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Étude du projet de loi no 72
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, mesdames et
messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission élue
permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières, ayant le mandat d'entendre ce matin les mémoires
après la deuxième lecture, sur le projet de loi no 72, Loi sur la
protection du consommateur.
Sont membres de cette commission: M. Beau-séjour (Iberville), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance),
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Clair (Drummond) en
remplacement de M. Paquette (Rosemont); Mme Payette (Dorion), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Pourraient aussi intervenir lors des travaux de cette commission: M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Bertrand (Vanier) en remplacement de M. Gagnon
(Champlain); M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), Mme Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Perron
(Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
Il faudrait voir à nommer un rapporteur pour les travaux de cette
commission.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Drummond.
M. Clair: Je suggérerais comme rapporteur le
député de Viau. Maintenant, je voudrais que vous
revérifiiez la liste des membres puisque le député des
Iles-de-la-Madeleine qui est ici présent ce matin aimerait avoir
l'occasion d'intervenir à titre de membre, si cela est possible.
Pourriez-vous m'indiquer un des membres de notre formation qui serait
facilement remplaçable selon vous?
Le Président (M. Dussault): Selon la liste, deux membres,
je pense, pourraient être remplacés par Mme Leblanc. Il s'agit de
M. Bisaillon (Sainte-Marie) et de M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Clair: Au niveau des intervenants?
Le Président (M. Dussault): Elle est déjà
intervenante. L'intervenant peut prendre la parole aussi souvent que les autres
membres de la commission.
M. Clair: Le député des Iles-de-la-Madeleine aurait
aimé agir à titre de membre de la commission.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Beauce-Sud. (10 h 15)
M. Roy: Cela doit faire l'objet d'une motion en Chambre. Cela
aurait pu être fait à la Chambre. Etant donné que cela n'a
pas été fait, quand même, pour ne pas créer de
précédent en commission, je suis prêt à donner mon
consentement pour que Mme Leblanc puisse intervenir comme membre de la
commission, mais sans quand même que la commission désigne un
membre d'elle-même.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Donc, Mme Leblanc
sera membre intervenant à cette commission.
M. Roy: Elle a la permission d'intervenir. On ne peut pas changer
la composition d'une commission ici à la commission.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison. C'est
particulièrement au niveau du vote que le problème se
poserait.
Mme Leblanc: Le député de Beauce-Sud est
très compréhensif.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Drummond.
M. Clair: Est-ce que ma suggestion au sujet du
député de Viau, relativement au poste de rapporteur, est
acceptée?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Viau serait d'accord pour agir comme rapporteur?
M. Lefebvre: Avec plaisir.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission est
d'accord sur cette nomination?
M. Saint-Germain: D'accord. Excellente nomination.
Le Président (M. Dussault): Donc, M. le
député de Viau agira comme rapporteur.
Je vais maintenant faire l'appel des groupes invités ayant
signifié leur intention de se faire entendre à cette commission.
Je vais leur demander de signifier leur présence. L'Association
féminine d'éducation et d'action sociale, l'AFEAS. Le groupe est
absent. Kellogg's Salada Canada Ltée. Le groupe est absent.
M. Roy: Concernant ce groupe, j'ai reçu copie d'un
télégramme ce matin qui se lit comme suit: Nous vous avisons par
la présente que nous ne nous présenterons pas à la
commission parlementaire prévue pour le 15 novembre en rapport au projet
de loi 72 parce que nous avons déjà pu présenter notre
pétition au député concerné. C'est signé par
M. Bill Sinclair, vice-président des relations gouvernementales et
conseiller juridique
de Kellogg's Salada Ltée. Alors, il ne viendra pas. Je ne sais
pas si Mme le ministre a eu le même télégramme.
Mme Payette: Je n'ai pas fait la vérification, mais c'est
probable. Je crois que le président en a également une copie en
main.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, nous avons
reçu un télégramme au niveau du bureau du
secrétariat des commissions à l'effet qu'il ne participerait pas
aux travaux de cette commission. Je continue l'appel des invités.
General Foods Ltée; le groupe est absent. Parker Brothers, division de
General Mills Canada Ltée; le groupe est présent. Mattel Canada
Inc; le groupe est présent. Coleco (Canada) Limitée; le groupe
est présent. Jouets Grand Ltée; le groupe est présent. CDN
Toy Manufacturers Association; le groupe est présent. Association des
consommateurs du Canada, section Québec; le groupe est présent.
Groupe des publicitaires; présent.
Il y aura donc sept groupes qui seront entendus à cette
commission aujourd'hui. Nous avons reçu une demande spéciale de
la CDN Toy Manufacturers Association pour être entendue le plus tôt
possible, même au tout début, si on avait l'accord de cette
commission, étant donné que le représentant qui pourrait
faire la présentation du mémoire en français devra quitter
très tôt, puisqu'il doit se rendre à Ottawa pour le lunch.
Est-ce que la commission consent que nous entendions, dès le
départ, CDN Toy Manufacturers Association?
Une Voix: Consentement.
M. Saint-Germain: On m'avait dit qu'on avait la permission des
groupes précédents, alors d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Nous avons donc le
consentement de la commission. Quant aux autres groupes, nous les entendrons
selon l'ordre d'appel que je viens de lire.
Il faudrait maintenant convenir du temps, puisque nous avons sept
groupes à entendre durant la journée, faire le partage du temps
entre les partis et les députés, de façon que nous ne
frustrions en aucune façon les personnes présentes, que nous
puissions les entendre toutes durant la journée. Est-ce que certains
membres de cette commission auraient une suggestion à faire au
président quant au partage du temps?
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand:... est-ce que vous accepteriez de faire rapport,
comme président de la commission, d'une réunion à laquelle
vous avez assisté, hier, et qui réunissait les
représentants de chacune des formations politiques? Accepteriez-vous de
faire rapport de cette réunion?
Le Président (M. Dussault): Oui, si c'est le désir
de cette commission, étant...
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que vous jouez
le rôle d'un président. Alors, que les participants à cette
rencontre veuillent bien nous faire rapport, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): II est vrai que j'étais
invité à une rencontre, je pense que je l'ai été
aimablement, cela devait permettre d'aider le président à mieux
faire son travail. Mais si ce n'est pas le consentement de la commission, je
demanderais plutôt aux membres présents à cette rencontre,
de faire rapport, si c'est leur désir.
Ordre des travaux
M. Bertrand: M. le Président, si vous me permettez de
faire rapport de cette rencontre que nous avons eue hier, voici quel en
était le motif. Nous avons reçu mandat de l'Assemblée
nationale de venir entendre des groupes. Donc, dans notre esprit, l'essentiel
du travail de cette commission est d'abord et avant tout de permettre aux
groupes qui se sont inscrits de donner leur point de vue sur le projet de loi
no 72, non-pas dans ses principes globaux, puisque la deuxième lecture
est terminée et que le principe a été accepté, mais
sur certains articles qui toucheraient plus directement les groupes qui veulent
se faire entendre.
Nous avons convenu, lors de cette rencontre, parce que nous croyions,
qu'il était important que les gens qui se sont déplacés
pour venir, que ce soit aujourd'hui, ou mardi, ou mercredi de la semaine
prochaine, ne soient pas des gens à qui l'on dise: Ecoutez, on n'a pas
eu suffisamment de temps aujourd'hui pour faire tout notre travail, revenez
donc la semaine prochaine, revenez donc un peu plus tard. On pense que les gens
qui se sont déplacés ont déjà un certain nombre de
contraintes à subir du seul fait qu'ils ont dû quitter un endroit,
peut-être un travail ou enfin autre chose. Ils sont ici aujourd'hui et je
pense que notre rôle est de les entendre.
Hier, les représentants des différentes formations ont
tenté de convenir d'une façon d'organiser nos travaux à
cette commission parlementaire. J'étais représentant du parti
ministériel; il y avait le député de Jacques-Cartier qui
représentait l'Opposition officielle; le député de
Bellechasse représentait l'Union Nationale, et le député
de Beauce-Sud représentait sa formation, le Parti national
populaire.
A ce moment-là, nous avons eu une discussion très franche
et très ouverte, qui a donné lieu à un accord. Mais au
moment où le député qui représentait l'Opposition
officielle a dû s'absenter pour des raisons de travail il avait
des rendez-vous et devait s'absenter de la rencontre; il devait aller à
d'autres occupations les autres formations politiques ont
continué leur travail, soit le Parti québécois, l'Union
Nationale et le Parti national populaire. Nous en sommes venus à un
accord sur la proposition suivante, M. le Président. J'aimerais,
à ce moment-ci, la soumettre à la
commission et demander au député de Jacques-Cartier,
représentant de l'Opposition officielle, s'il accepterait d'y
souscrire.
La proposition était la suivante, en trois temps, M. le
Président. Je n'en fais pas une motion à ce moment-ci, parce que
je pense qu'on peut éviter beaucoup de perte de temps et qu'on pourrait
s'entendre à l'amiable assez facilement.
Premièrement, avant d'entendre les groupes, qu'un porte-parole de
chacune des formations politiques représentées à la
commission, pendant deux ou trois minutes, introduise le sujet et souhaite la
bienvenue aux différents groupes qui vont se présenter devant
nous.
La deuxième entente qui est intervenue, M. le Président,
c'est qu'on s'est entendu pour que la présentation de chacun des groupes
qui va venir devant la commission soit de dix minutes, avec une extension
possible à quinze minutes, selon l'importance des rapports qui nous
seront soumis. C'était la deuxième proposition.
La troisième proposition, M. le Président, voulait que,
pour le restant, c'est-à-dire la période où les
députés vont poser des questions aux groupes et où les
groupes vont continuer de se faire entendre, il y ait un droit de questions et
réponses de cinq minutes alloué à chaque
député; c'est-à-dire Mme le ministre, cinq minutes; le
représentant de l'Opposition officielle, cinq minutes; le
représentant de l'Union Nationale, cinq minutes; le représentant
du comté de Beauce-Sud, cinq minutes; d'autres parlementaires du Parti
libéral, de l'Union Nationale, ou du parti ministériel, cinq
minutes. En d'autres mots, c'est la troisième proposition que nous
faisions et nous en étions venus à un accord entre le parti
ministériel, l'Opposition de l'Union Nationale et le Parti national
populaire, sur cette proposition.
A ce stade-ci, j'aimerais savoir du député de
Jacques-Cartier si une telle façon d'organiser nos travaux
répondrait à ses attentes.
M. Goulet: Juste avant, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... si le député de Vanier me le permet,
c'est un peu cela qui a été décidé, mais
c'était une enveloppe globale par parti. C'est cela qui avait
été décidé. Si le Parti libéral, par
exemple, a deux députés et a droit à cinq minutes par
député, un député peut prendre huit minutes, mais
il n'en reste que deux pour l'autre député. C'est ce qui avait
été convenu, hier. Est-ce cela qui avait été
convenu?
M. Bertrand: II m'avait semblé qu'effectivement, quand on
est sortis de la réunion c'est le député de
Beauce-Sud qui m'en avait fait la remarque ou quelqu'un du parti
ministériel vous aviez compris que, dans votre esprit,
c'était une enveloppe pour le parti...
M. Goulet: Pour le parti.
M. Bertrand:... quitte à ce que, s'il n'y a qu'un
représentant sur deux qui est présent, il utilise les dix
minutes, étant donné qu'ils auraient droit à deux droits
de parole de cinq minutes; sauf que le député de
Beauce-Sud pourra le dire à la commission nous ne l'avions pas
compris de la même façon, nous avions pensé que le
député de Bellechasse souscrivait à l'idée de cinq
minutes par membre présent à la commission.
M. Goulet: Ce que je veux dire c'est que, personnellement, si je
suis le seul représentant de ma formation politique, je n'aurais droit
qu'à cinq minutes. Ce n'est pas parce qu'un autre est absent... S'il y a
deux députés présents du Parti libéral, le premier
peut parler huit minutes et il restera deux minutes au deuxième, mais le
premier n'est pas limité à cinq minutes, à cinq minutes
par député présent. C'est-à-dire que, Mme le
ministre, si elle le voulait, pourrait avoir 5, 10, 15, 20, 25, 35 minutes et
les autres n'auraient plus de temps pour parler. C'est ce qui avait
été décidé?
M. Bertrand: Cette façon de procéder ne m'agace
pas.
M. Goulet: Parfait, cela me convient, c'est ce sur quoi
j'étais d'accord, hier.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, seulement, pour apporter une
précision et non pas pour prolonger le débat, il s'agit de cinq
minutes réparties entre chaque formation politique, en tenant compte du
nombre de membres dont la formation politique dispose à la commission
comme telle, et non pas sur le nombre de membres présents. J'aimerais
bien apporter cette distinction parce qu'il n'a pas été question,
dans mon esprit, de limiter le temps aux membres présents. Si le parti
de l'Opposition officielle a trois représentants, a droit à trois
membres à la commission, même s'il n'y en a qu'un présent,
il a quinze minutes. S'ils sont deux, ils pourront partager les quinze minutes
entre eux. C'est une question qui leur appartient. C'est la même chose du
côté gouvernemental, du côté ministériel. Si
Mme le ministre désire le prendre, nous n'avons pas un mot à dire
là-dedans. Si Mme le ministre veut prendre tout le temps qui est
accordé à sa formation politique, il n'y a aucun problème,
mais que l'enveloppe soit basée sur cinq minutes par
député membre de la commission, non pas présent mais
membre de la commission. Ceia fait partie d'une longue jurisprudence qui...
M. Bertrand: M. le Président, pour répondre au
député de Beauce-Sud et au député de Bellechasse,
vous voyez à quel point on est prêt à commencer les travaux
vraiment sur un bon pied. Même si ce sont deux subtilités qui
n'avaient vraiment pas été très bien
précisées hier, nous sommes prêts, du côté
ministériel, à ce que les
propos du député de Bellechasse et du député
de Beauce-Sud puissent devenir maintenant la règle pour le
fonctionnement de cette commission, à savoir que chaque parti politique
disposerait d'une enveloppe de cinq minutes par député. Donc, il
est entendu que si l'Union Nationale a deux représentants, elle a une
enveloppe de dix minutes qui peut être utilisée par une seule
personne; si l'Opposition officielle a trois représentants, elle peut
avoir une enveloppe de quinze minutes utilisées par une seule personne;
si le parti ministériel, évidemment, a cinq ou six personnes
présentes à cette commission, il peut avoir un droit de parole de
25 minutes utilisées par une seule personne. Nous sommes prêts
à accepter et l'amendement du député de Beauce-Sud et
l'amendement du député de Bellechasse. Ce qui compte pour nous,
c'est qu'on puisse entendre les gens qui sont venus se faire entendre avant que
la journée ne soit terminée.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est vrai que je n'ai
pas souscrit à cette entente et c'est vrai que je n'y souscrirai pas non
plus. La seule chose que j'ai promise, c'est que j'ai offert ma collaboration,
de façon que l'on puisse procéder avec le plus
d'efficacité possible, et de façon à ne pas
décevoir ceux qui vont venir nous soumettre des mémoires. Nous
avons invité dix groupes aujourd'hui, c'est trop. Assurément, il
faut bien en venir à une entente, parce que si les dix groupes avaient
des mémoires élaborés et s'ils prenaient à la
commission le temps qu'on prend traditionnellement pour écouter un
mémoire, il est certain qu'on n'aurait pas le temps d'entendre tous les
groupes aujourd'hui. Alors, il fallait bien en venir a une entente. Je dis
ceci, parce que j'ai l'impression que le gouvernement n'est pas plus
intéressé que cela à entendre les mémoires sur ce
projet de loi qui est tout de même important et qui est aussi
compliqué. La preuve, c'est qu'on a invité dix groupes
aujourd'hui. (10 h 30)
Qu'il y ait des absents et je vois qu'au tout début il y a
trois associations qui ne sont pas représentées aujourd'hui
il ne faut pas trop les blâmer, car faire un voyage à
Québec, rédiger un mémoire, y mettre des heures de travail
et avoir dix minutes ou quinze minutes au maximum pour s'expliquer, ce n'est
pas ce qui est le plus agréable et ce n'est pas non plus ce qui est le
plus démocratique.
On nous a dit que Mme le ministre avait consulté privément
les gens. Très bien! Seulement, on ne remplace une commission
parlementaire par des discussions privées. Il est bon, en
démocratie, que tout le monde sache ce qui a été dit, que
la population, par les media d'information et ainsi de suite, puisse savoir et
connaître les arguments de ceux qui sont pour et contre certains articles
de cette loi, ce qui n'a pas été fait, ce que nous deyons faire
en commission parlementaire nécessairement.
Deuxièmement, on nous a dit qu'il y avait un consensus
après ces discussions et qu'il y avait simplement un minimum de groupes,
trois, quatre, cinq, six, sept ou huit cela allait toujours en montant
qui voulaient se faire entendre. Voilà qu'on en a 27 ou 28, si je
ne m'abuse, et ces gens ont pris la décision de venir nous soumettre des
mémoires dans un laps de temps extrêmement court. Si on a
écouté les groupes, il est très possible qu'on les a
écoutés sans nécessairement prendre leur avis et, de plus,
je crois que 27 groupes, associations ou compagnies qui viennent nous soumettre
des mémoires, c'est une preuve bien concrète que le consensus
n'est définitivement pas atteint.
C'est ce que j'avais à dire, M. le Président. Je ne puis,
par mon accord, collaborer avec le gouvernement aux fins de limiter nos
invités à un temps si court.
Il reste tout de même que je ferai mon grand possible, même
si je ne concours pas a cette entente, pour être positif et prendre le
moins de temps possible. Il m'a été agréable d'entendre le
député dire qu'il ne voulait pas faire de cette entente une
motion, parce que, si le député ou le gouvernement était
disposé à ne pas écouter ces groupes, il n'a qu'à
faire une motion et nous repartirons dans la procédure pour une bonne
partie de la matinée, c'est assuré. Mais si on s'en tient
à ce qui a été dit, personnellement, je m'en tiendrai
à ma promesse d'essayer d'être le plus bref possible.
Le Président (M. Dussault): Cela ne règle pas le
problème du président qui doit cependant voir à ce que
l'on ait une entente quant au partage du temps.
Oui, M. le député de Vanier.
M. Bertrand: Pour vous montrer à quel point le
gouvernement est prêt à aller très loin pour accommoder
l'Opposition et ne pas perdre de temps en début de commission avec des
motions qui, à toutes fins pratiques, enlèveraient le temps des
gens qui veulent intervenir, nous sommes prêts à essayer de
fonctionner en n'imposant aucune limite, ni au temps du groupe qui vient
présenter son mémoire, ni au droit de parole de chacun des
députés, membres de la commission, quitte, à l'usage et
à l'usure, comme dirait le député de Rouyn-Noranda, si on
se rendait compte que cela donne lieu à un verbiage tel qu'à la
toute fin, il ne permette pas d'entendre les gens qui, aujourd'hui, se sont
déplacés et veulent avoir l'assurance d'être entendus avant
la fin de la journée, quitte, à ce moment, à
présenter une motion qui reprendrait l'essentiel de l'accord qui existe
en ce moment entre l'Union Nationale, le Parti national populaire et le parti
ministériel.
Nous sommes donc prêts à y aller de bonne foi, mais sans en
faire une question de chantage. Loin de là. M. le député
de Jacques-Cartier, vous êtes certain que je veux collaborer autant que
vous. Nous verrons comment les travaux évolueront au cours de la
matinée et on verra s'il n'y a
pas lieu d'aviser à un moment donné. Je pense que tout le
monde est assez adulte pour savoir de quoi on veut parler.
M. Saint-Germain: S'il en est ainsi, nous n'avons pas de motion
sur la table, pas de sujet à discuter... Il y aurait peut-être
lieu pour vous d'inviter le premier groupe à se présenter.
Le Président (M. Dussault): Je vais, après avoir
invité cette commission à la collaboration, de façon
à faciliter le travail du président quant au partage du temps,
appeler...
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le ministre.
Remarques préliminaires Mme Lise
Payette
Mme Payette: Avant qu'on appelle les premiers intervenants, je
crois qu'il serait dans l'ordre que nous souhaitions la bienvenue à ceux
qui ont accepté de venir nous rencontrer aujourd'hui. Effectivement,
dans la plupart des cas, il y a eu, depuis presque un an maintenant, des
consultations au sujet de ce projet de loi 72 et il est, je crois, normal que,
jusqu'à la dernière minute, jusqu'au moment de l'adoption de la
loi, les groupes puissent nous faire savoir si les difficultés que
certains articles de la loi peuvent représenter pour eux. C'est ce que
nous nous apprêtons à entendre au cours de la journée
d'aujourd'hui.
Nous avons tenté de cerner chacun des articles, chacune des
répercussions de ces articles sur le monde des affaires, sur le
fonctionnement de ce monde de la consommation.
Il se peut que certains aspects nous aient échappé. Il se
peut également qu'on nous demande aussi, dans certains cas, d'aller plus
loin. Je voudrais, pour ma part, au nom du gouvernement, vous dire que nous
abordons la journée d'aujourd'hui avec l'ouverture d'esprit
nécessaire pour recevoir toutes les représentations, dans un sens
comme dans l'autre.
Je dois aussi et vous me le permettrez, M. le Président
me réjouir de constater ce matin, à partir d'un sondage
sérieux paru dans le journal La Presse, que 66% de la population du
Québec est favorable à un projet de loi sur la protection du
consommateur, 70% dans la ville de Montréal et 63% dans le reste du
Québec. C'est avec cet appui très puissant, M. le
Président, que j'aborde non seulement la commission qui nous permet
d'entendre des groupes qui se sentent visés par ce projet de loi, mais
en ayant à l'esprit également que 70% de la population attend
impatiemment cette loi 72.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme le ministre. Si
vous permettez, M. le député de
Jacques-Cartier, pendant que nous entendrons les remarques des
différents partis, les remarques préliminaires, j'inviterais le
groupe CDN Toy Manufacturers Association à prendre place devant nous de
façon que nous gagnions un petit peu de temps. Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Je crois que madame a raison de déclarer
que la majeure partie des citoyens du Québec est en faveur d'une loi
pour la protection du consommateur. Elle aurait pu ajouter que
l'Assemblée nationale aussi ou du moins le Parti libéral a
voté pour le principe et nous avons constaté aussi la
nécessité d'une nouvelle loi. Cela ne veut nullement dire, tout
de même, que les gens sont en faveur de cette loi
particulièrement. C'est une façon pour moi de dire la bienvenue
à tous les groupes que nous allons écouter aujourd'hui et je suis
assuré qu'on nous soumettra des critiques, peut-être aussi qu'on
constatera que certains articles sont valables, mais je suis assuré que
si Mme le ministre veut réellement collaborer, vous aiderez à
bonifier cette loi qui, à mon avis, dans son application, mérite
de l'être.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Très
brièvement également, au nom de l'Union Nationale, il me fait
plaisir de souhaiter la bienvenue à tous les intervenants et M. le
Président, étant donné que j'avais donné mon
consentement hier à mes cinq minutes, si, à un moment
donné, lors des questions, je les dépasse, je vous demande de me
le faire savoir. Je voudrais me limiter à cinq minutes parce que,
personnellement, j'avais donné mon consentement. Mme le ministre a
également dit que ce projet de loi a l'accord d'à peu près
65% de la population. C'est vrai. A l'Assemblée nationale, tous les
députés se sont prononcés en faveur du principe de ce
projet de loi. Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est parce que, sur
certains passages de ce projet de loi ou quant aux modalités
d'application, vous avez des réticences et c'est ce que nous voulons
savoir. Il est vrai qu'une grande partie de la population est en faveur de ce
projet de loi, mais, quant à l'application, c'est une autre chose et
nous voulons que vous nous disiez aujourd'hui ce qui ne marche pas dans
l'application éventuelle de ce projet de loi. Encore une fois, au nom de
mon parti, bienvenue à tous les participants.
Le Président (M. Dussault): Merci. Nous pouvons maintenant
procéder à l'audition. Nous avons devant nous le groupe CDN Toy
Manufacturers Association. Je demanderais au représentant de ce groupe
de s'identifier s'il vous plaît, pour les fins du journal des
Débats.
Présentation de mémoires CDN Toy
Manufacturers Association
M. Choquette (Claude): Je vous remercie. Mon nom est Claude
Choquette, et je représente l'Association des manufacturiers canadiens
de jouets. Si vous me permettez, j'aimerais vous présenter les autres
membres de la délégation. A ma droite, M. Kirk Clarke, suivi de
M. John McCormack et, à ma gauche, M. Paul Dubois.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, continuez,
si vous êtes toujours au niveau des présentations.
M. Choquette: Au niveau des présentations, j'aimerais
simplement mentionner que, dans la salle, il y a quatre maisons
manufacturières de jouets qui, plus tard, présenteront leurs
propres mémoires, les maisons Coleco, Grand, Mattel et Parker, qui sont
aussi membres de l'Association et qui présenteront elles-mêmes
leurs propres mémoires.
Le Président (M. Dussault): D'accord, je vous remercie. Je
voudrais vous rappeler je pense que ça va servir aussi pour tous
les autres groupes qui suivront que nous sommes après la
deuxième lecture et que, normalement, ces débats portent sur les
modalités du projet de loi. Nous vous demandons de vous en tenir, autant
que possible, à ce niveau de présentation de vos opinions. Nous
vous laissons la parole; je vais essayer, autant que possible, d'appliquer ce
qui n'est pas tout à fait une convention de cette commission,
c'est-à-dire une limitation de vos propos à dix minutes et nous
essaierons d'extensionner, dans la mesure du nécessaire.
Je vous laisse la parole.
M. Choquette: M. le Président, je vous remercie.
Premièrement, j'aimerais vous remercier, ainsi que cette noble
Assemblée, de nous avoir permis de passer en premier. Ce n'est pas
tellement facile d'avoir deux mémoires à présenter dans la
même journée, à deux gouvernements différents.
M. le Président, Mme le ministre, madame et messieurs les membres
de la commission, mesdames et messieurs, s'il y avait un arrêt des
transports à Sept-lles et que des milliers de mineurs devaient se
retrouver sans travail, ou s'il y avait une crise mondiale dans la demande de
l'amiante et que les travailleurs perdaient leur emploi, en effet, si l'emploi
était menacé dans n'importe quelle grande industrie, il y aurait
de fortes pressions pour forcer le gouvernement à faire quelque
chose.
Il n'y a pas de doute que le gouvernement, en effet, ferait quelque
chose puisque les membres du cabinet et le gouvernement responsable de la
situation économique du Québec savent pertinemment que, sans
emploi, une situation économique saine et prospère est
impossible.
Malheureusement, ce concept ne semble pas être compris exactement
par le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières
puisque l'on présente les articles 233 et 234 dans la Loi sur la
protection du consommateur lesquels, s'ils sont acceptés, causeraient
des dommages graves à l'industrie du jouet au Québec et
amèneraient un chômage général dans ce secteur.
Il est vrai que le commerce des jouets n'est ici qu'un simple
pygmée en comparaison des industries de l'amiante et du minerai de fer
et qu'il n'a pas l'impact dramatique qui commanderait l'attention soutenue de
la presse. Néanmoins, cette fois-ci, la presse devrait s'y
intéresser considérablement car, comme toute entreprise, elle est
très sensible à tout ce qui pourrait affecter
défavorablement ses ventes et si la publicité sur les jouets est
abolie, il n'y a pas de doute que les media perdraient des revenus
substantiels.
Le chômage présente malheureusement le même aspect,
peu importe où il apparaît, et commande la même attention et
les mêmes mesures préventives et curatives à toute
industrie, indépendamment de sa taille. Ce n'est pas la perte de 100 ou
1000 emplois dont il est question mais la tragédie du chômage pour
les individus impliqués, qu'ils soient mineurs ou fabricants de jouets,
est d'égale intensité, peu importe le nombre total des gens
impliqués.
Même si les problèmes perçus par les promoteurs de
ce projet de loi étaient réels et urgents, ce qui, à notre
avis, n'est pas le cas, on pourrait raisonnablement s'attendre qu'il y ait une
hésitation considérable à l'appuyer à cause du
chômage qui en résulterait certainement. (10 h 45)
II n'y a aucun doute qu'il y aura du chômage dans l'industrie du
jouet si la publicité aux enfants est défendue. Il ne s'agit pas
de "peut-être", mais plutôt de "combien". Des prévisions
exactes sont impossibles, mais certains experts ont estimé qu'en moins
d'un an il y aura jusqu'à 50% de baisse dans le marché du jouet
et que les prix des jouets restés disponibles auront augmenté
d'à peu près 30%.
L'ambiguïté des articles 233 et 234 est telle qu'elle
pourrait effectivement arrêter toute forme de publicité pour les
jouets, qu'elle soit écrite, parlée ou visuelle. Il n'existe
aucune définition de publicité à but commercial. Vu que
les jouets sont conçus pour les enfants, emballés pour les
enfants et étalés pour les enfants, tout ce qui a trait aux
jouets, les annonces publicitaires à la télévision et
à la radio, celles des journaux et des revues, celles des cahiers
publicitaires et des panneaux-réclame, et même jusqu'aux vitrines
et étalages des magasins, les emballages et les rayons des jouets en
entier, tout cela est menacé.
Autre chose qui vient à l'idée: nous nous demandons ce qui
arrivera des films si on veut pousser l'exemple à l'extrême
comme "La guerre des étoiles", qui est généralement
reconnu comme l'un des plus importants et des meilleurs media de
publicité pour les jouets.
Il semble évident que cette tentative de censu-
re a été montée par certains groupes de pression
qui ont peu de connaissances du processus commercial et qui sont
désireux de transférer certaines de leurs responsabilités
parentales sur les épaules du gouvernement. Les membres de ces groupes
ne semblent pas avoir d'objection à ce que les émissions pour
enfants divertissent leurs enfants. Mais cependant, ils s'opposent à en
payer le prix d'admission sous la forme d'annonces publicitaires.
La cause aurait pu avoir plus de crédibilité s'ils avaient
offert de défrayer les coûts de production de ces
émissions, évitant ainsi la nécessité de la
publicité. En l'absence d'une telle offre, et comme il n'y a pas eu de
suggestion d'abandonner ces émissions vu le manque de fonds, l'on peut
probablement supposer que le contribuable québécois, qu'il ait
des enfants ou non, qu'il soit concerné ou non, devra payer la
facture.
L'attitude des personnes opposées à la publicité
est plutôt difficile à comprendre puisque, à
Montréal et à Québec, les parents ont un choix. La
chaîne de Radio-Canada offre des émissions pour enfants sans
publicité. Les chaînes privées qui lui font concurrence
offrent aussi des émissions pour enfants, mais avec messages
publicitaires.
S'il y avait, en effet, un problème sérieux quant à
la publicité faite aux enfants, alors la chaîne de Radio-Canada
aurait évidemment la majeure partie des téléspectateurs
dans les deux centres de Québec et de Montréal. Toutefois, une
récente analyse a démontré le contraire. Les chaînes
privées avec de la publicité avaient substantiellement plus de
téléspectateurs que la chaîne de Radio-Canada sans
publicité aux enfants. Ces résultats prouvent ainsi que ce sujet
a été exagéré.
Mesdames et messieurs membres de la commission, on peut facilement avoir
l'impression que le sujet de la publicité aux enfants est d'une
importance telle qu'il nous amène à considérer comme
banalités le chômage ou l'inflation. Au contraire, c'est
très important pour nous, dans le commerce du jouet, puisque nos moyens
d'existence en dépendent. Toutefois, pour l'ensemble des gens du
Québec, le problème est très mineur, s'il existe
même, et les remèdes apportés dans le projet de loi 72 sont
comme tuer une mouche avec une massue.
