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Etude des crédits du ministère
des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des consommateurs, coopératives et
institutions financières est prête à procéder
à l'étude des crédits de ce ministère. Les membres
de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette
(Dorion), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier); comme intervenants, on a M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Gagnon (Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Gosse-lin (Sherbrooke),
M. Gravel (Limoilou), Mme Leblanc (Iles-de-la-Madeleine), M. Perron
(Duplessis), et M. Raynauld (Outremont).
Est-ce qu'on doit nommer un rapporteur maintenant? Qui? M. le
député d'Iberville; est-ce que tout le monde est consentant? M.
le député d'Iberville est nommé rapporteur. On commence
maintenant avec des déclarations générales comme toujours.
Mme le ministre.
Remarques préliminaires Mme Lise
Payette
Mme Payette: M. le Président, vous me permettrez, avant
que nous passions à l'étude des crédits du
ministère, de tenter de résumer les différents rôles
du ministère et les différents tableaux sur lesquels nous sommes
appelés à intervenir. Je pense qu'on peut parler d'abord de nos
travaux sur le plan social et sur le plan économique. J'aimerais,
d'abord, dire un mot de nos priorités et, ensuite, si vous le permettez,
M. le Président, je pourrai parler sur ces priorités et sur
d'autres sujets qui nous paraissent importants pour l'année qui
vient.
Dans la stratégie générale qu'entend
développer le gouvernement en matière de développement
social, la contribution du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières est
déterminée plus particulièrement par son action en
matière de protection du consommateur, ainsi que dans le domaine de la
promotion et de l'animation de la formule coopérative. Pour la
période 1978/79, la protection du consommateur constitue la
priorité du ministère pour les fins de la réalisation des
objectifs du gouvernement en matière sociale. Il convient de souligner
aussi tout de suite que le ministère entend évidemment maintenir
et même intensifier son action en matière coopérative et a,
pour cette raison, accordé sa première priorité au
développement ordonné de la formule coopérative pour les
fins de la stratégie gouvernementale en matière de
développement économique. Nous sommes, évidemment, d'avis
que l'action du ministère dans le domaine coopératif aura des
conséquences favorables au plan social également et constituera
en plus une contribution aux objectifs du gouvernement en matière de
développement social et économique.
En ce qui a trait à la protection du consommateur, l'action du
ministère dans ce domaine sera guidée par les objectifs
fondamentaux suivants: d'abord, informer et éduquer le consommateur de
façon à le rendre plus autonome et plus responsable aux choix
qu'il est appelé à faire dans une société et ces
choix sont de plus en plus difficiles. Egalement, il nous appartient
d'harmoniser, dans un esprit de coordination et de concertation, l'action
gouvernementale avec les efforts entrepris dans le milieu pour aider le
consommateur à se protéger par la promotion et le
développement d'associations coopératives autonomes.
La réalisation de ces objectifs sera rendue possible par,
d'abord, notre intervention dans le domaine de l'éducation, de
l'information, de la recherche et du développement des associations de
consommateurs.
En ce qui concerne l'éducation, nous pouvons vous assurer de la
participation du ministère dans la préparation d'un programme
d'éducation à la consommation débutant en 1978 dans 80
écoles de la région de Montréal pour s'étendre
ensuite à travers le Québec. Ce programme est
développé en collaboration avec le ministère de
l'Education. En matière d'information, nous avons l'intention
d'intensifier l'action de l'Office de la protection du consommateur en
matière de contre-publicité en poursuivant en 1978/79 un
prolongement des campagnes précédentes, c'est-à-dire les
campagnes du "gros bon sens" et "consommer c'est un pensez-y bien".
Nous avons l'intention d'assurer la coordination de programmes
d'information menés conjointement avec d'autres ministères,
comme, par exemple, le ministère de l'énergie, le
ministère de l'Agriculture et le ministère des Affaires sociales.
Nous avons également l'intention, et c'est déjà
commencé, M. le Président, d'améliorer la qualité
de la revue Protégez-vous, qui est la revue de l'Office de la protection
du consommateur, et nous voulons procéder à la mise en place de
centres d'information et de documentation où les consommateurs pourront
obtenir, à partir entre autres des revues ou des livres
spécialisés, des informations utiles à effectuer un
meilleur achat.
Nous avons justement procédé, lundi dernier, à
l'ouverture de quatre nouveaux bureaux de l'Office de la protection du
consommateur, un situé à Saint-Jérôme, deux au coeur
de Montréal et le quatrième dans la région de Longueuil,
ce qui porte à onze le total des bureaux de l'Office de la
protection du consommateur disponibles maintenant pour le public
québécois. Nous avons l'intention d'ouvrir de façon
officielle un autre bureau, dans les prochaines semaines, à
Gaspé, ainsi qu'un treizième à Sept-lles.
En matière de recherche, nous voulons aider la coordination des
tests sur la qualité de certains produits et services. Les
résultats de ces tests, dont les premiers pourront être
effectués avant la fin de l'année 1978, seront publiés,
entre autres, dans la revue Protégez-vous. Pour le moment, il est
prévu que ces tests seront effectués dans des laboratoires
privés, comme le font actuellement les émissions Consommateurs
avertis et Market Place.
En matière de développement des associations de
consommateurs, nous visons le maintien et l'accroissement de l'appui technique
financier aux associations de consommateurs existantes et des associations qui
sont présentement en voie de formation.
De plus, l'action de l'office visera à accentuer ses relations
avec le monde des affaires et également à améliorer la
qualité de ses services régionaux. Le déséquilibre
qui existe entre le consommateur et le commerçant s'accroît
à un rythme alarmant. En effet, durant la période de 1970
à 1976, le crédit à la consommation au Canada est
passé de $11,706 milliards à $26,617 milliards; pour la
même période, le Québec voyait ses ventes au détail
passer de $7,074 milliards à $14,263 milliards. De leur
côté, les agences de publicité, au Canada, se voyaient
octroyer en 1975 des commandes pour la publicité de masse de l'ordre de
$697 041 millions. Pendant ce temps, entre 1970 et 1976, le taux de
chômage de Québec subissait une hausse de 6,9% à 8,7%
tandis que l'indice de l'inflation au niveau canadien progressait de 138,5
à 161,8 entre 1975 et juillet 1977.
Par ailleurs, le nombre total de plaintes rapportées au bureau de
l'Office de la protection du consommateur est passé de 110 117, en
1975/76, à 138 007, en 1976/77. Ce chiffre constitue encore aujourd'hui
l'un des seuls outils de vérification disponibles à l'Office de
la protection du consommateur pour mesurer les problèmes des
consommateurs. La Loi de la protection du consommateur actuellement en vigueur
ne régit pas plus de 15% des problèmes soumis au bureau de
l'Office de la protection du consommateur. En effet, cette loi ne concerne que
les problèmes reliés aux contrats de crédit et à la
vente itinérante. Or, de nombreux autres sujets sont quotidiennement
l'objet de plaintes; il s'agit principalement de cas concernant la vente au
comptant, la vente par correspondance, l'automobile (vente et
réparation), la réparation d'appareils
électroménagers, les services à prestations successives,
la publicité en général.
Le 31 mars 1976, le projet de loi no 7 amendant la loi 45 et
régissant la majorité des secteurs non couverts jusqu'à
présent était déposé. Il devenait caduc à la
déclaration des élections du 15 novembre 1976. En plus de
l'absence de soutien législatif adéquat, le consommateur ne
dispose au- jourd'hui encore, au niveau préventif, que de très
peu d'aide en éducation et en information. Aucun enseignement suivi
d'éducation à la consommation n'existe jusqu'à ce jour
à quelque niveau que ce soit. Le consommateur ne bénéficie
que de très peu d'informations préventives sur la qualité
et la sécurité des produits et sur ses droits. Bien sûr
certaines revues canadiennes et québécoises ont commencé
à voir le jour dans le secteur de l'information au consommateur; il
s'agit de Consommateurs canadiens, du Réveil du consommateur et de la
revue Protégez-vous, qui connaît un tirage exceptionnel. Quelques
programmes de contre-publicité ont été entrepris,
notamment, la campagne du Gros bon sens en 1976/77. Selon une étude de
satisfaction, 82% des Québécois interrogés ont vu ces
messages et s'en sont déclarés satisfaits. Ces quelques
initiatives sont, cependant, très insuffisantes comparativement aux
moyens de sollicitation et de persuasion que possèdent les producteurs
et les distributeurs de biens et de services. De plus, il n'existe pas ou peu
de recherches sur les problèmes spécifiques des consommateurs
québécois en général ou, plus
particulièrement, face à des secteurs d'activités
commerciales données, telles l'alimentation, l'automobile et
l'immeuble.
Autant le consommateur individuel est démuni et sans ressource,
autant les associations de consommateurs se retrouvent dans une situation
identique. En effet, en 1977, les associations de consommateurs sont peu
nombreuses, attirent peu de membres et disposent de peu de moyens. Elles
doivent subir les conséquences de ces lacunes, soit le manque de
continuité dans certains cas et le manque de cohérence dans
d'autres. (10 h 15)
L'accessibilité au bureau de l'office se trouve restreinte par
deux raisons différentes dans la région métropolitaine et
dans le reste de la province. A Montréal, le volume des plaintes et des
demandes de renseignements face aux sources disponibles en personnel et en
lignes téléphoniques est tel que le consommateur, s'il est
suffisamment patient, doit attendre parfois plusieurs jours avant de pouvoir
parler à un préposé de l'office.
Vous me permettrez, M. le Président, de revenir sur lavant-projet
de loi qui a été déposé en septembre devant
l'Assemblée nationale et d'en rappeler les principales lignes de force.
Il m'apparaît important de souligner tout d'abord que l'avant-projet
couvre toutes les ventes au comptant autant que les ventes à
crédit. Cette mesure répond à des demandes maintes fois
répérées et vise à supprimer cette situation
absurde qui fait qu'actuellement un consommateur est mieux
protégé s'il achète à crédit.
La publicité en matière de crédit, de garantie et
de prix sera réglementée afin de la rendre plus véridique.
Ainsi, la publicité incitant au crédit sera limitée. Seule
la publicité informant sur la disponibilité du crédit sera
permise, mais elle devra comporter nécessairement une indication quant
au taux de crédit en vigueur. La publicité sur les garanties
devrait être strictement conforme à la
réalité tandis que la publicité sur les prix
interdira de faire ressortir le prix d'un élément d'un ensemble
ou de n'indiquer que le montant des paiements périodiques sans
mentionner clairement le prix total du bien.
Quant à la publicité à but commercial
destinée aux enfants de moins de treize ans, elle sera abolie. Cette
disposition ne vise évidemment pas la publicité dite
éducative comme les campagnes de publicité, par exemple, sur la
sécurité aquatique.
Concernant le crédit, le gouvernement se propose de
réduire la croissance de l'endettement collectif en adoptant certaines
mesures. Tout contrat de crédit sera annulable dans un délai de
48 heures. Le contrat de prêt personnel sera lié au contrat de
vente au comptant si bien que lorsqu'un vendeur ne remplira pas les conditions
de son contrat, le consommateur pourra s'en prévaloir pour renier le
contrat de prêt.
Toujours dans le domaine du crédit, toutes ristournes
versées par les compagnies de finance aux commerçants en raison
d'un prêt consenti aux consommateurs devront être
divulguées.
L'avant-projet contient aussi des dispositions qui visent à
rationaliser l'utilisation de la carte de crédit. Ainsi, un
commerçant ne pourra plus augmenter la limite de crédit d'un
consommateur sans que celui-ci le lui ait demandé. De plus, si le
commerçant désire augmenter le taux et les frais de
crédit, iI devra en aviser le consommateur six mois avant la mise en
vigueur de la modification. Par ailleurs, toutes clauses unilatérales
liées à l'arbitraire du commerçant seront bannies dans les
contrats, cependant que les parties seront obligées de se conformer au
contrat qu'elles auront signé. De même, tous les frais accessoires
devront être clairement indiqués sur le contrat.
Le domaine des garanties offertes par les manufacturiers et les
commerçants fait l'objet d'environ 8000 plaintes par année
à l'Office de la protection du consommateur. Aussi, l'avant-projet
contient des dispositions visant à rendre les garanties vraies, claires
et faciles d'exécution. Par exemple, un bien faisant l'objet d'un
contrat devra permettre l'usage auquel il est destiné normalement. La
validité de la garantie s'exercera dès la prise de possession
d'un bien. D'ailleurs, le consommateur aura un recours direct contre le
commerçant et contre le manufacturier.
Parce que le secteur de la vente itinérante représente
encore un gros risque pour le consommateur, l'avant-projet de loi accorde un
délai de réflexion de 10 jours avant la conclusion de la vente et
précise qu'aucun accompte ne peut être exigé. Dans le but
d'étendre le recours et de permettre au consommateur de se
prémunir davantage contre l'ingéniosité de certains
commerçants, le code propose des dispositions qui pourront assainir les
pratiques commerciales. Désormais, si le consommateur considère
avoir été trompé par une pratique commerciale, il pourra
intenter une poursuite pour être indemnisé, pour annuler le
contrat signé ou demander simplement une réduction de ses
obligations. A ce chapitre, précisons que certaines pratiques seront
carrément abolies comme d'altérer un totaliseur de
kilomètres ou d'offrir en vente au public un bien dont on ne dispose pas
en quantité suffisante. D'autres pratiques seront
réglementées. Le secteur des primes-cadeaux et celui du code
universel des produits en sont des exemples.
Evidemment, pour que l'office puisse jouer pleinement le rôle qui
lui est dévolu dans le cadre de cette nouvelle législation, il
importe de le doter de nouvelles structures adaptées à sa
juridiction. L'avant-projet de loi crée un organisme gouvernemental qui,
sous la responsabilité du ministre des Consommateurs, reçoit les
pouvoirs accrus nécessaires. En outre, la structure de l'office se
démocratise et se situe à deux niveaux. Au niveau national, un
conseil d'administration composé de quinze personnes choisies pour leurs
intérêts et leurs aptitudes à résoudre les
problèmes des consommateurs. Au niveau régional, un conseil
consultatif qui donnera son avis à l'office national sur les
problèmes des consommateurs en région. La création d'un
conseil d'administration national et de conseils consultatifs régionaux
favorisera, à notre avis, le développement du rôle des
consommateurs au sein d'organismes qui élaborent des politiques les
concernant directement. Ces nouvelles structures devraient aussi permettre
à l'Office de la protection du consommateur de mieux coordonner
l'ensemble des efforts de protection du consommateur.
Enfin, le chapitre des recours constitue pour ainsi dire le coeur
même de la loi. Le montant des amendes est considérablement
augmenté et l'avant-projet propose une variété de recours
adaptés à la situation particulière de chaque
consommateur. Ainsi, le consommateur peut faire annuler tout contrat
écrit qui n'est pas conforme à la loi. Il peut également
obtenir un jugement obligeant le commerçant à se conformer au
contrat qu'il a signé. En outre, il peut demander au tribunal que des
dommages-intérêts exemplaires lui soient accordés de la
part d'un commerçant récidiviste ou récalcitrant. Dans
certains cas, il peut même faire supprimer les frais de crédit
d'un contrat.
J'espère, M. le Président, déposer sous peu un
deuxième volet qui couvrira la vente de voitures d'occasion, la
réparation des automobiles et de l'équipement domestique, les
escompteurs de taxe dont on parle déjà ce matin dans les
journaux, les agences de sollicitation, les agences de recouvrement, les
contrats à distance et le louage de services à prestations
successives.
Un troisième volet sera déposé un peu plus tard
cette année, volet qui portera sur l'ensemble des transactions
immobilières et qui couvrira tous les problèmes de consommation
relative non seulement aux maisons neuves et aux terrains, mais
également aux maisons mobiles et aux habitations dites
usagées.
Tous les secteurs d'intervention que je viens d'énumérer
n'ont certes pas été choisis au hasard. Si le premier volet
établit des principes généraux visant à
protéger les consommateurs dans l'ensemble des transactions relatives
aux biens meu-
bles et aux services, le deuxième volet vient compléter
cette protection fondamentale en édic-tant des règles
spéciales concernant certains cas particuliers.
Deux motifs principaux justifient l'addition de ces règles.
Premièrement, le nombre exceptionnel de plaintes reçues à
l'office. Par exemple, le domaine de l'automobile seul a engendré
à lui seul 15 000 plaintes en 1977, sans oublier que des organismes
comme le Club automobile et l'Association pour la protection des automobiles
reçoivent aussi de nombreuses plaintes.
Les secteurs de la réparation d'automobiles et
d'équipement domestique ainsi que celui de la vente par correspondance
causent également des problèmes aux consommateurs. Qu'il suffise
de mentionner que l'Office reçoit annuellement plus de 5000 plaintes
portant sur les réparations d'automobiles et environ 2000 plaintes dans
chacun des deux autres secteurs.
Le deuxième motif qui justifie l'addition des règles
contenues dans le deuxième volet est l'absence de contrôle sur
certaines activités de nature commerciale qui permet des abus
préjudiciables aux consommateurs. C'est le cas en matière de
recouvrement de créances, de contrats d'escompte, de sollicitations
à des fins philanthropiques, par exemple, et de louage de services
à exécution successive.
En résumé, les deux premiers volets fourniront au
consommateur les moyens juridiques nécessaires pour qu'il assure sa
propre protection dans les contrats qu'il conclut relativement à des
biens meubles et à des services.
Il nous est apparu nécessaire aussi d'intervenir dans le secteur
immobilier à cause d'une insuffisance manifeste de protection du
consommateur dans ce domaine. En effet, le consommateur n'est pas à
l'abri de risques sérieux et d'abus, voire de fraudes, à
l'occasion. D'une part, le consommateur n'est pas familier avec les
opérations immobilières. D'autre part, l'emprise de la
société de consommation, le désir de satisfaire ses
besoins, le raffinement des techniques de promotion et de vente, la
complexité des opérations, le manque de réglementation
relative à la qualité des biens et des services et à leurs
garanties sont autant d'obstacles à la protection du consommateur dans
le domaine de l'immobilier.
L'autonomie et la responsabilité des consommateurs comptent parmi
les objectifs prioritaires de l'office. Même s'il est essentiel de mettre
en place une nouvelle loi de protection du consommateur plus englobante,
l'éducation et l'information du consommateur constituent un
prérequis de base à la réalisation de cet objectif. Dans
le domaine de l'éducation à la consommation, l'office mettra sur
pied, dans les semaines qui suivent, un groupe de travail dont la mission sera
d'établir un véritable programme d'éducation à la
consommation couvrant tous les niveaux de l'éducation. La
réalisation complète de ce programme pourra s'échelonner
sur quelques années à compter de 1978.
L'Office de la protection entend développer le plus possible son
effort de contre-publicité, le poursuivant en 1978 et en 1979 par un
prolongement des campagnes déjà en cours. L'office se propose
également de mettre en marche le plus rapidement possible une
émission de cinq minutes à facettes multiples qui sera
diffusée à heures fixes deux fois par semaine sur le
réseau privé de la télévision. Cette
émission pourrait comprendre des actualités filmées, des
conseils pratiques, des mises en garde, bref, plusieurs éléments
d'une meilleure connaissance de la société de consommation. Le
consommateur pourrait ainsi tenir ses connaissances à jour et être
en mesure de réagir continuellement aux instances et aux insistances de
la société de consommation. Cette émission permettrait
à l'office de coller de plus près à l'actualité et
de diffuser, le cas échéant, ses mises en garde.
L Office de la protection désire également, par son
service de recherche, créer et coordonner des tests sur la
qualité des produits et des services. Les résultats de ces tests
seront publiés dans Protégez-vous. Dans un premier temps, ces
tests seront effectués dans des laboratoires privés. Il serait
également très urgent que l'office dispose d'une banque de
données sur les paramètres de la société de
consommation. En plus de lui permettre de répondre adéquatement
aux demandes des consommateurs, une telle banque de données sur
informatique permettrait de mieux asseoir ses interventions et ses
orientations.
L'office désire accroître non seulement le support
financier aux associations de consommateurs existantes ou en voie de formation,
mais son support technique. C'est ainsi que l'office désire
accroître son personnel s'occupant des relations et de la coordination
avec les associations de consommateurs. Ce service favoriserait
l'échange d'information entre les associations de consommateurs
elles-mêmes, d'abord, et entre les associations de consommateurs et
l'office. Ce service pourrait finalement fournir à ces associations le
soutien technique qu'elles peuvent requérir.
L'office entend, au cours de la prochaine année,
systématiser ses relations avec le monde des affaires pour informer ce
dernier sur ses devoirs et l'amener à collaborer davantage aux efforts
gouvernementaux et privés de protection du consommateur.
L'amélioration des services régionaux de l'office pourrait
se faire principalement de trois façons: premièrement, par la
décentralisation; deuxièmement, par la création
d'équipes multidisciplinaires; et, troisièmement, par la
création de bureaux volants. Treize bureaux de l'office devront
être regroupés sous l'égide de grandes régions qui
seront administrées par un directeur régional. Cette
décentralisation devrait entraîner une plus grande souplesse et
une efficacité plus certaine à la solution des problèmes
des consommateurs. Le directeur dirigera une équipe multidisciplinaire
qui comprendra, en plus des techniciens en information, des avocats, des
enquêteurs en consommation et des agents
d'information-éducation.
Dans le domaine économique, le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières se
caractérise, entre autres, par la contribution particulière qu'il
vise à apporter au maintien et, dans une large mesure, au
développement ordonné des activités des institutions
financières qui oeuvrent au Québec ainsi qu'à la
présence dynamique, au Québec, de la formule
coopérative.
Dans ce contexte, la contribution du ministère à la
stratégie générale envisagée en matière de
développement économique vise à l'harmonisation des
diverses ressources disponibles dans le milieu, les ressources naturelles,
énergétiques, techniques, financières et humaines pour
satisfaire aux besoins exprimés en vue d'assurer le mieux-être
social, économique et culturel de la collectivité, et ce, dans un
cadre social et politique donné.
Pour sa part, le ministère a retenu, pour la période
1978/79, de privilégier deux éléments particuliers de son
action. D'abord, dans la perspective de la création d'emplois, d'une
régionalisation du développement économique et de la
transformation de la structure industrielle et commerciale, une première
priorité est accordée au développement ordonné de
la formule coopérative.
Deuxièmement, dans la perspective de contribuer, dans le cadre
plus large de l'éventuelle stratégie de développement
économique, au développement ordonné de l'économie
du Québec, une deuxième priorité vise à
l'évaluation du comportement des institutions financières face
aux besoins en capitaux et à la recherche de mécanismes
susceptibles d'orienter l'utilisation de ces capitaux en fonction des besoins
de l'économie. Pourquoi le développement ordonné de la
formule coopérative? Compte tenu de la situation particulière
qu'occupe le ministère en ce qui a trait à l'animation de la
formule coopérative au Québec par le biais de l'assistance
technique et financière apportée à la création et
au maintien des coopératives et par le contrôle qu'il exerce sur
les institutions financières coopératives, le
développement ordonné de la formule coopérative
apparaît comme un élément moteur à l'action
gouvernementale en matière de développement
économique.
