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Question avec débat
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, madame et messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières, par suite d'un avis de la Chambre, va
étudier une question avec débat qui va porter sur l'application
de la loi maintenant adoptée de l'assurance automobile.
Les membres de cette commission, pour la séance, seront: M.
Beauséjour (Iberville), M. Gagnon (Champlain) remplace M. Bisaillon
(Sainte-Marie); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplace M. Goulet (Bellechasse);
M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre
(Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette (Dorion), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Samson (Rouyn-Noranda) et M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gagnon
(Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Marquis (Matapédia) remplace M. Gravel (Limoilou); Mme Leblanc
(Iles-de-la-Madeleine), M. Perron (Duplessis) et M. Raynauld (Outremont).
Conformément aux règlements adoptés sur cette
nouvelle procédure qui est la question avec débat du vendredi
matin, les droits de parole sont de 20 minutes, conformément à
l'article 160.
A ma connaissance, il n'y a pas de motion. D'autre part, il n'y a
également pas de vote et la séance se termine à 13 heures,
à moins que les intervenants n'aient plus rien à dire au
préalable.
Là-dessus et conformément à nos règlements,
je cède la parole à celui qui a été l'initiateur
de...
M. Fontaine: Avant de débuter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Fontaine: ... j'aimerais avoir une directive de votre part.
Conformément aux règlements, on nous dit que chaque
député peut intervenir, prendre la parole aussi souvent qu'il lui
plaît, à condition de ne pas parler plus de 20 minutes, mais cette
restriction ne s'applique pas au député qui a donné l'avis
de la question avec débat, ni au ministre questionné, lesquels
ont un droit de parole privilégié. Pourriez-vous me dire ce
qu'est un droit de parole privilégié?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que l'esprit de ce règlement est conforme à notre
règlement actuel qui veut, par exemple, que, lors des débats de
deuxième lecture, les représentants des partis de l'Opposition et
le ministre, ceux qui parlent au nom de leur parti respectif ont un droit de
parole plus long que la plupart.
M. Lalonde: Vous avez raison pour le ministre seulement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour le
ministre seulement?
M. Lalonde: Je pense que c'est seulement le ministre qui a un
droit de parole illimité dans le cas d'une motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dans le
cas qui nous occupe, pour cette commission, si on lit l'article 162-A, il
s'ensuit que le député de Jacques-Cartier, en l'occurrence,
aujourd'hui, et le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières ont un droit de parole privilégié
en ce sens que la restriction des 20 minutes ne s'applique pas à
eux.
M. Lalonde: Sauf à la présentation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sauf
pour la présentation, en vertu de l'article 162-A, paragraphe a).
M. Fontaine: C'est-à-dire qu'après ils peuvent
intervenir plus de 20 minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier.
Exposé du sujet M. Noël
Saint-Germain
M. Saint-Germain: M. le Président, premièrement,
sur l'entrée en vigueur du nouveau régime d'assurance automobile
du Québec, je pense que l'on peut dire que, jamais dans le passé,
une réforme aussi importante n'aura entraîné autant de
confusion et de mécontentement dans le public que l'implantation d'un
régime d'assurance automobile aussi peu clair que celui avec lequel les
Québécois sont malheureusement appelés à vivre.
En soulevant le problème de l'assurance automobile dans le cadre
de ce débat du vendredi, l'Opposition officielle cherche essentiellement
à amener le gouvernement à être bien conscient des
difficultés d'application de son régime, difficultés que
nous avions déjà signalées au moment de l'adoption de la
loi et qui deviennent aujourd'hui des réalités vécues par
tous les Québécois. Ce n'est pas mon propos ce matin de reprendre
ici tout le débat que nous avons eu au niveau de l'Assemblée
nationale. Je veux simplement dire que l'Opposition officielle était
convaincue de la nécessité d'une réforme de l'assurance
automobile au Québec en vue d'atteindre les objectifs suivants qu'on a
de toute façon souvent mentionnés: Premièrement,
réduire le plus possible le taux de croissance du coût de
l'assurance automobile, deuxièmement assurer à toutes les
victimes d'accidents d'automobiles des indemnités justes et raisonnables
et, troisièmement, permettre une plus rapide indemnisation des
accidentés.
Le gouvernement, on le sait, réunit dans son sein des personnes
de différentes tendances idéologiques. Les tensions, voire les
affrontements qui en résultent aboutissent presque toujours, au niveau
de la décision, à des compromis boiteux du genre de ce
régime bicéphale d'assurance automobile où personne
n'arrive vraiment à savoir en quoi il consiste au juste.
La question avec débat que nous soulevons aujourd'hui est celle
de l'appel pressant que nous voulons faire au gouvernement, maintenant qu'il a
fait son lit, pour prendre toutes les mesures nécessaires en vue de
minimiser sans délai la confusion qui entoure l'entrée en vigueur
du régime d'assurance automobile et les conséquences injustes qui
sont inscrites dans la nature même de ce régime.
Immédiatement après l'adoption de la Loi sur l'assurance
automobile, dans un cahier de presse, Mme le ministre disait: "Nous mettons
notre régime à l'oeuvre et à l'épreuve. Nous ferons
tous les ajustements de parcours nécessaires; s'il le faut, nous
rajusterons notre tir. La loi 67, notre nouvelle loi, n'est pas coulée
dans le bronze, il faut le savoir, il faut le dire."
En ayant la conviction de se faire les porte-parole de la grande
majorité des Québécois, l'Opposition officielle dit
aujourd'hui au ministre que la mise en oeuvre du nouveau régime
d'assurance automobile ne résiste pas à l'épreuve et qu'il
nous faut dès à présent penser à faire des
ajustements d'importance. Il vous faut rajuster votre tir; tout le monde le
sait déjà et aujourd'hui, nous croyons de notre devoir de vous le
dire.
En étatisant une partie importante du domaine de l'assurance
automobile, les Québécois sont aujourd'hui aux prises avec un
système à deux têtes: un monopole d'Etat pour les blessures
corporelles et un régime privé pour les dommages
matériels, soit deux systèmes de perception de primes; l'un par
le gouvernement et l'autre par les courtiers; deux systèmes
d'indemnisation aux victimes, l'Etat pour les blessures corporelles et
l'entreprise privée pour les dommages matériels, sans parler
d'une troisième dimension, celle-là assumée
entièrement par les citoyens pour ce qui est des risques non inclus dans
ces deux régimes.
Dans les circonstances présentes, je pense qu'il est d'une
importance capitale d'exiger du ministre responsable du dossier de l'assurance
automobile qu'il donne clairement, au moment de l'entrée en vigueur du
nouveau régime, le portrait réel de la situation et surtout,
qu'il indique aux Québécois que le gouvernement est pleinement
conscient des difficultés considérables qui accompagnent la mise
en place de ce régime.
Déjà, les indices sont nombreux pour illustrer les
déficiences graves du régime d'assurance automobile. Je n'en veux
pour preuve que la faible proportion de Québécois qui ont,
à ce jour, procédé à l'immatriculation de leur
automobile et qui ont défrayé le coût de la prime du
régime étatique.
Je ne veux pas, ce matin, vider le débat que nous aurons mardi
prochain, à l'Assemblée nationale, quant au pourcentage actuel
des véhicules immatriculés et des sommes perçues par le
minis- tère des Finances. Je veux simplement dire que le pourcentage et
les sommes perçues sont extrêmement faibles, que c'est là
un signe et un indice sérieux de la confusion dans laquelle sont
plongés les automobilistes québécois au sujet du nouveau
régime d'assurance.
M. le Président, la question fondamentale du coût de
l'assurance automobile est loin d'être vidée. Le ministre et
certains hauts fonctionnaires du gouvernement ont tenté à
plusieurs reprises de démontrer que le nouveau régime
entraînerait une diminution des coûts de l'assurance automobile,
mais chaque fois, ils ont été contredits par les gens du milieu
de l'assurance et surtout par l'opinion générale des
Québécois qui ont à payer la note. Nous sommes en droit,
aujourd'hui, d'exiger du ministre qu'il clarifie une fois pour toutes cette
question des coûts du nouveau régime d'assurance automobile, car
c'était sans doute l'objectif premier de la réforme, soit celui
de réduire le taux de croissance des coûts.
Je sais que cette semaine, le président de la Régie de
l'assurance automobile s'est refusé de confirmer ou d'infirmer les
informations du Bureau des assureurs du Canada indiquant que 54% des
automobilistes paieront plus cher. Il me semble que le ministre, lui, ne peut
refuser de rendre compte à la population de ce sujet.
C'est le premier élément de la question avec débat
que l'Opposition officielle soulève aujourd'hui. Est-ce qu'une
majorité de Québécois paieront plus cher ou moins cher
leur assurance automobile? Quelles sont les catégories de
Québécois qui paieront plus cher? Et quelles seront les
catégories de Québécois qui paieront moins cher? Le public
québécois veut le savoir et il a le droit de le savoir. Toute une
série d'interrogations existe, même à cet égard, au
sujet des affirmations faites par le Surintendant des assurances, lors de sa
conférence de presse du 15 février dernier.
En second lieu, puisqu'il s'agit de l'application de la réforme
de l'assurance automobile, l'Opposition officielle exige du ministre qu'il
fasse aujourd'hui le point sur l'impasse présente des
négociations entre les courtiers et le régime de l'assurance
automobile.
C'est extrêmement important puisque cette impasse empêche,
à toutes fins pratiques, les assurés d'utiliser les services de
leurs courtiers, ou de traiter avec la Régie de l'assurance automobile,
alors même que le régime est en vigueur.
Est-il exact, en particulier, Mme le ministre, que la Régie de
l'assurance automobile entend passer par-dessus la Fédération des
courtiers pour négocier et signer des ententes individuelles avec chaque
courtier? En plus, est-ce que le ministère veut nier la
légitimité de la fédération? Est-ce que le ministre
se rend compte de l'embarras dans lequel les assurés seront
placés lorsque, s'adressant à leur courtier, ils devront savoir
si, oui ou non, leur courtier a signé une telle entente
individuelle?
Il faut savoir que les accidentés doivent, depuis le 1er mars,
remplir une formule assez complexe, préparée par la régie,
et qu'ils ont besoin, pour ce faire, des conseils de leur courtier
pour que la régie elle-même puisse tenir sa promesse de
payer les indemnités aux victimes dans un délai de quinze jours
après réception du dossier complet.
Je comprends que le ministre pourra me répondre que les victimes
n'auront qu'à s'adresser aux douze bureaux régionaux de la
régie. Je dis immédiatement au ministre que les citoyens savent
qu'il y a toute la différence du monde entre un service fourni par un
fonctionnaire et celui fourni par un professionnel qui, placé en
situation de concurrence, a intérêt à garder son
client.
Je pourrais d'ailleurs faire la même remarque au sujet de la
réglementation qui vient tout juste d'être rendue publique. Je
demande au ministre ce qui ne va pas entre les courtiers et la Régie de
l'assurance automobile. C'est extrêmement important que le
problème puisse se régler maintenant et sans délai. Le
ministre peut-il prendre, ce matin, l'engagement de faire en sorte que les
courtiers, tel qu'on leur a promis, aient leur place dans le nouveau
régime d'assurance automobile et qu'ils puissent fournir au public les
services dont il a absolument besoin?
Je voudrais également dire un mot sur le problème de la
réglementation concernant l'assurance automobile. Je sais que,
légalement parlant, le gouvernement a pu obvier à la règle
des trente jours d'avis, mais je veux dénoncer la pratique absolument
inacceptable du gouvernement de s'être, pour je ne sais quelle raison,
obstiné à maintenir la date d'entrée en vigueur du nouveau
régime alors même que le gouvernement n'était absolument
pas en mesure de publier les règlements relatifs à la loi dans le
dossier de l'assurance automobile. Ceux-ci revêtent une importance
primordiale autant par leur nombre que par la nature des sujets sur lesquels
ils portent.
Je dis au gouvernement que les représentations fermes qu'a
formulées à ce sujet le Barreau auraient dû être
prises en plus sérieuse considération et que, si tel avait
été le cas, les Québécois n'auraient sans doute pas
été amenés à manifester autant de
mécontentement face à cette nouvelle initiative bureaucratique
que constitue le nouveau régime d'assurance automobile.
J'invite également le ministre à nous donner ce matin le
bilan le plus complet possible de la mise en place et du fonctionnement de la
structure administrative chargée de mettre en vigueur la Loi sur
l'assurance automobile. Combien de personnes travaillent présentement
à la régie? Le ministre est-il en mesure de nous assurer que les
douze bureaux régionaux de la régie sont prêts à
répondre adéquatement aux demandes du public? Quelles sont les
mesures prises pour permettre à la régie de remplir son
rôle au niveau de l'évaluation des réclamations, d'un
système d'informatique et de l'expertise dans la réadaptation
sociale des victimes d'accidents? Je ne veux pas que le ministre se contente de
nous dire que tout va bien; je veux qu'il nous donne des chiffres et des faits
et qu'il nous indique les délais de parachèvement des
mécanismes d'application de la loi. (10 h 25)
Le ministre est-il en mesure de nous dire où sont actuellement
les procédures d'ajustement des régimes privés d'assurance
au nouveau régime public? Le ministre est-il convaincu que les assureurs
privés vont pleinement collaborer à ces ajustements afin que la
transition se fasse normalement et que les assurés ne perdent rien? Le
ministre a-t-il un rapport quelconque à nous fournir sur
l'expérience de l'émission des plaques d'immatriculation par le
réseau des caisses populaires? Y a-t-il une évaluation
préliminaire et quelles en sont les conclusions à ce jour?
Je veux également insister particulièrement sur les
promesses répétées que nous a faites le gouvernement au
sujet des mesures de sécurité routière qui devaient
accompagner la mise en place du nouveau régime d'assurance automobile,
mesures qui, on le sait, risquent d'avoir une influence déterminante sur
la question fondamentale du coût du nouveau régime.
Dans le livre bleu du ministre, on nous a promis des programmes
précis de sécurité routière au niveau de la
formation des conducteurs, de l'enseignement de la conduite automobile et des
tests pratiques d'évaluation des conducteurs en général et
des conducteurs de véhicules spécialisés. Qu'est-ce qu'il
y a de fait à ce sujet?
On nous a promis de nouvelles interventions législatives
réglementaires dans le domaine de la sécurité
routière. Sauf erreur, le message inaugural du premier ministre n'a
même pas mentionné le sujet. Je demande au ministre quels sont ses
projets.
On nous a parlé du programme de publicité en
matière de sécurité routière. Qu'est-ce qui a
été fait? On nous a parlé d'un programme de surveillance
routière et de la réorganisation interne de la
sécurité routière au ministère des Transports.
Encore une fois, qu'y a-t-il de fait?
Je veux enfin terminer, pour le moment, mon intervention en disant
quelques mots sur le programme d'information qui a suivi l'adoption de la Loi
sur l'assurance automobile. Je reconnais que, dans la presse écrite, ce
programme d'information a pu être utile aux citoyens, mais je dis
regretter que le message télévisé axé sur le
thème "la personne avant toute chose " n'ait été qu'un
instrument de propagande qui ne donnait aux citoyens absolument aucun
renseignement utile sur le fonctionnement du régime. Je pense que c'est
notre devoir d'exiger du ministre qu'il nous dise ce matin combien d'argent a
été engagé pour vendre le nouveau régime
d'assurance automobile et de lui demander s'il peut nous fournir quelque
indication que ce soit de l'impact réel du programme d'information
télévisée et de celui de la presse écrite.
En somme, ce que nous demandons au ministre aujourd'hui, c'est qu'il
rende compte aux Québécois de l'état présent et
complet du dossier de l'assurance automobile et qu'il explique par autre chose
que des généralités le mécontentement et la
confusion présente qui entourent toute cette question. Nous le demandons
avec d'autant plus d'insistance qu'il continue toujours de nous
apparaî-
tre que la façon dont la loi 67 a été
adoptée par l'Assemblée nationale ne pouvait mener à autre
chose qu'à la situation que nous connaissons aujourd'hui et que
l'imposition de la clôture par le gouvernement lui fait porter
l'entière responsabilité des problèmes que connaissent
aujourd'hui les automobilistes québécois.
Je préviens le ministre que nous continuerons de notre
côté à suivre de très près l'évolution
de ce dossier et que nous n'hésiterons pas à exiger en temps
utile du gouvernement qu'il change certains principes de base de ce
régime afin que les Québécois puissent
bénéficier d'une protection adéquate dans le domaine de
l'assurance automobile, à un coût raisonnable et selon un
régime d'indemnités qui soit pleinement juste pour tous, en
particulier pour les moins bien nantis de notre société et pour
certaines catégories de conducteurs de véhicules, tels les
camionneurs et les chauffeurs de taxis.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à demander
au ministre, en général.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mme le
ministre.
Réponse du ministre Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, vous savez que quand on
aborde une nouvelle façon de procéder, comme c'est ie cas
à cette commission parlementaire, un ministre "interpellé" peut
se sentir dans une situation difficile, craindre les questions ou les
débats qui seront soulevés. Je dois vous avouer que je viens de
vivre quelques minutes de grand soulagement en me disant que, si c'est
seulement cela que l'Opposition veut savoir, il n'y a aucun problème
puisque nous avons toutes les réponses aux questions qui ont
été posées.
Je remercie même le député de Jacques-Cartier de
nous fournir l'occasion de faire le point, ce que vous admettrez que nous
n'avons pas le temps de faire dans une période de questions à
l'Assemblée nationale, malgré la bonne volonté, d'un
côté comme de l'autre de la Chambre, puisqu'on nous oblige
à des questions courtes ou à des réponses courtes, autant
que possible, si bien qu'on essaie, logiquement, de ramasser en quelques mots
une réponse qui puisse satisfaire tout le monde. Mais je pense qu'une
rencontre comme celle de ce matin va permettre, effectivement, de faire le
bilan après moins de 60 heures, cependant, de mise en vigueur d'un
nouveau régime d'assurance automobile au Québec.
Je me permettrai de m'étonner des propos du député
de Jacques-Cartier qui nous demande de réviser notre tir, 30 heures
après l'entrée en vigueur du régime. Cela me paraît
bien peu pour savoir, effectivement, où peuvent se trouver les
difficultés, où peuvent se trouver les trous dans ce nouveau
système. Je pense qu'il faut donner le temps, à tous et chacun,
de constater les difficultés s'il y en a véritablement.
Peut-être certaines ont-elles déjà été
corrigées, elles doivent être mineures si on pense que, depuis si
peu de temps, il doit quand même y avoir eu peu de réclamations
encore jusqu'à maintenant à la régie.
Je me permettrai également de ne pas être d'accord avec le
député de Jacques-Cartier pour dire qu'il y a actuellement au
Québec autant de confusion et de mécontentement qu'il le dit.
