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Étude des crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, madame et
messieurs!
Messieurs les membres de la commission, nous sommes prêts à
débuter, nous avons quorum. Les membres de la commission sont: M.
Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Goulet
(Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette (Dorion), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Je tiens à faire remarquer, avant de débuter cette
période de la commission parlementaire des consommateurs,
coopératives et institutions financières, qui étudie les
crédits de ce ministère, que, à la suite d'une entente
entre les différents caucus des partis politiques, il y a entente pour
que à moins que vous décidiez de finir plus rapidement
cette commission se termine aujourd'hui à dix-huit heures. La
réunion de ce matin doit se terminer à midi trente avec
ajournement sine die jusqu'après la période des questions en
Chambre de telle sorte qu'on reviendra ici jusqu'à dix-huit heures et
l'ensemble des crédits serait considéré comme
adopté à dix-huit heures ce soir.
Donc, cela pour vous faire remarquer que pour l'étude de
l'ensemble des crédits, c'est à vous maintenant de
répartir le temps à l'intérieur de vos demandes.
M. Saint-Germain: C'est l'heure qui avait été
déterminée par...
Le Président (M. Jolivet): On m'a fait part tout à
l'heure de l'entente suivante: terminer l'étude des crédits ce
soir à dix-huit heures de telle sorte qu'il nous reste le temps
disponible jusqu'à dix-huit heures.
M. Saint-Germain: Qui vous a dit qu'on terminerait à
dix-huit heures?
Le Président (M. Jolivet): Les responsables des
commissions parlementaires.
M. Saint-Germain: Qui?
Le Président (M. Jolivet): On m'a dit que, au niveau de la
commission des Consommateurs il y avait environ 17 heures au niveau de
l'entente, sauf que, au sujet des renseignements que je dois vous transmettre,
s'il y a autre chose, vous avez vos caucus de partis qui pourront regarder
cela. Mais normalement à dix-huit heures ce soir, l'étude des
crédits devrait être terminée.
M. Saint-Germain: Oui. Mais que dit cette entente? Vous
êtes président, vous voulez mettre fin aux travaux à
dix-huit heures. Vous la connaissez l'entente, je suppose.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que je vous dis.
M. Saint-Germain: Alors, quelle est cette entente? Combien
d'heures?
Le Président (M. Jolivet): C'est le nombre d'heures que
vous avez, jusqu'à maintenant, utilisées jusqu'à dix-huit
heures ce soir.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qu'on a utilisé jusqu'à
maintenant?
Le Président (M. Jolivet): Comme je n'ai pas
présidé les séances de commission
précédentes...
M. Saint-Germain: Alors, prenons nos informations.
M. Goulet: M. le Président, je voudrais m'assurer que
étant donné que nous terminons aujourd'hui quand
viendra le programme de l'assurance automobile, mon collègue de
Nicolet-Yamaska puisse me remplacer. Je ne sais pas s'il y a lieu d'avoir le
consentement.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que c'est à la
commission actuelle?
M. Goulet: C'est-à-dire...
Le Président (M. Jolivet): Ou à la séance de
cet après-midi?
M. Goulet: M. le Président, je pourrais vous
répondre à midi trente si nous avons eu le temps d'en parler.
Mais je voudrais m'assurer, quand viendra le temps, étant donné
que durant le projet de loi 67, c'est mon collègue de Nicolet-Yamaska
qui a siégé régulièrement. Je lui saurais
gré s'il pouvait me remplacer pendant l'étude de ce programme. Je
ne sais pas si Mme le ministre va avoir des objections.
Mme Payette: Pour ce qui me concerne, M. le Président, je
n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Jolivet): Donc, il sera inclus de
façon que vous soyez remplacé à ce moment.
M. Goulet: Or, nous étions rendus... Je reviendrai sur les
questions que vous avez posées tout à l'heure, si vous le
désirez, M. le député de Jacques-Cartier.
M. St-Germain: Entendu.
Le Président (M. Jolivet): Quant à nos travaux,
nous en étions à l'élément 2 du programme
2; de telle sorte que, jusqu'à maintenant, il resterait à
compléter cet élément.
M. St-Germain: Personnellement, je n'ai plus de questions
à poser relativement à ce programme, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions de la part d'autres membres?
M. Goulet: Pas de notre côté, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Élément 2,
programme 2, adopté?
M. St-Germain: Adopté.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Élément 3.
Contrôle, surveillance et développement
des associations coopératives
Mme Payette: Élément 3. M. le Président,
comme vous l'avez dit vous-même, vous n'avez pas présidé
tous les travaux de cette commission. Je dois donc vous informer que dans la
déclaration que j'ai eu l'occasion de faire au début de
l'étude des crédits, j'ai déjà abordé la
question des coopératives. Or, on pourrait, tout de suite, surtout si
l'Opposition veut gagner du temps, passer aux questions sur cet
élément en particulier.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Jacques-Cartier.
M. St-Germain: M. le Président, je lis, ici, dans un
article paru dans le Soleil, le 1er juin 1977, une déclaration du
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, qui fait dire à Mme Payette, qu'elle je lis
au texte a promis, hier, de fournir une aide technique aux
propriétaires de taxis, s'ils veulent étudier plus en profondeur
la possibilité de créer une coopérative d'assurances pour
les voitures-taxis. Alors, où en sommes-nous avec cette promesse?
Mme Payette: M. le Président, malgré cette
disponibilité de la part du ministre et du ministère, nous
n'avons pas eu d'autres nouvelles à ce sujet, il n'y a eu aucune
demande.
M. St-Germain: C'est dire qu'au ministère, comme il n'y a
pas eu de demande, on n'a pas fait d'études relativement à ce
dossier.
Mme Payette: Pour ce qui concerne la création d'une
coopérative, M. le Président, il faut d'abord que le mouvement
soit entrepris par les intéressés, et qu'au moins ils manifestent
l'intention de créer une coopérative, à la suite de quoi
on sera en mesure de leur fournir des services techniques pour les aider; mais
s'il n'y a pas une demande qui vient des intéressés d'abord et
avant tout, il est évident que le ministère ne peut pas
créer une coopérative.
M. St-Germain: Est-ce qu'on connaît, au ministère,
les motivations qui ont fait que les propriétaires de taxis ont
refusé cette aide?
Mme Payette: II n'y a eu aucune intervention de la part des
chauffeurs de taxis par la suite, si bien, qu'on n'a aucune idée des
raisons pour lesquelles ils n'y ont pas donné suite.
M. Saint-Germain: Je lis ici, dans le document que vous avez eu
l'amabilité de nous remettre, ce sont des renseignements
complémentaires: "Quant au secteur consommation, le ministère se
propose d'apporter une aide financière importante en vue de l'animation
du milieu, son éveil à la coopération et son
éducation pratique coopérative ". Qu'est-ce que vous voulez dire
exactement par cela, par quelles techniques, par quels moyens, par quels
programmes allez-vous animer ce milieu?
Mme Payette: Est-ce que je peux vous demander où vous avez
trouvé...
M. Saint-Germain: Les pages ne sont pas numérotées.
C'est le programme 2, élément 3.
Mme Payette: Élément 3?
M. Saint-Germain: La deuxième page de ce programme.
Mme Payette: Je vais vous présenter, à ce
moment-ci, M. Tétrault, qui est sous-ministre au ministère et qui
va pouvoir énoncer plus en détail les choses qui ont
été amorcées dans ce domaine.
M. Saint-Germain: C'est entendu.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier,
compte tenu de l'augmentation du budget de subventions qui, de $139 000 passe
à $206 000, nous avons l'intention d'apporter une aide plus
substantielle au secteur de la consommation afin que ce secteur puisse faire de
l'animation. Nous avons déjà, au cours de la dernière
année, par des subventions, permis à la Fédération
des magasins Coop d'avoir des animateurs dans le milieu et nous allons tenter
cette année, compte tenu, évidemment, de l'augmentation des
subventions, de faire un effort encore plus grand de ce
côté-là.
M. Saint-Germain: Vous ne fournissez aux Coop aucune aide
technique. C'est simplement une subvention plus considérable.
Mme Payette: C'est-à-dire qu'il y a une subvention qui est
plus considérable, mais il y a aussi une aide technique que notre
service des associations coopératives est en mesure d'apporter à
des groupes qui veulent se former en coopérative; il y a aussi un
comité formé de représentants de la
Fédération des magasins Coop et de notre ministère
qui travaille en étroite collaboration pour être en mesure
d'établir des moyens d'action qui vont permettre justement d'activer le
milieu.
M. Saint-Germain: En ce qui regarde les coopératives
d'habitation, est-ce que vous pourriez expliciter le progrès ou les
inconvénients que ces coopératives ont affrontés
l'année dernière ou affrontent actuellement?
Mme Payette: Est-ce que vous demandez de résumer les
difficultés particulières de ce secteur?
M. Saint-Germain: C'est ça.
Mme Payette: Je pense qu'on a beaucoup réfléchi sur
la question au cours de l'année. Je pense que M. Rioux peut faire un
résumé des travaux qui ont été faits.
Dans le domaine de l'habitation, en effet, il y avait un blocage, parce
qu'il ne s'est pas formé de coopératives d'habitation, ou du
moins très peu, pendant les trois ou quatre dernières
années.
L'effort qui a été tenté pour relancer ce secteur a
consisté à épauler des coopératives d'habitation
qui ont voulu s'organiser en fédération. Donc, on a
apporté de l'assistance technique et de l'assistance financière
pour tenir des réunions et tenir des colloques pour que les
coopérateurs dans l'habitation puissent analyser les meilleurs moyens
à prendre pour faire leurs développements.
À présent, l'action concrète qui a, je crois,
contribué à faire débloquer le mouvement parce
qu'il se forme, à l'heure actuelle, pour les premiers mois de
l'année, entre huit et dix coopératives d'habitation, alors que
c'était le nombre total qui s'était formé durant les trois
dernières années cela a été causé par
une action concertée du ministère des Affaires municipales et de
la Société d'habitation qui a mis de l'avant des subventions de
démarrage hour les coopératives d'habitation. Alors, une
coopérative d'habitation qui a l'intention de se former reçoit
$500 pour l'aider à son premier départ.
Deuxièmement, il y a également une subvention
spéciale de $1500 qui est donnée, qui s'ajoute aux subventions
qui viennent de la Société centrale d'hypothèques et de
logement et qui incite à former de nouvelles coopératives. Donc,
on peut dire qu'il y a un démarrage dans le secteur de l'habitation
coopérative que j'appellerai cependant de l'habitation sociale, de
l'habitation pour des personnes qui ne sont pas bien nanties, qui sont
démunies financièrement. Parce que cela ne s'appliquerait pas
à des personnes qui auraient des revenus élevés.
Donc, un secteur de l'habitation, à mon avis, qui est tout de
même bien parti, c'est celui qui consiste à aider
financièrement et à intéresser les personnes qui n'ont pas
les revenus nécessaires pour se donner de l'habitation.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces coopératives ont comme
champ d'activité un endroit donné dans la province ou si...
Mme Payette: Actuellement, la région de Montréal et
la région de Québec sont les deux régions où il
s'en forme davantage, surtout Montréal. Vous avez aussi des centres
à Sherbrooke, un peu à Trois-Rivières, plusieurs dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, notamment à Chicoutimi.
Compte tenu du coût de la construction qui est tout simplement
énorme à l'heure actuelle, personne n'a trouvé de
solutions à cela. Le type de coopératives d'habitation qui se
développent à l'heure actuelle, c'est la rénovation.
Ce sont donc des personnes déjà locataires qui
décident d'acheter du propriétaire ces immeubles. Avec les
subventions qui leur reviennent, elles font la rénovation de l'immeuble
et se trouvent, à partir de ce moment-là, à habiter des
habitations salubres à des coûts avantageux.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous voulez dire que, l'année
dernière, il ne s'est bâti ou rénové aucun logement,
par l'activité coopérative?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Quel est le nombre approximatif?
Mme Payette: Le nombre de coopératives d'habitation est
exactement de dix sept. Il y a dix-sept coopératives d'habitation qui se
sont prévalues de ces avantages. À présent, à cela
une autre forme d'aide a été apportée, soit l'aide
technique. C'est un secteur énormément difficile. Si on laisse
les coopérateurs sans appui technique, il est évident qu'ils vont
difficilement réussir à atteindre leurs objectifs.
Les formes d'aide technique qui sont données sont les suivantes:
il y a toujours la Société d'habitation du Québec
quand je dis la Société d'habitation du Québec, je devrais
ajouter qu'il y a un comité ad hoc, formé de notre
ministère et de la Société d'habitation, qui planifie et
étudie les projets; il y a eu la mise sur pied de ce qu'on appelle les
groupes techniques. Une subvention de $50 000 est versée à tout
groupe technique qui va se former et qui va être reconnu par la
Société d'habitation. Ces groupes techniques seront formés
de spécialistes: des architectes, des ingénieurs, des urbanistes,
etc. qui, comme leur nom l'indique, apportent toute l'aide technique aux
promoteurs d'habitations coopératives.
M. Saint-Germain: Combien de logements ces 17 coopératives
en activité ont-elles rénovés ou construits? Avez-vous un
nombre précis?
Mme Payette: Je m'excuse, je ne peux pas vous donner le nombre
exact. Cependant, comme indication, je dois dire que, pour la plupart, ce sont
des projets modestes. On ne s'est pas lancé dans la rénovation
d'immeubles de 100 logements
ou quelque chose comme cela. Ce sont plutôt des duplex ou des
immeubles à six, huit ou dix logements. C'est dans cet ordre de
grandeur. Je crois que le plus considérable est celui de Chicoutimi
où il y a 32 familles. Mais les autres, ce sont toujours de petits
immeubles.
M. Saint-Germain: Vous n'avez pas de nombre à donner?
Mme Payette: Je n'ai pas de nombre à donner.
M. Saint-Germain: Au ministère, on n'est pas au courant du
nombre de logements qui ont été...
Mme Payette: Je vous ferai remarquer qu'à un moment
donné ces aspects décrochent de notre service pour devenir ceux
de la Société d'habitation du Québec qui est l'organisme
habilité à financer, à fournir les montants d'argent d'une
subvention et également à apporter une certaine forme d'aide
technique avec les groupes techniques qui sont créés.
Je pense, M. le Président, que je pourrais ajouter ici qu'il faut
bien faire la distinction entre ce qui est le rôle du service des
coopératives au ministère et ce qui n'est plus son rôle,
à un moment donné, qui repart la responsabilité soit d'un
autre ministère ou d'un autre organisme.
Une des grandes difficultés du service des coopératives au
ministère est que, pendant plusieurs années et très
souvent, ce service a eu l'impression d'être une sorte de
pouponnière et de cimetière, c'est-à-dire qu'on mettait
des coopératives au monde et, une fois qu'on se rendait compte que
l'expérience n'avait pas fonctionné, il ne restait qu'une chose
à faire, c'était de fermer les papiers, de fermer les livres pour
que la coopérative cesse d'exister.
On a tenté de donner au service des coopératives un
rôle qui va plus loin que simplement mettre une coopérative au
monde. On tente de l'aider à faire ses premiers pas, de l'aider à
vivre, d'intervenir en cours de route sur le plan technique si la
coopérative a besoin d'aide, mais il reste qu'à un moment
donné, quand il s'agit du nombre de logements, cela ne dépend
plus du service des coopératives du ministère.
M. Saint-Germain: Je peux comprendre facilement les
difficultés qu'on peut avoir à ce niveau des coopératives
d'habitation, mais, puisque vous y êtes intéressé et que
vous avez tout de même certaines responsabilités, même si
ces responsabilités sont partagées, il me semble que le nombre
qu'il y a au bout des activités de coopératives, c'est le
résultat des actions, si vous voulez, des gestes que vous avez
posés ou des montants d'argent que vous avez dépensés. Je
suis un peu surpris de voir que, même si cela avait été
seulement une curiosité personnelle au ministère, votre
intérêt n'ait pas été porté à savoir
jusqu'à quel point on avait les résultats.
Mme Payette: Je ne pense pas que ce soit no- tre véritable
responsabilité que de savoir qu'il y a dix logements, ou douze
logements, ou quatorze logements. Notre responsabilité à nous
consiste à s'assurer en cours de route que l'aspect financier de la
question est sain.
Sur le plan technique, par exemple, ce qu'on fournit, c'est surtout de
l'aide au niveau de la comptabilité. Je pense que le
député de Jacques-Cartier doit savoir, parce que tous les
Québécois le savent, que les coopérateurs ne poussent pas
comme des champignons. Il ne suffit pas de dire qu'on souhaiterait plus de
coopératives dans le domaine de l'habitation ou dans tout autre domaine
pour que, du jour au lendemain, il y en ait 500 qui se présentent
à la porte. C'est beaucoup plus fragile que cela. Il faut une certaine
maturité de la part d'un citoyen au Québec pour envisager la
formule coopérative dans un premier temps, parce que c'est quand
même une formule qui nécessite qu'un citoyen assume des
responsabilités. Au-delà de cela, on est à la disposition
de ceux qui manifestent le désir d'une coopérative pour leur
venir en aide. Maintenant, au bout du compte, que ce soit pour dix ou douze
logements, cela n'est plus une chose qui nous concerne, à ce moment.
M. Saint-Germain: Je ne fais pas de critique. Je ne blâme
pas le ministère pour le manque de succès de ces
coopératives. Je puis facilement constater que c'est un milieu
excessivement difficile. Les résultats ne peuvent être que lents,
si on ne veut pas faire de bévues qui peuvent même arrêter
le mouvement. Ce n'est pas mon opinion, mais je veux dire que, puisqu'on
s'intéresse à quelque chose, on aimerait au moins connaître
les résultats pratiques, tangibles. On en a bâti 10, 25 ou 50, il
me semble que c'est évident que si on s'intéresse à
quelqu'un qu'on veut aider, ou à une association, même au niveau
personnel, une fois qu'on l'a fait, on aime bien savoir quel résultat on
a eu. Il me semble que c'est simplement le gros bon sens. Enfin, puisque vous
ne l'avez pas... (10 h 30)
Mme Payette: Peut-être que je pourrais donner au
député de Jacques-Cartier un chiffre qui couvre la période
du 1er janvier 1977 à la fin du mois de février. Il y a eu une
vingtaine de coopératives d'habitation qui ont vu le jour, une quinzaine
d'autres qui étaient en formation. Il y a eu une quinzaine de groupes de
ressources techniques qui ont été reconnus par la
Société d'habitation. Tout cela a représenté un
engagement financier d'environ $750 000. Ce sont les seuls chiffres que nous
avons de la part de la Société d'habitation à ce
moment.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous me permettez
une question? Vous avez dit 1977, ou est-ce que c'est 1978?
Mme Payette: Pardon?
M. Lalonde: Vous avez dit que c'était du début de
janvier 1977 à la fin de février...
Mme Payette: Jusqu'à février 1978.
M. Lalonde: Ah bon! C'est une période d'un an.
Mme Payette: Oui.
M. Lalonde: Cela va. J'avais compris que c'était deux
mois.
M. Saint-Germain: II ne serait pas exagéré de dire
que, dans le Québec, c'est un secteur d'activité qui naît,
qui en est à ses premiers pas et qui...
Mme Payette: Oui. Il peut arriver aussi que des gens s'adressent
à notre ministère pour mettre sur pied une coopérative,
mais ces gens n'ont aucun projet précis. Tout ce qu'ils ont vu dans le
programme qui s'appelle Logi-Pop, le programme lancé par la
Société d'habitation du Québec et qui permet d'avoir des
subventions de $1500, c'est la possibilité d'une subvention. Ils
s'adressent au ministère pour mettre sur pied une coopérative.
Lorsqu'on essaie de préciser le projet, les gens n'en ont absolument
pas. Tout ce qu'ils voulaient, pour employer leurs termes, c'était une
charte pour mettre sur pied une coopérative d'habitation. Dans des cas
semblables, on essaie de voir jusqu'à quel point il peut y avoir du
sérieux dans un projet. On a même vu le cas d'un
propriétaire d'un immeuble qui était en difficulté et qui
a dit à ses quatre locataires: Vous devriez mettre sur pied une
coopérative parce que vous allez avoir droit à des subventions.
Il faut dire que dans la transaction, le propriétaire réalisait
un gain fort intéressant qui était au désavantage des
locataires. À ce moment-là, nous pensons qu'il est de notre
responsabilité de faire voir à ces locataires que la solution qui
leur est proposée n'est peut-être pas la solution qui va convenir
à leurs besoins.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on pourrait, dans le secteur de la
consommation, expliciter un peu sur les programmes du ministère et
expliquer les difficultés qu'on y rencontre?
Mme Payette: Dans le secteur de la consommation, l'action du
ministère en tant qu'assistance a été de travailler en
collaboration avec le secteur de la consommation à la recherche de
solutions et de formules qui permettraient l'implantation des
coopératives dans les centres urbains, dans les milieux populeux du
Québec. Le groupe de travail a fait son étude et un ensemble de
recommandations. Ces recommandations ont débouché sur le fait que
l'action devrait être portée sur la formation de
coopératives dites coopératives régionales. Il a
été décrit techniquement quel type d'entreprise devait
être développé, quel genre de service devait être
donné et ainsi de suite. Comme la mise sur pied d'entreprises semblables
représente des sommes absolument extraordinaires quant à
l'implantation d'une grande coopérative de ce type-là
aujourd'hui, c'est quelque chose qui représente un investissement
d'environ $3 millions...
Une étude a été entreprise avec les caisses
populaires, passant par la hiérarchie des caisses, c'est-à-dire
les fédérations et les unions régionales, pour voir dans
quelle mesure elles pourront apporter une contribution à ce
développement, d'une façon qui n'est peut-être pas
très rapide... De toute façon cela a quand même
été accueilli. Ce plan, à l'heure actuelle,
débouche concrètement. Je pourrais vous donner comme exemple
j'en aurais plusieurs à citer, mais un qui vient de se
réaliser encore dernièrement la coopérative
régionale des consommateurs de Sainte-Fov qui a repris ses affaires en
main avec la collaboration de onze caisses populaires de ce territoire qui ont
investi du capital, qui ont des observateurs sur le conseil d'administration et
où le financement est assuré. D'autre part, il y a quelque chose
de très intéressant au point de vue de la confiance que cela a
créée dans le milieu parce qu'il faut admettre que les caisses
ont pignon sur rue depuis longtemps et qu'elles ont créé cette
confiance. Alors, cela a facilité énormément le
recrutement et la coopérative, à l'heure actuelle, a un chiffre
d'affaires de $150 000 par semaine alors que son point mort est d'environ $80
000. Donc, on peut dire que c'est un grand succès pour Sainte-Foy.
La même chose est en voie de réalisation dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le territoire de Joliette, et aussi dans Granby.
Alors, c'est le travail concret que le service a apporté dans une
étude.
À présent, il y a l'autre point qui nous apparaît...
Du moins, la façon dont on envisage le développement des
coopératives; cela doit commencer par l'éducation du citoyen
parce que, quelle que soit la formule, quel que soit le beau magasin, si le
consommateur ne devient pas un coopérateur qui adhère à la
coopérative, nous n'avons pas atteint les objectifs. L'action doit donc
porter sur le recrutement des coopérateurs, des membres.
Actuellement d'ailleurs comme l'indiquait tout à l'heure le
sous-ministre, M. Tétreault c'est que l'aide doit être dans
le sens de faire de l'animation dans les territoires où il y a du
développement pour que le client se transforme en coopérateur et
qu'il soit fidèle à sa coopérative. C'est une action
d'éducation qui, à notre avis, doit être entreprise pour le
développement de la consommation au Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Dans le domaine
forestier, c'est surtout le ministère des Terres et Forêts qui a
à faire avec les coopératives. J'aimerais savoir quelles
structures de collaboration il y a actuellement. Est-ce qu'il y en a une mise
sur pied par le ministère des Terres et Forêts et le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières?
Mme Payette: Le secteur forestier, qui est un secteur très
difficile, a fait l'objet cela remonte à environ trois ans
devant certains problèmes qui se sont présentés, par
exemple, avec la Fédération des chantiers coopératifs de
l'Ouest québécois et devant un cas beaucoup plus près de
nous, soit
celui de la Coopérative de Sainte-Appoline, qui est devenue la
Coopérative de la gestion forestière des Appalaches... Un
comité ad hoc a été formé de fonctionnaires du
ministère des Terres et Forêts et de notre service au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Ce comité, à mon avis, a été l'aspect le
plus positif du développement, parce qu'il a permis la communication
entre les deux ministères pour bien comprendre le problème et
identifier les types d'assistance qu'on doit apporter aux coopératives
forestières. Le cheminement a été fait sous la forme d'une
étude entreprise par l'ensemble des coopératives, étude
qui s'est appelée "Étude Paillé-McNeil" qui a, en somme,
couvert l'ensemble des coopératives du Québec et a fait certaines
recommandations. Aux recommandations de l'étude Pailié-McNeil, le
comité a ajouté les siennes. De ces recommandations s'est
établi un consensus entre le ministère des Terres et Forêts
et notre ministère pour faire en sorte que, dans la politique du
ministère des Terres et Forêts de rétrocession des terres
publiques, les coopératives puissent avoir leur place pour être
capables d'être des exécutants dans les plans de gestion du
ministère des Terres et Forêts.
À présent, une déclaration récente a
été faite par le ministre, M. Bérubé, en ce sens,
lors d'un colloque organisé par les coopératives
forestières. Au moment où l'on se parle, je crois qu'il y a
beaucoup d'espoir de ce côté, mais cela s'inscrit uniquement dans
les rétrocession des terres. Tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas
de rétrocession faite par le ministère des Terres et
Forêts, il n'y aura pas de place pour les coopératives
forestières, parce que les coopératives forestières vont
tout simplement tomber dans les plates-bandes des compagnies qui, elles, ont
des droits et qui ne veulent pas voir les coopératives. De là le
conflit continuel qui existe à l'heure actuelle, qui brouille les cartes
et qui fait qu'on ne comprend pas le problème, de façon
générale, chez le public.
Alors, j'insiste pour dire qu'il y aura quelque chose de fait,
concrètement, dans le développement des coopératives
forestières au moment où il y aura rétrocession.
Cependant, l'action des deux ministères est bien engagée et je
dois ajouter, au bénéfice du ministère des Terres et
Forêts, qu'un comité d'accueil a été
créé par les personnes qui ont été
embauchées pour s'occuper spécifiquement des coopératives.
Tous les gestionnaires au niveau régional et les registraires ont
été informés de la politique du ministère des
Terres et Forêts et de l'appui qui a été donné par
notre ministère dans ce sens. Cependant, on est un peu dans l'attente.
On veut voir ce qui va se faire avant de passer à l'action
concrète.
M. Goulet: M. le Président, si j'ai posé cette
question, c'est que j'ai assisté à un colloque où le
conférencier semblait dire que les principes énoncés par
le ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, lorsque c'était rendu au niveau du ministère
des Terres et Forêts, la plupart de ces terres sont
gérées par
REXFOR les principes n'étaient plus les mêmes; les
portes n'étaient pas aussi grandes ou, si vous voulez, les oreilles
n'étaient pas aussi attentives. Vous dites: D'accord, il y a eu des
consensus dans le cas des coopératives Appalaches-Sainte-Apolline. En
général, est-ce que vous avez eu des plaintes concernant REXFOR,
qui est une société appartenant au ministère des Terres et
Forêts, selon lesquelles, lorsqu'on parle de coopératives à
ces gens-là, ils sont plutôt réticents? La
coopérative ou l'entreprise privée, pour eux, c'est la même
chose et on ne va pas plus loin. S'il n'y a pas eu de plaintes de ce
côté-là, y a-t-il des efforts qui se font, suite à
des plaintes reçues?
Mme Payette: Dans la politique qui a été
énoncée par le ministère des Terres et Forêts, M.
Bérubé a indiqué que le but poursuivi au sein de son
ministère, c'était de former des fonctionnaires à la
philosophie du coopératisme par la création, au sein du
ministère des Terres et Forêts, d'une structure d'accueil, d'un
service des associations coopératives, comme le mentionnait M. Rioux il
y a quelques instants.
M. le Président, lorsque vous laissez entendre qu'il y a des
problèmes entre REXFOR et les coopératives, je dois vous dire que
vous avez raison. C'est vrai. Je pense qu'on peut identifier certaines
régions comme le Nord-Ouest québécois, parce que la
relance a été confiée à REXFOR. Il y a certains
problèmes en voie de règlement pour ne pas dire presque
entièrement réglés du côté de l'Ouest
québécois où il y avait de l'incompréhension
mutuelle.
L'autre problème dont on entend parler très souvent, c'est
le problème de la coopérative de gestion forestière des
Appalaches. Cependant, il faut comprendre le problème de la façon
suivante: II s'agit d'un territoire rétrocédé; il s'agit
d'une forêt domaniale que le gouvernement a donnée à sa
compagnie de la couronne qui est REXFOR, contrat d'exécutant qui va se
terminer en 1979.
Or, lorsque la coopérative a été
créée, elle l'a été sur le territoire
déjà concédé à REXFOR et REXFOR n'a pas
voulu, dans un premier temps, accepter que la coopérative vienne jouer
dans ses plates-bandes; de là les mauvaises relations qu'il y a eu au
départ, mais qui s'améliorent énormément. Je dois
vous dire que, si la coopérative ne s'appelle plus coopérative de
Sainte-Apolline, mais bien Gestion forestière des Appalaches, c'est tout
simplement en raison d'un consensus qui a été établi selon
lequel la coopérative se prépare à remplacer REXFOR qui,
après 1979, doit se retirer.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président, mais j'en aurais d'autres, si vous le permettez.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Goulet: Dans le domaine de l'habitation, monsieur a
parlé de 17 associations qui se sont prévalues des nouveaux
critères; 17 ont été acceptées. Est-ce que cela
veut dire qu'il y a eu 17 de-
mandes ou y a-t-il eu beaucoup plus de demandes? Combien y a-t-il eu de
demandes comparativement aux 17 qui ont fait affaires avec vous? C'est le
chiffre que vous avez mentionné tout à l'heure. Est-ce
qu'à peu près toutes les associations qui ont demandé des
subventions en ont eu? Pour être bien compris, je parle du domaine de
l'habitation.
Mme Payette: II y a encore quelque chose qui n'est pas clair dans
la question, cependant. Est-ce que vous voulez savoir si elles ont toutes eu
des subvenions ou si elles ont toutes été formées? Il y a
deux volets à votre question.
M. Goulet: 17 ont eu des subventions, d'après ce que
monsieur nous a dit. Combien ont fait des demandes?
Mme Payette: 17 ont été formées. M.
Goulet: Ont été formées, d'accord.
Mme Payette: Ce n'est pas pareil. Il y avait deux questions dans
une.
M. Goulet: D'accord. Si 17 ont été formées
cette année, est-ce qu'on peut savoir combien fonctionnent à
l'heure actuelle, pas de ces 17, mais au total?
Mme Payette: Dans l'ensemble? M. Goulet: Dans l'ensemble,
oui.
Mme Payette: II n'y en avait pas beaucoup avant.
M. Goulet: Je ne veux pas les chiffres... Autour de 50, autour de
75?
Mme Payette: II y a 65 coopératives qui ont des
activités économiques présentement.
M. Goulet: Qui fonctionnent actuellement. Mme Payette:
Oui.