La publicité aux enfants est perçue par ses protestataires
comme étant maintenant et toujours un système d'exploitation et
sans pitié, qui change les enfants en créatures pleurnichardes
dont les demandes insistantes détruisent toute fermeté parentale.
Les enfants ont, bien avant l'arrivée de la télévision,
fait des demandes insistantes auprès des parents et ceux-ci sont
toujours venus à bout de résoudre le problème. Il est peu
probable que l'absence de publicité change cette situation, mais il est
possible que celle-ci exaspère les parents qui aiment prendre
l'intérêt de leurs enfants et des choses qu'ils veulent
obtenir.
Tout ce tralala ignore le fait que les émissions pour enfants ne
représentent qu'environ 15% du temps que l'enfant réserve, en
moyenne, à la télévision, et que les messages
publicitaires pour en- fants sont faits selon des normes très strictes.
Trop d'enfants ont la permission de regarder la télévision
à toute heure et trop sont exposés à une trop petite
surveillance dans le choix de leurs émissions. S'il existe un
problème, c'est là qu'il se trouve et le mettre entre les mains
du gouvernement pour trouver une solution est une abdication de ses
responsabilités. Enchâssée dans une loi, une interdiction
complète sur la publicité aux enfants est non seulement mal
avisée, mais est remarquablement peu clairvoyante.
Il est assez normal d'imaginer une compagnie de lait qui ferait de la
publicité aux enfants pour les encourager à boire du lait ou un
manufacturier de dentifrice qui, pour vendre son produit, chercherait à
persuader les enfants de se brosser les dents deux fois par jour. Et qui sait,
avec notre développement technologique rapide, s'il n'y a pas un nouveau
jouet qui enseignerait sans peine et de manière agréable les
mathématiques élémentaires dans la moitié du temps
requis? Comment pourrait-il être vendu, s'il ne pouvait être
annoncé et même, pourrait-il être inventé, si
certains bureaucrates éliminaient la publicité requise?
Les réglementations proposées empêcheront
l'avènement de choses utiles, de la créativité et de la
progression de la technologie. Le Québec serait perdant si ceci se
produisait et, pour les mêmes raisons, les articles 233 et 234 sont peu
judicieux. A vrai dire, mesdames et messieurs, la situation sur laquelle cette
loi est basée a été grossièrement
exagérée. Si chaque enfant qui voit une réclame
publicitaire demande le produit, tel qu'on l'a annoncé, et si chaque
parent se laisse aussi facilement persuader, tel qu'il nous est demandé
de le croire, alors la demande serait tellement grande qu'elle
dépasserait nos capacités de production. Il est inutile de
mentionner que tout ceci est très loin de la réalité.
Voici un exemple: D'après le recensement de 1971, il y avait 1
573 000 enfants de moins de quatorze ans, au Québec, et il y avait 1 555
000 téléviseurs répartis dans 97% des foyers. Ces chiffres
ont probablement augmenté depuis 1971. Il est raisonnable de
prétendre que tous les enfants ont accès à un
téléviseur et que, s'il y avait une si faible résistance
de la part du consommateur pour justifier le contenu de la loi, alors la vente
des jouets présentés à la télévision devrait
être un pourcentage substantiel de la population enfantine.
D'après les faits, ceci ne correspond pas à la
réalité. Au Québec, la vente de n'importe quel jouet,
appuyée par une campagne publicitaire télévisée et
écrite, rarement ou presque jamais n'atteint 24 000 unités.
Considérons 24 000 unités en relation avec un marché
possible de 1 973 000 et ceci est inférieur à 2%.
Réduisons la possibilité du marché de moitié et le
pourcentage demeurerait inférieur à 4% et, même si l'on
réduisait encore de moitié, le pourcentage serait toujours
inférieur à 7%.
Il apparaît très clairement que la grande majorité
des Québécois n'a pas besoin et n'apprécierait
probablement pas l'aide de l'Etat face aux exigen-
ces de leurs enfants. Nous sommes convaincus que la loi proposée
n'a pas pour but d'arrêter notre publicité, mais plutôt
d'empêcher qu'elle soit dirigée vers les enfants. Cette suggestion
est inacceptable pour les raisons suivantes:
Premièrement, il y a une pénurie de temps aux heures de
pointe pour accommoder les besoins à court terme des publicitaires
saisonniers, tels les fabricants de jouets. Ceci est vrai pour tous les grands
marchés du Canada et ce fait a été communiqué au
ministre par les réseaux de télévision du
Québec.
Deuxièmement, les taux sont de quatre à sept fois plus
élevés pour l'utilisation du temps aux heures de pointe que pour
le temps utilisé au cours de la programmation enfantine. Par le fait
même, cette suggestion est économiquement inacceptable.
Troisièmement, le coût de production de commerciaux
orientés vers les adultes, pour le Québec seulement,
dépasserait le budget total de la publicité d'un manufacturier et
ceci est inconcevable.
Dans le passé, d'autres fabricants de jouets ont essayé
d'effectuer leur publicité aux heures de pointe et les ventes ne se sont
pas révélées suffisantes pour soutenir le coût d'une
telle publicité, principalement parce qu'il n'y a qu'une infime partie
de l'auditoire qui a des enfants ou qui est associée aux enfants
d'âge à utiliser des jouets. Aussi, les jouets étant
fabriqués pour les enfants, il est très difficile, sinon
impossible, d'intéresser un auditoire adulte à des produits qu'on
se plaît à appeler des jeux d'enfants. On peut se permettre de la
publicité seulement si celle-ci augmente les ventes proportionnellement
à l'argent investi dans cette même publicité. Ceci est
particulièrement vrai dans le domaine du jouet où nous sommes
appelés à effectuer environ 80% de nos ventes annuelles dans une
période de trois mois.
Il y a déjà plusieurs années qu'un consensus existe
pour que chacun ait sa chance et pour s'assurer que le consommateur obtienne un
produit compétitif. Les gouvernements ont décrété
des lois pour arrêter la standardisation des prix, la connivence et
d'autres activités qui restreignent la compétition sur le
marché. Ils savent, tel que le président Carter des Etats-Unis
l'a mentionné dans un récent discours, que "la compétition
est la plus grande arme qui puisse être utilisée dans la lutte
contre l'inflation". Toutefois, la compétition n'existe plus lorsque la
publicité est enlevée, car c'est la publicité qui rend la
compétition possible. La publicité identifie les produits et
accomplit, au sujet des produits manufacturiers, ce que le classement par le
gouvernement accomplit au sujet d'autres commodités. Tous les deux
informent le consommateur, par exemple, que les oeufs de catégorie
A-gros et que les lames de rasoir Gillette sont réellement conformes aux
mêmes articles qu'il a vus dans d'autres magasins.
Il n'est pas exagéré de dire qu'autant la publicité
diminue, autant les prix de consommation augmentent. Dans son livre
intitulé "Understanding the Consumer Goods Economy", Robert
L. Steiner, professeur adjoint du marketing à l'Université
de Cincinnati, démontre ce qui suit: "Nous n'avons pas à imaginer
ce qui arriverait si le film des événements était
tourné à reculons et que la publicité
télévisée des jouets était prohibée d'un
secteur utilisé auparavant ou pour l'industrie en son entier. Cette
situation se produisit ou advint lors de la guerre du Vietnam lorsque les
fusils-jouets ne devaient plus être annoncées à la
télévision et, par conséquent, cessèrent de devenir
l'objet d'une publicité dans le journal local et de prix
compétitifs au niveau des détaillants. Les prix de fabrication et
de consommation haussèrent, la demande baissa et l'innovation du produit
cessa".
Le produit cité n'a pas d'importance en soi, mais l'exemple
démontre clairement ce qui surviendrait si les articles 233 et 234
devenaient en vigueur. Le Parlement est mandaté pour établir et
perpétuer un bon gouvernement au Québec et il s'est taillé
une réputation enviable. Est-ce un bon gouvernement qui est sur le point
de prendre des mesures qui, comme nous l'avons démontré,
augmenteront le taux ae chômage déjà trop
élevé? Est-ce un gouvernement responsable qui prend même en
considération une réglementation qui abolirait la concurrence et
provoquerait une hausse importante des prix dans un domaine si cher aux parents
et aux enfants du Québec?
Toute tentative pour augmenter le chômage et l'inflation doit
recevoir une opposition aussi vigoureuse que possible. C'est ce que nous avons
essayé de faire au meilleur de notre connaissance dans ce document. Nous
croyons que les articles 233 et 234 tendent à retourner en
arrière. Nous demandons votre considération et votre
coopération en rejetant cette loi. Je vous remercie de votre bonne
attention.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Choquette. Mme le ministre.
Mme Payette: Merci beaucoup, M. Choquette, merci messieurs de
votre présence. Je vais avoir très peu de questions, probablement
une seule. Vous avez affirmé, à la lecture de votre
mémoire, que nous étions opposés à la
publicité. Je voudrais seulement rectifier cette impression qu'on a pu
vous donner. Il n'est pas question, par le projet de loi qui est devant nous,
d'abolir toute publicité au Québec. Il est question de diriger la
publicité concernant les jouets, en ce qui vous concerne, qui est votre
cas, en particulier, aux bonnes personnes, c'est-à-dire aux parents qui
sont, à mon avis, les consommateurs, puisque le consommateur, me
semble-t-il, est celui qui paie le bien et non pas l'enfant qui consomme, sans
avoir eu de véritables choix à exercer. Je voulais seulement
rectifier cette fausse impression que vous aviez eue, que nous étions
opposés à la publicité. Nous pensons, au contraire, que la
publicité, si elle est bien faite, peut être une source
d'information pour le consommateur.
Je voudrais seulement vous demander, M. Choquette, si vous disposez ce
matin d'une étude sérieuse qui viendrait corroborer ce que vous
avez
affirmé, c'est-à-dire que les articles 233 et 234
créeraient du chômage dans votre industrie.
M. Choquette: Cette affirmation est basée sur le fait que
si la publicité pour les jouets, la publicité informative, se
faisait comme vous l'entendez, je crois, aux adultes, aux consommateurs, ceci
en augmenterait le coût et diminuerait tout de même la consommation
des jouets.
Mme Payette: C'est une affirmation que vous faites. Vous n'avez
pas fait faire d'étude particulière sur ce sujet.
M. Choquette: Je m'excuse de me répéter, si cette
publicité, qui est présentement dirigée très
directement sur l'enfant, était déplacée...
Mme Payette: Et dirigée sur les consommateurs.
M. Choquette: Dirigée sur les parents, c'est vrai,
à ce moment... Je vais consulter... Ecoutez, depuis tout de même
deux ans, ou à peu près, que le projet de loi a été
annoncé, ou un an et demi, il y a eu beaucoup d'études, on a fait
enquête auprès de différents manufacturiers membres de
l'association. Les effets d'une telle loi peuvent difficilement se mesurer
statistiquement à l'avance. (11 heures)
Mme Payette: Si bien que ce que vous affirmez, ce sont des
prévisions qui vous sont personnelles. Il n'y a pas d'études qui
viennent soutenir ça.
M. Choquette: Oui, ça dépend de ce qu'on peut
appeler une étude. Parce qu'on a demandé aux différents
manufacturiers membres de l'association, à même des
questionnaires, de nous communiquer... Je vais employer le mot "impression",
parce que chaque manufacturier... Est-ce que vous voulez faire
référence plutôt à une étude en marketing
faite par des experts en marketing?
Mme Payette: C'est ça. Exactement.
M. Choquette: Si vous me permettez simplement un moment de
consultation à cet effet parce que, pour ma part, j'ai été
au courant des consultations vis-à-vis des manufacturiers membres de
l'association. Est-ce que, au secrétariat, on a fait appel à des
experts en marketing?
Je peux discuter à haute voix, ici, avec mes collègues,
mais disons que je vais employer...
M. Saint-Germain: M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vu que ce monsieur à votre droite semble
plus au courant de la situation que vous ne l'êtes personnellement, pour
quelle raison ne donne-t-il pas son point de vue directement?
M. Choquette: Bon! Est-ce que...
M. Saint-Germain: Je crois que ce serait plus efficace et on
pourrait avoir les renseignements directement.
M. Choquette: C'est tout simplement que monsieur peut donner son
point de vue en anglais, avec la permission de la commission.
Le Président (M. Dussault): C'est possible ici, à
cette commission, de l'exprimer dans cette langue.
M. Choquette: The question was: What marketing information do we
have on the bad effects of changing the point of impact of publicity or
advetising from directly to the children to the adults who are the
consumers.
Mme Payette: What marketing studies et non pas "information"?
M. Clarke (Kirk): I know of only one toy company that advertises
in prime time. They are a very old established company. They are the second
largest toy company in the United States. They make goods primarily for
preschool children and, in the early days of television, they tried advertising
to children and found out that the audience they got was not sophisticated
enough to understand the advertising message, and the part of the audience that
was sophisticated enough, the toys, in turn, were not sophisticated enough for
them. So, television advertising did not produce satisfactory results for
them.
That is a good many years ago. They have continued that, but their name
is a household word. They indulge in a totally different form of advertising.
It is more like institutional advertising. It keeps their name before the
public. They use it as part of a general campaign which includes print media as
well as television and it is quite different from the necessity under which
most toy companies labour, and that is to achieve 80% to 90% of the sales in
the last three months of the year.
I have known of other companies who tried it and gave it up because they
did not get results in prime time, because it is extremely different, difficult
to check an item which is made for children and advertised to adults, as well
as that can be very expensive. For another reason, we cannot be sure of the
make up of the audience. There will be people, like myself, too old to have
children. There will be people who are too young to have children. There are
people who are in the right age, but do not have children.
So a large part of the audience will not be interested in the message at
all.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous êtes soumis actuelle-
ment, pour ce qui concerne le message publicitaire que vous faites pour
vos jouets, à des règlements relativement sévères.
Il existe un contrôle vis-à-vis des messages publicitaires aux
enfants, du moins de plus de sept ans jusqu'à treize ans. Alors, entre
le statu quo et cette loi, premièrement, pourrez-vous vivre avec le
statu quo et, deuxièmement, quelle est la différence entre le
statu quo et ces deux articles du projet de loi?
M. Choquette: Présentement, l'industrie du jouet est
soumise à plusieurs contraintes au point de vue de sa publicité,
soit au point de vue de la sécurité et au point de vue même
de la publicité comme l'utilisation de personnages connus. A moins
d'avis contraire, est-ce déjà une contrainte? Et aussi, un code
d'éthique existe tout de même au sein de l'Association des
manufacturiers de jouets. Tout cela, ce sont des contraintes qui peuvent
s'endurer, même si elles tendent à augmenter le coût du
jouet en son entier; mais le fait de changer les conséquences de la
publicité, de l'amener à d'autres auditoires que les enfants non
seulement en augmenteront le coût, parce que comme M. Clarke le disait,
le pourcentage de personnes intéressées aux jouets à des
heures adultes est beaucoup moindre et comme en publicité, tout se
compte par le millier de personnes rejointes, ce qui veut dire que le
coût à l'unité devient énorme, pour un consommateur,
informé, donc un client possible, le coût d'information pour
atteindre ce consommateur devient prohibitif.
J'aimerais aussi mentionner que M. Clarke, qui est le conseiller de
l'association ici, a été pendant 40 ans un des principaux
acheteurs de jouets pour la maison Eaton. Je voulais tout simplement mentionner
que son expérience et du côté détail, quant aux
réactions des consommateurs et du côté manufacturier de
jouets est assez vaste.
M. Saint-Germain: Maintenant, il découlera de l'article
234 des règlements. L'article 234, de la façon qu'il est
rédigé, j'avoue que c'est un milieu difficile. Qui aura la
responsabilité si un message publicitaire est fait vers les enfants
directement ou vers les parents? J'ai l'impression que la façon dont
l'article 234 est rédigé, même si vous voulez atteindre les
parents, on pourra facilement interpréter que votre message publicitaire
s'adresse aux enfants, en particulier.
M. Choquette: Mais le message visuel, comment peut-on faire un
message visuel qui s'adresse aux parents et non aux enfants? Le message
parlé? Oui. On peut facilement, à la télévision,
par le message parlé ou écrit, s'adresser aux parents. On peut
tout simplement dire: Vous, les parents, nous avons une bonne suggestion pour
vous.
Dans le message visuel, je ne vois pas quand on présentera
à la télévision ou dans les journaux une reproduction de
jouets... Si on montre des petits enfants autour, est-ce s'adresser aux enfants
ou s'adresser aux adultes? Je vous demande franchement: Comment va-t-on dire
qu'une publicité visuelle s'adresse aux parents ou aux enfants? C'est un
très gros point d'interrogation. Ce n'est pas facile. Ce ne sera pas
facile.
M. Saint-Germain: Non, j'entends...
M. Choquette: ... pour le législateur ou pour l'organisme
qui va être en charge de l'application de la loi de trancher
là-dedans.
M. Saint-Germain: C'est ce que je crois. Même si on
s'entendait pour qu'aucune annonce ne soit dirigée vers les enfants,
mais exclusivement vers les adultes, je crois que l'application d'une telle loi
est toujours difficile. Premièrement, on dit treize ans. Pourquoi treize
ans? Pourquoi pas douze ans? Pourquoi pas quatorze ans? D'où vient
treize ans? On ne peut baser les treize ans sur aucune étude
scientifique. On s'imagine que c'est l'âge raisonnable, je suppose bien.
C'est la raison pour laquelle on trouve treize ans dans la loi. Il y a des
enfants de treize ans qui sont développés comme des adultes ou,
du moins, presque. Il y en a de treize ans qui sont développés
comme des enfants de onze ans devraient l'être normalement. C'est
toujours subjectif l'application d'une telle réglementation. Je sais
pertinemment que certains producteurs de jouets interprètent l'article
234 comme si c'était une négation de l'annonce
complètement, comme si on leur défendait tout simplement de faire
l'annonce. Maintenant, est-ce abuser ou est-ce aller trop loin?
M. Choquette: C'est ce que l'association craint, qu'au point de
vue pratique cela puisse devenir compliqué d'application. Cela peut
devenir prohibitif au point de vue des retours sur l'investissement. Mais comme
tous les media sont visés, si on parlait de publicité
télévisée, si on parlait de publicité
écrite, mais on parle de publicité dirigée vers les
enfants, cela ouvre, il n'y a pas de limite, on ne voit pas où on peut
s'accrocher, s'il y a des possibilités. Dans l'esprit de la loi, i! ne
doit pas y avoir d'échappatoires. Je comprends qu'en présentant
le projet de loi, si on dit: II ne faut pas influencer l'enfant, cela inclut
toutes les possibilités qui se présentent, tous les media mais,
d'un autre côté, justement, cela rend, pour l'industrie du jouet,
toute publicité prohibitive ou inacceptable. Donc, toute
publicité cesserait et, à partir de ce moment-là, on
prévoit l'impact sur l'industrie du jouet comme telle, et l'emploi, et
le taux.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi un autre
facteur, c'est qu'il y a des jouets toujours selon mon estimation, je
parle toujours comme profane qui sont absolument inutiles et qui sont
bien souvent une perte d'argent pour les parents parce que ce sont des jouets
qui frappent l'imagination des enfants, mais les enfants s'en fatiguent vite et
on remarque qu'il y a des jouets dispendieux qui, au bout de deux ou trois
jours, ne servent pratiquement plus. Il y a d'autres jouets, d'un autre
côté, qui ont été conçus,
étudiés
de façon à aider l'éducation et la maturité
de l'enfant. Est-ce que vous trouvez qu'on devrait faire une différence,
que la loi devrait différencier ces deux...
M. Choquette: Mon opinion personnelle c'est non parce que, comme
dans n'importe quelle industrie, vous avez les choses utiles et ies choses
inutiles. Vous avez de mauvais achats comme de bons achats, que ce soit dans le
vêtement, dans l'automobile ou dans n'importe quel produit de
consommation. Vous avez un éventail d'objets qui, pour certaines
personnes, sont utiles et pour d'autres, cela peut être
complètement une banalité ou un mauvais achat. Il y a des choses
de bon goût et il y a des choses de mauvais goût, dans le
vêtement, dans l'automobile et dans le jouet. Je crois que c'est
très difficile pour un législateur de dire d'éliminer les
choses de mauvais goût, les choses inutiles. Je pense que c'est
très subjectif à ce moment-là. Ce qui est inutile pour une
personne peut être utile pour l'autre et ce qui est de mauvais goût
pour un peut être de bon goût pour l'autre. A l'exception des
extrêmes, si vous voulez, il y a des choses qui sont éclatantes
d'utilité ou d'inutilité mais, pour la grande majorité des
cas, tout dépend de l'utilisateur.
M. Saint-Germain: Une dernière question, M. le
Président. Est-ce que vous avez constaté dans l'application de la
réglementation concernant l'annonce faite aux enfants actuellement,
qu'il y avait des plaintes qui étaient faites dans le public, surtout au
Québec, à quelque niveau que ce soit? Est-ce que les parents se
plaignent de la situation existant actuellement? (11 h 15)
M. Bisaillon: Est-ce que les parents se plaignent de façon
générale?
M. Choquette: L'association ou les manufacturiers
concernés ici n'ont pas reçu de plaintes sur la publicité
comme telle. Personnellement, je peux ajouter que, s'il y a des manufacturiers
qui ont fait de la publicité je parle en général,
incluant nos voisins américains et tous les autres qui font de la
publicité pour le jouet qui ont fait de la publicité
mensongère, à ce moment-là, ces publicitaires ont pu
être poursuivis. Mais ceci est un autre sujet. L'association ne
prône rien au point de vue de la qualité de l'information. Il y a
un code d'éthique pour l'association et, pour être membre, il faut
se conformer à un code d'éthique je ramène
ça à la publicité mensongère ou
exagérée il faut que les gens s'y plient. Comme il y a des
codes publicitaires au niveau des agences de publicité ou des
réseaux de télévision.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Choquette, votre
mémoire touche surtout deux articles bien précis, les articles
233 et 234. A la lecture de votre mémoire, on constate que vous croyez
que vous n'aurez plus le droit de faire de la publicité pour les jouets.
Quant à moi, je n'interprète pas ce projet de loi de la
même façon. Vous avez quand même le droit de faire de la
publicité pour les jouets, mais pas aux heures de pointe
destinées aux enfants, j'entends à 10 heures le samedi matin ou
à 13 heures. Vous pouvez quand même faire de la publicité
pour vos jouets on me corrigera si je fais erreur à des
heures autres que celles destinées aux enfants.
J'entends par là... J'ai des enfants chez moi, de 3 ans à
8 ans et le soir, passé 20 h 30 ou 21 heures, ils sont couchés.
J'imagine que, pour ces heures, l'article 34 parle du moment ou de l'endroit
où apparaît cette publicité. Je pense que vous pourrez
quand même faire cette publicité à ces heures. Dans les
journaux, c'est peut-être plus difficile.
Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites qu'on aurait dû
faire de l'éducation plutôt que de la législation et vous
employez les termes: "On veut prendre la responsabilité parentale et la
mettre sur les épaules du gouvernement". Personnellement, j'ai
dénoncé ça lors de mes critiques sur le principe de ce
projet de loi. Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites qu'on serait mieux
de faire de l'éducation plutôt que de la législation,
plutôt que de dire aux parents: On ne fera pas de publicité et on
va prendre les responsabilités à votre place. Je suis d'accord
avec vous.
J'aimerais vous poser deux ou trois courtes questions. Je ne sais pas
sur quoi vous vous basez pour dire... Peut-être que monsieur a
répondu dans la langue de Shakespeare; personnellement, je ne la
possède pas beaucoup. Ne vous en faites pas, je ne m'en fais pas de
complexe; Mao est à la tête de 600 millions de Chinois;
apparemment, il ne possédait pas l'anglais. Pourquoi votre chiffre
d'affaires baisserait-il si la publicité sur les jouets s'adressait aux
parents plutôt qu'aux enfants? Vous dites: "Notre chiffre d'affaires
baisserait si la publicité, au lieu de la faire à 10 heures le
matin, on la faisait à 22 heures le soir. Pourquoi votre chiffre
d'affaires baisserait-il? Je ne peux pas voir sur quelle étude vous vous
êtes basés pour faire une affirmation semblable.
C'est possiblement vrai, mais j'aimerais savoir sur quelle étude
vous vous êtes basé.
M. Dubois (Paul): Je pourrais répondre à cette
question. La publicité le soir, si on prend le temps pour les adultes,
c'est absolument... On ne peut pas arriver parce que les taux sont prohibitifs,
le coût est trop élevé. Si on ne peut pas annoncer aux
heures de pointe, entre 16 heures et 18 heures... Nous avons certains tarifs
qui nous permettent cette publicité, qui nous permettent d'arriver avec
nos revenus publicitaires.
Si on prend un temps comme 21 h 30 ou 22 heures, le soir, à ce
moment-là, les taux sont trop élevés et je ne crois pas
qu'il y ait une seule compagnie qui puisse arriver avec un budget publicitaire
qui va être rentable.
M. Goulet: A la page 6 de votre mémoire, à
l'avant-dernier paragraphe, vous dites: "Les taux sont de quatre à sept
fois plus élevés pour l'utilisation du temps aux heures de pointe
que pour le temps utilisé au cours de la programmation enfantine."
Par le fait même, cette argumentation est économiquement
faible, et c'est l'argumentation que vous venez de donner. Mais vous comparez
les heures, comme entre neuf et onze heures le matin...
M. Dubois (Paul): Je parle plutôt...
M. Goulet: Vous parlez des heures de pointe entre quatre et six
heures.
M. Dubois (Paul): Je parle plutôt du temps publicitaire
qui, pour nous, est rentable, de quatre à six heures le soir.
M. Goulet: Mais vous faites beaucoup de publicité
également et le projet de loi vise cela par exemple le
matin, le samedi matin et le dimanche...
M. Dubois (Paul): Oui, le samedi matin, c'est...
M. Goulet: ... souvent, alors que les enfants sont devant le
petit écran.
Personnellement, j'ai l'occasion d'acheter de la publicité pour
un commerce et je peux vous dire... Vous le savez peut-être aussi bien
que nous. Vous comparez vos chiffres, lorsque vous dites de quatre à
sept fois, vous prenez une heure le matin et vous la comparez à une
heure de pointe, entre quatre et six heures. Tous savent que c'est beaucoup
plus dispendieux.
M. Dubois (Paul): Oui.
M. Goulet: Mais pourquoi ne prendriez-vous pas le temps que vous
mettez à dix heures le matin, si je prends la télévision,
pour le reporter à dix heures le soir, quand les parents sont devant le
petit écran? Vous comparez deux choses qui ne sont pas tout à
fait pareilles. Vous partez de dix heures le matin et vous sautez à six
heures le soir. Pourquoi n'irait-on pas un peu plus loin? La courbe des
coûts, la sinusoïde, varie. Vous partez de dix heures le matin et
vous arrivez à six heures le soir. Pourquoi n'irait-on pas à dix
heures le soir, où les taux sont à peu près égaux,
dans la plupart des cas, à dix ou onze heures le soir, là
où les parents sont devant le petit écran et là où
les parents en ont le temps.
Personnellement, comme beaucoup de parents, nous n'avons pas le temps
d'être devant le petit écran. Un député n'a jamais
le temps, mais la plupart des parents, même entre quatre et six heures,
ne sont pas devant le petit écran et les enfants y sont. Par contre, le
soir, de 20 à 22 heures, la plupart des parents sont devant le petit
écran. Par le fait même, vos taux baisseraient.
C'est pour cela que, pour l'argumentation de votre avant-dernier
paragraphe, à la page six, on pourrait avoir des tabies de taux
publicitaires. Je peux vous dire qu'à un moment donné, la courbe
se rejoindrait. Lorsque vous dites également... Si vous permettez, avant
de répondre.
M. Dubois (Paul): Certainement.
M. Goulet: Encore à la page 6, au dernier paragraphe, vous
dites: "Troisièmement, le coût de production de commerciaux
orientés vers les adultes, pour le Québec seulement,
dépasserait le budget total de la publicité d'un manufacturier."
Encore là, j'aimerais avoir des chiffres concrets. Je ne vois pas la
différence entre un message publicitaire à onze heures le soir et
un autre à onze heures le matin. Je peux vous dire que, dans les postes
de télévision, cela peut varier...
M. Dubois (Paul): Je peux vous dire que les tarifs sont pas mal
plus élevés le soir que le jour.
M. Goulet: Cela dépend à quelle heure. Vous avez
des trous, vous avez ce que vous appelez communément dans la
publicité des trous. Le soir, il y a beaucoup de parents qui vont
écouter le film de fin de soirée, qui vont être devant
l'écran. Ils pourraient très bien voir un message publicitaire
destiné aux enfants qui dirait: On vous suggère l'achat de tel
jouet plutôt qu'un autre. On est sûr et certain que les enfants ne
sont pas devant l'écran. Vous allez dire que je ne parle que de la
télévision. J'en conviens, parce que je pense que c'est le
message publicitaire par excellence, n'en déplaise aux journaux.
Mais le coût, à ce moment-là... Ce que je ne
comprends pas, c'est le fait que vous comparez le coût de quatre à
six heures au coût de dix heures le matin. C'est cela que je ne comprends
pas. J'aimerais mieux que...
M. Dubois (Paul): Je n'ai pas parlé du taux de la
matinée. J'ai parlé de la rentabilité entre quatre heures
et six heures le soir...
M. Goulet: Oui.
M. Dubois (Paul): Et ensuite, du tarif de la soirée, qui
est beaucoup plus dispendieux.
M. Choquette: Est-ce que je pourrais ajouter qu'à part le
coût unitaire du temps à la télévision, le
coût d'une minute, qui varie énormément durant la
journée, qui est basé sur l'auditoire, qui est basé sur la
demande, le publicitaire qui va acheter du temps, c'est toujours, non pas
vis-à-vis du coût d'achat, mais vis-à-vis du prix de
revient à l'unité. C'est pour cela que même les taux
prohibitifs du samedi soir pour nos fabricants de bière sont tout
à fait les plus économiques qu'ils peuvent avoir. Pour un
fabricant de bière, annoncer ie matin, à taux réduit, ou
l'après-midi, ce n'est pas économique, cela lui coûterait
plus cher à l'unité.
C'est pour cela que l'auditoire, même adulte, du soir, au lieu de
l'auditoire adulte du matin,
même à taux réduit, à la minute, revient plus
cher au message rendu, au message livré à la bonne porte, ou
à la bonne oreille, si vous voulez.
Ce sont ces études en marketing, c'est le message rendu, le
coût du message rendu, si vous voulez. A ce moment-là, peu
importe...
M. Goulet: Pour cela, cela va, mais vous n'avez pas encore
répondu à ma première question. Sur quels chiffres vous
basez-vous pour dire que, si un jouet est annoncé essentiellement
à des parents, votre chiffre d'affaires diminuera de beaucoup, de
là à peut-être diminuer le nombre d'emplois, plutôt
que si la publicité était destinée essentiellement aux
enfants? Sur quels chiffres vous basez-vous pour dire que, quelles que soient
les heures d'écoute, si on peut s'assurer que notre message publicitaire
passe essentiellement devant les parents plutôt que devant les enfants
vous dites notre chiffre d'affaires va baisser de beaucoup?
M. Choquette: C'est comme toute étude en marketing, si
vous voulez, ou les projections. Les statistiques viennent après. Les
statistiques précises viennent après. Comme tout budget, si vous
voulez, en comptabilité ou autrement, les chiffres que vous mettez dans
un budget d'opération, que ce soit au niveau du Parlement, d'un
ministère ou de l'épicerie du coin, sont toujours assez
discutables à l'avance. Vous êtes là en Chambre pour en
discuter et je suis chez moi avec ma femme pour en discuter. Je pense que c'est
très...
M. Goulet: Je n'ai pas dépassé mes cinq
minutes?