Qu'il y ait une certaine ignorance, j'ai eu à plusieurs reprises
l'occasion d'expliquer pourquoi, me semble-t-il, il y a cette ignorance au
Québec. Nous avons vécu pendant toute notre vie, du moins en ce
qui me concerne, dans un système d'assurance automobile que nous ne
comprenions pas déjà par rapport au système qui existait.
Et je dois faire de nouveau l'aveu que, pour ma part, je n'ai jamais su
véritablement pour quoi j'étais assurée et pour quoi je
payais des assurances automobiles. Je dis: Oui, certainement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, puisque j'ai cette
humilité d'avouer que, comme consommateur d'assurance automobile, j'ai
été un très mauvais consommateur. Je ne savais pas que,
dans ma police d'assurance, il y avait un chapitre A, un chapitre B et un
chapitre C, et je ne pense pas être la seule au Québec à
devoir faire cet aveu. J'ai appris cependant beaucoup de choses depuis et je
pense que la population du Québec, également, en a appris, au fur
et à mesure de nos débats, grâce aux questions fort
pertinentes de l'Opposition à certains moments, qui m'ont permis
d'expliquer un certain nombre de choses. Cette population a appris beaucoup de
choses sur l'assurance automobile, quant au régime dans lequel elle
vivait auparavant et quant au régime nouveau que nous nous proposons de
faire valoir à compter du 1er mars 1978.
Si bien, qu'on trouve actuellement au Québec des gens qui sont
parfaitement en mesure de discuter avec leur courtier ou leur compagnie
d'assurances, de marchander, de demander pourquoi, par exemple, une compagnie
d'assurances refuse presque systématiquement de vendre une assurance de
$50 000 et propose plutôt une assurance de $100 000.
Il y a des gens qui posent des questions au Québec. Quelle
merveille! Il y avait d'ailleurs des siècles qu'on n'avait pas vu cela
dans le domaine de l'assurance automobile, si bien que s'il y a confusion et,
en tous les cas, certainement, en réponse à cette confusion, un
intérêt nouveau pour l'assurance automobile, et les consommateurs
québécois n'ont pas l'intention de prendre les réponses ni
des courtiers, ni des compagnies d'assurances comme des vérités
venant de l'Evangile et qu'ils ont l'intention de continuer à poser des
questions.
Le mécontentement ne me paraît pas non plus évident,
et nous aurons aux questions posées par le député de
Jacques-Cartier des réponses en ce qui a trait au nombre de personnes
qui ont déjà pris possession de leurs plaques d'immatriculation
1978.
Je suis accompagnée ce matin de ceux qui assument, avec un
courage exceptionnel et des qualifications exceptionnelles, les
responsabilités
qui sont les leurs depuis plusieurs mois, depuis l'adoption, en
particulier, du projet de loi 67 qui est devenu la loi 67, et je comprends mal
cette attitude qu'on a dans l'Opposition de toujours dire que, servi par des
fonctionnaires, on est plus mal servi que par l'entreprise privée. 3e
dois vous dire que, pour ma part, si j'ai eu des préjugés
déjà dans ce sens, je dois faire l'aveu que j'ai abandonné
ces préjugés et que j'ai eu à travailler, au contraire,
depuis plusieurs mois avec des fonctionnaires qui n'ont jamais compté ni
leur temps, ni leurs efforts pour nous aider à faire de cette
réforme un véritable succès.
Je suis accompagnée ce matin par M. Robert De Coster, le
président de la Régie de l'assurance automobile du Québec,
par M. Jacques Roy, le Surintendant des assurances, et par Me Ghislain
La-flamme, le directeur du Bureau des véhicules automobiles du
Québec.
Je tiens en tous les cas à dire à ces trois personnes
l'admiration que j'ai pour le travail qu'elles ont fait, pour le défi
qu'elles ont su relever au cours des derniers mois et, quand on dit: Pourquoi
ne pas avoir retardé la mise en vigueur de ce régime? c'est
véritablement parce que ces hauts fonctionnaires nous ont affirmé
qu'ils étaient prêts à commencer le 1er mars 1978, à
minuit, comme nous le leur avons demandé, et qu'ils n'auraient pas
assumé cette responsabilité, si, véritablement, ils
n'avaient pas senti que la machine était en mesure de répondre
aux demandes qui viendraient.
Pour ma part, je vous ai dit déjà à
l'Assemblée nationale que j'avais visité les bureaux de la
régie, le matin même de l'entrée en vigueur du
régime d'assurance automobile, à peu près douze heures
avant son entrée en vigueur, et j'ai eu l'occasion de constater que
déjà la machine tournait parfaitement, à partir de
dossiers qui avaient été montés sur de faux cas
d'accidents, avec de faux noms, mais pour permettre à la machine de
faire une dernière répétition générale et
que, de la personne chargée de l'écran cathodique jusqu'aux
chargés de l'évaluation, jusqu'aux médecins responsables,
chacun m'a répété qu'ils attendaient, sans souhaiter
d'ailleurs que cela soit le plus rapidement possible et on comprendra
pourquoi les premiers clients.
Je pense que l'Opposition est certainement honnête dans sa grande
préoccupation de faire en sorte que le gouvernement soit en mesure, au
fur et à mesure, de rendre compte de ce qui se passe du
côté de l'assurance automobile, que le gouvernement reste en
mesure, au jour le jour, de faire le bilan de ce nouveau système, de
l'évaluer correctement.
Je dois remercier les députés qui, en ce vendredi matin,
ont choisi de nous permettre de les informer, eux d'abord, et d'informer aussi
la population qui a le droit de savoir comment les choses fonctionnent moins de
trois jours, moins de 72 heures après l'entrée en vigueur. On
aura l'occasion de parler, d'ailleurs, des rapports qui sont intervenus entre
la régie, les experts en sinistres, dans un premier temps, avec les
courtiers également. Je me permettrai de saluer les représentants
de l'Association des courtiers, qui sont ici ce matin, avec leur
président, M. Viau, et des représentants de la
Fédération des courtiers qui sont également
présents, que j'ai reconnus dans la salle. On pourrait très
certainement faire le point des discussions et des négociations qu'il y
a eu avec eux, en cours de route, qui pourraient d'ailleurs reprendre dans les
heures qui suivent, si on peut fixer un rendez-vous.
Si bien, M. le Président, que je vais m'arrêter ici pour,
si vous me le permettez, en quelques secondes, faire le bilan personnel de ce
que j'ai eu à vivre à l'intérieur de ce dossier et vous
dire qu'au moment où j'allais pouvoir me permettre bientôt de
dire: Mission accomplie, je suis assez heureuse de la façon dont ce
dossier a évolué, de la possibilité de rencontrer
l'échéancier que nous nous étions fixé, du travail
que l'Opposition a fait en cours de route et qui nous a permis, à un
certain moment, dans certains cas, de rajuster avant que ce projet de loi ne
devienne une loi, ce qui était contenu dans le projet de loi.
J'espère que nous pourrons continuer au fur et à mesure, pour le
mieux-être de la population du Québec, à nous tenir
informés dans ce dossier.
M. le Président, si vous le permettez, puisque je n'ai pas
utilisé mes 20 minutes, je céderai la parole à tour de
rôle au président de la régie, M. De Coster, au
Surintendant des assurances et à M. Laflamme, du Bureau des
véhicules automobiles, pour qu'on amorce déjà, rapidement,
si vous le voulez, qu'on chapeaute les réponses. On pourra ensuite
entrer dans les détails, si d'autres questions plus précises
viennent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, M. De Coster.
Observations générales M. Robert De
Coster
M. De Coster: Merci, madame. Il y a eu plusieurs questions qui
ont été soulevées au cours de l'exposé du
député de Jacques-Cartier. Je tenterai d'en aborder
quelques-unes. Je ne pourrai peut-être pas répondre exactement, ou
dans le sens que les questions sont posées, j'aimerais avoir des
précisions, plus tard, si je ne l'ai pas fait.
Tout d'abord, la première chose que, comme président de la
régie, je dois dire, c'est que l'appareil administratif qui a
été mis en place pour répondre à la réforme
de l'assurance automobile est pleinement opérationnel sous tous ses
aspects. Toute la question d'immatriculation, tarification et émission
des plaques a été effectuée selon les
échéanciers qui ont été prévus et, comme
vous l'avez vu, le 9 janvier, les plaques étaient disponibles tel que
prévu et les demandes de renouvellement d'immatriculation avaient
été mises à la poste avec tous les renseignements
pertinents nécessaires au renouvellement. Il en est de même aussi
pour l'émission des permis de conduire qui va suivre son cheminement
normal. (10 h 40)
En ce qui a trait à l'essence même du programme, la raison
d'être du programme, soit l'indemnisation des victimes de dommages
corporels causés par une automobile, l'appareil administratif est
prêt, depuis une minute le 1er mars 1978, à fonctionner, et tel
que prévu. Le mécanisme est simple, il est, en soi, humain et
nous le voulons efficace et professionnel.
La procédure de demande d'immatriculation, comme je vous le dis,
est simple. Toute victime, où qu'elle soit dans la province, qui subit
un dommage corporel, peut communiquer directement avec la régie en
utilisant un numéro de téléphone, sans frais, et, à
ce moment-là, le processus est déclenché et la
régie prend en main la victime d'accident d'automobile. C'est
évident que cette procédure a été faite pour
simplifier, le mécanisme a été fait pour rassurer et pour
assister la victime, pour bien servir la victime qui a un droit statutaire
à des indemnités et à toutes les indemnisations que la loi
prévoit.
Le mécanisme prévoit donc un simple appel
téléphonique ou une communication avec un des bureaux de la
Commission des accidents du travail. Par ailleurs, les réclamations sont
traitées centralement; la raison pour laquelle ces réclamations
sont traitées centralement, c'est qu'il faut établir d'abord une
jurisprudence et il faut uniformiser les procédures, uniformiser le
traitement aux différentes victimes.
La régie, au moment où elle reçoit l'appel
téléphonique ou la communication de la victime, détermine
quelle sorte d'assistance cette victime doit recevoir et de quelle assistance
cette victime a besoin et la régie a même convenu de
dépêcher, auprès des victimes dans le besoin, des
intermédiaires qui ont été spécialement
entraînés à cette fin pour assister les victimes à
remplir les formulaires et à obtenir les preuves documentaires qui sont
essentielles dans les circonstances. Je parle de preuves documentaires, c'est
le fait accidentel par le rapport de police et l'attestation des gains de
l'employeur, le rapport du médecin, etc.
C'est la manière dont la régie entend fonctionner et,
à cette fin, il y a déjà eu une entente intervenue entre
la régie et l'Association des agents de sinistres. 800 agents de
sinistres ont été entraînés dans des cours de
formation bien spécifiques et ces agents de sinistres, répartis
à travers la province, sont disponibles pour être
dépêchés par la régie lorsque le besoin se fait
sentir.
C'est la procédure telle qu'elle a été
élaborée; tous les systèmes administratifs, les
systèmes informatiques sont mis en place et le personnel requis a aussi
été mis en place dans les différents endroits et en
fonction des différents mécanismes.
C'est la procédure en ce qui a trait à la demande
d'indemnité. On nous amène évidemment...
M. Saint-Germain: M. le Président, je me demande, si nous
voulons que nos travaux soient positifs, s'il n'y aurait pas lieu de poser les
questions qui s'imposent au niveau des déclarations que vous venez de
faire, ou si on doit vous laisser...
Mme Payette: M. le Président, je constate que M. De Coster
a pris des notes pendant l'énoncé du député de
Jacques-Cartier et qu'il tente de répondre à ces questions qui
ont été soulevées. Si les réponses ne sont pas
suffisamment précises, je pense qu'on peut revenir avec une question
plus précise après, mais, pour l'instant, il y a vraiment un
effort pour répondre à chacun des points qui ont
été soulevés.
M. Saint-Germain: Je crois que M. De Coster nous a donné
un tableau général qui paraît simple. Je crois que cette
façon de procéder va certainement créer des
problèmes au point de vue pratique, du moins pour certains
accidentés, même si c'était simplement une question de
géographie ou d'endroit physique où un accidenté se
trouve. Il faudrait aller plus dans les détails...
Mme Payette: M. le Président...
M. Saint-Germain: ... pour avoir le portrait, l'image ou la
situation de l'accidenté qui aujourd'hui a un accident et qui fait son
appel téléphonique. C'est simple, faire un appel
téléphonique. Vous dites: Là, le processus est
déclenché. Mais ce ne sera pas si simple que cela, à mon
avis, dans les faits.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de formalisme à cette commission parlementaire. Je ne veux pas non
plus, quant à moi, imposer une procédure quelconque. Je pense
qu'il appartient aux membres de la commission d'en décider. Compte tenu
des circonstances, étant donné qu'après son droit de
parole de 20 minutes le ministre a un droit de parole illimité, comme
vous, d'ailleurs, et qu'elle pourrait faire parler, quand elle voudrait, les
personnes qui l'accompagnent, je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'entendre
brièvement les trois personnes qui l'accompagnent, quitte, par la suite,
à ce que vous, en premier, suivi des autres, posiez des questions. C'est
une suggestion que je fais pour qu'on puisse faire le tour de la question.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas perdre un temps précieux
à discuter de procédure. Si vous croyez que c'est la meilleure
façon, allons-y!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une obligation, mais je suggère cette façon de
procéder. Les trois personnes pourraient nous adresser brièvement
la parole et, par la suite, les membres de la commission pourront interroger
ces personnes. Je pense que ce serait dans l'intérêt de tout le
monde. M. De Coster.
M. De Coster: Nous estimons, à la régie, qu'il y
aura, en première année, environ 60 000 réclamations.
C'est une estimation qui a été projetée sur une courbe de
fréquence d'accidents. Sur ces 60 000 réclamations, il y en aura
environ 30 000 qui seront des réclamations un peu plus comple-
xes, c'est-à-dire qui nous amèneront dans le processus du
paiement des indemnités de remplacement de revenu. Il en reste donc
environ 30 000 qui sont complexes et qui nécessiteront une assistance
directe plus précise.
Les 800 agents de réclamation, les agents de sinistres, les
évaluateurs sont répartis à travers toute la province et,
je crois, couvrent la géographie de la province assez bien.
Cela nous amène à la question des courtiers. Je pense que
la question des courtiers nécessite peut-être une explication un
peu plus longue, parce qu'on a véhiculé des faussetés et
qu'on a personnalisé le problème. Je pense qu'il serait temps
qu'on établisse exactement ce qui s'est passé dans la question
des négociations avec la Fédération des courtiers et
où on en est rendu.
A l'heure actuelle, sans aucun doute, on marque le pas dans cette
négociation. Il reste que la régie, qui avait souhaité
inscrire les courtiers dans le mécanisme de réclamation, dans la
procédure de réclamation, n'a pas pu s'entendre avec l'organisme
qui, à ce moment-là et il l'est encore, j'imagine
était représentatif des courtiers. La question marque, à
l'heure actuelle, le pas et il n'y a pas eu, depuis quelque temps, d'autres
négociations entre la régie et la fédération. Mais
je pense que cela demanderait une explication beaucoup plus longue que cela
pour saisir réellement l'essence de cette question.
Sur la question des coûts, M. le Président, je me suis
refusé d'entrer dans une bataille futile de chiffres avec le Bureau des
assurances du Canada, l'autre jour, alors que nous mettions le système
d'indemnisation en marche et j'ai cru qu'il était beaucoup plus utile de
faire état de l'essence même du programme qui est l'indemnisation
que de se rembarquer dans une guerre de chiffres qui, à ce
moment-là, m'apparaissait assez futile.
D'autre part, on sait que le coût du régime a deux
éléments: un élément public pour le tiers et un
élément privé pour les deux tiers. C'est la conjugaison de
ces deux éléments qui fait le tout et, conséquemment, je
crois qu'il est plus du ressort de mon collègue, le Surintendant des
assurances que du mien de discuter de cette question spécifique.
Pour ce qui a trait à l'information, encore là, c'est un
sujet bien vaste. Je pense qu'on va l'aborder morceau par morceau. Nous avons
tous les détails en main à l'heure actuelle pour expliquer ce que
nous avons fait, pourquoi nous l'avons fait et aussi combien la chose peut nous
coûter.
Autre chose, madame, que je devrais...
Mme Payette: Non, je pense que c'est ce qu'on attend des
fonctionnaires qui sont là. C'est un chapeau de quelques minutes. On
pourra revenir sur chacun des sujets par la suite.
M. le Président, je vais me permettre de faire la suggestion
qu'on entende le Surintendant pendant quelques minutes et le directeur du
Bureau des véhicules-automobiles, seulement pendant quelques minutes,
trois ou quatre minutes. C'est parce que le président de la régie
vient de dire qu'il ne veut pas discuter des 54% annoncés par le
Bureau des assureurs du Canada, ce que le Surintendant est en mesure de
faire, peut-être qu'on peut déjà éliminer des sujets
de discussion pour rien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que cette formule a un autre avantage, c'est que, parfois, si on permet les
questions immédiatement, on peut passer plusieurs minutes, même
jusqu'à 12 h 15 et, à ce moment-là, nous n'aurions pas
l'occasion d'entendre les deux autres qui...
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. Roy, s'il vous plaît!
M. Jacques Roy
M. Roy (Jacques): Merci, M. le Président. Je vais essayer
d'être bref et je répondrai aux questions plus précises un
peu plus tard. Je voudrais vous dire tout simplement, en commençant,
que, de notre côté, il y avait beaucoup de travail à faire,
du travail de collaboration aussi, particulièrement avec l'entreprise
privée qui est responsable d'une partie importante de l'administration
du régime d'assurance automobile.
Nous nous sommes donc affairés d'une part, en collaboration avec
les assureurs privés, les courtiers et d'autres experts en
matière d'assurance, à refaire la police d'assurance automobile
qui couvre différemment les risques des Québécois
désormais.
Nous pouvons témoigner d'une excellente collaboration avec
l'entreprise privée en ces matières, ce qui nous a permis
d'approuver la nouvelle police d'assurance automobile le 21 février, de
nouveaux formulaires qui s'adaptent à la nouvelle loi. Je pense qu'il
est important pour le public de savoir que les assureurs pourront continuer
d'utiliser les anciens formulaires jusqu'à la fin de mai, avec une
mention dessus en ce sens que les dispositions pertinentes de la nouvelle loi
s'appliquent mutatis mutandis à ces anciens formulaires. C'était
pour donner le temps de procéder à l'impression des nouveaux
formulaires.
Je dirai peut-être quelques mots plus tard sur l'assurance
complémentaire, mais il y a, parmi ces nouveaux formulaires, un avenant,
le plus souple possible, qui permet la couverture des besoins d'assurance pour
dommages corporels complémentaires à ce que la régie ne
couvre pas.
M. Saint-Germain: Les anciens formulaires seront encore...
M. Roy (Jacques): ... utilisés. M. Saint-Germain:
... jusqu'à...
