiffre d'affaires
atteint $400 millions.*
SI L'ON CONSIDÈRE QUE d'une part la Direction
Générale de la Protection de la Santé par la voix de son
représentant (25) a admis que son Ministère n'avait pas
commencé à évaluer l'efficacité des
médicaments "Grand
Public"; et que d'autre part une enquête américaine
(26) affirme que 3 médicaments brevetés sur quatre sont plus ou
moins efficaces sinon inefficaces, on peut considérer comme un abus de
confiance, que la publicité de ces médicaments qui pousse
littéralement à la consommation, soit encore permise.
PRISE DE POSITION DE L'ORDRE
Devant les faits pré-cités et tenant compte de son
expérience passée:
LA PRISE DE POSITION DE L'ORDRE SUR LA PUBLICITÉ EST LA SUIVANTE:
"QUE TOUTE PUBLICITÉ SUR LES MÉDICAMENTS AUPRÈS DU GRAND
PUBLIC SOIT ABOLIE".
Ajoutons immédiatement, même si ceci dépasse
peut-être l'objet de ce mémoire que l'Ordre des pharmaciens
recommande, que les médicaments n'ayant pas été
jugés efficaces fassent l'objet d'une évaluation scientifique
quant à leur valeur thérapeutique.
APPUIS D'AUTRES ORGANISMES
ORGANISMES NON GOUVERNEMENTAUX
Des dizaines d'autres organismes dont nous citons les principaux (27),
(28), (29), (30), (31), (32), (33), (34), (35), (36), (37), (38), (39), (40),
(41), ont appuyé totalement la position de l'Ordre. Parmi ceux-ci on
retrouve des organismes de toutes sortes dont: des organismes de
consommateurs des organismes scientifiques
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX *
Nous sommes concients des dangers que comportent des citations hors
contexte. C'est pourquoi, nous référons toujours les membres de
cette Commission aux textes officiels. 1973 2e LECTURE DU PROJET DE LOI
SUR LA PHARMACIE (42)
Notre seul but en référant au journal des Débats de
cette époque est de démontrer aux membres de cette Commission que
le législateur et en particulier, monsieur Claude Castonguay (Ministre),
monsieur Jean-Paul Cloutier (Député) et monsieur Camille Laurin
(Député) était à peu près unanime sur les
dangers que constituait la publicité sur les médicaments pour le
consommateur. * Rapport publié en 1972 par la Commission
fédérale sur les pratiques commerciales aux Etats-Unis.
"Organismes gouvernementaux signifient pour les fins de ce mémoire des
individus (députés ou ministres) s'étant exprimés
sur le sujet en question à l'Assemblée nationale ou à
l'extérieur de l'Assemblée nationale.
1978
MONSIEUR DENIS LAZURE (MINISTRE)
Au cours des journées pharmaceutiques de l'Association des
Pharmaciens Salariés du Québec, monsieur Denis Lazure a
déclaré que: "SON MINISTÈRE ÉTAIT EN FAVEUR DE
RESTRICTIONS IMPORTANTES SINON INTERDICTION TOTALE DE LA PUBLICITÉ DES
MÉDICAMENTS GRAND PUBLIC" (43).
MONSIEUR MAURICE MARTEL (adjoint parlementaire aux affaires
sociales)
Monsieur Martel s'est prononcé plusieurs fois contre la
publicité.
Entre autres, lors d'un collogue sur les médicaments de vente
libre, monsieur Maurice Martel déclarait: "LA PUBLICITÉ
OUTRANCIÈRE C'EST DE LA FOLIE PURE. IL FAUT ABSOLUMENT INTERDIRE LA
PUBLICITÉ OUTRANCIÈRE QUI ENTOURE LA VENTE DES MÉDICAMENTS
BREVETÉS " (44).