M. Choquette: Les statistiques viendront appuyer cela plus
sérieusement après.
M. Goulet: En résumé, vous seriez pour qu'on fasse
plus d'éducation aux parents plutôt que de faire de la
législation? Je pense que c'est le résumé de votre
mémoire.
M. Choquette: L'éducation, nous pensons qu'au point de vue
pratique, pour commencer, ce sera extrêmement difficile d'application.
C'est votre problème. Je pense que cela va se refléter sur les
usagers parce que toute loi qui est difficile d'application va causer des
heurts et, du côté du manufacturier, cela lui cause des
préjudices qui vont causer d'après nous, du chômage et une
augmentation des coûts des produits et, ceux qui seront utiles et
agréables et tout vont coûter plus cher.
Quand on arrive à dire 30% plus cher, je suis d'accord avec vous
qu'on verra après si c'est 30%, 25% ou 35%. La diminution de l'emploi,
si c'est 50%, on verra après si c'est 40% ou 60%, mais on prévoit
je pense que c'est indiscutable qu'il peut y avoir une
augmentation des coûts, qu'il peut y avoir une cause de chômage.
Qu'on discute sur les taux, je suis parfaitement d'accord que les chiffres
qu'on peut mettre sont discutables.
M. Goulet: M. le Président, j'ai terminé. Je
remercie M. Choquette et son groupe pour l'éclairage qu'ils ont bien
voulu donner aux membres de cette commission.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'aimerais demander
à Me Choquette s'il est en mesure de nous dire, puisque, dans son
mémoire d'ailleurs, il vient de le mentionner également
on parle des risques que comportent ces dispositions qu'on retrouve dans
le projet de loi relativement au développement et au maintien de
l'industrie du jouet... Le mémoire est présenté au nom de
l'Association des manufacturiers canadiens de jouets. J'aimerais savoir combien
il y a de membres, combien il y a d'industries de jouets au Québec,
jusqu'à maintenant. J'aimerais savoir aussi, si c'est possible, si vous
avez des chiffres à nous fournir là-dessus, combien il y a de
personnes qui sont directement employées par ces entreprises, quel est
le chiffre d'affaires, si vous avez un pourcentage ou si vous disposez de
données concernant les chiffres d'affaires du jouet au Québec, le
marché global et quel est le pourcentage de ce marché qui serait
occupé par les entreprises québécoises.
J'aurai une autre question à vous poser, mais après avoir
obtenu réponse, si c'est possible.
M. Choquette: Si vous me permettez, je vais demander à M.
McCormack, du secrétariat de l'association, de répondre à
cette question. Vous aimeriez savoir quel est le pourcentage des manufacturiers
québécois de jouets sur l'ensemble de la production
canadienne.
M. Roy: J'aimerais effectivement savoir ce que cela comporte,
autrement dit: Quelle est la partie de ce marché du jouet au
Québec qui est occupée par l'entreprise, par l'industrie
québécoise, le nombre d'employés, le chiffre d'affaires,
le pourcentage du marché qui est occupé par le Québec.
M. Clarke: There are many retailers operating in Québec
with buying offices outside Québec. A merchandise is ordered from their
buying offices. It is shipped to their companies in Québec and invoiced
to their head office, and it is frequently very difficult to tell how much of
the purchases...
M. Roy: Je m'excuse, mais un peu plus fort, s'il vous
plaît!
M. Clarke: There are many retailers who have their buying offices
outside Québec. They buy merchandise through their buying offices and
ship to their outlets in Québec, but invoice to their head office. It is
very difficult for manufacturers to tell how much of those shipments goes to
Québec or how much goes to other parts of the country. So we have
difficulty in a massing exact statistics. We have statistics on the total
amount of the toy
business. We have access to the sales projections done by different
companies which indicate that usually, the percentage of business done in
Québec is around 25% to 30%. Now, as far as the individual companies in
Québec are concerned, that would take some time to get, we would have to
be in touch with all of them. They are very reluctant to give out the figures
at times. Some of them are privately on compagnies who will not devolve the
figures, some others, the figures are there for publication, but not by a
breakdown by areas in the country. We will do what we can to get this
information for you. We can estimate what the business is, but we cannot
guarantee the absolute accuracy of it.
M. Roy: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
si l'association serait en mesure de nous fournir étant
donné que la commission parlementaire va quand même tenir des
séances pendant toute la semaine prochaine, puisqu'effec-tivement, cela
va sûrement aller à jeudi de la semaine prochaine avant que nous
puissions entreprendre l'étude de la loi article par article des
chiffres et un tableau avec le plus de précisions possible, concernant
l'importance de l'industrie, ainsi que certaines statistiques pour qu'on sache
à quoi s'en tenir?
La deuxième question que j'aurais voulu vous poser à ce
sujet est la suivante: Etant donné que la loi ne s'applique qu'au
Québec, il y a quand même des stations de télévision
à l'extérieur du Québec qui peuvent transmettre des
messages au Québec. Il y en a également aux Etats-Unis. Cela
touche un bon pourcentage de la population. J'aimerais savoir quel pourrait
être l'impact, du fait que les messages publicitaires émanent des
stations ra-diophoniques, des stations de télévision du
Québec, quelles seraient les conséquences et quels seraient les
possibilités ou les moyens de détours que pourraient faire
certains manufacturiers de jouets, en allant utiliser les canaux de
télévision et les media d'information situés à
l'extérieur du Québec, mais qui pénètrent au
Québec quand même.
M. Choquette: Premièrement, je vais prendre note afin que
l'association vous fasse parvenir d'ici une journée ou deux un
détail des statistiques sur le nombre de compagnies
manufacturières de jouets au Québec, qui sont localisées
au Québec, et le nombre d'employés. Maintenant, le chiffre
d'affaires québécois de ces compagnies va être très
difficile à déterminer. C'est ce que M. Clarke disait. Tout de
même, cela vous donnera une idée, en ayant des chiffres en
tête, de ce qu'est l'industrie du jouet au Québec.
Le projet de loi aussi implique les industries du jouet en dehors du
Québec, c'est entendu, mais quand on parle de chômage, ce qui nous
importe le plus directement ici à cette table, c'est le chômage
qui serait causé au Québec. Donc, on vous fait parvenir les
chiffres qui pourraient peut-être vous être utiles à ce
moment.
Une chose que vous avez mentionnée tout de même, je crois
que ce qui s'est produit en Ontario vis-à-vis, je ne me souviens pas, de
quelle loi, c'est le "spill-over " qui venait des stations stituées
à Burlington, près de chez moi, ou au nord des Etats-Unis,
où déjà, il y a des programmations en français
à certaines heures, ou même en italien, qui s'adressent aux
communautés italiennes de Montréal. Le samedi matin, je me
souviens, quand mes petits bonshommes étaient très jeunes, ils
pouvaient aussi bien syntoniser Burlington, Platts-burg que Montréal.
C'est une possibilité. Ecoutez! Vous l'évoquez. Ce n'est pas un
plan. Mais, personnellement, je pense que ça peut développer les
media de l'extérieur pour pénétrer au Québec.
La presse écrite peut peut-être se réglementer assez
facilement, maintenant, là encore, les frontières sont
peut-être mal gardées du côté
québécois, mais ça, c'est une autre chose. Mais, à
la télévision ou à la radio, ce n'est pas facile au point
de vue... Là encore, je me dis que ce n'est pas notre problème,
c'est le vôtre, mais ce ne sera pas facile d'application.
M. Roy: J'aurais d'autres questions à poser, M. le
Président, mais ça concerne évidemment ces mêmes
articles. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Je m'excuse. Je pense que
monsieur aurait une réponse à nous donner.
M. Dubois (Paul): Quant à moi, j'aimerais mentionner que
je suis également associé avec la compagnie Hasbro, une compagnie
qui fabrique des jouets à Longueuil. Nous avons environ 100
employés et, dans le temps le plus occupé, soit entre mai et
septembre, ça peut aller à peu près à 150, 175
employés.
Si vous voulez que je mentionne le chiffre d'affaires, ça varie
à peu près entre $7 millions et $8 millions par année et
nous fournissons sur ça tout le Canada. Maintenant, évidemment,
les frais d'exploitation ont été considérablement
augmentés par le fait de la loi 101 et nous sommes obligés, parce
que nous sommes une filiale d'une compagnie américaine, de refaire tous
les emballages ou les dessins artistiques et, en conséquence, ça
devient très coûteux.
Nous sommes très heureux de participer, comme usine, dans le
Québec, à faire travailler des Québécois,
évidemment, si on nous coupe les ailes en enlevant toute
publicité, ce ne sera évidemment plus rentable pour la
compagnie.
J'ai mentionné que nous avions un chiffre d'affaires de $7
millions à $8 millions. Nous avons fait un calcul de la
publicité. Si la commission veut en obtenir certains détails, je
pourrai les lui faire parvenir. Nous avons fait un genre de sondage, qui
indique que si la publicité était enlevée, cela
réduirait, sur trois articles seulement, je vous donne seulement
l'estimation pour trois articles, on en fabrique à peu près de
360 à 400, et du côté publicitaire, ça peut
s'échelonner sur à peu près une quarantaine d'articles
environ. Donc, si on enlevait toute publicité, ça couperait, au
point de vue des heures, 2152 heures sur trois articles dont il faudrait couper
la production. Pardon?
M. Bisaillon: Quand vous dites couper la publicité, c'est
totalement ou...
M. Dubois (Paul): Totalement, d'après l'article 234, on
mentionne "imprimés", ce qui veut dire peut-être, je ne sais pas,
moi, disons publicité de jouets dans des catalogues comme Cardinal, si
vous voulez, ou Distribution aux consommateurs. On mentionne ici, dans
l'article 234 "... soit contenu dans un imprimé", c'est ça qui
est un peu l'ambiguïté. Je pense que les articles 233 et 234
méritent d'être considérés si on veut maintenir une
industrie. Jl y a également la compagnie Coleco, qui fait partie d'une
compagnie canadienne...
Le Président (M. Oussault): M. Dubois, est-ce que je
pourrais vous demander d'abréger, s'il vous plaît, parce que le
temps s'écoule et nous prenons le temps d'un autre groupe?
M. Dubois (Paul): Oui. J'ai fini, moi. S'il y a d'autres
questions...
M. Roy: Je remercie nos invités des informations qu'ils
nous ont fournies et je prends note, parce que je remarque qu'on a
également pris note des informations que nous avons
demandées.
J'aurais d'autres questions à poser, mais ça concerne les
deux articles de loi et je pourrai revenir quand d'autres groupes se
présenteront devant la commission, parce que ce sont des questions de
portée générale.
Merci à nos invités.
Le Président (M. Dussault): Mme le député
des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Vous avez parlé d'un
mini-désastre économique que pourraient provoquer les deux
articles qui ont trait à la publicité destinée aux
enfants. Vous avez parlé d'une situation de chômage qui pourrait
être créée. Vous avez dit que ce n'était pas tant
l'impact global qui était grave ou dramatique, mais la situation
vécue par chacun de ces chômeurs ou chacun de ces travailleurs
qui, éventuellement, pourraient venir en chômage.
C'est une préoccupation sociale qui vous honore, sans contredit.
La question que je me pose est la suivante. Avez-vous pensé à la
situation économique de nombreuses familles, de parents
déjà en chômage ou qui reçoivent, par exemple, de
l'aide sociale? Votre compagnie pense-t-elle qu'il est socialement plus
acceptable pour un gouvernement qu'on laisse, par le biais de la
publicité, les fabricants de jouets inciter certaines familles
même à s'endetter à l'occasion de Noël pour faire
plaisir à leurs enfants dans le contexte où la publicité
est destinée de la même façon aux enfants pauvres et aux
enfants riches?
M. Choquette: L'endettement des familles peut difficilement se
contrôler par législation jus- qu'à un certain point. Vous
pouvez inciter, avoir toutes sortes de mesures incitatives pour que les
familles renoncent à recourir au crédit sous toutes ses formes,
tout cela. Ce sont des abus, c'est entendu, qu'il faut réglementer, mais
nous ne croyons pas que d'empêcher... Là encore, il faut faire
attention. Quand, dans notre langage, on dit et je reviens, si vous me
permettez, Mme le ministre, de préciser ma pensée... On n'a pas
interprété... C'est entendu que si vous vouliez prohiber toute
publicité vis-à-vis des jouets, je le répète, au
point de vue pratique, la publicité, les media ou les
possibilités de faire de la publicité à notre avis
seraient économiquement inabordables. Donc, au point de vue pratique,
cela éliminerait-il toute publicité pour nos produits?
Entre l'abus de publicité et le manque de publicité, c'est
là qu'il faut essayer, tout le monde ensemble, de trouver le juste
milieu. La même chose, entre inciter si fortement des parents, cela
cause-t-il des endettements chez les économiquement faibles? C'est la
même chose pour la bière ou pour d'autres produits. Il y a
toujours ce risque avec des produits qui en soi, ne sont pas mauvais, mais dont
des gens abusent, même avec les bonnes choses de la table. On peut
s'empiffrer et en être malade, mais va-t-on empêcher la
publicité des restaurants?
Le Président (M. Dussault): Merci.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, en vous rappelant
que sur les dix minutes possibles du député de Jacques-Cartier,
douze ont été prises.
M. Lalonde: M. le Président, excusez-moi. Je
n'étais pas ici lorsqu'il y a eu une motion qui a été
débattue et sûrement majoritairement adoptée diminuant mon
droit de parole en vertu de l'article 160.
Le Président (M. Dussault): C'était plus une
tentative de convention.
M. Lalonde: Ah une tentative! Donc, qui a avorté, si je
comprends bien.
Le Président (M. Dussault): Je vous demanderais de vous
référer à votre confrère. Il va vous...
M. Lalonde: II m'a dit qu'il n'avait pas accepté cette
convention. Enfin, je comprends quand même les contraintes de temps de la
commission. Je ne veux pas faire perdre le temps à la commission et
à ses invités, mais il me semble que cette question de la
publicité destinée aux enfants est assez importante et que c'est
d'ailleurs tout à fait justifié qu'on commence justement
l'étude de nos mémoires par cette question.
Je voudrais poser une couple de questions tout simplement. Vous savez,
ce n'est pas la première fois qu'on parle de la publicité
destinée aux enfants. Il y a déjà eu un règlement
qui a été adopté pour la contrôler, tout d'abord, et
il y a eu dans le projet de loi no 7, que Mme Lise Bacon
avait déposé à l'Assemblée nationale en
1976, une disposition qui ressemble beaucoup à celle qu'on retrouve aux
articles 233 et 234. En effet, le principe de l'interdiction à la
publicité destinée aux enfants de treize ans était
déjà inscrit. Dans les modalités, il y a de petits
changements. On pourra en discuter lorsqu'on arrivera à ces
articles.
Plusieurs associations de publicité et même de producteurs
de jouets sont venues donner leur point de vue relativement au projet de loi no
7. Je ne vois pas votre association dans ces groupes. Est-ce que vous
étiez d'accord ou si vous n'avez pas cru bon d'intervenir à ce
moment-là.
M. Choquette: Le rôle de l'association, c'est une
association, comment dirais-je, qui n'est pas du tout... Le secrétariat
n'a aucun pouvoir sur ses membres, si vous voulez. J'allais dire que c'est
difficile de faire des comparaisons avec la chambre de commerce ou des choses
comme cela, mais chaque membre est tellement autonome que l'association,
à ce moment-là, avait jugé préférable de
laisser les membres, individuellement, présenter leur cas, parce que le
cas du Québec où, je veux dire... Cela n'a pas rapport avec la
langue parce que c'est très facile de dire quand c'est la langue et que
c'est un cas spécial au Canada. A ce moment-là, les
manufacturiers du Québec avaient jugé préférable de
se présenter seuls, mais avec le consentement... Mais ici, tout de
même, vous avez d'autres manufacturiers qui, au cours de la
journée, ont des mémoires à présenter. Je ne veux
pas prendre avantage de votre question pour autre chose, mais cela me
ramène à l'idée des études au marketing. Les
maisons qui sont ici, qui sont représentées, qui ont leur propre
mémoire... Les membres de l'association ont des experts en marketing
dans leur maison, ce qui veut dire que ce sont les rapports de ces maisons qui,
par rapport à l'association, ont permis de préparer un
mémoire, sans que l'association ait engagé des experts en
marketing pour faire les recherches dans l'ensemble de l'industrie du jouet.
Cette année, le mémoire de l'association voulait vous
présenter globalement le point de vue, le consensus des membres de
l'association qui, à ce point de vue-là, regroupe non seulement
les manufacturiers du Québec, mais aussi ceux d'ailleurs, surtout de
l'Ontario parce que l'industrie du jouet est surtout concentrée en
Ontario au Canada, il ne faut pas le nier, comparativement à
Montréal ou à d'autres centres. Ce sont des statistiques que vous
pourriez avoir. Comme on nous l'a demandé tout à l'heure, on va
faire parvenir à la commission, d'ici une journée ou deux, des
statistiques sur le Québec.
M. Lalonde: Merci. Je ne voulais pas vous faire reproche,
naturellement, de ne pas être venus. Je ne voulais pas non plus qu'on
puisse en inférer une acceptation tacite, Je voulais simplement vous
donner la chance de dire la raison pour laquelle vous n'étiez pas
intervenus. Le deuxième point, votre argument sur le coût de la
publicité, m'apparaît faible parce qu'il tend à appuyer le
principe de l'article 233. Vous dites que, si vous deviez faire de la
publicité destinée aux adultes, cela serait très
coûteux. Donc, j'en conclus que vous faites votre publicité,
actuellement, destinée aux enfants et que vous la passez à des
moments, prenons la télévision par exemple on pense
surtout à ce moyen où l'auditoire est composé
majoritairement d'enfants.
M. Choquette: En majorité, oui.
M. Lalonde: Si c'est si peu coûteux de faire de la
publicité à ce moment-là, si c'est si efficace à un
si bas coût, est-ce que ce n'est pas parce que vous vous adressez
à un auditoire dont le sens critique n'est pas encore assez
développé? Donc, cela aurait peut-être... Votre argument,
du coup, viendrait appuyer le principe du projet de loi.
M. Choquette: Quand on dit que c'est si peu coûteux, tout
est relatif. C'est moins coûteux qu'ailleurs parce qu'à la
télévision, d'une manière ou d'une autre, c'est toujours
très coûteux; mais si vous voulez me permettre l'exemple de la
bière qui emploie les temps d'écoute les plus coûteux et
à un prix de revient beaucoup inférieur par message reçu
à celui de l'industrie du jouet, ce qui veut dire que...
M. Lalonde: Je ne veux pas comparer cela à la
bière, naturellement.
M. Choquette: Non, mais on prend deux extrêmes,
peut-être.
M. Lalonde: Vous dites: Si on doit s'astreindre à faire
des messages publicitaires destinés aux adultes, les coûts vont
être... Les qualificatifs que vous employez sont quoi? Epouvantables,
prohibitifs. Donc par voie de conséquence, simple logique, les
coûts actuels sont très bas. Et ils sont bas pourquoi? Parce que
vous ne les destinez pas aux adultes.
M. Dubois (Paul): Je ne dirais pas que les coûts actuels
sont très bas parce que nous avons, comparé les tarifs sur le
poste indépendant de Québec, le canal 4, entre l'an dernier,
alors que c'était de $110 la minute, et cette année, où
c'est passé à $210. Il y a certainement eu une augmentation.
M. Lalonde: Je veux dire, relativement tout est relatif
c'est moins coûteux que si vous le mettiez dans un...
M. Dubois (Paul): C'est moins dispendieux.
M. Lalonde: C'est pour ça que je me demande jusqu'à
quel point cet argument...
M. Choquette: Si vous permettez, c'est moins dispendieux, mais ce
ne sont pas les taux les plus bas, vers 16 heures, à la
télévision. Il y a dans l'échelle des taux horaires, des
taux encore plus
bas. On pourrait annoncer à d'autres moments de la journée
et ce serait moins dispendieux à la minute, si vous voulez. Mais ce
serait beaucoup plus dispendieux je reviens à mon expression
en message reçu ou message livré.
M. Lalonde: Je ne suis pas expert là-dedans, mais
j'imagine qu'à ce moment-là, les autres temps où c'est
encore moins dispendieux, c'est quand il n'y a personne qui écoute la
télévision. Comparez deux moments où, dans un cas, ce sont
des jeunes qui écoutent la télévision et dans l'autre cas,
ce sont les adultes. Si vous comparez ça avec 10 heures le matin,
à part des personnes qui sont retenues à la maison avec la
grippe, il n'y a pas grand nombre qui écoute, adultes ou enfants.
M. Choquette: Je ne veux pas avoir l'air de me défiler
devant la question, mais je pense que, parmi les quatre maisons qui vont
présenter des mémoires, vous avez des experts en marketing qui
sont beaucoup plus aptes que moi et que nous pour discuter un point
précis comme ça. Si vous me permettez...
M. Lalonde: Je vous remercie, je voulais simplement soulever la
question. Peut-être que ça va leur donner la chance de se
préparer.
M. Choquette: Je pense que ça donnera la chance à
d'autres de présenter d'autres points de vue, peut-être plus
pratiques que celui que nous, comme association, voulions présenter.
M. Lalonde: Dernier point. Vous savez que le principe est
accepté, que l'article 233 est accepté par l'Assemblée
nationale, que tout ce qu'on peut faire, c'est changer les modalités. On
peut peut-être changer des choses à l'article 233, mais ce serait
peut-être l'âge, des choses comme ça. Je vois plutôt
des problèmes à l'article 234. Je vous demanderais, à la
fin de ma question, quelles sont les modalités que vous suggérez?
Parce que votre mémoire dit que ce sera le chômage, les
coûts vont augmenter. Mais vous n'avez pas de suggestion pratique. Le
problème que je vois à l'article 234, c'est: Comment allons-nous
nous assurer, la population, enfin les producteurs, de ne pas violer les
articles 233 et 234? Après la première offense, vous savez que
c'est la prison; à la deuxième offense, c'est possible.
Cela m'apparaît assez... Je sais que c'est très difficile.
Même le projet de loi no 7 avait à peu près les mêmes
genres de critères, très difficiles à ramasser en quelques
phrases; comment va-t-on pouvoir être sûr d'être du bon
côté de la clôture et ne pas faire un message destiné
aux enfants de 13 ans ou de moins de 13 ans? C'est là-dessus que
j'aurais aimé que vous nous fassiez des suggestions pour être plus
précis dans nos critères, pour plus de sécurité aux
gens, pour qu'ils sachent s'ils sont en train de violer la loi ou non?
M. Choquette: Est-ce que vous me permettriez, tout simplement,
avant de répondre, de tra- duire en anglais, essayer de traduire votre
pensée, parce qu'il y a certains membres ici, soit pour leur
présentation, qui aimeraient être au courant?
M. Lalonde: Avant que vous commenciez, cette question s'adresse
à tous ceux qui vont venir cet après-midi. On aimerait avoir des
suggestions précises sur les modalités, puisque c'est pour
ça qu'on est ici.
M. Choquette: We have been asked, we have made the point that
this legislation, if it goes through, will result in unemployment and increased
cost in the product itself, which could be to the detriment of the consumer.
Now, we are being asked, faced with that issue, what would be our suggestions
to improve the law as it is being read at the moment.
M. Lalonde: Si vous me le permettez, je vais ajouter une chose
que j'avais oubliée. The principle of this Act has been accepted, so
there is nothing we can do concerning section 233. The publicity is and will be
prohibited when this Act goes through. The purpose of this meeting here is to
improve the wording of the Act, as far as the modalities are concerned. So, if
you have any suggestions, now is the time. But to come here and say: Well, you
know, it is going to increase costs and it is going to create unemployment, you
may be right, but this has already been decided by the National Assembly,
unanimously, I think.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. Clarke est
censé nous donner une réponse?
M. Clarke: The legislation, as it is proposed, is total and it is
also rather vague and we do not know if it applies to in-store demonstrations,
whole toy departments, posters, transit cards. We do not know. No one
knows.
We do not even know if an advertisement which is in a newspaper will be
deemed to be directed at children. We do not know who is going to make those
decisions. We do not know what is going to be done about catalogues.
In fact, what, overall, we cannot agree on is that this is merchandise
that is made in accordance with the laws of the land. It is publicity on
television, it is supervised like no other publicity is supervised. It does not
exploit children rather on the contrary. And now, we are faced with legislation
to prevent us from advertising our wares that have been legally made in the
country.
Now, to ask us now how we could improve the legislation, well, if it
must be so, then, a considerable amount of preciseness is needed. The
legislation states that no matter what time of the day the program is shown, or
what periodical it might appear in will not exempt it from being considered
children's advertisement. That is my understanding of the legislation.
If I was a merchandise manager, manufacturer, I would say: Well look, we
cannot advertise at all because we do not want to take
that chance, so just let us forget it. And we will carry a minimum
amount of toys and we will not publicize them, and if the people want them,
they are going to have to find them.
I cannot quite believe that that is the intent of the legislation.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys a fait allusion au fait que des articles semblables
à 233 et 234 étaient déjà inclus dans le projet de
loi no 7 de l'ancien gouvernement. Justement parce que ce projet de loi a
franci l'étape de la commission parlementaire et que de nombreux
mémoires ont été entendus sur ce sujet, nous avons pu,
avant la présente commission parlementaire, faire un certain nombre
d'études sur le sujet. Je mettrai à la disposition des membres de
cette commission cet après-midi, avec son consentement, un document
produit par le service de recherche de l'Office de la protection du
consommateur qui reprend, point par point, les arguments défavorables
aux articles 233 et 234 que nous avons entendus, ainsi qu'un certain nombre
d'arguments qui dépendent des positions des consommateurs, des parents,
des citoyens du Québec. Ce document sera disponible cet
après-midi. (12 heures)
M. Lalonde: Je remercie Mme le ministre de cette ouverture.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Iberville, en lui rappelant que nous avons présentement passé
une heure et huit minutes sur ce mémoire.
M. Beauséjour: M. le Président, je n'ai qu'un point
à relever dans votre mémoire. Je ne sais pas si je lis bien. Si
je prends la page 2, il semble que vous prévoyez une baisse de 50% dans
le marché du jouet et, si je retourne à la page 6 et que j'essaie
de comparer, vous semblez indiquer que la publicité
télévisée et écrite... Je suppose que c'est aux
enfants actuellement. Je lis: "Au Québec, la vente de n'importe quel
jouet appuyé par une campagne publicitaire
télévisée et écrite, rarement ou presque jamais,
atteint 24 000 unités." Vous dites que c'est 2% du marché
possible. A ce moment-là, je me dis, au point de vue de l'influence, je
ne sais pas s'il y a une espèce de contradiction, vous semblez
démolir ce que vous avez dit à la page 2.
M. Choquette: Non, si vous permettez, à l'édition,
on peut dire qu'un succès raisonnable, c'est 10 000 exemplaires; dans le
jouet, cela peut être 24 000 unités comme possibilité du
marché, ce qui représente 2% des consommateurs possibles. A ce
moment-là, ce sont des consommateurs ou des enfants. Disons que 2% des
enfants utilisateurs des jouets représentent à peu près 24
000 unités. Si on part ce ces 24 000 unités et qu'on les
considère comme 100% du marché possible, c'est ce marché
de 100% ou de 24 000 unités qui, nous le considérons, peut tomber
à 12 000 unités. Il y donc là une chute de 50%.
M. Beauséjour: Du marché que vous avez
actuellement, des 24 000 unités?
M. Choquette: Le marché de 24 000 unités qui
pourrait être, grosso modo, coupé de moitié. Le chiffre
exact où cela se situera, c'est à préciser dans l'avenir.
Des 24 000 unités, on prévoit une chute importante qu'on dit
être à peu près autour de 12 000 unités ou de 50% de
ce qu'elles sont actuellement.
M. Beauséjour: C'est toujours en relation avec la page 5,
si on veut, où vous semblez dire que l'influence de la publicité
écrite ou télévisée ne semble pas si forte, qu'il y
a une résistance de la part du consommateur, que ce soit l'enfant...
M. Choquette: Non, le point que nous voulions tout de même
faire valoir, que nous voulions proposer, c'est que, si cette publicité
était néfaste ou était tellement forte au niveau du
consommateur, ce n'est pas 2% ou 24 000 unités, c'est un peu comme
l'influence des journaux, si vous voulez, en temps d'élection, on sait
ce que cela vaut. Parfois, on dit: La presse est... Je m'excuse, la presse est
à l'écoute. Le pouvoir de la presse. On a eu des élections
qui donnaient complètement des résultats différents de ce
que la presse prônait. C'est la même chose au point de vue de la
publicité ici. Il ne faut pas exagérer le rôle de la
publicité, mais c'est le seul moyen de communication que les
manufacturiers de jouets ont à leur disposition. Là, encore on
enlève la possibilité pour les manufacturiers de jouets de
communiquer avec leur clientèle. Il n'y a pas d'autres moyens. Le seul
autre moyen, c'est d'avoir les objets à l'étalage. Là
aussi, est-ce que la mise en montre, la publicité... Les magasins,
peuvent-ils faire des montages ou même des vitrines, si vous voulez,
tapageuses et outrées? C'est d'aller loin, mais...
M. Beauséjour: Je vais arrêter là, mais je
reste quand même avec certaines interrogations par rapport à
cela.
M. Choquette: M. Clarke aimerait ajouter quelque chose à
propos de ces statistiques en page 6, lui permettriez-vous de le faire?
Le Président (M. Dussault): M. Clarke.
M. Clarke: At present, advertising to children on television is
rigidly controlled in this country. We have, in the broadcast code, we think,
as good a code as we can think of at the present time. Now, I happened to read,
about six months ago, that there is some movement in the European
Common Market to have a code that would be uniform to the whole market.
The one that has been proposed and which, they think, is the best of all they
have, is the British one. The British one, in my opinion, is not as good as
that one. This is a voluntary code, with some penalties attached, and the
commercial that does not live up to this code simply does not appear on the
television screen. Gentlemen, we or I cannot understand why we need more than
that. The children of Québec, the children of Ontario, the children of
British Columbia are all protected under that code. Would it be possible that
they get protected from all the other commercials they see during about 85% of
their viewing time?What we are doing here is proposing to take away from them
the one protected area in television, because there is no protection for them
for the rest of the day and night. I venture to say, in Québec, if you
go through with that, there will be no protection for them at all at any time
of the day. Thank you, gentlemen.
Le Président (M. Dussault): On vous remercie. Mme le
ministre.
Mme Payette: Merci beaucoup, messieurs, des renseignements que
vous nous avez apportés. Je pense qu'il est utile de savoir que le
Canada reste l'un des cinq pays au monde qui continuent de permettre la
publicité qui s'adresse aux enfants d'âge préscolaire.
Merci beaucoup.
Parker Brothers
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je vous remercie,
au nom de la commission, pour votre témoignage. J'appelle maintenant le
groupe suivant, Parker Brothers, division de General Mills Canada Ltée.
Qui est le porte-parole du groupe? Pourriez-vous vous identifier, s'il vous
plaît...
M. Legris (Gaston): Certainement. Gaston Le-gris.
Le Président (M. Dussault): ... et présenter votre
confrère?
M. Legris: Je suis responsable des ventes dans la province de
Québec pour la compagnie Parker Brothers. J'accompagne M. Stewart
Robertson, qui est directeur de la mise en marché et de la
publicité de Parker Brothers et qui est également un directeur de
l'Association canadienne des manufacturiers de jouets.
Le Président (M. Dussault): Puis-je vous prier, s'il vous
plaît, d'être le plus bref possible dans la présentation de
votre mémoire?
M. Legris: Certainement.
Le Président (M. Dussault): Merci.