M. Roy (Jacques): ... jusqu'à la fin de mai, le 31 mai
1978. Cela va?
Il y a les autres relations avec les assureurs et avec l'Association des
courtiers. Je l'ai dit, nous pouvons témoigner d'une excellente
collabora-
tion. Je voudrais signaler les démarrages de la Corporation des
assureurs qui regroupe tous les assureurs qui pratiquent en assurance
automobile au Québec, qui a plusieurs responsabilités et devoirs
qui lui sont donnés par la loi. (1 0 h 55)
Le conseil d'administration de cette corporation a commencé
à siéger le 11 janvier et a siégé à de
nombreuses reprises, de façon à pouvoir s'acquitter de ses
devoirs. Comme vous le savez, le Surintendant des assurances et une autre
personne nommée par le ministre ont droit d'assister aux séances
du conseil d'administration de cette corporation. Je peux vous faire rapport
des résultats obtenus à ce jour par cette corporation.
En matière d'accessibilité à l'assurance, je pense
que c'est extrêmement important, les Québécois sont
assujettis à l'obligation d'assurance. La corporation avait le devoir de
faire en sorte que tous les Québécois puissent obtenir
l'assurance, puissent établir un mécanisme. La corporation, dans
une mesure temporaire, a pris entente avec l'organisme qui s'appelle "Facility
", je pense que c'est un peu connu, pour que tous les assureurs puissent
accepter même les plus mauvais risques et puissent les céder
à 100% à ce pool commun qui les redistribue à tous les
assureurs, de sorte que ce problème, dans l'immédiat, est
réglé, peut-être de façon temporaire. La corporation
va probablement revoir des mécanismes plus permanents ou qui pourraient
peut-être être améliorés. En matière de
convention d'indemnisation directe où la corporation a des devoirs
importants, la corporation s'est penchée sur de nombreux projets de
conventions entre assureurs. A sa prochaine séance de la semaine
prochaine, je pense que c'est mardi, elle s'arrêtera sur un dernier
projet qu'elle soumettra à tous les assureurs en assemblée le 14
mars prochain. Ainsi pour l'instant, je pense que c'est extrêmement
important pour la population de savoir qu'en matière de dommages
matériels, aujourd'hui et depuis le 1er mars, c'est le régime de
responsabilité habituel qui joue et il faut continuer à
poursuivre le responsable ou l'assureur du responsable. Dès que cette
convention aura été acceptée à la majorité
par les assureurs, ce qui pourrait se faire dès le 14 mars, et
après une prépublication de 30 jours, il est envisagé, il
est fort possible que cette convention puisse entrer en vigueur vers le milieu
d'avril ou peut-être au début de mai. A ce moment,
évidemment, cela changerait les règles du jeu. L'automobiliste
qui aurait des dommages s'adresserait directement à son assureur au lieu
de poursuivre le responsable. Je pense que c'est extrêmement important de
connaître cette chose aujourd'hui, et je peux témoigner que c'est
en bonne voie.
Finalement, en matière de centres d'évaluation dont c'est
une responsabilité importante de la Corporation des assureurs, il y a
des comités qui travaillent à cela. Ce n'est pas pour
l'immédiat, évidemment, il faut bâtir, il faut
définir des critères. En tout cas, je vais passer un peu plus
rapidement là-dessus. La corporation accepte et collabore et travaille
de façon très sérieuse. D'ail- leurs, je pense que la
corporation va donner une information publique, comme c'est sa
responsabilité.
En matière de prix de l'assurance et de comparaison entre
l'ancien et le nouveau système, je pense qu'au départ j'aimerais
donner mon commentaire personnel. Toute comparaison, quelle qu'elle soit, des
prix, avant et après, est faussée au départ, pour la bonne
et excellente raison qu'on ne compare pas deux choses qui ne sont pas
semblables.
C'est très simple. Dans un langage de métier, on dit: On
ne compare pas des patates avec des oranges. On avait un système
où des personnes étaient indemnisées, où d'autres
ne l'étaient pas, pour des raisons de régime tout simplement, de
responsabilité; là, il n'y en a plus, c'est un système
complètement différent. Alors, toute comparaison, quelle qu'elle
soit, est faussée à son départ. De toute façon, si
on insiste absolument pour comparer, il faut tenir compte, je pense, de la
richesse relative des deux régimes, l'ancien et le nouveau. Je pense que
c'est une question d'opinion. Chacun peut avoir son opinion sur la meilleure et
la moins bonne richesse de l'ancien régime et du nouveau, mais je
voulais le signaler au départ.
Deuxième commentaire que j'aimerais faire, c'est que nous, le
Bureau d'assurance du Canada, et le Service des assureurs que je dirige, nous
nous alimentons aux mêmes sources statistiques. C'est à l'Agence
statistique, qui est sous le contrôle de l'Association des surintendants
des provinces du Canada, et je peux vous dire que ces statistiques ne sont pas
faites de façon à pouvoir identifier précisément le
nombre de personnes qui sont dans telle catégorie, dans telle classe,
dans telle région, de telle sorte qu'il est vraiment impossible
d'arriver à un chiffre précis. Nous nous sommes bien
gardés d'arriver à un chiffre précis, pour savoir qui
augmente, combien il y en a qui vont augmenter, combien il y en a qui vont
diminuer. Qui plus est, ni le BAC, ni le Service des assurances ne connaissent
actuellement les primes exactes qu'exigeront les assureurs individuellement.
Comment comparer le prix d'un individu, alors qu'on ne sait pas ce que
l'assureur de cet individu va exiger? Dans les deux cas, tout ce qu'on peut
faire, c'est ce que nous avons fait, c'est d'essayer d'estimer, dans certaines
catégories, quel était l'ancien coût et quel pourrait
être le nouveau, qui est très susceptible de varier selon les
différents assureurs. Nous connaîtrons les nouveaux taux
lorsqu'ils vont commencer à être déposés chez nous.
Mais nous ne connaissions pas les anciens.
Ceci étant dit, je pense quand même, malgré tout
cela, qu'on peut constater qu'il y a, pour l'ensemble de la province de
Québec et pour presque toutes les régions, une diminution, en
moyenne, pas tellement élevée, dans le coût de l'assurance
au total avant et après, une diminution moyenne. On a pu identifier
certaines catégories où il y aurait des diminutions très
substantielles, d'autres où il y aurait des augmentations qui pourraient
aller parfois, assez rarement, à $50 et même plus,
alors qu'on pourrait avoir des diminutions de $300. Mais,
généralement, si on regarde où se concentre la grande
majorité, c'est très près de l'ancien coût. C'est ce
dont je peux témoigner. Et s'il y a dans l'ensemble une diminution
moyenne, mon opinion personnelle est que je ne vois pas comment il serait
possible qu'il y ait une majorité de Québécois qui
paieraient plus cher dans le nouveau système que dans l'ancien.
Je vous signale que même le Bureau d'assurance du Canada a, pas
plus tard qu'au mois de janvier, donné un chiffre de 40% des gens dont
les primes augmenteraient. Aujourd'hui, c'est 54%. Personnellement, je ne peux
certainement pas hasarder un chiffre précis. Mais si vous voulez une
appréciation personnelle, générale, je crois, je continue
à croire qu'il y aura certainement plus qu'une majorité de
Québécois qui vont payer moins cher, mais ce sont
généralement des diminutions pas très importantes.
Lorsqu'il y a augmentation, elles sont très mineures aussi.
Je termine en disant tout simplement que nous, au Service des
assurances, nous continuons à être très affairés et
à surveiller, à contrôler ce qui se passe dans le domaine,
de façon à intervenir en cas de besoin et dans les limites de nos
pouvoirs. Nous sommes à l'écoute des plaintes qui peuvent nous
arriver et, s'il le faut, nous interviendrons auprès de l'assurance,
particulièrement dans le domaine des remboursements, des ristournes, etc
qui doivent venir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. Roy. Me Laflamme.
M. Ghislain Laflamme
M. Laflamme: Mes observations seront relativement courtes,
puisque mon diagnostic sur les opérations qu'on est en train de mener,
c'est-à-dire la vente de plaques d'immatriculation, se compare
avantageusement à ce qui se faisait au cours des années
dernières, malgré certains handicaps, cette année, qui ne
sont en rien reliés à l'assurance automobile, qui faisaient qu'on
avait plusieurs procédures à changer chez nous, plusieurs projets
nouveaux qui étaient liés au renouvellement des plaques
d'immatriculation.
Pour n'en signaler qu'un, celui de la transformation de
l'immatriculation des véhicules commerciaux, du poids net au poids total
en charge. Cette nouvelle façon d'immatriculer plonge dans le noir
presque tous les gens visés par cette forme d'immatriculation, puisque
ces personnes ont à déterminer elles-mêmes leurs
règles d'immatriculation en fonction de leur transport. Nous devons
attendre que ces personnes se soient fait une idée pour leur fournir
leur plaque d'immatriculation.
Cependant, si on considère l'ensemble du renouvellement de
l'immatriculation avec les caisses populaires dans le système
au-delà de 725, 730, cela varie nous constatons qu'à
pareil délai ou qu'à pareil moment avant la fin de la
période de validité des précédentes plaques, nous
sommes en avance.
Nous sommes en avance malgré les chiffres qu'on puisse mentionner
et je ne veux pas entrer dans un débat qui ne concerne pas le
fonctionnaire que je suis mais malgré les chiffres qu'on peut
voir en constatant qu'il y a environ 1,1 million de personnes qui ont obtenu
leur plaque actuellement; ce chiffre est supérieur à ce qui se
passait l'année dernière et au cours des années
précédentes à pareille date, pour la bonne raison que
lorsqu'on parle de quantité de plaques, on ne parle pas de
quantité de véhicules automobiles. Or, durant la période
qui se termine à la fin de février ou qui se terminera cette
année à la fin de mars, on s'accroche à des plaques, qui
elles, représentent des véhicules automobiles, et les plaques
qu'on vend après le 1er avril se rapportent, non pas
nécessairement unitairement à des véhicules automobiles,
mais à des nombres de transactions, à des remplacements de
plaques perdues. Si bien, que le montant global de quatre millions de plaques
qu'on peut vendre dans une année ne représentera peut-être
que trois millions de véhicules automobiles.
Pour conclure sur la quantité de chiffres, au 1er avril prochain,
nous avons évalué que nous aurons renouvelé 2,5 millions,
2,6 millions de plaques d'immatriculation. Nous en avons 1,1 million de
renouvelées; les chiffres de février, l'année
dernière, nous indiquaient que nous avions vendu en février
dernier je parle de 1977 1,2 million de plaques et, en
février 1976, nous avions vendu 1,4 million de plaques.
Les plaques d'immatriculation, pour les véhicules, se vendent
dans les quinze derniers jours du renouvellement de la période de
validité des anciennes plaques.
Au niveau des caisses, on a posé la question à savoir
combien les caisses populaires avaient vendu de plaques. Le rapport que j'ai,
daté de vendredi dernier, m'indique que nous sommes autour de 333 000
plaques d'immatriculation; mais les informations que j'ai, par ailleurs,
montrent que plusieurs milliers de plaques sont prêtes à
être livrées dans les caisses populaires, parce que plusieurs
caisses populaires procèdent d'une façon un peu
particulière.
Il y a des gens qui se sont entendus avec leur gérant, leur
caisse, pour faire faire un prélèvement sur leur compte à
toutes les paies depuis le mois de janvier pour qu'aux alentours du 15 mars ou
du 20 mars, le montant global de l'immatriculation et de l'assurance
étant payé, la caisse puisse remettre la plaque
d'immatriculation.
Alors, on s'attend que dans les quinze jours, les caisses livrent un
nombre très grand de plaques d'immatriculation.
Donc, pour résumer, au niveau de l'immatriculation, c'est
comparable aux années précédentes avec beaucoup moins de
projets que dans les années précédentes reliés aux
plaques d'immatriculation et même, nous sommes un peu en avance. (11 h
10)
Je ne voudrais pas expliciter tout le programme de
sécurité routière, puisque le ministre des Transports aura
l'occasion de faire ailleurs des commentaires là-dessus, mais je peux
dire que,
depuis le 1er mars, tel que prévu par l'article 205, il est
maintenant convenu que des personnes qui se trouvent condamnées pour
certaines infractions au Code criminel, qui sont: délit de fuite,
facultés affaiblies, négligence criminelle, conduite dangereuse
et autres infractions de cette nature, voient leur permis suspendu
automatiquement pour une période de trois mois, alors
qu'antérieurement, c'étaient simplement des points qui
étaient inscrits à leur dossier. Cependant, réalisant que
des personnes avaient besoin de leur permis pour gagner leur vie, il y a une
possibilité pour la personne qui est sur le point d'être
condamnée de faire des représentations auprès du tribunal
pour obtenir une recommandation, lors de la condamnation, selon laquelle le
Bureau des véhicules émette un permis valide pour les fins de
travail seulement. Dans ce cas-là, il y a une suspension de six mois de
son permis de conduire pour ses autres activités. Le permis de conduire,
par expérience personnelle, est l'une des mesures les plus efficaces en
sécurité routière parce que les gens tiennent plus
à leur permis de conduire qu'à leur argent. On l'a vu au niveau
des systèmes de points. Il y a des gens qui nous ont déjà
offert de troquer des points contre des amendes et, comme on n'en a pas le
pouvoir, inutile de vous dire qu'on ne l'a pas fait.
Alors, au niveau de la sécurité routière, cette
nouvelle mesure concernant la suspension des permis de conduire est
déjà en vigueur depuis le 1er mars. Un comité
étudiait le Code de la route pour en proposer une refonte globale. Ce
comité a terminé son rapport et a remis au ministre des
Transports le projet de Code de la route et le ministre des Transports pourra
probablement faire des annonces à ce sujet prochainement. Le
système de points est également en révision en fonction
d'une possibilité de l'utiliser comme base éventuelle de
tarification à l'égard des mauvais conducteurs, si besoin s'en
faisait sentir. Au niveau des programmes de formation et des examens que nous
faisons subir au Bureau des véhicules, après le 1er avril, de
nouveaux examens vont entrer en application, en particulier au niveau de la
motocyclette. Ce sera un examen pratique qui démontrera devant un
examinateur du bureau que le candidat sait manipuler, en toute
sécurité, une motocyclette. De nouveaux examens seront
également en vigueur pour les candidats à la conduite de
véhicules lourds et l'examen pratique mène des véhicules
de promenade de même que l'examen théorique seront
profondément modifiés dès les mois d'avril et mai
prochains.
En collaboration avec le ministère de l'Education, on essaie de
mettre sur pied un service de formation des moniteurs et des instructeurs en
conduite automobile pour avoir un meilleur contrôle sur les écoles
de conduite et une meilleure qualité sur les candidats. Bref, je pense
que ces simples remarques démontrent que, de notre côté, la
machine fonctionne très bien et le public réagit très
bien, comme par les années passées.
Mme Payette: M. le Président, juste deux phrases si vous
le permettez. La première pour dire que nous espérons
sincèrement que les compagnies d'assurances seront dignes de la
confiance que nous avons mise en elles en leur laissant les deux tiers de ce
régime et que nous ne verrons pas des hausses pour 54% de la population,
et terminer aussi en disant que j'espère que l'Opposition nous laissera
autant de latitude que le prochain chef, peut-être, du Parti
libéral, en nous donnant un an avant de juger ce régime.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska avec le consentement du
député de Jacques-Cartier.
Discussion
M. Fontaine: Une simple question à M. La-flamme pour lui
demander de compléter un point qu'il n'a pas touché. On sait que
la fameuse formule V-2-C touche une bonne partie de la population. Est-ce que
vous pourriez faire le point là-dessus?
M. Laflamme: Vous avez raison. C'est une question
extrêmement importante. Avec l'entrée en vigueur du nouveau
régime d'assurance, la Loi de l'indemnisation des victimes d'accident
qui était en vigueur depuis 1961 a été profondément
modifiée et, comme l'assurance est maintenant obligatoire pour tout le
monde, il n'y avait aucune raison de maintenir un contrôle particulier
sur ceux dont le permis de conduire était suspendu, parce que la formule
V-2-C n'avait comme fonction que de nous permettre de contrôler que la
personne était vraiment assurée. Donc, depuis le 1er mars, aucune
formule V-2-C n'est requise et, dans tous les cas où c'était la
seule formalité qui restait à remplir pour obtenir son permis,
des lettres ont été adressées à ces gens-là,
soit avec leur permis, si c'était possible de le faire parce que des
droits avaient été payés par ailleurs, soit pour leur
indiquer les conditions auxquelles ces personnes peuvent obtenir un permis de
conduire.
M. Fontaine: Est-ce que ça veut dire que les compagnies
d'assurance vont rembourser le surplus qu'elles ont dû payer pour obtenir
cette formule?
M. Laflamme: Les frais qu'entraînait l'émission
d'une formule V-2-C étaient liés au dossier du conducteur. Le
dossier du conducteur, évidemment, n'est pas changé; les points
qui ont été inscrits dans son dossier continuent à rester
là, si bien que, son état de conducteur "risque" demeurant le
même, la seule chose que les compagnies d'assurance pourraient
rembourser, c'est la différence prévue au régime en ce qui
concerne la partie couverte par le public.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais, avec votre
permission, parler des coûts du nouveau régime. J'avoue, M. le
Président, que, lorsque j'ai lu ce tableau que j'ai devant moi,
publié dans
le Devoir du 16 février et qui a été rendu public
par le Surintendant des assurances, j'ai été un peu
estomaqué, car il manque à ce tableau tellement
d'éléments. Comme M. le Surintendant l'a dit, c'est une
comparaison entre des poires et des oranges. La comparaison est
extrêmement difficile à faire parce que ce sont deux
régimes absolument différents.
Ceci dit, j'ai été très heureux d'entendre le
surintendant lui-même expliquer ce tableau pour dire enfin que les
renseignements qu'il donnait n'étaient pas tout à fait
définis. Je me demande encore quelle a été la raison pour
lui de le publier. Enfin.
M. Roy (Jacques): M. le Président, ce tableau, de
même que la conférence de presse que j'ai donnée le 15
février répondaient, dans mon esprit, à un certain manque
d'information que nous avions constaté chez le public. A lire les
journaux ou à écouter les media parlés et, surtout chez
nous, à répondre aux questions qui nous sont posées au
téléphone, parce que nous avons un service qui reçoit les
demandes de renseignements, il n'était pas difficile de constater que la
population était dans l'ignorance de ce qui pourrait arriver au
coût de ses assurances, surtout que ces gens étaient
appelés à verser une contribution en même temps que l'achat
de leur plaque. Donc, aussitôt que nous l'avons pu, à l'aide des
données que nous avions et après avoir dessiné la nouvelle
police d'assurance automobile, on a cherché à trouver quel
pourrait en être le coût pour différentes catégories
et on a essayé, immédiatement, de donner des indications à
la population sur ce à quoi elle pouvait s'attendre.