M. Goulet: Vous avez parlé également tantôt
des Cooprix de la région de Québec. Concernant ceux de la
région de Montréal, il était question dernièrement
que ce soit mis en tutelle par l'Union régionale des caisses populaires.
Il y a eu des articles dans les journaux dernièrement. Est-ce que vous
avez des développements là-dessus? Est-ce que vous êtes
d'accord?
Mme Payette: En disant ce que vous venez de dire, vous venez de
prendre position dans la question. Il n'a pas été question de
mettre en tutelle. Certaines personnes ont prétendu que certaines autres
mettaient en tutelle... (10 h 45)
M. Goulet: J'ai dit, selon... Je m'excuse, j'ai peut-être
été mal compris, mais j'ai cru dire: Selon certains articles de
journaux, on parle de mettre en tutelle j'ai bien dit: selon certains
articles de journaux les magasins Cooprix de la région de
Montréal par l'Union régionale deS caisses populaires de
Montréal.
Est-ce que vous êtes d'accord, en principe? C'est ce que je veux
savoir. Si, éventuellement...
Mme Payette: D'accord sur quoi?
M. Goulet: Sur la mise en tutelle des Cooprix de la région
de Montréal.
Mme Payette: Vous me demandez de porter un jugement sur une
déclaration faite par un individu sur la question. Je ne pense pas que
ce soit à moi de dire que cette personne a raison ou tort. Il y a
là des administrateurs qui ont choisi une formule de financement qui
semble leur convenir et je pense que notre position est d'être favorable
à ce libre marché qui se fait entre des gens qui ont de l'argent
à proposer et d'autres qui en ont besoin. Je ne vois pas de quel droit
j'interviendrais dans ce débat en prenant position pour l'un ou pour
l'autre.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président. Maintenant, concernant le développement
coopératif encore là, j'en suis au niveau des principes
est-ce que, pour survivre, la plupart des développements
coopératifs je ne parle pas des caisses populaires, mais des
autres auront besoin de certains privilèges que l'entreprise
privée n'a pas? Tout à l'heure, vous avez parlé, Mme le
ministre, de pouponnière et de cimetière. Jusqu'où les
subventions, au niveau du principe... Est-ce que, d'après vous, les
développements coopératifs au Québec auront toujours
besoin de subventions de la part du gouvernement ou si, à un moment
donné, ils vont être capables de...
Mme Payette: Vous me demandez une opinion presque personnelle sur
la question. J'aurais envie de vous dire...
M. Goulet: C'est vous qui êtes ministre.
Mme Payette: ... qu'il se fait bien moins de subventions du
côté coopératif qu'il s'en fait du côté de
l'entreprise privée et que le rôle qui serait
éventuellement joué par la SDC, la Société de
développement coopératif, ne pourra jamais, à mon avis,
devenir aussi important que le rôle joué par la
Société de développement industriel. Je pense que ce sont
deux secteurs... À moins qu'on vive assez vieux pour voir, au
Québec, la formule coopérative devenir la formule choisie de
développement, ce sont deux choses qui ne se comparent pas. Vous avez
des investissements qui sont très limités dans le domaine
coopératif, des investissements qui sont énormes dans
l'entreprise privée par le biais du ministère de l'Industrie et
du Commerce.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre,
lorsqu'on parle de coopérative, s'il voit là une entreprise, ni
plus ni moins, comme les autres. C'est ce que je veux savoir.
Mme Payette: Non, ce n'est pas une entreprise comme les autres;
sur le plan philosophique, il y a là...
M. Goulet: Quelle est la différence?
Mme Payette: ... une initiative qui doit venir de la base, qui
nécessite qu'un certain nombre de personnes s'unissent vers un but
commun et ça n'a rien de commun avec l'entreprise privée telle
que définie dans le système dans lequel on vit.
M. Goulet: Lorsqu'on parle d'entreprise, il y a trois buts
à atteindre: l'efficacité, la productivité et la
rentabilité. D'après Mme le ministre, est-ce que ces trois points
doivent être atteints par...
Mme Payette: Certaines coopératives ont fait la
démonstration que c'est possible. AVant que ce soit la
réalité pour les autres coopératives, ce n'est pas demain
la veille. On espère aider pour que ça se fasse le plus
rapidement possible.
M. Goulet: Mais c'est le but premier.
Mme Payette: II y a un secteur dans le domaine coopératif
qui est développé au Québec. On n'a même pas besoin
de l'identifier, tout le monde est au courant, c'est un énorme
succès qui se compare à n'importe quelle entreprise
privée; d'autre part, vous avez d'autres secteurs qui ont beaucoup de
mal, même à démarrer, et qui ont du mal à survivre
une fois qu'ils ont démarré. Notre rôle est de voir
à ce qu'ils puissent continuer d'exister.
M. Goulet: Mais la rentabilité est un critère assez
important, au même titre que l'entreprise privée.
Mme Payette: Je pense que le Mouvement Desjardins l'a
démontré.
M. Goulet: Au niveau des autres?
Mme Payette: Au niveau des autres, ils ont peut-être
d'énormes difficultés de départ, mais, en principe, ils
doivent pouvoir vivre par leurs propres moyens.
M. Goulet: Est-ce que c'est un but à atteindre, à
court terme, sous peine de ne plus exister, d'après vous, ou si
vous...
Mme Payette: À condition de ne pas s'enfar-ger dans le
court terme.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Viau.
M. Lefebvre: M. le Président, dans l'habita- tion, une des
pierres d'achoppement principales, c'est le délai pour obtenir les
subventions ou l'acceptation par la Société d'habitation pour
pouvoir acquérir une maison. Parfois, ça va même
jusqu'à six mois avant de pouvoir acheter la maison et, à ce
moment-là, l'ancien propriétaire refuse ou monte ses prix en
conséquence, sachant que ça vient du gouvernement. Cela diminue
considérablement la rentabilité de la maison. Est-ce qu'il y a eu
des démarches faites de ce côté?
Mme Payette: Le problème qui se pose, c'est que notre
ministère, comme la Société d'habitation du Québec,
veut créer d'authentiques coopératives. La création d'une
authentique coopérative signifie que les personnes qui vont occuper les
logements doivent être membres de la coopérative, et non pas des
locataires.
Au moment où la transaction se fait, il s'agit tout simplement
d'un locataire qui paie un loyer à un propriétaire. La
Société d'habitation a comme exigence qu'elle versera des
subventions qui seront de $1500 par logement à la condition que la
propriété qui a été achetée par la
coopérative fournisse la preuve qu'elle est occupée à 51%
par des membres propriétaires.
Le laps de temps que cela prend pour faire de l'éducation,
convaincre un locataire de devenir un membre, parfois est assez long et ceci
présuppose des problèmes comme ceux que vous m'exposez.
Cependant, que voulez-vous? La situation est celle-ci, c'est le manque de
connaissance de la coopération dans l'habitation qui fait que cela
amène des retards semblables avec des conséquences qui
déteignent sur le coût des transactions.
M. Lefebvre: Dans mon comté, il y a eu une augmentation de
50%. Quand les gens ont commencé à parler de coopératives,
l'ancien propriétaire a commencé à monter ses prix. Au
moment où les gens étaient intéressés à se
former en coopérative, la maison n'était plus rentable parce que
l'ancien propriétaire demandait un prix trop élevé.
Mme Payette: M. le Président, même si on est
conscient de cette difficulté, le choix qu'on a à faire, c'est de
créer des coopératives vite, parce que quelqu'un s'est
levé, à un moment donné, en découvrant que par le
biais d'une coopérative, il pouvait avoir accès à un
certain nombre de choses, dont des subventions, ou alors, de faire la preuve
qu'il s'agit véritablement de coopérateurs et que cette
coopérative va durer.
Le choix du ministère, actuellement, c'est de s'assurer que
lorsque naît une coopérative, il s'agit bien d'une
véritable coopérative. Je pense que les coopérateurs au
Québec ne pardonneraient pas au ministère d'être moins
exigeant sur la qualité de la coopérative qui se crée.
Il s'agit d'un frein au développement, on en est conscient. Il
nous est arrivé peut-être de souhaiter qu'on soit moins pur
à certains moments, qu'on puisse permettre une initiative, quitte
à redresser si nécessaire, par après. Mais il semble
démontré que, s'il ne s'agit pas de coopérateurs
convaincus, éduqués à la coopération, qui savent
dans quoi ils s'embarquent, ces expériences sont appelées, de
toute façon, à disparaître.
L'expérience nous démontre à nous qu'il vaut mieux
prendre le temps de s'assurer qu'il s'agit bien d'une coopérative avec
de véritables coopérateurs.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aurais une question sur le
même sujet et une autre sur un autre sujet.
Je comprends les arguments du ministre et je pense que c'est louable de
vouloir qu'avant qu'une coopérative se mette en branle, toutes les
conditions soient réunies pour son succès. Dieu sait qu'il y a eu
beaucoup d'échecs dans ce domaine-là, dans le passé.
Mme Payette: Si le député me permettait de
l'interrompre.
M. Paquette: Oui.
Mme Payette: Ce qui est pis encore, c'est qu'on constate qu'un
échec dans le domaine coopératif est plus grave, semble-t-il,
qu'un échec dans l'entreprise privée. Cela marque davantage.
Peut-être parce que les coopérateurs ont, au départ, moins
l'esprit d'aventure que des gens qui se lancent dans l'entreprise
privée. Peut-être qu'ils sont moins prêts, sur le plan de
l'éducation personnelle, mais un échec est terrible parce qu'il
empêche qu'on essaie de nouveau, pendant souvent une longue
période de temps.
M. Paquette: Mais pour revenir sur la question des délais,
j'ai également eu des représentations de coopérateurs qui
se plaignent des doubles séries de critères, c'est-à-dire
qu'il y a une série de critères à la Société
d'habitation du Québec et il y en a une autre au service des
coopératives.
Je ne sais pas s'il y a eu des discussions avec la Société
d'habitation ou avec le ministère des Affaires municipales pour
coordonner, peut-être sous un même chapeau, la mise en route de
coopératives dans le domaine de l'habitation. Il y a des
coopérateurs qui souhaiteraient que ce soit le ministère des
coopératives qui prenne en main la mise sur pied des coopératives
et applique des critères dont une partie pourrait être fournie par
la Société d'habitation.
Est-ce qu'il y a eu des pourparlers dans ce sens-là? Voilà
une façon d'accélérer les choses. J'aimerais avoir une
réponse là-dessus.
D'autre part, je me demande s'il n'y a pas des moyens pour pallier les
problèmes que souligne mon collègue de Viau. Je suis d'accord
avec le fait qu'on prenne du temps pour constituer une coopérative pour
qu'elle réponde à des critères qui assurent son
succès; je suis d'accord avec cela, mais, entre-temps, il se passe bien
des choses et l'avantage de l'entreprise privée sur la
coopérative, c'est la rapidité d'action avec laquelle elle peut
se mettre sur pied.
Au point de départ, les entreprises privées ont un
avantage sur les coopératives. Les propriétaires privés
dans le domaine de l'habitation ont des avantages sur les citoyens qui songent
à se regrouper. Dans cette optique, on peut se demander si on ne devrait
pas avoir une politique d'établie où il y aurait un stade
intermédiaire qui pourrait être une corporation à but non
lucratif et qu'après, dans un deuxième temps, la corporation
pourrait se transformer en coopérative ou tout autre mécanisme.
J'aimerais savoir quel est l'état de la réflexion du
ministère là-dessus.
Mme Payette: J'ai mentionné tout à l'heure qu'il y
a effectivement un démarrage ou un déblocage dans le secteur de
l'habitation. Ce qui a contribué à cela, évidemment, ce
sont les politiques incitatives de subventions à la formation d'une
coopérative ainsi que subventions aux logements. Ceci a provoqué
un très grand nombre de demandes immédiatement. Ces demandes qui
sont arrivées à notre ministère étaient les
suivantes: douze signataires d'une coopérative avec des fins plus ou
moins bien définies, avec des parts sociales de $1.
À partir de ce moment-là, j'ai mentionné qu'un
comité a été formé avec la Société
d'habitation pour étudier les problèmes. Nous avons convenu qu'il
y aurait un ensemble de critères que nous allions exiger pour la
formation d'une coopérative. Parmi ces critères, il y avait ceux
qui avaient déjà été prévus par la
Société d'habitation, selon lesquels lorsqu'il s'agissait de
rénovations, les subventions ne seraient pas données, s'il n'y
avait pas au moins 51% des coopérateurs qui seraient des membres dans
l'immeuble et, dans le cas de nouvelles constructions, c'étaient des
critères de 75%.
Il avait également été convenu qu'on n'accepterait
pas les parts sociales de $1, qu'on tenterait de convaincre les promoteurs
qu'ils devraient investir un pourcentage peut-être de 5% ou de 8% du
coût de l'immeuble. Si on n'était pas capable d'obtenir cela, du
moins on exigerait un minimum de $100 de capital social par
coopérateur.
On s'est aperçu cependant que de faire un bloc de ces
propositions pouvait occasionner des retards. Nous avons modifié notre
approche précisément pour tenter de hâter les
procédures, c'est-à-dire que la Société
d'habitation a ses critères qui vont intervenir en temps et lieu et nous
avons nos critères pour la formation.
Nos critères pour la formation, à l'heure actuelle, c'est
tout simplement de convaincre le membre qu'il doit investir quelque peu dans la
coopérative et que s'il ne veut pas investir environ 1,5% de
l'investissement que cela représente, du moins qu'il ne descende pas en
bas de $100.
On tente par conviction de faire comprendre que c'est absolument
essentiel pour les intéresser à des projets. Ceci étant
accepté de la part des promoteurs, on tente de hâter le plus
possible la procédure pour que la coopérative se forme.
Là,
viennent les critères de la Société d'habitation
qui ne versera pas les $1500 tant et aussi longtemps qu'elle n'aura pas la
preuve concrète qu'il y a 51% des locataires qui se sont
transformés en propriétaires-membres. Mais on ne voit pas de
quelle façon on pourra hâter davantage, sinon en faisant de la
fausse coopérative.
M. Paquette: Oui, je n'avais pas terminé. Une autre
question concernant la Société de développement
coopératif. Je pense que les administrateurs viennent d'être
nommés récemment, que le président vient d'être
nommé. Le conseil d'administration fonctionne depuis quelque temps. La
société a-t-elle eu le temps de définir son rôle?
Aurait-elle un rôle à jouer? Le ministre a-t-il l'intention de lui
demander de jouer un rôle dans le domaine de l'habitation en particulier?
Quelles vont être les priorités de cette Société de
développement coopératif?
Mme Payette: La Société de développement
coopératif va avoir à déterminer ses priorités au
fur et à mesure, sauf que le gouvernement a indiqué, quant
à lui, que ces priorités se situaient dans l'habitation, le
domaine forestier et la consommation.
Si on regarde la dernière petite feuille de
l'élément 3, on constate d'ailleurs que notre action a
été positive, puisque, dans la consommation, dans l'habitation et
dans la production et le travail qui se rapproche du forestier, ce sont les
trois domaines où il y a eu le plus de création de
coopératives au cours de la dernière année.
Pour ce qui concerne la Société de développement
coopératif, je pense que M. Tétreault, qui fait partie du conseil
d'administration, pourrait nous dire ce qui s'est fait au cours des derniers
mois et comment la société entend continuer ses travaux. (11
heures)
Le conseil d'administration de la SDC s'est réuni, depuis sa mise
en place, à cinq reprises. La première difficulté qu'il a
affrontée a été dans le choix d'un directeur
général. Une première sélection avait
été faite. Cette sélection n'étant pas
satisfaisante aux yeux des administrateurs, il y a eu une deuxième
sélection qui a été mise en marche. Les services d'une
firme avaient été retenus pour pouvoir présenter un
certain nombre de candidats, mais cette firme a connu des difficultés,
parce qu'un de ses employés l'a quittée; si bien que le dossier a
dû être transmis à une autre personne. Ceci a retardé
tout le processus, de telle sorte que le directeur général vient
d'être choisi. Il va pouvoir quitter son emploi actuel vers le milieu du
mois de mai. Entre-temps, la SDC est en train de s'organiser au plan
matériel en ce qui regarde le choix d'un local, en ce qui regarde son
équipement et tout le reste. C'est à partir du milieu de mai que
la société va réellement connaître son
départ. Je dois vous dire qu'il y a déjà des dossiers qui
sont entrés, des demandes de prêts qui sont entrées
à la société, mais le conseil d'administration trouvait
difficile de pouvoir répondre à ces demandes en l'absence d'un
directeur général, en l'absence d'une structure
opérationnelle, et il doit aussi définir des politiques quant aux
prêts.
Dans le domaine de l'habitation, il y a un article de la loi
créant la SDC qui ne permet pas qu'un prêt sur hypothèque
fait à une coopérative soit supérieur à $100 000.
Or, c'est évident, et c'est la même chose dans le domaine de la
consommation M. Rioux vous indiquait tantôt que pour mettre sur
pied un Cooprix, cela exige des investissements de $3 millions à
ce moment, l'aide financière de la SDC va se limiter pour un magasin
à $100 000. Il n'y a pas seulement des Cooprix, il y a aussi des
coopératives de consommation qui, elles, vont pouvoir se satisfaire de
ces $100 000.
Ce qui est peut-être le plus important dans l'action de la SDC,
c'est qu'elle va évidemment pouvoir apporter de l'aide technique, mais
elle va pouvoir aussi investir en parts sociales dans une coopérative.
Très souvent, la difficulté à laquelle font face des
coopératives lorsqu'elles s'adressent à des prêteurs
traditionnels, c'est un problème de sous-capitalisation. L'action de la
SDC va sûrement être très importante, parce qu'elle va
permettre à des coopératives, une fois que l'intervention de la
SDC dans son capital a lieu, de pouvoir aller vers des prêteurs
traditionnels et notamment vers des caisses populaires.
M. Paquette: Une dernière question concernant les
coopératives du Nouveau-Québec, je pense qu'on doit les faire
entrer dans les coopératives d'artisanat. Je n'ai pas vu de
catégorie, mais, de toute façon, j'aimerais tout simplement dire
que je pense que tout le monde est conscient que c'est beaucoup plus que des
coopératives pour la population inuit du Nord du Québec. C'est
vraiment un mode d'organisation sociale que les Inuit se sont donné et
qui tient pratiquement lieu, de plus en plus, d'organisation politique. Dans ce
sens, on a peut-être un modèle à aller chercher dans le
Sud, comme ils disent, pour notre propre développement
économique. Il faut dire que les conditions sont très
différentes aussi.
Maintenant, le problème est le suivant, c'est que l'entente de la
baie James prévoit la création d'une Société de
développement du Nouveau-Québec je pense que c'est comme
cela qu'on l'appelle formée de représentants des
gouvernements et également des populations autochtones, mais qui n'est
pas entièrement contrôlée par les populations autochtones
et qui va être dotée d'une somme substantielle de l'ordre de $75
millions, si je me rappelle bien, et qui va intervenir à
côté de ces coopératives dans le développement
économique du Nouveau-Québec.
Personnellement, je vois là, étant donné
l'importance des coopératives pour la population du Nord du
Québec, un danger de voir cette corporation, qui en sera une à
but lucratif, commencer à développer le Nord à la
manière du Sud, sans tenir compte des modes d'organisation que les Inuit
se sont donnés. J'aimerais savoir où en est l'état de la
réflexion du ministère sur ce problème. Y a-t-il des
choses qui s'en viennent de ce côté-là?
Mme Payette: Dans un premier temps, je vais donner une partie de
la réponse. M. Rioux pourra peut-être donner la deuxième
partie. L'ensemble de la question ne nous appartient pas et je pense bien qu'on
n'a pas de jugement à porter sur l'ensemble. La partie
coopérative de la transaction nous concerne. Jeudi dernier, j'ai eu
l'occasion de rencontrer huit représentants inuit, l'exécutif de
la Fédération des coopératives inuit. Évidemment,
la rencontre est un petit peu étrange parce que je ne parle pas leur
langue et, pour l'instant, ils ne parlent pas le français non plus. Il
faut que tout soit fait avec un traducteur. Mon rôle dans cette rencontre
était de leur faire savoir qu'effectivement, leurs coopératives
sont maintenant au ministère, qu'on dispose de l'argent qui leur avait
été promis pour leur venir en aide, qu'on était à
leur disposition. Je sais que cela pose un certain nombre de problèmes
et M. Rioux peut probablement expliciter l'ensemble des problèmes.
Dans la convention de la baie James, au chapitre 23, il est prévu
la création d'un CRD. Là, nous sommes en communication avec
l'OPDQ et nous croyons que c'est à l'intérieur du CRD que les
coopératives du Nouveau-Québec pourront jouer un rôle
très important. Toute cette question est à l'étude afin
que l'on puisse faire des suggestions aux coopératives du
Nouveau-Québec.
M. Paquette: Mais quelles seraient les relations de ce CRD avec
la corporation de développement dont on parle ailleurs dans la
convention de la baie James et qui va administrer les fonds qui ont
été...?
Mme Payette: C'est ce que l'on essaie de connaître à
l'heure actuelle.
M. Paquette: Ah! bon.
Mme Payette: Parce que les dossiers des coopératives du
Nouveau-Québec sont maintenant à notre ministère depuis le
1er avril.
M. Paquette: Ah! bon; d'accord. Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de... Oui.
Mme Payette: M. le Président, je me permettrais
peut-être d'ajouter quelque chose parce qu'il y a eu une sous-question
tout à l'heure pour savoir quel type de coopérative
c'était. C'est pour fins d'évaluation; comment nous voyons les
coopératives du Nouveau-Québec au niveau de notre service. Parce
que les coopératives du Nouveau-Québec sont des
coopératives, nous les identifions comme étant des
coopératives mixtes. Ce sont des coopératives qui font de la
consommation, de la production, de la mise en marché et voient à
l'aménagement communautaire de tout le milieu. À partir de ce
moment-là, ces coopératives sont, à mon avis, une
très grande réussite, pour avoir suivi ce dossier depuis 1965.
J'ai souvent fait remarquer qu'on aurait à copier le nord, parce que ces
gens ont réellement fait un succès fantastique sur le plan
socioéconomique.
À présent, dans ce contexte, on appuie ces
coopératives et, comme on l'a indiqué tout à l'heure, les
effectifs en ressources humaines et financières ont été
transférés à notre service. À présent, on va
épauler les coopératives pour tenter d'atteindre les objectifs
avec, évidemment, une certaine zone grise qu'on n'est pas capable,
à l'heure actuelle, de démêler, pour une certaine
période, pour voir quelle sera leur action par rapport à la
convention de la baie James.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, vous me permettrez de vous
dire, au départ, qu'après avoir passé une fin de semaine
dans la joie et l'espérance, c'est un choc de me trouver actuellement
devant les députés ministériels. Mais comme c'est le
devoir qui indique ma conduite, je reviendrai...
Mme Payette: Ne pensez pas que ce ne serait pas un choc pour nous
de nous retrouver devant votre chef à l'Assemblée nationale!
M. Paquette: On a hâte d'accueillir votre chef.
M. Lalonde: Je ne sais pas pourquoi, M. le Président, on
m'interrompt.
M. Paquette: C'est parce que vous êtes agaçant.
Mme Payette: Vous êtes agaçant, oui.
M. Lalonde: Cela agace les députés
ministériels que le Parti libéral se soit renouvelé en fin
de semaine...
Le Président (M. Jolivet): Ce qui agace un peu, c'est que
vous enfreigniez le règlement.
M. Lalonde: Ah! bon. Je l'accepte de vous, je l'accepte de vous,
M. le Président. C'est vous qui êtes mon directeur.
M. le Président, j'aimerais simplement demander ceci au ministre.
Dans le bouquin qu'il nous a remis sur le programme 2, élément 3,
on voit cette déclaration, cette proposition: Au départ, le
gouvernement a identifié trois secteurs qu'il considère
prioritaires en matière de développement d'associations
coopératives, il s'agit de la forêt, de l'habitation et de la
consommation, mais le document ne contient aucune justification, enfin aucun
argument qui pourrait nous permettre à nous, à la commission
parlementaire, de déterminer si le gouvernement a été bien
fondé de choisir ces trois secteurs plutôt que le secteur de
l'édition, par exemple, ou des services récréatifs,
où on retrouve 26 coopératives seulement alors que, dans la
consommation, on en a déjà 215 et que, dans les
coopératives forestières, on en a déjà une
cinquantaine.
J'aimerais que Madame le ministre nous dise ce qui a porté son
ministère à choisir ces trois secteurs plus
particulièrement.
Mme Payette: M. le Président, le moment où j'ai
annoncé que le gouvernement endossait d'aider ces trois secteurs se
situe au début de 1977. C'était à la suite de
consultations avec le mouvement coopératif structuré et le
Conseil de la coopération du Québec, qui avait identifié
pour nous ces trois secteurs comme étant les secteurs dans lesquels on
avait particulièrement besoin de l'intervention gouvernementale. Ce
n'est qu'à la suite de cette identification que le gouvernement a
donné son accord de tenter d'aider ces trois secteurs en
particulier.
M. Lalonde: M. le Président, Mme le ministre nous dit que
c'est le Conseil de la coopération "qui a identifié pour nous",
donc identifié pour le gouvernement ces trois secteurs. Quels sont les
arguments du conseil qui ont déterminé Mme le ministre à
être d'accord avec cette identification qui a été faite par
un organisme qui, en matière de coopération, est sûrement
extrêmement compétent et connaissant, mais qui n'est quand
même pas le gouvernement?
Mme Payette: Je pense que le développement du domaine
coopératif au Québec ne relève pas du gouvernement. Le
développement relève du mouvement coopératif
lui-même et encore plus du Conseil de la coopération du
Québec. Le Conseil de la coopération nous avait fait valoir la
nécessité d'une aide plus importante dans ces trois secteurs
à la suite des constatations faites sur le terrain. Il y avait eu
certaines expériences dans ces trois domaines qui avaient
été assez malheureuses. On sentait le besoin de permettre, comme
je l'ai expliqué tout à l'heure, un regain de confiance dans ces
trois domaines. Je pense qu'en ce qui concerne le gouvernement, il était
évident aussi et c'est la raison pour laquelle on est
tombé d'accord sur l'aide possible dans ces trois domaines que
ces trois secteurs étaient des secteurs qui paraissaient prioritaires en
termes de développement coopératif.
M. Lalonde: M. le Président, j'avoue que je ne suis pas
tout à fait rassuré, satisfait de la réponse. Il semble
que ce soit une évidence. Il m'apparaît que ces trois secteurs de
l'activité coopérative sont importants, il n'y a aucun doute, par
la présence dans le quotidien au niveau de l'habitation et de la
consommation. Quand il s'agit de la forêt, c'est peut-être plus
sectoriel, mais, quand même, cela a aussi sûrement une grande
importance. Si on prend l'exemple des coopératives étudiantes, on
en a 40 et on se souvient des maux de tête assez annuels qu'on a eus; je
pense qu'il n'y a pas une année où on n'a pas eu de maux de
tête relativement aux coopératives étudiantes. Il en reste
une quarantaine, d'après les chiffres qu'on nous fournit. Les
sociétés coopératives agricoles, il y en a 150; c'est
sûr qu'au point de vue présence dans le milieu, c'est
extrêmement important. Il y a aussi les coopératives de services
récréatifs. Notre société industrielle s'en va dans
l'ère du loisir: est-ce que le ministère n'aurait pas dû ou
ne devrait pas accorder une importance aussi grande aux services
récréatifs? Le domaine de l'édition, je l'ai
mentionné tantôt, c'est un domaine qui est malade quasiment tous
les mois et on a neuf coopératives d'édition. Des
coopératives de développement industriel, on en a huit. Or on
sait que c'est justement le secteur qui est le plus criant de besoins pour ce
qui concerne notre économie. Pourquoi ne pas promouvoir la formule
coopérative dans le développement industriel, compte tenu de
toutes les autres exigences, les autres contraintes d'efficacité, de
rentabilité et de productivité? C'est pour cette raison que je
pose la question. En fait, ce n'est pas tout à fait une question que je
pose, mais c'est une réaction aux réponses de Mme le ministre,
parce qu'il m'apparaît qu'il y a sûrement d'autres raisons. (11 h
15)
Peut-être qu'en posant ma deuxième question j'aurai une
réponse. Comment seront distribuées les subventions de $206 000
et pourquoi laugmen-tation de $67 000? On fait état, dans le document,
de cette augmentation. Il me semble que, déjà en avril, le
ministère devrait être assez avancé dans le choix des
subventions pour l'année courante. Est-ce qu'on peut avoir une
idée des subventions ou des recommandations que le ministère va
faire je sais qu'il y a d'autres étapes de décision
quant à ces $206 000, et, où seront dirigés les $67 000
d'augmentation?
Mme Payette: À la première question du
député de Marguerite-Bourgeoys, je vais essayer de donner une
réponse plus précise, même si je trouvais que celle que
j'avais donnée l'était déjà. Qu'on choisisse trois
secteurs comme étant prioritaires et nécessitant une intervention
plus importante ne signifie aucunement qu'on mette de côté les
autres domaines, sauf qu'avec les disponibilités financières que
nous avons, les besoins étant clairement identifiés et
nécessitant des interventions, je pense qu'il est normal pour un
ministère de se choisir des secteurs prioritaires. Ce qui a
été fait.
À la deuxième partie de la question, l'augmentation des
subventions sera surtout attribuée au secteur de la consommation, cette
année. Nos demandes au niveau des subventions avaient été
plus importantes que ce qui nous avait été accordé et je
pense que là aussi on sait que c'est normal, on demande beaucoup
pour obtenir parfois un peu plus nous aurions souhaité avoir une
somme plus importante. L'augmentation de cette somme sera surtout
consacrée à la consommation.
M. Lalonde: Oui. D'ailleurs, un tableau, au commencement de votre
document, donne une liste des subventions, mais c'est pour 1976/77, 1977/78.
Est-ce que vous êtes un peu plus avancé dans la
détermination des subventions? On a eu des augmentations
déjà l'an dernier au Conseil de la coopération de $40 000
à $61 000, à la Fédération des magasins Co-Op de
$41 000 à $60 000, une disparition d'une subvention de 1976/77,
1977/78 de $3000 à la Coopérative d'habitation des Cantons
de l'Est. Le Conseil de l'intercoopéra-tion du Saguenay-Lac-Saint-Jean
s'était vu octroyer une subvention de $41 000. Est-ce que Mme le
ministre pourrait nous dire d'abord l'usage, l'utilisation de ces subventions?
Est-ce qu'une surveillance a été faite et est-ce qu'un rapport a
été reçu?
Mme Payette: Seulement une correction. Les $3000 de la
Coopérative d'habitation des Cantons de l'Est ne sont pas une subvention
comme telle, mais une subvention à l'organisation d'un colloque sur les
coopératives d'habitation. La seule façon de pouvoir donner une
subvention comme celle-là était de la donner à une
coopérative existante. Pour les autres détails, je pense qu'on
a...