M. Legris: M. le Président, Mme le ministre,
distingués membres de cette commission, mesda- mes et messieurs, nous
espérons que vous avez pris connaissance de notre mémoire. Nous
sommes heureux de participer à cette commission et d'y déposer
nos commentaires, nos objections, nos alternatives et notre exposé
raisonné concernant la Loi sur la protection du consommateur et,
spécifiquement, les articles 233 et 234, titre II pratique des
affaires.
Notre position: La majorité de nos produits, jeux et jouets, est
destinée à être achetée et utilisée par un ou
plusieurs membres d'une même famille. A notre avis, une famille ne peut
pas être isolée ou divisée de façon à
protéger un membre d'un autre, soit physiquement, psychologiquement ou
matériellement, pas plus qu'un tel membre ne peut être
isolé de l'influence exercée par un autre ou de toute autre
influence extérieure à base commerciale ou autre.
Nous soutenons la tendance des années soixante-dix,
orientée vers la protection du consommateur. Nous croyons que ladite
tendance est nettement le résultat de l'attitude consciente du public
qui, nécessairement, s'attend de recevoir, de la part des entreprises
qui le pourvoient, un juste traitement et un certain "avoir pour son argent".
Parker Brothers prétend respectueusement que les entreprises
responsables ont toujours traité leurs clients avec justice. Par
conséquent, il est axiomatique que la législation et les
règlements introduits par nos gouvernements au cours des
dernières années aient reçu l'appui et la
coopération de la majorité des entreprises au Canada. De plus,
les "nouvelles lois" expriment par écrit ce que nous croyons que sont et
qu'ont toujours été des normes solides exercées dans la
pratique des affaires.
Au mois de juin 1973, Parker Brothers a pris part à la
présentation du mémoire de l'Association canadienne des
fabricants de jouets au comité permanent sur les émissions de
radio et de télévision, films et assistance aux arts, du corps
législatif fédéral. Nous sommes d'avis que plusieurs
questions opportunes ont été posées concernant la
"publicité destinée aux enfants" et qu'elles ont trouvé
réponse dans un document concis, mais complet. Elles sont toutes viables
aujourd'hui, d'ailleurs. La copie de ce mémoire a déjà
été remise au ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Si des copies additionnelles étaient
nécessaires, il nous fera plaisir de vous en faire une distribution.
Nos objections sont les suivantes: A notre avis, les articles 233 et 234
présument qu'un enfant âgé de moins de treize ans peut
être isolé de sa famille, de ses amis et d'autres influences
extérieures, par la publicité commerciale qui lui est
destinée.
Il n'existe aucune preuve véritable que ceci soit possible.
Les articles 233 et 234 présument qu'il serait possible de
définir ce qui constitue la publicité commerciale destinée
aux enfants âgés de moins de treize ans, par l'application des
critères trouvés dans l'article 234, c'est-à-dire a) la
nature et la destination des produits faisant l'objet de la publi-
cité; b) la façon dont cette publicité est
présentée; c) le moment et le lieu où elle est
présentée.
Parker Brothers désire porter à l'attention de l'honorable
ministre et de cette commission les critères d'achat suivants,
généralement reconnus, qui sont utilisés consciemment ou
inconsciemment par les acheteurs de n'importe quel âge. Les parents sont
les consommateurs qui prennent la plupart des décisions concernant
l'achat de produits et ils se posent les questions suivantes: a) Mon enfant
veut-il vraiment ce jouet ou ce jeu? b) Est-ce que je veux que mon enfant le
possède? c) En a-t-il besoin ou en a-t-elle besoin? d)Donnera-t-il
satisfaction aux autres membres de la famille? e) Est-ce que je peux l'obtenir?
(Est-il disponible en magasin?) f) Ai-je les moyens de l'acheter? g) Est-ce
qu'il en vaut la peine?
Parker Brothers déclare respectueusement que, si les articles 233
et 234 sont adoptés, ils ne réduiront aucunement l'implication
des parents et leur responsabilité de guider et d'aider leurs enfants
à apprendre à prendre des décisions. La pression
exercée sur les parents par les demandes des enfants ne diminuera
pas.
Les recommandations: Nous recommandons que le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières
reconnaisse que le problème perçu dans la publicité
destinée aux enfants puisse être mieux envisagé, non pas
par l'interdiction, mais plutôt par l'application des normes du Conseil
des normes de la publicité du Code de la
radio-télédiffusion pour la publicité destinée aux
enfants et la section Xl-A, publicité destinée aux enfants de la
Loi sur la protection du consommateur, qui sont présentement en
vigueur.
Nous recommandons également que le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières modifie
les articles 233 et 234, afin d'interdire seulement la publicité
destinée aux enfants qui n'est pas conforme au code.
Nous recommandons également que le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières nomme un
officier du service pour travailler, sur une base continue, avec l'ASC, soit le
Conseil des normes de la publicité, de façon à favoriser
une très haute qualité et l'excellence dans la publicité
et les programmes destinés aux enfants. (12 h 15)
De plus, que le ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières apporte son appui à l'Institut de
radio-télédiffusion pour enfants dans ses efforts pour
améliorer les programmes pour enfants au Québec et au Canada.
L'implication de l'adoption des articles 233 et 234 tels quels. Voici
l'opinion de Parker Brothers: Nous sommes d'avis que plusieurs
représentations faites au ministre seront semblables et, par
conséquent, nous soumettons nos observations d'une manière
très abrégée. Nous nous ferons un plaisir de
développer nos points à la demande du ministre et de cette
commission.
La réduction considérable des revenus tirés de la
publicité aux enfants implique, naturellement, moins de publicité
pour enfants, qualité réduite de la publicité pour
enfants, diminution de l'emploi par l'intermédiaire de la
publicité pour enfants. La réduction considérable du
volume potentiel en ce qui concerne les produits utiles aux enfants implique
donc moins de choix et de comparaison pour le consommateur, moins
d'intérêt à améliorer les produits, moins de
concurrence, donc des prix plus élevés, moins de production,
encore une fois, qui refléterait des prix plus élevés,
moins de travail dans les industries fabriquant des produits pour enfants et
dans les industries sous-traitantes également, manque
d'intérêt dans la fabrication des produits pour enfants au Canada
où le marché total est presque trop petit pour supporter à
présent ta fabrication principale.
Par conséquent, une réduction possible de la fabrication
au Canada et une augmentation de produits importés
représenteraient moins de travail au Québec et au Canada.
Réduction sensible de l'information sur les produits
destinés aux enfants. Les enfants sont des consommateurs autant que les
adultes, mais il existe une différence considérable entre les
deux. La décision d'acheter un produit est prise par les adultes. Donc,
on peut dire que la participation d'un enfant à la publicité est
une partie de son éducation et, en interdisant ladite participation, on
enlève à l'enfant une partie de sa culture
générale.
Dans sa plus simple forme, la publicité commerciale est la
transmission d'information, qu'elle soit nouvelle, modifiée,
améliorée, meilleure, etc. Les articles 233 et 234 vont-ils
interdire ce droit à la communication?
L'interprétation "ouverte" de la publicité commerciale
pourrait créer de sérieux problèmes dans les voies
normales d'information aux consommateurs et dans la pratique du commerce au
détail.
Tous ces aspects mettent en cause la question de l'application
renforcée de la loi. soit l'interdiction d'exercer la publicité
commerciale, soit l'interdiction d'exposer un enfant à cette même
publicité.
En conclusion, Parker Brothers recommande fortement que les articles 233
et 234 soient remplacés par le Code de la
radio-télédiffusion pour publicité destinée aux
enfants.
Alors, M. le Président, Mme le ministre, mesdames et messieurs de
cette commission, nous vous remercions de l'attention que vous avez
apportée au mémoire de Parker Brothers.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Legris.
Mme le ministre.
Mme Payette: Comme nous avons entendu longuement les
prédécesseurs qui ont exprimé sensiblement les mêmes
points de vue, je prends bonne note de votre mémoire et je n'aurai, pour
l'instant, qu'une seule question à vous poser. Pourriez-vous m'indiquer
quelles sont les spécialités de Parker Brothers dans le domaine
du jouet?
M. Legris: Certainement. A l'appendice "A", on vous donne une
liste de nos produits: Jeux de
société généraux et jeux de mots, de
stratégie et jeux éducatif; jeux de cartes; jeux pour enfants;
également pâte à modeler Play-Doh; les jouets "Nerf",
jouets genre éponge; jeux de patience; peinture par numéros
Parker Brothers fabrique la peinture par numéros Craft Master
et des jeux de construction dont Meccano et Riviton; Dinky, des jouets
en métal, petites autos, petits camions en métal, et nous avons
également une variété de jouets préscolaires: la
série Tomy, jouets et jeux préscolaires; des "ride-on", jouets
sur lesquels les enfants embarquent comme sur des petits bicyles ou ce genre de
choses, des petites voitures; jeux pour familles, automobiles miniatures,
trains électriques Lionel, trains et accessoires pour trains, maquettes
à monter en plastique et maquettes... Pardon?
M. Bisaillon: Des jeux pour les parents.
M. Legris: Cela peut être pour la famille, je pense. C'est
la variété des produits de Parker Brothers.
Mme Payette: Voulez-vous corriger une impression que j'ai s'il y
a lieu de la corriger?
M. Legris: Oui, très bien.
Mme Payette: Comme je suis, en plus des fonctions que j'occupe,
mère de trois enfants qui ont été jeunes, est-ce que
j'aurais raison de penser qu'à une époque, il était
impossible de trouver ce que vous appelez les jeux de société,
les jeux qui nécessitaient ce grand carton sur lequel on
déplaçait des pions et tout cela, est-ce que je serais
justifié de penser que c'était introuvable en français il
y a quelques années?
M. Legris: Vous avez parfaitement raison et la compagnie Parker
Brothers a réalisé qu'il y avait un marché qui existait
dans la province de Québec et, pour votre information, tous les jeux de
la compagnie Parker Brothers se soumettent à la loi 101.
Mme Payette: C'est récent.
M. Legris: Non, depuis plusieurs années. Peut-être
que M. Robertson pourrait me dire depuis combien d'années on a des jeux
en français. Depuis seize ans, nous fabriquons des jeux en
français. Naturellement, la variété est beaucoup plus
vaste aujourd'hui.
Mme Payette: Je viens de prendre conscience que mes enfants ont
vieilli beaucoup.
M. Lalonde: Cela donne un coup de vieux.
M. Legris: Pour votre information, le volume de la compagnie
Parker Brothers au Québec, en comparaison avec le volume national, est
de 32%. Pour nous, la province de Québec est un très bon
marché.
Mme Payette: Merci, monsieur.
Une Voix: Est-ce qu'il y a de la fabrication qui se fait au
Québec?
M. Legris: Non, il n'y a pas de fabrication au Québec.
Le Président (M. Dussaut): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je m'excuse, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Actuellement, est-ce qu'il y a, à la
télévision, des annonces qui sont destinées aux enfants en
bas de sept ans?
M. Legris: En bas de sept ans? Oui, monsieur. M.
Saint-Germain: II y en a actuellement.
M. Legris: Parce que nous avons des jouets et jeux dans la
catégorie appelée préscolaire.
M. Saint-Germain: Alors, le Conseil des normes de la
publicité n'interdit pas les annonces ou la publicité faite aux
enfants de moins de sept ans.
M. Legris: C'est-à-dire que, selon l'article 233, il ne
nous sera pas permis...
M. Saint-Germain: Non, je parle d'actuellement. Vous mentionnez,
dans votre mémoire, qu'actuellement le Conseil des normes de la
publicité, Advertising Standards Council, a des normes.
M. Legris: Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces normes permettent aux
manufacturiers ou aux marchands de faire de l'annonce ou de la publicité
destinée aux enfants en bas de sept ans?
M. Legris: Je vais consulter M. Robertson.
M. Robertson (Stewart): In English? We are permitted to
advertise, but not in school-day morning hours. In others words, from nine
o'clock till noon, you may not present an advertisement for a product which is
designed for a child of preschool age and that is the restriction. Apart from
that, the content of the advertising, as it has been said before, is very
strictly controlled and pre-cleared by the Advertising Standards Council and
the media themselves and must obtain a registration number from the Canadian
Radio and Television Commission before it can be put on the air. It is a
subject to the station's licence.
M. Saint-Germain: There is the Advertising Standards Council and
there is the broadcasting code for advertising to children. These are two
different codes.
M. Robertson: The council administers the code.
M. Saint-Germain: I see. That is all. Thank you.
Le Président (M. Saint-Germain): M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, dans ce mémoire, il y a
quelques paragraphes qui m'ont plu. Ces gens-là font la recommandation
que le ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières modifie les articles 233 et 234, qu'on se conforme aux
normes des annonceurs. Je trouve cela tout à fait justifié.
Egalement, à la page 5, lorsqu'on dit que si on enlève la
publicité, on la diminue, il y aura moins de choix et moins de
comparaison pour le consommateur, c'est tout à fait vrai, moins
d'intérêt à améliorer le produit également,
je trouve ça très justifié, moins de concurrence pour les
prix, là, ça va. Egalement, vous appuyez énormément
sur le fait que ce projet de loi va très loin, qu'il sera très
difficile de le mettre en application, parce que lorsqu'on parle de
publicité, on peut aller vous le soulignez, comme vos
prédécesseurs jusqu'au catalogue des magasins comme Eaton,
Cardinal, Distribution aux consommateurs, que les parents vont apporter
à la maison, naturellement, il va traîner sur la table. Cela veut
dire que le projet de loi peut aller jusque-là.
Dans les journaux, même si c'est le père qui achète,
quel que soit le quotidien ou l'hebdo, il ne pourra pas y avoir de
publicité là-dedans. Une chose qui m'a frappé et à
laquelle je n'avais pas pensé, les expositions, démonstrations de
produits dans les magasins. Cela voudrait dire qu'on n'aurait plus le droit
d'avoir notre fameux Père Noël, avec le royaume des jouets, des
choses comme ça. Si vous l'interprétez comme ça...
M. Legris: Exactement.
M. Goulet: ... cela veut dire, d'après vous, que la loi
irait jusque-là.
M. Legris: Exactement. C'est-à-dire que selon
l'interprétation de l'article 234, il n'y a pas de limite, alors on se
demande à quel endroit vont être les barrières.
M. Goulet: J'aimerais que Mme le ministre puisse vous
répondre sur ce point précis, si c'est possible. J'avais
étudié le projet de loi, mais j'avais vu surtout la
télévision, peut-être les journaux, mais vous ajoutez deux
éléments importants, la publicité dans les centres
commerciaux, les vitrines. A ce moment-là...
M. Legris: Les démonstrations en magasin...
M. Goulet: Est-ce qu'on devra fermer les portes, exiger une carte
d'identité pour chaque personne qui va... comme on fait dans un bar
où il y a un permis de boisson, est-ce que cela peut aller
jusque-là? Personnellement, je ne l'ai pas vu comme ça.
J'aimerais que du côté ministériel, on nous fasse savoir la
pensée du ministre là-dessus.
Mme Payette: M. le Président, je répondrai
volontiers au député de Bellechasse en lui disant que, de nos
jours, il n'y a que les parents qui croient au Père Noël, c'est
bien connu que les enfants n'y croient plus. Nous avons pris l'engagement de
déposer à la commission parlementaire, avant l'étude
article par article, un projet de réglementation. Je pense que c'est
à partir de cette réglementation qu'on pourra voir comment nous
appliquons les articles 233 et 234. Cela me paraît
prématuré d'en discuter aujourd'hui.
M. Goulet: C'est pour cette raison qu'avant l'étude
article par article, il serait bon d'avoir la réglementation, surtout
sur...
Mme Payette: C'est un engagement que nous avons pris depuis au
moins dix jours déjà, dont vous êtes informé. Il ne
peut être question d'une réglementation, c'est un projet de
réglementation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Pour faire suite à
ce que vient de dire le ministre au sujet du projet de réglementation,
on sait que les règlements peuvent être changés sans que
l'Assemblée nationale en soit saisie. Il y a large place pour le pouvoir
de réglementation. D'ailleurs, nous l'avons dit en deuxième
lecture. Je suis bien d'accord qu'on nous présente un projet de
réglementation. Quant à moi, ça ne me donne pas
satisfaction, il faudrait que la loi soit plus précise qu'elle ne l'est
maintenant. Parce que l'article 233 ne laisse aucune place à aucune
forme de publicité pour les enfants de moins de 13 ans, aucune forme,
même la publicité éducative.
Mme Payette: Monsieur... M. Roy: Même là.
Mme Payette: ... je diffère d'opinion, M. le
député, puisqu'il s'agit de publicité commerciale
destinée aux enfants.
M. Roy: La publicité commerciale, si on relit les articles
233 et 234, de façon très claire, il est bien dit que le mot
"éducatif" peut être interprété et le mot
"commercial" aussi. Il y a une large place pour l'interprétation des
deux termes.
Mme Payette: M. le Président...
M. Roy: De toute façon, ce n'est pas assez précis,
nous reviendrons là-dessus.
Mme Payette: ... je ne voudrais pas qu'on commence aujourd'hui
l'étude article par article.
M. Roy: Non, mais je tenais quand même à le
dire.
Dans votre mémoire, vous nous dites: "A notre avis, les sections
233 et 234 présument qu'un enfant âgé de moins de 13 ans
peut être
isolé de sa famille, de ses amis", c'est sérieux, "et
d'autres influences extérieures ". J'aimerais que vous nous donniez un
peu plus de précision là-dessus et que vous explicitiez votre
pensée. En somme, je trouve qu'on a employé un grand mot. (12 h
30)
M. Legris: Non, ce qu'on veut dire, le point qu'on voulait
soulever, c'est que si ce n'est pas permis de faire de la publicité aux
enfants de treize ans et moins et si c'est permis d'en faire à des
enfants un peu plus âgés, comment voulez-vous...? Est-ce que vous
allez isoler l'enfant? De quelle façon, en pratique, allez-vous
appliquer cette réglementation?
M. Roy: C'est dans ce sens que mon collègue, le
député de Bellechasse, a parlé de cartes
d'identité.
M. Legris: D'accord.
M. Roy: Quand même, je pense qu'il ne faut pas charrier non
plus.
A la page 3 de votre mémoire, vous dites, à la toute fin
du dernier article: "La pression exercée sur les parents par les
demandes des enfants ne diminuera pas." En somme, je trouve que, par cet
article, par cette phrase, vous détruisez tout votre mémoire.
M. Legris: Pas tout à fait.
M. Roy: Si la pression des enfants sur les parents ne diminue
pas, je me demande, à ce moment-là, pourquoi tant d'argent a
été consacré à la publicité. Je pense que la
publicité qui est faite aux enfants, c'est évidemment pour
tâcher d'inciter les enfants à faire pression sur les parents.
Vous dites que la pression ne diminuera pas. Pourquoi faire de la
publicité?
M. Legris: Je vais vous donner un exemple pratique. Si on
interdit les messages à la télévision, les manufacturiers
des jouets vont continuer quand même à vendre des jouets. Cela va
sûrement affecter le volume, mais si mon enfant va chez vous et que votre
enfant joue avec un certain jeu ou jouet, cela n'empêche pas que mon
enfant peut revenir chez nous et faire des pressions pour avoir ce jouet. C'est
cela qu'on veut expliquer.
M. Roy: C'est cela que vous avez voulu dire? M. Legris:
Exactement. M. Roy: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: Je ne voudrais pas que vous dévoiliez vos
chiffres d'affaires ou quoi que ce soit...
M. Legris: C'est bien.
M. Lefebvre: ... mais quel est le pourcentage de publicité
dans votre coût d'exploitation.
M. Legris: Dans notre coût d'exploitation ou par rapport
aux ventes?
M. Lefebvre: Par rapport aux ventes.
M. Legris: Est-ce que je peux consulter mon collègue?
M. Lefebvre: Oui.
M. Legris: Environ 6%
M. Lefebvre: II y a seulement 6% du coût...
M. Legris: Ou budget total, de notre chiffre d'affaires total,
qui est appliqué à la publicité.
M. Lefebvre: Quel est le pourcentage de cette partie qui est
appliqué à la télévision, par rapport à tout
le reste?
M. Legris: 80% du budget total de la publicité est
dépensé pour la télévision.
M. Lefebvre: Merci.
Le Président (M. Dussault): Mme le député
des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: Vous dites, à la page 5, 3a: "On peut
dire que la participation d'un enfant à la publicité est une
partie de son éducation et, en interdisant ladite participation, on
enlève à l'enfant une partie de sa culture
générale."
Est-ce que vous iriez jusqu'à prétendre que, lorsque
certains postes de télévision empêchent la diffusion de
films pornographiques, on peut nuire à la culture générale
de l'enfant, parce qu'on nuit à son éducation sexuelle? Ou
prenons un exemple un peu moins exagéré, quand on défend
aux enfants de jouer avec les allumettes parce que c'est dangereux, est-ce
qu'on pourrait dire que cela nuit à leur culture, parce qu'ils
n'apprennent pas l'utilisation du feu?
M. Legris: Pas du tout, dans les deux exemples que vous venez de
donner. Mais je pense que les parents sont responsables de l'éducation
de leurs enfants, de même que de leur apprendre à prendre
certaines décisions. Moi, je suis parent et mes enfants voient aussi des
commerciaux à la télévision. Je peux vous dire qu'on
discute. Lorsque mon enfant demande quelque chose qui est jugé, dans le
processus des décisions d'achats, qu'il n'est pas nécessaire que
ce jouet entre dans la maison, ou que ce ne sera pas utile pour elle, on en
discute. Mais je pense que c'est une éducation. C'est bon que l'enfant
soit impliqué dans des décisions, ou connaisse pourquoi on lui
achète ou pourquoi on ne lui achète pas cette chose. Non, tu
n'auras pas cette chose pour la bonne raison que ce n'est pas utile ici. Ou, tu
n'en jouiras pas assez longtemps.
Mme Leblanc-Bantey: Est-ce que, dans l'ensemble, vous pouvez
prétendre que la publicité faite par les fabricants de jouets,
cela fait partie de la bonne publicité?
M. Legris: Oui.
Mme Leblanc-Bantey: Même si on accepte l'exemple de ceux
qui vous ont précédés tout à l'heure,
c'est-à-dire qu'à cause de la guerre du Viêt-nam je
n'ai pas très bien saisi l'exemple on avait, à un moment
donné, interdit la publicité sur les jouets-fusils...
M. Legris: Oui.
Mme Leblanc-Bantey:... et que c'était dramatique, parce
que cela avait diminué la consommation des jouets-fusils. A votre avis,
cela faisait partie de la bonne publicité et...
M. Legris: Non, pas l'exemple que vous donnez,
c'est-à-dire que je suis parfaitement d'accord avec le fait qu'en ce qui
concerne la violence ou les armes, je pense que cela ne doit pas être une
chose qui doit être montrée ou bonne pour les enfants en
général.
Mme Leblanc-Bantey: Autrement dit, puisqu'on ne
légifère pas spécifiquement pour votre compagnie, mais
pour tous les fabricants de jouets, il faudrait d'emblée se fier
à la bonne foi et au discernement que les fabricants de jouets peuvent
impliquer dans leur publicité quant à la culture
générale de l'enfant?
M. Legris: C'est-à-dire qu'il faut que vous preniez en
considération que les fabricants de jouets, avant de mettre un
commercial en ondes, doivent le faire voir par différents
comités, dont le comité permanent sur les émissions de
radio, télévision et films, et d'autres organismes aussi. Il y a
un code d'éthique qui existe, cette chose ici, le code de la
publicité radiotélévisée destinée aux
enfants. Ceci est amendé, cela fait depuis 1968 que cela existe. Cela a
été amendé. Il y a eu des rectifications de faites. Les
manufacturiers de jouets sont conscients que, peut-être,
éventuellement, il y aura d'autres rectifications à faire.
Mme Leblanc-Bantey: Cela va, M. le Président.
M. Saint-Germain: Dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Saint-Germain: Une dernière...
M. Lalonde: J'aurais seulement une question.
Le Président (M. Dussault): Votre confrère voudrait
aussi prendre la parole.
M. Saint-Germain: Excusez-moi.
Le Président (M. Lalonde): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux simplement m'attarder une minute au
paragraphe 4, à la page 5, où vous faites état d'une
interprétation ouverte. Naturellement, les règlements, on ne les
a pas encore. C'est assez difficile de voir si vous spéculez ou si vous
êtes dans le mille. Est-ce que, même en oubliant le Père
Noël... En parlant du Père Noël, je suis d'accord avec Mme le
ministre pour dire que ce sont surtout...
M. Legris: Les adultes.
M. Lalonde: ... les adultes qui y croient; on fête
aujourd'hui le deuxième anniversaire d'un événement qui le
prouve. Je voudrais savoir si, au fond, ce que vous faites au paragraphe 4,
c'est que vous prétendez que ces événements
décrits, les faits décrits dans les paragraphes a) à f)
devraient être exclus de l'interdiction. C'est ce que je comprends.
M. Legris: Exactement.
M. Lalonde: Vous croyez que...
M. Legris: Ce qu'on aimerait connaître, ce sont les
détails précis sur l'interprétation de l'article 234.
M. Lalonde: D'accord, mais, en particulier, vous voudriez que les
expositions, les démonstrations de produits dans les magasins
contiennent de la publicité destinée aux enfants de moins de
treize ans.
M. Legris: Exactement, et également la
télévision.
M. Lalonde: Oui, mais dans quelle mesure acceptez-vous l'article
233 qui est déjà accepté? C'est le principe qui a
déjà été adopté par l'Assemblée
nationale. Dans les modalités, vous demandez des exceptions.
M. Legris: Oui.
M. Lalonde: Vous ne demandez pas une exception
générale?
M. Legris: C'est ce qu'on allait souhaiter.
M. Lalonde: Je comprends que vous le souhaitiez.
M. Legris: Oui.
M. Lalonde: Je ne vous en fais pas reproche. Vous êtes en
affaires, mais, pour nous autres, ce n'est pas la même
responsabilité.
M. Legris: Non, d'accord.
M. Lalonde: Etant donné que le principe de l'interdiction
est adopté, la raison pour laquelle on est ici, c'est pour voir dans
quelle mesure les modalités doivent être précisées
et quelles sont les exceptions qui seraient souhaitables.
M. Legris: D'accord. Il y aurait peut-être une liste plus
longe à faire dans le nombre d'exceptions. Nous parlons au nom de Parker
Brothers. Peut-être que d'autres manufacturiers ici voient d'autres
choses qu'ils aimeraient voir comme exceptions, si vous voulez.
M. Lalonde: Oui, parce qu'il y a toute une série de
possibilités. Il y a des exceptions indispensables, comme la
souveraineté. Il y a les exceptions éminemment souhaitables,
comme l'association et il y en a même qui sont faisables. Pourriez-vous
nous donner les exceptions que vous pensez importantes? Est-ce que ce sont
celles qui sont contenues au paragraphe 4? Il y en a qui sont faisables. Le
Canada aussi est faisable.
Une Voix: Us ont essayé et ils n'ont pas été
capables.
M. Legris: Je pense que les paragraphes de a) à f) sont
tous importants pour nous.
M. Lalonde: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ma question va dans le même sens que
celle posée par le député de Marguerite-Bourgeoys, alors,
je vais m'exempter.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Il n'y a pas
d'autres intervenants?
Mme Payette: Merci beaucoup, messieurs, d'avoir accepté de
venir devant cette commission aujourd'hui.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de votre
témoignage, au nom de la commission. J'appelle maintenant le groupe
suivant, Mattel Canada, Inc. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de
vous identifier.
Mattel Canada Inc.
M. Dorion: Bonjour! Mon nom est Conrad Dorion. Je suis directeur
régional pour le Québec et l'Est de l'Ontario pour Mattel Canada
Inc.
Le Président (M. Dussault): Je ne vous invite pas à
la brièveté, puisque votre mémoire parle en ce sens.
M. Dorion: M. le Président, Mme le ministre, mesdames et
messieurs les membres de la commission parlementaire, mesdames et messieurs,
Mattel Canada Inc. est une firme qui se spécialise dans la fabrication
et la distribution de jouets de toutes sortes, allant de la poupée aux
pistes de courses, aussi bien qu'aux jeux électroniques. Tout d'abord,
je désire exprimer l'appréciation de Mattel Canada Inc. pour
l'occasion que lui offre la commission parlementaire de venir exprimer ici son
point de vue au sujet des articles 233 et 234 du projet de loi no 72.
Nous sommes convaincus que l'abolition de la publicité
destinée aux enfants sera économiquement désastreuse pour
l'industrie du jouet, et cela, à tous les niveaux. Les manufacturiers et
les détaillants verront leur chiffre d'affaires diminuer
considérablement, ce qui aura pour effet d'ajouter au nombre
déjà impressionnant de chômeurs.
Présentement, lorsqu'un manufacturier décide de lancer un
nouveau jouet, il doit décider si le jouet en question sera
annoncé ou non. Le coût de revient à l'unité d'un
jouet donné sera beaucoup plus élevé si le jouet en
question n'est pas annoncé, et voici pourquoi: Si un fabricant
décide de ne pas annoncer ce jouet à la télévision,
il en fabriquera entre 10 000 et 15 000. Si, par contre, ce même
fabricant décide, au contraire, de mettre sur pied une campagne
publicitaire, il en fabriquera entre 50 000 et 75 000. L'investissement requis
pour les moules et l'outillage qui servent à la fabrication d'un jouet
se chiffre à plusieurs milliers de dollars et l'amortissement de ces
coûts sur l'ensemble de la production déterminera le prix de
revient de chaque jouet. La différence peut varier entre 25% et 40%,
dépendant du nombre de jouets fabriqués. Il faut aussi noter que
le fabricant se contentera d'une marge de profit plus faible si la
publicité lui permet d'augmenter son volume de ventes. Sans
publicité, le consommateur devra payer plus cher pour ce jouet, car nos
coûts de publicité ne représentent que 5% du volume total
de nos ventes.
Plusieurs centaines de petits détaillants seront aussi
très affectés par cette loi. La publicité de jouets
à la télévision contribue, pour une large part, à
amener l'eau au moulin. Sans cette publicité, l'achalandage de ces
petits commerces se détériorera. Nous savons tous que la
situation financière d'un grand nombre de ces petits commerçants
est déjà très précaire. Alors, pour ces derniers,
ce serait désastreux. Le petit marchand, dont le volume de ventes aura
diminué, devra passer ses commandes à un grossiste, car il sera
dans l'impossibilité d'acheter des quantités suffisantes pour
négocier directement avec le fabricant. Résultat: son prix de
revient augmentera de 10% à 15% et il lui sera impossible de
concurrencer les grands du commerce au détail.
Notons que si les fabricants de jouets doivent annoncer les jouets
à des heures où il y a très peu de temps d'antenne de
disponible, les coûts publicitaires augmenteront considérablement
et influeront nécessairement sur les prix au détail. (12 h
45)
Finalement, le consommateur devra payer la note. Il est prouvé
que la publicité à la télévision dans l'industrie
du jouet fait baisser le prix de détail, car elle engendre une
très forte concurrence
entre les marchands. Afin d'attirer le plus grand nombre de clients
possible dans leurs établissements, les détaillants offrent
à leur clientèle une gamme de jouets déjà connus du
public, grâce à la télévision, à des prix
intéressants. Cela permet au consommateur averti de se procurer des
produits à des prix abordables.
Il va sans dire que ce très court mémoire se veut un
complément à celui qu'a présenté notre association
et que nous appuyons fortement les vues de cette dernière.
Je termine sur ce et espère que ce court résumé
peut faire mieux comprendre la situation où tous se trouveraient si une
telle loi était promulguée.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Dorion.
Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'ai très peu de
questions, forcément, parce que j'ai compris que tous les
mémoires concernant les articles 233 et 234 reprennent essentiellement
la même argumentation.