Je reconnais avec vous, le premier, que c'est partiel. Il y a ici cinq
catégories illustrées pour huit régions; ça fait 40
cas possibles alors qu'il y en a au-delà de 4000. Mais on a quand
même essayé de choisir ceux où se retrouvent le plus de
gens à peu près, parce qu'on ne le sait pas avec
précision, mais on sait très bien que, dans les classes que nous
avions illustrées, a) et b), conducteur principal, les adultes qui se
servent de leur automobile pour aller au travail ou non, on retrouve beaucoup
de gens. On va en retrouver plus que dans la catégorie des gens qui ont
16 ou 17 ans, c'est évident. En donnant aussi un éventail, ces
tableaux illustrent d'ailleurs que, dans certains cas, il va y avoir des
augmentations je pense que c'est important que les gens le sachent
mais ça illustre aussi qu'il va y avoir des diminutions,
certaines très substantielles. Je pense que ce n'est pas difficile de le
calculer en le déduisant de ces tableaux.
On a essayé de le donner, pour les cas types les plus importants
et pour l'assurance obligatoire. Mais il y a des variations, il y a bien des
gens qui prennent $100 000, $200 000. Il est important de savoir qu'on ne
pouvait pas tout dire dans un tableau et dans une conférence. Mais je
peux ajouter ici, aujourd'hui, que si vous voulez comparer pour $100 000, ce
n'est pas très difficile. Vous regardez ce que vous payiez l'an dernier
pour $100 000 d'assurance-responsabilité et vous prenez, dans ce
tableau-ci que vous avez, pour passer de $50 000 à $100 000 cela
coûtera $3 de plus, dans le nouveau système. Mais on ne pouvait
quand même pas écrire des pages et des romans. C'était pour
informer la population le plus rapidement possible.
M. Saint-Germain: M. le Président, je comprends
très bien que vos intentions étaient bonnes et que vous avez cru
informer la population. Personnellement, je crois que ce tableau,
l'émission de ce tableau, et même votre conférence de
presse je le dis en toute sincérité loin
d'éclairer la population, ont rendu le débat encore plus confus
parce que vous avez extrapolé des chiffres, comme vous dites, qui
n'étaient pas basés sur deux choses semblables. Inutile de vous
dire, par exemple, que si le régime avait dit qu'on assure les
individus, qu'on assure le revenu des travailleurs ou des individus à
$20 000, vos chiffres n'auraient pas été les mêmes. Et
l'augmentation ou la diminution seraient plus considérables. Et si on
avait descendu, dans le régime, ce maximum assurable à $16 000,
vos chiffres seraient plus bas.
Alors, une augmentation ou une diminution est toujours en accord
surtout avec l'assurance direct avec la protection qu'elle exige. Si on
prend la classe A, à Montréal, par exemple. Vous parlez d'une
prime de $188 avant, pour $50 000; vous dites qu'après ce sera $109.
Vous arrivez avec une diminution de $77.
Supposons que je sois dans cette catégorie. Je m'en vais à
l'assurance automobile, je paie $85 lors de mon immatriculation, je paie, sur
mon permis, $13. Pertinemment, c'est une assurance qui, pour moi, n'est pas
suffisante, parce que mes revenus dépassent $18 000. Et 90% de $18 000
brut, ce n'est pas pour moi une protection suffisante. Je suis obligé de
faire appel à l'avenant qui sera établi, que vous avez
mentionné tout à l'heure, qui n'est pas prêt actuellement,
si je ne m'abuse.
M. Roy (Jacques): II est prêt.
M. Saint-Germain: II est prêt. Voilà que pour ma
prime, il y a trois facteurs, si vous voulez faire une comparaison. Je suis
obligé de payer $85 lors de mon immatriculation, $13 sur mon permis de
conduire et je suis obligé de payer une surprime à mon courtier
pour avoir la protection que, moi, je juge convenable et que je jugeais
convenable avant, d'ailleurs.
Le problème est tout à fait faussé. Cet
élément que vous trouvez assez important et qui vous oblige
à ajouter à vos polices un avenant disant qu'on peut s'assurer
pour plus que $18 000, c'est un coût qui devrait entrer dans votre
tableau.
M. Roy (Jacques): Est-ce que je peux répondre? Je pense,
en conférence de presse, le 15 février, avoir signalé et
avoir prévenu bien clairement tous ceux qui étaient là que
ces tableaux
avaient leurs limites et qu'ils n'étaient pas complets. Je
répète que, dans une certaine mesure, on comparaît des
patates avec des oranges, des choses comme cela. Je pense l'avoir dit
très clairement. Mais il n'en demeure pas moins qu'on visait
l'information de la majorité de la population. (11 h 25)
Si on prend un cas particulier, je ne sais pas, quelqu'un qui gagne $20
000, par exemple, peut-être qu'auparavant... On a exclu totalement
l'assurance sur la personne. Il y avait le chapitre B que vous connaissez. Si
la personne l'avait auparavant, ce n'est pas $186 qu'il faut lire, c'est $196,
probablement, parce qu'elle payait le chapitre B. Sa nouvelle assurance
complémentaire peut lui coûter cela dépend de la
valeur qu'elle s'attribue ou qu'elle veut bien souscrire de $3000
à même $5000. Une personne qui veut s'assurer pour $1 million, en
cas de décès, c'est sûr... Il n'était pas possible
de tout donner. De toute façon, nous avons exclu ces choses à
cause de la majorité; c'est plus que la majorité, il y a 85% des
gens qui font moins de $18 000. Je vous l'ai dit, on visait la grande
majorité.
M. Saint-Germain: J'ai été d'autant plus surpris
que vous mentionniez ici, comme je le vois vous le mentionnez encore, ce
matin ce chapitre B qui disparaît parce que c'est une protection
qui est incluse...
M. Roy (Jacques): Elle est incluse.
M. Saint-Germain: Vous vous servez ici spécifiquement
d'une protection payée par un assuré qui est incluse dans le
nouveau régime, qui avant était à part, si vous
voulez.
M. Roy (Jacques): On aurait pu, dans le fond, mettre...
M. Saint-Germain: C'est la seule... Excusez-moi.
M. Roy (Jacques): ... $10 de plus partout et gonfler les
diminutions de $10 partout.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Roy (Jacques): On ne l'a pas fait.
M. Saint-Germain: Rien n'empêche que vous allez dans la
qualité même du contrat. J'entends que vous tenez compte d'une
protection que les gens se payaient antérieurement. C'est le seul
élément. Si, par exemple, le même type n'a pas le chapitre
B et que, d'un autre côté, avec le nouveau régime, il perd
une jambe, selon la grille qu'on a avec le maximum de $20 000, on lui donne la
somme qui lui est due par règlement; vous n'en tenez pas compte dans
votre coût. Pour avoir la compensation pour la perte de sa jambe qu'il
pourrait avoir dans le régime actuel, la protection n'est pas la
même, parce qu'un type qui perdait une jambe avec l'ancien régime
et qui n'était pas en faute, $15 000, c'est une pitance. Il n'y a pas un
juge qui va lui donner cela. On compare, j'ai dit cela, pour bien vous laisser
sentir que, dans ce tableau, on est tout à fait du même dire, on
fait des comparaisons qui sont tout à fait dissemblables.
M. Roy (Jacques): On compare l'ancien coût
d'assurance-responsabilité avec le nouveau coût. Chacun est
capable de savoir combien cela va lui coûter pour le nouveau
régime. Il peut estimer qu'il est meilleur pour lui ou qu'il est moins
bon. Vous parlez d'une jambe qu'une personne perd; le 28 février
dernier, si une personne se faisait couper la jambe et qu'elle était
responsable, elle n'avait rien du tout. Si elle n'était pas responsable,
elle pouvait poursuivre et obtenir je ne sais combien.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Roy (Jacques): L'objet de ce tableau n'était pas de
comparer la richesse ou la non-richesse des régimes, mais d'informer la
population sur ce à quoi elle devait s'attendre au moment du prochain
renouvellement de sa police d'assurance automobile, l'assurance obligatoire de
responsabilité.
M. Saint-Germain: Quoi, tout de même?
M. Roy (Jacques): C'était l'objet du tableau. C'est clair
que ce n'est pas dans une conférence de presse, ni par la publication
d'un tableau qu'une population de 6 millions de personnes devient
informée du jour au lendemain. C'est une contribution à une
information qui, avec le temps, les gens vont le voir... Chaque personne au
Québec qui a une automobile va recevoir son avis de prime, son
renouvellement à une date donnée en 1978 et elle sera capable de
regarder et de comparer ce que cela lui coûtait l'an dernier, de regarder
combien cela lui a coûté pour sa contribution au régime
d'assurance automobile et ses assurances excédentaires, s'il y en a.
Enfin, cela ne se prétend pas une réponse finale à toutes
les questions de chacun des individus dans la province de Québec; c'est,
je dirais, une humble contribution à essayer de combler un vide
d'information qu'il y avait dans la population.
Je pense que, là-dessus...
M. Saint-Germain: Vous ne tenez pas compte dans les coûts,
pour les citoyens, de la taxe sur l'essence. Il y aura $0.01 qui sera remis
à la régie. Vous n'en tenez pas compte dans le coût.
M. Roy (Jacques): Non.
M. Saint-Germain: Vous avez, pour les citoyens âgés,
par exemple...
M. Roy (Jacques): Cela représente, pour quelqu'un qui fait
10 000 milles par année, quelque chose comme $5 ou $6 par année.
Si vous voulez l'inclure, c'est facile, vous l'ajoutez, c'est aussi simple que
cela.
M. Saint-Germain: Bon, il n'est pas là. Maintenant, vous
ne tenez pas compte non plus du fait qu'un indemnisé de la régie,
lorsqu'il va atteindre 65 ans, va perdre sa pension de vieillesse. C'est un
coût caché, cela, et payé par la victime. Ce n'est plus
l'assuré qui paie, c'est la victime qui paie.
M. Roy (Jacques): Non, mais je vais répéter. Il n'y
a aucune espèce de comparaison ou de référence au
régime public dans ce tableau, pas du tout. On compare ce que chacun va
recevoir de sa compagnie d'assurance ou de son courtier comme avis de prime,
cette année, par rapport à ce qu'il recevait comme avis de prime
l'an dernier. C'est aussi simple... C'est cela qu'on compare...
M. Saint-Germain: Dans le coût...
M. Roy (Jacques): Je ne dis pas qu'il n'y a pas lieu de faire
d'autres sortes de comparaisons.
M. Saint-Germain: Vous avez...
M. Roy (Jacques): Je suis d'accord avec vous. Il faut tenir
compte d'un ensemble.
M. Saint-Germain: Vous avez des coûts cachés.
M. Roy (Jacques): II n'est pas là, je suis d'accord avec
vous. Ce n'était pas l'objet de le mettre là non plus.
M. Saint-Germain: Vous avez des coûts cachés. On va
vous dire que la perte de droit de subrogation de l'assurance-maladie
représente quelques millions. Vous avez la perte de subrogation pour la
Commission des accidents du travail, cela représente quelques millions,
ce n'est pas dans le coût. Ce communiqué laisse voir à la
population ou semble laisser voir à la population que c'est cela le
coût réel du régime pour chaque individu. C'est fausser le
problème, à mon avis, absolument. Ce qu'il y a de vrai dans votre
tableau, et ce que, à mon avis, vous auriez dû exclusivement
donner, est ce qui est fondé sur des chiffres. En professionnels et en
responsables, si vous aviez dit: Pour $50 000 d'assurance, pour un
véhicule de promenade, la prime de l'assurance obligatoire sera de $109
pour telle catégorie, cela, c'est vrai, c'est la vérité,
c'est fondé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A ce
stade, je vous arrête pour émettre la directive suivante, parce
que je me rends compte, en fait, qu'il n'y a pas tellement de jurisprudence
dans les commissions parlementaires de questions avec débat, mais je
dois ici protéger non seulement les parlementaires, mais toutes les
personnes présentes à cette commission. Cela commençait
à être intéressant peut-être. Je pense que cela va
l'être jusqu'à 13 heures, de toute façon. C'est une
directive que je donne à tous les parlementaires ici présents,
j'aimerais que les questions soient adressées tout d'abord au ministre.
Si le ministre veut remettre le droit de parole à quelqu'un d'autre,
elle le fera, et les fonctionnaires excusez, M. le député
de Jacques-Cartier parleront à ce moment en leur nom. Je ne
voudrais pas que cette commission parlementaire devienne un instrument, pour
quelque parlementaire que ce soit, pour porter un blâme contre un
fonctionnaire. Si on veut en faire un débat politique, qu'on le fasse
entre les parlementaires, le ministre et tous les députés de
l'Opposition y compris. Je pense que c'est important, je le dis dans
l'intérêt du parlementarisme et des fonctionnaires, je pense qu'il
y a d'autres moyens de prévus pour blâmer quelqu'un, si on a un
blâme à porter. Je ne dis pas que cela s'en va
nécessairement en ce sens, je ne voudrais pas que l'on en arrive
à cela. Je pense que c'est mon devoir, comme président, d'agir de
la sorte, puisque nous avons des hauts fonctionnaires qui sont présents
avec des hommes politiques évidemment, qui comprennent...
M. Lalonde: Ah non!
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Lalonde: J'aurais une directive à vous demander.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est une question de
règlement. Nous sommes ici ce matin pour discuter d'un sujet bien
précis. D'après nos règlements, les fonctionnaires sont
pour une fois responsables et je crois que c'est bien de leurs
déclarations à cette commission. Ce n'est pas le ministre qui est
responsable des déclarations de ses fonctionnaires. Ce sont les
fonctionnaires qui sont responsables de leurs déclarations. J'ai dit au
tout début que j'avais été estomaqué de voir ce
tableau publié par le surintendant. En toute sincérité,
j'ai été estomaqué, parce que j'ai vu dans ce tableau une
prise de position politique. Peut-être que je fais fausse route, et
peut-être que je ne veux pas réellement dire que monsieur a pris
une position politique, qu'il a pensé en prendre une, mais moi, à
titre de député, j'ai vu dans ce tableau une prise de position
politique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Moi,
à titre de président... M. le député de
Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: ... sur ma question de règlement. Comme
les fonctionnaires sont responsables, ici, de leurs déclarations, selon
nos règlements, j'ai le droit d'interroger monsieur, et il a le droit de
se défendre. C'est à ce titre que je lui pose ces questions. Et
j'ai le droit fondamental de dire que monsieur a fait erreur. Et quand je le
dis, je ne m'acharne pas à démolir un fonctionnaire. Je le dis,
je suis conscient de ma responsabilité, je parle ici en tant que
député; j'ai le droit de le dire et je le dis, M. le
Président. Soyez-en assuré.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, un instant! Ce que j'aimerais
dire, effectivement, c'est que vous avez le droit de poser des questions et que
les fonctionnaires ont le droit de répondre. Mais je ne voudrais pas que
des parlementaires s'engagent dans des débats politiques avec des
fonctionnaires. Si vous voulez vous engager dans des débats politiques,
engagez-vous dans des débats politiques avec des parlementaires
élus par la population.
Ce que je fais ici, c'est en toute objectivité pour la protection
des fonctionnaires, des hauts fonctionnaires qui ont accepté de venir
ici; parce que même s'ils le peuvent, ils ne sont pas obligés de
venir ici. Ils sont responsables de leurs réponses, c'est bien
sûr, mais je pense qu'on n'a pas à les faire entrer dans un
débat politique. C'est essentiellement là le sens de ma
directive. Je suis sûr que les hauts fonctionnaires et tous ceux qui
viendront nous voir sauront qu'ils sont responsables de leurs
déclarations puisqu'ils parlent en leur nom, mais je ne voudrais pas que
les questions des parlementaires amènent les hauts fonctionnaires dans
un débat politique. A cet égard, la coutume et la tradition n'ont
jamais changé. C'est essentiellement cela, et je ne voudrais pas que
vous voyiez autre chose dans le sens de cette directive. Si le débat
s'annonce politique, Mme le ministre est là, accompagnée de
députés ministériels; si c'est une question d'information
non politique, dans le sens d'un débat non politique, les hauts
fonctionnaires pourront répondre aux questions. Je pense que c'est mon
devoir de le faire et je l'ai fait.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, à une directive...
M. Lalonde: Non, mais je voudrais quand même souligner le
fait que cette situation est amenée par le nouveau règlement
sessionnel que nous mettons à l'épreuve actuellement. C'est la
troisième ou quatrième fois que nous le faisons. Croyez que,
comme ancien fonctionnaire, j'ai toute la sympathie à l'égard des
fonctionnaires qui sont appelés à participer au débat qui
a, qu'on le veuille ou non, un certain contenu politique. Je suis pleinement
d'accord avec vous qu'il est tout à fait injuste ce n'est
d'ailleurs pas de mon devoir d'en appeler de votre décision qu'un
fonctionnaire soit entraîné indirectement dans un débat
politique dans lequel il est absolument incapable de se défendre. Il
reste toutefois, ici, que nous avons la publication d'un tableau, une
conférence de presse donnée par un fonctionnaire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous êtes en train,
très subtilement d'ailleurs, de...
M. Lalonde: Je suis tellement subtil que je ne l'ai pas encore
fait, M. le Président. Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je sais
où vous voulez en venir, M. le député de
Jacques-Cartier... et vous le savez fort bien, vous qui êtes...
M. Lalonde: Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Marguerite-Bourgeoys, excusez-moi. Vous qui êtes je l'ignorais
un ancien fonctionnaire, vous qui êtes surtout, depuis plusieurs
années, un député de cette Chambre, qui avez une
expérience parlementaire, et qui avez peut-être déjà
été dans la position de ces hauts fonctionnaires ici
présents, aujourd'hui, je pense que vous comprenez, et vous l'avez
démontré, la position que je viens de prendre. Vous savez fort
bien, en tout cas, je le présume, qu'il doit y avoir d'autres moyens mis
à la disposition des députés de cette Assemblée
nationale, pour le faire, s'ils ont des plaintes à formuler contre un
haut fonctionnaire. Je voudrais me faire non seulement le protecteur des
parlementaires, mais puisque nous sommes accompagnés de hauts
fonctionnaires, également des fonctionnaires, puisque, comme vous l'avez
dit vous-même, ils ne peuvent pas se défendre au niveau politique.
Or, s'ils ne peuvent pas se défendre au niveau politique, il ne faut pas
les accuser au niveau politique. Poser des questions, obtenir des
réponses, voilà...
M. Lalonde: Quand on pose une question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'on pourrait peut-être faire en sorte que les fonctionnaires qui sont
ici présents, aujourd'hui, le soient au même titre que les
sous-ministres lors de l'étude des crédits des ministères.
J'ai toujours maintenu dans les commissions parlementaires étudiant les
crédits, cette position, soit de ne pas faire entrer les sous-ministres,
ou autres personnes faisant partie de cette catégorie de hauts
fonctionnaires, dans les débats essentiellement politiques. (11 h
40)
M. Lalonde: Sauf qu'ils parlent en leur nom ici. C'est
différent. Lors de l'étude des crédits de chaque
ministère, ils parlent au nom du ministre et les propos des
fonctionnaires sont rapportés au nom du ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ils
parlent en leur nom, mais je pense que l'esprit...