Sans que nous ayons arrêté les montants définitifs
des subventions, parce que cela doit se faire la semaine prochaine, je pense
qu'on peut dire, à ce moment-ci, que le Conseil de la coopération
du Québec obtiendrait un montant de $10 000 de plus que ce qu'il a
reçu. Il faut dire que dans cette subvention au Conseil de la
coopération, on tient compte des avis que le conseil transmet au
ministre en vertu de l'article 3 de la Loi des associations
coopératives. Dans le domaine de la consommation, à la
Fédération des magasins Co-Op, on pourrait croire qu'il y aurait
lieu d'augmenter la subvention de $20 000. Dans le cas des coopératives
forestières du Nord-Ouest québécois, où il se fait
un travail afin que les coopéra-teurs de cette région reprennent
en main leurs coopératives, là aussi, il pourrait y avoir une
augmentation d'environ $20 000.
M. Lalonde: Excusez-moi, je ne la vois pas dans la liste, la
Coopérative forestière du Nord-Ouest. Les chantiers CO-OP de
l'ouest.
Mme Payette: Oui, c'est ce que je veux dire. M. Lalonde:
La fédération, pas la coopérative. Mme Payette:
Oui.
M. Lalonde: D'accord. Ce serait de $12 000 à $30 000,
à peu près.
Mme Payette: À peu près $30 000. Il y a, en place,
un comité de restructuration qui fait un travail important pour pouvoir
reprendre possession de ce qui, actuellement, est administré par
REX-FOR.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Mme Payette: Je pourrais aussi ajouter, dans le cas des
coopératives étudiantes auxquelles vous avez fait allusion, qu'il
y a un mémoire présenté par le Conseil de la
coopération du Québec et que ce mémoire est à
l'étude, tant à notre ministère qu'au ministère de
l'Éducation. Le problème principal que l'on rencontrait dans les
coopératives étudiantes, c'était ce
phénomène de continuité au niveau de l'administration.
À un moment donné, il arrivait qu'à la fin d'une
année scolaire, le conseil au complet disparaisse barce que les
étudiants s'en allaient.
Ce qui peut être envisagé, c'est une coopérative en
milieu scolaire, où seraient membres non seulement les étudiants,
mais les professeurs, le personnel de soutien, de sorte qu'on puisse assurer
une continuité dans l'administration de la coopérative.
C'est dans ce sens que le mémoire du conseil de la
coopération traite de la question.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. Avant de
poser ma dernière question, M. le Président, j'aimerais
simplement relever une petite distraction du ministre qui faisait état
que la formation des coopératives en 1977/78 reflétait bien les
trois priorités que le gouvernement avait définies, à
savoir: la consommation, il y a quinze nouvelles coopératives dans ce
secteur; l'habitation, il y en a 17. Mme le ministre a fait une certaine
analogie entre le secteur forestier et les coopératives formées
en 1977/78 dans le secteur de la production et du travail. Mais il y en a eu
quinze, apparemment, d'après la parenthèse que j'ai, qui sont
pour des bleuets.
Je ne sais pas dans quelle mesure les bleuets font partie, pour le
gouvernement ou pour Mme le ministre, du secteur forestier, même si c'est
en forêt qu'on en trouve; j'aimerais qu'elle fasse preuve d'un peu plus
de rigueur.
M. le Président, ma dernière question est la suivante: De
quelle façon le gouvernement s'est-il assuré que les
activités de la société...
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député voudrait une explication pour les bleuets?
M. Goulet: 80% au Saguenay-Lac-Saint-Jean...
M. Lalonde: Moi, je ne peux pas en donner, c'est le ministre qui
fait une analogie entre les bleuets et le secteur forestier. Alors...
Mme Payette: En voulez-vous une explication?
M. Goulet: Elle a une belle robe bleue ce matin.
Le Président (M. Jolivet): Elle demande si vous en voulez
une?
M. Lalonde: Je ne pense pas. Mme le ministre montre une trop
grande hâte à vouloir m'en donner une.
Mme Payette: Ce n'est pas une bonne question.
M. Lalonde: Comme je veux conserver, comme d'habitude, le
sérieux à cette commission, je vais fermer cette
parenthèse.
Mme Payette: Sérieux sans être plate.
M. Lalonde: Donc, ma question est la suivante. De quelle
façon le gouvernement s'est-il assuré que les activités de
la Société de développement coopératif iront dans
le sens des priorités du gouvernement?
Mme Payette: II n'y a, en fait, aucune façon de s'assurer
que ce sera ça. Je pense que le gouvernement est ouvert à
d'autres priorités qui pourraient être identifiées par la
Société de développement coopératif, quand la
société sera en fonction et que la société, sur le
terrain ou à partir des demandes qui lui seront faites, des dossiers qui
lui seront envoyés, nous permettra d'identifier d'autres secteurs. Nous
sommes ouverts à entendre également la SDC.
M. Lalonde: Donc, il se pourrait fort bien que le gouvernement
ait identifié trois secteurs comme les produits forestiers, la
consommation et l'habitation et que la société de
développement en détermine trois autres comme l'édition,
les services récréatifs et un autre?
Mme Payette: Je peux faire remarquer, cependant, au
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Les bleuets.
Mme Payette: Attention, les bleuets, c'est important au
Québec. Ce que je peux faire remarquer au député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est que le conseil d'administration est composé
de telle sorte que la plupart des membres qui sont du mouvement
coopératif sont nommés par le CCQ. Comme nos priorités
nous ont été soumises par le CCQ, on a toutes les raisons de
penser que ces gens-là, en principe, devraient être d'accord sur
cela, au départ.
Ce serait peut-être une bonne chose de souligner que huit membres
sur onze sont issus du mouvement coopératif et que même les autres
sont près du mouvement coopératif. Dans ce sens, je ne pense pas
qu'on puisse se tromper.
M. Lalonde: Je pense que la première partie de la
réponse est la véritable réponse. C'est de cette
façon que la coordination des priorités se trouvera
assurée, pas nécessairement à cause de la présence
d'autres personnes qui sont dans divers secteurs des activités
coopératives. Là, il peut y avoir des intérêts
contradictoires.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): II restait quelques minutes au
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à Mme le ministre. M. Rioux qui siège avec vous est bien le
directeur des services coopératifs?
Mme Payette: C'est cela.
M. Goulet: Est-ce qu'on pourrait savoir briè- vement
quelle autorité ou quelle autonomie est attachée à son
poste?
Mme Payette: Je pourrais probablement chercher une réponse
extrêmement technique à votre question et définir le poste
de directeur de service. Mais je vais en profiter, puisque vous avez
posé la question, pour vous dire que M. Adrien Rioux devrait avoir la
reconnaissance de tout ce qui s'appelle coopérateur au Québec.
Pendant longtemps, il a été le seul à tenir le flambeau
à l'intérieur de ce ministère et je pense que je
n'accepterais de personne qu'une décision soit prise, en ce qui concerne
une coopérative, sans qu'il y ait eu d'abord un accord de M. Rioux sur
la question.
Il nous arrive parfois, en souriant, de dire qu'il est
dépositaire de la foi coopérative, mais je pense qu'on ne devrait
pas sourire, parce que c'est sérieux.
M. Goulet: J'espère que ce n'est pas moi qui souris.
Mme Payette: Non, c'est nous qui, quelquefois, sourions.
M. Goulet: Pour une fois, M. le Président, je suis 100% et
même 200% d'accord sur ce que vient de dire Mme le ministre concernant M.
Rioux. C'est pour cela que je posais la question, pour le faire dire à
Mme le ministre. Tout le monde sait que M. Rioux est une autorité dans
le domaine de la coopération au Québec.
Mme Payette: Quand il n'y aura plus un seul coopérateur au
Québec, il en restera un, c'est M. Rioux.
M. Goulet: Dans les remarques générales, à
la suite des propos que vous avez tenus, j'aimerais savoir si les initiatives
dans le domaine de la coopération doivent venir de la base?
Mme Payette: Cela me paraît essentiel; autrement, cela n'a
plus aucun sens.
M. Goulet: J'aimerais savoir de M. Rioux, par Mme le ministre, si
les initiatives dans le domaine de la coopération doivent venir de la
base.
Mme Payette: C'est ce que j'ai toujours affirmé; je crois,
en toutes circonstances, que les initiatives doivent venir de la base, tout en
ajoutant cependant qu'on avait la responsabilité d'aider la base, sur
tous les plans, à se prendre en main.
Mais je demeure convaincu qu'on ne peut avoir d'authentiques
coopératives si ce ne sont pas des coopératives qui viennent de
la base; il faut qu'elles soient formées par des personnes, des groupes
d'intérêts communs, qui prennent leurs affaires en main et qui
décident eux-mêmes de leur avenir.
M. Goulet: M. Rioux, dans les propos que vous avez tenus, vous
avez dit que, dans le do-
maine de la coopération, on devait avoir d'authentiques
coopérateurs, etc.
J'aimerais vous rappeler que, dans votre rapport de l'an dernier, vous
avez dit le contraire. Pourquoi ce changement? L'an passé, vous aviez
dit et je cite: "II va falloir se décider à détruire le
mythe que les initiatives, dans le domaine de la coopération, doivent
venir de la base, toujours dans le domaine de la coopération, qui serait
la seule compétente pour identifier ses besoins. Cette définition
folklorique qui était vraie dans un contexte rural et artisanal est
complètement fausse dans une société urbaine et
industrialisée."
L'an passé, Mme le ministre m'avait promis qu'elle essaierait de
vous convaincre. Est-ce que, dans le domaine de la coopération, elle
vous a convaincu de ce changement d'attitude ou si...? Pourquoi ce changement
d'attitude?
Mme Payette: C'est le contraire, j'ai tout appris de M. Rioux. Je
vous inviterais cependant à continuer la lecture.
M. Goulet: Je m'excuse, j'ai la citation du rapport de l'an
dernier. Cela me ferait énormément plaisir d'avoir le rapport de
l'an passé, mais je ne l'ai pas. Ce que j'ai, c'est une citation du
journal des Débats du 19 avril de l'an dernier.
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que c'est la
même erreur que celle de l'année dernière, c'est une phrase
qui est sortie de son contexte. Je comprends M. Rioux de souhaiter qu'on fasse
la lecture de ce qui suit. (11 h 30)
M. Goulet: J'ai dit que je reconnaissais M. Rioux comme une
autorité dans le domaine de la coopération, mais c'est que, l'an
passé, Mme le ministre nous avait dit que les initiatives devaient venir
de la base. Dans le rapport, on avait inscrit le contraire de la part de M.
Rioux.
Mme Payette: Dans la phrase du rapport, mais un rapport, c'est
plus long qu'une phrase en général.
M. Goulet: Ces propos sont alors complètement faux?
Mme Payette: Ils sont complètement faux, parce que cela
s'inscrit dans un contexte ou à un extrait d'un exposé qui,
lorsqu'on continue, apporte la preuve qu'il faut aider la base à se
prendre en main en disant que la base manque de soutien, qu'elle n'a pas
l'assistance nécessaire et que nous avons la responsabilité de
l'aider pour qu'elle puisse réellement progresser plus rapidement.
En définitive, je m'excuse, mais c'était une phrase sortie
de son contexte qui faisait dire ce qui n'était pas la
réalité.
M. Goulet: je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Le temps de parole de chacun
étant terminé...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Saint-Germain: J'aurais tout de même une remarque
à faire avant de terminer. Comment se fait-il qu'au bout d'un an on
n'ait pas encore un directeur à la Société de
développement coopératif?
Mme Payette: II y en a un maintenant, depuis quelques jours.
M. Saint-Germain: On me dit qu'il va entrer en...
Mme Payette: II est engagé, M. le député de
Jacques-Cartier. On a trouvé, semble-t-il, la bonne personne. Il entrera
officiellement en fonction d'ici quelques jours, le temps de liquider ses
affaires, puisqu'il vient d'ailleurs que de la ville de Québec.
M. Saint-Germain: C'est une loi tout de même qui a
été étudiée longtemps. On pouvait prévoir
cette législation. On pouvait prévoir la formation de cette
société. Cela a pris un an. On n'a même pas encore un
directeur.
Mme Payette: Cela ne fait pas un an.
M. Saint-Germain: Le directeur est engagé, mais il n'est
pas sur les lieux, dans le moment, il ne travaille pas.
Mme Payette: Le conseil d'administration a été
nommé l'automne dernier. Il faut au moins reconnaître que cela
fait six mois et non pas un an. Cela fera un an l'automne prochain.
M. Saint-Germain: Oui, mais cela fait un an qu'on a adopté
la loi. Cela me semble être bien long.
Mme Payette: Moi aussi, il m'arrive de penser que c'est un peu
long, mais il semble que ce sera le temps nécessaire.
Voici ce qui avait été fait. Avant même que le
conseil d'administration de la SDC soit nommé, il y avait eu un
comité provisoire, qui était formé de représentants
du Conseil de la coopération et de représentants de notre
ministère, pour hâter l'engagement d'un directeur
général. D'un commun accord, des démarches avaient
été entreprises pour annoncer le poste de directeur
général. C'est cette première sélection qui n'a pas
donné satisfaction au nouveau conseil d'administration lorsqu'il a tenu
sa première réunion. Le conseil a convenu de faire une nouvelle
sélection. Il a donc engagé une firme. L'employé de cette
firme spécialisée qui s'occupait du dossier a quitté la
firme, de telle sorte qu'il a fallu que le dossier soit transmis à une
autre personne, ce qui a malheureusement, et au grand regret des
administrateurs de la SDC, occasionné les délais
supplémentaires.
Le directeur général de la SDC a donc été
engagé au début d'avril et c'est au milieu de mai qu'il va
pouvoir s'occuper de la SDC à temps plein. Mais, entre-temps, il
consacre une journée par semaine à l'organisation
matérielle de la SDC pour en activer le lancement.
M. Saint-Germain: Quand cette assemblée de la nouvelle
direction ou de la direction permanente qui a refusé le choix de la
direction a-t-elle eu lieu?
Mme Payette: Cela s'est fait en décembre.
Je pense qu'il faut rappeler au député que la loi a
été sanctionnée le 26 août 1977 et non pas il y a un
an.
M. Saint-Germain: Oui, mais il reste tout de même, comme je
vous le dis, que ce n'est pas une loi qui est arrivée comme un cheveu
sur la soupe. On savait où on s'en allait, en fin de compte.
M. Lalonde: C'est un projet de l'ancien gouvernement
libéral.
Mme Payette: Je pense qu'on ne souhaiterait pas qu'on nomme un
conseil d'administration avant qu'une loi ne soit adoptée.
M. Saint-Germain: C'était même un projet de l'ancien
gouvernement.
M. Lalonde: Oui, c'est un projet de l'ancien gouvernement
libéral.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. L'ensemble de
l'élément 3 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'ensemble du programme 2 est
maintenant adopté.
Avant de passer à l'étude du programme 3, je tiens
à répondre à la question qui m'a été
posée au début de la séance concernant le nombre d'heures
consacrées à cette commission. Jusqu'au début de la
matinée, il y avait environ 3 heures et 45 minutes
d'écoulées. Aujourd'hui, nous devrions faire un minimum ou un
maximum de cinq heures et quinze minutes, en gros; d'une façon ou d'une
autre, de 10 h 15 à 12 h 30, ce qui donne deux heures et quart, et
possiblement, après la période des questions, de 15 heures
à 18 heures. D'un autre côté, je tiens à faire
mention au député de Jacques-Cartier qui me posait la question
que l'entente intervenue entre les partis au niveau d'un horaire des
séances pour l'étude des crédits, cette année,
laissant de côté, dans cette entente, le règlement comme
tel, prévoit que le 18 avril, après le 12 et le 13 où il y
a eu des séances, la période des séances pour
l'étude des crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières devrait se termi- ner ce
soir. Cela ne veut pas dire qu'elle ne reviendra pas s'il y a, à
l'intérieur de l'horaire, d'ici la fin de l'étude des
crédits, une possibilité de retour, mais c'était l'entente
intervenue et acceptée, d'après les renseignements que j'ai, par
l'ensemble des caucus des partis.
M. Saint-Germain: Cette entente nous donnait combien d'heures
d'études pour des crédits?
Le Président (M. Jolivet): Je ne l'ai pas. La seule chose
que j'ai, en termes de journées, c'était le 12, le 13 et le 18.
Cela se terminait le 18 en fin d'après-midi.
M. Lalonde: M. le Président, en vue du discours du budget
ce soir, est-ce que la commission ne siège pas?
Le Président (M. Jolivet): Elle ne siège pas ce
soir, elle terminera ses travaux à 18 heures quant aux indications. Pour
la matinée, on termine à 12 h 30. Il devra y avoir un ordre de la
Chambre pour la reprise cet après-midi, jusqu'à 18 heures.
M. Lalonde: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Programme 3. Mme le
ministre.
Contrôle, surveillance et développement des institutions
financières
Mme Payette: M. le Président, la seule chose qu'il me
paraît utile de dire, à ce moment, c'est d'informer les membres de
l'Opposition qu'un projet de loi, modifiant la Loi des caisses d'épargne
et de crédit, sera vraisemblablement présenté au cours de
la présente session. C'est un projet de loi qui est actuellement en
préparation. Les diverses fédérations des caisses
d'épargne et de crédit ont été informées que
des amendements à la Loi des caisses d'épargne et de
crédit sont en préparation. Elles ont été
consultées sur le sujet.
M. Saint-Germain: M. le Président, toutefois, Mme le
ministre déplorait le 22 décembre dernier, lors de la
période des questions, qu'elle ne prévoyait pas dans
l'immédiat un amendement à la Loi des caisses d'épargne et
de crédit. Aujourd'hui, au bout de trois mois, elle nous promet qu'il
n'en sera pas ainsi. Que s'est-il passé, puis-je le demander, pour que
Mme le ministre change d'avis?
Mme Payette: M. le Président, nous avions envisagé,
dans un premier temps, de faire une refonte de la Loi des caisses
d'épargne et de crédit qui représentait un travail
considérable. Après consultations auprès des
fédérations des caisses d'épargne et de crédit,
nous en sommes arrivés à la conclusion qu'un certain nombre
d'amendements sont nécessaires et urgents. Après consultation et
accord de ces différentes fédérations, nous envisageons
maintenant d'amender la Loi des caisses d'épargne et de
crédit.
M. Saint-Germain: Oui, là, vous faites exactement le
contraire de la Loi des compagnies. Dans la Loi des compagnies, vous voulez
nécessairement englober l'ensemble de la législation.
D'après votre déclaration, c'était la façon dont
vous vouliez changer la Loi des caisses d'épargne et de crédit.
Là, vous avez décidé de la modifier partiellement,
seulement. Je ne vous dis pas, en fait, que ce n'est pas la meilleure
façon de procéder, mais il y a tout de même une
contradiction entre deux politiques...
Mme Payette: J'ai l'impression qu'on parle de deux choses qui se
comparent mal. La Loi des compagnies représente un travail colossal qui
peut prendre plusieurs années. Après consultation, je pense qu'il
paraît évident qu'un certain nombre d'amendements ne suffiraient
pas à assainir la situation dans ce domaine; alors que du
côté des caisses d'épargne et de crédit,
après avoir discuté avec les principaux intéressés,
on en arrive à la conclusion qu'un certain nombre d'amendements
pourraient peut-être, en tout cas, les satisfaire dans
l'immédiat.
M. Saint-Germain: On aura l'avantage d'entendre les
coopératives intéressées lors de l'étude de la loi
en commission.
Mme Payette: Je pense qu'il est prématuré de donner
une réponse à ce sujet. Une chose dont on peut assurer le
député, c'est qu'il ne nous viendrait pas à l'esprit
d'apporter des amendements à une loi comme celle-là sans nous
être livrés d'abord à de nombreuses consultations.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces consultations devront se
continuer au niveau de la commission parlementaire?
Mme Payette: Ma réponse demeure la même. Je pense
qu'il est prématuré...
M. Saint-Germain: II serait important pour l'Opposition de
connaître réellement leur point de vue.
Mme Payette: ... de donner une réponse maintenant. On va
d'abord prendre connaissance des amendements.
M. Saint-Germain: C'est tout.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je n'ai pas de question
relativement à ce domaine précis. Il n'est pas question de
nationaliser, à un moment donné, l'épargne. Il n'en sera
jamais question?
Mme Payette: Je pense que le député se destine
à un travail d'interviewer à la radio ou à la
télévision. Il a des questions...
M. Goulet: Du tout, madame; cela serait plutôt de l'autre
côté.
Mme Payette: Je pense avoir dit, dans mon énoncé au
début...
M. Goulet: Non, non. C'est oui ou non? C'est une très
courte question.
Mme Payette: Cela ne peut pas être oui ou non. J'ai
toujours refusé, et même en assurance automobile, de dire que les
choses ne se feront jamais. Je peux vous dire ce que, moi, je connais; cela ne
se fera pas, d'après ce que, moi, je connais.
M. Goulet: Parce que...
Mme Payette: Est-ce que je peux vous dire qu'en l'an 2022 au
Québec on n'aura pas envie de nationaliser l'épargne? Je ne peux
répondre de rien.
M. Goulet: Parce que, M. le Président...
Mme Payette: Ce sera peut-être, d'ailleurs, un autre
gouvernement qui le fera.
M. Goulet: ... je ne veux pas mettre le ministre en contradiction
avec qui que ce soit. À la suite d'une question de l'ancien ministre des
Affaires sociales...
M. Lalonde: M. le député de Saint-Laurent.
M. Goulet: ... le député de Saint-Laurent, il y a
un mois à l'Assemblée nationale en commission
plénière, l'honorable ministre des Finances avait dit: II n'est
pas question de nationaliser l'épargne.
Mme Payette: Je pense que ma déclaration est allée
dans le même sens, M. le député, au début.
M. Goulet: Non, non. C'est parce que là vous laissez des
doutes.
Mme Payette: C'est que vous...
M. Goulet: Vous ne dites ni oui ni non.
Mme Payette: C'est que vous m'avez dit "jamais". Je ne peux pas
répondre pour un autre gouvernement en l'an 2000 au Québec.
M. Lalonde: Non, pour vous...
M. Goulet: Je ne parle pas pour dans deux ans, je sais que ce
sera un autre gouvernement, mais je parle... Écoutez, madame.
Mme Payette: Actuellement, notre politique...
M. Lalonde: Je vous remercie beaucoup, M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: Je ne vous demande pas pour dans quinze ans; je vous
demande d'ici la fin de votre mandat.
Mme Payette: En ce qui concerne... M. Goulet: Le mandat
actuel.
Mme Payette: ... nous n'envisageons pour l'instant que des
mesures incitatives vis-à-vis des compagnies détentrices de
l'épargne des Québécois. C'est tout ce dont il s'agit.
M. Goulet: Alors, dans votre mandat, il n'est pas question...
Mme Payette: Absolument pas.
M. Goulet: ... de nationaliser l'épargne. C'est ce que je
voulais savoir, M. le Président. On reviendra l'an prochain pour
d'autres questions.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut demander au
ministre quels sont ces amendements enfin, pas verbatim, mot à mot
qui, tout à coup, deviennent urgents dans la loi des caisses
d'épargne et de crédit? Est-ce concernant la formation, la
surveillance?
Mme Payette: II y a deux points principaux. Ces deux points
répondent à des demandes des fédérations et vont
concerner le fonctionnement de la commission de crédit et l'accumulation
des réserves dans les caisses d'épargne et de crédit.
M. Lalonde: Bon.
Mme Payette: Ce sont les deux éléments essentiels
pour essayer d'alléger le fonctionnement de la commission de
crédit et inciter les caisses à accroître leur
réserve. Depuis 1971, à la suite de l'imposition, on voyait des
caisses qui préféraient distribuer en ristournes une très
grande partie de leur surplus plutôt que d'aller le porter à la
réserve générale, les caisses étant taxées
sur le montant versé à la réserve
générale.
Ce sont donc les deux sujets principaux des amendements.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. Tétreault; c'est
très clair. Je peux assurer le gouvernement de la coopération, de
la collaboration de l'Opposition dans l'examen de ces changements.
Il est assez symptomatique de voir que les députés
semblent avoir moins de questions quand on arrive au secteur des caisses
d'épargne et de crédit que quand on arrive aux associations
coopératives, par exemple, alors que nous avons au Québec des
épargnes au niveau de je ne sais pas, c'est rendu à $8
milliards ou $9 milliards... Je pense qu'on ne doit jamais manquer l'occasion
de souligner la mesure du succès de ce secteur. Tou- tes les
dispositions que le gouvernement pourra prendre pour modifier les lois en
conséquence, pour encourager davantage ce secteur d'activité,
recevront de la part de l'Opposition officielle la plus grande collaboration.
(11 h 45)
J'aurais simplement un peu en accrochant la question du
député de Bellechasse sur l'épargne une question
à poser au ministre. Dans ses propos d'ouverture, elle a parlé
d'orienter l'utilisation des capitaux en fonction des besoins de
l'économie et elle a aussi mentionné l'incitation à
l'utilisation de l'épargne en fonction des besoins, qu'il y aurait des
mécanismes législatifs et réglementaires en vue de
permettre cette utilisation. Est-ce que Madame le ministre pourrait nous dire
quels sont ces mécanismes législatifs et réglementaires
qu'elle se propose de mettre en place, de faire adopter par le gouvernement ou
par l'Assemblée nationale.
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que cette question
est probablement prématurée. Le ministère jusqu'à
maintenant s'est livré à une étude sur l'épargne
des Québécois au Québec. C'est une étude qui
était, d'ailleurs, devenue nécessaire puisque c'était un
instrument dont le ministère ne s'était pas doté
auparavant. Ce travail est fait en collaboration avec le ministère des
Finances et avec d'autres organismes gouvernementaux et un mandat a
été donné au ministre d'État au
développement économique de cumuler des informations venues des
différents ministères. En ce qui concerne le ministère que
je représente, les études sont presque terminées, mais
l'utilisation de ces études ne relève pas de nous et la
compilation des données ne vient pas chez nous, mais chez le ministre
d'État au développement économique. Donc, toutes mesures
incitatives ou légistatives dans ce sens ne relèveraient pas du
ministère.
M. Lalonde: Alors, comment le ministre, dans ses propos
d'ouverture, a-t-elle pu nous dire qu'il fallait orienter l'utilisation des
capitaux en fonction des besoins d'économie et qu'il y aurait des
mécanismes législatifs si cela ne relève pas d'elle?
Mme Payette: Parce que cela peut être le sens des
recommandations auxquelles nous arrivons, nous, à partir des
études qui ont été faites au ministère, mais il
n'est pas dit que nous aurons à initier ces mesures.
M. Lalonde: Alors, c'est une hypothèse? Mme Payette:
C'est une hypothèse.
M. Lalonde: Est-ce que c'est réellement bien fondé
de faire des hypothèses dans des déclarations d'ouverture? Il me
semble qu'on aurait besoin de décisions, d'indications concrètes
et non pas seulement des hypothèses.
Mme Payette: Je pense qu'il n'est pas...
M. Lalonde: Surtout lorsqu'on parle de l'économie des
Québécois et quand on parle des épargnes des
Québécois, il me semble qu'on doit se garder de faire des
hypothèses en l'air pour faire parler le monde. Cela ne m'apparaît
pas très sérieux.
Mme Payette: Je pense, M. le Président, qu'il n'est pas
exclus qu'on puisse faire part de recommandations qui accompagnent une
étude qui a été faite de façon sérieuse au
ministère et que ces recommandations puissent être rendues
publiques pour les membres de la commission.
M. Lalonde: Qui fait ces études au ministère?
Mme Payette: C'est le service de la recherche qui peut consulter,
évidemment, les différents services dont le service des
assurances, par exemple.
M. Lalonde: Qui est en charge du service des recherches sur cette
étude?
Mme Payette: M. Viateur Gagnon.
M. Lalonde: Quand l'étude va-t-elle être
terminée?
Mme Payette: En ce qui nous concerne, nous, la nôtre est
terminée et elle est déposée auprès du ministre du
développement économique.
M. Lalonde: Quand s'est-elle terminée?
Mme Payette: II y a, je n'ose même pas dire quinze jours,
mais à peu près quinze jours.
M. Lalonde: Très récemment. Mme Payette:
Très récemment.
M. Lalonde: Est-ce que Mme le ministre a l'intention de rendre
publique cette étude?
Mme Payette: Je ne crois pas qu'il nous appartienne à nous
de rendre publique cette étude avant que des conclusions soient
tirées de l'ensemble des études qui viennent de différents
ministères et de différents organismes.
M. Lalonde: Est-ce que cette étude conclut à une
intervention gouvernementale quant à l'orientation de l'utilisation des
épargnes des Québécois?
Mme Payette: Non, on n'a pas tiré cette conclusion de
l'étude que nous avons faite.
M. Lalonde: Je vous remercie. Il me reste simplement, M. le
Président, à souhaiter que la décision du ministère
de procéder immédiatement à faire des amendements à
la loi soit suivie en ce qui concerne la Loi des compagnies. Je veux simplement
rappeler les propos qui ont été tenus. Je n'ai pas la
transcription ici, mais simplement une citation qui a été sortie.
On disait, le 20 avril 1977, il y a donc un an dans deux jours: Le grand
problème, c'est d'intégrer et de moderniser toutes les lois qui
touchent les compagnies, les corporations, les coopératives, les
associations de coopératives, les caisses d'épargne et de
crédit. On a vu l'énorme démarche que s'est imposée
le gouvernement en ce qui concerne la Loi des compagnies et qui va encore
déborder dans deux, trois ou quatre ans. J'avais alors demandé au
ministre s'il n'y aurait pas lieu, quand même... Quand on sait que 80%
des sociétés incorporées au fédéral viennent
du Québec, il semble y avoir un malaise, au moins en partie en ce qui
concerne les lois; ici, la désuétude de la loi. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de procéder à des changements immédiats,
quitte à faire une réforme globale en même temps et sur
une, période plus longue? Je pense que le précédent
créé ici pour la loi des caisses d'épargne et de
crédit pourrait être suivi dans l'autre cas.
Mme Payette: M. le Président, je suis prête à
m'engager auprès du député de Marguerite-Bourgeoys pour
tenter de faire évaluer la possibilité d'une intervention dans ce
sens et de lui faire part de l'évaluation qu'on aura faite.
M. Lalonde: Si Mme le ministre me permet, dans le cas des caisses
d'épargnes et de crédit et de la coopération en
particulier, le secteur est très bien structuré. Le
ministère reçoit probablement un "input" du milieu qui est
très bien articulé, tandis que, dans le cas des compagnies, le
milieu n'est pas organisé. Ce sont des clientèles qui sont
plutôt éparses et diverses, différentes et, s'il y avait
cette structure dans le cas des compagnies... On peut penser au Conseil du
patronat ou à la chambre de commerce comme représentants des
utilisateurs de cette loi, mais ce n'est pas assez organisé et c'est
peut-être pour cela que le ministre ne sent pas le besoin de faire une
démarche maintenant pour moderniser cette loi.
Mme Payette: Je ne suis pas sûre qu'on puisse dire que je
ne sens pas le besoin, sauf que, dans un dossier comme celui-là, les
avis viennent surtout des avocats spécialisés en la
matière et, jusqu'à maintenant, l'évaluation qu'on me
donne à moi, c'est qu'il vaut mieux procéder à une
réforme de la Loi des compagnies. Je veux bien redemander une
évaluation pour bien m'assurer que certains amendements, à
caractère d'urgence, ne pourraient pas faciliter les choses, et je vais
faire part de la réponse au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions?