Pour le ministère, cela signifie la participation active avec les
ministères et organismes concernés au développement d'un
secteur coopératif dans le domaine de l'habitation. Egalement,
l'incitation à la mise en oeuvre graduelle, par l'animation et l'aide
technique, d'un secteur coopératif orienté vers l'exploitation de
nos richesses forestières, et par la révision et mise à
jour des cadres législatifs et réglementaires régissant le
comportement des institutions financières coopératives pour leur
permettre une présence financière plus dynamique face aux besoins
de leurs diverses clientèles.
Pourquoi vouloir évaluer le comportement des institutions
financières face aux besoins en capitaux et à la recherche de
mécanismes susceptibles d'orienter l'utilisation de ses capitaux en
fonction des besoins de l'économie? Le rôle des institutions
financières, à titre d'intermédiaires financiers,
constitue en quelque sorte un élément fondamental à un
développement économique sain et dynamique. Au Québec, ce
rôle prend une dimension particulière, compte tenu de la
présence d'un secteur d'institutions financières
coopératives particulièrement important, et, également,
des besoins considérables pour assurer le développement
économique au Québec de capitaux de risque originant à la
fois de l'intérieur et de l'extérieur.
L'utilisation de l'épargne générée au
Québec pour assurer une partie importante du financement de
l'activité économique constitue un sujet d'analyse
privilégié. Un aspect important de ce débat porte en fait
sur l'adéquation qui idéalement devrait exister entre les motifs
de l'épargne et les besoins de l'investissement. Une telle
adéquation en fait n'existe pas totalement, et ce pour de multiples
raisons. C'est pourquoi il importe de mettre en place des moyens incitatifs
adéquats visant à assurer la canalisation d'une partie
raisonnable de l'épargne collective vers les besoins d'investissement du
milieu économique. Notre rôle consistera à faire
l'évaluation continue du comportement des institutions
financières relativement à la canalisation et à
l'utilisation de l'épargne au Québec, et des mécanismes
susceptibles d'inciter à une utilisation maximale de l'épargne
générée au Québec. D'assurer également la
recherche de mécanismes législatifs et réglementaires
susceptibles de permettre une utilisation efficace des capitaux ainsi
accumulés, compte tenu des besoins de l'économie du
Québec.
M. le Président, permettez-moi, à ce moment, de parler un
peu de l'avenir des coopératives au Québec, avenir qui ne saurait
reposer uniquement sur l'action d'un gouvernement. Trop souvent s'imagine-t-on
que le gouvernement peut à sa seule discrétion assurer le
développement de la formule coopérative. On oublie trop souvent
que la coopérative ne se limite pas seulement à une notion
juridique de l'entreprise, mais qu'elle repose d'abord et avant tout sur une
association de personnes formée de gens qui ont décidé de
s'associer pour satisfaire des besoins communs. Cette association est
basée sur une règle d'égalité dans la conduite des
affaires de l'entreprise et de proportionnalité dans les
résultats, ainsi qu'une forme d'engagement de la part de ses membres
à laquelle le gouvernement ne saurait se substituer. Il peut cependant,
le gouvernement, mettre en place une structure d'accompagnement qui pourra
favoriser la création de coopératives et faciliter leur
développement. (10 h 30)
Déjà, en janvier 1977, à Chicoutimi, j'ai
déclaré que le gouvernement entendait privilégier la
formule coopérative, notamment dans trois secteurs prioritaires:
l'habitation, la forêt et la consommation. De plus, le
développement coopératif pourrait être soutenu par la
création d'une société de développement
coopératif, comme on le disait à l'époque. Ce souhait est
devenu une réa-
lité dont on pourra parler au cours de l'étude de ces
crédits. Nous pouvons déjà penser que, dans le domaine de
l'habitation, notre action a été positive, ainsi que dans le
domaine forestier. Dans le domaine de la consommation, nous rencontrons
certaines difficultés dont nous sommes prêts à
discuter.
Il y a également d'autres interventions possibles pour le
gouvernement, notamment dans le secteur de l'éducation, pour
intégrer l'enseignement de la coopération à tous les
niveaux. Les démarches entreprises avec ténacité par le
Conseil de la coopération du Québec vont sûrement porter
fruit. Il y a aussi le domaine du camionnage en vrac qui peut offrir une avenue
intéressante aux coopératives.
Il ne faudrait pas oublier que le mouvement coopératif
structuré a une responsabilité à assumer dans le
développement coopératif et il sera sans doute intéressant
de connaître les conclusions auxquelles en arrivera un prochain
congrès des caisses populaires. Pour ma part, j'attends avec espoir les
résultats de ce congrès.
En conclusion, de grands espoirs sont permis pour le mouvement
coopératif québécois qui, grâce à sa formule
démocratique, permet aux citoyens du Québec de prendre en main le
contrôle de leur économie. Nous savons tous que les
coopératives sont des outils de conquête économique; elles
sont inaliénables et il est impensable qu'une coopérative passe
à des mains étrangères ce que les Québécois
ont compris depuis longtemps.
J'aimerais vous parler du service de courtage immobilier qui a pour
mission de protéger le public quand il est partie à des
opérations de courtage en immeuble par la gestion du régime de
permis et par le contrôle et la surveillance des personnes effectuant des
actes de courtage en immeuble. Ses pouvoirs se manifestent par des
enquêtes, suspensions et révocations de permis et par
l'autorisation de poursuites judiciaires. L'importance du secteur du courtage
immobilier est évidente lorsque l'on considère que la valeur des
mutations de propriétés par vente réelle via les courtiers
a été d'environ $2 milliards en 1976 et que la valeur des
commissions payées aux courtiers s'établissait à
près de $115 millions pour la même période. Cette industrie
maintient, en outre, environ 8000 emplois, soit 6500 agents immobiliers et 1500
préposés à l'administration. Un problème cependant;
la Loi du courtage immobilier date de 1962, une époque où le
courtage immobilier avait très peu d'importance, tant au niveau des
valeurs transigées qu'au niveau du nombre de personnes agissant en tant
qu'agents immobiliers. Ainsi, au niveau de la spéculation
immobilière, certains agents directement ou par personne
interposée se portent acquéreurs des immeubles dont ils ont
reçu le mandat de vendre. La loi actuelle ne permet que très
difficilement de réprimer ce type de conflit d'intérêts et
dans plusieurs cas le public subit un préjudice. Par ailleurs, la
protection financière du public est insuffisante. Les cautionnements
exigés de $5000 pour les courtiers et de $1000 pour les vendeurs ne
peuvent en aucune façon couvrir les risques possibles quant à la
protection des dépôts confiés aux courtiers, environ $13
millions, et quant aux implications financières de leur
responsabilité civile. L'accès au dédommagement est
très difficile pour le public si bien qu'il ne faudrait pas
s'étonner de voir le ministère entreprendre de présenter
devant l'Assemblée nationale des remaniements sérieux à la
Loi du courtage immobilier. Il est prioritaire, selon nous, que la loi et les
règlements soient modifiés afin de pouvoir agir sur les
problèmes mentionnés précédemment qui
découlent de la désuétude de la loi.
J'aimerais, dans un dernier temps, vous parler des caisses d
épargne et de crédit et de la Commission des valeurs
mobilières. Le service des caisses d'épargne et de crédit
s'occupe du développement ordonné par la surveillance et le
contrôle des caisses populaires, des caisses d'économie, des
caisses d'entraide économique, des caisses d'établissement et
autres caisses non affiliées à une fédération. Ce
secteur de la coopération, surtout celui des caisses populaires, est
celui qui a le mieux réussi. La réussite est évidente. Il
est un modèle pour de nombreux pays. La forte croissance des caisses
d'épargne et de crédit engendre des problèmes au niveau
local et au niveau fédératif. Le manque de ressources
financières et humaines de certaines fédérations exige de
notre part un suivi. Il faut donc protéger davantage les
épargnants et assurer un meilleur contrôle par l'utilisation des
ressources financières du ministère qui ne peut se poursuivre
sans la mise en place d'un contrôle et d'une surveillance accrue de
certaines fédérations, compte tenu des limitations
apportées par des protocoles d entente. La Loi des caisses
d'épargne et de crédit ne répond plus, sous plusieurs
aspects, à une efficacité rendue nécessaire dans un
régime de concurrence accrue. Le rôle complémentaire du
service des caisses d'épargne et de crédit et de la Régie
de l'assurance-dépôts devrait être précisé en
vue d'une meilleure harmonisation, et l'insuffisance de l'utilisation de
l'informatique par le service dans l'analyse financière et statistique
diminue ses possibilités de surveillance et de contrôle qui sont
des problèmes auxquels nous avons l'intention de remédier en
1978/79.
La Commission des valeurs mobilières est un organisme de
contrôle et de surveillance également du commerce des valeurs
mobilières. C'est un organisme de contrôle parce qu'elle impose
des normes visant à assurer l'efficience du marché des valeurs
mobilières; c'est aussi un organisme de surveillance parce qu'il est
nécessaire que tous les investisseurs reçoivent un traitement
équitable. La commission travaille activement en vue de préparer
une nouvelle Loi des valeurs mobilières qui devrait être
déposée à l'Assemblée nationale en 1978/79. La
rédaction de cette nouvelle loi, rendue nécessaire par l'adoption
éventuelle d'une nouvelle loi en Ontario et dans certaines autres
provinces, pose des problèmes importants au niveau des recherches et
études préalables. Cette nouvelle loi étendra la
juridiction de la commission en
y intégrant les rapports annuels des compagnies publiques ainsi
que les procurations et les sollicitations de procuration.
A la suite d'une commission d'enquête dont le rapport a
été soumis en 1975, le gouvernement de l'Ontario a
déposé un projet de loi au sujet du marché à terme
des denrées; récemment, le gouvernement de la
Colombie-Britannique nous a avisés de son intention de faire la
même chose. Les Etats-Unis ont aussi légiféré en
cette matière en 1974. Il est assez évident qu'il sera alors
essentiel pour le Québec de légiférer dans ce domaine,
compte tenu que certains éléments indésirables pourraient
se soustraire à l'application des lois des autres juridictions en
s'installant au Québec. De plus, les investisseurs
québécois doivent pouvoir compter sur le même niveau de
protection de tous les autres Canadiens.
Je crois que ce que je viens de vous dire résume les principales
activités auxquelles nous avons l'intention de nous appliquer, en
1978/79, au ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Je pense qu'on peut parler d'un
ministère bien vivant, qui a bien travaillé au cours des douze
derniers mois et qui semble en voie de vouloir réaliser en 1978/79 une
année tout aussi importante pour le mieux-être des
Québécois. Merci.
Le Président (M. Blank): Merci, Mme le ministre. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président...
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, juste une
information. Je voudrais vous faire savoir que tous les députés
de cette commission ont reçu les documents qui étaient
disponibles pour pouvoir mieux travailler à cette commission.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Je tiendrais, personnellement et au nom de
l'Opposition officielle, à remercier Mme le ministre de ce long
exposé qu'elle nous a fait sur les priorités de son
ministère. Nous avons tous remarqué qu'il y a là une
amélioration sensible sur l'année dernière puisque Mme le
ministre nous avait refusé ces informations et qu'elle avait omis de
nous donner les priorités de son ministère pour l'année en
cours. De nouveau, nous la remercions.
Il est assez difficile de faire une critique sur sa déclaration
parce que qui peut être contre la protection du consommateur, contre le
développement des coopératives, contre les lois qui pourraient
protéger les dépôts dans les différentes caisses
d'épargne et de crédit de même que les acheteurs de valeurs
mobilières? Il arrive qu'entre ces grands principes qu'on peut
énumérer à la volonté, qui ne rencontreront aucune
opposition, et l'application, par des lois ou des régies, des
diffé- rentes politiques, lorsqu'on veut concrétiser ces
principes, on rencontre habituellement des difficultés parfois
importantes. On l'a d'ailleurs vu l'année dernière; bien que nous
voulions tous une amélioration sensible du régime de l'assurance
automobile, on a constaté les difficultés encourues par le
gouvernement pour améliorer le système de l'assurance. De toute
façon, les informations que nous a données Mme le ministre sont
loin d'être inutiles et nous la remercions. Cela nous permettra de voir
plus clairement et de prévoir plus clairement les politiques que nous
avons et les lois que nous allons étudier dans le courant de
l'année.
Je crois que ce qui caractérise et ce qui différencie, si
vous voulez, l'année 1976/77 de l'année 1977/78, c'est une
diminution dans le tempo des activités de ce ministère.
L'année dernière, il fallait faire vite. On a vu, par exemple,
dans l'assurance automobile que les échéanciers étaient
bien déterminés et bien structurés et qu'il fallait,
quelles que soient les difficultés, en arriver à finir
l'étude de la loi dans un moment précis et donné. Cela
nous a amené d'énormes difficultés; d'ailleurs,
l'Opposition sur cette loi en particulier s'est fait mettre le
bâillon. Mais ce qui est encore plus important, je crois, c'est que le
manque de temps pour étudier cette loi ne nous a pas permis, à
titre de législateurs, de la bonifier. Dans l'application de cette loi,
nous avons déjà ressenti la réaction du public, qui est
beaucoup plus négative que nécessaire. Je crois personnellement
que, si nous avions pu disposer du temps voulu pour étudier cette loi
article par article en tenant compte de la valeur et de l'importance de chaque
article, il nous aurait été possible d'en arriver à de
meilleurs résultats.
De toute façon, M. le Président, je ne veux pas refaire le
débat sur l'assurance automobile; cette loi n'est appliquée que
depuis quelques semaines seulement. Comme je l'ai dit, nous avons les
réactions des assurés à titre d'acheteurs de police. Il
est évident que, dans quelques semaines ou quelques mois, nous aurons la
réaction des indemnisés qui subiront, à mon avis, les
injustices imposées par le régime. Il ne nous reste tout de
même qu'à souhaiter, dans l'intérêt de cette
province, que cette loi puisse s'appliquer avec le moins de préjudice
possible pour la population. Nous espérons tout de même que le
gouvernement, avec l'expérience qu'il aura par l'application de cette
loi, pourra dans un avenir rapproché nous revenir avec des modifications
qui permettront de bonifier cette loi car il sera, à mon avis,
excessivement nécessaire de le faire.
Il est trop tôt pour avoir une expérience pratique de
l'application de cette loi. Mais les mois et les années à venir
nous apporteront la preuve que cette loi devrait être profondément
modifiée.
L'année dernière, cette loi et la loi sur le
développement des coopératives ont été les deux
lois qui ont marqué l'évolution de ce ministère. Il reste
que, l'année dernière, on nous avait donné des dates fixes
où pratiquement on nous avait affirmé que la Loi de la protection
du consommateur se-
rait, à ce moment-ci de l'année, complétée,
qu'elle aurait été étudiée et serait devenue loi.
Nous nous apercevons qu'on est loin d'être prêt à
déposer cette loi pour étude. Je ne fais pas là de
reproche au gouvernement parce que je crois que l'expérience de
l'année dernière a permis au ministre de constater que, lorsqu'on
légifère dans des champs d'activité aussi complexes et
aussi difficiles, il faut être très prudent; il faut bien
connaître ses dossiers et avoir les résultats d'études
approfondies. Je l'engage à prendre le temps voulu et je demande
j'exigerais que l'Opposition ait le temps voulu lorsqu'on fera l'étude
de cette loi de prendre le temps nécessaire pour étudier
cette loi article par article et pour en connaître les implications. (10
h 45)
Puisque madame le ministre nous a répété
très souvent que la Loi de la protection du consommateur était
désuète, qu'elle devait nécessairement être
profondément modifiée, qu'elle nous a laissé entendre que
ces modifications étaient tout à fait urgentes, d'après
ses déclarations, qu'elle attend pour déposer la loi que la loi
englobe des champs d'activités au niveau du commerce, qu'elle annonce
des champs très diversifiés, je me demande pour quelle raison
elle ne nous apporte pas des amendements dans des champs d'activité
donnés ou, pour des problèmes bien "circoncisés ", des
modifications à la loi. Est-il bien nécessaire... Bien
circonscrits... C'est un mot que je vais essayer d'éviter dans mon
vocabulaire.
Mme Payette: Cela ne me dérange pas. C'est votre
problème à vous!
M. Lalonde: Pas de sexisme ici.
Mme Payette: Ce n'est pas du sexisme, c'est la
réalité.
M. Saint-Germain: Je me demande pourquoi attendre d'être
à même de modifier la loi dans son ensemble. Je crois qu'il
vaudrait mieux la modifier partiellement. Lorsque dans un champ
d'activité donné on a bien conçu les moyens et on a bien
étudié les moyens de protéger le consommateur, il n'est
pas nécessaire, à mon avis, de changer la loi dans son ensemble.
Cela nous occasionnera probablement des difficultés dans les modes
d'application, un peu comme dans le cas de l'assurance automobile,
probablement. L'année dernière, il y avait une loi qui semblait
être très urgente, la loi du courtage immobilier. Madame le
ministre nous a dit que la spéculation, au niveau des courtiers, mettait
les courtiers en conflit d'intérêts et que cela était
dommageable à l'intérêt des clients de ces courtiers en
immeubles. Je me demande bien pourquoi on n'a pas déjà devant
nous une loi permettant au gouvernement de bien contrôler le courtage.
D'ailleurs, l'année dernière, on avait dit qu'à ce
moment-ci de l'année 1978 cette loi serait déjà faite, et
nous l'attendons encore. On nous avait aussi promis un projet de loi visant
l'incorpo- ration commerciale, on nous avait promis au sujet de la Régie
de l'assurance-dépôts, du moins des modifications qui
protégeraient les dépôts des clients des institutions
financières. On nous avait aussi promis une régie des accidents
et on voit que toutes ces lois sont encore à venir.
De toute façon, nous attendrons les événements.
Permettez-moi de vous dire, quand le ministre nous affirme que cette
année sera extrêmement fructueuse pour ce ministère,
qu'elle pourra l'être, mais nous avons des doutes sérieux que tous
ces projets de loi pourront être étudiés cette année
puisque nous approchons rapidement des vacances d'été et
qu'aucune loi n'a encore été déposée à
l'Assemblée nationale.
Pour ce qui est de la protection du consommateur, il est vrai que
l'éducation, l'information, la recherche, le développement
d'organisations privées pour la protection du consommateur sont
extrêmement importants. C'est là une protection accordée
aux consommateurs qui ne sera jamais terminée. Faire l'éducation
du consommateur pour sa propre protection est un projet qui demande des
décades.
Il faudra bâtir avec le temps. Il en va de même pour
l'information. Quant à la recherche, comme nous sommes
déjà dépassés, il faudrait nécessairement
que des sommes importantes soient versées pour la recherche dans ce
domaine et que nous ayons des moyens de communication efficaces de façon
que le public soit bien mis au courant des résultats de ces recherches.
Quant au développement et à la promotion des
intérêts des associations de protection du consommateur, c'est un
domaine qu'il ne faudra pas négliger, car, si seuls les fonctionnaires
sont intéressés à la protection du consommateur et s'ils
gardent l'exclusivité dans ce champ d'activité, toute cette
protection accordée par le gouvernement deviendra extrêmement
dispendieuse et bien souvent très peu efficace.
Dans sa déclaration, il m'a semblé, à un moment
donné, que le ministre a parlé des marchands et des consommateurs
comme étant des antagonistes. Je m'excuse si j'ai peut-être mal
interprété sa déclaration ou peut-être l'ai-je
interprétée avec trop de rigueur, mais je crois que toutes ces
lois pour la protection du consommateur devraient être conçues en
considérant le marchand et les consommateurs comme des alliés. Le
marchand rend des services marqués et tout à fait
nécessaires au consommateur. Le marchand, comme de raison, a tout
intérêt à protéger son client s'il veut conserver sa
clientèle et prospérer en affaires.
M. le Président, il y a des marchands malhonnêtes,
malintentionnés, comme il y a des consommateurs malintentionnés.
Si nos lois tendent nécessairement à toujours protéger le
consommateur, il devrait certainement y avoir aussi des lois pour
protéger le marchand qui, souvent, a à dépenser des sommes
énormes pour se protéger de consommateurs malhonnêtes, qui
veulent tout simplement voler le marchand. C'est ce qui arrive, en fait. Il
faut bien se servir du mot. Il
reste que tout notre système de distribution en Amérique
du Nord, dans notre système de libre entreprise, est un système
efficace. Il ne faudrait pas faire porter exclusivement par le marchand les
difficultés rencontrées par les acheteurs ou les consommateurs
qui, malheureusement, n'ont pas toujours la formation et les connaissances
requises pour faire des achats valables et pour utiliser leur argent avec un
maximum de rendement.
Quant à l'épargne, nous acceptons volontiers la
déclaration de madame. Il s'est fait, tout de même, au niveau du
gouvernement, de la part de certains ministres, certaines déclarations
qui ont permis de croire qu'au niveau du gouvernement, on ambitionnait ou on
projetait, d'une façon ou d'une autre, de canaliser, par des lois,
l'épargne, et d'empêcher la libre circulation des épargnes.
Nous aurions aimé que le ministre soit plus précis
là-dessus. Nous ne pouvons pas être contre certaines initiatives
qui pourraient motiver ceux qui ont à régir les épargnes
du Québec à investir lourdement ou, du moins, d'une façon
plus marquée, mais il ne faudrait pas commettre l'erreur, à mon
avis grossière, d'obliger d'une façon ou d'une autre les
épargnes à être investies nécessairement par une
législation ou certains règlements.
Je crois qu'à long terme une telle loi restrictive jouerait
contre les intérêts de cette province, quant au
développement des caisses qui, au Québec, seraient contre toute
législation ou toute initiative permettant d'accélérer le
développement des coopératives. Alors, en principe, nous
encourageons certainement le gouvernement à encourager leur
développement mais, là encore, l'éducation des
consommateurs en ce qui a trait à faire évoluer les caisses et
les coopératives et à les faire prospérer demande du
temps. Dans le système coopératif, même si, au
Québec, nous avons déjà, surtout dans certains domaines,
une longue expérience, il reste qu'il y a encore
énormément de chemin à parcourir, mais on ne peut pas
développer la coopérative sans avoir à sa disposition le
temps, sans laisser le temps faire son oeuvre. Il faut premièrement une
éducation, et il est clair et madame l'a mentionné
que les coopératives doivent être formées de gens bien
imbus du système et des principes coopératifs. Il est absolument
inutile d'essayer d'établir des coopératives qui seraient
régies par des gens qui pensent premièrement à leur
intérêt personnel avant de représenter les
intérêts du groupe, et ceci, si on accélère trop
rapidement les coopératives, peut être un inconvénient
marqué à long terme parce que toute faillite ou tout échec
subi par une coopérative n'est pas sans avoir des réactions
négatives vis-à-vis d'autres coopératives qui ont des
difficultés et qui peuvent donner des arguments valables à ceux
qui sont contre le développement du système coopératif et
qui pourraient trouver, dans les difficultés rencontrées par ces
diverses coopératives, des arguments contre le développement de
ce système économique. (11 heures)
C'est difficile et c'est long développer les coopératives,
ce qui ne veut pas dire que le gouvernement ne doit rien faire, mais il faut
que les hommes au niveau du ministère qui sont responsables des
coopératives soient des hommes qui ont une longue expérience dans
ce champ d'activité et qu'ils connaissent adéquatement le milieu
coopératif. M. le Président, cela termine grosso modo mes
remarques. S'il y a certaines choses que j'omets, j'aurai certainement
l'occasion d'y revenir. Merci.