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé ma question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, mais je pense, puisque c'est un dialogue intéressant, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que l'esprit du
règlement...
M. Lalonde: Oui, mais je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... est
de permettre aux hauts fonctionnaires qui ont travaillé dans des
dossiers bien particuliers de répondre aux questions des parlementaires.
Je pense que c'est l'esprit du législateur lorsqu'il a adopté ce
règlement.
M. Lalonde: II n'y a aucun doute je suis d'accord avec
vous que le but du nouveau règlement est d'assurer la
présence de fonctionnaires ici, de leur permettre de parler en leur nom,
d'informer et de répondre aux questions.
Lorsqu'un député pose une question à un
fonctionnaire qui s'est manifesté publiquement, il a quand même le
droit de lui demander pourquoi il l'a fait et ce qu'il voulait dire de cette
façon. N'aurait-il pas été plus juste de le dire
autrement, et cela n'est pas un débat politique? Sans cela, il est aussi
bien de ne pas avoir les fonctionnaires ici. A ce moment, cela me ferait
plaisir de poser les mêmes questions à Mme le ministre, mais je ne
suis pas sûr qu'on aurait les réponses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
d'accord avec vous, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
D'ailleurs, la question a été posée et la réponse a
été donnée, mais je ne voudrais pas que, à la suite
de la réponse, les parlementaires prêtent des intentions aux hauts
fonctionnaires.
Mais la question que vous suggérez, je l'ai permise; elle a
été posée et on a eu une réponse, mais je ne
voudrais pas que, à la suite de la réponse, les
députés profitent de la réponse pour faire une charge
politique contre un haut fonctionnaire.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas me faire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe, c'est la dernière intervention
là-dessus et je cède de nouveau la parole au député
de Jacques-Cartier.
M. Cordeau: Vais-je intervenir sur une question de
règlement où est-ce terminé?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
Question de règlement, si vous voulez.
M. Cordeau: Question de règlement. J'ai une question
à poser à madame le ministre. Est-ce elle qui a demandé
à ce haut fonctionnaire de donner cette conférence de presse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de règlement, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. le député de Jacques-Cartier.
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, je prends
la parole seulement quelques minutes, d'une part, pour affirmer que je n'ai pas
demandé au surintendant de publier ce tableau ou de donner une
conférence de presse. C'est dans les prérogatives du Surintendant
des assurances pour la protection des consommateurs d'assurances de prendre des
initiatives dans ce sens s'il sent le besoin dans la population. Il a
expliqué que c'est à la suite des demandes d'information
reçues au service des assurances qu'il a pris cette décision.
Je dois vous dire en plus que cette conférence de presse a eu
lieu en mon absence, alors que tout le monde sait parfaitement que
j'étais en vacances, et que je n'ai vu ces tableaux qu'à mon
retour de vacances.
Je pense que je me serais aussi inquiétée personnellement
si ce tableau avait été présenté avant l'adoption
du projet de loi. Je crois que, même personnellement, je me serais
posé des questions parce qu'à plusieurs reprises, j'ai eu
à défendre le fait qu'il était difficile de comparer deux
régimes aussi différents et combien de fois m'a-t-on entendue
donner cette réponse, à l'Assemblée nationale et à
la commission parlementaire, que, même après avoir demandé
au surintendant, celui-ci me disait ne pas disposer de toute l'information pour
pouvoir le faire à ce moment. Il ne l'a fait qu'au moment où il a
été en possession des informations, au moment qui lui convenait
et à sa connaissance des dossiers, et non pas à ma demande.
M. Saint-Germain: Je ne vois tout de même pas la
nécessité de ce débat, mais, enfin, c'est fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
directive...
M. Saint-Germain: ... ce débat sur la procédure
parce que je n'ai pas et je ne prête je veux le dire bien
clairement aucune intention au surintendant au niveau politique. Que
cela soit bien clair. Absolument bien clair.
Je ne doute même pas des bonnes intentions du surintendant
lorsqu'il a publié ce document et qu'il a donné sa
conférence de presse. Je crois qu'il a été sincère,
mais il a pris à sa charge puis-je humblement le dire? une
initiative qui était aussi un peu politique, en ce sens qu'il voulait
éclairer la population et, si j'ai un reproche à faire, c'est
qu'habituellement et traditionnellement, un fonctionnaire se limite à
donner des faits précis et la vérité. Le seul reproche que
je vais lui faire, en se basant sur ce document puisque j'ai le droit d'en
parler, c'est qu'il a outrepassé cette question pure et simple pour
établir des hypothèses et, comme il nous l'a dit bien
honnêtement et bien franchement lui-même, il s'est permis de
comparer deux choses dissemblables et, sur deux choses dissemblables, s'est
permis de porter un jugement et de dire: Vous allez payer, en moyenne je
ne me souviens pas quel montant tant de dollars de moins.
M. Roy (Jacques): Est-ce que je pourrais préciser? Lorsque
j'ai dit qu'on comparait des patates avec des oranges, je ne
référais pas à ces tableaux, parce que ces tableaux
comparent des pa-
tates avec des patates, quand même. Ils comparent
l'assurance-responsabilité civile avant avec
l'assurance-responsabilité civile après.
M. Saint-Germain: Vous l'avez là.
M. Roy (Jacques): Lorsqu'on déborde et qu'on veut comparer
le coût total, je l'ai dit bien clairement, là on compare des
patates avec des oranges. Cela n'a pas fait l'objet d'une annonce dans les
journaux non plus, une comparaison des coûts totaux. Seulement, regardez
les notes qui sont en bas de tableau, qui essaient de donner une indication
à la population sur la façon de calculer le coût total et
qui montrent comment chaque individu peut faire sa propre comparaison.
M. Saint-Germain: Oui, mais lorsque vous dites que vous avez
comparé des patates avec des patates, je crois que cela aurait
été parfait si vous aviez dit: Cela coûte $109. C'est cela
que cela coûte. Mais vous êtes allé faire une soustraction.
Je reprends la classe A et je vais terminer là-dessus, M. le
Président. Je ne veux pas continuer le débat. Vous avez pris la
classe A et vous dites: C'est une diminution de $77. Le public est porté
à dire: Cela me coûte $85, cela me coûte $13. Alors, moi,
j'ai une augmentation. C'est là qu'on en vient à comparer des
oranges et des bananes, parce que la somme qu'il va verser à la
régie n'est pas comparable à cette diminution de $77. C'est pour
autre chose. Ce n'est pas pour la même chose. Est-ce qu'on se comprend,
M. le surintendant?
M. Roy (Jacques): Je comprends que vous auriez
préféré ne pas voir la colonne "diminution".
M. Saint-Germain: Non, j'aurais préféré que
vous donniez les faits. Alors, je termine là-dessus. Je ne veux pas
aller plus loin que cela.
Mme Payette: M. le Président, je me permettrai de
regretter que le député de Jacques-Cartier ne mette pas autant
d'efforts à demander au Bureau des assureurs du Canada d'expliquer ses
54%, ses 65% aussi qui dataient de quelques mois, ses 40% à d'autres
moments qui n'ont jamais été appuyés sur aucune
étude ou aucun chiffre.
M. Saint-Germain: Moi, j'ai donné ces chiffres-là?
Une question de règlement, je n'ai jamais parlé...
Mme Payette: Non, M. le député, mais j'aurais bien
souhaité que vous m'aidiez à les obtenir, ces renseignements,
cependant, venant également du Bureau des assureurs du Canada.
M. Saint-Germain: Si vous m'aviez donné des experts, comme
ces brillants messieurs, je vous aurais donné des chiffres, mais moi,
j'ai travaillé seul avec un recherchiste tout à fait humble, sans
expérience.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Mme Payette: Cela ne vous inquiète pas, M. le
député de Jacques-Cartier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Mme Payette: ... que ces 54% aient été
lancés comme cela dans la population pour semer aussi de nouveau de
l'inquiétude?
M. Saint-Germain: Ce n'est pas par moi.
Mme Payette: Non, ce n'est pas par vous, M. le
député, mais vous ne trouvez pas cela anormal qu'on ait fait
cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Saint-Germain: Pensez-vous que si le président du BAC
était ici je ne serais pas bien aise de le questionner, comme je l'ai
fait avec M. le surintendant?
Mme Payette: II est déjà venu, M. le
député, et vous n'aviez pas beaucoup de questions à ce
moment-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre. Il se pose un autre problème puisqu'à la lecture de
l'article 162 on se rend compte que tous les députés, en fait,
ont un droit de parole théoriquement de 20 minutes, avec même un
droit de parole privilégié et illimité du ministre et du
député de Jacques-Cartier qui théoriquement auraient pu se
rendre jusqu'à une heure et personne n'aurait pu s'en plaindre
légalement.
M. Lalonde: S'il vous plaît. M. Cordeau: Ne
l'écoutez pas.
M. Saint-Germain: Pour apaiser le débat, je vais
être absent quelques minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Heureusement, M. le député de Jacques-Cartier ne s'est pas servi
de cet article du règlement, mais il aurait pu le faire. Je pense qu'on
est en train de voir certaines anomalies au règlement, parce que M. le
député de Jacques-Cartier aurait pu parler jusqu'à 13
heures sans interruption. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
est-ce que vous conviendriez avec moi qu'à ce stade-ci ce serait
important de respecter la règle traditionnelle et de céder la
parole au député de Nicolet-Yamaska, puisque c'est la tradition
qui veut qu'on respecte l'ordre des partis politiques? Immédiatement
après, je reconnais votre droit de parole.
M. Lalonde: M. le Président, je suis très
respectueux des traditions, même si le député de
Nicolet-Yamaska a déjà posé une question, a
déjà utilisé un droit de parole que je n'ai pas encore
utilisé. J'ai simplement soulevé une question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avec le
consentement du député de Jacques-Cartier, sur un point bien
précis.
M. Lalonde: Alors, cela me fait plaisir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
à M. De Coster.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
protège également le droit des parlementaires.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. On en est bien
conscient. Je voudrais revenir à M. De Coster sur la question des
courtiers d'assurance, des négociations avec les courtiers. M. De Coster
a passé pas mal rapidement là-dessus. Est-ce que vous pourriez
aujourd'hui nous faire le résumé des négociations, nous
dire où on en est rendu et ce que vous entendez faire dans un avenir
rapproché pour régler une fois pour toutes ce cas de
négociations avec les courtiers d'assurances?
M. De Coster: Je dois d'abord vous dire que je suis un peu
surpris de tout le brouhaha que cette affaire a causé et des pressions
apportées. Il faut bien se rappeler que le cadre juridique formel,
global, collectif que la fédération avait d'abord
réclamé, par une modification à la loi, avait
été écarté. Il s'agit maintenant d'un aspect
très limité d'une procédure administrative de la
régie. Troisièmement, l'intérêt financier est
très limité, étant donné que, comme je vous le
signalais, il y a 60 000 cas. Il y en aura vraisemblablement 30 000 qui
justifient une assistance technique. Il y a au-delà de 5000 courtiers,
il y a 800 agents de réclamation, ça fait à peu
près 6000 personnes et théoriquement, la moyenne serait
d'à peu près cinq cas par intermédiaire, $50 pour chaque
cas.
Si on allait à l'extrême, soit 60 000 cas, même si on
ne peut pas tous les justifier, ça voudrait dire une moyenne de dix cas
par personne, à $50 chacune, alors cela me surprend un petit peu. Mais
tout de même!
Je pense qu'il est temps qu'on fasse le point complet. Si vous me donnez
le temps, M. le Président, c'est peut-être le temps de le
faire.
Bon, il y a 5000 courtiers au Québec; il y en a là-dessus
à peu près 90% qui ont leur permis de l'Association des courtiers
et doivent être membres en règle de l'association. Le nombre de
membres de la fédération, je ne peux pas le dire exactement, je
l'estime à peu près à 40%. Cela situe ce point-là.
Les courtiers sont soumis à la Loi des courtiers d'assurance et à
la Loi des assurances, à la surveillance du Surintendant des assurances
et au contrôle de l'association des courtiers.
Le rôle du courtier est bien défini, je pense qu'on le
comprend et il y a une stipulation qui dit que le courtier ne peut pas faire
défaut de conserver comme unique occupation celle de courtier
d'assurance, pas plus qu'il ne peut agir à titre d'expert en sinistre.
Cela, c'est une première considération. L'association des
courtiers, on connaît son rôle, c'est celle qui doit veiller au
maintien de l'honneur, de la dignité de la profession, etc. La
fédération, pour sa part, est un syndicat professionnel
constitué en vertu de la Loi des syndicats professionnels et a pour
objet la défense et le développement des intérêts
économiques des courtiers.
Quand on parle des courtiers, on parle des courtiers, mais je pense
qu'il faudrait parler aussi de la Fédération des courtiers, de
l'association des courtiers, parce que ce ne sont des entités qui
regroupent les mêmes personnes, mais qui sont tout de même
différentes. Je pense que c'est bon de le faire. L'agent de sinistre,
vous savez quelle est sa fonction, parce qu'il entre dans le portrait
automatiquement, c'est d'estimer les dommages, négocier le
règlement, et le Barreau, dans ce domaine, lui reconnaît un statut
spécial.
Vous vous rappelez qu'avant l'adoption de la loi, la
fédération avait demandé un cadre juridique très
global qui liait la régie, le Surintendant des assurances, etc.
Découlant de ce cadre juridique, la fédération avait
demandé une entente formelle entre le gouvernement et la
fédération qui consacrait, en somme, la participation du courtier
au fonctionnement général du mécanisme d'assurance
automobile.
Cette entente, comme vous le savez, aurait eu pour effet de consacrer
juridiquement l'intervention des courtiers et dans tout le mécanisme
d'un bout à l'autre; immatriculation, perception, contribution,
contrôle de l'assurance, financement, information, assistance, etc.
La fédération, par ce biais, a tenté d'obtenir
l'autorité de percevoir une rémunération de chacun des
assurés. Cette rémunération, par exemple, était de
l'ordre général habituel pour l'immatriculation, une
rémunération pour le financement des primes et, aussi, une
capitation à charger sur chaque assuré d'un montant qui
était, au début, de l'ordre de $6, ce qui aurait voulu dire $15
millions à $20 millions à peu près de
récupération de sommes par ce biais. Cette proposition a
été écartée. Le cadre juridique ne se retrouve pas
dans la loi et l'entente globale, formelle demandée et la capitation ont
été écartées.
Tout au plus, le gouvernement a concédé une modification
assez mineure qui permet à la régie de conclure une entente et
qui se lit comme suit c'est important, je pense "la régie
peut conclure toute entente avec toute personne ou association, dans le but
d'aider un réclamant au sens de la Loi sur l'assurance automobile
à présenter une demande d'indemnité."
Alors, il s'agit, d'une assistance au moment de la demande
d'indemnité. La régie peut conclure une entente, elle peut la
conclure avec une personne comme avec une association. (11 h 55)
La possibilité de l'intervention des courtiers dans le processus
devenait donc une mesure strictement administrative qui entraînait aussi
l'utilisation des fonds du régime, dont la régie
elle-même
est comptable devant l'Assemblée nationale et devant l'opinion
publique.
La régie, comme vous le savez, est administrée par un
conseil d'administration. A l'heure actuelle, il y a cinq membres, il va y en
avoir sept. Ces membres sont, vous le savez: M. Jacques Roy, le Surintendant
des assurances; M. Robert Sauvé, président de la CAT; M. Ghislain
Laflamme, du Bureau des véhicules automobiles; M. Gérard Barbin,
sous-ministre des consommateurs; et le président de la régie.
Je puis vous affirmer que les décisions ont été
prises, non par le président de la régie, mais
collégialement par le conseil d'administration. Je résiste
à ces allégations que c'est le président de la
régie qui a fait la loi et que c'est le président de la
régie qui s'est refusé à faire ceci, que c'est le
président de la régie qui s'est refusé à faire
cela. C'est le conseil d'administration qui a pris les décisions
requises.
A partir de ce moment-là, on a tenu compte de la condition
physique de la victime, parce que c'est la victime qui nous préoccupe.
Ce ne sont pas les intermédiaires, c'est la victime qui nous
préoccupe. On a tenu compte de la condition physique et psychologique de
la victime. On a tenu compte de son éloignement souvent. On a tenu
compte aussi de la complexité, au moins apparente et inévitable
de certains formulaires. A ce moment-là, la régie a convenu
d'accorder une assistance technique directe à toutes les victimes qui,
effectivement, en auraient besoin. On a même convenu de
dépêcher, aux frais de la régie, auprès des
victimes, des personnes qui sont spécialement entraînées
pour le faire et qui leur aideraient à remplir le formulaire et à
obtenir les preuves documentaires nécessaires.
On a établi une procédure simple, je vous l'ai
décrite tantôt. C'est à l'intérieur de cette
procédure que s'inscrivent les personnes entraînées ou les
intermédiaires, comme on les appelle.
La régie a pressenti les agents de réclamation,
l'Association des agents de réclamation, parallèlement à
la Fédération des courtiers. La proposition a été
faite aux deux. La proposition contenait une description de la tâche
qu'on entendait faire jouer à l'intermédiaire et la base de
rémunération. Ce qu'on demandait simplement, c'est qu'il y ait un
mécanisme de formation de ces intermédiaires, parce que c'est
convenu qu'on ne peut pas penser que quelqu'un s'insère là-dedans
sans formation. Il fallait un mécanisme de formation et, après
que la formation a été faite, on demandait tout simplement aux
personnes intéressées à faire ce genre de travail
l'engagement qu'elles rempliraient les fonctions requises et qu'elles
acceptaient la rémunération en conséquence.
L'Association des agents de réclamation a accepté la
proposition et effectivement, avec l'Association des agents de
réclamation, la formation s'est faite. Il y a, à l'heure
actuelle, 800 agents à travers la province qui n'attendent qu'un appel
téléphonique de la régie pour aller voir une victime, ou
recevoir une victime chez eux, pour lui aider à remplir le formulaire
requis.
La même proposition a été faite à la
Fédération des courtiers. Celle-ci avait confirmé
l'intérêt des courtiers. Mais elle a refusé de s'inscrire
elle-même, parce qu'elle exigeait une entente collective formelle et
aussi le libre choix de l'intermédiaire par la victime. C'est là
où les choses ont achoppé.
Il y a quelques considérations importantes à
dégager de cela. Il est faux et même malhonnête de dire que
les négociations ont achoppé à la dernière minute,
par la volonté du président. Les décisions sont venues
et mes collègues vont vous le confirmer par le conseil
d'administration. Il est faux et même malhonnête de
prétendre que le président, en dernière minute, est venu
refuser. Cette philosophie de la régie avait été
communiquée d'avance et je pense du moins j'avais l'impression
que tout le monde connaissait cette résistance à signer
une grosse entente formelle, globale, collective, dans des termes que voulait
nous imposer la fédération.