QUELQUES STATISTIQUES SUR LES MÉDICAMENTS DE VENTE LIBRE
En 1975, le Ministre de la Santé Nationale et du Bien-Etre Social
du Canada publiait un rapport préliminaire d'une étude devant
porter sur l'usage des médicaments de vente libre. Les
médicaments suivants ont été considérés dans
cette étude: médicaments pour les troubles digestifs laxatifs
analgésiques médicaments pour les troubles des sinus et des
allergies médicaments contre le rhume médicaments contre
l'écoulement nasal médicaments contre la toux somnifères
vitamines Parmi les nombreuses dénominations commerciales
mentionnées, citons:
ROLAIDS
TUMS
ENO
BROMO-SELTZER
AGAROL
EX-LAX
ASPIRINE BAYER
SINUTAB
DRISTAN vaporisateur nasal
BENYLIN
VICKS FORMULE 44
SOMINEX
ONE-A-DAY
GÉRITOL
NÉO CITRAN
L'une des conclusions de cette étude précise le % de
consommation par foyer pour les classes de médicaments citées
plus haut.
De plus, on rapporte qu'une personne sur deux (49%) fait un usage
quotidien d'au moins un médicament. Environ 7% emploient quotidiennement
des médicaments contre le rhume et 10% emploient quotidiennement des
médicaments contre la toux.
Les dénominations commerciales déjà citées
et d'autres sont les médicaments les plus populaires donc les plus
utilisés.
A titre d'exemple dans le domaine des vitamines les marques "ONE-A-DAY"
et "GÉRITOL" sont les plus consommées. De plus 4 personnes sur 5
consomment des vitamines sur une base quotidienne.
Par ailleurs, il est assuré que les dénominations
commerciales énumérées sont les plus publicisées
dans les media d'information particulièrement à la
télévision.
Il nous apparaît, une fois de plus, très clair
d'après ces données que la publicité favorise la
consommation des médicaments et l'habitude de jouer au médecin et
au pharmacien en avalant n'importe quel médicament au moindre
malaise.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Attendu que la publicité est l'art d'exercer une action
psychologique sur le public et ceci à des fins commerciales que
la publicité sur les médicaments de vente libre incite fortement
à la consommation de médicaments que la publicité
laisse croire aux consommateurs que le médicament de vente libre est une
marchandise commerciale. que les médicaments de vente libre ne
peuvent être considérés comme des biens commerciaux
que les médicaments de vente libre peuvent être potentiellement
dangereux qu'il existe des médicaments de vente libre dont
l'efficacité n'a pas été démontrée.
qu'il existe des médicaments de vente libre dont les prétentions
publicitaires sont fausses ou biaisées que de nombreux organismes
(de types communautaires ou scientifiques) se sont déjà
prononcés contre la publicité des médicaments de vente
libre que le Conseil Consultatif de Pharmacologie provincial est un
organisme formé d'experts qui ont pour rôle d'assister le Ministre
des Affaires Sociales dans la mise à jour de la liste des
médicaments, publiée par la Régie de l'Assurance-Maladie
du Québec que le même Conseil Consultatif de Pharmacologie
a établi un certain nombre de critères sur lesquels repose le
choix des médicaments que le critère no. 11 se lit comme
suit: "Les médicaments faisant l'objet de publicité auprès
du Grand Public ne sont pas considérés pour inscription"
que l'opinion de certains membres de l'Assemblée dont le Ministre des
Affaires Sociales et l'adjoint parlementaire au Ministre des Affaires sociales
sont favorables à l'interdiction ou à une réglementation
sévère de la publicité sur les médicaments de vente
libre qu'il a été prouvé qu'une
réglementation ou un code d'éthique sur la publicité des
médicaments de vente libre ne règle rien et n'empêche pas
l'utilisation irrationnelle de médicaments potentiellement toxiques
que la publicité sur les médicaments de vente libre est
dangereuse pour le consommateur.