Le Président (M. Blank): Merci. M. le député
de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Lorsque le
député de Jacques-Cartier a parlé de projet de loi bien
circoncis, je me suis demandé, à un moment donné bien
"circoncisé"...
Le Président (M. Blank): J'espère que l'expert dans
ce domaine, c'est moi.
M. Goulet: Je me suis demandé, M. le Président, si
à un moment donné, par le biais du député de
Jacques-Cartier, vous ne vouliez pas vous assurer que les projets de loi soient
bien acceptables par la communauté juive. C'est la question que je me
suis posée. Si vous permettez, je demanderais d'abord à Mme le
ministre...
Mme Payette: Avez-vous trouvé la réponse?
M. Goulet: Comme c'est la coutume, nous aimerions bien
connaître les hauts fonctionnaires avec lesquels elle travaille.
Serait-il possible de nous les présenter au début de cette
semaine de travail? Est-ce que c'est possible de nous les présenter?
Mme Payette: M. le Président, je suis accompagnée
ce matin du sous-ministre en titre du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, M. Gérard
Barbin; du président-directeur de l'Office de la protection du
consommateur, M. Pierre Meunier, et sous-ministre adjoint; M. Beaulieu,
directeur de la gestion.
M. Saint-Germain: Voyons, madame, vous devriez connaître
ces hommes.
Mme Payette: M. le Président, je dois faire un aveu ici,
c'est qu'à cause d'une déformation professionnelle je reconnais
les visages quinze ans après, mais j'ai toujours eu un problème
avec les noms. Je m'en excuse.
M. Lalonde: En politique, ce n'est pas payant.
Mme Payette: Vous avez parfaitement raison. M. Pierre Carrier,
qui est secrétaire exécutif à la gestion.
M. Goulet: M. le Président, au début de cette
étude, j'aimerais bien, comme mon collègue de Jacques-Cartier,
émettre certains commentaires,
des remarques générales concernant le ministère des
Consommateurs, Coopératives, et Institutions financières. M. le
Président, voilà déjà plus de seize mois que le
ministre est en poste à la tête du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières. Au cours
de ces seize mois, par la force des choses, le ministre a dû consacrer le
gros de son temps et de son énergie à la mise en place du nouveau
système d'assurance automobile et des lois 67 et 49. Ce dossier a
été à ce point omniprésent que, n'eût
été le dépôt du projet de loi 44 créant la
Société de développement coopératif, nous nous
serions crus devant un nouveau ministre, celui de l'assurance automobile.
Telle a été, du moins, l'impression qui s'est
dégagée durant cette période de temps au niveau du grand
public suite aux actes et gestes législatifs posés par le
ministre et son ministère. J'avais une série de coupures de
journaux, d'éditoriaux dans lesquels on peut apercevoir à peu
près la même ligne de pensée que je viens d'émettre.
J'ose croire qu'au niveau administratif la situation a été
différente. J'ose croire également que les nombreuses
difficultés qu'a connues le ministre dans l'élaboration et la
défense de ce dossier important n'ont pas diminué son ardeur et
son leadership dans les autres secteurs qui tombent sous sa
responsabilité.
D'une part, vous avez la protection du consommateur et, d'autre part, le
développement des coopératives. En attendant le rapport annuel du
ministère pour l'année financière 1977/78, nous n'avons
d'autre choix le ministre en a touché quelques points
tantôt que de questionner le ministre pour savoir ce qui s'est
fait depuis douze mois au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, et c'est ce que nous
ferons lors de l'étude de chacun des programmes et des
éléments.
Mais avant que nous commencions officiellement cette étude plus
fouillée, plus articulée des crédits du ministère,
j'aimerais, M. le Président, bien faire part au ministre et aux membres
de cette commission de certaines observations d'ordre général qui
me sont venues à l'esprit en préparant ce dossier et aussi de
certaines inquiétudes. Car malgré l'optimisme du ministre, je
dois lui annoncer qu'il existe encore un bon nombre de Québécois
qui s'inquiètent et qui se posent des questions fort sérieuses
par suite de certaines déclarations émanant de ministres du
gouvernement.
Je qualifierais le ministre de ministre tridenté. Cela fait
maintenant plus de seize mois que j'agis en tant que porte-parole officiel de
l'Union Nationale dans les domaines de la protection du consommateur, des
coopératives et enfin des institutions financières. Dès le
départ, j'ai été surpris de retrouver à
l'intérieur d'un seul ministère trois domaines aussi vastes et
aussi différents l'un de l'autre. Cette première impression ne
fait que s'accentuer depuis mon entrée en fonction. Je trouve
extrêmement étrange et parfois dangereux ce mariage de la
protection du consommateur et du secteur des compagnies et institutions
financières au sein d'un même ministère et, par
consé- quent, sous la responsabilité d'un seul et unique
ministre.
Je conçois mal également que le ministre puisse à
la fois se porter à la défense des consommateurs et des
compagnies sans frôler à l'occasion tout au moins la ligne
très mince et très fragile qui sépare l'objectivité
du parti pris. Cela est d'autant plus pertinent et réel quand on sait
que le ministre affiche publiquement et sans ambages sa
préférence pour l'un des deux secteurs se disant, d'abord et
avant tout elle l'a déclaré à
Trois-Rivières, elle l'a déclaré un peu partout le
ministre des consommateurs. Si on ajoute à cela l'attitude
générale du gouvernement vis-à-vis du monde des affaires
qui ne nous paraît pas des plus positives pour le moment, je pense qu'il
y a lieu de se poser des questions sur ces trois chapeaux que doit mettre
à un moment ou à l'autre le ministre.
Mme Payette: J'ai une grosse tête.
M. Goulet: Oui, même si on a, comme le dit le ministre, une
grosse tête, on ne peut pas mettre trois chapeaux à la fois.
A mon avis, le danger ne réside pas uniquement dans l'attitude du
ministre qui, j'en suis sûr, ne fait qu'agir selon ses convictions
profondes et celles de son parti, mais dans la structure même du
ministère. Si on ajoute à ce duo original l'action
coopérative, ou si l'on préfère la promotion de la
coopération, il n'est pas surprenant que le ministre n'ait pu donner, au
cours de l'exercice financier qui vient de prendre fin, le sérieux coup
de barre qu'elle nous avait annoncé triomphalement l'année
dernière.
Le député de Jacques-Cartier en a parlé quelques
instants: on nous avait annoncé beaucoup plus de travail dans ce
domaine. L'an dernier, lors de l'étude des crédits du
ministère, j'avais demandé au ministre ce qui suit: "Est-ce
possible, Mme le ministre, qu'on voie prochainement la création d'un
ministère de la coopération et que le secteur compagnies et
institutions financières soit donné au ministre de l'Industrie et
du Commerce?" J'avais obtenu la réponse suivante: "Pour l'instant, je ne
pense pas qu'il y aurait intérêt pour le public à voir la
création d'un ministère des coopératives ou dun
ministère des consommateurs. J'irai cependant jusqu'à vous dire
qu'advenant le développement que nous souhaitons au niveau des
coopératives et au niveau de la protection du consommateur, il se
pourrait bien qu'au cours des prochaines années, si vous voulez, on peut
dire cinq, dix ou vingt ans, je n'en sais rien, selon le développement
de chacun des secteurs, effectivement il y ait là suffisamment de
travail pour occuper un ministre. Ce n'est pas le cas présentement."
Cette année, Mme le ministre, vous me permettrez de revenir
à la charge, car je crois qu il s'agit d'une question fondamentale qui
mérite tout au moins qu'on y consacre quelques minutes de
réflexion. Dans mon esprit, en tout cas, il s'agit surtout d'un partage
équitable et réaliste des responsabilités administratives
et législatives, car à
mesure que les droits des trois secteurs prennent de l'importance,
à mesure que les politiques gouvernementales se précisent dans
chacun de ces domaines qui, malgré tout ce qu'on me dira, ne seront pas
nécessairement complémentaires, il devient de plus en plus
évident, a mon avis, que nous devrons à plus ou moins
brève échéance envisager la création de nouvelles
structures ministérielles qui permettront au titulaire d'y consacrer
tout le temps nécessaire et également toute l'énergie
voulue pour répondre aux besoins des Québécois dans ces
domaines. Sur ce point, je pense plus particulièrement au secteur de la
protection du consommateur et celui de la coopération.
Pour parler plus spécialement de la protection du consommateur,
si l'année 1977 a été l'année de l'assurance
automobile, 1978 sera sûrement celle de la protection du consommateur.
Mme le ministre nous en a parlé, à l'intérieur de ses
remarques générales, durant les trois quarts de son temps.
Voilà des mois que Mme le ministre et son collègue, le ministre
d'Etat au développement social, nous annoncent une offensive majeure du
gouvernement dans ce secteur relativement nouveau, mais dont l'importance
augmente d'année en année. Comment pourrait-il en être
autrement dans une société de consommation comme la nôtre?
Il s'agit d'une triple offensive en vue de doter le Québec d'un code de
la protection du consommateur, objet auquel nous souscrivons d'emblée.
J'aime bien le souligner à Mme le ministre.
Déjà, nous connaissons le premier volet, un avant-projet
de loi traitant des ventes au comptant, des contrats, des garanties, du
crédit, des comptes en fiducie, des vendeurs itinérants, des
pratiques commerciales et des nouveaux pouvoirs pour l'Office de la protection
du consommateur. Un deuxième volet avait également
été annoncé pour le début de cette année,
mais il ne sera vraisemblablement déposé que quelque temps avant
l'ajournement d'été, toujours, je crois, sous forme d'un
avant-projet de loi qui traitera des ventes d'automobiles, de la
réparation des automobiles et des appareils domestiques Mme le
ministre en a parlé également des escompteurs de taxe dont
nous entendons parler régulièrement de ce temps-ci, de la
publicité sympathique et du louage de services dits à prestations
successives. Mme le ministre en a touché un mot dant ses remarques
générales.
Enfin, un troisième et dernier volet a d'abord été
annoncé pour ce printemps, mais il ne sera déposé, en
définitive, qu'à l'automne; il traitera de toute la
problématique du domaine immobilier: les maisons neuves, les terrains,
les maisons mobiles, les habitations usagées et j'en passe. Si on ajoute
à cela l'action publicitaire du ministre, soit sous forme de commerciaux
à la radio, à la télévision, la
contrepublicité comme on dit, soit sous forme d'émissions
éducatives pour enfants sur la consommation, soit encore sous forme de
kiosques d'information itinérants, il y a suffisamment de matière
pour occuper un ministre. Je suis très conscient que tout ce que je
viens d'énumérer n'est qu'un début, que l'action du
gouvernement dans ce secteur ira en augmentant et cela, sur une base
géométrique. On en a la preuve avec les bureaux éventuels
de l'Office de la protection du consommateur dont Mme le ministre nous a
parlé à Sept-lles, à Saint-Jérôme et sur la
rive sud de Montréal.
Avec la phase de consultation qui s'amorce lentement et qui, je
l'espère pour le ministre, aura un plus grand succès que celle
entreprise pour la loi 67 sur l'assurance automobile, je vois là
l'occasion rêvée pour le gouvernement, et particulièrement
pour le ministre de provoquer un débat public sur l'opportunité
de confier ce dossier à un ministre qui agirait uniquement comme le
défenseur des consommateurs; en somme, à un ministre qui n'aurait
d'autre responsabilité que celle-là, qui pourrait y consacrer
tout son temps, tous ses efforts avec un personnel suffisamment nombreux pour
répondre aux besoins de la population.
Il y a également le domaine de la coopération. Sur un
autre plan, Mme le ministre est connue comme le ministre des
coopératives, titre qu'elle chérit sans aucun doute et à
bon droit. Il faut dire que le ministre est devenu responsable de ce dossier
à un moment où le mouvement coopératif terminait une
période de réflexion intense en collaboration avec l'Etat en vue
de redéfinir et de repenser les relations établies et à
établir entre les deux niveaux. Le ministre est arrivé à
un moment où le mouvement coopératif était mûr pour
une initiative gouvernementale axée sur le développement et la
promotion active de la coopération.
Ainsi, ce fut l'euphorie au mois de janvier 1977, il y a un an et
quelques mois, lorsque Mme le ministre, à l'instar du premier ministre
lui-même, déclarait à Chicoutimi: "Le gouvernement entend
traiter avec le secteur coopératif comme avec un partenaire
privilégié, un partenaire qui sera le gage de cette nouvelle
société que nous voulons construire, un partenaire qui deviendra
l'exemple vivant du désir des Québécois de reprendre leur
économie en main". Elle nous en a reparlé; elle a
répété à peu près les mêmes paroles il
y a quelques instants.
Forcé nous est de constater, après plus d'un an d'attente,
que l'euphorie a cédé la place à la déception. Ce
n'est pas moi qui le dis; je parle ici d'un commentaire de M. Jean-Paul
Légaré, directeur général du journal d'information
coopérative, Ensemble...
Mme Payette: Justement. (11 h 15)
M. Goulet: ... édition du 24 mars 1978, il y a à
peine quelques semaines le mois de mars et je cite encore une
fois: "Après seize mois de pouvoir...", c'est M. Légaré,
le directeur de la revue Ensemble, revue coopérative, "...
péquiste à Québec, nous sommes obligés d'avouer
aujourd'hui...", c'était il y a trois semaines, "... que les
coopérateurs sont largement déçus de l'action
gouvernementale à l'égard du coopératisme." Fin de la
citation.
M. Lalonde: C'est vrai cela?
M. Goulet: Ce n'est pas moi qui le dis; c'est M. Jean-Paul
Légaré, directeur du journal d'information coopérative
Ensemble. Il a dit cela il y a trois semaines. En parlant du Parti
québécois, nous devrons alors lui adresser le même reproche
qu'au gouvernement précédent, soit de n'accorder au
coopératisme qu'une attention polie, une tolérance bienveillante.
En 1976, nous avions tout de même des promesses plus encourageantes; vous
en conviendrez avec moi, Mme le ministre, à la suite des propos que vous
aviez tenus à Chicoutimi. Bref, en 1978, nos espoirs sont
déçus et nous espérons que vous allez reprendre le temps
perdu au cours du prochain exercice financier.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est cette remarque quelque peu
anodine, à première vue, mais fort pertinente, à mon avis,
qui tire sa raison d'être de la structure tripartite du ministère.
Je cite: "Si l'on faisait le bilan d'une année de collaboration entre le
gouvernement et le mouvement coopératif, il serait bien mince. Nous
comprenons fort bien que des situations d'urgence comme la Loi de l'assurance
automobile ou encore de la protection du consommateur retiennent l'attention du
ministère et du ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Nous comprenons fort bien que les questions
constitutionnelles et la période préréférendaire
préoccupent le gouvernement, mais si ces questions sont primordiales, la
vie coopérative, pour une, suit son cours. C'est peut-être de ce
côté que se joue véritablement l'avenir du Québec."
C'est le même M. Légaré qui parlait.
En somme, on se plaint, non sans tort, d'avoir été
négligé, d'avoir fait les frais d'une situation qui a voulu que
le ministre se préoccupe d'abord de l'assurance automobile, de la
protection du consommateur et ensuite de coopération, comme en
témoigne ce dernier extrait de l'éditorial de M.
Légaré.
Je continuerai à citer: "On nous dira que le gouvernement
péquiste a adopté une loi créant la Société
de développement coopératif. Les coopé-rateurs
l'apprécient, mais ils n'oublient pas que le projet avait
été amorcé sous les libéraux et qu'il n'est donc
pas exclusif au Parti québécois. On nous rappellera que le
ministie de l'Agriculture a été généreux pour des
coopératives agricoles. Récemment, la Coopérative agricole
de Granby se voyait octroyer $4 millions et demi par le ministre de
l'Agriculture. A cela, nous disons: Bravo! et personnellement, comme
représentant d'un milieu agricole, j'en suis extrêmement satisfait
Mais on nous permettra de rappeler que ces gestes ne peuvent
suppléer à une politique d'ensemble procoopérative. C'est
un fait isolé."
Le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières a fait connaître ses priorités
coopératives qui touchent au secteur de l'habitation, de la forêt
et de la consommation. En habitation, il faut avouer que la politique à
l'égard des coopératives est imprécise et timide. Nous
espérons qu'elle se précisera davantage cette année.
Dans le secteur forestier, la politique a été
dévoilée mais l'application des mesures concrètes sera
longue si l'on se reporte au projet d'école de foresterie,
coopérative qui naît difficilement, il faut l'avouer. Mais je ne
dis pas que c'est la faute de Mme le ministre.
Quant au secteur de la consommation, on ne voit pas très bien
quel support important il reçoit du gouvernement je devrais dire
il a reçu du gouvernement lors du dernier exercice financier.
Nous espérons qu'il en recevra davantage lors du prochain.
L'épine dorsale de tout le développement coopératif
c'est, sans conteste, l'action coopérative en milieu scolaire. C'est
justement dans ce domaine que la déception du conseil de la
coopération du gouvernement est la plus grande. On se demande où
dort l'important dossier soumis au printemps 1977.
Mme le ministre se souviendra qu'elle a dit, à Chicoutimi: "Nous
marchons dans le même chemin; ensemble nous pourrons aller plus vite et
plus loin." Les coopérateurs ont eu un peu l'impression qu'ils ont
continué à marcher seuls pendant un bon bout de temps, il faut
l'avouer, Mme le ministre. A cause de vos trois postes, vous ne leur avez pas
consacré de temps.
Personnellement, cet état de fait m'inquiète. Le monde de
la coopération attend avec impatience une action beaucoup plus
énergique et beaucoup plus concrète de la part du gouvernement.
Les problèmes sont nombreux et complexes et les projets traînent
sur les tablettes gouvernementales depuis des années. Et je dis bien
depuis des années, non seulement depuis un an. Je ne mets pas la faute
et le fardeau seulement sur vos épaules. Cela fait longtemps que cela
traîne.
J'invite le ministre et le gouvernement à réfléchir
sérieusement sur les raisons qui ont motivé un homme de la trempe
de M. Légaré à écrire de tels propos. Cela fait mal
d'entendre cela de la part de M. Légaré. D'où vient ce
sentiment d'abandon et de laisser-faire? Cela fait mal. Le mouvement
coopératif a évolué rapidement ces dernières
années et je conçois mal que cette évolution
s'arrête brusquement. Cette évolution a voulu que l'action
coopérative s'attaque à des secteurs nouveaux tels que la
communication, l'habitation, la consommation et qu'elle se consolide dans
d'autres secteurs tels que l'agriculture où elle jouit quasiment d'une
situation monopolistique qui risque de causer, dans un bref avenir, un
affrontement réel avec l'entreprise privée. Entre
parenthèses, c'est au niveau de l'agriculture. C'est là, en
effet, un phénomène relativement nouveau et que l'Etat ne peut
ignorer, surtout dans le domaine de l'agriculture, au niveau coopératif.
Lorsque nous aidons les coopératives et vous savez, Mme le
ministre que je suis pour la coopération il ne faudrait pas non
plus leur donner le monopole. Il ne faudrait pas. Je voudrais être bien
compris. Dans le domaine de l'agriculture, il faudra faire attention.
Mme Payette: Energique et concrète.
M. Goulet: II faudra faire attention à un moment
donné, pour ne pas aller jusqu'au monopole. Si le monopole n'est pas bon
pour l'entreprise privée, il ne l'est pas davantage pour le domaine de
la coopération. C'est une remarque, une demande de faire attention, au
gouvernement et à Mme le ministre.
Si dans à peine douze mois on est passé de l'euphorie
à la déception, qu'en sera-t-il l'année prochaine si le
ministre doit consacrer la majeure partie de son temps en 1978 à jouer
son rôle de ministre des Consommateurs? Que faire? Il faut sûrement
réfléchir à cela. A un moment donné, on est
ministre des Consommateurs, ou des Coopératives, ou des Institutions
financières. Aussi la solution réside-t-elle peut-être dans
la création d'un poste de ministre délégué à
la coopération, poste qui permettrait à une personne
d'élaborer en toute quiétude, et sans interruption, une politique
globale dans ce domaine qui saurait sortir le gouvernement et le mouvement
coopératif de cette impasse regrettable. Ce n'est qu'une idée
mais je crois qu'elle mérite d'être étudiée. Nous
l'avons fait pour l'environnement, je pense qu'on peut le faire pour la
coopération.
Le domaine des institutions financières. Enfin le
troisième chapeau que revêt Mme le ministre à l'occasion,
lorsque le temps le lui permet, il faut bien l'avouer et je me mets
à sa place, je ne ferais probablement pas mieux à savoir
les institutions financières. Il me paraît tout à fait
clair que l'action du gouvernement en 1978 portera sur l'élaboration
d'une nouvelle politique du gouvernement relativement au contrôle des
épargnes au Québec. Il s'agit d'un dossier qui concerne à
la fois le ministre des Finances, le ministre d'Etat au développement
économique et le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Ils auront un rôle à jouer, tant
au niveau ministériel qu'au niveau interministériel. Si le
groupe, sous la coupole du ministre d'Etat au développement
économique, a pour mandat d'étudier l'épargne dans les
institutions financières ou dans le secteur public, les caisses de
retraite, les lois et la réglementation sur l'épargne, et de
remettre un rapport final vers la fin de 1978 ce sont les propos
qu'avait tenus le ministre Landry il demeure que le service de recherche
du ministère a, lui aussi, amorcé une évaluation globale
de la situation de l'épargne au Québec, comme en fait preuve cet
extrait du rapport annuel 1976/77, et je citerai une partie de la page 35 que
j'ai prise en note ici: "Enfin, le service a amorcé une
évaluation globale de la situation de l'épargne au Québec.
Il s'agit de déterminer de quelle façon différentes
catégories d'institutions financières réinvestissent au
Québec ". Dans cette optique, deux études sont pratiquement
terminées. L'une porte sur le comportement des sociétés de
fiducie qui oeuvrent au Québec par rapport à l'utilisation de
leurs fonds garantis, et l'autre analyse le marché des
dépôts au Québec, de 1971 à 1976.