Encore une fois, je pense que vous passez juste à
côté de la question et que vous donnez l'impression, dans votre
première partie de mémoire, en tout cas, que notre intention est
de supprimer toute publicité concernant les jouets. Je crois que c'est
une erreur fondamentale, dans la mesure où ce que nous souhaitons, c'est
tout simplement que la publicité vise le bon public, c'est-à-dire
celui qui doit assumer le choix du bien à acheter, donc, les parents, en
l'occurrence. Jusqu'à maintenant, ni l'association, ni le groupe qui
vous a précédés, ni vous-mêmes, ne m'avez fait la
démonstration que ce changement de cible, pour ce qui concerne le public
à viser, implique toutes les catastrophes auxquelles vous faites
allusion dans vos différents mémoires.
Je pense que je n'ai pas de question. Les questions ont
été posées. Je m'excuse de ne pas en avoir d'autres, de ne
pas avoir assez d'imagination pour vous suivre dans les dédales des
catastrophes, mais s'il y avait eu du nouveau dans votre mémoire, il
m'aurait fait plaisir de vous interroger. Je dois vous dire que je suis
dépourvue de questions, ce qui est rare chez moi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Oui, M. le Président. Certains
manufacturiers ou distributeurs de jouets semblent voir, dans les articles 233
et 234, en pratique, enfin, une défense complète d'annoncer leurs
produits.
Il ne faut pas trop en être surpris, car, comme nous n'avons pas,
à ce stade-ci, la réglementation, si on va comme on l'a fait
précédemment, à l'extrême, ça peut enfin
avoir ce résultat. Que voulez-vous? Il faut vivre avec ça. Le
gouvernement semble disposé à attacher de plus en plus
d'importance à la réglementation et, comme législateurs,
et comme vous, nous avons devant nous un texte et ce texte peut être
interprété de la façon qu'on le veut bien. Autrement dit,
on ne sait pas tout à fait où on va en ce moment.
Cela dit, vous donnez des chiffres assez précis. Vous parlez d'un
coût de 25% à 40% du coût de la production qui va pour
amortir les moules et l'outillage requis pour fabriquer un jouet particulier.
Il me semble évident aussi, d'après les mémoires
antérieurs et le vôtre qu'il y a simplement une gamme
déterminée de jouets qui est annoncée chez un
manufacturier. Pourriez-vous nous donner...
M. Dorion: II est exact qu'il n'y a qu'une gamme établie
de jouets qui sont annoncés, mais il faut noter que la plupart des
jouets qui sont annoncés sont suivis... Il y a une continuité.
Par exemple, on peut avoir dans une catégorie une dizaine d'articles et
on va décider d'annoncer un ou deux des principaux jouets de cette
catégorie. Cette publicité va mousser des ventes pour les dix
autres articles de cette même catégorie.
Cela n'affectera donc pas nécessairement seulement les articles
qui sont annoncés, mais aussi tous les autres articles qui
dépendent de ceux-là.
M. Saint-Germain: Vous avez là un élément
nouveau. On s'aperçoit aussi qu'unanimement, à ce stade-ci de nos
travaux, les manufacturiers, comme les commerçants craignent une baisse
énorme de leurs ventes. Espérons qu'avec la publication des
règlements, il pourra en être autrement.
Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Ce sera très court, M. le Président. Je
vous remercie. M. Dorion, vous faites allusion, à plusieurs endroits
dans votre mémoire, à des désastres. Personnellement, je
me pose également des questions. Nous n'avons pas tous les chiffres.
Vous semblez également interpréter l'article 233 de façon
que votre compagnie ne puisse plus faire de publicité. Personnellement,
je ne l'interprète pas comme ça. Je peux vous dire que, lorsque
nous étudierons cet article ici, en commission parlementaire, nous
ferons en sorte que les règlements soient assez explicites
là-dessus pour vous permettre de faire une publicité, mais
peut-être pas de la façon que vous aimeriez bien la faire,
simplement qu'elle soit destinée aux parents plutôt qu'aux
enfants. Sur vos 5%, c'est peut-être comme le groupe qui vous a
précédé, sur vos 5%, quel pourcentage peut aller
directement à la publicité télévisée? Est-ce
environ 80% vous aussi?
M. Dorion: 80%, non. Ce pourcentage est d'à peu
près de 95%.
M. Goulet: 95% à la télévision.
M. Dorion: Exactement.
M. Goulet: Quant à moi, j'aurais raison de croire que cela
toucherait surtout les messages publicitaires à la
télévision. Nous verrons lorsque les règlements seront
déposés, je pense, que l'interprétation qu'on pouvait y
donner tout à l'heure, aller jusque dans les rayons, par exemple, dans
les magasins à succursales, ou les vitrines ou les catalogues, ce n'est
pas tout à fait cela que le projet de loi voulait viser. Quant à
moi, j'espère bien que les règlements nous diront que cela visait
surtout les messages publicitaires télévisés. Tout
à l'heure, cela représentait chez votre concurrent 80%; chez
vous, c'est 95% de votre publicité.
Je pense que c'est surtout cela que le projet de loi voulait viser. Je
vous remercie également de ce mémoire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Combien d'employés la compagnie a-t-elle à
son service dans le domaine de la fabrication et également dans le
domaine de la commercialisation, parce qu'il y en a sûrement qui
travaillent dans ce domaine.
M. Dorion: 200 employés.
M. Roy: Si le projet de loi était adopté tel quel
et tel que vous le concevez, tel que vous le comprenez, cela pourrait affecter
le nombre d'emplois de quel pourcentage?
M. Dorion: Le nombre d'employés au Québec est
seulement de dix, les autres sont à l'extérieur. Cela pourrait
diminuer les forces de vente ici, au Québec, d'environ 50% et cela
pourrait donner un manque à gagner dans nos installations de salles
d'échantillons et bureaux.
M. Roy: A quel endroit vos employés sont-ils puisque vous
dites qu'il n'y en a que dix au Québec? Vous dites qu'ils sont ailleurs
mais où, d'ailleurs?
M. Dorion: A Toronto.
M. Roy: Quelles sont vos recommandations? Vous dites que le
consommateur devra payer la note, que cela va nuire considérablement
à votre industrie, mais quelles sont les recommandations, en somme, que
vous faites au gouvernement, à la commission parlementaire? L'abolition
purement et simplement des articles 233 et 234?
M. Dorion: C'est ce que nous souhaiterions, mais si ce n'est pas
possible, nous aimerions que l'article 234 soit plus explicite, qu'on sache
exactement où on s'en va de façon que nous puissions planifier
pour l'avenir. Avant de mettre sur le marché des jouets, cela demande
des informations et des recherches une année ou deux d'avance. Alors, il
faudrait le savoir le plus tôt possible de façon qu'on puisse
planifier pour l'avenir.
M. Roy: D'accord, je vous remercie.
Mme Payette: M. le Président, peut-être une
information. Nous sommes conscients qu'un projet de loi comme celui-là
ne peut pas être promulgué le jour de son adoption. Nous allons
jusqu'à prévoir, présentement, un an pour mettre en
vigueur les articles du projet de loi et nous sommes conscients que dans le cas
de ceux qui se trouvent ici aujourd'hui, qui sont essentiellement des acheteurs
de temps d'antenne à la télévision, qui ont
déjà, dans certains cas, des contrats auxquels ils sont
liés, il faudra le temps de se préparer à recevoir cette
loi et nous en tiendrons compte dans la promulgation des articles.
M. Dorion: Ce que vous dites est exact, Mme le ministre, parce
que, présentement, au mois d'octobre et au mois de novembre, nous devons
acheter les temps d'antenne pour 1979 si nous désirons avoir du temps
adéquat.
Mme Payette: Je puis vous assurer que nous tiendrons compte de
ces obligations.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, quand vous parlez d'acheter du
temps d'antenne pour 1979, est-ce que je dois comprendre que c'est le temps
d'antenne pour la période qui précède les Fêtes de
1979 que vous devez prévoir maintenant?
M. Dorion: Exactement. Contrairement à d'autres compagnies
de jouets, nous faisons de la publicité à la
télévision presque à longueur d'année. Mais il faut
maintenant, dès maintenant, acheter pour l'année 1979 au
complet.
M. Roy: Au complet. M. Dorion: Au complet. M. Roy:
Merci.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le
député de Viau.
M. Lefebvre: Vous mentionnez, dans votre mémoire, que
seulement 5% du volume des ventes est appliqué à la
publicité; c'est exact? Je vais vous poser une question peut-être
un peu plus directe. Quand vous décidez de mettre un produit sur le
marché, un nouveau produit, quelle est la part allouée à
la publicité?
M. Dorion: On met rarement un produit seul sur le marché.
Chez nous, on fabrique des jouets et des catégories de jouets. Une
catégorie peut comprendre entre 10, 15 ou 20 articles différents.
Alors, naturellement, les 20 articles ne seront pas
annoncés à la télévision. Les articles
principaux le seront, mais notre coût de publicité est toujours
amorti sur l'ensemble de notre chiffre d'affaires, parce que nous
annonçons, en principe, une vingtaine ou une trentaine d'articles
à la télévision et nous vendons environ 200 à 250
articles.
M. Lefebvre: A la page 2, au premier paragraphe, vous dites:
Quand on étudie un nouveau produit, on décide si on en fait la
publicité ou non et c'est de 10 000 à 15 00 ou de 50 000 à
75 000.
M. Dorion: Si on décide de ne pas...
M. Lefebvre: Excusez-moi. Dans cette étude, sûrement
que vous décidez ce que vous allez faire, quel pourcentage vous allez
mettre en publicité sur ce produit.
M. Dorion: On décide, à ce moment-là, quel
est le pourcentage du budget de publicité globale qui peut aller vers
cette catégorie de produits.
M. Lefebvre: Qui représente quel pourcentage du
coût?
M. Dorion: 5%.
M. Lefebvre: 5%, c'est toute votre publicité, pour
l'ensemble de tous vos jouets.
M. Dorion: Exactement.
M. Lefebvre: Ce n'est pas ce que je demande. Je demande
simplement la publicité pour un nouveau produit.
M. Dorion: Nous ne le calculons pas du tout de cette
façon.
M. Lefebvre: D'accord, je vais vous demander votre opinion dans
ce cas. Cela représente, à votre avis, à peu près
combien?
M. Dorion: Je ne l'ai jamais étudié, pour
être franc avec vous.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault).: Mme le ministre.
Mme Payette: Juste une question. Voulez-vous me donner un exemple
d'un jouet qui est mis sur le marché et qui entraîne, par la
suite, l'achat d'autres articles?
M. Dorion: Barbie.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Payette: C'est dommage que vous ne rachetiez pas les produits
quand cela ne sert plus.
M. Roy: Si madame avait encore de jeunes enfants.
Mme Payette: J'ai toujours les "Barbies" cependant.
M. Roy: Vous n'auriez pas posé la question, si vous en
aviez des jeunes.
M. Dorion: Vous savez, madame, si Barbie a été et
est tellement populaire, si Barbie a pu tenir le haut du pavé depuis une
vingtaine d'années, c'est que les enfants jouent
énormément avec Barbie.
Mme Payette: Oui, Barbie, c'est vraiment le "boutte de
toutte".
M. Dorion: Si les parents doivent dépenser de l'argent
pour acheter des jouets, je crois que la meilleure façon de le
dépenser, c'est de le dépenser pour acheter des choses avec
lesquelles les enfants vont jouer. Si les enfants ne jouaient pas avec cette
poupée, elle serait disparue du marché depuis environ quinze ans,
déjà.
Mme Payette: Je peux dire que les enfants les désirent,
que les parents les achètent, mais que les enfants ne jouent pas avec
Barbie.
M. Dorion: Je ne suis pas d'accord.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, monsieur.
M. Lalonde: Suite à ce dernier message publicitaire
destiné aux parents, j'aurais une question. Quelle est la proportion de
temps d'antenne à la télévision que vous louez si
vous pouvez le dire, je ne sais pas si c'est secret, je pense qu'on peut le
calculer, d'ailleurs, en faisant une observation qui est acheté
par votre compagnie à la télévision canadienne et
américaine et, à l'intérieur du Canada, à la
télévision d'Etat, par rapport aux postes priviés?
M. Dorion: Voici. Par rapport à la
télévision américaine, cela peut représenter
environ 10%.
M. Lalonde: Chez les Américains, 10%, et 90% chez les
Canadiens. C'est cela?
M. Dorion: C'est-à-dire que les Américains font 90%
plus de publicité qu'on en fait.
M. Lalonde: Je parle pour Mattel, pour votre compagnie.
M. Dorion: Pour notre compagnie, oui.
M. Lalonde: Alors, vous achetez 90% de votre budget de
télévision, qui est 95% de votre budget de
publicité...
M. Dorion: Oui.
M. Lalonde: 90% de ce budget est payé à des postes
américains?
M. Dorion: Non, 100% de notre budget est payé à des
postes canadiens.
M. Lalonde: Vous n'achetez pas de...?
M. Dorion: On n'achète pas, non. (13 heures)
M. Lalonde: Excusez. J'avais compris que 90%...
M. Dorion: Notre maison-mère, qui est aux Etats-Unis, en
achète, mais pas nous, ici, Mattel Canada.
Le Président (M. Dussault): Brièvement, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: II y a quelque chose qui me chico-te. Vous êtes
en affaires pour faire des affaires, pourquoi, à un moment donné,
décidez-vous de ne pas publiciser un jouet et que vous n'allez en vendre
que 15 000? A un moment donné, vous décidez de l'annoncer et vous
en vendez 60 000. Je ne vois pas pourquoi un certain jouet ne doit pas
être publicisé et que vous vous limitez à 15 000, quand
vous savez, selon vos énoncés, que si vous le publicisez, cela va
être rentable pour vous et que vous allez en vendre 60 000?
M. Dorion: Voici, on fabrique 200 articles. Il est impossible de
publiciser 200 articles. On doit, à un moment donné, faire un
choix, et on doit décider lequel est le plus rentable.
Mme Payette: Je peux peut-être vous donner un
supplément d'information, comme mère de famille ayant
expérimenté les Barbies, en particulier, c'est que cela ne vaut
pas la peine d'annoncer les perruques de Barbie. Une fois que vous avez Barbie,
cela prend des perruques.
M. Goulet: Non, cela ne répond pas du tout à ma
question. S'il n'est pas rentable pour vous, pourquoi le fabriquez-vous?
M. Dorion: Un jouet peut être rentable... M. Goulet:
Sans être annoncé.
M. Dorion: ... sans être annoncé. On va en vendre
seulement 10 000 au lieu d'en vendre 50 000 ou 75 000.
Le Président (M. Dussault): Avons-nous terminé les
interventions sur le mémoire de Mattel?
Nous reviendrons probablement cet après-midi, suite à un
ordre de la Chambre. A ce moment-là, nous entendrons les gens de Coleco
(Canada) Limitée. Entre-temps, la commission ajourne ses travaux sine
die.
Fin de la séance à 13 h 2
Reprise de la séance à 16 h 41
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Puisque nous avons quorum, nous allons pouvoir reprendre les travaux de
la commission.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, Mme le
ministre, à titre de président, j'ai quelques remarques
préliminaires à faire. Nous reprenons donc nos travaux de la
commission parlementaire élue permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières, ayant le mandat
d'entendre les mémoires soumis après la deuxième lecture
sur le projet de loi no 72, Loi sur la protection du consommateur.
Sont membres de cette commission: M. Beau-séjour (Iberville), M.
Bisaillon (Saint-Marie), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme
Payette (Dorion), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Pourraient aussi intervenir aux travaux de cette commission: M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Gagnon (Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), Mme Leblanc
(Iles-de-la-Madeleine), M. Perron (Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
J'inviterais immédiatement les représentants de
Coléco Canada Limitée à venir se faire entendre. Oui,
madame?
Mme Payette: M. le Président, je voulais seulement,
à ce moment-ci de nos travaux, solliciter le consentement des membres de
la commission pour que je puisse leur présenter le document auquel je
faisais allusion ce matin. Il s'agit d'une étude des contradictions
entre les positions des détaillants et des fabricants de jouets, de ceux
qui préconisent la publicité aux enfants, et des associations de
consommateurs, de parents qui, eux, souhaitent la disparition de la
publicité adressée aux enfants. C'est un document qui a
été préparé par le service de recherche de l'Office
de la protection du consommateur.
M. Saint-Germain: Seulement un mot, M. le Président. Je
tiens à remercier Mme le ministre pour ce document. Je ne sais pas si ce
document a été mis à la disposition de ceux qui sont venus
aujourd'hui déposer leur mémoire. Je sais bien qu'il aurait
peut-être été positif d'avoir les commentaires de ces gens
sur ce qu'on dit dans ce document. De toute façon, mieux vaut tard que
jamais. Il nous sera certainement utile pour les discussions à
venir.
Le Président (M. Dussault): Je demande aux
représentants de Coleco Canada de se présenter et de
présenter leurs collègues.
Coleco Canada Ltée
M. Clarke (Brian): Merci. M. le Président, Mme le ministre
et MM. les membres de la commission, j'aimerais vous présenter les
membres de notre délégation.
M. Pierre Foucault, représentant des métallos du
Québec; M. Stanley Gadzinsky, président de notre syndicat; M.
Georges Dussault, notre directeur de la fabrication; M. Jean-Paul Taillebois,
notre directeur des ventes; Mme Odette Hamel-Clarke, mon épouse, et
moi-même, Brian ClarKe, je suis le président de Coléco
(Canada) Ltée.
Le Président (M. Dussault): M. Clarke, étant
donné je le constate le nombre assez considérable
de pages à votre mémoire, je vous prierais, s'il vous
plaît, d'essayer de résumer le plus possible. (16 h 45)
M. Clarke: Oui...
Le Président (M. Dussault): Je vous laisse la parole.
M. Clarke: Nous avons l'intention de traiter seulement les sujets
qui sont nouveaux ou les arguments nouveaux, peut-être l'information, ce
qui est nouveau aussi.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie.
M. Clarke: Vu l'importance majeure et vitale qu'aura ce projet de
loi pour notre compagnie, ma présence devant cette commission a pris
préséance sur toute autre obligation de ma part.
Moi, je suis un Québécois d'adoption. J'ai
déménagé ici de Toronto il y a dix ans. Coléco, il
y a dix ans, a fait des ventes de $3 millions et nous employions 75 personnes.
Maintenant, on a un chiffre d'affaires de presque $30 millions et on emploie
entre 500 et 700 personnes à Saint-Henri, au Québec.
J'ai un peu d'expérience dans l'industrie du jouet. Mon
expérience a commencé au moment où je suis né. Le
vieux gentilhomme irlandais que vous avez rencontré ce matin, avec
l'Association des manufacturiers de jouets, M. Clarke, est mon père. Il
a maintenant 70 ans et il a travaillé pendant 40 ans comme acheteur de
jouets pour la compagnie Eaton à Toronto.
J'ai commencé très tôt à être en
contact avec les jouets.
J'ai commencé très tôt à être en
contact avec les jouets. C'est un peu une affaire de famille, parce que...
Très rapidement, la raison pour laquelle mon épouse est ici
aujourd'hui, premièrement, c'est parce qu'elle a participé
à la composition de ce mémoire. Deuxièmement, elle est
plus compétente dans la langue de Molière que moi et,
troisièmement, elle est beaucoup plus jolie que moi et nous savons tous
qui est le vrai patron.
Mme Payette: ... où je suis, j'aurais peut-être une
opinion différente.
M. Clarke: Plusieurs de nos arguments ont déjà
été présentés par mes collègues ce matin.
Notre mémoire est très long, comme vous l'avez observé,
mais il y a des pages et des choses qu'on veut lire et je vais maintenant
demander à mon épouse de commencer la lecture de ce
mémoire.
Merci.
Mme Hamel-Clarke (Odette): Les conséquences
économiques des articles 233 et 234 du projet de loi 72 sur l'industrie
du jouet au Québec.
Introduction. La publicité étant, sans aucun doute, l'un
des points essentiels pour un marché concurrentiel, il serait difficile,
à cette phase de développement d'un marché dirigé
vers le consommateur, d'envisager des opérations de fabrication et de
distribution en masse qui seraient viables sans le stimulus apporté par
les techniques modernes de publicité.
Prendre une petite section du marché et l'assujettir aux
restrictions totales contenues dans les articles 233 et 234 est
discriminatoire. De telles restrictions mèneront au déclin et
à la diminution de la fabrication de jouets dans la province de
Québec. Les détaillants et les grossistes de jouets subiraient
des conséquences similaires ainsi que toute compagnie qui, par malheur,
s'associerait d'une façon ou d'une autre avec l'industrie du jouet au
Québec.
La plus grande part du marché canadien de jouets, soit 75%, est
située à l'ouest de la frontière Québec-Ontario. La
majorité des besoins de ce marché est desservie par des
manufacturiers onta-riens qui ont un réel avantage en étant
placés sur ou près des lieux de leur plus grand
marché.
Coléco (Canada) Limitée a, jusqu'à maintenant, pu
contrebalancer le problème des coûts de transport et de
communication ainsi que les inconvénients causés aux acheteurs
par un système de recherche et de développement créateur,
une mise en marché dynamique et une production locale de qualité.
Le plus important manufacturier de jouets et de jeux au Québec,
Coléco, est dépassé dans tout le Canada uniquement par le
groupe Irwin, de Toronto, pour le volume total de ventes.
Nonobstant notre succès considérable, le marché
québécois totalise encore 30% du total de nos ventes canadiennes,
ce qui, en proportion, est supérieur à toute l'industrie du
jouet. Cette différence de 5% est le résultat des coûts de
transport et de communication mentionnés antérieurement, qui nous
avantagent sur le marché québécois. Nous sommes maintenant
devant la position ironique qui ne nous permettra pas une publicité
efficace de nos produits. Les articles 233 et 234, en plus d'accorder à
nos compétiteurs hors province un avantage proportionnel du
marché, leur fourniront sans doute l'outil nécessaire pour
l'emporter sur nous. Notre compagnie est établie au Québec depuis
plus de 40 ans. En dépit des problèmes géographiques
imposés, nous sommes aujourd'hui le deuxième fabricant en
importance de jouets au Canada. Nous voulons maintenir et améliorer
cette position, mais comment cela nous
serait-il possible sans l'appui de notre gouvernement
québécois? Il a été investi $1 million en 1977 et
en 1978 à notre usine de Montréal. Nous avions anticipé et
même planifié des expansions importantes au cours des cinq
prochaines années. Si, toutefois, nous et les détaillants de nos
produits étions empêchés de faire de la publicité au
Québec, nous ne pourrions que prévoir une réduction de nos
investissements et de la main-d'oeuvre qui s'y rattacherait au lieu de
permettre l'expansion que nous avions espérée. Les
conséquences économiques d'une telle législation sont
très sérieuses pour Coléco, nos employés et toutes
les compagnies de la province de Québec avec lesquels nous faisons
affaires. De plus, elles n'apporteront rien pour rehausser la réputation
du Québec comme étant un endroit propice pour établir une
entreprise. Ce sont ces conséquences que nous aimerions maintenant
porter à votre attention.
Alternative de publicité aux enfants. Des porte-parole du
gouvernement nous ont assuré à plusieurs reprises que leur
intention n'est pas d'interdire la publicité, mais simplement celle
destinée aux enfants. Cette approche simple du problème est
trompeuse puisqu'elle ne contribue en rien à sa solution. Puisque la
publicité à la télévision est le plus important
point de litige, nous insisterons principalement sur ce sujet.
Premièrement, l'article 234 du projet de loi suggère que ni
l'heure à laquelle la publicité sera montrée, ni le moyen
par lequel elle sera utilisée, ni le fait que rémission ou la
revue soit destinée aux personnes de plus de treize ans seront exempts
de censure.
Une bonne publicité nécessite des investissements
substantiels pour la réalisation de films ou autres genres d'annonces,
avant que celles-ci soient présentées au public. Comment
pouvons-nous justifier de pareils investissements dans une telle incertitude?
Lorsque nous présentons un message publicitaire aux enfants, nous sommes
certains de rejoindre, en général, un public
intéressé par nos produits. Si toutefois, nous utilisons des
heures d'écoute de télévision réservées aux
adultes, nous atteindrions une majorité de téléspectateurs
qui ne seraient pas intéressés, à cause de leur
non-implication avec les enfants.
Après tout, nous produisons une marchandise qui a
été conçue et destinée à éveiller
l'intérêt des enfants et à leur procurer du plaisir.
Lorsque nous changeons les annonces publicitaires pour qu'elles
intéressent les adultes, nous avons l'air ridicule. Cette approche a
déjà été expérimentée par des
compagnies de jouets, mais la plupart l'ayant essayé, ont trouvé
cela très coûteux et improductif.
Il y a, de plus, les frais occasionnés par la production de ces
messages publicitaires pour desservir seulement le marché
québécois. Ceux-ci coûteraient probablement entre $25 000
et $35 000 chacun. Mais l'industrie du jouet ne bénéficie pas
d'une marge suffisante de profits pour se permettre des dépenses de cet
ordre. Nos coûts pour produire, en 1978, ces annonces destinées
aux adultes pour le marché québécois, auraient
été d'environ $200 000, soit autant que le coût de temps de
télévision lui-même.
De plus, il y a le problème qu'il n'existe pas assez de
périodes de publicité disponibles pendant les heures de pointe.
La télévision étant un moyen limité, il est
impossible d'allonger le temps parce que la demande augmente, contrairement
à la publicité écrite. Il n'existe tout simplement pas
assez de minutes disponibles aux heures de pointe pour remplacer le temps de
publicité que nous achetons aux heures consacrées actuellement
aux enfants. De plus, étant des acheteurs saisonniers, nous ne pouvons
espérer obtenir un traitement préférentiel sur les
annonceurs pouvant utiliser la télévision pour de plus longues
périodes de temps. Des requêtes ont déjà
été présentées au ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières du
Québec confirmant ce manque de temps possible en périodes de
pointe.
Même si ces périodes étaient disponibles, elles nous
seraient hors d'atteinte financièrement. Un message publicitaire
français de 30 secondes à Montréal, pendant une
période pour enfants, coûte en moyenne $200. Cette même
annonce en coûterait $800 pendant la période de pointe. Ceci veut
dire que notre budget de $200 000 destiné à notre campagne
publicitaire pour les enfants nous en coûterait $800 000 si elle devait
être dirigée vers les adultes. Ce montant surpasserait notre
budget total de publicité pour tout le Canada.
La publicité saisonnière que l'on est contraint de faire
ne doit pas être confondue avec la publicité d'autres produits qui
ont une courbe de demande assez stable durant toute l'année. 80% de
notre chiffre d'affaires annuel est obtenu, au plus, pendant une période
de trois mois. Notre publicité doit être productive et inspirer
confiance à nos clients qui annonceront dans les journaux pour essayer
de prendre part à la demande du consommateur que nous avons
créée.
La télévision n'est fréquemment qu'une part d'un
plan publicitaire annuel dans les campagnes de publicité qui durent
toute l'année, tandis que pour la publicité saisonnière,
la télévision doit en assumer tout le poids. Nous avons
essayé d'autres modes de publicité, mais ceux-ci se sont
avérés trop inefficaces.
Nous, chez Coleco, devons donc en conclure que l'interdiction de faire
de la publicité aux enfants est synonyme d'interdiction de faire de la
publicité de jouets à tous les téléspectateurs.
Tout changement d'auditeurs nous serait inaccessible, soit par suite de
la nature du produit, du coût de production d'un message publicitaire, de
la disponibilité de périodes à la télévision
pour le message ou du coût de ces périodes si elles devaient
être disponibles.
Impact sur le prix aux consommateurs. Je vais sauter le premier
paragraphe, parce que je crois que cela a déjà été
dit auparavant par les autres personnes.
La marge bénéficiaire sur le prix de détail de
jouets canadiens non annoncés peut varier de 35% à 45% et
même davantage pour les impor-
tations. Cette même marge bénéficiaire pour les
articles dotés d'une grande publicité se place plutôt dans
l'ordre de 0% à 20%. Un exemple à l'appui est la piscine
"Tortue". En 1977, ne l'ayant pas annoncée, nous en avons vendu 18 000.
Le prix de détail moyen était de $14.98. L'an suivant, en 1978,
nous l'avons annoncée à la télévision. Les ventes
ont atteint 60 000 unités et, en dépit de l'augmentation du
coût de production, le prix de détail moyen est descendu à
$10.99.
Un exemple similaire se présente actuellement sur le
marché. Mattel Toys, de Toronto, a introduit en 1977 un jeu de football
électronique se tenant dans la main. Ce jeu coûtait
approximativement $24 et se détaillait $39.95. La compagnie en a vendu
10 000 unités au Canada. En 1978, Coléco, pour lancer un jeu
compétitif appelé "Electronic Quarterback", a
présenté une campagne publicitaire pour les enfants à la
télévision. Le prix de détail est actuellement
inférieur à $24. Le produit coûte $22.95 aux
détaillants. Nous avons, jusqu'à maintenant, des commandes
certaines pour plus de 80 000 articles et Noël est seulement dans huit
semaines.
Cette expérience est commune aux produits
bénéficiant de publicité et ne se limite pas à
l'Amérique du Nord. En France, juste avant Noël 1975, les
prohibitions des annonces de jouets à la télévision ont
été abolies. Les marges de profit brut du marchand, du
commerçant et les prix de détail de jouets ayant
bénéficié d'annonces télévisées sont
descendus subitement et immédiatement de leur niveau
prétélévision. Un jouet très bien établi
depuis des années sur le marché français a
été parmi ceux annoncés à la
télévision en 1975. Sa moyenne de prix s'est alors
abaissée d'environ 40% et son volume de ventes s'est multiplié
par sept.
Ceci est semblable à l'expérience vécue au Canada
lors de la venue, en 1955, de la publicité à la
télévision. Antérieurement à celle-ci, la valeur
ajoutée au prix de détail commençait à près
de 50% pour monter dans les 60%. La télévision créa une
telle demande pour les jouets identifiables qu'ils devinrent alors très
attrayants pour les commerçants désireux de trouver des "Loss
Leaders" avec lesquels ils pourraient attirer les consommateurs à leurs
magasins. (17 heures)
Alors que le nombre de produits avec réclame à la
télévision a augmenté, des pressions considérables
ont été faites pour l'abaissement des prix de tous les jouets.
Cette pression n'a jamais ralenti et, aujourd'hui, la marge moyenne de valeur
ajoutée au prix de détail se rapproche davantage de 30% que des
50% traditionnels d'il y a 20 ans.
En dépit de la réduction du pourcentage de la marge de
profit, les commerces prospèrent, en augmentant leur volume de ventes
et, ce qui est encore plus important, les consommateurs
bénéficient de prix parmi les plus bas au monde pour l'achat de
leurs jouets.
Il est raisonnable de présumer que, si la pression exercée
par la publicité sur le marché du jouet au détail est
retirée, ce marché retournera à l'état de
somnolence qui le caractérisait en1955 et les Québécois
paieront beaucoup plus cher pour leurs jouets qu'ils ne le devraient.
L'impact sur le volume des ventes de jouets annoncés à la
télévision: Nous vivons dans un monde très
sophistiqué...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, Mme
Hamel-Clarke, je constate que vous vous apprêtez à continuer votre
lecture. Vous avez utilisé tout près de quinze minutes
actuellement, et nous avions convenu ce matin d'allouer dix minutes, tout au
plus, quinze minutes par mémoire. Je devrai vous demander de faire
l'effort de résumer plutôt que de faire une lecture continue de
votre mémoire.
Mme Hamel-Clarke: Je dirai que probablement les trois quarts du
reste ont été biffés.