M. Goulet: M. le Président, je demanderais une directive.
Lorsqu'on parle des banques, je sais que c'est de juridiction
fédérale. J'aurais une question à poser aux gens du
ministère concernant les moyens d'échanges commerciaux dans
les banques, les caisses populaires au Québec et qui touchent le
consommateur. Je ne sais pas si c'est à ce programme-là que je
pourrais poser ma question.
Mme Payette: Quelle est la question?
M. Goulet: C'est parce que j'avais déjà
parlé, en privé, avec Mme le ministre, des chèques...
M. Lalonde: Ce que vous faites en privé, vous savez, ce
n'est pas notre...
M. Goulet: Non, on n'a pas de secret, j'ai dit: parler.
Mme Payette: Ne dites pas tout.
M. Goulet: En privé, à distance. C'est cela, Mme le
ministre, en privé, à distance. Les moyens d'échange,
concernant les chèques...
Mme Payette: Vous essaierez de me parler en privé
après.
M. Goulet: Concernant les chèques...
M. Lalonde: Vous n'avez même pas son numéro de
téléphone.
M. Goulet: Est-ce que je peux formuler ma question, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Goulet: Dans le domaine de la consommation, les chèques
sont un moyen d'échange, M. le Président. J'aimerais savoir une
chose je sais que c'est de juridiction fédérale
concernant le fléau des chèques NSF... Je ne sais pas à
quel programme en parler, mais j'en ai déjà parlé à
Mme le ministre. Est-ce qu'il y a déjà eu des rapports faits par
votre ministère demandant au gouvernement fédéral
d'amender ou de proposer une loi, comme il y en a en Italie ou aux
États-Unis, concernant les chèques dans le domaine...
Étant donné qu'on parle d'institutions financières,
étant donné qu'on parle de consommateurs, c'est le meilleur
temps. Mme le ministre avait répondu: Ce que vous demandez est
très valable; par contre, cela dépend du fédéral.
J'en conviens, mais est-ce qu'il y a déjà eu un rapport
préparé ou est-ce que le gouvernement provincial, par le biais du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, pourrait faire une demande à Ottawa, de façon
qu'on puisse amender la loi et peut-être arrêter ce fléau
des chèques NSF qui est un fléau redoutable pour tous les
commerçants et un moyen que plusieurs consommateurs utilisent lorsqu'ils
n'ont pas d'argent comptant? D'accord, il y a les cartes de crédit, mais
n'y a-t-il rien eu de préparé à cet effet?
Mme Payette: À ma connaissance, M. le Président, il
n'existe rien dans ce domaine, sauf que je peux bien poser la question à
des spécialistes au ministère pour voir si une intervention du
gouvernement fédéral pourrait avoir une certaine importance.
M. Goulet: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
que, dans le domaine commercial, si je donne un exemple, en Italie ou aux
États-Unis ou même en France, les chèques NSF n'existent
pas. Ici, au Québec, c'est un fléau, il faut l'avouer. Il n'y a
rien qui prévoit... Je voudrais savoir de Mme le ministre, si, à
un moment donné, il y avait eu un rapport ou quelque chose de fait
à Ottawa, comme province, pour dire: Ce n'est pas de notre juridiction,
mais on voudrait que vous amendiez la loi dans tel ou tel sens.
Mme Payette: Je ne parlerai pas pour d'autres pays, mais je
connais un peu la France et je sais que des chèques NSF, ça
existe en France, sauf que les pénalités sont peut-être
plus sévères et, effectivement, c'est peut-être un moyen de
corriger la situation. Mais, comme je vous le disais, quand on s'est
parlé en privé, si c'est nécessaire, on peut essayer
d'acheminer une demande comme celle-là au gouvernement
fédéral pour voir s'il a une réponse.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 1
est-il adopté?
M. Lalonde: J'aimerais donner la chance aux fonctionnaires ou
à Mme le ministre de s'étendre un peu sur les difficultés
ou sur ce qui est arrivé des difficultés de l'évolution de
certains secteurs. Je pense aux Caisses d'entraide économique du
Québec, on voit qu'elles ont un taux d'augmentation absolument effarant,
extraordinaire. Les Caisses d'établissement du Québec ont connu
des difficultés il y a quelques années. C'est surtout dans ces
deux secteurs. Peut-être que... je vais vous donner l'occasion...
Mme Payette: Je vais répondre en partie à la
question et je vais laisser le sous-ministre donner le reste de la
réponse.
J'ai l'impression qu'en fait les trois secteurs identifiés, les
caisses d'entraide économique, les caisses d'économie et les
caisses d'établissement, sont des secteurs qui connaissent des crises de
croissance. Finalement, c'est assez semblable à ce qui se produit chez
un adolescent qui grandit un peu vite. Nous sommes en communication avec les
responsables de ces différentes fédérations depuis
plusieurs mois et je pense que nous sommes en mesure de voir le moment
où ces crises de croissance pourraient être terminées.
Pour ajouter d'autres renseignements à cette question, on peut
dire que, depuis six mois, le ministère, en collaboration avec les
organismes qu'il a créés, la Régie de
l'assurance-dépôt et la Commission des valeurs mobilières,
a complété trois études assez fondamentales qui touchent
les trois secteurs concernés. Je peux dire que ce qui nous guide, c'est
la sécurité des épargnes et une administration, une saine
gestion.
Évidemment, dans ce domaine, il nous faut y aller avec prudence
et on ne peut pas révéler au public ce que contiennent telles
études. Cependant, nous pouvons dire à ce moment-ci que tous les
efforts ont été faits et vont être poursuivis d'ailleurs
avec les fédérations concernées pour que les lois soient
respectées et qu'on améliore les fonds de réserve, qu'on
améliore le fonctionnement et que l'on cesse certaines pratiques que
nous pouvons considérer comme discutables dans le domaine financier.
Actuellement, nous avons mis la dernière main à une
étude des caisses d'entraide économique et nous devons rencontrer
l'exécutif des caisses d'entraide économique pour analyser avec
lui la situation et voir à ce que leur développement, qui est
assez spectaculaire, comme vous l'avez signalé, puisse être un
développement sain.
Pour ce qui est des caisses d'économie, certaines mesures
correctrices sont en voie d'être prises et ce sont les
fédérations elles-mêmes qui prennent ces mesures, avec
notre collaboration. Pour ce qui est des caisses d'établissement, c'est
une petite fédération qui a cherché à
redéfinir ses orientations, suite à nos démarches et
à l'attribution de ressources spéciales pour travailler avec
elles. Elles ont créé un comité d'orientation en vue de
redéfinir d'ici la fin de l'année la vocation des caisses
d'établissement, qui ne répondent peut-être plus
aujourd'hui à l'idéal du départ, mais qui peuvent tout de
même répondre à des besoins importants de la
population.
Du côté des autres grandes fédérations, que
ce soient celles de Lévis ou de Québec, il n'y a pas eu
d'études particulières, mais nous sommes en contact avec elles
pour corriger certains problèmes qui se présentent là
aussi.
Il reste une fédération dont je n'ai pas parlé,
c'est la Ligue des caisses d'économie, avec qui nous sommes aussi en
pourparlers, et, aussitôt que nos services d'inspection produisent des
rapports sur ces fédérations, nous les analysons avec eux.
Je crois avoir résumé l'essentiel de nos démarches
dans tout ce secteur. (12 heures)
M. Lalonde: Merci, M. Barbin.
Je prends exactement au mot ce que vous avez dit, à savoir que
ces études ne peuvent pas être rendues publiques maintenant. Mais
je souhaite que, d'une façon ou d'une autre, quelque chose soit rendu
public, éventuellement, pour provoquer un "input" de la part des
différents milieux à l'occasion d'études que le
gouvernement s'impose là-dessus.
Mme Payette: Quand je dis qu'elles ne sont pas rendues publiques,
je veux dire qu'elles ne sont pas communiquées à
l'extérieur des fédérations concernées. Mais ces
études sont remises aux fédérations qui ont
étudié ces documents en conseil d'administration et qui, de cette
façon, peuvent assurer un suivi.
M. Lalonde: Je vous remercie.
J'ai vu une rumeur dans les journaux, à savoir que les caisses
d'entraide économique s'apprêtaient à acquérir une
société de fiducie, je pense que c'est la Société
nationale de fiducie.
Mme Payette: C'est cela.
M. Lalonde: Est-ce que le ministère a été
mis au courant de ce projet?
Mme Payette: La réponse est oui, le ministère est
au courant.
M. Lalonde: Est-ce que le ministère est d'accord?
Mme Payette: Le ministère ne peut pas s'opposer à
l'acquisition de cette société de fiducie par les caisses
d'entraide économique. Mais, avant que cela puisse se faire, il y a un
certain nombre de problèmes juridiques qui se sont posés et sur
lesquels on travaille actuellement.
M. Lalonde: Ma question ne contenait pas du tout la suggestion
qu'il faudrait s'opposer à cette acquisition, mais on sait
jusqu'à quel point les caisses d'entraide économique sont
dirigées par des gens très dynamiques et optimistes. Je sais que
cela a été le fait du ministère d'imposer une certaine
autodiscipline au niveau des investissements. C'est simplement dans ce cadre
que je posais la question, parce que je pense que, tout comme le mouvement
Desjardins a trouvé un motif de développement par
l'investissement dans des sociétés à caractère
capitaliste, comme les sociétés d'assurance, on n'aura aucunement
le droit de s'opposer, en principe, à ce que les caisses d'entraide
fassent de même.
Je voulais poser la question simplement pour savoir si c'était
sérieux.
Mme Payette: Je pense qu'on peut répondre à toute
cette intervention du député de Marguerite-Bourgeoys que nous
continuons de jouer auprès des caisses d'entraide économique
notre rôle de ministère, qui n'est pas d'empêcher les choses
d'arriver, mais de faire que, si elles arrivent, elles se fassent dans un
climat sain.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président. Le
Président (M. Jolivet): Élément 1, adopté?
M. Lalonde: Adopté. Le Président (M. Jolivet):
Adopté. Élément 2.
Mme Payette: M. le Président, on peut passer aux
questions, je n'ai rien de spécial à déclarer sur ce
service en particulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Lalonde: M. le Président, je veux simplement demander
au ministre s'il y a des dévelop-
pements dans des lois constitutives. Je sais que la Loi des compagnies
de fiducie a fait l'objet des préoccupations du ministère depuis
nombre d'années, tout en n'étant pas au sommet de la liste des
priorités.
Est-ce qu'il y a là des problèmes particuliers? Je ne vois
aucun mouvement, au niveau budgétaire. Il me semble que ce soit le beau
fixe ou le mauvais fixe, je ne le sais pas. J'espère qu'on ne peut pas
conclure à la stagnation. On le verra dans nos discours politiques.
Mme Payette: Ce n'est ni l'un ni l'autre, ni le beau fixe, ni le
pas-beau fixe. Nous abordons seulement des travaux dans ce domaine. Il serait
prématuré pour nous d'annoncer quoi que ce soit en ce qui
concerne ce service du ministère, mais nous sommes conscients que
certains changements doivent être apportés et je pense que c'est
une question de temps qu'on puisse agir maintenant.
M. Lalonde: En ce qui concerne les compagnies de finance, il y a
eu un changement assez énorme depuis une dizaine d'années.
Plusieurs ont disparu. Il n'y a pas de changement en 1977. Y a-t-il de
nouvelles compagnies ou des compagnies de finance ont-elles disparu?
Mme Payette: M. Charbonneau est le directeur du service.
M. Lalonde: Bonjour, M. Charbonneau. Pas de cas problèmes
particuliers?
Mme Payette: Non, pas de cas problèmes particuliers, soit
dans les compagnies de fiducie, de finance ou de prêts
hypothécaires.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai rien à
ajouter.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
questions?
Mme Payette: Je pense que je vais ajouter, M. le
Président, que le député de Marguerite-Bourgeoys soit
complètement rassuré, que c'est un secteur dont nous nous
occuperons au cours de l'année qui vient et, probablement qu'à
l'étude des crédits, l'an prochain, nous serons davantage en
mesure de faire une évaluation correcte.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais déjà
terminé mais c'est trop tentant. Si on s'en tenait aux promesses que Mme
le ministre nous a faites il y a un an, on serait beaucoup plus avancé
aujourd'hui. Permettez-moi de prendre, avec presque toute la salière,
les propos et les promesses de Mme le ministre aujourd'hui.
Mme Payette: Le député de Marguerite-Bourgeoys va
être obligé de reconnaître que j'en ai tenu
quelques-unes.
M. Lalonde: Les mauvaises, comme l'assurance automobile.
Mme Payette: C'est une question d'opinion personnelle.
Le Président (M. Jolivet): Élément 2,
adopté? M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Élément 3. Mme le
ministre.
Mme Payette: M. le Président, ne prévoyant pas que
nous allions travailler aussi rapidement, les fonctionnaires du service des
assurances ne sont pas ici actuellement. Si on peut passer à autre chose
et commencer avec l'assurance-dépôts...
M. Lalonde: L'assurance-dépôts, est-ce que vous
pouvez...
Mme Payette: Oui, on peut prendre cette partie-là à
l'intérieur...
M. Lalonde: On peut suspendre l'autre et passer...
Mme Payette: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
M. Lalonde: Les valeurs mobilières; est-ce que les gens
sont ici?
Mme Payette: Le président est disponible, M. Lacoste sera
ici cet après-midi, à 15 heures.
M. Lalonde: Assurance-dépôts...
Le Président (M. Jolivet): On irait à
l'élément 5, l'élément 3 et l'élément
4 étant réservés pour le début de la séance
de cet après-midi.
Mme Payette: Ou on peut faire l'examen du programme 4 aussi, si
on veut.
M. le Président, je pense que je souhaiterais faire la lecture du
petit texte qu'on trouve dans ce cahier qui situe bien les données au
niveau de l'assurance-dépôts du Québec.
Depuis le début, on avait toujours considéré comme
intimement liés et interdépendants les rôles respectifs de
la Régie de l'assurance-dépôts et des diverses corporations
de fonds de sécurité à être mis en place par chacune
des fédérations des caisses d'épargne et de
crédit.
Une nouvelle étude de l'ensemble de ce dossier nous a permis une
nouvelle approche du problème. Le rôle des fonds de
sécurité est complètement étranger à celui
de la Régie de l'assurance-dépôts.
En effet, le rôle d'une corporation de fonds de
sécurité est d'instituer et d'administrer une réserve
communautaire produite par un ensemble de caisses au profit de celles qui
peuvent être en difficulté.
Cette mutualité des réserves ainsi administrées par
le fonds de sécurité constitue un phénomène
multiplicateur qui accroît la protection
dont une caisse peut avoir besoin à l'occasion de certaines
difficultés financières qui lui sont propres.
De plus, la clientèle des fonds de sécurité n'est
pas la même que celle de la Régie de
l'assurance-dépôts.
En effet, dans le cas des fonds de sécurité, ce sont des
institutions qui bénéficient de l'aide des fonds de
sécurité, alors que dans le cas de la régie, ce sont les
déposants.
Incidemment, il devient donc évident que les corporations de
fonds de sécurité ne peuvent jouer au Québec un rôle
analogue à celui des corporations de l'assurance-dépôts que
les caisses d'épargne et de crédit ont constitué dans les
autres provinces, notamment en Ontario.
Ces dernières ont dû créer leur propre corporation
d'assurance-dépôts dans le but de garantir, comme le fait ici la
régie, le remboursement des dépôts reçus de leurs
membres, la Société d'assurance-dépôts du Canada
n'assurant que les dépôts auprès de certaines institutions,
comme les banques, les compagnies fiduciaires et les compagnies de
prêts.
Il n'existe donc, en principe, aucune relation entre la régie et
le fonds de sécurité. La notion de premier et de second payeur
doit, en conséquence, être révisée, puisque la
régie ne saurait être assujettie à des obligations qui ne
sont pas du tout de la même nature que celles assumées par un
fonds de sécurité.
En effet, le rôle de la régie et des fonds de
sécurité, leur clientèle et la divergence de leurs
relations juridiques leur octroient des objectifs divergents. La mise en place
de corporations de fonds de sécurité ne serait donc pas
obligatoire pour les fédérations des caisses d'épargne et
de crédit. Cependant, à l'intention des fédérations
des caisses qui voudront se prévaloir d'un tel avantage, des
mécanismes seront prévus pour la création de telles
corporations de fonds de sécurité.
Quant à la Régie de l'assurance-dépôts, on
étudie présentement les modifications qu'il serait
nécessaire d'apporter à la définition de son rôle et
à son mode de financement, compte tenu de la nouvelle approche du
problème.
Le rapport annuel de la Régie de l'assurance-dépôts
sera déposé sous peu.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, peut-on savoir si des
remboursements ont été effectués par la régie au
cours de l'année dernière?
Mme Payette: Vous voulez dire des versements?
M. Lalonde: Des versements! Autrement dit, est-ce que...
Mme Payette: Des avances?
M. Lalonde: ... des déposants ont dû faire ap- pel
à la Régie de l'assurance-dépôts pour se faire
rembourser des dépôts sur lesquels un défaut aurait
été fait?
Mme Payette: II n'est jamais arrivé, à ma
connaissance, dans l'histoire de la régie on me corrigera si je
me trompe qu'on ait eu à rembourser des épargnes.
Cependant, il y a eu certaines avances consenties à des institutions
pour éviter qu'on ait des remboursements. On ne fonctionne pas
différemment des autres sociétés
d'assurance-dépôts au Canada ou ailleurs. En cours d'année,
il y a donc eu des avances de faites à une fédération, en
particulier, ou à des caisses affiliées à une
fédération, la Fédération des caisses
d'économie, pour poursuivre un programme de regroupement de certaines
caisses. Comme certaines caisses sont déficitaires, lorsqu'une caisse
est fusionnée à une nouvelle, la régie prend les moyens
pour ne pas faire porter à la nouvelle caisse l'odieux d'un
déficit qui durerait trop longtemps.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. Le texte
qui vient d'être lu par Mme le ministre définit les rôles
respectifs des corporations de fonds de sécurité et de la
Régie de l'assurance-dépôts. Je pense que c'est assez
évident qu'ils n'ont pas la même chose à faire, mais la
conclusion à laquelle en vient le ministre, à l'avant-dernier
paragraphe de la deuxième page, à savoir que la mise en place de
corporations de fonds de sécurité ne sera donc pas obligatoire
pour la Fédération des caisses d'épargne et de
crédit... Cependant, ce sera possible, si elles veulent le faire, si
elles veulent s'en prévaloir.
Pourquoi conclure de cette façon? Est-ce que les corporations de
fonds de sécurité dont le rôle est un peu celui que vient
de décrire M. Barbin, dans ce que la régie a fait l'an dernier,
à savoir de mettre à la disposition, soit de
fédérations, soit de caisses, des moyens financiers pour faire
face à des situations difficiles, est-ce que ces corporations de fonds
de sécurité ne seraient pas utiles dans cette mission, dans ce
rôle, en particulier, ce qui libérerait la régie de cette
obligation de le faire et la limiterait simplement au rôle de
remboursement de dépôt lorsqu'il y aurait eu défaut?
Mme Payette: Le problème est assez complexe. Il faut le
regarder à la lumière des transformations que l'on pourrait
vouloir apporter à la structure même de la Régie de
l'assurance-dépôts. Depuis plusieurs années, on parle
d'imposer des primes pour l'assurance que donne la régie. Un des
premiers projets que nous avions, c'était de créer des fonds de
sécurité obligatoire avec des primes prévues pour les
diverses fédérations. Ensuite, il y aurait eu double imposition
en quelque sorte des primes payées à la régie. Il y a eu
beaucoup de ce côté; on l'a senti dans les consultations que nous
avons eues avec les fédérations. On a convenu de se diriger
plutôt vers des fonds de sécurité qui seraient facultatifs,
mais on sait que toutes les fédérations vont en créer,
parce qu'il y a l'avantage de bénéficier de réductions
d'impôt, quand le fonds de sécurité est
incorporé. On se dirige aussi c'est une proposition et
c'est en ce sens que nous travaillons, vers la transformation de la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec, qui est la
seule régie à ne pas imposer de primes, en une régie, en
une société d'assurance, un peu comme celle du
fédéral.
À cause de ces modifications la Loi de la Régie de
l'assurance-dépôts, les fonds de sécurité sont donc
traités d'une façon particulière et c'est un peu
interrelié sur le plan législatif.
M. Lalonde: Merci, M. Barbin. Je pense que cela répond
très bien à ma question. Cela va dans le sens que j'allais
souligner que, jusqu'à maintenant, les gouvernements
précédents et même le gouvernement actuel ont agi dans ce
secteur en tentant de donner au milieu des moyens de s'autodiscipliner, de
s'autosurveiller. C'est dans ce sens que j'aurais préféré
que la mise en place de corporations de fonds de sécurité soit
encouragée, mais, puisque, comme M. Barbin vient de nous le dire,
à cause des avantages fiscaux, il va sans dire que cela va aller dans ce
sens-là, je suis satisfait de sa réponse. (12 h 15)
M. Barbin nous a aussi donné la réponse à une
question que j'avais, à savoir quelle est l'orientation de la
régie avec paiement de primes. Je pense que cela rejoint une intention
qui était à l'origine, au tout début de la régie,
au début des années soixante-dix, je crois.
Je vous remercie de nous avoir éclairés là-dessus
aussi.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y a pas d'autres
questions, l'élément 5 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Nous passons
donc au programme 4 en laissant en suspens les éléments 3 et 4
pour cet après-midi. L'élément 1.
M. Saint-Germain: Au point de vue...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, M. le
député. Est-ce que Mme le ministre... Non. D'accord. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On passe maintenant à direction et
soutien administratif.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Lalonde: L'élément 1 du programme 4.
Gestion interne et soutien
M. Saint-Germain: Je n'ai rien de particulier, M. le
Président. C'est d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des questions
de la part du député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II y a un montant de $2,5 millions. Je pense qu'on
doit poser un certain nombre de questions. Est-ce que Mme le ministre
prévoit des changements dans la structure de la direction et du soutien
administratif? Est-ce que, en 1977/78, les structures existantes ont eu le taux
d'efficacité attendu d'elle?
Mme Payette: M. le Président, au cours de l'année,
un sous-ministre a été remplacé et nous avons
également supprimé un poste de sous-ministre.
M. Lalonde: Quel poste de sous-ministre a été
supprimé?
Mme Payette: Le sous-ministre associé à
l'administration.
M. Lalonde: Est-ce qu'il a été remplacé par
un autre poste ou si c'est la direction générale, en fait, qui se
rapporte directement...
Mme Payette: C'est le sous-ministre en titre qui assume la
responsabilité.
Après analyse, on a cru que c'était beaucoup plus
économique de faire cette opération. Les problèmes
administratifs et de gestion dans un ministère comme le nôtre,
maintenant, étant donné que beaucoup d'améliorations ont
été apportées au cours des dernières années,
c'est un ministère qui n'avait pas besoin d'un sous-ministre
associé pour s'occuper d'un secteur comme celui-là. Le
sous-ministre en titre a pris la responsabilité de la gestion et le
service des compagnies, qui était supervisé par cette direction
générale. Il a été confié au sous-ministre
associé, M. Roch Rioux, qui s'occupait déjà des
problèmes législatifs.
M. Lalonde: Justement, vous parlez de M. Roch Rioux. Je sais
qu'il est sous-ministre associé; dans quel secteur en particulier?
Mme Payette: M. Rioux est sous-ministre associé dans le
secteur de la législation et de la recherche et il supervisera aussi,
à compter de maintenant, le service des compagnies.
M. Lalonde: Qui a une fonction particulière relativement
au secteur de la coopération?
Mme Payette: Le sous-ministre associé aux
coopératives, M. Tétreault, qui était ici ce matin.
M. Lalonde: Ah!, c'est M. Tétreault? Ah! bon...
voilà...
Mme Payette: Dans ce ministère, il y avait trois
sous-ministres associés...
M. Lalonde: Dont un à l'administration, et maintenant il y
en a deux.
Mme Payette: Dont un à l'administration, un aux
coopératives et un à la législation. Il y a aussi deux
sous-ministres adjoints, c'est-à-dire un président d'entreprise,
la Régie de l'assurance-dépôts étant
présidée par le sous-ministre en titre depuis au-delà d'un
an.
M. Lalonde: Ce qui a été le cas, en fait, pendant
plusieurs années auparavant.
Mme Payette: Au même salaire.
M. Lalonde: Oui, je sais cela aussi. Est-ce que le cabinet du
ministre est aussi inclus là-dedans?
Mme Payette: Programme 4, élément 1.
M. Lalonde: Est-ce que des membres du cabinet de Madame le
ministre sont devenus fonctionnaires depuis un an?
Mme Payette: II y a un membre du cabinet qui a fait une demande
de permanence.
M. Lalonde: Je me souviens très bien qu'une question avait
été posée et qu'une éclatante déclaration
avait été faite par Madame le ministre, à savoir que les
membres de son cabinet lui avaient fait savoir qu'ils n'accepteraient pas cette
proposition de devenir fonctionnaires, avec les années qui vont passer.
C'est l'usure du pouvoir ou la perspective d'une défaite du gouvernement
aux prochaines élections?
Mme Payette: Je ne pense pas que cette situation prête
à ironie. Il s'agit de mon attachée de presse qui envisage de se
marier d'ici quelques semaines, qui attend un enfant et qui, après avoir
passé des examens à la fonction publique, est qualifiée
comme technicienne en éducation. Spécialiste en science de
l'éducation.
M. Lalonde: Personne ne peut être contre la
maternité, M. le Président.
Mme Payette: Je l'espère, M. le Président.
M. Lalonde: J'espère que la réponse du ministre
n'est pas dans le but de faire cesser la discussion là-dessus. Je ne
savais même pas de qui il s'agissait. Madame le ministre n'avait pas
prévu la maternité dans ses déclarations, l'an
dernier.
Mme Payette: Et je ne suis pas le père, M. le
Président!
M. Lalonde: Bon! On voit, M. le Président, jusqu'à
quel point cela change; plus cela change, plus cela est pareil!
M. Goulet: Elle s'est tournée à gauche.
Mme Payette: II n'y a pas d'autres changements à
l'intérieur du cabinet, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
questions? On adopterait l'élément 1?
M. Goulet: Lorsque Madame le ministre a parlé de
père, elle s'est tournée à gauche complètement.
Le Président (M. Jolivet): L'élément 1,
adopté. L'élément 2. Des questions sur
l'élément 2?
M. Lalonde: Oui, oui... L'élément 2, je le
seconde.
Le Président (M. Jolivet): J'étais assis, je
n'étais pas debout.
M. Goulet: Je n'ai pas dit qui était assis à
gauche; il n'y a pas de photo dans le journal des Débats.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Saint-Germain: Au point de vue des communications ici, on voit
que les coûts ont augmenté d'une façon marquée.
Est-ce qu'il y aurait des explications particulières à ce
sujet?
Mme Payette: En cours d'année, nous avons commencé
une réorganisation complète du service d'inspection qui
était dirigé par un directeur intérimaire depuis quelques
années déjà. C'est cela?
M. Saint-Germain: Les communications.
M. Lalonde: Les communications qui passent de $36 700 à
$126 700, est-ce que c'est une campagne de publicité?
Mme Payette: C'est une façon pour nous... M. Lalonde:
On se détache du Québec.
Mme Payette: ... de bien jouer notre rôle comme
ministère pour, non seulement assurer des contrôles et la
surveillance des entreprises, mais pour aussi faire un travail
d'éducation, surtout dans le domaine de la coopération qui fait
partie de notre mandat et aussi dans les autres domaines des activités
du ministère qui méritent d'être mieux connus. Alors, il y
a toutes sortes d'opérations que nous avons en vue, afin de donner
à ce ministère un service des communications ou un service
d'information qui se tienne et qui va mieux faire connaître les
activités du ministère auprès de la population.
M. Saint-Germain: Est-ce que cet argent est plutôt
dépensé en vue d'informer les institutions
financières ou les coopératives des activités du
ministère ou si cela fait appel au grand public, tout simplement?
Mme Payette: C'est-à-dire que si j'avais devant moi le
projet c'est tout récent le plan d'action, je pourrais
vous répondre davantage, plus précisément. C'est pour
répondre d'abord à la clientèle du ministère, qui
est très variée, et donner des informations pertinentes. Prenons,
par exemple, le service des compagnies. On dit souvent qu'on ne connaît
pas assez bien les façons de s'incorporer au Québec. Alors, il y
a tout un travail d'information à faire de ce
côté-là pour que les gens puissent préparer leur
dossier et avoir des réponses plus rapidement. Le secteur des assurances
est un secteur très important aussi. Le secteur des coopératives
a besoin d'être mieux connu et on a besoin d'appuyer l'action de la
Société de développement coopératif et l'action des
autres organismes coopératifs de notre milieu. On a besoin aussi de
faire un peu d'éducation populaire auprès des enfants sur la vie
économique, qu'elle soit coopérative ou autre, tout en respectant
le rôle de notre ministère qui est un ministère
d'institutions financières, coopératives et consommateurs et non
pas le ministère de l'Industrie et du commerce.
M. Saint-Germain: Est-ce que tout ceci sera fait par les services
du ministère ou si on fera appel à des compagnies de
l'extérieur, soit une maison spécialisée en
publicité, ou ainsi de suite.
Mme Payette: Actuellement, nous sommes à restructurer le
service pour être le plus autosuffisants possible, mais sans doute
ferons-nous appel, pour des cas particuliers, à des maisons de
consultants. Tout dépend des dossiers, évidemment.
M. Saint-Germain: Merci, monsieur.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ce n'est pas un reproche à M. Barbin,
naturellement, parce qu'il a tellement de dossiers, mais j'aurais aimé
avoir un peu plus de détails. Si vous en avez davantage, d'ici la fin de
nos débats cet après-midi, sur les $90 000... Parce que c'est une
augmentation assez importante, de $36 000 à $126 000. J'imagine que,
déjà, le ministère a des idées précises sur
des projets et, comme c'est notre but d'examiner les crédits, j'aimerais
savoir ce que vous allez faire avec ces $90 000.
Mme Payette: M. le Président, si on peut entendre le
directeur du service, on pourra avoir les détails tout de suite, sinon
en images, du moins en paroles.
Dans le secteur de l'information, ma réponse sera de façon
générale parce que, comme M. Barbin vient de le mentionner, les
projets ne sont pas définitifs. De façon générale,
il y aura des opérations de communication menées auprès
des milieux particuliers, aussi bien dans le secteur coopératif que dans
le secteur des valeurs mobilières, etc. Mais il y aura également,
c'est prévu, des opérations de communication au niveau de
l'ensemble de la population du Québec.
Je pense qu'on ne peut pas se limiter au public déjà
engagé dans le système coopératif, qui participe
déjà au système; il faut également rejoindre des
gens du grand public qui pourraient être intéressés
à se servir du système coopératif, pour illustrer ce
cas-là, pour régler leurs problèmes.
Dans ce sens, il y a des campagnes de mass media également
prévues. Pour le reste, il y a un secteur de soutien dans l'ensemble du
ministère, par exemple la publication de rapports de recherche comme
celui rendu public il y a une couple de semaines sur le courtage immobilier; ce
genre de document sera rendu public au cours de l'année. Cela fait
partie d'un programme que j'appelle de soutien interne.