Il est aussi faux de prétendre que les courtiers et les agents de
sinistres pouvaient s'insérer dans ce mécanisme sans formation.
Il faut une formation, c'est absolument impossible de penser le contraire.
Il est aussi faux et malhonnête également de dire que nous
avons transigé individuellement avec des courtiers.
Nous avons refusé de transiger individuellement avec les
courtiers, parce que l'inscription des courtiers dans ce mécanisme
présuppose, à l'origine, la participation d'un organisme
représentatif qui va nous aider à les inscrire, à les
former, etc.
Pourquoi la régie avait-elle d'abord... Parce que la régie
avait d'abord choisi de ne pas inscrire les courtiers dans la procédure
de réclamation. Pourquoi la régie l'avait-elle fait? Parce qu'il
y avait déjà 800 agents de réclamation. Ajouter 4000
à 5000 courtiers de plus risquait d'alourdir le système et aussi
de diluer l'intérêt des intermédiaires, parce que je pense
que des intermédiaires qui vont faire deux, trois ou quatre cas dans un
an vont perdre intérêt, je pense, dans le système.
Les agents de réclamation, dans l'esprit du conseil
d'administration, étaient mieux préparés à la
fonction, parce que c'était plus apparenté au travail que les
agents de réclamation faisaient avant. En plus de cela, plusieurs
avaient soulevé des possibilités de conflits
d'intérêt.
Pourquoi la régie a-t-elle refusé de laisser le libre
choix de l'intermédiaire à la victime, tel que la
fédération le requérait? Comme je vous l'ai dit, il y a
vraisemblablement 60 000 cas. Là-dessus, il va y avoir à peu
près 30 000 cas qui vont consister uniquement en des remboursements de
dépenses d'ambulance et des affaires comme cela. On ne pense pas qu'on
doive dépêcher un agent de réclamation à Chibougamau
tout simplement pour aider une personne à ramasser son reçu
d'ambulance ou des choses comme cela. Cela réduirait à peu
près à 30 000 le nombre de cas. La régie veut aussi
contrôler la qualité des services de ses intermédiaires. Si
la victime a le choix de son inter-
médiaire, je pense que la régie perd à ce
moment-là au moins un certain contrôle de la qualité de ses
services.
Pourquoi la régie a-t-elle refusé de signer l'entente
formelle collective proposée par la régie? L'entente
proposée contient des conditions que la fédération a dites
essentielles, ce qui, au sens de la régie, n'est pas acceptable ou
impose des formalités contraignantes. Ainsi, l'article 2.02 fait faire
un choix à la régie qui ne lui appartient pas et qui
relève d'autres autorités. Par exemple, l'article 2.01 dit: "La
régie reconnaît la fédération comme seul et unique
organisme représentatif aux fins de négocier, conclure et mettre
en oeuvre toute entente au nom et pour tout courtier qui détient un
permis d'exercice de l'Association des courtiers, le tout aux fins de l'article
235 de la loi."
L'article 4.01 étend le champ d'application à tous les
courtiers, même ceux qui ne sont pas membres de la
fédération. L'article 4.02 prescrit toute entente collective.
L'article 4.01 dit: "L'entente régit et oblige tout courtier,
quel que soit le lieu où il exerce sa profession et quel que soit son
mode de rémunération, dès lors qu'il dispense des services
assurés." Il y a à peu près 2000 sur les 5000 courtiers
qui sont dans la fédération, mais l'entente régissait et
obligeait tous les autres courtiers à passer par là.
L'article 4.02 dit: "Aucune entente individuelle portant sur l'un des
objets mentionnés ne peut intervenir entre un courtier et la
régie. Toute telle entente individuelle est sans effet et nulle de
droits.
L'article .02, à mon sens, aussi, à moins que je ne
l'interprète bien mal, réglemente dans une certaine mesure
l'exercice de la profession et cela ne relève pas de la
régie.
L'article 5.02 dit: "Pour devenir courtier participant, tout courtier
doit..." Il y a une série d'énu-mérations. A d), on dit:
"Respecter les statuts de la fédération ainsi que ceux de
l'association affiliée couvrant le territoire où il exerce sa
profession."
D'autres prescriptions imposaient un mécanisme qui était
lourd, des comités de liaison, des comités ad hoc, des
comités de révision, etc., qu'on a pensé beaucoup trop
lourd dans une période où la régie était en plein
rodage, où elle va être obligée de rajuster son tir ici et
là.
La fédération s'est dite irréductible sur ces
conditions dites essentielles. La régie s'est dite elle aussi
irréductible sur son refus de signer une telle entente et, dans telles
conditions, je suis solidaire de mon conseil.
Cela ne veut pas dire que nous refusons d'inscrire les courtiers. Nous
ne refusons pas d'inscrire les courtiers et nous avons souhaité pouvoir
inscrire les courtiers, excepté qu'on ne pense pas devoir les inscrire
sans condition. On pense que les courtiers peuvent s'inscrire au même
titre que les agents de réclamation.
On aurait été même jusqu'à signer une entente
formelle, mais il aurait évidemment fallu que cette entente formelle
soit bien limitée, qu'elle soit limitée à la description
des tâches et qu'elle soit limitée à l'acceptation de la
rémunération. Il reste tout de même qu'il fallait que la
régie ait le champ de manoeuvre voulu pour travailler.
Il y a plusieurs courtiers d'ailleurs qui nous ont demandé
pourquoi on avait négocié avec la fédération
plutôt qu'avec l'association, parce que c'est l'association qui
régit l'exercice de la profession et qui a, par surcroît, deux
fois plus de membres que la fédération. C'est une excellente
question.
On a dialogué avec l'association, mais on n'a jamais
négocié avec l'association. Il y en a d'autres qui se sont
demandé: Quel est l'intérêt financier des courtiers? 30 000
réclamations, 6000 intervenants... Il y en a encore c'est
important qui se demandent réellement si les courtiers ont la
compétence juridique pour exercer le mandat requis. Le Barreau le fait,
le service des assurances se pose des questions. Je pense même que
l'Association des courtiers le fait. S'ils ne sont pas, dans une certaine
mesure, en conflit d'intérêts, nous nous le demandons, nous aussi,
mais nous n'avons pas préjugé de la réponse. Nous avons
tout de même convenu de négocier ou de discuter de toute cette
question avec les courtiers. C'est l'historique de la situaiton et la situation
telle qu'elle se présente aujourd'hui. Il y a eu un
télégramme d'abord qui a probablement été mal
perçu ou mal compris ou mal interprété par des gens de
l'extérieur; mais je pense que la fédération, suite
à toutes les négociations qu'on avait eues, a bien compris les
termes du télégramme. De toute façon...
M. Lalonde: M. le Président, c'est assez difficile de vous
suivre quand vous parlez d'un télégramme, M. De Coster. De quel
télégramme voulez-vous parler?
M. De Coster: Un télégramme a été
envoyé et a été lu, je crois, en Chambre, ces jours-ci,
dans lequel la régie disait simplement aux courtiers qu'elle ne pouvait
pas signer l'entente formelle que la fédération lui
demandait.
M. Lalonde: Est-ce que ce ne serait pas le
télégramme daté du 27 janvier 1978, que je peux vous lire,
qui dit ceci: "M. Boyer, nous vous confirmons que la régie a
décidé de ne pas signer de protocole d'entente formel avec la
Fédération des courtiers du Québec, mais plutôt de
recevoir une offre de services individuels de la part des courtiers"?
M. De Coster: C'est exact, M. le député.
M. Lalonde: Dans quelle mesure, ces mots sont-ils inexacts et
ont-ils été mal interprétés?
M. De Coster: Ils ont été mal
interprétés en ce sens que l'entente individuelle avec les
courtiers cela avait été bien entendu
présupposait l'acceptation de la fédération de chapeauter
la formation ainsi que l'exercice. Nous disons encore que, pour inscrire les
courtiers dans le mécanisme
ou dans la procédure de réclamation, il faut avoir un
organisme représentatif qui va collaborer avec la régie afin de
former ces courtiers et de leur donner la documentation et la formation
nécessaires. Ce télégramme a été
précisé, d'ailleurs, dans une lettre que j'adressais à M.
Boyer, le 7 février, et qui, je pense, est réellement plus
explicative qu'un télégramme qui répond à un autre
télégramme, qu'un télégramme qui a peut-être
été pris un peu hors contexte. M. le président de la
fédération me répondait le 9 février.
M. Lalonde: M. le Président, M. De Coster a parlé
d'une entente avec les agents de réclamation, avec l'association. Mme le
ministre, hier, a indiqué qu'elle pourrait, soit déposer, soit
distribuer aux membres de la commission, aujourd'hui, cette entente. Est-ce
qu'on pourrait en recevoir copie?
M. De Coster: J'ai un document ici qui va vous donner les
renseignements voulus. Comme vous le savez, il ne s'agit pas d'une entente
formelle. Ce n'est pas une entente signée entre deux parties. C'est une
entente assez informelle.
M. Lalonde: Quelle est la différence entre une entente
formelle et informelle? J'ai ici la réponse du ministre des Transports,
du 22 février 1978, rapportée à la page 21 du journal des
Débats du 22 février, où M. le ministre des Transports, M.
Lessard, dit, et je lis: "M. Lessard: De plus, je tiens à annoncer, M.
le Président, que la régie a signé actuellement une
entente avec les agents de réclamation en ce qui concerne les courtiers.
Malheureusement, nous n'avons pas encore réussi à obtenir leur
accord..."
Est-ce qu'il y a eu une entente ou est-ce qu'il n'y en a pas eu? Je
pourrais vous citer aussi ce que Mme le ministre a dit hier.
M. De Coster: II n'y a pas, M. le député, d'entente
signée. Vous avez les documents devant vous. Si vous voulez prendre les
documents devant vous, le premier document, en date du 2 février, est un
document qui... Pardon?
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on peut en
avoir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'abord,
ce n'est pas un dépôt de documents, c'est une distribution de
documents... (12 h 10)
Si on prend le premier document du 2 février, c'est une lettre
qui a été envoyée à chaque agent de
réclamation, individuellement. Et on dit: "... à la suite de
rencontres entre les représentants de la régie et l'association,
il a été convenu que la Régie retiendrait au besoin les
services d'experts en sinistres. Cette aide technique sera fournie, etc.." Et
on explique en somme à l'agent de réclamation ce qui a
été convenu entre la Régie et son association.
L'association n'a pas signé, nous n'avons pas signé, mais
l'association a convenu de recom- mander à ses membres de s'inscrire,
l'association a convenu d'aider la Régie à former les membres, ce
qui a été fait. A l'heure actuelle, le mécanisme est en
place.
Vous verrez, d'après la lettre du 7 février que nous
adressions au président de la fédération, que nous
faisions la même offre à la fédération. La lettre du
9 qui est attachée est la lettre de refus. Maintenant, vous trouverez
aussi en annexe la description générale du système
administratif dans lequel s'inscrit cette intervention. Vous trouverez,
à l'annexe B, le rôle qu'on veut faire jouer à
l'intermédiaire et, à l'annexe C, la rémunération
qui a été prévue et que la Régie assume à
ses frais.
M. Fontaine: M. le Président... Je pense que j'avais la
parole.
M. Lalonde: Excusez-moi.
M. Fontaine: Donc, si on peut comprendre, avec les agents de
réclamation, il n'y a pas d'ententes collectives, mais 800 ententes
individuelles.
M. De Coster: Après que les deux organismes ont convenu du
rôle de l'intermédiaire et de la rémunération, et de
la formation.
M. Fontaine: Et avec la Fédération des courtiers,
ce qui a bloqué les négociations, c'est qu'elle voulait signer
une entente collective.
M. De Coster: Elle voulait signer une entente collective formelle
dans les termes que je vous ai indiqués, où il y avait une
reconnaissance exclusive de la fédération, où il y avait
un genre de réglementation de l'exercice de la profession, où il
y avait des comités formels, des comités ad hoc, des
comités de révision des comités... bon, et qui exigeait en
plus le choix intégral de l'intermédiaire par la victime.
M. Fontaine: Est-ce principalement le choix de
l'intermédiaire par l'assuré qui a fait bloquer les
négociations à la toute fin?
M. De Coster: C'est une... Cela n'a pas bloqué à la
toute fin. On avait déjà signalé qu'une entente de cette
envergure ne serait pas acceptable par la Régie. Ce n'est pas à
la toute fin. A la toute fin, ce qui a résulté, c'est que la
fédération a dit: II nous en faut une, et c'est comme cela que
cela a fini. Nous lui avons dit que nous ne pouvions pas nous engager dans une
entente aussi formelle que celle-là, qui avait déjà
été refusée par le gouvernement
précédemment. On a dit: Non, nous ne pouvons pas. Nous le lui
avions dit depuis un bout de temps et, en dernière minute, elle nous a
dit: C'est cela, notre entente, la voici, et, si ce n'est pas cela, ça
vient de finir.
M. Fontaine: Vous ne pouviez concevoir que le choix de
l'intermédiaire par l'assuré pouvait se faire au sujet des
courtiers d'assurances.
M. De Coster: II y a, M. le député, je vous le
répète, 60 000 cas. Et là-dessus, la Régie a
considéré qu'il y avait 30 000 cas où il pouvait y avoir
un besoin d'assistance technique. La Régie a tout de même une
responsabilité dans l'utilisation des fonds publics qui lui sont
confiés, dont elle est comptable devant l'Assemblée nationale et
dont elle est comptable devant le public.
M. Fontaine: Cela ne coûtait pas plus cher!
M. De Coster: Cela aurait pu coûter plus cher parce que
c'est la différence entre 30 000 et 60 000 cas.
M. Fontaine: Oui, mais si la Régie doit juger qui peut
obtenir les services d'un intermédiaire...
M. De Coster: Le choix automatique impliquait un
intermédiaire automatique. Maintenant, on n'a pas dit: Cela va
être 30 000 qu'on va donner. Cela aurait pu peut-être, dans la
première année, aller à 60 000, je ne le sais pas. On ne
peut pas le dire exactement. On a même prévu deux barèmes;
un barème de $20 pour les cas bien simples où on pense que,
même si le cas est bien simple, la victime, en raison de sa condition
physique et psychologique, peut avoir besoin d'une assistance, et le cas
compliqué où on pense que, dans presque tous les cas, il devrait
y avoir presque toujours besoin d'assistance.
Alors, peut-être qu'on ira aux 60 000 cas, mais, tout de
même, la régie a la responsabilité de l'utilisation de ces
fonds. Je pense que la régie doit avoir le choix de déterminer
s'il doit y avoir un intermédiaire et, s'il doit y avoir un
intermédiaire, quel intermédiaire devrait y aller.
On a dit à la fédération: Nous croyons que dans
tous les cas ou presque la victime va aller voir son courtier. Ce n'est pas
tout le monde qui a des courtiers, non plus. La victime va aller voir son
courtier et ce serait absolument normal que ce soit le courtier qui soit
agréé par la régie, mais ce n'est pas cela qu'on exige. On
exige plus que cela.
M. Fontaine: A quelle date avez-vous eu une entente avec les
agents de réclamation, les agents de sinistres?
M. De Coster: La lettre qui a été envoyée
est datée du 2 février.
M. Fontaine: 2 février.
M. Lalonde: Combien de réponses avez-vous
reçues?
M. De Coster: Je ne pourrais pas vous le dire, mais tous les
agents de réclamation se sont déclarés... La
réponse a été massive.
M. Lalonde: Les 800 agents de réclamation?
M. De Coster: Je ne dis pas les 800 agents, mais je dis que la
réponse a été massive.
M. Lalonde: Savez-vous combien d'agents de réclamation
sont représentés par leur association?
M. De Coster: Je ne peux pas vous le dire exactement.
M. Lalonde: Si je vous disais à peu près 200,
25%?
M. De Coster: Je serais énormément surpris parce
que j'aurais plutôt pensé que la proportion était
l'inverse.
M. Lalonde: En tout cas, cela serait à
vérifier.
M. De Coster: De toute façon, nous avons dit à
l'association: Nous allons accepter tous les agents de réclamation,
qu'ils fassent partie de l'association ou non, comme nous avons dit à la
fédération: II y a une condition sine qua non, c'est que tous les
courtiers puissent s'inscrire dans le mécanisme qu'ils soient membres de
la fédération ou non, excepté que la
fédération a dit à ce moment: II faudra que ces courtiers
respectent, d'après l'entente, les statuts et règlements de la
fédération. Pour moi, c'est de l'exercice de la profession qu'il
ne nous appartient pas de régler.
M. Fontaine: Peut-on dire, M. De Coster, qu'à partir du 2
février 1978, la régie jugeait quasi inutile d'avoir une entente
avec les courtiers, sauf des ententes individuelles, parce qu'elle
considérait, à ce moment, qu'elle avait assez d'agents pour
pouvoir rendre service adéquatement à la population?
M. De Coster: La régie avait pris cette attitude, mais
elle n'a pas écarté la possibilité d'inscrire les
courtiers parce que, depuis le début, la régie souhaitait
inscrire les courtiers.
M. Fontaine: Individuellement?
M. De Coster: Inscrire les courtiers par un mécanisme,
mais pas par le mécanisme d'une entente formelle dans les termes que
veut nous imposer la fédération.
M. Lalonde: Je pense qu'il est inutile d'établir que tout
le monde s'entend, sauf peut-être par certaines remarques de M. De Coster
immédiatement avant mon intervention pour dire qu'il était
désirable que les courtiers d'assurances soient impliqués d'une
certaine façon dans l'appareil. Je réfère à
certaines remarques de Mme le ministre là-dessus. Ce qui
m'étonne, c'est la confusion qui existe. Lorsque M. De Coster
tantôt semblait se plaindre de certaines remarques faites publiquement,
puisqu'il disait qu'il est faux et même malhonnête de
prétendre que..., j'imagine qu'il référait à des
déclarations de qui que ce soit.
On ne peut quand même pas blâmer les gens d'être
confus. Si M. De Coster, à partir du 2 février,
considérait très peu utile l'inclusion des courtiers dans
l'appareil, il reste qu'on a des déclarations de Mme le ministre qui ne
vont pas dans le même
sens. Là, mes questions s'adressent à Mme le ministre. Il
y a un télégramme, par exemple, qui a été
signé par Jacques Desmarais, chef de cabinet, ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, autour
du 15 février ou du 17 février, donc après le 2
février, adressé à M. Yvon Boyer, président de la
Fédération des courtiers et qui dit ceci: "Nous accusons
réception de votre télégramme du 10 février". Je
pense que le télégramme du 10 février demandait une
rencontre. "Mme Payette me prie de vous réitérer sa
volonté maintes fois exprimée de voir conclure une entente entre
la RAAQ" la régie "et les courtiers relativement à
leur participation à la procédure de réclamation des
victimes d'accidents d'automobiles. Mme Payette veut aussi vous rappeler que la
Loi sur l'assurance automobile prévoit que cette entente peut être
conclue avec la RAAQ de la même façon que celle intervenue
récemment avec l'Association des agents de réclamation du
Québec. "
Je vous ai référé à une déclaration
du ministre des Transports du 22 février, M. le Président, qui
parle justement d'une entente avec les agents de réclamation, comme s'il
y avait une entente formelle. Comment voulez-vous que les gens ne soient pas
dans la confusion la plus totale? On présume qu'il y a une entente avec
une association d'agents de réclamation et qu'on souhaite, au niveau
politique, une agence semblable. Est-ce qu'on peut concilier ces
déclarations-là? Je l'ignore, mais si je vous en... Excusez, M.
le Président, vous alliez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
M. Lalonde: Je pensais que vous aviez quelque chose à
dire. Si on se réfère à d'autres déclarations du 23
février du ministre des Transports, il dit je lis à la
page 62 des Débats en réponse à une question de M.