Le Président (M. Dussault): Je vous fais confiance.
Mme Hamel-Clarke: D'accord?
Nous vivons dans un monde très sophistiqué et cela se
reflète sur l'équipement moderne dont nous nous servons et tenons
pour acquis. Il serait assez utopique, dans ces circonstances, de croire que
nos enfants puissent se contenter de jouets simples et primitifs des temps
passés.
Hélas! fabriquer et mettre sur le marché de nouveaux
produits est généralement une expérience très
dispendieuse, laquelle peut être justifiée seulement par la
possibilité de maximiser notre volume de vente de ces produits pour
compenser les coûts d'exploitation. Pour arriver à cette fin, nous
avons besoin de faire autant de publicité que nous dicte notre bon
jugement et que nous permet notre budget.
Si les articles 233 et 234 étaient promulgués, nous
pourrions nous attendre à ce que l'industrie du jouet au Québec
se dessèche et qu'il ne soit plus rentable de développer des
jouets nouveaux et avant-gardistes comme nous l'avons fait dans le
passé. En guise d'exemple, nous avons, comme mentionné
précédemment, très bien réussi avec une
série de jeux portatifs "Electronique". Ces derniers
bénéficient d'une grande popularité dans toute
l'Amérique du Nord et sont différents de tout jeu
déjà existant. Comment pourrions-nous les vendre s'il nous
était impossible d'en faire la démonstration à la
télévision? Les jouets nouveaux et uniques pourraient très
bien passer outre le Québec si nous n'avons pas la permission de les
montrer aux consommateurs de la province.
Dans les présentes conditions, pour un produit dont nous faisons
la publicité, nous comptons vendre 3000 unités au Québec
pour chaque tranche de 10 000 qui sont produites. D'après les articles
233 et 234, nous pourrions peut-être en vendre 300. Dans de telles
circonstances, nous serions dans l'obligation de remettre en question
l'occasion d'offrir le jouet sur le marché québécois.
Notre corporation a un bon esprit civique et est une bonne source de
taxes pour la province.
Toutefois, ces règlements nous mettraient dans la fâcheuse
situation d'être placés dans un endroit qui nous
empêcherait, effectivement, de vendre notre marchandise.
Chose certaine, les niveaux de volume de ventes, dû à une
restriction de la publicité à la télévision,
seraient, dans la majorité des cas, insuffisants pour permettre la
production d'emballages spéciaux qui répondraient aux exigences
de la loi 101.
Chaque boite couleur refaite pour satisfaire les exigences de la loi 101
nous coûte actuellement entre $4000 et $6000. Cet investissement est
justifié par: a) notre désir et intention d'avoir un bon esprit
civique au Québec; b) le volume de marchandise que nous pouvons vendre
sur le marché québécois.
Il nous sera impossible de remplir nos obligations sous a) si l'on nous
refuse le plein essor sous b). Notre seul recours serait alors de retirer
intégralement plusieurs produits du marché
québécois. Si l'Assemblée nationale adopte les articles
233 et 234, elle voudra dire que notre chiffre d'affaires diminuera d'au moins
50% au Québec avec une concomitance dans le déclin de l'emploi.
Nous nous retrouverions dans la situation d'être une compagnie
siégeant au Québec, exploitée par des
Québécois, mais privée de tout appui et de toute
compréhension de notre propre gouvernement. La tragédie de cette
situation doit être apparente, puisque ses conséquences en sont
trop évidentes.
Je vais passer la section V, parce que je crois que cela a
déjà été dit, ainsi que la section VI.
A la page 15, j'aimerais simplement lire le dernier paragraphe ici, qui
est peut-être important.
Coléco emploie présentement plus de 500 personnes à
Montréal en périodes de pointe. Nos premières estimations
indiquent une réduction de 50 à 100 personnes dans seulement
notre compagnie, s'il y a interdiction de publicité aux enfants dans la
province de Québec.
Je passerai les chapitres VIII, IX, X et j'en arrive à la
conclusion, page 22.
Le projet de loi semble suggérer que tout ce qui est
annoncé aux enfants leur est nuisible maintenant et le sera dans
l'avenir. Ceci est évidemment ridicule, car nous pouvons tous penser
à des biens et services que nous aimerions voir annoncer pendant les
émissions réservées aux enfants. Toutes les annonces
publicitaires pour enfants sont faites selon des standards très rigides,
destinés à protéger la sensibilité des jeunes
spectateurs. Les annonces publicitaires qu'un enfant voit pendant ses propres
émissions sont beaucoup plus en harmonie avec son développement
mental que toute autre qu'il verra pendant la journée.
Les avantages et le haut standing de vie qui nous est propre sur ce
continent sont dûs, pour une plus ou moins grande partie, à notre
système de distribution efficace et impressionnant qui, très
souvent, est tenu pour acquis. La publicité est la clé du
succès de tout ce système. Les législateurs des articles
233 et 234 devraient, avant de transformer l'Etat en gardienne nationale
d'enfants, en considérer prudemment les conséquences
économiques.
Autrement, il risque de voir s'écrouler autour de nous tous ce
qu'on a construit.
Merci beaucoup, M. le Président, Mme le ministre et les membres
de la commission.
Le Président (M. Dussault): Mme Hamel-Clarke, je vous
remercie de votre collaboration. Mme le ministre.
Mme Payette: Quant à moi, je veux avoir seulement quelques
questions. J'aimerais, si vous pouvez le retrouver dans votre document, qu'on
revienne à l'exemple de la piscine "Tortue" que vous avez donné.
Est-ce que je pourrais vous demander de me redonner les chiffres de cet exemple
que vous avez choisi? Vous avez parlé d'une production de combien au
moment où il n'y avait pas de publicité? Est-ce que c'est 18
000?
Mme Hamel-Clarke: A la page 7, Mme le ministre?
Mme Payette: Je n'ai pas le numéro de la page sous les
yeux.
Mme Hamel-Clarke: La page 7. Vous voulez savoir le nombre de
jouets qui ont été vendus?
Mme Payette: Oui. J'aimerais, si vous voulez ce doit
être quelques lignes que vous repreniez votre exemple de la
piscine "Tortue", s'il vous plaît.
Mme Hamel-Clarke: D'accord. En 1977, ne l'ayant pas
annoncée, nous en avons vendu 18 000. Le prix de détail moyen
était de $14.98. En 1978, nous l'avons annoncée à la
télévision; les ventes ont atteint 60 000 unités et, en
dépit de l'augmentation du coût de production, le prix de
détail moyen est descendu à $10.99.
Voulez-vous que je continue pour l'autre?
Mme Payette: Non. Je viens de vous entendre répéter
les chiffres. Ma question est la suivante: En quoi un tel exemple, cependant,
fait-il la démonstration que la même publicité, ou
l'équivalent, adressée aux parents n'aurait pas produit le
même résultat?
M. Clarke: Le problème pour faire de la publicité
"contre" les parents...
Mme Payette: Vous avez dit "contre"les parents. Je mets cela sur
le fait que vous n'êtes pas familier avec la langue de
Molière.
M. Clarke:... aux parents. C'est la raison pour laquelle mon
patron est là.
Mme Payette: C'est une erreur fort intéressante.
M. Clarke: Ce sont des raisons que nous avons données plus
tôt. C'est le coût de la produc-
tion commerciale elle-même. C'est le coût des messages
publicitaires.
Mme Payette: Cela, je le comprends bien et je pense que ce n'est
pas nécessaire que vous alliez plus loin dans votre réponse.
C'était à partir de l'exemple donné. Je cherchais à
comprendre. Si vous en aviez eu les moyens et si vous aviez adressé
votre message aux parents, il est possible que vous ayez vendu bien plus que 80
000 unités. Cela aurait pu arriver.
M. Clarke: On peut en vendre plus de 18 000, mais pas le chiffre
que nous avons vendu.
Mme Payette: Je pense que vous en auriez peut-être vendu
plus de 80 000. Mon opinion est basée sur les mêmes études
que les vôtres probablement, c'est-à-dire pas d'étude.
Il y a une autre question que je voudrais vous poser parce que vous avez
vous-même fait allusion au fait que M. Clarke que nous avons entendu plus
tôt aujourd'hui était votre père, que vous avez donc
été dans ce milieu du jouet depuis que vous êtes au monde,
avez-vous dit. Dans le mémoire que vous venez de nous lire, Madame, vous
nous dites que la publicité adressée aux parents, à des
heures où les parents sont les téléspectateurs, ne
rejoindrait pas des personnes qui sont préoccupées par les
enfants et je me souviens que votre père, M. Clarke, nous a dit ce matin
qu'effectivement, il n'avait plus l'âge d'avoir des enfants, donc une
publicité qui s'adresserait à lui ne le touche pas.
Je comprends mal le raisonnement parce qu'il me semble justement que
tous les adultes ont des enfants dans leur vie. J'imagine que votre père
a peut-être des petits-enfants, que n'importe quel adulte a des neveux et
des nièces à qui il faut faire des cadeaux à un certain
moment et je pense que tous les adultes qui voient un message concernant des
jouets sont des adultes susceptibles d'être des consommateurs de jouets.
Aurais-je raison de penser cela?
M. Clarke: Je pense que tous les enfants, certainement, c'est un
marché. Je pense qu'il y a beaucoup d'adultes qui n'ont pas de raison
d'acheter des jouets pour un enfant. Peut-être que les parents actuels
qui ont des enfants veulent acheter un jouet spécial pour Noël,
mais ce ne sont pas tous les oncles ni toute la parenté qui veulent
acheter des jouets pour les enfants. Aussi, on paie pour tous les adultes quand
le cadeau n'est que pour les enfants.
Mme Payette: Juste une dernière question. Vous avez fait
beaucoup d'allusions au coût de production d'un message publicitaire.
Peut-être que Mme Clarke préférerait répondre
à cette question.
Puis-je vous demander où sont produits les messages publicitaires
actuellement? Ils ne sont pas produits au Québec.
Mme Hamel-Clarke: Mon mari pourrait répondre davantage
à cette question.
Mme Payette: Je m'adressais à vous pour ne pas embarrasser
M. Clarke qui peut... Il peut d'ailleurs répondre en anglais s'il le
désire.
Mme Hamel-Clarke: Non. Il s'exprime bien. M. Clarke: Je
fais mon possible et je continue.
Mme Payette: J'apprécie beaucoup que vous fassiez votre
possible, mais je ne veux pas vous donner l'impression qu'on cherche à
vous faire faire des erreurs, ce qui n'est pas le cas.
M. Clarke: Presque toute la publicité qu'on utilise sur le
marché canadien, sur le marché québécois, est faite
aux Etats-Unis, en anglais. On refait à Québec, en
français...
Mme Payette: Vous faites le "voice over " en français.
M. Clarke: Pas seulement cela. C'est presque tout le coût
de faire cela, mais il y a d'autres choses à changer parce que nous
avons des règlements au Canada différents de ceux des Etats-Unis
et aussi, il y a des messages publicitaires qu'on fait au Canada. L'exemple que
j'ai donné, le football électronique, nous en avons fait la
publicité ici. (17 h 15)
Mme Payette: Merci, beaucoup.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je remercie la
compagnie pour cet excellent mémoire. Je crois que c'est un des mieux
rédigés et des mieux conçus que nous ayons eu à
étudier aujourd'hui. Je suis, comme bien des gens, tout à fait
profane en ce qui regarde l'industrie du jouet et ses modalités de
publicité... Je ne parle pas assez fort? ... dans ses modalités
industrielles, dans ses systèmes de distribution et dans ses
systèmes de publicité aussi. Malheureusement, vous savez que,
dès que le gouvernement se met le nez dans une industrie donnée,
il est très difficile, souvent, au niveau de bien des ministères
peut-être en est-il autrement, par exemple, au ministère de
l'Industrie et du Commerce de voir, en fait, ce qui va arriver à
la suite d'une loi dans une industrie comme la vôtre.
Si beaucoup d'industries peuvent être handicapées d'une
façon ou d'une autre par ces deux articles de loi, il y a tout de
même des industries qui font de la publicité pour les enfants ou
qui voudraient en faire, mais leurs consommateurs ne sont pas exclusivement des
enfants. Tandis que dans votre cas en particulier, votre produit même a
comme clientèle exclusive, ou pratiquement exclusive, les enfants.
Lorsqu'on lit l'article 233, il ne faut pas être homme d'affaires
ou commerçant ou avoir une longue expérience pour dire que vous
avez là un inconvénient ou un handicap extrêmement
sérieux. Ceci dit, ce qui me fait craindre un peu et là je
ne défends pas nécessairement ce qui s'est fait dans le
passé c'est une interdiction claire et nette. Dans la
société moderne dans laquelle on vit, est-ce un moyen d'arriver
à ses buts, même pour les législateurs? On a eu aux
Etats-Unis la prohibition, par exemple, et tout le monde en parle encore. Cela
ne semble pas avoir assagi les moeurs aux Etats-Unis. J'aimerais avoir vos
commentaires. En France, en 1975, vous avez bien dit dans votre mémoire
que la publicité aux enfants était prohibée et, si j'ai
bien compris, on l'a modifiée, cette prohibition. On l'a
allégée. Est-ce que vous êtes au courant? Est-ce que vous
avez des documents? Est-ce que vous avez pris connaissance d'études qui
ont fait que le gouvernement français a changé d'opinion sur son
interdiction totale?
M. Clarke: Nous avons pris cette information dans un article qui
a été écrit aux Etats-Unis par un professeur de marketing.
Nous pouvons obtenir, je pense, la documentation que vous voulez sur le
marché français. Si on nous donne un peu de temps pour obtenir
cela, on peut quand même l'obtenir.
M. Saint-Germain: Cela serait bien pratique d'avoir ces documents
dans le contexte actuel. Est-ce qu'il y a, maintenant, des exemples pratiques
dans votre industrie de compagnies il y en a peut-être eu en
France, je ne sais pas puisqu'il y avait une interdiction de faire de la
publicité pour les enfants. Peut-être en France a-t-on
essayé d'atteindre les adultes avec cette publicité pour les
jouets. Est-ce qu'il y a, en France ou ailleurs, au Canada ou dans d'autres
provinces ou aux Etats-Unis, des maisons qui ont essayé de faire de la
publicité pour les jouets en passant exclusivement par les adultes?
M. Clarke: J'essaie de répondre et aussi mon gérant
de vente, M. Taillebois, pourrait ajouter quelque chose. Il y a des compagnies,
même en Amérique du Nord, qui font de la publicité pour les
adultes, efficace et elles fonctionnent bien. Un exemple, Fischer Price qui
fabrique des jouets préscolaires, de bonne qualité, une marque
formidable. Cette fabrique fait de la publicité aux adultes et son
marché augmente chaque année. Mais c'est un produit choisi par
des adultes, acheté par des adultes et c'est un peu différent des
jouets qu'on fabrique chez Coléco.
Je pense à un enfant ma femme connaît mieux ce sujet
qui commence à fréquenter l'école, il commence
à avoir des idées lui-même. Il veut quelque chose, il veut
des jouets, des choses sportives, aller au cinéma, il veut des choses
pour lui-même. Après que l'enfant ait commencé à
aller à l'école, il décide lui-même ce qu'il veut
faire, ce avec quoi il veut jouer. A ce moment-là, la publicité
aux adultes est beaucoup moins efficace, parce que l'adulte a participé
à la décision, mais il ne prend pas toutes les décisions;
la décision a été prise avec les enfants, je pense.
M. Saint-Germain: Le dilemme, c'est qu'il me semble
évident qu'une telle loi doit être un inconvénient
sérieux pour votre industrie en particulier et très probablement
pour d'autres industries aussi. Il s'agirait de savoir, pour le
législateur, à mon avis, si la protection avec cette nouvelle loi
aura un effet sérieux vis-à-vis de la valeur de
l'éducation qu'on donne à nos enfants ou est-ce que cela aura des
effets relativement à la valeur de l'éducation donnée aux
enfants du Québec?
S'il n'y avait pas de suite ou de résultat à une loi aussi
sévère, ce serait dommage qu'on crée un surplus de
chômage, surtout dans les conditions économiques actuelles pour
arriver, au bout, avec de très pauvres résultats. Je sais bien
que je ne dis pas et je ne veux absolument pas soutenir qu'au point de vue
éducatif, la télévision est positive dans
l'éducation de nos enfants. Je sais, personnellement,
professionnellement, qu'il y a des inconvénients que les enfants
subissent avec ces longues heures d'écoute à la
télévision, des préjudices extrêmement
sérieux pour leur développement.
Je ne suis pas un spécialiste au point de vue sociologique, pour
donner le résultat de la violence, ainsi de suite. Mais il me semble
absolument évident que les inconvénients qui peuvent être
apportés vis-à-vis de l'éducation des enfants par la
télévision ne sont certainement pas amenés exclusivement
par l'annonce, malgré la sévérité de cette loi.
Est-ce qu'on améliore réellement l'éducation de nos
enfants ou est-ce qu'on protège adéquatement?
M. Clarke: Je pense que la personne la plus qualifiée pour
répondre à votre question, c'est ma femme, parce qu'elle est la
mère de nos enfants. Peut-être que je peux demander à
Odette de répondre.
Mme Hamel-Clarke: Je peux vous dire que j'ai fait
l'expérience pratique chez les enfants de moins de cinq ans, puisque nos
filles, on les a eues, on les adoptées lorsqu'elles avaient à
peine six ans et sept ans. Elles ont maintenant dix ans et onze ans. Je dois
dire que l'expérience des annonces à la télévision
a été très importante sur elles. Cela est une grande
partie de leur éducation. J'aurais souhaité avoir cette
même éducation quand j'étais jeune, cette même
expérience.
Au début, nos enfants voulaient tout avoir. Elles ont appris.
Elles ont fait des erreurs. Il y a certaines choses qu'elles ont obtenues,
qu'elles voulaient absolument avoir, et elles les ont eues, après
décision de notre part de les leur accorder. Et elles ont
été déçues. Elles ont réalisé que le
message publicitaire ne répondait peut-être pas tout à fait
à leurs besoins. Aujourd'hui, les enfants écoutent les messages
publicitaires à la télévision, certainement, mais elles
sont beaucoup plus en mesure de juger si le jouet est bon ou pas et elles
ne veulent plus avoir tous les jouets. Je pense que, pour un enfant,
c'est essentiel, dans son processus d'éducation comme les
mathématiques, parce qu'on vit aujourd'hui dans une
société de consommation, et si on ne montre pas à nos
enfants, dès le jeune âge, à choisir entre ce qui est bon
et ce qui est mauvais, de quoi on leur parle, ce qui est bon et ce qui est
mauvais, l'enfant, lorsqu'il sera rendu adulte, devra payer très cher
des erreurs qu'il aurait pu apprendre à éviter lorsqu'il
était enfant. Les messages publicitaires pour enfants, comme je le dis,
pour les enfants d'âge préscolaire, je ne pourrais pas vous dire
si c'est bon ou si c'est mauvais, personnellement, en pratique, je n'en ai pas.
Mais, comme expérience par la suite, je peux vous dire que cela a
été très efficace, que cela a été
très bon pour elles. Et cela continue de l'être d'ailleurs.
M. Saint-Germain: Maintenant...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je voudrais vous faire remarquer que, sous l'empire de votre
droit de parole, il s'est écoulé onze minutes.
M. Saint-Germain: M. le Président, je veux bien vous faire
remarquer que je vous avais promis ma collaboration et le temps l'a
prouvé.
Le Président (M. Dussault): Je compte là-dessus,
d'ailleurs.
M. Saint-Germain: Mais j'ai devant moi des invités
très intéressants et je voulais profiter du temps que j'ai mis
à la banque, à mon compte, pour poser quelques questions de plus,
si vous le permettez.
Il y a actuellement des lois qui protègent les enfants contre les
abus par les annonces à la télévision. Est-ce que vous
pourriez nous décrire comment fonctionnent actuellement ces
règlements et cet ordre qu'on a essayé de mettre dans la
publicité faite aux enfants?
M. Clarke: Un code est publié par l'Association canadienne
des radiodiffuseurs et est administré par Advertisement Standards
Council, toute la publicité aux enfants doit passer par les limites
mentionnées dans le code. J'en ai une copie ici. Elle est en anglais,
mais je peux essayer de traduire en français les points importants. Je
vais juste vous donner les titres. Le no 1, c'est...
Présentation véridique... Peut-être que cela
marcherait mieux avec M. Taillebois, mon gérant des ventes.
M. Saint-Germain: Très bien.
M. Taillebois (Jean-Pierre): C'est à la page trois du Code
de la publicité radiotélévisée destinée aux
enfants, l'édition de janvier 1978. Le code. Présentation
véridique. A. Il est interdit d'utiliser...
M. Saint-Germain: Excusez-moi. Ce n'est pas nécessaire de
me lire tout le code, mais de me donner au moins les grandes lignes, si vous
voulez.
M. Taillebois: D'accord. La présentation véridique
dit bien ce qu'elle veut dire. Il faut absolument que ce que l'on montre dans
le message vidéo soit exactement ce qu'on présente. Si on
présente un verre qui mesure six pouces de haut, il ne faut pas qu'on le
présente comme étant un verre qui mesure dix pouces de haut.
Deuxièmement, l'interdiction d'annoncer certains produits.
Autrement dit, il y a une réglementation qui a été faite
pour ne pas annoncer certains produits. Je ne les nommerai pas, mais il y avait
des produits pharmaceutiques spécifiques qu'il avait été
interdit d'annoncer aux enfants. (17 h 30)
La défense d'exercer des pressions exagérées sur
les parents. Il ne fallait pas que, dans notre message publicitaire, on dise
aux enfants: Va voir ta mère et dis-lui: C'est cela qu'il faut que tu
achètes, ou va voir ton papa et dis-lui: C'est cela qu'il faut que tu
achètes. C'est interdit de dire cela.
L'article 4 traite de la publicité utilisant des personnages
d'émissions et des témoignages personnels, d'avoir, je ne sais
pas, un personnage que les enfants connaissent tous et de le faire participer
au commercial. C'est interdit.
Les prix et conditions d'achat doivent être précis et
complets. C'est-à-dire que, si le jouet doit se vendre $12.99, il faut
qu'il soit vendu $12.99. Ensuite, il faut, s'il y en a, que les conditions
d'achat soient spécifiées.
Viennent ensuite les arguments tirés de comparaisons. La
sécurité est très importante. Il est absolument interdit
de montrer un jouet qui n'est pas sécuritaire. Viennent ensuite les
valeurs sociales. Il est absolument interdit de montrer un jouet qui ne
respecte pas la morale. A la requête de ceux qui ont écrit l'acte,
étant donné que, la plupart du temps, on leur présente
uniquement la partie vidéo, sur leur demande, on peut leur montrer
l'article en question, l'article physique.
C'est presque terminé. Il y a la surveillance de la mise en
vigueur du code. Il y a administration et juridiction. C'est très
contrôlé par une série de procédures et par le
comité de publicité destinée aux enfants. Si on juge qu'il
y a une infraction au code, les stations émettrices peuvent être
pénalisées. C'est très complet et cela me fera plaisir de
vous en remettre une copie.
M. Saint-Germain: Est-ce que, dans vos milieux, soit dans
l'industrie du jouet ou dans toute industrie qui a une clientèle
importante parmi les enfants, on considère que ce code peut être
amélioré davantage?
M. Taillebois: II est constamment amélioré,
monsieur, chaque année. C'est la copie de janvier 1978. Je me rappelle,
malgré mon jeune âge cela fait tout de même dix ans
que je suis impliqué dans le domaine du jouet, j'ai couvert la
plupart des pays du monde où justement j'ai été
impliqué dans le jouet que la première copie du code,
c'était au début de ma carrière, avait environ deux pages.
Aujourd'hui, c'est rendu à douze pages. Si on enlève la
dernière page, c'est onze pages en définitive, et les pressions
qui sont mises sur nous, manufacturiers, sont toujours de plus en plus
difficiles.
M. Saint-Germain: Puisque vous avez parcouru une bonne partie du
monde, dites-vous, croyez-vous qu'avec la sécurité actuelle ou le
règlement actuel concernant la publicité faite aux enfants, les
enfants sont aussi bien protégés actuellement ici qu'ils le sont
ailleurs, en général?
M. Taillebois: Je dirais cela peut être
vérifié que les règlements canadiens sont
probablement les plus sévères au monde. D'ailleurs, j'avais ici
une petite remarque. J'aimerais brièvement souligner que I'ACC(Q), qui
est une organisation que tout le monde connaît, qui publie un
résumé d'études sur les jeux les plus en demande,
autrement dit ceux qui sont annoncés à la
télévision, offre en page 7, de la publication intitulée
Jouets 1979, une critique positive sur un de nos jouets annoncés
à la télévision. Je lis brièvement. En page 7,
c'est l'article no 1 sur sa liste, c'est l'article qui s'appelle "Good Puppy".
Je passe la description qui est tout de même assez longue et je lis
l'appréciation. "La publicité de ce jouet ne ment pas. Le chien
s'assoit, fait des belles et avale des biscuits... de plastique. Il n'aboie pas
très fort. C'est un bon jouet." La cote A recommander. C'est la plus
haute cote de cette publication. Voilà un exemple frappant qui ne fait
que prouver que, si nous n'avions pas annoncé ce jouet à la
télévision, au Québec, nous n'aurions pas
été financièrement en mesure d'offrir ce jouet. Pourquoi
priver nos enfants d'un jouet qui est bon?
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a d'autres provinces ou d'autres
pays, dans le monde occidental, où la publicité est interdite
d'une façon aussi draconienne, si vous voulez, que dans les articles 233
et 234 ou est-ce que cette loi serait appelez-là comme vous
voulez d'avant-garde ou beaucoup plus sévère que n'importe
où ailleurs?
M. Taillebois: Vraiment, cela fait environ deux ans et demi que
je me suis retiré du marché international pour m'occuper
uniquement du marché local. Je ne pourrais pas répondre à
cette question.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous êtes au courant de ce qui
existait il y a deux ans et demi?
M. Taillebois: Je vais demander peut-être... En fait,
seulement la France, avant 1975.
M. Saint-Germain: Cela a été modifié? M.
Taillebois: Oui.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci M. le Président. Je prendrai quand
même deux ou trois secondes pour féliciter ces gens de ce
mémoire très bien préparé. Quelle est la part de
publicité payée au Québec, le montant global de
publicité que vous payez durant une année? Quelle est la part
payée au Québec, le pourcentage?
M. Clarke: Le pourcentage, de tout notre budget canadien, qu'on
dépense au Québec?
M. Goulet: Oui.
M. Clarke: A peu près 25% ou 30%.
M. Goulet: La part de votre marché, c'est la même
chose?
M. Clarke: Actuellement, on achète un peu plus de produits
à l'extérieur du Québec parce que nous faisons la
publicité en deux langues. Je pourrai vous donner le chiffre exact quand
je retournerai chez moi pour étudier les chiffres.
M. Goulet: A peu près le quart. M. Clarke: A peu
près 30%.
M. Goulet: D'accord. Vous nous avez dit, tout au long de ce
mémoire, que ce projet de loi crée chez vous une très
grande incertitude. Je pense que le but de l'audition de ces mémoires,
également des commissions parlementaires, c'est de bonifier les projets
de loi. On vous invite ici pour nous dire comment on peut bonifier ces projets
de loi, mais quelles sont vos suggestions? Probablement que certaines
associations de consommateurs nous diront tout simplement, faites
disparaître les jouets. Vous pouvez peut-être nous dire: Faites
disparaître les articles 233 et 234. Entre les deux extrêmes,
est-ce que vous avez une suggestion concrète à faire à la
commission pour bonifier ce projet de loi qui demeurerait tout de même
dans l'esprit, dans le principe du projet de loi?
M. Clarke: Je trouve que le projet de loi est nécessaire,
pas seulement à cause de la deuxième lecture, mais parce que
c'est une chose très populaire, au point de vue politique, pour les
consommateurs. Probablement, il y a vingt ans, il y a quinze ans, il y a des
manufacturiers de jouets qui ont exagéré dans la
publicité. Maintenant, je pense que les fabricants de jouets sont
responsables de presque tout. La publicité est responsable. Je ne suis
pas certain, pour l'âge préscolaire, si les enfants savent assez
la différence entre la publicité et les programmes...
Peut-être y a-t-il des raisons plus précises pour examiner
l'âge préscolaire, peut-être est-ce plus nécessaire
que pour
ceux de 13 ans et moins. Chez Coleco, on pense que l'abolition ou le
contrôle de publicité aux enfants d'âge préscolaire
est peut-être plus précis, exact. Ma fille de 11 ans est
maintenant adulte. Elle veut voir des films pour adultes, elle veut voir des
programmes pour adultes à la télévision, elle pense
déjà aux "boyfriends", et des choses comme cela. Je pense que
c'est normal dans la société aujourd'hui. De dire qu'un enfant
est quelqu'un de 13 ou moins, c'est exagérer les faits de la vraie
société d'aujourd'hui. Avec des enfants d'âge
préscolaire qui ne savent pas la différence entre produits et
valeurs, peut-être que c'est valable.
Aussi, au point de vue de l'incertitude, si on lit l'article 234, cela
donne au gouvernement le droit de vraiment annuler toute la publicité
sur les produits destinés aux enfants. Nous pensons qu'il y a des
produits qui sont bons et qu'on peut annoncer aux enfants, même si les
enfants ne sont pas âgés de plus de cinq, six ou sept ans. On
pourrait peut-être apporter certains amendements aux articles afin de
restreindre la publicité pour les enfants d'âge préscolaire
et, pour les autres enfants, inclure dans la loi, peut-être, le code qui
contrôle la publicité pour les enfants. C'est une suggestion
générale de ma part, mais par laquelle on peut protéger
les jeunes d'âge préscolaire, les consommateurs et on peut laisser
survivre les fabricants de jouets au Québec et faire de l'expansion et
de la planification pour l'avenir.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
Vous nous avez démontré que votre compagnie a une part
très importante de la vente de jouets au Canada; c'est la
deuxième plus importante. Avez-vous des études qui ont
été faites ou pourriez-vous déposer, même si ce
n'est pas aujourd'hui faire parvenir aux membres de la commission
des études ou des rapports démontrant clairement qu'une
publicité pour les jouets, qui serait faite essentiellement aux
parents...
Si nous prenons, par exemple, la télévision, dans le cas
d'une publicité qui serait faite seulement aux heures où la
grande partie, la majorité des enfants n'est pas devant le petit
écran, publicité qui serait adressée essentiellement aux
parents, est-ce que vous avez des études ou un rapport que vous pourriez
déposer nous démontrant clairement une baisse du chiffre
d'affaires?
Mme le ministre nous a parlé de la piscine "Tortue". Encore
là, il n'y a rien qui nous prouve, dans votre énoncé de
cet après-midi, que, si cette publicité avait été
faite seulement aux parents, on n'en aurait pas vendu peut-être
également 60 000, 70 000? Est-ce qu'il y a des études qui ont
été faites là-dessus, un rapport ou des essais
peut-être en France, chez vous, aux Etats-Unis, je ne sais pas, mais
démontrant qu'une annonce pour un produit précis qui serait
présentée essentiellement aux heures de pointe, aux heures
où les enfants ne sont pas là, aux heures où les parents
sont les seuls devant l'écran, à savoir que ça pourrait
baisser de 50%, 60%, 70% ou seulement de 5% ou 10%?
M. Clarke: II y a une longue étude faite par le professeur
Steiner aux Etats-Unis sur ce sujet. On pourra obtenir l'étude et en
faire une traduction.
J'ai, dans l'industrie des jouets, beaucoup d'expérience. Il y a
des choses qu'on craint et qu'on dit maintenant et qui sont basées sur
notre expérience avec la planification du marketing, mais il y a des
études et on peut les retrouver et vous les envoyer.