J'aimerais bien que le ministre profite de ces remarques
générales pour faire le point sur ce dossier important et, sans
trahir les secrets du ca- binet, qu'elle nous indique qu'elle sera son
évolution au cours de cette nouvelle année financière et
qu'elle soit plus explicite encore que dans ses remarques
générales.
Y aura-t-il des mesures législatives? Est-ce qu'on se limitera
à des mesures incitatives pour encourager le réinvestissement de
l'épargne québécoise au Québec? Plusieurs personnes
se posent ces questions. Le temps est venu de lever le voile sur ce
ministère financier.
En résumé, ce que je dis à Mme le ministre, c'est
qu'à un moment donné elle revêt trois chapeaux. Elle a
trois ministères dans un. C'est possiblement ou c'est sûrement
trop de travail pour une seule personne. On pourrait régler le
problème avec des ministres délégués ou des
ministres. Or, comme le disait l'an dernier Mme le ministre, cela irait
peut-être dans 5, 10 ou 20 ans. Je trouve cela beaucoup trop
éloigné. Il me semble qu'on pourrait étudier le
problème ou du moins commencer à l'étudier.
En terminant, M. le Président, je veux remercier et
féliciter le ministre et les membres de son cabinet pour le document
qu'ils nous ont présenté afin que ce soit plus facile pour nous
d'étudier les crédits de son ministère ou de ses trois
sous-ministères. Je félicite les gens de nous avoir
présenté ce document de travail il y a quelques jours.
C'était en résumé les remarques générales.
Nous irons encore plus profondément lorsqu'on nous étudierons ces
crédits programme par programme.
Le Président (M. Blank): Merci.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que j'ai un droit de
réplique, vous qui êtes un spécialiste dans cette
matière? Ce ne sera pas très long.
Le Président (M. Blank): Toute la période
générale est une dérogation à nos
règlements. C'est une coutume. Par cette coutume, on vous donne un droit
de réplique, mais pas trop long.
Mme Payette: Oui, cela va être très très
court, M. le Président.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président. Je
viens de voir que vous venez de mentionner qu'il y aurait une espèce de
discussion générale. A ce moment, vous permettez à tous
les députés de s'exprimer, traditionnellement.
Le Président (M. Blank): Normalement cela ne se fait pas.
C'est un représentant de chaque parti politique qui fait une remarque
générale.
M. Lalonde: Oui, mais au-delà des remarques
générales, est-ce qu'il y a discussion générale sur
certains sujets avant d'aborder un programme particulier, comme on le fait
généralement? L'an dernier on l'avait fait ici. On l'a fait
à plusieurs...
Le Président (M. Blank): On peut faire cela au
commencement de chaque programme.
M. Saint-Germain: Toujours dans un esprit de collaboration,
peut-être devrions-nous nous entendre pour avoir une certaine
liberté d'action, quitte à passer rapidement lorsqu'on aura
à étudier...
Le Président (M. Blank): On peut tout faire par
consentement.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Bellechasse a fait remarquer tout à l'heure que j'avais de nombreuses
responsabilités et que mes journées étaient
extrêmement chargées. C'est le fait aussi de tous les
fonctionnaires de ce ministère et malgré l'esprit de
collaboration auquel on fait appel...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, Mme le ministre. J'avais
posé une question. Je ne veux pas vous interrompre et vous enlever un
droit de parole que vous avez, à mon avis, mais je me demande si on
s'entend pour qu'on reste au niveau des discussions
générales.
Mme Payette: M. le Président, ce que j'ai demandé
ce sont quelques minutes pour exercer un droit de réplique simplement
pour donner des réponses à des questions qui ont
été posées dans les interventions de différents
députés.
M. Lalonde: D'accord et après cela on verra.
Mme Payette: Ce que je souhaiterais, cependant, pour ma part,
c'est qu'on aborde chacun des programmes les uns après les autres pour
nous permettre simplement d'avoir ici disponibles les fonctionnaires qui
s'attendent à être interrogés sur les différents
programmes. Si on va de l'un à l'autre, on est sans cesse obligé
de déranger des gens qui sont souvent en plein fonctionnement à
ce moment. On a prévu de suivre l'ordre des programmes et de faire venir
au fur et à mesure les fonctionnaires dont on a besoin.
M. Saint-Germain: Oui, mais cela ne nous empêche pas
à ce stade-ci de parler en général. Cette liberté
d'action existe pour tous les députés, quitte après
cela...
Mme Payette: Si la discussion générale est
composée de questions, M. le Président, il me semble qu'on aborde
déjà là un certain nombre de programmes.
Le Président (M. Blank): La question particulière
que je comprends, c'est que le député de Marguerite-Bourgeoys
veut faire des remarques générales. S'il veut faire ses remarques
générales et si j'ai le consentement des membres pour qu'il les
fassent, peut-être pourrez-vous attendre après ses remarques.
Ainsi vous pourrez répondre à ses suggestions ou critiques.
Mme Payette: M. le Président, connaissant le
député de Marguerite-Bourgeoys, je ne suis pas sûre que
j'ai envie de donner un consentement à son intervention au niveau des
remarques générales puisque son parti est tellement bien
représenté par le député de Jacques-Cartier.
M. Lalonde: Cela m'arrive, M. le Président, d'avoir des
consentements qui me sont refusés comme cela.
Mme Payette: II me semble que le député de
Jacques-Cartier a tellement bien exprimé l'opinion de son parti.
Le Président (M. Blank): Je pense que le...
M. Saint-Germain: Mme le ministre, c'est un genre de
compliment.
M. Lalonde: Je pense qu'on a peur de... Je le prends comme un
compliment. (11 h 30)
Le Président (M. Blank): Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys pourra, lors des remarques
générales sur les programmes qui suivent, exprimer sa
pensée.
M. Lalonde: Je trouverai un moyen, M. le Président.
Le Président (M. Blank): D'accord. Mme le ministre, votre
droit de réplique.
Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, cela m'a
inquiétée d'entendre, de la bouche du député de
Jacques-Cartier, des remarques qu'on a pu lire dans certains journaux au sujet
de la loi sur la protection du consommateur dans laquelle, semble-t-il, on
aurait tendance à traiter les marchands de voleurs et les consommateurs
d'imbéciles.
On a même parlé, dans certains journaux
heureusement, le député de Jacques-Cartier n'a pas repris cette
expression de surprotection du consommateur. Je pense qu'il faut
rectifier immédiatement l'utilisation de ces mots. Cela me semble un
argument trop facile devant les responsabilités qu'on doit assumer dans
le domaine de la protection du consommateur et je suis portée à
me demander s'il falfait considérer toute la population comme
étant constituée de criminels pour faire le Code criminel, comme
si le fait de mettre sur les routes, par exemple, des feux de circulation
laissait entendre que tous les automobilistes sont des chauffards.
Si la loi et en particulier cet avant-projet de loi et les projets de
loi à venir veulent corriger une situation, ils veulent d'abord assurer
à tous les Québécois et à toutes les
Québécoises une information complète et véridique
sur les biens et les services qu'ils veulent se procurer. Pour ma part, je ne
pense pas qu'il s'agisse là de surprotection du consommateur. Le projet
veut aussi, effectivement, interdire certaines pratiques qui nous apparaissent
sinon frauduleuses, du moins trompeu-
ses. Ce n'est pas là non plus une surprotection du
consommateur.
Les projets veulent être préventifs et garants d'une
meilleure qualité de vie et de choix pour toute la collectivité
québécoise. Ce n'est pas d'un privilège que je parle, ce
n'est pas d'un luxe social; je parle des choses de base, des choses
élémentaires, c'est-à-dire de notre droit
inaliénable, du moins je l'espère, à la
vérité, à ce qu'on nous dise toute la
vérité. Moi, j'estime que c'est la meilleure définition de
la protection du consommateur et je ne souhaiterais pas qu'on utilise ce mot de
surprotection.
Je voudrais également faire savoir au député de
Jacques-Cartier que nous avons entrepris une large consultation sur
l'avant-projet qui est déjà déposé depuis le 22
décembre devant l'Assemblée nationale et dont il a, lui,
certainement pris connaissance. Nous aurons consulté, d'ici quelques
semaines, environ 40 organismes de protection du consommateur, de
représentants de marchands touchés par la loi sur la protection
du consommateur et des représentants du patronat également. Je
puis vous assurer que nous avons trouvé auprès d'eux une
disponibilité à une collaboration. Ils nous ont, jusqu'à
maintenant, apporté effectivement des critiques dont nous tenons
déjà compte, même avant le dépôt de ce qui ne
sera pas un autre avant-projet de loi, mais effectivement un projet de loi dans
lequel nous refondrons lavant-projet et le deuxième volet de ce projet
de loi qui sera déposé quelque part en mai, dès que la
rédaction en sera terminée.
Au député de Bellechasse, je suis reconnaissante de ses
inquiétudes quant à ma capacité de travail, à ma
santé et à ma disponibilité.
M. Goulet: Quant aux résultats.
Mme Payette: Les résultats, on les jugera par la suite. Il
est vrai effectivement que ce ministère est exigeant; il est vrai qu'il
comporte de grandes responsabilités par rapport au développement
social et économique du Québec et j'ai tenu à le dire au
début de cette commission.
Je retiens son insistance pour que nous envisagions la création
d'un ministère des consommateurs et je peux lui dire que cette
hypothèse est retenue de façon sérieuse actuellement par
le gouvernement. Je ne peux pas lui dire, cependant, à quel moment un
ministère sera créé et je peux l'assurer que la
décision ne dépend pas non plus du ministre qui lui parle.
Il s'est inquiété d'un éditorial, signé par
un certain M. Légaré dans la revue Ensemble, au sujet de
l'attitude du gouvernement en ce qui concerne le mouvement coopératif. A
mon tour de me poser des questions. L'année dernière, quand nous
nous sommes retrouvés pour l'étude des crédits de ce
ministère, alors que nous discutions la création de la
Société de développement coopératif, qui
n'était, en effet, qu'un projet libéral, je me souviens d'avoir
été accusée par les députés d'en face de
vouloir mettre le mouvement coopératif en tutelle.
Je voudrais expliquer au député de Bellechasse à
quel point il est difficile de jouer ce véritable rôle de ministre
des coopérateurs. Difficile parce que, si vous entreprenez quoi que ce
soit, le même journaliste, dans le même journal, vous taxera de
vouloir mettre ce mouvement en tutelle. Si vous tentez d'agir selon les
responsabilités que vous avez et si vous tentez de mettre à la
disposition du mouvement coopératif ce que vous avez, vous, à
votre disposition comme ministre responsable c'est-à-dire l'aide
technique, l'aide financière, à ce moment, on vous accuse
déjà de ne pas en faire assez. Si bien que le ministère
est dans une drôle de situation, un peu sur une corde raide,
coincé entre deux opinions à l'intérieur du mouvement
coopératif: celle qui vient des coopératives en voie de
développement, qui ont besoin terriblement d'être aidés,
qui souhaitent une intervention du gouvernement, et celle du mouvement
coopératif structuré. C'est pourquoi nous avions
sélectionné trois domaines dans lesquels nous souhaitions
intervenir.
Je pense qu'on pourra voir dans l'étude des crédits que ce
souhait a été réalisé; qu'effectivement, dans le
domaine de l'habitation, dans le domaine forestier et dans le domaine de la
consommation, on peut déjà constater qu'il y a eu de
l'amélioration. Ces coopératives ont besoin de notre aide.
Egalement, elles ont besoin de l'aide du mouvement coopératif
structuré.
Le député de Bellechasse l'a souligné
également, une autre partie du mouvement coopératif n'a pas
besoin de la même sorte d'aide de la part du gouvernement. Ils ont
cependant besoin que nous exercions nos responsabilités au niveau du
ministère qui sont des responsabilités de surveillance; qui sont
des responsabilités de coordination en termes de développement,
jusqu'à un certain point. Ils n'ont certainement pas besoin d'être
aidés comme les milieux que nous avions sélectionnés comme
étant ceux qui manifestaient une certaine urgence au Québec et
dans lesquels nous sommes intervenus sans mettre le mouvement en tutelle, mais
en tentant de mettre à sa disposition les moyens que nous avions.
Il faudrait que le député de Bellechasse se méfie,
au cours des semaines qui viennent; qu'il sache, M. le Président, comme
l'ensemble de la population, faire la différence entre ces accusations
qui sont portées selon que le gouvernement tente d'aider alors qu'il y a
des accusations carrément de mise en tutelle, ou que le gouvernement
s'interroge et interroge les coopérateurs en leur demandant: Qu'est-ce
que nous pouvons faire pour vous aider?
Nous en sommes là, M. le Président. Nous avons, au cours
de la dernière année, eu de nombreuses consultations dans le
domaine coopératif et on pourra en parler, au moment de l'étude
des crédits, pour voir dans quel sens nous tentons d'évaluer
notre rôle sans nuire à qui que ce soit, mais en jouant aussi le
rôle qui nous est dévolu.
La Société de développement coopératif, M.
le Président, a été formée dès le
début de l'automne,
c'est-à-dire peu de temps après l'adoption de la loi 44.
Le conseil d'administration est formé actuellement de huit
coopérateurs, de deux fonctionnaires, d'un économiste
syndicaliste, qui composent un total de onze. Ce groupe s'est réuni
à quelques reprises et vient tout juste, il y a quelques jours, de
choisir un directeur général. Cependant, les projets ont
déjà été acheminés à la
Société de développement coopératif et ce nouveau
directeur qui entre en fonction d'ici quelques jours aura une tâche
immense à accomplir. Nous pensons qu'il pourra le faire et nous
espérons qu'il pourra le faire. Je pense qu'on ne peut pas, là
non plus, activer au-delà des décisions du conseil
d'administration un développement qui doit venir du monde
coopératif. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Merci. Programme 1.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je m'excuse, une
directive, s'il vous plaît. Est-ce qu'au niveau des remarques
générales, on pourrait poser quelques questions à Mme le
ministre pour faire suite à ses propos? Je ne veux pas enlever le tour
au député de Jacques-Cartier, s'il veut. Mais, avant
d'entreprendre le programme 1, ce sera très court en ce qui me
concerne.
M. Lalonde: M. le Président, on lésine...
Le Président (M. Blank): Oui, je pense qu'on peut poser
des questions et on reviendra ensuite au programme...
Mme Payette: M. le Président, il me semble que, comme le
programme 1 est déjà la protection du consommateur, on peut
déjà aborder le programme.
Le Président (M. Blank): Je pense que le
député de Verchères veut parler de
coopératisme.
Mme Payette: On y revient.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser...
M. Goulet: Cela ne touche pas au programme.
M. Lalonde: ... sur la protection du consommateur.
M. Goulet: Pour faire suite aux propos que vient de tenir Mme le
ministre, j'aurais deux ou trois courtes questions.
Le Président (M. Blank): Je pense que vous aurez la chance
de le faire quand on viendra au programme 2, au secteur coopératif.
Pourquoi le répéter? On y arrivera ce matin. Programme 1,
élément 1, protection du consommateur, $4 968 200. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Protection du consommateur
M. Lalonde: M. le Président, simplement un
préambule à ce programme.
M. Goulet: Excusez, mais, quand on commence un programme, est-ce
que le ministre ne fait pas un exposé général?
Le Président (M. Blank): Si elle veut, mais je pense
qu'elle a déjà fait un exposé sur les consommateurs.
Mme Payette: M. le Président, sur les sujets qui me
paraissaient les plus importants, j estime effectivement que l'exposé a
déjà été fait et je ne voudrais pas recommencer et
répéter. Sur les programmes où je n'ai pas fait de
présentation, il se peut effectivement qu'en quelques mots je tente de
résumer notre attitude dans ce domaine.
Le Président (M. Blank): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la protection du consommateur, j'aimerais
profiter du fait qu'on aborde ce programme pour peut-être rectifier une
impression qui a été formulée par le député
de Bellechasse, à savoir la contradiction apparente qu'il y aurait dans
le rôle du ministre des Consommateurs entre la protection du
consommateur, d'une part, et, d'autre part, le développement des
entreprises.
Là-dessus, je pense qu'il faut quand même rectifier cette
impression, parce qu'il n'y a aucun doute dans l'esprit de l'Opposition
officielle que la mission du ministre des Consommateurs est de protéger
les consommateurs et que son rôle dans le domaine des compagnies de
fiducie, compagnies d'assurances, des caisses d'épargne et de
crédit est tout d'abord un rôle de protection des
épargnants, protection de ceux qui ont des dépôts dans les
compagnies de fiducie. On pourrait même étendre ce rôle, en
ce qui concerne, par exemple, sa responsabilité sur la Loi des
compagnies. C'est pour protéger le public que la loi donne des
structures d'activité à l'intérieur de
sociétés anonymes. Il me semble que la seule place où on
peut dire que le rôle du ministre est un peu plus difficile et confus,
c'est quand on parle de développement d'un secteur. Elle l'a bien
exprimé tantôt en disant: Si on veut trop développer, on se
fait accuser de vouloir s'emparer de l'initiative; si on ne le fait pas, on se
fait accuser de ne rien faire. C'est peut-être là qu'est la
contradiction dans l'action du ministre, mais sûrement pas, comme le
député de Bellechasse l'exprimait tantôt, en ce qui
concerne son rôle de protection en vertu de la Loi de la protection des
consommateurs et la Loi, par exemple, des compagnies de fiducie et tout son
rôle de surveillance dans le domaine des caisses d'épargne et de
crédit, des compagnies de fiducie, des compagnies d'assurances.
Mme Payette: M. le Président, je tiens à remercier
le député de Marguerite-Bourgeoys, qui a répondu
finalement à ma place à cette objection du député
de Bellechasse. Il a parfaitement raison là-dessus.
Cela ne nous arrive pas souvent, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, voulez-vous prendre note de
l'heure et du jour, s'il vous plaît? Je vous promets que cela ne se
répétera pas, M. le Président.
Mme Payette: II ne faudrait pas que cela devienne une
habitude.
M. Lalonde: Quant à la protection du consommateur, j'ai
déploré intérieurement, quand Mme le ministre
décrivait son avant-projet, qu'au fond ce n'était qu'un peu la
répétition de ce qui avait été dit lorsque cet
avant-projet a été déposé en décembre. Aussi
longtemps qu'on n'aura pas un projet de loi résultant réellement
de la consultation qui a lieu actuellement, on ne pourra pas se faire une
opinion définitive. J'aimerais, encore une fois et ce ne sera pas
une habitude, M. le Président appuyer Mme le ministre lorsqu'elle
a dit, à la fin de son intervention, en réponse aux remarques du
député de Bellechasse, je pense, la vérité, toute
la vérité. Si c'est là la façon d'aborder le
problème de la protection du consommateur que le ministère a
choisie, je pense qu'on ne pourra que l'appuyer. En effet, nous, du Parti
libéral, exigerons que le gouvernement respecte le libre arbitre des
gens, qu'il s'engage à éclairer leur jugement par la divulgation;
la vérité, donc, toute la vérité. Nous nous
opposerons à ce que le gouvernement se substitue à l'individu
dans le choix. Nous nous opposerons à ce que le gouvernement interdise
des choses, sauf dans l'extrême nécessité. (11 h 45)
Nous pensons que l'exercice des libertés individuelles est
fondamental dans la recherche de l'excellence individuelle. La comparaison que
Mme le ministre a faite tantôt avec le Code criminel ou enfin avec tout
le secteur criminel est, comme toutes les comparaisons, boîteuse.
Naturellement, si on veut faire un crime de certains actes, il faut le dire. Il
n'y a aucun doute que le droit criminel, le secteur criminel doit demeurer et
doit même évoluer suivant les besoins de la société,
mais qu'on sache bien que tout le secteur de la protection du consommateur
exige une approche complètement différente du droit criminel.
Mme Payette: Est-ce que le député me permettrait
une question?
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: Est-ce qu'on pourrait ajouter son nom à la
liste des 40 organismes qu'on doit consulter? Il pourrait peut-être nous
être utile dans la rédaction de ce qui vient.
M. Lalonde: Combien cela fait-il de fois que je demande au
gouvernement de consulter l'Opposition officielle par la voie la plus normale,
c'est-à-dire la commission parlementaire? Cela amène une
question.
Mme Payette: M. le député, vous serez
consulté.
M. Lalonde: Je vous remercie. Mme le ministre, je voulais vous
poser une question. D'abord, à la question: Quand le projet de loi
va-t-il être déposé? Vous avez répondu: En mai.
Allez-vous procéder à une autre consultation avant la
deuxième lecture?
Mme Payette: C'est une question à laquelle je ne peux
répondre. C'est une décision qui doit être prise par le
leader, en Chambre. Nous ne savons pas actuellement il nous est
difficile de l'évaluer alors que les consultations ne sont pas
terminées s'il restera encore des intervenants. Nous pensons que
oui, parce que quels que soient les changements que nous apportions à un
projet de loi, il paraît normal que certains organismes continuent de
désirer être entendus mais je ne peux m'engager à ce qu'il
y ait une commission parlementaire. Sur un sujet comme celui-là, qui
touche véritablement l'ensemble de la population, je pense qu'on peut
tenir pour acquis qu'il serait normal qu'il y en ait une.
M. Lalonde: Donc, Mme le ministre n'élimine pas, au
départ, cette possibilité de consulter, après la
première lecture et avant la deuxième lecture.
Mme Payette: Je n'exclus rien du tout, mais je ne prends pas
d'engagement de façon formelle.
M. Lalonde: Merci.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: A l'article 1, j'aurais certaines questions à
poser au ministre.
Mme Payette: J'aimerais vous faire part, si on me le permet, du
fait que nous avons déjà un certain appui relatif on verra
par la suite des deux principaux partis d'Opposition.
M. Goulet: Personnellement et tous les députés de
mon parti nous sommes pour le code du consommateur. Nous sommes d'accord pour
qu'on renseigne très bien les gens sur la façon d'acheter, la
façon de se procurer un bien, sur la qualité de ces biens, mais
n'avez-vous pas peur qu'à un moment donné, si on va trop loin, le
consommateur se sente immunisé et dise: Faisons n'importe quelle folie,
s'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, le gouvernement ou l'Office de la
protection du consommateur nous protège par des lois, quoi qu'il arrive.
Leur conscience, à savoir si on doit se procurer ou pas tel bien, ne
pensez-vous pas qu'à un moment donné elle puisse se sentir
immunisée contre cela? Je n'irais pas jusqu'à dire que cela peut
se tourner contre eux, mais on peut se laisser aller un peu, du
côté des consommateurs, en se disant: Nous sommes
protégés. C'est un peu le danger si on va trop loin.