Bellemare: "Certains courtiers ont voulu négocier directement je
n'ai pas vu votre document, je regrette, je ne l'ai pas reçu mais
certains courtiers, d'après les informations que je possède, ont
voulu négocier directement en passant à côté de
l'Association des courtiers et le président de la Régie de
l'assurance automobile a refusé jusqu'ici". Comment expliquer cette
déclaration du 23 février, alors que depuis la fin de janvier, M.
De Coster, comme président de la régie, refuse de signer avec la
fédération pour faire des ententes individuelles avec les
courtiers?
En plus, si je me réfère aux déclarations de Mme le
ministre du 28 février, je lis à la page R141, je n'ai pas le
journal des Débats: "En ce qui concerne les courtiers plus
particulièrement, les négociations ont en effet été
rompues par la fédération des courtiers, malgré le fait
qu'elles duraient déjà depuis plusieurs semaines, pendant toute
la durée de l'étude du projet de loi jusqu'à tout
récemment. Je crois que le dernier contact avec le président de
la régie date du début du mois de février. Le
problème c'est que la régie a effectivement conclu une entente
avec un autre groupe qui comprend les agents de réclamation, qui sont au
nombre de 800, et que cette association des agents de réclamation s'est
montrée entièrement satisfaite des conditions qui leur ont
été proposées par la régie."
Un peu plus loin: "II est évident qu'il faut que cette entente
intervienne avec la fédération des courtiers avant qu'un courtier
puisse être reconnu par la régie." Est-ce que c'est clair? Est-ce
que c'est clair n'est pas dans la citation. Est-ce que c'est clair que, le 28
février, Mme le ministre dit qu'il n'y a pas d'autre façon de
procéder que de conclure une entente avec la fédération,
et j'entends M. De Coster, je le lis dans ses télégrammes, qui
dit qu'il n'est pas question de conclure une entente formelle. Mme le ministre,
est-ce que vous êtes au courant d'une entente semblable faite par
l'ancien gouvernement et même par le gouvernement actuel?
Si je vous mentionnais l'entente relative à
l'assurance-santé animale contributoire, on parle de santé, que
le ministère de l'Agriculture du Québec, que votre
collègue le ministre a signée et qui, d'après la
description un peu partielle que M. De Coster vient de nous donner, semble
suivre pas mal le même schéma, c'est-à-dire la
reconnaissance d'une association comme interlocuteur pour établir des
conditions de rémunération, mais pas nécessairement exiger
que les participants fassent partie de l'association. Je pense qu'il faut quand
même être clair là-dessus. Est-ce que la
fédération a exigé que tous les membres, que tous les
courtiers fassent partie de la fédération pour profiter d'une
telle entente?
M. De Coster: Nous avons insisté, au contraire, mais il
faut bien dire, par exemple, que la fédération, lorsqu'un
courtier non membre était déclaré participant, devait,
à compter de ce moment-là, s'assujettir à tous les statuts
et règlements de la fédération.
M. Lalonde: II n'était pas obligé de payer une
cotisation.
M. De Coster: S'il s'agit uniquement d'une cotisation, ce n'est
pas cet aspect-là.
M. Lalonde: II n'était pas obligé de devenir
membre.
M. De Coster: Peut-être, pour clarifier, si madame me le
permet, ce que nous avons dit c'est que dans le contexte actuel d'une
assistance technique pour laquelle la régie est responsable et qui
nécessite l'utilisation de fonds publics, nous ne considérions
pas comme absolument essentielle, à ce moment-ci, la participation des
courtiers. (12 h 25)
Cela ne veut pas dire que la participation des courtiers n'est pas
souhaitable; à mon sens, ce sont deux choses bien différentes.
Alors, la participation des courtiers, dans l'évolution harmo-
nieuse du système d'indemnisation des victimes, est certainement
souhaitable, bien qu'elle soit lourdaude et que, probablement, elle mène
à un désintéressement à cause du petit nombre de
cas comparé au grand nombre de personnes impliquées.
M. Lalonde: On s'entend, d'ailleurs, on l'a dit au début.
Tout le monde souhaite que les courtiers soient impliqués quelque part,
si j'en crois les déclarations de Mme le ministre. Maintenant, je
voudrais que Mme le ministre réponde à ma question
tantôt.
M. De Coster: Vous avez peut-être interprété
mes paroles. La fédération savait quels étaient les termes
de l'association. S'il y avait confusion, ça n'était pas dans
l'esprit des dirigeants de la fédération puisque la
fédération était complètement au courant des termes
dont nous avions convenu avec l'Association des agents en
réclamation.
M. Lalonde: Parce que avant...
M. De Coster: Excusez, M. le député, il y a 600
membres sur 800.
M. Lalonde: Avant que Mme le ministre me réponde, je
voudrais aussi mentionner la réponse qu'elle a donnée à
une question d'un député ministériel, j'oublie son
comté, M. le député de Rimouski, M. Marcoux, à la
page R-142, 28 février 1978, qui est la suivante: "Je voudrais
être bien certain d'avoir compris la réponse du ministre. Est-ce
que la Régie de l'assurance automobile est prête à
reconnaître que la Fédération des courtiers est l'agent
négociateur pour l'ensemble des courtiers et est-ce qu'elle
reconnaît qu'en principe il doit y avoir une entente faite avec cette
fédération avant que n'importe quel courtier soit reconnu comme
agent de réclamation par la régie? "Le Président: Mme le
ministre. "Mme Payette: Cela paraît absolument évident,
malgré le fait qu'il faut tenir compte que la fédération
représente environ 40% ou 45% des courtiers, que la régie ne
traitera avec personne d'autre que la fédération des
courtiers".
Un peu plus loin, Mme le ministre déclare: "J'ai toujours
souhaité, contrairement à ce qu'il peut penser là,
Mme le ministre se référait, je pense, au député de
Jacques-Cartier qui venait de poser une question additionnelle qu'il y
ait entente avec la Fédération des courtiers ".
Il y a une question de principe, M. le Président, avant la
réponse, c'est dans quelle mesure on peut court-circuiter une
association à caractère syndical pour conclure une entente avec
des professionnels conventionnés par le biais de leur groupement. Je
pourrais en mentionner plusieurs d'ailleurs, sous les gouvernements
précédents. Prenons seulement celle que j'ai mentionné
tantôt, je l'ai mentionné parce que c'est le gouvernement actuel
qui l'a faite. L'entente, d'après les quelques bribes que j'en connais,
semble suivre le même tableau que l'entente relative à
l'assurance-santé animale contributoire signée par le
ministère de l'Agriculture du Québec. C'est simplement une
question de principe.
Que ce soit la fédération, l'association ou n'importe quel
autre groupe, quant à moi, ça m'est égal. Mais il
m'apparaît important que dans ce cas-ci, tout en conservant,
naturellement, la préoccupation la plus sévère possible,
que M. De Coster mentionnait tantôt quant à l'usage, quant
à l'utilisation des fonds publics, il y ait un intermédiaire et
lorsqu'il y a une représentation syndicale, que cet intermédiaire
soit respecté.
Mme Payette: M. le Président, il me semble qu'il y a, tout
au plus, dans les propos qui ont été relevés par le
député de Marguerite-Bourgeoys, des définitions
peut-être différentes en termes de terminologie sur le mot
"entente". Quand il y a entente, c'est qu'il n'y a pas mésentente; quand
il y a entente, c'est que deux groupes de personnes s'entendent pour poursuivre
ensemble un but qui devient commun, qui, en l'occurrence, est l'indemnisation
des victimes, l'évaluation des dommages corporels.
Dans mon esprit, ce mot "entente" intervenue avec l'Association des
agents de réclamation reste une entente.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il y a une entente
écrite? Ou est-ce une espèce d'entente...
Mme Payette: A mon avis, écrite quand elle est
confirmée par lettre...
M. Lalonde: Par les membres, par les agents de
réclamation?
Mme Payette: Tout au moins, par cette lettre que nous avons
devant nous, qui est datée du 2 février.
M. Lalonde: Si je faisais du syndicalisme, Mme le ministre, je ne
vous consulterais pas. Je vous enverrais du côté patronal.
Mme Payette: En ce qui concerne la Fédération des
courtiers, les réponses que j'ai données sont toujours les
mêmes et elles reflètent également l'opinion qui m'avait
été transmise par le conseil d'administration de la régie,
que ce conseil est disposé à continuer à traiter avec la
Fédération des courtiers et que nous avons toujours bon espoir
d'en arriver à une entente.
M. Lalonde: M. le Président, en terminant sur ce point,
est-ce que Mme le ministre est prête à donner des instructions
formelles à la régie de conclure une entente, non pas
individuelle, s'il y a un besoin de courtiers, mais une entente avec un groupe,
avec une association, une fédération, un groupe
représentatif?
Mme Payette: A ce moment-ci, je suis certainement
décidée à continuer de le souhaiter, de
faire savoir ce souhait au président de la régie, qui le
transmettra au conseil d'administration de la régie. Je crois qu'il ne
m'appartient pas d'exiger que cette entente intervienne.
M. Saint-Germain: J'aimerais, si c'est terminé, sur ce
sujet particulier...
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé, mais, pour l'instant,
oui.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jacques-Cartier. Oui, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je peux
intervenir?
Le Président (M. Laberge): C'est votre droit. M.
Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): J'avais reconnu le
député de Jacques-Cartier. Je vous reconnaîtrai
après.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. Mais je ne prends
pas de chance, M. le député de Jacques-Cartier a un droit de
parole illimité.
M. Lalonde: C'est excellent. C'est notre "show".
Le Président (M. Laberge): Est-ce que M. le
député de Jacques-Cartier consent à céder son droit
de parole au député de Jonquière?
M. Saint-Germain: Volontiers, à la condition que ce ne
soit pas trop long.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jonquière, je vous reconnais.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, je vais parler surtout sur les remarques faites
par le député de Marguerite-Bourgeoys qui, avec la profession
qu'on lui connaît, joue habilement sur les termes pour continuer à
semer la confusion dans la population.
M. le Président, je pense qu'il est absolument faux et inexact de
dire que le ministère ou la régie ne reconnaît pas la
Fédération des courtiers du Québec comme étant le
représentant des courtiers car, si c'était là l'opinion de
la régie ou du ministère, il est certain que la régie
aurait accepté de négocier et d'accepter les services
individuellement des courtiers. M. De Coster nous a dit très clairement
tout à l'heure qu'il avait refusé d'agir ainsi.
Je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys a là
un exemple frappant de la reconnaissance, par la régie et par le
ministère, du statut de la fédération comme étant
le représentant des courtiers car, je viens de le dire et je le
répète, je pense qu'il est important, sans cela, la régie
au- rait accepté de passer par-dessus le dos de la
fédération et de conclure directement des ententes individuelles
avec les courtiers.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Vaillancourt (Jonquière): A la fin, conformément
aux règlements.
D'autre part, M. le Président, j'aimerais dire que la
régie a eu la même attitude envers l'association, qu'elle a
également reconnue, l'Association des agents de réclamation,
comme étant le représentant des agents de réclamation,
puisqu'il est entendu et le député de Marguerite-Bourgeoys
est au courant qu'un contrat de droit civil peut être aussi bien
verbal qu'écrit, sauf qu'au niveau de la preuve, il est
évidemment beaucoup plus difficile de prouver un contrat verbal.
Et il ne fait aucun doute dans mon esprit, M. le Président, que
la régie, en s'entendant verbalement avec l'Association des agents de
réclamation sur les conditions qui seraient offertes aux agents de
réclamations désignés par la régie et à la
discrétion de la régie, que la Régie de l'assurance
automobile a respecté également le statut de l'association comme
représentant des agents de réclamation, sauf qu'elle ne s'est pas
entendue sur les modalités avec les agents de réclamation
eux-mêmes, mais avec l'association représentative.
Ce que je perçois, c'est que la régie entend suivre la
même attitude et la même démarche envers la
Fédération des courtiers, mais sans, par contre, aller
s'installer ou aller s'embarquer dans une entente formelle et écrite
comprenant toutes les conditions tout à l'heure
énumérées par M. De Coster. Je pense que, compte tenu du
fait que la régie est là pour administrer des fonds publics
votés par l'Assemblée nationale, il s'agit là d'une
attitude tout à fait sage et normale.
M. le Président, j'estime que la procédure suivie par la
régie, pour ce qui concerne la Fédération des courtiers,
est exactement la même que celle dans le cas de l'Association des agents
de réclamation. Dans les deux cas, la régie respecte le principe
de la représentativité de ces deux groupes; elle ne veut faire
aucune discrimination envers les deux groupes. Elle déclare même
qu'il est souhaitable que les courtiers contribuent à l'assistance
technique à fournir aux bénéficiaires. Je pense qu'il
était de mon devoir de revenir sur les intentions passablement
malveillantes que le député de Marguerite-Bourgeoys a voulu
prêter à la régie et à Mme le ministre en voulant
laisser insinuer que l'attitude de la régie et du ministère
était une attitude antisyndicale. Soyez assuré que le
député de Jonquière, s'il percevait cette attitude comme
antisyndicale, serait le premier à la dénoncer. Merci, M. le
Président.
M. Lalonde: Une question, M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... au député syndical de
Jonquière. D'ailleurs, je mentionne simplement sa qualité, parce
qu'il vient de le faire. Est-ce que...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... non pas comme
député syndical, monsieur.
M. Lalonde: Non, mais à... Le député de
Jonquière est-il d'avis qu'il est préférable que la
régie traite avec l'association ou la fédération
enfin, le représentant ou directement avec les membres?
M. Vaillancourt (Jonquière): J'estime que la régie
devrait continuer à suivre la même attitude qu'elle a
adoptée depuis le début, c'est-à-dire de renoncer à
faire des ententes individuelles avec les courtiers sans au préalable
s'être entendue avec les fédérations en dehors d'une
entente formelle et écrite sur des conditions générales
qui ont été adoptés par les agents de
réclamation.
M. Lalonde: Si le député de Jacques-Cartier me
permet une intervention cela ne sera plus une question parce
qu'il avait demandé le droit de parole. L'intervention du
député de Jonquière m'étonne
énormément. Sans lui prêter de malveillance, comme il l'a
fait à mon endroit, vous me permettrez d'être étonné
étant donné qu'il a lui-même invoqué sa
préoccupation syndicale de ce qu'il souhaite que la régie
traite avec les courtiers de la même façon qu'elle l'a fait avec
les agents de réclamation, sachant très bien qu'avec les agents
de réclamation elle a fait faire un contrat individuel par tous les
agents avec une espèce d'entente verbale informelle dont on ne
connaît pas le contenu du tout. Je me demande si, à titre d'avocat
syndicaliste, je réussirais à faire quelque chose pour mes
clients, si je leur permettais de faire des ententes verbales avec le patron
pour ensuite communiquer directement par des ententes individuelles avec les
membres du syndicat. C'est du camouflage, c'est totalement indigne d'un
sentiment syndical véritable. Le gouvernement est en train actuellement
de prouver que le pouvoir use, sauf qu'il le prouve plus vite que les
autres.
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de...
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas, M. le
Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): En vertu de l'article 96, M.
le Président, j'ai le droit de rétablir les faits, après
l'intervention du député de Marguerite-Bou rgeoys.
Le Président (M. Laberge): En vertu de l'article 96, je
vous donne la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): Effectivement, je pense que
M. le député de Marguerite-Bourgeoys a très peu
pratiqué la profession d'avocat, même s'il en a le titre. Je
conçois qu'il a été un avocat au service de nos
gouvernements antérieurs; je conçois qu'il a été
ministre également et Solliciteur général, mais je me
rends compte qu'à force de ne pas pratiquer, on perd de plus en plus le
sens des lois, le contenu des lois, etc.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, parce que je pense
qu'il lui reste certainement un peu de tout cela, se rendra sans doute compte
que nous ne sommes pas ici devant un problème syndical, que nous ne
sommes pas à étudier un problème de droit ouvrier, que
nous ne sommes pas à étudier la loi 45, elle a été
adoptée. Vous êtes le premier à reconnaître que
toutes ces discussions n'ont aucunement rapport au droit ouvrier, ni au droit
syndical.
M. Lalonde: Une question de règlement pour rétablir
les faits.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais...
M. Lalonde: Ce n'est pas une question de privilège, c'est
une question de règlement. Naturellement, le fait que le
député de Jonquière se rabatte sur des arguments
personnels, ad personam, témoigne de la pauvreté de ses
arguments. Le nombre d'années où j'ai pratiqué est
probablement le double du sien, mais je ne reviendrai pas là-dessus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous êtes plus
âgé aussi. (12 h 40)
M. Cordeau: Question de règlement.
Le Président (M. Laberge): J'allais justement intervenir,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, pour vous dire que...
M. Lalonde: Je veux rétablir les faits.
Le Président (M. Laberge): ... je trouvais qu'on
était en train de sortir de la pertinence du débat. Nous avons
ici...
M. Lalonde: J'aurais préféré que vous
rappeliez à l'ordre le député de Jonquière, par
exemple. Il l'a fait.
Le Président (M. Laberge): J'ai voulu donner chance
égale aux participants. J'ai fait mon possible pour le moment. Nous
avons des invités aujourd'hui qui sont venus avec la meilleure bonne
volonté du monde répondre à des questions. Lors du
début de la séance, j'ai remarqué je n'étais
pas à ce siège, mais à un autre fauteuil autour de la
table que le député de Jacques-Cartier avait posé
environ 75 à 80 questions. J'étais même désireux
d'entendre les réponses à plusieurs de ses questions. Je
m'aperçois que le débat tourne autour d'une ou deux questions
seulement. Je suis certain que les membres de cette commission seront
déçus, alors que nous avions une occasion fantastique d'avoir des
réponses...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
De quel droit le président se prononce-t-il sur la valeur de la
commission parlementaire?
Le Président (M. Laberge): C'est-à-dire que...
M. Lalonde: Est-ce que vous avez oublié, M. le
Président, que vous êtes le gardien du règlement seulement
et le protecteur de nos droits?
Le Président (M. Laberge): Je voulais simplement
vous...