M. Goulet: C'est une question d'opinion, M. le Président,
que je vais poser à M. Clarke. Il peut me répondre ou ne pas me
répondre.
Prenons, par exemple, n'importe quoi. Disons un camion, un petit camion.
Si on le présentait essentiellement, si on offrait la publicité
essentiellement aux parents, aux heures où les parents sont devant le
petit écran, comparativement au même jouet offert tel que vous le
faites actuellement, d'après vous, quel pourcentage de baisse de vente
pourrait-on trouver à la fin de l'année ou pour une
période de trois mois, par exemple, période qui
précède les fêtes qui est à peu près la
période la plus importante chez vous? 80% de votre chiffre d'affaires
est fait dans les trois mois...
M. Clarke: Oui.
M. Goulet: ... à peu près. Votre opinion, sans se
baser sur d'autres études... (17 h 45)
M. Clarke: La compagnie General Motors, avec un gros budget, a
beaucoup de difficultés à vous intéresser à une
nouvelle voiture et c'est une voiture que vous voulez peut-être. Comment
puis-je vous intéresser à une petite voiture comme cela avec un
petit budget comme le mien? Pour certains jouets, c'est presque impossible
à faire, parce que le petit camion...
Mme Payette: II faut seulement mettre une femme dessus.
M. Clarke: Oui, mais une très petite femme...
M. Goulet: Encore là, il faut faire attention au choix de
la femme. Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Mme le député
des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: A cause de l'heure avancée, M. le
Président, je vais collaborer avec tout le monde et laisser passer mon
droit de parole.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
intervenants? Alors, Mme le ministre.
Mme Payette: Je voudrais simplement remercier M. Clarke, madame
et les personnes qui les accompagnent, les remercier d'avoir pris le temps de
faire un mémoire assez complet et les remercier de leur
témoignage aujourd'hui.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie au nom de la
commission de votre témoignage et j'appelle les représentants de
Jouets Grand Ltée.
M. Clarke: Merci beaucoup. M. Lalonde: M. le
Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pendant que nos invités s'approchent de la
table, peut-on savoir combien il reste encore d'invités pour la
journée?
Le Président (M. Dussault): Après ce groupe, il y
en aurait encore deux.
M. Lalonde: Est-ce l'intention de la commission de demander
à la Chambre de nous donner un mandat pour siéger ce soir? On
pourrait fêter le deuxième anniversaire comme cela, en
travaillant, en recevant nos gens?
Mme Payette: M. le Président, je vois dans la salle des
supplications pour qu'on ne reporte pas à la semaine prochaine les
interventions possibles. Ma proposition serait qu'on continue au-delà de
18 heures si c'est nécessaire.
Le Président (M. Dussault): La commission, étant
maîtresse de ses travaux, peut décider elle-même de
continuer ses travaux.
M. Saint-Germain: Alors, allons, M. le Président.
Mme Payette: D'ailleurs, le seul anniversaire, Mme le ministre,
de le faire remarquer. 38 ans, M. le député.
M. Goulet: Hier, j'avais bien pris soin de souligner que,
personnellement... Cela ne veut pas dire que la commission ne pourra pas
continuer. Mais, personnellement, je dois me rendre à Montréal.
Peut-être dix, quinze minutes, mais hier, j'avais donné mon
consentement à une entente, mais de là à prolonger durant
la soirée, je n'avais pas donné mon consentement. J'irai
peut-être pour...
Mme Payette: Je crois que le député de Bellechasse
devrait reconnaître que, de notre côté, nous avons fait tout
notre possible pour permettre à ceux qui étaient présents
aujourd'hui de se faire entendre.
M. Goulet: J'en conviens. S'il y avait des remarques
désobligeantes, je ne voudrais pas qu'elles soient à mon
égard et je suis prêt à donner mon consentement pour
continuer jusqu'à 18 h 15. Nous verrons, rendus à ce moment, mais
je consens à continuer jusqu'à 18 h 15.
Le Président (M. Dussault): Ai-je le consente- ment de la
commission pour continuer jusqu'à 18 h 15, quitte à
évaluer à nouveau?
M. Goulet: Oui.
M. Lalonde: Oui. J'aimerais quand même qu'on ne mette sur
le dos de personne le fait qu'on soit en retard.
Mme Payette: M. le Président, loin...
M. Lalonde: II arrive qu'on... Excusez-moi, j'ai la parole. Il
arrive souvent qu'on invite trop de monde. On est trop optimiste et on fait
attendre les gens qui sont obligés de revenir une autre fois.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais faire amende
honorable. Si on a reçu mon intervention de cette façon;
c'était tout simplement pour souligner que nous étions revenus en
commission très tard cet après-midi à cause des travaux de
la Chambre.
M. Saint-Germain: Pour être positif, si vous le permettez,
une seconde, peut-être qu'on peut reprendre cette situation, il ne faut
pas oublier qu'il y a trois associations qui ne se sont pas
présentées. Peut-être devrait-on voir à ne pas
inviter trop de groupes lors des prochaines séances.
Le Président (M. Dussault): Ceci étant dit, nous
avons devant nous le représentant de Jouets Grand Ltée.
Pourriez-vous vous présenter, s'il vous plaît?
Jouets Grand Ltée
M. Dickey (Robert): Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis
Robert Dickey, conseiller en publicité et je représente les
Jouets Grand Ltée, dont le secrétaire-trésorier, M. Steve
Altro, regrette de ne pouvoir se présenter devant vous aujourd'hui. Nous
désirons particulièrement vous entretenir des articles 233 et 234
du projet de loi no 72, qui traite de la publicité ne s'adressant pas
aux enfants. Les Jouets Grand Ltée dont le siège social est
à Montréal-Nord, distribue de nombreux jouets et jeux dans toutes
les parties du Canada. La compagnie emploie présentement une centaine de
personne en permanence, nombre qui peut augmenter de 25% à certaines
périodes de l'année. Nous exposerons d'abord quelques
considérations particulières aux Jouets Grand Ltée et
ensuite quelques remarques générales pouvant contribuer à
votre réflexion.
Nos jouets et jeux les plus largement vendus sont annoncé
à la télévision. Contrairement à ce que pensent
beaucoup de personnes, ce ne sont pas nécessairement les jouets les plus
chers qui sont annoncés à la télévision. Ce sont
ceux dont les coûts de fabrication et l'attrait particulier permettent
d'une part une marge bénéficiaire suffisante pour annoncer
à la télévision et, d'autre part, laissent entrevoir la
possibilité d'une
distribution large et rapide. La télévision est
nécessaire à ces jouets; sans elle, il est impossible d'atteindre
la distribution à laquelle nous venons de faire allusion. Sans elle,
certains de ces jouets ne verraient jamais le jour ou devraient se vendre d'une
façon limitée et à des coûts beaucoup plus
élevés.
Il est vrai que la loi permet d'annoncer aux parents des jouets
destinés aux enfants. Toutefois, étant donné la
difficulté de créer d'abord puis de programmer ensuite une
publicité qui ne pourrait jamais être interprétée
comme étant destinée à des enfants de moins de treize ans,
nous ne sommes prêts à nous lancer dans cette aventure. C'est vous
dire à quel point les articles 233 et 234 sont susceptibles d'affecter
notre compagnie. S'ils entrent en vigueur d'ici un an, nous nous trouvons dans
l'obligation de licencier plus de 20 personnes dont les salaires totalisent
plus de $200 000. De plus, notre budget de publicité au Québec
sera amputé d'environ $250 000, ce qui, comme vous le savez, affecterait
une foule de fournisseurs.
Quand on se rend compte de l'effet global que peuvent avoir des mesures
semblables, de la part de tous les manufacturiers et distributeurs de jouets,
ainsi que des autres industries qui annoncent aux enfants, il est
évident que ces considérations, toutes économiques
qu'elles soient, méritent votre considération.
Permettez-nous de livrer maintenant très brièvement
quelques considérations d'ordre général. Plusieurs autres
compagnies et groupes ont fait valoir leur point de vue devant vous ou
s'apprêtent à le faire. Les Jouets Grand Ltée
désirent, en particulier, appuyer le mémoire de l'Association des
manufacturiers canadiens de jouets dont elle fait partie. Entre autres, nous
sommes particulièrement impressionnés par l'affirmation de
l'association qui note la tendance croissante de l'industrie des jouets
à produire des jouets à caractère instructif, tendance qui
mourra de sa belle mort s'il s'avère impossible de présenter ces
jouets d'une façon dramatique et persuasive.
Certains de ces mémoires auront cherché à
démontrer combien sont exagérés les prétentions de
ceux qui voudraient que la publicité s'adressant aux enfants soit
pernicieuse et antiéducative. Nous n'insisterons pas là-dessus.
Par contre, nous aimerions vous présenter un point de vue additionnel
susceptible, nous l'espérons, de faire réfléchir.
Nous ne vous apprendrons rien de nouveau en vous rappelant que la
publicité suscite des préoccupations d'ordre moral et
économique, non seulement en rapport avec les enfants, mais relativement
à toute la population vivant dans ce qu'il est convenu d'appeler la
société de consommation. A ce sujet, le rapport annuel 1974/75 du
Conseil de la protection du consommateur s'exprimait comme suit: "Les
sollicitations constantes qui caractérisent la société de
consommation font naître des désirs qui peuvent dépasser
largement les moyens du consommateur. La soif de biens est une des principales
causes de l'endettement ex- cessif, phénomène qui tend à
se répandre dans notre société et qui, dans bien des cas,
est à la source de nombreuses difficultés
économiques."
Le rapport continue un peu plus loin: "Malheureusement, toutes les lois
du monde et tous les mécanismes mis en place, nous ne pourrons
protéger le consommateur, s'il ne fait pas l'effort de prendre
connaissance des renseignements qui sont mis à sa portée.
Dès lors, ressort l'importance de l'éducation à la
consommation comme un instrument fondamental auquel le consommateur a droit
pour assurer sa protection." Rapport annuel, 1974/75, pages 17 et 18.
Cette éducation, comme le dit d'ailleurs le même rapport,
doit commencer dès le jeune âge. L'enfant doit apprendre à
développer des attitudes raisonnables, selon son âge et son stade
de développement, vis-à-vis des sollicitations de la
société de consommation. Or, l'une des principales sollicitations
à laquelle il devra faire face est la publicité. Comment peut-on
lui apprendre à se conduire d'une façon raisonnable devant cette
sollicitation, si on le met à l'abri de toute publicité lui
étant particulièrement destinée? Certains groupes
voudraient que l'enfant soit protégé parce qu'il est faible.
N'est-ce pas plutôt la faiblesse de certains parents que l'on voudrait
protéger ou camoufler?
Si c'est le cas, l'article 233 ne résoudra pas le problème
et le rendra plus aigu. Sur ce, je termine mon exposé pour les jouets
Grand Limitée. Si vous désirez me demander quelques
éclaircissements, je suis à votre disposition. Toutefois,
n'étant pas un employé des jouets Grand, je vous prierais de vous
en tenir à des considérations d'ordre général.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Mme le
ministre.
Mme Payette: Juste une question. Je ne sais pas si vous pourrez
me répondre, à la suite du paragraphe que vous venez de lire,
est-ce que la maison Grand fabrique des jouets ou distribue des jouets?
M. Dickey: Non, elle ne fabrique pas de jouets. Elle est
distributrice, uniquement, de jouets fabriqués soit au Canada, aux
Etats-Unis, ou en Orient.
Mme Payette: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Simplement pour dire, M. le Président,
que j'ai été frappé par l'argumentation qui termine ce
mémoire. Je n'ai pas d'autres questions à poser.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, c'est avec satisfaction que je
constate que le représentant de la maison Grand parle plutôt
d'éducation à la con-
sommation que de législation. J'en ai fait part assez longuement
au salon bleu lors de la deuxième lecture. J'appuie encore
là-dessus, savoir qu'au lieu de légiférer, on devrait
peut-être édu-quer les enfants et surtout les parents.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: Juste une petite question. D'après vous,
quand un nouveau produit entre sur le marché, quel est le pourcentage
dépensé en publicité, par rapport aux chiffres de vente de
ce produit?
M. Dickey: Je ne sais pas exactement. Je m'attendrais que ce soit
à peu près dans l'ordre d'autres compagnies invitées
aujourd'hui. Je m'aperçois que d'autres chiffres que je connais sont pas
mal semblables. Je crois que c'est de 5% à 6%.
Le Président (M. Dussault): S'il n'y a pas d'autres
intervenants, Mme le ministre.
Mme Payette: Vous comprendrez, monsieur, qu'à cause de vos
avertissements également il est difficile de vous interroger sur des
détails. Je pense qu'à la suite de tous les mémoires que
nous avons entendus aujourd'hui, votre position est semblable à celle de
ceux qui sont intervenus auparavant. Je vous remercie d'être venu
témoigner.
Le Président (M. Dussault): Je remercie le
représentant de Jouets Grand Ltée. J'appelle maintenant les
représentants de l'Association des consommateurs du Canada, section
Québec, l'ACCQ.
Madame, je vous prierais de vous identifier et de nous présenter
vos collègues.
Association des consommateurs du Canada
(Québec) Inc
Mme Boileau (Pauline): Oui, M. le Président. A ma gauche,
Mme Maryse Azzaria, qui a fait partie du comité d'étude de la
publicité destinée aux enfants pendant trois ans, ainsi
qu'à ma droite, Mme Pierrette Forget-Waddell, qui a fait partie du
même comité pendant le même nombre d'années.
Le Président (M. Dussault): Et vous-même,
madame?
Mme Boileau: Pauline Boileau pardonnez-moi
présidente de l'Association des consommateurs du Canada (Québec)
Inc.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Madame, je vous
laisse choisir entre nous présenter votre mémoire en le lisant ou
en...
Mme Boileau: II est très court, M. le Président. Je
pense que je vais le lire et je vous demanderais simplement de pouvoir
commenter un ou deux points qui ont été émis par les
messieurs des maisons de jouets.
Le Président (M. Dussault): Nous vous écoutons.
Mme Boileau: M. le Président, Mme le ministre, madame et
messieurs de la commission. Le cours laps de temps entre la réception du
projet de loi 72 et notre comparution d'aujourd'hui ne nous a pas permis de
faire un mémoire analytique du projet. Mais vous avez pris connaissance,
Mme le ministre, de notre correspondance et de mémoires
précédents.
L'Association des consommateurs du Canada (Québec) Inc. est
heureuse aujourd'hui de vous apporter son appui à ce projet de loi
qu'elle réclame depuis si longtemps. Bien qu'incomplet, ce projet marque
un progrès certain sur les lois existantes de la protection du
consommateur québécois. Le consommateur d'ici aura enfin un outil
qui forcera son information pour lui permettre de prendre des décisions
plus réfléchies. Cette loi rétablit l'équilibre des
forces entre le consommateur et le commerçant. Elle sera pour lui le
moyen de s'autodéfendre et d'agir en toute connaissance de cause.
Avant de vous faire part, Mme le ministre, des quelques points qui
suscitent soit un peu de déception, soit de l'inquiétude,
j'aimerais vous dire à quel point notre association est heureuse de voir
enfin abolie dans ce projet la publicité destinée aux enfants de
moins de treize ans. Nous souhaitons avec ardeur que cet article ne soit pas
modifié en cours de route. Nous vous savons gré, madame, d'avoir
été tenace à ce sujet. Nous savons et pour cause,
nos tests sur les jouets en témoignent à quel point les
opposants à cet article sont acharnés à ne pas se
départir de ces techniques de persuasion.
Maintenant, nous relèverons les points qui nous semblent faibles
et ce qu'on devrait modifier dans certains articles.
Les primes. Nous avions demandé, Mme le ministre,
d'étudier la possibilité d'abolir, dans un premier temps, les
coupons-primes. Or, le seul article qui touche les primes dans le projet de loi
est l'article 217 qui défend aux commerçants manufacturiers ou
publicitaires de faire ressortir dans un message une prime de façon plus
évidente que le bien ou le service offert. Vous connaissez
déjà notre dossier sur les primes, fruit d'un an de travail et de
recherche, et nous sommes assurés que vous trouverez le moyen de
réglementer les primes dans un avenir pas trop éloigné.
(18 heures)
Les réparations. Comment a-t-on pu, dans l'article 176, limiter
à cinq les appareils domestiques en usage dans nos foyers? Le
congélateur, le lave-vaisselle, le four à micro-ondes, la
balayeuse et les autres appareils de service ne sont-ils pas d'utilité
courante de nos jours? Nous avons confiance que vous appliquerez l'article 177
aux appareils ci-haut mentionnés. D'ailleurs, les commerçants
sérieux, spécialisés en réparation prennent
déjà ces dispositions.
Le contrat de louage de services à exécution successive. A
notre avis, excepter les corporations scolaires, les CEGEP, les
universités, les insti-
tutions déclarées d'intérêt public
d'être considérés comme commerçants, quand ils
offrent ou fournissent un service prévu à l'article 183, ne nous
semble pas justifiable. Pourquoi ne pas s'en tenir aux louages de services
à exécution successive, peu importe les endroits où ils
sont offerts? Une plainte importante venant d'un CEGEP nous ayant
été référée, c'est un exemple type qui nous
incite à inclure ces institutions dans la catégorie des
commerçants.
Règlement: Le dernier paragraphe t) de l'article 333 nous laisse
songeurs. Cet article dit: "Le gouvernement peut faire des règlements
pour..." et nous allons au paragraphe t): "exempter, en totalité ou en
partie, de l'application de la présente loi, une catégorie de
personnes, de biens, de services ou de contrats qu'il détermine". En ce
qui a trait aux pouvoirs du président de l'office, il nous semble qu'il
devrait avoir aussi le pouvoir de poursuite. Les consommateurs sont bien fiers,
en tout cas, et convaincus que ce code est un cheminement certain vers le
progrès. Nous vous laissons sur ces propos et nous vous remercions de
nous avoir entendus, bien que je voudrais relever un point, si vous me
permettez, M. le Président.
Ce monsieur de Coleco a fait mention d'une réflexion que nous
avions faites dans notre test, le guide des jouets 1979. C'est bien justement
à cause de la publicité intense qui est destinée aux
enfants que nous nous faisons un devoir de faire un guide d'achat de jouets
pour indiquer aux parents nous nous adressons aux parents avec ce guide
quels sont les jouets que la publicité enjolive, embellit,
grossit un petit peu, pour montrer que ce ne sont pas toujours ou que ce sont
réellement des jouets conçus selon la publicité. Dans le
cas de Coléco, c'était vrai. C'était un beau jouet. Nous
avons dû le classer. Par contre, nous avons un autre jouet de
Coléco que nous déconseillons fortement; c'est le Compound
Control Touch Town Football, qui est très décevant pour les
enfants. Alors, c'est notre devoir de le dire dans ce guide, parce que la
publicité à la télévision de ce jouet laisse
entendre qu'on s'y amuse d'une façon folle. C'est un peu ce que je
voulais relever.
Je voulais dire aussi qu'il y a une compagnie très
sérieuse qui, déjà, se soumet à ce futur projet de
loi, puisqu'elle n'annonce que le soir. C'est une des compagnies les plus
prestigieuses dans le cas des jouets. Est-ce que vous me permettez de la
nommer? C'est Fisher Price, qui n'annonce que le soir. Je ne pense pas que
Fisher Price soit en faillite, ou, enfin, soit en mauvaise passe dans le
moment. On nous dit que ses ventes vont bon train au Québec. Je ne pense
pas que ce soit le fait d'annoncer le soir qui puisse lui nuire. C'est tout ce
que j'avais à dire pour le moment. Si vous avez des questions, il me
fera plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme Boi-leau. Mme le
ministre.
Mme Payette: Mesdames, merci beaucoup d'avoir demandé
à être entendues aujourd'hui. Je sais que le guide que vous avez
présenté a fait beaucoup d'effet auprès des parents. Je
voudrais vous demander si vous avez eu, de la part des parents, des opinions
quant au guide que vous avez produit sur les jouets qui sont
présentés cette année.
Mme Boileau: Madame, des opinions, oui, nous en avons. Le guide
est tellement attendu. Je pense que c'est vraiment l'action la plus
bénéfique que nous faisons chaque année. On réserve
le guide avant même de l'avoir vu, parce qu'on sait qu'il est fait
très sérieusement. Il est fait pour la quatrième
année consécutive.
On nous dit: "Mon Dieu, que c'est bien de nous avertir... Et les
critiques sont toujours très élogieuses. On n'a pas eu,
très honnêtement, de critiques négatives au sujet de notre
guide.
Mme Forget-Waddell (Pierrette): Au sujet du guide, puis-je...
Mme Payette: Oui, madame.
Mme Forget-Waddell: Nous avions eu un espace dans un très
gros centre d'achat dans la région de Montréal pour faire
l'exposition de jouets et, parce que des marchands avaient les jouets qu'on
critiquait dans le guide, on n'a pas pu avoir notre espace parce qu'ils ne
voulaient pas rester avec le stock de mauvais jouets qu'on critiquait. Ils
avaient déjà les jouets en magasin. Alors, le responsable du
centre d'achat qui alloue les espaces ne nous en a pas alloué parce que
les marchands, ayant des jouets qu'on dénonce, ne voulaient pas rester
avec leur stock sur les bras. Je pense que le guide fait effet.
Mme Payette: J'ai vu à la télévision, dans
une émission produite à Québec, je crois, une entrevue
d'un de vos membres, qui présentait un certain nombre de jouets dont un
en particulier et cela m'a frappée était un jouet
dangereux pour les enfants. Il s'agissait d'un monstre de couleur verte, si mes
souvenirs sont bons, qui lance tout simplement un objet qui peut être
dangereux s'il est reçu dans le visage par un enfant Arrive-t-il souvent
qu'on vende des jouets comme celui-là qui peuvent être
dangereux?
Mme Boileau: Mme Azzaria a participé aux tests. Je vais la
laisser répondre.
Mme Azzaria (Maryse): II y a des jouets dangereux sur le
marché et je crois que le ministère fédéral de la
Consommation ne sait pas quoi examiner souvent sur les jouets. Il y avait un
article dans la Gazette de samedi qui parlait, entre autres, d'un petit toutou
qui s'appelait "Curious George" où on a inscrit la peinture avec du
plomb, ce qui est contre les règlements. Comment le petit toutou a-t-il
passé? On dit: On ne savait pas quoi regarder pour voir s'il
était dangereux ou non. Il y a aussi un four qui a été
analysé dans la brochure, un petit "Easy Bake" qui est très
dangereux. Sur
le four lui-même, on indique en arrière du four que ce
dernier peut chauffer très fort et causer des brûlures.
Dernièrement, on a dû en retirer un petit... pour les
bébés...
Mme Payette: Un hochet.
Mme Azzaria: ... une chose que les bébés mettent
dans leur bouche. Un bébé, en fait, était mort parce que
ce jouet ne remplissait pas les spécifications. Alors, il y a un
très grave problème là. Il y a, d'après l'article
de la Gazette, 4000 nouveaux jouets qui sortent par année. Il n'y a que
quelques inspecteurs pour inspecter ces jouets. Il s'en passe beaucoup qui ne
sont pas sécuritaires. Pour nous, c'est vraiment un grave
problème. Quand on fait le tour des jouets on a 40 titres ici
on n'a certainement pas les 4000 nouveaux jouets. C'est un sujet qui est
en dehors de la publicité destinée aux enfants, mais c'est
vraiment un grave problème. Quand on pense qu'on laisse un jouet avec de
la peinture, un petit toutou qui est destiné à des jeunes
enfants, avec du plomb, je pense que c'est vraiment très sérieux
et qu'il n'y a vraiment pas assez de contrôle pour la
sécurité.
Mme Payette: Mme Boileau, je connais votre position sur les
coupons-primes et je pense que ce dont vous parlez quand vous en parlez, ce
sont bien les coupons qui sont une méthode de marketing et qui
permettent de lancer des nouveaux produits. C'est-à-dire que c'est cette
enveloppe qu'on distribue aux consommateurs dans les foyes, enveloppe dans
laquelle on trouve sept, huit ou dix coupons différents qui donnent un
rabais sur un produit qu'on ne connaît pas la plupart du temps. Avez-vous
une suggestion à faire en remplacement? Comme méthode de
marketing, cela peut être efficace. Cela donne, effectivement,
peut-être envie de profiter de ce rabais pour essayer un produit nouveau.
Avez-vous une méthode de remplacement pour ces coupons?
Mme Boileau: Je ne sais pas si mon association serait d'accord
avec moi, mais je trouve que les petits échantillons sont plus
efficaces. On peut se rendre compte et juger plus facilement, si on n'a pas
à l'acheter. Maintenant, évidemment, le coupon est un rabais sur
l'éventuel achat, mais il faut quand même débourser de
notre poche pour avoir ce nouveau produit.
Il n'y a pas que les nouveaux produits non plus. Il y a les coupons qui
sont insérés dans les produits qui nous incitent à acheter
un autre produit dont on n'a pas nécessairement besoin, mais le rabais
aidant... Mais notre étude nous démontre que les
Québécois ne se servent pas beaucoup de ces coupons. On se
demande si, au bout du compte, on ne paie pas justement pour rien parce que, ne
s'en servant pas ici tellement au Québec, cet argent est pris quelque
part pour cette publicité monstre.
Mme Payette: Est-ce que votre association a des chiffres sur les
retours de ces coupons?
Mme Boileau: Oui, je crois que cela fait partie de notre dossier.
Je ne les ai pas en tête cependant, mais je pourrais certainement faire
parvenir les renseignements à cette commission.
Mme Payette: Pour ne pas prolonger, je voudrais vous remercier et
vous dire qu'il arrive très souvent, et cela a été le cas
aujourd'hui, qu'on nous demande d'aller moins loin dans un projet de loi. J'ai
pris bonne note des domaines dans lesquels vous nous incitez à aller
plus loin.
Mme Boileau: Merci, madame.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je tiens à vous remercier, mesdames, de
votre collaboration et je crois que des associations comme la vôtre sont
extrêmement positives pour ce qui regarde la vie démocratique de
la nation. Vous mettez votre temps à essayer de protéger le
consommateur et vous le faites probablement d'une façon beaucoup plus
efficace, beaucoup plus démocratique qu'un gouvernement peut le faire.
Il y a eu une évolution marquée vis-à-vis de la protection
du consommateur au Québec comme ailleurs et des associations comme la
vôtre y ont joué un rôle extrêmement important.
Vous avez parlé de ce guide. Comment déterminez-vous, si
je peux dire, qu'un jouet... Je sais très bien que votre mémoire
s'étend à plusieurs articles, plusieurs choses. Ce n'est pas
parce que le reste est sans importance, loin de là, mais j'essaierai de
m'en tenir aux discussions d'aujourd'hui. De quelle façon
procédez-vous pour établir la qualité d'un jouet? Est-ce
que ce sont simplement des expériences avec les enfants ou s'il y a des
experts? Est-ce que vous avez des moyens financiers de vous payer des
professionnels?
Mme Boileau: On se garde bien d'avoir des experts. C'est le
simple bon sens qui nous guide. Nos membres vous avez ici la liste
et une trentaine d'enfants ont fait les tests des jouets. Les
critères je pourrai vous laisser un guide, je pense que vous en
avez un sont d'abord la sécurité, la fragilité, la
violence aussi, l'incitation à la violence ou le jeu violent
lui-même, l'esthétique, le prix, la publicité, l'emballage
superflu, l'âge suggéré et la passivité,
c'est-à-dire le jouet qui ne suscite aucun intérêt.
Je pense que ce sont les enfants eux-mêmes qui sont le mieux
placés pour tester nombre de jouets. On a des réflexions
sensationnelles, vous savez. Il faudrait les enregistrer et vous en faire part
à un moment donné. Un enfant nous a dit, entre autres: Ouf!
Sitôt acheté, sitôt jeté. Ce sont des
réflexions de ce genre que nous avons. Ou on va nous dire: C'est
annoncé à la télévision, je l'ai eu et cela s'est
brisé tout de suite. Je n'ai pas pu jouer avec. C'est dans ce
sens-là qu'on veut mettre les enfants en garde. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Saint-Germain: Oui. Très bien. Est-ce que vous vous
êtes aperçu que les industries ou les distributeurs de jouets
attachaient beaucoup d'importance à ce discernement que vous faites
entre la qualité des jouets? Est-ce que vous sentez que c'est une
motivation pour le manufacturier ou le distributeur d'être prudent
vis-à-vis de la qualité des jouets qu'il offre en vente?
Mme Boileau: Par leur mécontentement et souvent leur
colère, on s'aperçoit qu'on leur fait un petit peu... en tout cas
que c'est efficace, notre guide des jouets.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez constaté, avec
votre expérience, que d'année en année les jouets peuvent
concourir de plus en plus à l'éducation des enfants ou même
à leur instruction?
Mme Boileau: Au contraire. Je ne sais pas si je suis
négative, mes compagnes me rappelleront à l'ordre si je le suis,
mais je pense que c'est un véhicule d'une façon de vivre qui ne
nous appartient pas du tout. On a peu de jouets qui sont créés
pour nous, les Québécois, enfin très peu, je devrais dire
pas, et cela nous vient des Etats-Unis la plupart du temps. Cela charrie toute
une autre société, une autre façon de voir les choses et
souvent les films à grand tirage sont le principal moteur de la
fabrication des jouets. (18 h 15)
Evidemment, ça frappe les enfants, les choses qui sont
éclatantes, surtout qu'ils les voient à la
télévision; c'est animé, ça les frappe, mais ils se
lassent très vite de ce genre de jouets. Je pense, par exemple, aux
jouets qui nous viennent de la publicité des films comme Star Wars, la
Guerre des étoiles; vous voyez, ça m'influence moi-même, je
dis le titre en anglais. On voit que ça ne vient pas d'ici. Il y a aussi
la Rencontre du troisième type. Cette année, cela a
influencé une quantité incroyable de jouets et non seulement de
jouets, mais d'articles destinées aux enfants, comme des draps, des
couvre-lits, des choses comme ça.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce que vous appelez Star Wars? Je ne m'y
connais pas.
Mme Boileau: Star wars? M. Saint-Germain: Oui.
Mme Boilau: C'est un film, la Guerre des étoiles,
ça le dit bien, un film d'extra-terrestres.
M. Saint-Germain: Je comprends le titre mais je ne savais
même pas que ce film existait. Je ne suis pas tellement amateur.
Mme Boileau: Tant mieux, M. le député, si cela ne
vous a pas influencé. Mme Azzaria aimerait ajouter quelque chose.
Mme Azzaria: Je voudrais juste ajouter que tout à l'heure,
dans le mémoire que les fabricants de Coleco ont présenté,
on a répété à plusieurs occasions qu'ils essayaient
de créer des demandes chez les enfants, que les enfants voulaient des
jouets de plus en plus sophistiqués. Nous, justement, avons des jeunes
enfants et on se rend compte que les enfants ont des besoins très
simples. La petite poupée, le camion solide, c'est encore un jouet avec
lequel...
M. Saint-Germain: Avec le sable, en été, c'est
déjà suffisant. Je ne doute pas qu'on subit l'influence, comme
vous dites, de tout l'entourage. D'ailleurs, c'est une
généralité, ce n'est pas simplement dans le domaine des
jouets, c'est dans les films. Il faut vivre avec ça dans la vie moderne;
avec l'importance des communications et des voyages, on ne peut absolument pas
se couper.
Mme Boileau: II faut vivre avec ça et il faut le combattre
aussi, M. le député.
M. Saint-Germain: II faut le combattre et vous avez probablement
un moyen très efficace de le faire. Maintenant, vous n'avez pas
répodu directement à ma question; est-ce que vous avez
constaté que, dans l'industrie du jouet, il y avait de plus en plus de
jouets de qualité et de jouets...