Mme Payette: II y a d'autres pays, il y a même d'autres
provinces au Canada où la loi de la pro-
tection du consommateur est beaucoup plus avancée que celle qui
nous régit présentement. Je pense à l'Etat de la
Californie qui est plus avancé, dans sa loi, que ce que nous proposons
à l'intérieur du code de protection du consommateur. Il est
évident que certaines sociétés ont fait un cheminement
plus rapide que nous dans cette prise de conscience de la protection du
consommateur. Je ne pense pas, même avec le code qui est proposé
maintenant, qu'on puisse imaginer un seul instant qu'un consommateur se sente
tellement protégé qu'il n'éprouve plus le besoin de
s'occuper de ses propres affaires. Nous visons à donner au consommateur
une véritable autonomie, c'est-à-dire lui fournir les instruments
dont il a besoin pour se prendre en main et non pas de le prendre en main,
nous, ce qu'on n'est absolument pas en mesure de faire, de toute
façon.
M. Goulet: Si j'ai fait part de certaines inquiétudes,
c'est parce qu'il y a véritablement des cas je n'irai pas
jusqu'à donner des chiffres, un pourcentage de 15%, 20% ou 50%
où beaucoup de gens se sentent protégés derrière
tout le processus judiciaire et disent: Si cela ne fonctionne pas, il y a
quelqu'un qui nous protégera, c'est seulement ce point.
Mme le ministre a également parlé, dans ses remarques
générales qui touchaient précisément le point de la
protection du consommateur, par exemple des tests sur certains produits. C'est
parfait, j'abonde dans le même sens que le ministre.
Mme Payette: Encore faut-il les rendre publics pour qu'ils soient
utiles.
M. Goulet: On a parlé de laboratoires privés. On a
même fait allusion à certaines émissions de
télévision, disons, sans lui faire de publicité
"Consommateurs avertis"; je pense que vous l'avez même nommée. Il
faut aussi...
Mme Payette: Nous, on est d'accord pour faire de la
publicité à une émission comme celle-là.
M. Goulet: II faut aussi faire attention.
Mme Payette: II semble que c'est une émission qui va
disparaître.
M. Goulet: II faut faire attention. A trois reprises je
prends cet exemple l'émission a fait connaître au public
certaines données qui étaient fausses. On a parlé pendant
quinze minutes, lors de cette émission, de tel produit ou de tel
service. La semaine suivante, on s'est aperçu qu'on avait
été trop loin, qu'il y avait certaines je n'aime pas dire
le mot et je ne dis pas que c'était intentionnel faussetés
et ce n'était pas tout à fait exact. On avait causé
certains préjudices à certaines compagnies ou à certains
produits. On est revenu à rémission, pendant quelques secondes,
5, 10, 15 secondes, pour dire: Tout ce qu'on a dit pendant le quart d'heure la
semaine dernière, ce n'est pas exact. C'est un danger extrême.
Il faudrait aussi protéger ceux qui sont de bonne foi, les
commerçants ou ceux qui ont des produits à offrir. A trois
reprises, on a eu le domaine des loyers, le domaine...
Mme Payette: Les escompteurs de taxe.
M. Goulet: ... des escompteurs de taxe et les systèmes
d'alarme. J'ai pris, entre autres, l'émission sur les loyers. La loi
n'était pas adoptée et on disait: La loi est en vigueur et ainsi
de suite. Un propriétaire de maisons-d'appartements m'a dit: Tu ne peux
pas savoir quel préjudice cela m'a causé, quels problèmes
cela m'a causés. La semaine suivante, en dix secondes, on a
essayé, en bon canadien de "rabrier" tout cela. Le mal était fait
et on aurait dû obliger ce poste de télévision, cette
compagnie de télévision, à utiliser au moins le même
temps que lorsqu'on en avait parlé pour la première fois. C'est
un peu l'exemple.
Egalement, lorsque vous parlez des tests sur...
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
M. Goulet: Oui, mais j'aimerais aborder le deuxième volet
de cette question, en particulier, si vous me permettez, Mme le ministre.
Lorsqu'on fait des tests en laboratoire privé c'est l'intention
du ministère et que vous avez les résultats de ces tests,
est-ce que Mme le ministre ou M. le directeur pourraient affirmer à
cette commission qu'avant de les rendre publics ils consentiraient à
faire venir les propriétaires ou ceux qui ont mis en vente ces biens ou
services et à leur dire: Voici les résultats que nous avons.
Maintenant, est-ce que votre produit est meilleur que cela? Peut-il faire autre
chose? Je ne demande pas de faire cela publiquement. Souvent, les gens ne
savent pas utiliser le produit. Le laboratoire privé peut être en
conflit d'intérêts et je pourrais citer des exemples, Mme le
ministre. C'est un danger. D'accord, il y a toujours la bonne foi des gens. On
aurait dû le faire avant cette émission de
télévision. On leur aurait dit: Voici ce qu'on va dire à
votre sujet. Avez-vous des choses à nous répondre à ce
sujet? Si on dit "non", c'est notre produit et il n'est pas meilleur que cela.
Dans bien des cas, par exemple celui de la Régie des loyers, on aurait
dit: Mon pauvre, ne perds pas de temps là-dessus, la loi n'est
même pas adoptée, c'est un dépôt de projet de loi. C
est un exemple.
Sur les laboratoires privés, cela cause des préjudices. On
a cet exemple suivant et si on prend le même système, le
même danger va nous guetter.
Mme Payette: M. le Président, les critiques qui ont
été formulées à l'endroit d'une émission de
télévision ne concernent ni le ministère, ni l'Office de
la protection du consommateur. On peut, nous aussi...
M. Goulet: Mais les gens font le lien, le lien psychologique.
Mme Payette: ... trouver regrettable que ceux qui sont
chargés de faire de l'information publique
ne se renseignent pas suffisamment. Je vous signalerai que, sur un cas
particulier, par exemple, en ce qui concerne les escompteurs de taxe, le
magazine de l'office. "Protégez-vous ' avait déjà fait des
mises en garde. Il n'avait cité, cependant, que deux noms et il ne
s'était pas trompé. L'émission de télévision
en a cité plus que deux et elle a fait des erreurs. Nous n'avons pas eu
de critiques allant dans ce sens au sujet des interventions de l'office dans
ses déclarations, ses communiqués ou dans son propre magazine.
Donc, on n'a pas dû, j'imagine, se tromper.
D'autre part, il y a une chose, cependant, qu'il faut accepter de la
part de ces émissions de télévision. C'est un peu comme se
faire dire: II ne faut pas traverser la rue parce qu'on risque de se faire
écraser. Sur le nombre d'informations qui ont été
véhiculées par une émission comme celle-là, il se
peut qu'il y en ait une ou deux qui soit moins vraie. Mais sur l'ensemble, le
pourcentage de vérité est suffisamment important pour qu'on ait
du respect pour ceux qui ont fait l'émission et qu'on souhaite que cette
émission puisse continuer. Je vous signalerai que, du côté
anglophone, une autre émission comme "Market Place", par exemple, jouit
d'une réputation pratiquement à toute épreuve. Donc, c'est
faisable.
Il suffit de mettre à la disposition de ceux qui font ce genre
d'enquêtes, ce genre d'émissions ou ce genre de journaux ou de
magazines les moyens nécessaires pour le faire. Je pense que si nous
avons entendu des remarques au sujet de Consommateurs avertis, c'était
de la part de l'animateur et de l'équipe. Ils disaient carrément
manquer de moyens à certains moments et faire des miracles à
partir de rien, ce qui est souvent le cas à Radio-Canada. Je suis bien
placée pour en parler.
M. Goulet: Lorsque Mme le ministre dit...
Mme Payette: II y a une autre chose vous savez. Comme M. le
député s'est permis trois volets...
M. Goulet: Certainement.
Mme Payette: J'aimerais juste apporter aussi un autre
élément dans la discussion. Quand il y a comme cela une
information fausse, au niveau de la protection du consommateur, c'est parfois
faux aussi, dans le domaine politique ou ailleurs. On sait les
difficultés qu'on peut avoir à certains moments. Parfois c'est
carrément faux, et on ne sait pas si c'est intentionnellement; c'est
parfois tout simplement parce qu'on a mal compris ce qui a été
dit, cela arrive aussi à certains moments...
M. Goulet: Ce que je voulais dire, c'est mettre les mêmes
énergies.
Mme Payette: Je voudrais vous demander si vous seriez d'accord...
Vous dites que cette émission a divulgué une information qui est
fausse. Les messages publicitaires sont-ils toujours vrais? Il suffit de passer
une soirée devant son appareil de télévision pour
constater à quel point on peut charrier dans ce domaine-là.
Souhaiteriez-vous que, dans chacun des messages publicitaires, on oblige, par
exemple, quelqu'un représentant cette maison qui fait de la
publicité à venir dire: Vous savez, tout ce qu'on vous a dit, ce
n'est pas complètement vrai?
M. Goulet: Un instant. Si on pouvait le prouver... Ce que je
demande c'est que si on a pris quinze minutes pour parler contre un produit, on
devrait en prendre quinze pour dire qu'on s'est trompé. C'est le devoir
du ministre, s'il y a une annonce publicitaire qui est fausse, d'obliger la
compagnie à se rétracter. Je pense que cela va de soi.
Mme Payette: Le député peut être
assuré de notre accord là-dessus et je suis d'accord avec lui que
si une erreur était commise, on devrait donner le même temps
d'antenne, surtout à cause de l'impact du médium, pour apporter
la correction et non pas se contenter de quelques secondes. C'est une question
d'éthique professionnelle.
M. Goulet: Parce que si vous ne le faites pas tout de
suite...
M. Lalonde: M. le Président...
Mme Payette: Mais on trouve ce sujet-là dans lavant-projet
en termes de publicité correctrice, cependant, et j'espère
trouver là l'appui du député, le moment venu, pour
défendre cette partie de lavant-projet de loi.
M. Lalonde: Je voudrais simplement répondre à la
question de Mme le ministre quand elle demande si on serait d'accord pour que
toute publicité qui vient de l'industrie ait la même rigueur.
Idéalement oui, mais il reste qu'on ne doit pas oublier que le
téléspectateur puisqu'on parle d'une émission de
télévision accorde beaucoup plus de foi à ces
émissions de protection du consommateur. Pour lui, c'est
réellement la vérité, cela doit être la
vérité. Lorsqu'une compagnie de savon vante ses mérites
à 99,9%, il se forme dans l'esprit du consommateur une certaine
résistance inconsciente, à savoir qu'il n'est pas pour dire que
c'est l'autre savon qui est le meilleur. Il ne faut pas oublier l'exercice du
libre arbitre du consommateur aussi. Mais lorsqu'une émission comme
Consommateurs avertis ou une publication dit des choses, on présume que
c'est vrai parce qu'on se dit qu'ils n'ont pas d'intérêt à
dire quel est le produit le meilleur. C'est simplement pour nous dire la
vérité. De là, le dommage qui est beaucoup plus grand.
Mme Payette: Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys reconnaîtra qu'il est difficile d'exiger d'un
animateur ou d'une équipe qui fait... remarquez qu'on discute
d'une émission de télévision qui n'est pas notre
responsabilité, mais on pourrait parler du bulletin de l'Office et,
finalement, on atteindrait la même discussion.
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: On ne peut pas exiger l'infaillibilité.
M. Lalonde: Non.
Mme Payette: Et si on s'en tient au cas de cette émission
de télévision, à ma connaissance il y a eu une ou deux
poursuites qui n'ont jamais entraîné de condamnations. Si bien qu
on peut penser, effectivement, que la moyenne au bâton n'est pas mauvaise
en tous les cas. C est un peu comme une autre émission de
télévision qui existe du côté anglais et qui
s'appelle Ombudsman. Là non plus, en principe, on ne doit pas se
tromper. Mais j'imagine que cela arrive à tout être humain,
même à ces gens-là.
M. Goulet: Ce que j'ai voulu dire, c est que c'est possible que
les gens se trompent, c'est humain. Mais qu on mette le même temps qu'on
a mis, c'est ce que je veux savoir du ministre.
Mme Payette: Nous sommes d'accord.
M. Goulet: D'accord. Il y a également une phrase dans la
loi qui dit qu'aucun commerce, même s'il a de très bonnes
intentions, n'a le droit d'employer le mot "consommateur" dans le nom de son
commerce. Par exemple "Le tapis du consommateur" ou quelque chose comme
cela.
M. Paquette: Distribution aux consommateurs. (12 heures)
M. Goulet: Je n'ai pas textuellement le projet de loi, mais on
n'a pas le droit de l'employer. Pourquoi on ne fait pas la même chose
pour ces émissions de télévision? Mme le ministre dit que
l'office n'est pas responsable de ces émissions, mais allez-vous en sur
la rue et faites une enquête et vous allez voir que les gens identifient
le ministère à ces émissions. Les gens pensent que cela
est le ministère. Je vous dis l'opinion de la grande
majorité.
Si on ne permet pas à un commerçant d employer le nom
consommateur dans sa raison sociale, on ne devrait pas le permettre pour une
émission de télévision qui n'est pas subventionnée
et sous la juridiction de l'office. Ce sont les deux côtés.
Mme Payette: Je dois vous répondre que je ne pense pas
qu'on ait beaucoup d'autorité sur le choix d'un titre d'une
émission de télévision au réseau Radio-Canada. Ce
que nous avons comme politique au ministère, c'est de ne pas autoriser,
au service des compagnies, l'utilisation du mot "consommateur" pour des fins
commerciales. Cependant, nous avons autorisé l'utilisation cela
paraît tout à fait logique du mot "consommateur" pour des
organismes de protection.
M. Goulet: D'accord. Au niveau de I office on fait de la
publicité dans les journaux, à la radio, à la
télévision et peut-être par le biais de certains bulletins;
on subventionne les organismes de consommateurs, c'est parfait. Est-ce que vous
avez déjà pensé soumettre un projet au niveau de
l'enseignement élémentaire peut-être
secondairede façon que cela s'intègre au niveau de
renseignement? On apprend les mathématiques. On apprend que
Jacques-Cartier a planté sa croix à telle place, telle
année. On l'a appris dans mon temps. On a appris que Salomé...
vous savez ce que je veux dire. Pourquoi alors ne mettrait-on pas une heure ou
deux heures par semaine au niveau de la protection du consommateur? Par
exemple, qu'est un chèque, un contrat, un loyer, un bail. Cela sert
à tout le monde; qu'il soit en commerce ou non, tout le monde, au cours
de sa vie, aura à acheter une maison ou à demeurer dans un
logement, à s acheter une automobile, à se procurer des biens,
ainsi de suite. En commençant au niveau de I enfant, si c'est bon pour
la langue, c'est bon pour d'autres choses. Est-ce que vous avez
déjà pensé soumettre quelque chose comme cela au niveau du
ministère de l'Education et quels en sont les résultats, si
oui?
Mme Payette: M. le député de Bellechasse, on a
actuellement deux postes à temps plein de consacrés à
I'éducation à la consommation. Il y en a un de ces deux postes
qui est comblé. Dans un premier temps, la spécialiste en
éducation à la consommation travaille à la
préparation d'un programme qui sera soumis ou qui a été
soumis et discuté avec le ministère de l'Education et qui
pourrait faire partie du programme de formation personnelle et sociale,
programme qui est envisagé par le ministère de l'Education. C'est
une première chose. Les spécialistes en éducationon
en aura bientôt deux; ce sera une augmentation de 100% vont, et le
font déjà actuellement, répondre à des demandes
ponctuelles de certaines écoles et de certaines institutions d
enseignement. Evidemment, cela est limité comme effort à cause du
nombre limité ou des ressources limitées. Finalement, nous sommes
à préparer une émission d'éducation à la
consommation. C est une série d'émissions
télévisées d une durée de quinze minutes. Il y aura
treize émissions qui sont préparées en collaboration avec
Henriette Major pour les textes et Claude La-fortune pour I animation. Ce sont
des artistes qui ont produit l'émission "La bible en papier" et L
évangile en papier". On espère que cette série
d'émissions sera disponible pour visionnement général du
public à l'automne ou au début de 1979 et qu elle sera mise
à la disposition des différentes institutions d'enseignement.
Ils vont faire le code en papier.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, tantôt Mme le ministre
s'est réjouie de l'appui des deux partis de I Opposition.
Mme Payette: Est-ce que c était trop tôt?
M. Lalonde: Etant donné qu elle a sauté aux
conclusions peut-être un peu trop rapidement...
Mme Payette: C'était trop beau.
M. Lalonde: ... je vais devoir passer à I autre partie de
mes propos là-dessus pour les qualifier de la façon suivante. Il
s'agit d'un avant-projet que nous avons vu, donc nous n'avons pas pu
I'étudier comme si c'était le projet du gouvernement. Nous
aurions, naturellement, de multiples suggestions à faire.
Mme Payette: Cependant, M. le député, il faut
apprécier le fait que nous ayons déposé un avant-projet
justement pour permettre une plus large consultation et une plus large
discussion.
M. Lalonde: Oui, exactement. Je ne le critique pas. Au contraire,
je ne critique pas le geste. Je veux simplement dire qu il ne peut pas donner
lieu à un même débat qu un projet de loi formel
déposé en Chambre pour être adopté.
Si nous avons exprimé notre appui à la façon
d'aborder le problème que le ministère semble vouloir choisir,
c'est-à-dire surtout la divulgation, et ne pas se substituer au jugement
du consommateur, nous devons aussi faire appel au réalisme.
Idéalement, on pourrait faire un tas de choses mais, quand on arrive
dans la réalité quotidienne, on s'aperçoit que
l'efficacité ou les coûts peuvent être largement
hypothéqués, et je pense que l'angélisme ne produit jamais
les résultats escomptés.
On a vu, en 1977, par exemple, un gouvernement qui a fait de
l'angélisme. C'est pour cela que je me sens beaucoup plus à
l'aise actuellement pour discuter avec le gouvernement, qui semble s'être
réveillé aux réalités quotidiennes. C'est
peut-être un réveil brutal...
M. Paquette: On est trop éveillé.
M. Lalonde: ... mais, quand même, il y a quelque chose de
bon aux sondages. Il faut vous dire aussi que si la bonne humeur de
l'Opposition officielle est tellement apparente, c est que nous sommes en
fête cette semaine.
Mme Payette: Vous allez avoir un chef bientôt, enfin!
Une Voix: Ce ne sera pas pour longtemps.
M. Lalonde: Alors, si l'étude des crédits
déborde cette semaine, attention à vous!
M. Paquette: Vous voyez la réjouissance qu'on donne!
M. Goulet: Ce n'est pas à votre tour, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, je ne vous ai pas
demandé de témoigner à cet effet.
Mme Payette: Etes-vous tous dans la même équipe, au
moins?
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: Le député de Jean-Talon va être
content.
M. Lalonde: Enfin, non, je ne présume pas du
résultat; je dis que l'Opposition officielle est en fête.
M. Goulet: Pour une fois.
M. Lalonde: Donc, réalisme, esprit pratique, mesure des
résultats et des conséquences des dispositions dans les
coûts économiques, dans les coûts sociaux. Ceci dit, oui,
nous sommes d'avis qu'il est temps, après les premiers gestes qui
avaient été faits il y a quelques années par l'ancien
gouvernement libéral, qui a quand même été novateur
en cette matière, que nous donnions un code plus détaillé,
plus cohérent de la protection du consommateur, et qu'enfin la surprise
de plusieurs citoyens avaient, surprise pas tellement agréable en lisant
une loi qui était quand même il fallait commencer quelque
part utile mais qui était chapeautée par un titre
tellement prétentieux, c'est-à-dire la protection du consommateur
alors qu'on ne faisait que protéger le consommateur dans quelques
secteurs d'activité très précis, se transforme devant un
titre comme cela qui devient réellement valable et reflète la
réalité.
Ceci dit, j'aimerais poser une question en ce qui concerne la
publicité destinée aux enfants. Encore là, il s'agit d'une
démarche qui avait été faite en vertu de la loi actuelle
par voie de règlement. Le règlement, on le sait, a
été attaqué devant les cours. Je pense à la cause
Kellogg's qui avait été introduite dans nos cours de justice il y
a plusieurs années et dont Mme le ministre a pu se réjouir du
succès. Je ne veux pas dire qu'elle en a pris le crédit, mais
tout simplement, à bon droit, je crois, elle a pu constater...
Mme Payette: En tant que citoyenne, je dois dire que j'avais
aussi appuyé cette démarche bien avant d'être en politique.
Il y avait donc des raisons de me réjouir.
M. Lalonde: Oui. Maintenant, je veux en arriver au dilemme qu'on
avait vu à ce moment-là. Je pense que, lorsque le
règlement avait été étudié, je me trouvais
au ministère; je pense que c'était en 1972. Le dilemme,
c'était l'interdiction ou la réglementation. Je sais que certains
corps intermédiaires demandaient l'interdiction. Est-ce que j'ai pu
lire, dans les propos de Mme le ministre tantôt, un choix à ce
propos?
Mme Payette: Effectivement, un choix a été fait, en
ce qui nous concerne, d'interdire la publicité aux moins de treize ans,
sauf la publicité éducative. J'ai mentionné une campagne
en particulier qu'on a pu voir au cours des derniers mois, les mois
d'été en particulier, sur la sécurité aquatique et
qui a, semble-t-il, atteint des objectifs importants. Dans ce sens, notre choix
semble fait.
Nous avons, cependant, au cours des consultations, rencontré
à nouveau certains organismes
qui ont fait valoir des objections à un choix aussi radical et
nous sommes en train de revoir nos positions. Mais, dans un premier temps, le
choix semblait évident et facile à faire en ce qui nous
concerne.
M. Lalonde: Est-ce que je peux demander au ministre qu'est-ce qui
milite en faveur de l'interdiction? Je voyais des statistiques tantôt sur
l'application du règlement, qui semblaient démontrer que, quand
même, ce n'est pas une situation tellement désastreuse. Je pense
qu'on parlait de 33 plaintes dont 13 étaient valables, étaient
réellement des cas de violation. Est-ce qu'il semble que la situation
soit tellement désastreuse qu'on doive procéder à une
mesure extrême comme l'interdiction pure et simple?
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
le seul commentaire que j'aurais à faire sur le règlement ou
l'application de la loi actuelle, c'est qu'il faut apprécier le nombre
de plaintes reçues et le nombre de plaintes traitées en fonction
du règlement. Il faut voir ce que le règlement dit. Le
règlement permet quand même un certain nombre de choses. Il y a
beaucoup de publicités qui sont encore permises à
l'intérieur du règlement. C'est cela la distinction, en fait.
M. Lalonde: Oui. Si je me souviens bien, ce qui était
permis, c'est ce qui était, à ce moment, considéré
comme n'étant pas tellement nocif. Est-ce que vous avez des
études ou, enfin, des rapports qui démontrent que ce qui
était, à ce moment, considéré comme n'étant
pas nocif l'était réellement et crée des problèmes
insurmontables?
Mme Payette: II y a eu des sondages, dont on a fait état
en commission parlementaire sur le bill 7, qui démontraient qu'il y
avait, effectivement, une certaine nocivité. Il y a des études
qui sont entreprises actuellement au niveau du Federal Trade Commission, aux
Etats-Unis. Vous savez qu'il y a une proposition qui est également
à l'étude au niveau américain, un peu dans le sens de
celle qui est contenue dans lavant-projet, sur la publicité
destinée aux enfants. Evidemment, il n'y a pas d'études
exhaustives qui finalement traiteraient de la question d'une façon
absolue.