M. Lalonde: J'aurais une question... Excusez, c'est parce que
vous avez parlé de la Commission des valeurs mobilières. M. le
député de Jacques-Cartier, si vous permettez. Je vois, dans le
document: Gouvernement du Québec, renseignements supplémentaires,
crédits, publié par le Conseil du trésor, à la page
25, qu'il y a une page pour le ministère des Consommateurs; un
paragraphe dit: "Enfin, la Commission des valeurs mobilières du
Québec bénéficie de crédits additionnels de $75 000
pour les fins d'un programme de publicité visant à inciter
l'épargnant québécois à investir dans ce
secteur."
Je n'avais pas l'intention de poser la question avant qu'on aborde cet
élément, mais vous avez mentionné la Commission des
valeurs mobilières, ou enfin le secteur des valeurs mobilières,
dans le montant de $90 000. Est-ce que le montant de $75 000 est inclus dans le
montant de $90 000?
Mme Payette: Non.
M. Lalonde: II ne l'est pas. C'est un autre montant.
Mme Payette: Le rôle qu'on aurait, au niveau de la
Commission des valeurs mobilières, à ce moment-là, serait
à peu près strictement un rôle de soutien technique. Comme
on n'a pas le personnel des communications à la commission, nous jouons
un rôle de soutien technique qui peut permettre aussi d'assurer une
opération qui aille chercher d'autres intervenants au niveau d'autres
ministères.
Le Président (M. Jolivet): Étant donné qu'il
est midi trente minutes, je dois ajourner sine die. Selon les renseignements
que j'ai, il devrait y avoir un ordre de la Chambre pour nous permettre de
siéger après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise de la séance à 15 h 40)
Le Président (M. Jolivet): S'il y avait consentement, on
pourrait se transporter à la salle 81-A où il n'y a aucune
commission qui siège. Cela nous permettrait d'avoir un meilleur climat
de travail.
M. Saint-Germain: Comment se fait-il qu'il fasse si chaud que
cela ici?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'air
climatisé; les fenêtres sont presque toutes fermées
actuellement à cause des réparations.
Une voix: Allons-y.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre,
messieurs!
Nous sommes prêts à commencer cette séance de la
commission parlementaire des consommateurs, coopératives et institutions
financières dont le but est d'étudier, d'ici 18 heures ce soir,
les crédits du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières.
Au moment où nous nous sommes quittés, à l'heure du
dîner, nous étions en train de terminer l'élément 2
du programme 4. Je pense qu'il ne restait, à moins qu'il y ait d'autres
questions, que le vote sur la question.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse; auparavant les
personnes présentes à cette nouvelle séance sont: M.
Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Goulet
(Bellechasse), M. La-berge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette (Dorion), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), le
rapporteur étant toujours M. Jacques Beauséjour.
Il n'y a pas d'autres questions sur l'élément 2 du
programme 4? S'il n'y en a pas d'autres, est-ce que l'élément 2
du programme 4 est adopté?
M. Saint-Germain: Un instant, s'il vous plaît!
Nous avons discuté des dépenses faites en
communications.
Au niveau des services, à la catégorie 4, on passe d'une
dépense de $53 300 à $97 400.
Quelle est la raison de cette augmentation considérable au niveau
du pourcentage, du moins?
Mme Payette: Si vous permettez, la majorité de cette
augmentation se situe au service de l'information, des communications.
Certaines dépenses, comme la conception, doivent se retrouver à
la catégorie 4. Une dépense de publicité ne se trouve pas
intégralement à la catégorie 3, communications, mais
parfois à la catégorie 4, lorsqu'il s'agit de la conception.
M. Saint-Germain: La conception sera-t-elle faite par les
employés du ministère ou par des spécialistes?
Mme Payette: Parfois, on doit donner la conception à des
spécialistes de l'extérieur.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Goulet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Élément 2 du
programme 4, adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Maintenant,
à la demande de Mme le ministre, il est...
Mme Payette: On peut terminer.
Le Président (M. Jolivet): Passer? D'accord.
M. Saint-Germain: ... collaborer, si vous voulez, bien, mais j'ai
cru voir que mon collègue n'est pas encore ici...
Le Président (M. Jolivet): D'accord. On peut terminer
l'élément 3 du programme 4? De cette façon, on pourrait
terminer l'ensemble du programme 4.
M. Saint-Germain: On pourrait passer, si vous voulez. S'il n'y a
pas d'objection, pourquoi ne revenons-nous pas au programme 3?
Élément 3, contrôle et surveillance des compagnies
d'assurance. Pourquoi ne pas reprendre les travaux dans l'ordre
numérique? Lorsque le député de Marguerite-Bourgeoys
arrivera, on pourra passer immédiatement, si vous voulez...
Mme Payette: La contreproposition était de terminer le
programme 4, puisqu'on est rendu là, pour revenir ensuite aux assurances
et à la Commission des valeurs mobilières. Je vous proposais de
passer la Commission des valeurs mobilières avant les assurances, mais
s'il n'y a pas de consentement, les fonctionnaires sont là, de toute
façon. Cela aurait été préférable pour le
président de la Commission des valeurs mobilières de passer
avant, mais on peut terminer. On a encore un élément dans le
programme 4...
M. Saint-Germain: On peut bien terminer cela, si vous voulez.
Mme Payette: ... qui est le service des inspections et
enquêtes.
Le Président (M. Jolivet): Élément 3,
programme 4. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Le député de Montmagny avait
posé une question bien spécifique je l'ai
ici au journal des Débats en date du 9 mars 1977, au sujet
d'une soi-disant vaste fraude qui aurait été commise à
l'endroit de centaines de Québécois par un M. Jean-Baptiste
Côté, qui était actionnaire de la firme Côté
& Associés. Mme le ministre avait répondu: "M. le
Président, je voudrais répondre à MM. les
députés que nous sommes au courant de cette situation, qu'elle a
d'ailleurs été décelée par les services
responsables du ministère et que nous sommes en train d'enquêter
sur la situation". Si je ne m'abuse, nous n'avons jamais eu de rapport au sujet
de cette soi-disant enquête.
Mme Payette: M. le Président, pour ma part, je suis
informée que ce dossier a été transmis au ministère
de la Justice, que ce dossier est devant les tribunaux et a été
reporté à plus tard par le juge, ce qui fait...
M. Saint-Germain: Alors, il y a une cause, il y a des accusations
qui ont été portées.
Mme Payette: II y a une cause pendante devant les tribunaux.
M. Saint-Germain: Contre qui spécifiquement le
ministère de la Justice a-t-il porté des accusations?
Mme Payette: Ce n'est pas le ministère des Consommateurs.
C'est le ministère de la Justice, en l'occurrence.
M. Saint-Germain: Non, c'est le ministère de la
Justice.
Mme Payette: Contre le propirétaire de l'agence.
M. Saint-Germain: C'était bien ce M.
Côté?
Mme Payette: Courtier en assurances, je crois.
M. Saint-Germain: Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Relativement au cas que vient de mentionner le
député de Jacques-Cartier, d'accord, il est devant les tribunaux.
Mais est-ce que Mme le ministre pourrait nous dire qui a demandé la
fermeture de ce commerce avant que cela aille devant les tribunaux? Est-ce que
c'est le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières?
Mme Payette: Le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, je crois, par son
service d'inspection, constate qu'il y a là un cas qui doit être
transmis au ministère de la Justice. C'est ensuite le ministère
de la Justice qui fait enquête et prend les décisions qui
s'imposent et non pas le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
M. Goulet: M. Côté, dont le nom a été
mentionné, était propriétaire ou, si vous voulez,
président et directeur général de sept compagnies
différentes dont quelques-unes ne touchaient pas l'assurance. Toutes les
compagnies ont été fermées. Est-ce qu'elles ont
été fermées par le ministère de la Justice ou par
votre ministère?
Mme Payette: M. le Président, je vais encore faire la
démonstration du fait que je ne suis pas avocat, mais je pense que ce
cas devrait être considéré comme sub judice au moment
où on se parle. Ce que je peux vous dire, c'est le rôle que le
ministère a eu à jouer pour découvrir la situation par son
service d'inspection dont c'est le rôle et immédiatement quand
nous constatons au niveau de l'inspection qu'une chose nous paraît
anormale, nous transmettons le dossier au ministère de la Justice.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir si cela a
été découvert lors d'une inspection d'enquêteurs qui
se sont rendus chez M. Côté ou si cela ne serait pas plutôt
lors d'une réunion qu'il a eue avec des gens du ministère
concernant un permis, où on aurait découvert que M.
Côté faisait affaires sans permis? Ou est-ce parce que ce sont des
inspecteurs qui sont allés là-bas?
Mme Payette: M. le Président, sous toute réserve et
si mes souvenirs sont exacts, c'est à la suite d'une plainte
portée par une commission scolaire de la région que nos services
d'inspection sont intervenus.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions? S'il n'y a
pas d'autres questions, est-ce que l'élément 3 du programme 4 est
adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Donc, le
programme 4 au complet est adopté. Nous revenons à
l'élément 3 du programme 3 "contrôle et surveillance des
compagnies d'assurances ". Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, là encore, ayant fait
allusion à ce sujet dans ma déclaration d'ouverture, je pense
qu'on pourrait passer aux questions. À moins que, maintenant que le
député de Marguerite-Bourgeoys est arrivé, on consente
à étudier les crédits de la Commission des valeurs
mobilières avant de passer au service des assurances, afin de
libérer le président de la Commission des valeurs
mobilières qui devrait repartir
pour Montréal. S'il y avait consentement, je pense que cette
partie-là pourrait se dérouler assez rapidement.
Le Président (M. Jolivet): II semble qu'il y ait
consentement, d'après les signes que je vois.
M. Lalonde: À l'égard des membres de cette
commission et surtout du président de la Commission des valeurs
mobilières, cela me fait plaisir.
Commission des valeurs mobilières
Mme Payette: M. Lacoste est le président de la Commission
des valeurs mobilières. M. le Président, dans le but de favoriser
un meilleur marché des capitaux et d'exercer un contrôle et une
surveillance accrue du secteur, le ministère envisage d'apporter des
modifications à la loi des valeurs mobilières. Ces modifications
porteront principalement sur une divulgation plus étendue des
informations de la part des corporations, le domaine des fonds mutuels et
certaines politiques de la Commission des valeurs mobilières du
Québec à partir de la réglementation actuelle. Le travail
ainsi entrepris se situe dans un contexte d'échanges et de transactions
à caractère national, d'où la nécessité
d'une certaine harmonisation avec les lois des autres provinces.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Quelqu'un disait: C'est un peu court, M. le
Président. On pourrait l'appliquer à cette déclaration. Je
compte bien que le président de la Commission des valeurs
mobilières pourra élaborer sur ce projet que Mme le ministre
vient de formuler. Depuis la dernière réforme législative
en matière de valeurs mobilières, il y a de cela quand même
une couple d'années maintenant, est-ce que la Commission des valeurs
mobilières a progressé, surtout au cours de la dernière
année, au niveau de la mise à jour des dispositions
législatives et réglementaires, surtout si on compare ce qu'il y
a ici aux juridictions voisines qui, traditionnellement, abordent un certain
nombre de questions avant le Québec, l'Ontario en particulier?
Mme Payette: Au niveau législatif, les derniers
amendements à la loi des valeurs mobilières remontent à
1973. Notre province voisine, l'Ontario, a actuellement devant sa
législature un projet de refonte de sa loi des valeurs
mobilières, projet qui est présenté, je crois, pour la
cinquième fois devant la législature en cinq ans. Le
président de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario
m'informe qu'il a bon espoir qu'enfin cette année son projet de loi
pourra être sanctionné. La collaboration entre les commissions et
les organismes similaires au Canada est assez étroite et nous comptons
bien pouvoir préparer et proposer une loi qui suivra, dans les grandes
lignes et dans la mesure où il est nécessaire d'avoir une
uniformité à travers le Canada, pour les émetteurs de
titres qui offrent leurs titres dans toutes les provinces, une loi qui sera
compatible avec celle de l'Ontario. Quant à nous, nous avons
déjà sur pied un comité qui tente de s'enligner sur cette
législation et de présenter, au moins dans l'année qui
suivra l'adoption de la loi en Ontario, un projet assez semblable. Les
principes qui nous guident sont d'abord de rédiger une loi en
français, ce qui pose déjà un certain problème,
parce qu'il n'est pas question de traduire la loi de l'Ontario. Cela doit
être bien clair. Cela devra être compatible...
Et pas en latin.
Pas en latin. Cela devra être compatible, cependant, avec
l'esprit. Cette première difficulté peut sembler assez simple
lorsqu'on l'exprime, mais, qu'il me suffise de dire que, dans les textes de
loi, chez les Anglo-Saxons, si on veut couvrir un chat et sa famille,
évidemment, on va dire: le chat, la chatte, le chaton, alors que, dans
le génie français, on va dire: le chat.
M. Lalonde: Ou la famille.
Mme Payette: Ou la famille. La famille de chats.
Ce qui nous permettrait d'avoir une loi beaucoup plus claire, une loi
que...
M. Goulet: ... pas débile.
Mme Payette: ... les gens qui ont à la connaître et
à la suivre, comme les courtiers et même les citoyens qui veulent
avoir des titres, pourront lire et comprendre. Si on regardait le texte de la
loi actuelle de l'Ontario, même pour un avocat, c'est difficile à
comprendre. Les grands points qui seront semblables seront ceux qui concernent
d'abord les émetteurs, c'est-à-dire les prospectus;
deuxièmement, les normes de divulgation financière;
troisièmement, les rapports d'initiés; quatrièmement,
toute la section de bataille de procuration. Je dirais que ce sont des grands
points en commun. Les points différents seraient la partie purement
administrative, la structure de la commission, les pouvoirs d'enquête de
la commission, les conditions d'octroi de permis de courtiers, les
enregistrements comme conseillers financiers et comme vendeurs. Même dans
ces parties qui ne sont pas identiques, il y aura quand même des
ressemblances.
La loi actuelle, proposée en Ontario, insère les
dispositions concernant les fonds mutuels. Nous nous proposons de faire un
chapitre spécial pour ce type d'émetteur, étant
donné qu'il n'y a plus raison, aujourd'hui, avec un marché de
fonds mutuels très déprimé, d'accorder l'importance qu'on
accorde en Ontario à ce type d'émetteur.
M. Lalonde: Me Lacoste, on voyait dans le rapport annuel de
1976/77, je présume que celui de 1977/78 est en cours de
rédaction... Je pense d'ailleurs qu'il y a eu une réponse dans ce
sens la semaine dernière. Vous n'avez pas pris la fin de semaine pour
terminer?
Mme Payette: Non, on a regardé la télévision
pour savoir qui serait votre chef.
M. Lalonde: Beaucoup plus intéressant.
Mme Payette: On voulait voir la fin de votre incertitude.
M. Lalonde: Malheureusement, ce n'est pas la fin de l'incertitude
de toute la population, on verra ça justement d'après les
statistiques que j'ai à montrer au ministre. On voyait dans le rapport
annuel du ministère, au chapitre de la Commission des valeurs
mobilières, "qu'une préoccupation importante de l'année
1976/77 a été la refonte page 86 de la Loi des
valeurs mobilières. Ce travail de longue haleine devrait avoir des
résultats tangibles au cours des prochains exercices ".
Est-ce que vous pensez être en mesure de recommander au
ministère, et le ministère de recommander au gouvernement, une
refonte de la loi au cours de l'année actuelle?
Mme Payette: Nous l'espérons très
sérieusement. Le délai que nous nous sommes fixé à
la commission pour transmettre le projet au ministère est la fin du mois
de novembre 1978.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Il y a des statistiques dans le rapport annuel de l'an dernier, je n'ai
malheureusement pas celles de l'année 1977/78. Peut-être avez-vous
des réponses dans vos dossiers là-dessus. Ce sont des
statistiques qui démontrent une certaine modification sinon de la
clientèle, du moins des activités. Naturellement, c'est en
fonction des besoins. Par exemple, à la page 87, vous allez voir avec
moi qu'en 1975/76, il y a eu 81 enquêtes et inspections, alors qu'en
1976/77, c'est tombé à 38. Il en va de même pour les
procédures judiciaires intentées pour infraction à la Loi
des valeurs mobilières et au Code criminel, c'est passé de 37
à 7.
Loin de moi la suggestion que la Commission des valeurs
mobilières ait cessé sa vigilance que le président actuel
a d'ailleurs exercée dans d'autres fonctions. Il devrait y avoir
sûrement une autre explication, ou est-ce que c'est tout propre
propre?
Mme Payette: C'est avec plaisir que j'aimerais répondre
que c'est propre propre. À notre connaissance, il y a eu une
amélioration marquante de la moralité dans le secteur des valeurs
mobilières depuis trois ou quatre ans. Vous vous rappellerez sans doute,
dès le début des années soixante-dix, plus
particulièrement en 1973, lorsque M. Robert Demers avait
été nommé à la commission, et je me suis joint
à son équipe à l'époque, on avait entrepris un
nettoyage qui s'imposait. Le résultat qu'on voit aujourd'hui touche
surtout les matières criminelles. Nous avons mis beaucoup d'emphase,
à l'époque, sur les matières criminelles et sur les
sanctions administratives.
Nous avons réussi et je tiens l'information de notre
service d'inspection des différents corps policiers
spécialisés dans le domaine à déman- teler
les réseaux qui existaient. Nous avons également
collaboré, au cours de l'année qui s'est écoulée,
avec la Commission d'enquête sur le crime organisé, qui, comme
vous l'avez vu, a mis à jour certains réseaux dans le secteur des
valeurs mobilières, mais qui remontaient à 1972, 1973, et qui
n'existent plus maintenant.
C'est une des raisons pour lesquelles on voit cette diminution. Il n'y a
plus tellement de personnes qui oeuvrent. On pense qu'elles sont rendues dans
d'autres domaines ou dans d'autres provinces où la législation et
la réglementation sont plus souples, si je peux employer ce mot.
D'autre part, on va revoir cette année une augmentation de ces
chiffres, mais pour d'autres raisons. On a amorcé des politiques
systématiques de poursuites pénales pour infractions aux
dispositions sur la divulgation financière. Ainsi, on a de nouveaux
programmes maintenant pour assainir le marché et surtout pour permettre
une bonne divulgation, de sorte qu'on peut maintenant, à
l'intérieur d'un mois ou deux, suite à un défaut d'une
compagnie de publier ses états financiers, porter des plaintes.
On a réorienté, si vous voulez, notre aspect je
n'aime pas employer le mot, parce que ce n'est pas la vocation première
qu'on se donne policier; faire appliquer notre loi est plutôt une
question de faire suivre les formalités. (16 heures)
M. Lalonde: Si vous aviez des statistiques pour les
enquêtes et inspections de 1977/78, il n'y aurait pas eu d'augmentation
entre 1976/77 et l'année dernière. On a 81, il y a trois ans; 38
il y a deux ans, et cela serait à peu près...
Mme Payette: Cela pourrait être un peu plus que ce qu'on
voit pour 1976/77.
M. Lalonde: Dans les mêmes statistiques, Me Lacoste, je
vois, par exemple, dans les procédures administratives, une diminution
marquée des exemptions d'enregistrement d'émetteurs de 2214
à 1070, pour ces deux années.
Avant de poser mon autre question, est-ce que vous auriez les chiffres
avec vous, pour l'année dernière?
Mme Payette: Malheureusement, je ne les ai pas.
M. Lalonde: C'est assez important, quand on sait que les
exemptions d'enregistrement d'émetteurs sont demandées en rapport
avec des transactions à faire. On pourrait faire deux hypothèses.
Ou bien l'illégalité a augmenté et les gens font des
émissions sans demander d'exemption, mais ce serait invraisemblable,
avec le rapport que vous venez de nous faire et que je crois d'ailleurs
très bien, ayant eu à participer à tout le début de
cette opération nettoyage en 1972. L'autre hypothèse, c'est qu'il
y aurait beaucoup moins d'émissions.
Je vous demande, peut-être sans avoir les chiffres, si vous avez
des renseignements là-dessus, sur la diminution, s'il y a lieu,
d'émissions de valeurs mobilières.
Mme Payette: La première explication de cette diminution
doit plutôt être en fonction de l'incorporation. Vous vous
rappellerez sans doute que, dans la Loi des valeurs mobilières, toute
compagnie qui n'est pas privée au sens de la Loi des valeurs
mobilières doit obtenir une exemption, pour toute émission
subséquente de capital, même si, de fait, elle est
privée.
Le gros de cette statistique, c'étaient les demandes de petites
compagnies d'exempter des émissions de cinq, dix, quinze ou vingt
actions à des actionnaires, soit dans une famille.
On a vu, depuis deux ans, diminuer le nombre de demandes,
premièrement parce qu'il y a beaucoup d'incorporations de petites
compagnies qui se font maintenant en vertu de la loi fédérale,
deuxièmement, parce que les notaires, avocats, comptables qui font cela
connaissent peut-être mieux les dispositions de la Loi des valeurs
mobilières et insèrent dans leurs lettres patentes les
dispositions requises pour tomber sous la définition de compagnies
privées au sens de la Loi des valeurs mobilières; ils n'ont pas
à demander à la commission cette exemption qu'on voyait ici et,
troisièmement, de façon plus générale, il y a un
ralentissement dans les demandes d'exemption de financement de compagnies
publiques. C'est un fait depuis certainement deux ans. Il y a une grosse
diminution des demandes d'exemption.
Je dirais qu'au strict point de vue statistique, par nombre de membres,
c'est surtout la question d'incorporation qui est faite de façon
différente, soit la question de juridiction, soit la question de mieux
faire des incorporations de compagnies privées.
M. Lalonde: Merci. Une autre question un peu dans le même
sens. Les courtiers en valeurs c'est votre clientèle un peu
privilégiée pour autant que les courtiers de tout ce
secteur sont totalement sous votre juridiction et votre compétence, ont
diminué de 70 à 52, entre 1976 et 1977, c'est-à-dire
1975/76 et 1976/77.
Je pense que c'est de notoriété publique ou, enfin, dans
le milieu qu'il y a eu plusieurs fusions, des arrangements entre courtiers ce
qui fait qu'il a pu y avoir une diminution du nombre de courtiers sans y avoir
nécessairement une diminution d'activité des courtiers. Est-ce
que cela a diminué encore en 1977? Je vous pose la question en
espérant que vous ayez la réponse sans avoir vos statistiques
devant vous.
Mme Payette: Cela a diminué un peu, mais certainement pas
de 20, comme c'était le cas en 1975/76 et 1976/77. Il peut y en avoir,
de mémoire, je dirais peut-être 2 ou 3 qui n'ont pas
renouvelé... qui ont fusionné pendant l'année, mais c'est
sous toute réserve.
M. Lalonde: Je vous pose la même question pour les agents
de change. La même statistique serait passée de 86 à 57 au
cours de ces deux années.
Mme Payette: C'est le même phénomène et,
effectivement, les mêmes personnes peuvent être impliquées
dans une certaine mesure.
M. Lalonde: Parce qu'elles ont les deux enregistrements.
Mme Payette: Exactement.
M. Lalonde: Les courtiers en fonds mutuels, eux, ne sont pas
nécessairement les mêmes.
Mme Payette: Non.
M. Lalonde: Alors, ils ont diminué de 19 à 8
aussi.
Mme Payette: Là encore, on a eu des fusions au niveau des
fonds. Il y a plusieurs fonds qui ne viennent plus vendre au Québec. Il
y a des fonds américains qui ne vendent plus au Canada. Cela explique
cette diminution. On a regroupé certains fonds. Souvent, il y avait un
fonds d'hypothèque, un fonds d'obligations. On a regroupé
énormément de fonds.
M. Lalonde: Dans l'ensemble cela va être une de mes
dernières questions, Me Lacoste on a l'impression, si on regarde,
par exemple, la situation depuis une dizaine d'années, peut-être
un peu plus, qu'il y a une diminution marquée des activités de
valeurs mobilières, non seulement en ce qui concerne la Commission des
valeurs mobilières, mais il y a aussi la bourse qui tombe sous votre
juridiction. Est-ce que vous pouvez confirmer ce fait? Est-ce que vous croyez
que c'est lié à une diminution des activités
économiques ou à un changement de la façon de faire les
choses? Est-ce que vous croyez que la Commission des valeurs mobilières
devrait faire quelque chose? Est-ce que c'est à l'intérieur de sa
mission, qui est tout d'abord de surveillance? Est-ce qu'il y a aussi une
mission de développement qui peut être acceptée?
Mme Payette: Je suis content que vous me posiez la question,
parce qu'effectivement, sur la première partie, quant à la
diminution, c'est exact. La seule cause que je puis expliquer de façon
simple et sans être obligé de faire une démonstration par
statistiques, c'est le mouvement amorcé depuis trente ou quarante ans
vers Toronto au niveau économique. Évidemment, la bourse suit un
peu tout cela. Il y a aussi la position de monopole naturel que constitue
l'opération d'une bourse. Étant donné que le mouvement
s'amorce depuis plusieurs décennies vers Toronto, cela a un effet en
chaîne. Il est normal que cela aille de plus en plus vite dans la mesure
où le monopole grossit à Toronto. Première partie.
Deuxième partie. Quant à la question du
développement, nous avons, cette année, et à compter de
l'exercice financier actuel, créé au sein de la commission un
groupe de recherche composé de
trois professionnels, sous la direction de notre directeur
général, spécifiquement pour étudier ce genre de
questions. Ces gens seront détachés des opérations
quotidiennes et auront pour mission d'étudier ces mouvements; par
exemple, le glissement de Montréal vers Toronto, la situation des
souscripteurs au Québec, le rôle qu'on peut voir sur le
marché des valeurs mobilières de notre bourse à
Montréal, advenant le cas d'un marché électronique au
Canada, des questions comme cela. Le groupe doit commencer à fonctionner
dès le 1er mai.
M. Lalonde: Vous avez parlé du marché
électronique. Ce serait un marché unique, en fait, une
espèce de fusion des divers marchés. Est-ce que la Commission des
valeurs mobilières va conserver le dernier mot sur la transformation du
marché actuel de la bourse en un marché qui serait plutôt
réuni pour tout le Canada? Est-ce que vous allez conserver le dernier
mot là-dessus?
Mme Payette: Tant que la Loi des valeurs mobilières sera
ce qu'elle est, l'article 92 est bien clair: toute opération d'une
bourse au Québec doit se faire avec la reconnaissance de la commission.
En ce sens, oui. C'est un secret de polichinelle aujourd'hui que le
gouvernement fédéral a des études depuis trois ans sur la
question du futur contrôle des valeurs mobilières au Canada, sur
l'impact que pourrait avoir un marché électronique. Ces
études n'ont pas été publiées encore par le
personnel du ministère fédéral de la Consommation et des
Corporations. Je sais qu'elles existent. Elles sont disponibles pour les gens
qui s'intéressent au domaine. Cela pose la question de la juridiction
sur le commerce des valeurs mobilières. Actuellement, c'est une
compétence réservée au provincial. Si le
fédéral veut intervenir, il y aura ce débat qui devra se
faire.
M. Lalonde: Oui, c'est dans ce sens que je vous posais ma
question. Excusez-moi.
Le Président (M. Jolivet): Seulement une chose; votre
temps étant écoulé, il ne semblerait pas qu'il y ait
d'autres questions. On pourrait demander le consentement pour lui permettre de
terminer.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, je ne ferai pas l'autopsie de l'article 160, mais,
étant donné que l'article 160 permet d'avoir 20 minutes sur
chaque question, il n'y a aucun doute que j'aurais pu aller...
Le Président (M. Jolivet): C'est dans ce sens qu'on a eu
un consentement.
M. Lalonde: Oui. J'aurais pu aller je ne sais pas
des communications aux services, à l'entretien, aux loyers et avoir 20
minutes pour chacun là-dessus.
Je voulais quand même revenir et je remercie les membres de leur
consentement, si néces- saire... Je vais revenir là-dessus parce
que c'est important, je pense, que malgré la réduction des
activités, le Québec conserve sa pleine compétence en
matière de valeurs mobilières. Il y a sûrement moyen pour
ce faire. Je me souviens des premiers projets, il y a quelques années,
et votre prédécesseur, Me Lacoste, aussi a eu d'ailleurs,
il est maintenant président de la Bourse à travailler avec
d'autres juridictions pour façonner de nouveaux marchés de
façon à respecter les compétences des provinces. Je pense
que les autres provinces aussi sont fort jalouses de leurs compétences.
Alors, les prétentions d'Ottawa à ce sujet ne m inquiètent
pas du tout aussi longtemps que le gouvernement et vous-même tiendrez
votre bout de façon rigoureuse.
Mme Payette: Je prends bonne note de votre appui, cependant.
M. Lalonde: Sûrement. D'ailleurs on l'avait fait...
Écoutez! Je ne m'adresse pas à Me Lacoste maintenant, c'est
peut-être au ministre. Le respect de nos droits n'a pas commencé
le 15 novembre 1976. Je pense que l'histoire est là pour le prouver.
Enfin. C'est là-dessus que je voulais donc insister. Il y a
peut-être un élément que vous avez oublié et je vais
vous demander s'il a pu avoir aussi une importance, une influence sur la
réduction du marché des valeurs mobilières; cela a
été l'augmentation du secteur public. Quand on sait que dans le
produit national brut, le secteur public est presque enfin, un peu moins
que la moitié actuellement. Il y a sûrement aussi... On peut donc
conclure que l'importance du marché des valeurs mobilières va
être fonction de l'importance qu'on va donner au secteur
privé.
Mme Payette: La question, M. le Président, pourrait
être posée à l'inverse également.
M. Lalonde: Étant donné que le règlement me
permet de poser mes propres questions, M. le Président, je vais les
poser dans mon sens à moi. Je vais poser la question; j'espère
que la réponse se rapportera à ma question.
Mme Payette: M. le Président, je vais donner une partie de
la réponse. Si M. Lacoste désire en donner une autre... Je disais
que la question pourrait être posée à l'inverse parce qu'il
est possible également que le peu de dynamisme dans le secteur des
valeurs au Québec ait forcé certaines interventions du
gouvernement dans le domaine public. C'est pour cela qu'elle pourrait
être posée à l'inverse. Il y a en effet un manque de
dynamisme, me semble-t-il, dans ce secteur en particulier faute peut-être
d'éducation ou de connaissances de la part des Québécois.
C'est peut-être à cette situation qu'il faut essayer de
remédier dans l'avenir. Si M. Lacoste veut compléter la question,
je n'ai pas d'objection.
Je pense que la question de l'augmentation ou de la diminution du nombre
de placements financiers pourrait aussi avoir réponse en fonction
des politiques monétaires. Suivant le coût de l'argent, on
peut voir plus ou moins de gens qui font accès aux capitaux du public ou
qui vont plutôt voir des institutions. À cause des politiques
monétaires actuelles et du coût d'un financement public, on voit
plus souvent les compagnies s'adresser à des institutions
financières pour faire d'importants placements privés et la
plupart de ces institutions sont exemptées en vertu de la Loi des
valeurs mobilières et cela ne passe même pas à la
commission. On n'a pas ces statistiques; si on les avait, probablement qu'au
niveau du nombre de placements financiers, ce serait bien différent.