RECOMMANDATIONS
L'Ordre des pharmaciens du Québec recommande aux membres de cette
Commission pour la protection du consommateur:
QUE SOIENT INSÉRÉES DANS LA LOI SUR LA PROTECTION DU
CONSOMMATEUR LES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES AFIN D'ABOLIR LA
PUBLICITÉ SUR LES MÉDICAMENTS DE VENTE LIBRE, AU NIVEAU DE TOUS
LES MEDIA D'INFORMATION.
En terminant, nous vous remercions beaucoup de l'attention
apportée à ce mémoire et comme le sujet est très
vaste, nous serions heureux, avant de passer à la période de
questions, d'offrir au Ministre responsable et à toute la Commission
notre plus entière collaboration.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
(1) Quebec Sciences, Vol. 13, no. 7. Mars 1975
(2) American Journal of Pharmacy, Mai-Juin 1976, p. 92
(3) Am. Journal of Pharmacy, Octobre 1976, Vol. 66, no. 10
(4) Kanter, D.L. Statement, Consumer Subcommittee of the Committee of
Commerce, United Senate, 22 Sept. 1970
(5) Mémoire présenté à monsieur Waldo
Monteith, Ministre de la Santé Nationale et du Bien-Etre Social, janvier
1963
(6) Projet de Loi sur la Pharmacie au Ministre de la Santé du
Québec, janvier 1964
(7) Mémoire présenté à la Commission
d'enquête sur l'usage des drogues à des fins non médicales
(Commission Sedain) 7 novembre 1969
(8) Recommandations présentées au Comité
consultatif de la Régie de l'Assurance-Maladie sur l'étude des
facteurs à considérer lors de la conception d'un régime
d'assistance-médicaments, 29 Sept. 11970.
(9) Mémoire sur le Bill 69 présenté aux membres de
la Commission parlementaire des affaires sociales (10) Lettre à la
Direction des Aliments et Drogues, 23 avril 1971
(11) Dossier relatif aux expertises sur les médicaments
brevetés Ordre des pharmaciens, Novembre 1972
(12) Television advertising and drug use, Am. Journal of Pharmacy,
Octobre 1976, Vol. 66, no. 10
(13) Drug ads on TV and Radio, N. Eng. J. Med. 282 (24): 1378-1379,
1970
(14) A harmfull press coverage of drug use. Brit. Med. J. 5719: 406,
1970
(15) Children's Television Markshop, Proposal, December 1974
(16) Food and Drug Administration's over the counter drug review: Why
review OTC drugs?, Federation proceedings 32 (4): 1435-1437, 1973
(17) Analgesic abuse, Renal Parenchymal Disease and Carcinoma of the
Kidney or Ureter, Aust. N.Z.J. Med. (1977), 7, 463-469
(18) Suppositories for anorectal disease, The Medical Letter, a non
profit publication on Drugs and Therapeutics, Vol. 10, no. 26, 27
Décembre, 1968
(19) Use and abuse of Laxatives, American Journal of Hospital Pharmacy,
Vol. 34, no. 3, page 291, Mars 1977
(20) Analgesic abuse and kidney disease, Aust. N.Z.J. Med. (1976) 6,
498-508
(21) Self medication, American Journal of Pharmacy, Mai-Juin 1976, Vol.
148, no. 3, 90-96
(22) Cough remedies, The Medical Letter on Drugs and Therapeutics, Vol.
13, no. 3, 5 février 1971
(23) II n'existe pas d'analgésiques efficaces et sans danger, Ian
Henderson, Hôpital Général d'Ottawa, 6 juin 1973
(24) The extent and character of Drug consumption during pregnancy,
Journal of the American Medical Association, 27 février 1978, Vol.