M. Lalonde: Mon autre question. Ce n'est pas une critique; je
veux simplement savoir de quelle façon vous voulez procéder
à cause des données suivantes. On sait que c'est surtout à
la télévision et dans le temps de Noël qu'on peut voir
l'impact de cela non seulement pour les jouets, mais aussi pour d'autres
choses. Je me souviens, par exemple, quand j'étais dans l'entreprise
privée, d'avoir été absolument scandalisé par
l'impact de la publicité qui était destinée
littéralement à l'imagination des enfants pour des paires de
patins, par exemple. C'étaient les plus chers. Si votre garçon
vous demandait cette paire de patins, la publicité, c'était que,
si vous la refusiez, vous étiez le "parâ-tre " le plus
épouvantable qu'on puisse trouver en ce bas monde. Donc, c'est à
la télévision que les enfants, d'après mon
expérience personnelle, sont assujettis aux messages sur les jouets
surtout et sur l'alimentation aussi. Est-ce que vous pouvez actuellement et
même dans quelque régime politique que ce soit prévoir une
législation d'interdiction qui serait efficace quand on sait que
beaucoup de cette publicité nous parvient par les postes ou les canaux
américains?
Mme Payette: Vous venez de poser là, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, un problème qui est un
grand souci pour le présent gouvernement.
M. Lalonde: Vous m'en voyez malheureux, M. le Président,
de trouver un souci à ce gouvernement. Je pensais que c'était
tout le gouvernement qui était un souci pour nous.
Mme Payette: Je pense qu'il faudrait faire la nuance cependant,
si on revient un tout petit peu en arrière, parce que ce dont on parle
toujours c'est de la publicité destinée aux enfants de moins de
treize ans. On peut parfaitement avoir un message publicitaire où on
parle de patins, mais qui s'adresse aux parents. Voyez la nuance. (12 h 15)
M. Lalonde: D'accord.
Mme Payette: J'aurais une question à vous poser, si vous
me permettez, parce que dans ma démarche à moi comme femme
québécoise et mère de famille, il m'est arrivé de
m'interroger aussi à savoir si, un jour, on ne devrait pas envisager
d'exclure les enfants des messages publicitaires. Est-ce qu'on ne pourrait pas
le faire par le biais du travail qui est interdit aux enfants? Le
député ne sait peut-être pas ce que c'est qu'une
journée complète dans un studio de télévision pour
enregistrer un message, mais je crois que, éventuellement, un
gouvernement, quel qu'il soit, devra se pencher sur cette question.
M. Lalonde: C'est un autre problème. Ma connaissance du
sujet est limitée, par exemple, à un programme que j'avais vu,
à un poste américain, où on faisait parader un certain
nombre de jeunes acteurs qu'on retrouve dans tous les messages publicitaires et
aussi dans des suites, aux réseaux américains. C'est vrai qu'on a
l'impression que ce sont des produits, qu'il peut y avoir un abus. Mais est-ce
que c'est la participation d'enfants à ces messages publicitaires qui
influence les enfants? Je n'en suis pas sûr. C'est le contenu du message
et puis le côté alléchant, quand vous voyez la fameuse
paire de patins. Cela m'avait assez scandalisé que si mon fils avait
été assez vieux pour patiner, je pense que je n'aurais pas pu lui
refuser la paire de patins de $125 la paire, à ce moment, en 1970.
Mme Payette: C'est parce qu'il faudrait peut-être
éviter qu'on se serve des enfants comme on s'est servi des femmes si
longtemps en publicité.
M. Goulet: Les compagnies de couches vont avoir de la
misère...
M. Beauséjour: M. le Président.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Iberville.
Mme Payette: On peut, je crois, M. le député de
Bellechasse, faire une publicité en faveur de couches en papier ou
autrement, sans utiliser des bébés. Je crois que c'est
possible.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, le ministère
vient d'effectuer une décentralisation pour la protection du
consommateur en ouvrant des bureaux. Je voudrais savoir, même si c'est
jeune, quels sont les services qu'ils sont en mesure de donner en termes
d'information, d'éducation et, éventuellement, quel sera
l'échéancier au niveau des services qu'on voudra offrir.
Mme Payette: M. le Président, quatre nouveaux bureaux,
comme le mentionne le député d'Iberville, ont été
ouverts lundi. Dans ces quatre bureaux, on donne des informations sur la loi
actuelle de protection du consommateur. On reçoit des plaintes en vertu
de cette loi. On fait de l'information sur la protection du consommateur en
général. On diffuse l'information, la revue Protégez-vous.
On participe, en région, à des colloques sur l'information, que
ce soit à l'occasion d'activités commerciales ou que ce soit dans
le réseau scolaire. On participe à des "panels ", on donne des
conférences. Alors, c'est le genre d'activités qui se fait
à partir de ces quatre bureaux de même qu'à partir des
autres bureaux qui existaient avant.
M. Beauséjour: Est-ce que le personnel est
considérable dans les bureaux?
Mme Payette: Le personnel dans les nouveaux bureaux varie de 3,
plus particulièrement des bureaux comme le type de bureau de
Saint-Jérôme, à 13 et 14 personnes; si on parle des bureaux
de Montréal, il y a deux bureaux qui ont été ouverts
à Montréal, comme vous le savez, les bureaux du 2020
Université, au centre-ville, en arrière du magasin Eaton, et un
autre bureau...
Le Président (M. Blank): Dans le comté de
Saint-Louis.
Mme Payette: Vous étiez invité, M. le
député de Saint-Louis.
Le Président (M. Blank): Oui, mais il y avait la noirceur
de l'Hydro, à ce moment-là, et je n'ai pas pu sortir de mon
bureau.
M. Lalonde: II était pris au 41e étage de la Place
Victoria.
Mme Payette: Mais pour descendre, cela descend bien à
pied, non?
Le Président (M. Blank): Oui, mais comme il n'y avait pas
de lumière dans l'escalier, c'était assez difficile.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour continuer sur le même sujet, vous
avez dit qu'au bureau de Saint-Jérôme le personnel était de
trois. Quelles sont les qualifications et les responsabilités de chacun
de ces trois employés?
Mme Payette: II y a un responsable régional qui est un
attaché d'administration au sens de la classification de la fonction
publique; il y a un technicien en information et une
secrétaire-téléphoniste. Evidemment, la secrétaire
fait ce que vous imaginez et le technicien répond...
Est-ce qu'elle fait du café?
Des Voix: Ah, ah, ah!
M. Saint-Germain: J'ai l'imagination fertile, alors soyez
à l'aise!
Mme Payette: C'est rassurant que votre imagination soit conforme;
donc, vous avez compris ce que je voulais dire. Bon.
M. Lalonde: Est-ce que le sous-ministre fait ce qu'on s'imagine
aussi?
Mme Payette: II y a un technicien en information et il y a le
responsable régional qui, tous deux, reçoivent des plaintes,
fournissent des renseignements, prononcent des conférences, rencontrent
des associations de consommateurs.
M. Saint-Germain: Ce sont deux personnes qui sont en
contact...
Mme Payette: Avec le public.
M. Saint-Germain: ... avec le public.
Mme Payette: La troisième est également en contact
avec lepublic par le biais du téléphone.
M. Saint-Germain: Oui, d'accord, mais elle n'a pas la
responsabilité de donner des informations.
Mme Payette: Non, mais il arrive fréquemment, dans des
bureaux où le personnel est limité à trois personnes, que
la différenciation des tâches n'est pas aussi stricte que dans un
bureau comme Montréal où il y a de 13 à 15 personnes.
M. Saint-Germain: Si vous faites la même comparaison avec
Montréal, par exemple, combien y en a-t-il qui s'occupent exclusivement
d'administration, de répondre au téléphone, de
comptabilité, etc., et combien sont en contact avec le public?
J'aimerais faire la comparaison entre les coûts d'administration et le
service au public.
Mme Payette: Au niveau de Montréal, par
exemple, au niveau du service direct avec le public, pour les gens qui
répondent au téléphone, il y en a cinq ou six dans chacun
des deux bureaux de Montréal.
M. Saint-Germain: Ces personnes ne sont pas en contact avec le
public; elles sont au service du public, mais non pas pour donner des
renseignements.
Mme Payette: Tout le monde est là, ultimement, pour donner
des renseignements au public, mais il y en a cinq ou six qui sont
affectés à répondre au téléphone
quotidiennement, et je vous prie de me croire qu'à Montréal c'est
un feu roulant. Comme on le mentionnait précédemment, cela
n'arrête pas. C'est même assez difficile d'obtenir une ligne
à Montréal tellement il y a un influx de demandes à ces
deux bureaux.
M. Saint-Germain: Maintenant, sur un autre sujet. Dans le
document que vous nous avez remis, on a ici la liste de la distribution
budgétaire de la taxe de contre-publicité. On aurait reçu
de cette taxe $2,405 millions.
M. Lalonde: A l'élément 1?
M. Saint-Germain: Toujours. Une Voix: C'est cela.
M. Saint-Germain: C est à l'élément 1,
Protection du consommateur.
Mme Payette: Votre question, c'est quoi?
M. Saint-Germain: C'est qu'on a souvent déclaré que
cette taxe je puis lire ici votre déclaration, elle va expliquer
les choses bien clairement. Je lis le journal des Débats du 22
août 1977 à la page 30: "Mme Payette: M. le Président, je
sens le besoin de rassurer le député de Gatineau et tous les
diffuseurs, par la même occasion, parce que personne n'a rien compris
dans cette affaire de taxe de 2% comme tout le reste. Nous allons faire, avec
ces 2%, de la contre-publicité par les mêmes moyens,
c'est-à-dire par la radio et la télévision, si bien qu'on
va toujours regagner au même endroit". C'est peut-être pas tout
à fait clair, mais tout de même ça a été
sorti du contexte. Je ne sais pas si Mme le ministre se reconnaît, mais
de toute façon nous avons interprété cette
déclaration comme voulant dire que le revenu de cette taxe serait
exclusivement dépensée à faire de la
contre-publicité. Nous trouvons dans cette liste tout de même ce
qui suit: a) Ministère des Affaires sociales: $850 000: campagne sur la
promotion de la santé; je suppose qu'il peut y avoir là des
éléments de contre-publicité. Il y a $850 000, le 14
février 1978, commission du travail. Je ne sais pas si ces sommes
dépensées ont pu servir à la contre-publicité.
Dans b) c'est peut-être plus évident. Vous avez le
ministère des Transports: $550 000. C'est une campagne de
sécurité routière. Je ne vois là rien qui contienne
le compte...
Mme Payette: Ecoutez! le CT, ce n'est pas la commission du
travail, c est le Conseil du trésor.
M. Saint-Germain: Oui. De toute façon, la campagne de
promotion de la santé.
Mme Payette: Monsieur...
M. Saint-Germain: II peut y avoir une contre-publicité, je
suppose, puisqu'on parle de la cigarette ou du tabac.
Mme Payette: J imagine, M. le Président, que vous n'avez
pas vu, M. le député de Jacques-Cartier, cette campagne de
publicité qui est déjà en cours et où il est
essentiellement question, dans un premier temps, de la surconsommation de
médicaments. Il y aura d'autres messages également sur la
surconsommation de sucre.
M. Saint-Germain: Alors, ce message...
Mme Payette: Le slogan est: "Au Québec, il faut se tenir
en santé".
M. Saint-Germain: ... est conforme aux politiques. Il est selon
la politique et votre déclaration.
M. Goulet: Les gens sont bien heureux...
M. Saint-Germain: Mais si on se réfère au
ministère des Transports, est-ce qu'on peut dire que cette campagne sur
la sécurité routière est de la
contre-publicité?
Mme Payette: Je ne connais pas le contenu de cette campagne
puisque, à ma connaissance, elle n'a pas commencé encore. Mais il
est essentiellement nécessaire que ce soit une campagne de
contre-publicité pour que ce projet soit approuvé.
M. Saint-Germain: II y a le ministère de l'environnement.
Participation de la population à la protection de l'environnement. J'ai
un peu de difficulté à faire la relation entre cette
publicité et la contre-publicité.
Mme Payette: C'est le seul morceau de ce budget qui a
été attribué de façon directe à la
population et qui doit servir à la préparation de matériel
audio-visuel par des organismes de protection de l'environnement pour
être présenté à certaines occasions. Donc, il s'agit
là également de contre-publicité.
M. Saint-Germain: J'ai l'impression qu'on étire un peu la
signification de contre-publicité.
Mme Payette: Que le message soit véhiculé par les
media habituels ou par du matériel audiovisuel qui sera
présenté dans une école ou à un organisme qui tient
un congrès, je pense que le but poursuivi est le même.
M. Saint-Germain: Si vous faites une campa-
gne contre la surconsommation de médicaments, il me semble que
vous faites contrepoids à la publicité des distributeurs et des
manufacturiers de médicaments. Mais si vous faites une campagne au
ministère des Transports, c'est une campagne publicitaire. C'est juste.
Je ne dis pas que l'argent est nécessairement mal dépensé
ou que cette campagne est absolument inutile, mais je dis que ce n'est pas une
contre-publicité vis-à-vis d'un organisme, d'un commerce ou d'une
industrie qui veulent imposer leurs produits ou leurs services.
Mme Payette: Je reste convaincue qu'on ne pourra pas juger du
contenu de cette campagne tant qu'on n'aura pas vu les messages et je pense
qu'il est possible de faire de la contre-publicité en termes de
sécurité routière.
M. Saint-Germain: Je ne dis pas le contraire, mais j'ai
l'impression, tout de même, que lorsqu'on disséquera ces
différents articles, surtout si on a créé des
précédents, les $2 405 000 vont simplement tomber dans le fonds
consolidé de la province et qu'on s'en servira...
Mme Payette: Pourrais-je demander au député, le
temps de l'arrêt, de réfléchir à la publicité
sur les pneus? Ne peut-on pas penser qu'une contre-publicité qui dirait
la vérité sur la qualité de certains pneus pourrait
être une publicité en faveur de la sécurité
routière?
M. Saint-Germain: J'aimerais tout de même qu'on me confirme
que c'est cela.
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 h 40
Le Président (M. Blank): La commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières est prête à
commencer. Il y a un remplacement: M. Bisaillon (Sainte-Marie) est
remplacé par M. Gosselin (Sherbrooke).
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président, toujours... M.
Saint-Germain: J'avais...
Le Président (NI. Blank): Excusez-moi. Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas si on est capable de me donner
les renseignements au sujet des questions que j'ai posées concernant la
distribution des revenus de la taxe de contre-publicité. Est-ce qu'on
s'est enquis de la façon dont cela avait été
utilisé au ministère des Transports?
Mme Payette: Tout ce qu'il y a, M. le député de
Jacques-Cartier, c'est une étude qui est en cours actuellement, de la
part du ministère du Transports et c'est une recherche visant à
définir les axes de communication pour atteindre certains groupes cibles
en matière de sécurité routière. Alors, la
première étape, c'est ce qui est engagé actuellement, soit
une somme de $60 000 à cette fin.
M. Saint-Germain: Alors, cette somme n'est pas en accord avec les
déclarations que Mme le ministre a faites relativement à
l'utilisation des revenus de cette taxe.
Mme Payette: M. le Président, je ne crois pas qu'il y ait
eu, de ma part, une fausse déclaration. Je pense qu'on tentait
d'expliquer, sans avoir le document sous la main. On tentait de donner une
réponse au député, de quelle façon on pouvait voir,
éventuellement, comment une campagne de contre-publicité en ce
qui concerne la sécurité routière pouvait prendre
forme.
On a donc pris ce document, on l'a en main, on est en mesure de donner
plus de détails; on ne l'avait pas au moment où on a
terminé nos travaux, ce matin.
M. Saint-Germain: Oui, mais je veux dire qu'on n'a aucune
garantie que même ces études vont conduire nécessairement
à de la contre-publicité.
Mme Payette: Selon mon opinion, c'est très sage d'agir de
cette façon, puisqu'on engage une somme sur le plan de la recherche,
avant d'entreprendre une campagne de contre-publicité et qu'on tente,
avec une somme qui me paraît raisonnable, d'évaluer les groupes
cibles qui pourraient être visés par une campagne comme
celle-là.
M. Saint-Germain: Je ne discute pas de l'à-propos de
dépenser une telle somme. Mais étant donné qu'on avait
mentionné, lors des débats en deuxième lecture, lors de
périodes de questions et à divers moments, que cette somme de $2
405 000 serait utilisée pour la publicité, c'est la raison de mes
questions. Je crois que, si on pouvait disséquer tous les articles
où ces montants d'argent ont été dépensés,
on pourrait trouver plusieurs centaines de milliers de dollars qui ont
été dépensés pour des buts autres que ceux qui
avaient été fixés lors de l'imposition de cette taxe. On
avait même promis aux propriétaires de radios, de journaux ou
à certains annonceurs qu'ils n'y perdraient pas beaucoup par cette taxe,
car les montants qu'on en retirerait seraient remis dans le réseau pour
faire de la contre-publicité.
Mme Payette: M. le Président, pour l'information du
député de Jacques-Cartier, il faut dire que cette somme de $60
000 a été donnée à la société IDEACOM
Inc., qui sont des conseillers en communication. Si le député le
permet, j'aimerais lire deux ou trois paragraphes de l'explication du contenu
de cette campagne sur la sécurité routière.
Il est établi, dit le document que j'ai en main, dans nos
statistiques d'accidents, que la catégorie des jeunes citoyens de 15
à 25 ans constitue le groupe le plus fortement touché par les
accidents, aussi bien comme causes que comme victimes.
Dans le récent livre vert sur l'assurance, on en a assez
parlé, M. le député de Jacques-Cartier, je crois que vous
vous en souviendrez.
D'autre part, le coût des accidents dans cette catégorie
est particulièrement élevé pour la société,
si l'on songe qu'elle a beaucoup investi dans la formation des jeunes et
qu'elle supportera longtemps leur manque à produire et la charge des
éclopés permanents.
De plus, les jeunes constituent la fraction de la société
qui se comporte de la façon la plus marginale et qui est notoirement peu
accessible par la publicité en sécurité routière,
à moins que l'on ne trouve un langage particulier qui pourra les
atteindre et les persuader. La publicité courante réussit
pourtant à les influencer en exploitant le désir de plaire, le
sentiment de puissance et d'invincibilité, le goût de la vie
facile, par exemple, que véhiculent certains messages. (16 h 45)
Dans ce sens, nous sommes en train de voir de quelle façon, par
une campagne de contre-publicité, nous pourrions parler de
sécurité routière à ces groupes cibles qui sont
plus spécifiquement visés.
Cette étude n'est qu'une étude préalable qui
mènera à une campagne de contre-publicité en termes de
sécurité routière.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas mon après-midi. Cela a
l'air, M. le Président, que je ne peux jamais rien gagner. Au
ministère de l'environnement maintenant. Est-ce qu'on pourrait me donner
aussi les détails du montant attribué de $200 000?
Mme Payette: Au ministère de l'environnement, M. le
Président, cette somme a été accordée comme
projet-pilote. Il s'agit de subventions à des groupes de citoyens qui
travaillent dans le sens de la protection de l'environnement et qui ont fait
connaître au ministère concerné des projets de programmes
audio-visuels qui pourraient être présentés un peu partout
à travers la province dans des congrès, dans des écoles
où on se préoccupe de la protection de l'environnement. Cette
somme est là non pas de façon définitive ou permanente,
c'est-à-dire qu'il n'est pas sûr que cela reviendra l'an prochain,
puisqu'il s'agit effectivement d'un projet-pilote.
M. Saint-Germain: Au sujet d'un contrat qui a été
donné, un contrat négocié avec Feedback, agence de
communication commerciale et sociale, à Montréal, pour la
conception et la réalisation de six messages commerciaux de
télévision, de soixante secondes qui seront
télédiffusés de septembre 1977 à mars 1978... Un
document du Conseil du trésor fait part de ce contrat. Il y en a un
aussi qui date de juillet 1977. En octobre 1977, il y a un autre contrat
négocié avec la même agence de communication pour la
réduction et la supervision de la diffusion de six messages
télévisés de soixante secondes de la campagne de
contre-publicité: Consommer, c'est un pensez-y bien. Je vois là
que c'est un engagement de $450 000.
A la lecture de ce document, on pourrait croire que comme on le
voit, les sommes sont très différentes; on passe de $80 000
à $450 000 il y a une grande similitude entre le travail accompli
par Feedback pour ces deux contrats. Qu'est-ce qui explique cette
différence marquée dans les coûts?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, il
s'agit, pour la première campagne, d'une campagne de
télévision qui se déroulait, qui d'ailleurs continue de se
dérouler, sur une période de 39 semaines, tandis que la
deuxième campagne était une campagne d'intensification qui se
déroulait à la radio uniquement pendant une période de
temps concentrée de sept semaines.
Les thèmes sont les mêmes. Ils sont en continuité
avec des thèmes de la campagne télé, des thèmes de
la campagne radio. Le véhicule est le même à la
télévision et à la radio. Il s'agit d'Yvon Deschamps qui
répète des messages sur des thèmes identiques à la
radio.
M. Saint-Germain: Le fait que les $80 000 s'adressent à la
radio...
Mme Payette: C'est cela.
M. Saint-Germain: ... et les $450 000 s'adressent à la
télévision.
Mme Payette: A la télévision.
M. Saint-Germain: C'est ce qui explique la différence des
montants.
Mme Payette: Voilà.
M. Saint-Germain: Ce sont des contrats tous les deux, des
contrats négociés.
Mme Payette: Voilà.
M. Saint-Germain: Je suppose que cela ne se présentera pas
à l'avenir, comme l'a dit le premier ministre, comme une façon
d'augmenter les prix sur de tels contrats.
Mme Payette: Vous avez déjà eu la réponse,
M. le député, à ce sujet.
M. Saint-Germain: Ah bon! Nous allons surveiller dans l'avenir si
les contrats sont donnés ou accordés, tels que promis.
Voilà, M. le Président.
Mme Payette: On va d'ailleurs tenter, M. le député,
de vous aider à surveiller.
M. Saint-Germain: Je vous remercie.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Dans ses remarques
générales, ce matin, Mme le ministre, lorsqu'elle parlait des
vendeurs itinérants, a employé le terme "qui est encore un gros
risque". Je ne vois pas pourquoi Mme le ministre emploie des termes comme cela
avec toutes les lois que nous avons, les lois régissant la vente
itinérante, avec les bons de garantie qu'on exige des vendeurs
itinérants, avec les permis que les vendeurs itinérants sont
obligés de produire ou d'avoir sur eux au même titre qu'un permis
de conduire, et lorsque quelqu'un demande d'exhiber ce permis, l'obligation
qu'il a... ainsi de suite. Je ne vois pas pourquoi Mme le ministre emploie des
termes comme cela aux yeux des vendeurs itinérants.