M. Lalonde: Si vous voulez vous asseoir à nos
sièges, d'accord. On l'a demandé au député de
Jonquière qui fait la chaise musicale.
Le Président (M. Laberge): ... dire qu'il y aurait
peut-être d'autres questions.
M. Saint-Germain: J'avais la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je suis sûr que... Sur une question de
règlement, je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys
et tous les membres de la commission seront assez honnêtes pour
reconnaître que je suis capable de faire la part des choses, que je peux,
lorsque je suis ici...
M. Saint-Germain: M. le Président, on me coupe la parole.
J'ai des questions, comme vous avez dit, à poser.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, il
est reconnu qu'un président de commission parlementaire peut, à
l'occasion, sans trop en abuser, venir émettre son opinion. Je pense que
je suis venu le faire de façon objective et en ayant des fondements
légaux. Je ne pense pas que le député de
Marguerite-Bourgeoys voulait attaquer ma crédibilité de
président de commission parlementaire...
M. Lalonde: Non, pas du tout, mais j'ai suggéré au
président...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... puisque je vais
retourner, M. le député...
Le Président (M. Laberge): A l'ordre!
M. Lalonde: J'ai suggéré au président que,
s'il veut exprimer des opinions, il aille s'asseoir à son siège
de député.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs! J'ai
reconnu votre intervention, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Jusqu'à un certain point, je vous donne raison. La seule chose, c'est
que je me suis peut-être exprimé avec un manque de
facilité. Je voulais simplement dire qu'il y avait plusieurs autres
questions possibles qui pouvaient survenir. J'aurais aimé que le
débat concernant ce qui venait d'être soulevé soit
terminé.
M. Saint-Germain: Si vous me donnez la parole, on va
revenir...
Le Président (M. Laberge): Vous avez la parole.
M. Saint-Germain: J'aurais quelques questions à poser
à M. le Surintendant des assurances. Vous avez mentionné tout
à l'heure, au début, dans votre intervention, que les compagnies
privées qui doivent assurer les dommages matériels actuellement
devront garder le statu quo, du moins jusqu'à ce qu'on puisse appliquer
l'article 174...
M. Roy (Jacques): J'ai mentionné qu'elles n'en
étaient pas arrivées encore à une entente et que le 14
mars elles seraient appelées à voter sur un projet de convention
d'indemnisation directe qui, s'il est adopté à au moins 50%,
serait publié, évidemment, dans la Gazette officielle,
conformément aux dispositions de la loi, et pourrait prendre effet
trente jours plus tard.
M. Saint-Germain: Ce qui pourrait nous mener, au minimum...
M. Roy (Jacques): Au minimum à la mi-avril et fort
possiblement au mois de mai.
M. Saint-Germain: Alors, c'est dire qu'en attendant cette date,
cette conclusion de l'accord et sa publication, actuellement, c'est le statu
quo des assurances au niveau matériel?
M. Roy (Jacques): C'est cela. Si une personne est
impliquée dans un accident et voit son automobile endommagée,
elle poursuit, comme à l'habitude, le responsable ou l'assureur du
responsable.
M. Saint-Germain: Comme de raison, il n'y aura pas, dans ce laps
de temps, de compensation directe. Il y aura encore un expert, deux
évalua-teurs et ainsi de suite. C'est exactement le même
système.
M. Roy (Jacques): C'est le même système
qu'auparavant.
M. Saint-Germain: Alors, il ne serait pas faux de dire
qu'actuellement la loi 67 ne s'applique pas en ce qui regarde les dommages
matériels, que l'application de la loi est en fait suspendue ou qu'on
conserve le statu quo?
M. Roy (Jacques): Dans la pratique des choses, c'est le statu
quo.
M. Saint-Germain: Avez-vous prévu quand la corporation
serait à même d'avoir des centres d'évaluation?
M. Roy (Jacques): J'ai mentionné tout à l'heure que
le conseil d'administration de la corporation avait jugé
préférable, utile de fixer
comme priorité, d'abord, les questions relatives à
l'accessibilité des assurances, afin que chacun puisse trouver un
assureur puisqu'il est assujetti à l'assurance obligatoire, ce qu'il a
réglé, et, comme deuxième priorité, la question de
l'indemnisation directe. Mais il n'a pas négligé la question de
l'implantation de centres d'évaluation. Il en a discuté, il a
formé un comité à cette fin, et il poursuit son travail
là-dessus. C'est très difficile d'être prophète
n'importe où. Je ne voudrais pas hasarder de prédiction, mais je
pense qu'une fois les deux priorités "prioritaires", si je puis
m'exprimer ainsi, atteintes, ce sera l'étape suivante. Il y a
déjà de nombreux travaux qui ont été entrepris
ailleurs, même des expériences témoins dont la corporation
peut s'inspirer. Il y a dans plusieurs provinces des centres
d'évaluation. Je ne pense pas que cela puisse être très
long. Il s'agit, bien sûr, de trouver des gens qui sont prêts
à bâtir ou à installer un centre d'évaluation,
à engager le personnel requis, à déterminer les
procédures et cela va fonctionner.
Je ne pense pas quand même, si vous voulez un peu plus de
précisions, qu'on puisse espérer voir naître un centre
d'évaluation dans la province de Québec avant le mois de juin,
pour être réaliste. Mais je pense pouvoir dire qu'il y en aura
certainement quelques-uns avant la fin de l'année 1978 si les assureurs
continuent à collaborer de la façon dont ils ont commencé
à le faire.
M. Saint-Germain: On avait prévu une baisse des
coûts d'administration en appliquant ce régime de
responsabilité et la compensation directe. On avait prévu, en
changeant le contexte juridique, qu'il y aurait une baisse des coûts
d'administration dans l'assurance privée. Est-ce qu'on peut dire que ce
retard concourt cette année à maintenir les coûts un peu
plus haut que si on avait pu immédiatement, lors de l'entrée en
vigueur de la loi, commencer tout de suite à fonctionner tel que la loi
le demande?
M. Roy (Jacques): Vous vous référez strictement aux
centres d'évaluation, si je comprends bien?
M. Saint-Germain: A l'ensemble, au fait, surtout, que la
compensation directe est inapplicable, dans le moment.
M. Roy (Jacques): Très bien. Si on songe à la
convention d'indemnisation directe, je crois savoir que les assureurs, dans
l'établissement de leur tarification qui a commencé avant-hier,
ont tenu compte de la convention d'indemnisation directe, et ont posé
comme hypothèse qu'elle existerait et, en conséquence, ont
diminué, dans une certaine mesure je ne peux pas vous affirmer
combien le coût d'administration, à cet égard.
Pour être plus précis, il est clair que si les assureurs,
par exemple, n'exercent plus entre eux la subrogation, cela entraîne
l'élimination d'un paquet de procédures et cela coûtera
moins cher pour cela. Combien cela peut-il être? 2%, 3% ou 4% ou 5%? Je
ne peux pas vous le confirmer immédiatement.
En ce qui concerne les centres d'évaluation, il ne s'agit pas
là surtout, je crois, d'une diminution des coûts d'administration.
Ce qu'il faut peut-être plus rechercher en cette matière, c'est un
contrôle du coût des sinistres eux-mêmes parce que je pense
qu'il y a des abus en ces matières. Il y a assez souvent je ne
peux pas vous dire combien de fois des évaluations de dommages
qui sont peut-être soufflées un peu. En tout cas, l'assureur est
souvent appelé et parfois appelé à payer pour un dommage
plus cher que véritablement cela a pu en coûter pour le
réparer, de sorte qu'une fois les centres d'évaluation
installés, on peut escompter, espérer une diminution dans le
coût des sinistres eux-mêmes, non pas nécessairement dans le
coût de l'administration.
C'est évidemment retardé. D'ailleurs, cela ne peut pas
prendre effet d'un seul coup. C'est sur un certain nombre de mois et
d'années que cela va donner tous ces effets.
M. Saint-Germain: Je suis d'accord là-dessus. M.
Fontaine: Une courte question.
M. Saint-Germain: Je vais en poser une dernière, si vous
voulez...
M. Cordeau: Avec une réponse courte.
M. Saint-Germain: Vous avez dit aussi que les assureurs
privés allaient inclure un avenant à leur police de façon
à protéger ceux qui veulent plus de protection relativement
à cette limite de $18 000. Pourriez-vous expliquer un peu le genre de
protection que les assureurs vont offrir?
M. Roy (Jacques): D'abord, je dois vous dire que, dans la
nouvelle police d'assurance automobile que nous avons approuvée le 21
février, nous avons retiré ce qui s'appelait le chapitre B de la
police. Il n'y a plus que deux chapitres: l'ancien, qui était
l'assurance responsabilité pour dommages matériels, etc., et
l'autre chapitre qui concerne une personne qui veut assurer ses propres
dommages. Nous avons préféré approuver un avenant
un avenant, c'est ce qui s'ajoute à une police nous en avons
approuvé un qui... Si vous voulez que je vous remette copie de ces
avenants, je le ferai; je n'en ai pas ici. C'est l'avenant numéro
34.
Je vais seulement signaler quelque chose. Dans la note de transcription
que j'ai faite aux intéressés ce ne sont pas seulement les
assureurs qui sont intéressés par la police j'ai
mentionné l'existence de cet avenant 34 et j'ai également
ajouté que, s'il s'avérait nécessaire ou utile de
répondre à des besoins qui ne sont pas prévus à ces
avenants, c'est avec intérêt que je suis disposé à
recevoir toute suggestion pertinente à ce sujet. Alors,
immédiatement, je peux vous dire que ce n'est pas nécessairement
la fin du monde, cet avenant. Il pourrait y en avoir d'autres. Je suis dis-
posé à en approuver d'autres pour répondre de la
façon la plus souple possible aux besoins individuels de la population.
Je pense qu'il y a des choses qu'il faut faire sur mesure. Alors, l'avenant 34
lui-même, nous avons essayé de le rendre le plus souple possible,
avec des choix que l'assuré pourrait faire. Il contient notamment une
couverture en cas de décès accidentel en raison d'un accident
d'automobile où l'assuré pourrait choisir le montant d'assurance
qui lui convient et il contient une section qui est à toutes fins utiles
de l'assurance-salaire. Si une personne désire un remplacement de ses
revenus excédentaires pendant une certaine période, elle n'a
qu'à le demander; cela peut être une période d'un an, deux
ans, trois ans, cinq ans, au choix de l'assuré et au choix de l'assureur
qui veut bien l'offrir. C'est le genre, ce sont essentiellement les deux
couvertures les plus importantes qu'il y a dans cet avenant.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aura dans cet avenant un article
ou une protection pour ceux qui le voudront pour la perte d'une jambe, d'un
bras ou d'une main?
M. Roy (Jacques): Oui, il y a une table supplémentaire
pour mutilation.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aurait aussi, comme vous avez
parlé, une rente qui serait d'un an, deux ans ou cinq ans? Est-ce que
cette rente, en cas d'invalidité, pourrait s'allonger jusqu'au
décès de l'assuré?
M. Roy (Jacques): Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que dans l'immédiat c'est
ma dernière question un automobiliste peut se servir des avenants
ou peut...
M. Roy (Jacques): II n'a qu'à le demander à son
assureur s'il transige directement avec son assureur ou son courtier s'il
transige avec un courtier. Il n'a qu'à dire quels sont ses besoins et
trouver un assureur qui y répondra.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a des assureurs qui sont
prêts à y répondre actuellement?
M. Roy (Jacques): Je n'ai pas fait de sondage ou d'enquête
là-dessus. Je ne peux pas vous le confirmer.
Le Président (M. Vaiilancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe, enfin.
(12 h 55,)
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Mme le ministre,
combien de personnes sont à l'emploi de la Régie de l'assurance
automobile aujourd'hui et quelles sont les projections d'emplois pour
l'année courante? Deuxièmement, combien de personnes la CAT
devra-t-elle engager en plus pour l'appréciation des
réclamations?
Mme Payette: M. le Président, j'ai des chiffres qui
remontent au 15 février. Si vous permettez, je vais donner la parole
à M. De Coster, qui a peut-être des chiffres encore plus
récents que les miens.
M. De Coster: En réponse à votre première
question, 298; en réponse à votre deuxième question,
349...
M. Cordeau: ... de l'année.
M. De Coster: C'est-à-dire que les effectifs
approuvés par le Conseil du trésor sont de 349. En ce qui a trait
à la Commission des accidents du travail, je dois d'abord vous souligner
que celle-ci n'a pas le rôle d'évaluation, c'est la régie
qui a le rôle d'évaluation; la Commission des accidents du travail
nous fournit un certain nombre de services: informatique, services
administratifs, réadaptation, expertise médicale. Il y aura 105
employés nouveaux à la Commission des accidents du travail
affectés à ce travail, comme il y aura un certain nombre
d'employés au Bureau des véhicules automobiles qui ont
été recrutés pour le travail additionnel causé par
le régime d'assurance automobile et la conversion du poids total en
charge et ce genre de nouveaux programmes.
M. Cordeau: A la Commission des affaires sociales, y aura-t-il
aussi une augmentation de personnel?
M. De Coster: A la Commission des affaires sociales, il y aura un
arrêté en conseil qui augmentera le nombre de commissaires.
Mme Payette: On va vérifier, si vous permettez, il y a une
augmentation légère du nombre d'assesseurs, on va vous donner la
réponse.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous voulez répéter le
nombre additionnel au personnel de la Commission des accidents de travail?
Une Voix: C'est resté à 105.
M. Cordeau: J'ai une autre question, en attendant la
réponse, si vous permettez, Mme le ministre. Quelle procédure
doit entreprendre un agriculteur qui, lors de l'immatriculation de sa voiture,
a payé le plein prix? Il a payé $85. Aujourd'hui, s'il
présente sa carte de producteur agricole, il paye $55 pour sa protection
concernant la régie?
Mme Payette: M. Laflamme, s'il vous plaît?
M. Laflamme: II n'a qu'à faire une demande au bureau,
à expliquer pourquoi il a demandé ses plaques sous une autre
dénomination que celle de cultivateur ou d'agriculteur et d'expliquer
pourquoi il la demande maintenant et on va faire automatiquement les
ajustements.
M. Cordeau: Parfait. Mme le ministre, est-ce que vous avez
l'intention, prochainement, vous
accordant tout le temps voulu, d'accorder cette même
réduction aux salariés, à l'ouvrier qui emploie son
automobile pour aller à son travail ou qui l'emploie pour transporter
ses outils?
Mme Payette: M. le Président, si le ministre pouvait faire
seulement ce qu'il veut dans ce dossier, il aurait d'abord accordé des
baisses pour tout le monde et des baisses considérables pour les
cultivateurs, pour les pêcheurs, pour les femmes au foyer qui, de temps
en temps, utilisent la voiture du mari. On aurait eu des baisses comme ce n'est
pas possible.
On a tenté, M. le Président, dans ce dossier, non
seulement de viser une baisse, mais également de viser une couverture
qui soit juste et équitable pour les citoyens du Québec. Il a
fallu tout le temps garder cet équilibre entre ce que nous donnons comme
indemnité et... le député n'était pas
présent en commission parlementaire, mais je me souviens d'autres
interventions où on disait que nous n'étions pas assez
généreux. La générosité, d'un
côté, nécessite que nous allions chercher l'argent pour
pouvoir payer les victimes, de l'autre côté.
Ce que nous espérons, M. le Président, pour l'année
qui vient, et je dis bien ce que nous espérons, je ne peux pas prendre
cet engagement, c'est d'arriver, avec ce que nous avons proposé,
à obtenir des baisses de primes au cours des prochaines années,
non seulement en ce qui concerne notre régime à nous, mais le
régime surtout privé.
Nous avons, dans la loi 67, un certain nombre d'éléments
qui nous permettent d'espérer. On a parlé des centres
d'évaluation, de la diminution du coût des évaluations des
dommages et nous pensons que, par ces moyens, nous arriverons à faire
baisser les primes ou, tout au moins, à les stabiliser pendant un
certain nombre d'années.
Pour ma part, je ne peux pas m'engager à ce que le $85 soit plus
bas l'an prochain. Je peux cependant m'engager à ce que ce montant soit
plus élevé pour les mauvais conducteurs. Cela me paraît
important qu'on sache qu'au cours de l'année qui vient, nous allons
tenir compte, au Bureau des véhicules automobiles, des points de
démérite et des mauvais dossiers, et qu'enfin, nous allons agir
avec justice et punir les vrais mauvais conducteurs et non pas les faux mauvais
conducteurs, comme c'était le cas dans l'ancien système où
on disait: Tous les jeunes conduisent mal; alors qu'il faudrait dire: Certains
jeunes conduisent mal. Quand nous saurons qui conduit mal, au Québec,
nous punirons les mauvais conducteurs et nous essaierons, vraiment de toutes
nos forces, de ne pas punir les bons conducteurs.
Si vous le permettez, M. le Président, il reste deux minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
conclusion et la conclusion de Mme le ministre par la suite, avec le
consentement de la commission.
M. Cordeau: Avec la tarification actuelle, nous croyons que le
petit salarié est brimé, parce que lorsque va venir
l'indemnisation, il paie le même prix que celui dont le revenu net ou
brut est à $18 000. Par contre celui dont le revenu est moindre, soit
$6000 ou $7000, paie la même prime pour recevoir moins en
invalidité.
Mme Payette: Vous vous rappellerez, M. le Président, que
nous n'avions pas retenu de faire payer ce régime par l'impôt sur
le revenu et qu'il fallait trouver un moyen de percevoir ces sommes qui ne soit
pas la retenue à la source pour les individus, sauf que, même le
petit ouvrier pour qui il en coûte $85, non seulement il est
assuré, mais sa femme est assurée, ses enfants le sont, ce qui
n'était pas le cas dans l'ancien régime et que, non seulement le
coût du régime de $345 millions sert à couvrir les
conducteurs et les propriétaires de voitures, mais également les
piétons, c'est-à-dire ceux à qui il n'en coûte
absolument rien pour participer à ce régime.
Je voudrais conclure il me reste bien peu de temps, M. le
Président, une minute en vous disant que nous espérons
toujours qu'à la fin de cette année, nous aurons dans nos caisses
une somme qui sera l'équivalent d'environ $260 millions, qui serviront
à payer, au fur et à mesure des années, les
indemnités aux victimes, indemnités qui seront indexées au
coût de la vie, mais que ces $260 millions investis au Québec par
des Québécois et pour des Québécois paraissent
être une excellente nouvelle. Nous sommes en mesure de vous dire que,
dans dix ans, nous disposerons probablement d'une somme de presque $3 milliards
qui appartiendront essentiellement aux Québécois, pour les
Québécois.
Je ne vous dirai pas tout de suite ce que nous attendons dans vingt ans,
ce serait déjà trop beau et il est probable que nous ne serons
plus là, personne. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
à tous les membres de la commission. Merci à nos collaborateurs,
les hauts fonctionnaires. Les travaux de la commission sont ajourné sine
die.
(Fin de la séance à 13 h 3)