Pour répondre plus particulièrement à la question
concernant le secteur public ou le secteur privé, je pense que les
derniers chiffres qu'on a, c'est que, à travers tout le Canada, au
niveau d'utilisation de capitaux, en 1977 il y a 2% des capitaux qui sont
allés sous forme d'actions dans des compagnies détenues par le
public. Ce sont des chiffres canadiens; il y a certainement du vrai en disant
que le secteur public, le secteur purement, aussi, du marché
monétaire a accaparé une grosse partie du marché de
courtiers. C'est sans doute vrai. Maintenant, les raisons à cela sont
hors de ma compétence. (16 h 15)
M. Lalonde: Oui. Je vous remercie. Je faisais
référence plus particulièrement aux activités
boursières. L'augmentation des activités boursières
à Toronto par rapport à Montréal disons dans la
dernière décennie démontre une faiblesse de plus en
plus grande du secteur privé. À ce moment-là, il ne s'agit
pas de savoir si les sociétés recourent, par exemple, à
des financements institutionnels ou non. Il semble y avoir une diminution dans
les activités il y en a une de la Bourse de
Montréal.
Mme Payette: Mais on parle de deux choses. Quand on parle de la
Bourse de Montréal, on parle du marché secondaire des
titres...
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: ... alors que votre question semblait s'adresser
plutôt au marché primaire c'est-à-dire à
l'émission.
M. Lalonde: J'avais bien spécifié les deux, parce
que les deux peuvent être invoqués comme thermomètre.
Mme Payette: Au niveau du marché secondaire,
c'est-à-dire la bourse, la plupart des émetteurs de valeurs
mobilières sont majeurs, sont inscrits sur les deux bourses, et
Montréal et Toronto. À cause du phénomène de
monopole naturel auquel je faisais allusion tout à l'heure, il y a
certainement eu un glissement qui s'est fait là. Pour placer des blocs
institutionnels, par exemple, c'est l'institutionnalisation du marché,
il est évident que c'est plus facile d'aller au marché qui a le
plus fort volume.
Ces genres de problèmes font l'objet d'études.
Vous avez sans doute vu très récemment que la Bourse de
Montréal et la Bourse de Toronto vont permettre l'arbitrage entre les
deux bourses, ce qui permettra une meilleure perméabilité entre
les deux marchés. Les gens d'ici pourront plus facilement exercer leur
fonction de courtier ici à Montréal et même aller au besoin
faire les corrections qui s'imposent aux cours de Toronto.
M. Lalonde: Je vous remercie. Une dernière question. Dans
les renseignements supplémentaires des crédits du Conseil du
Trésor, on voit, et je cite: Enfin, la Commission des valeurs
mobilières du Québec bénéficie de crédits
additionnels de $75 000 pour les fins d'un programme de publicité visant
à inciter l'épargnant québécois à investir
dans ce secteur. Est-ce que vous pourriez nous donner les grandes lignes de ce
programme, étant donné qu'on a déjà mis un chiffre
là-dessus?
Mme Payette: II y a deux types d'interventions qui sont
envisagés pour l'instant. Les sommes n'ont pas encore été
dépensées. Le premier type d'intervention est direct. On pense
qu'il est maintenant nécessaire de faire, à l'occasion, dans les
journaux quotidiens ou hebdomadaires de la publicité directe sur
certains types de valeurs mobilières qui sont offertes au public. Par
exemple, on offre maintenant des unités de participation dans des
financements de films. On invite les gens à profiter des
déductions fiscales en investissant dans ces films. La nature même
des contrats en font des contrats de placement, donc des valeurs
mobilières au sens de la loi des valeurs mobilières.
Alors, on pense qu'il y aura un certain montant à mettre
directement pour mettre certaines personnes en garde contre ce genre de
produit. Effectivement, on obtient peut-être une déduction fiscale
la première année, mais le capital peut disparaître. C'est
très risqué. On exigera soit des circulaires, soit des prospectus
et cela, dans plusieurs secteurs; non seulement dans des films, mais dans
toutes sortes de choses: il y a des "containers", des condominiums, etc.
Le deuxième type d'intervention va demander un peu plus de
réflexion et de recherche spécialisée. Il s'agira de
savoir comment rejoindre des publics qu'on aura à définir pour
les amener à mieux connaître la gestion de leur épargne.
Entre autres, on pourrait je vous donne des exemples en
collaboration avec le ministère de l'Éducation, entrer dans tous
les cours de formation aux adultes et offrir certains cours de base en
placement, expliquer aux gens qu'ils peuvent très bien gérer leur
fonds de pension eux-mêmes. Ils ne sont pas obligés d'aller voir
une banque ou un trust pour ce faire. On pense également à
certains modes d'intervention directe dans des groupements, comme certaines
associations de consommateurs. On pense à faire préparer une
campagne pas tellement de publicité que d'éducation en
matière financière.
M. Lalonde: En terminant, M. le Président, je voudrais
remercier Me Lacoste et lui exprimer une
certaine surprise ou une certaine appréhension à la
lecture de ces trois lignes, parce qu'on dit bien, et je cite: "Programme de
publicité visant à inciter l'épargnant
québécois à investir dans ce secteur". On sait, et
d'ailleurs on a eu l'occasion au début des travaux de cette commission
de faire certains échanges avec Mme le ministre là-dessus, que la
principale mission du ministère, aussi bien que de la Commission des
valeurs mobilières, c'est la surveillance, le contrôle, la
protection de l'épargnant. Il est toujours très difficile de
trouver la place du secteur de développement dans cette mission. Il peut
y avoir un certain nombre de contradictions. Souvenons-nous
j'espère que cela ne reviendra jamais des tentatives qui ont
été faites pour développer le secteur des valeurs
mobilières au Québec, par un ancien gouvernement, entre 1968 et
1970, 1971 et des problèmes qu'on a eus avec cela; en élargissant
trop, par exemple, les exigences, on a eu tous ceux qui étaient
indésirables, ceux qui nous venaient de Toronto, qui avaient
été mis à la porte de Toronto, et cela nous a pris cinq
ans pour nettoyer; maintenant ils sont peut-être rendus ailleurs. C'est
pour cela que je me demandais comment on peut faire un programme de
publicité visant à inciter l'épargnant
québécois à investir dans un secteur à partir de la
Commission des valeurs mobilières. On peut le faire à partir du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je veux terminer
là-dessus, M. le Président.
Mme Payette: On peut peut-être essayer d'expliciter, si
vous le désirez, cependant.
M. Lalonde: Peut-être que vous pouvez expliciter, oui.
Mme Payette: L'aspect que je voulais préciser
tantôt, j'y reviens... On ne veut pas dire aux gens: Investissez
seulement pour faire marcher une bourse ou investissez seulement pour faire
grossir les goussets des courtiers. La question pourrait être
exprimée ainsi. Les industries de chez nous ont besoin de capitaux et il
est possible d'y aller directement. Ceux qui veulent investir dans ces
entreprises peuvent le faire au moyen des financements publics, mais vu
l'absence d'information généralisée sur la façon de
se transmettre ces capitaux, on pense qu'il y a un vide à combler d'une
part et d'autre part, il y a beaucoup de gens qui investissent dans des
institutions et qui ne savent pas qu'ils peuvent eux-mêmes gérer
leur épargne. C'est en ce sens qu'on veut intervenir.
M. Lalonde: Si vous permettez, si c'est dans le sens de
l'éducation et surtout de démystifier le fait que la bourse c'est
un jeu, c'est une loterie, à ce moment-là, vous allez avoir notre
support le plus entier.
Mme Payette: C'est dans ce sens-là.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Il n'y a pas d'autre question. L'élément 4 du
programme 3 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
L'assurance automobile
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Nous revenons
donc au dernier élément de ce programme, c'est-à-dire
l'élément 3. Mme le ministre.
Mme Payette: Élément 3.
Le Président (M. Jolivet): C'est le dernier
élément à étudier dans les crédits.
Mme Payette: M. le Président, je n'ai rien de
spécial à dire sur cet élément de programme. Je
puis cependant vous dire qu'un certain nombre de fonctionnaires sont
disponibles, aussi bien du service des assurances du ministère que de la
Régie de l'assurance automobile, et que nous pouvons répondre aux
questions qui seront posées.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, durant l'étude
de la loi 67, nous avions affirmé que la façon dont la loi de
l'assurance automobile traitait les touristes au Québec pouvait
être préjudiciable au développement normal de l'industrie
touristique au Québec. Voilà que j'ai ici devant moi un article
du Dimanche-matin du 26 mars dernier qui nous révèle qu'il a paru
dans le Globe and Mail un article voulant que les courtiers d'assurances de
l'Ontario et probablement d'autres provinces et même des
États-Unis avisent actuellement leurs clients d'être très
prudents s'ils s'aventurent au Québec avec leur automobile. Entre
autres, on développe le fait que l'automobiliste ontarien au
Québec doit prouver qu'il n'est pas coupable d'un accident avant de
recevoir les indemnités ou des dédommagements de la régie.
On dit ici que même s'il n'est pas trouvé coupable, il recevra des
indemnités dans des limites très basses prévues par la loi
de Mme Payette. Par contre, ce même conducteur ontarien qui se fait
frapper par un automobiliste québécois en Ontario peut poursuivre
ce dernier pour ses pertes réelles. En fait, la victime idéale
d'un accident de la route, c'est le conducteur québécois qui a un
accident en dehors du Québec et n'est pas responsable. Il reçoit
alors la compensation standard prévue par le plan Payette et conserve
son droit de poursuivre le coupable pour un montant plus élevé,
ce qui lui est interdit si l'accident survient à l'intérieur du
Québec. Alors, les assureurs ontariens trouvent que la situation est
tellement injuste pour les gens de cette province qu'ils suggèrent au
gouvernement de l'Ontario d'enlever à tout citoyen du Québec le
droit de poursuivre un automobiliste ontarien. Est-ce qu'à la
régie, on a pris connaissance de ces réactions des assureurs de
l'Ontario ou de toute personne mêlée à l'industrie de
l'assurance ou à l'industrie touristique qui fait cette propagande?
Mme Payette: Cette question nous était connue depuis
quelque temps déjà. La situation du non-résidant qui
voyage au Québec présente une situation particulière, mais
je pense qu'il faut d'abord préciser que son statut est assimilé
à celui du Québécois chaque fois qu'il est
propriétaire, conducteur ou passager d'un véhicule
immatriculé au Québec. Dans ce cas-là, il est
automatiquement assimilé à un Québécois et il a
droit exactement aux mêmes indemnisations que celles d'un
Québécois si l'accident survient à l'intérieur des
frontières québécoises.
S'il n'est pas dans une voiture immatriculée au Québec et
qu'il n'est pas responsable de l'accident, d'aucune façon, le
non-résidant est encore une fois assimilé à un
résidant et a droit exactement aux mêmes indemnisations que celles
d'un Québécois si l'accident arrive à l'intérieur
du Québec. Là où la situation change, c'est si le
non-résidant est responsable de l'accident, partiellement ou totalement.
S'il est totalement responsable de l'accident, c'est bien certain que non
seulement il n'est pas indemnisé je pense que c'est la coutume
mais il est sujet à poursuite pour recouvrement des dommages ou
de l'indemnisation que la régie sera appelée à verser
à des victimes québécoises à la suite de l'accident
dont ce non-résidant s'est rendu responsable.
Si le non-résidant est partiellement responsable, supposons qu'il
soit responsable à 40%, il aura droit aux indemnités pour un
montant de 60%, mais il sera aussi sujet à subrogation pour 40% des
indemnités que la régie a été appelée
à verser en raison de sa faute.
C'est la situation générale du non-résidant. Je
pense qu'elle traduit assez bien la situation qui existait avant l'introduction
de la loi 67. Le seul point qui pourrait être, pour un
non-résidant, un peu litigieux, c'est le maximum qui est fixé
à l'indemnisation, maximum qui s'applique autant aux
non-résidants qu'aux résidants et l'abolition du droit de recours
pour l'excédent.
C'est convenu que le Québécois qui va à
l'étranger a droit à l'indemnisation s'il subit un accident,
qu'il soit responsable ou non, mais, s'il n'est pas responsable, il a aussi
droit de poursuite en raison du lieu de l'accident.
M. le Président, je pourrais ajouter un autre
élément d'information sur cette question; j'ai reçu
récemment une demande du ministre de la Consommation et des Corporations
de l'Ontario, M. Grossman, qui demande une rencontre en juin puisque, du
côté de l'Ontario, on envisage certains amendements à la
Loi de l'assurance automobile, qu'on s'intéresse au régime
québécois et qu'on voudrait explorer les possibilités
d'une sorte de concordance. On verra bien, au moment de la rencontre, ce que
ça veut dire.
Si je peux ajouter ceci. Nous avons une rencontre avec l'Ontario d'ici
quelques jours, nous sommes déjà en communication avec la
Saskatchewan, le Manitoba, qui ont des régimes, dans une certaine
mesure, semblables au nôtre et nous allons multiplier les rencontres
prochainement pour bien sensibiliser toutes les juridictions des dispositions
de la loi. Il y a tout de même une pos- sibilité, dans la loi,
d'ententes de réciprocité entre la régie et d'autres
juridictions, tant canadiennes qu'américaines.
M. Saint-Germain: À mon avis, il faudrait bien faire
quelque chose. Je remercie M. De Coster de nous avoir donné toutes ces
explications. C'est complètement la vérité, mais c'est
justement ce point qu'on n'accepte pas. (16 h 30)
Je pense qu'il est trop facile de dire que les étrangers sont
traités comme nous, jusqu'à un certain point... Parce que cette
question de culpabilité est très importante, c'est la base de
notre régime de "no fault" et les indemnités sont en concordance.
Mais si vous enlevez à un étranger ce privilège du "no
fault", vous le mettez tout de suite dans un état
d'infériorité. Cela semble tout à fait évident.
C'est le principe du régime, qu'est-ce que vous voulez? C'est entendu
que si, dans le régime, il n'y avait pas ce principe de "no fault", on
pourrait, pour les mêmes coûts d'assurance, augmenter les
indemnités énormément, même si on ne faisait que la
redistribution des indemnités qu'on va payer à ceux qui ne sont
pas coupables.
Il y a là un élément très important.
D'ailieurs, ceux qui font la critique de notre régime et qui disent que
c'est injuste pour le tourisme connaissent bien toutes les modalités que
vous venez de nous expliquer.
Mme Payette: On décèle dans la lecture de ce
document, une certaine méconnaissance du régime. De fait, il
faudra que ce régime soit bien discuté pour qu'il soit bien
expliqué. Mais il y a tout de même une certaine
méconnaissance du régime, une certaine méconnaissance de
la loi.
Il faut aussi considérer que le non-résidant qui circule
au Québec ne contribue pas ou contribue très peu au régime
d'indemnisation public. C'est une des raisons pour lesquelles le
législateur a assimilé à un Québécois celui
qui est propriétaire d'une voiture, parce qu'il contribue au même
titre qu'un Québécois.
M. Saint-Germain: Oui, mais il reste que le touriste
étranger a sa propre police. Le touriste québécois qui va
en Ontario est protégé par la police que détient
l'Ontarien. Pourtant, le Québécois ne concourt pas au paiement de
cette police non plus. C'est certainement du pareil au même.
Il y a aussi un autre facteur. Dans notre population, tout le monde est
susceptible d'avoir un accident d'automobile, du plus pauvre au plus riche.
Pour ce qui regarde l'industrie touristique, il y a certainement un certain
décalage. Si on prenait les statistiques des revenus de nos touristes,
on y trouverait probablement très peu d'assistés sociaux des
États américains ou des provinces canadiennes. Par contre, on
trouverait une multitude de gens qui gagnent au-delà de $18 000 brut par
année.
Mme Payette: C'est un phénomène connu, M. le
député, que l'Américain qui vient ici et qui gagne $100
000 par année, ne sera certainement pas
indemnisé sur la base du revenu qu'il gagne. C'est une chose
connue. C'est la raison pour laquelle nous voulons sensibiliser toutes les
juridictions qui sont, sinon limitrophes, au moins, des voisins assez
immédiats de la province, de façon que cette situation soit
connue et que l'on tente d'établir un certain mécanisme de
réciprocité.
Mais c'est connu. C'est le même phénomène que nos
collègues du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique
nous ont indiqué. Il y a ce décalage, à moins qu'on
veuille accorder à des non-résidants un statut ou des
privilèges qu'on n'accorde pas au résidant lui-même. On
demande, dans le document, qu'on accorde à des non-résidants, des
droits de recours devant les tribunaux, qu'on refuse aux résidants. Il y
aura un jugement à porter à ce moment-là; c'est le
fondement de la loi.
M. Saint-Germain: II y aurait peut-être lieu de ne pas trop
faire connaître aux étrangers notre système. Ce serait
peut-être un facteur qu'ils évalueraient à leur
avantage.
Mme Payette: Je pense qu'il est tout de même d'un devoir de
conscience au moins dans...
M. Saint-Germain: Au niveau de la conscience, vous avez raison.
Mais au niveau politique ou au niveau du tourisme, de l'industrie du tourisme,
il faut toujours donner le meilleur de notre image.
Mme Payette: Je pense qu'on peut vous dire et vous le
comprendrez facilement que d'autres vont se charger de le faire et vont
se charger de le faire à leur manière, si nous ne le faisons
pas.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez eu d'autres rapports,
excepté ceux de ces assureurs d'Ontario, et l'article du Globe and Mail?
Est-ce que ce sont des choses qui se sont répétées dans
certains États américains ou dans d'autres provinces
canadiennes?
Mme Payette: Non, la seule réaction de contestation qui
nous est venue à l'heure actuelle vient de l'Ontario. Je dois vous
signaler que le Bureau d'assurance du Canada a aussi demandé à
nous rencontrer, c'est-à-dire que nous avons convenu de le rencontrer
pour discuter de cette question.
Pour ce qui a trait au Manitoba et à la Saskatchewan, la
réaction que nous avons eue de leur part, c'est qu'il s'agit d'une
situation normale, dans les circonstances. On devrait maintenir cette
situation-là. Mais, c'est leur réaction. Ce n'est pas la
nôtre.
M. Saint-Germain: Ce qui est plus important, c'est l'Ontario et
certains États des États-Unis qui nous fournissent davantage de
touristes. Enfin, je crois que tout ceci confirme, du moins jusqu'à un
certain point, cette appréhension que nous avions relativement à
l'industrie touristique. S'il y avait possibilité d'y avoir des accords
de réciprocité, je crois que ce serait au moins un pas dans la
bonne voie, ce qui pourrait amoindrir, si vous voulez, les effets
négatifs que des articles comme ceux-ci pourraient contenir.
Vous savez comme moi qu'on dépense des millions de dollars par
année pour faire de la publicité sur la province de Québec
aux touristes, aux investisseurs, à l'industrie, etc. Limage
entière, l'image totale, si vous voulez, est extrêmement
importante. C'est entendu que ce ne sont pas tous les touristes ontariens ou
américains qui vont aller au fond des choses pour connaître
exactement ce qu'est la teneur de notre régime, mais il en reste que, si
cela concourt à projeter du Québec une image
inhospitalière, tout de suite, cela se reflète par la perte de
plusieurs millions dans l'industrie touristique. Ceci me semble tout à
fait évident.
Mme Payette: C'est la raison pour laquelle je me suis
donné comme prochaine mission, justement, ces tentatives de
renseignement, d'information et d'ententes de réciprocité au
besoin.
M. Saint-Germain: Pour ce qui regarde l'assurance automobile
d'une façon plus directe, je vois un article du jeudi 23 mars, dans le
Devoir, où M. Adam, le président des deux compagnies d'assurance
des Caisses Desjardins, disait, entre autres, que les deux compagnies sont
actuellement en train de retourner à leurs assurés $15 millions
de ristourne sur les $110 millions que va retourner l'ensemble des assureurs
québécois. Cette opération coûte cher sans que les
assureurs soient indemnisés par la province. C'est bien la
réalité. Il n'y a pas eu d'entente entre la régie et les
compagnies privées pour dédommager ces dernières de cette
ristourne qu'elles sont obligées de...
Mme Payette: En effet, M. le Président, il n'y a pas
d'indemnisation des frais encourus par les compagnies d'assurance. D'autres
compagnies d'ailleurs ont déjà mis en marche le système de
ristourne qui est prévu par la loi 67. Ces ristournes doivent être
retournées aux consommateurs avant le 1er juin. Jusqu'à
maintenant, c'est la seule critique à cet effet qui a été
portée à ma connaissance.
M. Saint-Germain: II en va de même pour les courtiers. Ils
n'ont pas de ristourne pour la partie des primes... J'entends que le courtier
perd, de la compagnie d'assurance, une proportion des bénéfices
que la compagnie lui versait.
Mme Payette: Non, pas nécessairement, M. le
député. Cette question de remboursement est une question entre
l'assureur et son client. Il y a aussi une question entre l'assureur et le
courtier. La loi ne définit pas de quelle manière le
remboursement doit se faire. La loi ne définit pas non plus si la
compagnie doit être dédommagée pour les frais que ce
remboursement encourt.
Conséquemment, les assureurs ont convenu entre eux ou
généralement entre eux d'un mode de remboursement. Je crois
savoir que la majorité des assureurs à l'heure actuelle, de fait,
ne demandent pas au courtier le remboursement de la prime non expirée.
La grande majorité des assureurs ne le font pas. Même si les
assureurs n'étaient pas obligés d'adopter cette procédure,
ils l'ont adoptée en conciliation avec le courtier, peut-être par
respect du contrat qu'ils ont avec chacun des courtiers.
Entre le courtier et l'assureur, il y a un contrat. Il appartient
à ces deux parties de déterminer ce qui doit arriver au moment du
remboursement. Ce qu'on comprend de la réaction des assureurs, c'est que
les compagnies n'exigent pas, ne demandent pas du courtier la prime non
échue, mais qu'elles remboursent tout de même à
l'assuré la totalité de la prime non échue, incluant la
partie de la commission du courtier.
Je pense que les compagnies peuvent le faire à même leurs
surplus et je pense qu'elles le font aussi à même des surplus
excessifs que la commission anti-inflation les menaçait de devoir
rembourser.
M. Saint-Germain: De toute façon, ce sont les assureurs ou
les courtiers qui vont payer les frais. Même si c'est pris à
même les surplus de bénéfices qui ont été
faits, ceci, illégalement, en considérant la loi
fédérale qui limitait l'augmentation des profits, il reste tout
de même que ces compagnies qui auraient dû, d'après la loi,
probablement rembourser ces surplus de bénéfices à leurs
clients, ne pourront pas le faire. Au moins, cette partie qui a
été dépensée, si vous voulez, pour retourner une
partie des primes versées, va diminuer les profits. Ils ne pourront pas
davantage en faire profiter leurs clients. Enfin, vous savez, on en a
parlé, je ne vois pas pour quelle raison on devrait revenir longuement
là-dessus, mais il reste que ce sont des dommages qui ont
été faits par les autorités gouvernementales sans
dédommagement. Je crois que cela crée des
précédents qui peuvent comporter certains dangers.
Le Président (M. Jolivet): On va céder la parole au
député de Bellechasse, votre temps étant
écoulé.
M. Saint-Germain: J'ai parlé d'une chose
différente. J'ai parlé du tourisme, et là, je parle des
ristournes. Je n'ai pas 20 minutes par sujet?
Le Président (M. Jolivet): Je pense que sur l'ensemble de
l'assurance automobile, ce que j'ai cru comprendre depuis le début, cela
fait au moins 20 minutes que vous discutez de cela.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, je pense qu'il est...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous posez une
question de règlement parce qu'il n'y en a pas eu encore?
M. Lalonde: Oui, j'en fais une. D'ailleurs, c'est vous qui avez
soulevé le règlement en disant que son temps était
terminé. Il est bien clair que l'article 160 prévoit qu'un
député a le droit de parler 20 minutes je n'ai pas
l'article devant moi sur chaque question soulevée par un
élément de programme, mais il y a plusieurs questions qui peuvent
être soulevées par un élément de programme. Il y a
toutes les super-catégories et les catégories qui
prévoient, d'après l'article 160, un droit de parole de 20
minutes sur chaque question. Je ne sais pas si vous considérez que le
député de Jacques-Cartier a passé ses 20 minutes sur
l'assurance automobile. Il aurait peut-être le droit à un temps de
parole sur d'autres questions soulevées par l'élément du
programme no 3.
Le Président (M. Jolivet): Je fais mention, au niveau de
l'élément 3 du programme 3, du contrôle et de la
surveillance des compagnies d'assurance. On fait mention qu'un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne pas parler plus de 20
minutes en tout sur un même article, un même paragraphe, une
même motion, une même question d'ordre ou de règlement. Dans
le contexte de l'élément 3, je suis prêt à garder
une certaine souplesse. Cependant, je veux permettre aux membres de la
commission de poser les questions qu'ils ont à poser sur les
éléments.
M. Saint-Germain: Si je vous comprends bien, j'ai le droit de
revenir.
Le Président (M. Jolivet): Oui. M. Saint-Germain:
Merci.
Mme Payette: M. le Président, nous pourrions probablement
faire un long débat de procédure également. J'aimerais
vous souligner, à vous, M. le Président, que même s'il n'y
a pas de crédits prévus pour la Régie de l'assurance
automobile du Québec dans ce que nous étudions aujourd'hui, nous
acceptons quand même de répondre aux questions.
M. Lalonde: D'autant plus que d'après le document du
Conseil du trésor, il y a $145 000 prévus pour le service des
assurances, découlant principalement des nouvelles dispositions en
matière d'assurance automobile. C'est tout à fait pertinent.
Mme Payette: Ce n'est pas nécessairement la régie
qui pourrait répondre à ces questions mais le service des
assurances.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je vous remercie, M. le Président. J'aimerais
vous dire que je comprends mes amis libéraux. Avec le nouveau chef
qu'ils ont élu, ils ne pourront plus dire ce qu'ils veulent. Alors, ils
en pro-
fitent pour parler ici, en commission. J'aurais deux courtes
questions.
M. Saint-Germain: M. le Président... Le
Président (M. Jolivet): À l'ordre! M. Lalonde: Cela
vous fait mal! M. Goulet: Non, du tout.
M. Saint-Germain: II est vrai qu'avec M. Biron, on peut dire
à peu près n'importe quoi, mais quand même.
M. Goulet: On n'est pas habitué au bâillon, c'est
pour cela.
M. Lalonde: ... C'est pour cela qu'on n'entend rien.
Le Président (M. Jolivet): Donc, revenons à nos
débats comme tels.
M. Saint-Germain: Revenons.
M. Goulet: Deux courtes questions. J'aimerais savoir si le
ministre ou le ministère ou le président de la régie
possède des études actuarielles prévoyant, au cours des
années futures, l'utilisation de la prime perçue cette
année, de $345 millions. On a des études ou on a des chiffres
pour un an ou deux, mais est-ce qu'il y a des études qui existent
actuellement, des études allant plus loin qu'un an ou deux? Est-ce que
ces études existent?
Mme Payette: Oui, il y a des études actuarielles qui
s'échelonnent jusqu'à 20 ans, à l'heure actuelle, pour
montrer le mouvement de trésorerie. (16 h 45)
M. Goulet: M. le Président, je ne sais pas si, ici,
à la commission j'imagine que cela se fait on pourrait
avoir ces études. Est-ce qu'elles pourraient être
déposées?
Mme Payette: II n'y a pas de dépôt en
commission.
M. Goulet: En commission?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de
dépôt en commission.
M. Goulet: II faudrait que je les demande en Chambre?
Le Président (M. Jolivet): C'est votre droit en
Chambre.
M. Goulet: Ah! bon. Mais vous n'y voyez pas d'objection?
Mme Payette: Juste une seconde de consultation. Je m'excuse, M.
le Président.
Je voulais être sûre que ma mémoire ne me trahissait
pas. Ce sont en effet des chiffres qu'on a donnés probablement dans des
conférences de presse, mais éparpillés; ils ne sont
peut-être pas complets sur une période de vingt ans. Mais si la
question est posée, effectivement c'est un document qui existe.
M. Goulet: Dans le même sens, j'aimerais savoir si ces
études également au ministère...
Mme Payette: Si on ne demande pas un dépôt, je pense
qu'il est possible je ne sais pas non plus, parce que sur le
règlement, je n'ai pas passé des heures d'étude de
distribuer un document éventuellement, s'il y a un accord.
M. Goulet: ... connaissance.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que c'est votre
prérogative, comme ministre, de le distribuer, si vous le
désirez, mais il n'est pas question de motion de dépôt de
document.
M. Goulet: Non, de porter à notre connaissance, M. le
Président.
Mme Payette: Alors, dans la mesure où on pourra faire
faire des photocopies, il me fera plaisir de les distribuer aux personnes qui
sont ici, M. le Président.
M. Goulet: Y a-t-il des études au ministère ou
à la régie prouvant que la prime imposée pour la
couverture des dommages corporels est suffisante ou insuffisante pour couvrir
les coûts que va engendrer ce programme à l'avenir?
Mme Payette: La situation est plus grave que cela, M. le
Président. La loi prévoit que la Régie de l'assurance
automobile doit être autosuffisante sur le plan du financement. Donc, il
n'est pas question que la prime puisse être inférieure à ce
qui est prévu comme dépense dans ce domaine.
M. Goulet: C'est prévu; il y en a suffisamment, même
pour les primes indexées, il y en aura suffisamment.
Mme Payette: Oui. Nos projections actuarielles nous le
démontrent.
M. Goulet: M. le Président, cela répond à
mes questions. Je vous rends la parole.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Lalonde: C'est court. M. Goulet: C'est
précis.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais poser une
question justement concernant le service des
assurances. Quant à cette croissance de $145 000 qui est
soulignée dans le document du Conseil du trésor qui
découle principalement des nouvelles dispositions en matière
d'assurance automobile, est-ce qu'on pourrait demander au ministre de quoi il
s'agit?
J'avais pensé, étant donné qu'on diminuait les
activités des compagnies d'assurance automobile d'un pourcentage, d'une
proportion qu'on a établie à 30% environ, que le service des
assurances se verrait là soulagé dans une certaine mesure dans sa
mission de surveillance de ces sociétés. Étant
donné qu'on enlève des activités aux compagnies
d'assurances, qu'on surveille, j'aurais prévu que le service des
assurances aurait eu, en fait, une charge moins grande de surveillance, puisque
les compagnies d'assurances ont des activités moins grandes. Alors qu'au
contraire, on voit une croissance de $145 000 pour le service des assurances
directement; cela n'est pas la Régie de l'assurance automobile.
Mme Payette: Un premier élément de réponse,
M. le Président. Le député fait fausse route en disant que
parce qu'on enlève 30% des affaires aux compagnies d'assurances, cela
diminue d'autant le rôle de surveillance, puisque la loi 67 donne encore
plus de pouvoir de surveillance au surintendant en ce qui concerne l'assurance
automobile en particulier. Et Dieu sait que dans un mouvement de changement
comme celui qui s'est amorcé depuis quelque temps, avant le 1er mars et
surtout depuis le 1er mars, la surveillance du service des assurances doit
s'exercer encore de beaucoup plus près. Il suffirait simplement de
rappeler que nous avons comme responsabilité de surveiller la
tarification, par exemple, des compagnies d'assurances en ce qui a trait
à la couverture des dommages matériels, que nous avons à
surveiller les opérations de la Corporation des assureurs,
l'éventuelle installation de centres d'évaluation et toutes les
négociations qui entourent ce qui est prévu dans la loi 67.