C'est vrai qu'il y a eu des abus dans le passé. C'est vrai qu'il
peut y avoir des abus. Pourquoi? Je demande au ministre: Est-ce que nous avons
des données, des chiffres précis? Pourquoi, avec toutes les lois
que nous avons actuellement, avec la sélection, les enquêtes qu'il
y a eu sur les compagnies de vente, les compagnies qui emploient des vendeurs
itinérants, avec toute cette sélection des bons et des pas bons,
si vous voulez, si on peut employer cette expression, depuis quatre ou cinq
ans, est-ce qu'il y a des chiffres qui permettent au ministre d'employer de
tels propos? Qu'est-ce qui permet au public de constater, par exemple, qu'un
vendeur de réfrigérateurs ou de n'importe quel produit, qui est
assis dans son bureau, en arrière de son bureau, à son lieu de
travail, est aussi franc, protège autant les intérêts du
consommateur que celui qui se rend au domicile d'un autre pour lui offrir le
même produit ou les mêmes services? Est-ce que le ministre a des
chiffres qui puissent lui permettre de faire de telles affirmations?
Mme Payette: M. le Président, je ne pense pas
à ma souvenance, en tout cas qu'on ait insisté de cette
façon sur les vendeurs itinérants.
M. Goulet: Le terme "gros risque ", cela veut tout dire...
Mme Payette: C'est-à-dire qu'effectivement cela reste un
risque pour le consommateur qui, chez lui, voit arriver des gens qui viennent
le solliciter à domicile. Je ne pense pas que ce soit effectivement plus
dangereux que n'importe quel autre commerce. Il y a, là-dedans, comme
dans n'importe quel autre domaine, des gens qui ont abusé des
situations. Nous n'avons pointé personne du doigt et je ne pense pas
qu'il y ait, de notre part, le goût du harcèlement en ce qui
concerne les vendeurs itinérants; absolument pas. Si le
député a compris cela, je le regretterais beaucoup parce que ce
n'est pas le cas.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir si, avec les
sélections qu'il y a eu depuis quatre ou cinq ans à cause des
permis, la population, lorsqu'un vendeur itinérant se présente
avec son permis, cela ne veut pas dire que le gars est meilleur qu'un autre,
mais est-ce que la population peut dire: Au moins, il y a eu une
sélection quant à la solvabilité du gars, quant à
son intégrité, etc.? Lorsque vous émettez un permis, il y
a certainement une enquête. Si vous avez 12, 25 ou 250 plaintes contre
une compagnie ou une entreprise privée qui demande un permis de vendeur
itinérant, vous allez sélectionner, vous n'émettrez pas le
permis, donc il n'aura pas le droit d'aller faire de la vente
itinérante. Donc, il y a une certaine sélection. Est-ce que le
public est véritablement protégé? J'imagine que, lorsque
vous avez des plaintes contre des vendeurs itinérants, la machine se met
en marche et que vous allez vérifier, etc. Est-ce que, aujourd'hui, on
est protégé de ce côté?
Mme Payette: La seule chose qu'on peut dire là-dessus, M.
le député de Bellechasse... Enfin, je pense qu'on peut faire des
commentaires de deux ordres. Il y a les gens qui ont des permis et les gens qui
n'en ont pas. Précisément, il continue d'y avoir des gens qui
n'ont pas de permis, ce qu'on appelle communément les "fly by night".
Quand on connaît leur existence, régionalement, on peut
émettre une mise en garde à l'endroit de la population
visée. Evidemment, si on le fait, cela peut jeter un certain
discrédit sur l'ensemble des autres vendeurs itinérants, mais
cela peut aussi rassurer la population sur ceux qui fonctionnent suivant la
loi. Cela continue d'exister et cela continuera souvent d'exister.
Peut-être, malheureusement, cela existe-t-il dans des régions
limitrophes, c'est-à-dire à la frontière du
Nouveau-Brunswick, par exemple, où les gens traversent dès que la
soupe est le moindrement chaude. Voilà pour les illégaux, si on
veut.
Quant à ceux qui détiennent légalement un permis,
en vertu de la loi, vous savez que le permis est accordé après
certaines vérifications, mais ce n'est pas un permis de
compétence. Il y a un cer-
tain tri qui se fait à ce niveau, au niveau de la
solvabilité, de la faillite, des accusations criminelles ou des
accusations en vertu de la Loi de la protection du consommateur, mais ce n'est
pas un certificat de compétence, pas plus, d'ailleurs, que votre permis
de conduire est un certificat de compétence de bon conducteur.
M. Goulet: Toujours dans le domaine de la vente
itinérante... Je ne sais pas, cette question s'inscrirait
peut-être aux Institutions financières, mais en tout cas. C'est
dans le cas de la vente itinérante. Lorsque vous avez des plaintes
contre une compagnie, vous mettez la machine en branle, etc. A un certain
moment, vous demandez un genre d'injonction Mme le ministre sait que je
n'ai pas de formation juridique mais on demande une enquête...
Mme Payette: ... faut.
M. Goulet: ... on va porter une accusation... On est sur un pied
d'égalité de ce côté.
M. Lalonde: Vous êtes sur le même pied
d'inégalité.
M. Goulet: ... et j'amènerai peut-être...
Mme Payette: Ne commencez pas la chicane!
M. Lalonde: Cela me tente!
Mme Payette: Je n'en doute pas.
M. Lalonde: Cela fait déjà deux heures.
Mme Payette: Je n'en doute pas.
M. Goulet: Lorsqu'il y a plainte et que vous allez, par exemple,
porter une accusation contre une compagnie. Cette compagnie se défend.
Elle prétend qu'elle respecte la loi. Cela lui coûte beaucoup
d'argent. A un certain moment, il faut aller en cour. Cela se sait dans le
public. Cela se sait aussi parmi les représentants, toujours en partant
du principe que la compagnie est de bonne foi et a agi de bonne foi et que tout
est réglementaire. Alors, on a eu, je ne dirai pas des cas, un cas en
particulier où, à différents endroits dans le
Québec, Rimouski, Sherbrooke, Montréal, une certaine compagnie...
L'Office de la protection poussait, poussait et poussait les gens à
aller se défendre en cour. Elle a gagné son procès. Le
gouvernement a porté cela même en Cour d'appel. Après avoir
gagné trois causes dans différents endroits au Québec, une
cause a été portée en Cour d'appel. Cela coûte
extrêmement cher à la compagnie. A ce moment, ses vendeurs le
savent. Cela porte, indirectement, préjudice à cette compagnie,
aller même jusqu'à la faire fermer.
Une fois, dans un cas précis, par exemple, où à la
Cour d'appel même, la compagnie a gagné. Les trois juges ont dit:
Vous étiez réglementaire. Vous êtes parfait. Que fait-on
quand cela se passe...? Dans le cas présent, cela s'est passé
qua- tre ans après que vous ayez inscrit en justice cette cause. Il n'y
a pas de fonds d'indemnisation à un certain moment? Qu'y a-t-il dans le
cas où la compagnie est fermée ou a tout perdu et que c est
quatre ans après qu'on dit: Voici, c'était parfait. Une fois que
tout s'est su dans le public, une fois que tout est passé, la compagnie
est à terre, peut-être pas seulement pour cette raison, mais la
compagnie est fermée, 200 ou 300 vendeurs qui gagnaient leur vie avec
cela ont dû se trouver du travail ailleurs et quatre ans après, la
Cour d appel dit: La compagnie avait amplement raison et I office ou le
gouvernement a perdu sa cause. Il n'y a pas de tonds d'indemnisation
prévu pour un cas comme cela. Cela s est produit, cela pourra se
produire.
Pour le gouvernement, qu'il gagne ou qu il perde sa cause par le biais
de l'office, cela va continuer à tourner quand même demain matin,
mais la compagnie, après quatre ans est éxcusez le mot
sur le derrière et ne peut se relever. Qu'est-ce qui se passe
à ce moment-là? Pourquoi n'y aurait-il pas un fonds
d'indemnisation prévu ou une chose comme cela? Parce que souvent,
lorsque cela a été mis en cause, cela a été mis en
cause, non pas parce que l'office était mal intentionné, mais ce
sont des gens qui ont fait des rapports qui ont occasionné cette
poursuite, qui étaient de mauvaise foi.
Mme Payette: M. le député, je pense bien qu'on peut
tenir pour acquis que l'office n entreprend pas de poursuites de cet
ordre-là simplement sur un reproche qui vient d'un citoyen. Avant de
s'engager dans la poursuite dont il est question, j'imagine que l'office aurait
consulté son contentieux et peut-être même des personnes de
l'extérieur. Une poursuite n'est jamais inscrite pour un motif futile.
Alors, je vais laisser M. Meunier, qui, lui, est avocat, vous dire...
M. Goulet: Si la compagnie gagne sa cause en Cour d'appel, cela
veut dire qu'elle avait raison. Alors, à un moment donné il y a
une sélection qui a été mal faite.
Mme Payette: Je pense que c est un peu simple comme
réponse, même si on n est pas avocat ni l'un ni l'autre. Je ne
pense pas que, parce qu on gagne un procès, il n'y avait rien là.
Enfin, la justice est ainsi faite.
M. Goulet: Ah bon!
Mme Payette: Si vous voulez d autres cas, je pense qu'on peut en
trouver où il y a eu des gens qui ont gagné des procès et
on pourra toujours se poser des questions.
M. Goulet: Pour prévoir cela, à un moment
donné, il n'y aurait pas lieu d'avoir un fonds d indemnisation? C'est la
question. C'est pour résumer ma question. (17 heures/
Mme Payette: C est-à-dire que je pense bien que si une
compagnie, quelle qu'elle soit, gagnait
son procès au bout du compte, on pouvait faire la
démonstration qu'il y a eu une injustice, elle pourrait intenter,
à son tour, une poursuite contre l'office ou n'importe qui d'autre, qui
aurait fait en sorte qu'elle disparaisse. Même sans être avocat, il
me semble qu'on garde cette possibilité de recours.
M. Goulet: M. le Président, c'est ce que je disais
à Mme le ministre. Le gouvernement peut le faire, une compagnie
très riche, mais une fois que la compagnie a fait faillite, elle dit:
J'avais mes droits et il n'y a plus rien à faire avec cela. Elle n'a
même plus un cent pour défrayer les frais d'un avocat, inscrire sa
cause et actionner le gouvernement. Elle est en faillite, c'est fermé et
tout le monde a perdu son job.
Mme Payette: Ce que vous dites, cela ressemble peut-être
à du harcèlement. Cela ressemble peut-être à des
abus de procédure. Il y a des moyens légaux pour se
prémunir contre ce genre d'attitude. Vous mentionnez le nom d'une
compagnie comme cela. J'aimerais bien, si vous ne voulez pas en parler ici,
libre à vous.
M. Goulet: Je n'ai aucune objection, M. le Président;
j'étais au courant, j'avais suivi un dossier, il ne faudrait pas se
tromper, c'était le cas du Foyer de la future ménagère,
non pas du Cercle d'économie de la future ménagère, il
s'agit du Foyer, où à peu près 300 vendeurs ont perdu leur
emploi; toute la famille qui détenait des actions a tout perdu. Ils ont
gagné leur procès en Cour d'appel, j'ai même fait venir une
copie du jugement de janvier où les trois juges ont été
unanimes pour dire qu'il y avait eu... Ecoutez, tout était correct, les
contrats avaient été acceptés par le gouvernement. C'est
un cas précis, mais ça peut se répéter, c'est du
travail pour 200 ou 300 personnes.
L'office avait accepté les contrats, ensuite, ce même
office a mis en cause les contrats de cette compagnie qui avaient
été acceptés par le contentieux de l'office. Maintenant
tout est fermé, cela fait quatre ans de cela; ils gagnent leur
procès, mais ils n'ont plus un cent, vous comprenez ce que je veux
dire.
Mme Payette: Je comprends ce que vous voulez dire, mais ce qu'on
me dit, parce que vous parlez d'un dossier qui date de quelques
années...
M. Goulet: 1974. Cela a été réglé au
mois de janvier 1978, je vais vous donner la date... Je m'excuse, M. le
Président, il s'agit de chercher la date, le 19 janvier 1978, Cour
d'appel, district de Montréal.
Mme Payette: Je pense que la compagnie a fermé ses portes
davantage à cause d'une requête en faillite qu'à cause de
ces procédures comme telles. Je pense également, M. le
député de Bellechasse, vous le savez aussi, que ça fait
partie de l'ensemble du dossier qui a eu, à une certaine
époque... Et dont la compagnie a peut-être subi les
répercussions, il s'agit du fameux dossier dont on a parlé
beaucoup à l'époque, celui du Cercle d'économie de la
future ménagère.
M. Goulet: Vous avez fait passer tout le monde pour des bandits
et aujourd'hui cette compagnie gagne sa cause. C'est ça que je veux
dire. Parce qu'un directeur de l'office, je m'excuse M. le Président, je
m'adresse au directeur... Votre prédécesseur en avait, cela,
c'est prouvable, contre des gens à l'intérieur du bureau de
direction et il a dit: J'aurai votre tête. Il a eu leur tête, mais
aujourd'hui, ceux-ci ont gagné leur cause, ils sont complètement
sur le derrière. Cela c'est un cas.
Mme Payette: Ecoutez, je peux vous dire qu'il y a eu beaucoup de
discussions autour du cas du Cercle d'économie de la future
ménagère et ça, vous le savez, c'est un cas assez
pénible. Je pense que dans l'industrie des vendeurs itinérants,
il n'y a personne qui soit particulièrement fier de ce cas. Cela ne
touche que cette compagnie, c'est évident, mais il y a eu 17 000
personnes qui ont été touchées par ça. Alors,
évidemment c'est regrettable qu'il y ait eu des répercussions
pour d'autres compagnies qui pouvaient porter des noms semblables, mais ce sont
des choses qui, comme vous le constatez, peuvent se produire.
Ce qu'on peut dire cependant, c'est qu'à la suite de ces
problèmes avec le Cercle d'économie de la future
ménagère, les discussions que l'office a entreprises ont
été beaucoup plus de rencontrer certains types de vendeurs
itinérants et de discuter avec eux des problèmes plutôt que
d'intenter un nombre considérable de poursuites.
Je pense que les poursuites sont intentées quand les discussions
achoppent. Vous regardez le nombre de poursuites qui ont été
intentées durant l'année par rapport au nombre de plaintes et de
demandes de renseignements, il y a eu 345 poursuites par rapport à
environ 100 000 plaintes.
M. Goulet: M. le Président... excusez, sur le même
dossier?
M. Lalonde: Oui. M. Goulet: D'accord.
M. Lalonde: Une question que je voudrais poser, parce que
l'accusation que le député de Bellechasse a fait dans ses propos
à l'égard d'un ancien détenteur du poste que vous avez, je
pense qu'elle est grave. J'aimerais que vous nous disiez si c'est bien
fondé, d'après vous, c'est-à-dire que ce soit une
vengeance personnelle. A moins que le député de Bellechasse
veuille étayer son accusation... Cela a été fait
publiquement ici.
M. Goulet: Je veux bien, M. le Président. C'est tout
simplement qu'à un moment donné une personne qui détenait
le poste de directeur de l'Office de la protection du consommateur avait dit:
II faut absolument fermer cette compagnie. En fermant une compagnie, on a
fermé le Cercle d'économie de la future
ménagère.
Je ne veux rien défendre ici, je prends un cas type pour donner
un exemple. On a fermé cette compagnie, et aujourd'hui, quatre ans
après, il n'y a personne qui peut se défendre. Il y en a
même qui sont décédés.
C'est là que je voulais en venir avec ma question. S'il y avait
un fonds d'indemnisation je ne veux pas passer l'après-midi
là-dessus il me semble que cela pourrait...
M. Lalonde: Je ne veux pas interrompre le député de
Bellechasse, mais j'ai posé une question au directeur.
Mme Payette: Ce qu'on est obligé de dire, si le
député de Marguerite-Bourgeoys me le permet, cependant, c'est
qu'aucune des personnes qui sont ici ne connaissent personnellement la personne
mise en accusation par le député de Bellechasse.
M. Lalonde: II n'y a pas eu beaucoup de personnes qui ont
détenu le poste de directeur de l'office avant M. Meunier.
Mme Payette: Nous ne sommes pas au courant de cette
accusation.
M. Lalonde: Alors, vous n'avez pas rien pour étayer cette
accusation à l'office, selon laquelle ce serait une vengeance
personnelle.
Mme Payette: Pas du tout.
M. Goulet: M. le Président, je ne me souviens pas d'avoir
dit vengeance personnelle...
M. Lalonde: ... votre tète...
M. Goulet: ... j'ai dit que la personne aurait dit: II faut
fermer cette compagnie. C'est un exemple. Je ferme la parenthèse. Je
voulais en venir au fonds d'indemnisation.
Cela s'est produit une fois dans le cas d'une compagnie qui pouvait
engager 200 ou 300 vendeurs. Si, à un moment donné, cela se
reproduisait, est-ce qu'il y a quelque chose de prévu, un fonds
d'indemnisation ou quelque chose comme cela? Je voudrais avoir une
réponse, oui ou non. Le procès de la personne en question, si
quelqu'un veut le faire, il me fera plaisir de...
Mme Payette: M. le Président, au sujet d'un fonds
d'indemnisation, c'est évidemment la première fois qu'on entend
cette proposition. Une première réaction spontanée serait
de dire qu'on envisagerait beaucoup plus facilement et volontiers un fonds
d'indemnisation pour les consommateurs, dans certains cas Je pense aux
17 000 personnes qui ont perdu de l'argent dans des circonstances parfois
difficiles plutôt qu'un fonds d'indemnisation dont on parle
maintenant. Ce n'est pas non plus à rejeter de façon
définitive, mais je pense que le fonds d'indemnisation, pour les
consommateurs, dans nos préoccupations, passerait avant.
M. Lalonde: Si vous le permettez, M. le Président. Je
pense que les accusations du député de Bellechasse ont
été un peu adoucies dans la deuxième partie de ses
propos.
M. Goulet: Non.
M. Lalonde: Que quelqu'un en fonction, dans sa sagesse
professionnelle, ait décidé que telle compagnie agissait
illégalement, c'est fort possible. De là à dire que c'est
une vengeance personnelle... ses premiers propos m'avaient laissé penser
que, lorsqu'on veut avoir la tête de quelqu'un, c'est une vengeance
personnelle.
Il reste que les fonctionnaires qui agissent au-delà de leurs
compétences assujettissent le gouvernement à des poursuites en
dommages. Le fonds d'indemnisation, à ce moment-là, est assez
large. Le fonds d indemnisation, c est tout le fonds consolidé de la
province.
Le Président (M. Blank): Est-ce que
I'élément 1 du programme 1 est adopté?
M. Saint-Germain: Adopté, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, j avais une question à
poser, simplement pour qu'on nous donne des explications, avant de l'adopter,
celui-là. On voit des différences entre 1977/78 et 1978/79 au
niveau de la super-catégorie. Dans les traitements, par exemple, il y a
une augmentation, de $2 229 000 à $2,5 millions, à la page 10-2.
L'augmentation des traitements est-elle due à... parce qu'on voit les
employés permanents diminuer de 166 à 160 et les employés
à temps partiel diminuer de 16 à 13. Cette augmentation de
traitement est-elle seulement due à la convention collective?
Mme Payette: La distinction qu'il y a est que, l'année
précédente, les postes étaient accordés, mais il y
avait un certain nombre de postes qui n'étaient pas comblés,
alors que les sommes que vous avez pour 1978/79 prévoient le nombre de
postes comblés. Evidemment, cela influe sur la masse salariale.
M. Lalonde: On avait $2 229 000 pour 166 postes. Là, on a
$2,5 millions pour 160 postes. Il me semble qu'au niveau du budget, que le
poste soit comblé ou non, on n'en tient pas compte. Lorsqu'on donne une
enveloppe de postes, on présume de la vitesse de croisière pour
remplir les postes qui seront éventuellement remplis... On avait
prévu $2 229 000 pour 166 postes. Là, on a $2,5 millions pour un
moins grand nombre de postes. C'est fort possible que ce soit les effets de la
convention collective. Je voudrais savoir si c'est cela.
M. Laberge: Je pense que cela comprend les deux
éléments.
M. Lalonde: Le député de...
M. Laberge: Jeanne-Mance.
M. Lalonde: ... Jeanne-Mance justement mentionne que si on prend
seulement l'élément 1, c'est différent. A ce
moment-là, on passe, en 1977/78, à $1 836 000 pour 143 postes
à $2 135 000 pour 138 postes. On a une diminution de 143 à 138
dans les postes d'employés permanents et même une diminution de 13
à 11 pour les employés à temps partiel, alors qu'on
augmente de $1 836 000 à $2 135 000, si on veut prendre seulement
l'élément 1.
Mme Payette: Si vous me permettez, je pense bien que je vais
essayer de dire à nouveau plus clairement ce que j'ai dit
précédemment. L'an passé, il y avait un certain nombre de
nouveaux postes, entre 30 et 40; 35, je pense. Ces postes, comme ils
n'étaient pas tous comblés, ont été
budgétés à 60% de la masse salariale.
M. Lalonde: Ah! Cela va.
Mme Payette: Ils sont devenus d'anciens postes et ils sont
budgétés à 100% ou à peu près.
M. Lalonde: D'accord. Cela va.
Maintenant, je vois une diminution au niveau des communications. On sait
jusqu'à quel point ce poste avait été augmenté
lorsque l'office de la protection a établi ses traditions et a pu
préparer ses programmes de communications à la population. On a
vu une augmentation assez sensationnelle à ce niveau, mais tout à
coup, alors que, justement, vous avez fait vos preuves, vous diminuez de $2 683
000 à $2 287 000. Est-ce qu'il y a une raison à cela?
Mme Payette: La raison, c'est que les revenus de la taxe de 2%
avaient été établis à un certain niveau. Je pense
qu'ils ont été inférieurs de $240 000, ou à peu
près, à ce qui avait été prévu.
M. Lalonde: Ma question est logique après. Est-ce qu'en
fait les $2 683 000 de 1977/78 ont réellement été
employés?
Mme Payette: Les $2 683 000 n'ont pas été
employés en entier. Vous avez vu d'ailleurs dans le texte...
M. Lalonde: II y a des crédits périmés?
Mme Payette: II y a des crédits périmés, au
montant de $400 000.
M. Lalonde: Ah bon! Vous avez donc à peu près comme
budget pour l'année qui s'en vient, pour l'année courante, pour
les communications, un montant à peu près équivalent
à l'an dernier.
Mme Payette: C'est cela.
M. Lalonde: Avez-vous l'intention de tout l'employer cette
année?
Mme Payette: Assurément.