239
(25) Symposium sur l'auto-traitement, tenu à la
bibliothèque nationale du Canada, 22 et 23 février 1978
(26) Ordre des pharmaciens du Québec, Division formation continue
33e, 34e et 35e cours, Février, mars et avril 1973
(27) Symposium de toxicologie clinique sur les remèdes
brevetés Hôpital Santa Cabrini, 28 Nov. 1973
(28) La Commission d'enquête sur l'usage des drogues à des
fins non médicales "Drogues en vente libre", Rapport provisoire, pages
620-621, 1970
(29) Directeur d'un centre anti-poison de Montréal, Québec
Médical, Janvier 1973
(30) Deux médecins d'un hôpital de la Mauricie, Lettre du 7
décembre 1972
(31) Un membre du Comité consultatif de la Loi sur les
médicaments brevetés, Québec Médical, Janvier
1973
(31) La Commission sur les services pharmaceutiques, Rapport Juin
1971
(32) L'Association Québécoise des Pharmaciens
Propriétaires, Lettre du 8 décembre 1972
(33) Fédération des Jeunes Chambres du Canada
Français, Conseil National, 3 décembre 1972
(34) L'Association Pharmaceutique Canadienne, Lettre du 2 Février
1973
(35) L'Equipe du Journal "Québec Médical", Québec
Médical, Janvier 1973
(36) L'Association Canadienne pour la Santé Publique,
Résolution Juin 1966
(37) L'Association des Consommateurs du Canada, Lettre du 7 Janvier
1973
(38) La Fondation pour la recherche scientifique et les droits civils,
Lettre du 12 Janvier 1973
(39) Service de Conseil d'Ordonnance de Montréal, Lettre du 24
Novembre 1972
(40) Projet d'information sur les médicaments, CLSC, Sherbrooke,
Décembre 1977
(41) Consumer's report, août 1972
(42) (Troisième session, 29e législature) Journal des
Débats de l'Assemblée Nationale du Jeudi 8 mars 1973, Vol. 12
no. 106
(43) Journées pharmaceutiques de l'Association Pharmaceutique des
Pharmaciens Salariés du Québec, Revue Le Pharmacien, Mars 1978,
page 14
(44) Colloque sur les médicaments de vente libre, Revue Le
Pharmacien, Avril 1977, page 23
(45) Rapport au Lieutenant-Gouverneur en Conseil concernant certains
projets de règlements soumis par l'Ordre des pharmaciens. Recommandation
de l'Office des professions 132, page 28
ANNEXE C Témoignage de la
Confédération Des Syndicats Nationaux
devant la Commission permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières
au sujet du projet de loi no 72 loi sur la protection
du consommateur
Québec, le 24 novembre 1978.
La Confédération des Syndicats Nationaux tient à
formuler quelques remarques à propos de la "loi de la protection du
consommateur" puisqu'il s'agit d'une loi régissant les activités
quotidiennes des travailleurs.
C'est à partir de cette réalité, de ce vécu
des travailleurs, que le mouvement syndical formule ses revendications dont les
effets sont bénéfiques pour l'ensemble de la population.
Nous ne mentionnerons ici que quelques-unes des campagnes menées
par la CSN pour l'obtention d'un régime d'assurance hospitalisation,
d'assurance maladie, du régime des rentes du Québec, de la caisse
de dépôt, du régime d'aide juridique, du régime
d'assurance automobile.
Ainsi, depuis au-delà d'un demi-siècle, la CSN s'est
grandement préoccupée des conditions de vie des travailleurs
ainsi que des règles qui les créent.
Plusieurs connaissent, plus particulièrement depuis 1962, les
efforts et l'attention apportés par la CSN pour la protection des
consommateurs, non seulement par ses revendications, mais aussi par ses actions
dans le domaine du budget familial et de son rôle dans la formation des
ACEFs. Plusieurs membres de notre mouvement ont apporté une contribution
au développement des caisses populaires, des caisses d'économie,
des comptoirs alimentaires, des cooprix et autres organisations collectives
ayant pour raison d'être de servir leur collectivité plutôt
que l'enrichissement et le profit.
A notre avis, cette loi propose, au régime légal de
contrat et de commerce que les travailleurs subissent, des modifications
significatives que la CSN appuie fortement; cette loi accuse à notre
avis certaines faiblesses que nous voulons souligner, en sachant que des
modifications ont déjà été proposées par des
groupements plus spécifiquement voués à certains aspects
de la défense des intérêts des consommateurs; cette loi,
enfin, comprend des omissions que nous tenons à énoncer.