M. Lalonde: M. le Président, la réponse de Mme le
ministre semble quand même être en contradiction avec les
données que les crédits nous offrent, à savoir que les
employés permanents couverts par l'élément 3 passent en
1976/77... Je voudrais faire précéder cette question par une
autre. Quel est le nombre, je l'ai sûrement quelque part ici, je ne le
trouve pas, immédiatement, d'employés permanents prévus
par cet élément 3 du programme en 1978/79?
Mme Payette: Au service des assurances?
M. Lalonde: Je suis obligé d'y aller par
élément de programme. Je présume que c'est le service des
assurances seulement.
Mme Payette: Nous aussi, nous fonctionnons par
élément de programme.
M. Lalonde: J'ai 60 employés permanents en 1976/77 et 57
en 1977/78; j'aimerais savoir s'il y a une diminution ou une augmentation
à ce moment-là?
Mme Payette: C'est 67 employés à plein temps au
service des assurances pour l'année qui vient.
M. Lalonde: Et quel sera le montant des salaires, des
traitements?
Mme Payette: Je dois avoir cela ici. Un instant! Le montant des
traitements à temps plein, si vous me permettez, est de $1 290 300 pour
la prochaine année.
M. Lalonde: Oui, je les ai trouvés. C'est cela. J'aimerais
poser une question sur la Sun Life. C'est une compagnie, cela n'est pas une
activité directement reliée au service des assurances, mais c'est
un événement qui a quand même intéressé au
plus haut point tous les Québécois et tous les Canadiens, que le
déménagement de la Sun Life. Je crois, si ma mémoire ne me
trompe pas, que Mme le ministre a rencontré les autorités de la
Sun Life concernant ce projet de déménagement. Est-ce que Mme le
ministre pourrait nous faire rapport de cette rencontre et nous dire si,
à la suite ou au cours de cette rencontre, elle a pris certains
engagements relativement à l'application de la loi 101 aux sièges
sociaux à l'égard de Sun Life et si elle a fait des
représentations au gouvernement à la suite de cette
rencontre?
Mme Payette: M. le Président, la rencontre que j'ai eue
avec les dirigeants de la Sun Life est intervenue quelques jours après
leur annonce officielle de déménager leur siège social et
non pas avant. Au moment de cette rencontre je pense qu'on peut dire
qu'il s'agit d'une rencontre exploratoire on a simplement
travaillé autour du communiqué qui avait été
émis par le président de la Sun Life, M. Galt. Nous avons
tenté d'obtenir plus d'information sur les raisons que donnait M. Galt
quant à sa décision et à la décision de son conseil
d'administration de déménager non seulement le siège
social, mais également tous les employés de la Sun Life, ce qui
est tout autre chose que de déménager un siège social. De
mémoire, je peux vous dire qu'en l'espace de quelques heures, nous avons
fait faire le point à M. Galt sur les raisons qui ont été
énoncées dans son communiqué. À ce
moment-là, il a été obligé de reconnaître que
certaines de ces raisons avaient peut-être été
énoncées de façon prématurée, en particulier
quant à ce qui avait trait à la loi 101, puisque les
règlements concernant les sièges sociaux n'étaient pas
connus à ce moment. Ma rencontre avec eux n'était pas une
rencontre pour porter un jugement sur leur décision, mais pour explorer
le contenu de leur communiqué et voir avec le surintendant des
assurances de quelle façon un déménagement comme
celui-là pouvait se faire, si la décision était maintenue
et si la réunion qui, finalement, a été
déplacée de je ne sais plus quelle date au 25
avril, je crois, si ma mémoire est fidèle
maintenant cette décision de la Sun Life. Cela a été
essentiellement le contenu de cette rencontre.
M. Lalonde: Alors, il n'y a pas eu de représentations,
enfin d'engagements pris par le ministère à l'égard de la
Sun Life?
Mme Payette: II y a eu les mêmes engagements que tous ceux
que nous étions en mesure de prendre avec d'autres sièges
sociaux, c'est-à-dire ce qui avait déjà été
avancé par le ministre responsable du développement culturel, que
la réglementation à venir tiendrait compte de la situation
particulière des sièges sociaux. C'est la seule chose que nous
ayons pu répéter à M. Galt que peut-être,
effectivement, il aurait dû attendre de connaître la
réglementation parce que les raisons annoncées dans son
communiqué perdaient un peu de sérieux devant l'inconnu dans
lequel il se trouvait à ce moment-là, par rapport à une
réglementation à venir.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y aurait eu un engagement de la part des
autorités de la Sun Life à reconsidérer leur
décision au cas où les règlements concernant l'application
de la loi 101 dans les sièges sociaux seraient plus acceptables que ceux
qui, prématurément, je le reconnais, avaient été
rédigés avant d'être connus.
Mme Payette: ... avaient été rédigés
avant d'être connus. Non. M. Galt a fini par reconnaître, dans
cette rencontre, qu'effectivement sa déclaration était
prématurée par rapport à la loi 101. Il nous a cependant
bien expliqué que sa préoccupation était l'identification
de la Sun Life comme compagnie canadienne et non pas comme compagnie
québécoise, et que c'est à la recherche de cette
identité, qui ne prêtait pas à confusion avec, en
particulier, les assurés étrangers, qu'il avait entrepris de
déménager le siège social. Il a, devant nous, maintenu
cette décision. Nous lui avons fait valoir qu'il pouvait paraître
un peu étrange qu'une décision comme celle-là soit prise
sans consultation des membres de la Sun Life qui est une mutuelle, comme vous
le savez, que des procurations, dont le président était muni
depuis un certain nombre d'années, pouvaient servir à une
décision aussi importante, ce qui a amené la compagnie à
décider de redemander des procurations nouvelles. Mais, en dehors de
cela, je pense qu'on a réussi à identifier la raison qui
était une raison d'identification de la Sun Life comme compagnie
canadienne essentiellement.
M. Lalonde: Si je comprends bien, M. le Président, M. Galt
faisait du séparatisme avant le temps.
Mme Payette: Je pense que les citoyens...
M. Lalonde: II a suivi par là l'exemple
répété à plusieurs reprises du gouvernement.
Mme Payette: Les citoyens du Québec ont en effet compris
que la Sun Life était depuis longtemps séparée du
Québec.
M. Lalonde: Est-ce que, depuis cette rencontre, il y a eu
d'autres échanges avec le service des assurances ou le ministère,
directement?
Mme Payette: II y a eu, avec le surintendant des assurances, des
échanges de chiffres pour permettre au surintendant de connaître
et de comprendre la méthode actuarielle de la Sun Life, qui
diffère de la méthode actuarielle utilisée par les autres
assureurs du Canada. C'est le seul soldat à avoir le pas dans cette
armée. Elle fait bande à part. Sa méthode actuarielle,
d'ailleurs, est remise en question par les assureurs-vie du Canada.
Le surintendant des assurances a donc travaillé avec le
responsable du service d'actuariat de la Sun Life pendant plusieurs semaines
pour tenter de rétablir des concordances de chiffres sans arriver
à un très bon résultat. La Sun Life continue de maintenir,
à certains moments, qu'elle fait ses calculs en ne tenant pas compte de
ses investissements dits privilégiés, et, d'autre part, à
certains moments, semble-t-il, quand cela l'arrange, elle réintroduit
ses investissements privilégiés dans ses calculs.'
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, depuis la mise en
vigueur du nouveau régime d'assurance automobile, est-ce que le ministre
pourrait nous dire combien de personnes ont fait appel à la régie
pour les dommages corporels? On avait déjà parlé aussi des
délais. Est-ce qu'on pourrait avoir une idée du temps que cela
peut prendre?
Mme Payette: M. De Coster a des chiffres plus récents que
ceux que je possède là-dessus.
Les premières statistiques qu'on peut donner, c'est le nombre
d'appels téléphoniques qui sont adressés à la
régie avisant la régie d'un accident avec blessures corporelles.
Nous en avons reçu, à l'heure actuelle, 2500. De ces 2500 cas,
800 ont été référés à des agents de
sinistres pour assistance directe. Nous avons reçu à la
régie environ 1200 demandes d'indemnité en bonne et due forme. De
ces 1200 demandes reçues depuis le 1er mars, 130 ont été
réglées et un premier versement a déjà
été effectué.
Si on prend les délais entre la date de l'accident et la date du
premier versement, le délai est de l'ordre de 37 jours. Si on prend le
délai entre la date de la demande d'indemnité et le premier
versement, c'est seize jours. Le délai entre la date où le
dossier a été complété et où le premier
chèque a été émis est de l'ordre de six jours.
Alors, le délai entre la date de l'accident et le premier
versement est de l'ordre de 37 jours. Je me suis même engagée
à réduire cette période à 30
jours ou moins. Il s'agit des premiers cas arrivés; la machine se
rodait et les rapports d'accidents nous parvenaient avec un peu moins de
célérité qu'on avait prévu. Voilà de bonnes
nouvelles, M. le Président. (17 heures)
M. Saint-Germain: J'espère que...
M. Lalonde: Les mauvaises nouvelles s'en viennent plus tard.
M. Saint-Germain: Oui, certain.
M. Beauséjour: Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Si j'ai bien compris, le délai de 37 jours, on
peut s'attendre, d'ici quelque temps, à l'avoir à 30 jours et que
ce rythme soit maintenu au cours des ans.
Mme Payette: C'est bien le délai qui se situe entre le
moment de l'accident, parce qu'il y a ensuite le rapport de police qui est
attendu, tout ça.
M. Goulet: Oui, je comprends. M. le Président, cet
après-midi, en Chambre, il a été question du litige qui
oppose les médecins à la Régie de l'assurance automobile.
Mme le ministre, vous avez répondu quelque chose comme je n'ai
pas les galées la question à se poser est de savoir si
nous devons payer. Est-ce que c'est...
Mme Payette: Non, ce ne sont pas exactement mes mots. Ce que j'ai
dit...
M. Goulet: Je vous dis, je n'ai pas le...
Mme Payette: ... c'est que le député qui posait la
question avait dit: Est-ce qu'il y aura telle ou telle chose et j'ai
ajouté: II y aurait aussi une autre question qu'on pourrait se poser, je
ne sais pas si on se la posera à cette réunion, c'est: Est-ce
qu'on doit payer les médecins dans les circonstances? C'est une question
qui en vaut bien une autre.
M. Goulet: Vous avez dit qu'il y aurait une réunion le 20
avril; les médecins disent, à compter du 1er mai, nous ne
remplissons plus les formules. Cela veut dire qu'entre le 20 avril, date de la
réunion, et le 1er mai, quelqu'un devra prendre une décision.
Mme Payette: Cela me paraît évident.
M. Goulet: Mais lorsque vous avez répondu: est-ce que
quelqu'un devra payer? Est-ce que ça veut dire que vous auriez envie de
demander à la régie ou au ministère des Affaires sociales
de ne pas payer, de recommander de ne pas payer lorsqu'ils remplissent ces
formules?
Mme Payette: Je n'ai pas l'intention de demander une chose comme
celle-là à qui que ce soit, sauf que, comme citoyens, on pourrait
s'interroger. Si je ne le fais pas comme ministre, je suis en mesure de le
faire comme citoyenne, à savoir, si les médecins, qui touchent
déjà une somme qu'on peut juger importante, selon l'endroit
où on se situe dans la société, grâce à la
"castonguette", pour un examen médical, doivent recevoir en plus une
somme pour remplir un document et qu'ils ont déjà accepté
de remplir ce genre de documents pour d'autres organismes sans être
payés...
M. Goulet: M. le Président, vous comprendrez que je posais
la question à Mme le ministre avec son chapeau de ministre et non pas de
simple citoyen.
Mme Payette: Avec mon chapeau de ministre...
M. Goulet: J'aimerais avoir la réponse du ministre, non
pas du simple citoyen.
Mme Payette: ... je vous réponds la même chose
qu'à la période de questions de cet après-midi, il y aura
une réunion... Il ne faudrait pas penser que la Régie de
l'assurance automobile du Québec est un des organismes les plus
importants. Il y a le ministère des Affaires sociales qui joue un
rôle important dans une négociation comme celle-là, la
Commission des accidents du travail et d'autres organismes également qui
sont directement concernés. Cette réunion aura lieu dans quelques
jours, on verra bien à quelles conclusions en arriveront ceux qui auront
à se réunir, à la suite de quoi on déterminera des
politiques d'ici le 1er mai, j'imagine.
M. Goulet: Vous ne voulez pas répondre cet
après-midi? Est-ce que les médecins devraient ou ne devraient pas
être payés pour remplir ces formules?
Mme Payette: Non, sauf que j'aimerais, effectivement, que
l'Assemblée nationale se pose la question. Est-ce qu'on devrait
envisager que les médecins gagnent encore plus au Québec ou
est-ce qu'on trouve qu'ils sont suffisamment payés pour ce qu'ils ont
à faire dans ce domaine?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sur le même sujet, on pourrait aussi
prévoir qu'il y a des médecins qui sont obligés de se
déplacer, comme témoins, à la Commission des affaires
sociales. Est-ce que vous avez prévu le déplacement de certains
médecins qui seront obligés de comparaître comme
témoins pour les accidentés qui feront appel aux décisions
rendues à la Commission des affaires sociales?
Mme Payette: Le litige, à l'heure actuelle, est
plutôt au niveau du rapport du médecin qui est
produit à la suite du traitement après un accident
d'automobile. Lorsque la régie demande du médecin une expertise,
c'est évident que la régie devra assumer les frais de cette
expertise. Il restera à déterminer si les frais de l'expertise
doivent comprendre aussi la rédaction du rapport. Si nous demandons au
médecin de se déplacer pour venir devant la régie pour
témoigner, c'est évident que la régie devra assumer les
frais qu'on impose aux médecins. Devant la Commission des affaires
sociales, ce n'est pas de ma juridiction, évidemment, elle aura ses
règles de procédure.
M. Saint-Germain: Ah c'est vrai, c'est indépendant, c'est
indépendant, c'est vrai, j'oubliais.
Mme Payette: Je n'aimerais pas être juge et partie.
M. Saint-Germain: J'avais oublié ce grand principe. Lors
de l'étude du projet de loi 67, on avait tenté de faire adopter
un article dont le principe permettait au gouvernement d'intervenir au niveau
des dommages matériels en créant un secteur témoin. Selon
des journaux du temps, plusieurs d'entre eux donnaient les raisons pour
expliquer l'intervention possible du gouvernement. Est-ce qu'on continue cette
même politique au niveau du ministère?
Mme Payette: M. le Président, le gouvernement n'a pas
abandonné son intention de donner à la régie le pouvoir
d'entrer en concurrence avec l'entreprise privée, comme je l'avais
déclaré à la suite de la commission parlementaire sur
l'assurance automobile, sur la loi 67.
C'est éventuellement un amendement que nous ramènerons
devant l'Assemblée nationale. Je pense que ce que le
député de Jacques-Cartier devrait peut-être comprendre dans
cette intention du gouvernement, c'est plus l'intention de donner ce pouvoir.
Peut-être que la régie n'aura jamais à s'en servir. Si j'ai
à porter un jugement sur la situation actuelle et sur la bonne
volonté évidente que manifestent les compagnies d'assurances, je
pense qu'au moment où on se parle, il ne viendra à l'esprit de
personne de dire à la régie d'exercer ce pouvoir. Nous sentons
cependant le besoin, pour maintenir la situation comme elle est et pour que les
compagnies d'assurances sentent bien la volonté gouvernementale
d'obtenir pour les consommateurs le meilleur service possible au meilleur
coût, de donner ce pouvoir a la régie, et nous déciderons
ensuite de permettre à la régie d'exercer oui ou non ce pouvoir,
selon les besoins de la population québécoise.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on ne croit pas, au niveau du
ministère, qu'il y a là une épée de Damoclès
suspendue au-dessus des assureurs privés?
Mme Payette: Cette épée de Damoclès a
été suspendue longtemps au-dessus de la tête des
consommateurs québécois sans que personne ne s'en inquiète
véritablement. Elle s'est déplacée au-dessus de la
tête des compagnies d'assurances et, pour ma part, je n'y vois aucun
inconvénient.
M. Saint-Germain: Ne croyez-vous pas qu'il serait plus sage de
voir comment cette nouvelle loi va être administrée, quelle sorte
de rendement elle va donner, quels vont être les coûts
attachés à ce nouveau système d'assurance, avant d'aller
plus loin? Il me semble qu'on commence déjà... Dans le domaine du
dédommagement matériel, actuellement, c'est le statu quo. Est-ce
que la Corporation des assureurs a été créée?
Mme Payette: La Corporation des assureurs est
créée. Plusieurs réunions ont été tenues. Je
dois vous dire que, contrairement à ce que semble penser le
député de Jacques-Cartier, la Corporation des assureurs a
déjà beaucoup travaillé autour de ce à quoi la loi
67 l'oblige et que nous sommes, pour l'instant, très heureux des
résultats.
Sur une question qui a beaucoup intéressé le
député de Jacques-Cartier pendant le débat sur l'assurance
automobile, je peux l'informer maintenant que, le 1er mai prochain, la
convention d'indemnisation directe entrera en vigueur, ce qui devrait le
réjouir puisque cela permettra à ceux qui possèdent des
petites voitures de payer moins cher que ceux qui possèdent des voitures
de grande valeur.
M. Saint-Germain: À quelle date exactement? Mme
Payette: Le 1er mai.
M. Saint-Germain: Le 1er mai. C'est tant mieux. C'est trop facile
de porter des accusations. On a changé le cadre juridique dans lequel
évoluent les assureurs, même au point de vue de la compensation
des dommages matériels. Il y a des éléments dans la loi
qui feront certainement baisser les coûts d'administration.
C'est la raison pour laquelle je le dis. Est-ce qu'il ne serait pas plus
sage pour le gouvernement d'attendre les résultats? Peut-être
qu'avec les résultats, au lieu de poursuivre dans le sens où on a
débuté l'année dernière, au point de vue de
l'assurance automobile, on voudra reculer? Tout dépendra des
résultats.
Vous savez, les résultats, cela ne ment pas. Lorsqu'on aura les
résultats, que cette loi sera en activité depuis un an, deux ans
ou trois ans, on aura des résultats concrets. On ne sera pas au niveau
des théories de gauche, de droite, du centre ou quoi que ce soit. Il y
aura les faits précis qu'on pourra analyser.
On a déjà commencé, jusqu'à un certain
point. Je vois M. Adam qui dit: "M. Adam a aussi declare que les assurances
coûtaient plus cher dans les deux provinces canadiennes qui ont
entièrement étatisé le régime de l'assurance
automobile". Il disait précédemment que la récente loi sur
l'assurance automobile va coûter plus cher aux assurés en leur
apportant des bénéfices moindres. C'est un homme qui a de
l'expérience.
C'est un gars du mouvement coopératif qu'on essaie d'aider avec
des pitances; on donne probablement un coup de Jarnac qui va coûter
plusieurs centaines de milliers de dollars, qui vont dépasser les sommes
qu'on va voter au niveau du ministère pour aider aux
coopératives. Il dit: "Cette position, qui sera
étayée...
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'on est
obligé de dire que le mouvement coopératif a dit le
contraire.
M. Saint-Germain: ... à la prochaine assemblée
annuelle par un dossier, preuves à l'appui, diffère du
mémoire présenté avant le vote par l'amendement de la loi
par la Fédération des caisses.
Mme Payette: N'est-ce pas? C'est ce que je viens de dire.
M. Saint-Germain: On aura des documents à l'appui.
Mme Payette: M. Adam est tout seul à proclamer ce qu'il
proclame.
M. Saint-Germain: On aura des études bien
précises.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: On ne sera plus au niveau des
théories.
Mme Payette: M. Adam sera peut-être à sa
retraite.
M. Saint-Germain: Ne serait-il pas sage d'attendre un an, deux
ans, trois ans, la direction que tout ceci va prendre?
Mme Payette: Je pense que je suis d'accord avec le
député de Jacques-Cartier quand il dit que c'est à la
suite d'une expérience sur une plus longue période de temps qu'on
sait bien ce qui a été bien fait, ce qui demande à
être corrigé. On a expliqué que, si c'était
nécessaire, on interviendrait à nouveau dans la loi 67 pour
l'améliorer, non pas pour reculer, je pense.
D'autre part, le député de...
M. Saint-Germain: On pourrait peut-être reculer au point de
vue de l'étatisation. Cela ne serait pas nécessairement un
recul.
Mme Payette: Cela m'étonnerait beaucoup. Je pense que le
député avait bien compris, lors du débat de la loi 67, que
l'intention du gouvernement n'était pas de donner immédiatement
un ordre à la régie d'entrer en concurrence tout de suite avec
l'entreprise privée. Je pense que le gouvernement était conscient
que la tâche qu'entreprenait la régie était difficile, que
la responsabilité était grande et que, surtout quand on traite de
dommages corporels où l'aspect humain est tellement important, on ne
pouvait pas risquer de mettre sur pied une machine qui n'ait pas de coeur.
Dans ce sens, la tâche confiée à la régie de
mettre sur pied un régime d'État qui réponde aux besoins
des Québécois pour les blessures corporelles était
déjà un mandat très important. Mais le gouvernement aurait
souhaité pouvoir donner un pouvoir d'intervention à la
régie, si nécessaire, et ces mots ont toujours été
ajoutés à ce que j'ai dit sur la question, s'il était
nécessaire que la régie intervienne, pour la couverture des
dommages matériels, qu'elle dispose de ce pouvoir qui nous permette
d'intervenir plus rapidement.
Le problème que cela pose, c'est que cela nous obligera à
revenir devant l'Assemblée nationale éventuellement, à
refaire un débat sur la question. Pour ma part, je n'ai pas d'objection,
j'y crois suffisamment pour continuer à défendre ce dossier et je
vous avoue que je n'aurai de repos, M. le Président, que quand la
régie aura ce pouvoir.
M. Saint-Germain: Vous savez que, quand le gouvernement a des
pouvoirs tellement bien définis et tellement importants, c'est assez
rare qu'il ne s'en serve pas. Il y a toujours quelques fonctionnaires qui
cherchent des responsabilités accrues. Il y va de leur
intérêt d'accaparer...
Mme Payette: Le député de Jacques-Cartier aurait-il
des objections à ce qu'on laisse la population libre de choisir entre un
régime public de dommages matériels et un régime
privé, puisque ce serait une concurrence saine qui s'exercerait entre
les deux secteurs?
M. Saint-Germain: Je n'ai rien contre ceci. J'irais
jusqu'à dire qu'il est possible qu'il soit de l'intérêt de
la population de laisser le régime privé concurrencer celui de la
régie. Ce serait une autre façon de pouvoir comparer, si vous
voulez, l'efficacité des deux régimes. Ce serait peut-être
un stimulant pour la régie.
Mme Payette: J'espère retrouver votre appui pour ce qui
concerne notre intention de donner à la régie le pouvoir d'entrer
en concurrence pour les dommages matériels.
M. Saint-Germain: À la condition inverse, avec...
Mme Payette: Je ne crois pae qu'il soit nécessaire qu'il y
ait une condition inverse.
M. Saint-Germain: Voilà. C'est là une
différence fondamentale.
Au mois de mai 1977, on avait mentionné j'ai ici une
série d'articles, une série de titres de certains journaux
que le ministre avait l'intention de créer une autre régie, mais,
cette fois, une régie des accidents. Au ministère, veut-on
réellement que l'État prenne à sa charge tout le domaine
des accidents?
Mme Payette: II n'est pas question de créer une autre
régie. Le député de Jacques-Cartier qui a
été présent dans le débat sur l'assurance
automobile sait parfaitement que j'ai dit qu'il était possible que le
gouvernement envisage une deuxième phase, et que, dans cette
deuxième phase, éventuellement, on puisse arriver à
couvrir tous les accidents avec blessures corporelles qu'un
Québécois pourrait subir au cours de sa vie. Cela n'est pas dans
l'immédiat. C'est très certainement un sujet dont on aura
l'occasion de rediscuter, mais ce n'est pas un projet immédiat. Il ne
s'agit pas de créer une autre régie, mais de permettre à
la régie d'aller plus loin dans ce qui est déjà sa
responsabilité. La régie doit déjà indemniser tous
les Québécois pour les dommages corporels subis dans des
accidents d'automobiles. Qu'est-ce qui empêcherait qu'elle indemnise tous
les Québécois pour des dommages corporels subis dans d'autres
sortes d'accidents?
M. Saint-Germain: Je pense là aussi qu'il serait sage
d'attendre toujours les résultats qu'on aura, au cours des prochaines
années, avec la Régie de l'assurance automobile. (17 h 15)
Mme Payette: Je pense, effectivement, être d'accord pour la
première fois complètement avec le député de
Jacques-Cartier. Cela a toujours été annoncé comme une
deuxième étape possible.
M. Saint-Germain: Parce qu'on a senti, tout au long des
débats, qu'il y avait eu des déclarations en 1977...
Mme Payette: Ce n'est même pas une rumeur. Je
réponds au député de Bellechasse. J'ai effectivement dit
que nous envisagions une deuxième étape et que cette
deuxième étape était parfaitement identifiée.
M. Goulet: Ce n'est pas là-dessus, c'était une
boutade. Pour la première fois que je suis d'accord, j'ai dit: II y a
des rumeurs qui circulent.
Mme Payette: Dans ce sens, oui.
M. Goulet: J'aurais une question, si le député me
le permet. Est-ce que vous avez terminé?
M. Saint-Germain: Oui.
M. Goulet: Sur les tableaux que j'avais réclamés de
la part de Mme le ministre, et que nous avons eus, j'avais une question
à poser. Le tableau A, l'hypothèse A, c'est éventuellement
au bout de 20 ans, si je comprends bien le tableau; cela veut dire que nous
aurions $8,34 milliards de fonds d'indemnisations, à la fin de
l'exercice.
Mme Payette: C'est-à-dire qu'on aurait une réserve
qui serait destinée à payer les indemnités futures pour
les accidents qui seraient survenus au cours des 20 ans
précédents.
M. Goulet: D'accord. Si, éventuellement, nous avions $8
milliards après dix ans, $2,8 milliards, esi-ce que vous avez
prévu un mécanisme peut-être pour baisser les primes?
Est-ce que cet argent va toujours demeurer là, et porter
intérêt, ou si quelqu'un va s'en servir pour autre chose, par
exemple? Vous n'avez peut-être pensé, si ces résultats sont
atteints, peut-être de baisser les primes.
Mme Payette: M. le Président, en ce qui concerne la
tarification, elle doit être faite chaque année par la
régie et soumise au gouvernement pour approbation. Ce qui est
prévu dans un premier temps, ce n'est pas une baisse de primes pour
l'année qui vient, mais une augmentation qui ne toucherait que les
individus qui ont accumulé des points de démérite. Nous
travaillons présentement sur cette tarification. Elle n'est pas
suffisamment avancée pour pouvoir dire comment les choses pourraient se
faire ou combien, par exemple, on pourrait payer par point de
démérite; mais pour l'instant, c'est ce que nous envisageons. Ce
n'est pas de réduire la prime, mais de ne pas l'augmenter,
c'est-à-dire de tenter de la stabiliser et de ne l'augmenter que pour
ceux qui sont les véritables mauvais conducteurs qu'on n'avait pas
identifiés jusqu'à maintenant.
M. Goulet: M. le Président...
Mme Payette: M. le député, on réalise que ce
qu'on fait ici, c'est de respecter intégralement le principe de
l'autofinancement que nous dicte la loi. Toute réduction de cette
réserve, c'est une réserve projetée, évidemment.
Chaque année, on vérifiera par des analyses du passif actuariel
si nos hypothèses sont correctes et, conséquemment, le taux sera
réajusté. Ce ne sera peut-être pas $8,34 milliards, $9
milliards, ce sera $7 milliards, ce sera peut-être $8 milliards. Si on se
servait de ce montant pour d'autres fins que pour payer des indemnités
à l'avenir, on viendrait fausser le principe de l'autofinancement, et
conséquemment, on se placerait à l'encontre de la loi. Vous vous
rappelez peut-être la question de la Régie des rentes du
Québec qui a eu une capitalisation inférieure à sa
capitalisation totale. On commence déjà à entrevoir la
possibilité d'un déclin très rapide du fonds, qui mettrait
le fonds s'il n'y avait pas de rectification dans une situation
assez inconfortable.
Autre situation dont il faut tenir compte, évidemment, et qui
oblige à réajuster chaque année, si bien que des
études actuarielles comme celles qu'on a devant nous n'ont de valeur que
pour ce qu'elles valent. On ne peut prévoir, par exemple, s'il n'y aura
pas d'ici cinq ans une diminution du nombre de véhicules automobiles au
Québec. On ne peut prévoir s'il n'y aura pas même une
disparition des véhicules, tels qu'on les connaît, sur une
période de 20 ans. La disparition, par exemple, de l'énergie
nécessaire à ce genre de véhicule peut amener, au niveau
social, des transformations qu'on n'est pas en mesure de prévoir. Sauf
qu'à partir de la situation qui nous est connue, la projection qu'on
peut faire est celle que vous avez devant vous.
Même en changeant, comme vous le voyez, un certain nombre
d'hypothèses, on a un écart entre $8 340 000 000 au bout de 20
ans et $12 900 000 000; c'est un jeu d'hypothèses.
M. Goulet: M. le Président, lorsque Mme le ministre a dit
tout à l'heure que les mauvais risques pourraient contribuer davantage
au régime...
Mme Payette: Pas les mauvais risques, les mauvais
conducteurs.
M. Goulet: Bien, qu'est-ce qu'on appelait un mauvais risque? Si,
à un moment donné, les jeunes de 25 ans ou moins...
Mme Payette: Un mauvais risque, c'était quelqu'un qui
était jugé avant; un mauvais conducteur est quelqu'un qui est
jugé sur son dossier.
M. Goulet: Ce ne seront pas les mêmes, d'après vous,
en grande partie?
Mme Payette: Pour l'instant, je ne peux pas vous répondre;
je le saurai à la fin de l'année, quand on saura qui a des points
de démérite.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Goulet: Ce ne seront pas nécessairement les gens de 65
ans et plus, d'après moi.
Mme Payette: Je ne peux absolument pas vous répondre
à cela.
M. Goulet: Vous ne le savez pas.
Mme Payette: Si vous me posez une question...
M. Goulet: On ne peut pas faire d'hypothèses à ce
sujet.
Mme Payette: C'est-à-dire qu'une question
hypothétique me porterait à vous répondre que je ne pense
pas que les gens de 65 ans soient vraiment de mauvais conducteurs, mais si on
les connaît, ce sont eux qu'on pourrait pénaliser.
M. Goulet: Sauf une petite...
Mme Payette: II doit y avoir de très mauvais conducteurs
parmi les gens de 65 ans...
M. Goulet: J'imagine.
Mme Payette: ... mais en petite quantité. On verra
à l'étude des points de démérite qui sont les
mauvais conducteurs.
M. Goulet: D'accord. Cela va revenir pas mal au même;
peut-être au...
Mme Payette: Une autre explication; ce qu'on appelait les mauvais
risques, c'étaient des groupes qui étaient visés, alors
que de mauvais conducteurs, ce sont des individus avec des dossiers
personnels.
M. Goulet: Mais on n'a pas d'étude; on ne peut pas
prévoir ou formuler des hypothèses comme le tableau A et dire: Ce
seront à peu près les mêmes.