M. Lalonde: II y a une diminution de $185 000 à $88 000
pour les services. C'est possible que ce soit un changement dans la
façon de faire (17 h 15)
Mme Payette: C'est à cause de l'accroissement
nécessaire au niveau des traitements. Il a fallu qu'il y ait un virement
qui soit fait d'un poste à l'autre pour combler les demandes plus
grandes au niveau des traitements.
M. Lalonde: J'avoue très humblement que je ne comprends
pas.
Mme Payette: C'est-à-dire qu'on fonctionne au niveau des
super-catégories.
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: On doit, à certains moments, déplacer
certaines sommes d'une catégorie à une autre...
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: ... de façon à équilibrer, en
particulier, les salaires qui sont assez lourds à l'office.
M. Lalonde: Je comprends cela au niveau de l'opération
quotidienne. Vous avez le pouvoir de le faire, de toute façon. Au niveau
du budget, il avait été budgété $185 000 au niveau
des services avant que vous ne commenciez à faire les virements.
Là, vous budgétez $88 000 au niveau des services avant que les
virements ne soient... Parce que les virements, c'est au niveau des
opérations quotidiennes, entre deux dates...
Mme Payette: Dans l'opération budgétaire cette
année, on nous a donné des masses qu'on est obligé de
rééquilibrer différemment de l'année
dernière, parce qu'on nous a limité à certaines
augmentations. Alors, il a fallu, même avant le début de
l'année, dans la préparation du budget, redistribuer nos sommes
par supercatégories. On a fait tout de suite ce qu'habituellement on
fait en cours d'année, parce qu'il a fallu équilibrer notre
budget.
M. Lalonde: Est-ce que vous voulez dire qu'au niveau des services
vous n'avez pas réellement employé $185 000 l'an dernier?
Mme Payette: C'est un fait que, l'année dernière,
on n'a pas dépensé toute cette somme.
M. Lalonde: On n'est pas ici à une période de
devinettes. Est-ce que c'est à peu près $88 000 que vous avez
dépensés l'an dernier?
Mme Payette: Là, je ne pourrais pas vous
répondre... Est-ce qu'on peut le trouver.
M. Lalonde: On peut faire cela à la blague,
mais, M. le Président, c'est extrêmement important, on nous
donne des chiffres de budget et on sait que, à l'intérieur de
cela et surtout depuis la nouvelle politique administrative du gouvernement, il
y a quelques années, les ministères ont plus d'autonomie quant
aux virements, à l'intérieur des supercatégories, mais
quand on arrive au budget, on nous donne des chiffres et ce sont les seuls
qu'on ait.
Mme Payette: Si vous me le permettez, juste pour vous donner des
réponses plus précises. L'an dernier, au niveau du poste des
services, il y a eu une somme de $70 000 qui a été
dépensée pour une enquête sur le terrain, une enquête
à laquelle on a fait allusion plus tôt, sur les besoins des
consommateurs, et une somme de $30 000 pour la composition de la revue
Protégez-vous. Cette enquête de l'an passé ne se
répète pas cette année, c'est une enquête sur les
besoins des consommateurs, une enquête sociologique.
M. Lalonde: Alors, qu'avez-vous l'intention de faire avec $88 000
cette année pour les services?
Mme Payette: II y aura des services au niveau de la composition
du bulletin. Enfin, ce sont des services accessoires à la revue
Protégez-vous qui se développe, comme vous le savez,
considérablement.
M. Lalonde: Je vous remercie, ça va.
Le Président (M. Blank): Element 1, adopté. Element
2.
M. Lalonde: A l'élément 2...
M. Saint-Germain: A l'élément 2, M. le
Président...
Contrôle et surveillance du courtage
immobilier
Le Président (M. Blank): Contrôle et surveillance du
courtage immobilier.
M. Saint-Germain: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
M. Laionde: A moins que le ministre ait une déclaration
à faire?
Mme Payette: C'est sur le courtage immobilier, M. le
Président?
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Lalonde: Merci... que Dieu vous protège et
protégez-nous.
Mme Payette: Je pense avoir annoncé un certain nombre de
choses ce matin; il ne me paraît pas nécessiare, M. le
Président, de dire davantage maintenant.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je lis, dans le rapport
annuel qu'on a bien voulu nous remettre, le rapport 1976/77 du
ministère, au haut de la page 68: Amendement à la Loi du courtage
immobilier. A l'occasion du congrès annuel de l'Association de
l'immeuble du Québec tenu à Québec en mars 1977, le
ministre des Consommateures, Coopératives et Institutions
financières a fait part de son intention de présenter à
l'Assemblée nationale certaines modifications à la Loi du
courtage immobilier, de façon à ajuster aux
réalités nouvelles et à mieux contrôler et
prévenir les cas où le public se trouve en difficulté,
à l'occasion de transactions immobilières". Nous sommes en
mars.
L'année dernière, à cette même commission, en
avril, je lis au journal des Débats, page B-975, une déclaration
de madame, inscrite au nom de Mme Payette: "J'ai pris l'engagement,
auprès des agents d'immeubles que ce projet d'amendement serait
déposé à la session d'automne. Je peux vous dire que,
entre-temps, devant l'inaction du ministère précédent, les
courtiers en immeubles avaient fait la demande auprès de l'Office des
professions du Québec d'une reconnaissance de leur profession qui leur a
été refusée. Devant cette situation et je lis
toujours les déclarations de madame qui semble sans issue, je
pense qu'il serait inconcevable pour le ministre de remettre au-delà de
la prochaine session d'automne un amendement qui s'impose à la Loi du
courtage immobilier ".
Nous sommes au mois d'avril 1978 et il me semble, en se servant toujours
des mêmes termes, que c'est absolument inconcevable qu après une
déclaration si précise...
M. Lalonde: ... j'ai compris.
M. Saint-Germain: ... si lucide, si claire, à cette
même commission, on en soit encore à projeter le
dépôt de cette loi. Et j'imagine bien qu'il y a des raisons
extrêmement sérieuses pour une personne qui occupe une fonction
aussi distinguée, aussi importante, qu'un ministre peut occuper une
fonction. Elle doit avoir des raisons tout à fait sérieuses pour
ne pas donner suite à une telle promesse.
Mme Payette: Je n'ose pas dire au député de
Jacques-Cartier que, s'il ne m'avait pas fait perdre autant de temps sur
l'assurance automobile, peut-être que j'aurais pu, effectivement,
accélérer les travaux...
M. Lalonde: Ce n'est pas honnête. Ce n'est pas
honnête.
Mme Payette: ... sur ce projet. Non. C est vrai que c est un coup
bas, si bien que je ne le dirai pas, M. le Président.
M. Lalonde: On va vous répondre là-dessus.
Mme Payette: Mais j'ai eu l'occasion de rencontrer
récemment, de nouveau, les agents d'immeubles en congrès et de
leur répéter sensiblement la même chose que ce que je leur
avais dit l'année dernière, mais, cette fois-ci, avec plus
d'éléments d'information puisque nous avions quand même eu
la possibilité, effectivement, de les consulter au cours des mois que
nous avons vécus ensemble, M. le député de
Jacques-Cartier, et de leur donner l'assurance que nous étions en mesure
d'agir dans le domaine du courtage immobilier.
C'est vrai que c'était déjà dans nos intentions
l'année dernière de proposer à l'Assemblée
nationale certains amendements à la Loi du courtage immobilier afin
qu'elle puisse répondre efficacement aux besoins nouveaux de notre
société.
Nous avons consulté les intéressés. J'ai
reçu, au début du mois de septembre dernier, un mémoire de
l'association qui me recommandait certains amendements bien précis et je
pense que cela n'aura pas été du temps perdu, M. le
député de Jacques-Cartier, ni pour l'assurance automobile, ni
pour le courtage immobilier, puisque avec ce mémoire qui m'a
été remis de la part des courtiers, c'est-à-dire des
spécialistes dans leur domaine, nous avons été mieux en
mesure d'évaluer les amendements que nous devions apporter à
cette loi du courtage, à partir également de l'expérience
de nos propres services. Ce mémoire nous a intéressés et
nous avons d'autres rencontres qui sont prévues afin de poursuivre le
dialogue.
Je pense que je peux, à ce moment-ci, prendre l'engagement qu'un
projet d'amendement à la Loi du courtage immobilier sera
déposé dans les mois qui viennent et il me reste à
souhaiter la collaboration du député de Jacques-Cartier pour que
le processus de législation puisse se faire rapidement.
M. Saint-Germain: Je n'avais pas demandé...
Mme Payette: J'ai un faible pour le député de
Jacques-Cartier, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Saint-Germain: ... au ministre de refaire une promesse,
après avoir lu celle de l'année dernière...
M. Lalonde: ... pas souvent...
M. Saint-Germain: ... et c'est dommage qu'on se soit servi de mon
sens des responsabilités et de mon esprit de travail comme preuve ou
comme raison pour ne pas déposer cette loi.
Pour parler plus sérieusement, est-ce que madame pourrait nous
dire je ne veux pas nécessairement qu'elle nous dise quelle loi
sera déposée nécessairement mais au moins quels
sont les éléments dans la loi actuelle qui nécessitent
d'être modifiés le plus tôt possible? Je suppose qu'il y a
cette question de spéculation de la part des courtiers.
Mme Payette: M. le Président, je pense que les amendements
qui s'avèrent nécessaires portent sur les actes de courtage qui
sont réservés aux détenteurs d'un permis et cela me
paraît même être la base de cette législation. Il
serait nécessaire de préciser la qualité des personnes qui
auront le droit d'effectuer des actes de courtage en détenant un permis
d'agent immobilier. Non seulement nous avons l'intention de valoriser la
profession de courtier en immeubles en identifiant ces gens comme des agents
immobiliers au lieu de vendeurs en immeubles, mais nous pensons insérer
dans la législation aussi des mesures d'ordre pénal qui
dissuaderont les clandestins d'oeuvrer dans ce secteur.
Nous voulons aussi faciliter l'accès aux détenteurs de
permis émis par la Régie des entreprises de construction pour
qu'ils puissent s'inscrire conformément à la Loi du courtage
immobilier afin que les vendeurs à leur emploi, qui, somme toute,
assument sensiblement les mêmes fonctions que les fonctions des courtiers
en immeubles, se qualifient auprès du service de courtage
immobilier.
Nous avons également l'intention d'apporter un amendement qui
permettra un meilleur contrôle des documents contractuels. Je pense qu'il
faut connaître l'importance des implications juridiques que constitue le
contenu même de divers documents d ordre contractuel qui sont
proposés au client. Sans entrer dans un formalisme pur et sans imposer
des formulaires standard sur tous les types de contrats, comme les contrats de
services professionnels, les mandats et promesses d'achat, nous pensons qu'il
est essentiel d'établir certaines règles de base quant au contenu
de ces formulaires, à leur transmission, et à leur conservation.
Evidemment, nous visons encore une fois la protection financière du
public. Il faut que l'association soit soumise au ministère et il faut
qu'elle nous fasse certaines critiques quant au régime de cautionnement
qui est en vigueur. Il y a une étude qui se poursuit présentement
au sein du ministère quant à la possibilité
d'établir un fonds d'indemnisation cette fois-ci cela devrait
réjouir le député de Bellechasse à l'instar
de la majorité des Etats américains. Les propositions qui me
seront soumises seront évaluées quant à leur
capacité de bien protéger le public tant par rapport aux
implications financières de la responsabilité civile des agents
immobiliers que par rapport à la protection des dépôts en
fidéicommis qui sont joints aux promesses d'achat.
Le droit d'appel également, M. le Président, nous
préoccupe dans ces amendements, et considérant que le fait de
détenir un permis confère des droits aux individus, il
s'avère nécessaire d'accorder aux administrés un droit
d'appel des décisions prises par l'autorité chargée de
l'administration de la Loi du courtage immobilier. Ce droit d'appel, dans le
cadre du droit administratif est un droit essentiel qu'il faut
reconnaître. C'est pour l'instant, M. le Président, l'essentiel
des amendements prévus à moins que d'autres soient portés
à notre attention par les concernés.
M. Saint-Germain: Je remercie madame de ses explications. Il en
reste tout de même qu'on a identifié une faiblesse très
précise dans la loi actuelle. C'est que certains vendeurs se permettent
de faire de la spéculation eux-mêmes au lieu de vendre certaines
propriétés au nom d'un tiers, de la vendre à leur
clientèle. Cela semble avoir crée des préjudices assez
graves à la population. Voila.
Puisqu'on a à préciser une faiblesse, au lieu d'attendre
de pouvoir changer ou modifier la loi d'une façon globale ou très
importante, est-ce qu'on n'aurait pas pu, l'année dernière ou au
début de cette année au moins, déposer un amendement
à la loi existante de manière à défendre d'une
façon claire à ceux qui ont à vendre de la
propriété... une loi tellement claire qu'elle ne pourrait pas
leur permettre se spéculer sans avoir à faire face à des
accusations précises.
Pourquoi faut-il toujours attendre qu'on change la loi sous tous ses
aspects, surtout lorsqu'on a découvert un point précis et qu'on a
fait de telles promesses?
Mme Payette: En ce qui concerne les conflits
d'intérêt qui peuvent surgir, M. le Président, nous avons,
bien sûr, attiré l'attention de l'association sur cette question.
L'association en était déjà consciente. Il s'agit
là d'une question d'éthique professionnelle et avec l'aide du
ministère, puisque nous avons l'intention de jouer notre rôle,
l'association nous assure être en mesure de s'au-toréglementer sur
la question. (17 h 30)
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on croit qu'on a mis fin à ces
spéculations au niveau de l'association? Est-ce que le ministère
a constaté que...
Mme Payette: Ce que nous constatons, pour l'instant, M. le
député de Jacques-Cartier, c'est une volonté de la part de
l'association de faire en sorte d'éliminer ces conflits
d'intérêt.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'en fait, on les a
éliminés?
Mme Payette: Je pense que je ne peux pas vous affirmer
aujourd'hui qu'on les a éliminés. Ce serait trop beau pour
être vrai mais nous avons bon espoir, avec la collaboration de
l'association, d'y arriver dans les mois qui viennent.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous pouvez affirmer que le nombre
d'agents qui se rendent coupables d'un tel conflit d'intérêt a
diminué de beaucoup?
Mme Payette: M. le Président, M. Guy Che-nette est
l'adjoint au surintendant du courtage immobilier et je vais l'inviter à
répondre à cette question.
Ma réponse est très brève, je pense qu'il n'y a pas
eu d'augmentation, mais il n'y a pas eu de diminution. C'est un problème
que nous constatons et qui s'est répété durant
l'année.
M. Saint-Germain: On voit, M. le Président, que Mme le
ministre avait bien raison de faire ses promesses au printemps 1977, mais
qu'elle a eu moins raison de ne pas nous apporter pour étude une loi qui
aurait mis fin à cette spéculation. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Deux courtes questions, M. le Président. Ce
matin, lors des remarques préliminaires, le ministre a fait allusion aux
profits des personnes qui s occupent de courtage immobilier. Sauf erreur, ce
sont $115 millions ou $117 millions sur un chiffre d'affaires de $2 milliards,
ce qui représente 5%, plus peut-être 5,1% ou 5,2% de profit brut.
Le profit net, je ne le connais pas. Ce sont les chiffres que nous avons.
M. le Président, j'aimerais savoir si Mme le ministre trouve que
c'est beaucoup trop, de la manière qu elle le dit. Quel serait, selon
elle, le profit net qu'on devrait prendre, ou la marge de profit qu'on devrait
prendre sur le courtage immobilier? De la manière dont vous avez
apporté cela, vous avez dit $115 millions sur $2 milliards, en voulant
dire, c'est beaucoup, ce qui représente 5% de profit brut pour un
service. Je ne peux pas dire si c est assez ou non.
Mme Payette: M. le Président, je comprends parfaitement le
député de Bellechasse de ne pas vouloir dire si c'est trop peu ou
trop. De mon côté, je ne faisais qu'annoncer des faits
également. C'était simplement pour signaler l'importance du
secteur du courtage immobilier, des transactions qui se font chaque
année dans ce domaine. Mais je n'ai pas à porter de jugement sur
le pourcentage de profit qu'on peut y faire.
M. Goulet: Dans vos remarques préliminaires, il
n'était pas question que les 5% représentent trop ou peu. Mais
vous avez dit 5% tout simplement; il n'était pas question que cela
veuille dire trop.
Mme Payette: Absolument pas, c était simplement une
constatation de fait.
M. Goulet: D'accord, cela répond à ma question, M.
le Président.
Est-ce qu'on serait capable de savoir combien de suspensions ou de
révocations de permis de courtiers et de vendeurs ont eu lieu au cours
de l'année qui se termine, celle de 1977/78? On peut aussi aller dans
l'année 1976/77, si vous avez les chiffres.
Mme Payette: Pour 1977/78, vous avez ces chiffres dans le cahier
que nous vous avons remis.
M. Goulet: Oui, je veux vous le faire dire.
Mme Payette: II y a eu 24 suspensions de permis, soit 15 permis
de courtiers et 9 permis de vendeurs au cours de cette année.
M. Goulet: Est-ce que c'était suite à des frau-
des ou est-ce que c'était suite à des abus, ou est-ce que
c'était suite à un manque de connaissances dans le domaine, qu'on
a remis en question les permis? Ou est-ce que c'était suite à des
plaintes ou des fraudes? Ou est-ce qu'on a fait passer des examens et qu'on
s'est aperçu que l'équivalence académique ou les
connaissances n'étaient pas jugées bonnes pour faire du courtage
immobilier?
Mme Payette: II m'est assez difficile de répondre à
cette question. Il y en a 24. Le surintendant doit juger de la
compétence, de l'intégrité et de la solvabilité du
courtier en immeubles et de ses agents. Je n'ai pas de statistiques. Il y en a
quelques-uns, à ma souvenance, pour lesquels la compétence
était en cause. Je me souviens de quelques cas où on a mis
véritablement en lumière l'intégrité des individus,
mais je ne peux pas vous donner de statistiques, malheureusement, quant au
nombre précis, et en donner les raisons.
M. Goulet: Lorsque, dans son...
Mme Payette: On n'est pas en mesure de vous dire si c'est 4 sur
24 pour incompétence ou...
M. Goulet: D'accord. Dans la majeure partie, est-ce que
c'était pour fraude, je veux dire, abus, par exemple, tel que
mentionné par...
Mme Payette: Oui.
M. Goulet: Sans avoir de chiffres précis, sur 24,
peut-être environ les trois quarts.
Mme Payette: Je vais répondre et tout de suite par l'autre
bout. Il est assez rare que ce soit la solvabilité de l'individu. Il
reste donc deux choses. Vous avez la compétence et
l'intégrité.
Dans certains cas et peut-être plusieurs cas, et la
compétence et l'intégrité sont en cause dans un dossier.
Où finit l'incompétence, où commence
l'intégrité? Dans plusieurs cas, ces deux facteurs sont mis en
cause.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
Lorsque le ministre a parlé devant l'Association des membres d'immeubles
du Québec, elle a parlé d'essayer d'atteindre un réel
professionnalisme. Juste en quelques mots, qu'est-ce que c'est un réel
professionnalisme dans le domaine de l'immeuble? Quand la population peut-elle
s'attendre que les gens qui font du courtage immobilier soient de réels
professionnels?
Mme Payette: Je pense qu'une première réponse
à cela serait, de la part de ceux qui pratiquent cette profession, une
connaissance de la loi qui les régit. On pourrait partir seulement avec
cela et, déjà, nous aurions une certaine satisfaction.
Je pense, M. le Président, devoir dire à ce moment-ci que
j'ai rencontré, auprès de l'association, une volonté de
collaborer pour assainir les propres rangs de l'association. Je crois que, dans
ce sens, c'est plutôt une bonne nouvelle pour les consommateurs.
M. le Président, il existe de plus en plus d'endroits où
on peut donner, dans le domaine de l'immobilier, des cours précis qui
supposent des connaissances qu'on peut circonscrire. C'est un secteur en
développement qui, de plus en plus, est cerné comme étant
un secteur qui demande des connaissances spécifiques. Un certain nombre
d'universités et de CEGEP s'intéressent à la formation
professionnelle. L'association elle-même consacre beaucoup
d'énergie à la formation dans ses diverses chambres locales ou
régionales. De plus en plus on est capable d'établir un certain
nombre de critères qui font qu'un courtier en immeubles a telle et telle
compétence générale ou autre. C'est cela que l'association
cherche principalement à obtenir. Le ministère multiplie ses
appuis à l'association et aux autres maisons d'enseignement. Il y a
même un comité mixte qui a été formé du
ministère, de l'association et de maisons d'enseignement pour arriver
à préciser un curriculum qui permettra une meilleure
compétence professionnelle dans ce secteur.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres questions?
M. Lalonde: M. le Président, on constate que, de 1977
à 1978, le service de courtage immobilier n'a pas reçu du
gouvernement, il me semble, les moyens nécessaires pour préparer
cette réforme que Mme le ministre nous a promise l'an dernier et qu'elle
nous promet encore cette année. J'aimerais quand même rejeter la
suggestion qui a été faite, à savoir que c'est
l'Opposition officielle, à cause de son comportement lors de
l'étude de la Loi sur l'assurance automobile, qui a empêché
le ministère de faire son boulot et Mme le ministre de remplir ses
promesses. On a procédé à une réforme en
profondeur, qui affectera des millions de personnes en quelques mois seulement.
On a eu d'ailleurs une guillotine après quelques dizaines d'heures
d'étude de ce projet de loi. Je pense, toutefois, que le gouvernement
aurait pu avoir un peu plus d'esprit de prévoyance. Lorsqu'on voit, par
exemple... Au niveau des traitements, on part de $363 000, au niveau du budget,
à $365 000. Les employés permanents diminuent de 23 à 22;
les employés à temps partiel diminuent de 3 à 2. On se
demande de quelle façon on va pouvoir mettre en place une réforme
valable dans le courtage immobilier. Je suis un peu déçu, parce
que non seulement les promesses du ministre l'an dernier, mais le discours qui
a été prononcé le 31 mars 1978, il y a moins de deux
semaines, laissent entrevoir des réformes en profondeur qui ne peuvent
être appliquées que si on a préparé le champ...
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Marguerite-Bourgeoys. Il ne s'agit pas de
réforme en profondeur, il s'agit d'amendement à une loi
déjà existante. Je ne pense pas que ce soit par l'augmentation du
budget ou par l'augmentation du personnel qu'on arrivera à assainir ce
secteur, mais beaucoup plus par la collaboration de ceux qui sont
directement
concernés, et cette collaboration nous est acquise pour
l'instant. Pour ma part, je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter
quant au budget impliqué.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai été
interrompu et je vois qu'il est 17 h 40. Je pense que vous avez reçu
instruction d'ajourner. Je continuerai demain.
Le Président (M. Blank): Vous continuerez sur cet
élément?
M. Lalonde: En suspens.
Le Président (M. Blank): On ajourne sine die, en attendant
l'ordre de la Chambre, demain matin.
(Fin de la séance à 17 h 42)