Les modifications significatives:
Le "préjugé favorable" au consommateur avoué au
présent texte de loi se dégage avec plus de clarté que
certains autres préjugés accusés par le Gouvernement.
Lorsque le projet de loi reconnaît que l'égalité
présumée des parties ne sert qu'à permettre l'exploitation
d'une des parties, le consommateur en l'occurence, par l'autre partie,
économiquement plus forte, cette reconnaissance marque une modification
substantielle au régime libre-échangiste que la CSN condamne.
La CSN se fonde notamment sur les modifications apportées aux
règles de conclusion de contrat, aux facultés de
résolutions, annulations et résiliations des contrats permises
aux consommateurs, à l'appréciation de la situation
économique du consommateur, aux règles de preuve et
procédure, enfin, aux délais et garanties pour porter ce
jugement.
La CSN s'appuie sur une résolution de son congrès
confédéral de 1970 pour apporter son soutien sans réserve
à l'abolition de la publicité destinée aux enfants.
Nous faisons confiance à nos enfants! C'est aux publicitaires et
autres exploiteurs que nous ne faisons pas confiance.
Enfin, la CSN souhaite que certaines autres dispositions prévues
au projet de loi no 72 soient maintenues parce qu'elles apportent une solution
réelle à certaines difficultés constatées,
notamment: - le lieu de conclusion d'un contrat à distance (art. 21); -
le maintien de l'obligation du commerçant ou du manufacturier
malgré la garantie exécutée par un tiers (art. 50); - le
fait que les frais de crédit ne portent que sur les sommes effectivement
reçues (art. 89); - le fait de pouvoir substituer une police d'assurance
à celle offerte par le commerçant (art. 110 et 111); - les
protections accordées en cas de perte de carte de crédit (art.
122 et 123); - le fait que les frais de crédit (autres que pour les
avances d'argent) ne soient exigibles avant réception de l'état
de compte (art. 126); - le fait de ne pouvoir assimiler un contrat de
crédit variable à un contrat de vente à tempérament
(art. 129).
Certaines faiblesses de la loi: - Les règlements
La CSN estime qu'un trop grand nombre de questions déterminantes
à la loi, principalement aux
articles 71, 90, sont référées au pouvoir
réglementaire. Cette façon de procéder permet trop
d'incertitude et laisse aux lobbies beaucoup trop d'appétit pour
rassurer les consommateurs. De plus, le pouvoir de modifier une
réglementation n'assure pas à la loi un souhaitable
caractère... permanent.
La CSN propose que toutes les règles soient inscrites à la
loi, même malgré quelques inconvénients techniques, et que
ce ne soit qu'en raison du caractère intrinsèquement changeant
d'une donnée, que l'on puisse l'édicter par règlement.
Dans ce cas, nous soumettons que l'Office de la Protection du Consommateur
devrait pouvoir émettre un avis publiquement connu. - La vente
itinérante
La CSN ne peut que s'inquiéter du maintien de la vente
itinérante dans un code de protection du consommateur. Ni les
délais, ni les permis, ni les contrats ne peuvent "civiliser " ces
professionnels préparés à forcer nos portes et à
nous vendre l'invendable et ce, à des prix supérieurs au
marché. il faut interdire la vente itinérante de même que
la sollicitation par téléphone. Dans ce domaine, il semble bien
que nous n'en soyons qu'aux balbutiements: aux Etats-Unis, par exemple, la
publicité par téléphone se fait par le biais de
l'électronique, ainsi quelle que soit l'heure, personne n'y
échappe. En ce qui a trait à la vente et à la
publicité, il faut interdire toute intrusion surprise chez les
consommateurs. Toute initiative dans l'achat de biens doit être
strictement réservée au consommateur.
Dans l'hypothèse décevante où la vente
itinérante serait maintenue, le délai de résolution de dix
jours ne devrait commencer à courir qu'à la réception des
biens ou services.