Mme Payette: Non. M. Goulet: Non.
Mme Payette: Parce qu'on ne fonctionne pas de la même
façon.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: À la fin de l'année, on saura qui est
visé.
M. Goulet: On verra l'an prochain. Je vais revenir
peut-être exactement où on en était.
Mme Payette: On verra.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je lis ici le journal des Débats du 13
mai 1977 sur une question qui avait été posée au sujet de
l'assurance automobile. Mme le ministre nous avait dit qu'elle avait
été sensibilisée à cette question depuis plusieurs
semaines et qu'il faudrait mettre sur pied un centre de distribution des
risques pour cette catégorie d'assurance. Je parle de l'assurance
incendie des maisons anciennes.
Mme Payette: M. le Président, nous avons...
M. Saint-Germain: Nous allons... Excusez-moi, s'il vous
plaît, madame.
Mme Payette: Je pensais que vous aviez terminé, M. le
député.
M. Saint-Germain: Vous dites: "Nous allons continuer au cours des
prochaines semaines à négocier avec les représentants du
BAC des conditions qui conviennent pour l'établissement d'un tel centre
de distribution des risques ". Où en sont les discussions avec le
BAC?
Mme Payette: Nous avons atteint nos principaux objectifs dans nos
discussions avec le BAC à ce sujet. Nous n'irons pas jusqu'à
créer un centre de distribution des risques nous-mêmes. Je vais
demander à M. Mailloux, le responsable du service des assurances de nous
dire exactement quels sont les détails de l'entente que nous avons
conclue avec le BAC.
Effectivement, le problème se situait surtout au niveau de
l'assurance habitation dans certains quartiers de centres urbains comme
Québec et
Montréal. Nous en sommes venus à la conclusion que ces
risques, qui étaient refusés par les assureurs, méritaient
d'être inspectés avant que l'assureur ne puisse |e refuser. Cela
nous plaçait, à ce moment-là, ou cela plaçait le
citoyen dans la position de pouvoir améliorer son risque. À cet
effet, le Bureau d'assurance du Canada a convenu, les membres du Bureau
d'assurance du Canada ont convenu de se soumettre à des principes
directeurs. Ces principes directeurs répondent, justement, à la
base même du problème, à la nécessité que le
risque qui est réellement mauvais puisse être
amélioré de manière qu'il y ait preneur pour le risque.
L'Association des courtiers d'assurances a fait partie, également, de
ces discussions et a convenu elle-même de collaborer pleinement avec les
assureurs et avec les citoyens impliqués pour que ces risques trouvent
preneur.
M. Saint-Germain: Cette entente est en vigueur actuellement et
mise en pratique?
Mme Payette: Elle est respectée depuis probablement un
mois.
M. Saint-Germain: Vous ne savez pas tout de même, sur le
nombre d'inspections des lieux qu'on est obligé de faire, combien de ces
risques sont refusés, s'il n'y a pas moyen, si le propriétaire
n'a pas collaboré, des facteurs semblables, ou si le propriétaire
trouve que c'est trop dispendieux ou ainsi de suite...
Mme Payette: Nécessairement, les principes directeurs
auxquels les assureurs, les courtiers ont convenu, sont extrêmement
récents. Il faut espérer, il faut souhaiter, toutes les parties
intéressées, souhaitent réellement que ces principes
directeurs donnent les résultats escomptés.
M. Saint-Germain: Cela ne fait pas assez longtemps que c'est en
pratique pour qu'on soit capable d'analyser et de faire une évaluation
des résultats.
Mme Payette: Vous savez cependant, M. le Président, qu'il
s'agit là d'une grande amélioration sur la situation qui existait
où, parce qu'on habitait un quartier, quelle que soit la condition du
logement ou les conditions dans lesquelles on vivait, une assurance pouvait
être refusée sans qu'on ait visité ce logement, simplement
parce qu'on habitait entre telle et telle rue, dans un quartier
délimité. La situation qui permet la visite des lieux, des
recommandations au locataire ou au propriétaire, selon le cas, des
améliorations à faire, des changements à faire, il suffit
parfois d'enlever les boîtes de peinture qui traînent ou un baril
d'huile qui est mal placé pour qu'une assurance puisse être
accordée. Cela est une nette amélioration sur ce qu'on
connaissait.
M. Saint-Germain: II y a eu une augmentation sensible des primes
d'assurance contre l'incendie, tout récemment. Il me semble que cela a
augmenté d'une façon très marquée.
Mme Payette: Est-ce qu'il va falloir un régime public
là-dedans aussi, M. le député?
M. Saint-Germain: Pas nécessairement, non. Je ne voudrais
pas... Une expérience à la fois.
Mme Payette: Pourtant vous souhaiteriez voir baisser les
primes.
M. Saint-Germain: D'ailleurs votre gouvernement ne pourrait pas
résister à une deuxième expérience comme
l'assurance automobile.
Mme Payette: Plus tard, M. le Président.
M. Goulet: On finit au mois de juin, cette année, Mme le
ministre.
M. Beauséjour: M. le Président, pour ce qui est de
l'assurance incendie pour les maisons, souvent on a, peut-être pas des
plaintes, mais pas loin, selon lesquelles aujourd'hui, il y a des compagnies
qui obligeraient les personnes à s'assurer pour la pleine valeur de
remplacement de l'édifice. Est-ce que...
M. Saint-Germain: Non, je voudrais simplement avoir des
commentaires sur les raisons qui ont fait...
M. Beauséjour: ... Moi, ce que je voulais savoir, c'est si
on trouve que c'est juste ou s'il devrait y avoir intervention?
Mme Payette: Ce qui se produit c'est que dans le contrat
d'assurance habitation, il y a différentes possibilités. Une de
ces possibilités, c'est, pour l'acheteur d'assurance, pour le citoyen,
de dire: En cas de sinistre, je veux, pour utiliser les termes populaires,
qu'on me remplace du vieux par du neuf, en ce sens qu'on ne m'impose pas une
dépréciation sur les biens que j'ai. Alors, celui qui veut
bénéficier de cette clause ou de cette garantie qui est consentie
par la police incendie peut choisir la clause de règlement optionnel,
pour l'appeler par son nom. C'est cela qui lui permettra, en cas d'incendie...
Ou en cas de sinistre incendie, on lui remplacera des biens sans lui imposer
aucune dépréciation.
M. Beauséjour: Mais est-ce que c'est obligatoire
actuellement? Certains propriétaires nous disent parfois: Ce serait
préférable qu'elle passe au feu.
Mme Payette: À ma connaissance, l'assurance obligatoire
existe uniquement en responsabilité automobile.
M. Saint-Germain: Pour continuer, M. le Président...
Mme Payette: M. le Président, j'aimerais terminer la
réponse.
M. Saint-Germain: C'est parce qu'il y a deux
questions posées à la fois. C'est cela qui est
embêtant.
Mme Payette: Oui. Ce ne sera pas très long, si M. le
député le permet. Je pense que cela informe tout le monde.
M. Beauséjour: ... d'assuré, à ce
moment-là.
Mme Payette: II y a toujours, pour le citoyen, la
possibilité de faire appel à un autre assureur, si les conditions
qui sont proposées par l'assureur avec qui il traite ne lui conviennent
pas. Ce qu'on souhaite de plus en plus au service des assurances du
ministère, c'est que le citoyen soit responsable de sa démarche,
qu'il marchande son assurance habitation comme on lui apprend doucement
à marchander son assurance automobile, pour les mêmes raisons,
parce qu'il faut que la concurrence puisse jouer et elle ne peut jouer que si
ce n'est pas un marché captif et si on a accès à une autre
compagnie avec d'autres conditions dans une autre police.
M. Beauséjour: Parce que j'ai l'impression que toutes les
compagnies semblent fonctionner comme cela.
Mme Payette: On en est arrivé à cela dans
l'assurance automobile. On avait l'impression que toutes les compagnies
fonctionnaient de la même façon. Cela a nécessité
une intervention. Pour l'instant, il n'est pas démontré que
toutes les compagnies ont ces exigences. Je pense que si l'on insiste un peu,
on peut avoir plus de renseignements. Mais je continue de maintenir que la
population du Québec n'est pas renseignée sur l'assurance. C'est
peut-être un tort et peut-être qu'on pourrait faire le mea culpa du
ministère. Ce n'est peut-être pas son rôle d'éduquer
la population, mais comme son rôle est de protéger la population
et que cela nécessite une éducation, on ne connaît rien en
assurance, pas plus d'habitation que d'automobile et les courtiers qui ont
travaillé dans ce domaine n'ont pas joué le rôle qu'ils
auraient dû jouer, c'est-à-dire un rôle de
renseignement.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: La question que j'avais posée, M. le
Président... Je voulais simplement dire que sans cette modification de
la police, la teneur de la police, sans modification de la protection, qu'il y
avait tout de même eu une augmentation considérable des
coûts ces dernières années. Il semble que cela a
été beaucoup plus vite que l'inflation, si vous voulez. (17 h
30)
Mme Payette: La réaction, ou plutôt les
constatations qu'on a pu faire là-dessus, c'est qu'une des sources de
l'augmentation du total des primes d'incendies perçues que vous avez vue
dans le rapport provenait de l'ajustement à la va- leur réelle
prévue qui permettait automatiquement la clause de règlement
optionnel dont j'ai traité plus tôt. Une des sources
d'augmentation totale des primes, c'est ça. Mais c'est quand même
laissé au choix de l'individu de pouvoir bénéficier de la
cause ou pas.
M. Saint-Germain: Très bien. Pour revenir, si vous voulez
bien, à l'assurance automobile, est-ce qu'on a commencé à
discuter de la mise en place des centres d'évaluation pour dommages
matériels?
Mme Payette: M. le Président, M. Mailloux est l'un des
représentants du ministère à la Corporation des assureurs
et je sais que la question des centres d'évaluation y a
été discutée. M. Mailloux pourrait nous donner des
détails. La Corporation des assureurs a subdivisé à
l'intérieur de sa propre corporation les responsabilités, je
crois, et M. Mailloux va pouvoir nous dire ce qui s'est fait en ce qui concerne
les centres d'évaluation.
Au niveau des centres d'évaluation, le comité ou le
sous-comité qui a été formé est en place
présentement et fait l'inventaire de ce qui existe présentement
au Québec en matière de centres d'évaluation ou en
matière d'évaluateurs, tant au niveau de la compétence
physique des individus que de la disponibilité des locaux.
Ce sous-comité a également mandat d'établir les
endroits qui seraient susceptibles de mieux répondre aux besoins de la
population en matière de règlement de sinistres, surtout au
niveau de l'évaluation du sinistre dans une première phase. Au
moment où nous nous parlons, ce travail est en cours, le comité
est en place, la corporation s'en préoccupe et nous espérons en
connaître les résultats à brève
échéance.
M. Saint-Germain: Quand prévoyez-vous que les premiers
centres pourront être...
Mme Payette: Effectivement, il y a une rencontre de la
corporation prévue pour jeudi matin. Il faut souhaiter que,
déjà, on puisse avoir un rapport préliminaire; sinon, il
faut au moins souhaiter qu'on soit fixé sur la date où il sera
possible de connaître le recensement des ressources.
M. Saint-Germain: Est-ce que la corporation se propose aussi
d'établir des techniques d'évaluation, je veux dire d'un endroit
à l'autre, pour que ce soit absolument uniforme? Ai-je raison?
Mme Payette: Dans les pouvoirs qui lui sont dévolus par la
loi, la corporation a les pouvoirs d'établir le mécanisme de
toute l'affaire. On a tout lieu de croire, jusqu'à maintenant, que la
corporation entend remplir le mandat qui lui est confié.
M. Saint-Germain: Est-ce que la corporation semble confiante, en
modifiant les techniques d'évaluation, qu'on puisse faire baisser les
coûts de façon assez marquée?
Mme Payette: Parmi les administrateurs de la corporation, il y a
des personnes dont la spécialité est justement le
règlement de sinistres, tout comme il y en a dont la formation les a
plutôt dirigés vers la souscription des risques et
différentes disciplines.
Je me demande jusqu'à quel point il est utile pour moi de
mentionner qu'au moment où on a formé ces comités au sein
de la Corporation des assureurs agréés, le président est
allé chercher les plus grandes compétences dans le domaine.
M. Saint-Germain: II me semble qu'il y a actuellement des abus
assez marqués dans la façon d'évaluer les dommages.
Mme Payette: J'imagine, et j'en suis convaincue, de fait, ayant
moi-même eu l'occasion de discuter avec ces gens-là, qu'ils sont
conscients des difficultés auxquelles ils auront à faire face. Il
faut souhaiter que, dans les années à venir, ce qui doit
être corrigé à ce niveau le sera.
M. Saint-Germain: On s'aperçoit que les garagistes aiment
beaucoup mieux réparer une voiture dont les dommages seront payés
par un assureur que par un citoyen. Il semble y avoir un décalage dans
les profits qu'on peut faire à réparer une voiture lorsque c'est
payé par un assureur. Le profit semble être plus
considérable que lorsque les dommages sont payés par un
individu.
Mme Payette: C'étaient des problèmes qu'on avait
identifiés en abordant le dossier de l'assurance automobile, soit le
coût des réparations et le gonflement des évaluations. Il
ne s'est trouvé véritablement personne au Québec pour
contester la véracité de nos avancés dans ce domaine. Il
m'est même arrivé de dire, à certains moments, qu'il
était infiniment regrettable que les Québécois aient
pensé, pendant une période de temps, que de voler une compagnie
d'assurances, ce n'était pas véritablement voler. Je pense qu'ils
avaient l'impression que tout coûtait tellement cher venant des
compagnies d'assurances qu'ils pouvaient bien se reprendre de cette
façon.
Effectivement, le gonflement du coût des évaluations a fait
en sorte que les compagnies d'assurances ont dû assumer des coûts
de sinistres qui se répercutaient, bien sûr, sur le coût des
assurances aux assurés.
Quand nous arriverons à contrôler l'évaluation des
dommages, le coût des réparations et j'irais jusqu'à dire
la qualité des réparations parce que cela aussi, c'est
important en termes de sécurité routière on aura
encore une fois fait un autre grand pas dans le domaine de la protection des
consommateurs, dans le domaine de l'assurance automobile.
M. Saint-Germain: II y a aussi différents facteurs. On
peut, dans un accident, endommager le pare-chocs d'une vieille automobile. S'il
y a une petite bosse, l'assuré est en droit, je suppose, d'exiger que
l'assurance paie, soit un pare-chocs neuf ou un pare-chocs
rénové. Bien souvent, s'il avait été responsable de
l'accident, il ne se serait jamais bâdré de faire réparer
ce pare-chocs, le dommage n'était pas assez considérable pour
cela.
Mme Payette: Ce qu'on avait identifié, M. le
Président et c'est ce à quoi fait allusion le
député de Jacques-Cartier maintenant c'était la
situation dans laquelle les compagnies d'assurances se trouvaient de faire des
relations publiques à partir des indemnités qui étaient
payées au moment d'un accident.
Pour ne pas déplaire à un client, on acceptait de payer
pour un pare-chocs neuf, alors qu'une réparation aurait
été suffisante. Mais l'augmentation de prime qui venait par la
suite faisait en sorte que la compagnie d'assurances rentrait dans ses frais et
c'était le consommateur qui payait au bout du compte. Le consommateur ne
s'est pas nécessairement toujours rendu compte de cette manoeuvre, mais,
effectivement, on peut dire que les compagnies d'assurances faisaient des
relations publiques avec les indemnités.
M. Saint-Germain: Très bien. Passons maintenant à
un autre sujet, à cette propagande qu'on a faite au niveau de la
régie, à ce contrat de $1,8 million et surtout à ces
annonces qu'on a faites à la télévision ou à la
radio. A-t-on fait un suivi de ces annonces, a-t-on pu constater si elles
étaient valables et si elles renseignaient le public
adéquatement?
Mme Payette: Le suivi a été fait. Il y a une
recherche qui doit se terminer. On doit avoir un rapport de la firme d'ici
quelques jours pour nous donner réellement le fruit de cette recherche.
Nous n'avons pas, à l'heure actuelle, le rapport final.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas un professionnel de l'annonce,
mais il me semble qu'une annonce comme celle-ci apporte très peu
d'information aux citoyens. Je crois qu'actuellement, les citoyens ne sont pas
renseignés, qu'ils connaissent très peu la teneur de la loi 67.
Je ne vois pas grand-chose dans l'annonce qui puisse les renseigner, bien que
ce soit une annonce qui soit relativement coûteuse.
Mme Payette: Je pense que le député de
Jacques-Cartier fait allusion à l'annonce
télévisée. Il faut tenir compte de ce qui a
été publié.
M. Saint-Germain: Surtout, oui, quand vous dites: la personne
avant toute chose, cela ne dit pas grand-chose, à mon avis.
Mme Payette: II faut cependant tenir compte de toutes les
informations qui ont été publiées dans les
différents journaux du Québec, dans les régions, du guide
de l'assurance automobile qui a été distribué dans tous
les foyers québécois et qui comportait c'est en tout cas
une critique favo-
rable qu'on a reçue tout ce qu'il était
nécessaire de connaître sur le nouveau régime d'assurance
automobile.
On peut critiquer le contenu du message télévisé
sans nier pour autant la valeur du reste de la campagne.
M. Saint-Germain: Je ne dis pas que...
Mme Payette: II ne faut tout de même pas oublier que, dans
cette campagne, il y avait le guide de l'assurance automobile qui, tout de
même, est un guide qui contient le fondement de l'information à
communiquer et qui a été distribué dans chacun des foyers
québécois.
Il y a quinze dépliants qui s'adressent spécifiquement
à des propriétaires de catégories de voitures et qui
expliquent non seulement le nouveau régime dans certains de ses aspects,
mais aussi l'immatriculation des véhicules et la contribution au
régime de l'assurance automobile. Il y a eu des annonces d'information
dans les journaux. On se réfère présentement à la
campagne publicitaire de télévision; ce n'était qu'une
campagne de conditionnement, ce n'était qu'une campagne institutionnelle
qui préparait, en somme, à l'information. Ce n'était pas
destiné à communiquer une information, c'était
destiné à conditionner, à préparer et à
supporter une information qui a été beaucoup plus précise
dans les journaux, dans les dépliants, dans le guide et aussi dans les
relations publiques qui ont été faites dans toute la
province.
Je pense qu'il faudra prendre en considération tout ce qui a
été fait au niveau des relations publiques, tous les groupes qui
ont été rencontrés, toutes les présences que nous
avons eues un peu à travers toute la province.
Pour ce qui a trait au message télévisé, si vous
vous référez spécifiquement, on peut déjà
vous dire que l'agence considère que c'est le message qui, pendant cette
période-là, a été le plus vu, le plus perçu
et le plus retenu, mais ce n'est pas un message informatif; c'est un message
institutionnel, un message de conditionnement.
M. Saint-Germain: Vous me confirmez simplement ce que je
croyais.
Mme Payette: M. le Président, seulement un détail.
C'était aussi un message qui se situait avant le 1er mars et qui
annonçait simplement l'arrivée de la régie.
M. Saint-Germain: Je crois que M. Després vient de
confirmer mon appréhension.
Mme Payette: M. De Coster.
M. Saint-Germain: M. De Coster, excusez-moi. Je n'ai pas fait de
critique de la brochure, d'ailleurs, j'en ai plusieurs. C'était
certainement valable, mais puisqu'on a jugé bon de dépenser des
sommes considérables pour un message télévisé, je
crois que c'est à peu près...
Mme Payette: C'est pour l'ensemble de la campagne de
publicité.
M. Saint-Germain: Ce message à la radio était
similaire ou à peu près.
Mme Payette: Les messages à la radio étaient plus
spécifiques. On a commencé à la radio avec un message de
conditionnement, en disant: Le 1er mars 1978, il y a un nouveau régime.
Après cela, nous sommes allés dans des choses plus
spécifiques, par exemple, sur le plan de l'immatriculation, sur le plan
des droits, des obligations, etc. Par exemple, on a répété
à la radio qu'il fallait, à compter du 1er mars, que toutes les
personnes qui voulaient circuler sur la route, souscrivent à une
assurance-responsabilité. On incitait les gens à effectuer leur
immatriculation au début du mois de mars, plutôt que d'attendre
à la fin du mois de mars pour se causer des désagréments,
et des choses semblables. Les messages sont devenus plus informatifs à
la radio qu'à la télévision.
M. Saint-Germain: Je ne contredis pas cela. Je voulais m'en tenir
aux messages télévisés, ces messages de conditionnement,
comme vous dites si bien. Il me semble qu'on traitait la population comme des
gens pas tout à fait adultes. Pourquoi dépenser tant d'argent
pour les conditionner? Les conditionner à quoi? Pourquoi ne pas jouer
franc jeu avec les gens et leur dire ce qui en est tout simplement...
Mme Payette: C'était...
M. Saint-Germain: ... leur faire un message direct. Il y a
tellement d'images qu'on veut projeter à la télévision. On
connaît cela. On vend de la bière en conditionnant les gens, mais
tout le monde sait cela. On ne parle pas dans les annonces des brasseries, par
exemple, de la qualité des bières en spécifiant que la
différence entre une telle bière, au goût, c'est la
qualité nutritive ou ainsi de suite. On projette simplement. On
conditionne les gens, on motive les gens à prendre un verre de
bière. On rattache tout cela à la joie de vivre, et ainsi de
suite. C'est du conditionnement, d'accord, mais qu'on le fasse au niveau de
l'assurance automobile où il y a tant, dans une loi, une
législation si complexe... Est-ce que, réellement, c'était
utile? Pourquoi ne pas avoir livré, tout en conditionnant les gens, un
message qui aurait informé les gens de choses concrètes,
pratiques? (17 h 45)
Mme Payette: M. le Président, le député de
Jacques-Cartier a dit que ce n'était pas sa profession, la
publicité. Je suis convaincue que l'utilisation du mot "conditionnement"
dans la bouche du président de la Régie de l'assurance automobile
du Québec ne correspondait pas à la définition de
conditionnement qu'il fait par rapport au message de bière qu'on peut
voir à la télévision québécoise. Le
conditionnement dont il était question, c'était l'information que
le 1er mars, il y avait un changement important dans le domaine de
l'assurance
automobile et qu'une partie de cette assurance était prise en
charge par le gouvernement du Québec, par la régie qui
commençait à exister le 1er mars 1978. C'était, à
mon humble avis, moi, qui ne suis pas non plus une professionnelle dans ce
métier, mais qui ai approché ce métier pendant de longues
années, un message qui ne contenait essentiellement que de
l'information.
Si vous me permettez de clarifier peut-être mon emploi de ce
terme, quand je parlais de conditionnement, c'était pour conditionner
les gens à s'informer des modalités. On voulait leur dire: II y
aura un nouveau régime le 1er mars 1978; il y aura des nouvelles
obligations; il y aura des nouveaux devoirs; il y aura de nouveaux avantages.
Ceci est traduit tout de même par 200 000 appels que nous avons
reçus pendant les mois de janvier, février et mars dans nos
centres de renseignements. Je pense que ces 200 000 appels qui posaient des
questions très spécifiques sur des sujets très
spécifiques ont été suscités par un éveil
qu'on a fait dans les media, un conditionnement ou un éveil qu'on a fait
dans les media de la télévision et de la radio.
M. Saint-Germain: C'est entendu que vous avez...
Mme Payette: 200 000 questions, c'est tout de même pas mal
de questions sur le plan informatique.
M. Saint-Germain: Oui, mais peut-être que si on en avait
télévisé quelques-unes de ces questions, vous auriez
peut-être eu moins d'appels.
Mme Payette: Cela aurait coûté plus que $1,8
million, M. le Président.
M. Saint-Germain: Mais de toute façon, je regardais ces
messages et j'avoue que si on avait voulu simplement faire une propagande dans
le vrai sens du mot, on ne l'aurait pas fait autrement. D'ailleurs, il y avait
cette question de la personne avant toute chose. Cela veut dire ce que cela
veut dire. Je n'ai jamais vu dans cette législation la personne avant
toute chose. J'ai vu des dédommagements, pertes de revenus dans toute
chose. C'est cela que j'ai vu. J'avais l'impression qu'on faussait ces
données. Si on avait voulu faire une propagande tout à fait
politique, je crois qu'on n'aurait pas fait autrement. C'est entendu qu'on peut
éveiller la curiosité des gens par bien des moyens et
éveiller leur curiosité à demander des renseignements
supplémentaires. Vous avez peut-être raison. Mais si vous aviez
voulu simplement vendre l'assurance automobile... Vous l'avez vendue, à
mon avis, comme les brasseurs vendent leur bière. Je crois qu'on ne
dépense pas l'argent des biens publics dans ce sens-là. C'est une
loi gouvernementale; ce n'est pas une loi qu'on a à vendre à
titre... On a peut-être la loi à vendre à titre de parti
politique, mais au niveau du gouvernement, on n'a rien à vendre. On a
bien des choses à expliquer aux gens et on peut bien leur expliquer les
services auxquels ils ont droit; leur expliquer leurs droits ou leurs devoirs,
mais de là à les inciter simplement de la façon que cela a
été fait, c'est une opinion. Je crois que dans la province je ne
suis pas le seul à penser comme cela. Peut-être que je
réagis mal à ces choses, je ne le sais pas. Mais moi, j'ai
été surpris.
D'ailleurs, comme je vous le dis, je ne crois pas que la philosophie de
l'assurance automobile... Ce n'est pas cela, la personne avant toute chose.
C'est même faux au départ. C'est vrai qu'il y a là une
question d'appréciation, vous me direz bien. Mais moi, je ne vois pas
cela dans l'assurance automobile. Je vois un plan d'assurance qui
protège les individus pour pertes de revenus; c'est ce que j'y vois.
Mme Payette: M. le Président, il n'y a pas de question
dans ce que vient de dire le député de Jacques-Cartier. Il s'agit
d'un commentaire qui lui est personnel, que je ne partage pas pour ma part.
Mais je reconnais son droit à son opinion sur cette campagne de
publicité.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur
l'élément 3 du programme 3?
M. Saint-Germain: J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): J'espère que le
député de Jacques-Cartier comprendra la magnanimité de la
présidence et des membres de l'assemblée puisqu'il a parlé
pendant environ une heure et quinze minutes sur le même sujet.
M. Saint-Germain: Je n'ai jamais rencontré de
président magnanime, mais des présidents justes.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'élément 3
du programme 3 est adopté?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Avec l'adoption
du programme 3, nous avons terminé l'ensemble des programmes et des
crédits du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Donc, tout l'ensemble des crédits est
considéré comme étant adopté.
Maintenant, vous m'avez demandé la parole.
M. Goulet: À la fin de l'étude de ces
crédits, j'aimerais personnellement, et au nom de l'Union Nationale,
remercier Mme le ministre et messieurs les hauts fonctionnaires de la patience
qu'ils ont bien voulu avoir à notre égard. De temps en temps, je
regardais les hauts fonctionnaires et je pense qu'ils avaient envie de nous
rappeler un proverbe chinois qui dit: Lorsque nous ne parlons pas, nous passons
pour ignorants, mais lorsque nous parlons, nous prouvons que nous le sommes. M.
le Président, j'aimerais qu'ils comprennent qu'eux...
Mme Payette: J'espère, M. le député, que
vous parlez de vos interventions, pas de celles des fonctionnaires.
M. Goulet: Non, les miennes. M. le Président, j'aimerais
que les gens comprennent qu'eux ont une spécialité et qu'une fois
que nous sommes élus députés, nous devons avoir à
la fois plusieurs spécialités. C'était notre devoir de
poser des questions. Personnellement, je l'ai fait au meilleur de mes
connaissances et je remercie l'équipe que Mme le ministre a bien voulu
nous présenter.
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous me le
permettez, je tiens aussi personnellement à remercier madame, les
fonctionnaires et tous ceux qui ont concouru au progrès de nos travaux.
Je crois que ce qui a distingué les activités de ce
ministère, l'année dernière, a été la Loi de
l'assurance automobile, et on sait enfin ce que cela a donne.
Mme Payette: Bien, M. le député, merci.
M. Saint-Germain: ... Il y a aussi eu un certain progrès
dans cette nouvelle loi qu'on doit nous apporter relativement à la
protection du consommateur. J'espère qu'on pourra adopter cette loi sans
les nombreuses critiques que nous avons faites au sujet de l'assurance
automobile. À part cela, M. le Président, nous devons tout de
même constater que, dans les autres champs d'activité, cela a
été pratiquement le statu quo. On a vogué en mer
tranquille. J'espère que toutes les promesses...
Mme Payette: Le député est de mauvaise foi, M. le
Président, ce n'est pas possible.
M. Saint-Germain: Bien non! Cela me semble évident, ce que
je dis là.
Mme Payette: II n'y a presque pas un domaine où il n'y a
pas eu des choses importantes qui ont été faites sur le plan
administratif. Il y a des projets de loi qui sont en train d'être
préparés, des amendements. Il y a eu tout un assainissement du
secteur des caisses d'épargne et de crédit.
M. Saint-Germain: Cela, je veux bien, M. le Président,
mais, seulement...
Mme Payette: II y a eu la création de la
Société de développement coopératif, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Oui, mais cela était une loi
étudiée depuis longtemps. C'est une loi que tout le monde
attendait.
Mme Payette: C'est qu'elle était mal faite. Il a fallu
tout refaire, M. le Président.
M. Saint-Germain: C'est dommage qu'on n'ait pas
étudié l'original. De toute façon, il y avait tant de
choses qu'on nous avait promises, l'année dernière, comme on l'a
d'ailleurs fait cette année.
Mme Payette: Et on a tenu promesse.
M. Saint-Germain: On a remarqué que sur bien des points,
on n'avait pas tenu promesse. On nous avait promis de faire des choses qu'on
n'a pas faites. On nous avait promis de ne pas faire les choses qu'on
s'apprête à faire. Mais, enfin, nous attendrons au cours de
l'année qui vient.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le mot de la fin
appartient au ministre?
M. Saint-Germain: Oui, mais que j'écoute
attentivement.
Mme Payette: Je dirai, M. le Président, mon
désespoir devant cette situation qui fait que, quand on fait quelque
chose, quand on tient promesse, on est critiqué pour avoir tenu
promesse. Quand on ne tient pas promesse et qu'on prend le temps
d'étudier, M. le Président, on est critiqué parce qu'on
prend le temps d'étudier. Si on fait les choses trop rapidement, on nous
reproche d'avoir fait trop rapidement. On nous dit qu'on aurait dû
attendre et mieux réfléchir, si bien, M. le Président,
qu'on n'en arrivera jamais à s'entendre avec l'Opposition.
M. Saint-Germain: J'avais cru, voyez-vous, qu'on pouvait
s'entendre en restant calmes, positifs, très peu agressifs...
M. Goulet: Cela ressemble étrangement au mariage.
M. Saint-Germain: Je cherchais un nouveau terrain d'entente et je
n'ai pas réussi.
Le Président (M. Jolivet): Je déclare
terminée la commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières qui a étudié l'ensemble des
crédits qui ont été adoptés pour le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Je demande au rapporteur, M. Jacques Beauséjour, du
comté d'Iberville, de faire rapport à l'Assemblée
nationale.
(Fin de la séance à 17 h 54)