Mme Boileau: Non...
M. Saint-Germain: ... qui pouvaient concourir, si vous voulez,
à l'éducation ou à l'instruction des enfants?
Mme Boileau: J'ai bien dit, M. le député, tout
à l'heure, qu'au contraire ça se dégrade
continuellement.
M. Saint-Germain: II n'y a pas de progrès.
Mme Boileau: II n'y a pas de jouets... Remarquez qu'il y a des
jouets éducatifs, mais ils ne font pas l'objet d'une publicité
intense, ceux-là, malheureusement. Ils sont très peu
nombreux.
M. Saint-Germain: Vous acceptez le fait que le gouvernement mette
fin à toute annonce...
Mme Boileau: Destinée aux enfants...
M. Saint-Germain: ... relativement aux enfants.
Mme Boileau: ... tel que c'est dit au moment, avec les moyens
qui...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous croyez que, compte tenu de ce
fait, on ne peut pas s'isoler? Vous avez parlé de Star Wars et ça
n'a rien à voir avec la publicité pour les jouets.
Mme Boileau: Au contraire.
M. Saint-Germain: Est-ce que cela a à voir?
Mme Boileau: Mais oui, M. le député. M.
Saint-Germain: Indirectement.
M. Boileau: Tous les jouets, cette année, sont issus de ce
film.
M. Saint-Germain: De ce film. Bon. Je vous comprends mieux.
Mme Boileau: C'est ça.
M. Saint-Germain: Ce film n'était pas fait pour faire de
l'annonce aux jouets.
Mme Boileau: Non, sans aucun doute.
M. Saint-Germain: C'est-à-dire que la loi ne peut pas
isoler l'enfant d'une certaine influence ou d'une certaine annonce, même
indirecte.
Mme Boileau: C'était un film qui n'était pas
destiné aux enfants nécessairement.
M. Saint-Germain: Bon, c'est encore pire.
Mme Boileau: C'était un film pour tous, je pense, je ne
m'en souviens pas, mais ce film a influencé tous les fabricants de
jouets, et ils ne créent pas, pour nous, du Québec. Il ne faut
pas se leurrer, ils n'ont jamais créé de jouets pour nous,
spécialement. On a eu des poupées de vedettes américaines,
Cher, par exemple, que je ne connais pas, mais j'ai retenu le nom parce qu'on
les a analysées. Il y a eu d'autres types...
Mme Payette: La femme bionique.
Mme Boileau: ... la femme bionique, des choses comme ça.
On n'a pas de personnages ici, de jouets créés pour nous. On ne
fait pas d'effort de ce côté. J'aurais aimé entendre
aujourd'hui, si au moins on avait dit: On va faire un effort, mais laissez-nous
faire la publicité pour la création de jouets d'ici. On aurait
peut-être dit: Tiens, ils ont peut-être une bonne idée.
M. Saint-Germain: Je veux bien vous suivre sur ce terrain et
admettre qu'on n'a pas de manufacturier, à Québec, qui font des
jouets réellement adaptés au Québec. Mais je ne vois pas
trop bien le lien; même si on défendait l'annonce aux enfants en
bas de 13 ans, ça ne donnerait pas plus de producteurs de jouets
québécois.
Mme Boileau: Non, mais les parents seront meilleurs juges si cela
leur est annoncé aux heures qui leur seront consacrées. Ils
seront meilleurs juges pour choisir. L'enfant, souvent, n'est ébloui que
par la petite robe scintillante d'une poupée, qu'elle s'appelle Cher ou
La Femme bionique. Cela va être l'oeil bionique, une espèce d'oeil
brillant qui va frapper l'enfant à la télévision. Quand il
le voit, évidemment, c'est autre chose. Cette publicité qui leur
est adressée ne peut pas laisser au jugement de l'enfant... Il n'a pas
les connaissances pour juger à ce moment-là de l'enveloppe
publicitaire d'un jouet.
M. Saint-Germain: Une dernière question, si vous le
permettez, M. le Président.
Faisons l'hypothèse que la loi est adoptée telle quelle.
Est-ce que vous croyez qu'il serait facile pour les fonctionnaires de
déterminer réellement à qui s'adresse une annonce, avec la
teneur de l'article 234, à savoir si une annonce est dirigée vers
les enfants ou vers les adultes? Ne croyez-vous pas qu'en pratique, il y aura
là un problème d'application assez important?
Mme Boileau: Me permettez-vous de vous poser une question en
retour, M. le député?
M. Saint-Germain: Vous n'en avez pas le droit; mais pour vous,
madame, je ferai exception.
Mme Boileau: Votre tâche de député est-elle
facile?
M. Saint-Germain: Non, pas toujours.
Mme Boileau: Rien n'est facile, je pense, aujourd'hui, mais je
pense qu'ils trouveront le moyen de bien réglementer cet article.
M. Saint-Germain: Vous croyez? Nous avons fini sur une note
optimiste. Merci beaucoup.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'avais donné mon
consentement jusqu'à 18 h 15. Si vous le permettez, je vais poser deux
courtes questions et ensuite, si vous voulez poursuivre, j'aimerais avoir une
suspension de deux minutes avant de donner mon consentement. Si cela va comme
cela, ça marche, et si cela ne va pas... Quelle est votre
décision?
Le Président (M. Dussault): Vous conditionnez le reste du
travail de la commission à votre intervention?
M. Goulet: J'avais donné mon consentement pour continuer
jusqu'à 18 h 15.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous conditionnez
le reste du travail de la commission à votre intervention?
M. Goulet: Non, ce n'est pas cela. Ce groupe-ci, je suis pour
qu'on puisse l'entendre jusqu'à la fin. Mais avant d'entendre l'autre
groupe, j'aimerais avoir une suspension. Vous penserez à votre
décision pendant mon intervention.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Goulet: Madame, vous avez parlé de la qualité
des jouets. Votre intervention était là-dessus. Je suis d'accord
sur cela. Peut-être que
tous les jouets ne sont pas de la qualité qu'ils devraient
être.
Mais vous ne nous avez pas dit pourquoi il fallait abolir la
publicité destinée aux enfants. Toute la journée, nous
avons entendu qu'on devrait maintenir la publicité destinée aux
enfants. Pourquoi, en deux mots, devrait-on abolir cette publicité?
Mme Boileau: Je l'ai bien dit, pourtant, M. le
député. C'est que l'enfant n'a pas le jugement d'une personne
adulte. Il n'est pas le consommateur, il n'est pas le payeur. Il n'a pas le
jugement suffisamment formé pour décider de quel jouet il devrait
faire son jeu. Je pense que c'est aux parents à juger cela.
M. Goulet: Mais qu'est-ce que vous pensez des déclarations
que nous avons entendues toute la journée? Je vais vous citer une
déclaration où on dit: "Certains groupes voudraient que l'enfant
soit protégé parce qu'il est faible." Cela va. "Mais le parent
est toujours à côté de l'enfant. N'est-ce pas plutôt
la faiblesse de certains parents qu'on voudrait protéger ou camoufler?"
Qu'est-ce que vous pensez d'une telle chose? Lorsque votre enfant demande un
jouet, est-ce que, parce qu'il le demande, vous le lui donnez, ou si vous
voulez que le gouvernement adopte une loi pour vous permettre de dire: Moi, je
ne veux pas dire non à mon enfant, par contre, le gouvernement va
adopter une loi pour que je n'aie pas à dire non à mon
enfant?
Est-ce que vous ne voyez pas là une certaine faiblesse dans
l'attitude des parents? C'est ce qui a été véhiculé
toute la journée. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
Mme Boileau: Je vais laisser répondre Mme Azzaria qui a
été à ce comité d'étude si longtemps. Je
pense qu'elle est en mesure de vous répondre.
Mme Azzaria (Maryse): En fait, je pense que, comme parents, on a
souvent à dire non à nos enfants. Je ne sais pas si c'est ce
à quoi vous faites allusion. On a dit que si on enlève la
publicité destinée aux enfants, il n'y aura pas d'autres moyens
d'éduquer ces pauvres enfants, parce que... Je pense que c'est un peu
exagéré. Les enfants ont des occasions, à longueur de
journée, d'avoir des choix à faire.
Dans le fond, c'est vrai ce que vous dites lorsque vous dites que cela
va être plus facile pour le parent quand il n'y aura pas d'annonce
à la télévision. C'est très vrai, je ne le nie pas.
Mais nous, ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas juste pour l'enfant, parce que
ce n'est pas lui qui est l'acheteur. C'est indépendant. C'est
très vrai que cela va être beaucoup plus facile pour les parents
qui n'auront pas à dire non à leur enfant. Je ne le nie pas,
c'est vrai.
Mais la question n'est pas là. La question est que la
publicité destinée aux enfants s'adresse à des gens qui ne
sont pas les acheteurs. C'est à ce moment-là qu'on dit que c'est
injuste. On fait acheter un bien par celui qui n'est pas l'acheteur. Le fait
que les parents vont en bénéficier et seront moins achalés
je ne connais pas le vrai terme par leurs enfants, auront moins
de pressions, c'est vrai, mais ce n'est pas pour cela qu'on veut que la
publicité soit abolie. Ce sera un effet secondaire
bénéfique, mais ce n'est pas le motif; ce n'est pas pour
protéger les parents, parce que les parents ont des centaines d'autres
occasions dans la journée de dire oui ou non à leur enfant. Il
n'y a pas seulement la télévision; l'éducation n'est pas
seulement dans la publicité à la télévision
destinée aux enfants.
M. Goulet: J'aimerais savoir ce que vous pensez de l'article 233
où l'on dit: "Nul ne peut faire de la publicité à but
commercial destinée à des personnes de moins de treize ans." Que
pensez-vous, à ce moment-là probablement qu'il y en a chez
vous des catalogues tels je ne voudrais pas les nommer
Eaton, Cardinal, Consommateur où il y a des jouets? J'imagine qu'il y en
a chez vous. Est-ce que vous les cachez pour que les enfants n'y touchent
pas?
Deuxièmement, du même souffle, est-ce que les vitrines, par
exemple... Personnellement, je suis heureux, lorsque j'en ai l'occasion,
d'amener mes enfants dans un centre commercial pour les faire asseoir sur les
genoux du Père Noël. Naturellement, il y a des jouets autour. Je ne
suis pas obligé de les amener, mais est-ce qu'à ce
moment-là je vais les priver de ce bonheur-là? Qu'est-ce que vous
entendez par la publicité? Est-ce surtout celle à la
télévision ou devrait-on modifier cet article 233 pour les
catalogues, les magasins, les vitrines? Autrement, lorsqu'on ira dans les
centres commerciaux, nous serons obligés de laisser les enfants dans
l'auto. Qu'est-ce que vous pensez de cela?
Mme Azzaria: Non, au contraire. Je voudrais dire au départ
que, comme parents, nous ne sommes pas contre les compagnies de jouets. Au
contraire, on est très content d'avoir des jouets pour amuser,
éduquer nos enfants. Il ne faudrait pas avoir l'impression qu'on est
contre les compagnies de jouets. On n'est pas non plus, contre la
publicité qui se fait dans les catalogues. Je pense que les enfants
aussi ont le droit de voir ce qui se passe et d'aller dans les magasins. Au
contraire, c'est une recommandation qu'on fait dans notre brochure. On dit aux
parents: Quand il y a des expositions, avant d'acheter un jouet qui est
annoncé à la télévision, allez-le voir, amenez
votre enfant voir le jouet. Parce que c'est cela, le problème; c'est que
le jouet annoncé à la télévision, ce n'est pas le
jouet que l'enfant va avoir, parce que celui-ci est rempli de musique, de
toutes sortes d'effets. La télévision le montre comme il n'est
pas. C'est vraiment de la publicité trompeuse. On n'est pas du tout
contre le fait d'amener ses enfants au magasin; au contraire, en allant au
magasin... Nous avons relevé, ici dans la région de
Québec, à peu près une trentaine d'annonces
télévisées de jouets. Sur le marché, si
l'information de
la Gazette est bonne, il y a 4000 nouveaux jouets. Il y en a beaucoup
plus que ce qui est annoncé à la télévision. On
n'est pas du tout contre le fait que les enfants sachent qu'il y a des jouets,
que les enfants les voient, que les enfants les comparent, mais c'est que,
quand ils voient le jouet à la télévision, ce n'est pas
vraiment le jouet tel qu'il est, c'est...
Une Voix: L'enveloppe.
Mme Azzaria: Oui, c'est tout ce qu'il y a autour.
M. Goulet: Quant à vous, l'article 233 devrait être
modifié. Cet article-là devrait concerner seulement la
publicité que l'on retrouve à la télévision,
d'après vos propos.
Mme Azzaria: C'est parce que c'est la publicité
destinée aux enfants.
M. Goulet: On s'entend là-dessus, la publicité
télévisée destinée aux enfants au petit
écran. Quant à vous, qu'il y ait un beau petit tracteur
photographié dans le Soleil ou le Journal de Québec, cela ne vous
dérange pas, vous autres.
Mme Boileau: Le journal n'est pas destiné aux
enfants...
M. Goulet: Pardon?
Mme Boileau: ... la vitrine n'est pas destinée aux
enfants, le catalogue n'est pas destiné aux enfants. Tous ces objets...
Ecoutez, un catalogue n'est pas destiné aux enfants.
Mme Azzaria: II n'est pas strictement et uniquement
destiné aux enfants. Il n'est pas fait pour les enfants, il n'est pas
fabriqué en fonction des enfants. Que les enfants le voient, d'accord.
Il y a la nuance que le programme pour enfants que l'enfant regarde est
destiné à l'enfant, il est fait pour l'enfant, tandis que le
catalogue va décrire le jouet tel qu'il est.
Mme Boileau: II ne faudrait pas modifier cet article-là,
parce qu'autrement je ne sais pas, je parle de Tintin, c'est
français, mais il y a peut-être des revues ici de chez nous
on en profiterait pour faire de la publicité ensuite dans ces revues qui
sont destinées aux enfants. Mais le catalogue n'est pas destiné
aux enfants, il est envoyé aux parents. Ce sont ordinairement les gens
qui ont une carte de crédit à ces magasins ou qui sont
abonnés en fin de compte, qui ont déjà acheté par
catalogue, qui le reçoivent. Ce n'est pas l'enfant qui achète
là.
M. Goulet: Une dernière question, si vous le permettez, M.
le Président. Si nous avons à 18 heures ou à 18 h 30,
entre deux bulletins de nouvelles les bulletins de nouvelles ne sont pas
destinés aux enfants un message publicitaire annonçant un
petit camion quelconque ou une Barbie, d'après vous, est-ce
destiné aux enfants ou non? Souvent, ils seront devant le petit
écran.
Mme Boileau: Là, c'est aux heures d'écoute, quand
même, des enfants.
M. Goulet: D'après vous, est-ce destiné aux
enfants, oui ou non?
Mme Boileau: Le bulletin de nouvelles n'est pas destiné
aux enfants, mais c'est quand même aux heures d'écoute des
enfants.
M. Goulet: Oui, mais je ne vois pas la différence avec la
vitrine. (18 h 30)
Mme Boileau: La vitrine, vous savez...
Mme Forget-Waddell: II faut partir de chez nous pour aller voir
la vitrine, tandis...
Mme Boileau: L'enfant n'y va pas seul.
Mme Forget-Waddell: ... que le petit écran entre dans
votre maison.
Mme Boileau: L'enfant ne va pas seul au magasin. L'enfant ne va
pas chercher le catalogue lui-même, tandis qu'à la
télévision, c'est quelque chose qu'on lui impose.
M. Goulet: Oui. C'est vraiment ma dernière intervention.
Vous dites que le catalogue n'est pas destiné aux enfants, pas plus que
le bulletin de nouvelles de 18 h 30 n'est destiné aux enfants. J'en
conviens, mais je pourrais vous répondre: C'est seulement pour savoir
comment on peut bonifier cette loi. Ce n'est pas dans l'intention... Si la
publicité dans les vitrines ou dans les centres d'achat, une vitrine de
jouets n'est pas destinée aux enfants, pas plus que le bulletin de
nouvelles, je ne vois pas pourquoi je peux fermer le téléviseur
lorsqu'il y a une émission de télévision, comme je peux ne
pas amener mon enfant au centre d'achat. En circulant, pour aller lui acheter
une paire de souliers, il va passer devant une vitrine et, même si elle
n'est pas destinée aux enfants, d'après vous, il va vouloir
s'arrêter devant cette vitrine et cela va susciter exactement le
même intérêt pour l'enfant que s'il peut le voir à la
télévision. Je prétends que l'article 233 va beaucoup trop
loin. Il faudrait le bonifier. Je vous pose une question. Vous allez dire que
c'est peut-être un dilemme, mais je ne vois pas la différence.
C'est là où les parents doivent intervenir. Si les parents ne
veulent pas amener leur enfant dans le centre commercial, de façon qu'il
puisse voir une vitrine, ils peuvent également l'empêcher de
regarder...
Mme Boileau: Ecoutez, M. le député, fermer la
télévision à son enfant, parce que passe un commercial sur
les jouets, c'est assez répressif, entre vous et moi.
M. Goulet: Je ne peux pas les amener...
Mme Boileau: Je pense que c'est assez frustrant aussi.
M. Goulet: A ce moment, est-ce que...
Mme Boileau: Les parents ne vont pas jusque là, quand
même.
M. Goulet: Est-ce que je ne devrais pas également ne pas
les amener, comme je le fais régulièrement, le samedi, par
exemple, même si nous n'avons rien à acheter, aller faire une
marche dans les centres commerciaux?
Mme Boileau: Vous êtes là, M. le
député, avec votre enfant pour lui suggérer ce qui est
bon, le conseiller, l'éduquer, à ce moment, Vous n'êtes pas
toujours là à la maison, lorsque l'enfant regarde la
télévision, je regrette, surtout vous, qui êtes
député.
M. Goulet: Comme je ne suis pas toujours dans le centre
commercial, je ne dis pas avec l'enfant de cinq ans mais avec l'enfant de douze
ou treize ans...
Mme Boileau: Douze ans, vous savez, on est très proche de
treize ans.
M. Goulet: Oui.
Mme Forget-Waddell: Un enfant qui est rendu à douze ans,
on l'a bien formé.
M. Goulet: J'ai terminé, M. le Président, mais vous
voyez là...
Mme Boileau: Si vous voulez mettre en bas de douze ans, vous
savez...
M. Goulet: Ce que je voulais vous faire voir, c'est que la mise
en application de cet article tel que rédigé est
extrêmement complexe. Je ne vois pas comment un législateur peut
faire des règlements. Il va peut-être falloir faire des centaines
de pages de règlements. C'est ce que je veux dire. A un moment
donné, il faudrait que la responsabilité des parents entre en
ligne de compte. Je suis pour qu'on fasse un certain tamisage de
publicité aux enfants, mais ce que je voulais faire dire, c'est que cet
article, d'après nous, va excessivement loin, il faudrait le modifier.
Vous dites, dans votre mémoire, qu'il ne faudrait pas le modifier. Si on
ne le modifie pas, cela veut dire que les vitrines et tout cela, on a
été catégorique là-dessus ce main...
Mme Boileau: Je pense que les règlements nuancent toujours
un article de loi. Cela me semble comme cela, en tout cas. C'est la même
chose pour les normes de publicité. Je pense que les règlements
ont nuancé ce que cela voulait dire au départ. Etablir des
normes, cela a l'air bien sévère et cela a l'air bien frustrant
peut-être pour une compagnie, mais quand des règlements, des
normes viennent, cela nuance tout l'article d'une loi, il me semble en tout
cas.
M. Goulet: M. le Président, personnellement, je remercie
ces dames et je les remercie également parce qu'elles font ce travail
bénévolement. Je pense que cela mérite d'être
souligné.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
lles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: J'ai un très bref commentaire. Dans le
courant de la journée, on a eu, à certaines occasions,
l'impression d'une vision d'apocalypse. On nous accusait de vouloir tuer
l'industrie du jouet, de brimer la liberté des parents, d'empêcher
les enfants de jouir d'un développement normal, de sacrifier le bonheur
des enfants, bref, d'assassiner le père Noël. C'est à se
demander s'il n'y a pas des gens qui vont demander le rétablissement de
la peine de mort à notre intention.
J'espère que mes collègues ne trouveront pas ma remarque
sexiste. Je suis très fière que les premiers participants de la
journée à être favorables à la oi qui concerne la
publicité pour enfants soient des femmes, parce que traditionnellement
je ne dis pas que c'est une bonne chose cela a toujours
été les femmes, ou la plupart du temps des femmes, qui ont
été responsables de l'éducation de leurs enfants.
Le Président (M. Dussault): Selon le principe de
l'alternance, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aurais seulement deux questions, mesdames. Lors de
la présentation du projet de loi no 7, l'Association des consommateurs
du Canada-(Québec) c'est votre association avait
présenté un mémoire. J'en ai ici seulement un
résumé. Quant à l'article 163, qui était un article
à peu près semblable à 233, qui interdisait la
publicité, le résumé que j'en ai ici dit: L'association
est heureuse d'apprendre cette mesure, mais considère que, pratiquement,
elle sera inapplicable. L'association désirerait que l'on interdise
l'utilisation d'enfants et de voix d'enfants dans la publicité
destinée aux enfants. C'était la position de l'association.
Ma première question est: Pourquoi avez-vous changé
d'idée et en préconisez-vous maintenant l'abolition? Comment se
fait-il que les articles 233 et 234, qui ressemblent beaucoup aux articles 163
et 164 du projet de loi no 7, ne seraient maintenant plus applicables?
La deuxième question que je voudrais poser tout de suite, pour
que vous y pensiez, concerne les primes. Dans ce mémoire d'il y a deux
ans, vous demandiez qu'on interdise carrément les primes, à la
page 3 de votre mémoire. Aujourd'hui, vous semblez avoir un commentaire,
vous pourrez me l'expliquer, c'est peut-être une mauvaise inter-
prétation que j'en fais, beaucoup plus doux, beaucoup moins
contestataire ou qui va moins loin. J'ai lu, à la page 2 de votre
mémoire, aujourd'hui: "Nous sommes assurés que vous trouverez le
moyen de réglementer les primes dans un avenir pas trop
éloigné". Avouez que ce n'est pas le même style. Est-ce que
vous avez changé d'idée sur les primes aussi? Ce sont les deux
questions que je voulais vous poser.
Mme Boileau: On évolue. Cela fait déjà deux
ans que l'autre mémoire a été présenté. En
réponse à votre première question, la publicité
destinée aux enfants, on s'est rendu compte que ce pourrait être
applicable avec une étude plus poussée parce que là,
depuis deux ans, on a eu le temps de pousser davantage l'étude. On a eu,
d'ailleurs, des consultations avec le ministère de Mme Payette, de la
correspondance et c'est la même chose pour les primes. Mme Payette nous a
consultés là-dessus. On a su que c'était très
difficile d'application ce que nous demandions, l'abolition des primes, parce
qu'il y avait toute cette gamme de cadeaux-primes à aller jusqu'au
lavage d'auto gratuit, par exemple, avec une facture d'essence. Là,
nous, ce qu'on avait dans la tête c'était plutôt des primes
tangibles, des coupons, enfin. On pensait aussi aux primes comme le verre
à moutarde, mais Mme Payette, encore là, nous a dit que
c'était difficile parce que c'était ancré dans nos
traditions. Cela ne veut pas dire que cela ne pourra pas se faire plus tard.
Mais, dans un premier temps, on dit: Au moins commençons par quelque
chose, l'abolition des coupons-primes. L'Association des consommateurs du
Canada, section Québec, a déjà demandé l'abolition
des timbres-primes et, quand nous avions demandé cela, c'était
considéré catastrophique. Et c'est disparu. Il n'y a plus de
timbres-primes maintenant. Tout peut se faire, sauf qu'on évolue. C'est
évident que nos idées évoluent, les personnes qui font
partie de nos comités, quelquefois, sont enrichies par d'autres qui ont
des expériences nouvelles, enfin qui ont une expérience plus
approfondie. C'est comme cela qu'on vient à... Je ne dirai pas que c'est
changer d'idée complètement parce qu'on est toujours pour
l'abolition de toutes ces primes, qu'on considère comme responsables de
l'augmentation des prix des biens que l'on achète en fin de compte.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Sainte-Marie.
Mme Forget-Waddell: Pour la publicité avec les voix
d'enfants, comme l'a souligné monsieur, c'est que, comme l'a dit Mme la
présidente, on a évolué et on n'a pas les experts qu'ont
les publicitaires. Au cours de l'hiver, pendant la semaine de la
publicité, on a entendu un des directeurs des publicistes dire: Les
psychologues nous ont dit qu'on déculpabilisait les adultes en leur
faisant entendre des voix d'enfants, pace qu'ils n'ont plus d'enfants
aujourd'hui. Alors, nous, comme on est des bénévoles, on n'a pas
les psychologues pour nous prouver le contraire. On va peut-être
évoluer nous autres aussi. En parlant de cela, ce matin, on a
prédit une catastrophe si on empêchait la publicité pour
les jouets, mais on n'a pas pensé que les écoles ferment parce
qu'il n'y a pas d'enfants. Bien, il se vend moins de jouets parce qu'il y a
moins d'enfants aussi. Cela a été souligné par presque
toutes les compagnies de jouets qui vendaient moins de jouets, mais elles n'ont
jamais fait allusion au fait que la population enfantine avait beaucoup
diminué.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mme le Président, compte tenu de l'heure et
des nombreuses questions qui ont été posées, je vais me
contenter de céder mon droit de parole et de rencontrer les gens
après la commission.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'ai seulement une
dernière question parce qu'une réflexion de madame m'y a fait
penser. L'article du projet de loi qui prévoit cependant qu'on ne puisse
pas faire de la publicité sur la prime plutôt que sur le produit
rejoint probablement une de vos préoccupations. Et je pense, là,
à un message commercial d'une de mes bonnes amies, Mme Filiatrault, qui
montre à une amie un échantillonnage complet de serviettes
accrochées au mur comme si c'étaient des tableaux de maître
avant qu'on découvre que ce sont des primes dans une boîte de
savon. Alors, avec le projet de loi 72, la publicité devra parler du
produit et non pas de la prime. Cela doit rejoindre une de vos
préoccupations, je pense.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autres
interventions? Vous avez terminé, Mme le ministre?
Mme Payette: Merci.
Le Président (M. Dussault): Alors, Mesdames, je vous
remercie de votre participation aux travaux de cette commission. Nous avions
prévu terminer nos travaux à 18 h 15. J'ai présumé
de l'accord tacite de cette commission pour continuer.
Il nous resterait normalement un groupe à écouter.
Evidemment, je ne peux qu'offrir à la commission de continuer ses
travaux jusqu'à ce qu'on ait terminé l'audition. C'est à
la commission de décider ce qu'elle veut faire.
M. Goulet: Je demande une suspension de deux minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous suspendons nos
travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 41)
Reprise de la séance à 18 h 50
Le Président (M. Oussault): A l'ordre, mesdames,
messieurs! Nous allons reprendre les travaux de la commission et je vais poser
immédiatement la question aux membres de la commission: Est-ce que nous
avons le consentement de la commission pour continuer nos travaux,
c'est-à-dire entendre le dernier mémoire, celui du Groupe des
publicitaires?
M. Goulet: II n'y a pas consentement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II n'y a donc pas
consentement. Le groupe concerné sera contacté par le
secrétariat des commissions et probablement reconvoqué selon les
possibilités.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'ils seront probablement
reconvoqués ou s'ils vont être reconvoqués?
Le Président (M. Dussault): Je ne peux pas dire ce qui
pourrait se passer, étant donné que c'est l'Assemblée
nationale qui donne l'ordre à cette commission de siéger. Nous
pouvons présumer que la commission va siéger à nouveau et
qu'elle va entendre à nouveau des mémoires et, dans cette
optique, ce groupe serait reconvoqué. Je ne peux pas donner de
certitude.
M. Saint-Germain: Est-ce que Mme le ministre...
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je ne me suis informé
des travaux de la commission que pour mardi et mercredi prochain où les
journées sont bien remplies quant aux intervenants. Je puis, cependant,
prendre l'engagement d'insister auprès du secrétariat pour que
les intervenants d'aujourd'hui soient reconvoqués le plus rapidement
possible.
M. Saint-Germain: Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je ne sais pas si c'est dans l'ordre, M. le
Président. Est-ce que je peux formuler un voeu ou si ce n'est pas
réglementaire? Je vous demande une directive.
Le Président (M. Dussault): Si le voeu n'amène pas
de débat, je pense que cela ne créera pas de problème.
M. Goulet: Je voudrais formuler un voeu. Chaque fois, il y a trop
de gens qui sont convoqués à des commissions. C'est incroyable,
aujourd'hui, il y avait dix groupes de convoqués. Il y en a trois qui se
sont désistés. S'il avait fallu que ces gens-là soient
ici, M. le Président, nous aurions été obligés de
continuer, ayant prévu de terminer nos travaux à six heures,
jusqu'à dix heures. J'espère qu'à l'avenir on verra
à restreindre le nombre de groupes et peut-être les entendre comme
il faut, qu'ils puissent s'exprimer et qu'on puisse leur poser des
questions.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, le député
reconnaîtra qu'il est difficile de prévoir le temps qu'il faut
à chaque intervenant et le nombre de questions qui seront posées
par les députés. Il est également très difficile de
prévoir à quelle heure nous pouvons reprendre les travaux
l'après-midi, à la suite de la séance à laquelle
nous avons assisté aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
Nous avons fait de notre mieux et notre intention était je pense
que les personnes qui sont ici en sont convaincues d'entendre tout le
monde qui était convoqué. Je dois, au nom du gouvernement,
présenter nos excuses, mais on comprendra qu'il est extrêmement
difficile d'organiser des travaux de façon idéale. On fait le
mieux possible dans les circonstances.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je voulais dire
qu'à mon avis, avec la petite expérience que j'ai, il
était à prévoir, dès ce matin, qu'avec dix
invitations il nous était absolument impossible d'en arriver à
les écouter tous les dix.
M. Bisaillon: Si vous expliquez cela pendant quinze minutes, on
aurait été aussi bien de les prendre pour les écouter.
M. Saint-Germain: J'ai dit ce que j'avais à dire tout
simplement.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, madame,
messieurs...
M. Lefebvre (Jean-Marc): M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le représentant
du groupe des publicitaires?
M. Lefebvre (Jean-Marc): C'est cela, Jean-Marc Lefebvre. Il y a
une information que j'aimerais vous faire savoir pour éviter,
peut-être, des conflits inutiles. On n'a pas le choix, on se plie
à votre décision. Cependant, déjà, durant la
journée, nous avons fait des communications avec différents
media, radio, télévision, imprimés, pour faire
connaître notre point de vue. La nouvelle étant donnée et
notre mémoire étant déjà déposé, nous
n'avons plus aucun contrôle sur ce que feront les
media. Il est possible que notre position, que vous connaissez
partiellement parce que le mémoire a été
déposé, soit connue du public également partiellement
demain et dans les jours qui suivent. Ce n'est pas de la mauvaise
volonté, c'est du travail de bon publicitaire comme on le fait souvent,
mais j'insiste pour vous en informer
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, j'ai
pris connaissance de votre mémoire en entier et, malgré vos
prétentions, je dois vous dire qu'il n'y a pas beaucoup
d'éléments très neufs. J'espère que la presse vous
traitera bien et que ce sera dans tous les journaux, parce qu'effectivement il
est éminemment souhaitable que la population soit renseignée sur
vos positions.
M. Lefebvre (Jean-Marc): Vous avez constaté sans doute que
si les éléments ne sont pas tous neufs, il y en a plusieurs de
bons.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie et j'ajourne
les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 18 h 54