Enfin, nous décelons à l'article 64 une
échappatoire pour les commerçants aux contraintes qui leur sont
faites à l'article 63. - Les garanties:
Devant la désuétude planifiée des biens et la
montée vertigineuse des prix, les consommateurs doivent être en
mesure d'obtenir des biens servant à l'usage auquel ils sont
destinés et ce, le plus longtemps possible.
Au chapitre sur les garanties, les exclusions aux articles 38, 46 et 52
vont permettre deux catégories de consommateurs, ceux qui profitent des
garanties, de l'entretien et des recours, et les autres qui, pour toutes sortes
de raisons, d'accessibilité entre autres, devront s'en remettre au
gré des commerçants.
Les consommateurs sont en droit d'attendre une garantie obligatoire sur
tout achat de bien ou service, et ce, dans un temps défini pour chacun
de ces biens ou services. - Délai de l'article 72:
En ce qui a trait au délai de résolution de deux jours, il
apparaît trop court d'autant plus que le bien habituellement ne peut
être livré avant quatre à cinq jours. Il sera plus simple
pour le consommateur d'avoir recours à un délai de dix jours
comme il est déjà stipulé dans le cas des contrats
accessoires de louage de service à exécution successive. Avec un
délai fixe, ce sera plus facile pour les consommateurs de s'y retrouver.
- Définition de l'article 176:
Nous estimons la définition de l'article 176 trop restrictive.
Compte tenu des conditions d'une famille, d'autres appareils ménagers
devraient être visés par les dispositions de la loi.
Quelques omissions: - Les contrats-types:
Pour s'assurer que tous leurs droits sont respectés et qu'il n'y
a aucune obligation dérogatoire à un contrat, les consommateurs
doivent pouvoir s'en remettre à des contrats-types, comme dans le cas du
bail-type.
Ces contrats-types devraient notamment comprendre: - les délais
de résolution; - un avis de résolution en annexe; - les garanties
rattachées aux biens et services; - les recours des commerçants
et consommateurs; - la description des biens vendus ou loués; - les
conditions de paiement.
Nous assimilons également à une omission de la loi le fait
de ne pas avoir interdit purement et simplement la publicité sur le
crédit.
Dans la situation économique très difficile que vivent les
travailleurs avec la baisse du pouvoir d'achat, les fermetures d'usines et le
chômage, les compagnies de prêts d'argent ou institutions
financières s'emploient à donner l'impression que le
crédit est facile d'accès et procure le pouvoir d'achat essentiel
à l'acquisition des biens et services convoités. Ainsi durant les
années 60, la dette à la consommation a subi une augmentation de
l'ordre de 145%.
Cette augmentation a été occasionnée, comme le fait
remarquer l'étude du Groupe de Recherche en Consommation, surtout par
l'accroissement de la dette moyenne des débiteurs, peu par
l'augmentation du nombre de débiteurs (1). Pour les débiteurs
dont le revenu se situait, en 1969, entre $3,000. et $7,000., la dette aux
compagnies de finance représentait entre 16% et 35% de leur revenu
annuel. Quand on
(1) L'endettement des consommateurs québécois et
canadiens, ses déterminants et ses manifestations, Groupe de Recherche
en Consommation, octobre 1976.
connaît les conditions et le niveau du coût de crédit
généralement plus élevé de ces compagnies, on n'est
pas surpris des conséquences et des effets subis par les travailleurs
dans leur quotidien: trouver une autre source de revenu, travail du conjoint,
second emploi, arrêt des études des enfants.
Certaines études ont démontré que le
phénomène de l'endettement atteint au-delà de 50% de la
population et que l'endettement progressif semble irréversible pour une
proportion importante de ce 50% de la population.
L'endettement des québécois s'est accru de $601 millions
entre 1976 et 1977, soit une augmentation de 11.1%. Les salaires au Canada pour
cette période n'ont augmenté que de 6.7% tandis que le coût
de la vie (I.P.C.) s'est accru de 8%.
De plus, si l'on considère que les dépenses personnelles
n'ont augmenté en dollars constants que 2.8% durant cette
période, il apparaît manifeste qu'une partie plus grande de notre
population s'appauvrit par rapport à l'autre.
Ce phénomène de l'appauvrissement s'accentue du fait qu'en
1977-78, les québécois devront payer $100 millions en
intérêt seulement dont la preuve est loin d'être faite
qu'ils sont réinvestis au Québec et pour le mieux-être des
Québécois.
Encore une fois, ce sont ceux qui ont moins qui doivent payer plus.
Il faut remédier à cette situation dramatique
d'endettement qui continue de s'aggraver, touchant plus durement les familles
à faibles et moyens revenus.
A cet effet, les articles 229 et 232 manquent de rigueur et laissent la
porte ouverte à diverses pratiques, dont la publicité dite de
prestige, du genre H.F.C. vantant ses "bonnes actions" à Cap-aux-Meules,
qui peuvent se répéter à l'infini, perpétuant une
bonne image de ces compagnies de finance dont, incidemment, l'abolition est
encore au programme du Parti Québécois.
Dans le cas où la publicité sur le crédit n'est pas
abolie, il faut au moins que la loi limite toute forme de publicité sur
le crédit par une institution financière, un commerçant ou
un manufacturier: - au taux de crédit; - au nombre de mensualités
et le montant de celles-ci; - aux frais d'administration et d'assurances; - et
au coût total de remboursement.
Ainsi le crédit sera moins paradisiaque mais plus conforme
à la réalité. - L'incitation à la vente au
comptant:
La pratique démontre que la vente à tempérament
ainsi que les autres formes de crédit qui ne sont pas assimilables au
crédit bancaire provoquent plus facilement l'endettement des
consommateurs à faibles et moyens revenus.
Nous estimons qu'un véritable code du consommateur devrait tenter
d'éliminer la vente à tempérament et favoriser la vente au
comptant et le crédit bancaire. Ce code devrait, à tout le moins,
fixer un taux de crédit maximum.
Les avantages du crédit bancaire sont principalement
résumés dans les facteurs suivants: la marge de crédit est
connue du consommateur, elle est généralement fonction de sa
capacité de payer et les coûts de crédit à la banque
ou à une caisse populaire sont moins onéreux que les coûts
des autres formes de crédit.
A titre d'incitation à la vente au comptant, nous demandons que
chaque commerçant qui accepte les cartes de crédit soit
obligé par la loi d'accorder une diminution équivalente à
5% du coût d'achat à tout consommateur payant comptant. Ceci, en
considération du fait que le commerçant retire dans le paiement
par carte de crédit aux environs de 95% de son prix de vente; la
différence étant accaparée par les corporations de
crédit qui émettent ces cartes.
Des modifications que la CSN appuie fortement: - modifications
substantielles au régime libre-échangiste: conclusion de contrat,
facultés de résolutions, annulations et résiliations des
contrats, règles de preuve et procédure, délais et
garanties; - abolition de la publicité aux enfants.
Certaines faiblesses qui, à notre avis, devraient être
soulignées: - trop de références au pouvoir
réglementaire, notamment au taux de crédit et à son calcul
(articles 71 et 90); - le maintien de la vente itinérante et de la
sollicitation par téléphone qui devraient être interdites;
- délai de résolution qui ne devrait commencer à courir
qu'à la réception des biens et services.
Nous proposons également: - des garanties obligatoires sur tout
achat de biens ou services, et ce, dans un temps défini pour chacun de
ces biens ou services; - un délai fixe de dix jours dans le cas
d'annulation de contrat et de résolution des biens; - des
contrats-types; - une publicité sur le crédit limitée au
coût et à la période d'un tel crédit; - l'abolition
de la vente à tempérament; - diminution de 5% sur le prix de
vente pour tout achat payé comptant.